(i — e)HW S[, !. = lim (
1 ■+" A n=»\
log2'"«
H étant une fonction de k supérieure à -• Cette limite inférieure est d'ail-
leurs la plus précise qu'on puisse obtenir dans le cas général.
II. Lorsque . — 2__ n'est pas borné, l'expression
logx(p H- p^rlogx)
ne l'est pas non plus; on peut cbercber à déterminer p(a?) de telle façon
qu'il existe une fonction
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On est ainsi conduit, en considérant la complication de la relation qui
lie n à logM(r), à classer les fonctions de la façon suivante :
i° Fonctions pour lesquelles un nombre de la suite
est différent de zéro; elles sont d'autant moins croissantes que p est plus
grand.
2° Fonctions pour lesquelles un nombre de la suite
los„r
hm 2£
— l\ogpM(r)_
{p=%3,...)
est différent de zéro; elles croissent d'autant plus vite que l'indice de ce
nombre est plus grand.
3° Fonctions intermédiaires pour lesquelles les deux suites précédentes
sont formées de zéros.
Les fonctions des deux premières classes que j'ai complètement étudiées
comprennent toutes celles qu'on obtient en formant logM(/) par des com-
binaisons en nombre fini de logarilbmes et exponentielles.
MÉCANIQUE. — Sur un problème mécanique et ses applications
à la physique cosmique. Note de M. Cakl Stormer.
Dans une Note récente (') nous avons donné une série de résultats sur
les trajectoires des corpuscules électriques dans le ebamp d'un aimant élé-
mentaire en les supposant aussi soumis à l'action d'une force centrale éma-
nant de l'aimant et inversement proportionnelle au carré de la distance.
L'étude fut réduite à celle du système
/ d^ __ i ,K, ' dz- ~~ 2 à:, '
où Q, était une fonction de R, et s, contenant un seul paramètre D et où h
(') Voir Sur un problème important dans la Physique cosmique {Comptes
rendus, t. 156, io février 1913, p. 4^o).
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IC)l3. 537
était une constante. Ce système était susceptible d'une interprétation méca-
nique très utile pour l'étude des trajectoires.
Nous reproduisons ci-dessous trois figures des lignes de niveau Q, = k,
k étant une constante, dont les valeurs sont écrites sur les lignes ((|).
Fie. ..
Ici le cas D = o correspond au cas sans force centrale, cas que j'ai traité
dans plusieurs Mémoires sur la théorie des aurores boréales.
Les points doubles et leurs caractères sont immédiatement donnés par
les formules de ma précédente Note ; ils sont ici tous situés sur l'axe des R,
avec abscisses o,p,5, 2,73 et 12, 5 dans le cas D = — o,i25; 2 dans le cas
D = o, et i,o85 et 1 ,565 dans le cas D = 0,1 25.
L'utilité de la construction de ces champs de force Q, = k consiste parti-
culièrement en ceci que l'interprétation mécanique donnée dans ma Note
précédente facilite énormément l'étude de courbes intégrales du système (T) et
(' ) Elles ont été construites par la mélliode graphique indiquée.
538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par là celle des trajectoires dans l'espace. Par exemple, pour des valeurs fixes
de h et de D, les courbes intégrales ne sortiront pas de la partie où k>— h;
donc les trajectoires correspondantes dans l'espace ne sortiront pas de la
région obtenue en faisant tourner cette partie autour de Taxe des z, ; j'avais
déjà, en 1909, terminé la discussion de ces régions, dans tous les cas, mais
sans rien en publier.
A l'intérieur de la partie en question, on a par exemple les courbes que
Fig. 3.
M. Painlevé(') appelle trajectoires mixtes, qui ont un point d'arrêt sur la ligne
Q, = — A; en les suivant par continuité on découvre une infinité de
trajectoires périodiques ayant encore un point d'arrêt sur cette ligne, ce qui
donne dans l'espace des trajectoires composées périodiquement de parties
identiques.
L'axe des II, figure comme trajectoire remarquable dans lesensdeM. Pain-
levé et si l'on se trouve dans le premier cas avec — i_)
0 =
p
2 O3
? :
= 1
= | \/.v' -+■ }
2 +
z-
Sur
la
surface
(7 on
ap
= I,
donc
(G)
w
— ?0
3
— WZ -
1
- —
3
— t
O
— Vf COS 3,
2
3 étant la colatitude. C'est-à-dire :
Les lignes de tourbillon sont des paralé/les, et la grandeur du tourbillon est
3 . a
T wsinlJ.
4
Il s'ensuit que la distribution des tourbillons, susceptible de provoquer
un mouvement de la sphère sans déformation, est à tout instant symétrique
autour de la vitesse du centre au même instant, et l'intensité du tourbillon
3
va toujours décroissant de y w à l'équateur, jusqu'aux pôles, où elle
s'annule.
542 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ . — Retard de t 'electrolyse sur la force électromotrice polarisante.
Note de M. A. Grumbacii, présentée par M. Lippmann.
Quand on polarise une électrode au moyen d'une force électromotrice
suffisante pour produire l'électrolyse, on peut se demander s'il y a simulta-
néité entre ce dernier phénomène et l'application de la force électromotrice
ou bien si le dégagement gazeux ne commence qu'un temps fini / après la
mise en circuit; si celle-ci, dans la seconde hypothèse, n'a lieu que pendant
un temps très court, inférieur à /, on doit s'attendre à n'apercevoir encore
aucune bulle pour une force électromotrice qui, appliquée en permanence,
produira une electrolyse continuelle. Tel est le but des expériences décrites
dans cette Note :
On regarde au microscope une électrode constituée par l'extrémité d'un fil de pla-
tine soudé dans un tube de verre ; le fil affleure exactement à la surface qui a été polie
sur une meule fine. L'autre électrode est constituée par un fil de platine de o"11"^ de
diamètre et de 12e1" de longueur. Toutes deux plongent dans de l'acide sulfurique à \ en
volume.
Pour observer commodément l'apparition des premières bulles, on a recourbé le
tube de verre de la petite électrode de manière que son axe coïncide avec celui du
microscope qui est horizontal. On peut ainsi, suivant le mode d'éclairement, voir les
bulles brillantes se détacher sur fond sombre ou dissimuler l'électrode qui réfléchit la
lumière.
Un appareil à chute met, pendant un temps très court, le voltamètre en dérivation
sur le circuit d'un accumulateur; la durée du contact employé ici était de o", i 2.
On constate qu'à partir d'une certaine force électromotrice m, le contact
instantané ne donne encore lieu à aucune electrolyse, tandis qu'en laissant la
communication fermée plus longtemps, on voit des bulles apparaître. Au-
dessus d'une certaine force électromotrice M^m, elles se forment même en
os, 12. Ajoutons qu'à partir d'une certaine valeur de la force électromotrice
comprise entre m et M, il y a electrolyse réelle en régime permanent; le
contact demeurant fermé, la décomposition du liquide se poursuit régu-
lièrement.
Nous donnons ici quelques nombres à titre d'exemple :
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 5/j3
Force éleclromotrice polarisante (en volts).
Diamètre — — — — -— • — ■— —
de la Hydrogène. Oxygène.
petite électrode — — — — — - — — — ~- — '
en mm. m. AI. m'. M '.
0,86 0,92 1,07 i,a3
0,90 0,93 1,21 1,21
o,g5 0,90 i,35 i,35
10
tô °>9° °.93 1,21 1,21
1
100
Les premières bulles se forment sur le contour de l'électrode; quand on
atteint M, on voit souvent un ou deux points brillants isolés qui dispa-
raissent très rapidement après la mise en circuit instantanée. D'autre part,
la différence M — m diminue avec la surface de l'électrode.
En résumé, l'électrolyse présente un retard appréciable sur l'application
de la force électromotrice polarisante.
TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. — Influence réciproque des antennes parallèles sur
les conditions de réception des ondes hertziennes. Note de M. Georges
Mesli.v, présentée par M. E. Bouty.
Au poste récepteur de T. S. F. que j'ai installé à Montpellier, j'ai eu
l'occasion d'observer qu'en utilisant plusieurs antennes placées dans le
voisinage les unes des autres et reliées à des appareils récepteurs, les con-
ditions de réception par l'une d'elles sont notablement modifiées par le
réglage des autres.
Dans un premier groupe d'expériences je dispose de deux antennes A
et A', l'une et l'autre borizontales, A' étant installée à quelques mètres
au-dessous de A et parallèlement à celle-ci. Elles ont à peu près la même
longueur (70™ environ); mais A est formée de trois fils distants entre eux
de im, tandis que A', constituée par un seul fil, correspond à une longueur
d'onde un peu moindre. L'antenne A est en relation avec un récepteur R
(récepteur par dérivation simple, modèle Ducretet); l'antenne A' est en
relation avec le primaire d'un récepteur par induction R'.
En général, l'antenne A' influe peu sur les conditions de réception par A,
c'est-à-dire qu'il importe peu que A' soit isolée, ou reliée directement à la
terre, ou reliée à celle-ci par la self de R', pourvu toutefois que cette self
n ail pas précisément la valeur nécessaire pour établir la résonance., c'est-à-
dire la meilleure réception en R'. Si l'on réalise, en effet, cette condition,
l'audition en R par l'antenne A diminue brusquement et tout déréglage
344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de A'— R', soitpar augmentation ou par diminution de self, soit par l'isole-
ment de A' par rapport à R', améliore l'audition par A.
Ce résultat n'a d'ailleurs rien d'étonnant; on conçoit que, A' étant mise
dans les conditions où elle reçoive et utilise l'énergie, A puisse alors en
recevoir ou en utiliser une moindre quantité. Mais la propriété en question
ne subsiste pas en ce qui concerne l'action réciproque de A sur A', c'est-à-dire
que le réglage de A — R pour les conditions de résonance n'amène pas un
minimum d'audition en A'R' : en effet, en déréglant alors A par augmen-
tation de self, on améliore l'audition par A', tandis qu'on l'affaiblit si l'on
dérègle A par diminution de la self de R; on passe toutefois par un mini-
mum, car l'isolement complet de A par séparation de A et de R produit
une légère amélioration de l'audition par A'.
Il y a là, entre l'action de A — R sur A' — R', une dissymétrie qui ne tient
pas d'ailleurs à la différence des appareils récepteurs R, R', car elle se
maintient en permutant les communications, c'est-à-dire en reliant A
avec R' et A' avec R. Elle se produit encore, comme je l'ai constaté, en
mettant des délecteurs électrolytiques ou des détecteurs à cristaux, ces
détecteurs pouvant être de nature différente et permutés d'une façon quel-
conque pour R et R'.
Cette dissymétrie peut donc être liée soit à la différence de dimensions
des antennes, soit à leurs positions respectives. Et, ainsi que M. le com-
mandant Ferrie a bien voulu me le suggérer, il y a intérêt à élucider ce
point pour jeter quelque lumière sur les théories encore obscures relatives
à la réception des ondes hertziennes. D'après certains physiciens, il y
aurait deux propagations, l'une à travers l'éther de l'atmosphère, l'autre à
travers l'éther du sol, d'où la possibilité d'interférences dans la production
desquelles la position relative des antennes placées l'une au dessus de
l'autre jouerait un rôle important; pour d'autres, l'énergie utilisée dans
chaque antenne proviendrait de l'énergie reçue et de l'énergie rayonnée, ce
qui ferait intervenir, pour une même position relative des deux an-
tennes, les dimensions respectives (capacité, self-induction) de chacune
d'elles.
Pour approfondir ce point, j'ai permuté les deux antennes, mettant à
la partie supérieure l'antenne A à trois fils et j'ai recommencé les détermi-
nations indiquées plus haut. J'ai observé la même dissymétrie (') qui ne
(') Les actions signalées sur A sont même un peu plus intenses si l'antenne A est à
la partie supérieure, auquel cas elle reçoit plus d'énergie.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER I9l3. 545
semble donc pas liée à la position des antennes et qui peut se résumer de la
façon suivante :
La réception par la petite antenne A' est améliorée lorsque l'antenne A
est reliée à la self qui la règle à sa résonance ou à une self de valeur supé-
rieure. Au contraire, l'audition de la grande antenne A est toujours dimi-
nuée si A' est réglée à sa résonance; elle est toujours améliorée par le
déréglage de A', soit qu'on agisse sur la self d'antenne, soit qu'on modifie
le secondaire du circuit de résonance.
ÉLECTRICITÉ. — Diagramme, bipolaire des alternateurs synchrones travail-
lant, en générateurs ou en récepteurs, sur un réseiu à potentiel constant,
dans la théorie des deux réactions ('). Note de M. Avino Blovdel, trans-
mise par M. P. Vil lard.
Le diagramme nouveau est une généralisation du diagramme que j'ai
donné dans mon Livre: Moteurs synchrones ( Encyclopédie Léau lé), page 1 4 3 ,
figure 43, dans lequel on remplacera les impédances Z = \r- + co-L2 et
l'angle de phase y par ceux déduits de Z, = \ r- -+- w2Lf" (avec L, = /, -+- s)
» . wL,
et tangv =
En combinant le vecteur de la force électromotrice U avec le
vecteur ZJ porté suivant A A, sous l'angle - en avance à partir du vecteur I
du courant efficace, on obtiendra une force électromotrice fictive OA, qui
serait celle de Joubert si ht == L, et que j'appellerai, pour ce moûf, force
électromotrice « joubertique » de l'alternateur fonctionnant en génératrice.
(') Cf. La Théorie empirique des alternateurs {Comptes rendus, t. 129, p. 586)
(complétée dans {'Industrie électrique, novembre-décembre 1889, et surtout dans
V International Electrical Congress of Saint-Louis, 1904, t. I, p. 635).
Je conserve les mêmes notations que dans ma Communication du 28 mai 1912.
Pour le calcul du coefficient de self-induction de la réaction transversale /,, la
perméabilité de circuit magnétique de l'induit est supposée déterminée dans l'état
résultant du champ dans l'induit, suivant les principes généraux que j'ai posés autre-
fois pour les moteurs polyphasés. Cet état magnétique est approximativement mesuré
par la force éleclromotrice aux bornes U augmentée vecloriellement de /I et de la
chute de tension réactive ul, produite par le coefficient de self-induction de fuites s
attribuable à l'induit seul. Pratiquement /( est peu variable avec I, et sa variation en
fonction de 'j/ peut être considérée comme une simple correction.
546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
De même, si l'on porte le vecteur Z,I sur la direction opposée AA2, la
nouvelle résultante A20 représente la force électromotrice joubertique
qu'aurait le même alternateur s'il fonctionnait en réceptrice sous cette
intensité de courant.
Le diagramme ainsi obtenu jouit, aussi bien pour la génératrice que pour
la réceptrice, des propriétés que j'ai figurées dans mon Livre précité, à la
ligure 26, page 82, c'est-à-dire que la position des extrémités A, ou A.
permet de mesurer : le décalage du courant (par l'angle que forme le
vecteur Zt\ avec la ligne A N tracée sous l'angle y), la puissance aux bornes
(par un réseau de droites isoergs perpendiculaires à AN), et la puissance
intérieure, c'est-à-dire la puissance aux bornes diminuée de la perte par
effet Joule (par un réseau de cercles, dont on voit aisément que le centre est
en N à une distance AN = )■
2 cosy/
La force électromotrice réelle induite dans l'alternateur est formée de
deux composantes : l'une axiale OB,, l'autre transversale AB, (de même
OB2, AB2 pour la réceptrice); l'angle y diffère assez peu, en général, de go"
pour qu'on soit en droit de porter en AF, AF, sur la direction ZfI, les chutes
de tension par impédance de fuites seule si = \fp -+- o>2l* ; les forces élec-
tromotrices internes totales ont ainsi pour composantes axiales OD,, OD2.
Cette remarque permet de déduire, au moyen des courbes caractéristiques
supposées connues de l'alternateur, l'excitation nécessaire en ampères-tours
pour les deux régimes représentés par les points A, , A2 respectivement.
Soit ON, la caractéristique totale d'excitation, OQ la caractéristique des inducteurs
seuls, Pf la perméabilité des fuites magnétiques entre les pièces polaires des induc-
teurs. On trace sur la figure 1 le vecteur du courant à une échelle telle qu'il représente
K I\ 1
aussi, à l'échelle des abscisses de la figure 2, les contre-ampères-lours — — • Pour la
... . v?
génératrice, par exemple, on porte en ordonnées sur la caractéristique totale
M1mi=Ci=ODl; on obtient ainsi les ampères-tours Owi, nécessaires pour produire
Cj, et il suffit d'y ajouter mlnl = AJi de la figure 1 pour avoir Ow,. Mais il faut,
comme je l'ai signalé en 1898 ('), tenir compte de l'augmentation de saturation des
inducteurs par les fuites; à cet effet, tracer au point M, la droite M,B faisant l'angle
oe = arc lang \'f, puis les deux horizontales ac, bd jusqu'à la rencontre avec OQ ; les
ampères-tours y>, qx sont à ajouter à 0«, en />, n\.
L'excitation totale est finalement Qn\ , qui donnerait une forme électromolrice à
vide Ep celle-ci peut èlre représentée sur le vecteur joubertique en OK,; mais il est
préférable de reporter sur ce vecteur les ampères-tours eux-mêmes.
(') Industrie électrique, p. 029, 2e colonne, io1 ligne.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 547
La détermination pour le cas de l'alternateur fonctionnant en moteur est représentée
parles mêmes constructions avec l'indice 2 au lieu de l'indice 1.
Le diagram me {fig- 1 et 2) permet, en opérant par points, de déterminer
„N Cotre drj
Fig. 1. — Diagramme des forces électromotrices, des courants et des puissances.
ainsi la loi de l'excitation en fonction du décalage pour une puissance
utile constante. Inversement, on peut, en supposant l'excilation constante,
£} uHi ArrifiejtJ /o'u-s
Fig. i. — Diagramme des forces magnétomotrices.
déduire la variation de puissance en fonction du décalage du vecteur OA2;
par exemple en effectuant, pour chaque position de OA2, les mêmes cons-
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N« 7.) 7°
5/(8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tructions, mais en sens inverse de ce qui a été exposé ci-dessus, on trouvera
par tâtonnements la position du point A» et la puissance s'en déduira par
simple lecture sur le réseau des courbes isoergs.
PHYSICO-CHIMIE. — Influence de la forme géométrique des solides sur les
actions chimiques qu'ils éprouvent. Note de M. G. Reboui., présentée par
M. Lippmann.
Dans une Note précédente (') j'ai indiqué un cas où l'action chimique
d'un gaz sur un solide dépendait de la forme géométrique de ce dernier :
cette action était plus vive aux points où la courbure moyenne du solide
était elle-même plus grande ; il s'agissait d'une attaque du cuivre parles gaz
que le caoutchouc, vulcanisé au chlorure de soufre, émet lentement à des
pressions inférieures à imm de mercure. J'ai essayé de déterminer la cause
de ce phénomène, et j'ai cherché à voir s'il était susceptible de générali-
sation.
I. Dans les conditions expérimentales indiquées dans la Note que j'ai
rappelée, on constate, en opérant à diverses pressions, que l'action est
d'autant plus vive et plus rapide que la pression est plus basse. En variant
la nature du métal, on trouve que seuls le cuivre et le mercure sont
attaqués.
On remplace le caoutchouc vulcanisé par un petit cristal d'iode, dans les mêmes
conditions que précédemment on constate que l'argent, le cuivre sont attaqués ; on
retrouve dans cette attaque les caractères que j'ai signalés : elle commence par les
points où la courbure moyenne est la plus grande, et elle est plus vive en ces points-là.
Cependant, dans ce cas, le phénomène est fugitif à cause de la concentration relative-
ment grande des vapeurs d'iode; on voit l'attaque commencer par les points de plus
faibles rayons de courbure, mais les colorations de lames minces qui indiquent la
profondeur de l'attaque se succèdent rapidement, en quelques secondes le corps se
recouvre d'une teinte grise uniforme et l'on n'a plus de renseignement sur l'intensité
de l'action chimique aux divers points.
En modifiant légèrement, par l'adjonction d'un robinet à vide, l'appareil antérieure-
ment décrit, j'ai pu introduire divers gaz (chlore, brome) dans le ballon à réaction :
avec les mêmes métaux l'attaque se produit et l'on constate qu'elle est plus vive aux
points où la courbure moyenne est la plus grande. La seule difficulté de l'opération
(') Comptes rendus, 9 décembrejigi2.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 549
consiste à introduire assez peu de gaz pour que l'altaque du solide se produise très
lentement.
II. On peut se demander si le phénomène est susceptible de générali-
sation et si les caractères précédents se retrouvent en opérant à la pression
ordinaire.
L'expérience a été faite avec divers gaz : chlore, brome, vapeurs
d'iode, hydrogène sulfuré, vapeurs d'acide azotique et différents métaux :
argent, cuivre, mercure. Elle est très facile à réaliser et à répéter, la seule
condition à remplir est de trouver une source d'émission du gaz ou de la
vapeur assez faible pour que V attaque du solide soit très lente.
Dans un récipient de grande capacité on place soit quelques tout petits cristaux
d'iode, soit des traces de vapeur de brome ou de chlore, soit encore une solution très
étendue d'acide sulfhydrique ou d'acide azotique; on suspend dans cette atmosphère
le solide auquel on a donné la forme qu'on désire : lame rectangulaire, prisme, pyra-
mide, cylindre, cône, ellipsoïde, sphère, etc. On constate toujours que l'attaque se
produit en commençant par les arêtes ou par les points où la courbure moyenne est
la plus grande, et que c'est en ces points que la couche de sel formé est la plus
épaisse.
Par exemple : on place, dans le récipient, de très petits cristaux d'iode, et l'on
suspend, dans l'atmosphère, deux cylindres d'argent de 2ram et de i"""de diamètre, au
bout de quelques minutes, l'un est recouvert d'une couche d'iodure de teinte jaune,
l'autre a une teinte violette; dans le premier cas, l'épaisseur de la couche d'iodure est
i2iWj dans le deuxième cas, elle est 181W: l'action a été plus vive sur le cylindre
de imm que sur celui de amm.
Cette action ne peut être mise en évidence que pour des réactions se pro-
duisant très lentement. Au début, l'action est plus vive aux points de faible
rayon de courbure, et la couche de sel formé est plus épaisse en ces points-là ;
mais l'attaque se ralentit à mesure que l'épaisseur de sel formé augmente,
le solide tend donc à prendre un aspect uniforme, et cette uniformité sera
d'autant plus vite atteinte que la concentration du gaz actif est elle-même
plus grande.
La nécessité d'employer des gaz attaquant divers métaux à la tempéra-
ture ordinaire limite nécessairement le champ des expériences, il serttMe
cependant permis d'énoncer la loi suivante : Dans faction d'un gaz sur un
solide, l'attaque est plus vive aux points où la courbure moyenne est plus
grande.
III. L'explication la plus simple du phénomène parait devoir se ratta-
cher à la capillarité : il suffirait d'admettre que la concentration de l'atmo-
55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
sphère gazeuse, autour d'un solide, est plus grande aux points où les rayons
de courbure sont plus petits, il s'ensuivrait qu'en ces points-là l'action chi-
mique serait plus vive.
PHOTOCHIMIE. — Etude quantitative de V absorption des rayons ultraviolets
par les acides gras et leurs éthers en solutions aqueuses et alcooliques. Note
de MM. Jea.\ Ikii i .1 ( ki et Victor Hemii, présentée par M. Daslre.
Les acides gras et leurs éthers présentent une absorption qui commence
o
environ pour X = 2G00 — 25oo u. A. et qui augmente de plus en plus pour
des rayons plus courts. La photographie avec un spectrographe en quartz
dans l'air ne permet pas d'étudier quantitativement les spectres d'ab-
sorption plus loin que A = 2i44- H est tres probable que les spectres
d'absorption qu'on observe pour ces corps ne sont que des commen-
cements de bandes d'absorption, dont le maximum se trouve dans l'ultra-
violet au delà de 21 44-
Lorsque l'on compare les spectres d'absorption de différents corps on doit
déterminer les positions des bandes d'absorption, leur hauteur et leur
largeur. Dans le cas des acides gras et de leurs éthers nous ne pouvons pas
faire cette comparaison d'une façon complète, puisque nous n'avons pas la
mesure directe de la position du maximum d'absorption. Mais en exa-
minant les longueurs d'onde pour lesquelles les différents corps ont le
même coefficient d'absorption et en calculant les différences des fréquences
qui correspondent à ces longueurs d'onde, on peut décider si les bandes
sont seulement déplacées parallèlement l'une par rapport à l'autre, ou
bien si réellement l'absorption est différente, c'est-à-dire si les hauteurs
des bandes varient, les positions des maxima étant au même endroit.
Le premier Tableau contient : i° les valeurs des coefficients d'absorption
moléculaires 1 (calculés d'après la formule J = J0.io~ecd), pour les acides
gras et leurs éthers en solution alcoolique; 20 les coefficients d'absorption
des sels de sodium des acides formique et acétique en solution aqueuse.
Nous avons publié, dans la Note du 3o décembre 191 2, les valeurs des
coefficients d'absorption des acides gras et des éthers en solution aqueuse.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER I<)l3. 55l
Tableau I.
•Jlii. JIM. S!6Ô. s;88, 2 107. 2:i2!>. 23:18. 2'»8. 2366. 237Ô. 2380. 210o 2121.
SOLUTIONS ALCOOLIQUES.
Acide formique 48,4 35,4 '27 23,1 18.0 17,2 15,1 12,1 10,8 10,1 8,45 6,4
FormiaLe de me-
tliyle... 70 59,2 38,8 3t .7 27 21, G 19,1 17,5 14,6 12, G 9,9 7,8 5,6
» «l'étliylc... 48, l 4o,4 27,4 a3,5 20.4 16,2 i5,i i4 10,2 9,2 7,8 5,0 4,5
» depropyle. 81 70 {8,4 4"i'i 3^> ".7 -!!-7 '9,4 l5'' '3,6 ">fi "-8 6'''
Acide acétique 48,4 35 20 16,6 11 10,8 9,4 7,8 6,0 5,0 3,8 2.8 1,8
Acétate de mélliyle. j8,4 4o,', 22,2 16,2 14 10,8 7,8 fi, 3 4»? 3i6 2,8 'i9 ' >■'(
» d'élhyle » 4o,4 26,8 19,4 i4 10,8 9,0 7,4 5.6 4,7 3,45 2,8 1,8
0 de propyle.. 4^-4 » » 19,4 '6,2 10.8 9. fi 8.3 6.4C 5,6 4-- 3,6 3, 06
» debutyle... » ',o., 27.fi ai, 3 16,2 10,8 9, S 8.3 6.2 5,i 3,8 2,8 1,8
Acide propionique . » 40,4 21.6 19.4 15. S 11,6 10.1 8,9 fi. 7 5. fi 4,6 3,36 2,4
Propionalc de mé-
lliyle... 70 48,4 27,9 16,2 1 ', 10,8 7.8 6.8 4,2 3,8 3, a 2.16 i,5
» d'éthyle... « 444 27,5 21.J ifi.2 11, 3 10, a 9,4 7,8 G. 7 5. 2 0.7 2,8
ji depropyle. » fi4,7 > 35 27 iy.4 i|.'i 12, 3 10,1 7.2 5,6 4>2 3'- J-8
Acide butyrique nor-
mal...'. 70 52,8 29,2 23,8 19,4 15,2 13,1 10.8 8,35 7,2 5,0 3.8 2.8
Uulyralcdcmétliyle. » » G8 4o,4 :}5 19,) ifi.2 i.,,4 ia loi8 7>'s S, 6 ! • a
» d'élhyle » >u3 08 48,4 35 24,6 21.fi 17,8 i3,6 12 9,8 7,8 0.9
» depropyle. » » 2 3,2 r>9 '■''' '■■'- °'97 °i8 °y}'l "
Acide acétique >■ 27 9,3 » 4-8 3,2 2.8 2.1G 1,62 1 . '1 0.95 0,54
Vcétate de sodium.. » 10.8 1,38 3,o 2,1'i i,5fi 1 . ', » » » »
Le deuxième Tableau contient, pour les solutions aqueuses, les différences
des fréquences v, — v2 = Av qui correspondent aux mêmes coefficients
d'absorption, pour différents acides comparés entre eux.
Tableau II.
ô= 0,51. 0,8. 1,6, 2.8. 3,4. 1,0. i,C. 0.2. 7,4. 0,G. 10,8. 14. IV. 57. 31.
Ac. formique ! *.v = 35,4 3 J , G 33.5 35.7 3i,c, 33, o 33,0 .13.', 33, i 3i,5 27.3-27.', a3,8 22
\r. acétique '
Ac. acétique j , .,/>-■. o c; v-
Ac. propionique... !AV = X™ " '^ ,2'J " ° '*>* '>• ' ^ >''* '8'5 ,b>' "■' """ '°'° "
Vc. propionique...» ^ 2 j 2
Ac. butyrique ....\ " '
Résultats. — i° Comparaison des èthers avec les acides correspondants. —
L'absorption des rayons ultraviolets est presque la même pour les acides et
les éthers correspondants; toutefois, si l'on examine déplus près les nombres
2440. 2160.
4,58 3
2,97 2>8
3-4 2,|0
5,2 3,2
1.4 0,7
0,9 0.5',
1 , a 0,54
2.6 3,0
i,3 <>. 5
1.5 0.9
0,98 0,54
1,63 i,i3
1,62 1,4
1,9 1,1
3, fi 2,6
4,8 3,5
8.6 7,18
2,33 1,70
3,2 3,16
1,4 o,9J
» »
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on voit que les éthers absorbent un peu plus que les acides, surtout pour les
courtes longueurs d'onde.
Par conséquent dans un corps de formule C"H2'i+,COO — R l'absorption
est déterminée par le groupement acide, le radical alcoolique ayant une
influence faible.
Il en résulte que, si Ton compare les coefficients d'absorption des étbers
de différents acides, contenant le même radical alcoolique, on trouve les
mêmes différences que pour les acides correspondants.
2° Comparaison des solutions alcooliques avec les solutions aqueuses. —
Pour les régions de l'ultraviolet entre 2600 et 2i44> les solutions alcoo-
liques absorbent plus fortement que les solutions aqueuses. Il est très pro-
bable que ces différences soient dues au déplacement vers le rouge des
bandes d'absorption dans l'alcool. Ce résultat est conforme à la règle de
Kundt.
3° Comparaison des acides entre eux. — Les acides se placent, au point de
vue de l'absorption, dans l'ordre suivant: acétique, propionique, formique,
butyrique, valérianique.
L'acide formique étant misa part, l'absorption devient de plus en plus
forte lorsque le nombre de groupes de CIL augmente.
Ces différences d'absorption sontdues surtout au déplacementdes bandes
d'absorption vers le rouge, ainsi que le montrent les nombres du
Tableau II ; en effet, les valeurs de Av oscillent autour d'une même
moyenne lorsque l'on compare entre eux les différents acides.
Par conséquent, l'augmentation du nombre de groupes CH2 dans la molé-
cule des acides ne change pas la forme de la courbe d absorption ; elle produit
surtout un déplacement des bandes d'absorption vers te rouge.
4° Comparaison des acides et de leurs sels de sodium. — Les sels de sodium des
acides formique et acétique absorbent beauooup moins que les acides eux-
mêmes; ce résultat pourrait être rapproché du fait que ces acides sont très
peu ionisés, tandis que leurs sels le sont très fortement.
CHIMIE'MINÉRALE. — Sur les sulfates chromiques violets.
Note de M. A. Sénéchal, présentée par M. A. Haller.
On admet généralement l'existence de deux sulfates chromiques violets :
(SOryCr'rlSH'.O et (SO'')aCra.i5H-0.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 553
D'après Weinland et Krebbs (' ) les modes de préparation, décrits par
les auteurs comme donnant naissance au premier, conduisent toujours
à un hydrate (SO")3Cra. i7HJ0.
Le second a été obtenu par Schrôtter (2) en précipitant par l'alcool
la solution chaude du sulfate chromique.
Le sulfate chromique contient toujours des quantités plus ou moins
grandes d'alun provenant des corps qui ont servi à le préparer. Quand
on ajoute avec précaution de l'alcool à la solution du sel brut, l'alun se
sépare d'abord; puis il se dépose du sulfate pur en paillettes nacrées de
couleur violette qui contiennent, suivant la température et la concentration
des liqueurs, des quantités d'eau variant entre 16 et i7,5(H20). Les sels
basiques se concentrent dans les dernières parties.
Les sulfates ainsi préparés, abandonnés dans l'air sec à la température
ordinaire jusqu'au poids constant, donnent un hydrate(SO'')'Cr2.i4H20.
Les tensions de vapeur des sels de composition comprise entre
(S04)3Cr2
,i4H20
et
(S04)3Cr2.
'7
,25H20
it les valeurs
: suivantes :
Te
usions en millimètres
Hg.
Températures.
17,25 (WO).
16,55 (iro).
15,77(H=0).
l
5,05 (H20).
14,78 ( II- 0)
0
20,6
20, 1
»
11,0
11,1
»
29,3
24,4
•7.4
14,0
i3,8
.2,8
34,0
3i,5
24,2
■9>«
18,4
.7,3
38,5
3g>!
3i>9
24,9
23,5
»
40,4
43,4
»
27>7
26,2
»
Les tensions maxima s'établissent avec lenteur et l'équilibre n'est parfois
atteint qu'après plusieurs jours. Cependant elles reprennent les mêmes
valeurs quand, après avoir progressivement élevé la température on la fait
ensuite décroître. On est ainsi conduit à admettre l'existence des espèces
définies
(SO)3Cr2.i7H20, (SO)3Cr2.i6H*0, (SO')3Cr2. i5H20,
L'étude des vitesses apparentes de déshydratation donne le même
résultat; ces vitesses changent brusquement de valeur quand le sel, perdant
de l'eau d'une manière continue dans une atmosphère sèche, passe par la
composition qui correspond à ces hydrates.
(') Weinland et Krebbs, Zeit. anorg, Chem., t. XLIX, 1906, p. 137.
(2) Schrôtter, Ann. Phys. Chem. Pogg., t. LUI, 1841, p. 5 1 3.
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Leurs chaleurs de dissolution sont à i4° :
Cal.
(S04)3Cr!.i4H20 10, i3 j
(S04)3Cr5.i5H20 8,3o i mol-g
(SOv)sCr2.i6H20 7,49 l dans 24' d'eau.
(S0*)*Crs.i7H*0 6,35 1
Le sulfate (SO4 )3Cr3. 14H-O se déshydrate très lentement dans le vide
sec à la température ordinaire.
2K, 5 de sel, maintenus pendant i5 jours en présence d'anhydride phos-
phoriquesous une pression de omm, 1 , ont perdu 0,19 mol-g d'eau. La tension
de vapeur, très petite à la température ordinaire, est de l'ordre de 3mm
à 29", 3. Contrairement à ce qui a lieu avec les hydrates plus riches en eau,
on n'observe pas de tension fixe à une température déterminée. Celte
tension varie et devient plus grande quand, après avoir élevé la température,
on ramène celle-ci à sa valeur initiale. L'hydrate (SO')'Cr2. i4H20 ne
paraît donc pas obéira la loi des tensions fixes.
Au voisinage de 3o° il commence à subir une transformation profonde,
en même temps qu'il émet la vapeur. Cette transformation devient surtout
importante au-dessus de [\ou et on la rend manifeste en éliminant l'eau qui
s'y oppose par action de masse.
Le sel, maintenu dans le vide sec à 4o°, change d'aspect, verdit peu à
peu et se transforme en un sulfate complexe dont les ions (SO*) sont par-
tiellement dissimulés.
La vitesse apparente de déshydratation demeure d'abord constante, puis
décroît brusquement au moment où le sel passe par la composition
(SO)3Cr«.i2H!0.
La quantité de complexe vert formé est alors très faible (environ
5 pour 100 du poids du sel mis en œuvre).
La transformation du sel violet en sel vert, et la déshydratation du sul-
fate (SO*)3Cra . i4H30 sont donc deux phénomènes distincts qui ont lieu,
dans les mêmes conditions, avec des vitesses différentes.
Le second donne naissance à un sulfate violet (SO')3Cr2. i2H20, et ce
sel, très instable, tend à se transformer déjà à 3o°, dans le vide, en
complexe vert. Il est, conformément aux vues de Werner, le sulfate violet
le moins hydraté, et contient i2mt)1 d'eau de constitution qui ne peuvent
donner lieu à des tensions fixes de vapeur.
Les différents sulfates ebromiques violets peuvent donc être représentés à
SÉANCE DU 17 FÉVRIER 10,13. 555
l'état solide par les formules de constitution
(SO*)3[Crs(Hs.O)ls],
(S04)3[Cr2(Hs0)12], 2IP0.
(SO*)»[Cr*(H80)"], 3U-0.
(SO*)3[Crs(HsO)»!], 4H20,
(SO)3[Cr»(HsO)'2], 5H20.
chimie organique. Sur /'acide phênyl-a.-oxycrotonique. Un exemple
iV élhcr-oxyde d'hydrate de ce'tone. Note de M. J. Rougault, présentée
par M. Haller.
Dans une Note sur ce sujet ( ' }, j'ai fait connaître un composé de loi-
mule (?"H'J1 AzO" auquel j'ai été conduit à attribuer la constitution ( I |,
comportant l'existence d'une fonction éther-oxyde d'hydrate de célone.
Ce corps, traité par le permanganate de potassium eu solution acide
diluée, donne une réaction inattendue aboutissant à la formation d'un
composé C20H,9AzO3, différant du précédenl par perte de H20 -t- H202;
je lui donne la constitution ( Il ).
11 cgh5.chs.chî,c — c;<»
o
1
No \/
CGH'.CH3.CHi.C(OH ) — COAïH* C«HS.CH*.CH*.C C< >
il) 1 11 1
Ce nouveau compose fond à 120". Il est insoluble dans l'eau, soluble
dans l'alcool, l'acétone, le chloroforme, l'éther, peu soluble dans le ben-
zène froid, insoluble dans l'éther de pétrole.
En admettant la formule de constitution donnée ci-dessus, on voit que la
perle de H2G a créé une fonction imide, et que la perte de H2Os s'esl
faite par le départ de 2( OH) tertiaires avec soudure directe des deux car-
bones auxquels étaient attachés les 2 (OH ).
J. La fonction imide est démontrée : 1" par les propriétés de pseudo-
acide que possède le corps (>'° H,J Az O3 (ne décomposant pas les carbo-
nates alcalins à froid, bien que pouvant se titrer approximativement à la
phtaléiue du phénol): 2" par sa transformation, d'abord en acide amidé
(') Comptes rendus, t. I5(>, j 9 1 3 , p. 236.
C, r.., 191a, 1" Semestre- (T. 156, N" 7.) "'
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CJIJ II-' A/. < ) ' ( |>. I. 171") sous l'action dos sol niions chaudes de carbonate
de soude, |>uis en acide bibasique G20 II2" O3 (p. f. 204") par action des
alcalis, avec départ d'ammoniaque; i° par la formation d'un étlier méthy-
lique ( |>. I". cS(")n) où CH1 est fixe à l'azote, car l'action des alcalis, conduite
connue ci-dessus, dégage finalement de la mèthylamine au lieu d'ammo-
niaque, en aboutissant encore à l'acide bibasique C"°H-"<)5, fondant
à :>,o\".
II. La présence de la fonction imide étant parlai te m eut prouvée, le groupe-
ment 'yA/.W s'impose dans la formule de constitution (II), et, dès
lors, on voit, en examinant la formule (I), que l'élimination de H2 O2 ne
peut guère s'exprimer «pie par le départ dcs:>(Oll > tertiaires, ainsi que je
l'ai admis.
Cette interprétation trouve un appui expérimental dans le tait (pic
l'union des deux chaînes benzylpyruviques est devenue beaucoup plus
intime dans le nouveau composé, lui effet, tandis (pie le composé ( I ).
comme je l'ai indiqué dans ma Note précédente, se décompose facilement
par ébullilion, avec une solution aqueuse de carbonate de soude, le nou-
veau composé (II) résiste à cette action, ouvrant seulement sa liaison
imide pour donner l'acide amidé. Toutefois, les alcalis caustiques,
après (> heures d'ébullition, dédoublent le composé ( II) avec formation
d'acide benzylpyruvique, d'acide hydrocinnamique cl d'autres produits
non déterminés. Remarquons d'ailleurs que l'acide bibasique (pJ f. ao/j0)
correspondant à l'imide (II) est encore plus résistant que ce dernier; il
peut être chauffé plusieurs heures, à l'ébullition, avec un excès de soude
dilue sans être altéré.
III. En dehors de la formation Inattendue d'une fonction imide dans la
réaction au MnO'k étudiée ici, le départ de l|-<)'-' avec établissement
d nue liaison entre carbones, me parait particulièrement intéressant, en ce
qu'il constitue un exemple de réaction de Wagner inversée. On sait, en
effet, que dans cette réaction, sous l'action du permanganate de potassium,
■j. (OH) sont fixés sur deux carbones voisins ( 1 011 sur chaque carbone) avec
suppression d'une liaison entre ces deux carbones; or, c'est l'inverse que
l'on constate dans la réaction qui fait l'objet de cette Note.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER T 9 1 3 . ;">57
chimie analytique. — Sur le dosage des carbures acèlylèniques et des car-
bures éthyléniques dans les mélanges d'hydrocarbures gazeux. Noie (')
de MM. I*. Le beau et A. Damiens. présentée par M. 11. Le Chatelier.
L'analyse d'un mélange d'hydrocarbures galeux renfermant à côté des
carbures saturés des carbures éthyléniques et acétyléniqùës, comprend,
comme première opération, le dosage et l'élimination de ces deux dernières
séries d'hydrocarbures. On emploie le plus souvent, pour l'absorption des
carbures acétyléniqùës, le chlorure cuivreux ammoniacal et, pour celle des
éthylériiques, le brome.
On sait combien la manipulation du chlorure cuivreux ammoniacal est
désagréable, lui outre ce réactif, très altérable, a la propriété de dissoudre
en notable quantité el dans des proportions variant avec sa composition
les carbures éthyléniques. L'emploi du brome n'est guère plus séduisant el
nécessite le transport des gaz sur la cuve à eau. ce qui constitue une impor-
tante cause d'erreur.
Nous avons réussi à substituer, à ces réactifs classiques, des liquides d'un
usage plus commode et permettant d'effectuer l'analyse d'un mélange
gazeux exclusivement sur la cuve à mercure.
I. Carbures acétyléniqùës . — Le réactif auquel nous nous sommesarrêtés
pour l'absorption des carbures acétyléniqùës est une solution alcaline d'iodo-
mercurate de potassium. L'acétylène se dissoul simplement dans une
solution d'iodomercurate; mais par addition d'alcali il se produit, ainsi que
Ijerthclot l'a démontré, une combinaison mercurique sous forme d'un pré-
cipité blanc
En étudiant l'influence de l'alcalinité et de la concentra lion des solutions d'iodo-
mercurate de potassium sur l'acétylène el l'allylène, nous avons finalement adopté
pour le réactif la formule suivante :
lodure mercurique 25
lodure de potassium . 3o
Eau distillée 100
Pour éviter l'emploi d'une solution caustique, nous alcalinisons le réactif, dans _
le tube même où doit se faire l'analyse, au moyen d'un petit fragment de potasse.
(') Présentée dans la séance du 3 février 191 3.
558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
icmS de ce réactif ainsi alcalinisé absorbe environ vingt fois son volume d'acétylène.
Le précipité formé se dépose très vite et ne gène pas pour la lecture du volume gazeux
restant.
La sensibilité du réactif équivaut à celle du chlorure cuivreux ammoniacal. Nous
avons pu déceler -,'— de milligramme d'acétylène dilué dans un gaz inerte.
La solubilité des carbures éthyléniques dans ce liquide est sensiblement
la même que dans l'eau. On peut d'ailleurs, pour éviter toute correction,
extraire complètement les carbures dissous en faisant le vide à l'aide de la
trompe à mercure.
2. Carbures éthyléniques. — On sait que les carbures éthyléniques
peuvent être absorbés par l'acide sulfurique; mais dans le cas de l'éthylène
mars 1912).
î6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
plas haute que celle de H et parce que celle de la dilution correspond à la limite au-
dessus de laquelle les graines germent dans les solutions elles-mêmes.
Ce qui frappe dans cette courbe, c'est qu'elle se montre concave vers le
liant parce <|iie B est entre A et C et parée que les ordonnées de A et de < '.
sont plus grandes «pie celle de B.
J'ai ajouté, en outre, que ces faits ne sont pas particuliers à l'alcool ni
au Cresson alénois puisque j'ai pu obtenir des faits comparables et con-
struire des courbes de même allure avec le Radis et avec le chlorure de
sodium, dans des expériences de contrôle menées assez rapidement, mais qui
m'avaient paru concluantes. Toutefois, je ne m'en suis pas tenu là et, quand
le temps me l'a permis, j'ai voulu voir cv qui se produirait avec d'autres
sels. Pour cela, j'ai entrepris une. longue série de germinations avec graines
de cresson alénois; après des séjours de plus en plus longs dans 10 solutions
de neuf sels : chlorures, nitrates el sulfates de Na, de K et d'AzH', ce qui
faisait, un total de t)0 solutions, .le ne puis songer à tout décrire ici: je
désire seulemenl signaler les faits principaux et surtout schématiser les
résultats saillants dans un Tableau de courbes.
Je dois dire d'abord que j'ai fait des opérations parallèles dont l'en-
semble a pris plus de /jo jours et, ensuite, (pie je me suis efforcé de recher-
cher surtout les points B et C, sans négliger le point A. Mais, au sujet de
ce dernier point, je me trouvais limité expérimentalement par la solubilité
des sels employés; je ne devais l'envisager que pour une certaine dilution
où m ne pouvait dépasser celte solubilité à la température des expériences.
Les solutions étaient faites avec des sels purs fournis par la maison
Poulenc; pour chaque sel, la série des dix solutions comprenait : la solution
satinée à i .">". température qui devait être toujours inférieure à la tempé-
rature du laboratoire aux mois d'août et septembre; puis neuf autres solu-
tions de dilutions relatives ( — i ) égales à i , 3, 5, . . . , 5 1 i .
Dans la série principale des expériences, 3oo graines furent mises dans
chaque solution, au début et, successivement, après des séjours de plus en
plus longs, j'en retirais dix graines que je lavais et mettais à germer sur
une mince couche d'eau; il ne restait plus qu'à noter la germination ou la
non-germination. Tout cela m'a fourni de nombreux Tableaux d'où je tire
les courbes el les nombres suivants.
Mais remarquons bien que, étant donnée la longueur des opérations et
des expériences, je n'ai pu entier dans les détails, ni répéter les contrôles:
que deux solutions consécutives d'un même sel étant assez différentes l'une
SÉANCE L)LI 17 FÉVRIER I913. 56r
de l'autre, je ne puis donner que des moyennes, desapproximations et je dois
mécontenter de l'allure générale quitte à revenir, plus tard, aux détails
intéressants.
Cette allure générale est suffisamment indiquée dans les courbes sui-
vantes qui. ont été construites en portanl sur L'axe tics x la concentration
en molécules-grammes el sur l'axe des r, la durée en jours de l'immersion
dans les solutions salines; elles sont comprises entre le point A, à droite, el
le point C, à gauche. Je dois dire que, dans le groupe des nitrates, j'ai
légèrement déplacé la courbe du Na vers la droite et la courbe de l'AzH1
vers la gauche pour dégager celle du K .
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4
5
Courbes des limites de germinali avec les temps pour ordonnées el les concentrations en
molécules grammes pour abscisses — Wcc les dilutions relatives ou absolues pour abscisses, ees
courbes seraient plu~ étalées.
La place me fait défaut pour interpréter ces courbes; mais elles sont
assez éloquentes par elles-mêmes. A part celle du nitrate de k, elles sont
toutes concaves vers le haut; dans toutes, les ordonnées de A et de G sont
plus glandes que celle du point H compris entre les points A et C. Quant
au nitrate de k, il ne fait pas nécessairement exception ; sa solubilité rela-
tivement faillie ne permet pas de se rendre compte expérimentalement de
5Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ce <|iii se [lasserait à droite de la courbe si cette solubilité était plus
grande.
D'autre part, on voit que si la force osmotique joue un rôle dans les phé-
nomènes étudiés, elle est loin de les diriger uniquement ; il y a, à ce point
de vue, des différences marquées entre les sels employés. Les courbes sont
groupées par sels, pour les mêmes acides, elles pourraient l'être autre-
ment ; de toute manière, elles sont intéressantes par les renseignements
qu elles donnent sur l'action relative des ions qui interviennent.
botanique. - Variations de volume du noyau et de la cellule chez quelques
Fougères durant la prophase hètèroty pique. Note de M. IL de Litardière,
présentée par M. G. Bonnier.
Au cours de mes travaux cytologïques sur les Fougères, j'ai étudié les
variations que présentent les volumes du noyau et de la cellule durant la
prophase hétérotvpique: cette Note contient les résultats que j'ai obtenus
chez diverses espèces : Polytiichum aculeatum Schott, Dryopteris Filiae-mas
Schott, Asplenium Trichonianes\,., Asplenium Adiantum-nigrum L.. Phyl-
lilis Scolopendrium ï\e\\m., l'oly podium vulgarc L.
En suivant l'évolution du noyau, on constate tout d'abord d'une manière
générale, du présynapsis au synapsis, un accroissement de volume. Cet
accroissement est de io3o" pour le Polypodium (' ), 6iBv? pour 1.1. Tricho-
rnanes, 556T pour l'A. Adiantum-nigrum, S-iov' pour le ï). Filix-mas, 482^
pour le Pliyllilis, 3^7 "" pour le /'. aculeatum. Du synapsis au stade du
spirème déroulé, les espèces étudiées se comportent suivant trois types :
1" le volume diminue considérablement (diminution de 725'i1 pour le Poly-
podium); -2" le volume reste à peu près stationnaire (diminution de ">or
pour VA. Trichomanes, 211*' pour l'A. Adiantum-nigrum ; augmentation de
>ir pour le Phyllitis ); 3" le volume augmente chez le D. Filix-mas. /|G%[' , el
le /'. aculeatum, 283fi\ Du spirème à la diakinèse, on constate un accrois-
sement générale de volume {Polypodium, 93c11'; A. Trichomanes, '\'\i^ \
/'. aculeatum, 1 ^H^1 ; A. Adiantum-nigrum, 17 11' ; D. Filix-mas, 120'*'; Phyl-
litis, 11»1''). L'accroissement diakinétique est inférieur à l'accroissement
synaptique ; malgré cela, c'est à la diakinèse que l'on observe le maximum
de volume du noyau. Les courbes représentées ci-contre résument ces
variations.
( ' ) Les chiffres indiqués clans cette Note représentent la moyenne de vingt mesures.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 563
Les courbes relatives à l'évolution de la cellule sont presque tout à fait
comparables à celles du noyau : d'abord accroissement du présynapsis au
synapsis, mais plus considérable que celui du noyau ; puis du synapsis au
spirème, diminution très sensible du volume cliez le Polypodium, où il
devient inférieur de 268^ au volume présynaptique, faible diminution chez
les A. Trichomanes et Adianlurn-nigrtim, P. Aculealum et enfin léger accrois-
sement chez le Phyllilis et le D. Filix-mas ; du spirème à la diakinèse, il y a
augmentation de volume et, comme cela a lieu pour le noyau, l'accrois-
3050
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Variations du volume du noyau durant la propliase hétérotypique.
Polypodium vulgare L. : Asplenium Adiantum-nigrum L.
Dryopteris Filix mas Schott : — Trichomanes L.
Polystic/ium aculealum Schott : Phyllilis Scolopendrium Newm.
-+- -t- -+-
sèment diakinétique est inférieur à l'accroissement synaptique. Le maximum
de volume de la cellule est à la diakinèse, sauf pour le Polypodium, qui le
présente au synapsis. Les volumes diakinétiques et synaptiques de la cellule-
mère du P. aculealum sont à peu près semblables.
Les diverses espèces que j'ai étudiées offrent donc des différences assez
sensibles dans les variations de volume du noyau et de la cellule. Le
D. Filix-mas et le P. aculealum ont un processus d'évolution nucléaire ana-
logue; les courbes des deux Asplenium et du Phyllitis ont beaucoup de
ressemblance entre elles; celle du Polypodium constitue un type à part.
Pour les variations de la cellule, il y a également une grande similitude dnas
C. R., iqi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 7.) 72
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'allure des courbes du D. Filix-mas et du P. aculealum; les Asplenium se com-
portent différemment de ces derniers, de même le Phyllitis et le Polypoditirn ,
On ne peut donc formuler de loi générale de variation de volume; toute-
fois, il semble bien établi qu'il se produit, au début de la propbase hétéro-
typique, une grande augmentation de volume du noyau, de la cellule et
aussi parfois du cytoplasme, comme il est facile de le calculer par différence
des volumes. L'accroissement général du noyau que l'on observe du pré-
synapsis au synapsis est dû à une augmentation considérable de l'enchy-
lème, comme l'ont déjà indiqué MM. Lubimenko et Maige, Lawson, Gates
chez d'autres végétaux. Quant à celui du cytoplasme, il est probablement
la conséquence d'une prolifération des fibrilles du réticulum, dont les
mailles paraissent bien plus serrées au synapsis qu'au présynapsis ou au
stade quiescent.
Ces variations, surtout celles du noyau, sont probablement caractéris-
tiques d'un groupement systématique, comme semblerait le montrer l'ana-
logie que l'on observe d'une part dans celles des Asplenium Trichomanes et
Adianlum-nigrum, de l'autre dans celles du Dryopteris Filix-mas el du Polys-
tichum aculealum dont la distinction générique est si peu sensible que cer-
tains auteurs les considèrent comme appartenant au même genre. Il serait
nécessaire de poursuivre des recherches dans ce sens en étudiant les varia-
tions de croissance chez un grand nombre de types de chaque famille. Outre
l'intérêt que ces études pourraient avoir au point de vue systématique,
elles permettraient sans doute d'élucider bien des problèmes de cytologie.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la migration des éléments minéraux et sur le
déplacement de ces éléments chez les feuilles immergées dans Veau.
Note de M. G. André, présentée par M. Armand Gautier.
Les phénomènes d'hydrolyse que subissent les feuilles fraîches immergées
dans l'eau, additionnée de quelques gouttes de formol, résolvent peu à peu
en éléments plus simples les principes immédiats que ces feuilles contiennent
à l'état normal, et ces éléments passent alors dans le liquide qui les entoure.
J'ai montré récemment (Comptes rendus, t. 155, 191 2, p. 1028), en prenant
comme exemple les feuilles du Châtaignier commun, que, en conséquence
de ces phénomènes, les feuilles qui tombent à l'automne pouvaient restituer
au sol, dans un espace de temps assez court, la majeure partie de l'acide
pliosphorique el la presque totalité de la potasse qu'elles avaient immobilisés
durant leur développement.
I. J'ai poursuivi cette étude pendant l'année 1912 et je l'ai étendue
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IC)l3. 565
à tous les éléments normaux de cette feuille. 200 feuilles fraîches de
Châtaignier ont été récoltées aux époques indiquées ci-dessous. Voici
les quantités de substances qui y étaient contenues, quantités rapportées
à ioos de matière séchée à 1 io° :
Phosphore Soufre
lotal (calculé total (calculé
Azote total. enPO'H3). en SO»). CaO. MgO. K20.
g s R tes
2 juin 1913.. . . 2,3797 0,7712 0,6276 0,9348 o,4i66 ' , 2 1 37
39 juillet 2,1791 0,58^0 » » » 1,2988
a5 septembre. . . i,84o5 o,5g55 0,9895 i,9'93 0,4724 ',4o'7
On remarquera d'abord que ces chiffres diffèrent très sensiblement
de ceux que j'ai trouvés aux époques correspondantes de l'année 1 91 1
(loc. cil.). La proportion des matières minérales et celle de l'azote total
sont moins élevées en 1912 qu'en 191 1 . L'explication doit en être cherchée
dans la différence évidente de la transpiration des feuilles pendant ces
deux années, la température ayant été notablement plus élevée en 1911
qu'en 191 2. Dans les deux cas, d'ailleurs, la migration de l'azote et celle
des matières salines se sont effectuées dans le même sens; le taux de l'azote
et celui de l'acide phosphorique éprouvent une forte diminution à mesure
que la feuille avance en âge; le taux de la potasse, au contraire, s'élève
légèrement.
La chaux et le soufre total (calculé en SO3) croissent dans des propor-
tions notables entre le 2 juin et le 25 septembre. Cette augmentation du
soufre ne peut s'expliquer que, par une accumulation de sulfate de calcium
pénétrant dans l'organe jusqu'aux dernières périodes de sa végétation. En
effet, l'azote albuminoïde entraînant, par suite de sa migration, une cer-
taine proportion de soufre, celui-ci aurait dû diminuer; mais son départ
a été compensé, et au delà, par l'arrivée de sulfate de calcium qui s'est
accumulé dans les feuilles sans y trouver d'emploi. D'ailleurs, la presque
totalité du soufre se rencontre à l'état purement minéral, car la dose de cet
élément qui entre dans la constitution du noyau albuminoïde est de i,5
à 2 pour 100 au plus. En ce qui concerne la chaux, le fait de l'augmen-
tation de cette base avec l'âge de la feuille est général. Si la majeure partie
de la chaux est combinée à l'acide sulfurique, une autre partie se rencontre
dans la feuille à l'état de combinaison avec les acides organiques, et, vers
l'époque de sa chute, sous forme de carbonate déposé par évaporation du
bicarbonate ou provenant de la destruction par oxydation des acides
organiques.
566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La migration de l'azote et celle du phosphore (calculé en PO* H3)
présente également des différences remarquables d'une année à l'autre :
cette migration est beaucoup plus accusée en 1911 qu'en 1912, en raison
de la différence même des conditions météorologiques.
II. L'immersion des feuilles dans l'eau a fourni les résultats suivants,
rapportés à ioos de matière séchée à 1 io°.
( A = poids des substances ayant exosmosé dans l'eau au bout d'un mois ;
B = poids des substances demeurées dans le résidu insoluble; C = poids
des substances dans ioos de feuilles à l'état initial; D = quantité de sub-
stance ayant exosmosé pour 100 parties de la quantité totale.)
Phosphore total Soufre total
Azote total, (calc.en PO'H3). (cale, en SO3). Ca 0. MgO. K20.
2 juin,
A o,i45g o,5ooi o,3565 0,1872 0,211 3 1,1079
B 2,2338 0,2711 0,2711 0,7476 o,2o53 o,o558
C 2,3797 0,7712 0,6276 0,9348 o,4i66 1,2137
D 6,19 64,84 56, 80 20, o3 50,72 95,39
29 juillet.
A 0,0690 0,4062 » » » 1,1574
B 2,1101 0,1778 » » » o,i4i4
C 2,1791 o,584o » » » 1,2988
D 3,17 69,54 » » » 89,10
25 septembre.
A 0,1161 0,3781 0,6754 0,4208 0,1905 1,2326
B 1,7244 0,2174 o,3i4i 1,4987 0,2819 0,1691
C i,84o5 0,5955 0,9895 1,9190 0,4724 1,4017
D 6,3o 63,48 68,25 21,92 4°, 32 87,93
Il résulte de l'examen de ces chiffres que les quantités d'azote, d'acide
phosphorique et de potasse éliminées au bout d'un mois, dans l'eau où
baignaient les feuilles, sont du même ordre de grandeur que celles qui
ont été fournies par les feuilles de l'année 191 1. La chaux est l'élément
salin qui résiste le plus à l'exosmose : le cinquième seulement de cette base
a passé dans le liquide extérieur, alors que l'exosmose de la magnésie a été
bien plus considérable. L'élimination de l'acide sulfurique est comparable à
celle de l'acide phosphorique, comme si la majeure partie du soufre et du
phosphore était engagée, à toutes les périodes de la végétation, dans des
combinaisons salines facilement dialysables après la mort de la feuille.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER I()l3. 567
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Formation de Vurèe par les végétaux
supérieurs. Note de M. R. Fosse, présentée par M. E. Koux.
Ce corps, dont la présence dans le règne végétal n'était connue que pour
quelques champignons (Bamberger et Landsiedl, Gare, Goris et Mascré),
a été déjà caractérisé par nous dans nombre de végétaux supérieurs
(Comptes rend us, t. 155, p.85i).
Mais, comme l'urée existe aussi dans la terre cultivée (Ibid.), on ne peut
décider, a priori, si elle est engendrée par la plante ou simplement puisée
par sa racine dans le sol avec les sels minéraux nutritifs.
Les animaux ne sont pas les seuls êtres vivants capables de produire
l'urée, la cellule végétale possède aussi cette faculté, ainsi qu'en témoignent
deux moisissures et de nombreuses plantes d'organisation élevée.
Nous avons précédemment établi que V Aspergillus niger et le Pénicillium
glaucum créent de l'urée en culture aseptique pure à partir du sucre et de
l'ammoniac; dans cette Note, nous démontrerons que le même corps prend
également naissance, mais avec plus d'abondance, lorsque le blé, Y orge, le
mais, le pois, le trèfle, la fève consomment les matériaux de réserve de leur
graine pendant le phénomène de la germination.
i. Caractérisation de Vitrée dans la graine, en germination. — Après
l'avoir décelée d'abord dans le pois maintenu 8 à 1 o jours à l'étuve vers 2a0,
sur la ouate humide, nous avons effectué de nouvelles expériences au sein
du sable siliceux, lavé et calciné, humecté d'eau distillée, exposé à la
lumière et à la température du laboratoire. En suivant les indications de
M. P. Mazé, les plantes récoltées étaient robustes et sans trace apparente
de moisissure.
Le végétal âgé de 1 mois, haut de 1 2tm à i5'ra, lavé à l'eau distillée, est broyé avec
de l'acide acétique et le produit épuisé par l'alcool fort.
Le résidu de la distillation dans le vide des liqueurs alcooliques est repris par
l'acide acétique et la solution additionnée de xanlhydrol. 1-e précipité, recueilli par
centrifugation, est lavé à la potasse chaude, à l'alcool froid, pour être finalement
dissous dans un peu de pyridine bouillante.
Poids d'urée di-xanthylée cristallisée, correspondant à i5R,5 de plante
sèche : 0^0695.
Rendement en urée pour ikg de plante sèche y compris les cotylédons :
os,64.
568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'urée a été décelée en procédant ainsi dans :
Le blé ayant germé sur l'eau de chaux, 24 heures à l'étuve et ensuite 11 jours à la
température du laboratoire;
Le trèfle soumis aux mêmes conditions;
La fève des marais après 6 semaine de germination;
Le malt d'orge, non touraillé, des brasseurs.
2. Présence de l'urée dans des graines à l'état de repos. — En opérant sur
iooK de graines, préalablement lavées superficiellement à l'alcool, puis
séchces et finalement réduites en farine très fine, nous avons obtenu un
résultat négatif pour le lupin blanc et la fève des marais, positif pour le blé,
le mais et le pois.
La dose d'urée, isolée sous forme de sa combinaison di-xantbylée, plus
grande pour le pois que pour les deux autres semences, n'atteignait cepen-
dant pas un centigramme par kilogramme de graine sèche.
3. Accumulation de Purée dans l'embryon, son absence ou sa raréfaction
dans les cotylédons. — Fève des marais. — Après 6 semaines de germina-
tion, les plantules, très vigoureuses, furent séparées des cotylédons et l'urée
recherchée dans chacune de ces deux parties. Tandis que des cotylédons
(98e à l'état frais) on ne put en extraire la moindre trace, les plantules
(70e à l'état frais) donnèrent os,o55 d'uréine recristallisée, c'est-à-dire
og, 112 d'urée par kilogramme de plantule fraîche.
L'urée a été également décelée, et avec la plus grande facilité, dans
les radicelles du malt d'orge des brasseries, desséché à basse température,
et dans l'extrait de touraillon ou maltopeptone commerciale .
Embryon du haricot. — 20B de germes, provenant de la décortication
industrielle de ce légume, ont fourni près de icg d'uréine recristallisée,
tandis que 5ooK de cotylédons de la même graine (décortiqués du com-
merce) n'ont produit qu'une trace de ce corps.
4. Présence de l'urée dans la plantule du mais, ayant germé asepttquemenl,
et dans la plante adulte, développée sur liquide nutritif stérile, d'après les
méthodes de M. P. Mazè. — Ces deux faits ont été reconnus par l'examen
des plantes que M. P. Mazé a eu l'extrême obligeance de mettre à notre
disposition. Il en résulte nettement que la cellule végétale est, à elle seule,
capable de créer l'urée sans le concours des micro-organismes.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER lÇ)l3. 56g
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Une théorie de la vision.
Note de M. Tscherxixg, présentée par M. Lippmann.
Parmi le très grand nombre de points que l'œil peut voir à la fois, c'est-
à-dire sans faire un mouvement, il y en a un qui se distingue des autres,
c'est le point de fixation. Il n'est pas possible de dire ce qui caractérise ce
point. Si l'on regarde une surface uniforme, on n'a pas la sensation qu'il
y ait un point qui se distingue des autres, mais si l'on y marque un point,
on a la sensation très nette, si on le fixe ou non. S'il y a deux points, on
peut dire lequel on fixe; on peut diminuer la distance entre eux: tant
qu'on peut voir qu'il y a deux points, on peut dire lequel on fixe. Il en
résulte que le point de fixation doit correspondre à un seul élément réti-
nien. J'appelle cet élément, élément principal, les autres, éléments accessoires.
Figurons-nous un instant l'élément principal lumineux. En supposant
l'œil emmétrope, il en sortirait un faisceau lumineux cylindrique, ce fais-
ceau rencontrerait, près ou loin de l'œil, un objet qu'il éclairerait. Par
suite de la réversibilité des processus optiques, cet objet pourrait, à son
tour, éclairer l'élément rétinien. On pourrait se figurer le cylindre comme
une sorte d'antenne invisible, attacbée à l'œil et mobile avec lui ('). Je
désigne cette antenne, qui nous renseigne sur le monde extérieur, sous le
nom de photophore.
Nous nous servons du pbotopbore à peu près comme le chirurgien se
sert de sa sonde. Ce qu'il sent, ce sont en réalité les vibrations des molé-
cules constituant les parties de la sonde qu'il touche avec ses doigts, mais
il a la sensation de toucherles parois de la cavité avec le bout de la sonde.
De même, nous ne sentons pas l'éther vibrer contre notre rétine, mais
nous croyons toucher les objets extérieurs avec le bout de notre sonde
d'éther.
Si nous n'avions qu'un seul photophore, nous serions à peu près dans la
situation d'un aveugle qui se guide en tâtant avec sa canne. La supériorité
de la vision réside surtout dans le fait que nous possédons un nombre
énorme d'éléments rétiniens, par conséquent, un nombre énorme de photo-
phores, allant de la pupille, leur base commune, dans toutes les directions.
(') La conception ne correspond à la réalité qu'à la condition qu'on puisse négliger
le temps que met la lumière pour arriver de l'objet à la rétine. Il faut remarquer que
c'est aussi la condition de toute véritable vision.
570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les photophores accessoires peuvent hien nous donner des indications sur
la forme des objets extérieurs, mais leur rôle principal consiste à attirer
notre attention sur un des points environnants que nous fixerons ensuite.
Il faudrait donc se figurer l'œil muni d'un appendice invisible, de forme
conique. La poiute du cône serait la pupille, la base formerait une surface
composée d'une mosaïque sensible, image nette ou diffuse de la rétine. Cette
surface, que j'appelle la rétine apparente, a la forme de l'ensemble des objets
qu'on peut voir à un moment donné; elle s'y moule pour ainsi dire. L'ins-
tant après, l'œil change de direction et la surface terminale change de forme,
et ainsi de suite. Comme le chirurgien se sert de sa sonde en la déplaçant
constamment, nous déplaçons constamment le regard pour scruter le monde
extérieur.
Lorsqu'on regarde autour de soi dans la pièce dans laquelle on se trouve,
on dit communément que les images des murs, des objets, etc., se déplacent
sur la rétine. Je dirais, et avec autant de raison, il me semble, que nous
promenons notre rétine apparente sur ces objets. Quoique la comparaison
puisse paraître bizarre, il existe une grande analogie entre la manière dont
la rétine apparente nous renseigne sur la pièce et la manière dont la langue
nous renseigne sur les particuliarités" des parois de la cavité buccale, dans
les deux cas nous tâtons les parois avec une surface couverte d'une mosaïque
de points sensibles. Comme la mosaïque est beaucoup plus fine dans la fovea
apparente, elle l'est aussi sur la pointe de la langue. Quelle différence y a-t-il
au fond ? Évidemment, la nature des agents est autre. Dans l'un des cas
c'est la dureté des surfaces, leur degré de poli, etc., qui agissent; dans
l'autre ce sont leur clarté et leurs couleurs. Et la nature des sensations est
autre: dans l'un des cas nous sentons, dans l'autre nous voyons. Mais, en
dehors de cela, je ne vois qu'une seule différence : l'œil peut^?.re/- un point,
la langue ne le peut pas.
HISTO-PHYSIOLOGIE. — Sur l'asymétrie du corps ciliaire et sur son impor-
tance dans l' accommodation astigmique et les mouvements du cristallin.
Note de M. Jacques Mawas, présentée par M. Henneguy.
On sait que la rétine s'étend inégalement à la périphérie du corps ciliaire
et qu'elle se rapproche beaucoup plus du limbe cornéen du côté nasal
que du côté temporal. Cette disposition anatomique a pour conséquence :
i°la forme rétrécie du segment externe du champ visuel normal, c'est-à-dire
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IQI3. Sfll
du champ visuel du côté temporal; 2° une notable asymétrie du corps
ciliaire, puisque la rétine est plus étendue d'un côté que de l'autre.
Cette asymétrie du corps ciliaire est donc inversement proportionnelle à
celle que présente la rétine. Ce dernier fait n'a pas assez attiré l'attention.
Nous n'avons trouvé sur ce sujet que les mensurations faites par Terrien,
en 1898, sur des yeux humains, et l'on ne lui attache d'ailleurs aucune
importance physiologique. Or, il est évident que, grâce à cette disposition,
le nombre, la longueur et la force des fibres zonulaires seront loin d'être
les mêmes suivant qu'on les considère du côté temporal ou du côté nasal du
corps ciliaire. D'un côté, les fibres zonulaires seront, grâce à l'étendue plus
considérable de la rétine ciliaire, plus nombreuses, plus longues, et d'une
action plus puissante que celles du côté opposé. Le cristallin sera, en
d'autres termes, plus tiraillé ou plus relâché d'un côté que de l'autre.
L'importance de l'introduction d'une pareille notion dans la physiologie
de l'accommodation nous parait devoir transformer, en grande partie, notre
conception actuelle du mécanisme des mouvements du cristallin lors de la
contraction du muscle ciliaire.
Nous avons mesuré la longueur du corps ciliaire chez un certain nombre
de Mammifères. L'œil était d'abord orienté de façon à présenter la
même position que celle qu'il occupe dans l'orbite. Puis, nous mesurions la
longueur du corps ciliaire, depuis Yora scrrata jusqu'à la terminaison des
procès ciliaires (le cristallin étant en place) du côté nasal et, du côté tem-
poral, dans le diamètre horizontal (o°- 1800). Puis, la même mesure était
faite dans le sens vertical (9o°-270°), et enfin, dans un diamètre intermé-
diaire, que nous avons choisi situé à 45°. En appelant :
Le côté nasal (transversal) a;
Le côté temporal (transversal) a',
Le côté supérieur (vertical) b;
Le côté inférieur (vertical) b' ;
Les côtés intermédiaires (45°) c et c',
on obtient le résultat suivant :
i° Chez le Mouton. 2° Chez le Porc.
mm mm mm mm mm mm
«4- a' = 8,5 + 4,5 '=-ï3 a-t-«' = 6,5-+-4=io,o
■ b -f- b' = 7 ,'5 + 8 = 1 5 , 5 b + b' = 6 . -4-6 =12
c -t - c' = 6 -1-9,5=16 c -h c' — 6 h-4,5=io,5
C. R., 1910. 1" Semestre. (T. 156, N' 7.) 7^
572
ACADEMIE DES SCIENCES.
3° Chez le Bœuf.
4°
67ie: /« Chèvre.
mm mm
a + a' = 10 + 6 =
.mm
16
a + a'
mm mm
= 8 +4,5 =
mm
12,5
b + b' = io,5 h- 8,5 =
'9
6 + 6'
= 9.3 + 7 =
l6,5
c-t-c'= 8 4-g,5 =
17,0
c + c'
= 10 +6 =
l'6.5
5° CAes /e Chien.
6°
Chez le Lapin.
niru mai
ci -ha' — j + 4 =
mtn
I 1
« + «'
mm mm
= 3 + 2,5 =
mai
5,5
6+6' = 4 + 4,5 =
8,5
6 + 6'
= 0 +0 =
6
c + c"= 6 +4 =
10
c +c'
= 3 +3 =
6
Il importait de déterminer, non seulement les différences qui existent
entre un côté du corps ciliaire et le côté opposé, mais aussi si la somme
obtenue dans un diamètre n'est pas exactement compensée par celle du
diamètre perpendiculaire, ou même par un autre. Les résultats obtenus
montrent très nettement que, dans tous les yeux que nous avons examinés,
le corps ciliaire est asymétrique anatomiquement et physiologiquement.
Cette asymétrie aura pour effet, pendant l'accommodation, en supposant
que le muscle ciliaire se contracte entièrement et également partout, ce qui
est probable :
i° D'accommoder inégalement les rayons de courbure du cristallin;
20 De corriger ou de compenser un astigmatisme cornéen notable;
3° De déplacer le cristallin du côté où le corps ciliaire est le plus déve-
loppé;
4° De faire basculer le cristallin et de le faire tourner sur lui-même.
Cette asymétrie explique d'ailleurs parfaitement bien l'accommodation
astigmique sans qu'il soit nécessaire, pour cela, de recourir à l'hypothèse
d'une action isolée d'un groupe de procès ciliaire.
MÉDECINE. — De r immunisation contre le staphylocoque pyogéne par voie
intestinale. Note de MM. Jules Courmont et A. Roghaix, présentée par
M. Guignard.
Nous avons montré (') qu'on pouvait immuniser divers animaux, vis-à-
(') J. Courhom et A. Rochaix, L'immunisation par voie intestinale; Vaccination
antityphique {Comptes rendus, 20 mars 191 1); De l'immunisation antitoxique par
la vaccination antityphique intestinale (Comptes rendus, 10 avril 191 1); La vacci-
nation antityphique par voie intestinale (Presse médicale, 3 juin içi'i); Immuni-
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 573
vis de l'infection éberthienne et de l'infection pyocyanique, en leur intro-
duisant, dans le gros intestin, des cultures complètes, tuées par la chaleur.
Nos essais d'immunisation antituberculeuse, par la même voie, ont été
négatifs (().
La vaccination antistaphylococcique est-elle possible par cette méthode?
Nous avons utilisé comme vaccin des cultures en bouillon de Staphylo-
coccus pyogenes aureus, tuées, à l'âge de 7 à 8 jours, par un chauffage à
+• 700, pendant 4 heures.
Trois lavements (longue canule, addition de quelques gouttes de laudanum) de
ioocml ont été administrés, à (\ jours d'intervalle; à des lapins adultes de 2ks à 3ks. Us
furent très bien tolérés.
IL L'inoculation d'épreuve (inoculation de orm,,5 à icm',5 de culture
virulente, dans la veine auriculaire, en même temps qu'à des témoins) a
été faite de 20 jours à 4 mois après le dernier lavement.
Les témoins sont tous morts, soit de septicémie aiguë, soit de pyohémie classique,
en 8 ou 10 jours, suivant la dose.
Les vaccinés ont régulièrement survécu aux témoins, jusqu'à 35 jours, mais sont
tous morts. L'immunisation est donc certaine, mais incomplète.
111. Les lésions observées chez les vaccinés sont intéressantes.
La cachexie est toujours très marquée. Assez fréquemment, on ne trouve aucune
lésion macroscopique. Les abcès classiques des reins et du cœur sont, en tout cas, très
rares. Par contre, on observe habituellement les lésions anormales suivantes : i° des
abcès, dont certains assez volumineux, disséminés dans le tissu cellulaire sous-cutané
ou dans les masses musculaires (régions pectorale, dorsale, plus rarement dans les
muscles abdominaux ou des membres); a° des arthrites purulentes, atteignant
diverses articulations, mais de préférence celle des pattes antérieures. Les lésions
osseuses ne sont pas la règle, mais peuvent s'observer, avec abcès sous-périostiques,
séquestres, abcès médullaires (articulations des pattes antérieures, vertèbres, côtes),
absolument comme pour l'ostéomyélite des jeunes lapins.
Nous avons eu quelques cas d'épanchement des plèvres et du péricarde.
nation contre l'infection hébertienne expérimentale, par voie intestinale, chez le
lapin {Journal de Physiologie et de Pathologie générale, i5 novembre 1911);
De la durée de l'immunisation, par voie intestinale, contre l'infection éberthienne
expérimentale chez le lapin {Comptes rendus, 27 novembre 191 1); La vaccination
contre l'infection pyocyanique par la voie intestinale {Comptes rendus, il avril
■9")-
(') J. CoLRMOST et A. Rochaix, Essais négatijs d'immunisation antituberculeuse
par voie intestinale {Comptes rendus, 7 août 191 1).
?74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
IV; En somme l'introduction de cultures tuées de staphylocoque pyo-
gène, dans le gros intestin du lapin adulte, lui confère un certain degré
d'immunité, qui se manifeste par une survie assez prolongée. D'autre part
l'infection est profondément modifiée dans ses caractères; au lieu de se
traduire par des abcès des reins ou du cœur, elle se localise plus volontiers
sur les synoviales, sur le tissu osseux, sur les séreuses ; bien que due à des
microbes virulents, elle se comporte comme une affection atténuée.
ZOOLOGIE. 7- Les a Cytopleurosporés » (Cytopleurosporea), embranchement
nouveau du règne des Prolistes. Note de M. Casimir Cépède.
Dans une Note antérieure (' ), j'ai montré par l'étude dWnurosporidium
pelseneeri Caull. et Chapp., que le cycle évolutif de ce parasite présente les
plus grandes affinités avec celui des Cnidosporidies d'une part et des Chytri-
diopsis d'autre part; que l'existence d'une paroi cellulaire à sa spore le rap-
proche des Cnidosporidies et que les analogies de son cycle évolutif avec
celui des Chytridiopsis (2) confirment l'idée émise par Léger etDuboscq (3)
(1909) de l'existence d'une paroi sporale cellulaire chez ce dernier parasite.
Et je concluais : « Comme Anurosporidium est étroitement allié aux Haplo-
spobidies les mieux caractérisées (Haplosporir/ium, Urosporidium, etc.), je
crois qu'il serait intéressant de le rapprocher avec Chytridiopsis des autres
Sporozoaires à spore possédant une paroi cellulaire en créant pour eux le
terme d'AcNiDOSPouiDiEs qui marquerait le caractère principal de leur spore
à opposer à la présence d'une capsule polaire chez celle des Cnidosporidies
qui ont tant de points évolutifs et structuraux communs avec elles. »
Mon étude a montré que les parasites haplosporidiens typiques n'ont pas
une spore simple, caractère qui servait de base à l'établissement même de
(') Casimir Cépède, Le cycle évolutif et les affinités systématiques de V ' Haplospo-
ridie des Donax {Comptes rendus, 28 aoiït 191 1 ).
(2) Nous devons attirer l'attention sur une particularité du cycle sporogonique des
Chytridiopsis signalée par Léger et Dubosq : a Au cours de la croissance, le noyau
(au synkarion de copula) se multiplie d'abord lentement et la plupartdes noyaux-fils
restent dans la région centrale. Cependant trois ou quatre d'entre eux se portent à la
la surface et contribuent, avec une mince couche de cytoplasme qui s'étale déplus en
plus à la surface de l'élément, à former une enveloppe kystique, cellulaire et résis-
tante. »
(3) Léger et Duboscq, Sur les Chytridiopsis et leur évolution (Arch. Zool. exp.<
5' série, t. 1, 1909, Notes et Revue, n° 1, p^ix-xiu).
SÉANCE DU 17 FÉVRIER I9l3. 5. ampères). L'oreille de lapin albinos, épilée,
est placée entre deux lames en quartz; un carton noir, portant une ou plusieurs ouver-
tures de 6mm à 8mra de diamètre est appliqué contre la face externe de l'oreille. Une
cuve en quartz, remplie d'eau distillée, est interposée entre la source et l'oreille. La
température ambiante a varié de i3° à 190.
i° Effets macroscopiques produits par les rayons ultraviolets. — Les irra-
diations de très courte durée (au-dessous de 3os) à la distance de io"n de la
lampe ne produisent généralement aucun effet visible. Quand elles sont
plus prolongées (im à i2m), une série de phénomènes apparaissent. Dans les
premières heures, on ne voit rien; après 2 à 5 heures, on aperçoit une
vaso-dilatation, localisée à l'endroit irradié, qui devient de plus en plus
forte et donne à la région, irradiée une teinte rouge. Ce phénomène s'ac-
compagne d'élévation de la température et de tuméfaction de plus en plus
prononcée. Le maximum de ces effets est atteint après 24 heures. Puis,
après 48 heures, une légère atténuation se manifeste. Après 7 à 12 jours, la
rougeur et l'élévation de la température disparaissent presque complète-
ment et il se produit une desquamation de la peau; presque en même temps
un pigment brunâtre apparaît qui persiste pendant des semaines et même
des mois entiers, suivant l'intensité de l'irradiation. Enfin, on observe dans
le cas d'une irradiation pas très prolongée (de 4 à 12 minutes) un effet
tardif: les poils à l'endroit irradié sont plus longs que tout autour; il y a
donc une action stimulante sur le système pileux.
20 Détermination de la longueur d'onde des rayons actifs. — Les actions
décrites plus haut ne sont dues ni à la chaleur, ni aux rayons visibles. En
effet, l'interposition entre la source et l'oreille d'une lame de verre de 1"""
d'épaisseur, rend l'irradiation, même pendant plus de 10 heures, tout à fait
inactive.
(') Présentée dans la séance du 10 février 1910.
578 ' ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour déterminer la longueur d'onde des radiations actives, nous avons
séparé diflérentes régions du spectre ultraviolet au moyen d'écrans dont
l'absorption a été mesurée quantitativement par la photométrie de spectro-
grammes d'après la méthode de \ . Henri.
On cherche, pour chaque écran, le seuil de durée, c'est-à-dire le mini-
mum de temps nécessaire pour produire une réaction vaso-motrice qui
apparaît de 12 à 24 heures après l'irradiation.
Voici la moyenne des résultats de 286 expériences :
Épaisseur Seuil Ralen
Écrans. île l'écran. Hayons transmis par l'écran. île durée. tissement.
01m
Quartz.... » 64oo-2324 3os 1
Acétate de cellulose. . . o,oj jusqu'à 2900 bien ; 2900-2700 affaiblis 3m-4m 6- 8 fois
Viscose 0,06 » 3ooo » 3ooo-2324 » 4m_5m 8-10 »
Verre 1 » 3 100 » 3 100-2930 » >ioh >iaoo
( )n voit que les radiations de longueur d'onde plus grande que 3iooA
n'ont pratiquement aucune action sur l'oreille de lapin. Les radiations à
travers l'acétate de cellulose sont plus efficaces qu'à travers la viscose. La
viscose laisse passer les rayons jusqu'à A = 2324, mais déjà à partir de
A = 3ooo la transparence de cet écran est faible. L'acétate de cellulose
arrête tous les rayons au-dessous de 2750, mais il est plus transparent que
la viscose pour les rayons de A> 2900; par conséquent, la région la plus
active se trouve entre 3 100 et 2900.
3° Transparence des tissus de l 'oreille aux diverses radiations . — On sait que
le protoplasma cellulaire absorbe d'une façon très intense les rayons ultravio-
lets et l'absorption croit très vite pour des rayons de plus en plus courts; ainsi
d'après les mesures de Mme et M. V. Henri {Comptes rendus, 22 juillet 1912)
les -^ des rayons sont absorbés : pour A = 2324 par une couche de omn,,02
de proloplasma; pour A = 2820, par une couche deomn,,o9; pour À = 2894,
par une couche de omm, 12; pour A = 2926, par une couche de omm, 19; pour
A<:=3o24,par une couche de omu',77. Par conséquent, si les cellules sur
lesquelles se porte l'action des rayons ultraviolets se trouvent à une certaine
profondeur, les rayons ultraviolets extrêmes ne pourront pas arriver
jusqu'à ces cellules.
Nous avons déterminé la transparence des tissus cutanés de l'oreille de
lapin, en xlécoupanLun lambeau très mince de Qmn',i4 d'épaisseur et en pho-
tographiant le spectre ultraviolet à travers ce lambeau. On trouve que
SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 579
la raie 2967 passe à peine; le groupe 3o2i passe nettement et, à partir
de 3i3ia, la transparence est bonne.
Par conséquent, il résulte de là :
Que les cellules sur lesquelles agissent surtout les rayons ultraviolets pour
produire les phénomènes se traduisant par la vaso-dilatation consécutive se
trouvent à une certaine profondeur d'environ ^ à ^ de millimètre; ceci
explique que ce sont les rayons entre X= 3ioo et 2900 qui sont les plus
actifs.
GÉOLOGIE. — Sur les terrains paléozoïques de la Rùière Noire {région entre
la frontière laotienne et le Fleuve Rouge, Tonkin). Note de M. Deprat,
présentée par M. H. Douvillé.
Durant un récent voyage dans le bassin de la Rivière Noire, j'ai pu
relever sur les feuilles de Thanh-ba et de Van-yên beaucoup de faits nou-
veaux; je n'exposerai ici que ceux qui concernent la stratigraphie des
terrains paléozoïques, laissant de côté, faute de place, les terrains secon-
daires et la tectonique remarquablement compliquée. Malgré la végétation,
les observations géologiques sont très facilitées par la dissection poussée à
l'extrême d'une région très montagneuse soumise à une érosion rapide et
intense. La circulation est seulement quelquefois pénible, car on doit
remonter beaucoup de ravins dans l'eau des torrents.
Je donne une coupe typique relevée dans la région d'An-micng, concer-
nant la série gothlandienne (épaisse de 8oom au minimum) et dévonienne,
et prise de Ban-hom au col entre Mo-ha et Muong-thé :
Déconien moyen :
16. Masse de' grès et de schistes marneux.
15. Banc de grès jaune à Lingula n. sp.
14. Marnes schisteuses roses et jaunes à Mytilarca ( Plethomytilus) oviformis Hall.
Faille d'étirement.
Déco m'en inférieur :
13. Calcaire bleuâtre marneux à Stromolopores.
12. Masse de grès jaunâtres à Actinopteria textitrata Phillips.
Gothlandien :
II. Grès jaunes à Spirifer cabedanus de Vern. et d'Archiac.
10. Marnes bleuâtres sans fossiles.
9. Quartzites sans fossiles.
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N« 7.) 74
58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
8. Grès jaunes fins, masses de marnes grises, grès marneux à Modiomorpha n. sp.
7. Calcaire noirâtre à Rhynchonella n. sp., Loxonema sp.
6. Calcaire gris à Facosites Troosli M. E. et H.
5. Calcaire bleu noir à Rhynchonella n. sp.
k. Calcaire blanc à Favosiles gothlandicas Lmk.
&>. Masse de calcschistes épais, pleins de fossiles, alternant avec des marnes grises
et des lentilles de calcaires construits par des polypiers (Favosiles gothlan-
dictis, etc.).
"2. Grès fin verdàtre (équivalent des grès à Acidaspis de Lang-chiet).
i. Masse de grès fins et de marnes de Ban-hom à Gornphoceras sp., Poleumita
n. sp., Eotomaria sp., etc.
Près de Lang-chiet (feuille de Thanh-ba) où j'ai pu étudier une série
gothlandienne très analogue (à environ (>okm de la précédente), j'ai recueilli
de très beaux échantillons d'un Acidaspis, de deux espèces de Cyphaspis et
d'un Dalmanites non encore déterminés spécifiquement, mais étroitement
alliés et sans doute même identiques, autant qu'il me semble à cette heure,
à des formes gothlandiennes de Dudley ou bohémiennes.
Le grand intérêt des couches signalées dans la coupe précédente réside
dans le caractère américain offert par plusieurs étages. Ainsi les marnes de
Ban-hom avec d'innombrables individus de Gornphoceras sp., de Poleumita
n. sp. et à? Eotomaria sp., rappellent étroitement des espèces similaires de
Guelph; les couches des assises 3 renferment une faune de Modiomorpha
n. sp., Sanguinoliles n. sp., Eotomaria n. sp. à faciès très voisins des formes
américaines. Au-dessus vient une riche série de calcaires à polypiers
(Wenlock) à Favosiles gothlandictis Lmk., Favosiles sp., Hetiotites, Am-
plexus, Monticulipora, Alvéolites, etc. Les calcaires 4, 5 et 6 sont surtout
caractérisés par Favosiles Troosli M. E. et H. avec deux Rhynchonella n. sp.,
dont l'une est affine à Rhync. lacunosa Sowerby, de Wenlock, d'après
M. Mansuy. Les couches supérieures renferment encore la faune à Modio-
morpha n. sp. de ,3. Les couches 11 sont caractérisées par l'extraordinaire
abondance de Sp. cabedanus ; c'est le passage au Dévonien inférieur, ce
dernier caractérisé surtout par les couches à Actinopleria texlurata Phillips,
Sj)h l'notus solenoidesilM, Chonetes longispina Mansuy , Discina (Orbiculoidea)
Forbesi Davidson.
Le Dévonien moyen offre une faune étroitement alliée à celle d'Hamilton.
Les espèces les plus abondantes recueillies jusqu'à présent sont : Mytilarca
(iHelhomytilas) oviformis Hall, Myl. (J'ieth.) n. sp., Scliizoduschemitngenssi
Hall, Cio/tiophora n. sp., Pa/œopinna sp., etc. Les espèces déterminées sonl
rigoureusement identiques aux espèces américaines.
SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 58l
J'ai retrouvé près de Langrchiet et de Lan-con les couches à Spirifer
crispas de la partie supérieure de l'Ordovicien déjà signalées au Tonkin. Le
reste de l'Ordovicien est métamorphisé et passe à des gneiss.
Le Gothlandien et l'Ordovicien renferment des coulées intercalées de
roches trappéennes très fraîches qui seront étudiées.
Près de Ban-cai, j'ai découvert une puissante série de schistes, grès et
calcaires dinanliens à Spirifer grandicoslatus M. Co;\ , Prod. cf. spinulosus
Sow., avec de nombreux fossiles : Productus sp., Scd gwickia n. sp.,
Sedgwic/a'a sp., Tellinomya sp., Pararyc/as sp., Byssopteria sp., Goniopliora
sp., Edmundia sp., Grammysidœ indét., etc. ( ').
J'ai découvert sur la feuille de Van-yên, entre Mo-ha et Muong-thé, un
magnifique horizon ouralien à Fusulines (F. globosa Dep., F. multiseptata
Schellw., F. complicala Schellw., etc., avec une riche faune de Productus,
Marginifera, Martinia, Reticularia, Notolhyrù, Aviculopecten, de Gastro-
podes, Fenestelles . Les Spirifères les plus communs sont Sp. Lydelikeri, Sp.
Dieneri, Sp. Fritsc/ii, Sp. musakheylensis, etc. Ces calcaires, par leur richesse
en fossiles, sont comparables aux plus belles séries du Sait Range. Avec les
calcaires de Cam-kheut, prospectés par le commandant Dussault et qui
renferment une faune semblable, cet horizon nous a fourni déjà environ
170 espèces, très bien conservées. Ces faunes seront prochainement l'objet
de monographies paléontologiques par M. Mansuy.
Parmi ces découvertes, il y en a de très importantes au point de vue
général pour la connaissance de la Géologie de l'Asie sud-orientale. J'insis-
terai surtout sur celle des Trilobites gothlandiens européens, sur celle d'une
puissante série détritique gotblandienne à faune affine à celle de Guelph,
sur celles d'un nouvel horizon important de Dévonien inférieur à Actinopt .
texturala Phill. et, surtout, du Dévonien moyen à faciès de Hamilton; sur
celle du Dinantien et sur la présence d'un Ouralien très riche en fossiles
dans une région où il n'avait pas encore été signalé.
(') Je rappellerai que j'ai déjà fait connaître l'existence du Dinanlien en Indo-Chine,
mais d'un faciès très différent, dans les schistes marneux à Phillipsia de Bai-duc, en
Annam, et que M. Mansiiv a signalé des calcaires dinantiens avec une belle faune à la
Montagne de l'Eléphant.
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur un nouveau mode cVérosion fluviale.
Note de M. Maurice Lcgeon, présentée par M. Pierre Termicr.
Les travaux de Jean Brunhes, Chaix, etc., ont mis en pleine lumière la
tactique de l'érosion tourbillonnaire. Il pouvait paraître, après des recher-
ches aussi détaillées et récentes, que le problème des procédés d'érosion
fluviale était épuisé. Aussi bien dans le lit mineur que sur la banquette du
lit majeur, l'enquête montrait des marmites de géant imprimées par les
tourbillons descendants. 11 est, cependant, à faire remarquer qu'à côté des
marmites plus ou moins cylindriques existent également des fossés plus ou
moins allongés, creusés par les tourbillons qui cheminent, la marmite étant
creusée par un tourbillon fixe.
A ce phénomène, actuellement bien connu, il faut ajouter un nouveau
mode où l'eau avec ses matières en suspension agit comme si les filets liquides
étaient horizontaux ou subhôrizontaux et rectilignes.
Si cette action semble avoir passé inaperçue jusqu'à ce jour, à notre
connaissance du moins, c'est qu'il faut des conditions spéciales pour l'enre-
gistrer : la roche encaissante doit être particulièrement dure, à grain très
fin, et la rivière doit pouvoir débiter avec grande vitesse des crues d'eaux
très boueuses relativement considérables.
Ces conditions sont remplies par la Yadkin, rivière qui descend de la Blue Ridge
(Caroline du Nord), dont j'ai parcouru la vallée en décembre 191 2, en compagnie de
MM. Pierre Berges el Campbell.
La Yadkin s'écoule dans une pénéplaine soulevée. Entre les environs de Salisbury et
Wadesboro, le territoire est constitué par des argilites, probablement algonkiennes,
percées par de vastes culots de porphyre, dont les phénocristaux sont petits au milieu
d'une pâte microlitique très fine. La roche a la dureté et la lénacilé d'une cornéenne.
Dans les zones d'argilite, la rivière coule sur une pente très faible, qui s'exagère
beaucoup à travers les masses porphyriques. Ainsi, entre Whitney et les Falls, la
chute est de 70"' sur environ i 5km, déterminée par une masse de brèche porphyrique
et un culot de porphyre.
Le cours d'eau possède un débit très variable. En 1909, par exemple, d'après les
calculs du Geological Survey, le débit a oscillé entre 44°'\5 et i54om,>. En 1912, on a
enregistré une crue très exceptionnelle de 35oom\ Les variations sont soudaines,
la rivière pouvant passer, d'un jour à l'autre, de 200ul" à 1000"'.
A une telle variabilité de débit correspond une grande différenciation du lit mineur
d'avec le majeur. Le mineur est réduit à environ 25m de large aux Narrows, par
exemple, dans le délilé le plus étroit à travers la roche éruplive, alors que le lit ma-
SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1913. 583
jeur possède une largeur de j5m à i5om et plus. D'autre part, la banquette du lit
majeur domine le niveau d'étiage de 5m à 6m par places.
Dans le lit mineur, l'érosion tourbillonnaire a imprimé de nombreuses marmites de
géant. Les espaces qui les séparent sont polis admirablement, sans cannelures, et la
roche y présente une patine noire analogue à certains polis désertiques.
Sur la banquette du lit majeur existent également des marmites de géant, et le
même poli s'y observe, plus ou moins détruit cependant par les actions aériennes et par
les végétaux inférieurs.
Mais, sur le haut du versant du lit mineur, à partir de om, 5o à 1 m, 5o au
dessus du niveau de bas étiage, et sur le bord de la banquette du lit ma-
jeur, sur une largeur de 5m à io"1, se présente un modelé extraordinaire du
porphyre, rappelant les effets de l'érosion éolienne.
Sur les surfaces redressées qui font face à l'amont, on voit une multitude
de creux, atteignant 3mm ou 4,um de profondeur, situés eux-mêmes dans un
plan légèrement concave, dont le diamètre peut atteindre iocm. Sur le bord
de cette petite surface concave, les cupules s'ordonnent, se disposent en
sillons allongés qui rayonnent et qui peuvent atteindre plusieurs centimètres
de long. Sur les surfaces obliques au fil de l'eau, la roche est entièrement
striée.
On ne saurait accuser l'érosion éolienne, le lit de la rivière ne possédant
qu'exceptionnellement et temporairement du sable exondé. Ce qu'on voit
ne peut être attribué, vu du reste la localisation du phénomène, qu'à la
rivière. Or, la disposition des petites cuvettes concaves, la direction des
stries, tous ces phénomènes de burinage paraissent s'être formés par des jets
de sables recdlignes. C'est un phénomène très analogue à celui qui se passe
sur les ailettes de turbines corrodées par des eaux chargées de matières en
suspension.
Voici l'explication que nous donnons de ce curieux phénomène d'éro-
sion :
Aux basses eaux, la rivière renfermée dans son lit mineur use son lit
exclusivement par l'action des mouvements tourbillonnaires. Le tourbillon-
nement de l'eau n'est pas assez rapide pour que les grains siliceux puissent
sillonner la roche; ils se contentent de la polir. Quand l'eau monte, la
vitesse s'exagère. Elle devient maximale lorsque le lit mineur est plein. A
ce moment, et exclusivement dans la tranche d'eau supérieure, la vitesse est
telle, qu'une vraie mitraille de grains de sable s'abat sur la roche, comme si
cette mitraille était plus abondante selon certains filets. Alors se creusent
les petites cupules et le sable rejaillit, glisse sur la roche et la strie, en lui
donnant une patine semblable à celle que produit le sable chassé par le
vent.
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsque le niveau s'élève encore, la rivière déborde sur le lil majeur. La
tranche d'eau du lit majeur, moins épaisse, se meut avec une vitesse
moindre. Sur la surface de ce lit ne peuvent alors que dominer les mouve-
ments tourbillonnaires, et le poli de la roche ne peut être égal qu'à celui de
la roche du lit mineur.
Ce striage par percussion et burinage, ce nouveau phénomène d'érosion,
auquel il faudra donner un nom, constitue un paissant moyen d'érosion,
d'élargissement du haut du versant du lit mineur. 11 est évident qu'on doit le
retrouver sur d'autres rivières, sur celles qui présenteront de suffisantes
variations de débit, des roches encaissantes assez résistantes pour se laisser
buriner, et une suffisante quantité de sable dur en suspension.
M. Savoyat adresse une Note intitulée : Sourciers. Baguette divinatoire.
(Renvoi à une Commission composée de MM. A. Gautier, Dastre
et Douvillé.)
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
G. D.
SÉANCE DU 17 FÉ.VRIER IG)l3. 585
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la sêancb du 10 février <9i3.
Observations de nébuleuses el d'amas stellaires, par G. Bigourdan; Tome 111.
seconde Partie : Observations différentielles : XII1', om — \TV>',om. (Extr. des Annales
de l'Observatoire de Paris. Observations.) Paris, Gauthier-Villars, s. d.; 1 vol. in-4°.
(Hommage de l'auteur.)
Les pharmaciens militaires français, par A. Balland. Paris, L. Fournier, igi3;
1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Die nwravischen Fenstcr und ihre Beziehung zum Grundgebirge des hohen
Gesenke, von Franz-E. Suess; mit 3 Textfiguren und 3 Tafeln. (Extr. des Denkschr.
dcr mathem.-naturwiss. Kl. d. k. Akad. d. M'issensch.) Vienne, Alfred Holder, 1912 ;
1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Termier.)
Le Centenaire de Bougainville, par E. Doublet. (Extr. de la Revue de Géographie
commerciale.) Bordeaux, imp. Bière, 1918; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Bigourdan.)
Collection des Manuels pratiques d'analyses chimiques à l'usage des laboratoires
officiels et des experts, publiés sous la direction de MM. F. Bordas et Eugène Boux :
Eaux do'uces et minérales, par F. Diénert. — Vins : vins ordinaires, vins mousseux,
vins liquoreux et vins de liqueur, par U. Gayon et J. Laborde. — Alcools : alcool,
alcool dénaturé, dénaturants, par M. Louis Calvet. —Alcool méthylique. vinaigres,
acides acétiques industriels, acides acétiques dénaturés, acétates, acétone, par Louis
Calvet. — Beurres et graisses animales, margarines, saindoux et graisses alimen-
taires, par Albert Bruneau. — Huiles et graisses végéta/es comestibles : olive, coton,
œillette, arachide, coco, par G. Halphen. — Huiles minérales : pétroles, benzols,
biais, paraffines, vaselines, ozokérite, par Henri Deleiiaye. — Les matières cellu-
losiques : textiles naturels et artificiels, pâles à papier et papiers, par Francis-J.-G.
Beltzer et Jules Peroz. — Matières tannantes, cuirs : gélatines, colles, noirs, cirages,
par L. Jacomet. — Soude, potasse, sels, par P. Méker. — Chaux, ciments, plâtres,
par E. Leduc et G. Chenu. Paris et Liège, Ch. Béranger, 1912; 11 vol. in- r 2. (Pré-
senté par M. d'Arsonval.)
Liste et résumé de mes principaux travaux mathématiques, par M. Désiré André.
Paris, Gauthier-Villars, igo4; 1 fasc. in-8°.
Notice sur les travaux scientifiques de M. Désiré André. Paris, Gauthier-Villars,
1910; 1 fasc. in-4°.
Notice sur les travaux scientifiques de M Georges Claude. Paris, IL Dunod et
L. Pinat, 1 g 1 3 ; i fasc. in-4°.
Notice sur les titres et travaux scientifiques ae M. C. ChabRié. Paris, Gauthier-
Villars, igi3; 1 fasc. in-4°.
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Notice sur les titres et travaux scientifiques de M. Paul Janet. Paris, Gaulhier-
Yillars, i gi3 ; i fasc. in-4°.
Notice sur les travaux scientifiques de M. Maurice d'Ocagne. Paris, Gauthier- Vil-
lars, 1910; i fasc. in-4°.
Catalogue général des tremblements de terre de l'année 1907, par Robert Lais.
{Publications du Bureau central de l'Association internationale de Sismologie ;
série B.) Strasbourg, 191.8; 1 fasc. in-40.
Observatoire de la Société astronomique de France. Observations et travaux ;
1. 1, 1911-191'?. Paris, 1912; 1 fasc. in-8".
Journal of the Washington Academy of Sciences: t. III, n° 1, january 4. >9'3.
Washington, 1913 ; 1 fasc. in-8°.
Proceedings of the Impérial Academy ; t. I, n° 1. Tokio, 1912; 1 fasc. in-4°.
ERRATA.
(Séance du 27 janvier 1913.)
Note de M. Paul Pascal, Remarques sur Padditivité du diamagnétisme
en combinaison :
Page 3a4, ligne 9 en remontant, au lieu de
Sn(C5H11)'-
— ?'99
lire
Sn(C5H")<
— 3og
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 24 FÉVRIER 1913.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Équation fonctionnelle pour l'équilibre relatif
d'un liquide homogène en rotation sous V attraction newtonienne de ses
parties. Note de M. Paul Appell.
Dans les Rendiconti del Circolo mat e matico di Pale rmo (t. XXX, 1910),
j'ai donné, pour ce même problème, une équation fonctionnelle dépendant
d'une intégrale triple, ou même quadruple, et d'une fonction de trois
variables. Cette équation a conduit un jeune mathématicien, M. Collet, à
des résultats encore inédits, présentés pour l'obtention du diplôme d'études
supérieures à la Faculté des Sciences de l'Université de Poitiers.
Je me propose d'indiquer ici, très brièvement, une autre équation fonc-
tionnelle, dépendant seulement d'une intégrale double, et contenant une
fonction de deux variables.
Imaginons une masse liquide homogène dont les éléments s'attirent
suivant la loi de Newton et qui tourne, avec une vitesse angulaire cons-
tante w, autour d'un axe fixe Oz. Rapportons le fluide à des axes rectangu-
laires Ox, Oy, Oz entraînés dans le mouvement de rotation. Supposons,
pour simplifier l'écriture, les unités choisies de telle façon que la densité du
liquide et la constante de l'attraction universelle soient exprimées par
l'unité.
Soient %, Y], X, les coordonnées d'un point quelconque de la surface libre S
du fluide, dv l'élément superficiel placé en £, ïj, 'Ç, et a, (3, y les cosinus
C. R», igi3, 1" Semestre. (T. 156, N« 8.) 75
588 • ACADÉMIE DES SCIENCES.
directeurs de la normale extérieure à cet élément. Soient, d'autre part,
x, y, z les coordonnées d'un point déterminé de la surface S et r la
distance
Le potentiel U de la masse attirante au point (x,y, z) de la surface a pour
valeur, d'après Gauss,
l'intégration étant étendue à la surface S. D'autre part, en admettant que,
sur la surface libre, la pression soit constante, on a, pour l'équation de
cette surface,
K désignant une constante. On a donc, sur la surface,
J J& y/U- o-)-+(-n-/)2-h(Ç-5)J-
L'équation de la surface dépend d'une fonction inconnue de deux
variables : par exemple '( est une fonction de |, yj et z la même fonction de
x et y ; de plus ada, $da, yr/a dépendent des dérivées partielles premières
de cette fonction. L'équation (i) est alors une équation intégro-différen-
tielle définissant cette fonction.
Pour conserver la symétrie, je suppose que, sur la surface,
(a) l=f(k,p), ■n = Solidification sur imm après 18 heures.
» » sur 2mm après 38 »
» » sur 7"ml après 93 »
2.5°, Fusion sur iomm après 24 heures.
24°, 8, Solidification sur imm après 19 heures.
» » sur 3mi" après 28 »
La moyenne de ces deux dernières températures, 24°, 9, doit donc être
considérée comme la température du changement d'état réversible, avec
une incertitude inférieure à ^5 de degré. Ce nombre, bien entendu, ne se
rapporte qu'à l'échantillon étudié, la végétaline étant un mélange de plu-
sieurs composés définis dont les proportions peuvent varier.
Cette température de 24°, 9 se rapporte au point de solidification com-
mençante ou de fusion finissante. La solidification totale paraît s'achever
dans un intervalle de 3°, le mélange eutectique se solidifiant vers 220.
Cette circonstance peut donner lieu à une erreur qu'il est utile de
signaler. Quand on soumet le même tube à des fusions et solidifications
répétées, le contenu en devient hétérogène, la partie supérieure présen-
tant un point de solidification plus élevé que la partie inférieure. Il se
produit en effet à chaque solidification une liquation qui concentre vers
le bas l'eutectique resté plus longtemps liquide. La solidification étant
accompagnée d'une contraction donne naissance à des vides et les parties
592 académie des sciences.
encore liquides descendent naturellement remplir la partie inférieure de
ces espaces vides.
Les résultats pour la stéarine ont été analogues à ceux de la végétaline,
avec une température de changement d'état plus élevée, bien entendu.
Stéarine.
5y°, Fusion immédiate.
5i°,4, Solidification immédiate .
55°, 5, Fusion après 24 heures.
54°, Solidification après ll\ heures.
Les expériences ont été alors continuées avec le tube demi fondu.
54°, 4; Solidification nettement croissante après i!\ heures.
54°, 9, Fusion nettement croissante après i\ heures.
La température moyenne 54°, 65 représente à o°,2 près le point de chan-
gement d'état de l'échantillon de stéarine étudié.
La fusion des corps gras est donc, comme celle de tous les corps, un phé-
nomène réversible.
20 Surfusion. — Les expériences sur la végétaline montrent très nette-
ment l'existence d'une surfusion puisque, en l'absence de germes cristallins,
on n'observe aucun changement d'état dans un intervalle de température
dépassant i°. Des expériences faites en abandonnant à un refroidissement
régulier de la végétaline fondue, dans laquelle on avait ou non laissé des
germes solides, ont donné des températures de solidification commençante
nettement différentes dans les deux cas.
Vitesse
de refroidissement
à l'heure.
2°, 5.
I°,5.
Température
de solidification
avec gi
;rmes. sans ge
rmes.
23", 1 21°;
s
24°, 2 2 1°,
.9
3° Vitesse de cristallisation. — Même en présence de germes cristallins,
la surfusion ne cesse pas instantanément, la cristallisation ne se produit pas
avec une vitesse comparable à celle des solutions salines sursaturées ou
de l'eau en surfusion. Dans une solution sursaturée de sulfate de soude,
prise à la température ordinaire, l'addition d'un germe donne naissance
à des cristaux filiformes dont la vitesse d'accroissement est de l'ordre du
centimètre par seconde. Dans la végétaline au contraire, prise à i° au-
dessous'de son point de fusion, l'allongement des cristaux sur ie,u demande
des journées entières, la vitesse de solidification est donc 100000 fois
SÉANCE DU 24 FÉVRIER igi3. 5o,3
moindre. On peut citer comme exemple analogue la dévitrification des
verres qui présente beaucoup d'analogie avec la cristallisation des corps
gras.
Les points de fusion et de solidification observés par les méthodes
usuelles doivent donc être, dans une large mesure, fonction des vitesses de
refroidissement ou d'échauffement. Voici des résultats relatifs à la
égétaline :
Vitesse
de refroidissement
Tempe
rature
de solidification
à l'heure.
en présence de germes.
de fusion
0
0
1
»
26, I
2
23»7
26,1
4
22'
25,8
8
21
25,6
16
20,9
26
4o
20
26,3
La température de fusion est sensiblement constante et supérieure
de i° environ à celle du point de changement d'état réversible. La tempé-
rature de solidification s'abaisse, au contraire, à mesure que la vitesse de
refroidissement devient plus rapide. L'écart entre les deux températures
va donc en croissant, il est en moyenne de 5° pour des vitesses de refroi-
dissement et d'échauffement variant de 4° à 4o° à l'heure.
La stéarine a donné des résultats analogues. Sa température de fusion,
peu différente de celle du changement d'état réversible, s'est élevée de 54°, 8
à 55°, 2, quand la vitesse d'échauffement a varié de 4° à 4o°, la température
de solidification, plus variable, a décru dans les mêmes conditions de 54°
à 52°.
Dans les deux cas, le point de fusion observé à l'échauffement a été plus
voisin du véritable point de transformation réversible que le point de soli-
dification. C'est là d'ailleurs un fait général. Au-dessus d'une température
d'équilibre, les vitesses de transformation croissent à la fois avec la valeur
absolue de la température et avec la différence entre cette température et
celle d'équilibre. Au-dessous de ce point, les deux mêmes facteurs agissent
au contraire en sens inverse, la température diminuant quand l'écart croît.
Les retards aux transformations sont donc toujours beaucoup plus impor-
tants aux températures décroissantes qu'aux températures croissantes. Le
point de fusion se rapproche toujours beaucoup plus que le point de solidi-
fication de la température exacte du changement d'état.
4° Influence des mélanges. — Les corps gras naturels sont des mélanges ;
leur température de changement d'état (cristallisation commençante ou
594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fusion finissante) doit dépendre de leur composition. Rien dans nos expé-
riences ne confirme la supposition faite qu'à de très faibles changements de
composition puissent correspondre des changements énormes du point de
fusion. De la végétaline, maintenue pendant 8 jours à la température de 24°,
c'est-à-dire à une température intermédiaire entre celle de solidification
commençante et de solidification complète, fut comprimée pour expulser la
partie liquide. Le résidu solide ainsi obtenu, bien loin encore, il est vrai, de
constituer une combinaison définie à l'état de pureté, a présenté un point
de changement d'état supérieur de i° à 20 seulement à celui de la végétaline
primitive dont les trois quarts de la masse cependant avaient été expulsés
par la compression. Le déplacement de la température de cristallisation
semblerait ainsi à première vue plus faible que dans les autres mélanges
de corps usuels. Il n'y aurait donc là non plus aucune anomalie.
D'après l'ensemble de nos recherches, le changement d'état des corps
gras est donc un phénomène rigoureusement réversible, comme cela a lieu
avec tous les corps étudiés jusqu'ici. La température exacte de cette
transformation peut sans difficulté être déterminée à moins de ^ de degré
près, au moyen d'expériences assez longues, il est vrai, à effectuer. Le point
de fusion déterminé au cours d'expériences très rapides ne diffère généra-
lement pas de i° du point de changement d'état réversible, il s'en rapproche
toujours beaucoup plus que le point de solidification.
Au cours de ces expériences nous n'avons remarqué aucun fait qui
conduise à admettre l'intervention de plusieurs variétés polymorphiques;
mais le cas peut se présenter. Le problème deviendrait alors très compliqué,
car plusieurs variétés peuvent se trouver simultanément en présence du
liquide, il n'y a plus d'équilibre possible, puisque le nombre des phases est*
supérieur à celui d'un système invariant. On ne peut pas alors trouver de
température fixe avant que toutes les phases solides moins une aient
disparu et le temps nécessaire doit être très long si l'on en juge par la len-
teur de cristallisation d'une seule phase solide.
GÉOLOGIE. — Le terrain éocène de Bos d'Arros.
Note de MM. Stuart Menteatii et H. Douvillé.
En 1848, Alexandre Rouault (' ) faisait connaître une faune éocène très
intéressante qui avait été recueillie par Lejeune aux environs de Bos
(') Bull. Soc. géol. de France, 2° série, t. V, p. 204 ; Mémoires de la même Société,
2e série, t. III.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER IC)l3. 5p5
d'Arros, localité située à faible distance au sud de Pau. Mais aucune indi-
cation stratigraphique n'était donnée sur le gisement, l'auteur mentionnant
seulement que les fossiles avaient été recueillis dans une argile sableuse
micacée.
En 188 1, une série assez nombreuse de fossiles provenant de cette localité
et de la localité voisine de Gan, parvenait à l'École des Mines avec la
collection Etallon, mais toujours sans indication précise des gisements.
Ceux-ci paraissent aujourd'bui perdus; on savait seulement, d'après les
renseignements communiqués en particulier par M. de Gramont, que les
fossiles décrits avaient été recueillis directement au nord de Bos d'Arros,
sur le bord du chemin qui se dirige à l'est du village de Gan; plusieurs-
points fossilifères sont indiqués dans cette zone sur la Carte géologique
détaillée, dressée par M. Carez (feuille de Tarbes).
M. Stuart Menteath avait eu occasion de relever une coupe de la région
en 1882, au moment de l'exécution du chemin de fer de Pau à Oloron ;
c'est cette coupe complétée par l'étude des fossiles qui avaient été recueillis
à cette époque, qui fait l'objet de la présente Note; elle est reproduite
ci-dessous. Elle est dirigée à peu près du Nord au Sud et passe dans le voi-
sinage de la ligne du chemin de fer.
Coupe de PÉocène de Gan-Bos d'Arros.
0. Poudingue de Pa assou. — 1 Argiles sableuses jaunâtres .et rougeàtres avec lumaclielles d'Assi-
lines. — 2. Marnes d'un gris bleuâtre, très fossilifères dans leur partie supérieure (2, niveau de la
faune de Bos d'Arros), devenant schisteuses et assez dures vers la base. — 3. Argiles sableuses. —
3 bis. Sables jaunes et orangés, très micacés. — 4. Argiles sableuses avec, au milieu, trois minces
bancs durs fossili.eres (Numm. Lucasi, JV, bolcensis, Assilines, Alveolina oblonga, etc.). —
5. Calcaire crétacé, blanc rosé.
AB, niveau de la voie ferrée; XX, niveau de la mer.
Les couches fossilifères plongent régulièrement vers le Nord et s'enfoncent
sous le poudingue de Palassou ; elles ont été entamées par le chemin de fer
dans une série de tranchées, la première à la gare même de Gan, la seconde
à l'ouest de ce village, puis deux autres à l'ouest du hameau de Berdoulou ;
la succession des couches est la suivante :
0. Poudingue de Palassou, formé de couches irrégulières de cailloux et de gros
blocs ayant jusqu'à im de diamètre, provenant principalement de roches éocènes, cré-
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 8.) 7^
5p,6 académie des sciences.
tacées et jurassiques. On distingue par places des intercalations d'argiles sableuses et
de marnes. Epaisseur : environ 3oom.
1. Argiles sableuses jaunâtres et rougeâtres, alternantavec des couches presque entiè-
rement formées d'Assilines. Ces couclies, d'une épaisseur d'une centaine de mètres,
constituent la plus grande partie de la tranchée de la gare de Gan. A la partie supé-
rieure (i a) on dislingue des lumachelles d'Assilina granulosa et A. Lcj meriei,
associées à Numrn. atacicus et Ortlwphragmina Pratti; vers le bas, un niveau coloré
en rouge par l'oxyde de fer a fourni avec les Assilines précédentes de nombreuses
petites Nummulites mégasphériques, Numtn. atacicus, forme A, N. Lucasi,
forme A.
2. Marnes sableuses d'un gris bleuâtre, très fossilifères dans les premiers 5om, et
devenant ensuite schisteuses et assez dures. C'est cette partie supérieure qui renferme
la faune décrite par Al. Rouaull; elle affleure à la base de la tranchée de la gare de
Gan, vers le Sud. Elle a fourni Serpula spirulea, Murex spinulosus, Fusus rugosus,
Pleurotoma, Volula ambigua, Ancillaria spissa, Natica, Dentalium, Cardila
asperula, Crassatella, Teredo, Nucula subtnargaritacea et un grand nombre de
Foraminifères : Numm. Murchisoni, N. atacicus, N. Lucasi (très rare), Assilina
granulosa, A. Leymeriei, Orthophragmina Archiaci, O. Pratti. Il faut ajouter,
d'après d'autres récoltes, Numm. irregutaris (de petite taille), N. distans, var.
depressa, N. mamillaris, etc.
La partie inférieure de l'assise affleure dans les tranchées suivantes, et son épaisseur
totale est évaluée à 45om environ.
3. Argiles sableuses avec un banc dur pétri de fossiles : Cardita asperula, Num-
mulites bolcensis, Assilina granulosa, Orlh. Pratti. Vers la base on distingue une
couche de sables jaunes et orangés (3 bis), très micacés avec grumeaux d'argile plas-
tique. L'épaisseur totale est d'environ i5om.
k. Argiles sableuses avec, vers le milieu, trois minces bandes dures fossilifères et,
au-dessous, une couche de icm d'épaisseur de lignite feuilleté passant au jayet; ce sont
les couches les plus basses qui aient pu être observées, et leur épaisseur est d'une
cinquantaine de mètres. Les fossiles y ont été recueillis à quatre niveaux successifs.
k a. Ciste/la, Cidaris (test et baguettes), Numm. bolcensis, N. atacicus, N. Lu-
casi, Assilina granulosa, Orth. Pratti.
h b. Même faune avec quelques Polypiers (Astrœa contorta).
k c. Pattes de crabe, Cistella, Cidaris (baguettes), débris de Spatangues, Poly-
piers (Flabellum), Numm. Murchisoni, N. atacicus et variétés granuleuses,
N. Lucasi (abondant), Assilina granulosa, A. Leymeriei, Orth. Pratti, AWeolina
oblonga (variété se rapprochant de VA. depressa du Vicentin).
4 d. Cistella, Cidaris, Numm. atacicus, N. Lucasi, N. bolcensis, N. globulus,
N. mamillaris, Assilina prœspira, Orth. Pratti, O. scalaris, Alv. oblonga.
Les faunes de ces différentes assises sont à peu près identiques, et la pré-
SÉANCE DU 24 FÉVRIER IQl3. 397
sence des Assilines montre qu'elles doivent encore être attribuées au
Lutétien; elles en représenteraient la partie la plus inférieure. La pré-
sence dans ces couches de Numm. bolcensis, bien caractérisée, est particu-
lièrement intéressante; cette espèce n'avait encore été signalée que dans
le Vicentin et elle avait été attribuée à l'Yprésien supérieur; elle est ici
certainement d'un âge un peu plus récent. Il faut signaler également
l'abondance dans l'assise 4 c de N. Lucasi, espèce établie par Al. Rouault
sur un seul échantillon, et qui avait été mal interprétée par de La Harpe et
la plupart des auteurs; sa véritable signification lui a été récemment res-
tituée par M. Boussac, d'après des échantillons retrouvés à l'Ecole des
Mines dans la collection Étallon, mais qui ne sont pas absolument iden-
tiques au type.
THERMODYNAMIQUE. — . Sur la stabilité de l'équilibre thermique.
,Note de M. Pierre Duhem.
La théorie de là conductibilité de la chaleur conduit aux propositions
suivantes :
Sur un système maintenu dans une enceinte de température uniforme et
fixe Ss0, l'équilibre ne peut être établi que si la température & a, en tout point,
la valeur'^,.
Si l'état, abstraction faite des températures, est maintenu invariable, cet
équilibre est stable.
Nous avons entrepris de rendre les tbéorèmes généraux de la Thermody-
namique indépendants de ,1a théorie de la conductibilité, en les fondant
directement sur le postulat qu'invoque cette théorie même. Il importe donc,
pour, achever notre lâche, de retrouver de la sorte les propositions précé-
dentes. La .première, d'ailleurs, est, pour ainsi dire, impliquée dans le
postulat en, question^; la seconde seule mérité donc d'arrêter notre atten-
tion .
Or les inégalités, que jious avons justifiées dans une Note précédente (' )
redonnent sans peine le théorème de Gouy :
Un système, enfermé darts< une enceinte de température, uniforme et fixe S0,
est assurément en équilibre stable dans un état qui rend minimum la quantité
' 1> '<' ''■'■■' nr ' l -.. ' ;•' ' ' fe| -_rVJ-TF(.<ï0)S,
-'■(- '-r- -;/.- ••<-< r <■ !;■ ■' ■ •. : ' ■ 1 ' [ ' ' , ' j ] , ; -, ; : i ;;)•', • ; _ .
(') Comptes rendus, t. 156, 10 février 1913, p. 421,
598 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il, ô sont l'énergie interne et l'entropie du système et F(5) la température
absolue.
Si l'état du système, abstraction faite des températures, est invariable, et
si l'on impose à la température S, en cbaque point, à partir de la valeur
uniforme &0, une variation infiniment petite arbitraire oS, on trouve sans
peine que l'on a
(1) 06 = 0, o!<ê>o.
Mais cela ne suffit pas à justifier pleinement la proposition que nous avons
en vue. Selon les définitions et remarques données en notre Traite d'Éner-
gétique (t. II, p. 3 11), la proposition de M. Gouy assure seulement la
stabilité de l'équilibre au second sens du mot, et cela, à condition que © soit
minimum au second sens du mot; or les conditions (1) assurent seulement
que © est minimum au premier sens du mot.
En l'état considéré, © est sûrement minimum au second sens du mot s'il
est minimum absolu. Or c'est ce qui a lieu. Si ©0 est la valeur de cette
quantité lorsque la température est uniformément S0, et © sa valeur dans
un autre état quelconque, on a
où dm est une masse élémentaire quelconque du système et y sa cbaleur
spécifique normale; celle-ci étant toujours positive, par le postulat de
Helmboltz, il en est de même de la différence © — ©0.
On peut démontrer de même que la distribution uniforme S0 de la tem-
pérature assure un équilibre stable au second sens du mol si le système est
maintenu dans une enceinte imperméable à la cbaleur.
Soient, en effet, ll0, £„ les valeurs de l'énergie interne et de l'entropie
lorsque la température a la distribution uniforme $„, "il, £ leurs valeurs
dans un autre état quelconque. La proposition énoncée sera démontrée si
l'on prouve que (Il — ll0) est certainement positif toutes les fois que
(ô — ô0) est nul.
Or cette proposition résulte de celle qui vient d'être démontrée, puisque
nous avons prouvé que
lt-U0-F('-0)(6-60)
était toujours positif.
Ce que la tbéorie de la conductibilité de la chaleur enseigne au sujet de
la stabilité de l'équilibre thermique peut donc être également obtenu sans
recourir à celte théorie.
SÉANCE DU ll\ FÉVRIER IÇ)l3. 5o,0,
GÉOLOGIE. — Analyse détaillée des dislocations du Briançonnais oriental.
Note (') de MM. W. Kiman et Ch. Pussexot.
Lorsqu'on étudie la structure des montagnes qui constituent le Brian-
çonnais oriental, on constate que la succession des accidents tectoniques est
la suivante à l'est de la Guisane.
A. Entre le synclinal de Notre-Dame-des-Neiges (massif de Prorel)
(à l'ouest duquel les plis forment une série d'écaillés déversées vers la France
qui ont fait, de la part de M. Termier, entre Vallouise et Briançon, l'objet
dune monographie aujourd'hui classique) et la frontière italienne, on ren-
contre un ensemble de plis et d'écaillés isoclinales, nettement déversés vers
l'Italie malgré la présence de quelques éléments droits ou hésitants, comme
le synclinal du Grand-Aréa ou la montagne de Pécé. Ce sont, en allant de
l'Ouest à l'Est :
t. Les plis du terrain /touiller de la vallée de la Guisane, qui sont tous déversés vers
l'Est, et dont quelques-uns se réduisent localement sous le massif de la Croix-de-Bre-
tagne (Pont Baldy, batterie de la Roche-Noire), à des écailles imbriquées légèrement
déjetées dans la direction précédente. C'est à l-'un de ces plis que correspond le sj rtcli-
nal du Grand-Aréa.
2. L' anticlinal du signal de Saint-C/ta fjrey qui s'étend, au Nord, jusqu'au Tliabor
par la Crête de Peyrole, la Roche-Gautié, la Chirouze et, au Sud, jusque dans le massif
de la Grande-Maye par la Croix-de-Toulouse, à l'ouest du fort des Sallettes et le Pont
Baldy.
3. Le synclinal de la Croix-de-Toulouse juxtaposé au précédent dans toute son
étendue; le mont Thabor el le pic du Cheval-Blanc en font partie. Près de Briançon
(fort du Château), il est accidenté d'un système de failles qui en a isolé et abaissé la
charnière complexe, accidentée d'un bombement anticlinal secondaire, dans une sorte
de fosse transversale.
»
k. Y? anticlinal de Malafosse, qui prend naissance dans le cirque du Clot-de-la-
Ramette, près des Chalets-du-Granon, passe à mi-hauteur des escarpements du ravin
de Malafosse, par le bas du hameau de Fonteuil, à l'Est de Fort-Dauphin, de la redoute
du Point-du-Jour, et traverse la Cerveyrette pour s'effacer dans la Grande-Maye. Il
présente entre la Cerveyrette et le Point-du Jour un curieux étirement qui a isolé la
charnière de la racine.
(') Reçue dans la séance du 17 février 1913.
6o6 ACADÉMIE DES SCfÈNCÉS.
o. Le synclinal de Malafosse a, comme le pli précédent, son origine au bombement
de l'Enclon, et s'étend de là au col delà Roya en passant par le ravin de Malafosse, le
milieu du- village de Fo'ntèirrl, la Seytte et les 'Maisons-Crénelée^ près, desquelles il
traverse la Cerveyr«tte.
6. L'anticlinal de Fonteuil, qui commence à s'individualiser vers le milieu de
rEnclipn et'sejÇontitiiuî, vers. le SuaVpar, lç-bas xlu ravin -de. Malafosse;, ,1'est. de, .Fonteuil,
1,'Infernelel l,e RpcherTSienaléM , , ,
\?o rouprn rîoni'ftn poI; - -■'- i ! r rtp •:.,■■ .-, rro ,lj
7. Le synclinal de Fonteuil (isoclinal), part ég-alfSrme;nLd|ed'.E;i,ieJori el -se; poursuit
vers le Sud par l'entrée du ravin de Malafosse, où il traverse la Durance, par l'est du
F,r.t^&)'Infernet, par rpu.es t tk _G;< :• i I '■'!■::
' Totit cet ensemble cbnsftitueune -masse cornplèxe Irribriquéeiftèi/evsèwerp
PEst,i dans: latjtièlbe clies bandes de iqa'lm et de schistes j parfois laminées et
trouées jusqu'à 'la disparition complète, (indiquent la' llrace1 ides: synclinaux;
Oette niasse se continue km' la 'rive gaufchq dé laDiiranceet traverse; là
CJerVeylrette p6ur y gagner-, 'piar la Gtiande-Mayé, Te-Queypa'sreLk'H(ante-l
Ubaye. Les grands traits en ont été indiqués par l'un de nous ( W:< 'Kiliètn)iurï
la feuille de Briançon de la Carte géologique détaillée, mais on y observe une
;..J.. -. . — ,1, ,. ... . t,~: ,,,, r, ,.r -,-,, ry. • c^Urr çl jr\ "• ' r V ■ ir.rc.IJ.
fp.ule de. complications, de détails et qes.etirçments ou trouées qui, ont lait
disparaître. localement certaines assises^. ,;■.;:,;.!■ • •• , ,; ,--■ \ '.■■■ ■ ■
-" ■ • •':-■■■ ■- ■ !•; , :' j|i rii'I i j?o'0 .rlnrl -/:q- noii-v ri -r l: \ ' !
B. A l'Est de l'ensemble précédent, on voit se succéder : ! -
• "8; '^anticlinal de Granori^ dans léquèl-uri bombement local fait àppa-
r'aîtré les grès hômllers et qui se !cbntirtùë,:jW les 'c'argnéufes du ûoi'des
;f hures, vers le massif des Rois-Mages ('Italie) et, au Sud, versla Coclielte
et l'est de Terre-Rouge.
,. . . | , i . ...-! . . i, ■ . ■ . , . ; ', ,: ■*:V.-"î.\r."i?j r.\ tV. \\ ■- ■' ■ ■-- • i .',
,. 9^;Le .synclinal \tfe \7aLdç.s-l\résJyave,cmassçs intrusives de rqches.re.r/.es,)
qui se poursuit au Nord par Plampinet et ■l'AiguiHe-Roiïgej aui Sud par la
Gochëtle et la Lauzetle; sur Ta rive gauche déila GerVeyrette; 11 forme une
partie du Goudran et y encapuchonné la charnière coucb'ê envers T'Est dé
f'dntielinàlisUivapti. \ <• ' ■ •-■ -.;■■,- [ , : • ■■ r»\o\ir.r,M .'
<'>■■■■<■'. ■ ■ ; • i ■ ' ; . ■ -, p ;". -r ' -. s ■■ i' V ;A: ..- iK'-iji'i
, , .10. .^antipfinal^e.Pecé^u-dfJ^nus constitue le commet de. Gmon,,^ fa
montagne (do Péeé, fil] se poursuit au P*Tor.d dans de. ..massif des ,Trrqis-jVlages
('PniTtà jGa^ptirne) vers île col de la-Roue. Ll'es-t! droitou- faiblement déversé-
dans sa partie nord, et localement accidenté de failles -soi' son Tlhncoues't
(Pécé^,-pmVt7 se couche n
brune),
SÉANCE DU li FÉVRIER ip,l3. POÏ
Entre le Janus et le Lasseron, on. remarque un abaissement .d'axe,, grîi.çe
auquel sa charnière (toujours couchée .vers l'Est). est, restée, encapuchonnée
d'une enveloppe de schistes lustrés. .. . ..'...:. , ■ . ... .
I I . Le synclinal du Grand-Charvet ou de Cerviêres (avec replis secondaires
à l'Alpet et à DormlUouse) apparaît à Ccrvières sous la charnière couchée
du pli précédent par une fenêtre (Batterie du Bois-des-Bançs)..très remar-
quable.
12. L' anticlinal du- Chaberton, dans l'axe duquel est creusé le vallon du
Bio-Secco (avec ses quartzites^et.ses roches yçrtes) et dont )es flancs ouest
et est sont constitués par l'arête de Serre-Thibaut et le sommet du Cha-
berton. Ce pli se continue au Nord par le col des Trois-Frères-Mineurs et
les assises redressées de Malapa et du Bocher-des-Prés. Au Sud-Ouest, il
se poursuit bien au delà de la Piccola Dora après avoir subi un abaissement
d'axe. Il est représenté à l'ouest des Acles, .au.col de la Chaux-d'Acles, par
une bande anticlinale de cargneules, qui représente sa racine, séparée de sa
charnière par une fenêtre de schistes lustrés (col des Acles).
13. Le synclinal du Chaberton, bien net à Clavières, et s'étendanl par le
flanc est du Chaberton au Clos des Morts, puis à la pointé des Trois-Scies,
y compris les Grands-Becs, et, avec une élévation de son axeyàlâ'Pointe
du Cloutzeau. Il s'atténue plus au Nord, où il est enlevé par l'érosion et où
il ne constitue plus qu'une simple. ondulation (les anticlinaux. 12. et 14 se
confondent ici, en effet, en une seule charnière couchée. v.tr s Ï.Es.t); au.Sud-Est,
il s'ouvre et contient la masse éruptive du Chenaillet.
14. V anticlinal de Césanne, bombement calcaire tria.sique entre Césanne
et le Chaberton, se poursuivant au Nord en se çouchanl vers l'Est par. lç
flanc est des Grands-Becs, les Bochers de Malapa et. des Prés, la Pointe, du
Cloutzeau, le sommet de Bonvoisin, la Pointe Charra et l'anticlinal des
Acles. Au Sud, cet anticlinal passe entre la frontière et Bousson.
15. Une masse synclinale de schistes lustrés, située entièrement sur le
territoire italien et rejoignant au Pas-de-la-Mulat*ère la fenêtre du col des
Acles, qui le fait apparaître entre la racine de l'anticlinal 12-14 et la char-
nière du même pli.
Des accidents que nous venons d'énumérer et qui ont été signalés en
partie par l'un de nous ('), ont été suivis et étudiés dans leurs connexions
(') Ch. Pussenot, Bull. Sen>. Carte gcol.; Comptes rendus des Cotlab. pour 1910
et 191 1, t. XX et-XXt.
602 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans une excursion commune; ils se présentent avec la plus grande netteté
et ne se prêtent à aucune autre interprétation, leur continuité est remar-
quablement visible sur le terrain et n'a rien d'hypothétique.
M. Gustav Retzius fait hommage à l'Académie du Tome XVII (Neue
Folge) de ses Biologische Untersuchungen.
COMMISSIONS.
(Voir p. 648.)
CORRESP ONDANCE .
M. G. Lemoixe fait hommage à l'Académie, de la part de M. Colin,
d'une lettre autographe de Behzelius à M. .Iullien, relative à un projet
de nomenclature chimique.
M. P. Vuillemin, élu Correspondant pour la Section de Botanique,
adresse des remercîments à l'Académie.
M. le Ministre de l'Instruction* publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret qui autorise l'Académie à accepter le legs universel
qui lui a été fait par M. Bonnet (Léon-Clovis).
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la*
Correspondance :
i° /ici/rage zur Gfschichle der niedersdchsischen Familie Roscheh.
(Transmis par M. le Ministre des Colonies.)
2° Le Volume XV (seconde série) du Journal of the Academy of Natural
Sciences of Philadelphia, publié en commémoration du Centenaire de la
fondation de cette Académie.
3° Traité de la couleur au point de vue physique, physiologique et esthé-
tique, par M. A. Rosenstiehl. (Présenté par M. Lippmann.)
SÉANCE DU ?4 FÉVRIER 1913.
tio.'-J
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les configurations de Laplace.
Note de M. E. Bompiaxi.
I. J'indiquerai ici comment on peut retrouver, par une voie purement
géométrique, certains résultats de M. Darboux sur l'équation
d'-x
(0
do, do.
dx , dx
a- h b -j—
(70, do.,
; O,
résultats sur lesquels M. Tzitzéica a rappelé récemment l'attention (');
je me servirai des considérations dont j'ai fait usage dans mon Mémoire
Suit' equazione di Laplace (2).
2. Pour ne pas avoir à m'interrompre par la suite, je rappellerai d'abord
une propriété des coordonnées homogènes d'espaces.
Soient les v + 1 points A0, A', ..., Av définissant un espace linéaire S.,
(à v dimensions) contenu dans un espace S„. Les déterminants d'ordre v 4- 1
extraits de la matrice
A» A» .
A! AI .
A '
A'l V'l
A-'
formée avec les coordonnées projectives homogènes des A sont dits coor-
données homogènes (surabondantes) de Sv. On peut noter pt , v v+1 le dé-
terminant formé avec les v + 1 premières colonnes de la matrice, et de
même les autres. Il est facile de voir la signification des p ayant v indices
communs, par exemple 1 , 2, . . . , v : ils sont les coordonnées projectives
homogènes du point où Sv rencontre l'espace S„_v d'équations
X, = Xj=,..=:Tv=:o.
3. Nommons une surface décrite par un point dont les n -f- 1 coordon-
nées projectives homogènes sont des solutions de l'équation (1) et soit
4»_
*,
4>,
la suite de Laplace relative à 4>.
(') Sur les réseaux dérivés {Comptes rendus, 3 février 1913, p. 3i4 )•
(*) Cire, matent, di Pa/er/no, t. XXXIV, 1912.
C. R., iciiS, i" Semestre. (T. 15fi, N° 8.) 77
bo4 ACADEMIE DES SCIENCES
Je rappelle un résultat de mon Mémoire auquel on arrive par des consi-
dérations très simples (n° 3) :
Les SA(A" < n) oscillateurs aux courbes p2 de $ (c est-à-dire aux courbes sur
lesquelles p2 varie seul) en tous les points d'une courbe p, sont oscillateurs à
une courbe p, de la surface $/(, qu'on déduit de $ en lui appliquant k fois
la transformation de Laplace (dans -un sens convenable).
Soit SA+A l'espace défini en un point arbitraire de par les S* et SA oscu-
laleurs en ce point respectivement aux courbes p2 et p, . Il contient (/( + i) S*
osculateurs à des courbes p2 en des points infiniment voisins situés sur une
courbe p, (de $) : donc, d'après l'observation précédente, il est osculateur
à une courbe p, de $A. On peut voir de même qu'il est osculateur à une p2
de $_*(')■ Enfin :
Les Sk+h ainsi construits en tous les points d'une courbe p, (ou p. ,) de 4> sont
osculateurs à une même courbe p, (ou p2) de A. (ou de $_A ).
Donc, les yz2Sk+h peuvent s'assembler, de deux manières distinctes, comme
espaces oscillateurs à c©' courbes.
Considérons l'espace SA+A+, réunissant les espaces SA+A construits en deux
points voisins d'une courbe p, (s ). On peut raisonner sur lui comme sur S/,+A
et démontrer que :
Les oo2S/t+A+l ainsi définis pour tous les points de peuvent s'assembler de
deux manières distinctes comme espaces oscillateurs èi c©1 courbes.
Nous dirons qu'une telle configuration de tc2Sa+a est une configuration
de Laplace.
La raison de cette dénomination est la suivante :
En coupant une configuration de Laplace (de SA+/i dans un S„) par un
S„_*_A on obtient une surface avec un réseau conjugué, c'est-à-dire intégrale
d'une équation de Laplace du type ( i).
4. Traduisons analytiquement ces résultats. L'espace SA+A dont nous
avons parlé est individualisé par les points
dx d1' x dx d1' x
X, -7 ) •••) . 1 -T î •■•, , )
dp 2 api dpx dp"
( ') Si les courbes p2 de O appartiennenl à des S^ il faul supposer \x > k.
(') On peut aussi envisager les oo5S/lM_/,+, obtenus en remplaçant p, par p2 et les
assembler d'une manière analogue à celle qui suit.
SÉANCE DU ll\ FÉVRIER IO,l3. 6o5
c'est-à-dire que ses coordonnées homogènes s'extraient de la matrice
( n >> k -+- h = v) :
X,
.<;
&y+ l • •
xn+ 1
dpi
à?i
dXv+y
àp.
dp2
à?xt
dka.\
0 -Cy-t-l
d''x„+.
àp'i
*PÎ
Op
dp*
dxt
dxv
dxv+ ,
Oxn+. (
dp,
dp.
dpx
dpi
dkxt
u"x.,
àhJTy+l
« ' ^" « -1-1
dp\
àp'i àp';
àp'i
Les /»i,2,...,v,j (i' = v + i,....,» + i) sont (n° 2) les coordonnées proj éc-
rives homogènes du point d'intersection du S/(+A = Sv considéré avec
l'espace S„_„ d'équations a:, = x.À = . . .= a?v = o.
Ce point décrit, comme nous l'avons vu ailleurs, une surface avec un
réseau conjugué, c'est-à-dire que :
Les yu, ., v , (7= v + i , ..., ii -f- i) sont solutions d'une même équation de
Laplace qui a p, , p2 pour variables caractéristiques.
Les p coïncident, aux notations près, avec les expressions (m, n) de
M. Darboux : nous avons ainsi établi le résultat que nous avions en vue.
Si n — v>3 et si l'on projette de l'espace Sv_t (x\+l= ... = xn+l = o) le
réseau conjugué de $ (de S„) sur l'espace S„_v, on obtient un réseau pour
lequel les réseaux définis par le théorème précédent sont les réseaux dérivés
de M. Tzilzéica : leurs propriétés sont contenues dans nos observations
(n- 3).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Propriétés nouvelles des caractéristiques des
équations partielles linéaires du premier ordre en deux variables. Note de
M. Gustave Savxia.
« Le rapport anbarmonique des plans tangents de quatre surfaces d'une
congruence de courbes, qui passent par une même courbe de la congruence,
est constant tout le long de cette courbe.
606 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous allons voir que ce beau théorème de M. Darboux (') est un cas
particulier d'un théorème très général qui, à son tour, n'est qu'une inter-
prétation géométrique d'une remarquable propriété des caractéristiques
des équations linéaires aux dérivées partielles du premier ordre en deux
variables.
Soit
(i) F(x,y,s,p1<),p<>i) = P(x,y,z)pio + Q(x,y,z)p<>i— R(x,y,z)=o
une telle équation, où
(2) P*=dSlF (<-Hr* = i,2,3,...).
Ses caractéristiques C0 (d'ordre zéro) sont définies par le système
— — iL - —
(6] P ~ Q - R "
Soient
Ca) y=y{*), s ==*(*)
les équations d'une caractéristique C„ déterminée. Pour toute inté-
grale s = z(x, y) de (i), qui contient C0, les fonctions (2) sont des fonc-
tions de la variable r seulement le long de C„. On peut les calculer de
proche en proche, moyennant les équations
( 5 ) dz—p^ oi dy, dpik =pi+uk dx -+- p,.,,+l dy («'-+- k — 1, 2, . . . )
et
cSF ô2F
r=o, -^- = 0, 3— ; — o, ...,
°y °)'~
où -rr-r est la dérivée d'ordre /• de F par rapport à y, lorsqu'on y consi-
dère z, pl0, p0l comme des fonctions de a; et de y.
En exécutant les calculs, on trouve des équations de la forme
,f, dpBl „
(G) -^-^«iJP5i + »ii?oi+c1,
(6') /'io~eoi/>oi+/on
(7) ^dr = b'"P' '•""
( 7 ) Pi,m—1— ei, m lJ0 , m "+" .//, m '
(j' = i,2, .... m; m = 2, 3, . . .),
(') Leçons sur la théorie générale des surfaces, t. 11, p. 3.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. 607
où les coefficients ah, bt, c,, e0), /01 sont des fonctions connues de x le
long de C0 et b,„, cm, eim fi>m sont des fonctions connues de a; et des pik
(J + i= 1, 2, ..., m— 1).
On en déduit que : C0(4) est contenue dans une infinité de caractéris-
tiques C, du premier ordre y (x), z(x),pl0(x), pot(x ), qui dépendentd'une
constante arbitraire; chaque C, dans une infinité de caractéristiques C2 du
second ordre y (x), ..., p,>,-,(■'•), PÏ,m-/0»)i P"»i-i(*) (« = o, 1, . .., m),
solutions particulières du système ( 6), (<>'), si m = 1, ou du système (7),
(7'), sim>i.
La linéarité des équations (6') et (7') nous apprend que les rapports
anharmoniques
[pi,m-i(x), p'i,m-t(x), p*ijm_i{x), p"lm-i(x)] {i=o, \, ...,ni)
sont tous égaux à une même fonction R(#) de x. Il est tout à fait naturel
d'appeler R(.r0) le rapport anharmonique des éléments d'ordre m des caracté-
ristiques C,„, .. ., C"m au point x = ,t0 et la fonction l!(r 1 le rapport anhar-
monique des caractéristiques C,„, . . ., C"n. En particulier
R(«) — [p0,m(^), p0t„, (■<-■)■ l\, «,(•''). p'î,,,Ax)\\ •
mais/»0im(a?), ■■■iPa„Xx) sonl quatre solutions particulières d'une même
équation de Riccati (6), si m = i, ou d'une même équation linéaire (7), si
m > 1 ; donc R(#) est une constante (').
Nous avons démontré que :
a. Le rapport anharmonique de quatre caractéristiques d'ordre mikv de
r équation (1). qui contiennent une même caractéristique d'ordre m — 1 , est
constant.
(') On peut même démontrer que cette constante est invariante pour tout chan-
gement des variables ■ >■, y, :.
608 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Maintenant, si x, y, z sont les coordonnées d'un point de l'espace, les
caractéristiques G0 de l'équation (i) déterminent une congruence de courbes ^
et les intégrales déterminent les surfaces S de la congruence (lieux de
courbes y); les éléments d'ordre r]> o d'une surface S le long d'une courbe y
forment une caractéristique Cr d'ordre r de l'équation, ayant la courbe y
par support.
On peut donc donner au théorème a la forme géométrique suivante :
b. Si quatre surfaces d' une congruence de courbes ont un contact d 'ordre
m-i^o/e long d'une courbe de la congruence, le rapport anharmonique des
éléments d'ordre m des quatre surfaces est constant tout le. long de cette
courbe.
En supposant m=i, on retrouve le théorème de M. Darboux.
Le théorème b peut s'étendre à des systèmes de courbes et de surfaces
bien plus compliqués que les congruences.
L'équation (i) a des caractéristiques d'ordre zéro (courbes) qui dépendent
de deux constantes arbitraires, et chacune de ses surfaces intégrales est un
lieu tout à fait arbitraire de ces caractéristiques. Mais tout cela tient à la
forme très particulière de l'équation.
En effet, pour une équation générale d'ordre n
(9) F(^. y, Z,Plo,Pou ■ ■ • , Pno, P11-UO1 ■■ -'Pou) —O.
l'ordre le plus bas des caractéristiques est n\ ces caractéristiques dépendent
de cinq constantes arbitraires (si n = 1 ) ou d'u ne fonction arbitraire (si n^> 1);
toute surface intégrale S est bien un lieu de courbes y, supports des carac-
téristiques, mais convenablement c/ioisi.
Pour ces nouveaux systèmes de courbes y et de surfaces S, le théorème b
subsiste, pourvu que m 1 > n.
Car le théorème a subsiste aussi pour V équation générale (9), pourvu que
m — \~n. Cela découle immédiatement des résultats que j'ai donnés dans
une Note précédente ( ' ).
(') Comptes rendus, t. 15a, 11" 13, p. 636. [Page 63J, ligne 9, au lieu de deux, lire
trois. — Voir aussi Errata dans le n° 18, p. 866, et dans le n° 24, p. 1 176.]
SÉANCE DU ll\ FÉVRIER TO,l3. 609
ANALYSE mathématique. — Sur le théorème d'indépendance de. Hilbert.
Note (') de M. Th. De Doxder, présentée par M. Appell.
I. Premier lemme. — Considérons le système différentiel
(l) & = M!~..,= *#■' =dt (/=, n),
équivalant à n équations différentielles d'ordre (a-f-i). En utilisant une
notation de Lie, ce système pourra s'écrire
Supposons que Ton connaisse ti fonctions v,", — y"' de y,, ...,ynell,
qui satisfassent aux équations (i); considérons maintenant le système
(3) Mà = / (i = i ri),
y?'
qu'on pourra aussi écrire
Soit J une forme intégrale /;-uple, telle qu on ait
(5) yiJ = K.
où K est aussi une forme intégrale /j-uple ; on démontrera aisément qu'on a
(6) -7fJ = K;
les tirets horizontaux indiquent qu'on a remplacé les \ff ...,
yf] (i=i, ..., n) par les fonctions considérées ci-dessus dey,, • •■>>'»
et /, et par celles qu'on en dérive : par exemple
y' - dt + Zt dyx n
(') Présentée dans la]séance du in février 191 3.
(HO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Deuxième femme. — Considérons le système différentiel
(7)
et un invariant intégra
Y,e>7)'
1 i-uple
dt
(i = i, ..., n)
(8)
2'N(ayh
où N,, . . ., N„ sont des fonctions de y,, . . ., y„ et /; on a, par hypothèse,
en vertu des équations (7),
h)
£2"M.r.=«w'
/ étant la variable indépendante, on pose 8* = o.
La théorie des invariants apprend que (')
(10)
2><-
ofi dt
Y, 1
W<5/
est un invariant intégral i-uple du système
, n dyt dt , .
(Il) y /t ■ =-=rfT (1 = 1,
»).
t étant la variable indépendante, on pose ôt = o et ot=f o.
On peut énoncer le lemme suivant : Pour que la forme (10) so*7 une diffé-
rentielle exacte, il faut et il suffit que la forme (8) soit une différentielle
exacte. Dans la première différentielle on a 8/^0, dans la seconde on a
II. Extension du théorème d'indépendance de Hilberl (2). — Pour fixer les
idées, considérons l'invariant intégral relatif (3) i-uple
<■■' J=2<(J?
rf dF
dt dy'r'
OF
ôr, + 2'' ^7 *y£1, = 2' ( M< ** + Q< W)
(') Th. De Dondkr, Bulletin de l'Académie royale de Belgique : Classe des
sciences, février 1911 (voir spécialement les Chapitres J et VI).
(-) O. lîoi.z v . Rendiconti del Circolo matematîco di Palermo, t. XXXI, iei se-
mestre 191 1 .
(3) Th. De Donder, Bendiconti de/ Circolo matemalico di Palermo. t. XVI,
1 semestre 1902 I voir spécialement le n° 58 de ce Mémoire).
SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. 6ll
/•'■
des équations différentielles définissant les extrémales de ol Fdt — o,
où F est une fonction quelconque de t, y„ y\'\ y™ (1 : = 1, ..., n). Si ces
équations sont satisfaites par les n fonctions y\'\ . ..,/!" de y, , ..., y„ et l, le
premier lemine nous apprend à déduire, de J, un invariant intégral relatif
i-uple J du système (3). Grâce au deuxième lemme, on déduira de J
l'invariant intégral relatif i-uple :
(i3) J' =
i'(^+i^*^)*/^r?-i'(B*+i*^^W]*
du système (11); on trouve, en outre, que pour que J' soit une différen-
tielle exacte, il faut et il suffit que J soit une différentielle exacte. Donc,
si n — 1 , J' est toujours une différentielle exacte.
MÉCANIQUE. Sur la propagation et l'altération des ondes de choc.
Note (') de M. L. Crussakd, présentée par M. L. Lecornu.
Une onde plane de choc, tout comme une onde continue (-), peut être
définie par la distance x=f(w) qui sépare chaque front F du front ini-
tial F0, avec cette différence qu'en un certain front (qui peut être F0 ou
qui peut en être distinct) il y a variation brusque de w (front de choc).
La recherche de la façon dont se déforme, en se propageant, une onde
ainsi constituée est très complexe : i° parce que le front de choc ne pro-
gresse pas comme les autres; i° parce qu'il donne, à chaque instant, nais-
sance à des ondes de retour. Par contre, les ondes qui portent des compres-
sions modérées obéissent à des lois pratiquement assez simples, et le
problème peut être entièrement résolu, à un taux d'approximation large-
ment suffisant.
Si, usant des formules établies par Hugoniot, on cherche à déterminer
l'état PV d'un front F où se réalise la vitesse w, on a, comme on le verrait
facilement :
(') Présentée dans la séance du 17 février igi3.
(-) Voir ma Note du 3 février 1910, insérée dans les Comptes rendus de la séance
du io.
C. B., 1910, 1" Semestre. (T. 15G, N" 8.) 7^
6l2
ACADEMIE DES SCIENCES.
Cas d'onde continue.
p w s ic! Tr w3
p-=yc- + -/cT +Iv cî>
V " ' «s -, Ç» ~*~ C3 '
C«s d'onde de choc.
P^
Pc
_v
v„
7s0"
y Ci +K> C3'
K',
K, K', K,, K'( désignant des quantités finies. Au troisième ordre près en ^-,
l'état PV est donc le même et, à ce degré d'approximation, les ondes de
retour disparaissent.
Etudions, pour fixer les idées, la propagation d'une onde dans laquelle
w 4
F„
l
h-f
le front de choc coïncide avec le front initial F0. Si, à un instant donné, la
vitesse derrière le front est ir, le front F0 progresse avec une vitesse U'
donnée par les formules d'IIugoniol, soit, en développant en série :
(0
, + ê !L _ Êî Il _i_ k- -
taudis que le front suivant F, progresse, comme on Ta vu dans l'étude des
ondes continues, avec la vitesse
U = S0- i + p£.) >U-'
(2)
F, ne larde donc pas à rejoindre F0 et à altérer la marche du front de
choc.
Le problème sera résolu si l'on connaît : i" l'époque T à laquelle un des
fronts arrière F, portant la vitesse w, rejoint le front initial F0 ; i° la
position X de la rencontre F'a.
Or : i° pendant le temps T, le front Fa parcouru le chemin FF^=X+aj
avec la vitesse U, donc
(3) \+^. = UT,
et 2° au moment T, la vitesse derrière le front F,', étant w, ce front pro-
SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. fil °>
gresse avec la vitesse II'
(4, S = D..
L'élimination de X, U et U' entre (1), (2), (3), (4) donne ainsi (toujours
, II'3 , x
a £; près)
d'où
^ÇQ^f-f-
Pw\-f _,. i3 "Y r "' ^1
ICT=(-f€)'X i
• + 7- ë-
4 5>o
ce qui résout entièrement le problème.
En particulier, l'atténuation spontanée des ondes de choc (le coup de
vent des explosifs, par exemple) est ainsi résolue. Quand l'onde est sur le
point de disparaître (w faible), on voit, notamment, d'après (5), qu'elle
obéit approximativement à la relation
(6) u-T = const.
Jointe à (3), cette équation (6) montre que l'onde, en même temps
qu'elle s'atténue, s'étale entre tête et queue, sa longueur variant à peu près
comme JT.
AÉRONAUTIQUE. — Sur un nouveau principe de stabilité longitudinale
des aéroplanes. Note (') de M. Alexandre Sée, présentée par
M. L. Lecornu.
On sait que la stabilité longitudinale des aéroplanes en air calme,
entendue dans le sens de création d'un couple de rappel lorsque l'appareil,
supposé préalablement en équilibre, prend un petit mouvement de tangage,
est habituellement obtenue par le principe dit du V longitudinal. Le V
longitudinal consiste en la disposition de deux surfaces fixes l'une derrière
l'autre, celle d'avant ayant un angle d'incidence plus grand que celle
d'arrière. Les deux surfaces peuvent à la rigueur être réunies en une seule
(') Présentée dans la séance du 17 février igi3.
6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont la partie antérieure a une incidence plus grande que la partie posté-
rieure.
La présente Note a pour objet de montrer qu'on peut réaliser la stabilité
longitudinale par l'application d'un principe tout différent.
Considérons un aéroplane composé d'une surface portante principale A
placée à l'arrière et d'une surface B placée à l'avant; cette surface B est
librement mobile autour d'un axe transversal C; elle est en outre convexe
vers le bas, ou plus généralement elle a une forme telle que la poussée
de l'air sur elle avance lorsque l'incidence diminue (il existe des surfaces
en S présentant cette propriété alliée à une bonne qualité portante).
En marche, la surface B s'oriente d'elle-même, de manière que la
poussée E qu'elle reçoit de l'air rencontre l'axe C; elle conserve par
conséquent une incidence constante.
Il est facile de voir qu'un tel ensemble, bien que dépourvu d'empennage
fixe, possède la stabilité longitudinale.
En effet, supposons l'appareil en équilibre; les deux poussées t) et E sur les surfaces
Sens de la. marche.
A et B ont une résultante R passant par le centre de gravité (on suppose, comme
d'habitude, que le moment de la traction de l'hélice par rapport au centre de gravité
est très petit).
Si l'appareil pique du nez, l'angle d'incidence des deux surfaces se trouve diminué.
La poussée D sur la surface A diminue. Mais la surface B reprend immédiatement
son incidence de régime, et par conséquent la poussée E ne diminue pas. lien résulte
que la résultante de D et de E se rapproche de E, produisant un couple qui tend à
relever l'avant de l'appareil, c'est-à-dire à rétablir la position initiale.
On voit par un raisonnement analogue que, si l'appareil se cabre, la sur-
face B est encore stabilisatrice.
Pour vérifier ce principe, j'ai construit un modèle réduit. Ce modèle
présente une très grande stabilité; lancé dans des conditions diverses, il
s'établit immédiatement à sa position de régime et ne s'en écarte plus.
SÉANCE DU ll\ FÉVRIER I()t3. Gl5
En déplaçant soil le centre de gravité, soit la position de l'axe C sur la
surface B, j'ai fait varier les vitesses et angles de régime, sans nuire à la
stabilité.
Ce principe de stabilité ne fait pas appel au V longitudinal; l'incidence
de la surface d'avant est déterminée par la position de l'axe C; elle peut être
cboisie égale ou inférieure à celle de la surface d'arrière.
En pratique, on donnera aux deux surfaces l'incidence correspondant à
la meilleure qualité portante, chose qu'on ne peut jamais faire avec le V
longitudinal, dans lequel la surface stabilisatrice a toujours une incidence
nettement plus grande ou plus petite que celle correspondante la meilleure
qualité portante.
Le couple stabilisateur obtenu par le procédé ci-dessus est plus grand
que celui que crée le V longitudinal; en effet, avec ce dernier, la poussée
sur les deux surfaces varie, et le Y a pour effet de faire varier la poussée
sur l'avant un peu moins vile que la poussée sur l'arrière. Avec le procédé
que je viens de décrire, la poussée sur l'avant ne varie pas du tout; l'effet
stabilisateur est en quelque sorte la limite supérieure de celui qu'on pour-
rait obtenir avec le Y longitudinal poussé à l'extrême.
ÉLECTRICITÉ. — L'inscription des signaux horaires et des télégrammes
hertziens à l'aide d'un appareil Morse. Note(') de M. Albert Tirpain.
Continuant les recherches que je poursuis depuis quelques années sur
l'inscription des signaux hertziens, j'ai réalisé deux types de galvanomètres
très sensibles et de grand amortissement.
L'un me sert à inscrire photographiquement les signaux hertzieus de
l'heure à la manière que l'ai indiquée à l'Académie dans une Note récente
(Comptes rendus, 10 février ip,i3) ; c'est un galvanomètre à corde qui rap-
pelle les dispositifs de ce genre d'Eithoven et d'Edelmann. L'autre est un
galvanomètre à cadre qui permet de mettre en mouvement un appareil
Morse ordinaire. Je donnerai ici, concernant ces deux types d'appareils,
quelques indications succinctes.
Galvanomètre à corde. — Le fil tendu dans un champ magnétique intense est du
(il de a!* de diamètre, fil à la Wollaston qui, argenté, présente un diamètre
(') Présentée à la séance du 17 février igi3.
6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de j-§-g-0 de millimètre. On le décape de l'argent sur une longueur de 4e™ à 5cm environ.
Le fil est tendu dans le champ magnétique d'un puissant électro Weiss, muni de
pièces polaires coniques qui, rapprochées à imm, réalisent un champ de 3-3000 gauss.
Le galvanomètre décèle un courant de 5 X io~ ,2 ampère, soit ' n de microampère.
Il m'a servi à inscrire les signaux de l'heure par la photographie et à y comparer au
-^ de seconde près l'heure d'un chronomètre {Comptes rendus, io février io,i3).
Galvanomètre à cadre. — Le fil conducteur, en cuivre isolé à la soie, mesure ^ et
dans certains cadres ~-0 de millimètre de diamètre. Le cadre est sans support. A cet
effet, l'enroulement est fait sur mandrin de bois recouvert de papier et en dernier
lieu d'une feuille de papier pelure. Chaque couche de fil est passée au vernis à la
gomme laque. L'enroulement muni du papier pelure est extrait du mandrin. Par une
opération minutieuse, on décole, au moyen d'un pinceau léger imbibé d'alcool, le
papier pelure qui est retiré par fragments. L'enrouiement du fil rJ-5 ou r;}0 est dès
lors aggloméré sans support. On frette chaque coin du cadre au moyen d'un fil
d'aluminium de ,1^ de millimètre de diamètre présentant une petite boucle qui per-
mettra la suspension bifilaire du cadre au moyen de fil de cocon de soie. Le cadre
est muni, sur un de ses côtés, d'un miroir d'oscillographe (2mm sur imm). Les deux
coins supérieurs reçoivent deux index en mince fil d'aluminium. L'un des index, de
5cm de longueur, muni d'un fil de cuivre de j~ de millimètre de diamètre enroulé en
spirale, permet de réaliser un contact de relais, à la vérité un peu précaire. L'autre
index, de irm seulement de longueur, agit par un fil de cocon sur un très léger levier
d'aluminium, très mobile et qui accroît dans la proportion de ~ les déplacements du
cadre. Ce dispositif de relais est bien constant. Ce levier d'aluminium agit, par ses
déplacements, sur un relais très sensible (relais Claude ou relais Ducousso sensibles à
des courants de 5o!xa). Ce dernier relais permet d'actionner un Morse ordinaire. On
peut donc, grâce à l'équipage du cadre — et par une cascade de deux relais de
sensibilités décroissantes — mettre en œuvre, par les signaux hertziens, un appareil
Morse ordinaire.
Les galvanomètres à cadre que j'ai réalisés présentent une sensibilité de
l'ordre du ~^ de microampère. Les équipages, tout frétés de leurs boucles
de fil d'aluminium, de leurs index et du miroir qui permet de les appliquer
à l'inscription photographique, pèsent de Ie, 5 à 2g, 3.
Les cadres que j'ai réalisés mesurent 72"1"' sur 1 imm (dimensions inté-
rieures). Ils ont une épaisseur de 2mm,5 ou de 5mm. En fil de ^ cm peut
accumuler 4oo tours (20 couches de 20 tours) ou même 1200 tours
(3o couches de /jo tours), sans donner aux côtés du cadre une épaisseur
supérieure à 2nim ou 3mm. On peut dès lors utiliser des entrefers de 2mm,5
à 3™1", 2.5, c'est-à-dire réaliser des champs magnétiques de 20000 gauss
à 23 000 gauss.
En suspendant le cadre par un bifilaire en cocon de 7™1 de hauteur, tiré à
4mm du cadre par deux haubans horizontaux en fil de cocon, on règle aisé-
SÉANCE DU '±[\ FÉVRIER igi3. 617
ment le couple de torsion et l'on réalise un amortissement qui permet de
suivre la transmission par signaux Morse.
Je poursuis à l'heure actuelle, au moyen de ces galvanomètres et de cette
méthode d'une cascade de deux relais de sensibilités décroissantes, la cons-
truction de dispositifs pratiques qui permettent de remettre automatique-
ment à l'heure une pendule donnée au moyen d'un seul des signaux
horaires de la Tour Eiffel. Les organes de la pendule déterminent automati-
quement la mise en relation des dispositifs avec l'antenne seulement au
moment de l'émission du signal de ioV|5m.
MÉCANIQUE. — Effets de la flexion aux points d'attache du fil dune balance
de torsion. Note de M. V. Ckémieu, présentée par M. E. Bouty.
Le but de la présente Note est de compléter ce que j'ai montré antérieu-
rement d'une manière sommaire (Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 1161)
au sujet des balances de torsion dont le fil de suspension est fléchi à ses
points d'attache.
Considérons un corps \ , de masse M, de cenli e de gravité G, suspendu à u n lil fin AB,
serré suivant \a dans une pince fixe, et suivant Bb dans une pince solidaire de X.
On peut distinguer deux cas :
Premier cas. — L'insertion Aa (fig- 1) n'est pas verticale et l'insertion Mb prolongée
passe par G. Le fil est alors fléchi à partir de A, et le moment de flexion 3TL, maintient
X dans une position telle que G se trouve à une distance GO de la verticale du point A,
qui satisfait à la relation
(0 3fV1 = MgX GÔ=ÎVLj/sina.
Aa, B et G sont, ainsi que le fil, contenus dans un plan de flexion déterminé.
Second cas. — L'insertion Art est verticale (fig. 2) et l'insertion Bb prolongée ne passe
pas par G. Le fil est alors fléchi à partir de B, et le moment Dfl2 maintient encore G
à distance de la verticale du point A, dans une position définie par une relation ana-
logue à (1).
Dans ces deux cas, X peut osciller pendulairement autour d'axes horizontaux passant
par A, et azimulalernent autour de la verticale du point A; mais il présente toujours
un mouvement oscillatoire complexe, résultant de la combinaison de ces deux espèces
d'oscillations.
Si le fil de suspension est fin, et le poids du corps X voisin de la charge élastique
de ce fil, la période azimutale T, est très longue par rapport à la période pendulaire T,.
Par exemple, avec des fils de im de longueur, le rapport des périodes est supérieur
à 1200, pour une forme appropriée de X.
6i8
ACADEMIE DES SCIENCES.
Supposons qu'un ébranlement vienne agir sur la pince supérieure et fasse passer A
en A', en un temps t. La pesanteur, appliquée en G, fera prendre à \, avec un retard dt,
un mouvement pendulaire. Mais par suite de la flexion du fil, G se trouvera, pendant
l'intervalle dt, soumis à un couple à axe vertical, dont l'expression est
W =r Mgl sin a sin^ sin',).
expression dans laquelle (3 désigne l'angle AGA' et to l'angle du plan de flexion avec
Kig. ..
Fiï.
Fie. 3.
le plan AGA'. La valeur de W est nulle pour w — o ; et dans ce cas, le déplacement
de A n'entraînerait pas d'oscillation azimutale de X.
Le couple antagoniste de W est le couple de torsion \V„ du fil. Dans les conditions
W , i
définies ci-dessus, le rapport rrr est de l'ordre de > pour des valeurs de a et S
' ' W0 iooo ' '
de l'ordre de la minute. L'angle dont tournera G autour de la verticale A0 sera donc
très appréciable; la ligne d'intersection de X par A0 restera en relard sur G, et le
T,
retard sera proportionnel au rapport — •
1 2
Cas de deux flexions . — L'analyse qui précède ne s'applique qu'aux cas
où le point A se déplace de façon que Aa reste parallèle à lui-même. Dans
SÉANCE DU ll\ FÉVRIER IÇ;l3. 619
ces conditions, un déplacement de A n'amène aucun changement dans la
position d'équilibre azimutal du plan de flexion. ,
Mais si le déplacement modifie la direction de Afl, on constate que celte
position d'équilibre change, et l'étude des mouvements du système devient
très compliquée.
Le fil de suspension prend la forme d'une courbe gauche complexe, qui
fera l'objet d'une étude ultérieure. L'expérience montre, d'ailleurs, que ce
fil est soumis à une torsion proportionnelle à l'angle que font entre eux les
plans verticaux passant par Aa et Bb.
On peut se rendre comple île ce qui se passe à l'aide du raisonnement suivant :
Admettons d'abord (ce que l'expérience vérifie pour des fils fins) que la plus
grande partie FF {fig. 3) du fil de suspension est sensiblement verticale.
Ceci posé, considérons le système suspendu de la figure 2. Il n'y a qu'une flexion 3TI,
et la trace horizontale sera telle que &BAG {fig- 4)-
Fig.
l'iS. S.
Écartons maintenant \a de la verticale, dans un plan faisant avec Ghb un angle y.
L'intersection de ces deux plans sera sur la portion FF {fig. 3) et sa trace en II (Jig. 5).
Le plan de flexion initial a été déplacé vers la gauclie, dans le cas de la figure, et l'on
voit que G est maintenant soumis, par rapport à la position initiale du plan Gteb, à
un moment proportionnel à 11 A, c'est-à-dire à la flèche de la seconde llexion 3R/S.
Ce moment fait tourner le plan GB/>, autour de 11. d'un angle Ô; l'angle y' du plan
vertical de An avec le plan B6G sera, dans la nouvelle position d'équilibre de X. plus
petit que l'angle initial y.
D'autre part, en fléchissant \a, nous avons élevé G d'une hauteur c. L'équilibre du
système est caractérisé par une relation de la forme
M g x GO = »ii-t-»i2-(- C6.
C désignant le couple de torsion du fil.
Cette relation approchée suffit à rendre compte de ce que toute variation
C. R., i(ji3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 8.) 79
h20 ACADEMIE DES SCIENCES.
permanente de la verticale modifiera la position d'équilibre azimutal du
système. D'autre part, si les directions d'insertion du fil demeurent fixes,
une variation de M ou de g entraînera une rotation de \.
L'expérience montre, de plus, qu'on peut arriver à une très grande
sensibilité.
On peut utiliser les propriétés que je viens d'exposer pour construire :
i° des séismographes ayant des plans finis dans l'espace, et échappant aux
ébranlements sismiques; i° des dynanomètres et des microbalances.
CHIMIE PHYSIQUE. - Sur la transformation subie par le carbure de cal-
cium chauffé. Note de MM. E. Briser et A. Iîuhxe, présentée par
\1. (î. Lemoine.
C'est un lait bien connu des chimistes qui ont eu à s'occuper du carbure de calcium
soit au laboratoire, soit dans l'industrie, que ce corps subit, lorsqu'on le chauffe à
8ool'-iooo° en vase clos, une transformation remarquable (' ), accompagnée d'une mise
en liberté de carbone. Aux températures très élevées, mais indéterminées, obtenues
dans son four électrique, Moissan (2) avait déjà observé ce phénomène, qu'il croyait
vraisemblable d'attribuer à une dissociation de GaC2 avec départ d%e Ca. Récemment,
MM. Erlwein, Wartli et Beutner (:i) ont conclu de leurs essais non pas à une décompo-
sition du carbure en ses éléments, mais à une transformation en un sous-carbure,
qu'ils n'ont du reste pas isolé et dont ils n'indiquent pas la composition.
A l'occasion de travaux sur la vitesse de réaction dans les corps solides,
nous avons repris l'étude de cette question, et, nous basant sur le dernier
Mémoire cité, nous nous sommes proposé tout d'abord d'établir la compo-
sition du sous-carbure présumé. En tenant compte du fait que l'acétylène,
dont CaC" est un dérivé, est moins stable que les autres hydrocarbures
éthyléniques ou saturés, tout au moins aux températures pas trop élevées,
il nous a paru naturel d'envisager la formation d'un carbure de constitu-
tion éthylénique ou saturée (analogue par exemple au carbure d'alumi-
nium C3A14), formation qui serait évidemment accompagnée d'une mise
en liberté de carbone.
(') M. le Dr Friedrich, ancien directeur de la Société des Produits azotés, à Notre-
Dame-de-Briançon, a fait cette constatation eu 1908, au cours de recherches sur la
fabrication de la cyanamide calcide.
(-) Comptes rendus, t. 126, 1898, p. 3o6.
(3) Zeits.f. Elektrochem.. t. XVII, 1911, p. 177.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. <>2I
Le carbure, qui a servi aux essais résumés ici, a élé placé dans des lubes
de porcelaine de Berlin non vernie et maintenu pendant 7 à 10 heures,
suivant les échantillons, à une température de 900°, réalisée au moyen
d'un four électrique à résistance.
Nous avons fait réagir le carbure ainsi traité avec l'eau, puis avec HCl
concentré, et nous avons reconnu : i° qu'il se forme dans ces conditions
uniquement de l'acétylène cl pas d'autres hydrocarbures solides, liquides
ou gazeux; 2° que le corps pulvérulent noir, résidu de l'attaque par HCl
concentré, est du carbone pur. Os constatations excluent donc l'existence
d'un sous-carbure. Comme, d'autre part, les quantités dé carbone produites
sont trop considérables (') pour être altribuables à une décomposition
d'hydrocarbures occlus (2), on est bien obligé d'admettre que ce carbone
provient de la décomposition du carbure en ses éléments. MM. Erlwein,
Warth et Beutner n'ont pas envisagé cette décomposition, parce qu'ils
n'ont pas trouvé d'hydrogène dans les produits de l'attaque par l'eau du
carbure chauffé, l'absence de ce gaz démontrant pour eux la non-formation
de Ca. Dans les nombreuses analyses que nous avons faites, nous n'avons
pas non plus trouvé d'hydrogène, mais si l'on réfléchit aux affinités chi-
miques énergiques du calcium, 1» disparition de ce corps, dans les condi-
tions des expériences, n'a rien que de très naturel : au fur et à mesure de
sa formation, il se combine aux éléments de l'air ou attaque le matériel
solide avec lequel il est en contact (*). Pour nous assurer de ce fait, nous
avons placé les récipients renfermant CaC- dans des tubes en porcelaine
ou en quartz dans lesquels le vide a été maintenu pendant toute la durée de
la chauffe à 900°. Le carbure ainsi chauffé n'a pas non plus donné d'hydro-
gène avec l'eau; par contre, nous avons trouvé qu'il renfermait d'autant
moins de Ca qu'il a élé chauffé plus longtemps, ce qui dénote bien la dispa-
rition du calcium libéré. Une série d'expériences comparatives, où nous
avons chauffé dans le vide du carbure, puis du calcium seul, nous a con-
vaincus que le calcium, résultant de la décomposition de CaC2, s'est, pour
(') Dans un essai, le carbure, après 10 heures de chauffe, renfermait jo pour 100
de carbone; d'ailleurs ces quantités augmentent avec la durée de chauffe.
('*) Celte décomposition est invoquée par Bredig, Fraenkei. et Wilke, Zeits.fiir
Elek troc hem., t. XIII, 1907. p. 60S.
(s) Lorsqu'on chauffe du calcium à une température suffisante dans des récipients
pleins d'air, le vide s'y produit par disparition de l'azote et de l'oxygène combinés
à Ca; il aurait donc fallu que les récipients contenant le carbure fussent absolument
étaoches, et ce n'était pas le cas.
622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une part, évaporé (nous l'avons retrouvé dans les parties froides des tubes
où il s'est sublimé) et que, pour une autre part, il a altéré fortement le
matériel du récipient (' ).
La conclusion à lirer de ces expériences est que la transformation du car-
bure chauffé nest autre qu'une décomposition pure et simple de ce corps en
ses éléments.
Quant à l'interprétation théorique, d'après la valeur négative trouvée
par de Forcrand (2) pour la chaleur de formation de CaC2, il faudrait attri-
buer la décomposition de ce corps à la rétrogradation en leurs éléments,
subie par les composés endothermiques, lorsque la température s'abaisse.
Mais des données thermiques plus récentes montrent que la réaction de
formation de CaC2 à partir des éléments est faiblement exothermique (3),
en sorte que cette décomposition est assimilable à la dissociation des corps
exothermiques, et, à ce titre, elle doit être d'autant plus complète et plus
rapide que la température s'élève davantage.
Comme suite à ces recherches, nous avons commencé l'étude de quelques
autres carbures métalliques au point de vue des transformations qu'ils peu-
vent subir dans des régions de températures bien déterminées.
PHYSICO-CHIMIE. — La tonomélrie différentielle des solutions et la théorie
d'Arrhenius. Note de M. K. Focakd, présentée par M. E. Bouty.
Les présentes recherches m'ont été suggérées par la discussion des faits
que j'avais exposés dans une élude osmométriquc des solutions salines (5).
D'après la théorie des ions, la pression osniotique d'une solution d'un électrolvle.
comme le chlorure de potassium (Cllv), doit être double de celle d'un composé orga-
nique, tel que la saccharose, à concentration moléculaire égale, et à dilution infinie :
autrement dit, le poids moléculaire osmoméli ique du Cl K sérail alors la moitié de sa
valeur chimique. Or mes observations avaient abouti, non à ce nombre prévu — >
r 2
(') L'attaque des récipients dans lesquels on chauffe le carbure est due ainsi non
pas à l'action de CaC2, mais à celle de Ca mis en liberté.
(2) Comptes rendus, t. 120, 1 890, p. 682.
(3) Guntz et Bassetl (Comptes rendus, t. 110, igo5.p.864; Journ. île Chim. p/iys.,
t. IV, 1906,1). 1) ont trouvé pour cette réaction la tonalité thermique i3Cal,i5; elle
serait encore plus grande à partir de Ca liquide ou gazeux.
(4) Comptes rendus, t. 152, p. 519, et t. 153, p. 709; Journal de Phys., avril 1912.
SÉANCE DU l!\ FÉVRIER I(}l3. f)23
mais exactement à M : ce résultat précis, en désaccord avec l'hypothèse d'Arrlienius,
suppose un concours vraiment singulier de prétendues causes d'erreurs expérimen-
tales. Il était nécessaire de vérifier cette mesure, effectuée à la température de 20°-22°,
par l'évaluation, à une même température, de la différence de tensions des vapeurs
de l'eau et de la solution, que le raisonnement thermodynamique de Nernsl relie à la
pression osmolique; cette dépression tonométrique devra ainsi être égale au poids
d'une colonne de vapeur saturée dont la hauteur est celle de la solution soulevée par
la pression osmotique.
J'ai donc étudié, avec la collaboration de M. de Tonnay-Charente, une
technique expérimentale donnant directement cette valeur différentielle,
suivant le principe appliqué déjà par Bremer.
Le tonomèlre (fig- 0, entièrement en verre, est constitué par deux chambres de
vapeur de capacités égales; chacune d'elles est formée d'un ballon de 20otm' relié, au
moyen d'un rodage noyé dans un bain de mercure, à un tube latéral recourbé qui
débouche dans la branche verticale d'un circuit tubulaire fermé ; celui-ci forme à sa
partie inférieure un U aux deux branches juxtaposées, contenant de l'huile de vase-
line desséchée à ioo° dans le vide; à la partie supérieure sont deux robinets parfai-
<Ï2/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
lement rodés limitant les deux chambres de vapeur ; le tube supérieur sert à faire le
vide. Ou met dans l'un des ballons ioo,ra* d'eau pure, dans l'autre, loo1'1™* de solution
normale de sucre ou de KCI. La dénivellation des deux ménisques d'huile, de l'ordre
de iomm, doit être mesurée au -fc de millimètre, soit à -,4, de millimètre ou 6^,33 de
mercure.
Cette sensibilité d'appréciation nécessite une élimination des causes aberrantes, à
laquelle je suis parvenu après i5mois d'expérimentation.
Outre les difficultés connues de la méthode statique, j'en ai observé une
autre, extrêmement importante : après une ébullition prolongée des deux
liquides dans le vide, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il reste
encore assez d'air dissous, se dégageant lentement ensuite, après l'occlusion
des deux volumes de vapeur, pour modifier, jusqu'à la changer de sens, la
dénivellation ; le départ du gaz raréfié ne s'effectue que lentement, retenu
par la viscosité des liquides. La technique qu'on va résumer supprime les
difficultés.
Le vide est effectué par une pompe à mercure de Moulin, jusqu'à -^ de millimètre
de Hg; on contrôle l'extraction des gaz avec une jauge de Mac Leod ; la canalisation
comprend encore un tube barométrique, indicateur de stabilité du vide, un lube
dessécheur à anhydride phosphorique, enfin une éprouvette horizontale contenant du
mercure, placée directement au-dessus du tonomètre, et qu'on inclinera pour obturer
intérieurement les deux robinets, lorsque la jauge n'indiquera plus aucune variation;
ces diverses parties sont reliées par du tuyau de plomb, avec joints au mastic de Golaz.
Le tonomètre est immergé dans l'eau. Chaque opération dure de 6 à 7 jours, pour
l'obtention de l'équilibre définitif.
On a ainsi obtenu les dénivellations suivantes D, en millimètres d'huile, aux tem-
pératures indiquées t ; elles ne diffèrent, du sucre au CIK, que de quelques dixièmes
de millimètre, ce que vérifient d'ailleurs les essais différentiels directs entre les
deux solutions normales :
„ \ t 19°, 74 30°,72 20°,6t 20°,83 2I°, 70 21°, 90 22°,o3 220,4' 22°, 61
e'| D 6,6 7,2 7,4 7,4 8,2 8,2 8,2 8,5 8,8
..... \ t 20", 97 2I°,7I 21°. 62 21°, 74 22°,l6; 22°, Ol 22°,63 22°, 8l
' "j I) 7,8 8,3 8,4 8,4 8,8 8,9 9,7 9,8
Comparons le résultat à 220 à celui fourni par le calcul de Nernsl : à 220,
la pression osmotique théorique P„aT d'une solution normale, sans disso-
ciation, est de 24ar"\o5 équilibrée par une hauteur de solution de sucre
(d.,2 = 1, i3o) de 2 ir)'",5o, ou par une hauteur de solution deGlK(d2i= i,o3g)
de 23c)m; les dénivellations tonométriques théoriques, calculées en huile
de vaseline (d2„ = 0,861), sont ainsi pour le sucre : 4mm>88; pour le
CIK : 5mm, 33. Qu'indiquent les expériences à 220? Pour le sucre, on a
SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. 62.$
8m'",2. Pour le CIK, on a 8mm,9. Il résulte de là un accroissement propor-
tionnel, pour le sucre, de y-^s = 1,68 et pour le CIK, de -=-^ = 1,67. Or,
ce dernier traduit conventionnelleinent une dissociation électrolytique de
0,67 bien conforme aux prévisions; mais pour le sucre, le même rapport
(0,68) est absolument inattendu, en divergence complète avec les théories.
A moins de supposer que la méthode, très satisfaisante pour le KO, ne
vaut rien pour le sucre, on déduirait de là que les molécules-grammes de
chacun deux sont cinétiquement équivalentes à 220, comme si toutes deux
étaient également dissociées, ou bien comme si elles ne l'étaient ni Tune ni
l'autre, une explication différente des phénomènes connus devant être
recherchée. En tous cas, c'est précisément cette équivalence cinétique que
m'avaient indiquée mes expériences osmométriques, alors qu'à dilution
maxima aucune diffusion saline n'était décelable.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur f oxydation des complexes cobalto-organiques.
Note de M. H. Colin et A. Sénéchal, présentée par M. Haller.
Les sels de cobalt ne sont pas précipités par les alcalis en présence
d'alcools polyatomiques, d'acides-alcools, de sucres et, en général, de toute
substance qui contient dans sa molécule des oxhydriles alcooliques. Il se
forme dans ces conditions, en présence d'un excès d'alcali, des combi-
naisons complexes, stables seulement en solution et dont la couleur varie du
bleu au rouge violacé.
Les combinaisons cobalto-glycérique, mannitique,érythrilique s'oxydent
rapidement à l'air; les combinaisons lactique, malique, tartrique, plus
difficilement; la combinaison citrique ne s'oxyde que sous l'action de l'eau
oxygénée. La tendance à l'oxydation parait ainsi dépendre du nombre et
de la nature des groupes OH de la molécule organique.
Dans tous les cas, l'oxydation conduit à des solutions vertes qui tendent
à se décomposer spontanément en donnant du sesquioxyde, ou à se réduire
en oxydant la matière organique. Les combinaisons coballo-glycérique et
cobalto-lactique sont cependant très stables.
Si la concentration en soude de la liqueur est suffisante pour assurer la
stabilité du complexe, la quantité d'oxygène absorbé tend vers une limite
qui correspond à iat d'oxygène pour iat de cobalt; à ce moment le métal se
trouve à l'état trivalent.
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Manchot ('), le premier, a signalé cette particularité dans lecasdel'oxy-
dalion par l'air du cobalto-cyanure; Job ('■) a fait une remarque semblable
en étudiant l'oxydation des liqueurs cobalto-tarlriques. L'oxydation par
l'air des combinaisons cobaltiques complexes dans lesquelles le cobalt est
engagé dans un ion électronégatif exige donc toujours une quantité
d'oxygène double de celle qui est nécessaire pour amener le métal à l'état
trivalent.
Engler, puis Job ont émis l'idée qne ce fait pourrait être expliqué en
admettant qu'il se forme transitoirement un bioxyde de cobalt suivant le
schéma
2CoO + Oirr2Co02.
La réaction d'oxydation serait alors trimoléculaire ou dimoléculaire si
l'on suppose constante la concentration en oxygène.
Nous avons mesuré la vitesse d'oxydation des complexes cobalti-
glycérique et lacliqueen dosant, par la méthode de Job, les quantités d'oxy-
gène fixées sur le cobalt après des temps connus. L'oxydation était réalisée
en pulvérisant, à l'intérieur de la liqueur, un vif courant d'air dont la vitesse
était maintenue constante. Si l'on suppose que la concentration en oxy-
gène demeure invariable pendant toute la durée de l'expérience, on peut
appliquer les lois de la cinétique chimique établies pour les réactions en
milieu homogène. On n'obtient une constante satisfaisante pour les coef-
ficients de vitesse, qu'en admettant que l'oxydation se fait suivant une
réaction monomoléculaire.
Avec une solution cobalto-glycérique contenant par litre : 3"lolii, 2 de gly-
cérine, 2mo,g,5 de soude et 6^,34 de S01Co,nous avons obtenu, à i2°,5, les
résultats suivants :
... \\, = - Ion l\„= .
remps. ./ t *a — x ■ t a(a — x)
m
92 2,22 o,oo44 o,ooo85
127 3,oî 0,00/19 o, 00104
164 0,27 0,0042 0,000924
36i 5,o5 o,oo4i 0,00142
3g6 "),5o o,oo4t> 0,00202
Moyenne : o,oo44
a est la quantité d'oxygène, exprimée en milligrammes, qui correspond
à l'oxydation totale du cobalt contenu dans 2oc,"a de solution (a = 6,55).
(') Manchot ei Herzog, Ber. cl. d. chem. Gesell., l. XXIII, 1900, p. 1742.
('-) Job, Comptes rendus, 1. Ikk, 1907, p. io4j.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER ip,l3. 627
x est la quantité d'oxygène fixée par 20cra' de la liqueur au moment du
dosage.
Avec une concentration en sel de cobalt de 4e, 26 par litre, on obtient
pour K,, toutes choses égales d'ailleurs, 0,0048, valeur très voisine de la
précédente. La vitesse d'oxydation, mesurée dans les conditions qui
viennent d'être décrites, n'est donc pas une vitesse de régime, et l'on peut
lui attribuer une signification chimique précise.
La valeur de la constante décroit très vite quand la concentration en
soude augmente faiblement ; elle passe de o, o 1 5 à o, 0087 et °> °°44 lorsque
l'on fait varier la concentration en soude de 2,04 à 2,28 et 2, 52 molécules-
gramme par litre.
Manchot et Herzog (') ont établi que l'oxydation par l'air du cobalto-
cyanure se fait aussi suivant une réaction monomoléculaire. D'après ces
auteurs, l'oxydation du complexe cobalteux aurait lieu aux dépens de
l'eau conformément à l'équation schématique
GoO + H*0 = CoO(OH) 4- H.
L'hydrogène atomique s'unirait ensuite à l'hydrogène pour donner de
l'eau oxygénée. De plus, le cobalto-cyanure peut s'oxyder en l'absence
d'oxygène, soit à chaud, soit en présence de platine plaliné, et il se dégage
de l'hydrogène.
Nous n'avons pu mettre en évidence un tel dégagement de gaz dans le
cas des solutions cobalto-organiques; cependant le mécanisme de leur
oxydation semble se rapprocher beaucoup plus de celui du cobalto-cyanure
que de celui des solutions ammoniacales de cobalt. Dans ce dernier cas, il
se forme avec l'oxygène une combinaison d'addition Co2O2(i\H3)l0X4,
susceptible d'être séparée à l'état solide et la réaction, complète dans
certaines conditions de concentration, paraît être dimoléculaire.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de la gentiopicrine , du genlianose et
du saccharose dans les racines fraîches de la Gentiane ponctuée. Note de
M. Marc lïRiiM.i.. présentée par M. E. Jungfleisch.
La gentiane ponctuée (Gentiana punctata L.) est, de toutes les grandes
gentianes, celle qui se rapproche le plus, par son aspect général, de la
gentiane jaune {Gentiana lutea L.), avec laquelle on peut la confondre.
(') Manchot et Herzog, Zeitx. anorg. Chem.. t. XXXVII, 1901, p. 897.
C. R.,igi3., 1" Semestre. (T. 156, N* 8.) 80
628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si les caractères de la fleur permettent de différencier sûrement ces deux
plantes, il est, par contre, absolument impossible de différencier l'une de
] l'autre leurs racines, séparées des tiges : même couleur, même taille, même
aspect.
J'ai récolté moi-même les racines qui m'ont servi dans ce travail, de façon à être
sûr de leur origine. 19008 de racines fraîches, arrachées au Lautaret, le 23 août 1912,
ont été traitées à Paris, 3 jours après leur récolte, par l'alcool bouillant, suivant
les indications de la méthode biochimique de M. Bourquelot (').
Voici les résultats de l'essai à l'inverline et à l'émulsine sur un extrait liquide,
aqueux dont ioocm° correspondaient à 100s de racines fraîches :
0 /'
Rotation initiale (/= 2) —2 24
Rotation après action de l'inverline —5 5
Rotation après action de l'émulsine -H 38
Sucre réducteur initial 0,079
Sucre réducteur après action de l'inverline 2,566
Sucre réducteur après action de l'émulsine !\, 17 1
Sous l'action de l'invertine, on a constaté un recul de la déviation gauche de 2°4i',
avec formation de 28,iS7 de sucre réducteur, soit un indice de 810. Cel indice est du
même ordre que ceux qu'on a observés dans l'élude des racines de gentiane jaune
et de gentiane à feuille d'asclépiade, qui étaient respectivement de 730 et de 790 (2).
Ce qui est à retenir ici, c'est que le changement de rotation est faible, étant donnés
les changements observés avec les autres gentianes.
Il en est de même du retour produit sous l'action de l'émulsine, qui est de 5°43',
au lieu de io° à 120 qu'on a observé avec les plantes citées plus haut. Mais, l'hydro-
lyse par ce dernier ferment s'étanl produite de la même manière, en deux temps, avec
un indice faible au débul et qui s'est élevé fortement à la fin de la réaction, on peut
dire, malgré la faiblesse relative des changements produits, que la composition des
racines de gentiane ponctuée doit être sensiblement la même que celle des deux
autres gentianes dont il vient d'être question. C'est ce que démontre l'extraction des
principes immédiats importants que renferme la racine.
Extraction de la gentiopicrine. — On a traité par l'éther acétique, selon
le procédé de M. G. Tanret, l'extrait alcoolique provenant des 1900*-' de
racines fraîches. On a obtenu ainsi 17" de gentiopicrine, soit un rendement
de 9g environ par kilogramme. La gentiopicrine, recristallisée dans l'étber
acétique, présentait les propriétés suivantes :
Pouvoir rotatoire : a,, = — 1960, 38
(p = 0,9806 ; v = 5o ; / = 2 ; a = — 7°42')-
(') Eh. Boukquelot, Comptes rendus, t. 133, 1901, p. 690.
(-) Marc Bkidel, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1164.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER igi3. 629
Sous l'action de l'émulsine, l'hydrolyse de la solution ayant servi à déter-
miner le pouvoir rotatoire s'est faite rapidement, et il s'est déposé de la
gentiogénine donnant la coloration bleue caractéristique de ce composé.
Extraction du gentianose. — On a suivi exactement le procédé indiqué
pour l'extrait de Géntiana Asclepiadea L. (■). On a obtenu 12e de produit
cristallisé qu'on a purifié par cristallisation dans l'alcool à 8o°. Les cris-
taux obtenus ont été identifiés avec le gentianose par leur pouvoir rota-
toire : a = + 3i°,35
(/j = o,3o3o; c= i5; /= 2; «= -+- i°i6').
Extraction du saccharose. — On a réuni les liquides alcooliques qui
avaient fourni le gentianose brut, cl on les a concentrés à un demi-volume.
Il s'est fait, lentement, une nouvelle cristallisation. On a obtenu ainsi ^s
d'un produit légèrement brun, possédant un pouvoir rotatoire de -+- 53°, 3.
On l'a traité par 200™° d'alcool à 9.5° bouillant.
Le saccharose a cristallisé : on a recueilli 2E,6o de cristaux que le pou-
voir rotatoire identifie sûrement avec le saccharose.
Pouvoir rotatoire : «„ = -+- 66°,46
(p = o,3i66 ; v = 2.5 ; 1= 2 ; et = + i°4>')-
En résumé, comme avec les racines de Géntiana Asclepiadea L., on a
réussi à obtenir, à l'état pur et cristallisé, la gentiopicrine, le gentianose et
le saccharose.
Les résultats observés dans l'essai biochimique, notamment les indices
élevés, s'expliquent d'une façon identique par la présence démontrée de ces
composés et par la présence supposée d'un sucre nouveau.
PHYSIOLOGIE. — Action des combinaisons ai sèno- aromatiques (606 et
néo-salvarsan ) sur l hémoglobine du sang. Note de M. 11. Dammiek,
présentée par M. Dastre.
Jusqu'ici on ne s'est occupé que de l'action des combinaisons arséno-
aromatiques sur le taux de l'hémoglobine du sang au cours des injections
intra-veineuses.
J'ai pensé qu'il serait intéressant de rechercher l'action de ces combinai-
i I
(') Loc. cit.
63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
sons (606 et néo-salvarsan), sur l'état de cette hémoglobine elle-même
(oxydée ou réduite).
Voici ce que j'ai observé :
I. Dioxydiamido-arséno-benzol ou « 606 ».
J'ai expérimenté comparativement le salvarsan d'Erlich et l'arséno-
benzol Billon, qui m'ont donné les mêmes résultats, sauf sur un point
accessoire.
A. In vitro : en milieu isotonique, le dioxydiamido-arséno-benzol, préparé comme
à l'habitude pour l'injection intra-veineuse, n'a déterminé aucune modification
appréciable de l'oxyhémoglobine, même après 17 heures de contact. Pas de réduc-
tion, pas de transformation de l'oxyhémoglobine et pas d'hémolyse; en milieu hémo-
lytique, les résultats ont été les mêmes, sauf en ce qui concerne l'arséno-benzol
Billon qui, après 17 heures de contact, a montré une tendance légère à la réduction
de l'oxyhémoglobine. Cette constatation, faite dans les conditions ci-dessus indi-
quées, n'a d'ailleurs aucune conséquence au point de vue pratique.
B. In vivo : j'ai expérimenté sur le sang d'un malade qui avait reçu nne première
injection intra-veineuse 4 jours auparavant (ocs, /40) et qui, 5 heures avant la
prise de sang, avait subi sa deuxième injection (oce,5o) : il était à ce moment en
pleine crise thérapeutique avec céphalalgie, nausées, diarrhée et fièvre à 38°, 5.
L'examen speclroscopique, fait immédiatement, a montré l'oxyhémoglobine absolu-
ment normale et l'absence complète d'hémolyse.
II. Dioxydiamido-arséno-benzol-monométhylêne-sulfoxylate de soude ou
nèo-saharsan .
A. In vitro : le néo-salvarsan a une action très marquée sur l'hémoglobine du
sang; en poudre, il réduit en une minute l'oxyhémoglobine. Il y a hémolyse; en
solution usuelle, telle que le prescrit Krlich (oce,3o dans 5ocmJ d'eau distillée), il
suffit de 2cmS pour hémolyser 5cm' de sang ; avec iom' de solution, on réduit l'oxyhé-
moglobine de 5cm* de sang.
B. In vivo : j'ai expérimenté sur le lapin. Un lapin de 2ks,265 reçoit dans la veine
marginale de l'oreille o°e, 10 de néo-salvarsan solubilisés dans 20cm' d'eau distillée, le
sang est recueilli de minute en minute, après l'injection, par l'aiguille restée en
place.
Les tubes I, III, IV, V, VI ne présentaient rien d'anormal; seul le tube II a révélé
une hémolyse partielle, mais nette, vérifiée d'ailleurs à la centrifugation. Aucun des
six tubes n'a montré au spectroscope de modifications de l'oxyhémoglobine.
Enfin des examens de sang, pratiqués sur ce lapin une demi-heure et 24 heures
après l'injection, ont montré une hémoglobine absolument normale.
Conclusions. — i° Le dioxydiamido-arséno-benzol ou « 606 » paraît
dépourvu de toute action sur l'hémoglobine du sang, aussi bien in vitro
qu'ï'n vivo.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER igi3. 63l
20 Le dioxydiamido-arséno-benzol-monométhyléne-sulfoxylate de soude
ou néo-salvarsan a une action assez marquée sur l'hémoglobine.
In vitro, il hémolyse le sang dans des proportions très importantes, et
il réduit l'oxyhémoglobine. Il y a tout lieu de penser que ces deux pro-
priétés lui viennent de la présence du groupe «sulfoxyle» ajouté par Erlich
au salvarsan dans un but de solubilisation plus facile du produit et qui,
d'une manière -générale, est, chimiquement, un réducteur actif.
In vivo, la réduction ne se produit pas et Y hémolyse est extraordinaire-
ment fugace. Néanmoins, il y a lieu de supposer que, chez certains malades
présentant de la fragilité globulaire ou de l'ictère hémolytique, l'utilisation
du néo-salvarsan pourrait avoir des inconvénients; ses propriétés hémoly-
santes et réductrices pourraient entrer pour une part plus ou moins grande
dans la genèse des accidents qu'on a signalés à l'actif du néo-salvarsan.
CYTOLOGIE. — La télophase et la prophase dans la caryocinése somatique.
Note de M. V. Grégoirk, présentée par M. Guignard.
L'interprétation que nous avons proposée, en 1903 et 1906, pour les
phénomènes de la télophase et de la prophase, dans les objets à chromo-
somes assez volumineux, a rencontré plusieurs oppositions.
Deux interprétations surtout ont été publiées, qui s'écartent de la nôtre dans deux
directions tout à fait opposées. Pour certains auteurs, nos aspects de bandes alvéolaires
ou réticulaires de la télophase traduisent, en réalité, le premier début d'un authentique
clivage longitudinal, préparant, dès lors, les chromosomes-filles de la ci nèse suivante, sous
la forme de deux filaments parallèles ou entrelacés. Pour d'autres, au contraire, les
aspects télophasiques correspondent à la production, au sein du chromosome-fille, d'un
filament chromatique unique, spirale, indivis, ébauche précoce du chromosome de la
prophase suivante. La question méritait un examen nouveau, dans divers objets et à
l'aide de méthodes critiques ( fixations comparées et procédés d'observation les plus
parfaits). Aussi, pendant que nous reprenions nous-même l'étude du Triltium, du
Galtonia, de VAllium, nous avons confié à M. H. Muckermann l'examen des Batra-
ciens, à M. Lester W. Sharp celui du Vicia faba, à M. Desmet celui du Crépis virens.
Ces diverses recherches ont fourni des résultats concordants qui confirment, dans ses
points essentiels, notre interprétation antérieure et que nous voulons résumer dans
cette Note préliminaire (').
Télophase. — Les transformations des chromosomes-filles comportent des
(') Les travaux in extenso paraîtront dans La Cellule,
632 ACADÉMIE DES SCIENCES»
phénomènes d'alvéolisation, de réticulisation, de creusement de la substance
chromosomique: ils débutent parfois à un stade précoce, dès la métaphase
ou même la prophase (Trillium). Dans un chromosome télophasique ainsi
réticulisé, la substance figurée se trouve répartie suivant des dispositions fort
variées: certaines de celles-ci présentent l'apparence d'un filament spirale
unique, mais d'autres, plus fréquentes, donnent l'impression de deux
filaments chromatiques parallèles. Seulement, une observation plus délicate
montre que ce ne sont là que des aspects d'une vraie réticulisation, réalisés
d'ailleurs côte à côte dans un même chromosome. Ce ne sont que des
modalités du phénomène essentiel, et celui-ci consiste en ce que chaque
chromosome devient un réseau élémentaire, dans lequel la répartition de la
substance figurée n'est réglée que par le caprice du creusement qu'a subi
le chromosome lui-même. Une étude attentive et complète des images
télophasiques suffit donc à montrer qu'il ne s'agit là ni de la formation
endogène d'un filament spirale, ni d'une vraie bipartition longitudinale
des chromosomes-filles. On ne pourrait, dans nos objets, adopter l'une ou
l'autre de ces deux interprétations qu'en schématisant et en généralisant
certains aspects partiels des chromosomes. Seulement, c'est l'étude de
la prophase qui nous éclairera définitivement sur la véritable portée des
phénomènes télophasiques.
Prophase. — Dans nos objets, les chromosomes reparaissent, après
Vinterp/iase, non pas sous la forme de filaments régulièrement spirales, ainsi
que Bonnevie le décrit pour VAUium, mais bien sous la forme de bandes
plus ou moins réticulaires; la substance figurée s'y trouve encore fort
capricieusement répartie autour des mailles, et, si certains aspects donnent
l'impression d'une ligne chromatique spiralée, d'autres, au contraire,
simulent, à première vue, un ruban double. Ce stade de bandes est très
clair. Mais, d'autre part, il n'est pas moins évident qu'il est suivi d'un autre
stade, où chaque bande initiale donne naissance à un filament mince, long,
contourné plus ou moins en zigzag (plutôt qu'en spirale) et indivis, du
moins au début de sa formation. Ce filament ne résulte d'ailleurs, ni d'une
différenciation endogène de la bande, ni d'un rapprochement étroit des deux
bords d'une bande double; il provient simplement, ainsi que nous l'avons .
décrit, de la répartition de plus en plus régulière de la substance chromo-
somique suivant certaines travées longitudinales et transversales de la
structure primitive des bandes réticulées. C'est ce filament mince qui, à
peine formé, subit la bipartition longitudinale, et celle-ci, contrairement à
SÉANCE DU 24 FÉVRIER Ip;l3. 633
l'opinion de Bonnevie, persiste durant toute la prophase pour devenir effi-
cace à la métaphase.
Le fait même que des filaments indivis en zigzag se produisent, au second
stade de la prophase, montre que les cavités des handes prophasiques
initiales et, a fortiori, celles des bandes télophasiques, ne peuvent, en
aucune façon, être considérées comme la préparation de la division longi-
tudinale authentique des chromosomes. La bipartition longitudinale est un
phénomène prophasique. Les auteurs, qui font remonter son apparition
jusqu'à la télophase précédente, ont négligé le stade important des fila-
ments zigzagants indivis et schématisé les aspects débandes. Mais, d'autre
part, le fait que les filaments en zigzag succèdent à des bandes prophasiques
et en proviennent de la façon que nous avons dite, montre que les aspects
télophasiques ne représentent pas la préparation de chromosomes spirales,
en vue de la cinèse suivante. C'est le stade de bandes que Bonnevie
a négligé d'approfondir, en schématisant en outre les aspects de zigzag. Les
deux interprétations que nous rejetons, et entre lesquelles la nôtre se main-
tient comme dans une voie moyenne, se réfutent donc l'une par l'autre ou,
mieux, doivent se compléter l'une par l'autre.
Ces recherches nouvelles ont aussi confirmé nos conclusions antérieures
sur l'absence de spirème continu, à la télophase où à la prophase, sur l'ab-
sence de chromomères et sur d'autres points. Ajoutons enfin que le mode
de formation des filaments en zigzag, aux dépens de bandes réticulaires,
contredit l'interprétation nouvelle de Délia Valle, expliquant ces aspects
par un enchaînement de cristaux liquides de chromatine.
ENTOMOLOGIE. — Observations sur i évolution post-embryonnaire du Dytique
bordé. Note de M. L. Bounoire, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Pendant l'hiver 1912, j'ai élevé un grand nombre de larves de Dytiscus
marginalis, provenant d'eeufs pondus au laboratoire même. Ces larves,
placées isolément dans de petites cuves, furent nourries exclusivement de
vers de vase (larves de Chironomus plumosus) jusqu'à leur métamorphose.
Plusieurs d'entre elles subirent normalement leur transformation. Larves
et adultes furent pesés régulièrement, avec des précautions spéciales sur
lesquelles je ne peux m'étendre ici. La figure ci-après reproduit les courbes
de croissance relatives à deux Dytiques, un cf et une 9 , courbis d'ailleurs
634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tout à fait semblables, comme allure générale et comme particularités, à
celles obtenues pour les autres individus.
Évolution générale. — Abstraction faite de la discontinuité introduite
parla métamorpbose, chacune de ces courbes, dans son ensemble, affecte
la forme qui, d'après Houssay ([907), caractérise l'évolution de tout
organisme : « Concavité d'abord supérieure, point d'inflexion, concavité
inférieure, tendance terminale à l'horizontale. »
Ce qui est caractéristique de l'insecte métabole, c'est la concordance
presque complète de la phase de croissance avec la vie larvaire ; celle-ci,
chez le Dytique, est relativement très courte : il s'est écoulé seulement de
3o à 35 jours entre l'éclosion de mes larves et le moment où elles se sont
enterrées pour la métamorphose. La croissance est donc ici extrêmement
rapide, fait attribuable à l'alimentation Carnivore, ainsi qu'il ressort de la
comparaison avec les Coléoptères végétariens, et des expériences de
Roques ( 1 91 1) sur Limnophilus.
Mues. — La larve mue deux fois (ce nombre étant d'une fixité absolue) :
SÉANCE DU 1>4 FÉVRIER IO,l3. 635
la première mue a lieu enlre le septième el le dixième jour de la vie
larvaire; la deuxième mue, une semaine plus lard. La quantité de chitine
rejelèe chaque fois est très faible (respectivement imK et 3"'" ).
Aux mues correspondent des augmentations de poids un peu plus
accusées, mais celte accélération de la croissance lors de la mue est faible
et n'introduit pas, dans la courhe, de discontinuités très marquées. La plus
grande partie de la croissance s'effectue en dehors des périodes de mue,
l'animal doublant ou même triplant presque son poids et sa taille entre la
deuxième mue larvaire et la mue nymphale. La mue ne me paraît donc pas
avoir l'importance qu'on lui attribue d'ordinaire pour la croissance.
Métamorphose. — Ayant traversé la période (Yasilose terminale de sa vie
larvaire, période où le plus souvent son poids s'abaisse pendant plusieurs
jours, l'insecte gagne le sol ferme, s'y enfouit et se creuse à 3"u-5"" de pro-
fondeur une petite logelte où il subit la métamorphose. Il ressort à l'état
d'imago, au bout de 5o jours en moyenne, sur lesquels 35 ont été consa-
crés à la vie nymphale.
A sa sortie de terre, l'insecte accuse le plus souvent une augmentation de
poids, bien qu'il n'ait, de 5o jours, consommé aucune nourriture. Le
Tableau suivant rend compte des variations de poids subies par six Dytiques,
qui se sont normalement métamorphosés au laboratoire :
Poids
Temps avant après
passé la . la
Se\e. sous lotie. métamorphose, métamorphose. Différence,
jours iiéç mE mg
9 45 i3o5 1426 -t- 121
9 do 1371 1 .j-ji -+- 49
9 48 i348 1 428 + 80
9 -j3 i3aj r^6(j -Hi4'
9 5i i368 1204 4-i64
d1 ~>o [498 1186 +3i2
Les chiffres de la dernière colonne expriment la résultante de deux phé-
nomènes inverses : d'une part, une perte de poids due aux combustions
respiratoires, au rejet de deux cuticules, etc. ; d'autre part, une augmenta-
lion qui compense plus ou moins ces perles, et se traduit ici le plus souvent
par un gain positif. Un lel gain a été déjà constaté chez les Lépidoptères
par la comtesse de Linden, el cet auteur a démontré qu'il correspondait à
un enrichissement en matériel organique, que décèle l'analyse chimique,
C. H., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N» 8.) 81
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et qui résulte d'un emprunt de C au GO2 atmosphérique, les nymphes
d'insectes pouvant assimiler ce dernier gaz comme les plantes à chloro-
phylle ('). Il est permis de penser que cette assimilation est un fait très
général, mais habituellement masqué par la prédominance des phénomènes
antagonistes.
HISTOLOGIE. — Les corps figurés du protoplasme des œnocytes des Insectes.
Note de M. A.-Ch. Hoi.i.axde, présentée par M. Henneguy.
Les œnocytes des Insectes présentent fréquemment dans leur cytoplasme
des éléments figurés. J'ai pensé qu'une analyse microchimique de ces élé-
ments pourrait fournir quelques renseignements sur la nature de ces
« cellules énigmatiques, dont le rôle, dit Ch. Pérez (1911), est encore à
trouver, mais dont l'existence est trop générale pour ne pas correspondre;!
une fonction de première importance pour les Insectes ».
Les éléments figurés sont, suivant l'âge des cellules : 1" des grains ronds,
très petits et brillants; i>° des vacuoles à contenu difficilement perceptible;
3° des grains souvent anguleux, pigmentés en vert, marron ou jaune;
4° des cristaux le plus souvent incolores.
Les petits grains brillants apparaissent comme des grains de sécrétion ; les vacuoles,
chez les jeunes œnocytes larvaires ou imaginaux, renferment du glycogène que met
bien en évidence la solution aqueuse d'iodure de potassium iodurée; ce glycogène
disparaît des œnocytes larvaires au moment de leur résorption durant la métamor-
phose.
Les grains pigmentés ne se rencontrent pas dans les œnocytes de tous les Insectes;
chez ceux dont les œnocytes sont pigmentés, le pigment fait défaut chez l'œnocyte
jeune; ce n'est que lorsque son protoplasme a acquis la teinte uniforme et très pro-
noncée du pigment qui lui est propre, que ce pigment devient figuré sous la forme de
grains anguleux; au fur et à mesure que ces éléments prennent naissance, le proto-
plasme de l'œnocyte se décolore.
Le grain pigmenté est formé de deux substances fondamentales : le
pigment et son substratum.
Le pigment varie avec les espèces considérées; bien que présentant la
même teinte, il peut se comporter différemment vis-à-vis des réactifs.
Chez un certain nombre d'Insectes ( Vanessa urticœ Lin., Vanessa Io Lin.,
Cetonia aurala Lin., Oxythyrea sticlica Lin., etc.), le pigment, qui est
(') M. von Linden, Die Assimilationstâtigkeit bei Schmetterlingspuppen, 1 g 1 1 .
SÉANCE DU lf\ FÉVRIER IC)l3. 637
jaune, bleuit au contact de l'acide sulfurique, bleuit également en présence
de la solution aqueuse d'iodure de potassium iodurée, fournit la réaction
de Gmélin avec l'acide azotique chargé de vapeurs nitreuses ; ce pigment
est soluble dans les solvants des corps gras; il est identique à celui qui
colore les gouttes de graisses des cellules adipeuses de ces mêmes Insectes:
c'est un lipochrome présentant les réactions de la zoonérytlirine.
Le substratum des grains pigmentés est, de même que le pigment qu'il
dissout, soluble dans les solvants des graisses : étber, cbloroforme, sulfure
de carbone; soluble également dans les bases : soude, potasse, ammoniaque,
les savons alcalins; insoluble dans l'alcool éthylique à ç)6°et dans l'acétone;
il ne se colore pas par le tétraoxyde d'osmium; il est en outre fusible à une
douce température; il se répand alors dans tout le protoplasme cellulaire,
entraînant avec lui le lipochrome qu'il dissout; l'œnocyte reprend ainsi
l'aspect qu'il avait avant la formation des grains pigmentés.
In vitro, les grains pigmentés se colorent électivement par le rouge
neutre, le bleu de méthylène et le brun de Bismarck en solutions aqueuses
très étendues; ils ne présentent pas à froid décoloration avec le sudan III,
le scarlach ou l'alkanine en solutions alcooliques. On obtient les mêmes
résultats en faisant ingérer par l'Insecte, avec sa nourriture, ces matières
colorantes. Il ne s'agit pas d'excrétion par l'œnocyte, mais simplement
de phénomènes de teinture d'une substance lipoïde capable de dissoudre
ces colorants.
Les cristaux incolores sont généralement filamenteux, diversement in-
curvés, rarement lamelles; leur aspect est celui des acides gras.
J'ai observé ces cristaux chez un grand nombre d'Insectes; ils sont entre autres
bien visibles chez les œnocytes larvaires âgés des Lépidoptères: Vanessa Io Lin.,
V. urlicce Lin., Arctia villica Lin., divers Grapholita des pois; des Hyménoptères :
Nematus divers; des Coléoptères : Phytonomus arator Lin., divers Carabidœ; on les
retrouve également à certains étals chez les œnocytes imaginaux de Diptères: Scato-
phaga stercoraria Lin., Scatophaga merdaria Fabr. ; de Coléoptères : Aphodius
fime.tarius Lin., et autres Aphodius, Cetonia au rata Lin.; d'Orthoptères: Epliip-
piger terrestres Lin., etc.
Au point de vue microchimique, ces œnocytes ne fournissent pas
la réaction de la cholestérine (Io -+- SOl H2 ), ni celle de la murexide
(Az03H -+- Azll3); ils sont insolubles dans les acides sulfurique, chlorhy-
drique, azotique, acétique; également insolubles dans les bases (KO H,
!\aOH, AzH3), les savons alcalins, la solution aqueuse de CO'Na2; inso-
lubles dans l'alcool à 960, dans l'acétone; plus ou moins solubles, le plus
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
souvent insolubles dans l'alcool potassique à froid; ils sont au contraire très
solubles dans l'éther sulfurique, le chloroforme, le xylol; le létraoxyde
d'osmium est sans action sur eux, même après passage à l'alcool; ils ne se
colorent pas à froid par le sudan III, le scarlach et l'alkanine en teintures
alcooliques ou acétiques; ils sont fusibles à une faible température. Tous
ces caractères permettent de considérer ces cristaux comme étant des
cristaux de cire. En aucun cas, il ne s'agit d'urates ou de bases puriques.
J'indiquerai dans un prochain Mémoire le résultat des diverses expé-
riences que j'ai entreprises sur les œnocytes des Insectes en vue de re-
chercher le rôle physiologique de ces cellules qui apparaissent déjà comme
des cellules de réserve (glycogène) et cellules à cire.
BACTÉRIOLOGIE. — Suspensio/i dans l'air des particules virulentes obtenues
par la pulvérisation liquide. Xote de M. I'. Chaussk, présentée par
M. E. Roux.
La transmission de la tuberculose par inhalation est expliquée aujourd'hui
soit par les particules sèches (Cornet), soit par les particules liquides, ces
dernières pouvant être inhalées avant ou après dessiccation dans l'atmo-
sphère (Fliigge). Mais, si l'on recherche sur quelles bases reposent l'une et
l'autre de ces conceptions, on est frappé de ne voir produire à leur appui
aucun document expérimental démonstratif.
iNous proposant de rechercher spécialement les conditions de la conta-
gion par les voies respiratoires, nous avons dû déterminer, au préalable,
certaines propriétés des particules obtenues par la pulvérisation liquide.
Les notions préliminaires indispensables à une discussion aussi complexe
nous ont été fournies par la méthode des pulvérisations colorées : dans une
salle de Go'"', ou dans une autre de i3'"', nous avons pulvérisé, à l'aide de
l'appareil de Richardson, dans des conditions variables, une solution
aqueuse de violet de mélhyle 6B. On aura une idée de l'énergie mise en
œuvre, pour réaliser la division fine du liquide, lorsque nous aurons dit
que la vitesse de l'air, calculée d'après le débit et la section de l'orifice
pulvérisant, atteint en ce point environ i.'io"' par seconde. Le jet d'air
projette les particules horizontalement ; on obtient une projection horizon-
tale et circulaire en faisant mouvoir l'appareil, pendant l'opération, autour
d'un axe vertical. Dans nos recherches, la pulvérisation a généralement été
pratiquée à 2m au-dessus du sol.
SÉANCE DU 2/| FÉVRIER IO,l3. 63p
Les gouttelettes el particules colorées peuvent être recueillies sur des
feuilles de papier, sur des lames de verre ou dans des récipients ; en les dis-
solvant par l'alcool, il est possible d'en déterminer la densité dans les
diverses parties du local, par le procédé colori métrique.
i° Morphologie et dimensions. — Si l'on recueille les particules sur une
lame de verre chauffée, à une faible distance de l'orifice de pulvérisation,
de manière à les fixer instantanément, el si on les examine au microscope,
on constate qu'on a affaire à des sphérules et non à des vésicules; leurs
dimensions varient environ de 2^ à 2000^. Les propriétés de particules
aussi différentes par leur masse ne sauraient être identiques.
20 Transportabilité. — Au point de vue de la transportabilité, il faut
distinguer des particules extrêmement fines (2^ à iS1^), des particules de
dimensions moyennes (i.j^à 200^) et des gouttelettes relativement volu-
mineuses (^oo^ à 2000^).
Sous l'influence de l'impulsion initiale, les grosses particules sont proje-
tées jusqu'à im, 5o ou 2"'. La vitesse de l'air ayant réalisé la pulvérisation
s'abaisse très rapidement; les grosses gouttelettes continuent leur trajet en
raison de leur force vive, qui leur permet de franchir rapidement les pre-
mières couches aériennes.
Les particules moyennes ont une force vive beaucoup plus faible (on sait
de solution ont été distillés avec
de l'acide chlorhydrique à 12 pour 100. L'odeur du distillât rappelait celle
du furfurol et la phloroglucine y produisit, d'abord une coloration brun
rouge, puis un précipité qui, après 12 heures, a été filtré dans un creuset
de Gooch : il pesait 77mg, ce qui établit nettement la présence d'un
pentose.
Pour rechercher les cétoses on traita encore 25cm3 de solution par la
méthylphénylhydrazine : après 10 minutes de chauffe au bain-marie la
liqueur se troubla fortement; mais il a été impossible de séparer de la
matière précipitée et redissoute dans l'alcool aucun produit cristallisé.
L'examen polarimétrique de la solution sucrée dans un tube de 20e™ de
longueur, avec l'appareil Soleil -Ventzke, a donné une rotation de +o°,35,
ce qui correspond à un pouvoir rolatoire de [a]D= i7°,58, calculé d'après
la quantité de substance réductrice (').
(') Il est regrettable que les auteurs n'insistent pas davantage sur cette particula-
rité, car la production d'une substance active, dans les circonstances indiquées plus
haut, paraît a priori plutôt anormale. L. M.
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec l'alcool, l'acide sulfurique et une solution de naphtol, il s'est pro-
duit une coloration violette; enfin, déduction faite des cendres, on trouva
que pour 100 parties de matière organique formée il y avait :
Matière réductrice 5i ,00
Matière non réductrice 4§>95
Ainsi il est établi que sous l'influence de l'émanation du radium l'hydro-
gène et l'acide carbonique, en présence du bicarbonate de potassium,
réagissent pour former de l'aldéhyde formique qui, au contact de la potasse,
se polymérise et donne des sucres réducteurs.
Nous rappellerons qu'on n'a pas réussi à caractériser dans cette réaction
la production de formiates.
M. Emili<: Staïco adresse un Essai théorique sur la mécanique de la rnagne-
tochimie.
(Renvoi à l'examen de M. Amagat.)
Divers auteurs adressent des Notes relatives à la Baguette divinatoire.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
COMMISSIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Commis-
sions de prix, chargées de juger les concours de l'année iç)i3.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Sainlour (Sciences mathématiques). — MM. Jordan, Darboux,
Boussinesq, Lippmann, Emile Picard, Léaulé, Appell.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Humbert, Hadamard.
Prix Henri de Parville (Ouvrage de Science). - - MM. Guyon, Appell,
Darboux, Pli. van Tieghem, Emile Picard, Gautier, Alfred Picard.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Violle, Perrier, Carnot.
Prix Fanny Emden. — MM. Bouchard, Guyon, Perrier, D'Arsonval,
Emile Houx, Laveran. Dastre.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Delage, Lucas-Championnière.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER IO,l3. £>4p,
Prix Petit cTOrmoy (Sciences mathématiques pures ou appliquées). -
MM. Jordan, Darhoux, Boussinesq, Emile Picard, Appell, Painlevé,
Humbert.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Grandidier, Léaulé.
Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles). — MM. Ph. van Tieghem,
Guignard, Emile Roux, Bouvier, Dastre, Douvillé, Termier.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Perrier, Delage.
Prix Pierson-Perrin. — MM. Boussinesq, Lippmann, Violle, Amagat,
Vieille, Villard, Lecornu.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Léauté, Branly.
Prix Parlcin. — MM. Bouchard, Guyon, Emile Roux, Guignard, Lacroix,
Dastre, Termier.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Laveran, Douvillé.
Prix Eslrade-Delcros. -- MM. Darboux, Lippmann, Armand Gautier,
Fi mi le Picard, Guignard, Haller, Deslandres.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Lacroix, Baillaud.
Prix Danton. — MM. Lippmann, Violle, Amagat, Bouly, Villard,
Branly, Moureu.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. d'Arsonval, Vieille.
L'Académie procède également, par la voix du scrutin, à la nomination
de la Commission chargée de présenter une question de prix Bordin (Sciences
physiques), pour Tannée 191G.
Ont été nommés membres de cette Commission : MM. Ph. van Tieghem,
Schlœsing père, Bouchard, Gautier, Perrier, Guignard, Lacroix.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Bouvier, Dastre.
A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
I^a séance est levée à 5 heures et demie.
G. D.
65o ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 17 février 191 3.
Rotation de l'ellipsoïde hétérogène et figure exacte de la Terre, par Alex. Véron-
net. Paris, Gauthier-Villars, 1 9 1 2 ; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. G. Jordan.)
La théorie du rayonnement et les quanta. Rapports et discussions de la Réunion
tenue à Bruxelles, du 3o octobre au 3 novembre 191 1, sous les auspices de M. E.
Solvay, publiés par MM. P. Langevin et M. de Broglie. Paris, Gauthier- Viliars,
1912; i vol. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.)
Les Zoocécidies du nord de l'Afrique, par C. Houard. (Extr. des Annales de la
Société d'Entomologie de France; l. LXXXI, année 1912.) Paris, 1 vol. in-8°. (Pré-
senté par M. Bouvier.)
Les Cynipides et leurs galles, d'après le cahier de notes du Dr Jules Giraud, par
C. Houard. (Extr. des Nouvelles Archives du Muséum, 5e série, t. III, 191 1.) Paris,
Masson et Cie; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Bouvier.)
Mission Gruvel sur la Côte occidentale d'Afrique (1909-1910). — Les Crustacés
comestibles de la Côte occidentale d'Afrique, par À. Gruvel. (Extr. des Annales de
l'Institut océanographique; t. V, fasc. I). Paris, Masson et Cie, 1912; 1 fasc. in-4°.
(Présenté par M. Bouvier.)
Mollusques marins, par Ph. Dautzenberger; terrestres, par L. Germain; comes-
tibles ou industriels, par A. Gruvel. [Annales de l'Institut océanographique ; t. V,
fasc. 3 : Mission Gruvel sur la Côte occidentale d'Afrique (1909-1910).] Paris,
Masson et Cie, 1912; 1 fasc. in-4°. ( Présenté par M. Bouvier.)
Annales du Musée colonial de Marseille, publiées sous la direction de M. Edouard
Heckel; 20e année, 2e série, roe volume, 1912. Marseille, Musée colonial, 1912; 1 vol.
in-8°. (Hommage de M. Heckel.)
Notice sur les travaux scientifiques de M. André Blondel. Paris, Gauthier-Villars,
191 1 ; 1 fasc. in-4°.
Exposé sur les travaux scientifiques du £>r Landouzy; octobre 1910. Paris, Masson
et Cie, 1910; 1 vol. in-4°.
Notice sur les travaux scientifiques de M. Edouard-Alfred Martel. Paris, Masson
et Cie, 191 1 ; 1 fasc. in-4°.
Memoirs of the Department of Agriculture in India : Entomological séries ;
t. IV, n° k; Lief-histories of India n Insects. Hymenoptera, by Gobind Ram Dutt.
Calcutta, octobre 1 91 2 ; 1 fasc. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 5 MARS 1913.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET i.OMMIT.\ICAlTIO.\S
DES MEMBRES ET DES Ci iKRESPONIMNTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sur les publications de certains travaux de l'Observatoire
de Paris. Noie de VI. 15. Raillaud.
Le Volume des Observations de i i > '> [lie j'ai l'honneur de déposer sur le
Bureau de l'Académie est compo "mine ceux des années précédentes.
Il contient la suite des observations , au grand cercle méridien el aux instru-
ments de Gambey, des étoiles de longueur, implantéesperpendiculairement
aux épontes, alors que la partie axiale consiste en une pegmatite leucocrate
à grands éléments; cette zone centrale est peu développée ou prédominante
et, dans ce dernier cas, la néphéline y est parfois accompagnée de cristaux
de sodalite bleue de plusieurs centimètres de diamètre. Dans quelques
autres filons, cet ordre est renversé, l'œgyrine est localisée dans la partie
centrale, mais alors elle ne forme que de petits cristaux enchevêtrés.
L'île Roume est exclusivement constituée par un type spécial de syénite
néphélinique (à structure foyaïtique), dont les éléments colorés sont la
lâvénite, l'astrophyllite, l'aegyrine et farfvedsonite, avec en outre, comme
élément le plus récent, le fluorure de sodium, que j'ai décrit antérieure-
ment sous le nom de villiaumite et qui n'est connu que là. J'ai recueilli de
beaux échantillons de ce minéral dans des veinules à plus gros éléments
traversant une syénite à grain fin et j'ai pu trouver la preuve que, selon
mes prévisions, beaucoup de cavités miarolitiques de la syénite ont été
originellement remplies par la villiaumite enlevée aux aflleurements par
dissolution.
Je me suis attaché à l'étude des faciès de variation si remarquables que
présente la roche normale de Roume et à rechercher s'ils sont accompagnés
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de véritables filons pegmatiques. Ces derniers existent bien, mais ils sont
exceptionnels et de composition assez variée. Ln petit nombre d'entre eux
possèdent la structure grenue et sont très hétérogènes; parfois riches en gros
cristaux d'eudialyte, d'astrophyWite, d'aegyrine, etc., plus souvent ils pos-
sèdent une structure foyaïtique et une composition minéralogique simples;
les feldspaths (microperthite de microcline et d'albite) en grandes lames
blanches, aplaties suivant g*, sont implantés sur les épontes; le remplissage
de leurs intervalles est formé par de la néphéline, de l'analcime, avec fort
peu d'aogyrine, d'eudialyte, de fluorine, etc.
La manière d'être la plus générale des pegmatites est toul autre; elles
apparaissent au milieu de la syénite sous forme de traînées, quelquefois
elliptiques, plus souvent irrégulières, qui donnent l'impression d'un rem-
plissage de cavités à contours capricieux, rappelant en très grand les druses
miarolitiques du granité des Mourne Mountains, en Irlande. Parfois, à leur
voisinage, l'alignement des minéraux colorés de la roche normale jalonne
leurs contours. Il n'y a eu certainement aucune discontinuité entre la for-
mation de ces pegmatites et celle de la syénite, mais les actions pneumato-
liliques ont pris progressivement une importance de plus en plus grande,
affectant non seulement la dimension des minéraux, mais encore leur nature.
On peut comparer cette production à celle des cryptes à grands cristaux
des pegmatites sodiques et lithiques de Madagascar.
Leur disposition la plus habituelle consiste dans l'existence d'une zone
périphérique de lames de microperthite de plusieurs centimètres implan-
tées sous forme de rosettes sur la paroi extérieure. Elles enchâssent une
partie centrale de composition variable; souvent celle-ci est formée par un
mélange à grands éléments de microperthite, de néphéline, de sodalite.
d'analcimeetd'aîgyrine; cette dernière constitue des prismes atteignant i'1'",
qui apparaissent libres aux affleurements quand la roche est devenue
géodique par suite de la disparition des feldspathoides sous l'influence des
agents atmosphériques.
Dans d'autres cas, cette partie centrale est constituée par une roche de
couleur foncée, à grains moins gros et à faciès lujauvri tique ; celle-ci présente
des variations de composition bien plus étendues que celles que j'ai anté-
rieurement décrites; elle oscille entre un type très riche en aegyrine acieu-
laire, dépourvu d'eudialyte, et un autre essentiellement formé par ce
minéral, en voie de transformation en catapléite. En général, le passage
entre ces lujaurites et la bordure felspathique n'est pas brusque; il est
SÉANCE DU 3 MARS Ip,l3. 65^
formé par une zone irrégulière, se prolongeant en veinules, de roches à
grain moyen ou bien très chargées en néphéline et en œgyrine ou bien
très feldspathiques et renfermant alors en abondance de grandes lames
d'astrophyllite. Ces faciès de variations sont une source remarquable de
beaux échantillons minéralogiques.
L'association intime de pegmalites et de lujaurites est une modalité
particulière des relations génétiques existant entre les liions distincts de
pegmatite et de tinguaïte riche en aïgyriue. qui s'entrecoupent mutuelle-
ment. J'ai observé, en effet, dans de tels filons, des passages structurels et
minéralogiques entre la lujaurite et la tinguaïte compacte. Quand un filon
tinguaïtique rencontre une poche pegmatique. sa matière la remplit parfois,
mais elle y prend des particularités spéciales; tel est le cas d'un filon mince
d'une tinguaïte renfermant de petits rhomboèdres d'eudialyte et qui, à la
traversée d'une poche pegmatique, prend des phénocristaux d'eudialyte de
2cm de diamètre d'aegyrine, de feldspath, etc.
Enfin, la côte occidentale de l'île présente de grandes surfaces syéni-
tiques, balayées par la mer, qui possèdent une structure orbiculaire
remarquable. Des taches foncées, qui ne sont autre chose que la syénite
normale, un peu plus riche en éléments colorés, sont comme encastrées
dans de larges rosettes régulières de pegmatite très feldspalhique. C'est, en
somme, une manière d'être particulière des pegmatites précédentes.
La syénite de Roume est traversée par un très petit nombre de filons
basiques (camptonites, monchiquites), parmi lesquels s'en trouve un tout à
fait remarquable en ce qu'il est séparé de ses deux épontes par une tinguaïte
porphyrique. Cette association, dans un même filon, de ces deux types de
roche de composition extrême n'est pas due à une différenciation effectuée
sur place; la tinguaïte a l'ait intrusion d'une façon symétrique entre la
monchiquite et la syénite, elle a profondément corrodé la roche basique et,
à son tour, a été endomorphisée, surtout autour de nombreuses enclaves,
elles-mêmes métamorphisées. La pointe de Topsail renferme un filon mixte
analogue, mais dans lequel la roche leucocrate parait être une microsyénile.
C'est là la reproduction, mais dans une fissure filonienne réouverte, de
phénomènes de l'ordre de ceux que j'ai observés l'an dernier à Nosykomba,
sur la côte nord-ouest de Madagascar, où des gabbros essexitiques sont
envahis par une syénite néphélinique leucocrate, qui devient bréchiforme
et s'endomorphise par englobement et digestion de débris de la roche
bisique traversée.
658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les très nombreux échantillons recueillis (' ) aux îles de Los me permet-
tront d'étudier en détail dans le laboratoire ces intéressantes transformations
et de compléter en outre la connaissance des diverses roches dont il est
question dans cette Note.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une méthode catalylique d isomë risation des
chlorures et bromures forme niques. Note de MM. Paui. Sabatier et
A. Mailhe.
Il y a quelques années, nous avons indiqué que divers chlorures métal-
liques issus de métaux plurivalents, jouissent de la propriété de dédoubler
facilement par catalyse, vers a5o0, les chlorures forméniques primaires en
carbures éthyléniques et acide chlorhydrique (2). Le chlorure de baryum
convient très bien pour produire cette réaction. Le chlorure de thorium
anhydre la réalise encore plus activement.
De la même manière, les bromures de ces métaux réalisent aisément
vers 25o° le dédoublement des bromures forméniques primaires en carbures
éthyléniques et acide bromhydrique.
Ces dédoublements permettent de passer très facilement des chlorures
bromures forméniques primaires à leurs isomères secondaires ou tertiaires.
Dans un long lube de im, placé sur une grille à combustion, on dispose d'abord
une traînée de chlorure de thorium ou de chlorure de baryum anhydre d'environ 35cm,
puis, au delà d'un petit tampon d'amiante, une traînée de 5orl" de pierre ponce gra-
nulée. Le chlorure métallique étant chauffé au voisinage de 200°. la ponce vers 2000,
on introduit le chlorure forménique primaire à la partie antérieure du tube, par le
procédé ordinaire du tube capillaire. Ii se dédouble au contact du chlorure de thorium
en carbure élhylénique et gaz chlorhydrique. qui viennent se recombiner en majeure
partie au contact de la ponce : cette recombinaison ne reproduit pas le chlorure pri-
maire primitif, mais donne seulement le chlorure isomère secondaire ou tertiaire. Un
réfrigérant, placé au bout du tube, permet de condenser ce dernier chlorure, ainsi que
les portions de chlorure primitif non transformé. On les sépare par fractionnement.
Ainsi le chlorure d'isobutyle (CH:,)'-GH.CH2Cl (bouillant à 68°,5) se
(') Notre fructueuse exploration de ces îles n'a été possible que grâce aux facilités
exceptionnelles de transport et de main-d'œuvre mises à ma disposition par M. le
commandant Auberl, directeur des travaux publics de la Guinée, et à l'obligeance de
M. Serand, qui nous a servi de guide éclairé.
{■) Paul Sabatier et Mailhe. Comptes rendus, t. 141, igoô, p. 238.
SÉANCE DU 3 MARS igi3. ^39
transforme, avec un rendement immédiat supérieur à ^o pour ioo, en chlo-
rure tertiaire (CH3)* CCI (bouillant à 5i°-52°).
Le chlorure d'isoamyle (CH3)2CH.CH2. CH2 Cl (bouillant à ioo°-ioi°)
fournit de même 5o pour ioo de chlorure secondaire (CH3)2.CH.CHC1.CH3
(bouillant à 900), accompagné d'une certaine proportion du chlorure ter-
tiaire (CH3)2.C Cl. CH2.CH!( bouillant à 86°).
La transformation des bromures forméniques est encore plus avantageuse
que celle des chlorures, parce que la recombinaison des carbures éthylé-
niques est plus rapide avec l'acide bromhydrique qu'avec l'acide chlorhy-
drique. On opère de la même manière en remplaçant le chlorure métallique
anhydre par le bromure correspondant.
Le bromure de propyle CH3.CH2. CH2. Br (bouillant à 7 1°) fournit de
suite 25 pour 100 de bromure d'isopropyle (CH3)2CHBr, qui bout à
59°-Go°.
Le bromure dHsobulyle (CH3 )2.CH. CH2Br (bouillant à 9i0-920) fournit
avec un rendement de 60 pour 100 le bromure tertiaire (CH')3CBr
(bouillant à 720).
Le bromure d'isoamyle ( CH» )2 CH. CH2 . CH2 Br ( qui bout à 1 1 8°- 1 200 )
fournit, par un premier passage dans le tube, un mélange du bromure
secondaire (CH3)aCH. CHBr.CH3 (bouillant à n4°) et de bromure ter-
tiaire (CH')2.CBr. CH2.CH3 ( bouillant à 108"). Ce mélange, soumis à un
nouveau passage dans le tube, fournit le bromure tertiaire à peu près pur,
avec un rendement définitif qui peut atteindre 73 pour 100.
GÉOLOGIE. — Observations sur V histoire géologique pliocène el
quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe (2e Note). Note
de M. Charles Depéret.
IL Période quaternaire. — Dans une Note antérieure consacrée à
l'histoire pliocène du golfe de Corinthe {Comptes rendus, 10 février I9i3),
j'ai montré que la fin de la période pliocène (Pliocène supérieur ou Cala-
brien) est caractérisée dans cette région par une régression marine très
importante. En particulier, du côté de l'Adriatique, la mer a dû se retirer
jusqu'au delà des Bes Ioniennes, car à Zante et à Corfou, Th. Fuchs a
signalé, au sommet des marnes pliocènes, d'épaisses couches de gypse (pro-
duit d'évaporation de la mer) surmontées par des conglomérats fluvio-
marins, identiques à ceux du Péloponèse, et, selon toute vraisemblance, en
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 156, N» 9.) • 8/j
660 ACADÉMIE DES SCIENCES.
connexion avec eux. J'ai été ainsi amené à penser que, sur l'emplacement de
l'ancien bras de mer corinthien remblayé et surélevé, s'était constituée, dès
le début des temps quaternaires, une dépression continentale, réunissant,
sur une longueur de Hoo1"", la Grèce continentale avec le Péloponèse et
les Iles Ioniennes. S'il en est réellement ainsi, on doit s'attendre à retrouver,
dans cette vallée corinthienne, les traces des phénomènes de creusement el
de remblaiement, avec formation de terrasses, qui caractérisent partout
l'histoire des vallées fluviales.
Les preuves en faveur de cette hypothèse sont de plusieurs ordres :
i" Il n'existe, dans la région considérée, aucune trace de dépôts marins
correspondant aux époques quaternaires les plus anciennes ('). Les seuls
dépots marins connus appartiennent, on le verra plus loin, à l'horizon rela-
tivement récent des couches à Strombus mediterraneus.
2° La faune terrestre du (Quaternaire ancien a pu émigrer dans le Pélo-
ponèse, alors réuni au continent, comme en témoigne la belle découverte
faite par M. le professeur Scouphos, dans le bassin de Mégalopolis, d'un
riche gisement où ce savant a recueilli : Elephas antiquus var., Gortymensis
n. var., Ilippopotamus amphibius. Rhinocéros Mercki, Bos du type primi-
genius, etc. (Collections de l'Université d'Athènes).
3° Enfin, preuve plus directe, on observe sur le bord de l'ancienne vallée
corinthienne des terrasses fluviatiles étagées, indiquant les temps d'arrêl
dans le creusement progressif de la vallée.
Cette question des terrasses du golfe de Corinthe mérite un examen
détaillé, parce que ces terrasses, parfaitement observées et décrites par
M. TSégris, ont été interprétées par ce savant géologue comme des terrasses
d'érosion marine, fournissant la preuve d'une grande régression continue de
la mer quaternaire, depuis les hautes altitudes de plus de iooo"' jusqu'au
niveau du rivage actuel.
(') Les travaux récents de MM. de Lamothe, Depérel, Giguoux, ont montré que Je
Quaternaire marin de la Méditerranée occidentale comprend la série des époques sui-
vantes à partir du Pliocène supérieur :
i° Série de niveaux marins étages à plus de ioom au-dessus des rivages actuels;
2° Horizon sicilien à faune froide : ligne de rivage à o,om d'altitude environ;
i" Horizon fie Milazzo et de Nice : ligne de rivage à 6om d'altitude environ ;
4° Premier horizon à Strombus mrdilerrancus : ligne de rivage à 3ou'-35m d'alti-
tude environ;,
5° Deuxième horizon à Strombus mediterraneus : ligne de rivage à i5m-20m d'alti-
tude environ.
SÉANCE DU 3 MARS IÇ)l3. 66 1
En jetant un coup d'œil sur les rives du golfe de Corinthe, et spéciale-
ment sur la rive sud, on ne peut manquer d'être frappé du grand nombre
de replats qui interrompent les pentes raides des marnes et des conglomérats
pliocènes. Mais ces replats ont des origines 1res diverses : les uns sont dus
simplement à la mise à nu par l'érosion des bancs de poudingues durs
intercalés dans les marnes; d'autres sont attribuables, comme l'a bien noté
M. Pbilippson, à des failles en gradins qui affectent le Pliocène et se tra-
duisent par des marches d'escalier géantes dont la surface est généralement
constituée par un banc résistant de conglomérat. Ces deux catégories de
replats, de beaucoup les plus nombreux, se reconnaissent aisément soit à la
pente du replat dirigée vers le Sud, en sens inverse de la mer, soit à l'irré-
gularité de pente de la surface plus ou moins gauchie des compartiments
failles, qui se raccordent même parfois entre eux par une de leurs extrémités.
Ces replats ne comportent à leur surface aucun revêtement de cailloutis
alluviaux.
Mais une troisième catégorie de replats, parfaitement distingués par
M. Négris, présentent de tout autres caractères : leur pente, inclinée au
Nord vers la mer, est entaillée en discordance dans les marnes ou les con-
glomérats pliocènes dont les bancs plongent le plus souvent en sens inverse
delà terrasse; en outre, ces replats sont recouverts par des lits parfois épais
de cailloutis meubles, à éléments tantôt bien roulés, tantôt plus ou moins
anguleux, emballés dans une gangue brune ou rougeàtre. .l'ai retrouvé dans
ces cailloutis tous les caractères habituels des af/uvions torrentielles et flu-
viales et je ne puis y reconnaître avec M. Négris, des plates-formes d'érosion
marine. La présence de coquilles marines, telles que le Cardium edu/e, de
C/adocora ou de galets perforés par les lithophages, signalés en plusieurs
points par M. Négris, s'explique aisément par le remaniement ou l'éboule-
ment presque sur place des marnes et conglomérats marins qui forment le
substratum des terrasses et les pentes qui les dominent. Nous avons nette-
ment constaté ce remaniement avec M. Négris pour la terrasse de Kastritsi.
Je n'ai pu malheureusement étudier moi-même tous ces nombreux lam-
beaux de vallées suspendues du golfe de Corinthe. Cependant M. Négris a
bien voulu me conduire sur celles de ces terrasses qu'il considère comme
les plus typiques, en particulier sur les deux lambeaux si bien conservés de
Kastritsi, au-dessus de Rhion, dont l'un s'étend sur ikm de large de la cote
6o4m à la cote 585m, avec une faible pente au Nord d'environ 2 pour 100. Il
s'agit là, à mon avis, d'une terrasse formée par des rivières s'échappant du
massif du Voidias, et qui devait se raccorder, vers l'axe de la grande vallée
662 ACADÉMIE DES SCIENCES.
corinthienne, à un thalweg principal Est-Ouest, à l'altitude approximative
de 4oo,u à 45om.
Dans la même région, et en descendant sur Patras, j'ai noté, à des niveaux
inférieurs, des lambeaux très nets de deux autres terrasses alluviales, l'une
vers 55om, l'autre vers 35om. A l'ouest de Patras, sur la rive gauche de la
vallée de Lenka, j'ai observé sur le flysch un lambeau assez étendu d'une
belle terrasse fluviale, à l'altitude moyenne de 190™, et dominant d'une
centaine de mètres le thalweg de la vallée actuelle.
En m'aidant de ces observations personnelles et des beaux travaux de
M. Négris, j'ai essayé de me faire une idée d'ensemble de la série des ter-
rasses d'alluvions qui marquent les temps d'arrêt dans le creusement de la
vallée quaternaire corinthienne. Les plus élevées de ces terrasses paraissent
se trouver dans la région du Mavron-Oros, qui répond justement au maxi-
mum de surélévation des dépôts pliocènes. M. Négris y signale au nord de
(ielini des terrasses d'alluvions rouges, discordantes sur le Pliocène, à
l'altitude de 910"" et 907™. Il semble rationnel de penser que cette région a
pu constituer un seuil transversal avec double pente à l'Est et à l'Ouest, et
cette hypothèse parait confirmée par l'abaissement des terrasses dans ces
deux directions.
Vers l'Ouest nous trouvons en effet les chiffres de 7oom au-dessus d'Egion
et de 600"' autour du mont Voidias. Cette même terrasse de 6oom se retrouve,
selon M. Négris, sur la rive nord du golfe, en demi-cercle autour du mont
Rigani et inclinant au Sud vers l'axe du golfe, c'est-à-dire en sens inverse
des terrasses de la rive sud, fait important pour la démonstration que je
poursuis. Vers l'Est, M. Négris signale les niveaux maxima de 836™ à
Zemeno, de 743'" à Mikri-Vatsa, de 642'" au mont Spiria, de 533m au mont
Phouka, et de V^o"1 au mont Sicyone.
En dehors de ces niveaux élevés, M. Négris indique de nombreux lam-
beaux de terrasses à des niveaux inférieurs, en rapport évident avec le
progrès de l'érosion de la vallée. Il est vraisemblable que cet abaissement
graduel du niveau de la vallée a eu pour cause un abaissement corrélatif du
niveau de basse marine, fait qui est bien établi dans la Méditerranée occi-
dentale. Mais il serait nécessaire de suivre en détail tous ces niveaux de
terrasses pour en faire un raccordement précis et tracer l'histoire détaillée
du creusement de la vallée corinthienne : c'est là un travail de longue
haleine bien fait pour tenter la patience de nos confrères d'Athènes.
Cette œuvre d'érosion continentale a dû en tous les cas se poursuivre
pendant une longue durée des temps quaternaires et a été seulement inter-
SÉANCE DU 3 MARS ip,l3. 663
rompue par une phase de transgression marine qui correspond à l'horizon des
couches à Strombus mediterraneus. A ce moment la mer, par un mouvement
positif des plus nets, pénètre dans la vallée corinthienne à la fois par ses
deux extrémités, à l'Est par l'isthme de Corinthe, à l'Ouest par la région
de Patras. L'histoire de cette transgression marine fera l'objet d'une Note
ultérieure.
ELECTIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à l'élection d'une Commis-
sion de six Membres qui devra présenter une liste de candidats à la place
vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Teis-
serenc de lïort .
Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président
de l'Académie, doit comprendre : deux Membres de la Division des Sciences
mathématiques; deux Membres de la Division des Sciences physiques:
deux Membres de la Section des Académiciens libres :
MM. Appei.l, Iîaii lu i>. pour la Division des Sciences mathématiques ;
MM. Gautier, Guigxard, pour la Division des Sciences physiques;
MM. de Freycixet, Labre, pour la Section des Académiciens libres, réu-
nissent la majorité des suffrages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section de Chimie, en remplacement de M. Ladénburg,
décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant (7-
M. Barbier obtient 41 suffrages
M. Charpy » 6 »
M. Barbier, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Cor-
respondant de l'Académie.
664 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
M. Jules Welsch adresse un Rapport relatif à l'emploi qu'il a fait de
la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bonaparte en 191 2.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Observatoire royal de Belgique. Service astronomique. Description
des installations du Service de l'Heure, par II. Piiilippot et E. Delporte.
■2° Muséum d'Histoire naturelle de Genève. Catalogue illustré de la
Collection Lamarck.
MM. A. Chantemesse. A. RosENSTiEiiL prient l'Académie de vouloir
bien les compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la
Section des Académiciens libres, par le décès de M. Teisserenc de Bort.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le rendement lumineux du corps noir aux
températures élevées et sur celui des étoiles. Première application à Arcturus
et Véga, Note de M. Charles Nordmann, présentée par M. J. Violle.
L'opinion courante d'après laquelle le rendement lumineux ( rapport du
rayonnement lumineux au rayonnement total) des corps incandescents et
en particulier du corps noir augmente indéfiniment avec la température,
est erronée, comme il est facile de le voir.
Considérons, en eilet, le rayonnement lumineux d'un pareil corps. J'ai
montré {Comptes rendus, t. 150, p. 449) que 'a loi expérimentale d'après
laquelle cet éclat varie sensiblement comme l'intensité de la longueur
d'onde du maximum de luminosité (o^, 54), loi vérifiée depuis longtemps
pour les températures réalisées au laboratoire, est applicable aussi aux tem-
pératures élevées du Soleil et des étoiles les plus cbaudes. Par suite, l'éclat
est, d'après la loi de Planck, proportionnel à -g , où T est la température
SÉANCE DU 3 MARS IÇ)l3. (565
absolue el Iv = ' .V ' = 27000. L'énergie totale étant donnée par la loi de
Stefan, le rendement lumineux peut donc être exprimé (A étant une
constante) par
0 R = 7-k-^
Or, en dérivant cette expression par rapport àT, on trouve que sa dérivée
s'annule pour une (et une seule) valeur 0 de T, telle que
,.H= .
K
h.
D'où l'on tire tt — 3, 92 ( en appliquant au lieu de la loi de Planck celle de
Wien qui n'en est qu'une première approximation, on aurait trouvé 4 au
lieu de 3,92), et finalement 0 = G43o°.
Le rendement lumineux du radiateur intégral augmente donc jusqu'à
cette température pour laquelle il est maximum pour décroître ensuite a
mesure que la température s'élève et s'annuler pour une température infinie.
La valeur de 0, qui correspond au rendement lumineux maximum, est très
voisine de celles qui ont été trouvées par diverses méthodes pour la tempé-
rature effective du Soleil: il est naturel de penser que cela est dû à l'accom-
modation séculaire oplirna de la rétine pour la lumière solaire. M. Féry
avait déjà émis la même hypothèse à propos de la position du maximum de
luminosité du spectre du Soleil.
J'ai calculé au moyen de la relation (1) diverses valeurs de R correspondant aux
températures effectives que j'ai trouvées pour un certain nombre d'étoiles en utilisant
mon photomètre stellaire liétérochrome (Comjites rendus. 6 décembre 1909 el passirri)
et construit une courbe représentative. Le rendement lumineux du Soleil est d'après
ce qui précède supérieur non seulement à celui des étoiles plus froides, des types
compris entre G et M de Harvard, mais aussi à celui des étoiles plus chaudes (coin-
prises entre les types A. et G ). Pour ne prendre que deux exemples, le rendement
lumineux correspondant à la température de p Persée (type Mb. température effec-
tive 28700 A.) est inférieure à y de celui du Soleil, qui par contre est presque le double
(exactement i,8 fois) du rendement lumineux correspondant à la température effec-
tive de (3 Persée (type B 8, température effective i33oo°A.).
M. Nichols a fait naguère (Astroph. Journal, l. AI1J, p. 101), au moyen
d'un radiomètre ultra-sensible adapté à un puissant télescope, des mesures
comparatives du rayonnement total d'Arcturus et de Véga, et trouvé que
666 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la première de ces étoiles a un rayonnement 2,2 fois plus intense que la
seconde. Ce résultat nous permet de faire dès maintenant une application
imprévue des considérations précédentes. On sait en effet, d'après la
moyenne des mesures photométriques de Potsdam et de Harvard (voir
Harvard Bevised Pholometry et Photometrische Durchmuslerung) que les
éclats apparents d'Arcturus et de Véga sont très exactement égaux. De ce
fait et du résultat de Nichols, on déduit que le rendement lumineux de
Yéga est 2,2 fois plus grand que celui d'Arcturus. Or en partant de là et
de la température effective ( i2200°A.) que j'ai trouvée pour Véga, et en
utilisant la relation (1), on peut en déduire que la température effective
d'Arcturus est voisine de 34oo° A.
Cette valeur est bien conforme à ce qu'on pouvait présumer d'après le
spectre d'Arcturus qui est analogue à celui du Soleil, mais plus chargé en
raies et avec déjà l'esquisse de quelques bandes, ce qui depuis longtemps
avait fait attribuer à cette étoile une température inférieure à celle du
Soleil.
La courbe représentative des diverses valeurs de R données par la relation (1)
permet d'ailleurs, en partant du résultat de Nichols, et même en supposant inconnue
toute donnée sur la température de Véga, de déterminer une limite supérieure de la
température effective d'Arcturus : puisqu'en effet le rendement lumineux de Véga est
nécessairement inférieur à la valeur maxima de R, on trouve immédiatement que, sur
la branche ascendante de la courbe, la température qui correspond à un rendement
égal à — fois celte valeur maxima est égale à 8900° A. Ce nombre représente donc
une limite supérieure de la température effective d'Arcturus.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux réciproquement dérives .
Note de M. Tzitzéica.
1. Considérons un réseau conjugué (ne) décrit par le point x de coor-
données projectives a,, x2, ..., xn+i. Ces n -+- 1 fonctions de u et <> vérifient
une équation de Laplace de la forme
à- x i).r . dx
1 ) -r -h Cl h b -r- + CX = O.
du t/c au de
Prenons l'expression
, > / àx dx
(2) x'=/j- \-q-^- + rx
v ' ou dv
SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 667
telle que le second membre s'annule lorsqu'on remplace x par deux solu-
tions pafticolières de (1). Alors, aux »+ 1 coordonnées de #,(2) fera
correspondre les n -+- 1 coordonnées x\ d'un point x', qui décrira un
réseau conjugué (x') : un réseau dérivé de (x). Soit
à1-?' .du-1 ,,dx: , ,
(3) -r — r- -+•«'-; hi'-r H-c'a;'=o
l'équation de Laplace vérifiée parles a/, on a les relations suivantes :
, , s f ' dp . , , 1 dq
(4) a— a -\ é-=o, b—b+--rl-—o.
p dv q au
2. Cela étant, je suppose maintenant que le réseau (x) aussi est un
réseau dérivé du réseau (x'). Je dirai alors que les réseaux (x) et (a?') sont
réciproquement dérivés. Les xt et les x\ vérifient dans ce cas non seule-
ment (2), mais aussi la relation suivante :
. _. , dx' . dx' , ,
(5 . x = p' - h q' — h /' .' ,
ou av
les fonctions/)', q', r' étant choisies de manière que le second membre
s'annule pour deux solutions particulières de (3). On a alors des relations
analogues à (4)
(6) „_a<+-L^=o, 6_6'+JL^;=o. .
v ' p' âv q au
De (4) et (6) on tire
pp' = V, '/7'=N-
U et V étant respectivement des fonctions seulement de Met de v, toutes les
deux différentes de zéro.
Remplaçons maintenant dans (5) v' par son expression (2), nous
obtenons une équation de la forme
, , d2x à'-.r . dx . dx n
(7) U— ; + V-j— + A— -+- B— + Cj; = o,
w' du2 di' du av
et en faisant l'opération inverse, on trouvera pour x' une équation ana-
logue
... ..^.r' ., dlx' .,dx' dx' r, ,
v ' du- d\- du dv
On tire de là les résultats suivants :
C. R., 19 1 3, "1" Semestre. (T. 156, N° 9.) ^5
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les réseaux, réciproquement dérivés, s'ils existent, sont contenus dans un
espace à trois dimensions. Ils sont tous les deux isothermes conjugués. La
droite xx' qui joint les points correspondants de ces réseaux forme une con-
gruence W.
2. Je me propose de démontrer maintenant que les deux réseaux (x)
et (oc') réciproquement dérivés sont des réseaux R, c'est-à-dire des réseaux
conjugués dont les tangentes forment, toutes les deux, des eongrueneesW.
A cet effet, il suffit de démontrer qu'il y a correspondance des lignes
asymptotiques entre le réseau<(a;) e.l le réseau (O, déduit de (a;) par une
première transformation de Laplace. Les coordonnées de i s'obtiennent de
celles de x à l'aide de l'expression
(9) 'i = 77r-bx-
Nous considérons en même temps le réseau (?) déduit de la même
manière de (x') à l'aide de l'expression
i)v'
do) i>=™- + b'x:
<)tt
Or, le réseau (x') étant un réseau dérivé de (a;), le point :' se trouve
dans le plan tangent de H (voir ma Note du 3 février i<)i3), on a donc
dl dt
En remplaçant dans cette relation : et rd par leurs valeurs (9) et (10),
et x' par sa valeur (2), on trouve une équation de la forme
P-n + Qj 1- Ra? = o
ou- ou
qui, devant être vérifiée par j:„ x2, r., et x. (actuellement n = 3), on
a P = Q = lî = o. La première de ces trois égalités donne
(") Pi=p;
la deuxième et la troisième, par l'élimination de r,,
/.,,, = S,
k étant le second invariant (-j- -+- ab — c\ de (1) et S une expression dont
nous trouverons immédiatement une autre forme. Écrivons que x' de (2)
SÉANCE DU 3 mars io,i3. 66g
vérifie (3), on doit trouver une identité. En écrivant que le coefficient
de -T- est nul, on obtient
S — *'g,
/>' étant le second invariant de (3). On a donc finalement
(i») />/,= /■ y. ■
Or, le réseau i x ) étant lui aussi un réseau de i ,t i. on aura
. dt ■ ai'
et en faisant les mêmes calculs que précédemment, on trouvera néces-
sairement
(i3) /'',=/>'- k'. cos >
// jï* ■?. la
r. ~ — u -*- /t
Par conséquent, l'inégalité |'C(E,Y] )| < M entraine
|A,|<2M.
2. Quand on fait croître n indéfiniment, le développement de F(x, y)
converge, comme une progression géométrique, dans tout carré (C) con-
centrique, liomothétique et intérieur à (G).
Soit Fm(x, y) la fonction obtenue en négligeant, dans l'expression de
F (a?, y), tous les termes dont l'indice k est supérieur à m. Il est possible de
prendre m assez grand pour que les inégalités
l-rl<.°- \y\ (o
k, (a'k par leurs limites supérieures (4), les fonctions
F(x, y), Fm(;r, y) se transforment en des fonctions harmoniques V(jj, y),
Vm(x, y). La fonction V(x, y) est égale à F(x, y) sur le périmètre du
carré. L'inégalité
(6) |V(J-.j)-V„,(x, r)|<£
a lieu dans les mêmes conditions que (5). Le nombre m ayant été déter-
miné par ces conditions, il est possible de trouver un nombre n\ tel
que n > n' entraine
(7). \Fm{*,y) — V,„(a:, jO|y définis sur les nœuds du réseau par la condition de satisfaire à l'équa-
tion (1) et de prendre sur les nœuds de la frontière les valeurs de la
fonction '((!;, yj); 20 une fonction V(a?, y) harmonique dans le carré cl
prenant les mêmes valeurs sur les nœuds de la frontière. Quand la densilé
du réseau croît indéfiniment, la différence zx , , — V(.r, v) tend uniformé-
ment vers zéro dans tout carré (C ) concentrique, homothétique et intérieur
à (G).
La fonction harmonique V dépend d'ailleurs en général du réseau (R)
et ne tend vers une limite déterminée que dans les cas où la fonction
bornée £(£, yj) est intégrable ou au moins sommable sur le périmètre du
carré.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la meilleure approximation de \ocfs'hi par
des polynômes de degrés indéfiniment croissants. Note de M"e Tu. Tahna-
rider, présentée par M. Emile Picard.
Les méthodes développées par M. S. Bernstein dans ses récents travaux
sur la détermination de la meilleure approximation de \x\ par un polynôme
de degré donné n (et en particulier lorsque n croît indéfiniment) (') sont
applicables à la résolution du même problème pour la fonction | rt? j^^^-» ^ou
s est un nombre entier positif).
Je me propose d'indiquer les résultats que j'ai obtenus dans cette voie.
1. Pour déterminer une borne supérieure de la meilleure approximation
E2„|;r|-S"M de ].t?|2t+l sur le segment (— 1, +1) par un polynôme de
degré in (-), on considère le polynôme R,( x) de degré 2«, s'annulant pour
(') Mémoire couronné par l'Académie de Belgique (2'' série, t. N). et le Mémoire
dans les Acla math., t. XXXVU, donl M. Bernstein a bien voulu me communiquer les
épreuves..
{-) Il résulte des travaux de M. S. Bernstein que E„ | œ |u+1 est exactement de
l'ordre -4-r-
SÉANCE DU 3 MARS I<)l3.
673
x = o et égal à j x -!"M aux points
xk
— coa ( k H — ) — ( A- = g, 1, 2.
\ a/ a*
>« — 1),
racines du polynôme T(a?) = cos2 «arc cos.r,
R,(*) =
O-'Ï(JS)
2(-
si n (/.-+--) — cos2s (# + -) —
u. \ ■'■ -m \ 3 / a »
cos ( /r
a ' 2 /(
-2<-o*
si n ( /.H ) — COS2"' ( /. H ) —
• n
2 / 2 «
X — .-us A -(-
U
L'étude de la différence | x \ls+* — lis(x) peut être de la façon suivante
ramenée au cas s = o étudié par M. S. Bernslein.
On a
i = .' ■ 1
|A-r-^'-K,(x) = ^[|x|-ii(.r)]-;- V asKf-i-i j>* R, (.*■)_ R,+1 (.,■)],
où ll(i») = R0(.r'), et il est facile de montrer que
où limr,= o et les nombres y* sont déterminés par les relations récurrentes
<:;:-
y:
//* ! ( /; — ni ) !
D'où, en tenant compte de la relation (' ),
a|-R(*) = î^l[F(v) + M.
ou
:(<0 = >•/'
rfs.
et 3,4 tend uniformément vers zéro lorsque n croit indéfiniment; on trouve
(')
x -'« ' - M*) = a«* ^^ [F,( ,-) + «„],
(') S. Bernsïein, -~ki« math., t. XXXVII.
674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU
/ l=S-l
et a„ tend uniformément vers zéro lorsque n croît indéfiniment (' ).
Partant de la relation (1), on peut achever la détermination de la borne
supérieure de E2n[a:| 2S+' par la méthode de M. S. Bernstein.
J'ai ainsi obtenu, par exemple,
.^ , ., o,65
pour des valeurs suffisamment grandes de n.
2. La méthode employée par M. Bernstein pour déterminer une borne
inférieure o de E2n|a-| conduit, dans le cas de |a;|2*+,,à une expression de la
borne inférieure p2s+i de E2n|a-|2,+I que l'on peut également ramener au
cas 5 = 0 par des transformations analogues aux précédentes. On trouve
ainsi :
V, ' / 7ï/./ 7Ï£, '
a* 'XT'
PMti~jU«
ou
lim [«2s+1(p'2.(+, — pîf+i )] = o,
h,=
(ÀÎ-i)(ÀÎ-a»)....[X?-(«,-i)«]
(>?-Xï)(Xî-ÀÎ).,.(X?-A3L1>(AÎ-X^1)...(A/-Ai)'
(j-K^z=i-i + 6,.<0i
les nombres [jl satisfont aux relations récurrentes
(=/.-
et où l'on choisit les nombres A,- dé façon à obtenir une valeur aussi grande
que possible de p',l+l.
(') M. S. Bernstein ayant obtenu celte relation par un autre raisonnement, m'a fait
remarquer que is"').,— est le développement (divergent) de F(c) suivant les
puissances négatives de c.
SÉANCE DU 3 MARS 10,l3. 6^5
Prenant
ï0—2, À, = O,0, )..,= I,4,
on trouve par exemple
E2„|xP>0'54
(2rt)3
pour des valeurs suffisamment grandes de n.
théorie des nombres. — Sur les nombres déclasses des formes quadratiques
binaires positives. Note de M. Jacques Chapelon, présentée par
M. G. Humbert.
M. Humbert, étendant une méthode d'Hermite, a établi dans le Journal
de Mathématiques (1907) diverses formules relatives aux nombres de
classes des formes quadratiques binaires et positives, en utilisant les relations
de la transformation du troisième ordre pour les fonctions thêta. En parti-
culier, il a obtenu des formules donnant, avec les notations de Kronecker
et d'Hermite, les sommes
(I) 2F(4N — a?) et 2F,(4N — .z-2),
où x est un entier de signe quelconque, congru soit à 3, soit à ± 1
(mod 6).
Il a donné de même, en fonction des diviseurs de N, les expressions des
sommes
(II) 2F(N-^) el 2F,(N— x*),
où x est congru soit à ± 1, soit à o (mod 3).
Je me suis proposé d'obtenir, relativement au module .*>, des formules
analogues, ne rentrant pas dans celles de M. Gierster.
Je m'appuie, pour cela, sur les formules de la transformation du cin-
quième ordre des fonctions thêta ; en les combinant avec les formules d'ad-
dition, j'arrive à des relations telles que celles-ci :
.[Mil "M\
L8'(?) H'(¥)J
»»ï ôï — bv hJr =-V/5 V^i 5. vV, e\ („, 0, - 5n', 9', ),
où y),, 0,, Y)',, 6'( désignent respectivement H, (o, q), 0,(o, q 1, H,(o, q'°),
0, (o, q").
C. B., 1913, i« Semestre. (T. 15G, N° 9.) M
676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autre part, dans le développement en série de Fourier de la fonction
H,©, H2:©2, je remplace successivement la variable par ^ et ^-; je
retranche membre à membre et je tiens compte de la relation qui précède ;
égalant alors dans les deux membres les coefficients des mêmes puissances
de q, j'arrive à l'une des formules que j'avais en vue.
De cette manière, j'obtiens des relations où les premiers membres sonl
des sommes des types (I) et (II) ci-dessus, et relatives au module 5 : pour
le type (I), x représente un entier, positif ou négatif, congru soit à 5, soit
à ± 1, soit à ± 2 (modio) ; pour le type (11), x est congru soit à o, soit
à ± 1, soit à ±2 (mod.5).
Voici, par exemple, quelques-uns des résultats relatifs au cas de JN 1=0
(mod 10).
Notations. — Je désigne par d' un diviseur quelconque de N ; par 0 un
N
diviseur, à conjugué impair, de— ; je pose encore, de toutes les manières
possibles,
N = d, d,
^—dpd,.
d{ > d,
dp>di,
dr étant pair et d, impair. Déplus, /, si m est entier, et o si m est fractionnaire, et enfin ( ~ j est le
symbole ordinaire de Legendre, supposé nul si a est multiple de 5.
Je pose N = 5^K, le nombre N' n'étant pas multiple de 5.
Dans ces conditions, on a, en particulier, comme formules du premier
type,
.rss (mol 10 1 \ O /
dp + dj\-
5 )
1F(4îN-a-!) = 2| .+51*
>' = ±I (mocllu \ 5
[Hï)Mï
itrlr.4
Et, comme formules du second type,
/d'
2F(N — a5ar*)= -2( — i)rf'( %- ) + l2(^IK(rf,_ d)
>i. 2 v 5 ; 2
-jS(-i)^(rf,
d)
dt + d
ï*+4*l3
SÉANCE DU 3 MARS ipiS. 677
et
'ï
4 y .1
2F(N-x'-) = Ji(-i)'(f(^)fi
+ lv(-:)<(,/,-(/1(^)-;v(_l)(/,(,/|__f/)(^j
Ues formules analogues existent pour .r=±2 (mod.5), et aussi pour la
fonction F, , nombre des classes de l'ordre impropre, de discriminant donné.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur l'équilibre el les petits mouvements des sys-
tèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque. Note de M. Et. Delassis,
présentée par M. J. Hadamard.
L. Une liaison de première classe sera indépendante du temps quand les
hypoS-hèses suivantes seront réalisées :
i° La position du système dépend uniquement des valeurs des para-
mètres q\
20 t ne figure explicitement dans aucune des équations de la liaison;
3° Chaque équation du premier ordre de la liaison est homogène
aux q' ;
4° Dans chaque équation du second ordre de la liaison, équation qui est
linéaire aux q", les coefficients des q" sont homogènes aux q' el du même
degré d'homogénéité, le terme indépendant des q" est homogène aux q' et
son degré d'homogénéité est de deux unités plus élevé que celui des coeffi-
cients des q".
Les équations du mouvement sont les équations de la liaison auxquelles
on adjoint l'équation de Dalembert généralisée
2(_P + Q)u4-2A9((a) = o)
les -h -pœ0 (w) = o,
l'indice zéro indiquant qu'on a annulé tous les q et les q .
2. Pour l'équilibre les q sont nuls, mais non les A qui sont alors les
constantes \x.
Si l'on cherclie à former les équations des petits mouvements au voisi-
nage de la position d'équilibre q{ = ... = q„— o, on est conduit à la règle
suivante :
On considère la somme de Dalemberl complétée
2(P + Q)U + 2f*
a n'étant pas nul, et les q contiennent des termes devenant infinis avec t, donc:
Les équilibres pour lesquels la liaison réduite est encore effectivement du second
ordre sont certainement instables.
Si la liaison réduite n'est que du premier ordre, mais qu'entre ses
équations et celles fournies par la somme de Dalembert complétée et
réduite on puisse éliminer les q et les q', on retrouvera ainsi une équation de
la forme
et la même conséquence au point de vue de l'instabilité.
680 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
ÉLECTRICITÉ. — Puissance intérieure et couple synchronisant des alternateurs
synchrones travaillant sur réseau à potentiel constant ou en parallèle.
Noie (' ) de M. André Bi.oxdii . présentée par M. P. Villard.
La puissance intérieure de l'alternateur qui échange un courant efficace 1,
sous la tension efficace Uet sous un décalage tp, avec le circuit extérieur (2),
a pour expression, en appelant p les pertes par frottements, hystérésis et
courants de Foucault : P = UIcoso db r\-±p. Le signe -+- se rapporte au
cas de la génératrice, et le signe — au cas de la réceptrice. Le premier
terme peut être calculé en multipliant deux à deux les composantes de la
force électromotrice E(/ et du courant \d, dirigées suivant l'un des pôles, et
que j'appellerai, pour simplifier, composantes directes, puis les composantes
dirigées suivant l'axe perpendiculaire, E, et I£, que j'appellerai transver-
sales. D'où, en désignant par ty le décalage de I par rapport à l'axe des
pôles,
UI costp = Ed1j-\- E,I,= Erfl cos'i* + E,I sint}/.
Lorsque l'alternateur est soumis à des oscillations de vitesse, propres ou
forcées très petites, les variations des termes ri- et p sont des infiniment
petits du second ordre ; on peut donc ramener le calcul de la variation dP
sensiblement à celui de la variation du premier terme de P.
Or, tandis que le courant utile I et son décalage cp ne changent pas
pendant les oscillations, tout décalage de l'induit en avance d'un angle d\i
produit deux effets :
i° Il modifie les composantes directe et transversale du courant I par
rapport à l'axe polaire; la composante directe I cosvp subit une variation
d( I cos 40 = — ' s*n 4 °ty >
la composante transversale Isin| subit de même une variation I cos '.[> ûty ;
2° Il fait tourner les composantes Ett et E, de la force électromotrice du
même angle d\>. La rotation de la force électromolrice directe Ed équivaut
à l'introduction d'une force électromotrice transversale e, = Eu.dty.
La force électromotrice transversale Ef induite par le courant direct
(') Présentée dans la séance du 24 février 191 3.
(-) Noir nia Communication des Comptes rendus, 17 février 1910, aux ligures de
laquelle le lecteur est prié de vouloir bien se reporter.
SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 68l
ITT1
subit une variation ed= -rr dty = — wL^Ï sînLf
et coLj. On a ainsi un courant supplémentaire direct total
Eddè
i,, = r-i l si n
1
o
Fig. i. — Coupe verticale.
Détail du porte-ampoule.
décelant de telles finesses qu'il suffit d'agrandir le minuscule radiotype
directement obtenu (voir/?»-. 3 à 5) pour pouvoir alors l'étudier à l'œil nu
avec la même facilité qu'un macroradiogramme ordinaire.
La difficulté d'obtenir, par les rayons Rœntgen, une telle netteté a été
surmontée au moyen de l'appareil de précision, qu'on voit figure r, porté sur
une colonne à tirage u, v et à genouillère .v, qui permet de le dégager de la
rainure circulaire de son socle h, pour le faire pivoter en position horizori-
tale.
Deux larges cylindres en mêlai a1, a-, montés à coulisse, forment une chambre
noire, de longueur variable à volonté, dont le fond c lais.se passer, à travers une
douille à glissière c1, un tube axial (/ en métal, destiné à la suppression des rayons
secondaires ou parasites et à la transmission du faisceau de rayons actifs que laisse
Fig. 5. — Patte antérieure droite de jeune Lacer ta muralis.
\ Photogrammes de microradiotypes en grandeur naturelle ( J 1 et agrandissements directs
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pénétrer l'épais diaphragme de plomb/, de liés petit diamètre, tandis qu'un disque g,
opaque aux seuls rayons lumineux, joue le rôle d'obturateur photographique.
A l'autre extrémité du tube (/peut s'adapter un régulateur-indicateur d'incidence,
constitué essentiellement par un très étroit tube métallique i, maintenu axialement
par deux disques />', /<-', perméables aux rayons X, normal à un petit écran fluores-
cenly, qu'on peut examiner à travers un disque de verre au plomb /., destiné à pro-
téger l'œil de l'opérateur, lorsque l'appareil est mis en position horizontale. H est clair
qu'il suffit alors d'agir sur le mécanisme o, p, q, qui permet de déplacer dans deux
sens perpendiculaires le porte-ampoule /, pour amener le tube spécial de Rœntgen,
serré entre les pinces isolantes m, m1, dans une position telle qu'apparaisse au centre
de l'écran, entourée d'un cercle noir, la petite tache lumineuse indiquant que le rayon
central du faisceau va suivre dorénavant l'axe même du tube. On peut encore régler,
d'après l'élendue de la zone illuminée de l'écran, l'amplitude désirée du champ radio-
graphique, en rapprochant ou éloignant le tube d de la source irradiante, qu'il suffira
de fixer définitivement, avec le porte-ampoule, solidaire de la chambre noire, pour
n'avoir plus à recommencer ce réglage d'incidence, fait une fois pour toutes, et après
lequel l'indicateur doit être mis de côté.
Si alors, à la lumière du laboratoire photographique, on place au centre
de l'épais disque de plomb h, marqué d'une croix diamétrale, pour le repé-
rage, la petite plaque sensible, choisie de préférence carrée et de grain très
fin, puis qu'on pose au centre de celle-ci, en contact direct avec la couche
'sensibilisée, sans interposition de papier noir, le petit objet à radiogra-
phier, il ne restera qu'à rabattre sur sa rainure la chambre noire cylin-
drique, et à faire passer pendant un temps convenable les rayons appro-
priés d'une ampoule à très petit focus , pour aboutir, grâce à la normalité
du faisceau incident et à la suppression de l'enveloppe de papier, la grande
netteté qui permet de transformer en agrandissements considérables
( fig. i, '|, 5) les microradiotypes dont les épreuves photographiques ordi-
naires, en grandeur naturelle, sont données dans les petits cadres ({).
chimie physique. — Phénomènes capillaires dans les gaz : extension de la
formule de La place au contact solide-gaz. Note de M. G. Rkkoul, pré-
sentée par M. Lippmann.
J'ai montré précédemment (') que l'action chimique d'un gaz sur un
solide dépend de la forme géométrique de ce dernier, et qu'elle est plus
vive aux points où la courbure moyenne est plus grande. J'ai cherché à
(') Comptes rendus, 9 décembre 1912, 17 février 191 3.
SÉANCE DU 3 MARS I9l3. 689
établir comment la quantité de sel formé dépend des rayons de courbure
du solide.
I. Les expériences sont assez faciles à réaliser à cause de la transparence
du composé qui se forme : les colorations de lames minces produites à la
surface du corps attaqué renseignent sur l'épaisseur de la couebe de sel et
permettent ainsi sans difficulté le dosage relatif de quantités minimes du
composé résultant de l'attaque du gaz sur le solide. Il suffit de prendre des
corps de courbure différente, de les exposer dans les mêmes conditions à
l'atmospbère réagissante et de déterminer ensuite, d'après la coloration de
la lumière réfléchie, l'épaisseur relative de la couebe de sel qui a été
formée.
On prend une série de cylindres de diamètre différent, leur longueur
est d'environ 6um, leurs extrémités ont été paraffinées ou étamées sur
une longueur de icl" de manière à éviter les perturbations dues aux arêtes
de la coupure; après l'attaque, chacun des cylindres présente une teinte
uniforme.
Par exemple, avec une série de six cylindres «le cuivre maintenus pendant 25 minutes
à une pression de omm,6, le caoutchouc vulcanisé étant la source d'émission du gaz.
actif, on obtient les résultats suivants :
Diamètre du cylindre (en
millimètres) i,5 i 0,78 0,5") o,35 0,a3
Lumière réfléchie rouge violet bleu bleu pâle vert jaunâtre jaune
Epaisseur correspondante
( unités arbitraires) 260 280 3oo 040 4oo l5o
Ces résultats vérifient assez bien une relation de la forme
b
(') n' = -ir+c,
2 n
ff épaisseur de la couche de sel formé, 1\ rayon du cylindre; d, />, c sont des
constantes qui, dans l'exemple précédent, prennent les valeurs a = i,oo3,
^ = 6,4*J, c = 18,09. ^n substituant dans les deux membres de l'équa-
tion (1), on obtient les identités suivantes :
22,39 = 22,39 24,67 = 24,55 26,31=26,37
29,96 = 29,83 36,3o = 36,49 43,4 =43,8
Etant donnée la grande difficulté qu'il y a à apprécier exactement les
diverses teintes, la relation apparaît comme suffisamment vérifiée.
690 ACADEMIE DES SCIENCES.
Plusieurs autres séries de cylindres dans des conditions de pression un
peu différentes ont donné la vérification de la même formule avec des
valeurs des constantes «, b, c légèrement di fié rentes. La même vérification
a clé faite avec des cylindres d'argent attaqués, à la pression ordinaire, par
des vapeurs d'iode.
La même formule s'est trouvée également vérifiée avec des solides en
forme de cône : on mesurait le rayon de courbure en divers points de la
surface conique et l'épaisseur de sel correspondante.
Dès que l'épaisseur de sel devient telle qu'on arrive aux colorations du
troisième ordre, la vérification de la formule (i) devient mauvaise. Ce sont
d'ailleurs les couleurs du premier et du deuxième ordre qu'on peut
apprécier avec le plus de précision.
11. Si l'on fait l'hypothèse qu'il y a augmentation de la concentration
gazeuse à la surface de séparation du métal et du gaz, il devient facile
d'expliquer les résultats précédents et de montrer que la relation (i) est
une conséquence de la formule que Laplace a donnée pour les phénomènes
capillaires.
Soil 7 l'épaisseur de la couche de sel formé an lemps /, par unité de surface la
... . , . . dii ....... . . .
quantité du compose sera <""•■■,
( m ■=. 3i ,6c\V„.
Les Tableaux suivants reproduisent les résultats obtenus i\ indique les volur
s solution versés dans la cuve A; la eu
roplatinique dix-millinormal ( c = io-7
de solution versés dans la cuve A; la cuve B renferme toujours icml d'acide tétrachlo-
mol.-e.
mol. -s.
h =
= const.
= 0,
ilb' coi.
c = const. = 10"
-1
f ■
cm1
c
mol. -g.
en
W,
w.
m en
O*
m en g.
^1
l,
w„
w.
n
en g.
m en g.
cm3
obs.
cale.
obs.
cale.
en cm'.
en cm.
obs.
cale.
obs.
cale.
O, 2
XI0 7
0,l4
0,12
0
7X
10-1
0,7 XIO~7
0,5
0 , 1 04
0,17
0,21
5,
3
X io~7
6 x 10-7
0,5
o,3o
0,26
5
4,5
1
0,208
0,29
o,3o
8
■5
9
o,-5
o,3g
0,37"
10
9
2
0,416
0,46
o,45
1 5
«4
i
o,46
0,45
1 5
14
3
0,624
0,60
0,60
'9
■9
i,5
0,09
0,60
27
28
4
o,832
0,69
0,70
22
22
2
0,72
0,71
44
4'.
5
10
1,04
2,08
0,82
0,93
0,86
0,96
2 4
29
25
3o
La forme de la relation (3) montre — et l'expérience vérifie — que, pour de faibles
concentrations, la masse formée est très minime, quoique l'énergie absorbée soit
relativement considérable : il n'y a donc pas proportionnalité entre ces deux gran-
deurs, contrairement à ce qu'avait affirmé Grotlhus.
En résumé, les conclusions qu'il y a lieu de tirer de ce travail sont les
suivantes :
i° Même quand une substance absorbante est le siège d'une réaction chi-
mique, l'énergie émergente décroit suivant des fonctions exponentielles de
l'épaisseur (Lambert) et de la concentration présente à chaque instant
(Béer).
20 La loi élémentaire (2) et la formule (3), qui s'en déduit au début de
la réaction, donnent la masse formée, au cours de cette réaction photo-
chimique, en fonction de différents facteurs (énergie incidente, coefficient
d'absorption, temps, concentration, surface, épaisseur).
3° Dans le cas d'une réaction bimoléculaire, la loi de l'absorption photo-
chimique de Grotthus est en contradiction très nette avec l'expérience : il
n'y a nullement proportionnalité entre la masse formée et l'énergie absorbée,
6g4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et l'on ne peut pas parler d'équivalence entre l'énergie rayonnante et
l'énergie chimique ('). Il est vraisemblable que le rayonnement se borne à
mettre les molécules (2) qu'il frappe dans un état particulier, à partir
duquel elles sont capables de réagir chimiquement; et la réaction se pour-
suit alors suivant le hasard des rencontres moléculaires.
CHIMIE PHYSIQUE. — Action des basses températures sur les explosifs.
Note de MM. André Ki.ing et D. Florentin, présentée par M. Vieille.
Le maniement et l'ouverture des engins explosifs constituant des opéra-
tions fréquemment pratiquées par notre laboratoire (Laboratoire muni-
cipal de Paris), nous nous sommes proposé d'entreprendre une étude
systématique des1 moyens propres à diminuer les dangers que comportent
ces opérations; nous avons immédiatement pensé que, parmi ceux-ci, le
refroidissement à très basse température devrait être l'un des plus effi-
caces.
Nous rappellerons, en effet, qu'un explosif est constitué par une combi-
naison ou par un mélange de substances susceptibles, sous l'influence de
certaines causes perturbatrices, de passer en un temps trexs court, d'un état
initial instable à un état final plus stable, avec production de gaz ou de
vapeurs portés à haute température.
Or, puisque les vitesses des réactions diminuent avec la température
jusqu'à s'annuler, en général, à des températures suffisamment basses,
même pour les réactions qui s'exercent entre éléments doués d'une grande
affinité réciproque aux températures ordinaires, il nous a paru, aprio/-i,
que le refroidissement devrait être susceptible d'augmenter la stabilité des
explosifs et de diminuer également la puissance de leurs effets.
Afin de vérifier l'exactitude de cette hypothèse, nous avons mesuré suc-
cessivement la sensibilité, la force et la vitesse de détonation des divers
explosifs, d'abord à la température ordinaire, puis aux environs de — 1900
(azote liquide).
Dans toutes nos expériences, nous avons employé des détonateurs au
fulminate pur, amorcés électriquement à l'aide d'une petite tête d'amorce
(') Le coefficient d'utilisation (rapport de l'énergie chimique emmagasinée à
l'énergie rayonnante absorbée) est proportionnel à la concentration.
(2) Ou les ions.
SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 6g5
à fil de platine fin noyé dans une petite masse de fulminate pur (non com-
primé).
Méthodes de mesures et résultats obtenus. — i° Action du refroidissement sur la
sensibilité aux amorces. — Les divers explosifs, sous des densités connues, étaient
placés dans des tubes de verre de même longueur et disposés sur des plaques de plomb
de façon à enregistrer la longueur ayant détoné.
Poids de fulminate nécessaire
pour produire à coup sur la détonation
Densité à la température
Nom de l'explosif. moyenne. ambiante. à — 190°.
Fulminate i ,20 < os,25 Ie
Dynamite-gomme » -9o oS,25 Id.
Cheddile 1,00 os,25 Id.
Ces résultats ont été obtenus en refroidissant simultanément l'explosif et le déto-
nateur. Nous avons, en outre, cherché quel était l'action du refroidissement sur le
détonateur seul, la cartouche étant à la température ambiante; avec la dynamite-
gomme, on n'obtient pas de résultats concluants, mais, avec l'acide picrique, un déto-
nateur refroidi de 08,76 ne provoque pas encore la détonation, alors qu'un détonateur
de os,2.j chaud amène une détonation complète.
2° Action du refroidissement sur la force des explosifs. — La mesure de la force
de l'explosif a été effectuée à l'aide de plombs de Trauzl ; nous avons opéré sur io?
d'explosif (sauf dans le cas du coton - poudre) amorcé à l'aide d'un détonateur
de is, 5.
Augmentation du volume de la cavité
à la température de l'azote liquide.
à la température "^ — — -^■^"™—
Nom de l'explosif. ambiante. Détonateur refroidi. Détonateur non refroidi.
Cheddite n° 2 ( Vonges). 210 o i Raies Raté de détonation.
Acide picrique 36o o • de 160 ) Ratés partiels
Coton-poudre 335 o 1 détonation. 175 ) de détonation.
Fulminate de mercure . . 1 (O i4o-i45 i4°
3° Action du refroidissement sur les vitesses de détonation. — Cetle mesure a été
faite à l'aide de l'élégante méthode de M. Dautriche ('). A cet effet, l'explosif était
placé dans un tube de verre muni de deux tubulures dans lesquelles on engageait les
détonateurs du circuit des vitesses, après refroidissement du tube (2).
(') Comptes rendus, t. 143, p. 64 1 . et t. IU, p. io3o.
(!) Le détonateur d'excitation n'était pas refroidi.
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Vilesse moyenne en mètres par seconde
Densité ^ — »~ — -~~ "
Nom de l'explosif. moyenne. à la température ambiante, à — 190° environ.
Fulminate i , 2."> 225o 235o
Cheddite n° 2 i , oo 2365 2080
Acide picrique 1,01 447° k'fio
Aux erreurs d'expériences près, la vitesse à la température ambiante et la vitesse
à — 1900 sont semblables.
A la température de — 900 (neige carbonique et acétone), les résultats sont
analogues, mais beaucoup moins accentués, car l'abaissement de température agit
d'autant plus qu'on s'approche davantage du zéro absolu.
Conclusions. — De nos expériences, il résulte que :
i° La sensibilité aux amorces des explosifs les plus divers est considéra-
blement diminuée aux basses températures et l'action du refroidissement
se fait sentir à la fois sur le détonateur et sur l'explosif lui-même;
20 La force des explosifs refroidis, mesurée dans un plomb de Trauzl,
ne paraît pas sensiblement diminuée du fait du refroidissement, à condition
que l'amorçage soit assez puissant pour déterminer la déflagration totale de
l'explosif (Tableau II, cas du fulminate de mercure) ;
3° Quand le régime de détonation est atteint, la propagation de l'onde
explosive n'est pas influencée du fait du refroidissement.
Nous ajouterons que deux bypotbèses peuvent être faites pour expliquer
cette diminution de sensibilité des explosifs sous l'influence du refroidisse-
ment : ou bien celui-ci détermine une modification physique de l'explosif,
d'où résulte un accroissement de son inertie vis-à-vis de l'onde produite par
le détonateur ; ou bien la quantité de chaleur apportée par ce dernier,
nécessaire pour élever les premières tranches de l'explosif de la température
ordinaire à celle pour laquelle s'établit le régime de détonation, devient
insuffisante quand, l'explosif étant fortement refroidi, l'écart entre la tem-
pérature initiale et la température minima de déflagration s'est accrue dans
de notables proportions.
Des expériences actuellement en cours nous permettront vraisemblable-
ment de nous prononcer en faveur de l'une ou de l'autre de ces hypothèses.
SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. G97
PHOTOCHIMIE. — Etude de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acé-
tylène. Note de MM. Victor Henri et Marc Landau, présentée par
M. Dastre.
L'étude de l'absorption des rayons ultraviolets par les gaz présente un
grand intérêt pour l'analyse des réactions photochimiques, pour l'étude
des relations avec les spectres d'émission des gaz, et pour la comparaison
de l'absorption par les mêmes corps en solution et a l'état gazeux. Nous
avons entrepris l'étude de l'absorption parles gaz Cil', C2H6, C-H\ C2H-,
GO et CO3. Pour les carbures d'hydrogène, on n'a étudié jusqu'ici que
l'absorption dans l'infra-rouge (Tyndall, Ângstrom, Coblentz, Baccei,
v. Bahr).
Etanl donné que les spectres d'émission des gaz sont constitués par des séries de
bandes dont les lois de distribution ont été établies par Deslandres, il est indispen-
sable d'étudier l'absorption par les gaz avec une source lumineuse qui donne un spectre
continu. Konen, Grèbe, Mies et d'autres élèves de Kayser ont montré que l'étincelle
condensée d'aluminium produite dans l'eau donne un spectre continu dans l'ultra-
violet; mais une telle étincelle est très petite et très peu lumineuse, de sorte que les
durées de pose doivent être de 1 demi-heure à 1 heure.
Nous avons trouvé que si, au lieu de prendre une étincelle condensée, on
prend une étincelle de haute fréquence entre deux électrodes d'aluminium
plongées dans l'eau, on obtient une source très lumineuse qui donne un
spectre continu uniforme dans tout l'ultraviolet jusqu'à 2i5o, la durée de
pose étant seulement de 3o secondes à 2-3 minutes.
Nous présentons maintenant les résultats seulement pour l'acétylène
pur, étudié : i° gazeuse à la température ordinaire, à des pressions de 1
à j-u d'atmosphère et sous une épaisseur de 4ocm; 20 en solution alcoolique.
Résultats. — Le spectre d'absorption ultraviolet de l'acétylène gazeux
est un spectre cannelé qui possède un grand nombre de bandes, depuis
3ij7 jusqu'à 2236,4- Ces bandes sont plus ou moins nettes suivant les
régions. Beaucoup de ces bandes examinées à un fort grossissement sont
résolubles en des séries de bandes très fines, distantes entre elles de moins
de un Angstrom.
En étudiant la distribution de ces bandes, on arrive à distinguer trois
groupes :
698 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Le premier groupe, le plus net, s'étend de 3i07 à 2880 environ; les
bandes de ce groupe sont dégradées vers le rouge et ont un bord net du côté
ultraviolet. Les têtes de bandes peuvent être bien repérées; les différences
des nombres de vibrations qui correspondent aux têtes de bandes sont
constantes; là valeur moyenne de A j est égale à 23. Le Tableau I donne
la liste de ces têtes de bandes.
Tableau I.
A.
1
A
il.
A
À.
I
A
A*.
A
22
A.
l
a'
Al
A
23
3i57
3i68
3o4i,8
3287
23
2937,5
34o5
23
3129, 5
3,96
24
3020,7
33io
26
29l7>1
3428
23
3io5,7
3220
23
2998
3336
23
2898,0
345i
24
3o84,2
3243
22
2977.4
3359
23
2877,7
3475
3o63,5
3265
2957.47
3382
II. Vers 2960 commencent à apparaître entre les bandes du premier
groupe des bandes d'abord très faibles, à bords effacés; elles deviennent
ensuite de plus en plus nettes et plus rapprochées; entre 2800 et 25oo on a
un grand nombre de bandes diverses : les unes à bords effacés, les autres
à bord ultraviolet net; il est très probable qu'on a dans cet ensemble
plusieurs groupes de bandes enchevêtrés les uns dans les autres, de sorte
que l'analyse en est difficile. Le Tableau II contient les longueurs d'onde
de ces diverses bandes.
Tableau II.
2960,0
2881,4
2816,0
2763,0
2717,0
2678,0
263o,4
2572 ,0
2939,0
2879,7
2812,0
2756,3
2713,0
2668,8
2623,5
2558, 0
2920,0
2865,5
2808,3
2753,0
2710,2
2662,8
2618,0
2.552,2
2904,2
285o,o
2801 ,0
27:30,0
2705,3
2659,4
2612 ,0
2538, 0
2900,2
2846,7
2796,0
2744,3
2698,3
2653,o
2606,3
2522 ,0
2896,5
2843,6
2788,0
2733,0
2691 ,8
2645,8
2601 ,0
25lO,0
2888,8
283o,6
2776,4
2725,0
2684,6
2642,0
2589,4
25oi ,0
2883,3
2823,4
2770,6
2721,0
2682,6
2635,7
2580,7
2|95'4
Entre 2000 et 2327,5 l'acétylène gazeux sous l'épaisseur de 4o11" n'ab-
sorbe pas sensiblement.
SÉANCE DU 3 MARS I9l3. 699
III. Vers 2327,5 commence un troisième groupe de bandes qui s'étend
jusqu'à 2236,4; ce sont des bandes à bord ultraviolet très net, résolubles
en séries de bandes extrêmement fines; les différences de fréquence cor-
respondant aux tètes de ces bandes croissent d'une façon régulière, ainsi
que l'indique le Tableau III.
Tablkau 111.
A.
l
Ai-
A
X.
1
1'
Ai.
A
X.
1
A^
A
2327,5
4297,0
23o8,o
4333
'9
2256,0
4433
4i
2324,5
43o3,o
6
2296,0
4355
22
2236,4
4472
39
23 1 8 , 2
43i4 ,0
1 1
2276,8
4392
37
IV. So/utio/is de C'H2. L'élude de l'absorption par des solutions
alcooliques d'acétylène montre que ces solutions présentent une seule bande
d'absorption très large, commençant environ à 2800 et ayant un maximum
vers 263 1. Voici, en effet, les valeurs des coefficients d'absorption molécu-
laires s calculés d'après la formule J = J0 . io-' '' :
1.
£ .
28i3 2782 2775 2752 2720 2703 2693 2684
0,99 1,89 2,52 3,5i 4,86 6,3 7,29 8,73
263 1
1 2 , 1 5 m a x ,
2620
< 1 2 , 1 5
Il est intéressant de noter que l'absorption de l'ultraviolet par l'acétylène
et, comme nous le verrons prochainement aussi, par d'autres carbures
d'hydrogène, commence à peu près dans la région qui termine l'ultraviolet
du spectre solaire (3ooo A.). Ce fait pourrait servir de base à l'hypothèse
sur la présence de carbures d'hydrogène dans l'atmosphère du Soleil.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les points critiques du fer .
Note (') de M. Witoi.d Broxiewski, présentée par M. Henry Le Chatelier.
Des travaux nombreux ont été effectués sur les points critiques du fer,
mais presque toujours sur des échantillons industriels insuffisamment purs
et distincts pour chaque étude, ce qui rendait les résultats peu compa-
rables.
J'ai donc cru utile de reprendre l'étude de quelques propriétés physiques
du fer pur par l'enregistrement automatique plus sensible que l'étude par
points.
(') Présentée dans la séance du 17 février igi3.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, iV 9.)
w
«9
U-l
L I B R ■"■ R V
y^
700
ACADEMIE DES SCIENCES.
Le fer électrolytique dont je me suis servi a été mis gracieusement à ma dispo-
sition par M. A,. Boucher, que je suis heureu\ de remercier ici. Des échantillons de
5""" de diamètre et d'une longueur allant jusqu'à om,8o, taillés dans les plaques, ont
été recuits pendant une dizaine d'heures au-dessus de iooo°. L'échaull'ement pendant
les expériences se faisait par un four à résistance électrique en 1 heure environ dans
l'hydrogène dont l'absorption par le fer est négligeable dans ces conditions (Charpy el
Bonnerot, io,i3). La température était indiquée par un couple plaline-platine rhodié
placé à l'intérieur de l'échantillon. L'étude a élé faite à l'aide d'un enregistreur pho-
tographique de MM. Le Chatelier et Broniewski (').
La figure suivante indique les courbes d'échauffemenl obtenues pour la
R
TP
/
,D
[
i
1
\tc
. _
200
400
600
800
\000
force thermo-électrique par rapport au cuivre (TC) et par rapport au pla-
tine (TP), la courbe de la résistance électrique (R) et la -courbe de dilata-
tion (D) du fer.
Thermo-électricité. — La courbe de la force thermo-électrique du fer par rapport
au cuivre (o,5 millivolt par division) nous montre un point critique à 780°. La
courbe de la force thermo-électrique par rapport au platine permet d'atteindre des
températures plus hautes, mais à une échelle plus réduite (2 millivolts par division);
(') H. Le Chateliek et W.
p. i33.
Bno.NiEWSiu, Revue de Métallurgie,
t. IX,
1912,
SÉANCE DU 3 MARS ip,l3. 701
elle montre un point critique à 10200. M. Harrison (1902) et M. Belloc (igo3) n'ont
pas trouvé de discontinuité dans la courbe de la force thermo-électrique du fer, mais
indiquent qu'un maximum de la courbe du pouvoir thermo-électrique pourrait corres-
pondre à un point critique aux environs de 800°.
Résistance électrique. — La courbe de la résistance électrique du fer (une division
correspond à la résistance électrique à o°) manifeste entre "5o° et 85o° un changement
de direction parfaitement continu qu'il serait difficile d'assimiler à un point critique.
Une discontinuité dans l'allure de la courbe se montre à 900° et à 10200 avec un chan-
gement de direction entre ces deux températures. La continuité du premier change-
menldedirection avait déjà été remarquée par M. Morris (1897) et M. Harrison (1902);
la discontinuité à 930° et à 10200 n'avait pas encore été signalée.
Dilatation. — La courbe de dilatation (une division correspond à 0,002 de la lon-
gueur de l'échantillon à o°) présente aux environs de 9-5o° un maximum suivi d'une
contraction. L'ampleur de cette contraction paraît dépendre assez sensiblement des
cond i lions d'échaulfement, comme l'avait déjà fait remarquer M. H. Le Gh atelier (1899).
MM. Cliarpy et Grenet placent la contraction du fer à o,o3 pour 100 de carbone
entre 86o° et 8900.
Points thermiques. — La courbe de refroidissement accuse un arrêt à 890° et un
changement de direction très faible aux environs de 7000. Si nous considérons que le
point critique placé à 960° sur la courbe d'échaulfement de la résistance électrique du
fer se déplace sur la courbe de refroidissement à 8900, nous pouvons par analogie
supposer que l'absorption de la chaleur se fait pendant réchauffement aux environs
de 9500.
Ces résultats peuvent être expliqués en partie par l'hypothèse émise
récemment par M. Benedicks (1912), que le fer ($ d'Osmond est constitué
par une solution solide du fer y dans le fer a. Le changement continu de
direction de la courbe de la résistance électrique correspond alors au maxi-
mum de la solution solide.
Gette forme prendrait, en effet, un diagramme de la résistance spécifique en fonction
de la composition de deux constituants formant entre eux une solution solide continue,
si l'un des constituants était pris à une température suffisamment supérieure à celle
de l'autre constituant et les alliages à des températures intermédiaires.
L'hypothèse de M. Benedicks n'est plus suffisante pour expliquer le point
critique à 10200 et nous devons admettre l'existence d'une nouvelle solution
solide pour interpréter le changement de direction de la courbe de la résis-
tance électrique entre t)5o" et 1020'1.
Le fer & serait ainsi stable au-dessous de 730" où commence sa dissocia-
tion (point critique sur la courbe de la force thermo-électrique, commen-
cement de la transformation magnétique). Un fer (ï' serait stable à p,5o°
702 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(points critiques sur les courbes de la résistance électrique et de la dila-
tation, point thermique, fin de la transformation magnétique).
Le fer y serait stable au-dessus de 1020" (points critiques sur les courbes
de la résistance électrique et de la force thermo-électrique).
Entre 73o° et 95o° on aurait la solution solide continue du fer a avec le
fer P'; entre rpo° et 1020°, la solution solide du fer ft' avec le fer y.
Ces hypothèses rendent bien compte des résultats de nos expériences,
mais ne pourraient être admises comme définitives que confirmées plus
amplement, surtout par une étude analogue des aciers au carbone.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques propriétés d'un fer électrolyti que industriel.
Note (') de MM. L. Guii.i.et et A. 1»ortevix, présentée par M. H. Le
Chatelier.
La présentation d'une Note de M. Broniewski (voir ci-dessus) nous
incite à communiquer de suite à l'Académie les résultats que nous possé-
dions depuis quelque temps sur les propriétés du fer électrolytique, et
dont la publication n'a été différée qu'en raison d'essais en cours, notam-
ment au point de vue des gaz occlus.
L'un de nous s'occupe d'ailleurs depuis quelque temps de la fabrication
industrielle du fer sur lequel ces essais ont été faits.
L'échantillon utilisé a pour composition (2) :
C = indosable; Mn = o;Si = o;S = o;P = o,025 ; As = 0,011.
Au sortir de l'électrelyte, le métal sursaturé d'hydrogène est extrême-
ment fragile. 11 présente alors une dureté à. la bille de il\o (bille de iomm;
pression de 3oookg), et l'examen micrographique montre un aspect tout à
fait caractéristique (fig- 1).
Après un recuit de 2 heures à 9000 dans la magnésie, la dureté, déter-
minée dans les mêmes conditions, a été de 90 et la structure micrographique
est devenue normale (Jîg. 2).
Points critiques. — La détermination des points critiques faite au galva-
nomètre double Saladin-Le Chatelier nous a donné les résultats suivants :
(') Reçue dans la séance du i(\ février 1 9 r 3.
(-) Il est à noter que les améliorations apportées dans la fabrication ont conduit
récemment à l'obtention d'un métal à teneur en phosphore beaucoup plus faible.
SÉANCE DU 3 MARS I9l3.
Échauflement.
7o3
Métal brut . .
Métal recuil ,
937°
q32°
Refroidissement.
902° 778"
902° 778"
La présence des gaz n'influerait donc pas dans le cas qui nous occupe sur
la position des points de transformation. De plus, sur métal brut on
remarque, à des températures d'ailleurs variables avec les échantillons,
Fig. 1. — Attaque au réactif de Benedicks ( x î5o). Fig.
Utaque au réactif de Benedicks ( X 25o).
notamment à 53o°età0()oo, des absorptions de chaleur à réchauffement que
l'on ne retrouve pas au refroidissement. Après un premier chauffage, ces
points disparaissent et semblent donc bien dus à l'influence des gaz dissous,
comme l'avait déjà signalé Roberts Austen ('). Comme le montre l'une des
courbes obtenues {fig. 3, échantillon recuit), le point de transformation
le plus élevé (A3)est inarqué par une variation thermique rapide, alors que
le point de transformation A2 correspond, surtout au refroidissement, à
une variation thermique progressive. Si l'on adopte la manière de voir de
Benedicks (2), cela indiquerait une solution mutuelle au moins limitée
des deux variétés allotropiques a et [5 du fer et probablement même une
solubilité mutuelle en toutes proportions.
(') Roberts Austen (Cinquième Rapport du Comité des Alliages de l'Inst.of Mech.
Eng., 1899) signale particulièrement îles points à 475° et 7660 disparaissant après des
chauffages répétés.
(2) Be.\edicks, Huitième Congrès international de Chimie appliquée. New-York,
septembre 1912.
704 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La moyenne des déterminations faites, au pont de Thomson, sur quatre
barreaux de fer électroly tique tournés de 5mm,70 de diamètre et i20mm de
longueur, après recuit dans les conditions déjà indiquées, a donné 10,22 mi-
crohms par centimètre cube; la présence de 0,025 pour 100 de soufre
et 0,01 1 pour 100 d'arsenic conduit à corriger ce chiffre de o, 24 p.10 : cm3
d'après Benedicks, ce qui le ramène à 9,98.
Or Lorenz (') donne, comme valeur de la conductibilité spécifique,
10,37 x IO' à o° et 6,63 x 10'' à ioo°, ce qui conduit par interpolation à
9,64 X io' à 200, soit une résistivité de 10,37 puo : cm3-
. Kohlrausch (2) donne 9 jjiw : cm3 et Preece (2) 9,73 f/xo : cm3, alors que
Benedicks admet par extrapolation 7,6 jj.cd : cm3 à 160 attribuant les résultats
trop élevés des deux derniers observateurs à la présence de o,oo4 à 0,007
pour 100 en poids d'hydrogène.
En admettant le chiffre de Benedicks comme vrai et son interprétation
comme applicable également au cas qui nous occupe, cela conduirait à
supposer la présence de 0,008 pour 100 d'hydrogène en poids en solution
solide dans le fer de nos échantillons.
^') Landolt-Bornstei.n, Tabellen, 190a, p. 716.
(2) D'après Benedicks, Thèse, Upsala, 190^, p. 116 et 106.
SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. 7o5
Des déterminations analogues faites sur des barrettes rectangulaires non
recuites de 5mm, i x 6""n, i de section (la fragilité du métal n'ayant pas per-
mis de le travailler au tour sous un faible diamètre) et une longueur de
i2omm ont conduit au chiffre de 12,16 u.a> : cm3 à 200. Ce chiffre, ramené
à 11,92 pour tenir compte du phosphore et de l'arsenic, est supérieur de
1,94 [xco : cm3 au chiffre du fer recuit; en supposant encore cet écart dû à
l'hydrogène en solution solide, il correspondrait à 0,006 pour 100 d'hy-
drogène en poids.
Nous poursuivons nos recherches pour préciser d'un côté les propriétés
mécaniques et chimiques du métal brut et du métal recuit dans diverses
conditions et d'un autre côté la nature des gaz contenus et la part revenant
tant à ces gaz qu'à l'écrouissage dans les propriétés du métal brut.
CHIMIE PHYSIQUE. — Étude du système : sulfure d'antimoine, sulfure
de plomb. Note de M. H. Pélabon, présentée par M. E. Bouly.
Le sulfure d'antimoine et le sulfure de plomb se rencontrent assez souvent
associés dans la nature; ils forment alors certains minéraux comme la
zinckénite, lajamesonite, laboulangérite. Ces composés peuvent-ils prendre
naissance par union directe des deux sulfures préalablement fondus? C'est
la question que nous avons essayé de résoudre par l'étude de la fusibilité
et par l'examen métallographique des mélanges de sulfure d'antimoine et
de sulfure de plomb.
Le liquidus de ce système comprend d'abord une ligne AB qui, partant
du point de fusion du sulfure d'antimoine, 55o°, aboutit à un euteclique
qui renferme à peu près 22mo1 de sulfure de plomb pour yS"101 de sulfure
d'antimoine etqui se solidifie à 4820. A l'aide du microscope de M. Le Cha-
telier, on peut constater que les mixtes qui correspondent à cette ligne AB
laissent déposer, en se solidifiant, d'abord des cristaux volumineux de
sulfure Sb2S3, puis le mélange eutectique.
La ligne de fusibilité comprend ensuite l'arc de courbe BC qui, au
point C, est presque tangent à une parallèle à l'axe des abscisses. La tempé-
rature de solidification commençante du mélange correspondant est 568°.
L'examen métallographique des mixtes qui se rapportent à la ligne BC
permet de constater l'existence de deux corps d'aspects nettement différents,
surtout si l'on a soin d'attaquer faiblement la surface polie par l'acide azo-
tique. D'une part on aperçoit l'eutectique B, d'autre part de volumineux
706 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristaux ortliorlioinbiqnes qui apparaissent plus sombres et qui possèdent
les mêmes angles que la zinckénite Sb2S3 PbS. Le point C ne correspond
pas exactement au mélange équimoléculaire, mais à un mixte un peu plus
pauvre en sulfure de plomb. Ce point est donc un point de transition. Aux
températures supérieures à 568°, la zinckénite n'existe plus.
Le liquidus se continue ensuite par lare de courbe CD. Les mélanges
correspondants solidifiés renferment un nouveau constituant formé de très
petits cristaux qui apparaissent brillants sur le fond sombre de la zinckénite
Tt5. lou.»»*^' <>
d
(toujours après attaque de la surface polie par l'acide azotique). Ces
cristaux, que l'on ne distingue nettement qu'avec un fort grossissement,
sont des prismes or thorhom biques dont la section est un losange peu
différent d'un carré; on peut les identifier avec les cristaux de jameso-
nite SbsS3,2PbSqui sont des prismes rbombiques dont l'angle mesure ioi°.
Le point D est un nouveau point de transition qui correspond à peu près
au mélange 2 SlrS:1 + 3 PbS. Le point de solidification commençante de
ce mixte est 610", son point de solidification finissante 568". Au-dessus
de 610", la jarnesonite n'existe plus.
Les courbes de refroidissement des mélanges, plus riches en sulfure de
plomb que le mélange 2 Sb'-S3 -t- 3 PbS, présentent toutes un palier 1res
SÉANCE DU 3 MARS igi3. 707
net à 6io°; un second palier moins accentué se produit à 568°, il n'est plus
observable quand on atteint le mixte Sb2S3, 2PbS; ce fait confirme l'exis-
tence de la jamesonite.
Enfin, les mélanges dont la teneur en sulfure de plomb est encore plus
forte paraissent au microscope absolument hétérogènes. On y découvre
encore des cristaux de jamesonite, des cristaux volumineux de sulfure de
plomb qui sont surtout nombreux à l'extrémité du culot qui occupait le
fond du tube pendant la solidification du liquide ; enfin on aperçoit de
nouveaux cristaux excessivement nets, ce sont des aiguilles réunies en
croix. Il se peut que ces cristaux soient formés de la boulangérite
x Sb2S3, 5 PbS, mais nous ne pouvons l'affirmer.
Nous n'avons pas pu déterminer le liquidus jusqu'au point de fusion du
sulfure de plomb, ioi5°. Même avec des masses de mélanges supérieures
à 30^', le point de solidification commençante n'a jamais été mis nettement
en évidence par la courbe de refroidissement; en revanche, le palier corres-
pondant à 6io° a toujours été très net.
En résumé, les composés de sulfure de plomb et de sulfure d'antimoine
ne sont pas mis en évidence par des maxima de la température de solidi-
fication commençante parce qu'ils fondent en se décomposant, mais on
peut les déceler grâce à l'existence de points de transition dans le liquidus
et aussi à l'aide du microscope. La zinckénite Sb2S3PbS et la jamesonite
Sb2S3, 2PbS sont de cette manière nettement décelées.
PHOTOCHIMIE. — Sur un actinomèlre à lévulose pour les rayons ultraviolets;
influence de la concentration sur la vitesse de réaction photochimique.
Note de MM. Damei, Iîerthelot et Hexry Gaudechox, présentée par
M. E. Jungfleisch.
L'importance croissante prise en photochimie et en physiologie par les
rayons ultraviolets nous a engagés à chercher un nouvel actinomètre
mieux adapté à leur étude que les instruments actuels qui s'appliquent
surtout au spectre visible.
Le choix d'une réaction actinométrique et l'interprétation correcte des
nombres observés sont toujours délicats.
Précisons ces points en prenant comme exemple un actinomètre à
solution aqueuse d'acétone. Sous l'influence de l'ultraviolet initial (ou
solaire) il s'y forme, comme l'a reconnu M. Ciamician, de l'acide acétique,
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 9.) 9°
708 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'on peut titrer par les réactifs colorés ou les conductibilités électriques.
D'autre part, nous avons constaté que l'acide acétique n'est pas attaqué
par l'ultraviolet initial, mais l'est d'une manière croissante par l'ultra-
violet de plus courte longueur d'onde. Si donc on expose un tel actino-
mètre à des vibrations monocbromatiques de plus en plus rapides, l'acidité
croîtra, passera par un maximum, puis décroîtra. Il en serait de même si
l'on faisait agir successivement le rayonnement global de sources de tempé-
ratures croissantes et, par suite, de plus en plus riches en ultraviolet.
Mais on peut constituer, avec la solution aqueuse d'acétone, un actino-
mètre d'un autre genre. Nous avons découvert en effet que, parmi les
corps organiques, l'acétone pur ou dissous est un de ceux qui donnent
le dégagement gazeux le plus abondant (volumes égaux de CO et C2HG).
Ce dégagement commence dans l'ultraviolet moyen et s'accélère quand la
longueur d'onde décroît.
Selon qu'on prendra, comme mesure de « l'activité pliotochimique »
d'une source lumineuse, la dose d'acide formé, ou la dose de gaz dégagé
dans Tactinomètre à acétone, on aboutira à des conclusions opposées : dans
le premier cas on dira que, la température d'une source croissant, son
activité chimique passe par un maximum; dans le second cas, on conclura
que cette activité augmente régulièrement avec la température.
Le plus souvent, quand la longueur d'onde diminue, à la réaction pri-
mitive simple s'ajoutent des réactions secondaires de plus en plus com-
plexes. Ainsi la solution aqueuse de glucose, entre 0^,30 et 0^,25, donne
deux gaz seulement en rapports simples (2voICO et ivolH2); au-dessous de
0^,20 apparaissent des doses croissantes de gaz accessoires CO2 et CH%
et la proportion de H2 augmente au point qu'on finit par avoir 6™1 H2
pour ivolGO. La composition du volume gazeux a donc entièrement changé.
Nous avons cherché pour notre actinomètre à réunir les conditions sui-
vantes : réaction facile à mesurer, peu sensible à la lumière visible et à
l'ultraviolet initial, très sensible à l'ultraviolet moyen ou extrême, res-
tant semblable à elle-même et ne se compliquant qu'à un faible degré de
réactions secondaires quand la longueur d'onde diminue.
Le dégagement gazeux d'oxyde de carbone fourni par les solutions
aqueuses de cétoses remplit toutes ces conditions. La dioxyacétone est le
plus sensible de tous ces corps; mais en raison de sa rareté nous lui avons
préféré le lévulose qui est facile à avoir pur en grande quantité.
Parallèlement à une lampe cylindrique verticale en quartz à vapeur de mercure de
60""" de haut et i3"lm de diamètre (lampe Heraeus, type 110 volts, en régime modéré,
SÉANCE DU 3 MARS IÇjl3. 709
3,4 ampères et 52 volts aux bornes), on a mis à des distances d variées, mesurées
entre parois en regard, un tube cylindrique de quartz de i55mm de haut et i6mm de
diamètre, contenant environ 25cmS d'une solution aqueuse à 10 pour 100 de lévulose.
Dans ces conditions, on opère sur une grande quantité de liquide, et la concentration,
pendant la durée d'un essai, ne varie pas sensiblement. Le tube de quartz est relie
à un tube à dégagement étroit qui amène le gaz dans une cloche graduée. Dans chaque
expérience, on attend 20 minutes environ que l'équilibre de température et l'unifor-
mité de régime du dégagement gazeux soient établis, puis on mesure les volume-
gazeux dégagés en 5. 10, i5, 20, 3o et 4» minutes.
Vitesse
Nombre de centimètres cubes dégagés au boni de en
— ^ — • ^^— — centimètres cubes
d. 5°. 10°. 15°. 20°. 30°. IV". à. l'heure.
mm
l4 O.26 0,52 <>,-8 I,o4 » » 3,12
19 0,18 0,35 » 0,70 1,06 » 2,10
23 » 0,28 « o,55 o,83 » 1,66
3i » o,i8 0,27 » 0.54 » 1,08
4o » 0,12 0,18 » o,36 » 0,72
61 » » 0,10 » 0,20 o,3o 0,60
Les nombres précédents montrent que le dégagement gazeux se fait bien
dans chaque cas avec une vitesse constante. Il diminue suivant une
puissance de la distance voisine de f , c'est-à-dire intermédiaire entre la
première puissance (cas d'un rectangle de hauteur infinie) et le carré de
la distance (cas d'une source lumineuse ponctuelle).
Nous avons recherché enfin comment variait la vitesse du dégagement
gazeux avec la concentration. Dix solutions aqueuses de lévulose de con-
centrations c croissantes, depuis ~ de molécule (4g,5 ) par litre de solution,
jusqu'à 6 molécules (10808) par litre, ont été mises dans dix petits tubes
identiques en quartz mince placés à la même distance (2o"im) d'une grosse
lampe en quartz (type 220 volts en régime peu poussé, 3,4 ampères et
:")o volts aux bornes). On a mesuré le nombre n de centimètres cubes
dégagés en 1 heure :
M M M M M M „ ... ... ,.,,
c. — . — — . — — • — • M. 4M. 5M. 6M.
40 30 20 10 5 2
«... o,o4 o,o55 0,08 0,16 0,26 o,54 0,70 1,17 i,i 6 1,18
Pour les faibles concentrations (de 4S>5 à 18e par litre), la vitesse du
dégagement gazeux est proportionnelle à la concentration ; pour les fortes
concentrations (72os à io8og par litre), la vitesse est constante.
Il semble que la réaction soit d'ordre un (unimoléculaire) pour les solu-
tions diluées, et d'ordre zéro pour les solutions concentrées. Pour les
7IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
solutions moyennes, l'ordre est intermédiaire entre o et i (on sait que ce
dernier résultat est celui qu'on obtient dans la majorité des réactions
photochimiques ).
La conclusion à tirer de là est que l'ordre de la réaction est une notion
illusoire pour de tels phénomènes. Les hypothèses cinétiques (fréquence
du nombre de chocs des molécules), par lesquelles on justifie la loi de
masse, ne sont pas applicables aux réactions photochimiques produites par
un flux d'énergie extérieure.
Au contraire, les faits s'expliquent simplement si l'on admet que la
vitesse de réaction est proportionnelle à la quantité de lumière absorbée
par unité de temps. Dans les solutions diluées, l'absorption est faible et
proportionnelle à la concentration; dans les solutions concentrées,
l'absorption est totale el n'augmente plus avec la concentration.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de V oxyde d'èthyle a.-fi-dichloré su?- les
dérivés magnésiens mixtes. Note de MM. Lespieau et Bresch,
présentée par M. Ilaller.
En faisant réagir l'éther chlorométhyliquesur les dérivés magnésiens, on
a pu obtenir des composés saturés (Hamonet), éthyléniques ou acétylé-
niques (Lespieau), auxquels on serait arrivé difficilement s'il avait fallu
employer l'aldéhyde formique au lieu de l'éther chloré en question.
Il y a là une simplification qui nous a paru pouvoir être généralisée : l'ap-
titude réactionnelle du chlore de l'éther chlorométhylique tient évidemment
à ce qu'il fait partie d'un groupement ■ — CCI OR — ; or les corps présentant
le même groupement s'obtiennent sans trop de difficultés quand on attaque
les éthers-oxydes par le chlore. Toutefois, sauf le cas où l'on aurait en vue
spécialement la production de certains éthers-oxydes, la substitution d'un
éther chloré à une aldéhyde n'a d'intérêt que si, comme c'est le cas dans la
série en C, l'éther chloré est plus accessible que l'aldéhyde.
En voici un autre exemple : l'aldéhyde monochlorée est assez pénible à
obtenir, tandis que l'éther
<:IHCI — CHCI -O— C3H5
est facile à préparer (si le composé bouillant vers i/jo0 qui se forme lors-
qu'on attaque l'éther ordinaire par le chlore, répond bien à la formule
précédente indiquée par Abeljanz). A vrai dire ce composé paraît tout
SÉANCE DU S MARS I<}l3. ;il
aussi pénible à purifier complètement que l'éther chlorométhylique et,
tandis que Lieben indique qu'il bout de i4o° à i45°, il nous a paru passer
surtout vers i36°, mais cela n'est point un obstacle à son emploi.
Cet éther dicbloré attaque facilement les magnésiens, par exemple ceux
qui dérivent du bromure d'éthyle, du bromure d'allyle et de l'acétylène.
La réaction paraît donner naissance cbaque fois à plus d'un produit, et
peut-être cela tient-il à l'impureté du corps servant de point de départ;
néanmoins il y a toujours un de ces produits qui domine de beaucoup.
Dans le cas du dérivé magnésien de l'acétylène, le composé dominant
répond à la formule G,0H,8O*Cl2 (Analyse : C 49569; H 6,82; Cl 3o,2o;
cryoscopie acétique 255); et, si l'éther dicbloré a bien ses atomes de chlore
disposés comme on l'admet, cette formule doit être développée ainsi :
- CH2CI — CH ^G^C— CH-CH^CI
I I
OC2 11- OC2 H5
C'est un liquide incolore, bouillant à i36°-i37° sous i2mm.
Il ne semble pas, malgré la fixité de ce point d'ébullition, qu'on ait là un
composé unique, et voici pourquoi : M. G. Dupont (Comptes rendus, \. 149,
p. i38i), ayant fait agir l'aldéhyde ordinaire sur le dérivé magnésien de
l'acétylène, a obtenu un liquide bouillant, bien et répondant à la formule
CH! - CHOH — C = C - CHOH - CH3.
Cependant, ce liquide est un mélange de stéréoisomères; M. Dupont, en
passant par les dibromures, a réussi, en effet, à retirer de son produit brut
deux glycols cristallisés isomériques, tous deux inactifs, mais dont l'un est
certainement inactif par compensation.
Or, en fixant deux atomes de brome sur le composé que nous avons
obtenu, nous avons également obtenu deux bromures; l'opération avait été
faite au sein du chloroforme et s'était effectuée sans grand dégagement de
chaleur; en évaporant le solvant, nous avons reconnu qu'il se déposait deux
espèces de cristaux de solubilité très différentes, répondant tous deux à la
formule C ° H ,0O2 Cl2 Br2.
Le dibromure le moins soluble fond à i07°-io8°. On le purifie en le dis-
solvant à l'ébullition dans l'alcool à 960 et laissant déposer par refroidisse-
ment. (Analyse : Cl + Br 57,70; 029,60; H 4,17; cryoscopie acé-
tique 353; la mesure cryoscopique s'est trouvée quelque peu incertaine,
l'abaissement observé n'étant que de o°,o56, vu la faible solubilité du corps
dans l'acide acétique. )
712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le dibromure le plus soluble fond à 7i°-72°; on le purifie comme le
précédent, en ajoutant toutefois à la solution alcoolique tiède assez d'eau
pour provoquer l'apparition d'un louche. (Analyse : Cl -t- Br57,(>; ;
029,89; H /|, oG; cr}"oscopie acétique 399.)
On pourrait, il est vrai, supposer que l'isomérie de ces deux bromures,
qui sont éthyléniques, est due, non à la présence des deux atomes de car-
bone asymétriques, mais bien à une structure respectivement cis ou trans;
le cas étudié par M. Dupont rend cette hypothèse peu probable; nous
essayerons, cependant, de voir ce qu'il en est en continuant ces recherches.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur fiodure de magnésium mèthyle.
Note de M. Pierre Jomrois, présentée par M. H. Le Chateiier.
Dans une précédente Note j'ai décrit quelques propriétés nouvelles de
l'iodure de magnésium éthyle ('). J'ai repris avec la même technique des
expériences analogues sur l'iodure de magnésium méthyle.
Préparation de Ciodure de magnésium méthyle. — Dans la préparation du
dérivé éthylé, j'ai montré (loc. cit.) qu'il se produit une réaction parasite
qui pouvait, dans certaines conditions, devenir la réaction dominante.
Dans le cas de l'iodure de méthyle agissant sur le magnésium en présence
d'éther, on ne constate, au contraire, quel que soit le mode opératoire,
qu'un dégagement gazeux insignifiant : 6""1, 1 pour 244ms de magnésium
mis en jeu. Ce gaz est composé de £ de son volume de C2H'\
Action de la chaleur. — Lorsque l'on soumet à l'action de la chaleur le
composé ainsi préparé dans le vide, dans un appareil relié à une trompe à
mercure permettant de recueillir le gaz, on constate, jusqu'à i3o" environ,
un dégagement de vapeur d'éther qui cesse seulement au bout de 4o heures
de chauffage à 1200. Cette réaction est d'ailleurs réversible, car le produit
refroidi absorbe de nouveau la vapeur d'éther. C'est la dissociation du
produit déjà signalé et analysé par M. Biaise, MgICH3( C2H5)20 (2).
Si Ton élève la température vers 2400, on obtient un dégagement gazeux
dont j'ai mesuré le volume correspondant à un poids donné de ma-
(') P. Jolitîois, Comptes rendus, t. 155. p. 2i3 et 253.
(-) Blaise. Comptes rendus, t. 132, p. 839.
SÉANCE DU 3 MAHS IO,l3. 7l3
Poids de M g 1 23ms 48oœe • i i'"K
Volume gazeux à o° et ;6tm 83*1» Sag01"3 161""
Ce gaz a été analysé par la méthode récente publiée par MM. Lebeau et
Uamiens (') au moyen du fractionnement dans l'air liquide.
58cm', a5 de gaz sont composés de 57, 5 de méthane et 0,6 de carbures
supérieurs.
La formule de décomposition du produit peut donc être écrite de la
façon suivante :
a[I}!gl*Mg(GH3.)s] = 3CH'H- Mg2C. aMgF,
le dernier terme représentant une formule globale.
J'ai poussé jusqu'à 60. )° l'action de la chaleur sans obtenir aucun déga-
gement gazeux nouveau.
Le verre d'Iéna dans lequel était soufflé le ballon était attaqué par le
magnésium et un résidu charbonneux s'était substitué au composé de
Grignard. A aucun moment de l'expérience il n'y a eu de dégagement
d'iode. Ce corps n'apparut que dans le cas de rentrées accidentelles d'oxy-
gène.
Étude du produit de la décomposition à l'xy. — Lorsqu'on ne dépasse pas 3po°,
l'iodure de magnésium méthyle s'est transformé, après le dégagement de méthane,
en une masse volumineuse jaune citron, correspondant à la formule globale
Mg^C.aMgP.
Afin de voir si ce corps était un composé défini, j'ai étudié l'action de l'ëther
anhydre sur le produit ainsi obtenu. Après plusieurs épuisements par décantations
dans un appareil en verre soudé rempli de vapeur d'éther, j'ai dosé l'iode resté dans
la poudre jaune et l'iode passé en solution dans l'éther anhydre. J'ai obtenu les
résultats suivants :
Iodure d'argent Iodure d'argent
représentant l'iode représentant l'iode
Magnésium extrait par resté fixé
introduit. l'éther anhydre. sur le produit.
1"' expérience 48oms is,9' »
a0 expérience 48om» ,s,98 2>7^
D'après ces analyses, on doit séparer l'iode total en deux fractions ayant des pro-
priétés différentes.
Le résultat brut de ces expériences conduirait à écrire la formule du résidu
Mg-C, f-MgP-r-|MgP.
(') Lebeai et Damiens, Comptes rendus, t. 136. p. i44, 3a5, 557.
■ (-) Grigxard, Ann. Ch. Phvs., 7" série, t. XXIV, p. 433.
7 l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Étant donné la difficulté des opérations de l'analyse immédiate du produit, étant
donnée son altérabililé, il serait peut-être plus simple d'admettre qu'à la limite on
obtiendrait le composé défini Mg2G Mgl'2.
Action de l'eau. — Ce corps, d'après sa formule, semble contenir une
fonction carbure métallique analogue à celle du carbure d'aluminium. Pour
le vérifier, j'ai étudié l'action de l'eau sur le produit. Si l'on fait tomber sur
la masse jaune provenant de la décomposition de l'iodure de magnésium
méthyle de l'eau goutte à goutte, il se produit une réaction des plus vio-
lentes avec dégagement de chaleur et de lumière. Le produit résiduel
contient du charbon, et les gaz recueillis contiennent des proportions
variables, suivant l'expérience, de carbures acétyléniques, éthyléniques et
forméniques.
Devant ce résultat, j'ai essayé l'action ménagéedel'eau en faisant agirde
l'éther aqueux introduit à — 8o° et qu'on laissait lentement réchauffer en
présence du produit.
Dans ces conditions, l'attaque se produit régulièrement, et il se dégage
un gaz dont j'ai fait l'analyse par la méthode de MM. Lebeau et Damiens.
48omg de magnésium, mis en jeu dans l'expérience, donnent (par l'action
de l'eau sur le corps MgP,Mg2C), i iocm' de gaz contenant 3 pour ioo
d'éthylène.
Le reste est composé de la façon suivante : 2itm,,7 contiennent 2icm°,6 de
méthane et ocm3,2 de carbures supérieurs.
L'action de l'eau, opérée avec ménagement, donne du méthane à 96
pour 100. Le corps étudié est donc un iodocarbure de magnésium.
En résumé, j'ai étudié l'action de la chaleur sur l'iodure de magnésium
méthyle et j'ai montré qu'on obtient par pyrogénation et extraction à
l'éther anhydre un corps jaune répondant sensiblement à la formule
MgP,Mg2C, attaquable par l'eau avec dégagement de méthane presque
pur.
CHIMIE ORGANIQUE. — V ft halochromie » chez les dérivés de la phcnylisoxa-
zolone et chez les indogénides. Note de M. A\dré Meyer, présentée par
M. E. Jungfleisch.
Certains composés organiques, incolores ou peu colorés, possèdent la
faculté de donner avec les acides des sels colorés, sans que cette coloration
puisse être expliquée par la création d'un complexe chromophore ou qui-
SÉANCE DU 3 MARS igi3. 713
nonique. MM. Bœyer et Villiger, qui, à l'occasion de leurs recherches sur
les propriétés basiques de l'oxygène, se sont occupés de ce phénomène,
l'ont désigné sous le nom d' ' halochromie (D. ch. G., t. XXXIV, p. 2679;
t. XXXV, p. 1189, 3o2o). Les dérivés du triphénylméthane et de la diben-
zalacétone ont surtout fait l'objet de travaux à ce point de vue.
Les produits de condensation de la phénylisoxazolone avec les aldéhydes, ou isoxazol-
indogénides (Wahl et Me ver, Comptes rendus, t. 146, p. 638. — Meyer, Comptes
rendus, t. 155, p. 843) sont halochromes, car ils se dissolvent dans l'acide sulfurique
concentré avec des colorations variées, plus intenses que celles des colorants eux-
mêmes : j'ai mentionné déjà l'influence de la nature et de la position des auxochromes
introduits dans la molécule sur la couleur de ces solutions. Les quelques exemples
suivants rendent manifeste cette influence :
Composé. Couleur. Solution sulfurique.
2-oxy-i-benzalphénylisoxazolone Jaune d'or Rouge foncé
2-méthoxybenzaIphénylisoxazolone Jaune foncé Rouge orangé foncé
2-acétoxybenzaIphénylisoxazolone Jaune clair Rouge orangé
2-oxy-3-méthoxybenzalphénylisoxazolone. Jaune paille Rouge grenat foncé
4-oxybenzalphénylisoxazolone Jaune foncé Jaune foncé.
4-mélhoxybenzalphénylisoxazolone Jaune Jaune
4-oxy-3-méthoxybenzalphénylisoxazolone. Jaune orangé Orangé rouge.
Les dérivés dont Vauxochrome est situé en ortho par rapport au chromo-
pliore CH = C. . . , donnent des solutions sulfuriques dont la coloration est beaucoup
plus foncée que celles des isomères para correspondants.
En ce qui concerne les colorations produites avec SO'H-, des observations du même
ordre peuvent être faites pour différents groupes d'indogénides : en particulier, les
pyrazolindogénides (Tambor, D. ch. G., t. XXXIII, p. 864), les carbindogénides
(Kostanecki et ses élèves, Ibid., t. \\X, p. ii83, 2i38, 2947), les thio-indogénides
(Frieulaender, Mon., t. XXX, p. 347 )■ etc.. sont halochromes. et présentent les mêmes
relations que ci-dessus; celles-ci ne paraissent cependant pas avoir été mentionnées
expressément jusqu'ici, les auteurs ne s'étant pas préoccupés de rechercher quel rap-
port peut exister entre la coloration donnée par SO'II5 et la constitution du produit
étudié.
Partant de ces considérations, je me suis proposé de rechercher si,
comme les dérivés de la dibenzalacétone, etc., les indogénides, et en parti-
culier, les isoxazol-indogénides, peuvent donner de véritables combinaisons
colorées avec les acides et les sels métalliques, comparables ainsi aux sels
d'oxonium, de carbonium, etc., de Beeyer. Cette hypolbèse est vérifiée
par l'expérience.
Si l'on fait passer un courant de gaz chlorhydrique sec sur le pipéronal-
phénylisoxazolone, par exemple, en suspension dans le benzène ou le chlo-
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 9.) 91
716 ACADÉMIE DES SCIENCES.
reforme, à la température de — 10", le produit, primitivement jaune clair,
se dissout peu à peu, la liqueur prenant une teinte rouge sang, puis il se
dépose des cristaux rouge foncé; toutefois ce- composé d'addition, à cause
de sa très grande instabilité, n'a pu être isolé.
J'ai étudié alors l'action des sels haloïdes. Les indogénides et les corps
analogues fournissent des composés d'addition colorés avec le chlorure
stannique, le chlorure ferrique, le chlorure d'aluminium, etc. J'ai préparé
quelques combinaisons des isoxazol-indogénides avec le chlorure stannique,
ce produit se prêtant particulièrement bien à l'obtention de composés com-
plexes avec les corps organiques.
On dissout, ou l'on met en suspension, dans le benzène ou le chloro-
forme, l'indogénide étudiée. On y ajoute une solution de chlorure stan-
nique anhydre, dans le même solvant; il se produit un léger échauffement,
accompagné, s'il y a lieu, de dissolution et d'une coloration intense; puis,
au bout de quelque temps, il se forme un précipité. Celui-ci est essoré, lavé
rapidement au chloroforme ou au benzène et séché dans le vide sur l'anhy-
dride phosphorique.
Les composés suivants ont été ainsi obtenus :
Chlorostannate de benzalphénylisoxazolone. — Poudre microcristalline jaune
soufre, SnCI4, C16H"02N. se décomposant vers 2000.
Chlorostannate de pipéronalphényliso.razolone. — - SnCI4, CI71IM04N, décompo-
sable vers 160°. cristaux, en feuillets rouge foncé, devenant jaunes à l'air humide ou
sous l'action de l'alcool ou de l'éther, avec lesquels il paraît se combiner: le produit
reprend sa couleur primitive, sans altération, dans le vide sec.
Chlorostannate d ' anisalphénylisoxazolone. — SnCI4,C17H1303]\, poudre jaune
foncé, décomposable à i5.J°.
Chlorostannate de o-mèthoxyhenzalphénylisoxazolone. — SnCI4, 2C17H13C">N,
poudre orangée, se décomposant vers i3o°. et prenant une coloration jaune à l'air
humide; il reprend sa teinte normale sous l'exsiccateur.
Chlorostannate de vanilline-phénylisoxazolone. — SnCl4,C,7H130''N, poudre
microcristalline rouge marron, décomposable vers i5o°. et présentant un phénomène
analogue au corps précédent.
Chlorostannate de dimélhylaininobenzalphénylisoxazolone.
!SnCI*,C,8H1602N2.
rouge vif, décomposable à une température supérieure à 25o°.
Les indogénides et leurs congénères fournissent également des composés
SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 717
analogues : à titre d'exemple, je citerai le chloroslannale de pipéronal-
oxYt/iionaphléne, SnCl', C<5H'°03S, poudre microcristalline noir violet,
décomposable vers 211°.
Tous ces composés sont hydrolyses par l'eau plus ou moins rapidement.
Ils sont insolubles ou très peu sollibles dans les solvants organiques. Leurs
colorations sont beaucoup plus foncées que celle des corps générateurs et
présentent des relations analogues à celles données par SO'H2.
Les azoïques mixtes de la phénylisoxazolone, qui sont ha/ochromes,
fournissent des combinaisons de ce genre : par exemple, le henzène-azo-
phénylisoxazolone donne ainsi le chloroslannale SnCl', C,SH' ' 0*N*, jaune
orangé, décomposable vers i3o°.
Celte réaction est applicable à d'autres composés azoïques plus simples,
tels que l'azobenzène lui-même.
PÉTROGRAPHIE. — Sur les roches ëruptives du Lyonnais. Granités en place et
granités charriés. Evolution des magmas aux temps hercyniens. Note de
M. Albert Michei.-Lévy, présentée par M. Pierre Termier.
L'analyse chimique de certaines roches éruptives des montagnes du
Lyonnais, jointe à leur étude en plaque mince, m'a conduit à quelques
rapprochements cjui intéressent deux ordres de faits : i° d'une part, l'ori-
gine des granités broyés, au nord de Vienne; 20 d'autre part, la succession
des éruptions et l'évolution des magmas dans la région lyonnaise hercy-
nienne.
i° MM. Termier, Friedel et Grandjean ont appelé l'attention sur le
granité écrasé du mont Salomon (nord de Vienne), analogue à celui de la
Gampille et de Cizeron( nappes de Saint-Etienne); ce granité, qui rappelle
la protogine du mont Blanc, fait partie d'une puissante masse de roches
broyées, d'origine plus ou moins lointaine; il diffère, en tout cas, du gra-
nité à cordièrite du substratum, voisin vers le Sud-Est.
O/Voir les analyses et paramètres indiqués clans le Tableau ci-après.
rjlS ACADEMIE DES SCIENCES.
riche en quartz, orthose, microcline et albite, très pauvre en biotite, niais avec mus-
covile: enfin le granité du mont Salomon (5), avec cristaux, d'orthose et d'albite,
brisés et tordus, muscovite, chlorite et quartz secondaire abondant. Ce dernier gra-
nité seul n'est pas en place.
Analyses de M. Pîsani, 1913.
ABCS Roches et gisements. TiO'. SiO!. U»0». Fc'O". FeO. CaO. Ms0. K'O. Na'O. P. f. Total. P>0«.
De vo ni en ( 1. Ortho-albitoplivre ) „ ,,, ,„ , , , „ „ trac
* ' , 3,46 4», 30 17,20 o,.io 9,20 o.iq 8,22 o,4o 4.o8 0,20 100, 97 »
supérieur. | W. Poyet (Saint-Forgeux ). j 4 4 ' " '' ■' '4-' 4 'y;
! o,o5 63,20 17, i5 0.20 3,72 3,o6 3,32 4.21 3,17 0,60 100, 5S 0,10,
Moulin de Tabourelte. ) 'J ' 4
3. Granité, Les Halles 0,84 69, 3o i4,4o » 3, 02 2,97 1,94 4,i5 3,3o 1,00 100,92 o,i3
4. Granité. Charbonnières... » 70, 3o i3,82 • 1,08 0.45 0,90 4i°7 3>4o o,So 99,82 •
5. Granité, Mont Salomon.. o,i3 70,50 i3,So • 0,66 o,32 0,77 4,10 3 , 4 1 0,90 99,59 0,07
6. Orthophyre, Sl-Clétnent. . o,25 73,80 14,60 • 2, 35 0,06 1,17 2,85 4,i5 i.ôo 100,73 t
7. Microgranulite (filon), ) „ . . . c ,„ _, . , , -
0.78 67,00 14,00 0,43 2,00 2,88 2,3o 3,q3 0,80 2,00 100,27 0,00
Sl-Symphorien-sur-Coise. )
8. Microgranulite (coulée), )
vjola j 0,26 67,00 i5,65 » 2,43 1,77 1,70 4,08 2,95 3,20 99,54 »
9. Porphyrite amphibolique ]
( lamprophyre), > 1,70 5n,iô 16,10 2,60 ô,5S S, 61 8,38 t,36 2,35 3,90 100.78 o,i3
Courzieu. '
Tournaisien, .
\ 1 ëcîi
yjs ;en
Paramètres magmatiques (Michcl-Lévy).
Hoches Fumerolle. Scorie
et - " _^^— .
liges ujcnls. Noms américains. 2* + 3n rc ffi c-t-c' p. 100.
Dcvonien j Ix près Andose Syénitique. Persodique. Magnésien. Micro-calcique.l
supérieur. i ' ( II. 5. 3. 5 2,9 0,12 1,2 3,2 \
n j Harzose \lealino-granitique. Méga-potassique. Magnésien-ferrique. Méso-calciqtie. j ., .
" j II.4.3.3... 3,3 . i,33 1,9 i,3 \ *'
\ Toscanose Granito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien-ferrique. Méso-calcique. ]
I 1.4.2.3 3,6 1,24 .,6 1
l Alaskose Granito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien. Micro-calcique.
Tournaisien.... ( 4. T , . , , ' & r -j s 1
f 1.0.1.3 4>°4 1)21 1)2 2,7
j Alaskose Oranito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien. Micro-calcique.l ,, ,
' 1.3.1.3 4,i '-2 0,9 3,0 j ''
, auprès Kallerndose. Granito-dioritique. Méso-potassique. Magnésien-ferrique. Micro-calcique.) ,
I I.3.I.4 'i,o.'i 0,68 1,9 23 ) '" '
\ Toscanose Ucalino-graniliquc. Méga-potassique. iMagnésien. Méga-caleique. J . ,
'( I.4.2.3 3,36 1,1 1,2 0.9 j .
\ Toscanose Granito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien. Méso-calcique. )
" I I-4-2.3 ',,0 ,,4, ,,4 ..3 i "'•'
, _ \ Hessose Granito-dioritique. Méso-potassique. Magnésien. Méea-calcique.) ,.
Permien J 9. ! ,T , ., , ^ 1*1 0 s 1 t g0 ,
I H.3.4.4 .• 0,9 0,6l 0.98 n.i,7 )
6,5
Les coefficients magmatiques les plus stables de Michel-Lévy,
9= ,SsV et r=£,
2 k -+- 6 n n
se montrent très constants dans ces quatre granités et prouvent leur parenté. Leur
SÉANCE DU 3 MARS IQl3. 719
fumerolle est granito-dioritique, méga-potassique. Mais les quantités absolues de leurs
divers éléments chimiques diffèrent et permettent de les classer en deux groupes (que
faisait prévoir leur composition minéralogique) ; les deux premiers, (3) et (2), con-
tiennent moins de SiO2 (quartz libre normatif = 18 et 26,4 pour 100) et plus de
GaO, MgO, FeO; d'où l'apparition de feldspaths tricliniques, de biotite et decordié-
rite (anorthite normative pour 100 de feldspaths tricliniques = 36, 1 et 3o,o pour 100).
Les deux derniers, (4) et (0). sont plus riches en SiO2 (quartz libre normatif = 37,8 et
.19 pour 100); très pauvres en CaO, MgO, FeO (anorthite normative =6,5 et
5,4 pour 100); ils contiennent très peu de minéraux ferro-magnésiens.
Donc même magma originel probable; mais l'élément fumerolle est en plus forte
proportion dans les granités du deuxième groupe qui sont vraisemblablement des
ségrégations granulitiques de ce magma.
Ainsi le granité broyé et silicifié du mont Salomon est, chimiquement,
presque identique au granité en place de Charbonnières; il est, dés lors,
permis de se demander s'il en provient par charriage; le mont Salomon est
à plus de 4okm au sud-est de Charbonnières; les plissements indiquent
d'ailleurs des poussées du N-NW vers le S-SE, qui viennent à l'appui de
cette hypothèse.
20 Les analyses de quelques autres roches lycmnaises conduisent à deux
groupements intéressants au double point de vue de l'origine magmatique
et des âges. Une seule roche, l'ortho-albitophyre en filon de Poyet (Saint-
Forgeux) (1), possède une fumerolle syènitique, persodique; elle est anté-
rieure à la mise en place du granité (Tournaisien), dont les paramètres
(fumerolle) diffèrent complètement. Toutes les autres roches, qui sont
contemporaines ou postérieures à cette mise en place, ont une fumerolle
granito-dioritique (ou alcalino-granitique ) méga-potassique, comme le
granité lui-même [orthophyre de Saint-Clément (Tournaisien) (6), micro-
granulites, en filon, de Saint-Symphorien-sur-Coize (7), en coulée, de
Violay (8) (Viséen), porphyrite amphibolique, lamprophyrique à l'est de
Courzieu (9) (Permien)].
J'ai retrouvé dans le Lyonnais les mêmes roches éruptives que dans le
Morvan ('), dans le même ordre d'apparition et avec les mêmes particula-
rités magmatiques. Elles se classent en deux séries pétrographiques, l'une
syènitique, persodique, antérieure au granité, représentée par les ortho-
albitophyres, l'autre granito-dioritique ; méga-potassique, dans laquelle les
différentes roches, successivement constituées, semblent provenir de la
différenciation d'un même magma granitique.
(') Carte géol., France. Bull. \H>. 1908.
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
AGRONOMIE. — Sur la relation qui existe entre l'eau évaporée et le poids de
matière végétale élaborée par le maïs. Note (') de M. Mazé, présentée par
M. A. Muntz.
L'eau tient la première place parmi les éléments fertilisants du sol ; aussi
les agronomes se sont-ils attachés depuis longtemps à déterminer les quan-
tités d'eau évaporées par les plantes cultivées.
Elles varient nécessairement avec les conditions climatériques et peut-être
aussi avec la nature du sol. Les chiffres suivants qui expriment les poids
d'eau évaporée par kilogramme de plante sèche, montrent bien qu'il en est
ainsi.
Nombre de kilogrammes d'eau évaporée par kilogramme de plante sèche,
suivant les auteurs :
Tahleau I.
Froment
Orge.
•
Lawes.
Hi
îllriegch.
Haberland
2^7
225
Blé de mars.
338
234
avec engrais minéral . .
Seigle d'été.
353
166
avec engrais minéral -+-
Az.
206
376
455
207
238
ï)
247
»
avec engrais minéral . .
a83
avec engrais minéral -+-
Az.
271
Fois
273
)>
Trèfle rouge.
3io
»
Sarrasin ....
363
»
029
»
»
»
Risler.
263
2 i(i
La méthode des cultures en milieu aseptique, m'a permis d'évaluer
rigoureusement les quantités d'eau mises en œuvre par le maïs dans les
conditions de nutrition les plus variées.
Les chiffres obtenus sont consignés dans une série de Tableaux qui cor-
respondent à autant de séries d'expériences. Toutes ces cultures ont été
réalisées en 1910; toutes les plantes proviennent de graines prises sur le
même épi.
Les solutions nutritives que j'ai employées dérivent de la solution primi-
tive P x 1 dont la composition est la suivante :
(') Présentée dans la séance du 24 février 191 3.
SÉANCE DU 3 MARS IO.l3. -2 1
Nitrate de sodium o,G(>i7 Chlorure de manganèse + 4 aq. . . o.o.ï
Sulfate d'ammonium o,5i/j Chlorure de zinc o,oô
Phosphate de potassium neutre, i Silicate de potassium o,o5
Sulfate de magnésium -+- 7 aq.. 0,2 Carbonate de calcium 2
Sulfate ferreux + 7 aq 0,1 Eau du robinet ( Vanne) 1
La solution P x 1 étendue de deux et quatre fois son volume d'eau a donné
les solutions P x - et P x y En remplaçant l'azote de P x 1 par de l'azote
empruntée en quantité équivalente à un seul composé azoté, j'ai pré-
paré respectivement quatre liqueurs de concentration P x 1 NO'ÏVa,
PxiN03NH% PxiSO*(NH4)2, PxiNIPCI, lesquelles ont été
diluées également à - pour former d'autres milieux nutritifs.
Les solutions complémentaires utilisées pour combler les vides produits
par l'évaporation des plantes du Tableau III, étaient ramenées respective-
ment à la concentration P x •
Les chiffres du Tableau IY concernent des plantes qui, après avoir atteint
un poids sec variant de i2gà i5s environ, ont achevé leur développement
dans des solutions incomplètes renfermant un seul sel nutritif à une concen-
tration pour 1000 d'eau distillée indiquée dans la colonne 1 .
Considérés dans l'ensemble de ces Tableaux (p. 722), les chiffres de
la colonne 9 peuvent être regardés comme constants, ce qui veut dire
que :
La quantité d'eau évaporée par kilogramme de matière végétale sèche est
constante et indépendante de la nature des solutions nutritives et de leur con-
centration, de même que de l'état de développement de la plante.
Les chiffres de la colonne 10, rapportés à ikii d'organes aériens, varient
en raison inverse du développement relatif A des racines. Ce sont ces rap-
ports que les agronomes ont surtout étudiés jusqu'ici; ils masquent la loi
que je viens d'énoncer; mais ils montrent que le rendement économique
de l'eau évaporée est en faveur des solutions riches ou des sols fertiles,
conformément aux résultats de Lawes (Tableau I).
Comme le poids de matière végétale n'est que la résultante des deux
actions inverses de création et de destruction de matières organiques, on
conçoit qu'en dehors des facteurs que je viens de considérer, il en existe
d'autres, comme la température, par exemple, capable de faire varier la
quantité d'eau évaporée par kilogramme de plante sèche.
722
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau II.
1.
Nature
des
solutions.
Pxf
N"
V x
i> x iNOINa
l'x iN03NH4.
Px iSCH(NH')2.
3.
Age
des
plantes.
j
25
3i
45
53
25
3i
45
53
25
3i
45
53
25
3i
45
53
»
»
»
sec,
entier.
s
2,975
4,33o
9,480
8,56o
2, 120
3,210
10,020
i4,38o
1,875
2, 100
i3,73o
9>39°
1,070
2,080
>7>29°
8,070
10,975
8,63o
10,660
0.
Poids
sec.
racines.
g
0,920
t,288
2,817
2 ,4^3
o,387
0,821
2,994
2,977
o,54i
o,578
2,587
i,694
0,269
0,393
o r o
o,4ai
i,74i
i,49°
1,698
7.
Kapport R
racines
8. 9. 10.
Eau évaporée en kilog.
sec,
tiges+feuill.
2,o55
3,o42
6,663
6,137
i,733
2,38o
10,326
1 1 ,4o3
1,334
i,5a2
n,i43
7,696
0,801
1,617
13,85g
6,902
9,234
7,i4o
8,967
plantes
(pi. = 100).
3o,9
29,7
29,7
28,3
18,2
25,5
22,4
20,7
28,8
27,5
18,8
18
25, I
19,5
19,8
1 3 , 8
i5,8
'7,2
i5,9
par
la plante
entière.
0,396
o,63o
i,3i9
1,2.59
0,292
0,528
•,498
1,983
0,223
0,28l
1,645
1,211
0,141
0,288
i,94S
I , 2l3
1,372
,,177
1 ,342
par kilog.
de plante
sèche.
i33,l
l45,6
l39,l
i45,6
l37>7
i64,4
112,4
•39,i
«■9
i33,8
119,8
128,9
i3i,7
143,2
1 12,6
i5o,3
125
i36,3
i25,8
par kilog.
de
tiges+feuill.
'92,7
207,1
Ï99,1
205, 1
168,5
221
l45
«73,9
167,1
i84,6
i47,6
i57,3
176
178,1
i4o,5
174,5
i48,5
i64,8
i49>6
PxiIWCl 20
Y x >N03NH4... 21
PxiS04(NH4)'2. 22
PxiNO'Na.... 23
o,5N03NH4 24
o,5S04(NH4)2... 25
1 NO'Na 26
1 POHK2 27
o,5NH4CI 28
Eau distillée 29
Tableau III.
Plantes ayant achevé leur évolution.
107
70
»
>>
»
9,i5o
i3o,7
»
107
69,92
„
»
»
10,776
'54, 1
»
107
5o, 34
»
»
»
7,663-
.5i,6
»
107
48, 5o
»
Tableau
»
IV.
»
7.766
i6o,3
»
Plantes placées en solutions incomplètes.
96
4o, 100
10,70
29,400
26,68
."1.374
l34,02
182,7
88
15,790
2,750
i3,o4o
'7>4i
2 , 565
162,44
196,8
96
27,38
8,090
19,29°
29,54
',.o34
147,33
209,2
88
33,oi5
8,53o
24,485
25,83
1 449
i65,o
222,6
88
1 3 , 36o
2,207
1 1 , i 53
16, 5i
•'- - 7 • 3
.48,3
177,7»
95
39,65
5, 1 13
34,537
12,89
5,S85
.48,4
170,39
SÉANCE DU 3 MARS IC;l3. 723
AGRONOMIE. — Les matières azotées solubles comme facteur d'appréciation
des farines. Note de MM. Eue Rousseaux et 3Iaurice Sirot, présentée
par M. A. Mùntz.
Tous les chimistes qui se sont occupés d'analyses de farines savent combien l'inter-
prétation des résultats obtenus offre de difficultés. Lorsque la farine est nettement
avariée, des dosages tels que : acidité, matières grasses, gluten et ses caractères, etc.,
permettent de se prononcer.
Il existe pourtant des cas assez nombreux où le chimiste se trouve très embarrassé:
lorsque de l'examen des chiffres seuls on ne peut que conclure à une farine de compo-
sition normale, quoique le praticien ait reconnu que sa farine présente des inconvé-
nients à la panification. Ce fut le cas, par exemple, pour deux farines de composition
satisfaisante.
Les résultats, trouvés par plusieurs laboratoires, conduisaient aux mêmes conclu-
sions : farines de composition normale, et cependant des experts minotiers les décla-
rèrent toujours mauvaises et inaptes à faire du pain de bonne qualité.
Quand il s'agit, par exemple, de livraisons de plusieurs milliers de quintaux de
farines du commerce pour les approvisionnements des manutentions militaires, on se
rend compte de l'importance delà question.
Nous avons recherché si l'examen des matières azotées des farines ne
nous donnerait pas un critérium plus certain que les dosages prescrits par
les méthodes actuellement en usage.
De la connaissance de la formation et de la migration des principes
immédiats des végétaux, on comprend qu'on puisse trouver dans le blé
ou dans la farine les matières azotées sous les deux formes soluble et inso-
luble. On est amené à prévoir que, dans une farine provenant de graines
complètement formées, les matières azotées seront en grande partie à l'état
insoluble; que, dans les farines provenant de graines incomplètement for-
mées, ou déjà en voie de germination, les matières azotées solubles seront
dans une proportion plus forte. C'est ce principe qui nous a guidés dans
nos recherches.
Nous nous sommes attachés d'abord à déterminer la proportion des
matières azotées solubles dans les bonnes farines et à établir le rapport
matières azotées totales T .1111 1 1 •
77 . ,, • Les méthodes de dosages employées sont les sui-
matieres azotées solubles ° r •>
vantes :
Azote total. — Dosage ordinaire de l'azote par la méthode Kjeldahl, en opérant sur
2S de farine.
Azote soluble. — On introduit 10S de farine dans un ballon de 20ol'mI, avec environ
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N' 9.) 92
724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
i5or'"' d'eau distillée; on mélange, en agitant, tout en versant l'eau. Le ballon est
placé au bain-marie bouillant; ion l'y laisse 2 à 5 minutes, en agitant fréquemment. le
feu étant retiré de dessous le bain-marie; on enlève alors le ballon, on le refroidit, on
le complète, on l'agite et l'on filtre. On recueille 5ocm* du filtrat, correspondant à 2S,5
de farine. L'azote y est dosé par la méthode Kjeldalil.
Ces dosages furent effectués sur une vingtaine de farines de bonne qualité, en même
temps que les dosages de l'acidité et du gluten.
Nous en avons déduit le rapport moyen entre l'azote total et l'azote
soluble. Ce rapport est assez constant et voisin de $,73, avec des écarts
de o,3o en plus ou en moins.
Il était dès lors intéressant d'établir ce rapport pour des farines que
l'analyse ordinaire elle-même caractérisait comme nettement mauvaise.
Ce que nous supposions s'est trouvé vérifié : l'azote y est en partie solubi-
lisé; le rapport peut tomber à i,i5; il y a alors presque autant d'azote
soluble que d'azote insoluble.
Partant de farines bonnes à tous points de vue, nous avons étudié com-
ment variait le rapport suivant les conditions de conservation. Tandis qu'il
reste à peu près le même dans une farine bien conservée, il est passé, pour
une farine première de Corbeil, de G, 02 à 4>°° dans l'espace de trois mois,
par une conservation défectueuse, se rapprochant des conditions favorables
à la germination (humidité et chaleur simultanées).
Après avoir étudié le rapport dans les divers cas ci-dessus, nous l'avons
déterminé dans plusieurs farines qui nous étaient soumises. Pour deux qui
donnaient une proportion normale de gluten assez beau, mais que l'acidité
élevée (io3,ng et ()5me) classait parmi celles présentant des inconvénients
à la panification, notre rapport, qui ne s'éloignait pas sensiblement de la
moyenne, concordait avec la pratique pour permettre de les considérer
comme satisfaisantes.
Par contre, d'autres farines présentaient des inconvénients à la panifica-
tion et avaient cependant une acidité, un gluten normaux, et les caractères
du gluten n'étaient pas sensiblement modifiés pour retenir l'attention du
chimiste. Notre rapport, sensiblement inférieur à la moyenne (5, 00 et 2,76),
concordait ici encore avec la pratique pour faire considérer ces farines
comme défectueuses.
Une même farine, de composition et de rapport normaux au début, a été
suivie pendant plusieurs mois, elle était conservée en sacs au fournil. A un
moment, le boulanger la trouvant inférieure à ce qu'elle était, le rapport
était, en effet, tombé de 3,62 à 5, 18.
SÉANCE DU 3 mars io,i3. 725
Enfin, nous avons examiné des farines, provenant généralement de blés
mal récoltés, et qui, après pétrissage et lors du repos précédant la mise en
corbeilles, laissent échapper de l'eau, laquelle remonte à la surface de la
pâte (farines qui relâchent); elles obligent à réajouter de la farine et à
remanier la pâte; on obtient un pain moins beau et un rendement moins
fort. Seul, dans ce cas, le rapport (4,o5 et 4>32) a pu nous renseigner sur
l'infériorité de telles farines.
En résumé, nos recherches nous permettent de dire que :
Dans les bonnes farines, le rapport moyen entre l'azote total et l'azote
soluble, tel que nous l'obtenons, comme il a été dit, est voisin de 5,72;
dès qu'il s'abaisse au-dessous de 5, 20 nous avons toujours constaté qu'il
correspondait à une farine inférieure, présentant un inconvénient quelconque
à la panification.
Il semble résulter réciproquement que, pour qu'une farine soit bonne,
il faut que ses matières azotées totales et solubles ne s'écartent pas sensible-
ment du rapport indiqué, et cela souvent indépendamment de l'acidité, qui
est parfois peu élevée dans de mauvaises farines.
Nous n'avons pas la prétention de considérer ce rapport comme devant
se substituer à l'analvse ordinaire, mais nous avons cru devoir faire connaître
, .. , azote total • , -,
nos observations, car le rapport 1— rr nous a permis souvent de nous
rr azotesoluole l
rendre compte pourquoi une farine incriminée par la pratique était, en effet,
défectueuse, malgré une analyse chimique ordinaire favorable, et, d'autre
part, de confirmer ou de prévoir l'appréciation défavorable de la pratique
pour des farines que leur composition autorisait à considérer comme
normales.
AGROx\OMlE. — Recherches sur /'action fertilisante du soufre.
. Note de M. A. Demoi.on, présentée par M. A. Miintz.
Dans une Note précédente (Comptes rendus, t. 154, p. 024) nous avons
signalé quelques résultats montrant que l'addition de soufre au sol peut
exercer une action fertilisante parfois très marquée. Nous avons fait voir
que ce soufre peut évoluer et se transformer en acide sulfuriquè. Toutefois,
dans les conditions où nous nous étions placé, ce phénomène ne s'était
produit qu'avec lenteur et était resté peu important au point de vue quan-
titatif. L'expérience suivante montre qu'il peut prendre une intensité très
notable.
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Deux terres de limon d'origines différentes A et B, renfermant respectivement
3 pour 100 et 2,80 pour 100 de carbonate de chaux, sont additionnées de 1 pour 100
de soufre en fleur débarrassé de toute trace d'acide sulfurique et placées dans des
soucoupes en large surface. On ensemence avec quelques centimètres cubes de
terre de jardin et l'on place à l'étuve à 200. De temps à autre, on arrose avec de l'eau
distillée. A plusieurs reprises la terre, devenue compacte, est broyée soigneusement
au mortier. Au bout de 4o jours, on épuise chaque lot dans une allonge par l'eau
distillée et l'on dose l'acide sulfurique.
SO'Ba Soufre transformé
pour 100» de terre. en SO'H3.
. ( avec soufre 0,970 o, 124
( témoin sans soufre 0,062 »
avec soufre 0,612 0,077
témoin sans soufre 0,0/^7 »
B
Le soufre, dans des conditions favorables, est donc susceptible de devenir
une source continue et appréciable d'acide sulfurique. Celui-ci se retrouve
à l'état de sulfate de chaux.
L'expérience suivante montre que le phénomène est lié à l'intervention
de mîcror°:anismes.
o
II. Dans quatre tubes on place 5os de terre renfermant 1 pour 100 de soufre. Poul-
ies tubes 1 et 3, la terre a été chauffée 1 heure à io5° avant l'addition de soufre. On
amène à 20 pour 100 d'humidité avec de l'eau stérile et l'on scelle les tubes en laissant
une chambre à air. Les nos 1 et 2 sont placés côte à côte dans le sol à ioim de profon-
deur, les nos 3 et k à l'étuve à 25°. ■ Au bout de deux mois (juillet et août) on dose
l'acide sulfurique formé :
Différence en faveur
de la terre
SO'Ba obtenu. non chauffée.
\ 1 chauffé 0,09
2
Dans le sol. " ''. " ' ^ 0,073
/ 2 non chauffe 0, i65 ) '
.v _ l 3 chauffé o,2o3 ) „
Ltuve a 25°. ] ' [ 0,1 13
( » non cnaulle o,3io )
Le chauffage de la terre à io5° a ralenti l'oxydation du soufre, tandis que la tempé-
rature de 2 5° l'a accélérée.
Il est d'ailleurs aisé de constater que le soufre peut être facilement attaqué
par les microbes du sol : si l'on ensemence avec un peu de délayure de
terre un milieu liquide fermentescible, additionné de fleur de soufre, on
obtient rapidement un dégagement de H2 S. Dans le sol et dans des con-
ditions aérobies, le phénomène normal semble être l'oxydation sulfurique,
la réduction des sulfates ne s'observant que dans des conditions excep-
SÉANCE DU 3 MARS I()l3. 727
tionnelles (abondance des matières organiques, milieu anaérobie). En
résumé l'évolution du soufre dans le sol présente un parallélisme frappant
avec celle de l'azote.
III. L'action fertilisante du soufre pouvant être à la fois d'origine
chimique et biologique, nous l'avons mise en parallèle, en 191 2, avec celle de
l'acide sulfurique, de l'anhydride sulfureux et du sulfure de carbone.
Conditions de l'expérience. — Terre de jardin fertile sans engrais. SO2 liquéfié
et CS2 sont injectés dans le sol quelques jours avant le serais (5cmJ tous les 20cm par
ligne). Soufre 2s par mètre linéaire. SOvHs à 5 pour ioocml par mètre.
Deux variétés de betteraves à sucre ont été expérimentées dans deux parcelles.
Variété Klein Wanzleben.
Témoin. Soufre. SOlH:. SO-. C&\
Poids moyen d'une racine. . . o,334 0,842 o,32Ô o,4o8 0,439
Poids moyen des feuilles.. . . 0,228 0,277 o,23i 0,270 0,299
Densité 9,1 8,7 8,9 8,6 8,6
Sucre pour iooks '7,5° 17,20 17,0 17,10 17,20
Pureté 89,2 90,7 92,0 90,4 9l>fi
Variété Bimpau.
Poids moyen d'une racine .. . 0,353 0,877 0,364 o,4o5 o,445
Poids moyen des feuilles. .. . 0,817 o,36i 0,822 o,36i 0,824
Densité 8,7 9,0 8,8 8,7 8,9
Sucre pour iooks 17,20 17,20 17, 5o 17,20 1 7 , 70
Pureté 91,3 90,8 90,3 90,6 90,9
Bornons-nous à remarquer que l'action des antiseptiques gazeux a été
beaucoup plus marquée que celle du soufre. Dans les deux cas, l'ordre a été :
soufre, SO2, CS2, ce dernier ayant donné le maximum d'effet. Quant à
l'acide sulfurique, il est resté sans action. Mais il est permis de penser que
son application brutale avant le semis n'est nullement comparable à une
formation progressive dans le sol au cours de la végétation.
IV. Des expériences réalisées en grande culture en 1912, et que nous
exposerons en détail ailleurs, ressortent les faits suivants :
i° Le soufre peut encore jouer lorsqu'on pratique un apport normal de
fumier de ferme, mais son action diminue et peut devenir nulle en présence
d'une dose suffisante d'engrais organiques et minéraux ;
20 La pomme de terre est la plante de grande culture qui a, de la manière
728 ACADÉMIE DÈS SCIENCES.
la plus générale, bénéficié d'un apport de soufre. En terres légères, pauvres
en carbonates terreux, une action nocive a pu être observée sur les céréales
(dose 8os à l'hectare). Ce phénomène peut tenir à l'acidification de la réac-
tion du sol ;
3e Un apport de soufre à dose égale d'azote a donné les mêmes résultats
qu'une fumure minérale complète (superphosphate, plâtre, sulfate de
potasse).
En résumé l'action fertilisante du soufre semble pouvoir être attribuée :
a. A son action sur les microbes du sol (Boullangkr, Comptes rendus,
t. 154, p. 369; t. 155, p. 327);
b. A sa transformation progressive en acide sulfurique qui, non seule-
ment peut constituer dans certains cas une source de soufre pour la plante,
mais qui peut encore jouer le rôle de solubilisateur de certains éléments
minéraux du sol, soit directement, soit indirectement par la formation de
sulfate de chaux mobilisateur de la potasse.
PHYSIOLOGIE. — Activité des centres nerveux et catabolis/ne azoté de la
substance nerveuse. Note de M. L.-C. Soula, présentée par M. A. Dastre.
Etant donnée la quantité d'azote total que renferme un poids donné
d'organe ou de tissu, on peut apprécier le catabolisine des matières pro-
téiques en déterminant la proportion par rapport à l'azote total de l'azote
des albumines, des polypeptides, des acides aminés et de l'ammoniaque.
On arrivera ainsi à établir des coefficients qui peuvent nous rendre compte
de l'intensité de la désassimilation azotée.
En l'espèce, ce sont surtout les rapports de l'azote des polypeptides
{coefficient de protéolyse) et de l'azote aminé (coefficient d'amino genèse) à
l'azote total qui sont à considérer.
Ce sont ces coefficients que nous avons déterminés pour les centres
nerveux, à l'état normal, et soumis d'autre part à des conditions de nature
à augmenter ou à diminuer leur activité.
De l'examen d'un très grand nombre de cerveaux et de moelles normaux
il résulte que les valeurs moyennes de ces coefficients sont :
a . Pour le lapin, coefficient d'aminogenèse : 6 pour 100 dans le cerveau et 7,") pour 100
dans la moelle; coefficient de protéolyse: i3 pour 100.
SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 729
b. Pour le chien, coefficient d'aminogenèse: 6 pour 100 dansle cerveau el 7 pour 100
dans la moelle; coefficient de protéolyse : 17 pour 100.
c. Pour le rat, coefficient d'aminogenèse : 6,9 pour 100.
d . Pour le cobaye, coefficient d'aminogenèse ; 5,5 pour 100.
I. Influence des facteurs qui augmentent l'activité des centres nerveux (expé-
rience sur le lapin, le chien, le cobaye et le rat). — ■ Nous avons étudié l'hyperthermie
générale provoquée par échauirement de l'enceinte où se trouvait l'animal, l'hyper-
thermie locale par diathermie, la faradisation du neuraxe, l'asphyxie prolongée, les
agents chimiques convulsivants, la fatigue el la toxine tétanique. D'une manière
générale, tous ces facteurs augmentent d'une façon marquée les coefficients de pro-
téolyse et d'aminogenèse. Cette augmentation varie légèrement selon l'agent étudié,
mais est en moyenne pour le coefficient d'aminogenèse de 3 à 5 pour 100 et pour le
coefficient de protéolyse de 10 pour 100. Il est à noter que, dans le cas des substances
convulsivantes et de la faradisation, les effets sont bien dus à une action directe sur le
neuraxe, car ils ont persisté au même degré sur des animaux soumis à la respiration
artificielle et dans certains cas à la curarisation.
II. Influence des agents qui diminuent l'activité des centres nerveux. — Par
contre, les facteurs qui diminuent l'excitabilité du système nerveux abaissent de même
ces deux coefficients. Nous avons étudié les ell'ets de l'hypothermie provoquée par des
affusions froides, de la morphine, du chloral, de la chloralose, de l'éther, du chloro-
forme et de la toxine diphtérique. Dans tous ces cas nous avons noté un abaissement
des deux coefficients; cet abaissement est moins accentué que ne l'est leur élévation
sous l'influence des excitants. En tous cas, sur les animaux soumis à ces influences les
coefficients d'aminogenèse et de protéolyse ont toujours eu des valeurs inférieures
à la normale.
L'ensemble de ces résultats nous montre donc que tous les agents qui
augmentent l'activité des centres nerveux déterminent également un
accroissement de la désassimilation azotée dans la substance nerveuse et
que cet accroissement est, d'une façon générale, proportionnel à l'augmen-
tation d'activité des centres. Inversement, tous les facteurs qui diminuent
l'excitabilité du système nerveux abaissent l'intensité de la désintégration
proléique.
Il résulte également de nos expériences que la source d'énergie à laquelle
puisent les centres nerveux pour leur travail pbysiologique est conslituée
au moins par les principes azotés.
73o ACADÉMIE DES SCIENCES.
EMBRYOLOGIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur la nature et le dévelop-
pement de l'organe lumineux du Lampyre noctiluque. Note de M. Raphaël
Dubois, présentée par M. Henneguy.
M. von R. Vogel, de Tiibingen, a bien voulu m'adresser un intéressant
travail sur la topographie et le développement des organes lumineux du
Lampyris nocliluca (' ) qu'il vient de publier.
L'auteur fait observer, avec raison, que Leydig, en faisant dériverdu corps adipeux
les organes lumineux de Lampyris splendida la à cause d'une certaine ressemblance
structurale entre les deux tissus, n'a pas démontré cette transformation. Cette hypo-
thèse a été combattue par Kôlliker qui avait vu dans ces organes lumineux les ana-
logues d'organes nerveux semblables aux organes électriques des Poissons, à cause
des faisceaux nerveux qui s'y ramifient et viennent s'y perdre : cette opinion est
doublement erronée puisque ces derniers sont plutôt assimilables à des organes
musculaires. Wielowiesjki croit qu'il y des rapports assez étroits avec le corps adipeux,
mais il est d'abord indécis, puis, plus tard, il croit que la couche d'urates (?) ren-
fermant de l'acide urique (?) est apparentée au corps adipeux, tandis que la couche
parenchymaleuse lumineuse se compose, par contre, de cellules dérivant des œnocytes
et serait par conséquent d'origine ectodermique. Von Vogel fait observer, avec raison,
que toutes ces données sur l'origine des organes lumineux ne peuvent être que des
suppositions plus ou moins fondées, n'étant que des déductions tirées de la structure
d'organes développés : l'histoire du développement peut seule apporter la certitude.
Non Vogel penche vers l'opinion que les organes lumineux dérivent du corps adipeux
parce qu'il voit se produire dans les cellules de ces derniers des processusd'histolyse,
non pas identiques, mais analogues : formation de granulations de nature albuminoïde,
cellules sans membranes, irrégulièrement déchiquetées, multiplication mitosique très
active « dans les amas adipeux » voisins de l'hypoderme et destinés à la formation des
organes lumineux. Enfin, d'après von Vogel, L'organe lumineux larvaire serait complè-
tement isolé de l'hypoderme à une période de son développement.
\
Von Vogel ne parait connaître mes recherches sur les organes lumineux
que par ce qu'en a dit E. Mangold, et cela explique pourquoi il a cru
devoir entreprendre une étude faite depuis longtemps déjà par moi sur leur
ontogénie.
Au début de mes recherches sur les Pyrophores, j'ai bien cru, avec
Leydig, que les organes lumineux des Insectes dérivent du corps adipeux;
(') Von R. Vogel, Zur Topographie uni/ Entwicklungsgeschichle der Leuchtor-
gane von Lampyris noctiluca (Zool. An:., Bd. XLI, Nr. 7, 11 Februar io,i3).
SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. 73l
mais en examinant de plus près ce point de la question j'ai pu établir ab ovo
qu'il n'en est pas ainsi ( ').
Contrairement à l'opinion de Wielowiesjki, la luminosité se produit
à l'intérieur de l'œuf. Elle se montre déjà dans les oviductes de très
bonne beure et en dehors de toute fécondation préalable, avant toute
formation blaslodermique.
Au début du développement, les cellules photogènes sont localisées dans
le blastoderme qui se forme aux dépens du vitellus de formation. Le vitellus
de nutrition n'est pas photogène comme le croit von Vogel. En outre
les observations de von Vogel ne font que confirmer l'existence de l'organe
photogène dans la larve avant l'éclosion, car je l'ai depuis longtemps
signalée.
Chez la larve, l'organe prend naissance aux dépens des cellules pro-
fondes de l'hypoderme, et. alors même que l'organe lumineux larvaire
semble plus tard isolé au milieu du tissu adipeux, il est relié à la face
interne de l'hypoderme par un pédicule, très fin il est vrai, dans le
second âge.
Dans la période nymphale pendant laquelle les téguments ne sont pas
encore pigmentés, toute la face interne du squelette se montre légèrement
phosphorescente.
Cette origine ectodermique, absolument étrangère à la formation du
corps adipeux, se montre à tous les stades du développement, aussi bien
chez le mâle que chez la femelle du Lampyris noctiluca, et surtout dans les
organes photogènes des Pyrophores où j'ai bien mis en évidence la naissance
des cellules photogènes aux dépens de l'ectoderme, c'est-à-dire de la proli-
fération des cellules profondes de l'hypoderme. Wielowiesjki croyait que
la couche dite crayeuse était d'une origine différente de celle de la couche
parenchymateuse. Von Vogel a confirmé l'opinion que j'ai toujours
soutenue, aussi bien pour les Lampyrides que pour les Élatérides, à savoir
que les deux couches sont continues, ainsi que cela se voit nettement dans
les organes adultes de la femelle du Ver luisant et chez les Pyrophores des
deux sexes (2) : les cellules de la couche crayeuse ne sont que des cellules
parenchymateuses modifiées par l'histolyse glandulaire, et avec produits
oxydés cristallins résultant de l'oxydation photogénique de la luciférine
(') Voir Leçons de Physiologie générale et comparée, chez Masson, Paris, 1898,
12e leçon, p. 3oi et suiv.
(-) Loc. cit., p. f45, i46, 1 5g, 160, 161.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 150, N° 9.) 93
y'5-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par la luciférase. Les organes photogènes des Insectes sont, en effet, des
glandes comme tous les autres organes différenciés en vue de la fonction
photogénique. Actuellement, l'étude phylogénique, à elle seule, suffirait
à le prouver, si la physiologie ne l'avait montré depuis longtemps déjà.
Mais il en existe de deux types bien distincts : i° des glandes à sécrétion
externe (Myriapodes, par exemple); i° des glandes à sécrétion interne.
On peut dire que ces dernières peuvent servir de type fonctionnel. On voit
le sang y pénétrer par un mécanisme que j'ai le premier décrit, et en sortir
chargé de produits élaborés dans la glande ('). Il existe d'autres glandes
à sécrétion interne chez divers animaux autres que des Articulés, par
exemple chez les Céphalopodes, chez lesquels les glandes photogènes offrent
les plus grandes analogies avec celles des Insectes.
Conclusions. — L'ontologie, la phylogénie et la physiologie s'accordent
pour montrer :
i° Que les organes photogènes dans toute la série sont d'origine ecto-
dermique;
2° Que ce sont des glandes;
3° Que ces glandes se ramènent à deux types distincts : (a) glandes à
sécrétion externe; (b) glandes à sécrétion interne;
4° Les organes photogènes des Insectes montrent très nettement les
détails du mode de fonctionnement des glandes à sécrétion interne.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence, du bore dans la série animale.
Note de MM. Gabriel Bbbtkand et H. Agui.iiox, présentée par M. E. Houx.
Nous avons réussi, l'année dernière, à l'aide d'une méthode sûre el d'une
très grande sensibilité, à découvrir des traces de bore dans la plupart des
organes du Cobaye, du Lapin, du Mouton, du Bœuf et du Cheval (-').
Nous nous sommes demandé s'il s'agissait là d'un fait spécial, propre à
la classe des Mammifères, analogue, par exemple, à celui de l'existence du
cuivre dans le sang chez les Crustacés et certains Mollusques, ou bien, au
(') Loc. cit.. p. 328-335.
(2) Comptes rendus, t. lo5, 1912. p. 2'|8.
séance du 3 mars 1913. y33
contraire, si la présence du bore s'étendait, comme celle de l'arsenic et celle
du manganèse, à tous les représentants de la série animale.
Les nouvelles expériences que nous avons entreprises pour répondre à
cette importante question de Chimie biologique comparée ont porté sur
27 espèces choisies dans les différentes classes.
Sauf en ce qui concerne le Maquereau, le Merlan et la Limande que nous
avons achetés au marché, nous sommes partis d'animaux vivants pour nos
expériences. L'Orque, la Tortue de mer, la Roussette et les Seiches ont été
capturés au cours d'une croisière entreprise par S. A. S. le Prince de
Monaco et les échantillons destinés aux analyses séparés, lavés et dessécliés
aussitôt par l'un de nous. La conservation dans l'alcool, liquide très difficile
à obtenir exempt de bore, a été ainsi évitée.
Chaque expérience a été effectuée en général sur iog de matières sèches.
Lorsque les animaux étaient de taille supérieure à celle qui correspond à ce
poids, ils étaient divisés avant la dessiccation et l'on opérait sur une partie
seulement du résidu sec. Les animaux ont toujours été soigneusement
débarrassés de toutes souillures : particules solides, eau de mer, etc. On a
évité, chaque fois que cela aurait pu se produire, la contamination par les
restes de substances alimentaires en éliminant, soit le contenu du tube
digestif, soit même l'intestin. Il n'y a eu d'exception à cette règle que pour
les Crevettes, les larves de Tenebrio et de Chironomus, à cause de la petitesse
de ces animaux et du grand nombre d'individus sur lequel il a fallu opérer.
Le mode de recherche du bore a été le même que dans nos expériences
antérieures : destruction des matières organiques au moufle ou à la bombe
de platine, éthérification de l'acide borique contenu dans les cendres, dis-
tillation et saponification du borate de métbyle; reconnaissance, enfin, de
l'acide borique mis en liberté par le papier au curcuma, dans des conditions
spéciales, et, parfois même, au spectroscope, après transformation en
fluorure de bore.
Nous résumons la nouvelle série d'expériences dans le Tableau suivant
où nous indiquons successivement les noms des animaux et des organes
examinés, les poids de substances analysées et, pour donner un aperçu de
l'intensité relative de la réaction obtenue dans chaque cas avec l'acide
borique, les longueurs de papier au curcuma colorées en rouge, virant au
bleu par l'ammoniaque étendue :
n34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Long, color.
Poids. après
Noms des animaux. examinés. Secs. Frais. 18 h. 48 h.
Mammifères :
Souris blanche (combustion ù la bombe). Entière,
S s mm
moins l'intestin 4 '4 2
Orque ( Orca gladiator L.) Peau io 8
Oiseaux :
mm
Pigeon Plumes io 5 6
Ici Muscles et os io 25 02
Reptiles :
Tortue de mer (T/iallasocheliscarettaL.). Ecaille 10 6
Tortue des marais (Cisludo europœa
Du m.) Id . io 4 6
Id Membres 10 2 4
Batraciens :
Grenouille (Rana temporaria L.) Sans l'intestin i4,5 60 4
Poissons :
Carpe n° 1 Peau et écailles 27 87 2 3
Id . Viscères 6 35 02
Carpe n° 2 Muscles 10 07 00
Truite n° 1 Sans les viscères 10 36,6 o o
Id. Id. 20 73,2 o o
Truite n° 2 (combustion à la bombe). .. . Intestin vidé 20 71 01
Tanche Sans les viscères 10 5o 2
Anguille Id. 10 1 3
Maquereau Id . 10 4
Merlan Id. 10 5i,5 3
Limande Id. 10 43, 1 3
ld. (combustion à la bombe) Id. 10 43, 1 3
Roussette (Scyl/ium canicula Cuv.). .. . Peau 10 8
Insectes :
Vers de farine (Tenebrio molitor) Entiers 10 23,8 3
Vers de vase (Chironimus plumosus) . . . Id. 8,5 55 3
Crustacés :
Crevettes grises Entières 10 38 • 4
Langouste Carapace 10 7
Id Muscles 10 45,6 5
Id Glande génitale (| 5
ld Sang 1 3
Écrevisses Carapaces 1 1 1
o
SÉANCE DU 3 MARS I9l3. 735
Long, color.
Pui.l-. a pris
Organes -— -» ^ - — «»~--- ~-
N s des animaux. examines. Secs. Frais. 18 h. 48 h.
Céphalopodes :
Seiches Os io' 3
mm
tu h)
Gastéropodes :
Escargots (/feli.v pomatia L.) Sans coquille 10 6
Ormeaux (Haliothis tuberculata L.). . . . Pied io 44 2
Lamellibranches :
Coquille Saint- Jacques (Pecten Jaco- Muscle
bueus L.) adducteur io 58,8 7
llirudinées :
Sangsues {llirudo offi.cin.alis L.) Entières i5 86 o 1
Echinodermes :
Oursins (JStrongylocentrotus lividus) .. . Test 14 6 8
Étoile de mer (Asterias rubens) Téguments 9, 5 34 8 io
ld. {Asterias glacialis) Id. 5 18, 5 7
Id. Id. Glande génitale 6 87 7 S
La recherche du bore en s'aidant du spectroscope a été tentée sur 12e de
peau de Roussette, 3os de carapace de Langouste et 20s de téguments
d'Étoile de mer (Ast. g lac), après destruction des matières organiques au
moufle; elle a donné, dans les trois cas, une réaction très nette.
Ces résultats, joints à ceux que nous avons déjà publiés, autorisent à
penser que le bore existe normalement en très petites proportions dans V orga-
nisme de tous les animaux . Au point de vue de la répartition quantitative,
on peut dire que c'est surtout parmi les espèces d'origine marine qu'on
rencontre les plus riches; chez d'autres, comme la Truite et la Sangsue,
la proportion de bore est, au contraire, extraordinairement petite, de
l'ordre de lll0l^HUUU de métalloïde par rapport à la matière vivante.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Contribution à la connaissance du plasma de
propeptone. Note de M. Henri Stassano, présentée par M. A. Dastre.
Il est bien établi que le foie intervient dans la production, de l'incoagu-
labilité du sang à la suite d'une injection intra-veineuse de propeptone. 11
s'agit d'une véritable sécrétion interne (substance anticoagulante, anti-
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
thrombine), provoquée par l'arrivée brusque de protéoses au niveau du
parenchyme hépatique. D'après certains physiologistes, celte sécrétion
représenterait l'exaltation d'une manifestation normale, constante, de l'ac-
tivité physiologique du foie.
On ignore cependant par quel mécanisme agit cette substance anti-
coagulante : sur lequel des différents facteurs de la coagulation exerce-
t-elle son action empêchante?
Mes expériences, dont quelques-unes sont résumées dans cette Note,
pourront éclaircir cette question. Ces expériences portent sur les carac-
tères du plasma de propeptone.
Une importante propriété de ce plasma de propeptone incoagulé, c'est
qu'il coagule par dilution d'eau distillée (2To1, par exemple) ('). D'autres
plasmas incoagulés, le plasma salé, notamment, coagulent aussi lorsqu'on
les étend d'eau distillée. Mais ce qui distingue et caractérise le premier
plasma, c'est qu'il coagule par dilution, même s'il est étendu d'eau distillée
additionnée d'un sel anticoagulant : par contre, les plasmas salins (salé,
oxalaté, citré, etc.), ne coagulent pas par dilution en présence d'un sel
décalcifiant.
En somme, on a là deux sortes de plasmas, le plasma de propeptone,
d'une part, et les plasmas salins, d'autre part, qui se comportent de même,
le premier comme les autres, à l'égard de l'addition d'eau distillée: ils
coagulent. Mais ils se comportent différemment lorsqu'on les dilue avec
les solutions anticoagulantes (oxalate 1,2 pour 1000, fluorure 3 pour 1000,
citrate alcalin 5 pour 1000, etc.). Le plasma de propeptone coagule encore;
les plasmas salins, au contraire, le plasma salé en particulier, dont je me
suis servi habituellement dans mes expériences, ne coagulent plus. Ces
différents plasmas ne se trouvent donc pas dans la même condition vis-à-vis
du fibrin-ferment.
Le plasma de propeptone se comporte dans cette circonstance comme un
mélange de sérum et de fibrinogène (-') en solution décalcifiée qui coagule,
mais non pas comme un mélange de sang et de fibrinogène en solution
décalcifiée qui ne coagule pas. La concordance de ces faits nous amène
ainsi à admettre que l'agent de la coagulation, le fibrin-ferment, est dans le
(') Celte expérience réussit avec les plasmas de propeptone doués de pouvoir anti-
coagulant moyen.
(-) J'emploie»comme solution de fibrinogène, liqueur test de Dastre et Stassano
(La coagulation du sang, tlièse de A. Daumas, Faculté des Sciences, Paris, 1910).
la sérosité péritonéale de cheval.
SÉANCE DU 3 MARS igi3. 787
plasma de propeptone à l'état actif où il se trouve dans le sérum, c'est-
à-dire complètement formé ( fibrin-ferment ou thrombine des auteurs
modernes), et non pas à l'état où il est dans le sang circulant ainsi que dans
le sang' extra-vasé en présence des solutions décalcifiantes ou dans le plasma
salé dilué en solution anticoagulante, c'est-à-dire àl'étatinactifdeprofibrin-
ferment. On sait que la présence d'un sel de cbaux en état convenable
(ionisé) est nécessaire à la formation du fibrin-ferment; de plus, nous avons
démontré, M. A. Damnas et moi (■*), i|ue le calcium n'est pas nécessaire
dans Faction du fibrin-ferment tout formé sur le librinogène. Son inter-
vention est simplement favorisante dans cette seconde pbase de la coagula-
tion. Aussi le plasma de propeptone étendu de 2V"' d'une solution décalci-
fiante, au lieu d'eau distillée, coagule, tout en se prenant en niasse avec
un certain retard sur la dilution témoin.
De même, dans les trois cas suivants, le plasma de propeptone se com-
porte tout autrement que le plasma salé, et cette différence entraine la
même conviction, à savoir : dans le plasma de propeptone, le fibrin-
ferment est parvenu à l'état actif.
I. La dilution du plasma de propeptone est suivie de coagulation avec
un retard insignifiant à basse température (glacière à 5° environ) et avec
une légère avance à l'étuvc ( 37") sur le temps que met à coaguler, à la
température du laboratoire, un écbantillon de ce même plasma étendu
d'un nombre égal de volumes d'eau distillée. Au contraire, le plasma salé
étendu, par exemple, de 4To1 d'eau distillée, coagule avec un retard impor-
tant de 5 à G heures, à la glacière, et une avance considérable (plus de la
moitié) à l'étuve vis-à-vis de l'échantillon témoin exposé à la température
du laboratoire. 11 est donc très sensible à l'influence de la température,
tandis que le plasma de propeptone ne l'est guère.
II. Le plasma de propeptone étendu d'eau distillée dans des tubes paraf-
finés (paraffine fusible à 37°-38°), à la température de l'étuve, coagule
avec un léger relard, alors que, dans ces mêmes conditions (même paraf-
fine et même température), le plasma salé dilué demeure indéfiniment
liquide. C'est là un exemple remarquable de l'influence inhibitrice de l'état
lisse de la paroi sur la transformation du prolibrin-ferment en fibrin-ferment
actif.
_ — __a ,
(') Stassàno ei Dàumas, Du rôle double du calcium dans la coagulation du sang
cl de la lymphe (Comptes rendus, 11 avril 1910).
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
III. Le pouvoir coagulant du plasma de propeptone, vis-à-vis de la séro-
sité péritonéaledu cheval, liqueur test, est sensiblement plus fort au moment
où il est étendu d'eau distillée qu'au moment où, 2 ou 3 heures après, débute
sa coagulation. Par contre, des gouttes de plasma salé, prélevées au moment
de la dilution et additionnées à de la sérosité péritonéale de cheval (3cm°par
tube), y provoquent des coagulums plus tardifs et moins volumineux qu'un
nombre égal de gouttes du même plasma salé, mais prélevées plus tard, au
moment de la prise en caillot. Bordet et Gengou (') ont les premiers attiré
l'attention sur cette augmentation graduelle du pouvoir coagulant du
plasma salé dilué, correspondant à la transformation progressive du pro-
fibrin-ferment en fibrin-ferment actif.
La manière, radicalement opposée, de se comporter du plasma de pro-
peptone vis-à-vis du plasma salé dilué dans ces trois derniers cas, relève
évidemment de l'état différent où le fibrin-ferment se trouve dans les deux
plasmas au moment de la dilution. Dans le plasma salé il est, avant la dilu-
tion, à l'état inactif de profibrin-ferment; les faits que je viens de signaler
permettent de croire qu'il doit être, par contre, à l'état de fibrin-ferment
actif dans le plasma de propeptone, ainsi que le prouve la propriété
que ce plasma possède de coaguler par dilution même en présence d'un
sel décalcifiant. Je l'ai montré plus haut.
S'il en est ainsi, la substance anticoagulante que le foie déverse dans la
circulation sous le stimulus de la propeptone, ne s'oppose pas à la formation
du fibrin-ferment dans le sang extravasé. Ii reste à voir si elle en détermine
l'incoagubilité en empêchant le fibrin-ferment d'agir sur le fibrinogène ou
en portant son action sur le fibrinogène lui-même.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les résultats donnés par les ballons-sondes
au nord dit cercle polaire. Note de M. H. Maurice, présentée par
M. H. Deslandres.
M. Léon Teisserenc de Bort a communiqué à l'Académie, le 8 juillet 1907,
les premiers résultats donnés par les ballons-sondes que M. H. Hilde-
brandsson et lui m'ont fait lancer la même année au nord du cercle polaire.
Depuis celte Communication, deux autres séries de lancers ont été faites
au même lieu, en 1908 et en 190g; en outre, un certain nombre des ballons
(') Bordet etGENGOi, Ann. Inst. Pasteur, t. XVIII, 1904.
SÉANCE DU 3 MARS I()l3. *-3ç)
lancés en 1907 ont été retrouvés au cours des années suivantes. La maladie
de M. Teisserenc de Boit Ta empêché de publier les résultats complets de
ces expériences, résultats qui ne font d'ailleurs que confirmer les premiers
et dont on trouvera ci-dessous un résumé succinct.
Les ballons ont tous été lancés à Kiruna, petite ville sise en Laponie suédoise, par
67° 5o' de latitude nord et i7°54' de longitude est de Paris, à une altitude de 5oo™
au-dessus du niveau de la mer.
Nous avons eu trois séries de lancers : du 4 mars au 1" avril 1907, du 16 février
au 12 mars 1908 et du 17 au 29 août 1909. En tout, on a lancé 72 ballons dont 4i ont
été retrouvés et 39 ont donné des résultats utilisables (i5 de 1907. 16 de 1908 .et 8
de 1909).
L'altitude maxima atteinte a été de 22 760'11, le 24 février 1908, et la température
la plus basse observée a été de — 7a0, 6, à 11 nom, le 18 février 1908. Le Tableau
suivant donne les résultats abrégés de quelques-uns des ballons retrouvés :
Altitude
Tempéra nue de la
■ tempéra tme V udc
Date. au sol. à 5000". à 10000". à 15000". à 20000". minima. minima. ixima.
o o o o m
i4 mars 1907 — 12,1 — 29,4 — 69,1 » » — 69,8 io4oo 10420
26 mars 1907 (matin). — 4>5 — '4-8 — 5o,6 — 53" 1 » — 06.7 1 i 84o '7 99°
26 mars 1907 (soir)... -4- o,5 — 25,4 — 46,6 — 4o,7 » — 48.3 10190 18600
29 mars 1907 — 1,0 — 20,9 — 55,5 — 45*2 — 43°,6 — 66,3 11740 222^0
30 mars 1907 — 2,0 — 18,7 — 54, o — 60,8 » — 64,3 i865o i865o
18 février 1908 — 7,9 — 28,6 — 67,0 » » — 70,6 11 110 ia43o
22 février 1908 — 18,1 —23,6 — 61, 5 — 65,7 — 7i,o(') — 71.0 '997° '997°
24 février 1908 — 14,2 — 28.7 — 58,6 —5g, 6 —66,4 — 69,1 22760 22760
2J février 1908 — 11, 4 — 27,5 — 5i,8 — 52,8 » — 53, 1 i85io i85io
27 février 1908 — 14>2 —32.3 » » » — 5i,2 8820 9720
19 août 1909 -4-12,0 — 8.4 — 4i>4 — 48,5 » — 62,9 12800 r885o
23 août 1909 +11,0 — 6,7 — 37,7 — 48,2 » — 52,5 12680 18700
29 août 190g -t- 6,0 — 21,4 — 43,i » » —46,i 8620 12260
En général, les ballons ont été retrouvés à l'est de Kiruna, montrant ainsi la pré-
dominance des vents d'Ouest dans les couches supérieures, phénomène d'ailleurs con-
forme à la théorie du tourbillon polaire de Ferrel et déjà mis en évidence par les
observations des nuages élevés, comme l'a montré M. H. -H. Hildebrandsson. dépen-
dant les ballons lancés pendant les jours les plus froids, en hiver, sont toujours
tombés assez près et souvent un peu à l'ouesl de Kurina, ce qui prouve que, par
hautes pressions, les vents supérieurs d'Ouest sont moins réguliers et moins forts.
Tous les ballons retrouvés montrent qu'à partir d'une certaine hauteur
(') Température extrapolée.
C H., i.,i 3, 1" Semestre. (T. 156, N° 9.) 94
74o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le gradient vertical devient nul ou très faible et souvent négatif. Au-dessus
de cette altitude, la température ne présente plus que de petites variations
irrégulières, après un réchauffement fréquent.
Cette couche a été nommée couche isotherme ou stratosphère par M . Teisse-
rencdeBortquia, le premier, démontré son existence dans la zone tempérée.
Dans nos régions, cette couche se rencontre toujours à une altitude variant
entre 7000™ et i20oom, et sa température varie de — 45° à — 65° environ;
dans les régions équatoriales, au contraire, elle n'a été atteinte que rare-
ment et seulement vers i5oooni ou i7000m avec des températures beaucoup
plus basses (— 85°).
Au nord du cercle polaire, l'altitude et la température de cette couche
varient suivant les mêmes lois que dans les régions tempérées, c'est-à-dire
que dans les aires de hautes pressions. La stratosphère se rencontre plus
haut et est plus froide que dans les dépressions, comme l'a montré M. Teis-
serencde Bort (voir Comptes rendus , séance du i^'mars 1909, p. 591).
En Laponie, les différentes séries de lancers n'ont pas montré de carac-
tères saisonniers bien nets. Par exemple, bien que les lancers de 1908 aient
été faits pendant une saison plus froide que ceux de 1907, les températures
dans la haute atmosphère ne sont pas très différentes et les variations
semblent dépendre de la situation météorologique plutôt que de la
saison.
En été, les températures sont en général plus élevées à toutes les altitudes
qu'en hiver, mais là encore, les différences sont petites par rapport à celles
dues aux changements de la situation. Le gradient vertical de température
est d'ailleurs plus grand en été qu'en hiver, ce qui fait que, en général, les
différences entre les températures d'été et d'hiver tendent plutôt à s'atté-
nuer avec la hauteur.
Si l'on compare les ballons lancés simultanément à Kiruna et à Trappes,
on voit que les règles qui font varier l'altitude de la stratosphère s'appli-
quent aussi bien dans l'espace que dans le temps. Le 28 mars 1907, par
exemple, Kiruna est dans les basses pressions et Trappes dans l'anticyclone;
à 5oom, la température est de -+- 2?, 9 à Kiruna et de -+- 5°, 5 à Trappes;
à 6000'", ces températures sont respectivement, — 290 et — 170, mais la
couche isotherme se rencontre à 9800'" en Laponie avec une température
de — 49°> et en France, cette couche est à une altitude de 12000™ et une
température de — 65°, alors que, en Laponie, à ce niveau, on n'observe
que — 420.
Les températures au niveau du sol sont naturellement beaucoup plus
SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. 74I
basses en Laponie qu'à Trappes, niais ces différences s'atténuent en général
avec la hauteur et les températures aux grandes altitudes ne sont pas
beaucoup plus froides au nord du cercle polaire que dans la région de
Paris; elles peuvent même quelquefois, comme dans l'exemple ci-dessus,
être beaucoup plus chaudes.
En résumé, en comparant ces lancers et ceux faits dans les régions tem-
pérées ou équatoriales, on arrive à ce résultat assez inattendu, qu'à une
altitude très élevée (i6oooul, par exemple) on observe des températures
d'environ — 5o° à — 6o° dans les régions circumpolaires et tempérées
et de — So° sous l'équateur, de sorte que la distribution de la température
suivant le méridien est inverse auprès du sol et aux grandes hauteurs, ce qui
semble montrer que l'épaisseur des couches atmosphériques où se pro-
duisent des mouvements verticaux de l'air est beaucoup plus grande dans
les régions équatoriales que partout ailleurs.
HYDROLOGIE. — Sur /'élude des températures des eaux souterraines dans les
captages pour l'alimentation publique. Note de M. E.-A. Martel, pré-
sentée par M. L. De Launay.
A différentes reprises j'ai attiré l'attention (Comptes rendus, 1 2 mars 1 89 '1,
1 3 janvier 1896, etc.) sur l'importance pratique des variations saisonnières
de température de certaines eaux souterraines. J'ai fait connaître que ces
variations, beaucoup plus considérables qu'on ne l'affirmait il y a 20 ans,
sont la conséquence d'une pénétration rapide des infiltrations superficielles
et qu'elles coïncident en général, parmi les terrains fissurés et dans les
régions habitées, avec les changements de débit, et avec la mise en jeu
d'éléments de contaminations plus ou moins graves.
Bien que cette notion ne cesse d'être confirmée par les faits, et bien
qu'elle fournisse un moven des plus commodes de s'éclairer sur l'origine et
les pollutions des eaux de puits et d'émergences d-estinées à l'alimentation
publique, on n'est pas parvenu jusqu'ici à faire apprécier à sa réelle valeur
ce mode expérimental d'investigation. Et l'on voit encore trop souvent
figurer, dans les ouvrages d'hydrologie et même dans des rapports scienti-
fiques, cette opinion trop absolue que les eaux souterraines ont une tempé-
rature à peu près constante.
On persiste à tort à considérer comme une loi météorologique que la
température de ces eaux est partout égale à la moyenne annuelle de la te m-
742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pérature du lieu. Il importe donc de révéler les nouveaux renseignements
qui doivent définitivement faire abandonner le dogme suranné de la cons-
tance générale de température des eaux de puits et d'émergence. Ils sont
fournis en grand nombre par les premiers dossiers adressés au Ministère de
l'Agriculture pour l'inventaire des ressources hydrauliques du sous-sol de la
France, récemment organisé par les soins de M. Dabat, directeur général
des Eaux et Forêts, qui a bien voulu m'en confier le dépouillement.
Ainsi, dans le département de la Gironde, une profusion de sources montre des tem-
pératures qui varient selon les saisons de 6° à i4°. Dans le Nord, les écarts de tempé-
rature saisonniersatteignent de 3° à -° (6° ou 8° à 120 ou i3°C); dans les arrondisse-
ments de Douai et de Cambrai, de nombreuses petites sources, à température d'ailleurs
variable, présentent (par un phénomène absolument inexpliqué) une moyenne infé-
rieure de 6° à 8° à la moyenne annuelle locale. A Cartignies, dans le canton d'Avesnes,
une source était même à 5° le i4 décembre 1909 et à 160 en juin-juillet 1910, soit un
écart de 1 1".
Les observations de ce genre ne font que se multiplier. Elles s'appliquent
même à des nappes d'eau alimentant les puits peu profonds. Le 17 jan-
vier 1913, par exemple, le puits du Chemin-des-Laitiers, entre Montmo-
rency et Andilly, derrière Soisy (Seine-et-Oise), marquait 8°, 3 seulement
sous une épaisseur de 4m d'eau. Cet écart avec la moyenne annuelle de la
région de Paris 10", 5 à 1 1° décelait nettement l'origine très superficielle et
la contamination probable de l'eau qui l'alimentait.
La véritable loi hygiénique et météorologique à la fois des eaux souter-
raines, en terrains fissurés et habités, est donc la suivante :
« Elles varient, d'une saison à l'autre, aussi bien en température qu'en
débit ; et elles présentent d'autant moins de chances de pureté que leur tem-
pérature et leur débit sont plus variables, parce que leur degré de filtrage est
fonction de leur vitesse de transmission. »
Il y a là une vérité certaine qui, combinée avec les observations géolo-
giques, doit trouver la plus sérieuse et utile application dans l'étude des
projets de captage d'eau potable. Et il faut nécessairement reconnaître que
la fixité de température n'existe dans les eaux souterraines (les griffons
thermo-minéraux mis à part) que parmi les véritables nappes continues des
sables et terrains finement détritiques (possédant seuls des sources normales
et constantes), les nappes captives et les nappes artésiennes, géother-
miquement équilibrées tant par la profondeur de leur gisenient que par la
lenteur et la régularité de leur alimentation.
SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 743
M. Jean Despis adresse un Mémoire relatif à une Hélice aérienne.
M. Joseph Rodet adresse une Note intitulée : Stabilisation automatique
de l' aéroplane par le pendule.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. Paul Schwartz adresse une Note relative à des Procédés particuliers
de réception par télégraphie sans fil.
Une Note de M. Roussy, intitulée : Théorie mathématique de la loi géo-
métrique de la surface, du corps humain de dimensions que/conques, présentée
dans la séance précédente, est renvoyée à l'examen d'une Commission coin-
posée de MM. Humbert et Hadamard.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Ph. v. T.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 2# février 191 3.
Lettres écrites pendant la Campagne de 1870-1871, par Georges-Henri Halphen,
officier d'artillerie. Paris, imp. R. Hermjeu, 1912; 1 fasc. in-8°. Exemplaire n° 98.
(Présenté par M. Darboux. Hommage de la famille.)
Biologisclie Untersi/chungen, von Gustav Retzius; neue Folge XVII. mit 16 Tafeln.
Stockholm et Iéna, 1912; 1 vol. in-f°. (Hommage de l'auteur.)
Journal of the Academy of natural Sciences of Philadelphia ; second séries,
t. XV; published in Commémoration of the one hundreth anniversary of the foun-
ding of the Academy, match 21, 1912; 1812-1912. Philadelphie, 1912; 1 vol. in-f°.
(Présenté par M. Darboux.)
Traité de la couleur au point de vue physique, physiologique et esthétique, com-
prenant l'exposé de l'état actuel de la question de l'harmonie des couleurs, par
744 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. A. Rosenstiehl; avec 56 ligures et 14 planches coloriées. Paris, II. Dunod et
E. Pi nat, 1910; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.)
Beilràge zur Geschichte der niedersâchsischen Familie Roscher : i° Lebenslauf
des Dr Albrecht Roscher, von Heinrich Roscher. — i" Albrecht Roscher : Die Erfor-
schung ries Nigerstromes. Hambourg, L. Friederisclien et Cic, 191 2; 1 vol. iii-S°.
(Transmis par M. le Ministre des Colonies. Hommage de M. H. Roscher.)
Supplément à la Notice sur les travaux scientifiques de M. André Blondel. Paris,
Gauthier-Villars, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-4°.
L'ingénieur Pierre Vernier à Dole, par M. Julien Feuvrier; Communication faite
au Congrès de V Association franc-comtoise, le ier août 1912, à Ornans. (Extr. du
Bulletin de V Icadémie de Besançon, 4e trimestre 1912.) Besançon, imp. Jacques et
Demonlionrl ; 1 fasc. in-8°.
La structure de l'Univers déduite des grandes lois de la nature, par D. Brisset.
Paris, autographie Me Blanc, s. d.; 1 fasc. in-8°.
M. Louis Favre, ingénieur agronome, fait hommage des cinq Opuscules suivants :
Projet d'organisation de la Science, par Louis Favre. Paris, Schleicher frères,
1899; 1 fasc. in- 12.
Le hasard. Le déterminisme ; communication faite à la Sociologie de Paris,
i3 mars 1912, par Louis Favre. (Extr. de la Revue internationale de Sociologie.)
Paris, M. Giard et E. Brière, 1912; 1 fasc. in-8°.
Pourquoi il faut étudier les phénomènes psychiques. L' Esprit scientifique, par
Louis Favre. (Extr. du Bulletin de l'Institut général psychologique, nos 5-6,
2e année, 191 1. Paris; 1 fasc. in-8°.
Influence de l'orientation sur l'activité animale, par M. L. Favre. (Extr. du
Bulletin de l'Institut général psychologique, nus 5-6, il' année, 191 1.) Paris, 1 fasc.
in-8°.
La baguette dite divinatoire et L'expérimentation, par M. L. Favre. (Institut
général psychologique : Section des recherches psychiques et physiologiques. Extr.
du Bulletin n' 2, 9e année, 1909.) Paris; 1 fasc. in-8°.
(Renvoi de ces cinq Opuscules à la Commission nommée pour examiner cette
question.)
Anna/es scientifiques de l'Ecole normale supérieure; 3e série, t. XXX. année
1 91 3, n° 1, janvier. Paris, Gauthier-Villars; 1 fasc. in-8°.
Annales de la Société d'Émulation du département des Vosges; 88e année, 1912.
Spinal, Ch. Hugenin; 1 vol. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 3 mars 191 3.
Institut de France. Académie des Sciences. Rapport sur les inconvénients que
pourrait causer aux appareils des Postes et Télégraphes le voisinage de certains
paratonnerres spéciaux dits « niagaras », par M. Jules Violle. (Extr. des Comptes
rendus, séance du 17 février 1 g 1 3.) Paris, Gauthier-Villars; 1 fasc. in~4°.
SÉANCE DU 3 MARS.I9l3. 745
Annales de l'Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. Baillaud,
Directeur de l'Observatoire : Observations. 1906. Paris, Gauthier-Villars, 1912;
1 vol. in-4°. (Nommage de M. B. Baillaud.)
Observatoire royal de Belgique. Service astronomique. Description des installa-
lions du Service de l'Heure, par H. Phimitot et E. Delporte. Bruxelles, Hayez, 1912 ;
r fasc. in-8°. (Présenté par M. Ph. van Tieghem.)
Muséum d'Histoire naturelle de Genève. Catalogue illustré de la Collection
Lamarck ; 2e livraison (18 planches). Genève, Georg et Cie, 1912; 1 fasc. in-4°. (Pré-
senté par M. Pli. van Tieghem.)
Skrifter of Cari von Linné, utgifna af Kungl. svenska Yetenskapsakademien.
V. lier Lapponicum, andra upplagan med bilagor och Noter ombesiirjd af Th. M.
Pries. Upsal, Almqvist et Wiksell, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-8°.
La radiographie des objets microscopiques et la microradiographie, par Pierre
Goby (à Grasse); 5 pi. photos. (Présenté par M. Bouvier.)
Notice sommaire sur les travaux scientifiques du D' A. Chamemesse. Paris,
Octave Doin et fils, 191 1 : 1 fasc. in-4°.
Notice sommaire sur les travaux scientifiques de M. A. de Gramont. Paris, Gau-
thier-Villars, 1910; 1 fasc. in-4°.
Notice sur les travaux scienlijiques de M. Auguste Bosenstiehl. Paris, Gauthier-
Villars, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-40.
La fixation des Unités par voie législative, par 11. de Baillehache. (Extr. de la
Revue générale des Sciences: numéro du i5 janvier 191?'.) Paris. Armand Colin;
1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Flora of the Upper Gangetic Plain and of the adjacent Sùvalik and Sub-J/ima-
layan tracts, by S. -F. Uethie; t. II : l'iumbaginaceœ to Plantaginaceœ. Calcutta,
191 1 ; 1 vol. in-i 2.
Paleo-Antropologia irgenlina. Nuevas investigaciones sobre el Atlas de monte
ffermoso, por Teodoro de Urqmza. La Plata, 1912; 1 vol. in-8°.
Observatoire royal de Belgique, à Uccle. Carte photographique du ciel. Planches:
Planches. Zones. Numéros. Planches.
21 33° 160 31
22 33' 2 32
23 35» 1 33
24 35° 12 34
25 33° i3 33
26 33° i5o 36. ........
27 33° 7 37
28 33° 5 38
29 33° 25 39
30 33° 37 40
Zones.
iNuméros.
33°
34
33°
52
35°
47
33°
46
33°
56
35°
46
35°
55
33°
61
33°
70
33°
65
Observaciones sobre el melodo crioscôpico y relaciones entre los cuerpos simples,
por Carlos E. Heredia. Buenos-Ayres, s* d.; 1 vol. in-8°.
746 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cours de Mécanique rationnelle. Tome II : Dynamique du point, par S. Petro-
vitch. Saint-Pétersbourg, 1912; 1 vol. in-8".
Sur la rotation des forces autour de leurs points d'application et l'équilibre
asiatique, par Fernando de Vasconckllos. Coïmbre, 191 2; 1 fasc. in-8°.
La migraine, par Edward Flatau. (Publication de la Société scientifique de Var-
sovie. III. Classe des Sciences mathématiques et naturelles.) Varsovie, E. Wende.
1912; 1 vol. in-8°.
Annexe au Bulletin de l'Institut technologique de l'Empereur Nicolas II, de
Tomsk : Pays de frontières, par V.-A. Orroutchef. Tome I : Observations de voyage;
ire partie. Tomsk, 1912; 1 vol. in-8°. (En langue russe.)
Rendiconti del Circolo matematico di Palermo; t. XXXV, fasc. 1, gennajo-feb-
brajo, 191 3. Palerme; 1 vol. in-8°.
Institut international d'Agriculture. Bulletin mensuel des renseignements agri-
coles et des maladies des plantes; année IV, nos 1 et 2, janvier-février 1910. Rome;
2 fasc. in-8°.
L'Ospedale Maggiore, Revista mensile illustrata; série II. anno I, n° 1, gennaio
j 9 1 3. Milan; 1 fasc. in-40.
Revista da Universidade de Coimbra; t. I, n° 4. Coïmbre, 1912; 1 vol. in-4°.
Memoirs of the deparlment of Agriculture in India. Bacteriological séries, t. I,
n° 1 : Studies in bacteriological analysis of Indian soils, 1910-191 1, by C. M. Hut-
chinson. Colcuta, 1912; 1 fasc. in-8".
The physical Review, a journal of expérimental and theorical Physics, conducted
by the American Physical Society; second séries, t. 1, numb. 1, january 1913. Lan-
caster, Pa.; 1 fasc. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 10 MARS 1915.
PRÉSIDENCE DE M. P. APPELL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. Appei.l s'exprime en
ces termes :
Messieurs,
Notre Académie est cruellement atteinte par la mort de M. Alfred
Picard, qui met la France entière en deuil. Notre confrère a été un grand
citoyen, un grand français, un savant à la fois ingénieur et administrateur;
il a consacré ses efforts au service de la patrie, dans tous les domaines
des applications scientifiques. Son nom, connu de tous les français, évoque
le souvenir d'un homme simple et réservé, joignant, à une haute autorité
scientifique, une droiture morale parfaite, un esprit encyclopédique admi-
rablement ordonné, une méthode d'action silencieuse et pénétrante, une
prodigieuse puissance de travail.
Notre époque a connu toutes les variétés de l'ingénieur; les grands spé-
cialistes n'ont manqué dans aucune direction. Plus rares ont été les esprits
privilégiés qui ont pu s'élever au-dessus de la spécialité et qui, sans re-
noncer à la profession d'ingénieur, sans cesser de s'en inspirer, ont su
appliquer les procédés scientifiques qu'elle leur a rendus familiers à des
sujets, à des problèmes, à des fonctions d'ordre général. M. Alfred Picard
a été un de ces privilégiés. Sa vie peut être résumée comme l'application
des méthodes scientifiques aux grandes questions qui intéressent la na-
tion : d'abord et avant tout la défense nationale, puis toutes les variétés
C, R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N' 10.) 95
748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'activité humaine, voies de communications, transports, questions
industrielles, commerciales et administratives. C'est ainsi que nous le
voyons successivement, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées, sorti de
l'Ecole Polytechnique, prenant part à la défense de Metz, puis dirigeant
les travaux de reconstitution et de défense de notre frontière mutilée;
collaborateur dans la conception et l'exécution d'une partie du grand plan
de travaux publics dû à la haute initiative de M. de Freycinet, chargé de
directions diverses au Ministère des Travaux publics, Rapporteur général
de l'Exposition universelle de 1889, Commissaire général de celle de 1900,
Membre de notre Académie, Ministre de la Marine, Président du Conseil
d'Etat; et toujours, dans toutes ces situations, travaillant au bien général
du pays, avec la même méthode pénétrante et continue, la même élévation
de caractère, la même horreur de toute réclame.
Ce n'est pas ici le lieu d'analyser ses travaux, ni de parler avec détail de
son rapport en dix volumes sur l'Exposition de 1889 et de sa publication
en six volumes, Le bilan d'un siècle, après l'Exposition de 1900 : ces deux
Ouvrages, fruits d'un travail surhumain, attestent une connaissance appro-
fondie de toutes les parties de la Science; je ne pourrais en énumérer
les Chapitres, sans nommer successivement toutes les Sections de l'Aca-
démie.
M. Alfred Picard était assidu à nos séances; il s'associait à tous nos
travaux : récemment encore il s'occupa activement du projet de création
d'une Section de membres non résidents; l'exposé qu'il fit en comité secret
entraîna la décision de l'Académie.
Mes chers Confrères, la mort de M. Alfred Picard met en deuil les cœurs
français; elle sera aussi douloureusement ressentie à Strasbourg, sa ville
natale, où tant de cœurs fidèles et sûrs suivent attentivement notre vie et
prennent part à tous nos efforts comme à tous nos deuils.
La séance est levée en signe de deuil.-
ANALYSE MATHÉMATIQUE — Sur une classe particulière d'équations
de M. Moutard. Note de M. C. Guichard.
Je me propose de rechercher les équations de la forme
au av
SÉANCE DU IO MARS lO,l3.
admettant six solutions 9,, ô2, . . ., 06 satisfaisant aux conditions
749
(o 2*?=., 2
du
d2 0A2
•■ im=- ss =- se
dBt
l)-0;Y
Je suis arrivé à mettre la solution sous la forme suivante : je considère un
déterminant
A =
xx
y*
l'i
•*6
g.
fit,
F,
tel qu'entre les éléments existent les relations
I 2a?J=i, 2xj,= o, 1x^=0, 2x,-t), = o, 2x,f',= o, 2j-,r/, = o,
(2)
2 ytii=o,
-r,ir),= o,
Z/,£ = o,
2/,o', = o,
ZV=o,
2£,'*)/ = I,
ïUî = o,
Sfcui = o,
2r„?=o,
Wi=o,
2yi,y)',= o,
2#=o,
2&V* = i,
2n;-2= o.
Les éléments du déterminant A sont des fonctions de u et v et je suppose
qu'on ait
dxi
du
dxi
~dv~
du
àyt
dv
■«♦Ci,
(3)
du
^ -_^»£._eçr-
dr], __ dcp
du du
dm
dv
■ e?Xj,
dv
-*-*#,
du
dv
#-
du
£. — /e-ï-'Vïi,-,
'-ge--*
on est ramené à l'intégration de l'équation du second ordre
2 - — ±- -+- e2?— e-"P= o.
ouov
Si l'on suppose de plus que JKs5 donc :
Les sur/aces a' et a\ se correspondent avec conservation des lignes de cour-
bure ; la sphère osculatrice à la première ligne de courbure de l'une des surfaces
coïncide avec la sphère osculatrice à la seconde ligne de courbure de l'autre.
Cette propriété est une propriété caractéristique des systèmes consi-
dérés.
CHIMIE ORGANIQUE. — Hydrogénation directe des éthers hydrocinnamiques .'
préparation de l'acide Q-cyclohexylpropionique. Note de MM. Paul
Sabatier et M. Murât.
Dans une précédente Communication nous avons fait connaître que la
méthode d'hydrogénation directe sur le nickel peut cire appliquée avec
succès aux éthers de l'acide phénylacétique, qui sont ainsi transformés
régulièrement en éthers de l'acide cyclohexylacétique ( ').
Nous avons pu de même réaliser l'hydrogénation directe des éthers que
(') Paul Sabatier el M. Murât, Comptes rendus, t. 156, ig 1 3, p. l\il\.
7$2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
V acide fi-phény/propionique, ou acide hydrocinnamique,
C6H5.CH2.CH2.C02H
fournit avec les alcools primaires forméniques.
En opérant avec un nickel actif, à des températures maintenues entre
1700 et i85°, on obtient une transformation totale de ces éthers en éthers
correspondants de Y acide $-cyclohexylpropionique, C6H' '.CH2.CH-.C02H,
absolument purs, qui, traités à froid par le mélange sulfonitrique, ne
subissent aucune attaque immédiate.
Quand on élève jusqu'à 2000 la température du nickel, les résultats
deviennent mauvais : l'hydrogénation conduit à une séparation d'alcool et
d'acide, lequel attaque le nickel et ne tarde pas à supprimer toute son
activité catalytique.
Les éthers de l'acide hydrocinnamique ont été préparés facilement par
la méthode de Em. Fischer, en chauffant pendant quelque temps l'acide
avec un excès de l'alcool en présence de quelques centièmes d'acide sulfu-
rique concentré.
Le cyclohexylpropionate de mêthyle bout à 2.ii°-ii[\ (corr.). Nous avons
trouvé c?" = 0,9705, et à la température de 1G0, fif'06 = 0,9603, avec
nD = i,/j53 : on en déduit comme pouvoir réfringent RD = 47,81 (calculé
47,«9)-
Le cyclohexylpropionate d'éthyle bout à 23 1° (corr.). Nous avons trouvé
d° = 0,9512, et à 170, ^7 = o,9383, avec «D= 1,432; d'où RD = 52,7
(calculé 52,5).
Le cyclohexylpropionate de propyle bout à 25i°-252°(corr.). Nous avons
trouvé ^" = 0,9^67, et à id°, d'* = 0,9322 avec «D=i,455; d'où
RD = 57,3 (calculé 57,1).
Le cyclohexylpropionate d'isobulyle bout à 2600 (corr.). Nous avons
trouvé d°0 = 0,9368; et à i5°, d'^ = 0,9281, avec nD=i,456, d'où
R„ = 61,9 (calculé 61,7).
Aucun de ces éthers de l'acide 3-cyclohexylpropionique n'avait été
obtenu jusqu'à présent. On remarquera que, de même que pour les éthers
cyclohexylacétiques, les densités décroissent régulièrement au fur et à
mesure que la chaîne alcoolique s'allonge, tandis que les indices de réfrac-
tion demeurent à peu près invariables. C'est ce que montre bien le Tableau
suivant :
SÉANCE DU 10 mars 191 3. 753
Nature de l'éther. rfj. ' Indices vers 16°.
Méthylique 0,9705 1,453
Ethylique o,g5i2 1 ,452
Propylique 0,9/467 1 ,455
Isobutylique 0,9368 1,456
Tous ces éthers sont facilement saponifiés, quand on les chauffe avec de
la potasse alcoolique. En traitant par l'acide sulfurique dilué lecyclohexyl-
propionate de potassium ainsi formé, on met en liberté l'acide qui est
aisément isolé à l'état de pureté.
L'acide $-cyclohexylpropionique C6H" . CH2. CH\ C02H est ainsi obtenu
sous forme d'un liquide incolore, d'odeur peu agréable spéciale, qui bout à
2680 (corr.) et se solidifie dans la glace fondante en cristaux blancs qui
fondent à 6°.
Nous avons trouvé à 160: dl06 — 1,0069, avec /?D = I)47°i d'où R„= 43,22
(calculé 43, i3).
Par action de l'ammoniaque sur l'éther méthylique de cet acide, on
obtient la $-cyclohexylpropionamide C6 H12 . CH2 . Cil2 . CO . NH2 , en cristaux
rectangulaires transparents qui fondent à 123°.
L'acide (3-cyclohexylpropionique avait été isolé selon une autre voicpar
Zélinsky, qui avait indiqué seulement son point d'ébullition sous pression
réduite, et avait donné 1200 comme point de fusion de l'amide (').
Ipatieff, qui était arrivé au même acide par hydrogénation du cinnamate
de sodium par le nickel à 3oo° dans l'hydrogène comprimé à ior)atm, a indiqué
qu'il se solidifie dans la glace, et qu'il bout à 275°, température qui était
certainement trop haute (2).
On voit que l'hydrogénation directe régulière des éthers hydrocinna-
miques à 1800 sur le nickel, fournit un moyen pratique très commode pour
atteindre l'acide (3-cyclohexylpropionique, qui peut être ainsi préparé en
grande quantité.
( ') Zélinsky, Ber. Chem. GeselL, t. XL1, 190S, p. 2676.
(2) Ipatieff, Ber. Chem. Gesell., t. XL1I, 1909,5p. 2092.
754 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la sécrétion des deux reins, comparée.
Note de MM. K. Lépine et Boitlud.
On a maintes fois agité la question de savoir si la sécrétion rénale se fait
des deux côtés simultanément de même ( ' ).
Chez un chien (de préférence chez une chienne), après une petite inci-
sion sur la ligne médiane, nous avons introduit, près de la vessie, une
canule dans chaque uretère et nous avons pris soin que l'écoulement de
l'urine (sollicité par de petites injections intraveineuses d'eau sucrée) se
fit tout à fait librement (2). Or, dans 12 expériences, nous avons constaté
que l'urine ne coulait pas en même quantité des deux côtés et, ce qui est
plus important, qu'elle ne présentait pas la même composition. Nous avons
fait durer nos expériences plusieurs heures, dans le but de nous mettre à
l'abri des variations accidentelles; mais nos résultats sont calculés pour
une heure.
Voici, comme exemple, un cas très ordinaire : aussitôt après l'injection
intraveineuse de iog de glucose, on recueille l'urine pendant plus de
2 heures :
Chien 2905.
Valeurs
de la dernière colonne
en supposant
que celles de la première
Côté gauche. Côté droit. égalent 100.
Quantité i3cm> 9cmS 69
Urée 08/4329 o8,332i 76
Sucre 0,637 o,5i48 80
Chlorures 0,072 o,o3o 42
Vu le poids du chien (2oke), la quantité d'urine à droite est un peu
faible : relativement à celle du côté gauche, elle n'est que de 69 pour 100.
Les chlorures, à droite, sont encore plus diminués, leur pourcentage n'at-
(') Pour l'homme, la solution de celte question intéresse les urologistes qui font la
séparation des urines. D'après Allard, qui a observé un sujet atteint d'exstrophie de la
vessie, la sécrétion, dans le décubitus latéral, serait plus abondante dans le rein le plus
bas.
(2) Cette condition essentielle est parfois difficile à remplir, ou au moins nécessite
une grande surveillance, car le décubilus sur le dos n'étant pas normal pour un chien,
il peut se produire dans l'abdomen de petites compressions ou tiraillements d'un
uretère qui peuvent gêner l'écoulement de l'urine.
SÉANCE DU IO MARS Ii)l3. 755
teignant que [\i. Au contraire, la diminution du pourcentage est moindre
pour le sucre, injecté en assez grande quantité, et aussi pour l'urée (76).
Voici un autre cas :
Chien 2926.
Valeurs
de la dernière colonne
en supposant
que celles de la première
Coté droit. Côté gauche. égalent 100.
Quantité 45cma 26°™' 58
Urée.., is, 062 oS,g3i 89
Sucre 0,328 0,27 82
Chlorures °j594 °^9 65
Dans ce cas, on avait injecté beaucoup de chlorure de sodium ; c'est
pourquoi te pourcentage des chlorures à gauche (65) est plus grand que
celui de l'eau (58). La diurèse est excessive des deux côtés, surtout à droite.
A gauche, relativement au sucre et aux chlorures, l'urée est assez bien éli-
minée (89).
Ce n'est pas à la diurèse, excessive d'un côté, qu'il faut exclusivement
attribuer la différence qu'on observe entre les deux côtés; car nous avons
rencontré des cas où elle existe sans diurèse exagérée; mais il n'est pas
niable qu'une trop grande diurèse d'un côté peut créer en partie cette dif-
férence. C'est ce qu'on voit dans le cas suivant :
Chien 2900.
Valeurs
de la dernière colonne
• en supposant
que celles de la première
Côté droit. Coté gauche égalent 100.
Quantité 22™' iicn,s 5o
Urée os, 27 os, 16 5ç)i2
Azote total 0,102 0,0902 5g, 3
Sucre o,3o58 0,275 90
Chlorure 0,22 0,0726 33
A gauche, le pourcentage de l'urée et celui de l'azote total sont iden-
tiques (5g). En calculant le coefficient azoturique, on le trouve des deux
côtés le même (82), chiffre normal, tandis que dans les maladies du rein ce
coefficient est sensiblement abaissé (' '). L'identité de ce quotient des deux
(') Boulud, Lyon méditai, 29 septembre 1 912.
C. R., 1913, i" Semestre. (T. 156, N° 10.) 9°
756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
côtés est à noter dans le cas présent, où d'un côté les matières azotées sont
excrétées en quantité beaucoup plus considérable. Nous l'avons remarquée
aussi dans plusieurs autres cas plus ou moins analogues au précédent et
qu'il est inutile de rapporter ici. Dans ces cas, le coefficient était aussi
normal, c'est-à-dire supérieur à 80, tandis que, chez un chien très vieux, le
coefficient azoturique, semblable des deux côtés, était anormalement
bas ((Î2), ce qui indiquait une lésion plus ou moins accusée des reins,
comme on en voit si souvent chez les vieux chiens.
En résumé, chez le chien sain, dans le décubitus dorsal, l'un des uretères
fournit généralement une urine moins abondante que l'autre et, le plus
souvent, beaucoup moins riche en chlorures, tandis que, sauf dans des
cas exceptionnels, l'urée est bien moins diminuée. En tout cas, le coeffi-
cient azoturique est le même des deux côtés.
Quant au sucre, nous avons trouvé dans nos expériences (où il était
injecté assez largement dans le sang) que son pourcentage, relativement à
l'autre côté, était plus élevé que celui des chlorures.
Les différences sus-indiquées entre les deux côtés sont dues sans doute,
en partie, à une activité sécrétoire différente des deux reins; mais, selon
nous, elles s'expliquent surtout par des différences dans la résorption des
divers éléments de l'urine dans les reins. Les éléments excrémentitiels ne
sont pas résorbés. Aussi, l'urée diffère-t-elle moins entre les deux côtés
que l'eau et les chlorures (').
On a, jusqu'ici, trop peu tenu compte de la résorption dans le rein. Nous
y avons déjà insisté dans notre Note du 24 juin 191 2, et nous y reviendrons
dans une Note ultérieure.
M. ViTo Voi.terra fait hommage à l'Académie de ses Leçons sur les
équations intégrales et les équations intégro-différenlielles .
M. W. Kii.iax fait hommage à l'Académie d'un fascicule relatif au
Paléocrétacé, qu'il vient de publier dans les Let/iœa geognoslica.
( ' ) Si, dans nos expériences ci-dessus, le pourcentage du sucre, du côté où la sécré-
tion est la moindre, est parfois plus élevé que celui de l'urée, c'est que l'abondance
de l'élimination des deux côtés masque les différences de la résorption.
SÉANCE DU IO MARS 1913. 737
NOMINATIONS.
Le Président et le Comité executif du douzième Congrès géologique
international prient l'Académie des Sciences de leur faire l'honneur
d'envoyer une délégation à la Session qui se tiendra au Canada au mois
d'août iç>i3.
M. Termier est désigné pour représenter l'Académie à ce Congrès.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Notice sur Henri Poincaré, par Ernest Lebon.
20 Carte du Maroc, dressée sous la direction de Henry Barkère. (Pré-
senté par M. Ch. Lallemand.)
M. Pu. Raruier, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse
des remercîments à l'Académie.
M. Paul Pali.arv adresse un Rapport sur la mission qu'il vient d'effec-
tuer dans le sud du Maroc, grâce à la subvention qui lui a été accordée sur
le Fonds Bonaparte en 1912.
M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie impériale des Sciences de
Saint-Pétersbourg fait savoir à l'Académie que l'Assemblée générale de
l'Association internationale des Académies a été fixée pour le terme du
11 mai/23 avril au 17/4 mai 1 9 1 3 et l'invite à vouloir bien y envoyer ses
Délégués.
MM. Monteil, Emile Rivière prient l'Académie de vouloir bien les
compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des
Académiciens libres, par le décès de M. Tcisserenc de Boit.
758 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Résultats de la discussion des observations faites par
MM. Delporte et Vienne!, pour déterminer par la télégraphie sans fil la diffé-
rence de longitude entre l'Observatoire royal de Belgique et /' Observatoire
de Paris. Note (') de M. Henri Kexas, présentée par M. Baillaud.
Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'exposer (2), l'emploi de la
télégraphie sans fil permet une très grande simplicité dans les appareils de
mesure de longitudes.
Une détermination aussi importante que celle de l'angle des méridiens
fondamentaux de Paris et d'Uccle nous a cependant paru une occasion
favorable pour comparer la méthode de télégraphie ordinaire avec celle de
télégraphie sans fil, et cela nous a forcément amenés à modifier un peu les
procédés employés. Après entente entre les directeurs des deux obser-
vatoires, le chef de Service des Longitudes à l'Observatoire de Paris a été
chargé d'étudier et de réaliser la transformation des appareils. En premier
lieu, nous avons considérablement simplifié la table chronographique
de Lœwy, de manière à n'admettre dans le relais polarisé que des courants
de même intensité, suivant toujours dans le même sens le même chemin sur
cette table. Ces courants n'étaient utilisés que comme courants primaires,
destinés à fermer par leur action sur le relais un circuit secondaire unique,
aboutissant à l'électro-aimant du chronographe, dont dépend la plume
d'enregistrement des observations. Un courant électrique, absolument
indépendant des autres, servait à l'enregistrement des secondes de la pen-
dule. Enfin, en agissant sur un commutateur, on pouvait faire fermer le
circuit primaire par l'action de la pendule elle-même, de manière à mesurer
le retard de la plume des observations sur celle de la pendule.
Le procédé mis en pratique pour les observations stellaires était identiquement le
même que dans la détermination de Paris-Bizerte : en chaque station était installée
une petite lunette méridienne portative, avec micromètre automatique enregistreur
de P. Gautier. Pour chaque étoile, l'instrument était retourné entre les deux parties
de l'observation, de manière à éliminer la collimation, la valeur et les irrégularités
du pas de la vis micrométrique, ainsi que l'inégalité des tourillons; dans chaque
position de la lunette, on mesurait l'incliuaison de l'axe de rotation par un nivelle-
ment simple. Toutes ces observations étaient enregistrées par l'action du courant d'une
pile locale, dont, par un rhéostat, on pouvait graduer l'intensité, mesurée par un
milliampèremèlre.
(') Présentée dans la séance du 3 mars 191 3.
{-) Voir Comptes rendus, t. 113, séance du 11 décembre 1 91 1 , p. 121 1.
SÉANCE DU IO mars igi3. 75g
Au moment de l'échange des signaux télégraphiques, par le jeu des commutateurs,
on supprimait le courant de la pile locale et on le remplaçait par celui d'une des deux
piles de ligne, placées l'une à Paris, l'autre à Bruxelles; on avait soin de donner à
l'un et à l'autre de ces deux courants l'intensité de la pile locale, en faisant usage du
rhéostat et du milliampèremètre . Deux séries, de 4° signaux chacune, étaient
envoyées alternativement d'Uccle à Paris et de Paris à Uccle ; ces échanges avaient
lieu le plus possible au milieu de la série d'observations.
Pour les comparaisons des pendules par la télégraphie sans fil, la méthode employée
dans la détermination précédente n'ayant reçu que de très faibles modifications, nous
n'y insisterons pas davantage.
Les observations ont été faites par M. Delporte, astronome adjoint à l'Observatoire
royal de Belgique, et par M. Viennet, astronome adjoint à l'Observatoire de Paris. Il
avait été convenu qu'on ferait une première série d'observations avec M. Delporte
à Uccle, et M. Viennet à Paris, cette série devant comprendre dix. soirées complètes;
on devait alors procéder à l'échange des observateurs, pour une deuxième série de
dix soirées.
Les positions des étoiles observées avaient été toutes empruntées au General prcli-
minary Catalogue de M. Lewis Boss, et il avait été convenu que, dans chaque soirée,
les mêmes étoiles seraient prises par les deux observateurs.
La première série commune a été obtenue le Ier mai 1912; malheureu-
sement, les conditions atmosphériques absolument défavorables de Tété
dernier ont rendu les opérations beaucoup plus longues et beaucoup plus
pénibles qu'on aurait pu l'espérer. Malgré le très grand zèle des observa-
teurs, la première série d'observations n'a été terminée que le 21 juin ; la
seconde série a été commencée le 26 juin, pour être finie le 2 août.
Neuf soirées complètes forment la première partie, et onze soirées com-
posent la seconde.
L'ensemble des appareils n'a donné lieu à aucune difficulté; ils ont
toujours très régulièrement fonctionné; pourtant le Ier mai, par suite de
mauvaise disposition des lignes télégraphiques, nous n'avons pu utiliser les
signaux de télégraphie ordinaire. Nous avons donc 20 déterminations par
la télégraphie sans fil et 19 seulement par la télégraphie ordinaire. Aucune
différence d'équation personnelle ne pouvant être indiquée par les observa-
tions de la première et de la seconde partie, il nous a semblé inutile de
donner séparément ici les résultats.
Pour calculer les poids des soirées individuelles, nous avons employé la
formule de M. Albrecht.
Pour la différence de longitude entre les piliers de nos deux instruments
méridiens, nous avons trouvé :
8m4,,ç)65 par la télégraphie sans fil,
8m4s,g54 par la télégraphie ordinaire.
760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'erreur moyenne d'une détermination de poids 1 est :
± o%0245 par la télégraphie sans fil,
ztos,0285 par la télégraphie ordinaire.
Enfin l'erreur moyenne des résultats définitifs est :
± os,oo6o par la télégraphie sans fil,
±o5,oc>7i par la télégraphie ordinaire.
Le temps de transmission de l'électricité ordinaire entre Paris et Uccle
a été trouvé égal à os,oo8.
Grâce à toutes les précautions prises pour éviter les causes d'erreurs
systématiques, la concordance des deux résultats est tout à fait satisfai-
sante; la considération des erreurs moyennes montre que le procédé de
comparaison des pendules est sensiblement plus précis par la télégraphie
sans fil que par la méthode ordinaire.
Si nous adoptons 8m4%96 pour valeur de la différence de longitude entre
nos deux piliers, et si nous tenons compte de leurs distances aux méridiens
adoptés dans les deux observatoires, nous trouvons
8m5s, 12
pour différence de longitude entre les méridiens fondamentaux de Paris et
d'Uccle. (A Paris la méridienne de Cassini, à Uccle le centre du cercle
méridien de Repsold.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les invariants des caractéristiques des
équations aux dérivées partiel/es du second ordre à deux variables indé-
pendantes. Note de M. J. Clairin.
Écrivons avec les notations ordinaires une équation aux dérivées partielles
du second ordre à deux variables indépendantes
(e) r-h/(x,j,z,p,,,„-, + mpa,„+c?(x, y, s, p, «7, s, t, ..., /?,,„_;, p0,„_i)
»(#, y, z, />, q, ■V,*-ii /><>,*)
A- désignant un nombre entier positif inférieur à n- ce théorème subsiste
quand n est égal à 3 si le système (T) est composé de caractéristiques
du premier ordre.
J'ai essayé de compléter le résultat précédent en recherchant l'expression
de la fonction cr; je me bornerai au cas où le système (T) ne possède pas
d'invariants d'ordre moindre que n. Dans ce qui suit les lettres a, a, (3
serviront à représenter des constantes, tandis que nous appellerons u, v, w
des fonctions; les variables seront indiquées entre parenthèses.
Nous supposerons d'abord que le système (T) n'est pas formé de carac-
téristiques du premier ordre, dans ce cas cr dépend toujours des dérivées
de z d'ordre supérieur à 2..
Si k est plus grand que 3 on a
(I) us=u(x,y, z, p, q, s, t, .. . , /),,(_„ />„,*_! )
X [pi,k-,-*- mpo,k+ t'(x, y, ?,P, q, s, t, .■■,Pi,n-i,Po,k-i)~i*
ou
(II) m=,u{x,y, z,p,q,s, l, ...,/>,,*_„ />o,/.-.)e" '-•'-'•• -/'•'/ •'.'./■..../wt/>..»-.+ '»/'.-.].
Lorsque la fonction u de la formule (I) contient des dérivées de z dont
l'ordre dépasse 3 on a
u = [Pi,h-t + rnp0,h-t- wi*> Y, z, p, q, s, t, . . ., /j,,a_2, A>o,A-i)]p>
h désignant le plus grand des ordres des dérivées dont dépend effective-
ment u.
Quand gj est une fonction des seules variables œ, y,z,p,q, s, t, ptî, p0M,
gj est la puissance d'exposant d'une intégrale ir (x, y, :■, p, q, s, t, £)
(') Journal de Mathématiques, 6° série, t. VII, p. i3g.
762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'équation différentielle
, d3*v\
e> «*(-ap
'*)']'
La fonction désignée par t> dans (II) est de même la puissance d'exposant
— d'une intégrale de (1) ; enfin dans le cas où la fonction u de (I) ne
dépend que de x, y, 3 et des dérivées premières, secondes et troisièmes
de z, elle est aussi égale à une puissance d'une intégrale de (1).
Lorsque le système (T) est constitué par des caractéristiques du premier
ordre, la fonction rar peut ne contenir que x, y, z, p, q, s, t ; si les dérivées
d'ordre supérieur à 2 y figurent, la fonction a l'une des formes précé-
dentes; il faut cependant ajouter qu'il n'y a pas lieu de distinguer dans ce
cas les fonctions de x, y, z, p, q, s, t, p{ 2, /;o:) et celles qui dépendent des
dérivées d'ordre plus élevé, les nombres que nous avons désignés par h et k
peuvent être égaux ou supérieurs à 3.
Si l'équation (e) s'écrit
r+(m + [j.)s + mii.t-hM = Q,
m, jj., M représentant des fonctions de x, y, z, p, q dont la seconde satisfait
à la condition
du du
ci peut être une fonction de .t, y, z, p, q seulement.
Il importe de préciser la signification des résultats qui précèdent : il est
impossible que la fonction tn ne possède pas l'une des formes indiquées, mais
rien ne nous permet d'affirmer que certaines de celles-ci ne devraient pas
être écartées; par exemple nous ne savons pas si une intégrale quelconque
de (1) peut être le dénominateur d'un invariant du système (T) de carac-
téristiques de (z).
AÉRONAUTIQUE. — Sur k vol des oiseaux dit « vol à la voile ».
Note (' ) de M. Vasii.esco 1\arpb\, présentée par M. G. Lippmann.
Dans une précédente Communication j'ai donné les équations du mou-
vement de l'oiseau voilier et décrit la manœuvre qu'il doit exécuter pour
profiter au mieux des variations du vent.
(') Présentée dans la séance du 17 février 1 9 1 3.
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 763
Je me propose de montrer dans cette Note quel doit être le vent, pour
que l'énergie que l'oiseau peut lui emprunter soit effectivement suffisante
pour le vol.
Poids et dimensions des voiliers. Coefficients pour la résistance de Pair.
— Des mesures faites sur les voiliers ont montré qu'entre le poids P (kg)
et la surface S (m2) il existe la relation : 4S = P». D'un autre côté j'ai
constaté, par des mesures faites sur des mouettes, que la section du maître
couple S', dans l'attitude du vol, était d'environ j-s de la surface S.
J'ai adopté pour K la valeur de 0,7 et pourK' celle de 0,0022.
D'ailleurs en faisant varier largement les valeurs de ces rapports et coef-
ficients, évidemment discutables, les résultats restent sensiblement les
mêmes.
Vol par vent d ^accélération horizontale constante en grandeur et direc-
tion. — L'oiseau doit voler dans un sens contraire à l'accélération v' du vent
(y = o); il volera donc dans le sens du vent, si la vitesse du vent diminue et
en sens contraire, si cette vitesse augmente.
Pour que l'oiseau se maintienne sur une borizonlale, il faut
que -j- = -tt = o, et si, comme cela doit être, l'oiseau garde (3 constant, la
première des équations du mouvement se réduit à
vkS^ 1J r ) s (3
Supposons d'abord b nul, le minimum de v' est
/K'S'
*'râin.= 2^1/-^- = 0,284 m:s\
il correspond à une vitesse relative
v/ÏÏ I
S0= , , — 20 P6 m : s.
^ {/KSK'S'
Ainsi, il suffit d'un vent dont la vitesse augmente ou diminue par seconde,
d'environ o™, 3o, pour que l'oiseau, quel que soit son poids, puisse se
maintenir sans monter ni descendre, avec une vitesse relative j30.
Influence d'une composante ascendante b du vent. — Cette composante a
pour effet de diminuer l'accélération horizontale minimum du vent néces-
C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 10 ) 97
764 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sairc au vol. Pour que cette accélération soit nulle, il suffit d'un venj
ascendant qui peut être très petit.
Vol par vent variable quelconque. — Si l'on représente le vent par un
vecteur dont la pointe est fixe et dont l'autre extrémité A parcourt une
courbe G, la vitesse de A est précisément égale et de signe contraire
à l'accélération géométrique v' du vent. La trajectoire relative que devra
suivre l'oiseau aura donc ses tangentes parallèles aux tangentes correspon-
dantes de C, le rayon de courbure p étant donné par la relation
v0 étant le rayon de courbure correspondant de C. Si la variation du vent
était trop brusque, l'oiseau s'écarterait légèrement de celle trajectoire et
de la vitesse (3.
La condition de la possibilité du vol à la voile, par un vent donné,
s'obtient en prenant la moyenne des deux membres de la première des
équations du mouvement et en y annulant la moyenne de —r--
Le calcul numérique montre que le vol à la voile est possible dès que la
moyenne de l'accélération géométrique du vent atteint 3o"" à 5o"" par
seconde seconde.
La hauteur constitue, lorsque la vitesse est constante, le régulateur, le volant du
vol à la voile; grâce à sa variation, l'oiseau accumule de l'énergie lorsque le travail
moteur dû au vent dépasse le travail résistant et en dépense dans le cas contraire,
il peut garder constante sa vitesse ,3 ou la faire varier selon les besoins.
Pour encadrer les cas réels je prends, comme exemples de vents permet-
tant le vol à la voile, les deux cas théoriques suivants :
i° Vent périodique de direction horizontale invariable et dont la vitesse subit,
pendant des laps de temps de i5 secondes, les variations suivantes : augmente de
1 m : s à 10 m : s, reste stationnaire, diminue de 10 m : s à 1 m : s, reste stationnaire,
et ainsi de suite (accélération moyenne du vent 3ocm : s2). La projection horizontale
de la trajectoire sera formée de segments de droite parallèles à la direction du vent,
parcourus par l'oiseau pendant que le vent varie, et raccordés les uns aux autres par
des demi-circonférences parcourues pendant que le vent reste stationnaire.
20 Vent périodique, variable en grandeur et direction, pouvant être représenté par
un vecteur dont la pointe est fixe et dont l'autre extrémité parcourt uniformément en
17 secondes un cercle de 1 m : s de rayon (accélération du vent 3y cm : s2). La trajec-
toire sera Un cercle horizontal qui, pour un oiseau pesant iks, aura 55m de rayon
et sera parcouru avec une vitesse de ao m : s,
SÉANCE DU IO MARS IO,l3.
765
physique mathématique. — Sur la loi du rayonnement noir et la théorie
des quanta. Note ( ' ) de M. J. de Boissoudy.
Après avoir montré que l'hypothèse des quanta est la seule qui puisse
conduire à la loi de Planck, H. Poincaré, dans un Mémoire souvent cité
(Comptes rendus, t. 153, 191 1, p. 110O), ajoutait que toutes les fois que la
loi du rayonnement entraine pour le rayonnement total une énergie finie,
il est nécessaire que la fonction W (telle que "YWyj représente la probabi-
lité pour que l'énergie d'un résonateur soit comprise entre Y] et t]-\-dr\)
présente au moins une discontinuité pour r, == o.
Quelle serait la loi du rayonnement noir si, faisant abstraction de l'hypo-
6.S
3 B, 5,9V
RT
NhV
thèse de Planck, on supposait que cette discontinuité se réduit au minimum,
autrement dit qu'elle n'existe que pour le passage d'une énergie nulle à une
énergie finie?
Ceci peut s'exprimer par l'hypothèse suivante : L'énergie d'un résona-
teur, au lieu d'être un multiple entier de l'élément d'énergie hv, est simple-
ment assujettie à être plus grande que hv ou nulle; elle passe brusquement
de zéro à une valeur finie (que nous prenons égale à hv). Au-dessus de hv,
le résonateur se comporte d'une façon normale; il peut acquérir ou perdre
de l'énergie d'une façon continue.
Considérons un corps pondérable contenant n résonateurs de fré-
quence v, à la température T. Le nombre de ceux dont l'énergie de vibra-
tion est comprise entre r\ et Y) -H dr\, si l'on suppose la fonction W continue
(') Présentée dans la séance du 3 mars 191 3.
766 ACADÉMIE DES SCIENCES,
pour la valeur rj, est
N — ^
et puisqu'ils ne peuvent entrer en vibration, d'après notre hypothèse, que
si y] est supérieur à hv , leur énergie totale est
/«N r -S . «RT -5£/ Nhv\
ce qui donne pour l'énergie moyenne d'un résonateur
N/if
_ RT ' + RT
N ^
qu'on peut écrire
. RT j + «
(,) h=-N--^-
N/if
en posant x = -57^-*
Cette expression de E peut être rapprochée de celle donnée par Planck
N ex— 1
RT 2
Comme cette dernière, elle tend aux limites vers -^- ou 5 aT pour de
petites valeurs de a?, c'est-à-dire pour de hautes températures ou des vibra-
, „ , RT x /if , . 1
lions de petite fréquence, et vers -rp — ou -^ pour de grandes valeurs
e-w
de x, c'est-à-dire dans le cas de basses températures ou de courtes lon-
gueurs d'onde. Pour les températures et les longueurs d'onde usuelles, les
deux formules sont pratiquement équivalentes. La différence — p — - n'at-
teint pas en effet 1 pour 100 à la température ordinaire, pour une longueur
d'onde de 1^, et a priori pour des longueurs d'onde plus petites.
II. M. Einstein a déduit de la formule de Planck la loi des chaleurs spé-
cifiques des corps solides. 11 suppose pour cela que l'énergie d'un solide se
réduit à l'énergie de vibration de ses atomes, celle des électrons négatifs
qui créent les périodes ultraviolettes étant négligeable. Il suppose de plus
que ces atomes émettent une vibration de période constante (période
propre) et que leur énergie moyenne a pour valeur 3E, le facteur 3 corres-
pondant aux trois directions de vibration possibles dans l'espace.
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 767
La chaleur atomique d'un corps solide a dès lors pour expression
5 M ^E
C = 3N5T'
qui devient, suivant qu'on adopte l'une ou l'autre des équations ( 1 ) et (2),
(3) c = 3Ra;î + ^ + 1
OU
xie"-
(4) e,=;3R — ■ — (formule d'Einstein).
( ex — 1 ) -
La courbe représentative de la formule (3) a la forme générale ci-contre,
où c est exprimé en fonction de -• Elle présente un maximum pour x = 1
(correspondant à une fréquence propre de l'ordre de 6. io<2, si le maximum
est atteint au voisinage de la température ordinaire) comme le montre
l'équation
de
1
x
1 \ 1
e-<
d
KX I .f
La valeur de ce maximum est
3
t = 3Rx - — 5, 94 Xi, 10 = 6, 5.
C'est précisément la valeur expérimentale de la chaleur atomique,
entre i5° et ioo°, pour un grand nombre de corps. La coïncidence de ce
nombre avec la constante de Dulong et Petit ne paraît pas purement for-
tuite.
La formule d'Einstein, représentée par la courbe -en pointillé (4), donne
elle aussi un maximum, mais notablement inférieur (3R = 5,94) et qui
n'est atteint théoriquement que pour une valeur de - (ou de T) infinie.
Il n'y a pas à espérer toutefois que l'équation (3), non plus que toute
autre formule théorique, puisse rendre compte d'une façon rigoureuse des
variations de la chaleur atomique dans toute l'étendue de l'état solide.
L'hypothèse d'Einstein, sur laquelle elle repose, supprime, en effet, un
facteur important qui doit nécessairement influer sur la chaleur spécifique
des solides, à savoir l'énergie nécessaire pour la rupture des liaisons qui
tendent à s'établir entre les atomes à mesure qu'on se rapproche du zéro
768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
absolu. Elle ne peut donc s'appliquer qu'à un intervalle de température
relativement restreint. Elle caractérise une sorte d'état solide idéal, par-
tiellement réalisé au voisinage de la température ordinaire par un grand
nombre de corps et qui correspond sans doute à un maximum d'équilibre
entre leurs éléments constitutifs.
ÉLECTRICITÉ. — Relais extra-sensibles pour- télégraphie sans fil.
Note (') de M. Albert Turpain.
Au début de la télégraphie sans fil, l'enregistrement des émissions reçues
au cohéreur fut réalisé au moyen de relais sensibles qui actionnaient, à cet
effet, la palette d'un appareil Morse. La portée des transmissions n'excédait
guère, dans la pratique, iook,u.
Avec les détecteurs extra-sensibles qui se jouent de portées de plusieurs
milliers de kilomètres, la réception n'est actuellement encore pratiquement
assurée qu'au moyen du téléphone.
Depuis iq 10, j'ai cherché à réaliser l'enregistrement des signaux hert-
ziens de longue portée reçus à l'aide des détecteurs extra-sensibles. Les
premiers résultats de mes expériences me permirent l'enregistrement des
signaux de l'heure. A cet effet, j'ai successivement combiné un dispositif
d'enregistrement photographique, puis un microampèremètre enregis-
treur (2). Je viens de réaliser enfin des types de relais extra-sensibles qui
laissent espérer leur usage dans la pratique de la télégraphie hertzienne.
Pour un bon fonctionnement pratique un relais doit réaliser les deux
conditions suivantes : i° contact très sur, 20 sensibilité suffisante.
Les relais les plus sensibles et de contact bien sûr réalisés jusqu'à ce jour
sont : i° le relais Baudot qui fonctionne encore avec 1 milliampère ou
1000 microampères; le relais Claude qui donne encore un contact sûr avec
3o à 4o microampères; le relais Siemens qui présente une résistance de
10000'0 et est alors sensible à 10 microampères.
Les intensités des courants reçus dans les meilleurs détecteurs à cristaux
n'excèdent pas, pour les émissions des signaux radiotélégraphiques à longue
portée, une fraction de microampère, parfois ^ ou même ^~ de micro-
ampère.
(') Reçue dans la séance du 3 mars igi3.
('-) Voir Société française de Physique, ■?. juin 1911; Journal de Physique.
décembre 191 1 et février 191a, et aussi Comptes rendus, février 191 3.
SÉANCE DU IO MARS igi3. 769
J'ai réalisé deux types de relais qui présentent une sensibilité de l'ordre
du -^ de microampère '.
L'un des types est constitué par un cadre mobile dans un puissant champ magné-
tique (30000 à 25ooo gauss), cadre constitué par du fil de cuivre de rç» de
millimètre de diamètre et suspendu par un bifilaire de cocon de 7'"1 ou i2'"m de hau-
teur, haubané à mi-hauteur par deux cocons horizontaux à tension réglable.
Le dispositif de contact mérite une description particulière. Un des eôtés du cadre
porte un cocon qui, au moment du déplacement, tire sur la petite branche d'un
minuscule levier d'aluminium de iomm à i5mm de longueur. Ce levier ne pèse pas
3's (00,026). Il est fixé de façon a accroître dans la proportion de 1 à 10 les dépla-
cements du cadre. C'est lui qui assure le contact du relais. A cet effet, la partie
inférieure dudit levier porte une boucle en fil d'argent de jfu de millimètre de diamètre
qui vient, au moment du déplacement, toucher une boucle identique portée par une vis
de réglage. Grâce à ces deux fils d'argent de diamètre exl reniement réduit et en forme
de boucles, le contact est assez sûr pour permettre le passage d'un courant de l'ordre
de 10 à 20 microampères, courant qui suffit à l'entretien d'un relais du type Siemens
ou Claude. De plus, les boucles de fil d'argent de -,,;,; de millimètre de diamètre
sont assez souples pour être amenées à un contact sur par les impulsions d'énergie
extrêmement faible données au levier d'aluminium par le cadre.
Un appareil Morse peut donc être entretenu au moyen de deux relais
disposés en cascade; un relais du type que je viens de décrire actionnant
un relais Siemens.
Un second type de relais extra-sensible est de construction plus aisée et
de sensibilité cependant au moins aussi grande, sinon plus sensible. Dans ce
second type de relais, je fais usage d'un galvanomètre à corde du genre de
celui que j'ai récemment décrit (Comptes rendus, février 1 9 1 > ), et qui rap-
pelle les galvanomètres d'Eïtboven et d'Edelmann. Le galvanomètre à
corde que j'ai réalisé présente une sensibilité de l'ordre de 10 |j ampère.
On peut s'en servir comme relais.
Pour atteindre de telles sensibilités, non seulement il faut employer comme corde des
fils de 2P de diamètre, mais encore des champs de 82000 gauss ; pour cela, il est néces-
saire que l'entrefer ne dépasse pas un demi-millimètre. On peut cependant faire péné-
trer dans cet entrefer une très mince petite pince faite de deux fils d'argent de j^ à
T2„- de millimètre de diamètre, et réunis à leurs extrémités par un petit pont métallique
formant boucle et constitué par du fil de même diamètre que celui qui forme la corde,
partie mobile du galvanomètre. Cette pince, amenée par une vis micrométrique de
réglage au voisinage de la corde du galvanomètre, permet d'obtenir un contact au
moment du déplacement de la corde. A la vérité, avec des fils de 2^ de diamètre, le
contact est un peu précaire, mais en utilisant des galvanomètres à corde ayant 5^ et
iolJ- de diamètre qui réalisent encore, avec le champ magnétique de 3200O gauss que
770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
j'emploie, des sensibilités de l'ordre de io-8 et même io-9 ampère, on'obtient un
relais très sensible et à contact très sur pour fermer des courants dont l'intenstité est
de l'ordre de 10 à 20 microampères.
RADIOTÉLÉGRAPHIE. — Sur l'influence réciproque de deux antennes voisines.
Note de M. C. Tissot, présentée par M. Lippmann.
Une Communication récente de M. Meslin (') a attiré l'attention sur les
phénomènes d'influence qui se produisent entre deux antennes réceptrices
voisines.
Nous avons eu l'occasion d'observer des phénomènes tout à fait analogues
dans des expériences que nous avons exécutées autrefois et signalées en
partie (-).
Nous nous proposions de tracer la courbe de résonance d'une antenne d'émission
excitée en direct en prenant comme résonateur l'antenne réceptrice elle-même A dont
on faisait varier la longueur, et dans laquelle était intercalé un bolomètre a. Afin de
contrôler la constance des émissions, nous nous servions tout d'abord comme témoin
d'une antenne fixe B voisine de A, accordée sur l'émission, et reliée à un second bolo-
mètre b.
Mais nous avions dû renoncer à employer ce contrôle, du moins sous cette forme,
car les déviations du bolomètre b de l'antenne fixe B subissaient des variations indé-
pendantes de l'émission du seul fait du changement de longueur de l'antenne va-
riable A.
On observait que, lorsque les antennes A et B étaient toutes deux simples, l'énergie
captée par l'antenne fixe B passait par un minimum quand on amenait l'antenne voi-
sine A en résonance, mais que, lorsque l'antenne variable A était multiple, le minimum
de l'énergie reçue par l'antenne simple B correspondait à un certain décalage de l'an-
tenne A en deçà de l'accord.
Ces observations anciennes s'accordent bien avec celles de M. Meslin.
.4 priori, le premier effet s'interprète aisément en observant que l'an-
tenne A draine à son profit une portion de l'énergie du champ d'autant plus
grande qu'elle est plus près de la résonance, ce qui réduit d'autant la por-
tion d'énergie captée par B.
Mais ce n'est là qu'une première approximation.
Le phénomène observé dépend, en effet, et de la valeur respective de la
(') Comptes rendus, 17 février 1 9 1 3.
('-) Sur la résonance des systèmes d'antennes {Annales de Chim. et de Pliys.,
8e série, t. VU, tgoG, p. 463).
SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 77 1
quantité d'énergie captée par chacune des antennes, et de la modification
qu'elles font subir, l'une et l'autre, au champ primitif de leur propre rayon-
nement.
Or, le rayonnement d'une antenne (etréciproquement son pouvoir absor-
bant} est intimement lié aux dimensions électriques de celte antenne.
Il dépend en particulier du facteur — j (/, longueur; p, rayon de l'an-
L-
P
tenne) qui entre dans l'expression du cliamp au voisinage immédiat d'un
oscillateur linéaire (').
C'est parce que ce facteur a une valeur plus grande pour une antenne à
plusieurs brins que pour une antenne simple, qu'une antenne multiple
capte une quantité d'énergie plus grande qu'une antenne simple, ainsi que
nous l'avons montré par ailleurs (2).
Dans le cas de nos expériences, où nous obtenions la modification de
période du système par variation directe de la longueur de l'antenne, la
raison de la dissymétrie apparaît immédiatement.
On voit en effet que l'un des déréglages, le déréglage au delà de l'accord,
produit deux effets qui tendent à rendre le système variable moins absorbant,
d'abord parce qu'il l'éloigné de la résonance, puis parce qu'il agit dans le
sens d'un accroissement du rapport--
L'autre déréglage, au contraire, le déréglage en deçà de l'accord, rend
bien toujours le système moins absorbant en l'éloignant de la résonance,
mais tend à le rendre plus absorbant en agissant dans le sens d'une dimi-
i l
nution du rapport--
1 r p
De sorte que c'est la dissymétrie qui est la règle, et que, même avec
deux antennes réceptrices identiques, le minimum de réception de l'antenne
fixe accordée ne doit pas se produire exactement pour la résonance de
l'antenne variable, mais pour un léger décalage de cette antenne en deçà
de l'accord.
Dans le cas où l'on modifie la période par l'introduction d'une bobine de
self, on est conduit à une interprétation analogue qui devient particuliè-
rement simple en faisant intervenir la résistance d'émission de l'antenne.
On établit, en effet, que la perturbation produite dans le champ incident
(') H. Poincaré, Conférences sur la T. S. F. à l'École supérieure de Télégraphie
(Edition île La Lumière électrique, p. 6i).
(-) C. Tissot, loc. cit., p. 5 ii.
C. R„ i9I3., i" Semestre. (T. 156, N" 10.) 9^
772 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par une antenne réceptrice (de résistance olnnique négligeable) est en
raison inverse de i / 1 + -d~( i - —,) > où co0 désigne la pulsation de
Tonde incidente, to la pulsation de l'oscillation libre de l'antenne excitée,
L la self-induction effective du système récepteur et Re sa résistance
d'émission (').
Re varie proportionnellement au carré du rapport r de la longueur réelle
de l'antenne à la longueur d'onde du système. D'autre part, cpiand on
modifie une antenne par addition de self, Lw varie sensiblement comme \/L.
Par suite :
Kn augmentant la self (déréglage au delà de l'accord) on augmente à
lafois(i-^)et^;
V.n diminuant la selt\déréglageen deçà de l'accord) on augmente! i ° ),
maison diminue -s--
De sorte cju'il doit se produire un pbénomène analogue à celui que nous
avons décrit plus haut.
Toutefois, pour qu'il devienne appréciable et donne lieu à une dissy-
métrie bien apparente, il faut qu'en agissant sur les selfs respectives de
réglage, on produise une variation de -^- plus grande pour l'une des antennes
que pour l'autre. C'est ce qui se produit quand on a en présence une
antenne simple et une antenne multiple, c'est-à-dire deux systèmes pour
lesquels le facteur -^- a des valeurs très différentes.
PHYSIQUE. — Sur quelques mélanges liquides se prêtant tout particulièrement
à l'observation du phénomène de Christiansen. Note de M. F. lioimocx,
présentée par M. A. Hallcr.
En préparant certains composés organiques, j'ai observé des phéno-
mènes de diffusion colorée se produisant parfois au sein d'un mélange de
deux liquides, peu solubles l'un dans l'autre et soumis à une agitation con-
tinue qui maintient le liquide le plus léger en émulsion dans le second. A
(') Rûuenberg, Ann. der Physik, t. XXV, 1908, p. 446.
SÉANCE DU IO MARS I9l3. ^^3
une température déterminée et pour une proportion convenable des consti-
tuants du mélange, celui-ci devient limpide, et les ombres des objets, vive-
ment éclairés, examinés par transparence, apparaissent richement colorées.
Une faible élévation de température modifie la couleur des ombres.
Celles-ci, jaunes au début, deviennent successivement orangées, rouges,
violettes, bleues, puis la liqueur se trouble. Par refroidissement, la limpi-
dité reparait, les colorations se succèdent en sens inverse et, le jaune atteint,
le mélange des liquides devient opaque de nouveau.
Dans ces expériences, il y a décomposition d'une partie de la lumière
blanche qui traverse le mélange. Les deux liquides possédant le même
indice de réfraction pour une radiation déterminée, celle-ci n'est donc pas
déviée; mais, comme elle se trouve diluée dans un grand excès de lumière
blanche, elle passe à peu près inaperçue. Les autres radiations sont plus ou
moins difffusées, elles se superposent et paraissent seulement dans les
ombres à qui elles communiquent la teinte complémentaire de la lumière
monochromatique transmise.
Celle-ci peut être facilement observée, en regardant à travers le mélange
diffusant une fente étroite ou une toile métallique, formée de fils un peu
gros et rapprochés. Dans ce dernier cas, la loile étant bien éclairée par
derrière, les intervalles vides présentent la couleur transmise et la trahie la
couleur complémen taire.
En faisant, dans la chambre noire, traverser le mélange liquide, placé
dans une cuve de verre à faces parallèles et agité mécaniquement par un
faisceau cylindrique de rayons solaires et en recevant sur un écran le fais-
ceau diffusé, on obtient une grande image circulaire. Au centre on observe
la couleur transmise sans déviation et autour de celle-ci s'étalent les autres
radiations. En faisant varier la température (dans l'intervalle de quelques
degrés) on encore en ajoutant goutte à goutte au mélange l'un de ses con-
stituants, on modifie la coloration des diverses parties de l'image reçue; si
l'on opère avec précaution, on fait passer progressivement la plage centrale
du bleu à l'orangé.
Christiansen, en mettant en suspension dans un liquidé d'indice conve-
nable, certains corps solides pulvérulents, a observé un phénomène ana-
logue, dont il a décrit avec soin toutes les particularités ( ' ). Ses expériences
ont été depuis reprises par lord Ilayleigh (-) et par Wood (3).
(') Ann. de Wiedemann, t. XXIII, p. 298.
(2) Phil. Mag., 5e série, t. XX, p. 358.
(3) Traité d'Optique, t. 1, p. i34 .
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lies mélanges de deux liquides présentent sur les mélanges d'un solide
et d'un liquide l'avantage de pouvoir, dans un très grand nombre de cas,
être obtenus très rapidement, en telle quantité que l'on désire, et de se
prêter très bien à l'observation de ce beau phénomène.
En voici deux qui donnent d'excellents résultats :
Dans 5os d'une solution aqueuse saturée de chlorure de sodium, on verse 1 5s d'acé-
tate d'éthyle et ioS d'eau. Par transparence, les ombres paraissent colorées en jaune
orangé. Ce mélange est très sensible à l'action de la chaleur; celle de la main suffit
pour modifier la coloration des ombres.
A une dissolution de 25s de bromure de sodium dans 35s d'eau, on ajoute goutte à
goutte de l'alcool propylique, en agitant jusqu'à ce que par transparence on obtienne
pour les ombres la coloration voulue. Celle-ci varie sous l'influence de la chaleur, ou
quand on modifie légèrement les proportions des corps en présence (addition de traces
d'eau, de bromure de sodium, ou d'alcool propylique).
Lorsque les mélanges précédents sont au repos, dans chacun d'eux, la
surface de séparation des liquides, observée sous une incidence presque
rasante, présente de belles irisations dont l'existence est facile à expliquer.
Avec certains mélanges, les couleurs observées par transparence, tout en
étant les mêmes que précédemment, se succèdent en sens inverse (bleu,
violet, rouge, orangé, jaune) lorsque la température s'élève. C'est ce qui
se produit quand on associe à des solutions aqueuses de saccharose ou de
glycérine, d'indice convenable, l'oxyde d'éthyle et l'alcool amylique. Ces
résultats permettent de penser qu'on pourra constituer des mélanges diffu-
sants sur lesquels la chaleur n'exercera aucune action.
ÉLECTRICITÉ. - - Sur la réception des radiotèlé grammes par des antennes
multiples avec ou sans mise au sol. Note de M. E. Rotiié, présentée par
M. E. Bouty.
Dans une Note précédente relative à la réception par des antennes très
réduites, j'ai indiqué l'influence réciproque des antennes fonctionnant au
voisinage les unes des autres ('). C'est cette influence qui m'a obligé à
répéter les expériences hors de Nancy. Je les ai refaites dans les Vosges en
un endroit éloigné de toute ligne électrique afin de me mettre à l'abri de
celte cause d'erreur.
(') Rothê, Sur la réception des radiotétégranimes avec antennes réduites
{Comptes rendus, t. 154-, p. 195 ).
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 775
Ces influences réciproques dépendent de la constitution des antennes et
de leur position respective et, comme l'a fait remarquer M. Meslin dans sa
dernière publication, l'étude de ce phénomène peut éclairer d'un jour
nouveau la théorie de la réception ('). Il semble donc utile de préciser les
conditions expérimentales. Dans la présente Note je me propose de résumer
les recherches faites sur ce sujet depuis plus d'un an.
i° Expériences avec antennes en relation avec le sol :
Une antenne I est constituée par six fils parallèles de 55"' de longueur, isolés,
tendus sur des vergues, elles-mêmes bien isolées, entre deux mâts à 3om et i 2m
au-dessus du sol. Elle est donc inclinée par rapport au sol.
L'antenne II est un fil unique de 22ln de hauteur, tendu à peu près parallèlement à
la précédente à une distance d'environ iom au-dessous et latéralement.
On a également tendu horizontalement à la surface du sol, à la hauteur de am, une
antenne III de 22'" et une antenne IV de 75™ de long.
La réception s'effectue dans tous les cas par le montage à un circuit d'oscillations
précédemment décrit. Sur l'antenne I on utilise une self réglable à curseurs r (fil de
imm,4; self maxima o", 00057), sur ^es autres antennes une self plus forte R (fil de
on,m,8; self oH, 0128).
a. Dans ces conditions, I étant au sol par l'intermédiaire de r et II par
l'intermédiaire de R, on perçoit aisément aux deux postes. Mais le réglage
de r a une grande importance; si on C accorde, à la résonance, la réception
par II devient très bonne, tandis quelle diminue au contraire si l'on dérègle
r dans un sens ou dans l'autre. Inversement le déréglage de 11 a peu d'in-
fluence sur la réception par I. Des mesures ont été faites au téléphone
shunté en prenant toutes les précautions d'isolement.
Téléphone I50Q
sur transformateur
Jegou. Téléphone 4000°.
O Q
I accordée 1 3oo
I isolée 3 1 100
I directement au sol 25 i55o
Le Tableau ci-dessus contient les valeurs des résistances qu'il faut mettre
en dérivation sur le téléphone pour le rendre muet.
La résistance est d'autant plus faible que l'intensité du son est plus
(l) Mkslin, Influence réciproque des antennes parallèles (Comptes rendus,
t. 156, p. 543).
77<) ACADÉMIE DES SCIENCES.
grande et ces résultats indiquent nettement la grande influence de 1 sur la
réception par II.
h. La même influence a été observée dans les réceptions par III et IV,
bien que celles-ci soient plus faibles.
c. Enfin, j'ai réduit l'antenne II à quelques mètres et j'ai greffé diffé-
rents postes analogues avec antennes diverses sur le sol de 1. Tous ont
également bien fonctionné.
On peut même supprimer toute antenne dans le second poste en utilisant
deux curseurs dans la grande self R et mettant le détecteur en dérivation
sur ces curseurs dans des positions convenables.
Dans ces différents cas, l'accouplement de l'antenne I avec les autres est
très lâcbe et l'on peut dire, en résumé, que chacun des postes greffés su?- le
sol de I fonctionne en résonateur ayant une excitation propre mais renforcée
par I.
2° Réception avec antennes non en communication avec le sol :
La théorie de la réception par les petites antennes au ras du sol ou peu
élevées au-dessus du sol est forcément compliquée par suite de la propa-
gation généralement admise aujourd'hui dans « un éther du sol ». Rien des
expériences s'expliquent clairement en attribuant au sol ce rôle spécial
qu'on n'avait pas envisagé jusqu'ici (' ). Afin de simplifier l'élude des
antennes multiples, il était logique de faire abstraction du sol et d'adopter
le montage suivant : on met en série sans sol \r RII et l'on règle convena-
blement les curseurs pour obtenir le maximum de réception (ce réglage
diffère peu de celui qui convient lorsque, comme dans les recherches précé-
dentes, on mettait au sol le point d'attache de r et R). Dès lors, r ensemble
des antennes constitue un vibrateur fonctionnant en demi-onde et non plus en
quart d'onde. On se contentera de mettre le circuit du détecteur en déri-
vation sur le circuit total, en deux points tels que la dépolarisation du
détecteur s'effectue pour une force électromotrice suffisante. Toute dimi-
nution de r peut être compensée par une augmentation de R et récipro-
quement; mais le réglage le plus commode consiste à faire vibrer chacune
des branches en quart d'onde, le nœud de tension se trouvant sur le fil de
jonction entre /• et R. L'intensité de la réception est suffisamment forte pour
(') Rothê, Comptes rendus, t. loi, p. i<$. — Meslin, Comptes rendus, t. 156.
p. 5/J3. — Jégou, Comptes rendus, t. 156, p. 385.
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 777
qu'on puisse espérer utiliser ce dispositif en aéronautique, en remplaçant ainsi
par un montage à antenne double, le montage à contrepoids, généralement
utilisé ( ' ).
Toutes ces observations ont été faites sur les diverses transmissions FL,
crépitante et chantante, et répétées sur quelques musicales allemandes, en
particulier celle de la station de Norddeich.
PHYSIQUE. — Sur un oscillographe interférentiel. Note de M. A. Guvau,
présentée par M. Yillard.
La mesure des mouvements de la membrane téléphonique m'a amené à
étudier et à construire un oscillographe interférentiel qui permet l'enregis-
trement photographique des vibrations de petite amplitude, à partir de
quelques centièmes de micron.
Des franges reclilignes d'interférence par réflexion sont formées dans une lame
d'air mince, comprise entre un miroir mobile F argenté à fond, collé sur la surface
3t
1::
C/f
<=iB
- A pupille d'entré?
dont on étudie les vibrations, et un miroir fixe de référence E semi-argenté. L'éclai-
rage intensif des miroirs se fait en formant sur ceux-ci l'image d'une lampe à mercure
en quartz (/jA x 8ov) au moyen du système optique BCD. Limage des franges vertU
cales est projetée (avec un agrandissement G = 3 par exemple) au moyen du système
optique GH, sur une fente horizontale étroite (imm) derrière laquelle se trouve un
cylindre enregistreur animé d'un mouvement hélicoïdal. L'image ponctuelle de ces
franges, qui parvient sur la pellicule sensible, dessine la courbe des déplacements
(') Sur des biplans comme les Maurice Farman, l'antenne double pourrait être dis-
posée sur les ailes horizontalement, à condition de trouver un accouplement conve-
nable, el l'on éviterait les inconvénients de l'antenne déroulée au-dessous de l'avion.
778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
orthogonaux P des franges en fonction du temps, el la distance V de deux franges
consécutives fixe l'échelle à laquelle celte courbe représente celle du mouvement de
la surface mobile. Si les déplacements u de celle-ci se font perpendiculairement aux
miroirs, on a, pour des incidences normales,
X v
2 V
Le verre des systèmes optiques absorbe les raies ultraviolettes de l'arc au mercure,
l'extrême sensibilité des émulsions ordinaires pour le violet élimine ipso facto, pour
des temps de pose très réduits, les raies jaunes et vertes, un écran à l'esculine placé
au diaphragme d'entrée arrête la raie oI\4°4 et seu' subsiste le système des franges
dû à la raie o^, 436.
Si l'on admet en première approximation que le flux lumineux qui illu-
mine les miroirs est proportionnel à la surface de la pupille d'entrée et
inversement proportionnel au carré de sa distance à la source, on trouve
que le pouvoir actinique de l'image lumineuse est, toutes choses égales
d'ailleurs, proportionnel au coefficient
A--5L-
G2L2'
D, diamètre commun des objectifs D et G ;
L, distance de ces objectifs aux surfaces interférai tielles;
G, grossissement de l'image projetée sur le cylindre.
Ce coefficient définit dans une certaine mesure les conditions expérimen-
tales indépendamment des circonstances particulières de chaque expérience
et permet d'étudier un projet d'oscillographe interférentiel d'après un
appareil type.
L'éclairage des miroirs se faisant, non en lumière parallèle, mais au moyen de
pinceaux lumineux ayant pour base l'objectif D, il en résulte une diminution de la
netteté du système de franges que j'ai caractérisée par le rapport des dérivées secondes
de l'intensité au voisinage des maximums lumineux, obtenus respectivement en
lumière non parallèle et en lumière strictement parallèle. Les développements en série
que j'ai effectués pour le calcul de ce coefficient Iv m'ont permis, en général (et au
moins avec des surfaces interféreulielles en verre), de le réduire à
712 D! e2 . , / 1 D\.
K = 1 y— • t— sin- a pour « > — - ),
2 L2 Kl \l 2 L/
où e désigne l'épaisseur de la lame mince et a l'incidence moyenne. Le minimum du
temps de pose 0 (quotient de la largeur de la fente par la vitesse circonférenlielle du
SÉANCE DU IO MARS Tgi3. 779
cylindre) achève de caractériser l'instrument :
A=3^=''8-10-1'
v 7T2 2,72 5o2
K = l -r^r 0,027—0,92,
2 072 o,4j°
O™, I
5oo cm : s
= os,ooo2, avec des émulsions Lumière 2.
Cet oscillographe, appliqué à l'étude du mouvement de ia membrane
téléphonique, permet d'enregistrer des fragments de conversation (ampli-
tudes de quelques centièmes de micron), de mesurer la période propre
d'oscillation de cette membrane (pour un téléphone de réseau muni d'un
miroir interférentiel de ogr,i2 j'ai trouvé 8oo~) et son amortissement
(coefficient exponentiel 4oo environ), de constater une certaine variabilité
de sa position d'équilibre. La proportionnalité des déplacements aux inten-
sités permet de l'utiliser comme galvanomètre oscillographique. Avec des
appareils à haute résistance, on peut déceler une dizaine de microampères
efficaces. Avec un téléphone à effets sélectifs les mouvements sont déjà
mesurables, alors qu'un téléphone ordinaire (au moins à basse fréquence)
est encore au silence, ce qui fixe la sensibilité de cet appareil à quelques
centièmes de microampère. Des essais à la fréquence 5oo m'ont montré
que, si l'on tient seulement à fixer l'amplitude du mouvement, des temps
de pose compris entre \ et -^ de la période du courant sont, en général,
suffisants. La substitution de lentilles cylindriques aux lentilles sphériques
utilisées permettrait de diminuer notablement le temps de pose minimum
et d'aborder dans de bonnes conditions l'étude des vibrations les plus
rapides.
ÉLECTRICITÉ. — Sur un électrornètre à spiral. Note de M. R. Szilard,
présentée par M. Villard.
J'ai essayé de construire un électromètre sensible (') d'un maniement,
d'une commodité de lecture, d'une robustesse et d'un volume comparables à
ceux des voltmètres ordinaires.
Principe. — L'aiguille, au potentiel de la cage, sert simultanément
(') Voir aussi ma Note précédente, Comptes rendus, novembre 1909.
C. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 10.) 99
780 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'index rigide et d'équipage mobile attiré par un secteur chargé. Le couple
antagoniste est fourni par un spiral cylindrique suspendant l'aiguille
pivotant sur pierres.
Construction ('). — Un ruban de métal très étroit (omm, 5) forme les deux ailes de
l'aiguille, dont l'un affecte la forme d'un secteur de cercle; l'autre est droit et pointu.
L'aiguille est découpée en une seule pièce, puis équilibrée ; son épaisseur est de om"%o3 ;
son poids 0^,009 environ; elle est traversée par un axe très court d'un diamètre
de omm, 08, tournant sur pivots et contre-pivots en rubis; un ajustage parfait exclut tout
jeu d'axe supérieur à omm,oi.
L'axe X (fig. 1) est fixé à l'extrémité d'un spiral cylindrique R pareil à ceux
employés pour le balancier des chronomètres, mais bien plus faible (épaisseur omm,oi;
largeur omm, 1 5; poids total 08,006). L'extrémité supérieure du spirale R est portée par
une petite virole V coulissant autour d'une tige T portée par en haut par un pont P'
et terminée en bas par le pivot et contre-pivot; le spiral entoure librement cette tige
et sert à suspendre l'équipage mobile (aiguille et axe) en même temps que sa flexion
constitue la force antagoniste. Il est de toute importance que, dans les déformations
du spiral, son centre, de même que son centre de gravité, restent toujours sur l'axe ('-);
en donnant une forme convenable à la courbe terminale du spiral, on arrive à satisfaire
à ces conditions.
Un secteur S représente le cadran; il affecte la forme de deux arcs concentriques
superposés parallèlement à deux autres arcs identiques; ce système est maintenu isolé
au moyen d'une plaque d'ambre I.
Cette forme de cadran est appelée à compenser les forces parasites dues à la forme
asymétriques de l'aiguille. En effet, la force attractive d'un secteur, genre Lord
Kelvin, ne serait pas dirigée dans le sens de la tangente à celui-ci ; l'aiguille serait aussi
attirée par son arc dans le sens perpendiculaire à son axe qui serait assujetti ainsi à
un frottement latéral contre les pivots. Dans notre cas, les cercles concentriques
extérieurs exercent sur l'arc de l'aiguille une attraction diamétrale égale à celle
exercée par le système d'anneaux intérieurs; ainsi, si le réglage est parfait, l'arc se
trouvera dans une zone neutre à ce point de vue.
Une tige G, isolée et coulissant dans la paroi de la platine, permet d'amener une
charge au secteur, lequel engagera au fur et à mesure la partie circulaire de l'aiguille
et fera déplacer l'index sur l'échelle graduée E, placée directement en dessous.
Propriétés. — L'appareil ainsi monté peut être transporté sans inconvénient
(') Le modèle de cet appareil a été exécuté dans les ateliers de l'École d'Horlogerie
de la Ville de Paris; j'exprime mes meilleurs remercîments à M. Fournier, directeur
de l'École, pour son aimable accueil, et à M. Thiébaud, professeur, pour les soins qu'il
a bien voulu donner à la construction.
(8) Phillips, Le spiral réglant (Académie des Sciences: Recueil des Savants
étrangers, 28 mai 1860).
SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 781
quelconque d'un endroit à un autre; il peut être secoué, son aiguille peut être
touchée par la main sans que l'appareil se dérégie ou même se décharge.
Ces qualités permettent l'emploi d'une échelle fixe, empiriquement éta-
lonnée une fois pour toutes, portant parallèlement les indications de voltage
et des divisions correspondant à des valeurs de capacités égales entre elles.
A part cette échelle fixe, on peut employer aussi un microscope micromé-
trique; le fait que l'aiguille ne porte pas de charge permet de s'en approcher
très près et d'employer par conséquent un grossissement fort, à quoi sa
forme nette se prête très bien. Pour ce mode de lecture, la capacité devient
pratiquement indépendante de la déviation et le voltage est proportionnel
782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la charge. La grande étendue de l'échelle permet, en outre, plusieurs
mesures successives sans qu'on soit obligé de recharger l'appareil.
Sensibilité. — Le modèle décrit étant construit principalement pour les
mesures d'ionisation par déperdition, a une sensibilité grande à la
charge et modérée au potentiel, qu'on peut encore diminuer à volonté en
armant le spiral par V; en tournant la virole V dans le sens contraire, on
engage l'aiguille davantage dans le secteur S, ce qui augmente légèrement
la sensibilité au potentiel.
En outre les premières divisions correspondent à 25o volts et l'échelle
entière représente 1000 volts environ; le courant est donc saturé pour
toutes les intensités pratiquement mesurables. Une division de l'échelle
fixe vaut 5 volts dont la centième fraction, soit o,o5 volt, est directement
lisible avec un microscope muni d'un micromètre. La capacité moyenne de
l'appareil est de l'ordre de 2c,n. Un courant de l'ordre de io~" ampère
occasionne un déplacement d'aiguille de 1 degré environ par seconde, ce qui
équivaut à un mouvement d'index de omœ, 7 par seconde. Un courant
de 10 " ' 3 ampère correspond donc dans le micromètre à un mouvement
dont l'ordre est de 1 division de ce micromètre par seconde.
Montages. — L'appareil est placé dans une cage complètement fermée (en haut par
une glace) et peut être monté sur un dispositif voulu; pour les mesures de radioac-
tivité les substances peuvent être disposées dans un simple récipient fermé placé
directement sous l'appareil.
Un autre modèle permet de charger l'aiguille, soit en vue d'employer une méthode
de compensation, soit pour augmenter la sensibilité de l'instrument.
Des appareils inspirés du même principe se prêtent très bien à un certain nombre
d'usages pratiques, tels que les mesures rapides des potentiels élevés, mesures d'élec-
tricité atmosphérique, mesures de capacités, de conductibilités, de courants
d'ionisation, etc.
PHYSIQUE. — Sur T absorption de l'ultraviolet par l'ozone et T extrémité du
spectre solaire. Note de MM. Ch. Fabrv et H. lîuisso.v, présentée par
M. Villard.
La limitation du spectre solaire, un peu au-dessous de la longueur
d'onde 3ooo, a été attribuée à l'absorption par l'ozone. Cette hypothèse n'est
appuyée que sur l'existence d'une forte bande d'absorption de l'ozone dans
l'ultraviolet. Pour la confirmer, des valeurs numériques seraient néces-
séance du 10 mars igi3. 783
saires, d'une part sur l'absorption atmosphérique, d'autre part sur l'absorp-
tion par l'ozone. Nous avons entrepris ces deux séries de déterminations.
Nos mesures sur l'absorption par l'ozone (') ont été faites par photographie. Le
rayonnement d'une lampe en quartz à vapeur de mercure traverse un tube à absorp-
tion, dont la longueur (de 9mm à 2ra)doit être d'autant plus grande que l'absorption à
mesurer est plus faible. Dans ce tube on fait passer un courant d'oxygène ozonisé dont
la teneur en ozone est dosée, à la sortie, par la méthode de Ladenburg et Quasig (2).
Une image de la lampe est projetée sur la fente d'un speclroscope photographique en
quartz (3).
Sur une même plaque photographique , on fait successivement, avec la même durée,
une pose avec la lumière qui a traversé l'ozone, sans absorption, mais avec des affai-
blissements gradués, obtenus en diaphragmant la face de sortie du dernier prisme.
Les intensités lumineuses ainsi réduites sont proportionnelles aux surfaces des
diaphragmes tant que ces surfaces sont complètement et uniformément illuminées et
tant que les phénomènes de diffraction n'interviennent pas. La fente du speclroscope
a tmm de longueur et omm, 5 de largeur, de manière que l'image de chaque raie est
représentée par un petit rectangle.
Après développement du cliché, on mesure au microphotomèlre (4), pour chaque
raie, l'opacité de chacune des images. En interpolant l'opacité de celle qui a été obte-
nue à travers l'ozone parmi les opacités des images produites par les intensités lumi-
neuses connues, on obtient l'intensité de la radiation affaiblie par l'absorption.
Les résultats s'expriment par les valeurs de la constante d'absorption a,
définie par la formule
I = l0.io-arf,
dans laquelle I et I0 sont les intensités avant et après l'absorption et d
l'épaisseur, en centimètres, d'ozone gazeux pur, ramené à o° et 76™', tra-
versée par la lumière :
X.
a.
X.
a.
X.
a.
23oo
5o
2700
9'
3 100
I ,23
2400
95
2800
46
32oo
0,35
25oo
120
2900
16,6
33oo
0,0g3
2600
120
3ooo
4,6
34oo
0,025
(') Les mesures, actuellement publiées (Meyer, Annalen der Physik, t. XII,
1903, p. 849; Krûger et Moeller, Physikalische Zeilsc/irifl, t. XIII, 1912, p. 729),
ne s'étendent qu'aux longueurs d'onde inférieures à 3ooo, et, pour cette dernière
radiation, les valeurs de la constante d'absorption sont très discordantes dans le rap-
port de 1 à 4» ce qui rend impossible la comparaison avec l'absorption atmo-
sphérique.
(-) Voir Treadwell, Chimie analytique, t. II. p. 63i.
(3) Journal de Physique, 1910, p. g32.
(l) Comptes rendus, 3 février igi3.
g R A R Y :x,J
784 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le maximum d'absorption a lieu vers 255o. Dans cette région l'absorp-
tion est énorme : une couche de 2.5^ d'ozone pur réduirait l'intensité
à moitié ; à égalité de masse l'ozone est plus absorbant que les métaux dans
le spectre visible.
Entre les longueurs d'onde 2900 et 33oo, l'absorption varie rapidement;
dans cet intervalle, seul intéressant pour la comparaison avec l'absorption
atmosphérique, la constante a peut être représentée par la formule empi-
rique
(1) log «=17,58 — o,oo564^,
dans laquelle X est la longueur d'onde exprimée en angstrôms.
Si, sur un faisceau de lumière à spectre continu, on interpose une couche
de gaz contenant de l'ozone, la rapide variation de a. en fonction de X pro-
duit une limitation très brusque de l'extrémité ultraviolette du spectre, et
la limite recule vers les grandes longueurs d'onde à mesure que croît
l'épaisseur de gaz. Pour trouver la loi de variation de cette limite en fonc-
tion de l'épaisseur d'ozone, admettons que le spectre cesse d'être observable
lorsque l'intensité est réduite par absorption à la fraction - de l'intensité
incidente. La limite sera définie par ioc,rf = n, ou, en prenant deux fois les
logarithmes, log a -1- log d = const. Remplaçant log a par sa valeur (1), on
trouve pour la limite du spectre après absorption
X= 17710g rf-t- const.
Lorsque la lumière solaire traverse l'atmosphère, la longueur du chemin
parcouru dans chaque couche, et par suite l'épaisseur totale d'ozone tra-
versée varie, tant que le Soleil n'est pas trop bas sur l'horizon, comme ,
^ l l COiZ
z étant la distance zénithale, et cela quelle que soit la répartition de l'ozone
en altitude. L'équation qui donne la limite X du spectre solaire doit donc
être, si c'est l'ozone qui produit l'absorption, X = const. — 177 logcos z.
Or Cornu a donné, il y a 3o ans ('), une formule empirique reliant X
et z, qui, résolue par rapport à X, donne X = const. — 200 log coss.
Ces deux formules sont de même forme, et les valeurs du coefficient
de log coss sont peu différentes. Si l'on tient compte de l'absorption, due
à la diffusion atmosphérique, qui varie avec la longueur d'onde beaucoup
moins vite que l'absorption par l'ozone, la concordance est encore amé-
(') Journal de Physique, 1SS1, p. 5, et Comptes rendus, t. 111, 1890, p. g4 1 -
SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 785
liorée. Les observations de Cornu sont donc en accord avec l'hypothèse de
l'absorption de l'ozone.
Les résultats qui précèdent laissent indéterminée la quantité d'ozone
présente dans l'atmosphère; pour la fixer, il faudrait avoir une valeur
numérique de l'absorption atmosphérique. De quelques mesures faites
pendant l'été peu favorable de 1912, nous pouvons déduire que, pour la
radiation 3ooo, le Soleil étant au zénith, la proportion de lumière trans-
mise est de l'ordre de y^. Pour produire cette absorption, il faut que
l'atmosphère contienne une quantité d'ozone équivalente à une couche
de 5mm d'ozone pur. Si ce gaz était réparti uniformément, la proportion en
volume serait de ocm',6 par mètre cube d'air, quantité bien supérieure aux
teneurs mesurées par analyse chimique. L'hypothèse la plus probable est
que l'ozone existe seulement dans la très haute atmosphère, où il serait pro-
duit par la partie extrême du rayonnement ultraviolet solaire, qui, étant
fortement absorbée par l'oxygène, ne peut agir que sur les premières
couches de l'atmosphère.
RADIOACTIVITÉ. — Sur le rayonnement secondaire produit parles rayons a.
Note de M. B. Bianu, présentée par M. Villard.
L'étude du rayonnement secondaire produit par les rayons a a été l'objet
de plusieurs recherches entreprises par MM. Campbell ('), Bumstead (2),
Kleeman(3)etPound (*).
Tous ces physiciens employaient un vide assez avancé et l'existence d'un
rayonnement secondaire était mise en évidence par les charges. Nous avons
essayé l'étude de la même question en employant une méthode différente
qui consiste dans la mesure du courant produit dans une chambre d'ioni-
sation, par le rayonnement provenant d'une surface métallique frappée par
les rayons a du polonium.
En conséquence, cette méthode ne nous a permis d'étudier que le rayon-
nement secondaire d'incidence.
(') N. Campbell, Phil. Mag.,\..XX\\, 19 11, p. 276-3o2; t. XXIII, 1912, p. 462-483;
t. XXIV, 1912, p. 46-64.
(2) H. -A. Bumstead, Ibid., t. XXII, 191 1, p. 907-922.
(3) R.-D. Kleeman, Ibid., t. XXIV, 1912, p. 198-207.
(4) V.-E. Pound, Ibid., t. XXIII, 1912, p. 8i3-837.
i86
ACADEMIE DES SCIENCES.
La figure i indique le dispositif employé : A esl le plateau métallique qui produit
le rayonnement secondaire dû au bombardement par les particules a provenant du
polonium P contenu dans la cuvette C (ce plateau pouvait être mis au sol ou à un
potentiel quelconque); B est une toile métallique reliée à la cage T et au sol; D une
autre toile chargée par la batterie V, et F le plateau relié à l'électromèlre E. Le tout
est couvert par une cloche où l'on fait le vide à l'aide d'une trompe à mercure.
H 1 1 » h
■i 1 r
a s Pressions en m m
On remarque que, dans la chambre d'ionisation DF, on ne reçoit que le rayonne-
ment obtenu par réflexion sur le plateau A, et la diffusion des ions produits par les
rayons a est arrêtée par le champ créé entre B et D. En maintenant fixe le plateau A
et en faisant varier la pression, on obtient la courbe du courant à distance constante et
à pression variable. L'appareil, étant placé entre les pôles d'un électro-aimant, nous
permettait d'établir divers champs magnétiques. Les résultats obtenus sont indiqués
SÉANCE DU IO MARS Io,l3. 7H7
sur la figure 2. La courbe -I- 1 représente le courant positif en fonction de la pression
et la courbe -t- 2 le même courant, lorsqu'on fait agir un champ* d'environ 200 unités
et qui reste sensiblement la même pour des valeurs plus grandes du champ magné-
tique. Les courbes — 1 et — 2 représentent le courant négatif dans des conditions
analogues.
Ces résultats nous obligent d'admettre l'existence d'un rayonnement très
absorbable provenant du plateau A, qui peut ioniser et dont la charge a été
trouvée négative; c'est donc un rayonnement électronique.
Sur ce point nous sommes en désaccord avec les auteurs cités plus haut,
et dont les expériences semblent démontrer que la vitesse du rayonnement
secondaire serait inférieure à la vitesse nécessaire pour ioniser les gaz.
Au contraire, l'étude des projections radioactives (') a montré l'existence
d'un rayonnement très absorbable et facilement déviable par un faible
champ magnétique, et qui présente quelques analogies avec le rayonnement
que nous avons trouvé.
Ainsi, la dislance entre le plateau A et la toile D de la chambre d'ionisation étant
de iom"', le rayonnement secondaire parcourt cette distance à la pression d'environ
10™ de mercure; le produit du parcours par la pression est donc égal à 100. Etant
donnée l'incertitude sur la fin du parcours, ce nombre ne peut être considéré que
comme approximatif.
Une feuille d'aluminium battu d'environ oH-, 5 d'épaisseur suffit pour arrêter complè-
tement le rayonnement secondaire.
Des valeurs du champ magnétique nécessaire pour supprimer le rayon-
nement secondaire nous avons déduit l'ordre de grandeur de la vitesse des
particules constituantes. Pour qu'aucune particule n'arrive à la chambre
d'ionisation il faut que le rayon du cercle décrit dans le vide, sous l'action
du champ magnétique, soit égal à tomm pour les rayons normaux au pla-
teau A et de ^ pour les rayons qui ont une direction tangentielle.
Portant cette dernière valeur dans la formule connue R= — r-p, on en
e H
déduit pour la vitesse correspondante t,8x ioJ cm : sec.
I>n constituant successivement le plateau A par divers métaux tels que :
aluminium, zinc, cuivre et plomb, on constate que la différence entre les
courants sans champ magnétique et les courants obtenus en présence du
champ est à peine modifiée; au contraire la valeur des courants avec le
(' ) L. Wertenstein, Radium, t. IX, janvier 1912. — B. Bia.nu et L. Werte.nstein,
Radium, t. IX, octobre 1912.
C. K.. iqi3, 1" Semestre. (T. 156, N 10.) 1 OU
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
champ magnétique augmente d'autant plus que le poids atomique du métal
est plus élevé.
Nous pensons pouvoir expliquer cet effet par une ionisation due aux
rayons a réfléchis ou diffusés par la surface du métal, conformément
à ce qu'ont observé, par la méthode des scintillations, MM. Geiger et
Marsden (').
CHIMIE PHYSIQUE. — Équilibre chimique dans l'action du gaz chlorhydrique
sur le sulfate de zinc. Note de M. Camille Matignon, présentée par
M. H. Le Chatelier.
Considérons l'équation chimique suivante :
(/n-i)SO*Znsol.+ 2HCIBai. = S04H2rtSOZnS0l.H-ZnCI?0l..
Si le gaz chlorhydrique peut effectivement agir sur le sulfate de zinc,
l'acide sulfurique mis en liberté se combinera sans doute avec le sulfate de
zinc en excès pour engendrer un corps solide acide, en vertu d'une pro-
priété des sulfates qui paraît générale.
L'expérience vérifie cette prévision. Le sulfate de zinc anhydre se dissout
en effet abondamment dans l'acide sulfurique chaud et la solution aban-
donne par refroidissement de magnifiques et longues aiguilles soyeuses
d'un sulfate acide.
Ces aiguilles, décantées rapidement et abandonnées successivement sur
plusieurs plaques poreuses, dans un milieu sec, ont été analysées, à diffé-
rentes phases de l'essorage, en chassant l'acide sulfurique combiné.
Perle
calculée
trouvée. SO'ZnSO* H2.
1 4i.O 37,8
II 39,l
111 38,7
Ces nombres ne laissent aucun doute sur la composition de la combinaison
SO*H2SO*Zn; il est d'ailleurs impossible de la débarrasser complètement
de l'acide qui l'imprègne encore.
J'ai vainement essayé de déterminer la chaleur de formation de cetle
(') Mme P. Curie, Traité de Radioactivité, t. Il, p. 176.
SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 789
combinaison double à partir de ses deux constituants solides. Le phéno-
mène à mesurer est très faible, de l'ordre de grandeur des erreurs faciles à
commettre par suite de la présence d'un reste d'acide non combiné et tou-
jours un peu hydraté pendant les manipulations du sel.
Les analogies comme la discussion des résultats des divers essais indiquent
pour £ un nombre inférieur à 4Cal :
S04H|ol. + SO*Znsol. = SOHsSOZnsol.-+-£.
Le dégagement thermique qui correspond à l'équation initiale est de
8fa,,45
- e-tant compris entre o et 2 :
2 r
SO*Znsol -t-HCIBaz = -SOvHîSO*Zn50, -+- -Zn Cl* 4- 8e"1, 45 + -•
222
Ce système chimique ne contient que des corps solides et un gaz; par
suite la réaction doit être réversible si la chaleur de réaction rapportée à
une molécule gazeuse est supérieure à la chaleur de sublimation du gaz
chlorhydrique, dont la valeur approchée est de 5Cal, 7 ('). L'écart assez
considérable entre 8Cal,45 -t- £ et 5Cal,67 ne laisse aucun doute sur la réver-
sibilité de la réaction formant un système monovariant.
La température normale absolue T de dissociation du système sera
donnée approximativement par la relation 7^ = oCa',o32 (2).
On en déduit
t M5 £
1 = ô ' 3*"'
0,OÔ2 2 X O,O02
ou, en tenant compte des limites de e,
264'",(i 273° 347°
760 X 302°, 7
Nous en déduisons .r = -285°, 3 absolus ou 1 20, 3 C.
Ainsi, c'est vers 120 que la pression de dissociation du système est nor-
male; j'avais prévu qu'elle était comprise entre — 90 et 53".
(') Isamhert, Annales de l'Ecole Normale, 1868, p. 129.
SÉANCE DU l(i MARS IÇ)l3. 791
Comme conclusion, on peut calculer pour s la valeur ic"',36.
En résumé, la connaissance de la chaleur dégagée dans le système consi-
déré m'a permis de prévoir la réversibilité de la réaction et de déterminer
a priori, au moins d'une façon approchée, la pression normale de disso-
ciation et, par suite, la courbe de dissociation du système monovariant.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les protosul fttres anhydres des métaux alcalins.
Note de MM. E. Kexiuiik et A. Custeanc, présentée par M. H. Le
Chatelier.
Les protosulfures anhydres des métaux alcalins sont encore, à l'heure
actuelle, très mal connus, et n'ont pu jusqu'ici être obtenus à l'état de
pureté rigoureuse.
La déshydratation des sulfures préparés par voie aqueuse entraîne tou-
jours une attaque importante des récipients, ainsi que l'a montré M. Paul
Sabatier ('). Le procédé employé plus récemment par M. Hugot (2), action
du soufre sur un excès de potassium ou de sodium dissous dans l'ammoniac
liquéfié, conduit à de bien meilleurs résultats; cependant, on ne peut éviter
complètement la formation simultanée d'une petite quantité d'amidure; et la
présence, même en proportion très faible, d'une impureté aussi active dans
les corps obtenus, peut en modifier notablement les propriétés. En outre,
les sulfures ainsi préparés se présentent sous l'aspect d'une masse amorphe,
ou, du moins, dans laquelle il est impossible de déceler l'état cristallin.
Nous avons pensé obtenir de meilleurs résultats en appliquant la
méthode qui avait permis à l'un de nous (3) d'isoler pour la première fois
les protoxydes alcalins anhydres : combinaison directe du soufre avec un
grand excès de métal, dont on se débarrassera ensuite en le distillant dans
le vide. Si les sulfures sont, comme les oxydes, solubles dans les métaux
correspondants, ils devront se déposer cristallisés.
L'expérience est cependant beaucoup moins aisée à conduire, et nous avons dû nous
livrer à de nombreux tâtonnements avant d'arriver à des résultats convenables. Les
meilleurs ont été obtenus en faisant réagir le soufre en vapeur sur le métal fondu,
dans un tube de verre en forme d'fl dans lequel on a fait le vide, les deux branches
1 ' 1 I'. Sabatier, Ann. de Chim. et île Phvs., 5e série, t. XXII, 1881, p. 25.
(l) Hugot, I/nd., -'' série, t. XXI, 1900, p. -1.
(6) E. Rkngade, Ibid., 8e série, t. XI, iq>.8, p. 348.
792 ACADEMIE DES SCIENCES.
étant séparées par une partie capillaire. Le métal alcalin élait distillé au préalable
dans l'appareil lui-même, au moyen d'un ajutage latéral qu'on scellait ensuite, de
manière à éviter toute trace d'oxyde. Le tube était alors maintenu pendant plusieurs
heures à une température convenable, variant de 2000 à 3oo°. La tension de vapeur du
soufre étant beaucoup plus forte que celle du métal alcalin, la combinaison se produit
intégralement dans l'une des branches du tube : il ne reste plus qu'à distiller le métal
en excès, à travers la partie capillaire, dans l'autre branche maintenue froide, et à
séparer par un trait de chalumeau l'ampoule contenant le sulfure.
Le composé est analysé en ouvrant sous l'eau la pointe de l'ampoule. La dissolution
s'effectue immédiatement avec un grand dégagement de chaleur, en donnant un liquide
parfaitement limpide et incolore que l'on oxyde au moyen d'eau oxygénée chimi-
quement pure en présence d'ammoniaque. On chasse ensuite celle-ci par évaporation
à sec dans une capsule de platine, et l'on s'assure que le liquide repris par l'eau est
rigoureusement neutre à l'hélianthine, ce qui exclut la formation possible de sous-
sulfure. On dose enfin le soufre sur une partie aliquote au moyeu du chlorure de
baryum, et le métal alcalin sur une autre prise d'essai, par évaporation à sec.
Les chiffres trouvés vérifient parfaitement les formules des protosulfures :
lv
!S
Rb:
!S
trouvé.
calculé.
trouvé.
calculé
29 . 06
29,09
1 5 , 92
i5,8o
70,06
7°>9'
84,12
84,20
Na3S
trouvé. calculé.
Soufre 4',°3 4i,o8
Métal alcalin... 58,86 58,92
Les produits obtenus ont l'aspect de poudres blanches à la température
ordinaire, paraissant cristallines au microscope, tout au moins pour les
deux derniers, mais en grains très petits. En élevant la température, la
couleur vire au jaune. A 3oo° le sulfure de potassium est jaune pâle, le sul-
fure de rubidium est un peu plus foncé. Nous avons également pu préparer
un échantillon de sulfure de caesium : il est encore blanc à froid ('). Si l'on
se rappelle que leprotoxyde de rubidium est jaune à la température ordi-
naire et le protoxyde de caesium d'un beau rouge, on voit que les sulfures
alcalins sont moins colorés que les oxydes.
Ils sont également bien moins solubles dans le métal, et c'est ce qui
explique qu'ils cristallisent beaucoup plus difficilement. On parvient cepen-
dant à obtenir des cristaux bien formés en évaporant une quantité suffisante
de solution saturée. La solubilité croît avec le poids atomique. On a des
cristaux microscopiques avec le rubidium et le potassium, et des aiguilles
(') Nous n'avons pu faire l'analyse de ce produit, faute d'une quantité suffisante de
matière première, que nous sommes en train de préparer; on ne peut trouver en ce
moment de sels de caesium dans le commerce.
séance lu 10 maks tgi3. 79,3
de plusieurs millimètres avec le caesium. Nous n'avons pas pu encore obtenir
de cristallisation nette avec le sulfure de sodium, qui doit être extrêmement
peu soluble. Nous comptons d'ailleurs revenir prochainement sur les pro-
priétés de ces cristaux.
Au point de vue chimique, les protosulfures alcalins paraissent plus
stables que les oxydes correspondants : la lumière ne semble pas les altérer.
Le mode de préparation indiqué par M. Hugot montre également qu'ils ne
sont pas décomposés par l'ammoniac anhydre, contrairement aux protoxydes
qui, on le sait, sont immédiatement dédoublés en bioxyde et métal. La
chaleur est également sans action sur eux jusqu'au point de ramollissement
du verre-, mais, à cette température, ils fondent en se colorant en rouge et
se transforment en persulfures en dégageant des vapeurs métalliques. On
retrouve donc ici le même mode de décomposition qu'avec les protoxydes.
Les sulfures alcalins sont très oxydables; il suffit de les toucher en un
point avec une pointe de verre chauffée pour qu'ils deviennent incandescents
et brûlent comme de l'amadou. A froid, le sulfure de sodium n'est que len-
tement attaqué à l'air; les autres tombent rapidement en déliquescence.
Projetés dans l'eau, ils se dissolvent tous avec bruissement et dégagement
de chaleur, mais sans explosion.
Nous poursuivons l'étude de ces corps.
CHIMIE okgamque. — Migration du chlore dans les cétones halogénées.
Note de M. E.-E. Biaise, présentée par M. A. Haller.
Comme je l'ai montré dans une Note précédente, l'hydrolyse du cyclo-
acélal oxyisobutyrique de la diclilorométhyléthylcétone fournit, en même
temps que cette cétone, une petite quantité d'un corps dont le point d'ébul-
lition est plus élevé d'environ 200. L'analyse montre que ce corps est un
isomère du premier. D'autre part, il est également cétonique, car il donne
une semi-carbazone. L'hydrolyse fournit donc deux cétones dihalogénées
isomères; or, comme celles-ci ne peuvent différer par la forme de la chaîne
carbonée, elles diffèrent nécessairement par la position des 2at d'halogène.
Comme, enfin, dans le chlorure de dichloracétyle, qui est la matière
première pour la préparation du cycloacétal, les 2at de chlore sont fixés
au même atome de carbone, il faut qu'il se soit produit une migration
au cours de l'hydrolyse. Si, en effet, on chauffe la dichlorométhyléthyl-
cétone pure avec un mélange d acide chlorhydrique et d'acide acétique au
bain-marie, pendant G heures, on constate, en fractionnant la cétone régé-
794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nérée, que l'isomérisation s'est produite dans la proportion de 5o pour 100.
Il y a donc là un nouveau cas de migration de l'atome d'halogène.
Étant donné que la cétone résultant de la migration possède un point
d'ébullition plus élevé que celui de la dichlorométhyléthylcétone, on en
peut conclure que les deux atomes de chlore n'y sont pas fixés au même
atome de carbone et il paraît, dès lors, logique d'admettre, pour le produit
de transposition, la constitution suivante :
CH2 Cl - CO - CH Cl — CH»
qui correspond à la migration d'un atome de chlore de i en 3. Or
Vladesco, en traitant la méthyléthyl cétone par le chlore, obtint une cétone
dihalogénée à laquelle il attribua la constitution CH'— CO — CCI2 — CH3
{Bull. Soc. ch., 3e série, t. VI, p. 83o). Mais Faworsky et Desbout
(././. pr. Ch., 2e série, t. LT, p. 4^9, et Bull. Soc. ch., 2e série, t. XIV,
p. 1 195) ayant préparé cette dernière par fixation de l'acide hypochloreux
sur le diméthvlacélylène, constatèrent qu'elle est absolument différente de
la cétone de Vladesco. Ils en conclurent que la mélhyléthylcétone dichlorée
obtenue par ce chimiste répondait probablement à la constitution
CH2C1 — CO — CHC1 — CH3. Suivant mes prévisions, elle devait donc être
identique à la cétone dihalogénée que j'avais obtenue par transposition. Je
fus donc amené à reprendre l'étude de la chloruration, de la méthyléthyl-
cétone. La réaction a été effectuée en présence d'eau et de marbre et j'ai
constaté que, dans des conditions qui seront exposées dans un Mémoire
développé, on obtient ainsi, pour une partie de CHC12- CO — C2H°,
six parties de CH2C1 — CO — CHCI — CH ! et quatre parties de
CH'-CO - CHC12-CH3.
Le premier de ces corps a été identifié avec celui que j'ai obtenu par
hydrolyse normale du cycloacétal correspondant; le troisième est identique
au produit obtenu par Faworsky et Desbout; il bout en effet à H2°-ii3",
sous la pression atmosphérique, comme l'ont indiqué ces auteurs. Toutefois,
le point d'ébullition qu'ils ont observé sous pression réduite (36°-38°
sous 23mm) parait fort peu vraisemblable, a priori; j1 ai trouvé, en effet, 3i°
sous 33mu'-3/(n"". Quant au second corps, celui qu'avait préparé Vladesco,
il bout à i65° sous la pression atmosphérique, ou à 6o° sous i3inm. Il s'est
montré identique à la cétone dihalogénée que j'ai obtenue par transposition
de la dichlorométhyléthylcétone; tous deux, dans des conditions conve-
nables, donnent la même semi-carbazone, cristallisanten lamelles brillantes
et fondant à 1 14°-
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 7p5
La constitution de la dichlorométhylétliylcétone et celle de la méthvl-
a-dichloréthylcétone étant indiscutables, il en résulte que la constitution
de la troisième cétone dihalogénée se trouve également établie. Si donc on
chauffe au bain-marie une cétone dihalogénée dissymétrique avec un
mélange d'acide acétique et d'acide chlorliydrique, il se produit une migra-
tion d'un atome de chlore, la molécule tendant vers un degré de symétrie
plus élevé :
CHCI!-CO-ClI2— CH3 -> CFPCl — CO — CH Cl — CH3.
La migration semble d'ailleurs se faire d'autant plus facilement, au
moins dans certaines limites, que la proportion d'acide chlorliydrique est
plus grande.
CHIMIE OKGANIQUE. — Hydrogénation cataly tique de l'acétone.
Note de M. A. Lassieuu, présentée par M. A. Haller.
On sait que les cétones, hydrogénées au-dessous de 200" en présence de
nickel réduit, fournissent les alcools secondaires correspondants, sans
réaction accessoire; cependant la réduction peut aller plus loin et conduire
aux carbures saturés; c'est ainsi que M. Darzens a obtenu l'élhylbenzène à
partir de l'acétophénone.
Si la température est plus élevée, les choses se passent différemment :
nous avons montré, M. Haller et moi {Comptes rendus, t. 150, p. ioi3), que
la méthylnonylcétone, hydrogénée à la température de 3oo°, ne fournil pas
d'alcool en quantité appréciable, mais divers produits, parmi lesquels une
cétone C2-HM0 de poids moléculaire double de la cétone primitive. 11 y a
aussi réduction plus avancée, rupture de la chaîne carbonée avec produc-
tion de nonane et non pas dundécane, comme on aurait pu s'y attendre.
Désirant généraliser celte réaction, j'ai commencé par l'étude de l'hydro-
génation de l'acétone à température élevée.
J'ai opéré, à des températures variant de 2000 à 3oo°, en employant un
nickel réduit à 35o°. La réduction est conduite très lentement; il est passé
environ 5S de produit par heure dans un tube de 80"" de long. La substance
hydrogénée possède une odeur particulière très forte, qui n'est ni celle de
l'acétone, ni celle de l'alcool isopropylique. Ce liquide, distillé au bain-
marie, donne une fraction qui passe de 56° à 65° et qui est constituée par
de l'acétone entraînant une petite quantité de produits ne passant pas à la
C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 10.) IGI
•jg6 ACADÉMIE DES SCIENCES
température du bain-marie. Le résidu, qui représente 3o à 4o pour ioo de
l'acétone mise en œuvre, est lavé à l'eau; il se sépare un produit insoluble
qui est décanté. Les eaux, de lavage, soumises à la distillation, donnent un
peu d'acétone, puis de l'eau, mais pas trace de pinacone. La partie inso-
luble dans l'eau présente les caractères des composés éthyléniques : réduc-
tion du permanganate de potasse, décoloration de l'eau de brome; mais si
l'on épuise l'action du permanganate, on retrouve le produit débarrassé de
composés non saturés, qui n'existent qu'en très faible quantité. Ce liquide,
insoluble dans l'eau, est agité avec du bisulfite de soude; il ne tarde pas à
se former une combinaison bisul fi tique, qui est essorée à la trompe et lavée
à l'éther. Cette combinaison, traitée par l'eau acidulée d'acide sulfurique,
fournit une buile qui est séparée et sécbée. Soumise à la distillation, elle
passe presque en totalité entre ii4°-ii7°- C'est un liquide mobile, d'odeur
agréable, un peu campbrée. L'analyse lui assigne la formule C6Hl20 :
D;* = 0,807; ni>8= ',4o25.
Réfraction moléculaire 3o,2; calculée 29,9. Sa semicarbazone, cristallisée clans
l'eau, se présente sous forme d'écaillés brillantes, fusibles à i3i°-i32°. L'ox/'/we est
un liquide incristallisable, bouillant à i^o°-i75°.
Cette cétone, oxydée par le mélange chromique, donne des acides solubles dans
l'eau, qui, élhérifiés par l'alcool et l'acide sulfurique, fournissent de l'acétate, de
l'isobutyrale et de l'isovalérate d'éthyle. Tous ces caractères sont ceux de la mélliyl-
isobutylcétone, qui a été préparée déjà par plusieurs auteurs, et notamment par
M. Senderens, en faisant passer des vapeurs d'acide acétique et d'acide isovalérique
sur de la thorine chauffée à /|00°. J'ai comparé les semicarbazones de la cétone que
j'ai obtenue et de la méthylisobulylcétone préparée par le procédé de M. Senderens;
toutes deux fondent à i3i°-i32°, et leur mélange conserve le même point de fusion.
Le liquide séparé de la métbylisobutylcétone est séché, un échantillon
est acétylé ; l'indice de saponification du produit acétyle est très faible : 1 , 5 ;
il n'y a donc pas eu formation d'alcool pendant l'hydrogénation. Le reste
du liquide est soumis à plusieurs rectifications; on isole ainsi une fraction
passant de t63° à 1680 et des produits à point d'ébullition plus élevé.
Fraction r63°-i68°. — C'est un liquide mobile, d'odeur agréable; l'ana-
lyse lui assigne la formule C9H'80 : D]* = 0,816; n'D* = 1,4212. Réfraction
moléculaire 44> 1 i calculée 43, 70. Ce corps ne donne pas de semicarba-
zone, mais une oxime, liquide épais, bouillant à 2o5°-2io°. Cette fraction
semble identique à la diisobulylcétone ou valérone, qui bout à i65°-i66° et
dont j'ai préparé l'oxime, bouillant à 2o5°-2 10".
Fraction passant au-dessus de 1800. — De 1800 à 2700, on recueille des
SÉANCE DU IO MARS IC)l3. 797
produits sans qu'il soit possible d'obtenir de maximum net; il semble
cependant qu'il y ait une fraction plus importante que les autres entre 1880
et 2100. Ce produit, de consistance sirupeuse, sent fortement le camphre.
Avec la semicarbazide, il donne quelques cristaux, mais je n'en ai pas
encore poursuivi l'étude.
En résumé, l'hydrogénation de l'acétone, par la méthode de MM. Saba-
tier et Senderens, à des températures supérieures à 2000, ne fournit ni
alcool isopropylique, tout au moins en quantités importantes, ni pinacone,
mais de la méthylisobutylcétone en abondance, de plus faibles quantités de
valérone, et enfin des produits plus condensés. Il est probable qu'il y a
d'abord condensation de l'acétone sur elle-même avec élimination d'eau,
pour donner de l'oxyde de mésityleet de l'isophorone qui sont hydrogénées
ultérieurement; la présence de composés élhyléniques dans le produit
hydrogéné paraît légitimer cette interprétation; d'ailleurs l'acétone pas-
sant sur du nickel réduit, à la température de 25o°, donne des produits
gazeux, provenant de la dislocation de la molécule, et des produits con-
densés, élhyléniques, dont je suis en train de poursuivre l'étude.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la composition du gaz d'éclairage. Note
de MM. P. Lebeau et A. Damiexs, présentée par M. H. Le
Chatelier.
Nous avons décrit récemment une méthode permettant de déterminer la
composition d'un mélange gazeux formé d'hydrogène et d'hydrocarbures
saturés ('). Cette méthode étant susceptible d'être généralisée, il nous a
paru intéressant d'en faire l'application à l'étude de mélanges plus com-
plexes. Nous donnerons aujourd'hui les résultats obtenus pour le gaz de
houille. Le premier échantillon examiné était le gaz d'éclairage de Paris,
prélevé à l'Ecole supérieure de Pharmacie.
En faisant passer lentement à l'aide de la trompe à mercure un volume
connu de gaz d'éclairage dans des condenseurs refroidis par de l'air liquide,
on le sépare en deux portions; la première, constituée par les gaz non con-
densables, contient de l'hydrogène, du méthane, de l'oxyde de carbone, de
l'azote et de l'oxygène, et la seconde est formée par les carbures saturés
(') P. Lkbeau et A. Damiens, Comptes rendus, t. 156, p. 1 44 et 325.
798 ACADÉMIE DES SCIENCES.
homologues du méthane, les carhures éthyléniques et acétyléniques,
l'acide carbonique, les vapeurs de carhures lourds et la vapeur d'eau.
Nous avons procédé à l'analyse des produits gazeux résultant de celte
première séparation de la façon suivante :
Le premier mélange a d'abord élé Irai té par le pyrogallate de potassium pour
absorber t'oxygène, puis par le chlorure cuivreux acide pour doser l'oxyde de car-
bone.
Après élimination des vapeurs d'acide chlorhydrique, on a procédé à la combustion
eudiomélrique du mélange d'azote, d'hydrogène et de méthane, en utilisant de l'oxy-
gène pur. L'excès d'oxygène a été ensuite absorbé par le pyrogallate de potassium, ce
qui a permis l'évaluation directe de l'azote. On a tenu compte de la petite quantité
d'oxyde de carbone qui prend naissance dans cette dernière opération.
Pour recueillir la partie condensable, on a fait l'extraction au moyen de la tiompe
à mercure en ayant soin de maintenir les condenseurs à — 23° (température d'ébul-
lition de CH3CI) pour éviter l'entraînement de la vapeur d'eau et des carbures lourds ( ' ).
Le volume gazeux étant connu, on a dosé l'acide carbonique en l'absorbant par la
potasse (*). Les carbures acétyléniques ont élé ensuite évalués à l'aide de notre réactif
iodomercurique alcalin ( 3 ) et le résidu soumis à l'action de l'acide sulfurique à 63° B.
qui a enlevé le propylène et ses homologues supérieurs. On a fait alors intervenir le
réactif sulfovanadique qui permet de déterminer la proportion d'éthylène. On n'avait
plus alors qu'un mélange de carbures saturés gazeux qu'on soumettait au fractionne-
ment de manière à le convertir en portions dont la composition pouvait être déduite
de l'analyse eudiomélrique. Afin de donner plus de précision à nos résultats, nous
avons extrait les gaz dissous dans les réactifs liquides (potasse et iodomercurate).
Outre le gaz d'éclairage de Paris, nous avons analysé de cette façon deux
autres échantillons, Tun prélevé à Arcueil et provenant encore d'une grande
usine, l'autre préparé dans une usine locale et prélevé à Montlhéry. Les
résultats sont consignés dans le Tableau ci-après :
(') A — a3u, la tension de vapeur de la benzine est de 2mm : la quantité entraînée
pendant la durée de l'opération est négligeable. Une extraction faite à — 8o° (où la
tension de la benzine est nulle) nous a donné des résultats identiques.
( 2) Dans ces gaz condensables, l'hydrogène sulfuré n'existe pas en quantité appré-
ciable.
(3) P. Lf.beai et A. Damiens, Comptes rendus^ t. loti, 1913. p. 507.
SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 799
Paris. Arcueil. Montlhéry.
Oxygène o,o4 o,85(') traces
Oxyde de carbone 5,66 5, 08 3i74
Hydrogène 54,08 5o,i5 55, 98.
Azote 3,47 8,090 3,36
Absorbable par KOH (GO2, etc.). r,8i 3,48 i,65
Métliane 28,59 28,01 29,11
Éthàne 0,75 0,77 \
Propane 0,12 0,1 18 > 0,12
Butane o,oi4 0,017 )
Carbures acétyléniques 0,096 0,095 0,08
Propylène et homologues 0,48 °,4° 0,18
lùhvlène 2,12 1,69 1,81
Vapeurs (par différence) (eau,
benzol, etc.) 2,77 1,45 1,67
1 00 ,00 1 00 , 00 1 00 , 00
Volume de gaz analysé ....... . 1245, 61 899,24 1 36 , 44
De ces analyses qui sont certainement les plus complètes qui aient été
données jusqu'à ce jour, il résulte que la présence des homologues supé-
rieurs de méthane est rigoureusement établie. Les proportions relatives de
ces différents carbures ont pu être déterminées. 11 en est de même pour les
carbures éthyléniques. En ce qui concerne les acétyléniques, nous avons
pu, en opérant sur un volume suffisant de gaz, régénérer ces carbures de
leur combinaison mercurique, et constater qu'ils renfermaient surtout de
l'acétylène avec de petites quantités de carbures acétyléniques plus lourds.
Il est, en outre, intéressant de remarquer que la proportion d'oxyde de
carbone est plus faible que celle qu'on croit généralement exister dans le
gaz d'éclairage. Cela tient à ce que le dosage de ce composé est fait dans un
mélange ne renfermant que des gaz rigoureusement sans action sur le
réactif cuivreux.
(') Nous avions pensé que la présence de cet oxygène pouvait être due à de l'air
introduit accidentellement. L'analyse, refaite sur un produit prélevé à quelques jours
d'intervalle, nous a montré la même composition. On peut donc admettre qu'à l'en-
droit où a été fait le prélèvement, la proportion d'oxygène est sensiblement constante.
L'analyse peut être interprétée de la façon suivante :
Air 4)25
Azote 4 '69
8oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
botanique. — La germination des spores d'hiver de Plasmopara viticola.
Note de MM. L. Ravaz et G. Vekge, présentée par M. Prillieux.
L'étude de la germination des spores dormantes de Plasmopara viticola
paraît avoir rencontré d'importantes difficultés.
M. Farlow ('), qui l'a tentée le premier, déclare « qu'il n'a pu observer la germi-
nation des oospores ». Cornu n'a pas été plus heureux, non plus que Millardet, qui
croit d'ailleurs qu'elles germent à la manière des oospores des Cystopus. M. Fréchou (2)
a bien trouvé « que les spores d'hiver se vident dans l'eau 5 ou 6 jours après leur
immersion et que, dans le liquide, on voit nager de nombreuses zoosporidies, mais
c'est là une exception ; le plus souvent, les spores séjournent plus d'un mois dans l'eau
avant d'offrir les premiers symptômes d'une germination qui, dans ces dernières
conditions, s'effectue par un tube volumineux et très allongé. Dans les recherches
sans nombre que j'ai faites sur ces spores, je n'ai, dit-il, jamais pu obtenir des coni-
dies, ce qui permet de supposer que, pour atteindre ce résultat, l'intervention de la
plante nourricière est indispensable ».
M. Viala (3), comme M. Richon. a observé la germination des spores d'hiver par
zoospores. J'ai suivi, dit-il, le développement d'œufs a encore attenants au mycélium
et qui avaient leur oosphère remplie d'un protoplasma condensé. Le protoplasma est
devenu plus grumeux et il s'est bientôt produit des lignes plus sombres séparant des
zoospores qui sont sorties au nombre de 10 à 18 de chaque œuf; ces zoospores étaient
pourvues de deux cils très longs et se mouvaient rapidement dans l'eau ; elles étaient
plus petites que celles des conidies ».
D'après M. Prillieux (') au contraire, « il semble que le plus souvent l'œuf germe
en émettant un ou plusieurs tubes de germination qui peuvent se redresser et prendre
le caractère d'un conidiophore muni de rameaux et tout à fait semblable à ceux qui
se produisent sur les feuilles. Les œufs de Plasmopara viticola offrent donc dans leur
germination la plus frappante analogie avec ce qu'a observé de Bary pour ceux de
Plasmopara omnivora ». Les dessins qui accompagnent ce texte sont très nets.
Tout autre est le mode de germination que nous avons étudié de-
puis 191 1 et observé chez des milliers de spores dormantes. Voici en quoi
il consiste :
L'œuf, placé dans des conditions d'humidité et de température conve-
nables, émet, non pas un véritable conidiophore rigide et ramifié, mais un
(') W. G. Fahlow, On the american grape-vine mildew, 1876.
(2) Comptes rendus, 9 février 1 885.
(3) P. Viala, Une mission viticole.
{'') Ed. Prillieux, Bull. Soc. bot. de France, i3 juillet i883.
SÉANCE DU IO MARS lf)l3. 8oi
filament mycélien, grêle, car il ne mesure que 2.^-3^ de diamètre, sinueux
et souple, et qui peut atteindre des longueurs fort variables. Tantôt il n'est
pas plus long que l'œuf dont il provient, ou le zoosporange qu'il porte,
tantôt il est 3, 4> 5 fois plus long, et même quelquefois davantage. Il ne
tarde pas à se renfler à son extrémité libre pour donner naissance à vwe
conidie ('). Cette conidie a la même forme que la conidie d'été, mais elle
est beaucoup plus volumineuse : elle mesure en moyenne 35^ de longueur
sur 23^ de largeur dans sa partie la plus renflée; elle est sensiblement aussi
grosse que l'œuf dont elle provient. "
La naissance du filament mycélien sur l'œuf est facile à observer lorsque
celui-ci est à peu près dégagé des tissus qui l'entourent. L'examen est plus
difficile chez ceux qui sont inclus dans la feuille. On la met en évidence en
traitant les fragments de feuille par l'eau de Javel et en colorant par le
procédé Mangin.
Quand la conidie a reçu tout le protoplasma de l'œuf, elle se sépare de
son support par une cloison, tout comme la conidie d'été. Son contenu se
fragmente, une ouverture se fait à son sommet par laquelle sortent, en un
ou deux jets, toutes les zoospores qu'elle contient. Ces zoospores sont si
nombreuses qu'il ne nous a pas été possible d'en faire une numération
exacte. Nous en avons compté jusqu'à 4° Par conidie, mais un certain
nombre nous ont échappé. Aussitôt sorties de la conidie, elles se séparent
les unes des autres et nagent très vite dans l'eau. Elles ressemblent beaucoup
aux zoospores d'été par leur forme et leur structure ; elles sont souvent plus
grosses, 5^, et portent descils parfois terminéspar un renflement en massue.
Déposées, dans une goutte d'eau, à la face inférieure des feuilles vivantes
de V. vinifera, elles nous ont donné, fin février et dans les premiers jours
de mars, et les lésions et les conidiophores du mildiou. Elles n'ont donc nul
besoin des cotylédons pour reproduire la maladie au printemps.
Pour observer les faits que nous venons de décrire, on peut suivre la
technique suivante :
À l'automne, cueillir des fragments de feuilles portant des spores d'hiver, les
mettre à la surface du sol ou recouverts de quelques millimètres de terre en plein air
de manière qu'ils subissent toutes les intempéries de l'hiver. Pour l'examen, les
déchirer en morceaux de quelques dixièmes de millimètre, les placer sur un porte-
objet ou dans un cristallisoir très bas avec de l'eau en quantité telle que ces
morceaux ue soient immergés que sur la moitié de leur épaisseur ; mettre le tout sous
(') Certains œufs émettent deux filaments, et même quelquefois trois.
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cloche humide dans une serre ou à l'étuve. Quatre, six, huit jours plus tard, suivant
les circonstances, les conidies se montrent sur les bords et dans les déchirures des
fragments; on les voit aussi à leur surface, surtout si, après avoir supprimé l'éclairage
d'en bas, on fait arriver la lumière d'en haut: elles apparaissent alors comme des
gouttelettes très brillantes, cristallisées presque, et d'un si bel aspect qu'elles donnent
un des plus brillants spectacles que puisse procurer le microscope.
La recherche des spores d'hiver en germination ne présente donc aucune
difficulté; elle est à la portée de toute personne un peu exercée au manie-
ment du microscope. Nou* pensons qu'elle pourrait donner aux directeurs
de stations d'avertissements viticoles des indications utiles pour la prévision
de la première invasion du mildiou de la vigne.
ÉCONOMIE RURALE. — Phénomènes de xènie chez le Blé.
Note de M. L. Iîlaiuxgue.m, présentée par M. Guignard.
En croisant des plantes appartenant à diverses espèces de Blé, j'ai
découvert plusieurs cas remarquables de l'influence immédiate du pollen
sur la forme de l'embryon hybride, et même sur la portion de l'organisme
maternel qui fournit les enveloppes du caryopse. C'est, je crois, le premier
exemple de xénie signalé chez le Blé, dont les hybrides sont cependant
très étudiés depuis un demi-siècle. Il faut attribuer cette découverte, d'abord
au croisement d'espèces élémentaires (et non variétés) distinctes, en second
lieu à des perfectionnements techniques qui m'ont permis d'obtenir jusqu'à
16 graines hybrides d'un même épi et surtout à l'obtention imprévue
d'une hybridmulalion portant sur les caractères morphologiques de
l'albumen.
Les exemples signalés par Fôcke (1881) de déformation des fruits de Citrus, Vitis,
Pc/as, Cucurnis, Solanum, Chatnœrops, par la pollinisation étrangère sont discu-
tables, mais on n'a aucun doute sur l'existence et la nature ( ') de la xénie chez le Maïs
à grains sucrés (de Vries, Weber, Correns), chez les Pois ridés (Gorrens, Tschermak)
(') Le '( avril [899, M. G.iiguard signalait à l'Académie la découverte, par des
observations cytologiques, de la double fécondation chez les Angiospermes;
le 4 décembre 1899, M. de Vries en fournissait de-; preuves morphologiques en expo-
sant à l'Aca lémie la véritable nature de la xénie, ou fécondation de l'albumen, du
Maïs. Le 26 mars 1900, M. de Vries annonçait à l'Académie la redécouverte des lois
de l'hérédité alternante (lois de Mendel découvertes en 1 863, mais oubliées), résultant
précisément d'expériences avec le Maïs que la découverte récente de la double fécon-
dation avait permis d'interpréter.
SÉANCE DU IO MARS igi3.
8o3
et les embryons de Matthiola (Correns). et peut-être chez le Seigle (Giltay,
Tschennak); le pollen de Maïs à grains amylacés provoque le gonflement des ovaires
de Maïs à grains ridés. On ne peut, toutefois, parler ici de déformation de caryopse;
les différences de taille et de forme des embryons et des réserves entre les variétés
croisées sont trop faibles pour entraîner des changements notables. Il serait facile de
produireïa déformation pour le Maïs; l'embryon du Maïs Cuzco du Pérou (Z. Mars
macrosperma Kl.), entouré de son albumen, atteint en moyenne 20mlu de long,
i5mnl de large et 6mm d'épaisseur; s'il domine par ces caractères le Z. Mays saccharata
du groupe vulgaris, il devra se loger dans un ovaire de ioxi2x3,5mm, ce qui
entraînera des déformations notables; celte expérience ne peut être tentée en Europe,
où le Maïs Cuzco ne mûrit pas.
Des combinaisons hybrides analogues d'espèces élémentaires différant par la forme
Fig. i. — Grains de blé vus de dos; h, hybride montrant l'influence paternelle/) par le gonflement
du caryopse qui devrait être de la taille de m.
des ovaires et par la taille des embryons, ou de leurs annexes, m'ont conduit à la
découverte de la xénie chez le Blé. Le résultat fut très marqué en fécondant un Tri-
ticum durant d'Algérie (grain 8mm long, section triangulaire 3,5 large) par le pollen
du Blé Ulka n° 14 ( Tr. vulgare lutescens Kcke, à petits grains arrondis, amylacés,
gmm |ong sur 3mm large); les grains hybrides obtenus offrent la taille des grains
maternels avec l'albumen amylacé et globuleux paternel, et l'on peut, à l'aide de
cribles, séparer les caryopses aulofécondés des caryopses hybrides.
Ces phénomènes ont échappé à l'attention des hybrideurs de Blé (H.-L. Vilmorin,
Bimpau, Bifïen, Nilson-Ehle), sans doute parce que les opérations du croisement,
délicates, fournissent en général un petit nombre de grains déformés. Or, dans une
même opération très réussie de 1912, j'ai obtenu 16 grains hybrides d'un seul épi.
La fécondation d'un épi du Tr. turgidum gentile Al. var. Normandie
(Kornicke undWERNER, Getreidcbau, t. II, p. 398) parle pollen du Tr. vulgare
lutescens Bastard (collection Hohenheim, 1910) m'a fourni 16 grains bien
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N' 10.) 102
8o/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
venus; la comparaison de cette récolte avec celle d'un épi de même vigueur
de la plante mère, portant /j3 grains, fit apparaître des différences notables,
à peine atténuées par la comparaison avec la récolte de l'épi le mieux
développé de cette même plante (63 grains). Voici les résultats des
mesures :
i° Par le crible de Svalôf séparant les épaisseurs au { de millimètre :
Diamètres en millimètres.
3. '2,75. 2,50. 2,25. 2. Au-dessous.
Grains hybrides (16) i 4 9 2 o o
Épi maternel grêle (43). .. . o o 2 6 6 29
Épi maternel fort (63) o o 7 25 22 9
Épi paternel fort (62) o 1 43 i4 4 o
2° Des longueurs des grains en millimètres {fig. 1) :
Longueurs en millimètres. »
6,5. 6. 5,5. 5. 4,5. i.
Grains hybrides (h) o o 3 6 4 3
Épi maternel grêle (m). . . 1 8 12 16 5 1
Épi maternel fort 2 10 26 17 7 1
Épi paternel fort (/?) 4 27 21 7 3 o
3° Des largeurs (grains vus de dos) en millimètres {fig- 1) :
cm mm
16 grains hybrides {fig. 1, h) 5,4 moyenne 3,38
20 » d'épi grêle maternel (m) . 5,0 » 2,5
20 » d'épi fort maternel 6,2 » 3,i
20 » d'épi fort paternel (p) .. . 7,1 » 3,55
L'albumen des grains hybrides offre donc une largeur intermédiaire
entre celles des albumens maternel et paternel; mais les différences sont
surtout accusées en ce qui concerne la longueur très réduite et l'épaisseur
fortement augmentée, dans des conditions telles que l'hybride se classe
nettement hors des limites présentées par les deux parents et nous apparaît
comme une hybridmutation (Kreuzungsnova de Tschermak). C'est cette
particularité, qui est assez rare, qui m'a permis de découvrir le phénomène
de la xénie chez le Blé et de le constater ensuite dans d'autres cas moins
évidents. <
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 8o5
AGRONOMIE COLONIALE. — Les variétés c/'Elœis guineensis Jacq. de la Côte
d'Ivoire, et leurs fruits parlhènocarpiques. Note de MM. C-L. Gatin
et C.-M. Hret, présentée par M. Edmond Perrier.
Il existe, chez les diverses variétés à'Elœis guineensis Jacq. , à côté des fruits
normaux, des fruits plus ou moins bien développés, n'atteignant pas tout à
fait la taille des fruits habituels, et qui s'en distinguent par l'absence de
graines.
Leur présence avait déjà été signalée par divers auteurs, et en particulier
par M. Aug. Chevalier ( ' ).
Un régime d'Elœis, quelle que soit la variété à laquelle il appartient,
présente toujours une faible proportion de ces petits fruits ( ^ environ en
nombre, -^environ en poids) dont le poids est généralement de six à huit
fois plus petit que celui des fruits normaux,
Au cours d'un séjour a la Côte d'Ivoire, l'un de nous a eu l'occasion de
récolter parallèlement des fruits normaux et anormaux appartenant aux
diverses variétés locales.
A. — Elœis nigrescens A. Chev.
Var. communis A. Chev., forme type. — Régime armé de puissantes épines, fruits
normaux assez gros, à pulpe huileuse peu épaisse, fibreuse (48 pour ioo du poids
total des fruits), contenant un gros noyau à coque très épaisse; fruits anormaux (-,'5 en
nombre), petits, étroits, à pulpe assez abondante, peu huileuse, fibreuse, contenant un
petit noj'au très dur, très épais, à cavité capillaire.
Var. communis A. Chev., forme à coques minces. — Régime à bractées moins abon-
dantes, fruits normaux pas très gros, à pulpe huileuse, plus épaisse que dans la forme
précédente (68 pour 100 du poids total du fruit), à noyau ayant une tendance à se
réduire, à coque mince se brisant aisément. Fruits anormaux (~ en nombre) à pulpe
huileuse contenant quelques fibres dures ou un noyau rudimentaire tendre.
Var. pisi/era A. Chev. — Fruits oblongs, à pulpe huileuse très épaisse (84 pour ioo
du poids total du fruit), contenant un petit noyau à coque très mince, souvent absente
et remplacée par des fibres. Fruits anormaux rares, allongés, constitués par une pulpe
renfermant quelques fibres. Variété intéressante au point de vue culturat, à cause
de l'abondance de ta pulpe dans les fruits normaux.
Var. ceredia A. Chev. — Régime à bractées très réduites, fruits normaux à pulpe
(') Aug. Chevalier, Documents sur le Palmier à huile (Les végétaux utiles de
l'Afrique tropicale française, fasc. 7, Paris, 1910).
806 ACADÉMIE DES SCIENCES.
épaisse (85 pour 100 du poids tolal du fruit), à noyau petit à coque mince. Fruits
anormaux très nombreux (| en nombre), de taille presque égale (f ) à celle des fruits
normaux, constitués uniquement par une pulpe huileuse contenant quelques fibres
qui, au centre, sont de couleur noire et représentent l'ovaire infécond. Variété intéres-
sante au point de vue cultural, à cause du nombre très grand de ses fruits anormaux
ne contenant que de la pulpe.
B. — Elceis virescens A. Cliev.
Les variétés de cette sous-espèce, moins intéressantes au point de vue cultural, ont
donné lieu à des observations de même ordre.
En résumé : i° Il existe, chez toutes les variétés ^Elaeis de la Côte
d'Ivoire, des fruits parthénoearpiques accompagnant les fruits normaux.
Ces fruits sont en proportion constante pour une même variété.
2° Dans le cas de la variété ceredia, ils tendent à devenir très nombreux,
et la multiplication de leur nombre, par sélection, pourrait enrichir l'Agro-
nomie coloniale d'une variété de choix, d'autant plus que ces fruits sont
d'une taille presque égale à celle des fruits normaux.
La sélection des variétés ayant des fruits normaux à noyau réduit et
tendre (var. pisifera) constitue une autre voie à suivre pour l'amélio-
ration de la valeur économique du Palmier à huile.
3" Les fruits parthénoearpiques qui viennent d'être décrits nous paraissent
devoir être rapportés à un cas de parthénocarpie stimulatrice ('), c'est-à-dire
produite à la suite d'une excitation (non d'une fécondation) causée par la
pollinisation.
Nous rappellerons que les cas de parthénocarpie sont rares chez les
Palmiers, dont les ovaires non fécondés acquièrent généralement un déve-
loppement insignifiant, puis tombent. Les fruits parthénoearpiques du
Dattier du Hamma (2) ne paraissent pas avoir échappé à la fécondation.
Par contre, ceux du Phœnix melanocarpa Naud (3), de Nice, se pro-
duiraient sans fécondation.
Pour appuyer notre manière de voir, il convient surtout de faire inter-
(') Noll, Ueber Fruchtbildung oline vorausgegangene Bestaiïbung {Parthéno-
carpie) bei der Gurke (Litzber. der Niedersheinges. Natur. u. Heilk. zu Bonn,
1902).
(2) Ch. Rivière, Les dattes sans noyaux (Journal d'Agriculture tropicale, t. IX,
n° 98, 1909, p. 228-231).
(3) HoDEitTSON Prochowsky, A propos des dattes sans noyaux (Journal d'Agricul-
ture tropicale, t. IX, n° 94-, avril J909, p. 126).
SÉANCE DU IO MARS I()l3. 807
venir, d'une part, la généralité de la production de ces fruits parthénocar-
piques chez les diverses variétés d'Elœis et, d'autre part, la constance de
leur nombre pour une même variété.
ANATOMIE VÉGÉTALE. — L'ontogènie vasculaire de la plantule du Lupin et
ses conséquences pour certaines théories de V Anatomie classique. Note de
M. Paul Becquerel, présentée par M. L. Mangin.
La plantule du Lupin, étudiée en i858 par Nœgeli ('), en 1897 par
Kaltein (2), en 1901 par Gaston Bonnier (3), en 1912 par H. Compton (4),
devrait être parfaitement connue. Cependant il n'en est rien, car à son
sujet aucun de ces savants ne s'entend. Nœgeli trouve un protoxylème
médian centripète jusque vers la base du cotylédon; Kattein ne voit ce
faisceau cjue dans toutl'hypocotyle, alors que Bonnier le constate à sa base,
où il le fait former par la réunion de deux faisceaux ligneux de tige après
leur torsion. Enfin, Compton suit ce faisceau alterne dans l'hypocotyle et
même dans le pétiole cotylédonaire.
Pour découvrir la cause de ces descriptions contradictoires, et pour nous
rendre compte de la véritable structure du système vasculaire du Lupin,
nous n'avons pas voulu appliquer, comme nos devanciers, l'ancienne mé-
thode classique de l'Anatomie statique, qui consiste à couper un individu de
n importe quel âge à ses divers niveaux. Nous avons adopté la nouvelle
méthode, beaucoup plus précise, de l'Anatomie dynamique, qui demande
des plantules à tous les stades de leur développement, pour qu'on puisse
exécuter des coupes dans les mêmes organes et au même niveau, afin de
constater par comparaison les modifications apportées parle temps.
Cette méthode, introduite par Gustave Chauveaud dans l'élude de l'on-
togènie des tissus sécréteurs et conducteurs des plantes vasculaires depuis
1891, a déjà fait ses preuves (5). Elle a enrichi la Botanique française de
découvertes anatomiques d'une portée considérable.
(') N^egeli, Das Wachsthum des Staminés (Beitr. z. Wissensch. B.i. Pl.V, 1 858).
(2) Kattein, Beitràge zur Morphologie der Keimung (Unters. Bot. Inst. Tii-
bingen, 1897).
(3) Gaston Bonnier, Cours de Botanique, 1901, Jîg. 5/J2-547, P- 38a et 383.
(4) H. Co.iiPTON, An investigation 0/ t/ie seedling structure in the Leguminosce,
p. 28 et 3o (Linnean Society's Journal Botany, june 1912).
(5) Gustave Chauveaud, L'appareil conducteur des plantes vasculaires et les
phases principales de son évolution (Ann. se. nat., Bot., 9e série, t. XIII, 191 1 ).
808 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Deux espèces de Lupin ont servi à nos observations, celles déjà employées
par nos devanciers, le Lupinus a/bus et le Lupinus luteus.
Contrairement à l'habitude des pbytonistes, nous avons commencé
l'étude du développement de l'appareil vasculaire par la racine, parce que
nous avons constaté que les éléments conducteurs, dans la racine, naissent
directement du méristème, ce qui est un caractère primitif, tandis que, dans
les cotylédons et la gemmule, ils ne naissent qu'indirectement, après diffé-
renciation préalable d'une formation procambiale, ce qui est un caractère
plus évolué.
Le liber apparaît toujours le premier; les vaisseaux du *bois viennent
après. Il se forme d'abord deux groupes de vaisseaux à différenciation cen-
tripète; ce sont les deux faisceaux alternes de la racine. Plus tard, de nou-
veaux vaisseaux se forment de chaque côté des faisceaux alternes. Ces
vaisseaux n'étant ni centripètes ni centrifuges, tangentiels au liber, sont,
d'après l'expression si juste de Cbauveaud, des vaisseaux intermédiaires.
Chaque faisceau alterne de racine, flanqué de ces deux groupes de vais-
seaux, a l'aspect d'un Y et non d'un V, comme certains auteurs classiques
le figurent.
Une coupe plus âgée nous montre qu'au même niveau, à côté de ces
vaisseaux intermédiaires, s'adjoignent d'autres vaisseaux dont la différen-
ciation est centrifuge. Ces vaisseaux vont se superposer au liber. Quelque
temps après, entre ces vaisseaux et le liber, apparaît une zone génératrice
qui produira du bois superposé secondaire et du liber secondaire.
Ainsi, au même niveau de la racine, se succèdent dans le temps des vais-
seaux alternes centripètes, des vaisseaux intermédiaires, des vaisseaux super-
posés centrifuges. Nous avons donc retrouvé la loi des trois pbases alterne,
intermédiaire et superposée de l'ontogénie vasculaire qu'a découverte
Cbauveaud dans toutes les grandes familles de Phanérogames. Cette
succession des phases se retrouve également dans la racine d'une même
plantule suffisamment développée, en montant de son extrémité plus jeune
vers son collet plus âgé.
Mais aussitôt qu'on arrive au voisinage du collet pour le Lupin blanc, ou
à la base de l'hypocotyle pour le Lupin jaune, le méristème du cylindre
central est frappé comme d'acc'élération dans sa croissance.
En effet, on assiste à une augmentation du nombre des vaisseaux super-
posés qui forment les nouveaux faisceaux de la tige, et à une réduction des
vaisseaux de toute la phase intermédiaire et d'une partie de la phase
alterne. La contiguïté qui existe plus bas entre les vaisseaux de ces trois
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 809
phases et qui assure ce que l'on appelle le passage de la tige à la racine est
ici complètement rompue.
A mesure qu'on monte dans l'hypocotyle, ce phénomène d'accéléra-
tion embryogénique, comparable au phénomène de la tachygenèse observé
par les zoologistes, est plus marqué. La phase alterne et la phase intermé-
diaire sont plus ou moins réduites. On n'a plus que quatre groupes de
vaisseaux centrifuges superposés au liber et deux faisceaux alternes de pro-
toxylème centripète.
Chaque faisceau alterne centripète n'est ici que la continuation directe
du faisceau alterne de la racine qui, sans changer de plan, traverse l'hypoco-
tyle et va se terminer dans le pétiole cotylé do nuire. Ce faisceau qu'ont entrevu
Nœgeli, Kattein et Compton n'est souvent composé que de deux ou trois
vaisseaux. Au bout d'une vingtaine de jours, ce vaisseau se résorbe. Le
faisceau disparaît, si bien que G. Bonnier ne l'a pas aperçu.
Cet auteur nous dit que les quatre faisceaux ligneux centrifuges super-
posés aux quatre massifs libériens, dans leur descente vers la base de l'hypo-
cotyle, se rapprochent deux à deux par leur pointe, en se tordant de façon
qu'après leur torsion et leur union ils ne forment plus que deux faisceaux
centripètes, les deux faisceaux alternes de la racine. Or cette conception
est en contradiction formelle avec les faits de l'onlogénie.
D'après ces faits, nous savons déjà que le faisceau alterne de la racine
qu'on suit dans tout l'hypocotyle et même dans le pétiole cotylédonaire
ne s'est jamais dédoublé : il n'a, par conséquent, pas pu être formé par
l'union de deux faisceaux ligneux superposés d'hypocotyle. Ensuite, on ne
peut pas assimiler un faisceau ligneux superposé d'hypocotyle, de tige ou
de feuille, à un demi-faisceau alterne de racine, parce que les vaisseaux qui
le composent n'appartiennent pas à la même phase de l'évolution vascu-
laire.
Au point de vue ontogénique, les vaisseaux centrifuges superposés sont
postérieurs aux vaisseaux alternes centripètes. C'est là une constatation de
la plus haute importance qui intéresse toute une partie de l'Anatomie clas-
sique actuelle et qui fera certainement abandonner les termes imprécis de
protoxylèmeet de métaxylème qu'on applique aussi bien aux vaisseaux des
tiges et des feuilles qu'à ceux des racines et qui confondent ensemble les
productions des diverses phases de l'ontogénie vasculaire, c'est-à-dire des
vaisseaux centripètes alternes avec des vaisseaux intermédiaires et des
vaisseaux centrifuges superposés.
8lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Anoxybiose et polarité chimique.
Note de Mme Anxa Drzewina et M. Georges Iîohx,
présentée par M. Edmond Perrier.
Dans une série de Notes nous avons étudié, sur divers animaux, les effets
de l'inhibition des oxydations, provoquée soit par le cyanure de potassium,
soit par un séjour dans un milieu dont l'oxygène est épuisé par lé* pyro-
gallate de potasse ('). Nous avons constaté, entre autres, une résistance
extrême de divers Invertébrés marins à la suppression d'oxygène. Ainsi,
des Actinia equina, retirées au bout de 5 jours d'un tube privé d'oxygène,
sont encore parfaitement vivantes. Divers Annélides, Mollusques, Echino-
dermes, subissent aussi sans inconvénient une asphyxie prolongée. Des
Littorina rudis, après 4 jours de traitement, se mettent à ramper dès qu'on
les remet dans l'eau aérée. Une Phyllodoce laminosa, retirée inerte du tube
après 39 heures de traitement, a recouvré plus ou moins ses réactions. Une
Asterina gibbosa, privée d'oxygène pendant 34 heures, et absolument
inerte, s'est remise à marcher au bout de quelques heures. Chez les Crus-
tacés, la résistance est très variable, et paraît être en rapport avec les
conditions de vie. Les petits Copépodes du plankton meurent très rapide-
ment, après 2 à 3 heures de traitement; par contre, les Copépodes des
mares supralittorales résistent beaucoup plus longtemps, et le Pinnolheres
pisum, petit Crabe qui vit en parasite dans l*a cavité branchiale des Lamelli-
branches, n'est pas tué par une privation d'oxygène de 4 jours et demi;
cependant, les larves du même Pinnothère sont beaucoup plus sensibles et
commencent à mourir déjà après 5 heures de traitement.
Nous avons noté également que l'anoxybiose conduit souvent à des
sortes d'états d'anesthésie, où la sensibilité, ou du moins la faculté de
répondre aux excitations, est amoindrie ou nulle. Ainsi, pour ne citer que
deux exemples, les têtards de Grenouille, privés d'oxygène pendant un
certain temps (nous avons montré que ceux-ci sont d'autant plus sensibles
à la privation d'oxygène qu'ils sont plus âgés), présentent des états de nar-
cose très prolongés, suivis de reviviscence, et ce n'est qu'après plusieurs
jours qu'ils retrouvent leurs réactions primitives. Les chenilles de Leucoma
sa/icis, après 24 heures de séjour dans un tube à pyrogallate de potasse,
(') Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXX, p. 728, 777, 843; t. LXXII,
p. 908, 970; t. LXXIII, p. 655, 696; Comptes rendus, t. 154, p. 1639.
SÉANCE DU IO MARS I9I.3. 8ll
sont absolument inertes, et même encore le lendemain ne se déplacent
guère et ne réagissent que faiblement; dans la suite, elles peuvent reprendre
leur activité, se métamorphoser et donner des papillons, aux ailes un peu
plus courtes que normalement.
Nous allons montrer maintenant que, de même qu'il y a, dans la résis-
tance vis-à-vis de la privation d'oxygène, des différences d'une espèce à
l'autre et, chez la même espèce, d'un stade larvaire à l'autre, il peut y
avoir, chez le même individu, des résistances variables, suivant la portion
du corps considérée. Le cas des Planaires est très frappant à cet égard,
comme il résulte des expériences suivantes, que nous avons faites au labo-
ratoire de Saint-Vaast-la-Hougue, en juillet et août dernier :
Un Prostliecetaeus vittatus, recueilli le matin même à la marée, est placé clans un
tube dont l'oxygène est extrait rapidement par le pyrogallate de potasse. Après
6 heures, l'animal, qui paraît ratatiné et inerte, est replacé dans l'eau aérée. Aussitôt,
la moitié postérieure du corps se désagrège, alors que la portion céphalique, dont seul
le bord correspondant à la ligne de rupture est déchiqueté, retrouve petit à petit son
activité. Dès le lendemain, ce fragment rampait activement et la régénération a com-
mencé et s'est poursuivie les jours suivants.
Nous avons plusieurs fois répété la même expérience, toujours avec
le même résultat. Suivant que la durée du traitement est plus ou moins
longue, de 4 à 7 heures, l'étendue de la portion qui se désagrège est plus
ou moins grande; quand il est trop prolongé, la Planaire tout entière est
détruite. Quelquefois, avec un traitement de courte durée, la portion pos-
térieure, au lieu de se désagréger presque immédiatement au sortir du
tube, s'en va par lambeaux, qui se détachent petit à petit, même encore le
lendemain, pour laisser finalement un fragment céphalique plus ou moins
long, qui se cicatrise, s'accroît et continue à vivre aussi longtemps que les
témoins.
Afin de compléter cette expérience, nous avons procédé de la façon suivante : des
Prostheceraeus ont été coupés transversalement en deux ou trois morceaux qu'on
soumettait à la privation d'oxygène pendant 4 à 7 heures. Dans tous les cas, seules les
portions céphaliques ont résisté, alors que les autres se sont désagrégées. Chez les
individus témoins, les fragments aussi bien antérieurs que postérieurs survivaient très
bien, rampaient activement et entraient en voie de régénération.
Avec des Polycelis lœvigatus, nous avons obtenu des résultats analogues.
Après un traitement de 7 heures, les quatre cinquièmes postérieurs de l'ani-
mal ont été détruits.
Avec des Convoluta, on obtient encore les mêmes résultats, et qui sont
C. R„ i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N* 10.) Io3
8l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
très frappants, car on peut opérer ici sur un très grand nombre d'individus
à la fois. Dans une des expériences, où le traitement a été de 5 heures,
presque toutes les Convoluta ont présenté leurs parties céphaliques intactes
et bien vivantes, alors que le reste du corps était abîmé, et d'autant plus
qu'on se rapproche davantage de l'extrémité caudale. On voit des têtes qui
nagent toutes seules; d'autres qui traînent à leur suite des lambeaux plus
ou moins déchiquetés et prêts à se détacher.
Ainsi, chez les Planaires et les Convoluta, il y aurait une sorte de pola-
rité chimique qui se manifeste en ce que l'extrémité antérieure du corps se
montre plus résistante à la privation d'oxygène que l'extrémité postérieure.
Il se peut que cette résistance plus grande soit due à ce que la portion
céphalique est plus riche en réserves d'oxygène.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Démonstration définitive de l'inoculation superposée
à la piqûre en parthénogenèse traumalique. Note de M. E. Iîataii.lox,
présentée par M. Yves Delage.
Le champ de la parthénogenèse chez les Amphibiens vient de s'enrichir
des belles expériences d'irradiation faites sur les produits sexuels de Gre-
nouille par Oscar et Giinther Hertwig.
L'action des rayons (3 et y émis par une préparation de Mesothorium est surtout
intéressante à envisager, à mon point de vue, quand un seul élément sexuel a subi le
traitement. Irradié faiblement, le spermatozoïde reste mobile et peut pénétrer l'œuf
vierge, bien que sa chromaline soit altérée. Mais cette chromatine. apte à se multi-
plier, intervient dans l'amphimixie et engendre les troubles plus ou moins précoces
décrits par O. Hertwig dans son travail sur la maladie du radium. Or, à la limite
d'intensité compatible avec l'imprégnation, les résultats s'améliorent d'une façon éton-
nante. On arrive à des larves capables de vivre 3 semaines et plus. La chromaline
mâle, profondément atteinte, échapperait à l'amphimixie : ce serait la parthéno-
genèse régie par le seul pronucleus femelle.
La parenté entre ces expériences et les miennes devient surtout frap-
, ■ , n tt . . , • . Rana fusca ÇÏ
pante avec les essais de G. Hertwig sur le croisement — jr^-. — ~
J'ai publié le i!\ avril 191 1 [Comptes rendus) le résultat, « en apparence paradoxal,
qu'un élément sanguin de Grenouille inoculé à un œuf de Bufo provoque son déve-
loppement complet, alors que le spermatozoïde de grenouille ne permet pas la gaslru-
lation dans la fécondation croisée. Le premier cas répond à une parthénogenèse qui
respecte la combinaison nucléaire spécifique, le seconda une amphimixie inadé-
SÉANCE DU IO MARS I()l3. 8l3
quate ». G. Herlwig vient de constater que les spermatozoïdes irradiés de Grenouille,
sur les mêmes œufs de Bufo, lui fournissent des larves, tandis que les spermatozoïdes
sains ne permettent pas la gaslrulation. Son expérience n'est qu'une élégante confir-
mation des miennes. C'est un cas particulier du fait général que j'ai mis en évi-
dence : l'accélération engendrée par divers éléments étrangers, incapables d'amphi-
mixie.
Les Hertwig ont bien aperçu de suite un lien entre les résultats de l'irra-
diation unilatérale et la parthénogenèse traumatique. Mais ils n'ont connu
que mes expériences de 1910 et pensent que le spermatozoïde irradié n'a
« aucune influence autre que celle de la fine aiguille de verre ou de platine
dont Bataillon se servit pour piquer avec précaution des œufs de Gre-
nouille ». La lecture de mes Notes de 191 1 (Comptes rendus, t. 152, p. 920,
11 20, 1271) leur eût montré une identité bien plus profonde entré les
deux ordres de recherches. Si la « disharmonie des Idioplasmes » dont parle
Hertwig a une importance majeure, parfaitement mise en relief par la
1 • • Rana f. Ç$ , .. , A . . , , , ■
combinaison ' » le spermatozoïde, même irradie, n agit pas a la
façon du simple stylet : il apporte un matériel accélérateur indispensable. Le
système chromatique haploïde du pronucleus femelle actionné par la seule
piqûre est « harmonique ». Je veux établir une fois pour toutes que, dans
mes expériences, il ne suffit jamais à l'embryogenèse.
Les expériences cruciales que j'ai décrites portaient sur les œufs de Bufo,
qu'on obtient facilement exempts de toute souillure. Elles n'ont été contrô-
lées par personne; et il se peut qu'un opérateur inexpérimenté arrive, même
sur ce matériel de choix, à des conclusions ambiguës. Sur le cas de Rana
fusca, des doutes ont été émis; et, il y a quelques mois, Herlant parlait
encore de « résultats très inconstants, parfois même complètement contra-
dictoires ».
J'apporte d'ahord une expérience exempte de tout aléa.
Une Grenouille se met à pondre spontanément pendant qu'on lui stérilise le tégu-
ment. On recueille à sec un millier d'œufs. 5oo d'entre eux. simplement piqués, ne
montrent que l'activation et la parthénogenèse aborlive : il n'y a pas un seul clivage
dans les délais normaux. 3oo œufs sont piqués avec du sang de Grenouille : ici, on
relève, 45 minutes avant tout mouvement dans les témoins, plus de la moitié de cli-
vages en 2, 3 ou 4; et au bout de 48 heures on compte plus de 3o bouchons d'Ecker.
L'essai est dirimant. Malheureusement, on pourra manier des centaines de couples
sans rencontrer cette circonstance favorable.
Voici maintenant, pour le même cas de la Grenouille, une technique
infaillible.
Jetons une ponte entière dans la solution de KCN à 8,8 pour 1000, et agitons pour
8l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
empèclier les œufs d'adhérer. Ces œufs se dissocient et on les brasse périodiquement.
Au bout de 3 heures, 3 heures et demie, 4 heures, suivant les cas, les gangues sont
dissoutes. Eliminons rapidement le cyanure et lavons plusieurs fois ces œufs nus dans
NaCI à 7 pour iooo pendant i heure. Nous pourrons les garder plus de it\ heures dans
la solution saline et les utiliser à loisir. La tache qui marque la figure polaire est
intacte. Ces matériaux non activés ne se laissent pas pénétrer par le sperme, mais se
prêtent merveilleusement à toutes les expériences de parthénogenèse.
Pour abréger, j'appelle ce matériel préparé : œufs au cyanure.
Nous piquerons des milliers de ces œufs sans obtenir un seul clivage
normal. Versons sur un lot une pulpe fraîche de rate de cobaye (réactif
idéal ) ; nous obtiendrons par piqûre une abondance (souvent plus des |) de
divisions magnifiques. L'aide le plus inhabile réussira constamment l'opé-
ration.
Les précisions vont découler de celte technique. On recueille, sans pré-
cautions spéciales, du sang de cheval à l'abattoir. Ce sang immédiatement
défibriné, est réparti sur des éprouvettes où il se dépose en trois couches :
sérum, leucocytes, hématies.
Prenons trois lots à1 œuf s au cyanure; brassons le premier dans le sérum,
l'autre dans la purée de leucocytes, le troisième dans la purée d'hé-
maties.
Le sérum ne. donne rien à la piqûre.
La purée d'hématies (non exempte de leucocytes) fournil i pour ioo de
clivages normaux au maximum.
La purée de leucocytes, elle, en donnera jusqu'à 70 pour 100. Je conclus
que ce qui est actif dans mes essais sur le sang de mammifère, cest l'élément
nuc/éé, c'est le leucocyte.
Les leucocytes de cheval sont encore efficaces après 7 jours à la température ordi-
naire : mais on s'assure qu'ils reprennent leurs mouvements sur la platine chauffante.
Le pus humain de ponction pleurétique, dont les éléments sont inertes, s'est montré
inaclif dans trois essais différents. L'expérience suivante prouve que la purée leucocy-
taire de cheval perd totalement son pouvoir accélérateur après 1 heure seulemenlà f\6".
Traités par celle bouillie chauffée, deux lots de 3oo œufs au cyanure, issus de deux
sujets différents, n'ont pas fourni une seule segmentation accélérée, mais uniquement
le clivage tardif et anormal provoqué par la piqûre. Avec les mêmes leucocytes non
chauffés, j'obtenais de magnifiques morulas dans la proportion de 80 pour 100 (').
(') Quiconque a manié ces œufs d'Amphibiens comprendra que l'absence de gangue
crée des conditions très défavorables à l'éclosion. Les résultats au point de vue
embryogenèse sont bien meilleurs avec la pulpe de rate de cobaye qu'avec les leuco-
cytes de' cheval, et je possède des têtards obtenus au moyen de la rate et des œufs au
cyanure. Mais il s'agit avant tout d'une méthode de démonstration.
SÉANCE DU IO MARS I()l3. 8l5
Ces bouillies leucocytaires laquées à l'élher ou précipitées par l'alcool absolu, puis
reprises par la solution physiologique, sont restées inactives pour les œufs au cyanure,
comme pour les œufs ordinaires.
Ainsi, une certaine intégrité de l'élément inoculé paraît indispensable.
Quant à sa nature exacte, mes expériences sur le sang de cheval appuient
mes observations microscopiques antérieures et me confirment dans l'idée
qu'il s'agit bien d'un noyau ou d'un fragment de noyau. Et par là, le rapport
entre les expériences de Herlwig et les miennes apparaît évident.
En résumé, la méthode du cyanure fournit à volonté sur les œufs de
grenouille la démonstration éclatante du deuxième facteur en parthénogenèse
traumalique ; et je considère comme définitivement tranchée la question de
l'inoculation. Quand j'use du sang de mammifère, cest le leucocyte qui inter-
vient. Tout me porte à penser qu'il intervient par son noyau. Les expériences
de Herlwig appuient indirectement les conclusions que j'ai formulées. Mais je
ne puis croire que le rè)le du spermatozoïde irradié soit limité à ïactivation.
Le stock chromatique femelle peut être mis en branle de diverses façons.
Mais, jusqu'ici, toute fusion disharmonique mise à part, il ne dirige l'embryo-
genèse qu'avec le contingent accélérateur et régulateur d'un élément rivant;
contingent banal, non spécifique, sur le rôle duquel la cytologie seule peut jeter
quelque lumière.
EMBRYOGÉNIE. — Elude cinématographique des phénomènes cytoplasmiques
de la division de /'ceu/ ef Ascaris. Note de Mlle Chevrotox et M. Fauré-
Frémiet, présentée par M. Henneguy.
L'étude cinématographique de la segmentation, qui, appliquée à l'œuf
d'Oursin, a déjà donné des résultats si intéressants (Chevroton et Vlès,
1909) était tout indiquée dans le cas de l'œuf d'Ascaris pour l'analyse des
phénomènes cytoplasmiques des premiers stades de la segmentation.
Technique. — Les conditions techniques des prises de vue sont en tout point
semblables à celles employées pour l'élude de la segmentation de l'œuf d'Oursin
(Chevroton et Vlès, 1909). Mais, dans notre cas, la longueur du film est de 38m ;
l'intervalle entre chaque image est de il\ secondes, durée qui sera diminuée dans nos
prochaines expériences. La préparation était placée à la température optima de 32°.
Quatre phénomènes peuvent être particulièrement étudiés sur ce film :
les mouvements intracytoplasmiques ; les mouvements superficiels; les
8l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mouvements propres des blastomères ; la diminution progressive des
réserves graisseuses.
A. Mouvements intracytoplasmiques. — Lorsque le film est projeté rapi-
dement, les granulations graisseuses qui remplissent le cyloplasma de l'œuf
paraissent animées de mouvements très rapides qui ressemblent alors à des
mouvements browniens. Ces mouvements, qui sont en réalité trop lents
pour être perçus par l'observation directe des œufs vivants, sont l'expres-
sion de courants cytoplasmiques bien différents des mouvements de cyclose
décrits dans un grand nombre de cellules. Ils s'effectuent en effet sur place
et ressemblent plutôt à des courants tourbillonnaires dont l'amplitude ne
dépasse guère \ du diamètre de l'œuf, soit 7^ à 81*. Ces mouvements sont
continuels; ils paraissent plus actifs dans l'oeuf indivis que dans les blasto-
mères aux stades II et IV. Ils ne sont pas particuliers à l'œuf de V Ascaris et
la cinématograpbie de l'œuf d'Oursin les avait déjà fait connaître.
B. Mouvements superficiels. — Chevroton et Vlès (1909) ont décrit chez
l'œuf d'Oursin, « indépendamment de tout changement par rapport aux
blastomères voisins, les modifications de forme extrêmement intéressantes
que peut présenter une cellule de segmentation. Les mouvements sont sur-
tout visibles aux premiers stades où ils précèdent la division de la cellule;
ils consistent en légères oscillations d'élongations de la part de la cellule qui
va se segmenter, élongations plus ou moins régulières, dont la dernière se
termine par la rupture en "deux masses Elles doivent s'interpréter
comme une variation alternative du cbamp de force producteur du phéno-
mène de la segmentation, condition dont les théories delà division cellulaire
devront désormais tenir compte. »
Dans l'œuf d'Ascaris, ces mouvements semblent plutôt suivre la division
et préparer le phénomène d'accolement des blastomères par une surface
maxima décrit par Boveri et par O. zur Strassen. La comparaison la plus
exacte serait avec des mouvements de marée, la surface d'un blastomère
s'élevant lentement en un point de ce dont elle se déprime en un autre ; tout
à fait indépendantes des mouvements intracytoplasmiques, ces variations
de surface ne peuvent s'interpréter que comme des variations locales de la
tension superficielle; elles semblent se propager comme des ondes irrégu-
lières sur la surface du blastomère considéré. Elles sont identiques, quoique
de moindre amplitude, à celles que Levaditi et Comandon viennent de
décrire après la division des globubes blancs et que Jolly avait également
SÉANCE DU IO MARS igi3. 817
observées sur ces mêmes cellules ('). Elles semblent résulter de l'ensemble
des phénomènes de la division, et non point conditionner ceux-ci.
C. Mouvements propres des blastomères. - Nous distinguerons ici trois
sortes de mouvements :
i° Des mouvements de rotation de faible amplitude, surtout visibles au
début du stade II lorsque l'œuf encore indivis possède un grand axe dont
on peut suivre les déplacements.
20 Un mouvement d'étalement des blastomères les uns sur les autres,
tendant à leur donner une surface de contact maxima. Ceux-ci semblent
dus à l'augmentation progressive des mouvements superficiels signalés plus
haut; ils entraînent des mouvements d'ensemble en apparence brusques,
comparables (voir Robert, 1903) aux mouvements présentés par un système
capillaire dont l'équilibre tend à se réaliser. Ces deux sortes de mouvements
sont identiques à ceux qu'on observe chez l'œuf d'Oursin (Chevroton et
Vlès, 1909).
3° Le mouvement particulier et bien connu du blastomère P2. On sait
que le stade IV réalise chez l'œuf d'Ascaris une figure en T caractéristique,
les blastomères étant disposés d'après le schéma suivant : B- -A. Cette
xs./
I
figure, qui est en équilibre pendant les deux mitoses légèrement asyn-
chrones du stade IV et lorsque les quatre blastomères formés sont encore
sphériques, ne l'est plus lorsque ceux-ci s'aplatissent les uns sur les autres.
On peut alors considérer le système total comme formé de quatre gouttes
visqueuses qui tendent à s'accoler, et l'on voit par l'examen cinématogra-
phique que le mouvement, décrit comme un tropisme, qui rapproche le
blastomère P2 du blastomère B, est en réalité un ensemble de mouvements
de tous les blastomères : A et B s'étirent dans le sens de leur axe commun
et s'étalent à la surface dorsale de S2 qui se déforme et se trouve refoulé
antérieurement, repoussant ainsi P2 postérieurement; la figure en T se
trouve déformée et, lorsque P2 est suffisamment rapproché deB, on assiste
à un accolement étroit et rapide, les quatre blastomères formant alors une
figure losangique à contour simple B — A, dans laquelle les surfaces de
1 1
P — S
contact sont maxima.
(') Comptes rendus de la Société de Biologie, février-mars 1913.
8 I 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il semble donc bien que, malgré le cas particulier dû à l'orientation à
angle droit des secondes mitoses de segmentation, les forces capillaires
soient ici, comme cbez le Troque et comme chez l'Oursin, les seules forces
actives.
D. Diminution progressive des réserves graisseuses . — L'un de nous a
montré que les réserves graisseuses sont plus rapidement oxydées dans le
blastomère somatique S, et ses dérivés (ectoderme primaire) que dans le
blastomère P, et ses dérivés. Ce phénomène se manifeste déjà aux premiers
stades sur notre fdm par un éclaircissement progressif du blastomère
ectodermique.
ZOOLOGIE. — Sur le siphon des Spirilles. Note de M. G.-J. Pais vin,
présentée par M. Henri Douvillé.
1. J'ai signalé que la terminaison du siphon de la Spiruledansl'ovisac ne
présentait pas le renflement sphérique du cœcum siphonal des Ammo-
nites : le premier goulot semble se coiffer dans la protoconque d'une calotte
que j'ai d'abord crue calcaire. En réalité, en noyant dans le baume de
Canada une coquille de Spirule débarrassée d'abord de son ovisac et lais-
sant apparaître son extrémité siphonale, j'ai constaté que celle calotte était
entièrement isotrope, bien distincte du premier goulot anisotrope cal-
caire (').
D'autre part, la jonction de la calotte siphonale avec le siphon semble
s'opérer, comme je l'ai signalé, suivant un fort épaississement qui forme
bourrelet tout autour du siphon.
On peut, par visée directe sous le microscope, déceler, dans l'épaisseur
de ce bourrelet, une petite ligne très fine et irrégulièrement dentelée, trans-
verse à l'axe du siphon.
Son observation, difficile ou impossible dès que la coquille est un peu
opaque, devient extrêmement nette et facile sur une coquille noyée dans le
baume. On s'aperçoit alors qu'elle forme la limite exacte de la région iso-
(') Branco avait remarqué une différence de nature entre le goulot et la calotte
dont il signale la couleur rouge et la fragilité; il n'en a pas observé l'isotropie. 11 ne
signale pas non plus les indentations du premier goulot dans l'ovisac [Beitrdge sur
Entwickelungsgeschickte der Jossilen Cep/ta lopoden [Paleontographica, t. XXVII,
2e Partie)].
SÉANCE DU IO MARS igi3. 819
trope de la calotte et de celle anisotrope du goulot siphonal. Le détail des
dentelures s'observe ainsi très facilement et Ton est frappé de leur irrégula-
rité. Leur examen devient particulièrement simple en lumière polarisée.
2. Chaque goulot siphonal comprend: une partie externe à paroi
épaisse, une partie interne à paroi pelliculaire, prolongement de la pre-
mière dans le goulot postérieur. Dans l'adulte, le développement des pro-
longements internes atteint son maximum; chaque goulot s'étend de la
cloison dont il naît jusqu'au niveau de la deuxième cloison postérieure. Le
développement des prolongements internes diminue progressivement au fur
et à mesure qu'on se rapproche de l'ovisac.
Chaque prolongement interne est soutenu et renforcé par un système
particulier de petits piliers calcaires développé entre les parois du goulot
pénétrant et du goulot externe. Ils prennent naissance un peu en avant du
plan d'épaississement du goulot pénétrant et se terminent en même temps
que la pellicule calcaire de ce dernier; ils diminuent rapidement de hau-
teur au fur et à mesure que la paroi du goulot interne, en s'amincissant, se
rapproche de celle du goulot externe. Très voisins mais distincts, ils for-
ment des séries longitudinales grossièrement alignées suivant les génératrices
du goulot cylindrique. Ils envoient en avant de la cloison, au point où les
goulots s'emboîtent, de longues apophyses irrégulières rayonnantes, qui
s'agrippent à la paroi de la cloison sur laquelle elles rampent à la façon des
rameaux d'un lierre.
3. En brisant avec précaution la paroi calcaire d'un goulot siphonal, on
arrive souvent à mettre à découvert une membrane élastique et flexible,
transparente, vitreuse, isotrope, bien semblable, comme consistance et
comme aspect, aux lamelles chitineuses du prosiphon, ou à la membrane
double qui s'étend entre les tours de la Spirille et englobe la coquille entre
ses deux feuillets (').
Cette membrane tapisse l'intérieur du goulot. J'ai d'abord cru pouvoir
la suivre d'une façon continue et l'assimiler au tube siphonal des Ammo-
nites; la calotte siphonale chitineuse en aurait formé l'extrémité externe.
En réalité, l'étude des sections en plaques minces m'a montré qu'elle n'était
que le prolongement d'une membrane organique qui existe aussi dans les
(') Cetle membrane, que j'ai retrouvée dans de nombreux échantillons entre les
premiers tours de la coquille, a été observée par Branco (toc. cit.). Il la croyait cal-
caire, ce qui est inexact.
C R., [9,3, 1" Semestre. (T. 156, N» 10.) io4
820 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cloisons, et qu'elle était propre à chaque goulot. Elle est elle-même saupou-
drée de calcaire sur sa face interne, comme le sont aussi les cloisons.
4. La calotte formée d'une mince couche chitineuse apparaît ainsi, de
même que le prosiphon, comme un organe extrêmement fragile; et l'on
s'étonnerait a priori qu'alors que ce dernier est souvent abîmé et incomplet,
celle-là soit en général bien constante et uniforme. C'est qu'en réalité la
matière organique brunâtre, homogène et compacte, reste du siphon orga-
nique, que j'ai parfois trouvée à l'intérieur des goulots des premières loges,
remplit en règle générale l'extrémité siphonale qui forme cul-de-sac et la con-
solide.
Ainsi s'explique la couleur rouge de cette extrémité signalée par Branco.
5. Dans l'ensemble, et si l'on fait abstraction de sa terminaison dans la
protoconque, l'appareil siphonal des Spirilles est voisin de celui des Bélem-
nites. Il est même certain qu'après fossilisation, l'intérieur de Vovisac sem-
blerait avoir communiqué librement avec le siphon et il n'y aurait pas trace de
cœcum 7ii de prosiphon. De même, chez les Bélemnites, iln'existe ni prosiphon
ni caecum et le siphon semble avoir communiqué librement avec un vide
compris à l'intérieur de la première cloison qui ferme l'ovisac('); mais
l'ovisac est complètement clos et l'appareil siphonal n'y pénètre pas.
Au contraire la terminaison du siphon de la Spirule, sa pénétration dans
l'ovisac et le prosiphon qu'il porte le rapprochent nettement de celui des Am-
monites. 11 n'est même pas douteux qu'il existait un support organique au
phosphate du siphon des Ammonites; de sorte que la différence de nature
chimique du prosiphon et de l'extrémité siphonale chez la Spirule et chez
les Ammonites ne correspondrait simplement qu'à un degré plus ou moins
grand de minéralisation phosphatée.
Quoi qu'il en soit, la question du rapport relatif des Spirilles avec les
Ammonites et les Bélemnites reste pleine d'incertitude : elle doit s'éclairer
d'observations nouvelles faites dans le groupe des Bélemnites, dans les
formes paléozoïques et aussi dans les formes tertiaires de Céphalopodes à
siphon (fie/optera, fielosepia, Vasseuria, Spirulirostra, etc.).
(') F. Ghandjea.n, Le siphon des Ammonites et des bélemnites [Bull. Soc. géolo-
gique de France, 4e série, t. X, 1910).
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 821
médecine. — Action du vaccin antityphoïdique polyvalent, chez tes sujets
en incubation de fièvre typhoïde ou infectés au cours de l'immunisation.
Note de M. H. Vincent.
La durée de l'incubation de la lièvre typhoïde étant de 2 à 3 semaines
et celle des opérations de vaccination étant de 21 jours, il arrive communé-
ment que, lorsque la lypho-vaccination est opérée en période épidémique :
(a) les inoculations vaccinales sont faites chez des personnes déjà conta-
gionnées et en incubation de leur maladie au moment où elles reçoivent les
premières injections; (b) la contagion lyphoïdique peut se produire au
cours même de la période de vaccination, alors que le sujet n'est évidem-
ment pas encore immunisé.
Ces cas présentent une grande importance pratique, et l'on doit se de-
mander ce qu'il advient en pareille occurrence.
a. La première éventualité (vaccination chez des sujets en incubation de
fièvre typhoïde) a été étudiée par Wright, Leishman, etc. J'ai montré que,
dans ces cas, l'immunisation active par le vaccin polyvalent stérilisé par
l'élher a protégé cinq sujets réceptifs ayant avalé, 24 ou 48 heures aupara-
vant, du bacille typhique en culture.
thie épidémie massive survenue à Avignon (août 1912) a permis de vérifier, d'une
manière intéressante, le degré de protection assuré dans cette circonstance spéciale.
La fréquence de la fièvre typhoïde chez les non-vaccinés a été, en effet, de 1 cas sur 4î
celle des décès a été de 1 sur 34. Or, sur 1108 militaires, femmes ou enfants inoculés
au début de l'épidémie ou pendant celle-ci (841 vaccinés complètement + 267 n'ayant
reçu qu'une partie des injections), il y a eu 3 cas de fièvre typhoïde, apparus exclu-
sivement chez les incomplètement vaccinés. La maladie a débuté aussitôt après la
première ou la deuxième injection. Ces sujets étaient donc en incubation au moment
où ils ont reçu ces injections. Leur proportion est comme 3 est à 1 108, soit 1 sur 36y.
considérablement plus faible, par conséquent, que chez ceux qui n'ont reçu aucune
injection. En outre, les trois cas ont été légers et sans complications (').
Les mômes observations ont été faites en Algérie, en Tunisie, au Maroc, pays où la
fièvre typhoïde est extrêmement fréquente, ainsi qu'à Paimpol et Puy-1'Evêque, où la
vaccination a été faite en pleine période épidémique (2).
(') H. Vincent, Académie de Médecine, 5 décembre 1911; Xlll* Congrès de
Médecine, octobre 1912; Comptes rendus, 26 août 1912 et 21 octobre 1912.
(-) Presque toutes les vaccinations par le vaccin polyvalent ont été opérées, en
effet, dans des régions ou des milieux fortement éprouvés par la lièvre typhoïde. Le
nombre de mes vaccinés dépasse actuellement 43ooo.
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
b. La seconde éventualité concerne le cas où l'infection typhoïdique a
lieu pendant le cours même des inoculations, savoir entre la première et la
quatrième et dernière injections. Pendant cette période, le sujet conta-
gionné n'ayant reçu à ce moment qu'une partie des injections, ne possède
donc pas encore l'immunité. Il est donc ou peut être réceptif pendant toute
la durée des vaccinations, et même 2 à 3 semaines après la dernière.
A la vérité, l'observation faite dans les diverses épidémies signalées
ci-dessus a établi que l'immunité va en s'accroissant à mesure qu'on
approche de la dernière injection. C'est ce qui explique la rareté excessive
des cas dans lesquels, malgré un état épidémique intense, l'infection
survenue au cours des vaccinations s'est montrée positive.
Il n'en est jusqu'ici que trois, dont le premier a été publié ('). Il s'est
produit chez un infirmier M.. ., contagïonné entre la première et la deuxième
injections. La maladie fut extrêmement bénigne.
Un deuxième cas a été observé à Alger, chez un militaire D..., conta-
gionné avant sa dernière injection. La fièvre typhoïde, de moyenne gravité,
a été précédée d'une diphtérie qui avait affaibli sans doute la résistance du
sujet.
Le troisième cas m'a été signalé le 25 novembre dernier. Il est relatif à
un jeune médecin d'Avignon, le docteur PI..., qui présenta de la fièvre, de
la céphalée et de la courbature 2 jours après la dernière injection de
vaccin. Ce médecin s'était donc contagionné 2 à 3 semaines auparavant,
soit entre la deuxième et la troisième inoculation. Les symptômes ont
été, d'ailleurs, incertains et d'une grande légèreté : fièvre bénigne pendant
quelques jours, sans aucun signe caractéristique de dothiénenterie : ni
épistaxis. ni symptômes nerveux, ni douleur iliaque, ni taches rosées, ni
ulcération ptérygoïdienne, ni diarrhée, etc. Aucun examen bactériologique
n'a été fait (ce cas est donc extrêmement douteux).
De ce qui précède, on peut conclure que, te plus souvent, les premières
injections de typho-vaccin polyvalent donnent une immunité suffisante pour
protéger : i° ceux qui sont déjà en incubation récente de fièvre typhoïde ;
20 ceux qui, éventuellement, peuvent être contagionnés pendant les
3 semaines que nécessitent les inoculations.
En conséquence aussi, il n'existe pas de phase négative et il n'y a aucun
danger à vacciner pendant les épidémies. Les injections exercent, au
contraire, une influence favorable, qui se traduit par la rareté des atteintes
(') H. Vincent, Académie de Médecine, 5 décembre 191 1.
SÉANCE DU IO MARS IC)l3. . 823
lyphoïdiques chez les sujets en incubation ou infectés au cours de l'épi-
démie, et par l'évolution bénigne de la fièvre typhoïde, lorsqu'elle survient
clans les cas particuliers que je viens d'étudier.
MÉDECINE. — Influence du groupement aminé sur la pression artérielle.
Note de MM. Desgrez et Dorléaxs, présentée par M. d'Arsonval.
Nous avons montré que la guanine administrée par voie intraveineuse à
la dose de 2ce à 31'8 par kilogramme d'animal provoque une action hypoten-
sive marquée, alors qu'aux mêmes doses, les autres corps de la série purique
manifestent, au contraire, une action hypertensive qui s'accroît avec le
degré d'oxydation et d'acidité de la molécule.
Comme la guanine présente un groupement aminé NH2 qui ne se retrouve
plus dans les autres substances de la même série, nous avons émis cette
hypothèse que le pouvoir hypotenseur de la guanine peut être rapporté à la
présence du groupement aminé dans sa molécule. Nous présentons aujour-
d'hui des recherches qui ont porté sur ce point particulier.
Nos expériences ont été faites avec des substances renfermant une ou deux
fois le groupement NH2, à savoir la monométhylamine CH3 — NH2 et son
chlorhydrate; l'éthylène-diamine NH2 - CH2 - CH2 — NH2, à l'état de
chlorhydrate, enfin l'hydrazine NH2 — NH2, à l'étal de sulfate.
Si l'on injecte la monométhylamine libre ou son chlorhydrate au lapin,
par voie intraveineuse, on obtient, avec une dose de o^ooo à oB,oi par
kilogramme, un abaissement constant de la pression variant, suivant les
expériences, entre icm,4 et icm,6 de mercure.
L'éthylène-diamine, avec ses deux groupements aminés, a donné, dans les
mêmes conditions, une hypotension variant entre 2cm et 3cm,6.
Le sulfate d'hydrazine a provoqué une diminution de icm, 6 à icm,8,
c'est-à-dire plus faible, bien qu'il renferme également deux groupements
aminés. Comme nous l'avions déjà observé avec la guanine, l'effet hypo-
tenseur maximum produit par les bases précédentes a lieu de i5 à
•20 minutes après l'injection, la pression initiale se rétablissant dans un
délai de 3o à 45 minutes.
Un point sur lequel nous appelons tout particulièrement l'attention,
c'est que si l'on augmente la dose de base, en la portant, par exemple, à
o5,o2, os, o3 par kilogramme d'animal, on provoque, au contraire, une
hypertension de icm à 3e"1.
82/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chez le chien, les résultats se sont montrés confirmatifs des précédents,
mais, pour ces mêmes substances, les doses injectées doivent être plus
faibles : os, ooi de chlorhydrate d'éthylèné-diamine donne un abaissement
de 2cm, alors qu'une dose double, soit og, oo4, provoquera, au contraire,
une hypertension de 2im de mercure.
Les résultats de ces expériences nous paraissent intéressants, non seule-
ment en ce qu'ils vérifient l'hypothèse que nous avions faite sur la cause du
pouvoir hypotenseur de la guanine, à savoir son groupement aminé, mais
bien plus encore par ce fait qu'une dose minime de substance aminée pro-
voque une certaine hypotension, alors qu'une dose plus élevée donnera
lieu à une élévation de la pression artérielle. H y a donc lieu de penser
que si les substances basiques découvertes par M. A. Gautier, leucomaïnes
de nos cellules ou ptomaïnes microbiennes, n'existent dans nos tissus qu'en
minime proportion, elles provoqueront un abaissement de la pression arté-
rielle. Si, au contraire, leur quantité vient à s'accroître notablement, soit
par suite d'une insuffisante destruction, soit par défaut d'élimination
rénale, il en résultera de l'hypertension. Or c'est là encore un des symp-
tômes des auto-intoxications de M. Gh. Bouchard.
Il nous parait intéressant de poursuivre ces recherches sur l'influence des
mêmes substances introduites dans l'économie à plus faible dose, mais
pendant un temps prolongé.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — De la présence de la choline ou de bases voisines dans
la salive du Cheval. Note de M. J. Houdas, présentée par M. Guignard.
Dans une suite de travaux très importants, E. Schulze et ses collabo-
rateurs ont montré la présence, dans les végétaux, d'un groupe de bases
constitué par la choline, diverses bétaïnes, de la trigonelline et de la sla-
chydrine.
Ces bases diffèrent nettement des alcaloïdes proprement dils el des
bases nucléiques. Avec les premières, elles présentent des points communs,
en ce sens qu'elles précipitent par les mêmes réactifs : iodure de potassium
ioduré, biiodure de mercure ioduré, iodure de bismuth et de potassium,
acides phospho-el silico-tungstique, etc. Klles s'en écartent en ce quelles
ne renferment pas de groupement pyridique ou quinoléique dans leur
constitution, qu'elles ne passent pas dans les dissolvants neutres, quand on
traite leur solution par la méthode de Stas, et qu'enfin elles ne donnent
avec les réactifs aucune coloration particulière.
SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 825
Dans une Note récente ('), E. Schulze et G. Trier affirment la présence
constante de la choline, dans tous les végétaux, associée soit à une ou
plusieurs bélaïnes, soit à de la trigonelline ou de la stachydrine.
On a signalé, il y a déjà un certain temps, la présence d'alcaloïdes dans
la salive de chevaux, dans l'économie desquels on avait introduit une ou
plusieurs de ces substances, soit par voie stomacale, soit par injection
hypodermique.
Nous nous sommes demandé si la choline et les bases du même groupe,
si répandues dans le règne végétal, ne pouvaient pas également se ren-
contrer dans la sécrétion salivaire.
Pour nous en rendre compte, nous avons utilisé la réaction suivante : lorsque, à
une trace de choline, on ajoute de l'induré de potassium ioduré (réactif de Bou-
chardat), il se produit un abondant précipité qui, au microscope, se présente sous
forme de globules plus ou moins volumineux. Au bout de peu de temps, on voit appa-
raître des cristaux qui s'accroissent aux dépens des globules qui les entourent et
finissent par être isolés au milieu d'un liquide parfaitement limpide. On ne tarde pas
à voir les angles de ces cristaux s'émousser aux extrémités et un épaississement se
former à la partie médiane; la destruction devient alors très rapide, les extrémités
s'effilent en se fondant et le liquide provenant de la fusion se précipite, comme forte-
ment attiré vers la partie centrale. Au bout d'un temps très court, ces cristaux ont
fait place à des globules brun noirâtre qui, dans certains cas. se décolorent et se dif-
fusent dans le liquide ambiant.
Si la proportion de base employée est trop forte par rapport au réactif, on ne voit
pas se former de cristaux; par contre, si l'iode se trouve en trop grand excès, les
cristaux formés ne persistent qu'un temps très court ou ne se produisent pas du tout.
Cependant, avec un peu d'habitude, on peut obtenir des cristaux très nombreux,
suivre leur formation et leur développement pendant quelques minutes.
Les substances à examiner sont traitées de la façon suivante : des tampons de coton,
imprégnés de salive, sont épuisés par l'alcool à 95°. La solution, légèrement acidulée
avec de l'acide tartrique, est distillée dans le vide et le résidu repris par l'eau distillée,
la nouvelle solution, additionnée d'acétate neutre de plomb, filtrée, privée de l'excès
de plomb par l'hydrogène sulfuré et filtrée à nouveau, est évaporée à sec dans le vide
sur de l'acide sulfurique.
Dans la plupart des cas, si l'on dépose une parcelle de cet extrait sur une lame de
microscope que l'on recouvre d'une lamelle et si l'on fait pénétrer entre les deux
verres, par capillarité, du réactif de Bouchardat, on observe d'abord la formation des
globules dont nous avons parlé et, ensuite, de cristaux plus ou moins nombreux.
Dans certains cas, la matière extractive est très abondante et la réaction peu nette.
On isole alors les bases au moyen de l'acide phosphotungstique, en suivant la tech-
nique indiquée par Schulze.
(') E. Sciiilze und G. Thiek, Ueber die allgemeine Verbreitung der Cholins
(/foppe-Sej/er's Zeitschrift fur Pliysiologische Cliemie. octobre 1912).
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les cristaux, avec la choline, se présentent sous l'aspect de prismes obliques très
plats et bruns : parfois ces cristaux sont accolés deux par deux et forment des sortes
de navettes.
Les prélèvements opérés sur les chevaux de la Compagnie des Petites Voitures (')
ont été faits dans des circonstances différentes afin d'éliminer, autant que possible,
toute cause d'erreur provenant de la présence, dans la salive examinée, de matières
alimentaires.
Six prélèvements ont eu lieu sur des chevaux n'ayant pas travaillé le matin, 3 ou
'\ heures après le premier repas; dans 14 cas, le prélèvement a été fait 4 à 5 heures
après le premier repas et après une matinée de travail; deux fois, 3o minutes seule-
ment après le repas et après une période de repos; trois fois enfin, en plein repas et
après le travail.
La ration alimentaire des chevaux examinés est assez complexe : elle se compose
d'un mélange d'avoine écrasée, de maïs concassé, de paille, de mélasse, de pois chiche,
de marc de raisin séché, de graines de sorgho, de caroubes, parfois de manioc ou de son.
Dans ces 25 observations, le réactif de Bouchardat a provoqué, sous le microscope,
la formation de cristaux en tous points analogues à ceux que l'on obtient avec une
solution de choline, traitée dans les mêmes conditions.
Le régime alimentaire des chevaux examinés pouvant laisser des doutes
sur la constance de la présence de la choline ou de bases voisines, dans la
salive du cheval, nous avons fait, avec le concours du D1' Guilhert, une
seconde série d'essais avec la salive de chevaux de course. Nous avons
étudié 12 échantillons : 3 prélèvements ont été faits à jeun; 2 après l'inges-
tion d'une poignée de foin; G à des temps divers, variant de 45 minutes à
5 heures après le repas; et une fois immédiatement après une grande
course de haies.
L'alimentation des chevaux examinés comprenait du foin, des féverolles,
du maïs, de l'avoine, une carotte, du sucre.
Comme précédemment, nous avons obtenu une cristallisation caracté-
ristique, avec le réactif de Bouchardat.
En résumé, il ressort de nos recherches que la salive du cheval renferme
d'une façon constante de la choline ou des bases du même groupe, quelle
que soit la ration alimentaire fournie à l'animal et quel que soit le temps
qui s'est écoulé après l'ingestion de ces aliments.
(') Nous sommes heureux d'avoir celte occasion d'exprimer tous nos remercîments
à M. Gourdon, directeur de la Manutention des Petites Voitures, et à M. Alejan, ingé-
nieur agronome, pour l'obligeance avec laquelle ils ont mis à notre disposition la
salive des chevaux de leur service.
SÉANCE DU IO MARS igi3. 827
CHIMIE BIOLOGIQUE. - Synthèse des glucosides d 'alcools à l'aide 'de ' l'émul-
sine : phénylëthylglucoside fi et cinnamylglucoside fi. Note de MM. Em.
Iîoukquelot et M. I.iiiM 1 , présentée par M. Jungfleisch.
L'alcool phényléthylique et l'alcool cinnamique, qui appartiennent tous
les deux à la série cyclique, se rencontrent dans les essences retirées de
certains végétaux. Il est donc possible que ces alcools préexistent dans la
plante à l'état de glucosides, et il était intéressant, à cause de cela, de
rechercher si ces glucosides pouvaient être préparés synlhétiquement, par
voie biochimique. L'expérience a démontré que cette synthèse est parfai-
tement réalisable.
Phénylëthylglucoside fi (CCHM O1 - CH2- CH2- C9H5 J. - Synthèse. -
On a mélangé ios d'eau à 250*-' d'alcool phényléthylique : l'eau s'est dissoute
entièrement. On a ajouté 3S de glucose pur, anhydre, en poudre, et l'on a
abandonné le mélange à la température du laboratoire, en agitant de temps
en temps. Après 3 jours, la solution accusait au tube de 2dm une rotation
de + 12', ce qui correspond à l'entrée en solution, dans tout le liquide, de
og, 5o de glucose environ. On a laissé le glucose en excès et ajouté 3gd'émul-
sine. La rotation a diminué peu à peu, puis passé à gauche comme l'in-
diquent les chiffres suivants :
Durée 0 jour. 7 jours. 25 jours. 45 jours. 55 jours. 7G jours.
Rotation (/=a)... +12' + 2' — 24' —38' —4a' —42'
En admettant que, à l'arrêt de la réaction, il y avait encore en disso-
lution une proportion de glucose correspondant à une rotation de -+- 12',
on voit que la réaction effectuée en 55 jours est représentée par un mou-
vement à gauche de la rotation de 42'+ 12' -1- 12', c'est-à-dire de i°6'.
On a filtré pour séparer l'émulsine ainsi que le glucose en excès; puis, pour extraire
le glucoside dissous dans l'alcool phényléthylique, on a agité celui-ci, à quatre
reprises, avec de l'eau distillée en employant chaque fois 25ocm° d'eau.
Les liquides aqueux étant rassemblés, on les a concentrés, sous pression réduite,
à ioocm3; on a agité, avec de l'éther ordinaire, pour enlever l'alcool phényléthylique
entraîné; après quoi, on a repris la distillation qu'on a continuée jusqu'à siccité.
On a traité le résidu à deux reprises par i5ocm' d'éther acétique bouillant. On a
réuni les liquides élhéro-acétiques et on les a concentrés, par distillation, à 3ocu'\
Comme, après plusieurs jours, il ne s'était produit aucun dépôt, on a ajouté un
volume égal d'éther ordinaire sans mélanger. La cristallisation du glucoside n'a pas
tardé à commencer; elle s'est continuée lentement et n'était terminée qu'au bout d'un
C. R», i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 10.) Io5
828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mois environ. On a recueilli les cristaux sur un filtre; on les a lavés à l'éther et on
les a fait séclier dans le vide sulfurique. Il y en avait 16,80.
Propriétés du phényléthylglucoside p. — Ce glucoside est en aiguilles
incolores. Il est inodore et possède une saveur amère assez prononcée,
mais moins désagréable que celle de son homologue inférieur, le benzyl-
glucoside (3. Il est très soluble dans l'éther acétique et dans l'eau.
Son pouvoir rotatoire en solution aqueuse a été trouvé égal à
a = — 23°, 92. Il réduisait encore la liqueur de Fehling dans des propor-
tions telles que si, ce qui paraît vraisemblable, cette réduction est due à du
glucose entraîné, le pouvoir rotatoire réel serait très rapproché de —29°.
A une solution aqueuse de 2^,02 pour 100e"1', on a ajouté de l'émulsine;
quelques instants après, le liquide exhalait déjà l'odeur de rose, qui est
l'odeur de l'alcool phénylétbylique. En 24 heures, la rotation a passé de
— 58' à -4-10 16' et il s'était formé is, 160 de glucose pour 100'"'*, ce qui
correspond à une hydrolyse presque complète.
Cinnamyl glucoside (3 (C6HnÔ° - CH2 - CH = CH - C6H»). - Syn-
thèse. — Cet alcool étant solide à la température ordinaire et devenant
liquide à +33°, les expériences ont été faites à cette dernière température.
A 5oos d'alcool cinnamique préalablement liquéfié, on a mélangé 20B
d'eau distillée portée à 3o°-35°. On a obtenu ainsi un liquide limpide auquel
on a ajouté 5^ de glucose et qu'on a abandonné 2 jours à l'étuve à +33°,
en ayant soin d'agiter de temps en temps. Le mélange étant devenu trouble
par séparation d'eau, on l'a filtré. Il accusait une rotation de + io'(/=2).
On a ajouté iotr de glucose et 3g d'émulsine, puis on a reporté le mélange
dans l'étuve. La réaction synlliétisante a commencé aussitôt et s'est
continuée pendant 20 jours, comme l'indiquent les chiffres suivants qui
expriment les rotations observées :
l'urée (I jour. 5 jouis. 10 jours. lj jours. 20 jours.
Rotation (/ = 2).. . -t- io' —20' — 34' — 46' — i°4'
La réaction totale est donc représentée par un mouvement à gauche de
64'+ 10'+ 10' ou i°24'.
On a filtré, après quoi on a agité le liquide filtré, à 12 reprises, avec de
l'eau distillée tiède, en en employant chaque fois 25ocm" (').
(') Dans ces sortes d'extractions, il importe de suivre l'opération au polai ■imèli e ej
de ne cesser les reprises que lorsque l'eau n'enlève plus ou presque plus de glucoside
à l'alcool. Ici, la rotation de la solution aqueuse, qui était de — 12' à la première
reprise, était encore de — 6' à la dernière.
SÉANCE DU 10 MARS IO,l3. 829
On a traité les liquides aqueux réunis comme on a fait pour le phényl-
éthylglucoside et obtenu ainsi 6S de résidu qu'on a repris par ioo""' d éther
acétique bouillant. On a concentré la solution éthéro-acétique à 25cmS, ce
qui a amené la séparation d'un produit incolore de consistance de miel,
qu'on a lavé à l'éther ordinaire. La masse s'est prise en cristaux (en 2 mois)
qu'on a dissous dans 20""3 d'acétone bouillant. Après refroidissement, on a
ajouté de l'éther, et le produit a cristallisé de nouveau.
Propriétés du ciniiarnyl glucoside p\ — Ce glucoside est en aiguilles inco-
lores; il est inodore, faiblement amer. Son pouvoir rotatoire a été trouvé
égal à — !\i°, I2-
Il réduisait encore la liqueur cuivrique de telle sorte que, si la réduction
est due à du glucose, le pouvoir rotatoire du glucoside pur se rapprocherait
de — 49"-
A une solution aqueuse à is, rj'p pour ioocm', on a ajouté de l'émul-
sine. En it\ heures, la rotation a passé de — 1°36' à + i°4'- En même
temps le liquide a pris l'odeur de jacinthe, qui est celle de l'alcool cinna-
mique. Il s'était fait 1^,038 de sucre réducteur, ce qui correspond à une
hydrolyse presque complète.
GÉOLOGIE. — Sur l'âge de la série cristallophyllienne des Cyclades et sur
l'époque des plissements qui l'ont affectée. Note de M. Pu. IXégkis, pré-
sentée par M. Pierre Termier.
M. Cayeux est le premier qui ait signalé le Trias supérieur dans les
Cyclades, à Myconos. Depuis, j'ai moi-même observé Gyroporella vesiculi-
fera Giimb. sur le marbre terminant la série cristallophyllienne à Kythnos
et à Siphnos : les pores hexagonaux sont visibles sur les sections longitudi-
nales des prismes, après polissage des surfaces, et à l'aide d'une forte loupe.
A Kythnos, le marbre a été prélevé sur le sentier allant de Sillaka à Zon-
gaki : c'est un marbre brun, présentant, après polissage, des plages fila-
menteuses, comme c'est le cas général, en Grèce, pour les calcaires du Trias
supérieur. A Siphnos le marbre a été prélevé sur le versant nord du Pro-
phète-Elie : il est tantôt blanc, avec plages filamenteuses aussi, tantôt gris.
( les résultats semblent autoriser à rapporter toute la série cristallophyl-
lienne des Cyclades au Trias. En effet, tous les géologues sont d'accord
pour considérer la série cristallophyllienne du sud de l'Eubée comme étant
83o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le prolongement de celle de l'Attique, parce qu'elle présente la même
direction NE des couches du Pentélique et de l'Hymette et le même prolon-
gement au Nord. Il est vrai que les gneiss d'Eubée manquent dans l'Attique;
mais ils paraissent répondre, avec leur escorte de marbres cipolins, aux
calcschistes micacés qui forment la base de la série cristalline de l'Attique,
base que j'ai rapportée ailleurs (Note du 17 juin 1912) au Trias inférieur,
avec d'autant plus de raison que, depuis cette attribution, j'ai observé dans
cette formation aussi des sections rondes ou elliptiques, appartenant, sans
doute, à des Gyroporelles. La série du sud de l'Eubée serait ainsi tout
entière triasique, comme celle de l'Attique, mais répondrait à un état de
métamorphisme plus avancé : elle serait d'ailleurs venue en contact des
formations paléozoïques, reconnues par M. Deprat, en Eubée, grâce à la
grande faille Aliveri-Ochtonia, signalée par le même savant. Or la série
cristallophyllienne des Cyclades se rattache à celle du sud de l'Eubée par
Andros, au point de ne pouvoir en être séparée, et il semble permis d'iden-
tifier les trois séries. Les gneiss des îles représenteraient les couches infé-
rieures de l'Hymette, c'est-à-dire le Trias inférieur à un état de métamor-
phisme plus avancé encore qu'en Eubée, tandis que les marbres de Paros
et de Naxos répondraient aux marbres du Pentélique et de l'Hymette, et
que les schistes cristallins, qui font suite au marbre supérieur à Gyroporelles
des îles, répondraient aux schistes micacés, schistes de Ka^ssariani de l'At-
tique, comme l'avait déjà très justement entrevu M. Philippson. 11 est
intéressant d'ailleurs d'observer que l'on retrouve dans les Cyclades les
directions de plissement NE et N\Y, que nous avons constatées dans
les séries crislallopliylliennes de l'Attique et du Péloponnèse (Notes des
17 juin et 29 juillet 191 2). La première direction domine dans les Cyclades
les plus voisines de l'Attique et de l'Eubée; la deuxième est très nette à
Sériphos où elle accompagne la première, à laquelle elle se soude, comme
elle le fait dans l'Attique sur le Pentélique et l'Hymette, comme ridement
secondaire orthogonal.
11 est vrai que, plus au Sud, la direction dominante des plis est NNE, particulière-
ment à Paros, Naxos, los. Nous sommes disposé à considérer ce nouveau plissement
comme le ridement secondaire normal à la direction WNW du plissement éocène,
achaïque ou pyrénéen, qui, en Grèce, a une grande importance. En efl'et, à ce plisse-
ment NNE. qui se retrouve aussi au Laurium, est subordonnée l'apparition du granité,
aussi bien dans cette dernière région qu'à Naxos. Au Laurium, l'affleurement du gra-
nité apparaît, d'après la Carte géologique de Lepsius, exactement sur la cicatrice NNE
qui met à découvert le soubassement. Or nous savons par les travaux de Lepsius que
le granité du Laurium pénètre jusque clans le Crétacé. Il est donc juste de considérer
SÉANCE DU IO MARS I9l3. 83l
l'intrusion du granité ici, et la dislocation à laquelle est due cette intrusion, comme
post-crétacées, ce qui nous conduit à l'époque éocène pour le plissement NNE, qui serait
ainsi contemporain du plissement pyrénéen.
Mais entre les plis Iriasiques et éocènes ci-dessus s'intercalent d'autres plis. C'est
ainsi qu'à Délos on trouve la direction EiNE avec intrusion encore de granité, comme
cela ressort des travaux de MM. Pliilippson et Cayeux. C'est d'ailleurs la direction
que suivent de préférence les aflleurements carbonifères et permiens découverts par
M. Renz, en Grèce. C'est ainsi qu'elle apparaît dans le Carbonifère de l'Olhrys et du
Parnès, ainsi que dans les îles d'IIydra et d'Amorgos, où cette direction est trahie par
la forme générale de ces deux îles. Je fais observer que cette direction est normale à
la direction NNW, d'intrusion des roches massives principales (entre autres du por-
phyre vert antique), dans le Trias supérieur du Péloponnèse (Note du 39 juillet iqi 2), et
l'on retrouve souvent cette dernière direction NNW, accompagnant la direction ENE,
dans les Cjclades, comme à l'est de Myconos, et comme cela ressort de la Carte des
lignes directrices des plissements des îles Myconos, Délos et Rhénée, de M. Cayeux.
Je suis donc disposé à considérer les deux plissements ENE et NNW dans les Cyclades,
comme contemporains et comme ayant mis fin aux dépôts triasiques en Grèce, tandis
que les plis NE et NW seraient apparus entre le Trias moyen et le Trias supérieur,
entre lesquels nous avons constaté une discordance dans l'Altique et le Péloponnèse
(Notes ci-dessus), discordance qu'on retrouve dans les Cyclades. à Ios, d'après Plii-
lippson.
Deux autres directions conjuguées ou normales se retrouvent souvent dans les îles,
EW et NS. Tandis que les couches ont l'une des deux directions, elles se fracturent et
se retroussent suivant l'autre. Cela e^t très net encore à Sériphos, où Fiedler avait déjà
observé la coexistence des deux directions. Ces deux dernières dislocations sont inti-
mement liées aux derniers phénomènes de bombement de l'écorce suivant deux direc-
tions NS et EW, comme j'ai exposé ailleurs {Régression quaternaire, p. 65 et suiv.,
Athènes, 1912), et au morcellement subséquent de l'.Egéïde le long de fractures paral-
lèles à tous les plissements antérieurs. L'âge récent de ces dislocations est prouvé par
l'allure des couches pliocènes de l'Atlique, qui ont généralement une direction EW :
on retrouve souvent cette direction dans les couches pliocènes du nord du Pélopon-
nèse, accompagnée de la direction NS.
Il ressort de ce court exposé qu'en Grèce se vérifie la loi, formulée par
Marcel Bertrand, que tout système de plis principaux est accompagné d'un
système de plis perpendiculaires.
HYDROLOGIE. — Sur l'étude des températures des eaux souterraines dans les
captages pour l'alimentation publique. Note de M. F. Dienert, présentée
par M. Roux.
Dans une récente Note {Comptes rendus, 3 mars ip,i3), M. E.-A. Martel
insiste tout particulièrement sur l'importance pratique des variations sai-
sonnières de température de certaines eaux souterraines.
832 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour notre part, si nous utilisons fréquemment cette méthode d'investi-
gation simple et commode, nous ne saurions lui attribuer une importance
aussi grande que ne le voudrait mon savant collègue^
La pratique journalière m'a appris, en effet, que la température d'une
source n'est bien connue que lorsque ses eaux sont récoltées au griffon, à
l'endroit même où elles sortent de terre. Et encore, comme nous le
montrent les sources d'excellentes qualités sortant de la craie sénonienne
de la vallée d'Eure, à Fontaine-sous-Jouy, c'est en allant chercher ces
eaux, dans leur gisement géologique qu'on obtient une température très
constante. Dans le bassin même de la source, en prenant moi-même toutes
les précautions minutieuses qu'exige une semblable mesure (car je n'ai
aucune confiance dans les enregistrements de température faits par des
personnes non habituées à ce genre de travail), la température de ces eaux
est variable suivant les saisons.
Contrairement à ce que pense M. E.-A. Martel, la fixité de température
n'existe pas toujours dans les véritables nappes continues des sables cl ter-
rains finement détritiques et on la trouve, au contraire, quelquefois, dans
les eaux susceptibles d'être contaminées et sortant des terrains fissurés.
A Auxerre, les eaux captées dans les alluvions de l'Yonne, circulant à
travers le sable, ne présentent jamais le, b. coli et ne contiennent que
quelques germes au centimètre cube. Elles ont une température variant
de io° à i ï'-
Aux sources de la Dhuys, les eaux sortant du calcaire de Champigny
ont une température constante (io°, 2 à io°,5).
Cependant, avant les travaux de protection, elles devenaient troubles et
étaient chargées de b. coli. Nous pourrions multiplier les exemples.
En résumé, si la recherche de la température est une opération commode
et facile (mais délicate) qui complète la série des nombreuses investiga-
tions nécessaires pour apprécier la qualité des eaux, nous ne saurions lui
attribuer une importance exceptionnelle qu'elle n'a pas.
SISMOLOGIE. — Séismographes donnant directement les trois composantes
d'un séisme et les variations lentes de la verticale, Notfe de M. V. Caéhieu,
présentée par M. E. Boutv.
Dans une précédente Note [Comptes rendus ('), t. 156, p. 617], j'ai montré
qu'une balance de torsion dont le iil de suspension est fléchi à ses points
(') Dans celte Noie. page 620, ligne 7 : au lieu de plans linis, lire plans fixes.
SÉANCE DU IO MARS 10,13. 833
d'insertion, détermine dans l'espace un plan vertical d'azimut invariable.
Cette propriété sert de principe à la construction de séismographes dont
les indications sont interprétables directement, sans correction due au
mouvement partiel des appareils.
i ° Appareil pour les composantes horizontales :
On suspend à un trililaire l'aimant permanent d'un galvanomètre à cadre mobile.
On constitue ainsi un pendule, de période tt, et l'on règle la suspension de façon que
les oscillations azimutales que le système peu! aussi prendre, rencontrant un couple
antagoniste très considérable.
Au centre de l'entrefer de l'aimant, on suspend, à un monofilaire. le cadre mobile
lesté de manière que :
i° Sa période d'oscillation pendulaire soit rigoureusement égale à /, ;
2° Sa période d'oscillation azimutale soit au moins égale à 5oo *,.
On a ainsi deux pendules de période identique, et les déplacements de leur support
commun provoqueront leur oscillation simultanée et synchrone dans un même plan
\ ertical.
On arrive facilement à amortir les oscillations de l'aimant, en disposant convena-
blement une plaque de cuivre rouge épaisse au voisinage immédiat de ses pôles.
Les oscillations pendulaires du cadre sont amorties, par rapport au socle portant
l'aimant, à l'aide d'un dispositif à liquide. Quant aux. oscillations azimutales de ce
cadre, elles sont amorties magnétiquement pour une valeur convenable de la résis-
tance ohmique du circuit auquel il est relié.
Le fil de suspension du cadre mobile est fléchi à une de ses insertions, de façon à
réaliser le cas de la figure i ou i (loc. cit., p. 618). Les extrémités de l'enroulement
de ce cadre sont réunies au pôle d'un second galvanomètre, fixe, donton suit ou enre-
gistre les mouvements.
Comme je l'ai montré (loc. cit.), un séisme qui ébranlera le support de
l'appareil ainsi constitué, provoquera une rotation du cadre par rapport au
plan de flexion de son fil de suspension, et cette rotation sera proportion-
nelle à l'impulsion pendulaire que le séisme communique aux deux pen-
dules. D'ailleurs le synchronisme et la concentricilé de ces deux pendules
font que la position initiale du plan de flexion, par rapport à l'aimant
permanent, échappe entièz^ement à l'ébranlement. Par suite, le courant
induit dans le cadre mobile, et que le galvanomètre fixe va indiquer, sera
proportionnel à l'ébranlement.
Pour avoir les deux composantes de cet ébranlement, on disposera deux appareils
identiques, dont les plans de flexion des cadres mobiles feront entre eux un angle
de 900.
On a réalisé un'appareil de ce genre dans les caves de la Sorbonne. Les ébranlements
834 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dus au passage des véhicules dans les rues voisines se traduisent par des dtvialitns
de plusieurs centimètres sur une échelle placée à i"',5o du miroir du galvar.cn être
fixe.
2° Appareils pour les variations lentes de la verticale :
On suspend une masse de plomb à un fil fléchi à ses deux insertions. On a vu
(loc. cit.) que la position d'équilibre azimutal est liée à la direction de la verticale.
Il suffit donc d'enregistrer les positions d'équilibre de la masse suspendue. On n'a
plus besoin ici de deux masses suspendues ; les mouvements des supports des
appareils enregistreurs sont absolument négligeables.
On peut d'ailleurs augmenter considérablement la sensibilité en remplaçant le lil
de suspension à section cylindrique par un ruban plat de même section.
F.n effet, lorsque la verticale change en modifiant 3IL, (loc. cit.,fig. 4 et 5), le moment
de (i par rapport au plan b OM varie. La pesanteur, pour faire tomber G dans le
plan èOM, met enjeu deux liaisons : elle modifie la valeur de JÏU, et elle tord le fil. C'est
cette torsion que nous observons, et il y a intérêt à l'augmenter. Pour une même
variation de OT^i, la torsion observée sera d'autant plus grande que 3)1.2 aura moins
varié.
Si, au lieu du fil cylindrique, nous avons un ruban, on sait que le couple nécessaire
pour fléchir ce ruban est proportionnel au moment d'inertie de la section par rapport
à l'axe de la flexion. Ce couple sera donc beaucoup plus grand si l'axe est dans le plan
du plat du ruban que s'il est normal à ce plan.
D'autre part, les variations de la verticale ont, sur la flexion 3TL2, une résultante
toujours dirigée dans un plan dont l'angle avec la direction initiale de A« est constant.
C'est l'angle que font entre eux, par construction, les plans verticaux HAtf et BAG.
Pour rendre minimum l'effet de flexion, il suffira donc que l'axe de la flexion 0TL2
soit dans le plan du plat du ruban. L'effet de torsion observé sera ainsi augmenté par
diminution de l'effet de flexion. De plus, cet effet agira contre le couple de torsion du
ruban. On sait qu'à section égale, le couple d'un ruban est à celui du fil de section
circulaire, comme l'inverse des moments d'inertie des sections.
On a donc, avec l'emploi des rubans, une sensibilité finalement accrue comme le
carré du rapport des moments d'inertie des sections.
On a pu ainsi réaliser une balance de torsion qui, observée par réflexion
sur une échelle placée à 6m, donnait une déviation de icm pour des varia-
tions de la verticale de -^ de seconde d'arc.
Les constantes de l'appareil étaient les suivantes :
!Sacm de longueur
o,oo4 d'épaisseur
o, i3 de largeur
Couple de torsion ' 100 ergs
Angle a 10 minutes
Période d'oscillation azimutale 1820 secondes
SÉANCE DU 10 MARS IO,l3. 835
3° Appareils pour la composante verticale. — Le système à deux flexions
est sensible aux composantes verticales de l'accélération communiquées à
son support. Mais il est en même temps sensible aux composantes horizon-
tales, et il serait impossible de distinguer ce qui revient à chacune de ces
composantes.
Mais on peut employer un système très simple, dont l'idée originale
revient à Babinet('); je me suis borné à simplifier l'application qu'il en
avait faite.
Soit un bifilaire formé de deux fils de longueur /, présentant un écartement uni-
forme a, et que nous supposerons sans torsion initiale. Soit M la masse supportée. On
sait que, pour un angle a, le couple de torsion est
,,. M^-a'sina
w = -^-1
Dans la position d'équilibre, les deux fils sont dans un même plan vertical.
Tordons l'un des fils d'un angle 9 à partir de ce plan, et soit C la constante de torsion
commune des fils. Le système suspendu va prendre une nouvelle position d'équilibre
dans un plan vertical faisant avec le premier un angle (3, plus petit que 8. La masse M
sera soulevée, et le second fil tordu de l'angle (3. Cette position d'équilibre sera définie
par la relation
M"g;sin's + c? = c9.
Toute variation de M^ entraînera une rotation du système.
Pour des valeurs convenables de a, C, /, on arrive à des rotations de i degré pour
des variations de Mg de -jôVô-
On réalise ainsi à la fois une balance et un séismographe pour composante verticale.
Pour l'observation des séismes, on constituera l'appareil comme suit :
La masse suspendue au bifilaire sera le cadre d'un galvanomètre. Concen-
triquement on suspendra, à un tritilaire, l'aimant permanent du galvano-
mètre. Les périodes pendulaires seront rendues identiques.
L'appareil, relié à un galvanomètre fixe, donnera des courants induits
proportionnels à la rotation du cadre par rapport à l'aimant et, par consé-
quent, proportionnels à l'accélération verticale du séisme.
M. Gambier adresse une Note intitulée : Sur les courbes à torsion constante.
M. Y. R. Rydberg adresse deux Notes intitulées : Sur les grandeurs
(') Comptes rendus, t. 56, i863, p. 244.
C. R., i9,3, !" Semestre. (T. 156, N" 10.) Iot>
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fondamentales d'un système rationnel de dimensions et Sur un système
d'unités rationnelles.
M. E. Guiraud adresse une Note relative aux résultats qu'il a obtenus
dans la cure de diverses maladies par la lactobacilline.
M. F. Garrigou adresse une Note intitulée : Étude sur l'eau du Verdet,
près de Castres (Tarn); indications générales pour la région.
La séance est levée à 4 heures.
COMITE SECRET.
SÉANCE DU IO FÉVRIER îgi 3.
Rapport sur la pétition adressée au Président de l' Académie par la plupart
de ses Correspondants nationaux.
Commissaires : MM. Guyon, Président; P. Appell, Vice-Président;
Ph. van Tieghem, Secrétaire perpétuel; Emile Picard, Edmond
Perrier, Dastre, Alfred Picard; Gaston Darboux, Rapporteur
(H. Poincaré et Cailletet, décédés).
Messieurs,
Il y aura bientôt un an, au mois d'avril dernier, le Président de l'Aca-
démie recevait la pétition suivante, signée de la grande majorité de nos
Correspondants nationaux :
Monsieur i.e Président.
L'Institut de France est, comme son nom l'indique, un corps essentiellement
national, et non exclusivement parisien. Cette idée fut admise dès le principe, lors de
la réorganisation de l'Institut, et quoique la plupart des savants qui s'occupaient de
recherches originales fussent de fait rassemblés à Paris, il n'était pas nécessaire de
résider dans la capitale pour être éligible à l'Institut. Il y avait à cette époque des
•Vssociés nationaux, non résidents à Paris, qui avaient le titre et les prérogatives de
Membres de l'Institut.
Mais peu à peu, on ne larda pas à s'apercevoir que la difficulté des communications
SÉANCE DU IO MARS I()l3. 837
entraînait l'absence à peu près continuelle des Membres de province aux séances et
aux travaux de l'Institut; et, dans le but d'assurer celte assiduité, on prit l'habitude
d'exiger la résidence à Paris.
Aujourd'hui les conditions sont changées, quelques heures suffisent pour traverser
la Fiance; le télégraphe et le téléphone assurent encore des communications plus
rapides. L'obligation de la résidence à Paris pour les Membres de l'Institut n'a plus le
caractère impérieux qu'elle pouvait avoir autrefois.
D'autre part, à l'exception de l'Académie française, toutes les Académies de l'Ins-
titut ont des Associés étrangers qui jouissent des prérogatives des Membres titulaires.
Il est manifestement contradictoire avec l'effort de décentralisation qui a donné un
nouvel essor aux Universités provinciales, que ce qui est accordé aux Etrangers soit
refusé aux Français qui n'ont pas la bonne fortune d'habiter Paris. On ne sautait
soutenir qu'il soit impossible de faire en province des travaux dignes d'ouvrir à leurs
auteurs les portes de l'Institut, alors qu'on ne s'inquiète pas, pour les Associés
étrangers, de savoir qu'ils habitent ou non la capitale de leur pays; et si l'on veut
encourager l'initiative provinciale, il faut se garder de drainer vers Paris tous les
hommes de valeur.
Dans l'intérêt de la Science française, dans l'intérêt de la décentralisation, qui
signifie, dans le cas actuel, extension de l'activité scientifique, il paraît donc désirable
i[ue les savants de province soient plus intimement unis à l'Institut qu'ils ne l'ont été
jusqu'ici. Le titre de Correspondant ne leur confère, en dehors de l'envoi des Comptes
rendus, que le droit de s'asseoir aux séances parmi les Membres de l'Académie : c'est
un honneur qu'ils apprécient, mais ce n'est qu'un honneur.
A la vérité, l'Institut de France a des devoirs administratifs dont l'accomplissement,
quelque faciles que soient les voyages, pourrait devenir onéreux ou fatigant pour les
Académiciens titulaires habitant la province. Ces devoirs n'incombent pas au même
degré aux Académiciens libres. Il paraîtrait équitable, en conséquence, qu'un certain
nombre de Membres libres fussent désormais choisis en province, et nommés parmi
les Correspondants dans les formes ordinaires. Nous estimerions aussi nécessaire que
les nouvelles places d'Académiciens libres qui seraient créées fussent exclusivement
réservées aux savants provinciaux.
Nous ajouterons que l'Académie de Médecine possède ainsi des Associés nationaux
à côté des Associés étrangers, et qu'il est arrivé à diverses reprises que des Académies
de l'Institut de France ont choisi des Membres libres habitant la province.
Pour ces divers motifs, les soussignés. Correspondants de l'Académie des Sciences,
prient respectueusement Monsieur le Président de bien vouloir inviter cette Académie à
délibérer sur cette question et à étudier les moyens d'attribuer aux savants de province
un certain nombre de places nouvelles d'Académiciens libres ou. si l'on préfère, de
Membres non résidents ou d'Associés nationaux portant le titre de Membres de
l'Institut et ayant les mêmes prérogatives que les Académiciens libres actuels.
Signé : Bazin, Guchard, Considère, Stephan, Cn. Andiié, Gouy, Sabatif.r,
de Forcrand, Depéret, Kilian, Grand'Euhy, Flahault, Bertrand,
Gayon, Heckel. Simon, Calmette, Gaillût, Fabre, Renaut, Valmek.
Benoit, Lépine, P. Coli.n, Cosserat, Leclainche.
838 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on peut relever, dans la pétition que nous venons de reproduire,
quelques affirmations incomplètes relativement à la constitution de l'Ins-
titut dans le passé, il faut reconnaître que la ipensée à laquelle obéissaient
ses auteurs est juste, qu'elle repose sur une appréciation très nette et très
précise des conditions de la recherche scientifique dans le temps présent.
« Oui, l'Institut de France est un corps essentiellement national, et non
exclusivement parisien. Oui, on ne saurait soutenir qu'il est impossible de
faire en province des travaux dignes d'ouvrir à leurs auteurs les portes de
l'Institut. Oui encore, il est grandement désirable que les savants de pro-
vince soient plus intimement unis à l'Institut qu'ils ne l'ont été jusqu'ici.
Il faut se garder de drainer vers Paris tous les hommes de valeur ». Sur
tous ces points, notre Académie, nous pouvons le dire, a été unanime; elle
a fait le meilleur accueil à la demande de nos savants Correspondants.
Leur pétition a été examinée dans la séance du 21 mai dernier, mais la
discussion nous a révélé que, si l'on était d'accord sur le principe, les avis
différaient, et différaient grandement, sur les moyens de donner satisfaction
à ses auteurs.
Nos Correspondants, on l'a vu, présentent en première ligne une combi-
naison dans laquelle il serait créé un certain nombre de places d'Acadé-
miciens libres, les places nouvelles étant essentiellement réservées aux
savants qui résident hors de Paris.
Cette solution ressemblerait beaucoup à celle qui a été adoptée par
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont le règlement comprend
la disposition suivante :
Art. 20. — Sur les dix Académiciens libres, l'Académie pourra en choisir quatre,
parmi les personnes non domiciliées à Paris, mais qui pourtant devront être regni-
coles.
Si l'on remarque que l'Académie des Sciences compte 68 titulaires, alors
que l'Académie des Inscriptions n'en a que 4<>, on voit que, pour conserver
les proportions, notre Académie devrait avoir 17 Membres libres parmi
lesquels 6 à 7 pourraient être choisis en province.
L'Académie des Beaux-Arts exige de tous ses membres, titulaires ou
libres, la résidence à Paris. D'après l'article 3 de son règlement « nul ne
peut être Académicien s'il n'est Français, âgé de 25 ans et domicilié à
Paris ». Il en était de même autrefois pour l'Académie des Sciences
morales et politiques. Mais d'après le règlement qu'elle a adopté en 1888
« la qualité de Français est seule obligatoire pour les Académiciens libres »,
SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 83g
de sorte que ses dix Académiciens libres pourraient, à la rigueur, être
choisis hors de Paris.
Si nous en venons à notre Académie, nous remarquerons qu'elle n'a
abordé cette question que par une voie indirecte. Le seul article où il soit
fait mention de l'obligation de résidence est ainsi conçu :
Art. 2. — Tout membre qui s'absentera plus d'une année sans l'autorisation de
l' Académie sera censé avoir donné sa démission.
Cet article semble impliquer que les Membres, titulaires ou libres,
doivent résider à Paris. A la vérité, un pur logicien pourrait soutenir que,
puisque l'Académie peut donner à ses Membres l'autorisation de s'absenter,
elle a le droit, par cela même, de s'adjoindre des savants qui ne soient pas
astreints à la résidence. Mais il y a des textes qu'il vaut mieux ne pas
presser. Et, si l'on peut rappeler qu'une disposition de l'Ordonnance de
181O appelait à faire partie de l'Académie en qualité de Membres libres, et
sans leur imposer l'obligation de résidence, tous les Membres de l'ancienne
Académie, adjoints, honoraires, qui vivaient encore et n'étaient pas com-
pris dans le cadre des titulaires, il convient de remarquer ici que les tradi-
tions peuvent, quand elles sont constantes, avoir la valeur d'un règlement.
En fait, les Académiciens libres de notre Académie ont toujours été choisis
parmi les personnes qui pouvaient être considérées comme habitant Paris.
Les remarques précédentes nous paraissent montrer toutefois que rien,
en droit, ne s'opposerait à une modification de nos règlements et à la créa-
tion de places nouvelles d'Académiciens libres, exclusivement réservées
aux savants des départements.
C'est à un point de vue tout autre que celui de la légalité que se sont
placés ceux de nos confrères qui ont combattu cette première solution.
On a fait remarquer qu'elle « fausserait l'institution des Membres libres,
exclusivement faite pour des personnes qui,. sans avoir une spécialité mani-
feste dans telle ou telle branche des sciences, se sont signalées par l'étendue
et la variété de leurs connaissances, par des applications remarquables ou
par un généreux concours au progrès scientifique ».
On ne saurait nier que l'introduction dans notre section des Acadé-
miciens libres, si bien définie par les paroles que nous venons de rap-
peler, des savants de province auxquels nous songeons et qui auraient
leur place marquée parmi nos titulaires s'ils étaient à Paris, détruirait
quelque peu l'homogénéité de cette section. Pour faire disparaître cette
objection, dont il ne faut pas méconnaître la valeur, on a proposé de former
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.
une section particulière avec les nouveaux Académiciens libres, non rési-
dents. Cette combinaison même n'a pu prévaloir. Et il n'y a aucun incon-
vénient à rappeler ici que ce sont les Académiciens libres surtout qui l'ont
combattue. Car cela nous donnera l'occasion d'indiquer combien nous
sommes fiers de les compter au nombre de nos confrères, et combien
nous tenons à leur assentiment et à leur précieux concours.
D'autres combinaisons ont été proposées devant l'Académie ; par exemple
l'addition d'un membre à chacune de nos douze sections ; la création d'Asso-
ciés nationaux, l'abandon de l'obligation de résidence à Paris pour un siège
dans chaque section.
Cette dernière solution n'a pas non plus prévalu. Ses adversaires ont
fait valoir « l'inégalité probable de répartition des savants de province entre
les branches des sciences auxquelles correspondent les diverses sections.
Ils ont objecté aussi que les sections comprennent six membres seulement,
qu'elles sont chargées de certaines opérations collectives (présentations
de candidatures, attributions de prix, etc.) et que ces opérations risque-
raient d'être compromises par une réduction excessive du nombre des
membres présents, soit en cas d'absence, soit en cas de maladie d'un
des cinq membres parisiens ».
Finalement l'Académie a nommé une Commission chargée d'étudier les
moyens de donner satisfaction au vœu des Correspondants.
Cette Commission, composée du Bureau de l'Académie, de MM. Poincaré,
Picard, Edmond Perrier, Daslre, Cailletet et Alfred Picard, m'a chargé de
vous faire connaître les résolutions auxquelles elle s'est arrêtée. Elle vous
propose le texte suivant :
Il est créé à l'Académie des Sciences six places de Membres non résidenls.
Elles sont réservées aux savants français qui résident hors des départements de la
Seine et de Seiné-et-Oise.
Nul ne peut être nommé Membre non résident s'il n'est déjà Correspondant de
l'Académie.
Les Membres non résidenls ont tous les droits et prérogatives assurés par le règle-
ment aux Associés étrangers.
Ils peuvent prendre part aux travaux de l'Académie dans les mêmes conditions que
les Académiciens libres actuels.
Ils auront droit de vote quand il s'agira de remplacer l'un d'eux.
Il faudrait bien se garder de voir dans la proposition que nous vous
présentons un rétablissement déguisé et partiel de l'ancienne classe
des Associés nationaux, qui a disparu dans la première réorganisation
de l'Institut.
SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 84l
Les Associés nationaux pouvaient prendre le titre et porter le costume
de Membres de l'Institut; mais ils ne participaient ni aux élections, ni aux
décisions de la classe à laquelle ils appartenaient. Ils jouaient en quelque
sorte le rôle de Correspondants de premier rang', et il était difficile, vu leur
nombre, qu'il en fût autrement. Une Académie ne travaille pas avec la
moitié de ses membres dispersés.
La solution que nous vous proposons donne à nos collègues de province,
et sans porter atteinte à la constitution de l'Institut, la satisfaction à laquelle
ils ont droit; mais de plus, mais surtout, elle permet à l'Académie de leur
demander leur concours sous la forme la meilleure et la plus utile au
progrès de la recbercbe scientifique.
Il nous reste à examiner une objection, que l'on peut d'ailleurs faire à
toutes les solutions qui ont été proposées.
Si nos collègues de province, nommés Membres non résidents, viennent
à Paris, leur imposera-t-on l'obligation de donner leur démission?
Nous ne croyons pas que cela soit convenable ; il faut imprimer un
caractère indélébile à la qualité de Membre de l'Institut. Nos confrères
resteront Membres de l'Institut et ils ne seront pas remplacés, à moins
qu'ils ne donnent leur démission pour se présenter à une élection de
parisiens. Comme nous avons proposé de les choisir seulement parmi nos
Correspondants, qui sont, en général, des savants d'un certain âge, il n'est
pas à craindre que plusieurs d'entre eux se trouvent dans le cas que nous
venons de signaler. Et, d'ailleurs, on ne saurait disposer pour la suite indé-
finie des temps. Il faut songer que l'Académie sera toujours là et pourra,
suivant les circonstances, aviser aux inconvénients qui pourraient se
présenter.
G. Darboux.
10 février 191 3.
Après discussion, les résolutions proposées par la Commission ont été
adoptées à l'unanimité par l'Académie.
G. D.
8/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du io mars iç)i3.
Institut de France. Académie des Sciences. Rapports présentés à la cinquième
Assemblée générale de V Association internationale des Académies, sous la direc-
tion de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1 91 3. Paris,
Gauthier- Villars ; 1 fasc. \n-[\°.
Association internationale des Académies. Rapport de la Commission pour le
levé magnétique le long d'un parallèle, par M. Kykatchew. Saint-Pétersbourg,
a3 novembre/6 décembre 1912 ; 1 fasc. in-4°.
Promemoria in Angelegenheit einés Thésaurus der griechischen Sprac/ie, abge-
faszt von Paul Ivretschmer, fur die Generalversammlung der internationalen Assozia-
tion der Akademien in St. Petersburg Pfingsten 1910. Vienne, 1912; ifasc. in-ia.
Notice sur Henri Poincaré, par Ernest Lebon. (Extr. des Leçons sur les Hypo-
thèses cosmogoniques, par Henri Poincaré; i" édition, 191 3.) Paris, A. Ilermann et
fils, 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de l'auteur.)
Leçons sur les équations intégrales et les équations, intégro-différentielles, pro-
fessées à la Faculté des Sciences de Rome en 1910, par Vito Volterra, et publiées par
MM. Tomasseiti et F. -S. Zarlatti. Paris, Gauthier-Villars, j 91 3 ; 1 vol. in-8°. (Hom-
mage de l'auteur.)
Unterkreide (Palaeocretacicum), von W. Kilian; drille Lieferung : Das bathyale
Palaeocretacicum im sïid-ôstlichen Frankreich ; Apt-Stufe ; Urgonfacies im siid-
ôstlichen Frankreich ; mit 1 Tabelle iiber die Verbreitung der Urgonfacies im siid-
ostlichen Frankreich, 1 Karlenbeilage und 6 Tafeln sowie mehreren Texlabbildungen.
(Lethaea geognostica : Teil II : Das Mesozoicum ; Rd. 111 : Kreide ; erste Ableilung.)
Stuttgart, igi3 ; 1 fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
( A suivre. )
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 17 MARS 1913.
PRÉSIDENCE DE M. P. APPELL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AC/VDÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de Pâques,
la séance du lundi 24 mars est remise au mardi 25 mars.
PHYSIQUE. — Sur les courbes de saturation et la loi des étals correspondants.
Note de M. E.-H. Amagat.
I. J'ai montré dans une précédente Note (27 janvier 1913) que les
courbes de saturation obtenues en portant en abscisses les pressions réduites
et en ordonnées les valeurs de ^- (soit c), courbes qui, si la loi des états
correspondants était rigoureusement observée, devraient coïncider, étaient
comprises dans un ruban relativement étroit et montrant bien que les écarts
de la loi sont, en réalité, beaucoup plus petits qu'on le pense généra-
lement.
On a pu remarquer, sur la figure accompagnant la Note en question,
que le ruban qui contient une trentaine de courbes de saturation, ainsi
que les courbes en/? et /w( non réduits) (') tracées sur le même diagramme,
s'arrêtent à une certaine distance de l'ordonnée origine ; c'est précisément
à propos de la forme et des propriétés de cette partie non tracée des courbes
(') Par inadvertance, dans la précédente Note, on a écrit, à propos de ces courbes,
« en p et C » au lieu de (en p et p\>), page 276, huitième ligne. L'indication régulière
est du reste portée à l'échelle de droite de la figure.
C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 11.) I 07
844 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que je voudrais aujourd'hui ajouter un complément à ce que j'ai dit pré-
cédemment (tfîg- i).
Sur la figure ci-dessous, qui n'est autre que celle de la précédente Note,
dans laquelle les courbes ont été prolongées jusqu'aux plus faibles pres-
sions expérimentales, on voit que la brandie supérieure des courbes en
P Atm'
Etats Correspondants
(Mo
CiMO
0.020
40
Pression? BEnirrrEJ-
Fie. i.
(p — pv), celle qui est relative à la vapeur, après être passée par un
maximum, décroît rapidement en se rapprochant de l'ordonnée initiale ;
elle'parait (tracée à une échelle convenable), de même que la branche infé-
rieure, se diriger nettement vers l'origine des coordonnées ; ce qui, pour la
branche supérieure, ne paraît pas évident, car si la pression devient extrê-
mement petite, le volume devient extrêmement grand.
J'ai, du reste, ajouté aux courbes primitivement tracées celles des alcools
étliylique et mélhylique, dont les données expérimentales régulières ('), dans
(') Celles qui dans les tableaux de M. S. Young ne sont pas entre parenthèses.
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 845
les tableaux de M. S. Young, s'étendent jusqu'à des pressions de quelques
centièmes d'atmosphère. J'ai aussi ajouté aux courbes de la benzine et
de l'argon, pour lesquelles la figure le permettait sans trop de confusion, un
certain nombre d'isothermes; ces isothermes sont seulement approxima-
tives, n'étant déterminées, chacune, que par la valeur de son ordonnée
initiale RT (la même pour tous les fluides, à la température T) et son point
de rencontre avec la courbe de saturation.
2. Revenons maintenant aux courbes en p réduit et ^-
Si, en arrivant aux faibles pressions, le ruban qui contient ces courbes
paraît, à sa partie supérieure, s'épanouir tout en remontant légèrement,
cela ne tient pas, ainsi qu'on pourrait le croire, à un accroissement des
écarts de la loi, mais uniquement à ce que, dans ces conditions, les données
expérimentales deviennent moins certaines; et en effet, pour un certain
nombre de substances, en arrivant aux très faibles pressions, les tableaux
de M. S. Young ne donnent les densités de vapeurs que comme approxi-
matives. Mais, si l'on considère les courbes de saturation des substances
pour lesquelles les densités de vapeurs sont données comme régidières
jusque sous les très faibles pressions, ainsi que cela a lieu notamment poul-
ies alcools méthylique et éthylique et pour l'éther, on voit que ces courbes,
bien loin de diverger, convergent au contraire vers un point qui n'est autre
que l'origine commune des isothermes. On voit très bien cela dans la figure
ci-après (Jïg- 2); ce diagramme montre jusqu'aux plus faibles pressions
la constellation formée par l'ensemble des points appartenant aux diverses
substances, et en particulier les courbes relatives aux trois substances
ci-dessus désignées.
On remarquera que la courbe de l'alcool méthylique, issue du reste du
même point que les autres, sort nettement du ruban ; autrement dit,
l'exception due à la polymérisation déjà signalée au point critique s'étend
jusqu'aux faibles pressions; il doit en être de même pour l'acide acétique.
Le ruban se termine donc à l'origine des isothermes comme l'indique la
figure 1 ci-dessus; dans la région où il se raccorde avec celui de la figure
primitive, il est sensiblement compris entre la courbe de l'éther ordinaire
et celle tracée en trait mixte.
On remarquera encore que l'extrémité supérieure de la courbe de l'argon
passe sous le ruban et ne paraît pas converger vers l'origine commune des
autres courbes. Ce fait est certainement dû à des incertitudes expérimen-
tales, conformément du reste à ce que j'ai déjà dit à propos de l'argon.
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3. Il serait extrêmement intéressant devoir comment viendrait se placer
la courbe de l'hélium; malheureusement nous nous trouvons ici en face
d'énormes difficultés.
Pour l'hélium, en effet, toute la courbe de saturation serait comprise
dans l'intervalle de quelques degrés, la température critique de ce gaz
étant elle-même comprise, d'après M. Kammerlingli Onnes, entre 5° et 6°
absolus; comme la pression correspondante est de 2a,m,i75, la courbe de
saturation construite en p et pv, à l'échelle de la figure i, serait tellement
petite qu'on ne pourrait la distinguer.
On conçoit que la plus petite erreur sur la détermination de la tempéra-
ture absolue entraîne nécessairement des erreurs relatives considérables.
Du reste M. Kammerlingh Onnes n'a donné que quelques densités de
liquides et aucune densité de vapeurs; on ne pourrait donc essayer de
construire — pv), ce sont les courbes ponctuées de la figure 1 dont
8^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les deux branches convergent vers l'origine des coordonnées. Ces courbes
ne comportent pas seulement les états d'équilibre entre le liquide et la
vapeur; à partir d'une température et d'une pression suffisamment basses il
y a passage direct de l'état de vapeur à l'état cristallin; c'est ce qui a lieu
par exemple pour la benzine, d'après le tableau de M. S. \oung, à partir
d'une température comprise entre o° et io° et sous une pression comprise
entre oatm,o349 et oatm,o598. Il y a donc une droite de liquéfaction limite
et la tension de vapeur correspondante est à la fois celle du liquide
et du cristal, on est alors dans les conditions du triple point; voici donc
très vraisemblablement ce qui a lieu : du point d'intersection de cette
droite limite avec la branche inférieure de la courbe de saturation, part
une isotherme limite, toutes les isothermes qui sont au-dessous de celle-ci
correspondent à l'état cristallin sans passage par l'état liquide; pour celles
qui sont au-dessus, il y a eu d'abord liquéfaction, puis cristallisation sous
une pression qui surpasse d'autant plus celle qui correspond à l'isotherme
limite que la température surpasse celle de cette isotherme. A la tempéra-
ture de cette dernière isotherme la liquéfaction et la cristallisation ont lieu,
pour ainsi dire, simultanément; de là résulte l'identité très probable des
cristaux formés après liquéfaction ou sans liquéfaction; sans cette identité
il pourrait y avoir équilibre au triple point entre la phase gazeuse, la phase
liquide et deux phases cristallines; cela entraînerait l'identité des tensions
de vapeurs pour deux phases cristallines différentes, ce qui est peu pro-
bable, sans paraître cependant rigoureusement impossible. De l'origine de
l'isotherme limite partent les deux branches d'une courbe de saturation
relative aux états liquide et cristallin; la recherche de ce que devient cette
courbe de saturation est assez compliquée, on peut se proposer d'en suivre
les transformations en se conformant aux idées si ingénieusement dévelop-
pées par M. Tamman dans un travail bien connu; mais je n'insiste pas da-
vantage sur un sujet aux confins duquel je me trouve conduit incidemment,
quoiqu'il soit bien en dehors de celui que je m'étais proposé de traiter, et
sur lequel j'espère avoir l'occasion de revenir ultérieurement.
AGRONOMIE. — Les matériaux charriés par les cours d'eau des Alpes
et des Pyrénées. Note de MM. A. Miï.vrz et E. Laine.
L'Administration de l'Agriculture a entrepris le recensement des grandes
forces hydrauliques des Alpes et des Pyrénées, en vue de l'utilisation des
SÉANCE DU 17 MARS I9l3. 849
cours d'eau pour la force motrice et l'arrosage des terres. De nombreuses
stations d'observation ont été établies pour le jaugeage du débit des prin-
cipaux d'entre eux, particulièrement aux points qui se prêteraient à la con-
struction de barrages pour l'établissement de réservoirs.
Mais les rivières de montagnes ayant souvent une allure torrentielle, on
se préoccupe du charriage des limons qui, dans un délai plus ou moins
long, envaseraient ces réservoirs et finiraient par les combler. Un intérêt
de premier ordre s'attache donc à la détermination préalable des quantités
de matériaux que l'eau entraîne et peut déposer lorsque sa vitesse d'écoule-
ment vient à diminuer.
Le Comité d'études scientifiques des améliorations agricoles, nous a
demandé d'étudier cette question, qui se rattache directement à la possibi-
lité de l'utilisation des grandes forces hydrauliques. En même temps, nous
avons cru intéressant de déterminer le pouvoir colmatant de ces eaux, envi-
sagées comme eaux d'arrosage, et l'apport en éléments fertilisants qu'elles
fourniraient aux terres irriguées.
En outre, au point de vue de la Géographie physique, ces recherches
pourraient apporter une contribution au problème de l'érosion, de la dénu-
dation des continents. En effet connaissant le débit moyen d'un cours d'eau,
sa teneur moyenne de substances en dissolution ou en suspension, on peut
calculer pour le bassin correspondant la masse des matériaux transportés,
les uns formant les sédiments alluvionnaires, les autres allant se déverser
dans les mers.
L'intérêt de ces dernières études est tel que les Etats-Unis d'Amérique
n'ont pas hésité, depuis quelques années, à les entreprendre sur l'ensemble
de leur immense territoire ( ' ).
En France, les données recueillies sur ces questions sont rares, on peut
même dire qu'elles manquent presque totalement.
Dans la présente étude, nous envisageons surtout le charriage des maté-
riaux en vue de l'ensablement des réservoirs. Nous avons, pour effectuer
ces recherches, établi 2'i stations, i5 dansles Alpes, 8 dans les Pyrénées.
Ces stations, qui se juxtaposent à des stations de jaugeage organisées par le
service des grandes forces hydrauliques, ont été choisies aux points où des
barrages devraient vraisemblement être construits.
Les rivières sur lesquelles ont particulièrement porté nos observations sont, pour
(') Voir H. Baclig, Écoulement /hnial et déni/dation (Afin, de Géographie,
t. XIX, 1910).
85o ACADÉMIE DES SCIENCES.
la région des Alpes, l'Arve, l'Isère, l'Arvon, l'Arc, le Glandon, le Drac, la Drôme, la
Durance, le Verrlon, le Var, ayant toutes à certains moments des allures plus ou moins
torrentielles; pour la région des Pyrénées, le Tech, la Tel, l'Agly, l'Aude, la Garonne
la Neste, l'Adour.
Les quantités de limons charriées par ces divers cours d'eau sont extrêmement
variables. En général les eaux des Pyrénées sont beaucoup moins limoneuses que celles
des Alpes.
Ainsi, la Garonne ne porte que .">" à 5oï de limon par mètre cube. Au moment des
crues exceptionnelles, elle en porte ik», Soo.Son débit dépassant alors 4oom3 par seconde,
c'est encore 52 0oo' de limon charriées par 2/4 heures.
La Neste a une allure plus torrentielle, elle charrie i3ks à i6ksde matériaux par
mètre cube. Mais en temps normal ses eaux sont claires.
Les eaux de l'Adour sont toujours claires, la proportion de limon ne dépasse jamais
5oS par mèlre cube.
L'Agly est la seule de ces rivières qui s'alimente dans un massif calcaire, celui des
Corbières. Ses eaux sont ordinairement limpides. Ce n'est que par de fortes crues
qu'elles charrient jusqu'à 3Sks de limon par mèlre cube.
Les eaux des Alpes sont incomparablement plus chargées de limons. La plus limo-
neuse des rivières alpines est l'Isère. Dans son cours supérieur, alimenté surtout par
des glaciers, ses eaux sonl assez claires et la proportion des limons atteint à peine
2ks par mètre cube. Dans son cours moyen, il n'en est plus de même; elle a reçu
certains affluents tels que le Glandon, qui, au moment des crues, sont de véritables
torrents de boue, charriant i5oks à 26oks de limon. Aussi les eaux de l'Isère
tiennent-elles quelquefois en suspension i23k" de limon par mèlre cube. Le débit de
l'eau étant alors de 38om' par seconde, la quantité de limon charriée en i!\ heures
a atteint 4oooooo'. Les eaux de la Durance sont également très limoneuses, sans
toutefois atteindre les mêmes teneurs. Ainsi à Mirabeau, le maximum que nous
ayons observé n'a été que de iiks,^35 par mètre cube, au début d'une forte crue.
Le débit étant alors de 3j5m' à la seconde, la proportion de limon charriée en i!\ heures
atteignait 370000' (').
Ces quelques chiffres suffisent pour montrer combien sont élevées les
teneurs en matériaux solides charriés par les cours d'eau des Alpes et
pour mettre en garde contre le danger que présenterait la construction de
barrages réservoirs, qui s'ensableraient rapidement et cesseraient alors de
fonctionner.
Les eaux ne sont pas limoneuses à des époques quelconques de l'année.
Les grandes rivières des Alpes, comme l'Arve, l'Isère, la Durance, dont le
bassin d'alimentation comprend d'importants glaciers, ont un régime bien
régulier. La période des basses eaux, se confond avec l'hiver; les eaux sont
(') A d'autres points de vue, Hervé Mangon avait trouvé des résultats analogues
dans ses travaux classiques sur les Limons de la Durance.
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 85l
alors claires. Au printemps surviennent des crues importantes, provoquées
par la fonte des neiges. Au début de ces crues, les eaux entraînent des
quantités énormes de limons, qui résultent de la désagrégation des roches
pendant la période de repos qui a précédé.
Ces quantités de limons mesurent en quelque sorte le degré de friabilité
des roches du bassin d'alimentation. Elles peuvent servir également de
mesure à la masse des roches transformées en éléments fins dans l'intervalle
de deux crues. Pendant l'été, on a une période de hautes eaux entretenues
surtout par la fonte des glaciers, avec des teneurs en limons notablement
moins élevées que pendant les crues de printemps.
Les matières dissoutes, et en particulier la chaux, subissent en même
temps des variations régulières fort curieuses. Dans les rivières des Alpes,
leur proportion, élevée pendant la période des basses eaux de l'hiver,
diminue à partir des crues de printemps et se maintient basse pendant l'été,
pour se relever en automne.
Ainsi l'Isère, à Moùtiers, contient 2o8s de chaux par mètre cube en
janvier et 75^ seulement en juillet; la Durance, à Embrun, contient 138^
de chaux en janvier et seulement 70e en juillet.
Ces résultats trouvent leur explication dans le fait que les eaux provenant
de la fonte des neiges et des glaciers n'apportent pas de principes dissous et
viennent diluer celles qui s'égouttent des terres et qui contribuent en toute
saison à alimenter le bassin.
Les rivières des Pyrénées, où les glaciers sont absents ou peu importants,
ont un régime différent. Les eaux sont claires en toutes saisons, sauf au
moment des crues provoquées par des orages ou des pluies abondantes et
qui peuvent survenir à une époque quelconque de l'année.
La proportion de matières dissoutes, principalement la chaux, est bien
moins abondante dans ces eaux que dans celles des Alpes et n'est pas
sujette à des variations notables.
Ce qui peut contribuer à donner aux Alpes une telle abondance de maté-
riaux charriés par leurs rivières, c'est leur âge relativement récent. Les
Pyrénées, de formation beaucoup plus ancienne, ont été délavées pendant
un temps infiniment plus long.
Il ressort de l'ensemble de ces études qu'il ne faut entreprendre, sur les
cours d'eau des Alpes, la construction de barrages réservoirs qu'avec
beaucoup de prudence, car un envasement très rapide est à craindre. Il n'en
est pas de même dans les rivières des Pyrénées.
C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 11.) Io8
H"l2 ACADÉMIE UES SCJENCEb.
astkonomie PHYSIQI'E. — Stir la théorie de la photosphère gazeuse.
Note de M. (iouy.
1. J'ai déjà essayé de montrer que les parties du Soleil accessibles à la
vue sont vraisemblablement constituées par des gaz et des vapeurs très
raréfiés ('). Il convient d'examiner de plus près quelles doivent être les
apparences présentées par le Soleil dans cette hypothèse, en admettant,
comme première approximation, que le rayonnement soit entièrement ther-
mique et soumis à la loi de Kirchhoff.
Considérons dans la masse solaire une surface de niveau que nous regar-
dons comme plane, et sur laquelle tout est uniforme; z est sa distance à
une origine extérieure au Soleil. Soit, pour un rayon de longueur d'onde A,
f(z)dz le pouvoir absorbant de la couche dz, le rayon étant vertical. Pour
la direction faisant un angle a avec la verticale (2), ce pouvoir absorbant
du
sera > en posant
cosot r
(i) u,= f f(z)dz.
•ci
Soit N ou u, , et comme la
fonction cp2 croit avec la variable, on a donc
100
75
100
Temps moyen
de Lyon.
Ii m s
9.18.29,0
9.18.28,9
IO.I2 .47 ,2
IO. 12.47-2
10.19.17,6
IO.I9. 17,6
10.23 . 0,1
I0.23. 0,5
10. 26. 1 5 . 4
10.28.28,7
10.28.28,6
io.48.36,3
io.48.35,8
1 o . 54 . 5 1 ,0
iQ.54.5ti ,3
10.55. 34.5
io.55.34 ,6
o. i3,6
o. l3,2
. 4.18,6
• 4."8,7
. 5.59,0
■ 5.09,4
Remarques.
Etoile en contact 6" avant
Etoile en contact 4" avant
Difficile à suivre
Difficile à suivre, disparue
entre le battement de 2*
Intermittences d'éclat à deux
reprises avant disparition
Contact 4* à 5S avant
Ces occultations ont été observées à l'équatorial coudé (C) par M. Luizet, et à
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'équatorial Briimier (B) par M. Guillaume. Les phénomènes onl tous été notés au
bord obscur, bien visible, de la Lune.
Les observations rapportées ont été faites dans des éclaircies, et, malgré l'étal très
nuageux du ciel, la définition des images était bonne.
La suite des phénomènes, qui se produisait près de l'horizon, a été cachée par un
banc de nuages.
La désignation et la grandeur des étoiles sont données d'après le Catalogue des
Pléiades de M. Lagrula.
analyse MATHÉMATIQUE. — Sur les matrices hypohermitiennes et les
unitaires. Note de M. Lftox Autonvk, présentée par M. Jordan.
Dans deux Mémoires déjà anciens [Sur l'hermitien (Rendiconti du Cercle
mathématique de Palerme, 1902); Sur V hypohermilien {Bull, de la Soc.
math., 1903)], j'ai étudié les matrices hypohermitiennes et les unitaires.
Soient : a la conjuguée de l'imaginaire a; A = (ajk) une matrice n-aire,
\j, k = 1,2, . . . , n J 5 A' sa transposée, A' = (#/,7) ; A = (ajk), sa conjuguée.
Pour que A soit hypohermitienne, il faut et il suffit que : i° A' = A;
20 l'expression, toujours réelle, y ajk xf xk, ne devienne négative pour
aucun choix des x. Une hypohermitienne invertible devient hermitienne.
A est unitaire si AA' = E„ = «-aire unité. Les racines caractéristiques :
i° pour une hypohermitienne, sont réelles et non négatives ; 20 pour une
unitaire, ont le module 1. Une hypohermitienne ou une unitaire sont
canonisables et admettent une canonisante unitaire.
La continuation des recherches précédentes m'a conduit à une suite de
propositions qui ne paraissent pas absolument dénuées d'intérêt.
Théorème I. — Soit une matrice donnée quelconque A. Il existe toujours une
hypohermitienne canonique F et un couple (L,M)^e deux unitaires L et M,
tels qu'on ail A = LFM. F est définie sans ambiguïté. Si (L, M) est un couple,
tous les autres sont fournis par la formule (LT, T~'M), où T est une
unitaire quelconque échangeable à F.
Théorème II. — Si l'on s'astreint à rester dans le réel, l'énoncé précédent
subsiste, sauf que les unitaires L, M, T sont réelles, c'est-à-dire orthogonales.
Théorème III
AA' = E„.
et W désignent deux matrices réelles ( n = nu
SÉANCE DU 17 MARS IO.l3. 85o,
Soit A «ne orthogonale complexe donnée quelconque,
Introduisons l'orthogonale Q, =
=
(■>
0
0
V
0
8
0
V
0
0
•v,
»
V
V
«0
w
2 V )
o
H
o
iW,
— il
o
o
•J
ou
o
o
Î* + I
o, $
0 et H etort/ deux hermitiennes canoniques v-aires, liées par la rela-
tion 02— H2 == Ev. Il existe toujours un couple (U, V) de deux matrices U
et V, réelles et orthogonales, tel que A = U12V. ù est définie sans ambiguïté.
&'(U,V) e*/ «« couple, tous les autres sont fournis par la formule
(UT, T~'V), oùT est une orthogonale réelle quelconque échangeable à Q, c'est-
à-dire à $ et à W.
Dans les recherches de Dynamique et de Physique mathématique qui se
rattachent au principe de relativité ( Einstein, Lorentz, Minkowski, H. Poin-
caré, etc.), on nomme (voir par exemple : Laue, Das Relatùitâtsprinzip
et Brill, Das Relativitâtsprinsip : Eine Einfùhrung in die Théorie) transfor-
mation lorentzienne une substitution linéaire et homogène, réelle et quater-
naire, qui, effectuée sur les quatre variahles x, y, z, u, admet pour
invariant absolu l'expression x- -+-y2 + s2 — ur. Généralisant notablement
cette définition, je nomme lorentzienne toute substitution linéaire et homo-
gène, rc-aire et réelle, qui, effectuée sur les n variables xj, admet pour
invariant absolu l'expression X = \ ajkXjXk, où la matrice (c/y7>.)est réelle
;*
et invertible.
Il est licite, sans restreindre la généralité, de faire
avec u 4- xs = n. On a d'abord des lorentziennes banales à existence
évidente ( ) , p et q étant des matrices réelles et orthogo-
V o q ) m
nales, respectivement u-aire et ni-aire.
Théorème IV. — Soit une lorentzienne quelconque A. Introduisons la
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 11.) IO9
86p
lorentzienne
ACADEMIE DES SCIENCES.
o (■) II o
o H 0 o
o o o Era_v
■J — V V V 57 — V
U — V
V
1
V
ro — v
(0 et H étant deux hermi tiennes canoniques v-aires, liées par la rela-
tion 02 - H2 = Ev).
// existe toujours un couple (L, M) de deux banales L el M, tel quon ait
A = LFM. F est définie sans ambiguïté. Si (L, M) est un couple, tous les
autres sont fournis par la formule (LT, T~'M), où T est une banale quel-
conque échangeable à F.
Pour les lorentziennes ordinaires, r\ = 4, u
Z, TT,
I
o
o
0
0
i
o
o
0
o
9
ï)
o
0
r;
9
F =
[0, Y) = positifs, ô2 — Y]2 == i; posons 8 = k; rj = /-y, #==-+- ("i — <72) 5;
on retombe sur la formule connue (i6«), p. 9 de BrillJ.
Théorème V. — Soit A une unitaire donnée quelconque. Introduisons
Vunitaire canonique F = \xj, Xje'aj\, où i° cosay>o, om 20 sinay= 1, «
cosa; = o. // existe, toujours un couple (U, V), de deux réelles et orthogo-
nales U et V, tel que A = UFV. F est définie sans ambiguïté. Si l'on a un
couple (U, V), tous les autres sont fournis par la formule (UT, T"' V),
où T = réelle orthogonale quelconque, échangeable à F.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la solution des équations séculaires et des
équations intégrales. Note de M. Ch. Mumtz, présentée par M. Emile
Picard.
Dans une Note récente sur le même sujet ('), nous avons donné une
méthode directe pour trouver les axes principaux (les fonctions principales)
(') Comptes rendus, 6 janvier 1 91 3.
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 861
d'une forme quadratique (d'un noyau symétrique) quelconque. La même
méthode permet aussi de trouver directement les constantes caractéris-
tiques X; il est bien remarquable que cette méthode reste encore vraie, à
quelques restrictions prèsj dans le cas plus général d'une forme bilinéaire
(d'un noyau) non symétrique, d'ailleurs réelle ( — /) ou non.
Soit donc à résoudre l'équation
(•)
Cil, — j £«
en
SijU^i) = o,
où les cik sont des constantes arbitraires. Pour éviter des circonstances plus
compliquées, nous nous bornons ici au cas où les c;k et les racines X sont
réels ; nous supposons de plus tous les A sont positifs, ce que ne diminue pas
la généralité. Formons les puissances
Cv = lk;*f = C||,
et laissons de côté, s'il y en a, les éléments ou les mineurs égaux à zéro pour
tous les v. Soient A,, X2, ..., X„ les racines de (1), ordonnées en croissant.
On aura :
a. En général, le rapport cjjj! : c^+,) tendra pour v croissant indéfiniment
vers À, ; c'est, à ce qu'il semble, le seul résultat déjà connu de cette théorie,
dû à M. Perron (Math. Ann., t. LXIV).
b. Le rapport de deux mineurs correspondants d'ordre [/. dans ("' et Cv+i
tend en général vers le produit X,Xa...X,,; on peut déduire ce résultat
du précédent, en se servant de quelques identités pour les déterminants,
données par M. Rados (Ibid., t. XL VIII).
Mais voici les énoncés plus précis :
c. Dans des cas spéciaux seulement et pour des indices spéciaux, les rap-
ports en question convergeront vers une racine autre que A,, ou vers un
produit des racines autre que X, X2 . . . X(Jl.
d. On obtiendra précisément X, et les produits X,X2. . . X^, si l'on prend,
en passant à la limite, les rapports des valeurs absolues des lignes corres-
pondantes ou de leurs combinaisons dans C et C'+\ le carré d'une telle
valeur étant défini par la somme des carrés des éléments ou des mineurs de
ces lignes.
Au fond, notre méthode présente une simple généralisation du procédé
connu de Bernoalli, et elle est valable dans les mêmes cas que ce dernier.
Toute équation algébrique pouvant s'écrire de différentes manières comme
(S62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
équation séculaire (i), on aura ainsi une méthode directe de solution numé-
rique.
On fera aisément l'extension possible aux problèmes analogues trans-
cendants, et surtout aux équations intégrales.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur tes familles de fonctions algébroïdes.
Note de M. Georges Rémoundos, présentée par M. Emile Picard.
1. On sait que les théorèmes de M. Picard sont complétés par les
travaux de MM. Landau, Hurwitz, Scholtky, CarathéodoryetBoutroux('),
qui donnent une propriété commune à toute une famille de fonctions holo-
morphes admettant des valeurs exceptionnelles; j'ai fait connaître des
théorèmes appartenant au même ordre d'idées et concernant des familles
de fonctions multiformes dans un domaine dans deux Notes antérieures
(Comptes rendus : i° Le théorème de M. Picard et les fonctions multiformes,
t. 155, 28 octobre 1912, p. 818; 20 Le théorème de M. Picard et les fondions
algébroïdes, 3o décembre 1912).
2. Je me propose de faire connaître ici de nouveaux résultats concernant
les familles de fonctions algébroïdes.
I. Considérons une famille (f) de fonctions algébroïdes définie par
l'équation
(1) F(^,«) = "" + A1(j)««-|+A2(,-)«»-2-h...+ A„_1(5);/-i-;?(;)=o,
où les fonctions entières A, (s), A.,(s), . . ., A„_,(:) ont tous leurs coefficients
donnés et fixes :
A,(;)=f/1+i,;+f1c! + ...,
A, ( z ) = a2 + bïz -+- CiZ- -+- . . . ,
(2)
Ah-i(~) = «n-i-t- *«-t5 + C„_iSs + . . .,
et g (s) désigne une fonction entière
( 3 ) g( z) — a ■+- p., : + y., s* ■+- fx.,53 + . . . ,
dont le premier coefficient seulement est fixe, tandis que tous les autres, u.,, tx.2,
|j.:1. . . ., sont des paramètres variables; considérons aussi un nombre u, diffë-
(') Tout récemment M. Montel a fait connaître des nouvelles généralisations impor-
tantes des théorèmes de M. Picard [Sur quelques généralisations nouvel/es des
théorèmes de M. Picard (Annales de l'Ecole Normale, 3e série, t. XXIX, année 1912;
Comptes rendus des séances de la Société mathématique de France, séance
du 18 décembre 1912)].
SÉANCE DU 17 MARS I 9 I 3 . 863
rent des racines de l équation
(4) P(«)= M"_1-hrt,«"-2+ a, m"-3 H- . . . + «-„_, = 0,
z7 existe un nombre fixe K /e/ r/Me /owie fonction de la famille (f) assujettie
à la condition
(5) |/*i|>K
prenne une fois au moins l'une des valeurs o et u, à P intérieur d'un cercle
(6) |*|?(yo.y,) (').
où
— « jj.|I'(»|) — a(b,un -2-t-fe2»"~3 + ...+ <*„_, )
J'établis ensuite un théorème plus général concernant les familles (F)
définies par une équation
«F(s, M) = "" + Ai(s)""-1-f----
-+- Av_, (;),/"-'+■ + *(«)«" l'+Aï+1(:)««+' + ...+ A,(;) = o,
dans laquelle le coefficient £'(-) d'un terme quelconque contient les para-
mètres variables [/.,, [jl2 , fjt.3 , ..., les autres fonctions entières A ,(z), A, (s), ...,
Av_, (s),.Av+1(s), . . ., A„( = ) étant fixes; nous considérons ici deux valeurs
quelconques u, et a., différentes de zéro.
Ce théorème a le même énoncé que le précédent, sauf que la condition
P(w,) ^ o est remplacée par la suivante :
( u{ — u\ ) + al{ 11)-'— Wf1 ) -4- . . .
Lorsque v — n et 11* — o, nous retombons à la condition P («,) =£ o du
théorème I.
Faisons encore pour le théorème I la remarque suivante : Si nous donnons
au paramètre a, une valeur fixe assujettie à la condition ( 5), nous obtenons
(') C'est la fonction bien connue indiquée par M. Landau et déterminée par
M. Caralhéodory. Voir, par exemple : F.. Landau, Ueber den Picardschen Satz
( Vierteljcthrsschrift der Naturforschenden Gesellschaft in Zurich, Jahrgang 51,
1906).
86/( ACADÉMIE DES SCIENCES.
une nouvelle famille extraite de la famille (/), pour laquelle le rayon R est
aussifixe.
3. Donnons la définition suivante : Une valeur w, ^ o sera dite hyper-
exceptionnelle d'une fonction algébroïde u = a(z) dans un domaine (D) si
cette fonction et son adjointe a, ne prennent pas la valeur //, dans ce do-
maine. Nous établissons le théorème suivant :
II. Soit (G) la famille de fonctions u =a(s) algébroides ayant le même
nombre n de branches et prenant en z — o comme valeurs les racines de
l'équation
P(u) = h" H- (!,«"-'+ a,u"~--\- . . . + «„_!« 4- a„= o,
les coefficients a,, a.,, . . ., an étant des nombres donnés quelconques.
Si les valeurs o et y. sont exceptionnelles et la valeur ut=f=o est hyper-
exceptionnelle pour toute fonction de la famille dans un cercle |s| <^R,
il existe un nombre fixe K(a,, a.,, ..., a„, ut) > o tel que nous ayons
Vinégalitè ( ' )
| « | > K
satisfaite pour une au moins des brandies dans le cercle | s | < — •
Le nombre K est donné par la formule
i „ i
où Ton a
(*>(3o))"
P(«.)
'•>{%)
= eiï.
en désignant par A le plus petit des nombres
logô„
log(r— ô„)|,
les logarithmes étant pris en valeur réduite.
4. Donnons les définitions suivantes :
«.'. Si nous considérons une suite de fonctions
/,(s), /,(*), /,(*) /„(*)
(') On peut dire que la famille en question est bornée dans un sens large du mot,
parce que les n points u = a(z) ne pénètrent jamais simultanément à l'intérieur du
cercle | u \ > K, qui est, par conséquent, un domaine exceptionnel pour la famille ((i).
L'intérêt d'une telle famille, dans le cas de fonctions holomorphes, est montré par
M. iMonlel [Sur les familles de fonctions analytiques qui admettent des valeurs
exceptionnelles dans un domaine (Annales de l'Ecole Normale, 3e série, t. XXIX,
1012)1
SÉANCE DU 17 mars igi3. 865
algébroïdes à v branches dans un domaine D, nous dirons que celle suite
converge uniformément vers un ensemble fini de fonctions algébroïdes f(z),
si l'on peut faire correspondre à chaque nombre positif e arbitrairement
petit un entier/; tel que pour n^>p on ait
I /(*)-/«(*)!<«.
pour une au moins des brandies des /'(s) et pour une au moins des branches
des/*„(s) et pour tout poinl z appartenant au domaine D,.
C'est une généralisation de la convergence uniforme classique.
p'. Une famille (F) de fonctions algébroïdes à v branches dans un
domaine D sera dite normale si, de toute suite infinie formée de fonctions
de (F), on peut extraire une suite nouvelle convergeant uniformément,
dans l'intérieur de D, vers des fonctions algébroïdes (l'infini compris), dont
le nombre total de branches est égal à v. Le nombre des fonctions limites
sera, par conséquent, au plus égal à v; si v = 1, nous retombons à la notion
des familles normales de fonctions hnlomorphes utilisée par M. P. Monlel
dans ses importants travaux. | 1. Sur les suites infinies de fonctions (Thèse et
Annales de l'École Normale, 3'' série, t. XXIV, 1907) ; '2. Leçons sur les séries
de polynômes à une variable complexe, Paris, (lauthier-Villars ; 3. Sur les
familles de fonctions analytiques qui admettent des valeurs exceptionnelles
dans un domaine (Annales de l'Ecole Normale, t. XXIX, 191 2).]
Xous établissons le théorème suivant :
III. Toute famille de fondions algébroïdes à un nombre fixe v de branches
dans un domaine D, bornées dans leur ensemble dans le même domaine, est
un e famille n orma/e .
C'est une extension aux fonctions algébroïdes d'un théorème énoncé par
M. Montel dans ses travaux ci-dessus énoncés (I) et (3).
NOMOGRAPHIE. — Sur la disjonction des variables dans les équations repré-
sentables par des nomo grammes à points alignés. iNote de M. Farid
Buui.au Iîey, présentée par M. Appell.
On sait qu'une équation quelconque F, 23 = o à trois variables gtfsitz9
est représentable par un nomogramme à simple alignement, si elle peut
F,
G,
il.
F,
G,
IL
F,
G,
H3
866 ACADÉMIE DES SCIENCES,
être mise sous la forme du déterminant (' )
(0
F,, G/, H, désignant des fonctions réelles d'une seule variable :-,-. Nous avons
déjà indiqué diverses méthodes propres à effectuer cette réduction lors-
qu'elle est possible ('-), c'est-à-dire d'opérer ce que M. d'Ocagne appelle la
disjonction des trois variables s,, z2, s3. Nous allons ici présenter une
nouvelle méthode permettant, dans bien des cas, d'effectuer cette opération
parla seule résolution de trois identités fonctionnelles au moyen de la notion
si féconde des valeurs critiques de M. d'Ocagne.
Les solutions fournies par cette méthode offrent d'ailleurs un intérêt
particulier, en raison du grand nombre de paramètres arbitraires qu'elles
renferment et qui se prêtent à diverses variantes.
En l'appliquant à l'équation d'ordre 3, nous établirons que les trois
genres de nomogrammes à échelles cubiques, coniques et rectilignes connus
comme représentatifs de cette équation peuvent être définis au moyen d'un
seul déterminant général à 12 paramètres arbitraires, et que les deux
genres de nomogrammes coniques et rectilignes peuvent aussi s'obtenir en
décomposant en facteurs l'équation générale résultant de ce déterminant
pour les supports des échelles correspondantes.
En effet, en remarquant que l'équation quelconque Fl23 = o peut s'écrire
sous la forme
(s) Fus— ' x F,ï3+o xdiH, + o x fm+o x Xm=°i
où (I)i2:1,1ï'i23)'/,i23 sont trois fonctions arbitraires, il est aisé de voir que, si
ces trois fonctions sont telles que les trois identités suivantes :
1 > X Fm+ Fi *m+ 6i?in+ H,Xiu= o (quels que soient z, et s3),
(3) ixF^j+Fsdiuj+Gîfijj+HjXisi^o (quels que soient s, et s3),
f 1 X F,î3-1- F3$,S3-i- G3ttla3-|- H3y123 = o (quels que soient ;, et c2),
admettent une solution par rapporta F,, G,, H,, le problème ci-dessus est
(') Traité de Nomographie, par M. d'Ocagne, p. 123, et son Cours de Calcul
graphique et Nomographie, p. 221.
(2) Comptes rendus, \[\ février 1910, p. 379; Bull, de la Soc. math, de France,
t. XXXIX, 1911, p. io5, et t. XL, fasc. 4, 1912. p. 383; Inlern. Congress of Malhe-
maticians, Cambridge, 191 2.
SÉANCE DU 17 MARS 1913. 867
résolu d'une manière générale, car ces trois identités avec l'équation (2)
donnent, par élimination, un déterminant du quatrième ordre qui se réduit
immédiatement au déterminant voulu ( 1).
Cela posé, montrons comment on peut résoudre algébriquement ces iden-
tités dans le cas d'une équation d'ordre quelconque. Soient/,1, f], . .., f"
(pour «'= i,2,3) trois systèmes de fonctions quelconques, chacune d'une
seule variable sj, par rapport auxquelles l'équation proposée est nomogra-
phiquement rationnelle sous forme homogène. Prenons, pour chacune des
trois fonctions ci-dessus ^,>3,Wl.,3,y_li3, une expression qui soitaussi nomo-
graphiquement rationnelle par rapport aux mêmes systèmes de fonctions
fnfh • ••■>/"• Considérons comme paramètres les coefficients des termes
contenus dans ces expressions. Cela dit, pour avoir un quelconque des
trois systèmes de fonctions F,, G,, H,, par exemple le système des trois
fonctions F,,G, , H, qui doivent vérifier la première identité (3), recher-
chons par le procédé de M. d'Ocagne les équations qui déterminent les
valeurs critiques de z, correspondant à une valeur indéterminée donnée à
chacune des autres variables z.2 et z3 dans cette identité.
Pour cela, ordonnons celle-ci par rapport aux quantités ou groupes de
quantités/*/^, /*, f% e t égalons à zéro les facteurs de toutes ces quantités (')
dans le développement obtenu. Nous aurons alors un système d'équations
linéaires en F, , G, , H , .
A présent, il suffit de vérifier la compatibilité de ce système quel que
soit zK et d'en résoudre ensuite trois équations quelconques, pour avoir les
éléments cherchés F,, G,, H,.
Application. — Ecrivons la forme canonique suivante, entièrement symé-
trique, de l'équation d'ordre nomographique 3 la plus générale
( 4 ) F1S3= «/, /,/, -t- (3 1/ifj + ylft + i = o.
Pour effectuer la disjonction des variables par la méthode en question,
adoptons, en nous référant aux notations ci-dessus, les expressions suivantes :
*i!3 = m /, /,/, + n 1/,/j + p 2 fi + g,
T1!3= m' 7,/,/,+ nlïfifj + p'Zfi+ ,
Xti, =ml'flftfi+n"lfifj + p"1fl+q',
où m, n, ..., p", (/" sont des paramètres arbitraires.
(') Ces quantités j™ f^f\, j% étant linéairement indépendantes.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 11.) I IO
868 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Introduisons ces expressions dans les trois identités (3). Ensuite résol-
vons la première de celles-ci par le procédé ci-dessus de M. d'Ocagne; nous
aurons le système suivant d'équations linéaires définissant les éléments
inconnus F,, G/, H, (pour i= i, 2 et 3 en raison de la symétrie complète)
( F,(mfi+ n) + G,(>»'/,+ n') + Hi(m''fJ+ n".) =-«/<•- (3,
(5) < F,(« ft + p) + G,(«' fi+pf ) + H£(«" /, + /»') = - (3/,— y.
! F/i /> .A -+-?) + &( // /, + ') + n,(p" A + g" ) = - yf - §.
Remarquons que, si, dans ce système à 12 paramètres arbitraires, on
fait
a—p'z=i et « = , G,= /?-y, H,=/f + «.
Les éléments F,-, G,, H, du déterminant générateur du nomogramme
représentatif de l'équation (4), étant ainsi définis par les équations (5),
pour avoir, à présent, en coordonnées cartésiennes et homogènes x, y, :-,
l'équation générale des supports des échelles de ce nomogramme, il suffit
de substituer oc, y, z respectivement à F,, G,, H, dans les deux équations
linéaires et homogènes résultant de l'élimination du second membre des
équations (5) entré celles-ci. Ensuite, en éliminant f, entre ces deux
équations homogènes, on aura une équation du troisième degré repré-
sentant le support aux échelles ci-dessus. Cette équation étant à 12 para-
mètres arbitraires, on peut démontrer qu'elle est décomposable en deux
facteurs représentant les équations des supports correspondant aux deux
genres de nomogrammes coniques et rectilignes.
Nous nous réservons d'étendre celte méthode aux équations à quatre
variables d'ordre quelconque représentables par double alignement.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le théorème d'indépendance de Hilbert.
Note de M. Tu. De Doxder, présentée par M. P. Appell.
I. Grâce à la théorie des invariants intégraux, nous avons étendu dans
ces Comptes rendus (séance du 17 février i()i3) le théorème d'indépen-
dance de Hilbert, au cas où la fonction F dépend des n fonctions v, , . . . , y„
SÉANCE DU 17 MARS lO,l3. 869
de la variable indépendante t, ainsi que de leurs- dérivées jusqu'à un ordre
quelconque ; cette théorie fournit aussi l'extension des résultats de MM. Hil-
bert, Hahn et Bolza, relatifs au cas où F ne renferme que les dérivées
premières.
II. Supposons maintenant qu'il y ait plusieurs variables indépendantes,
par exemple t, et /2; et pour plus de simplicité aussi, supposons que F ne
contienne les dérivées partielles que jusqu'à l'ordre deux. Posons
III. Soit
(<)
un invariant intégral relatif i-uple (') des équations différentielles totales,
immédiatement intégrables
fyi—Yu{titîy)dtl + Yi,(t1ity)dti (i=i. ...,n).
On aura, par définition,
dt , eft2
^i + ^î-aF,
où F est une fonction dey,, .. -.y,,, tt, t.,, et où o/, = o/2= o.
Pour que (2)
( 2 ) v , ( nu. ôJ; ^2 _ n21. ô>,- 0/, ) +
P— y^N./Y.i+N./Y,
,Y2,) 3f, ô/.
soit une différentielle exacte 2-uple, il faut et il suffit que j, et y, soient deux
différentielles exactes (où o£, = 0^ = 0 ).
IV. Considérons la fonction F du n° II et identifions
^ V, [ p,,o>,+ q,,o/,"+ R„â,-,-] + ^ y , -[P„ ôfi+ Q±W + n,,syy] ^àF.
1 1
(') Nous avons indiqué cette extension dans une Note présentée, par M. Appell, à
l'Académie des Sciences de Paris (séance du g septembre 1901).
(-) L'expression (2) se déduit de (1) par un procédé analogue à celui employé dans
notre Note précédente.
870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On trouve n équations aux dérivées partielles
dF ~ d dF d_ dF_ d>_ àF d> dF d% dF __
(o) Hyt~~dTl dfp ~ dt,_ dyfi + dt\ dfp~> + dt, dt, Of,1-' + dt\ dy\™ ~
et des équations qui déterminent complètement les Pu, . . ., R._,,, à l'excep-
tion des Rw et des Q2;-, qui ne sont soumis qu'aux conditions
r. «-v àF , .
V. Supposons que l'on connaisse 2 n fonctions y1,", . . -, r„' , ,)'',", • ■ •, y™
des n -t- 2 variables v,, . .., ,)'„,/,, t..,, satisfaisant identiquement aux équa-
tions (3). Posons
et de même pour iN2,.
On aura le théorème d'indépendance suivant : Pour que
(4) v,(^ôj,0%-n~ôv,ô<,)+ f-2'0wFt-|-n«7Fî) Uti'tt,
soit une différentielle exacte 2-uple, il faut et il suffit que
n
I
n
soient deux différentielles exactes.
Si n = 1, l'expression (4) sera toujours une différentielle exacte 2-uple.
MÉCANIQUE. — Appareil de mesure des vibrations de corps solides
en mouvement . Note de M. Cari.o Bouri.et, présentée par M. H. Sebert.
La mesure de la fréquence et de l'amplitude des vibrations d'un corps
solide en mouvement, par exemple du châssis d'une voiture ou de l'aile
d'un aéroplane, ne peut pas être effectuée avec les instruments ordinaires,
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 87 1
parce qu'on ne dispose pas, au voisinage du corps vibrant, d'un support
fixe sur lequel on puisse installer un appareil enregistreur.
Pour réaliser cette mesure j'ai imaginé le dispositif suivant qui n'exige
aucun support fixe au voisinage immédiat de la pièce vibrante. Il com-
prend deux capsules manométriques reliées entre elles par un tube de
caoutcbouc qui peut être aussi long qu'il sera nécessaire. Sur la membrane
flexible de la première capsule, dite réceptrice, est collé un large disque
métallique assez lourd. On fixe cette capsule directement sur le corps
vibrant, de façon que le plan de sa membrane soit normal à la direction des
vibrations. La capsule participe ainsi au mouvement vibratoire, sans le
troubler, pourvu que sa masse soit très faible par rapport à celle du corps
vibrant. En vertu de son inertie, le disque métallique prend alors, par
rapport à la capsule, un mouvement oscillatoire relatif inverse, et la mem-
brane est ainsi animée d'un mouvement vibratoire de même période que
celui qu'il s'agit d'enregistrer. Les variations de pression qui en résultent à
l'intérieur de la capsule réceptrice se transmettent à la seconde capsule
dite enregistreuse, laquelle est disposée comme une capsule ordinaire de
Ylarey et est munie d'un style qui inscrit ses mouvements sur un cylindre
tournant.
Par exemple, pour mesurer la vibration d'une aile d'aéroplane, on fixe par deux vis
la petite capsule réceptrice au point de l'aile qu'on veut étudier. Le dispositif enre-
gistreur est placé dans le fuselage sur un matelas amortisseur et le tube de caoutchouc
qui relie les deux capsules court à l'intérieur de l'aile.
Un calcul sommaire montre que le mouvement relatif du disque par
rapport à la capsule réceptrice est composé d'une part d'un mouvement
vibratoire principal syncbrone de celui qu'on veut enregistrer et d'autre
part d'un mouvement vibratoire secondaire dû à l'élasticité de la mem-
brane. Il faut évidemment construire l'appareil de telle sorte que ce
mouvement secondaire soit tout à fait négligeable, (''est ce qu'on obtient
en employant une membrane épaisse, bien tendue, et un disque métallique
de grand diamètre qui la couvre presque entièrement de façon à ne laisser
qu'une étroite bande circulaire à découvert. Dans ces conditions, le calcul
fait prévoir que, pour une fréquence donnée, l'amplitude a' des oscillations
du style enregistreur est proportionnelle à l'amplitude a des vibrations
qu'on veut mesurer, mais que le rapport de ces deux amplitudes est une
fonction décroissante de la fréquence.
Cet appareil a été exécuté au Laboratoire du duc de Guicbe avec lequel
j'ai étudié la réalisation pratique du dispositif.
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'expérience confirme les prévisions théoriques :
1" Le mouvement vibratoire secondaire est absolument négligeable et
même en général imperceptible, de telle sorte que les fréquences du mou-
vement vibratoire qu'on mesure et du mouvement du style sont égales;
20 Pour une fréquence donnée, le rapport/- = — reste constant quand on
fait varier a;
3° L'amortissement /■ augmente quand la fréquence diminue.
Pour se servir de l'appareil, il faut donc l'étalonner au préalable au
laboratoire de façon à connaître r en fonction de la fréquence. Les expé-
riences d'étalonnage que nous avons faites ont montré que les indications
de l'appareil ne sont pas modifiées par la forme du tube de caoutchouc qui
relie les deux capsules, qu'on peut à volonté maintenir déroulé ou enroulé
pourvu que le nombre des enroulements ne soit pas trop grand. Il est bien
clair que cet étalonnage ne vaut que pour un appareil déterminé; mais une
fois établi, on peut se servir de l'instrument pendant assez longtemps sans
avoir besoin d'en faire la vérification.
MÉCANIQUE. — Sur la propagation des déflagrations dans les mélanges
gazeux. Note de M. Emile Jouguet, présentée par M. L. Lecornu.
1. Je me propose d'étudier les mouvements permanents, par tranches
parallèles, d'un mélange gazeux susceptible de brûler, dans l'hypothèse où
les échanges de chaleur se font par conductibilité. On peut espérer obtenir
ainsi des résultats applicables, en première approximation, d'une part au
problème de la combustion d'un mélange s'écoulant par un orifice, bien
qu'ici le mouvement ne se fasse pas par tranches parallèles, d'autre part à
celui de la propagation lente des flammes dans les tubes, étudié par Mallard
et Le Chatelier, bien que l'expérience ne donne pas, pour cette propagation
des déflagrations, de régimes rigoureusement permanents, le mode d'avan-
cement de la flamme s'altérant toujours spontanément au bout d'un certain
parcours.
2. Soient v le volume spécifique du fluide, T sa température absolue, a la
variable chimique, p la pression, u la vitesse ; k le coefficient de conducti-
bilité; C,//, /les coefficients calorifiques de l'unité de masse qui, commet,
sont en général fonctions de p, a, T.
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 873
Le mouvement étant permanent, c, T, a, p, 11 sont fonctions de x seul.
Désignons d'ailleurs par =- la dérivée prise en suivant une molécule, en
remarquant que r- = «j- Les équations du problème seront :
(1) : — - = o ou u =: mv ( équation de continuité) ;
dx
, \ dp du _ , _,
(a) v-j — h « -r- = o ou i> + iiiii:=u ou o-f-m2r = D;
dx dx
,o, ,^ / „, Da De rfT\ . , . , . . ...
(i) r I ('. a, 1, yr- > -=--> —t- \ =0 (équation de la combustion chiniique) ;
(4) f/r \ etey c\ D/ D« DtJ \ dx d.r d.r
' (équation de la conductibilité); .
(5) /)= n ("/ — O f d'Y
dx
{p — b)(a — p),
a et b étant de nouvelles constantes qui peuvent remplacer D et E, et telles
que D = (y + 1 ) L'équation (5) est d'ailleurs
D'où, par (1), (2),
(8)
pv — HT.
T _.yp(P— p) _ p[(y + ■)(« + &
h m- 2 H m'1
2P]
L'élimination de T entre (7) et (8) donne, après intégration
(y
(y + ,)a + C/-3)6 (/-„3)« + (-/ + l),
rt — b
L{a-
dT
est
l1 = — »
On voit facilement, sur ces formules, que la condition ,
vérifiée d'elle-même.
Suivant que a est inférieur ou supérieur à l &, les fonctions (9) sont
représentées par la ligure 1 ou la figure 2.
_>
Fia. 1.
0
Fie. .'.
Des calculs numériques montrent que la figure 1 ne donne pas une élé-
vation de température suffisante pour passer de la température ordinaire à
la température d'inflammation des gaz usuels. De plus, quand on a en vue
des indications applicables au cas de l'écoulement par un orifice, il faut
que la pression diminue de r = — se à x = o. Il faut donc se reporter à la
figure 2, dont d'ailleurs l'arc MN convient seul pour remplir l'espace
SÉANCE DU 17 MARS 1913. 8^5
4. On peut tirer tout de suite de ce qui précède une limite supérieure
de la vitesse de propagation uu. La température maximum, celle du point N,
est-rj- — ■ ou S — ," ,
4 H m1 4 ri zz-
Elle doit être supérieure à t, ce qui donne, pour les petites vitesses de
propagation, qui sont celles qui nous intéressent,
(10) «0 < y R ( 2T - T0 )-2Rv/t(t- T0 ).
Cette limite est inférieure à y'R.T,,, vitesse du son dans le milieu frais cal-
culée par la formule de Newton. Elle est malheureusement encore assez
élevée.
5. La tranche x = o est, pour v et T, une onde au sens d'Hugoniot.
Si la loi de la combustion (3) est telle que la vitesse de réaction soit nulle
au voisinage de T = t, on montre facilement que la vitesse par rapport à la
matière d'une onde du premier et du deuxième ordre pour v est \ 'Ht. Cette
valeur, compatible avec la limite (10), est néanmoins trop forte pour les
nombres expérimentaux. L'ordre de l'onde doit donc être supérieur au
deuxième.
Si l'on admet, en première approximation, que la vitesse de réaction est
finie dès qu'on arrive à T = t, on voit de même que l'onde peut être du
deuxième ordre en v et T.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur l'extension des équations mécaniques de
M. Appell à la Physique des milieux continus. Application à la théorie des
électrons. Note de M. Edouard Guillaume, présentée par M. Appell.
M. Appell a montré (') que les équations générales de la Dynamique,
pour un système quelconque, peuvent s'obtenir en cherchant le minimum
de la fonction quadratique des accélérations
n
(I) H = S-2>'/: avec S^|/,
1
S étant V énergie d'accélération, Q; la force généralisée et q\ la dérivée
seconde par rapport au temps de la coordonnée généralisée qt\ il a indiqué
(') P. Appell, Traité de Mécanique rationnelle, t. II.
C. R., i.iio. 1" Semestre. (T. 156, N' 11.) ! 1 I
876 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'application de ce principe à l'Hydrodynamique et à l'Electrodyna-
niique (' ).
Pour étendre la relation (I) aux milieux continus, nous ferons d'abord
les remarques suivantes :
i° Si le système possède une énergie potentielle W, on a
2Qi?ï=W'+R, (1=1,3,...,*)
en désignant par Q, les forces dérivant de ce potentiel et par R, un terme
indépendant desq"t. Les n — k forces restantes seront ailes forces extérieures
au système et l'on posera
n
E=2Qirf (l=k + i,...,n);
k + i
20 S'il y a des équations de liaison de la forme
J/,= o,
on peut introduire (2), par une généralisation de la méthode des multipli-
cateurs de Lagrange, des fonctions à déterminer XA, de façon que ^jA^J^
puisse être considérée comme une énergie potentielle supplémentaire;
3° Dans le cas où l'énergie cinétique T est exprimée en coordonnées car-
tésiennes, on a
1 àT" _ dS
2 dx" ~ dx" '
L'équation (I) peut alors être remplacée, si l'on fait usage de coordon-
nées cartésiennes, par
(!') R=iT''+W" + V(X/,J/,)_E.
Si les coordonnées sont quelconques, il faut mettre S à la place de -T".
Il est maintenant aisé d'écrire la fonction R pour les milieux continus.
Dans ce cas, on considère le mouvement d'un élément de volume dx d'un
certain volume V limité par une surface a dans le milieu. Les fonctions S
ou T et W deviennent des intégrales étendues au volume V. Le terme
relatif aux équations de liaison s'obtiendra en multipliant les premiers
(') P. Appell, Aperça sur l'emploi possible de l'énergie d'accélération dans les
équations de i E leclrodyna inique (Comptes rendus, séance du 22 avril 1912).
(-') II. Poincarê, Leçons sur la théorie de l'élasticité, 1892.
SÉANCE DU 17 MARS I9l3. 877
membres de ces équations respectivement par ~khd-z, en les ajoutant et en
les intégrant sur tout le volume V. Le terme R pourra donner à la fois une
intégrale de volume et une intégrale de surface. En définitive, R se présen-
tera sous la forme
r =///** +/>*'
©0 et fj/0 pouvant contenir les accélérations et leurs dérivées partielles. On
explicitera ensuite les accélérations de façon à mettre R sous la forme
*=fff«*+ffo*.
où o, et '■]/, sont des polynômes du second ou du premier degré par rapport
aux accélérations. Cette transformation est possible, le système étant sup-
posé mécanique. En variant les accélérations, on formera la variation §R
qui doit être nulle quelles que soient les variations des accélérations. En
annulant les coefficients de ces variations, on obtiendra les relations cher-
chées.
Application à la théorie des électrons. — Maxwell est le premier qui ait
établi un lien mathématique entre la mécanique et les phénomènes élec-
triques. Il se servait des équations de Lagrange : il supposait donc les sys-
tèmes holonomes. M. H. -A. Lorentz a repris et généralisé les idées de
Maxwell ('). D a montré, en particulier, que si l'on considère l'énergie du
champ magnétique
(,) T=LJff"""
comme une énergie cinétique, et l'énergie du champ électrique
m w=ïil/
i2dz
comme une énergie potentielle, les vecteurs I) et fc satisfaisant aux équations
de liaison
(3) crotl) — udivft — b'=o,
(4) divl, = 0
(0 vitesse de la matière, c vitesse de la lumière), il est possible, au moyen
du principe de d'Alembert, d'établir l'équation fondamentale
(5) rolb — — — h'-
c
(') H. -A. Lorentz. Archives néerlandaises, t. XXV, 1892, et Encvkl (1er math.
Wissenschaflen, V2, 1904.
878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La démonstration exige certaines restrictions dues à l'emploi des quan-
tités d'électricité comme coordonnées et à l'introduction de leurs déplace-
ments virtuels. M. Lorentz est alors conduit à définir une nouvelle classe de
systèmes qu'il nomme quasi-holonomes. Il suppose qu'un système d'électrons
appartient à cette classe.
En partant de l'expression (I'), on peut, étant données les équations (1),
(2), (3) et (4), établir l'équation (5 ) en supposant, d'une façon générale, le
système non holonotne. En effet, conformément aux significations de T et
de W, le champ magnétique I) est l'analogue d'une vitesse, ty d'une accélé-
ration ; î»,le champ électrique, mesurera la déformation produisant l'énergie
potentielle, V sera la vitesse de variation de cette déformation et V en sera
l'accélération; l'équation (3) permet d'exprimer immédiatement V en fonc-
tion de I)', de sorte que nous n'aurons plus qu'une équation de liaison,
l'équation (4), à considérer.
Appelons Sda la force agissant sur l'élément da, on a
R = f f ! (^V2+ ci iotl)'— il' di\\)')dz- ! jStfdff-ir...
= f f f(\ |,'»+ <■!)' rot!» -+- alj'gradA') d- - / f(c[bl)']„-h /'lj' + *lj') da + . . . .
De l'intégrale de volume on lire
1
(6) h'=: rotù — 2 <*radV.
x ' r.
Pour déterminer A', il suffit de former div I)' en tenant compte de l'équa-
tion (4).
On trouve alors que A' doit être constant; son gradient est donc nul et
l'équation (6) se réduit à l'équation cherchée (5). L'intégrale de surface
permet de déterminer la force S . Pour trouver la signification de celle-ci,
il suffit de chercher le travail par unité de temps. On trouve, en prenant la
constante A' égale à zéro,
£\) =-c[M)]„,
c'est-à-dire le flux d'énergie de Poynting.
Si, restant dans l'éther, on partait des équations (1), (2), (4) et (5),
l'expression (I') permettrait de déterminer l'équation (3) privée du terme
relatif à la matière. On met ainsi en évidence, d'une façon frappante, ce
dualisme si souvent constaté en électricité.
La fécondité de la méthode proposée ici provient de ce qu'on substitue
aux déplacements virtuels des accélérations virtuel/es. Les quantités d'élec-
tricité n'entrent plus enjeu. Il n'est pas besoin de pénétrer dans le méca-
nisme du phénomène.
SÉANCE DU 17 MARS igi3. 879
De la possibilité d'établir, pour la théorie des électrons, les expressions
A„,, l'absorption diminue aussi régulièrement
jusqu'à A = 3706. Pour faire des mesures d'absorption pour des rayons
moins réfringents, il faudrait prendre des épaisseurs d'acétone plus grandes
que 75omm. Il n'existe donc pas de deuxième bande d'absorption vers 365o,
ainsi que l'a affirmé Gelbke d'après des mesures qualitatives sur l'acétone
pure sous une épaisseur de 35oinra.
Tableau I.
Solution
alcooliq
ue d'acéti
E.
jne.
Acélone pure.
X.
s.
A.
E.
\.
E.
À.
£.
2144
2
3226
0,295
344 >
0,00 1 2
2195
°
2981
5,5
327 ■
0,127
3452
0,OO094
0288
',4
2020
8,.
3oo5
4,4
3a85
0,098
3470
O,OO068
233i
2,16
254g
9,4
3020
4,o4
3297
0,071
3475
o,ooo53
2348
2>7
258 I
10,8
3o42
3,5
33o6
0,039
3565
0,00026
2375
3,2
2648
14,0
3o47
3,2
3329
0,020
3570
0,00025
2382
3,5
-2706
15,8
3oÔ2
2,7
3367
0,010
3648
>o,oooi5
23go
3,6
2770
14,0
3079
2,16
3383
0,0059
3648
0,0001 1
2444
5,5
29,8
8,1
3i32
1,08
3427
o,ooi5
3687
3706
-+- 9,46
CuCl2 +9)3] -+-10,75 (2)
Le sulfate de cuivre anhydre et le sulfate monohydraté avaient aussi
même coefficient d'aimantation. On est conduit à formuler les sels :
SO'Cu.5H20 et CuCl2.2H20,
(SOCu.H-0)-i-4H20,
(ÇuCI,.HîO) + H,0.
On sait que le chlorure cuivrique forme avec les chlorures alcalins un
grand nombre de combinaisons hydratées ou anhydres. L'observation des
coefficients d'aimantation d'un certain nombre de ces corps a donné les
résultats suivants :
/.MO6. /.m.IO6.
— — ■ — — - — -^"- Poids Coef. d'aimanlat.
Observé. Calculé. moléculaire. moléculaire.
CuCI2.2H20 +8,35 » 170,6 i43a
CuCl2 -H),3i +10,75 i34,6 121 1
CuCI2.2NH4CI.2H20 . +4,95 » 277,6 i375
CuC^^NH'Cl +5,23 +5,97 241,6 1263
CuCI2.2KCI.2H2(). .. +4,3o » 3i9,6 1375
CuCI2.2KCI +4,28 -h 4,94 aS3,6 1218
CuCI2.NaCl +6,48 » 193 i25o
CuCl2. KO +6,o3 » 201 1261
On voit, dans ce Tableau, que la formule d'additivité ne s'applique dans
aucun cas pour l'eau et le sel anhydre.
On voit, de plus, que les coefficients d'aimantation moléculaires des sels
anhydres, de couleur brune comme le chlorure de cuivre anhydre, se
groupent autour d'une même valeur moyenne, voisine de i23o.io~6, alors
que les coefficients correspondants des sels hydratés, verts ou bleus, sont
plus élevés et voisins de 1 4oo. io~c.
Il y a là une nouvelle confirmation des observations de Wiedemann, à
(') E. Feytis, Comptes rendus, 9 octobre 191 1.
(2) Les mesures sont rapportées à la température de r°C.
888 ACADÉMIE DES SCIENCES.
savoir que les composés de même type ont même coefficient d'aimantation
moléculaire. De plus, l'abaissement de la valeur de ce coefficient dans le
cas des sels anhydrides est une indication du caractère complexe de ces
sels par rapport aux sels hydratés. Il est probable que le départ de l'eau est
lié à des modifications dans la constitution de ces sels.
Il a paru intéressant de mesurer de même les coefficients d'aimantation
des sels de chrome à l'état solide. On sait, en effet, que les sels chromiques
forment un très grand nombre d'hydrates, les uns verts, les autres violets,
dans lesquels on attribue à l'eau des rôles variés, eau d'hydratation ou de
constitution, suivant les cas. Ces distinctions ne sont pas décelées par le
magnétisme. C'est ainsi que les deux chlorures isomères, l'un vert
[CrCl2(H20)4]Cl + 2H20, l'autre violet [Cr(H-0)6]CI3. ont le même
coefficient d'aimantation spécifique, bien qu'il ne soit pas douteux que l'eau
y joue des rôles différents. De même, les coefficients d'aimantation des
nombreux hydrates violets ou verts du sulfate de chrome se calculent
exactement à partir de l'un d'eux en appliquant la formule d'additivité :
aucune molécule d'eau ne se singularise. Enfin, on a encore additivité dans
le cas de l'alun de chrome et de potassium, bien qu'il se produise un sel
nettement complexe, le sulfochromate de potassium, au cours de la
déshydratation. Tous ces sels chromiques ont des coefficients d'aimantation
moléculaires très voisins, comme on peut le voir dans le Tableau suivant :
Sel anhydre
pour 100.
[Cr(H20)6]Cl3
[Cr(Cl2(H20)4]Cl + 2H20
GrCI3
Sulfate initial 56,53
(S04)^Cr.8H20 57,65
7H20 60,87
5H20 68,53
4H20 73, i3
3H287
+ 18,43
3'9
0700
+20,84
+ 21 ,38
283
5900
SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 889
Au contraire, le coefficient d'aimantation moléculaire du chlorure
anhydre (sel qui possède des propriétés si spéciales) est très différent des
précédents.
On voit que les propriétés magnétiques des sels de chrome solides
révèlent des différences de constitution d'un certain ordre (cas des chlo-
rures hydratés et du chlorure anhydre), et qu'elles ne sont pas sensibles à
certaines différences, comme celles qui existent pourtant entre les chlorures
verts et violets. Il se peut que l'égalité des coefficients d'aimantation dans
le cas des chlorures [CrCl2(H20)']CI + ^H20 et [Cr(H20)6]Cl3 soit le
résultat de compensations dans les rôles qu'y jouent le chlore et l'eau,
la dissimulation de 2'"°' de chlore s'accompagnant de la libération de
2iuoi d'eau et réciproquement.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la dissociation des composés gazeux par la
lumière : gaz hydrogénés des familles du chlore et de l'oxygène. Note
de M\I. Daniel Iïerthelot et Henry Gaudeciion, présentée par
M. E. Jungfieisch.
De même que la chaleur, la lumière dissocie les composés gazeux, et ces
deux modes de décomposition présentent un remarquable parallélisme: les
gaz décomposés par une élévation de température modérée (HI, H2 Se, etc.)
le sont aussi par des radiations de fréquence moyenne (radiations visibles
ou ultraviolet initial); les gaz qui ne sont dissociés qu'à haute température
(HC1, H20, CO2, etc.), ne le sont que par les radiations très rapides de
l'ultraviolet extrême. En un mot, la fréquence vibratoire joue le rôle de tem-
pérature photoch i nuque.
La dissociation par la lumière, ainsi que celle par la chaleur, est en
général réversible. Mais, dans un cas comme dans l'autre, la recombinaison
peut être contrariée par des résistances passives exigeant un travail prélimi-
naire plus ou moins grand pour être surmontées.
De plus, aux températures et aux fréquences usuelles, l'équilibre est
souvent très prononcé soit dans le sens de la combinaison, soit dans celui
de la décomposition, en sorte que la réaction parait totale. On arrive
cependant à montrer qu'elle n'est que partielle par divers artifices, dont le
plus simple est de rompre l'équilibre en séparant l'un des produits de la
réaction, le plus souvent à l'état solide, par précipitation ou par combi-
naison avec un autre corps : c'est ainsi que le mercure nous a permis de
890 ACADÉMIE DES SCIENCES.
manifester facilement les dissociations de gaz sulfurés, bromes ou chlorés;
le phosphore celles de gaz oxygénés, etc. (Comptes rendus, 20 juin 1910;
Revue générale des Sciences, 3o avril 191 1).
Voici quelques expériences sur les deux premières familles des métal-
loïdes. Elles montrent que, dans une même famille, la stabilité des composés
hydrogénés i"is-à-vis de la lumière (comme vis-à-vis de la chaleur) décroît à
mesure que te poids atomique augmente.
Famille du chlore. — Acide chlorhydrique. — Le gaz H Cl est un corps
stable; sa dissociation par la chaleur ne devient appréciable qu'au-dessus
de i5oo°.
Dans le domaine de la lumière, cette dissociation exige l'ultraviolet
extrême, ~k<^o^, 2, et est arrêtée par les écrans qui interceptent cette partie
du spectre. La dose de HCI, dissocié par l'irradiation d'une lampe à
mercure en quartz en régime normal, est de un à deux millièmes. Mais en
mettant le gaz en présence du mercure, qui fixe au furet à mesure le chlore
formé, on décompose aisément en 1 heure, à 4''" de la lampe, 10 pour 100 et
même davantage de HCI. On constate alors qu'une partie du gaz n'est plus
absorbable par l'eau; la combustion eudiométrique montre que c'est de
l'hydrogène pur.
Réciproquement, le mélange H -H Cl est instable et tend à passer à l'état
de combinaison ; les résistances passives qui s'opposent à cette tendance
paraissent faibles aussi bien dans le cas de la chaleur, où elles sont surmon-
tées par des élévations de température- modérées, que dans le cas de' la
lumière, où elles sont surmontées par les radiations du spectre visible :
c'est même là l'exemple le plus ancien et le mieux étudié de combinaison
par la lumière.
Acide bromhydrique. — Le gaz HBr est assez stable vis-à-vis de la
chaleur, bien qu'à un moindre degré que HCI; d'après Hautefeuille, sa
dissociation ne devient appréciable qu'au-dessus de 7000. Sa décomposition
par la lumière n'a pas encore été étudiée, à notre connaissance. Elle n'a pas
lieu dans la lumière visible, mais se produit rapidement devant une lampe
à mercure en quartz.
Un échantillon de HBr placé en tube de quartz sur le mercure vers i5°
n'a manifesté, en 24 heures, à l'obscurité et à la lumière diffuse, aucune
variation de volume; toutefois, un léger dépolissement de la surface du
mercure indiquait un commencement d'attaque. Après 8 heures d'expo-
SÉANCE DU 17 MARS IC)l3. 891
sition à 1 2""" d'une lampe à mercure (type 220 volls, en régime peu
poussé : 3amp, 5 et 5/j volts aux bornes) il y a eu décomposition totale en
brome combiné au mercure et hydrogène gazeux. Le volume final était
la moitié du volume initial. Le gaz final n'était plus absorbable par l'eau
(absence de HBr)-, la combustion eudiométrique a montré que c'était de
l'hydrogène pur.
Acide iodhydrique. — La stabilité de ce corps vis-à-vis de la chaleur ou
de la lumière est encore moindre que celle de HBr, comme on le sait par
les classiques travaux de M. G. Lemoine, qui a reconnu que la décompo-
• sition, insensible dans le rouge et le vert, était déjà notable dans le bleu et
le violet (Comptes rendus, t. 85, p. i'i4)-
Famille de l'oxygène. — Vapeur d'eau. — Le mélange H2+0(gaz
tonnant) est un système instable, qui, d'après les prévisions de la Thermo-
dynamique, devrait passer à l'état de vapeur d'eau. En réalité, il se
conserve indéfiniment sans trace de combinaison à la température ordi-
naire, et il faut élever la température jusque vers tioo0 pour que la combi-
naison ait lieu facilement.
C'est donc un système à fortes résistances passives ris-à-vis de la chaleur.
Nous avons constaté qu'il en est de même vis-à-vis de la lumière. La combi-
naison du gaz tonnant ne commence à se produire qu'avec des radiations
voisines de 0^,2, c'est-à-dire de l'ultraviolet extrême. Elle est d'ailleurs assez
lente et, dans certaines expériences d'irradiation modérée (Ibid., t. loi),
p. i328), nous n'avions pas constaté de contraction. Mais avec une irradia-
tion plus intensive et prolongée, nous avons obtenu la combinaison totale
(Ibid., t. 150, p. 1G92). Cette combinaison est beaucoup plus facile quand
l'hydrogène est à l'état naissant (Ibid., t. 150, p. i328).
Inversement la vapeur d'eau est un système stable, qui n'est dissocié que
par les hautes températures, ou par l'ultraviolet extrême. Le taux de
dissociation obtenu avec une lampe à mercure est de l'ordre du millième,
mais la dissociation est facile à constater en présence du phosphore qui
fixe l'oxygène et laisse libre l'hydrogène, ou en présence de l'oxyde de car-
bone qui, sous l'action de l'ultraviolet extrême, fixe l'hydrogène à l'état
d'aldéhyde méthylique et l'oxygène à l'état d'anhydride carbonique (Ibid.,
t. 150, p. 1692; et Journal de Pharmacie, i'1' juillet 1910).
Hydrogène sulfuré. — L'action de la lumière sur ce corps n'a pas été
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N*ll.) Il3
892 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étudiée. Le gaz pur et sec se conserve bien à la lumière difl'use, sans dépôt
de soufre, même après plusieurs années. Mais il est décomposé facilement
par la lampe à mercure (Ibid., t. 150, p. 1690); au bout de quelques
minutes, il se forme sur les parois un dépôt de soufre opaque qui arrête peu
à peu l'action des rayons. Le gaz irradié contient une portion non absorbablc
par la solution acidulée de sulfate de cuivre; la combustion eudiométrique
montre que c'est de l'bydrogène pur.
Rappelons que V hydrogène sélénié est moins stable que le précédent vis-
à-vis de la cbaleur et de la lumière : MM. de Forcrand et Fonzes-Diacon
ont trouvé, au bout d'une semaine d'exposition en pleine lumière en pré-
sence de mercure, i5 pour 100 d'hydrogène; à l'obscurité la décomposition
était insensible {Annales de Chimie, ^ série, t. XXV], p. 247)- Enfin V hy-
drogène tellure est encore plus instable, et se décompose totalement en
quelques heures à l'obscurité, et beaucoup plus vite à la lumière d'après
MM. Berthelot et Fabre (Ibid., 6e série, t. XIV, p. 104).
CHIMIE PHYSIQUE. — Etude de l'équilibre entre le chlorure de plomb et le
chlorhydrate d 'ammoniac en solution aqueuse. Note de M'"° IV. Demas-
sieux, transmise par M. H. Le Chalelier.
Le chlorure de plomb et le chlorhydrate d'ammoniac sont susceptibles
de donner naissance à deux sels doubles, étudiés par Kandall (') et
Fonzes-Diacon (2) et correspondant aux formules 2 Pb Cl2. AzH* Cl et
PbCl2.2AzH"CI.
Je me suis proposé, dans le présent travail, d'étudier à différentes tem-
pératures l'équilibre entre le chlorure de plomb et le chlorhydrate d'ammo-
niac en solution aqueuse. Les déterminations que j'ai faites sont relatives
aux températures de 170, 5o° et ioo°. L'ensemble des résultats obtenus est
représenté graphiquement par les courbes ci-après, obtenues en portant
en abscisses le chlorhydrate d'ammoniac en grammes dans iooB de solution,
et en ordonnées le chlorure de plomb en grammes dans iooB de solution.
L'examen de ces courbes montre que, aux températures de i7°et5<>",
(') American chemical Journal, t. XV, 189,8, p. 4q4-
(2) Bulletin de la Société chimique, t. XVII, 1897, p. 348.
SÉANCE DU 17 MARS 191 3. 8p,3
l'allure générale du phénomène est la même. La première branche de ces
courbes correspond au dépôt du chlorure de plomb pur, jusqu'au premier
point eutectique E chlorure de plomb-sel double 2 PbCl2. AzH4 Cl ; la
deuxième branche au dépôt du sel double 2 Pb Cl2. Az H' Cl jusqu'au
deuxième point eutectique, sel double-chlorhydrate d'ammoniac pur.
A ioo", le phénomène est modifié par le dépôt du deuxième sel double
Pb CI2. 2 AzH* Cl qui se produit pour des compositions indiquées au
rr
" M:
■ -1 A-
-- T- 4 V
A "" ■ i
4- t
« —é
1
1
1
7
t
j , 1 |
1,61
43,42
(0
V 1 ' 1
0
34,25
0
43.5.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nom elle méthode de vblumélrie
physico-chimique. Note de M. K. \. Dubrisay, trans-
mise par M. H. Le Chatelier.
Dans un travail relatif à l'émulsion des huiles ('), M. Donnan a reconnu
que la tension superficielle à la surface de séparation de l'eau et d'un
carbure dérivé du pétrole est réduite dans des proportions énormes par
une trace d'alcali dissoute dans l'eau, lorsque le carbure contient en solu-
tion un acide gras (stéarique, oléique, etc. ).
J'ai pensé qu'il serait possible d'établir sur ces faits une méthode acidi-
métrique. Pour cela, j'ai conservé le dispositif expérimental qui avait servi
à M. Donnan et qu'ont repris depuis M. Antonow ( -') et M. Lewis (:l) dans
(') Donnan, Zeit. f. phys. Chem., t. XKX1, 1899, p. 42
1 !) Antonow, J. Cliim. phys., t. V, .907, p. 372.
(s) Lewis, Phi/. Mag., t. XV, .908, p, 499.
SÉANCE DU 17 MARS IQl3. KpS
des mesures analogues. Ce dispositif fondé sur l'application de la loi de
Taft consiste à plonger dans l'eau une pipette courbe remplie du liquide
étudié, et à compter le nombre de gouttes correspondant à l'écoulement
lent du volume de ce liquide contenu entre deux traits de jauge tracés sur
la pipette.
J'ai fait, dans mes expériences, usage d'huile de vaseline, préalablement
purifiée et saturée d'acide stéarique.
J'ai consigné dans les Tableaux suivants les résultats d'un certain nombre
Fig. 1. — Acide chlorhydrique.
En abscisses : nombre de centimètres cubes de sonde. — En ordonnées : nombre de gouttes.
de mesures. J'ai tout d'abord (Tableau I) étudié les variations du nombre
de gouttes lorsqu'on verse dans de l'eau distillée des quantités progres-
sivement croissantes de soude. Dans les expériences suivantes, j'ai opéré de
la même manière en versant la soude, non plus dans de l'eau distillée, mais
dans des solutions de divers acides.
Tableau I (Système eau-soude).
Concentration eu - le. Nombre de «ouïtes.
mol. -gp. par litre
0 48
8^ 9"
1
8 xio- " "
\ X 10-
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau II.
Acide azotique. — ■ Solution exigeant pour sa neutralisation i2cm3 de soude —
' 3 r 20
pour 20cm' de solution acide en présence de phénolphtaléine :
Nombres de centimètres cubes
, , /< Nombre
de soude — ,
20 de
ajoutés à '20cm' d'acide. gouttes.
o 48
n,8 5o
12,6. 121
1 3 , 4 2o5
Tableau III {fig. 1).
Acide chlor hydrique. — Solution exigeant pour sa neutralisation iScm',8 de
soude — pour 20cm' de solution acide en présence de phénolphtaléine :
Nombe de centimètres cubes
, , n Nombre
de soude —
20 de
ajoutés à 20°m' d'acide. gouttes.
O 45
17.9 45
18,6 46
18,7 45,5
19»1 75
>9>7 98
Tableau IV.
Acide suif urique. — Solution exigeant pour sa neutralisation io""5,? de soude
pour 5ocm" d'acide :
Nombre de centimètres cubes
, , n Nombre
de soude — -
20 de
ajoutés à 50cm" d'acide. gouttes.
S, 3 47
io,4 46
1 1 , 2 5o
11,6 53
'2,5 98
20
«97
soude —
20
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3.
Tableau V.
Acide borique. — Solutioti acide exigeant pour sa neutralisation 19™' de
pour 5ocra3 de solution acide en présence de pliénolphtaléine et de glycérine :
Nombre de centimètres cubes
, , n Nombre
de soude — ,
■jo de
ajoutés à 50cm' de solution acide gouttes.
o 45
7.8 67, 5
■ 5,2 86,5
>9-5 "9
20,8 125
Tableau \ I {fig. 2).
Acide phosphorique. — Solution exigeant pour sa neutralisation 23''"1', 5 de
Fi- .. - Ac
23.S
de phosphorique
soude ■ — ■ pour 20e"1' de solution acide en présence de méthyle-orange :
Nombre de centimètres cubes
de soude —
20
ajoutés à "Mcraa d'acide.
O
20,0
46...
48,2.
00 , 6 .
Nombre
de
gouttes.
46
45,5
49
58
67
t36
Ces chiffres et les figures correspondantes montrent que la méthode
permet de déterminer avec précision la neutralisation d'un acide fort, les
courbes présentant un angle très net au point de neutralité. Pour l'acide
borique, l'hydrolyse du sel alcalin se manifeste nettement. L'acide phos-
8f)8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
phorique se comporte d'abord comme un acide fort : l'hydrolyse commence
à se manifester pour le sel disodique, et est beaucoup plus accentuée pour
le sel neutre.
CHIMIE ORCA.NIQUE. — Synthèses dans le groupe des indigoïdes. Note (')
de MM. A. Wahi, et P. Ragard, présentée par M. A. Haller.
L'isoindigotine, ce nouvel isomère de l'indigo que nous avons obtenu,
en condensant l'oxindol avec l'isatine (-), peut être considéré comme le
premier ternie d'une nouvelle série de dérivés indigoïdes, répondant à la
formule générale
R-CrII< )CO CO( )C6H3R'.
X\ \
Dans cette formule, Xet Y, qui peuventètre identiques ou différents, repré-
sentent des atomes ou des groupements atomiques divalents tels que NH,
NR, CO, O, S, et R, R' des substituants quelconques.
Désirant préparer un composé de ce type dans lequel X représenterait le
groupement NH, et Y un atome de soufre, nous avons remplacé, dans la
réaction qui donne naissance à l'isoindigotine, l'isatine par son analogue
sulfuré, le dicéto-2.3-dihydrothionaphtène (thioisatine ) et avons obtenu un
indigoïde, parfaitement cristallisé, que nous avons considéré provisoire-
ment (3) comme un isoindigo, résultant, par analogie, de la condensation
suivante :
/CH\ /COs s C 'r 7 \
C«H*C )CO + CO( /C'H*=HiO + C'H< )CO CO( NC6H*.
XNH/ X S / XNHX XS/
Or, pendant que nous nous occupions de ces recherches, nous avons eu
connaissance d'un brevet allemand de la maison Kalle(4), d'après lequel
il résulte que la condensation précédente fournit de l'écarlate de thioindigo,
ce qui oblige à représenter la réaction d'une manière différente :
C«H*< >CO + CC\ XC6rP = H'0 + C6H< >CO C< >C6H*.
XNHX X S X XNHX x S /
L'étude comparative, à laquelle nous nous sommes livrés sur ce produit
et sur l'écarlate de thioindigo préparé en condensant l'isatine avec l'oxy-
(') Présentée dans la séance du 10 mars 1913.
(s) Wahi. et Bagakd, Comptes rendus, t. 118, 1909, p. 714.
(3) Wahi. et Bagakd, Bull. Soc. chim., 4° série, t. XI, 1912, p. 713.
(•) 1). R. P., 24.13-27.
SÉANCE DU 17 MARS I<)l3. 899
thionaphtène d'après M. Friedlânder ('), a permis de conclure à leur iden-
tité. En effet, ils cristallisent dans le benzoate d'éthyle en belles aiguilles
rouges à reflets jaunâtres, de composition centésimale identique, donnant
avec les réducteurs alcalins une cuve jaune teignant le coton en nuance
rouge écarlate sensiblement identique. Traités par I'éthylate de sodium, ils
donnent le sel de Na de l'oxindol-aldéhydc-3; l'aldéhyde elle-même cristal-
lise en petites aiguilles arborescentes (F. 21 3°); ses solutions aqueuses se
colorent en bleu par FeCl3, caractères qui répondent bien à ceux indiqués
par Friedlânder et Kielbasinski (2).
Enfin M. le Professeur Grandmougin a eu l'obligeance d'examiner les
deux colorants au point de vue spectroscopique; ils donnent un spectre de
même caractère et situé dans la même région; les solutions dans le xylène
présentent une large bande allant d'environ 553^^ à 479IMt) avec un maxi-
mum peu apparent vers 497|At*'-
De cette identité on peut conclure que l'isatine et la thioisatine se com-
portent vis-à-vis de l'oxindol, et dans les mêmes conditions, d'une manière
différente.
On peut se demander s'il ne faut pas en attribuer la raison à la différence
de structure que peuvent présenter ces deux composés. L'isatine, en effet,
est susceptible de réagir sous deux formes : l'isatine et la pseudo-isatine; la
thioisatine, au contraire, ne possédant pas d'atome d'hydrogène mobile ne
peut s'isomériser. Mais, si l'orientation de la réaction était subordonnée à
la présence de cet atome d'hydrogène, on devrait s'attendre à voir les isa-
tines substituées à l'azote, réagir comme la thioisatine.
Or la condensation de l'oxindol avec la méthyl-i-isatine fournit un
colorant cristallisé en aiguilles brunes, dont la composition correspond à la
formule C'H^O^'N2. Il se dissout dans les solvants organiques avec une
coloration orangé brun, ne donne pas de cuve avec les réducteurs alcalins,
mais fournit une solution incolore d'où la matière colorante n'est pas régé-
nérée par un courant d'air, et qui ne teint pas les fibres textiles. Ces carac-
tères sont ceux d'une méthyl-i-isoindigotine formée d'après la réaction
°6 H< NH >° + C0C6 "4 = C6 H C0 C00C6H4 + H2 °-
CH3 CH3
(') Fkiedlander et Bezdzik, Monalshefte, t. XXIX, p. 376.
(2) Friedlânder et Kielbasinski, D. cltem. G., t. XL1V, p. 3ioi.
C. R», i9i3, ." Semestre. (T. 156, N° 11.) I ll\
900 ACADÉMIE DES SCIENCES
La méthyl-i-isatine réagit donc comme l'isatine. Si elle s'était comportée
comme la thioisatine, on aurait dû obtenir la méthyl-i-indirubine(I). Celle-ci
/COx ^=^cx
C6H< ^CO C( xC6Hl C6H< )C CO\ )C6H4
XNH/ XNX
Cil3
(il).
n'est pas connue et est d'un accès difficile; son isomère(II), dont les proprié-
tés sont certainement très voisines, n'est pas connu davantage; mais
s'obtient facilement en condensant d'après la métbode de Bœyer, l'acide
indoxylique avec la mélhyl-i isatine. La méthyl-i-indirubine cristallise en
aiguilles brunes, mordorées, plus soluble que l'indirubine dans les solvants
organiques, mais avec une nuance rouge violacé peu différente; l'hydrosul-
fite donne une cuve jaune d'où le colorant est régénéré par oxydation à
l'air.
On pourrait objecter que, même dans le cas de la métbylisatine, la pos-
sibilité d'une isomérisation n'est pas entièrement exclue et que le groupe
métbyle a pu émigrer de l'azote sur l'oxygène. Bien que cette transforma-
tion soit peu probable, il devenait néanmoins nécessaire d'étudier les réac-
tions de rO-métbylisatine (').
La condensation de l'O-méthylisatine avec l'oxindol, en solution acétique
additionnée d'HCI aqueux, fournit de l'isoindigotine; le groupe OCH3 est
saponifié dans ces conditions et l'isatine réagit avec l'oxindol pour donner
de l'isoindigo. Au contraire, si l'on opère en milieu anhydre, on obtient de
Yindirubine avec une étonnante facilité et avec un rendement quasi quanti-
tatif.
On dissout quantités moléculaires d'O-méthylisatine (F. 1020) et d'oxin-
dol dans un mélange à parties égales de benzène anhydre et d'anhydride
acétique et l'on ajoute, avec un bout d'agitateur effilé, une goutte d'acide
sulfurique concentré. Instantanément, la couleur jaune de la solution
devient rouge, puis violette, et, au bout de quelques secondes, le colorant
se dépose, cristallise, le liquide s'échauffe, il est même bon de refroidir, et
après i5 à 20 minutes la réaction est terminée. La composition centési-
male du produit ainsi obtenu correspond à la formule C,6H,0O2]N2; il est
peu soluble dans les solvants organiques, avec une coloration rouge vio-
(') Baf.yer et Okkonomibes, D. cliem. G., t. XV, p. 2098. — Heller, D. chem. G.,
1. XL, 1907, p. 1291.
SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 901
lacé, dans EPSO1 avec coloration brune, il donne une cuve avec l'hydro-
sulfite de sodium, la réduction par le zinc et par l'anhydride acétique four-
nit un composé cristallisé en aiguilles rosées (F. 2o4°-2o5°), identique
avec celui que donne l'indirubine ( ' ).
La condensation de l'oxindol avec l'O-méthylisatine constitue par consé-
quent une nouvelle synthèse de l'indirubine :
COx ,CUK
C6H< iCOCIP+CO( >C6Hl
\ N v \nh'
= CII*0
Cette nouvelle synthèse présente sur celle que nous avons donnée autre-
fois, l'avantage de s'accomplir a froid, en l'absence de composés chlorés
du phosphore, d'être instantanée et de fournir un rendement quantitatif
(87-90 pour 100 de la théorie), ce qui lui confère une importance particu-
lière pour l'établissement de la constitution de l'indirubine.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide chlorhydrique sur la
quinone sulfonique. Note de M. A. Seyewetz, présentée
par M. A. Haller.
J'ai constaté que la quinone sulfonique peut, dans certaines conditions,
fixer les éléments de l'acide chlorhydrique en donnant une hydroquinone
chlorosulfonique, mais cette réaction n'a lieu qu'à une température infé-
rieure à 200. Au-dessus de cette température, le groupement sulfonique est
éliminé et remplacé soit par de l'hydrogène, soit par du chlore.
i° Action de l'acide chlorhydrique au-dessous de 20°. — La quinone sulfonique
(sel de sodium) traitée par l'acide chlorhydrique concentré, à une température infé-
rieure à 20°, se dissout d'abord en donnant une solution brune, puis il se précipite
une petite quantité de chlorure de sodium. Au bout de quelque temps, le liquide se
prend en une bouillie de cristaux jaune rougeâlre.
Après 12 heures, la masse cristalline qui s'est ainsi formée, est essorée puis purifiée
par recristallisation dans l'eau bouillante.
On obtient de petites aiguilles blanches feutrées qui, soumises à l'analyse, donnent
les résultats suivants :
(') Schlnk et JMarschlewski, D, chem. G., t. XXVIII, 1890, p. 2Ô25.
0,02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Composition centésimale. Trouvée. Calculée pour C^rPCK^-.j , •
Carbone 29,32 29i2
Hydrogène 1 ,64 1,62
Soufre 12,83 1 2 , 98
Chlore i4, 36 14,4
Sodium 9i25 9 , 33
Propriétés. — Aiguilles blanches feutrées, assez solubles dans l'eau froide, plus
solubles dans l'eau bouillante, insolubles dans les dissolvants organiques. La solution
aqueuse réduit instantanément le nitrate d'argent; en présence des alcalis elle cons-
titue, comme l'hydroquinone, un développaient- de l'image latente photographique.
Les solutions additionnées d'alcalis sont beaucoup moins oxydables à l'air que les
solutions alcalines d'hydroquinone. Par oxydation, elle se transforme en quinone
chlorosulfonique.
La composition de la substance et ses propriétés permettent de la considérer comme
le sel de sodium de l'hydroquinone chlorosulfonique. Sa formation peut être repré-
sentée par l'équation suivante :
^O(i) /OII(i) /OH(.)
CHP=0(4) + 2HCI = C6H5C1— OH(4) + NaCI = C6H2CI— OH(4) -t- H Cl.
\S03Na \S03H ^SO'Na
2° Action de l'acide chlorhydrique au-dessus de 200. — A une température
supérieure à 200, l'acide chlorhydrique élimine le groupement sulfonique et donne
naissance à deux produits, Vhydroquinone monochlorée et une hydroquinone
dichlorée (2.6), qui ont été identifiés par leur composition centésimale et par leurs
propriétés.
Vers 35°-4o° la désulfonalion est déjà très nette, et à mesure que la température s'élève,
il se sublime de petites aiguilles blanches brillantes avec dégagement de gaz sulfureux.
La désulfonation est plus rapide quand on porte la solution chlorhydrique vers
l'ébullition. Il faut opérer dans une atmosphère d'acide carbonique pour éviter
l'oxydation de la solution.
Par refroidissement, le liquide se prend en une masse cristalline qu'on essore, sèche
et fait cristalliser dans le toluène bouillant.
Le produit brut ainsi obtenu abandonne par chauffage vers i3o°à il\o°
des vapeurs qui se subliment facilement en paillettes blanches, fondant
à i65°, qui ont été identifiées avec une dichlorohydroquinone
/OH(i)
C H\\OH(4)
\CI(6)
Le résidu de la sublimation permet d'extraire, par cristallisation dans le
SÉANCE DU 17 MARS I 9 I 3 . 0,o3
toluène, un produit en petites aiguilles blanches non sublimables, fondant
à io4°, qui a été identifié avec la monochlohydroquinone.
Produit subliinable. Produit non sublimable.
Composition centésimale. Composition centésimale.
Calculé Calculé
Trouvé. pour
c,„,f(OH
)'.
Trouvé.
pour
o<°">'
c
.. 4o,I9I
40,22
C 49,7'
49,82
H
2,227
2,23
H 3.4i
3,46
Cl ..
•• 39,29
39,66
ci.... 24,35
24,57
1 peu
it représenter
la
réaction
par les
i équations suivantes :
C6I13=0
^SO'Na
-+-
HC1 + H-
0
= C
HCI\OH(4)+S°
NaH
1
C6H3=0
\so=
;N,
+ 2HCI
a
—
C6H:
/OH(.)
.//C!(a) , S03Na
\\OH(4)+b° a
\C1(6)
II.
En résumé, l'acide chlorbydrique transforme la quinone sulfonique en
hydroquinone sulfonique chlorée quand on opère à une température infé-
rieure à 200. Au-dessus de cette température, ou bien l'acide chlorhydrique
élimine le groupement sulfonique et donne de la monochlor/iydroquinone,
ou bien remplace ce groupement par du chlore et donne une dichlorhydro-
quinone.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'influence de la radioactivité sur la
germination. Note de MM. G. Petit et U. Akcelis, transmise par
M. A. Chauveau.
Dans une Note présentée le 25 novembre dernier à l'Académie des
Sciences, M. J. Stoklasa faisait connaître les résultats expérimentaux four-
nis par les eaux naturelles, fortement radioaclives, de Joachimstahl, sur la
germination et le développement de certaines plantes.
Nous poursuivons, d'assez longue date, des recherches comparables à
celles de M. Stoklasa, avec cette différence que nous employons de l'eau
ordinaire chargée d'émanation, au degré voulu, par son séjour dans une
fontaine en ciment radifère.
go4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce produit, combiné par M. Henri Farjas, ingénieur civil, résulte de
l'incorporation à du ciment de concentrés de radium, provenant de mine-
rais plus ou moins riches. Utilisé comme enduit de réservoirs, fontaines,
chambres ou locaux variés, il permet d'obtenir à volonté de l'eau ou de
l'air d'une radioactivité rigoureusement déterminée.
C'est ainsi, pour ce qui nous intéresse immédiatement, que l'eau remplissant en
totalité une fontaine de 16 litres, en ciment radifère, acquiert, d'après les analyses de
MM. Bader et Faivre, au Laboratoire biologique du Radium :
Après 12 heures, une radioactivité de 0,02 mg-min par litre
» 24 » » o,o58 » »
» 36 » » 0,081 » »
» 48 » » 0,098 » »
Nous nous proposons de réaliser successivement, tant avec l'eau qu'avec
l'air radioactifs, obtenus dans ces conditions, toute une série de recherches
biologiques relatives, non seulement aux plantes, mais aussi aux animaux
et à l'homme lui-même.
Les premiers résultats que nous publions aujourd'hui ne portent que sur
la germination, mais ils nous paraissent dignes d'être cités, car ils suffisent
à mettre en évidence l'action remarquablement stimulante des faibles radio-
activités sur la cellule végétale.
Nos graines, divisées en deux lois et soumises à la germination dans des conditions
identiques de température et d'éclairage, sont disposées entre deux feuilles de papier
buvard épais, humecté tous les deux jours, soit avec de l'eau ordinaire (lot témoin),
soit avec la même quantité de celte eau ayant séjourné 48 heures dans la fontaine de
ciment et acquis, de ce fait, la radioactivité précédemment indiquée.
i° Ray-grass. — Nos premiers essais ont porté sur des graines de Ray-grass. Pen-
dant les six premiers jours, aucune différence appréciable entre les deux lots; l'in-
fluence de la radioactivité ne commence à se manifester qu'à partir du huitième jour.
Au treizième jour, la différence est nettement sensible. Ainsi, le nombre des graines
germées est plus important dans le lot soumis à l'action de l'eau radioactive; d'autre
part, la longueur des radicelles et même des tigelles atteint quelques centimètres,
tandis qu'elle ne mesure que quelques millimètres dans le lot témoin.
2° Blé. — Le 20 janvier, deux lots de 3o grains sont mis en expérience dans les
conditions indiquées.
Du 24 janvier, début de la germination, au 3o janvier, aucune différence entre les
deux lots. Le 3o janvier, le lot traité commence à se distinguer du lot témoin.
Le 3 février, treize jours après le début de l'expérience, la longueur moyenne de la
tigelle est la suivante :
i° Avec l'eau radioactive 52mm
2° Avec l'eau ordinaire 46mm
SÉANCE DU 17 MARS IC)l3. f)o5
Soit 6 millimètres en faveur des grains soumis à l'influence de la radioactivité (').
3° Maïs. — Le 21 janvier, même double semis que précédemment; chacun des
deux lots comprend 28 grains.
Jusqu'au icr février, aucune différence entre les deux lots. Le 4 février, le lot
traité est déjà plus avancé, et, le 6 février, c'est-à-dire quinze jours après le début de
l'expérience, la longueur moyenne des radicelles est la suivante :
i° Avec l'eau radioactive 49mm
2° Avec l'eau ordinaire 38
mm
Soit une différence de i 1 millimètres en faveur des grains soumis à l'influence de la
radioactivité.
D'autre paît, alors que le lot témoin ne laisse apparaître que deux ou trois ligelles.
qui sortent à peine, on en compte exactement huit, bien développées et déjà vigou-
reuses, dans le lot traité.
On remarquera que l'influence de la radioactivité ne commence à se
manifester bien nettement qu'après une douzaine de jours en moyenne.
Mais elle est, naturellement, contemporaine du début de l'expérience. 11
nous reste à soumettre, pour le démontrer, les graines de nos divers lots à
une étude histologique méthodique et comparative, susceptible de préciser,
dès le début, la réaclion prolifèrative des cellules végétales, sous l'influence
de la radioactivité.
Les faits qui précèdent sont de nature à faciliter l'interprétation des
nombreux et importants résultats expérimentalement obtenus depuis
quelques années, tant en France qu'à l'étranger, par l'emploi, en agri-
culture et en horticulture, de substances radioactives comme engrais. Pro-
venant de minerais de radium ayant une composition très complexe, on
pouvait supposer qu'elles agissent, dans le sol, tout autrement que par leur
radioactivtié : à la manière, par exemple, des engrais catalytiques.
Il était donc indispensable d'établir, à l'abri de toute cause d'erreur,
l'action favorisante certaine, sur la végétation, d'une radioactivité stricte,
exactement calculée.
(') Nous n'avons pas mesuré exactement les radicelles, manifestement plus longues
dans le lot radioactif, à cause de leur finesse, de leur fragilité, de leur enchevê-
trement, parlant, des difficultés de l'opération.
C)o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur les effets comparés de l'arsenic et du plomb
dans les traitements appliqués contre les larves de Cochylis. Note de
MM. L. Moheau et E. Vinet, présentée par M. Schlcesing Bis.
Nous avons signalé à plusieurs reprises ('), et d'autres auteurs ont fait
après nous la même remarque, que, dans les parcelles de vignes traitées
avec succès à l'arséniate de plomb, les larves de Cochylis qui avaient
échappé à l'empoisonnement immédiat, étaient petites, chétives, jaunâtres,
et avaient commis très peu de dégâts. Dans des parcelles voisines, traitées
cependant avec succès à d'autres insecticides (à la nicotine, par exemple),
les larves qui avaient survécu étaient, à la même époque, normales, bien
développées el aussi vigoureuses que celles des témoins.
Nous avons voulu nous rendre compte, par des pesées de larves, delà
valeur de cette observation et nous nous sommes demandé si cet effet
spécial, constaté sur les larves, quand on emploie l'arséniate de plomb
(quelle que soit la façon dont le poison agisse), était dû principalement à
l'arsenic ou bien au plomb.
Deux années île suite, 1911 el 1912, dans des condilions variées de lieux et de
cépages, nous avons fait traiter, le même jour, par le même ouvrier, en notre présence
(le premier traitement a été fait au moment de l'éclosion des premières larves et le
second 8 à 10 jours plus laid ), un certain nombre de souches à Yarséniale de zinc, à
Varséniate de chaux, à V acétate de plomb et au carbonate de plomb. Des souches
voisines des précédentes furent traitées à Varséniate de plomb el d'autres furent
laissées comme témoins. Les doses d'arsenic employées, pour chaque bouillie arse-
nicale, correspondaient à 3oo° d'orthoarséniale disodique, par hectolitre, en 1911, et
à 2008 du même sel en 1912. Les doses de plomb correspondaient à 9008 d'acétate
neutre de plomb, par hectolitre, en 191 1, et à 6008 en 1912. Nous avons, trois semaines
environ après l'application du premier traitement récolté, sur une dizaine de souches
au moins dans chaque parcelle, toutes les larves, c'est-à-dire une centaine dans chaque
cas, en moyenne; nous les avons introduites de suite dans de petits tubes tarés, fermés
hermétiquement, que nous avons pesés, à la balance de précision, le jour même ou
le lendemain. Le Tableau suivant donne le résultat de ces pensées.
(') Maisonneuve, Moreau et Vinet, La lutte contre la Cochylis {Revue de Viti-
culture, t. XXXV, 1911, p. 39).
SÉANCE OV 17 MARS iyl3. 907
Poids moyen de 100 larves.
Témoins Arscniate de plomb. Arscuialc de chaux. Arséniale Acétate Carbonate de ploml).
(moyenne — — *■* - — — •- — ■ - -■ — - de zinc. de plomb. — -~~. — *- — -
de 2 ou 3). I trait'. 2 trait". 1 trait". 2 trait". lirait'. 1 trait'. 1 trait'. 2 trait".
Année 191 i. — Vigne de Beil-Beille, près Angers.
a. Dans du gamay (prélèvement le 14 juin).
s s
0,662 » ok,235 0^,280 os,i58 » » » °j7'7
b. Dans du chenin blanc (prélèvement le 21 juin).
I larves nii- )
0,804 0",243 ] formes, trop ; » Ok,i54 » » » ° -i'A^I
( peu, pas pesées )
Année 1912. — Vigne de Maligné (chenin blanc); prélèvement le 19 juin.
0,873 ob,443 »' os,56a » os,524 08,917 05,984 »
Ces chiffres conduisent aux» remarques suivantes : i° Les pesées de larves
confirment bien ce fait, observé antérieurement, que les Cochylis sont
nettement moins développées dans les parcelles traitées à l'arséniate de
plomb que dans les témoins. Il y a des variations d'une année à l'autre ; en
191-2, les traitements ont été moins efficaces qu'en 191 1, ce que nous
savons, d'autre part, par les chiffres de mortalité ; cette différence est due
aux difficultés d'application des insecticides en 1912 (végétation touffue,
grappes très nombreuses, très développées, enfouies sous les feuilles,
lors des traitements). 20 Les poids de larves les plus faibles sont cons-
tamment obtenus dans les parcelles traitées aux produits à base d'arsenic
et au contraire, dans celles qui ont reçu les bouillies à base de plomb seule-
ment, le poids de 100 larves est du même ordre que dans les témoins, sauf
dans un cas, où il demeure cependant plus élevé que dans les parties traitées
aux arséniates. L'effet constaté sur les larves est donc essentiellement dû à
r arsenic.
En dehors de l'expérience rapportée plus haut, nous avons remarqué un
effet du même genre avec l'arséniate de cuivre ; par contre, cet effet était
peu appréciable avec l'arséniate de fer, dont l'action insecticide immédiate
était très faible.
Ces observations nous montrent que, pour apprécier à sa juste valeur
l'efficacité des traitements arsenicaux en général, il ne suffit pas de faire
seulement des numérations de larves, il faut tenir compte encore de celles
qui ont survécu à l'action du poison et qui, à l'époque habituelle où les
Cochylis se chrysalident, sont loin d'avoir achevé leur évolution. Rien ne
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N» 11.) "5
Ç)o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
prouve que cette évolution sera complète et, en admettant qu'elle le soit,
les papillons issus de ces larves n'auront-ils pas une fécondité atténuée?
En tout cas, la seconde génération, très en retard, causera moins de
dégâts.
Il ne se déduit pas de l'expérience précédente que l'on puisse indifférem-
ment substituer à l'arséniate de plomb les autres composés arsenicaux. La
valeur pratique des traitements (compris la mortalité, dont nous n'avons
pas tenu compte ici, parce que des travaux antérieurs nous ont fixé sur ce
point) reste en effet, dans l'ensemble, d'après nos observations, plus
grande et plus constante avec les bouillies à l'arséniate de plomb qu'avec
les autres bouillies arsenicales.
HISTOLOGIE. — Sur une formation fibriltaire intracellulaire dans la tunique
de la glande salivaire chez les larves de Syrphinœ. Note de M. I). Keijlin,
transmise par M. Henneguy.
Les Syrphides présentent deux sortes de larves : sapropbages et carni-
vores. Les Syrphides à larves carnivores (qui se nourrissent aux dépens
des Pucerons), les seuls dont il sera question ici, appartiennent à des
genres différents, assez nombreux, mais qui se rangent tous dans la sous-
famille de Syrphinœ. Les glandes salivaires (Jig. 5) de ces larves, comme
celles de toutes les autres larves de Diptères, sont composées de deux
tubes communiquant avec l'extérieur au moyen d'un canal cbitineux com-
mun, qui débouche dans la partie antérieure ventrale du pharynx. Chacun
des deux tubes glandulaires chez les larves de Syrphinœ est recourbé en U
dont les deux branches se touchent; la branche ascendante est de moitié
plus courte que la brandie descendante. Le conduit extérieur est ici très
court et très large; ses anneaux chitineux sont très peu serrés et son orifice
extérieur est fermé par une sorte de clapet chitineux (l,fig- i)qui peut
être mis en mouvement par l'action du pharynx. Au point de vue de la
structure, on peut diviser la glande en deux parties : i° le tronçon qui suit
immédiatement le canal excréteur et qui occupe le tiers de la branche
descendante; 2° tout le reste de glande. Si l'on regarde une coupe transver-
sale de la partie antérieure de la glande, on voit cinq à six grandes cellules
(a, fig. 3) renfermant chacune un noyau volumineux avec un réseau chro-
matique et un nucléole, qui présente souvent quelques petites vacuoles.
Du côté de la lumière de la glande, les cellules ont une bordure chiti-
SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 909
neuse striée assez épaisse. J'ai pu observer une bordure en tous points com-
parable, dans le tronçon antérieur de la glande salivaire des larves de
Mycétopltylides; les prolongements hyalins des glandes salivairesdes larves
de Phorides sont sûrement de même nature, et enfin on a signalé des for-
mations analogues dans les glandes de différents Insectes.
Tout ce que nous venons d'exposer pour les glandes salivaires de
Syrphinœ cadre encore bien avec nos connaissances sur celles des Insectes
I. Coupe longitudinale médiane de la larve : s, canal excréteur de la glande salivaire; y), pharynx;
l, clapet chitineux mobile. X 5j. — 2. Coupe transversale de la glande montrant la cellule glan-
dulaire rétractée à sa base et la cellule delà tunique fibrillaire. \ 0.40. — 3. Coupe transversale du
tronçon antérieur de la glande. \ 36o. — 4. Coupe transversale du tronçon postérieur de la glande :
a, cellule glandulaire; b, couche protoplasnjique sans noyaux; c, cellules de la tunique fibrillaire;
d, bordure chitineuse striée. X 36o. — 5. Aspect général de la glande salivaire X 12.
en général. Mais j'ai trouvé dans la glande salivaire de larves de Syrphinœ
une tunique fibrillaire spéciale qui double l'épithélium glandulaire et dont
l'analogue ne me paraît avoir encore été signalée chez aucun Insecte, ni
peut-être même chez aucun Arthropode: on décrit ordinairement la glande
salivaire de ces animaux comme réduite à un simple sac épithélial. On
peut, chez les Syrphinœ, voir facilement la tunique sur les glandes entières
extraites de la larve.
Elle se présente alors sous forme de faisceaux de fibres entrecroisés dans tous les
sens. Sur une coupe transversale du tronçon antérieur de la glande on voit, autour
des cellules glandulaires a que j'ai décrites, une couche protoplasmique ( l>, Jîg. 3 ) et,
tout à fait à la périphérie, quelques petites cellules c assez bien distinctes de la
couche b. Le protoplasme de la couche b présente un aspect tout à fait identique à
celui de cellules glandulaires; on n'y trouve aucun noyau, et, comme il est séparé des
Ç)IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
cellules glandulaires a el des cellules c par une limite suffisamment nette, il est difficile
de dire si celle couche provient des cellules glandulaires a ou des cellules c. Les
cellules c présentent à leur intérieur un noyau el, tout près de lui, de petits
bâtonnets qui ne sont que des fibrilles longitudinales coupées transversalement.
Sur une coupe transversale du tronçon postérieur de la glande on ne voit ni la bor-
dure cliitineuse ni la couche protoplasmique b. Mais, tout autour de la glande, on
trouve une couche très épaisse formée de faisceaux de fibres qui se colorent bien avec
l'éosine, l'orange et l'indigo carmin. Chaque faisceau appartient à une cellule qui pré-
sente un grand noyau muni d'un nucléole volumineux (comme le noyau d'une cellule
glandulaire) ; l'intérieur de la cellule e*l complètement occupé par un amas de fibrilles
parallèles el très fines. Les faisceaux sont généralement bien appliqués contre l'épi—
thélium glandulaire el semblent même être intimement liés à ce dernier. Far endroits,
on voit la membrane cellulaire du faisceau plissée comme si elle avait subi une
contraction due à des fibrilles. On trouve aussi des cellules glandulaires contractées à
leur base ( fig. 2 ), el l'espace libre qui se forme entre le faisceau et la cellule glandu-
laire est découpé par des tractus protoplasmiques qui vont de la cellule vers le
faisceau.
Les petites cellules c qu'on voit à la périphérie de la partie antérieure sont de
même nature que les cellules de la tunique (lbrillaire du reste de la glande. Dans les
deux cas, eti sont des cellules avec un noyau bien net, leur protoplasme est remplacé
par des fibrilles plus ou moins développées.
Bien qu'on ne puisse encore se prononcer sur la nature exacte de celle tunique
fibrillaire, qu'on n'a jamais signalée jusqu'ici chez les Insectes; on peut remarquer
cependant que, ces fibrilles ne présenta ni aucune stria lion transversale, elles ne peu\ent
être considérées comme des muscles striés.
D'autre part, il y a des objections à les considérer soit comme muscles lisses, soit
comme fibres conjonctives. Il sera donc nécessaire de les étudier avec une technique
spéciale el aux différentes phases de leur développement.
Il me semble probable, en tout cas, que la présence de cette tunique
fibrillaire n'est pas un fait isolé ; elle existe sans doute chez d'autres Insectes
mais sous une forme beaucoup moins accentuée, el il faudra peut-être en
chercher l'origine dans la couche cellulaire très mince qui entoure la glande
salivaire de beaucoup d'Insectes et que l'on signale sous le nom de couche
endothéliale ou tunica propria , et dont l'origine est encore énigmatique.
Le grand développement de cette tunique fibrillaire chez les larves de
Syrphinœ est probablement en rapport avec l'importance de leur sécrétion
salivaire ; en effet, c'est grâce à leur salive épaisse et collante que ces larves
se fixent, se déplacent sur les plantes et capturent les pucerons aux dépens
desquels elles se nourrissent (').
(') Ces divers résultats proviennent de l'étude des espèces suivantes: Syrphus
ribesii L., S. balteatus de Geer, 5. luniger Meig., Platychirus sculalus Meig.,
Spluerophoria fiavicanda Zetl. el Melanostoma sp.
SÉANCE DU 17 MARS Ipl.3. . 91 I
MICROBIOLOGIE. — Sur le traitement de la tuberculose par les micro-
organismes marins. Note (') de M. Raphaël Dubois, présentée
par M. Henneguy.
Il a été beaucoup écrit et parlé dans ces derniers temps à propos de
guérisons de la tuberculose au moyen des bacilles de la Tortue de mer
annoncées par le Dr Friedmann, de Berlin.
C'est pour ce motif, bien que mes expériences, commencées en 1900,
n'aient pas été poursuivies assez loin, que je crois devoir publier l'expé-
rience suivante que je retrouve dans mes Notes de 1900-1901 et queje copie
textuellement :
J'ai retiré, de « Jambonneaux » {-) péchés sur la plage d'Hyères, des perles et, de
la poche renfermant ces perles, des Micrococcus que j'ai cultivés dans un bouillon
fait avec une décoction de « Chien de nier » (Scyllium canicala Cuv), de la gélanine,
de la peplone et 3 pour 100 de sel.
Douze Cobayes ont été inoculés avec des cultures de bacilles de la tuberculose;
tous les Cobayes ont eu des ganglions: ils étaient tous infectés. On leur a inoculé le
microçoque en question au moment où tous avaient des ganglions. Dix 1 s après ils
étaient tous bien vivants, sauf un qui était mort.
J'avais repris mes expériences il y a deux ou trois ans avec les Cobayes
tuberculeux queje devais à l'obligeance de mon savant collègue de Lyon,
M. le professeur Courmonl, et qui m'avaient été envoyés par M. Couvreur
au Laboratoire maritime de l'Université de Lyon, à Tamaris-sur-Mer. Mon
retour à Lyon m'a empêché de suivre mes animaux en expérience et, de ce
dernier essai, on ne peut rien conclure. Je m'étais proposé de recommencer
quand j'ai appris que le I)1' Friedmann préconisait un microbe marin
pour la guérison de la tuberculose. J'avais été conduit à l'idée que le micro-
coque du sac perlier des perles du « Jambonneau » ou « grande nacre »
pouvait servir au traitement de la tuberculose parce queje lui attribuais un
rôle « calcificateur » dans la formation des perles.
Je reprends mes expériences et j'en ferai connaître les résultats dans une
Note ultérieure. Je me propose également de vérifier l'action prétendue
antituberculeuse de la Tortue de mer.
(') Présentée dans la séance du 10 mars 1913.
(l) Pinna nobilis L. ou P. squammata Gm.
QI2 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — ■ Mode à' 'action de la substance anticoagulante
du plasma de propeptone. Note de M. Henri Stassano.
Dans une Note antérieure (') j'ai montré que le fibrin-ferment parvient
librement à se former, comme dans du sang normal extravasé, dans le sang
rendu incoagulable, chez le chien, par une injection intraveineuse de
propeptone. Cette constatation élimine l'hypothèse d'après laquelle la
substance anticoagulante déversée par le foie dans la circulation, sous
l'excitation brusque de la propeptone, agirait en empêchant le profibrin-
ferment de se transformer en fibrin-ferment actif. Deux autres hypothèses
restent en présence pour expliquer l'incoagulabilité du sang de propeptone,
du plasma incoagulé, notamment, qu'on sépare de lui par centrifugation :
i° la substance anticoagulante suspend l'action du fibrin-ferment tout formé
sur le fibrinogène, ou, 2°, elle porte son pouvoir inhibiteur directement sur
le fibrinogène.
Une analyse attentive des phénomènes qui accompagnent la coagulation
du plasma de propeptone par dilution, des circonstances qui permettent,
favorisent ou empêchent cette coagulation, écarte, à son tour, la première
de ces deux hypothèses et apporte, au contraire, à la seconde, de nombreux
et valables éléments de preuve.
Dans la coagulation du plasma de propeptone par dilution dans de l'eau
distillée, en présence de différents sels neutres, on constate que le chlorure
de calcium n'y intervient pas d'une façon élective, spécifique, comme dans
l'activation du profihrin-ferment et dans l'action du fihrin-ferment sur le
fibrinogène (2). Bien au contraire, on constate que la tension osmotique
des différents sels dans les dilutions employées y joue le premier rôle,
comme s'il s'agissait simplement de la précipitation d'un colloïde stable (le
fibrinogène) par déshydratation. Nous nous trouvons évidemment devant
une phase encore plus avancée de la coagulation que les deux auxquelles
je viens de faire allusion.
I. Diluons différents échantillons d'un plasma de propeptone capable de
coaguler en l'étendant d'eau distillée : chaque échantillon dans deux
(') Contribution à la connaissance du ji/as/na de propeptone (Comptes rendus,
3 mars igi3).
(-) Stassano et Daumas, Du rôle double du calcium dans la coagulation (Comptes
rendus, 1 1 avril 1910).
SÉANCE DU 17 MARS I9l3. C>l3
volumes, par exemple, d'une solution ~ n d'un chlorure différent. La pre-
mière dilution qui coagulera, au bout de 2 heures, sera celle faite avec
NaCl; une dizaine de minutes après, celle faite avec KO; suivra de très
près celle correspondant à MgCl2; avec un retard assez sensible de 1 heure
environ, ce sera le tour de la dilution préparée avec CaCl2; longtemps
après, le lendemain, coagulera la dilution dans la solution de SrCI2 et,
enfin, le surlendemain, la dilution dans la solution de BaCl2.
Évidemment, l'ordre d'apparition de la coagulation, dans ces différentes
dilutions, est strictement l'ordre selon lequel les différents chlorures qu'elles
renferment s'échelonnent d'après leurs poids moléculaires. Rien donc de la
spécificité dont les sels de calcium jouent dans les phénomènes étudiés
jusqu'ici de la coagulation. La tension osmotique seule entre enjeu et règle
la formation des coagulums. Aussi la coagulation débute dans la solution
du chlorure le plus léger et se manifeste de plus en plus tardivement à
mesure qu'on passe aux solutions de sels de plus en plus lourds.
II. D'une façon générale, toutes les causes tendant à diminuer la stabilité
colloïdale des globulines et du librinogène en particulier, entraînent la
coagulation du plasma incoagulé de propeplone.
a. Diminution de la concentration saline, par dilution ou pur dialyse. —
Wooldi'idge a, le premier, signalé la coagulation du plasma de propeplone étendu d'eau
distillée. J'ai constaté que la dilution oplima varie, d'un plasma à l'autre, entre
2voi el /Jvoi(j'eau p0Ut. jvoi ae plasma. |>a coagulation s'obtient même aux dilutions plus
fortes (8vo1, iovo1), mais avec un relard proportionnel.
Il y a des plasmas qui ne coagulent à aucun degré de la dilution. Ce sont les
plasmas doués d'un pouvoir anticoagulant liés fort. Ce pouvoir s'alténue après une
quinzaine de jours de conservation à la glacière.
J'ai trouvé qu'on peut faire coaguler le plasma de propeplone en lui retirant des
sels par la dialyse en eau distillée, dans des sacs de collodion; 2 à 3 heures de dia.ljse
sont suffisants à la température du laboratoire.
b. Augmentation, de la concentration saline. — Les éleclrolyles, selon leur degré
de concentration, provoquent soit la précipitation, soit la redissolution des colloïdes.
Voici ce qui se produit avec le plasma de propeplone étendu dans des concenlralions
salines différentes de NaCl. Dans les solutions de 0,1 à 0,7^ pour 100, la coagulation
se fait à peu près dans le même espace de temps; l'opacité, cependant, que les coagu-
lums prennent en se formant et qui augmente même dans la suite, diminue progressi-
vement à mesure qu'il y a plus de NaCl. A partir de 0,7 {- pour 100, la coagulation est
retardée. Entre 5 et l5 pour 100 de NaCl, le plasma de propeptone dilué ne coagule
plus. Dans la dilution, au contraire, de 20 pour 100, il coagule de nouveau; la coagu-
lation s'y produit en même temps et souvent même plus tôt qu'aux, très faibles concen-
lralions. Au delà de 20 pour 100, la coagulation est encore une fois retardée. Il y a
Ql4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donc deux, points critiques, et même un troisième pour certains plasmas correspondant
à la dilution dans une solution saturée de NaCI. La coagulation qui se produit à ces
différents points critiques y est amorcée visiblement par un commencement de flocu-
lation de la fibrine, se transformant bientôt en un coagulum parfait. Ces différents
points critiques peuvent varier d'un plasma à l'autre. Il y a des plasmas où la coagu-
lation est retardée dès qu'on ajoute à la dilulion une quantité insignifiante de NaCI.
c. Passage d'un courant d'acide carbonique. — Un plasma de propeplone qui
coagule par dilulion coagulera aussi, sans être dilué, si l'on y fait barboter pendant
quelques instants un courant d'acide carbonique. Wooldridge a encore signalé le pre-
mier celte propriété. L'acide carbonique n'apporte immédiatement aucun changement
visible dans la transparence et la viscosité du plasma; 3o minutes après, un léger
voile y apparaît et le liquide ne tarde pas à se prendre en masse. L'action précipitante
de l'acide carbonique sur les globulines est un fait bien connu. Encore dans ce cas, la
coagulation du plasma de propeptone débute par la séparation de la fibrine sous forme
d'un précipité.
d. Addition de colloïdes. — L'addition d'un colloïde fortement négatif, tel que
l'albumine d'oeuf, à du plasma de propeptone dilué dans de l'eau distillée, en hâte
considérablement la coagulation. Elle la provoque même et assez rapidement, en une
à deux heures, lorsqu'il s'agit d'un de ces plasmas doués d'un très fort pouvoir anti-
coagulant qui ne coagulent pas par simple dilution aqueuse, ni par l'action de l'acide
carbonique. M. Iscovesco a démontré que la fibrine est un colloïde positif. L'albumine
d'oeuf doit former ainsi avec la fibrine un complexe qui précipite et amorce partant
la coagulation comme dans tous les exemples antérieurs de séparation de fibrine
aboutissant à la formation d'un caillot.
De même, l'addition de lécithine, qui est encore un colloïde négatif, favorise la
coagulation du plasma de propeptone, sinon la provoque à elle seule sans le concours
de l'acide carbonique, dans une ancienne expérience de Wooldridge (').
L'hydrate ferrique, au contraire, qui est un colloïde de même signe que la fibrine,
n'exerce aucune action dans ces mêmes circonstances. Cependant, une trace de cet
hydrate ajoutée à la suspension aqueuse d'albumine en augmente nettement le pouvoir
coagulant sur le plasma de propeplone.
e. Action du chauffage. — En chauffant le plasma de propeptone, il donne lieu à
un louche qui se transforme vite en un dépôt, constitué en grande partie de fibrino-
gène, à peine on dépasse la température de 52°. Les globulines, le fibrinogène plus
particulièrement, ne précipitent par la chaleur, dans les conditions ordinaires, dans
la sérosité péritonéale de cheval par exemple, qu'entre 570 et 58°. Mais on sait aussi
que les complexes albuminoïdcs coagulent par la chaleur à des températures plus
basses de l'albumine pure. Tel sera le caSs du fibrinogène dans le plasma de propeptone,
formant un complexe avec la substance anticoagulante propre de ce plasma.
Les conclusions qu'il esl permis de lirer, ce me semble, de la manière de
se comporter du plasma de propeptone lorsqu'on diminue la stabilité
(') WooLDiiiDCE, On the origiu 0/ the /ibri/iferinc/il (Proc. Roy. Soc, 1 884 )-
SÉANCE DU 17 MARS I9l3. Ç)l5
colloïdale de son fibrinogène par les différents moyens que je viens de
signaler, ainsi que vis-à-vis des différents sels neutres, du chlorure de
calcium compris, dont j'ai parlé au début de cette Note, sont les suivantes :
i° Dans le plasma de propeptone les deux premières phases de la coagu-
lation du sang, en dehors des vaisseaux, se sont accomplies régulièrement,
à savoir : l'activation du fibrin-ferment et l'action de ce dernier sur le
fibrinogène.
20 Dans le plasma de propeptone on se trouve en face d'une troisième
phase de la coagulation qui, dans la coagulation normale du sang, est très
fugace et n'a été envisagée jusqu'ici que seulement à l'ultramicroscope
(apparition de granules dans le gel uniforme) ('). Cette phase commence
dès qu'on diminue la stabilité colloïdale du fibrinogène dans le plasma de
propeptone par un des moyens aptes à provoquer la précipitation des
globulines.
3° La substance anticoagulante du plasma de propeptone porte son
action directement sur le fibrinogène, en formant avec lui un complexe qui
l'empêche de précipiter et de donner lieu à la formation de coagulums de
fibrine, sans le concours de l'un des moyens ci-dessus.
CHIMIE BIOLOGIQUE. Rôle antitoxique du calcium vis-à-vis de. quelques
sels nutritifs dans la culture en milieu liquide du Pois et du Lupin. Note
de M"** C. Uobert, présentée par M. Roux.
Lorsqu'on transporte, dans un milieu liquide contenant à la fois des sels
de magnésium, de potassium et de NH', dejeunesplantules ayant commencé
à germer sur de l'eau redislillée (2), on observe que ces végétaux ne conti-
nuent pas à se développer, même si la concentration de la solution est faible
et analogue à celle des liquides nutritifs usités habituellement (solution de
Knop ou de Detmer, par exemple).
Mais si à cette solution on ajoute une quantité convenable d'un sel de
calcium, on obtient un développement complet du végétal.
La jeune plantule continue aussi à croître, au moins jusqu'à l'épuisement
( ' 1 A.NDRÉ M aveu, Comptes rendus Soc. biologie, 3o novembre 1907.
(s) L'eau employée dans mes expériences est de l'eau redistillée sous pression
réduite dans un appareil de verre.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N- 11.) Il6
gi6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'une partie des réserves de la graine, si on l'enracine simplement dans de
l'eau redistillée.
On peut conclure des faits précédents :
i° Que la première solution sans calcium est non seulement incomplète
au point de vue nutritif, mais encore très nettement toxique pour le végétal
puisque celui-ci s'y développe moins bien que dans l'eau redistillée;
2° Que l'un des rôles des sels de calcium dans le milieu consiste à combattre
cette action nuisible des autres éléments.
J'ai cherché à préciser cette propriété antitoxique des sels de calcium vis-
à-vis des autres sels nutritifs.
On connaît, depuis les travaux de Lœw, Aso et quelques collaborateurs ('), l'anta-
gonisme existant entre les sels de calcium et ceux de magnésium; de nombreuses
recherches ont eu pour but de déterminer la relation la plus favorable entre ces deux
éléments pour la croissance des plantes. .
L'antagonisme existant entre un certain nombre d'autres sels a été aussi étudié pour
les végétaux par Osterhout (-) qui s'est occupé surtout des constituants de l'eau de
mer et du rôle joué par Na CI dans ce milieu.
Les travaux de cet auteur ont été inspirés par les expériences bien connues de
Lœb (s) sur l'action antagoniste des solutions des différents sels chez les animaux.
Pour étudier la toxicité des sels entrant dans la composition du liquide
nutritif que j'emploie dans mes expériences et le rôle antitoxique que le
calcium joue vis-à-vis de chacun d'eux, je cultive de jeunes plantules sur
des solutions de chacun de ces sels à la concentration où il existe dans le
liquide complet (sauf pour les sels ammoniacaux dont je diminue un peu la
dose).
C'est-à-dire :
" SO Mg 25ome par litre
POlH*K 5oo »
NO N H4 5oo »
Je vérifie les résultats obtenus avec ces corps en employant d'autres sels
dont je calcule le poids, de façon à conserver la même concentration en
métal. Pour le calcium, je choisis la dose qui, en milieu complet, s'est
(') Lof.w, Flora, t. LXXV, 1892, p. 1892. — Loew et Aso, Bull. Coll. Agr. Tolno,
t. VI, igo5, p. 336.
{-) Osterhout, Bot. Gaz., t. XL11, 1900, p. 129; t. XL1V, 190-, p. 259; t. XLVII,
1909, p. i48; Jalirh. (vus. bot., t. XLVI, 1909, p. 121.
(3) Lu;b, Dynamique des phénomènes de la vie, p. 95.
SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 917
montrée la plus favorable. Au début, j'employais le calcium sous forme de
carbonate, mais j'ai ensuite remplacé ce sel par le sulfate qui, à la même
dose (5oomB par litre), produit sensiblement les mêmes effets et présente
l'avantage de se dissoudre complètement dans le liquide.
Mes expériences les plus nombreuses ont été effectuées sur le Pois
(var. Pois de Clamart).
Voici le résultat de deux expériences portant, la première sur les sels de
M g et de K, et la deuxième sur ceux de NH4.
Chaque expérience a duré 12 jours, à une température variant de 200
à 25°.
Les chiffres donnés représentent la moyenne des mesures faites sur six
plantules dans le premier cas, huit dans le deuxième.
Première expérience.
Longueur. Poids see.
Tige Tige
Tige. Racine. + racine. Tige. Racine. + racine,
tiiin mm mm mg mg mg
Eau redistillée 34 96 i3o 18, 5 10, 5 29
SOCa 85 217 3o2 47.6 16,6 64, a
SOMg 12 8 20 » » 17,6
POH2k 22 ',6 68 10,0 8,1 18,6
SOK5 23 33 56 16, 3 7, 3 2.3,6
SOMg + SOCa 90 238 328 45,3' .7 62,3
POH2K + SOCa 74 226 3oo J5,5 12,8 58,3
SOk-+S04Ca 86 236 32 2 42,8 i',.- 57,5
Deuxième expérience.
EaiTredistillée 34 67 101 16,2 11 27,2
SOCa 81 227 3o8 38,7 18 56, 7
N03NH4 <5 <5 » i3,5
SO(NH4)2 <5 <5 » i3,7
N03NH4+SOCa 82 160 242 39,6 20 59,6
S04(NH4)2+SOCa... 72 180 2.V? 36 19 55
Ces expériences montrent que :
i° A la dose employée, le calcium n'est pas toxique, il favorise même
d'une façon très remarquable le développement de la jeune plantule;
20 Les sels de Mg, de K et de NH'' sont toxiques aux concentrations
employées;
3° L'addition d'un sel de Ca supprime la toxicité de ces corps;
91 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
4° Le développement dans les mélanges des sels de K, de M g; ou de NrP
avec les sels de Ca est le même que lorsque le sel de Ca est seul. Les sels
de K, de Mg et de NH* ne semblent donc pas jouer de rôle nutritif pour la
planlule durant les premiers jours de sa végétation.
Le rôle antitoxique du calcium s'exerce encore vis-à-vis d'autres sub-
stances; lorsqu'on essaye de cultiver des plantules sur. de l'eau qui a été
distillée dans un appareil en cuivre étamé (celle qu'on emploie le plus habi-
tuellement dans les laboratoires), le développement du végétal s'arrête,
cette eau ayant été rendue éminemment toxique par les traces métalliques
qu'elle a entraînées (' ). Une addition de calcium supprime en partie celte
toxicité, comme le montre l'expérience suivante :
Longueur.
Tige
Tige. Racine, -(-racine,
mm mai mm
Eau redistillée 43 64 107
Eau distillée ordinaire 36 19 jô
Eau distillée ordinaire -r- SO'Ga 83 36 11g
Toutes ces expériences, refaites avec le Lupin blanc, m'ont donné des
résultats identiques; ce dernier végétal est encore plus sensible que le Pois
aux actions toxiques; même les sels de Iv, aux faibles doses employées,
arrêtent dès le début tout développement.
Par contre, le Blé et le Maïs, expérimentés également, m'ont donné des
résultats moins nets ; car, pour ces végétaux, les sels de Iv ne paraissent pas
nuisibles (au moins à la concentration indiquée plus haut) cl l'on a seule-
ment à considérer pour eux la toxicité des sels de Mg el de NH'\ Je me
propose de faire de nouvelles recherches sur ces derniers végétaux.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la dialyse de lamaltase. Note
de M. W. Kopaczewski, présentée par M. Roux.
Etant données les idées de G. Bertrand sur la nature des diastases, il
était naturel d'employer la dialyse simple, ou le procédé de dialyse élec-
trique de Dbéré (2), pour comprendre le rôle joué par les électrolytes
dans l'hydrolyse du maltose par la maltase, et pour déceler la nature de ces
électrolytes.
(') Dehérain et Demoussy, Comptes rendus, 1. 132, 1901, p. 5a3. — Coupin, Comptes
rendus, t. 132, 1901, p. 645.
("-') DnÉitrê. Comptes rendus, t. ISO, 1910, p. g34 et 993.
SÉANCE DU 17 MARS igi3. 919
Technique. — Comme maltase, nous avons employé la mallase de kôji 1 la takadias-
lasede commerce), lîlle possède un pouvoir réducteur propre égal à 81, 3 pour )oo de
celui du mallose employé, une réaction alcaline à l'hélianthine et. desséchée jusqu'à
poids constant, la composition suivante : H20 à -+- (io°C. = 5,65 pour 100, matières
organiques = 88,25 pour 100 et 6,10 pour 100 de cendres. Abandonnée à la lumière,
la solution de takadiaslase noircit, mais augmente considérablement son pouvoir
hydrolysant. Comme mallose, nous nous sommes servi du produit commercial,
purifié par nous; il possédait un pouvoir rotatoire spécifique = -+- i33°,3 à -+- 220 C. et
un pouvoir réducteur égal à celui indiqué par G. Bertrand (').
Le maltose contenait 0,072 pour 100 de cendres. Les solutions de la maltase et du
mallose étaient préparées avec de l'eau redistillée de conductibilité K=i,6 à
2,1 . jo-0, saturée de toluène. La dialyse était effectuée de la façon suivante : les sacs
en collodion ont été plongés dans un dispositif destiné à faire circuler de l'eau, arri-
vant par le haut, chauffés 1 5 minutes dans un autoclave à -t- ii5° C. On remplissait
les sacs avec la solution de takadiastase à 1 pour 100 et on les abandonnait 24 heures
pour imprégner la membrane et éviter ainsi les erreurs possibles dues à l'absorption;
puis cette solution a été rejetée.
Les dialyseurs ainsi traités étaient prêts à servir. On les remplissait avec la solution
de maltase à 2 pour 100, additionnée de toluène, préalablement deux fois filtrée sur
papier Berzélius et l'on dialysail vis-à-vis d'un courant d'eau redistillée, chargée de
toluène. Pendant la dialvse, le volume primitif du liquide intérieur augmente toujours,
provoquant une diminution de l'activité de la mallase d'environ 1 ,6 pour 100.
Toutes les 24 heures on faisait une prise de jcm", on rétablissait l'égalité de niveau
des liquides et l'on examinait le pouvoir hydrolysant de la maltase. La durée de l'hydro-
lyse était de 3 heures et demie; les sucres ont é lé dof es par la méthode de G. Bertrand.
L'erreur totale, due au dosage de sucre et a la dilution que subit le liquide pendant
la dialyse, n'était pas supérieure dans nos expériences à ±4 pour 100.
Voici les résultais obtenus : tout d'abord le pouvoir hydrolysant de la
maltase augmente par la dialyse de plus du double après 24 heures, et se
maintient aux environs de 180 pour 100 au bout de 96 heures de dialyse.
En même temps les matières réductrices disparaissent; l'alcalinité diminue
et correspond à ic'"',i au lieu de 9cm\ 7 d'acide sulfurique 777N, pour
obtenir le virage au rouge de l'hélianthine. La plus grande partie de
matières solides et de cendres est éliminée : il ne reste que 5, 10 pour 100
de matières solides et 1,46 pour 100 de cendres. En mesurant la conducti-
vité électrique de la maltase ainsi purifiée, nous avons constaté que la
conductivité initiale K = 8 1 ,8. io~n est devenue K' = i t ,g.lo"8 après
96 heures de dialyse.
Pour enlever les matières qui causent cette conductivité relativement
assez élevée, nous avons appliqué à la maltase déjà dialysée le procédé
(M Bertrand, Bull. Société ckim., t. XXXV, 1906, p. 1285.
()20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de dialyse électrique de Dhéré ('). Après 6 heures de dialyse électrique,
l'eau extérieure de conductivité K = o,8.io"6 est devenue nettement
alcaline à la phtaléine dans le récipient positif, franchement acide dans
le récipient négatif; aucune de ces deux réactions n'était plus constatée
après 24 heures de dialyse. Pendant la dialyse la maltase se transportait
vers le pôle négatif; le liquide de la branche positive, primitivement
opalescent, s'éclaircissait progressivement, et celui de la branche négative
se troublait davantage. La durée de dialyse était de 48 à 126 heures.
Au bout de ce temps, le passage des électrolytes dans l'eau extérieure
était arrêté, ainsi qu'on pouvait le constater au moyen de la conductivité.
Tableau I.
Maltose 1 pour 100 {conc. fin.); maltase o, 5 pour 100 (conc. fin.); durée d'hydrolyse: 3''3o"
température 4-4o°,5C.
Acidité ( — )
Matières solides
à 4-110» G.
N"s. Solutions de la maltase. de la maltase.
1. Maltase filtrée 2 fois sur pap.
r * pour 100
Berzélius 93, 12
2. Maltase filtrée 2 fois et aban-
donnée 72 heures 92,85
3. Maltase filtrée 2 fois et aban-
donnée 198 heures 93.4'
k. Maltase dialvsée 72 heures.. . 5.23
5. ld. et abandon-
née 126 heures 5,20
Maltase purifiée par la dialyse
électrique 48 heures »
6. \ ( positive 0,57
7. > Branches } négative 3 ,o,3
,S. ) ( moyenne indosable (')
Maltase purifiée par la dialyse
électrique 126 heures »
9. ) ( positive »
tO. ; Branches < négative 3,85
11. )
moyenne
ou
a
Icalinité 1 1
1 l'hélianthine
en N
100
Conductivité
des
Pouvoir
Cendres
pour
0*,2
solutions
hytlrol vsant
de la maltase.
de la maltase.
de la maltase.
de la maltase.
pour mu
6 , I 2
+
9,8
81,8x10-°
pnllf I"o
3o,4
6,l3
4-IO,6
205,7
61,8
6,08
4-1
[i,5
205,9
85,7
1,58
4-
1,2
u,9
89,8
i,56
4-
0
1,0
i5,8
97>2
»
»
»
»
indosable (')
»
5,2
7'. 9
o,32
»
'9>3
100,0
indosable (')
»
3,8
49,2
»
»
»
»
»
—
1 .0
2,6
56,7
indosable (')
4-
1,2
i8,5
78,3
»
4-
0,5
>,i
'9,5
(') Dans un Mémoire ultérieur nous exposerons plus amplement les détails.
SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 92 1
Il était donc inutile de prolonger davantage la dialyse électrique. La maltase
ainsi traitée possédait les propriétés indiquées au Tableau I ci-contre (').
Conclusions. — De l'ensemble de ces faits nous pouvons tirer les conclu-
sions suivantes :
i° La dialyse ordinaire augmente tout d'abord le pouvoir hydrolysant
de la maltase; ce pouvoir passe par un maximum, puis diminue légèrement.
Une prolongation de la dialyse n'amène plus alors aucune modification
appréciable ;
20 La dialyse électrique, essayée à ce moment, enlève une nouvelle
quantité d'électrolytes et abaisse encore un peu le pouvoir diastasique;
toutefois, il n'a pas été possible, même par ce procédé, d'enlever les der-
nières traces d'électrolytes;
3° La maltase se transporte dans le champ électrique vers le pôle
négatif;
4° La maltase ainsi purifiée possède une réaction faiblement acide
à l'hélianthine,
GÉOLOGIE. — Les terrains triasiques dans la région de la rivière Noire
moyenne (Tonkin). Note de M. Depkat, présentée par M. H. Douvillé.
Lors de mon dernier voyage dans la région de la rivière Noire, j'ai
découvert des horizons triasiques nouveaux pour l'Indo-Chine; en divers
points j'ai pu relever de très bonnes séries continues; mais fréquemment
des dislocations intenses interrompent la continuité des horizons et les écra-
sements sont parfois tels que les fossiles complètement broyés sont, bien
que nombreux, spécifiquement indéterminables. Sur les feuilles de Thanh-
ba et de Van-yen, le Trias s'enfonce largement sous les terrains paléo-
zoïques charriés sur lui.
I. Trias inférieur. — Absolument identique comme faciès à celui que j'ai
sommairement décrit dans le nord de l'Annam (région entre Dong-hoï et
Vinh et entre Vin h et Thanh-hoa), il est essentiellement détritique et
formé par une puissante série de poudingues, grès, arkoses, quartzites avec
schistes pulvérulents rougeâtres ou jaunâtres marneux, identiques aux
couches à Danubites de Lang-son. L'épaisseur totale est de Goom à 700m.
(') Dans les 6ocm* du liquide, représentant os,o6i.j de matières solides.
922 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. Le Trias moyen offre à la base des poudingues bien visibles au col de
Ban-ban dans le Phu-yen. Près de Lang-muong des marnes grisâtres
alternant avec des calcschistes et des sables gréseux avec de petits lits de
bouille se montrent fossilifères. J'y ai observé un borizon de calcschistes
en dalles couverts de Hœrnesia cf. socialis du Musc*helkalk; un autre
niveau est rempli de grands Lamellibranches (Homomya) spécifiquement
indéterminables.
Au-dessus viennent des schistes marneux jaunes représentant le niveau à
Ceratiles cf. trinodosus de lvhoa-trûong (Annam)- Puis viennent des
calcaires épais de 3oom environ, équivalents des calcaires anisiens de
Quang-môc (Annam) que j'ai signalés ailleurs, à Mentzelia Mentzeli
Diink, etc., et des calcaires à Ceratiles, Ba/atonites, Cuccoceras, Ceintes,
Dinarites, Ptychites, Meekoceras de Khoa-trùong dans lesquels les horizons
balatonien et bosnien trouvent probablement leur représentation complète.
Dans la région de Van-yen ces calcaires offrent parfois l'aspect de mylo-
nites sur plusieurs centaines de mètres d'épaisseur et sont chevauchés par
les terrains primaires; en dehors de la grande ligne de chevauchement que
j'ai observée entre le lleuve Bouge et la rivière Noire, ils nous livreront,
sans doute, de riches faunes.
Le Ladinien est probablement représenté partiellement dans la partie
supérieure des calcaires massifs; vers le haut de la masse calcaire s'inter-
calent des schistes marneux bruns à grandes Daonelles et Misidioptera sp.
avec des débris d'Ammonites, que leur position permet de considérer
comme l'équivalent des schistes à Prolrachyccras Archelaus de Ban Nam-
kay ( ' ). Au-dessus se placent, au col entre Muong-thé et Mo-ha, une
épaisse série de grès variés dans lesquels un niveau de marnes gréseuses
brunes m'a fourni un gisement offrant des espèces cordevoliennes dont cer-
taines sont identiques à des espèces de Saint-Cassian, ainsi Myoplioria
inœquicoslata Ivlipst. très abondante, avec de nombreux Trigonodus, Cyclo-
nema, etc.
III. Les couches précédentes terminent, sans doute, le Trias moyen.
Elles sont surmontées, près de Bo-muong, par des grès marneux bruns où
pullule une Pomarangina nov. sp. alliée à Pomarangina Haydeni Dienei de
Pomarang. Les couches à Pomarangina ont été rangées par Diener dans le
(') II. Mansuy, Contribution à la Géologie du Tonkin (Paléontologie) (Afém,
Serv. géol. de l Indo-Chine, t. I, fasc. IV, p. 70).
100"
SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 923
Julien, c'est-à-dire à la base du Carnien de Spiti. Elles se trouvent éga-
lement en Indo-Chine à la base du Carnien, selon toutes probabilités.
Dans le Phu-yen, j'ai découvert une série intéressante, très riche en
Ammonites dont les cloisons sont admirablement conservées et qui seront
prochainement décrites. On observe de haut en bas :
/ 7. Grès durs quartziteux sans fossiles.
Marnes brun rosé à Eutomoceras n. sp., Dittmarites n. sp., Sageniles n. sp.
6. Banc calcaire dur sans fossiles.
0. Masse de grès roses el jaunes avec bancs de marnes rosées écailleuses à
Tropites, Eutomoceras, Sagenites, Dittmarites.
i. Grès roses et marnes grises sèches à Daonetles déformées, avec Trachy-
ceras (Anolcites) sp.
3. Marno-calcaires noirâtres à Trachyceras sp., Pachyrisma rostralum Laube
(espèce de Saint-Cassian ), Gonodon sp., Protnalhildia sp.
2. Marnes el grès marneux à Arcesles n. sp., Proarcestes Balfouri Oppel..
Balatonites sp., Ceralites n. sp.
1. Calcaires sans fossiles.
La partie supérieure est interrompue par le chevauchement d'une épaisse
lame de calcaires anisiens écrasés; les calcaires de la base se perdent sous
la plaine du Phu-yen. Je considère les couches 1 à 3 comme appartenant
au Trias moyen. En effet, dans les couches 2, on rencontre Proarcestes Bal-
fouri Opp., espèce appartenant au Ladinien du Tibet; V Arcestes n. sp. est
très voisin de Are. Escheri des couches à Ceratites trinodosus de la Schreyer
Alm. Dans 3 on rencontre des espèces telles que Pachyrisma rostralum
Laube qui appartient à la faune de Saint-Cassian. Les couches 5 et 6 sont
l'équivalent des couches himalayennes de Byans à Tropites (Tuvalien),
comme le montre leur faune.
Il me reste à citer un horizon formé de marnes jaunes dans lesquelles j'ai
recueilli Posidonomya sp. et Halobia cf. Beneckei du Trias supérieur de
Sicile. Je ne sais pour le moment où se place exactement ce niveau qui se
trouve dans une position particulière au point de vue tectonique.
Les explorations ultérieures compléteront ces premières données déjà
fort intéressantes et nous fourniront certainement de nouveaux horizons.
M. J. de Boissof dy adresse une Note Sur la constante de fa loi du rayon-
nement.
(Renvoi à l'examen de M. Violle.)
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 11.) "7
9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. IViabouchinsky envoie une Note Sur les propriétés de la J onction \x\ :
dérivation, intégration, usage pour la représentation des polygones plans et
des formes cristallines. Il introduit une unité complexe j, définie par la con-
dition |y | = — i .
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVKAGES RliÇUS DANS LA SÉANCE DU IO MAHS 1 9 1 3. (Suite.)
Carte du Maroc, dressée sous la direction de Henri Barrere; i : 1000000. Paris,
Aiidriveau-Goujon, j g 1 3 ; deux exemplaires : l'un en 1 feuille in-plano, l'antre en un
Atlas in-f° oblong. (Présenté par M. Ch. Lallemand.)
Notice sur les Travaux scientifiques de M. Paul Renard. Paris, Gatithier-Yillars,
1910 ; 1 fasc. in-4°.
Trente-sept années de fouilles préhistoriques et archéologiques en France et en
Italie par M. E. Rivière. ( Extr. des Comptes rendus de l'Association française />< o; le signe — , si bm o; le signe -t-, si bm<^o.
Page 452, dans la formule pour Q, -+-/;, ajouter -f- . . . au second membre.
Page 4^3, ligne [\, au lieu de
lire
D~ — 2^-' -4-6ir2 — 4£-3.
Page 453, ligne 1 1 , au lieu de o > ç < 1 , lire o < ; < 1 .
Page 4-Ï3, ligne i4, ou lieu de
D— I2COS_4CO, A =8cos_6co,
lire
D — — -i2Cos— *w, A = — 8cos_6w.
926 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Séance du 17 février 191 3.)
Note de M. Cari Stôrmer, Sur un problème mécanique et ses applications
à la Physique cosmique :
Page 538, ligne 12 en remontant, au lieu de
.. 9 1
lire
9 9
(Séance du 3 mars 191 3.)
Note de M. André Ulondel, Puissance intérieure et couple synchronisant
des alternateurs synchrones travaillant sur réseau à potentiel constant ou
en parallèle :
Page 681, ligne 2 en remontant, au lieu de (I — Iccsin'j/), lire (\cc — IsiniJ;).
Page 682, ligne 5, au lieu de situation, lire saturation.
D __ .. . ... , /,.V ,. Â-RiN»
rage 002, ligne [4, au lieu de > lire
2 2
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 2o MARS 1913.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Pbésidext donne lecture du Décret suivant :
DECRET.
Le Président de la République française,
Sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,
Vu l'arrêté consulaire du 3 pluviôse, an XI ;
Vu les ordonnances des 21 mars et 5 mai 18 16;
Vu la délibération de l'Académie des Sciences du 10 février 191 3, rela-
tive à la création de six. places de Membres non résidents, qui seront
réservées à des savants français qui résident bois des départements de la
Seine et de Seine-et-Oise,
Décrète :
Article premier. -- Sont créées, aux conditions indiquées dans la déli-
bération susvisée du 10 février iqi3, six places de Membres non résidents
de l'Académie des Sciences.
Article 2. — Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts
est chargé de l'exécution du présent décret.
Fait à I'.ins. le 17 mars U)i3.
Signé : R. Poincarê.
Par le Président de la République : Pour ampliation :
Le Ministre de l'Instruction publique Le Directeur de l'Enseignement supérieur,
et des Beaux-Arts, Conseiller d^État,
Signé : T. Stekg. Si^'né : Rayet.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 150, N» 12.)
Il8
928 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE infinitésimale. — Sur les surfaces minima engendrées
par un cercle variable. Note de M. Gaston Darbocx.
1. Dans son Mémoire Sur les surfaces d'aire minima pour un contour
donné ('), Riemann a fait connaître une surface minima des plus inté-
ressantes, engendrée par un cercle variable dont le plan est assujetti à
demeurer parallèle à un plan fixe. D'après la méthode même suivie par
l'illustre géomètre, on reconnaît immédiatement que la surface minima à
laquelle il a été conduit est la plus générale parmi toutes celles qui sont
engendrées par un cercle, lorsque le plan de ce cercle conserve une direction
invariable. On peut se demander si cette restriction est nécessaire et s'il
n'existe pas des surfaces minima engendrées par un cercle variable dont le
plan ne demeure plus parallèle à un plan fixe. J'ignore si celte recherche a
déjà été abordée; en tous cas, je crois utile de faire connaître le résultat
négatif auquel je suis parvenu.
2. J'avais d'abord songé à employer une méthode reposant sur l'emploi
des formules célèbres, dues à M. II. -A. Schwarz, qui déterminent, par de
simples quadratures, la surface assujettie à passer par un contour analytique
donné et à y admettre, en chaque point, un plan tangent donné dont la
variation est aussi déterminée par des formules analytiques. Si (C) est le
contour donné, supposé réel, et si les coordonnées x, j, z d'un point du
contour ainsi que les cosinus directeurs X, Y, Zdu plan langent en ce point
soûl des fonctions analytiques d'un certain paramètre t, les formules de
M. Schwarz peuvent être mises sous la forme
.>
--H - / (Y dz — Z dy),
" l 1.
I
s'— ÎLJlil +i j "(Xrfv — i da 1,
^njn =1 étant les valeurs de .r, v, z pour / = l, ; x.,,y,, r, étant les valeurs
des mêmes coordonnées pour l = /,, et.r', y', z-' désignant les coordonnées
(') Voir Riemann, Œuvres mathématiques traduites par L. LaugeL Paris, Gau-
thier-VilJars, 1898, \>. 3o5 et suiv.
SÉANCE DU 23 MARS I()l3. 929
du point de la surface cherchée, qui seront ainsi exprimées en fonction des
deux paramètres /,, t.,. Les points réels de la surface correspondront au cas
où les valeurs de /, et de t.2 seront imaginaires conjuguées, en supposant,
hien entendu, que soient réelles les expressions de x, y, z en fonction du
paramètre choisi t.
Cela posé, supposons qu'on veuille trouver les surfaces minima engen-
drées par un contour d'espèce donnée.
Soient
/(&,?, «! «1 b, c, ...) — o,
-f- a' = o,
0.1 ay ' as ^ du
—^dx + -—dv + -~ dz + (II. > — -a' 7=0,
dx à y ' dz *•* da
où a', b\ c' désignent les dérivées de a, 6, c, ... par rapport à X. Si donc on
pose
les cosinus directeurs de la normale seront déterminés par les équations
(3)
X Y. Z
1
ou l on a
_. àt . do .. df . do ,.df . do A
M -/ L — ^ Mf-Lf M -f- + L — !■
dx df dv dv dz Oz
-=-S(£)"--"-S&-S(â
En tous les points d'un même contour «, b, c, ... et a', b\ c', ... sont des
constantes qu'on peut choisir arbitrairement. X, Y, Z sont donnés par
les formules (3) et il est permis d'appliquer les formules de M. Schwarz. On
sera sur d'obtenir ainsi, si elles existent, toutes les surfaces minima engen-
^■o\:^L /
-~, i
93o ACADÉMIE DES SCIENCES.
drées par un contour de la nature de celui'qui a été choisi. Mais il sera fort
possible que la surface ne puisse être engendrée de cette manière. Tout ce
qu'on peut affirmer, c'est qu'elle contiendra deux contours infiniment
voisins de l'espèce qui aura été choisie.
3. Appliquons cette méthode générale à la recherche des surfaces minima
engendrées par un cercle. Les équations du cercle peuvent être mises sous
la forme
\ (x— a)* + (y- b)*+(z — cy— R*=o,
\ \(x — a) + li(y — b) + C(z—c) = o,
où l'on peut même supposer
(6) . A! + B!+C!=i,
ce qui pourra exclure certaines surfaces minima imaginaires. Si l'on pose
j H=- a'{x-a)- b'{y-b)- c'(z-c)-BR',
\ K= A'(x — a) + B'(y—b) + C'(s — c) — \ar—Bb'-Cc',
les formules (3) et(4) nous donneront
All-K(j-fl) BH — K(y-&) „ CH-K(s-c)
(8) \_- -j- -, Y=- — £— -, Z= -j ,
où l'on aura
(9) A'rrlP+KîR2.
Si l'on veut appliquer la méthode générale que nous avons iiidiquée, on
pourra supposer qu'on ait choisi les axes coordonnés de telle manière que
le cercle particulier considéré ait pour équations
(9') ^-t-7'=R», *=o,
ce qui exigera qu'on fasse, dans les formules,
(io) A = o, B = o, C = i, « = b = c = o.
Les valeurs de X, Y, Z, deviendront alors
A A A
et l'on aura
( H=- a'x— b'y — RR',
(»a)
( K= AJx + B'y — c'.
SÉANCE DU 25 MARS I9l3. Ç)3l
Les formules de M. Schwarz nous donneront donc
x, + .r, i Ç H dy
r =
2 2 „/ A
Yi+Yt ' /'Hc/.r
J
Si l'on pose
(i3) a; = Rcos7)
A =
c'
S/a'
2_|_ c'2 y/a'2 -h c'2
on aura
A = R ^/«'24- c'2 dn «
et si l'on introduit la fonction uniforme bien connue
Z(«) — A2/ su2"
du.
les formules qui déterminent la surface deviendront
zc'=: -(en m, 4- en m.,) h — ('«j — "i) H t [Z(m, ) — Z(«1 ;
(18) ' .>'' = — (sn m, 4- sn ' cn« snSi
et par suite, en substituant d>à a, présenter les équations qui déterminent la
surface sous la forme
1 .,■'— A-RS 4- ^Z(Si)4-RcnSi'cos^,
(22) ! '
v ; ) /= RcnSi'sin^,
( ;'=A'RS,
SÉANCE DU 25 MARS IÇ)l3. g33
qui montre que la surface est engendrée par un cercle dont le plan est perpen-
diculaire à l'axe des z. On peut d'ailleurs éliminer [i et '^et écrire l'équation
de la surface en coordonnées cartésiennes
(23)
k_ iR7f iz
k' * k ' R /• '
C'est, nous le verrons, la surface de Riemann. Sa forme dépend des deux
constantes R et /•.
PAUASITOLOGIE. — Au sujet des loxoplasmes du lapin et du gondi.
Note de MM. A. Lavera:* et 31. IHarullaz.
A. Splendore a fait connaître, en 1908, un Protozoaire nouveau qui, au
Brésil, donne lieu à des épizooties chez les lapins ( ').
l'eu après, Ç. Nicolle et L. Manceaux (2) ont décrit, chez le gondi de
Tunisie, Clenodactylus gondi, un Protozoaire ayant la plus grande ressem-
blance morphologique avec le parasite du lapin de Splendore et ils ont
créé, avec raison, un genre nouveau, le genre Toxoplasma, pour désigner
ces protozoaires qui s'éloignent notablement des Leishmania dont Splendore
les avait d'abord rapprochés.
La question de savoir si le Toxoplasma cuniculi doit être, ou non, identilié
au T. gondii n'a pas encore été résolue.
La grande ressemblance morphologique des deux parasites est une pré-
somption en faveur de leur identité, mais elle n'autorise pas une conclusion
ferme; des protozoaires morphologiquement semblables peuvent en effet
avoir des caractères biologiques trop différents pour qu'on puisse les
identifier.
On devait se demander si le Toxoplasma cuniculi et le T. go/idu étaient
inoculables aux mêmes espèces animales.
T. cuniculi a été inoculé, avec succès, au lapin (Splendore), au cobaye,
au pigeon (Carini), à plusieurs passereaux, à des oiseaux du genre
Euphoniâ ( Splendore ); sans succès au rat blanc (L. Magnaghi ).
T. gondii a été inoculé avec succès au gondi, au cobaye (C. Nicolle
et L. Manceaux, C. Nicolle et M. Conor, 4 fois sur 17), à la souris qui est
(' ) A. Splendore, Revista da Socied. scienlif. de Sào Paulo, t. III, 1908, nos 10-Î2,
ei t. IV, 1909, 1103 5-7.
(-) C. Nicolle et L. Manceaux, Comptes rendus, 26 octobre 1908 et 8 février 1909,
et Arc/i. de l'Institut Pasteur de Tunis, 1909, p. 97.
p34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
très sensible (C. iNicolle et M. Conor), au pigeon (C. NicolleelM. Conor);
nous avons constaté que le Padda orysivora s'infectait facilement par la
voie péritonéale.
Le T. gondiï a été inoculé sans succès aux macaques, au chien, au rat
blanc, au lapin (C. Nicolle et L. Manceaux, G. Nicolle et M. Conor).
C. Nicolle et Mme Conor qui ont inoculé sans succès 5 lapins à Tunis ('),
par la voie intra-péritonéale, avec le T. gondiï, ont conclu de ce fait que
vraisemblablement ce toxoplasme appartenait à une autre espèce que le
T. cuniculi.
Le D1' C. Nicolle ayant eu la grande obligeance d'envoyer à l'un de nous
deux souris inoculées à Tunis avec le T. gondiï, nous avons pu étudier à
l'Institut Pasteur ce parasite et, si nos observations confirment, sur la
plupart des points, celles du D1' C. iNicolle et de M,ne Conor, elles en
diffèrent pour ce qui regarde la sensibilité du lapin au virus.
Les deux premiers lapins que nous avons inoculés, dans le péritoine, avec
l'exsudat péritonéal d'une souris infectée de T. gondiï, ne se sont pas
infectés. 5 jours après l'inoculation, la ponction du péritoine a fourni
quelques gouttes d'un exsudât visqueux dans lequel il a été impossible de
trouver des toxoplasmes. L'un des lapins a été sacrifié, en très bon état,
17 jours après l'inoculation : on n'a trouvé de toxoplasmes ni dans l'exsudat
péritonéal, ni dans la rate. Ces lapins pesaient au moment de l'inoculation
l'un 83o8 et l'autre 875s.
Un troisième lapin, plus jeune que les deux premiers, du poids de 5f)0K,
inoculé le i5 mars io,i3 avec l'exsudat péritonéal d'une souris infectée de
T. gondiï a, le 18 mars, des toxoplasmes extrêmement rares dans l'exsudat
péritonéal. Deux souris inoculées le 18 mars, avec l'exsudat péritonéal du
lapin, s'infectent. Le lapin meurt le 2.3 mars. Le péritoine, qui est légè-
rement enllammé, surtout autour du foie, contient 60""' d'un exsudât non
visqueux, un peu trouble ; après centrifugation d'une partie de ce liquide,
on constate l'existence, dans le culot, de toxoplasmes très rares. Les frottis
du foie, de la rate et des poumons montrent aussi des toxoplasmes en très
petit nombre ; l'examen des frottis de moelle osseuse est négatif. Il y a eu
dans ce cas infection généralisée, mais avec des toxoplasmes rares.
Chez un quatrième lapin inoculé, non plus dans la cavité péritonéale
comme les trois premiers, mais dans une veine, la démonstration de la
virulence du Toxoplasma gondiï n' a rien laissé à désirer; le lapin est mort
(') G. Nicolle et Marthe Conor, Soc. de Pathologie exotique, 12 mars 1910.
SÉANCE DU .25 MARS IÇ)l3. 9-35
le sixième jour après l'inoculation avec une infection généralisée, bien carac-
térisée par l'existence de toxoplasmes nombreux dans le foie et la rate, non
rares dans la moelle osseuse et les poumons. Nous résumons cette obser-
vation.
Un jeune lapin pesant 58o» est inoculé le i5 mars 1913, dans la veine marginale
d'une des oreilles, avec une goutte de l'exsudal périlonéal d'une souris infectée de
Toxoplasma gondii; la goutte d'exsudat a été diluée dans de l'eau physiologique.
Le lapin est trouvé mort le 21 mars, il ne pèse plus que 5ooS, il a donc maigri.
Exsudât péritonéal presque nul. La rate, fortement augmentée de volume, pèse
2?, 60; on ne distingue de granulations blanchâtres ni à la surface, ni sur la coupe. Le
foie est pâle, ce qui paraît dépendre de l'anémie; à la face supérieure et à la face
inférieure du foie, on trouve un certain nombre de nodules blanchâtres, dont les plus
gros atteignent le volume de tètes d'épingles, qui ressemblent à des granulations
tuberculeuses; quelques nodules se voient aussi sur les coupes. Reins pâles. Les lobes
inférieurs des poumons sont fortement congestionnés. Rien à noter du côté du cœur.
Les ganglions lymphatiques ne sont pas hypertrophiés.
La goutte d'exsudat périlonéal qui sert à faire un frottis ne montre pas de toxo-
plasmes. Dans les frottis du foie et de la rate, les toxoplasmes sont, au contraire,
nombreux; les parasites sont généralement libres; les formes en voie de division, par
bipartition, abondent. Dans les frottis de la moelle osseuse et du poumon (lobes
inférieurs congestionnés), les toxoplasmes ne sont pas rares, ils existent aussi, mais
en très petit nombre, dans les frottis obtenus avec la substance cérébrale. L'examen
de deux frottis du sang a été négatif.
Il nous parait ressortir de ces observations que le Toxoplasma gondii est
inoculable au lapin et qu'il peut produire, cbez cet animal, une infection
généralisée tout à fait comparable à celle que produit le Toxoplasma ciuii-
cuh, mais que la voie intra-péritonéale se prête mal à l'infection, au moins
quand il s'agit du passage du virus de souris à lapin, et que la voie intra-
veineuse est beaucoup meilleure. L'âge des animaux est aussi un facteur
important. Les lapins s'infectent d'autant plus facilement qu'ils sont plus
jeunes.
Il est à remarquer, d'autre part, que les deux toxoplasmes sont inocu-
lables au pigeon, et que ce fait extraordinaire, dans l'histoire des Proto-
zoaires pathogènes, d'un oiseau sensible à un virus provenant de mammi-
fères, constitue un caractère commun d'une grande importance.
En dernier lieu, il faut noter que la loxoplasmose naturelle du lapin a
été observée à Saint-Louis (Sénégal) ('), ce qui permet de supposer
qu'elle existe aussi dans d'autres régions de l'Afrique.
(' ) G. Bourret, Bull. Soc. de Pathologie exotique, t. IV, 14 juin 191 1, p. 3j3.
C. K.. .9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 12.) I 19
p3G ACADÉMIE DES SCIENCES. .
Sans vouloir conclure à l'identité des toxoplasmes du lapin et du gondi,
nous dirons que les arguments pouvant être invoqués en faveur de cette
opinion nous paraissent avoir une grande valeur.
M. Gaston IUwikr fait hommage à l'Académie des fascicules 7 à 10 de
la Flore complète, illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section d'Astronomie, en remplacement de M. Charles
André, décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 20,
M. Lebeuf obtient 24 suffrages
M. Luc Picart » 1 suffrage
M. Lebeuf, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. Louis Henry, Cor-
respondant pour la Section de Chimie.
Sir Johv Rose Rradpord, Secrétaire honoraire du Comité Lister,
demande à l'Académie de contribuer à la constitution du Fonds destiné
à honorer la mémoire de l'illustre chirurgien.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. le Sous-Secrétaire d'Etat des Postes et des Télégraphes, en
accusant réception du Rapport relatif aux Niagaras, fait savoir à l'Aca-
démie qu'il lui communiquera les observations concernant l'électricité
atmosphérique qui seront faites dans son service.
SÉANCE DU 23 MARS 191 3. Ç)3"]
M. Sauvage adresse des remercîments pour la distinction que l'Académie
a accordée à ses travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
La rotation de la Terre; ses preuves mécaniques anciennes et nouvelles.
Second Appendice : Continuation des expériences, par J.-G. Hagen. (Pré-
senté par M. G. Bigourdan.)
ASTRONOMIE. — Etoiles doubles nouvelles découvertes à l'Observatoire
de Lille. Note de M. l\. Joxckheêre, présentée par M. B. Baillaud.
Le 21 avril 1908, j'ai eu l'honneur d'annoncer à lAcadémie la création
d'un nouvel Observatoire dans le nord de la France, sur la commune de
Hem, à 8km de Lille. Il se trouve par 3m23s, 02 est de Paris (') et 5o03o/37"
de latitude.
Par délibération prise par le Conseil de l'Université de Lille, le 26 juin
1912, et par arrêté ministériel du 6 juillet, ledit Observatoire a été rattaché
à l'Université de Lille et j'ai été appelé à donner un cours d Astronomie
pratique à la Faculté des Sciences et à l'Observatoire.
Le programme des travaux que se proposait le nouvel Observatoire por-
tait en première ligne l'étude des étoiles doubles qui a été un peu délaissée
en France depuis 1894, c'est-à-dire depuis les mesures de MM. Bigourdan,
Perrotin et de l'Observatoire de Toulouse.
Le total des mesures micrométriques que nous avons obtenues est de
3442) mais c'est surtout les recherches d'étoiles doubles nouvelles qui ont
occupé toutes nos belles nuits depuis maintenant 8 ans.
Avec un équatorial de 22cm, je découvris en 190(5 et 1907 quelques pre-
miers nouveaux couples dont j'augmentais encore la liste en 1908 à l'Ob-
servatoire de Strasbourg; enfin, depuis 1909, ces étoiles ont été vérifiées à
l'équatorial de l'Observatoire de Lille et avec cet instrument j'ai pu décou-
vrir plusieurs centaines d'étoiles. Elles sont distribuées en i3 Catalogues et
portent aujourd'hui le nombre de nouveaux couples à 1002.
(') Sur ta longitude de V 'Observatoire de Lille déterminée par télégraphie sans
fil (Monthly Notices, t. LXXII, p. 3).
C)38 ACADÉMIE DES SCIEIvCEb.
J'ai déjà indiqué ( ' ) comment ce travail était poursuivi. La partie du ciel
la plus observée est contenue entre les déclinaisons — 2° et -+- 200.
Voici la composition des i3 Catalogues par ordre de distance angulaire
des composantes :
Catalogue. 0"0-2"0. 2"l-3"0. 3"l-4"0. 4"l-5"0. 5" 1 à -+- Total. Publication.
1 54 17 10 o 1 82 A. N., 44<>6
II 29 35 33 20 16 i33 .4./V., 44»5t
III 21 28 20 29 2 100 A. JV., 4484
IV 2Î 22 27 24 2 (oo 4./V.,45io
V 20 25 3o 25 o 100 M. N., LXXI, 9
VI S 14 29 34 o 85. M. N., LXXII, 1
Vil 18 16 18 i5 o 67 M. N., LXXII, 2
VI11 21 19 o 00 io M. V., LXXII, 3
IX 16 29 o o o 45 /■ ^-i t. 1, p. 129
X 17 32 o o o 4g J. A., t. 1, |). i45
XI 8 9 3 o o 20 /. A., t. I, p. i5o
XII 25 54 11 o o 90 J. A., t. 2, p. 1
Xlll 19 19 07 i5 1 91 J. A., t. 2. p. 9
Totaux. 281 319 218 162 22 1002
On remarquera que 980 ont une distance inférieure à 5",i; c'est 208 de
plus que le nombre de ces couples contenus dans les Catalogues réunis de
Hough et Otto Struve.
Ces nouvelles étoiles sont naturellement plus faibles que celles décou-
vertes antérieurement. Otto Struve avait déjà examiné toutes les étoiles
jusqu'à la septième grandeur, puis Burnham découvrit tout ce qui restait
comme étoiles brillantes ; enfin Hussey et Aitken examinèrent toutes les
étoiles jusqu'à la neuvième grandeur, et cela d'une façon si complète et
systématique, qu'une fois ce travail terminé, il ne doit plus être pratique-
ment possible de découvrir des étoiles doubles plus brillantes que cette
grandeur (2).
Les découvertes deviennent naturellement de plus en plus difficiles.
Cependant notre période de belles nuits est en hiver, alors qu'à l'Obser-
vatoire de Lick elles sont rares à cette époque; c'est pourquoi nous avons
pu encore trouver quelques couples relativement brillants.
La grandeur moyenne de l'étoile principale est de 9,19 pour les 1002
(') Comptes rendus, t. 152, p. 075.
(2) Ottawa, Report 1907. p. 52.
SÉANCE DU 25 MARS lyl3. gig
couples ; comme nos grandeurs sont 0,2 ± plus brillantes que les grandeurs
du Bonner Durchmusterung, il faut la réduire à 9,4 d'Argelander.
Les distances limites suggérées par Aitkeu dans les Aslronomische Nach-
richten, n° 4505, sont de 5" pour les étoiles contenues entre la sixième et la
neuvième grandeur et de 3" pour les étoiles .plus faibles. Notre distance
moyenne, comprenant celles des étoiles plus brillantes que la neuvième
grandeur, est de 3", 09.
Voici les distances et grandeurs moyennes pour chaque catalogue :
Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne
îles des Nombre des des Nombre
Catalogue, distances. grandeurs, d'étoiles. Catalogue, distances. grandeurs, d'étoiles.
1 3,07 9,19 82 V11I... 1,86 9,20 4o
11.... 4,70 8,78 i33 IX 2,16 9,40 45
III.... 3,28 9,03 100 X 3,29 9,44 49
IV.... 3,i6 s.i|! 100 XI 2 , 1 4 9,43 20
V 3,07 9,29 Mo XII.. . .2,41 9,39 90
VI.... 3,64 9>'2'3 85 XIII... 3,25 9.32 9'
VII... 3,oo 9>28 67 Moyennes. 3,oq 9,19
Les étoiles, qui n'ont été mesurées qu'une soirée, sont habituellement
remesurées les années suivantes; c'est ainsi que le total des mesures de ces
nouvelles étoiles seules est de 2,193, soit en moyenne 2, 2 par étoile.
On découvre actuellement des étoiles très faibles à mouvement propre
rapide; l'étude de ces nouvelles étoiles doubles nous montrera de même si
les étoiles faibles ne sont pas quelquefois relativement rapprochées. La
découverte de ces étoiles nous parait intéressante parce que, comme l'a dit
Burnham en 1906, dans la Préface de son Catalogue général, page vu,
presque rien n'a encore été fait pour trouver les étoiles doubles serrées plus
faibles que la neuvième grandeur, et l'on ne peut encore savoir le rang
quelles prendront dans la classe des étoiles doubles physiques.
CHRONOMÉTRIE. — Nouvelles recherches expérimentales sur le spiral double.
Note de M. .Iui.es Andkade.
I. Dans mes premières expériences résumées dans ma Note du 6 janvier,
j'ai étudié les durées de l'extinction du mouvement d'un balancier armé
d'un spiral cylindrique double sans courbes terminales, pour les diverses
orientations relatives des deux moitiés du spiral. Ces premières observa-
tions portaient sur une demi-amplitude initiale de la vibration du balancier
égale à ±90"; elles ont révélé que l'association la plus avantageuse des
94o ACADÉMIE UKS SCIENCES.
deux spiraux, pour l'amplitude initiale précitée, est sensiblement celle pour
laquelle les projections des deux viroles sur un plan perpendiculaire à Taxe
sont en coïncidence.
II. J'ai poursuivi ces expériences sous les demi-amplitudes initiales
de ±90° et de dt i35°.
Dans cette seconde série d'observations,. faite en janvier et février dernier, j'ai
reconnu d'abord la nécessité d'éviter une erreur systématique plus importante encore
que celle qui provient de petits écarts de température et qui résulte des variations
du serrage des vis de fixage. On devra serrer celles-ci à fond et s'abstenir d'y toucher
durant toute une série d'observations; on devra donc, en déplaçant successivement
le piston et la virole du spiral inférieur, laisser le bâti porteur des pierres de l'axe
invariablement lié à son bloc support.
III. Les graphiques des durées d'extinction aux diverses orientations
du spiral inférieur ont des allures tout à fait parallèles, pour l'une et l'autre
des semi-amplitudes initiales étudiées.
Ces graphiques confirment un minimum des frottements propres aux
spiraux pour la position dans laquelle les deux viroles sont confondues
en projection.
Pratiquement, on peut conserver sensiblement les orientations favorables
en déplaçant encore le spiral inférieur de ± 25° par rapport à la position
ci-dessus énoncée, du moins à l'approximation des mesures.
Au contraire, le maximum de la perturbation des frottements propres
au spiral double a lieu pour une position du spiral inférieur que l'on obtient
en le déplaçant depuis sa position aux viroles confondues par une rotation
de i35° exécutée dans le sens de V enroulement ascendant des spires.
IV. Les expériences précédentes, poursuivies sur plusieurs tours, ont
révélé un affaiblissement accidentel du ressort double dû à un commence-
ment de rouille de l'un des spiraux. Ces expériences seront continuées avec
une précision plus grande sur un spiral double en palladium.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Théorie électronique de la gravitation.
Note (') de M. L. Dkcombe, présentée par M. Appell.
I. Considérons, sous le nom de spectron, un système de «électrons gravi-
tant sur une même orbite à l'intérieur d'une distribution cubique d'électri-
cité positive. On supposera cette distribution sphérique et, afin que le
(') Présentée dans la séance du 17 mars iç;i3.
SÉANCK Ul 25 MARS I9l3. 9/jl
système soit électrostatiquement neutre aux grandes distances, sa charge
totale (ne) sera prise égale à n fois celle (e) d'un électron.
L'action électrique totale de deux spectrons quelconques se compose de
trois parties :
i° Les actions électrostatiques. Leur résultante est nulle si la distance des
deux spectrons est suffisante.
2° Les actions galvanoslatiqu.es qu'a priori on doit supposer pouvoir
exister entre les charges positives fixes de l'un des systèmes et les éléments
de courant auxquels sont assimilables les électrons en mouvement de l'autre.
Elles doivent être également considérées comme nulles dans le cas qui nous
occupe (').
3° Les actions èlectrodynamiques entre les mêmes éléments de courant.
Pour les calculer, désignons par p et p' les rayons vecteurs OM et O'M'des
électrons M et M', par a;, y, s, x', y', z les projections de ces vecteurs sur
trois axes rectangulaires fixes, l'axe des x étant parallèle à la droite 00= d
qui joint les centres des orbites, par r la 'distance des deux électrons sup-
posée très grande par rapport à as, y, z, x' , y', s' et employons la formule
d'Ampère :
, ii i' ds ds' / i dr Or 0* r
(0 /= : [-———r
r'2 \ 2 Os ds' Os Os'
On sait que y représente une force positive dans le cas d'une attraction et
dirigée suivant fa droite qui joint les deux éléments de courant ds et ds'.
Si l'on écrit alors les relations connues :
(2) • ids = ve, i1 ds' ' = e' e
et si \
i on pose ensuite :
ds
ds'
(i)
V=dï'
dt'
on trouve, pour l'action moyenne fm des deux éléments de courant consi-
dérés :
e'- 1 /*T rr l dx du' dr dy' dz dz'\ J . .
(4) /-=5îtf/ / \-ltï^F^^indU + ^TtW)dtdt-
T et T' désignant les périodes de révolution de chaque électron.
On voit que nous désignons le temps par t ou t' suivant qu'il s'agit de
(') Cette question donnera lieu à une publication ultérieure.
0,/t2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tune ou l'autre orbite, afin de pouvoir intégrer séparément le long de
chacune d'elles.
Or, il est visible que fm est nul.
Cela tient à ce que nous avons implicitement considéré comme instan-
tanée la propagation des actions électrodynamiques.
Si on lui attribue une vitesse finie, il y a lieu de remplacer dans la
formule précédente t par t — ^ et t' par t' -+- y? (en supposant, pour plus
de généralité, la vitesse de propagation différente à l'intérieur de chaque
spectron) et l'on trouve, tous calculs faits:
5 rT r
(3) /«=^î vv7 tt / /.
dxy/dy\'-
di I \ df )
d.t dv dx' dy' dx dz de' ih'
2lTt 777 77? 77?" 777 dl 77T7 77F
dtdt'.
Dans le cas où les orbites sont circulaires, on obtient :
... ,. un' f e 2 7T!aî\ / e 2izia'i\ ( ,. ,ai i . „ . ût A
(b) F — -rr (y T, ) ( T?7 T,„ ) |cos?Scos-t7'— -sin2 0sin2e' cost j,
n et ri désignant le nombre d'électrons qui évoluent respectivement sur
chaque orbite, a et a' les rayons de ces orbites, 0 et G' leurs inclinaisons sut-
la droite 00' = d et i l'angle des deux plans projetant 00' sur chacun des
plans orbitaux.
Nous supposerons alors :
i° Que la masse mécanique d'un spectron provienne uniquement de celle de
ses électrons;
2° Que la quantité ^ ^- soit une constante universelle \Jo.
Dans ces conditions, l'action moyenne F,„ de deux spectrons dont les
orbites sont supposées pouvoir prendre toutes les orientations possibles
dans l'espace, prend la forme essentiellement positive :
MM'
(7) F'"=?~55-'
où M et M' désignent les masses totales de chaque spectron.
Elle est donc identifiable avec la gravitation universelle.
II. Les résultats précédents subsistent lorsqu'on suppose les deux spec-
SÉANCE DU 25 MARS IC)l3. 9^3
Irons animés dans l'espace de déplacements indépendants quelconques.
Il y a alors lieu de substituer, aux éléments de courant MN = i ds et
M'N' = i'ds', les deux éléments MN, et M'N', obtenus en composant respec-
tivement MN et M'N' avec les éléments NN, et N'N', dus aux déplacements
des deux spectrons. L'action réciproque des deux circuits fermés M N N,M
et M'N'NÎ ^' étant nulle, l'action cherchée de MN, sur M'N', sera identique
à celle de MNN, sur M'N'N', . Or celle-ci se compose :
i° De l'action de MN sur M'N', la seule qui intervienne pour deux spec-
trons au repos;
2° Des trois actions suivantes : MN sur N'N',, NN, sur M'N' et
NN, sur N'N', qui, lorsqu'on en fait la sommation pour tous les électrons de
chaque système, sont exactement neutralisées par l'action des éléments de
courant provenant du déplacement des charges positives qui constituent les
distributions cubiques.
L'action mutuelle des deux spectrons en mouvement est donc la même
qu'au repos.
III. Dans le cas, qui parait être celui de la réalité, où la force attractive
est proportionnelle à la distance, la condition :
(9) V^-T*-^?
exprime que l'énergie totale d'un spectron ( E = nm 4 ',' f ) est un multiple
entier (n) d'un quantum élémentaire i égal à -^ -• Si l'on suppose que
la vitesse de propagation de l'action électrodynamique à l'intérieur d'un
spectron de période T soit proportionnelle à la fréquence et si l'on pose,
par exemple, VT == K, £ prend la forme i = 7p identique à celle du quantum
de la théorie du rayonnement noir. De plus la condition (9) exprime alors
que le moment magnétique d'un spectron ( Dïi = n T j est un multiple
entier (n) d'un moment magnétique élémentaire universel.
Électricité. — Sur la conductibilité électrique du tellure.
Note de M"e Paui.e Collet, présentée par M. Violle.
J'ai étudié la conductibilité de trois masses de tellure polies, à faces
parallèles de omm,5 à 2mm d'épaisseur. L'orientation cristalline de ces
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 12.) 120
9/(4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
échantillons n'a aucune action sur les phénomènes observés. Les électrodes
mises en contact avec le tellure sont des lames métalliques polies ou des
fils de section variable, amenés au centre d'une plaque d'ébonite. Avec ce
montage, le teljure ne fonctionne pas comme détecteur d'ondes.
Les expériences ont porté sur quatre points principaux.
I. Influence de la pression sur la résistance. — Tant que la pression est
inférieure à une valeur P, (3oR à [\cfi par millimètre carré) la résistance
varie de façon très irrégulière, ce qui est dû à de mauvais contacts rompus
ou établis par le courant.
A partir de la valeur P, la résistance, pour une différence de potentiel
donnée, demeure constante jusqu'à une valeur P2 de la pression.
Au delà de la valeur P2, la différence de potentiel demeurant constante,
un accroissement de pression provoque une diminution de résistance; de
plus les variations de la résistance avec la différence de potentiel deviennent
de moins en moins marquées :
Différences de potentiel (en volls) o,23 o,46 1,8/4
Résistances sous pression P, (en ohms) l\ 3,7.) 2,3
Résistances sous forte pression (en ohms) 1,91 1,87 i,5
II. Forces électrornotrices résiduelles. Après le passage, pendant
une minute environ, d'un courant excitateur, le tellure est le siège d'une
force électromotrice résiduelle, dont la grandeur et le sens dépendent de la
nature des contacts.
Le plus souvent cette force électromotrice garde le même sens et presque la même
grandeur lorsqu'on renverse le courant. Le phénomène est du reste très capricieux, et
parait complexe. Pour une force électromotrice de 2 volts, par exemple, la force
électromotrice résiduelle atteint 0,001 volt; elle ne disparaît qu'après 6 à 10 minutes.
III. Influence de la durée de passage du courant. — A. Pour des durées
excédant plusieurs secondes, la résistance est fonction du temps pendant
lequel passe le courant.
Aux intensités inférieures à 2.5 milliampères le passage prolongé du courant déve-
loppe une force électromotrice toujours de même sens qui accroît la résistance appa-
rente pour un courant d'un certain sens et la diminue dans le sens inverse.
Si l'intensité dépasse 0,06 ampère, le passage prolongé du courant se produit avec des
saccades dans l'intensité et la différence de potentiel. Mais l'effet, pour des intensités
plus faibles, est une diminution marquée et d'ailleurs temporaire de la résistance.
Peu à peu, à ces faibles intensités, la résistance reprend la valeur qu'elle avait avant le
passage des courants intenses.
séance du s5 mars 1913. g45
La création, aux faibles intensités, d'une force électromotrice indépendante du
sens du courant peut s'expliquer par un effet Joule échauffant inégalement les deux
électrodes. Quant aux courants intenses, amenés par des électrodes de surface infé-
rieure à imm', ils provoquent des échauffements énormes et localisés, accompagnés
même de fusion et de recristallisation, ce qui explique l'irrégularité de leur passage et
les modifications, d'ailleurs temporaires, qu'ils apportent dans la résistance.
B. Pour des durées de passage de l'ordre d'une fraction de seconde, la
résistance a pour chaque intensité une valeur bien déterminée, unique et
indépendante du temps pendant lequel passe le courant.
Ce temps variant, par exemple, de i à 5 pour une intensité deo,52 ampère, les
valeurs de la résistance sont 3,5g ohms et 3,46 ohms.
IV. Rôle de la force électromotrice appliquée aux bornes des électrodes.
Dans les expériences qui suivent, la durée de passage du courant a varié de -fe à l de
seconde environ; la résistance ne dépendant pas de cette durée, il semble qu'on doive
écarter toute explication qui fasse intervenir des actions thermo-électriques.
Si e est la force électromolrice, i l'intensité, la courbe en e, i part de
l'origine avec une inclinaison assez forte.
Tantôt elle est tout d'abord rectiligne, puis un coude brusque l'amène à
une branche parabolique à grande courbure (i = ae2 + be -+- c). Ceci a
lieu avec des contacts un peu instables, à électrodes peu serrées et
constituées toutes deux par des pointes. Tantôt, au contraire, la courbe a,
dès l'origine, une allure parabolique (i = ae2 -+- be)\ le coude s'efl'ace et,
pour des intensités voisines de i ampère, les courbes des deux catégories
deviennent parallèles.
Aux fortes pressions, on obtient toujours des courbes de la seconde catégorie qui
sont d'autant plus voisines d'une droite que la pression et la surface des électrodes
sont plus grandes.
En général, la courbe est symétrique par rapport à l'origine, au moins dans sa
partie parabolique. Cependant, lorsque les deux électrodes sont des pointes, on
constate des dissymétries assez marquées qui s'accentuent avec l'intensité et se
manifestent souvent, à partir d'une certaine valeur de i, par un glissement de la
branche parabolique parallèlement à l'axe des ordonnées.
PHYSIQUE. — Sur les longueurs d'onde des raies du krypton. Note de
MM. H. Buisso.v et Ch. Fabry, présentée par M. Deslandres.
La Métrologie a besoin de radiations monochromatiques pour les mesures
interférentielles de longueurs. Seules les raies très fines peuvent être utili-
o/|6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sées, leur largeur limitant les longueurs mesurables ; il est d'autre part
désirable qu'elles soient dépourvues de satellites. On a jusqu'ici utilisé
surtout les radiations du cadmium, parmi lesquelles la raie rouge, seule,
est pleinement satisfaisante, la verte et surtout la bleue étant accompagnées
de satellites.
Nous avons récemment indiqué (') que les gaz rares de l'atmosphère, surtout les
plus lourds, donnent des lignes extrêmement fine?. Le néon, employé à la température
ordinaire, permet, d'après nos mesures, d'observer des interférences jusqu'au numéro
d'ordre 324 ooo ; plusieurs de ses raies ont été mesurées inlerférentiellement par
M. Priest au Bureau of Standards de Washington et par M. Pérard au Bureau inter-
national des Poids et Mesures (s). On est limité, pour l'utilisation de ces raies, à des
différences de marche de l'ordre de i6cm. Des raies plus fines sont désirables dans
beaucoup de cas. C'est ce que nous avons obtenu au moyen des radiations du krypton,
qui permettent d'atteindre des ordres d'interférence de 600000, et même de o,5oooo
en refroidissant le tube à gaz par un bain d'air liquide, ce qui donne une différence
de marche de 53cm, valeur la plus élevée qui ait été observée jusqu'ici dans un phéno-
mène d'interférence d'ondes lumineuses.
Ayant eu récemment à mesurer un étalon interférenliel de i(jomra d'épais-
seur, construit par M. Jobin pour la Chambre des Poids et Mesures de
l'Empire de Russie, nous avons été amenés à employer ces raies du krypton,
et pour cela à en déterminer d'abord les longueurs d'onde. Le krypton
donne deux lignes intenses dans le spectre visible, une verte et une jaune.
Nous les avons comparées à la raie rouge du cadmium en mesurant des
diamètres d'anneaux produits par des lames argentées à faces parallèles (3).
Comme valeur approchée servant de point de départ, on a pris les nombres
donnés par Runge (*) et l'on a obtenu des valeurs de plus en plus exactes
en utilisant des interférences produites par des épaisseurs de 2nmi,5, i5mui
et 25mm. On peut alors passer à l'étalon de ioomm (200mm de différence de
marche).
Pour cette dernière mesure, on a d'abord comparé l'étalon de ioomm
avec celui de 25mm, par la méthode des franges de superposition (5); comme
(') Comptes rendus, t. 154-, 1 9 1 2 , p. 122^; Journal de Physique, juin 1912.
C2) Priest, Bulletin 0/ the Bureau of Standards, vol. VIII, n° k; 191 1. — Pérard,
Comptes rendus, t. 154, 1^ juin 191 2.
(3) Fabry el Pkrot, Annales de Chimie et de Physique, 7e série, t. XXV, janvier
1902.
(') Astrophysical Journal, vol. X, 1899, p. 73.
(5) Perot et Fabry, Annales de Chimie et de Physique, 7e série, t. XVI, mars
i899-
séance du 25 mars igi3. 947
le rapport des deux épaisseurs est très peu différent de 4> la comparaison
est faite directement, en inclinant l'un des étalons jusqu'à amener la frange
centrale blanche sur la normale à l'autre. Connaissant l'épaisseur exacte
de l'étalon de 25mm et mesurant l'angle d'inclinaison, on obtient l'épaisseur
de l'étalon de ioomm avec une approximation d'une petite fraction de
micron. Les interférences produites par les radiations verte et bleue du
cadmium ne sont pas utilisables avec cet étalon, mais les anneaux de la
radiation rouge sont encore bien nets (numéro d'ordre 310900); l'ordre
d'interférence peut être calculé en utilisant l'épaisseur approchée qu'on
vient d'obtenir, mais avec une approximation qui n'est pas tout à fait
suffisante pour fixer avec une pleine certitude le numéro d'un anneau.
Utilisant" alors les raies du krypton dont les longueurs d'onde viennent
d'être déterminées, on peut avoir l'ordre d'interférence avec certitude, et
par suite connaître l'épaisseur exacte. La comparaison des ordres d'interfé-
rence observés avec le cadmium et avec le krypton donne alors, avec un
haut degré de précision, les longueurs d'onde des lignes du krypton. L'in-
fluence des changements de phase introduits par réflexion sur l'argent
s'élimine en combinant les mesures faites sur les grandes épaisseurs avec
celles faites sur les petites.
Les valeurs définitives des longueurs d'onde des lignes du krypton dans
l'air à i5° et pression normale, rapportées à la longueur d'onde de la raie
rouge du cadmium donnée par Benoît, Fabry et Perot, sont :
5570,9.908
5870,9172
avec une approximation de quelques unités sur le dernier chiffre.
Le tube à krypton a l'avantage de fonctionner sans chauffage; les deux
raies peuvent être séparées sans appareil dispersif par l'emploi de cuves
absorbantes (chlorure de didyme pour absorber la raie jaune; éosine pour
absorber '\a verte). Les deux raies sont dans une région du spectre très
favorable aux observations visuelles, et sont, à ce point de vue, supérieures
à la raie rouge du cadmium. A peu de distance de la raie verte se trouve
une raie plus faible (X = 5563), qu'on peut séparer par dispersion, mais
qui est assez faible pour n'être pas gênante.
948 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OPTIQUE. — Séparation des effets lumineux et calorifiques produits
par une source de lumière. Note de M. Dussaud, transmise par
M. Branly.
Chacun sait que la lumière des sources lumineuses est malheureusement
accompagnée d'une énorme quantité de chaleur, "à la fois coûteuse et
gênante. Cette chaleur est absorbée en très notable proportion par les
substances transparentes des systèmes optiques de concentration, dans
tous les appareils d'optique; c'est à la fois un avantage et un inconvénient.
C'est un avantage dans les premiers instants d'un éclairement, car, si la
matière du système condensateur laissait passer la chaleur aussi facilement
que la lumière, l'objet sur lequel se ferait la concentration, cliché par
exemple, serait presque instantanément brûlé; c'est, d'autre part, un incon-
vénient, après les premiers instants de l'éclairement, car la matière absor-
bante peut éclater par son propre échauffement et son rayonnement calori-
fique propre devient à son tour dangereux.
Je suis parvenu à supprimer l'inconvénient en conservant l'avantage, et la
suppression de l'inconvénient a exalté l'avantage.
La source, arc électrique si l'on veut, est fixe. J'emploie pour la concentration un
groupe de systèmes optiques qui se succèdent automatiquement, en prenant exacte-
ment une même place fixée par un réglage. Chaciln d'eux: ne travaille que pendant un
temps assez réduit pour ne s'échauffer que 1res peu. Par son déplacement, il se
refroidit complètement pendant l'intervalle où il reste inactif. La diminution considé-
rable de 1'échauffemenl d'un condensateur permet de le disposer à une distance de la
source beaucoup plus faible qu'à l'ordinaire. En rendant la distance focale deux fois
plus courte, je parviens à faire usage de sources lumineuses moins étendues et parfois
dix fois moins coûteuses.
J'ajoute que l'arc est emprisonné entre un condensateur optique à l'avant et un
miroir concave à l'arrière; tous lés deux sont mobiles, tous les deux sont à foyer deux
fois plus court que les foyers habituels. La lumière utilisée est aussi peu chaude que
cela est nécessaire et le peu de chaleur qui est communiqué au système optique est
dispersé pendant son déplacement dans le milieu environnant, en dehors de l'objet
éclairé.
Ma lumière, rendue pratiquement froide par la séparation de l'effet lumi-
neux et de l'effet calorifique, apporte une grande simplification à de nom-
breux modes d'éclairage : projections, phares, cinématographes (clichés
en celluloïd), microscopes (projection des préparations microscopiques
les plus délicates), télégraphie optique.
J'ai appliqué ma méthode à des sources chaudes, riches en rayons ultra-
violets, avec des systèmes optiques transparents pour l'ultraviolet.
SÉANCE DU 2 5 MARS 191 3. g4p,
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Cinèmato graphie des cordes vocales el de leurs
annexes laryngiennes. Note (') de Mlle L. Cheykotox et M. F. Vi.ès,
présentée par M. d'Arsonval.
A la demande du D1' Marage nous avons entrepris, dans le labora-
toire du professeur François-Franck, au Collège de France, une série
d'expériences cinématographiques sur tes mouvements des cordes vocales
et de leurs annexes laryngiennes chez l'homme.
Nous avons pu fixer une technique qui nous fournit des films d'images
laryngiennes correctes et permettant, dès maintenant, soit de reconsti-
tuer à la projection les diverses phases des principaux mouvements glot-
tiques, soit d'effectuer des mesures, jusqu'ici à peu près inabordables, sur
les variations des éléments laryngiens.
Le sujet étudié dans nos expériences a été Mme Marage elle-même, qui
a bien voulu se prêter avec une patience inépuisable à des explorations
parfois pénibles, et dont la collaboration nous a été des plus précieuses.
Historique. — La cinématograpliie laryngienne chez l'Homme n'a jamais été réussie
à notre connaissance, ni même scientifiquement abordée. Par contre, des essais de
photographie de la glotte en position fixe ont été faits par de nombreux auteurs
(Czermack, Stein, French, Wagner, Brown, Blucke, J. Cadell, Garel); il ne paraît
pas cependant que leurs résultats soient décisifs, et la plupart des photographies,
à l'exception toutefois des sléréogrammes de Garel, semblent assez défectueuses.
Le problème était donc loin d'être entièrement résolu, même au point de vue
photographique, quand nous l'avons abordé.
Technii/ue. ■ — La technique que nous avons employée est très simple (fig- 1). Au
devant de l'objectif on dispose deux prismes isoscèles rectangles PP', accolés par leurs
hypoténuses, et formant un ensemble analogue au cube de Lummer et Brodhun. Cet
appareil permet, par une manœuvre facile à concevoir, de centrer sur l'axe optique de
l'objectif un fort faisceau de lumière issu d'un arc A, et envoyé latéralement aux
prismes par une lentille condensatrice L. Du fait de celte liaison invariable entre le
faisceau d'éclairement el le faisceau d'utilisation qui sont confondus, la manœuvre du
miroir laryngoscopique est particulièrement facilitée; l'opérateur qui le conduit n'a
plus qu'à rectifier la positipn de ce miroir par rapport au champ photographique, ce
qu'il fait en suivant sur le film même, pendant toute la durée des prises de vues
(grâce à un prisme à réllo\ion totale/» placé en arrière du film) (-), la formation des
images laryngiennes.
(') Présentée dans la séance du 10 mars 1 g 1 3.
(-) L. Chevroton, Comptes rendus Soc. Biol., 27 février 190g.
pSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le sujet émettait la voyelle e sur des notes variées, principalement en voix de tête,
et pouvant aller jusqu'aux limites extrêmes de son registre, avec des intervalles
d'inspiration.
Résultats. — Les mesures ne sont encore qu'à leur début et nous ne pouvons qu'indi-
quer d'une façon purement préliminaire les résultats de nos premières recherches ; nous
n'avons abordé, pour le moment, que les rapports entre le repos et l'émission {fig. 2).
i° Les dimensions apparentes de la plupart des éléments laryngiens subissent, en
passant de la respiration à la phonation, dans les conditions indiquées plus haut, une
u
5d~;
B
tb
Fig.
Fis
Fig. 1. — Schéma du dispositif en projection horizontale.
A, arc de 4° ampères sur 65 volts; L, lentille condensatrice; C, cuve à eau; P, P', prismes; S,
M, miroir laryngoscopique ;/, film ; p, prisme d'observation ; I et II, opérateurs. — Objectif
Zeiss -jb""", / : 3,5.
Fig. 1. — Deux images du film.
Cordes vocales à l'émission (en haut) et à l'inspiration (en bas).
Fig. 3. — Variations des éléments laryngiens : courbes correspondant au tableau.
Abscisses : images successives. Ordonnées : dimensions en millimètres.
sujet ;
Tessar
réduction notable. Le sens du phénomène est connu qualitativement depuis longtemps.
Les mesures effectuées sur la longueur apparente des cordes vocales ont actuellement
peu d'intérêt en elles-mêmes, du fait que nous ignorons encore la part exacte, dans
leur raccourcissement, due au masquage des cordes par d'autres éléments (épiglotte,
bord aryténoïdien), par une contraction générale des régions laryngiennes supé-
rieures, ou par des basculements cricoïdiens; les mesures de largeur des cordes qui
sont indépendantes de ces causes d'erreur, ont par contre un bien plus grand intérêt.
D'une manière sensiblement générale, le maximum de largeur des cordes coïncide
avec leur maximum de longueur apparente, leurs phases de repos et de plus grand
écartement (inspiration); au point de vue des images, avec leur maximum de netteté.
SÉANCE DU 20 MARS I9l3. 9r) I
Inversement, le minimum de largeur des cordes coïncide avec leur minimum de
longueur apparente, leurs phases d'émission, et par conséquent de jonction, et leur
minimum de netteté (dû visiblement aux vibrations rapides dont elles sont le siège).
Variations des éléments laryngiens
pendant une série de 12 images successives {fig. 3).
Écart des cordes
à leurs deux extrémités
Phases.
Émission (e)
Début d'inspiration. .
Maximum (M) 2,4
Fin de l'inspiration .
Emission
Dimensions
transversales
apparentes (E).
maxima
Longueur
Extrémité
Extrémité
des deux
cordes (/).
apparente
des cordes (L).
mm
2,8
aryté-
noïdienne.
mai
qil> est allé jusqu'à nier complètement la participation
de l'albumine à la formation de la graisse, et de Erwin Voit (Muncli. med. Woclt.,
11" iili, 1892) qui, ayant refait les anciennes expériences de Pettenkofer et C. Voit,
conclut que si l'albumine concourt à la formation de la graisse, sa participation est
beaucoup moindre qu'on ne l'avait pensé tout d'abord.
Ce sont les conditions de celle mise en réserve de graisse que nous avons
cherché à préciser. Nos expériences ont porté sur un chien de ioks recevant
une ration quotidienne de i2ooB de viande, sur lequel nous avons déter-
SÉANCE DU 25 MARS igi3. p53
miné, pendant deux périodes de 7 jours chacune, l'azote total urinaire et
les échanges respiratoires des il\ heures.
Nous nous étions assuré, par une expérience préalable, que l'équilibre
nutritif était obtenu chez cet animal avec une ration de 700e de viande.
Or, avec la ration de 1200» de viande, il y a eu sensiblement égalité
entre l'oxvgène consommé et le CO2 produit et leurs valeurs théoriques
calculées à partir de l'albumine détruite.
Albumine dépensée
Ration. en 24 heures. 0' consommé. CO- produit.
I 2008 de viande igos,625 2o6',070 l72',33o
Combustion directe de igo°,625 d'al-
bumine 302^607 1 65l, 462
Ce résultat] nous paraît tenir aux transformations intra-organiques de
l'albumine et à la dépense supplémentaire liée à ces transformations.
Si l'on admet, en effet, avec M. Chauveau, que l'albumine n'est apte à
alimenter le travail physiologique des tissus que sous forme de glucose et
que dans cette transformation le rendement est de 80 pour 100, il y a lieu
de remarquer que les 190e, 625 d'albumine dépensés pouvaient donner
i52s, 5o de glucose, correspondant à 563cal,25o. Or cette énergie repré-
sente précisément la dépense de l'animal à jeun.
O- consommé en 2^'' chez l'animal a jeun i 22',6oo
Energie correspondante . 563ia\o,6o ( ' )
Energie produite par la combustion de i52ï,5o de glucose.. . . 563cal,25o ( ')
Pour obtenir une mise en réserve de graisse aux dépens de l'albumine, il
faudrait, sans doute, que l'énergie utile représentée par le glucose formé
fût supérieure à l'énergie nécessaire à l'entretien du travail physiologique.
Or les résultats expérimentaux, que nous ne pouvons pas rapporter ici en
détail, nous montrent que la dépense liée au travail physiologique
augmente elle-même avec la richesse de l'alimentation en matières azotées,
ce qui diminue encore la valeur de l'albumine comme source de réserves
adipeuses.
On voit ainsi que la formation de la graisse aux dépens des matières albu-
minoïdes, si elle est théoriquement possible, est une opération physiologique-
(') En admettant que le coefficient thermique de l'oxygène chez l'animal à jeun est
de 4C;|1!6 et que la chaleur de combustion du glucose est de 3Cal,6o,2.
p54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment très onéreuse à cause des transformations intra-organiques de r albumine
et de la perte corrélative d'énergie qui en résulte.
Cette conclusion serait encore vraie si l'albumine se transformait direc-
tement en graisse, et dans ce cas, on ne peut admettre qu'une transformation
par oxydation qui rende compte de l'excès d'oxygène consommé, au lieu de
se transformer en glucose, mais le bilan des échanges nutritifs s'accorde
moins bien avec cette hypothèse qu'avec celle de la formation du glucose.
Il s'ensuit que l'organisme ne tire parti que d'une portion relativement
restreinte de l'énergie potentielle de l'albumine dépensée et que la valeur
nutritive de l'albumine, considérée comme aliment de l'énergie, doit se
mesurer, non à la totalité de l'énergie potentielle qu'elle renferme, mais
seulement à l'énergie représentée par le glucose qui en dérive, conformé-
ment à la théorie de l'équivalence isoglycosique des principes alimentaires
soutenue par M. Chauveau.
médecine EXPÉRIMENTALE. — Conditions de respirabilité des particules viru-
lentes obtenues par la pulvérisation liquide. Note de M. P. Chaussé,
présentée par M. Roux.
Dans la tuberculose nous entendons par respirabilité la possibilité, pour
les particules, de pénétrer dans les régions les plus profondes de l'appareil
respiratoire, c'est-à-dire dans les divisions bronchiques terminales non
ciliées, ou les alvéoles. Il y a, pour nous, diverses raisons de croire que
tous les bacilles qui se déposent sur l'épi thélium vibratile sont balayés vers
l'extérieur et ne peuvent être pathogènes; au contraire, lorsque l'agent se
fixe sur le revêtement non cilié, il y séjourne et exerce une action toxique
locale qui est le début de l'inflammation caséeuse. Lesparliculesrespirables
sont donc celles qui sont pathogènes par inhalation.
La respirabilité dépend de conditions purement physiques; elle est sans
rapports avec la résistance de l'individu ou de l'espèce. Durant leur transport
dans les voies aériennes, à une vitesse d'environ 3m par seconde, les particules
seront arrêtées par diverses causes si elles ne satisfont à certaines conditions
de légèreté et si elles dépassent la dimension des derniers segments bron-
chiques. Quelques expériences nous ont permis d'apprécier approximati-
vement les conditions de respirabilité des particules.
Première méthode. — Celte méthode consiste à étudier comment, se comportent
les particules envoyées par un courant aérien dans un tube droit ou présentant des
SÉANCE DU 25 mars 1913. g55
conjures multiples analogues à celles qui existent dans les voies respiratoires;
en faisant varier les conditions expérimentales, il nous a été possible de faire les
constatations suivantes :
i° Durant leur transport, les particules les plus volumineuses se déposent sur la face
inférieure du tube sous l'action de la pesanteur;
2° Les particules de Soft* sont transportables par un courant d'air de 2oc™ par
seconde ; celles de 301*1* par un courant de îo01"; les particules très fines ( 2^ à i5t*l* envi-
ron ) par des déplacements d'air insignifiants dont la détermination précise n'a pas
d'intérêt pratique;
3° Les particules très fines se réfléchissent sur les obstacles rencontrés, lant que la
vitesse de translation est inférieure à i5roenviron par seconde ; il y a à cela des raisons
mathématiques sur lesquelles il est inutile d'insister;
4° L'élimination des grosses et moyennes particules (a u-desMis de Sol*!*) est d'autant
plus certaine que la vitesse de transport est plus grande et que les coudes du conduit
sont plus nombreux ; si celte vitesse diminue, une autre cause d'arrêt inter\ ient plus
efficacement: la pesanteur;
5° Si l'on interpose dans le tube un réticulum 1res làclie, en coton, réalisant un peu
la disposition des vibrisses nasales, on réduit fortement le débit par la fixation des
plus grosses gouttelettes ;
6° Les particules de 2l*t*à 2.51*1* environ sont susceptibles de parcourir, avec une vitesse
de 2™, 5o, un tube ayant une dizaine de coudures de 6o°, ce qui est à peu près le cas
pour les voies respiratoires. Nous en déduisons qu'elles peuvent être inhalées; mois
les plus volumineuses d'entre elles ont de faibles chances de parvenir aux alvéoles,
en raison de leurs dimensions.
Deuxième méthode. — Dans notre première Note sur la pulvérisation liquide
(voir Comptes rendus, 24 février 1 9 1 3), nous avons \ u que les pai ticules de 2I*!* à i5ff-
sont les seules qui, projetées par l'appareil pulvérisant avec une grande vitesse initiale,
dépassent la distance de 2m.5o; quand on fait une pulvérisation de viius lubeicultux
en dilution liquide, cette constatation permet donc de soumettre un lot de cobayes à
l'inhalation des fines gouttelettes et un autre à l'inhalation de l'ensemble des parti-
cules. Le dénombrement des lésions produites, chez les uns et chez les autres, après
un délai de 3o jours, renseignera sur la respirabilité des pai ticules en chaque point.
Il faut cependant que le local soit assez petit (i3m* ) pour que la réflexion des vague.-.
aériennes, sur les parois, réalise une répartition à peu près unifoime de toutes les
fines particules.
Dans ces conditions, on constate que l'infection obtenue est sensiblement identique
chez les deux lots d'animaux. Il faut en déduire que les particules de 2 PI* à i5l*!* envi-
ron sont les seules respirables.
Troisième méthode. — Nos précédentes recherches nous ont également montré la
possibilité de séparer les particules liquides d'après leur temps de suspension. Si, par
conséquent, nous avons dans notre salle d'expériences, où nous allons pulvériser du
virus tuberculeux, un lot de cobayes exposé à l'inhalation de toutes les gouttelettes,
et plusieurs autres lots de cobayes placés dans des caisses métalliques étanches et
çp6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ouvrables de l'extérieur à un délai déterminé après la pulvérisation, nous pourrons
comparer chez les uns et chez les autres l'infection obtenue et en tirer des conclusions
relatives à la respirabilité des gouttelettes.
En opérant ainsi, nous obtenons une infection à peu près égale chez les animaux
recevant la totalité des particules et cliez ceux qui sont exposés 5 minutes après la pul-
vérisation liquide virulente; or, la quantité de bacilles reçue par ces derniers est
ooo fois moindre.
Nous devons en conclure à nouveau que, seules, les particules pouvant rester sus-
pendues quelques minutes sont respirables.
Conclusions. — Ces diverses méthodes concourent à nous démontrer
que, seules, les particules très fines ('i^' à i5^ environ) sont pathogènes par
inhalation. Mais il s'agit là, incontestablement, de particules instantané-
ment desséchées; c'est ce qui nous explique à la fois leur transportabilité
très grande, leur temps de suspension prolongé et leur respirabilité, toutes
propriétés qui sont étroitement solidaires et se ramènent, en réalité, à une
seule. Les particules dont il s'agit sont tellement légères, en partie par suite
de leur dessiccation, qu'elles obéissent à la moindre force aérienne et suivent
la colonne d'air dans les voies respiratoires en se réfléchissant à tous les
changements de direction; elles font, en quelque sorte, partie intégrante de
l'air inspiré.
Par conséquent, lorsque l'on fait de F inhalation expérimentale de virus
tuberculeux liquide, l'infection a lieu réellement par des particules sec/tes.
De ceci nous pouvons conclure que la théorie de la contagion tuberculeuse
par les particules liquides ne peut être exacte pour les gouttelettes et les vési-
cules, lesquelles, selon les élèves de Fliïgge, ne sont projetées qiCà iin ou i m, 5o
du malade en raison de leur poids; cette thèse pourra être admise sous une
autre forme si F on démontre que le tuberculeux émet des particules liquides
assez fines pour se dessécher instantanément et rester suspendues dans F air.
Quelques autres expériences nous ont indiqué, d'autre part, que les
conditions de respirabilité sont les mêmes dans les diverses espèces et que
la quantité inhalée est proportionnelle à la capacité respiratoire.
En ce qui concerne les virus, dont l'action pathogène n'est pas aussi
étroitement liée à leur accession à l'alvéole pulmonaire, ou aux ramifi-
cations bronchiques immédiatement voisines, les conditions de respirabilité
sont évidemment beaucoup plus larges.
SÉANCK DU 2D MARS IO,l3. 937
CHIMIE BIOLOGIQUE. — La réversibilité des actions fermentaires :
Émulsineel méthylglucosidefy. Note de MM. Em. Iîourquei.ot etEn. Verdun.
La doctrine de la réversibilité des actions fermentaires n'a été étudiée
jusqu'ici avec précision que dans l'action de l'émulsine des amandes sur le
glucose d en solution dans l'alcool étliylique et sur L'éthylglucoside (3 en
solution dans le même alcool.
Il a été démontré :
I. Que l'émulsine peut déterminer l'union du glucose avec l'alcool pour
former l'éthylglucoside (3 et hydrolyser cet éthylglucosidc en ses deux com-
posants : glucose et alcool étliylique (').
II. Que si l'on fait agir séparément, dans de l'alcool éthylique de même
titre, de l'émulsine sur du glucose d, d'une part, et sur de l'éthylgluco-
side (3, d'autre part, le glucose libre, dans le premier cas, et le glucose
combiné, dans le second, étant en quantités égales, les deux réactions
(synthétisante et hydrolysante) s'arrêtent alors que la composition des
deux solutions est devenue identique, c'est-à-dire alors qu'elles renferment
les mêmes proportions de glucose et d'éthylglucoside (3 (2).
III. Que si, dans les expériences précédentes (II), on fait varier les pro-
portions d'émulsine ajoutée aux solutions, cela ne change rien à la compo-
sition que présenteront les solutions au moment de l'arrêt des réactions. On
atteint le même état d'équilibre qui ne dépend, dans des alcools de même
titre, que des proportions de glucose et d'éthylglucoside [3 en présence (3).
( les résultats ne peuvent se concevoir qu'en admettant qu'un seul ferment
intervient dans les réactions et que l'action de ce ferment est réversible.
Il nous a paru qu'il ne serait pas sans intérêt, ne fût-ce que pour s'assurer
que ces conclusions sont générales, de soumettre aux mêmes recherches
l'action de l'émulsine sur un autre alcoolglucoside j3, le méthylgluco-
side [3, par exemple.
(') Em. Bourquelot et M. Bridel. Comptes rendus, séances du 20 mai 191.?, p. i3jb
et du 17 juin 1912, p. 737.
C2) Eh. Bourquelot et M. Bridel, Comptes rendus, séance du 22 juillet 191 2,
p. 3i9.
(3) Em. Bourquelot et J. Coirre, Comptes rendus, séance du 2/J février igi3,
p. 643.
ï)58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans une première série d'expériences, on a institué les essais suivants
d'hydrolyse et de synthèse dans des alcools méthyliques à l\o et 80 pour 100
en poids.
A,. — Hydrolyse. A2. — Synthèse.
Méthylglucoside (3 o»,544o Glucose o»,5o47
Aie. méthylique à 4o p. 100, Aie. méthylique à 4o p. ioo,
q. s. pour oocmJ q. s. pour 5ocm*
B,. — Hydrolyse. B2. — Synthèse.
Méthylglucoside (3 os,53o,7 Glucose o§,5o07
Aie. méthylique à 80 p. 100, Aie. méthylique à 80 p. 100,
q. s. pour 5oC1"' q. s. pour 5ocl0'
Les proportions de glucose de A2 et de B., sont, comme on le voit, égales
à celles qui entrent dans la composition du méthylglucoside (3 en A, et B,.
On a pris la rotation initiale des solutions (/ = 2), puis on a ajouté, à
chacune d'elles, og,3o d'émulsine et on les a abandonnées à la température
du laboratoire (-+- 160 à -(-19°), jusqu'à l'arrêt de la réaction. Voici les
résultats de ces essais :
A,
A,
B,
B,
dotation
Rotation
Sucre réducteur
Il urée
initiale.
à l'arrêt.
à l'arrêt.
de la réaction.
-42'
— 6
0 , 1 9/1
S à 12 jours
+64
— 6
0,194
1 2 à 1 6 »
-46
-34
o,o535
4 à 8 »
+70
-34
o,o545
20 à 24 »
Ainsi donc, comme dans les expériences effectuées avec l'alcool éthy-
lique, pour les alcools méthyliques de même titre, si l'on emploie des quan-
tités correspondantes de glucose et de méthylglucoside (3, la synthèse et
l'hydrolyse atteignent, avec l'émulsine, le même état d'équilibre.
Pour étudier ces processus en faisant varier les proportions d'émulsine, on a opéré
sur des alcools méthyliques de différents titres (10, 20, 3o, 4o, 5o, 60, 70, 80, 90 et
95 pour 100, en poids) renfermant, pour ioocm', is de glucose d.
Avec chacune de ces solutions, ont été faits trois essais dans lesquels, la quantité de
solution étant de ioocm\ on a employé o-, 20, o?, 4o et 0^,60 d'émulsine; soit trente
essais qui ont été abandonnés à la température du laboratoire ( 160 à 200).
La rotation a été prise tous les quatre jours, jusqu'à l'arrêt de la réaction, arrêt
constaté p ir L'ég tlité de deu\. rotations observées successivement. Le sucre réducteur
n'a été dosé qu'après l'arrêt ainsi constaté.
SÉANCE DU -j5 MARS IO,l3. (pp.
Dans le Tableau suivant sont rassemblés les principaux résultats de ces
estais :
Émulsiiic : Os, M. Kmulsinc : 0e, 40. Émulsioe : 0»,60.
Titre Roiation Sucre Rotation Sucre liolation Sucre
de l'alcool. finale. réducteur. finale. réducteur. finale. réducteur.
g . l' / g
10 +42 o,8o3 4-^2 0,792 -t-42 o,83(|
•20 -t-28 0,604 -t-26 0,638 -1-26 o,638
3o -t-i4 o,5o4 4-io o,.")i>4 -h 10 0,017
'10 — 4 o,4oi — 2 o,3ga — 2 o,3g4
• jo — 8 0,319 — ' ° o , 3 1 1 — 10 o , 3 1 1
60 —l6 0,248 — l6 0,243 — 16 0,2.jl
70 — 24 0,174 — 24 O.I74 — 22 0,174
No — 32 0,120 — 32 0,117 — 32 0,I2O
90 — 38 0,087 — 4° 0,602 — 4o 0,061
95 (')... . —22 n — 42 0,0 \t\ — 40 0,057
Ces expériences démontrent donc que non seulement la proportion de
méthylglucoside formé croit avec le titre de l'alcool métbylique, mais
encore que l'augmentation de la quantité d'émulsine est sans influence sur
la limite à laquelle on aboutit avec un alcool métbylique de titre déterminé.
Ce qui varie, c'est le temps de la réaction, qui est d'autant plus court que
la proportion d'émulsine est plus forte. A cette variation se rattachent
d'ailleurs d'autres questions qui seront examinées dans un autre Recueil,
en même temps que la variation elle-même.
chimie biologique. — Recherches sur les composés phosphores
formés par /'Amylomyces Rouxii. Note (2) de M. W. Goiml,
présentée par M. Roux.
On peut extraire de Y Amylomyces Rouxù, du phosphore combiné sous
trois états différents : deux formes organiques nettement distinctes l'une de
l'autre et une forme minérale (orthophosphates).
Les composés organiques apparaissent comme des constituants normaux
du tissu de l'être vivant, leur élaboration correspond à la période d'activité
du végétal; les phosphates minéraux, au contraire, résultent de la dégra-
(') L'action qui se poursuit depuis 4 mois pour les deux premiers essais et depuis
2 mois pour le troisième ne parait pas encore terminée.
(2) Présentée dans la séance du 17 mars igt3.
C. R., iqi3, 1" Semestre. (T. 15)6. !V 12.) 122
9G0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dation du phosphore organique pendant le vieillissement de la mucorinée.
Les deux formes organiques se différencient entre elles par leur mode
d'extraction, l'une étant soluble dans l'éther, l'autre ne se dissolvant que
dans les alcalis.
a. Forme soluble dans l'éther. — On la sépare du végétal en traitant le mycélium,
broyé et desséché, par l'éther anhydre, dans un appareil Soxhlet. L'extractif ainsi
obtenu ne renferme pas que la combinaison phosphorée, il se dissout en même temps
des matières grasses dont la proportion augmente rapidement avec le développement
de la mucorinée; on peut, en traitant par l'alcool, séparer la majeure partie des gly-
cérides; la partie soluble donne les réactions attribuées à la lécithine d'oeuf.
Ce composé phosphore est bien de nature organique, l'extractif convenablement
purifié ne renferme pas de phosphates minéraux dissous ou en suspension dans la
niasse.
De plus, dairs les conditions de vie où se trouve placé VAmy/omyces, c'est-à-dire en
milieu aqueux, il est impossible d'admettre la présence de mélaphosphates alcalins (') ;
ces sels instables, produits de déshydratation et de calcinalion, ne pourraient prendre
naissance, ni se maintenir dans de pareilles conditions; par contre, l'alcoolyse mélhy-
lique(-) en milieu chlorhydrique libère, de l'extractif élhéré. une combinaison orga-
nique du phosphore, ou celui-ci n'apparaît aux réactifs qu'après destruction de la
molécule par l'acide nitrique fumant.
L'alcoolyse est pratiquée comme l'indique son auteur, jusqu'à l'éthérification méthy-
lique des acides gras; on traite ensuite par le carbonate de chaux, pour détruire l'acide
en excès, puis on ajoute de l'eau de chaux jusqu'à légère réaction alcaline; il se forme
un précipité qu'on sépare. Après lavage à l'alcool pour enlever la glycérine et autres
produits solubles; on dessèche dans le vide. On obtient une matière blanche, soluble
dans l'eau, possédant les propriétés du glycéropho>phate de chaux.
La nature du milieu n'influence pas sensiblement le rendement en phos-
phore combiné; les cultures sureau de levure et peptone ont fourni des
extractifs dont la teneur en P205 varie entre i,5 et 2 pour 100. Le liquide
de Raulin neutralisé, un peu moins favorable à YAmylom)ces que les pré-
cédents milieux, a cependant donné des rendements un peu plus élevés,
variant entre 2,2 et 2,9 pour 100.
Si l'on calcule en lécithine (supposée stéarique), la combinaison phos-
phorée peut représenter 32 pour 100 de l'extractif éthéré et environ
3 pour 100 du poids de la plante sèche.
Le dosage du phosphore est pratiqué, dans tous ces essais, par fusion
de la matière avec un mélange oxydant de ÎNOMv et KOH dans une cap-
(') tîAKiiir.iu, Sur la non-existence des lécitliines libres ou combinées dans le jaune
d' œuf et dans les structures biologiques (Comptes rendus, 22 juillet 1912).
(*) Halleh, Comptes rendus, 1906.
SÉANCE DU 25 MARS I()l3. 961
suie d'argent;on précipite parla liqueur molybdique OetTon pèse àTétat
deP207Mg2.
b. Forme soluble dans les alcalis. — On peut encore isoler du végétal, aprè--
traitement à l'éther, une autre combinaison organique phosphorée; on l'obtient de la
façon suivante : 208 environ de mycélium, ayant déjà subi l'épuisement élhéré, sont
traités par 20™' de NaOH à 36° Bé, on malaxe i5 minutes, on ajoute 10e1"1 d'eau
et ioom3 de chlorure ferrique à 10 pour 100; après agitation on égoutte sur une toile
et l'on exprime par torsion; le liquide filtré est mélangé à un égal volume d'alcool à 85° ;
on neutralise par HCI dilué jusqu'à réaction acide, il se forme un précipité qu'on
sépare et qu'on purifie par dissolutions répétées dans la soude, suivies de précipita-
tions par l'alcool chlorhydrique. Après lavage à l'eau distillée, on dessèche à 80°. Le
composé obtenu est blanc, insoluble dans l'eau, l'éther, l'alcool, les acides, mais se
dissout facilement dans les alcalis. Ce corps ne renferme pas de phosphates miné-
raux libres, et ne précipite par la liqueur molybdique qu'après destruction par NO' II
fumant ; traité à chaud par la phloroglucine en milieu chlorhydrique on voit appa-
raître la coloration rouge intense attribuée aux acides nucléiques, dont ce corps pos-
sède toutes les propriétés, enfin la teneur en phosphore varie entre 8 et 9 pour 100,
ce qui établit une nouvelle concordance avec les acides nucléiques des nucléo-
protéides.
L'évolution du phosphore lécithiné est liée à la formation du phosphore
nucléique; cette première forme semble servira édifier la seconde, de struc-
ture plus complexe. La disparition des lécithines correspond à une teneur
maximum en phosphore total; c'est la période du plus grand développement
du végétal.
P-Oà calculé
Poids en lécithiné sléarique P205 total
de plantes sèches pour 100 pour 100
(pour 10')- de végétal. de végétal.
Après 5 jours 6,9 i,432 4>4'
» i5jours 10,0 2,227 6,10
» 1 mois 12,1 2 ,944 7 ,25
» 3 mois 1 3 , 6 o,85i 10,60
« 4 mois 1 3 , 1 traces 10, 4o
Avec le temps, le phosphore nucléique est lentement désassimilé par la
plante; il fait retour au milieu de culture sous la forme minérale, directe-
ment dosable :
(') D'après Wov, Ch. Ztg., t. \XI, 1897.
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I';l>'
1'- 1 1
pjQ-
.le la
Poids
total
organique
culture
île plante
de
P'O5
(par
( pour V 1.
recollée.
la piaule.
minéral.
différence)
Initial
2 . o85
1 , 1 1 1
»
6.3
»
0,662
»
o,o5o
»
Après 2
mois. . .
0,6l2
» 8
mois. . .
t',728
6,0
«,3',8
0, 100
0,248
» 10
mois. . .
1,810
•5.9
0, 260
0 , 094
0. 166
On a vu qu'à côté des composés phosphores élaborés par la moisissure,
lextractif contient aussi des glycérides; nous eu étudierons révolution dans
une Note ultérieure.
CHIMIE biologique. — .4 propos de la sécrétine ( liayliss et Slarling) et de In
vaso-dilaline (Popie/ski). Note de MM. L. LaùNoy et K. Oechsi.in, pré-
sentée par M. Roux.
Traitée par l'eau acidulée, la muqueuse duodéno-jéjunale laisse passer
en solution une substance qui, injectée dans le système circulatoire, pro-
voque la sécrétion du suc pancréatique.
Ce fait a été démontré, en 1902, par Bayliss et Starling ('); ils donnèrent à la
substance excito-sécréloire. vraisemblablement contenue dans leur solution, mais non
définie et non isolée, le nom de sécrétine. Dans le Mémoire classique écrit par eux. sur
celte découverte, ils annoncent que l'injection de leur solution de sécrétine est immé-
diatement suivie d'une dépression sanguine; ils estiment qu'à côté de la sécrétine. il
existe dans leur sol u lion une depressor substance différente de la sécrétine; la depresson
substance et la sécrétine diffèrent par leur solubilité dans l'alcool absolu. Nous voyons
en effet (par les tracés 8 et 9, p. 338 de leur publication) qu'on peut obtenir une
sécrétine sans depressor substance; toutefois, ces tracés sont peu concluants; en effet,
les solutions de sécrétine sans depressor substance et les solutions de depressor sub-
stance sans sécrétine diffèrent bien quant à leur action sur la pression sanguine, mais
elles sont sensiblement égales quant à leur action excito-sécrétoire. Ces documents
paraissent donner raison aux expérimentateurs qui soutiennent, avec M. Fopielski,
que la sécrétine est identique à la substance dépressive désignée par M. Popielski sous
le nom de vaso-dilaline. Four ce dernier, il n'y a pas de sécrétion sans vaso-dilatalion
et, tout récemment encore, il conclut d'une façon très générale que : « Die Sekrèlion-
stâtigkeit ist eine Folge der Ungerinnbarkeit des Blutes und der Brweiteriing der
lilutgefasse ('). »
(') Baïi.iss et Starling, The Journ. of Physiol., t. WV'III, 1902, p. 320.
('-) I'oi'ihski. Arcli./iir die Gesain. Physiol., t. CL, 191 i t, p. 14 du tirage à pari),
SÉANCE DU af) MARS I g 1 3 .
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g6/| ACADÉMIE DES SCIENCES..
L'opinion de MM. Bayliss et Starling n'a donc pas été admise par tous les expéri-
mentateurs; dans un travail récent ('), M. Malsuo, tout en se rangeant du côté des
auteurs anglais, n'apporte aucune expérience propre à conclure d'une façon définitive,
soit dans le sens de MM. Bayliss et Starling, soit dans le sens de M. Popielski. La
question de savoir si la sécrétine et la vaso-dilatine sont identiques ou différentes reste
donc posée tout entière.
Dans une Note préliminaire (2), nous avons indique une méthode per-
mettant d'obtenir la sécrétine à l'état solide. Par des précipitations répétées
au moyen de l'alcool absolu des solutions aqueuses de notre sécrétine, nous
avons finalement obtenu une poudre qui, après dessiccation, se présente
avec les caractères suivants : poudre blanche très soluble dans l'eau avec
réaction alcaline, insoluble dans l'alcool absolu, non hygroscopique; forte-
ment excito-sécrétoirc à faible dose, sans aucune action dépressive.
D'autre part, la concentration de l'alcool ayant servi aux précipitations
ci-dessus nous a donné un résidu de couleur jaunâtre, de consistance solide
quand il est tout à fait sec, soluble dans l'eau avec forte réaction alcaline,
très hygroscopique. La solution aqueuse de ce produit est faiblement
excito-sécrétoire chez les animaux dont le pancréas n'a pas été excité au
préalable par la sécrétine; elle est fortement dépressive, la dépression
provoquée est immédiate et de longue durée (voir les tracés ci-dessus).
Ainsi donc il n'est pas douteux, après nos recherches, que la sécrétine et
la vaso-dilatine sont deux substances différentes; les résultats que nous
venons de faire connaître nous paraissent propres à clore définitivement le
débat sur cette question; il s'ensuit que l'opinion de M. Popielski, rappelée
par nous ci-dessus, ne saurait être justifiée en tant que loi générale de la
sécrétion glandulaire.
Conclusions. — Nous avons séparé des macérations de muqueuse duodéno-
jéjunale deux substances différentes :
i° Une substance excito-sécrétoire sans aucune action dépressive; elle
répond à la substance dite sécrétine ;
2° Une substance fortement dépressive, faiblement excito-sécrétoire.
Cette substance correspond à celle dont MM. Bayliss et Starling avaient
prévu la présence dans leur macération duodéno-jéjunale et qu'ils avaient
qualifiée de depressor substance. Comme nous désirons séparer d'une façon
(') Matsuo, The Jour n. of Physiol , t. XLV, n° G, 1910, p. ^-.
('-) L. Launoy et K. Oechslin, Comptes rendus Soc. BioL, t. LXXIV, i<)i3, p. 338.
SÉANCE DU 25 MARS IO,l3. 9*35
1res nette la vaso-dilatine de M. Popielski de la substance dépressive que
nous venons d'isoler du duodéno-jéjunum, nous proposons pour elle lenom
de dépressine; dans le choix de ce nom, nous nous conformons à la termi-
nologie des auteurs anglais ( *).
GÉOLOGIE. — Sur la structure de la zone littorale de l'Algérie occidentale.
Note de M. Louis Gentil, présentée par M. Douvillé.
J'ai signalé autrefois (a) la structure compliquée du massif des Trara
(Oran) et notamment l'existence d'un pli chevauché du Nord vers le Sud,
depuis le cap Noe jusqu'au Dj. Tadjera. Mes recherches au Maroc m'ont
incité à revenir à diverses reprises dans ces régions algériennes, de façon à
établir les relations géologiques du littoral oranais et de la zone la plus
septentrionale du Maroc oriental. Je désire, dans cette Note, résumer, à ce
point de vue, mes principales conclusions.
Le pli du Dj. Tadjera montre les calcaires du Lias moyen (Doméiien) et supé-
rieur (Toarcien), chevauchés sur le Miocène inférieur (Cartennien ). Ce pli est
enraciné au bord de la mer entre la baie d'Ahnaï et celle de Sidna loucha. On voit de
ce côté les calcaires massifs du Lias moyen redressés en une falaise abrupte, puis se
déverser vers le Sud. Au contact du Miocène inférieur, le poudingue de base de cet
étage, caractérisé par Ostrea Cartenniensis Br., Peclen Convexior Alm., etc., est
retroussé, tandis que, plus au Sud, le calcaire basique est chevauché jusqu'à une
distance de plus de 6km de la côte.
Au sud-est du cap Noe, à la limite du massif schisteux silurien des
Trara, le djebel Sidi Sefiane offre une structure analogue, mais témoignant
d'un effort orogénique moindre.
Les calcaires du Lias moyen et les marno-calcaires à riche faune toarcienne qui les
surmontent reposent, au Nord-Ouest, sur les schistes siluriens et sont plissés en un
anticlinal complètement déversé sur le Miocène inférieur, retroussé à son contact,
dans la vallée de l'O. el Ouïdan.
( ' ) La vaso-dilatine de l'extrait de duodéno-jéjunum e^t évidemment égale à
sécrétine ■+- dépressine.
(2) Esquisse strati graphique et pétrographique du Bassin de la Tafna {Algérie i.
p. 4q5 et suiv., et Carte géologique au ; 0 „' 0 0 „ , PI. V. Alger, 1902.
Ç)66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on se déplane vers l'Ouest en se rapprochant du Maroc, on observe
les mêmes phénomènes tectoniques qui prennent plus d'importance.
Chez les Béni Menir, entre le cap Noe el le cap Torsa, le Lias calcaire se montre en
lambeaux, disséminés sur les marnes du Miocène inférieur caractérisées par une faune
btirdigalienne et rendues schisteuses par la compression. De plus, il est fréquent de
voir des lambeaux de poussée interposés entre le Miocène et le Lias, essentiellement
formés par les argiles bariolées el les gypses du Trias lugunaire. Au cap Torsa, le
Lias moyen se montre, comme au cap Noe, en une falaise formée par la racine droite
du pli poussé sur le Miocène inférieur, tandis qu'à Nemours les travaux du port ont
entaillé un lambeau de calcaire liasique en superposition anormale sur les schistes et
les grès du Séquanien.
Mais c'est dans la vallée de l'O. Kouarda, chez les Msirda, que le phé-
nomène prend sa plus grande ampleur.
Le Lias, qui se montre encore enraciné au bord de la mer, forme un pli largement
chevauché sur le Miocène inférieur marneux (') qui s'étale dans la vallée de ce petit
fleuve côtier.
Le Dj. Ali ben Sala, sur la rive droite, et le Dj. Zendal, sur la rive gauche, sont
formés par le Lias moyen reposant sur le Miocène inférieur et l'on peut voir, sur tout
le pourtour méridional du calcaire liasique du Zendal, affleurer, sur les marnes miocènes
schisteuses, un lambeau de poussée du Trias gypseux fortement laminé. Trois affleu-
rements du Lias, appartenant au même pli, se trouvent isolés plus au Sud, par l'éro-
sion formant les crêtes calcaires du Koudiat Ferkéd et du Dj. Kelâ, à soubassement
miocène. D'autres pointements liasiques, au Dj. Alouïa et au Dj. Mellafen, chez les
Attia, ont leurs contacts masqués par les déjections andésitiques postérieures
du « Volcan des Msirda ».
Dans ces régions, le Lias chevauche le Miocène inférieur sur une étendue
de plus de i ikm.
La zone littorale est bordée, dans ces contrées, par l'imposante crête
du Dj. Filhaoucen dont j'ai montré la continuité, par le massif des Béni
Snassen, avec les chaînes marocaines.
Le Dj. Filhaoucen s'élève entre les vallées miocènes de l'O. Mersa (Nemours) et de
la Tafna. Il ollre les terrains primaires (schistes siluriens des Trara, poudingues per-
miens des Béni Menir) et toute la série jurassique que j'ai décrite dans le massif
des Béni Snassen, série de sédimentation continue, depuis la transgression mésolia-
sique jusqu'au Jurassique supérieur. Toutes les couches secondaires y forment un
vaste anticlinal déjeté vers le Sud, s'appuyant parfois, comme chez les Béni Mishel,
(') Ces marnes du Miocène inférieur ont été confondues autrefois avec les argiles
et grès de l'Oxfordien (Cartes géologiques au gWïolï ^e l'Algérie, éditions de 1889
et de iqoo).
SÉANCE DU 25 MARS IÇ)l3. 967
sur les dépôts du Miocène inférieur. Sur son revers méridional, la chaîne montre son
ossature primaire, les schistes siluriens affleurant sur une bande étroite parallèle à la
crête, pinces entre les flancs jurassiques de la montagne.
Il faut donc admettre que les mêmes efforts orogéniques qui ont laissé
des traces si manifestes dans la zone littorale ont eu leur répercussion dans
cette chaîne.
Plus à l'Ouest encore, j'ai montré ( ' ) qu'au Maroc le massif des Kebdana
offrait des phénomènes de charriage tout à fait comparables (').
Le Lias s'y montre poussé sur les schistes à Posidonomya alpina et P. Dalmasi,
avec interposition fréquente d'une lame très mince, fortement laminée, d'argiles
bariolées du Trias gypseux. L'étendue du chevauchement vers le Sud oscille, ici,
entre iokm et i5km. La répercussion des efforts orogéniques qui ont affecté la région
littorale est non moins discutable dans le massif des Béni Snassen où se montrent des
plis imbriqués poussés vers le Sud (-).
Ainsi, depuis la baie d'Ahnai jusqu'à la lagune de Mar Chica, dans la zone
marocaine espagnole (soit sur un espace de plus de i20km), partout, le
bord de l'effondrement méditerranéen est jalonné par les mêmes phénomènes
orogéniques. Et je pense que la même continuité tectonique se poursuit
dans l'Est.
J'ai observé, en effet, les mêmes chevauchements du Lias sur le Miocène inférieur
et sur les marnes sénoniennes, entre l'îlot d'EI Mokreum et l'embouchure de la Tafna
chez les Béni Khelad. Je crois, aussi, que le Lias qui couronne le Dj. Skouna est che-
vauché, enraciné au bord de la mer, ayant poussé devant lui une partie du Trias
gypseux de la vallée de Feïd el Ateuch, au pied de la colline des Sebà Chioukh ; je suis
même porté à admettre que le gîte de fer célèbre de Béni Saf a subsisté en partie aux
ravages de l'érosion, grâce à la protection de la nappe calcaire qui lui sert de toit.
Enfin je ne serais pas surpris que les mêmes phénomènes s'étendissent jusqu'au voisi-
nage d'Oran.
Il est possible, en outre, de dire, avec assez de précision, l'âge de ce
mouvement orogénique. Le Lias chevauché recouvre fréquemment le
Miocène à faune burdigalienne (Cartennien) tandis qu'il est recouvert par
les grès tortoniens ou par le Miocène supérieur (Sahélien) en place.
Le premier cas s'observe dans la région de Béni Saf où j'ai décrit des couches
à faune helvétienne, avec Peclen substriatus d'Orb., P. Fuchsi Font., Ostrea
(') Comptes rendus du 3i octobre 1910.
(2) Louis Gentil, Esquisse géologique du massif des Béni Snassen (Bull. Soc.
géol. de France. 4e série, t. V1I1, p. 391-417, PU VII1-IA).
C. P.., k.13, 1" Semestre. (T. 156, N° 12.) ' 23
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Barroisi Kil. et les grès de Béni Saf à faune tortonienne avec Pecten Besseri Andr.,
P. costisulcatus Alm. Bof., Cylherea Pedemontana Agass., accompagnant les
Clypéatres décrits par Pomel ('). Dans l'Ouest, depuis le cap Torsa jusqu'au delà des
Kebdana, partout des grès et argiles en place recouvrent le Lias chevauché et sont
caractérisés par les débris de la faune du Miocène supérieur (Sahélien) à Pecten
Bestitutensis Font., P. ihcrassatus Part., P. sarmenticus Goldf., P. Bollensis
Font., etc., que j'ai signalés à Nemours et à Port-Say (2).
Il résulte de ces observations que le Lias a été charrié au Miocène moyen
ou plutôt au début de cette époque, à l'Hehétien.
La séance est levée à 4 heures et quart.
G. D.
( ' ) Thèse de doctorat, p. 322 et suiv.
(2) Comptes rendus, 3o janvier 191 1.
SÉANCE DU 2D MARS lC)l3. 969
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages keçus dans la séance du 17 mars 1 9 1 3.
Bureau central météorologique de France. Procès-verbaux des Séances du Comité
météorologique international avec les procès-verbaux de la Commission de Magné-
tisme terrestre et d'Electricité atmosphérique. Réunion de Paris, 1907. Réunion
de Berlin, 1910. Paris, Imprimerie nationale, io,<3; 2 fasc. in-8°.
Ministère de l'Intérieur. Recueil des Actes officiels et Documents intéressant
V Hygiène publique. Travaux du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France ;
t. XLIV, année 1910. Melun, Imprimerie administrative, 1912; 1 vol. in-8°.
Rapport sur les travaux du Bureau central pendant les 50 premières années de
l'Association géodésique internationale, par F. -H. Helmert. Leyde, E.-J. Brill, 1918;
1 fasc. in-4°.
Annales de l'Institut océanographique. Tome V, fasc. 5 : Étude systématique et
biologique des Poissons de la Manche occidentale, par Ed. Le Danois. — Fasc. 6 :
Untersuchungen iiber die Absorption des Lichts im Seewasser (erster Teil), par
Klaus Grein. Paris, Masson et Cie, 191 3; 1 vol. et 1 fasc. in-4".
Titres et travaux scientifiques du Lieutenant-Colonel P.-L. Monteil. Goulom-
miers, imp. Paul Brodard, 191 3; 1 fasc. in-4°.
Les rayons ultraviolets et leurs applications. Les lampes à vapeur de mercure,
par ['Institut scientifique et industriel. Paris, s. d.; 1 fasc. in-8°.
Le Mois scientifique et industriel; nos 1 59— 10 1 , novembre 1913-janvier igi3.
Paris ; 3 fasc. in-8°.
R. Magistrato aile acque. Ufficio idrografico. Terza relazione annuale del
Direttore ; pubblicazione n° 36. Venise, 1912; 1 vol. in-8°.
Department of ter restriai ma gnetism of the Carnegie Institution of Washington.
Annual Report of the Director, 1912. (Extr. du Year Book. n° 11, p. 23o-238,
pi. 6 et 7); 1 fasc. in-8°.
Meteorologisches Jahrbuch fur Finnland, liera usgegeben von der Meleorolo-
gischen Zentralanstalt; Bd. VII; VIII, Teil 1; IX, Teil 1; 1907-1909. Helsingfors,
1932; 3 fasc. in-4°.
Division territorial de los Estados Unitados Mexicanos. Estados de Aguasca-
lientes, Colima y Morelos. Mexico, 1912; 3 fasc. in-4°.
970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages reçus dans la séance du nb mars i 9 i 3.
Institut de France. Académie des Sciences. Rapport sur la pétition adressée au
Président de l'Académie par la plupart des Correspondants nationaux, par
M. Gaston Darboux. — Commissaires : MM. Guyon, président; P. Appell, vice-pré-
sident; Ph. van Tieghem, secrétaire perpétuel; Emile Picard, Edmond Perrier,
Dastre, Alfred Picard ; Gaston Darboux, rapporteur (II. Poincaré elCailletet, décédés).
(Extr. des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences; t. 156, p. 836;
séance du 10 mars jo,i3.) Paris, Gauthier- Villars ; 1 fasc. in-4°.
L'Atlantide, par Pierre Termier, Membre de l'Institut. Conférence faite à l'Institut
•océanographique de Paris, le 3o novembre 1912. [Bulletin de l'Institut océanogra-
phique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco; n° 256, 20 janvier 1910.) Monaco;
1 fasc. in-8°.
Flore complète, illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique, comprenant
la plupart des plantes d'Europe, par Gaston Bonnier, Membre de l'Institut;
fasc. 7-10. Paris, E. Orlhac; Bruxelles, J. Lebègue et Cic; Neuchâtel (Suisse), Dela-
chaux et Niestlé; 4 fasc. in-4°.
Specola astronomica vaticana. I : La rotation de la Terre; ses preuves méca-
niques anciennes et nouvelles. Second Appendice : Continuation des expériences, par
J.-G. Hagen. Bédigé en français par P. de Vregille. Borne, 1912; 1 fasc. in-4°. (Pré-
senté par M. Bigourdan.)
Recherches cylologiques sur le genre « Amhlystegium », par Em. Marchal. (Extr.
du Bull, de la Soc. roy. de Bot. de Belgique; 2° série, t. I. Volume jubilaire.) 1912;
1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Die Greenscke Funktion der Scluvingungsgleichung, von A. Sommerfeld. (Exlr. de
Jahresbericht der deutschen Mathematiker-Vereinigung ; t. XXI, 1912, lleft 10/12.)
Leipsig, B.-G. Teubner; 1 fasc. in-8°.
Sur le calcul des opérateurs de Newcomb, par 11. v. Zeippel. (Arch. for Mate-
matik, Astronomi och Fysik; Bd. VIII, n° 19.) Stockholm, Almqvist et Wiksell ;
Paris, C. Klincksieck, 1912; 1 fasc. in-S°.
La place des Mathématiques dans la pratique du génie, par W.-H. Whtte. (Extr.
de Scientia; t. XII, 6e année, 1912, n° XXV1-6.) Bologne, Nicola Zanichelli; 1 fasc.
in-8°.
Nova Acta regiœ Societatis Scientiarum Upsa/iensis; 4e série, t. 111, fasc. 1.
Upsal, igii-igiS; 1 vol. in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 31 MARS 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GDYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les surfaces minima engendrées
par un cercle variable. Note de M. Gaston Darboux.
5. Les calculs que nous venons de faire dans ce cas particulier se com-
pliqueraient beaucoup dans le cas général ; nous avons donc choisi une autre
méthode, que nous allons maintenant exposer.
Regardons dans les équations (5) A, B, C, a, b, c, R comme des fonc-
tions connues d'un paramètre variable A. Ces équations déterminent alors
la surface la plus générale engendrée par un cercle, etâles cosinus directeurs
de la normale en un pointa cette surface seront donnés par les formules (8)
où H, K, 1 sont définis par les formules (7) et (9). Il faut exprimer que
cette surface est minima.
Pour cela nous remarquerons qu'une des propriétés caractéristiques des
surfaces minima est que l'expression
X dy — Y d.v
soit une différentielle exacte. Pour exprimer cette propriété nous regarde-
rons X, Y, Z comme des fonctions des variables indépendantes x, y, s, X;
et, en tenant compte des relations qui lient ces quantités, nous serons con-
duit à la condition très symétrique,
dX d\ àZ k r /. dX DàY „dZ\
dx dy dz A k \ dl dl dl )
C. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 13.) 124
972 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui devra être une conséquence des équations (5). En faisant le calcul, on
trouve
(a4) -[2K + 22Aa'](H2+RM^) + 2KHRR' + R2Al^— k^Wo.
C'est une relation qui est généralement du troisième ordre par rapport à
x, y, z et qui doit être une conséquence des équations (5).
6. Commençons par considérer le cas où le plan du cercle est parallèle à
une direction fixe. Alors on pourra supposer
A = o, B = o, G = i , c = À, c' = i ;
on aura
K4-2A«'=o, K = -i,
et l'équation (24) se réduira à la suivante
ce qui donne
2HR'-R'^ = o,
C'A
[2a'(x — a)+2b'(y — b) + ic'{z — e) + 2RR']R'
= R[a"(x — a) + ù"(y- b) — a"1— b'1- 1 -hRR"+ R'2].
Cette relation devant avoir lieu en vertu des équations (5), dont la seconde
se réduit à
Z — A = O,
on peut y remplacer z par X; et l'équation restante devra avoir lieu pour
toutes les valeurs de x, y, ce qui permet de la décomposer dans les trois
suivantes
2«'R'r=Ra", 2b'W=Rb", RR"— R'*= 1 + «."-+ b'\
L'intégration des deux premières nous donne
a' = /jR\ ù'=,,Ri,
p et q désignant deux constantes. En portant ces valeurs de a', b' dans la
troisième équation, il vient
RR"-R'2=(/j2-w/2)R4+i.
II suffit de multiplier les deux membres par ^ pour avoir départ et d'autre
séance du 3i mars io,i3. 973
des différentielles intégrables. L'intégration donne
c étant une constante arbitraire; il vient alors
(^y=(/>s+72)R;+cR>-.,
puis
a — p f R2 dz -+- p„. b = q I R2 dz
q»,
p0 et 0 désignant de nouvelles constantes.
Ces dernières formules montrent que la courbe lieu des centres (a, b)
est dans un plan vertical. En prenant ce plan pour plan des xz, on annulera
q et q0. Ainsi on pourra, sans restreindre la généralité, prendre les formules
(2-5) V
i a = p I R2 dz, b = o.
La première montre que R ne descendra pas au-dessous d'un certain
minimum. Car on peut toujours mettre le polynôme du quatrième degré
en R sous la forme
(26) p*R*+cR* — i=j»«(R«— RJ){R!4-RÎ).
On aura toujours
d»R.Ri = i,
et il sera possible de poser, (3 étant une quantité réelle,
(27) R = R0cnj3f.
Si l'on prend pour le module de la fonction elliptique la valeur
(28) * =
R»
v/RÎ-hRJ'
la première équation (20) nous donnera
rf(3 _ 1
dz ~~ Â'R0
ce qui permettra de prendre
(29) Z = A'R0(3.
974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On aura ensuite
a =p f R- dz = AH0(3 + ^Z(i(3),
de sorte que la surface sera déterminée par les équations
k iR.
(3o)
y ' = R»CnR^sin+>
qui ne diffèrent de celles que nous avons obtenues plus haut que par le
changement de R en R0.
7. Revenons à l'équation (24) et supposons maintenant que les plans des
cercles n'aient pas une direction fixe. Nous allons montrer que, dans ce
cas, cette relation ne saurait être une'conséquence des équations (5).
Alors les dérivées A', B', C ne pourront être nulles en même temps et K
contiendra les coordonnées a?, y, :■ au premier degré. Choisissons A de telle
manière qu'on ait
(3i) A'2-f- B'2+C'2=:i.
On pourra constituer un système de g cosinus
A, A', BC— CB',
B, B', CA'— A.C,
C, C, AB'— BA',
qui donneront lieu à des relations telles que les suivantes :
(32) A-+-A" = /;(BC — CB'), (BC'-CB')' = — p\',
et remplacer a', b\ c' par les quantités £, Y], '( déterminées par les formules
| «' = £A + r;A'+Ç(BC'-CB'),
(33) 6'=£B+Y)B'-|-Ç(CA'-AC),
| c' = ^G + nC'+Ç(AB'— BA').
De là et des équations (32) on tirera les valeurs des dérivées secondes a",
b", c" :
l a"= (£'- ïi ) A H- (t + ■) £j (BC— CB') (a - «) + '? + *ls + S2,
f ^=- ç' + |,jJCBC'-CB') (*-«)- ti.
Supposons d'abord que £ ne soit pas nul. Alors l'équation (35) nous
donnera
(37) C(BC'-CB')(a;-a)=:-|(H + RR' + Y)K + n^).
Si l'on joint cette équation aux deux suivantes
jjA(a:-a)==o, J}A'(a> — a) = K + £,
on voit qu'on pourra exprimer x, y, z en fonction de H et de K, et même
que ces deux quantités ne seront pas indépendantes. Elles sont liées par la
relation qu'on obtiendra en ajoutant les trois équations précédentes après
avoir élevé leurs deux membresau carré. Cette relation sera la suivante :
(38) _rs+(K+£)'+^(RR'-H7]> + ï]K-+-1I)5=o.
D'autre part, si l'on porte la valeur (37) de V(BC — CB')(x — a) dans
les relations (36), on obtiendra les expressions en H, K seulement de
-jp -^-- H viendra ainsi
l ^ =- RR"- R'*+ (Kp -u')(K+ t) — K£ + n* + Ç*
(39) < 4-^Y^(HH-RH'+i,K + tjÇ),
f ^=-ï)-^'-|(H + RR' + ^+nK).
De cette manière, l'équation (24) devient une relation du troisième degré
en H et K, relation qui doit être une conséquence de l'équation (38) et,
comme celle-ci est indécomposable, il faut qu'on obtienne l'équation (24)
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en multipliant l'équation (38) par un polynôme du premier degré en H et K.
Pour qu'il en soit ainsi, il faut que les termes du troisième degré dans
l'équation (24), qui sont
K(tf»+R*K*),
contiennent en facteur les termes du second degré dans l'équation (38) qui
sont
K2+^(H+r,K)2.
Il faut donc qu'on ait
Y)=TO, Ç = R.
Alors il vient
L'équation ( a4) développée devient
— ( 2 K + 2 1 ) ( H2 + h2 K2 ) + 2 K1I RR'
H-Rs|— H^' — ^H« — ^R'H + RR'K— RJp(K! + K^) + |g:»— ^HK— R*H =0.
Quant à l'équation (38) elle prend la forme
(4o) -R4+(K-+-t)2R2-+-(H4-RR')"2=o.
Si on la multiplie par (îR-t-2;) et qu'on l'ajoute à la précédente, il
viendra
(2K + 24) [2HRR'+ R2R'2+2Ki;R24-t;2R2— R4] + 2KHRR'
-f-R'T— H£'— ^Hl — joR'H + RR'K— Rjd(Ks+K£)-I-£Ks— ^HK-R2Ivl =0.
Cette équation, réduite au second degré, devra être identique à l'équa-
tion (4o) et par suite ne pas contenir de terme en HK, ce qui donne la
condition
RR' = o.
En écrivant que les coefficients de H2 et de K2 sont dans le rapport de 1
à R2, on aura encore
tR2=o.
On peut écarter l'hypothèse IV = o et faire
2 = R' = o.
SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. 977
Il restera alors
— 3 KRl - Rp H2— R3/;K2= o.
L'équation (4°) deviendra alors
IV- + KSR*=R*.
Donc il faudrait que l'on eût
R5/> + 3KR*=o,
ce qui entraîne l'équation impossible
R = o.
Nous avons laissé de côté le cas où 'Ç serait nul et où, par conséquent, on
aurait entre H et K la relation linéaire
H=-RR'-r,(K + ç).
En substituant cette valeur de H dans l'équation (24), on serait conduit
à une équation dans laquelle les termes du troisième degré seraient
(yj2 + R2)K3 et ne pourraient ni s'annuler, ni se réduire avec les autres.
Cette hypothèse doit donc être écartée.
En résumé, la seule surface minima réelle engendrée par un cercle est la
surface de Riemann.
Cette surface, nous l'avons vu, contient deux constantes dont on pourra
disposer de manière à la faire passer par deux cercles quelconques situés
dans des plans parallèles. Mais les équations qui détermineraient ces
constantes se présentent sous une forme compliquée.
Si l'on adopte, par exemple, les formules (25), et si l'on suppose que le
cercle minimum de la surface ne soit pas compris entre les deux cercles
donnés, elles se présenteront sous la forme
dR rK' R2 dR
r" dR r
A s/p2R'-ï-cR*-— 1 JR.
v//>2R*-t-cRs— 1
R', R" désignant les rayons des deux cercles, ~0 la distance de leurs plans
et x0 la projection de la ligne qui joint leurs centres sur le plan de l'un des
cercles. C'est à l'aide de ces équations transcendantes qu'il faudra déter-
miner les inconnues c etp-.
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de transcendantes
généralisant les fondions elliptiques et les fonctions abéliennes.
Note de M. Emile Picard.
i. Dans deux Mémoires insérés dans les Acta mathematica (t. XXIII
et XVIII), j'ai indiqué une classe étendue de transcendantes nouvelles satis-
faisant à certaines équations fonctionnelles.
Soit donnée une transformation birationnelle
/ X,= R,(a?„a;2, ...,xn),
(T)
admettant le point double x, = x2 = ... = xn = o. On pourra, en général,
écrire dans le voisinage de ce point
X, = at xl + Q, (ï„ï|, :..,«„),
1
Xn= anx ' n "+" Vni^li ^S) • • • 1 xn )i
les termes Q étant des développements de Mac-Laurin sans termes du
premier degré.
Les transcendantes uniformes dont il s'agit, f, (z), f2(z),.. .,fn(z~),
admettent une première période, soit aui; relativement au changement de z
en:+ a (oj étant une quantité que nous pouvons supposer réelle et posi-
tive), on a
/<« + «)- R, [/,(*),/,(*), ...,/„(-)!,
/„(* 4- «) = R. [/,(*). /l(«) /„(•*)].
J'ai démontré l'existence de telles fonctions en procédant par approxi-
mations successives ('). Mon point de départ était le suivant. Soit tout
d'abord dans le plan de la variable complexe z = x -t- iy une bande parallèle
à l'axe Qy, limitée à gauclie par l'axe des y et à droite par une parallèle AB
à Qy, située à une distance a> de l'origine; on considère de plus une bande
de largeur très petite (fixe d'ailleurs), comprenant Qy à son intérieur,
(') J'ai repris cetle question dans mon Cours en avril 191 !, en donnant les démons-
trations dans tous leurs détails.
séance du 3i mars igi3. 979
limitée à gauche par la parallèle ï à Oy et à droite par le parallèle i au
même axe. Soit maintenant L'équation fonctionnelle
V(z) étant une fonction méromorphe dans tout le plan, admettant la pé-
riode 27ri, et holomorphe dans la bande iï. On démontre qu'on peut
satisfaire à cette équation par une fonction f(z), de |)ériode 2 ici, méro-
morphe dans tout le plan, et holomorphe dans la première bande (Oj, AB)
et un peu au delà à droite et à gauche.
Ceci démontré, partons de fonctions doublement périodiques de seconde
espèce
aux multiplicateurs respectifs (1, a,), (i,a2), ..., (i,a„), et envisageons
les approximations successives correspondant aux équations
(/n= + w)=«, /r(^) + Q,[/i"-"(=), //-"(=) /ir" <■*)].
(■) -
( /,/"(= + «) = ««/r(-) + Qj/rii(--)./;" ' (;),...,//'"(-)]•
Bien entendu, les séries Q peuvent cesser d'être convergentes, mais leur
signification n'en est pas moins déterminée.
On suppose que les fonctions initiales f\ (z), ...,f"(z) n'aient pas de
pôles dans la bande iï. De plus, toutes les fonctions
deviennent, quelque soit/j, infinies respectivement dans la bande {Oy, AB),
comme
(3) /?(*), /;(s), ..., /;;(.).
Ces conditions, jointes à la périodicité 27a, déterminent successivement,
dans tout le plan, les termes de la suite (2), en s'appuyant sur le lemine
préliminaire énoncé ci-dessus.
On démontre enfin que, si les modules des ternies de la suite (3) sont assez
petits dans la bande iï , les termes de la suite (2) ont des limites parjaitemcnl
déterminées pour p = se. Ce sont les transcendantes cherchées.
2. On pourrait, pour arriver au même résultat, procéder en faisant
d'autres approximations successives. Par exemple, comme je l'avais fait
dans mes premières recherches sur ce sujet, remplaçons œti a?2) . . ., acn par
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 13.) 125
980 ACADÉMIE DES SCIENCES.
[A3:,, [i.jc,, ..., \J.oc„ et X,, X2, ..., X„ par pXn pX2, ..., pX„ (p étant
une constante) dans la transformation T du début. Nous pourrons, en pre-
nant la transformation sous la seconde forme, écrire
(4]
l Xt = a, Xt -t- P, (x„ .r,, c„, ,u),
I \„r-=rt„.r„-|- I'„l /,. ./•,. ...,.'■„, p.)-
( >n peut alors chercher à satisfaire au.\ équations fonctionnelles qui corres-
pondent à (4), en prenant pour /, (z),/2(s), . . ., fn(z) des séries ordonnées
suivant les puissances de p, soit
On prend pour /"(s)) ■••> /»(s) des fonctions arbitraires doublement
périodiques de seconde espèce aux multiplicateurs ( 1 , a, ), ..., (i,a„).
Quant à
(6) /',"»(*), ..-, ff>{8) (P>i),
elles sont holomorphes dans la bande (0_y, AB).
Dans ces conditions, tous les coefficients des puissances de p sont déter-
minés dans les développements (5), el Ton peut établir que, si le module
de p es! suffisamment petit, les séries convergent et donnent, dans la pre-
mière bande, les fonctions cherchées.
3. Si l'on n'assujettissait pas les fonctions de la suite (6) à être holo-
morphes dans la première bande (Oj, AB), on pourrait obtenir d'autres
développements analogues à (5). Beprenons les formules du paragraphe
précédent en nous bornant, pour simplifier l'écriture, au cas de deux équa-
tions. Soit
X-=R(*,jO,
Y = S(«,7)
la transformation Irrationnelle; en remplaçant a; et y par p. a; et py, puis
X et Y par pX et pY, on obtient
X — ax + P(.r, y, fi),
Y = 6.r-t-(v)(.r, /, p).
SÉANCE DU 3l MARS I9l3. 981
En partant des développements
/(*)=/.(*) + F-A(=) + f*Vi(-) + • • -,
?( = ) = ??(*) + P-?i(--)+ r1*^5) +.. -,
et substituant, il vient
f0(s -+- w) =af0(z),
ç0(z h- w) = ^?u(5)>
et, d'une manière générale,
{) \ /p<» + ») = «/p(^)+ Pp(/o>
qui sont complètement déterminés parles équations (7). On obtient alors
poury(s) et 3>(s) des développements conduisant à des expressions définies
pour toute valeur de [x, mais les fonctions uniformes f(z) et 9(3) ainsi
obtenues ne sont pas méromorphes dans tout le plan de la variable z. Elles
admettent comme points singuliers essentiels les pôles de f0 et o0.
On peut d'ailleurs arriver par une autre voie aux fonctions précédentes.
Supposons |a|>i,|6|>i,et envisageons les équations fonctionnelles
F(au, bf>) = R[F(u, ?),*(«, c)],
4>(«", 6f) = S[F(w, «»),*(«, <■)]•
Comme je l'ai montré ('), elles définissent des fonctions uniformes F(u, v)
et 0(m, t>) de u et 4' dans les plans des variables complexes u et v, holo-
morplies autour de « = t> = o, et ayant partout à distance finie le carac-
tère de fonctions rationnelles. On voit alors qu'en posant
/(*) = F[/0(s)lT,(*)], ?(*) = •[/.(*), ?o(*)],
on obtient des fonctions uniformes de s, satisfaisant à nos équations fonc-
(') Voir Comptes rendus, 4 juillet igo4, et aussi la Note I dans le Tome II de ma
Théorie des fonctions algébriques de deux variables, p. 465. Le cas de a = b avait
été envisagé à un autre point de vue par M. Poincaré (Journal de Mathéma-
tiques, 1890).
(9)
(10)
982 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tionnelles primitives; elles ont comme points singuliers essentiels les pôles
de/0(z)etde ?„(z).
4. J'ai essayé autrefois d'étendre les recherches ci-dessus, de manière à
obtenir des fonctions de plusieurs variables, généralisant les fonctions abé-
liennes comme les fonctions du paragraphe 1 généralisent les fonctions
elliptiques. Mais des difficultés nouvelles se présentent et je n'ai pas
abouti. Il ne sera peut-être pas cependant sans intérêt d'indiquer ces diffi-
cultés en se bornant d'ailleurs à un cas très particulier. Soient w et w' deux
constantes positives, et soient
■X = R(*,jr)1 X = R'(*,/),
Y=zS(^,j), Y=S'(x,r)
deux substitutions Irrationnelles permutables du type considéré antérieu-
rement avec le point double x=y = o. Une question se pose naturel-
lement. Existe-t-il des fonctions uniformes f(z, z') et *')>?(*,**')]■ /(*,*'+u') = H'.[/(*,0, ?(*,>)],
l9(* + ù,*') = S[/( «,*')» .?(«,«')]. (z,z'-ï-<,i')=S'[f(z,z').o(z, z')],
En suivant la même marche qu'au paragraphe 3, on est conduit à former
le système d'équations
( /o(= -+-<*')=«/<>(*.*'). /p(z + (ù, =') =afP(z,*') + Pp[fo, i, et le système analogue pour la seconde substitution
( /■,(-,='+ co') — fl'/0(j, ;'), /p(a, ;'+') = b' P(z, z') + Q.'P[f oy H- à') -+- 2e<).
Les deux tensions superficielles principales, à l'état dynamique et par
unité de longueur, de la couche de transition, se trouveront dès lors
exprimées par la formule double
(2) (gj')-f +ei(d + d') + ae((M')-
Il y aura donc deux coefficients e, e, de viscosité superficielle.
VII. Les physiciens n'ont guère fait porter, jusqu'ici, leurs observations
précises de capillarité ou de tensions superficielles, que sur des phénomènes
d'équilibre; et voilà sans doute pourquoi ils n'avaient pas eu, ce me semble,
l'idée d'y introduire des forces de viscosité. Les considérations précédentes
montrent que ces forces sont aussi naturelles dans l'étude de la couche
superficielle d'un liquide, que dans l'hydrodynamique des fluides pris en
masse.
Mon attention y a été appelée par les récentes expériences d'un jeune
docteur es sciences physiques de la Faculté des Sciences de Paris, M. Jules
Roux, touchant la vitesse de chute de gouttes mercurielles, ayant moins
de i""u de rayon, dans de l'huile de ricin très visqueuse ('), et par la
(') La charge de l'électron ; recherches sur la loi de Stofces, par M. Jules Roux;
thèse pour le doctorat es sciences physiques (Paris, Gaulhier-Villars, 1912). Voir
surtout le n° 15 (p. 25 et 26).
SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. 989
nécessité de mettre d'accord, avec les résultats de ces observations, une
théorie ingénieuse, mais où l'action capillaire était négligée, donnée
en 191 1, à Cracovie, par M. Rybezynski et, à Paris, par notre confrère
M. Hadamard. Il suffisait évidemment, en remarquant Tassez faible rayon
des gouttes, d'avoir l'idée de mettre en œuvre la tension superficielle à la
surface séparative du mercure et de l'huile, pour être conduit à la for-
mule (2), dans un problème où les forces de viscosité ont le rôle principal.
BACTERIOLOGIE. — Sur la vaccination contre le charbon svmptomati(x) une fonction continue positive, admettant les dérivées continues
des deux premiers ordres.
Soient q(jx) et ln.r) des fonctions continues, A un paramètre. Considé-
rons l'équation
0 7iï(p%) + i*+i')y=°-
La détermination des valeurs exceptionnelles de X telles que l'équ
( ') Présentée dans la séance du 25 mars i g r 3.
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion (r) possède des solutions différentes de zéro satisfaisant aux conditions
déterminées aux limites a fait, depuis l'apparition des Mémoires bien connus
de Sturin et de Liouville, l'objet de nombreux travaux importants.
Citons en premier lieu le Mémoire célèbre de H. Poincaré Sur les équa-
tions de la Physique mathématique et les recherches classiques de M. Picard
{Comptes rendus, 19 février 189/1, et Traité d'Analyse, t. III, p. 1 14-128)
reprises sous un point de vue un peu différent dans un Mémoire plus récent
de Rendiconli (1906). En supposant p = 1 et posant de plus q = o, k > o,
M. Picard démontra l'existence d'une suite infinie positive de valeurs X,,
A,, ... du paramètre X et d'une suite de fonctions fondamentales y, (a?),
y,(x), ... correspondantes, telles que
(2) jI(o)=j1(7r) = o («'=1.2, ...).
Des travaux ultérieurs, citons ceux de M. Kneser {Math. Annalen,
t. LVIII, p. Go-(J3), un Mémoire de M. Masson (Trans. <>f the Amer. Mat.
Society, 190O), de nombreuses Notes de M. Stekloff, la Thèse de M. Haar
{Math. Annalen, 1910) et la Tesi d'abililazione de M. Picone (Pisa, 1909).
Dans ses recherches classiques sur les équations intégrales, M. Hilbert
réduit l'étude de l'équation (1) à celle d'une équation intégrale du type
polaire en supposant q(x) < o et la fonction k{x) continue n'ayant qu'un
nombre fini de zéros. Il démontre de plus que chaque fonction continue
ayant les dérivées continues des quatre premiers ordres et satisfaisant aux
conditions déterminées supplémentaires peut rire développée en une série
uniformément convergente suivant les fonctions fondamentales.
Posons p(x)b^i, q{x)So (ou même positive et suffisamment petite),
k{x) continue et absolument quelconque et signalons le théorème fonda-
mental suivant :
// existe une suite infinie de valeurs exceptionnelles A,, X2, ... telles que
pour X = X, l'équation (1) possède une solution Yi(x) continue avec ses
dérivées de deux premiers ordres et satisfaisant à la relation {'2). Les fonc-
tions Yi(c) vérifient les relations
(3) I A(.r) v,(x) rj(.r)dx—-o (*^y),
h
A,
u=y).
Supposons pour abréger que k(x) ne s'annule identiquement dans
aucun intervalle situé dans (o, t.).
SÉANCE DU 3l MARS IO,l3. 0,0,5
Chaque fonction susceptible d'être développée en une série tri gonomê trique
^ fjsinix avec Yi1/? convergente, ou, ce qui est la même chose, continue,
i
possédant une dérivée à carré sommable et vérifiant les relations
f{x)=r it^ldx, /(0)=/(7C) = 0,
peut être développée en une série uniformément convergente,
(4) f{x)=^-^y,{x) f k{z)f{z)yi{z)dz.
i
Pour la démonstration j'ai recours à la théorie des formes quadratiques
à une infinité de variables créée par M. Hilbert.
Supposons dans ce qui suit, pour abréger, jo = i, y = o, et prenons pour
point de départ l'équation
(5) JU[g^-U(*).7(xM,)]^ = o,
v (x) désignant une fonction quelconque ayant les dérivées continues de
deux premiers ordres et s'annulant pour x = o et x = tt. Prolongeons les
fonctions k (x), y (x) et v (x) au delà de l'intervalle (o, n) conformément
aux équations
k(—a:) — k(x),y(-x) = -y(x), v (— x) = — c'a),
k{x + 2 7l) = k (x), y (x ■+- 2 7T) = j(.ï), V(x + 2 7T) = v (x).
Pour les limites de l'intégrale (5) on peut alors prendre les valeurs o
et air. Posons
V" "y
(6) y{x) = y, — r siiu\r, ('(x) = 7 -^sint'j;.
t i
On trouve successivement :
I- / A- (ar) y (x) c (j;) ete = - V -^4^ / k(s) sinis sinjsds = K(X; Y ),
(7) ',
(8) (X,Y)-ÀK(X,Y) = o.
C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N' 13.) 127
99^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
K (X, Y) est une forme bilinéaire symétrique totalement continue. De
la théorie bien connue de M. Hilbert résulte presque immédiatement l'exis-
tence d'une infinité dénombrable de valeurs exceptionnelles A,, A2, ... (en
général positives et négatives). Dans le cas particulier où k(x) ne s'annule
identiquement dans aucun intervalle, la forme K(X, Y) est fermée. Alors
il existe une infinité dénombrable de formes linéaires
(9) L«(X) = Z«XI+/?X2 + ... (« = i,a, ...),
constituant une suite orthogonale normée et fermée. On a identiquement
(10) (X,ï)rjL«(X)L»(Y).
a
Soit
(ii) M*>= y •—■ J^"!**'*'
i
les ya(ac) sont les fonctions fondamentales appartenant à l'équation (i) et
aux conditions aux limites (2). Posons
Y V
(12) ^ -j- sin ix = g{\, x), V-4sini.» =/(x),
i i
g(\, x) désignant la fonction de Green de l'équation-^ =os'annulant
pour x = o et a7 = 7ï. De (10), (11) et (12) résulte facilement la relation
cherchée (4).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de Laguerre.
Note de M. Georges Pôlva, présentée par M. Emile Picard.
1. On doit à Laguerre (Œuvres, I, p. 28) le théorème suivant :
Soit V intégrale réelle
convergente pour .r>r0, et soit la fonction ?(À) telle qu'on puisse partager
l'intervalle (o, co ) en Y -+- 1 intervalles, de manière que :
i° cp(A) ne soit identiquement nu/dans aucun des V -+- 1 intervalles ;
20 p(A) soit de même signe dans chacun séparément ;
3° cp( A) soit de signe contraire dans deux intervalles l'oisins.
SÉANCE DU 3l MARS IC)l3. 997
Ces hypothèses remplies, la fonction f(x) a au plus V racines supérieures
à xQ.
La démonstration du théorème, donnée par Laguerre, ne me paraît pas
suffisante ((), mais on peut le démontrer en toute rigueur par la méthode
classique que Laguerre employait pour les séries (Œuvres, I, p. 3 et i/j4)-
Le théorème est évident pour V = o; nous le supposerons démontré
pour V = n — 1 . La fonction *dl
(dont la dernière est valable pour x^>cc0, x^>o) la forme habituelle du
théorème, donnée par Laguerre (loc. cit.).
En partant de ce théorème, on comblera aisément quelques lacunes que
Laguerre a laissées dans les démonstrations de quelques autres théorèmes ;
mais je préfère donner des applications nouvelles.
(') On a la proposition : « Si les fonctions réelles analytiques/,(.r ), ..., fn{x), ...
convergent vers la fonction réelle analytique f(x), uniformément dans un domaine
qui comprend l'intervalle (a, b), et si, en commençant par un certain indice, toutes
ces fonctions/, (a), ..., _/„(«), ..., ont au moins r racines dans l'intervalle (a, b),
f{x) y aura aussi au moins r racines. » Cette proposition deviendrait fausse si l'on
disait au plus au lieu de au moins I on pose, par exemple, fn(x) =(x — 1)*-\ ; j;
or Laguerre semble supposer l'exactitude de cette proposition.
998 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. Je vais transformer la formule d'interpolation de Lagrange; f(x)
désignant un polynôme réel de degré n, on a, pour x > nh,
>!/(*)
ï(î-')ï
a;
=T,_o«("\ffii!
v / x
= h ! W{e~'k'')e-^x-"i'i (11,
W (x) désignant le polynôme de degré n suivant :
Tout pareillement, pour x > o, on a
x Ix
h\h
-}.« /<
W(eu)e-'-'rfX.
De ces formules on conclut : Le nombre des racines de f(x), supérieures à
nh, est au plus égal au nombre des racines de W (x), comprises entre o et i,
et le nombre des racines négatives de f(x) est au plus égal au nombre des
racines de W (x), supérieures à i. Si f(6),f(nh), A"/(o) sont différentes de
zéro, les nombres des racines correspondantes de f(x) et de W(x) sont de même
parité.
De ce théorème découle une foule de règles pratiques, connues ou nou-
velles, pour déterminer le nombre des racines réelles dey(;r), les valeurs de
n -+- i ordonnées équidistantes étant données. En particulier, on se servira
d'une méthode de Laguerre (Œuvres, I, p. iG); g(x) = ^anxn désignant un
polynôme, ou même une série de puissance réelle, et les nombres AJf étant
définis par les formules récurrentes
A(,°' = rt0-|-a,-4-. . .-+-(?„,
Aj*1 = *•*-"+ A'/'-" -+- . . .+ Aj*-
on forme le Tableau infini à double entrée
(L)
«„
a, a., a 3
A',0» A y» Ai,01
A'0" A'/' A!2" A!,u
A(0)
A0
On trouve une limite supérieure pour le nombre des racines de g(x),
comprises entre o et i, en comptant les variations dans les différentes
séance du 3i mars 1913. 999
lignes du Tableau (L). La limite donnée par une ligne quelconque est au
moins aussi bonne que celle donnée par la ligne précédente, et il y a une
ligne qui donne la limite exacte ('). La deuxième ligne du Tableau (L),
formée pour W(x) ou pour xnw(-\ donne une proposition de Laguerre
(Œuvres, I, p. 1D7), et la première ligne du Tableau (L), formée pour
W(i — x) = AV(o) +(H) A"->/(o)ar + . ■ • +/(<>)•*">
donne une proposition de Capelli et de M. Runge (2).
3. D'une formule connue de la théorie des séries de Facultés (3), on tire
le théorème : Le Tableau(L) étant formé avec les coefficients a0, a,, ... an, ...
de la série
n\a„
R(*)=2
x(x -+- 1). . .(x -+- n)
les variations des différentes lignes donnent une limite supérieure pour le
nombre des racines positives de R (.2;).
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une série de surfaces dont une famille de
lignes de courbure est constituée par des hélices indéformables. \ote(4)
de M. Harki';, présentée par M. Appell.
Soient
(1) x = / cos-£(s)ds, y =■ f siny(s)d.s, z=:Ks (K, constante non nulle),
les équations de l'hélice mobile génératrice; p, q, r les composantes de la
rotation; «, v, w celles de la translation du trièdre de référence auquel elle
(') Sous certaines conditions, remplies toujours pour un polynôme. ( Fekete et
Pôlya, R. d. C. M. di Palermo, t. XXXIV, p. 89-120.)
(2) Capelli, Analisi algebrica, Napoli 1909, p. 58o-586 . — Ruxge, Praxis der
Gleicliungen. Leipzig 1900, p. io5-io8.
(3) Nielsen, Gammafunktion, Leipzig 1906, p. 23g-24i.
(4) Présentée dans la séance du_25 mars 1 9 1 3.
IOOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
est liée, et
IL = u -+- qKs — /' / siny(s)ds, M — r — pKs + r I cosy(s) ds,
* o J 0
(2)
I N = » • -t- / (/jsiny — qcosyjds.
La méthode rappelée dans la Note insérée dans les Comptes rendus
(i3 mai 1912) nous conduit aux résultats suivants que je me borne à
énoncer.
La condition nécessaire et suffisante pour que l'hélice génératrice indé-
formable constitue une famille de lignes de courbure de la surface qu'elle
engendre est que la relation
(3) [N — K(Lcosy + M siny)]
X j y/(KN -+- Lcosy + M siny ) — (K!+ 1) [r — K(/>cos/ + q sinyj]'
4- (K2-+- l)'{p sin^ — q cosy ) (M cosy — L sinyj =o
soit identiquement vérifiée. On est conduit à séparer d'abord le cas où le
plan de base de l'hélice mobile conserve une direction fixe. Alors p et q
sont nuls. Nous nous limiterons désormais dans cette Note à l'examen de
ce cas.
Sur/aces engendrées par une hélice indéformable de même direction d'axe
et qui reste constamment une ligne de courbure de la surface qu'elle engendre.
— I. En éloignant le cas des surfaces d'égale pente dont la génératrice recti-
ligne est une solution du problème qui nous occupe, l'équation (3) se réduit
alors à la suivante :
(4) L cosy + M siny+ Kir — (K2-)- i)— = o.
A.
En éliminant w et M entre l'équation (4) et celles qu'on en déduit par
deux dérivations par rapport à s, on trouve une relation équivalente aux
deux équations à une seule variable :
(5) iv = — tt r (rtconst.);
(6) (K»+i)X = K»n-aX.
La relation (6) définit la génératrice; l'équation (4) et celles qu'on en
déduit, comme il a été dit ci-dessus, donnent u et r, et l'on trouve le résultat
suivant :
SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. IOOI
Théorème. — Les seules surfaces admettant une famille de lignes de
courbure formée par des hélices indéformables de même direction d'axe sont
des hélicoïdes (admettant comme cas particulier, évident a priori, des
sphères).
II. Passons maintenant à l'intégration de l'équation (6) :
i° Si a — o, on trouve une surface de révolution qui ne peut être qu'une
sphère, ce que montre une vérification directe. L'équation (6) s'intègre
alors immédiatement une première fois et donne
(7) P= — iW-'*/
(K*+i)2
(p rayon de courbure de la projection de l'hélice sur son plan de base,
s0 constante).
Cette équation intrinsèque est celle d'une épicycloïde. On voit sans peine
qu'elle conduit pour l'hélice à des équations intrinsèques caractéristiques
des hélices sphériques [cf. notre Mémoire : Contribution à la théorie des
hélices ( Revue du Génie militaire, i'' semestre 1910)]. Nous retrouvons ainsi
en passant le résultat suivant :
La projection d' une hélice sphérique sur son plan de base est une épicycloïde.
20 Supposons maintenant a ^ o. Posons alors
K2
(8) x=9--s,
l'équation en 0 transformée de l'équation (6) s'intègre immédiatement une
première fois et donne
(9) (K2+0
— ! H - ni I -1 0sh =0 ( a = — , b const. arbit. ).
9'— a 2 (9'— a)2J 22 V « /
De cette équation on tire
cl9 aeR
d'où, par des transformations dont nous ne donnerons pas le détail et en
1002 ACADEMIE DES SCIENCES.
remplaçant b par une autre constante arbitraire m (4), non nulle,
am r'1- K I , a .
x=~ — - / cosx cos — TX "Z — kï sin
Z
= oc, — ttt sin i
i — ^?sin%1
(M)
«7w /"* . r Kv 1 , a .
y/ sin^cos - i rfX+Kî(C0SZ-
/
77- I /» sin — — r
a T K
wsin- _
L (K«+i)«
z — z
Les intégrales qui figurent dans ces formules sont exprimables sans diffi-
culté par les fonctions trigonométriques; nous ne nous y arrêterons pas et
nous nous bornerons à tirer des formules (i i) le résultat suivant :
La projection de la génératrice sur son plan de base est une courbe parallèle
à une épicycloïde ; cette projection est algébrique, lorsque j est com-
mensurable. Cette proposition se déduit immédiatement de la considération
de l'équation intrinsèque de la courbe dont les coordonnées sont les fonc-
tions a?, ety, définies par les équations (i i).
L'étude complète du mouvement hélicoïdal correspondant se ferait sans
difficulté par la méthode développée dans le Mémoire précité en partant
des relations
K2+. 1
u = r\a -h ' ,
L X(°) J
v = o,
ar
TT
(') m* =
K-
La supposition m =o donnerait une hélice circulaire asso-
K2 a
ciée à un mouvement qui ne ferait que la déplacer sur elle-même.
SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. IOo3
hydrodynamique EXPÉRIMENTALE. — Sur la zone de formation des
tourbillons alternés derrière un obstacle. Note de M. Henri Renaud,
présentée par M. P. Appell.
J'ai montré pour la première fois, en 1908, qu'il se forme deux files
parallèles de centres de giration équidistanls et alternés à la surface d'un
liquide fendu par un obstacle prismatique vertical dont la vitesse est
uniforme et parallèle à son plan de symétrie. Dans deux Notes présentées
à l'Académie (') j'ai décrit la méthode optique et cinématographique
employée et indiqué les lois expérimentales de celte périodicité.
Depuis lors, plusieurs physiciens ont retrouvé le phénomène dans les liquides ou
dans l'air, avec des formes de l'obstacle d'ailleurs moins particulières; la stabilité de
ce système de tourbillons en échiquier a été aussi l'objet de recherches théoriques.
J'ai poursuivi, de mon côté, à l'aide d'un microscope micrométrique à platine ad hoc,
le dépouillement de mes films de Lyon (1908-1910). Le dispositif optique a subi un
perfectionnement, grâce auquel chacune des cuvettes concaves de la surface libre
donne par réfraction une petite image d'un segment de cercle lumineux, situé à l'infini
dans la direction verticale, et limité par une corde perpendiculaire à la direction de
translation de l'obstacle. Cette corde fournit ainsi des repères reclilignes parfaitement
nets, qui, pointés à 5^- près sur le film, indiquent à o™"',02 près, en vraie grandeur,
remplacement de chacun des tourbillons, à l'époque, exactement connue, où chaque
image a été impressionnée. De plus, les déformations de ces petits segments de cercle
renseignent sur la forme des dépressions qui les ont fournis.
La méthode ne donne pas les filets liquides, mais seulement le relief de
la surface libre. J'en décrirai les traits généraux, les aspects variant natu-
rellement beaucoup suivant la vitesse et la forme de l'obstacle, et la visco-
sité du liquide. On peut suivre cette description sur les deux films reproduits
(en négatif), qui ne diffèrent que par le sens de la lumière, venue de l'avant
pour le n° 261 et de l'arrière pour le n° 259.
Le liquide est de l'eau sucrée (c- 20s, 3 pour 100e'"3), à + 179,2. L'obstacle (n°22),
long de icm,96, large de o':m,20, immergé sur une hauteur de 6cni, est limité à la proue
par un dièdre de 220, et à la poupe par un plan vertical; sa vitesse est 17e"', 43 par
seconde pour le film 261, et 17e"1, 16 par seconde pour le film 259.
Près de l'obstacle, la surface libre, déprimée, forme une sorte d'arène à fond
presque plat; la partie antérieure, symétrique et indéformable, est limitée par le
(') 9 et 23 novembre 1908. Sur la figure, une erreur dans le dessin a inversé le
sens de rotation des tourbillons de la file de gauche.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 13.) I 28
ftWfc
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vi
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A 1- o .
Wiy!
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et q sont toujours très petites, à peine des fractions de micron.
hB"
+ P" +
ç'=
F
M
»
h ( m
'+0"-):
~ M
—
g,
w +
gO+p'
'+'
'
N
SÉANCE DU 3l MARS IC;l3. 1007
grands par rapport à [/., tétant d'ailleurs habituellement grand par rapport
à k{ ; enfin \i. est lui-même très grand par rapport à la masse M du pendule.
On peut d'abord négliger le frottement de roulement qui agit seulement
sur l'amplitude sans altérer la durée d'oscillation. L'expérience montre en
outre que le glissement q est sensiblement proportionnel à 6 ( ' ) et que l'on
peut poser q == /i9 (n très petit). On tire alors des équations précédentes
M (h + n)9"->r (M -+- p)p"+ k1p' + kp = o,
(l + n)6" + gQ+p" = o.
L'équation caractéristique de ce système d'équations différentielles
M ( h + n ) r- _ ( M + f*) r- -+- /. , r -+■ k
(ï + n)r* + g~ F»
admet toujours deux racines imaginaires, — p ± dit, voisines de ± *i/| »
et l'on a, en négligeant les termes en n2, -p, etT>
[g ( n 1 Mg)
Les deux autres racines peuvent être réelles ou imaginaires, mais dans
tous les cas leurs parties réel/es sont toujours des nombres négatifs très
grands. lien résulte que, dans l'expression de 0 en fonction de t, les compo-
santes correspondantes sont rapidement amorties, 0 se réduisant sensi-
blement, au bout d'un temps très court, à la seule composante
Q = ae~P' cos(mI -h x).
La durée d'oscillation devient donc égale à
w y g \ 2 A k 1 A2 /
(') Sans doute que dans la réalité le glissement se fait d'une manière un peu moins
simple et probablement discontinue; toutefois un examen plus approfondi montre que
cette circonstance ne modifie en rien la nature des conclusions relatives à la correction
d'entraînement du support.
Les inconnues sont en nombre supérieur d'une unité à celui des équations, mais les
lois habituelles du frottement de glisserr. ent sont d'une application douteuse dans ce
glissement microscopique, sous la dépendance des phénomènes intimes d'élasticité
qui se passent au contact du pendule avec son support; aussi sa détermination expéri-
mentale, même approximative, constitue-t-elle la méthode la plus sûre pour éliminer
la variable q qui figure en quelque sorte en trop dans les équations.
IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La quantité — it l/- -=- représente la correction de glissement; la
A ' MWi , ,, , ,. h •
quantité —^\/~ j. — ?r la correction a entraînement du support, celle-ci
dépendant seulement de X-, indépendante aussi bien de [/. que de &,, au
moins autant que A\ reste relativement faible vis-à-vis de k et que la masse M
du pendule reste petite vis-à-vis de [/.. La phase possible des deux mouve-
ments oscillatoires (pendule et support) reste indifférente.
Seule l'amplitude aefC est affectée par le frottement moléculaire et
diminue lentement; elle reste indépendante de la niasse d'inertie du support;
un tel amortissement, toujours très faible, fournirait en outre, s'il pouvait
être évalué isolément, la valeur du rapport -j •
PHYSIQUE. — Polarisation rotatoire magnétique de l'azote et
de l'oxygène liquéfiés. Note de M. J. Chaudier, présentée
par M. E. Bouty.
La polarisation rotatoire magnétique des gaz liquéfiés a été seulement
étudiée dans le cas des gaz facilement liquéfiables [anhydre sulfureux ('),
protoxyde d'azote et chlorure de méthyle (2)]; je me suis proposé, dans
ces recherclies, d'étendre l'étude de ce phénomène aux gaz difficilement
liquéfiables et de mesurer le pouvoir rotatoire magnétique et la dispersion
rotatoire de l'azote et de l'oxygène liquides, que l'industrie prépare actuel-
lement très purs.
Dispositif. — J'ai employé le dispositif classique de Verdel et Becquerel, légère-
ment modifié : un nicol polarise ur est placé à une extrémité du canal cylindrique
creusé axialement dans un électro-aimant de RuhmKorfT; à l'autre extrémité, comme
analyseur, se trouve un polariseur à pénombre de Cornu, dont les rotations se
lisent sur un cercle divisé; une loupe permet d'observer nettement les demi-disques.
Cette permutation du polariseur et de l'analyseur du polarimèlre Cornu-Duboscq,
a pour but de rendre la netteté de la ligne de séparation des demi-disques, indépen-
dante des cbangeinents de mise au point, dus à l'interposition des vases cylindriques
de Dewar non argentés, entre les deux pôles de l'électro-aimant.
En renversant, dans chaque expérience, \>\ sens du courant qui traverse l'électro-
(') Bichat, Journal de Physique, t. IX, 1880, p. 270.
(2) SiKRisiîMA, Communications front (he Physical Lahoralory of Leiden,
n°s57, 80 et 90.
SÉANCE DU 3l MARS 19F 3. I 009
aimant, on mesure le double de la rotation imprimée au plan de polarisation de la
lumière. Le vernier donne la minute, et l'erreur d'observation est inférieure à 3 mi-
nutes pour chaque lecture : les résultais sont donc exacts à 3 minutes près. Les champs
magnétiques utilisés sont compris entre i5oo et 3ooo gauss.
Avec ce dispositif optique, il est nécessaire d'employer des sources de lumière
monochromatique. Je me suis servi de la lampe Cooper- Hewitt à vapeur de mercure
et d'écrans solides ou liquides appropriés, pour obtenir et isoler les radiations jaunes,
vertes, violettes, de longueur d'onde bien définies. J'ai obtenu des radiations rouges
et orangées sensiblement monochi omatiques et de longueurs d'onde suffisamment
exactes, eu opérant avec la lumière émise par un tube à néon en activité, tamisée
successivement par un verre rouge et une dissolution saturée de bichromate de
potasse; de même, les radiations bleues, m'ont été fournies par un tube à hélium, dont
les radiations j aunes étaient absorbées par une dissolution ammoniacale saturée de
sulfate de cuivre.
Résultais. — Après chaque détermination, il faut retrancher des rotations
observées, celles qui sont dues au verre du vase cylindrique; ces corrections
ne sont pas négligeables et varient de 18 à /jt minutes, selon le vase et la
radiation employés.
Les résultats indiqués sont tous corrigés de celte rotation parasite :
1" J'ai d'abord vérifié, en lumière jaune du sodium, que la rotation
magnétique du plan de polarisation était proportionnelle à l'intensité du
champ et à l'épaisseur traversée, lorsque les liquides actifs étaient l'oxygène
ou l'azote liquéfiés.
Les vases cylindriques de Dewar employés dans celte vérification avaient
r1", 8, n"", G, V n\ 1 et 5C,U de diamètre intérieur.
•x° J'ai mesuré, par rapport à la raie D et à 180, le pouvoir rotatoire
magnétique de l'azote et de l'oxygène liquéfiés; ces substances agissent sur
la lumière polarisée, dans un champ magnétique, dans le même sens que
l'eau ; elles sont donc douées d'un pouvoir rotatoire magnétique positif.
Les pouvoirs rotaloires p", de l'azote et pj| de l'oxygène ont'respeclive-
ment pour valeur, à 180 :
,u
p", = 0,0041 j = 0,41a x io_-,
p{[ = 0,00782 = 0,782 x io_!.
Le pouvoir rotatoire magnétique de l'oxygène est sensiblement double
de celui de l'azote (').
(') L'azote liquide est paramagnétique, comme l'oxygène, quoique à un degré
moindre. Celte propriété se manifeste très nettement dans un champ magnétique non
uniforme, dans lequel l'azote est attiré aux points où l'intensité du champ esl maxima;
dans le vase cylindrique, la surface du liquide prend alors la forme extérieure d'une
lyre plus ou moins allongée, selon l'éloignement du liquide et l'intensité du champ.
578.
546.
501 .
436.
i,o38
','64
1 ,34o
1,825
i,o43
1,172
1,355
1,860
1 ,062
1 , io3
1,118
•>3'9
1, 170
1,221
»
2,190
IOIO ACADEMIE DES SCIENCES.
A la même température et pour la raie D, le pouvoir rotatoire magné-
tique du sulfure de carbone p"S2 a pour valeur :
Pcsi = °>o42 = 4,2 x IO~2.
3° J'ai étudié la dispersion rotatoire magnétique de ces deux gaz liqué-
fiés ; les résultats obtenus avec des radiations de diverses longueurs d'onde
sont inscrits dans le Tableau suivant :
/. en |iu.. G'2G. 610. 589.
(moyen ) t moyen 1
^" o,885 0,932 1
Azote — 0,871 0,935 1
Pd
Oxygène — 0,897 0,948 1
Pd
Sulfure de carbone .. — o,863 » i
P"
Chlorure de mélhyle,
lin. (Siei'lsi'iua). . . — 0,90 » i » 1,17 » I ,90
pu
De l'examen de ce Tableau, où j'ai ajouté la dispersion rotatoire magné-
tique du sulfure de carbone et celle du cblorure de métbyle liquéfié (Sier-
tsema), il résulte les conséquences suivantes :
a. L'azote obéit à la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde, et
ne s'en écarte que pour les radiations de courte longueur d'onde; sa disper-
sion rotatoire magnétique est voisine de celle du cblorure de méthyle ; elle
est moins grande que celle du sulfure de carbone qui, d'ailleurs, ne suit
pas la loi de Biot.
h. L'oxygène possède une faible dispersion rotatoire magnétique et
n'obéit pas à la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde, mais l'écart
est en sens inverse de celui que présente le sulfure de carbone.
Remarque. — L'étude de la dispersion rotatoire des gaz conduit à des
résultats analogues aux précédents pour l'azote et l'oxygène, à l'état
gazeux (').
(') Becqueiirl, Journal de Physique, t. IX, 1880, p. 265.
SÉANCE DU 3l MARS I9l3. IOII
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur les images multiples que présentent les rayons
de Rôntgen après avoir traversé des cristaux. Note de M. M. du Buogi.ie,
présentée par M. E. Bouty.
MM. Friedrich et Kninping et M. Laue(') ont découvert des apparences
de diffraction dans le passage des rayons X à travers les cristaux; j'ai
obtenu, en employant sensiblement le même dispositif, les résultats sui-
vants :
i° Les diagrammes relatifs à des cristaux différents (blende, fluorine, sel
gemme, magnétite) appartenant au même système sont les mêmes quant à
la position des images secondaires (résultat également observé, je crois,
par M. Laue et ses collaborateurs depuis leur premier travail).
Cependant l'intensité relative des images n'est pas la même en passant
d'un cristal à un autre; c'est ainsi que certaines images, très intenses avec
le sel gemme, sont faibles avec la fluorine et inversement; à ce point de
vue, la fluorine se rapprocbe plus de la blende que du sel gemme.
2° Le diagramme obtenu avec un cristal de sel gemme, plongé dans
l'azote liquide, est le même que celui qui correspond à la température ordi-
naire; les images sont aussi nettes, mais ne le sont pas davantage, et il ne
semble pas en apparaître de nouvelles. Ce résultat est intéressant au point
de vue de l'explication du phénomène par une sorte de diffraction pro-
venant du système réticulaire cristallin; il montre que les paramètres de ce
réseau, qui ne sont définis qu'en moyenne à cause de l'agitation thermique,
ne semblent pas éprouver de variations notables ni acquérir une signifi-
cation plus précise, quand la température passe de 3oo° à 1900 absolus.
3° Un cristal de sel gemme, traversé par les rayons de Rôntgen perpen-
diculairement aux faces du cube, a été soumis à un champ magnétique
transversal (parallèle à une arête du cube) de l'ordre de 10000 unités; le
diagramme n'offre aucune différence avec celui que l'on obtient sans l'in-
tervention du champ magnétique.
4° Une lame de magnétite, dont les faces sont parallèles à celles de
l'octaèdre, a été disposée de façon à être traversée normalement par les
rayons ; on pouvait exciter un champ magnétique contenu dans le plan de la
lame et parallèle à un côté du triangle qui limite la face de l'octaèdre.
(') Laue, Friedrich el Knipping, fier, der Kôn. Bayerischen Akademie, juin et
juillet 1912.
C. R., igi3, i« Semestre. (T. 156, N» 13.) 1^9
IOI2 ACADEMIE DES SCIENCES.
Le diagramme obtenu n'a pas éprouvé de modification, lors de l'excitation
du champ magnétique ; il est juste d'observer que, conformément aux
travaux de M. P. Weiss ('), la magnétite se comporte au point de vue
magnétique comme isotrope pour les directions contenues dans une face
d'octaèdre.
Cette expérience et la précédente relative au sel gemme montrent cepen-
dant qu'aussi bien dans un cristal magnétique que dans un cristal ordinaire,
la symétrie particulière du champ magnétique ne réagit pas pour modifier
la symétrie ternaire ou quaternaire des diagrammes obtenus.
La figure enregistrée dans le cas de la magnétite traversée par le faisceau
incident suivant une normale aux faces de l'octaèdre (axe ternaire du réseau
cubique) se rapproche de celle donnée par M. Laue et ses collaborateurs
pour la blende semblablement orientée (-).
On y remarque d'une façon tout à fait frappante et beaucoup plus
marquée que sur la figure 8 du Mémoire cité, la disposition des taches en
courbes ovoïdes passant par le centre de figure. M. Wulff (') a fait remar-
quer que la théorie permettait de s'attendre à trouver des ellipses ainsi
disposées; l'aspect des clichés est certainement favorable à ce point de vue.
La comparaison des diagrammes de la magnétite et de la blende montre
encore que la nature du cristal se fait sentir sur les intensités relatives des
images.
Enfin le fait de la persistance des images quand le cristal et la région que
traversent les rayons secondaires sont plongés dans un champ magnétique
déjà assez intense, indique bien que les rayons secondaires qui produisent
les images sont du type y ou Rôntgen, ainsi du reste que l'indique leur
pénétration.
PHOTOCHIMIE. — Energie absorbée dans les réactions pholochinùques.
Note (*) de MM. Victor Henri et René Wurmser.
Pour comparer entre elles les diverses réactions photochimiques et
établir leur mécanisme énergétique, il est important de déterminer, sur un
grand nom lue d'exemples, la quantité d'énergie de rayonnement que doit
(') Journal de Physique, 1896, p. 345.
(2) Laue. Friedrich et Knh'PJNg, loc. cit., Tableau III, Jig. 7 et 8.
(3) Wulff, Physik. Zeitschrift, i"> mars 1 9 1 3, p. 217.
(4) Présentée, dans la séance du 25 mars 1 g 1 3.
SÉANCE DU 3l MARS IO,l3. IOl3
absorber une molécule pour que la réaction ail lieu. En s'appuvanl sur la
théorie des quanta, Einstein a énoncé la loi générale de l'équivalent photo-
chimique : la quantité d'énergie qui doit être absorbée par molécule pour
qu'il y ait réaction chimique est égale à un quantum d'énergie, c'est-à-dire
à la valeur Av, où h est la constante de Planck, soit 6,5.io~27, et v la fré-
quence de la radiation incidente. Le raisonnement d'Einstein suppose que
les molécules réagissent indépendamment les unes des autres, c'est-à-dire
que la réaction est monomoléculaire.
Nous présentons les résultats d'expériences faites sur la décomposition
photochimique de l'eau oxygénée et l'hydrolyse de l'acétone, ainsi que des
calculs relatifs au minimum d'énergie capable de provoquer une sensation
lumineuse.
Nous avons employé comme source de rayons ultraviolets une étincelle condensée
de cadmium. Au moyen d'une pile de Rubens et d'une lampe Hefner, nous avons
mesuré en valeur absolue l'énergie émise. Les valeurs obtenues de l'énergie reçue par
une surface de tcml, à im de distance de l'étincelle, sont les suivantes :
Raies du cadmium. 2 1 44 2ig5 groupe 2266 groupe 23oo 2469 2072 27^8 2880-2980 3aoo-36oo
Energie en ergs:sec. 0,069 0>°9' 0,107 0,210 0,007 0,022 o,o3o 0,021 0,087
i° La concentration initiale de l'eau oxygénée était 0,037 normale, la distance à
l'étincelle 4cm> l'épaisseur de la couche liquide ocm, 2 et la surface exposée 5CIU\ On
dosait après 5 minutes d'exposition avec une solution de permanganate. L'absorption
de H202 a été mesurée quantitativement pour toutes les régions du spectre. Le
Tableau suivant donne les valeurs de l'énergie absorbée :
Proportion pour 100 Energie incidente Énergie absorbée
•Raies. d'énergie absorbée. en ergs : sec. en ergs : sec.
2980-2880 2,5 65,0 1,6
2748 8 ,,',.:, 7,6
2572 24 68,0 i6,3
2^69 4i 21,7 8,9
• 2300-2288 74 65i,o 476,7
2265 80 33i,7 265,3
2ig5...- 87 282,0 245,3
2i44 92 213,9 196,8
En 1 seconde, 1218, 5 ergs sont absorbés et i,9.iols molécules sont détruites. Par
molécule transformée l'énergie est
E = 6,4.io-'\
En prenant comme valeur moyenne de v, i,3.io13, on devrait trouver d'après la loi
IOl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'Einstein pour E la valeur, environ 100 fois plus grande,
S,5.io-12.
2° La solution d'acétone était normale, l'épaisseur ocm,4i la surface exposée 2t'"'",52
et la distance à l'étincelle 3cm. Après i 5 minutes d'exposition, on dosait par iodomélrie.
Le Tableau suivant donne les valeurs de l'énergie absorbée :
Proportion pour 100 Energie incidente Energie absorbée,
lîaies. d'énergie absorbée. en ergs : sec. en ergs : sec.
2980-2880 86 58,8 5o,5
2748 100 85,4 85,4
2.572 100 61,6 61,6
m*':» 100 19,6 19,6
23oo-29.88 9.5 588, o 558,6
226.5 86 299,0 257,1
219.5 63 254,o 160,0
21 14 38 19.3,0 73,3
En 1 seconde, 1266 ergs sont absorbés et 2,3. 10" molécules sont détruits. On trouve
E = 5,5.io-13.
En prenant v= i,i5.io15, on devrait trouver, d'après la loi d'Einstein, une valeur
environ 1000 fois supérieure
7,53.io-12.
3° L'énergie tombant sur la pupille, suffisante pour produire une impression lumi-
neuse, est, d'après Grijns et Noyers, 4!4-'0~" ergs. 8 à 10 pour 100 seulement de
cette énergie appartiennent au spectre visible, soit
E= 3,96. io-'2.
L'œil est plus particulièrement sensible au vert jaune. En prenant v = 5,76.10",
on a
E = 6,8. io~27 x 5,76. iou.
Le coefficient 6,8. 10-27 est très sensiblement égal à /;. Mais, dans les expériences,
l'image formée est d'environ -poïï de millimètre carré. Si la loi de l'équivalent était
applicable, il suffirait, pour avoir une impression lumineuse, qu'une molécule soit
décomposée dans -^ de millimètre carré de rétine. Ce qui est inadmissible.
Dans les trois cas que nous avons examinés, l'énergie nécessaire à la
destruction d'une molécule est inférieure au quantum d'énergie d'Einstein (' ).
(') M. Marcel Boll, qui se pose un problème analogue à propos de l'hydrolyse
photochimique des acides chloroplatiniques, nous dit obtenir des résultats compa-
rables.
SÉANCE DU 3l MARS I<}l3. IOl5
La Lumière semble n'y intervenir que comme catalyseur, pour mettre les
molécules dans un état tel qu'elles puissent ensuite réagir d'elles-mêmes.
Mais ces trois réactions sont exothermiques, elles se font avec beaucoup de
facilité. Il est très possible que, pour des réactions où interviennent des
molécules plus stables, ou des réactions endothermiques, une quantité
d'énergie plus grande soit nécessaire et que l'on retrouve la loi d'Einstein.
La mesure de l'énergie nécessaire à la décomposition d'une molécule
d'un corps pourrait peut-être servir à déterminer le degré de stabilité de
ce corps.
CHIMIE PHYSIQUE. — La tension d 'expansibilité des fluides normaux .
Note de M. L. Gay, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note précédente (') j'ai établi théoriquement et vérifié, dans
le cas de C6H% la relation
,¥, . RT b E-C-hPV— RT
(D los*=loSv=6 + v=i; ht
(tî, tension d'expansibilité; V. volume moléculaire; P, pression; £, chaleur
moléculaire d'idéalisation). J'avais adopté H = i, 11 = 6,2170 (unités:
le millimètre de Hg et le centimètre cube) ; je crois H = 1 ,008, R. = 6, 2880
préférables; alors pour G6 H6, entre o° et 6o°, b = (>gcn'3,5 ±0,1. J'ai calculé
la pression interne K. des vapeurs saturantes (qu'il faut déduire de la pres-
sion externe du gaz pour obtenir sa tension d'expansibilité) à l'aide de la
relation empirique
que j'ai tirée des relations de Leduc (-),
PV = cpRT,
(P, pression externe en centimètre de Hg; ir, pression critique en atmo-
sphère; 0, température critique absolue).
(') Comptes rendus, 16 octobre 1911.
(2) Ann. de Chim. et de Phys., 8e série, t. XIX, 1910, p. 469.
TOl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai effectué quelques nouvelles vérifications. Les tensions de vapeur
adoptées ainsi que les constantes critiques sont de Young ( ').
Monochlorobenzène. — Densités de Biron (-) extrapolées de 8o° à 1200. La chaleur
moléculaire d'idéalisation est donnée par la relation
E^=r 323870000 — 44°55o£
(concordance entre les valeurs des tensions d'expansibilité déduites de cette relation
et celles calculées à l'aide des tensions de vapeur : t-^ de 6o° à 1800, j~ à 4o0)-
P ( tensions
t. de vapeur). IT. V. 0. K.
o moi cm atm
o 2,56 2,67 99>7°" 83,43 1371
20 8,83 8,8/4 101,70 83,54 i323,5
4o 25,68 25,65 io3,73 83,58 1274,5
60 64,78 64, 4o io5,86 83,54-5 i223,5
80 144,88 142, 88 108,11 83, 39 1170
100 292,76 285, 4i iio,53 83,n.5 1116
120 543,3i 52j,77 1 1 3 , 1 1 82,67 lo^9
Entre o° et 8o° : 6 = 83cm',5 ±0,1.
Isopentane. — Volumes moléculaires déduits de D° =o,63g3o [Young (foc. cit.)
et Biron (3)] et de la relation d'Hoffmann et Rothe (4)
V,= V0[i + io~6 1( 1006,97 -1- 3, 4535 1 -+- 0,009 75 <2-f- 0,00001 £)],
EJ^= 196770000 — 328 000 t
(concordance, pour les tensions d'expansibilité : -^ de — 200 à -+- 4o°; y^ a — 3o°) :
t — 3o° — 20° o° 20° 4o°
b 83,32 83,32 83,25 83, 06 82,72
K 806 79o,5 757 721 682,5
Jusqu'au voisinage de 200, DJ, b = 83cml,2 ±0,1.
Diisopropyle. — Volumes moléculaires déduits de DJ = 0,67948 [Young (loc. cit..)]
(') J. chem. Soc, t. LV, 1889, p. 486.
(2) J. Soc.phys. cliim. r., t. XLI'I, n° 2, 1910, p. 1 35.
(3) J. Soc.phys. chim. r., t. XL1I, 1900, p. 1 47-
(4) Z. f. lnstrumentenkun.de, t. XXVII, 1907, p. 265. Jusqu'à 200 cette relation
concorde très bien avec celle de Thorpe et Jones (J. chem. Soc, t. LXIII, i8g3,
p. 273); à 4o°, la concordance reste encore ocm,i.
SÉANCE DU 3l MARS I 9 1 3 . 1017
et de la formule de Zander (')
V, = V„(i -t- o,o2 13 i^t 4- o,o5 i5aofs+ o,o7255gi l3),
E £ — 227730000 — 38 1 100 1
(concordance pour les tensions d'expansibilité : j— de o° à 8o°; yi^ à — io°) :
t — io° o° io° 3o° 5o° 700
b 97>995 98>°' 98>°l5 97, 73^ 97>a85 96>73
K 795 778 762 724 684 642,5
Jusqu'au voisinage de 3o°, b = 97e"'1, 9 ±0,1.
Cycloliexane. — J'ai établi la relation empirique
_.. c 0.000S91 t
D'( = o, 797 ob •—- 1
* '/y/ 1 — 0, 000891 £
qui, entre io° et 65°, concorde au ^0^ avec mes résultats expérimentaux :
E.Ç = 255620000 — 366ooo£
(concordance pour les tensions d'expansibilité : y4^ de io° à 1000) :
t io° 20° 4o° 6o° 8o° 1000
b 83,46 80,47 83>35 83, i85 82,935 82,42
K 996>5 979 >5 939 898 854,5 8<>7
Jusqu'au voisinage de 60°, b = 83e™3, 35 ± o, 1 .
Nous croyons donc la relation (I) nettement vérifiée expérimentalement
quelles que soient les réserves qui peuvent être faites sur son établissement
théorique.
Pour tous les corps étudiés, le coefficient de compressibilité est toujours
V b
inférieur à y— — ^-; d'où ce résultat, qui semble paradoxal : la pression
interne diminue avec le volume, la température restant constante.
CHIMIE PHYSIQUE. — Combinaisons du chlorure de cèrium avec le gaz
ammoniac. Note de M. lïvititi , présentée par M. Le Chatelier.
Les chlorures et bromures anhydres de cérium et de lanthane donnent
avec une grande facilité des combinaisons d'addition avec le gaz ammoniac.
(') Lieb. Ann., t. CCXIV, 1882, p. 1 38. Celle formule concorde, jusqu'à 4o",
au y~f avec les données de Young.
ioi8
ACADEMIE DES SCIENCES.
Je me propose dans la présente Note d'indiquer les résultats obtenus avec
le chlorure de cérium.
Le chlorure était préparé par action du chlorure de soufre sur l'oxy de CeO2.
On a toujours employé le chlorure fondu bien cristallisé, et les combi-
naisons ammoniées ont été préparées en faisant arriver le gaz ammoniac
bien desséché sur le chlorure placé dans un tube réservoir et maintenu
à — 8o° environ dans un mélange de neige carbonique et d'acétone.
La réaction de l'ammoniac sur le chlorure de cérium s'effectue avec un
assez grand dégagement de chaleur et une augmentation considérable du
volume de la masse. Lorsqu'il y avait un excès d'ammoniac liquide, on
soudait rapidement, en évitant l'humidilé,.le tube réservoir à un appareil
composé uniquement d'un manomètre à air libre et d'un robinet à boisseau
incliné et à tube capillaire de Geissler. Ce robinet ne permet qu'un contact
négligeable de l'ammoniac et de la graisse et peut soutenir une pression de
plusieurs atmosphères.
L'étude des combinaisons ammoniées a été faite par la détermination des
courbes de tensions de dissociation. Ce n'est qu'après avoir établi ainsi les
conditions d'existence des différents composés que l'on a déterminé leur
composition.
i ° Tensions de dissociation
Composes... A.
B.
Température.
Pression.
Température.
Pression.
Température.
Pression.
0
-69
mm
66
0
-3o
mm
328
0
0
ni m
262
-40
558
— 18
635
9.5
497
-35
678
— 15
710
•9
800
-26
960
— 1 1
882
27
1080
-■6,5
1524
0
1572
3o
i3o5
0
3i/,8
Composés.
D.
E.
Température.
Pression.
Tcmpëratu
re.
Pression.
0
5o
m m
224
0
9°
mm
4i4
60
49°
100
82S
65
652
io5
1 2 1 1
70,5
9'9
75
1288
2° Formule des composés. — Cette formule a été déterminée en mettant
SÉANCE DU 3l MARS IQl3. IOI9
du chlorure de cérium bien pur, pesé, en présence d'un excès de gaz ammo-
niac liquide, puis scellant le tube en le laissant revenir à la température
ordinaire pour que la combinaison soit bien complète, refroidissant à nou-
veau, ouvrant le tube et enfin le maintenant sous la pression atmosphé-
rique dans les limites d'existence du composé dont on voulait obtenir la
formule. L'augmentation de poids du tube indiquait l'ammoniac fixé.
Composé A. — Par suite du peu de différence entre la tension de dissociation de
ce composé et la tension de l'ammoniac liquide sous la pression ordinaire, il est assez
difficile de maintenir longtemps le corps dans des limites de température convenables
pour bien chasser tout l'ammoniac sans faire subir à la combinaison un commence-
ment de décomposition. Trois analyses faites de ce composé sont cependant bien
concordantes et indiquent la formule :
Ce CI3, 20 AzH3. — AzH3 pour 100 de Ce CI3: trouvé 137, 5, i36,7 et 1 38,4 ; calculé
'37,97-
Composé B : Ce CI3, 12 Az tl3. — AzH3 pour ioodeCeCl3 : trouvé 81,7 et 81, 5;
calculé 82,75.
Composé C : CeCl3, 8AzH3. — AzH3 pour 100 de CeCl3 : trouvé 55, 02 et 54,72;
calculé 55, 17.
Composé D : CeCl3, 4 AzIK — AzH3 pour 100 de CeCl3 : trouvé 26,92 et 28,21;
calculé 27,58.
Composé E : CeCl3, 2 AzH3. — AzH3 pour 100 de CeCl3 : trouvé 1 3, 36 et i4,33;
calculé 13,79.
Tous ces composés se présentent sous forme de poudres blanches décom-
posables par l'eau.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage du calcium à l'état de tungstate.
Note de M. A. Saixt-Sernix, présentée par M. Ch. Mouieu.
Ce nouveau procédé de dosage du calcium, qu'après contrôle sur des
solutions de titre connu j'ai appliqué, comparativement avec les procédés
pondéraux classiques, à l'analyse de ciments et de chaux hydrauliques, est
basé sur la précipitation dune solution d'un sel de calcium par une solu-
tion de tungstate de sodium.
Quand on traite une solution ammoniacale de chlorure de calcium portée à l'ébul-
lition par un excès de solution aqueuse de tungstate neutre de sodium à 20 pour 100,
il se forme un précipité cristallin octaédrique de Tu O'Ca, d'une densité de 6,02 à 6,08,
qui gagne rapidement le fond du vase.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 13.) l3o
1020 ACADEMIE DES SCIENCES.
Ce précipité, 1res lourd, insoluble dans l'eau, se prête sans délai à la filtration et
aux lavages répétés par décantation.
Recueilli sur filtres tarés, lavé à l'eau chaude, puis porté à l'éluve à ioo° jusqu'à
poids constant, il fournit un sel dont le poids, multiplié par o,io,44> donne celui de
la chaux GaO, ou qui, multiplié par 0,i3g3, indique celui du calcium Ca contenu
dans la prise d'essai.
Les chiffres obtenus par la calcination ménagée au rouge sombre du filtre, d'une
part, et du précipité, d'autre part, sont toujours trop faibles.
Les tungstates alcalins et de magnésium étant seuls solubles, lorsque, au cours d'une
analyse systématique, on se sera débarrassé du fer et de l'alumine par l'ammoniaque,
de la chaux par le tungstate de soude, le magnésium pourra être précipité dans les
liquides filtrés et de lavage à l'état de phosphate amrnoniaco-magnésien.
Ce procédé simple, rapide et très précis, qui ne réclame pas de source
calorifique puissante, applicable au dosage de faibles quantités, per-
mettant en outre la séparation du magnésium d'avec le calcium, me paraît
susceptible d'être adopté dans la majorité des cas.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des alcools primaires par réduction des
èthers-sels au moyen de F alcool absolu et du sodammonium. Note de M. E.
Chablay, présentée par M. A. Haller.
MM. Bouveault et Blanc (') ont indiqué un excellent procédé de prépa-
ration des alcools primaires basé sur la réduction des étbers-sels au moyen
de l'alcool absolu et du sodium.
J'ai montré récemment (2) que le sodammonium réagit sur les étbers-
sels des acides monobasiques saturés de la série grasse conformément aux
équations suivantes :
(a) R.COOR'+Az2H6Na2 = R.COAzHNa 4- R'ONa -+- AzH3 -+- II'-,
(b) R.COOR'-t- Az2HsNa2 + H2 = R.CH2ONa + R'ONa -+- 2AzIl3.
L'ensemble des réactions (a) et (b) donnant la réaction finale
(1) 2h.C00R'+2Az-lIsNa2 = R.C0AzHNa4- R.CH'ONa -+- 2 R'ONa -t- 3 AzH*.
Si l'amide ne se trouve pas à l'état de dérivé sodé, on a la réaction
(2) 3R.COOR'+2Az2H6Na2=2R.COAzIl2-f-R.CH2ONa-i-3R'ONa + 2AzH3.
(') Bouvkault et Blanc, Rutl. Soc. chim., 3e série, t. XXXI. p. 666.
(2) Iî. Ciia.bi.av, Comptes rendus, t. 15-i-, p. 36'j.
SÉANCE DU 3l MARS I9l3. 1021
On voit d'après ces relations que le rendement en alcool R.CrPOH ne
peut être que la moitié ou au plus le tiers de l'éther-sel employé. Si donc
on se propose comme but la préparation des alcools primaires on devra
chercher à en augmenter le rendement par l'emploi d'une réaction supplé-
mentaire capable de fournir l'hydrogène naissant nécessaire à la réduction
de l'amide à l'état d'alcool correspondant
R.COAzIIM 2 H*= R. CM2. OII+ AzIP.
La réaction de l'alcool et en particulier de l'alcool absolu sur le sodam-
monium répond parfaitement à cette nécessité
2 C2H3. OU -t- Az2H6Na2 = 2C!H5.ONa-i-2AzHi>+ H2.
Dans ces conditions on évite presque complètement la formation d'amide
et l'on obtient les alcools primaires correspondants avec de bons rendements.
Mode opératoire. — Dans un ballon de i1 environ on introduit du sodium en (ils,
sur lequel on verse de 200cm' à 3oocm' d'AzH3 liquide de façon à obtenir une solution
bleue de sodammonium. Ce ballon étant refroidi vers — 8o° on fait couler, au moyen
d'un entonnoir à brome, l'étlier-sel à réduire dissous dans l'alcool absolu et dans les
proportions indiquées par la réaction
R.COOR' + 2C!Il60 + 2Az2H6i\V=R.OH!.ONa + 2C2H5.ONa + R'ONa + 4AztP.
On obtient ainsi rapidement la décoloration de la solution bleue de sodammonium.
Une fois AzH3 éliminé, il reste dans le ballon un mélange d'alcools sodés qu'on
décompose par l'eau. On en retire ensuite l'alcool R.CH2.OH par entraînement à la
vapeur et distillation fractionnée comme il est dit dans le procédé Bouveaull et Blanc.
Les alcools suivants ont été préparés par le procédé que je viens d'in-
diquer :
Éthers-sels réduits. Alcools obtenus.
Bu ty rate de mélhyle normal. Butanol normal C/HlllO.
Isovalérianale de mélhyle. Alcool isoamylique C5H"0.
Caproate d'éthyle. Hexanol C6HuO.
Heptylate de mélhyle. Heplanol C7H'60.
Caprylate » Octanol CsH180.
Laurate » Dodécanol C12H260.
Myristate » Tétradécanol C^H^O.
Palmitate » Hexadécanol C'6H3'0.
Ethers-sels diacides bibasiques. — Les deux groupements ( — COOR') sont réduits
et l'on obtient des glycols biprimaires.
Sébate de mélhyle COOCH3 — (CH2)8 — COOCH3. — Cet éther fournit le déca-
nediol-i . io CH2OH — (CH2)8 — Cil2. OH, se présentant en magnifiques cristaux
fusibles à 710, 5.
I022 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a-x-Dimét/iyl»lutarate de méthyle COOCH3— C(CH3)2 — CH2 — CH2— COOCH3.
— Get éther m'a été fourni obligeamment par M. Blanc ; il donne le glycol correspon-
dant au 2 . 2-dimélhylpenlanediol-i .5
CM2 OH - C (CH3)2 — CH2 — GH2 — CH2OH,
liquide incolore bouillant à i33° sous i5mm.
Ethers-sels dont l'acide contient un radical aromatique :
Phénylacétate d'cthyle C6H5 — CH2 — COOC2H5. — ■ Se réduit normalement en
fournissant l'alcool pliényléthylique C6H3 — CH2 — CH2.OH, dont l'odeur rappelle
celle de l'eau de roses.
Cinnamate de méthyle C6H3— CH =CH — COOCH3. — Cet éther fournit non
pas l'alcool cinnamique, mais l'alcool pliénylpropyliqùe par suite de l'hydrogénation
de la double liaison CCH3— CH2 — CH2 — CH'Oïl.
Ce fait a d'ailleurs été observé par MM. Bouveault et Blanc (') lorsqu'ils ont
appliqué leur mélhode d'hydrogénation au cinnamate de méthyle; par Fitlig (!)
et Riïgheimer (3) dans l'action de l'amalgame de sodium sur l'alcool cinnamique et
par moi-même (*) dans l'action du sodammonium sur l'alcool cinnamique.
CRISTALLOGRAPHIE. — Sur une nouvelle forme du bichromate de potassium.
Noie de M. A. Duffouk, présentée par M. Wallerant.
Peu de substances ont été aussi souvent étudiées par les cristallographes
que les bichromates alcalins anhydres. Il est cependant manifeste que de
profondes lacunes subsistent encore dans notre connaissance de leurs rela-
tions morphologiques.
C'est ainsi que les cristaux tricliniques bien connus du bichromate dipo-
tassique, se distinguent nettement des cristaux toujours monocliniques du
sel ammoniacal. Le bichromate de rubidium donne, il est vrai, des cristaux
tricliniques et monocliniques, mais si ces derniers diffèrent peu des cristaux
du sel ammoniacal, les grandeurs paramétriques des premiers semblent
incompatibles avec celles du sel potassique.
Sans doute, avec M. Wyrouboff (5), faut-il voir dans ces particularités
•
(') Bouveault et Blanc, Bull. Soc. chim., t. XXXI, 1904, p. 1209.
(2) Fittig, Berichle der deulsch. chem. Gesell., t. VI, p. 214-
(3) Rugheimer, lÀebigs An/ialen, t. CLXXH, p. 122.
(v) E. Chablay, Comptes rendus, t. 143, 1906, p. 829.
(5) G. 'WvitouitoFF, Bull. Soc. Min., t. Mil, 1890, p. 309.
SÉANCE DU 3l MARS TÇ)l3. 1023
ta manifestation d'un cas à' isolrirnorphisme . Mais aucune mesure directe et
précise n'ayant pu confirmer cette opinion, on ne saurait regarder comme
définitivement élucidée la question de l'isomorphisme de ces importantes
combinaisons. Aussi, ne serait-ce qu'à ce seul point de vue la réalisation
de cristaux monocliniques mesurables du bichromate de potassium offre-
t-elle déjà un certain intérêt.
Il était en outre permis de penser que l'étude de cette forme, assez
instable pour n'avoir pas encore été signalée, permettrait de préciser les
conditions de sa transformation en cristaux tricliniques et apporterait
ainsi une précieuse contribution à la question de l'équilibre des deux
formes du sel de rubidium, question si controversée et discutable encore,
semble-t-il, malgré les intéressantes, mais un peu contradictoires obser-
vations de MM. Stortenbecker ('), Gossner (2) et Le Bel (3). Cet espoir,
comme on le verra, n'a été qu'en partie réalisé.
J'ai obtenu de tels cristaux monocliniques en ajoutant, à une solution de
chromate neutre dipotassique, un excès notable de sulfate d'aluminium qui
le transforme partiellement en bichromate, avec précipitation d'alumine:
(SO*)3A12-+-6Ci-01K- + 3II-'0^3Ci'207K2-h3S01K2+ 2 Al (OU)3
La liqueur concentrée à chaud, puis filtrée, laisse déposer par refroi-
dissement et à la fois, comme les solutions de sel rubidique, deux sortes
de cristaux de bichromate, les cristaux tricliniques habituels et des cristaux
monocliniques, beaucoup moins nombreux et plus petits (c?= inim à imm).
Ces cristaux monocliniques, dont la teinte légèrement plus jaune se
confond presque avec celle des cristaux tricliniques, rappellent, par leur
contour à peu près carré ou octogonal, les cristaux du sel ammoniacal.
Comme ceux-ci, ils sont aplatis suivant /?(00 1) et présentent en outre les
faces cF(lll), ô*(llï), £'(010), o'(101), a'(iûT), plus rarement
e'(0 1 i).
Ces faces, bien planes et très réfléchissantes, se prêtent à d'excellentes
mesures qui ne laissent aucun doute sur l'isomorphisme des trois espèces
de cristaux monocliniques :
Cr'O'K* a:b'.c= 1,0167 : 1 i 1 ,7716 (3 = gi 55
Cr207Rb2 » =1,0202:1:1,8081 » = 9028,5
Cr2G7Am2 » =31,0271:1:1,7665 »=g3 42
(') Stortenbecker, Trav. cliini. des Pays-Bas, t. XXVII, 1907, p. 2^0.
(2) Gossner, Comin. part, citée par Groth, Client. Krys., t. II, p. 584.
(') Le Bel, Comptes rendus, t. 153, 191 1, p. 1081.
Î024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Des macles très fréquentes résultent de l'accolement de deux cristaux
suivant les plans a' , o' ou p, le premier étant toujours plan de symétrie de
l'ensemble. Les angles de ces plans étant peu différents
/jo1 = 5S°43', />«l = 6i°36', o'«':=59°4i',
on s'explique aussi que, parfois, trois cristaux s'associent en groupements
imparfaits admettant, pour axe quasi ternaire, les axes binaires de chacun
d'eux.
Les propriétés optiques de ces cristaux offrent la plus complète analogie
avec celles du sel ammoniacal : les axes optiques sont en effet dans g' , et la
bissectrice aiguë, négative, fait dans l'air, du côté de l'angle obtus ph*, un
angle de 55°, 5 avec la normale à p.
Bien que, maintenus en flacon au contact des cristaux tricliniques, ces
cristaux monocliniques ne paraissent subir aucune altération à froid, ils
n'en doivent pas moins être regardés comme une forme instable, en état de
faux équilibre.
Introduits, en effet, à la tempérai ure de i2°,5, dans une solution saturée par rapport
au sel triclinique, ils se dissolvent en moins de 20 heures, alors que des cristaux tri-
cliniques témoins placés à côté ne sont nullement modifiés. Il est donc vraisemblable
que la formation simultanée des deux espèces de cristaux dans la même solution, n'a pu
se faire que grâce à un état de sursaluration favorisé sans doute par la nature complexe
du mélange et dû au refroidissement, mais qui n'a pu se maintenir longtemps après la
cessation de celui-ci. Effectivement, si la première récolte de cristaux, faite i/| heures
après l'abandon à elle-même de la liqueur chaude, a fourni des cristaux monocliniques
parfaitement intacts, les suivantes n'ont plus montré celle forme instable.
Sous l'action de la chaleur, ces cristaux se fragmentent par à-coups brusques el se
comportent ensuite, à tous égards, comme des cristaux tricliniques. Cette transformation
d'une forme instable ne se fait naturellement pas à une température définie et je l'ai
vue commencer aussi bien à 400 que vers i5o°. Elle paraît toujours terminée à 170°.
Il semble impossible, dès lors, qu'on puisse atteindre, sans transfor-
mation, le domaine de stabilité de cette forme monoclinique, ce domaine
étant, selon toute probabilité, immédiatement voisin du point de fusion.
SÉANCE DU 3l MARS igi3. 1025
ÉCONOMIE RURALE. — Cas remarquable d'hérédité en mosaïque chez des
hybrides d'Orges (Hordeum distichum nutans Schùb. X H. distichum
nuduni L.). Note de M. L. Blakinghem, présentée par M. J. Costantin.
Dans un Mémoire, déposé en septembre 191 1 et paru récemment ('), j'ai
montré la fréquence d'un mode de transmission héréditaire qui se traduit
par la juxtaposition sur l'enfant des caractères se correspondant chez les
parents. Découvert et signalé en 1859 à l'Académie par Ch. Naudin, ce
mode d'hérédité fut depuis beaucoup moins étudié que l'hérédité alternante,
appelée encore hérédité mendèlienne, avec laquelle il a beaucoup de rapports.
Je propose de désigner sous le nom d'hérédité naudinienneles cas nombreux
où l'hybride présente, côte à côte comme s'il s'agissait d'une mosaïque,
des caractères, qui, en d'autres circonstances, se recouvrent pour se dis-
joindre dans les générations suivantes, selon les règles de Mendel.
Les exemples obtenus ou cités par Naudin (2) (Datura Slramonio-lœvis, Linaria
purpureo-vulgaris, Cytisus Adarni, Oranger-Citronnier Bizarria) sont très nets;
ceux, que j'ai décrits ont été découverts par une étude minutieuse de caractères
d'Orges cultivées (Hordeum distichum nutans (3 X //. d. ereclum a et réciproque-
ment, H. d. nutans (3 x H. tetrastichum pallidum 0 et réciproquement); ils portent
sur des caractères, tels que la présence ou l'absence d'épines sur les glumelles dorsales
des grains, très stables mais ne pouvant être contrôlés que par des observateurs pré-
parés à cette étude; s'il s'agit de la mosaïque d'épillels hermaphrodites et d'épillels
mâles, des indécisions subsistent à cause de l'avortement fréquent des organes et élé-
ments sexuels des hybrides. J'ai découvert en 1908 (3) et étudié depuis avec soin une
série d'exemples où la mosaïque est fort apparente et facile à contrôler.
Ces exemples sont relatifs à l'hérédité des caractères :
Grain mûr enveloppé par les glumelles opposé à grain nu, couple dont j'ai
étudié la disjonction dans les hybridations suivantes :
Hordeum distichum nutans Schùb. x //. distichum nudum L.
Hordeum distichum ereclum Schùb. x H. distichum nudum L.
(') L. Bi.aiunghem, Sur l'hérédité en mosaïque (Rapports de laIVme Conf. intern.
de génétique, tenue à Paris, 1 8-23 septembre 19x1; Paris, Masson, igi3, p. ioi-i3i
et 19 figures).
(2) Cn. Naudin, Nouvelles recherches sur l'hybridité des végétaux (Nouvelles
Archives du Muséum, t. I, 1 865, p. 1-176 et 5 planches in-4°).
(3) L. Blaringiiem, Recherches sur les hybrides d'Orges (Comptes rendus, t. 146,
p. 1295, i5 juin rgo8 ).
1026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Hordeum cœleste trifurcatum x //. distichum nutans Schûb.
Hordeum cœleste trifurcatum x H. Zeocriton L.
Hordeum cœleste trifurcatum x //. Steudelii Kôrnicke
et leurs récip roques. Ces hybridations ont été en partie déjà réalisées par Rimpau (iSgi),
par Biffen (1907) et contrôlées par Tschermak (1910); leurs descendances ont été
décrites sans être interprétées (Rimpau), ou rattachées à la disjonction mendélienne
(Biffen, Tschermak) en notant cependant des irrégularités. Ces irrégularités dans la
disjonction m'ont toujours paru caractéristiques des phénomènes d'hérédité nau-
dinienne.
Pour en donner une idée, il me suffira d'exposer ici le cas déjà décrit (')
à propos des singularités de la disjonction de la présence ou absence
d'épines sur les grains, accompagnées de l'apparition de la fragilité de l'épi
(liybridmutation). En juillet 1906, //. distichum nutans a(o,io2) x H. d.
nudum (Orge nue Johner) a donné trois grains hybrides dont j'ai obtenu
deux plantes très vigoureuses (première génération) :
A
B
pis donnant. .
Grains.
Enveloppés.
Demi-nus.
Nus.
6
188
I72
16
O
8
i85
92
57
36
la mosaïque était uniformément répartie sur les divers épis, beaucoup
moins marquée sur A que sur B; mais ces différences s'atténuèrent nota-
blement dans les générations suivantes (jusqu'à la quatrième).
Toutes les plantes dérivées de grains nus, de quelque génération que ce fût, n'ont
donné ultérieurement que des grains nus; ce retour définitif nous autorise à regarder
le caractère grain nu comme récessif par rapport au grain enveloppé. Les grains demi-
nus (adhérence de la glumelle interne, non adhérence de la glumelle externe), de
même que les grains enveloppés, sont encore pour la plupart hétérozygotes, et, s'il y
a des retours à des types purs, ils sont de beaucoup plus rares que les retours aux
grains nus; car, dans l'exemple particulier étudié ici, je n'ai trouvé encore aucune
lignée ne donnant que des grains enveloppés.
En F2, j'ai suivi les lots suivants qui ont donné :
Plantes à grains
Nombre
de
Semé.
plantes.
(A)
\ 16 demi-nus.. . .
12
' 60 enveloppés .
. 53
(B)
| 5y demi-nus . . .
. 45
[ 00 enveloppes .
• 49
lus. enveloppés, en mosaïque.
237
II 22 20
18 5 22
19 1 3 17
(') Comptes rendus, t. l't-C, 1908, p. 1294.
SÉANCE DU 3l MARS I9l3. 1027
En F3, certaines lignées, manifestement hétérozygotes, se comportent comme les
précédentes ; d'autres, provenant de grains Ions enveloppés, offre ni une plus grande
uniformité, mais quelques grains nus el demi-nus réapparaissent dans tous les cas
examinés (42 lignées à grains enveloppés).
Dans l'une d'elles, récessive au point de vue des dents sur les nervures dorsale-, à
épis non fragiles, à compacité moyenne (rf=3o) fixée, j'ai étudié de la récolte de
cette année (1912) 100 épis au point de vue de la mosaïque des grains nus et des
grains enveloppés : 18 de ceux-ci ayant le même nombre d'épillets (26) sont compa-
rables entre eux el ont montré :
Grains nus et demi-nus o 1 2 3 4 5
Nombre d'épis (.8) 2 3 4 3 3 3
répartis sur les épillets comptés à partir de la base du raclii- :
Épillets... 1-2 3-4 5-6 7-8 9-10 11-12 i3-i4 i5-i6 17-18 19-20 21-22 a3-24 2.5-26
(Avortés) 3 2 457 4 5 2 5 3 4 3
Il n'y a pas de disjonction par plages dans ce cas extrême ; la mosaïque est répartie
d'une manière uniforme sur les divers épis de la lignée.
Biffen (1907) et Tschermak (1910) admettent que les caractères grains
enveloppés et grains nus de l'Orge constituent, en quelques cas, un couple
mendélien se dissociant dans le rapport 3 : 1 ; dans tous les exemples que
j'ai étudiés depuis 1906, j'ai constaté au contraire des irrégularités, soit sur
les plantes hybrides qui montrent la mosaïque, soit dans les pourcentages
de la descendance disjointe. Il est vrai que j'ai croisé à dessein, non pas de
simples variétés d'une même espèce, mais des espèces élémentaires nette-
ment distinctes, dont plusieurs reconnues par Linné, et j'ai montré déjà
que V hérédité naudinienne ou en mosaïque régit surtout, ou même seulement,
les disjonctions d'hybrides réalisés entre espèces différentes.
BACTÉRIOLOGIE. — Recherches sur la flore intestinale. Sur la production
possible de ptomaines en milieu acide. Note de MM. Albert Berthelot
et D.-M. Iti uni v\i). présentée par M. Roux.
Lorsque nous avons isolé pour la première fois le Bacillus aminophilus
inlestinalis (') nous avons noté que la persistance des troubles intestinaux,
(') Albert Berthelot et D.-M. Bertrand, Comptes rendus t. 154, 10 juin 1912,
p. i643 et 24 juin 1912, p. 1826.
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 13.) l3i
IQ28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chez le malade dont nous avions employé les matières fécales, coïncidait
avec une réaction acide de celles-ci. Peu de temps après nous avons retrouvé
le même microbe chez un malade présentant également cette constance des
symptômes d'entéro-colite et de l'acidité des fèces; depuis lors nous avons
à diverses reprises fait la même observation.
D'autre part nous avons établi que le/?, aminophilus, microbe acidamino-
lytique et saccharolytique est capable de produire, suivant la nature des
aliments mis à sa disposition, soit des ptomaïnes, soit une assez forte pro-
portion d'acides. La constatation d'une telle activité chimique et d'une
réelle prépondérance dans la flore intestinale de sujets atteints de troubles
intestinaux particulièrement rebelles nous a conduits à étudier de plus près
le rôle probable de ce microbe dans l'étiologie des états pathologiques que
nous avions observés.
Mais, du fait même que nous avions affaire à une bactérie attaquant aussi
énergiquement les sucres que les amino-acides, la question se présentait
très complexe; en effet, il semblait a priori bien probable que, mis en pré-
sence des deux sortes d'aliments à la fois, le H. aminophilus devait avoir sa
production de suhstances toxiques entravée par l'acide lactique formé dans
le milieu. Nous avons vérifié qu'il en est bien ainsi et lorsqu'on ensemence
ce microbe dans un milieu convenable renfermant du glucose et de l'histi-
dine, il fonctionne comme ferment lactique et ne donne pas d'imidazol-
éthylamine.
Si l'on s'en tenait à une expérience ainsi conduite on pourrait conclure à
l'innocuité du H. aminophilus et même à son rôle favorable dans l'intestin;
mais en réalité il doit en être tout autrement car, ainsi que nous allons le
montrer, ce microbe est capable- de donner naissance à des ptomaïnes
dans des conditions où d'autres bactéries acidaminolyliques seraient inca-
pables d'en produire.
Pour cette nouvelle expérience nous avons employé notre milieu synthé-
thique habituel à base d'histidine, additionné ou non de peplone de soie ou
de peptone tryptique de viande, mais au lieu d'y ajouter du glucose nous y
avons introduit des doses d'acide lactique variant entre o,5 et 5 pour iooo.
Dans un premier essai nous avons ensemencé ce milieu avec des traces de
B. aminophilus, en même temps que des témoins neutres avec et sans glucose ;
nous avons examiné nos cultures après 24 heures à 370 et nous avons obtenu
les résultats suivants :
1. Milieu neutre, culture abondante, formation d'iinidazoléthylamine;
2. Milieu neutre glucose, culture abondante, formation d'imidazoléthylamine ;
SÉANCE DU 3i MARS ip,l3. IO20,
3. Milieux acides à 1 et 2 pour 1000, culture assez abondante, formation d'imidazol-
éthylamine mais en moindre quantité. qu'en 1 et 2;
4. Milieu acide à 3 pour 1000, développement microbien faible, traces d'imidazol-
étliylamine ;
5. Milieux acides à /} et 5 pour 1000, développement microbien insignifiant, pas
d'imidazoléthylamine.
La production de petites quantités d'imidazoléthylamine en l'absence
d'hydrates de carbone et en présence d'acide lactique préformé était donc
manifestement possible; mais nous n'avons pas voulu nous contenter de
cette expérience et nous avons tenu à nous rapprocher autant que possible
des conditions qui se trouvent souvent réalisées dans le tube digestif. Pour
cela nous avons cultivé le B.aminophilus, en boîtes de Roux, sur gélose
polyaminée, ne renfermant pas d'histidine et nous avons ensemencé le
même volume de milieu, identiques à ceux que nous avons précédemment
utilisés, avec la même quantité de corps microbiens : le dixième d'une cul-
ture en boite de Roux pour 20cm'de milieu; bien entendu, nous nous étions
préalablement assurés que notre mode d'ensemencement ne diminuait pas
le taux d'acidité de nos milieux lactiques. Nous avons alors observé que,
même au bout de 18 heures, sous l'influence du grand nombre de corps
microbiens, la ptomaïne formée était aussi abondante dans le milieu conte-
nant ,'i pour 1000 d'acide que dans le milieu neutre.
Ce résultat tire un intérêt tout spécial du fait que, dans l'intestin, le cas
doit fréquemment se présenter d'une grande masse de B.aminophilus
agissant sur de l'histidine contenue dans des produits de digestion rendus
faiblement acides par d'autres microbes formant de l'acide lactique, mais
n'attaquant pas les acides aminés.
A côté de leur intérêt pathogénique lés faits que nous venons de rapporter
présentent une certaine importance au pointde vue médico-légal. En effet,
il y a quelques mois, au sujet d'une intoxication alimentaire suivie de mort,
on nous a demandé si l'on pouvait affirmer que la formation deptomaïnes
était impossible dans des matières vomies présentant une faible acidité.
Nos recherches étant alors trop peu a vancéesnous avions répondu que rien ne
permettait d'émettre sur ce sujet une opinion formelle et que par conséquent
l'accusé devait bénéficier du doute. Maintenant il n'en serait plus de même
et les experts devront toujours se souvenir que, dans certaines conditions,
dont on ne saurait rejeter a priori la possibilité, desptomaïnes très toxiques
peuvent prendre naissance dans un milieu légèrement acide.
En résumé, dans la flore intestinale de sujets présentant à la fois des
to3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
symptômes d'entérite ou de colite muqueuse et une réaction acide de leurs
matières fécales, on trouve assez fréquemment un microbe, le B. aminophilus
inleslinalis, qui est capable de décarboxyler l'hislidine même dans un milieu
légèrement acide (3 pour iooo d'acide lactique). Autant qu'il est possible
de conclure d'expériences in vitro, cette bactérie, qu'un examen sommaire
pourrait faire confondre avec le Pneumobacillc ou avec sa variété le B. lactis
aeroge/ies, peut très bien se comporter dans l'intestin comme un simple
ferment lactique et ne pas former de base toxique aux dépens de l'histjdinc
qui s'y trouve; mais, dans certains cas, elle peutparfaitemenl produire de
l'imidazolétbylamine, aussi bien en milieu neutre ou alcalin, qu'en présence
d'acides élaborés par d'autres microbes. Ainsi que nous l'avons établi l'action
décarboxylante du B. aminophilus n'est pas limitée à l'hislidine ; les résul-
tats que nous venons d'exposer doivent donc vraisemblablement s'appliquer
aux divers acides aminés, qui peuvent exister dans le contenu intestinal, et
aux plomaïnes qui en dérivent.
GÉOLOGlii:. — Les calcaires à Productus de C Indo-Chine. Note de M.Mansuv,
présentée par M. H. Douvillé.
Les calcaires ouraliens à Scluvagerina princeps Ehr., découverts au
( lammon, Laos, par M. Dussault, puis sur la feuille de Van-Yen, Tonkin,
par M. Deprat, ont donné une riche faune de Bracbiopodes, composée
principalement d'espèces de l'Ouralien de l'Oural et du Timan, décrites
par Tschernyschew (' ). Sur 96 espèces recueillies, (>i appartiennent au
Carboniférien supérieur de l'Oural et du Timan.
L'horizon inférieur de l'Oural, h Omphalotrochus Whitneyi Meek, ne parait pas
représenté; un seul individu, rapporté avec douteà Spirifer Marconi Waag. , est spé-
cial à cet horizon. Cinq espèces sont caractéristiques de l'horizon à P. Cora : Meekella
striatocostala Gox., .)/. eximia Eich., Productus boliciensis d'Orb., P. Konincki de
Vern.. Marginifera involuta Tscli. Les nombreuses espèces de l'horizon supérieur à
ScA. princeps, de l'Oural, sont les suivantes : Dielasma juresanensis Tsch , Ilemip-
tychina orientait* Tsch., Notothyris nucleolus Kut.. Pugnax osagensis Shum.,
Uncinulus Wangenheimi Panel., Camarophoria crumena Mail., C- mutabilis Tsch.,
[thyris Gerardi Dieu.. Spiriferina Holzapfeli Tsch., Sp. laminosa M'Coy, mut.
sterlitamakensis Tsch., Spiriferella artiensis Tsch.. Spirifer striatus Sow., Sp.
(') Tschernyschew, Die obercarbonischen Brachiopoden des Vrai and des Timan
( Wèm. ('mu. géol., 1. V, p. 16).
SÉANCE DU 3l MARS lÇ)l3. Io3l
cameratus Mort., Sp. fasciger Keys., Sp. tastubensis T?ch.. Sp. Dieneri Tsch., Sp.
lyra Kut., Sp. tibetanus Dien., Sp. inlerplicatus Roth., Sp. Frilschi Schell., Sp.
Nikitini Tsch., Sp. rectangulus Kut., Sp. uralicus Tsch.. Sp. ufensis Tsch., Sp.
Sokolovi Tsch., Sp. quadriradiatus de Veut., Ylarliniopsis uraliea Tsch., M. orien-
tales Tsch., M. baschkirica Tsch., Martinia triquetra Gemm., Relicularia lineala
Mart., R. roslrata Kut., Amboccelia planoconvexa Simm., A. cf. Urii Flem.,
Schizoporia supracarbonica Tsch., Choneles variolata d'Orb., Produclus Gruen-
waldti Krot., P. tranversalis Tsch., P. injlalus M'Chesuey, P. tartaricus Tsch.,
P. curvirostris Schell., P. pustulatus Keys., P. juresanensisTsch., /'. Cora d'Orb.,
P. lineatus Waag., P. tenuislriatus de Vern., P. cancriniformis Tsch., P. pseudo-
medusa Tsch., P. punctatus Mari., P. Tacovlevi Tsch , Z5. porrectus Kut., /'. tirna-
nicus Stuck., Proboscidella Kutqrgœ Tsch. Parmi ces espèces, deux sont communes
à l'horizon à P. cora et à l'horizon à Schwagérines : Spirifer cameratus et Produclus
porrectus; trois sont rencontrées dans les trois horizons îles calcaires ouraliens :
Produclus Gruenwaldti, P. Juresanensis et P. Cora; une, enfin, provient, dans
l'Oural, des horizons inférieur et supérieur : Produclus injlalus.
De l'Ouralien de Lo-Ping, Kouang-Si, les calcaires du Cammon et du Toukin ont
donné deux espèces : Produclus Cora, espèce à diffusion extrême et /'. plicatilis Sow.
Du Kan-Sou : Dielasma vesicularis David., Pr. lineatus, Pr. punctatus et Pr. ele-
gans M'Coy. Les affinités de l'Ouralien du Turkestan sont révélées par la présence,
dans l'Ouralien indo-chinois, de : Notolhyris nucleolus, Spirifer lyra. Reticularia
lineata, Schizoporia supracarbonica, Produclus injlalus, /'. lineatus. Quelques
formes de l'Ouralien du Cammon et de l'Oural persistent dans le Permien himalayen,
(Spiti, Chitichun); ce sont : Athyris Gerardi, Spirifer fasciger, Sp. musakheylen-
sis, Sp. Marconi, Sp. tibetanus, Reticularia lineala, Produclus Cora, P. lineatus,
P. cancriniformis et P. mongolicus. Les espèces communes à l'Indo-Chine et au
Salt-Range sont en petit nombre. Du calcaire à Produclus inférieur : Spirifer stria-
lus et Reticularia lineala: des calcaires à Produclus inférieur et moyen : .S. Mar-
coui; des calcaires à Produclus inférieur, moyen et supérieur : Sp. musakheylensis,
Pr. Cora, P. lineatus.
Au Cammon, Produclus gratiosus Waag., des calcaires moyen et supérieur de la
Sal"l-Range et du Permien de Chitichun, provient d'un niveau plus élevé que l'horizon
à Sch. princeps; c'est peut-être ce niveau qui renferme Sumalrina Annœ, reconnu
pur M. Depral dans les calcaires du Cammon. .Nous retrouvons en Indochine quelques
espèces de l'Ouralien du Kachmir (Zewan and Barus beds), la plupart à grande exten-
sion verticale et peu caractéristiques : Spirifer musakheylensis, Produclus pustu-
latus, P. spinulosus, P. Cora, P. mongoliens, P. punctatus. Du Permien du Spitz-
berg, les calcaires du Cammon et du Tonkin ont donné : Spirifer cameratus. Pr.
botiviensis, P. timanicus. Nous signalerons ensuite treize Brachiopodes des calcaires
a Schw. princeps et des calcaires à Sumalrina Annœ indo-chinois, faisant partie des
faunes du Permo-Carbonifère du Trogkofel et des Alpes cantiques : Spirifer fascigt r.
Sp. tibetanus, Sp. Frilschi, Sp. trigonalis, Sp. quadriradiatus, Reticularia lineata,
R. roslrata, Produclus elegans, P. gratiosus. P. spinulosus, P. curvirostris, P.
Cora, P. lineatus, P. cancriniformis, P. punctatus. Nous citerons, d'autre pari,
deux espèces du Permien de Timor : Cainarophoria emmena et Spirifer interpli-
Io32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cattis, type de l'espèce et non de la race de l'Ouralien à Schwagérines de l'Oural; il
convient d'ajouter Uncinulus Wangenheimi Pand., qui ne peut être séparé, croyons-
nous, de il. timorensis Beyr. et de U. Theobaldi Waag. du Salt-Range.
Au Cambodge, M. Lanteuois a recueilli : Sumalrina multiseptala Dep., Slcin-
mannia gemina Waag., Romingeria n. sp., Lophophyllum sp. ? Lonsdaleia n. sp.,
Produclus gratiosus, Spirifer Frilschi, Reticularia indica, Camaroplioria n. sp.,
Meekella cf. evanescens Scliell.
L'examen des listes comparatives qui précèdent démontre que les faunes de Bra-
chiopodes du Permo-Carbonifère indo-chinois sont, dans l'ensemble, celles de l'Oura-
lien de l'Oural et du Tinian, avec lesquelles elles présentent des affinités beaucoup
plus marquées et plus générales qu'avec celles du Permo-Carbonifère de l'Himalaya et
du Sall-Range; ces affinités sont d'ailleurs confirmées par la comparaison des Fusu-
linidés des deux régions, ainsi que l'a établi M. Deprai. La présence de Sumalrina
multiseptata Deprat ('), espèce plus récente que S. Année Volz, dans certains hori-
zon, des calcaires du Cambodge, indique, pour ces niveaux, un âge permien supérieur
peu différent de celui des grauwackes de Luang-Prabang, à Sum. Annœ.
Au point de vue paléogéographique, les calcaires ouraliens indo-chinois
se relient à l'Ouralien des monts Oural et Timan : par l'Ouralien de la baie
d'Oussouri, dont la l'aune, étudiée par Ivvanof, est composée d'espèces
du Salt-Range et d'espèces de l'Oural, ces dernières en nombre prédo-
minant : Hemiptychina inflala, Notolliyrïs nucleolus, Camaroplioria Marga-
ritow, C. Purdoni, Rhynchophura Nikitini, Ilusledia remota, II. indica,
Spiriferina crislata, Spiriferella h'ei/liavi, Spirifer fasciger, Sp. a/a/ us, Reti-
cularia lincala, Produclus Purdoni, P. irginœ, P. asperulus, P. Wallacei,
P. IVeyprechli, Marginifera typica, M. ova/is, -- puis parles gisements du
mémo âge découverts au Ivucn-Lun cl au Tutkestan (Tongitar, Kuturkuk),
dans lesquels on retrouve également la faune de l'Ouralien russe. C'est
donc surtout par la Téthys septentrionale qu'ont eu lieu les migrations
eurasiatiques à celte époque géologique.
GÉOLOGIE. — Efficacité des puits absorbants.
Note de M. Gustave F. Doi.i.fus, présentée par M. H. Douvillé.
Les expériences entreprises par le Conseil municipal de Paris pour
l'absorption des eaux par puits, afin do parer aux inondations dans la vallée
do la Seine, ne nous paraissent pas probantes; elles nous semblent même
démontrer qu'il n'y a rien à attendre de celte méthode.
( ') J. Depk&T, Etude des Fusulinidés de Chine et d' 'Indo-Chine et class. des cal-
caires à Fusulines (lié/». Serv. géol. de C Indo-Chine, t. 1, fasc. 3, p. 53).
SÉANCE DU 3l MARS IO,l3. lo33
Dans ces essais, on ne s'est pas occupé de ce que devenaient les eaux une
fois absorbées, ni de leur parcours ultérieur souterrain, ni de leur aboutisse-
ment final. En réalité aucune eau n'a été perdue, aucune eau n'a quitté le
bassin de la Seine; on a déplacé localement les conduites ordinaires de jonc-
tion au fleuve et pour en raccourcir le trajet, sans modification au drainage
général. Les forages, en effet, ont donné un passage plus rapide aux eaux
supérieures pour les diriger, sans détours, à la nappe générale de fond en
équilibre avec le fleuve coulant à découvert. Par ce moyen, en amenant plus
d'eau en moins de temps au même passage, on précipite l'inondation au
lieu de l'espacer.
Examinons rapidement chacun des exemples donnés.
Romairn'ille. — Un forage Je &Ç>"k a fait descendre directement les eaux de l'argile
verte jusqu'à la nappe du calcaire de Saint-Ouen, vers 44™ d'altitude, mais on n'a
rien enlevé par ce fait à la Seine; nous connaissons, en effet, la nappe du calcaire de
Saint-Ouen, elle est en pente rapide sur Saint-Denis, elle est à 4ora à Pantin, à 3< >'" à
Aubervilliers, à 20m à Saint-Denis, où elle va rejoindre la Seine; en cas de hausse de
la Seine, les eaux de la nappe du calcaire de Saint-Ouen s'épanchent mal en Seine et
Saint-Denis est submergé ; au lieu d'un lent ruissellement naturel des eaux de la nappe
de l'argile verte à Romainville, on a brusquement précipité ces eaux en pression don-
nant une chasse rapide à la nappe de Saint-Ouen; pour assécher Romainville, on va
noyer Saint-Denis.
Ferme des Saulniers, commune de Vimory, près Monlargis. — On a facilement
asséché les terrains de cette ferme par un puits de i.|mde profondeur, mais rien n'a
été perdu ou retardé pour le bassin du Loing. Les eaux se sont engouffrées dans un
îlot de calcaire de Beauce, mais elles se sont arrêtées sur une couche d'argile à silex
imperméable qui revient au jour à quelques kilomètres en aval, et là, à Gué-Ferreux,
les eaux du fond sont revenues fournil- leur contingent au Sorlin. sans avoir à vaincre
les mêmes difficultés qu'en surface.
Pierre-Levée, près Coulommiers. — J'ai dressé autrefois la Carte géologique de
celte région, le puits et le forage ont coûduit les eaux de l'argile verte et du Loupillon
directement à 52m de profondeur dans un niveau statique argileux, dépendant du
calcaire de Saint-Ouen, mais niveau fort au-dessus encore du cours du Morin; rien
n'a été enlevé à celte rivière, les sources de Pont-Moulin, à gom d'altitude, grossies
plus rapidement, ont plus vivement aussi regagné le grand Morin qui coule à la cote 70.
Il y aurait à retenir du projet l'idée de M. Dienert qui consiste à mettre
des vannes à l'issue des drains qui entraînent les eaux des terrains argileux,
de manière à pouvoir les laisser plus longtemps inondés, à ralentir ainsi leur
égouttement, pour donner du temps pour l'évacuation des eaux générales
en aval. Mais cette action ne peut s'exercer que sur une surface très faible,
Io34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
elle ne peut se faire qu'au détriment du cultivateur qui a drainé spéciale-
ment pour se débarrasser des eaux, et non pour les conserver. C'est une pro-
position en opposition directe à la méthode des puits absorbants, qui est par
elle-même favorable au groupement des eaux.
Nous ne sommes maîtres ni de la quantité d'eau qui tombe, ni du point
d'équilibre final des eaux, qui est la mer; nous ne pouvons agir sur elles
qu'entre le point de chute et celui de déversement ultime; cette action peut
s'exercer de deux manières : nous pouvons ralentir ou précipiter le débit.
Pour ralentir les eaux, on fera des barrages, des écluses, desserrements, des
plantations, des labours; pour précipiter la marche des eaux, on fera des
fossés, des drains, des canaux, des égouts, des puits, des pavages, etc.
Les tentatives qui ont été faites sont en contradiction directe avec le
résultat cherché; la géologie nous enseigne que le cours de la Seine est tou-
jours le chemin de moindre résistance pour l'écoulement.des eaux de son
bassin vers la mer.
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 7 AVRIL 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. -- Application des formules de viscosité superfi-
cielle à la surface d'une goutte liquide sphéricité, tombant lentement, d'un
mouvement devenu uniforme, au sein d'une masse fluide indéfinie en repos,
d'un poids spécifique moindre. Note de M. «ï. Boussinesq.
I. Appliquons à la chute verticale uniforme ( ou régularisée ) d'une petite
goutte liquide sphérique, de rayon R, dans une niasse Iluide indéfinie un
peu moins lourde, l'expression (2), démontrée dans ma dernière Note (' ),
des deux tensions superficielles principales §, §' que supportent, en cet état
de mouvement, deux certaines coupes normales de la mince couche sépa-
rant la goutte du Iluide ambiant.
Et d'abord, par raison de symétrie, la figure de la goutte reste de révo-
lution autour de son axe vertical, que nous prendrons pour axe des x, à
partir du centre actuel O de la goutte et en le dirigeant vers le sens (ici
descendant) du mouvement. Nous considérerons spécialement, tant dans la
goutte que dans le fluide extérieur, un demi-plan méridien, dans lequel
nous mènerons, à partir du centre O, l'axe horizontal des y. Les vitesses
des deux fluides s'y trouveront contenues ou admettront les deux compo-
santes u, c, fonctions de x et de y indépendantes de l'azimut de ce demi-
plan méridien.
Nous aurons ici à les étudier sur le demi-cercle de rayon R qui y
(') Voir le précédent Compte rendu, p. 980.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 14.) 1^2
Io36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
constitue un méridien de la couche superficielle. Chacun de ses points sera
défini par l'angle A (colatitudè) qu'x fera la normale '( extérieure) à la goutte
avec les x positifs, angle croissant de zéro à tï quand on suit ce méridien
depuis le pôle x = II, qui sert de proue à la goutte, jusqu'au pôle. x = — R,
qui lui sert de poupe.
II. Le calcul des Vitesses u, v dans les deux iluides, soit intérieur, soit
extérieur, dont chacun est supposé conserver ses volumes, fera l'objet d'une
Note ultérieure. Nous ne considérerons ici que la couche sépara tive des deux,
que l'on se donne sphérique et de figure permanente : car, par hypothèse,
le phénomène s'est régularisé, ou se conserve pareil autour de cette surface
géométrique séparalive, suivie dans son mouvement uniforme descendant.
La forme sphérique est d'ailleurs possible physiquement, en raison de la
lenteur de la chute qui assure la linéarité aux équations du mouvement et,
permettant de négliger les carrés des vitesses, supprime les causes d'apla-
tissement (impulsion vive sur la proue, etc.). Donc, à paît la translation
descendante de la surface séparalive, qui ne modifie pas les distances
mutuelles des points de la couche superficielle la recouvrant, ceux-ci ne
pourront avoir, le long du méridien considéré, qu'une vitesse ( \ tangentielle,
ou de glissement sur la sur/ace géométrique, vitesse fonction de A et d'ailleurs
ascendante, dirigée vers les cola titudes X plus élevées; car le liquide inté-
rieur à la goutte, moins retardé dans sa chute que celui de la couche super-
ficielle par la résistance du lluide extérieur, se porte vers le bas de la sphère
séparalive et oblige la matière de la couche superficielle à s'accumuler a ris
le haut. Nous admettrons ici, sauf à prouver plus tard l'exactitude de celte
hypothèse, la proportionnalité de G au sinus ( sinX) de lacolalitude, comme si
cette peiile vitesse tangentielle G était partout la projection, sur la tangente
à Tare élémentaire de méridien, d'une vitesse verticale constante.
III. Que seront alors dans la couche, au point M de colatilude X, les
vitesses à, â'de dilatation des deux files élémentaires principales, ds = tlr/A,
ds' — (R sinX)co, de points matériels, dirigées respectivement, par raison
de symétrie, l'une, ds = l\dk, le long du méridien, l'autre, ds', le long du
cercle parallèle (de rayon R sinX), où il sous-lend un angle au centre, co,
infiniment petit, pris du côté d'un troisième axe coordonné (des s positifs )
normal à ceux des x et des_y?
La vitesse G tangente au méridien déplace la molécule M, durant un
instant dt el le long de ds, de Gdl, réduisant ainsi de ( i dt sa distance à la
SÉANCE DU 7 AVRIL igi3. 10^7
seconde extrémité de ds, où se trouve un point matériel M' qui avance
aussi, et très sensiblement suivant la même direction, de (G 4- —prdk\dt.
te
Les deux points M, M' s'éloignent donc de -j^d't.dl; et la dilatation princi-
pale correspondante <)dt est le rapport de cet éloignement à la longueur
primitive \\d~h de MM' ; d'où résulte l'expression de à.
D'autre part, le chemin Gdt, décrit par le point M suivant l'arc ds incliné
de l'angle A par rapport aux y, accroît de GdfecosA la distance de M à l'axe
vertical des x ou le rayon du parallèle sur lequel sera ce point, augmentant
ainsi de (G dlcos A) w sa distance au point analogue, u, situé à l'extrémité
de ds'. On aura donc aussi, comme valeur de d' dt. le rapport de cet accois-
sement à ds' = (RsinA)co; et de là résultera l'expression de <)'.
En résumé, les deux vitesses principales <), d' de dilatation de la couche
superficielle vaudront
. . .1 dG ., G
(0 d=Kdï' ^KCOl/-
La double formule (a) de ma précédente Note en déduira les deux tensions
superficielles principales ■', ' en fonction des vitesses G de glissement.
IV. Considérons maintenant un élément rectangulaire, légèrement courbe,
de la couche, compris entre l'élément MM' =
. )(,i, M'p.' - : lî(sii) / - f/sin /.)'•>,
en vue de chercher les composantes totales, suivant la normale OMN à la
sphère et suivant la tangente MT, en M, à l'arc MM' = à, des tensions
superficielles exercées, tangentiellement à cet élément sphérique, mais per-
pendiculairement à son contour, sur les quatre côtés du rectangle.
La tension ids que supporte le cùté Mu. se compose de forces dirigées,
en charpie point de Mu, à l'opposé du méridien ds qui y passe. Or, les
angles infiniment petits de ces forces élémentaires avec la tangente en M
à M' M ont leurs plans, qui sont ceux de deux génératrices d'un cône cir-
conscrit voisines, presque tangents au cùne en M ou presque normaux au
plan OMM' des xy\ et, par suite, les projections de ces angles sur le plan
des xy sont des angles du second ordre de petitesse. En d'autres termes, les
forces élémentaires composant la tension ids' peuvent être censées se pro-
Io38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jeter toutes, sur le plan des xy, à l'opposé de la tangente MT à Parc MM'.
Dès lors, l'angle de chacune d'elles avec toute droite du plan des xy émanée
du point où elle perce ce plan des xy, est la face hypoténuse d'un trièdre
rectangle, ou a pour cosinus le produit des cosinus des deux autres faces,
qui sont, d'une part, l'angle de la force élémentaire avec sa projection,
d'autre part, l'angle de cette projection avec la droite considérée du plan.
Donc, ici où l'angle des forces élémentaires avec leur projection est très
petit et a son cosinus réductible à i (sauf écarts du second ordre), les
cosinus des angles des forces élémentaires avec MMf et avec MT seront ceux
mêmes des angles de leur projection ( à l'opposé de MT) avec MN et
avec MT, c'est-à-dire zéro et — 1 . Ainsi, pour le côté Mix, les deux com-
posantes cherchées seront zéro et — $ds', ou
(2) o et — R(#sinX)w.
De même, sur le côté opposé M'a', où la colatilude est A -+- rfX, les ten-
sions élémentaires se projetteront sur le plan des œy suivant la tangente
M'T' menée en M' à l'arc MM': et les cosinus de leurs angles avec MN et
avec MT seront ceux relatifs à M'T', savoir cos(- + d A j etcos(e?A), ou
— d~h et 1. Or cette force est §ds' accrue de sa différentielle en A, savoir
R ( #sinA-t- c '' ,\ — d\) to. Elle donnera donc, suivant M]N et suivant MT,
les deux composantes respectives
(3) — R (#sinÂ) tùdl et Rf^sinÀ-h
r/.ivsiii/. ,.
Passons aux tensions cpie supportent les deux côtés MM' el ua', ouds,
contigus aux deux demi-plans méridiens. Sur le premier, MM', la tension,
§' ds ouJKê'd'k, est perpendiculaire au plan des xy et ne donne aucune
composante suivant les droites MN, MT de ce plan. Sur le deuxième, \j.\i.' ,
la tension (toute pareille), R^'rfX, est perpendiculaire au demi-plan méri-
dien voisin Op.u'. Si on la transporte au centre O parallèlement à elle-
même, elle sera donc dans le plan de l'équateur, où elle fera l'angle - •+- co
avec l'axe des y positifs, à l'opposé duquel elle se projettera sur le plan
des xy. Donc ses deux angles avec la normale OMN et avec la parallèle
à MT menée par le centre O, seront les faces hypoténuses de deux trièdres
rectangles ayant tous deux - -t- co pour seconde face (dans le plan de l'équa-
teur) et, respectivement,-' — >., A comme troisièmes faces. Les cosinus
SÉANCE DU 7 AVRIL I0,l3. Io39
correspondants des faces hypoténuses seront donc — wsinA, — cdcosà;
et l'on aura, suivant MN et suivant MT, les composantes respectives
(4) — R(J' sin/. )t.,cil et — R {S' cosÀ) wrfA.
Les composantes totales, suivant la normale à la sphère et suivant le
méridien, des tensions superficielles exercées sur tout le contour du rec-
tangle élémentaire dsds', seront les deux sommes respectives des expres-
sions (2), (3) et (4). En y substituant à RwcA le quotient de dsds' par
RsinÀ, il vient ainsi
. _ . J -+- .f , , , 1 /d. Â'sinï _-, ,\
(3) — dsds et ,, . .. F f'cosA \dsds.
l; Rsni/. \ dl.
V. 11 faudra diviser ces forces Tpar dsds', afin de les rapporter à l'unité
d'aire de l'élément de couche; et, comme cet élément a sa masse ou, par
suite, son poids et ses inerties, négligeables (même par unité d'aire), on
écrira qu'il est en équilibre sous leur action, jointe à celle des tractions, que
nous appellerons DZ, suivant la normale, s suivant le méridien, exercées par
le fluide extérieur sur la face convexe de la couche superficielle, et à celle
des tractions analogues, dont nous appellerons — X', — S' les composantes
suivant les mêmes normale et tangente au méridien, exercées par la matière
de la goutte sur la face concave de la couche, forces égales et contraires
aux actions x', G' de la couche elle-même sur le fluide intérieur. Donc les
expressions (5), divisées par dsds', puis accrues respectivement de at, — X'
et de s — ', donneront sommes algébriques nulles. Et en effectuant, dans
la seconde (5), la différenliation de #sin A, il viendra
(6) K- >b'= *+£, 5- -B'= -±
dî+ '■'-■' ,C0W
Telles seront les deux conditions dynamiques imposées aux pressions
(SfL, c?), (#&', S') s'exerçant respectivement au dedans et au dehors de la
couche superficielle, en outre des deux relations de non-rupture de cette
couche, qui consisteront dans la parité des vitesses respectives u et v sur les
deux faces.
VI. Tenons finalement compte de la proportionnalité de G à sin A. Les
relations (1) donnent alors d'= (?; et il résulte de la double formule (2) de
ma dernière Note que l'on a
(7) #'=£=/ _t_2(e + e1)t?=/ + e=/-i-£-^.
lo4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Donc les deux coefficients e, e, de viscosité superficielle se fondent ici en
un seul a(e -h e, ), que l'on peut appeler e; et la couche superficielle sphériquc
reste, même à l'état de mouvement, isotrope autour de chacune de ses normales,
dans une étendue infiniment petite.
La tension superficielle y a la valeur dynamique f ■+- ed, pareille dans
tous les azimuts.
Si l'on observe que la dérivée seconde de (i anXégale — G, les formules (6)
deviennent
«-*=*(/+ 5 £)■ «-•■=»<>■
Ce sont celles que nous aurons à appliquer.
M. Charles Mouisec, en présentant à l'Académie un Mémoire intitulé
Recherches sur les gaz rares des sources thermales ; leurs enseignements concer-
nant la Radioactivité et la Physique du globe [Journal de Chimie physique,
t. XI, n" 1, 1918, p. 63-i 53), s'exprime en ces termes :
Dans cette brochure de 91 pages, j'ai exposé dans leur ensemble les
recherches que j'ai effectuées sur les gaz rares des mélanges gazeux qui se
dégagent aux griffons des sources thermales, ainsi que les conséquences
qui en découlent pour la Radioactivité et la Physique du Globe. Commen-
cées en 1895, peu après la découverte de l'argon par Lord Rayleigh et Sir
Y\ iiliam Kamsay, les expériences ont été activement poursuivies depuis 1902,
avec, depuis 1900, la collaboration, successivement, de M. Robert Biquard,
puis de M. Adolphe Lcpape.
■ Un nombre considérable de documents nouveaux ont été accumulés. La
plupart, ainsi (pie les enseignements qu'ils comportaient, ont été commu-
niqués déjà à V Académie des Sciences (principalement par l'organe de notre
confrère M. Deslandres, avant que j'eusse l'honneur de faire partie de
l'Académie ), au Bulletin de (a Société chimique, au Journal de Pharmacie et
de Chimie, ou à Y Académie de Médecine.
Comme il arrive souvent au cours de travaux de longue haleine, mes
idées sur la question ont évolué à la lumière des faits, et, à cet égard, la
production d'hélium aux dépens du radium, observée par Sir William
lîamsay et Frédéric Soddy en 190 '), à une époque où, de divers cotés ( Sir
.l.-.l. Thomson, Pierre Curie et Albert Lahorde, etc.), on signalait la pré-
sence de l'émanation du radium dans les sources, ne manqua pas de donner
SÉANCE DU 7 AVRIL ip,l3. 1041
à mes recherches une orientation décisive. D'un autre côté, les diverses
techniques de ce travail, dont l'exécution a présenté de grandes difficultés,
oui été sans cesse perfectionnées. Beaucoup de sources, d'ailleurs, ont fait
l'objet de mesures répétées, soit sur le même échantillon, soil sur des échan-
tillons récoltés à des dates différentes, parfois distantes de plusieurs années.
Bien que nous n'ayons généralement observé que de faibles écarts entre les
divers résultats obtenus pour une même source, nous avons cru devoir
choisir parmi eux, pour les présenter comme définitifs, ceux qui corres-
pondent aux expériences qui ont été conduites dans les meilleures conditions
(sans préjudice de la variation possible de la composition des mélanges
gazeux fournis par la source à des intervalles de temps plus ou moins
longs).
Pour ces raisons, il m'a semblé utile, opérant une refonte complète
du sujet, d'en faire un exposé général et complet, au double point de vue
théorique et expérimental, sans souci de l'ordre chronologique des publi-
cations antérieures. On trouvera d'ailleurs, dans le présent Mémoire,
nombre de détails de toute nature encore inédits.
En i()o>, au moment où j'entrepris une étude systématique du sujet
( aprèsavoir eu l'occasion, depuis i8o,5,de m'en occuper à maintes reprises,
ainsi que d'autres expérimentateurs; en France : Bouchard, Troost, Ouvrai d,
Desgrez, Parmenticr, Moissan), l'argon et l'hélium, ou l'un de ces deux gaz
seulement, avaient été décelés dans quelques sources, et le néon dans u\[n
seule source; quant au krypton et au xénon, ils n'avaient encore été
signalés que dans l'air atmosphérique.
Les sources dont l'étude constitue la base expérimentale de nos recher-
ches sont au nombre de 70. Elles sont presque toutes françaises, et elles
présentent d'ailleurs une grande variété dans leurs minéralisations comme
aussi dans leurs origines géologiques.
Voici les résultats essentiels de ce long travail et quelques considérations
qu'ils suggèrent :
1" En dehors des gaz courants (azote, anhydride carbonique, etc.),
toutes les sources contiennent de l'hélium, du néon, du krypton, du xénon
et des émanations radioactives. Ceci est en parfait accord avec la présence
des gaz rares et des émanations radioactives dans l'air atmosphérique. En
ce qui concerne l'hélium, les prévisions sont pleinement vérifiées. L'hélium,
en effet, se produit dans la désintégration des substances radioactives, et
des traces de celles-ci se rencontrent partout dans le sol el le sous-sol
Io/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(minéraux, roches, eaux minérales, gaz); on devait donc trouver de
l'hélium dans toutes les sources.
Quant aux proportions des divers éléments, elles varient, suivant les
sources, dans de larges limites. Pour ne considérer que l'hélium, on en
trouve, par exemple, pour ioo volumes de gaz spontanés hruts : 0,00 1 "> à
Vichy (Chomel), o,8o,3 à Saint-Honoré, 5,77 à Maizières, 10,16 à San-
tenay. Les gaz spontanés des sources de Santenay sont les plus riches
connus en hélium. On voit à quel degré peuvent atteindre les concentrations
en hélium, et quand on considère que la teneur de l'air en hélium est incom-
parablement plus faible (environ ;!00'00l)), cette observation apparaît immé-
diatement avec toute son importance.
L'intérêt que présentent certains débits n'est pas moindre. Les sources
de Bourbon-Lancy (10000' par an), de Santenay (170001), de Néris
(340001), constituent de véritables gisements d'hélium. Les sources en
apportent ainsi perpétuellement, dans l'atmosphère, des quantités relati-
vement énormes. Que signifienl ces importants dégagements d'hélium ?
Si l'on supposait constante dans le temps la masse de radium (avec sa
série, en équilibre radioactif) capable d'entretenir la chaleur de la Terre,
et si Ton admettait que tout l'hélium engendré s'est déversé dans
l'atmosphère, on calcule qu'il aurait suffi de 7000 siècles pour y amener
tout l'hélium qui s'y trouve actuellement. Mais quelle fraction de l'hélium
produit arrive dans l'atmosphère? Le millième, le millionième ? Nul ne le
sait. Est-ce parles sources qu'il y est surtout apporté? Peut-être. D'un
autre côté, on a de bonnes raisons de penser qu'une véritable distillation
d'hélium doit s'effectuer continûment de l'atmosphère terrestre vers les
espaces célestes. Cette perte incessante d'hélium que subit notre atmosphère
est-elle compensée par l'apport du même gaz qu'elle reçoit de la pro-
fondeur? Y a-t-il, au contraire, appauvrissement ou enrichissement de
l'atmosphère en hélium ? Ces questions, et bien d'autres qui s'y rattachent,
nous ne pouvons aujourd'hui que les poser sans les résoudre. Du moins
leur seul énoncé suffit-il à mettre en évidence le haut intérêt que présente
toute recherche visant à nous éclairer sur le rôle de l'hélium dans la Phy-
sique du Globe.
20 Nous avons reconnu, M. Lepape et moi, que les trois gaz : argon,
krypton, xénon (auxquels on pourra ajouter très vraisemblablement le néon),
sont en rapports numériques mutuels sensiblement constants dans toutes
les sources, et que ces rapports sont à peu près les mêmes que dans l'air
atmosphérique. Il y a là un fait très remarquable, que nous expliquons par
SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. JO|3
l'inertie chimique de ces éléments et leur état gazeux dans de larges limites
de température et de pression. Grâce à ce double caractère, en effet, tandis
que les corps doués d'affinités chimiques contractaient des combinaisons, les
éléments considérés sont restés libres, et ils ont conservé toujours et partout,
depuis la formation de la nébuleuse, leurs mêmes rapports quantitatifs.
Il importe d'ajouter que l'hélium ne présente aucune proportionnalité
avec les autres gaz. La raison en est facile à concevoir. Partout, dans
l'écorce terrestre, de l'hélium se produit constamment aux dépens des corps
radioactifs; or ceux-ci sont très inégalement répartis dans les différents
terrains.
L'azote, qui existe dans toutes les sources comme dans l'atmosphère, est
un gaz relativement inerte. On pouvait donc s'attendre à trouver une cer-
taine uniformité dans ses rapports avec l'argon, par exemple. Nos résultats
sont en accord très satisfaisant avec cette conception.
On retrouve la même constance des rapports dans les grisous, dont nous
avons aussi, M. Lepape et moi, étudié méthodiquement la partie non com-
bustible. Et il n'y a pas de doute que, dans l'Univers, la constance des
rapports, entre éléments libres, ne présentant entre eux aucune filiation
(cette restriction vise les corps radioactifs), ne tienne à la fois à leur inertie
chimique et à leur état gazeux.
Une dernière remarque s'impose ici. Le fait que l'argon, le krypton et le
xénon sont en rapports mutuels sensiblement constants, est difficile à con-
cilier avec l'hypothèse suivant laquelle ces gaz se produiraient actuellement
par la désintégration d'autres atonies. Et leur situation vis à-vis des corps
radioactifs se présente ainsi, d'après les seuls résultats de nos détermina-
tions, comme très différente de celle de l'hélium.
En dehors des gaz thermaux et des grisous, bien d'autres gaz géologiques
restent encoie à examiner au même point de vue : sources sèches d'anhy-
dride carboniq le, dégagements instantanés du même gaz dans certaines
mines de charbon, gaz des puits à pétrole, etc.
Pour ce qui est de l'air atmosphérique, si l'on se rappelle que plusieurs
lignes du spectre I 1 krypton, notamment, se retrouvent dans celui des
aurores polaires, dent les hauteurs atteignent plusieurs centaines de kilo-
mètres, on conçoit quel intérêt tout particulier présentera le dosage de ce
gaz aux hautes altitudes.
Je ne puis, en terminant, m'empêcher de faire remarquer toute la variété
C. R., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 14.) I 33
Io44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et toute l'étendue des domaines où, sous la poussée des faits et de leur
logique, on est conduit de proche en proche par la seule étude de la dissé-
mination des gaz rares dans la Nature. Cela tient à la situation toute privi-
légiée qu'occupent l'argon et ses congénères vis-à-vis des autres éléments.
Leur complète inertie les place, pour ainsi dire, en marge de la Chimie.
Elle leur assure une éternelle inviolabilité; elle les protège contre tous les
cataclysmes de l'Astronomie et de la Géologie, auxquels ils assistent en
témoins indifférents et universellement respectés. Grâce, en outre, à leur
état gazeux, l'accès leur est facile dans tous les fluides et dans toutes les
atmosphères, où les cinq membres de la famille voyagent toujours de
compagnie et en toute liberté.
il est manifeste que les problèmes nouveaux qui se posent sans cesse ne
pourront être résolus que si l'on accumule d'abord, en grand nombre,
les données expérimentales dont la comparaison fera apparaître des rela-
tions plus ou moins attendues ou même insoupçonnées.
CHIMIE MINÉRALE. — Déshydratation et décomposition des hydrates
du nitrate d'uranyle. Formation d un monohydrale. Note de
M. DE FoRCRAND.
A plusieurs reprises, divers auteurs ont porté leur attention sur la pré-
paration des hydrates du nitrate d'uranyle, sur leur déshydratation et sur
leur décomposition progressives par la chaleur. Parmi les travaux les plus
récents, il me suffira de citer ceux de MM. Vassilief, Lebeauet Markétos (').
11 résulterait de ces recherches qu'il existe trois hydrates contenant 2mo1,
3""'1 ou 6mo1 d'eau, et que le sel anhydre peut s'obtenir par l'action de la
chaleur (170°) sur l'un d'eux, dans un courant de gaz carbonique sec chargé
de vapeurs nitriques.
J'ai cherché à préciser quelques-uns de ces faits.
i° Déshydratation à froid de Vhexaliydratf ordinaire, sous cloche siilfu-
rique, à la pression atmosphérique.
D'après M. Vassilief, on obtiendrait ainsi le dibydrate au bout de
(') Vassilief, ./. S. phys. chim, russe, t. XL1I. 1910. p. 570, et B. Soc. chim., 1. \,
1910, p. 64'!. — Lebhau, B. Soc. chim.. 1. 1\, 1911, p. 176, 276, 2g5, 298; t. XI,
1912, p. 245, 737, 799, S't7.— Markétos, B. Soc. c/um., 1. M, 1912, p. 244 el Comptes
rendus, t. 155, 191 2, p. 210.
SÉANCE DU 7 AVRIL ip,l3. io45
2/1 heures, tandis que M. Lebeau n'a pu isoler que le trihydrate après
25 jours seulement. En réalité le terme final est bien le dihydrate, mais
on ne l'obtient qu'au bout de 1 mois environ. La déshydratation se fait
en deux phases successives : pendant la première, qui ne dure que 4 ou
5 jours, on tend vers le trihydrate ; puis, lorsqu'il est formé, la perte
d'eau devient beaucoup plus lente (quinze fois plus lente en moyenne), et
s'arrête complètement lorsqu'on est arrivé à la composition du dihydrate.
Il n'y a pas de séparation nette entre les deux phases, mais seulement un
ralentissement très marqué de la déshydratation lorsqu'on passe par le
trihydrate.
2° Déshydratation à froid de V hexahydrale ordinaire, sous cloche sulfu-
rique, dans le vide.
Les phénomènes sont les mêmes que précédemment, mais ont lieu plus
rapidement. Il y a encore deux phases successives, la première ne durant
que quelques heures, la seconde 5 à 6 jours. A partir de ce moment le poids
du sel reste absolument constant, et l'on obtient exactement le dihydrate 1 ' |,
dont la tension d'efflorescence est par conséquent pratiquement nulle
à +[5°. Ce produit est jaune clair.
3° Déshydratation à chaud de l'un des trois hydrates précédents.
11 sera évidemment avantageux de prendre comme point de départ le
dihydrate, préparé comme il est expliqué plus haut.
J'ai effectué les quatre expériences suivantes :
a. Déshydratation du dihydrate à 1600 dans un courant de gaz carbo-
nique sec (sans addition de vapeurs azotiques).
On arrive ainsi à déshydrater complètement, en 3 ou 4 heures, plusieurs
grammes de sel; mais il y a un dégagement notable de vapeurs d'acide azo-
tique. Le produit est jaune orangé et contient de l'acide uranique UO!, H"0.
Il est cependant encore soluble dans l'eau sans résidu (2). Sa composition
est plus ou moins voisine de celle de la combinaison
(NO:i)5U0^2U03,
(') L'analyse a donné: 62,84 pour ioo de UO2, au lieu de 62,83, en admettant
que U = 238,5.
{'- ) M. Lebeau a montré que l'acide uranique est assez soluble dans les dissolutions
aqueuses de nitrate d'uranyle.
Io46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui serait l'orthonitrate d'uranyle, et qui a été aperçue et indiquée à
plusieurs reprises.
b. Déshydratation du dihydrate à i25°-i3o° dans un courant de gaz
carbonique sec (sans addition de vapeurs azotiques).
L'expérience est déjà beaucoup plus longue ; au bout de 4 ou 5 heures, la
perte de poids correspond à peu près à imo1 d'eau; puis il faut ensuite
poursuivre la déshydratation pendant 55 à Go heures pour arriver à un
poids sensiblement constant. La vitesse est donc alors douze fois moindre
que dans la première partie de l'expérience, ce qui indiquerait déjà l'exis-
tence d'un monohydrate.
J'ai pris soin non seulement de noter la perte de poids de la nacelle, mais
aussi de recueillir et de doser les vapeurs d'acide azotique dégagées. D'après
ces données, l'azotate devenu anhydre avait perdu, à la fin de l'opération,
12,5 [tour ioo de l'acide azotique qu'il contenait virtuellement au début.
Ces résultats conduisent à la composition
(NOs)2fc024--(U03,H!0).
Ce produit est jaune, un peu orangé.
c. Déshydratation du dihydrate à 980 dans un courant de gaz carbonique
sec (sans addition de vapeurs azotiques).
L'élimination de l'eau a lieu encore, mais beaucoup plus lentement. Il
faut cette fois i5o heures pour obtenir non pas un arrêt complet, mais un
ralentissement très marqué. La perte totale du poids et la perte d'acide
azotique conduisent alors à la composition
( NO3 )5 VO\ II2 O + 4j ( CO3, H- O) .
C'est donc un monohydrate de nitrate d'uranyle presque pur, contenant
moins de 1 pour 100 d'acide uranique. D'ailleurs l'analyse complète con-
firme ce résultat ('). Ce produit est jaune clair.
d. Déshydralion du dihydrate à i65° dans un courant de gaz carbonique
sec chargé de vapeurs d'acide azotique.
C) J'ai trouvé, pour 100 : NOs 29,89 et UO2 65,85, tandis que la formule indiquée
demanderait 29,77 el 65, 80, et que le monohydrate pur donnerait 3o,o6 et 65,58. On
voit par là que la seule analyse du produit permettrait à peine de reconnaître les traces
d'acide uranique qu'il contient, si le dosage del'acide azotique éliminé ne ies indiquait
pas.
SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. lO^
C'est l'expérience de M. Markétos, dont j'ai suivi exactement toutes les
indications, sauf que la température ( iG5°)a été maintenue un peu plus basse
que celle indiquée par ce savant (170°), dans le but de rendre la décompo-
sition du sel moins profonde.
J'ai encore déterminé, toutes les 3 beures, la perte de poids de la
nacelle.
D'après ces pesées, après 3 beures, le sel avait encore à peu près la
composition d'un monohydrale; puis il a fallu 12 beures pour arriver à un
poids constant, correspondant sensiblement au sel anhydre. Ce ralentis-
sement, après les 3 premières beures, confirme encore l'existence du
monohydrate.
x\Iais on constate en outre que la perte de poids de la nacelle dépasse
notablement le poids d'eau contenu dans le dihydrate pris comme point de
départ, lequel est cependant, avons-nous dit, absolument pur. De l'acide
azotique avait donc encore été éliminé, malgré la présence de vapeurs
azotiques dans le gaz carbonique.
En évaluant cette élimination d'acide azotique d'après l'excès de la perte
totale sur le poids d'eau contenue dans le dihydrate, on arriverait à la com-
position suivante :
(JïOâ)IUOs + 4;(U03,H!Ô).
20
D'ailleurs l'analyse a confirmé cette formule ('). Ce produit est jaune
clair. En répétant cette expérience à une température un peu plus basse
(i55°), j'ai obtenu sensiblement le même résultat (2) :
(NO)*U02-i-^- (UO,H20).
On voit donc qu'à la température indiquée par M. Markétos (173°), on
obtient bien, par sa méthode, le sel anbydre, mais souillé de près de 3 pour 100
d'acide uranique. La présence des vapeurs nitriques retardent donc
beaucoup la décomposition, dans le rapport de i5 à 1 à peu près, mais ne
l'empêche pas absolument à 175°, i65° et même i55°. Pour obtenir un
produit anbydre ne contenant que des traces d'acide uranique, il faudrait
(') J'ai trouvé, pour 100: NO3 3o.66 et UO2 69,14, tandis que la formule indiquée
demanderait 3o,5g el 69,11 et que le sel anhydre pur donnerait 3 1 ,44 el 68,56. Ici
1'analvse seule suffit pour affirmer la présence de l'acide uranique (2,67 pour 100 du
poids total du produit).
(s) Mais l'expérience est alors déjà beaucoup plus longue, 3o heures environ.
Io48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne pas dépasser i25°-i3o° et opérer avec du gaz carbonique chargé de
vapeurs nitriques-, mais on a vu qu'à celte température on doit prolonger
l'expérience pendant plus de 60 heures (' ).
GÉOLOGIE. — Observations sur l'histoire géologique pliocène et quaternaire
du golfe et de l"1 isthme de Corinlhe. Note de M. Charles Depéret.
11. Période quaternaire (suite). — J'ai montré (Comptes rendus,
3 mars it.)i3)que la phase continentale qui caractérise l'histoire du golfe
de Corinthe pendant la première partie des temps quaternaires avait été
brusquement interrompue par une transgression marine, correspondant à
l'époque des couches à Strombus mediterraneus . Les dépôts marins de cette
transgression peuvent être suivis depuis l'isthme de Corinlhe jusqu'à
Patras.
Dans le centre de l'isthme, la magnifique tranchée du canal de Corinthe
entaille sur 8om de hauteur un bombement central de marnes pliocènes
levantines, flanqué en discordance des deux côtés par des grès et conglo-
mérats quaternaires, riches en coquilles marines, et découpés par des failles
en gradin tout à fait remarquables. Grâce aux facilités exceptionnelles que
présente l'étude de cette tranchée découverte, j'ai pu me faire une idée
nette de ces dépôts marins, déjà bien étudiés par M. Philippson (Der
fsthmos vonCorinlh, 1890). Le quaternaire débute par des marnes sableuses
jaunâtres, dans lesquelles s'intercalent plusieurs bancs de sables et graviers
gris verdâtre, à nombreux éléments de gabbros et de serpentines; puis
viennent des mollasses jaunes encore intercalées de graviers serpentineux
vers le haut; enfui, on passe à des grès en plaquettes cariés qui terminent la
série marine ravinée en quelques points par des limons sableux rougeâtres
d'origine continentale.
J'ai observé la même succession au nord de l'isthme dans les collines du
pays de Krommyonia, notamment près de Kalamaki, où ces dépôts marins
ont été décrits depuis longtemps par Th. Fuchs. On les revoit au sud du
(') On remarquera que l'expérience des quatre hydrates du nitrate d'uranyle, à 6,
3, 2 et 1 H20, est en opposition avec la thèse soutenue récemment par M. Rosenstiehl
(Bulletin de la Société chimique, t. IX, 191 1, p. 174) : .« H n'y a pas d'exemple,
dit-il. de sels hydratés ne perdant qu'une molécule d'eau, en dehors de ceux qui n'eu
contiennent qu'une seule. » En fait, le trihydrate de nitrate d'uranyle perd d'abord
une molécule d'eau, puis une autre, pu is une troisième.
SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. IO^n,
canal dans le bas plateau d'Islhmia-Kenchrœe et ils se prolongent vers
l'Ouest par Hexamilia jusque bien au delà de la ville de Corinthe.
J'ai déjà indiqué que ces mollasses et graviers marins étaient discordants
par rapport aux marnes pliocènes. La discordance est peu évidente dans la
tranchée du canal, mais devient très manifeste à l'ouest de Corinthe.
M. Négris m'a montré, derrière la propriété Tryphos, le conglomérat
quaternaire à galets verts, presque horizontal sur les tranches redressées
des marnes pliocènes. M. Philippson a noté cette même discordance en
divers points au bas plateau de Stimanga, entre Kiaton et Xylokastron etc.
Il n'est permis de conserver aucun doute sur l'indépendance complète de
ces deux formations.
Lu faune marine de ces couches présente un cachet d'ensemble des plus
récents, la majeure partie des espèces se retrouvant vivantes dans la Médi-
terranée. Néanmoins, les opinions ont beaucoup varié sur l'âge de ces
couches. Th. Fuchs, et plus tard MM. Philippson et Oppenheim les ont
attribuées au Pliocène supérieur de Rhodes et de Cos, d'après la présence
de quelques coquilles à affinités pliocènes et même miocènes, dont les déter-
minations demanderaient sans doute à être revisées : tel le Strombus coro-
fiatus qui est, en réalité, le Strombus mediterraneus ou bubonius, actuel du
Sénégal. Gaudry et Neumayr ont soupçonné l'âge quaternaire de ces
couches qui a été définitivement établi par les déterminations de M. Jous-
seaume, mais sans qu'aucun des savants précités ait indiqué le niveau
stratigraphique précis de ces dépôts.
J'ai repris à mon tour l'étude de cette belle faune, en utilisant, à l'Ecole
des Mines de Paris, les collections Ed. Fuchs et Chaper et surtout les
magnifiques séries de l'Université d'Athènes recueillies par l'Administra-
tion du canal de Corinthe à l'époque du percement de l'isthme. Négligeant
les espèces méditerranéennes actuelles qui forment le fond de la faune,
j'attirerai seulement l'attention sur un petit nombre de coquilles caracté-
ristiques, étrangères à la faune méditerranéenne, mais identiques à des
espèces encore vivantes dans l'Atlantique tropical ou tempéré.
i° Le Strombus mediterraneus Duclos, identique, ou peu s'en faut, au Strombus
bubonius acluel de Madère et du Sénégal (5 à 6 exemplaires à l'Université d'Athènes);
20 Le Conus guinaicus Hwass, grande forme bien distincte du petit Co/ius medi-
terraneus et identique à l'espèce vivante des côtes de Guinée;
3" La Nalica lactea Guilding, espèce du sous-genre Mamma, qui se retrouve
vivante sur la côte occidentale d'Afrique;
4° Un Pecten du groupe du P. maximus de l'Atlantique tempéré, ayant les côtes
Io5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
rondes et multistriées du type des côtes de France, avec la forte convexité de la grande
valve du P. jacobœus de la Méditerranée.
Je signalerai en outre quelques belles coquilles, fréquentes à Corinthe,
et qui, devenues aujourd'hui plus rares dans la Méditerranée, contribuent
à donner à la faune de cet horizon un cachet de mer plus chaude que la
Méditerranée actuelle : telles sont Cassis undulata, Tritonium nodiferum,
Purpura hœmastoma, Mytitus galloprovincialis var. herculea, etc.
La présence des trois premières espèces, Strombus mediterraneus , Conus
guinaicus, Natica laclea, suffit à caractériser la faune chaude émigréc de
l'Atlantique tropical dans la Méditerranée à une époque où la ligne de rivage
se trouvait à l'altitude d'environ 3om. Cet horizon faunique, qui se com-
plète par quelques autres formes jusqu'ici inconnues dans l'isthme de
Corinthe, Tritonidea viverrata, Tritonium /icoides, Tugouia anatina, etc.,
constitue un niveau stratigraphique d'une remarquable unité, qui s'observe
identique dans toute la Méditerranée occidentale, en Catalogne, aux Ba-
léares, à Nice, en Algérie, en Tunisie, à Tarenle, en Sicile, etc. Dans la Mé-
diterranée orientale, il n'était encore cité que de l'île de Chypre(Gaudry),
mais il est à prévoir qu'on en découvrira d'autres gisements.
En dehors des Mollusques, les couches à Strotnbes du golfe de Corinthe
ont fourni d'importants débris de Mammifères terrestres. Dans les graviers
serpentineux de la tranchée du canal, on a recueilli, lors des travaux, une
belle mandibule d'Éléphant, que j'ai étudiée à l'Université d'Athènes, et
qui se rapporte au groupe de VElephas antiauus par la forme étroite des
molaires, mais avec des lamelles d'émail plus épaisses et surtout plus ondu-
lées : c'est une variété ou race locale identique à l'Eléphant du bassin de
Mégalopolis, nommé par M. Scouphos Elephas Gorlyniensis (in coll.).
A l'autre extrémité du golfe, à Palras, on a recueilli, dans les graviers
fluvio-marins de la carrière Coslakis, une belle molaire du même Éléphant
que j'ai vue à l'Université d'Athènes. Dans une visite que j'ai faite au gise-
ment sous la conduite de M. Négris, nous avons pu recueillir, avec des
lamelles de molaires et des fragments d'os de ce Proboscidien, une défense
d'un énorme Sanglier (Sus scrofa férus) et un métacarpe d'un Cervidé de
la taille du Chevreuil (Ce/vus capreolus). Il y a là un véritable gisement qui
mériterait d'être suivi avec soin.
Il me reste à indiquer les conditions paléogéographiques et tectoniques
des couches à Slrombes dans le golfe de Corinthe :
i° Il est de toute évidence que le bras de mer corinthien avait été rétabli
SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. IO.r)I
à ce moment et que le Péloponèse était redevenu une île comme aux temps
pliocènes. En effet les couches à Strombes traversent l'isthme de Corinthe
sur une grande largeur entre les monts Geraneia et le massif de l'Oneion.
Je les ai signalées plus à l'Ouest à Vieille-Corinthe, et M. Philippson a pu
suivre au loin le tracé de ces couches marines (qu'il attribue à tort au Plio-
cène supérieur) par Stimanga, Vasiliko, Kiaton, Melissi, Dervenion,
Akrata, Trapeza jusqu'à Diakoptika, sur un trajet de 90km.
Plus à l'Ouest encore, j'ai observé à Patras, dans le faubourg Tabachana,
un important lambeau de graviers et poudingues, adossés aux marnes
pliocènes, et ayant la plus grande analogie avec les graviers de l'isthme.
La présence d'un banc à Ostrea edulis à la base de la carrière Costakis (gîte
des Mammifères cités plus haut) ne laisse aucun doute sur l'origine marine
ou fluvio-marine de ce dépôt quaternaire qui doit avoir aux environs de
Patras une assez grande extension, que je ne puis préciser.
2° L'un des caractères les plus intéressants de ces couches à Strombes
réside dans leur état extrême de dislocation. Alors que la ligne de rivage
normale de cette époque se retrouve partout dans la Méditerranée occi-
dentale et jusqu'à Chypre à l'altitude d'environ 3om, ces couches ont été
emportées ici à des altitudes très fortes : 70"1 dans le centre de l'isthme,
i5om aux environs de Kalamaki, et, d'après M. Philippson, jusqu'à 35om
dans la région centrale du golfe. Il est curieux de remarquer que la plus
forte altitude des couches à Strombes coïncide justement avec la région de
soulèvement maximum des dépôts pliocènes.
Ce soulèvement du Quaternaire marin a été accompagné d'un système
de failles parallèles, à direction Est-Ouest, qui ont découpé les couches à
Strombes en gradins effondrés vers l'axe du golfe. La tranchée du canal
montre d'une manière admirable les graviers marins découpés à droite et à
gauche du bombement pliocène par une douzaine de failles qui les abaissent
de l'altitude de 7om jusqu'au niveau de la mer. Près de \ieille-Corinthe,
j'ai observé avec M. Négris un premier gradin de faille à l'altitude de 20'",
un deuxième à 55m-Go'n, enfin un troisième ressaut à gom-g5m qui s'éleva
rapidement à l'Est jusqu'à ii2m. Au plateau de Stimanga, M. Philippson
figure un gradin supérieur à 32Ôra et deux gradins plus bas à i64m et
à i44m d'altitude. Ce régime de failles se poursuit sur toute la longueur de
la bande quaternaire avec une intensité variable suivant les points.
C'est à ce système de dislocation par soulèvement et effondrements consé-
cutifs qu'est due la géographie actuelle du golfe de Corinthe. Le dôme
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) 1 34
10:12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
anticlinal du centre de l'isthme est la cause déterminante de l'existence de
cet isthme et de la soudure tardive du Péloponnèse avec le continent. Les
effondrements post-quaternaires ont déterminé la forme actuelle du golfe
dont la fosse centrale descend à la profondeur de 700™, exactement à la
hauteur de la région de soulèvement maximum des dépôts pliocènes et
quaternaires.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'une Com-
mission qui sera chargée de présenter une liste de candidats pour les trois
premières places nouvellement créées de Membres non résidents.
La Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président de
l'Académie, doit comprendre trois Membres de la Division des Sciences
mathématiques et trois Membres de la Division des Sciences physiques.
MM. Darboux, Emile Picard, Villard, pour les Sciences mathéma-
tiques; MM. Pu. van Tiegiiem, Haller, Douvillé, pour les Sciences
physiques, réunissent la majorité absolue des suffrages.
CORRESPOND AIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Records of (lie Survey of India, Volume II, 1910-191 1 , prepared under
the direction of Colonel S. -G. Burrard. (Transmis par le Ministre des
Affaires étrangères.)
20 Collected Papers by officers ofthe Royal Army médical Corps ; Volume I.
3° Annales de l Observatoire national dWtliènes, publiées par Démétrius
Eginitis; Tome VI.
4° Les Cép/iéides considérées comme étoiles doubles, avec une monographie
de l'étoile variable 0 Céphée, par Michel Luizet. (Présenté par M. B.
Baillaud.)
SÉANCE DU 7 AVRIL IÇil3.
io53
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du 'Soleil ', faites à i Observatoire de
Lyon, pendant le troisième trimestre de 1912. Note de M. «I. Guillaume,
présentée par M. B. Baillaud.
Le nombre des jours d'observations a été de 76 dans le trimestre et voici
les principaux faits qui en résultent :
Taches. — On a noté 8 groupes de taches avec une surface totale de 1 3a millionièmes,
au lieu de 7 groupes et 028 millionièmes précédemment.
Un seul de ces groupes appartient à l'hémisphère boréal et les sept autres à l'hémi-
sphère austral. Leur latitude moyenne est de -+■ 10° et — 70.
Le Soleil s'est montré sans taches dans 5o des jours d'observations, d'où il résulte
un nombre proportionnel trimestriel de 0,66 au lieu de o,58 flans le deuxième tri-
mestre.
Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules enregistrés est supérieur
d'un tiers à celui du trimestre précédent (^2 groupes au lieu de 3i), tandis que leur
surface totale n'a augmenté que d'environ un cinquième, avec 18, 5 millièmes au lieu
de 1 5 , 1 .
Dans leur répartition de part et d'autre de l'équaleur, on a i groupe en moins au
Sud (28 au lieu de 29) et 12 en plus au Nord (i4 au lieu de 2).
Tableau I.
Taches.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surraces
extrêmes d'obser- au mer. ^» — A* — -^*- — - moyennes
d'obser?. rations, central.
N.
Juillet 11)13. 0,~2.
•>.- 5 2 7,4 — la
5-12 ;_ y,o - 3
•'•9J- ."
-r, 5
Août. «~- q,q5.
1 19,4
22 j.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surraces
e\irôines d'obser- au nier. - ■ ■■.- - — *»— ■ moyennes
dubserT. valions, central. S. N. réduites.
S
eptembrç
. — 0,32
4
7" 8
2
3,o
— (i
■y
i(
1
9,5
— 7
7-1 i
7
n,5
— j
1 2-20
8
r 5,3
— S
24-28
4
29 :2
— 6
21].
-6\4
62
1 1
Tableau IL — Distribution des taches en latitude.
Juillet
Août
Septembre . .
Totaux.. . .
90°. 40°. 30". 20°. 10°. 0". Somme.
Totaux
mensuels.
Surfaces
totales
réduites
2
1
■9
5
5
108
l3'2
Io54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
1912.
90°.
Kl'
30°. 20"
10
". 0°.
Somm
Juillet
i
»
2
5
3
I I
„
4
2
3
7
10
Septem
bre . .
■y
»
»
6
Tota
ux.. .
■i
1,
1
1 1
12
28
Nord. Surfaces
— ■ ^ — ^ — Totaux totales
Somme. 0". 10°. 20°. 30". K>°. 90*. mensuels. réduites.
3 1 » » 1 1 14 6,5
8 1 » 1 1 5 1 5 5,i
3 1 1 » » 1 i3 6,9
14 3 1 1 2 7 42 i8,5
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une question concernant les fonctions
de deux variables réelles. Note de M. Emile Cotïon, présentée par
M. E. Picard.
Divers problèmes, en particulier celui de la stabilité des mouvements,
conduisent à étudier le signe d'une fonction V au voisinage d'un point O
où cette fonction et ses dérivées premières s'annulent. L'étude directe de ce
signe étant rarement possible, on substitue souvent à V une expression
approchée U. Il y a donc intérêt à donner des conditions suffisantes pour
qu'une telle substitution soit légitime. C'est ce que je fais ici, en me limi-
tant au cas de deux variables et en supposant U holomorphe.
Un cas particulier de ce problème se pose à propos de l'étude des
extrema au moyen des dérivées ('); U est alors un polynôme obtenu en
appliquant»» V la formule de Taylor et supprimant le terme complémen-
taire, on cherche si ce polynôme garde un signe constant au voisinage de O
et si l'on en peut conclure que le signe de V reste aussi constant. Dans le
problème général que nous posons, l'origine de U est quelconque, le signe
de cette fonction peut varier; on se demande si les régions U>o et
U << o et les régions analogues V>o et V-
En posant
nous obtenons
- n =■>■
l + b*y*—ay
y=û->±Lb^u-D>
et, étant donné que y' = o, pour x = o,
En posant de nouveau
nous obtenons
a dit
2()\/(l-l(!)(w- D)
D
u = j—pu y/4,
a i /ID zn
Tb^ïV-T + v11^
^6
ib
-^(u — "(.) — (?« — C«o)
Les racines du polynôme couvert par le radical sont :
Pour x = o. y = o,
2D
m
pu = e3,
«-m,
m
Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour que les déplacements satisfassent au théorème de réciprocité, il faut que,
pour a; = i, y=jfr
PP=aEJ^fë»-ijY.
L'argument u varie de co' à to 4- &)'.
De cette relation, nous pouvons tirer P par un procédé d'approximations suc-
cessives.
Le module
£3 _ e2—e3 _ i— D _ a?_
e, — e3 i 8 b-
Si la pièce était droite, c'est-à-dire a — o et k'1= o, il en résulterait
" V a 3/T c2 \
et alors nous obtiendrons
EJir'
c'est-à-dire la formule bien connue d'Euler.
J'ai examiné le cas d'une pièce à faible courbure, et le calcul m'a montré
que la limite d'Euler, relativement aux cas de pièces courbes, est plus
petite, mais très voisine de la limite relative aux pièces droites. Ce résultat
concorde avec les données des expériences de M. T. Carman.
MÉCANIQUE. — Sur la propagation des déflagrations et sur les
limites d ' inflammabilitè ' . Note de M. Emile Jouguet, présentée
par M. L. Lecornu.
I. Remarque sur les mouvements permanents. — Dans une Note du
17 mars 191 3, j'ai étudié les mouvements permanents par trancbes paral-
lèles d'un mélange gazeux susceptible de brûler. Dans ces mouvements, le
fluide tend asymptotiquement vers deux états extrêmes, l'un v0, T0,p0, non
brûlé, pour a; = — 00, l'autre v0, T"0, a'0, p0, brûlé, pour x = 4- ao.
Selon une remarque de Lord Rayleigh, les raisonnements d'Hugoniotsur
les ondes de cboc s'appliquent aux mouvements permanents, même en
l'absence de telles ondes. Les états vB, T0, pa et v0, To: a0, pa sont donc reliés
par les formules qui relient l'état initial et l'étal final dans une onde de choc
et combustion. Il est d'ailleurs possible que le fluide parvienne très vite
SÉANCE DU 7 AVRIL igi3. ïo5ç)
au voisinage de ces états, si bien que le phénomène que nous avons étudié
peut être une véritable quasi-onde de choc et de combustion. Comme nous
nous sommes placés dans le cas où la pression baisse au passage de la flamme,
cette quasi-onde correspond à un point de l'arc CQ de la courbe tracée dans
une Note parue ici même le 10 janvier 1910.
Ainsi que je l'ai dit dans ladite Note, on peut émettre des doutes sur la
persistance des ondes de choc et combustion correspondant à cet arc CQ.
Mais ces doutes ne conviennent qu'aux régimes de propagation variables,
et, bien entendu, nous supposons ici que les conditions aux limites sont
maintenues telles que le mouvement permanent soit réalisé.
II. Cas où lapression variepeu. — Me reportant aux équations (1) à (5)
de ma Note du 17 mars iç)i3, je vais me borner au cas où la célérité de la
flamme est faible. Dès lors m est petit, et l'équation (2) montre que p reste
sensiblement constant. Le terme en l-^- disparaît de (4) qui s'écrit
, d I ' d1\ (rdT d0L
Introduisons maintenant quelques bypothèses simplificatrices. Toutes
n'auront pas une grande valeur physique, mais elles faciliteront l'intégra-
tion, et il est intéressant de faire une intégration, même grossière, pour
illustrer les généralités de ma Note du 17 mars.
Les gaz brûlés seront supposés parfaits, de sorte que l'équation (5) sera
(b) /m=RT.
R devrait dépendre de a; on le supposera constant. De même /' sera consi-
déré comme constant; de même aussi C et X-, qui, étant dès lors indépen-
dants de oc, seront par suite les mêmes pour les gaz frais et les gaz brûlés.
Ces hypothèses sont assez approchées pour les mélanges dilués.
Pour la loi de la combustion, je ferai des hypothèses qui se rattachent à
celles que j'ai développées pour les corps à réaction vive dans mon Mémoire
sur la propagation des réactions chimiques dans les gaz (Journal de Mathé-
matiques pures et appliquées, 190:1-1906). J'admettrai qu'une certaine
surface, fonctionnant comme surface des faux équilibres limites, divise
l'espace des/?, a, T en deux régions, l'une où la vitesse de réaction est nulle
ou négligeable, l'autre où elle est finie. Je prendrai, en outre, dans cette
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N' 14.) x35
1060 ACADÉMIE DES SCIENCES,
seconde région, pour loi de la combustion,
(■*) ^ = HT(i-*),
formule assurément grossière, notamment en ce qui concerne l'influence
de T, mais qui rend l'intégration facile. Remplaçons alors T par sa valeur
en/?, c, — par a-r- et - par m selon l'équation (i). Il vient
tA\ da Wp G
(«) T" = — n('— «)= — (' — a ;
il.r mR ni
G est une constante, puisque/» est sensiblement constant.
Dans les équations (i) à (5) de ma précédente Note, il faut donner à
(3), (4), (5) la forme (d), (a), (b). L'intégration, en tenant compte des
conditions (G), donne
wC
(e) Tj— T0= (t — T0 ) e * pour les gaz frais,
(;
(/) T2 — t— Gk /)>iC \e '" —l) pour les gaz brûlés,
avec
m - r G _ m C
Kë> Gk + m*C m-(,C~ V \k ;
Si 0 est la température de combustion à pression constante, égale à
T0 — ^, (/) et (g) deviennent
{h) T2— t=(B — ■c){i-e~™X),
«o Ag /b — t
(/) donne la vitesse de propagation u0.
La tbéorie précédente rappelle celle de Mallard (Annales des Mines, i8^5).
Mallard, toutefois, obtient une vitesse de propagation proportionnelle
à =?-• Mais il ne faut pas attacher une grande importance à cette diffé-
rence, qu'on pourrait sans doute faire disparaître par un choix convenable
de la loi (c). On remarquera d'ailleurs que la loi de la combustion varie dans
la réalité suivant l'ordre de la réaction chimique. Si j'ai retouché la théorie
de Mal lard, ce n'est pas pour changer sur ce point sa formule; c'est qu'il m'a
paru intéressant de se rattacher plus étroitement qu'il ne l'avait fait aux
SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. 1061
équations fondamentales de l'hydrodynamique, pour mieux montrer les
hypothèses nécessaires. On remarquera notamment que la célérité a été sup-
posée petite, si bien qu'une formule comme (/) ou comme celle de Mallard
ne saurait s'appliquer quand T0 est voisin de z. Dans ce cas, seule la
limite (10) de ma précédente Note est valable.
III. Limites d'inflammabilité. — Quand le gaz atteint la température z,
il faut, pour qu'il brûle, que la ligne représentant sa transformation dans
le plan ce, T (la pression/» est sensiblement constante) pénètre à l'intérieur
de la ligne des faux équilibres limites. Il faut donc que -tt,- tel qu'il résulte
de (d), (A), c'est-à-dire ^ — z> soit inférieur au coefficient angulaire y de la
tangente à la ligne des faux, équilibres limites. Cette ligne devrait être
une courbe d'égale vitesse. Mais la loi (V) est trop grossière et, par suite,
la ligne des faux équilibres limites déterminée avec trop peu de précision;
aussi laisserai-je A indéterminé. On doit donc avoir
0 — 7> A.
Les mélanges à la limite d'inflammabilité sont ceux pour lesquels 0 = z ■+■ A.
On voit que leur vitesse de propagation peut n'être pas nulle, conformé-
ment aux observations de M. Le Chatelier.
Il est bien évident que ce raisonnement, exposé avec les hypothèses du
paragraphe II, est en réalité indépendant. Il fournit, pour les limites
d'inflammabilité, une explication qui est à rapprocher de la définition des
corps explosifs de M. Duhem. Dans l'un et l'autre cas, il faut que la ligne
représentant une certaine réaction (adiabatique pour la définition des corps
explosifs, non adiabatique ici) pénètre dans la région de l'espace p, a, T, où
les vitesses de réaction sont sensibles.
CHRONOMÉTRIE. — Sur une variante de la méthode des coïncidences.
Note de M. Henri Chrétie.v, présentée par M. Bassot.
Dans la manière habituelle d'appliquer la méthode des coïncidences, les
deux garde-temps à comparer agissent séparément avec une intensité à peu
près égale sur chacune des oreilles de l'observateur. Il m'est arrivé d'ap-
pliquer la méthode dans des circonstances telles que l'un des garde-temps
était perçu surtout par une oreille, tandis que le deuxième affectait
IOÔ2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
principalement l'autre. J'ai observé ainsi un phénomène assez curieux de
stèrèo-acouslique qui peut, danscertainscas, être utilisé pour donner plus de
netteté et de précision à la méthode des coïncidences.
J'ai découvert ce phénomène en comparant deux mouvements d'horlogerie d'appa-
reils enregistreurs Richard, que j'avais placés sur une table, à environ im,5o de dis-
tance, l'un à ma droile, l'autre à ma gauche. Vers le moment de la coïncidence, les
battements du mouvement de droite, qui était le plus rapide, diminuèrent rapidement
d'intensité et si complètement, que je crus, la première fois, que, par un hasard
inopiné, l'appareil s'était effectivement arrêté. 11 n'en était rien : je repris ma place à
égale distance des deux mouvements et je surveillai attentivement l'unique série de
battements que je percevais. Après quelques secondes, j'eus l'illusion très nette que
le mouvement d'horlogerie de gauche se déplaçait dans l'espace et s'avançait vers
moi, non seulement parce que chaque battement était plus fort que le précédent,
mais aussi parce qu'il paraissaitémaner d'un objet mobile se rapprochant effectivement
de l'observateur. Il nie sembla passer très près devant moi, en battant très fort, puis
s'éloigner vers la droite en diminuant de sonorité jusqu'au moment où il me parut
arrivé à la dislance de l'appareil de droite. Tout se passait alors comme si ce dernier
battait seul, à son tour. Cela dura quelques secondes, puis je perçus les battements
du mouvement de gauche, d'abord très faibles, mais dont l'intensité croissait rapide-
ment et les deux séries de battements se dédoublèrent nettement. La coïncidence était
passée; elle avait évidemment en lieu au moment où le son semblait provenir d'un
point situé dans le plan médian de l'observateur.
J'ai souvent répété cette expérience avec des chronomètres de marine et,
tout récemment, à l'Observatoire de Nice, j'ai comparé ainsi, au moyen
de deux récepteurs téléphoniques, à circuits indépendants, les signaux
rythmés que la tour Eiffel émet chaque nuit par télégraphie sans fil, avec
les battements d'un chronomètre à contacts électriques de Paul Ditisheim.
En général, le phénomène, quoique très observable, était moins frappant
qu'avec les mouvements d'enregistreurs, ce que j'ai toujours attribué à la
trop grande différence qualitative des sons produits par des instruments
de constructions très différentes; dans tous les cas, l'époque de la coïnci-
dence a toujours été plus facile à apprécier que par la méthode ordinaire,
où chaque oreille entend également les deux battements.
M. Ch.-Ed. Guillaume, à qui je décrivais cette petite expérience, m'a
signalé un travail de Lord Rayleigh (')dans lequel l'auteur a démontré que
la direction de laquelle semble venir un son nous est indiquée par la diffé-
rence de phase que les vibrations sonores présentent pour les deux oreilles,
(') Lord Rayleigh, On our perception of Sound direction (P/u'l. Mas;., t. XIII,
'9°7> I»- 2 > 4)-
SÉANCE DU 7 avril igi3. l663
inégalement distantes de la source. Or, si deux chronomètres produisent
des sons de même hauteur et de même timbre, mais n'ayant pas rigoureu-
sement la même fréquence de battements, sonL disposés de manière à n'être
entendu chacun que par une oreille, ils agiront sur l'ouïe avec une diffé-
rence de phase variable dans le temps, ce qui doit produire l'illusion de leur
mouvement dans l'espace, au voisinage de la coïncidence. Celte explication
ne va pas sans quelques difficultés, car, en général, l'es échappements de
deux chronomètres quelconques ne seront pas identiques au point d'èlre
équivalents à la source sonore unique de Lord Kayleigh ; mais il ne semble
pas pourtant que cette identité soit indispensable à la production du phé-
nomène que l'oreille percevra, selon les circonstances, avec une netteté
plus ou moins grande.
physique. — Sur un nouveau mode de construction des lampes en quartz
à vapeur de mercure. \ote de M. A. Tian, transmise par M. Lippmann.
J'ai eu l'occasion de signaler', à propos des phénomènes exercés par
la lumière ultraviolette sur l'eau, l'opposition qui existe entre les pro-
priétés chimiques des rayons de très courte longueur d'onde (A < 1900 ang-
strôms) et celles des autres radiations ultraviolettes, ces dernières se
bornant souvent à détruire les combinaisons endolhermiques produites par
les premières. Cette différence d'action, d'ailleurs, a été récemment déve-
loppée par M. D. Berthelot.
Il est donc nécessaire, quand on cherche à réaliser les effets chimiques
des radiations extrêmes (ozonisation de l'air, peroxydation de l'eau, décom-
position de l'acide chlorhydrique, etc.), d'utiliser une source de ces rayons
donnant une proportion aussi faible que possible de ceux doués des pro-
priétés inverses. En pratique, à cause de sa puissance et de sa commodité,
on emploie presque toujours la lampe en quartz à vapeur de mercure;
il faut alors la soumettre à un bas régime électrique : l'émission totale des
radiations ultraviolettes de cette source croit en effet énormément avec la
tension appliquée ('), tandis que l'énergie des rayons les plus réfran-
gibles (a <[ 1900) varie relativement beaucoup moins (2 ).
(') Kucb et Retschinskt, Anna/en der Physik, t. XX, 1906, p. ;j63. — Fabky
et Buisson, Comptes rendus, t. 153, 191 1, p. 93.
(2) A. Tian, Comptes rendus, t. 154-, 1912, p. 1 4 1 - — L'altération progressive des
lampes poussées, qui se manifeste surtout dans l'émission des rayons extrêmes, conduit
également à n'adopter qu'un bas régime électrique.
Io6/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autre part, à cause de la petitesse des rendements photochimiques
et du peu d'énergie des radiations de 1res faibles longueurs d'onde, même
émises par l'arc au mercure, il importe, pour obtenir des effets chimiques
sensibles, de diminuer le plus possible la distance à la source. L'enveloppe
de quartz des lampes à vapeur de mercure fonctionnant à basse tension
est à une température peu élevée et l'on en pourra sans danger approcher
la préparation, souvent même jusqu'au contact. Cependant, par leur forme
complexe, électrodes, ailettes ou ampoule de refroidissement, les lampes
en usage dans les laboratoires ne se prêtent pas simplement à une immersion
dans un liquide ou un gaz, au moins dans des conditions chimiques accep-
tables. Il paraît donc utile de construire un modèle destiné à supporter
normalement une basse tension, et dont la forme soit mieux appropriée.
La construction de pareilles lampes permet d'ailleurs une grande simpli-
fication : grâce à leur faible éebauffement, facile à diminuer encore par une
réfrigération convenable, on n'a plus à craindre la rupture, par inégalité
de dilatation du raccord quartz-verre. On peut alors, évitant toute
introduction d'électrodes à travers l'enveloppe de quartz, réunir celle-ci
par un rodage, à une pièce de verre à laquelle «ont soudées les arrivées
de courant.
J'ai construit ainsi quelques lampes dont la partie en quartz transparent
a la forme d'un tube à essai. Un peu de mercure placé au fond sert
de catbode; le courant lui est amené par un fil de fer protégé par un petit
tube de quartz opaque occupant l'axe de la lampe; l'anode est un petit
cylindre de fer. Enfin le support en cuivre maintenant la lampe par le baut,
avant le rodage, sert en même temps à la refroidir par conductibilité :
elle ne perd ainsi rien de sa forme dégagée.
Cet arc au mercure peut être alimenté par du courant alternatif: il faut,
dans ce cas, mettre deux anodes constituées par des palettes de fer séparées
l'une de l'autre par une lame de mica, et souder une troisième entrée
de courant au bouchon de verre.
La lampe ainsi construite fonctionne dans toutes les positions, depuis
la verticale jusqu'à une faible inclinaison sur l'horizontale. D'une construc-
tion simple et peu coûteuse, elle parait se prêter particulièrement bien aux
recherches de laboratoire.
SÉANCE DU 7 AVRIL 1 91 3. Io65
PHYSIQUE. -- Mèlho de simple pour déterminer la demité des poudres minérales.
Noie de Maurice lîn.i.v, transmise par M. A. Haller.
1. Les différentes méthodes employées jusqu'à présent pour prendre la
densité des métaux pulvérulents | méthode du flacon avec ou sans compres-
sion de la poudre (')et méthode de flottement (-)] ne permettent pas de
supprimer complètement les causes d'erreur qui proviennent de l'interpo-
sition d'innombrables petites enveloppes gazeuses autour des éléments
solides. Ce sont des méthodes longues et délicates qui laissent le plus souvent
beaucoup d'incertitude.
Pour éviter ces inconvénients, j'ai imaginé de faire disparaître l'enve-
loppe gazeuse adhérant à la matière pulvérulente en opposant aux forces
capillaires une force d'affinité chimique énergique, ce qui a permis d'aug-
menter très notablement la rapidité des mesures et d'en décupler la pré-
cision.
Pour cela, j'ai remplacé l'eau généralement employée, par une liqueur de potasse
bouillie à peu près normale, et l'air qui se (i\e aux particules minérales, par de l'anhy-
dride carbonique, ainsi aucune bulle de gaz ne vient plus augmenter le volume du
minéral divisé, puisqu'elle est absorbée par la liqueur.
11. Dans un llacou à densité on substitue à l'air, au moyen de vides successifs com-
binés avec un léger chauffage, de l'anhydride carbonique dans des conditions de
température et de pression toujours identiques; puis on ferme toute communication
entre le flacon qui contient la poudre et les autres appareils; on introduit alors la
moitié environ de la liqueur alcaline nécessaire pour remplir le ilacon, on l'agile
légèrement, puis on continue le remplissage.
Pour faciliter ces différentes opérations, j'ai fait construire un petit appa-
reil qui abrège beaucoup la durée de l'expérience ; la ligure explique le
fonctionnement.
Par le robinet latéral se fait le vide ou l'arrivée de gaz carbonique ; par le 1 obi net à
pointeau central arrive la liqueur alcaline au moment opportun.
( ') Chwolson, Traité de Physique, t. 1, p. Ô69 et 760 ; Le Chatelier et S. Wologdink,
Comptes rendus, 1908, t. liri, p. 48.
(2) Retgf.rs, Zeits. phys. Ghë/n., 1889, p. 289, et 1890, p. 329.
io66
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quand le picnomèlre est plein jusqu'à la naissance du col, on enlève l'appareil rem-
plisseur, on termine comme dans les opérations clasMques de la méthode du flacon ;
on a donné au flacon la forme d'un tube de centrifugeuse, ce qui permet de l'appli-
quer commodément aux poudres difficiles à décanter.
On prend la densité de la liqueur alcaline par i apport à l'eau à 4° dans les mêmes
conditions où l'on a opéré avec la poudre, c'est-à-dire qu'on l'introduit dans le flacon
l'ig.
plein de gaz carbonique. On peut considérer que la densité de la liqueur reste cons-
tante pendant i5 jours.
III. Pour déterminer Inexactitude de la méthode, j'ai réalisé des séries de
mesures comparatives par son moyen et par les méthodes usuelles en opé-
rant dans des conditions semblables sur des verres d'optique non trempés
et qui fournissent par pulvérisation des poudres bien homogènes. On avait,
au préalable, déterminé la densité exacte des blocs de verre employés. On
a deux moyens d'apprécier la précision obtenue par cette méthode par rap-
port aux anciennes, d'une part la concordance des mesures individuelles
cuire elles, d'autre part celle des résultats fournis par la poudre avec ceux
que donnait, au préalable, la même substance en bloc.
SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. 1067
Rapport entre le poids de l'échantillon
et le poids du même cotante de liqueur alcaline.
\'° 1. — Op. à nu.
Bloc 7,101:2,275 = 3,143 6,079:2,093 = 3,143 2,534:o,8o6 = 3,i44
Poudre.... 6.558: 2,o86 = 3,i44 5.732 : 1 ,823 = 3, .44 2,344 : o^^5 = 3-,/>2
V ■>. — I >p.
6,404 :
1 ,906 = 3,36o
3,202 ;
0,968 = 3,309
5,928:
1.764 = 3,36o
3,o83 :
0,918 = 3,358
- Op.
à o°.
6.248:
2,585 = 2,4.7
3.755 ;
: 1,556 = 2,417
5,84. :
2,417 = 2,417
3,5o3
: 1,450 = 2,4.6
Bloc 4,3i4: 1.284 = 3,360
Poudre.... 3.968:1.181=3.359
N°3.
Bloc 5.290:2,189 = 2,4.7
Poudre.... 4, 812 : 1,992 = 2,4.6
On voit que l'exactitude atteint souvent l'ordre du -^, c'est-à-dire
Tordre de pi'êcision de la balance employée. Dans les mêmes conditions
(mêmes échantillons, même balance) les mesures usuelles ne fournissent
pas de résultats concordant à plus de -^ près.
Cette méthode s'applique à tousles corps insolubles dans l'eau, en parti-
ticulier pour déterminer les masses spécifiques des poudres magnétiques,
et c'est précisément une étude de celles-ci qui m'a conduit à modifier la
technique habituelle pour prendre les densités. Enfin cette méthode, vu sa
précision, pourra s'appliquer avantageusement à la mesure des densités
des corps susceptibles de contenir des bulles ou des fissures (ce qui est le
cas le plus général) et qu'on aura intérêt à pulvériser pour éviter toute
erreur de ce fait.
La précision nouvelle obtenue dans la picnométrie des poudres a fina-
lement cette conséquence imprévue : qu'il y a intérêt à pulvériser tous les
solides avant de prendre leur densité.
Ce travail sera développé ultérieurement dans un Mémoire spécial.
PHYSIQUE. — Un cas remarquable de résonance optique. Note de
M. Louis Dunover, présentée par M. \ illard.
Par mi les raies d'émission d'une vapeur, il en est certaines qui jouissent
de la propriété suivante : quand on envoie à travers cette vapeur un
faisceau lumineux dont la longueur d'onde est celle de l'une de ces raies, la
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) 1 36
Io68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trace du faisceau à travers la vapeur devient, à son tour, une région
d'émission pour cette longueur d'onde. La question de savoir quelles sont
les raies d'émission qui jouissent de cette propriété remarquable est loin
d'être résolue. M. Wood (') a montré, en particulier, que la raie 2536 du
mercure donne un exemple très net de ce phénomène. J'ai observé moi-
même (2) qu'un faisceau de lumière blanche marque son passage à travers
de la vapeur de sodium pure en provoquant la luminescence de cette
vapeur. Cette luminescence est orangée, et je n'ai pu y observer que la
raie D. Ce sont les premiers exemples d'un phénomène qu'il est bien
difficile d'interpréter autrement qu'en admettant l'existence dans la vapeur
de résonateurs accordés sur la longueur d'onde excitatrice.
Que se passe-t-il quand la densité de la vapeur augmente? On peut
s'attendre à ce que l'absorption de la lumière excitatrice soit de plus en
plus rapide, qu'elle pénètre de moins en moins à travers la vapeur,
et que par suite la région de résonance se conline au voisinage de
la paroi. Si la densité de la vapeur ou des résonateurs moléculaires devient
assez grande, on peut prévoir que la couche de résonance sera extrêmement
mince et constituera, sur la paroi interne du récipient contenant la vapeur,
une source de lumière monochromatique qui rayonnera à son tour dans
toutes les directions. Tout se passera comme si la surface intérieure du
récipient était devenue parfaitement diffusante.
On peut même se demander, quoique cela ne paraisse pas évident, si la
vapeur ne peut, sous une densité suffisante, réfléchir régulièrement la
lumière excitatrice. En fait, c'est ce que M. Wood a observé pour la vapeur
de mercure et la radiation 2536 (:|).
Si l'on opère avec de la vapeur de sodium pure, le phénomène de réso-
nance superficielle diffuse est d'une observation très aisée.
Le dispositif le plus commode consiste à chaufl'er, dans le courant de géz chaif#s
qui sort d'une cheminée au bas de laquelle brûle un bec Bunsen, un petit ballon de
quelques centimètres de diamètre, soigneusement vidé de gaz, et contenant un peu
de sodium pur. On forme sur la paroi du ballon l'image de la flamme d'un bec
Meker dans lequel on fait arriver de l'air chargé de .gouttelettes par pulvérisation
d'une solution très étendue de chlorure de sodium. Au lieu de former exactement
l'image de la flamme, il est mieux de former celle d'une fenêtre à contours nets
pratiquée dans une cheminée entourant la flamme. Si l'on se place en dehors du
' '(' ) l'hil. Mag., t. XXIII. 1912, p. 689.
(-1 Cotrvptes rendus, t. 153, 1911, p. 333.
- 1 l'Iiil. Mag., t. \\ III. 1909. p. 1*7 et t. Wlli. 1912, p. 689.
SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. 1069
faisceau des rayons réfléchis régulièrement par la paroi, cette image est invisible
quand le ballon est froid et que la paroi est propre. Quand la température s'élève, on
commence à apercevoir, dès qu'elle dépasse ioo°, la trace du faisceau lumineux
excitateur qui traverse le ballon. Feu à peu la luminosité de résonance augmente
d'intensité. Au-dessous de 2000 environ, elle présente à un haut degré un caractère
très remarquable, que j'avais déjà observé, mais moins nettement, avec l'excitation
par la lumière blanche : au lieu de se limiter exactement au chemin -suivi par le
faisceau excitateur, la luminosité est très diffuse et semble remplir tout le ballon. Il
s'agit là d'une résonance secondaire analogue à celle que M. Wood a observée avec
la vapeur de mercure pour la raie 2536.
Si la température continue à s'élever, celte lueur diffuse diminue de plus eu plus.
mais aussi la pénétration de la lumière excitatrice dans la vapeur. Vers 200°, la région
de résonance ne s'étend guère que sur une épaisseur de 5mm à 6ram. A 3oo° environ,
son épaisseur n'est plus appréciable à la vue. De quelque endroit qu'on regarde
alors la face antérieure du ballon, à condition que le rayon visuel ne traverse pas la
vapeur, on aperçoit l'image de la source avec autant de netteté que si celte image était
formée sur une feuille de papier blanc collée à l'intérieur du ballon.
L'observation de ce phénomène parait très suggestive. Je me bornerai
pour le moment aux remarques suivantes :
J'ai fait au début une distinction entre le phénomène de résonance
superficielle diffuse que je viens de décrire et celui de réflexion régulière que
M. Wood a observé avec la vapeur de mercure. Il est fort probable que si
la vapeur de sodium était rendue suffisamment dense, on observerait aussi
une réflexion régulière. Malheureusement, l'attaque du verre est trop
rapide, dès 4oo°, pour permettre d'atteindre une densité de vapeur un peu
importante. A 3oo°, la tension de vapeur est seulement de l'ordre de oD"", 1 .
Toutefois, il sera intéressant d'étudier la loi de répartition de la lumière
diffusée par l'image de résonance dans les différentes directions, pour voir
si cette loi se rapproche de la réflexion régulière quand la température
s'élève.
Bien que la lumière dont l'excitation est efficace pour produire la réso-
nance soit très rapidement arrêtée par les premières couches de vapeur
qu'elle traverse, il est digne de remarque que l'absorption globale de la
lumière émise par le brûleur soit très faible. Vue à travers le ballon plein de
vapeur chaude, la flamme ne semble pas avoir diminué d'éclat d'une
manière appréciable. Il est donc fort probable que la lumière excitatrice
utile est limitée à une région très fine au centre des raies D. C'est ce que
des expériences en cours sur l'absorption de la vapeur de sodium pure me
permettront, je pense, de vérifier. Le fait est d'ailleurs à rapprocher de
cette observation que l'image de résonance superficielle diffuse ne semble
IO70 ACADEMIE DES SCIENCES.
augmenter que très peu d'éclat quand on enrichit beaucoup en sodium la
source éclairante, dont l'éclat augmente ainsi considérablement. Cette
augmentation d'éclat est, par conséquent, due à l'élargissement des raies,
beaucoup plus qu'à l'augmentation d'intensité de leurs parties centrales.
CHIMIE PHYSIQUE. — La détente adiabatique dans les liquides.
Note de M. L. Gav, transmise par M. A. Haller.
Je me suis proposé de déterminer- expérimentalement la dilatation
produite, dans les liquides, parla détente adiabatique de 2atm à iatm.
Du coefficient de compressibilité adiabatique, y = — y ÂP ' lrouve on
peut tirer le coefficient de compressibilité isothermique (3
P = y +
dt
77F'
dt Ta Ta
IV ~~ ËTD — 4i,3cD ( ''
?~ '/H~ 4i,3cD"
a, coefficient de dilatation thermique r ( -ttJ ; -777 : coefficient de
variation adiabatique de la température : c, chaleur spécifique à pression
constante; D, densité
L'appareil est constitué par un ballon de verre de 65ocln*; à son goulot s'ajuste, par
un rodage, un tube calibré divisé en millimètres; chaque division du tube correspond
à imn|1,7i ; on peut apprécier facilement le !, de millimètre.
Le ballon est placé dans une sphère de cuivre formée de deux hémisphères dont les
bords sont munis de deux disques annulaires; entre ceux-ci est placé un joint d'amiante
ou de cuir. Le tout est serré entre deux anneaux plats en fer munis de boulons.
La calotte supérieure est percée d'un orifice (à travers lequel passe le tube gradué),
un large tube de verre s'y ajuste par l'intermédiaire d'un bouchon de liège.
Ce tube est muni à sa partie supérieure d'un robinet de laiton, à large orifice, fixé
au golaz; un ajutage latéral le fait communiquer (par l'intermédiaire d'un robinet
à 3 voies) soit avec une pompe, >oit avec un manomètre à mercure dont les deux
branches sont reliées par une partie rélrécie. Dans la détente le mercure revient sans
à-coup à sa position d'équilibre.
( ' ) Bouasse, Cours de Physique : Thermodynamique, p. 17.
SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. 1071
Le ballon el la sphère sont remplis du liquide étudié. La variation de température,
due à la détente, est donc sensiblement la même à l'intérieur et à l'extérieur du
ballon. Les échanges de chaleur sont ainsi réduits au minimum.
Toutes les mesures ont été faites à la température du laboratoire.
Le procédé opératoire est le suivant :
On élève la pression à 2alm environ; on note, simultanément, la pression et le niveau
du liquide dans le tube gradué; on ouvre, aussitôt, le robinet de laiton et l'on note la
dénivellation du liquide.
On obtient ainsi la dilatation apparente du liquide par détente adiabatique, depuis
la pression notée jusqu'à la pression atmosphérique.
On en déduit le coefficient apparent de compressibilité adiabatique.
Si b est le coefficient de compressibilité du verre du ballon, a son coefficient de
dilatation cubique el si l'on admet qu'il est constammen t en équilibre de température
avec le liquide, le terme correctif dû au verre est
en réalité le verre se refroidissant moins que le liquide, dans la détente, ce terme
correctif est compris entre la valeur précédente et /*.
J'adopterai comme terme correctif, en posant a = 2.io~3,
EcD
J'ai obtenu, expérimentalement, pour le mercure,
v — 1 3 rr>-6 I > ~i
/appareiil — i, i/. iv» ^ /.
(unité de pression : l'atmosphère).
En admettant
P = 3,7.IO-« H,
y. = 1.808. io_i,
c =oc.o333,
on trouve
y = 3,2. io— 6.
D'où
6 = 1.9.10-".
Afin de comparer ma méthode avec les méthodes antérieures, j'ai
(M J'ai verni intérieurement la sphère de cuivre afin de la protéger contre
l'attaque du mercure.
(-) Amagat, Bridgman, 1909.
IO72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
effectué quelques déterminations sur des corps déjà étudiés :
Eauàn°,8: a. = 0,000 1 12 ; D — 0,999,55; c = 1,00094:
y = io-G46,7,± 0,5; (3 = io~G46,S ± o,5; (3( Araagal) == 49,7- io~6;
benzine à i2°, 1 : «=10,001198. D = o, 89993; c = o,4o44»
y = io-fi 60, 1 ± o,5; (3 = io-B87,7 ± o.5; (3( Amag»! 1 =87,6.
.le crois donc ma méthode assez précise en égard à sa grande simplicité.
CHIMIE PHYSIQUE. — Quelques observations à propos de la Note de M"'' Feylis
sur le magnétisme des sels anhydres et hydratés. Note de M. G. Wyrou-
boff, présentée par M. E. Jungfleisch.
J'ai lu cette intéressante Note (') avec d'autant plus de plaisir qu'elle
vient directement à l'appui d'idées théoriques, que je soutiens depuis long-
temps et dont MHt' Feylis ne semble pas avoir eu connaissance.
J'ai montré, en effet, que dans les véritables sels, contrairement à l'opi-
nion généralement admise, la combinaison de l'hydroxyde et de l'acide se
faisait toujours par simple addition, sans élimination d'eau, que les véri-
tables sels devaient, par conséquent, renfermer nécessairement de l'eau de.
constitution. En perdant partiellement ou complètement cette eau, ils se
transformaient en des corps d'une tout autre nature, dans lesquels les
parties constituantes sont dissimulées à leurs réactifs ordinaires et qui, par
leur mode de formation et leurs propriétés, ressemblent fort aux éthers de
la Cliimie organique.
Des composés comme CuCPetCuCP.aH-Oou bien CrClïetCrGls.3Hâ0
ne nous paraissent chimiquement semblables que par suite du symbolisme
conventionnel de l'écriture et l'habitude prise de considérer l'eau comme
étrangère à la molécule saline pour nous conformer à une théorie de l'ato-
micité que nous savons depuis longtemps être absolument insuffisante. En
réalité, ces corps sont aussi différents que possible par leurs fonctions et
par conséquent par leur structure; dès lors, quoi d'étonnant que leurs
propriétés chimiques et physiques soient différentes? Cette façon de con-
cevoir les combinaisons salines, qui s'appuie, comme je l'ai fait voir, sur un
grand nombre de faits et que les récentes recherches de M. Recoura con-
firment pleinement, permet de prédire à l'avance que les propriétés
(') Comptes rendus, 1. 150. p. 886.
SÉANCE DU 7 AVRIL IC)l3. 107^
magnétiques, qui dépendent nécessairement de la structure des corps, ne
seraient pas les mêmes dans les sels anhydres et les sels hydratés. A cet
égard, les observations de M"1' Feytis ne constituent qu'un nouveau con-
trôle de la justesse des idées que je viens de résumer; mais elles apportent
aussi un fait très intéressant d'ordre physique qu'une théorie chimique ne
peut prévoir. Il s'est trouvé que les composés de CuCl2 et CuCl-'HH)
avaient le même coefficient d aimantation fort différent de celui du com-
posé C11CI-.2II-O; de même, les composés CuOSOsH20 etCuOSO'. Or
le corps anhydre et le corps monohydralé sont au même titre, quoique
à des degrés divers, des combinaisons complexes, élhéroïdes, puisqu'elles
se sont formées avec élimination totale ou partielle de l'eau, la combinaison
saline normale étant Cu( OH)2 CIH ou Cu(OH)2SO*H% Il résulterait -de
là, que la propriété magnétique dépend, non du nombre d'atomes accu-
mulés dans la molécule, mais du caractère de la fonction chimique de cette
molécule.
Cette conclusion ne s'applique-l-elle qu'au cas du cuivre et peut-être de
quelques autres métaux, ou bien a-t-elle une portée générale? La question
reste ouverte. M"e Feytis a observé, il est vrai, que dans le cas du chrome
les chlorures verts et les chlorures violets à divers états d'hydratation
avaient le même coefficient d'aimantation et que seul le chlorure anhydre
en différait, mais de ces observations on ne peut malheureusement rien
conclure.
Les classiques travaux de M. Recoura el mes propres recherches ont
démontré d'une façon indiscutable qu'il existait des sels normaux et des
composés complexes aussi bien dans la série violette que dans la série
verte, et M"° Feytis ne nous dit pas quelle espèce de corps elle a eue entre
les mains. On peut pourtant, même avec quelques centigrammes de ma-
tière, distinguer rapidement les composés salins des composés pseudo-salins,
grâce à un réactif très fidèle que j'ai indiqué jadis ('). L'acide sulfochn>-
mique, dont la préparation est des plus faciles, a la curieuse propriété de
précipiter la solution de tous les véritables sels métalliques, et de ne pré-
cipiter aucun de leurs composés complexes.
Je profite de cette occasion pour appeler encore une fois l'attention
sur l'insuffisance des méthodes physiques qu'on tend de plus en plus à
introduire dans l'étude des phénomènes chimiques. Je reconnais volon-
tiers que ces méthodes sont extrêmement simples et fort expéditive>.
■ - — ' w ' ' "
(l) Bull, Soc, chim.j 3e série, t. XX VIL 190
1074 ACADÉMIE DES SCIENCES.
puisqu'elles se réduisent, en dernière analyse, à une série de lectures sur
un instrument de mesure qu'on résume ensuite dans un tableau ou qu'on
représente par une courbe; mais c'est précisément leur grande simplicité
qui les rend peu aptes à résoudre les problèmes toujours très compliqués de
la Chimie.
Ce n'est pas la propriété magnétique ni aucune autre propriété physique
qui pourra jamais nous faire connaître avec certitude le caractère particulier
des différences profondes existant entre les hydrates et les anhydrides de ce
que nous appelons des sels. Il nous faut pour cela avoir prise sut la consti-
tution intime des corps et employer des méthodes purement qualitatives,
infiniment plus délicates et plus difficiles à manier, mais donnant en re-
vanche des résultats certains.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau sulfate double cérique argentifère.
Note de M. M.-Emm. Pozzi-Escot.
Le sulfate double cérique qui fait l'objet de cette Note a été obtenu en
faisant réagir le nitrate d'argent, en solution concentrée et chaude, sur une
solution sulfurique concentrée et chaude de sulfate cérique.
11 se produit dans ces conditions un précipité cristallin, formé de cristaux prisma-
tiques dichroïques jaune orangé foncé, insolubles dans la solution sulfurique de
sulfate cérique. On l'essore à la trompe et on le lave avec une solution sulfurique
diluée d'abord, puis avec de l'eau alcoolisée faible el glacée. On obtient ainsi un
précipité jaune orangé très foncé, qui retient énergiquement un excès d'acide sulfu-
rique. Chauffé dans un tube de verre de Bohême dans un courant d'air sec vers 4°°°)
il perd l'acide en excès et devient anhydre, il est alors d'un beau jaune orangé vif et
répond à la formule ioCe(S04)2, 6Ag2S04. En présence de vapeur d'eau, il reprend
lentement l'état cristallin primitif, en lixant 2mo1 d'eau.
L'analyse avec le sel anhydre a donné les résultats suivants :
Trouvé. Calculé,
Acide sulfurique SOl 4" > 78 48, l85
Argent (de AgCI) 24,88 24,787
Cérium (de CeO2) 27,14 27,027
Le sulfate double anhydre est peu soluble dans l'eau froide, légèrement
soluble à l'ébullition ave.c décomposition. Les composants peuvent y être
dosés directement sans difficulté particulière.
SÉANCE t'U 7 AVRIL I9l3. 1075
chimie minérale. — Sur la solubilité de V oxalate de thorium.
Note de M. A. Colaxi, transmise par M. A. Haller.
J'ai entrepris une étude sur la solubilité des principaux composés de
l'uranium et du thorium. J'ai été en partie devancé, en ce qui concerne le
thorium, par deux Mémoires de MM. Wirth et Hauser ('), dont je viens
seulement de prendre connaissance. Après avoir étudié la solubilité de
l'oxalate de thorium dans l'acide sulfurique, ces auteurs indiquent qu'on
peut en déduire la solubilité dans les autres acides, mais qu'avec l'acide
chlorhydrique, pour une teneur supérieure à 20 pour 100, la phase solide
est formée par du chloro-oxalalc et non plus par de l'oxalate. Depuis assez
longtemps déjà, j'ai étudié l'action de l'acide chlorhydrique sur l'oxalate
de thorium, soit seul, soit en présence d'acide oxalique, cas le plus inté-
ressant au point de vue de l'analyse quantitative. J'ai opéré à la température
ordinaire et à 5o°, température qu'on ne peut dépasser, les solutions
d'acide oxalique se décomposant notablement dès 66° (-'). A froid, le temps
nécessaire pour obtenir des solutions en équilibre est toujours fort long et
peut atteindre trois mois. Il dépend naturellement de la quantité d'oxalate
en présence dans le liquide et de la manière .dont on le maintient en sus-
pension. Pour les teneurs un peu fortes en acide chlorhydrique, l'oxalate
cristallise très nettement, tout en répondant toujours à la formule
Th(CsO*)s.6H2 0.
Il peut môme y avoir dissolution rapide et complète de l'oxalate, puis pré-
cipitation lente de l'oxalate cristallisé. J'ai obtenu les résultats suivants,
tous exprimés en grammes et rapportés à ioos de solution, la quantité
d'oxalate dissous étant indépendante, pour ces concentrations en acide
chlorhydrique, de la quantité d'oxalate en contact avec le liquide.
Tempéralure. HCI. Th. Th(C304)'- Température. H Cl. Th. TliCC'O')1.
17...
0
0,0010
0 , 00 1 7
00. . .
0
0,0010
0 , 00 1 7
17
1,2
0,0020
o,oo35
5o...
• 4,i
0,0008
0,010
12 . .
. 3,2
0,0027
0,00^7
5o. . .
. 8,4
0 , 0 r 6
0,028
17 . . .
. 3,6
o,oo35
0,0061
5o . . .
12,4
o,o33
0,007
17...
■ 4,6
o,oo54
0 , 0094
5o . . .
16,1
0,009
0 , 1 o3
17...
. 8,4
0,010
0,017
5o. . .
. 18,0
°>°77
0, i34
17 . . .
• i3,i
0,016
0,028
5o...
■ '9>9
0,097
0, 169
17. . .
16, 2
0,022 .
o,o38
5o . . .
21 ,6
0, 1 33
0,232
17. . .
• 19.8
0,037
o,o64
(') Zeitsck. anorg. Chem., t. LXXVI, 1912, p. 1 —4 ; t- LXXVIM, 1912, p. 7.5.
(2) Lamouroux, Comptes rendus, t. ['28. 1899, p. 999.
C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) 1^7
1076 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le nombre correspondant à la teneur de 3,2 de HC1 à 120 est plus
faible que celui donné par Clève ('). Il a été obtenu après 3 mois de
contact. Après 1 an, on a trouvé dans un autre essai oE,oo25 de Th
pour ioog de solution ; on était donc à saturation. Le titrage de l'acide oxa-
lique contenu dans la liqueur a donné pour le dernier essai à 170, oK,o28,
pour le dernier essai à 5o°, oe,ioi de C204, ce qui montre qu'il n'y avait
pas eu destruction d'acide oxalique.
Pour des teneurs plus fortes en acide chlorhydrique (voisines et un peu
supérieures à celles correspondant au minimum de solubilité de l'acide
oxalique dans l'acide chlorhydrique), l'oxalate de thorium est transformé
en chloro-oxalate avec mise en liberté d'acide oxalique. Celui-ci diminue
fortement la solubilité du chloro-oxalate, et l'on trouve d'autant moins de
thorium et d'autant plus d'acide oxalique dissous, qu'il y avait plus d'oxa-
late de thorium en présence du liquide.
La solubilité de l'oxalate de thorium dans l'acide oxalique est toujours
très faible et semble passer par un minimum. On a à 5o° :
C-O'H-.
'.7
6,5
9>3
23. o
Th.
O,00O2
0,0007
0,OOI
o,oo3
La solubilité de l'oxalate de thorium dans l'acide chlorhydrique est for-
tement diminuée par des quantités même assez faibles d'acide oxalique;
puis, pour une teneur comprise entre 1 et 2 pour 100, la composition de la
phase solide ne changeant pas, elle devient presque constante. On a les
résultats suivants :
50»
C O1 H-
H Cl.
lotal.
Tli.
1,2
0,71
o,ooi3
4
0,71
0,0020
8,5
0,7 [
0,0018
l3,2
0,71
0,0022
l3,2
",44
0,001 4
,3,3
2,63
o,ooi3
C'O'H2
H CI.
total.
Th.
12,4
0,024
o,o33
12,3
o,i4
0,012
12,4
0,28
o,oo54
12,4
0,43
0,0048
"2,4
,,37
o,oo33
12,4
2,06
0,0025
12,3
2,76
0,0026
12,4
5,49
0,0026
1 2,3
>o,9
0,0017
(') Bull. Soc. chim., 2e série, t. XXI, p. ni
SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. IO77
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'action de V acétylène monosodé sur les iodures
alcooliques. Préparation des carbures acétyléniques vrais. Note de
MM. Paul Lebeau et Marius Picon, transmise par M. Haller.
Parmi les dérivés formés par l'acétylène avec les métaux alcalins, les com-
posés du type C2 H M semblent devoir réagir a priori sur les iodures alcooliques
pour donner des carbures acétyléniques vrais. Cependant, toutes les tentatives
faites jusqu'ici pour atteindre ce but paraissent avoir été infructueuses. Nous
avons réussi à réaliser ce genre de réaction en mettant à profit le pouvoir
ionisant du gaz ammoniac liquéfié. Nous avons pu obtenir ainsi des carbures
acétyléniques vrais très purs, et nous donnerons à titre d'exemple les prépa-
rations de l'allylène et de l'hexine normal.
L'acétylure alcalin que nous avons employé dans nos premiers essais est
l'acétylène monosodé. Nous l'avons préparé par le procédé donné par
Henri Moissan .(') et qui consiste à faire agir le gaz acétylène pur sur le
sodammonium. Cette préparation présentait pour nous l'avantage de donner
un produit parfaitement défini, en solution dans le liquide au sein duquel
nous voulions le faire réagir.
Préparation de Vallylène. — Le chlorure et l'iodure de mélhyle réagissent
vers — 5o° sur la solution d'acétylène monosodé dans l'ammoniac liquide.
On place, dans un ballon de verre rempli d'hydrogène sec, quelques grammes de
sodium. Ce ballon porte un bouchon de caoutchouc laissant passer un tube à brome
et, en outre, un tube de verre courbé à angle droit relié par un caoutchouc à vide à
un autre tube vertical permettant le dégagement des gaz sur une cuve à mercure. Le
tube à brome sert, d'abord, au passage du gaz ammoniac qui est liquéfié dans le
ballon au moyen d'un mélange de neige carbonique et d'acétone.
Lorsque la quantité d'ammoniac liquéfié est suffisante pour donner une solution
bien fluide de sodammonium, on remplace le courant de gaz ammoniac par un courant
d'acétylène qui fournit alors l'acétylène monosodé dont une partie cristallise et l'autre
reste dissoute. La décoloration de la liqueur indique la fin de la réaction. On laisse
alors la température s'élever pour faire distiller une partie de l'ammoniac qui entraîne
l'acétylène introduit en excès.
Après avoir de nouveau refroidi le ballon vers — 6o°, on fait tomber goutte à goutte,
à l'aide du lube à brome, une quantité d'iodure de méthyle légèrement inférieure à
celle exigée pour la proportion de sodium employé en admettant, pour la réaction,
l'équation suivante :
C2H Na + CH3I = Na I + CH3- C = CIL
(') H. Moissax, Comptes rendus, t. 127, 1898, p. 91 3.
I07H ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsque tout l'iodure de mélhyle est introduit (') et qu'on a maintenu environ
5 minutes à — 45°, on laisse dégager les gaz sur la cuve à mercure. On les recueille
dans des flacons renfermant une quantité d'eau suffisante pour absorber le gaz ammo-
niac. Après séparation de l'eau ammoniacale, on lave le résidu gazeux à l'acide sulfu-
rique dilué. On obtient ainsi un gaz complètement absorbable par l'iodomercui ate de
potassium alcalin et par le chlorure cuivreux ammoniacal avec lequel il fournit un
précipité jaune. La combustion eudiomélrique correspond à celle de l'allylène pur.
Une expérience a été faite sur une petite quantité de sodium rigoureusement déter-
minée afin de vérifier l'équation donnée plus haut pour cette réaction. Le poids de
sodium utilisé était de 0°, 3io. Une fois la réaction effectuée, on a mesuré le gaz pro-
duit et dosé l'iode qui se trouvait à l'étal d'iodure de sodium, ce qui permettait de
calculer le poids d'iodure de mélhyle mis en œuvre. Le ballon contenant l'iodure de
sodium renfermait encore une petite quantité d'acétylène monosodé, précaution prise
pour éviter toute réaction secondaire. Le gaz recueilli sur le mercure en présence
d'eau était de t76cm\ 1 à o° et 76omra. Il faut y ajouter 44™' correspondant à la solu-
bilité approximative de l'allylène dans le liquide aqueux. On obtient ainsi un volume
total de 176,1 -I- 44 ■= 220cra\i. La quantité d'iodure de méthyle correspondant à
l'iodure d'argent provenant de l'iodure de sodium formé serait de is,46- Elle devrait
fournir 229e"1', 3 d'allvlène. Le rendement est donc de 96,4 pour 100 et l'on peut
admettre, étant données les difficultés que présente une telle mesure, que la réaction
est bien celle indiquée par l'équation citée plus haut.
Préparation de l'hexine normal. — Dans un appareil identique à celui qui vient
d'être décrit pour la préparation de l'allylène, nous avons fait réagir, sur l'acétylène
monosodé, de l'iodure de butyle normal. Après avoir préparé l'acétylène monosodé,
on sépare dans ce cas le ballon du tube à dégagement allant sur la cuve à mercure et
on le met en communication avec un tube manométrique à mercure à air libre.
Ce dispositif permet de laisser la température s'élever de quelques degrés au-dessus
du point d'ébullilion de l'ammoniac, la réaction ne se produisant que dans le voisi-
nage de — 3o°. On maintient un excès de pression de 5ocm à 6ocm de mercure pendant
i5 minutes, puis on refroidit de nouveau.
Le ballon est alors mis en communication avec un système de deux condenseurs
à — 3o° qui retiendront les vapeurs d'hexine entraînées par le gaz ammoniac. Lorsque ce
derniergaz est complètement éliminé, on chaufFe le ballon au bain-marie et l'on recueille
30cms j'un liquide incolore qui. lavé à l'eau acidulée par l'acide sulfurique pour enlever
l'ammoniac qu'il tient en solution, puis séché sur le chlorure de calcium, distille
entièrement entre 7i°,5 et 7 2° sous 765lum de pression. [Favorsky ( 2) a donné 68"-'jo°
et Welt (3) 70°,5-72° pour l'hexine normal.]
La densité a été trouvée égale à 0,736 à o°.
(') Au moment de l'introduction de l'iodure, il y a parfois départ d'une petite
quantité d'allylène qu'on peut aisément recueillir avec le dispositif adopté.
(-) Favohsky, Journal de la Société physico-chimique russe, t. \l\, 1887, p. 563.
(3) Welt, Berichle der deutschen chemischen Gesellschaft, t. XXX, 1897,
p. i4g4. »
SÉANCE DU 7 AVRIL IC;l3. 1079
La tension de vapeur de ce liquide, mesurée à i2°,5, est de 75mm et, à i3°,5,
de 8imm, 5.
Ce liquide possède bien les propriétés d'un carbure acétjlénique vrai. Il donne par
agitation, avec le chlorure cuivreux ammoniacal, un précipité jaune ; avec l'iodomer-
ctirate de potassium alcalin, un précipité blanc immédiat.
L'azotate d'argent en solution alcoolique fournit un abondant précipité blanc.
La combustion a été faite et a donné les résultats suivants :
I. II. Calculé pour C«H">.
C 87,44 88,08 87,80
Il 12,34 '2,34 12,20
99,78 100,42 100,00
Ces deux exemples suffisent pour montrer avec quelle facilité on peut
préparer, par cette méthode, des carbures acétyléniques vrais. Le pouvoir
ionisant de l'ammoniac nous a même permis de faire entrer en réaction le
carbure de calcium préparé au four électrique avec les dérivés halogènes
des carbures d'hydrogène. Nous poursuivons l'étude de ces réactions.
CHIMIE ORGANIQUE. — Ethérification catalytique en solution étendue : prépa-
ration de Pacétale d'éthyle. Note de M. F. Bodroux, transmise par
M. A. Haller.
En distillant doucement, en présence d'une solution aqueuse concentrée
d'iodure d'aluminium, un mélange d'acide acétique et d'alcool propylique,
j'ai constaté la formation d'une grande quantité d'acétate de propyle.
La production de cet éther-sel ne peut être attribuée qu'à l'action cataly-
tique du sel dissous. Si, en effet, on distille des mélanges d'acide acétique,
de propanol et d'eau, la proportion d'acétate de propyle formée est très
faible ; elle augmente notablement quand l'eau employée tient en dissolu-
tion quelques centièmes d'un sel d'aluminium ou d'acide sulfurique.
MM. Senderens et Aboulenc (' ) ont préparé un grand nombre d'éthers-
sels en faisant réagir les acides organiques sur les alcools en présence de
quelques centièmes d'acide sulfurique. J'ai pensé qu'il était intéressant de
généraliser la réaction découverte par ces savants au cas où l'un des corps
employés renferme une forte proportion d'eau. Dans ce but, j'ai effectué un
(') Comptes rendus, t. 152, p. 1671 et i855; t. 153, p. 881 ; t. 155, p. 168.
1080 ACADÉMIE DES SCIENCES.
certain nombre d'expériences : la présente Note a pour but de faire con-
naître les résultats obtenus avec l'acide acétique et l'alcool éthylique.
Voici le mode opératoire employé :
Le mélange d'acide acétique crislallisable, d'alcool éthylique à 90° et de la solution
étendue du catalyseur était chauffé dans un ballon, surmonté d'un long tube à distil-
lation fractionnée auquel se trouvait adapté un réfrigérant descendant. L'acétate
d'éthyle commençait à passer vers 710 et l'ébullition du liquide était réglée de
manière que 25 gouttes environ fussent recueillies par minute. Dans tous les cas,
l'opération a été arrêtée lorsque le thermomètre marquait 85°. Après refroidissement,
le titrage de l'acide libre permettait de calculer la proportion d'éther-sel formée.
Les résultats obtenus sont les suivants :
1
1 0]
unies employés :
Alcool
éthylique.
Acide
acétique.
Rendement
iO"ns d'eau contenant
SO'IP pour 100.
en
acétate d'éthyle
pour 100.
I
2
5
cm8
3o
3o
35
cm'
25
25
25
49.1
59.4
82,2
IO
35
25
88,7
5
70
5o
87.9
10
70
5o
92.1
1
5
5o
100
5o
100
69>'
76,8
Les chiffres contenus dans ce Tableau montrent que le rendement en
éther-sel dépend des quantités d'acide acétique, d'alcool et d'acide sulfu-
rique étendu qui se trouvent en présence. Pour des volumes déterminés
d'éthanoïque et d'éthanol, la quantité d'acide organique étbérifié est
d'autant plus grande que la teneur en SO'H2 de la solution aqueuse utilisée
est plus considérable.
Pour la préparation de l'acétate d'éthyle, il n'est donc pas nécessaire
d'employer, comme on le fait industriellement, de l'alcool à haut titre. Etant
donnée l'importance de cet éther-sel, cette remarque peut présenter un
certain intérêt pratique.
Les acides chlorhydrique, azotique, iodique, phosphorique, oxalique et
picrique, en solutions très étendues, fournissent des résultats analogues.
5ocmS de la dissolution du catalyseur ayant été chauffés avec 5ocm' d'acide
acétique et 70e"1' d'alcool, le rendement en éther-sel a été le suivant :
SÉANCE DU 7 AVRIL H)l3. 1081
Rendement
en acétate d'éthyle
Catalyseur dans 100cra' de solution. pour 100.
HC1 pur du commerce iocm* 88,9
NO3 H ». 5™1 86,1
POH3 liquide, d— 1,7 10™' 63,3
Acide iodique 5s 68,2
Acide picrique .... 5s 72j9
Acide oxalique 5s 46,2
Dans l'expérience faite avec l'acide iodique, ce composé a été complète-
ment détruit et, en même temps que l'acétate d'éthyle, il y a eu formation
d'éthanal.
La distillation d'un mélange de 70cm° d'alcool, 5ocm5 d'acide acétique et
5ocm' d'eau, effectuée dans les mêmes conditions que précédemment, fournit
seulement 7, 5 pour 100 d'éther acétique.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action des températures élevées sur les nucléases
desséchées d'origines végétales. Noie (') de M. E.-C. Teodoresco, pré-
sentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une précédente Note, j'ai communiqué à l'Académie des Sciences (2)
que les nucléases des Cryptogames, en solution aqueuse, ne perdent com-
plètement leurs propriétés diastasiques qu'après avoir été chauffées au-
dessus de 900. Je me suis proposé d'examiner si ces mêmes diastases ne
seraient pas capables de résister à des températures encore plus hautes,
lorsqu'on les chaufferait à l'état desséché.
Dans la présente Note j'exposerai, à ce dernier point de vue, les résultats
de mes recherches sur les nucléases de VEvernia prunastri, du Sticla pulmo-
nacea, du Lycoperdon gemmalum et de la Levure de bière.
Première expérience. — ■ i3s d' Eeernia prunaslri avec ioocm3 d'eau distillée dansle
flacon A, avec ioocm' de nucléate de sodium à o,4 pour 100 dans les flacons B et C; le
matériel du flacon G a été préalablement chauffé pendant 3o minutes à 1200, tandis
que celui du flacon D a été chauffé à i4o° pendant le même temps. Après 4° heures,
on détermine la teneur de= liquides en phosphore et l'on trouve :
(') Présentée dans la séance du 17 mars ig i 3.
(2) Comptes rendus, t. 155, p. 1 54-
Phosphore minéral
Phosphore
Températures.
(Pî
05) trouvé (').
minéralisé ( ' )
0
IOO
(bon
mi
)
m g
7
mg
0
35
ioi,3
94- 3
I20
88,8
8l,8
H4O
55,5
48,5
1082 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A
B
G
D
Deuxième expérience. — 4e d'Evernia prunastri dans chaque flacon A, B, C, D;
le matériel du llacon C préalablement chaude à i49°i celui du flacon D d'abord chaude
à i49°, ensuite bouilli. Dans A 8ocm° d'eau distillée, dans B, C et D 8ocm' du nucléate
de sodium à o,4 pour ioo. Le Tableau suivant résume les résultats de l'expérience au
bout de 6 jours :
Phosphore minéral trouvé Phosphore minéralisé.
Températures. (P2Ob).
0 mg mg
A 100 (bouilli) 3,5 o
B 35 12,9 9,6
C >45 9.2 3>9
D i45 3,3 o
Troisième expérience. — 10s de Slicta pulinonacea sont mis en contact avec Ioocnl,
de liquide, dans les flacons suivants: A, matériel bouilli, avec de l'eau distillée;
B, matériel non bouilli, avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100; C, matériel
préalablement chauffé à i32°; D, matériel chauffé à i43°; E, matériel chauffé à i5i°;
F, matériel chauffé à 1620. Dans les flacons C à F les tissus sont mis en contact avec
une solution de nucléate de sodium à o,4 pour 100. On constate les quantités suivantes
de phosphore :
Au bout de 10 jours. Au bout de 20 jours.
Pho:
■ phore minéral
Phosphore
Phosphore
Phosphore
Températures.
trouvé.
minéralisé.
trouvé.
minéralisé.
0
m g
mg
mg
mg
A.
100 (bouilli )
traces
0
3,75
0
B.
35
7°
7°
78.75
75,0
C.
l32
60
60
72,5
68,75
D..
. i43
4o
4o
52,5
48, 75
E.
i5i
22
22
3o,o
26,25
F.
162
-7.5
■ 7,5
3o,o
26,25
Quatrième expérience. — 3ib, 5 de Lycoperdon gemmatum, qui avait été desséché
à 35°, sont divisés en trois parties : A bouillie, avec de l'eau distillée; B non bouillie,
avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100; G préalablement chauffée à i3i°, égale-
ment avec du nucléate de sodium à 0,4 pour 100. Après 24 heures on trouve :
(') Dans 100""' de liquide.
SÉANCE DU 7 AVRIL IC)l3. Io83
Phosphore minéral Phosphore
Températures. trouvé (P205). minéralisé.
o mg mg
A ioo (bouilli) 84 o
B : 35 io,3,4 109,4
C 1 3 1 122,2 38,2
Cinquième expérience. — oos de Lycoperdon gemmât u m desséché à 35° sont
divisés en cinq parties et mises en contact avec i25cm3 liquide : A bouillie, avec de
l'eau distillée ; B non bouillie, avec de l'eau distillée ; C non bouillie, avec du nucléate
de sodium à o,4 pour 100; D préalablement chauifée pendant 3o minutes à i4i°.
avec de l'eau distillée; E chauffée également à i4'0> mais mis en contact avec du
nucléate de sodium. Après 24 heures, la teneur des liquides en phosphore est la
suivante :
Phosphore minéral Phosphore
Températures. trouvé ( P-05). minéralisé,
o rug mg
A 100 (bouilli) 80 o
B 35 127.7 47»7
C 35 218.4 '38.4
D i4i 88,8 8,8
E i4' 111,1 3i , 1
Sixième expérience. — 3os de Lycoperdon gemmatum desséché à 35° sont divisés
en trois parties égales et mises en contact avec 100e1"3 de liquide : A bouillie, avec de
l'eau distillée ; B non bouillie, avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100 ; C préala-
blement chauffée à i56°, mise ensuite dans une solution de nucléate à o,4 pour 100.
Le Tableau suivant résume les résultats obtenus :
Phosphore minéral Phosphore
Températures. trouvé ( P205). minéralisé.
0 mg nig
A 100 (bouilli) t[2,g o
B 35 197, 1 84,2
C i56 "'2,9 o
Septième expérience. — 100s de Levure de bière sont divisés en cinq parties, mises
chacune en contact avec 200cm3 de liquide : A bouillie, avec de l'eau distillée; B non
bouillie, avec du nucléate à o,5 pour 100; les trois autres parties avec la même solu-
tion de nucléate, mais G chauffé à i33°, D à i53°, E à 1660. Après 4 jours* on a
trouvé les quantités suivantes de phosphore :
Phosphore minéral Phosphore
Températures. trouvé (P305). minéralisé,
o m; mg
A 100 (bouilli 232 o
B 35 335 io3
C 1 33 275 43
D 1 53 245 i3
E 166 23o o
C. R., iqi3, 1" Semestre. (T. 156, N* 14.) l3H
loH'j ACADÉMIE DES SCIENCES.
Conclusion. — Les nucléases desséchées des plantes étudiées dans les
expériences précédentes ne perdent toute activité envers le nucléate de
sodium qu'après un chauffage de 3o minutes à des températures assez
élevées; la nucléasede V Evernia prunastri ne devient inaclive qu'après i45°,
celle du Lycoperdon gemmatum entre i/ii0 et i56°, celle de la Levure de
bière après i53°, et celle du Sticta pulmonacea, la plus résistante, ne perd
toute activité qu'après 162".
BOTANIQUE. — Sur If début de la différenciation vasculaire dans la plantule
des Veronica. Note de M. Maurice Lexoir, présentée par M. Gaston
Bonnier.
.l'ai étudié la structure des plantules, depuis l'état d'embryon dans la
graine jusqu'au moment de l'épanouissement des cotylédons, dans une
quinzaine d'espèces du genre Veronica.
Je prendrai pour type, dans cette Note, la plantule de Veronica serpylli-
folia.
Si l'on examine la différenciation des tissus vasculaires dès leur appari-
tion, par l'étude de coupes en séries ininterrompues, les unes transversales,
les autres longitudinales, on voit que dans le premier stade il se forme
d'abord dans chacun des deux futurs groupes libériens et des deux futurs
groupes ligneux, soit un seul tube criblé, soit un seul vaisseau du bois. Les
deux premiers tubes criblés se différencient avant les deux premiers vais-
seaux du bois.
Si l'on étudie la différenciation d'un de ces tubes criblés, à l'état le
plus jeune que j'aie pu observer, on voit qu'il s'est déjà formé un seul tube
criblé continu depuis le haut du cotylédon jusqu'à la base de l'axe hypo-
cotylé; cette différenciation de ce prenjjer tube criblé unique, dans chacun
des deux groupes libériens, se poursuit ensuite dans la radicule, à mesure
que celle-ci se développe, toujours en continuité avec ce même tube
criblé.
En suivant la même différenciation du premier vaisseau du bois de chacun
des deux futurs groupes ligneux, on voit la différenciation se produire plus
nettement du haut vers le bas, c'est-à-dire d'abord dans le cotylédon,
ensuite dans l'axe hypocotylé et enfin dans la radicule.
Considérons ces deux premiers lubes criblés; à quelque hauteur qu'on les observe
dans cette jeune plantule, ils ne sont jamais séparés de Técorce que par une seule
assise de cellules parenchymaleuses. Or, le plan passant par l'axe de la plantule et par
SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. fo85
ces deux tubes criblés, au-dessus du sommet de l'axe hypocotylé (c'est-à-dire dans
l'ensemble des deux cotylédons un peu plus haut que leurs bases), encore appliqués
l'un sur l'autre, est perpendiculaire au plan qui passe par l'axe de la plantule et par
ces deux tubes criblés au-dessous de la base de l'axe hypocotylé, c'est-à-dire dans la
radicule. Entre ces deux régions, si l'on suppose que l'examen soit fait de haut en
bas, on voit qu'à partir de la région basilaire des cotylédons, la différenciation de
l'un ou de l'autre de ces tubes criblés se fait dans un plan de plus en plus oblique,
par rapport au plan supérieur dont je viens de parler. De la sorte, à la base de 1 axe
hypocotylé, cette différenciation finit par se produire dans un plan perpendiculaire au
premier. Remarquons que le tube criblé d'un des cotylédons se trouverait ainsi
comme déplacé vers la gauche par rapport au plan de symétrie supérieur à mesure
qu'on va de haut en bas. tandis qu'au contraire le tube criblé de l'autre cotylédon se
trouverait comme déplacé vers la droite. Il en résulte, à ce premier stade, une sorte
d'asymétrie vasculaire dans l'ensemble des éléments criblés des deux cotylédons.
D'ailleurs la symétrie vasculaire est ultérieurement rétablie par la différenciation d un
deuxième tube criblé dans chaque cotylédon.
Considérons maintenant les deux premiers vaisseaux du bois. Dans les cotylédons,
ces éléments vasculaires sont séparés de l'écorce par un certain nombre d assises de
cellules parenchymateuses, tandis que dans la radicule ils ne sont séparés de l'écorce
que par une seule assise de cellules (comme le sont partout les tubes criblés), mais le
plan qui passe par l'axe de la plantule et par ces deux premiers vaisseaux du bois,
dans l'ensemble des deux cotylédons est le même que celui qui passe par l'axe de la
radicule et les prolongements de ces deux mêmes vaisseaux. Si l'on suit de haut en
bas la différenciation de l'un de ces vaisseaux, elle se fait toujours dans le même plan,
niais en se rapprochant de plus en plus de l'écorce jusqu'à n'en être plus séparée que
par une seule assise parenchvmateuse vers le milieu de l'axe hypocotylé.
En examinant la suite de la différenciation des éléments libériens et ligneux après
ce premier stade, on voit s'organiser dans chacun des cotylédons un faisceau libéro-
ligneux normal, et dans la radicule deux faisceaux libériens alternant avec deux fais-
ceaux ligneux. L'axe hypocotylé, surtout dans sa moitié supérieure, s'organise en des
structures intermédiaires entre ces deux types extrêmes.
Les observations porlant sur les autres espèces de Véroniques m'ont
donné sensiblement les mêmes résultats.
En résumé : l'examen des plautules des Véroniques fournit, au premier
stade de la différenciation vasculaire, un exemple très net de la continuité
dans la formation des premiers tubes criblés et des premiers éléments du
bois. On voit aussi comment, dans cette différenciation, l'orientation des
premiers éléments libériens est différente de celle des premiers éléments
ligneux aux diverses bauteurs de la plantule. Enfin dans cbaque cotylédon
se révèle, au début du premier stade, une asymétrie dans la position du
premier tube criblé qui se trouve corrigée peu après par l'apparition d'un
second tube criblé symétrique.
Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — De V influence de C albumen sur le développement de l'embryon.
Note de MM. Marcel Dcbard et J.-A. Urbain, présentée par M. Gaston
Bonnier.
D'après les travaux de Sachs, Van Tieghem, Blocizewski, Brown et
Morris, une certaine indépendance existerait entre l'embryon et l'albumen;
c'est ainsi qu'on peut, sans nuire au développement de la plantule, rem-
placer l'albumen par certaines préparations artificielles ou même en sup-
primer une fraction: au contraire, l'ablation totale de l'albumen permettrait
bien à la jeune plante de végéter pendant un certain temps, mais non pas de
fournir une évolution complète, la différenciation de la gemmule se trou-
vant assez vile entravée.
Ayant repris ces expériences, dans le but de comparer d'une façon
précise le développement d'un embryon privé de son albumen à celui d'un
embryon tout à fait comparable, mais laissé dans la graine intacte, nous
avons constaté que, moyennant certaines précautions, on peut obtenir une
évolution complète, avec un relard plus ou moins accentué par rapporta
la germination normale; l'expérience réussit avec les espèces les plus
variées et quelle que soit la nature des réserves de l'allTumen.
Nous commençons par placer les graines dans l'eau, à une tempéra-
ture de i5° à 20° pendant un certain temps, afin de gonfler leurs tissus et de
rendre possible l'extraction de l'embryon sans le léser. Il se produit évi-
demment un commencement de germination <>t un réveil de l'activité
vitale, car on observe, au bout de quelques heures, une très légère élon-
galion de la radicule.
C'est, en moyenne, au bout de 24 heures que nous extrayons l'embryon
et, dans certains cas, nous avons encore pu réduire cette pbase prélimi-
naire; après ce temps, l'albumen est encore intact et ne présente aucune
trace de digestion; le contact éphémère de celui-ci ne paraît donc pas
avoir fourni à l'embryon la moindre proportion de matière; tout au plus,
a-t-il pu contribuer à réveiller l'activité des cellules de la plantule et à
amorcer la sécrétion des diastases, et encore ce rôle nous paraît bien pro-
blématique.
Les embryons extraits sont disposés au fond dune assiette, sur du buvard
humecté d'une solution de Knop, et recouverts d'une cloche; la tempéra-
ture est maintenue entre 1 ~>° et 200, d les plantules sont soumises à un
éclairement favorable au développement de la chlorophylle. Dans ces con-
SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. 1087
dirions, nous avons toujours observé les phases régulières de la germination
et, en particulier, le développement progressif de la gemmule qui s'allonge
en une tige feuillée. Lorsque les jeunes plants sont jugés assez vigoureux,
ils sont mis en pots et maintenus dans les conditions les plus favorables à
leur croissance.
De cette façon, nous avons obtenu pour toutes les espèces étudiées un
développement tel qu'il ne peut y avoir aucun doute sur le succès ultérieur
de nos cultures; nous nous réservons de faire connaître plus tard les parti-
cularités de leur évolution jusqu'à la floraison et à la fructification. Les
Graminées se prêtent très facilement à ce genre de recherches; voici, à
titre d'exemple, les résultats obtenus avec le Blé, Y Avoine et Y Orge.
Nous partons de 3o caryopses aussi comparables que possible et, après les avoir
débarrassés de leurs glumelles, nous les mettons à ramollir dans l'eau pendant
quelques heures, puis nous isolons 5 embryons dont nous prenons le poids moyen.
Les plantules et les graines témoins sont mises en germination sur du buvard imprégné
de solution de Knop (à la concentration totale de o", 5 par litre); le second et le
troisième jour ('), nous isolons encore 5 embryons du lot et nous en prenons chaque
fois le poids moyen. On note à ce moment, et aussi bien chez les embryons isolés que
chez les graines intactes, que la gemmule s'est redressée et que de nombreuses racines
adventives se sont développées, mais la gemmule n'est verte que chez les embryons
isolés le troisième jour et chez les témoins ; elle reste encore jaunâtre chez les autres.
Du premier au troisième jour, les plantules albuminées ont pris un accroissement
de poids qui dépasse de os,oo5 pour l'Orge et l'Avoine et de oK,oi 1 pour le Blé l'accrois-
sement correspondant des embryons isolés le premier jour; dans le même espace de
temps, la gemmule a atteint iram,5 chez l'Avoine et l'Orge et 2mm,5 chez le Blé poul-
ies embryons isolés le premier jour, o",ID,5 chez l'Avoine, 4m"S 5 chez l'Orge et 6mm,5
chez le Blé pour les plantules isolées le troisième jour. Enfin la première racine adven-
tive formée est à peu près deux fois plus longue chez les plantules qui ont conservé
leur albumen que chez les embryons isolés dès le début.
Si l'on examine, le septième jour de l'expérience, ce que sont devenus les embryons
isolés du premier au troisième jour inclus par rapport aux plantules témoins, on
constate : i° que les plantules albuminées présentent une gemmule redressée, très
verte, et que leurs racines sont longues et abondamment pourvues de poils absorbants;
2° que les embryons isolés le troisième jour ne diffèrent guère comme aspect des
précédents; 3° que ceux extraits dès le premier jour, tout en étant bien vivaces, sont
beaucoup plus rabougris; leurs gemmules ne sont encore vertes qu'à l'extrémité
supérieure ; leurs racines adventives sont toujours courtes et ne portent qu'une
couronne étroite de poils absorbants.
Voici un Tableau comparatif de la longueur des gemmules, qui met en relief les
différences énoncées.
(') A ce moment, l'albumen parait encore intact.
R A R
[o88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Embryons isolés. Vvoine. Blë. < >r ^.r- .
mm min
Le premier jour i5 20 18
Le troisième jour ?,5 35 82
Témoins albuminés 35 !\~> 4o
Le septième jour, tous les embryons isolés et 5 témoins sont mis en pots et laissés
3 jours en serre à 180, après quoi 01 les place dans une serre froide à io°.
Le vingtième jour, on constate que toutes les plantules se sont développées, les
témoins ont plusieurs feuilles étalées cl ont une légère prédominance de taille sur les
plantules isolées le troisième jour ; par contre, celles qui ont été extraites dès le début
sont moitié moins liantes et ne portent qu'une feuille étalée. A ce moment, on peut
passer sans inconvénient à la culture en pleine terre.
D'autres expériences faites suivant la même technique sur le Mais, la
Nigelle, la Belte-de-Nuit, VÉpinard, le Ricin, le Pavot, le Fenouil, la Carotte ,
le Févier, le Pin Pignon nous ont donné des résultats analogues.
Nous nous sommes demandé en outre si des embryons, normalement
exalbuminés, pourraient évoluer quand on les prive tics réserves accumu-
lées dans leurs cotylédons ; nous avons donc fail végéter ces embryons dans
les mêmes conditions que les précédents, après ablation des cotylédons.
Les plantules ainsi opérées, restent vivantes plus ou moins longtemps
suivant les espèces; mais nous n'avons jamais observé qu'un développe-
ment peu appréciable de la gemmule au moment où la plante périssait.
En laissant subsister les cotylédons assez longtemps, on peut obtenir une
évolution plus accentuée; mais, pour atteindre au développement complet,
il est nécessaire, chez le Haricot, par exemple, de n'enlever ces organes
qu'au bout de 7 à 10 jours, c'est-à-dire qu'au moment où ils ont cédé une
grande partie de leurs réserves et où ils sont prêts de se détacher d'eux-
mêmes, après avoir verdi.
En résumé : i° L'albumen n'est jamais indispensable au développement
de la plantule.
20 Cependant son influence est favorable et apparaît comme particuliè-
rement utile pendant les premiers jours de la germination. Son action peut
être évaluée par le rapport qui existe pour le développement de la gem-
mule entre un embryon albuminé et un embryon isolé dès le début, après
une vingtaine de jours de développement.
3° Si l'on rapproche les expériences faites sur des embryons normale-
ment albuminés de celles exécutées sur des embryons exalbuminés, on peut
énoncer que la plantule, telle qu'elle existe dans la graine mûre, possède
en elle les réserves indispensables à son développement. Si l'on diminue la
SÉANCE DU 7 AVRIL I.9l3. 1089
proportion des réserves en mutilant l'embryon lui-même, on peut obtenir,
dans certains cas, une végétation prolongée, mais les pJantùles périssent
toujours alors que la gemmule n'a encore que faiblement évolué.
BOTANIQUE. — Les phénomènes cinétiques de la prophase hélèrotypi d'épaisseur et colorées soit à la triple coloration de
Flemming, soit à l'hématoxyline alunée suivant la méthode d'Heidenhain.
Prosynapsis. — A ce stade, les cellules-mères complètement différenciées, forrueut
au milieu de chaque sac pollinique un massif compact. Au centre de chacune d'elles,
on trouve uu gros noyau sphérique, séparé du cytoplasme réticulaire par une mem-
brane très nette et renfermant un suc nucléaire abondant, dans lequel on observe
2 à 5 nucléoles inégaux, placés exccnlriquement, et un réseau chromatique à mailles
lâches. Ce réseau est formé par les lilaments inégalement épais, où l'on peut distinguer
des amas plus ou moins réguliers de ehromatine englobés dans la linine, moins
colorée. A ce stade, les cellules nourricières ont un seul noyau.
■Synopsis. — Le réseau chromatique abandonne graduellement la plus grande
partie de la cavité nucléaire dont le volume s'est nettement accru. A mesure que la
contraction s'accentue, le réseau devient de moins en moins colorable, par suite de la
condensation île la chromatine en certains points, où elle forme des amas disposés par
paires, rappelant tout à fait les corps dits procbi omosomes, signalés par Overton chez
plusieurs Dicotylédones. A ce stade, les cellules nourricières ont un seul noyau qui
entre en prophase chez quelques-unes d'entre elles. Le phénomène de contraction
synaptique continue, et bientôt le réseau, complètement tassé autour des nucléoles,
forme une masse compacte dans laquelle on ne peut distinguer aucune structure déter-
I 090 ACADÉMIE DES SCIENCES.
minée. De celte masse sortent des filaments grêles plus ou moins allongés. Certains
d'entre eux sont disposés parallèlement; mais cet aspect ne peut être interprété comme
produit par l'appartement de deux filaments distincts, suivant la conception de Gré-
goire et Bergs, car une étude attentive indique que les filaments parallèles se réu-
nissent toujours en boucle à leur extrémité et montre ainsi qu'on a affaire à un
filament unique, replié sur lui-même. A la fin de l'étape synaptique, les cellules nour-
ricières ont pour la plupart deux noyaux.
Spirème. — De la masse svnaptique émergent d'abord quelques cordons assez
épais, en forme de boucles, puis le peloton synaptique se déroule peu à peu en un
• ruban qui serpente sous la membrane, revient vers le centre, et forme des anses qui
se croisent dans toutes les directions : c'est le spirème. Le cordon qui le constitue est
formé par une série unique de granules chromatiques irréguliers englobés dans une
masse moins colorable, sur laquelle ils font saillie. Aucune observation ne conduit à
supposer qu'à ce «tade, ce cordon ait une nature double et soit constitué par la juxta-
position de deux filaments simples plus minces, comme le fait a été décrit par plu-
sieurs auteurs et notamment par Overton chez diverses Dicotylédones. Je dois cepen-
dant mentionner que dans les grosses boucles qui émergent au début de la masse
synaptique, on peut distinguer parfois au centre une ligne moins colorée; mais jamais
on observe de clivage et de filaments nettement séparés. A ce moment l'assise transi-
toire interne est très aplatie et en voie de disparition.
Formation des chromosomes. — Le spirème se coupe d'abord en segments plus ou
moins allongés et contournés, puis chacun d'eux se dédouble longitudinalement.
Chaque chromosome double ainsi constitué est formé de deux filaments plus ou moins
rapprochés ou enroulés l'un autour de l'autre. Ace moment, l'assise transitoire interne
a disparu. Bientôt, la chromatine se condense en certains points de ces filaments,
abandonnant la trame de liniue qui la supporte et qui reste visible, et forme des
bandes chromatiques plus courtes, toujours séparées en deux par une fente longitudi-
nale. La contraction s'accentue et l'on arrive aux chromosomes doubles massifs de la
diakinèse.
En résumé, les caractères essentiels de la prophase hétérotypique chez le
Lobelia Erinus sont les suivants :
i° Formation de prochromosomes au stade prosynapsis:
20 Nature simple du spirème qui n'est pas formé par l'appartement de
deux filaments distincts;
3° Division longitudinale tardive du spirème, se produisant après sa
segmentation transversale;
4° Formation des chromosomes suivant le mode parasyndétique de Gré-
goire, c'est-à-dire aux dépens de deux moitiés placées côte à côte et non
pas par boucles (mode métasyndétique), aux dépens de parties placées
bout à bout dans le spirème.
SÉANCE t)U 7 AVRIL I9l3.
logi
PHYSIOLOGIE. — Inscription des mouvements respiratoires au moyen de la
main. Note de M. Makage, présentée par M. d'Arsonval.
Quand 011 tient le bras le long du corps, l'avanl-bras étant horizontal, le
coude s'appuie sur les fausses côtes. Or, chez les sujets qui ont le type de
respiration diaphragmatique très développé, le mouvement des fausses
Fig. t. — Tracé de la respiration, coude au contact du thorax. ( i" sujet.)
côtes est très marqué; ce mouvement se transmet à l'avant-bras et à la
main, il s'agit de l'inscrire. Pour cela, on lient entre le pouce et l'index la
Fis
Tracé de la respiratiou, coude au contact du thorax. ( 2e sujet, sourcier.)
petite branche d'un levier horizontal du premier genre, dont la grande
branche 5o fois plus longue inscrit une courbe sur une feuille de papier; on
obtient ainsi un tracé, dans lequel les mouvements d'inspiration (partie
ascendante) et d'expiration (partie descendante) sont très nets (fig. i
et 2).
G. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, IN° 14.) l ,{J
lo92
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si le coude n'est plus en contact avec le thorax, les mouvements respira-
toires sont beaucoup moins apparents (fig. 3), mais ils existent encore,
c'est la respiration llioracique supérieure qu'on inscrit.
Fig. 3. — Tracé de la respiration, coude loin du corps.
Application. — Les sourciers, pour découvrir les cours d'eau souterrains,
ont les deux bras appliqués le long du corps ; les mains, la paume en haut,
tiennent la baguette qui est très élastique et toujours dans un état d'équi-
I " i y . i — Mouvements volontaires de la main pour mettre le pendule en oscillation : ils sont du
même ordre de grandeur que les mouvements inscrits figures i et 2.
libre absolument instable ; la moindre modification dans le rythme respira-
toire changera la position des mains et la baguette se mettra en mouve-
ment.
SÉANCE DU 7 AVRIL IQl3. I093
Si l'expérimentateur emploie un pendule, le phénomène est aussi
simple : il suffit, en effet, pour faire osciller le pendule, d'imprimer à la
main des mouvements dont l'amplitude est du même ordre de grandeur
(//g- 4) que ceux qui ont été inscrits figures i et 2.
Tous ces mouvements sont invisibles, ils n'ont pu être mis en évidence
que par la méthode graphique.
Cette hypothèse semble confirmée par les faits suivants :
i° La baguette ne marche pas, ou marche mal, quand les coudes sont
loin du corps, c'est-à-dire quand les membres supérieurs sont dans une
position telle qu'ils ne peuvent transmettre à la main les mouvements des
fausses côtes ;
20 Le pendule ne marche jamais quand la main est fixée ou simplement
appuyée sur un support rigide ;
3° Les quatre sourciers que j'ai examinés ont le type de respiration dia-
phragma tique.
Conclusions. — Je pense, jusqu'à preuve du contraire, que chez les sour-
ciers on se trouve en présence d'un phénomène analogue à ceux que les
neurologistes rencontrent en clinique.
Il n'y a ni fluide spécial, ni rayons d'un nouveau genre : la baguette et le
pendule divinatoires ne sont que despneumographes.
Cette explication n'enlève, du reste, rien à l'utilité des sourciers ni à la
réalité du phénomène.
Ces recherches ont été commencées, il y ai 5 ans, au Laboratoire de
Marey.
ZOOLOGIE. — Relations entre la dépression et la formation de pseudoplanula
tentaculaires chez le Scyphislome . Note de M. Edgard Hkroi aki>, pré-
sentée par M. Yves Delage.
On sait que le bourgeonnement normal chez le scyphistome se produit à
l'aide de stolons situés au-dessus du disque pédieux, que ce phénomène a
lieu principalement de juillet à octobre et qu'une nourrilure abondante le
favorise.
Des observations nouvelles m'ont montré que ces effets de la suralimen-
tation ne se font sentir que pendant un temps déterminé, et qu'à celle
IO94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
limite une fois atteinte, fait suite un phénomène nouveau consistant en la
formation de pseudoplanula tentaculaires.
Si, en effet, on poursuit pendant la belle saison la suralimentation de
scyphistomes de grande taille, vers la fin du mois d'août on constate que
ceux-ci refusent toute nourriture, leur contractilité diminue, le corps
devient flasque et Ton a toute l'apparence d'une mort prochaine. La surali-
mentation produit donc chez le scyphistome des effets analogues à ceux qui
ont été signalés par Calkins chez les Protozoaires et par Hertwig et Frisch-
holz chez l'Hydre et que ces auteurs ont désigné sous le nom de dépression.
Chez le scyphistome l'entrée en dépression est généralement suivie d'une
chute des tentacules qui, observée superficiellement, pourrait être prise
pour le commencement de la désagrégation de l'individu, mais qui en
réalité correspond à un mode spécial de reproduction.
Un tentacule de scyphistome n'est pas simple comme on le décrit d'ordi-
naire, mais présente deux régions distinctes : une proximale, le manche,
incomplètement rétractile, peu flexible et pourvue d'une musculature lon-
gitudinale, et une distale, le fouet, qui est érectile et rétractile à l'excès et
qui ne présente de musculature d'aucune sorte. La musculature circulaire
signalée par Friedmann dans cette région n'existe pas; ce qu'il indique
comme fibres musculaires striées n'est autre chose qu'une algue filamenteuse
qui vit souvent là en parasite. La rétractilité du fouet est telle que, quand
le scyphistome est dans son état normal, ce fouet peut disparaître presque
complètement, mais, quand le scyphistome est en état de dépression, il se
ramasse à l'extrémité du manche en une masse sphérique qui donne au
tentacule un aspect rhopaliforme, et cet état ne s'observe que quand
l'animal est en dépression. Quand la dépression se produit, les échanges
osmotiques entre les cellules du fouet et le milieu ambiant ne se font plus
avec la même activité, par suite d'une diminution de la perméabilité des
parois cellulaires, et le fouet ne se rétracte plus que lentement. C'est pen-
dant cette rétraction, ou alors qu'elle est achevée, que se produit la libéra-
tion des tentacules en vue de la formation des pseudoplanula tentaculaires
qui nous intéressent. Cette libération tentaculaire peut se produire aux
divers instants de la rétraction du fouet, et ces pseudoplanula libérées se
présentent ainsi, soit sous forme cylindrique plus ou moins allongée, soit
sous forme sphérique suivant qu'elles se sont détachées au cours de cette
lente rétraction, ou alors qu'elle était achevée et que le tentacule était de ce
fait devenu rhopaliforme.
Dans tous les cas, ces pseudoplanula libérées, qu'elles soient tubuleuses
SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. IO95
ou sphériques, se déplacent dans l'eau ambiante à l'aide de leur mouvement
ciliaire et ressemblent à s'y méprendre à des planula. Ces pseudoplanula
sont d'autant plus allongées que leur libération a été plus précoce, mais
quelle que soit leur forme primitive elles finissent toujours, grâce à une
rétraction graduelle après leur libération, par prendre une forme spbérique,
et c'est alors seulement que leur mouvement ciliaire cessant, elles tombent
sur le sol, où elles se fixent, pour se transformer en petits scyphistomes.
Un exemple, pris sur une forme moyenne, fera mieux comprendre la suite
des transformations et la durée du phénomène.
Une pseudoplanula qui, au moment de sa libération, présentait encore une forme
cylindrique mesurant a5 divisions du micromètre en longueur et 5 divisions en dia-
mètre, se déplace en tournant dans l'eau durant 20 heures. Pendant ce temps, sa lon-
gueur diminue graduellement et finit par aboutir à une forme sphérique qui ne
mesure plus que 5 divisions du micromètre en diamètre; ce qui correspond au | de
son volume primitif. A ce moment, celte pseudoplanula, devenue sphérique, tombe sur
le sol et devient de plus en plus immobile ; 6 heures plus tard tout mouvement cessant
elle se fixe au sol et ne mesure plus alors que 4 divisions du micromètre en diamètre ;
elle est donc réduite au ,L de son volume primitif. Elle reste ainsi quelques jours
sans présenter de changements apparents, mais bientôt des boutons tentaculaires
apparaissent à sa surface, une bouche se perce et le petit scyphistome qui prend ainsi
naissance est déjà pourvu de 8 tentacules 1 5 jours après sa fixation.
La grande diminution de volume de la pseudoplanula qui se produit
après sa libération montre bien que l'absence de rétraction du tentacule
chez le scyphistome en dépression n'est pas due à une augmentation du
nombre de molécules dans la substance du fouet, mais comme je l'ai dit
plus haut à une diminution de la perméabilité des parois cellulaires.
La dépression est un métabolisme qui peut n'être que momentané et
qui se présente à divers degrés. Si la dépression est faible, l'animal peut
reprendre sa vitalité avant que la chute tentaculaire se soit produite et se
remettre à donner des stolons de bases prolifiques. Mais il est à remarquer
que dans ce cas ces stolons donnent souvent des bourgeons anormaux, soit
qu'ils se séparent du producteur avant la formation des tentacules et de la
bouche, soit qu'ils donnent des monstres doubles. Ouand la dépression est
plus prononcée, les pseudoplanula tentaculaires se produisent et la stoloni-
sation n'a plus lieu. L'individu ainsi débarrassé de ses tentacules n'est pas
voué à une mort fatale, mais en général il disparaît par désagrégation de
ses éléments, (,)uand il n'en est pas ainsi, on voit le manche des tentacules
rebourgeonner au fouet et l'animal revenir à la condition primitive.
IO96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Swr Lamarckina caligusa ç ng. n.s. et l'évolution des Lernaeidœ.
Note de M. A. Quidor, présentée par M. Yves Delage.
Lamarckina caligusa fut recueilli à Djibouti par H. Coutière. Aucune
indication n'est donnée sur son hôte. Mais celui-ci est certainement un
poisson du littoral. Le parasite vit probablement dans le voisinage des
branchies.
Lamarckina caligusa appartient à la famille des Lernœidœ par son mode
de fixation profonde dans les tissus de l'hôte, parles phénomènes de flexion
et de torsion qu'il présente et par la forme générale du corps.
A la région céphalothoracique, bouclier circulaire de imm de diamètre,
succède un cou grêle, long de 4miD; il vient ensuite une région génito-
abdominale sacciforme, longue de 2""", dont la région basale porte
quatre appendices lamelleux, longs de 3ni,n et deux ovisacs cylin-
driques, pouvant atteindre 4,um et placés entre les appendices précédents.
Deux de ces appendices sont latéraux, les deux autres sont dorsaux. Ces
derniers s'unissent par leur région basale, sur la ligne médiane.
Mais Lamarckina caligusa n'a pas moins d'affinités pour les Caligidœ.
Sa région céphalique, bien qu'enfoncée entièrement daus les tissus du poisson, pré-
sente, avec un développement normal, tous les appendices qui caractérisent les Caliges
et leur permettent de se déplacer rapidement sur la surface de leur hôte et même de
mener temporairement une vie indépendante. Lunules frontales, antennes antérieures
avec soies et griffes, antennes postérieures à deux articles; siphon abritant deux man-
dibules dentelées; maxilles, pattes-mâchoires antérieures grêles, terminées par deux
longs doigts; pattes-mâchoires postérieures puissantes et acérées, fourche slernale
bien développée, première paire de pattes nageuses à une seule rame, avec griffes et
soies terminales; seconde paire biramée portant de longues soies pennées, régions
basales des troisième et quatrième paires unies pour former une lamelle médiane
unique portant de chaque côté deux articles sur lesquels sont insérées des soies
courtes sur le bord interne, atrophiées sur le bord externe. Enfin, cinquième paire de
pattes à deux articles, le dernier ayant la forme d'une main, est terminé par cinq
griffes aiguës et recourbées.
Le segment génito-abdominal lui-même, bien que profondément modifié par le
parasitisme, se termine par une furca très nette, placée au point d'union des deux
appendices lamelleux dorsaux et formé de deux lamelles aplaties, distinctes, donnant
chacune insertion à cinq soies d'inégale longueur, les soies extrêmes étant les plus
courtes.
Ln résumé, Lamarckina caligusa possède tous les appendices des Caliges
SÉANCE t>U 7 AVRIL ip,l3. I097
en même temps qu'il présente des caractères lernéens très nets. Il établit
donc nettement le passage des Caligidœ aux Lernœidœ : l'évolution régres-
sive des premiers conduisant aux seconds.
De plus, si le parasitisme a modifié profondément la région génito-
abdominale, il ne laisse soupçonner par contre qu'une légère régression
des troisième et quatrième paires de pattes thoraciques. Il est donc permis
de penser que Lamarckina caligusa s'est adapté à son existence actuelle, à
une époque relativement récente.
ENTOMOLOGIE. — Sur la parthénogenèse et le déterminisme de la ponte chez
la Teigne des Pommes de terre (Phlhorinnea opcrculella Zell.). Note de
M. F. Picard, présentée par M. Marchai.
Les femelles de Phthorimœa, mises en présence de tubercules de Pommes
de terre, commencent à pondre de a4 à l\8 heures après avoir été accou-
plées. La ponte comprend de /jo à 80 œufs, qui sont émis en un, deux ou
trois jours, suivant les cas.
Lorsqu'il s'agit de femelles vierges, il peut ne se produire aucune ponte,
et alors la vie de l'insecte est beaucoup plus longue, pour une température
donnée, que celle des femelles fécondes; mais", le plus généralement, il y a
évacuation d'un très petit nombre d'œufs, dont la grande majorité ne se
développe pas, et qui n'atteint jamais 4°; chiffre minimum chez les
femelles s'étant accouplées. Neuf fois seulement, sur plus de cent expé-
riences, j'ai constaté de la parthénogenèse. Les quelques larves qui ont
éclos (10 dans le cas le plus favorable) ont crû beaucoup plus lentement
que celles issues d'œufs fécondés et avec une irrégularité très remarquable
de développement. En juillet et août, date de ces essais, le cycle normal
ne dure qu'un mois; celui de cette génération parthénogénésique dura de
un mois et demi à trois mois pour des individus provenant de la même
mère. Les neuf femelles qui donnèrent une descendance produisirent en
tout 23 femelles et 21 mâles.
Nous n'avions pas d'exemple de parthénogenèse accidentelle chez les
Tinéides, mais ce mode de reproduction n'est pas très rare chez les Bomby-
cides et l'on peut rapprocher ces observations de celles qui furent faites par
Weijenberg (') sur Lymailria dispar; cet auteur constata que Go femelles
(') Wfuenbekg (H.), Quelques observations de parthénogenèse chez les Lépidop-
tères (Arch. néerl. Se. ex. et nat., t. V, 1870).
ÎO98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vierges ne pondirent pas plus d'oeufs qu'une seule femelle fécondée et ne
donnèrent que 5o chenilles et 27 papillons.
On voit aussi que l'acte de l'accouplement a pour effet, chez Phthorimœa
operculel/a, non seulement de féconder les œufs, mais encore de provoquer
la ponte et d'augmenter le nombre d'œufs émis par la femelle. Ces faits sont
entièrement comparables à ceux qui ont été mis en lumière par Guyénot(')
pour un Diptère, Drosophila ampelophila Lôvv, chez lequel la ponte est
provoquée par l'accouplement, tandis que les femelles vierges n'émettent
leurs œufs que sous forme de décharge, avec un relard sensible, irrégulière-
ment cl en petil nombre.
D'autre part, le déterminisme de la ponte apparaît comme fort complexe
et ne dépend pas exclusivement de l'espèce végétale offerte aux femelles.
La Teigne pond, il est vrai, sur les divers organes d'un grand nombre
de Solanées, mais on peut lui faire déposer ses œufs sur des plantes
d'au 1res familles, telles que le Verbascum sinuatum et le Cynog/ossum pictum.
Parmi les facteurs qui interviennent, l'un des principaux est l'état des
surfaces sur lesquelles l'insecte se trouve; les œufs sont toujours placés
dans des parties rugueuses, fossettes entourant les bourgeons des tuber-
cules, craquelures accidentelles de l'écorce, dépressions le long des nervures
des feuilles, etc. En revanche, les parties lisses de certains fruils, Tomate,
Aubergine, Piment, ne reçoivent jamais d'œufs. La Linaire vulgaire, plante
voisine des Solanées mais à feuilles lisses, ne convient pas à la ponte,
au contraire du Cynoglosse, botaniquement plus éloigné, mais à feuilles
rugueuses et velues.
Le dépôt de l'œuf est déterminé par une association de sensations résultant du
contact de l'extrémité de l'abdomen avec une surface rugueuse. Le phénomène est
fréquemment produit par l'attouchement de la mousseline qui ferme les bocaux
d'élevage, et celle mousseline reçoit parfois tous les œufs lorsque le végétal est
complètement lisse.
L'instinct alimentaire est sous la dépendance du même facteur et la jeune chenille
venant d'éclore ne perce que les tissus dont la surface est inégale et sous l'influence
d'une sensation de pression ou d'appui sur les côtés du corps. Elle se laisse périr
de faim à l'extérieur des Piments, des Tomates et souvent des Aubergines, fruits
à peau lisse qui conviennent cependant très bien à l'alimentation, comme j'ai pu
m'en assurer en introduisant des chenilles à leur intérieur par une ouverture.
Les tubercules de Pommes de terre sont toujours attaqués dans les dépressions
entourant les bourgeons.
(') Guyéxot, Etudes biologiques sur une Mouche, Drosophila ampelophila Low. —
VII. Le déterminisme de la ponte (C. rend. Soc. BioL, 1"' mars 1 9 13 ).
SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. 1099
Il n'y a cependant pas corrélation complète entre l'instinct de ponte
de l'adulte et l'instinct alimentaire de la larve; la flore de l'un n'est pas
exactement superposable à celle de l'autre. Les Verbascum et Cynoglossum
reçoivent la ponte, mais rebutent la chenille, tandis que j'ai pu nourrir
celle-ci, quoique difficilement, avec des Pommes, sur lesquelles la femelle
ne pond jamais.
Les manifestations psychiques du Papillon et de la chenille ne sont du
reste pas nécessairement en rapport avec une utilité quelconque pour l'indi-
vidu ou sa descendance. C'est ainsi que les œufs sont pondus sur les Pommes
de terre cuites et que cette nourriture est avidement acceptée par les larves
qui meurent toutes au bout de quelques jours.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le soufre et ses variations dans le traitement
biologique des eaux dé goût. Note de M. Lucien Cavel, transmise par
M. A. Haller.
Il peut être intéressant de considérer, au point de vue des résultats de
l'épuration, les différents états du soufre, et surtout ses variations dans le
traitement biologique d.^s eaux d'égout.
Je ne parlerai pas du soufre des sulfates, mais du soufre qu'on peut ren-
contrer, soit libre, soit eumbiné à la matière organique, et qu'on peut
étudier avec commodité en l'entraînant par précipitation physique au
moyen d'un corps convenablement choisi.
Comme il est juste de penser que le soufre qui entre dans la composition
des albuminoïdes doit être libéré au fur et à mesure que ces matières sont
désintégrées sous l'influence des actions microbiennes, aux divers stades de
l'épuration biologique; et que la proportion de soufre ainsi éliminée est
d'autant plus notable que le travail microbien est plus considérable; il s'en-
suit que la disparition du soufre combiné marquera une disparition corres-
pondante des albuminoïdes. Ceci permettra donc d'apprécier dans une
certaine mesure le degré d'épuration obtenu, pour ce quiconcerne du moins
ce groupe de matières organiques; et l'on sait que les eaux d'égout renfer-
mant des matières organiques d'origine animale, contiennent des protéines
en quantité notable.
C'est en partant de cette idée que j'ai été conduit à suivre les variations
de ce métalloïde dans l'épuration biologique des eaux, dans ses divers pas-
sages à travers les appareils en usage; en tenant compte du temps de séjour
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, M° 14.) I -1°
I IOO ACADÉMIE DES SCIENCES.
du liquide dans chacun d'eux, afin que les résultats se rapportent au même
filet d'eau analysé à différentes périodes.
L'eau d'égout est toujours trouble, et la turbidité n'est pas uniquement
attribuable aux argiles, aux sables, aux vases, mais aussi aux matières
organiques insolubles qui s'y trouvent en suspension. Un repos de quelques
heures permet la sédimentation des matières les plus denses, mais ne clarifie
nullement le liquide, qui reste toujours d'une opalescence plus ou moins
considérable, qui persiste pendant des jours, et même après des filtrations
successives.
Pour étudier commodément le soufre libre ou combiné, j'opère sur i1 d'eau
que je décante après un repos de 3 heures, afin d'éliminer les matières les
plus denses, et je forme, au sein du liquide, un précipité d'hydrocarbonate
de zinc, au moyen du chlorure de zinc et du carbonate de sodium en
solutions convenablement choisies, qui entraine avec lui toutes les matières
en suspension.
.te le recueille sur un filtre, le sèche, en prenant pour ces manipulations les précau-
tions d'usage; après quoi, je le triture et le mets à digérer dans du sulfure de carbone
pur. Au bout de quelques instants on filtre, et le sulfure de carbone, évaporé dans
une capsule, loin de toute flamme vive, laisse un dépôt de soufre. En eu prélevant une
petite quantité au bout d'un 11 1 de platine, qu'on porte sous l'objectif d'un microscope
Sliasnie par exemple (obj. 4, occ. 3), et en substituant à l'éclairage Abbé un
condensateur plein pour avoir un fond noir, on obtient une belle préparation faisant
apparaître la couleur et la forme des cristaux. En procédant ainsi sur une eau aérée,
provenant de la pluie s'échappant des pulvérisateurs qui se trouvent sur les lits
bactériens de Gré lei l-Mesly Ç1), j'ai obtenu jusqu'à o,ms de soufre libre par litre.
devenant maintenant au précipité dépouillé du soufre libre, puis lavé au benzène, je
l'introduis dans un matras avec un peu d'eau distillée et de l'acide chlorhydrique qui
détruit les sulfures. On les dose en recueillant l'acide sullhydrique dans une solution
ammoniacale d'azotate d'argent, en en balayant les dernières traces par un courant
d'acide carbonique. Du poids de sulfure d'argent, on déduit le soufre des sulfures.
Enfin, en traitant le contenu du matras précédent par une lessive de soude pendant
<> heures au bain -m a rie à 8o°C, on transforme le soufre restant, c'est-à-dire le soufre
combiné, en sulfure de sodium, qu'un courant de chlore fait passer à l'état de sulfate,
qu'on dose par le chlorure de baryum [-), après avoir étendu d'eau distillée, saturé,
chassé le chlore en excès par l'ébullition et acidulé par l'acide chlorhydrique.
Dans ces conditions, je trouve :
( ') Usine départementale traitant les eaux provenant d'Ivry et de Yitry.
(-) On s'assure avant ces essais, par une opération à blanc, que les réactifs ëmpîôyé's
ne renferment pas de sulfates.
SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. IlOI
tttg
Soufre combiné avant passage en fosses septiques, en SO'* Ba. io4 par litre
» api es passage » 97 , 2 »
» après passage sur lits bactériens 22,4 »
soit, respectivement en soufre,
1 |,25
i3,3a
~ i 07
et j'ai trouvé pour les lits bactériens, jusqu'à 62'"° de soufre exprimé
en SC'Ba, dans des conditions particulières il est vrai (puisqu'on venait
de remettre en marche, après un assez long repos des lits bactériens, et sur
une eau opalescente), mais qui montrent que les fluctuations du soufre sont
sensibles et peuvent être utiles dans l'interprétation des qualités d'un
effluent épuré.
Je pense donc que l'élude des variations du soufre, appliqué de cette
façon au contrôle chimique des installations d'épuration d'eaux d'égout,
donnera sur leur état de fonctionnement une indication précieuse, car, pour
réaliser une bonne épuration, il faut nécessairement tjue la teneur en soufre
combiné, de l'effluent général, tende vers zéro.
CHIMIE BIOLOGIQUE. Fermentation alcoolique de l'acide lactique.
Note de M. Mazé, présentée par M. Roux.
J'ai énoncé le premier que la fermentation alcoolique des sucres esl la
résultante d'une série de dégradations progressives dont l'acide lactique
est une des étapes essentielles ( ' ).
Cette conception a subi depuis cette époque de nombreuses fluctuations, el l'on
considère aujourd'hui que c'est plutôt l'acide pyruvique qui occupe la place que
j'avais attribuée à l'acide lactique.
Les trioses seraient également des produits intermédiaires de la fermentation
alcoolique des hexoses; mais jusqu'ici on n'a pas démontré, par l'expérience, que les
trioses constituent un échelon dans la dégradation des hexoses.
Le dédoublement de l'acide lactique en alcool et gaz carbonique est une transfor-
mation qui dégage peu de chaleur, 3°,8C., d'après Berthelot (Chaleur animale,
Gauthier-Villars, Paris); le suc de levure ou la levure privée d'air peuvent peut-
être l'amorcer, mais non le continuer. Pour l'observer, il est donc nécessaire de recourir
(') Annales de l'Institut Pasteur, t. \\ 1. mai et juin. 1903.
II02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à des microbes capables de produire une transformation simultanée telle que la com-
bustion partielle ou totale de l'acide lactique.
Ces microbes sont très nombreux ; mais ils présentent l'inconvénient d'oxyder en
même temps tout l'alcool dérivé de l'acide lactique. Malgré cela, j'ai réussi à en
découvrir un qui forme régulièrement de petites quantités d'alcool, et qui présente en
outre l'avantage appréciable de se développer dans les milieux minéraux.
Ce microbe est un bacille mobile; il se développe en voile à la surface
des milieux minéraux additionnés d'acide lactique ou d'alcool. Il fait
fermenter les sucres et les alcools polyatomiques et se rapproche par ses
propriétés physiologiques du B. ithacetosuccinicus de P. Frankland (').
Par la diversité de ses actions fermentatives, il m'a permis de suivre la
formation des produits intermédiaires de la fermentation alcoolique;
j'exposerai dans cette Note les résultats relatifs à la fermentation de l'acide
lactique qui reste, à mon avis, la plus importante de toutes les phases de la
transformation.
Le liquide que j'ai employé a la composition suivante :
Pbospliate de potassium neutre à la phénolphtaléine .... 2,5
Sulfate de magnésium .• 1,0
Sulfate ferreux 0,1
Sulfate de zinc 0,02
Silicate de potassium 0,02
Chlorure de manganèse o ,02
Eau distillée 1000
L'azote est donné à l'état de lactate d'ammonium lorsque l'aliment car-
boné est l'acide lactique ; en toute autre occurrence, c'est le chlorure d'am-
monium qui convient le mieux. Les cultures ont porté sur 5oocml ou i1 de
solution, disposée en couche de 3cm à 4cm d'épaisseur.
Une première série de cultures faites en vue de la recherche de l'alcool
a donné par litre les résultats suivants :
Durée (en jours) ir i3 18 18
Lactate de calcium fouruipar litre(engrammes). 10 5 10 5
Alcool trouvé par litre (en milligrammes) 47 5 55 i5,8 48^32 16
Il s'agit de montrer que l'alcool est oxydé dès qu'il se forme, et que
l'acide acétique constitue le premier terme libre de cette oxydation, car
l'aldéhyde ne se montre que dans les milieux riches en alcool. Les résultats
(') V. Frankland et Frkw, Journ. 0/ cltem. Society, 1892, p. 254-
G.
7.
8.
i5
i5
20
20
24
32
1,68
I,695
2 ,24*>
o,35i
o,338
0,473
32 ,0
37,4
4r,3
7 , 2662
9,35
»
SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. I Io3
d'une deuxième série de cultures vont me permettre de mettre ce fait en
évidence.
Numéros des cultures. I. '2. 3. S. 5.
Lactate de calcium par litre (en grammes) . 10 10 10 10 10
Durée des cultures (en jours) S 12 16 26 26
Acide acétique par litre en (grammes) .. . o,g3i 1,298 2,161 c ,538 0,972
Acide formique par litre(en grammes) ... . 0,194 0,276 0,445 0,355 0,391
Alcool par litre (en milligrammes) 16,8 23,8 26,2 33,8 1 3 ,9
Acide lactique détruit (en grammes) 3,843 » 6,287 6,704 7,4-53
L'acide lactique subit en grande partie la combustion totale; la fermen-
tation se fait donc en milieu légèrement alcalin. Dans les milieux de faible
épaisseur tout l'acide lactique disparaît, puis l'acide acétique; l'acide for-
mique est le plus résistant, cela se passe dans les milieux sur lesquels on
laisse le voile intact; dans la série précédente, le n° 5 seul a bénéficié de
cette condition ; tous les autres ont été agités tous les jours, afin d'atténuer
la combustion.
L'examen de ces chiffres permet de conclure à l'évolution parallèle de
deux processus de fermentation, intéressant directement l'acide lactique :
(i) C3H60« + 0 = GMIi02+HC02H;
(2) C'H60< =OH5OHiH-CO\
L'alcool est oxydé et transformé en acide acétique. Si l'équation (i) était
en jeu, l'acide acétique et l'acide formique seraient dans le rapport j^;
il est voisin de 5 ; donc la plus grande partie de l'acide acétique provient de
l'alcool.
La valeur du quotient respiratoire confirme cette déduction : il est égala
o,83-o,86, dans les cultures de 48 heures; si on laisse la culture se pour-
suivre à l'abri de l'air, il augmente peu à peu et atteint i,o4 et 1,06; on
trouve alors des traces d'hydrogène libre.
Une culture faite sur 200™' de liquide à 1 pour 100 de lactate de calcium
a donné les résultats suivants au bout de six jours, dans une atmosplui <>
confinée de 31 environ :
cm3
Oxygène initial 554 Acide acétique produit '46)9
Oxygène absorbé 36 1 ,g3 Acide formique 44,6
GO2 total formé 33o,86 Acide lactique disparu 93o,6
CO* 33o,86 .
-;=rr = ^-, t = o , o, 1 Alcool torme 2,0
U- soi ,95
Iio/f ACADÉMIE DES SCIENCES.
( '.es chiffres permettent de vérifier point par point les déductions précé-
dentes et de constater l'existence d'un autre corps plus oxydé, en très petite
quantité.
On peut réaliser des cultures tout aussi actives et aussi abondantes en
remplaçant l'acide lactique par l'alcool comme aliment carboné. On ne
trouve alors que de faibles quantités d'acide acétique et pas d'acide for-
mique, ce qui vérifie l'origine de l'acide formique [équation ('i)J.
L'oxydation de l'acide lactique suivant l'équation (i ) rend la formation
de l'acide pyruvique vraisemblable, mais je n'en ai pas découvert. J'ai pensé
que le Mycoderma aceli se prêterait mieux à une oxydation moins brutale
de l'acide lactique ; niais \e corps prédominant de la fermentation de l'acide
lactique parle Mycoderma aceli est l'acétylinéthylcarbinol. J'en ai confié
l'étude à M. Lemoigne, qui s'est attaché précisément à élucider le méca-
nisme de cette fermentation.
CHIMIE BIOLOGIQUE. Synthèse de gafoclosides, d'alcools à l'aide de
rémulsine (') : Mèlhylgalactoside (3 et Allylgalactoside (3. Note de
MM. Em. Bourquelot et M. Bridel, présentée par M. Jungfieisch.
De ces deux galaclosides le premier seul était connu. M. Em. Fischer
l.'a préparé, en 189a, en faisant agir l'acide chlorhydrique sur le galactose
en solution dans l'alcool méthylique. On obtient ainsi un mélange des
galactosides a et [3 qu'on sépare à l'aide de dissolvants appropriés.
L'émulsine des amandes ne donne que le galactoside qu'elle hydrolyse en
solution aqueuse, c'est-à-dire le galactoside [3. Toute la difficulté de l'opé-
ration réside dans l'élimination du galactose resté libre. Cette élimination
se fait d'ailleurs par un procédé très simple, mais auquel nous n'avons
songé qu'après de longs tâtonnements.
Mélliylgalarioside (3 :
Préparation, — A 950""' d'une solution de galactose à 1 pour 100 dans de l'alcool
méthylique à 85 pour 100 en poids, on a ajouté 2» d'émulsine. Le mélange, abandonné
à la température du laboratoire (-t-170 à -t-200), était agité plusieurs fois par jour.
( ' 1 Rappelons (pie, dan- ces synthèses, le ferment actif n'est pas l'émulsine propre-
ment dite, mais un autre ferment, la lactase, présent dans l'émulsine des amandes.
Voir : Em. Bourquelot et 11. Héiussey, Comptes rendus, t Ib.'i. 1912, p. i552.
SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. I I()5
La rotation initiale était de +i°ao' ('). Elle a baissé peu à peu jusqu'au vingtième
jour. Elle était alors de -t-i°4'j et elle est restée telle, même après addition
d'une nouvelle quantité d'émulsine. ce qui indique que la réaction avait atteint la
limite qu'elle pou\ait atteindre dans les conditions de l'expérience. Le méthylgalacto-
side (3 étant, comme l'a établi Fischer, inactif sur la lumière polarisée, il est facile de
calculer la quantité de galactose qui a dû passera l'état de méthvlgalactoside; on
trouve que cette quantité est de 20 pour 100 environ du galactose mis en œuvre,
ce qui correspond à la formation de 2? environ de mélhylgalaetoside.
On a filtré le mélange, distillé le filtrat à sec sous pression réduite et obtenu un
résidu composé de galactoside et de . galacto'se. Ces d.ux composés étant inso-
lubles dans l'étlier acétique, et solubles dans les mêmes proportions dans d'àulres
dissolvants neutres, les essais de séparation à l'aide de dissolvants n'ont pas réussi.
C'est alors que nous avons pensé à utiliser une propriété que possède la levure basse,
et qui a été découverte par l'un de nous (2), de faire fermenter le galactose lorsque
celui-ci est accompagné de glucose. On a donc dissous le résidu dans aoo""' d'eau
distillée, on a ajouté ■>'-' de glucose et 4S de levure liasse essorée; après quoi, on a
abandonné le mélange à la température du laboratoire. La fermentation s'est laite
régulièrement et a duré 8 jours. Il ne restait alors que le méthvlgalactoside, lequel
n'est pas attaqué par la levure. La rotation de la solution aqueuse avait passé de
+ 6°3o' à o°(/=2).
On a filtré, porte à l'ébullition en présence de quelques décigrammes de carbonate
de calcium, filtré de nouveau et évaporé le filtrat à sec vous pression réduite. Enfin le
résidu a été repris par 5ocm3 d'alcool absolu bouillant. Far refroidissement, le glucoside
a cristallisé. On en a obtenu 1 - ', '>5 qu'on a purifié par une nouvelle cristallisation
dans l'alcool absolu.
Propriétés du méthvlgalactoside (3. — (le galactoside cristallise en fines
aiguilles incolores; il fond nettement an bloc à -f- 1780; il a une saveur très
légèrement sucrée; il est soluble dans l'eau et l'alcool, insoluble flans
l'éther acétique.
Il est sans action sur le plan de la lumière polarisée. L'essai a été fait
avec une solution aqueuse à 4>o533 pour 100; on a trouvé : a = ± o. Il ne
réduit pas la liqueur cuivrique. C'était donc bien le métbylgalacloside
décrit par Em. Fiscber.
En solution aqueuse, il est assez lentement hydrolyse par Témulsine des
amandes. A 20™' d'une solution à os,8ioG pour 100, on a ajouté o8,o5 d'é-
mulsine. En 2 jours, la rotation (7= 2), nulle au début, est devenue -+- 4t>',
(') Le pouvoir rotatoire du galactose, qui est de -+- 8o° environ dans l'eau, est plus
faible dans l'alcool méthvlique. Ainsi, dans l'alcool méthylique à 85e, on a trouvé
«d= H-65°,o5.
(-) Em. Bourqdei.ot, Sur la fermentation alcoolique du galactose (Journ. de
Pharm. et de C/iim., 5e série, t. XVIII, 1888, p. 337).
II of) ACADÉMIE DES SCIENCES.
et le liquide renfermait os, 5i i de sucre réducteur calculé en galactose. Si
l'hydrolyse avait été totale, on aurait trouvé une rotation de -+- i°ii' et
os,7J2i de galactose.
Allylgalactoside (3 :
Préparation. — A 3oocm3 d'une solution de galactose à 1 pour ioo dans de l'alcool
allyliqtie à 85 pour 100 en poids, on a ajouté 26 d'émulsine, puis on a abandonné le
mélange à la température de laboratoire (-+- i-]° à + 21°). La rotation initiale (/ = 2)
était de H- i ° 28' ; elle a baissé lentement, comme l'indiquent les chilTres ci-dessous
jusqu'au 70e jour :
Durée. Rotation'(J = ).
0 <
10 jours -t-i 10
23 » -+- 02
4o » -+- 4o
53 » -1- 26
70 » -t- 18
La réaction s'est donc poursuivie pendant plus de 2 mois.
Après avoir éliminé l'alcool par distillation, on s'est débarrassé du galactose en
excès en opérant comme pour le méthylgalactoside, puis on a filtré et distillé à sec
sous pression réduite. Le résidu, épuisé par 3ocm3 d'acétone anhydre bouillant, a donné
une solution qui, additionnée d'éther ordinaire après refroidissement, a laissé déposer
le galacloside cristallisé. Après dessiccation, il pesait is, 20.
Propriétés de V allyl galacloside (3. — Ce glueoside se présente sous forme
de fines aiguilles incolores réunies en houppes. Sa saveur est fade, légè-
rement amère. Son pouvoir rotatoire, en solution aqueuse, pour une
concentration de 2,74-6 pour 100, a été trouvé égal à — 12", 5.
Il ne réduit pas la liqueur cupro-potassique. En solution aqueuse, il est
lentement hydrolyse par l'émulsine des amandes; en même temps se dégage
l'odeur caractéristique de l'alcool allyliqtie.
A i5cmï de la solution ci-dessus, on a ajouté os,io d'émulsine. En
/|8 heures la rotation a passé de — !\o' à + 2°56', et il s'est formé iB,p,o8 de
galactose pour ioocm\
SÉANCE DU 7 AVRIL I()l3. IIO7
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Élude sur les injections de ' sels de radium. Note
de M. Henri Dominici, Mme Simone Laboroe et M. Albert Laborde,
présentée par M. Ch. Moureu.
Des travaux antérieurs (') ont démontré que les sels de radium inso-
lubles injectés persistent dans l'organisme des animaux.
Dans ce travail, nous avons voulu comparer la façon dont se répar-
tissent respectivement dans l'organisme les sels solubles et insolubles
lorsqu'ils sont injectés dans le tissu musculaire ou dans le système veineux.
Vingt et un lapins ont été injectés avec un sel de radium soluble ou inso-
luble (-) équivalant à o"'s,02, omg,o4, o'ng,o6 de bromure de radium cris-
tallisé RaBr2, 2H20.
Les animaux ont été tués après un temps variant de 5 à 1 65 jours. Les organes ont
été incinérés dans des capsules inactives. Nous avons pesé les cendres et mesuré leur
radioactivité par la méthode du quartz piézo-éleclrique de Curie, l'oxyde noir d'ura-
nium L'205 étant pris comme unité de radioactivité.
Sels insolubles. — Nos expériences confirment et précisent ce qui a été
trouvé antérieurement par les différents auteurs : le sulfate de radium
injecté dans l'organisme y séjourne un temps prolongé.
Injecté dans le système veineux, il se répartit entre les différents viscères
comme au hasard de la distribution vasculaire. Au bout de 25 jours, il
subsiste encore 5o pour 100 de la dose injectée (n° 4), au bout de 90 jours
il peut n'en rester que 10 à 5 pour 100 environ (n° 5).
Injecté dans les muscles, le sulfate de radium persiste en grande quantité
au point d'injection, au détriment du corps (3) et des organes qui sont de
ce fait moins actifs que si l'injection avait été faite dans la veine. Il s'élimine
très lentement, et au bout de i3i jours (n° 9) il peut encore rester 5o
pour 100 de la quantité injectée.
(l) Dominici et Faure-Beaulieu, Comptes rendus, mai 1908. — Dominici, Presse
médicale, n°22, 16 mars 1912. — Dominici, Petit, Jaboin, Comptes rendus, mars 1910.
(s) Nous avons insolubilisé le radium au moment même de l'injection, en mélan-
geant dans la seringue la solution du bromure de radium et une solution de sulfate de
soude à ioSpar litre.
(3) Nous désignons par corps l'ensemble de l'animal, tous les viscères étant
enlevés.
C. K., it,i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) l4'
no8
ACADEMIE DES SCIENCES.
Sels solubles. — Le fait essentiel qui se dégage de nos expériences est
l'arrêt également prolongé du bromure de radium dans le corps des ani-
maux. Ce sel paraît, toutefois, s'éliminer un peu plus vite que le sulfate.
Au bout de 137 jours (n° 22) il peut rester 23 pour ioo de la quantité
employée.
Tableau des radioactivités.
Sels insolubles.
fi «
S 3
Numéros des lapins 1.
Durée du séjour, en jours. 5
Quantité injectée, en mil-
ligrammes 0,02
Quantité retrouvée ( ' ),
en milligrammes 0,01
Corps 0,42
Foie 5,8
Poumon 0,64
Rein 0,21
Rate »
Estomac, intestin o,3^
Cerveau 0,07
Moelle des os 1,4
Tissu osseux o,'ig
Muscles p
Peau »
Numéros des lapins 6.
Durée du séjour, en jours. 6
Quantité injectée, en mil-
ligrammes 0,02
Quantité retrouvée ('),
en milligrammes 0,01
Corps 0,06
Patte i,90
Foie o
Poumon o
Rein 0,11
Rate 0
Estomac, intestin »
Cerveau »
Moelle des os »
Tissu osseux 0,12
Intraveineux,
3.
6
0,009
0,24
»
1,72
35
0,04
0,012
o,35
.97
4.
25
0,06
o,o36
i,56
i3,6
9,28
2,6
"Ï7
90
°,°4
0,002
0,04
0,18
0,11
0,72
Sels solubles.
Intraveineux,
15.
11.
12.
13. M.
16.
6
6
6 17
37
9°
0,06
0,02
o,o4 0,02
0
,06
0,03
0,o3 0,0076 0,012 o,oo85 o,o25 0,0026
1,2 0,20 o,45 0,24 1,7 »
0 » o
o, 1 1
o
o,3i
o
o,3o
0,04
0,61
3,6
o,55
Q,o4
0,06
0
2,8
0,52
1
niramusculaire.
Intra
7.
8.
9.
10.
17.
18.
19.
6
90
i3i
i65
5
5
6
0,02
0,04
0,06
0,02
0,01
0,02
0,02
0,01 1
0,009
o,o35
0,004
0,01
0,0064
o,pi
o,o5
0,22
0,40
0,06
0,40
°,4I
o,33
2,57
a,79
9
T,o9
0,24
0,17
o,5i
0,01
0,001
3,4
0,07
0
0
s
0
0
0,26
0
0
0
0
0,06
0
0,16
0,007
o,o5
0,16
o,55
0
0,71
3,3
0,001
0
0
0
0
»
o,o5
0,Q07
0,1a
0,17
o,o3
3
»
»
»
»
»
0 , 007
»
»
»
»
0,01
0
»
0,02
p,2Ô
»
l>
(1,32
0,37
0,60
niramusculaire.
9°
.37
0,06
0,0026
o,oi5
0, 10
o,5i
o,i5
0,54
0
0,01
0
0,02
0
o,o5
0
0
»
o,o3
»
0,02
0,95
(') La quantité de radium retrouvée dans les cendres n'a pas été, dans tous les cas,
directement " dosée : nous l'avons calculée d'après le produit de radioactivité
(Mme Curie, Traité de Radioactivité, t. I, p. 1 4*5), dont nous avons une fois pour toutes
déterminé l'équivalent en bromure de radium. ( Produit de radioactivité = poids de
cendres x radioactivité des cendres.)
SÉANCE DU 7 AVRIL igi3. 1109
Injecté dans le système veineux ou dans les muscles, le bromure de radium
diffuse de la même manière dans l'organisme. Parmi les viscères, seuls les
reins et le tube digestif le fixent en partie ('), ce qui semble indiquer que
le produit s'élimine par ces organes.
Le squelette retient en quantité appréciable le radium injecté à l'état de
bromure (nos il, 12, 14, 17, 18, 19, 22). Ce fait suggère un rapproche-
ment entre l'affinité du tissu osseux pour ce métal et celle qu'il possède à
l'égard du calcium et du strontium, métaux alcalino-lerreux.
GÉOLOGIE. — Sur la succession des étages carbonifères et permiens en Indo-
Chine. Note (2) de M. Jacques Deprat, présentée par M. H. Douvillé.
J'ai décrit précédemment (3) la succession des niveaux de Fusulinidés
dans les dépôts carbonifériens et permiens de la Chine méridionale. De
nombreux matériaux nouveaux me permettent de comparer cette série
avec celle de l'Indo-Chine où j'ai retrouvé la plupart des horizons que
j'avais signalés au Yun-nan, avec les mêmes espèces, et en plus, d'autres
que je n'avais pas observées en Chine, ainsi que les deux genres nouveaux,
Palœofusulina et Neofusulinella ( ' ) ; c'est ce que résume le Tableau sui-
vant (5) :
Permien supérieur.
Yun-nan. Indo-Chine.
Grès, schistes, marnes gypsosalifères (Yun- Schistes et grauwackes du Laos.
nan, Sseu-tchoan).
Poudirïgues du Tié-tchen-ho.
Calcaires à JVeosch. multiseptola Deprat. Calcaire siliceux à N. multiseptata De-
prat (Cambodge).
(') Ce fait est en bon accord avec un travail récent de MM. Smith et Wilson
(Guys Hospital Reports, t. LXV, p. 1 3 r ).
(2) Présentée dans la séance du 3i mars 1913.
(3) J. Deprat, Etude géologique du Yun-nan (Géologie générale, t. I des
Mémoires du Service géologique de V Indo-Chine, fasc. 1) et Étude des Fusulinidés
de Chine et d' Indo-Chine (Ibid., fasc. 3).
(') J. Deprat, Sur deux genres nouveaux de Fusulinidés de l'Asie orientale
intéressants au point de vue phylogénique (Comptes rendus, t. 154-, 3 juin 1912,
p. i5/J8).
(5) Les espèces nouvelles seront décrites et figurées dans un Mémoire actuellement
à l'impression.
1 I IO
ACADEMIE DES SCIENCES.
Permièn supérieur (suite).
Ycn-nak. Ikdo-Chine.
Manque.
Calcaire à F. e.vilis Schwag., F: Marghe-
ritii Dep., F. granum-avenœ Hoem., N.
(Sum.) Annœ Voltz, N. globosa Yabe,
Dol. lepida Schw. pseudolepida Dep..
Schw. Douvillei Dep.
Manque.
Calcaires à Fusulina sp., Neosch. Annœ
Volz, M. globosa Yabe, Dol. lepida
Schw., pseudolepida Dep., Schw. Dou-
i'illei Dep. (Pong-oua, Laos).
Calcaire à F. exilis Schw., F. Marghe-
ritti Dep., F. granum-avenœ Roem.,
N. (Sum.) Annœ Volz, N. globosa
Yabe, Dol. lepida Schw., pseudole-
pida Dep., Schw. Dom'illei Dep.
(Pong-oua, Cammon, Luang-Prabang,
Cambodge) et à Productus graliosus
(Cammon).
Calcaire à Fusulina sp. du Cammon.
Permien moyen et inférieur.
Manque.
Calcaire à Schw. Verbeeki Gein, Dol.
lepida Schw. (Lang-nac. Tonkin).
Calcaire à 5. Verbeeki Gein., Dol. lepida Calcaire à Schw. Verbeeki Gein., Dol.
Schw., F. Mansuyi Dep., F. fiicht-
hofeni Schw., F. Lanlenoisi Dep.
Manque.
Calcaire à F. Richthofeni Schw ,-.
Puissant horizon calcaire à Productus.
lepida Schw., F. Mansuyi Dep.,
F. Richthofeni Schw., F. Lantenoisi
Dep. (Cammon).
Calcaire à Fusulina sp., Doliolina sp.,
S. Verbeeki Gein.
Caicaire à F. Richthofeni Schw ., Dolio-
lina sp., Neofusulinella sp.
Puissant horizon calcaire à Productus.
Ouralien.
Calcaires à A/eoschw . craliculifera Calcaires à N. craliculifera Schw.,
Schw., grandisDep., l\. multicircum- grandisDep.,S. VerbeekiGein.(rare).
voluta Dep , 5. Verbeeki Gein.
Calcaire à Al. craticulifera Schw. (forme Calcaire à N. craticulifera Schw. (forme
type) et var. tenuis Dep. type) et var. tenais Dep.
SÉANCE DU 7
Ouralien
AVRIL I9l3.
(suite).
1 1 1 1
YUN-NAN.
Horizon à Schw. princeps Ehrb., 5. fu-
sulinoides Scliellw., Fus. alpina
Schellw.
Calcaire à Fus. incisa Schellw.
Calcaire à Dol. Aliciœ Dep., F. globosa
Dep., F. complicata Schellw., F. mul-
tiseptata Schellw., F. tenuissima
Schellw.
Calcaire à Dol. Claudiœ Dep.
Calcaire à F. Kattaensis Schw.
Calcaire à F. tchengkiangensis Dep. et
F. regularis Schellw.
Calcaire à F. brevicula Schw., F. regu-
laris Schellw., F. Dussaulti Dep.
Indo-Chine.
Puissant horizon à Brachiopodes, Mol-
lusques, et Schw. princeps Ehrb.
(Cammon et Tonkin).
Horizon calcaire à F. alpina Schellw.,
5. princeps Ehrb. (Tonkin, Laos,
Annam ).
Horizon calcaire à Fusulina sp. (Laos,
Annam).
Calcaire à F. incisa Schellw.
Calcaire à F. globosa Dep., F. complicata
Schellw., F. mulliseptata Schellw.,
F. tenuissima Schellw., Sc/i. princeps
Ehrb. (rare).
Horizon à F. mtiltiseptata Schellw.
Calcaire à Dol. Claudiœ Dep. (Cammon).
Manque.
Paraît manquer.
Moscovien.
Calcaires à Neofusulinella sp. du Cam-
mon.
Calcaires du Cammon à Neofusulinella
sp., et à Fusulinelles.
Calcaires à Gastropodes de Lo-a-tien et
Chouéi-tang.
Couches de charbon.
Calcaire à Sp. mosquensis Fisch., F. re-
gularis Schellw., Schw. prisca Dep.
Étage des grès avec intercalalions cal-
caires à Schw. prisca Dep.. Endo-
thyra, Fusulinelles, etc.
Dinantien.
Série des schistes de Hoa-keuou, Hoang- Calcaires viséens de la Montagne de l'Elé-
i-tseu, Tien-sen-kouang et calcaires de pliant et calcaires de Lang-nac à Palœo-
Tou-mou-nyi à Marlinia glabra. fusulina sp.
Schistes à Phillipsia de Baiduc (Annam)
et du Laos.
II 12 ACADEMIE DES SCIENCES.
Mon ami et collaborateur, M. Mansuy, se charge de la description de la
faune ouralienne des couches à Schw. princeps Ehrb., dont les éléments ont
été réunis par le commandant Dussault au Caminon et par moi au Tonkin
(Muongthé). J'ai recueilli dans cette localité une faune rappelant de très
près celle de l'Oural et beaucoup moins les faunes ouraliennes du Salt-
Range et de l'Himalaya. Il en est de même pour les Fusulinidés, comme
en témoignent les couches à Fushttna multiseplata Schellw. des Alpes car-
niques. Le seul horizon à Fusulinidés de l'Inde, celui à F. Kattaensis Schw.,
est bien représenté au Yun-nan, mais cette équivalence avec les couches
d'Amb et de Katta est la seule importante, et tous les rapports sont avec
l'Asie occidentale et la faune ouralienne russe. Il semble que de la Russie
à l'Indo-Chine, par la Tethys septentrionale, il y ait continuité entre les
faunes. C'est dans la Chine méridionale et l'Indo-Chine que la faune
rhizopodique atteint probablement sort plus beau développement mon-
dial, puisque je n'y connais pas moins de 54 espèces de Fusulinidés à
l'heure actuelle.
GÉOLOGIE. — Recherches relatives à l extension de la mer nummulitique sur
la rive droite de la Gironde. Note de M. Edmond Bordage, présentée par
H. Douvillé.
Lorsqu'on examine la feuille de Saintes au l)0'000, récemment publiée
par le Service de la Carte géologique de France, on constate que, sur la
rive droite de la Gironde, le Nummulitique n'est représenté qu'en trois
points. Deux de ces points sont situés près de Saint-Palais-sur-Mer (le
Rureau et Terre-Nègre), le troisième près de Meschers (la Conche-des-
Nonnes). Au point où, entre Talmont-sur-Gironde et Meschers, la ligne
des falaises crétacées (') présente une solution de continuité qui correspond
à l'anse de Meschers, il n'existe pas la moindre trace d'un prétendu lambeau
éocène figuré tout d'abord par W. Manès sur la carte qui accompagne sa
(') Aux personnes peu familiarisées avec l'étude de la Géologie, il sera désormais
possible de consulter la feuille de Saintes, ce qui évitera des confusions relativement
à l'étage auquel appartiennent ces falaises « classiques » de la rive saintongeaise de
l'estuaire girondin. Il y a quelques années, M. Guérin-Ganivet les rattachait au Juras-
sique (étage kimeridgien) dans son travail intitulé : Notes préliminaires Sur les gise-
ments de mollusques comestibles des côtes de France : l'estuaire de la Gironde
(Bulletin de l'Institut océanographique, Monaco, 1909).
SÉANCE DU 7 AVRIL I<)l3. IIl3
Description physique, géologique et minéralogique de la Charente- Inférieure,
et reproduit ensuite, d'après ce même auteur, par MM. Vasseur et Carez,
sur leur Carte géologique de France au ■5UU'UUU.
0
Ponl I Abbe
balnl Pinl! un
0
O
SAINTES
LEGENDE
«-.<*,. limite Je/ife/iirt anale de /a mer ntun -
m.uhHaue d'âjtrès A.deZajt^iAiv/tt.
+ + + ijt>Sék & criÈnitr rJt/iràs les rec&ercÀss
aelciuieur.
« • o • TV"-* c* /v/izolh.3)
avait admis la possibilité d'un saut brusque de température à la surface de
deux corps en contact, et diverses expériences onl paru confirmer cette
manière de voir ('). Soient deux corps S et S' séparés par une surface S.
Désignons par n et n! les directions de la normale en un point arbitraire
de E, correspondant respectivement à S et à S', et soient V et V les tempé-
ratures en ce point pour chacun des deux corps. Les conditions à la surface,
dans l'hypothèse de Poisson, s'expriment par les équations
i dX i dX' tv m
kn k,2 et q sont trois constantes positives. La constante q est le coefficient
du saut, et pour q = ac, on retombe sur le cas habituellement consi-
déré (V = V), où il n'y a pas de saut brusque.
2. Les problèmes de la théorie de la chaleur peuvent être repris dans ces
conditions plus générales. Examinons d'abord un cas d'équilibre calorifique.
( ') Pour la bibliographie de la question, on peut consulter la Physique de Chwolson,
t. III, p. 3gg.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 15.) l4^
II20 ACADEMIE DES SCIENCES.
Soient un premier corps S limité par une surface 2, et un second corps S'
enveloppant S et limité d'une part par ï et d'autre part par une surface 2'.
Il y a de plus dans S une source de chaleur P ayant un flux donné qu'on
peut supposer égala 471? nous admettons qu'il y a le long de 2 le saut
brusque de température régi par les équations (i), et que la surface 2'
rayonne vers l'extérieur qui est supposé à la température zéro.
Au point de vue analytique, nous avons à déterminer deux fonctions
harmoniques V et V de x, y et z, satisfaisant sur S aux équations (i). La
fonction V est continue dans S' ; la fonction V est continue dans S, excepté
en P, où elle devient infinie comme — [/•„ désignant la distance du
point (oc, y, z) à P]. On a enfin sur 2'
(2) ^!_/lV==0 (A>o).
Posons V = hU; U sera harmonique et continue dans S. Nous
allons chercher à exprimer U et V sous la forme de potentiels de simples
couches; soient
V V V,
où /• et r désignent respectivement les distances du point (x-,r, -)aux
éléments da et d"^ -/y—
Il résulte de là que tous les termes de (3) sont nuls (X-, > o, à\2^> o,
> o). V et V' sont donc des constantes d'ailleurs égales d'après (i); enfin
d'après (2) cette valeur constante ne peut être que zéro. Les potentiels de
simple couche V et V étant respectivement nuls dans S et S' sont nuls
dans tout l'espace, et d'après la formule classique donnant la densité en
fonction des dérivées normales, nous concluons u. =: p = p' = o. Il est donc
bien établi que nous ne sommes pas dans le cas singulier. Le problème posé
est donc résolu.
4. Nous venons de traiter un problème d'équilibre calorifique. On peut
étudier le problème de refroidissement correspondant aux deux mêmes
corps en supposant qu'il n'y ait pas de source à l'intérieur de S. La tempé-
rature V (x,y, ~, /) à l'intérieur de S satisfait à une équation de la forme
OV ,/d*\ d2\ d2Y
<)l \d.r- oy- Oz-
1122 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans S', la température V' (oc, y, z, t) satisfait à l'équation
àV' ,Jd-\" d-V d-Y'
ôt \ dxs ày- àz-
Les conditions aux limites sont les suivantes. La fonction V (x,y, z, t)
est donnée pour t = o dans S, et la fonction V (a?, y, z, t) est donnée pour
t=o dans S'. Ensuite les conditions (i) du paragraphe 1 doivent être
satisfaites sur la surface 2, quel que soit /. Si, de plus, nous admettons
comme plus haut, que la surface 2' rayonne vers l'extérieur supposé à la
température zéro, on aura constamment sur S' l'équation (2).
Considérons d'abord une solution de la forme
\z=e-XHu{x, y, z). V' = e-X,'u'(a:,y, z),
A étant une constante. On aura
A ** A t l' ,
au ^ : u = o, an -\ — rr u' — o.
a- a-
Prenons pour u et u' des expressions de la forme
///■ 'tir ),!/•'
" = ff" €Fd- "'= ff" ^ * + ff' €Jk <"'■
S 2 S-
où r et r' désignent respectivement les distances du point (a?, j, z) aux
éléments (h et da' des surfaces 2 et 2 ; u. et p sont des fonctions inconnues
de la position de l'élément ih sur 2, et pareillement p' pour la surface 2'.
En substituant ces valeurs de u et u' dans les équa lions (1) où l'on met
u et u' à la place de V et V', et dans l'équation (2), où l'on met u' à la place
de V, on obtient un système de trois équations intégrales linéaires homo-
gènes (') qu'il est inutile de transcrire ici, où les inconnues sont jx, p et p'.
5. Si A est arbitraire, les équations intégrales qui précèdent ne sont
satisfaites que pour jj. = p = p'= o; les valeurs intéressantes pour nous
sont les valeurs singulières de X, pour lesquelles il en est autrement. Ces
valeurs sont réelles et deux à deux égales et de signes contraires; dési-
gnons-les d'une manière générale par A/;, p allant de — oc à -+-oo,
(kp = — A_/;). Il s'agit de voir, imitant des méthodes classiques, si l'on peut
(') La quantité À joue bien entendu ici un rôle un peu différent de celui que joue
le paramètre habituel de l'équation de Fredholm. Le déterminant des équations
intégrales n'en est pas moins une fonction entière de 1.
SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. 1123
former les séries
^A,«,,(j",/,;), 2^Apu'p{ûc,-y,.z)
— oo — oo
(où up et u ' correspondent à la valeur singulière \p) de manière que la
première série représente dans S la fonction V (a;, y, z-, o), et la seconde
Y' (ce, y, 3, o) dans S'. Je vais seulement montrer ici comment peuvent
être déterminés les coefficients Ap, sans entrer dans la démonstration
rigoureuse de la possibilité du développement, qui présente quelques
longueurs.
En tenant compte des relations
(suri) _^ = ^ =,(„;_„,,); d^-l>u'„ = o (sur-);
_. , du,. . du'., , , . du' , . , _,.
(suri) —ki-^=k2-s£=zq(u'r-ur); ^-L-hu'^O (suri');
on obtient facilement l'égalité
(X»-ljL)
-i / / / UpU,.dx dy ds -t- -^ / / / «',,«',. dxdydz\ — o.
S S' J
Par suite, si/» est différent de ± r, la quantité entre crochets sera nulle. Si
donc on envisage les deux équations
V(ar,/,«',ô)'=i2A^"A'(ir'>' ;> (clans S),
' 0©
Y'{x, y, s,o)=^Af»;(rj, 3) (dans S'),
— oo
et si l'on multiplie ces équations respectivement par -\ ur et -^ u'r, et intègre
dans S et S', il ne restera dans le second membre, en faisant la somme, que
les termes
( 4 ) A,\^ fffu;. dx dy dz 4- ^ /// 'V ^' dy dz\
+ A , T^i f C Cu,. M_r rftf dydz+pr2 f f fii',. u'-,. dx dy dz] ,
et cette somme sera par conséquent connue. En faisant la même opération
II 24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/., /, , , •
avec — u_r et -77 m ,., on obtient la somme
(5) Ar\—I ! I u,.u_,.dxdydz -\ ^ / / / i''ru'_rdxdy dz\
+ A_ ,. T^i J fful,, dx dy dz + ^ fff"'-\ dx dy d;~\ .
Les sommes (4) et (5) nous font connaître les coefficients Ar et A_r. Les
imaginaires disparaissent d'ailleurs dans les développements en groupant
convenablement les termes.
La solution du problème posé est alors donnée par les expressions
2 A'< "/-(•''■ J> z)e~Vi-' o« ^i^P"',,(^,y,:-)e~''?,
— 00 — 00
selon qu'il s'agit du corps S ou du corps S'.
6. Ce qui est intéressant dans la question précédente, c'est qu'on y
rencontre deux équations différentes aux dérivées partielles, et les conditions
aux limites renferment à la fois des solutions de l'une et l'autre équation.
C'est une catégorie de problèmes beaucoup plus étendue que celle à laquelle
on s'est à peu près limité jusqu'ici dans les applications de la théorie des
équations intégrales, où l'on n'avait à envisager qu'une seule équation. La
Physique mathématique en offre de nombreux exemples qui méritent d'être
étudiés à la lumière des travaux récents sur les équations fonctionnelles.
HYDRODYNAMIQUE. — Vitesse de la chute lente, devenue uniforme, d'une
goutte liquide sphèrique, dans un fluide visqueux de poids spécifique moindre.
Note de M. J. Boussixesq.
I. Comme ce problème, dans le cas extrême d'une goutte de viscosité
infinie, deviendrait celui deStokes relatif à la chute uniforme ou régularisée
d'une sphère solide dans un fluide visqueux, il est naturel de le traiter en
cherchant à y étendre la plus simple des méthodes qui aient été indiquées
pour ce problème de Stokes, savoir, celle qui m'a permis, au commen-
cement de i885, de résoudre la question du lent mouvement varié de la
sphère solide. Elle consiste à exprimer les trois composantes u, v, w de la
vitesse au point quelconque (x, y, z) du fluide considéré, tout en y vérifiant
SÉANCE DU l4 AVRIL igi.3. II 2.5
identiquement l'équation de conservation des volumes, par les trois
formules
(0 • U = \,'J— -j-^,, (C, (»■) — — — — i-,
T a.r- rf(y, s) dx
où la fonction auxiliaire \
/0, a 1 rfJuco\ . . e a-.r® a / rfa2©\
(3) s^-P#* + 8-^j = 8A1A.? = - -^r-' rf(3^j ^-^* + 8-3rJ=°î
et la dérivation en v ou en ; de la première (3) montre, vu les deux der-
nières (3), que A.,A2o ne peut pas dépendre de y ni de ;. Dès lors, A.,Aw,
n'étant, comme op, fonction que de /■ = \'.r- ~+~y'~ ~+~ s2> sera tollt aussi ifidé-
pendant de a- et se réduira à une constante.
Ainsi, le produit rA2A2cp, dérivée quatrième de /•■p en /', contient un seul
terme, proportionnel à /■. Quatre intégrations immédiates donneront donc
pour ro un polynôme du troisième degré en /•, accru d'un terme du
cinquième; et, par suite,
ù l'on supprimera la partie constante étran-
II 26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gère aux expressions(i)de», r, w, comprendra seulement, avec deux termes
respectivement en r2 et /•', deux autres termes en r*11.
Or, dans le fluide extérieur, où il est évident que doivent s'évanouir,
pour 7- infini, les vitesses u, v, w (dues seulement à la présence de la goutte
de rayon R), les deux termes en r2eten/-* donneraientdans(i\ auxdistances
infinies, le premier, une vitesse u constante, le second, des vitesses infinies.
Donc, ces deux termes y auront coefficients nuls. Au contraire, dans la
goutte, ce sont les deux termes en rf' qui disparaîtront; car ils produiraient,
au centre ;,;=o, des vitesses infinies respectivement des premier et troi-
sième ordres. Ainsi, les deux fonctions cp à considérer seront, avec quatre
constantes A, B, C, D en tout,
(4) (pour 7' R) o = O ■+- — •
III. Portées dans les formules (i), en se souvenant que les dérivées de
r en x,y, :■ sont les trois rapports de .-r, y, s à r, elles donneront comme
composantes verticale et horizontale des vitesses, aux divers points du plan
méridien des xy auquel on peut se borner (avec y > o) :
/ (pour /< R) u — {k — B/-2) — R/2, c=Bjj-;
(5) ' , ^ns fC D\ /C D\ /G D\
| (pour,->R)„ = ^7_— j_^___jj,., ,^^__j,,r.
Sur la sphère de rayon r et, par conséquent (dans ce demi-plan des xy)
le long du demi-cercle méridien de rayon r, nous poserons .v = rcos'A,
v = /-sinA, en appelant A l'angle (colatitudé) de la normale extérieure avec
les.r positifs. Nous verrons alors que ces vitesses comprennent :
i° Une petite vitesse verticale descendante commune, U, de tout le
demi-cercle et, par suite, de toute la sphère considérée,
(6) U = soit A — Brs, soit 2 ( - — -^-\,
\ r o r3/
et, 2°, un petit glissement tangenliel G (ascendant) des molécules le long
du demi-cercle,
(7) G = soil Br2 sin >\, soil(-' — — J sin À.
En effet, les deux angles de la tangente (ascendante) au demi-cercle avec
les x et les y positifs sont - -+- A et A, ou ont pour cosinus — sin A et cosX;
SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. II27
de sorte que les deux projections de ce glissement valent bien, dans les
formules (.1), le dernier terme de u et l'expression complète de v. Ainsi,
les couches sphériques concentriques à la surface visible de la goût 'te conservent,
durant un instant dl, leur forme d'ensemble et leur rayon ; mais elles s'abaissent
inégalement et, par suite, leur matière s'y distribue, aussi, inégalement de bas
en haut.
Sur chaque sphère en particulier, le glissement G est proportionnel au
sinus de la colalilude A, conformément à l'hypothèse faite pour la sphère
r= R dans ma dernière Note.
A cette surface visible r = R de la goutte, limite commune aux deux
fluides intérieur et extérieur, tant les expressions (6) de U que celles, (7),
de G, doivent se confondre, puisqu'il n'y a pas rupture de la couche super-
ficielle. Et, en appelant alors Y la valeur de U commune, il vient, entre
cette vitesse V de chute de la goutte, qui est l'inconnue cherchée, et les quatre
constantes arbitraires A, B, C, D, les trois équations du premier degré
t»> V = A-B«.= £-J°, BB-g-g-
IV. Occupons-nous actuellement des pressions subies par chaque fluide
et, d'abord, de la pression moyenne/».
Les formules (4) donnant respectivement ( — 5Bx, — ;1-^- )> pour f ' >
et (— i5 B, o) pour à.2à.2o, les équations (3), multipliées par dx, dy, dz et
ajoutées, s'intégreront immédiatement. Appelons c{, dans le liquide de la
goutte, c, dans le fluide extérieur, la constante qu'introduit l'intégration ;
et il viendra
/ 2£C
(9) (Pour r< R)P — Ci + (pli:— io£,B).r. (pour r > R)p = c -h ( pg -+- —
Nous pouvons maintenant évaluer trois des six pressions principales rela-
tives aux axes, pressions que j'écris N^, Ny, N,, T^, Ty, Tz, savoir les trois,
Nx, N,., Tz, qui, aux différents- points du demi-cercle méridien considéré du
plan des xy, s'exercent dans ce plan, où elles sollicitent les éléments de
surface normaux aux x et aux y. Il suffira de porter les valeurs (5) et (g)
de u, v et p dans les formules, bien connues,
-, x (du dv
A ces différents points du méridien demi-circulaire, les deux compo-
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) J44
(du
S\df
dv
T.—
-h
dx
I 128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
santés/^ et py, suivant les x et les y, de la pression exercée du dehors sur
l'élément de la sphère dont la normale a la eolatitude X, recevront les
expressions usuelles NŒcosX + T-sinX, Tz cosX -+- NrsinX$ et, enfin, les
deux composantes SU,, s de la même pression, suivant la normale extérieure
et suivant la tangente au méridien (du côté des colatitudes croissantes),
seront, respectivement, pxcos X +/?vsinA, — px sinX +/?_, cosA. Les calculs
n'offrent aucune autre difficulté que leur longueur ( probablement susceptible
d'être réduite par une méthode plus géométrique); et, en gardant les nota-
tions 3t-, 5 pour r> R, mais appelant .x/,s'les forces analogues pour r< R,
on trouve :
l Db' = — c, — (p\g — 6e,B)/'cosX, ë' = 3ï, Br sin ). ;
(,o) v T , r fC 2 DM l - D • 1
| 3&= -c " [PA' +6s(^- - ^- jJrcosÀ, E = 2£-/-s.nI.
V. A la surface de la goutte, limite commune r= Rdes deux fluides, ces
forces vérifient, quel que soit A, les deux équations (8) de ma dernière
Note ('), équations où G vaut BR2sinX d'après la première (7) ci-dessus,
et où/, e sont, respectivement, la tension statique de la couche superficielle
et un certain coefficient de sa viscosité. De là, les trois conditions
\f
K"'
(Pi-P)o) et centripète dans le haut (où x
—
—
»
2
16
19
Somme.
14
Totaux
mensuels.
Surfai es
totales
réduites.
9
i5
7,0
0,5
9
33
3,9
17.4
(') Le 16 novembre, j'ai noté hâtivement les taches de ce groupe, avant la couver-
ture du ciel qui a persisté pendant plusieurs jours, el n'ai pas pu relever ?es tosi-
tions. Celles indiquées ici sont d'après M. E.-W. Maunder (Observateur d'avril K)i3),
qui a observé ce groupe du 16 au 19.
[ l34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Nouvelle méthode pour la recherche visuelle rapide des petites
planètes : Comparateur photo-visuel. Note de M. J. Lagkula, présentée
par M. Bassot.
La principale difficulté que l'on rencontre visuellement dans la recherche
et l'identification des petites planètes, c'est que rien dans son aspect phy-
sique ne différencie un astéroïde d'une étoile de même grandeur. La consta-
tation de son mouvement par rapport aux astres fixes est le seul caractère
distinctif permettant d'affirmer que l'on est en présence d'une petiteplanète
et, quelle que soit la méthode suivie, il est toujours nécessaire d'appliquer
cet unique critérium à un nombre d'objets d'autant plus considérable que
l'astéroïde recherché est de grandeur plus faible et ses éphémérides plus
incertaines. On conçoit que ce genre d'investigation nécessite, de la part de
l'observateur, un labeur très important et dont assez fréquemment le fruit
est malheureusement perdu par suite d'une interruption de beau temps.
J'ai trouvé le moyen de simplifier cette investigation en appliquant la
vision binoculaire dans le champ même d'une lunette astronomique qui
permet d'estampiller en quelque sorte les étoiles de telle manière qu'une
planète s'en distingue à simple vue : La méthode consiste essentiellement
dans la superposition binoculaire de deux images du ciel, l'une réellement
observée dans le champ de la lunette entraînée sur le mouvement diurne,
l'autre artificielle fournie par un cliché positif convenablement éclairé de la
même région.
L'Observatoire de Nice a fait construire à cet effet, sur mes indications,
un appareil spécial qui est actuellement installé sur son équatorial Gautier
de 38cm.
Le dispositif instrumental comporte l'emploi :
i° Pour l'un des yeux, d'un oculaire de Ramsden s'adaptant au porle-oculaire du
micromètre servant à l'observation des petites planètes. Son champ, d'environ i5',
correspond au grossissement minimum compatible avec la conservation intégrale du
pouvoir de pénétration de la lunette de Gautier.
2° D'un microscope destiné à l'examen des clichés au moyen du second œil. L'ocu-
laire de ce microscope a le même champ que le premier et, au point de vue optique,
il n'en diffère que par l'adjonction d'une lentille de champ supplémentaire, théori-
quement située dans le plan des images fournies par l'objectif du microscope, mais
que, pour la commodité de construction, l'on a combinée avec la lentille frontale.
L'ensemble des deux oculaires est identique au dispositif employé dans le stéréoscope.
SÉANCE DU l4 AVRIL IC)l3. Il35
En vue de permettre quelque tolérance dans l'échelle de reproduction des documents
photographiques qu'on utilise, le grossissement du microscope est variable dans des
limites d'ailleurs peu étendues.
L'axe optique de ce microscope est brisé à angle droit au moyen d'un miroir à |ô°
placé dans l'oculaire. Cela permet de rejeter le cliché dans un plan parallèle à l'axe
optique de la lunette, plan dans lequel il est mobile derrière l'objectif du microscope
et suivant deux directions rectangulaires, au moyen de vis de rappel commandant un
double cadre qui coulisse à l'intérieur d'une boite. A celle boîte, et dans la partie
centrale de la paroi qui se trouve en regard de l'objectif, est adapté un fort tube
coudé servant de monture aux pièces optiques et qui est lui-même fixé à l'intérieur
d'un manchon de serrage solidement relié au tube de l'équalorial. A l'extérieur de la
boite, et en arrière du cliché, se trouve le dispositif d'éclairage constitué par une
ampoule électrique à verre dépoli, un réflecteur et un obturateur d'ouverture variable,
le tout centré sur l'objectif et renfermé dans une boite à chicane, ce qui permet
d'opérer en pleine obscurité.
Un écran coloré, en vert par exemple, étant intercalé entre la source
lumineuse et le cliché positif, on obtient, à l'oculaire du microscope,
l'image d'un ciel artificiel dans lequel les astres apparaissent comme des
disques lumineux verts sur fond obscur, c'est-à-dire sous un aspect nettement
différent de celui que présentent les images réellement observées dans le
ciel à l'autre oculaire -.points blancs brillants. La superposition virtuelle des
images résulte d'un double mouvement : l'un de translation, l'autre de
rotation, qu'il est facile de donner à l'une d'elles dans son plan.
Pour le mouvement de translation, on opère soit dans le champ artificiel en uti-
lisant les deux rappels du cadre porte-plaques, soit dans le champ réel au moyen des
rappels en ascension droite et déclinaison. Huant au mouvement de rotation, il est
réalisé par l'adoption, entre la boîte et le tube coudé, d'un mode de liaison à rappel
laissant à la première la possibilité de tourner sur elle-même autour de l'axe optique
du microscope. Enfin, pour le réglage, en orientation et dislance, des oculaires sur
la ligne des yeux de l'observateur, on dispose tout simplement de la mobilité que
comporte, en ascension droite et déclinaison, le chariot porte-oculaire du micromètre.
L'équalorial étant entraîné sur le mouvement diurne, la superposition des images
une fois obtenue, se conserve sans nouveau réglage pendant tout le temps nécessaire à
l'examen du champ. Ce temps est d'ailleurs assez court; en effet, à cause de celte
superposition, tous les objets visibles dans le champ de la lunette, à l'exception des
petites planètes (astres errants qui n'ont pas leur correspondant sur le cliché repré-
sentant l'état du ciel à une autre époque), sont estampillés par la présence d'un petit
disque coloré en vert. Dans ces conditions, il suffit d'une fraction de minute pour
voir s'il existe ou non, dans le champ, un point blanc brillant isolé, aspect décelant
la présence de l'astéroïde recherché.
Pour procéder en toute certitude avec le comparateur photo-visuel, il est indispen-
sable que toutes les étoiles accessibles à la lunette figurent bien sur le cliché. Il est
C. R., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 15.) l45
Il 36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donc très important de disposer de documents photographiques obtenus avec des
instruments puissants et des poses suffisamment prolongées. A l'égard de notre lunette
de 38cm, la condition précédente paraît réalisée par les Cartes photographiques de
MM. Palisa et Wolf, caries bien connues des astronomes et que j'ai déjà expéri-
mentées :
C'est ainsi que, dans la nuit du Ier avril, avec un cliché positif repro-
duisant à l'échelle convenahle la Carte n° 52, j'ai pu, en moins de
5 minutes, m'assurer que, contrairement à une information des Asiro-
nomische Nachrichlen, la planète (233) Astérope, de grandeur 11,8, ne se
trouvait pas à la position assignée par le Berliner Jahrbuch et que la
position calculée comportait une correction de — 58s en ascension droite
et -f- 8' en déclinaison.
Au point de vue de la rapidité que réalise l'emploi de l'instrument,
j'estime qu'en un laps de temps variant, suivant les circonstances, entre
i5 et 45 minutes, il est possible d'explorer sur une longueur de 20
une bande de 25' de largeur, ce qui suffit dans un grand nombre de cas,
pourvu qu'on ait soin d'orienter rationnellement la ligne de recherche.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une généralisation des surfaces minima
non euclidiennes. Note de M. Tzitzéica.
Il s'agit d'étudier les réseaux conjugués (x) d'un espace S.;„_, à -m — 1
dimensions, dont les coordonnées projectives a1"1, x[-\ ..., x{2"> vérifient les
relations
|S-=- 2(£)"=«» 2(£)!=°.
àv"-
II est facile de voir que ce sont des réseaux à invariants égaux.
Ce problème généralise les surfaces (M) de M. Darboux (Théorie des
surfaces, t. III, p. 472) et le problème de M. Guichard (Comptes rendus,
10 mars 191J ).
Voici les résultats que j'ai réussi à obtenir au sujet des réseaux (x) qui
vérifient les relations (1).
Théorème. — La suite des réseaux (a?,-), qu'on déduit de (x) par l'ap-
plication successive de la transformation de Lap/ace, est périodique : le
SÉANCE DU l4 AVRIL IC)l3. 1 137
réseau (xîn) coïncide avec (x), ou, ce qui est la même chose, le réseau (xn)
coïncide avec (x_n).
La méthode que j'ai employée pour obtenir ce résultat est simple. J'ai
remplacé les relations (i) par des relations entre les coordonnées du pointa?
du réseau (x) et les coordonnées des points xt des réseaux (a-,). Par des
dérivations successives j'ai obtenu les deux groupes suivants de relations
l.r.r,, —o, l-i\-r„ = o, ..., 2xn-iXn = o, 2x , r„ =o 2x_(„ t)xn —o;
l.rx_„=o, i.r,j'_„ = o, .... 2xn_iX_n=±o, 2x^tx^„=o, ..., Ii.|M).r_„=o,
d'où il résulte que les ,r„" sont proportionnels aux .#■_'„, et le théorème est
démontré.
Réciproque. — Tout réseau conjugué (x) à invariants égaux identique au
•3.nleme réseau transformé de Laplace, vérifie, à moins d'une transformation
linéaire, les relations ( i).
L'hypothèse faite sur (a?) revient au fait que le réseau (x„), nième trans-
formé de (x) dans un sens, est identique au réseau (x_n), «i'""e transformé
de (x) dans l'autre sens. Ce réseau (x„) ou (x'_„) est, comme ( x), à inva-
riants égaux et l'on peut choisir les variables indépendantes de manière que
l'équation de Laplace vérifiée par les x'f/ soit la même pour les x'"n. Il résulte
de là
(2) x{J)n=c.i-,' (c = const. ).
ce qui prouve cjue les x[i), c'est-à-dire les coordonnées d'un point du
réseau (x), sont définies par un système d'équations aux dérivées partielles,
l'une étant l'équation de Laplace
d*x
(3)
i)u dv
l'autre résultant de (2) et étant d'ordre n. Ce système est complet et
n'admet pas d'autres solutions linéairement indépendantes.
Cela étant, considérons les fonctions y-" définies par les relations
(4) 2yx=zi, 2yj-t = o, ..., 2yx,y=o, 2yx^ — o, ..., 2yx-{ «_i) = o.
Tout d'abord, il est aisé de démontrer, par des dérivations successives,
que les y sont des solutions de (3).
Si l'on introduit ensuite les réseaux (j,-) déduits de (y) par des trans-
formations successives de Laplace, alors, par dérivation, on déduit de (4)
II 38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'on a
v(" — c VU)
c'est-à-dire une relation toute pareille à (2). Il résulte de là que les y[i) vé-
rifient précisément le même système d'équations aux dérivées partielles
qui définit les x[i). Il est facile alors, à l'aide d'une transformation linéaire,
de déduire de (4) que les x[i) vérifient les relations (1), et la réciproque est
ainsi démontrée.
Remarques. — 1. J'ai laissé de côté certains cas singuliers qui peuvent se
présenter. Considérons un diviseur m de in(m =f 2). Il est possible que le
réseau (xm) soit identique à (x), alors naturellement (x) répond, d'une
manière singulière, à la question. C'est ce qui arrive, par exemple, dans le
cas particulier signalé par M. Guichard dans sa Note.
2. Il est intéressant de remarquer que le réseau (x„), considéré précé-
demment, jouit des mêmes propriétés que le réseau (a-). M. Guichard a
reconnu, dans le cas n = 3, ce fait.
.'}. J'ai aussi étudié les réseaux à invariants égaux dont le (in — i)ieme
transformé de Laplace coïncide avec eux et tiré de nombreuses consé-
quences géométriques de toutes ces propriétés.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières d'ordre fini.
Note de M. G. Valirox, présentée par M. Emile Picard.
1. Dans son Mémoire sur les fonctions entières (Acla Societatis Scien-
tiarum Fehnicœ, 1901), M. Lindelôf donne des relations très précises entre
le maximum du module d'une fonction entière pour \z\ = r, et l'ordre de
grandeur des coefficients de la série de Taylor, ou la distribution des zéros.
Ses résultats, valables seulement pour certaines classes de fonctions, se
généralisent facilement. Soit d'abord la fonction d'ordre p,
f(z)=ïcnz«,
il est possible de former (d'une infinité de façons) une fonction (3 (a?),
définie, bornée supérieurement, continue pour x^>x0^> o, dérivable
(sauf en certains points où elle l'est à gauche et à droite), telle que
(A) lim (3(.r) = o, lim (3'( jc)jc \ogx = o;
SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. Il3o,
et qu'on ait
Km
n P («>«„),
l'égalité ayant lieu pour une infinité de valeurs de n. Si l'on désigne
par a;P[l-a!-r)1 la fonction inverse de x p [a(;r) vérifie les conditions (A)]
et par M(r) le maximum de |/(s)| pour \z\ = r, on a
— ep[. — «(r)]losM(;-)_
cette expression approchant de la limite pour des valeurs.de/- rendant a(.r)
voisin de ses minima. Il en résulte que pour une fonction d'ordre p il existe
des fonctions y(a?) vérifiant les conditions (A) et telles que
i — y(.r)>/i>o, limy(.r)— o,
r = x
TT^-logMÇr)
^.Tp^yïïôT-1'
on pourra dire que p >< [ i — yO»)] est un ordre précisé. On obtiendra des
précisions de l'égalité (r) et diverses réciproques, notamment la condition
nécessaire et suffisante pour cjue
lira
log M(r)
2. Des considérations analogues s'appliqueront lorsque la fonction sera
donnée par ses zéros (en supposant p non entier), rn étant le module
du ra'emc zéro, on construira (i(#) satisfaisant aux conditions (A) et telle
qu'on ait
(2) /•„>« («>/»„);
l'égalité ayant lieu pour une infinité de n, mais ici il faudra supposer
(3(^)<^C).
On obtiendra alors une limite supérieure de logM(r) plus précise que celle
(') p est le genre, si (3(x) devient égal à - — les modules de zéro interviennent
/
pour déterminer la partie principale de logM(r).
I l4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
de M. Boutroux ('), en ce sens qu'elle sera effectivement atteinte pour
certaines fonctions, mais l'application directe des formules se fera dans des
conditions moins larges (2).
On pourra obtenir dans le cas où les arguments des zéros ont une limite,
- par exemple, et où dans (2) l'égalité a lieu pour des valeurs de n dont
le rapport tend vers 1, une expression asymptolique de log|/(;)| valable
dans tout le plan sauf au voisinage des zéros, on aura a;V[t~a[Xl] désignant
1 + P1 '
toujours la fonction inverse der f ,
(3) iog/(a) = Z(11[t)\ /,pf'')[l + s{r^)] (*:='■«". p(-'') = p['-^('-)]!;
si r"t désigne le module du n"""' zéro de /(:■) -+- a, on voit que le rapport -5
dépend de la variation de cf.(cc) et peut dépasser tout nombre donné;
ce rapport aura une limite fonction de p seulement dans le cas lima(x) = o.
3. Le tbéorème de M. Wiman relatif aux fonctions d'ordre inférieur à £
se précise de la façon suivante : sif(s) est d'ordre inférieur à 1, -et d'ordre
précisé p[i — y(a;)], il existe une infinité de cercles de rayons r,, r.,, ...,
rs, . . . (lim^ = co), sur lesquels on a
■og|/('-,É"'(?)|^[cos(Tip)-£s]logM(/-.ï), limE,= o;
et cette égalité a lieu pour les valeurs de y(x) voisines des minima (3).
On en déduit que p étant quelconque (plus grand que un), on a sur une
suite de cercle rs (tbéorème de M. Borel)
|/(;)|>[M(r)]-^-' (p>p>p-i)-;
(') J'ai déjà indiqué la valeur de cette limite (Nouvelles Annales, 1912) pour
p = o, 1, 2 et limfi(.r) =r o.
.r — 30
(2) Les conditions imposées par M. Boutroux à (3(x) sont en effet moins restric-
tives
P~l}~1 < S -H S'* \oex < P—?-.
p -t- 1 p
(3) M. Liitlewood avait montré (Proceedings 0/ tlie London Mathematical Society,
2, 6) que
log|/('\-f':?)l>[cos(27rp) -s.<] log M (/-,);
voir aussi Wiener, Inaugural Dissertion, Gôltingen, 191 1.
SÉANCE DU r/j AVRIL ip,l3. Iî/jl
ou encore que sur ces cercles \f(:- )\ ne peut rester fini sur des arcs de longueur
totale supérieure à — (généralisation d'un théorème de M. Phragmen).
4. La réciproque de la proposition conduisant à l'égalité (3) peut se
démontrer dans les conditions suivantes: si pour f(z) les arguments des
zéros ont pour limite - et si l'on a pour s = r
iog/(-) = (— i)"[i + E(r)]rPe->,
p(V) = p[t — a(.r)|, la relation entre n et /•„ sera
w = (. + g.)'in[7r;(r-)]/r-,
en particulier on voit que si l'on appelle ± a,, ..., ± a„, les zéros de la
fonction £(j) de Hiemann, on aura
271
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries et les familles de fonctions algé-
broïdes dans un domaine. Note de M. Georges Rémoundos, présentée
par M. Emile Picard.
I. Je me propose, dans celte Note, de faire connaître de nouveaux
résultats concernant les séries et les familles de fonctions algébroïdes dans
un domaine.
Je tiens d'abord à indiquer d'une façon très précise la définition de la
convergence uniforme donnée dans ma Note précédente (-).
( ' ) Le théorème de M. Jensen donnerait
n~ -^-log-^- ■+- k\[â~{\o%*nf ( k fini),
î ~ lue
et, par l'emploi de la relation re(« + î) — n (a) = /iloy^. la première formule de
M. von Mangoldt, c'est tout ce que peut donner la formule de M. Jensen
puisque n(x) est donné par une dérivation.
(2) Sur les familles de fonctions algébroïdes (Comptes rendus, 17 mars 1913).
Il42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Soient
une suite infinie de fonctions algébroïdes à un nombre fixe v de branches et
finies dans un domaine D et p et pour
tout point z du domaine D,, le Tableau des v2 nombres :
11',— «„,, 11',— «„,, d',— U„3 Il',— ll,rl,
*>v— «»s, «V
««v
contienne au moins v différences de module inférieur à z.
Il est aussi utile de donner la définition suivante: Nous dirons que la
série (i) converge en un point z0 du domaine D, si avec les valeurs des
(3) ?i(=o), ?»(-„)• ?»(-<>), •••
nous pouvons former v séries convergentes :
(3)
\ *VJj a'/2> ^V3> • • ■ ■ <*'/«>
en désignant, d'une façon générale, par a,„, sc2B, ac3n, .. ., avre les v valeurs
de cp„(~0); chacune de ces séries (3) contient une valeur et une seule de
chaque terme de la série (2).
2. Nous établissons le théorème suivant :
I . Soit une série
(4) /t(*), /•(*), /*(*), /.(*), •••
de fondions algébroïdes à un nombre fixe v de branches dans un domaine D
et bornées dans le même domaine.
SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I l/j3
Si celte série converge en une infinité de points du domaine D ayant au
moins un point de condensation (point-limite) à l'intérieur de D, elle converge
uniformément dans tout l'intérieur de D vers des fonctions algébroïdes ou
holomorphes dans 1 ), dont le nombre total de branches est au plus égal à v.
C'est une extension aux fonctions algébroïdes dans un domaine des théo-
rèmes bien connus de Stieltjes (') et de MM. Osgood (2), Arzelà (3),
Montel( ■') et Vitali (5) sur les fonctions holomorphes.
Nous remarquons que le théorème ci-dessus énoncé s'étend au cas plus
général où les termes de la série considérée ne sont soumis qu'à la condition
d'appartenir à une famille normale de fonctions algébroïdes à un nombre
fixe v de branches finies dans un domaine D. Nous obtenons ainsi une
extension aux séries de fonctions algébroïdes dans un domaine du théorème
général de M. Montel, établi dans son Mémoire récent : Sur les familles de
fonctions analytiques qui admettent des râleurs exceptionnelles dans un
domaine (Annales de l'École Normale supérieure, 3e série, t. X\l\, 1912,
p. 53i et 532).
3. Nous établissons aussi les deux théorèmes suivants :
II. Soit une famille (F) de fonctions u =f(s) algébroïdes à un nombre
fixe de branches dans un domaine D. Si, pour tous les points de ce domaine,
toutes les fondions de fa famille satisfont à l'inégalité
l«-7l><7>
Y étant un nombre que/co/ique fixe et q un nombre positif aussi fixe, cette
famille est normale. En d'autres termes, la famille est normale lorsqu'elle
admet un cercle exceptionnel quelconque fixe dans le plan u.
(') Correspondance d' '/Je/mile et de Stieltjes, t. II, lettres nos 399 el 400, p. 368;
Recherches sur tes fondions continues {Annales de la Faculté de Toulouse, t. \ III,
■ 894).
(-) Annals 0/ Mathematics, i* série, t. III, n° 1, 1901.
(:i) Sulle série di funzioni analiticlie (Rendiconti dell. R. Accad. dette Scienze
di Bologna, 1902-1903).
(4) Sur les suites infinies de fonctions [Annales de l'Ecole Normale, 3e série,
l. XXIV, 1907, p. 3o7).
(3) Sopra le série di funzioni analiliche (Rendiconti del Fi. Inst. Lombardo,
■?,' série, t. XXXVI, 1903, p. 773, et Annali di Matematica pura ed applicata,
3e série, l. X, 190:4, p. 73).
C. K., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) l4"
Il/j/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est une extension aux familles de fonctions algébroïdes dans un
domaine d'un théorème de M. Montel (voir P. Montel, travail ci-dessus cité,
19]-i P- 493et 494)-
III. Soit (f) la famille composée de toutes les fonctions u = a(z) définies
par l'équation
(5) a(z, u) — uv + A,(*)uv '+ \, (;)mv-2-h...-4-Av_! (-■)« +Av(s) = o,
o« /es A, (s), A2(js), ..., Av(s) désignent des fonctions régulières en :• = o :
M~) = «i-t- M h — >
(6;
Aj(-S) =:«.,-+- fe23 -h.
Av(~) =av+ *vs + . . .,
les coefficients a,, bn a2, b.,, ..., a,,, Z>v étant fixes, tandis que les coefjicienls
non écrits sont des paramètres variables, et supposons que les nombres bn
b.2, . . . , b,t ne soient pas tous nuls.
Si nous considérons l'ensemble (E) des valeurs u qui satisfont à l'iné-
galité
I " - y l< y.
y étant un nombre fixe diffèrent des racines de l'équation
b1.v''-' + b2x'-2 -{- ... -h 6v-i x + 6V = o
et q un nombre positif quelconque aussi fixe, il existe un cercle
(7) |*| 2, ..., /;v [et nullement des paramètres variables des séries (6)J, à l'in-
térieur duquel toute fonction de la famille ( f) ou bien prend au moins une
fois une valeur de l'ensemble (E), ou bien admet un point singulier transcen-
dant ^c'est-à-dire : elle n'est pas algébroïde dans le cercle (7) si elle n'y
prend aucune valeur de l'ensemble (E)]. Le rayon R doit satisfaire à f iné-
galité
(8) R 2 |yv+a,yv-'+ a,yv-i! + ... --t-rty-.y + a,,!3
q' |6,yv-,-h&2/'-2 + ...+ ^iyH-M
Nous en concluons qu'aucune fonction u =ffz) de la famille (f) algé-
broïde et finie dans le cercle de centre origine et de rayon plus grand
que (8) ne saurait admettre, dans ce cercle, un domaine exceptionnel du
plan u renfermant complètement dans son intérieur le cercle |m — yKy-
SÉANCE DU i4 AVRIL I9l3. 1 1/|5
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la méthode de Graeffe. Note (')
de M. (i. Polya, présentée par M. Hadamard.
La question qui fait l'objet de cette Note m'a été proposée par M. Runge,
lequel a bien voulu m'bonorer de ses conseils pendant mes recherches.
D'après la méthode de Graeffe (2), on calcule approximativement les
racines d'un polynôme, en formant successivement les équations auxquelles
satisfont les puissances 2ié,"es, 4ièmes, 8iemes, i6iémes, ... des racines du poly-
nôme proposé. On peut montrer que, par la même méthode, les valeurs
absolues des racines d'une série de puissances quelconque peuvent être
infiniment approchées.
D'une manière plus précise : soient
2,, «i, k\ est un nombre entier positif .
III. S' il y a seulement n — 1 racines à l'intérieur du cercle de convergence
(') Présentée dans la séance du 3i mars igi3.
(-) Runge, Praxis der G leichungen, 1900, p. 157-182.
n46
{de rayon p), on a
Considérons la suite
ACADEMIE DES SCIENCES.
im sup. y/| a„ i-
a, y..,. . .&.„
linn/|rt,iA. | lira\/|«5.
iimy/l a,
\\m\/\ a2j,. | lim(/|<73_/l
dans laquelle on ne considérera que les termes précédant le premier qui soit
supérieur ou égal au rayon de convergence, ou précédant le premier terme
qui devient infini. Des théorèmes précédents, on conclut que les termes de
cette suite donnent les modules de toutes les racines de l'équation
intérieures au cercle de convergence, rangées par ordre de module croissant,
chacune des racines étant ohtenue avec son ordre de multiplicité.
Ces théorèmes présentent une grande analogie avec certains théorèmes
de M. Hadamard ('), mais la méthode résultant de ces théorèmes est
entièrement différente de celle proposée par M. Hadamard pour le calcul
des modules des racines. On voit clairement les analogies et les différences
des deux méthodes en étudiant le problème suivant : Calculer les modules
des racines de f(x), étant donnés les coefficients tt, t.,, t:l, ... de la dérivée
logarithmique de f(x)
/(*)
= <,-+- l,.v -+- /j.v- + ,
La différence essentielle est la suivante : Pour calculer le produit des
n premières racines, on envisage, d'après M. Hadamard, la racine /icmo du
déterminant
'/. I 1 '/.(•> • • • l/.+n
'/ +5 'tu ■ • ■ t/t+n+1
'*■!-« h.+n+i ■ ■ ■ '/.-t-2«~i
Ce déterminant est une certaine fonction rationnelle et entière des
in — i coefficients consécutifs l/i+l, tk+î, . . . , £Ah_2„_,. Nous avons envisagé,
ank étant une certaine fonction
dans le même but, la racine A icme de «„ A,
(') Hadamard, Essai sur l'étude des fonctions données par leur développement de
Taylor {Journal de Mathématiques, i\" série, t. VIII, 1892). Voir aussi Madamaiid,
La série de Taylor (Scientia), 1901, p. 38-48 et gi-g3.
SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I l47
rationnelle el entière des n coefficients équidistanls tk, t.ik, /.,*,..., tnk.
an>k s'exprime au moyen de //,, tîk, ..., lnk comme la /i"'ue fonction symé-
trique élémentaire s'exprime au moyen des n premières sommes de
puissances, seulement tous les termes sont pris avec le signe -h.
Pour démontrer ces théorèmes, on s'appuie sur cette remarque simple,
que dans l'hypothèse du théorème I, on a
f{.r) X — «, .r — a, X—a-n
la série^yVv"-' convergeant dans un cercle du rayon plus grandi pie | %n |.
i
De cette remarque, moyennant l'égalité
on passe, par des calculs simples, aux théorèmes I, II, III. La démonstration
des réciproques, qui est le point le plus difficile dans la théorie des pôles
de M. Hadamard, ici se fait d'elle-même, les cas possibles étant peu
nombreux, et étant tous épuisés par les théorèmes I, II, III.
J'exposerai ces recherches d'une façon détaillée dans un autre Recueil.
On trouvera aussi dans ce travail quelques indications sur le calcul pra-
tique, où l'on ne considère que les valeurs de k qui sont des puissances de 2.
analyse MATHÉMATIQUE. -■ Sur les caractéristiques des systèmes d'équations
aux dérivées partielles. \ote de M. Giïntiier, présentée par M. Hadamard.
1 . Les systèmes d'équations aux dérivées partielles les plus généraux ont
été jusqu'ici abordés principalement par deux méthodes : celle de M. Riquier
et celle de M. Delassus.
La -seconde d'entre elles, exposée dans les Mémoires Extension du théo-
rème de Cauchy aux systèmes (es plus généraux d'équations aux dérivées
partielles et Sur les systèmes algébriques et leurs relations avec certains systèmes
d'équations aux dérivées partiel/es, n'embrasse pas, il est vrai, tous les cas
possibles (' ).
(,' ) Cette circonstance m'a été également signalée par M. Robinson (Baltimore).
H.
II 48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Par exemple le système
Pi00 = O, />n0= O, /)„.2n=0,
(/ 1/ ( Z* TC Y \
Où/°a,a„o(,= ) «,;".»., Ta,' ne Peut Pas être mis sous ^a forme indiquée dans
le Mémoire Extension, etc.
■ Le système
(ax->r h y -+- es)2 = o, (a'x -+• 6'j H- c'.c)2 = o,
(«œ+ by -+- cz) (a1 x + £*' y -+- c';) = o
ne peut pas être mis sous la forme indiquée dans le Mémoire Sur les sys-
tèmes, etc.
Dans mes recherches, je prends comme point de départ les systèmes S,
définis par M. Ch. Riquier au commencement du Chapitre X de son Livre :
Sur les systèmes (V équations aux dérivées partielles.
2. Supposons que
(i) ) E HAj'' " *.../>«,'.« a„, + ---=0 (i=\,2, . ..,L),
soient toutes les équations de cote n du système S prolongé, en supposant
que les cotes des fonctions inconnues «,, u3, ..., uk soient respectivement
égales à n — nt, n — n2, . . ., n — «A; soit
(2) ut= U((xu x^ .. ., xm) (1 = 1,2,...,*)
une intégrale ordinaire (au sens de M. Riquier) du système S.
Je nomme caractéristique située sur l'intégrale (2) la surface
(3) m =xm — ty(x\, .r,, . . ., a?m_!) =0,
si la fonction ^(a?,,a?a, ...-, a?m_,) est solution d'un système d'équations
aux dérivées partielles, obtenues en égalant à zéro les déterminants d'ordre k
de la matrice
(4) |?i,),Ti,), ■•■,?}*' I (' = 1,3, ■•-, L).
où
(5) api" =2(A«i'.«. *,JWÏ'W?S • • •w»i"' «, + «, + ...+ «,„= ",-;
SÉANCE DU l4 AVKIL I9l3.
n49
(d,= -r^- et (A[''si „ ) est le résultat de la substitution dans la fonction
Ag'g, B , aux u et à leurs dérivées, de leurs valeurs calculées par les équa-
tions (2).
Si l'on regarde comme données les valeurs sur la surface (3) des dérivées
des fonctions (2) ayant une cote moindre que n, les valeurs sur la surface (3)
des dérivées de cote n sont déterminées par les équations du système S
prolongé, sauf dans le cas où la surface (3) est une caractéristique.
:{. Soient
(6)
<î>, — o, *2=o,
4>T= o
les équations obtenues en égalant à zéro les déterminants d'ordre X- de la
matrice (4).
Les fonctions (6) ne sont identiquement nulles à la fois que dans le cas
où toutes les dérivées d'une des fonctions (2) sont paramétriques.
Excluons ce cas et appliquons à la discussion du système (G) la méthode
de Kronecker. Nous trouvons, en numérotant les inconnues d'une façon
convenable, que le système ((i) est vérifié par la fonction
'"1= £l(W|, us, . . ., w,„)
ou par les fonctions
U,l = S, M;,. . ., w„). «j— (J>s(w3! w*,- • -, w„),
ou, en général, parles fonctions
(7) r>>i=^i(ws+i, w.v+2- • • -, w««) (1= 1, a s |.
4. Le système (7), dans lequel co,= -r— 5 est complet, si le rang de la
matrice
dx,
(8)
, ^-, est égal à *
La détermination des valeurs, sur la surface (3) du genre s, des dérivées
de cote n des fonctions (2), dépend de l'intégration d'un système d'équa-
tions aux dérivées partielles à une inconnue, du premier ordre, composé de
s équations.
6. Ce dernier système est complet, si le nombre s est égal à un certain
nombre cr, complètement déterminé par le système S, l'intégrale (2) et la
surface (3).
7. Si s = ° Le phénomène de la réflexion des rayons de Rôntgen s'observe éga-
lement avec des miroirs cristallins métalliques, par exemple sur une face
de bismuth.
(j° Après 2 heures de pose, rien n'apparaît comme image réfléchie si l'on
tente l'expérience dans les mêmes conditions avec un plan optique de
verre (flint).
(') Si l'on fait varier l'incidence, en maintenant fi\e le plan d'incidence, les ellipses
presque circulaires s'élargissent ou se rétrécissent.
Comptes rendus, t. 150.
Note de M. tle Broglie.
PI. 1.
Fig.
Réflexion sur une face cubique de sel
gemme, incidence de 80°; la tache de
gauche est due au rayon incident qui
a traversé le cristal, fia tache de droite
est la tache de réflexion ordinaire.
Disposition analogue à la précédente; la
moitié de gauche est due au faisceau
transmis, la moitié de droite au faisceau
réfléchi.
Fig. 5.
Réflexion sur une face octaédrique de
la face magnétite. Deux systèmes de
franges dans les taches.
Fig. 3. — FI me
Même disposition que les figures 1 et 2,
mais le plan d'incidence, toujours
perpendiculaiie à une face du cube
est incliné sur les autres, ellet ana-
logue à celui qu'on observe en diri-
geant sous le même angle un faisceau
de lumière ordinaire sur un réseau
croisé à mailles cariées de 5f de côté.
Les figures 1, 2,3, 4, 5 ne reproduisent pas les images plu* faibles, nous bien \ i - i I >l es sur les plaques et qui rappellent
également par leurs dispositions les images de réflexion et de diffraction que présentent les réseaux croisés pour des
incidences rasantes.
l'ig. 4. — Sel gemme.
Disposition analogue à la figure 3.
Trois franges dans les faisceaux
réfléchis.
Dans les figures 1, 2, 3, 4. 5 la
plaque est perpendiculaire au
rayon réfléchi et située à 41"™
du cristal.
Kig u.
Taches de transmission de la magnétite.
Dispositif de Laue, franges dans toutes les taches; rayon incident parallèle à un axe ternaire.
11 .)',.
SÉANCE DU l4 AVRIL 1 9 1 3 . Il5f>
• 70 Peut-être les cristaux fortement réfringents comme le diamant, la
wullénite sont-ils susceptibles de donner des images de réflexion sous des
incidences moins rasantes que les autres; cela pourrait expliquer certains
résultats des premières expériences de M. Laue.
8e La disposition des images, dans les figures 1 à 5 (complétées par les
taches plus faibles et plus éloignées qui sont visibles sur les clichés, mais
ne figurent pas sur la planche ci-jointe), présente une analogie frappante
avec les spectres fournis par la lumière ordinaire tombant à incidence
presque rasante sur un réseau croisé à mailles carrées (5^).
PHYSIQUE. — Sur la variation de résistance électrique du sélénium irradié par
" les rayons X et les rayons du radium. Note de M. H. (îuilleminot, pré-
sentée par M. P. Villard.
L'étude de Faction des rayons X et des rayons du radium sur la résis-
tance du sélénium a déjà donné lieu à de nombreux travaux. Les recherches
que je poursuis depuis plus d'un an sur ce sujet, me paraissent avoir apporté
quelques résultats intéressants.
Mon dispositif expérimental consiste en un pont de Wheatstone fait
de ioooo" dans chacune des branches supérieures et d'une résistance réglable
de 35oooow dans l'une des inférieures. La cellule de sélénium placée dans
la quatrième branche est de la construction Ancel; elle mesure o/m\ Elle
est protégée par une feuille de mica que j'ai recouverte de deux feuilles de
papier aiguille rigoureusement opaques à la lumière, et d'un volet de plomb
de iom d'épaisseur, s'ouvrant à volonté. Le galvanomètre est un Chauvin
et Arnoux à miroir, dont l'échelle est à 85em.
J'ai dressé un Tableau des chutes de résistance correspondant aux degrés de dé-
viation de l'index, pour chaque résistance initiale, en mettant à la place de la cellule
de sélénium une boîte de résistances portée successivement à des résistances initiales
de iooooow, 1 ioooo10, . . ., 3ooooow, et dans chacun de ces cas j'ai abaissé la résistance
de ioooM, 200ow, ..., iooooM en observant les déviations du galvanomètre.
J'ai dressé des courbes dans lesquelles les résistances initiales sont portées en
abscisses, les déviations en ordonnées. .Chaque courbe correspond à une chute de
résistance donnée de iooow en iooow, de ow à iooooow. Il est facile ainsi de convertir,
à simple lecture, les déviations en chute ohmique, connaissant la résistance initiale.
La cellule de sélénium que j'ai en expérience varie de résistance avec la tempé-
rature dans les proportions suivantes : de 33oooo'° à 3° centigrades, elle passe
à 254ooow à io° environ; à 200000'0 à i5°; à i5oooow à 20°, etc. Ces variations se
font très lentement et la cellule est toujours longue à se mettre en équilibre avec la
température ambiante. Elle est d'ailleurs fixée dans une boîte en bois. Par contre,
1 1 56
ACADEMIE DES SCIENCES.
elle est d'une sensibilité remarquable à des variations minimes de température. La
présence d'une personne dans le laboratoire suffit pour diminuer la résistance. Aussi
ne peut-on obtenir la fixité absolue, mais seulement un régime de variation constant
et facile à déterminer par une observation préalable de 5 minutes, précédant chaque
expérience.
La cellule varie aussi de résistance avec le voltage; ainsi la résistance qui, à i8°,
sous 4 volts est de i67ooow, passe à 177000'° sous i volt, et n'est plus que de i4SoooM
sous io volts, uSooo'" sous 20 volts, etc. Mais j'ai toujours opéré sous le voltage
constant de 4 volts aux bornes du pont, et quand, par le fait même des chutes de résis-
tance dues à l'irradiation, le voltage aux bornes de la cellule subit une variation,
cette variation n'est que de l'ordre du centième de volt (il passe de 3,87 volts
à 3,8o volts par exemple, quand la résistance passe de 3ooooow à 190000"), ce qui
n'entraîne qu'une erreur de quelques centaines d'ohms au maximum.
Voici comment j'opère pour étudier l'action des rayons X et des rayons
du radium. Durant 5 minutes, j'observe avant chaque expérience le
régime de variation de la cellule. Si, du fait des variations thermomé-
triques, la résistance varie de plus de aSo6' par minute, j'ajourne l'expé-
rience. Au-dessous de zSo1", j'apporte une correction dans les résultats.
Ensuite, je soumets la cellule à l'action du rayonnement durant 4 minutes.
Le Tableau suivant indique les chutes de résistance, en fonction du
temps, données par un rayonnement X moyen (n° 5 à 7, Benoist), quand
son intensité est de une unité Dît mesurée par mon procédé fluoroscopique
de comparaison avec un étalon de radium (').
Cliute de résistance en fonction du temps.
R. initiale. 15".
ta
i4oooo io5oo
1 56 000 11 600
160000 12 800
170000 14 100
180000 i5 600
190000 17 4oo
200000 19000
210000 21 ooo
220000 22 5oo
23oOOO .) i I 00
240 000 20 800
260000 27 5oo
30'.
45*.
1'».
1-30*.
Om
2-30-.
u10.
3-30'.
4».
ai
tû
(0
Cl)
Cl)
tû
a)
ta
Cl
i5ooo
180OO
20 000
22 tOO
23 200
24000
243oo
24700
23 OOO
16 800
20 5oo
23 OOO
25 200
26 5oo
27 5oo
28 IOO
28 5 00
2g 000
18 5oo
23 200
26 100
28 400
29S00
3i 000
3 1 800
3s3oo
32 900
20 5oo
26 OOO
2g3oo
32 200
34000
35 5oo
36 5oo
37 000
37 4oo
23 000
29OOO
32700
3ÔOOO
38 000
4oooo
4 1 000
42000
42 5oo
2,5 200
32 000
35 900
3g 5oo
42 3oo
44 5oo
46000
47000
47 5oo
27 800
34 5oo
39000
43 5oo
46 8oo
4g 000
5o5oo
5i 800
52 200
29900
37000
42 000
47 000
Sogoo
53 5oo
55 100
56 5oo
57400
32 000
3g 000
45ooo
.") 1 000
55 000
58ooo
60000
61 3oo
62 200
34 200
42 000
48 100
55 000
5g4oo
62 5co
648oo
66 100
67 200
36 5oo
445oo
5i 000
5g 000
64 000
67 200
6g 2oû
7 1 0 00
72 200
38 800
47 000
54 200
62 800
68000
7 1 5oo
74ooo
75 3oo
77 000
( ' ) En valeur absolue, c'est Tint en si té du rayonnement qui, pgiss; nt r.oimaJf n.tnl
sur la solution cliloi ofoi mique d'iodol'orme à 2 pour 100 de Freund-Bordier, et suivant
1"" de surface et r'm de profondeur, libère ife'.io"8 d'iode en un temps égal à
1 seconde.
SÉANCE DU l(\ AVRIL I yl3. 1137
Ces chiffres m'ont permis de dresser les courbes caractéristiques de
l'unité de rayonnement pour chaque résistance initiale. J'ai fait les mêmes
mesures pour des rayonnements de o31I,5, o3K, 25, etc., et pour le rayon-
nement du radium.
Il est difficile de conserver un tube à rayons X à l'état stable. C'est à
l'aide du tube Villard que j'ai pu obtenir une constance suffisante pour
établir mes moyennes; en général, les tubes varient d'une façon assez no-
table au cours des quatre premières minutes de fonctionnement.
J'ai utilisé ces résultats : i° pour apprécier précisément le degré de con-
stance des tubes; 2" pour des mesures radiom étriqués plus précises que
celles données par la fluoroniétrie; 3° pour le calcul de l'absorption par les
filtres.
chimie minérale. — Réduction de la magnésie par i aluminium.
Note de M. Camille Matignon, présentée par M. H. Le Chatelier.
J'ai établi qu'un système chimique constitué par des corps solides peut
toujours évoluer dans un autre système équivalent, sous la seule influence
d'une température convenable, pourvu que le dernier système contienne un
ou plusieurs gaz. Ce fait est d'ailleurs indépendant du signe thermique de
la réaction, la chaleur intervenant seulement en signe et en quantité, pour
décider si la réaction est réversible ou non ( ' ).
Il y a là, comme on le voit, une analogie avec le phénomène physique de
la sublimation, analogie seulement partielle, car ici le phénomène est
toujours réversible. Tout corps solide suffisamment chauffe peut théori-
quement être amené à l'état de vapeur. Bien entendu, si le corps se détruit
avant d'atteindre la température où la vaporisation est manifeste, l'émission
de vapeur se trouvera masquée.
De même, dans le cas envisagé, il faudra nécessairement qu'aucun des
corps constituants des systèmes initial et final ne se décompose avant
d'atteindre la température nécessaire à la transformation.
Par conséquent, au point de vue pratique, la réaction sera effectivement
réalisable si les deux systèmes sont formés par des corps suffisamment
stables et réfraclaires pour permettre d'atteindre la région de possibilité de
(') G. Matignon, Conditions de possibilité de certaines réactions formant des
systèmes monovariants {Annales de Chimie, 8e série, t. XIV, 1908, p. 3i ).
I l58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la transformation, avec cette condition primordiale que le système final
seul contienne des termes gazeux.
Considérons le système MgO-f-- Al2 équivalent au système - A1203 -+- Mg
MgO + iM-- = iAliOî+ Mg — i5c<",4.
La réaction, à partir des corps solides, est certainement impossible, comme cela
résulte de son endothermicité jointe à sa symétrie; mais à température convenable le
magnésium devient gazeux alors que les autres corps sont réfractaires et non volatils.
(Le fait que l'aluminium devient liquide ne change rien à la règle énoncée au début),
de plus l'endoihermicilé n'est pas bien élevée, de sorte qu'il apparaît comme probable
que, dans les régions de température où le magnésium est volatil et les autres corps
sans émission de vapeur, il sera possible de manifester la transformation.
Remarquons d'abord qu'une réaction secondaire probable, l'union de la magnésie
avec l'alumine formée, aurait pour effet de diminuer encore la valeur absolue de la
quantité thermique. La réaction deviendrait alors
| MgO + i A1« = I (Àl»0»MgO) + Mgïap - 57<"',.
£
en tenant compte de la chaleur de vaporisation de la molécule de magnésium, Mg.
évaluée approximativement à 42Cal et de la chaleur s résultant de l'union de l'alumine
et de la magnésie.
Ces considérations m'ont engagé à essayer la réduction de la magnésie
par l'aluminium, quoiqu'il parût bien établi que cetle réduction soit
impossible. En effet, dans l'élégante métallurgie de Goldsclimidt, la réduc-
tion des oxydes métalliques de chrome, de manganèse, etc., s'effectue dans
des appareils brasqués en magnésie, seule matière réfraclairë économique
n'intervenant pas dans la réaction. Quoique les réactions aluminolher-
miques, par suite de leur grande exothermicilé et de leur vitesse notable,
réalisent souvent des températures fort élevées, on n'a jamais constaté
jusqu'ici la réduction des parois en magnésie.
J'ai pu cependant mettre facilement celte réduction en évidence.
La poudre d'aluminium, débarrassée des matières grasses qui la souillent, par des
lavages répétés à la benzine et à l'étirer, est mêlée intimement avec de la magnésie
lourde dans les proportions de MgO -t- 5 AI- ; le mélange est comprimé en pastilles qui
sont placées dans un tube en acier chauffé lui-même dans un tube en porcelaine. Les
pastilles, logées au fond du tube d'acier, sont dans la légion la plus chaude, tandis
que l'extrémité ouverte du même tube aboutit à une extrémité froide. On évite ainsi
l'action des vapeurs réductrices sur les parois du tube de porcelaine. Pendant l'opé-
SÉANCE DU i/j AVRIL iç)l3. I 1 5p
ration, le vide est maintenu dans l'appareil. Dans ces conditions, l'aluminium réduit
facilement la magnésie à la température de 12000, le magnésium mis en liberté vient
se déposer en magnifiques cristaux, dans les régions froides du tube d'acier. La réduc-
tion commence d'ailleurs bien au-dessous de cette température, mais avec une vitesse
fort ralentie. La transformation est pratiquement complète; par exemple, un mélange
initial contenant 62, 5o pour 100 de magnésie n'en renfermait plus que 18 pour 100
après réaction.
Cette nouvelle réaction de l'aluminium constitue une véritable méthode de prépara-
tion du magnésium, su-ceptible de concurrencer la méthode éleclrolytique, la seule
en usage actuellement. En efiet cette réduction est commode, elle fournit un rende-
ment théorique sans arrêt de la réduction à l'aluminale de magnésie et, d'autre part,
La métallurgie électrique de l'aluminium se fait avec un bien meilleur rendement que
celle du magnésium.
CHIMIE ORGANIQUE. Formation de matières humiques par action de
polypeptides sur les sucres. Note de M. L.-C. Maillard, présentée par
M. Armand Gautier.
La facilité avec laquelle j'ai pu reproduire les matières humiques natu-
relles par réaction des acides aminés sur les sucres réducteurs ('), m'a
conduit à me demander si un phénomène du même genre ne s'observerait
pas avec les polypeptides. L'action des acides aminés sur les sucres repose
en effet sur la présence, dans leur molécule, d'un groupe NJi2 capable de
réagir avec la fonction aldéhydique ou cétonique des sucres, et d'un groupe
carboxyle dont la scission se traduit par un dégagement de CO2. Or la
chaîne des polypeptides, quelle que soit sa longueur, se termine toujours
par deux extrémités libres NH2 et COOH : il est intéressant de savoir si
les groupements intermédiaires empêchent, ou non, cette molécule de réagir
à la façon d'un simple acide aminé. J'ai pris d'abord un dipeptide, la
gfycyl- glycine H2N.CH-.CO - NH.CH2.COOH, dont les échantillons,
contrôlés purs, provenaient de l'hydrolyse partielle de la cyclo-glycyl-
glycine obtenue par ma méthode (2).
Xylose et glycyl-glycine. — La remarquable sensibilité du xylose, que j'ai signalée
déjà vis-à-vis des aminoacides simples, se retrouve ici. Dans un petit vase
maintenu à 7.5°, on place os, 5 de glycyl-glycine, 2ï de xylose, et 3-4cm' d'eau. Au
bout de 10 minutes, la coloration jaune est déjà bien nette; elle est forte après
i5 minutes, presque brune après 20 minutes, d'un brun noir opaque après 23 minutes.
(') Comptes rendus, t. loi, 8 janvier 1912, p. 66; et t. 155, 23 décembre 1912,
p. i5"4.
(2) Comptes rendus, t. 153, 27 novembre 191 1, p. 1078.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) l4^
Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Après i heure 5o minutes, on observe déjà de fines bulles de CO2 dans la masse, qui
au bout de 2 heures est abondamment vacuolisée. Les phénomènes se poursuivent
comme dans le cas du glycocolle; au bout de quelques heures on voit s'insolubiliser
une partie du produit, qui se transforme tout entier en une masse de pellicules inso-
lubles si on le maintient sur le bain-marie pendant 2 ou 3 jours en renouvelant la
petite quantité d'eau lorsqu'il est nécessaire.
La matière brune ainsi formée se comporte exactement comme celle qui dérive
du glycocolle; insoluble dans l'eau bouillante et les solutions acides, elle se dissout
partiellement dans la potasse et dans l'ammoniaque; la neutralisation des solutions
alcalines précipite des flocons bruns. La matière se dissout dans l'acide sulfurique
concentré, lentement à froid, rapidement à chaud : la solution sulfurique, d'un brun
noir, régénère la matière en flocons noirâtres lorsqu'on la verse dans un excès d'eau.
La réaction se produit aussi à température plus basse, bien qu'avec plus de lenteur:
à 4o°, il faut environ 24 heures pour donner au mélange la coloration brun foncé;
à 34°, environ 4o heures sont nécessaires.
Glucose et glycyl-glycine. — Avec le glucose se produisent les mêmes phénomènes
qu'avec le xylose, bien que plus lentement, l'expérience étant d'ailleurs disposée de
la même façon. A 75°, il faut environ 20 minutes pour obtenir une légère coloration
jaune, 5o minutes pour arriver au brun opaque; le dégagement de CO'2 estbien net au
bout de 2 heures. Après 3 à 4 jours, la masse est tout entière insolubilisée et présente
les mêmes caractères que celle qui dérive du xylose, ou que celle qui résulte de l'action
du glycocolle sur le glucose. Pour arriver au maximum de coloration brune, avant
dégagement de CO2, il faut environ (\0 heures à 4o°, 80 heures à 34°-
En résumé, les phénomènes, dans le cas de la glycyl-glycine, se pour-
suivent exactement comme dans le cas du glycocolle et des acides aminés
libres, à la vitesse près. L'exemple du dipeptide choisi montre qu'on
peut rencontrer des polypeptides capables d'intervenir, à la façon des
aminoacides eux-mêmes, dans la genèse des matières humiques. La voie
étant ainsi ouverte, il suffira de multiplier des essais très simples pour savoir
jusqu'où s'étend cette propriété dans le domaine des polypeptides et des
matières protéiques.
Provisoirement, j'ai étudié trois échantillons de peptones commerciales,
qui tous ont manifesté la même propriété : une peptone de Wilte, une
peptone d'albumine, une peptone granulée dont le mode de préparation
n'est pas indiqué. Celle-ci était la plus active : à 1 io°, il suffisait de 45 mi-
nutes en présence du xylose, et de 1 heure i5 minutes environ en présence
du glucose, pour obtenir le dégagement de CO2 dans la masse brune
opaque. Les autres peptones agissaient moins rapidement, mais de la même
façon. Ces expériences n'auraient d'ailleurs une valeur définitive que si
nous connaissions les espèces chimiques qui composent les peptones, et si
nous étions sûrs qu'elles ne renferment pas d'acides aminés libres.
SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. I l6l
MINÉRALOGIE. — Sur le polymorphisme de la codéine, de la thébaïne, de la
narcotine et sur un nouveau type de sphérolile. Note de M. Paul Gaubert,
transmise par M. A. Lacroix.
La narcotine, la codéine, la thébaïne et quelques autres alcaloïdes
extraits de l'opium peuvent être surfondues, devenir solides sans cristal-
liser et conserver l'état vitreux plusieurs jours et même plusieurs mois. Ils
sont tous polymorphes et fournissent un excellent exemple du fait connu
depuis longtemps que la surfusion et la sursaturation sont en général plus
facilement réalisées avec les substances polymorphes qu'avec celles qui ne
présentent qu'une forme cristalline. Dans celte Note, je vais m'occuper seu-
lement de la codéine, de la thébaïne et de la narcotine.
Les observations ont été faites sur une lame de verre et les préparations
recouvertes d'une lamelle couvre-objet ont été chauffées sur le bloc
Maquenne.
Codéine. — Les cristaux de codéine anhydre se produisant au-dessus de 6o° environ
sont les seuls stables à toutes les températures et appartiennent à la forme décrite par
Arzruni, c'est-à-dire qu'ils sont rhombiques et hémiédriques (forme ce).
A la température ordinaire, il se forme des sphérolites à accroissement extrême-
ment lent et dont l'enroulement dextrogyre (') se fait autour de l'indice moyen n,„.
Le pas de l'hélice est très régulier et c'est ng qui est la bissectrice aiguë (forme (3).
Vers /4O0, il se produit encore des sphérolites à enroulement hélicoïdal dextrogyre
autour de l'indice moyen, mais ils diffèrent de ceux de la forme (3 par le pas de l'hélice
qui y est deux fois plus petit et par la largeur relative des anneaux correspondant aux.
deux sortes de bissectrices, par suite de l'écartement plus faible des axes optiques
( forme y).
De 45° à 6o°, il peut se produire deux sortes de sphérolites enroulés autour de
l'indice ne, mais, dans les uns, le pas de l'hélice est très grand et l'enroulement est
dextrogyre et, dans les autres, le pas de l'hélice est pelit et l'enroulement est lévo-
gyre. Je désigne ces deux formes ô et e.
Les intervalles de température correspondant à la formation de ces diverses formes
ne sont pas très fixes, probablement à cause de la présence d'impuretés. Ainsi à 45°,
on peut obtenir les formes y, à et e sur la même préparation.
(') Pour la définition du sens de l'enroulement, voir Fiiéd. Wallerant, Bull, de
la Soc. franc, de Miner., t. XXX, 1907, p. 43. Pour déterminer ce sens, j'ai employé
la grande platine de Fedorofl. La direction du déplacement des anneaux, lorsque la
platine bascule autour de l'axe faisant 45° avec la section principale des niçois, indique
le mode d'enroulement.
IIÔ2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Toutes ces formes enroulées sont stables à la température ordinaire et peuvent per-
sister indéfiniment les unes à côté des autres. Vers ioo°, elles commencent à passer à
la forme stable x. Parfois, par suite de l'orientation des particules de cette dernière
sur celle des particules instables, les sphérolites de la forme (3 restent transparents,
conservent leur structure, mais leur biréfringence est modifiée. Avec les formes <5 et S,
l'enroulement disparaît, mais l'allongement optique des fibres reste positif.
Thébaïne. — La thébaïne fondue et refroidie sur une lame de verre donne des cris-
taux stables biaxes et très réfringents. Quand la substance est tout à fait visqueuse, il
peut se produire des sphérolites appartenant à la même forme et à fibres très larges
montrant un enroulement dexlrogvre à très grand pas d'hélice (forme a).
A la température ordinaire, la cristallisation peut reprendre, mais très lentement,
et il se forme alors des sphérolites instables à enroulement et à anneaux très serrés,
moins biréfringents que ceux de la forme en. Ils passent à la forme stable quand on les
chauffe (thébaïne |3).
Vers 700, apparaissent de très beaux sphérolites à larges anneaux et dont l'enroule-
ment dextrogyre se fait autour de l'indice ng; ils appartiennent très probablement à
la forme précédente.
Dans les préparations de thébaïne, il peut se produire à la température ordinaire,
dans les parties vitreuses, des formations très intéressantes. Des fibres isolés appar-
tenant à la forme (3 tournent autour d'un axe de manière à constituer une hélice à un
nombre de pas plus ou moins élevé (jusqu'à i5). L'édifice peut être comparé à un
goupillon à crins servant à nettover les tubes. L'ensemble correspond à une fibre
radiale d'un sphérolite à enroulement hélicoïdal ; mais alors que dans cette dernière
l'élément qui tourne est invisible et correspond probablement à la particule cristalline,
ici il est représenté par une fibrille et même par un cristal. On a un fait semblable, mais
avec un enroulement beaucoup plus complet, à celui présenté par les cristaux tordus de
quartz du Valais, étudiés par M. Tschermak.
Narcoline. — La narcotine, refroidie au*dessus de 8o°, donne des cristaux isolés ou
des sphérolites simples (forme a) et, à la température ordinaire, des sphérolites à
enroulement et instables (forme (3).
Entre 5o° et 8o° il se produit une forme instable (y) donnant des sphérolites cons-
tituant un type nouveau. Ils sont transparents, incolores (') à fibres invisibles, très
réguliers et, ce qui est caractéristique, leur biréfringence s'élève graduellement du
centre à la périphérie, comme si l'épaisseur de la préparation allait en augmentant.
L'étude optique de ces sphérolites montre que l'orientation des particules cristal-
lines varie d'une façon continue sur une même fibre radiale. Au centre, un axe optique
est presque perpendiculaire à la préparation et cet axe s'incline de plus en plus à
mesure qu'on va vers la périphérie. Il ne m'a pas été possible de voir si les particules,
après avoir présenté une biréfringence maximum, s'orientent de manière à présenter
la biréfringence qu'elles possèdent au centre des sphérolites, ces derniers étant trop
petits.
(') Les sphérolites à enroulement hélicoïdal sont bleus par réflexion, surtout
lorsque le pas de l'hélice est très petit.
SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I 1 63
On voit donc que les composés étudiés sont intéressants non seulement
par leur polymorphisme (codéine, 5 formes cristallines; narcotine, 3;
thébaïne, 2), mais aussi par les formations sphérolitiques curieuses qu'ils
présentent.
MINÉRALOGIE. — La cêlestine des terrains sédimentaires. Note
de M. L. Coi.i.ot, transmise par M. A. Lacroix.
Lorsque la cêlestine et la barytine ont été signalées dans les terrains
sédimentaires, c'est à l'état de cristaux plus ou moins volumineux, de vei-
nules, de concrétions, qu'on a volontiers attribués à des apports de sources
minérales, qui dénotent tout au moins une remise en mouvement et une
concentration très marquées de ces substances ('). Il n'en est pas de même
du cas que j'ai à présenter aujourd'hui. Il s'agit ici de cristaux submicro-
scopiques disséminés dans la pâte d'un calcaire compacte, faisant donc
partie intégrante de la roche.
Au point 748m à partir de la tête nord du tunnel du Mont-d'Or (ligne de
Frosne à Vallorbe), les travaux, qui avaient traversé des plis couchés vers
le nord, d'infra-crélacé et de molasse miocène, se sont trouvés dans les
couches de Purbeck.
Celles-ci, par suite des mouvements orogéniques, sont réduites en une brèche de
blocs calcaires englobés dans une masse argileuse, représentant le produit de la rup-
ture et du mélange des bancs. Un de ces blocs, d'apparence crayeuse, d'un gris très
clair, montre des traînées irrégulières, en gros parallèles à la stratification, de points
sombres. Ceux-ci, isolés par l'acide chlorhydi ique, ont formé un sable très fin, gris et
brillant. Avec une bonne loupe on y distingue des cristaux atteignant au plus imm,5
de longueur su romm, a5 de largeur. [Is paraissent appartenir au type VI de M. A. Lacroix
{Minéralogie de la France). Ils fournissent nettement les réactions de la cêlestine. Les
uns sont transparents, d'autres ont la surface couverte d'un enduit cristallin de pyrite.
J'ai retrouvé le même calcaire à cêlestine dans le Purbeck voisin de
l'entrée sud du tunnel de Labergement.
Enfin dans les matériaux sortis de la carrière souterraine de gypse pur-
beckiens au nord-est de Dampierre, dans la plaine de Pontarlier, j'ai ren-
(') La cêlestine des caillasses du Lulétien de Paris, qui offriraient quelque analogie
par la dissémination et la petitesse de ses cristaux avec ceux que je signale ici, est
encore dans un agrégat très cristallin provenant de l'épigénie du gypse, avec quartz et
fluorine (A. Lacroix, Minéralogie de la France, t. IV, p. 120).
Il64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
contré des agrégats de cristaux de célesline, avec de la marne, du calcaire
crayeux à corbicules, du calcaire fibreux, du gypse grenu blanc, du quartz
calcédonieux à grains de pyrite épigénisée en limonite.
Ces agrégats forment, de petites plaquettes irrégulières, à la surface desquelles
pointent assez nettement des cristaux d'environ imm,5 sur omm,33. Leur forme domi-
nante paraît être «2 (102 ), allongée suivant a. Ici il doit y avoir eu concentration posté-
rieure de la célestine qui était si finement disséminée dans les calcaires précédents.
L'attribution d'une origine purement sédimentaire, par l'eau salée, à
notre célestine, se trouve en harmonie avec les faits révélés par les sondages
sous-marins : le strontium, de même que le baryum, se rencontre dans
l'argile rouge des grands fonds (').
Je profite de cette Note pour dire que les cristaux un peu oblitérés, épi-
génisés en calcite, existant à la surface des ammonites pyriteuses de la zone
à Am. Renggeri du Jura, doivent être rapportés à la célestine. Je les avais,
par analogie avec les ammonites calloviennes et aptiennes de la Provence,
attribués à la barytine (2). Depuis lors, j'ai étudié des échantillons moins
altérés, qui m'ont donné nettement les réactions de la célestine. Quelques
ammonites et une térébratule prises au même niveau, à Arc-sous-Montenot
(Doubs), ont même montré dans leur intérieur de la célestine inaltérée,
largement clivable et avec faces brillantes. L'ébullition avec les carbonate
et sulfate de potasse (3) n'a pas laissé de résidu appréciable pouvant donner
la réaction du baryum. Dans les concrétions quartzeusesdu même horizon,
à Palente, près Besançon, ce sont encore des cristaux de célestine qui sont
confusément englobés.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur V évolution des principes minéraux et de l'azote
chez quelques plantes annuelles. Note de M. G. André, présentée par
M. A. Gautier.
Dans deux publications récentes {Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 1627
et 1817), j'ai montré que l'orge, cultivée dans un bon sol arable, ne per-
dait, au cours de sa végétation, jusqu'à l'époque de la maturité complète,
ni azote, ni phosphore, ni soufre, ni chaux, ni magnésie, mais que les
(') Golett, Les Dépôts marins, p. 3o4.
(-) Goulot, Comptes rendus, 20 nov. 1900.
(3) A. Lachoix, Minéralogie de la France, t. IV, p. 55.
SÉANCE DU i4 AVRIL I9l3. I 1 65
alcalis seuls, potasse et soude, subissaient, entre l'époque de la floraison et
celle de la maturation, un déchet notable.
Cette éliminalion des bases alcalines chez les céréales est d'ailleurs un
fait connu depuis longtemps et généralement accepté.
J'ai poursuivi la recherche de l'évolution des principes minéraux chez
trois plantes annuelles : la spergule (Spergu/a arçensis), le lin (Lînum usila-
lissimum) et la caméline (Camelina saliva), appartenant à trois familles dif-
férentes, en vue d'examiner si ces principes allaient toujours en croissant
jusqu'à la maturité complète du végétal ou si quelques-uns d'entre eux
éprouvaient, à une époque donnée, une diminution qui fût imputable à un
retour des éléments de la plante vers le sol. Or, tous les éléments miné-
raux, ainsi que l'azote total, chez les trois végétaux étudiés ici, ont sans
cesse augmenté de poids jusqu'à maturité complète, sous les quelques
réserves formulées ci-après.
I. La spergule a été semée le 4 avril 191 2; le semis a été éclairci lorsque
les plantes avaient atteint un certain degré de développement, de façon à
laisser entre chaque sujet une distance de 10™ environ. L'expérience a été
poursuivie jusqu'au 29 juillet, époque à laquelle la fructification était
complète. Les plantes étaient encore vertes, elles ne portaient plus de
fleurs et la plupart de leurs graines étaient arrivées à maturité; quelques-
unes étaient déjà tombées. Voici les époques auxquelles ont été effectués
les prélèvements : I, 29 mai, plante entière, début de la flomison chez
quelques pieds; II, i/j juin, floraison générale, début de la fructification
chez quelques sujets; III, 28 juin, fructification, quelques pieds portent
encore des fleurs; IV, i5 juillet, fructification, plus de fleurs; V, 29 juillet,
fructification complète.
Les prélèvements comportaient de 3oo à 5oo plantes; le Tableau ci-après
se rapporte à 100 sujets séchés à 1 io°. Les initiales R. et P. A. signifient
Racines et Parties aériennes (liges, feuilles, inflorescences).
Il ressort de l'examen de ces chiffres que les poids de la matière sèche, de
l'azote total, des éléments minéraux P, S, Ca, Mg, K, Na ont augmenté
régulièrement jusqu'à la fin de la végétation active de la plante. Il est pos-
sible que, à une époque ultérieure où la plante se serait desséchée sur
place, certains de ces éléments eussent fait retour au sol, soit par voie
d'excrétion, soit par chute d'organes; mais rien de semblable ne parait
s'être produit pendant le cours normal de la maturation du végétal consi-
déré.
Il66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Poids Phosphore Soufre
île matière Cendres Azote (calculé (calculé
à 110°. totales. total. enPO'U'). en SO3). Ca O. MgO. K:0. Na!0.
e s s c . e „ R s s e
I. Plante totale.. 28,79 6,749 ',307 o,45o 0,159 o,8i4 o,4'5 2,o55 0,182
I R 8 , 3 1 1,190 0,092 0,075 o,o38 '0,082 0,067 °>'95 0,026
II. ) P. A (65,45 20,102 1,881 i,538 0,876 2,068 j ,356 5,658 o,66r
f Total.. 173,76 21,292 ',97s i,6i3 0,914 2,i5o i,4i3 5,853 0,687
! R 10, 58 i,383 0,075 o,o5i 6,042 0,111 o,o83 0,1 g5 0,026
III. ' P. A 276,00 23,349 2,787 ',738 ',io4 2,842 2, a63 7,728 1 , 1 3 1
( Total.. 286,58 24,732 2,862 ',789 i,'46 2,9.53 2,346 7.923 1 , 1 57
( R 11,06 0,975 0,070 0,022 0,02.5 0,10g 0,073 0,202 o,o43
IV. 5 P. A 474, 4i 43,455 5,171 2,324 i,6i3 5,36o 2,704 12,002 i,i38
( Total.. 485,47 44,43o 5,244 2,346 1 ,638 5,46g 2,777 12,204 1,181
(R 19,80 3,to4 0,184 0,0.57 0,057 °,2°9 0,188 0,267 0,148
V. ) P. A 683,7.5 59,417 8,34' 2,529 1,777 8,2o5 4,786 14,016 i,5o4
( Total.. 7o3,55 62,521 8,52.5 2,586 1 ,834 8,4i4 4,974 '4,283 i,652
II. J'ai choisi en second lieu le lin, en raison de sa végétation et de sa
fructification très rapides. Les prélèvements de ce végétal, semé au mois de
mars 1912, ont eu lieu au\ époques suivantes:
I, 29 mai, plante totale, non encore en fleurs; II, il\ juin, début de la
floraison; III, 28 juin, début de la fructification, jaunissement des feuilles
inférieures; IV, i5 juillet, fructification complète, plus de fleurs, chute de
nombreuses feuilles; V, 29 juillet, fruits mûrs, tiges encore vertes, chute
presque totale des feuilles.
Dans 100 pieds de lin sèches à 1100 :
Poids Phosphore Soufre
de matière Cendres Azote (calculé (calculé
4 110°. totales. total. cnPO'H1). en SO3). CaO. MgO. KJ0. Na20.
8 8 _ S S S S g ■' g S
I. Plante totale. . . 6,83 o,685 0,171 0,047 o,o52 o,ii3 0,029 0,210 0,027
l R . . .' 2,7.56 0,174 0,019 0,006 0,007 0,017 0,007 o,o3o 0,009
H. ' P. A 2i,5-o i,645 0,322 o,i38 o,i3i o,256 0,073 0,487 o,o45
( Total... 2.4,326 1,819 o,35i o,i44 o,i38 0,273 0,080 0,517 o,o54
R 4,449 °j'97 0,02.5 0,008 o,oo5 o,023 0,007 o,o36 0,007
III. <" P. A 46,35o 2,655 0,625 0,278 0,254 o,4gi 0,166 0,741 0,106
Total... 50,799 2,852 o,65o 0,286 o,25g o,5i4 0,173 °,777 0,1 i3
R 6,37.5 o,38o 0,000 0,011 o,oi5 o,o35 0,008 0,042 0,012
IV. \ P. A 76,0.50 3,802 1 ,o4g 0,517 o,4o3 0,722 0,266 o,g35 0,121
Total... 82,225 4, '82 >,°79 0,528 o,4'8 0,757 0,274 °,977 o,i33
R 7,64 ii, 680 o,o35 0,010 0,020 o,o43 o,oi3 o,o4g o,oo4
V. \ P. A 83,74 3,475 1,222 o,544 o,2g3 0,619 o,25i 0,887 °,I75
Total... 9i,38 4, '55 1,267 0,554 o,3i3 0,662 0,264 0,936 Oî'79
SÉANCE DU l4 AVRIL IC)l3. 1167
Jusqu'à la date du i5 juillet, c'est-à-dire à une époque où elle était encore
munie de toutes ses feuilles, la plante a augmenté régulièrement de poids
sec; ses éléments fondamentaux n'ont subi aucune perte. Entre le i5 et
le 29 juillet, par suite de la chute des feuilles, le soufre total, la chaux, la
magnésie et la potasse ont éprouvé des pertes plus ou moins notables, alors
que les poids de l'azote et du phosphore continuaient à augmenter. On peut
donc admettre que, tant que la plante est demeurée à peu près intacte et
n'a pas perdu d'organes par dessiccation, les éléments minéraux fonda-
mentaux n'ont cessé de s'accroître.
III. La caméline était en pleine fructification dès le 28 juin, et, jusqu'à
cette époque, les matières salines et l'azote avaient subi un accroissement
régulier. Je ne puis, faute de place, donner ici le Tableau de la composition
de cette plante. Au delà du 28 juin, et pendant la maturation des fruits, la
plante s'est dépouillée complètement de ses feuilles. Elle s'est desséchée et
ses graines se sont éparpillées sur le sol.
BOTANIQUE. — Bouturage comparé de vignes greffées et franches de pied.
Note de M. F. Iîaco, présentée par M. Gaston Bonnier.
J'ai montré, dans une précédente Note ('), combien le greffage a, chez
certains ceps, modifié diverses vignes landaises dans leurs caractères spéci-
fiques, au sens général du mot. Poursuivant mes recherches, je me suis
proposé de voir si les variations ainsi obtenues se maintenaient ou s'accen-
tuaient par bouturage et si elles étaient accompagnées de changements
dans le racinage.
En 1910, j'avais remarqué, dans un de mes champs d'expériences de
Bélus (Landes), chez le Baroque et le Mourvèdre x Rupestris 1202, des
variations sur quelques ceps. Ces ceps, associés au moyen de la greffe
mixte, présentaient avec le franc de pied les différences suivantes :
(') F. Haco, Sur des variations de vignes greffées {Comptes rendus, i5 février
i909)-
C. R., iç)i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 15.) I 49
II 68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Baroque franc. Baroque greiïon. 1202 sujet. 1202 franc.
Feuilles jeunes colorées Feuilles jeunes colorées Feuilles jeunes colorées Feuilles jeunes colorées
en vert pâle, foncé au en vert clair, rouge au en rouge violacé clair. en rouge violacé,
pourtour du limbe. pourtour du limbe.
Feuilles adultes, de cou- Feuilles adultes, de cou- Feuilles adultes, de cou- Feuilles adultes, de cou-
leur vert terne, ont leur leur vert mat, ont leur leur vert brillant, ont leur leur vert foncé brillant, ont
face supérieure gaufrée et face supérieure peu gau- face supérieure lisse et leur face supérieure lisse
leur face inférieure pu- fiée et leur face inférieure leur face inférieure glabre et leur face inférieure
bescente; à l'automne, mi-pubescente; à l'an- avec poils aux nervures; à glabre ; à l'automne, elles
elles prennent une teinte tomne, elles prennent une l'automne, elles prennent prennent une teinte rou-
assez uniforme; les pé- teinte jaune avec taches une teinte ocreuse; les pé- geâtre; les pétioles sont
tioles sont vert clair. vertes; les pétioles sont tioles sont rouge vineux rouge vineux.
rouge violacé clair. clair.
Rameaux et vrilles co- Rameaux et vrilles co- Rameaux et vrilles co- Rameaux et vrilles co-
lorés en vert clair. lorés en rouge vineux. lorésen rougevineuxassez lorés en rouge vineux très
intense. intense.
Végétation de vigueur Végétation de vigueur Végétation très vigou- Végétation très vigou-
moyenne peu ramifiée. surmo\enne bien rami- reuse ramifiée. reuse très ramifiée.
fiée.
Défoliation assez tar- Défoliation bien tar- Défoliation tardive. Défoliationassezhàti.ve.
dive. dive.
Résistance bonne au Résistance élevée au Résistance élevée au Résistance très élevée
mildew. mildew. mildew. au mildew.
Greffé sur d'autres sujets, le Baroque présentait aussi des modifications
variables : sur iS^", on remarquait., mais avec moins d'intensité, les mêmes
anomalies que sur 1202 au regard du feuillage et des teintes, mais la végé-
tation, plus vigoureuse, était peu ramifiée, et supérieure se montrait la
résistance au mildew ; sur Rupestris du Lot, les changements intéressaient
surtout la grosseur et la ramification des rameaux, la hâtivelé de la défo-
liation et la diminution dans la résistance au mildew ; sur 33oq, on retrou-
vait des modifications analogues à celles de Baroque sur Rupestris du Lot,
avec en plus une coloration des pampres rappelant celle constatée chez le
Baroque sur 1202 ; sur toi14, la végétation était très ramifiée et la défolia-
tion hâtive, malgré une résistance bien élevée au mildew.
Le 10 février 1911, j'ai prélevé 10 boutures aussi comparables que
possible sur chaque cep des huit types signalés. Je les ai placées séparément
en bonne terre, meuble et homogène, à la même profondeur. Je les ai
laissées en terre pendant 2 ans, sans leur donner d'autres soins que des
sarclages et les traitements anlicryptoga iniques nécessaires pour les main-
tenir en bonne santé; ces soins ont été donnés d'une façon uniforme. J'ai
pu constater, principalement en 1912, et notamment le 28 août et le
SÉANCE DU \l\ AVRIL iqi3. I 169
20 octobre de cette année, que les caractères acquis à la suite de la greffe
se sont maintenus, en particulier les colorations, le port, la vigueur, la
défoliation, la résistance au mildew. Après l'arrachage, le 28 janvier 191 3,
j'ai encore constaté que l'appareil végétatif souterrain avait subi le contre-
coup des variations de l'appareil aérien. Les plants provenant- des ceps
greffés présentaient avec ceux issus des francs de pied les différences
suivantes :
Baroque de franc de pied. — Racines plongeantes (35"), charnues avec radicelle?.
Baroque de 1202. — Racines mi-plongeantes (55°), charnues et assez riches en
radicelles.
J202 de Baroque. — Racines traçantes (700), bien charnues avec radicelles.
1202 de franc de pied. — Racines mi-plongeantes (55°), bien charnues et riches en
radicelles.
m
Baroque de 1.57". — Racines mi-traçantes (6o°), charnues et riches en radicelles.
Baroque de Rupestris du Lot. — Racines mi-plongeantes ( 5o°), très charnues et bien
riches en radicelles.
Baroque de 33og. — Racines mi- traçantes (65° 1. charnues et bien riches en radicelles.
Baroque de 101 u. — Racines mi-plongeantes (55°), mi-charnues et riches en radi-
celles.
On peut conclure de ces essais que, chez le Baroque et le 1202 greffés à
Bélus, et aussi que chez ce Vinifera greffé sur i5~", Rupestris du Lot,
33og et ioi'*, certaines variations spécifiques causées par le greffage se
sont montrées héréditaires par bouturage et que les modifications de l'ap-
pareil végétatif aérien ont été accompagnées d'importantes variations
spécifiques dans le racinage.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Téléphone physiologique intensif. Note
de M. Jules Glover, présentée par M. d'Arsonval.
Ce n'est, pas par son intensité propre que le courant agit sur i aimant récep-
teur clans le téléphone, mais bien par ses variations.
Il y a lieu, pour la sensibilisation précise de Y oreille interne et l'impression
parfaite des centres auditifs, de chercher à multiplier ces conditions de varia-
tion autant que les vibrations aériennes de la voix le permettent .
Mais multiplier les conditions de variation autant que les vibrations
aériennes de la voix le permettent ne consistera pas à multiplier le nombre
II70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des microphones ou encore à rendre un certain nombre de microphones
plus ou moins sensibles aux diverses intensités vocales par tension différente
des membranes vibrantes.
Ceci ne donnerait qu'une multiplication des mêmes périodes d'oscillations
sonores.
Multiplier les conditions de variation exige ici qu'on utilise pour l'oreille
les variations d'action de la dynamique vocale, nasale, d'une part, buccale
de l'autre, car alors se trouvent parallèlement engendrées des variations
du courant microphonique de deux ordres, grâce à la dissociation des deux
principaux timbres vocaux effectués par le fonctionnement vocal du voile
du palais (').
Une condition physiologique essentielle s'impose donc dans la construc-
tion de l'appareil. 11 faut que l'action dynamique vocale soit dissociée au
moment même de l'émission vocale pour être doublement mise à profit au
point de vue électromagnétique et d'une façon différente pour le nez et la
bouche. Ainsi, l'appréciation de la valeur dynamique de chaque élément
sonore du langage, suivant les divers accents, sera effectuée par les micro-
phones transmetteurs et perçue par l'oreille au niveau des microphones
récepteurs.
Toute la voix sera utilisée dans l'élaboration des phénomènes électro-
magnétiques, alors qu'à l'heure actuelle presque une moitié de la voix est
inutilisée.
Le fait peut expérimentalement être vérifié par l'enregistrement photo-
graphique de l'intensité des variations du courant microphonique à l'aide
de l'oscillographe, et aussi par l'examen complémentaire des buées vocales
et leur fixation sur des plaques de gélatine bichromatée. Les tracés, les
empreintes sont différents pour le nez et la bouche, suivant lu hauteur, pour
une même for/nation verbale.
Jusqu'ici, c'est surtout sur la construction plus ou moins minutieuse des
microphones en vue de leur sensibilité électromagnétique, sur les régimes
et les canalisations électriques, sur l'automatisme que les perfectionnements
ont porté, mais non sur l'application méthodique de l'élude physiologique
raisonnée, de la voix à la téléphonie.
En se basant sur les considérations physiologiques qui précèdent, on
peut réaliser un appareil permettant d'obtenir une amplification sonore
considérable, une netteté extrême de la voix particulièrement précieuse
(') J. Gloveii, Fonction vocale du voile du palais {Comptes rendus, 27 mars 191 1 ) .
SÉANCE DU l4 AVRIL IO,l3. I171
dans les transmissions à très longue distance et transocéaniques. Cet appa-
reil évitera le fatigant travail mental, qui consiste à deviner souvent dans
la conversation téléphonique les vibrations absentes.
Description de l'appareil. — L'appareil, dans son ensemble, se résume à une simple
colonne portative supportant le crochet commutateur avec son combiné, formé de
deux microphones transmetteurs ou de deux groupes de microphones transmetteurs
de sensibilité différente pour le nez et la bouche et du récepteur.
L'ensemble est fixé aux deux extrémités d'un manche.
Les microphones sont utilisés ici directement en primaire, sans pile d'appel, sans
pile de conversation, sans bobine d'induction. Et ils fonctionnent parfaitement sous
le régime de la batterie centrale intégrale, sous un courant de a4 volts et plus encore,
ainsi que sous tout autre régime électrique.
Ils peuvent aussi fonctionner parfaitement du reste sous un voltage moindre. La
résistance uniforme des microphones forme dans l'ensemble un total de l5o ohms.
Elle varie avec le nombre de microphones. On peut supprimer la bobine d'induction,
car les variations d'intensité du courant dues aux vibrations de la voix sont suffisam-
ment accentuées dans le circuit de ligne.
Toutefois la transmission semble amplifiée un peu avec la bobine. Enfin l'appareil
comporte une sonnerie polarisée et un condensateur, qui est celui de la sonnerie.
L'hygiène peut être assurée dans les postes fixes publics par un dérouleur automa-
tique de papier fin, qui permet d'interposer chaque fois ce papier fin entre les micro-
phones, le nez et la bouche pour chaque communication.
En somme, ce perfectionnement physiologique du téléphoné peut s'ap-
pliquer soit au régime actuel, soit au régime de la batterie centrale, système
pour lequel l'énergie électrique utilisée à la fois en vue des transmissions
vocales et des appels visuels et de supervision est pour le réseau tout entier
produite par une batterie d'accumulateurs placée dans le bureau central et
maintenue à un voltage donné.
Il n'est pas impossible que ce perfectionnement puisse être appliqué avec
intérêt à la téléphonie sans fil.
ANATOMIE. — Théorie mathématique de la loi géométrique de la surface
du corps humain de dimensions proportionnelles quelconques. Note (')
de M. lî. floussY, présentée par M. d'Arsonval.
Dans deux précédentes Notes (2) j'ai proposé une méthode expérimentale
très pratique pour mesurer la surface de la peau de l'homme. Elle
consistait :
(') Présentée dans la séance du 17 mars 1 91 3.
('') Comptes rendus, t. 145, p. i3g, et t. 153, p. 2o5.
II 72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
i° A relever, avec soin, les périmètres des parties alternativement les
plus renflées et les plus rêlrècies de son corps et à diviser leur somme, L, par
leur nombre, n, pour avoir le périmètre moyen expérimental, P'" :
(i) P«=-;
n
20 A déterminer la hauteur périphérique moyenne totale, H^(, suivant le
procédé indiqué {Comptes rendus, 17 juillet 191 1).
La surface totale, S, du corps est alors donnée par la formule
(2) S = P'"xllJ,,
La surface ainsi obtenue est inférieure de 1 à 1,5 pour 100 à la surface
réelle relevée directement, au moyen du revêtement de mousseline, selon le
procédé de contrôle indiqué (Comptes rendus, ier juillet 1907).
La part d'erreur qui revient à H£, relevé directement, ne peut être que
très minime.
Cette part d'erreur revient, presque entièrement, à l'insuffisance de P'",
insuffisance qui, multipliée par H^(, toujours beaucoup plus grande que P'",
donne une erreur de surface sensiblement plus étendue que ne le ferait
celle qui pourrait être contenue dans H''ir
Il était nécessaire de préciser la valeur de cette insuffisance de P"', de
même que de contrôler, avec toute la précision possible, la surface obtenue
au moyen du revêtement de mousseline.
La théorie mathématique de la surface du corps humain, faite aussi rigou-
reusement que possible, permettait seule d'atteindre l'un et l'autre but,
avec certitude.
Ayant relevé, avec le plus grand soin, les hauteurs verticale et périphé-
rie] 11e ou latérale moyenne de chacun des 26 segments plus ou moins coniques,
limités par les périmètres déjà relevés sur les parties alternativement les
plus renflées et les plus rétrécies de ce corps, il devient possible de faire,
avec toutes ces mesures, une construction géométrique qui en représente la
forme abstraite, comme l'indique la figure ci-contre.
Cette construction est formée de 2(j troncs de cône parfaits. Mais on peut
la réduire à 17, en fusionnant, séparément, les membres supérieurs et les
membres inférieurs.
Quoi qu'il en soit, V étude géométrique de l'une ou de l'autre construction
permet de faire la théorie mathématique de sa surface latérale, qui corres-
pond à celle du corps humain, de même que la théorie de son périmètre
SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. II 73
moyen total, qui nous serviront de termes de comparaison pour contrôler
les surfaces obtenues avec la formule S = P'"x H^, on avec le revêtement
de mousseline, ainsi que pour apprécier l'erreur contenue dans P'".
Convenons que a représente l'apothème de chaque tronc de cône,/? son
t^I=ra
périmètre moyen, S la surface latérale totale des ?.G troncs de cône, etu leur
périmètre moyen total exact.
Remarquons que Sa est exactement égal à H^.
La surface latérale de chaque tronc de cône étant égale kpa, la surface
totale, S, des 26 troncs sera donnée par l'équation
(3)
S = 2/>(7.
Ce premier calcul nous permet d'établir que la surface ainsi obtenue est,
presque rigoureusement, égale à celle relevée directement , dans mes expé-
riences, par le revêtement de mousseline, surface qui se trouve consé-
quemment contrôlée et confirmée. Et vice versa.
La formule (3) est la seule qui soit vraiment exacte. Malheureusement
son emploi exige beaucoup trop de temps et est, de ce fait, peu pratique.
Reste à dégager la valeur du périmètre moyen total des 26 troncs de cône,
périmètre que nous avons convenu de désigner par tc.
Cette valeur nous sera donnée par l'équation
(4)
D/'rt
Elle peut être considérée, en un certain sens, comme un périmètre moyen
et, à ce titre, rapprochée de Pm.
1174 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Elle est bien une moyenne de tous les périmètres moyens, mais chacun
d'eux est affecté d'un coefficient proportionnel au nombre n de centimètres
contenus dans l'apothème correspondant.
Dans ces conditions nous aurons l'équation
(5) «=fi.
Au contraire, Pm n'est que la moyenne brute, des périmètres des deux
bases de tous les troncs de cône dont la somme, L, a été divisée par leur
nombre, n, comme l'indique l'équation (i) : P'" = -•
Mais, bien que Pm et it soient différents, leurs valeurs numériques sont
presque égales.
L'expérience démontre, en effet, que, pour l'organisme humain norma-
lement proportionné, ayant, par exemple, i,n de hauteur verticale et
if)2cm,32 de hauteur périphérique moyenne (les membres inférieurs et
supérieurs semblables ayant été fusionnés, séparément, en un seul), la
longueur tc est de 47cm,64i, alors que celle de P'" n'est que de 46cm,68o,.
Cette différence de ocm,o,52 explique l'erreur de i à i,5 pour ioo en
moins sur la surface réelle qui est, presque exactement, de 72dm\
Il est évident que cette différence de 1 cm vient de ce qu'il n'a pas été tenu
compte, pour calculer P'", contrairement à ce qui a été fait pour le calcul
de ti, des différences des longueurs des périmètres et des apothèmes.
Quoi qu'il en soit, on arrive ainsi à démontrer que la loi expérimentale
S = P'" x H£( approche, de très près, la vraie loi géométrique S = t; X -«,
égale à Zpa.
Il est permis d'espérer que ce rapprochement s'accentuera encore en
perfectionnant la méthode expérimentale et surtout son maniement.
La connaissance de P'" et de tc a, pour moi, une grande importance,
parce que je lui fais jouer un rôle fondamental dans des recherches
connexes en cours d'exécution.
Lasurface du corps humain devant être, selon moi, avec au moins autant
de raison que la taille, le poids, le volume, etc., considérée comme une des
bases les plus fondamentales de son anatomie et de sa physiologie, j'ai
estimé qu'on ne saurait trop s'attacher à son élude et à la précision de sa
connaissance.
SÉANCE DU l4 AVRIL 10,l3. II75
biologie générale. — Microzymas, coccolithes, vacuolides. Note
de M. Raphaël Dubois, présentée par M. Hênneguy.
Dans un Livre récent ('), M. H. Grasset a avancé ([ne les organites élé-
mentaires du bioprotéon, que j'ai appelés vacuolides et dont, depuis fort
longtemps, j'ai décrit la structure intime et le fonctionnement comparables
à ceux des leucites (2), correspondent aux microzymas de Béchamp.
Dans le carbonate de chaux préparé par précipitation, on ne trouve rien
qui puisse être comparé aux vacuolides, mais Béchamp a dit que ce produit
ne renfermait pas de microzymas. 11 n'en est plus de même dans les diffé-
rents échantillons de craie que j'ai examinés. J'y ai trouvé toujours, el en
grande abondance, des corpuscules arrondis ou ovoïdes présentant au centre
une vacuole.
La plupart de ces microéléments organisés ne dépassent pas le volume de nos
vacuolides. Ils ne se dissolvent pas dans l'acide acétique dilué, qui permet, au con-
traire, de les isoler de la masse crayeuse. Cela n'est d'ailleurs pas nécessaire pour les
observer : il suffit de délayer dans l'eau une petile parcelle d'un bâton de craie, d'en
laisser sécher une goutte sur le porte-objet, puis d'ajouler une goutte de xylol et
ensuite du baume du Canada, pour obtenir une préparation moulée. Mais, contraire-
rement à mes vacuolides, qui se colorent par la méthode préconisée parHegaud pour
la coloration des milochondries, ces petits organites ne prennent pas la coloration
caractéristique de cette réaction. Je n'ai pu d'ailleurs les colorer par aucun des réac-
tifs usuels. Cependant l'éosine, en certains points, paraît avoir pénétré dans la vacuole
et teinté légèrement son contenu, parfois granuleux.
La partie périphérique semble creusée de canalicules extrêmement fins. La forme
de ces corpuscules est généralement arrondie et parfois ovoïde.
Au mois de novembre dernier, j'ai soumis mes préparations à l'examen
de M. le professeur Cayeux, du Collège de France, qui s'est occupé très
spécialement de la craie, et il a reconnu dans ces organites des corpuscules
décrits déjà sous le nom de coccolithes .
En raison de leur extrême abondance dans la craie, et, bien qu'ils ne
(') Elude historique et critique sur la génération spontanée et l 'hétéro génie,
p. 173. Champion, édit.; Paris, 1912.
(2) Les vacuolides de la purpurase et la théorie vacuolidaire {Comptes rendus,
t. 153, 1911, p. 1007, et Eight international Congress of applied Chemistry, t. XIX,
P- 9')-
C. R., 19.3, V Semestre. (T. 156, N° 15.) ' 5o
II7<> ACADÉMIE DES SCIENCES.
soient pas eux-mêmes composés de carbonate de chaux, tout au moins
exclusivement, nous pensons qu'ils ont joué un rôle prépondérant dans la
formation de cette roche, et que peut-être ils dérivent d'organismes plus
élevés, comme les vacuolides et les mitochondries peuvent provenir de la
désagrégation des tissus de tous les organismes végétaux ou animaux.
Une étude plus approfondie permettra probablement de se prononcer
exactement sur la véritable nature de ces coccolithes.
Toutefois, dès h présent, je dois déclarer que par certains côtés (colora-
lion, aspect microscopique), ces coccolithes s'éloignent des vacuolides.
Cela ne veut pas dire qu'elles soient incapahles de provoquer (peut-être par
catalyse, à la manière de certains corps poreux) des actions fermentatives,
comme Ta dit Béchamp; nos recherches sous ce rapport ne sont pas ter-
minées ( ' ).
Mais c'est en vain que nous avons cherché à faire multiplier les cocco-
lithes par les procédés de culture les plus divers employés pour les ferments
figurés, les microbes, etc. Ce n'est point une raison pour affirmer (contrai-
rement à l'opinion de Béchamp pour les microzymâ crelœ) que ces orga-
nites ne sont pas vivants, puisque je considère les macrozymases de la
purpurase, de la luciférase, et, en général, toutes les zymases, comme
quelque chose d'encore vivant, et que d'ailleurs on ne peut pas dire où
commence et où finit la vie (2). En tout cas, elles ne se reproduisent pas et
ne sont pas assimilables aux microbes et aux ferments figurés.
Conclusions. — On trouve dans la craie des organites (corpuscules orga-
nisés) qui, sous certains rapports, ressemblent aux organites élémentaires
du bioprotéon que j'ai appelés vacuolides. Mais cela est insuffisant pour
permettre d'assimiler les vacuolides, d'une part, et les coccolithes, d'autre
part, aux microzymas de Béchamp, cet auteur n'ayant donné aucune des-
cription morphologique du microzymâ cretœ, qu'il considérait comme
typique.
(') Remarque. — Il esl à noter, dès à présent, que nous avons acquis la certitude
que l'emploi de la craie administrée par voie stomacale a une action très différente et
beaucoup plu-> favorable sur la digestion que le carbonate de chaux obtenu par précipi-
tation.
('-) Voir Les microbioïdes {Comptes rendus, t. 153, 6 novembre 191 1, p. 900).
SÉANCE DU l4 AVRIL IC,l3. I 177
médecine. — Quelques propriétés du virus trachomateux. L 'immunité dans
le trachome. Note de M. Cdari.es Nicoi.le, A. Cuknod et L. Bi.aizot,
présentée par M. Roux.
Nous avons montré dans une Note précédente (Comptes rendus, 16 juil-
let 1912) la grande commodité que présente le magot d'Algérie (ftlacacus
inuus) dans les recherches sur le trachome. Sa sensibilité, manifestement
inférieure à celle du chimpanzé, est cependant suffisante pour l'étude expé-
rimentale.
Action de la chaleur sur le virus trachomateux :
Deux, magots sont inoculés avec un virus (' ) chauffé à 5o° pendant 3o minutes, l'ino-
culation est faite à l'œil droit par injection intraconjonctivale, au gauche par scari-
fications : résultat négatif. Témoin un autre magol, inoculé de même, avec le même
virus non chauffé : trachome typique, plus précoce ( i4e jour) et plus grave à l'œil
gauche.
Le virus trachomateux est détruit par un chauffage de 3o minutes à 5o°.
Action de la glycérine :
Le virus de quatre malades est mélangé; puis additionné d'un volume égal de glycé-
rine et conservé à la glacière pendant 7 jours, au bout desquels on le broie, puis
on l'inocule par scarifications à un indigène aveugle. Celui-ci présente des lésions
classiques, après une incubation particulièrement longue (27 jours).
Le virus trachomateux se conserve sept jours dans la glycérine; mais ce
délai paraît une limite.
Immunité conférée au magot par une première atteinte expérimentale :
Le trachome non traité de l'homme offre une durée désespérément
longue, indélinie souvent; chez le magot, il guérit complètement après 1 à
3 mois; il est donc possible d'étudier les conditions de l'immunisation chez
ce singe, ce qui parait très difficile chez l'homme.
(') Sauf indication contraire, nous appelons ici virus le produit broyé du curetage
des conjonctives. Nous nous sommes toujours adressés à des cas typiques, non
traités.
H7# ACADÉMIE DES SCIENCES.
Expérience I. — Un magot, inoculé aux quatre paupières, présente un trachome
qui évolue en 2 mois et demi. 6 mois plus tard, il est réinoculé de même : résultat
négatif. Pas de témoin.
Expérience II. — Les magots G et ï sont contaminés par le dépôt de larme»
infectantes sur leurs conjonctives scarifiées : trachome léger, durant 1 mois chez T,
2 mois chez G. Deuxième inoculation aux deux mêmes singes 1 mois après la gué-
rison de G, avec le virus, par scarifications : résultat négatif. Troisième inoculation
à T, 2 mois et demi après la seconde : résultat nul. Témoin, pour les deuxième et
troisième inoculations, le magot dont l'observation suit.
Expérience III. — Un magot, infecté avec succès par l'inoculation du virus filtré,
présente encore quelques granulations en voie d'atrophie; lorsqu'on pratique sur lui
une deuxième inoculation avec le même virus qu'aux magots G et T, il montre à la
suite un trachome classique, plus marqué que le premier. 2 mois et demi plus tard,
avant la complète guérison, troisième inoculation virulente (en même temps que le
magot T) : troisième trachome, plus intense, laissant à la suite de légers traclus cica-
triciels. (C'est la première fois que nous observons chez le magot ce mode de termi-
naison, ordinaire chez l'homme.)
Une première atteinte expérimentale paraît conférer au magot une immu-
nité vis à-vis de l'inoculation d'épreuve, à condition toutefois que celle-ci soit
pratiquée après guérison totale; sinon, il semble qu'il y ait plutôt sensibi-
lisation.
Essais d'immunisation préventive du magot et du chimpanzé par inoculation
intraveineuse du virus :
Expérience I. — Un magot reçoit, pendant une période de i5 jours, à 3 jours
d'intervalle, cinq inoculations intraveineuses de virus brové, dilué dans l'eau physio-
logique et centrifugé (virus d'un ou deux malades chaque fois). Il est éprouvé
56 jours plus tard, par inoculation de deux virus mélangés (intraconjonclivale à
droite, scarifications à gauche) : résultat négatif. Témoin, le même magot que pour
l'expérience de chauffage à 5o°.
Expérience 11. — Un chimpanzé reçoit une inoculation intraveineuse unique de
virus, il est éprouvé 1 4 jours plus tard et contracte un trachome typique. (Celle
expérience n'es! pas comparable à la précédente, en raison de la plus grande sensi-
bilité du chimpanzé et de la non-répétition chez lui des inoculations préventives.)
Il semble (pi 'il soit possible, par des inoculations intraveineuses et répétées de
virus, d'immuniser le magot contre l'inoculation conjonctivale. Il serait témé-
raire de conclure du magot à l'homme.
SÉANCE DU l4 AVRIL !Ql3. II79
Essais de traitement du trachome de l'homme par les inoculations intra-
veineuses OU SOUS-CON.IONCTIVALES DE virus :
L'inoculation intraveineuse du virus trachomateux broyé, dilué dans
l'eau physiologique et centrifugé est inoffensive pour l'homme sain; elle
n'est suivie d'aucune réaction générale ou conjonctivale (deux essais).
Dix trachomateux, atteints gravement, ont reçu de une à quatre injec-
tions intraveineuses de virus (auto- ou liétérovirus) à 7 jours d'intervalle,
et une centaine une injection sous-conjonctivale unique de leur propre
virus après curetage; des améliorations notables, souvent rapides, parfois
durables, ont été obtenues chez plusieurs malades, mais, fréquemment
aussi, il y a eu des récidives plus ou moins éloignées.
Les inoculations intraveineuses sont les plus actives, leur pratique
presque impossible en raison de la difficulté d'obtenir un matériel suffisant.
L'inoculation sous-conjonctivale au malade de son propre virus après
broyage (combinée au curetage qu'elle nécessite) nous parait à conseiller;
elle est inoffensive; il faudrait la répéter.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Remplacement du zinc par l uranium clans la culture
de /'Aspergillus niger. Note de M. Charles Lepierre, présentée par
M. Armand Gautier.
Dans deux Notes récentes ('), j'ai montré qu'on peut remplacer le zinc,
dans le liquide Raulin, par le cadmium et le glucinium, et que l'on obtient
ainsi, pour certaines doses, des récoltes de mêmes poids que celles que
fournit le milieu zincique.
L'uranium jouit des mêmes propriétés. L'étude de cet clément présentait
de l'intérêt, car il a fait récemment l'objet de recherches biologiques; c'est
ainsi que M. Stoklasa (2) reconnaît que les sels d'uranium augmentent la
production de certaines plantes. MM. Agulhon et Sazerac (-) établissent
que l'uranium et ses sels favorisent la formation du pigment bleu du bacille
pyocyanique. Enfin M. Becquerel (- ) établit que les sels d'uranium pro-
duisent chez le bacitlus tuberculi une excitation des fonctions assimilatrices.
J'ai étudié le remplacement intégral du zinc par l'uranium, et parallè-
(') Comptes rendus, 20 janvier 1 9 1 3 el 3 février 19 1 3 .
(2) Comptes rendus, i3 janvier 1 9 1 3.
I 180 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lement l'action de l'uranium en présence du zinc, afin de vérifier, dans ce
dernier cas, s'il y avait augmentation de poids ou assimilation plus rapide,
comme dans les expériences des auteurs cités.
La technique que j'ai suivie est la même que dans les expériences du cad-
mium et du glucinium. J'emploie le nitrate d'uranium U02(N03)26H20.
à l'état pur en solution titrée (2,10/1 parties de ce sel correspondent à
1 partie d'uranium métallique).
Le Tableau suivant résume les résultats :
Uranium, — Poids des récoltes pour 5ooc'"' de liquide, température 34°.
Cristallisoirs en porcelaine. Erlenmeyer.
rémoins sans zinc ni uranium 4>2o(4j.) 3 , 70 3,4i 6,00
zi,lcseulT-U7rT^(') 7.9o (4 j) 7.82 6,53 7,20
I Uranium (') ^ o o o 0.0
3,75 8,65 6,10 5,54 7,60
IU UOO
10 0 0 00
et \ t
KTTïnrj™) \ _±_ 3i.50 8,20 6,3o 5,82 7,52
,«00,00 2>9° 7.7° 7>l5 5>52 7.^7
2 jours ri jours 5 jours G jours lojours
S g g S g g
Uranium seul (') j-jîjfj o o o o o o
3,i2 7,55 3,45 6,27 4>45 6,
ôooo ' " " J '
>■> ~^-, 2,90 7,56 4,12 8,18 4,35 6,62
» soo'ooo 3,o3 7,40 3,90 7,85 3,92 6,90
,„„'„„„ 2,70 5,6i 3,85 8,06 4,i4 7,3o
» ! 3,17 6,22 4j20 7,72 4>24 7i'Q
» ! 2,80 6,65 4,oi 8,o5 3,88 7,10
I 0,111 llll II > > f > / !
0 ! 2,52 7,34 3,76 8,02 3,l6 7,25
1 0 1100 00O ' / » ■» > / . . > / '
4 jours 11 jours 5 jours i s jours 6 jours 12 jours
Uranium seul. — On voit que : i" Le poids des cultures est normal si la
dose de culture est inférieure à^; si la dose d'uranium est de 7^ la
plante ne pousse plus. Pour les doses indiquées de (j^ à 10 ou'0 ouo) le maxi-
mum de poids n'est atteint qu'après 10 à 12 jours; il y a donc retard,
comme dans le cas du glucinium ;
20 L'a plante sporule si la dose d'uranium ne dépasse pas )0'00 ; -^~
empêche souvent la sporulation et la culture est glaireuse, bien qu'ayant
atteint le poids maximum.
(') Calculé en métal.
SÉANCE DU \(\ AVRIL IO,l3. Il8l
L'analyse démontre facilement que l'uranium est fixé par la plante; il
suffit, après lavage à fond et dessiccation, de brûleries récoltes dans une
capsule de platine, dissoudre les. cendres dans l'acide nitrique et recher-
cher, après filtralion et concentration, l'uranium par ses réactions, entre
autres par le ferrocyanure de potassium ou par la réaction colorée de
M. Aloy (carbonate de potassium et eau oxygénée).
Uranium el zinc. — Dans les liquides zinciques, additionnés d'uranium,
Y Aspergillus ne pousse pas plus vite que dans les milieux renfermant seu-
lement du zinc; on observe même un retard très net; l'assimilation n'est
donc pas accélérée par la présence de l'uranium. Quelques jours après, la
plante atteint, toutefois, le poids maximum. La sporulation a lieu norma-
lement tant que la dose d'uranium né dépasse pas j^ à ,„'„„„. L'uranium
est également fixé par la plante.
En résumé, l'uranium remplace parfaitement le zinc dans le milieu
Kaulin, et joue comme lui un rôle remarquable, bien que moins intense,
dans la rapide croissance de V Aspergillus niger.
chimie BIOLOGIQUE. — Nouvelles recherches sur un ferment des ci ns amers.
Note de E. Voisexkt, présentée par M. Armand Gautier.
Dans de précédentes Communications ('), j'ai mis en évidence la for-
mation d'acroléine dans la maladie de l'amertume des vins el montré qu'une
espèce pure, retirée d'un vin amer, cultivée en présence de glycérine,
donne rapidement naissance à de l'acroléine et à la production de l'amer-
tume.
En poursuivant celle élude, j'ai constaté que ce ferment ensemencé
depuis i5 mois, dans les différents vins, stériles, naturels ou privés en
parlie de leur alcool, s'est développé dans plusieurs de ces liquides, quel-
quefois même assez rapidement, et qu'il y présente les caractères morpho-
logiques du ferment des vins amers : tous les échantillons favorables à la
culture renferment de l'acroléine; les acidités volatile et fixe sont
augmentées; la matière colorante est en partie altérée et précipitée, et
certains possèdent une saveur amère plus ou moins prononcée.
Ce bacille, que je dénommerai Haciltus amaracrylus, suffit donc à pro-
(') Comptes rendus, t. 150, igio, p. 1 G 1 4 ; t. loi» '910, p. 5 18 ; t. 153, 1911,
p. 363, 898.
I182 ACADÉMIE DES SCIENCES.
duire la maladie de l'amertume des vins, avec ses caractères organo-
leptiques, microscopiques et chimiques.
Parmi les substances fermentescibles, il porte son action sur la glycérine
qu'il transforme partiellement en acroléine, aldéhyde particulièrement
instable, à métamorphoses variées : il en résulte, en outre, d'autres produits
d'analyse et des produits de synthèse parmi lesquels se trouvent les gaz
carbonique et hydrogène, l'alcool èthylique, les acides volatils, formique,
acétique, acrylique, un acide insoluble dans l'eau, fusible vers i5°, qui est
vraisemblablement l'acide caprylique ; enfin des acides fixes, lactique et
succinique.
Il consomme rapidement la mannite et les sucres; il agit modérément sur
la dextrine et ne fait pas fermenter l'érythrite, la dulcite et l'amidon.
La fermentation des sucres, saccharose, lactose, maltose, glucose, lévu-
lose, galactose, est complète en présence du carbonate de chaux : les
saccharoses ne paraissent pas être préalablement dédoublés par le ferment;
en particulier, pendant toute la durée de la fermentation, la solution de
sucre de canne ne réduit pas la liqueur de Fehling.
Parmi les produits de transformation de la mannite et des sucres, on
retrouve ceux donnés par la glycérine, sauf l'acroléine et ses dérivés.
chimie physiologique. — Préparation du fibrinogène par dialyse sur
sirop de saccharose. Note de MM. Piettke et A. Vii.a, présentée
par M. E. Roux.
On obtient la matière « fibrinogène » du sang par le procédé de
Hammarsten en recevant le sang dans une solution de sels neutres, puis
en ajoutant au plasma un égal volume de solution saturée de chlorure de
sodium.
A partir de semblable plasma, nous préparons le fibrinogène en déminé-
ralisant au contraire ce plasma par dialyse sur sirop de sucre.
I. La dialyse sucrée comprend deux opérations, l'une sur sirop de sucre
etd'autre sur eau distillée. Ces opérations ont pour effets respectifs : une
déminéralisation et concentration simultanées, d'une part; d'autre part,
restitution du volume primitif du plasma. Suivant les matériaux mis en
œuvre, ce double effet devra être réitéré une ou plusieurs fois.
Le sirop de saccharose que nous avons adopté, entre autres sucres, a les
SÉANCE DU \l\ AVRIL IO,l3. I 1 83
avantages de Ma grande pureté du produit commercial et de la densité
élevée (i,38o) de la solution réalisée, densité supérieure à celle de la gly-
cérine (1,270).
Des sacs de collodion (Borrel-Malfilano) ayant subi ou non la dénitration indiquée
par MM. J. Duclaux et A. Hamelin ('), sont cliargés du plasma à traiter et plongés
dans des éprouvettes contenant le sirop de densité sus-indiquée.
Après un contact de 8 à to heures environ, il s'établit un équilibre osmotique entre
les deux liquides de l'appareil. On retire alors le sac dont le contenu est réduit de plus
des deux tiers. Le sirop aqueux chargé de sels minéraux est recueilli avec soin, dilué
et jaugé pour les examens à suivre.
Pendant la seconde opération le sac est plongé dans de l'eau distillée. Lorsque, après
10 à 12 heures environ, le volume a repris sa valeur primitive, on recueille isolé-
ment les produits aux fins d'analyse. Ici, la déminéralisation s'est encore poursuivie,
mais à la manière ordinaire.
En très peu de temps la déminéralisation est achevée; de plus, on béné-
ficie du fait de n'avoir employé que de très faibles volumes de liquides,
chose précieuse pour les recherches chimiques. Pour d'autres usages, la
dialyse sucrée ainsi conduite permet de réaliser à volonté une concentration
ou une dilution des liqueurs à dialyser.
II. Donnons tout d'abord les preuves de la valeur de cette méthode en
relatant les résultats d'essais préliminaires. Ces essais ont été effectués sur
les solutions des principaux sels que nous devions rencontrer ou mettre en
usage au cours de nos recherches sur le plasma.
Expérience n" 1. — Solution contenant 12^,72 de NaCl dans .W"1'1 :
NaCI.
Le premier sirop (volume Joc'"') extrait 10,200
La première eau mère (volume 75OI",) extrait 1 ,ç)4o
En renouvelant ce double ellel, nous constatons que :
Le deuxième sirop (volume 5o""') extrait o,4§o
La deuxième eau mère (volume i25cra') extrait °i°77
Les liquides de dialyse réunis (volume 3oo''m') ont extrait . 12,697
L'analyse a montré qu'il restait dans le sac 0,012
Dans cet exemple, en 4o heures environ et avec seulement 3opcm' de liquides de dia-
lyse, on a pu retirer plus de 999 millièmes du chlorure de sodium dissous. Les dosages
ont été exécutés, par volumétrie. au nitrate d'argent.
(') Annales de l'Institut Pasteur, n° 2, 191 1, p. 1 45.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) I3'
I 1 84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Expérience n° 2. — Solution contenant 5s,g5 de SU''Mg anhydre dans 5ocm' :
SO'Mg.
s
Le premier sirop entraîne 4,o3o
La première eau mère i , 128
Le deuxième sirop 0,617
La deuxième eau mère o, 106
SOMg extrait 5, 881
Les dosages ont été faits en pesant les sulfates de baryte.
Expérience n° 3. — Solution contenant le mélange des sels NaCl et SO'Mg :
5ocm' renferment 2^,975 de SO'Mg I environ — I et 2^,92 de NaCl I — I •
SO'Mg. NaCl.
s e
Le premier sirop extrait 2,i35 2,489
La première eau mère o,474 0,241
Le deuxième sirop 0,142 0,081
La deuxième eau mère SO'Ba impond. 0,011
Sels entraînés 2,7-51 2,822
III. Voici pour l'application à la préparation du fibrinogène :
Le plasma magnésien à la dose de 20» de sulfate de magnésium cristallisé par litre
de sang de cheval (M. Gessard) est centrifugé à l'aide de l'excellente machine de
M. Jouan. Le plasma limpide ainsi séparé est introduit dans des sacs en collodion stéri-
lisés de ioocra° à 3oocajI de capacité.
Nous avons constaté que, pour iooc.m' de plasma magnésien :
SO'Mg
NaCl. (anhydre).
Le premier sirop entraîne en 24 heures 0,4^32 0,8292
La première eau 0,0225 o,2520
Un second double effet dans les mêmes temps n'a plus enlevé de quantité appré-
ciable de NaCl et seulement oS,o33 de SOMg. Dans celle dialyse, la totalité des sels
retraits a été : NaCl = os,4457 5 SO*Mg = is, 1 i/Ja, plus une très petite quantité de
phosphate.
Tandis que s'effectue cette perle en matières minérales, le fibrinogène du plasma se
dépose; on le voit apparaître au cours de la deuxième opération de la dialyse, pendant
l'ascension du liquide intérieur, quand le sac est plongé dans de l'eau distillée ; de
larges flocons blancs se rassemblent et tombent au fond du sac, on les sépare et on
lave à l'eau distillée par centrifugation.
Ce fibrinogène possède tous les caractères connus; c'est une matière blanche, vis-
queuse, filante, se délitant dans l'eau pure pour donner une belle émulsion lactée.
Soluble dans l'eau salée étendue, il précipite de celte liqueur à une température très
SÉANCE DU l4 AVRIL H)l3. Il85
voisine de 56°. Enfin le caractère le pins typique est offert par la coagulation de la
solution salée, en présence de sérum normal.
La quantité de fibrinogène recueilli dans nos expériences correspond à 4S^9 Par
litre de sang de cheval.
GÉOLOGIE. — Les minerais de fer sédiment aires considérés dans leurs rapports
avec la destruction des chaînes de montagnes. Note de M. L. Cayeux,
présentée par M. H. Douvillé.
Dans sa tentative de coordination des phénomènes sédimentaires « autour
des différentes phases de l'histoire des chaînes de montagnes, qui constituent
les quatre grands Chapitres, les quatre unités de l'histoire du globe »,
Marcel Bertrand (') conclut, non sans raison, que la répétition des phéno-
mènes orogéniques, dans le temps, entraine la récurrence de certains dépôts.
« Chaque chaîne a ses grès rouges, chaque chaîne a ses flysch », etc.,
avait-il coutume de dire sous une forme lapidaire. Je crois pouvoir ajouter
aujourd'hui que chaque chaîne, sauf la dernière, a ses minerais de fer sédi-
mentaires.
Les matériaux de toutes sortes qui prennent part à la constitution des
chaînes de montagnes renferment au total une masse considérable de fer.
Cet élément abonde dans les roches éruptives et métamorphiques à l'état
de magnétite, ou engagé dans des silicates complexes, comme la biotite,
les amphiboles, les pyroxènes, le péridot, etc. 11 figure au surplus dans les
sédiments en proportion très variable, et souvent très notable, toujours
emprunté à des roches préexistantes et sous forme d'oxydes, de sulfures et
de silicates.
Or les montagnes sont à peine soulevées qu'elles sont aux prises avec
les agents atmosphériques et avec la mer qui travaille sans trêve à recon-
quérir le domaine d'où elle a été chassée par leur surrection. Aussi les
massifs montagneux, quelle qu'en soit l'importance, sont-ils voués à une
démolition complète; ils sont nivelés avec le temps et tous leurs matériaux
constituants sont libérés. C'est par milliards de tonnes que se chiffre la
quantité de fer remise en mouvement par les agents d'érosion, aux dépens
d'une seule et même chaîne. Telle est, à la vérité, l'origine de la totalité
du fer de nos sédiments. Tantôt cet élément est réparti uniformément dans
(') Marcel Bertrand, Structure des Alpes françaises et récurrence de certains
faciès sédimentaires {Compte rendu 6e Cong. géol. int., Zurich, 1894).
Il 86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les dépôts qu'il teinte de différentes couleurs; tantôt il se concentre à
certains niveaux et engendre des minerais. S'il en est ainsi, chaque chaîne
démantelée doit avoir son cortège de minerais de fer sédimentaires. Nous
allons voir que les faits sont pleinement d'accord avec les prévisions.
La chaîne huronienne, considérée comme la plus ancienne de toutes, et la plus
rapprochée des pôles, se prolongeait au Sud par une apophyse dont l'emplacement a
été marqué en plusieurs points par une très grande activité éruptive à l'époque pré-
cambrienne (îles anglo-normandes, Cotentin et Trégorrois). A la destruction de cette
chaîne se rattachent les minerais siluriens de la Basse-Bretagne, de l'Anjou et de la
Basse-Normandie.
Malgré sa faible extension, la zone des plissements qui vient ensuite, la chaîne
calédonienne, est représentée par de multiples horizons ferrugineux. On peut lui
rapporter les minerais eiféliens de l'Ardenne franco-belge et les minerais oolithiques
famenniens de Belgique, les uns et les autres liés aux plissements siluriens de l'Ar-
denne. A l'époque houillère, et sous l'influence du régime lagunaire qui prévaut dans
l'Europe occidentale, le fer se fixe non plus sous la forme d'oolilhes, mais à l'état de
carbonate indifférencié, exploitable seulement en Angleterre (black band du Cul m
d'Ecosse et des Coal-Measures du Pays de Galles).
La chaîne hercynienne, particulièrement riche en produits éruptifs, a fourni aux
sédiments secondaires une masse énorme de fer, au cours de son démantèlement.
Nous lui sommes redevables des minerais hettangiens de Bourgogne, des nombreux
aîtes toarciens de l'Est du Bassin de Paris, du Jura et du Bassin du Bhône, des
minerais calloviens, oxfordiens, etc., sans parler de ceux qui sont exploités ou non
à l'étranger.
Cet essai de coordination ne saurait être étendu à la chaîne alpine par la
raison même que les agents d'érosion l'ont à peine entamée depuis qu'elle
a acquis son relief définitif.
Si maintenant nous dirigeons notre enquête vers les formations sédimen-
taires les plus anciennes, nous nous trouvons en présence de puissants amas
de minerais, très différents de tous ceux dont il a été question jusqu'à
présent, mais indubitablement oolithiques à l'origine (' ), et manifestement
de nature sédimentaire. Ces minerais, subordonnés au Précambrien de la
région des grands lacs américains, ne peuvent à aucun titre dériver de
la chaîne huronienne, puisqu'ils ont fait partie de cette chaîne et que celle-ci
a surgi longtemps après leur dépôt. Aussi faut-il remonter plus loin dans
les temps géologiques et jusqu'aux terrains cristallophvlliens pour trouver
la source première du fer huronien d'Amérique.
(') L. Cayeux, Comparaison entre les minerais de fer huroniens des Etats-Unis
et les minerais de fer oolithiques de France (Com/iles rendus, t. 153, 191 1,
p. 1 188-1 190).
SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. I 187
Dans les dernières années de mon enseignement à l'Ecole des Mines,
j'ai fait ressortir la nécessité d'admettre l'existence d'une chaîne archêenne,
réunissant l'ensemble des dislocations antérieures au Précambrien. En toute
hypothèse sur la genèse des gneiss primordiaux cette notion s'impose,
dès l'instant qu'une chaîne de montagnes est une zone plissée de l'écorce
et qu'on trouve dans les régions circumpolaires de l'hémisphère*]Nord les
traces de plissements intenses affectant uniquement les schistes cristallins.
Cette chaîne archêenne (') jouerait, par rapport aux minerais huroniens,
le même rôle que les chaînes suivantes par rapport aux minerais d'âge
primaire et secondaire.
La seule conclusion que je veuille tirer de cette étude, réduite aux pro-
portions d'une simple esquisse, est que la formation des minerais de fer
sédimentaires interstratifiés rentre dans le cycle des phénomènes qui carac-
térisent l'histoire d'une chaîne depuis son origine jusques et y compris
sa destruction. Pour reprendre la formule énoncée en tète de ce travail,
je dirai que chaque chaîne, sauf la dernière, a ses minerais de fer sédimen-
taires.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Les niveaux du Plateau lyonnais. Essai de.
raccordement avec les hautes terrasses du mont Oindre. Note (2) de
M. I. Assada, présentée par M. Barrois.
Dans une Note précédente (:|), j'ai montré comment les diverses terrasses
de la Saône et du Rhône, dans les environs de Lyon, permettaient de
reconstituer l'histoire morphologique de la région, depuis la grande exten-
sion glaciaire. La terrasse fluvio-glaciaire la plus élevée, qui a été suivie
sur 20km au moins, est élevée de nom au-dessus du Rhône, à ijo'"-^'}™.
Poursuivant ces recherches; j'ai étudié la région située au-dessus de
l'altitude 27.5'", à l'ouest de Lyon, entre la grande vallée périphérique :
Vaise-Brignais-Givors et les monts du Lyonnais. Cette région est généra-
lement désignée sous le nom de Plateau lyonnais.
(') A.UX plissements aicliéens du continent nord-américain correspondrait l'un des
sommets du tétraèdre de Lowlhian Green.
(2) Présentée dans la séance du - avril 1 g 1 3 .
(3) I. Assada. Etude morphologique sur les terrasses des environs de Lyon
(Comptes rendus, t. 155, séance du 2 décembre 1912, p. 1196).
Il88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La présence du mont Cindre, dernier sommet des monls d'Or lyonnais,
sur la rive droite de la Saône, à quelques kilomètres en amont de Lyon,
m'a permis de tenter un raccordement entre les niveaux de ce Plateau
lyonnais et les hautes terrasses inscrites au flanc du Cindre (48om). J'ai
été conduit aux résultats suivants :
i ° Le premier niveau rencontré au-dessus de la plus haute terrasse fluvio-
glaciaire apparaît vers 3oo"'-3iom. Sur la face nord du mont Cindre ce
niveau donne un replat jalonné par un chemin de terre à 309'". A l'angle
nord-est, au-dessus du château de Tourvayron, un saillant se dessine à
3oo'n-3iom, légèrement raviné par des attaques d'érosion qui remontent
sur les deux faces.
Le même niveau se révèle très étendu à travers le Plateau lyonnais. Entre
Champagne et Dardilly-le-Bas il constitue tout le plateau de la cote 3o6m;
avec des huttes détachées en avant, entre autres celle qui domine le cime-
tière de Champagne. Dans le bassin du Charbonnières, on le retrouve
légèrement raviné; il se présente alors sous forme de vastes surfaces 2901"-
3oo"\ La plus typique est celle qu'emprunte la route nationale n° 7, vers
les liiez. Dans le bassin de l'Yzeron, le niveau 3oom-3iom apparaît au
Tupinier, sous Grézieux-la-Varenne, aux buttes détachées du fort du
JJruissin (cote 3o(i'" de L'état-major) du château de Francheville-le-Haut
(cote 307"1) et au Plat de F Air au nord de Chaponost, où les aqueducs
romains l'ont suivi. Dans le bassin du Garon, le niveau 3oo"1-3 10'" occupe
peu de place, car dans cette zone moins bien articulée, les niveaux supé-
rieurs n'ont guère été démantelés. On ne trouve le niveau 3oom-3io'n que
sur le bord de la grande vallée périphérique (cote 307'" au-dessus de Bri-
guais) ou sur la rive gauche du Garon inférieur, formant des seuils sur la
crête de partage des deux bassins de l'Yzeron et du Garon. Là, en effet, j'ai
reconnu deux seuils morts, le premier au lieu dit les Fourches, le deuxième
au lieu dit Cornbaremberl ; chacun dans l'axe d'une rivière Sud-Ouest-Nord-
Lsl (haut Garon, dans le premier cas; Furon dans le deuxième). Les deux
seuils se présentent comme des vallées extrêmement évoluées; celui de
Cornbaremberl est jalonné par deux étangs. J'y ai trouvé de la tourbe en
voie de formation.
L'étude du niveau 3oom-3iom me permet donc de reconstituer un vaste
système hydrographique préglaciaire, ressuscitant une direction hercy-
nienne, parallèle à celui du (îier, qui a été capté vers le Sud-Lst, en fonction
de la haute terrasse glaciaire 270m-275m (lieu dit La Colonge de ma iNote
précédente). La terrasse consécutive à la capture est très nette sur les deux
SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I 1 89
rives du Garon à 280"' dans l'espace compris entre les deux seuils niorls.
D'une façon générale, le niveau 3oom-3 1 o™ ne porte aucun village.
20 II existe un second niveau à 33om-34om. 11 débute par une terrasse très
nette, mais sans cailloux roulés, sur la face Est du mont Cindre, juste
au-dessus du château de Tourvayron à 335m.
Sur le Plateau lyonnais, ce niveau est extrêmement morcelé et ne se
présente que sous forme de buttes isolées. Je citerai la crête de partage
entre le bassin du Charbonnières et celui de l'Azergues, à l'ouest de la Tour-
de-Salvagny, au lieu dit le Félix, les villages de Blindas et de Cliaponost,
le replat des aqueducs de Soucieu. L'exemple le plus net est la butte isolée
de Monlagny à 33o"', sur le bord de la grande vallée péripbérique, où l'on
trouve encore des quartzites. En plusieurs autres endroits, on peut en saisir
des lambeaux ravinés par l'attaque du niveau de base 3oom, très proche;
témoin la butte 3s4, située entre les deux seuils morts, dont j'ai parlé plus
haut.
3° Le niveau 42om-/|3om parait venir immédiatement au-dessus. On le
trouve, non raviné, à 43om exactement, tout le long des monts du Lyon-
nais (butte isolée de Montcbat, hauteurs à l'ouest de Sainte-Consorce,
cimetière de Pollionnay, hauteurs autour de Saint-Laurent-d'Agny). Il
existe également très développé dans les cours supérieurs montagneux de
l'Yzeron et du Garon (lieu dit la Funtaniëre, à côté de Vaugneray, cote
4 7 4 ,n sur 'a route nationale de Bordeaux au-dessus du lieu dit Planche- Billet,
surtout le splendide replat à la ferme VuiUermoz). L'aspect est toujours le
même : lande de genêts communs, pas de maison.
Mais presque toujours on ne voit que de vastes croupes entre 35o1"-4<>o"1,
résultat du démantèlement de ce niveau. La plupart des villages sont
situés là : Grézieux-la-Yarennc, Marcy-l'Etoile, Messimy, Soucieu, etc. Ce
niveau est bien le plus élevé du plateau. Il est immédiatement dominé par
des buttes arrondies, couvertes de pins, vers 5oom-55o"' qui appartiennent
déjà aux monts du Lyonnais.
Le sommet du mont Cindre est couvert de vastes prairies entre l\"]o'D-
42om. Vers 42om, on peut suivre sur plusieurs kilomètres, parallèlement à
la Saône, une rupture de pente très forte. Aux prés succède un abrupt
entre 420"1 et 35om. Ce niveau 420m porte même, au nord du mont Cindre,
un hameau : Montait et une route.
Enfin l'étude du Plateau lyonnais m'a permis de vérifier les conclusions
de ma Note précédente. J'ai pu y suivre, clans le profil longitudinal et les
terrasses des vallées, la remontée des divers niveaux fluvio-glaciaires :
I T Ç)0 ACADEMIE DES SCIENCES.
La terrasse 270-270 ou de Champagne correspond à celle 280"1 sur
l'Yzeron et le Garon inférieur.
La terrasse 240-245 ou de Francheville-le-Haut correspond au niveau
25oin du cimetière de Craponne, sur l'Yzeron, et à celui 260™ au confluent
du Furon et du Garon.
La terrasse 220 ou de la Demi-Lune correspond au fond large des vallées
du Plateau lyonnais.
_ Le niveau actuel rhodanien correspond à l'encaissement de im environ
des affluents dans leur vallée large.
L'étude de la vallée de l'Yzeron est typique à cet égard et présente en
raccourci toute l'histoire du Plateau lyonnais.
MÉTÉOROLOGIE. — La loi des crochets barométriques de grain. Note (')
de M. Duraxd-Gréville, présentée par M. Deslandres.
Dans une Note intitulée : Les grains et les orages (-), nous avons établi
que le grain de vent (avec ou sans averse ou orage) se produit sur tous les
points d'une bande qui s'étend des environs du centre, sur une longueur
de ioookm, de 2oookm ou davantage, d'une dépression barométrique. C'est
le ruban de grain.
Sous nos latitudes, ce ruban est orienté en moyenne Nord-Sud. Le vent,
au lieu d'y être Sud-Ouest, comme sur tous les points du quadrant méri-
dional de la dépression, est remplacé dans l'intérieur du ruban sur toute sa
longueur, par un vent violent ou tempétueux d'entre Ouest et Nord-Ouest.
Le ruban de grain est emporté parallèlement à lui-même (sauf un léger
mouvement de rotation comme un rayon d'une roue) vers l'Est-Nord-Kst,
en moyenne, par la dépression dont il fait partie; et cela avec une vitesse
qui peut varier de quelques kilomètres, à 5okm et même à ioo11"' par heure.
On conçoit que, sur toutes les régions visitées, le vent passe très rapide-
ment du Sud-Ouest à l'Ouest, ou même au Nord-Ouest, pour reprendre
(moins rapidement) sa première direction Sud-Ouest après le passage du
ruban de grain.
Rappelons qu'au moment de son passage sur un lieu donné, le vent de
grain y éveille des averses et des orages s'il rencontre en ce lieu des cumulus
à sommets suffisamment élevés. Il éveille en même temps un phénomène
(') Présentée dans la séance du 7 avril 1 91 3.
(*) Comptes rendus. 9 avril i8g4-
SÉANCE DU l4 AVRIL IO,l3. I19Î
secondaire, le crochet barométrique improprement dit d'orage, qu'il faut
appeler crochet de grain, puisqu'il se produit sans exception sur tous les
points du ruban de grain, là même où il n'y a pas d'orage.
Le ruban de grain étant le siège de vents violents, il est impossible
d'expliquer qu'à la surface du sol, en avant et en arrière de son mouve-
ment, les vents soient faibles et de direction différente, si l'on n'admet pas
qu'ils sont alimentés à l'arrière (à l'Ouest) par une na/>/ie d'air oblique-
ment descendante et qu'après avoir balayé le sol, la nappe doit remonter
vers les hautes altitudes. On a depuis longtemps comparé le vent de grain
à une balayeuse mécanique, dont l'axe serait horizontal. S'il en était ainsi,
toutes les fois que le ciel ne serait pas trop couvert, on verrait des nuages
élevés marcher dans la direction opposée à celle du vent inférieur, ce qui
n'a jamais lieu. Le circuit est plus complexe, et il doit se former à de très
grandes hauteurs, 8km à iokm, car on voit assez fréquemment des rubans de
grain passer par-dessus des montagnes, y compris le massif des Alpes. L'air
remontant en avant du grain doit être ramené vers l'axe de la dépression,
autour duquel il tourne pour s'étaler en nappe dans la région des cirrus;
l'air descendant du grain est alimenté par une nappe (non pas la même)
qui, au lieu d'aller vers l'anticyclone voisin, redescend dans l'intérieur de
la dépression tout le long d'un rayon.
C'est la composante verticale de la nappe d'air descendante qui produit
dans l'intérieur du ruban une pression plus forte qu'à l'Est et à l'Ouest,
d'où le ressaut brusque amené dans le barogramme par le passage de cette
forte pression.
Jusqu'ici, et cela malgré les résultats excellents et précis obtenus par
M. Giro Ferrari dans ses très nombreuses observations d'orages, résultats
d'autant moins suspects qu'ils n'étaient fondés sur aucune théorie, les
météorologistes n'avaient attaché d'importance qu'aux ressauts très aigus,
qu'on a même appelés en Allemagne Gewitternase {nez d'orage). En réalité,
toutes les formes de crochet barométrique ont pu être observées par Ferrari et
nous, et l'infinie variété de ces formes peut s'expliquer simplement.
Soit {Jïg. 1) une dépression barométrique représentée par des isobares ou courbes
d'égale pression. Vers la région Sud, tout le long d'un rayon, les isobares ont pris la
forme d'un zigzag. A droite du ruban de grain, la pression est un peu plus basse que
la moyenne et les isobares ont leur concavité tournée au Nord; sur l'axe du ruban,
aux points de pression maximum, c'est le contraire; enfin le raccord avec les isobares
ordinaires se fait sur la gauche.
Traçons une dizaine de lignes AA', BB', . . ., II', RR', parallèles à autant de direc-
C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) l52
192
ACADEMIE DES SCIENCES.
Fis
Fig 3.
SÉANCE DU 14 AVRIL igi3. I ig3
lions possibles de la trajectoire (supposée rectiligne). Si l'on compte les angles à
partir du point d'intersection commun, en prenant la partie sud du ruban et la partie
de chaque trajectoire située dans le sens du mouvement, on obtiendra des angles de o°
à 36o° correspondant à toutes les directions possibles de la marche du centre de la
dépression, le ruban de grain se transportant parallèlement à lui-même avec sa
dépression.
Considérons AA' direction de mouvement qui fait un angle a très petit avec l'axe RR'
du ruban. Toutes les isobares coupées par AA' passeront sur la station A' et le baro-
graphe enregistrera les hauteurs, donnant la courbe supérieure de la figure 2. Le cro-
chet, très allongé, précède le minimum barométrique absolu.
Si a. augmente un peu, avec BB', le crochet sera un peu plus court. Jusqu'ici la
hausse barométrique est représentée par une simple diminution brusque de la rapi-
dité de la baisse.
La trajectoire CC a été choisie de manière à se confondre avec la branche moyenne
du zigzag de grain. Elle correspond à une cessation brusque de la baisse.
L'angle « augmentant, le crochet s'accentue et se rapproche du minimum jusqu'à
a = 90°, cas où il est aussi aigu que possible et commence immédiatement après le
minimum absolu {fig. 3) au delà, jusqu'à 1800, le crochet s'émousse et s'étale après
le minimum.
Le crochet qu'on a le plus remarqué correspond à l'orientation moyenne Nord-
Sud du ruban et à la trajectoire moyenne de la dépression vers l'Est-Nord-Est.
Le plus fort accroissement de la vilesse du vent correspond à la première partie du
nez du grain; mais la vitesse est encore grande dans sa seconde partie, même alors
qu'il y a baisse barométrique effective.
Au delà de 1800, le ruban de grain est orienté vers les régions Ouest. Il aborde donc
les stations par son arrière, ce qui modifie certaines intensités relatives des phéno-
mènes du grain, qui devient un grain renversé. Quant aux barogrammes, ils sont
symétriques des courbes que nous avons tracées {fig. 2 et 3).
En faisant tourner la figure 1, on voit que le ruban de grain peut prendre toutes les
orientations sans que le crochet change de forme si l'angle a reste le même.
La vitesse plus grande de la translation rétrécirait le crochet; plus petite, elle
l'élalerait, sans changer sa position sur la courbe.
Les variations de direction de la trajectoire, que nous avons d'abord supposée recti-
ligne pour simplifier, n'auraient d'autre influence que de changer l'angle «, mais la
forme du crochet dépendrait constamment de cet angle.
Si le ruban de grain changeait d'orientation, avait une forme variable et sinueuse,
tournait légèrement autour du centre comme un rayon d'une roue, c'est encore
l'angle a qui, en chaque instant et ^:ir chaque point du ruban, dirigerait tout.
On a donc le droit de conclure que la forme et la position du crochet
barométrique, pour un ruban donné, dépendent uniquement, en chaque
instant, de l'angle que fait F orientation du ruban avec la direction de la
marche du centre.
I IO-4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SISMOLOGIE. — Tremblements de terre destructeurs et précipitations
atmosphériques. Note (■) de M. ne Montessus de Kalloke,
présentée par M. Barrois.
Les innombrables statistiques exécutées dans le but de savoir si la
répartition annuelle des tremblements de terre présente ou non quelque
relation avec les mois ou les saisons, se rapportent presque exclusivement
aux mois ou aux saisons astronomiques, quoique leurs auteurs aient cherché
plus ou moins explicitement à démontrer ou à nier des relations d'ordre
climatérique. Dans l'un et l'autre cas, le but réellement visé a donc été
manqué. Or les précipitations atmosphériques sont le phénomène clima-
térique principal auquel on puisse plausiblement attribuer un rôle sismo-
génique, en conséquence de la théorie très répandue des tremblements de
terre d'effondrement dus, prétend-on, à la circulation des eaux souterraines
qui dissolvent et enlèvent les couches terrestres plus ou moins profondes.
Pour résoudre définitivement la question, d'ailleurs très controversée,
il faut l'aborder directement, ce qui n'a jamais été fait.
Dans ce but, nous avons pris le Catalogue des l\\36 tremblements de terre
destructeurs de J. Milne et mis en parallèle chacun d'entre eux avec les
précipitations des pays où ils ont eu leur centre, quand il est assez bien
déterminé, en nous basant sur la Mappemonde climatérique publiée par
de Marlonne dans sa Géographie physique.
Sauf quelques anomalies sans importance fondamentale, les courbes
annuelles de précipitations établies par mois se ramènent à un arc de sinu-
soïde, l'intervalle des maximums et des minimums mensuels oscillant au
plus entre 3 et 5 mois. Au contraire, lorsque les courbes des nombres
mensuels de séismes par climats se ramènent à cette forme, ce qui est assez
rarement possible, les maximums et les minimums sont séparés par des
intervalles quelconques et peuvent même se présenter en 2 mois consé-
cutifs. La confrontation mensuelle serait donc illusoire, et il convient de
l'établir par trimestre. En voici les résultats obtenus en décalant naturel-
lement de G mois tout ce qui se rapporte à l'hémisphère austral :
1. Le maximum sismique tombe dans le même trimestre que le maximum de préci-
pitations. Climats : mandcliourien, océanien, péruvieD, soudanien. 527 séismes.
(') Présentée dans la séance du 7 avril 1913.
SÉANCE DU ïf\ AVRIL igiS. II95
2. Le minimum sismique tombe dans le même trimestre que le minimum de préci-
pitations. Climats : amazonien, breton, mexicain, ukrainien. 836 séismes.
Au total, 1 363 séismes semblent se conformer à une relation directe entre les
deux ordres de phénomènes, incomplètement toutefois, puisque la coïncidence n'a
lieu que pour un seul des deux éléments de comparaison, maximum ou minimum.
3. Le maximum sismique tombe dans le même trimestre que le minimum de préci-
pitations. Climats : andin, parisien, pendjabien. 226 séismes.
h. Le minimum sismique tombe dans le même trimestre que le maximum de préci-
pitations. Climats : arctique, danubien, indou, norvégien, portugais, polonais, poly-
nésien, saharien, sénégalien, siamois, syriaque. 1 7 83 séismes.
Au total, 2008 séismes semblent se conformer, incomplètement aussi, à une relation
telle que l'effet sismogénique des précipitations ne se produirait qu'environ 6 mois
plus tard, ce qui serait contradictoire avec le résultat correspondant aux deux pre-
miers cas.
5. Ni le maximum, ni le minimum sismique ne tombent dans le même trimestre
que le maximum ou le minimum de précipitations, ni inversement. Climats : arabien,
bengalien, chinois, hellène, sibérien. 653 séismes.
6. Dans aucun cas, le maximum et le minimum sismique ne tombent à la fois dans
le même trimestre que le maximum et le minimum de précipitations, ce qui corres-
pondrait à la dépendance mutuelle.
7. Dans aucun cas, le maximum et le minimum sismique ne tombent à la fois dans
le même trimestre que le minimum et le maximum de précipitations, ce qui corres-
pondrait à une dépendance mutuelle retardée de 6 mois.
8. Les différents climats, qu'ils soient riches ou pauvres en séismes ou en précipi-
tations, se répartissent au hasard dans les cinq premières catégories.
9. En général, pour un climat déterminé, si l'on exprime en pour 100 du total
correspondant de séismes les nombres de séismes du trimestre le plus riche et le plus
pauvre, leur différence est d'autant plus petite, que le nombre total correspondant de
séismes est plus grand, et il en est de même pour les nombres mensuels. D'après la loi
des grands nombres, c'est bien là le critérium de l'absence de toute dépendance entre
les deux ordres de phénomènes.
En résumé, il n'y a aucune relation de cause à effet entre les tremble-
ments de terre destructeurs et les précipitations atmosphériques, et cela ne
présente aucun intérêt de constater par exemple que tel grand événement
sismique a suivi une période d'inondations, ainsi qu'on l'a souvent fait.
M. Charles Tem.ier adresse une Note intitulée : Les richesses des contrées
tropicales délivrées par le Soleil.
ngti
ACADEMIE DES SCIENCES.
A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la pre-
mière place de Membre non résident créée par le Décret du 17 mars io,i3,
présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie, la liste
suivante :
En première ligne M. Sabatier
-...,. 1 , 1 1 ■ ■ ( MM. Bazin
hn deuxième ligne, par ordre alphabétique
( MM. Depéret
En troisième ligne, par ordre alphabétique j Dchem
( Hejvki Fabre
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages heçus dans la séance du 3i mars 1913.
Ministère de l'Intérieur. Direction de l'Assistance et de l'Hygiène publiques;
56 Bureau. Statistique sanitaire de la France; ire Partie : Villes de 5000 habitants
et au-dessus; année 191 1 : A.. Relevés annuels (1911 ). — B. Tableaux rétrospectifs
(1886-1911). Melun, Imprimerie administrative, 1912; 1 vol. in-4°.
SÉANCE BU l4 AVRIL IC)l3. 1 1 97
Étude sur les Cardiocératidés de Dives, J'illers-sur-Mer, et quelques autres
gisements, par Robert Douvillé. (Mémoires de la Société géologique de France :
Paléontologie; l. XIX, fasc. 2.) Paris, 1912; 1 fasc. in-8°.
Classificazione topologica délie superficie di Lamé algebriche, per Cesare Cop-
peué. Florence, 1912; 1 fasc. in-8°.
Sur la rotation des forces autour de leurs points d'application et l'équilibre
asiatique, par Fernando de Vasconckllos. Coïmbre, 1912; 1 fasc. in-8°.
The analysis of light, a force of nature, by Chas. M. Rousseau. San Francisco,
191 3; 1 fasc. in-8°.
Observations du passage de Mercure sur le disque du Soleil, le 14 novcm bre 1907,
par M.-N. Donitch. Saint-Pétersbourg, Imprimerie de l'Académie impériale des
Sciences, 1912; 1 fasc. in-8°.
Dedication of the New Allegheny Qbservatory, august 28u\ 1912. (Misrellaneous
scientific papers of the Allegheny Qbservatory ; new séries, t. II, n° 2.) Lancaster,
Pa., igi3; 1 fasc. in-8°.
The theory of the submarine lelegraph cable, by Bêla GÂty. (Exlr. de The Elec-
trician; 10 janvier 191 3.) Londres, Geo. Tucker; 1 fasc. in-8°.
But et méthodes de la Géographie scientifique, par J.-J. Sedkrhoi.m. (Fenia. 32,
n° 11. Résumé.) Helsingfors, 1912; 1 fasc. in-8°.
Flore du bas et du moyen Congo. Etude de Systématique et de Géographie
botaniques, par Ea. de Wildeman. (Annales du Musée du Congo belge : Botanique.
5e série, t. III; fasc. 3, p. 3 17-533, pi. L-LXVIII.) Bruxelles, novembre 1912; 1 fasc.
in-f°.
Early botanists of Rochester and vicinity and the bot an irai Section, by Florence
Beckwith. (Proceedings of the Rochester Acadcny of Sciences; t. V, p. 39-08,
pi. 1, 2.) Rochester, N. Y., février 1912; 1 fasc. in-8°.
Journal de Chimie physique, publié par Philippe-A. Guye; t. XI, n° 1, 28 février
igi3. Genève, Georg et Cie; Paris, Gauthier-Viilars; 1 fasc. in-8°.
Bulletin mensuel de l'Observatoire météorologique de l'Université d'Upsala ;
t. XLIV, année 1912, par F. Akerblom. Upsal, 1 9 1 2-1 91 3 ; 1 fasc. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 7 avril igi3.
Institut de France. Académie des Sciences. Décret [portant création de six
Membres non résidents de T Académie des Sciences]. (E\tr. des Comptes rendus des
séances de V Académie des Sciences; t. 156, p. 927. Séance du 25 mars 1 9 1 3 . ) Paris,
Gauthier- Villars; 1 fasc. in-4°.
Recherches sur les gaz rares des sources thermales. Leurs enseignements concer-
nant la radioactivité et la physique du globe, par M. Charles Moureu, Membre de
l'Institut. (Journal de Chimie physique ; t. XI, n° 1, février igi3.) Paris, Gauthier-
Viilars; Genève, Georg etCie; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
1198 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Records of the Survey of India; t. II, 1910-1 1, prepared under the direction of
Colonel S. -G. Burrard, Surveyor gênerai of India. Calcutta, 1910; 1 vol. in-4°.
(Transmis par M. le Ministre des Affaires étrangères.)
Collected Papers reprinled front the « Journal of the Royal Army médical
Corps »; t. I, december 1912. Londres; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Ph. van ïie-
ghem.)
Annales de l'Observatoire national d'Athènes, publiées par Démétrius Eginitis,
Directeur de l'Observatoire; t. VI. Athènes, 1912; 1 vol. in-4°.
Les Céphéides considérées comme étoiles doubles, avec une monographie de
l'étoile variable à Céphée, par Michel Luizet; avec 22 figures dans le texte. {Annales
de l'Université de Lyon; nouvelle série; I : Sciences médicales, fasc. 33.) Paris,
Gaulhier-Villars; Lyon, A. Rey, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. B. Baillaud.)
Pascal inédit, par Ernest Jovy : V. Notes pathologiques sur Pascal et son entou-
rage. Vitry-le-François, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de
l'auteur.)
Actes de la Société linnéenne de Rordeaux ; t. XLVL Bordeaux, A. Saugnac, 1912 ;
1 vol. in-S°.
Plaslosomen « Apparato reticolare interna », und Chromidial apparat, von
J. Duesberg. (Extr. de Eregebnisse der Anatomie und Enlwickelungsgeschichle ;
t. XX, 1912, 2e partie.) Wiesbaden, J.-F. Bergmann, 1912; 1 vol. in-8°.
En confirmation du principe erroné en Mathématique, par Wladimir de Bippas.
Saint-Pétersbourg, 1912; 1 fasc. in-8°.
Repertorium specierum novarum regni vegetabilis. Centralisait fiir Sammlung
und Veroffentlichung von Einzeldiagnosen neuer Pflanzen, herausgegeben von Fried-
rich Fedde : Bd. VIII, nos 1-38, i5 Jantiar 1910-15 November 1910; Bd. IX, n°s 1-38,
10 Dezember 1910-80 Sep tember 191 1 ; Bd. X, nos 1-38, 20 Oklober 191 1-10 Juni 1912 ;
Bd. XI, nos 1-38, 1 Juli 1912-25 Februar 1913. Berlin-Wilmersdorf ; 4o fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 10 mars 1 9 1 3 . )
Note de M. /. de Boùsoady, Sur la loi du rayonnement noir et la théorie
des quanta :
Page 766, formule (2), au lieu de E,+ — - , lire E, = — -
N er — 1 ' ' N er—i
js-e' ,. . _ x!e
Page 767, formule (4), au lieu de c, — 3 R — ■ -, lire c,= 3R
2„J-
(e*— 1)- ' (eJ— 1)2
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 21 AVRIL 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président du Conseil, Ministre de l'Instruction publique, adresse
ampliation du Décret en date du 16 avril iqi3 qui porte approbation de
l'élection que l'Académie a faite de M. Landouzy pour occuper, dans
la Section des Académiciens libres, la place vacante par le décès de
M . Teisserenc de Boit .
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Landouzy prend place parmi ses
Confrères.
CHIMIE ORGANIQUE. — Tëtraalcoylation des cyclohexanone
et Q-mëthylcyclohexanone, et trialcoylalion de la menthone.
Note de M. A. Haller.
Dans une série de Notes communiquées à l'Académie nous avons montré
que, dans beaucoup de réactions de substitution, l'emploi de l'amidure de
sodium présentait de grands avantages sur celui du sodium ou de ses alcoo-
lates qui, souvent, donnent lieu à des réactions parasitaires. Nous avons de
plus fait voir que, là où le métal alcalin ne réagit plus, son amidure peut
encore être employé pour introduire le sodium dans certaines molécules
organiques.
Ln des cas les plus anciens ('), où nous avons mis en évidence celte
(') A. Haller, Comptes rendus, t. liO, 1905, p. 127.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 16.) l53
1200 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aptitude réactionnelle de l'amidure, est celui observé avec la (3-méthylcyclo-
hexanone dans laquelle nous avons pu introduire jusqu'à quatre radicaux
mélhyle, pour aboutir à la pentaméthylcyclohexanone.
Le but de ces recherches est de revenir sur ce dernier composé et de
montrer que, dans toute célone cyclique saturée, les deux carbones avoisinant
le groupement cétonique peuvent échanger tout leur hydrogène contre des
radicaux mélhyle ou allyle, et, dans certains cas, contre d'autres radicaux
hydrocarbonés.
En un mot, nous voulons faire voir qu'à l'égal des cétones aliphatiques
et des cétones mixtes l'enfermant respectivement les complexes
R — CH3.CO.CH2— R' et Ar.CO.CH2— R,
toute molécule cyclique contenant le groupement
— Cil R'
_CH,/CO ou _CHi-CO,
peut être transformée en une molécule
II — CR'
IR2C>CO o„ R,c/CO.
Nos recherches ont porté sur la cyclohexanone, la (i-méthylcyclohexanone
et la menthone. Ces cétones ont été dissoutes dans l'éther anhydre et la
solution a été additionnée d'une quantité équimoléculaire d'amidure de
sodium finement pulvérisé. Suivant la cétone mise en œuvre, la réaction
avec l'amidure est plus ou moins vive et provoque parfois la condensation
d'une partie du produit sur lui-même. Quand tout l'amidure a disparu et
qu'il ne se dégage plus d'ammoniaque, on fait tomber dans le mélange sodé
la quantité théorique de l'iodure alcoolique et l'on chauffe jusqu'à neutrali-
sation complète. Après refroidissement on lave à l'eau, on décante la
partie surnageante, on sèche et l'on chasse l'éther.
Le résidu, soumis à la rectification, fournit un mélange de produit non
entré en réaction, de dérivés mono, di, tri et tétraalcoylés où le dérivé
monosubstitué domine. Beaucoup de ces dérivés monosubstitués ayant
déjà été préparés par nous('), nous n'avons pas cru devoir les isoler
et avons soumis le produit brut, bien sec, dissous dans la benzine ou le
toluène, à l'action d'une nouvelle quantité d'amidure, puis de la quantité
(') A. Hali.er, Comptes rendus, t. 138, igo/J, p. ii3ç) et t. l'i(), p. 127 et 200.
SÉANCE DU 21 AVRIL lÇ)l3. 1201
correspondante d'iodure alcoolique. La réaction terminée, on procède
encore une ou deux fois et successivement au même traitement que celui
que nous venons de décrire et l'on fractionne finalement le produit obtenu.
/CH*— C(CH3)-
i . i .j.3-Tétraméthy/cyclo/iejcanone-6 CH- ^>CO . — La réaction
\CH2— C(CH3)3
entre la célone et l'amidure est très vive, au moins pour les trois premières
opérations, car, pour la quatrième, la fixation de l'atome de sodium sur la
triméthylcyclohexanone n'est intégrale qu'à la condition d'opérer à l'ébul-
lition de l'éther.
Dans cette préparation il se forme toujours le produit de condensation
de la cyclohexanone sur elle-même, déjà étudié par M. "Wallach. Toutefois
cette condensation est d'autant moins importante que la cétone a déjà fixé
plus de groupes méthyle. Par rapport à la cyclobexanone mise en œuvre,
le rendement est d'environ /jo pour ioo.
La tétraméthylcyclohexanone est un liquide qui bout à i8j°-i86° à la
pression ordinaire : 17 ■ = 0,8936 ; «*'s = i,447i d'où R.M. = 46, 16;
calculé = 46,22.
Son odeur, surtout à chaud, rappelle celle du camphre.
Elle ne fournit pas de semicarbazone. L'amidure de sodium ne l'attaque
pas au sein du benzène et du toluène bouillants, mais la résinifie en majeure
partie quand on chauffe en milieu xylénique. Il se forme en outre une petite
quantité d'un produit à odeur piquante, soluble dans l'acide sulfurique
étendu.
l.i. 5. 5-Têlraméthytcyctoheœanol-(î. — Préparé par réduction delà cétone
au moyen du sodium et de l'alcool absolu, ce produit constitue une huile, à
odeur de moisi, qui bouta 19 5°-ig7° sous ^(j^mm : t/IT= 0,9001; n'0' = 1,455;
d'où R.M. = 47, o4; calcule = 47)62.
La phènyluréthane C'TH2i02j\ cristallise en aiguilles groupées en
houppes qui fondent à 97°-98°.
Ethylcycloliexanones . — En cherchant à préparer ces composés dans
les mêmes conditions que le dérivé tétraméthylé, on n'a pu obtenir que de
très faibles quantités d'un produit liquide passant de i65° à 1800 et qui est
vraisemblablement constitué par un mélange de dérivés mono et diéthylés.
La majeure partie (70 pour 100) de la cyclohexanone s'est condensée sur
elle-même.
1202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/CH=— C(C3H5)2
\.i.ô.5-Tétraallylcyclohexanone-6 CH2<^ ^)G0 . — La faculté
\CH^-C(C3H5)2
substituante de Tic-dure d'allyle étant beaucoup plus prononcée que celle
de l'iodure d'éthyle, il a été facile de préparer ce corps en employant le
mode opératoire qui nous a servi pour produire le dérivé tétramétbylé. Il
s'est encore formé du produit de condensation de la cyclobexanone sur elle-
même, mais on a néanmoins obtenu, avec un rendement de 77 pour 100, un
liquide bouillant à i70°-i7i° sous i8mm et dont les constantes sont les sui-
vantes :
Di7 = o,g490, «i6=; 1,4920
d'où
R. M. = 78,90. Calculé: 81,46. Difl'.=— 2,56.
Nous donnons ici les cbiffres trouvés expérimentalement, nous réservant
de revenir sur ces résultats qui sont inattendus.
1 .1 .5.5-Tétraa/lylcyclohexanol-G. — Hydrogénée au moyen du sodium et
de l'alcool absolu, la cétone tétraallylée a fourni un liquide distillant
à J7i°-i73°sous 1 5""", et dont les constantessontles suivantes : dn= o,o,523;
n'B' = i,4975 ; d'où R. M. — 79,80 alors que la théorie exige 82,80; d'où
une différence de — 3, 00.
L'odeur de cet alcool rappelle celle de l'acroléine. Il ne donne pas de
phényluréthane.
/CH(CH3)-C(CHi)2
1.1.2.5. 3-Pentaméthylcyclohexanone-6 CH2^ ^>CO . — Ainsi
\CH2 C(CU3y
que nous l'avons fait remarquer au commencement de cette Note, ce dérivé
a déjà été signalé par nous en igo5 (' ). Il avait été obtenu en méthylant une
(3-méthyclyclohexanone active provenant du dédoublement de la pulégone.
Nous avons préparé les deux dérivés actif et inactif, ce dernier en partant
d'une (3-méthylcyclohexanone obtenue par hydrogénation du métacrésol.
La méthylation, dans les deux cas, a été faite en quatre fois, au sein de
l'éther anhydre. Quand on ajoute l'amidure à la cyclobexanone [3 méthylée,
diluée dans l'éther, la réaction est très vive et nécessite des précautions.
Quand on arrive au contraire à la quatrième méthylation, il est nécessaire
de chauffer à l'ébullition la solution éthéréedela tétraméthylcyclohexanone
( ' ) A. Hallkr, /oc. cit.
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. I2o3
pour déterminer la décomposition de l'amidure de sodium et obtenir le
dérivé sodé.
Ajoutons qu'une partie de la [3-méthylcyclohexanone se condense égale-
ment sur elle-même mais dans des proportions beaucoup moindres que ne
l'éprouve la cyclohexanone.
Les deux i.i. 2.5. 5-pentamélhylcyclohexanones-6, active et inactive, cons-
tituent des liquides à odeur pénétrante rappelant celle du campbre. Elles
ne se combinent pas à la semicarbazide ni à l'hydroxylamine et se com-
portent, à l'égard de l'amidure de sodium, comme la tétraméthylcyclo-
bexanone.
Les constantes physiques des deux isomères sont les suivantes :
Produit actif. Produit inactif.
Point d'élmllition sous yGô""". . . 20i°-202° 202°-2o3°
» SOUS 23mm. . . . 0.30-940
Densité rf20 =0,8979 ^is =°i8997
Indice de réfraction "Vt,.; = ' . 't5 1 5 "''7.5 = l > 4^53
Réfraction moléculaire : trouvé. . 5o,32 00,71
» calculé.. .10,82 5o,82
Pouvoir rotatoire [o([)] = 4-24°, 00 o
/CH(CH3) — C(CH3)2
1 . i.-2.5.3-Pentamélhylcvclo/iexanols-6 CH2^ ^CHOH. — Les
\CH2 C(CH3)2
cétones précédentes ont fourni par hydrogénation, au moyen du sodium
et de l'alcool absolu, les carbinols correspondants qui possèdent les
constantes :
Produit actif. Produit iuactif.
Point d'ébullition sous 767""" 2io°-2i2° 2i3°-2i4°
Point de fusion liquide 45°
Le penlaméthvlcycloliexanol actif est liquide et possède une odeur de moisi, tandis
que l'inactif se présente sous la forme de prismes fondant à 45°.
La phényluréthane de Y alcool actif cristallise en fines aiguilles groupées fondant
à io5°-io6°.
La phényluréthane de l'alcool inactif constitue également de fines aiguilles fondant
à 1270.
/CH(CH3) — C(C3H3)2
2-Mëthyl-i.i.5.5-tëtraallylcyclohexanone-6 CH-^ pCO
\CH- C(C3H3)2
— L'allyialion de la (3-méthylcyclohexanone s'effectue dans les mêmes
conditions que la méthylation. Les dérivés monoallylé et diallylé ont déjà
I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
été décrits ('). Nous n'avons pas cherché à isoler le composé triallylé et
nous nous sommes borné à préparer le produit trisubstitué. L'opération a
été faite au sein du benzène.
La (3-méthyltétraallylcyclohexanone constitue un liquide bouillant à
i650-i6o,0 sous i2mm, dont la densité à i5" = o,cp4 et le pouvoir rotatoire
spécifique [a ]„= -t- 36° 17'.
i-Méthyl- 1.1 .5 .5-létraallylcyclohexano/-6. — Préparé au moyen du
sodium et de l'alcool absolu, cet hexanol constitue un liquide bouillant
à i87°-i89° sous 25",m et dont l'odeur rappelle celle de l'acroléine :
D,7 = o,o,6i3; «",..=: i,5o54; d'où II. M. trouvé =84,70, alors que la
théorie exige 87,40; d'où une différence de — 2,7.
Le pouvoir rotatoire spécifique [aD] = — o,°52'.
Cet alcool ne se combine pas à l'isocyanale de phényle.
Alcoylalion de la menlhone. — Les menlhones naturelles et synthétiques
ne sont que des i-méthyl-5-isopropylcyclohexanones-G actives ou inactives.
Comme le montre la formule de constitution,
CU- Cil2
^JJ^CH.CH^ ^CH-CH'
CCT C tr-
ies deux atomes de carbone avoisinant le groupement CO renferment encore
trois atomes d'hydrogène susceptibles d'être remplacés par des radicaux
hydrocarbonés.
Nous avons déjà préparé toute une série de dérivés monoalcoylés (2) en
opérant au sein de l'élher absolu. Pour pousser l'alcoylalion plus loin, il est
nécessaire d'employer comme dissolvant du toluène, car la benzine elle-même
ne facilite pas la substitution.
Dimêlh ylmenthone ou 1 . 1 . 2-triméthyl- 5 - isopropytcyclohexanone-( >
/CH(CH3).C(CH3)5
CH- )CO .
\CH2 CH.C3H"
— On prépare d'abord le dérivé monométhylé en traitant la menthone
(' ) A. 1Iai.li:h, loc. cit.
(-) A. Hallbr, Comptes rendus, t. 138, 1904, p- 1 1 3g.
SÉANCE DU 21 AVRIL It)l3. I2o5
active [oc]D= — 20° 10', au sein de l'éthér ou de la benzine, par de l'ami-
dure de sodium puis par de l'iodure de mélliyle. Le produit est ensuite
isolé, dissous dans le toluène et soumis à l'action successive de l'amidure
de sodium et de l'iodure de méthyle. Après rectification on obtient un
liquide bouillant à io8°-io9°, sous i4mm, qui avait la composition de la
diméthylmentlione.
De nombreux essais ont été tentés pour obtenir la trimétbylmenthone ;
ils sont restés sans succès.
Dimèlhylmenthol ou 1 . 1 .'i-trimétlivl- ~)-isopropylcyclohearanol-6
/HCtCH3) — C(CH3)2
CH*< CH OH-
Cil- CMC3 H7
— Préparé comme ses congénères, cet alcool se présente sous la forme d'un
liquide bouillant à 2/|5°-247° sous la pression ordinaire, et dont le pouvoir
rolatoire [a]„ = -1- 3° 23'.
La phènylurëthane ne peut être obtenue qu'en chauffant cet bexanol avec
le carbanile à ioo°, en tube scellé, pendant 17 beures. On a isolé deux pro-
duits dont l'un fond à ç)o"-9i° et l'autre à 1 1 f°-i 16°.
Diallylmenthone ou i-mélhyl-\ .i-t/iallyl-j-isopropylcyclohexanone-ù
/CH(CH3) — C(C3Hà)2
CH*< CHOH-
\CtP CHC'H7
— On commence par préparer la monoallylmenthone déjà décrite (' ) et on
la traite, au sein du toluène, successivement par de l'amidure de sodium et
de l'iodure d'allyle.
Le dérivé diallylé bout à i46q-i47° sous i3mm et possède le pouvoir rota-
toire spécifique [a]D = -f- 25°5o'.
/CH(CH') — C(0"H»)s
Triallvlmenthone CW( CO . — Alors qu'il nous a été
\ctP G<:G3H7
(') A. Haller, Comptes rendus, t. 138, 1904, p. 1140.
I2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
impossible de substituer un troisième métbyle dans la menlbone, nous
avons réussi à produire la triallylmentlione en opérant au sein du xylène.
C'est un liquide bouillant à i66°-i6n° sous i4mi" et dont le pouvoir rota-
toire spécifique [a]„ = + 6°4o'.
En résumé, les recberches que nous venons d'exposer nous montrent :
i° Que, dans les cyclohexanones déjà substituées ou non, on peut, par
l'intermédiaire de l'amidure de sodium, remplacer tous les atomes d'hy-
drogène unis aux deux atomes de carbone voisins du groupement céto-
nique C( ), par des radicaux hydrocarbonés, notamment par du méthyle et
de l'allyle ;
2° Que cette substitution est toujours accompagnée de produits de
condensation des cyclohexanones sur elles-mêmes, quand il s'agit de la
cétone cyclique la plus simple et de son dérivé (3 méthylé, ce dernier se
condensant toutefois moins facilement que son homologue inférieur, alors
que la menthone ne donne point de produits de condensation;
3° Qu'avec la cyclohexanone cette condensation s'accentue davantage
quand on essaie de substituer, toujours dans les mêmes conditions, des
radicaux homologues supérieurs du méthyle, au point qu'on n'obtient que
très peu de dérivés substitués;
4° Que les tétra, penta et hexaalcoylcyclohexanones ainsi obtenues ne
se combinent plus avec l'hydroxylamine ni avec la semicarbazide et qu'au
sein de l'éther, la benzine et le toluène, elles résistent à l'action de l'ami-
dure de sodium. Au sein du xylène il semble toutefois y avoir rupture du
noyau avec formation de dérivés basiques très complexes.
Tous ces composés sont assimilables aux tétraalcoylacétones qui, toutes,
se refusent à former, avec l'hydroxylamine ou avec la semicarbazide, des
oximes ou semicarbazones. Certaines d'entre elles, comme l'hexaétliyl-
acétone et la tétramélhyldiisobutylacétone sa métrique, résistent également
à l'action dédoublante de l'amidure de sodium.
Ces recherches ont été exécutées avec le concours de MM. Benoisl, Cor-
nubei t et Couard qui m'ont secondé avec autant de zèle que d'intelligence.
SÉANCE DU 21 AVRIL t9l3. I207
THERMOCHIMIE. — Élude thermochimique du nitrate d'uranyle
et de ses hydrates. Note de M. de Forckaxd.
J'ai indiqué récemment (') les résultats de mes expériences au sujet des
hydrates du nitrate d'uranyle, lesquels sont au nombre de quatre : à 1, 2, 3
et6H20.
Les données thermochimiques relatives à ces. composés et au sel anhydre
m'ont paru un peu incertaines.
Elles ont bien été déterminées l'année dernière par M. Chauvenet (sauf
pour le monohydrate, qui n'était pas connu) avec des produits préparés par
M. Markétos, lequel les a reproduites dans son Mémoire sur la préparation
du sel anhydre (2), mais cette publication contient malheureusement des
fautes d'impression qui rendent l'interprétation de ces nombres incertaine.
En outre, le nombre 4- 2Cal pour le trihydrate ne concorde pas du tout avec
celui qu'a donné antérieurement (3) M. Aloy, soit — 3,70. De même encore
la chaleur de dissolution -+- i6Cal du sel anhydre comparée à celle (+ 5,42)
du dihydrate conduirait à une stabilité moindre que celle que j'ai constatée
directement pour le dihydrate.
Pour toutes ces raisons, j'ai repris l'étude thermochimique de tous ces
composés.
Conformément à ce qu'avait annoncé M. Lcbeau, le dihydrate peut être
obtenu dans un état de pureté absolue. Il n'est d'ailleurs ni déliquescent ni
efflorescent à froid. C'est le point de départ le plus certain de toute cette
série.
L'hexahydrate du commerce, purifié, ne contient jamais exactement
6II20. On s'en aperçoit précisément en le déshydratant à froid pour
obtenir le dihydrate. Ainsi l'échantillon dont je me suis servi a toujours
perdu exactement 3,973 H20, au lieu de 4H20. D'où il résulte que cet
échantillon était en réalité à 5,976 H20, et, par suite, très légèrement
eflleuri. Mais la correction est très faible et facile à faire avec sécurité. .
Quant au trihydrate, si son existence est certaine, sa préparation est
beaucoup moins sûre, car, ainsi que je l'ai expliqué, la déshydratation
(sous cloche sulfurique, à la pression atmosphérique) ne s'arrête pas fran-
(') Comptes rendus, t. 156. igi3, p. io44-
(-) lbid., t. 155, 1912, p. 210.
(3) Ibid., t. 122, 1896, p. i54i.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 16.) ! 54
I208 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chement au trihydrate. En mettant fin à l'expérience au moment où le résidu
contiendrait exactement 3 H20, on risquerait donc d'avoirdes mélanges de
trihydrate avec un peu de dihydrate déjà formé à la surface des grains, et
d'hexahydrate non encore dissocié à l'intérieur. Aussi, en vue de détermi-
nations thermochimiques, vaut-il mieux dépasser un peu le terme 3H20 et
opérer sur des produits à 2,o,5 ou 2,90 H20 seulement; on corrige ensuite
le résultat pour le rapporter au trihydrate véritable.
Le monohydrate est encore moins facile à oh tenir. J'ai utilisé le produit dont
j'ai parlé dans ma précédente "Note, lequel contenait en réalité -^ (soit un
peu moins de 1 pour 100) de U03H20. Il en résulte une faible correction
additive pour la chaleur de dissolution, correction que j'ai évaluée à oCal, 1 ,
en raisonnant par analogie d'après les données de M. Sabatier sur l'azotate
de cuivre à excès d'oxyde ('). Cette correction est de moins de — du
nombre à mesurer.
Quant au sel anhydre, je me suis servi du produit contenant ■£$ d'acide
uranique. La correction qui en résulte, de oCa,,28, ne dépasse guère -^ du
nombre à mesurer.
J'ai effectué, à la manière ordinaire, entre n°et i3°, la dissolution de
tous ces composés. J'ai obtenu, toutes corrections faites, les nombres qui
suivent, en regard desquels j'indique ceux donnés par M. Markétos et par
M. Aloy :
M. Markétos. M. Aloy (!).
Cal Cal
Ilexahydrate — 5,45 — 4, 76
Trihydrate + 1 , 35 + 2,00 — 3Cal, 70
Dihydrate + 5,o5 +5,42
Monohydrate -f-11,87
Sel anhydre +19,00 +16,00
Toutes ces dissolutions ont eu lieu rapidement, sans écraseur (2 à 3 mi-
nutes); les liqueurs sont parfaitement claires (3).
On déduirait, des nombres précédents, par différence :
(') Comptes rendus, t. 125, 1897, p. 3o3.
(2) Le nombre donné par M. Aloy pour le trihydrate laisserait penser qu'il a opéré
en réalité sur l'hexahydrate, bien qu'il écrive la formule du trihydrate et prenne la
peine d'indiquer son poids moléculaire : 45o, qui est bien en effet celui du trihydrate,
si l'on prend U =r 240.
(3) M. Aloy indique que la dissolution de tous ces sels d'uranium se fait avec len-
teur, et que la liqueur demeure longtemps trouble.
SÉANCE DU 21 AVRIL IÇI3. 1209
A partir A partir
de H20 liq. de H'O gaz.
Sel anhydre -+- H20 sol. = monohydrate solide -+-5,70.. +7,13 +16,79
Monohydrate + H20 sol. — dihydrate solide + 5, 3g.. -+-6,82 +16,48
Diliydrate + H20 sol. = trihydrate solide +2,27.. +3,70 +i3,36
A trihydrate + H!0 sol. = ± he\ahydrate solide + 0,84. . +2,27 +11,93
Comme il arrive toujours, la chaleur d'hydratation des hydrates succes-
sifs, à partir du sel anhydre, va en diminuant. Elle devient même tellement
faible pour le passage du tri à l'hexahydrate qu'on peut en conclure qu'il
n'existe certainement aucun hydrate contenant plus de OILO; car les
nombres de la première colonne doivent rester positifs.
On peut encore calculer, d'après ces données, la température d'ébullilion
de chacun de ces hydrates, en appliquant aux nombres de la troisième
colonne ma relation générale : ^ = 3o environ (ici : 29,73). On trouve
ainsi les résultats qui suivent, en regard desquels j'indique ceux qu'on
obtiendrait avec les nombres publiés par M. Markétos:
D'après M. Markétos.
oC.
Pour le monohydrate +292
Pour le dihydrate +281 +23o
Pour le trihydrate +176 +164
Pour l'hexahydrate +128 +128
Il n'y a accord que pour l'hexahydrate.
Ce composé apparaît bien comme un hydrate dont la tension d'effiores-
cence n'est pas négligeable à la température ordinaire, et dont les cristaux
peuvent, pour cette raison, contenir en réalité un peu moins de 6H20. Il se
trouve, à ce point de vue, dans des conditions pareilles à celles du sulfate
de zinc à 7H20, dont les cristaux s'effleurissent un peu à la longue dans
l'air sec.
Le trihydrate est déjà notablement plus stable, mais la différence (48°),
quoique non négligeable, n'est pas assez grande pour que la tension d'efflo-
rescence soit pratiquement nulle à la température ordinaire. Il faudrait le
comparer plutôt à de la glace à — 6o°C, laquelle aurait encore une tension
de vapeur de omm,ooy (Nernst). Aussi, sous cloche sulfurique, même à la
pression ordinaire, observe-t-on que la déshydratation du trihydrate a lieu,
quoique beaucoup plus lentement que celle de l'hexahydrate.
Le dihydrate est beaucoup plus stable, son point d'ébullition attei-
gnant + 2810 C. Il faudrait le comparer à de la glace prise à — i65° C.
Aussi résiste-t-il absolument à l'action de la cloche sulfurique, même dans
I2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
le vide, à -+- 15° C. Mais si nous le portons à la température de -+- 980 C,
surtout dans un courant de gaz inerte sec, nous annulons par cela même, ou
à peu près, la différence de 28 1° à 1760; le dihydrate perd alors, très lente-
ment d'ailleurs (130 heures), une de ses molécules d'eau et passe à l'état de
monohydrate.
L'autre molécule résiste encore, puisque nous étions à la limite pour la
précédente, et que le monohydrate bouta ii° plus haut que le dihydrate.
Pour en éliminer l'eau en r5o heures, il faudrait élever la température
à -+-1100 environ. En fait, j'ai montré qu'on obtenait ce résultat
à -+- 125° en 60 heures, ce qui concorde sensiblement.
Tous ces phénomènes de déshydratation successive s'expliquent donc
parfaitement par les données thermochimiques obtenues.
Et il me paraît tout à fait inutile, pour comprendre notamment que le
dihydrate demeure stable à froid, de lui supposer une constitution spéciale,
et de dire que ses deux molécules d'eau y jouent un rôle particulier, ainsi
que M. Lebeau a proposé de le faire. La seule propriété particulière que
possèdent ces molécules d'eau, soit dans le dihydrate, soit dans le mono-
hydrate, vient de ce qu'elles sont fixées avec plus de force que les quatre
autres.
De même, dans le sulfate de zinc à 7 H2 O, il y a six molécules qui sont
très peu stables, tandis que le sulfate monohydraté bout seulement
à -+- 3370, sans que cette dernière molécule se distingue certainement des
autres par autre chose que par L'énergie plus grande avec laquelle elle se
trouve unie au sulfate.
D'une façon générale,. il me paraît peu profitable aux progrès de la
science de recourir, sans raison valable, à cette notion mystérieuse de
complexe, dont on tend à faire un singulier abus de nos jours.
ÉLECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section des Académiciens non résidents.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 5i,
M. Sabatier obtient ^6 suffrages
M. Gouy » 3 »
M. Bazin » 1 suffrage
M. Stéphan » 1
n
SÉANCE DU 21 AVRIL igi3. 121 I
M. Sabatier, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section de Mécanique, en remplacement de M. Amsler,
décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 48,
M. Jules Boulvin obtient 43 suffrages
M. Scbwœrer » 5 »
M. Boulvis, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
COMMISSIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'une Com-
mission de six Membres, qui devra présenter une liste de candidats à la
place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de
M. L. Caillelet.
Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président
de l'Académie, doit comprendre : deux Membres de la Division des
Sciences mathématiques; deux Membres de la Division des Sciences phy-
siques; deuXjMembres de la Section des Académiciens libres.
MM. E. Picard, Vii.i.ard , pour les Sciences mathématiques;
MM. Zeiller, Le Chatemer, pour les Sciences physiques; MM. A. Car-
not, Tisserand, pour les Académiciens libres, réunissent la majorité des
suffrages.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Le fascicule I, 1908 (Mémoires), et le fascicule III, 1910 (Pluies), des
Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par A. Angot,
Directeur du Bureau.
12 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Le Tome XX, 3e série (avril io,i3), des Annali di Malematica para e
applicala (dédié à la mémoire de Lagrange).
3° Le Tome I des Mémoires du Service géologique de V Indo-Chine, qui
contient : Etude géologique du Yun-nan oriental, par J. Deprat et
H. Mansuy; Mission du Laos, par H. Mansuy; Contribution à la géologie du
Tonkin, par H. Mansuy. (Présenté par M. Douvillé.)
4° Le Volume II, année içjiijdes Tables annuelles de constantes et données
numériques de Chimie, de Physique et de Technologie. Secrétaire général :
Ch. Marie. (Présenté par M. G. Lippmann.)
5° A. Gruvel. L'industrie des pêches sur la côte occidentale d' Afrique.
(Présenté par M. E.-L. Bouvier.)
M. André ISi.oxdel prie l'Académie de vouloir bien le compter au
nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens
libres, par le décès de M. L. Caillelel.
MM. C. GuiaiARi) et Tilho adressent des remercîments pour les distinc-
tions que l'Académie a accordées à leurs travaux.
M"le veuve H. Ruck adresse également des remercîments à l'Académie.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Un théorème sur la fonction gamma.
Note de M. H. Rurkiiardt, présentée par M. Emile Picard.
Le développement suivant de log T(.t) me paraît digne d'être signalé.
On a
logT(a;) — s/tÏk + x\ogx — x
-\ \x\o%x — (x 4-i)log(.r + i) -hi]
+ 2 [x\ogx — 2(x 4-i)log(.r + i) -+- (x-h 2) log (.2 -t- 2)]
I
m
tflogx— (m — i)(.r + i)log(.z+i)-t-^ — -t-— (x -+- 2) log (a; + 2) -+- ...
-+- (— 1 )"*-'( x -h m — 1) log (a? + m — l)
Gette série converge pour toute valeur réelle et positive de x. Il faut
prendre les valeurs arithmétiques des logarithmes.
SÉANCE DU 21 AVRIL Ip,l3. I2l3
ANALYSE MATHÉMATIQL'E. — Sur des transcendantes entières généralisant
les fonctions exponentielles et trigonométriques. Note de M. Michel
Petkovitch, présentée par M. Emile Picard.
(0
Si dans l'expression
/ ur" dt
r-
dt
on remplace u et r par diverses fonctions de t, réelles, finies et continues
pour / compris dans l'intervalle réel et fini (a, b), on a des suites
i, a,, a2, a3, ...,
en nombre illimité. Les séries
1 ( X ) = I -\ r X -\ j- X% -+- . . . ,
(2) { I,(«r) = I — — x^+jjX* — ...,
2 1 4 !
liées par la relation
(3) l(xi) = lt(x) + ilt(x),
lesquelles, dans le cas particulier de r = const., se réduisent aux fonctions
élémentaires
l{x) = e'"x,' I,(.c) =; cos/'x, I., (.r) = sin r.r.
représentent, dans le cas de r variable, des transcendantes variées pouvant,
sous plusieurs rapports, être considérées comme généralisations de ces fonctions.
D'abord, les intégrales définies
,4
l \{x) =i r uerxdt, L= / udt,
ï1(x)=y I u cosrx dt, I2(.r) = — / u sinrxdt,
J a ' J a
par lesquelles se laissent exprimer I, I,, L, mettent en évidence les faits
suivants :
1214 ACADEMIE DES SCIENCES.
i° Ce sont des fonctions entières de x, du genre zéro ou un.
2° La fonction ï(x) n'a qu'un nombre limitéde zéros réels et un nombre
limité de maxima et de minima. Les propositions de Laguerre sur les
intégrales delà forme
f
ue~xl dt
fournissent le moyen de fixer une limite supérieure de ces nombres.
Lorsque x augmente indéfiniment, l(x) augmente aussi indéfiniment ou
bien tend vers zéro, suivant l'argument avec lequel x augmente. Tout ceci
est également valable pour les dérivées d'ordre quelconque de ï(x), qui
sont toujours fonctions de même espèce.
3° Ces fonctions I,(x) et I2(#) sonl oscillantes pour x réel, à un nombre
illimité d'oscillations, ayant un nombre illimité de zéros réels positifs et
négatifs et un nombre limité de zéros purement imaginaires. Elles ne
surpassent pas, en valeur absolue, une certaine limite finie, pour aucune
valeur réelle, finie ou infinie, de x et tendent vers zéro lorsque x augmente
indéfiniment par valeurs soit positives, soit négatives. Tout ceci est éga-
lement valable pour les dérivées d'ordre quelconque de I, et L, qui sont
toujours fonctions de cette même espèce.
4° Des analogies plus profondes avec les fonctions erx, cosrx, sinrx
apparaissent dans le cas où la fonction u garde un signe invariable entre a
et b. Dans ce cas, en désignant par M et N la plus grande et la plus petite
valeur que prend la fonction r dans l'intervalle (a, b), les expressions (3)
mettent en évidence les faits suivants :
a. La fonction l(x) n'a aucun zéro réel, ni aucun zéro imaginaire à
coefficient de i compris entre — ^et-^. Si, en même temps, /• garde un
signe invariable dans l'intervalle (a, b), la courbe réelle y = ](x) varie
constamment dans un même sens lorsque x varie de — oc à -+- yo, sans
présenter de maxima, de minima ni de points d'inflexion, et il en est de
même d'une dérivée quelconque de I {x). Le polynôme obtenu en arrêtant
la série l(x) à un terme quelconque de degré pair a tous ses zéros imagi-
naires.
b. L'expression
-logl(^)
a une valeur finie et comprise entre M et N pour toute valeur réelle
de x.
SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 121 5
c. En désignant, d'une manière générale, par A une fonction de r dont
les valeurs, pour toute valeur réelle de a?, sont finies et comprises entre
r — h et H- /, où
M - N , M — \
h=-û->o, |=__>:.,
toute fonction 1 (x) a pour x réel une formule d'addition de la forme
l(ar, + *, + ... -H ■>;, ) = !('*, )'''• I ( *t )'> • ■ • 1 (*„ )"'-.
et une formule de multiplication de la forme
[(*,*■,) = 1(^1)*^.
r/. On a des faits analogues pour les fonctions 1, et I2 ne variant alors
qu'entre -+- i et — i,'avec un nombre illimité d'oscillations de plus en plus
amorties, avec un nombre illimité de zéros réels et n'ayant point de zéros
purement imaginaires. Je signale particulièrement une sorte de formule de
Moivre généralisée : en posant
II, (*) = 1,(^1)=— j u(e>*+e-*)dt,
Hî(ar) = Is(a?t)=-r / u(erjc— e rx)dt
(les fonctions H, et H2 généralisent ainsi les fonctions hyperboliques),
on a
[H,(j) -f-(H,(1r)]"'=HI(mX,.r)-+-/IL(«r/.,^).
H1(;«.r) + /H,(mj)= [H,(?.oa-)-+-'H2()., '•)]'".
pour toute valeur réelle de x et de m.
.Les transcendantes 1,1,, L se présentent dans plusieurs problèmes d'ana-
lyse (intégrations des équations différentielles et aux différences Unies,
réduction de types généraux d'intégrales définies, divers problèmes du
Calcul des probabilités, etc.), ce qui donne un intérêt particulier à leur
élude.
C. R., i9i3, i" Semestre. (T. 15G, N° 16 ) 13'
I2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur les systèmes conservatifs non holonomes
avec des liaisons dépendantes du temps. ÎXote de M. A. Bilimovitch, pré-
sentée par M. Appell.
Si les coordonnées qn >,.„,., (,_,,_,...,„>;
/■ = î
ici T est la force vive du système (la fonction homogène de second degré
des vitesses q\, ' sincp sin9 4- 9' cos9. /• 1= 'Y C0S9 -!- 9'.
Les équations différentielles du mouvement sont
d ÔT 01 OU - r . fl ,,,, ,,
7 7T = -rr 4- A[sin$4-/(0 COs5>],
dt d u l'écart du balancier à son point mort, L la longueur de
chaque spiral dont le coefficient d'élasticité est E et dont I désigne le moment
d'inertie géométrique propre à l'axe de flexion de la section; faisons de
plus w0 = p-i-u, to, = — />-(-«; nous trouvons alors à l'approximation
de — une pression purement radiale sur la virole commune; cette pres-
sion r^ ^ (cosco, — eosw0) a pour vaieur absolue aux amplitudes habi-
tuelles -^ ; — ; et si S est le coefficient linéaire de résistance au roulement
L /'"
latéral, nous aurons à ajouter au moment pendulaire de l'ensemble des
1 1 - • , à El 4
deux spiraux le moment résistant s. = — - -, -usina.
1 \j L p*
SÉANCE DU ■?. I AVRIL IC)l3. 12 10
La méthode de la variation des constantes nous garantit alors, à une
approximation de l'ordre de £-, l'isochronisme des vibrations conduites par
le spiral double, même en ayant égard au frottement.
III. Avantages pratiques qu'on peut attendre de l'emploi du spiral double ou
n'im couple convenablement composé de deux spiraux doubles.
i°"Avec un seul spiral double on perfectionne la méthode de Le Roy, en atténuant
les frottements latéraux et en rendant la vibration sinusoïdale; l'utilité pratique de
celte transformation est la suivante: on admet généralement que l'épaississement des
huiles fait croître lentement, mais très notablement, le terme constant du frottement
horizontal exercé par le poids du balancier sur la tête du pivot; c'est à l'égard de ce
terme prépondérant que la loi sinusoïdale de la vibration devient une garantie d'iso-
chronisme pour les chronomètres marins.
2° Prenons maintenant deux spiraux doubles, dont l'un est intérieur au premier.
El , . ....
mais avec mêmes valeurs des rapports — » chaque système ayant ses viroles coïnci-
dentes, mais la projection commune des viroles de l'un étant (par rapport à l'axe) à
l'opposé de la projection commune des viroles de l'autre; on obtient ainsi un régu-
lateur pour chronomètres marins qui, sans aucune courbe terminale, n'exerce plus
aucune pression sur l'axe du balancier.
La démonstration du fait résulte immédiatement de la valeur de la pression radiale
donnée plus haut pour le spiral double et de la discussion des pressions tangentielles
sur les viroles.
IV. Après avoir ainsi résolu complètement le problème de l'isocbronisme
du régulateur des chronomètres marins sans recourir aux courbes termi-
nales, je tiens à rappeler le large emprunt que j'ai fait aux travaux de Resal
et de M. Gaspari et j'ai le devoir de rendre hommage à mon dévoué colla-
borateur M. Ernest Jaccard, sans qui je n'aurais pu entreprendre l'étude
expérimentale de l'extinction des vibrations naturelles du balancier, étude
qui, on vient de le voir, suggérait immédiatement la solution du problème
cherché.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le mouvement des milieux ri squcu.r indéfinis .
Note de M. Louis Roy, présentée par M. Boussinesq.
L'équation qu'on rencontre dans l'étude du mouvement des milieux
visqueux peu déformés est du type suivant :
1220 ACADEMIE DES SCIENCES.
où A, cr désignent deux constantes positives, cp une fonction du temps / et
de trois coordonnées x, y, z et A le symbole opératoire -r—> -t- j-2 -t- y^-
C'est à cette équation que se ramène le problème des petits mouvements
d'un milieu vitreux qui n'est soumis à aucune force extérieure et dont la
température est uniforme ('); la dilatation cubique et les trois composantes
de la rotation moyenne vérifient alors respectivement deux équations de la
forme (i), où la quantité A dépend des coefficients de viscosité du milieu
et la seconde a2 de ses coefficients d'élasticité. Enfin, suivant les idées de
Helmhollz, l'équation (i) se présente encore dans la théorie de la propaga-
tion de l'électricité dans les milieux conducteurs (').
Nous avons intégré antérieurement l'équation (i) dans le cas d'une seule
coordonnée et d'un milieu limité (3); nous nous proposons maintenant
d'aborder le cas d'un milieu indéfini. Toutefois, nous ne considérerons pas
les conditions initiales les plus générales; nous chercherons seulement à
former la fonction cp (ne, t) définie par les équations
à3 cp „di■ + et. sjr, ) e a' da, -f- = -L / g(x -H a yV)e *' dx;
pour x
' = 0,
f(x)i g(x) désignant deux fonctions arbitraires satisfaisant aux conditions
de Dirichlet et yj, r\' deux paramètres positifs que nous introduisons pour
rendre assurément valables certains développements en séries et faciliter
plus lard l'oblention de formules asymptotiques. D'ailleurs, on peut tou-
jours choisir yj et y]' assez petits pour que les fonctions d'état initial diffèrent
aussi peu qu'on veut des fonctions arbitraires /"( x) et g(x).
Les équations (2) peuvent s'intégrer par la méthode de l'intégrale de
(') lJ. Duhem, Recherches sur l'élasticité {Ann. E. N. sup., o1' série, t. XXI, XXII,
XXIII, deux. Part., Ghap. I, § IV).
(2) F. Duhem, Sur l'interprétation théorique des expériences hertziennes (L'Eclai-
rage électrique, t. IV, 1895, p. 4ç)4)-
(3) L. Rov, De la viscosité dans le mouvement des fils flexibles (Comptes rendus.
t. 152, p. 1228); Recherches sur la dynamique du Jil flexible (Ann. E. N. sup.,
3e série, t. XXIX, p. 4'7)-
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1221
Kourier; si nous posons
puis
(3)
I - /**»./ sharv/fl2 — i /—. : \ ,
\ 1S( y, t) = / B >* c. Y h charma.2— i I cnszrrfa,
1 J0 \ v^-i
1 /*" t. , sli y.-\lc/:'- — i
/ (|'(>.7)"/ e Ja / cosairfg,
<£■
on trouve pour l'intégrale cherchée
fû ^'^/^^(^O^^^'D
Les fonctions ? et y peuvent être ohtenues sous forme de développements
en séries absolument et uniformément convergents pour vj >o, yj'^o,
/>o et/ quelconque; en introduisant ceux-ci dans l'expression (4) de
l'intégrale et en posant
/ » W\
Mil I p 1«=A;6 \
on obtient
*^0 = ,^2|-5^J^K^)|.-.Ki^ï- -rgsr- -rt—
„.(:)_^_I-^->;-iV/:.
v ' 2 n -+- i ni.
Si l'on remplace la fonction I„(0,'C) par son expression algébrique et si
l'on pose
M \ 4/ (2" -(-•)! ( — «- i)! (an — 7 + 1):/;! (2-7 — 2/?)!
B« -IV ^^
4 y1 2«!(j — «)! (2 n — q)\p\ (27 — 2/»)!'
il vient encore
,5/1 + t
y V X' A" ( -
\/7i
2/» ^
('Y" 9-*/ r.A.r-haa/.v'Ôa)
v/n ^ ^ ^ ""\>
"=» '/=" e=<>
2 n +'1
rfsc.
1222 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quand / augmente indéfiniment, on reconnaît que la fonction § tend vers
zéro et la fonction (J vers -> de sorte que l'égalité (4) nous donne
2
i = » 2 a J _
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie électronique de la gravitation.
Note de VI. L. Décombe, présentée par M. P. Appell.
Dans une récente Communication (') j'ai établi les formules générales
relatives à l'action mutuelle de deux spectrons éloignés, la force centrale
qui sollicite les électrons et la forme (fermée) de l'orbite étant supposées
quelconques. Cette action n'est différente de zéro qu'autant qu'on suppose
finie, du inoins à l'intérieur du spectron, la célérité V des actions électro-
dynamiques.
Considérant ensuite le cas où les orbites sont circulaires, nous avons
obtenu, moyennant une hypothèse universelle touchant la constitution du
spectron, une loi d'action identifiable avec celle de la gravitation. Le cas
plus particulier où la force centrale est proportionnelle à la distance nous a
enfin conduits, moyennant une hypothèse auxiliaire (VT = const.), à cette
conclusion remarquable que l'énergie et le moment magnétique du spectron
sont alors des multiples entiers respectifs d'un quantum élémentaire d'éner-
gie semblable à celui de la théorie du rayonnement noir (c'est-à-dire
proportionnel à la fréquence) et d'un moment magnétique élémentaire
universel.
J'ajouterai aujourd'hui les remarques suivantes :
1. La forme circulaire de l'orbite n'est pas la seule qui permette de
retrouver la loi de Newton. Si, supposant, par exemple, la force centrale
proportionnelle à la distance, on considère des orbites elliptiques, l'action
moyenne de deux spectrons éloignés conserve la même forme, à la condition
de supposer que la quantité — rj — - — ^ = y'-p (où a et b désignent les
demi-axes de l'ellipse) soit une constante universelle. La condition auxi-
liaire VT = const. fait alors apparaître un quantum d'énergie propor-
tionnel à la fréquence, mais pas de moment magnétique universel.
( : i Comptes rendus, ■>.') mars 1 9 1 3 .
SÉANCE DU 21 AVRIL !Ç)l3. 1223
Inversement, l'orbite étant supposée circulaire, la loi de proportionnalité
n'est pas la seule qui permette de retrouver un quantum de la forme ™ et
un moment magnétique élémentaire universel. Toute force attirante de la
forme Ar" jouit de la même propriété (' ).
II. Notre démonstration exige que la célérité V des actions électrodyna-
miques à l'intérieur du spectron (c'est-à-dire dans le milieu particulier
représenté par la distribution cubique d'électricité positive) soit finie (2).
D'une manière générale, il importe de remarquer que nous ne savons
rien du mécanisme de la propagation des actions électrodynamiques et
qu'en particulier, elle ne saurait être identifiée, a priori, avec celle de
l'onde électromagnétique dans le même milieu. Pour s'en convaincre, il
suffit de considérer le cas de deux électrons animés chacun d'un mouve-
ment rectiligne uniforme; il y a évidemment production d'action électro-
dynamique, mais non pas d'onde électromagnétique. Nous ne sommes donc
pas tenus d'identifier la célérité des deux phénomènes.
Quelle que soit, du reste, l'hypothèse qu'on fasse au sujet de la grandeur Y,
la relation
i e Tt!a ,-
exprime ta condition nécessaire et suffisante pour que l action mutuelle moyenne
de deux speclrons circulaires suffisamment éloignés puisse être identifiée avec
la gravitation universelle. Cette identification doit donc être considérée
comme indépendante de toute spéculation concernant la propagation des
actions électrodynamiques.
Si l'on regardait V comme une constante universelle, la relation ( i) exprimerait que
l'énergie d'un spectron est un multiple, entier d'un quantum élémentaire, lui-même
constante universelle, non identifiable, par conséquent, avec celui du rayonnement
noir. Son moment magnétique serait inversement proportionnel à la fréquence.
Si, au lieu de cela, on pose VT=K, Iv désignant une constante universelle, on
obtient, comme on l'a vu, un quantum d'énergie proportionnel à la fréquence et un
moment magnétique élémentaire universel.
(') Rappelons toutefois que le quantum du rayonnement noir se rapporte au cas
d'une force proportionnelle à la distance. Ce cas, qui parait être celui de la réalité,
est d'ailleurs le seul pour lequel le mouvement circulaire puisse être considéré comme
absolument stable (voir P. Appell, Mécanique rationnelle, t. II, p. 35o).
(2) On pourrait également supposer finie la célérité des actions électrostatiques et
des actions galvanostaliques. Le résultat ne serait pas modifié.
C. R., iç)i3, i" Semestre. (T. 156, N' 16.) 1 56
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
De la recherche préliminaire à laquelle je me suis livre à cet égard
parait résulter la possibilité de concevoir, pour Faction électrodynamique,
un mécanisme de propagation permettant de rendre compte assez simple-
ment de la relation VT = K. Je désire cependant soumettre cette question
à une étude plus approfondie.
IN. Dans un autre travail ('), j'ai été conduit à considérer le mouve-
ment orbital des électrons comme pouvant être affecté par un mouvement
irrégulier d'agitation de faible amplitude. Cette circonstance ne modifie en
rien nos résultats touchant l'action mutuelle de deux spectrons. En parti-
culier, la relation (i) et l'expression du moment magnétique subsistent
inaltérées. Quant à l'énergie, elle se trouve évidemment augmentée.
Pour que la relation (i) continue à déterminer l'existence d'un quantum
proportionnel à la fréquence, il faut que l'énergie du mouvement d'agita-
tion soit un multiple (quelconque, entier ou non) de celle du mouvement
orbital.
Ce sera évidemment le cas, si l'on admet que l'énergie s'équiparlage entre les cinq
degrés de liberté que possède alors chaque électron (deux degrés pour le mouvement
orbital et trois pour celui d'agitation). Si l'on met alors sous la forme n =•_, l'énergie
totale d'un speclron circulaire dont le moment magnétique est représenté par « jul, on
trouve - = I07T — = ^jS. 10— 7 (unités électromagnétiques), tandis que le rapport de la
[j. e
constante /; de Planck à celle p. du magnéton de P. Weiss a une valeur environ deux
fois plus grande (36, i X io~7).
Ces deu\ valeurs se confondent toutefois sensiblement si, aux cinq degrés de liberté
précédents on adjoint les cinq degrés supplémentaires qui peuvent résulterd'un mou-
vement irrégulier de l'orbite autour d'une position d'équilibre (savoir deux degrés
pour la rotation du plan orbital et trois pour l'agitation du centre) étant toujours
supposé que l'énergie s'équiparlage entre les divers degrés de liberté.
V. Quoi qu'il en soit de ces considérations, le spectron ne semble pas
pouvoir être identifié avec le magnéton. Tandis qu'un atome de nickel,
par exemple, ne renferme, d'après M. P. Weiss, que trois magnétons, il
parait devoir contenir un nombre de spectrons beaucoup plus élevé, au
moins égal à celui des périodes internes de l'atome.
De ce qui précède il semble donc seulement permis de conclure ceci :
c'est que le constituant universel de l'atome auquel nous avons donné le
(') Journal de Physique, février i g 1 3.
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1225
nom de spectron parait devoir être considéré comme une sorte d'élément
dynamique primordial jouant un rôle fondamental dans les phénomènes de
rayonnement et de gravitation. Son ordre de grandeur probable, inférieur
à celui du magnéton, le rapproche plutôt de l'aimant universel, au moyen
duquel Ritz a cherché à expliquer les raies spectrales.
HYDRODYNAMIQUE EXPÉRIMENTALE. — Sur la marche des tourbillons
alternés derrière un obstacle. Note de M. Hknki Bé.vakd, présentée
par M. Appell.
Dans une précédente Note (' ), j'ai localisé exactement la zone de forma-
tion des tourbillons alternés : c'est la brèche médiane du seuil abrupt qui
limite le sillage à l'arrière. Les tourbillons, formés tous très sensiblement
sur le plan médian, sont d'abord entraînés avec la même vitesse que
l'obstacle, qui est aussi celle du seuil, mais ils prennent aussitôt un mouve-
ment ralenti, en même temps qu'ils s'écartent à droite et à gauche; ils attei-
gnent très vite leur écai lement transversal limite, leur équidistance longitu-
dinale limite, et leur vitesse limile, qu'ils garderont ensuite indéfiniment,
tant qu'ils ne seront pas trop amortis : en vieillissant, en effet, ils deviennent
évidemment de plus en plus sensibles aux fluctuations accidentelles inévi-
tables et l'équidistance, en particulier, est de moins en moins bien définie.
Le graphique condense, à titre d'exemple, toutes les mesures micrométriques
effectuées sur les 60 premières images du film n° 200; les mesures, encore possibles
sur un plus grand nombre d'images, seraient, d'après ce qui précède, de moins en
moins précises; d'ailleurs les images du segment de cercle sont de moins en moins
nettes. Les graphiques rectilignes, parallèles, à grande vitesse, de la partie gauche
sont ceux des divers accidents, qu'on ne peut détailler ici, de la partie du relief (jui
est symétrique et entraînée avec l'obslacle. F0 (confondu avec G"D") et F,, (confondu
avec a0) sont ceux de la poupe et de la proue de l'obstacle (dont la section est des-
sinée sur le bord droit du graphique, à la même échelle que lès espaces parcourus).
Les autres graphiques GiD,, G2D2, ..., G6 D6 sont ceux des tourbillons alternés de
gauche et de droite, numérotés dans l'ordre de leur formation.
On déduit de ces mesures les valeurs numériques suivantes, relatives au film 2G0.
Même liquide, même obstacle que pour les films 259 et 26t.
V, vitesse de l'obstacle (au chronographe) 21 ,48
V, vitesse limite des tourbillons 1 , 03
e, équidistance entre deux tourbillons de même sens. . . . icm,3op,
( ' ) 3i mars 1 9 1 3.
SÉANCE DU 21 AVRIL 1 9 1 3 .
1227
NV,U<: 1 «-.i*^-e
2 3e(OïidQ9
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'où, pour la période,
e i s
T = ^ = o% o656 =
1 5 , 24
Il y a donc 1 5 , 24 tourbillons de chaque sens produits par seconde; d'ailleurs il y a
26,6 images du cinéma par seconde.
On voit facilement, par exemple, qu'à l'époque de la 60e image, D31 est en formation,
la proue étant à 38cm, 1 en dehors du champ : il existe alors sur chaque file 3o tour-
billons plus récents que Dj et G,.
J'espère, en coordonnant les mesures prises sur plus de 200 films diffé-
rents, préciser encore les lois expérimentales auxquelles satisfont e et v.
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle espèce de tourbillons cellulaires.
Note ( ' ) de M. C. Dauzèue, présentée par M. H. Deslandres.
Dans son remarquable travail sur les tourbillons cellulaires, H. Bénard
a indiqué deux dispositifs pour l'étude des courants de conveclion dans une
nappe liquide horizontale indéfinie : le premier consisterait à placer la
nappe entre deux plaques métalliques portées à des températures diffé-
rentes; l'observation serait alors très difficile; le deuxième, adopté par
M. Bénard, consiste à laisser la surface libre en contact avec l'atmosphère
ambiante.
Un cas intermédiaire est réalisé dans les expériences sur les tourbillons
isolés qui ont fait l'objet de ma dernière Note (-). La formation de ces tour-
billons s'explique par l'existence d'une pellicule extrêmement mince
recouvrant les régions privées de cellules (photographie IV). Le mode de
division qui s'établit dans la nappe ainsi recouverte acquiert une netteté
remarquable, quand on s'adresse à l'acide stéarique impur tel qu'on le
trouve dans les bougies du commerce colorées en rose ou en bleu. La pelli-
cule superficielle est formée par des grains très fins de la matière colorante;
elle recouvre toute la surface, de telle sorte que les tourbillons isolés ne
se produisent plus. La convection calorifique donne naissance au-dessous de
la membrane à des tourbillons allongés analogues aux coupures observées
par M. Bénard. Le relief de la surface libre qui en résulte est formé de sillons
longitudinaux comprenant des crêtes et des vallées parallèles et équidis-
(') Présentée dans la séance du 7 avril 1910.
(2) Comptes rendus, 20 janvier 191 3.
SÉANCE DU 21 AVRIL IQI3. I22Q
tantes, avec amorce en certains points de divisions transversales qui parfois
^achèvent et se régularisent en donnant un réseau cellulaire hexagonal;
Fig. 3. Fig. 4.
Fig. 1. — tô grandeur naturelle. Acide stéarique impur coloré en bleu des bougies de fantaisie.
Épaisseur i""v'l4- Température 90». Tourbillons allongés donnant des coupures parallèles dans
toute la nappe recouverte d'une pellicule.
Fig. 1 et 3. — 5 grandeur naturelle. Même matière mélangée avec TV de son poids de cire. Epais-
seur i™m. Tourbillons isolés circulaires, dus à la conveclion à l'air libre, entourés de coupures et
cellules plus petites. Températures : 118° dansai*. 2; 1 1 1° dansjig. 3.
Fig. 4. — Grandeur naturelle. Même nappe à la température de 1020. Les tourbillons isolés subsistet
seuls.
mais celui-ci reste le plus souvent à l'état d'ébauche. L'existence de ce relief
a pour conséquence la formation de lignes focales nettes et brillantes quand
I23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
on observe en lumière réfractée; les lignes focales, images des lignes de
faile de la surface, sont représentées dans la photographie I.
La division que nous venons de décrire est 1res irrégulière et à peine visible à une
température voisine du point de fusion. Si l'on élève progressivement la température,
la régularisation se produit et les lignes focales apparaissent avec une nelteté remar-
quable à une température d'autant plus basse que l'épaisseur est plus grande. Si on
laisse refroidir, les mêmes changements se reproduisent en sens inverse : la surface
devient plane et les lignes focales disparaissent à la température où elles apparaissent
pendant réchauffement. Avec les grandes épaisseurs, la division en coupures persiste
jusqu'à la température de solidification; celle-ci commence à la surface libre sur les
lignes de faite, et les cristaux d'acide stéarique formés le long de ces lignes produisent
des chapelets très curieux visibles dans la plaque après solidification complète.
Les mesures des dimensions transversales ont fourni les résultats suivants :
i° Lorsque la température croit lentement, la distance moyenne 7. des coupures,
dans une nappe d'épaisseur donnée e, varie peu, contrairement à ce qui a lieu dans la
convection à l'air libre. Le relief de la surface libre s'exagère au contraire considé-
rablement, de telle sorte que la mise au point faile sur les lignes focales doit être
modifiée à mesure que la température s'élève.
a° Pour la même épaisseur, les cellules sont plus petites que dans la convection à
G
l'air libre. Si l'on calcule les valeurs du rapport^, on voit que ce rapport a des valeurs
A
comprises entre o,5 et i, tandis qu'il ne dépasse guère o,3 dans la convection à l'air
libre.
On réalise à la fois dans la même nappe les deux espèces de tourbillons,
en mélangeant à la bougie rose -^ de son poids de cire. Dans une nappe
liquide de ce mélange, la pellicule superficielle se forme comme il a été dit
ci-dessus, ainsi que la division en coupures parallèles avec ébaucbe du
réseau cellulaire hexagonal. Mais la pellicule est moins cohérente, il suffit
de souffler à la surface pour la crever, et quand on l'a rompue, elle met un
temps très long à se reformer. Dans les plages ainsi découvertes se pro-
duisent des tourbillons isolés dus à la convection à l'air libre : leur diamètre
est environ quatre fois plus grand que celui des petites cellules précédentes;
ils persistent par refroidissement bien au-dessous de la température de
disparition du réseau des petites cellules ou coupures (photographies II,
III, IV).
SÉANCE DU 21 AVRIL 1913. I23l
Remarques sur la Communication précédente (de M. Dauzère) ('),
par M. Desi.andres.
Déjà, en présentant l'année dernière (le i5 avril 1912) une Note
de M. Dauzère sur les tourbillons cellulaires isolés, j'ai ajouté quelques
remarques, et j'ai fait ressortir le très grand intérêt de ces recherches et des
recherches antérieures de M. Bénard, pour la Météorologie terrestre et
même solaire. Ces résultats de la Note actuelle confirment plus nettement
encore cette première conclusion.
M. Dauzère étudie aujourd'hui un cas nouveau bien défini, celui où le
liquide, chauffé par le bas, offre à sa surface une pellicule superficielle de
particules solides, et il reconnaît deux dispositions nouvelles des courants
de convection, qui semblent attachées à la présence de ces particules. Or
les tourbillons analogues de notre atmosphère, constitués, comme on sait,
par la réunion d'un cyclone et d'un anticyclone, rencontrent souvent dans le
sens de la hauteur des couches de particules d'eau liquides et solides, et l'on
peut prévoir que ces particules exercent une influence notable sur le
mouvement tourbillonnaire.
PHOTOMÉTKIE. — Nilomctre, ou appareil pour la mesure rapide de la bril-
lance (-) d'une surface lumineuse. Note de M. A. Blonde 1., présentée
par M. J. Violle.
1. L'appareil représenté par les figures 1 et 3 consiste, sous sa forme la
plus simple, en une chambre noire métallique, qui permet d'observer à
l'œil nu sur un écran d'observation E, une image de la source lumineuse
étudiée, à une échelle d'agrandissement ou de réduction qui dépend de
l'objectif employé, et qui est en général voisine de l'unité. Les rayons tra-
versent un diaphragme à œil-de-chat rectangulaire à vis micrométrique,
(') Présentée dans la séance du 7 avril 1913.
(2) Le terme intensité surfacique a été proposé par M. J. Blondin pour désigner ce
qu'on appelait autrefois éclat intrinsèque, ternie reconnu aujourd'hui impropre à
cause des acceptions trop nombreuses qu'a reçues le mot éclat. J'emploie pour
abréger le mot brillance qui traduit l'anglais brightness et qui se déduit régulière-
ment de l'adjectif brillant.
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N" 16.) l57
1232
ACADEMIE DES SCIENCES.
du type que j'ai décrit antérieurement ('). Le diamètre de l'objectif est
choisi assez grand et son tirage assez limité pour que les rayons lumineux,
Fig. i. — Coupe horizontale schématique de l'appareil pour comparaison directe : S, source
de lumière; L, lunette à tirage variable; O, objectif achromatique mobile; b, boite contenant
le diaphragme fixe D et le double volet D' limitant une fente horizontale variable; B, raccord
garni de velours noir; B, boite à devant mobile autour d'une charnière horizontale; E, écran en
papier ou verre émaillé recevant l'image de la source; P, prisme double à bande argentée; t, tirette
de l'écran E; F, lampe à incandescence cylindrique à filament rectiligne vertical; I, verre fumé
éventuel ; '2, verre émaillé ; T, tirette de la plate-forme mobile N ; iv. lils souples amenant le courant
électrique et passant dans la tirette; G, douille supportant un tube de visée ou une lunette (non
représentée).
Fig. 2. — Boite B de l'appareil pour comparaison par microscope : e, écran mobile en verre dépoli
avec fenêtre centrale; p, prisme double à bande argentée, enchâssé dans la fenêtre; M, microscope
comprenant un objectif q et un oculaire m; a, anneau oculaire du microscope.
Fig. 3. — Détail du premier prisme, en élévation agrandie.
Fig. 4. — Détail, en élévation agrandie, de l'écran e, avec réticule et petit prisme p enchâssé au centre.
convergeant au centre de l'image qu'on observe, couvrent toujours plus que
l'ouverture du diagramme; il en résulte que, indépendamment de la posi-
(') A propos de la description du photomètre universel de Blondel et Broca dans
les Comptes rendus du Congrès de Cartilage (1896) de l' Association française
pour l'avancement des Sciences.
SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 1233
tion de l'objectif, l'éclairement E de l'image est proportionnel à la brillance
de la source i, suivant la formule E = — j-î en appelant k le coefficient de
transmission, S la surface ouverte de l'œil-de-cbat, /• sa distance à l'écran.
Pour que l'obliquité des rayons incidents provenant de l'œil-de-cbat n'en-
traîne aucune erreur, l'écran E n'est pas en verre dépoli (dont l'indicatrice
polaire de diffusion est en forme d'ellipse très aplatie), mais en papier ou
en verre émaillé (dont l'indicatrice se rapproche beaucoup d'un cercle).
Un double prisme Lummer-Brodhun, placé devant l'image, contient, sur
l'axe de visée, une bande argentée verticale à 45°, qçi réfléchit la surface
lumineuse de comparaison, formée par un second écran diffusant 2, éclairé
par une lampe à incandescence spéciale (filament vertical dans une ampoule
cylindrique). L'étalonnement de l'œil-de-chat est fait en visant une surface
d'éclairement uniforme préalablement déterminé.
2. L'appareil peut être transformé en micronitomètre (voir fig. i et 4)
par l'emploi d'un microscope au lieu d'un tube de visée, suivant le prin-
cipe du microphotomètre de Cornu ('), déjà perfectionné par M. H. Le
Chatelier dans son pyromètre (-).
L'écran E et le prisme P des figures i et i sont remplacés par un verre dépoli e,
portant dans une fenêtre centrale un petit prisme double /' de 5mm de côté, dont la
bande argentée verticale intérieure renvoie sur l'objectif du microscope les rayons du
lilamenl incandescent F; on amène dans le plan de l'axe de la bande l'image aérienne
de la source et on les compare par le microscope. Eu rabattant le fond de la chambre
noire autour d'une charnière horizontale, on peut voir auparavant sur l'écran à réti-
cule quelle est la partie de l'image qui sera dans le champ du microscope.
3. Pour mesurer la brillance d'une source très intense, on la compare
directement à celle du filament de la lampe à incandescence F, en déplaçant
à droite la plate-forme N de façon à substituer ce filament à la bande
argentée du prisme; on protège alors l'œil de l'observateur par des verres
absorbants ajoutés devant l'oculaire ou dans le microscope, dont on peut
du reste augmenter en ce moment le grossissement. En remplaçant la lampe
spéciale F par une lampe à incandescence quelconque, et la source à étudier
par un filament Nernst, dont la brillance a été préalablement tarée, on
(') A. Cornu, Études photométriques (Journal de Physique, t. X, 1881).
(2) 11. Le Chatelier, Comptes rendus, février 1892 et Journal de Physique,
3e série, t. I, mai 1892.
[234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut déterminer directement les brillances des filaments de toutes les
lampes à incandescence.
Si l'on appelle r, r' les distances respectives de la bande argentée (ou du filament
qui le remplace dans la méthode 3) à l'œil-de-chal et à l'objectif du microscope, / la
distance de la bande argentée au fijamenl de F, D le diamètre de l'objectif du micro-
scope, d le diamètre du filament incandescent, /., /.', k" les coefficients de transmis-
sion respectifs de l'objectif 0, de la bande d'argenture et du cube de verre, C le
coefficient de clarté du microscope (toutes absorptions déduites et en tenant compte
de la grandeur de l'anneau oculaire), B la brillance de la surface étudiée S, b la bril-
lance du filament de F; on a, en égalisant par l'œil-de-chat, la relation entre les
brillances apparentes
c*:F-^(^YB = CA',r^(^U ou =cb,
7rD2 \ /'/ TïD \ l J
suivant qu'on opère par la méthode du paragraphe 2, ou par la méthode du para-
graphe 3 ci-dessus. D'où l'on déduit B ou b en fonction de S.
Les précautions à prendre pour légitimer l'emploi du microscope sont
d'ailleurs celles qui ont été indiquées respectivement par A. Cornu (/oc. cit.)
et par moi-même (').
ACOUSTIQUE. — Sur les vibrations transversales des cordes.
Note de M. G. Sizes, présentée par M. J. Violle.
Dans les expériences que M. Massol et moi avons effectuées sur les vibra-
tions multiples des corps vibrants (Comptes rendus, 1907 à 1910, passirn),
nous avons étudié un certain nombre de cordes et particulièrement
la plus longue corde d'un piano à queue, corde fdée de im,96, donnant
le /a_, de 27Td. Les grandes oscillations de cette corde, pincée'de toutes
façons, nous ont permis d'enregistrer des courbes semblables à celles que
nous avions obtenues des diapasons.
Sur ces courbes, j'ai relevé 16 harmoniques inférieurs et 7 supérieurs. Le plus
grave est /a_5 de i""1, 6876 ; mais ce n'est pas le son fondamental de l'échelle. Le rap-
7 K
port y» qu'il présente avec so/_4 de 2"', 9.5 en fonction de 7e harmonique, assigne comme
son fondamental /a_7 deo,a,422, en rapport de — avec «o/_4; /«__, se classe ainsi
comme 4e harmonique et le son prédominant comme 64°.
(') A. Blondel, Sur un pholomètre-luxmètre portatif {Congrès de l'Association
française, Reims, 1907).
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1235
Le Tableau suivant renferme : i°les sons observés, 2° leurs nombres de vibrations;
3° l'ordre des harmoniques rapportés à la fondamentale (').
Harmoniques inférieurs.
1 /rt_7
)
la-,
mi-k sol_u
fo_t
Ut-3
mi_3 sol_3
< Ov,422
(
i
1^,6875
2', I 1
2% 53 2y,g5
3',375
4V,22
5':
,06 5v,g
f I
4
5
6 7
8
IO
,2 .4
ia'-3
si-3
«<12
solti
/a_2 «/f.
mi_
, soft..
r /rt-' 1
6V,75
7V>6
8', 44
ia'|
i3v,5 i6T,88
20V
25 25' J
27v
16
18
20
3o
32 4°
48
60
L 64 J
Harmon iques supérieurs.
mi
0
la0
ut\
mit
la,
/fl2
o11, 3o, mais l'a été par celles comprises entre 0^,30
et 0^,2.^.
Arséniure d'hydrogène AsH3. — D'après d'anciennes observations de
Vogel (Journ. prakt. C/iem., t. VI, p. 347), ce saz a l'obscurité déposerait en
(S jours des flocons noirs ; et au soleil le flacon se couvrirait, en peu de jours,
d'une couche d'arsenic métallique. Le produit de Vogel contenait proba-
blement des traces d'impuretés et de l'humidité, car un échantillon sec et
pur de AsH3, préparé en 1894 et conservé depuis en flacon de verre, à la
lumière diffuse, sur le haut d'une armoire, ne nous a pas montré de dépôt
sensible sur les parois, et a été trouvé entièrement absorbable par SO'Cu
(et par suite exempt d'hydrogène); après un mois d'exposition à la lumière
solaire directe sur une terrasse, en tube de quartz, il n'y avait encore qu'un
léger voile d'arsenic sur les parois.
Exposé 2 heures à io""u d'une lampe 220 volts en régime faible (3, 6 am-
pères et 60 volts aux bornes), en tube de verre ordinaire et en tube uviol,
ce gaz ne s'est pas modifié. Les rayons de 7. > 0^,25 n'ont donc qu'une
action lente.
En tube de quartz, par contre, on voit au bout d'une quinzaine de
secondes commencer à se former, sur les parois du tube, un dépôt brun qui ,
SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 1245
au bout d'une minute, est très net et, au bout de 10 minutes, a pris un aspect
miroitant; on a mesuré séparément l'augmentation de volume et l'hydro-
gène formé; la comparaison des chiffres montre que ce dépôt miroitant est
de l'arsenic pur.
Famille du carbone. — Méthane. — Même par irradiation intensive etpro-
longée, nous n'avons observé ni dépôt de carbone, ni variation de volume.
Siliciure d'hydrogène Si II1. — Echantillon de gaz à peu près pur,
comme on le reconnaît en l'analysant par la potasse, mais cependant spon-
tanément inflammable, ce qui est dû, comme l'a montré M. Lebeau(Cow/;/e.y
rendus, 1909, p. 44), à des traces de silico-élhylène Si" H1. Exposé devant
la lampe à mercure en tube de quartz, ce gaz donne instantanément un
brouillard; sur les parois se dépose une pellicule jaunâtre irisée de silicium;
le volume gazeux augmente, et l'on y caractérise l'hydrogène.
Composés organométalliques. — Zincèlhyle. — Les expériences précédentes
montrant que la décomposition des composés gazeux est d'autant plus facile
qu'il y entre des corps plus voisins de l'état métallique, nous avons pensé
que les composés organométalliques seraient peu stables. En effet, au bout
de 5 minutes, des échantillons de zinc-éthyle liquide exposés devant la lampe
à mercure donnent un dépôt de zinc qui s'épaissit en couche brillante for-
mant miroir; en même temps, il se dégage un gaz que nous avons caracté-
risé comme éthane presque pur et exempt d'éthylène dans plusieurs expé-
riences. Simultanément à l'éthane, il doit se former un composé moins
hydrogéné, qui s'unit vraisemblablement à l'excès de zinc-éthyle liquide.
Gaz phosgène COC12. — Ce gaz, qui se forme par l'union de CO et Cl2 à
la lumière visible, se dissocie inversement en faible proportion dans l'ultra-
violet extrême. En présence du mercure qui fixe le chlore, la décomposition
continue et le volume se réduit peu à peu à moitié. L'action est très prompte :
moins de 5 secondes après avoir démasqué la lampe, le mercure est déjà
nettement dépoli quand on opère en tube de quartz; dans un tube de verre
uviol, le même effet demande environ 80 secondes; dans un tube de verre
ordinaire, après 2 heures, le dépolissement du mercure est insensible.
Fluorure de soufre SF';. — Ce gaz, qui comme la plupart des composés
du fluor est très stable, n'est pas dissocié par les rayons de la lampe à mer-
cure. Après 3 heures d'irradiation, en tube de quartz sur cuve à mercure, on
n'observe ni dépôt ni variation de volume, et le mercure est resté brillant.
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cristallographie. — Orientation des cristaux liquides par tes lames de mica.
Note de M. Ch. Maugui.v, présentée par M. Wallerant.
Frankenheiin ('), dans des expériences remarquables, a mis en évidence
les actions d'orientation que le mica est susceptible d'exercer sur des parti-
cules cristallines variées se déposant à sa surface. Les cristaux liquides de
Lebmann, en raison même de leur mobilité, peuvent manifester ces actions
d'orientation d'une façon beaucoup plus nette encore. En faisant fondre
de l'azoxyanisol entre deux lames de mica séparées par clivage et rappro-
chées dans leur position primitive (2), j'ai obtenu des édifices réguliers dont
la structure présente les relations les plus étroites avec celles du cristal qui
leur sert de support.
Pour définir ces relations avec précision, je rappellerai la propriété
suivante bien connue : Lorsqu'on comprime avec une pointe émoussée une
lame de mica posée sur un support flexible (liège ou caoutchouc), on la
voit se plisser suivant une figure étoilée (figure de pression) qui résulte de
l'entre-croisement d'une droite principale parallèle à l'axe h2 du mica, et de
deux droites secondaires faisant avec la précédente des angles de Go" à
droite et à gauche. Je désignerai par D et G, d et g les directions de ces
lignes secondaires sur les deux lames de clivage, inférieure et supérieure,
D,G =d,g = 6o°:
Au contact de la lame inférieure de mica, l'axe optique du liquide s'oriente
parallèlement à l'une des lignes secondaires de pression (soit D pour fixer les
idées).
Au contact de. lu lame supérieure de mica, l'axe optique du liquide s'oriente
parallèlement à l'autre ligne secondaire de pression (g dans le cas supposé).
Entre les deux, l'orientation de l' axe optique varie d' une façon progressive,
les couches extrêmes se trouvant raccordées par un édifice à structure héli-
coïdale d'un enroulement total de 6o° (D, g = Go°).
L'élude des propriétés optiques de ces édifices liquides se fait sans difficulté. Il
suffit de compenser la biréfringence de chaque lame de mica en lui accolant une lame
de mica de même épaisseur, les directions de vibration de la lame à compenser el de
(') Frankenheim, Pogg. Ann., t. XXXVII, i836, p. 5i6; t. CXI, 1860, p. 1.
(-) J'ai toujours pris soin d'effectuer le clivage au moment même de faire la prépa-
ration, de façon que les surfaces utilisées soient parfaitement propres.
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1247
la lame compensatrice étant, bien entendu, croisées entre elles. Je donnerai ailleurs
en détail les résultats de cette étude.
Les résultais énoncés entraînent quelques conclusions fort curieuses :
i° Les deux lignes latérales de pression D et G de la lame de mica infé-
rieure sont physiquement différentes, puisque l'axe optique du liquide se
dirige parallèlement à l'une d'elles et fait un angle de 6o° avec l'autre. De
même pour les directions d et g de la laine supérieure.
2° Sur les deux faces d'un même clivage, les lignes de pression physi-
quement équivalentes ne sont pas les lignes superposées, mais celles qui
font entre elles un angle de 6o°. Ce sont D et g, d'une part, G et d, d'autre
part. On remarquera que deux directions équivalentes se substituent l'une
à l'autre par une rotation de 180" autour de l'axe La (amenant l'une des
faces de clivage à la place de l'autre).
3° Les différents clivages observés ne se sont pas comportés de la même
façon. Les uns, en effet, ont donné des édifices hélicoïdaux enroulés à droite
(le liquide raccordant G, d)\ les autres, en nombre à peu près égaux, des
édifices hélicoïdaux enroulés à gauche (le liquide raccordant D, g). Une
même préparation m'a montré deux régions contiguës où l'enroulement
avait lieu en sens contraires, et, fait important, la ligne qui séparait ces
deux régions se prolongeait en dehors de la préparation par une strie visible
sur le mica.
Tout ce qui précède est relatif à des préparations où l'on a eu soin de
laisser aux lames de mica la position même qu'elles avaient avant d'être
séparées par clivage. J'en ai fait d'autres où j'ai intentionnellement fait
tourner l'une des lames, sur l'autre, d'un angle a. Le liquide continue à
raccorder les directions (D, g) ou (G, d) dans la position nouvelle qu'elles
ont prise. L'amplitude de l'enroulement hélicoïdal est alors de Go°zha.
Elle peut être éventuellement nulle; la lame liquide se comporte comme
un cristal homogène.
En terminant, je signalerai d'une part l'analogie étroite qui existe entre
les lames d'azoxyanisol orientées par le mica et les lames d'azoxyphénétol
orientées par de minces pellicules d'origine cristalline ('), d'autre part la
différence profonde qui sépare les édifices actuels de ceux qu'on obtient
en faisant fondre le même azoxyanisol entre des lames de verre rigoureu-
sement propres (2).
(M Ch. Mauguin, Bail. Soc. Min., t. XXXIV, p. 85.
C2) Ch. Mauguix, Id. t. XXXIV, p. 83.
C. P.., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N» 16.) 1 5p,
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la consommation des graisses
dans V organisme animal. Note (') de M. C». Lafox, présentée par
M. A. Chauveau.
Il est établi depuis longtemps que ce sont surtout les principes ternaires,
hydrates de carbone et corps gras, qui fournissent à l'organisme l'énergie
dépensée pour l'entretien de son activité, les matières azotées ayant un
autre rôle, celui de servir à la rénovation de la substance même des tissus,
et ne jouant qu'accessoirement le rôle de combustibles.
La démonstration de la consommation périphérique du glucose par
M. Chauveau {Comptes rendus, t. 42, i856) et les recherches de Chauveau
et Kaufmann sur le muscle releveur de la lèvre supérieure du cheval
{Comptes rendus, t. 103, 1886) ont montré le rôle prépondérant du glucose
comme aliment immédiat de l'activité des tissus et, en particulier, des
muscles, mais le rôle des graisses n'en est pas moins évident.
D'abord, chez le sujet à jeun, les réserves hydrocarbonées sont vite épuisées et l'or-
ganisme lire nécessairement la plus grande partie de l'énergie qu'il dépense de la
combustion de ses graisses. Les expériences de Kelluer sur le cheval et celles de
Frentzel sur le chien ont, d'autre part, montré la participation des graisses de réserve
à la production du travail, en cas d'alimentation insuffisante.
Comme l'activité des muscles entraîne une consommation incessante de glucose et
de glycogène et que, d'autre part, le glucose du sang et le glycogène du foie et des
muscles persistent très longtemps au cours de l'inanition, on a été conduit à admettre
un renouvellement constant de ces principes, et M. Chauveau a émis l'opinion que
l'utilisation de la graisse était indirecte et qu'elle servait précisément à la reconsti-
tution du glucose et du glycogène consommés. Cette interprétation s'appuie sur les
observations faites sur la marmotte en hibernation et sur les variations du quotient
respiratoire pendant le travail et le repos consécutif, chez le sujet à jeun. Cette trans-
formation de la graisse en glucose se ferait dans le foie (Chauveau, Comptes rendus,
t. 122, 1896).
D'autre part, Bouchard et Degrez ont mis en évidence la formation du glycogène
musculaire aux dépens des graisses chez l'homme et chez l'animal [Comptes rendus,
t. 130, et Journal de Physiologie et de Pathologie générale, 1900).
Sans méconnaître la valeur des faits apportés à l'appui de cette concep-
tion, il n'est pas sans intérêt de rechercher si la graisse ne peut pas être
directement utilisée par les tissus, au même titre que le glucose, sans être
préalablement transformée en hydrate de carbone.
(') Présentée dans la séance du i4 avril 1 g 1 3 .
SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. I24p,
On peut invoquer, à ce sujet : i° la faible étendue des variations du quotient respi-
ratoire, sous l'influence du travail, chez le sujet à jeun ; 2° la valeur relativement
faible de ce quotient pendant le travail chez le sujet qui reçoit une ration riche en
hydrates de carbone, ce que M. Chauveau interprète par la consommation simultanée
de graisses (Chauveau, Volume jubilaire du Cinquantenaire de la Société de Bio-
logie, 1889, p. 386) ; 3° la consommation nécessaire des graisses chez le sujet diabétique
où les tissus ont perdu plus ou moins complètement l'aptitude à utiliser le glucose, et
l'absence de glycosurie, chez les mêmes sujets, à la suite de l'ingestion de graisses;
4° enfin l'absence d'accroissement de la consommation d'oxygène après ingestion de
graisse, accroissement qui serait nécessaire pour expliquer la transformation de la
graisse en glucose par oxydation incomplète.
Il v a lieu de rappeler aussi que Luchlinger a montré que le muscle privé de glyco-
gène conserve encore longtemps l'aptitude à se contracter, et Ranke a établi que des
muscles de grenouilles, épuisés par la létanisation, ne se colorent plus par l'acide
osmique, preuve de la consommation directe de la graisse par le travail musculaire
(Ranke, Tétanos, 1 865 ) .
Pour mettre en évidence la consommation de la graisse par les tissus,
nous avons exécuté des expériences analogues à celles de Chauveau et
Kaufmann sur le muscle releveur de la lèvre supérieure du cheval, en
dosant comparativement la graisse dans le sang artériel et dans le sang
veineux qui sort du muscle, d'abord à l'état de repos, puis en provoquant
l'activité des muscles par la mastication. Le dosage de la graisse a été fait
par extraction à l'éther dans l'appareil de Soxhlet.
Nous avons fait également quelques expériences chez le chien en provo-
quant la contraction des muscles d'un membre postérieur par des excita-
tions électriques. Les résultats obtenus sont consignés dans les Tableaux
ci-après :
Graisse contenue
dans 1000» de sang :
^ — • ■— Graisse prélevée
Durée Irrigation sanguine : sang sang p. 1000» de sang :
Expé- de la prise ■— - — — Accrois- sang veineux veineux — — > — — ■ —
riences. de sang. repos. travail. sèment. artériel, (repos), (travail). repos. travail.
min g g g g g g g
I. Cheval vigoureux. . . 5 5 33 6,6 2,000 1 ,91 5 i,3o3 o,o85 0,697
II. Id. ( l ) ... 3 32 70 2,2 2,23o 1,900 _ i,84o o,33o 0,390
III. A.ne vigoureux (-) . 1 2i,65o 37,i5o 1,7 2,35o 1 , Sg3 i,o54 0,457 0,906
rv. Id. 1 i7,43o 27,050 i,5 1,966 t,32o 1,204 o,646 0,764
V. Ane amaigri 2 8,3oo 2i,58o 2,6 0,891 1 , 325(*) o,4i6 -i-o,435 0,475
VI. Id 2 6,100 9,4'° !>5 i,388 i,i38 o,645 o,25o 0,743
(') Le sympathique cervical a été coupé pour une démonstration.
(2) Dans les expériences III et IV, les veines collatérales n'ont pas été liées, l'animal
étant difficile, ce qui explique l'abondance de l'irrigation sanguine.
Graisse
contenue dans 1000" :
Sang veineux :
artériel.
repos.
travail.
s
2, 366
2,2l6
2, 583
2,705
3,o66
2.777
i ,35o
0.597
0,900
I25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sauf une seule exception (*), qui peut être due à une erreur d'expérience,
le sang veineux a été trouvé constamment plus pauvre en graisse que le
sang artériel, et le prélèvement est plus considérable pendant le travail,
d'autant plus que le prélèvement, par unité de volume de sang, doit être
multiplié par les coefficients d'irrigation sanguine qui s'accroît dans une
proportion variant de i, 5 à 6,6.
Les résultats obtenus cbez le cbien n'offrent pas la même netteté et la
teneur en graisse du sang veineux a été trouvée tantôt supérieure, tantôt
inférieure à celle du sang artériel :
Expé-
riences.
kg
VII. Chien, 20 (légèrement anesthésié au chloralose).. .
VIII. Chien, 12 Id.
IX. Chien, 21 (à jeun de 4 jours) Id.
Ces variations peuvent tenir à ce que le sang, en même temps qu'il perd
de la graisse dans les muscles, s'approvisionne de nouveau dans les
réserves.
Enfin les expériences faites sur le lapin, sacrifié par hémorragie, de façon
à soustraire les muscles à l'influence de la circulation, montrent la diminu-
tion de la graisse dans les muscles épuisés par des excitations électriques :
Expé- a, muscles b, muscles
riences. frais. fatigués
s r
X. Lapin. Graisse contenue dans ioo? de muscles. .. . 0,881 0,496
XI. Lapin. Id. .... o,83o o,55o
De l'ensemble de ces résultats nous croyons pouvoir tirer la conclusion
que les graisses sont consommées directement, au mêifie titre que le glucose,
dans l'activité des tissus et, en particulier, dans le travail musculaire.
PHYSIOLOGIE, — Sur le mécanisme de la sécrétion salivaire provoquée par
l 'injection d eau salée dans les vaisseaux. Note de MM. E. Wertheimer
et G. Battez, présentée par M. A. Dastre.
Cohnbeim et Lichtheim (') ont observé que l'injection d'eau salée dans
(') Veber Hydrœmie und hydrœmisckes OEdem (Arch. f. experim. Palhol.,
t. LXIX, 1877, p. 106).
SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. I25l
les vaisseaux active la salivation. Le mécanisme de cette activation n'a pas
encore été étudié, que nous sachions. Il est communément admis que la
dilution, le contenu salin du sang et la réplétion des vaisseaux agissent
directement sur la glande, pour lui faire produire une quantité de liquide
plus ou moins considérable.
H.-J. Hamburger ('), cependant, qui pose en principe qu'il n'y a pas de
sécrétion salivaire sans action nerveuse, suppose que, même dans ce cas
particulier, elle est due à une excitation réflexe. La solution salée, éliminée
par la muqueuse buccale, impressionnerait les nerfs gustatifs, comme le
ferait toute autre substance sapide. Cette hypothèse n'est pas justifiée :
nous nous sommes assurés que ni l'anesthésie de la muqueuse linguale par
la cocaïne, ni surtout la section simultanée de toutes les fibres gustatives,
celles du nerf lingual au-dessous de l'origine de la corde du tympan et celles
du nerf glosso-pharyngien à sa sortie du crâne, n'empêchent la solution
salée de produire ses effets habituels.
Il n'en est pas moins vrai que cette action s'exerce presque exclusivement
sur le système nerveux. Sectionnons, en effet, à droite par exemple, les
nerfs sécréteurs de la glande sous-maxillaire, c'est-à-dire le lingual au-
dessus de l'origine de la corde et le tronc commun du vague et du sympa-
thique au cou, et laissons <:es nerfs intacts à gauche : nous verrons, à la
suite de l'injection, un écoulement abondant, ou même profus, se faire par
le canal deWharton gauche, tandis que, pendant le même temps, le canal
du côté droit ne fournira que quelques rares gouttes de salive, parfois une
ou deux seulement.
Nous avons employé, pour ces expériences, soit la solution isotonique de
chlorure de sodium à 9 pour 1000, soit une solution très hypotonique,
à 2 pour 1000. Dans ce dernier cas, le contraste entre les deux côtés est
encore plus frappant parce que la sécrétion est, en général, plus abondante
qu'avec les solutions isotoniques; sans doute, la moindre viscosité du
liquide et du sang favorise l'action nerveuse. Voici un exemple de ce genre.
Chez un chien de i3k«, curarisé, on introduit des canules dans les deux conduits de
Wharlon et l'on énerve la glande sons-maxillaire à droite. Au moment de l'injeclion,
la salivation est arrêtée depuis quelques minutes, aussi bien à gauche qu'à droite. On
injecte en i3 minutes 25oocmS de la solution à 2 pour 1000. La sécrétion commence du
côté intact 2m35s après le début de l'injection et l'on compte ensuite par minute : 3, 8,
1 1 , 20, 2.5, 25, 25, 3o, 3i gouttes de salive. L'écoulement diminue alors graduellement ;
mais, à la trente-sixième minute, on recueille encore 9 gouttes.
(') Osmotischer Druck und lonenlehre, t. II, 1904, p- 4^2.
1252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Du côté énervé, une goutte a commencé à apparaître entre la cinquième et la sixième
minute et n'est tombée qu'à 1 6 "' 2 5 s ; puis il s'en forme cinq autres dans les 19 minutes
suivantes.
En outre, chez l'animal qui a reçu une dose suffisante d'atropine, les glandes sali-
vaires se comportent comme, les glandes énervées.
Ainsi cette sécrétion, où les phénomènes physiques de filtra tion, de
diffusion, d'osmose sembleraient seuls devoir entrer en jeu, est presque
entièrement sous la dépendance du système nerveux : ce n'est qu'une très
faible quantité de salive qui se forme sans l'intervention des nerfs sécréteurs.
Par quel mécanisme les solutions salées sollicitent-elles l'activité de ces
nerfs? C'est certainement l'augmentation delà pression sanguine que, dans
nos expériences, il faut mettre en cause : la vitesse de l'injection ne permet
pas à la tension artérielle de se régulariser. Ainsi, dans l'observation que
nous avons résumée ci-dessus, la pression, qui était de 9e"1 avant l'injection,
s'est élevée à 20e"1, 5 au moment où la sécrétion a commencé et s'est main-
tenue à peu près à ce chiffre pendant une dizaine de minutes.
Cette augmentation de pression ne peut qu'exciter directement le centre
bulbaire de la sécrétion comme elle excite, par exemple, dans des condi-
tions semblables, le centre modérateur du cœur. A moins qu'on ne veuille
admettre, ce qui nous paraît moins vraisemblable, une excitation réflexe
partie des nerfs sensibles des vaisseaux, à la suite de la forte distension à
laquelle ils sont soumis.
De même, on doit pouvoir activer la sécrétion salivaire par la compres-
sion de l'aorte abdominale qui élève la pression dans toutes les régions du
corps situées au-dessus du diaphragme. C'est, en effet, ce que nous avons
observé, bien que le résultat s'obtienne moins souvent qu'après l'injection
de la solution salée. Mais lorsque, à la suite de cette injection, la sécrétion
commence à se ralentir, il est de règle que l'oblitération de l'aorte pro-
duise une nouvelle accélération, et toujours du seul côté où les nerfs ont
été respectés.
Les expériences de MM. Dastre et Loye (') nous apprennent aussi que
si les injections d'eau salées sont faites assez lentement pour que la pression
artérielle ait le temps de se régulariser, les glandes salivaires ne con-
tribuent pas, en général, ou du moins ne contribuent que fort peu à l'excré-
tion du liquide injecté dont V élimination se fait presque entièrement par la
voie urinaire.
(') Nouvelles recherches sur l'injection de l'eau salée dans tes vaisseaux (Arc/i.
de Physiol., 188g, p. 253).
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 19.53
PHYSIOLOGIE. — Coefficients lipocyliques et imbibition des cellules vivantes
par Veau. Note (') de MM. André AIayer et (ieokges Scmaeffer, pré-
sentée par M. Dastre.
La question des échanges d'eau des cellules avec leur milieu domine un
grand nombre de problèmes de physiologie normale et pathologique.
Parmi les faits de biologie générale, les phénomènes de turgescence, de
croissance, d'anhydrobiose; dans la physiologie des organismes supérieurs,
les échanges entre les tissus et le sang, l'absorption par l'intestin et les
séreuses, les sécrétions rénale et pulmonaire; à l'étal pathologique, les
phénomènes d'œdème, s'y rattachent tous étroitement.
Au cours de ces vingt dernières années, à la suite de travaux de Pfeffer, d'Ham-
burger, on a considéré que le facteur principal des échanges d'eau est la pression
osmotique des cellules et des tissus, c'est-à-dire, en dernière analyse, la concentration
moléculaire des crislalloïdes qui s'y trouvent dissous. La plupart des chercheurs sont
aujourd'hui d'accord pour penser qu'à elle seule l'osmose est impuissante à expliquer
l'ensemble des échanges d'eau et des substances dissoutes. Une première correction
au point de vue que nous avons rappelé a été apportée par Overlon. Cet auteur a
attiré l'attention sur le fait que la cellule contient des lipoïdes. Pour lui, ces consti-
tuants forment autour de la cellule une zone superficielle, et la plupart des corps n'y
pénètrent que dans la mesure où ils se dissolvent dans ces lipoïdes.
Nous ne désirons pas discuter encore le point de vue d'Overlon. Mais si
cet auteur a, avec raison, attiré l'attention sur la présence des lipoïdes, on
peut, à notre sens, concevoir leur rôle d'une façon toute différente.
Rappelons tout d'abord que, par des recherches sur les complexes colloïdaux d'al-
buminoïdes et sur les aspects ultramicroscopiques des tissus et des liquides de l'orga-
nisme, nous avons essayé de mettre en lumière l'idée que le proloplasma est un gel.
D'autre part, nos études sur les mitochondries nous ont conduits à identifier ces corps
que l'histologie révèle à l'intérieur de toutes les cellules, avec les lipoïdes ( phospha-
tides et choleslérine) que la chimie y décèle. Dès lors, le piotoplasma cellulaire nous
apparaît comme un gel albuminoïde contenant une certaine proportion de lipoïdes,
plus ou moins grande suivant les tissus. On est en droit de se demander si les lipoïdes
contenus dans le gel cellulaire n'influent pas considérablement sur sa liaison avec l'eau,
sur son imbibition par l'eau.
On sait en effet, d'une part, que les composés d'acides gras ont avec l'eau une faible
affinité, et nous avons montré notamment que, dans La série des acides gras saturés, à
(') Présentée dans la séance du i4 avril i gi 3.
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partir de l'acide caprylique, les savons sont, en solution aqueuse, à Tétai colloïdal ( ' ).
D'autre part, on sait que certains corps qu'on rencontre en même temps que les lipoïdes,
dans toutes les cellules, comme la cholestérine, ont au contraire la propriété de
favoriser considérablement l'imbihition par l'eau des mélanges qui les contiennent
(lipoïdes épidermiques, recherches de Unna).
Dès lors, on est naturellement conduit à rechercher si l'imbibtion par l'eau des
cellules et des tissus ne dépend pas directement de leur teneur en composés d'acides
gras, notamment en phosphatides et aussi en cholestérine. C'est ce que nous allons
examiner en nous occupant d'abord des cellules considérées hors de l'organisme.
I. Cas des cellules isolées. Globules rouges.
Placées dans des solutions hypotoniques, les hématies se gonflent au
maximum, puis s'hémolysent. Les globules des différentes espèces sont
inégalement sensibles à cette hémolyse par l'eau. On peut, par exemple,
les classer ainsi, en commençant par les plus sensibles: Mouton, Bœuf,
Cheval, Cobaye, Lapin, Poule. Or, si l'on considère la composition de ces
globules ( 2) on voit que cet ordre est rigoureusement celui des valeurs du
rapport — —. dans les clobules considérés. Les globules sont donc
1 l acides gras ° °
hémolyses d'aulanl plus facilement par l'eau (pie leur coefficient lipocy tique
est plus élevé.
II. Cas des tissus.
On peut (Overton, Loeb, M. Fischer), pour étudier l'imbihition des tissus, en
prélever des fragments, les placer dans l'eau et, par des pesées successives, déterminer
leur gonflement maximum par l'eau. On constate alors les faits suivants :
i° Cbez un même animal, Mammifère ou Oiseau, l'ordre d'imbibition
relative des différents tissus est toujours le même. Le plus gonflé est le
poumon, puis vient le rein, puis le foie. Or cet ordre est précisément (3)
celui des coefficients lipocyliques. Les fragments de tissus placés dans l'eau
se gonflent d'autant plus que leur coefficient lipocytique est plus élevé.
2° Ces expériences permettent d'aller plus loin et de montrer qu'il existe
un rapport numérique entre la teneur en lipoïdes et l'imbihition par l'eau.
Si l'on réfléchit en effet que l'eau constitue la plus grande partie des tissus,
(') André Mayer, G. Schaeffeu et E.-F. Terroine, Comptes rendus, 2 mars 1908.
(2) André Mayer et G. Schaf.ffer, Composition chimique du sang et hémolyse
{Comptes rendus, t. 155, p. 728).
(3) André Mayer et G. Schaeffer, La composition des tissus en acides gras non
volatils et en cholestérine {Comptes rendus, t. 156, p. 810).
SÉANCE DU 21 AVRIL IQl3. 1255
qu'elle détermine dans une large mesure leur volume; si, d'autre part, la teneur
,. rp . , cholestérine ... , e
en eau est proportionnelle au coefficient — —. , l inverse de ce coet-
1 L acides gras
a o i d e s ** r a s . . «i*.
ficient, le coefficient , , ' T ■ — mesure une pression, une tension qui limite
cnolesterine ' 1
le volume cellulaire, qui s'oppose au gonflement. Il doit donc exister entre
les nombres qui les expriment une relation approchée de la forme de la loi
■,1.. ■ ,-, ,,• i •. ■ • ?r- ■ arides gras
de Manotte. Lan d nubibition x coefficient -r—, r-^— = une constante.
cnolesterine
Or voici les chiffres donnés par les expériences : .
Eau retenue 1 Eau retenue 1
par 1? coefficient par U coefficient
Tissu. de tissu sec. lipocytique /.. Tissu. de tissu sec. lipocytique /..
Lapin (7 expériences). Chien (S expériences).
Poumon... 9)2S X 5,8 = 60,1 Poumon... 12,22 5 = 61,10
Rein 8,29 x 7,5 = 62,1 Rein 6,78 X 9, 5 = 64,4'
Foie 5,09 x 11,9 = 60,4 Foie J,i8 1 4 , 7 = 61, 44
Muscle.... 5,6o x 1 3 , 6 = 76,9 Muscle.... 4,21 43, 5 = 1 83 , 1 3
Pigeon (5 expériences). Anguille.
Rein 5,75 X 11,10 = 62,2 Mépatopan-
Foie 4,78 X 12,6 — 6o,3 créas.... 4,~>i X '5,2 = 68,5
Muscle.... 3,4' x 58 = 197
On voit que, sauf le cas du muscle ( ' ), sur lequel nous aurons à revenir et
si l'on considère ce que le mode d'expérimentation comporte d'imprécision,
les concordances pour les valeurs de k peuvent être considérées comme
bonnes. On est donc fondé à penser qu'il doit exister une relation de la
forme suivante : Toutes choses égales d'ailleurs, un fragment de tissu placé
dans l'eau s'imbibe proportionnellement à son coefficient lipocytique.
Nous avons examiné dans quel rapport se trouve le facteur que nous
venons de dégager avec ceux qui déterminent, à l'état normal et patholo-
gique, l'imbibition des tissus dans l'organisme vivant. Nous y reviendrons.
Dans cette Note nous avons voulu indiquer seulement quil existe une rela-
tion et même une relation numérique entre le coefficient lipocytique de tissus et
leur irnbibition ma.vima par l'eau.
(') Nous reviendrons sur ce point quand nous aurons montré qu'on'a le droit de
calculer le coefficient lipocytique, non seulement en acides gras, mais en phosphore des
phosphatides. Cet élément est, en elïel, aussi constant dans les cellules que les autres
constituants lipoïdes que nous avons déterminés.
C. K., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 16.) l^O
I2d6 académie des sciences.
PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur le venin de Buthus quinque-
striatus. Note de M. Maurice Akthus, présentée par M. Dastre.
Lorsqu'on injecte, dans les veines du lapin, du venin de serpent, on
détermine une chute de pression artérielle plus ou moins considérable et
durable selon la dose et la nature du venin injecté. Lorsqu'on injecte, dans
les veines du lapin, du venin du scorpion égyptien, Buthus quinque-strialus,
on détermine, entre autres phénomènes, une élévation considérable de la
pression artérielle, qui [tasse de ior"'à i5"u de mercure, et s'y maintient
pendant plusieurs minutes, quand la quantité de venin injecté est suffisante.
Cette opposition, en apparence absolue, entre les effets de ces deux
catégories de venins sur la pression artérielle méritait d'être étudiée : la pré-
sente Note contient les principaux résultats de cette étude.
La dépression produite par les venins des serpents n'est accompagnée
d'aucune modification du rythme cardiaque; l'hypertension provoquée par
le venin du scorpion égyptien est généralement accompagnée d'un ralentis-
sement du rythme cardiaque, qui, chez le lapin, passe de 240-200 à 6o-4o
par minute : le fait est d'autant plus remarquable que le ralentissement
expérimental du cœur par excitation des nerfs vagues est un des artifices
employés en Physiologie pour abaisser la pression.
Injecté dans les veines du chien, le venin du scorpion égyptien détermine
également une hypertension considérable (la pression peut passer de 12e"1-
i4cm à 24l'm-3o<"' de mercure) et un ralentissement du co?ur.
L'hypertension scorpionique ne résulte pas d'une action exercée par le
venin sur le centre vaso-tonique bulbaire, car ellese produit avec sa grandeur
et ses caractères normaux, quand le centre vaso-tonique bulbaire a été
fonctionnellement supprimé par injection de cocaïne dans le quatrième
ventricule. On peut admettre, au moins chez le lapin, que le venin agit à la
périphérie, parce qu'il n'existe pas de centres vaso-toniques de quelque im-
portance dans la moelle ou dans les ganglions sympathiques chez cet animal.
La modération cardiaque provoquée par le venin de scorpion est la consé-
quence de l'intervention de l'appareil modérateur extra-cardiaque : elle ne
se produit pas chez ranimai atropine, ou chez l'animal ayant subi la double
vagolomie (mais l'effet hyper tenseur se produit chez ces animaux); elle ne se
produit pas chez l'animal dont le bulbe a été supprimé fonctionnellement
par injection de cocaïne dans le quatrième ventricule (mais l'effet hyper ten-
seur se produit chez cet animal); elle se produit, généralement atténuéejen
SÉANCE DU 21 AVRIL I ij 1 3 . 12T7
durée et en grandeur chez les lapins dont les nerfs dépresseurs ont été sec-
tionnés. Cette modération cardiaque est donc, selon toutes vraisemblances,
la conséquence d'un réflexe, l'impression étant transmise au bulbe par divers
nerfs, parmi lesquels il faut placer les dépresseurs, et réfléchie du bulbe au
cœur par les nerfs vagues.
On ne peut pas ne pas rapprocher les phénomènes vasculaires et car-
diaques de l'intoxication scorpioniquc des phénomènes de même nature de
l'intoxication adréna Unique.
L'hypertension et la cardiomodération sont des phénomènes précoces de
l'intoxication scorpionique : elles se produisent 20 à 3o secondes après
l'injection intraveineuse. Or, ces phénomènes ne se produisent plus :
i° quand on injecte un mélange de venin de scorpion et de sérum antiscor-
pionique (de l'Institut Lister de Londres) immédiatement après l'avoir fait;
20 quand on injecte du venin de scorpion dans les veines d'un lapin ayant
reçu quelques instants auparavant du sérum antiscorpionique dans les
veines. Donc la neutralisation du venin de scorpion, par l'antivenin corres-
pondant, est un phénomène qui s'accomplit, in vitro et in vivo, en moins
de 20 à 3o secondes.
Le venin du scorpion égyptien exerce donc sur la circulation une action
absolument dissemblable de celle exercée par les venins de serpents. Mais
il est possible de trouver, parmi les venins, des poisons formant passage de
de l'un aux autres.
En injectant, dans les veines du chien, le venin d'un petit scorpion qu'on
trouve en abondance à Djelfa et à Ouargla, j'ai constaté qu'il provoque
d'abord une dépression assez marquée, avec atténuation des oscillations
cardiaques de la pression, comme le font, chez cet animal, les protéines
toxiques, puis une hypertension semblable en grandeur et en durée à celle
provoquée d'emblée par le venin du scorpion d'Egypte. En injectant, dans
les veines du lapin, le même venin du scorpion algérien, j'ai provoqué des
manifestations d'intoxication proléique, chute de pression et accélération
respiratoire notamment, sans aucune hypertension primitive ou tardive.
En injectant, dans les veines du lapin, du venin de Cascavel brésilien
(Crotalus trrri/îcus), à dose non coagulante, on provoque une remarquable
modification de la pression : 10 secondes après l'injection, il se produit une
chute brusque et considérable de la pression; 3o secondes après l'injection,
il se produit une ascension brusque et énorme de la pression, qui dépasse
de beaucoup sa valeur primitive; 1 minute et demie à 2 minutes après
l'injection, il se produit une dépression qui persiste. On note en même
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
temps du ralentissement cardiaque, comme dans l'intoxication scorpio-
nique, et de l'accélération respiratoire, comme dans l'intoxication
protéique.
Je n'ai pas observé nettement de faits analogues avec les autres venins
que j'ai étudiés; mais j'en ai reconnu dans l'intoxication qu'on provoque,
chez le lapin, en injectant dans ses veines du sérum de poule : on peut noter
alors les faits signalés dans l'intoxication cascavélique, mais ces faits sont
atténués en durée et en grandeur. Ces manifestations toxiques, vasculaires
et cardiaques, reconnaissent d'ailleurs les mêmes causes et mettent en jeu
les mêmes mécanismes que ceux qui ont été indiqués pour l'intoxication
scorpionique.
Enfin, si, au lieu d'injecter le venin de scorpion égyptien dans les veines
d'un lapin neuf, on l'injecte dans les veines d'un lapin préparé par injec-
tions sous-cutanées répétées de ce venin, on note, aussitôt après l'injection,
une dépression de courte durée, mais très nette, suivie d'une hypertension
considérable et durable : cette forme de courbe faisant passage entre celle
qu'on observe dans l'intoxication scorpionique et celle qu'on observe dans
l'intoxication cascavélique.
On peut ainsi établir une série régulière de formes d'intoxication (en ce
qui concerne les faits cardiaques et vasculaires) : venin de scorpion égyptien
( lapin neuf), venin de scorpion égyptien (lapin préparé), venin de scorpion
algérien, venin de Gascavel (et sérum de poule), venins de serpents.
PHYSIOLOGIE. — Des rapports entre l'anaphylaxie, l'immunité et l'autopro-
tèolyse des centres nerveux. Note de M. L.-C. Son. a, présentée par
M. Dastre.
Il parait aujourd'hui établi que les altérations du système nerveux à la
suite d'une injection préparante d'antigène jouent un rôle important, pour
ne pas dire capital, dans la genèse de l'état anaphylactique. C'est ce qui
ressort, en particulier, des recherches de MM. Abelous et Bardier ('). Dès
lors il était permis de penser que l'injection d'un antigène déterminant
l'état anaphylactique devait entraîner des modifications dans les centres
nerveux au point de vue de la protéolyse dont ils sont le siège.
Il nous a donc paru intéressant de rechercher :
(') Comptes rendus, 3 juin 191a.
SÉANCE DU 21 AVRIL ip,l3. 10.5$
i° Quelle pouvait être l'influence de l'injection préparante d'un antigène
(urohypotensine et ovalbumine) sur l'activité de la protéolyse dans les
centres nerveux du lapin;
2° L'activité de la protéolyse dans les centres nerveux d'animaux en voie
d'immunité.
i° Nous avons donc fait l'injection préparante à une série de lapins
adultes, arrivés à leur développement complet, et nous avons sacrifié ces
animaux au bout de 5, 10, i 7, 22, 23, 26 et 3y jours.
Le coefficient d'aminogenèse étant en moyenne de 6 pour 100 pour le
cerveau et de 7,5 pour 100 pour la moelle, et le coefficient de protéolyse
de 14 à i5 pour 100, chez le lapin normal, ces coefficients deviennent :
Coefficient
d'aminogenèse ( p. 100). Coefficient
— 1. — — — — ■ "— de protéolyse
Jours. Cerveau. Moelle. (p. 100).
V(urohyp.) 5 6 i3
X (urohyp.) 7 8,5 16
XVII (urohyp.) 8,8 8,8 26, 5
XXII (ovalbum.) 8,7 9,9 2^,8
XXIII ( urohyp.) 9,1 11.4 20,8
XXVI (ovalbum.) 8 8,6 »
XXXVII (urohyp.) 6,1 7,3 i5,6
On voit que les coefficients s'élèvent régulièrement à partir du 5e jour
après l'injection préparante pour passer par un maximum qui a lieu
le 23e jour. A partir de cette date, les coefficients s'abaissent pour rejoindre
la normale vers le 35e jour. Il est à noter que les coefficients les plus élevés
coïncident avec le moment où la sensibilité anaphylactique est maxima.
Vers le 35e jour, l'état anaphylactique a disparu comme nous avons pu le
constater sur d'autres lapins. A ce moment, les coefficients' sont normaux.
20 J'ai voulu étudier comparativement les modifications del'aminogenèse
et de la protéolyse dans les centres nerveux de lapins ayant reçu deux injec-
tions d'antigène espacées d'une quarantaine de jouis. Comme antigène, j'ai
employé l'ovalbumine.
Un lapin ayant reçu une première injection de 3K d'ovalbumine, puis une
deuxième injection de 3S d'ovalbumine à l\\ jours d'intervalle, a été sacrifié
le 63e jour après la première injection (en voie d'immunité).
L'analyse de la substance nerveuse a révélé des coefficients d'amino-
genèse de 6,5 pour 100 pour le cerveau et 7, 1 pour 100 pour la moelle et
I2ÔO ACADÉMIE DES SCIENCES.
un coefficient de proléolyse de i5, 7 pour 100. Ces valeurs sont sensiblement
normales.
Conclusions. — Il résulte de ces expériences que l'état d'anaphylaxie
s'accompagne d'une augmentation marquée de l'autoproléolyse des centres
nerveux.
Par contre, si, une fois l'état anaphylactique passé, on fait une seconde
injection d'antigène, cette injection ne détermine aucun accroissement de
ces coefficients.
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Des rapports existant entre l'ana-
phylaxie et l'immunité. Note (') de M. Marcel Beli.v, présentée
par M. A. Cliauveau.
Ayant démontré que la loxogénine dérive d'une protoxogénine par
oxydation ménagée de cette substance, il nous est désormais possible de
faire varier à volonté la quantité de toxogénine contenue dans l'organisme,
de l'augmenter par les injections de sels peu oxygénés ou de la diminuer
en précipitant une partie des sels de l'organisme par administration de
chlorure de calcium ou, mieux encore, en oxydant la toxogénine in vivo
par injections de substances très oxygénées (-). Il est donc possible ainsi
de voir quel rôle joue la toxogénine dans la constitution de l'immunité.
A priori, étant donnée la remarquable facilité avec laquelle s'oxyde
l'apotoxine, la fixation de l'antigène par la toxogénine apparaît, à mon
avis, non pas comme un phénomène d'anaphylaxie au sens propre du mot,
mais bien comme un phénomène d'immunité, cette réaction donnant nais-
sance à une substance que l'organisme oxydera très facilement et qui
deviendra, pour lui, absolument inoffensive. 11 y a transformation d'un
corps peu oxydable en un autre plus oxydable, d'une substance difficile-
ment destructible, la toxine, en une autre éminemment destructible, l'apo-
toxine; ce sont là des faits qui concourent nettement à la protection de
l'organisme, c'est donc bien de l'immunité.
(') Présentée dans la séance du i4 avril 1 g 1 3 .
(■) M. Bklin, Mécanisme de production de l'anaphylaa-ie sérique {Revue de
Physiologie et Pathologie générale, niai 1911); La réaction à ta tuberculine est
une réaction anaphylactique (Soc. de Biologie, t\ mai 1912; Congrès de Pathologie
comparée, 20 octobre 191 2).
SÉANCE DU 2 1 AVRIL lO,l3. 1261
L'expérience m'a d'ailleurs permis de confirmer cette hypothèse.
Mais, avant d'ahorder l'étude de cette question, il convenait de voir quel
pouvait être :
i° L'action des oxydants sur les toxines elles-mêmes ;
20 Le rôle des variations du chimisme de l'organisme, résultant des
injections salines répétées, sur l'évolution des maladies microbiennes.
De l'oxydation hes toxines in vivo. — Etant donné que les toxines
s'oxydent très rapidement quand elles sont abandonnées in vitro au con-
tact de l'air, il était logique de penser que, tout comme la toxogénine,
les toxines pouvaient être influencées par les injections de sels très oxygénés.
D'ailleurs des résultats heureux ont été obtenus dans le traitement des
maladies infectieuses, à plusieurs reprises, par l'emploi d'oxygène en injec-
tion sous-cutanée, de permanganate de potassium et d'autres substances;
mais il s'agit là de faits isolés, obtenus par hasard et le plus souvent mal
interprétés.
Nous étudierons, dans cette Communication, le rôle des oxydants dans le
tétanos, la colibacillose et la vaccine.
Tétanos. — Toutes les injections ontélé faites à des lapins, au niveau du membre
antérieur droit, à l'aide de culture de 36 heures en bouillon peptoné, à la dose de i1'"' . 5.
Les substances oxydantes employées ont été les chlorates de sodium et de potas-
sium et un terpène ozone, la tallianine, administrés par la voie veineuse.
Nous avons constaté, à chaque fois, que, tant que la paralysie restait localisée au
membre antérieur droit, peu de temps après l'injection de la substance oxydante, le
membre qui, primitivement, reposait sur le sol, inerte, rejeté en arrière, se trouvait
peu à peu ramené dans la position normale; puis bientôt l'appui se faisait, hésitant
tout d'abord, plus nettement ensuite et bientôt les mouvements redevenaient presque
normaux.
L'amélioration était d'autant moins nette que l'animal était plus paralysé, elle était
nulle quand la paralysie était complète.
Les injections de sels oxygénés amenaient, en général, un relard d'un jour dans la
mort des sujets succombant à cette affection suraiguë.
Il semble donc déjà que la toxine, libre au moins, puisse être facilement oxydée.
Colibacillose. — Dans une de nos expériences, nous avons obtenu les résultats
suivants :
Quatre lapins reçoivent dans le péritoine icm" île culture de 24 heures en bouillon
peptoné. Les substances oxydantes sont injectées à partir de la quinzième heure.
Le témoin (2Ls.?.5o) succombe en 18 heures.
Le second (2ks,02o) est très abattu au moment de la première injection, on lui
I2Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
administre du chlorate de potassium par la voie veineuse à la dose de 8cs par kilo-
gramme, trois fois le premier jour, deux fois le second jour : mort en 3 jours.
Le troisième (2ks,28o) ne reçoit également que cinq injections de solutions iden-
tiques de chlorate de potassium, aux mêmes doses, mais par la voie sous-cutanée :
mort le neuvième jour- seulement.
Enfin au quatrième (2ks,22o), on fait des injections sous-cutanées de chlorate de
sodium aux mêmes doses et en nombre égal, soit trois le premier jour et deux le
second; or ces injections ont suffi pour guérir complètement l'animal qu'on a
commencé à traiter 2 heures seulement avant la mort d'un témoin de poids égal.
Vaccine. — Comme on pouvait s'y attendre, les caractères des éruptions furent
peu modifiés par des injections intraveineuses de tallianine et de chlorate de sodium ;
il semble même que l'éruption et les troubles oculaires, obtenus par vaccination au
niveau de scarifications cornéennes, furent plus accusés chez les sujets traités que
chez les témoins. Nous en trouverons l'explication en étudiant le rôle de la loxogé-
nine dans l'immunité.
Conclusions . — i° Au point de vue théorique, nous constatons que les
toxines sont facilement oxydables, nous devons donc renoncer à employer
les oxydants pour diminuer la quantité de toxogénine in và'o.
20 Au point de vue pratique, ces résultats ont une importance toute par-
ticulière. Un procédé de traitement des maladies infectieuses qui permet,
à l'aide de cinq injections seulement (colibacillose), de sauver un animal
qui doit succomber quelques heures après, mérite certes bien d'attirer
tout spécialement l'attention.
Aussi, étant donnée l'importance pratique de ces faits, nous nous pro-
posons, avant de poursuivre l'élude des rapports existant entre l'anaphy-
laxie et l'immunité, d'étudier le rôle que peuvent jouer les oxydants dans
l'évolution de la plupart des maladies infectieuses.
CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Sur le métabolisme des chlorures urinaires chez
les cancéreux . Note de M. Albert Kobi.v, présentée par M. Armand
Gautier.
Mes recherches sur le métabolisme des chlorures chez les cancéreux
aboutissent aux conclusions suivantes :
i° Ni le fait du cancer, ni son siège n'exercent aucune influence sur
l'élimination des chlorures urinaires et sur les rapports d'échange du
chlore ;
20 Les variations des chlorures et de leurs rapports reconnaissent comme
condition principale le taux de l'alimentation.
SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. 1263
NaCI. AzT('). RI. ClAz : T. Cl : RI.
21 cancéreux s'alimentant suffisamment. 9,22 10,70 i5,8i 52, 20 o5,34
i5 cancéreux divers insuffisamment, ou
non alimentés 2,3i 8,4o 7>-3g 16,67 '8,94
Leur élimination urinaire peut donc renseigner sur la quantité de
celle-ci.
3° Quand, indépendamment du siège de la maladie, on classe les can-
céreux suivant les taux respectifs de leurs éliminations en chlorures, azote
total et résidu inorganique, on peut les ranger en trois groupes :
A. Dans le premier groupe, les chlorures, l'azote total, le résidu inorganique sont,
à peu de chose près, normaux (voir plus haut les chiffres des sujets bien alimentés) (•).
Chez eux, le cancer est encore une maladie locale, et si des analyses en série montrent
que ce syndrome urinaire persiste, la marche de la maladie est plus lente.
B. Dans le deuxième groupe, les chlorures descendent à un taux très bas, alors
que l'azote total demeure au chiffre des cancéreux suffisamment alimentés :
NaCI.
AzT.
RI.
Cl : AzT.
Cl : RI.
28,55
ios, 16
8s, 84
10,20
1 / •-»/
Ces malades s'alimentant peu ou pas, empruntent l'azote à leur propre substance;
ils sont en étal d'activité destructive et leur affection prend des allures rapides.
C. Dans le troisième groupe, tous les éléments sont abaissés parallèlement :
NaCI. AzT. RI. CI: AzT. Cl : RI.
ie,84 4g,9° 4Mg 22,7a 24,93
Ces malades ne vivent plus que sur eux-mêmes, d'une façon réduite. Leurs échanges
ne diffèrent pas de ceux des cachectiques quelconques et des inanitiés.
4° La thérapeutique palliative peut tirer quelque profit de ces indications,
puisqu'il en ressort, pour les sujets du premier et surtout du deuxième
groupe, l'utilité d'une alimentation mixte plus intense, aidée de la médica-
tion apéritive et des médications modératrices de la dénutrition azotée
au premier rang desquelles figurent la quinine et les arsenicaux.
( ') AzT = azote total ; RI = résidu inorganique.
(2) Moyenne normale chez un individu de 65k° :
NaCI. AzT. RI. Cl: AzT. Cl : RI.
9§.5o à ios, 5o 1 3s. 17 à i\s, 3o 16s. 87 à 18s. 80 4 ' à 43 32, 5o
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 16.)
l6l
1264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur la synthèse biochimique du méthyl-
g/ucoside fi dans un liquide neutre, étranger à la réaction. Note de
MM. Ém. Bourquei.ot et Ém. Verdox, présentée par M. Jungfleisch.
Il a été démontré que l'émulsine en poudre peut exercer son action
hydrolysante sur les glucosides dissous dans des liquides neutres tels que
l'acétone et l'éther acétique, bien que ces liquides ne dissolvent pas trace de
ferment (').
L'action de l'émulsine étant réversible, il était légitime de penser que ce
ferment pourrait également, dans les mêmes liquides, agir synthétique-
ment sur les composants de ces glucosides. Mais pour qu'il en fût ainsi, il
fallait que le liquide neutre employé comme véhicule fût capable de dis-
soudre les composants (glucose et alcool méthylique pour la synthèse du
méthylglucoside).
On ne pouvait donc pas espérer réussir avec l'acétone pure, anhydre, qui
ne dissout pour ainsi dire pas de glucose et dans lequel, d'ailleurs, l'émul-
sine n'agit pas comme hydrolysant. Mais iLétait tout indiqué de recourir à
des acétones renfermant 10, 20 et même io pour 100 d'eau.
Dans nos premiers essais, nous avons employé de l'acétone à 20 pour 100
d'eau en poids. Avec cet acétone, on a fait à chaud une solution renfermant,
pour IooCI",, 2g de glucose anhydre, solution qui, une fois refroidie, a servi
à préparer les mélanges suivants :
cm3
I. Solution acétonique de glucose 80
Alcool méthylique absolu 5
Acétone à 80 pour 100 q. s. p. 100
11. Solution acétonique de glucose 80
Alcool méthylique absolu 10
Acétone à 80 pour 100 q. s. p. ioo
III. Solution acétonique de glucose 80
Alcool méthylique absolu j5
Acétone à 80 pour 100 q. s. p. 100
IV. Solution acétonique de glucose 80
Alcool méthylique absolu 20
Chacun de ces mélanges renfermait donc is,Go de glucose; mais les
proportions d'alcool méthylique étaient entre elles comme 1, 2, 3 et l\.
(') Em. Bolrquelot et M. Bridel. Comptes rendus, t. 154, 1912, p. i25ç).
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1265
Après avoir pris leur rotation initiale (/= 2), on les a additionnés de
os,/jo d'émulsine et on les a abandonnés à la température du laboratoire
(160 à 180). Dans le Tableau suivant, se trouvent rassemblées les rotations
observées qui intéressent la question, ainsi que les quantités de glucose
combiné au moment où la limite de l'action synthétisante du ferment a été
atteinte.
I..
II .
III.
IV.
Alcool
méthylique
Rot
1 ,9^2 2,458
Ac. Vol. en A. Ac o, l'ij o,?.3i o, a5g o, 169 0,207
Ac. V. r 1 1 1 1
Hn pp.
A. Fi.' ' 5,3 4,2 8 7,6 6,3
Le microbe ensemencé dans la bière stérilisée à froid, additionnée
d'asparagine, de chlorure de calcium, de maltose, de dextrine ou des deux
simultanément, donne lieu à des transformations du même ordre de
grandeur que celles du témoin; toutefois la bière asparaginée filait plus
que les autres.
Comparons le microbe Bi de la bière avec les ferments de la graisse du
vin (') et du cidre (2) dans le même milieu peptoné additionné de maltose
(3,i pour 100), saccharose (4 pour 100), lévulose (2 pour 100), glucose
(2 pour 100).
Le Tableau suivant montre les quantités d'acide fixe exprimées en acide
lactique (I), d'acide volatil exprimé en acide acétique (II) et le rapport de
l'acidité volatile exprimée en Ac. Lact. à l'acidité fixe (III); l'analyse a été
faite après 4 mois.
(') Comptes rendus, t. H9, p. 740.
(-) Ibid., t. 15-2, p. 1422.
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
;;
Quantités par litre.
Ferments.
y ( \ in ). h ( cidre ). Bi ( bière I.
s s s
1 3,423 6,099 4-444
o, 176 1 .55o o, loq
Milieu maltose. •; ' r
m -î- -L. ±
12.9 2,02 27
1 2,637 3,900 4,867
: II 0,762 2,320 0,l63
Milieu saccharose. ■ "
III -L _L _i_
2,3 1,1 19,9
1 1 , 85 1 3,690 4, '73
-'"•••- °''82 l'^5 °'°>S
III. ... — — —
6,8 i,5 35,6
1 1,792 3,090 2,916
,11 1.157 1,612 0,216
Milieu lévulose. { J
III -'- '
1,0 1 ,0 9
Dans tous ces liquides qui filaient encore(sauf Bi lévulose), nous trouvons
A V
avec tous les sucres les rapports -t-^t plus élevés pour le ferment Bi de la
bière; tous les ferments donnent de l'alcool avec les quatre sucres, sauf Bi
qui n'en donnait qu'avec le lévulose; tous sauf Bi fournissaient de la
mannite aux dépens du lévulose.
Ce ferment comparable à ceux du cidre et du vin à certains égards doit
donc être placé dans un autre groupe.
Le mode de préparation des moûts et du brassage, la composition des
eaux, le manque de soins de propreté, doivent contribuer à sa propa-
gation.
CHIMIE PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Elude de /'action des rayons ultraviolets
sur l 'oreille de lapin. Influence de l'intensité. Irradiations intermittentes.
Note de M. Venceslas Moycho, présentée par M. Dastre.
Dans la Note précédente (Comptes rendus, 17 février 191 3), nous avons
décrit l'action brute des rayons ultraviolets sur l'oreille de lapin, déter-
miné la région la plus active du spectre ultraviolet et la perméabilité de
l'oreille à ces radiations. Nous poursuivons aujourd'hui cette étude.
SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 1269
Relation entre T intensité de rayonnement et le seuil de durée. — Pour éta-
blir la relation entre l'intensité de rayonnement et la durée correspondant
au seuil de la réaction, nous avons fait varier l'intensité en augmentant
successivement la distance entre la source et l'oreille de lapin.
Voici les moyennes de plus de 70 expériences :
Énergie
du rayonnement
Intensité
correspondant
Dislances.
Seuil
de durée.
de rayonnement.
au seuil.
cm
s
6
10
IOO
IOO
10
27
36
97
20
100
9
90
3o
2ÔO
4
100
4o
ôoo
2,3
123
Il résulte de ces expériences que :
i° Le seuil de durée diminue quand l'intensité de rayonnement aug-
mente;
20 La quantité d'énergie nécessaire pour produire le minimum de réac-
tion visible reste assez constante, au moins pour les intensités variant clans
les limites de 100 à \. Les faibles variations qu'on observe se trouvent dans
les limites de la précision que permet la mesure du seuil (10 à 20 pour 100).
Irradiations intermittentes. — Le seuil de durée représente le minimum
de temps d'irradiation continue nécessaire pour produire un effet visible
sur l'oreille de lapin. L'irradiation pendant une fraction de ce temps ne
produit aucune réaction visible.
On doit pourtant se demander si une irradiation très brève qui ne détermine aucune
réaction visible ne produit pas des réactions intracellulaires qui persistent assez long-
temps pour pouvoir s'additionner lorsqu'on répète plusieurs irradiations inefficaces.
Dans ce cas on devra chercher la durée des intervalles au bout desquels il y a encore
addition, c'est-à-dire déterminer la durée de persistance des effets produits par ces
irradiations.
Lorsqu'on produit une série d'irradiations brèves de 5 ou 10 secondes (la durée du
seuil continu étant égale environ à 20-4o secondes), séparées par des intervalles de
quelques minutes, on trouve que les effets de ces irradiations s'additionnent entre
eux et que le seuil d'irradiation fractionnée est sensiblement égal au seuil d'irra-
diation continue.
Pour déterminer la durée de persistance des réactions intracellulaires produites
par ces irradiations très brèves, nous avons allongé successivement la durée des inter-
valles. Nous avons pu ainsi séparer ces irradiations de 5 ou 10 secondes par des inter-
1270 ACADÉMIE DES SCIENCES.
valles de 12, 24 et même quelquefois 48 heures, et l'on trouve que dans ces cas
l'addition des effets se produit encore.
Les irradiations séparées par des intervalles encore plus grands ne donnent plus
aucune réaction visible. C'est la phase d'addition inefficace. La persistance des réac-
tions produites par des irradiations de 10 secondes est donc environ égale à 48 heures.
Nous donnons ici quelques exemples :
Durée
Durée
Somme
Durée
Date
il'une
de
des durées
du seuil
de
irradiation
l'intervalle
Nombre
des irradiations
continu
l'expérience. (
en secondes ).
(en heures).
d'irradiations.
(en secondes
). Effet, (en secondes).
20 novembre.
10
6
0
0
3o
faible
3o
26 juillet ....
IO
12
0
0
3o
faible
3o
27 juillet. . . .
!0
2 4
4
4o
faible
4o
19 octobre. . .
10
48
4
4o
douteux
40
19 octobre. . .
10
48
6
60
faible
40
4 novembre.
10
48
4
4o
très faible
40
8 novembre.
IO
72
9
90
rien
3o
22 octobre. . .
ro
72
i3
i3o
rien
40
27 juillet. . . .
")
12
5
25
faible
20
2 février . . .
5
24
6
3o
très faible
3o
9 février . . .
5
24
8
4o
très faible
3o
1 novembre.
5
48
i4
7°
rien
3o
2 novembre.
5
48
18
9°
rien
3o
IL résulte de ces expériences qu'une irradiation très courte, 10 secondes
ou même 5 secondes, qui ne détermine pas de réaction vasculaire visible,
produit cependant un certain effet intracellulaire. Nous ignorons la nature
de ces processus. Probablement il s'agit ici des réactions qui ne diffèrent
pas essentiellement de celles observées sur les organismes comme paramé-
cies, microbes, globules blancs, etc.
On sait en effet, d'après les travaux de M. et Mmv V. Henri ('), que les
rayons ultraviolets produisent des actions profondes sur les substances qui
se trouvent à l'intérieur des cellules comme les lipoïdes, bydrates de car-
bone, albuminoïdes.
En faisant agir les rayons sur les organismes de petite taille et des
globules blancs et en étudiant l'aspect à l'ultramicroscope, ces auteurs
constatent que le protoplasma, après l'exposition aux rayons, devient plus
granuleux, plus brillant. Un changement d'aspect analogue s'obtient sur
l'albumine d'œuf et les albuminoïdes du plasma sanguin. Ces changements
correspondent à un commencement de coagulation.
(') Journ. de Physiot. et de l'alhol., 1911.
SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. I27I
Les lipoïdes, d'après les mêmes auteurs, semblent être atteints aussi pro-
fondément. De nombreux microbes perdent, après l'irradiation, la propriété
de fixer le réactif de Gram. Cette réaction étant liée probablement à la pré-
sence de lipoïdes à acides gras non saturés, il résulterait de ces expériences
que les rayons ultraviolets produisent sur ces corps des actions d'oxydation
ou d'autres réactions qui saturent les valences libres.
Ils est possible que les rayons ultraviolets déterminent des processus ana-
logues dans certaines cellules de tissus de l'oreille de lapin. Et comme ces
réactions ne sont pas réversibles, les éléments atteints par l'action des
rayons ultraviolets doivent être éliminés, ce qui explique la lenteur du pro-
cessus de réparation.
Influence de l'intervalle des irradiations intermittentes sur l'intensité de la
réaction. — D'après l'étude de V. Henri, il résulte que les irradiations
intermittentes n'ont pas le même effet suivant la taille des organismes dont
il s'agit. Ainsi, pour les microbes, il n'y a aucune différence dans l'action
abiotique entre le rayonnement continu et le rayonnement intermittent. Au
contraire, pour les organismes plus grands : infusoires divers, petits crus-
tacés, etc., on trouve une différence très nette entre l'action de l'irradiation
continue et l'irradiation intermittente. Dans certains cas, l'irradiation frac-
tionnée est plus active que l'irradiation continue : c'est le phénomène ^ad-
dition renforcée. 11 faut remarquer cependant que, dansle cas des microbes,
l'étude portait sur le pouvoir abiotique des rayons ultraviolets, tandis que,
pour les organismes de petite taille, il s'agit du pouvoir excitant.
Pour étudier l'influence de l'intervalle, nous avons comparé soit la durée
du seuil continu avec celle du seuil interrompu; soit, dans d'autres cas, l'in-
tensité de la réaction obtenue par les irradiations de la même durée totale,
mais de l'intervalle différent.
En faisant varier la durée de l'intervalle de 1 minute etau-dessous jusqu'à
12 heures, nous ne pouvons constater aucune influence nette de la disconti-
nuité d'irradiation. La réaction se produit sensiblement au moment où la
somme des durées des irradiations intermittentes devient égale à la durée
du seuil d'irradiation continue. En outre, l'intensité de la réaction reste
sensiblement constante lorsque, pour une durée d'irradiation totale donnée,
on irradie d'une manière discontinue en variant la durée des intervalles.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N"! 16.) l^)2
I 272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Présence de V acide propionique dans les sécré-
tions des rhumatisants. Note de M. Oechsxer de Conixck, présentée par
M. Daslre.
Certains rhumatisants émettent, en général au sortir d'une de leurs
crises annuelles, des urines dont l'odeur, très particulière, rappelle à la fois
celles de l'acide butyrique et de l'acide acétique. Cette odeur m'ayant
souvent frappé, je me suis proposé d'en rechercher la cause.
Les urines ont été soigneusement filtrées sur papier blanc, alcalinisées au moyen de
la soude pure, et concentrées sur le bain-marie, au sixième de leur volume. Le liquide
résiduel a été placé dans une cornue, et acidifié par l'acide phospliorique. On a
distillé, et l'on a recueilli un liquide jaune brun, qui a été décoloré au noir animal. Le
liquide doué de celte odeur sui generis que j'ai signalée plus haut, était fortement
acide. Saturé par de la céruse pure, il a fourni un sel de plomb ayant toutes les appa-
rences d'un corps pur. Ce sel a été décomposé par l'hydrogène sulfuré. Par filtration,
il s'est séparé un liquide mobile, qui a été rectifié : il passait entre 13g0 et \l\7.°.
L'analyse élémentaire a fourni les résultats suivants :
G pour 100.
II »
Théorie
Trouvé.
pourCWO2
48,42
48,65
8,28
8,11
L'acide isolé dans les conditions qui viennent d'être exposées est donc
de l'acide propionique.
En terminant, je signalerai un fait qui me paraît intéressant : dans le
liquide de suintement de l'eczéma, survenu chez plusieurs rhumatisants,
j'avais déjà trouvé de l'acide propionique.
PARASITOLOGIE. — La lypldile parasitaire du Nandou.
Note de M. G. -II. Blanc, présentée par M. Marchai.
L'élevage du Nandou prenant actuellement une certaine importance, il
est utile de bien connaître les parasites de cet Oiseau et en particulier les
Helminthes.
Un certain nombre d'entre eux jouent en effet un rôle pathogène que ne
doivent pas ignorer les éleveurs.
En 1911 Raillet et Henry signalaient 12 espèces parasites de l'intestin,
SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. 1273
dont 3 Cestodes, 7 Nématodes et 2 Acanthocéphales. Grâce à l'obli-
geance de M. Paris, préparateur à la Faculté des Sciences de Dijon, j'ai
pu étudier un certain nombre de Nématodes provenant du caecum d'un
jeune Nandou et qui me paraissent devoir constituer une espèce nouvelle
du genre Helerakis que je propose de nommer Helerakis Parisi. Voici la
description de cette espèce ;
Le corps est blanchâtre, cylindroïde atténué en avant et en arrière, surtout chez la
femelle. Il porte une double crête latérale, bien visible sur les coupes transversales;
celte crête s'insère en haut au niveau du vestibule buccal et descend le long du corps
pour aller se perdre à la hauteur de la ventouse ventrale chez le mâle et se confondre
avec les téguments de la queue chez la femelle. La cuticule est finement striée en
travers, les stries étant distantes d'environ 2^. La bouche est entourée de trois petites
lèvres, hautes de 18^, munies chacune de deux papilles externes. A la bouche fait
suite l'œsophage composé de deux parties : la première, à parois minces, dilatable, est
longue de ooV- et large de 4°^! elle se rende légèrement pour se continuer avec la
seconde partie, musculeuse, large d'environ 681*, qui se termine en un bulbe œsopha-
gien de iiSV- de diamètre.
La longueur totale de l'œsophage est de imm.
Le mâle est long de 7mm à 9mm, épais vers son tiers antérieur de 350^ à 4ooH-, l'extré-
mité caudale est terminée en longue pointe effilée en avant de laquelle se montre
comme chez tous les Helerakis une ventouse préanale, deux ailes latérales soutenues
par des papilles et deux spicules. Les papilles caudales sont au nombre de 12 de
chaque côté et disposées de la façon suivante en allant d'arrière en avant : un groupe
de deux (papilles 1 et 2), situé à la base de la pointe caudale; une troisième et une
quatrième isolées (papilles 3 et 4); un groupe de 6 papilles dont deux adanales et
4 postanales (papilles .5 à 10); enfin, deux papilles disposées de chaque côté de la
ventouse (papilles 11 et 12) ; cette ventouse est munie d'un anneau chitinenx échancré
sur la ligne médiane à sa partie postérieure.
Les deux spicules sont très inégaux, le droit est long d'environ 2œnl,200 et le
gauche de 640^, ils sont munis de larges ailes membraneuses dont le diamètre trans-
versal atteint 45ti.
La femelle est longue d'environ iomm; sa plus grande épaisseur au tiers moyen de
sa longueur est de 340^ à 360^, le corps s'.atténue à la partie postérieure et se termine
en une queue très effilée.
La vulve est située un peu avant le milieu du corps, les œufs ovoïdes sont longs
de 681* et larges de 45H-.
Helerakis Parisi est très voisin & Helerakis isohnche var. Lins t. des Fai-
sans. Il s'en distingue par ses ailes latérales continues sur toute la longueur
du corps, par le nombre des papilles caudales du *>!7
1 3 . 1 ■"> i,34o U.56 'j279 16.29 0,806
14.18 ii^g2 '4-i 4 i,233
i5.3j 1,204 16. 1 i,o44
i6.43 1,026 16. 5 1 0,924
Parfois la polarisation ne demeure pas constante dans la journée: la courbe des
calories se déforme de manière à suivre les variations de la polarisation. J'ai fréquem-
ment observé des cas analogues au suivant : la courbe du 16 juin, d'abord au-dessus
(') J'ai pu connaître l'heure avec une grande précision, grâce aux signaux radioté-
graphiques de la Tour Eiffel, qui sont reçus quotidiennement au laboratoire de
M. Meslin, directeur de l'Institut de Physique de l'Université de Montpellier. Une
correction très simple permet d'avoir l'heure locale vraie.
(*) En calories-grammes par centimètre carré et par minute.
SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. I2gi
de celle du i5 juin, passe ensuite au-dessous; corrélativement, la polarisation du
16 juin, d'abord supérieure, devient inférieure à celle du i5 juin.
Une conclusion bien nette se dégage des comparaisons que j'ai effectuées :
le pouvoir absorbant de l'atmosphère, pour des journées rapprochées, varie en
sens inverse de la polarisation; il augmente, par exemple, quand la polari-
sation diminue.
II. Il eût été intéressant de pouvoir faire porter les comparaisons sur
les observations de toute une année. Mais alors le mode de discussion
précédent n'est plus applicable. Peur des journées éloignées entre elles de
plus d'une semaine, la comparaison directe des courbes horaires n'indique
rien de précis : à la même heure les épaisseurs atmosphériques traversées
sont trop différentes. J'ai relevé, sur les diverses courbes horaires des
calories, les ordonnées qui correspondent aux diverses heures de la journée
et calculé les masses atmosphériques traversées à ces mêmes heures, et j'ai
représenté les intensités calorifiques en fonction des masses.
D'une façon générale, les courbes obtenues s'échelonnent dans l'ordre
croissant des polarisations. Quand les polarisations sont les mêmes, les
points se répartissent sur une même courbe, même s'ils appartiennent à
des journées éloignées.
III. J'ai utilisé la formule suivante, indiquée par Crova pour représenter
dans une même journée la variation de l'intensité I de la radiation en fonc-
tion de la masse atmosphérique traversée £ :
1= C .
C est ce qu'on appelle la constante solaire et p, qui dépend de l'absorption
atmosphérique, croît avec elle, et peut lui servir de mesure.
J'ai calculé les valeurs du coefficient p pour les diverses journées. Géné-
ralement les valeurs de p augmentent quand la polarisation diminue. Pour
des journées où les polarisations sont les mêmes, le coefficient p garde la
même valeur.
Conclusion. — Ainsi, pour la majeure partie des radiations reçues du
Soleil, l'absorption exercée par l'atmosphère est étroitement liée à la pro-
portion de lumière polarisée contenue dans la lumière diffusée par le ciel.
Ce résultat confirme l'idée actuellement admise que l'atmosphère agit
surtout par diffusion et non par absorption. Quand l'atmosphère est parfai-
1292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tement claire, c'est la diffusion par les molécules qui seule intervient
(Lord Rayleigh) et la proportion de lumière polarisée dans le ciel est très
forte. Lorsqu'il y a des particules beaucoup plus grosses que les molécules
(poussières ou vésicules d'eau), la transmission diminue et aussi la propor-
tion de lumière polarisée. Ce n'est que dans des portions limitées du spectre
qu'il semble y avoir vraiment absorption : absorption de la vapeur d'eau
dans une petite portion de l'infra-rouge, de l'oxygène dans l'extrême rouge,
de l'ozone dans l'ultra-violet.
M. Victor Aubert adresse une Note intitulée : Beynes aux temps préhis-
toriques.
(Renvoi à l'examen de M. H. Douvillé.)
M. L. Lacrotte adresse une Note intitulée : Amortisseur élévateur pour
aéroplanes .
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. G. Chauveaud adresse une Note intitulée : Sur l'évolution de l'appa-
reil conducteur dans les Veronica.
(Renvoi à l'examen de MM. Guignard et Zeiller.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
SÉANCE DU 21 AVRIL igi3.
1293
COMITE SECRET.
La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la
deuxième place de Membre non résident, créée par le Décret du
17 mars ip,i3 présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Aca-
démie, la liste suivante :
En première ligne M. Gouy
En deuxième ligne M. Bazi.v
1 MM. Depéret
,. 1 1 ; 1 • DlJHEM
En troisième ligne, par ordre alphabétique / „ __
f GoSSELET
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie.
G. D.
I2g4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 1 \ AVRIL 191 3.
Notice sur la vie et les travaux de Marcellin Berthelol, par Emile Jungkleiscii.
( Extr. du Bulletin de la Société chimique de France; 1918.) Paris, imp. Paul Dupont ;
1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Royal Society of London. Recornmendations and Reports presented by the Royal
Society to thejifth General Assembly of the International Association of Académies.
S. 1. n.d.; 1 feuille in-4°.
La faune du Gedinnien inférieur de l'Arde/ine, par Maurice Lekiche. (Mém. du
Musée roy. d'Hist. nat. de Belgique; t. VI, année 191 2.) Bruxelles; 1 fasc. in-4°.
Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon; Sciences
et Lettres; série III, t. XIII. Paris, J.-B. Baillière; Lyon, A. Rey; 1 vol. in-4°.
Verhandlungen der osterreichischen /Commission fur die internationale Erdmes-
sung: Protokolle iiber die am 5 April 191 1 und am 19 Oktober 191 1 abgehalten
Sitzungen. Vienne, 1912; 1 fasc. in-8°.
Teoria de la aberraciôn de la luz, por Julio Garvito. Bogota, 1912; 1 fasc. in-8".
The cenlenarv of gaz lighting and ils historical development, by W.-J. Liberty.
( The llluminaling Engineer; t. VI, n°k, avril 1913. Spécial gaz centenary number.)
Londres; 1 fasc. in-8°.
Ariazione, per Guido e Ugo Axtoni. Genova, 191 2; 1 fasc. in-8°.
Fenomeni geodinamici consecutivi alla eruzione Etnea del settembre 191 1, per
Annibale Biccô. Modène, 191 2; 1 fasc. in-S°.
La regione sismica Calabro-Peloritana, per Carlo de Stefa.m. (Memorie délia
R. Accademia dei Lincei; Classe di Scienze fisiche; t. IX, 5e série, fasc. 7.) Rome,
1912; 1 fasc. in-4°.
Caria do Eslado de S. Paulo, organisada pela Commisâo geographica e geolo-
gica; rôoïïTiirû- Sào-Paulo, 1912; 1 feuille in-pla.no.
Anuario estadistico de la Repûblica mexicana, 1907, formado por la direcciôn de
estadislica à cargo del Dr Antonio Penakiel; ano XV, mïm. 15. Mexico, 1912; 1 vol.
in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 28 AVRIL 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthylation del'isovalérone au moyen de Vamidure
de sodium et de Viodure de mélhyle. Tétramêthylisovaléroneoukexamèthyl-
2.5.3.5.5.6-/ieptanone-!i. Note de MM. A. Hali.er el Edouard Iîauer.
Enfaitdehexacoylacétones I\lH2^fC.CO.C..H.1R5.I{6, nous connaissons
actuellement l'hexaméthylacétone ('), l'hexaélhylacétone (2), la pentamé-
thyléthylacétone ('), la triméthyltriéthylacétone ('), la dibenzyltétramé-
thylacétone symétrique (') et la tétraméthyldiéthylacétone (').
M. Senderens ayant eu l'amabilité de mettre à notre disposition de
l'isovalérone préparée par sa méthode, nous l'avons méthylée par l'inter-
médiaire de l'amidure de sodium et avons obtenu successivement la dimé-
tbylisovalérone symétrique
/CH3 /CH3
(CH3)*.CH.CH — COCH.CH(CH3)2,
la triméthylisovalérone
CH3 CH3
( CH3 )' . CH . C — CO . CH — CH (CH3 y
s CH3
(') A. Haller et Edouard Baier. Comptes rendus, t. 150. p. 584, 661 ; t. loi.
p. 555.
(2) Zerner, Comptes rendus, t. 152, p. 1099; Monatshefte fur Chcmie, l. XXXII,
p. 677.
i65
C. R., igiS, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.)
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et la tétraméthylisovalérone symétrique
(CHS)2.CII — CCCH3)2 — CO.CfCH^-CIItCH3)2.
Au début de la réaction il se forme, sans doute, de la monométhylisovalé-
rone que nous n'avons pas cherché à isoler.
Nous avons opéré sur 70s d'isovalérone, distillant de 1620 à 16/40, et l'avons traitée,
au sein de 35o» de benzène, par 10s d'amidure de sodium finement pulvérisé. Le
dégagement d'ammoniaque commence faiblement à froid et s'accélère en chauffant.
Au bout de 1 heure et demie à 2 heures, l'amidure a presque totalement disparu
et le dégagement d'ammoniaque devient insignifiant. On laisse refroidir la disso-
lution qui est devenue légèrement brune et l'on y ajoute peu à peu 80s d'iodure de
méthyle. La réaction est vive et l'iodure de sodium se dépose presque immédiatement.
On chauffe encore 1 heure et demie, puis on verse le produit delà réaction dans l'eau.
On décante, on sèche et l'on distille. Après avoir éliminé l'éther, on obtient un liquide
qui passe de 160° à 2o5°. Il ne reste qu'un faible résidu goudronneux, au fond du
ballon .
Le liquide ainsi obtenu fut soumis au même traitement que ci-dessus et
l'on isola un produit distillant de 1700 à 2100 à la pression ordinaire. La
portion i7o°-io,o° a été retraitée par de l'amidure et de nouveau méthylée
au sein du benzène. On retira un liquide passant de 1^5° à 2100. A ce
moment nous avons arrêté la méthylalion et avons soumis le produit à un
fractionnement répété avec une colonne Vigreux, sous une pression de
i3mm. Nous avons réussi à isoler : i° un liquide passant de 7G0 à 780 sous
i3mm; i° un produit de 88° à 890 sous la même pression.
Dimèthylisovalérone. symétrique ou télraméthyl-2.3.5.6-heptanone-^ ou
diméthyldiisopropylacélone symétrique
(CH3)*. CH. CH(CH3). CO. CH(CH'). CH (CH3)2.
L'analyse du liquide distillant à yG0-n8° sous i3mni correspond à un
corps en C"H220 que nous considérons comme une dimèthylisovalérone
symétrique, les deux métbyles se mettant vraisemblablement symétrique-
ment par rapport au groupement cétonique.
Cette cétone possède une odeur légèrement camphrée et se combine très
difficilement avec l'hydroxylamine. Nous l'avons, en effet, chauffée pendant
10 heures avec du chlorure de zinc hydroxylamine et n'avons obtenu que
des traces d'oxime.
Triméthylisovalérone ou pentamétkyl-2 .3. 3. 5. 6-heptanone-h ou trimèlhyl-
dusopropylacètone (CH3)a. CH CH (CH3)2. CO. C (CH3)2. CH (CH3)2/
SÉANCE DU 28 AVRIL IO,l3. 1297
C'est la portion passant de 88° à 890 sous i3mm. L'analyse conduit, en
effet, à un corps en G,2Hï40.
Liquide mobile, à odeur assez pénétrante et camphrée. Il ne se combine
pas à rhydroxylamine et ne décompose pas l'amidure de sodium quand on
le chauffe avec ce composé en milieu benzénique.
Tétramélhylisovalérone ou /iexamét/iyl-2.3.3.5.3.6-/ieptanone-j ou tétra-
méthyldiisopropylacétone symétrique
(CH3)2.CH.C(CH3)2.CO.C(CH3)2.CIl.(CH3)2.
Pour introduire le quatrième méthyle dans la trimélhylisovalérone on est contraint
d'emplojer le toluène comme dissolvant et de chauffer cette cétone avec la quantité
théorique d'amidure pendant plusieurs heures. Quand il ne se dégage plus d'ammo-
niaque on ajoute l'iodure de méthyle en léger excès et le mélange est chauffé durant
1 heure et demie. Après lavage et distillation, on retire finalement un produit qui
bout à i070-i09°j sous i4nlm, auquel l'analyse assigne la formule C13H260, correspon-
dant à la tétramélhylisovalérone cherchée.
Liquide mobile, très volatil et à odeur très pénétrante. Il ne fournit ni
oxime, ni semicarbazone.
Chauffée à l'ébullition, au sein du toluène ou du xylène, avec de l'amidure
de sodium, cette cétone ne subit pas le dédoublement observé sur l'hexa-
méthylacétone, c'est-à-dire qu'elle ne donne pas de diisopropyle et d'amide
isopropyldiméthylacétique que nous nous attendions à obtenir suivant
l'équation
CH3 ai\„ .'SIVCH
Cit. G— CO.C— CH ' " ,+ Ml^a
UH ^CH3 X-CH3 °H
pi43\ ^GH3
= ^m/CH.C— CONHNa + (CH3)2CH.CH(CH3)2.
Elle se comporte à cet égard comme l'hexaéthylacétone de M. Zerner(').
Heccaméthyl-i.33.5.5.6-heplanol-li ou alcool tétraméthyldiisopropyliso-
propyliquesymétrique(CH3)2.CH.C(CH3)2.CHOH.C(CH3)2-CH(CH3)2.
On a réduit la cétone de la façon habituelle, au moyen du sodium et de l'alcool
absolu. Après dissolution du sodium, on a étendu le liquide d'eau et l'on a épuisé la
liqueur avec de l'éther. La solution éthérée, après plusieurs lavages avec de l'eau, a été
évaporée et le résidu soumis à un fractionnement dans le vide.
(') Zerner. /oc. cit.
1298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il passe d'abord quelques gouttes d'un liquide mobile, à odeur de carbure non saturé
et décolorant le brome, puis la presque totalité du produit a distillé de ii5° à 1170
sous i3mm.
L'analyse assigne à ce produit la formule C'3H280 qui répond bien à
celle du carbinol cherché.
Cet alcool constitue une huile assez épaisse à odeur de bornéol. Traité
par Tisocyanate de phényle en solution dans l'éther de pétrole, il fournit au
bout de 24 heures un dépôt qui, recristallisé dans l'éther de pétrole, se
présente sous la forme de petites aiguilles fondant à c)i0-920.
L'analyse fournit des chiffres correspondant à C20H33O2N qui est bien
la formule de la phényluréthane cherchée.
PARASITOLOGIE. - Contribution à l étude morphologique du Toxoplasma
gondii et du T. cuniculi. Note de MM. A. Laveran et M. Marullaz.
I. Morphologie du « T. gondii ». - Nous avons pu faire une étude très
complète de ce toxoplasme dans de nombreuses préparations provenant de
souris, de cobayes et de lapins infectés avec le virus tunisien (').
Il est facile d'obtenir de bonnes préparations des toxoplasmes avec l'exsudat péri-
lonéal des souris inoculées depuis 3 ou 4 jours. On étale, en couche très mince, une
goutte de l'exsudat visqueux sur une lame porte-objet et, avant dessiccation, on plonge
la préparation dans l'alcool absolu; on l'y laisse pendant quelques heures; dans ces
conditions, les éléments analomiques et les toxoplasmes sont beaucoup moins déformés
que dans les frottis desséchés. La fixation à l'aide des vapeurs d'acide osmique nous a
donné de mauvais résultats. Au sortir de l'alcool, on colore par la solution de Giemsa
et l'on examine à sec. Pour l'étude du noyau, il est bon de faire des préparations par
le procédé de l'hématoxyline au fer.
Les toxoplasmes peuvent être étudiés également dans les frottis de foie, de rate ou
de poumons des animaux infectés ou sur les coupes histologiques de ces viscères,
coupes que l'on colore soit au Giemsa, soit par le procédé hémaléine-éosine.
C. Nicolle, L. Manceauxet Mnu' Conor ont donné de bonnes descriptions
du Toxoplasma gondii (2).
(') Nous rappelons que nous devons ce virus à la grande obligeance de M. le D1'
Nicolle.
(2) G. Nicolle et L. Manceàux, Comptes rendus, 26 octobre 1908 et 8 février 1909;
Arch. de VInst. Pasteur de Tunis, 1909. — C. Nicolle et Marthe Coîsou, Soc. de
Path. exotique, 12 mars 1 91 3.
SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. 1 299
Dans les frottis faits comme nous venons de l'indiquer, les toxoplasmes
sont tantôt libres, tantôt à l'état d'inclusion dans des leucocytes ou dans
d'autres éléments cellulaires.
La forme des parasites est assez variable. Les toxoplasmes libres ont
souvent une forme en croissant {Jig. 8 et 9); tantôt les extrémités du crois-
sant sont symétriques, tantôt l'une d'elles est plus grosse, moins effilée que
l'autre. La forme ovalaire {Jig. 10) est commune, l'ovale est plus ou moins
allongé et l'on rencontre, non rarement, des éléments sphériques {Jîg. 1 1 ).
Parmi les toxoplasmes inclus dans des éléments cellulaires, c'est la forme
ovalaire qui domine d'ordinaire {Jig. 1, 2, 3, 4)-
La longueur moyenne des toxoplasmes est de 5^ (minimum, 2^,5;
maximum, 61*); la largeur moyenne est de 2^,5 (minimum, 2^; maxi-
mum, 3^).
Les dimensions varient suivant que l'évolution de l'infection est plus ou
moins avancée; au début, lorsque les formes jeunes dominent, on trouve
souvent des moyennes inférieures à celles indiquées plus haut; dans une de
nos préparations (exsudât péritonéal de souris), la longueur moyenne des
toxoplasmes était seulement de 3^, 14, alors que d'ordinaire elle atteignait
5^. Par contre, les dimensions des toxoplasmes recueillis sur le cadavre
dépassent souvent la moyenne.
Après coloration par la solution de Giemsa, le protoplasme des toxo-
plasmes prend une teinte bleue plus ou moins foncée; il est homogène ou
finement granuleux. Chaque toxoplasme contient un noyau volumineux
qui se colore en rose ou en violet et qui parait constitué par un amas de
granulations de chroma tine. Le noyau qui est situé, en général, vers la
partie moyenne du parasite, se trouve parfois à l'une des extrémités, du
côté le moins effilé, quand le toxoplasme est asymétrique.
Après coloration par l'hématoxyline au fer, les noyaux des toxoplasmes
apparaissent plus compacts, mieux circonscrits {Jig. 9, 10, 11), qu'après
coloration au Giemsa {Jig. 8).
On ne distingue jamais de karyosome secondaire assimilable à un blé-
pharoplaste ou centrosome.
La multiplication se fait par bipartition. Les éléments qui vont se diviser
prennent la forme ovalaire ou la forme sphérique; le noyau se sépare en
deux parties {Jîg. 12), puis le protoplasme se divise longitudinalement, en
grain de café {Jig. i3); aussi, est-il fréquent de trouver des toxoplasmes
isolés dont un des bords est recliligne, tandis que l'autre est convexe.
Les toxoplasmes envahissent souvent les leucocytes mononucléaires ou
i3oo
ACADEMIE DES SCIENCES.
polynucléaires {Jig. i, 2, 3, 4)1 les cellules endothéliales (péritoine, capil-
laires de la rate), et les cellules hépatiques. Le nombre des parasites qu'on
trouve dans un même élément est très variable; tantôt l'élément ne con-
tient qu'un ou deux toxoplasmes (Jig. 1), tantôt il en est littéralement
bourré (Jig. 2); le chiffre des parasites inclus peut s'élever à 20 ou 3o. Il
mm I 1 iS
Éléments parasitaires, endocellulaires ou libres, dans l'exsudat péritonéal de souris infectées
de Toxoplasma gonclii. Les éléments i à 8 ont été colorés par la solution de Giemsa. le*
éléments 9 à i3 par l'Iiématoxyline au fer. — 1. mononucléaire contenant a toxoplasmes. —
1, mononucléaire rempli de toxoplasmes. — 3, polynucléaire contenant des toxoplasmes.
— '(1 cellule endothéliale dans laquelle on voit des toxoplasmes, dont 3 en voie de division.
— 5, cellule endothéliale dans laquelle on voit des toxoplasmes à contours très nets et des
toxoplasmes dont on ne distingue que les noyaux. — 6, cellule endothéliale avec des
toxoplasmes agglomérés, à contours peu distincts. — 7, agglomération de toxoplasmes;
on distingue les contours de deux des parasites. — S, 9, toxoplasmes libres, de forme
ovalaire ou sphérique. — n. i3, stades de division par bipartition. Grossissement : 1600 d.
environ.
arrive que les toxoplasmes, au lieu d'être disséminés dans le protoplasme,
s'agglomèrent et qu'on distingue mal leurs contours, ce qui donne des
figures pouvant faire croire à l'existence de formes de multiplication par
division multiple du noyau ou schizogonie (Jig. 6), d'autant plus que ces
agrégats de toxoplasmes peuvent devenir libres, après destruction de l'élé-
ment anatomique qui les contenait (Jig. 7). Nous pensons qu'il s'agit là de
pseudo-kystes de schizogonie. Jamais on n'observe de grands éléments avec
un noyau unique, tels qu'on devrait en rencontrer, au début du processus,
s'il y avait une schizogonie vraie; les pseudo-kystes n'ont pas de membrane
d'enveloppe; on distingue, sur les bords, des encoches qui indiquent les
SÉANCE DU 28 AVRIL IÇ)l3. l3oi
points de jonction des différents éléments; enfin, il est rare qu'on ne voie
pas, comme sur la figure 7, les contours de quelques-uns des parasites qui
constituent les agrégats. La figure 5 montre très nettement que parfois les
noyaux des toxoplasmes se colorent seuls; il n'est pas douteux en effet,
dans ce cas, que les toxoplasmes typiques, et les noyaux qui paraissent
isolés, représentent des éléments de même nature.
II. Morphologie i>r « T. cuniculi ». — Nous avons pu étudier le toxo-
plasme du lapin dans des préparations que nous devons à l'obligeance des
D1S Splendore et Carini, et nous avons constaté que, au point de vue morpho-
logique, T. cuniculi présentait la plus grande ressemblance avec T. gondii.
Splendore, Carini et Magnaghi indiquent, il est vrai, pour les dimen-
sions du T. cuniculi, des chiffres un peu supérieurs à ceux donnés plus haut
pour le T. gondii. D'après ces observateurs, le toxoplasme du lapin mesu-
rerait de 5^ à 8
M. Moris Davis obtient 41 suffrages
M. Schokalsky « ....*. 3 »
M. .Moris Davis, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
CORRESPONDANCE.
M. I*. Sabatieu, présenté pour la première place de Membre non
résident, remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire.
M. J. HnuLVisr, élu Correspondant pour la Section de Mécanique,
adresse des remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
C. R., igi3. 1" Semestre. (T. 156, N' 17.) l66
l3o/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
i° La méthode photographique opératoire par l automatisme. Application
universelle, par Ch. Gravier. (Présenté par M. Lippmann.)
2° Stanislas Chevalier. Étude photographique des diamètres polaire et
équatorial du Soleil (1900 à 1910). (Présenté par M. B. Baillaud.)
3° Flore générale de V Indo-Chine, publiée sous la direction de M. H.
Lecomte. Légumineuses : Mimosées et Cœsalpiniées, par F. Gagnepain.
(Présenté par M. L. Mangin.)
4° Un Mémoire de M. J. Drach, Sur l'intégration logique des équations
différentielles.
MM. Maurice Leblanc, Marage, Monteil, Maurice d'Ocab.ve, Paul
Renard prient l'Académie de vouloir bien les compter au nombre des
candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par
le décès de M. L. Caille tet.
ASTRONOMIE. — Résultats dr la discussion des observations faites pendant
l'éclipsé du Soleil des 16-17 avfil 1912. Note de M. Simonin, présentée par
M. Baillaud.
L'éclipsé du Soleil des 16-17 avr'l l9l~ a été observée dans un grand
nombre de stations, plus particulièrement au voisinage de la ligne centrale.
L'installation de la plupart des stations a, d'ailleurs, été simplifiée, puisque
les observateurs n'ont pas eu à se préoccuper de la détermination de l'heure,
grâce aux signaux radiotélégraphiques émis par la Tour Eiffel ou par
Norddeich, avant, pendant et après l'éclipsé.
Les contacts extérieurs ou intérieurs ont été observés dans plus de 100 slalions
réparties depuis le Portugal jusqu'à la Russie.
En outre huit points de la ligne de la centralité, dont cinq en France, ont été déter-
minés; certains observateurs fiaient montés en ballon, tandis que d'autres s'étaient
placés au voisinage de la ligne de la centralité ou s'étaient échelonnés sur une perpen-
diculaire à cette ligne.
Enfin beaucoup d'observations des cordes communes, des angles de position et des
cornes ont été effectuées, en même temps que des clichés étaient obtenus pendant les
diverses phases de l'éclipsé; les mesures de ces clichés ont permis, entre autres résultats,
de calculer les irrégularités des bords lunaires.
La discussion des observations des contacts extérieurs a fourni une
relation entre les corrections des coordonnées du centre de la Lune et la
correction de la demi-somme des diamètres solaire et lunaire exprimée en
fonction d'une inconnue qu'il a fallu introduire dans les calculs pour tenir
SÉANCE DU 28 AVRIL It)l3. 1 3o5
compte des erreurs systématiques des observations; on sait, en effet, que le
premier contact est toujours observé trop tard, tandis que le dernier est
observé généralement trop tôt.
L'étude des contacts intérieurs a conduit, de même, à une relation entre
les corrections des coordonnées du centre de la Lune et la correction de
la demi-différence des diamètres solaire et lunaire.
Les observations faites dans le but de déterminer un point de la ligne
de la centralité et les observations de la pbase maxima de l'éclipsé effectuées
dans les stations où l'éclipsé était annulaire ont permis de calculer les correc-
tions des deux coordonnées du centre de la Lune avec une grande précision;
en effet, dans ces observations et, par suite, dans les équations qui en résul-
tent, les diamètres des deux astres n'interviennent pas.
Enfin la correction de la demi-somme des diamètres solaire et lunaire a
été fournie parlesobservalions des cordes et des cornes et par les mesures des
clicliés; la correction de la demi-différence de ces diamètres a été conclue
des observations méridiennes, des observations des contacts intérieurs et
des cornes et aussi des mesures des clichés.
Les conclusions de ces recherches sont les suivantes :
L'ascension droite et la déclinaison du centre de la Lune, publiées, poul-
ie 17 avril 191 2, par la Connaissance des Temps et corrigées d'après New-
comb, doivent être augmentées respectivement de
os.63 et 4",3.
Les calculs donnent, pour les valeurs des demi-diamètres solaire et lunaire
à la distance moyenne de la Terre, les nombres
1 5' 59", 96 et i5'32". 16.
Le demi-diamètre solaire ainsi obtenu surpasse de o",33 la valeur généra-
lement adoptée pour les éclipses ; pour le demi-diamèlre lunaire, nous avons,
à très peu près, la moyenne des deux nombres adoptés dans les calculs de
la Connaissance des Temps.
Il résulte aussi, de notre discussion, que le premier contact extérieur a
été, en moyenne, observé G secondes trop tard et le dernier, 3 secondes
trop tôt, tandis que les observations des contacts intérieurs ne semblent
affectées d'aucune erreur systématique.
Le détail des calculs sera donné dans un Mémoire qui paraîtra prochai-
nement.
1 3or> ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE. — Sur les invo/utions appartenant à une surface de genres
zéro et de bigenre un. Note de M. L. Godeaux, présentée par
M. Emile Picard.
Soit F une surface de genres pa = yJ»„=o, P„ = i. M. Enriques (') a
montré qu'une pareille surface possède une courbe bicanonique d'ordre
zéro et a les genres pa = pf,= P., = P; = . . . = o, P, = P„ = P6 = . . . = i,
p(,)=T. Une involution appartenant à la surface F est rationnelle
(/>„=P2 = o) ou a également les genres pa = />g = o, P0 = i. Dans ce
dernier cas, l'involution ne possède qu'un nombre fini de coïncidences. Je
démontre le théorème suivant :
Une involution I„, d'ordre n et de genres pn = p., = o, P„ = i , appartenant
à une surface F de genres pa = p? = o, P6 = i est :
i ° Cyclique ou composée avec une involution cyclique ;
2° Son ordre n n'admet comme facteurs premiers que deux et trois.
Pour démontrer la première partie de cet énoncé, je considère un
système linéaire complet |c|, simple et de genre - ^> 2. Je suppose de plus
que les courbes C ne sont généralement pas hyperelliptiques. Dans ce cas,
il résulte des tcavaux de M. Enriques que | c | a le degré 27: — 2, la dimen-
sion iï — 1 et est dépourvu de points-bases. Soient k les courbes qui corres-
pondent aux C dans la transformation (/i- — 1, n — 1) déterminée sur F
pour In. J'établis que le système complet \k\ (continu) a la dimension
>~ — 1. Il résulte alors d'une remarque faite par MM. Enriques et
Severi (dans leurs recherches sur les surfaces hyperelliptiques) (2) que si
I„ n'est ni cyclique, ni composée avec une involution cyclique, les C passent
pour des points de coïncidence de I„. C'est ce qui n'a pas lieu puisque | c |
n'a pas de points-bases.
Pour démontrer la seconde partie de l'énoncé, il suffit de prouver que si
l'on a une involution lp, d'ordre premier/), de genres pa = p„= o, Pc = i,
sur F, p est égal à deux ou trois.
Indiquons par T la transformation de F en elle-même, de période p, Irrationnelle,
qui engendre lp. Considérons, ce qu'il est toujours possible de faire, un système com-
(') Memorie délia Socielà italiana délie Scienze, 1906.
1 1 Ida mathematica. 1909, t. XXXII et XXXIII.
SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. l3(>7
plet |A|, de genre tu, simple, sans points-bases, tel que T transforme une courbe À en
une courbe A. Formons alors le système |B| = |yt>A|, incomplet, dont chaque courbe B
est transformée en elle-même par T. Ce système |B | a le degré ip- (7: — i),legenre
/)2(7i — O-1-1 et 'a dimension p (t: — 1 ). Bapportons projectivemenl les B aux hyper-
plans d'un espace linéaire à p(it — t) dimensions. On obtient une surface <ï» en cor-
respondance (i,/>) avec F. $ est donc une surface représentative de Ip, elle est d'ordre
2 p (71 — 1 ) et ses sections hvperplanes, T. sont de genre p ( tt — 1 ) -t-i .
Soit P un point de coïncidence sur F, soit P' le point de diramation correspondant
sur . En considérant les A passant par P, on forme des courbes B ayant en P un
point />-uple à tangentes variables. Au moyen de la formule deZeuthen, on établit que
si p = 2, et seulement dans ce cas, la transformation T laisse invariants les points
infiniment voisins de P.
On établit ensuite, toujours au moyen de la formule de Zeulhen, que les B passant
pour P ont en ce point un point double dont les tangentes sont fixes si p > 2. En P',
a un point double. Les courbes B assujetties à loucher une troisième direction en P,
lorsque p > 2, acquièrent en ce point un point p-up\e. On en déduit/) — 3.
Si p = 2. P' est un point double conique pour ; si /> = 0, P' est un point double
biplanaire ordinaire.
En comparant les valeurs de l'invariant de Zeulhen-Segre de $ et de F,
on détermine le nombre de points de diramation de $. Ce nombre est quatre
pour/? = 2, trois pour/? = 3.
Un raisonnement analogue conduit à cet autre théorème : Si sur une sur-
face de genres p2 = P4 = 1, on a une involution de genres pa=- ps = o, P0 = 1
et d'ordre premier, cet ordre est égal à deux.
ANALYSE mathématique. — Sur la série de Fourier d'une fonction à carré
sommable. Note de M. G. -H. Hardy et J.-E. Littlewood, présentée
par M. Hadamard.
I. Soit /(m) une fonction de u, sommable et possédant la période 2-, et
envisageons une valeur ordinaire x de «, c'est-à-dire une valeur de u pour
laquelle l'expression
s= -[/(x-ho) -t-/(X — o)]
a une valeur déterminée. On sait, d'après un théorème connu de M. Féjer,
que la série de Fourier
- A0-i- 1 A,„ = -a0-h 2(a,„ cosmu -h bm sinma),
de/^«) est sommable pour u ■=. x par les moyennes de Cesarô du premier
l3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ordre, et a la somme s. C'est ce que nous pouvons exprimer en écrivant
.. (•«,>— s) + (Si — s) -h ... -h (sn — s)
ou
s,„= -A„+ A, + . . .-+- A,,
2. On doit à MM. Lebesgue, Marcel Riesz et Chapman des généralisa-
tions très intéressantes du théorème de M. Féjer. Nous avons trouvé, pour
les fonctions à carré sommable, un résultat d'un caractère un peu différent.
I. Le carré de f(u) étant sommable, on # , pour u = as,
,. (sll—sy--h(s, — sy--h.. .-±(sn — sy2
li m = o,
// -+- r
et
«o — * I + | *l — S | -+- . . . •-•- | .«„ — .« |
I rn
n -+- i
La seconde égalité est un corollaire de la première, comme on le voit
immédiatement en faisant application de l'inégalité de Schwarz.
Il est convenable, pour la démonstration de notre théorème, d'envisager,
au lieu de sn, l'expression
-A„-t- A, -4-.. .-t-A„,_,+ -A,„.
2 2
Il suffit évidemment de démontrer notre résultat pour S„; et l'on peut sup-
poser, sans restreindre la généralité, que s = o. Cela étant, on trouve, par
l'application des formules de Fourier, les relations
S„= - / f(u -+- se) — cot-tt sin nu du,
71 / ' 2 2
00
2 r(i — r2) sin«9
S„ /■" sin n 8 =: — -
7Ï
u cos2 — u du
X / / ( U -+- X )
1 — T.
[ i — 2r cos (9 — u ) ■+■ r-] [ I — 2 /• cos ( 9 -+- u) -+- /•- ]
oùo, o
correspond un nombre o ^> o, tel que
ys„r»SinJ9
pour 1 — &- I e~f"**( r) nu I e~Jya-'- cosxy da,
les signes ~ indiquant des égalités asymptotiques où les termes négligés
sont, quel crue soit y, au plus de l'ordre de -7-^-. = ; — n — - pour la pre-
1 * u l Au- {■(] ■+- _i«- At)~ l L
z Sa3l'2t
mière, et de l'ordre de —^= = , pour la deuxième. Or, ces
\/0's v/(ï)' + 4a2Af)3
dernières intégrales sont faciles à calculer ou se ramènent à une fonction
connue et l'on trouve, en revenant aux variables primitives,
[f^T'X"
a Jtz
a \/n
v^ + 4
a-lt
al
7 — 7T_:('r — s "+■ at)
al
^a*lt
{je — i -+- al)
[.v—\-t-nti,>
l,r— X — al\'
al l) 1 J
,VTÉ' + * — -ip / /(.z:-+-af -+■ a y7?] + 2Af)( 1-
a y'r) -+- 2 A t
-H /(.*•— a^ -H a \/ïJ -H 2A') ( 1 H " ) e_*'da
\ a Vr' ■+■ 2 A'/ J
, /-r+«' /•»
H ;= / ^c / àK?-+-av'-o'+2A/)e-a!,cifa,
2a\fitJjc-at •/_„
égalité où les termes négligés sont au plus de l'ordre A2.
(') Comptes rendus, t. 156, 21 avril 1913, p. 1221.
SÉANCE DU 'J.S AVRIL IÇ>l3. l3ll
Si, dans l'expression précédente, nous faisons tendre A vers zéro, nous
voyons qu'on a
lim o(.r, t, A) = tp(x, t, o).
A=o'
f(x,t,o) étant l'intégrale, relative aux mêmes conditions initiales, de
l'équation (i) où l'on fait A = o. Ainsi, l'intégrale de l'équation (i) est
continue par rapport à A pour A = o.
Il résulte de cette continuité que le phénomène diffère très peu, lorsque
la viscosité est très petite, de ce qu'il serait si la viscosité était nulle; il y a
donc quasi-propagation. Précisons ceci sur un cas particulier très simple,
qui nous permettra de comparer aisément ce qui se passe, pour A très
petit, à ce qui a lieu pour A = o.
Supposons qu'on ait g(x) = o, que r\ soit très petit et que la fonction
j(x) soit nulle en dehors d'une région infiniment petite entourant l'origine;
si nous posons A = / f(£)d\, la formule (2) nous donnera
(3) cp(a?, *,.A)~
:>. \'r.{-n -4-2AO
x
1 + A
al
a (n -+- ■?. A t)
■ î.\i
al
a(r,
>.\t)
1A1 '
On voit ainsi que le mouvement résulte de la superposition de deux
quasi-ondes, qui se propagent en sens inverse avec la vitesse a en diminuant
d'amplitude et en s'étalant progressivement sur l'axe des a;. Si nous portons
le déplacement cp en ordonnée, chaque quasi-onde est dissymétrique par
rapport à l'ordonnée menée au point \x [ = at; ceci tient à la présence des
petits termes où A est en facteur. Chacun d'eux renforce la quasi-onde
correspondante pour \œ\<^at et l'affaiblit pour \x\~^> at, de sorte que le
sommet de chaque quasi-onde se trouve reporté légèrement en arrière du
point | x | = al, par rapport au sens de sa propagation.
Tant que t reste petit, s (a?, t, A) diffère peu de v(x, t, o), et, comme
A - —
la quasi-onde initiale -i=e * est en réalité assez bien limitée de part et d'autre
par suite de la petitesse de y], il s'ensuit que le phénomène de propagation
est assez net à son début. Mais, dès que i\.t vient à l'emporter notablement
sur yj, l'épaisseur des deux quasi-ondes augmente et devient de plus en plus
mal définie, de sorte que le phénomène de propagation finit par devenir
très vague.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) 167
l3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si, maintenant, nous permutions les hypothèses faites sur les fonctions
f{x) et g(x), nous verrions que le phénomène de propagation est hien
moins net que clans le cas précédent. Dans le cas général, où il y a à l'instant
initial à la fois déplacement et vitesse, c'est donc surtout la perturbation
due à la^ vitesse initiale qui donne du llou.
ÉLECTRICITÉ. — Application des galvanomètres à cadre extra-sensibles aux
relevés géodèsicjues de haute précision. Note (') de M. Albert Turpain.
La méthode que j'ai indiquée pour l'inscription des télégrammes hert-
ziens permet, ainsi que je l'ai montré (voir Comptes rendus, février et avril
io,i3), de situer le i"' ou le i8o'' top émis chaque jour par la Tour Eiffel,
vers 23l>3o,n, dans la seconde d'un chronomètre avec une précision qui peut
atteindre ou dépasser.-^ de seconde.
En défilant illu,sde film à la seconde, il suffit d'effectuer le relevé du top au
millimètre près pour obtenir le -^ de seconde. C'est ainsi qu'en comhinant
la lecture du film obtenu le i5 mars io,i3 au renseignement fourni par
l'Ohservatoire le même jour vers 23h5om, j'ai pu relever que le chronomètre
de Fénon, que possède le Laboratoire de la Faculté des Sciences de Poi-
tiers, marquait au moment du premier top : 23h29,n3os,772. L'Observa-
toire ayant transmis 23h2o,m59%63, le chronomètre retardait donc de
28% 858.
Cette méthode de situation du top dans la seconde est bien plus précise
que la méthode des coïncidences.
Tout d'abord i'inscriptiou des tops et des secondes n'astreint pas à la détermination
d'une coïncidence auditive forcément fugace et qui ne laisse pas de trace. On peut
donc préciser le souvenir et empêcher l'erreur. En lisant à loisir le film obtenu (voir
ligure 2 des Comptes rendus, mars 1910), on peut appliquer la méthode actuelle, celle
des coïncidences, d'une manière plus certaine et plus Mire. Mais point n'est besoin
même de rechercher des coïncidences, au sujet de la situation exacte desquelles on
hésite d'ailleurs souvent. Il suffirait que l'Observatoire inscrive, suivanlmon procédé,
un seul top dans la seconde du garde-temps et qu'il relève l'heure corrigée de son
garde-temps. Ce serait cette heure qu'il télégraphierait aux observateurs qui auraient
eux-mêmes, parla méthode que je préconise, situé le même top dans la seconde de
leur chronomètre. Au besoin, dans la pratique, un certain nombre de tops, cinq ou
six au plus, seraient émis toutes les minutes ou toutes les deux minutes, cela trois
fois, et le télégramme hertzien des tops indiquerait l'heure exacte du premier top de
chacune des trois séries.
(') Reçue dans la séance du 7 avril iqi3.
SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. l3l3
Avant d'employer la méthode des coïncidences telle qu'elle est utilisée à
l'heure actuelle aux relevés géodésiques de précision, il y a lieu, je crois, de
vérifier l'équirépartition dans le temps des 180 tops actuellement émis. Les
tops sont produits en effet par le mouvement d'un pendule dont on ne peut
suspecter la régularité. Mais ce pendule met en mouvement tous les o,q8
de seconde tout un dispositif d'émissions d'ondes hertziennes : relais fermant
un circuit qui comprend un interrupteur à jet de mercure, lequel ferme un
circuit comprenant capacités, selfs et éclateur. Est-on bien sûr que les émis-
sions des tops se distribuent dans la durée exactement tous les 0,98 de
seconde comme les battements du pendule qui en commande l'émission"?
N'y a-t-il pas entre battements et émissions des tops un retard qui varie d'un
top à l'autre"? Et si ce retard existe, est-il négligeable"? Il est capital et essen-
tiel, à mon sens, de faire tout d'abord cette vérification expérimentale. Et
c'est à quoi j'utilise actuellement la méthode que je viens de mettre au
point.
Cette méthode me paraît pouvoir être utilisée d'une manière plus précise
que celle des coïncidences, à relier les réseaux géodésiques intercontinen-
taux, le réseau géodésique européen et le réseau américain, par exemple,
cela en mettant à profit la portée énorme des signaux hertziens de la Tour
Eiffel, laquelle atteint 63ookm. Aussi me suis-je astreint à Poitiers à donner
à mes dispositifs une sensibilité très grande, utilisant, à dessein, une antenne
unifilaire et de faible hauteur. Bien qu'à 3ookl" seulement de Paris, je n'enre-
gistre et n'inscris que des courants d'antenne ne dépassant pas -— , à -^ de
microampère, si bien que les galvanomètres que je préconise et que j'ai
construits pourraient aisément, adaptés à des antennes à rideau, capter et
enregistrer les signaux de la Tour à 4km et 5oookm de Paris.
Deux choix extrêmes peuvent être faits en ce qui concerne lesdits galva-
nomètres :
i" Utiliser un cadre (type A) d'un faible nombre de tours, de petite surface
(20mm X i2mm) qui permet d'obtenir un système oscillant rapidement ( 5o à 100 oscil-
lations par seconde) puisqu'il ne pèse qu'une fraction de gramme, mais, par contre, ne
pouvant déceler, avec un champ magnétique de 1000 à i-5oo gauss, que 200 ou au
plus 100 microampères;
2° Utiliser un cadre d'un nombre assez notable de tours (1200, type D), de surface
plus grande ( 70mm x i2n,in), qui ne fait que 10 à 20 oscillations par seconde, pèse 16,2
ou is,5, mais par contre permet de déceler et d'inscrire le TJU île microampère dans
un champ magnétique de 3ooo gauss.
Après avoir essayé ces deux types extrêmes de cadre, j'ai donné tout
d'abord la préférence au second type de cadre.
l3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Causes d'erreur de la méthode préconisée. — On en peut relever trois :
i° Constante de temps du galvanomètre ; 2° Insconstance du mouvement de
rotation du dérouleur de film ; 3° Dilatation du film ou du papier photogra-
phique au cours des opérations de développement .
Le fait que le galvanomètre met un certain temps à effectuer une oscil-
lation et, par suite, à situer le top et la seconde sur la bande n'implique-t-il
pas un retard d'inscription? Il est indifférent qu'un certain retard affecte
l'inscription du top puisqu'il affecte d'une manière identique l'inscription
de la seconde.
Et cette remarque vaut contre les deux autres causes d'erreur qu'on
pourrait soulever. Il suffit que le. dérouleur ait une vitesse constante pen-
dant quelques secondes.
Le choix des conditions optima de sensibilité des galvanomètres doit être
guidé par les considérations suivantes : Le cadre mobile choisi constitue un
moteur que l'énergie de l'onde hertzienne reçue met en mouvement. On
doit donc utiliser le plus possible de cette énergie à faire tourner le cadre.
D'où inutilité, nuisance même, à accroître la résistance du circuit extérieur
au cadre. On doit donc réaliser l'apériodicilé critique en agissant sur le
champ et non sur la résistance du circuit. C'est ce qui m'a amené à réaliser
des champs de iooo à 1200 gauss (champ qu'on peut obtenir avec des
aimants permanents) pour les cadres du type A (20mmX 1 2mm; poids, og,25)
et des champs de 3ooo gauss environ pour ceux du type D (72mmx nmm ;
poids, is, 2).
PHYSIQUE. — Rectification des tracés déformés par les mouvements circulaires
du style : i 'orthophotographie. Note de M. J.-M. Lahy, présentée par
M. d'Arsonval.
I. Principe. — Pour la rectification, chaque point P du tracé doit être
supposé transporté en un point P' voisin.
La ligne PP' représente, en grandeur et en direction, l'erreur de posi-
tion du point P et, par suite, la correction qui doit y être apportée.
Nous nous proposons de transporter, effectivement et mécaniquement,
tous les P en P'.
Remarquons d'abord que tous les points de même ordonnée (y) sont affectés de la
même erreur, erreur variant avec l'ordonnée suivant une loi qui dépend des disposi-
tions adoptées pour l'inscription.
SÉANCE DU 28 AVRIL I9l3. l3l5
Nous sommes donc amenés à rectifier simultanément la position de tous les points
de même ordonnée.
Supposons à cet effet le tracé fixé sur un cadre ABCD (Jig. 1). Ce cadre devra être,
à chaque instant de la correction, déplacé parallèlement à lui-même d'une quantité
égale à l'erreur de l'ordonnée considérée à cet instant : c'est l'objet de la partie méca-
nique de l'appareil, que nous décrirons ultérieurement.
Chacun des points considérés étant ainsi placé dans la position voulue, il
s'agit de l'y fixer. On y parviendra en photographiant ces points, et eux
seuls. L'éclairage du tracé devra donc être linéaire, la partie éclairée à
chaque instant ne comprenant que les points de même ordonnée (y). Les
dispositions nécessaires à cet effet seront décrites au sujet de la partie
optique.
II. Partie mécanique (Jig. 1 et 2). — Nous supposerons que l'exploration
du tracé, aux tins de correction, commence par les points d'ordonnée y == o.
A cet instant, toutes les pièces sont au début de leur course.
Le tableau ABCD est maintenu dans le double cadre entretoisé EFGH par des guides
en nombre suffisant LMNOPQRS et par trois coins IJK mobiles dans un sens perpen-
diculaire à son plan.
Ces coins sont convenablement profilés et amovibles, de façon à permettre une rec-
tification quelconque.
Les coins 1 et J solidarisés par la traverse Z {Jig. 2 et3)ontdes profils parallèles,
déterminés par la projection des corrections successives sur l'axe des x.
Le coin K, sur lequel le tableau ABCD est appuyé par un ressort U, est profilé de
même d'après la partie de la correction parallèle à l'axe des y.
Les coins I, J d'une part, K de l'autre, sont mus par un bras T dans la glissière (00)
duquel s'engagent leurs traverses respectives Z et Ç.
Le bras T, à son tour, est solidaire de l'axe V mis en rotation par la roue W et la vis
sans fin X.
III. Partie optique (Jig. 4 et 5 ). — Une source de lumière //' placée à une
certaine distance en avant du tableau et à un niveau un peu supérieur nous
fournira l'éclairage linéaire variable requis. Pour cela le diaphragme rec-
tangulaire tl' délimite une plage d'éclairement sensiblement uniforme dont
la ligne focale conjuguée par rapport à un système de deux lentilles cylin-
driques forme sur ABCD (Jig. 1) une parallèle à l'axe des x. Des deux
lentilles en question l'une, divergente, produit l'étalement horizontal du
faisceau lumineux, l'autre, convergente, le concentre dans le sens vertical,
tandis que l'écran ee empêche l'arrivée de radiations parasites sur le
tableau.
'1Ô.Z
_n_
T
El 1
H
C
D
U-
Fiô.3
Hô. 4
SÉANCE DU 28 AVRIL IO,l3. 1^17
Le déplacement de la ligne focale doit être connexe de celui du tableau; ce résultat
est obtenu en rendant le système optique solidaire d'un axe rompu \ , parallèle à Taxe \
et mené par la même vis sans fin X.
Enfin, malgré les différences entre les distances des divers points du tableau à la
source lumineuse, la ligne focale doit toujours être sur ce tableau même. Il suffit pour
cela de permettre à la monture H des lentilles un glissement sur le double bras BC qui
la porte, en réglant ce mouvement par des gouttières pratiquées dans les deux joues FG.
Ces gouttières, au tracé convenablement excentré par rapport à ï , maintiennent en
effet les goupilles Dlï, solidaires du cadre A de la monture H.
D'autre part, un objectif photographique placé en face du cadre ABCD et au-dessous
de la lanterne donne une épreuve dûment rectifiée du tracé, pourvu qu'on imprime à
la vis sans fin X un mouvement régulier à partir de la position initiale indiquée.
PHYSIQUE. — Sur l'absorption du néon par les électrodes des tubes lumi-
nescents. Note de M. Georges Claude, présentée par M. d'Arsonval.
J'ai montré, dans une précédente Note (' ), avec quelle facilité inespérée
j'ai pu résoudre le problème de la durée des tubes luminescents au néon
sans aucun artifice, sans recharges périodiques ou non, simplement par
Temploi d'une densité de courant très faible aux électrodes, dont la surface
atteint à cet effet \ ou Vlm par ampère.
A l'heure actuelle, mes espérances du début sont pleinement confirmées
et je puis citer, par exemple, un tube de 20'" de long qui, sans manifester
encore aucun signe de faiblesse, a fonctionné déjà pendant près de
2000 heures.
Si ce fait du ralentissement de l'absorption du néon par diminution de
la densité de courant aux électrodes m'a été très précieux, il n'aurait cepen-
dant pas été suffisant si le néon, outre le fait que sa cohésion diélectrique si
faible permet l'emploi dans les tubes d'une pression, donc d'une réserve de
gaz dix fois plus grande qu'avec les gaz usuels, n'opposait une inertie spéci-
fique remarquable à l'entraînement par la volatilisation des électrodes.
J'ai fait à ce sujet quelques expériences fort nettes, et, tout d'abord, je
rappellerai un fait que j'ai déjà signalé (2). Si un tube luminescent est
(') Comptes rendus, 22 mai 191 1.
(-) Comptes rendus, 16 octobre 1911.
l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chargé et formé avec du néon contenant un peu d'hélium, de l'ordre de
i pour ioo, cet hélium, dont les raies sont visibles aux électrodes, dispa-
rait assez rapidement pendant le fonctionnement du tube, et on le retrouve,
en plus forte proportion que le néon, dans les gaz dégagés du métal vola-
tilisé.
J'ai essayé de voir si, inversement, une faible proportion de néon con-
tenue dans une atmosphère luminescente d'hélium pourrait être éliminée
rapidement. Cet essai était facile à suivre spectroscopiquement, car ce cas
du mélange de néon et d'hélium est un des rares où une faible proportion
de néon dans un mélange peut apparaître dans le spectre. Or le résultat a
été négatif.
Dans mon essai, l'hélium renfermait environ i pour ioo de néon; la pression ini-
tiale de l'atmosphère du tube, après une formation par le charbon refroidi qui a
encore dû diminuer la teneur en néon, était de 2mm,2 de mercure. Cette pression a
progressivement baissé, pendant le fonctionnement du tube, à imm,3, ce qui dénotait
une absorption d'hélium considérable. Or, les raies du néon, bien visibles, sont
restées jusqu'à l'arrêt presque aussi nettes qu'au début.
J'ai fait d'autres essais avec du néon contenant quelques centièmes
d'azote, chargé dans le tube sous une pression de i à 2mra, après purge
préalable par l'action prolongée de la pompe à vide et du courant. ■
Ici, aucune formation par le charbon n'est employée : le tube est scellé aussitôt
après la charge de gaz et l'on fait passer dans ce tube (45mm de diamètre et 6m de
long, électrodes de 6,lraî) un courant modéré de 0,3 à o,5 ampère; la différence de
potentiel aux. bornes, dans ces conditions, est très élevée (3ooo volts environ contre
800 avec le néon pur). Tout d'abord, la lumière est formée des radiations de l'azote,
parfois de l'hydrogène, à l'exclusion complète de celles du néon. Après quelques
heures, une lueur rosée apparaît, en même temps que les raies du néon naissent
dans le spectre et que la différence de potentiel aux. bornes s'effondre. Dès ce mo-
ment, la lumière rouge orangée du néon envahit petit à petit le tube et devient
bientôt seule visible.
Ainsi, l'azote est absorbé en quelques heures, tandis que le néon, en
proportion bien plus grande il est vrai, subsistera pendant un ou deux mil-
liers d'heures. L'azote, comme l'hélium, est donc bien plus absorbable que
le néon et l'on conçoit que le dispositif de Moore lui soit indispensable.
Le fait que je signale ici est assez net pour que je puisse former couram-
ment des tubes courts par ce procédé, qui exige par contre le passage du
courant pendant bien plus de temps et l'emploi de différences de poten-
SÉANCE DU 28 AVRIL I()l3. I 3ig
tiel initiales bien plus élevées que la formation par le charbon refroidi (').
Une autre constatation du même ordre est la suivante. Le tube de l'essai
précédent ayant été débarrassé d'azote, comme il vient d'être dit, par son
fonctionnement même, si on le soumet aussitôt à un courant très supérieur
à son courant de régime, disons 1,7 ampère, très généralement, le tube
ainsi poussé se démolit : il s'emplit d'une belle lumière bleue caractérisée par
L'apparition d'un spectre continu sur lequel se détachent une forte raie
verte5i6,5, d'autres raies moins fortes : 563,4; 558,5; 554: 5 19, 7 : 5i3;
5og,8; 5o5, 5, et une série de raies violettes dont les principales sont : 473,9;
471,7; 469,9; en même temps apparaissent les raies de l'hydrogène. Cette
apparence est d'ailleurs très fugace : elle est suivie de l'effacement des raies
et de la production d'une lumière blanchâtre. Ce phénomène se produit pen-
dant la formation aux régimes élevés de presque tous mes tubes, quelles que
soient les électrodes : charbon, fer, cuivre, aluminium ; il paraît dû à des
hydrocarbures, dont le spectre présente cependant ici une apparence spé-
ciale, puisqu'il comporte des raies nettes correspondant à l'arête vive des
bandes dégradées classiques.
Or, si, an lieu de pousser le tube presque de suite après sa formation, on
le maintient pendant de longues heures à régime modéré, le spectre du néon
acquiert de plus en plus de stabilité et ces spectres d'impuretés aux régimes
élevés finissent par n'apparaître que très difficilement, sans doute parce
que ces impuretés sont absorbées définitivement à l'exclusion du néon. Et
c'est pour cette raison qu'un tube, mal formé pour une raison quelconque,
s'améliore toujours en service, en ce sens que le spectre du néon y devient
de plus en plus pur et de plus en plus stable.
Tous ces faits montrent cjue la résistance du néon à l'absorption par les
électrodes constitue une véritable caractéristique de ce corps. Cette carac-
téristique est très intéressante au point de vue pratique, puisque je lui dois
le succès de mes tubes sans soupapes, qui offrent l'unique exemple actuelle-
ment connu de tubes à décharge électrique fonctionnant presque indéfini-
ment sans aucune rentrée; elle est d'autant plus remarquable quej'ai signalé
le fait qu'avec le néon, l'aptitude à la volatilisation de certains métaux se
trouve extrêmement augmentée, à telles enseignes qu'un tube de Plucker
à électrodes en platine renfermant du néon est platinisé après quelques
instants de fonctionnement (-).
(*) Comptes rendus, 12 décembre 1910.
(-) Comptes rendus, 22 mai rgn.
C: R., i9i3, 1" Semestre. (T. 150, N° 17.) 1<»8
l320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec sa très faible cohésion diélectrique, avec sa grande aptitude à pro-
voquer la volatilisation cathodique de certains métaux, avec la faculté
qu'il possède, par contre, d'être à peine engagé dans cette volatilisation, le
néon apparaît comme doté d'une série de propriétés qui en font à coup sûr
un corps des plus intéressants.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la densité des sels doubles. Cas des chlorures de
cuivre et d'ammonium. Note de MM. Ed. Chauvexet et G. Urbaix,
présentée par M. Haller.
Aucune relation n'a encore été établie, à notre connaissance, entre la
constitution des sels et leur densité à l'état solide. Des recherches sur les
chlorures cuivriques nous ont conduit à aborder cette question. Nous nous
étions proposé d'abord de déterminer s'il existe une combinaison de formule
Cli Cl2. 2 NH4 Cl, ou bien si l'on obtient de simples mélanges de cette
composition quand on déshydrate à ioo° le sel bleu, bien connu,
CuCI- . àNH4Gl 2FPO, ou une variété allotropique verte que nous avons
obtenue en faisant cristalliser, au voisinage de sa température d'ébullition,
la solution de ce sel double. Il résultait, en effet, de nos mesures thermo-
chimiques, que la chaleur de formation à l'état solide de cet anhydride est
nulle ou pratiquement telle.
Nous avons pensé que cette substance devrait être considérée comme une
combinaison véritable, si sa densité s'écartait notablement de celle qui peut
être calculée, dans l'hypothèse d'un mélange, à partir des densités du
chlorure de cuivre anhydre et du chlorure d'ammonium.
La différence entre le volume moléculaire observé 126,6 et le volume
moléculaire calculé 119,2 est telle que nous concluons à l'existence du
composé CuCI-. 2Î\H*C1 ; et nous signalons comme un fait digne de
remarque que sa chaleur de formation soit pratiquement nulle.
Si l'on doit admettre que l'on a affaire à une combinaison quand la
densité calculée s'écarte notablement de la densité observée, il s'en faut que
la règle inverse soit admissible et que l'on ait affaire à un mélange lorsque
la densité calculée coïncide avec la densité observée.
On s'est rendu compte, dans ces dernières années, qu'il fallait établir
une distinction entre les sels doubles et les sels complexes. Alors que les
propriétés des constituants présumés d'un complexe sont plus ou moins
masquées, celles des constituants d'un sel double restent sensibles. Mais
SÉANCE DU 28 AVRIL Ip,l3. l32I
entre le parfait sel double, dont les propriétés obéiraient strictement à des
lois d'additivité, et le complexe parfait où les propriétés des constituants
sont complètement masquées, il y a toutes sortes de transitions. Les lois
simples ne peuvent se manifester que dans les cas extrêmes.
C'est ainsi qu'on peut donner l'énoncé suivant, mais seulement à titre de
règle limite : Le volume moléculaire d'un sel double est fréquemment égala la
somme des volumes moléculaires de ses constituants. Ce qui revient à dire
que le volume moléculaire se comporte comme les autres propriétés (colo-
ration, magnétisme, propriétés chimiques, etc.), par rapport auxquelles
le sel considéré se manifeste comme un sel double parfait.
Cette règle peut être souvent contrôlée, à la condition de choisir
judicieusement les constituants du sel double. En particulier, il faut éviter,
en général, de considérer l'eau que renferment la plupart de ces sels comme
une simple parure. Elle entre en partie ou même en totalité (tel est le cas
pour les chlorures cuivriques simples ou doubles) dans la constitution
des sels. On ne saurait trop insister sur ce point sur lequel les travaux de
A. Werner, puis ceux de Wyrouboff, ont attiré l'attention.
La différence entre les volumes moléculaires du chlorure CuCP.2H20
et du chlorure CuCl2 ne représente aucunement le volume moléculaire de
l'eau; c'est là de l'eau de constitution, qui reste telle dans les chlorures
doubles de cuivre et d'ammonium. L'étude des densités conduit aux
mêmes conclusions que celle des propriétés magnétiques ('). Les différences
de coloration de ces sels et de leurs anhydrides confirment les considé-
rations précédentes.
Si l'on admet que les constituants des sels doubles sont l'hydrate de
chlorure cuivrique CuCl2.2H-0 et le chlorure d'ammonium, le volume
moléculaire calculé pour les sels de formule CuCl'-.2NH' Cl. 2H-O
est i4i,5. L'expérience a donné 142, 6 pour la variété verte et i38,opour
la variété bleue.
D'un ensemble de mesures faites sur un grand nombre de sels, il résulte
que, pour les corps d'une même série, les volumes moléculaires de ceux des
constituants qui présentent le caractère complexe, peuvent être en première
approximation remplacés par des modules. Mais nous nous bornerons à
donner dans cette Note les résultats obtenus dans l'étude des chlorures
cuivriques.
Les densités ont été déterminées par la méthode du flacon, en prenant
(') Mlle Feytis, Comptes rendus, t. 156, p. S8(i.
1^22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
toutes les précautions nécessaires pour rendre négligeables les erreurs dues
aux bulles d'air. Le nitrobenzène a été employé comme liquide de compa-
raison; les nombres suivants étant rapportés à l'eau à 120 environ.
Le quotient des poids moléculaires par ces densités est proportionnel au
volume moléculaire et a été pris comme sa mesure.
Volume
Sel. Densité. Température, moléculaire.
o
NILCI 1,527 ' '>3 35,o
CuCI2 3,427 n,5 3g, 2
CuCI-.2H20 2,519 n,3 71.6
CuCI*.aH*0.2]NH*Clw«/7 1,945 n,4 142,6
CuCI5.2H-0.2NH*Cl bleu 2,011 ri, 6 i38,o
_, ,.., v ., _. ( provenant du sel vert .. . 1,900 11, 5 126,5
Cil Cl- . 2 .Ml' 01 \ . j 1 1 1 - r c
[ provenant du sel bleu .. . 1,900 11,0 126,7
Les écarts entre ces deux derniers nombres peuvent être attribués aux
erreurs d'expérience. Nous estimons qu'on obtient le même corps par
déshydratation à ioo°, soit du chlorure double vert, soit du chlorure double
bleu.
PHOTOCHIMIE. - Elude quantitative de V absorption des rayons ultraviolets
par les cétones, les dicétones et les acides cétoniques. Note de MM. Jean
Biei.ecki et Victor Henri, présentée par M. Dastre.
Dans les Notes précédentes nous avons étudié le rôle joué dans l'absorp-
tion par le groupe carboxylique et par les radicaux alcooliques. Nous
étudions maintenant comment se comporte l'absorption, lorsqu'on intro-
duit dans la molécule un ou plusieurs groupes cétoniques.
Les recherches qualitatives de Baly, Desch, Stewart, Hantsch, Gelbke ont montré
que les monocétones aliphaliques présentent une bande d'absorption vers ^ = 2700;
les dicétones possèdent, ainsi que l'a montré Gelbke en 1912, également une bande
vers 2800. L'attention de ces auteurs a été tout particulièrement attirée par l'étude de
l'acétylacétone, des éthers et des sels de l'acide acétylacétique; d'après Baly, Desch
et Hantsch, ces corps ne possèdent pas de bande eu solution aqueuse ou en présence
d'acide; au contraire, en solution aqueuse alcaline ils présentent une très forte bande
d'absorption vers 7=2700. Ces différences sont attribuées à l'existence de deux
formes lautomères lî — C = OetR — G — OH, la première forme cétonique existant
CIL-I'v OH — R'
en solution acide et la deuxième, énolique, surtout en solution alcaline.
SÉANCE DU 28 AVRIL I9l3. 1 323
Nous donnons dans le Tableau suivant quelques-unes des valeurs des
constantes d'absorption moléculaires e(3 =30.io~"ecrf), ainsi que les posi-
tions des maxima et des minima d'absorption.
L'étude des résultats nous permet de formuler les conclusions suivantes :
Monocétones (en solution alcoolique).
Maximum d'absorption. Minimum d'absorption.
pour 3100. )..
Acétone 1,7 2706
Méthyléthylcétone 2,0 2703
Méthylbutylcétone 3,2 28i3
Méthylisobulylcélone. . . . 4,4 28i3
l'inacoline 6,1 28i3
Méthylhexylcétone 3,5 2778
Diéthylcétone 2,16 2748
Ethylpropylcétone 2,9 28i3
Dipropylcétone 4,6 2810
Diacétyle 12,
Acétylacétone 270
Acétonylacétone 12
io,8
i6,3
19.4
27
>'9>4<27
'9.4
27
2444
2327
2389
2467
néant
néant
néant
néant
4,2
néant
>3,2<4,'
3 , 2
io,8 I 0000
1620
2365 >i3oo
néant
2375 70
23go <70
2240 4o8
néant
néant
pour '2300.
i,6
1 ,35
4,i
3,7
24
3,8
4,3
24,7
35
4oo
683
92
1 12
87
5oo
920
942
pour 2195
•:
2,48"
23 . 2
i,9
>4,2
-.s
108
1 1.,
780
1 9 i
108
54 ■>.
5 i >
54..
i° Tout corps de formule générale C"HJ"+lCOCH2',+l possède une
bande d'absorption entre 2700 et 2800; la position et la hauteur de cette
bande varient peu avec les valeurs de n et de p.
Pour les homologues supérieurs à la méthyléthylcétone on observe
souvent un minimum d'absorption qui se trouve vers 2400.
20 Le mode de liaison des atomes de carbone (métamérie) dans les
monocétones et la position du groupe cétonique dans la chaîne (isométa-
mérie) inllucnt sur l'absorption ainsi que le montrent les valeurs de £ pour
l324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la méthylbutylcétone n, la méthylisobutylcétone, la pinacoline et l'éthyl-
propylcétone.
3° Lorsque deux groupes cétoniques se trouvent dans la même molécule
(dicétones) on observe une exaltation de la bande d'absorption de l'acé-
tone, mais la position du maximum ne change presque pas.
4° L'existence dans la même molécule d'un groupe cétonique et d'un
carboxylique, comme dans l'acide pyruvique CELCOCOOH, produit une
double influence : l'absorption caractéristique du carboxyle est exaltée et
celle du carbonyle est déprimée. Ceci résulte de la comparaison entre la
courbe d'absorption de l'acide pyruvique et celles de l'acétone et de l'acide
propionique. La courbe d'absorption de l'acide pyruvique présente un
plateau entre 2762 et 2926, la valeur de 1 est ici égale à 8,1.
5° Dans les cas où le même corps peut exister sous la forme cétonique et
énôlique (tautomérie) l'absorption varie beaucoup avec la proportion de
l'une ou de l'autre de ces formes. Ainsi l'acétylacétate d'éthyle en solution
aqueuse avec ou sans H Cl se trouve surtout sous la forme cétonique,
l'absorption présente un léger maximum vers 25 5o où 1 = 82.
En solution alcaline (NaOH en excès) la courbe d'absorption ressemble
quant à sa position et à sa forme à celle de l'acétone, mais elle est environ
700 fois plus élevée : le maximum est pour X == 2725 et 1 = 10000.
La même exaltation de l'absorption se produit dans le cas de l'acétyl-
acétone en solution alcoolique qui est constituée en grande partie de la
forme énôlique : Xmax = 2724 eU = 10800.
6° Les acétylacétates de CH ! et de C2 EL en solution alcoolique possèdent
une bande d'absorption vers X = 2400; dans cette région on ne rencontre
que très rarement des bandes d'absorption.
chimie ORGANIQUE. — Action de l'acide formique sur les colorants du
trîphênylméthane. Note de MM. A. Guyot et A. Ko vache, présentée
par M. Haller.
Malgré les nombreuses recherches dont elle a fait l'objet, la constitution
des colorants du triphénylinéthane est encore très discutée.
Il nous a donc paru intéressant de rechercher si ces colorants se
comportent vis-à-vis de l'acide formique comme les triarylcarbinols simples,
c'est-à-dire s'ils se réduisent quantitativement avec départ d'une molécule
(l'acide carbonique, comme nous l'avons montré dans de précédentes
SÉANCE DU 28 AVRIL igi3. i3a5
Communications ( ' ) :
RsC — OIIo-H_COOII = K3C — H +C03+ II20.
Des essais qualitatifs effectués avec la rosaniline nous ont montré que
cette substance se réduit déjà notablement par simple ébullition avec de
l'acide formiquepur, et que l'emploi du même acide additionné de formiate
de soude conduit à une réduction rapide et complète du colorant.
Toutefois, pour éviter les complications qui résultent de la formation
d'amides formiques, nous avons préféré n'envisager que le cas plus simple
des bases à fonction aminé tertiaire. Nos essais ont porté sur le vert mala-
chite et le violet bexamélbylé.
L'acide formique pur et bouillant ne réduit ces composés que dans une
faible proportion; additionné de formiate de soude, il donne des résultais
tout à fait inattendus.
Si l'on considère par exemple le cas du violet bexaméthylé, la solution
formique primitivement d'un violet intense se décolore complètement après
quelques heures d'ébullition, mais la quantité d'acide carbonique dégagé
croît avec la proportion de formiate alcalin, dépasse celle prévue par
l'équation de réduction et se limite au double de cette quantité :
Dosages d'acide carbonique. — a. is, 1480 de la base du violet hexaméthylé après
6 heures d'ébullition avec 3ocm' d'acide formique additionné de 10s de formiate de
soude anhydre ont donné os. i4"3 d'acide carbonique, soit i3,4 pour 100 en plus de
la quantité théorique : o, 1298.
b. 1^,2207 de la même base après 6 heures d'ébullition avec 3a""1 d'acide formique
et 25? de formiate alcalin ont donné 06,27^3 d'acide carbonique, soit le double de la
quantité théorique : o, i38o.
Dans cette dernière expérience, nous avons retrouvé uniquement de la
diméthylaniline et du tétraméthylparadiamidodiphénylméthane en propor-
tions équimoléculaires; tandis que dans le premier essai ou nous avons
employé une quantité moindre de formiate, nous avons constaté en outre
la présence d'hexaméthyl triant idotriphénylméthane.
On peut en conclure que le colorant se réduit tout d'abord norma-
lement
R*N — OH' R2.N — GCH4\^
R'-N _ C6H4— C — OH 4- H — COOII = R!N — C6H4— C — H -+- CO2 + H20.
R*N — C6H' • II N-C'H'/
(') Comptes rendus, t. 154, p. 121 el t. 155, p. x >^-
I^2G ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais que la leucobase primitivement formée subit à son tour l'action du
réducteur et se scinde conformément à l'équation globale
R!\' fur*
n n — o n v Rî]V — C6H*
R«N-C6H*— C — H + H-COOH = " jJ_^6JJ( CIP+ C6H5- NR2 + CO2.
R*N - C«H!
Et de fait, lorsqu'on soumet à l'action de l'acide formique additionné de
formiate de soude de rhexaméthyltriamidotriphénylmétbane, ce composé
se réduit quantitativement dans le sens indiqué.
Dosage d'acide carbonique. — is,o573 de leucobase du violet hexaméthylé après
6 heures d'ébullition avec 3ocu'' d'acide formique additionné de a5g de formiate de
soude ont dégagé os, 1244 d'acide carbonique soit 99,7 pour 100 de la théorie qui
exige 0,1247.
Ce phénomène si inattendu de scission et de réduction d'une leucobase
sous l'influence de l'acide formique peut s'expliquer par la formation inter-
médiaire d'hydrol
R*N - C"H'-C -H+ H»0 = " " _r,;1|., OH - OH + C«H*- NRS
R--N — C'H- '
suivie de la réduction de cet hydrol
S.ïic.S*>CH-0H+H-C00H=S.S-à.S*>CH,+C0,+H,°-
A l'appui de cette hypothèse, nous avons constaté que le télramélhyl-
diamidobenzhydrol se réduit quantitativement en tétraméthyldiamido-
diphénylméthane avec l'aide du formiate de soude.
Dosage d'acide carbonique. — 16,1917 de tétraméthyldiamidobenzhydrol après
4 heures d'ébullition avec 3ocm> d'acide formique et 20s de formiate de soude ont
donné 03,1987 d'acide carbonique, soit 99,7 pour 100 de la théorie qui exige 06,1942.
Le vert malachite se comporte de la même façon vis-à-vis de l'acide
formique additionné de formiate de soude; on observe encore un dégage-
ment d'acide carbonique notablement supérieur à celui exigé par l'équation
de réduction normale et une scission de la leucobase primitivement formée
en diméthylaniline et paradiméthylamidodiphénylméthane; mais cette
scission n'est pas quantitative.
Sans vouloir intervenir dans la discussion relative à la constitution des
colorants du triphénylmélhane, nous tenons à faire remarquer que l'action
SÉANCE DU 28 AVRIL I9l3. l327
de l'acide formique établit nettement une parenté évidente et une continuité
complète entre les colorants proprement dits et les carbinols dépourvus de tout
auxochrome : il n'existe entre ces deux groupes de composés qu'une différence
dans les aptitudes réaclionnelles, différence qu 'on peut attribuer à la basicité
plus ou moins prononcée de ces molécules et qui se traduit par une facilité
de réduction variable d'un terme à l'autre.
BOTANIQUE. — Sur révolution de l'appareil conducteur dans les Veronica.
Note de M. Gustave Chauveaud.
Le numéro 14 (p. 1084) des Comptes rendus contient une Note de M. Lenoir
sur laquelle je demande à l'Académie la permission d'attirer son attention.
Déjà, en 1904, dans des conditions à peu près semblables, j'ai cru devoir formuler
une rectification qui a été accueillie favorablement par l'Académie.
Il s'agissait alors d'une Note ('), dans laquelle l'auteur avait décrit le développement
vasculaire chez les Labiées, de façon à contredire les résultats généraux que j'avais
annoncés quelques années auparavant (2).
Malheureusement, la description de ce jeune auteur se trouvait en même temps si
inexacte, que je dus la rectifier totalement. Afin de bien montrer que l'exemple des
Labiées est aussi défavorable à la conception anatomique de M. G. Bonnier (3) que
les autres exemples déjà cités ('), cette rectification se terminait ainsi :
« Il est donc désormais évident que prendre la feuille comme point de départ pour
reconstituer la racine, c'est vouloir reconstituer l'appareil conducteur tout entier à
l'aide de ses seuls éléments superposés. Or les hypothèses les plus ingénieuses ne
sauraient remplacer les éléments primaires disparus » (•').
( ') Comptes rendus, t. 137, p. 8o4-
(2) Sur la structure des plantes vasculaires (Comptes rendus, i4 janvier 1901).
(3) G. Bonnier, Sur l'ordre de formation des éléments du cylindre central dans
la racine et la tige (Comptes rendus, t. 131, 1900, p. 781.). — Sur la différencia-
tion des tissus vasculaires de la tige et de la feuille (Ibid., p. 1376).
(4) Sur le passage de la structure primaire à la structure secondaire dans le
Haricot (Bull, du Mus. d'Hisl. nat., 1901, p. 23). ■ — Passage de la position
alterne à la position superposée de l'appareil conducteur, avec destruction des
vaisseaux centripètes primitifs, dans le cotylédon de l'Oignon (Allium Cepa),
( Bull, du Mus. d'Hist. nat., 1902, p. 62). — Passage de la disposition primitive à
la disposition secondaire dans les cotylédons du Pin maritime (Pinus marilima)
(Ibid., p. 149).
( 5) Sur la persistance de la structure a/terne dans les cotylédons du Lamief
blanc et de plusieurs autres Labiées (Comptes rendus, 21 mars 1904).
C. P.., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) I 69
l3a8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette intervention ne provoqua aucune réclamation. Bien mieux, l'auteur
de cette première Note abandonna complètement sa manière de voir et
donna à la rectification son entier assentiment.
Dans la suite, de nouveaux essais furent tentés en vue d'affaiblir la portée
des conclusions ci-dessus. Ces essais viennent d'aboutir, 9 ans plus tard,
à la présentation d'une seconde Note, qui est loin de mériter un sort plus
heureux que celui de la première.
L'auteur de cette seconde Note ('), M. Lenoir, s'affranchit d'abord de
toute obligation relative à la priorité. Ainsi il annonce que, dans la plan-
tule des Véroniques, les premiers tubes criblés se différencient avant les
premiers vaisseaux, comme si ce fait n'avait pas été déjà généralisé.
Ensuite il énonce l'opinion suivante :
«Si l'on étudie la différenciation d'un de ces tubes criblés, à l'état le plus jeune que
j'aie pu observer, on voit qu'il s'est déjà formé un seul tube criblé continu depuis le
haut du cotylédon jusqu'à la base de l'axe hypocotylé; cette différenciation de ce
premier tube criblé unique dans chacun des deux groupes libériens, se poursuit
ensuite dans la radicule, à mesure que celle-ci se développe, toujours en continuité
avec ce même tube criblé.»
M. Lenoir regarde donc la file des éléments criblés comme un tube
criblé unique. Or prendre pour un seul tube criblé l'ensemble des tubes
criblés dont est formée la file qui va de la base de l'hypocotyle jusqu'à
l'extrémité du cotylédon, c'est commettre une erreur anatomique aussi
considérable que de dire, à propos d'un mammifère, par exemple : Sa
colonne vertébrale est formée d'un seul os qui va de la base de la tête jusqu'à
r extrémité de la queue.
On comprendra, d'après cela, pourquoi les résultats énoncés dans cette
seconde Note ont pu paraître nouveaux. En réalité, l'appareil conducteur
des Véroniques se développe suivant les lois générales qui régissent les
autres dicotylédones. Sous ce rapport, le genre Veronica ne diffère, en par-
ticulier, du genre Melampyrum décrit (-) comme type de la famille, que
par une plus grande accélération, se traduisant par une moindre persis-
tance de la phase alterne ou primitive.
(') Sur le début de la différenciation vasculaire dans la plantule des Veronica
{Comptes relidus, t. 15(>, p. 1084).
(2) L'appareil conducteur des plantes vasculaires (An/i. des Se. nat., 9e série,
1. Mil).
SÉANCE DU 28 AVRIL igi3. l32Ç
PHYSIOLOGIE. — Résistance comparative du Chien et du Lapin aux injections
intraveineuses d'oxygène. Note de M. Raoul Bayeux, présentée par
M. Roux.
Dans le but d'étudier les phénomènes biologiques provoqués par l'injec-
tion de l'oxygène dans le système veineux des animaux, j'ai cherché à
déterminer les volumes maxima que le Chien et le Lapin peuvent recevoir
en 1 heure, sans mourir.
La littérature scientifique ne m'avait fourni que des documents insuffisants sur cette
question; pas plus sur le Cheval, parfois utilisé pour ces recherches, que sur le Chien,
les chiffres obtenus n'ont présenté une rigueur suffisante. Quant au Lapin, animal de
laboratoire par excellence, je n'ai pas connaissance qu'on en ait jamais fixé la tolérance
pour les injections d'oxygène dans les veines, et, cependant, mes expériences m'ont
fait voir que sa sensibilité même à l'oxygène peut le rendre particulièrement précieux
pour cette étude particulière.
Mes recherches, qui ont duré 5 m'ois, ont commencé en novembre 19 12.
Je les ai effectuées sur cinq Chiens et sur plus de trente Lapins. L'oxygène a
été injecté dans la veine fémorale, au moyen de l'appareil que j'ai inventé
{Comptes rendus, 20 novembre 191 1).
Si l'on considère le poids d'un animal (exprimé en grammes) et le
volume de l'oxygène (en centimètres cubes) que les animaux tolèrent en
1 heure, on peut exprimer ce volume en fonction du poids. Or, dans ces
conditions, j'ai vu que le Chien en supporte un volume exprimé par le
chiffre représentant le tiers de son poids, au lieu que le Lapin n'en supporte
que la quatre-vingtième partie. Et, si Ton exprime ces résultats par une
formule, dans laquelle V représente le volume de l'oxygène, P le poids de
l'animal, on obtient :
p
Pour le Chien V — —
_. ]'
Pour le Lapin \ — „—
Par exemple, un Chien de 9^ tolérera V d'oxygène en 1 heure, et un Lapin
de 2kB n'en tolérera que 25cm\
Chez ce dernier animal, si l'injection est faite dans une veine de l'oreille.
l33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
la dose-limite s'abaisse encore et la formule devient
P
Oxyeène-Lapin-Oreille : ^ =
JO ' ioo
et un Lapin de 2kg ne supportera que 20™'.
En injectant des doses inférieures à celles-là, j'ai pu prolonger l'expé-
rience pendant plus de 2 heures sans provoquer la mort. Au contraire, avec
des doses supérieures, les animaux ont toujours succombé en moins d'une
heure.
Sur les Chiens, j'ai pu ainsi reproduire les accidents signalés par Paul
Bert chez les sujets soumis à la décompression brusque : contractures téta-
niques avec arrêt des mouvements respiratoires, paralysies aiguës systéma-
tisées persistant plusieurs jours, etc.
Lors même que la dose de l'oxygène injecté ne dépasse pas les limites que
j'ai fixées, elles déterminent des réactions particulières : quelques secondes
après le début de l'expérience, les battements du cœur deviennent tumul-
tueux, violents et précipités; la respiration s'accélère subitement, attei-
gnant 110 chez le Lapin, et devient ample et profonde, convulsive même.
Ces accidents durent tout le temps de l'injection, mais, peu après sa cessa-
tion, tout se calme et l'on voit les Chiens, aussitôt débarrassés de leurs liens,
courir et gambader.
Chez les animaux qui ont succombé à des doses trop fortes, on peut faire
les constatations suivantes : les poumons sont pâles, presque vides de sang;
le cœur est dilaté, ses cavités droites sont distendues par du sang rose, mé-
langé de bulles gazeuses; le cœur gauche, au contraire, est presque vide, ses
parois sont flasques et d'une couleur lie de vin. Les gros troncs veineux
voisins du cœur sont remplis de sang rouge, mélangé de gaz non dissous;
leurs branches collatérales contiennent également du gaz, mais le sang est
plus ou moins foncé, allant du rouge sombre au noir.
Cette différence de coloration s'explique par ce fait, que le sang voisin du
cœur a été agité par les battements cardiaques, au lieu que plus loin il a
cheminé trop lentement pour dissoudre l'oxygène dans toute sa masse.
Tant de M. Bernard Colmx, présentée
par M. Yves Delage.
J'ai rencontré, il y a plusieurs années déjà, sur les membres abdominaux,
les branchies et surtout la face interne des replis membraneux du céphalo-
(.') Présentée dans la séance du 21 avril 1910.
SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. l333
thorav de Nebaliabipes (0. Fabr.), un curieux parasite qui prend place à
coté des genres "Ellobiopsis Caullery ( 1910), Ellobiocvstis et Staphyhcystis
Coutière (191 1), toutes formes problématiques rapprochées provisoirement
des Péridiniens parasites.
L'organisme est fixé sur la chitiue de l'hôte par une ventouse circulaire qu'entourent
des stries rayonnantes; il n"émet point de rhizoïdes. Son corps, allongé en massue, se
montre partagé en articles successifs par des cloisons complètes, indiquées à l'extérieur
par autant d'étranglements. A l'article basai, presque aussi haut que large, succède
(chez les adultes du moins) une zone de croissance rapide, sorte de méristème com-
prenant des articles plats et courts, les plus récemment formés, mais dont la taille
augmente à mesure qifon approche de la partie distale, laquelle se termine d'ordinaire
par une surface en dôme. Les individus jeunes, ovoïdes ou piriformes ( fig. 1, 2, 3. 4),
7-L
ne comprennent d'abord qu'un article, puis deux, puis troi*. et deviennent ainsi peu
à peu très semblables aux adultes {fig. 5). Chez les exemplaires âgés {fig. 6). l'article
distal est parfois vide et fripé, réduit à son tégument déchiré par en haut (ce qui semble
être la suite d'une émission de spores), tandis que celui qui succède se rentle en dôme
à son tour. La taille minima constatée est d'environ 5!J, la longueur définitive pouvant
atteindre i5ol* et la largeur Sol1.
L'examen in vivo, de même que les colorations totales, ne montre rien autre chose
qu'une couronne de gros noyaux à structure granulaire massive, rangés à la face supé-
rieure de l'article basai, tout contre la périphérie et au contact du méristème : ce
sont les noyaux trophiques ou maeronuclei. Mais les coupes montrent en plus, dans
l334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cet article et les suivants {Jig. 7 et 7 a), de très nombreux, petits noyaux, mesurant à
peine îV- et parsemant le cytoplasme : ce sont eux que j'appellerai noyaux germinalifs
ou micronuclei. En s'éloignant vers la région distale, on les voit grossir peu à peu et
bientôt s'accompagner d'une granule centriolaire, d'abord simple, puis géminé
(dédoublé?), extérieur à la membrane. Dans l'article distal enfin, tous ces noyaux
sont allongés, mesurant 3f,5 x 1^, et gagnent la périphérie, leur diplosome étant
tourné constamment vers l'extérieur. Chacun d'eux (Jig. 7 a) est flanqué latéralement
d'une baguette moins colorable, plus longue et plus mince (axostyle?), en relation
directe avec l'un des centrioles. La formation des spores d'essaimage (schizozoïles ou
gamètes?) qui doit suivre de près cette métamorphose, m'est encore inconnue : l'exis-
tence du diplosome pourrait suggérer l'hypothèse de germes biflagellés.
En résumé, cette forme présente comme caractères marquants, encore
inconnus jusqu'ici chez les Elliobiopsidés : i° la localisation très précise de
la zone d'accroissement (méristème); 20 le dualisme chromatique plus ou
moins comparable à celui des Infusoires ciliés ; 3° Pordonnement des noyaux
en couche périphérique, avant la sporulation. D'autre part, son habitat sur
un hôte littoral, facilement accessible et vivant bien en aquarium, semble
en faire (par rapport aux autres représentants du groupe, tous encore péla-
giques ou bathypélagiques) un matériel des plus précieux quant à l'étude
possible du cycle évolutif.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur une septicémie bacillaire des chenilles ci Arctia caja L.
Note de MM. F. Picard et G.-R. Blanc, présentée par M. Roux.
Les chenilles d' Arctia caja L., très abondantes cette année dans les
vignobles du midi de la France, ont été presque complètement détruites
par deux maladies : l'une d'elles, bien étudiée depuis longtemps, est occa-
sionnée par un Champignon de la famille des Entomophtorées, YEmpusa
aulicœ Reich., l'autre est une septicémie d'origine bacillaire. Les chenilles
moites deviennent flasques et exhalent une odeur nauséabonde; leur tube
digestif est vide de son contenu et ne renferme qu'un liquide clair, souvent
exempt de tout micro-organisme. Le sang renferme en culture pure un
cocobacille avec lequel nous avons pu reproduire artificiellement la maladie.
Ce cocobacille, pour lequel nous proposons le nom de Cocobaci/lus cajœ,
mesure environ 1^,0.
11 est mobile, de forme légèrement ovale, ne prend pas le giam, se colore fortement
par les couleurs d'aniline (Krystal-violel). et lorsqu'il est faiblement coloré par la
SÉANCE DU 28 avril io,i3. l335
méthode de Pappeinheim, montre une partie claire au centre,.comprise entre deux extré-
mités foncées.
Les cultures sur bouillon poussent en 1 2 heures de i5° à 35° avec un optimum à 25°.
Elles exhalent une odeur d'œufs pourris et prennent en 2/4 heures une teinte verdâtre
fluorescente, plus marquée à 25° qu'à i5° ou à 35°. Elles ne contiennent cependant pas
de pyocyanine, comme le montre leur épuisement par le chloroforme. Le cocobacille
pousse rapidement sur gélatine qu'il liquéfie et sur gélose en donnant dans les deux cas
une teinte légèrement fluorescente. Les cultures en strie sur gélose se répandent en
peu de temps sur toute la surface. Sur pomme de terre, les cultures sont pauvres et
ne commencent à se développer qu'après 48 heures, sans produire de pigment verdâtre
fluorescent.
Les chenilles & Arclia caja, piquées à l'une des pattes membraneuses, à
l'aide d'une fine aiguille trempée dans du sang virulent ou dans une culture
en bouillon, meurent régulièrement en 3 jours à i5°, en présentant dans
leur sang une multiplication intense du bacille ; elles meurent en 12 heures,
ou 24heuresau plus, lorsqu'elles sontmaintenuesà 20°. Le sang deschenilles
mortes à 25° paraît plus virulent que celui de celles qui meurent à i5°, et
son inoculation tue en 48 heures au lieu de 3 jours.
Les chenilles ayant reçu par ingestion quelques gouttes de culture, au
moyen d'une pipette introduite dans le pharynx, sont mortes en 12 heures
à 25° avec leur sang envahi par le cocobacille. Ce fait, qui démontre le rôle
possible de la voie buccale pour l'origine de l'infection, permet d'espérer
que l'emploi de ce microbe pourra recevoir une application pratique.
Les chenilles de Porthesia chrysorrhea sont très sensibles et tuées par piqûre en
24 ou 48 heures. Divers Coléoptères : Hydrophilus pistaceus, Dyticus pisanus,
Cybister laterimarginalis, Cotymbetes fuscus, ne sont pas tués par innoculation,
non plus que les Hémiptères suivants : Notonecta glauca, Nipa cinerea, Ranatra
linearis.
Le Rat blanc est insensible à l'injection intrapéritonéale de icm' de culture riche en
bouillon, datant de 24 heures. La Rainette (fiila arborea) meurt par innoculation
dans les sacs lymphatiques de la même culture, en 24 ou 48 heures, avec le sang
envahi par de nombreux microbes; ce sang est virulent pour les chenilles. Le sang de
chenilles venant de mourir est plus virulent pour la Rainette que les cultures en
bouillon; ocmS,5 injectés dans les sacs lymphatiques entraînent la mort du Batracien
en 12 heures avec septicémie bacillaire intense.
Le Cocobacillus cajœ paraît appartenirau même groupe que le Cocobacillus
acridiorum trouvé par d'Hérelle ( ') dans une épizootie des Criquets améri-
(') D'Hérelle, Comptes rendus, 22 mai 191 1 et 26 février 19 12.
C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) I7O
l336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cains (Schistocerca pallens). Il s'en distingue cependant par plusieurs carac-
tères biologiques et pathologiques, étant un parasite du sang des chenilles,
alors que, d'après d'Hérelle, le siège de l'affection chez les Criquets atteints
serait avant tout le tube digestif.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'emploi des sels ammoniacaux en vinification.
Note de M. R. Marcille, présentée par M. L. Maquenne.
Malgré les nombreuses recherches effectuées sur la nutrition azotée de la
levure alcoolique, la question n'est pas encore parfaitement élucidée. Le
problème est en effet complexe, et il le devient encore plus lorsque, au lieu
de liquides de culture artificiels, de composition connue, on emploie des
produits naturels.
Pour le moût des raisins en particulier, la question reste confuse. Alors que les
préférences de la levure pour les composés ammoniacaux sont bien établies, il résul-
terait d'expériences de M. Laborde (') qu'elle serait également capable d'utiliser
l'azote organique des moûts : un moût privé de son azote volatil fermente encore très
bien ; sa fermentation, pour être complète, n'exige que 3 jours de plus que le moût
normal, 9 jours au lieu de 6. L'azote ammoniacal n'aurait donc que peu d'influence
sur l'allure de la fermentation.
D'autre part les auteurs qui se sont occupés de cette question admettent que le
moût de raisin « contient toujours une quantité très sensible d'azote ammoniacal »(2).
Tout en recommandant comme bons aliments de la levure les sels ammoniacaux et
surtout le phosphate d'ammoniaque, « stimulant énergique » , on admet qu'en pra-
tique l'addition aux moûts de ces composés a pour seul avantage de hâter un peu la
fermentation.
Nous avons eu l'occasion d'examiner des moûts dont la mauvaise fermen-
tation doit être attribuée au défaut d'azote ammoniacal. En particulier,
dans un vignoble des environs de Tunis, une parcelle porte des raisins
blancs de la variété Beldt, dont le moût exige, presque chaque année, plu-
sieurs semaines pour se vinifier, par une température de 25° à 3o°, alors
qu'en général les fermentations des autres cuves ne durent que 4 ou
5 jours.
Des essais préliminaires nous ont montré que la vitalité du ferment
n'était pas en cause, puisqu'il faisait fermenter normalement les moûts
(') Annales de'V Institut Pasteur, 1898, p. à 17.
(2) G. Kayser, Revue de Viticulture, t. 11, 191 1 , p. 92.
SÉANCE DU 28 AVRIL I()l3. l337
d'autres origines. Nous avons alors reconnu que l'évolution du ferment
devaitètrejretardéeparune imperfection de la composition azotée du moût:
l'addition de sels ammoniacaux permettait, en effet, une fermentation nor-
male. Ce moût ne contenait, d'ailleurs, que og, 007 d'azote ammoniacal
par litre, avec oK, 114 dJazote total; alors que, pour 3o autres moûts exa-
minés, l'azote ammoniacal variait de og,o4o à os, i55 et l'azote total de
os,2i6 à og,6oo.
Avec le moût à og,oo7 d'azote ammoniacal mis en ballons Pasteur et sté-
rilisé, des essais de fermentation, avec et sans phosphate d'ammoniaque,
furent entrepris. Le moût primitif ayant un poids spécifique de 1,084,
voici les variations de densité observées :
Densité après
2 jours. 4jours. 6jours. 8jours. lOjours. 16 jours. 20 jours.
Moût normal i ,080 1 ,068 1 ,057 1 ,03? 1 ,o3i 1 ,oi3 1 ,oo3
Moût additionné de phos-
phate d'ammoniaque 1,062 1,024 i,oo5 0,998 » » »
Il existe donc des moûts naturels et sains qui ne contiennent pas des
quantités suffisantes d'azote assimilable pour fermenter normalement. Il
semble qu'alors les ferments ne soient pas aptes à utiliser pour leur nutrition
l'azote organique, tout au moins sous la forme où il se présente.
Ces moûts, pauvres en azote volatil, peuvent cependant fermenter com-
plètement, mais exigent, pour être tout à fait privés de sucre, un temps
souvent fort long. Ainsi, en 1910, ce moût de Beldi, en cuves de iohl, a
mis plus de six semaines à fermenter d'une façon totale. Comme toutes les
précautions avaient été prises pour éviter l'acétification, le vin obtenu était
normal, titrant i2°,2 d'alcool, et renfermait moins de ig de sucre par litre,
avec une acidité volatile de os,8.
L'addition de sels ammoniacaux aux moûts se présente donc comme une
pratique rationnelle et légitime dans tous les cas analogues. Le phosphate
est le seul sel ammoniacal préconisé et nommé dans les circulaires offi-
cielles. Le sulfate nous a donné de meilleurs résultats; mais son emploi est
forcément subordonné à l'observation des règlements sur le plâtrage. Les
doses à utiliser sont de i5B à 25s par hectolitre.
Quant aux causes de la faible teneur en ammoniaque, elles sont mul-
tiples : la nature du cépage doit venir en première ligne, puis la nature du
sol; ce raisin pauvre provient d'une vigne plantée en bordure de la mer.
Enfin, lorsque les conditions extérieures sont favorables à une maturation
1 338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parfaite, il y a peu d'azote amidé dans les fruits. Cette absence d'azote non
élaboré coïncide, d'ailleurs, avec une faible teneur en acide, circonstance
peu favorable à une fermentation rapide comme nous avons pu le vérifier à
plusieurs reprises.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Étude sur l'élimination urinaire de la morphine
injectée à l'animal neuf. Note de M. H. Dorle\court, présentée par
M. Ch. Moureu.
Alors que la plupart des auteurs sont d'accord pour admettre l'élimi-
nation de la morphine par les voies digestives, tant chez les sujets neufs
que chez les sujets accoutumés, on constate au contraire les plus grandes
divergences d'opinion en ce qui concerne l'élimination de cet alcaloïde par
l'urine, et c'est ainsi que, même dans le cas particulier et plus simple
de l'animal neuf, il est difficile, en se basant sur les travaux des divers
auteurs, de se faire une opinion à ce sujet. Orfila et son élève Castaing
ont affirmé cette élimination; mais, dès 1868, Erdmann l'a niée, puis
Jaques (1880), Landsberg, Dometh ont confirmé l'opinion de ce dernier
auteur; mais, d'autre part, Kauzmann, puis Lliassow( 1882), Mariné (1 883),
Stolnikoff (1884) ont, au contraire, affirmé la présence constante de la
morphine dans l'urine. Plus récemment Totze (1903) a repris l'étude de
cette question et a montré que l'émonctoire rénal assurait l'élimination de
cet alcaloïde pour une faible part (4 à 6 pour 100 de la morphine injectée).
Mais, en 1905, Bettink, chez l'homme, il est vrai dans un cas d'intoxication
aiguë et mortelle, n'a pu déceler la moindre trace de morphine dans l'urine.
Sans chercher à nous expliquer la cause de ces divergences, qui tient peut-
être à des erreurs de technique, à des questions de doses ou à toute autre con-
dition d'ordre expérimental, nous nous sommes proposé de résoudre la
question de l'élimination urinaire de la morphine chez l'animal neuf et après
une administration unique d'alcaloïde à dose moyenne. Nous avons ensuite
tenu à déterminer l'importance et le rythme de cette élimination, enfin nous
avons recherché sous quelle forme chimique (morphine ou oxydimorphine)
elle avait lieu. Il importait, pour résoudre de façon satisfaisante cet ensemble
de questions, d'utiliser une méthode de dosage d'une exactitude et d'une
sensibilité parfaites. A cet effet, nous avons choisi comme réactif le silico-
tungstate de soude ( ' ).
(') Gab. Bbrtrand, Bull. Soc. chim., t. XXI, 1899, p. 434.
SÉANCE DU 28 AVRIL io,i3. l339
Technique du dosage de la morphine et de i ' oxydimorphine dans l'urine. —
L'urine de l'animal en expérience est filtrée aussitôt émise et recueillie sur le chlo-
roforme. Au moment du dosage on acidifie par HC1, on chauffe au bain-marie pendant
1 heure, de façon à hydrolyser les dérivés conjugués de la morphine ('). Après ce
temps, on ajoute du silicotungstate de soude. Le silicotungstate d'alcaloïde précipite.
On centrifuge, le liquide clair est additionné d'une nouvelle quantité de silicotungstate
de soude. Après 24 heures, il s'est déposé un nouveau précipité; on centrifuge à
nouveau. Les culots de centrifugation sont réunis, lavés à l'eau, centrifugés après
chaque lavage.
Ce premier temps de l'opération donne à l'état de silicotungstate la
totalité des alcaloïdes urinaires; il a l'avantage d'être moins pénible, moins
long que n'importe quel épuisement par les solvants de la morphine, enfin
d'être beaucoup plus exact.
Pour régénérer la morphine de sa combinaison silicotungstique, on délaie le préci-
pité à froid dans une solution de C03Na'2; le précipité se dissout, on obtient un
liquide clair, qu'on évapore à sec à basse température. Ce résidu est épuisé par l'alcool
araylique ammoniacal, jusqu'à ce que l'alcool du dernier épuisement ne donne plus les
réactions de la morphine ou de l'oxydimorphine. Les alcools amyliques d'épuisement
sont réunis, filtrés, distillés dans le vide à basse température. On obtient un résidu
constitué par la totalité de l'alcaloïde cherché (oxydimorphine et morphine).
La séparation de la morphine et de l'oxydimorphine est effectuée par la méthode
de Bougault (2) (Transformation des alcaloïdes en tartrates, puis séparation à l'état
de sulfates.)
Ce procédé de dosage nous a toujours donné des résultats très exacts; de plus, il est
d'une très grande sensibilité, puisque, dans des expériences de contrôle, nous sommes
parvenu à retrouver en totalité o°,oo3 de chlorhydrate de morphine introduits dans
25ocm* d'urine.
Nos recherches ont été effectuées sur le lapin, elles nous ont permis de
conclure.
L'injection intramusculaire de og,i5 de chlorhydrate de morphine par
kilogramme d'animalest, chez le lapin, toujours suivie d'une élimination
urinaire de l'alcaloïde en nature.
Moins d'une heure après l'injection, on voit déjà apparaître l'alcaloïde
dans l'urine, le maximum de l'élimination est atteint de la deuxième à la
quatorzième heure.
L'élimination est généralement terminée en 72 heures. Après ce temps,
(') Nous ne nous sommes en effet pas préoccupé d'étudier ces combinaisons.
(2) Bougault, Journal de Pharmacie et de Chimie, 1902, p. 4ç/-
l34o ACADÉMIE UES SCIENCES.
on constate qu'il s'est éliminé à l'état d'alcaloïde en nature, libre ou
combiné, en moyenne 4 pour 100 de la morphine injectée (').
L'élimination à l'état d'oxydimorphine est extrêmement faible dans le
produit de séparation obtenu par la méthode de Bougault; nous n'avons pu
caractériser la présence de cette dernière que par la réaction de Marquis.
Cette réaction a dans tous les cas été positive, mais dans aucun cas il ne
nous a été possible de déceler des quantités d'oxydimorphine susceptibles
d'être dosées avec des garanties suffisantes d'exactitude.
En résumé, la morphine injectée, par voie intramusculaire, chez un lapin
n'ayant jamais reçu d'injection antérieure, est toujours, mais pour une faible
part, éliminée par le rein, et la morphine dans ce cas est à l'état d'alcaloïde,
n'ayant subi aucune transformation; c'est tout au plus si l'on trouve des
traces d'oxydimorphine.
GÉOLOGIE. — Les huit phases éruptives du volcan de Corne (chaîne des Puys).
Un puits profond à travers les coulées de lave de ce volcan. Note de M. Pu.
Glangeaud, présentée par M. Pierre Termier.
L'examen des volcans récents, tels que ceux de la chaîne des Puys, aux
éruptions desquels l'homme paléolithique a assisté, ne permet pas, en
général, de reconstituer toutes les phases de leur édification, car les der-
nières coulées et projections recouvrent et masquent très fréquemment les
coulées et projections antérieures.
J'ai montré récemment, toutefois, que le Puy de Côme, le plus grand
volcan à cratère de la chaîne des Puys, avait émis quatre coulées distinctes
au point de vue topographique et pétrographique, car elles étaient emboîtées
les unes dans les autres, à Pontgibaud, par suite d'érosions successives de
la Sioule.
M. Michelin, le grand industriel clermontois, vient de terminer des
recherches complétant les observations précitées et permettant de recon-
stituer quatre nouvelles phases éruptives du Puy de Côme.
Ces recherches, qui ont duré 18 mois et ont coûté près d'un demi-million, ont été
faites à goom en amont de Pontgibaud, et à 7km du cratère, dans la partie la plus
(') Totze indique 4 à 6 pour ioo, mais il ne paraît pas avoir attendu la fin de l'éli-
mination, et, d'autre part, les doses injectées sont beaucoup plus fortes que les nôtres,
de sorte que, par rapport à la dose totale qu'il a injectée, son chiffre d'élimination est
probablement un peu faible.
SÉANCE DU 28 AVRIL IÇ)l3. l34l
rétrécie d'une ancienne vallée affluente de la Sioule, remblayée entièrement par les
coulées du Puy de Côme. Elles avaient pour but de capter le cours d'eau souterrain
circulant à la base des coulées, en suivant le fond de l'ancien thalweg de la vallée
quaternaire (').
On creusa d'abord un puits vertical qui atteignit le flanc du thalweg
gneissique de l'ancienne vallée à 28m de profondeur, après avoir traversé
trois coulées de labradorile, alternant avec des projections remaniées, puis
on suivit, en galerie jusqu'au fond, le flanc du thalweg lui-même, ce qui
permit d'observer, sur une hauteur totale de 45m, quatre coulées basaltiques
alternant avec des cendres et des projections.
La coulée inférieure repose sur une nappe alluviale (à galets très roulés
de granité, gneiss et quartz) antérieure aux premières éruptions. Le flanc
de la quatrième coulée basaltique recouvre également un méplat alluvial
qui paraît bien correspondre à un cycle d'érosion plus ancien.
Il existe encore une autre coulée de labradorite (8e coulée), non inté-
ressée par les puits, mais traversée par la ligne de chemin de fer, de sorte
que les huit coulées de Côme, les projections volcaniques et les alluvions
ont comblé la vallée affluente de la Sioule sur 8om de haut.
Deux coulées inférieures de basalte ont envahi la vallée de la Sioule, sur
près de 3km, contribuant au barrage de Pontgibaud et dépassant le village
de Peschadoires où je les avais signalées. Les autres coulées basaltiques,
de moindres dimensions, n'ont pas atteint Peschadoires, de même que les
deux coulées inférieures de labradorite. Seules, la septième et la huitième
coulée sont descendues dans la vallée jusqu'à l'étang de Peschadoires.
C'est à travers ces dernières laves qu'émergent les belles sources de ce
village, provenant en partie de la vallée de Côme, ainsi que l'ont montré les
colorations à la fluorescéine.
La coulée supérieure de labradorite de Côme est recouverte en partie
au Nord par les dernières laves (labradorites) du volcan de Louchadière
qui ont débordé par-dessus le thalweg de la vallée affluente et culminent les
coulées de Côme de 25m à 3om.
L'ensemble des coulées de Louchadière est donc plus puissant que celui
de Côme, puisqu'il atteint une épaisseur d'environ 1 iom. Ces chiffres sont
plus considérables que ceux qui étaient connus jusqu'ici.
Les laves du Puy de Côme oscillent des labradorites augitiques et péri-
(') M. Bourdeau, ingénieur, directeur des travaux, m'a obligeamment fourni des
renseignements sur place.
l3/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doriques, étudiées par Michel Lévy, aux basaltes limbur gitiques , en passant
par les labradorite-basaltes, les basaltes feldspathiques et porphyroides .
La composition du magma profond correspondant au volcan de Côme a
donc peu varié suivant les éruptions.
Les résultats qui précèdent, ainsi que ceux qui ont été signalés à propos
du sondage de M. Legay-Chevalier à travers les laves du volcan de la
Nugère (6om de profondeur), montrent que certains volcans à cratère de la
chaîne des Puys ont eu un assez grand nombre de périodes d 'activité ', séparées
par des phases de repos, pendant lesquelles les Mammifères de l'époque
(Bœufs, Cerfs, et probablement le Renne et l'Homme) pouvaient par-
courir les coulées refroidies.
B. Brunhes et David, étudiant le magnétisme des argiles cuites par les
laves, ont évalué à l\So ans la période de repos comprise entre deux érup-
tions du Petit Puy de Dôme.
L'étude du Puy de Côme, qui est un des volcans les plus instructifs du
Massif central, par le nombre de ses phases éruptives et ses périodes de
repos marquées par les ravinements successifs de ses coulées, permet donc
d'ajouter aux données ci-dessus que Y édification des volcans de la chaîne des
Puys a duré plusieurs milliers d'années, sans qu'on puisse pour l'instant pré-
ciser davantage.
ARCHÉOLOGIE. — Beynes aux temps préhistoriques. Note de M. Aubert.
Pendant le courant de l'année 1911-1912, des ouvriers exécutaient des
travaux de terrassement et d'extraction de pierres à Beynes(Seine-et-Oise),
au lieudit La Croix-Verte.
Ce site, aujourd'hui beaucoup plus élevé que le cours actuel de la
Mauldre, renferme des lits de graviers, de cailloux et de sables, déposés
parla rivière à l'époque quaternaire, et dont l'épaisseur atteint 3m,5o;
au-dessous de ces lits de graviers, on a rencontré un banc épais de sable
fin et sec de couleur blanche, avec intercalations de lits noirâtres; on l'a
traversé sur 6ra d'épaisseur sans trouver le fond.
A 3m de profondeur, dans le lit de graviers, on a trouvé de nombreuses haches et
silex taillés, du type de Saint-Acheul et de Chelles; ces haches ont de belles formes
régulières ; si quelques-unes sont de petites dimensions, la majeure partie sont longues
et bien taillées, principalement à la pointe. Quelques couteaux, des nucléus, deux
percuteurs et de nombreux éclats ont été trouvés dans ce lit de graviers.
SÉANCE DU 28 AVRIL iqi3.
1343
Les haches sont, en majeure partie, tirées du silex provenant de la Croix, une est
en calcaire grossier de la Beauce, une autre en grès bleu. Quelques morceaux de silex
brut sont craquelés par le feu, et des débris de cendres se trouvaient mélangés aux
graviers.
Dans ce lit de terrain, j'ai découvert, comme ossements fossiles, les débris d'une côte
et un ossement malheureusement en très mauvais état de conservation, paraissant
appartenir au Mammouth (Elephas primigenius).
Dans un lit de graviers, à 2ra plus haut, j'ai mis à découvert trois pointes du
Moustier, des débris de cendres et quelques pierres brutes ayant subi l'action du feu.
A 3m,5o de profondeur, tout à fait en dessous du banc de graviers, dans le banc de
sable blanc, j'ai souvent mis à jour, dans des cuvettes de limon jaune, de nombreux
ossements très bien conservés et provenant d'un très petit animal. Je suis parvenu à
en reconstituer un squelette entier ayant om,6o de longueur et om,27 de hauteur.
Des recherches faites par moi au Muséum d'Histoire naturelle de Paris m'ont fait
reconnaître un Arctornys marmotta, bien que la taille du squelette que j'ai découvert
soit beaucoup plus forte que celui découvert à Cœuvre (Aisne) par M. l'abbé Breuil,
et conservé au Muséum. Les marmottes devaient être en très grande quantité à ces
époques lointaines.
En résumé, on observe en ce point un gisement et des ateliers des trois
époques quaternaires à un niveau plus élevé que le fond actuel de la vallée,
avec ossement à"1 Elephas primigenius et silex taillés, et au-dessous des osse-
ments d Arctomys marmotta.
Cette découverte est importante pour l'étude de la vallée de la Mauldre.
M. Jea\ Huttern adresse un Mémoire intitulé : Hydrodynamique
(théorie nouvelle).
(Renvoi à l'examen de MM. Boussinesq et Hadamard.)
M. J. Grialou adresse un Mémoire intitulé : Déversoir en mince paroi.
(Renvoi à l'examen de MM. Boussinesq et Léauté.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.)
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l344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
COMITE SECIIET.
La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la
troisième place de Membre non résident, créée par le Décret du
17 mars i()i3, présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de
l'Académie, la liste suivante :
En première ligne M. Bazin, à Chenôve;
„ . ,. , , , ,,. \ MM. Depéret, à Lyon:
Enaeuxiemehgne.parordrealphabetique. _ _ , „ ,
1 ' 7 ( P. I)i iii:m, a Bordeaux;
l MM. E.Cosserat, àToulouse;
En troisième ligne, par ordre alphabétique. | H. Fabre, à Sérignan;
( Gossei.et, à Lille.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
SÉANCE DU 28 AVRIL iqi3. l345
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 21 avril 1913.
Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par M. A. Angot :
Année 1908. I : Mémoires. ■ — Année 1910. III : Pluies. Paris, Gauthier-Yillars,
191 2-191 3; 2 vol. in-4°.
Ministère de la Marine. Annuaire de la Marine pour 1913. Paris, Imprimeiie
nationale, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-8°.
Tables annuelles de constantes et données numériques de Chimie, de Physique
et de Technologie, publiées sous le patronage de l'Association internationale des
Académies par le Comité international nommé par le VIIe Congrès de Chimie appli-
quée; Secrétaire général : Cn. Marie; Vol. II, année 191 1. Paris, Gauthier-Villars.
1913-, 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Lippmann.)
Mémoires du Service géologique de V Indo-Chine ; Vol. I : Elude géologique du
Yun-nan oriental, par J. Deprat et II. Mansut; texte, allas et carte. — Mission du
Laos, par H. Mansuy. — Contribution à la Géologie du Tonkin, par H. Mansiy.
Hanoï-Haïphong, imprimerie d'Extrême-Orient, 1912; 4 fasc. de texte. 1 fasc. de
planches et t carte pliée, in-4°. (Présenté par M. Douvillé.)
Rapport sur les travaux du Bureau central de l' Association géodésique interna-
tionale en 1912, et programme des travaux pour l'exercice de 1913. Levde, E.-J.
Brill, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-4°.
L'industrie des pêches sur la côte occidentale d'Afrique, du cap Blanc au cap
de Bonne-Espérance, par A. Gruvel. Paris, Emile Larose, ig 1 3 ; 1 vol. in-8°. (Pré-
senté par M. Bouvier.)
Annali di Malematica pura e applicata; 3e série, t. XX, aprile 1 9 1 3. Dedicato
alla memoria di Lagrange. Milan; 1 vol. in-4°.
Resebeskrifningar af Emanuel Swedenborg under âren 1710-1739, utgifna af
Kungl. Vetenskapsakademien den i9|[november 1910. Upsal, Almqvist et Wiksell,
191 1 ; 1 vol. in-4°.
Boletin de/ Instituto gcologico de Mexico; n° 29 : Faunes jurassiques et créta-
ciques de San-Pedro del Gallo, par Carlos Burckhardt; Atlas : Planches I-XLVI.
Mexico, 1912; 1 vol. in-4°.
l346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages reçus dans la séance du 28 avril 1913.
Institut de France. Académie des Sciences. Projet de résolution présenté à la
cinquième Assemblée générale de l'Association internationale des Académies, sous
la direction de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1 91 3 .
Paris, Gauthier-Villars; 1 feuille in-4°.
Association géodésique internationale. Rapoort sur les travaux du Bureau central
pendant les 50 premières années de i Association géodésique internationale, par
F.-R. Helmert. Leyde, E.-J. Brill, 1913 ; 1 fasc. in-4°.
Étude photographique des diamètres polaire et équatorial du Soleil, 1905 à 1910,
par Stanislas Chevalier. (Extr. des Annales de l'Observatoire de Zâ-Sè.) Chang-haï,
s. d.; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Baillaud.)
Flore générale de l' Indo-Chine, publiée sous la direction de M. H. Lecomte; t. II,
fasc. 2, p. 67-216. Légumineuses : Miniosées et Cœsalpinées, par F. Gagnepain.
Paris, Masson et Cie, mars igi3; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Mangin.)
La méthode photographique opératoire par l'automatisme, par Ch. Gravier.
Paris, Bureau du Moniteur de la Photographie, s. d.; 1 fasc. in-8°. (Présenté par
M. Lippmann.)
La réforme du Calendrier : Le calendrier universel, par Paul Delaporte; Pré-
face de Camille Flammarion. Paris, H. Le Soudier, iç;i3; 1 fasc. in-8°.
A propos de ceux qui s'opèrent eux-mêmes, par Jules Regnault. (Extr. du Bulletin
de l'Académie du Var, 1912.) Toulon, A. Bordato, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°.
Meteorologische Beobachtungen auf der Hamburger Sternwarte in Bergedorf
in den Jahren 1910, 1911 und 1912, lierausgegeb. vom Direktor D'' R. Sciiorr.
Hambourg, 1 9 1 3 ; 2 fasc. in-4°.
Royal Observatory, Hongkong. Meteorological observations mode in theyear 1912;
witli two plates. Monlhly meteorological Bulletin; January and February, 1 9 1 3 .
Hongkong, 1 91 3 ; 3 fasc. in-4°.
Icônes plantarum Formosanarum nec non et contributioncs ad Floram Formo-
sanam, auctore B. Uayata; fasc. II. Gouvernement de Formose, octobre 1912; 1 vol.
in-8°.
Proceedings 0/ the Royal physical Society for the promotion of Zoology and
other branches of natural History; t. XIX, n° 1, p. 1-16. Edimbourg, avril 1913;
1 fasc. in-8°.
Annaes scientificos do Academia polytechnica do Porto; t. VIII, n° 1. Coïmbre,
1913 ; 1 fasc. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 3 MAI 1913.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AC/VDÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de la Pen-
tecôte, la séance du lundi 12 mai est renvoyée au mardi i3.
M. le Ministre de l'Instruction publique adresse ampliation du Décret
qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. Paul
Sabalier pour remplir l'une des places de Membres non résidents créées
par le Décret du 17 mars io,i3.
Il est donné lecture de ce Décret.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Le Jltwr dans l'organisme animal. — A, Peau
et ses appendices. Note de MM. Armand Gautier et Paul Clausmann.
Il est des éléments, tels que le sodium, le potassium, le calcium, le
soufre, le phosphore, qui se rencontrent dans toutes les parties du végétal
ou de l'animal; toutefois, ils ne sont localisés que sur quelques points et ce
n'est que par de nombreuses séries d'observations et de dosages qu'on
est parvenu à reconnaître par cette localisation leur rôle spécifique.
La suite des recherches dont nous commençons aujourd'hui la publi-
cation montrera qu'il en est de même du fluor. On le trouve partout,
comme le phosphore ou le soufre, dans les organes de la plante ou de
l'animal, mais il y est très spécialement condensé, comme on va le voir, dans
quelques organes, et cette localisation pourra permettre de définir le rôle,
jusqu'ici entièrement inconnu, qu'il joue chez les êtres vivants.
Ce problème n'avait pu être encore abordé parce qu'on ne savait ni
retrouver ni doser avec certitude les très petites quantités de fluor.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 18.) *72
l348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il y a près d'un an, nous faisions connaître à l'Académie une méthode
qui résout ce desideratum dans les cas les plus divers : eaux minérales ou
potables, minéraux et roches, organes végétaux ou animaux ('). Cette
méthode, que nous avons soumise, dans chacun de ces cas, à un contrôle
très rigoureux (2) est fondée sur cette propriété par nous reconnue, que
les précipités (sulfates, phosphates, et même carbonates) calciques, ma-
gnésiens et surtout baryliques entraînent le fluor au sein des liqueurs
neutres.
S'il s'agit de matières animales ou végétales, celles-ci doivent être au
préalable lentement incinérées à 5oo° ou 6oo° en présence de r à i , 5 pour ioo
de chaux vive et pure jusqu'à disparition complète de toute matière charbon-
neuse. Le fluor est ensuite recherché dans les cendres qui doivent rester
alcalines et ne pas fondre. Il est ensuite transformé successivement en
fluorure de potassium, puis en fluorure de plomb, que l'on dose au colori-
mètre. On peut répondre du ~ de milligramme dans ioo grammes de tissu.
De même qu'on peut rencontrer le fluor un peu partout dans les terres
et les roches, mais qu'il s'accumule seulement dans quelques minéraux,
de même nous avons reconnu qu'on trouve de très faibles quantités de fluor
dans la plupart des tissus, mais il ne se localise très nettement que dans
certains d'entre eux.
Quelques auteurs ont déjà tenté de rechercher et doser le fluor dans les
divers organes. On sait que Berzélius le découvrait dans les os et dans
l'émail des dents en 1818. En 1887, G. Tammann (3) et après lui Brandi
et Tappeiner, puis Jodlbauer (''), Zdarek (5), essayèrent de déterminer, et
même de doser le fluor dans l'œuf, le cerveau, les os, le foie, la peau, le
lait, le sang. Mais les résultats ainsi obtenus, chaque fois en très petit
nombre et par des méthodes différentes, incertaines, peu sensibles, mal
contrôlées, n'ont conduit ces auteurs à aucune conclusion (6).
La détermination du rôle du fluor chez les êtres vivants reste donc un
problème nouveau qu'on ne pouvait aborder qu'à l'aide d'une méthode
(') Comptes rendus, t. 154-, p. 1 469 et 1670.
(2) Comptes rendus, t. 154-, p. 1703.
(3) Zeitsch. f. physiol. Chern., t. XII, p. 021.
(4) Zeitsch. f. Biologie, t. XXVIII, 1899, p. 5i8, et t. XLIV, igo5, p. 239.
(5) Zeitsch. f. physiol. Chem., t. LXIX, 1910, p. 127.
(6) Les belles recherches de M. A. Carnot sur le fluor dans les os modernes et
fossiles, travail fort important, ne traite que de ce tissu seulement (voir Annales des
Mines, icr vol., 1893; Comptes rendus, t. 114, p. 1 1 89, et t. 115, p. 243).
SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l34p
précise. Aussi dans ce domaine inconnu où Ton était sans jalons et
sans guide, il a fallu, sans s'arrêter à aucune hypothèse, examiner successi-
vement, au point de vue de leur richesse en fluor, chacun des tissus et des
organes, souvent même y doser comparativement d'autres éléments, travail
long et difficile dont nous commençons aujourd'hui l'exposé. Ce premier
mémoire est spécialement consacré à la peau et ses appendices.
PEAU ET SES APPENDICES.
I. Peau. — La peau de l'animal est privée d'abord par ébouillantage et
raclage de ses parties accessoires, poils et graisse sous-dermique. Elle est
ensuite séchée par exposition suffisante à l'air, puis pesée {Tissu frais). On la
déchiquette alors et sèche à l'étuve à i2o0-t3o° (Tissu sec); on l'additionne
ensuite de i,5 pour ioo de chaux vive pure qu'on éteint; on sèche, pulvé-
rise et passe au moufle à la température du rouge à peine naissant. Le fluor
est dosé dans les cendres ainsi obtenues comme il a été dit lors de l'exposé
de notre méthode ('). Ces cendres ne doivent pas fondre.
Tous les nombres de ce Mémoire relatifs au fluor sont exprimés en milli-
grammes et rapportés à ioo grammes de matière à Y étal frais et à Yétat sec.
Fluor pour 100".
a. Peau humaine : Tissu frais. Tissu sec.
Peau de la cuisse d'un homme de 23 ans, supplicié, en pleine mg m„
santé i ,90 4)5o
P205 : o,3i pour 100 de peau sèche ;
» o, i3 » » fraîche.
Peau enlevée à l'épigastre d'une femme de 54 ans, tubercu-
leuse 1 ,60 4i°°
P-O5 : 0,20 pour 100 de peau sèche;
» 0,08 » » fraîche.
Peau d'une enfant naissant, sexe féminin :
Pris une lanière de peau sur les flancs, pesant, à l'état rog ms
frais, 49s, 20 Fluor 0,666 1,276
b. Peau de veau :
Veau de 2 mois et demi; peau préalablement bien épilée... o,32 o,84
Veau naissant; peau bien épilée Fluor o,ôo ) ,96
c. Peau de porc :
Porc de 1 an , ébouillantée, épilée, raclée. .. . Fluor o,4§ >'07
(') Comptes rendus, t. 154, p. >46g et 1670.
l35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voit se dessiner ici cette règle que le fluor accompagne le phosphore
et augmente avec lui, pour les mêmes organes, sans lui être cependant
proportionnel.
Il semble plus abondant, à l'âge adulte, dans la peau humaine que dans
celle des animaux.
Passons maintenant aux productions annexes de la peau.
II. Epiderme; carapaces; émail dentaire.
a. Epiderme. — La pellicule épidermique recueillie par brossage spécial
à la surface de la peau d'un homme bien portant de 70 ans se présentait
sous forme de fines écailles légèrement grisâtres, imputrescibles, se tassant
sous la pression du doigt. On opéra sur 2g, 62 de cette substance. Elle
perdait, à 120 degrés, 11,2 pour 100 d'eau :
État État
frais. sec.
oiç me
Fluor pour ioos i4,6 16, 4
P- O5 pour 100 d'épiderme sec : o8, i3.
b. Ecailles de PangolinJHanis (Edenté).
Ecailles en éventail s'imbriqiiant et formant carapace.
Pour iooE d'écaillés Fluor 17,5 19,9
c. Carapace dermique de Tatou {Dasypus minutas).
(97 pour 100 d'eau) Fluor 20, 5 22,8
d. Écailles de poisson.
Alose pêchée en avril. Les écailles forment une jolie matière
élastique, presque transparente à l'état humide. On la lave à
l'eau légèrement ammoniacale, puis à l'eau pure. Elle laisse
34 pour 100 de cendres bleutées et comme irisées.
Fluor pour ioog d'écaillés 4^>6 09, 9
Pour ioos de cendres d'écaillés Fluor » i43,o
P'O15 : 19,2 pour 100 d'écaillé sèche;
» 46,o » de cendres d'écaillés.
Ces cendres d'écaillés de poisson sont presque uniquement formées de
phosphate tribasique de chaux avec un peu de phosphate de magnésie,
fluorures et traces de carbonate alcalino-terreux. Nous rapprochons ici
leur analyse de celle de la cendre d'os de bœuf, d'après M. A. Carnot :
SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l35l
Cendres Cendres
d'écaillés d'alose. d'os de bœuf.
(POl)2Ca3 98,38 85, 73
(PO')Mg' 1,79 '>53
CaF 0,29 o,45
CO3 Ca traces 1 1 ,96
Chlorures nul o,3o
SO3 très petite quantité indéterminé
Fe'O3 nul traces
Ainsi, sauf la présence de carbonates dans le tissu osseux (ils y sont
d'ailleurs à dose très variable), on voit la très grande analogie des cendres
d'os et des cendres d'écaillés de poisson, ce que confirme aussi l'examen
histologique.
La légère coloration bleue de ces cendres d'écaillés d'Alose ne tenait ni
au cuivre ni au manganèse, mais très probablement à un peu de bleu
d'outremer formé durant l'incinération.
Au point de vue de leur richesse en fluor, toutes ces productions
épidermiques ont donc une grande analogie entre elles, sauf l'écaillé de
poisson qui se rapproche beaucoup de l'os, et aussi, comme on va le voir,
de l'émail dentaire, par sa grande quantité de fluor et sa composition.
Organe Organe
, frais. sec.
e. Émail dentaire :
Email de dents de chiens. — Cet émail était retiré de la
couronne des dents qu'on chaufl'ait brusquement pour la
faire éclater. On détachait alors la lame d'émail et l'on
tenait compte de la petite perte qu'il subit à cette tem-
pérature en le comparant à la perte d'une faible quantité
du même émail détaché à la lime ou au ciseau.
mg uig
Email des canines d'un jeune chien de 1 an. .. . Fluor. 166 172
. Email des canines d'un bouledogue de 7 a 8 ans. Fluor. 116 118
Email de dents d'hippopotame.
Cet émail est particulièrement intéressant parce qu'ayant
2mm,5 à 3mm d'épaisseur, on peut le séparer mécaniquement
avec assez de facilité. Il est d'apparence porcelanique et
raye faiblement le verre. Il contient 1,68 pour 100 d'eau.
Fluor pour iooK 1 77, 7 180,7
On remarquera que l'émail des dents de jeune chien est notablement
l352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus riche en fluor que celui d'un chien d'âge mûr. Nous retrouverons cette
diminution du fluor dans d'autres organes en train de dégénérer, en parti-
culier, comme on va le voir, dans les cheveux blancs. Le fluor paraît géné-
ralement diminuer partout à partir de l'âge adulte.
III. Cheveux et poils.
a. Cheveux. — Nous avons dosé le fluor dans les cheveux et poils,
diversement colorés, de l'homme et des animaux à divers âges.
Cheveux noirs d'un jeune homme de 16 ans. . Fluor .
Cheveux blonds d'un jeune homme de 22 ans. - Fluor .
Cheveux châtains gris d'un homme de 74 ans- Fluor .
Organe
Organe
frais.
sec.
i5,o
nig
17,2
ii,3
i3,o
5,32
6, 10
11 A
âge
Nous voyons ici, comme pour l'émail, le fluor diminuer notablement avec
État frais. État sec.
b. Poils. — Poils noirs d'un chien adulte, ms m?
Fluor pour 100 parties 16, 5 19,7
(P205 pour ioos de poils secs : c-6,34.)
Poils gris blanc d'un chien plus âgé 7,5 8,9
(P205 pour joos de ces poils blancs : o&,i3.)
On voit le fluor diminuer encore ici avec l'avancement en âge et décroître
avec le phosphore, ainsi qu'on l'a déjà fait remarquer à propos de la peau
en particulier.
IV. Cornes; ongles; plumes; duvet.
Tissu frais. Tissu sec.
mg mg
a. Cornes. — Cornes de bélier de 4 ans .... Fluor ... 1,9 2,4
On a pris pour le dosage la partie moyenne de la corne
bien privée de toute pulpe (20,2 pour ioo d'eau).
b. Ongles humains, des deux sexes, mélangés,
fluor pour iooE d'ongles 8,0 9,4
Ces ongles ont donné i5,i pour 100 d'eau.
(P205: 06,12 pour 100 d'ongles à l'état frais.)
SÉANCE DU 5 mai igi3. l353
Tissu frais. Tissu sec.
c. Plumes :
mg mg
Tuyau de la plume (poule grise de 2 à 3 ans) 5,4 7,^
Barbe de la même plume 10,7 11,8
Tuyau de plume d'autruche (âge inconnu ; plume noire
naturelle n'ayant subi aucune préparation) (') 4>4 5,o
Barbe de la même plume, pour ioos 6,8 7,9
Ainsi par son fluor, le tuyau de la plume est l'analogue de l'ongle, alors
que la barbe de ces plumes doit être rapprochée des cbeveux et des
poils.
Organe.
État frais. État sec.
mg mg
d. Duvet de canard, fluor pour ioos de duvet .... 8,9 9,8
Par leur fluor, les poils, cheveux, duvets, écailles, ongles, carapaces
semblent donc devoir être rapprochés du tissu épidermique. L'émail
et la corne s'en éloignent sensiblement, l'un par sa richesse en fluor, l'autre
par sa pauvreté.
Des rapprochements significatifs se produiront ainsi peu à peu à mesure
que nous examinerons les divers organes. On a vu que nous avions été
déjà amenés, contrairement à ce qu'on aurait pu supposer a priori, à
rapprocher les écailles de poisson du tissu osseux.
Ce n'est que d'un grand nombre d'analyses précises s'adressant aux
différents organes ou tissus que peuvent résulter ces constatations impré-
vues. Aussi, tout en nous laissant guider par les analogies apparentes,
anatomiques ou physiologiques, devons-nous tout examiner sans parti pris
si nous voulons ne pas laisser échapper les faits et rapprochements peut-
être les plus suggestifs. C'est ainsi que nous avons étendu peu à peu le
miuutieux travail dont nous publions aujourd'hui les premiers constats.
Nous ferons prochainement connaître ce qui est relatif à l'os, au
cartilage et au tissu élastique.
(') Due à l'obligeance de M. Ducloux, Directeur de l'Institut d'élevage Arloing, à
Tunis.
l354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
non résident.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 52,
M. Bazin obtient 34 suffrages
M. Depéret » 7 »
M. P. Duhem » 6 »
M. H. Fabre » 2 »
M. Gosselet » 2 »
M. Stéphan » 1 suffrage
M. II. Iïa/.ix, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
CORRESPONDANCE .
M. Gouv, présenté pour la deuxième place de Membre non résident
remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire.
M. E. Schwoerer, élu Correspondant pour la Section de Mécanique,
adresse des remercîments à l'Académie.
M. J. Renaut fait part à l'Académie de l'intention qu'il a de poser sa
candidature à une des places récemment créées de Membre non résident.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Le Tome XIV et dernier de la Flore de France, par Georges Rouv.
(Présenté par M. Guignard.)
SÉANCE DU 5 MAI igi3. l355
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les températures effectives des étoiles.
Note de M. Chables Nordmann, présentée par M. J. Violle.
M. Rosenberg a publié récemment (Aslronomisc/ie Nachrichten, n° 4628,
p. 36o-37o) les résultats de mesures des températures effectives des étoiles
qu'il a réalisées depuis quelques années à l'Observatoire de Gôttingue. Ces
mesures ont porté sur 70 étoiles et elles sont basées sur les déterminations
des intensités dans le spectre photographique de ces étoiles au moyen de la
méthode dite photométrie par noircissement de M. Schwarzschild. Parmi
les étoiles étudiées à Gôttingue, il en est un certain nombre dont j'avais
antérieurement déjà déterminé les températures effectives (Comptes rendus,
t. 149, p. io38, et t. 152, p. 73). La méthode de M. Kosenberg étant fort
différente de celle que comporte l'emploi de mon photomètre stellaire
hétérochrome et s'appliquant à la partie photographique des spectres stel-
laires tandis que la mienne s'applique aux rayons visuels, il est intéressant,
à divers égards, de comparer les résultats obtenus par les deux procédés,
pour les étoiles communes à la liste de M. Rosenberg et à la mienne. Le
Tableau suivant donne le résultat de cette comparaison.
Température effective (en degrés absolus).
Méthode de Nordmann Méthode de Rosenberg
portant sur les radiations portant sur les radiations Type spectral
Nom de l'étoile. de 46o'°;* à 63oml'. de 4oomi* à 5oomi\ d'après Lockyer.
è Persée i85oo i55oo Algolien
a Persée i5200 23ooo Crucien
|3 Persée (Algol) i33oo 12000 Algolien
stLyre(Véga) 12200 22000 Sirien
x Persée 83oo 65oo Polarien
a Petite Ourse ( Polaire) . . 8200 ,T2oo Polarien
a Petit Chien (Procyon). . 6800 7000 Procyonien
-/ Cygne 5620 0100 Polarien
Soleil. 5320 493° Arcturien
a Cocher (Chèvre) 4720 45oo Arcturien
£ Andromède 3700 2Ô5o Antarien
x Taureau (Aldébaran) .. . 35oo 2i5o Aldébarien
Si l'on met à part a Lyre, l'accord entre les deux séries de nombres est
aussi bon qu'on pouvait l'espérer (pour certaines étoiles il est même remar-
quable), et les discordances sont de l'ordre des erreurs expérimentales.
Je rappelle que, comme je l'ai montré antérieurement (loc. cit.), l'erieur
C. R., iqi3., 1" Semestre. (T. 156, N° 18.) x7^
l356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
probable relative est proportionnelle à la température mesurée; c'est-à-dire
que d'environ 8 pour ioo dans le cas du Soleil, autrement dit de l'ordre
de 5oo°, elle devient de 24 pour 100 dans le cas d'une étoile qui, comme
0 Persée, a une température effective environ triple de celle du Soleil, ce
qui correspond pour cette étoile à une erreur probable voisine de 4ooo°.
Le bon accord entre les nombres des deux séries tend donc à prouver,
puisque les déterminations ont été faites en des régions très différentes du
spectre, que les étoiles étudiées rayonnent sensiblement, comme des corps noirs
d'une extrémité à l'autre de leurs spectres. Seule a Lyre s'écarte notable-
ment de cette règle et il y aura lieu de rechercher d'où peut provenir la
discordance assez forte qui existe entre le nombre de M. Rosenberg et le
mien. On peut supposer qu'elle provient de l'absorption sélective de l'atmo-
sphère de cette étoile. J'ai montré en effet (Comptes rendus, t. 150, p. 448)
que la température effective du Soleil, à cause de l'effet de son atmosphère,
se trouve un peu différente suivant qu'on la détermine au moyen des rap-
ports d'intensité dans telle ou telle région de son spectre. La grandeur de
cet effet peut sans doute être considérable dans certaines étoiles, et les dis-
cordances telles que celles que nous signalons pour a Lyre seront peut-être
de nature à nous renseigner sur la valeur des pouvoirs absorbants atmo-
sphériques de ces étoiles.
Parmi les astres du Tableau précédent, l'un, (3 Persée, mérite d'être mis
à part. Tandis que mon pyrornètre stellaire avait conduit à lui assigner
une température effective de i33oo°, M. Rosenberg a t/ouvé, par sa mé-
thode, 120000. D'autre part, en partant de l'éclat intrinsèque de cette
étoile, tel qu'on le déduit de ses éléments orbitaux, j'en avais antérieure-
ment {Bulletin astronomique, mai 1910), par un "procédé complètement
indépendant des deux autres, conclu le nombre i38oo°. Cette triple con-
cordance est remarquable, et la température effective d'Algol peut sans
doute maintenant être considérée comme un des résultats les mieux établis
de la pyrométrie stellaire.
Il est d'ailleurs à noter que les nombres obtenus par M. Rosenberg
comme les miens montrent que si l'on range les étoiles étudiées par ordre
de températures ascendantes, elles deviennent de plus en plus chaudes
lorsqu'on passe des types Aldébarien et Anlarien aux étoiles à hélium, ce
qui est conforme à la classification thermique que Sir Norman Lockyer
avait déduite de l'étude qualitative des spectres stellaires.
SÉANCE DU 5 MAI IO,l3.
l357
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observa-
toire de Lyon, pendant le premier trimestre de 191 3. Note de
M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud.
Le nombre des jours d'observations dans ce trimestre a été de 65 et
voici les principaux faits qui s'en déduisent :
Taches. — Par rapport au dernier trimestre de 1912, les taches ont diminué tant
en nombre qu'en étendue: on a, en effet, enregistré 4 groupes au lieu de 6, avec une
aire totale de 128 millionièmes au lieu de 293.
La répartition des groupes de taches est semblable (II) de part et d'autre de l'équa-
teur et leur latitude moyenne, dans l'ensemble, est de — 24°, 0 et -+-23°, 5.
La présence de deux groupes aux latitudes élevées de -(-32° et — 36°, en février et
mars, respectivement, confirme (') l'entrée dans un nouveau cycle d'activité des phé-
nomènes de la surface solaire.
Les jours sans taches ont encore augmenté (5a au lieu de 41), d'où il résulte un
nombre proportionnel trimestriel de 0,80 au lieu de 0,69.
Régions d'activité. — Malgré un nombre de groupes plus élevé d'un quart (4i au
lieu de 33), l'aire totale des facules est inférieure d'un tiers, environ, à celle du tri-
mestre précédent, avec 1 3 , 1 millièmes au lieu de 17,4-
Dans leur répartition entre les deux hémisphères, on note i3 groupes au Nord au
lieu de i4, et 28 au Sud au lieu de 19. •
Tableau I.
Taches.
Dates Nombre l'ass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au mér. — ~» — -^ — - moyennes
d'ubserï. Talions, central. S. N. réduites.
lanvier 1913. — o,8g.
i5 1 10,2 — n
17 1 21,1 H— 1 5
aoj.
— 12"
■13"
67
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces
extrêmes d'obser- au nier. », »■ moyennes
d obserr. rations, central. S. N. réduites,
Février. — 0,-0.
21-27 7 23,6 -t-32
23 j. -1-32"
Mars. — 0,91.
i3-i4 2 19,2 —36
22 j.
-36"
(') Voir les Comptes rendus, p. 11 3a, du présent Volume.
l358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau II. — Distribution des taches en latitude.
Sud. Nord.
1913. 90\ 40'. 30'. 20*. 10". 0". Somme. Somme. 0". 10°. 20". 30". 40". 90"
Janvier » » » 1 » i i » i » » »
Février » » » » » » i » » » i »
Mars » i » » » i » » » » » »
Totaux.... » i » i » 2 2 » i » i »
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
Sud. Nord.
1913. 90°. 40". 30". 20". 10°. 0". Somme. Somme. 0". 10°. 20°. 30". 40°. 90°.
Janvier i » » 2 \ 7 5 1 » 3 1 »
Février 7 » » 2 2 11 2 » » ' 1 1 »
Mars 7 1 u » 2 10 G 2 3 » 1 »
Totaux.... 1 j 1 » l\ S 28 i3 3 3 4 3 »
Surfaces
Totaux
totales
mensuels.
réduites.
2
75
1
5o
I
3
128
Surfaces
Tutaui
totales
mensuels.
réduites.
12
6,5
13
4, '
16
2,5
41
IO, ]
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Quelques remarques sur le développement expo-
nentiel de Cauchy. Note (') de M. Th. Angiiei.utza, présentée par
M. Emile Picard.
Considérons le développement de Cauchy
-*-i Wd-\ , cx> ,
où la fonction f(oc) est à variation bornée, les A, représentent les racines
de "(-) et les fonctions entières ir(s) et "*F(z) satisfont aux conditions sui-
vantes : il existe un ensemble dénombrable de cercles c,, c2, ..., c„, dont
les rayons augmentent indéfiniment et telle que ( l'argument de z étant
compris entre et H — > son module restant dans cette suite et augmen-
tant indéfiniment) Ton ait
(■)
71(5)
ez(x,-xa) _ lt
fiS(',-X,
(3-,>3-o),
(') Présentée dans la séance du 21 avril igi3.
SÉANCE DU 5 MAI I9l3. l35p
et cela, en général, d'une manière uniforme par rapport à l'argument de s,
/et L étant finis et différents de zéro (').
La série de Fourier, qui en est un cas particulier, est une série pério-
dique. Nous nous sommes proposé d'abord de chercher si cette propriété
n'appartient pas à d'autres développements de Cauchy.
Pour ces développements on peut envisager la périodicité à deux points
de vue : i° les coefficients de eV* ne changent pas quand on passe d'un
intervalle au suivant; 2° les coefficients changent, mais de telle façon qu'en
chaque intervalle le développement initial reste encore un développement
de Cauchy.
Ceci étant, on trouve quel que soit n entier et positif :
*¥>= -JZll + fiifl; U«4Ûe*-=o; lin.^— 'i«"»= o.
ir(«) e»-i >/(;)' q(z) ' j(— z)
On voit donc que la série de Fourier n'est pas la seule série exponentielle
qui soit périodique.
M. L. Féjer {Math. Annalen, t. LY1II) a prouvé que la série de Fourier
est sommable par la méthode de la moyenne arithmétique. Nous voulons
faire voir que la propriété reste vraie pour le cas où
7t(*)=P(s)««+Q(s)«-»I V(*) = «-»Q(«),
P(s) et Q(-) étant deux polynômes de même degré. Pour ce cas, qui
comprend tous les développements rencontrés par Fourier, H. Poincaré
a montré que les conditions (i) sont satisfaites (Propagation de la chaleur,
p. 218).
Remarquons d'abord que si les fonctions entières />(-) et y(s) satisfont
aux conditions
'/(-■) '/(-=■)
les autres parties des conditions (i) étant aussi remplies, la série
représente zéro sous la seule condition que f(x) soit bornée et intégrable
Cela étant, soient A0 et B0 les coefficients du terme le plus élevé de P(s)
(') André Léauté, Comptes rendus, 27 novembre 1911 et 2 janvier 1912, et Emile
Picard, Comptes rendus, 17 juin 1912.
l36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
et Q(s) et posons
q(s) [}(z)eaï+-Q(z)e-<^ A0 e«:+ B0 e~az
On vérifie que ~ remplit les conditions de la remarque précédente, et
la conclusion est évidente.
Considérons encore un cas particulier où
n(z) '— e:(P-a> + e-i(P-«) — 2 sic 2 — sin 2 cp .
On obtient ainsi les développements
avec
2V7T± I - — 29
Jtv=-
(3 — *
Ce sont précisément les séries considérées par M. Buhl dans son Mémoire
du Journal de Jordan (t. IV, ic)o8), où il les obtient par un procédé dont le
principe est du à H. Poincaré. Il existe une liaison étroite entre les séries (2)
et celle de Fourier, et par conséquent l'étude de M. Buhl en est une consé-
quence. Considérons en eilet les fonctions
/(a;)cos-r^-(À — œ), f(x) sin -5-! — (1 — x),
p — oc p — (X
où A est un paramètre et
^ — — (f — 2cp)-
On a
v = — « a
v = — »
+ « 3
SÉANCE DU 5 mai io,i3. l36l
En particulier, faisant \ = x, en retranchant les deux premières et en
ajoutant les deux dernières, on trouve les séries (2); et Ton voit pourquoi
M. Buhl, en faisant la sommation soit ordinaire, soit de Cesàro, trouvait
comme intégrale singulière celle de Fourier ou celle de M. Féjer, où la
fonction était remplacée par f(x) multipliée par un cosinus ou un sinus.
En ce qui concerne l'étude" dans un intervalle quelconque, c'est le para-
mètre À qui reçoit une autre valeur. Pareillement les séries trigonomé-
triques généralisées de M. Buhl se déduisent de la série de Fourier de la
même manière que les séries (2).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la fonction de Green du cylindre indéfini.
Note de M. G. Boui.igaxd, présentée par M. Hadamard.
Considérons un cylindre indéfini à section droite fermée. Nous suppo-
serons qu'on a pris pour axe Oz une parallèle aux génératrices. Soit
P(x, y, z) un point fixe quelconque intérieur au cylindre. On sait aujour-
d'hui démontrer l'existence d'une fonction G(M, P) remplissant les condi-
tions suivantes :
i° L'expression G(M, P) — 7-777 est une fonction harmonique des coor-
données ï, Y], '( du point M dans tout le cylindre;
20 La fonction G s'annule quand M est situé sur le cylindre.
Cette fonction G s'appelle la fonction de Green du cylindre indéfini : c'est
une fonction symétrique des deux points M et P. De plus, il est clair que
les variables r- et '( ne figurent dans son expression que par leur différence
z — '(. Il en résulte qu'on a
dG dG
f)z G(M)P)G(M,Q)rfS11
est donc, quand on regarde Q comme fixe, une fonction harmonique de P
dans le plan (S). De plus, elle s'annule sur le contour (C) de (S) et devient
infinie en Q comme log^- D'où l'identité
(4) 5^//G(M1P)G(M,Q)dSM=*(P,Q).
Remarquons en outre que le second membre de l'équation (3) est une
certaine opération linéaire, effectuée sur la fonction 15. Représentons sym-
SÉANCE DU 5 MAI 1 9 1 3 . I 363
boliquement cette opération par £2(U). On a
<~>[£(U)]= — AU;
ainsi, en appliquant deux fois de suite à U l'opération intégro-difieren-
tielle Q, on retombe, au signe près, sur son laplacien.
Proposons-nous maintenant de calculer o(P,Q) lorsque les points P
et Q sont en dehors du plan (S). Par une symétrie, on peut toujours se
ramener au cas où ils seraient de part et d'autre de (S). Supposons, par
exemple, la cote s de P positive et la cote z, de Q négative. Considérons
celle des fonctions (H) pour lesquelles on a
V(M) = G(M,Q),
cette fonction est précisément — ?(P> Q)- On en déduit aisément qu'on a
(5) / G(P.,Q) dz — 44o
Sesquioxyde de fer 202 Oxyde ferreux 7200
Chlorure ferrique 4 3,i
Azotate de potassium.
Concentration équivalente. .. . o,oo5 0,01 0,02 0,1 o,5 1
s (en volts) 5,6 4>3 2,% >>26 o,52 o,23
Sulfate de potassium.
Concentration équivalente .. . o,oi8.j 0,042 o,o46 o,4
£ (en volts) 2,33 2,3 2 o,46
(') Comptes rendus, t. 154, p. i4u<
l370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Potasse.
Concentration équivalente .. . 0,0025 o,oo5 0,01
s(envolts) 5,6 4j6 3, 96
Acide chlorhy civique.
Concentration équivalente .. . o,oo5 0,01
6 (en volts) 3,3p, 2,8
Acide sulfurique.
Concentration équivalente . . . 0,01
i (en volts) 2 ,49
Pour toutes ces solutions l'électrolyte est à un potentiel supérieur à celui
du verre. L'élude de l'azotate de potassium dans des limites de concen-
tration très étendues montre que la différence de potentiel au contact e
décroît constamment quand la concentration de l'électrolyte augmente et
ne présente pas de minimum, comme il arrive pour le sulfate de cuivre ou
de zinc; si ce minimum existe, il ne se trouverait que pour une concen-
tration supérieure à une molécule-gramme par litre.
Pour les solutions étendues, la différence de potentiel au contact £ est
beaucoup plus grande pour les sels de potassium que pour les sels de cuivre,
ou de zinc, ainsi que le montre le Tableau suivant :
Concen trii lions équivale 11 les.
0,005. 0,008. 0,01. ii.n.'.
Azotate de potassium (en volts) 5,6 » 4,3 2,8g
Sulfate de cuivre (en volts) » o,5i 0,21 0,12
ÉLECTROOPTIQUE. — Détermination de la durée d'établissement
de la biréfringence électrique. Note de M. C. Gutton, pré-
sentée par M. Lippmann.
Dans une Note précédente (') j'ai montré que les variations de la biré-
fringence électrique des liquides ne suivent pas instantanément celles du
champ de force électrique. Lorsque ce dernier n'est établi que pendant un
temps très court, la biréfringence n'atteint pas la grandeur qu'elle aurait
dans un champ statique.
(') Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 387.
SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l3. l3yi
J'ai pu, depuis, déterminer quelle est la durée de charge d'un conden-
sateur au-dessous de laquelle le liquide qui baigne les armatures n'atteint
pas complètement sa biréfringence normale.
Comme dans les expériences que j'ai déjà décrites, un faisceau de
lumière passe successivement entre les armatures de deux condensateurs
immergés dans des liquides différents; les lignes de force sont horizontales
pour le premier et verticales pour le second. Les armatures sont reliées
deux à deux, de sorte que la différence de potentiel est constamment la
même pour les deux condensateurs. Ceux-ci sont disposés entre deux
prismes de Glazebrook à l'extinction, dont les plans de polarisation sont
inclinés à 45° sur l'horizon.
La distance des armatures du second condensateur peut être modifiée à l'aide d'une
vis à filet fin qui donne à l'une d'entre elles un mouvement très lent. Les condensa-
teurs étant chargés à l'état statique par une machine de Holtz, on règle d'abord cette
dislance de telle sorte que les biréfringences des deux liquides se compensent exacte-
ment; le prisme analyseur continue alors à éteindre. On relie ensuite les condensa-
teurs à une ligne le long de laquelle on envoie des oscillations de Hertz, de courte
longueur d'onde, l'extinction de la lumière par l'analyseur ne subsiste pas. Si, pour la
rétablir, il faut diminuer l'écart des armatures de l'un des condensateurs, c'est que la
bérifringence du liquide dans lequel il est immergé ne s'est pas établie aussi complè-
tement que celle de l'autre liquide.
En chargeant les condensateurs par des ondes hertziennes de fréquences de plus en
plus faibles, on arrive à trouver une fréquence à partir de laquelle la compensation des
biréfringences des deux liquides, ayant été établie pour des charges statiques, subsiste
pour les charges oscillantes. Les variations d'intensité du champ de force électrique
sont alors assez lentes pour que les biréfringences des deux liquides puissent atteindre
leurs valeurs normales. La durée de la charge des condensateurs étant égale au temps
que les ondes de Hertz mettent à parcourir un quart de longueur d'onde, la mesure
de cette longueur d'oude permet d'obtenir la durée d'établissement de la biréfrin-
gence pour celui des liquides dont cette biréfringence suit le moins exactement les
variations d'intensité de la force électrique.
Les oscillations électriques étaient produites par des oscillateurs du genre de celui
de Lécher; les plus petits étaient complètement immergés dans l'huile de vaseline.
L'étincelle oscillante, qui jaillit dans l'huile, était obtenue à l'aide d'un transformateur
de Tesla. Les ondes de Hertz étaient amenées aux condensateurs par une ligne de i6m
de longueur. Pour mesurer la demi-longueur d'onde, on détachait les fils de la ligne
et l'on observait la gaine lumineuse d'aigrettes qui les entourait. Les ondes étaient
assez intenses pour que celle-ci rende visible au moins un internœud du système
d'ondes stationnaires produit par la réflexion, soit aux extrémités des fils, soit sur un
pont qui les réunissait.
Les expériences ont porté sur trois couples de liquides : naphtaline
C. R., 1918, i" Semestre. (T. 156, N° 18.) J7^
l3;2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bromée et sulfure de carbone; sulfure de carbone et toluène; nitrobenzine
et naphtaline bromée.
Voici les résultats obtenus lors de la comparaison des biréfringences de
la naphtaline bromée et du sulfure de carbone. Les armatures des conden-
sateurs étaient des bandes de laiton de icl" de largeur. Le condensateur
immergé dans la naphtaline bromée avait (3,m de longueur et la distance
des armatures était ocm,444- L'autre condensateur, qui était plongé dans
le sulfure de carbone, avait 8cm de longueur; la distance des armatures,
lors de l'extinction de la lumière, a été trouvée égale à oe,n,295 lorsque Tes
condensateurs avaient des charges statiques.
Des données précédentes on déduit que la constante de Kerr de la naph-
taline bromée est trois fois plus grande que celle du sulfure de carbone.
Lorsque les condensateurs sont chargés par des ondes de Hertz de courte
longueur, on doit, pour rétablir l'extinction, diminuer la distance des
armatures, ce qui indique que la biréfringence du sulfure de carbone suit,
moins exactement que celle de la naphtaline bromée, les variations d'in-
tensité de la force électrique.
Le Tableau suivant indique, pour des ondes hertziennes de diverses
demi-longueurs d'onde, le rapport de la diminution de distance des arma-
tures à leur distance totale primitive :
) i m
- = 95...
2
220 . . .
35o. . .
On voit1 que, pour des oscillations dont la demi-longueur d'onde est
85ocm, le réglage effectué pour les charges statiques se conserve; on en
déduit que la charge des condensateurs est assez lente pour que la biréfrin-
gence du sulfure de carbone s'établisse complètement. La durée de charge
étant égale au temps pendant lequel les ondes parcourent un quart de lon-
gueur d'onde, il faut, pour (pie la biréfringence électrique du sulfure de
carbone atteigne sa valeur normale, un temps au moins égal à «— — — 5 ou
— r seconde.
108
Des mesures faites avec d'autres condensateurs ont confirmé ce résultat.
Les expériences sur les autres couples de liquides ont donné, pour le
toluène, —t seconde et pour la naphtaline bromée — 8 seconde.
Ces durées sont de l'ordre du temps de relaxation de Maxwell, ce qui est
o,o85
1 cm
£ = 575...
0,020
0.002
760 . . .
0,008
o,o45
85o...
0,000
SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l373
conforme à la théorie émise par Larmor, par MM. Cotton et Mouton, et
développée par M. Langevin, et d'après laquelle la biréfringence est le
résultat d'une orientation moléculaire.
PHYSIQUE. — Sur l'en/relien mécanique continu des verges vibrantes
(diapasons, lames, etc.). Note de M. H. Magcnna, présentée
par M. Villard.
J'ai réalisé par un procédé mécanique l'entretien du mouvement des
verges vibrantes (diapasons, lames, etc.) ou de tout autre corps vibrant
suivant la loi pendulaire; dans le cas, par exemple, d'un diapason, je place
l^rête vive extérieure de l'une des branches en contact avec un corps inerte
enduit de colophane, ce corps inerte se déplaçant d'une façon continue et
régulière devant l'arête.
Je réalise cet entretien de trois façons ^illérenles qui ne constituent que des
variantes d'exécution du même principe:
i° Par courroies sans fin;
2° Par tambours cylindriques;
3° Par disques plats.
On met en mouvement par un procédé mécanique ou électrique une petite courroie
de cuir sans fin, dont la surface est poncée et enduite de colophane.
Le diapason est mis en contact avec la courroie de façon que l'arête de la
branche soit bien normale à la direction du mouvement de la courroie et que l'angle
de cette branche avec la courroie (angle d'attaque) soit d'environ -o°. La tension de
la courroie doit rester faible; on peut, du reste, la régler mécaniquement. L'expérience
montre que pour des intervalles de iooTd à i200Td la même vitesse d'attaque
donne un parfait fonctionnement. La pression sur les différents diapasons varie, elle
est d'autant plus grande que le diapason est plus court. Cet entretien permet de
mettre en vibration simultanément un nombre quelconque de diapasons. Lorsqu'on
veut entretenir des diapasons très élevés, par exemple i'2 000vd, il faut réduire la
vitesse d'attaque.
Je peux aussi les entretenir par un tambour évidé en son milieu où se trouve fixé
un cylindre de cuir, ou tendre un cuir plat sur un disque. Le nombre de vibrations
doubles des verges entretenues mécaniquement par ce procédé est le même que
celui des verges en vibration libre, à -—-^ de seconde près (procédé de mesure:
les battements).
Application à la production de courants ondulatoires. — L'entretien méca-
nique continu des verges vibrantes m'a permis de réaliser des appareils
convertissant le courant continu en courants ondulatoires, appareils
l374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
auxquels j'ai donné le nom de convertisseurs. Ces appareils sont caractérisés
par la séparation complète des fonctions, savoir : séparation de V entretien
{moteur) de. la transformation du courant continu en courants ondulatoires.
A cet effet, par exemple, les diapasons sont munis sur leurs branches de
lames atones qui viennent entrer en contact avec une vis réglable. Le mon-
tage électrique est celui d'un vibreur de bobine Ruhmkorff. Ce dispositif
m'a permis, dans la télégraphie Multiplex, d'avoir des appareils d'un fonc-
tionnement continu et sûr, et, en T. S. F., de mettre sur le primaire d'une
bobine d'induction une puissance de 3oo watts à la fréquence de 65o.
Application à la superposition sans confusion des petites oscillations en télé'
graphie sans fil. — Dans les Comptes rendus du 10 août 1908 et 21 juin 1 909,
nous avions indiqué, Mercadier et moi, le moyen d'envoyer plusieurs télés
grammes simultanés, formés par des signaux produits par des courants
alternatifs de périodes différentes avec des appareils imprimeurs rapides :
i° Sur un circuit à deux fils sans communication avec la terre ;
20 Sur un seul conducteur télégraphique relié à la terre à ses deux
extrémités.
Il était intéressant, au point de vue scientifique et au point de vue pra-
tique, de voir si les mêmes résultats pourraient être obtenus en T. S. F.
Sur le primaire d'une bobine d'induction, j'ai monté des diapasons entre-
tenus mécaniquement (sol3, ut', mi', sol") qu'on pouvait manipuler
simultanément. Sur|le secondaire de la bobine, un éclateur était réuni à
une antenne et à la terre. J'ai pu ainsi, avec mon collaborateur^. Costabel,
trier les différentes transmissions sur une antenne réceptrice, avec des
monophones à anches libres, accordés sur les différents diapasons.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur tes transformations des alliages de fer
et de silicium. Note de M. Em. Vigouroux.
L'intérêt que nous prenons à la lecture de la récente Note de MM. Georges
Cbarpy et André Cornu ('), et la tendance à conclure, du fait qu'il avait
été signalé par MM. Cbarpy et Grenet, que le point A2 ne correspondait
à aucune particularité de la courbe de dilatation, que le point A2 n'indiquait
pas P existence d'une transformation spéciale et n'était qu'un résidu des trans-
(') G. Charpy et A. Cornu, Comptes rendus, t. 156, 21 avril 1913, p. 1240.
SÉANCE DU 5 MAI lO,l3. ^5
formations correspondant aux points A , etA3, nous autorisent à rapprocher
également nos résultats des recherches concordantes d'Osmond, Arnold,
Stead, Baker, résultats découlant d'une étude analogue à 'celle des vitesses
de refroidissement, bien qu'elle fût dirigée vers un autre but.
Elle a entraîné notre conviction que c'est le point A., dont l'importance
Fers siliciés.
Transformation A. au réchauffement.
SU, pour cent.
est primordiale, qu'il s'agisse des transformations du fer'seul ou de celles
qui affectent certaines de ses solutions solides, telles celles formées avec le
silicium (') dans le cas actuel, les transformations qu'on attribue au
point A3 ne s'étant manifestées ni dans notre échantillon de fer ni dans nos
ferro-siliciums, pas plus que celles qu'on pourrait comparer au point A,,
dernier fait qui ne saurait surprendre, le point A, n'ayant pas d'existence
propre dans le métal, sa présence n'étant que la conséquence de celle du
carbone; et c'est pour éluder les transformations provoquées par chacun
(') Le professeur Tammann, de Gœttingue, a montré que le fer tient le silicium
en solution solide jusqu'à une teneur centésimale bien supérieure à celle du carbone'
1376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des éléments autres que le fer et le silicium, celles bien connues du carbone
en particulier, qui ne peuvent être que perturbatrices, que notre expérimen-
tation portait sur des fers siliciés purs.
Un réveil sonnant un coup toutes les dix secondes permettait de noter
à chaque battement la température indiquée par un galvanomètre relié à
un thermo-élément en contact avec les différents alliages, d'où découlaient
leurs courbes respectives de durée de refroidissement ou de réchauffement
et partant la courbe propre à la transformation.
Pour le fer pur, dans le cas du réchauffement, la transformation A2
commence à 7260 et finit à 7460. L'addition de silicium ne fait apparaître
aucun phénomène comparable à la transformation A, des aciers; au con-
traire A2 persiste très nettement au refroidissement et au réchauffement;
mais comme des retards notables et irréguliers se constatent au refroidisse-
ment, nous avons considéré uniquement le réchauffement, .auquel se réfèrent
nos chiffres et nos courbes.
Contrairement aux résultats de nombreux savants et fait assez nouveau,
l'addition de silicium au fer élève immédiatement la température de cette
transformation A2. Dès que le fer a dissous 5 millièmes de silicium, la tem-
pérature du commencement de cette transformation se trouve augmentée
de i4°, celle de la fin de 6°. L'augmentation, moins rapide ensuite, devient
à peu près nulle vers 3 pour 100, puis reprend avec plus d'intensité pour
disparaître au voisinage de 7 pour 100 où nous perdons sa trace (').
En résumé, la ligne ascendante qui joint les points marquant la fin de la
transformation A2, dans le cas du réchauffement, affecte la forme d'une
double inflexion. On conçoit qu'elle puisse contribuer à effacer celle des
fers carbures.
CHIMIE PHYSIQUE. — Réactions chimiques et rayons de courbure.
Note de M. G. Reboul, présentée par M. E. Bouty.
J'ai montré que l'action chimique d'un gaz sur un solide dépend essen-
tiellement de la forme de ce dernier et qu'elle est plus vive aux points où
la courbure moyenne est plus grande. Les expériences peuvent être faites,
(') Il est vrai que, dans ce cas comme dans celui du fer pur où le point A3 nous a
écbappé, nous regrettons de n'avoir pu disposer d'un enregistreur tel que le galvano-
mètre double Saladin-Le Chatelier, que nous espérons bien pouvoir utiliser sous
peu.
SÉANCE DU 5 MAI H)l3. l3nj
soit à la pression ordinaire, soit aux basses pressions, avec divers gaz et des
solides de forme et de nature différente ; la seule condition à remplir est de
réaliser une réaction chimique très lente. Aux basses pressions et avec une
source émettant des vapeurs lentement, l'effet présente quelques consé-
quences que je crois intéressant de signaler.
Quand on place dans les conditions expérimentales déjà indiquées ( ' ) un
solide portant une pointe, l'action se porte sur la pointe dont le métal est
attaqué; celle-ci joue un rôle de protection pour tous les points qui sont dans
son voisinage. Cet effet de protection se fait sentir, aux basses pressions,
jusqu'à plusieurs centimètres et il se manifeste jusqu'à ce que l'épaisseur de
sel formé sur le métal de la pointe soit suffisante pour la protéger partiel-
lement et ralentir ainsi l'action chimique en ces points-là.
Il en est de même si l'on place à côté l'un de l'autre, dans la même atmo-
sphère active, deux corps de rayons de courbure très différents, par exemple
deux cylindres métalliques. L'action se porte sur le cylindre de petit dia-
mètre, l'autre restant indemne; le sel formé sur le petit fil joue bientôt un
rôle de protection pour ce dernier; l'action se manifeste alors sur le gros fil,
mais bien moins vive que s'il était seul.
Exemples. — Un fit de cuivre de imm,5 de diamètre, exposé seul dans l'appareil, à
une pression de omm,20 et pendant 3o minutes, présente après l'attaque une teinte
indigo bleu accusant ainsi une épaisseur de sel de 170 unités.
Un fil identique placé dans les mêmes conditions, dans le voisinage d'un fil de
omm,i5 de diamètre, ne parait pas attaqué pour des durées d'expositions inférieures à
3o minutes. Au bout de cette durée d'exposition de 3o minutes, il ne présente qu'une
teinte brune accusant ainsi une épaisseur de sel inférieure à 109 unités.
En plaçant un fil de cuivre identique, dans les mêmes conditions, mais seul, il prend
encore une teinte indigo bleu qui indique la même épaisseur de sel que dans le
premier cas.
Le fil de petit diamètre a donc joué un rôle de protection vis-à-vis de celui de gros
diamètre.
De même une lame de cuivre, dont on a étamé les bords de manière à éviter les
perturbations dues aux arêtes de la coupure, exposée pendant 3o minutes à une pres-
sion de omm,4, présente en son centre une teinte bleue indiquant une épaisseur de
200 unités. Lorsque dans les mêmes conditions elle est surmontée d'un fil de cuivre
de omm,i5, la teinte qu'elle présente est brune, l'épaisseur de sel correspondante est
inférieure à 109 unités. Le fil a donc partiellement protégé la lame de l'action chi-
mique de l'atmosphère gazeuse.
Tout se passe comme si la substance active était attirée vers les points où
(') G. Keboul, Comptes rendus, t. 153, p. 1227.
iSjft ACADÉMIE DES SCIENCES.
le rayon de courbure est plus faible; ces points protègent leurs voisins et
cet effet se fait sentir à une distance d'autant plus grande que la pression
est plus basse, à des pressions de -^ de millimètre elle atteint plusieurs cen-
timètres.
Ces résultats peuvent s'expliquer facilement si l'on admet qu'il y a con-
centration plus grande de l'atmosphère gazeuse aux points où les rayons de
courbure principaux son't les plus faibles ('), il s'ensuit qu'en ces points
l'action chimique sera plus vive; l'absorption du gaz, conséquence de
l'action chimique, amènera une diminution de la pression d'équilibre en
ces points là, d'où un nouvel appel de gaz qui disparaîtra à son tour. Il y a
en quelque sorte distillation de la substance active de l'atmosphère gazeuse
sur les points de plus faibles rayons de courbure.
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation du baryum.
Note (-) de M. Camille Matigxox, présentée par M. H. Le Chatelier.
M. Giintz, auquel on doit tant de beaux travaux de Chimie minérale,
a donné une excellente méthode de préparation de baryum, fondée sur la
réduction de son oxyde par l'aluminium (3)
BaO-)-|AI!= '\l203-t- Ba.
La réaction exothermique est encore facilitée par la volatilité du
baryum.
En m'appuyant sur les idées exposées sommairement dans une précé-
dente Note (A), il m'a paru que le silicium devait pouvoir effectuer la même
réduction, malgré l'écart énorme de 35cal entre les chaleurs de formation
des deux oxydes, baryte et silice, rapportées à iat d'oxygène.
En effet, si l'on opère, en présence d'un excès de baryte, la silice formée
s'unira avec la baryte pour former un silicate de baryte avec un dégage-
ment de chaleur notable. M. Le Chatelier (5) a donné 33cal,i pour la
chaleur de formation du silicate de chaux, Si02CaO, à partir de ses
( ■•) G. Reboul, Comptes rendus, avril 1913.
(2) Présentée dans la séance du 28 avril 1913.
(3) Comptes rendus, t. 143, 1906, p. 33g.
(') Comptes rendus, t. 156, i<)i3, p. 1 1 57.
(5) Comptes rendus, t. 120, 189.3, p. 6a5.
SÉANCE DU 5 MAI IÇ>l3. l3^g
oxydes générateurs. La baryte, dont la basicité est au moins égale à celle
de la chaux, ne dégagera pas moins de chaleur dans les mêmes conditions.
Admettons pour la baryte le même nombre que la chaux, soit 33cal par
molécule de silice, c'est-à-dire i6cal,5 par atome d'oxygène substitué,
l'écart précédent de 35cal se trouve ainsi réduit à i8cal,5.
-BaO + -Si = -SiO-BaO + Ba — i8' ''.:,.
3 2 2
Si l'on tient compte de la stabilité des constituants du système, de la
non-volatilité de la baryte, du silicium, du silicate de baryte, opposée à la
volatilité du métal à des températures voisines de i 2000, on arrive à cette
conclusion que la réaction doit être possible.
Effectivement, si l'on mélange intimement du silicium et de la baryte
anhydre dans les proportions théoriques de 3I3a() par atome de silicium,
on constate que la réaction s'effectue régulièrement à 1200", le silicium
prenant la place d'une quantité équivalente de baryum.
On réalise la réaction en plaçant des pastilles du mélange précédent dans un tube
d'acier fermé à un bout et chauffé dans un tube de porcelaine dans lequel on fait et
maintient le vide pendant toute l'opération. Le métal distille et vient se condenser
dans l'intérieur du tube d'acier, dans une région moins chauffée. Dans un premier
essai, effectué sans précautions spéciales, j'ai obtenu un métal dosant 98, 5 pour 100
de baryum.
La préparation réussit également bien avec le silicium amorphe pur, dont l'etal de
division paraît a priori favorable, et avec les siliciums et ferro siliciums riches, qui
sont aujourd'hui, grâce auv recherches scientifiques poursuivies dans les laboratoires
techniques, des produits courants à bon marché usités pour la préparation industrielle
de l'hydrogène.
J'ai opéré, par exemple, avec un silicium d'origine allemande, préparé sans doute
d'après le procédé de Bernhard Scheid et dosant :
Si 94
SiO2 0,6
Fe 3
avec un ferro silicium de Girod, dosant o,."> pour 100 de silicium et un autre ferro
de même origine à 90 pour 100. Ce dernier produit, cassant, facilement pulvérisable,
d'une fabrication courante, convient très bien pour l'opération.
Si l'on tient compte que le ferro à 90 pour 100 de silicium est plus
coûteux et plus difficile à obtenir à cause de la volatilité de l'élément au
four électrique, que d'autre part ce ferro à haute teneur s'est vendu pen-
dant quelque temps à raison de 5oofr la tonne, on peut certainement
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N' 18.) 17^J
l38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
admettre pour le prix de revient du ferro à go pour iooune somme inférieure
à o1'1', 5o par kilogramme de silicium effectif, susceptible de mettre en
liberté près de ioks de baryum. La préparation se ramène à un chauffage
qu'il faut produire électriquement pour sa bonne régularisation, mais qui,
effectué dans l'usine productrice du ferro silicium, avec de l'énergie élec-
trique à bon marché, ne sera pas coûteux.. Il apparaît donc que cette
méthode de préparation du baryum est susceptihle de fournir le baryum
à bon marché et d'en faire, si les besoins l'exigent, un métal tout à fait
industriel.
CHIMIE ORGANIQUE. - Action des réducteurs sur les chloraloses. Note de
MM. M. Hasriot et A. Kmng, présentée par M. Armand-Gautier.
Dans des Notes antérieures (Comptes rendus, t. 152, p. i3q8 et p. i5q(>)
nous avons montré que les divers chloraloses chauffés avec de l'ammoniaque
alcoolique étaient réduits et que l'un des atomes de chlore était remplacé
par de l'hydrogène. Il était intéressant de voir si d'autres réducteurs pou-
vaient présenter une réaction analogue, attendu que, d'ordinaire, les atomes
de chlore du groupe CCI3 résistent ou s'éliminent tous trois ensemble, le
départ de l'un d'eux entraînant celui des autres.
Dans la présente Note nous établissons non seulement que la plupart des
réducteurs peuvent remplacer dans les chloraloses 1 atome de chlore par
i atome d'hydrogène, mais que certains peuvent même en enlever un second
en donnant une série de corps qui seront les bidéchlorochloraloses : enfin, par
l'action du sodium sur les chloraloses dissous dans l'ammoniac liquide, on
peut enlever le dernier atome de chlore, mais dans ce cas, les corps que
nous avons obtenus ont été incris tallisables et n'ont pu être isolés à l'état de
pureté.
Action de l'amalgame d'aluminium. — L'aluminium, activé par une
solution faible d'un sel de mercure enlève ial de chlore à la molécule des
chloraloses. A chaud ou à froid, en milieu neutre ou acide, son action
reste la même; nous verrons plus loin qu'en milieu alcalin l'attaque peut
être plus profonde.
a-chtoralose. — On en dissout ios dans i litre d'eau, et on laisse agir l'amalgame
d'aluminium pendant 4§ heures en avant soin d'ajouter de temps à autre un peu
d'acide sulfurique pour redissoudre l'alumine qui se précipite ; on suit la marche de
SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l3. l38l
l'opération en dosant l'acide clilorhydrique mis en liberté. Quand la réaction est ter-
minée on filtre la solution acide, on la rend franchement alcaline par l'ammoniaque,
on recueille l'alumine sur une chausse, on la lave aussi complètement que possible et
l'on évapore à sec le liquide filtré ainsi que les eaux de lavage, on reprend enfin par
l'alcool qui dissout le déclilorochloralose formé. Le corps a été identifié avec celui
obtenu dans l'action de N H3 sur le chloralose par sa composition (Cl := 25, 19), son
point de fusion et son pouvoir rotatoire.
B-chlor alose. — On opère comme ci-dessus; toutefois, comme le dérivé para est
presque insoluble dans l'eau, on emploie, pour 10» de /^-chloralose, 5oocmI d'alcool
et 25ocmS d'eau, et l'on chauffe à 5o°. Le produit obtenu est purifié comme il est dit
plus haut. Il fond à i54°-i55° et contient 25,46 pour 100 de chlore.
Il a été identifié avec celui obtenu par l'action de NH3 sur le chloralose par son
produit d'oxydation au moyen de l'acide nitrique, que l'on convertit par l'ammoniaque
en amide fusible à 1610.
L'hydrate d'hydrazine le transforme en hydrazide, aiguilles blanches fusibles à 1920.
Monodëchlorogalaclochloralose. — L'amalgame d'aluminium réagit bien
surlegalactochloral. Le produit obtenu fond à i3o° et contient 24,5 pour 100
de chlore; son dérivé benzoylé fond à i4*J°, il est donc identique avec celui
obtenu par l'action de l'ammoniaque sur le galactochloral.
Le zinc attaque à peine les chloraloses en milieu légèrement acide; avec
le couple zinc-cuivre, l'attaque se produit mieux, les produits de la réaction
sont les mêmes qu'avec l'amalgame d'aluminium.
Action de l'amalgame de sodium à 3 pour 100. — En milieu acide, l'amal-
game de sodium donne la même réaction que le précédent, mais en outre
enlève, bien que difficilement, un deuxième atome de chlore; en milieu
alcalin, c'est cette dernière réaction qui prédomine, on l'obtient en partant
soit du chloralose lui-même, soit du produit monodéchloré. La réduction
doit se faire en milieu hydroalcoolique, en saturant de temps en temps
l'excès d'alcali par un peu d'acide sulfurique. Fréquemment on dose l'acide
clilorhydrique mis en liberté, et l'on s'arrête quand les deux tiers du chlore
initial ont été ainsi solubilisés; on sature alors aussi exactement que pos-
sible par l'acide sulfurique, on neutralise l'excès de celui-ci par du C03Ca,
on évapore à sec au bain-marie, on reprend par l'alcool bouillant qui dissout
le produit formé, qu'on purifie par des recristallisations dans l'eau.
fiidéchloro-ct-chloraioxe C8HI3C10°. — Ce corps fond à 1680, est très
soluble dans l'eau, l'alcool, l'alcool éthéré; il a donné à l'analyse :
C = 4o,o8
11 = 5,58
Cl =
.4,6
Théorie. . . 39,90
5,39
i4,9°
l382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Son pouvoir rotatoire est à peine sensible. L'amalgame de sodium ne
lui enlève plus de chlore. Il n'a pu en être obtenu d'élher défini.
Bidèchloro-^-chJoralose . — Ce corps est très analogue au précédent; il
fond à iGG°; il est soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, il n'a pas de pouvoir
rotatoire. Son dérivé bibenzoylé cristallise en aiguilles fusibles à 1/190.
Oxydation des bidéchlorochloraloses. — Les propriétés des bidéchloro-
cbloraloses a et ^ étant presque identiques, il y avait lieu de se demander
si l'arrachement du chlore n'avait pas détruit l'isomérie, d'ordre stéréo-
chimique, qui existe entre les séries a et (3. Nous avons soumis ces deux
corps à l'oxydation pour tâcher de les différencier.
58 du dérivé [3 sont chauffés au bain-marie avec i5K d'acide nitrique
étendu (d = 1, t5). Il se dégage CO2 et NO; on évapore à sec. Le produit
n'ayant pu être obtenu cristallisé, on le redissout dans l'eau bouillante et
on le sature par l'hydrate d'hydrazine. Par refroidissement, il se sépare de
belles aiguilles blanches qu'on fait recristalliser dans l'éther acétique
(point de fusion = 1700). Elles ont donné à l'analyse (pour 100) :
C = 35,2o; H = 4,6i ; N=ii,74; 01=14,87
G7 II7 O5 Cl N2 H1 veut : C = 35;,4i; H = 4,73; N = u,6i; Cl = i4,66
Le sel ammoniacal correspondant est soluble.
L'oxydation de l'a-bidéchlorocbloralose, tentée par les moyens les plus
divers, a toujours brisé la molécule; nous n'avons pu isoler que de l'acide
saccharique et de l'acide oxalique.
Essais d'enlèvement du troisième atome de chlore. — Le sodium dissous
dans l'ammoniac liquide enlève aux chloraloscs leurs 3lU de chlore; le
produit de la réaction est complexe et semble amener la destruction du
noyau chloralosique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses dans le groupe des indigoïdes. Note de
MM. A. Waiil et P. Ragakd, présentée par M. A. Haller.
Après avoir indiqué les raisons qui nous avaient permis de prévoir l'apti-
tude réactionnelle de l'oxindol, nous en apportions dès 1909 (') la confir-
(') Comptes rendus, t. H8, 1909, p. 716 et t. lWjJigog, p. 1 3a.
. SÉANCE DU 5 MAI ip,l3. l383
mation expérimentale dans le fait de la formation d'isoindogénides, d'iso-
indigotine et d'indirubine par condensation de l'oxindol avec les aldéhydes
cycliques, l'isatine ou son chlorure.
Nous avons appliqué, depuis, ces deux dernières réactions aux dérivés
substitués de l'isatine, ce qui nous a conduits d'une part aux isoindigotines
dissymétriquement substituées, et de l'autre à des indirubines qui sont
isomères de celles préparées par les procédés habituels.
I. Oxindolel isalines. — La condensation s'effectue, comme nous l'avons
décrit, en milieu acétique, en présence d'une faible quantité de HC1. Dans
le cas de l'isatine elle-même le rendement atteint 90 pour 100 de la théorie,
mais si l'on vient à modifier les conditions, les résultats sont très différents.
Ainsi, en milieu alcoolique, sous l'influence de C"H5ONa ou d'un alcali
caustique, on obtient des produits incolores dont l'étude n'est pas terminée;
en solution dans l'acide sulfurique concentré, la condensation s'accom-
pagne d'une sulfonation et fournit l'acide isoindigoline disidfonique.
Ce dérivé sulfoné se prépare plus aisément de la manière suivante : on
dissout une partie d'isoindigotine dans 3o à /jo parties deH-SO1 concentré,
et chauffé au hain-marie, la solution rouge carmin devient peu à peu
orangée, au bout de 1 heure on verse dans l'eau et l'on isole, à la manière
habituelle, le sel de sodium.
\Jisoindigotine disulfonate de sodium cristallise dans l'a'lcool étendu en
feuillets bruns dont la composilion répond à la formule
C16H8N20-(S03!\a)84- 2II-O;
séché dans le vide à ioo°, il devient anhydre. Il se dissout dans l'eau avec
une coloration orangé rouge sensiblement identique à celle des solutions
du produit non sulfoné ; c'est un colorant acide teignant la laine en nuances
orangé rougeàtre.
Nous avons caractérisé l'acide disulfonique par quelques autres sels
obtenus par double décomposition avec le sel de sodium :
Sel de calcium, cristallise en petites aiguilles rouges, renfermant 5H20
qu'elles perdent à 1000 dans le vide.
Sel de baryum, poudre rouge amorphe, insoluble dans l'eau.
Sel d'argent, aiguilles rouges, solubles dans l'eau bouillante, renfer-
mant 2li20.
Sel de nickel. — Cristaux rouge brun peu solubles dans l'eau, renfer-
l384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment sensiblement 5 H2 O qu'ils perdent à ioo° dans le vide. En décom-
posant le sel de Ba par la quantité calculée de H2SOl, on obtient l'acide
libre qui est très soluble dans l'eau, l'alcool, etc.; traité par l'ammoniaque,
il donne un sel ammoniacal également très soluble.
Il en résulte que la sulfonalion de l'isoindigo fournit dans ces conditions
un acide disulfonique analogue au carmin d'indigo et qu'on peut désigner
sous le nom de carmin d 'isoindigo.
Si, dans la réaction qui fournit l'isoindigo, on remplace l'isatine par ses
dérivés substitués, on obtient, avec la même facilité, des isoindigos dissy-
métriquement substitués :
Cil2 CO G C
C'H^CO + CO/")CcH3(X) = H20 + CH^^CO CO<^C6rP(X).
NH NU NH NH
Nous avons 'condensé ainsi l'oxindol avec la monobromo-5-isatine, la
dibromo-5.7-isatine, la méthyl-5-isatine et la nitro-5-isatine.
La monobromoisoindigotine, la dibromoisoindigo/ine, la méthylisoindigo-
tine, la nitroisoindigotiné ainsi obtenues sont des composés cristallisés dont
les propriétés se rapprochent de celle de l'isoindigotine et qui seront décrits
dans un autre Recueil.
II. Oxindol et chlorures d'isalines. — Le chlorure d'isatine réagit en
milieu benzénique sur l'oxindol pour donner l'indirubine, identique à celle
obtenue en condensant, d'après Baeyer, l'indoxyle avec l'isatine ('). Si l'on
remplace le chlorure d'isatine par les chlorures des isatines substituées, la
réaction fournit des indirubines substituées (I) différentes de celles que
donnerait la réaction de Baeyer (II). Les formules suivantes rendent
compte de cette isomérie.
CH* CO C;ïH. C0
(I) CH'/^CO + Cl — C-méthylé, sont restés d'une préparation très diffi-
cile; c'est pourquoi elles sont demeurées inconnues jusqu'ici.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la préparation du tèlraiodure de carbone.
Note de M. Marcel Lastenois, présentée par M. C. Moureu.
Dans le but de préciser les propriétés essentielles du tétraiodure de car-
bone, nous avons repris l'étude des procédés de préparation indiqués
jusqu'ici.
(') Wahl et Bagard, Bull. Soc. chim., 4e série, t. IX, 191 1, p. 56.
(:) Friedl.ender, Fortschritte der Teerfarbeafabrikation, t. V, p. 098.
(:i) Frieduendbr, Buuckner et Deutsch, Liebig's Anna/en, t. CCCLXXXVIII,
1912, p. 23.
l386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le premier en date, le procédé Gustavson ('), utilise l'action de l'iodure d'alumi-
nium sur le tétrachlorure de carbone; mais les manipulations qu'il nécessite sont
longues et d'autant plus délicates qu'elles doivent être effectuées à l'abri de toute
trace d'air. De plus, l'emploi du sulfure de carbone présente l'inconvénient de donner
des solutions de tétraiodure altérables, même lorsque l'on opère dans un gaz inerte;
il y a formation de composés iodosulfocarbonés qui souillent l'iodure de carbone
obtenu; aucun dissolvant, cependant, ne nous a paru susceptible d'être substitué au
sulfure de carbone qui seul dissout l'iodure d'aluminium en assez forte proportion.
Henri Moissan a conseillé, en 1891 ('-), l'action de l'iodure de bore sur le tétra-
chlorure de carbone, mais ce procédé est peu pratique, l'iodure de bore étant lui-
même d'une préparation pénible.
En étudiant l'action iodurante de l'iodure de calcium sur diverses combinaisons
organiques chlorées, Spindler a montré (3) que le tétrachlorure de carbone donnait,
à 750, après chauffage poursuivi 5 jours en tube scellé dans le vide, un rendement de
i4,4 pour 100 en tétraiodure de carbone. Nous avons repris cette réaction et recherché
si elle était susceptible d'être étendue à d'autres iodures métalliques.
Une étude systématique des rendements obtenus à diverses tempéra-
tures, et avec des iodures diversement hydratés, nous a montré que la
formation du tétraiodure de carbone était en rapport intime avec l'état
physique des substances réagissantes. La température extrême, qu'il ne
faut point dépasser dans ces essais pour ne pas altérer l'iodure de carbone,
est go0-o,2°. Un iodure métallique réagira d'autant mieux sur le tétra-
chlorure de carbone que son point de fusion sera légèrement supérieur à
cette température. Nous avons pu ainsi obtenir, par un chauffage de
5 jours à 75°, un rendement de 53,6 pour 100, avec de l'iodure de calcium
d'une hydratation correspondant à 21"01 d'eau.
Nous préférons cependant, pour la préparation du tétraiodure de car-
bone, l'emploi de l'iodure de lithium qui nous a fourni d'une façon
constante un produit très pur.
Nous avons reconnu que l'iodure de lithium à employer est celui qui renferme de
i5 à 20 pour 100 d'eau (environ in,ol,5 H20). Il donne des rendements de 33 pour 100
après 5 jours de chauffage à 90-920. L'opération doit être effectuée en tube scellé
dans le vide, en présence d'un excès de tétrachlorure de carbone; après élimination
de cet excès, les produits de la réaction sont repris par l'eau et l'iodure de carbone
est recueilli, lavé et séché.
Les iodures de magnésium et de zinc hydratés donnent bien eux aussi du tétra-
iodure, mais la facilité avec laquelle ils s'hydrolysent est telle que l'iodure de carbone
(') Gi'stavson, Comptes rendus, t. 78, 187/4, p. 1 126.
(-) Moissan, Comptes rendus, t. 113. 1891. p. rg.
(3) Spindler, Liebig's Annalen, t. -231, 1 885 , p. 264.
SÉANCE DU 5 MAI !ql3. 1 387
est rapidement transformé en iodoforme par l'acide iodhydrique qui prend nais-
sance.
Enfin, nous avons effectué une étude critique du procédé de préparation
indiqué par Robineau et Rollin en 1894 (') ; ce procédé est basé sur l'action
de l'hypochlorite concentré en milieu très alcalin sur l'iodoforme.
La transformation s'effectue progressivement à la température de 4o°-5o°; mais il
est préférable de provoquer une réaction instantanée en chauffant à 8o°-go° une solu-
tion très alcaline d'iodure de potassium et ajoutant une faible proportion d'acétone,
puis de l'iivpochlorile concentré. Nous avons reconnu que cette dernière technique
donnait immédiatement du tétraiodure renfermant seulement 10 pour 100 environ
d'iodoforme. Nous avons elléctué l'étude de la purification de ces produits : Robineau
et Rollin avaient conseillé la cristallisation dans le chloroforme, mais l'iodoforme est
entraîné et le tétraiodure en renferme toujours des traces qui modifient ses propriétés
et nuisent à sa conservation.
L'emploi combiné de l'éther de pétrole et de la benzine nous a donné
d'excellents résultats; l'éther de pétrole léger ne dissout en effet à l'ébulli-
tion qu'une proportion très faible de tétraiodure et entraîne tout l'iodo-
forme; une dernière cristallisation dans la benzine donne un produit
très pur.
Nous avons pu, en utilisant ce procédé ainsi modifié, obtenir d'une façon
constante de l'iodure de carbone d'une pureté absolue.
Le tétraiodure de carbone pur se présente sous forme d'octaèdres
d'une belle couleur rouge rubis. Il possède une faible odeur très particu-
lière et non désagréable. La densité indiquée par Gustavson était de 4,3s
à 20°, 2; nos déterminations nous ont donné comme moyenne à o° le chiffre
de 4.5o. Les meilleurs dissolvants sont le sulfure de carbone, la benzine
et l'acétone. C'est awisi que la solution benzénique saturée à l'ébullition
renferme 13^,99 pour 100 de tétraiodure; à 1G0, elle en contient
9,32 pour 100.
MINÉRALOGIE. — Sur les figures de déshydratation . Note de M. C. (îaudefroy,
présentée par M. Wallerant.
Il est généralement admis que la déshydratation des cristaux se manifeste
par des taches efflorescentes et opaques. Aucun cas de déshydratation
(') RoBiXE/vr et Rollin, Monit. scient.. 4e série t. VIII, 1894, p. 34'-
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. t5G, N° 18.) I;7
T 388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
transparente n'a été signalé, à ma connaissance, si ce n'est celui qu'a trouvé
M. Gaubert (') en chauffant le gypse dans la glycérine. Pourtant ce mode
est très fréquent et j'ai pu constater que la plupart des figures de déshydra-
tation étudiées par Cari Pape ('-) et Eug. Blasius (3) présentent une
première phase transparente dont il reste des traces sur les figures effleuries.
Cette particularité, difficile à remarquer directement, est mise en évidence
par l'étude des figures au microscope polarisant.
Lorsqu'on met un cristal à l'extinction entre niçois croisés, les figures de déshydra-
tation apparaissent généralement lumineuses comme des lamelles cristallines biréfrin-
gentes extrêmement minces, orientées d'une façon quelconque. Pourtant elles ne
restent pas transparentes. A mesure que les bords de la tache progressent, la partie
centrale se fissure en devenant plus épaisse, les fragments se déplacent et produisent
ainsi l'efflorescence opaque. Mais la bordure reste lumineuse.
La déshydratation semble bien être alors un cas de transformation cristalline, et
l'attention se porte sur la surface de contact entre le cristal qui se transforme ou
cristal primaire et le cristal résultant ou cristal secondaire.
Parfois la limite commune est imposée par le cristal secondaire : celui-ci
s'accroît par les mêmes faces qu'en solution. Ce cas se présente pour les
sulfates O 7 de la série magnésienne obtenus en solution acide.
Mais le cas contraire se produit aussi. Alors la surface de contact est un
polyèdre dont les faces sont parallèles à celles du cristal primaire. J'ai
obtenu de telles figures sur les cristaux d'un certain nombre de sels, parti-
culièrement les sulfates O7, M 7, T5 de la série magnésienne.
Je prendrai comme exemple le sulfate de cuivre. Blasius(3) a déjà signalé
qu'en mettant les cristaux de sulfate de cuivre T5 dans l'alcool absolu
vers 5o° pendant quelques heures, on obtient des figures anguleuses, régu-
lières sur certaines faces, mauvaises sur d'autres. Jien ai obtenu de très
régulières sur toutes les faces en mettant les cristaux pendant quelques ins-
tants dans l'alcool bouillant. Elles sont transparentes et biréfringentes, et
s'effleurissent d'ailleurs bientôt. On obtient des figures analogues ayant
plusieurs millimètres de longueur, mais très effleuries en élevant la tempé-
rature de l'alcool à ioo°.
Chose remarquable, une même figure n'est pas formée dans toute son
étendue d'une seule plaque cristalline, mais de plusieurs juxtaposées et
(') Bull. Soc. Min., t. XXIV, 1901, p. 476.
(*) Pogg. Ânn., t.CXXIV, CXXV, CXXXV, GXXXVIII, 1860-1868.
(3) Zeils. f. Kryst., t. X, i885. p. 221.
SÉANCE DU 5 MAI I()l3. 1889
différemment orientées, et néanmoins une limite commune unifie tous ces
cristaux et les côtés restent bien rectilignes.
Ces figures ne sauraient être attribuées aux irrégularités accidentelles du
cristal primaire, car, en quelque point d'une face qu'elles prennent nais-
sance, elles s'accroissent dans toutes les directions en conservant la même
forme.
Sur une même face, toutes les figures sont des polygones semblables et
semblablement orientés; sur deux faces opposées, des polygones symé-
triques par rapport au centre ; sur des faces différentes, des polygones diffé-
rents, conformément à la symétrie du cristal primaire.
Lorsqu'une figure naît sur le bord d'une face, elle s'étend bientôt jusque
sur la face voisine, et chaque moitié ressemble aux autres figures de la face
correspondante. Cette remarque permet d'établir une relation simple entre
les figures qu'on obtient sur les différentes faces. Les plaques minces
qu'elles limitent sont des polyèdres cristallographiquement identiques
ayant pour faces m, t, g\ 6% i* ('). Ces polyèdres sont donc tricliniques
comme le cristal primaire, mais moins riches en faces.
Comme vérification de cette hypothèse, les figures obtenues sur une sur-
face quelconque doivent être semblables à l'intersection de ce polyèdre avec
la surface considérée. On observe en effet, sur les faces de cassure conchoï-
dales, des polygones curvilignes qui ont cette propriété.
La déshydratation produit donc ici une pseudomorphose partielle dans
laquelle le polyèdre de transformation, indépendant des cristaux secon-
daires qu'il contient, imite le cristal primaire aux dépens duquel il s'ac-
croît.
BOTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur F origine botanique des bois commerciaux
du Gabon. ÏNote (2) de M. Aug. Chevalier, présentée par M. Edmond
Perrier.
L'exploitation des bois du Gabon pour la vente en Europe a pris en
quelques années un grand développement. Ce commerce existait déjà à
Libreville en i85o (H. Hecquard), mais en 1896 l'exportation totale des
(') D'après la notation de Mallard et 'Fermier : Recueil des données cristallo-
graphiques et physiques, 190.5, p. 5o.
(-) Présentée dans la séance du 28 avril 191 3.
l3c)0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bois de cette colonie n'était encore que de 3679 tonnes. Ce chiffre passait
à 32226 tonnes en 1906 pour atteindre 1082/(2 tonnes en 191 1 (statis-
tiques du Ministère des Colonies).
Sauf pour ce qui concerne l'Okoumé, dont l'origine botanique a été fixée
en 1896 par L. Pierre à l'aide de spécimens d'herbier recueillis par le
R. P. Klaine, les renseignements sur "les bois exportés du Gabon étaient
encore dans ces derniers temps ou inexistants ou erronés. L'étude des maté-
riaux recueillis récemment par nous et par M. F. Fleury, secrétaire de la
Mission permanente d'Agriculture coloniale, nous permet de combler cette
lacune.
Sur 108000 tonnes exportées en 191 1, 91,471 tonnes, soit plus des —,
figurent dans les statistiques sous le nom d'Okoumé. Le vrai Okoumé pro-
vient de YAucoumea Klaineana Pierre, de la famille des Burseracées, mais
les exploitants glissent souvent dans les lots de bois exportés d'autres troncs
d'arbres, et notamment des billes de fromager (Eriodendron) qui en dépré-
cient beaucoup la valeur, car ces bois n'ont pas les mêmes propriétés. On
sait que le bois d'Okoumé se vend surtout en Allemagne et est employé
principalement pour la fabrication des boîtes à cigares.
VAucoumea est répandu le long de la côte de l'Afrique équatoriale depuis la Guinée
espagnole jusqu'à l'embouchure du Congo, mais il ne paraît pas pénétrer loin dans
l'intérieur. Nous ne l'avons, observé ni au moyen Congo français, ni au moyen Congo
belge, mais nous avons constaté sa fréquence au Mayumbe belge, où il n'avait pas été
signalé.
Au Gabon, les peuplements sont parfois assez denses et se rencontrent aussi bien
dans la forêt de formation secondaire que dans la forêt primitive. D'autres grands
arbres de la même famille appartenant à des espèces des génies Pachylobus et Cana-
riiun, communs dans la forêt de l'Afrique équatoriale, fournissent un bois analogue,
mais ils ne sont pas exploités.
Le Bois corail (bois rouge du Gabon) Padouk africain, s'exportait autrefois en
assez grande quantité comme bois de teinture pour remplacer le bois de Campêche.
Actuellement, on ne trouve plus des débouchés que pour quelques centaines de tonnes
par an, mais l'espèce productrice est encore commune au Gabon et au Cameroun.
Cette espèce est le Pterocarpus Soyau.rii Taub.
Nous avons pu nous en assurer en identifiant les rameaux d'arbres abattus sous
nos yeux avec le type même de Taubert qui provenait du reste du Gabon. C'est un
arbre de grande taille dont le tronc peut dépasser [mde diamètre. Lorsque le diamètre
excède ^oom, le duranien durcit et vire au rouge sang. L'aubier et le cœur des jeunes
arbres est blanc et sans valeur.
L'ébène 1/11 Gabon est connu depuis plus d'un demi-siècle sur les marchés d'Eu-
rope; aussi il s'est raréfié près de la côte. La quantité exportée en 191 1 par toute la
colonie éta il seule m en I de "100 tonnes; ce chiffre s'accroîtra lorsque le commerce s'a van-
SÉANCE DU 5 MAI IQI3. l3gi
cera dans l'intérieur tle la forêt, car l'ébène du Gabon est un très beau bois, d'un noir
franc se polissant parfaitement et ayant des débouchés certains. »
L'essence qui fournil ce bois est une Ebénacée, le Diospyros Evita Pierre (Mss. in
llerb. Mus. Paris), espèce encore imparfaitement connue, nous paraissant très voisine
du Diospyros flavescéns Giirke du Cameroun et qu'il faudra peut-être lui identifier
lorsque les Heurs de la première espèce encore inconnues auront été observées. Le
bois des jeunes arbres est entièrement blanc et ce n'est que lorsque leur diamètre
alleint 3ocm à 40'"1 que le cœur devient noir.
\J acajou du Gabon donne lieu au commerce le plus important après celui du bois
d'Okoumé. En 191 1 il en a été exporté 48g 1 tonnes. Ce bois est fourni par de très grands
arbres de la famille des Méliacées. Au Gabon, les espèces productrices sont connues
des indigènes sous les noms d'Aman gui la ( pahouin ) et appartiennent nu genre Khaya,
dont une espèce, A. Klainei Pierre, est très voisine et peut-être même identique
(d'après Pellegrin) au K. ivorensis A. Chev., producteur de la plus grande partie de
l'acajou de la Côte d'Ivoire. Les autres espèces que nous avons recueillies au Gabon
et vu exploiter n'ont encore pu être identifiées, faute de matériaux en Heurs ; elles
nous ont paru se rapprocher des A', grandis Sprague de la Nigeria du Sud el
A", anthoteca C. DC. de l'Angola et elles devront probablement leur être identifiées
par la suite.
L'acajou du Gabon n'est pas apprécié sur les marchés d'Europe comme
il le mérite, la plupart des exploitants ne le présentant pas en lots bien
choisis et bien uniformes.
Du reste, outre les bois signalés ci-dessus, il existe dans la forêt du
Gabon, ainsi que nous le montrerons dans une prochaine élude, d'autres
espèces d'arbres inconnus des colons et complètement inexploités, qui ont
une valeur égale ou même supérieure à ceux dont on tire déjà parti. Nous
avons notamment reconnu la présence d'espèces produisant des acajous
qui, de l'avis des experts compétents, sont susceptibles de rivaliser avec les
plus belles sortes de Honduras et de Cuba.
botanique. — Sur la question de la propagation des rouilles
chez les Graminées. Note de M. J. Heauverie, présentée par
M. Gaston Bonnier.
Nous avons été amené, au cours de recherches sur la propagation des
rouilles, à faire une première série d'observations que nous croyons devoir
publier, bien qu'encore incomplètes; elles ont trait à la présence relati-
vement fréquente d'organes conservateurs ou reproducteurs de rouille dans
1 392 académie des sciences.
l'intérieur même des semences de Graminées. Ces observations ont été
faites à Beynost (Ain), dans les environs de Lyon.
Ayant été frappé par la nuance brune de certains épis dans un champ de
blé, vers le milieu de juin 191 2, nous recueillîmes quelques-uns de ces épis
pour les mettre en liquides fixateurs. L'examen que nous fîmes plus tard, à
laide de coupes minces, nous permit de reconnaître facilement, dans le tissu
parenchymateux du sillon, de nombreux sores à urédospores et à téleuto-
spores ainsi que l'existence de mycélium en continuité avec les stroma de
ces sores. Ce mycélium est nettement intercellulaire, envahissant cepen-
danl quelquefois les cellules; il est cloisonné et ramifié. Il est utile d'en bien
étudier les caractères afin de le reconnaître dans les cas où il n'est pas en
relation avec des éléments reproducteurs. Ce mycélium s'étend aussi dans
le péricarpe en dehors de la région du sillon. Il s'agissait du Puccinia
glumarum .
Ces observations n'ayant été faites qu'après la récolte, et à l'époque où
la moisson du blé est passée, nous ne nous étions pas tout d'abord douté de
l'intérêt de ces épis, aussi n'avions-nous pas poussé notre enquête en pleins
champs. Toutefois, quelques graines conservées en herbier nous permirent
de constater que la faculté germinative de telles semences était restée
entière.
Dès le mois de septembre, notre attention était attirée sur la question de
la présence d'organismes de rouille dans les graines, aussi nous nous
attachâmes à leur recherche sur diverses Graminées en épi à cette épopuede
l'année. Nos recherches furent couronnées de succès au delà de ce que nous
pouvions prévoir. Nous avonsexaminé soit des Céréales cultivées parnous,
soit des céréales recueillies en pleins champs (Avoine), soit des Graminées
sauvages trouvées un peu partout.
Nous pouvons dire que toutes les fois que nous avons recueilli des pieds
de Graminées fortement rouilles, avec des taches de rouille sur le rachis, à
la base des épillets, sur les épillets eux-mêmes (glume et glumelles), nous
avons trouvé du mycélium dans l'intérieur du grain, avec une localisation
qui est presque toujours le péricarpe, mais qui peut, dans certains cas fort
curieux et d'ailleurs exceptionnels (observation sur l'Orge Chevalier),
s'étendre à la zone protéique et envahir largement l'albumen. Il existe, à la
périphérie de la zone protéique, une membrane fortement épaissie qui
semble jouer un rôle protecteur très important; elle oppose une barrière
qui paraît normalement infranchissable au mycélium du Champignon dont
les gros filaments intercellulaires viennent s'appliquer contre elle pour la
bÉANCE DU 5 rtîAI IÇjl'i. l3p3
suivre en ondulant sur des longueurs parfois considérables. Dans le cas que
nous venons de citer, d'un mycélium dans l'albumen, nous avons pu nous
rendre compte que la membrane en question était fissurée et qu'il y avait
même des bactéries dans cette zone. Ce mycélium était intercellulaire,
envahissant quelquefois l'intérieur des cellules, mais respectant toujours
les grains d'amidon entre lesquels ilse faufilait. Ses caractères histologiques,
l'existence de soresdans le péricarpe, nous autorisent à penser qu'il s'agissait
bien là de mycélium d'Urédinée. Tout nous porte à croire que de telles
graines ont conservé leur valeur germinative, car on sait qu'une simple
lésion de l'albumen ne porte généralement pas préjudice à la germination.
L'étude de la manière dont se comporte le mycélium de telles graines au
cours de la germination eût été particulièrement intéressante; nous n'avons
pu l'entreprendre, mais l'observation en question nous ouvre la voie d'une
méthode expérimentale que nous allons mettre en œuvre : contamination
directe des jeunes épis en même temps que lésion des grains jusqu'au delà
de la membrane de défense recouvrant la couche à aleurone; ensuite, mise
en germination des graines contaminées obtenues et étude de l'évolution
du mycélium de la rouille. C'est par cette méthode, croyons-nous, qu'on
pourra espérer résoudre la question de savoir si les grains de Graminées
peuvent transmettre la rouille par les organes de ces champignons qu'ils
peuvent renfermer.
Le mycélium parait respecter l'embryon, mais il faudrait voir si l'on ne
pourrait pas permettre artificiellement sa pénétration par la méthode des
lésions. Ces lésions peuvent se produire d'ailleurs accidentellement dans la
nature ('). Le mycélium est, par contre, généralement fort abondant dans
les cavités qui se produisent par déchirement entre l'embryon et le péri-
carpe.
Lorsque les grains sont vêtus, le mycélium se trouve naturellement par-
ticulièrement abondant dans le tissu des glumelles où les sores peuvent
s'apercevoir à l'œil nu, mais ce mycélium s'étend encore vers l'intérieur
jusque contre la zone protéique.
Les espèces sur les graines desquelles nous avons fait ces observations
sont, chez les Céréales cultivées : le Blé, des Avoines (A. blanche de Ligowo
et A. noire de Hongrie), l'Orge (O. Chevalier); chez les Graminées sau-
(') Nous avons observé l'envahissement d'un embryon d'une graine en germination
par un mycélium; il était accompagné de bactéries. Nous ne pouvons dire s'il s'agis-
sait d'un mycélium de rouille.
I '^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vages : Hromus mollis, Brachypodium pintiatum, Agropyrum caninum et
A. repens. Rien n'est plus facile que de trouver, à l'automne, des graines
infestées chez Y Agropyrum caninum, par exemple.
Nous avons fait germer un certain nombre de ces graines et nous avons
examiné sous la loupe binoculaire à dissection, et ensuite au microscope,
les plantules issues de ces germinations. Nous avons pu parfaitement
observer, comme déjà l'avait fait Pritcbard, du mycélium entre les gaines
foliaires (par conséquent, si ce mycélium est un mycélium de rouille, il
contaminera les feuilles par l'extérieur, conformément au processus général
chez les Rouilles) dans le cas de Y Agropyrum. Nous nous gardons cepen-
dant de tirer aucune conclusion de ces faits, encore insuffisants. Eriksson
dit, à propos du travail de Pritcbard, qu'il peut s'agir d'un mycélium de
saprophyte ; cela peut être vrai, bien qu'on se rende difficilement compte
de la présence d'un tel mycélium dans une station aussi abritée.
Cette recherche du mycélium dans les germinations est longue et déli-
cate, nous la poursuivons et nous ajouterons à l'observation directe la
méthode expérimentale que nous avons esquissée plus haut.
En résumé, la présence d'organes de conservation ou de reproduction des
rouilles (mycélium, urédospores et téleulospores) dans l'intérieur des
semences de Graminées cultivées ou sauvages est assez fréquente pour qu'il
y ait lieu d'en tenir le plus grand compte dans l'étude de la quastion de la
propagation des rouilles. Nos observations sont encore insuffisantes pour
que nous puissions émettre une affirmation quelconque au sujet de l'effi-
cacité de ces organes pour la transmission des rouilles par les semences;
nous les poursuivons avec le dessein d'y adjoindre la méthode expéri-
mentale.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Observations sur la préparation du Cacao.
Note de M. E. Pekrot, présentée par M. Guignard.
Le Cacao qui arrive des régions productives sur nos marchés a subi, dès
sa récolte, une fermentation qui s'opère dans des conditions encore mal
déterminées et dont le résultat est de fournir à l'industrie un produit de
qualité extrêmement variable.
Cette opération poursuit le double but de détruire la pulpe mucilagi-
neuse et sucrée qui adhère fortement aux graines dans le fruit et d'amener
dans l'amande des transformations chimiques utiles.
SÉANCE DU 5 MAI I 9 I 3 . i3g5
Au cours de la fermentation pulpaire, qui n'est autre qu'une fermentation alcoo-
lique occasionnée par une levure (Saccharomyces Theobromœ Preyer), la tempéra-
ture s'élève vers 45°-5o° dans le centre de la masse, et le tissu cotylédonaire ne tarde
pas à accuser par un changement de couleur, de violet au brun, la preuve des modi-
fications intimes qui se produisent dans sa constitution.
C'est seulement au cours de ces dernières années que les observateurs ont cru
devoir dissocier les deux phénomènes et, parmi eux, il faut citer Preyer, Sack,
Fickendey et Lambert.
Il est incontestable que, pour rendre la préparation du Cacao plus rationnelle et
plus aisée, il faudrait séparer les deux préparations, dépulpage et fermentation du
grain, en les conduisant méthodiquement et scientitiquement.
Ftant parvenu à nous procurer un certain nombre de cabosses fraîches de Cacao,
nous en avons soumis les graines à différentes séries d'essais, desquels il résulte que,
si la fermentation alcoolique en usage pour la préparation a pour but principal de
permettre l'élimination aisée de la pulpe, elle ne doit pas être complètement sans
action sur les transformations intimes des tissus de la graine.
En effet, s'il paraît vraisemblable que ces dernières sont uniquement dues à des
actions diastasiques, celles-ci apparaissent seulement aussitôt que le contact prolongé
de la masse en fermentation a tué, avec la puissance germinative de l'embryon, la vie
cellulaire elle-même. La chaleur développée est favorable à ces actions diastasiques
qui se manifestent par l'attaque des combinaisons tanniques et l'apparition de la cou-
leur brune.
Fickendey proposait de dépulper à l'aide d'alcool à 900; mais c'est là un simple pro-
cédé de laboratoire et l'on peut obtenir ce résultat, comme nous l'avons fait en lais-
sant, pendant quelques heures et à la température de 4;*'° à 5o°, les graines fraîches
macérer dans de l'eau additionnée de 1 pour 100 de carbonate de soude. Soumises
ensuite à un brossage mécanique dans de l'eau, elles se débarrassent très suffisamment
de leur pulpe. On peut ensuite les abandonner dans des caisses ou des chambres spé-
ciales, dans des conditions telles que la dessiccation ne se fasse que très lentement; les
transformations dues aux diastases se produisent alors sans autre intervention.
On obtiendrait ainsi un Cacao de meilleure apparence et d'excellente qualité.
Malheureusement la difficulté d'éviter les moisissures subsiste tout entière, c'est
pourquoi nous avons pensé à recourir à d'autres procédés.
Grâce à la complaisance de M. le Gouverneur Angoulvant, 1111 des
inspecteurs de l'Agriculture, M. Bervas, a bien voulu se mettre à notre
disposition pour de nouvelles recherches que nous avons orientées dans
le sens de la stérilisation sur place des graines fraîches.
Par simple action de la vapeur d'eau sous légère pression à l'autoclave, on
obtient des graines qui, débarrassées mécaniquement de leur pulpe, ont bel
aspect et cbez lesquelles la chair de l'amande conserve, après dessiccation,
sa belle couleur violette, preuve qu'aucune transformation cbimique portant
sur les composés tanniques ne s'est opérée. Ces graines stérilisées et réduites
C. R., igil, 1" Semestre (T. 156, N° 18.) l7°
l3ç/) ACADÉMIE DES SCIENCES.
en poudre ont été soumises à deux séries d'essais, les uns d'ordre chimique,
les autres d'ordre biologique. Sans entrer dans des détails que ne comporte
pas cette Note, nous dirons seulement qu'il est parfaitement possible d'ob-
tenir, in l'itro, sur cette poudre stérilisée, des transformations comparables
à celles qui se produisent dans la graine au cours de la préparation actuel-
lement en usage aux colonies.
Les solutions alcalines faibles, la torréfaction bien conduite, le contact
de pulpes fraîches de végétaux riches, en certaines diastases, amènent celle
transformation des matières tanniques qui s'accompagne de mise en liberté
de théobromine.
Les conclusions de cette première série d'études sont surtout d'ordre
économique et doivent attirer l'attention des colonies productrices; elles
peuvent se résumer ainsi :
i° La méthode actuelle de préparation du Cacao peut être sans doute
avantageusement modifiée en utilisant d'abord un dépulpage mécanique
après contact de la pulpe externe avec une solution alcaline faible, puis en
abandonnant les graines en milieu humide et chaud jusqu'à transformation
suffisante de la pulpe;
2° Il serait préférable de préparer à la plantation même du Cacao stérilisé
à l'aide de la vapeur d'eau, puis séché, car l'industrie recevrait ainsi,
comme elle le désire en vain, un produit inaltérable et constant pour une
même plantation, qu'elle traiterait ensuite selon ses désirs. Les résultats
obtenus sur notre demande et nos indications de l'emploi industriel de ce
Cacao stérilisé sont assez encourageants pour attirer l'attention des colonies
intéressées, qui retireraient des avantages considérables de l'usage de ce
procédé.
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la sexualité dans les naissances .
Note (') de MM. A. Pinard et A. Magnan, présentée par M. Ed. Terrier.
Le problème du déterminisme du sexe chez l'homme et les animaux a
attiré depuis longtemps l'attention des biologistes qui ont cherché les rela-
tions qui pouvaient exister entre la sexualité et les causes physiologiques.
Pour l'espèce humaine particulièrement, les auteurs se sont préoccupés
tout d'abord de comparer le nombre des garçons à celui des filles et ils ont
(') Présentée dans la séance du 28 avril 1 c> 1 3 .
SÉANCE DU 5 MAI 1 9 1 3 . l3p7
recherché si cette comparaison ne leur permettrait pas d'expliquer, en
partie, l'origine des sexes.
Nous allons examiner, à notre tour, les documents relatifs aux accou-
chements pratiqués à la Clinique Baudelocque, dirigée par l'un de nous. La
statistique que nous allons donner mérite toute confiance, car elle est scien-
tifiquement organisée.
Chaque femme possède sa feuille, sur laquelle sont mentionnés, avec les observa-
tions qu'on a pu faire à son sujet, le sexe, le poids et les mensurations concernant
l'enfant mis au monde. Ces données très sérieuses constituent donc des documents
d'étude aussi précieux que rares.
Lorsqu'on dépouille les statistiques du Ministère de l'Intérieur, on est à même de
faire une remarque très générale. En France, d'une façon presque invariable, le
nombre des naissances masculines l'emporte sur le nombre des naissances féminines.
Considérons les enfants sortis vivants de la Clinique Baudelocque et
recherchons le taux de masculinité, c'est-à-dire le rapport du nombre des
garçons à celui des filles. Appliquons ce procédé aux données que nous a
fournies l'étude d'une période de 20 années, de 1891 à 1910 inclus :
Nombre
Nombre
Nombre
X ombre
de garçons
d'accouchemçnls.
de garçons.
de filles.
pour 1DII filles
Période de 1891 à 1910 . . '( > 1 83 19123 i863o 102
L'excédent des naissances masculines est donc caractéristique. Mais
rst-ce là un phénomène général et le fait existe-t-il si l'on étudie les chiffres
année par année? Nous allons donc examiner le rapport du nombre des
garçons à celui des filles pour chacune des 20 années de 1891 à 1910 (voir
le Tableau de la page 1 198).
Le nombre des garçons est ici encore, d'une façon presque générale,
supérieur à celui des filles. Le fait, loin d'être exceptionnel, est donc presque
constant.
Mais, à côté de ces enfants sortis vivants, il y a lieu de considérer ceux
qui ont été engendrés morts : les morts-nés.
Il peut exister des incertitudes quand il s'agit d'une statistique municipale, car on
sait que de nombreuses causes d'erreurs peuvent être introduites. En particulier, bien
des morts-nés en Fiance ne sont pas déclarés pour des raisons très diverses. Mais,
dans notre cas, la statistique est impeccable : aucune critique ne peut être formulée.
Tous les morts-nés sont comptés et les documents ont la même valeur que ceu\
concernant les enfants vivants. Nous y ajouterons les enfants qui, nés vivants, sont
décédés pendant les quelques jours que la mère est obligée de rester à la clinique.
l3g8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nombre
d'acrou- fie
Aimées. chemenls. garçons.
1891 i6.iy 767
1892 1836 83g
1893 1923 91 3
1894 21 37 985
1895 2077 961
1896 2270 1098
1897 23 1 3 993
1898 2299 10/S9
1899 ?.5o5 n48
1900 2443 n37
1901 2222 998
1902 2oi3 9i3
1903 2167 970
1904 i854 Soo
1905 1 986 889
1906 21/17 9^7
1907 2060 918
1908 2202 1012
1909 2io3 901
1910 19SS 874
Pour connaître le nombre exact des naissances masculines par rapport à
celui des naissances féminines, il nous faut donc ajouter, aux enfants vivants
les fœtus morts pendant la gestation cl le travail, et les enfants morts après
la naissance. Ces fœtus et enfants ont été étudiés par nous dans une Note
précédente ('). Nous aurons ainsi le nombre absolu des garçons et des
fdles procréés, moins les embryons expulsés dans les avortements et pour
lesquels les sexes n'ont pu être déterminés (voir Tableau, p. i3()g).
Ces chiffres nous montrent que l'excès du nombre des garçons procréés
sur celui des filles est beaucoup plus grand que lorsqu'on examine seule-
ment les enfants nés et sortis vivants. La raison en est, comme nous l'avons
mis en lumière, que le sexe mâle est plus éprouvé que le sexe féminin pen-
dant l'accouchement.
(') A. Pinard el A. Magnan, Sur la fragilité du sexe mâle (Comptes rendus,
3 février ig i3 ).
de
de narrons
Mlles.
pour 100 filli
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loi
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107
séance du 5 mai ip,i3. 1 3gg
(l'.lCCOH-
.Vnnées. chements.
1891 t65g
1892 1826
1893 1922
1894 2137
1895 2077
1896 2270
1897 a3i3
1898 2299
1899 2.5o5
1900 2443
1901 2222
1902 2oi3
1903 21D7
1904... i854
1905 1986
1906 2147
1907 2060
1908 2202
1909 2io3
1910 1988
42i83
médecine. — La pression cl la thermomèlrie en cryolhèrapie. Noie ( ' 1
de M. Henri Béclère, présentée par M. d'Arsonval.
Nous voulons attirer l'attention sur la mesure des pressions d'application
et sur l'emploi judicieux de mesures thormométriques en cryothérapie,
dans le but de caractériser d'une façon aussi précise que possible les diverses
variables.
Au point de vue de la pression nous avons réalisé un appareil dans lequel
un ressort transmet la pression à la surface froide appliquée sur la région à
traiter. Un index montre directement la valeur en kilogrammes et fractions
de kilogrammes de la force de contact, et il est par suite très facile de ramener
cette lecture à l'évaluation de la pression (kilogrammes par centimètre
( ' ) Présentée dans la séance du 21 avril 191 3.
Not
libre
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garçons.
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21074
20206
104
I Ion ACADÉMIE DES SCIENCES.
carré) en tenant compte, naturellement, de la surface d'application (en
centimètres carrés ).
Dans notre appareil, le contact ne se fait pas directement par un crayon
de neige carbonique, mais le corps réfrigérant est place à l'intérieur d'un
récipient métallique, par suite, stérilisable. Le Dv Bordas a montré, au
point de vue hygiénique, les avantages de ce procédé décrit par lui dans le
Compte rendu du G janvier 191 3.
Ce récipient a été avantageusement réalisé par un tube cylindrique, d'un métal
quelconque, peu conducteur et dont le fond, présentant la surface et la forme néces-
saires à l'application est, au contraire, d'un métal très mince et très conducteur. En
l'fiepêce, nous avons choisi le cuivre rouge. La transmission des frigories se fait donc
très facilement à travers celte plaque tandis que l'apport des calories provenant du
milieu extérieur est empêché, dans la plus large mesure, par l'emploi d'une enveloppe
athermisante constituée par une double gaine d'ébonite ou de préférence de liège. Le
récipient lui-même peut s'enlever de son enveloppe extérieure dans le but de faciliter
le renouvellement de la surface réfrigérante ou le changement des surfaces d'appli-
cation.
L'emploi du récipient métallique, d'une seule pièce, qui supprime les
raccords par filets, nous a paru préférable aux dispositifs jusqu'alors
employés.
L'utilisation de cet appareil nous a déjà conduit à des expériences inté-
ressantes. Mais nous devons d'ailleurs dire que ces expériences doivent être
complétées par des mesures thermométriques qui, quel que soit l'appareil-
lage employé, nous paraissent être d'une nécessité absolue. Elles nous
permettent de prévoir avec une certitude plus complète les réactions obte-
nues en un temps déterminé. Ces mesures ne peuvent être faites utilement
avec des thermomètres à toluène ou autre, à cause des difficultés de contact
avec le corps froid, du volume trop considérable de l'appareil de mesure et,
par suite, de sa capacité caloriiique importante. Les soudures thermo-élec-
I tiques (fer, conslanlan) nous ont donné d'excellents résultats et elles nous
ont permis, non seulement de mesurer la température à l'intérieur du
mélange frigorifique, mais aussi à la surface d'application, à l'intérieur de
la partie à traiter et -même dans une zone que nous appelons de protection
et dans laquelle nous devons respecter l'intégrité des tissus. Ces mesures
sont nécessaires pour vérifier à chaque instant si la transmission des frigories
se l'ait d'une façon normale. Il arrive souvent, en effet, lorsqu'on emploie de
la neige carbonique, par exemple, qu'un contact intime n'existe pas entre le
fond du récipient et la neige. C'est même ce qui a pu faire croire que les
SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. I^OI
mélanges : alcool, éther, acétone, essence et neige étaient des mélanges
réfrigérants. Il n'en est rien, ces corps agissent simplement comme liquides
incongelables, formant avec la neige carbonique une mixture ou une disso-
lution et assurant un contact intime et, par suite, une parfaite transmission
des frigories à la surface métallique servant à l'application. Nous n'avons
jamais pu obtenir par ces procédés une température inférieure à celle de la
neige carbonique elle-même, c'est-à-dire environ moins 8o°.
Nous avons d'ailleurs pu contrôler par ces mesures thermométriques que
la température intérieure du récipient n'était pas seule intéressante, car
certains récipients, par suite d'un isolement calorifique insuffisant, relèvent
notablement la température d'application et il n'est pas rare de constater de
ce fait, pour des températures intérieures de moins 8oB, un déchet de 2b0.
PHYSIOLOGIE. — Sur les relations osmotiques des globules rouges avec leur
milieu; rôle de l'état électrique de la paroi. Note (') de M. Pierre Girard,
présentée par M. Dastre.
Dans un sang veineux: ou asphyxique riche en CO2 les globules se
gonflent malgré l'augmentation du A du sérum (von LimbeCk). Cette
action n'est d'ailleurs pas spécifique de cet acide; elle est liée d'une façon
générale à la présence d'ions H+ dans le milieu intergranulaire; dans de tels
milieux, même hypertoniques au sérum, les hématies se gonflent..
Ce n'est donc pas seulement de la pression osmotique du milieu inter-
granulaire que dépend le volume de l'hématie comme le veut la loi d'Ham-
burger.
Nous avons envisagé l'intervention d'un facteur électrostatique; on sait
que la paroi de l'hématie porte, dans le sérum et dans des solutions de diflé-
rents sels neutres, une charge électrique négative; la présence d'ions H"1"
dans la liqueur intergranulaire atténue considérablement la densité de celle
charge et, pour une concentration suffisante, en inverse le signe.
Il nous a paru qu'il pouvait se faire que des phénomènes d'osmose élec-
trique conditionnés pour une part essentielle par l'étal électrique de la
paroi globulaire entrassent en jeu, fournissant la clé de ce comportement
osmotique anormal.
(') Présentée dans la séance du 28 avril 191 2.
l/|02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
S'il en était ainsi, il s'attachait un intérêt d'ordre général à l'étude d'un
mécanisme intervenant à côté de celui déjà connu, et auquel président des
différences de pression osmotique, dans les relations d'échanges entre la
cellule et son milieu; et l'espérance s'entr'ouvrait de ramener à une inter-
prétation physique un grand nombre de phénomènes biologiques (absorp-
tion, sécrétion) qui paraissent s'y dérober, l'osmose s'y dessinant en sens
inverse de ce qu'impliquent les rapports des pressions osmotiques.
Nous pouvons, comme nous l'avons montré ('). l'aire varier à noire gré l'état élec-
trique de la paroi globulaire sans endommager les globules, les lois de l'électrisation
de contact formulées par M. Jean Perrin nous avaient fait prévoir que les ions H+
n'étaient pas les seuls actifs de ce point de vue; les ions positifs trivalenls comme les
ions métalliques des sels neutres de terres rares permettent, même à de très faibles
concentrations, d'annuler la charge négative des hématies; les ions OH- au contraire
la renforcent, et les ions tétravalents négatifs paralysent l'action des ions H+.
Nous avons choisi comme milieu de suspension des globules des solutions
de saccharose de A déterminés différant entre elles par la présence ou l'ab-
sence d'ions capables de modifier l'état électrique de la paroi globulaire;
nous avons déterminé corrélativement le signe dt la densité électriques de
cette paroi et le volume et la surface globulaires.
Les variations de l'état électrique de la paroi, quant à son signe el la
densité de sa charge, nous étaient révélées par l'élude du déplacement de
l'hématie dans un champ de valeur et d'orientation définies.
Dans une solution de saccharose d'un A — — o°,6o, la mobilité des hématies (c'est-
à-dire leus vitesse de déplacement vers l'anode dans un champ de i volt-centimètre)
est de \'y à la seconde.
Le volume des globules contenus dans o""',o."i de sang de Mammifères dilués dans
2cm° de solution de saccharose fut trouvé par la méthode de l'Iiéinatocrile de o"""',02i;
le diamètre globulaire de 5!J. Dans une solution de saccharose acidifiée par un acide
organique quelconque portant son A à — o°,64 la charge des globules s'inverse; leur
volume passe à o"""',o3i: le diamètre d'un certain nombre de globules atteint io^-;
pour d'autres, l'accroissement du diamètre est moindre; pour un nombre notable il
n'est pas sensible. Un acide quelconque agirait de même; parmi ces acides un intérêt
(') Comptes rendus, 22 juillet 1912. Une erreur typographique nous y a fait dire
que nous utilisions des champs de 0,7 volt par centimètre; c'est ?>- volts par centi-
mètre qu'il faut lire. Dans un tel champ, nous avons enregistré une mobilité plus
grande des globules dans les solutions de saccharose que dans les solutions de NaCl.
Nous avons reconnu depuis que c'est une erreur due aux phénomènes d'électrolvse
dont nous ne nous préservions pas suffisamment. I.a mobilité est plus grande dans
NaCl.
SÉANCE DU 5 MAI I(}l3. l4o3
physiologique particulier s'attache au GO2; sa concentration dans le plasma veineux
ou asphyxique entraîne un gonflement très notable des hématies.
La présence dans une solution de saccharose acidifiée d'ions FeCy qui entravent,
conformément aux lois de l'électrisation de contact, l'action des ions H-1- sur la charge
de la paroi de 1 hématie enraye corrélativement les effets osmotiques liés à la variation
de la densité ou du signe de cette charge. Dans une solution de saccharose de
A = — o°,64 contenant en outre des ions H+, des ions FeCv , les globules ne se
gonflent pas, leur diamètre reste ce qu'il est dans une solution neutre de saccharose
de A = — o°,6'i et l'agglutination déjà marquée dans la solution acide est nulle.
Les différents sels hydrolysables dont les solutions sont acides se comportent abso-
lument comme les acides; c'est l'ion H+ qui est actif.
Dans une solution de saccharose additionnée d'une trace d'un sel de cérium ou de
lanthane et dont le A = — o°,6S, la charge de la paroi globulaire s'annule et le volume
des hématies contenues dans ocm3,o5 de sang passe à ott"a'.r»2g et oml"*,o3i (au lieu de
on""',02i dans une solution neutre de saccharose de A = — o°,6oj. La présence de très
petites quantités d'ions OU- dans une solution de saccharose contenant un sel de
cérium ou de lanthane enraye en même temps l'action de ce sel sur la charge élec-
trique de la paroi et son effet osmotique.
Au lieu de solutions de saccharose nous avons aussi utilisé des solutions de NaCl
à 9 pour iooo. Mais dans une telle solution à l'action sur la paroi globulaire des ions H+
et des ions positifs trivalents des terres rares, s'ajoute celle des ions du NaCl. Ln fait,
la présence d'ions H dans de telles solutions de NaCl ou d'ions positifs trivalents pro-
voque bien le même comportement osmotique anormal des globules; mais la concen-
tration en ions Il+ qui suffirait, dans une solution de saccharose, à inverser le signe
électrique des globules en abaisse tout au plus dans une solution de NaCl la densité
électrique. Il est probable qu'il se passe alors quelque chose d'analogue à ce qu'observa
M. Jean Perrin sur des parois de chlorure de chrome ou de gélatine : une sorte de
mordançage d'ions; les ions H+ se fixeraient bien sur la paroi des globules la déchar-
geant ou inversant son signe et provoquant ainsi un gonflement osmotique anormal,
mais les ions CI- de la solution constitueraient autour des globules une gaine élec-
trique négative.
Conclusions. — Dans des solutions de saccharose hypertoniques à leur
milieu habituel, les cellules accroissent notablemenl leur pression osmo-
tique intérieure et leur volume chaque fois que figurent dans ces solutions
des ions capables d'abaisser la densité de la charge de leurs parois norma-
lement négative ou d'en inverser le signe. Inversement, si l'on ramène par
l'action d'ions appropriés la charge électrique à sa valeur primitive, le gon-
flement osmotique rétrograde aussitôt. Ces faits décèlent à travers la paroi
globulaire l'existence de phénomènes d'osmose électrique conditionnés
comme nous l'avons démontré (') par deux facteurs. Le champ correspon-
(') Comptes rendus, juillet 1910 et août 1 9 1 1 .
C. K., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 18.) '79
■ 4o/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
dant à la différence de potentiel dont le septum (ici la membrane cellulaire)
est le siège d'une face à l'autre et le signe électrique des veines liquides
contenues dans les espaces capillaires; le sens du glissement de la veine
étant déterminé, pour un signe donné de celle-ci, par l'orientation du
champ actif indépendamment de la pression osmotique des milieux.
Notons que par osmose électrique ce n'est pas seulement de l'eau qui
pénètre dans l'intérieur du globule, mais toutes les molécules que la veine
liquide contiendra, à moins que la paroi ne les arrête au passage.
médkcine EXPÉRIMENTALE. — Action des oxydants en général et des per-
suffates alcalins en particulier sur la toxine tétanique. Note de MM. Auguste
Lumière et Jean Chevrotier, présentée par M. Roux.
Dans une Note relative aux rapports entre l'anaphylaxie et l'immunité,
présentée à l'Académie le 21 avril i()i3, M. Marcel Belin étudie l'action
des oxydants sur les toxines in vivo. Cette méthode, de l'avis de l'auteur,
n'aurait jusqu'ici fait l'objet que d'observations isolées et donné lieu qu'à
des applications fortuites, le plus souvent mal interprétées.
En réalité, ce point de physiologie et de clinique a été beaucoup plifs
complètement étudié que ne l'indique M. Belin.
Déjà en 1901, M. Sieber (') avait constaté l'effet neutralisant in vivo du peroxyde
de calcium et des oxydases animales et végétales naturelles vis-à-vis des toxines téta-
nique, diphtérique, ainsi que de l'intoxication par l'abrine.
Nous avons nous-mêmes communiqué 'à l'Académie (*) un Mémoire concernant
l'influence des oxydases artificielles sur la toxine tétanique et montré que ces prépa-
rations assuraient une survie constante de 4 à 6 jours chez le cobaye recevant des
doses de toxine suffisantes pour tuer cet animal en un temps variant de 4§ à 72 heures.
Enfin, nous avons poursuivi pendant plusieurs années l'étude expéri-
mentale de l'action des oxydants sur les toxines et principalement sur la
toxine tétanique.
Les oxydants auxquels nous nous sommes adressés sont les suivants :
perborates, percarbonates, permolybdates, persulfates, periodates, per-
chlorates, chlorates, iodates, nitrites et nitrates, ferricyanures, hypochlo-
(') Hoppe Seyler's Zeitschrift fur physiologische C hernie, t. XXXII, juillet 1901,
p. ô;3.
(2) Comptes rendus, 7 mars 1904.
SÉANCE DU 5 MAI I9l3. 1 4o5
rites, chlorure de chauv, vanadates, sels cériques, peroxydes organiques,
chloranile, nitrobenzène, quinone, quinone sulfonique, etc.
Nous avons reconnu que, parmi ces substances, les persulfates alcalins
paraissent présenter le maximum d'activité.
Les conclusions de notre expérimentation ont été publiées dans un travail
du D1' Gélibert (' ) et peuvent se résumer de la façon suivante :
Les cobayes qui reçoivent, quelques minutes après la toxine, en injection
sous-cutanée et dans un autre membre, une solution de persulfate de soude
pur et neutre, survivent toujours aux témoins; cette survie varie de
quelques heures à plusieurs jours.
Un chien de 2DkB qui a reçu 20rm* d'une toxine tuant le cobaye au -^ de
centimètre cube a survécu i an et a guéri, alors que le témoin est mort en
10 jours.
Le persulfate de soude a une action favorable constante sur les contrac-
tures tétaniques; tandis que chez les témoins, les contractures gagnent
rapidement tous les muscles, chez les sujets traités, au contraire, elles se
limitent longtemps au membre qui a reçu la toxine; ce n'est que plus tard,
quelques heures avant la mort, que les autres membres sont atteints.
Chez les chiens, où la maladie évolue plus lentement, cette action favo-
rable du persulfate sur les contractures est encore plus manifeste; les
animaux traités continuent à se mouvoir et à s'alimenter, alors que les
témoins sont paralysés depuis longtemps.
Une chèvre apportée du dehors avec du trismus et des contractures
généralisées dus à un tétanos accidentel, a pu, après deux injections de
persulfate, marcher et s'alimenter. Ce n'est qu'au bout de 8 jours qu'on
vit de nouveau apparaître les contractures qui entraînèrent une issue
fatale.
A la suite de ces observations, plusieurs médecins de Lyon, MM. les
D1" Gélibert, Feuillade,lîeymond, Chamba, Calignonde Saint-Fons ont uti-
lisé les solutions de persulfate de soude pur et neutre pour traiter des cas
de tétanos confirmé.
Ils ont pu vérifier de la sorte l'action bienfaisante des persulfates sur les
accès spasmodiques si douloureux provoqués chez les tétaniques par les
moindres excitations externes, et tous les malades soumis au traitement
ont, en général, été guéris, quand on n'a pas eu affaire à des formes avec
(l) De l'action du. persulfate de soude sur les contractures dans le tétanos (Lyon-
Médical, i5 mars 1901 ).
l'i ofS ACADÉMIE DES SCIENCES.
hyperthermie exceptionnelle, durée d'incubation très courte, évolution
extrêmement rapide et lorsque l'application du traitement n'a pas été trop
tardive (').
PARASITOLOGIE. — La transmission du Ver macaque par un Moustique.
Note de M. Jacques Surcouf, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Les larves de Dermatobia cyaniventris Macquart, connues dans l'Amérique
tropicale sous les noms de Ver macaque, Berne et Torcel suivant leur état
de développement, sont des parasites sous-cutanés de l'Homme et des Mam-
mifères; malgré la fréquence des tumeurs que ces larves occasionnent, on
ignorait encore leur mode d'arrivée à l'hôte.
Vers 1900, le professeur Raphaël Blanchard avait observé la présence de
paquets d'œufs de grande taille sous l'abdomen de certains Moustiques de
l'Amérique centrale; en 1910, le D1' Morales, de Costa-Bica, déclara que la
Dermatobia pondaitdirectementsous l'abdomen d'un Moustique et que, par
phorésie, celui-ci transmettait les larves aux Vertébrés dont il suçait le
sang; cette assertion expliquait le terme de Gusano de Zancudo, Ver de
Moustique, donné par les Vénézuéliens au Ver macaque, mais il semblait
incroyable que la Dermatobia, qui atteint la grosseur de la Mouche bleue
(Calliphora vomito?-ia), pût pondre sur le Moustique lui-même. En 1912, le
D1' Nunez Tovar, de Maturin (Venezuela), observa des Moustiques porteurs
de ces œufs et obtint, en les plaçant sur des animaux, des tumeurs furoncu-
leuses, qui, excisées après 11 jours, contenaient chacune un Ver macaque
typique dont il fit l'élevage jusqu'à la Mouche adulte (2); les Moustiques
vecteurs appartiennent à une espèce connue : Janthinosoma Lutzi Théobald.
Le D1' Gonzalez Rincones, de Caracas, vient de me faire savoir que les
œufs de Dermatobia sont pondus sur les feuilles, dans les lieux humides fré-
quentés par les Janthinosoma; le même correspondant m'a envoyé en outre
des Moustiques porteurs d'œufs.
Il résulte de l'étude que nous avons faite de ces derniers qu'ils sont réu-
(') Huit cas ont été traités avec deux décès; l'un de ces décès se rapporte à un
malade traité in extremis et mort le soir même du début des injections; l'autre décès
a été la conséquence d'une broncho-pneumonie survenue en pleine convalescence chez
une jeune fille qui avait été guérie de son tétanos.
(2) La, Dr Nun>iz Tovar m'a envoyé tous ces matériaux d'élevage; il s'agit bien de la
Dermatobia cyaniventris.
SÉANCE DU 5 MAI K)l3. 1407
nis en paquets, enduits d'une substance cémentaire fortement adhérente et
lestés de façon telle que le pôle antérieur comprenant la tête de la larve, le
micropyle et la zone d'éclatement soient placés en bas. La substance cémen-
taire se ramollit dans l'eau et redevient visqueuse. Nous croyons dès lors
(pie les œufs, faiblement collés sur les feuilles, s'attachent aux Janthinosoma
qui se promènent sur ces dernières; ceux qui adhèrent à l'abdomen y restent
fixés; le thorax est protégé par les hanches et les cuisses allongées, et les
œufs qui restent collés aux pattes ou aux ailes se détachent pendant la
marche ou le vol de l'insecte.
L'oeuf mûrit, s'ouvre et la larve y séjourne, saillante à l'extérieur, jus-
qu'à ce qu'elle se laisse tomber sur le Vertébré piqué par le Janthinosoma.
Nous figurons ici {fig. 1) un de ces Moustiques; les œufs 1res allongés, agglomérés
Kig. 1. — Janthinosoma Lutzi 9 porteur d'œufs de Dermatobia cyaniventris Macquart (x 8).
en un faisceau serré, sont d'un jaune très pâle; près du micropvle on distiugue un
petit volet, unciforme, qui donne issue à la jeune larve. Celle-ci porte, à sa partie
inférieure, sur les deux derniers segments, de courtes épines pâles, dirigées vers la
tête; c'est au moyen de ces épines que la larve se maintient, saillante au dehors, en
attendant le moment propice pour abandonner le Moustique qui la porte et se fixer
sur son nouvel liôte.
A ce premier stade de développement, la larve {fig. 2), formée de 12 segments,
porte des antennes pourvues chacune de deux points ocelliformes à leur base. Les
l4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pièces buccales sont constituées par deux lames chitineuses élargies, mullifides sur
les bords latéraux, et appuyées à une autre lame armée de deux paires de crochets;
les plus externes sont bifides, les seconds sont simples et s'articulent avec le pharynx.
Cet organe, fortement chitinisé, se prolonge jusqu'au quatrième segment et n'est con-
tinué à ce stade de développement par aucun appareil digestif différencié. Le tégument
externe de la jeune larve est recouvert de nombreuses petites épines sur les sept premiers
segments; les cinquième, sixième et septième segments portent, à leur bord antérieur,
Fig. 2. — Larve de Dermalobia éclose d'un œuf porté par Janthinosoma Lutzi Théobald (x 100).
une couronne de grosses épines noires en forme d'aiguillons de rosier. Sur le dernier
segment s'ouvrent les deux stigmates postérieurs, chacun d'eux se compose de deux
fentes; il n'y a pas encore de stigmates antérieurs. Dès que la larve s'est fixée sur le
corps du Vertébré, elle pénètre sous la peau et s'y transforme; à la suite de cette mue,
les épines postérieures qui maintenaient la larve dans la coque de l'œuf disparaissent,
et les fentes stigmatiques postérieures sont au nombre de trois pour chacun des deux
L'évolution de la Dermalobia est ensuite connue. Remarquons cependant qu'entre
les larves appartenant déjà à la Collection du Muséum et celles récemment envovées
du Venezuela, il y a d'importantes différences dans la spinulation; ceci nous porte
à croire à l'existence de plusieurs espèces voisines qui ont été confondues; seuls des
élevages complets éclaircironl le problème.
SÉANCE DU 5 MAI 191 3.
'l<>9
CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Sur la rétention des chlorures dans le foie et
le sang chez les cancéreux. Note de M. Albert Robix, présentée
par M. Armand Gautier.
L. Il n'y a pas de rétention des chlorures dans le foie d'un cancéreux à
marche lente, mais cette rétention a lieu chez un cancéreux à marche
rapide.
Chlorures évalués en NaCl dans le foie cancéreux (pour 100 de tissu
frais) :
Foie cancéreux : marche lente. Parties très atteintes
» » » relativement saines.
» marche rapide. » très atteintes
» » » relativement saines .
Foie normal : » » ».
0,112
o,o58
o, i;5
0,186
o, 142
2. Cette rétention reconnaît probablement comme Tune de ses conditions
l'hydratation plus grande du tissu cancéreux à marche rapide (820e d'eau
pour 1000 de tissu frais, contre 70,3^, 20 dans le cancer du foie à marche
lente). Mais elle peut entrer aussi en ligne de compte pour expliquer le
taux si bas auquel tombent parfois les chlorures urinaires chez les cancé-
reux à marche rapide qui ne s'alimentent plus (og, 3o de chlorures urinaires
par 24 heures, dans le cas de cancer hépatique à marche rapide).
3. 11 paraît démontré que dans les cancers du tube digestif (intestin et
estomac), il y a tendance à une rétention chlorurée dans le sang, rétention
qui s'exprime surtout par l'élévation des rapports du chlore à l'azote total
etau résidu inorganique du sang.
Chlorures et leurs rapports dans le sang des cancéreux
Uésignalion des cancers.
Chlorures
en NaCI.
F. 29 ans. Sarcome des deux fémurs. 5,920
Cancer de l'estomac 5,832
» de l'intestin 4>754
» » 4 , 3o4
» du foie 3, 570
Sarcome de l'aisselle 4,7°o
F. 5o
H. 70
F. 56
F. 5a
F. 24
Azote total.
_e
35, 16
■ 4,66
22 ,61
17,66
27,54
44, 3o
Sang normal 4 ,4g3
35 , 95
Cl : AzT
pour 100.
10,19
24,IO
12,74
l4,90
7,80
6 , 56
7>57
Cl : Résidu
inorganique
pour 100.
30,92
37,8o
36, io
36, 00
24 , 10
32,g3
3i ,60
Cl : AzT
Cl : RI
NaCI.
pour 100.
pour 100,
6,557
28,7
45,0
6,070
26,2
<*1-Â
5, r4o
»
37>9
l4lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
4. Les mêmes caractères se rencontrent également dans les cas de gas-
trite chronique, ce qui leur enlève toute valeur de spécificité. Il est
rationnel de les mettre en rapport avec la diminution ou avec la suppres-
sion de la sécrétion chlorhydrique de l'estomac.
Chlorures et leurs rapports dans le sang dans la gastrite chronique :
Désignation des cas.
F. 49 ans. Gaslrite chronique. Anémie pernicieuse. 6,557
F. 72 » » » grave (pre-
mière analyse)
F. 72 ans. Gaslrite chronique. Anémie grave (après
1 mois de traitement) 5, r4o
5. Comme l'a avancé Moraczewski, il est permis de supposer que l'anémie
joue un rôle dans cette rétention chlorurée, puisqu'elle est encore plus mar-
quée dans les cas de gastrite chronique s'accompagnant d'anémie à type
pernicieux ou d'anémie grave.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Le ferment de V amertume des vins consomme-t-il la
crème de tartre? Note de M. E. Voisenet, présentée par M. Armand
Gautier.
Dans une récente Communication ('), j'ai annoncé que le liacillus
amaracrjlus, retiré d'un vin amer, ensemencé dans d'autres vins, peut
reproduire avec certains d'entre eux, la maladie de l'amertume.
Le Bacillus consomme-t-il la crème de tartre ?
Cette question se pose naturellement à la suite des résultats contradic-
toires observés à ce sujet par Pasteur (2), Glenard et Vergnette-Lamothe.
Comme Pasteur et Glenard, j'ai eu l'occasion de doser l'acide tartrique
dans un vin très amer et dans le même vin non altéré : parallèlement j'ai
évalué la glycérine :
Acide tartrique
Analyse. — Juillet 10,12. total. Glycérine.
Vin sain. Récolte 1 8g3 18, 26 78,65
Vin amer. Début de la maladie : 1902 >B, <4 3s, 92
(') Comptes rendus, t, 156, 1913, p. 1181.
(J) Pasteur, Études sur le vin, ie édition, p. 272, 276, 32i.
SÉANCE DU 5 MAI igi3. I^'I
Quelle peut èlre la cause fie la différence, voisine du dixième de la quantité initiale
totale, eu tic ces deux teneurs en acide lartrique? A ce sujet, on |»eul émettre plu-
sieurs hypothèses. Klle peut provenir de la modification chimique du vin malade
entraînant la précipitation et l'insolubilisation d'une quantité correspondante d'acide
tartrique. Ce déficit peut être dû au changement de travail du ferment qui, après
avoir épuisé son action sur les sucres et la glycérine, s'attaquerait à l'acide
lartrique : mais, il est aussi vraisemblable de l'attribuer à l'action latérale d'un autre
microbe, consommateur de crème de tartre, comme celui qui engendre lu tourne.
Quoi qu'il en soit, ecl essai offre un résultat intéressant, en ce qu il
montre qu'un vin très gravement atteint, et depuis 10 années, de la
maladie de l'amertume, ne renfermant plus de sucre el ayanl perdu la
moitié de sa glycérine, conserve la presque totalité de son acide tartrique :
résultat sensiblement d'accord avec celui de Pasteur, et en opposition nette
avec celui de Glenard,
Des évaluations analogues effectuées sur les échantillons de vins précités,
ensemencés depuis i5 mois avec le BacittuS amaracrylus, favorables à la
culture du ferment, plus ou moins altérés par lui, et les échantillons témoins
restés sains, n'ont accusé aucun changement dans la teneur initiale en
acide tartrique total.
Relativement à la question posée, aucun de ces résultats ne peut d ailleurs èlre
absolument concluant, en raison de la multiplicité des ferments dans le vin, de la
variété des substances fermenlescibles qu'il contient.
Même en admettant l'unicité microbienne, en l'espèce, du bacille précédent, la con-
servation de l'acide tartrique dans un vin amer, ne constitue pas une preuve de l'inac-
tivité du fermenta l'égard de cette substance. Dans un tel milieu, en effet, le bacille
consomme déjà ses aliments de prédilection, les sucres et la glycérine : s'il devait
transformer l'acide tartrique ou son sel acide de potassium, ces deux substances ne
pourraient être pour lui que des aliments de disette, attendu d'autre part, qu'elles
agissent comme antiseptiques et que des doses respectives de is, 10 de l'un el
de r", .jo de l'autre, par litre de culture, suffisent à arrêter son développement. I>e
plus, en végétant dans un tel liquide, le ferment se crée un milieu de moins en moins
nutritif el de plus en plus antiseptique : à i'inlluence para Usante primitive de l'alcool, de
I acide tartrique et du lannin, s'ajoute celle des produits de transformation des sucres
el de la glycérine, notamment i'acroléine. 11 est donc nécessaire d'éliminer ces
influences étrangères et de recourir à l'expérimentation directe.
Pour celle élude, j'ai effectué les osais suivants, le ferment adulte a été
largement ensemencé dans ces solulions :
a. Eau de levure glucosée ou maltosée, additionnée de crème détartre
à i* et à 2K par litre.
C. K., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N" 18.) 1^°
I 4 I 2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
h. Milieu minéral de Laurent, additionné de crème de tarlre à iB et à 2B
par litre.
c. Milieu de Laurent, peptoné à 2 pour 1000, additionné de crème de
tartre k is et à 2e par litre.
Dans les essais a et c. la culture s'est développée normalement, tandis que le liquide
de l'essai h est demeuré limpide, malgré l'aptitude remarquable du bacille à végéter
dans un milieu minéral ne renfermant d'autre azote que de l'azote ammoniacal : le
ferment qui emprunte si facilement son carbone alimentaire à la glycérine et aux
sucres, refuse celui qui lui est offert par la crème de tartre. 11 en est d'ailleurs de
même dans les essais a et c, où la culture a pu se développer grâce à la présence d'un
sucre et de la peptone : en effet, après un séjour de 3 mois à la température de
■'..")" à 3o°, les dosages comparatifs de la crème de tarlre dans ces liquides et leurs
témoins conduisent rigoureusement au même résultat.
.le suis arrivé à des conclusions identiques, en ensemençant le ferment clans les
milieux précédents, contenant à la place de la crème de tartre, de l'acide tarlrique,
du lai traie neutre de potasse, ou du tartrale de chaux.
En résumé, le Hacillus amaracrylus , isolé d'un vin amer, capable de
reproduire la maladie de l'amertume dans d'autres vins, consommant les
sucres et la glycérine, reste inactif, au moins dans les conditions expéri-
mentales précédentes, à l'égard de l'acide lartrique et de ses sels, en parti-
culier, la crème de tartre.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. - • Pseudo-cristaux d'amidon et cristaux de
glucose. Note de M. G. Malfitano et M"e A. Moschkoff, présentée
par M. Roux.
On a souvent parlé d'amidon cristallisé. Quelques auteurs prétendent
même, qu'en général, le fait qu'une matière ait les propriétés des colloïdes
n'exclut pas qu'elle puisse en même temps avoir la structure cristalline.
Nous avons examiné des particules solides et parfois transparentes qu'on
trouve dans les systèmes amidon-eau ayant été congelés. Ce sont elles qui
ressemblent le plus à des cristaux, à ceux de glucose par exemple, auxquels
nous les avons comparées. Nous avons constaté que cette ressemblance ne
résiste pas à un examen attentif. Et, au contraire, nous avons mis en évi-
dence une distinction vraiment essentielle entre cet amidon solide, dont la
structure est variable par degrés, étant formée de granulations de moins en
SÉANCE DU 5 MAI I9l3. l4l3
moins perceptibles et le glucose cristallisé qui n'a jamais de structure appa-
rente.
Congelons un système amidon-eau bien pur(') et peu concentré (à i pour 100
environ), ayant été chauffé jusqu'à ce qu'il soit devenu tout à fait transparent. Après
fusion de la glace, il nous apparaîtra comme un liquide parfaitement limpide con-
tenant de fins filaments soyeux (long, de imm à 3"""; larg. de omm,oi à omm.i) et de
petits granules brillants (diam. de onim. i à o""",oi ). A l'œil nu on a vraiment l'impres-
sion que ce sont des fines aiguilles cristallines accompagnées de débris ou de macles;
pareilles en somme à celles qui se forment dans les solutions sursaturées de glucose.
Mais déjà, si Ton regarde ces particules au microscope, une différence saute aux jeux.
Celles d'amidon n'ont jamais la forme de polyèdres, mais sont des bâtonnets qui
portent des renflements de place en place et se terminent en massue. Parfois, elles
sont en forme de billes dont la surface est bien lisse, mais la courbure irrégulière.
Par contre, parmi les particules de glucose, on rencontre souvent des prismes parfaits,
d'autres plus ou moins détériorés; mais on ne saurait en dessiner toutes les formes,
même les plus irrégulières, que par des droites brisées, jamais par des lignes
courbes.
Supposera-t-on que les particules d'amidon soient des cristaux mous, peut-être
auparavant liquides, dont les arêtes se seraient oblitérées? La consistance de cette
matière ne justifie pas pareille supposition. Il est vrai que les filaments s'infléchissent
en se mouvant dans le liquide, mais ils sont aussi plus longs et plus minces que les
aiguilles de glucose qui sont rigides. D'ailleurs, l'amidon en granules ne se déforme
pas non plus. Si nous exerçons une faible pression sur la lame couvre-objet de la
préparation microscopique, nous écraserons les cristaux de glucose aussi facilement
que les particules d'amidon. Dans les deux préparations ainsi maltraitées, la ressem-
blance entre les deux matières devient souvent frappante. Or, nous verrons une
différence nouvelle se manifester si nous les regardons entre deux niçois croisés. Le
passage de la lumière est rétabli par les particules de glucose et non par les parti-
cules d'amidon. On sait que les grains naturels d'amidon, dans ces conditions, sont
illuminés et coupés par une croix sombre. Ils doivent vraisemblablement cette pro-
priété à leur structure en couches. C'est dire que la biréfringence n'est pas un carac-
tère suffisant pour attribuer un réseau cristallin aux corps qui la manifestent. D'autre
part, tous les cristaux connus, sauf ceux du premier système, sont biréfringents. Dès
lors, si les particules d'amidon étaient des cristaux, ils devraient appartenir au pre-
mier système, ce qui semble improbable.
Ces particules d'amidon n'ont donc aucun des caractères des cristaux.
Elles n'ont jamais ni de formes polyédriques, ni de biréfringence. Ce sont
plutôt des particules d'une gelée durcie et transparente connue verre.
Mais von Weimarn (2) pense qu'il peut exister des systèmes cristallins
(') Comptes rendus, t. 151, p. 817.
(2) Zeitschrift f. Kolloïdes, passim.
T/|l/| académie des sciences.
jusqu'ici non classés, et que les gelées les plus homogènes peuvent être des
assemblages de cristaux ultramicroscopiques. 11 importe donc d'examiner
soigneusement la structure de ces particules comparativement avec celle
des cristaux.
Le fait est remarquable que les particules d'amidon puissent être aussi transpa-
rentes que les cristaux de glucose. -\ u microscope, tous ces petits objets ne sont
visibles que grâce à la différence de leur indice de réfraction avec celui des liquides;
à l'ullramicroscope, on les distingue ^ràce à la lumière diffraclée par leurs profils ou
réfléchie par leurs surfaces, lit lorsque les particules de glucose, aussi bien (pie celles
d'amidon, onl des formes assez étendues et régulières, lorsqu'elles se trouvent conve-
nablement placées pour recevoir la lumière, les préparations ultramicroscopiques
offrent vraiment l'aspecl de tableaux noirs où des ligures géométriques seraient
dessinées par des traits éclatants de lumière, lit ces lignes, courbes et sinueuses pour
l'amidon, droites et se rencontrant en angles définis pour le glucose, délimitent des
espaces qui, dans un cas et dans l'autre, sont sombres, autant que le fond de la prépa-
ration, (les particules d'amidon n'ont donc, pas plus que les cristaux du glucose, de
-•I inclure perceptible.
Mais il n'en est pas toujours ainsi. On rencontre aussi des particules d'amidon et de
glucose, qui apparaissent comme des taches de lumière diffuse. Quant aux particules
de glucose, ce fait ne dénote aucunement qu'elles aient une structure perceptible. En
elfet. c'est par places et jamais uniformément que les particules de glucose diffusent la
lumière. Aux plus forts grossissements les taches lumineuses ne se résolvent jamais
en granules; on n'a pas de peine à se convaincre qu'elles sont dues à des aspérités de
surface et que la matière est parfaitement transparente. Au contraire, on est bien en
présence d'une structure plus ou moins évidente lorsqu'il s'agit des particules d'amidon
qui diffusent la lumière. Car ce sont alors des aspects rappelant la nacre, ou la neige,
ou des matières fibreuses. Ces particules sont alors des assemblages de granules de
dimensions variées. Parfois ces granules sont individuellement perceptibles, parfois
ils sont si menus qu'ils demeurent invisibles, et des degrés intermédiaires existent
entre les plus gros et ceux qui sont à la limite de la visibilité; en sorte que nous devons
admettre, même pour les particules tout à fait transparentes, une structure granuleuse,
qui échappe à la vue tant elle est fine. Il \ a plus. Si nous examinons les diverses
particules formées par congélation dans des systèmes plus ou moins purifiés, ayant été
différemment chauffés, et à des concentrations variées, nous constaterons que c'est
par ilapcs successives, en partant des particules grossièrement hétérogènes, que nous
atteindrons celles parfaitement homogènes, à mesure que nous aurons mieux purifié
et mieux subdivisé l'amidon avant de le congeler.
C'est la graduation des variations de structure qui constitue la distinction
essentielle entre ces particules d'amidon et les cristaux. Nous montrerons
prochainement que les divers granules qui constituent ces particules et, en
général, l'amidon en toutes ses tonnes, ne doivent pas être assimilés aux
microcristaux, car ils sont de véritables micelles, se formant par voie tic
SÉANCE DU "i MAI IÇ)l3. T 4 1 r»
tloctilation et se désagrégeant par voie de défloculation; processus essen-
tiellement distincts de ceux de cristallisation et de dissolution (').
CHIMIE BIOLOGIQUE. Contribution à l'étude des conditions de précipi-
tation de V albumine par V acide picrique . Note (") de MM. H. Labre et
K. DIaguin, présentée par M. Dastre.
Le dosage précis de l'albumine dans ses divers milieux (blanc d'œuf,
sérums, humeurs, etc. ) est malaisé.
La méthode pondérale est longue et délicate. Les méthodes volumétriques sont
d'application plus rapide. Mai-, le-- précipitants dus albumines mettent généralement
enjeu des phénomènes d'adsorption, plutôt qu'ils ne donnent lieu a des combinaisons
définies. Tout au plus, au sens de Werner, pourrait-on envisage'' ces composés parti-
culiers comme des complexes très aisément dissociables. La loi des combinaisons
définies ne peut s'appliquer à de semblables associations. Les rapports entre quantités
de précipitants et d'albumine mis en jeu ne sont représentai îles que par une courbe plus
ou moins compliquée. Dans cet ordre d'idées, Denigès a proposé la précipitation de
l'albuminé par l'iodomercura-te de potassium, et \ allerv a assimilé la courbe de préci-
pitation par ce réactif à une bianche d'hyperbole équilalère. lui pratique; l'emploi
de l'iodomercurale mène à un procédé de dosage assez, délicat. Dans des conditions
convenables (Vallery), le réactif d'Ksbarh paraît susceptible de précipiter intégra-
lement l'albumine.
Après avoir vérifié ce l'ait sur l'qvalbumine, nous avons étudié les
conditions de précipitation de celle protéine (ovalbumine commerciale dite
j)iire), afin de déterminer la nature des combinaisons contractées par
l'albumine et| l'acide picrique, et de chercher à réaliser, à partir de ces
données, un procédé d'estimation volumétrique simple.
Pour obtenir une précipitation intégrale de l'ovalbumine par le réactif
citro-picrique, en solution aqueuse, l'excès d'acide picrique doit toujours
être assez grand. Si celle condition est réalisée, le filtrat limpide n'est plus
albumineux. En partant d'une quantité d'acide picrique déterminée, la
quantité d'acide restée dans le filtrat donne, par différence, la quantité
d'acide fixée. Pour des poids croissants d'albumine, en présence d'une
quantité fixe d'acide, on obtient une série de chiffres qui viennent se placer,
non sur une droite, mais sur une courbe.
(') Annales île Chimie et tic Physique, S1' série, t. XXIV, ]>. D02; t. \\\. p. i.jy.
( - i Présentée dans la séance du 28 avril 1910.
l4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il suffit, pour caractériser cette courbe, de fixer les poids d'acide succes-
sivement précipités par le mélange d'un volume l\\e d'unesolution picrique
à titre déterminé, avec des volumes croissants d'une solution d'ovalbumine
titrée pondéralement.
Un dosage acidimétrique de la liqueur picrique et un dosage acidimé-
trique du filtrat donnent, pour chaque poids d'albumine, un chiffre
proportionnel à la quantité d'acide picrique fixé ou adsorbé :
i° 5oC111' de liqueur citro-picrique (formule Esbacli) sont étendus à 100""' avec
de l'eau distillée. Soit K l'acidité en centimètres cubes de soude -^ N (déterminée en
présence de la phénolphtal. ; virage très net du jaune faible au jaune rougeàtre);
2° Des volumes croissants d'une solution d'ovalbumine à 10 pour 100 environ
(par pesée) sont successivement mélangés à 5orma de liqueur citro-picrique, et le
volume est complété à ioo1"1'. L'acidité en centimètres cubes de NaOM y^ N est
déterminée sur 2.51'1"1 de filtrat : soit q, q', q" , . . . , Q.
En général, Q — K est proportionnel aux quantités d'acide picrique
adsorbées ou combinées. Si l'on représente par y ces valeurs, et par x les
quantités correspondantes d'albumine mises en jeu, on peut construire
une courbe dont la traduction mathématique est susceptible de donner la
loi du phénomène.
Pour des quantités d'ovalbumine comprises entre oR, 80 et 2s,6o, les poinls
ainsi obtenus expérimentalement vont se placer sur une branche d'hyper-
bole. Les valeurs de x exprimées en fonction de y, sont, en effet, représen-
tables, à des différences près de l'ordre des erreurs d'expérience, par la
formule
/ \ 76,08
C'est l'équation d'une hyperbole équilalère rapportée à des axes paral-
lèles à ses asymptotes. Cette courbe est tout à fait analogue aux courbes
dites iïadsorption. En tout cas, nous avons directement constaté qu'il
s'agit d'un complexe albumine-acide picrique dissociable par lavage. A
mesure que les quantités d'acide picrique enlevées à la combinaison par les
lavages à l'eau bouillante appauvrissent celle-ci en acide picrique, la vitesse
d'enlèvement devient plus lente, comme si l'albumine retenait plus énergi-
quement les dernières traces d'acide picrique. Le premier lavage à l'eau
bouillante enlève près delà moitié de l'acide, et le trentième lavage n'enlève
plus qu'une acidité qui répond à peine au -^ du total acide adsorbé au
début.
SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l'3. l4l7
Pour utiliser ce dosage dans la pratique, nous avons construit une Table
des valeurs de v en fonction de y qui, par ~ de centimètre cube, donne,
sans calcul, le poids d'albumine correspondant. L'opération se réduit donc
à deux titrages acidimétriques par la soude décinormale en présence de
phénolphtaléine.
géologie. — Sur l'origine du pétrole au Wyoming {Etals-Unis d'Amérique).
Note de M. Jean Chautard, présentée par M. L. De Launay.
Les expériences entreprises pour établir l'origine minérale ou organique
des pétroles n'ont pas jusqu'ici, quels que soient leur importance et leur
intérêt, permis de conclure dans un sens on clans l'autre, puisque des hydro-
carburcs chimiquement analogues aux pétroles ont été obtenus par des
réactions minérales comme par la distillation en vase clos de matières orga-
niques. Sur ces bases expérimentales, on peut aussi bien juger que les
pétroles sont tous d'origine minérale, tous d'origine organique, ou, pour
se tenir en un juste milieu, partie (pétroles de Bakou) d'origine minérale,
partie (pétroles américains) d'origine organique; ceci quelles que soient
les différences et analogies chimiques de ces divers types de pétrole.
M. De Launay a récemment attiré l'attention sur l'intérêt qu'il y aurait,
pour résoudre ce problème, d'ajouter aux expériences de laboratoire des
études géologiques détaillées des champs pétrolifères et des terrains avoi-
sinanls.
J'ai eu l'occasion, en 1912, d'étudier un certain nombre de régions
pétrolifères du Wyoming (U.S. A.). Je me suis efforcé d'y reconnaître
l'allure, l'âge et le faciès non seulement des couches perméables impré-
gnées de pétrole et des couches imperméables à leur contact, mais encore
de toute la série sédimentaire où elles se trouvent. Mes observations ont
été faites sur des terrains du Crétacé supérieur non fracturés, formant des
séries parfaitement concordantes où l'on peut établir que le pétrole impré-
gnant n'est pas d'origine advenlive, mais bien localisé au contact des
sédiments où il a été originairement formé ou apporté.
Les localités étudiées sont, à partir du versant est des Montagnes Rocheuses jusqu'à
4ookm à l'Est : Lander, Sait Creek, Douglas, Moorcroft et Newcaslle. On observe une
lagune du Crétacé inférieur reposant sur du Jurassique ; le Crétacé supérieur com-
mence par les grès continentaux de Dakota; au-dessus se trouvent des argiles schis-
teuses (shales) puissantes de 1000'" à 3ooom avec fréquents lits de charbon et
i/jlK ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombreuses intercalalions du lentilles el bancs de grès dont un ou plusieurs peuvent
rire imprégnés de pétrole; celte importante massé de « sliales » a été divisée en deux
séries, la série du Colorado à la base, la série du Montana au sommet.
En examinant dans chaque localité la succession des terrains crétacés supérieurs à
partir du Dakota, j'ai constaté :
A Newcastle, 20"1 grés de Dakota; 3m argiles lignileuses; 3m grès imprégné d'huile ;
5om shales à lentilles de limonite et nombreux lits de dents de poissons; 2000™ shales
à faune marine avec intercalalions de grés;
A Douglas, ?.m grés de Dakota; io"1 argiles magnésiennes; iom shales à dents de
poissons el à lignites; :>."' grès imprégné d'huile; 5™ marne à bêle m ni telles ; y* shales
à faune marine avec intercalalions de grès;
A Moorcroft, iom conglomérat de Dakota; om.5o argile blanche; à'" grès de Dakota
imprégné d'huile; 3o'" argiles gypseuses à petits lits de sable; i5,n grès imprégné
d'huile; 6om sliales avec lignite et soufre; i5m gres imprégné d'huile; ioo'" shales
a\ec lignite par places et très nombreuses empreintes d'écaillés de poissons; 3ooo"'
shales à faune marine avec intercalalions de grès;
A Lander, iora grès de Dakota; 20'" argiles; 100"1 shales à empreintes d'écaillés de
poissons alternant avec petits lits de grès imprégnés d'huile (Mowry member);
iooom shales à faune marine;
A Sali Creek, le Dakota et la série du Colorado n'affleurent pas; les premiers
affleurements appartiennent à la série de Montana; ce sont de bas en haut: 100"' shales
à lits de dents de poissons; 3om grès de Shannon imprégné d'huile; 100'" shales sans
fossiles; io'u grès; 600'" shales à faune marine avec intercalalions de grès; les forages
faits au dôme de Sait Creek ont traversé 3oo'" à 4oom de shales à gypse, soufre el
débris végétaux', avec poche d'huile el de gaz, puis 3om de grès avec huile sous pres-
sion; ce dernier grès est assimilé par les auteurs américains au grès de Wall Creek
affleurant à 2.jUm de Sali Creek, dans la série suivante : grès de Dakota imprégné
d'huile; ioo"1 shales à dents de poissons; 2oom shales à faune marine; a.')'" grès de
Wall Creek à faune marine; 6oom sliales à faune marine; 20™ grès (Shannon fusion);
700"1 shales à faune marine.
A l'examen de ces renseignements 011 voit :
in Que les niveaux, imprégnés de pétrole des localités considérées
s échelonnent de la base au sommet du Crétacé supérieur sans qu'il soil
possible d'établir entre eux un synchronisme de dépôt;
20 Que les niveaux de grés imprégnés d'huile sont en contact avec les
shales à faciès lagunaire;
i" Que, parmi les niveaux de grès en contact avec les seules formations
à faciès franchement marin, il n'y en a pas qui soil imprégné d'huile.
Nous sommes donc en droit de considérer qu'ici les argiles à faciès lacu-
naire sorti les roches mères du pétrole; ce pétrole serait à? origine organique.
L'abondance des traces et débris de poissons permet de conclure à l'inter-
vention & organismes animaux dans la formation de ce pétrole, aucun fait
SÉANCE DU 5 MAI IC)l3. l/jip,
d'observation ne permettant d'ailleurs d'exclure la possibilité d'intervention
d'organismes végétaux.
C'est au début de la transgression du Crétacé supérieur que se sont
formées, à l'est des Montagnes Rocbeuses, sur les grès de Dakota, les
lagunes où l'on trouve les roches mères du pétrole recouvertes par de
puissants dépôts marins; ces lagunes sont distribuées suivant le relief du
continent ancien; la transgression se continuant, de nouvelles lagunes se
sont échelonnées sur les nouvelles bordures continentales.
La puissance des dépôts crétacés et tertiaires permet de penser que les
animaux putréfiés accumulés au fond des lagunes, à l'abri de l'air parmi
les vases, ont pu être portés en profondeur à une température assez élevée
pour que leur distillation donne naissance au pétrole actuellement con-
centré dans les roches perméables au contact des roches mères.
La généralisation d'observations de l'ordre de celles consignées ci-dessus
pourrait éclairer à la fois le problème de l'origine du pétrole et celui, non
moins complexe, de la recherche de ses gisements.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Orages magnétiques et phénomènes d'hystérésis.
Note de M. J. Bosler, présentée par M. H. Deslandres.
Nous avons déjà montré, au cours de travaux antérieurs ('), comment
l'installation très favorable de l'Observatoire du Parc Saint-Maur rendait
presque évidente la relation des orages magnétiques avec les courants
telluriques. Tout se passe comme si ces derniers constituaient le phéno-
mène primitif et, agissant sur l'aiguille aimantée conformément à la loi
d'Ampère, étaient la cause directe des perturbations magnétiques.
Mais les circuits telluriques embrassent de vastes régions : on le voit
aisément lorsqu'on examine, à un même instant, les perturbations
observées en des lieux différents, ce qui permet de tracer approximati-
vement les lignes de courant. Il est donc vraisemblable, a priori, que la
matière interne du globe joue, par ses propriétés magnétiques, un rôle
dans les variations du champ terrestre.
Précisons. Soit à la surface de la Terre un courant tellurique C que, pour
simplifier, nous supposerons circulaire. S'il existe au-dessous une couche
magnétique G d'épaisseur quelconque, les tubes d'induction affecteront
(') Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 342; et Thèse, Paris, Gauthier- Villars, 1912.
C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N° 18.) l8l
I/J20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A une allure analogue à celle de la figure i ('). Le flux d'induction se con-
servant le long d'un même tube, ses variations numériques à l'intérieur se
feront sentir à l'extérieur en A, où les mots induction et force deviennent
synonymes : les magnétomètres nous donneront ainsi une image plus ou
moins fidèle de la perméabilité du globe (2). On doit alors s'attendre à
16^ 17^ 1BÏ1 191? 2Ql?
Courent
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observer, sur les courbes magnétiques publiées, des phénomènes A' hystérésis.
Il semble, croyons-nous, qu'il en est bien ainsi.
i° Au début des orages magnétiques d'origine cosmique — et nous ne nous occu-
pons que de ceux-là, laissant de côté les troubles locaux — le courant tellurique
Est-Ouest (3) subit très généralement un accroissement brusque, après lequel il revient
presque toujours près de sa valeur initiale. La force magnétique horizontale éprouve
au même moment une brusque augmentation; mais, tout en continuant à suivie dans
ses soubresauts le courant tellurique, elle ne reprend jamais de suite sa valeur
moyenne primitive, il s'en faut souvent de plusieurs heures. Celte dépression de
l'ordre de 5. io~ 4 C. G. S., s'observe à Greenwich et à Polsdam comme à Saint-Maur;
elle n'étonne plus les spécialistes et sa généralité même en souligne l'intérêt. Or, il
est facile de reconnaître là le phénomène le plus simple de l'hystérésis : quand le
champ magnétisant croît, l'induction croît aussi, mais elle ne reprend plus sa valeur
initiale lorsque le champ a repris la sienne; un magnétisme rémanent apparaît alors
(') Le problème peut se traiter rigoureusement. Maxwell le résout pour une couche
sphérique perméable et un champ extérieur quelconque supposé développé en série
d'harmoniques sphériques {Traité d"1 électricité et de magnétisme, t. II, p. 63).
Gomme le champ d'un courant circulaire se met aisément sous cette forme, la solu-
tion du cas qui nous occupe s'en déduit aussitôt.
(■) Tout au moins des matériaux traversés par les tubes d'induction voisins de A.
(:t) Ce qui suit se vérifie également pour le courant Nord-Sud et la déclinaison, à
cela près que les déclinomètres sont le plus souvent moins précis que les bifilaires
mesurant la force horizontale.
SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l3. l42I
et subsiste tant qu'une action démagnétisante (chocs, élévation de température, ren-
versements successifs du courant, etc.) n'est pas intervenue.
2° A la fin d'un orage de quelque importance, le champ moyen du globe éprouve
presque toujours un affaiblissement sensible de même ordre que tout à l'heure. Comme
précédemment, il s'agit encore là d'un fait très général. Il est difficile de ne pas le rap-
procher de l'action démagnétisante que produit à la longue, sur un corps aimanté, un
champ alternativement croissant et décroissant. Ceci n'a lieu, à la vérité, que lorsque
la valeur absolue du champ alternatif va elle-même en diminuant (') et lorsque ses
oscillations sont suffisamment lentes, de l'ordre de quelques minutes par exemple (2).
Mais ces conditions sont précisément remplies à la fin d'un orage magnétique, quand
le courant tellurique, après maintes fluctuations, reprend peu à peu sa valeur moyenne
très faible du temps normal.
Les expériences de Lord Rayleigh ont, il est vrai, donné à penser que, pour des
champs inférieurs à 0,04 C.G.S., la perméabilité du fer restait constante et, par
suite, ne donnait lieu qu'à des changements réversibles (3). Mais il ne s'agissait que
du fer doux et nullement de corps doués de magnétisme rémanent qui, eux, ont tou-
jours de l'hystérésis. Et les roches de l'intérieur de la terre, la magnélite, les basaltes
et les argiles ferrugineuses appartiennent à cette catégorie, comme l'ont notamment
montré les belles expériences où Bernard Brunhes (4), grâce au magnétisme résiduel
de certaines laves, a pu nous renseigner sur la direction du champ terrestre à l'époque
des éruptions des volcans d'Auvergne.
Ainsi donc, les caractères signalés ici des orages magnétiques permettent
de relier, à de nouveaux faits d'expérience bien acquis, la théorie qui les
attribue aux courants telltiriques : ils ne peuvent que prêter à celle-ci un
surcroît d'appui. D'autres phénomènes, dans ces dernières années, sont
venus fournir à l'homme certaines notions sur l'étal intérieur du globe,
longtemps réputé inaccessible : l'étude du magnétisme terrestre est
peut-être appelée à nous apporter là-dessus, à son tour, quelques données
de plus.
(') C'est le procédé employé par les horlogers pour corriger les montres acciden-
tellement aimantées.
(2) Les faibles variations du champ magnétisant donnent lieu à des effets de traî-
nage ou de viscosité magnétiques [Maukain, Le magnétisme du fer (Collection
Scientia, p. 52)] sensibles dans les premières secondes, négligeables passé 1 minute.
Ceux-ci nous intéressent peu, les fluctuations des courbes magnétiques durant en
général de 5 à 20 minutes; ils pourraient cependant, dans certains cas, avoir quelque
influence.
(3) Le fait est d'ailleurs discuté, même pour le fer doux. Voir Grimlich et Rouowski,
Ann. der Physik, t. VYXIV, 191 1, p. 235.
C") Journal de Physique, 4e série, t. V, 1906, p. yoS.
142'.
ACADEMIE DES SCIENCES.
M. Vasilesco Karpen adresse une Note intitulée : Le vola la voile.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la
place de Memhre libre, vacante par le décès de M. L. Cailletet, présente,
par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie, la liste suivante :
En première ligne M. André Bloxdel
En deuxième ligne M. A. de Gramoxt
MM. Georges Claude
„ , ■ • ,- , , , , , . Matrice Leblanc
tn troisième ligne, par ordre alphabétique ...'>. n
i Paui, Rexard
\. Rosexs 111:111.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la séance du 19 mai prochain.
La séance est levée à 6 heures un quart.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 15 MAI 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie
a faite de M. Gouy, à Lyon, pour remplir l'une des places de Membre non
résident créées par le Décret du 17 mars 191 3.
Il est donné lecture de ce Décret.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Les polynômes ' V „,tnd Hermite et leurs analogues
rattachés aux fonctions sphériques dans l'espace à un nombre quelconque
de dimensions. Note de M. Paul Appell.
De nombreux géomètres, entre autres Green (Trans. Cambridge Philos.
Soc, 5-III, i835, p. 395), Hill (Ibid., 13-111, 1 883, p. 273), Cayley
(Journal de Liouville, 13,, 1848, p. 270, et Philos. Trans. London, 165-11,
1873, p. 675), C. Neumann (Z. Math. Phys., 12, 1867, p. 97), Heine
(Journal de Crel/e, t. 02, p. no-i/ji;, Mebler (Ibid., t. 66, p. 161) ontgéné-
ralisé la théorie des fonctions sphériques par la considération de fonctions
harmoniques dans l'espace à n -+- 1 dimensions, c'est-à-dire de fonctions
vérifiant l'équation
u-T d*T d-T __Q
d.c\ d.v'\ ' ' ' dxjl+i~
Mehler, en étudiant les développements en séries, suivant ces fonctions
C. R , i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N- 19.) 182
l424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sphériqucs, indique que, lorsque le nombre des variables augmente indéfi-
niment, la fonction à développer ne dépendant que d'un nombre déterminé
de variables, ses résultats rentrent dans ceux qu'Hermite a donnés relative-
ment aux polynômes qui naissent de la dérivation d'une exponentielle dont
l'exposant est une forme quadratique (Comptes rendus, t. ô8, 1864, p- 93
et 266).
Je me propose d'attirer l'attention sur ce fait que les polynômes Vm „
qu'Hermite a déduits de la fonction génératrice
1 — 2 ax — 2 h y -+- a- -+■ b1
puis les polynômes analogues qu'il a étudiés (Comptes rendus, t. 60, i865,
p. 370, 432, 461 et 5i2 ; Annales scientifiques de l'École normale supérieure,
ire série, t. II, i865, p. 49? et Œuvres, t. II, p. 3og, 3i3, 3ic)) et que Didon
a généralisés (Annales de l'Ecole normale supérieure, t. 5, 1868, t. 6, 1869,
t. 7, 1870), sont des cas particuliers de fonctions sphériques, sur des hyper-
sphères dans des espaces à plus de trois dimensions.
Les points essentiels sont les suivants. On sait que la fonction
(2) < T = (JC\ + jcl-i-... + J;uJ-r
vérifie l'équation (1). Les dérivées de cette fonction, telles que
II/h, Uni, ...Ilm„ d-z'?' dx™> . . . dx™-
T.
prises par rapport aux variables autres que xn+l, sont également des
fonctions vérifiant l'équation (1), et, sur l'hypérsphère
x\ ■+■ x\ ■+- . . . -+- xl+1 — 1 .
elles deviennent, par l'élimination de xn+l, des polynômes V „, mn
enx,, x2, ..., xn définis parla fonction génératrice
1 — n
(3) (1 — 2a,x, — 2a2x, — . . .— 2a„x„-+- a\-tal-\-. . .h- al)-^
— ^.a'"9
Les écailles de ce même poisson avaient donné :
Fluor pour 1008 48,8 09,9 1 43 , 6
c'est-à-dire presque les mêmes quantités de fluor.
Cette grande analogie nous a engagés à faire l'analyse plus complète de
ces deux parties du même animal :
Cendres.
Les écailles onl laissé pour 1008, sèches 4' i7
(P205 en 1008 de cendres : 46,0)
Les arêtes ont laissé pour ioo?, sèches 4o,o
(P205 en 100S de cendres : 44>37)
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l42Q
ioos de cendres contenaient :
Écailles. Arêtes.
(PO)2Ca3 98, 38 93,93
(POl)2Mg3 i,79 2>48
CaF2 0,29 o,3o
Carbonates traces traces
Sulfates très petite quantité nul
CaO (en excès) (*) nul 3, 02
Il y a donc, on le voit, très grande analogie, mais non identité complète,
entre la composition du squelette de ce poisson et celle de ses écailles.
D'après nos observations, l'écaillé contient des sulfates que ne contient
pas l'arête; elle a pour support organique deux substances dont l'une
gélatinisable répond à l'osséine; l'autre, résistant à l'action prolongée de
l'eau bouillante, est une chitine ou une chondroitine. La présence de cette
dernière substance et de l'acide sulfurique fait de l'écaillé un intermé-
diaire entre l'os, le cartilage et peut-être la matière épidermique.
B. — Cartilages. Tendons.
De tous les tissus examinés jusqu'ici, les os et l'émail dentaire sont les
plus riches en fluor; les cartilages et les tendons sont les plus pauvres.
a. Cartilage. — Cartilage humain détaché de la tête du fémur d'un
homme de 65 ans. Ce cartilage revêtant la tête articulaire de l'os, pesait
12VS à l'état frais.
Cartilage Cartilage
frais. sec.
Fluor pour 1 00s i , 41 4 > "3
(P203 pour 100 de cartilage sec : o,56.)
Cartilage non encore ossifié des épiphyses a" un jeune veau à ^a nais-
sance (bien séparé du tissu osseux) o,5i 2,52
(P205 pour 100 de ce cartilage pesé à l'état sec : i,o3.)
On remarquera la richesse extraordinaire de ce cartilage en acide
phosphorique quoiqu'il ne fût pas encore ossifié.
Trachée du mouton Fluor ... o , 4 1 »
On voit combien par sa pauvreté en fluor le cartilage s'éloigne de l'os
qui, à l'état frais, contient chez l'homme comme chez le veau 56 fois plus
de fluor dans sa partie diaphysaire que dans les revêtements cartilagineux
de ses extrémités osseuses.
(') Chaux unie durant la vie soit à CO2, soit à la matière organique de l'os.
l43o ACADÉMIE DES SCIENCES.
B. Tendons. — Nous n'avons examiné que le tendon suspenseur de la
te chez un veau de 2 à 3 mois. Cet orga
élastique; il contenait 61,2.^ pour 100 d'eau.
tête chez un veau de 2 à 3 mois. Cet organe est formé surtout de tissu
Fluor. .
P205 pour 100 de tendon
Elal frais.
Iilat sec.
0,35
0,90
0,09
0,23
Ainsi, comme le phosphore qu'il accompagne, le fluor se trouve dans
tous les organes examinés par nous jusqu'ici. Mais il y existe à des doses
très différentes : dans l'émail des dents, il forme les , ^*0 0 du poids de la
matière fraîche; dans les os, les ,„*",,„ ; dans l'épiderme, les cheveux, les
poils, de nr^ïïïï à 7^5-; dans les cornes, les tuyaux de plumes, de
I II IMIOO
à Tô^ôô' dans les cartilages, les tendons, de j^j^ à ^^ du tissu frais. Le
fluor se localise donc d'une façon spécifique; il accompagne surtout les
phosphates alcalino-terreux et augmente avec eux.
Nous nous proposons de faire bientôt connaître nos recherches sur le
fluor dans les autres orsanes et dans les humeurs de l'économie animale.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de plusieurs dicyclohexylbutanes .
Note de MM. Paul Sabatiek et M. Murât.
Dans de précédentes Communications, nous avons montré que la méthode
d'hydrogénation directe sur le nickel peut s'appliquer avec succès à divers
carbures diphényliques : diphényle, diphénylméthane, diphénylélhanes,
diphénylpropanes ('). La présente Note développe la généralisation de
cette méthode en l'étendant à un certain nombre de diphénylbutanes.
La théorie prévoit l'existence de neuf dicyclohexylbutanes isomères de
formule commune (C6Hn)2C*H% qui étaient encore tous inconnus. Six
se rattachent au butane normal CU3.CR2. CE.-. CR3, savoir : i./j; 1.3'; 1.2;
1. 1 ; 2.2 et 2.3. Trois se rattachent à Visobutane ou met hy /propane
CtF.CH.CH3,
CH3
savoir : i.3; 1.2 et 1.1.
Nous avons préparé cinq de ces composés, dont trois issus du butane,
savoir : 1.4; 1.1 et 1. 2, et deux issus de l'isobutane : 1 . 3 et 1 .1.
(') Paul Sabatikr et M. Murât, Comptes rendus, t. loi, 1912, p. i3go et 1771 ;
t. 155, 1912, p. 385.
SÉANCE DU l3 MAI IÇ)l3. i /, 3 1
I. Dicyclohexylbutane-\.\. — L'un de nous, dans un travail antérieur,
a indiqué que l'hydrogénation du phénylacétylêne, convenablement pra-
tiquée sur le cuivre entre 1900 et 25o°, le transforme partiellement en
diphénylbutane symétrique ou 1.4:
Cf'H\CH^CH*.CrKaili.C,;H\
qui fond à 5a° et bout à 3 17° (' ).
Nous avons soumis cet hydrocarbure à l'hydrogénation directe à 1700 en
présence d'un nickel très actif : il est totalement transformé en dicyclo-
hexylbulane-i . l\:
C''Hll.CtKCH2.CHi.CH2.C6H'1.
liquide incolore, inattaqué par le mélange sulfonitrique, qui se solidifie en
cristaux blancs, fondant à 90, et qui bout à 'io'f-'io'ïï' (corr.). Nous avons
trouvé à 2i°, d'î' = 0,8772, avec /iD= 1,4755 on en déduit, comme pou-
voir réfringent, R„ =72,1 (calculé 71 , 5 ).
II. Dicyclohexylbutane-1.1. Nous avons fait réagir le chlorure de
benzylmagnésium sur Y éthylphénytcétone C'IP.CO. CH2.CrF, obtenue en
catalysant à 45o° sur la thorine ou sur l'oxyde de cadmium, un mélange
des acides benzoïque et propionique. On arrive ainsi à Véthylphénylbenzyl-
carbinol, que la distillation sous pression ordinaire déshydrate complète-
ment en diphênylbulène
CHP.CH =C — CH-.CH3.
C 1 1
Ce dernier est un liquide incolore qui bout à 29C)0 (corr.). On a trouvé
à 18°, d'0s = 1,0124, avec nB== 1,593.
Kl âges et Heilmann avaient déjà, par une voie un peu différente, atteint
cet hydrocarbure (2).
Hydrogéné sur un nickel peu actif (incapable d'hydrogéner le benzène),
il fournit le diphénylbutane- 1 .2
C6H5.CH3.GH.CH2.ÇH3.
C6 H'
(') Paul Sabatier et Sendere.ns, Ann. de Chim. et de Phys., 8L' série, t. IV, igo5,
p. 37o.
(2) Klages et Heilmann, Mer. cheni. Ges., t. XXXVII, 1904, p. 1 454-
C. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) x$3
l4^2 ACADÉMIE DES SCIEINCES.
liquide incolore qui bout à 285°-287° (corr.). Nous avons trouvé, à i8°,
d'„s = i ,0092, avec raD — 1,587, ce l1" donne R„ = 69,6 (calculé 69,1).
Cet hydrocarbure soumis à l'hydrogénation au contact d'un nickel très
actif, vers 1700, se change totalement en dicyclohexylbutane-\ .2
CUH".CH2.CH.CH2.CH3,
CCH"
liquide incolore, inattaqué à froid par le mélange sulfonitrique. 11 bout
à 276°-278° (corr.). Nous avons trouvé 0^ = 0,9104 et, à 180, ^" = 0,9084,
avec nD =* i,5oo; d'où Rn = 71,9 (calculé 71, 5).
III. Dicyclohexylbutane- 1 . 1 . — Nous avons fait agir le bromure de phé-
nylmagnésium sur le butyrate d'éthyle CH3.CH2.CH2.C02.C;!H5. L'al-
cool tertiaire qui est ainsi engendré se déshydrate par distillation, même
sous 35mm, et fournit le diphènylbutène
C6H3.G = CH.CHS.CH3,
C6H3
liquide incolore qui bout à 295°-297° (corr.). A 160, on a rf^" = 1,0039,
avec nD= 1,595.
Ce même hydrocarbure a été également préparé par une autre voie, en
faisant réagir le chlorure de propylmagnésium sur la benzophénone, et
déshydratant par distillation l'alcool produit. Mais le rendement utile est
plus mauvais, parce que nous avons constaté qu'il y a en même temps for-
mation de proportions importantes de tètraphènyléthane symétrique :
c°H5Vh ph/C6H5
formation secondaire intéressante sur laquelle nous reviendrons ultérieure-
ment.
Le diphènylbutène, obtenu par l'une ou l'autre voie, a été soumis à l'hy-
drogénation vers i5o° sur un nickel peu actif (incapable d'hydrogéner le
benzène) : on obtient ainsi le diphénylbutane-i .1
^"*^GH.CtP.CH2.CH3,
ObH°/
liquide incolore qui bout à 286°-288° (corr.). Nous avons trouvé, à 1G0,
d'Ba = o, 9748, avec nD = 1 , 554 ; d'où l'on déduit RD = 69, 4 (calculé 69, 1).
SÉANCE DU Ij MAI I9l3. 1 433
Mais si l'hydrogénation précédente est réalisée à température trop
haute (200° à 3oo°), il y a endettement partiel de la molécule et formation
à peu près exclusive de dipkénylméthane, qui bout à 2620 et se solidifie
à27°(').
Le diphénylbutane-1.1, hydrogéné à 1700 sur un nickel très actif, se
transforme intégralement en dicydohexylbutane- 1 . 1 :
C6H"\
/-Bui. XH.CH-.CH*.CH3,
LSH"/
liquide incolore, inattaqué à froid par le mélange sulfonitrique. Il bout
à 28o°-282° (corr.). Nous avons trouvé d°Q = 0,8922 et, à 160, dl06 = 0,8842,
avec nD = 1,485, ce qui donne RD = 71,5 (calculé 71, 5).
IV. Dicyclohexylméthylpropane-1.1.1. — Nous avons fait réagir l'iodure
d'isopropylmagnésium sur la benzophénone. Le diphènylisopropylcarbinol
ainsi formé se déshydrate par distillation sous la pression ordinaire et
fournit le diphénylméthylpropène
CSH5\ /CH3
G6H5/C — C\CH»
C'est un liquide qui bout à 293°. A 16", nous avons trouvé d1/' = 1 ,0240,
avec nD= i,5g6. Nous avons aussi préparé ce carbure en faisant agir le bro-
mure de phénylmagnésium sur Yisobulyrate d'éthyle, et déshydratant par
distillation le carbinol obtenu.
Ce carbure, soumis au-dessous de 1800 à l'hydrogénation sur un nickel
peu actif, se transforme totalement en diphênytmêthylpropane-\.i.n:
liquide incolore qui bout à 285°-286° (corr. ). Nous avons trouvé, à 160,
d'0b = 0,9780, avec «D= i,56o; d'où R„ = 69, 3 (calculé 69,1).
Si l'on réalise vers 25o° à 3oo° l'hydrogénation du diphénylméthylpro-
pène, on a dislocation de la molécule, et l'on obtient à peu près exclusi-
vement du diphènylméthane.
(') (Test ce dernier carbure qui a été sans doute préparé par Klages et Heilmann
(loco citato) dans l'hydrogénation par l'acide iodhydrique du diphénylbutène-i . 1 ,
et qui a été décrit par eux comme étant le diphénylbutane-1.1 (fondant à 270 et
bouillant à 205°) .
1 43^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le diphénylméthylpropane-i.i.2, hydrogéné vers 1700 sur un nickel
1res actif, se change intégralement en dicyclohexyl-i .i-méthyl-i-propane :
C'«H«'\ rfT/CH3
liquide incolore inattaqué par le mélange sulfonitrique. Il bout à i^^0-2r]cf
(corr.)- On a trouvé r/" = 0,9017 et, à i5°, d'^ = 0,8906, avec nD = 1,492,
d'où l'on tire R,>= 71, 5 (calculé 71, 5).
V. Dicyclohexylméthylprapane-\ .3.2. - Nous avons fait réagir l'iodure
de méthylmagnésinm sur la dibenzylcétonc, CcHs.CH2.CO.CH-.C° H5,
préparée en catalysant l'acide phénylacétique. L'alcool tertiaire ainsi en-
gendré se déshydrate totalement quand on le distille sous la pression ordi-
naire et donne le diphénybnèthylpropène
OH5.CH:=C — CH-.C6H\
CH3
liquide incolore qui bout à 3o4° (corr.).
Nous avons trouvé, à 160, d"'' = 1,0181, avec rcD= 1 , 593.
Soumis à l'hydrogénation sur un nickel très actif, à 1700, il fournit de
suite le dicyclohc.ryl-i .3-mélhyl-2-propane
G«H,I.GHÏ — GH.GH».C«H1J,
GH3
liquide incolore qui n'est pas attaqué par le mélange sulfonitrique froid. Il
bout à 29o°-292° (corr.). Nous avons trouvé ^" = 0,8916 et, à 19°,
f/,'J = 0,8840, avec nlt— 1 ,484; d'où l'on déduit RD= 71,8 (calculé 7 1 ,5).
Nous avons pu, par des voies analogues, préparer plusieurs dicyclohexyl-
pentanes; c'est ce que nous aurons l'honneur d'exposer dans une prochaine
Note.
GÉOLOGIE. — Sur quelques roches écrasées du Plateau Central.
Note de M. L. De Lauxay.
Mon attention avait été depuis longtemps attirée, dans l'ouest du Plateau
Central, par de nombreux lambeaux disséminés de roches bréchiformes
présentant d'ordinaire l'aspect extérieur d'un granité ou d'un gneiss et
SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l/j35
confondues par suite avec les granités ou gneiss voisins par les géologues
antérieurs à moi. Sur toutes les feuilles successives de la Carte géologique
que j'ai publiées depuis 1887, je me suis attaché à en noter les manifesta-
tions les plus minces et les plus localisées comme un élément tectonique
particulièrement intéressant et j'ai appelé l'attention sur ces affleurements
avec insistance dans toutes mes publications relatives au Plateau Central,
en particulier dans les légendes des feuilles de Montluçon, Confolens,
Aubusson, Guéret, etc. Généralement, j'ai noté ces lambeaux, qui ont
souvent à peine quelques mètres de largeur, d'après leur âge probable,
comme carbonifères, en faisant remarquer leur mode de formation très
spécial, sauf sur la feuille de Confolens où on les trouvera désignés par la
notation xa. Cependant je n'étais pas arrivé à une explication satisfaisante
de ces terrains qui se présentent ici dans des conditions stratigraphiques
mal déterminées, comme des sortes d'éboulis ressoudés ou comme des
remplissages de brèches. Quelques terrains très analogues de la même
région, dont le plus caractéristique a été remarquablement décrit par
M. Fayol sous le nom de Roche Sainte-Aline, se présentent, à leur voisi-
nage, à l'état de véritables strates intercalées dans le terrain houiller sté-
phanien, avec passage latéral à des poudingues formés de galets roulés. Je
m'étais donc contenté de les envisager, suivant les cas, tantôt comme des
éléments sédimentaires particuliers des terrains carbonifères, tantôt comme
des remplissages locaux de zones fracturées.
Mais, les beaux travaux de M. Termier sur les roches écrasées, ou mylo-
nites, m'ayant suggéré l'idée qu'il pourrait y avoir, dans l'ouest du Plateau
Central, des roches écrasées analogues à celles qu'il a décrites dans la région
de Saint-Etienne, je suis retourné l'été dernier visiter une zone facilement
accessible de ces affleurements au sud-est de Montluçon : vers Sainte-
Agathe, Pérassier, Serclier, Landier, etc. J'y ai recueilli, en effet, de
véritables mylonites.
En tous ces points, ces roches, qu'il ne faut pas confondre avec les pou-
dingues sédimentaires à gros galets roulés, abondants au voisinage dans la
même région, se présentent sous la forme d'une sorte de granité fissuré et
sans homogénéité, qui est, en réalité, formé de fragments granitiques de
toutes dimensions, souvent énormes, salis et rouilles, que peut cimenter
une pâte plus fine formée d'éléments granitiques plus complètement broyés.
Il s'introduit parfois, dans les fissures, un peu de matière houillère.
Sans entrer ici dans la description des autres points où l'on trouve des
roches analogues, description que je donnerai ailleurs quand une nouvelle
! 436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
campagne de courses m'aura permis d'aller les revoir et les contrôler ('),
je me contenterai de signaler, d'après mes souvenirs, quelques autres
affleurements particulièrement typiques. C'est, par exemple, le cas pour
toute une longue traînée qui prend en écharpe la feuille d'Aubusson sur
les prolongements nord et sud du bassin d'Abun, depuis Glénie au nord
jusqu'au sud d'Aubusson, où cette traînée bréchoïde vient recouper le
gneiss à cordiérite. C'est également le cas pour les roches poudinguiformes
que j'ai signalées sur la feuille de Confolens, près du Dorât, à l'ouest d'Ora-
dour. C'est encore ce qu'on peut observer dans les environs de Bourga-
neuf, où je signalais déjà, dans la légende de la feuille de Guéret (1906),
l'abondance des remplissages de faille bréchiformes. Au sud-ouest de cette
ville, vers la Reigeasse et le château de Rigour, on a des agglomérats confus
d'éléments gneissiques souvent très volumineux etanguleux. Il est facile
d'en suivre la traînée vers le Nord, sur la bordure ouest du granité et l'on
en retrouve encore un lambeau près de Montarichard. Ces affleurements de
Bourganeuf offrent un intérêt tout particulier comme représentant la conti-
nuation probable vers le Nord d'une traînée remarquablement nette des
mêmes roches que M. Mouret vient de découvrir dans la zone si bien
décrite par lui des roches d'Argentat : traînée sur laquelle, d'après une
obligeante communication, il se propose de publier prochainement un
travail développé.
Indiquons maintenant brièvement quel paraît être le rôle tectonique de
ces brèches, autant que la nouveauté de la question permet encore de s'en
rendre compte. On pourra suivre cette description sur la dernière édition
de la Carte au II)III'IUIIU, malgré les fortes corrections qu'il conviendrait d'y
apporter d'après mes explorations depuis cette époque. J'ajoute aussitôt
qu'il ne s'agira ici que de la partie ouest du Plateau Central, dont on peut
marquer la limite au grand sillon houiller de Saint-Eloy : région à plisse-
ments armoricains, au delà de laquelle une bande fortement disloquée et
brouillée marque le passage aux plis de direction varisque.
Si l'on traverse cette région du Sud-Ouest au Nord-Est, on rencontre
successivement une série de zones, qui ne ressortent pas suffisamment sur
les Cartes de détail trop compliquées et encore moins sur la Carte au mil-
( ' ) Le cas des roches Sainle-Aline, dont l'équivalent existe, d'après M. Fayol, à
Brassac et à Epinac, montre avec quelle prudence il faut aborder l'étude de ces
roches écrasées pour ne pas les confondre avec des formes locales de la sédimentation
lacustre stéphanienne.
SÉANCE DU l3 MAI iqi3. l437
lionième, où l'on a eu le tort de ne pas mettre en évidence par le figuré
quelques éléments d'une importance toute spéciale, tels que les zones à
amphibolites, à diorites et à leptynites, ou les gneiss à cordiérite. Les prin-
cipales de ces zones comprennent, du Sud-Ouest au Nord-Est : i° des schistes
et phyllad.es peu métamorphisés; i° des terrains à amphibolites; 3° une
traînée de sédiments primaires, à laquelle s'associent les roches écrasées
d'Argentat; 4° un axe de schistes granulitisés où la granulite arrive à
occuper des extensions remarquables, de Pontarion à Treignac et Corrèze;
5° une étroite zone de micaschistes accolée au gneiss à cordiérite d'Au-
busson; 6° un groupe, sans doute plus profond, de gneiss avec granité. Si,
à partir de ces granités francs qui sont ceux de Guéret, on oblique vers le
Nord, on retrouve 70 une seconde chaîne granulitique particulièrement
continue, puisque, de Montluçon, elle va sans interruption au delà de Mont-
morillon pour reparaître, aussitôt après la coupure apparente du détroit de
Poitiers, en Bretagne et s'y poursuivre jusqu'à la baie de Douarnenez. Puis
revient 8° une traînée à amphibolites et à diorites étonnamment analogue
à celle de Brive et Tulle et qui semble d'ailleurs aller se souder avec
eelle-ci dans l'Ouest par la région de Confolens (tandis que, dans l'Est, il
existe un grand secteur où ce genre de faciès fait complètement défaut,
remplacé par des gneiss plus caractérisés). Enfin, 9° dans ce même sens
Nord, on retrouve une large bande de micaschistes avec quelques quartzites
et leptynites et, de nouveau, 10" une traînée d'amphibolites, au moment
où le Plateau Central va disparaître définitivement sous son recouvrement
secondaire.
Du Sud au Nord, l'allure de ces terrains se modifie notablement. Après les
phyllades de Donzenac et les schistes de Travassac qui plongent, avec une
forte pente, vers le Sud, on trouve une série à amphibolites, dont la strati-
fication presque horizontale m'avait, dès 1888, très vivement frappé, comme
contrastant avec la disposition ordinaire des mêmes terrains plus au Nord.
La coupe que j'ai donnée alors des environs de Roche-de-Vic (') pourrait
aujourd'hui s'interpréter très aisément comme un pli couché dont la racine
serait au Sud-Ouest et qui viendrait passer sur les roches écrasées d'Ar-
gentat. Puis se développent des séries cristallophylliennes, dont les pen-
dages moyens sont généralement très voisins de la verticale et, seulement
quand on arrive tout à fait au Nord, par exemple dans la région de Sainte-
Sévère, on retrouve beaucoup plus localement des strates horizontales de
( ' ) Roches primitives de la feuille de Brive ( Bull. Carte géol., n° k, p. 1 ~> ).
l/|38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
micaschistes, avec des terrains présentant cette particularité que leur pente
moyenne est en sens inverse du relief du terrain, dirigée vers le Sud, vers
les roches granitiques et granulitiques qui les limitent de ce côté.
Quand on examine ces diverses zones et leurs contacts respectifs, on est
frappé de l'allure imbriquée qu'elles présentent dans leur ensemble. Il y a
eu visiblement une grande pression venue du Sud-Ouest qui les a poussées
plus ou moins loin vers le Nord-Est en leur donnant, d'une façon générale,
une forme incurvée dont la concavité est tournée vers le Sud et qui les a
fait glisser les unes sur les autres suivant des plans de rupture marqués par
des écrasements ('). Leurs limites constituent une série de longs décroche-
ments formant failles, ou plans de glissement, le long desquels on trouve
fréquemment les roches écrasées dont il a été question plus haut et suivant
lesquels se sont également, en bien des cas, incrustés des fdons de quartz
très continus.
Sans insister sur une question qui demandera à être reprise, je signalerai
d'abord, à ce propos, le grand accident, si bien étudié par M. Mouret et suivi
par lui depuis les environs de Decazeville, par Argentat jusqu'à Bourganeuf.
Un accident de même valeur limite le bord est de l'axe granuli tique de
Corrèze-Pontarion, comme celui d'Argenlat le bord ouest de ces granulites.
Un accident encore plus important prolonge le bassin d'Ahun vers le Nord
par Jarnages jusqu'au delà de la chaîne granulitique de Chàtelus et, en
sens inverse, se continue par la Courtine jusqu'aux environs de Bort, où il
va rejoindre le grand sillon houiller après i20km de course continue. La
bordure nord de la traînée carbonifère de Chambon est marquée par une
faille du même genre, que prolonge le grand décrochement quarlzeux
d'Evaux, décrit autrefois par moi, et qui, lui aussi, se recourbe par Biollet
pour aller rejoindre le sillon houiller, après go1"11 ou iookmde long. Enfin les
granités écrasés qui ont été signalés à Montluçon au début de cette étude
se placent sur le prolongement des failles du Sancerrois, par lesquelles est
limité à l'Ouest le houiller de Cominentry, comme, plus au Nord, l'est
aussi celui de Villefranche et Cosne et qui se prolongent si loin vers le
Nord à travers les terrains secondaires. On assiste donc, dans tout ce sec-
teur, à une inflexion progressive de ces accidents, qui les mène peu à peu
de la direction NW-SE affectée par les grandes failles limites sur la
(') On remarque de même, dans tous les plis du bassin de Paris, une dissymétrie
qui accuse une pression venue de même du Sud-Ouest, perpendiculairement aux. plis
armoricains.
SÉANCE DU l3 MAI IÇ)l3. l43o,
bordure sud-ouest du Plateau Central jusqu'à une direction NNE-SSW
conforme à celle du sillon houiller, direction qui dominera ensuite vers
l'Est jusqu'aux failles limites de la Limagne sur sa bordure ouest, de Mou-
lins à Clermont.
L'âge principal de tous ces phénomènes parait être carbonifère, intermé-
diaire entre le Dinantien et le Stéphanien, à peu près contemporain par
suite des manifestations éruptives que j'ai décrites dans la Creuse (').- Le
Stéphanien est souvent à cheval sur les limites de ces accidents qui semblent
lui avoir préparé des lignes de dépression lacustre. Mais des mouvements
antérieurs avaient certainement préparé ce tracé, qui a été ensuite accentué,
pendant le Tertiaire, avec de fortes dénivellations. C'est ainsi qu'à l'Ouest,
une des failles principales de la feuille de Confolens se prolonge presque
depuis Limoges vers Lusignan et Parthenay à travers le Secondaire.
Je viens également de remarquer que les accidents situés à l'ouest du
bassin de Commentry étaient continués au Nord dans le Secondaire par
ceux du Sancerrois. De même j'ai montré autrefois que la vallée du Cher
a subi, pendant et après l'Oligocène, une compression transversale Est-
Ouest qui a enfoncé vers le Centre ses terrains lacustres et dont les accidents
sont conformes à la direction moyenne d'une traînée stéphanienne allant
de Montluçon à Estivareille et Maulne, etc.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la relation de Trouton.
Note (2) de M. de Forcrand.
C'est en 1884 que le physicien Trouton publia la relation empirique très
simple qui porte son nom :
L
= = 22 environ.
Cependant, en présence des données acquises, surtout depuis une
dizaine d'années, il devient impossible de maintenir à la relation de
Trouton cette grande simplicité qui a contribué à en faire le succès au
début.
La valeur d'un quotient qui peut varier depuis 4,5 pour l'hélium jusqu'à
(') Les roches éruptives carbonifères de la Creuse (Bul. Serf. Carte géol.. n° 83).
Voir également, dans le même Recueil : La vallée du Cher dans la région de Mont-
luçon (n° 30).
(-) Reçue dans la séance du 28 avril 1 g 1 3.
C. R., igiî, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) I 84
l44° ACADÉMIE DES SCIENCES.
27 pour le cuivre (c'est-à-dire dans le rapport de 1 à 6) ne peut vraiment
plus être considérée comme constante; et, bien que certains auteurs aient
encore tout récemment admis la loi de Troulon, il n'est plus possible de
croire qu'elle correspond à la réalité.
D'autre part, les variations de la valeur du quotient ont lieu dans un
sens qui indique qu'elle est à peu près fonction de la température (absolue),
et qu'elle croît avec elle.
Nernst le fait remarquer dans son Traité de Chimie générale ('), et il pro-
pose, sous le nom de règle de Trouton revisée, la formule suivante :
^ =g,51ogT — 0,007 T.
Cette formule est assurément meilleure que la relation trop simple de
Trouton. L'introduction du logarithme de T donnera d'abord une aug-
mentation rapide de la valeur du quotient, puis un accroissement plus lent.
Le second terme, négatif, rendra cet accroissement plus lent encore. Et
c'est bien ainsi que les choses se passent de 200 à 5oo°.
On peut cependant adresser à cette formule deux critiques :
i° lien résulterait que ™ s'annule à peu près à i° (exactement i°,ooi7).
Or rien ne le prouve jusqu'ici. La température 0 pour laquelle L s'annule
peut être o°, ou une température supérieure. Elle serait telle qu'un corps
bouillant dans ces conditions, sous la pression atmosphérique, aurait une
température d'ébullition égale à sa température critique, et sa pression
critique serait de 760""". Au-dessous de 8, les mots point d'ébullition
n'auraient plus de signification. Mais pour connaître, même à peu près, la
valeur de 0, il faudrait des données relatives à des températures plus basses
que 20", 4-
20 II résulte de recherches récentes, déjà nombreuses, que les substances
qui bouillent à des températures très élevées, dépassant 10000 absolus,
telles que le zinc, et, d'après les travaux de Greenwood, le bismuth, le
plomb, l'argent, l'étain, le cuivre donnent un quotient dépassant notable-
ment 22, et pouvant atteindre 24, 26 ou 27.
Or la formule de Nernst est ainsi faite que la valeur qu'elle fournit, après
avoir augmenté rapidement de o° à 400°> croît de plus en plus lentement
au delà, passe par un maximum vers 6oo°, puis diminue graduellement,
(') ire Partie, p. 3i 1 ( traduction Corvisy, 1911)-
SÉANCE DU l3 mai io,i3. 1441
s'annule à 5ooo° et devient négative ensuite. Cela est manifestement
contraire aux faits.
J'ai cherché à corriger cette formule de Nernst en ajoutant d'abord un
terme correctif positif en T2, permettant à la valeur de ~ de continuer à
augmenter au delà de 5oo°. Les très nombreux calculs que j'ai effectués
L
T
30
20
10
y
/'
-
s
<*
A
B
r
c?*»
/
"*^*
1
^^<
il
l_
"**>
1000° 2000° 3000°
Relation de Trouton
Formule de Nernst x „ „
Nouvelle Formule
4000°
m'ont montré que le terme 4- 0,0000026 T2 convenait bien, à la condition
d'augmenter un peu les deux premiers facteurs numériques.
La formule
=1 = 10, 1 logT — o,ooç)T -+- o, 0000026 T2
fournit des résultats qui sont tous un peu supérieurs aux nombres réels, ces
nombres étant déduits soit des déterminations directes ou ébullioscopiques,
soit du calcul Clapeyron au moyen des courbes des tensions, en ayant soin,
l442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans ce dernier cas, d'appliquer le mode de correction déduit parL.Gay(')
des travaux récents d'Amagat.
J'ai fait ce travail de comparaison aussi bien avec l'argent et le cuivre,
d'après les données de Greenwood, qu'avec l'hydrogène et l'hélium (en
utilisant pour ce dernier les déterminations de K. Onnes).
Il m'a conduit à adopter, comme dernier terme correctif, négatif : 1,5 ;
et je propose la formule suivante :
= = io, i logT — i,5 — o, 009 T 4- 0,0000826 T2 .
Voici quelles sont les valeurs obtenues par l'application de cette for-
L
r
mule (2 ), soit pour ^. soit pour L.
L
T-
T. avec la nouvelle avec la formule avec la nouvelle avec la formule
formule. de Nernst. formule. de Nernst.
o Cal Cal
i,4uS... o i,4i3 o 0,002382
5o :5,2i6 '5,790 0,761 0,789
100 17,826 i8,3oo 1,783 i,83o
200 20,o44 20,460 4,009 4,092
3oo 2i,o53 2i,432 6,3i5 6,43o
4oo 21,597 21,919 8,638 8,768
5oo 21,910 22,i4o 10,935 11,070
600 22,096 22,192 13,257 i3,2i5
700 22,209 22,128 i5,546 i5,49o
800 22,285 21,979 17,828 17,583
900 22,344 21,765 20,109 19,588
1000 22,400 2i,5oo 22,400 2i,5oo
i5oo 22,g58 19,673 34,437 29,509
2000 24,240 17,360 48,48i 34,720
2&oo 26,569 14,780 66,425 36,g5i
3ooo 30,019 i2,o32 90,057 36,098
4ooo 42,719 6,219 170,880 24,878
5ooo 55,859 o,i4o 279,298 0,701
(') Voir ci-dessous, p. 1 4^4 -
(s) En regard, dans chacune des colonnes doubles, j'ai indiqué les valeurs qu'on
obtiendrait avec la formule de Nernst. Quant à la relation de Trouton, elle donnerait
L
uniformément 22 environ pour =■
SÉANCE DU i3 mai 191 3. i443
Le graphique ci-joint représente les variations de „•
On remarquera que, pour un intervalle de température compris entre
2do° et 9000, la courbe déduite de ma formule présente une sorte de palier
et s'écarte peu de la droite horizontale AB, qui représente la relation de
Trouton.
Or c'est justement dans ces limites que se trouvaient les nombres connus
en 1884.
De là la relation de Trouton, qui n'est qu'une apparence, et un à peu près
pour cet intervalle. Mais il est manifeste que ce n'est pas une loi.
On sait que l'histoire de la relation de Dulong et Petit est toute pareille.
La chaleur atomique varie en réalité, pour chaque élément, depuis o (vers
le zéro absolu)jusqu'à des valeurs qui semblent croître sans limite. Mais là
encore il se trouve que, pour des températures comprises entre 260° et 6oo°
absolus, presque toutes les courbes présentent grossièrement un palier pour
une valeur de l'ordonnée comprise entre 6 et (3,8. C'est ce qui a donné
naissance à la remarque de Dulong et Petit.
Dans l'un comme dans l'autre cas, il ne s'agit pas de lois scientifiques.
CHIMIE ORGANIQUE. — Dégradation méthodique de divers acides saturés
mono et bibasiques. Note de MM. Pu. Barbier et R. Locqlix.
La présente Note est motivée par une récente publication de M. Bouvet
qui a obtenu des combinaisons du même genre que celles qui nous servent
de point de départ dans un travail que nous avons entrepris sur la recherche
d'une méthode de dégradation des molécules acides.
Tous les chimistes savent combien il est difficile de dégrader par voie
d'oxydation les acides saturés et même les cétones de poids moléculaires
élevés. Lorsqu'on parvient à réaliser l'oxydation, les débris moléculaires
recueillis ne permettent pas de déduire une idée relative à la constitution
du corps initial.
Nous avons cherché une méthode qui permette de passer avec certitude
d'un acide saturé à son homologue inférieur, et nous avons trouvé, dans
l'emploi des combinaisons organo-magnésiennes découvertes par l'un de
nous, un moyen d'atteindre ce but.
Le principe de la méthode est le suivant : nous commençons par com-
pliquer la molécule en transformant le carboxyle en un groupement alcool
l444 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tertiaire par l'action de 2mo1 de CH:t Mgl sur l'éther méthylique, ou éthy-
lique de l'acide
K_CH2— CO-OCH3-t-2CH3MgI -> R - CfP- C(OH)<^^| + . . ..
Puis, dans une seconde opération, nous soumettons à l'oxydation, soit
les alcools tertiaires ainsi obtenus, soit les hydrocarbures non saturés qui
en dérivent par déshydratation
R_CH2-C(OH)^jj3+03 = R-COOH + CH3— CO-CH3+H*0
R-CH = C^+03 = R— COOH-hCH3-CO-CH3
Il est à remarquer que cette transformation peut être atteinte aussi bien
en partant des cétones qu'en partant des éthers-sels. Ainsi la méthyl-
nonylcétone conduit au même résultat que le caprate (ou décanoale)
d'éthyle
R — CH2— CO — CH3+CH3MgI -> R — CH2-C(OH)( ^„, -+-....
Pour déterminer le mécanisme de cette dégradation et établir la valeur
du procédé, nous nous étions proposé d'opérer sur des corps de conden-
sations moléculaires variées, mais nous avons été limités dans nos essais par
la difliculté d'obtention de certaines molécules acides de structure spéciale.
Nous relatons ci-dessous les expériences qui ont porté sur des corps de con-
stitution connue :
I. Acide isovalérique. — L'éther éthylique, Iraité par le CIPMgl suivant la méthode
habituelle donne le 2 .4-diméthyIpentanol-4
™;>CH_CH>-C(OH)<™;
bouillant à i2o°-i3o°, ainsi qu'un peu de pseudoheptylène bouillant à 83°-84°. Le
2-4-dimélhjl-pentanol-4, chauffé à rébullition avec une solution de CrO3 dans l'acide
sulfurique étendu à 10 pour 100, est transformé lentement en acide isobutyrique.
L'oxydation du pseudoheptylène par MnOK donne ce dernier acide dans de meil-
leures conditions. Ces résultats confirment ceux qui ont déjà été obtenus par d'autres
auteurs.
IL Acide dècanoïque ou, ce qui revient au même, méthylnonylcétone
C9H19— CO — CH3.
SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l445
L'action du CH3MgI conduit au diméthylnonylcarbinol
C»H»-C(OH)<^[]3\
liquide bouillant de 123° à 1270 sous i3mm et dont l'acétate bout de 1/40° à i42"
sous i7mm. Le diméthylnonylcarbinol n'est pas attaqué, même à chaud, par une
solution aqueuse de MnO;K; mais, sous l'action du CrO3 en milieu sulfurique, il
fournit de l'acide pélargonique et du pélargonate de l'alcool tertiaire lui-même dont
on peut, par saponification, retirer une nouvelle quantité d'acide pélargonique.
III. Acide 2 .5-diméthylhexanoïque (CH3)2 = CH — CH2 — CH2— CH — COOH. —
Cet acide, dont il n'a pas encore été fait mention et que nous avons obtenu parl'action
du bromure d'isoamyle sur le mélhylmalonate d'éthvle sodé, bout à 228°-23o° sous
„50nim et à i27°-i3o° sous i8mm. Son éther méthylique bout à 1720-173° et son chlo-
rure (par SOCI2) à 690 sous i6mm. Son amide fond à 99°-ioo° après cristallisation
dans l'éther de pétrole ou par évaporation lente de H20 alcoolique; sa paratoluide,
difficile à purifier à cause de sa grande solubilité dans tous les solvants organiques,
fond vers 75° après cristallisation par évaporation lente de l'alcool étendu.
L'action de CH3MgI sur l'éther méthylique ci-dessus décrit conduit intégralement
au 2.3.6-triméthyl/ieptanol-2, liquide bouillant à 920-95° sous i8mm et possédant
une odeur de jacinthe assez agréable.
Cet alcool, oxydé par Cr03-t- SOl H2 étendu, fournit d'une part des portions neutres
trèsabondan tes et d'autre part des portions acides. Ces dernières renferment surtout les
acides acétique, isovalérique et isocaproïque, qui ont été caractérisés par le point
de fusion (82°-i26° et 120°) des amides correspondantes après qu'on eut isolé les
acides à l'état de sels de baryum et qu'on les eut séparés les uns des autres par leur
transformation en éthers méthyliques bouillant respectivement vers 6o°-ii5° et i5o°.
Les portions neutres sont constituées en majeure partie par de la méthylisoamylcé-
/CH3
tone, CH3 — CO — CH2— CH2— CH^r„s. bouillant vers i4o°-i45°, isolable à l'état
d'oxime bouillant vers 900 sous i2mm ou à l'état de semi-carbazone fondant à i42°-i43°
comme l'ont indiqué différents auteurs. A côté de cette cétone, on recueille un peu
d'hydrocarbure non saturé bouillant vers i6o°-i65° et des portions supérieures
passant au-dessus de 85° sous i5mm, renfermant un mélange d'isovalérate et d'iso-
caproate de l'alcool tertiaire primitif.
IV. Acide $-mélhyladipique. — L'action de CH3MgI sur le (3-méthyladipate de CH3
donne intégralement le glycol
™3^C(OH) - CH2- CH - CH2 - CH2 - CCOH)^"'
CH3
liquide bouillant à i37°-i4i° sous i5mm et se solidifiant à la longue. Par oxydation
l446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chromique de ce glycol, on obtient une certaine quantité de portions neutre?, entraî-
nables par la vapeur d'eau, bouillant de i6o° à 200° et constituées en majeure partie
par le carbure diélhylé nique souillé d'un peu de monoalcool élhylénique bouillant
vers 20o°-2o5°.
En agitant la solution chromique à l'éther, on extrait une certaine quantité d'acide
méthylsuccinique caractérisable par le point d'ébullition de son éther diméthylique
(ioo°-i io° sous i5mm) et par le point de fusion (i 12°) de l'acide régénéré de cet éther.
Les conclusions qui se dégagent des expériences ci-dessus mentionnées
sont simples : On voit que, lorsque le COOH est soudé à un CH2, le grou-
pement ,,H3yOH s'élimine sous forme de CH3.CO.CH3 tandis que le CH2
voisin se transforme en COOH. On passe ainsi de l'acide initial à son
homologue immédiatement inférieur.
Lorsque le COOH est soudé à iat de C lui-même substitué (par exemple
dans le cas d'un acide a-méthylé), les résultats, quoique un peu plus compli-
qués, présentent la même netteté. Le produit principal de l'oxydation est
alors une cétone, qui se fait en quantité telle que le procédé pourrait à la
rigueur constituer un mode de préparation de certains composés céto-
niques.
Les acides bibasiques se comportent de la même manière que les acides
monobasiques, mais la dégradation porte simultanément sur les deux car-
boxyles terminaux. Ces essais nous ont paru suffisamment concluants pour
que nous cherchions à appliquer le procédé à des molécules acides compli-
quées et notamment aux acides pinonique et pinique dont la structure, en
rapport étroit avec celle du pinène, présente une importance capitale. Nous
publierons incessamment la suite de ces recherches.
M. Mittag-Leffler fait hommage à l'Académie d'un Ouvrage intitulé :
Henri Poincaré, Analyse de ses travaux scientifiques, et de la Table générale
des Tomes I-XXXY (1882-1912) des Acta mathematica.
A cette occasion, M. le Secrétaire perpétuel annonce la publication
prochaine des Œuvres mathématiques d'Henri Poinearé, qui sera entre-
prise par M. Gauthier-Villars, sous les auspices du Ministère de l'Instruction
publique et de l'Académie des Sciences.
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l^']
CORRESPONDANCE.
M. II. Bazin, présenté pour la troisième place de Membre non résident,
remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire.
M. le Doyex de la Faculté des Sciences de Genève invite l'Académie à
se faire représenter à l'érection d'un buste qui sera élevé à la mémoire de
Pierre Prévost, le 5 juin prochain.
M. E.-A. Martel prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre
des candidats à l'une des places vacantes dans la* Section des Académiciens
libres.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Ministère de l'Agriculture. Direction générale des Eaux et Forêts.
Statistique et Atlas des forêts de France, par Lucien D.vubrée. Tome I.
2° C. Julien. La Motoculture. (Présentée par M. Tisserand.)
ASTRONOMIE. — Sur l'orbite provisoire de la nouvelle comète 191 3 a
(Sc/iaumasse). Note de MM. Favet et Schaumasse, transmise par
M. Bassot.
Pour calculer cette première orbite parabolique, on a adopté comme
base les positions suivantes qui résultent des observations effectuées par
M. Schaumasse, avec l'équatorial coudé de l'Observatoire de Nice :
Dates Temps moyen
1913. ,1e Paris. X 1913,0. ? 1913,0.
h m s u / „ o / ,i
Mai 6 i4.45.4o 319.17.25,5 +26.8.48,3
» 7 i4.35. 2 3 18. 44-4°i 5 -+-27.11.40,6
» 8 i3.43. 25 3i8. 9.59,5 +28. i5.3g,o
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N- 19.) l85
l448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici les éléments conclus :
T = 1913, ruai 25,4222 temps moyen Paris
co =z 53.32 . 8 j
Q =3i5.2i. 7 | 1913,0
i =: IÔ2 .3i .26 )
\ogq = o, 162920
cos(3 rfX — — o",5
Représentation du lieu moyen, O — C =
tf(3 = o", 2
On a pu vérifier, en outre, que la parabole précédente satisfait également
à une nouvelle observation obtenue le 9 mai par M. Scbaumasse.
Il en résulte l'éphéméride suivante, calculée pour minuit moyen de
Paris :
Dates t
1913. m. Déclinaison. log. /•. log A. r'1 à- '
h m s o ,
Mai 8 20.48.29 h-ii.3i 0,1639 0,0261 0,42
» 16 20.io.38 +20. 9 0,1629 9>9373 o,63
» 24 19. 3.21 +3i.io o,i646 9,865o 0,87
Juin 1 17.15. 56 +4o. 6 0,1689 9,8476 0,93
» 9 i5.22. 2 +41- ! 0,1756 9,8993 0,71
« 17 i4.6.3 +36.54 0,1844 9,9848 0,46
De 9e grandeur lors de la découverte, cet astre va augmenter d'éclat
jusqu'au début de juin. A cette époque, il passera au méridien vers minuit
et comme, dans nos régions, il culminera au voisinage du zénitb, on peut
espérer qu'il deviendra, sinon visible à l'œil nu, tout au moins perceptible
à l'aide d'une simple jumelle.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur la réduction des formes quadratiques binaires
à coefficients entiers dans un corps quadratique réel. Note (') de Gaston
Cotty, présentée par M. G. Humbert.
1. La réduction des formes binaires du second degré à coefficients entiers
dans un corps quadratique réel n'a jamais été effectuée; on peut établir
qu'elle est possible et se rattache soit à la théorie des fonctions abéliennes,
soit à l'existence du domaine fondamental dans l'espace à quatre dimensions
(') Présentée dans la séance du 5 mai 1913.
SÉANCE DU l3 MAI Ï9l3. 14/19
du groupe modulaire d'un corps quadratique réel quelconque. Les deux
points de vue sont également intéressants et font ressortir l'analogie des
entiers d'un corps quadratique réel y/Â et des entiers ordinaires. Nous dis-
tinguerons deux types de formes binaires définies, une forme '(X', Y'), du
corps y/ A qui sont conjuguées et ont respectivement même discriminant
D = ac — b- et Y)'~a'c'—b'- que ç et est dite équivalente à
'| est dit équivalent au couple fop,
o), (Tf]i
— b'iJ^Ty . ., „ , , .
Y] = ; en supposant a et a positifs. Deux tonnes équivalentes ont
comme images deux points équivalents dans le groupe (( < ). Si (m) est dans
le domaine (D), s est réduite. On vérifie aisément que :
Le nombre des classes de formes binaires parfaitement définies de discrimi-
nant positif donné est fini. A chaque classe correspond une et une sertie forme
réduite.
Soit [o)
ayant pour équation a (?;; -t- ^) -+- 2.lrq0-\- c = o; 2° le demi-cercle (c).
Si (c) et (') coupent tous deux (D), o est réduite. Il existe ainsi plusieurs
réduites par classe de formes parfaitement ou imparfaitement indéfinies,
mais :
Le nombre des classes de formes binaires imparfaitement définies ou bien
indéfinies parfaitement ou non, de même discriminant, est fini.
Ce sont ces théorèmes que nous avions en vue ; ils limitent le nombre des
irralionnalités distinctes qu'on peut déduire des équations à coefficients
entiers dans un corps réel et dont l'invariant est fixé.
4. Assujettissons le déterminant ao — Sy de (2) à être égal à une unité
du corps y/A; on peut définir ainsi une infinité d'ordres d'équivalence
impropre. Si cette unité est arbitraire, on peut comparer les couples |o, o'|
dans les substitutions (£) dont la norme du déterminant n'est assujettie
qu'à être égale à i. La norme du discriminant de o est un entier ordinaire
qui est l'invariant du couple. On établit aisément la distribution en un
nombre limité de classes des couples de même invariant. Ces ordres d'équi va-
lence impropre en nombre infini sont particuliers aux corps réels. Ce
résultat doit être rapproebé des considérations analogues relatives aux
formes à indéterminées conjuguées des corps réels que nous avons définies et
réduites dans notre Thèse.
• -
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries de Lambert. Note (')
de M. E. Landau, présentée par M. J. Hadamard.
Dans un Mémoire inséré au Tome 142 du Journal de Crelle (ifji'5),
M. Knopp étudie les « séries de Lambert »
LfaO=*Y bn
i — x"
(') Présentée dans la séance du 2 1 avril 1913.
l/}52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Parmi ses résultats, il considère comme le plus essentiel le théorème
suivant, qu'il démontre aux paragraphes 4-6 : I. Soit y un nombre irrationnel,
x
\ = e21l'Y. On suppose que la série 7 |/;„| converge. Alors, x tendant i^ers \ sur
n= 1
le rayon vecteur issu de o,
x
(1) lini I 1 — 7- 1 L(jt) = o.
M. Knopp constate en outre que : II. L'égalité (1) a lieu plus générale-
ment lorsque x s'approche de \ dans l'angle
a < arc ( 1 — j \ < (3,
OÙ
71 . 71
<«<£<-,
2 a
pourvu qu'on fasse pour y /a restriction que les dénominateurs partie/s de sa
fraction continue soient bornés. Il remarque enfin que : III. Le même résultat
\ équation (1) j subsiste dans Vangle en question du moment que qs = o(^_2),
où qs est le swme dénominateur partiel, ks le dénominateur de la s""10 réduite.
Je démontrerai dans ce qui suit que : I . L'égalité ( 1 ) a lieu dans l'angle dont
il s'agit sans aucune restriction pour le nombre irrationnel y, et cela non seule-
ment dans l'hypothèse de M. Knopp que > | bn \ converge, mais même si l'on sait
n=l
seulement que /J—^ converge. II. Dans les hypothèses du théorème 11 de
n = 1
M. Knopp, on a déplus dans cet angle
(2)
L(a) = o.
III. Dans les hypothèses du théorème III de M. Knopp, ou même si qs= 0(X^_, )
[ au lieu de o(ks_.,s) \, on a, dans le même angle,
(3) lim 1 — - L(.r)=ro.
1 ; 4
Démonstration. — Je suppose que ^ — — converge. Alors, pour \x\ < 1,
n = l
L(*)=,2^2*-=2«..-=2fl-«"(f)"=ie-(î
séance du i3 mai io,i3. 1 453
On sait que, pour démontrer mes assertions (i) ou (2) ou (3) pour une
série de puissances quelconque ^cn (jj , il suffit de prouver, y parcourant
les valeurs positives entières,
y
C(7)=2C" = 0(J) °U °(-V ' °U °^T)-
n = \
Or, dans le cas actuel (voir page 28 de la Thèse de M. Knopp,
Berlin, 1907),
y y L">J
n = 1 m | n m~i q = 1
D'une part, on a évidemment
d'autre part,
7 = 1
[£]
v g.f
7=1
|™-|
= F£]■ —
pour tous les entiers m> i et tous les entiers g". Il s'ensuit l'existence d'une
1 454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
constante posil
Donc, par (4),
constante positive A telle que, pour tous les entiers m>i, |i — ?™|]> —
|C(y)|<î2l*-l»+J' 2^
m
7/1—3+1
Je suppose maintenant avec M. Knopp que y \b,„\ converge et je
~ m = l
pose z = [Vj]- J'obtiens
\C{y)\ o), dont la distance à y est inférieure à , > est une réduite —-; il
m ^ y' ' 2/»- /,:,'
existe donc (en vertu de ^£ m) une constante positive y. telle que, pour tous
les entiers m 5 i et tous les entiers g, \my — g\ > — -• On peut donc choisir
À>o de façon que, pour tous les entiers iw^i,|i — £m|]> — j- Donc,
d'après (4), 2l^'"l étant supposé convergent et .s étant posé = [vV],
W!=l
\C(.y)\ijJt\bm\m*+^ 2 IM = 0(i2) + 0(f) = 0Gf)-
m = 1 /« = ; -f l
CHRONOMÉTRIE. — Précision nouvelle de l'indépendance latérale du balancier
des chronomètres marins. Atténuation de ta perturbation d'isochronisme
due à l'inertie des ressorts réglants. Note de M. Jules Andrade.
I. Dans la première Partie de ma Note du 21 avril, dont je conserve ici
les notations, l'évaluation de la pression exercée par un spiral double sur la
virole commune doit être rectifiée et complétée comme il suit :
SÉANCE DU |3 MAI IQl3. 1^55
i° La résultante de translation des actions exercées sur le balancier par
El
El
le spiral double sur sa virole a pour valeur 4ttm5
El
20 Sa composante radiale est 4p-«sin«;
3° Sa direction est fixe et coïncide avec la direction des deux rayons
opposés aboutissant aux deux pitons.
II. Subsistent sans modification les propriétés énoncées dans la seconde
Partie de ma Note et relatives à la suppression complète de toute pression
sur Taxe du balancier par l'emploi de deux spiraux doubles convenablement
choisis.
Il importe de signaler la précision nouvelle de cette indépendance latérale
de l'axe du balancier : le calcul montre que le résultat est obtenu à une
approximation qui est' au moins de l'ordre de — • Pour p = 20- -+- — , cette
fraction est inférieure à — 7- Si nous rappelons que la vibration sinu-
soïdale est réalisée par tout spiral double à une approximation de l'ordre
de — > soit > on verra que la liberté latérale du balancier obtenue par
/r 221000 ' r
la nouvelle méthode est pratiquement complète.
III. Enfin, montrons que, dans l'association de deux spiraux doubles et
tout en respectant la condition d'ajustage,
El _ ET
(I) 17-77^'
on peut considérablement atténuer les petites perturbations d'isochronisme
produites par l'inertie des ressorts réglants, perturbations dont les coeffi-
cients dépendent des moments d'inertie de ces ressorts par rapport à l'axe
du balancier.
Comparons, à ce point de vue, le spiral unique S„ approprié à un balan-
cier donné et notre assemblage de deux spiraux doubles S, et S,, chaque
spiral isolé ayant même étendue angulaire p. Le système (S,S2) sera équi-
valent à S0 si, à la relation (1), on ajoute cette autre relation
Adoptons par exemple pour les spiraux S,, So, S0 des sections semblables
C. R., ig.3, 1" Semestre. (T. 156, N» 19.) ï86
l/p6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont les échelles linéaires respectives sont m, m' et i tandis que les échelles
des rayons des spiraux sont respectivement X, X' et i.
En employant des spiraux de même métal nous aurons :
T-
Adoptons par exemple X = o,i8, X' = o,32; le moment d'inertie du
système (S, S») sera environ la vingt et unième partie du moment d'inertie
deS0.
IV. En adoptant les valeurs précédentes de X et X', on trouvera de même
que la masse du système (S,S2) est environ le quart de la masse du
spiral S0.
La remarque III intéresse le réglage, la remarque IV intéresse le prix
de revient d'un réglage surtout lorsque les ressorts employés sont en palla-
dium.
PHYSIQUE. — Biréfringence magnétique de mélanges liquides.
Note de MM. A. Cotton et H. Mouton, présentée par M. J. Violle.
Nos recherches sur les relations de la biréfringence magnétique des
liquides purs avec leur composition chimique (') nous ont montré qu'il
serait très intéressant de pouvoir étudier non seulement des corps purs,
mais des solutions. Un grand nombre de composés ont un point de fusion
trop élevé pour qu'on puisse les étudier à l'état liquide. Une question se
pose alors : dans quelle mesure l'étude de la solution peut-elle renseigner
sur la biréfringence spécifique du corps qu'on a dissous?
Il était tout naturel de commencer ces recherches par l'étude de la biré-
fringence magnétique des mélanges. Déjà, dans nos conditions expérimen-
tales actuelles, sur certains liquides convenablement choisis, on peut
mesurer avec une précision suffisante la biréfringence magnétique, même
lorsque la dilution la réduit dans une proportion notable.
L'hypothèse la plus simple que l'on puisse faire touchant la biréfringence d'un
mélange de deux liquides est que la règle d'addilivité est applicable, c'est-à-dire
(') Ann. de Chim. el de Pliys., 8U série, t. XXVIII, février 1913, p. 209.
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. 1 457
que tout se passe comme si les liquides considérés se trouvaient placés dans deux
tubes séparés, traversés successivement par le rayon lumineux, ces deux tubes étant
de même section que celui dans lequel on examine le mélange et de longueurs telles
que les masses respectives y soient les mêmes que dans le mélange. Si cette règle est
applicable, il existe une relation simple entre la biréfringence (3 du mélange et les
biréfringences j3,„, (3,'„ des deux composants purs, mesurées toutes trois dans le même
tube et dans le même champ magnétique. Si l'on sait en effet qu'un volume donné
peut être rempli successivement : i° avec un mélange renfermant c grammes du premier
corps et c' grammes du second; 2° avec une masse cm du premier corps pur; 3° avec
une masse c'nl du second corps, on devra avoir
c m c m
Le second membre se réduit à son premier terme lorsque le deuxième corps n'a pas
de biréfringence sensible; la droite représentant la variation de la biréfringence en
Q
fonction de la concentration en volume — passe alors par l'origine.
Pour soumettre au contrôle de l'expérience la légitimité de cette hypo-
thèse, nous avons d'abord étudié des mélanges de nitrobenzène avec du
tétrachlorure de carbone, de l'alcool, de l'acétone, du dibromure d'éthy-
lène.
Voici les résultats obtenus avec les mélanges de tétrachlorure de car-
bone, corps inactif :
c
Valeurs de — (nitrobenzène)... 0,199 0,398 o,5g6 0,790 1,000
Cm
Biréfringences [3 observées 26', 6 65', o 1 1 4 ' -, 5 178', 7 272', 2
Biréfringences calculées 54', 2 108', 3 162', 2 2i5',o (272', 2)
La règle d'additivité est donc nettement en défaut, les points représen-
tant les valeurs de [3 observées se placent très régulièrement sur une courbe
convexe vers l'axe des concentrations et, par suite, nettement au-dessous
de la droite théorique.
Quand on mélange de l'alcool au nitrobenzène, la biréfringence s'écarte de la valeur
théorique dans le même sens que précédemment; l'écart est seulement un peu
c
moindre : un mélange pour lequel — =0, 5i4 donne une biréfringence de 101', alors
^ ru
que la valeur calculée serait i3g'. Dans ce cas, comme dans le précédent, tout se passe
comme si la biréfringence spécifique du nitrobenzène diminuait par l'addition d'un
diluant inactif. Enfin, dans le cas des mélanges avec l'acétone ou le dibromure d'éthy-
lène, corps faiblement actifs, les points représentatifs de la biréfringence se mettent
encore tout aussi nettement au-dessous de la droite théorique.
l458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autre part, nous avons fait des mélanges de naphtaline monobromè a
(corps à peu près aussi actif que le nitrobenzène lui-même) avec du tétra-
chlorure de carbone. Cette fois, les écarts avec la loi d'additivité sont
beaucoup moindres, mais ils sont cependant supérieurs aux erreurs d'expé-
rience. Pour les fortes concentrations en corps actif, ces points sont nette-
ment au-dessus de la droite théorique. L'addition du cyclohexane, corps
également inactif, au naphtalène monobromè donne encore à la biréfrin-
gence du mélange une valeur très nettement supérieure à la valeur calculée.
Enfin, le mélange à volumes sensiblement égaux de nitrobenzène et de
naphtalène monobromè, corps tous deux actifs, a donné une biréfringence
de 262', 8, alors que la valeur calculée était 270', 7.
Au point de vue pratique, ces résultais montrent qu'on ne peut pas
appliquer rigoureusement à la biréfringence magnétique d'un mélange la
règle d'additivité; ils montrent aisément comment et dans quelle mesure
la biréfringence des solutions peut nous renseigner sur la biréfringence
spécifique des corps dissous.
Au point de vue théorique, comment ces faits s'expliquent-ils dans la
théorie de l'orientation? On peut admettre ou bien que les éléments orien-
tables eux-mêmes sont modifiés, ou bien qu'en présence d'un diluant ils ne
s'orientent pas de la même façon que quand le corps est pur ( ' ).
On retrouve ici les deux théories qui ont été proposées pour rendre
compte des cas très nombreux où les propriétés des mélanges ne sont pas
additives : la théorie qu'on peut appeler chimique (défendue, par exemple,
par Dolezalek) et la théorie qui se rattache aux travaux de Van der Waals
(Timmermans).
Remarquons que l'étude de la biréfringence magnétique des mélanges
pourra permettre, dans certains cas, de savoir si la première théorie
suffit à expliquer les faits expérimentaux. On choisirait un liquide doué
à la fois d'une biréfringence magnétique notable et du pouvoir rotatoire
naturel ; on lui ajouterait en proportions variables un diluant inactif
vis-à-vis de ces deux propriétés ; et l'on mesurerait parallèlement les
deux phénomènes. On voit sans peine que, si la première théorie est
suffisante, il y aura une relation simple entre les courbes représentant,
(') Dans la première hypothèse, il y aurait formation de complexes mixtes de
composition définie en proportion variable avec la concentration, ou destruction
d'associations moléculaires préexistant dans les liquides purs; dans la seconde,
l'orientation d'une molécule donnée dépendrait non seulement du champ extérieur,
mais des diverses molécules voisines.
SÉANCE DU i3 mai 1913. i45g
avec des coordonnées convenablement choisies, les deux grandeurs mesu-
rées. Le choix de la biréfringence magnétique et du pouvoir rotatoire dans
l'étude de la constitution des mélanges liquides apporte ici une simplification
évidente : dans l'un et l'autre cas, on connaît des diluants inactifs par eux-
mêmes.
PHYSIQUE. — Simplification des raies spectrales par le champ magnétique.
Note de M. R. Fortrat, présentée par M. E. Bouty.
L'action du champ magnétique sur l'émission de la lumière qu'on
croyait, au début, remarquablement simple, a donné des résultats de plus
en plus compliqués : tandis que le triplet normal se rencontrait rarement,
les effets complexes devenaient de plus en plus nombreux.
Il semble maintenant que l'emploi de champs très élevés nous conduise au contraire
à une plus grande simplicité. D'une part, en elTet, le triplet normal a repris une
importance fondamentale à la suite de la découverte récente de Pasclien et Back;
d'autre part, des raies naturellement complexes sont ramassées par le champ magné-
tique en une raie unique non décomposée. C'est de ce dernier effet que je vais donner
un certain nombre d'exemples.
Wendt (') a montré que, dans un champ magnétique élevé, le satellite — 0,232 de
la raie 546i du mercure disparait. Wali-Mohammed ('-) a également trouvé de remar-
quables simplifications sur les satellites des raies 4/22 du bismuth ei 5o86 du cad-
mium, mais les simplifications les plus remarquables ont été décrites par Michelson (3).
Les raies 5782,3 du cuivre et 534o du manganèse, toutes deux multiples, donnent une
raie simple non polarisée dans un champ magnétique assez intense.
J'ai étudié l'action du champ magnétique sur des spectres de bandes et
j'y ai constaté la simplification d'un grand nombre de raies naturellement
multiples. On sait que quelques spectres de bandes subissent dans le champ
magnétique une décomposition accompagnée de polarisation plus ou moins
complète, mais la plupart sont insensibles aux champs qu'on a employés
jusqu'ici. J'ai pu opérer, au laboratoire de M. P. Weiss, avec des champs
plus considérables qui ont déplacé la plupart des raies des bandes sans les
décomposer ni les polariser. Cet effet reste néanmoins minime et son étude
est pénible. Par contre, on observe aisément des simplifications; je vais en
décrire quelques-unes que j'ai obtenues dans un champ de 40000 gauss.
(1) Wendt, Ann. der Phvsik, t. XXXVII, 1912, p. 535.
(2) Wali-Mohammed, Ann. der Physik, t. XXXIX, 1912, p. 225.
(3) Michelson, Nature, t. LIX, 1899, P- ^°-
l46o ACADÉMIE DES SCIENCES.
La bande verte du carbone est une des mieux connues ( ' ), je ne rappel-
lerai pas sa description, mais j'en donne seulement un dessin. Elle se com-
pose d'une série de doublets nettement séparés seulement au voisinage de
a
Fréquence^
193e
■1940
1950
1960
Cette figure représente la bande verte du carbone (>> = 5i6ô) dessinée dans l'échelle des fréquences,
la partie supérieure est la bande sans champ magnétique, la partie inférieure la même bande
émise dans un champ de 40000 gauss. La longueur des raies représente leur intensité.
la tète, et d'une série de triplets qui se resserrent aussi en s'écartant de la
tête. Le c/iamp magnétique fait de tous tes doublets des raies simples et les
triplets sont aussi réduits à une raie simple quand ils sont assez étroits (fré-
quence supérieure à 1949). Dans les triplets plus écartés, la composante
centrale est renforcée tandis que les composantes latérales se rapprochent
d'elle en devenant d'autant moins intenses et d'autant moins nettes que le
triplet est plus serré. Il est certain qu'un champ plus intense les rendrait
tout à fait simples.
Dans la série de doublets il manque un terme, et j'ai déjà attiré l'atten-
tion sur la perturbation qui se trouve précisément à cet endroit : au lieu du
doublet on voit en a un grand nombre de raies que mon spectrographe ne
sépare pas et dont j'ai essayé de représenter l'intensité par une courbe sur
le dessin (n = 1930,3). Le champ magnétique rassemble toutes ces raies en
trois dont une occupe à peu près la position de la raie absente mais avec
une intensité trop faible qui deviendrait probablement normale dans un
champ plus intense.
(') Kayser et Runge, Abhandl. Berl. Akad., 1889. — Thiele, Aslroph. Journ.,
t. VIII, 1898, p. 1. — Leine.n, Zeitsch. fur wiss. Phot., t. III, 1905, p. i3j. — Fortrat,
Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 1 1 53 . — Kudolf Komp, 'Zeitsch. fur wiss. Phot.,
t. X, 1911, p. 117.
(2) Deslandres, Comptes rendus, t. 103, 1886, p. 370.
SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l46l
La bande bleue du spectre de Swan (A = 473~) a ses raies réparties
comme celles de la bande verte, mais elles sont beaucoup moins nettes, la
plupart sont floues ou multiples, le champ les rend 'toutes fines et simples,
pourtant il ne déplace pas la raie ^3 1, 8 éloignée d'un demi-angstrôm de sa
position régulière.
J'ai étudié également le spectre du pôle négatif de l'azote. Il a été obtenu
en faisant éclater une décharge électrique convenable entre deux tiges de
cuivre. Le champ déplace une partie des raies, mais surtout les rend plus
fines et produit un certain nombre de simplifications dont je citerai deux
exemples typiques.
La bande A = 3i5o, (deuxième groupe positif) contient plusieurs séries
de raies simples ; dans l'une d'elles, la raie A = 3 1 4 1 , 7 est accidentellement
double, ses deux composantes, moins intenses, à o,o5 angstrôm l'une de
l'autre, sont ramenées en coïncidence par le champ et l'intensité devient
normale.
La bande A = 47°9 (groupe négatif) contient une série de doublets dont
l'écart en fonction du numéro d'ordre varie plus régulièrement dans le
champ que sans lui, mais cet effet est peu de chose à côté de ceux que j'ai
cités précédemment.
Ce phénomène de régularisation par le champ parait assez général dans
les spectres de bandes. Il n'est pas certain qu'il résulte d'une action directe
du champ; son existence est néanmoins remarquable et il peut faciliter
l'étude théorique des spectres qu'il simplifie, mais on ne peut le produire
que dans des cas spéciaux, lorsque les groupes de raies sur lesquels il agit
sont assez resserrés; dès qu'ils sont un peu écartés, les moyens dont nous
disposons cessent d'être assez puissants pour agir.
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur les phénomènes optiques présentés par les rayons
de Rôntgen rencontrant des milieux cristallins. Note de MM. M. de Broglie
et F.-A.Lindemanx, présentée par M. E. Bouty.
En dirigeant sur un cristal un faisceau circulaire de rayons de Rôntgen
sous une incidence de 700 à 85°, on obtient des images de réflexion qui
sont souvent striées de franges ( ' ), les photographies publiées dans les
Comptes rendus du 14 avril 191 3 en donnent des exemples très nets.
(') Comptes rendus, 14 avril igi3.
l462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous nous sommes proposé de rechercher la cause de ce phénomène.
Trois explications semblent pouvoir être mises en avant :
1. Les franges peuvent être les différentes lignes d'un spectre.
Cette explication paraît devoir être rejetée; la tache de réflexion régu-
lière qui devrait être blanche, c'est-à-dire non dispersée, présentant elle-
même des franges. Sur une plaque photographique disposée perpendicu-
lairement au plan d'incidence et au plan de réflexion un premier groupe
intense d'images est disposé sur un cercle passant par la tache de réflexion
régulière ; la disposition des franges dans les images de ce cercle n'est
aucunement conforme à ce qu'elle devrait être dans l'hypothèse que nous
examinons; nous verrons plus loin (§ 4) qu'un effet de dispersion peut
exister mais que ce n'est pas là qu'il faut le chercher.
2. M. Hupka (') a proposé d'expliquer les franges par un phénomène
d'interférence entre les rayons réfléchis successivement sur une série de
plans réticulaires parallèles à la face réfléchissante; ces interférences ^e
font, ou non, avec extinction, suivant la valeur de l'angle d'incidence et,
comme pratiquement le faisceau est toujours un peu divergent, il en résul-
terait des lignes brillantes ou obscures.
On pourrait dire, d'une façon plus générale, que, dans la théorie de la
diffraction par les réseaux à trois dimensions, donnée par M. Laue, les
équations qui fournissent les cosinus directeurs d'un maximum principal
sont, en général, incompatibles pour un angle d'incidence donné; elles
peuvent devenir compatibles en faisant varier légèrement cet angle d'inci-
dence, ce qui entraîne l'existence de franges dans les images fournies par
un faisceau un peu divergent.
Théoriquement, le phénomène d'interférence dont il s'agit doit en effet
se produire; il ne semble pas cependant que les franges observées lui soient
généralement attribuables; la difficulté d'obtenir des faisceaux rigoureuse-
ment coniques, partant d'un foyer bien défini sur l'anticathode, rend incer-
taine l'interprétation des résultats; nous avons souvent observé deux
types différents de franges; l'un d'eux, présentant des lignes nombreuses
et serrées, p-ourtait correspondre à ce phénomène.
3. Les franges peuvent être dues à des réflexions sur des plans de clivage,
(') Vf.rh. d. d.phys. Ges., t. XV, 1910, p. 164.
SÉANCE DU l3 mai 191 3. i4<33
plus ou moins amorcés, existant accidentellement dans le cristal. Si l'on
fait la construction géométrique qui donne les dispositions relatives des
franges dans cette hypothèse, on retrouve bien les résultats expérimentaux;
la régularité, souvent observée dans l'espacement des franges, peut prove-
nir de strates existant normalement dans les cristaux, forcément assez gros
(fluorine, sel gemme), qui ont été employés.
L'écartement des franges dans l'image de réflexion régulière doit être
égale à deux fois la distance des plans réfléchissants; elle a donc, comme
limite supérieure, le double de l'épaisseur du cristal employé. En fait, celte
condition nous a toujours paru remplie. Nous inclinons à rapporter à cette
dernière explication le second type de franges à raies larges et peu nom-
breuses.
4. La condition de réalité, exprimant que la somme des carrés des
cosinus directeurs d'un maximum principal est égale à l'unité s'écrit, pour
un cristal cubique dont l'arête élémentaire est égale à a,
- =/(Aii Aî,/i3,
P
en fonction de la pression réduite — > concordent sensiblement. Dans les cas où la
r 7T
concordance n'est qu'approchée, l'écart est dans le même sens pour chacune des deux
branches (correspondant au liquide et à sa vapeur) des courbes considérées.
Pu Pu
La concordance des courbes donnant, pour les divers corps, -^- p=- sera donc
meilleure que celle des courbes d'Amagat.
J'ai calculé les valeurs de -^ ^ en fonction de — en me servant des
ni K 1 71
déterminations de Young (6) sur le fluorobenzène.
(') Présentée dans la séance du 28 avril 1910.
(*) Comptes rendus, t. 150, igi3, p. 225.
(3) Ann. de Chini. et de Phys., 8e série, t. XIX, 1910, p. 44' •
('•) Traité de Chimie générale, lre Partie, p. 3 1 1 .
(5) Comptes rendus, t. 156, 191 3, p. 271 et 843.
('•) Se. proc. R. Pub. Soc., (n. s.), t. XII, p. 4 '4-
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. 1 465
J'ai obtenu le Tableau suivant que j'ai représenté par un graphique :
i
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
Pu, Pu,
ht"rt
0.4
0.3
0.2
0.1
0.1
0.2
0 3
04 0.5 0.6
Pressions réduites
0.7
08
0.9
p
P».
Pu.
Pu, Pu,
T.
RT"
RT
RT RT
0,01902
0, 97483
0,00296
0,97187
0,03471
0,96448
o,oo526
0,95922 (')
o,o5865
o,933io
0,00870
O.92440
0,09353,0
0,89814
0,01 364
o,8845o
0, 14240
o,86i58
0,02005
o,84i53
0 , 20659
0,81762
0,02961
0,78801
0,29190
0,76976
0,04198
0,72778
0,39956
0,71605
0,05822
o,65783
o,53553
0, 64836
0,08025
o,568i 1
0,70654
0,56427
O, 1 1225
O, '(5202
0,92052
1
0,42730
0,16924
o,258o6
0
(l) Cette valeur est trop forle; elle donne, sur le graphique, un point s'écartant
légèrement de la courbe régulière représentant l'ensemble des résultats.
l46(5 ACADÉMIE DES SCIENCES.
P
Lé ferme i de Nernst est représenté par une droite. Les deux gra-
I' P
pliiques se coupent pour — = 0,220. Pour les valeurs de — inférieures
à 0,220 le terme de Nernst est donc trop fort sans que l'écart des deux gra-
phiques soit grand.
Cela explique que la correction de Nernst soit, en première approxima-
P . , .
tion, suffisante pour - inférieur (ou peu supérieur) à 0,22a.
Au delà l'écart devient bientôt considérable. J'ai effectué les mêmes calculs
pour l'isopentane, Su Cl4, CH'OH d'après les données de Young (/oc. cit.)
et CO% d'après Amagat pour les densités, et Villard (' ) pour les tensions de
vapeur.
Sauf pour CH3OH, dont la courbe est sensiblement trop basse, les
1. , 1 P"i P«3 , ,
résultats concordent, pour le terme -5™ — -fp^> a 0,01 près.
Je crois donc que, sauf pour les corps nettement polymérisés, la méthode
de calcul précédente pourra avoir quelque utilité.
CHIMIE MIXÉRALE. — Sur les plwsphures d'hydrogène solides.
Note de M. Louis Hackspill, présentée par M. H. le Chatelier.
La découverte du premier phosphure d'hydrogène solide date de i835 et
est due à Le Verrier. Paul Thénard lui attribua la formule brute P2H qui
lui a été conservée par les différents chimistes qui ont repris l'étude de ce
corps (a).
On le prépare généralement par la décomposition du phosphure liquide, très
instable, P21P. MM. Stock, Bottcher et Lenger ( 3) ont beaucoup amélioré la technique
de leurs prédécesseurs, en faisant passer sur un corps poreux soluble (chlorure de
calcium desséché) le mélange de PU3 et de P2IP, obtenu par l'action de l'eau à 6o° sur
le phosphure de calcium. Par dissolution du corps poreux, on obtient le phosphure
solide très divisé, qu'on peut rassembler en centrifugeant, laver à l'alcool, à l'éther,
(') Ann. de Chini. et de Phys.,-]" série, t. X. 1897, p. 387.
(2) Rose, Ann. Chim. et P/iys. Pogg., 1828, p. 543. — Besson, Comptes rendus,
t. 111, 1890, p. 972. — ■ Kudorfk, Ann. Chim. et Phys. Pogg., 1860, p. 4?3. — P. Joli-
bois, Thèse, 1910. — ScHEitGK, Ber. , t. XXXVI, igo3, p. 979.
(3) Stock, Bottcher et Lenuer, fier., t. XLIl, 2, 1909, p. 2809.
SÉANCE DU l3 MAI 19l3. 1 4'»7
et sécher dans le vide. Il se présente alors sous l'aspect d'une "poudre jaune clair,
amorphe, ayant au microscope un aspect spongieux.
La moyenne de nombreuses analyses a donné une proportion d'hydrogène et de
phosphore assez voisine de celle exigée par la formule P'2H.
S'appuvant sur le travail de Schenck et Btick (') (crvoseopie dans le phosphore
blanc) les auteurs de ce mode de préparation proposent d'adopter la formule PI2H6
qui a en outre l'avantage d'exprimer plus simplement la production à 170° d'un second
phosphure solide P9 H2 (2) corps jaune orangé que l'ammoniac dissout sans décompo-
sition tandis qu'il ramène P12H6 à l'état P9 1 12 avec dégagement de phosphure gazeux.
La question en était là lorsque j'obtins, en collaboration avec M. R. Bos-
suet (3), les quatre phosphures alcalins de formule P5\I-. Os corps, traités
par l'acide clilorbydrique, ou mieux par l'acide acétique, très étendus,
donnent, avec un faible dégagement gazeux, un phosphure d'hydrogène
jaune clair dont la composition correspond à la formule P^tP, comme le
montrent les trois analyses suivantes :
Volume d'il à 0° et 760""".
'l'ise.
R(
isidu.
Trouvé.
Kxiyé p<
mi' ;
Pl-
F
p5
IIJ.
H5.
cin1
cm1
CQl3
0,
2I2D
0
,0029
29.
,79
29
.78
^7
,12
O,
1 555
0,
oo3i
20
>9
21
,65
26
■ 99
0,
201 5
0.
oo45
28.
,4
27
.99
34
,88
D'autre part, le phosphure préparé par la méthode de Stock, chauffé
dans le vide à 8o°, fournit d'abord un rapide dégagement de phosphure
gazeux, qui se ralentit au bout de quelques heures lorsque le corps restant
dans la nacelle correspond sensiblement à la formule P5H-.
Tous ces faits démontrent l'existence du phosphure P5 H1', sorte d'acide
donnant les phosphures métalliques de formule correspondante P5K-,
P5Rb2, etc.
Par contre, l'existence de P2H ou, si l'on veut, de P'2H°, semble incer-
taine. Cette formule a été établie par l'analyse du produit de la décomposi-
tion de P2tP; or on sait que ce phosphure liquide dissout avec facilité le
phosphure solide, il semble permis de considérer comme probable l'exis-
tence du phénomène inverse. Une petite quantité de phosphure liquide,
retenue par P5H-, serait de ce fait stabilisée comme la nitroglycérine fixée
(') Schenck et Buck, Ber., t. XXXVII, 1, 190:4, p. 910.
(-) Stock, Bôttchkr et Le.ngkr, Ber., t. XLI1, p. 2847.
(3) HàCKSPIU, et BossUET, Comptes rendus, t. 154, 1912, p. ■:>.<«).
l468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur un corps poreux, et l'ensemble donnerait à l'analyse un volume d'hydro-
gène voisin de celui exigé par la formule P4Ha.
Quant à la cryoscopie dans le phosphore blanc, ses résultats sont fort
discutables, non seulement en raison des difficultés expérimentales qui
sont grandes, mais surtout parce qu'il parait peu vraisemblable que PI2H6
existe en solution dans le phosphore ; il est plus naturel d'admettre qu'il se
combine à son solvant pour former P9H2, corps plus stable, décrit par
S tock .
J'ajouterai que j'ai obtenu, en collaboration avec M. R. Bossuet, une
série de phosphures métalliques correspondant à l'acide P5H2 et obtenus
au moyen des phosphures alcalins.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l acide phènyi-'x-oxycr otonique; sa préparation;
nouvelle isornèrisalion . Note de M. J. Bougault, présentée par
M. A. Haller.
Deux procédés ont été proposés jusqu'ici pour la préparation de l'acide
phényl-a-oxycrotonique C6H5.CH = CH.CHOH.C02H :
i° Le procédé de Fittig ('), consistant dans le traitement à froid de la
solution éthérée du nitrile phényl-a-oxycrotonique par l'acide chlorhy-
drique concentré.
2° Le procédé d'Erlenmeyer (2), où le point de départ est l'acide ben-
zalpyruvique C'H5. CH = CH.CO.C02H qu'on hydrogène par l'amal-
game de sodium. Du mélange des divers acides, formés simultanément
dans cette hydrogénation, on peut retirer l'acide cherché par l'intermé-
diaire de sa lactone iodée, ainsi que je l'ai indiqué (3). Ni l'un ni l'autre
procédé ne donne de rendements très avantageux.
Ayant besoin d'une grande quantité d'acide phényl-a-oxycrotonique
pour un travail que je poursuis en ce moment, je me suis attaché à amé-
liorer sa préparation.
I. Comme matière première, j'ai choisi l'amide correspondant, qu'on
obtient aisément en suivant les indications que j'ai données récemment(4).
(l) Liebig's Annalen, t. CCX'CIX, 1898.
( -) Berichte d. d. chem. Gesell., l. XXXVI, 1903, p. 2028.
(•') J. Bougault, l/i/i. de Chim. et de Phys., 8e série, 1. XIV, 1908, p. 179.
(') J. Bougault, J. de Pliarm. et de Chim., -f série, t. VI, 1912, p. 337.
SÉANCE DU l3 MAI lqi3. i/j'Jo,
Cet amide se saponifie avec la plus grande facilité, aussi bien par les alcalis
que par les acides. Toute la difficulté de la préparation de l'acide phényl-
a-oxvcrotonique tient à sa facile isomérisation, soit en acide benzylpyru-
vique C6H5.CH2.CH2.CO.C02H sous l'action des alcalis caustiques, soit
en acide benzoylpropionique C6H5. CO.CH2.CH2. CO'2H sous l'action des
acides forts.
Mes recherches ont donc eu pour objet de trouver un alcali ou un acide
assez énergique pour effectuer la saponification de L'amide, mais pas assez
puissant pour produire l'isomérisation. Je suis arrivé au but dans les deux
directions et avec un succès particulier au moyen des acides.
Je résume brièvement l'es résultats obtenus.
II. Lorsqu'on porte à l'ébullition L'amide phényl-a-oxycrotonique avec
une solution aqueuse de carbonate ou de bicarbonate alcalin, le dégage-
ment d'ammoniac commence aussitôt, mais persiste très longtemps. Si
l'on attend que tout l'ammoniac soit dégagé, on ne trouve plus d'acide
phényl-a-oxycrotonique, mais divers acides parmi lesquels domine l'acide
benzylpyruvique.
Si l'on arrête l'ébullition au bout de 3o à 4o minutes, on trouve une assez
forte proportion d'acide phényl-a-oxycrotonique qu'on isole du mélange
des divers acides présents en le convertissant en lactone iodée (voir plus
haut).
On peut ainsi obtenir, en acide cherché, 3o à 40 pour 100 de l'amide
employé.
III. Les acides conduisent plus aisément à de meilleurs résultats.
Les acides oxalique et phosphorique, que j'ai particulièrement étudiés,
saponifient rapidement l'amide phényl-a-oxycrotonique sans produire
d'isomérisation importante dans le temps nécessaire à la saponification.
Si, par exemple, on porte à l'ébullition, pendant une heure, 200™' d'eau,
i5s d'acide oxalique et ioK d'amide phényl-a-oxycrotonique, on obtient par
refroidissement un abondant précipité de l'acide cherché, qu'il suffit de
séparer, par l'éther, de l'oxalale d'ammonium déposé en même temps. On
le purifie par cristallisation dans un mélange d'éther et de benzine. Les
rendements atteignent 80 pour 100.
IV. Au cours de ces recherches, j'ai isolé un acide assez intéressant, de
formule G,0H,0O3, qui résulte d'une nouvelle isomérisation de l'acide
pliényl-x-oxycrotonique.
147O ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'après mes premières observations, il parait répondre à la constitution
CH5.COH = CH.CH2.C02H.
Il serait ainsi la forme énolique de l'acide benzoylpropionique
C6H5.CO.CH2.CH2C02H. Il se transforme d'ailleurs aisément en ce
dernier acide, sous l'action des alcalis caustiques et des acides forts.
Le nouvel acide Cl0H,0O3est cristallisé; il fond à 910. Il est assez soluble
dans l'eau, très soluble dans l'alcool, l'acétone, l'éther, un peu soluble dans
le chloroforme et le benzène chauds, insoluble dans l'éther de pétrole.
Je continue l'étude de cet intéressant composé.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le i-benzoyl-i-phényl- A^-cyclopentêne . Note
de M. Edouard IJauer, présentée par M. A. Haller.
Dans une précédente Communication (') nous avons montré que le
dibenzoylbutane-1.4 se cyclisait sous l'influence de l'alcoolate de sodium
avec élimination de imo1 d'eau et formation de i-benzoyl-2-phényl-A,-cyclo-
pentène fondant à 53° et de i-benzoyl-2-phényl-Aa-cyclopentène fondant
à 980. Cette même réaction peut s'obtenir également sous l'influence con-
densante de l'amidure de sodium.
Quand on ajoute à une solution de dibenzoylbutane (i"5o1). dans le benzène anhydre,
j.i.oi d'amidure de sodium finement pulvérisé et qu'on porte le mélange à l'ébullilion,
on constate un dégagement d'ammoniac correspondant à f de molécule. On verse alors
le produit de réaction sur de la glace, on décante la solution benzénique qu'on lave
convenablement, on chasse le solvant au bain-marie et l'on distille le résidu sous pression
réduite. La majorité du produit passe à 22o0-225° sous i6mm. A la fin de la distillation,
le thermomètre atteint 25o°, température à laquelle passe une petite quantité de
dicélone inaltérée. La fraction 22o°-225° ne tarde pas à cristalliser et l'on arrive par des
cristallisations répétées à la séparer en les deux benzoylphénylcyclopenlènes isomères
fondant respectivement à 53° et 980.
Elude du \-benzoyl-i-phényl-A.1-cyclopentène fondant à 98". — Si la
constitution que nous avons attribuée au produit fondant à 980 est
exacte (formule I), nous pouvons comparer cette cétone à une acélophénone
dialcoylée et, comme telle (2), elle doit pouvoir donner naissance en pré-
sence d'amidure de sodium à un dérivé sodé susceptible de réagir à son lotir
(') Comptes rendus, t. 155, 1912, p. ?S8.
(2) A. Haller et Ed. Baurr, Comptes rendus, 1. 1 V8, 1909, p. 70. et A un. de Cltim.
et de Phys., 8': série, t. XXVIII, U)i3, p. 3;3.
SÉANCE DU l3 MAI I9l3. 1471
sur les iodures alcooliques (en particulier sur l'iodure de méthyle) avec
formation d'un dérivé C alcoylé (formule II)
C«H5
CGHS
C6
H5
C6H3
CH
l.
C
CH-
-COC6H5
CH
G
c/cw
\COC6H3
G H
C
Cil -
. CH3
CH
C
/CH3
\CONH2
CH2
r,H'-
CH2
CH2
CH2
ch2
c.w
CH2
1.
n.
m.
IV.
Enfin cette nouvelle cétone alcoylée, ne possédant plus d'atomes d'hy-
drogène substituables fixés sur les carbones situés en a du groupement
cétonique, doit réagir sur l'amidure de sodium comme une trialcoylacéto-
phénone ('). Il devra donc se produire dans cette réaction une rupture de
la chaîne carbonée à côté du groupe CO, avec formation soit de i-méthyl-
2-phényl-A2-cyclopentène (formule III) et d'amide benzoïque, soit de
benzène et d'amide de l'acide i-méthyl-2-phényl-A2-cyclopentène-i-carbo-
nique (formule IV). L'expérience a entièrement confirmé ces prévisions.
Méthylation du i-benzoyl-i-phényl-k.,-cyclopentène :
Le benzoylphénylcyclopentène (5s), dissous dans du benzène anhydre (5os) et traité
par imo1 d'amidure de sodium ( 1»), donne après 2 heures d'ébullition un dégagement
correspondant à f de molécule d'ammoniac. L'amidure se dissout lentement et la
solution devient parfaitement limpide et à peine colorée. En décomposant le dérivé
sodé par de la glace, nous avons régénéré /Je, 7 de la cétone primitive fondant à 980.
Dans ces conditions, l'amidure n'opère donc pas de transposition moléculaire ni de
migration de double liaison.
Dans une seconde expérience, i2fide cétone ont été sodés au sein de iooB
de benzène par 2S d'amidure de sodium, puis nous avons ajouté iosd'iodure
de méthyle. L'iodure de sodium se dépose rapidement. On verse le produit
de réaction dans de l'eau, on lave convenablement la solution benzénique,
on distille % benzène et l'on rectifie l'huile restante sous pression réduite.
On obtient ainsi iog,7 d'un liquide passant de 223°-224° sous 23nilD, dont
l'analyse conduit à la formule C,0Hl8O du i-métbyl-i-benzoyl-2-phényl-
A2-cyclopentène (formule II). Il se présente sous la forme d'une huile
épaisse, ne cristallisant pas, décolorant instantanément une solution cblo-
roformique de brome et réduisant le permanganate de potasse à froid.
Action de l'amidure de sodium sur le i-méthyl-i-benzoyl-i.-phényl-Ao-cyclo-
(') A. Haller et Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 127.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 19.) 188
T472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pentène. — iosde cette cétone ont été traités par 2K, 5 d'amidure de sodium
au sein de 5os de benzène. On n'observe pas de dégagement appréciable
d'ammoniac. Le liquide prend une teinte rouge brun et, au bout de 2 heures
d'ébullilion, on voit des croûtes cristallines se déposer au fond du ballon.
On décompose alors le produit de réaction en y ajoutant goutte à goutte de
l'eau et on filtre le précipité cristallin qui se forme. La solution alcaline
aqueuse, acidifiée, laisse déposer de petites quantités d'acide benzoïque
fondant à 12 1°. Les cristaux séparés de la solution benzénique se déposent
par cristallisation dans le benzène bouillant sous la forme de fines aiguilles
fondant à i62°-i65°. A côté de ce produit nous avons réussi à isoler de
petites quantités d'amide benzoïque fondant à 1270.
La solution benzénique, séparée des cristaux, a été convenablement
lavée, puis on a chassé le benzène au bain-marie et Ton a distillé le résidu
sous pression réduite. Il passe de 1 1/|° à 1 180 sous 20mm un liquide limpide,
très mobile, à forte odeur de carbure et il ne reste qu'un faible résidu au
fond du ballon.
L'analyse du produit fondantà i65" conduit à la formule C,3Hl5ON, qui
est celle de Vamide-i-méthyl-2-phényl-A2-cjcloperitêne-i-carbomque (for-
mule IV). Cette amide s'obtient par refroidissement de sa solution benzé-
nique en fines aiguilles fondant à i65°, insolubles dans l'éllier, peu solubles
dans le benzène à froid, solubles dans l'eau ammoniacale à cbaud, déco-
lorant une solution cbloroformique de brome et réduisant le permanganate
de potasse. Le liquide distillant de 1 14° à 1 180 sous 2omu' bout après recti-
fication à n()0-ii7° sous iomm et répond à la formule CI2H14 du
i-méthyl-2-phényl-A3-cyclopentêne (formule III). C'est un liquide très
mobile, très volatil, à odeur pénétrante, décolorant instamment l'eau de
brome et réduisant rapidement à froid une solution aqueuse de permanga-
nate de potasse.
Comme nous venons de le voir, l'amidure de sodium régissant sur le
i-benzoyl-i-méthyl-i-phényl-Ao-cyclopentène au sein du benzène a scindé
cette cétone en partie en i-méthyl-2-phényl-A2-cyclopentène et amide
benzoïque par rupture de la cbaîne entre le groupe cétonique et le groupe
cyclopentène, et en partie en benzène et amide i-méthyl-2-phényl-A2-
cyclopentène-i -carbonique par rupture de la chaîne entre le groupe céto-
nique et le groupe pbénylique.
SÉANCE DU l3 MAI IC)l3. i4^3
MINÉRALOGIE. — Sur la présence de bandes calcaires dans la partie suisse du
massif des Aiguilles- /longes. Note de M. Maurice Lur.Eox el M"*" Elisabeth
Jérëminb, présentée par M. A. Lacroix.
Le massif des Aiguilles-Rouges constitue une des unités hercyniennes de
la chaîne alpine. Les schistes cristallins, en général très redressés, suppor-
tent en discordance le Carbonifère stéphanien. Des venues granitiques
coupent ici et là les vieilles roches d'aspect archéen. Il semble qu'un vaste
batholite règne sous tout le massif. Une des apophyses considérables est
connue depuis longtemps dans les environs de Vallorcine. Ailleurs se ren-
contrent de nombreux filons aplitiques.
Mais dans ce grand ensemble existe, çà et là, des calcaires signalés par
quelques auteurs.
De Saussure mentionne de ces roches au bas du sentier d'Alesse (rive droite du
Rhône); Fournet découvre plus tard des calcaires à idocrase entre Martigny et Ver-
nayaz; Gerlach indique un autre affleurement à Itroz, dans la profonde coupure trans-
versale du Trient; enfin Renevier décrit un quatrième gisement au-dessus de Rranson
(rive droite du Rhône ). Nous avons pu retrouver, souvent avec beaucoupde difficultés,
ces quatre gisements, mais l'étude que nous avons entreprise nous a révélé d'une part
d'autres affleurements, el d'autre part nous avons cherché à connaître quelle était
l'inlluence que pouvait avoir eue les roches ignées sur ces roches sédimentaires.
Les nouveaux affleurements reconnus s'alignent avec les anciens selon
quatre bandes parallèles à la direction moyenne des schistes cristallins.
1. Un affleurement, situé sur le sentier de la Forclaz à Arpille, jalonne
une bande méridionale.
2. Une longuebande, qui paraît ininterrompue et que nous avons suivie
sur 4km commence à Itroz et parait devoir se joindre avec l'affleurement
découvert par Fournet.
3. Deux affleurements alignés selon la direction des schistes cristallins,
dans les hauteurs qui dominent la rive droite du Rhône, fixent la position
d'une nouvelle bande.
4. Enfin l'affleurement du sentier d'Alesse serait l'amorce d'une bande
septentrionale.
Ces bandes calcaires sont d'épaisseur variable. La plupart ne forment
que des lentilles très étirées; celle d'Alesse n'a que 3m d'épaisseur; celle qui
1474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
domine Branson 5m. Seule celle d'Itroz est moins laminée, sa puissance peut
dépasser 26™.
En général, ces affleurements sont constitués par une alternance de bancs
calcaires et de roches cristallines. A Itroz, on peut compter quatre bancs
calcaires, neuf sur le sentier d'Alesse.
Ces calcaires sont en général laminés, marmorisés. Pour le moment nous
nous sommes contentés d'examiner leur composition minéralogique,
laissant pour une Note plus détaillée ce que nous montrera leur compo-
sition chimique et les transformations endomorphiques des roches éruptives
encaissantes.
Dans ces gisements, du moins pour trois d'entre eux, la roche métamor-
phosée sédimentaire est en contact avec une aplite très riche en quartz. Les
minéraux métamorphiques de ces marbres sont en général peu abondants
et avec quelques différences individuelles pour chaque gisement. Nous
avons reconnu : diopside, phlogopite, graphite, quartz, idocrase, orthose,
sphène, grenat.
L'idocrase est incolore, négative. Elle se présente en grains arrondis très petits. Au-
dessus du sentier d'Alesse elle est développée en grands cristaux de forme irrégulière,
brisés et imprégnés de calcite. Ici elle a parfois une structure pœcilitique englobant
les petits grains ronds de grenat. Ce grenat rose (grossulaire) se rencontre dans cette
roche sous forme de grands cristaux irréguliers, également brisés et imprégnés de
calcite. Le graphite forme de petits grains ou des lamelles hexagonales à bords arrondis.
Le sphène est rouge, polychroïque, possédant très souvent la forme typique en toit.
Plus rarement, on rencontre des plagioclases acides, des chlorites (pennine et
délessile), trémolite et zoïsite.
Tous ces minéraux sont répartis ordinairement sans aucun ordre apparent parmi les
plages de calcile aux macles polysynthétiques, mais parfois ils forment des bandes, et
si elles sont riches en graphite, le calcaire passe à une variété rubanée ( Itroz).
Le fort écrasement des calcaires se traduit dans la structure cataclastique : les plages
de calcite nagent dans les menus débris de ce même minéral, le quartz a une
extinction onduleuse, et dans les calcaires étirés ils sont également étirés, allongés
dans le sens de l'écoulement.
De ces faits révélés par l'examen sur place et par l'étude au microscope,
on peut conclure à une contemporanéité des marbres et des schistes cris-
tallins qui séparent et accompagnent leurs bancs, sans que l'on puisse
préciser l'âge autrement que de dire qu'ils sont ante-carbonifères.
Mais un fait important paraît découler de l'alignement remarquable de
ces bandes et lentilles sédimentaires. Jusqu'à ce jour les essais de subdi-
vision tectonique de l'immense masse monoclinale de schistes cristallins du
SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l4^5
massif des Aiguilles-Rouges ne pouvait se baser sur aucun argument plau-
sible. La similitude de ces bancs calcaires, les uns avec les autres, nous
autorise à croire qu'ils appartiennent à la même formation, et il y a des.
probabilités pour que ces bandes représentent des noyaux synclinaux. Les
quatre bandes découvertes à ce jour limiteraient cinq anticlinaux de ce
tronçon de la vieille chaîne.
Enfin, la présence de minéraux de contact dans ces marbres nous montre
qu'ils sont plus anciens que la montée des roches ignées qui ont injecté le
massif dans son ensemble.
Ainsi, peu à peu, se précise la nature encore bien obscure de ces frag-
ments de la chaîne hercynienne compris dans les Alpes.
AGRONOMIE. — Sur les bouillies fongicides mouillantes.
Note de MM. V. Vekmorei, et E. Daxtony, présentée par M. Miintz.
Dans une précédente Note (') nous avons fait connaître que les solutions
de grande viscosité superficielle étaient susceptibles de mouiller les
végétaux au même titre que celles de faible tension superficielle. Le méca-
nisme de la mouillabilité est bien connu pour les solutions de faible tension
(loi de Clairaut); il l'est beaucoup moins pour celles de grande viscosité.
Nous avons observé que les liquides jouissant d'une grande viscosité
superficielle se comportent, dans la couche extrêmement mince qui les
sépare de l'atmosphère ou des parois des récipients, comme des liquides
très visqueux, bien qu'ils soient, dans leur ensemble, parfaitement fluides ;
ils moussent facilement et donnent ainsi naissance à des lames liquides très
minces et, par conséquent, très visqueuses. Ce sont ces propriétés qui per-
mettent aux solutions de grande viscosité superficielle de mouiller les
végétaux.
Si, en effet, on plonge une feuille de vigne dans une solution de grande
viscosité superficielle, elle n'est pas mouillée (surtout si elle est pubescente);
mais, si l'on pulvérise cette solution sur la feuille, les gouttes projetées
s'aplatissent, se réunissent et forment une lame liquide extrêmement
mince qui sèche, sans former de solution de continuité, parce qu'elle est
très visqueuse. La feuille est mouillée.
Nous avons indiqué que la gélatine permettait d'obtenir des solutions de
(') Comptes rendus, i3 mai 191 2.
1^7^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
grande viscosité superficielle et nous avons conseillé son addition aux
bouillies cupriques pour les rendre mouillantes. Toutes les gélatines, à des
doses variant entre 20B et 5o5 par hectolitre, peuvent être employées pour
les verdets et pour les bouillies bordelaise ou bourguignonne acides.
Par contre, nous avons reconnu que, dans les bouillies bourguignonnes
basiques, le carbonate de soude insolubilisait la gélatine (confirmation des
travaux de MM. Lumière et Seyewetz) et réduisait ainsi la viscosité
superficielle.
Dans les bouillies bordelaises alcalines, c'est la formation classique du
biuret qui vient amoindrir la viscosité superficielle. Cependant pour ces
bouillies, certaines gélatines, présentant une viscosité superficielle très
grande, donnent un pouvoir mouillant suffisant; malheureusement, on ne
connaît pas encore le moyen d'obtenir ces gélatines spéciales ; jusqu'ici, leur
production semble dépendre du hasard ou des accidents de fabrication.
En pratique, le viticulteur éprouve donc, à se les procurer, des diffi-
cultés insurmontables; aussi avons-nous cherché une substance peu coûteuse
capable de les remplacer. Parmi les produits que nous avons essayés, la
caséine nous a donné les meilleurs résultats.
Il suffit d'ajouter, à ihl de bouillie bordelaise alcaline, préparée à la façon
ordinaire, de 20»' à 5oB de caséine préalablement dissoute dans un lait de
chaux pour obtenir une bouillie très mouillante.
Dans une bouillie acide, la caséine s'insolubiliserait et ne serait d'aucune
utilité.
En résumé, toutes les bouillies cupriques peuvent être facilement et écono-
miquement rendues mouillantes (pour la vigne) par V addition :
i ° De gélatine pour les bouillies à réaction acide ;
i° De caséine pour les bouillies à réaction alcaline.
AGRONOMIE. — Evolution du soufre dans le sol; élude sur son oxydation.
Note de MM. Ch. Iîiuoux et M. Guerbkt, présentée par M. A. Miintz.
L'action fertilisante du soufre et son évolution dans le sol sont actuelle-
ment l'objet, de recherches de la part d'un certain nombre d'expérimenta-
teurs, en particulier de MM. Boullanger et Dugardin (') et de M. Démo-
lon('). '
(') Comptes rendus, 5 février et 22 juillet 1912.
(2) Comptes rendus, 19 février 1912 et 3 mars igi 3.
SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l477
De notre côté, nous poursuivons depuis plusieurs mois des expériences
ayant surtout pour but d'étudier l'évolution du soufre dans le sol. La Note
que nous présentons aujourd'hui montre quelle est l'influence, sur l'oxyda-
tion du soufre, de la nature du sol, et de certaines substances bydrocarbo-
néesou azotées, ajoutées à la terre. Elle tend à prouver que cette oxydation
est presque exclusivement d'ordre microbien. ■
I. Influence de la nature du sol et de l'addition de substances hydrocahbonées et
azotées. — i° Terre de jardin, légère, silico-calcaire (6 pour 100 de C03Ca) et
humifère. — La terre, additionnée de 4 pour iooo de soufre sublimé et de 5 pour iooo
des substances indiquées ci-dessous, est placée, par lots de 5ooS\ dans des cuvettes
plates de jo™x 20™; l'humidité est amenée à 20 pour 100 avec de l'eau distillée
et les cuvettes, recouvertes d'une lame de verre pour modérer t'évaporation, sont
maintenues à l'étuve à 25°.
Tous les 5 jours, on prélève 5os de terre et l'on y dose l'acide sulfurique. La terre
restante est remaniée à la main, et tous les 2 ou 3 jours, le taux d'humidité est
ramené à 20 pour 100.
Après
5 jours. 10 jours. 15 jours. 20 jours. 30 jours.
so3 so2 so3 so3 ~sœ^
par kg par kg par kg par kg par kg
Je S de S de S de S de S
Nature des essais. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. terre. oxydé. terre, oxydé.
g P. IOO £ P- m" g P. IOO g p. g p. IOO
i° Témoin sans soufre .. . . o,ii3 »(') o,i54 » 0,200 » o,23o » o,253 »
20 Terre 1 ks -+- 48 soufre.. . . o,236 1,2 2,5ao 23,6 4,656 44*5 5, 204 49>7 6,420 59,9
3° Terre 1 ks — (- 5s saccharose
+ 4"'soufre 0,180 0,7 o,353 2,0 0,682 4)8 1,628 i),<> 3,o46 27,9
4° Terre iks -+- 5s amidon
-H 4B soufre 0,257 i,4 0,485 3,3 o,838 6,3 1,294 10,6 2,680 24,3
5° Terre iks -+- 5s peplone
-t- 4S soufre o,5i5 4,o 1,060 9,0 4>20o 4°i9 7,o83 68,5 8,45o 82,0
La teneur en sulfates du lot témoin triple presque pendant la durée de l'expé-
rience, celte terre de jardin étant particulièrement riche en produits sulfurés, orga-
niques ou minéraux.
L'oxydation du soufre introduit dans les autres lots s'effectue lentement au début
et devient rapide à partir du dixième jour. Les matières hydrocarbonées (saccharose
et amidon) ont une influence très nettement retardatrice, que des expériences ulté-
rieures nous permettront sans doute d'expliquer.
La peptone, en tant que matière azotée, a une action favorisante très marquée
à partir du quinzième jour, si bien que l'oxydation atteint 82 pour 100 du soufre
introduit, après 3o jours.
(') Déduction faite des sulfates trouvés dans le témoin sans soufre. 'N.
lu libra r y :;'
^,^sS' ,çTy
1478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Terre de limon des plateaux du pays de Caua-, non calcaire. — L'expérience
esl conduite dans les mêmes conditions que ci-dessus, mais L'humidité de la terre
n'est portée qu'à 18 pour 100, à cause de la nature physique du sol. Sa teneur en
chaux n'étant que de 2 pour 1000, l'un des lots est additionné de 20 pour 1000 de
carbonate de chaux précipité.
Après
8 jours. 15 jours. Î2 joursT" 1 mois- 40 jours.
~sœ ~~ 10= ~so^~ so3 so>
par kg par kg par kg par kg par kg
de S de S de S de S de S
Nature des essais. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé.
g p. ico e P-— B P->"" B „ P-'°° 6 QQ P-,0°
i" Témoin sans soufre o,o53 » o,o53 »> o,od6 » 0,069 » °>°88 B
2° Terre iks + 4e soufre.... 0,270 2,2 i,573 i5,2 2,727 26,7 3, 129 3o,6 3,ig3 3i,o
3- Terre iks + 20s C03Ca
-H 4s soufre o,859 8,0 4,458 44, o 5, 690 56,4 6,i52 Co,8 6,785 67,0
4° Terre ike -+- 5s glucose
H-4ssoufre o,344 2,9 0,444 3,9 1,098 10, 4 i,4i? i3,4 2,633 25,4
5° Terre iks 4- 5s peptone
+ 4s soufre o,562 5,. 3,523 34,7 4,33g 42,8 4,567 45, o 4,95o 48,6
Le carbonate de chaux ajouté à la terre du lot n° 3 joue un rôle essentiel en satu-
rant l'acide sulfurique au fur et à mesure de sa production; ceci tend déjà à prouver
que l'oxydation du soufre est due à un processus microbien, car un phénomène chi-
mique de cet ordre ne serait pas entravé par un excès d'acidité.
Le rôle respectif des matières hydrocarbonées et azotées est le même que dans
l'expérience précédente.
II. Influence des bactéries sur l'oxydation du soufre. — Des lots de 5os de terre
sèche de limon des plateaux, additionnée de is de carbonate de chaux précipité et
de 06,25 de peptone Collas ont été introduits dans des fioles d'Erlenmeyer de 5oocm\
bouchées au coton et passées au four à flamber à 1800 pendant 1 heure.
Après refroidissement, on a introduit le soufre, ou du polysulfure de calcium, puis
l'eau, et le tout fut passé à l'autoclave à 1020 pendant 1 heure.
Certains lots furent ensemencés à l'aide de délayure de terre, et les fioles furent
placées dans une éluve à 280; l'humidité de la terre était maintenue à 18 pour 100 par
addition d'eau stérile.
Oxydation après 16 jours.
Nature des essais. SO3 dans SO3 Soufre
les provenant oxydé
Terres stérilisées. 5o* de terre, du soufre. pour 100.
s
i° Sans soufre 0,022 » »
20 Avec os, 2 de fleur de soufre 0,039 0^,017 3,4
3° Avec i™3 délayure de terre et os, 2 fleur de soufre. o,342 o,320 64,0
4° Avec 06, 2 de soufre précipité pur o,o3o 0,008 1,6
SÉANCE DU l3 MAI IC)l3. 1 479
Oxydation après 16 jours
Nature des essais. SO1 dans SO3 Soufre
— les provenant oxydé
» Terres stérilisées. 5os de terre, du soufre. pour 100.
■ ■ e e
5" Avec icm3 délayure de terre et o^, 2 soufre précipité. 0,(493 0,^71 94>2
6° Avec os, 5 polysulfure de calcium Milo ( ' ) o,o45 o,oi3 i3,4
70 Avec tcm' délayure de terre et 08, 5 polysulfure .. . 0,102 0,070 72,5
Il apparaît très nettement que l'oxydation du soufre est due à un processus micro-
bien; en effet, alors que les lots stérilisés nos 2 et k- donnent respectivement 3,4 et
1,6 de soufre oxydé pour 100, les lois cultivés nos 3 et 5 donnent une oxydation
de 64,0 et 94,2 pour 100. Celle-ci est assez élevée pour que l'acide sulfurique formé
puisse être considéré comme un facteur important de l'action fertilisante du soufre.
Quant au polysulfure de calcium, nous voyons qu'il subit aussi l'influence de
l'oxydation microbienne.
Nous avons cherché à isoler les bactéries qui président aux phénomènes
que nous avons observés; celte étude n'est qu'ébauchée, et tout ce que nous
pouvons dire jusqu'ici, c'est que nous possédons déjà quelques bactéries
oxydantes du soufre, dont l'une oxyde à 18,6 pour 100 alors que le témoin
stérile ne donne que 3,6.
Nous pensons d'ailleurs que le problème de l'oxydation microbienne du
soufre est très compliqué, qu'un certain nombre de bactéries y concourent,
peut-être par une voie moins directe que celle de l'oxydation pure et, dans
certains cas, avec formation intermédiaire d'hydrogène sulfuré.
PHYSIOLOGIE. — L'adaptation organique dans les états d'attention
volontaires et brefs. Note (2) de M. J.-M. Lahy, présentée par
M. Edmond Perrier.
Méthode. — Les états d'attention sont difficiles à étudier de façon objec-
tive, en raison de l'impossibilité où se trouve l'observateur pour les limiter
dans le temps. Il faut, en effet, que par un signe le sujet avertisse l'expéri-
mentateur du commencement et de la lin de son effort. Même si ce signe
( ' ) Le polysulfure Milo renferme 19,3 pour 100 de soufre à l'état de sulfures.
(*) Présentée dans la séance du 17 mars 1 9 1 3.
C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) '89
l/j8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
est réduit à un seul mot, il comporte un acte volontaire et un effort de
réalisation qui ne doivent pas être confondus avec l'attention.
Nous avons donc pensé à étudier dans sa totalité un acte, le tir par
exemple, à en analyser tous les éléments psychologiques, et, ceci fait, à
isoler tels éléments qui ne relèvent que du seul effort d'attention. Si dans
cet acte (le tir), acte à la fois bref, intense et psychologiquement isolé, dont
la valeur se constate par le résultat qu'obtient le tireur, nous mettons cà part
tout ce qui est relatif à sa réalisation (problème de l'action), il nous reste,
comme signe de l'attention, une adaptation organique du sujet.
Impassibilité musculaire. -- Il est d'observation courante que l'attention
se traduit par un signe extérieur: l'immobilité. Nous avons constaté nous-
mème et inscrit, à l'aide de la méthode graphique, que, malgré une appa-
rente immobilité, le mauvais tireur avait des mouvements parasites inaperçus
chez le bon tireur. II s'ensuit que pour ce dernier le temps de visée est
beaucoup plus court : 45{ pour 17stj, donc que l'attention est plus grande
et plus efficace.
Troubles physiologiques prof onds. — Le sujet étant placé dans la position
ordinaire du tireur couché, on enregistrait en même temps la respiration,
le pouls, le commencement et la fin de l'expérience et le temps.
a. Respiration. — Nous constatons que, dans les cas où l'altenlion est efficace, la
respiration s'arrête subitement et de façon complète. Le retour de la respiration à la
normale n'a pas une durée proportionnelle à la durée de l'effort d'attention. Il mesure
plutôt l'intensité de cet efibrt. Dans les cas où l'attention est faible, à l'inverse, la
respiration n'est pas modifiée de façon apparente.
b. Pouls. — Cependant, dans ces cas eux-mêmes, le sujet ne reste pas passif. Sa
circulation est profondément troublée; le nombre des pulsations augmente. De plus,
cette augmentation s'accroît et persiste longtemps après l'expérience.
Les mêmes troubles se rencontrent lorsque l'attention est plus efficace, mais ils
traduisent un certain nombre de caractères qui nous permettent de dégager le signe
de cette efficacité, c'est-à-dire la valeur de l'attention.
Voici, comme exemple, le tableau qui résume l'analyse très minutieuse des gra-
phiques d'un sujet qui réalise un effort d'attention parfaitement dirigé et dont la
valeur se confirme par le résultat qu'il obtient :
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l4^I
Pulsations.
Longueur ~™^ ~-__ ^
du Durée Nombre Longueur Hauteur
graphique en Nombre par moyenne moyenne Ondulation Oscillations
Phases de l'expérience. cm secondes, total, seconde. (mm). 'mml. Dicrolisme. secondaire, de la courbe d'ensemble.
Prem ière expérience.
Avant 9,0 " 12 1,10 0,7a 2 existe existe horizontale
Visée 1 . • G t.ao 0,70 diminué manque s'élève légèrement
Clioc » analyse impossible
Rétablissement respiratoire. >.."> 3,5 1,16 " 0.71 augmenté manque s'élève légèrement
Normal 8,0 10. 5 1,16 0-7'' 2 connu au début existe tombe à la normale
après 7 pulsations:
Deuxième expérience. oscille un peu
Avant.... 6,2 8 1 0,78 2 existe rare borizonlale
Visée 3,o -ç- \ i,o5 0,75 2 diminué id. s'élève
Choc nul nulle
Rétablissement respiratoire. 2,3 3 1 0,73 augmenté id. s'élève et baisse
Normal 7,5 -,,1 m 1,06 o,-5 2 connu au début id. tombe à la normale
Troisième expérience.
Avant 9,0 1? i,o5 0,73 3 existe rare horizontale
Visée 3,5 i . 5 1.07 0,77 diminué id. id.
Choc : nul nulle
Rétablissement respiratoire. 0,8 impossible à analyser mouvem. = traune
Normal ... 7.) -'; 10 1 i °-7 ' 2 connu au début id. tombe en oscillant
à la normale
Quatrième expérience.
Avant 10,0 >4 1,09 0.71 3 cxisle rare horizontale
Visée '1,2 • ^ 5,8 1,11 0,72 3 id. id. id.
Choc nul nulle impossible à analyser
Rétablissement respiratoire. 0,9 î.i 1.0S 0,70 id. id.
Normal 7,0 -f 10 1,08 0, 3 id. id. tombe viteàlanorm.
Le signal du commencement de l'expérience détermine chez le sujet un déclenche-
ment de modifications profondes, mais de courte durée. Elles sont réduites à la durée
de l'effort, car, le coup parti, la respiration se rétablit instantanément et le nombre
des pulsations décroît aussitôt pour tendre vers la normale.
L'adaptation physiologique dans /'état d'attention volontaire et bref. —
D'après ceci, la valeur de l'attention semble dépendre d'une adaptation
physiologique plus ou moins grande. Chez l'homme attentif une image
sensorielle, ou mentale, détermine l'attitude musculaire réflexe la plus
simple : l'arrêt. En même temps, les troubles respiratoires et circulatoires
s'accusent intenses, mais brefs. Ils ne durent, comme l'indiquent nos
graphiques soigneusement chronométrés, que pendant la durée de l'effort
d'attention.
La plus ou moins grande rapidité avec laquelle s'opèrent les changements
respiratoires et circulatoires, soit pour rompre leur rythme habituel,' soit
1482 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour revenir à la normale, constitue le caractère somatique fondamental de
l'attention.
Nos expériences nous ont, en outre, permis de déceler la cause de la
fâcheuse adaptation organique dans les états inférieurs d'attention.
Elle réside dans la persistance d'images sensorielles.
Tandis qu'au début de chaque expérience, alors que les sujets sont
encore à l'état passif, nos inattentifs réagissaient avec une rapidité plus
grande que les attentifs, à la fin des expériences les rôles étaient ren-
versés. Les images (motrices, dans le cas de nos recherches) persistent
chez les premiers, tandis que les seconds en sont instantanément débar-
rassés.
Des expériences relatives à la suggestibilité ont confirmé ces résultats.
Il ressort de nos expériences que, au moment où un individu accomplit
un effort d'attention, il se crée en lui une personnalité physiologique
nouvelle, caractérisée par des troubles profonds et passagers. Le mot
troubles lui-même doit être soumis à des réserves, car si l'activité que
l'on observe est plus intense, elle est en même temps ordonnée. Les rap-
ports restent constants entre l'activité respiratoire et circulatoire (sous ses
divers aspects de nombre de pulsations et pression sanguine), et même
entre celles-ci et l'activité mentale. C'est, en définitive, à une plus ou moins
grande plasticité fonctionnelle de l'individu que l'on doit rattacher la plus
ou moins grande puissance d'attention.
«
PHYSIOLOGIE. — Résistance comparative du Chien et du Lapin
aux injections intraveineuses d'acide carbonique. Note de
M. Haoul IJayeux, présentée par M. Roux.
Dans une Note précédente (Comptes rendus, 28 avril i()i3) j'ai montré
que P étant le poids d'un Chien ou d'un Lapin auquel on injecte de l'oxy-
gène dans la veine fémorale, sous une vitesse constante, V le volume
maximum que l'animal peut recevoir en 1 heure, l'expérimentation conduit
aux formules suivantes :
( Chien V = ~
Oxygène (fémorale) )
( Lapin V — tt-
00
La présente Note a pour but d'établir les modifications que subissent ces
formules si l'on remplace l'oxygène par l'acide carbonique.
SÉANCE DU l3 MAI 10,13. l483
Or, avec ce dernier gaz, les recherches que je viens de poursuivre
pendant 5 mois m'ont donné :
5P
l Chien V=X
Acide carbonique ( fémorale) . . \ p
f Lapin V = — 7
r 10
J'ai pu injecter, pendant i heure, 1 25cmI d'acide carbonique à des Lapins
qui n'auraient supporté que 25cm3 d'oxygène. Cette dose n'a pu être dépassée
sans tuer les animaux.
De même, chez un Chien de gks qui n'aurait supporté que 31 d'oxygène,
j'ai injecté i5' d'acide carbonique en i heure, et, ayant continué l'injection,
j'ai vu l'animal mourir 12 minutes plus tard.
Antérieurement, j'avais pu injectera un Chien de i7ks, pendant 2 heures,
l'acide carbonique à la vitesse de 171 à l'heure. L'animal avait ainsi reçu
341 de ce gaz sans mourir.
Enfin, ayant injecté l'acide carbonique, chez des Lapins, dans une veine
de l'oreille, j'ai constaté que la dose-limite s'abaissait selon la formule
suivante :
p
Acide carbonique (oreille) . . Lapin.... V = r-
Pour l'oxygène j'avais obtenu :
Oxygène (oreille) Lapin.... V =
L'examen de ces diverses formules permet d'émettre les conclusions
suivantes :
i° Le rapport entre les doses-limites injectables par une veine de l'oreille
et par la veine fémorale est plus grand pour l'acide carbonique que pour
l'oxygène (r, pour l'acide carbonique; \ pour l'oxygène); ce qui fait une
différence de \ pour l'acide carbonique, et de \ pour l'oxygène.
20 La différence entre les quantités injectables par l'une et l'autre veine
résulte de ce fait que, le volume du sang contenu dans le territoire de la
veine cave supérieure, où se répand le gaz injecté par la veine de l'oreille,
étant moins grand que celui du sang contenu dans le territoire de la veine
cave inférieure où se répand le gaz injecté par la veine fémorale, le premier
territoire est plus vite saturé que le second. La différence entre les rapports
de l'oxygène et de l'acide carbonique provient de ce que ce dernier gaz est
plus soluble dans le sang que le premier.
Je ne partage pas l'opinion des auteurs qui ont attribué la différence des
1 4^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quantités injectables par l'oreille et par la patte, à l'arrivée plus rapide au
cœur par l'oreille cjue par la patte : en effet, l'auscultation du cœur des
animaux en expérience m'a démontré que, dans L'un et l'autre cas, les bulles
d'oxygène (par exemple) arrivent au cœur en quelques secondes ; et on les
entend barboter pendant tout le temps de l'expérience. D'autre part,
l'autopsie des animaux montre que les gaz ne franchissent pas la limite du
territoire dans lequel ils ont été injectés; au confluent des Caves, le sang-
pur de l'une se mélange au sang mousseux de l'autre, sans jamais empiéter
l'un sur l'autre.
3° Le rapport entre la réceptivité du Chien et du Lapin est le même
pour l'acide carbonique et pour l'oxygène : dans les deux cas, le volume
du premier gaz est 5 fois plus grand que celui du second.
On pourrait se demander si les différences constatées entre le Chien et
le Lapin, lorsque les valeurs de la solubilité de ces deux gaz dans leur sang
sont rapportées à leurs poids respectifs, ne disparaîtraient pas en rapportant
ces valeurs au volume du sang total. Il n'en est rien : en effet, on sait que
le volume du sang du Chien est le ^ du poids de cet animal, et les Tableaux
récents publiés par Dreyer et Walker montrent cjue le sang du Lapin est
le -^ de son poids. Si, dans mes formules, on remplace le poids par le
volume du sang, on voit que le sang du Chien tolère un volume de gaz
encore plus de 18 fois supérieur à celui que tolère le sang du Lapin.
Tandis que les injections intraveineuses d'oxygène reproduisent certains
accidents de la décompression, les injections d'acide carbonique déter-
minent les accidents an mal des altitudes. En effet, chez des chiens arrivés à
la limite de leur tolérance pour l'acide carbonique, j'ai constaté des nausées
et des vomissements, phénomènes habituels du mal de montagne. Sur plu-
sieurs lapins arrivés aux limites de l'asphyxie, j'ai vu cjue, en les débarras-
sant de leurs liens, les premiers mouvements qu'ils effectuaient amenaient,
la mort subite. Et cependant je m'étais assuré, par l'auscultation du cœur,
qu'aucune bulle gazeuse ne barbotait plus dans leur cœur.
Or, plusieurs ascensionnistes, atteints du mal de montagne, sont morts
subitement après avoir résisté pendant de longues heures à l'asphyxie, et
plusieurs aéronautes sont tombés foudroyés à l'occasion d'efforts muscu-
laires de courte durée. Dans ce dernier cas, cependant, la mort subite
n'avait été précédée d'aucun trouble apparent; on peut reproduire ces
conditions en injectant l'acide carbonique progressivement, déterminant
ainsi une asphyxie atténuée qu'on exagère peu à peu.
L'autopsie des animaux tués par l'acide carbonique permet des consla-
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l485
talions différentes de celles qu'on trouve dans la mort par l'oxygène : le
cœur est mon et Ilasque ; toutes ses cavités sont pleines de sang sombre, et
les cavités droites contiennent de rares bulles gazeuses. Les grosses veines
ne contiennent pas les grosses embolies gazeuses constatées avec l'oxygène;
leur; section ne donne pas lieu à un jet de sang. Les veines pulmonaires
contiennent du sang rougeàtre et les poumons sont rouges au lieu d'être
pâles comme dans l'oxygénation. Ces constatations indiquent que l'acide
carbonique s'est dissous plus complètement que l'oxygène et que le sang a
plus aisément franchi le réseau capillaire du poumon dans lequel l'oxygé-
nation a pu se faire d'une façon relative.
La mort par l'oxygène est donc due à L'arrêt progressif de la circulation,
et celle que produit l'acide carbonique, à une asphyxie véritable.
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Méthodes à employer pour réaliser la tuber-
culose expérimentale par inhalation. Note (')de M. P. Chaussé, présentée
par M. Roux.
Les premiers expérimentateurs qui ont tuberculisé des animaux par inha-
lation ont employé des doses considérables de virus et multiplié les
épreuves; Tappeiner fit subir à ses animaux de 54 à i/|0 séances d'inha-
lation, Bertheau de 2 à 10, Veraguth de 8 à i4, Tbaon 14.
Nous ne pouvons rappeler ici les nombreuses expériences effectuées
depuis cette époque; nous dirons seulement qu'elles ont donné des résul-
tats très dissemblables selon les auteurs, parce que ces derniers n'ont pas
attaché assez d'importance à certaines variations des conditions réalisées.
La difficulté d'interprétation de documents contradictoires, et défectueux
par ailleurs, a autorisé les promoteurs de la théorie digestive à dire que les
voies respiratoires sont très bien défendues contre le bacille et que la tuber-
culose est difficilement réalisable par inhalation.
Ayant effectué depuis quelques années environ i5o expériences d'inha-
lation sur 2000 animaux de diverses espèces, et dans des conditions
variables, nous croyons pouvoir indiquer les raisons des divergences ci-
dessus et donner quelques règles à suivre pour déterminer à coup sûr une
tuberculose d'origine respiratoire, à un degré approximativement exact. Il
est superflu d'ajouter que l'expérimentation est ici de la plus grande utilité,
(') Présentée dans la séance du 5 mai 1913.
i486 académie des sciences.
pour comprendre la pathogénie, connaître les conditions de la contagion
et éclairer la prophylaxie.
Pulvérisation de virus frais par voie humide . — Les mucosités bronchiques
donnent les meilleurs résultats, parce que la totalité des bacilles y sont viru-
lents; la matière caséeuse se montre infectante à un degré moindre et cela
est dû à la dégénérescence d'une partie des microbes.
On peut réaliser l'infection aussi bien dans une caisse que dans un grand
local; il suffit de faire varier en conséquence la quantité des bacilles. Il est
complètement inutile d'assujettir les animaux, de les forcer à inhaler, de
pratiquer la trachéotomie. Une numération des bacilles ayant été faite,
on diluera le virus au mortier, avec un liquide stérile; nous avons généra-
lement adopté le chiffre de i million de bacilles pour i""3 de dilution. Cette
dernière pourra être pulvérisée de façon variable.
I. Le procédé le plus simple consiste à diviser le liquide avec un pulvérisateur de
Richardson dont le jet pénètre dans l'espace à inhalation, ce qui exige de quelques
secondes à plusieurs minutes, selon la quantité. Le temps de suspension étant de
7 heures pour les particules fines, il faut attendre au moins ce délai pour retirer les
animaux et observer au surplus certaines précautions.
II. Comme nous avons constaté que la plupart des gouttelettes émises ne sont pas
respirables, il y a intérêt à les éliminer, car le virus en excès souille le corps des
animaux.
Pour ce faire, le meilleur procédé consiste à employer un pulvérisateur perfec-
tionné, ne donnant que des gouttelettes respirables, ce qui permet de réduire consi-
dérablement la dose de virus. Cet appareil pourra être celui de Biichner (Zeitschr.
f. Hyg., 1888). Nous en avons nous-même construit un plus simple : dans un tube
flacon en verre de 3o'"m de diamètre sur 35onl* de hauteur, fermé par un bouchon à
deux orifices, nous déposons la dilution, qui ne doit remplir que -~ à | de ce tube.
Le dispositif pulvérisant est un simple tube de verre traversant le bouchon, en rap-
port extérieurement avec une soufflerie, effilé à son extrémité inférieure, laquelle est
recourbée de bas en haut et plonge dans le liquide; cette partie effilée doit avoir au
plus imm de diamètre, et son extrémité dirigée vers le haut doit être à 5rom en dessous
de la surface du liquide. Le second orifice du bouchon laisse passer le tube de sortie
des particules bacillaires qui sont conduites dans l'espace à inhalation. Si l'on
actionne la soufflerie, le jet d'air qui traverse le tube pulvérisant divise et projette
les gouttelettes de bas en haut, mais tout ce qui n'est pas respirable retombe dans le
iquide, tandis que les particules fines sont transportées. Un essai préalable avec une
solution colorée a fait connaître le débit de l'appareil qui est de ioms à 2ome à la mi-
nute, d'où l'on déduit le nombre de bacilles.
III. D'après ce que nous avons acquis sur la transportabililé et le temps de suspen-
SÉANCE DU l3 MAI IÇ)l3. 1487
sion des particules (Comptes rendus du i\ février igi3 ), il est possible d'exposer les
animaux à inhaler seulement les particules fines quand on opère avec le pulvérisateur
de Richardson : i° en les plaçant à distance du jet de l'appareil, de telle sorte que
seules les gouttelettes fines les atteignent; 20 en les enfermant dans une caisse métal-
lique qui sera ouverte de l'extérieur 2 minutes après la fin de la pulvérisation; 3° en
faisant réfléchir le jet de gouttelettes sur plusieurs plans qui arrêtent toutes les grosses
particules.
Par la pulvérisation de virus frais l'infection est toujours obtenue en une
seule fois, à moins qu'on ne soit trop près de la dose limite, et aucun des
sujets réceptifs n'est épargné. A titre d'indication, la pulvérisation de
10 millions de bacilles (environ oK,-2o de crachats de richesse moyenne),
avec l'appareil de Richardson, dans un local de i3mS, donne, chez le cobaye,
environ i5 tubercules pulmonaires primitifs. Le nombre des lésions est
sensiblement proportionnel à la capacité respiratoire des sujets et à la
quantité de bacilles pulvérisée.
Pulvérisation de virus desséché. — Avec les mucosités desséchées, à la
température de io° à i5°, l'infection est obtenue en toute certitude pendant
les premiers jours seulement, ainsi que le démontrent nos recherches sur la
vitalité (Comptes rendus du 26 août 191 2).
La division pourra être faite par brossage de tissus artificiellement souillés,
en présence d'animaux renfermés dans une boîte étanche; il est aisé d'ima-
giner un dispositif permettant d'exécuter cette opération de l'extérieur, la
caisse étant fermée. La réussite sera également certaine si l'on procède par-
agitation de linges bacillaires dans les mêmes conditions. II serait possible,
enfin, de délayer le virus desséché et de le pulvériser par voie humide
comme il a été indiqué plus haut.
A partir du dixième jour de dessiccation, l'infection est plus ou moins
difficilement obtenue, la perte de la vitalité étant d'autant plus rapide que
la dessiccation est plus parfaite. Telle est la cause des résultats contradic-
toires enregistrés avec la pulvérisation sèche.
Nos recherches sur la tuberculose d'inhalation, en restant dans les con-
ditions physiologiques, montrent que ce mode d'infection est extraordinai-
rement efficace chez toutes les espèces réceptives; toutefois, ce n'est pas
sur cette seule conclusion expérimentale qu'on peut se baser pour soutenir
l'origine respiratoire de la phtisie chez l'homme et le bœuf, mais sur les
données pathogéniques générales et nécropsiques.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) I°,0
l/|88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Sur un nouveau genre de Cenlrarchidès du Gabon.
Note de M. Jacques Pellegrin, présentée par M. Edmond Perrier.
Les Centrarchidés sont des Poissons percoïdes confinés dans les eaux
douces de l'Amérique du Nord où l'on en. compte une dizaine de genres et
une trentaine d'espèces. Plusieurs de celles-ci ont été récemment introduites
en Europe et la Perche-Soleil (Eupomolis gibbosush.) se reproduit main-
tenant librement dans plusieurs de nos cours d'eau.
Un seul genre, le genre Kuhlia (ou Dules), possède une distribution géo-
grapliique très vaste qui s'explique par ses tendances marquées à vivre en
milieu marin; il se rencontre, en effet, dans les eaux douces ou saumâtres
des estuaires de l'est de l'Afrique, des îles de l'océan Indien et du Pacifique
et du nord de l'Australie. On ne le connaît point dans l'Atlantique.
Or M. Gruvel a rapporté au Muséum de Paris, de la baie de Libreville
(Gabon), deux échantillons d'un Poisson qui me paraît présenter des affi-
nitées marquées avec les Kuhlia, tout en méritant de former un genre
spécial dans la famille des Centrarchidés. C'est également l'avis de mon
éminent collègue du British Muséum, M. G. A. Boulenger, auquel j'ai
montré ces spécimens.
Il n'est pas besoin de faire ressortir l'intérêt que présente le fait d'avoir
trouvé un représentant nouveau des Centrarchidés sur un point du littoral
africain de l'Atlantique où la famille n'avait jamais été signalée.
Parakuhlia nov . gen. — Corps assez élevé, fortement comprimé. Ecailles
ciliées. Ligne latérale complète prolongée jusque sur la nageoire caudale.
Tête presqu'entièrement recouverte d'écaillés. Bouche grande, protractile.
Maxillaire visible, sans os supplémentaire. Dents villiformes en plusieurs
rangées à chaque mâchoire; dents sur le vomer; pas de dentition palatine
distincte. Préorbitaire sans denticulations, mais bord du préopercule nette-
ment dentieulé. Deux narines de chaque côté. Membranes branchiales
séparées; 6 rayons branchiostèges; 4 branchies; pseudobranchie déve-
loppée; branchiospines longues et étroites. Première dorsale réunie par sa
base à la seconde. Anale à 3 épines, à portion molle aussi développée que
celle de la dorsale. Dorsale et anale reçues antérieurement dans un fourreau
écailleux assez peu marqué. Pectorales pointues. Ventrales formées d'une
épine et de 5 rayons mous, commençant en arrière de la base des pectorales.
séance du i3 mai ic)i3. 1489
Caudale émarginée. De petites écailles sur les nageoires molles impaires.
Type : Parakuhlia Boulengeri.
Parakuhlia Boulengeri nov . sp. — L'aspect général rappelle assez celui
de Kuhlia caudovillata C. V. La hauteur du corps est contenue 2 fois à
2 fois \ dans la longueur sans la caudale; la longueur de la tête 3 fois envi-
ron. L'œil est compris 2 fois § à 2 fois f dans la longueur de la tête. La
mâchoire inférieure est proéminente, le maxillaire supérieur étendu jus-
qu'au-dessous du tiers antérieur à l'œil. La joue et l'opercule sont couverts
de petites écailles ainsi que l'espace interorhitaire qui mesure les \ de l'œil.
On compte 17 branchiospines à la hase du premier arc branchial. Il existe
5o ou 5i écailles en ligne longitudinale, - °" en ligne transversale.
La première dorsale commence à peine en arrière delà base de la pectorale;
elle comprend 11 épines, la seconde une épine et i5 ou 16 rayons mous; la
quatrième épine la plus longue fait les f de la longueur de la tête. L'anale
est composée de 3 épines fortes, la deuxième et la troisième à peu près
égales et de 16 rayons mous. La pectorale presque aussi longue que la tête
arrive à l'anus; la ventrale également.
La coloration semble avoir été argentée.
Longueur des types i43mm et iiS™™.
Ce curieux Poisson, en dehors de l'aspect général extérieur, se rapproche
des Kuhlia par la présence d'une pseudohranchie très développée. Bien des
caractères cependant permettent de distinguer les deux genres : l'existence
chez Parakuhlia de petites écailles sur l'espace interorhitaire et les nageoires
molles impaires, l'absence de denticulations au bord libre du préorbitaire,
le nombre plus élevé des rayons épineux et des rayons mous aux nageoires
dorsale et anale, enfin l'absence de dentition palatine distincte. Ce dernier
caractère rapprocherait les Parakuhlia de certaines formes nord-améri-
caines comme les iïupomolis.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Bemplacement du zinc par le cuivre dans la culture
de /'Aspergillus niger. Note de M. Cuarles Lepierre, présentée par
M. A. Gautier.
J'ai montré récemment que le cadmium, le glucinium, l'uranium peuvent
remplacer le zinc dans le liquide Raulin en donnant des cultures de même
poids que celles que fournit le milieu zincique.
1^9° ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le cuivre jouit des mêmes propriétés. La technique suivie a déjà été
décrite par moi. J'emploie le sulfate de cuivre Cu SO'.5 H20, privé de zinc,
de cadmium, etc., en solution titrée (3,t)3 parties de ce sel correspondent
à i partie de cuivre métallique).
Le Tableau ci-dessous résume mes essais ; les doses sont toujours calculées
en métal actif :
Cuivre. — Poids des récoltes. — 5oocm* de liquide. — Température 34". — Hauteur du liquide 2cm.
Cristal lisoirs en porcelaine. Flacon d'Erlenmeyer.
G jours. 6 jours. (j jours. 5 jours. 10 jours. 15 jours. 6 jours. 8 jours. 15 jours.
. Kg. g g g g g g g
Témoins 4,77 6,8o(ioj.) /j,3o, q>25 4,96 G, 33 5,54 3,6o(4j.) 6,70
zinc louûuoi) 7>36 6»85 7>5'4 7>85 7>*7° 6>4o 6,39 6,25(4j.) 6,76
Cuivre 5^5 » o » » » » o » ».
» i^jj » o o » » » o » »
» 20V0 " 3 , 75 ( 1 2 j.) » presque rien 1,90 i,g5 5,47 3, 06 3, 26
» 3ôVô » 5,70 » » » » 5,78 » »
» foVïï * 4j45 » » » » 6,26 » »
i
sooo
» 5,3o » 2,1 4 » 4, 45 5,67 3,35 3,75
" iïhjoT) 5,67 5,o5 '1,70 3,9.5 5,i 3 5,20 6,20 3,85 4,26
" sahn> 5>34 » » 4.3o 5,68 6,27 » 3, 90 4 , «4
» riHMïoo--- 5 , i3 » 4,i5 4,i6 5,26 5,70 » 5,i3 5,68
»
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5 0 0 0 0 0 ■ ■
I 000 000 • • •
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I 000 000 000
5,22 » 5,82 4)35 6,o5 6,73 » 3,27 3,8i
5,46 » » 3,00 6,38 7,83 » 4>°o 4>5i
5,72 » » 3,55 6,22 8,22 » 4)" 4>6i
6 , o5 » » 3,76 7 , o4 7 , 69 0 4 i ■ 1 4 1 63
» 3,57 6,45 7,06 » 4i 09 5,o5
» 3,27 6,10 7,42 » » »
'• 1,86 4,27 7,16 » 3,92 4,94
» »
»
m
Cultures en cristal lisoirs. — En crislallisoirs, on voit que si la dose de cuivre est
nférieure à xôjVoo et jusqu'à 10000^000001 ie poids des récolles est normal, mais le
aximum n'est atteint qu'après 12 à i5 jours. Il y a donc relard, comme dans le cas du
glucinium et de l'uranium. Les cultures normales ont un aspect qui rappelle les cultures
sur zinc. Si la dose de cuivre est supérieure à jtôo'ooo 'e poids des récoltes est d'autant
plus petit que le liquide renferme plus de cuivre; à la dose de -^g à —g-^ VAspergillus
ne pousse plus. Les cultures sporulent si la dose de cuivre ne dépasse pas rrôôTi! 'a
sporulation a lieu dès les premiers jours aux doses, encore très toxiques, de tô'oôô *
rôoVôo' Si la dose de cuivre est moindre, la sporulation n'apparaît que plus tard (12 à
i5 jours). Celle sporulation hâtive, dans le cas des doses élevées, indique donc une
toxicité qui se poursuit jusqu'à toô'ôôïï' Les mêmes faits s'observent du reste pour le
zinc et les autres métaux étudiés.
Cultures en flacons d ' Erlenmeyer. — Dans ces flacons (dont j'ai donné les dimen-
séance du i3 mai 1913. i/Jgt
sions), bouchés à l'ouate et recouverts d'un capuchon de papier serré, l'influence du
cuivre est moins nette et sujette à des variations qui dépendent essentiellement de
l'accès plus ou moins facile de l'oxygène de l'air.
J'ai observé quelquefois des récoltes se rapprochant de la normale, mais le plus
souvent, avec des flacons bien bouchés, comme le Tableau le montre, les poids sont
inférieurs à ceux obtenus, toutes autres conditions égales d'ailleurs, dans les cris-
tallisoirs dont les couvercles sont soulevés, où l'air pénètre sans cesse, et où l'assimi-
lation des aliments dans l'unité de temps est plus rapide.
Les cultures en Erlenmeyer sporulent du reste parfaitement aux doses ci-dessus
indiquées. L'analyse démontre que le cuivre est absorbé par la plante.
En résumé, le cuivre, dans les conditions relatées ci-dessus, peut rem-
placer le zinc dans le milieu Raulin, comme le cadmium, le glucinium, l'ura-
nium; il joue, comme ces métaux, le même rôle dans la rapide croissance
de l' Aspergillus. Ce rôle est toutefois moins intense cpie dans le cas du zinc,
du cadmium, du glucinium et se rapproche du rôle de l'uranium.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Dosage du glycogéne dans les muscles. Note de
M. H. Riekry et M"K' Z. Gkuzewska, présentée par M. Dastre.
Dans une Communication antérieure (') nous avons donné une nouvelle
méthode de dosage du glycogéne dans le foie des Mammifères. Cette mé-
thode très rapide permet également de doser avec exactitude le glycogéne
dans les muscles. Elle comprend trois temps : i° le tissu subit une dissolu-
tion complète dans la potasse à chaud ; 2° puis, le glycogéne dissous dans le
magma de l'organe est soumis à l'action de HC1; 3° enfin, le glucose prove-
nant de l'hydrolyse du glycogéne est séparé des albuminoïdes au moyen du
nitrate mercurique et évalué par le procédé de Gab. Bertrand. La différence
essentielle entre notre méthode et les méthodes antérieures consiste en ce
que le glycogéne est dosé dans l'organe même sans extraction préalable.
Ceci évite les pertes, abrège sensiblement le temps des manipulations et
permet les dosages en séries. En outre, notre technique n'exige que 10e
ou 25s de tissu pour l'analyse.
Mode opératoire. — 2.5s de viande finement hachée sont introduits avec précaution
dans un ballon renfermant a5om' de solution de potasse à 35 pour ioo. Le mélangé est
d'abord chauffé ( pendant environ i5 minutes) jusqu'à dissolution complète du tissu,
puis porté à l'autoclave à i • r pendant 3o minutes. Après refroidissement, la liqueur
(') H. Bierry et Z. Gruzewska, Nouvelle méthode de dosage du glycogéne dans le
foie (Comptes rendus, t. 155, 1912, p. i55o,).
.'492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est neutralisée au tournesol par l'acide chlorhydrique, additionnée de 5ctnS de solution
de HCI (D= i, 18), amenée à ioo™s et chaulTée ensuite à l'autoclave à 1200 pendant
3o minutes. La liqueur acide refroidie est versée, ainsi que l'eau distillée (6ocm> environ )
ayant servi au lavage du ballon, dans un verre à pied. On neutralise avec de la soude
et l'on élimine les albuminoïdes par le nitrate mercurique qu'on ajoute peu à peu et
en agitant jusqu'à cessation de précipité (par exemple pour 25s de viande suivant la
richesse en substances protéiques il faut de 70c'", à go0™" de réactif mercurique). La
liqueur neutralisée au tournesol est introduite dans un ballon jaugé et amenée avec
les eaux de lavage à 3oocm'. Le filtrat obtenu est complètement limpide, on l'addi-
tionne de poudre de zinc afin de se débarrasser du mercure en excès. Après un con-
tact de quelques heures avec le zinc, on obtient un liquide incolore dont on prélève,
suivant la teneur en sucre, S0"''' ou iocm' pour y doser le glucose au Gab. Bertrand. Le
poids de glucose trouvé, dans iocn'3 par exemple, multiplié par 3o donnera le poids de
glucose contenu dans 3oocmI et par conséquent le poids du glucose correspondant aux
25s de viande employée. Le poids du glycogène se déduit du poids du glucose trouvé
qu'on multiplie par le coefficient 0,927.
Les poids de glycogène obtenus par cette méthode sont très voisins de
ceux obtenus parla méthode dePfliiger employée parallèlement. Ici encore,
comme dans le cas du tissu hépatique, les chiffres obtenus par les deux
méthodes diffèrent d'autant plus que le tissu musculaire employé est plus
pauvre en glycogène.
Méthode de Pflugcr. Nouvelle méthode.
Poids de viande Glycogène Poids de viande Glycogène
analysée en glucose analysée en glucose
en et en pour 100 en et en pour 100
Expériences. Tissu employé. grammes. du poids frais. grammes. du poids frais.
1 Viande de cheval. 25 o,336 25 o,333
2 Viande de cheval. 25 0,270 25 o,3ii
— — — 10 o,3io
3 Viande de cheval. 20 o,i63 2.5 0,181
— — — 10 0,180
k Viande de cheval. 25 o,474 lo 0,^73
Nous avons précédemment montré que le tissu hépatique, débarrassé de
son glycogène in vitro, puis soumis à l'hydrolyse dans les conditions que
nous avons précisées, ne donnait pas de substances réductrices pouvant
fausser le dosage. Nous avons tenu à compléter les expériences faites in vitro
par des expériences réalisées in vivo. Un chien a été soumis à un jeûne pro-
longé, un temps suffisant pour qu'on puisse envisager sa complète déglyco-
génation, puis sacrifié. Du foie entièrement haché on a prélevé 25g, on a
pris également 25b' de tissu provenant d'une masse musculaire considérable
finement broyée, et on les a soumis aux divers traitements que nous pré-
SÉANCE DU l3 MAI IQI3. i4p,3
conisons pour le dosage du glycogène. Ici encore nous n'avons pas constaté
la présence de sucre réducteur. La démonstration est donc complète.
Conclusions. — La méthode que nous proposons permet, avec une exacti-
tude au moins égale à celle qu'on obtient avec la méthode réputée comme
la meilleure, de doser le glycogène dans le foie et les muscles des animaux
supérieurs. La rapidité et la facilité avec laquelle on la manie la recom-
mandent tout spécialement aux physiologistes et aux médecins.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (gluco-
sides a) à l'aide cVun ferment (glucosidasea.) contenu dans la levure de
bière basse séchée à l'air : propylglucoside a et allyl glucoside a. Note de
MM. En. Boukoi'elot, H. Hérissey et M. Bridel, présentée par
M. E. Jungfleisch.
Nous avons montré (') qu'il était possible, au moyen de la glucosidase a
contenue dans la levure de bière basse séchée à l'air, de réaliser des pro-
cessus de synthèses biochimiques tendant à la formation d'alcoolgluco-
sides a ; nous avons déjà préparé ainsi, synthéliquement, le méthylgluco-
side a et l'éthylglucoside a. Dans ce présent travail, nous décrirons
l'obtention, par le même procédé, de deux glucosides a non encore pré-
parés par voie chimique : le propylglucoside a et l'allylglucoside a.
Nous avions constaté, avec les alcools méthylique et élhylique, qu'il
était nécessaire, pour obtenir des résultats positifs, d'utiliser des liquides
alcooliques d'un titre relativement bas (en volume : 20e pour l'alcool
méthylique et 3oc pour l'alcool éthylique) et nous laissions pressentir
que ces titres, avec certains alcools, devraient encore être abaissés; on
verra, en effet, que les synthèses biochimiques du propylglucoside a et de
l'allylglucoside a ont été effectuées avec des alcools du titre de i5c (en
volume).
Propylglucoside en.
Préparation. — Des essais préliminaires ont montré qu'en présence de is de glu-
cose pour ioocm!1, le titre de l'alcool propylique le plus favorable à la synthèse bioclii-
(') Comptes rendus, t. 156, 191 3, p. 168 et 491.
l4g4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mique était de i5C0'° pour ioo™', la rotation passant, dans ce cas, de -+- i°6 à i°24'
(/=2).
On a préparé, alors, 4ooocm' du mélange suivant :
CDla
Macéré de levure desséchée (is pour 20™') 200
Solution de glucose (is pour 10™') 100
Eau distillée 5oo
Alcool propylique i5o
Eau distillée, q. s. pour 1000
La réaction était terminée, en 5 jours, à la température ordinaire. On a filtré
le liquide, on l'a fait bouillir et on l'a distillé à sec; on a repris le résidu par l'eau
distillée et l'on a soumis le liquide à la fermentation par la levure des boulangers qui
a détruit le glucose en excès. La liqueur a été filtrée, portée à l'ébullition et évaporée
à sec.
On a épuisé l'extrait par l'étlier acétique; les liqueurs éthéro-acétiques ont fourni,
par distillation, un extrait qui s'est pris en cristaux après environ 2 mois. On a fait
recristalliser le produit dans l'acétone anhydre et on l'a fait sécher, jusqu'à poids
constant, dans le vide sulfurique (poids : 0^,90 environ).
Propriétés. — Le propylglucoside a se présente sous forme de longues
aiguilles souples. Il est inodore et possède une saveur légèrement amère;
il n'est pas hygroscopiquc. Il est très soluble dans l'eau, assez soluble dans
l'acétone et dans l'éther acétique.
Le pouvoir rotatoire du corps séché dans le vide sulfurique, pour une
concentration de is,i3Go pour ion™1, est an= + i/io",8. Il ne réduit pas
la liqueur cupropotassique.
En solution aqueuse, il est facilement hydrolyse par la glucosidase a;
l'indice de réduction enzymolytique trouvé au cours de ce dédoublement
a été de l\oi\ (calculé 41 •)•
Allylglucoside a.
Préparation. — Des expériences préliminaires ayant montré que c'était également
dans l'alcool allylique à i5c que la synthèse se faisait le mieux, on a préparé le mélange
suivant :
Macéré de levure (is pour ioocm') 3oocmS
Glucose 606
Eau distillée 225ocm'
Alcool allylique 45ocm'
Le mélange renfermait donc, pour ioocmS, i5c'"a d'alcool allylique et 1" de glucose.
La rotation du mélange a passé, eu i5 jours, de -H i" à -+- 2°3S' (/= 2).
La réaction terminée, on a conduit l'opération comme il vient d'être dit pour le
propylglucoside a. Toutefois, on n'a pas évaporé complètement la solution élhéro-
séance du i3 mai io,i3. i4g5
acétique; on l'a concentrée à un petit volume : il s'est fait un dépôt sirupeux, peu
coloré, que surmontait la liqueur éthéro-acétique. Celle-ci, décantée puis additionnée
d'élher ordinaire, a donné des cristaux qui ont servi à amorcer le sirop. Celui-ci s'est
pris en masse en quelques jours. Le produit cristallisé a été purifié par recristallisa-
tion dans l'acétone anhydre. On l'a séché dans le vide sulfurique (poids : 06,75
environ ).
Propriétés. — L'allylglucoside a se présente, au microscope, sous forme
de longues aiguilles incolores, flexibles, très déliées. Il est inodore et pos-
sède une saveur douceâtre, désagréable; il n'est pas hygroscopique; il fond
peu nettement en un liquide épais entre 85° et 900. Il est très soluble dans
l'eau.
Le pouvoir rotatoire du corps sêcbé dans le vide sulfurique, pour une
concentration de 1^1766 pour ioocm", est aD = -f- i3i°,72. L'allylgluco-
side a ne réduit pas la liqueur cupropotassique.
En solution aqueuse, il est rapidement dédoublé par la glucosidase a : le
macéré de levure au centième a hydrolyse totalement en moins de il\ heures
une solution d'allylglucoside à oB,588 pour ioocm' {t = 170).
GÉOLOGIE. — Sur la genèse des minerais de fer sèdimentaires. Note
de M. L. Cayeux, présentée par M. H. Douvillé.
M. A. Leclère a publié sous ce titre, dans les Comptes rendus du 7 avril
dernier, une Note dont les conclusions sont en complet désaccord avec les
données que je réunis depuis longtemps sur l'origine des minerais de fer
sèdimentaires. Sans vouloir aborder ici la discussion des différentes vues
de l'auteur auxquelles je ne puis souscrire, je limiterai mon étude critique
aux faits d'observation.
M. Leclère déclare notamment qu'on retrouve toujours dans les gise-
ments de minerais de fer sèdimentaires, non métamorphiques, « l'assorti-
ment complexe de débris, siliceux ou silicifiés, des organismes inférieurs
qui vivaient dans les bassins de dépôt, et dont l'ensemble donne au minerai
des teneurs en silice localement variables (') ». Ces matériaux isolés du
minerai par une attaque à l'acide chlorhydrique suivie d'un lavage métho-
dique « renferment principalement des bactéries silicifiées, des Diatomées,
des débris de Spongiaires, d'Échinides et probablement de Crustacés micro-
scopiques (2) ».
(') A. Leclère, Comptes rendus, t. 156, 191 3, p. 11 16.
(-) Ibid., p. 1 1 17.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) X9X
l4g^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or, plusieurs de ces éléments qui, au dire de M. Leclère, figurent toujours
dans les minerais non modifies, font absolument défaut dans les centaines
d'échantillons de minerais paléozoïques que j'ai soumis à une analyse
approfondie. Les mille et quelques préparations que j'ai étudiées ne m'ont
fourni ni une frustule de Diatomée, ni un spicule de Spongiaire, ni le plus
petit débris de Crustacé. Ajouterai-jc que l'existence des Diatomées à
l'époque primaire est des plus incertaines, que des « bactéries silicifiées »
ne se distinguent en rien de petites concrétions siliceuses et que leur dia-
gnostic est véritablement impossible. Quant aux Écbinides, j'en ai signalé
la présence sous la forme d'articles d'Encrines, faciles à identifier aux plus
faibles grossissements, et visibles dans la roche, non soumise à l'action des
acides; mais, sauf dans les minerais eifeliens de l'Ardenne franco-belge, ce
sont des organismes d'une grande rareté dans nos gîtes paléozoïques. En
présence de ces données, je me vois obligé de conclure que la composition
des résidus, indiquée par M. Leclère, vise tout au plus une exception, et ne
saurait être a fortiori l'expression d'une règle générale.
L'origine des oolithes ferrugineuses, telle que la conçoit M. Leclère, ne
tient pas suffisamment compte des faits acquis, et elle présente, par surcroit,
tous les caractères d'une hypothèse. Pour l'auteur, les oolithes ferrugi-
neuses seraient engendrées par du sesquioxyde de fer, d'abord fixé par des
Algues, et qui réaliserait plus tard la forme oolilhique sous l'influence de
la fossilisation. A l'appui de sa thèse, M. Leclère signale la présence de
« filaments algaires... parfois en assez grande quantité, notamment dans
certains minerais terreux de Bretagne d'âge gothlandien ou dévonien ».
A la vérité, ces filaments font défaut dans tous les minerais que j'ai exa-
minés, et les seules algues observées sont des Girvanel/a ('), c'est-à-dire des
végétaux parasites qui, loin de concourir à la genèse des concrétions ooli-
thiques en fixant le fer oxydé, travaillent à les détruire.
Comment de l'oxyde de fer incrustant des algues filamenteuses forme-t-il
avec le temps des oolithes constituées par un grand nombre d'enveloppes
concentriques d'une extrême finesse et de la plus grande régularité? Le
phénomène nous échappe. Mais par contre, on voit dans les minerais
mésozoiques une foule d'oolithes indubitablement calcaires subir une miné-
ralisation progressive et passer à des oolithes exclusivement ferrugineuses;
on voit dans les minerais, tant primaires que secondaires, une multitude
(') L. Cayeux, Les minerais de fer oolithiques de France {Éludes des gîtes miné-
raux de la France), fasc. I, 1909, p. 257.
SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l497
d'organismes calcaires devenir ferrugineux. Dans lecasdesoolithes, comme
dans celui des organismes, il y a substitution d'un composé ferrugineux- à des
corps de nature calcaire et préexistants dont ils épousent la forme et la struc-
ture. Ces faits, passés sous silence par M. Leclère, n'ont rien perdu de leur
valeur depuis qu'ils ont été révélés. En nous imposant la conclusion que les
oolithes ferrugineuses sont d'anciennes oolithes calcaires, ils offrent l'avan-
tage inappréciable à nos yeux de ne point nous faire sortir du domaine de
l'observation.
GÉOLOGIE. — Structure des chaînes entre le lac Gœktchaï et VAraxe. Note de
M. Pieriie Bo.mxet, présentée par M. H. Douvillé.
Les cbaînes qui s'étendent entre le lac Gœktcbaï et l'Araxe se trouvent
au voisinage immédiat du raccordement de l'arc taurique avec l'arc iranien
septentrional, et font partie des faisceaux terminaux de ce dernier. Ces
cliaines présentent une orientation générale SE-NW; mais, dans le détail,
les plis qui les constituent montrent une disposition particulière, et leur
structure est en rapport avec cette disposition.
J'ai distingué dans cette région, depuis le nord-est du Petit Ararat jus-
qu'au méridien de Djoulfa, un ensemble de cinq plis anticlinaux, poussés
vers le Sud-Ouest, dont cbacun se décompose en deux arcs à concavité
ouverte au Nord-Est. Ces plis en double feston sont sensiblement parallèles
entre eux, et les points de rebroussement des deux arcs de chaque pli se
présentent alignés suivant la direction NE-SW.
Chacun des plis est d'autant moins affecté par la poussée qu'il est plus
éloigné du Nord-Est d'où est venue celle-ci : considérés du Nord-Est au
Sud-Ouest, ils sont déversés d'abord, déjetés ensuite, et s'abaissent peu à
peu vers la plaine de l'Araxe pour n'y plus constituer que de simples ondu-
lations. De plus, les effets de la poussée se montrent plus considérables
dans le groupe d'arcs oriental, caractérisé par les faciès profonds de ses
formations, que dans le groupe occidental, dont l'ensemble s'abaisse dou-
cement et progressivement pour s'ennoyer vers le Nord-Ouest. Enfin,
chacun de ces arcs étant envisagé séparément, la partie centrale d'un arc
apparaît plus influencée par la poussée (Kazan-Iaïla en particulier) que
les parties situées au voisinage du rebroussement.
Les phénomènes volcaniques sont également en corrélation avec l'intensité de la
poussée et avec cette allure des plis. De nombreux volcans s'élèvent sur le pli le plus
1498 ACADÉMIE DES SCIENCES.
septentrional, présentant la même disposition festonnée que le plissement. Le pli sui-
vant montre un centre volcanique considérable en son angle de rebroussement et
quelques autres, moindres, sur le parcours de ses arcs. Dans le troisième pli un volcan
unique se dresse au point exact du rebroussement. Enfin, les deux plis les plus rappro-
chés de l'Araxe paraissent se raccorder suivant une simple courbe. Il semble y avoir,
indiqué dans la plaine de l'Araxe par les quelques îlots paléozoïques qui y pointent à
travers les alluvions, un sixième pli qui présenterait la même allure et dont ferait
-0- Alapnz
Plateau
volcanique
•srmen/e/7
Turquie "^
D/rertion rf„ fi/issemenk X\ Y^v-o **■»
zntr* fa L Gœktchji i/'tirdxe ^ \ *0
flfc / j/y Iramr.n sefiftritrtonâl j
S avala
0
partie l'anticlinal de Djoulfa. Du Nord-Est au Sud-Ouest, c'est-à-dire en s'éloignant
de l'origine de la poussée, l'intensité des phénomènes volcaniques diminue donc gra-
duellement et les volcans qui jalonnent le rebroussement offrent des altitudes décrois-
santes, la jonction semblant s'effectuer, pour les arcs les plus méridionaux, de façon
tranquille et sans fracture.
Cette disposition en arcs paraît se poursuivre de part et d'autre de la
région considérée. Au Nord-Ouest, tous les plis disparaissent sous les
SÉANCE DU l3 MAI IÇJI3. 1^99
coulées volcaniques du plateau arménien après un rebroussement probable
au nord-est de l'Ararat. Au Sud-Est, les plis en arcs, plus longs que ceux
du groupe occidental, semblent se raccorder avec ceux du Zanguézour
suivant une ligne de rebroussement volcanisée ici d'un bout à l'autre, du
Karabagh à l'Araxe, avec diminution suivant cette direction de l'impor-
tance et de l'altitude des appareils volcaniques comme dans le rebrous-
sement précédent. Un nouvel arc, de longueur encore plus considérable,
parait s'étendre au sud-est de cette arête volcanisée, comprenant le Zan-
guézour sur la rive gauche de l'Araxe et le Karadagh sur sa rive droite;
la branche orientale de cet arc aboutirait à la région où se dresse le grand
volcan du Savalan, au delà duquel les montagnes du Ghilan commencent
le grand arc de l'Elbourz proprement dit. Le prolongement de la branche
nord-ouest de celui-ci serait donc formé d'une suite de quatre ou cinq arcs
affectant des longueurs de plus en plus faibles jusqu'à la hauteur de l'Ararat
et présenterait ainsi une continuation affaiblie du dessin des grands festons
asiatiques.
Il est possible qu'une disposition analogue, avec festons poussés dans le
même sens, soit ultérieurement reconnue en d'autres chaînes de la région
caiicasique, en particulier dans les chaînes du Gcektchaï et du Karabagh,
et peut-être dans le grand Caucase lui-même.
La séance est levée à 4 heures un quart.
G. D.
l5oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 5 mai igi3.
Rapport annuel sur l'état de l'Observatoire de Paris pour l'année 191 2, pré-
senté au Conseil du 16 janvier i g 1 3 par M. B. Baillaud, Directeur de l'Observatoire.
Paris, Imprimerie nationale, 1 g 1 3 ; 1 fasc. in-4°. (Hommage de M. Baillaud.)
L'Œuvre de Henri Douxami, par Charles Barrois. (Extr. des Annales de la
Société géologique du Nord; t. XVII, p. 1 36, séance du 16 avril 1 g 1 3.) Lille; 1 fasc.
in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Sur l'intégration logique des équations différentielles ordinaires, par Jules Drach.
(International Congress 0/ Mathematicians. Cambridge, août 1912.) S. I. n. d. ;
1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux, dans la séance du 28 avril ig 1 3.)
Flore de France ou description des plantes qui croissent spontanément en France,
en Corse et en Alsace- Lorraine, par Georges Rouy; t. XIV et dernier. Paris, les fils
d'Emile Deyrolle, 1918; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Guignard.)
Eugénique, organe de la Société française d' Eugénique; ire année, nos 1 à 4,
janvier-avril 1918. Paris, J.-B. Baillière et fils; i fasc. in-8°.
Annales de l'Ecole nationale d' Agriculture de Montpellier ; nouvelle série, t. XII,
fasc. 3 et k, janvier-avril 1918. Sommaire : F. Lambert : Etude sur les moyens à
employer pour augmenter la production des cocons. — Victor Mosseri : Nouveau
système de drainage et de dessalement des terres. — J. Bolle : La sériciculture au
Japon. Montpellier, Coulet et fils; 1 fasc. in-8°.
Annals 0/ the Royal Botanic Garden, Calcutta ; t. XII, part I : Asiatic Palms-
Lepidocaryeœ, by Odorado Beccari; part 2 : The species 0/ Daemonorops, with
109 plates and 2 plates of analytical figures. Calcutta, 1911; 2 vol. in-f°. (Transmis
par M. le Ministre des Affaires étrangères, ainsi que les deux Ouvrages suivants.)
Echinoderma of the Indian Muséum ; pari. VIL Crinoidœ : The Crinoids of the
Indian Océan, by Austin Hobart Clark. Calcutta, 1912; 1 vol. in-4°.
Records of the Indian Muséum (a Journal of indian Zoology); t. IV, n° 10, and
Index 1910-1912; t. VII, part 1-4-, 1912; t. VIII : Zoological results of the Abor
expédition 1911-1912, part 1, october 1912. Calcutta; 8 fasc. in-8°.
Indice alfabetico del Bollettino délie pubblicazioni italiane recevute per dirito di
stampa délia Biblioleca nazionale centrale di Firenze, nel 1912. Florence, 1 g 1 3 ;
1 fasc. in-8°.
Catalogue des Ecrits académiques suisses, 1911-1912. Bàle, 1912; 1 fasc. in-8°.
Revista technica del Ministerio de Obras publicas; aiïo III, n° 26. Caracas,
février 1918; 1 fasc. in~4°.
SÉANCE DU l3 mai iyi3. i5oi
Ouvrages reçus dans la séance du i3 mai j 91 3.
Ministère de l'Agriculture. Direction générale des Eaux et Forêts. Statistique et
Atlas des forêts de France, par M. Lucien Daubrée, d'après les renseignements fournis
par les Agents des Eaux et Forêts ; t. I. Paris. Imprimerie nationale, 1912 ; 1 vol. in-f°.
(2 exemplaires.)
Henri F'oincaré. Analyse de ses travaux scientifiques. Upsal, Almqvist et Wiksells.
1 9 1 3 ; 1 vol. in-4°. Reliure maroquin du Levant. (Hommage de M. Mittag-Leffler.)
Acta mathcmatica, 1882-1912. Table générale des Tomes 1-35, rédigée par
Marcel Biesz. Upsal et Stockholm, Almqvist et Wiksells, 1913; 1 vol. in-4°. Reliure
maroquin du Levant. (Hommage de M. Mittag-Lefller.)
La Motoculture, travail mécanique du sol : Principes agrologiques, outillage,
pratique agricole, par C. Julien. Paris, Hachette et C'c, s. d. ; 1 vol. in-8°. (Présenté
par M. Tisserand.)
Observation des orages de 1912 dans le département de la Gironde. Essai de
paragrêles électriques, par M. F. Courtï. (Extr. du Bulletin de la Commission
météorologique de la Gironde, année 1912.) Bordeaux, imp. Gounouilliou, 1 91 3 ;
1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darbonx.)
XXXIXe Bulletin météorologique annuel du département des I'yrénées~Orien-
tales, publié par M. O. Mengel, Directeur de l'Observatoire; année 1910. Perpignan,
imp. de Charles Lalrobe, s. d.; 1 fasc. in-4°.
The Danish lngolf-Expcdition ; t. III, part 3, contents : Crustacea Malacoslraca,
II, by 11. -J. Hansen, wilh 12 plates and a list of the Stations. Copenhague, Bianco
Luno, igi3; 1 vol. in-4°.
Untersuchungen iïber den Blùtenbau der Papaveraceen, von Sv. Murbeck,
mil 28 Tafeln und 3g Texlfîguren. (A'. Sv. Vet. Akad. HandL, t. L, n° 1.) Upsal et
Stockholm, 1912; 1 fasc. in-4°.
Die Insekten des Antarkto-Archiplala-Gebietes (Feuerland, Falklands Insein, Sud
Géorgien). 20. Beilrag zur Kenntnis der Antarktischen Fauna, von Gùnther
Enderlein; mit 4 Tafeln und 35 Textfiguren. (AT. Sv. Vet. Akad. HandL; t. XLV11I,
n° 3.) Upsal et Stockholm, 1912; 1 fasc. in-4°.
Boletin geologico de Mexico, n° *29; Faunes jurassiques et crétaciqties de San
Pedro del Gallo, par Carlos Burckhard; texte. Mexico, 1912; 1 vol. in-4°.
loiva geological Survey; t. XXI : Animal reports, 1910 and 191 1, wilh accom-
panying papers. Des Moines, 1912; 1 vol. in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 19 MAI 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMxMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie a
faite de M. Bazin, à Chenôve, pour occuper la troisième place de Membre
non résident, créée par le Décret du 17 mars i()i3.
Il est donné lecture de ce Décret.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la monôme thylcamphoroxime, le nitrile mét/iyl-
campholénique el V acide méthylcampholénique. Note de MM. A. H aller
et Edouard Bauer.
Le monométhylcampbre a été obtenu pour la première fois, à l'état pur,
par M. Minguin (') en partant du métbylcamphocarbonate de mélbyle.
M. W.-H. Glover en reprit l'étude (2) pour préparer certains dérivés
parmi lesquels se trouve la mélliylcampboroxime.
Dans une Note parue en 1909 (3) nous avons montré que ce composé
peut s'obtenir, en même temps que le dimétliylcamphre, par l'action de
l'iodure de méthyle sur le campbre préalablement sodé au moyen de l'ami-
dure de sodium. Pour séparer les deux dérivés l'un de l'autre nous avons
(') Mi.nguin, Comptes rendus, t. 112, p. i 36g.
(2) W.-H. Glover, Journ. of chem. Soc, t. XCIII, p. 1285-1299.
(3) A. Haller et Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 148, p. 1 645-
C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 15G, N» 20.) 192
l5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
traité le mélange par du chlorozincate d'hydroxylamine, dans le but de
transformer le monométhylcamphre en oxime et nous avons ensuite
soumis le produit de la réaction à une rectification méthodique. Le dimé-
thylcamphre non atteint par l'hydroxylamine passe à ioi° sous nmm,
tandis que la méthylcamphoroxime ne distille qu'à i34°-i35° sous la même
pression.
/CHCH3
La méthylcamphoroxime C*H"0 _ a déjà été signalée par
M. Glover (') qui attribue, aux cristaux déposés au sein d'une solution
alcoolique étendue, le point de fusion de 55° et le pouvoir rotatoire
[a]f= + 3o<\3.
Le produit obtenu par nous se présente sous la forme d'une masse rap-
pelant assez l'aspect du camphre fondu. Il est très soluble dans tous les
solvants organiques dans lesquels il ne cristallise qu'après leur évaporation
presque totale. Ces cristaux fondent à Go°, distillent à i34°-i35° sous i imm
et possèdent une odeur très forte de camphoroxime. Pour une concentration
de oB, 488 dans iocm* d'alcool absolu, cette oxime possède le pouvoir rota-
taloire [a|;f= + 25°, 1 5.
_ fl /CHCH3
La phénylurélhane de celte oxime C8H'''( i préparée
1 J \C = N0.C0NIIC6II5 l r
en additionnant une solution de l'oxime dans l'éther de pétrole par de
l'isocyanate de phényle, cristallise au sein d'un mélange d'éther et d'éther
de pétrole en cristaux prismatiques, brillants et très nets. Ces cristaux
fondent à i i2°-ii3°.
A côté de ces cristaux, et plus solubles qu'eux, il se dépose, dans les eaux
mères, de fines aiguilles, très ténues fondant à une température légèrement
supérieure. Le mélange de ces deux produits, qui ont exactement la même
composition, provoque un abaissement du point de fusion de 2° à 3°.
La phényluréthane de l'oxime du méthyl camphre, dérivé du méthyl-
camphocarbonate de méthyle, fond à la même température de 1 13°.
Le pouvoir rotatoire des deux carbanilidoximes sont les suivants :
Produit préparé avec le méthylcamphre provenant du méthylcampho-
carbonate de méthyle [a]';?" = 25°, 3 pour une solution de 0,367 dans ior'"a
d'alcool absolu.
Produit préparé avec le méthylcamphre obtenu par méthylation directe :
[«#• = + 24°, 8.
( ' ) Loc, cit.
SÉANCE DU 19 mai igi3. i5o5
Quant à la phényluréthane cristallisée en fines aiguilles, son pouvoir
rotatoire est nul.
Il est probable que, dans la préparation de l'oxime du méthylcamphre au
moyen du sel de Crismer, le chlorure de zinc mis en liberté à un moment,
donné de l'opération réagit sur l'oxime formée et détermine sa racémi-
sation.
Nilrile campholënique C"H,7N. — Entrevu seulement par M. Glover
(loc. cit.), ce composé prend facilement naissance quand on chauffe à 5o°-6o°
une solution de méthyleamphoroxime dans l'acide chlorhydrique concentré,
pendant 3o minutes à 1 heure. On étend d'eau et l'on dissout l'huile formée
dans l'éther. Après élimination du dissolvant et rectification on obtient un
liquide passant de io5" à 1060 sous i5mm sans laisser de résidu appréciable
dans le ballon. 5os d'oxime ont fourni 36s de nitrile. C'est un liquide
mobile, à odeur très pénétrante et assez agréable.
A l'état pur, le pouvoir rotatoire de ce nitrile [a]^ = + /j5n, tandis
qu'en solution clans l'alcool absolu (og,4b\'i dans ioCD,J de C-'H°0), ce
pouvoir est exalté et atteint [a]"" = + 53°, 9.
Amicle mèlhylcampholènique C ' H19 ON. — Ce composé prend naissance
quand on chauffe à l'ébullition, pendant 12 heures, une solution du nilrile
dans la potasse alcoolique à 10 pour 100. Après élimination de l'alcool, on
traite le résidu par de l'eau et l'on épuise avec de l'éther. La solution
éthérée fournit par évaporatiou des cristaux de l'amide cherchée. Les eaux
mères renferment parfois encore du nitrile non transformé. Quant à la
solution alcaline, elle peut contenir de l'acide mèlhylcampholènique pro-
venant de la saponification de l'amide.
Cette amide, purifiée par cristallisation dans l'alcool ou dans l'éther,
fond à 8o"-82°, puis se solidifie immédiatement, pour refondre à 9i°-92°.
L'analyse montre que le produit fondant à 8o°-82° est constitué par de
l'amide plus i"1"1 d'eau, qui peut être éliminée par dessiccation des
cristaux dans le vide, sur l'acide sulfurique. Le produit débarrassé de cette
eau de cristallisation fond alors à gi°-92°.
Une solution alcoolique de ce produit (à 4, 5o pour 100) s'est montrée
complètement inactive.
Acide méthyleampholénique CMH,802. — Cet acide prend naissance
quand on chauffe le nitrile ou l'amide campholënique avec une solution de
potasse plus concentrée et qu'on prolonge la durée de l'ébullition. Même
iàofi ACADÉMIE DES SCIENCES.
au bout de 36 heures de traitement, on n'arrive à saponifier que 60 pour 100
du composé azoté. L'acide isolé de son sel au moyen de l'acide sulfurique
étendu se présente, après purification, sous la forme d'une masse cristalline
fondant à 3o° et distillant intégralement à i53° sous 20"™.
Il est complètement inactif vis-à-vis de la lumière polarisée.
Les recherches que nous venons d'exposer montrent : i° que dans la
préparation de la méthylcamphoroxime au moyen du chlorozincale
d'hydroxylamine il se forme, probablement, deux oximes, dont l'une est
active et l'autre inactive. En effet, l'oxime brut donne deux phényluré-
thanes déviant, la première, la lumière polarisée à droite, tandis que
l'autre est racémique;
20 Que l'oxime droite donne naissance à un nilrile méthylcampholé-
nique droit, lequel fournit par hydratation de l'amidc méthylcampholénique
inactive et par hydrolyse de l'acide méthylcampholénique inactif.
Il est probable que le nitrile méthylcampholénique, grâce à son activité
optique, est l'analogue de l'a-nilrile campholénique, et qu'au cours de son
hydratation et de son hydrolyse il subit une transposition moléculaire qui
assigne à ses dérivés la forme des dérivés (3-campholéniques.
Des nouvelles recherches sont nécessaires pour élucider le mécanisme
et les conditions de cette transformation.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'état dissimulé dans les hydrates.
Note de M. de Porckand.
L'attention paraît se porter de nouveau, depuis peu d'années, sur la
constitution des hydrates, en particulier des hydrates cristallisés formés
par un grand nombre de sels.
Dans beaucoup de travaux de cet ordre, les. auteurs sont conduits
à remarquer que pour certains hydrates l'eau semble jouer à peu près
le même rôle que si elle n'était pas combinée, tandis que pour d'autres
elle paraît donner au sel des propriétés spéciales (').
(') Je citerai notamment les recherches de Mlle Feytis {Comptes rendus, t. 153,
1911, p. 668, et t. 156, 1918, p. 886); de M. Lebeau {Comptes rendus, t. 152, 1911,
p. 439); de M. Florentin {Bull. Soc. chim., t. XIII, 1918, p. 362). Tout récemment,
MM. Chauvenet et Urbain ont développé des considérations analogues {Comptes
rendus, t. 156, 1918, p. i3ao).
séance du ig mai igi3. i5o7
Implicitement ou explicitement, ces auteurs admettent que, dans ces
derniers cas, les sels hydratés sont des complexes, dans lesquels l'eau et le
sel sont dissimulés, tandis que dans les autres hydrates l'eau serait seulement
juxtaposée.
Quelques-uns précisent, et proposent d'écrire par exemple :
(N03)2= U=(OH)\ SO*=rFe = (OH)S SO = Cu = (OH)2+ 4H*0.
Des travaux de ce genre sont assurément fort intéressants par les faits
nouveaux qu'ils apportent.
Beaucoup d'autres viendront sans doute, qui paraîtront confirmer ces
conclusions, et l'on en pourrait citer parmi les recherches plus anciennes,
ou celles qui se poursuivent.
Ainsi l'étude de la tension d'efflorescence, de la vitesse d'efflorescence,
de la densité, de l'indice de réfraction, des propriétés magnétiques, de la
température de fusion, ont conduit on conduiront à des conclusions en
général concordantes. Il n'est pas douteux qu'au point de vue cryoscopique
certaines molécules d'eau ne se comporteront pas comme la glace (eau de
constitution, dira-t-on), tandis que d'autres sembleront juxtaposées.
La raison en est que, sous des formes nouvelles, mais qui ne nous
apportent pas plus de lumière, ces constatations reviennent à dire que
certaines molécules d'eau sont soudées au sel anhydre avec une énergie très
grande, alors que d'autres sont fixées avec une énergie moindre.
Le premier cas correspond à la notion de complexe; le second aux mots :
combinaison d'addition.
Je remarque seulement que nous connaissons depuis plus d'un demi-
siècle une méthode générale et très simple qui nous permet d'exprimer et
de comparer les mêmes faits avec une précision autrement grande. Elle
consiste à dissoudre séparément, dans un grand excès d'eau, le sel anhydre
et ses différents hydrates, et de faire la différence des chaleurs de dissolu-
tion, en la rapportant à imo1 d'eau.
Ces différences expriment la chaleur de fixation des molécules d'eau
liquide qui s'ajoutent au sel anhydre pour former ses hydrates successifs.
Elles expriment par suite la stabilité relative de ces hydrates.
Ces nombres sont tous positifs. En fait ils varient de + iCal,43 (qui est la
chaleur de solidification de imo1 d'eau libre) jusqu'à plus de 5i' •''.
On peut donc dire que, rapportés à imo1 d'eau solide, ils varient de o avec k = T ■
sin A 7r a ■+■ b
Exacte pour b = a et pour b = o, cette expression est approchée par
défaut pour les valeurs intermédiaires, avec une erreur relative très
faible, et dont le maximum, qui se produit sensiblement pour b = -=, est
de7iïïïïenviron-
La qualité d'une formule approchée ne dépend pas seulement du degré
d'approximation qu'elle comporte dans les évaluations numériques. En vue
des substitutions auxquelles on peut être conduit dans les développements
mathématiques, il est important qu'elle ait la même allure générale que la
fonction exacte.
Celle que je présente a cet avantage. En effet, portons p = - en abscisses
ety= — en ordonnées; la courbe rigoureuse et la courbe approchée ont
non seulement les mêmes extrémités (p = o, y ^= 4), ('f> = ' >.">'= '27Z)i mais
encore mêmes tangentes à ces extrémités, les coefficients angulaires de ces
tangentes étant o el 1; en outre, pour les deux courbes, les ordonnées
croissent de 4 à 271.
Il n'en est pas de même des formules, d'ailleurs très approchées dans une
région fort étendue, qui sont tirées de l'expression générale de Landen,
comme celle de M. Boussinesq et celles de M. Williot, où l'erreur croit
avec l'excentricité e. A partir d'une certaine excentricité, elles donnent des
écarts inacceptables, et suivent une loi tout autre que la fonction exacte.
Ainsi la formule bien connue de M. Boussinesq
L = 7r-(a+6) — \fâb
est excellente depuis e = o jusqu'à ^ = 0,9; mais, au delà de e = 0,95
(p = o,3i2), elle s'écarte notablement de la fonction exacte; alors que
I3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celle-ci continue à décroître, elle passe par un minimum correspondant
à p = -, et l'erreur relative atteint 18 pour 100 avec e= i.
La Table ci-dessous indique pour -, à 0,0001 près : i° les valeurs exactes ;
2° les valeurs de la formule de M. Boussinesq; 3° les valeurs de ma formule
puis avec une expression un peu moins simple de k, à savoir
avec k
P
i + p
k_ . i + o,o3p
°>97
,°9P
Valeur
exacte.
Formule Boussinesq.
4
Valeur.
4,7124
Différence.
+ 0,7124
0 1
0,1 0,990 4,o63g 4,<902
0,2 0,980 4 i 2020 4,2499
o,3 0,954 4,3855 4,4°54
0,4 0,917 4,6024 4,6104 -t-0,0080
o,5 0,866 4,8442 4 , 8475 +o,oo33
0,6 0,800 5,io55 5,io63
°>7 0,714 5,3823 5,3826
0,8 0,600 5,6723 5,6724
0,9 o,436 5,9731 5,9732
1 o 6,2832 6,2832
+0, 1263
4-0,0479
+0,0199
0,0008
o,ooo3
0,0001
0,0001
o
Formule Soreau
avec k =
Valeur.
avec k
-o,o3p
? 0,97-1-1,09.3
Différence. Valeur. Différence.
4 04 O
4,o549 — 0,0090 4,0074 — o,oo65
4,i888 — 0,01 32 4 > « 95 1 — 0,0069
4,37.31 — 0,0124 4 » 384 ' — o,ooi4
4,5923 — 0,0101 4,6025 +0,0001
4,8368 —0,00-4 4,8466 +0,0024
5,1007 — o,oo48 5,io84 +0,0029
5,3798 — 0,0025 5 , 385 1 +0,0028
5,6712 —0,0011 5,6741 +0,0018
5,9729 — 0,0002 5,9737 +0,0006
6,2832 o- 6,2832 o
II. J'ai établi la deuxième valeur de k par les considérations suivantes.
Au lieu de k — - "" ™>nt i-^^,. ^i„c ^a.^a^i^^^.,1
avec
(A'+B'+C
I + p
A + Bp + Cp2+. . .
PA' + B'p + C'p=+...
A + B + C+... 1
A'+B'+C' + ... " 2'
...)(B
+ 2C+...)-(A + B + C +
.)(B'+2C-
• )
(A'+B'
■■■)-
La courbe représentative a encore mêmes extrémités et mêmes tangentes
en ces extrémités que la courbe vraie; on peut disposer des paramètres
arbitraires de façon à réduire, dans certaines régions, les écarts, d'ailleurs
faibles, obtenus avec k
la formule approchée.
-; mais c'est au détriment de la simplicité de
SÉANCE DU 19 MAI ipi3. l5l5
A titre d'exemple, j'ai déterminé la deuxième expression de k en me
contentant d'un seul paramètre arbitraire, que j'ai choisi de façon à obtenir
la valeur exacte pour une valeur p, voisine de 0,4 ; en deçà de p,, la
formule est approchée par défaut; au delà, elle est approchée par excès.
L'écart maximum est ainsi réduit de moitié environ.
III. Ma formule peut aussi s'écrire
L
2 arc 2/'7T
la corde 2 /.tt
Si donc on décrit sur le grand axe de l'ellipse un arc de cercle d'angle au
centre 2A1Ï, cet arc est très sensihlement égal à la demi-longueur de l'ellipse.
Suivant la valeur de p, les nombres de la Table, multipliés par - , donnent
l'erreur commise.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration des équations aux
dérivées fonctionnelles partielles. Note de M. Paul Lévv, présentée
par M. Hadamard.
Considérons une ligne plane fermée C, une fonction u(s) définie en
chaque point de C, s étant la longueur d'arc, et une fonctionnelle $
dépendant de C et de u(s). Sa variation, si l'on définit la déformation de C
par le déplacement on de chacun de ses points, supposé normal à la courbe,
sera supposée de la forme
(1 ) ô* = f[Vu(s) du + ®'a(s) Sn] ds.
Les fonctions par sa
valeur (i), la relation obtenue prend la forme
(3) dVn(s) = lî(§Vu) + L(du) + Ll(3n),
H, L et L, étant des fonctionnelles linéaires, dont la forme dépend de $, s,
de la ligne C, et des fonctions u et <&'u.
Nous dirons que deux fonctionnelles linéaires E(m) et C (u), dont la
forme dépend de s, sont adjointes l'une à l'autre si l'on a
fr{s)E(i,)ds= fu{s)C'v)ds,
les fonctions «(5) et v(s) étant quelconques, ou du moins étant seulement
soumises à certaines restrictions relatives à leur continuité et l'existence de
leurs dérivées successives. Une fonctionnelle linéaire donnée, en debors de
certains cas singuliers que nous supposerons écartés, a une adjointe et une
seule qu'on peut toujours former aisément.
A l'aide de cette définition, nous pouvons énoncer le résultat suivant :
La condition nécessaire et suffisante pour que l'équation (2) soit complètement
intégrable est que l'expression
H KC*»)] + H [* K °n] + L, ( on ) - 0= 'u et $^ sont déterminées, pour u = c, par l'équation (2) et l'équation
(4) ?(*)=•;(*) +ac(»i),
3t étant la fonctionnelle adjointe de K.
(5)
SÉANCE DU 19 MAI I9l3. l5l7
Si l'élimination de $<&'„ entre l'équation (/j) différentiée et l'équation (3)
conduit à une équation en o<$'u qui se ramène à une équation intégrale de
deuxième espèce, il est facile de définir le déterminant fonctionnel des
équations (2) et (4) par rapport à <ï>^ et $,',. S'il n'est pas nul, moyennant
certaines restrictions sur la nature analytique des données, il existe une
détermination de $ et une seule vérifiant les conditions données. S'il est
nul, on peut dire que les données constituent une caractéristique. Il n'existe
pas alors en général d'intégrale régulière, c'est-à-dire représentable par
une série analogue à celle de Taylor, vérifiant les conditions données, et
s'il en existe, il en existe une infinité.
Les équations en o'u et £,', peuvent même se réduire à une seule. Dans
ce cas, la caractéristique considérée sera ài[ede première espèce. Une pareille
caractéristique est définie par les équations
SU — — 3t(8rt), = f[Q'n (s) - II (4>;, )]8n§s,
<3*'„ = >l{on) -+- k'u on, Ô4»'„ = £ , ( on ) + /,'
«', §«' étant des dérivées par rapport à s, et 3C, Cet£, étant les adjointes
de H, L et L,.
Ces équations ne sont pas, en général, complètement intégrables. Mais,
à chaque détermination initiale de C, ;/, $, S>„, <&'n vérifiant l'équation (2)
correspond, moyennant certaines restrictions sur la nature analytique de
ces quantités, une intégrale et une seule des équations (5). Si l'on appelle
élément un ensemble de déterminations de C, u, $, 'U, $'„, on peut dire
qu'un élément vérifiant l'équation (2) définit une caractéristique de pre-
mière espèce.
Les principaux théorèmes de Cauchy s'étendent à ces caractéristiques :
une intégrale de V équation (2), si elle, contient un élément d'une caractéris-
tique de première espèce, les contient nécessairement tous. L'intégration de
l'équation (2) se ramène à celle des équations (5). Donc l'intégration d'une
équation aux dérivées fonctionnelles partielles (du premier ordre), complè-
tement intégrable, se ramène à celle d'un système d'équations aux dérivées
fonctionnelles ordinaires.
l5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHKONOMétkie. — Sur la loi de dé formation du spiral plat
des chronomètres. Note de M. M. Mouli.v.
I. Les spiraux des chronomètres de poche s'obtiennent en enroulant
ensemble autour d'un même axe trois ou quatre lames. La dislance de
deux spires consécutives est donc rigoureusement constante par construc-
tion. Parmi les différentes courbes en spirale, la développante du cercle est
celle qui satisfait à cette condition, et nous admettrons que le spiral possède
cette forme.
Nous supposerons, pour le moment, que le spiral est réduit à sa fibre
neutre, c'est-à-dire que son épaisseur est nulle. Soit i la distance de deux
spires consécutives; le rayon a du cercle générateur est tel que i~a = t.
(En général i = omm,2 à omm,3; a = omra,o3 à omm,o5.) Soit (3, l'angle que
fait le rayon Oa perpendiculaire à la normale au point M (tangente au
cercle) avec une direction d'origine. Le rayon de courbure en M est
évidemment
Quant à la longueur £ du spiral, on l'obtient immédiatement : soit ds la
longueur d'une portion infiniment petite du spiral :
ds0 = p0 dfio— a(30 rf(30
a pi _ m
>0i
d'où
(0 41=
2rt
R étant le rayon de l'extrémité extérieure du spiral. S'il manque quelques
spires au centre, comme c'est toujours le cas, puisqu'il faut y loger l'axe
et la virole, on a, en appelant /' le rayon de l'extrémité intérieure :
. . p IV- -r' R + r
(2) 4^= = 211/1 ,
2a 2
// étant le nombre de tours (ne = R — r). C'est n fois la longueur de la
spire moyenne. On retrouve ainsi la valeur limite (pour n grand) trouvée
par Grossmann pour une spirale d'Archimède. La formule complète de
Grossmann n'estpasplus exacte que celle-ci, que j'ai vérifiée non seulement
pour des spiraux complets de i5 à 20 tours, mais aussi pour quelques spires
prises à l'intérieur ou à l'extérieur d'un spiral.
SÉANCE DU 19 MAI I9l3. 1019
II. Supposons maintenant que nous fassions agir sur la développante
(complète au centre) un couple C tel que la normale à l'extrémité exté-
rieure tourne d'un angle a dans le sens de l'enroulement du spiral, le centre
restant fixe. Le rayon de courbure au point M, qui initialement était p0, va
devenir p et sera donné par la formule bien connue
1 1 _ C a
P Po ~~ ? ~~ -C.'
a étant le coefficient de flexion de la lame. Mais la normale au point M a
tourné de y- (s étant la longueur de la courbe comprise entre M et le cercle
générateur) et la perpendiculaire Qz à cette normale fait maintenant avec
l'origine un angle
Exprimant / en fonction de [3, et posant b = — r> il vient
(4) p = ap(l- bp + b*p),
en négligeant les termes plus petits que b2 (3a, qui est de l'ordre de 0,01 ;
a = 4, .(^=25omni, [3 = 100; d'où b = io~3; b$ = o,i.
Quant au nouveau centre de courbure, on trouve qu'il s'écarte extrême-
ment peu de Os, et que sa distance à l'axe est devenue
(5) z = a — iab$.%
La nouvelle courbe n'est donc plus une développante de cercle. C'est
une développante de développante de pas variable avec a.
Le spiral reste concentrique à la condition qu'on permette à son extré-
mité de se placer convenablement. On sait qu'on peut y parvenir au moyen
d'une courbe terminale qui diffère peu d'une courbe Phillips (spiral Bré-
guet). De même, on remplacera les spires intérieures qui manquent par
une courbe analogue.
III. Dans les spiraux tels qu'on les réalise, la formule (3) n'est pas
applicable en toute rigueur aux spires intérieures dont l'épaisseur n'est pas
négligeable par rapport au rayon de courbure. Mais, si l'on remarque que
la variation de ce rayon de courbure est de l'ordre du centième de milli-
mètre (pour p0= i™ et pour les valeurs de a et ^adoptées ci-dessus),
on voit qu'une erreur, même de 10 pour 100, ne donnera qu'une variation
C. R., 1 ., 1 3 , 1" Semestre. (T. 156, N« 20.) I 94
I02O ACADEMIE DES SCIENCES.
de l'ordre du millième de millimètre. L'erreur est d'ailleurs bien plus petite
que iopour ioo, et la formule (3) est toujours applicable.
IV. Nous avons supposé jusqu'ici que le centre était fixe. En réalité
c'est l'extrémité extérieure qui est fixe. Il suffit de faire tourner l'ensemble
d'un angle — a.
Quand le balancier tourne d'un angle a dans le sens de l'enroulement du
spiral, les spires extérieures tournent avec lui, et leur rayon varie peu, de
sorte qu'elles semblent s'écarter du centre si on les regarde dans une
direction fixe. Les spires extérieures au contraire tournent peu et, leur
rayon variant beaucoup, elles se rapprochent du centre. Il y a une spire
intermédiaire qui paraît rester en repos pendant le mouvement (' ).
Considérons une direction Ox' fixe par rapport au piton. Soit M'0 un point
pris sur l'une des spires et dans cette direction. Après rotation, le
point M'0 sera remplacé par un point M' et le rayon de courbure, qui
était p'0 pour M'0, devient p' (rayon de courbure en M' après déformation).
On trouve finalement pour le changement apparent du rayon de courbure
(qui est égal à la distance de l'axe à la tangente au point du spiral consi-
déré) :
_ 3 p£ _ 3ap'0a
2 L L
Dans les limites habituelles de l'amplitude, le troisième terme est petit
et p — p'0 est nul pour la spire de rayon p'0 telle que
2 L 2 R„2
L est ici la longueur totale du spiral, courbe terminale comprise, R0 le
rayon total du spiral avant que cette courbe soit formée. Finalement,
on a
3o = \/jRô = 0,577 r;.
J'ai vérifié cette formule sur plusieurs spiraux, soit en repérant la spire
immobile par rapport aux goupilles de raquette, ou par des mesures faites
(') Ce fait est bien connu des régleurs qui en font un critérium de bon centrage du
spiral. Il n'en est pas fait mention dans les ouvrages de Chronomélrie. C'est M. Tissot,
chargé des travaux pratiques de réglage à l'Université de Besançon, qui me l'a signalé
pour la première fois.
SÉANCE DU 19 MAI IC)l3. l52Ï
sur des photographies d'un spiral au repos ou déformé par des rotations du
balancier variant entre •+- 36o° et — 36o°. J'ai trouvé un accord aussi bon
qu'on pouvait l'espérer entre la théorie et l'expérience.
HYDRAULIQUE. — Sur les coups de bélier dans les conduites formées de
sections de diamètres différents. Note de M. de Sparre, présentée
par M. H. Léauté.
Dans les hautes chutes, on est souvent amené à former la conduite de
sections dont le diamètre va en diminuant à mesure que l'on s'éloigne de la
prise d'eau et que par suite la pression augmente.
On pourrait croire que le coup de bélier ne saurait en aucun cas dépasser
la valeur qu'il aurait si la conduite avait partout le diamètre de la partie
inférieure, où la vitesse de l'eau est la plus grande. L'élargissement de la
partie supérieure diminuant, en définitive, la force vive totale de l'eau
emmagasinée dans la conduite. Il n'en est toutefois rien, pour une ferme-
ture brusque, ainsi que nous allons le montrer par un exemple simple.
On sait que lorsque la conduite a partout le même diamètre on a, dans
le cas d'une fermeture brusque, d'après la théorie de M. Allièvi, pour la
valeur du coup de bélier,
où va est la vitesse de régime, g la gravité et a la vitesse de propagation (');
de plus, si /désigne la longueur de la conduite, ce coup de bélier se main-
tient pendant une durée
T — — •
a
Il est ensuite suivi d'un coup de bélier négatif de même valeur absolue et
de même durée. Le phénomène présente une série d'oscillations semblables,
la durée d'une oscillation complète étant 2T.
(') Donnée d'après M. Allièvi par la formule
99°°
y/
,3 + K-
oùe?etesont le diamètre et l'épaisseur de la conduite et où K = o, 5 pour le fer et
l'acier et K = 1 pour la fonte.
i5
ID22
ACADEMIE DES SCIENCES.
Supposons maintenant une conduite formée de trois sections, la dernière
à la partie inférieure de longueur /, de diamètre d et où la vitesse de pro-
pagation est a, les longueurs, diamètres et vitesses de propagation pour les
suivantes étant /', d', a' et /", d", a", et supposons de plus qu'on ait
l_
a
l_
a?
V
a"
Considérons alors des périodes élémentaires de durée
T,
et désignons par tn la valeur du coup de bélier, pour le cas d' une fermeture
totale brusque, pendant la nieme période élémentaire, où l'on a, / désignant
le temps,
Si l'on pose alors
a'dn-
on aura
a ci -
Ç» = (-0*
2 ( n — i ) l 2 ni
a a
p a"d'* i
4).
Dans les expériences d'Allevard, où la partie supérieure de la conduite
était plus large, on reconnaît, en soumettant le phénomène au calcul, qu'on
aurait dû enregistrer un résultat semblable. Cela a bien eu lieu pour cer-
taines expériences, mais pas dans le plus grand nombre; cette anomalie
s'explique par ce fait, que, vu le peu de longueur de la partie élargie,
la surpression n'aurait dû se produire que pendant 0,16 seconde environ
et que le manomètre employé n'était pas en état d'enregistrer d'une façon
rigoureuse des phénomènes d'une durée aussi courte.
ÉLECTRICITÉ. — Influence des oscillations électriques sur la conductibilité de
certains se/s métalliques fondus. ÎNote de M. C. Tissot, présentée par
M. Lippmann.
En cherchant à réaliser à l'aide de composés homogènes des détecteurs
d'oscillations électriques susceptibles de se comporter comme les détec-
teurs rectifiants dits à cristaux, j'ai été conduit à faire agir les oscillations
sur différents sels métalliques préalablement fondus.
J'ai fait ainsi certaines observations que je crois intéressantes à signaler.
Tout d'abord, on observe que certains sels fondus se comportent d'une
manière singulière quand on leur applique une différence de potentiel
continue de valeur convenable. Pour faire l'expérience, on fait fondre le
sel dans une petite nacelle de porcelaine dans laquelle sont maintenues
parallèlement, et à une distance de imm à 2mm l'une de l'autre, deux lames
de platine, d'or ou d'argent de 4mm à 5mi" de largeur. On peut aussi, plus
simplement, coller les extrémités des lames métalliques l'une sur l'autre, à
l'aide d'une goutte de sel fondu qu'on écrase entre les lames qu'on a chauffées
au préalable, afin d'obtenir une adhérence convenable.
(') Cette remarque est importante, car si les expériences d'Allevard ont montré
que, pendant les premières oscillations, le phénomène se conforme à la théorie de
M. Allièvi, il tend ensuite à se produire un mouvement d'ensemble.
1024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Après solidification et refroidissement du sel, on intercale les lames
comme électrodes dans un circuit qui comprend quelques éléments d'accu-
mulateurs, un réducteur de potentiel, et un galvanomètre muni de shunts
convenables.
Pour tous les sels essayés, et que j'indiquerai plus loin, l'allure générale
du phénomène est le même.
Dans les conditions indiquées, et à la température ordinaire, ces diffé-
rents sels présentent une résistance de l'ordre du mégohm. Cette résistance
ne change pas tant que la différence de potentiel appliquée demeure
au-dessous d'une certaine valeur (de l'ordre du volt environ). Mais si l'on
donne à cette différence du potentiel une valeur légèrement supérieure, le
système devient progressivement de plus en plus conducteur, l'accroisse-
ment de la conduclivité étant d'autant plus rapide que la différence de
potentiel appliquée est plus grande. La résistance passe ainsi d'une valeur
de l'ordre du mégohm à une valeur de l'ordre de quelques milliers d'ohms,
par exemple. Dans l'un des cas étudiés (chlorure de plomb), cette conducti-
bilité s'établit au bout de 12 minutes sous l'application d'une force électro-
motrice de 1,4 volt, au bout de 2 minutes solis l'application d'une force
électromotrice de 6 volts, et au bout de 10 à i5 secondes sous l'application
d'une force électromotrice de 10 volts.
Au lieu de laisser le système soumis à une différence de potentiel con-
stante, on peut faire croître progressivement la différence du potentiel
appliquée : on atteint ainsi très vite une valeur pour laquelle la conductibi-
lité paraît s'établir brusquement.
Lorsque la conductibilité est établie, d'une manière ou de l'autre, par
application d'une certaine différence de potentiel, on peut réduire cette
différence de potentiel sans la faire disparaître. En opérant progressive-
ment cette réduction, on peut ainsi la réduire à une fraction de quelques
dixièmes de volt.
Dans tous les cas, et quelle que soit la valeur de la différence de potentiel
appliquée au système lorsqu'il est devenu conducteur, si l'on fait alors agir
sur lui des oscillations électriques d'intensité suffisante, la conductibilité dis-
paraît immédiatement.
On peut disposer l'expérience de la même façon que les expériences
classiques sur les cohéreurs en excitant le système à distance par l'étincelle
d'une petite bobine d'induction ou simplement par l'étincelle de rupture
d'un trembleur. A chaque étincelle il se produit alors, pour employer le
SÉANCE DU ig MAI igi3. 1325
langage consacré par la technique de la T. S. F., une décohération du
système.
Cette décohération se produit d'ailleurs pour une intensité d'autant plus
faible des oscillations que la différence de potentiel appliquée au système
est elle-même plus petite.
Quand la décohération s'est produite sous l'action d'oscillations, et
qu'on laisse appliquée la différence de potentiel continue, le système rede-
vient conducteur. Cette chute de résistance ou recohèration se produit en
général progressivement comme le phénomène initial, mais d'une manière
beaucoup plus rapide. Elle met également à se produire un temps d'autant
plus court que la différence de potentiel appliquée est plus grande. En
réglant convenablement, pour des oscillations d'intensité donnée, la valeur
de cette différence de potentiel, on peut faire en sorte que, la décohération
ayant lieu sous l'effet des oscillations, la cohération se produise sponta-
nément aussitôt qu'elles cessent, d'une manière à peu près instantanée.
L'existence de la durée de recohèration, si courte soit-elle, semble con-
stituer un certain obstacle à l'utilisation de ce nouveau détecteur d'oscil-
lations électriques à la réception des signaux au son. En revanche, il paraît
devoir se prêter à l'enregistrement direct des signaux, car il fonctionne
aisément avec un courant local de l'ordre du milliampère : c'est ce que j'ai
pu constater en utilisant effectivement ce détecteur à la réception de
signaux de T. S. F.
Quoi qu'il en soit, et en dehors de toute question d'application possible
à la technique, je crois que le phénomène mérite d'attirer l'attention, car il
me parait assez nouveau et présente un certain caractère de généralité.
Je l'ai en effet reproduit jusqu'ici avec les sels suivants : chlorure de
plomb, chlorure de thallium, bromure de cadmium, selshaloïdes d'argent,
azotate d'argent.
Ce choix de sels peut paraître assez arbitraire. On observera qu'il se
trouvait imposé, dans le mode opératoire que j'ai adopté, par la nécessité
de fajre usage de sels suffisamment inaltérables et capables d'être fondus à
l'air sans décomposition.
l526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Déduction de la loi de Planck de la distribution de l'énergie par
V hypothèse d'agglomération. Note (() de M. Carl Benedicks, présentée
par M. H. Le Chatelier.
1. Il est naturel de se demander [F. Richarz(2), dès 1893, J. Duclaux(3)],
si des variations moléculaires ne peuvent pas expliquer les variations de la
chaleur atomique des solides.
Je me propose de montrer ici brièvement que l'hypothèse de Y agglomé-
ration (4) progressive des atomes des solides à température absolue T
décroissante, jusqu'à ce que pour T = o il ne reste plus de liberté d'agi-
tation thermique, peut conduire à la loi de Planck, base de la théorie
moderne de la chaleur atomique (Einstein et d'autres).
2. Considérons une molécule d'un solide cristallisé; son énergie W
à T = o étant désignée par le point A0. Si tous ses atomes étaient
encore libres à T=o, W augmenterait avec T d'une manière linéaire:
W == 3RT (droite A0B0). Si les atomes sont agglomérés, W augmentera
bien plus lentement, ayant -rs- = o pour T=o (il n'y aura absorption
d'énergie thermique qu'à mesure que les atomes se seront désagglomérés ;
pour des T élevées ils le seront complètement). W suivra donc une
courbe A0B, ayant l'asymptote AB parallèle à A„B0 (voir la figure). Pour
des T élevées on aura
W = 3RT — W0,
en indiquant par W0 l'énergie (encore complètement inconnue, mais
constante) A0A. Une expression exacte à toutes les T s'obtient en écrivant
(1) W = 3RT-W,+ F(T),
(') Présentée clans la séance du 5 mai iç)i3.
(2) F. Richarz, Zeit.sc/ir./. anorg. C/iem., l. LVIII, 1908, p.' 356; t. L1X, 1908,
p. i46.
(3) J. Duclaux, Comptes rendus, t. lo.'i, 1912, p. 1 01 5, 1509.
(*) Nous employons le terme d'agglomération (au lieu de polymérisation,
association, etc.) afin d'indiquer qu'il n'est pas nécessaire d'iuvoquer des forces
chimiques.
SÉANCE DU ig MAI IO,l3. 132J
où F(T) est une fonction qui représente l'énergie de l'agglomération.
Tout revient à la détermination de F(T).
3. Il y a deux facteurs qui doivent avoir une influence prépondérante
sur F(T) : i° la cohésion qui dans les cristaux est de nature vectorielle; elle
a la tendance de rapprocher les atomes en les orientant ; 2° Vagitation
thermique, dont l'influence sera d'écarter, de désorienter les atomes agglo-
mérés. Ce problème est étroitement lié au cas calculé par M. Langevin (')
w
t
d'un gaz paramagnétiquedans un champ magnétique orientant. Admettons
que l'énergie d'agglomération obéit à la loi de Langevin, comme
M. Weiss (2) admet qu'est le cas du ferromagnétisme, on arrive à trouver
plus ou moins plausible la formule
(2) F(T)=W0(/colI. Wl
3 RT Wt
où W, est une constante individuelle. On obtient de (i)
W. w
(3) W = 3RT - W0+ W„ cot h ^1 _3RT^.
Dans le cas spécial où W, = W0, (3) se simplifie considérablement :
(4) W = W.(coth^-:
(') lJ. Langevin, Ann. de Chini. et de Phys., 8e série, t. V, 190a, p. 70.
(-) P. Weiss, Bull. Soc. franc. Phys., 1907, fasc. 1 et 2, et d'autre part.
C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 156, N° 20.) 195
l528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ecrivant explicitement la fonction hyperbolique, on trouve, après
quelques transformations faciles, que (4 ) se transforme en
(5) Wz=3Rl^_=3R ^£L_
en posant
2W0
La formule (4) est identique à la loi de Planck, pour ce qui est de la forme
générale.
4. Il paraît assez plausible que F(T), qui mesure l'agglomération, soit
proportionnelle à la cohésion H et inversement proportionnelle au poids
atomique A (plus l'attraction est grande et la niasse petite, moindre sera la
probabilité que l'agitation thermique causera la désagglomération d'un
ri
atome), c'est-à-dire F(T) = const. -r-- Développant (2) en série, on obtient,
en première approximation,
W
F(T)
ce qui permet d'écrire
9RT'
II
W2 — C2
° A
ou
(6) w^. (5) se transforme
en
(9) W = 3R-
W
Celle formule est identique à la loi de Planck (Energieverteilungsgesetz);
elle a été obtenue sans le moindre secours de i hypothèse des quanta.
5. Il va sans dire que ces considérations n'ont pas la prétention d'être
définitives; elles font voir cependant, me semble-t-il, que l'hypothèse des
quanta n'est pas « la seule qui conduise à la loi de Planck », ce qui a été
prétendu. Pour que l'hypothèse des quanta, contraire à la Mécanique, con-
tinue à avoir sa raison d'être, il me semble absolument nécessaire qu'on
fasse la démonstration, ou qu'il est absurde d'admettre l'existence d'une
agglomération, ou bien que cette agglomération, dont on admettra la pos-
sibilité, ne pourra pas obéira la formule de Langevin.
PHYSIQUE. — Sur les variations du pouvoir rotatoire magnétique dans
les changements d'état. Note de M. J. Ciiaudier, présentée par
M. E. Bouty.
Les expériences de H. Becquerel sur le sulfure de carbone et de Bichat
sur l'anhydride sulfureux ont montré que le pouvoir rotatoire magnétique
de ces corps à l'état gazeux était inférieur au pouvoir rotatoire magnétique
calculé, en supposant que le pouvoir rotatoire moléculaire magnétique se
conservait dans le phénomène de la vaporisation.
A la suite de mes expériences sur la polarisation rotatoire magnétique
des gaz liquéfiés, oxygène, azote ('), anhydride carbonique et anhydride
sulfureux, j'ai été amené à comparer les valeurs des pouvoirs rotatoires
magnétiques de ces corps à l'état liquide et à l'état gazeux.
J'ai complété ces recherches sur les variations du pouvoir rotatoire
magnétique dans les changements d'état, en mesurant les pouvoirs rota-
(') J. Chaudier, Comptes rendus, t. 156, p. 1008. Dans cette Note, page 1009, lignes
27 et 32, au lieu de « à 180 », on est prié de lire « à leur température d'ébullition
sous la pression atmosphérique ».
l53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
toires magnétiques des liquides actifs et celui des solides auxquels ils
donnent naissance par congélation.
i° Pouvoirs rotatoires magnétiques des liquides actifs vaporisés. — J'ai sup-
posé le pouvoir rotatoire moléculaire magnétique invariable, et, grâce à
cette hypothèse, j'ai pu calculer le pouvoir rotatoire magnétique des
gaz O, Az, CO2, S02,-à l'aide des pouvoirs rotatoires magnétiques de ces
corps à l'état liquide. J'ai ramené à o° ces déterminations, faites aux tem-
pératures d'ébullition de ces liquides, sous la pression atmosphérique
(— 182°, 5 pour l'oxygène; — 195°, 5 pour l'azote, etc.), en admettant, avec
H. Becquerel, que le phénomène variait comme la densité des gaz étudiés.
Sauf pour CO2, qui était contenu dans un tube de Natterer, les pouvoirs
rotatoires magnétiques ont été déterminés sous la pression atmosphérique.
Les données numériques ont été empruntées au Recueil des Constantes
physiques récemment publié par la Société française de Physique.
J'ai réuni dans le Tableau suivant les résultats de mes recherches, et les
valeurs correspondantes des pouvoirs rotatoires magnétiques obtenues
expérimentalement par divers observateurs.
Je désigne par / la température du liquide actif pendant la détermination
du pouvoir rotatoire magnétique p, par p" et p" les pouvoirs rotatoires
magnétiques à l'état gazeux, calculés et observés (').
p'x 106 calculé
p" X 10G observé
à 0° et 7G™.
| 6,28 (Becquerel)
) 5,55 (Siertsema)
( 6,92 (Becquerel)
\ 5,/)9 (Siertsema)
j 3 1 , 39 (Becquerel)
\ 12,82 (Bichal)
\ i3,o (Becquerel)
| 8,61 (Siertsema)
Pour compléter ce Tableau, je rappellerai que Bichat, à l'aide des résultats
numériques de Becquerel, a calculé le pouvoir rotatoire magnétique de CS2
à l'état gazeux, et qu'il a obtenu un nombre sensiblement double de celui
que fournit l'expérience.
(') Les résultats de Siertsema ont été calculés avec les formules qui résument ses
expériences, et ramenés à o° et à la pression atmosphérique; ceux de Bicliat ont subi
une transformation analogue (voir Recueil des Constantes physiques, p. 687, et
Mémoires déjà mentionnés dans la Note précitée).
Température
t.
p x 102 observé
à t°.
à f.
à 0».
0 ...
. -i82°,5
0,782
3i,6
10,5
Az ..
. -.95,5
o,4 1 5
22,9
6,5
SO2..
— 10
.,8
36,98
35,5
CO2.
+ 26
0,207
n, 6
12,8
SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1 53 1
De l'examen de ce Tableau et de la remarque précédente, il résulte :
a. Que p' est supérieur à p"pour les gaz O, CO2 (nombre de Siertsema)
et CS2, dont la dispersion rolatoire magnétique s'écarte nettement de la loi
de l'inverse du carré de la longueur d'onde (');
b. Que p' est voisin de p" pour les gaz Az, SO2 (et aussi Cil3 Cl, d'après
les expériences de Siertsema), dont la dispersion rotaloire magnétique obéit
sensiblement à la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde.
Il semble donc exister une relation entre la variation du pouvoir rota-
toire magnétique, dans le passage de l'état liquide à l'état gazeux, et la loi
de dispersion rotatoire magnétique.
i° Pouvoirs rotatoire.s magnétiques des liquides actif s solidifiés . — Le dispo-
sitif déjà décrit m'a permis d'observer, soit successivement, soit simulta-
nément, une même substance active, à l'état liquide et à l'état solide.
Les résultats obtenus peuvent se classer dans deux catégories bien
distinctes.
a. Le liquide actif congelé se présente sous la forme cristalline; alors le
pouvoir rotatoire magnétique disparaît complètement. Dans cette caté-
gorie se placent l'aniline, la nitrobenzine, la benzine, le cbloroforme,
le sulfure de carbone, l'alcool éthylique, etc.
b. Le liquide congelé se présente sous l'état amorphe, son aspect est
vitreux; le pouvoir rotatoire magnétique se conserve alors intégralement
sous les deux états. L'essence de térébenthine, l'alcool amylique, la glycé-
rine, se placent dans cette catégorie. Les expériences sont particulièrement
faciles avec la glycérine, qui se maintient longtemps à l'état solide.
Avec l'essence de térébenthine, le phénomène est complexe : on doit tenir
compte de la polarisation rotatoire ordinaire.
Conclusions. — 1. Dans le passage de l'état liquide à l'état solide, le pou-
voir rotatoire magnétique des substances actives se conserve intégralement,
si le liquide donne naissance par congélation, à un corps amorphe, d'aspect
vitreux; au contraire, il disparaît en totalité, si le liquide congelé se pré-
sente sous la forme -d'un corps à structure cristalline.
Des observations analogues ont été faites par Biot et Cernez dans l'étude
des variations du pouvoir rotatoire ordinaire par fusion ou solidification.
(') Les dispersions rotatoires de CO'2, SO'2, CH'CI, ainsi que les calculs et les détails
d'expériences, seront publiés dans un Mémoire spécial.
l532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
'2. Le pouvoir rotatoire magnétique des substances actives, à l'état
gazeux, calculé en supposant que le phénomène varie comme la densité
(et cette hypothèse permet d'obtenir des résultats assez approchés pour
établir une comparaison) est toujours supérieur, dans certains cas presque
égal, au pouvoir rotatoire magnétique directement observé.
Ainsi, tandis que le pouvoir rotatoire ordinaire se conserve dans le pas-
sage de l'état liquide à l'état gazeux, le pouvoir rotatoire magnétique dimi-
nue généralement dans ce changement d'état et peut, pour certains corps,
devenir moitié moindre.
De plus, il semble exister une relation entre cette variation et la loi de
dispersion rotatoire magnétique des substances actives.
ÉLECTRICITÉ. — Sur les précautions à prendre p>our T emploi de la résonance
dans les essais de câbles électriques destinés à de hautes tensions. Note de
M. André Léauté, présentée par M. P. Villard.
Les expériences que je poursuis depuis un an sur l'emploi de la résonance
pour l'essai des câbles à baute tension m'ont montré que la méthode indi-
quée précédemment (') peut être appliquée sans danger, à condition qu'on
prenne certaines précautions pour ne pas déséquilibrer la phase du réseau
sur lequel on opère.
Appelons C la capacité du câble dont on veut essayer un conducteur par
rapport à la terre; soit L le coefficient de self de la bobine utilisée et w la
pulsation du fondamental. Les résistances sont négligeables, malgré qu'il
faille, comme l'a montré M. Blondel (2) tenir compte de l'hystérésis et des
courants de Foucault dans leur évaluation; on doit donc, pour un essai au
double de la tension normale, réaliser très sensiblement l'une des
relations
Lco ~ ou Lijj — -— =; — •
Il est facile de voir que la seconde seule est compatible avec le maintien
de l'équilibre sur le réseau.
(') André Léauté, Bulletin de la Société internationale des Electriciens, t. II,
3e série, p. 45-
(2) André Blondel, Eclairage électrique, l. LI, 1907.
SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1 533
Encore doit-on éviter d'appliquer brusquement sur le câble le double de la tension
de service. On constitue donc L de deux parties /, et /2 placées de part et d'autre du
câble, /, du côté du plomb, l2 de l'autre côté, et, au moyen d'un commutateur spécial
adjoint à l'appareil, on fait varier progressivement L de — = — ; à 7-7= — - et i2 de — 7-; — ;
J rr r o 2 GCO'2 LfLb)2 2 Cor
5
-; la phase peut ainsi rester équilibrée, comme le montre le schéma ci-dessous :
potentiels
Distribution finale
Distribution initiale
Cette manœuvre n'est possibleque si l'on dispose au départ d'une self-induction double
de la self de résonance, c'est-à-dire si le câble a une très grande longueur.
Quand il n'en est pas ainsi, on fait fonctionner l'appareil comme un transformateur
à résonance en divisant la bobine en deux parties, qui agissent l'une sur l'autre par
induction. L'équilibre du réseau est, dans ce cas, assuré; mais, en revanche, si l'on
ne prédétermine pas quel doit être le rapport des nombres de spires primaires et
secondaires, ou court le risque d'appliquer sur le câble une différence de potentiel
supérieure à celle qui est prescrite. Or, cette prédétermination est rendue difficile par
le fait que, pour appliquer ici la théorie du transformateur à résonance ('), il faut
considérer les coefficients d'induction L,, L2, M comme dépendant du flux d'induction,
ce qui crée une grande, complication. L'appareil travaille, en efl'et, en pleine satu-
ration, les ampères-tours primaires étant très petits vis-à-vis des secondaires.
J'ai constaté qu'on arrivait à de très bons résultats en donnant au secon-
daire le nombre de spires qui, à elles seules, montées en simple bobine de
self-induction, feraient résonner le câble. Dans ce cas, on a le droit, puisque
les ampères-tours primaires sont négligeables, de simplifier les équations
du transformateur au moyen de la relation
(E)
L,w2C = i.
J'ai d'ailleurs observé que si le courant est fourni, non par un réseau
à voltage fixe, mais par un transformateur à forte chute de tension, la diflè-
(') A. Blondel, Éclairage électrique, t. LI, 1907. — Béthk.nod, Ibid, t. LUI.
Voir aussi l'étude de Fleming et celle de Seibt, E. T. Z., 7 avril 1904.
l534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rence de potentiel primaire prend spontanément une valeur telle que la
relation (E) soit vérifiée. Par suite de cette simplification, le rapport^
des différences de potentiel aux bornes du secondaire et du primaire revêt
la forme simple
U, ~ Mu!C'
et les trois relations
L, w2 C = i , 77- = -ri — T7=; » Ij^CmU,
U, Mw-d
m'ont toujours permis de déterminer avec exactitude, au moyen de courbes
tracées à l'avance, les nombres de spires produisant aux bornes du câble
la tension voulue.
Grâce aux précautions que je viens d'énumérer et en me servant de l'ap-
pareil que j'ai construit dans ce but et qui vient de figurer à l'exposition de
la Société de Physique ((), j'ai pu réaliser un nombre déjà assez considé-
rable d'expériences, dont les principales ont été les suivantes :
Câble à essayer. Alimentation. Essai.
Dési- Lon- Fié- Puissance
gnalion. giieur. Capacité. quence. Voltage. Voltage, apparente. Montage,
m rat k.v.a.
Diphasé 750 0,180 5o 10000 21000 23 Bobine
Triphasé.... 9^0 0,137 ^o 9000 20000 18 Transformateur
Triphasé.... g\o 0,137 5o 6000 28000 35 Id.
Triphasé.... 1000 o,i5o 5o 5ooo 12200 8 Bobine
Diphasé... . 1000 0,2^0 5o ii5oo 20000 3o ld.
Diphasé 1289 0,160 t\i i23oo 26900 27 Id.
Triphasé.... 2000 o,3oo 5o 5ooo 10800 12 Id.
Triphasé.... 2800 o,i84 l\i 11800 23ooo 26 Id.
Triphasé.... S^oo 1,228 53,3 7500 2o5oo 180 ld.
Triphasé.... 12^00 1,812 53,3 7600 2o5oo 25o Id.
On voit pur cette liste qu'on peut atteindre, pour des longueurs de ioKm,
des tensions de 20000 à 3oooo volts. Ces valeurs suffisent aux besoins actuels
de l'Électrotechnique, de sorte que, pour le moment, le problème de l'essai
des canalisations souterraines à une tension alternative double de la normale
est résolu. Toutefois, l'appareil devrait être modilié si un nouveau progrès
dans la fabrication des câbles rendait possible une élévation notable des
différences de potentiel auxquels ils sont soumis.
(') Cet appareil a été construit de façon que le rendement y fût sacrifié aux consi-
dérations d'encombrement.
SÉANCE DU 19 MAI IÇ)l3. 1 535
ÉLECTRICITÉ. — Sur les machines dynamo-électriques à excitation interne.
Note de M. R.-V. Picoit, présentée par M. P. Villard.
Les machines dynamo-électriques sont construites en général jusqu'à
présent en affectant à chacune des parties qui les constituent mécaniquement
les fonctions respectives d'inducteur et d'induit. Ce n'est cependant pas une
nécessité d'ordre physique, car il suffit, pour qu'une machine soit transfor-
matrice d'énergie, qu'un bobinage soit en mouvement relatif dans un champ
magnétique dont la direction diffère de celle de son champ propre. On peut
donc faire porter par la même partie, fixe ou mobile, les bobinages induc-
teur et induit, »et même superposer, dans les mêmes fils, les courants
inducteur et induit. C'est Ycxcitation interne.
Dans un anneau du genre Gramme, par exemple, on peut introduire le
courant magnétisant par des balais auxiliaires calés à mi-distance des balais
principaux et reliés à une' source indépendante. La partie fixe reçoit alors
simplement un enroulement de compensation du champ du courant induit.
On peut encore rendre une telle machine auto-excitatrice, en mettant en
court circuit les balais auxiliaires et en faisant le bobinage de compensation
légèrement surabondant.
On peut aussi introduire dans le fil induit, au moyen de bagues reliées à des points
équidistants, des courants polyphasés, de phase et de fréquences appropriées pour
produire le champ fixe d'excitation. Ce dernier mode d'excitation, en particulier,
confère à la dynamo des propriétés spéciales dont les principales sont les suivantes :
l'entrefer n'est déterminé que par les conditions mécaniques de la construction, et
plus du tout par les conditions de bonne commutation; l'excitation en est réduite en
proportion; la dispersion magnétique est réduite pratiquement à rien, d'où des
conditions d'auto-régulation extrêmement favorables.
Ces propriétés trouvent leurs applications les plus intéressantes dans
quelques cas particuliers : ainsi l'excitation des alternateurs, pour laquelle
la machine principale fournit elle-même à son excitatrice le courant magné-
tisant. La compensation des chutes de tension (compoundage) devient
alors très facile à réaliser au moyen d'un simple transformateur qui ren-
force l'excitation en proportion du courant principal.
Pour les machines à courant continu de très grand débit affectées aux grandes
applications de l'électrolyse, lès difficultés considérables auxquelles a donné lieu la
commutation sont évitées sûrement par l'emploi de l'excitation alternative interne.
Leur origine est l'impossibilité pratique de maintenir, avec la construction usuelle,
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N"20.) IG-^
l536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'égalité des champs magnétiques partiels de ces machines à nombre de pôles nécessai-
rement élevé. Les moindres différences créent entre les forces électromotrices mises
en parallèle des écarts d'où résultent d'énormes courants de circulation. Les connexions
équipotentielles, d'emploi courant, ne peuvent suffire à corriger ces défauts, ainsi
qu'on le démontre facilement. Au moyen de l'excitation alternative, l'égalité des
divers champs est assurée rigoureusement et reste telle malgré toutes les variations
accidentelles de centrage. Ce sont, en effet, des réluctances et non des résistances qui
déterminent le partage des courants magnétisants, et les réluctances tiennent compte
automatiquement de toutes les différences d'entrefer.
L'excitatrice, génératrice de courants déphasés, montée en bout d'arbre, est d'une
grande simplicité. On peut disposer les choses de manière qu'elle ne comporte ni
bagues, ni balais, et que la machine principale elle-même n'ait pas besoin de bagues;
il suffit d'établir les jonctions permanentes appropriées entre points homologues des
deux bobinages. L'excitatrice n'est alors pas une complication.
CHIMIE PHYSIQUE. — La loi de volatilité dans les réactions chimiques. Note
de M. Camille Matignon, présentée par M. Le Chalelier.
Dans son remarquable Traité La Statique chimique, Berlhollet a établi
que les acides, les bases et les sels non volatils peuvent réagir complètement
sur les sels non volatils, quand l'un des deux produits susceptibles de
prendre naissance est volatil dans les conditions de l'expérience.
Cette loi de Berthollet n'est qu'un cas particulier d'une loi générale qui
s'étend à toutes les réactions chimiques.
J'ai établi (') que les réactions cbimiques dans lesquelles interviennent
un seul gaz et des corps solides peuvent se classer en trois catégories: celles
qui sont théoriquement réversibles dans toute l'échelle des températures,
celles qui ne sont réversibles que dans une certaine zone detempérature,
et celles qui sont totalement irréversibles. Si les relations que j'ai données
entre la quantité de chaleur mise en jeu et les conditions de réversibilité
ou d'irréversibilité ne sont qu'ajqirochées, la classification précédente n'en
subsiste pas moins en toute rigueur ainsi que les conséquences que j'en ai
déduites. En particulier, la réaction est toujours possible théoriquement
dans le sens de la production du système final contenant le terme gazeux.
Bien entendu, pour manifester pratiquement la réaction, il sera néces-
saire qu'aucun des constituants des systèmes initial et final ne se détruise
avant d'atteindre la température nécessaire à la réaction; par conséquent,
(') Annales de Chimie, 8° série, t. \l\, 1908, p. 3i.
SÉANCE DU Ip MAI I()l3. l537
on aura d'autant plus de chances de réaliser effectivement la réaction que
tous les constituants seront plus stables.
S'il y a plusieurs gciz dans le système final, ou bien s'il existe des liquides
(sans tension de vapeur sensible) à côté des solides dans le système initial,
la réaction avec production de corps gazeux dans les conditions de l'expé-
rience est toujours théoriquement possible.
On retrouve donc ici la loi de Berthollet généralisée. Tout système de
corps solides ou liquides non volatils, susceptibles de donner naissance, par
un nouveau groupement des atomes, à un système contenant des corps
volatils, doit entrer en réaction à une température convenable. J'en ai fait
récemment diverses applications.
J'ai montré que l'aluminium réduisait la magnésie à une température peu élevée (' ),
la réduction était dans le domaine des possibilités, car le magnésium e>t un métal
volatil et d'autre part, la magnésie, comme l'aluminium liquide, n'émettent des
vapeurs qu'à des températures fort élevées
Al* 4- 3MgO = 3MggM. -+- A1*03.
Toutefois, si l'endothermicité de la réaction eût été tellement grande qu'elle eût
entraîné, pour rendre la réaction possible, une température 0(1 la magnésie et l'alu-
minium deviennent volatils, le raisonnement précédent eût été en défaut; mais la
considération de la chaleur mise en jeu rendait possible cette réaction à des tempé-
ratures inférieures.
Le même raisonnement conduisait à considérer comme très probable,
dans une région de température où la réalisation est facile, la réduction de
la baryte par le silicium (2). Ces deux corps sont peu volatils, tandis que le
baryum, comme l'a montré M. Guntz, est un élément volatil.
Les propriétés réductrices si curieuses du carbone s'expliquent immédia-
tement par la loi de volatilité. Le carbone est un corps qui reste solide
jusqu'au delà de 3ooo° sans émettre de vapeurs sensibles; son produit
d'oxydation, l'oxyde de carbone, est au contraire un corps volatil stable;
aussi les propriétés réductrices du charbon vont-elles en augmentant pro-
gressivement, quand la tempérai lire s'élève, par rapport aux propriétés
réductrices des métaux qui forment des oxydes non volatils. Aussi le car-
bone, malgré la très faible chaleur de formation de son oxyde, reste-t-il
l'un des réducteurs les plus puissants dont nous puissions disposer aux
hautes températures.
(') Comptes rendus, t. 156, 1 9 1 3 , p. 11.57.
(*) Ibid., p. i378.
l538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La loi de volatilité peut s'étendre davantage. Une réaction qui contient
des corps volatils dans son système initial et des corps volatils dans son
système final est facilitée, à endothermicité comparable, quand les molé-
cules volatiles sont plus nombreuses dans le système final que dans le sys-
tème initial. Quand je dis que la réaction est facilitée, je veux dire qu'elle
exigera une température moins élevée pour sa réalisation. Plus grand sera
l'écart entre le nombre de molécules volatiles du système final et le nombre
des molécules volatiles du système initial, plus facilement se produira la
réaction, pour une même quantité de chaleur absorbée.
L'examen d'un grand nombre de réactions connues montre l'exactitude
de l'énoncé précédent. La formule de l'équilibre sous la forme que lui a
donnée Nernst (') permet d'en faire rapidement la vérification.
Soient Q la chaleur absorbée dans une réaction, n et n' le nombre de
molécules volatiles dans le système initial et dans le système final, K
l'expression des pressions qui reste constante à une même température;
nous avons
loSK= , 5 rf— («'— /t)i,75logT — (n'— «)3,
en négligeant le terme en T dont le coeflicient est très faible dans la plupart
des cas et admettant, pour la constante de Nernst, la valeur moyenne de 3,
la même pour toutes les molécules volatiles.
Le premier terme est positif et sa valeur absolue, qui peut être grande à
basse température (Q est exprimé en petites calories), diminue rapidement
quand la température s'élève; le deuxième terme est négatif, il augmente
avec T et sa valeur absolue est d'autant plus grande pour une température
donnée que n' — n est lui-même plus grand. On conçoit donc, pourvu que Q
n'atteigne pas une valeur par trop grande, qu'on puisse trouver une valeur
de T qui soit dans une zone de travail pratique et pour laquelle la valeur
de logK devienne petite ou négative, ce qui correspond à l'existence de
pressions non négligeables pour les termes gazeux de l'état final, c'est-
à-dire en fait à la réalisation pratique de la réaction.
La loi de volatilité, qui peut être considérée comme une loi empirique, est,
comme la loi de Berthollet, d'une application extrêmement simple, elle
peut rendre des services précieux en Chimie minérale, là où les corps ont
souvent une zone de stabilité fort étendue dans l'échelle des températures.
(') Nachrichlen der Gcsellschaft der Wissenchaften su Gotlingen, 1906.
SÉANCE DU 19 MAI I9l3. 153g
chimie physique. — Étude du système manganèse-argent.
Note de M. (i. Aruivaut, présentée par M. Le Cliatelier.
L'étude thermique des alliages de manganèse et d'argent a été effectuée
par (i. Hindrichs(') qui conclut à une non-miscibilité partielle à l'état
liquide et à l'absence de combinaison.
Une étude antérieure de la question par des voies différentes (-) m'ayant
conduit à d'autres résultats, j'ai tenu à la reprendre en faisant appel au
concours de plusieurs méthodes.
I. Étude thermique. Le manganèse pur fond à 1235°. L'addition de
petites quantités d'argent abaisse son point de fusion jusqu'à 11800; la
concentration du point D de la solution manganoargentique saturée
d'argent est d'environ 94 pour 100 de manganèse.
A partir de cette concentration, les courbes de refroidissement présentent
deux points singuliers aux températures constantes de 11800 et 9800, ce
qui indique la présence de deux couches liquides. Mais à partir de
3i pour 100 de manganèse, le palier supérieur disparaît et les courbes ne
présentent plus que le point inférieur, toujours a98o°, jusqu'à la teneur de
20 pour 100 de manganèse au delà de laquelle sa température commence à
s'abaisser jusqu'à g55° pour une richesse de 4 pour 100 de manganèse,
pour remonter ensuite jusqu'au point de fusion de l'argent.
La température de 9800 à laquelle se trouve placée dans le diagramme l'horizon-
tale CF, supérieure de 190 au point de fusion de l'argent, ainsi que la concordance du
point C avec la concentration de 20 pour 100 de manganèse, caractérisent l'existence
de la combinaison MnAg2à 20 pour 100 de manganèse, formant avec l'argent une
suite continue de cristaux mixtes dont la courbe d'équilibre serait représentée par la
ligne ABC.
IL Examen microscospique. — Les régules à faible teneur en manga-
nèse apparaissent homogènes au microscope. L'acide chlorhydrique étendu
ou concentré est sans action et il n'est pas possible de mettre le manganèse
(') G. HindrICHS, Ueber ei'nige C liront and Mangan Legirungen (Zei/s. fur
anorganische Chem., t. XXXIX, juillet 1908, p. f\3-j).
(2) G. Arrivait, Sur les alliages de manganèse et d'argent ( Procès-verbaux de
la Soc. des Se. pliys. et nit. de Bordeaux, 1908-1904, p- 9)-
l54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
en évidence. Attaqués à l'acide azotique, ils montrent une surface réguliè-
rement rongée comme le serait de l'argent pur.
Il en est ainsi jusqu'à la teneur de 20 pour 100 en manganèse, à partir de laquelle
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tique même très étendus, sous la forme de dendrites, de houppes ou de gouttes. La
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quantité de manganèse que l'on peut aussi mettre en évidence augmente avec la con-
centration avec une tendance marquée à se localiser à la partie supérieure jusqu'à ce
que l'on arrive à distinguer deux couches nettement séparées, ce qui se produit déjà
pour la teneur de 35 pour 100 en manganèse. Au-dessus de cette concentration, la
SÉANCE DU 19 mai igi3. i54i
couche supérieure riche en manganèse s'attaque violemment sous l'action des acides
les plus dilués en laissant apparaître des plages plus ou moins arrondies et dentelées,
légèrement colorées en jaune, qui sont constituées par la combinaison MnAg* non
attaquée. La couche inférieure riche en argent fait encore légèrement effervescence
sous l'action des acides étendus en laissant apercevoir au microscope des dendritesde
manganèse se détachant en noir sur le fond clair de la combinaison non attaquée.
III. Forces électromotrices. — Elles ont été prises par rapport à une électrode
d'argent dépolarisée avec du bioxyde de manganèse et baignant dans une solution
à 10 pour 100 de sulfate de manganèse. La chute brusque que l'on constate dans la
valeur des forces électromotrices entre les concentrations 20 pour 100 et 23 pour 100
de manganèse caractérise bien la présence d'une combinaison, en même temps que
leur décroissance graduée, de 20 pour 100 à o pour 100 de manganèse indique la for-
mation de cristaux mixtes entre cette combinaison et l'argent.
IV. Étude chimique. — En attaquant par les acides étendus les alliages riches en
manganèse, ce dernier métal se dissout seul, et, si l'on a soin de porphyriser et de
réaltaquer plusieurs fois le résidu, on obtient une poudre brillante retenant une pro-
portion constante de manganèse voisine de 20 pour 100. C'est la combinaison MnAg!.
Densité à o° : 8,81 ; densité calculée 10, 3g. Sa composition n'est pas modifiée par une
dissolution partielle dans l'acide azotique ou l'acide sulfnrique concentré et chaud, ce
qui est caractéristique d'une combinaison.
Résumé et conclusions . — Ces divers modes d'investigation concordent
pour permettre de conclure que le manganèse et l'argent sont susceptibles
de former la combinaison MnAg2, dont j'ai signalé l'existence dès 190/1-
Cette combinaison donne avec l'argent une série continue de cristaux mixtes
et sa limite de miscibilité à l'état liquide avec le manganèse est voisine
de 3o pour 100 de manganèse.
chimie PHYSIQUE. — Étude quantitative de i 'absorption des rayons ultra-
violets par les alcaloïdes du groupe de l atropine. Note de MM. Marcel
Gompel et Victor Henri, présentée par M. Dastre.
La recherche et le dosage des alcaloïdes dans les liquides et tissus de
l'organisme présentent en général de grandes difficultés. Nous avons pensé
qu'on pouvait élaborer une méthode nouvelle en se servant de la déter-
mination quantitative des spectres d'absorption dans l'ultraviolet.
Nous présentons maintenant les résultats relatifs à trois alcaloïdes du
groupe de l'atropine (noyau pipéridine-pyrrolidinique), ce sont l'atropine,
l'apoatropine et la cocaïne.
l5/|2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'absorption des rayons ultraviolets parles solutions alcooliques a été
mesurée par la méthode de pholométrie des spectrogrammes. Les cons-
tantes d'absorptions moléculaires s sont calculées par la formule
3 = z0.io~ecd (c concentration moléculaire, d épaisseur en centimètres).
Nous donnons dans les Tableaux seulement quelques résultats numé-
riques correspondant surtout aux maximum et minimum d'absorption des
solutions alcooliques.
i° Atropine. — Éther de l'acide tropique CH5 - CH - COOH et de la
i
CIPOH
tropine
CH2-CH CH2
I I /H
7 - cip v20ooo i4ooo 9600 565o
Nous avons comparé ce spectre d'absorption avec celui de l'acide ben-
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 20.) 197
l54/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
zoïque ; nous trouvons que ce spectre présen te les mêmes bandes d'absorption ,
ainsi que le montrent les nombres suivants :
m.
Max.
Min.
Max.
Min.
Max.
Min.
>. ..
. 2852
2790
27.52
2700
2690
2480
24 1 I
2325
2300
2265 223o
2195
E. . .
2 I 0
75o
540
> 810
< 54o
700
35oo
10800
27000
ioSou cristaux blancs fondant à 36°-37°
(rendement /\o pour ioo). En dissolvant à chaud ces cristaux dans l'acide
sulfurique étendue d'un demi-volume d'eau et en versant la solution dans
un grand excès d'eau, l'amide (CH3)2— Cx r(~. N,.2 se précipite sous
forme de cristaux blancs fusibles à i42°-i43°. Chauffée avec de la soude
étendue, cette amide se scinde en acide benzoïque et en acide diméthyl-
oxalique cH3/C\p/-)2u fondant à 790. On sépare ces deux acides par diffé-
rence de solubilité dans l'eau.
Dans les mêmes conditions, la méthylpropylcétone donne une cyanhy-
CH3 \ /OCOC6H5
drine p3rp/C\ „„ » liquide sirupeux, que nous avons transforméeen
., CH3 \^/OCOC6H5 , , , Cn ., ,,, , ,
amide (-3u7/C( „„„H2 fondant a 12b0 et en acide metnylpropyl-
oxalique psoï/^C „„2„ tondant a /|0°-47 .
/ococ6nr'
La propione donne la cyanhydrine (C2 H5 )2 — C'f r[VJ liquide, mais
avec un faible rendement.
Nous avons pu cependant obtenir l'amide (C2H5)2C<^roN..2 fondant
à i49°-i5o°.
Au contraire, la méthode s'applique bien à la cyclohexanone qui donne
la cyanhydrine
rH2/CH*-CH*\,,/OCOC6H5
UH \CH*-CH*/U\CN
très bien cristallisée fondant à 710, et l'amide
/CH*— CH*\ /OCOOH»
un \CH2-CH2/ \CONH2
fondant à 1 180, puis l'acide cyclohexanol-i-méthyloïque-i
/CH*-CH*\ /OH
^" \CH2— CH2/ \C02H
fondant à 1080.
La métamélhylcyclohexanone a fourni la cyanhydrine
r„2/CHs-CH! \p/OCOC6H5
UH"\CH - CH'/°\CN
CH3
SÉANCE du 19 mai igi3. 1 549
fondant à i25°-£26", qui présente la particularité d'être assez peu soluble
dans l'éther, l'amide
/CH!-CH*\ /OCOC6Hs
^H \GII — CH*/ \CONH*
CH'
fondant à i35°-i36p, et un acide métamélhylcyclohexanol-i-méthyloïque-i
/CH*-CH*\ /OH
^n \CH -CH*/ \CO*H
CH3
indiqué par Markonikoff.
La paraméthylcyclohexanone donne également la cyanhydrine
nn ni CH*-CH«\ /OCOC«H«
fondant à 8(5", l'amide
PH3 rH/CH'-CH*\ /OCOC'H*
CH -<-H\CH*-CIP/U\CONH^
fondant à 122°, et l'acide paraméthylcyclohexanol-i-mélhyloïquc-i
C1I3 CH/fiH*-CH»\ /OH
fondant à 8o°-8i°.
Nous avons préparé les sels d'argent de ces derniers acides.
Ces recherches vont être poursuivies sur d'autres cétones.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la caractérîsalion des cêtones chlorées.
Note de M. E.-E. Blaise, présentée par M. Haller.
Au cours de mes recherches antérieures sur les cétones halogénées, j'ai eu
à résoudre le problème délicat de l'identification de ces cétones. On ren-
contre en général, dans la transformation des cétones chlorées en dérivés
solides, des difficultés assez considérables, et qui tiennent à la grande ten-
dance des atomes d'halogène à entreren réaction. L'expérience m'a montré
qu'en employant la semicarbazide, dans des conditions convenables, on
peut arriver, dans presque tous les cas, à surmonter ces difficultés. Il était
d'autre part intéressant de rechercher si les semicarbazones des cétones
halogénées ne seraient pas susceptibles de se transformer, par perte d'hy-
dracide, en combinaisons cycliques renfermant trois atomes d'azote dans
la chaîne fermée. Mais, dans aucun cas, je n'ai observé la formation de
l55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
combinaisons de cette nature ou, du moins, je n'aj pas réussi à les isoler
avec certitude.
En principe, seules les semicarbozones normales possèdent des points de
fusion assez peu élevés pour qu'ils soient propres à une identification. 11 en
résulte qu'à ce point de vue spécial, ce sont toujours les semicarbazones
normales qu'on doit s'efforcer d'obtenir. Encore faut-il noter que, ces com-
posés étant peu stables, le point de fusion n'est pas toujours très net. 11
convient de prendre, comme point de fusion, la température d'un bain de
mercure au moment où la substance, projetée à sa surface, fond instan-
tanément.
En ce qui concerne la préparation des semicarbazones des cétones
cblorées, il convient, dans les cas où cela est possible, d'employer iino1
à i'"ol,5 de cblorbydrate de semicarbazide simplement dissous dans l'eau.
Presque toutes les cétones chlorées se transforment rapidement en semi-
carbazones, dans ces conditions; la seule exception que j'aie constatée est
relative à la trichlorométbyl-métbylcétone. L'emploi du cblorbydrate de
semicarbazide en présence d'acétate de sodium est toujours à déconseiller,
car il ne conduit en général qu'à des mélanges de dérivés inséparables. Au
cas où la semicarbazone ne le forme pas par action du chlorhydrate de semi-
carbazide, le mieux est d'employer la semicarbazide libre (une seule molé-
cule) en solution alcoolique, à froid. La purification des semicarbazones des
cétones cblorées par cristallisation présente souvent de grandes difficultés,
car il s'agit de corps très altérables, et l'altération est beaucoup plus mar-
quée quand on emploie des solvants ionisants. Il convient d'opérer de la
manière suivante : la semicarbazone étant essorée, on la lave à l'eau, puis
au benzène ou au chloroforme. On la chauffe alors au bain-marie, sans
l'avoir séchée au préalable, avec une grande quantité de benzène ou de
chloroforme, en ayant soin que la température ne dépasse pas 5o°. La solu-
tion est additionnée d'un peu de sulfate de sodium sec puis filtrée. Le semi-
carbazone cristallise lentement par refroidissement.
Dans le cas des semicarbazones de cétones a monochlorées, on peut passer
très aisément aux semicarbazones des cétones-alcools correspondants; il
suffit de laisser en contact, pendant quelques heures, avec une solution
aqueuse de carbonate de potassium. De même, en cbauffanl au bain-marie
pendant quelques minutes, avec une solution alcoolique d'acétate de
sodium sec, on obtient les semicarbazones des éthers acétiques des cétones-
alcoolsa. On dispose alors de trois points de fusion pour idenlifier la célone
halogénée primitive.
SÉANCE DU 19 MAI I9l3. l5/>l
Dans le cas des cétones diclilorées CHC12 — CO — R, la semicarbazone
normale peut être obtenue ; mais, avec celles qui renferment le groupement
r_CCI5— CO — R\
c'est la disemicarbazone
R_ C(.= N— CONsH3) — C(=N — CON-H3) — H'
qui prend directement naissance. Les disemicarbazones
CH( = N — CONsH») -C(= N — COX!H3) — R
se forment également à partir des cétones du type CHCls — CO — li quand
on emploie un excès de semicarbazide libre et sont aussi un des produits
d'altération des semicarbazones normales correspondantes. Elles se dis-
tinguent facilement par leur presque insolubilité dans les solvants orga-
niques, sauf l'acide acétique et l'acide formique
GCI'(CH3)C = N - Nil — GO — MI-,
fines aiguilles (F. i4o°).
(CHCI2)(C2H3)C=CON3H3,
petits cristaux brillants (F. 1420).
Disemicarbazone de l'étbylglyoxal
CH(CON3H3)C(CON3H3)CsH» (F.>23ô°).
Disemicarbazone du diacétyle
CH3-C(CON3H3)C(CON3H3)CH3,
poudre cristalline blanche, presque insoluble, sauf dans l'acide formique
(F.>23o°).
CH'CI — C(CON3H3)-CHCI - CH3,
lamelles fondant à i^o" en un liquide rouge.
CH3 - GHC! — C(CON3HJ) — CH3,
lamelles micacées (F. 1 ï8°). Traitée par CO'H2, donne la semicarbazone
de la cétone-alco*ol correspondante (F. 2020). Avec CrPCO'Na, on
obtient
CH3— CH(0 — CO — CH3)-C(CON3H3)CH3(F. 161°);
CH2Cl - C(CON3H3)— CH2 — CH2— CH3,
aiguilles (F. i57°).
C. R., 1913, i" Semestre. (T. 156, N» 20.) '9^
[552 ACADÉMIE DES SCIENCES:
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Nature de l'optimum osmoli que dans les processus
biologie/ ues: Noie (') de M. Alfred Guilxemard, présentée par
M. Gaston Bonnier.
La méthode des cultures synthétiques, telle que l'a présentée Raulin, fait
connaître l'utilité des substances chimiques sur le développement des orga-
nismes sans expliquer le mécanisme de leur action : aussi avons-nous étudié
différemment le rôle de ces substances en comparant leur pouvoir osmo-
tique vis-à-vis des bactéries. Nous avons montré alors qu'il fallait séparer
deux actions : concentration moléculaire (2)et affinité des ions (3).
On explique les effets déterminés par la concentration moléculaire à
l'aide de la théorie isoionique, mais quelle interprétation donner aux pou-
voirs des ions?
Reprenons, en la perfectionnant, une ancienne expérience de Raulin qui
consiste à faire végéter Y Aspergiilus niger dans un vase d'argent. On peut
provoquer le développement de cette Mucédinée suivant la façon dont on
l'ensemence :
ioocm" de la solution de Raulin étant placés dans un gobelet d'argent, si l'on pro-
mène une boucle de platine cliargée de spores à la surface du liquide, on obtient
quelquefois un mycélium, mais souvent il n'y a pas de culture; si l'ensemencement se
fait avec un fragment de mycélium (de la grosseur d'un grain de millet) déposé sur la
surface du liquide, on constate presque toujours le développement de la plante; si
enfin on ajoute avec une pipette une suspension de spores dans de l'eau stérilisée et
rendue bien liomogène par agitation, jamais il n'y a trace de végétation et cependant
les spores germent et constituent un mycélium si, recommençant l'expérience, on
introduit dans le gobelet une lame de verre, pourvu que celle-ci émerge quelque peu
hors la solution.
La diversité de ces résultats s'expliquent, comme nous allons le voir, en
tenant compte de la nature des contacts et des rapports entre la masse,
ensemencée et la masse active de la solution. Mais auparavant constatons
ce fait très important : que les mycéliums qui se sont développés dans le
gobelet contiennent des quantités notables d'argent facilement décelables
dans les cendres résiduaires.
(') Présentée dans la séance du i3 mai i g 1 3.
(2) A. Guillemaru, Comptes rendus de la Société de Biologie, 20 novembre 1909.
(3) Ibid., 16 juillet 1910.
SÉANCE DU 19 mai igi.3. 1 553
Maintenant examinons de près les phases qui se sont succédé dans nos
expériences. Tout d'abord au contact des parois du vase d'argent la solution
de Raulin s'électrolyse fortement : il se fait, d'une part, une concentration
très élevée d'électrons positifs qui se portent sur le métal, tandis que les
ions négatifs s'accumulent dans le liquide. Donc deux actions se mani-
festent en présence du micro-organisme : la première indirecte occasionnée
par Ag+; la seconde directe due aux ions SO* , NO3-, etc., et particuliè-
rement HO-; c'est l'excès de cette charge négative qui met obstacle à la
germination des spores. Mais si les spores sont en partie soustraites à cette
action au contact de la lame de verre, elles peuvent alors germer et consti-
tuer un mycélium doué de nouvelles propriétés physiques. En effet ce
mycélium, de signe électro-négatif, diminue sa charge électrique (') en
attirant les ions positifs A g+, et c'est ce métal, absorbé par les tissus, qui
rend la plante capable de lutter et croître dans le milieu toxique. Somme
toute, nous sommes en présence d'un processus électrostatique qui tend
vers l'établissement d'un équilibre osmotique (qu'on ne doit pas comparer
à un équilibre chimique) et cette conception est en concordance avec les
conclusions de P. Girard qui assigne, après une série d'études sur la mem-
brane cellulaire, un mécanisme électrostatique aux actions osmotiques (2).
Cette théorie peut recevoir de nombreuses applications; elle permet, par
exemple, d'expliquer le pouvoir antiseptique de certains médicaments : ce
n'est pas le mercure qu'on administre dans quelques affections parasitaires
qui est toxique pour les microbes, mais c'est parce que sa présence modifie
les propriétés osmotiques des humeurs, en élevant leur tension électrosta-
tique, que l'organisme résiste à l'infection et, si l'on constate dans certains
cas l'échec de ce médicament, c'est que le parasite a lui-même absorbé les
ions Hg^ qui relèvent sa pression au niveau du milieu vital.
Pour en revenir à notre sujet, nous pouvons maintenant expliquer l'ac-
tion des électrolytes dissociés : les cellules ont une affinité spécifique qui
leur permet d'absorber les ions nécessaires à leur équilibre osmotique;
mais avant que cet équilibre soit atteint il existe un état électrostatique où
la différence de potentiel entre le milieu ambiant et les sucs cellulaires est
optimum pour accélérer les échanges nutritifs : lorsque cet optimum est
atteint, le développement des organismes se poursuit avec le maximum de
vitesse. On comprend alors qu'il puisse exister dans la nature des éléments
(') Victor Henri, Comptes rendus de la Société de Biologie, 28 juillet 1906.
(2) Pierre Girard. Comptes rendus, '(juillet '9'0-
I 554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
capables de réaliser d'emblée cet optimum osmotique. Il semble bien que
ce rôle appartient aux éléments comme le fer, le zinc, le manganèse, etc.,
dont les composés ont une dissociation moyenne qui les place entre les sels
des métaux lourds (Ag, Cu, Hg) et les sels de9 métaux alcalins et alcalino-
terreux. On a cherché à expliquer leur action favorisante sur le développe-
ment des végétaux en faisant intervenir la catalyse; on a dit que le fer, le zinc
et le manganèse étaient des catalyseurs : nous ne croyons pas qu'on puisse
soutenir cette conception, très vague d'ailleurs, en face des théories osrao-
tiques. Contrairement à ce qu'on observe dans la catalyse, la matière vivante
absorbe les composés métalliques nécessaires à sa constitution physico-
chimique et en appauvrit le milieu extérieur : la vitesse de formation des
tissus se produit alors suivant une courbe qui comporte un optimum pour
une certaine densité en rapport avec les propriétés du métal, tandis que
l'accélération des réactions catalytiques se traduit par une droite continue
dont l'inclinaison sur l'axe des x est en relation avec la nature et la concen-
tration du catalyseur.
L'optimum osmotique s'observe avec la plupart des substances chimiques,
sinon avec toutes, dans les réactions biologiques. La dose de substance qui
le favorise est connue sous le nom de dose à? excitation qui précède la dose
de toxicité.
BOTANIQUE. — Sur les relations existant entre l'âge des Dicotylédones et le
nombre des couches successives de leurs bois secondaires. Note de M. Jka\
I)a.\iei., présentée par M. Gaston Bonnier.
J'ai montré que, chez certains végétaux ligneux dicotylédones de nos
pays, il est facile de déterminer l'âge de la tige ou de la racine ayant
poussé normalement quand la vigueur est suffisante, mais que, à partir
d'un certain moment, il est difficile, puis impossible, de déterminer, par
le nombre des cernes ou couches annuelles, l'âge des petites branches,
des branches mixtes et même du tronc ou de la racine, quand l'arbre
décrépit et pousse à peine chaque année ('). Poursuivant ces recherches,
(') Jean Daniel, Sur la structure des branches courtes et âgées de quelques
arbres (Comptes rendu*, juin iyjo); Elude sur les branches longues et les branches
courtes de quelques arbres (Revue bretonne de Botanique, 1912).
SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. l555
j'ai étudié, à ce point de vue, la structure des plantes dont les pousses
annuelles sont très réduites et les bois peu développes, soit par leur nature
spécifique, soit par les adaptations naturelles ou accidentelles qu'elles
viennent à subir. Telles sont les plantes parasites à tiges souterraines
vivaces, les plantes herbacées vivaces, les plantes grasses, etc.
Quelques-unes de ces plantes possèdent des organes à bois secondaires
nuls ou peu marqués et formés d'éléments presque semblables. Dans ces
conditions, on ne saurait distinguer des couches concentriques; il en est
ainsi dans les rhizomes de diverses Renonculacées {Anémone nemorosa,
Isopyrum, Thalictrum, etc.), des Nymphaeacées (Nup/iar, Nymphœa), des
Primula officinalis et P. grandijlora ; de VHelleborus viridis, etc., comme
dans les tiges du Lathnva Clandestine/.
On trouve, dans les autres rhizomes des plantes herbacées vivaces, des
tissus secondaires ligneux formés d'éléments plus dissemblables; beaucoup
de ceux-ci, quoique âgés, n'ont pas de cernes bien marqués; la plupart des
rhizomes nettement tuberculeux sont dans ce cas (Circeea, Tussi/ago, Con-
volvulus, etc.); le plus souvent, on trouve des cernes concentriques plus ou
moins nets.
Mais si l'âge coïncide quelquefois avec le nombre de cernes (Lettcant/itt/tttin
lacustre, Spircea Ulmaria, etc.), le plus souvent il n'y a pas concordance, et, dans les
rhizomes qui dépassent une durée de 4 à 5 ans, le nombre des cernes est plus ou
moins inférieur au nombre des années pendant lesquelles a vécu la plante; cela
s'observe aussi bien chez les rhizomes à racines peu développées (Sapo/iaria o/Jici-
/talis, etc.) que chez des rhizomes fortement radicanls (Alchimilla et Kosacées
diverses) et dans des racines âgées. Quelquefois on observe des rhizomes reliant
pendant un nombre variable d'années les nouveaux pieds au pied mère. Des racines
adventives se développent près des nouvelles pousses et les nourrissent, mais le
drageon d'union ne reçoit plus de nourriture ou en reçoit exclusivement pour son
entretien; il ne forme plus de couches ligneuses, ce drageon étant alors à l'état de vie
ralentie, presque léthargique (Teucriti/n Scoroclonia, etc.).
Les tiges rampantes, plus ou moins radicantes, quand elles persistent
plusieurs années, sont encore un exemple remarquable des mêmes phé-
nomènes.
Tels sont divers végétaux des haies ou des bois qui poussent convenablement quand
la lumière est suffisante, mais qui se maintiennent à l'état léthargique à l'ombre
épaisse des bois pour pousser à nouveau quand ceux-ci sont coupés ( Viola canina et
Viola silvestris, Potentilla Fragariastrum, etc.); des plantes à tiges faibles et ram-
pantes {Saxifraga umbrosa, Oxycoccos palustris et Oxycoccos macrocarpus, etc.);
des plantes à stolons qui se marcottent en plusieurs années ( Vinca major et Vinca
minor, Hieracium Pilosella, etc.).
l556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Beaucoup de plantes grasses sont remarquables par la réduction de leurs
bois secondaires. Tantôt les cernes n'existent pas pour ainsi dire (Seilu/ti
divers); tantôt les tiges en présentent, niais alors il est rare d'observer la
concordance de leur nombre avec l'âge (Senecio scanc/ens). Le plus souvent
le nombre des couches est inférieur à l'âge; en outre, la structure est
quelquefois asymétrique et dorsiventrale chez diverses plantes grasses
cultivées dans nos serres (Crassuta, Euphorbia, Porlulaca, etc.).
Dans tous les végétaux précédents, le nombre des cernes est inférieur
à celui des années pendant lesquelles la plante a vécu. Mais on trouve des
cas où ce nombre est supérieur. C'est le cas de la racine de certaines plantes
acaules la première année (Verbascum divers) ou à tiges s'allongeant tar-
divement (Ma/va rotundifolia et Ma/va silvesliïs). Leur racine présente, à
sa première année, des séparations clans les bois secondaires telles qu'on
croirait être en présence d'une racine âgée de 4 à 5 années. Les plantes
remontantes donnent aussi des tiges avec des couches concentriques surnu-
méraires (Brassica Cheiranlhus, Tragopognon, Alonzoa, Helichrysum, etc.).
De ces faits on doit conclure qu'on ne peut pas toujours s'appuyer sur la
structure anatomique ligneuse de diverses Dicotylédones, même dans les
contrées tempérées, pour déterminer leur âge d'une façon exacte, car le
nombre de leurs cernes ou couches concentriques, quand il en existe, est
souvent inférieur et quelquefois supérieur au nombre d'années que la plante
a vécues.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. - Peuplement végétal de la Chaouïa, Maroc.
Note de M. C.-J. Pitard, présentée par le Prince Bonaparte.
Au cours de la mission au Maroc, dont la Société de Géographie nous a fait
l'honneurde nous charger, nous avons parcouru d'avril à juillet 1912 toute la
Chaouïa.
Cette immense région, d'une très grande richesse agricole, devait autre-
fois être recouverte dans sa partie sablonneuse septentrionale par des forêts
broussailleuses très denses de chênes-lièges et dans ses parties argileuses
centrale et méridionale par des steppes à palmiers nains.
Ces deux faciès, le second surtout, ont été profondément modifiés et
réduits par l'extension considérable des cultures, surtout des céréales.
Actuellement il nous est facile de reconnaître en Chaouïa trois zones de
SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1 557
végétation assez distinctes avec deux marges profondément différentes
formée par 1 es deux oueds frontières.
En effet, en pénétrant dans la Chaouïa depuis le rivage jusqu'aux champs
rocailleux du Tadla, nous rencontrons trois zones bien distinctes, parallèles
à la mer, la basse, la moyenne et la haute Chaouïa, que l'on peut facilement
étudier la première aux environs de Casablanca et de Bon Skoura, la
seconde dans la plaine de Ber Bechid, la troisième sur le plateau de Settat.
La basse Chaouïa présente une zone littorale de minime largeur, sablon-
neuse ou rocheuse, et une zone subliltorale ou sahel de 1 5km à 20km d'étendue,
toujours très sablonneuse. La zone littorale, représentée par des sables et
de petites dunes ou par des falaises rocheuses peu élevées, a une flore peu
variée et sans caractère bien spécial.
Le sahel, au contraire, riche en stations botaniques plus variées, nous
offre un tapis végétal plus intéressant. On y rencontre toutes les espèces
des décombres, des terrains vagues et des bords de chemins africains, de
nombreuses ségélales, auprès des dayas et des sources d'abondantes et
d'intéressantes hygrophiles, enfin dans la steppe sablonneuse à palmiers
nains un peuplement assez particulier. Toutes ces espèces, à affinités
méditerranéennes, sont assez généralement calcifuges par suite de la nature
très sablonneuse du sol, dû soit aux dépots pliocènes, aux grès décom-
posés ou au sable marin étalé par le vent.
La moyenne Chaouïa, avec la plaine de Ber Bechid, est caractérisée par
ses terres fortes, argilo-calcaires, l'extrême développement de ses moissons,
l'absence d'arbres quelconques. Elle est caractérisée surtout par Nigella
arvensis L. var. Cossoniana Bail, N. damascena L., Reseda tricuspis Coss.,
Silène tridentata Desf. , Eryngium Iriquelrum Vahl, Caucalis leplophylla L.,
Calendula maroccana Bail, Onopordon rnacracanthum Bail, Rhaponticum
acaule DC, Cenlaurea algeriensis Coss. et DB., C. diluta Ait., Sakia
argentea L., etc.
Enfin la haute Chaouïa, avec le plateau calcaire de Settat, s'élève
de 4oom à 75om d'altitude. Les vallées, toujours fertiles, sont remarquables
par leurs cultures et leurs moissons; les pentes sont plus arides, et la partie
supérieure du plateau offre une abondance extraordinaire de palmiers nains,
associés à des Labiées ligneuses {Nepela, l'hlomis, Ballota, Thymus,
Lavanduta, Teucrium, etc.) et à des Graminées (Slipa, Vulpia, Avena, etc.).
Puis, peu à peu, la végétation se raréfie; vers le Sud-Est, dès Dar Chafaï,
les champs deviennent de plus en plus pierreux, et la rive gauche de l'oued
Oum er Bbia, en Tadla, étale à perte de vue ses rocailles arides et desséchées
dès les derniers jours de mai.
1 558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les deux marges de la Chaouïa sont formées au Nord par la vallée
de l'oued Cherrat, au Sud par celle de l'oued Oum er Rbia.
La vallée de l'oued Cherrat, souvent très encaissée par les montagnes
voisines, est couverte d'une vaste forêt de chênes-lièges, parfois de thuyas,
malheureusement décimée par les indigènes pour la fabrication du charbon,
la récolte'des écorces tannantes, enfin pour l'installation de pâturages des-
tinés à assurer l'existence des troupeaux.
Bien que l'oued ne soit représenté pendant l'été que par un chapelet de
vasques remplies d'eau, la vallée demeure très humide et l'abondance des
hygrophiles qui l'habitent est particulièrement frappante pour cette lati-
tude. Signalons par exemple : Ranunculus spicatus Desf. , Géranium Rober-
lianum L., G. lucidum L., Radiula linoides Ginel., Elaline Alsinastrum L.,
E. campy/ospermaSeuh., Lavatera olbia L., Helosciadium inundatumlvoch,
Laurentia iJichéliiUC, Microcola Jiliformis L. et Hoffm., Cicendia pusilla
Gris., Myosotis sicula Guss., Orchis latifolia L., Serapias cordigera L.,
Gymnogramme leptophylla Desv., Marsilia slrigosa Willd., M. puhescens
Ten., I socles velala A. Br., etc.
Au contraire, la vallée de l'oued Oum er Rbia, bien que parfois profon-
dément encaissée, demeure très aride, malgré l'abondance des eaux que le
fleuve roule en toute saison. Sur ses bords immédiats on ne rencontre pas
d'hygrophyles, mais, au contraire, toute une série d'espèces très volontiers
désertiques. Nous remarquons un ensemble particulièrement xérophile qui
nous annonce l'approche de la région saharienne. On rencontre, pour la
première fois, à Mechra ben Abou par exemple : Carrichtera Veltœ DC.,
Eruca slenocarpa Boiss. et Reul., Fagonia cretica L., Erodium guttatum
L'Hér., Cladanihus arabicas Cass., Calendala œgyptiaca Pers., Salvia
œgyptiaca L., Planlago ovala Forsk., P. ample.vicaulis Cav., Schismus caly-
cinus Coss. et DR,, Pennùetum ciliare Link, Arislida adscensionish., etc.
Cette flore est donc essentiellement différente de celle de la vallée de l'oued
Cherrat.
De ces quelques observations, nous pouvons déduire que la Chaouïa
établit La transition entre le Maroc septentrional, à flore nettement médi-
terranéenne, et le Maroc méridional, saharien, probablement très xéro-
phyle. Sa situation géographique laissait prévoir cette conclusion. Cepen-
dant, très heureusement pour l'avenir de ses cultures, la Chaouïa se trouve
comprise presque en totalité dans la province botanique marocaine à
flore septentrionale, nettement méditerranéenne. Ce n'est que dans
l'extrême sud de la Chaouïa, à quelques kilomètres au nord de Mechra
ben Abou, que le sol devient plus aride. La limite atteinte par la végéta-
SÉANCE DU 19 MAI IÇ)l3. i55g
tion xérophile s'écarte peu de la vallée de l'Oum er Rbia, vers l'ouest de
ce poste, pour acquérir peut-être vers l'Est, au Tadla, une importance plus
grande, mais que nous ne pouvons actuellement préciser.
En résumé, dans aucune autre partie de l'Afrique du Nord, la flore
méditerranéenne n'atteint un aussi puissant développement et une marge
aussi méridionale.
MÉDECINE. — La galvanolhèrapie intensive à faible densité de courant.
Note de M. Himz, présentée par M. d'Arsonval.
Les applications du courant galvanique sur le corps humain sont actuel-
lement l'objet d'une technique spéciale bien définie adoptée par la grande
majorité des éleclrothérapeules. Les règles admises sont les suivantes :
Le courant continu, à une tension appropriée, généralement 60 volts, est amené à
deux électrodes servant de contacts avec les téguments du malade, de point d'entrée
et de sortie du (lux électrique. Ces électrodes sont formées d'une feuille de métal
mince, modelable, reposant sur une couche d'un corps ou tissu spongieux imbibé
d'eau simple ou de certaines solutions médicamenteuses (ionisation) dont l'épaisseur
est de tcm,5 en général. Très souvent, on remplace une des éleclrodes par un bain
d'eau dans lequel plongent les extrémités des membres. La surface des tampons
électrodes est variable selon les régions et les applications; toutefois, les plus grandes
surfaces couramment utilisées ne dépassent pas 5oocm! environ, mais elle est très
souvent moindre. Dans de telles conditions, l'intensité du courant peut être poussée
jusqu'à 5o ou 60 milliampères, très exceptionnellement jusqu'à 100 milliampères. De
telles applications sont très pénibles en raison des effets irritants pour la peau dus à
l'électrolyse et de la sensation de cuisson rapidement insupportable lorsque la densité
du courant par unité de surface s'accroît au delà de certaines limites. Elle ne peut
dépasser pratiquement o,5 ou 0,76 milliampère et c'est là un maximum rarement
toléré. Le sens du courant est l'objet de certaines règles : il doit suivre l'axe des nerfs
dans la direction soit centripète, soit centrifuge.
Cette technique brièvement exposée est devenue tout à fait classique;
c'est elle qui est appliquée dans tous les services d'électrothérapie ; elle est
décrite et précisée dans les traités spéciaux les plus récents, tous concordants
sur ce sujet. Elle peut être nommée galvanothérapie à forte densité et à
faible intensité de courant.
J'ai été amené à modifier cette manière de procéder. J'ai eu surtout
en vue le traitement des affections des nerfs, névralgies, et principalement
névrites qui, systématiquement recherchées par électrodiagnostic, se
montrent très nombreuses et causent des impotences variées, souvent des
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 20.) '99
l56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus graves. Leur guérison complète présente, en outre de la question
humanitaire, un intérêt tout spécial en raison des responsabilités mises en
jeu, spécialement à la suite des accidents du travail, survenus dans le milieu
civil ou militaire. Ces lésions sont curables par l'électrothérapie et, en
particulier, par la galvanolhérapie, à laquelle leur fréquence donne une
importance prépondérante dans les services de Physiothérapie.
Ayant installé et dirigé, pendant plus de cinq années, un important
service de Physiothérapie à l'hôpital militaire du I >ey, à Alger, et orga-
nisant actuellement un tel service à l'hôpital militaire d'instruction du
Val-de-Gràce, à Paris, j'ai été amené à instituer ma méthode en pratiquant
l'électrodiagnostic systématique de nombreux cas de névrite. J'ai ainsi
constaté que l'altération neuro-musculaire n'est jamais localisée, qu'elle est
essentiellement extensive; que les lésions, même celles qui ont un point de
départ nettement périphérique unilatéral, deviennent toujours bilatérales,
et que les centres nerveux, la moelle surtout, sont toujours intéressés.
Voici en quoi consiste cette méthode :
Les électrodes, en coton hydrophile enveloppé de gajj^, d'une épaisseur de 3cm
ou 4cm, ont la forme de larges bandes allongées. Leur longueur varie selon les applica-
tions; elle atteint facilement im,20 pour les membres inférieurs. Après avoir occupé
toute la longueur d'un membre, ces électrodes remontent largement le long de l'axe
spinal. Llles sont placées parallèlement par couples le long des membres ou de la
colonne vertébrale, reçoivent le courant par des bandes métalliques de longueur
appropriée et sont maintenues par une série de lacs. Les surfaces varient depuis 6oo ans, l'auteur a obtenu en règle formelle la guérison
complète vérifiée par électrodiagnostic, lorsque les malades ont pu consacrer
à leur traitement le temps nécessaire. Certaines myélites (en particulier
traumatiques ) ont même considérablement bénéficié du traitement.
En résumé, la galvanothérapie intensive à faible densité de courant cons-
titue un progrès réel dans une des branches les plus importantes de l'électro-
thérapie dont elle augmente l'efficacité, tout en étendant le champ de ses
applications.
biologie. -- Contribution à V étude île la biologie du Saumon.
Note de M. Louis Houi.k, présentée par M. Edmond Perricr.
J'ai eu l'occasion d'étudier, pendant ces dernières années, la biologie du
Saumon commun (Salmo salarh.) des rivières de la Bretagne. Mon attention
y fut attirée, tout d'abord, ainsi que j'y avais été convié par le Ministère
de l'Agriculture et par le déparlement du Finistère, sur la recherche des
moyens capables de remédier au dépeuplement progressif de ces cours
d'eau, et de préparer un repeuplement possible. Je me suis bientôt con-
vaincu, au cours de ce travail, que, si certains de ces moyens pouvaient
donner immédiatement des résultats efficaces, il était pourtant nécessaire,
afin d'obtenir une solution complète du problème, d'élucider toutes les
questions relatives à la biologie du Saumon, et notamment celles qui
concernent les passages de la mer en eau douce. J'ai donc entrepris ces
recherches, en commençant par une enquête préliminaire sur l'état des
individus pris au début de leur montée. J'ai pu procéder à cet examen,
grâce à l'aide obligeante que m'a prêtée M. Fatou, Inspecteur des Eaux et
Forêts à Lorient, qui m'a fait envoyer, par intervalles, depuis la fin de
l'automne dernier, un certain nombre de pièces capturées dans la rivière
l5Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'Ellé, auprès de Quimperlé. Je résume ici quelques-uns des principaux
résultats de mes investigations.
Ces exemplaires, au nombre de 10, ont été péchés aux dates ci-après : 5 décembre 191 2
(2 exemplaires), 18 décembre, 24 décembre (2 exemplaires), a5 janvier 1913, 6 févrieu
(2 exemplaires), 2/j février, 12 avril. Le plus pelit, de sexualilé mâle, mesurait om,52
de longueur; les deux plus grands, l'un mâle et l'autre femelle, mesuraient om, 82 et
om,83. Tous étaient matines, ayant achevé leur élaboration génitale. Les individus
mâles, au nombre de 5, ont été pris le 5 décembre, le 2:4 décembre et le 6 février; les
individus femelles, également au nombre de 5, ont été pris aux autres dates, et par
conséquent, dans la moyenne, de façon plus tardive. Le mâle de om,83 était hécaid;
les autres ne molliraient aucune trace de malformation maxillaire trop accentuée.
L'examen des écailles et de leurs lignes de croissance a donné d'impor-
tantes indications complémentaires. Sur les 10 individus, 3 seulement
montraient avec netteté que leurs phases d'alevinage en eau douce avaient
duré une seule année (2 mâles et 1 femelle); chez les 7 autres, elles accu-
saient deux années. La période de croissance en mer avait pris deux années
chez G individus (3 mâles et 3 femelles), et trois années chez les L\ autres.
La plupart n'offraient aucune éraillure marginale et venaient pondre en eau
douce pour la première fois. Seuls, !\ individus, dont 3 mâles, montraient
quelques irrégularités qui décelaient une interruption de croissance, et
peut-être une ponte ancienne. Il est à remarquer que le grand mâle bécard
de on,,83 ne présentait rien de tel, et qu'il est permis de présumer à son
égard qu'il accomplissait alors sa première montée.
Ces résultats, obtenus sur les Saumons qui fréquentent l'un des nombreux
petits fleuves côtiers de la Bretagne, s'accordent de près avec ceux que
mentionnent les auteurs récents, et notamment Dahl(iç)o5). Ils s'accordent
surtout avec ceux que Miss P.-C. Esdaile a signalés dernièrement (191 2),
après avoir étudié des Saumons pris dans la Vienne et la Creuse. Ces
derniers individus, au nombre de G, qui provenaient d'un grand bassin
hydrographique et non de bassins d'étendue restreinte, montraient cepen-
dant qu'ils effectuaient pour la première fois leur remonte reproductrice.
Les conditions d'âge, décelées par leurs écailles, rappelaient celles de leurs
similaires de la Bretagne. La durée des phases d'alevinage en eau douce
avait été d'une année pour 3 d'entre eux, et de deux années pour les 3 autres,
celle des phases de croissance en mer de trois années pour tous.
Les conclusions de ces recherches ont une extrême valeur au sujet de la
biologie des Saunions de nos pays, et de son application à la réglementation
des pêches, ainsi qu'au repeuplement tenté pour conserver et accroître dans
SÉANCE DU 19 MAI 10,13. l563
nos rivières une espèce aussi précieuse. Selon elles, les phases d'alevinage
en eau douce ne se bornent pas à quelques mois, contrairement à ce que
l'on admet trop souvent, mais s'étendent sur une ou deux années. La crois-
sance en mer prend, en ce qui la concerne, deux ou trois années complé-
mentaires; les jeunes alevins de descente ne reviennent qu'après ce délai
accompli. Les reproducteurs, ou du moins la majorité d'entre eux, n'accom-
plissent pas à plusieurs reprises, année par année, des remontes qui, ayant
la ponte pour objet, seraient suivies d'un retour à la mer destiné à préparer
une nouvelle montée; ils ne pondent, en réalité, qu'une -seule fois dans
leur existence et, sans doute, disparaissent ensuite.
J'ai l'intention de continuer ces études, afin de conclure après des consta-
tations encore plus nombreuses. Je compte, en surplus, rechercher les
influences qui, d'après les états variables du milieu aquatique, dirigent les
individus dans leurs déplacements, et les entraînent en plus grand nombre
vers certaines rivières plutôt que vers d'autres.
ZOOLOGIE. — Sur un cas de bourgeonnement latéral chez an Lombric
(Lumbricus herculeus Savignv). Note de M. L. Boudas, présentée par
M. Edmond Perrier.
Le bourgeonnement latéral ne se rencontre normalement, dans le groupe
des Annélides, que chez les Syllis (Syllis ramosa). Ch»z les Lombrics, les
ramifications caudales, quoique rares, sont plus fréquentes que les bifurca-
tions céphaliques. Quelques zoologistes, B. Benham, Breese, Collin,
Foster, Friend, Thomson, A. Michel etc. ont cité quelques exemples de
ramifications* postérieures dues, selon toute probabilité, à un phénomène
de régénération accidentel ou provoqué.
Le Lombric qui a servi à notre étude présentait un rameau caudal
gauche et affectait, dans son ensemble, la forme d'un À renversé.
La branche antérieure avait gcm, la postérieure droite 38mm et le rameau gauche.
dû au bourgeonnement, mesurait 27™™. La face dorsale présentait, au point
de bifurcation, une surface médiane lisse et sans trace de segmentation apparente.
Sur le côté droit du corps, les slriations font leur apparition vers les \ environ du
diamètre et sont d'autant plus régulières et plusapparentes qu'elles s'éloignent de la
région centrale. Du côté gauche, les slriations latérales sont également régulières,
parallèles, mais plus courtes que les précédentes. Ce n'est qu'à partir de celte zone
angulaire que la mélamérisation devient normale sur les deux branches postérieures.
A la face ventrale de la région qui a servi de point de dépari au bourgeonnement,
la segmentation est beaucoup plus régulière que dorsalemenl, et les sillons rappellent
l564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
assez bien la disposition que nous offrent les anneaux spirales au niveau d'une ramifi-
cation trachéenne.
Les organes internes avaient de même subi certaines modifica lions anato-
miqties que nous allons résumer succinctement.
Au point île bifurcation, l'intestin est large, aplati et affecte la forme d'une poche
triangulaire à parois dorsale et ventrale à peu près lisses. Sa cavité se continue, en
avant et en arrière, sans ligne de démarcation bien nette, avec celle de l'appareil
digestif. Elle se prolonge, de même, dans la branche intestinale latérale. Celte
dernière e^t marquée, à son origine, par un bourrelet annulaire interne. Le diamètre
de la branche du tube digestif du bourgeon est à peu près égal à celui de l'organe
normal antérieur. Sa cavité est irrégulière et contient une grande quantité de matières
excrémentitielles. L'anus est large dans les deux branches et limité par un puissant
sphincter.
Le système nerveux Au bourgeon latéral a un diamètre moitié moindre que celui
de la branche normale opposée. 11 est en rapport avec ce dernier par un double fila-
ment qui prend naissance dans un ganglion, en face de la double racine opposée. Ces
deux cordons parallèles qui rattachent la chaîne nerveuse du bourgeon latéral à celle
du prolongement normal du corps du Ver, n'ont pas de renflement ganglionnaire. Ils
ont donc la valeur morphologique de deux racines nerveuses. La chaîne émet, dans
la branche latérale gauche, des filets nerveux correspondant à chaque segment. Pour-
tant, les premiers ramuscules sont très courts, irréguliers et ne deviennent normaux
qu'à partir de la cinquième annulation. Les renflements ganglionnaires apparaissent
dans chaque métamère et émettent, de chaque côté, une paire de ramuscules nerveux.
Pourtant, vers l'extrémité postérieure, les ganglions deviennent plus allongés et
prennent une forme ov»le. Les cinq derniers sont nettement caractérisés, ainsi que les
divers rameaux qui partent de chacun d'eux. Quant au ganglion postérieur de la
chaîne, il est localisé sur le sphincter anal, tout près de l'orifice intestinal.
Le bourgeon latéral possédait également les principaux troncs vasculaires
qu'on rencontre normalement cbez les Lombrics. Nous avons constaté
l'existence et noté les particularités anatomiques des vaisseaux suivants :
i° Vaisseau dorsal, situé sur la ligne médiane de la face dorsale de l'in-
testin;
2° Vaisseau ventral, placé au-dessous du tube digestif, dans la cavité
générale;
3° Vaisseau sous-nervien, mince, grêle et peu apparent, appliqué contre
la face ventrale de la chaîne nerveuse.
Quant aux vaisseaux nerviens latéraux, ils sont dans un état d'atrophie
manifeste. Tous ces canaux proviennent de ramifications directes de leurs
congénères delà branche normale du Ver; le tronçon de raccord est seul un
peu plus étroit que le reste de chaque conduit.
SÉANCE DU 19 MAI I9l3. 1 565
ZOOLOGIE. — Sur fa reproduction de la Sardine algérienne. Note
de M. il. Bouxhiol, présentée par M. Daslre.
Les recherches biologiques concernant les poissons pélagiques sont
longues. Sept années consacrées à ces recherches sur les côtes de l'Algérie,
encore loin d'être terminées, m'ont fourni cependant quelques résultais
intéressants.
A. Période générale de ponte ; sa durée annuelle. - De 1907 à 1913, je
n'ai jamais observé d'animaux mûrs génitalement pendant les mois de
juin, juillet, août, septembre, octobre. Une seule fois, en 1910, j'ai trouvé
•2. à 3 pour 100 d'individus mûrs en mai. La période annuelle de la ponte
est délimitée très nettement par la proportion d'individus complètement
mûrs, trouvée dans les prélèvements régulièrement faits, deux fois par
semaine, sur les pèches des principaux centres maritimes, d'Oran à
La Calle.
Pour 100.
1907. 1908. 191)9. 1910. 1911. 1912.
Novembre.... it 6 à 7 12 i5 01 21
Décembre .... 45 3g 80 72 87 78
Janvier » 60 62 87 90 82
Février » 78 71 70 78 79
Mars » 56 4° 43 3g 32
Avril » i4 9 à 11 21 i3 4 à 5
Ces chiffres, établis par l'observation de plusieurs milliers de sardines,
concernent surtout l'ouest et le centre de l'Algérie. La région orientale,
principalement le golfe de Bougie, présente un retard manifeste, de
i5 jours à 1 mois, sur cette répartition. Le maximum du nombre des
pontes s'y observe généralement vers la fin de février et la proportion, rela-
tive au mois d'avril, y est un peu plus élevée. La reproduction ne s'y
continue pas cependant, sauf des cas isolés et rarissimes, en mai.
Deux facteurs m'ont paru déterminer périodiquement l'activité des
glandes générales :
i° La thermalité du milieu;
20 L'appauvrissement relatif du plankton côtier superficiel, à la suite
des premières pluies orageuses dç l'automne et de l'hiver algériens.
lT>66 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Les sardines, très adipeuses de mai à octobre, maigrissent énormément,
même les jeunes, de novembre à avril.
Je me réserve de développer et de préciser un peu plus tard, le rôle
capital de ces facteurs.
B. Durée individuelle de la maturation génitale. — Le début de l'activité
génitale se manifeste, au microscope, par une modification très nette du
parenchyme ovarien. Au repos, celui-ci est constitué par des franges épithé-
liales dont les cellules sont toutes transparentes, polyédriques, à gros noyau
réfringent. Depuis l'apparition du premier bourrelet péritonéal ovarien
chez le tout jeune individu de 7 à 8 mois, la glande grossit, sans modifi-
cations histologiques. Elle débute dorsalement, de chaque côté de l'axe
squelettique, par une sorte d'épaississement •péritonéal linéaire. Elle
acquiert ensuite une forme variable, remplissant, peu à peu, dans le sens
longitudinal comme dans le sens transversal, l'espace laissé libre entre la
paroi du corps et le tube digestif. .l'ai constaté une dissymétrie constante
de l'appareil ovarien ou testiculaire, la glande du côté gauche de l'animal
prenant toujours un développement beaucoup plus grand que celle du côté
droit. Toutes mes mesures anatomiques et histologiques ont été prises,
pour chaque animal, sur sa glande gauche.
Au moment où commence la germination des ovules, les plus gros éléments de
l'épi ihélium ovarien ont omm,o3 à om,",4 de diamètre moyen. Parmi ces éléments,
entièrement transparents, apparaissent alors rapidement d'autres éléments, encore
polyédriques, un peu plus gros, jaunissants, dont le proloplasma devient de plus en
plus granuleux. Un peu plus tard, grossissant et s'arrondissanl, les ovules foncent et
s'opacifient, tandis que de nouvelles cellules jeunes commencent, à leur tour, la même
évolution.
La proportion de petites cellule^ transparentes parmi les amas et les chapelets
d'ovules en germination d'une pari, la dimension des plus gros de ces mêmes ovules
d'autre part, indiquent, à chaque instant, le stade de la maturation générale de la
glande. Les plus gros ovules arrivent ainsi à acquérir omm,5 à omm,8en trois mois
environ. L'examen patient de milliers d'ovaires m'a révélé, avec une grande con-
stance chaque année, l'existence de cet intervalle entre l'apparition des premiers élé-
ments granuleux de o",m,o."> et celle des premiers ovules opaques de omm,8 à espace
périvitellin très net.
A partir de ce stade, l'évolution se précipite. Les ovules s'arrondissent de plus en
plus. Le proloplasma s'éclaircit en même temps que plusieurs petites gouttelettes
huileuses apparaissent. Ces gouttelettes se fusionnent un peu plus tard en une seule,
plus grosse. Le noyau n'est plus visible parmi les granulations vitellines translucides,
l'espace périvitellin reste toujours très net et l'ovule est subsphérique. Il a alors, dans
SÉANCE DU 19 MAI IÇ)l3. 1 56j
l'ovule mùr, avant la fécondation i"'ra,i à im"'.'2 de diamètre. Cette dernière partie de
l'évolution ovulaire s'accomplit en quelques jours.
Après la ponte et la fécondation, l'œuf, rigoureusement sphérique, très transparent,
possède une gouttelette huileuse unique de omm, 18 et atteint imm,3de diamètre.
La ponte est progressive. Un ovaire met 8 à 10 jours à se vider. Il reste plat et
flasque pendant a à 3 semaines, présentant encore, dans son parenchyme lâche,
quelques éléments ovulaires de <>""", 06 à omm, i5. Ces éléments attardés achèvent-ils
leur évolution individuelle ou se résorbent-ils? 11 m'a été impossible de m'en assurer.
Toujours est-il qu'au bout de ce temps l'épilhélium est redevenu entièrement trans-
parent, à cellules polyédriques dont les plus grandes ne dépassent jamais omm,3 de
diamètre moyen. La glande s'est contractée; sa vascularisation, qui était très riche
pendant la germination ovulaire, s'est réduite considérablement. Jusqu'à l'automne
suivant, vers la fin de septembre ou le commencement d'octobre, c'est le repos génital
complet, qui s'accompagne généralement d'une adiposité marquée.
Je me suis efforcé de confirmer les résultais qui précèdent par l'examen
de pêches pélagiques aussi nombreuses que possible. J'ai trouvé dans ces
pèches des œufs fécondés de sardine dont la plus grande abondance se
manifestait du i5 décembre au i5 février. Mais l'insuffisance de mon outil-
lage d'une part, les empêchements dus aux intempéries d'autre part, ne
m'ont pas permis de donner à celte partie de mes recherches toute l'ampleur
et la régularité que j'eusse souhaitées. J'ai pu acquérir cependant la con-
viction que l'œuf fécondé de sardine, s'il est flottant et surnageant à
l'origine, ne larde pas à s'équilibrer entre deux eaux, où s'accomplit,
certainement, la plus grande partie du développement embryonnaire.
MICROBIOLOGIE. — Recherches sur la flore intestinale. Sur l'action pathogène
d'une association microbienne : Proteus vulgaris et Bacillus aminophilus
intestinalis. Note de M. Albekt Iîekthulot, présentée par M E. Roux.
Dans les éludes snr la flore intestinale, il est indispensable de ne pas s'en
tenir au rôle individuel des diverses espèces microbiennes, et il faut éga-
lement considérer les nombreuses symbioses qu'elles permettent de réaliser.
Bien que l'évidence de cette proposition soit indiscutable, il ne me paraît
pas inutile d'en donner comme preuve les faits que je viens d'observer au
cours de mes recherches sur le Proteus vulgaris et le Bacillus aminophilus
intestinalis (' ).
Après avoir étudié isolément ces deux microbes, je les ai associés et j'ai
(') Les considérations théoriques qui m'ont guidé et le détail de mes expériences
seront exposés dans un autre Recueil.
G. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 20.) 200
l568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'abord examiné in vilro les propriétés de leur symbiose. Si je m'en étais
tenu aux résultats de ces premières expériences, j'aurais dû attribuer au
Bacillus aminophilus une action empêchante, à l'égard du Proleus, et le
considérer par conséquent comme un microbe bienfaisant; mais, en expé-
rimentant in vivo, j'ai pu rapidement me convaincre de l'inexactitude de
ces conclusions.
En effet, si l'on nourrit de gros rats blancs exclusivement avec du lait
stérilisé, partiellement coagulé par la présure, et qu'avec cet unique aliment
on administre chaque jour, à certains d'entre eux, une quantité de Pro-
leus (') ou de B. aminophilus correspondant à une demi-culture sur gélose,
à d'autres la quantité équivalente d'un mélange à parties égales des deux
microbes, on peut faire une série de constatations assez intéressantes et
dont voici les principales :
i° Le Proleus seul, même à ces fortes doses, est sans influence apparente
sur les rats, ce qui n'est guère étonnant d'ailleurs puisque ce microbe est
l'hôte habituel de leur intestin; 2° la plupart des animaux qui ne reçoivent
que du B. aminophilus n'en souffrent pas et se maintiennent à peu près
à leur poids primitif; cependant quelques-uns d'entre eux, et ce sont tou-
jours les plus jeunes, succombent après un délai de 8 à io jours; 3° tous
les rats qui absorbent à la fois les deux microbes présentent, au bout de
G à 8 jours, une diarrhée très accentuée; les matières qu'ils expulsent sont
riches en mucus filant et très acides. Ces animaux maigrissent rapidement
et presque tous finissent par succomber du dixième au vingtième jour;
4° si l'on donne à des rats du lait auquel on ajoute une assez forte propor-
tion de caséine sèche ou, mieux encore, si l'on augmente la dose journa-
lière du mélange de microbes, on observe que les animaux meurent très
vite, en 4 à 8 jours. La phase de diarrhée muqueuse et acide est alors extrê-
mement réduite et la mort est déterminée par une entérite aiguë à forme
hémorragique.
En un mot, si l'on soumet des rats au régime lacté exclusif et à l'inges-
tion répétée d'un mélange de Proteus vulgaris et de Bacillus aminophilus
intestinalis, on provoque chez eux une entérite qui peut revêtir soit une
forme subaiguë caractérisée par une diarrhée muqueuse et acide, soit une
forme aiguë hémorragique rapidement mortelle.
(') Je" dois le Proleus vulgaris que j'ai utilisé à la bienveillance de M. Metchnikoff
qui l'a isolé des matières fécales d'un nourrisson atteint d'une gastro-entérite mortelle;
ces matières étaient acides et contenaient un microbe du groupe Lactis aerogenes.
séance du 19 mai 1913. 1 56g
D'autre part, j'ai constate- que, si Ton supprime le lait et les microbes à
des rats ayant une diarrhée très légère depuis 1 ou 2 jours et si on leur
donne leur alimentation habituelle (carottes, pain et blé), la plupart sur-
vivent; mais, sans modifier le régime, il est possible d'obtenir plus certai-
nement la guérison en injectant à trois reprises, sous la peau des animaux,
des doses croissantes et convenablement choisies d'un vaccin préparé avec
un mélange des deux microbes tués par l'éther. Si l'on a soin d'inter-
venir, pour la première fois, au plus tard le deuxième jour après le début
d'une diarrhée légère, les animaux se rétablissent complètement tout en
continuant à absorber du lait, du Proteus et du B. aminophilus. J'ai con-
servé, pendant 2 mois, des rats ainsi traités, alors que les dix animaux
d'un lot témoin étaient tous morts avant le vingtième jour.
Cet effet curatif du vaccin ne se manifeste pas dans la forme aiguë ou
lorsqu'on intervient trop tard dans la forme simplement diarrhéique; tou-
tefois, un certain nombre des rats traités succombent i5 à 25 jours plus
tard que les témoins. Enfin, si l'on traite préventivement des rats par trois
injections du même vaccin mixte, on peut, [\ jours après la dernière
injection, les soumettre impunément au régime qui donne à coup sûr l'en-
térite muqueuse et qui fait mourir les animaux témoins dans un délai
variantde 10 à 2ojours. J'ai prolongé, pendant 2 mois, une expérience por-
tant sur des rats vaccinés de cette façon; leur état général m'a toujours paru
excellent et leurs matières n'ont pas cessé de présenter leur aspect normal.
Les faits que je viens d'exposer montrent combien il est utile d'étudier
inintroel in vivo l'action symbiotique des microbes intestinaux; mais à
d'autres points de vue il est également possible d'en tirer quelques con-
clusions qui me semblent intéressantes et que je tiens à signaler.
Les recherches de M. Metchnikoff (' ) ont montré que le Proteus joue un
rôle très important dans l'étiologie des gastro-entérites aiguës des nour-
rissons; or, au cours de ces entérites, la flore intestinale renferme très
fréquemment, à côté du Proteus, une forte proportion de microbes voisins
du B. aminophilus (groupe de B. laetis aerogenes). On sait d'autre part que
dans ces affections, qui présentent des formes aiguës et subaiguës, les
matières sont souvent riches en mucus et très acides; on connaît également
la nocivité du lait au cours de certaines diarrhées et l'influence favorable de
la suppression de cet aliment.
(') E. Metchnikoff, Recherches sur les diarrhées des nourrissons (Bull. Acad.
de Médecine, 23 novembre 1909).
l570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Comme on le voit certaines gastro-entérites des nourrissons présentent
quelques analogies avec l'affection intestinale que détermine, chez le rat,
le régime lacté exclusif et l'infection mixte du tube digestif par le Proteus
et le B. aminophilus inteslinalis . Je me trouve donc conduit à rechercher
si ces formes d'entérites ne sont pas déterminées, elles aussi, par la sym-
biose du Proteus avec le B. am.inoph.ilus ou une espèce voisine et s'il ne
serait pas possible d'y trouver une application de ce que j'ai observé sur
l'action préventive et curative des injections vaccinantes.
MICROBIOLOGIE. -- Sur les microzyma cretœ. Note de M. G. Béchamp,
présentée par M. Henneguy.
Dans une récente Communication à l'Académie des Sciences, présentée
dans la séance du \l\ avril i<)i3 ('), M. Raphaël Dubois décrit de nouveau
les microzyma cretœ dont l'étude a été faite d'une façon très complète par
mon grand'père A. Béchamp.
Ces microzyma cretœ, parfaitement décrits morphologiquement, étudiés
au point de vue de leur composition chimique, de leur action comme fer-
ments et de leur origine, reproduits expérimentalement par A. Béchamp,
ont été l'objet de diverses Notes de sa part (-). Il en est également longue-
ment question dans son Ouvrage les Microzymas.
Or, dans la récente Communication de M. II. Dubois, A. Béchamp est
bien cité comme ayant reconnu l'absence de microzyma dans le carbonate
de chaux précipité; mais on pourrait croire que c'est M. R. Dubois lui-
même qui vient de les signaler, le premier, dans la craie. Suit une des-
cription du mode opératoire (en petits caractères), calquée sur celle de
Béchamp (;1 ), sauf une tentative de coloration qui n'a rien donné.
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. — Myocardite èpizootique du mouton. Note
de M. J. Lesage, présentée par M. A. Laveran.
Nous désignons sous ce nom une maladie à caractère infectieux, qui a
sévi, au commencement de l'année 1913, sur plusieurs troupeaux de mour
(') Comptes rendus, t. 156, p. 1170.
(2) Comptes rendus, t. 63, p. t\bi ; l. 70, p. 91 4 ; t. 1k, P- 629.
(3) Comptes rendus, l. 63, p. (\T> i.
SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1671
tons, croisés southdown, du département de la Côte-d'Or, causant une
grande mortalité.
Dans l'un des troupeaux, la maladie, apparue fin janvier, a fait dispa-
raître en moins de 3 mois Go agneaux de l'année, sur i3o composant l'ef-
fectif. Les mères brebis allaitant les agneaux malades n'ont pas contracté
l'affection. Par contre, le bélier, père de ces agneaux, a été atteint, et l'on
peut l'accuser d'être la cause de la maladie des produits. Cet animal, âgé
de 0 ans, introduit dans l'exploitalion l'année précédente, a en effet tou-
jours fait preuve d'un état général mauvais et a présenté, à différentes
reprises, une éruption vésiculeuse des lèvres, de l'oedème de la région sous-
glossienne, du larmoiement et des signes évidents de faiblesse. Sacrifié, au
cours de l'épizootie, il montra, à l'autopsie, les mêmes lésions que les
agneaux.
Des symptômes très apparents s'observent au cours de la maladie des
agneaux : une stomatite ulcéro-membraneuse et des troubles de la locomor
tion. L'un et l'autre de ces symptômes peuvent faire défaut, mais il est une
lésion qu'on retrouve d'une façon constante à l'autopsie, c'est l'inflamma-
tion dégénérative du muscle cardiaque.
La constance de cette lésion justifie la désignation que nous employons,
jusqu'à ce qu'on soit définitivement fixé sur le rôle étiologique des pro-
tozoaires que nous avons mis en évidence et que nous décrirons d'une
manière sommaire.
La stomatite ulcéreuse, qui précède généralement les troubles locomoteurs, se
confond dans sa symplomatologie avec l'affection désignée communément sous les
noms de brouton ou de muguet des agneaux, et dont le microbe n'a pas encore été
découvert. C'est une inflammation ulcéralive de la muqueuse buccale, avec produc-
tion d'un dépôt pultacé blanchâtre. Les lésions initiales sont de petites vésicules
parfaitement rondes, de 2mm à 3mm de diamètre, isolées ou confluentes.
Les troubles de la locomotion consistent en une sorte de parésie qui oblige les
animaux malades, après quelques pas de marche, à se coucher et les met dans l'im-
possibilité de se relever par leurs propres moyens. Les agneaux ainsi cloués au spl
ne manifestent aucune douleur aiguë; ils bêlent pour appeler leurs mères et, si on les
aide à se soulever, ils tettenl et mangent avec appétit. Ils ont tous de la constipation.
Dans les cas à marche rapide, la mort arrive en 2 ou 3 jours; dans d'autres, seule-
ment au bout d'un mois ou deux, avec rechutes. Enfui, il est des cas où elle se produit
subitement chez des animaux qu'on croyait complètement guéris.
A l'autopsie, le foie est, dans nombre de cas, hypertrophié et décoloré; la rate et les
autres organes, sauf le cœur, ont une apparence normale.
L'altération du cœur ne porte ni sur le péricarde, ni sur la sérosité péricardique,
mais le myocarde est invariablement le siège d'importantes lésions de dégénérescence.
l572 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Déjà, sur sa face externe, le muscle cardiaque présente un aspect tacheté, particuliè-
rement à la pointe de l'organe et au voisinage des artères coronaires. Les taches sont
de couleur jaunâtre et contrastent avec des zones noirâtres hémorragiques; elles sont
ponctiformes ou étendues et distribuées irrégulièrement sur une surface de quelques
centimètres. Sur une coupe macroscopique de la paroi du cœur, on se rend compte
que ces taches correspondent à des îlots jaunâtres intéressant le quart et même le
tiers de l'épaisseur de la paroi. La pointe du cteur est souvent très amincie et comme
rongée intérieurement.
A l'intérieur, les valvules auriculo-ventriculaires et sigmoïdes sont fortement
œdématiées et de couleur rouge vif; les taches de dégénérescence sont plus nom-
breuses et plus étendues. A leur niveau, l'endocarde est détruit.
Examinées à un fort grossissement, les coupes microscopiques du myocarde per-
mettent de constater que la fibre cardiaque en voie de dégénérescence s'hypertrophie,
puis perd sa striation transversale, en même temps que la plupart de ses noyaux se
segmentent par division directe. Ces noyaux, simples ou divisés, s'entourent alors,
aux dépens de la fibre elle-même, d'une substance transparente qui est le produit de
la dégénérescence.
C'est donc, en réalité, un processus de résorption plutôt qu'un processus réellement
inflammatoire qu'il est donné d'observer.
L'ensemencement du sang, même en grande quantité, de la pulpe de foie
et de rate, et aussi de la substance de dégénérescence du comr, dans les
milieux ordinaires, ne donne aucune culture microbienne.
Par contre, les frottis des lésions buccales et du parencbyme hépatique
nous ont permis de mettre en évidence deux protozoaires intéressants.
Le premier est un Spirochèle, qui se rencontre dans les lésions de stoma-
tite ulcéro-membraneuse de tous les animaux malades; le second est un
Flagellé, qui existe dans le foie hypertrophié.
Sans préjuger des relations qui peuvent être établies entre ces deux
germes et sans pouvoir affirmer encore qu'ils sont bien les véritables agents
de la maladie, nous les caractérisons ainsi qu'il suit :
Le Spirocbète de la stomatite ulcéreuse du mouton se présente sous la
forme de longs filaments ondulés, très minces, effilés aux extrémités et for-
mant une spirale dont la longueur varie de i2,x à 3o^, avec une épaisseur
de 0^,5 à o^, 10. Le nombre ordinaire des tours de spire est de 3 à l\ pour
les éléments les plus communs, de 1 VJ de longueur; il est de 8 à io pour les
éléments plus longs et en voie de division. Ce spirille prend difficilement la
couleur et reste très pâle dans les préparations faites par le procédé de
Giemsa.
Le Flagellé du foie hypertrophié doit être rapproché du parasite décrit
en 1881 par Rivolta sous le nom de Monocercomonas /ie/>atica et découvert
SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. ID73
dans le foie des pigeonneaux. Il se colore facilement par le Giemsa; il est
dépourvu de membrane ondulante. Certains de ses éléments sont fusiformes
et munis de deux flagellums situés aux deux extrémités du corps protoplas-
mique. D'autres sont de forme ronde et sans prolongements. Les éléments
fusiformes ont une longueur de 2^ à 4^) sans compter les flagelles qui ont
chacun 3^ à ^ de long; leur protoplasma est granuleux et le noyau diffus.
Les éléments ronds ont à peu près les dimensions des hématies; leurs noyaux
sont mieux dessinés et forment des figures variables. Ces éléments ronds
sont souvent en amas comparables à ceux qu'on a décrits, à propos du
trypanosome du rat, sous le nom de pseudoleucocyles.
chimie biologique. — Comparaison des diaslases hydrolysantes du latex de
Maclura aurantiaca avec celles de Ficus Çarica et de Broussonetia papyV
ri fera. Note de M. C Gekbek, présentée par M. L. Guignard.
a. Lipodiastase. — L'activité Hpolytique du latex de Maclura est ■;,,"> fois
plus forte que celle du Figuier et i,5 fois moins forte que celle du Mûrier à
papier. Moins thermolabile que celle de Ficus Car ica, la lipase de Maclura
l'est plus que celle de Broussonetia. Pour détruire presque complètement
ces trois diastases, il faut en effel chauffer les latex 3o minutes à(io" (Ficus),
à 65° (Mac/ara), à j5° ( Broussonetia •). Comme celle de Broussonetia, la
lipase de Maclura n'est qu'un peu plus active en milieu acide qu'en milieu
neutre, alors que celle de Ficus l'est beaucoup plus (rapport des pouvoirs
protéolyliques, à l'optimum d'acidité et en absence de cet élcctrolyte :
Broussonetia 1 , 1 j ; Maclura 1,20; Ficus 3).
b. Amylase. — Le pouvoir amyloly tique du latex de Maclura est environ
5 fois plus fort que celui du Figuier et i5 fois plus faible que celui de Brous-
sonetia. Moins thermolabile que la lipase correspondante, l'amylase de
Maclura est, de toutes celles du latex, la plus thermostabile. Il faut, en
effet, 10 minutes à 8o° et 5 minutes à 85° (Maclura), 5 minutes à 8o°
(Broussonetia), 2 minutes à 700 (Ficus) pour faire disparaître tout pouvoir
amylolytique. Comme pour toutes les amylases végétales et animales, la
neutralité et même une légère acidité au méthylorange constitue la condi-
tion de milieu la plus favorable à la saccharification de l'empois d'amidon
par celle de Maclura. Enfin, de même que pour les amylases des latex de
Figuier et de Broussonetia, les halogènes, les sels d'argent, de zinc, de cad-
l574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mium, de cuivre, de mercure, d1or, de platine, elc, el l'eau oxygénée
agissent défavorablement sur la saccharification de l'empois d'amidon par
l'amylase de Maclura. C'est ainsi que : i° dans le cas de HgCl2, il suffit
de 0,002 mol-mg (Maclura, Figuier) et de 0,0 iG mol-mg (Broussonetia)
par litre d'empois pour empêcher toute formation de maltose; 2" dans celui
de l'iode, il faut o, 5 mol-mg (Figuier), 1 mol-mg (Broussonetia) et 4 mol-mg
(Maclura) pour atteindre le même résultat; 3° dans celui de l'eau oxygénée
qui, ainsi que nous l'avons établi autrefois, hydrolyse, à doses moyennes,
l'amidon en maltose, il faut o""', 62 (Figuier), icm" (Maclura) et 32cm° (Brous-
sonetia) de perhydrol Merck à iooTo1 pour rendre deux fois moins active la
saccharification diastasique.
c. Ferment protéoly tique. — L'activité protéoly tique du latex de Maclura,
mesurée d'après son action coagulante sur le lait, est à peu près 4 fois plus
forte que celle de Broussonetia et 2j fois moins forte que celle de Ficus.
Gomme la présure de Broussonetia, celle de Maclura coagule mieux le lait
cru que le lait bouilli et s'oppose ainsi à celle du Figuier qui coagule mieux
le second liquide que le premier. Aussi thermolabile que celle du Figuier,
la présure de Maclura est bien moins thermoslabile que celle de Brousso-
netia. Pour détruire ces trois diastases, il suffit en effet de ro minutes à 8o°
dans le cas du Figuier et de Maclura, alors qu'il faut le même temps à 95°
dans celui de Broussonetia. Enfin les halogènes, les sels d'argent, de zinc,
de cadmium, de cuivre, de mercure, de platine, etc., et l'eau oxygénée qui
sont de puissants retardateurs de la caséification par le latex de Figuier,
agissent comme favorisants ou sont sans action sur la coagulation du lait
par le latex de Maclura, qui ressemble ainsi au latex de Broussonetia. C'est
ainsi que : 1" l\ mol-mg d'iode par litre de lait ont provoqué sa coagulation
en i4 minutes (Maclura) et en 9 minutes (Broussonetia), par une dose de
ces deux latex incapable par elle seule d'agir sur ce liquide et ont rendu
cette caséification impossible, par une dose de latex de Figuier qui coagule
le lait bouilli pur en 2 minutes i5 secondes; 20 o,32 mol-mg HgCF ont fait
passer le temps de coagulation du lait bouilli sensibilisé de 7 minutes 3o se-
condes à 6 minutes i5 secondés (Maclura), de 8 minutes i5 secondes à
7 minutes 20 secondes (Broussonetia) et de 3 minutes 20 secondes à un
nombre de minutes supérieur à i44 ! (Figuier); 3° oc",a, iG de perhydrol
par litre de lait bouilli sensibilisé n'ont aucunement modifié la durée de la
coagulation de ce liquide par les latex de Maclura (7 minutes 3o secondes)
et de Broussonetia (5 minutes i5 secondes) alors qu'elle s'élevait de G mi-
nutes à plus de i44° ûlinutes dans le cas du Figuier.
SÉANCE DU 19 MAI 10,13. 1675
d. L'activité diastasique du latex de Maclura passe, comme celle de
Broussonetia, par un maximum, au moment de la poussée des feuilles (avril)
et par un minimum en hiver, après leur chute. Néanmoins, l'écart entre les
activités maximum et minimum est beaucoup plus fort et le maximum est
déplacé vers mars chez Broussonetia, par suite de l'abondante et hâtive
apparition des chatons qui précède chez cet arbre la poussée des feuilles.
Nous sommes loin ici de la courbe sinusoïdale des activités diastasiques du
latex de Figuier, avec ses deux maxima correspondant aux poussées des
Figues fleurs et des Figues d'automne et ses deux minima, l'un estival,
entre les deux poussées de Figues, l'autre hivernal, après la chute des
feuilles.
En résumé, le latex de Maclura aurantiaca mérite, comme ceux de Brous-
sonetia papyrifera et de Ficus Carica, le nom de « suc pancréatique végétal ».
Ainsi qu'eux, en effet, et de même que le suc pancréatique animal, il hydro-
lyse et solubilise les hydrates de carbone, les corps gras et les substances pro-
téiques et joue, par suite, un rôle de premier ordre dans la nutrition de la
plante. Il doit ces remarquables propriétés à l'existence de diastases dont les
caractères, intermédiaires à ceux des diastases de Broussonetia et de Ficus,
placent ce suc propre entre les deux précédents, plus près du premier que du
second.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Valeur et variation de la température profonde du
glacier, au mont Blanc. Note de M. J. Vallot, présentée par le Prince
Bonaparte.
La valeur et la variation de la température en profondeur des glaciers
d'altitude élevée sont à peu près inconnues. J'ai entrepris, à l'Observatoire
du mont Blanc, une série d'études destinées à recueillir des données sur ce
sujet.
En 1898. onze thermomètres ont été enfoncés dans la neige à des profondeurs
variant entre icm et 70cm. Ils ont été observés à intervalles réguliers, mais pen-
dant 24 heures seulement, le vent les ayant brisés. En 1900, une seule détermi-
nation a été faite aux diverses profondeurs. En 191 1, sept thermomètres ont été
installés de même et observés pendant 4 jours. Ces expériences ont été faites sur
le glacier, dans le voisinage de l'Observatoire; celles de 1898 et de 1900 à 4357m et
celles de 191 1 à 424om d'altitude. Des nombreux chiffres recueillis j'extrais seulement
les plus saillants.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 20.) 2GI
iB'jG ACADÉMIE DES SCIENCES.
La température de la neige subit une variation diurne parfois considé-
rable près de la surface, et qui s'affaiblit rapidement lorsque la profondeur
augmente.
Profondeur. Amplitude maxima observée,
cm o
i i3
10 8
25 5
45 2
70 o,3
-.cm
La variation diurne devient nulle au-dessous de 70e
Il est intéressant de connaître la température maxima de chaque journée
à cette profondeur.
Neige. Air.
Température Température
à 70™. maxima.
o o
22 juillet 1898 — 7,5 + 0,8
19 adûl 1900 — 6,4 — 2,5
3iaoùtign 0,0 +5,8
Les chiffres sont très différents selon l'état météorologique général de la
saison. En 1898 et en 1900, la saison était moyenne et la température, à
70e"1, était de — 6° à — 70. En 191 1, la saison a été exceptionnellement
chaude, comme le montre la température de l'air, et le glacier s'est échauffé
d'une manière exceptionnelle.
Le Tableau suivant permet de suivre, en profondeur, la température de
la neige au milieu du jour.
22 juillet 19 août 1er septembre
1898. 1900. 1911.
O 0 o
Profondeur 2cm — o,3 o,o o,o
» 25L'm — 7,1 — 2,8 — 0,9
» 7ocm — 7,5 —6,4 —o,4
Le 1e1' septembre 1911, la température profonde était encore influencée
par les journées très chaudes qui avaient précédé.
En résumé, la variation diurne ne dépasse pas im de profondeur et la
température de zéro n'atteint cette profondeur que dans des cas tout à fait
exceptionnels.
Dans le but d'étudier la température du glacier jusqu'à une grande
profondeur, j'ai entrepris, en 1900, de faire creuser un puits vertical pour
mesurer les températures. Ce puits, dont la section était de 21" sur im, a été
foncé auprès de l'Observatoire, à 4357m. Le travail a été arrêté à une
séance du 19 mai igi3. 1077
profondeur de 4n\t)o par la rencontre d'une couche de glace provenant
d'infiltrations du rocher voisin, l'expérience exigeant un névé homogène
et sans fusions parasites.
En 191 1, le travail a été repris, au col du Dôme, à 424°m d'altitude,
et le foncage du puits a pu être mené jusqu'à i5m de profondeur.
Voici le résumé des résultats de ces deux expériences : ■
Température.
Profondeur. Premier puits. Deuxième puits.
m 00
1 — 6,3 — 0,1
2 — 9>> — 0,8
4 — >'.9 — 7.3
6 » — 12,0
8 » — 12,6
10 » — 1 3 , 2
12 » —12,9
i5 » — 12,8
On remarquera que le deuxième puits, creusé au cours de l'été si chaud
de 1911, présente près de la surface des températures exceptionnellement
élevées, mais pourtant inférieures à zéro.
La température descend rapidement, à mesure que la profondeur aug-
mente; mais, à partir de 7m,5o, elle devient tout d'un coup stationnaire.
C'est qu'on est arrivé à la couche que ne dépasse pas la variation annuelle
causée par les saisons. Si l'on construit les courbes graphiques représentant
la température des deux puits, on voit que la courbe du premier, légère-
ment prolongée, atteint celle du second vers 6m,5o. L'influence de l'été est
donc limitée à cette profondeur.
La mesure du grain du glacier montre qu'il passe graduellement de
omm,5 à imm,2. Il peut donc s'accroître sans fusion, puisque la température
est toujours au-dessous de zéro, et une solution d'aniline montre qu'il est
imperméable, comme je l'avais déjà constaté dans le tunnel du mont
Blanc.
L'observation a démontré que les glaciers de grande altitude sont en
mouvement comme les glaciers inférieurs. On peut conclure de leur basse
température et de leur imperméabilité que toute théorie basée sur l'intro-
duction et le regel dans des fissures capillaires de l'eau de fusion de la sur-
face est une théorie radicalement fausse, s'appuyant sur des hypothèses
contredites par l'expérience.
L'eau ne peut pas s'introduire dans des fissures qui n'existent pas. Quant
1578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la chaleur, on sait maintenant jusqu'où elle pénètre. Ce n'est pas une
couche superficielle de 6m,5o, impressionnée par la variation annuelle, qui
peut faire mouvoir des glaciers de ioom d'épaisseur. Quant à la varia-
tion diurne, qui ne pénètre pas au delà de im, elle est insignifiante et ne
peut être d'aucun effet pour la progression des glaciers.
M. P.-E. Dubalen adresse une Note intitulée : Un nouveau poisson d'eau
douce de la faune de France.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2G MAI 1913.
PRÉSIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie
a faite de M. André Blondel pour occuper, dans la Section des Académiciens
libres, la place vacante par le décès de M. L. Cailletet.
Il est donné lecture de ce Décret.
M. le Président donne également lecture de la lettre rie remerciments
(pie M. A. Blondel adresse à ses confrères.
Note au sujet de la récente session de /' Association internationale des . icadé/mes,
par M. Emile Picard.
L'Académie nous avait chargés, MM. Baillaud, Bigourdan, Deslandres,
Lallemand et moi, de la représenter à la session de l'Association inter-
nationale des Académies, qui vient d'avoir lieu à Saint-Pétersbourg. Le
nombre des questions à examiner en irji3 étant assez restreint, le Comité
de l'Association ne s'est réunique deux jours avant la session, pour discuter
les propositions à soumettre à l'Assemblée générale.
Parmi les questions à l'ordre du jour, quelques-unes nous intéressaient
particulièrement. C'était d'abord la création d'une Commission interna-
tionale de l'heure, dont le projet de statuts a été élaboré par la Conférence
internationale de l'heure réunie à Paris au mois d'octobre dernier. Nous
C. R , 1918, i" Semestre. (T. 156, N° 21.) 2°2
l58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
proposions que l'Association des Académies émît le v = fi2)3))
\/ap+bp-hcp+dl
«ifl,+ &, b-2 -+- C] c2 -t- d, d-i = o,
"i"i + btba + CoC3+ e?2d3 = o,
o3a, + bibx+ f3c, -t- d3dx = o
les distances du point .t, y, s, £, à trois hyperplans rectangulaires fixes, on
a les trois fonctions types
Tt>4= [(a; -«)*+(/— b)'-.+ (z-c)"-+(t-dy]-\
t*.» = < *ï -1- a; -h a; >"*,
Ttfl=log(3ïH-3ï).
II. Ces faits étant rappelés, nous avons montré que les polynômes V„,„
d'Hermite sont, sur l'hypersphère
des fonctions sphériques déduites de T4 4 ; nous allons montrer que les
polynômes adjoints U„,„ d'Hermite sont, sur la même hypersplière, des
fonctions sphériques déduites de T4)3.
En effet, considérons les trois hyperplans rectangulaires, dans l'espace à
I 584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quatre dimensions x, y, z, t,
n.r -t- by — i — i),
z =o,
/ = o.
Si l'on appelle o,, S2, o3 les distances d'un point x, y, z, / à ces trois
hyperplans, la fonction T4j3 devient, à un facteur constant près,
T4,3=[(«.r + 4/-i)'+((i'+ b*}{s*+P)] '.
En développant cette fonction harmonique suivant les puissances posi-
tives de a et b
on voit que les U^!*' sont des polynômes homogènes et de degrés m -+- n
en x,y, z, t; l'homogénéité devient évidente si l'on remarque que le déve-
loppement ne change pas quand on remplace x, y, z, i par ~kx, "ky, As, \l
et a, b par =-> *•■ Ces polynômes U^j*1 vérifient, comme T., 3, l'équation
d*T d!T d*-T d2T __
ce sont donc des polynômes harmoniques; ce sont d'ailleurs des polynômes
spéciaux puisqu'ils ne dépendent de s et de / que par la combinaison z- + t'1.
Mais alors, si l'on prend les valeurs de ces polynômes sur rhypersphère(4),
en éliminant z- -h t'2 par l'équation
sI+f=i — a:i — ys,
ces polynômes deviennent précisément les polynômes Umi„(a?, y) d'Uermile.
En effet, la fonction génératrice T4 3 devient, par cette élimination, la
fonction
i
[{a.r + by — i)2-f- («*-+- //2)(i — X'—y'1)) '.
qui est la fonction génératrice des polynômes U ,„„(#, y) d'Hermite.
Ees polynômes 11,„,„ et 1U,„.„ d'Hermite (') se rattachent de même aux
fonctions T55 et T51. Il s'ouvre ainsi une voie nouvelle pour l'extension
systématique des résultais d'Hermite.
(') Œuvres, t. Il, p. 335.
SÉANCE DU 26 MAI H-)l3. I 585
En épuisant la question pour l'espace à quatre dimensions, on pourra
encore prendre deux hyperplans rectangulaires
ax ■+- by + cs — 1 = o,
t = 0,
et considérer le potentiel Tii2 formé avec les dislances o, et S2 d'un point à
ces deux plans; ce potentiel est, à une constante près,
T4,,= Iog[(aaj + by -4- cz — i)2 -+- (n2-+- b- + c2)f- 1.
En le développant suivant les puissances positives de a, b, c,
Ti^=la'"b"cPU',-:fl]ll[.r,y,z.ll
on obtient des polynômes harmoniques homogènes de degrés m -+- « + p,
contenant uniquement des puissances paires de /. Par l'élimination de l2,
à l'aide de l'équation de l'hypersphère (4)5 on transforme ces polynômes en
fonctions sphériquëS
ayant pour fonction génératrice
log[(fl.r + by -hcz — i)24- («2 + b1 + c2) (1 - .r2— /2 — s») ].
L'application du théorème de Grecn, dans l'espace à quatre dimensions,
au volume compris entre deux hypersphères de centre O, conduit, pour
deux de ces polynômes Y„,„, U,„„, Y,,;,', /(, I ','„'„ p, associés entre eux ou les
uns avec les autres, à la formule
I
dd/ dvdydz
l'V -= n (1 — x* — y
quand les deux polynômes P et P' sont de degrés différents.
Je n'insiste pas ici sur la façon dont ces résultats peuvent être étendus
aux n types de fonctions sphériques ([non peut déduire des n fonctions
Tni^ls (s = 2, 3, 4, ..., n -h 1), dans l'espace à n -+- 1 dimensions.
M. Ch. Lallbhand fait hommage à l'Académie du Compte rendu des
travaux effectués en 1912 par le Service du Nivellement général de la France.
M. P.-C. Grand'Edry adresse les premières livraisons d'un Mémoire
intitulé : Recherches géobotaniques sur les forêts et sols fossiles et sur la végé-
tation et la flore houillères.
IÔ86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Emile Wauters, Correspondant de l'Institut, fait hommage à l'Aca-
démie, par l'organe de M. Lippmann, d'une brochure intitulée : Une œuvre
inconnue de Raphaël.
NOMINATIONS.
Le Prince I$o.\aparte, président de la Société de Géographie, demande
à l'Académie de se faire représenter à la cérémonie qui aura lieu, le vendredi
G juin prochain à la Sorbonne, en l'honneur de l'amiral Peary. ■
M. Appei.l est désigné pour représenter l'Académie.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'une Commis-
sion qui devra présenter une liste de candidats à la place vacante, dans la
Section des Académiciens libres, par le décès de M. Alfred Picard.
Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président
de l'Académie, doit comprendre : deux membres de la Division des
Sciences mathématiques; deux membres de la Division des Sciences phy-
siques; deux membres de la Section des Académiciens libres.
MM. Lii'i'MAw, Appeli., pour les Sciences mathématiques; MM. AIuktx,
Haller, pour les Sciences physiques; MM. A. Carxot, Tisseraxd, pour
la Section des Académiciens libres, réunissent la majorité des suffrages.
CORRESPONDANCE.
M. W.-M. Davis, élu Correspondant pour la Section de Géographie et
Navigation, adresse des reinerciments à l'Académie.
SÉANCE DU 26 mai igi3. i58t
ASTRONOMIE. — Observations de la comète iç)i3a (Scbaumasse), faites à
l'Observatoire de Besançon, avec l'équat or ial coudé. Note de M. P. Cho-
fardet, présentée par M. B. Baillaud.
Nombre
Dates. Temps moyen de Asc. droilc Log. facl. Dist. polaire Log. fact.
1913. de Besanrun. IX. S'S. compar. apparente. parall. apparente. parai!. *
h m s m s 1 11 11 ni s o 1 „
Mai 21.... 9.44-40 —2,18,73 + 3.44>6 12:12 19.34.22,63 9,652„ 63.i6.23,2 0,756,, a
» 24.... 9-58.23 +0. 9,34 — 2.29,3 12: 9 19. 4-53,77 9,655,, 59. 0.28,7 Oj'T-I/i b
» 24.... g.58.23 —2.31,73 — 3. 7,8 12: 9 19. 4.53,76 9,655,, 5g. 0.27,8 0,674,, c
Position des étoiles de comparaison pour igi3,o.
Asc. droite Réduction Dist. polaire Réduction
* Gr. moyenne. au jour. moyenne. au jour. Autorités.
Il ni s s 0 r a ...
7,0 19.36.39,66 +1,70 63.12.22,8 +15,8 A. G. Cambridge (Engl.), 10253
a.
b 8,7 19. 4.42,49 +',94 59. 2.41,6 +16,4 A. G. Leide,
c 8,2 19. 7.23,56 +i,9B 09. 3.19,3 +i6,3 A. G. Leide, 71.55
Remarques. — Le 24 mai, cette comète, dont l'éclat peut être compris entre la 8e
et la 9e grandeur, a la forme d'une nébulosité circulaire de i',5 de diamètre avec, au
centre, une condensation bien prononcée mais diffuse. Absence de queue.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques propriétés des équations inté-
grales à noyau non symétrique. Note de M. Nicolas Kryloff, présentée
par M. Emile Picard.
M. Hilbert(') a divisé, comme on sait, les fonctions continues symé-
triques de deux variables K(s, t) en trois types : positif, négatif, ambigu,
selon que l'intégrale double / / K(s, t) 0(5)0 (t)dsdt est >o, ,.>o; - si ^(*),
(') Communications de la Société mathématique de Kharkoll", 2e série, l. XII-XHI,
1.910-1911. — L'existence des fonctions V.5(.r) est établie par M. W. Slekloll", dans son
Mémoire Sur l'existence des fonctions fondamentales, etc. {Mem. d. /t. Ace. dei
Lincei, 1910).
SÉANCE DU 26 MAI IÇ)l3. l5gi
on trouve
/ / / / ~n
f &»)*d*'+f qKldx=C fd.r+f */»/f*-2|X,|A»,
ce qui nous affirme la convergence de la série 7 | \s\ A,. Posons maintenant
U,(*-)=-==VJt*)î B,= / 9(t)Vs(i)dt.
ô(/) étant une fonction quelconque, sornmable et de carré sommable. On
trouve sans peine
S=±1 •" \,=±l y
/ o.
Si l'on fait maintenant
9(<) = i, pour a^iSa;; 9(it)=o, pour e <. t b,
on établit immédiatement la convergence uniforme et absolue de la série
du second membre de (4). L'identité (4) est alors une conséquence immé-
diate d'une analyse analogue à celle de M. W. Sleklofi'(').
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une extension d'un théorème de
Weier strass et sur une restriction a" un autre théorème du même auteur.
Note de M. W.-F. Osr.ooi», présentée par M. Emile Picard.
I. Weierstrass (-) a énoncé le théorème qu'une fonction analytique de
plusieurs variables complexes, qui a partout le caractère d'une fonction
rationnelle, est bien une fonction rationnelle.
Puisque ce théorème n'est pas vrai si l'espace des variables est restreint
au domaine fini, on ne peut se passer d'une hypothèse portant sur l'allure
de la fonction dans le domaine infini; et puisque le théorème est bien vrai
(') Voir Problème de refroidissement d'une barre hétérogène [Comm. de la Soc.
de Kkarkoff, i8<)6 (en russe)]. Remarquons qu'un résultat analogue, dans le cas plus
simple, q = o, est obtenu en même temps, indépendamment de nous, par M. N. Krvloff,
comme il a bien voulu nous eu informer.
(-) Journal de Crelle, t. Sç), 1880, p. 5; Œuvres, t. II, p. 129.
l592 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour l'espace analytique ('), il est raisonnable d'admettre que Weierstrass
avait l'intention que sa supposition. eût lieu en tous les points de cet espace.
M. A. Hurwitz (2) a donné une démonstration de ce théorème. Celle-ci
est encore valable quand la fonction est soumise à des conditions moins
restrictives, de telle sorte qu'on peut énoncer un théorème plus général,
qui embrasse ce théorème de Weierstrass comme cas spécial.
Définition. — Soit A le lieu des points suivants de l'espace analytique :
/, — i, k + i, ..., n; A' = i , ..., n,
où le point (b{, . . ., b„) est fixe.
Théorème. — Une/onction F (z, . ..,-„), qui a le caractère d'une fonction
rationnelle en chaque point de A, est bien une fonction rationnelle.
Au moyen d'une transformation homographique
«k (3*
yk 3A
^z£o (A = 1,2, ...,«),
le point (b,, . . ., bn) se laisse rejeter à l'origine, de telle sorte qu'on peut
énoncer le théorème comme il suit :
Une fonction, qui en chaque point des variétés
a le caractère d une fonction rationnelle, est une fonction rationnelle.
Comme je l'ai déjà remarqué, la démonstration de M. Hurwilz est
encore valable en ce cas.
Ainsi, en particulier, une fonction F(s,,...,s„) qui a le caractère
d'une fonction rationnelle dans le domaine fini et aussi en n points dis-
tincts (ce, . . . , oo, bk, oo, . . . , ce), k = i , . . . , n, est une fonction rationnelle,
2. Dans le même Mémoire, Weierstrass a aussi énoncé un second
théorème. Il est bien connu qu'une fonction analytique de plusieurs
(') Par Vespace analytique, on entend la totalité des points (su ...,z„) pour
lesquels |s*| £ », /,— i , 2, ...... La notation \z\ 5» veut dire que z est un point quel-
conque du plan complexe étendu, fermé par le point z = go.
(-) Journal de Ci elle, t. 95, i883, p. 201.
SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. I.^
variables ne peut avoir une singularité isolée. Il est néanmoins concevable
qu'elle ait un point singulier essentiel isolé, la fonction ayant le caractère
d'une fonction rationnelle en tous les autres points de ce voisinage. Weier-
strass a affirmé que, pour tout continu T à in dimensions, il y a des fonc-
tions qui ont le caractère d'une fonction rationnelle en tout point de T,
mais qui ont en tout point de la frontière de T une singularité plus baute.
Ce théorème est faux si l'on entend par T un continu quelconque à
in dimensions de l'espace analytique. Par exemple, il n'y a aucune fonction
qui ait un seul point singulier essentiel et qui ait partout ailleurs le carac-
tère d'une fonction rationnelle.
D'autre part, considérons le domaine de l'espace analytique, dont les
points sont les suivants. Soit B* un domaine fini du plan de la variable zk
intérieur à une courbe Ck, k = 1 , ...,«; et soit B la partie correspondante
de l'espace à in dimensions. Soit T la partie de l'espace analytique exté-
rieur à B. Alors il n'y a aucune fonction F (s,, . . ., zn) qui ait tout au plus
un point singulier non essentiel en chaque point de T, mais qui ait une
singularité plus haute en chaque point de la frontière de T.
Il importe de bien remarquer le point suivant. Dans le cas d'une fonction
d'une seule variable complexe, il est possible de transformer le domaine
infini dans le domaine fini par une transformation homographique. Cepen-
dant, quand le nombre des variables est plus grand que un, cela ne se peut
jamais, puisque au moins un des points, qui appartenaient autrefois au
domaine infini, se trouvera encore dans ce domaine.
Quelles sont donc les conditions auxquelles le second théorème de
Weierstrass doit satisfaire? Il est évidemment vrai pour un domaine B.
Les résultats obtenus tout à l'heure ne le mettent pas en question pour
le cas où T est fini, et le cas où T ne contient aucun point du domaine
infini.
NOMOGRAPHIE. — Sur V application générale de la méthode des points alignés
aux problèmes qui se ramènent à des résolutions de triangles sphèriques.
Note de M. M. d'Ocagne, présentée par M. Paul Appell.
Lorsque, étant donnés trois des éléments d'un triangle sphérique, on
veut obtenir les trois autres, on peut se servir de l'unique formule
(1) cosa = cosb cosc 4- sin b sine cos A
l5g4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(appliquée au besoin au triangle supplémentaire), à la condition toutefois
que les éléments inconnus soient calculés dans un certain ordre. Le nomo-
gramme à simple alignement, avec réseau de points à deux cotes (a, A), de
cette formule permet donc, à lui seul, d'effectuer la résolution complète d'un
triangle sphérique dans tous les cas possibles, comme nous l'avons fait voir
il y a longtemps (' ). Mais, dans la plupart des cas de la pratique — ceux
notamment qui se rencontrent dans les applications de l'Astronomie (navi-
gation ou géodésie) — on n'a à effectuer que des résolutions partielles qui
consistent, étant donnés trois éléments d'un triangle sphérique, à en cal-
culer directement un quatrième et celui-là seulement.
Or, dans un tel problème, les trois données et l'inconnue se groupent
nécessairement suivant une des trois dispositions suivantes :
i" D'une part, trois éléments consécutifs, tels que b, A, c, de l'autre un élément
isolé tel que a. Le problème se résout alors par la formule (i) où l'une quelconque
des quatre variables doit pouvoir être prise comme inconnue et, par suite, nomogra-
phiquement, par le nomogramme dont il vient d'être question.
2° Deux couples de deux éléments contigus tels que « et B d'une part, b et A,
de l'autre. Le nomogramme à double alignement correspondant est alors celui de la
formule
(2) sin« sin B = sin b sin A,
qui se compose de deux échelles identiques, parallèles, de la fonction logsin, et d'une
charnière rectiligne, parallèle à ces deux échelles et à égale distance de l'une et de
l'autre, le mode d'emploi de ce nomogramme (sur lequel on fait correspondre une des
échelles à a et b, l'autre à A et B) résultant d'ailleurs de ce que les deux aligne-
ments (aB) et (bA) se coupent sur la charnière.
3° Enfin, quatre éléments consécutifs, tels que C, «, B, c, auquel cas la formule qui
(') Bulletin des Sciences astronomiques, t. XI, 1894, p. 5. Ce nomogramme a été
reproduit dans notre Traité de Nomographie, p. 33 1 . Lorsqu'on écrit la formule (1)
ci-dessus sous la forme équivalente
2 cosa =(i + cosA ) cos(b — c)-h(i — cosA ) cos(& + c),
on obtient un nomogramme de forme beaucoup plus simple en prenant comme
variables a, A, b — c et b -+- c (Traité de Nomographie, p. 328). En ce cas, le no-
mogramme ne se prête qu'au calcul de a ou de A, non de b ni de c; mais nous avons
fait voir que, moyennant l'adjonction au triangle à résoudre de certains triangles
annexes (Comptes rendus, t. 138, 1904, p. 70), on pouvait arriver à effectuer toutes
les résolutions possibles de triangles sphériques au moyen de ce seul nomogramme
simplifié.
SÉAIS'CE DU 26 MAI IÇ;l3. l5g5
s'applique est
(3) cos« cosB = sina cote — sinBcolC.
Le nomogramme à simple alignement de celte formule est constitué par deux
échelles rectilignes pour (c) et (C), définies, en coordonnées parallèles u et r, par
« = p. COtC, l' = /JLCOtC
et un réseau de points à deux cotes (a, B) défini par
u sinrt — f sinB = p. cosa cosB,
dont les deux systèmes de lignes cotées sont constitués par des hyperboles avant un
axe commun, ces deux systèmes étant symétriques l'un de l'autre par rapport à une
perpendiculaire à cet axe commun. Ce nomogramme a d'ailleurs été construit,
en vue du calcul de l'azimut dans le point à la mer, par M. le lieutenant de vais-
seau Perret, professeur de calculs nautiques à l'Ecole Navale, auteur d'un très grand
nombre d'importantes applications de la méthode des points alignés à des problèmes
d'art naval (').
Une fois ces trois nomogrammes construits, tout problème tributaire de la
résolution (Vun triangle sphérique recevra une solution nomographique directe
par l'emploi de l'un d'entre eux. Par directe il faut entendre : sans qu'il
soit besoin (comme cela aurait lieu en certains cas si l'on ne disposait que
du premier des nomogrammes ci-dessus seulement) de passer par le calcul
d'aucune variable auxiliaire.
Si l'une des trois données reçoit une valeur fixe, on peut avoir immédia-
tement le nomogramme correspondant en extrayant d'un des trois nomo-
grammes fondamentaux ci-dessus les trois systèmes cotés correspondant a"ux
trois variables conservées, avec l'élément isolé (point ou ligne) correspon-
dant à la variable rendue fixe (2).
Nous insisterons, en terminant, sur la remarque que voici : la for-
mule (2) renfermant les quatre variables qui y interviennent groupées deux
à deux, respectivement dans chacun de ses membres, pourrait être repré-
sentée par accolement de deux nomogrammes à entrecroisement; mais
(') Compte rendu de l' Association française pour l'Avancement des Sciences
(Congrès de Cherbourg, 1900, p. g3).
(2) Tel est le cas notamment du nomogramme que nous avons construit pour la
préparation des observations à l'équatorial de l'Observatoire de Paris ( Comptes rendus,
t. 135, 1902, p. 728), de celui également que, d'après nos propres indications, M. Kau-
napell a établi pour la résolution du point en ballon par l'observation d'une des six
étoiles les plus brillantes visibles dans notre hémisphère.
C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 21.) 2o4
rSgfi ACADÉMIE DES SCIENCES.
il ne saurait en être de même des deux autres, et, par suite , ce n'est que grâce à
la méthode des points alignés que Von a pu traduire nomo graphiquement les
formules (i) et (3) qui sont d'un usage courant dans les applications (' ).
( "est dans le fait qu'elle permet ainsi de représenter nomographiquement
des équations a plus de trois variables échappant aux méthodes fondées
sur l'entrecroisement, que celle des points alignés puise un de ses princi-
paux intérêts.
T.HEORIE des nombres. — Sur l équivalence de certaines formes quadratiques
ternaires indéfinies de même genre. Note (*) de M. Tu. Got, pré-
sentée par M. G. Humbert.
Un des principaux résultats des travaux d'Arnold Meyer sur les formes
quadratiques ternaires indéfinies est le suivant : Deux formes proprement
primitives de mêmes invariants Q,, A, dont aucun n'est divisible par 4 et qui
n'ont aucun facteur commun impair, sont équivalentes si elles appar-
tiennent au même genre. C'est le cas notamment de deux formes
f=.vi—o(y, z), f^ — x"-— o,(j, z).
où 9 et s, désignent des formes binaires positives de même discriminant A,
impair ou impairement pair, primitives et appartenant au même genre.
Ces formes a?2 — o jouent un rôle important dans certains travaux de
Poincaré et de M. Humbert; il n'est donc pas sans intérêt de simplilier,
par ce cas particulier, la démonstration faite par Arnold Meyer pour le cas
général. Voici comment on y parvient pour les discriminants A de la
forme [\n -+- 1 ou 4" . + 3 et aussi, dans des cas étendus, pour ceux de
la forme [\'n -+- i ou Un -+- 4-
Soient d'abord ip et a. au lieu de '} el l'on
aura
1
<\ix J \<])i a,'
de sorte que 00 et o, pourront encore représenter un même produit pq de
deux nombres premiers L\n -f- 3.
e
— 1
a
Si au contraire (•— ) = — 1, l'un des nombres premiers y.» et q est congru
à 1 et l'autre à3, (mod4); cela suffît pour que l'équation ( i)soitimpossible;
mais comme les formes de discriminants l\n-\-i ou 8/1 + 4 n'ont pas de
caractères particuliers (— )> ni (- -j, on pourra déterminer// et q de
manière à rendre également les équations (2) impossibles.
Dans un cas comme dans l'autre la transformation S pourra donc encore
Lre employée. Mais s'il n'y a pas de forme ambiguë a, pour laquelle
: — 1, elle ne pourra l'être en général, sauf, bien entendu, si le
genre de cp et de cp, peut représenter des nombres !\n ■+- 3, cas où notre rai-
sonnement ne fait pas intervenir les formes ambiguës.
Enfin la démonstration s'applique également aux formes x- — o,
x- — cp,, où cp el cp, sont des formes indéfinies.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la viscosité de l' atome . Note de
M. L. Décombe, présentée par M. Appell.
Comme ceux d'absorption lumineuse, les phénomènes diélectriques
anormaux (résidus, chaleur de Siemens, etc.) trouvent leur explication
dans l'existence d'un terme de viscosité, proportionnel à la vitesse, qui
affecterait le mouvement des particules soumises au rayonnement lumineux
ou au champ électrique extérieur ( '). Ce terme, considéré jusqu'ici connue
empirique, parait cependant pouvoir être rattaché aux principes fonda-
(') Comptes rendus, L lo2, p. 1755; t. 15IS, p. 1469; '• 154, p. 191, et Journal de
Physique, mars 1912.
SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. 1,699
mentaux de la Mécanique rationnelle par un mécanisme que nous avons
précédemment esquissé (' ), mais qu'on peut chercher à approfondir.
I. Assimilons l'atome à un assemblage de spectrons, c'est-à-dire petits
systèmes dynamiques formés chacun par un certain nombre d'électrons
gravitant sur une même orbite sous l'action d'une force centrale attirante
proportionnelle à la distance. Soient : ;■ le vecteur instantané d'un électron
évoluant sur une orbite spectronique; ■r,y, z ses coordonnées relatives à
trois axes rectangulaires ayant le centre attirant O pour origine; e la charge
d'un électron, --K.\er la force attirante et enfin \{t), f](t), 'Ç(l) les com-
posantes du champ électrique suivantles trois axes Oa-, Qy, Oz. Les équa-
tions du mouvement sont les suivantes :
d'-x d'y d^z
(1) m——-—— K, ex — et{t), m-jj^=—K\ey — e-n{t), rn-j-T^=—K'ie3—eÇ(t).
Leur intégrale se compose de l'intégrale générale des équations sans
second membre
/ x ,/; ■'■ v> dly vi (l'z ,-■
(2) m'dF=~ '''■''' m ~d1*~~ iey' mdF=~,e::'
à laquelle on doit ajouter une solution particulière des équations com-
plètes. Elle représente donc un mouvement elliptique de l'électron autour
d'un point ( .)' dont les coordonnées u, c, w satisfont à chaque instant aux
relations
(3) 771-^5-=— K\eu — eï,{t), m . — =— K', ev — en(t), m~=z-K\w — e^(t).
Le vecteur 00' (w, v, w) peut servir de mesure à la déformation instan-
tanée du spectron sous l'action du champ extérieur.
Si nous admettons que le mouvement orbital de l'électron d'une part,
et le déplacement du'point 0< >' d'autre part, sont affectés par de très petites
discontinuités, il y aura lieu, conformément au mécanisme que nous avons
précédemment développé ( - ), de remplacer dans les équations (2) ce, v, ;
dx t/v dz , , . ,„
par a? -i-T, -7-, v + t( -7- > s -+- ~, -7- et, dans les équations (3) //, e, w
du dv dw . 1 • . 1 . • , ,\ ■•> \
par u -+- - -—, v -+- t -r , w -t- z -7- > ce
IÔI2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tionaux s'arrête à la longueur d'onde 65oo. J'ai pu, en utilisant les procédés
actuels de sensibilisation des plaques photographiques, étendre les mesures
interférentielles dans le spectre du fer jusqu'à la longueur d'onde 8824,
c'est-à-dire dans tout l'extrême rouge et le commencement de l'infra-
rouge.
20 Dans la région jaune et orangée, où les fortes raies du fer sont peu
nombreuses et manquent de netteté, j'ai pu mesurer un grand nombre de
raies fines et faibles.
Les mesures ont été faites selon la méthode de MM. Buisson etFabry(').
Les étalons interférenliels employés avaient des épaisseurs de 2inm,5, 5mm
et 7'mn,5. L'appareil dispersif, nécessaire pour séparer les interférences
produites parles diverses raies, était le spectroscope autocollimateur à deux
prismes de llint et lentille de im de foyer, de MM. Fabry et Jobin (-).
L'arc, produit entre deux tiges de fer de 6mm de diamètre, était alimenté
par une distribution de courant continu à 220 volts, avec une intensité de
courant d'environ 6,5 ampères.
Toutes les mesures ont été faites photographiquement, par comparaison
avec les étalons internationaux du même spectre. L'emploi d'interférences
obtenues avec plusieurs valeurs différentes de la différence de marché
permet d'éliminer l'influence des changements de phase par réflexion sur
l'argent.
Le Tableau suivant donne le résuli
Lat des mesures :
5434,529
5638, 276
5S62 ,347
6055,990
6246,339
6408,042
543*5,597
564i ,458
5883,842
607S, 185
62.52 ,567
643o.8.-i7
•''146,922
5655, 5o5
5go5,682
6089 , 070
6254,268
646 i .7.17
5473,912
5693,63S
5gi6,254
6102,1s.-,
62.56,372
G 48 1,882
5483, 118
5701 ,553
5934,682
6127,919
6265, i43
6494,99'
5497,520
5709,395
5952,742
6157 ,736
6280,620
65i8,378
552.5,558
5717,832
5956,695
6165,072
6297,801
6546,247
5543,i84
5731,773
5g84,8o8
6170,495
6322,697
656g, 2 38
5543,953
574 i,865
6oo3 ,o36
6 173,.;.! 7
6335,343
657.5,032
5563, 608
5753, 1 4 2
6008, 584
6200, 3a3
6336,842
6.092,925
5567,399
5770, 101
601 3, 5 17
6213,439
6344,i 58
6C09, 123
5598,293
5791,046
6020, 177
Ô2l5, 1.54
6355 ,o4o
6663, \:> 1
5602,962
5793,938
6021 ,824
6219,289
6358,683
6678,000
56i8,6i6
5809,200
6042,092
624o,65g
638o,752
6750, i64
(') Joui nal (le Physique, mars igo8.
(s) Journal de Physique, mars 1904.
SÉANCE DU 26 MAI I9l3. l6l3
6828,617
7016,082
7207,431
7%5
, 106
7832,243
8327,080
68 ',3. C.S,
7088,237
7223,677
75.1
,o54
7937,182
8387,780
6855, j 84
7068 , '1 2 1
7239-9'4
753 1,
192
7945,889
8468,427
6916,712
7090, :, 16
7293,091
7568
■ 929
7998.986
S661 .920
6945,215
7130,958
7389,437
7664
,3o4
8046,087
86.88,64o
6978,861
7164,48.
74.1,192
7748
,285
8o85, 219
8824,204
6999>93a
7187,348
7445,78'
7780
. 597
8220,422
chimie PHYSIQUE. — Déplacement limité dt '.la monoéthylamine
par le gaz- ammoniac. Note de M. Félix Ridet, présentée par M. Haller.
Ayant montré, dans des Notes antérieures ('), que la réaction de l'ammo-
niac sur les chlorhydrates d'amylamine et d'éthylène-diamine constitue un
équilibre chimique, je me suis proposé d'étudier l'action de ce même
gaz sur le chlorhydrate de monoéthylamine.
La réaction directe et la réaction inverse ont été opérées, en même
temps, dans des conditions semblables, et les pressions ont été mesurées,
avec la même approximation, sur une seule règle divisée en millimètres.
Réaction directe (AzH3 gaz sur C2 H5 Az'H2 . II Cl solide et anhydre). —
Le gaz a été mis en présence d'un excès de sel neutre, soit environ
Tmoi d'ammoniac pour 5"10' de chlorhydrate.
Le contact une fois déterminé entre le gaz et le solide, j'ai observé, à la
température ordinaire, une absorption immédiate et rapide et une agglo-
mération très nette.
Influence de la température. — Les valeurs suivantes, exprimées en millimètres
de mercure, montrent que la pression d'équilibre augmente avec la température.
Température- Pression.
n
0 3.2
i5 48i
16,4 5oo
17,2 5oG
23,2 577
A cette dernière température, aucune gouttelette ne se condense dans les parties
froides de l'appareil: il n'y a donc pas d'élliylamine à l'état libre puisque cette base
bout à -(-19°.
(') Comptes rendus, t. 141, p. 264; t, 155, p. 279; t. 156, p. 3i5.
l(îl4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Influence de la pression. — L'accroissement de pression obtenu, soit en élevant
le réservoir mobile, soit en ajoutant de nouvelles masses d'ammoniac, donne à o°
plusieurs valeurs distinctes qu'on retrouve dans la réaction inverse: 3 t 2ranl;328n"";68imm.
Cette discontinuité dans les variations de pression correspond à l'existence de trois
composés intermédiaires dont l'état d'équilibre est une fonction de la concentration
en ammoniac.
Inversement, lorsqu'on fait décroître la pression soit en abaissant le réservoir
mobile, soit en retirant du gaz ammoniac avec la trompe, on retrouve les nombres
inférieurs.
Vitesse de réaction. — Celte grandeur, exprimée par la hauteur de la
colonne mercurielle, croît rapidement pendant les premières minutes,
d'après les nombres suivants, observés à o° :
Temps. Hauteur du mercure.
Ii m
o . 1 5 4^9
o.3o 444
1 .00 454
2 . 00 456
4 . 00 4 '8
8.00 458
Les chiffres précédents font voir que l'équilibre est atteint au bout
de 4 heures et que, par suite, la vitesse de réaction est supérieure à celle
que j'ai mesurée entre l'ammoniac et le chlorhydrate d'isoainylamine.
Dans ce dernier système, en effet, l'équilibre n'est réalisé qu'au bout
de 22 heures.
Comme je l'ai remarqué dans mes recherches antérieures, la vitesse de
réaction décroit très sensiblement lorsque la pression de l'ammoniac
diminue; elle tend même à s'annuler. En général, l'agitation du solide ne
permet pas de détruire les résistances passives, et il faut avoir recours à
une très légère élévation de température (4o°-45°) qu'on maintient seu-
lement quelques instants.
Réaction inverse (G'H5AzII- liquide sur AzH' Cl solide et anhydre). —
J'ai fait réagir i"10' de la base sur imo1 du sel et j'ai constaté que, grâce aux
proportions choisies, le liquide baigne totalement le solide. Il en résulte
que les surfaces de contact entre les deux corps sont étendues, condition
très importante pour assurer l'homogénéité du système.
Influence de la température. — Aucune gouttelette ne s'étant condensée, après
avoir chauffé a 23°, 2, il n'y a donc pas d'éthylamine à l'état libre.
SÉANCE DU 26 MAI IO,l3. lGl5
Température. Pression.
o
o 3 16
i5 '. 568
16,4 582
17,2 588
23,2 682
Ces nombres font voir que les pressions d'équilibre, sensiblement égales à o", poul-
ies deux, réactions opposées, ne concordent plus entre i5° et a3°,2.
Pour expliquer celte différence, on peut admettre qu'un chlorhydrate basique,
formé dans la réaction inverse, est tellement instable qu'il donne naissance aussitôt à
un autre sel plus basique et qui, par suite, correspond à une tension plus élevée.
Influence de la pression. — Si Ton fait varier la pression on obtient, à on, trois
valeurs distinctes : 3i6mm, 33on,m et 679mm qui confirment l'existence des trois com-
binaisons moléculaires prévues par l'élude de la réaction directe.
Vitesse de réaction. — Elle est plus élevée que pour la réaction directe,
car les surfaces de contact sont plus grandes et l'équilibre est toujours
obtenu au bout de 1 heure, dans la glace fondante.
Ces résultats montrent que le système ammoniac + chlorbydrate
d'éthylamine est tout à fait assimilable, par le mécanisme de la réaction,
aux systèmes déjà étudiés et relatifs à l'amylamine normale, à l'isoamyl-
amine et à réthylène-diamine.
La théorie que j'ai proposée (') est donc applicable, et Ton doit admettre
l'existence de plusieurs sels basiques dus à la réaction de l'aminé déplacée
par l'ammoniac, soit sur le chlorhydrate neutre initial, soit sur un autre
chlorhydrate basique déjà formé. Ces composés à fonction mixte répondent
à la formule générale
(C2II5AzH2)«(C2H3AzH2.HCI).
La représentation graphique des résultats précédents consiste, pour une
température donnée, en une série de paliers qui correspondent à un sel
défini, d'autant plus basique que la concentration en ammoniac est plus
élevée.
(') Comptes rendus, t. loG, p. 3i5.
l()l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chimie PHYSIQUE. — Sur la séparation du graphite dans les alliages de fer
et de silicium. Noie de MM. Georges Charpy et André Cornu, présentée
par M. H. Le Chatelier.
On sait que le carbone combiné au fer tend à se séparer sous forme de
graphite quand on soumet le métal à un recuit à température convenable
et que cette séparation est grandement facilitée par la présence dans l'alliage
d'une certaine quantité de silicium qui semble jouer le rôle de catalyseur.
Les observations relatives à ce phénomène ont surtout porté jusqu'ici sur
les alliages fortement carbures ou fontes au silicium. Nous avons effectué
récemment de nombreuses déterminations sur des alliages faiblement car-
bures, ou aciers au silicium, et observé certaines particularités qui semblent
mériter d'être précisées.
Nous avons d'abord observé que, dans les alliages très peu carbures, le
carbone peut être précipité entièrement à l'état de graphite par recuit,
pourvu que la teneur en silicium dépasse 3,5 pour ioo et que le recuit soit
effectué à une température supérieure à 7.5o° el inférieure à une certaine
limite qui est fonction de la teneur en carbone total.
Voici, par exemple, les résultats obtenus sur un acier doux au silicium,
du type qui est fréquemment employé aujourd'hui pour la fabrication des
tôles destinées à la construction des machines dynamoélectriques et des
transformateurs.
La composition de cet acier était la suivante :
C. Si. Mb, Pli. S.
0,1/4-0,1 5 3, 80 o,35 o,o3 0,018
Le Tableau ci-dessous donne les proportions de graphite obtenues dans
cet acier après divers recuit :
!Vni|.rralure
1 lurée
Mode
Proportion pour
100
du recuit.
du recuit.
de refroidissement.
rie graphite.
0
700
i heure
lent ( 5" par minute)
0,00
7.5o
1 »
»
0,08
800
1 »
»
0, i3
800
3 heures
»
0,14
800
10 »
»
0,1.1
800
1 heure
trempe à l'air
0,11
85o
1 »
lent
0,01
900
1 »
»
0,00
SÉANCE DU 26 MAI I9l3. 1617
Nous avons effectué plusieurs séries d'expériences du même genre dont
le détail ne peut trouver place ici et obtenu des résultats analogues, l'inter-
valle de température dans lequel on peut observer1 la séparation du graphite
variant avec les teneurs en carbone et en silicium.
Si, par exemple, la teneur en silicium diminue au-dessous de 3, la proportion de
carbone restant très faible, cet intervalle est nul, c'est-à-dire qu'on n'observe jamais
dans de tels alliages la formation de graphite, quelles que soient la température et la
durée du recuit auquel on les soumet, depuis 7000 jusqu'à 1 ioo°.
Si, au contraire, la teneur en silicium restant supérieure à 3,. 5o, la teneur en carbone
atteint o,4o, la formation de graphite se produit à partir de 75o°, comme dans le pre-
mier exemple cité, mais reste encore notable à 85o°, pour disparaître vers 9000.
Ces résultats ont été observés par les méthodes de l'analyse chimique,
en séparant le graphite par ébullition dans l'acide azotique. L'exanieti
micrographique les corrobore nettement. Le premier alliage cité, par
exemple, est entièrement formé après recuit à 8oo°, de grains de ferrite
jointifs sans interposition de parlile. Après recuit à 900", il présente de
larges plages de perlite parfaitement nettes, en proportion beaucoup plus
grande que dans les aciers sans silicium contenant la même quantité de
carbone. Ce dernier fait semble indiquer que le mélange eutectoïde, dans
les aciers au silicium, correspond à une teneur en carbone inférieure à o,iS.
Les faits résumés ci-dessus s'accordent parfaitement avec les observa-
tions antérieurement faites sur les fontes au silicium, si l'on tient compte
d'une condition qui n'intervient pas dans le cas des fontes, à savoir que le
métal peut dissoudre une proportion de carbone qui croit quand la tempé-
rature s'élève et que la séparation de graphite ne peut, par conséquent,
s'observer lorsque la température est suffisamment élevée pour que le car-
bone soit totalement dissous. L'intervalle de température dans lequel on
peut observer, pour un alliage donné, la formation du graphite, présente
donc, comme limite inférieure, la température T à laquelle s'amorce la
transformation de la cémentite en graphite et, comme limite supérieure, la
température T', pour laquelle la solubilité du graphite dans l'alliage corres-
pond à la teneur de cet alliage en carbone total. La température T
s'abaisse quand la teneur en silicium augmente ('), tandis que T' s'élève
quand la teneur en silicium croit et aussi quand la teneur en carbone aug-
mente. Si T' est plus petit que T, ce qui arrivera pour les alliages peu
(') CiiARPY et Gkenkt, Sur l'équilibre des systèmes fer-carbone {Comptes rendus,
t. 134, 1902, p. io3 ).
1618 ACADÉMIE DES SCIENCES.
carbures à faible teneur en silicium, on ne peut observer la formation du
graphite. Si, au contraire, T' est supérieur à T, on observe la séparation
du graphite dans un intervalle d'autant plus étendu que les teneurs en car-
bone et en silicium sont plus fortes.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur V inslabilititë du fluosilicate ferrique el sa transfor-
mation spontanée en un autre fluorure double de silicium et de fer. Note de
M. A. Recoura, présentée par M. A. Haller.
Dans un Mémoire antérieur (Comptes rendus, t. 154, p. 665) j'ai étudié
le fluorure ferrique bydraté. J'ai fait voir que ce sel, en dissolution dans
l'eau, se comporte comme un complexe, en ce sens que le tiers seulement du
fluor se prête aux doubles décompositions et j'ai établi la constitution de ce
complexe. Cette étude m'a conduit à entreprendre celle du fluosilicate fer-
rique, qui, comme je vaisle montrer, présente une particularité intéressante,
qui paraît être une conséquence de ce que le fluorure ferrique n'est pas un
sel normal.
Tout ce qu'on sait du fluosilicate ferrique se réduit à ceci. Berzélius dit
l'avoir obtenu en saturant l'acide fluosilicique par l'hydrate ferrique, la
dissolution ainsi obtenue donnant par évapora tion el dessiccation une niasse
gommeuse demi-transparente (').
Or il résulte des expériences que je rais exposer que le fluosilicate ferrique
n'existe pas, c'est-à-dire que, quand on provoque sa formation en dissolution,
soit par le procédé de Berzélius, soit par double décomposition, il se dédouble
immédiatement de la façon suivante :
(Si F4)3, Fe-Fc=SiF4+(SiF4)%Fe2F6,
c'est-à-dire qu'il perd le tiers de son fluorure de silicium, en se transformant
en un autre fluorure double plus stable, et le fluorure de silicium, décomposé
par l'eau, donne, comme à l'ordinaire, de la silice et de l'acide fluosilicique
libre.
Ce fait, qui, à ma connaissance, n'a pas été signalé cbez d'autres fluosi •
licates, à savoir que, dans le fluosilicate ferrique, le fluorure ferrique ne peu!
retenir que les deux tiers du fluorure de silicium nécessaire pour constituer
un fluosilicate, parait bien être en relation avec le fait que je rappelais plus
(') Berzélius, Traite de Chimie.
SÉANCE DU 26 MAI 1913. 1619
haut, que, dans le fluorure ferrique, un tiers du fluor est dans une condi-
tion particulière.
Cette interprétation est d'ailleurs confirmée par l'étude que je fais en ce
moment du fluosilicate chromique. J'ai reconnu cpie ce sel, au contraire du
sel ferrique, existe, mais il a en dissolution une existence éphémère; il se
transforme spontanément, mais lentement, en composé vert, c'est-à-dire
en complexe, et cette transformation est accompagnée d'une perte de fluo-
rure de silicium, c'est-à-dire de la formation d'un nouveau fluorure double
de silicium et de chrome différent du fluosilicate. Ici donc, encore, comme
dans le cas du fluorure ferrique, l'entrée d'une fraction du fluor du fluorure
métallique dans un complexe a pour conséquence une modification corres-
pondante dans la capacité de combinaison de ce fluorure avec le fluorure
de silicium. Mais ici la relation de cause à effet peut être saisie sur le vif.
■ Voici les faits cpie j'ai constatés :
J'ai préparé la dissolution de fluosilicate ferrique de, deux façons différentes, qui
m'ont conduit au même résultat, soit en dissolvant l'hydrate ferrique dans une quan-
tité équivalente d'acide fluosilicique, soit par double décomposition entre le sulfate
ferrique et le fluosilicate de baryum. Je décrirai ce dernier mode de préparation qui
est assez curieux. Si, à du fluosilicate de baryum insoluble employé en excès, on
ajoute une dissolution de sulfate ferrique, on voit au bout de quelques instants d'agi-
tation la couleur brune du sulfate ferrique disparaître complètement, et l'on obtient
par filtration une liqueur incolore très légèrement rosée. Ainsi, malgré l'insolubilité
presque complète du fluosilicate de baryum, sa double décomposition avec le sulfate
ferrique est presque instantanée.
Cette dissolution incolore renferme le nouveau fluorure double (SiF1)2, Fe!Fe ou
(SiF1, FeF3), plus les produits de décomposition par l'eau du fluorure de silicium
abandonné par le fluosilicate ferrique primitivement formé, c'est-à-dire de l'acide
fluosilicique libre et de la silice. Cette silice est à l'état soluble, et, si la liqueur est
étendue, elle reste en solution très longtemps, mais, si la liqueur est suffisamment
concentrée ( r" de fer dans 31), au bout de 2 ou 3 jours la silice se précipite et
l'on peut la recueillir et la doser. Toutefois ce dosage, en raison des lavages prolongés
qu'exige la silice gélatineuse, n'est pas susceptible d'une grande précision. J'ai
néanmoins trouvé à pj- près la quantité de silice correspondant au dédoublement
indiqué ci-dessus, c'est-à-dire à la séparation du tiers du fluorure de silicium du
fluosilicate de fer formé dans la double décomposition.
Mais il y a un autre moyen de contrôle beaucoup plus précis. Si l'on
ajoute à la dissolution un sel de potassium, tout le silicium qu'elle ren-
ferme, aussi bien celui de l'acide fluosilicique libre que celui du fluorure
double, est précipité à L'état de fluosilicate de potassium, qu'on peut doser
et l'on trouve ainsi, par différence, que le silicium disparu de la liqueur à
l'état de silice correspond exactement au mode de dédoublement indiqué.
C. R., i9i3, [•' Semestre. (T. 15G, N° 21.) 207
1620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai d'ailleurs cherché à isoler à l'état solide le nouveau fluorure double
de fer et de silicium et voici ce que j'ai observé :
Si on laisse la dissolution s'évaporer à l'air libre, c'est-à-dire en présence de
l'humidité atmosphérique, on obtient comme résultat final un sirop épais, sensible-
ment incolore, qui a perdu, pendant l'évaporalion, i'acide fluosilicique libre de la
liqueur, et dont la composition correspond exactement à la formule (Si F4)2, Fe2FG, Aq.
Mais si l'on achève l'évaporalion dans un exsiccateur, on conslate que, quand la
richesse en eau du produit devient voisine de 10II-O, il dégage alors lentement du
lluorure de silicium, en même temps qu'il perd de l'eau et tend à se transformer en
lluorure ferrique hydraté. Mais cette transformation est très lente. Elle est naturelle-
ment plus rapide dans le vide. Néanmoins un échantillon, conservé dans le vide, déga-
geait encore du fluorure de silicium au bout de 3 mois et il contenait encore { de
molécule de lluorure de silicium, pour imo1 de fluorure ferrique. Comme le lluorure
ferrique retient 6mo1 "d'eau, il semble vraisemblable que les quatre autres molécules
d'eau sont nécessaires pour effectuer la soudure du fluorure de silicium au fluorure
ferrique, et que. c'est le départ de ces molécules d'eau dans une atmosphère sèclie
qui détermine la séparation des deux fluorures.
CHIMIE ORGANIQUE. — Éthers-sels dérivés de ïoctano/2 par la méthode
des auteurs; observations sur le principe de cette méthode. Note de
MM. J.-1Î. Senderexs et J. Aboulexc, présentée par M. G. Lernoine.
Si l'on en excepte l'acétate ('), les éthers-sels dérivés de l'oclanol2
CH3 — (CH2); — CHOH — CH3 ne paraissent pas avoir été décrits, et
cela peut tenir à la facilité avec laquelle l'oclène tend à se produire durant
leur préparation. Nous avons éliminé à peu près totalement ce carbure en
opérant comme pour les éthers hydrocycliques (2), c'est-à-dire en addi-
tionnant de 2 à 3 pour ioo de S04H- le mélange d'octanol2(i'"01) et d'acide
organique (im"',o5), et en maintenant, durant i heure, ce mélange à une
température qui ne dépassait pas ioo". Nous avons ainsi obtenu, avec des
rendements voisins de la théorie, les éthers suivants de l'octanob :
Formiate
Acétate
Propionate
Butyrate
Isobutyrate
lsovalérate
(') Bonis, A/m. de Cldni. et de Phys., 3° série, t. XLIV, p. j 35.
(-) Sendehens et Aboulknc, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 168 et 1254.
Ebullition correspondante
Densités
H = 74 i""".
D>\
0
184
0,8642
194,5
0,8626
211,5
0,8611
227,5
o,85g2
220
o,8554
236,5
o,854o
SÉANCE DU 26 MAI I()l3. 162I
Nous avons également préparé le phénylacétale, qui s'altère lorsqu'on le
distille à la pression ordinaire, et qui bout à ip,5° sous une pression de
35,m".D,;'' = o,95o3.
La préparation des éthers-sels de l'octanoU est donc une simple appli-
cation de la méthode catalytique que nous avons proposée ('), sur laquelle
nous n'aurions pas à revenir si, assez récemment, il n'avait pas semblé que
le principe en était attribué à E. Fischer.
Les expériences auxquelles on a voulu faire allusion sont apparemment
celles de E. Fischer et A. Speier sur l'éthérification des alcools méthy-
lique et éthylique par un certain nombre d'acides gras et aromatiques, en
prenant, comme acide auxiliaire, l'acide chlorhydrique et, dans quelques
cas, l'acide sulfurique (2).
Pour nous borner à ce dernier acide, qui est celui que nous employons,
ces deux savants ont cru pouvoir conclure de leurs expériences que, dans
beaucoup de cas, il y avait avantage, soit au point de vue des rendements,
soit pour éviter la destruction du produit final, non pas précisément à di-
minuer les doses généralement adoptées de SO'H2, lesquelles s'élèvent
aux 3o, 4o et même 60 pour 100 du poids de l'acide organique à éthérifier,
mais à diluer ces doses de S04H- dans un grand excès d'alcool (5mo1 à iomnl
d'alcool pour imo' d'acide organique).
Tout autre est le procédé catalytique auquel nous a conduits une obser-
vation qui ne paraît pas avoir été faite avant nous. Alors que dans le
Mémoire de Fischer et de Speier, comme d'ailleurs dans tous les Traités, il
n'est pas fait de distinction entre les divers acides organiques en ce qui
concerne leur éthérification sous l'influence de SO'H2, nous avons reconnu,
au contraire, que ces acides se divisaient en deux classes (*) :
Une première classe est constituée par les acides aromatiques qui ont
leur carboxyle uni directement au noyau et pour lesquels la proportion
d'éther et la rapidité de sa formation augmentent avec la dose de SO'H2
cjui agirait, selon Berthelot, comme simple déshydratant, d'après l'équa-
tion
C6H5.C02H-t-ROH-i-S(>H2 = SOH'.H'O + C6H5.C02R.
Acide benzoïque. Alcool. Ether-sel.
Notre méthode catalytique ne s'applique pas à ces acides dont l'éthéri-
(1) Senderens et Aboulenc, loc. cit., et Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 1671 et
i855; t. 153, p. 881.
(2) E. FrsciiER et A. Speier, D. ch. G., t. XXY1II, i8q5, p. 3a52.
(3) Senderens et Aboulenc, Comptes rendus, t. 152, 191 1, p. i855.
IÔ22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fication se fera, comme par le passé, en employant les fortes doses de
S04H2, dont il a été parlé plus haut et pour lesquelles Fischer et Speier
conseillent la dilution clans un grand excès d'alcool.
Une seconde classe comprend les acides gras et les acides aromatiques
dans lesquels le carboxyle est séparé du noyau par des chaînons formé-
niques, tels que l'acide phénylacétique, C'H5.CH2. C02H. Nous avons
reconnu qu'avec de très petites doses de SO'H2 (2 et même 1 pour 100 par
rapport au poids de l'acide organique), cette classe d'acides s'élhérifiait
tout aussi bien qu'avec de grandes doses, ce qui nous a amenés à conclure
que, dans ce cas, l'acide sulfurique intervenait, non pas simplement en
absorbant l'eau, comme pour la première classe d'acides, mais en jouant le
rôle de catalyseur. Il se formerait tout d'abord, comme nous l'avons mon-
tré (' ), un composé SO'HR qui servirait de pivot aux réactions suivantes :
(0 SOMIR + ROH = SOvR2-t-HsO,
Alcool.
(2) SOJR2 -4- R'C02H = R'C02R + SO'HR.
Acide gras. Ether-sel.
De même pour l'acide phénylacétique C°H5. CH2.C02H, on aurait :
(3) SO*Ra-i-C6Hs.CHî.COsH = C6H5.CH!.CO!R-t-SO*HR.
Avec l'acide alcoylsulfurique, SO'HR, régénéré, le cycle des combi-
naisons temporaires recommence.
Ainsi, tandis que pour l'étliérification des acides organiques de la pre-
mière classe, l'acide sulfurique ne semble guère intervenir que pour former
des combinaisons hydratées stables, sans qu'il y ait catalyse, pour les
acides de la seconde classe, au contraire, ce même acide sulfurique jouerait
uniquement le rôle de catalyseur. C'est précisément parce que nous lui
avons reconnu ce rôle que nous sommes arrivés à instituer, pour cette
seconde classe d'acides, notre méthode de préparation catalytique des
éthers, dans laquelle, au lieu d'employer, comme cela se pratiquait, 3o,
4o et même 60 pour 100 de SO'' H2 par rapport au poids de l'acide orga-
nique mis en réaction, nous avons réduit ces doses d'acide sulfurique à 2
et même à 1 pour 100. Avec d'aussi faibles quantités de SO'H2, l'alcool et
l'acide organique peuvent être pris en proportions à peu près équimolécu-
laires, sans qu'on ait à craindre la destruction du produit final, ce qui
(') Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 1672.
SÉANCE DU 26 MAI I()l3. l623
achève de montrer la différence qui existe entre le mode opératoire de
Fischer et Speier et notre procédé.
Ce rôle de SO'H2, comme catalyseur d'éthérilication pour les acides de
la seconde classe, s'est trouvé récemment confirmé par les intéressantes
recherches de M. Bodroux qui a obtenu des rendements en acétate d'éthyle,
allant jusqu'aux 88 et 92 pour 100 de la théorie, en éthérifiant le mélange
d'éthanol (7ocm') et d'acide acétique (5orm3) avec 2r'"s et 5cm' des acides sul-
furique, chlorhydrique et azotique, dilués dans 5ocm' d'eau (' ). 11 est évident
que des acides aussi dilués ne sauraient intervenir en absorbant l'eau pour
former des hydrates, et que, dès lors, c'est à une action catalytique qu'il
faut attribuer leur influence dans l'éthérification.
CHIMIE ORGANIQUE. — Hydrogénation catalytique des y-glycols acétyléniques
en présence de noir de palladium. Note de M. Georues Dupont, présentée
par M. A. Haller.
J'ai, dans ma Thèse de Doctorat (Paris, 191 2), indiqué la possibilité de
fixer, par agitation en présence de noir de platine, l'hydrogène sur les
y -glycols acétyléniques et d'obtenir, par ce moyen, les glycols saturés cor-
respondants. Mais, dans cette hydrogénation, j'ai pu vérifier la remarque
déjà faite par M. Lespieau (2) sur des glycols acétyléniques analogues, à
savoir que l'hydrogénation, en présence de noir de platine, ne s'arrête pas
à la simple saturation de la triple liaison, mais attaque partiellement les
fonctions alcooliques. C'est ainsi que, dans la plupart des cas, j'ai obtenu,
à côté du glycol saturé (I), l'alcool (II).
R ^COH - ( CH2 )2 - COH^ R ^COH - ( CH2 y - C\\(K ,
R'/ v ' \IV R'/ \R'
I. H.
RN>CH- (GH2)--CH/R
R'/ v ; \R'
m.
Jamais toutefois l'hydrogénation n'a dépassé notablement ce terme et
jamais je n'ai pu isoler de carbure (III).
L'étude des glycols saturés présentant un intérêt assez grand, j'ai tenlé
d'améliorer les rendements en glycol en remplaçant le noir de platine par
(') Bodrolx, Comptes rendus, t. 15G, avril 1 9 1 3, p. 1079.
(2) Lespieau, Comptes rendus, t. 150, p. 1761.
IÔ24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le noir de palladium qui, d'après Fokin ('), serait un catalyseur d'hydrogé-
nation moins actif que le platine. Le résultat a été tout le contraire de celui
que j'attendais : dans la plupart des cas il n'existe, dans le produit d'hydro-
génation obtenu, que des traces de glycol saturé, mais au contraire un
peu de l'alcool (II) et beaucoup du carbure (III); dans certains cas on
obtient même uniquement ce dernier.
Résultats expérimentaux. — J'ai toujours opéré en solution dans l'éther;
les résultats se classent nettement en deux groupes :
I. Glycols gras. — L'hydrogénation est ici limitée et donne un mélange
des trois produits possibles :
i° Le diméthylbutinediol sym. donne une forte proportion d'hexane, puis une
fraction moindre d'Iie\anol et, enfin, Une petite quantité d'un liquide bouillant vers
2i5°, point d'ébullition du glycol saturé.
2° Le télraméthylbutinediol sym. (pinacone acétylénique) m'a donné des frac-
tions, à peu près égales, de diméthyl-2 .S-keœane (ébull. ioo,°-i io°; rij, = i,3p,36(2) et
de dimèthyl-i .5-hexanol-2 (ébull. i52°-i54°; nD = 1,4206) (-).
3° Le dimétliyltlwthylbulinediol sym. donne, presque uniquement, du diméthyl-
3.6-octa/ie (ébull. i59°-i6o°; nD — \,fati&; Dl3 = 0,7402) ( 2). Une petite fraction
distille toutefois vers 1900, point d'ébullition de l'alcool saturé.
4° Le Létraélhylbutinediol ainsi que le diisobutylbutinediol sym. donnent des
mélanges qui, d'après la quantité d'hydrogène fixée et l'allure de la distillation, con-
tiennent indubitablement les trois termes d'hydrogénation; la faible quantité des
produits traités ne m'a pas permis d'isoler ces corps dans un état de pureté suffi-
sante.
5° Enfin le télrapropylbutinediol sym. donne, presque uniquement, du tétraprn-
pylbutanediol fondant à 43° (3). Ce fait est à rapprocher de la difficulté de déshy-
dratation de ce glycol.
IL Glycols aromatiques. — Fait surprenant ici, tandis que le platine
donnait uniquement les glycols saturés, le palladium donne, uniquement,
le carbure saturé :
i° Le diphénylbutinediol sym. donne, quantitativement, le diphénylbulane fon-
dant à 32° (4).
(') Fokin, Zeits.-fùr ang. Ch., t. XXXII, p. i45i-i45g.
(*) Ces divers produits ont été identifiés, par leurs constantes, avec les corps
décrits dans ma Thèse, p. 29, 3i, 32,
(s) Thèse de Doctorat, p. 44-
(*) Freund et Immerwaur, Ber. d. D. Ch. Ges., t. XXIII, p. 2858.
SÉANCE DU 26 MAI IO,l3. IÔ25
20 Le dimétkyldiphénylbulinediol donne, quantitativement encore, le diplié-
nyl-i.^-hexane, liquide incolore, bouillant à i85° sous 12""°; D15 = 0,9634;
»D = i,544o; Rji = 78,0 (cale. j8,38).
Conclusions. — Le mécanisme de l'hydrogénation est différent, je le
crois, dans ces deux groupes de glycols.
Dans le premier groupe (glycols gras), l'hydrogénation des fonctions
alcooliques ne peut se produire que sur le glycol acétylénique, aisément
déshydratable; le glycol ou, du moins, l'alcool saturés ne sont pas réduc-
tibles, eux, dans ces conditions : j'ai pu vérifier, dans quelques cas, ce
dernier fait; on conçoit donc aisément pourquoi, pour ce groupe de gly-
cols, l'hydrogénation est limitée.
Il est à remarquer que, malgré les apparences, les résultats sont d'accord avec une
aptitude lndrogénante moindre chez le palladium que chez le platine ; ce n'est que
parce que le palladium hydrogène difficilement la triple liaison que la déshydratation
des fonctions alcooliques, suivie d'une hydrogénation, est possible.
Dans le second groupe, au contraire, les glycols salures, eux-mêmes, son/
réduits en présence de palladium; j'ai pu, en effet, hydrogéner totalement
du diphénylhutanediol dans ces conditions et obtenir, quantitativement, le
carbure. Dans ces cas, l'hydrogénation doit donc être totale, ce qui s'est
vérifié.
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation des aminés aromatiques primaires et
secondaires avec les éthers mésoxaliques. Synthèse dans la série de Vindol.
Note de MM. A. Guyot et J. Martinet, présentée par M. A. Haller.
L'action des amitiés aromatiques primaires sur les éthers mésoxaliques a
déjà fait l'objet de quelques recherches de la part de MM. SchmittC),
Curtiss, Hill et Lewis (2). Dans tous les cas étudiés, ces auteurs ont observé
la fixation de imo1 ou de imoi d'aminé et la formation de dérivés anilidés des
types suivants :
C6H5-NH-C— OH C6H5-N = C<^" C6H5-HN- C- NH - C'H'
\rn,R \LU-K 1
UJ-R C02R
(') Schmitt, Comptes rendus, t. 141, 3 juillet io,o5, p. 48.
(2) Curtiss, Hill, Lewis. Journ. Americ. Client. Soc, t. XXXIII, p. 4oo.
1626
ACADEMIE DES SCIENCES.
A la suite de nos recherches sur la condensation des éthers mésoxaliques
avec les aminés aromatiques tertiaires (' ), il nous a paru intéressant de
reprendre cette étude en nous plaçant dans des conditions analogues à
celles qui nous avaient permis de préparer avec les aminés tertiaires des
éthers amidophényllartroniques
/CO'R CO'R
CIPNRs+aX ^,^=NR2C6H4-C< OH
\COR \œsR
Les produits ohtenus dans ces conditions sont totalement différents de
ceux isolés par MM. Schmitt, Curtiss, Hill et Lewis : à côté d'une petite
quantité d'un éther phényltartronique, formé en vertu de l'équation précé-
dente, le produit principal de la réaction est constitué par un éther
dioxindol-3-carhonique qui a pris naissance conformément à l'équation :
\/\\H2
C0le une huile constituée par un mélange de N-ëthyldloxindol-3-cai ljonate
d'éthyle et de roonoéthylparamidophényllartronale d'éthyle.
Le contenu du ballon est traité par 10""' de MCI à 5o pour 100 qui dissout l'éther
phényltartronique; le dérivé indolique re>te insoluble et se purifie facilement par
cristallisation dans l'étlier. La solution chloi h\ drique. neutralisée par le carbonate de
sodium, laisse déposer l'étlier tartronique sous forme d'une huile qui cristallise len-
tement.
Nous avons ainsi préparé :
Avec la para toi uidiue : le méthyl-5-dioxindol-3-carboriatc de mélhyle
(F. 2.5i°), le métliyl-^-dioxindol-^-carbonate d'éthyle (F. 2120), le mélhyl-^-
dioccindol (F '. 2100) et l'isatine correspondante déjà connue.
Avec la (ï-naplitylaminc : le fi-naphtodioxindol-'î carbonate de mélhyle
(F. au-dessus de 3oo°), le fi-naph/odioxindol-3-carbonate d\!lhyle (F. 210"),
le dioxindol et l'isatine correspondants déjà connus.
Avec la monomélhylaniline : le méthyl-\-diojindol-'> -carbonate de
/néthyle(F.2ijn), le monométhylparamidoplicnyllartronate de méthyle(V .86°),
le méthyl-i-dioxindol-3-carbonale d'éthyle (F.i3o°), le dioxindol cl l'isaline
correspondants déjà connus.
Avec la monoéthylaniline : Véthyl-x-dioxindol-Z- carbonate d'éthyle
(F. i4i)'\ le monoëthylparamidophényltartronate d'éthyle (F. (3)°), le
dioxindol et l'isatine correspondants déjà connus.
Avec la monoéthyl-(3-naphthylamine : le N-éthyl-fi-naphtodioxindol-3-
carbonate d'éthyle (F. 1810), le N-élhylnaphtodioxindol (F. 172°), la 'S-éthyl-
fi-naphtisatine, fines aiguilles d'un rouge grenat, fondant à 173°.
La tétrahydroipiinolétne, en sa qualité d'aminé secondaire, se comporte
de même et nous a permis de préparer :
Le triméthylëne-i . -j-dioxindol-3-carbonate de mêthyle\(¥ . 188") [form. (1)]
CXY- H
1
-COH
1
GO
7\'_
H
1!
-COH
I
co
-GO
II2. lC\V
G IV-
CUK yGH
GIP
(■)• (2)-
C R., içii3, 1" Semestre. (T. 156, N° 21.)
yw
H2 G, ,C\V
CH2
(3). .
GO
208
1G28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le trimëthylène-i .7 -dioxindol-'i -carbonate d'éthyle (F. 1 74°) î 'c trimèthy-
lêne-j.'j-dioxindol (F. 1600) [form. (2)] et la Irimélhylêne-i.j-ùatine,
prismes d'un rouge vif, fondant à 195° [form. (3)].
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de Vu.-monochlorhyd.rine et de l'épichlorhy-
drine, sur la glycérine monosodèe. Note de M. «Iran Nivière, présentée
par M. A. Hallcr.
Dans le but de préparer l'alcool diglycérique
CHa— OH — Cil — 011 — Cil2- O - Cil5- Cil - 011 - Cil2— < >H,
j'ai fait réagir l'a-monochlorhydrine sur la glycérine monosodée.
J'indiquerai auparavant une nouvelle méthode de préparation de l'a-mo-
nochlorhydrine. File consiste essentiellement à saturer, par l'acide chl or-
hydrique gazeux, la glycérine (glycérine industrielle dite de saponifica-
tion, par exemple), maintenue à i2o"-i3o° dans un ballon muni d'un
réfrigérant ascendant.
Les rendements sont satisfaisants, pour iks de glycérine on obtient 8oos
d'a-monochlorhydrine brute et 660e passant entièrement entre i2i°,5-
122", 5 sous i.V""1. Je rappelle que le procédé de M. Fauconnier (') ne
donnait que 16,6 pour 100.
La glycérine monosodée réagissant sur l'a-monochlorhydrinc donne
comme réaction principale du glycide.
Le glycérylate monosodique agit comme un alcalin, enlève HC1 à la
monochlorhydrine; il y a en même temps formation de chlorure de sodium
et régénération de glycérine.
On obtient accessoirement un peu d'alcool diglycérique, 2 à 3 pour
100.
Devant ce résultat j'ai pensé que la glycérine monosodéc réagissant sur
l'épichlorhydrine conduirait au monoanhydride interne, de l'alcool digly-
cérique, qui par hydrolyse donnerait l'alcool cherché.
Avant de décrire cette réaction, j'exposerai une nouvelle préparation de
l'épichlorhydrine, basée comme la préparation classique, sur l'action des
alcalis sur la dichlorhydrine-i.3.
• On place dans un ballon muni d'un tube à distiller dans le vide, de Vigreux, par
( ' ) Thèse, Paris, 1910.
SÉANCE DU 26 MAI IO,l3. 162g
exemple i,5 à 2 fois la quantité théorique de potasse dissoute dans le plus petit
volume d'eau possible.
Le tube de Vitreux porte une ampoule à brome qui contient la diclilorlivdrine. Il
est relié à un réfrigérant descendant. Le ballon plonge dans un bain-marie. Ou fait
dans l'ensemble des appareils un vide d'environ i?.omm, de façon que sous cette pres-
sion et à cetUj température la diclilorhydrine ne puisse pas distiller, tandis que l'épi—
chlorhydrine passera entraînant l'eau. Le bain-marie étant chaud, on fait tomber
goutte à goutte la dichlorliydrine sur la potasse.
L'épichlorhydrine au fur et à mesure de sa formation distille. Elle est sumagée par
un peu d'eau qu'on sépare à l'entonnoir à robinet, on sèche sur K'GO3. Les rende-
ments sont très satisfaisants : g5 pour 100 de la théorie (E = 1 i60-ii8°).
Ou peut substituer la chaux à la potasse.
L'épichlorhydrine réagissant sur la glycérine monosodée fournit un poly-
mère de l'anhydride interne de l'alcool diglycérique.
C'est un corps blanc, amorphe, légèrement élastique; insoluble dans
l'eau, l'alcool, l'éther, la pyridine, le nitrobenzène. Par ébullition avec
l'anhydride acétique (en présence d'acélale de sodium fondu) il donne un
dérivé diacétylé, légèrement soluble dans la pyridine bouillante.
Il rappelle comme aspect physique le corps générateur.
Ces deux substances, sous l'action de la chaleur, se décomposent sans
fondre.
CHIMIE ORGANIQUE. — ■ Sur quelques propriétés nouvelles du tétraiodure de
carbone et son dosage en présence d'iodoforme. Note de M. Makcui,
Lantenois, présentée par M. Ch. Moureu.
Nous avons fait, dans une Note précédente ('), l'examen critique des
procédés de préparation du tétraiodure de carbone et indiqué un moyen de
purification permettant d'obtenir ce composé très pur. Nous nous proposons
aujourd'hui d'en donner quelques propriétés nouvelles.
L'hydrogène réagit déjà vers ioo°; il donne bien naissance, ainsi que
l'avait montré Moissan, à de Fiodoforme et de l'acide iodhydrique, mais
nous avons reconnu que ce dernier provoquait ensuite une hydrogénation
progressive avec formation d'iodure de méthylène et d'iodure de méthyle.
Un autre exemple d'hydrogénation est fourni par la potasse alcoolique,
dont l'action est déjà rapide vers 3o0-/|o°; elle s'accompagne ici de la for-
(') M. Lantenois, Comptes rendus, t. 156, ro,i3, p. 1 385.
l()3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
nialion d'une petite quantité de méthane, qu'il nous a été possible de carac-
tériser d'une façon absolue en employant la méthode de séparation des gaz
de MM. Lebeau et Damions (' ):
Nous avons également étudié l'hydrogénation par le sodainmonium.
On s;i il ([ne les iodures alcooliques sont liés facilement transformés par ce réactif en
carbures c;ui rcs| m >n c] an Is (-). Nous avons reconnu, (oui d'abord, (|ue l'ammoniac,
liquéfié était sans action sur l'iodure de carbone, et donnail simplement une eombi-
naison à molécules égales facilement dissociable. Lorsqu'on fait réagir une Miluliou de
létraiodure de carbone dans rammoniac liquide sur du sodanimonium en e\i -es. on
recueille du méthane : le volume de ce gaz est environ le tiers de celui qui corres-
pondrait à une transformation intégrale. Nous n'avons pu retrouver ni élh)lène, ni
acétylène, composés signalés par M. Chablay (') dans des réactions parallèles
effectuées sur l'iodoforme, le chloroforme et le tétrachlorure de carbone.
Un sixième environ du carbone se retrouve à l'état de cyanure de Midium. Mous
avons pu isoler, en outre, de la inélhylaniine et une très petite qu uitilé d'une base
dont les caractères rappelaient ceux de la guanidinr.
L'action, de l'oxygène est particulièrement intéressante, parce qu'elle
renseigne exactement sur les conditions de stabilité du télraiodui e de car-
bone. Ce dernier est décomposé intégralement, même à l'obscurité, par
l'oxygène pur, en doniiani de l'iode et de l'oxyiodurc de carbone;
l'oxyiodure est instable et les gaz fournis dans la réaction renferment
surtout de l'oxyde de carbone, avec une petile proportion d'anhydride
carbonique. Cette action est facilitée par la lumière.
Dans l'air atmosphérique, la transformation est moins rapide ; cependant,
même à l'obscurité, l'iodure de carbone se décompose lentement, en
donnant de l'iode et de l'oxyde de carbone, de sorte que si on l'abandonne
à l'air, il disparaît lentement sans changcinentd'aspecl. A ioo°, celte action
de l'oxygène est très rapide. Enfin, les solutions de létraiodure s'allèrent
J o I
exaclemenl dans les mêmes comblions au contact de l'air. Nous avons
vérifié au contraire que l'anhydride carbonique est absolument sans action
sur le produit sec ou sur ses solutions.
L'iodure de carbone réagit sur un certain nombre de composés chlorés
métalloïdnpies en donnant l'iodure correspondant el un chloroiodure de
carbone.
L'azolale d'argenl, en solution aqueuse à ,«, pour too, agil sur l'iodo
| | r | ,_ r— —
(') I'. l.lilIKAU el \. Duill.NS, Cfllip/rs niuhis. I. 166, I,,l3, p. lV|.
(") I*. Lebeau, Comptes rendus, t. I'iO, \qq5, p. i"i ■>■■
(3) CllABLA-Y, 11)1(1.. p. I 264,
SÉANCE DU 2() MAI IÇ)l3. l()'3l
forme, on donnant naissance quantitativement à de l'oxyde de carbone et
de Tiodure d'argent ('). L'iodure de carbone étant attaqué dans les mêmes
conditions, nous avons reconnu qu'il se formait : d'un côté de l'oxyde de
carbone et de l'anbydride carbonique, et d'un aulre eôlé de l'iodure et de
l'iodale d'argent. Les deux équations suivanlcs paraissent s'ellecliMi
simultanément :
Cl' h- 4 NO1 Ag' -+- 2 1I-U = 00^ + 4 NO3 Jl + .', Agi,
3t:i4+i2MJ3Ag-i-olPO = 3C0 -i-IO'Ag-Mi Agl + i a iN O 1 1
Le dosage du tétraiodure par pesée nécessite donc la réduction de
l'iodalc formé. < >n voit, d'un autre côté, que ebacune des deux équations
conduit à la formation d'une molécule de gaz pour une molécule de tétra-
iodure; c'est-à-dire que, tbéoriquement, quelles que soiciil les proportions
relatives de l'oxyde de carbone el de l'anbydride carbonique, le volume de
leur mélange doit être en rapport avec le poids d'iodure entré en réaction.
Nos expériences ont bien contrôlé l'exaclilude de ce fait.
Nous avons appliqué cette réaction au dosage du tétraiodure de carbone
en présence d'iodoforme; la proportion d'iode dans ces deux composé* eél
de (-)7,G(j pour ioo pour le tétraiodure, et. de (")(>,"(> pour ioo pour l'iodo-
forme. Le dosage de l'iode ne renseigne donc que d'une façon peu précise;
d'autre part, la combustion est pénible lorsqu'on la réalise dans les condi-
tions ordinaires. Or, le volume recueilli dans l'action de l'azotate d'argent
est de 4'2cm',<) pour iy de tétraiodure el 5()1'"'', 6 pour iK d'iodoforme ; ces
gaz peuvent être mesurés avec une très grande exactitude : l'opération
constitue donc un dosage précis et rigoureux du carbone.
Diverses expériences, réalisées sur des mélanges en proportions connues
de tétraiodure et d'iodoforme, nous ont démontré la parfaite sensibilité du
procédé qui nous a rendu de grands services dans l'étude de la réaction
de llobineau cl llollin.
MICROBIOLOGIE. — Toxine cl antitoxine cholériques. Note {-)
de M. ili.viii Poitevin, présentée par M. Uoux.
La diversité des caractères attribués successivement à la toxine ebolérique
- toxine endocellulaire, lliermoslabile el dépourvue de la qualité d'anli-
(') URKSiiOFF, Recueil Tràv. ctiim. Pays-Bas, t. VII, i888, p. 342.
(!) Présentée dà'ris la séance du i.'i mai 1 9 1 3.
l(J32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gène (Pfeiffer, Wassermann), ou thermolabile et antigène (Macfadyan);
toxine soluble, thermoslabilc (Roux, Metchnikoff et Salimbeni, Bran et
Denier) ou thermolabile (Kraus, Huntemuller) — témoigne que les divers
savants travaillant clans des conditions et sur des races vibrioniennes dill'é-
renles, n'ont pas eu entre les mains une seule et même substance active.
Toutes leurs observations sont valables, au même litre. Mais si elles doivent
servir de base à une classification rationnelle des vibrions, et à des induc-
tions thérapeutiques, elles appellent de nouvelles recherches qui permettent
d'en préciser la signification et d'en faire disparaître les contradictions
apparentes.
En vue de recueillir des données pouvant être utilisées dans ce but, j'ai
examiné un certain nombre de races vibrioniennes, isolées de cas de choléra
typiques, au cours des épidémies européennes de ces dernières années. J'en
ai retenu, pour une étude plus approfondie, deux qui présentant tous les
caractères classiques du vibrion de Koch donnent, dans les cultures en
bouillon, des toxines solubles se rattachante l'un ou à l'autre des deux types
visés ci-dessus.
La race A a été isolée au cours de l'épidémie italienne de 1910; je l'ai
étudiée comparativement avec une autre déjà connue, la race 70 de la < lnl-
lection de l'Institut pour les maladies infectieuses de Berlin.
Les deux races se comportent en toutes circonstances de façon sensi-
blement identique. Ensemencées en bouillon Martin, elles donnent,
après 3-4 jours d'étuve à 370, des cultures qui, filtrées sur bougie de porce-
laine, contiennent une toxine fortement hémoly tique; thermolabile détruite
par un chauffage de 3o minutes à 5o° ou de quelques minutes à ioo°. Les
cobayes de 2ooB succombent en moins de 24 heures à l'injection inlrapéri-
lonéale de oem\ 5. Les jeunes lapins (8oos-iooos) et les pigeons succombent
dans les marnes conditions à l'injection intraveineuse; avec des doses plus
élevées (icm", 5-3cm'), la mort survient en quelques minutes. Le chauffage fait
disparaître tout pouvoir hémoly tique, mais non pas tout pouvoir toxique.
Celui-ci baisse considérablement dès lespremières minutes de séjour à ioo°,
mais il n'est plus ensuite modifié par une action même prolongée de la
chaleur. La toxicité du liquide chauffé représente selon les essais le \ on le {
de celle du liquide primitif : elle s'en dislingue en oulrc par divers carac-
tères, notamment par sou inactivité pour le pigeon.
La race B a été isolée au cours de l'épidémie de Conslàntinople, en
11)1). Elle donne dans les cultures en bouillon filtrées sur porcelaine une
toxine, dépourvue de pouvoir hémolytique, tuant, à la dose de icm', le cobaye
SÉANCE DU 26 MAI I9l3. 1 633
dans les mêmes conditions que la précédente; tuant le lapin en injection
intra-veineuse, sans qu'on puisse, en élevant les doses, amener la mort
brusque, en quelques minutes; à peu près inactive pour le pigeon. Chauffée
quelques minutes à ioo° elle perd une partie de son activité, mais celle qui
persiste reste inaltérée même après un chauffage prolongé. Cette perte
variable d'un essai à l'autre estparfois à peine appréciable, d'autres fois elle
atteint jusqu'au tiers de l'activité primitive.
Avec chacune des deux races A et B, j'ai vacciné un âne, par injections
sous-cutanées de cultures en bouillon filtrées sur papier, après addition
d'un peu de laclate de chaux qui produit un précipité floconneux facilitant
beaucoup la filtration. Le sérum d'âne normal est dépourvu de pouvoir
antitoxique. Celui-ci apparaît et s'accroît régulièrement au cours de l'im-
munisation, sans qu'il soit possible de lui faire dépasser un certain taux
(2 doses mortelles de toxine, saturées, in vitro, par ocm*,02 de sérum); les
animaux ne tolèrent pas les injections répétées de fortes doses de toxine.
Le sérum préparé avec l'une ou l'autre des deux races agit également sur
l'une et l'autre des deux toxines, saturant sa portion thermolabile, mais
non pas sa portion thermostabile. Cette particularité de leur action anti-
toxique est surtout nette avec la toxine A, pour laquelle l'écart est grand
entre les activités avant et après chauffage. Tant que la quantité de toxine
mise en œuvre reste inférieure à celle qui contient une dose mortelle après
chauffage, la saturation par le sérum se fait régulièrement en suivant la loi
proportionnelle; mais, dès que cette limite de la dose mortelle après chauf-
fage se trouve notablement dépassée, les animaux succombent, quelle que
soit la quantité de sérum employée. Je n'ai jamais pu neutraliser une quan-
tité de toxine, chauffée ou non, contenant deux doses mortelles après
chauffage.
Il résulte de ces observations que chacun des deux vibrions étudiés
sécrète à la fois une toxine thermolabile et un poison thermostabile. Le
sérum des animaux vaccinés renferme une antitoxine qui neutralise la
toxine thermolabile ; mais je n'ai pu mettre en évidence l'existence d'un
anticorps neutralisant le poison thermostabile.
BACTÉRIOLOGIE. — Étude sur le bacille tuberculeux. Note
de M. A. Besrkdka, présentée par M. Roux.
En abordant cette étude, il y a 3 ans, notre but était seulement de
trouver un bon milieu liquide pour la culture du bacille tuberculeux.
Nous épargnerons au lecteur la description de combinaisons multiples
(634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que nous avons essayées avant d'arriver an milieu définitif qui est une
macération de viande additionnée de 20 pour 100 de jaune d'œuf et de
20 pour 100 de blanc d'œuf solubilisés. |\ous exposerons la technique
exacte' dans un article qui paraîtra procbaineinent dans un autre licrueil.
Pour le moment, nous ferons remarquer qu'à ce milieu il n'est ajouté ni
peptone, ni sel, ni glycérine et que, après 2a4j beures d'éluve, on obtient
une culture poussant en profondeur, ne le cédant en rien, quant à l'abon-
dance, à celle d'un microbe ordinaire tel que le streptocoque.
Le bacille tuberculeux provenant d'une culture obtenue sur pomme de
terre pullule rapidement dans ce milieu. Au bout de 2 ou 3 semaines,
elle forme une membrane blancbàtre tapissant complètement le fond de la
boite de Roux. Quelques secousses imprimées à la boite suffisent pour
transformer cette membrane en une poussière d'une extrême finesse,
laissés au repos pendant quelques instants, les bacilles se réunissent à
nouveau en amas, de plus en plus gros, puis reprennent leur aspect mem-
braneux.
Le milieu en question présente l'avantage de conférer aux cultures de
bacilles bovins un aspect particulier distinct de celui de bacilles d'origine
bumaine. Ces expériences faites en collaboration avec F. Jupille ne portent,
il est vrai, que sur onze origines bovines et dix origines buinaines (' ); mais
elles ont été toutes concordantes : tandis que les bacilles bumains donnent,
au bout d'environ l\ à G semaines, de petites écailles sècbes, se détachant
facilement du verre, les bacilles bovins forment des filaments glaireux,
collant au verre, de consistance muco-membraneuse.
Si âgées que soieut nos cultures de tuberculose, même après plus d'un
an de séjour à l'étuve, elles n'exhalent jamais la moindre odeur.
Elles renferment une tuberculine : une culture de trois semaines, chauffée
à 1 i:>° et débarrassée de corps microbiens, tue le cobaye tuberculeux à la
dose de il'"',;"> à 2e'"' en moins de i!\ heures.
Cette tuberculine présente l'avantage de fixer spécifiquement l'alexine
en présence du sérum des sujets tuberculeux. Comme il ressort des expé-
riences faites en collaboration avec J. Manoukhine, les cobayes inoculés
avec des bacilles tuberculeux donnent une réaction de fixation positive,
dès le quatrième jour de l'infection, alors qu'il n'existe pas la moindre
lésion macroscopique.
Chez l'homme aussi, notre tuberculine permet de reconnaître des lésions
(') Nous les devons à l'obligeance de MM. Calmette, Eber, Kossel et Vallée, ainsi
qu'à nos collègues de l'Institut Pasteur, Burnet, Charpentier et Fernbach.
SÉANCE DU 26 mai igi3. l635
latentes ou à peine ébauchées, alors que les signes cliniques sont encore
muets ou très indécis. Cette séroréaclion est moins sensible que la cutiréac-
tion; d'après les recherches de Calmetteetses collaborateurs, la cutiréaction
est positive, chez les personnes réputées saines, dans près de 90 pour 100
des cas. Dans le.; conditions analogues, notre tuberculine donne une réac-
tion positive dans moins de 10 pour 100 des cas. Grâce à l'obligeance de
MM. Levaditi et Latapie, nous avons pu examiner, en collaboration avec
J. Manoukhine, -]5o personnes s'étant présentées à l'Institut Pasteur pour
le sérodiagnostic de la syphilis. Sur ce nombre, notre antigène tuberculeux
a fixé l'alexine avec le sérum de 69 personnes. On trouvera ailleurs les
détails relatifs à cette réaction chez le cobaye et chez l'homme.
La séroréaction en question est-elle spécifique au point de permettre de
voir si l'on a affaire à une tuberculose d'origine bovine ou humaine? En
collaboration avec F. Jupille, nous avons inoculé, à une série de lapins, des
bacilles bovins et à une autre série des bacilles humains, sous la peau, dans
le péritoine et dans les veines; puis nous avons examiné le sérum de ces
lapins, à différents moments de l'infection, à la fois avec l'antigène tuber-
culeux humain et bovin. 11 résulte, des expériences croisées faites avec ces
deux antigènes, que les sérums des lapins réagissent de même quelle que
soit la tuberculine employée.
Ces expériences ont montré, de plus, que les lapins inoculés avec du
virus humain donnent une séroréaclion dès le vingtième jour et que
celle-ci est fortement positive; par contre, les lapins inoculés avec du virus
bovin auquel ils sont, comme on le sait, très sensibles, ne montrent qu'une
réaction de fixation partielle, et cela pendant une période très courte.
Il en est à peu près de même des lapins auxquels on injecte des bacilles
bovins dans la cavité rachidienne, suivant le procédé de Louis Martin. Ces
lapins qui sont devenus, dans nos expériences, paralysés au bout de
2 mois environ et cjui ont succombé dans les i5 jours qui ont suivi la
paralysie, n'ont fixé l'alexine à aucun moment de leur maladie.
Cette ahsence de réaction est à rapprocher des observations que nous
avons faites avec A. Nelter sur 12 enfants de son service, atteints de
méningite tuberculeuse : leurs sérums, mis en présence de notre antigène
tuberculeux, ont toujours donné une séroréaction négative. Nous dirons
plus : les sérums des enfants atteints de méningite tuberculeuse, montre
une hémolyse même plus tôt que les sérums des sujets sains : il y a là un
phénomène qui peut être utilisé pour le diagnostic différentiel et qui est à
rapprocher de ce que nous avons vu avec M. Manoukhine chez les cobayes
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 21.) 209
I 636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tuberculeux injectés avec la tuberculine; chez ces derniers, non seulement
il n'y a aucune fixation d'alexine, mais l'hémolyse est plus accusée que
dans les tubes témoins renfermant du sérum de cobaye normal.
Faisons remarquer que les tuberculeux avancés, enfants ou adultes,
donnent une séroréaction partiellement positive ou même franchement
négative, tout comme des personnes normales.
MORPHOLOGIE. — Sur un organe pèriœsophagien énigmatique des Tinëides
et sur son développement. Note de Mme A. Hupnagel, présentée par
M. Henneguy.
J'ai observé chez deux Lépidoptères, Gracilaria syringella F. et Hypono-
meula padella L. un organe particulier qui me paraît avoir jusqu'ici
échappé aux observateurs. Cet organe est situé au voisinage immédiat de
l'œsophage, à la hauteur de la limite entre la tête et le premier segment
thoracique. Chez l'imago, il se présente, en coupe transversale, comme un
anneau entourant la section de l'intestin antérieur. Cet anneau est consti-
tué, sans limites cellulaires bien nettes, par un cytoplasme chromatique où
sont plongés des noyaux irréguliers, parfois digités.
J'ai pu suivre le développement de cet organe chez Hyponomeuta
padella.
Chez la larve âgée, les cellules épilhéliales de l'œsophage présentent du
côté basai des expansions irrégulières faisant saillie vers la cavité générale
et s'insinuant entre les fibres de la tunique musculaire. Au début de la
nymphose les cellules épithéliales passent à un état moins différencié et en
particulier rétractent leurs expansions. A ce moment, on voit assez brus-
quement apparaître dans le co-lomc, dans le voisinage de l'œsophage, un
assez grand nombre d'éléments nouveaux, qui, par tous leurs caractères,
structure et colorabilité de leur cytoplasme, appareil chromatique de leur
noyau, nucléole etc., sont identiques aux cellules épithéliales mêmes de
l'œsophage.
En l'absence de toute indication précise qui permettrait de leur attribuer
une autre origine, je pense qu'on peut interpréter ces cellules comme
étant véritablement d'anciennes cellules œsophagiennes, qui ont quitté
leur rang épithélial et ont émigré dans le cœlome. Ce processus est
d'autant plus admissible que, précisément à ce moment, il y a dans l'in-
testin antérieur une diminution notable du nombre des cellules du manchon
SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. lG37
êpithélial contracté. Ces éléments tendent à se réunir, à droite et à gauche
de l'œsophage, en deux amas (A, fig. 2) situés précisément au niveau
indiqué, limite de la tête et du premier segment thoracique.
Autour de la région postérieure de l'oesophage on retrouve sporadi-
quement des éléments semblables (C, fig. 3), deux ou trois par coupe
I x 900. — Amas cellulaire qui donnera l'anneau përi-œsopbagien. Nymphe de 7 jours.
IIX700. — Épithélium de la portion antérieure de l'œsophage O, avec les deux amas cellulaires A
et quelques cellules eparses. Nymphe de 36 heures.
III. — Épilhélium de la portion postérieure de l'œsophage £', avec une cellule de la couche externe C.
Nymphe de 00 heures.
IV. — Anneau A entourant l'oesophage O. Imago prêt à éclore.
transversale, rappelant aussi tout à fait, par leur aspect, l'épithélium
voisin, et se présentant comme des ménisques, convexes vers l'extérieur et
touchant par leur bord la surface basale de répitltélium.
Deegener a brièvement signalé chez un autre Lépidoptère, Malacosoma castrensis L.,
un processus peut-être analogue; il signale en effet, chez la nymphe, l'existence autour
de l'œsophage d'une deuxième couche formée par un nombre moindre de cellules
plus aplaties et qu'il interprète aussi comme émi grées à partir de l'épithélium ; mais il
ne s'est pas préoccupé de leur sort ultérieur.
Les éléments environnant la portion postérieure de l'œsophage ne pa-
raissent pas jouer de rôle particulier. Ceux: qu'on rencontre enveloppant
l'œsophage juste en arrière du cerveau ont, au contraire, une signification
bien précise : ce sont eux qui édifient l'organe qui nous occupe.
l638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pendant une première période, qui succède à leur apparition, ces éléments
commencent à se multiplier par voie caryocinétique. Puis ces divisions
indirectes cessent, vers le commencement du troisième jour de la vie
nymphale; et, à partir de ce moment, les noyaux qui se sont beaucoup
accrus prennent des aspects lobés et ne présentent plus que des divisions
directes, par clivage dans des plans différents (Jïg. i). Par suite de celte
prolifération, les deux amas latéraux se développent d'une façon consi-
dérable et, progressant l'un vers l'autre, ils se rejoignent en un anneau qui
entoure le tube œsophagien, devenu maintenant très étroit (fig. 4)> Les
limites cellulaires se sont presque entièrement évanouies et les noyaux
présentent des contours très irréguliers. L'organe arrive ainsi à sa consti-
tution imaginale.
Par son aspect bistologique et par sa situation au niveau du cou, cet
organe énigmalique rappelle jusqu'à un certain point la forma lion connue
chez les Diptères sous le nom d'anneau de soutien du cœur. Mais il ne faut
pas perdre de vue que, chez les Lépidoptères que j'ai éludiés, cet organe
forme un anneau autour de l'œsophage et non autour du cœur : c'est un
organe dont la fonction reste encore à découvrir.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — De l'emploi de proportions croissantes de glucose dans
la synthèse biochimique du mèthylglucoside p. influence du gtucoside formé
sur l'arrêt de la réaction. Note de MM. En. Bourquelot et Lui. Vekdox,
présentée par M. Jungfleisch.
Les facteurs qu'on peut faire varier dans la synthèse biochimique du
mèthylglucoside [3 sont : la proportion d'émulsine, la température de la
réaction, le titre de l'alcool mélhylique et la proportion de glucose. On a
vu que l'état d'équilibre auquel aboutit la réaction est indépendant des
deux premiers facteurs ('), tandis que la quantité de glucose qui se com-
bine à l'alcool croît avec le titre alcoolique jusqu'à atteindre, dans de
l'alcool méthylique à çj5c, en poids, de 91 à 96 pour 100 du glucose mis en
œuvre (2).
Restait à rechercher si l'emploi de proportions variées de glucose
influerait sur t'étal d'équilibre final.
(') Comptes rendus, t. I06, \>. 643 et 9J7.
(2) Comptes rendus, t. 156, |>. 957.
séance du 26 MAI 1913. i63g
Ces recherches ont été effectuées avec de l'alcool méthylique à 70 pour 100
en poids.
On a fait des solutions mélhyliques glucosécs renfermant, pour ioo0"1' de
solution, 1, 2, 4, G, 8, 10, 12, 14, i<3, 18, 20 et 3os de glucose. Pour cela,
on a dissous chaque poids de sucre, à l'éhullition, dans Go""' à 75e'"' d'alcool
à 70e, et, après refroidissement, on a complété le volume de ioo'm' avec de
l'alcool méthylique de même titre.
Après avoir relevé la rotation (/= 2) de chacune des solutions, on les a
additionnées de oK,Go d'émulsine et on les a abandonnées à la température
du laboratoire (+ 160 à -+- 200).
Les observations polarimétriques ont été faites d'abord tous les 4 jours,
puis tous les 8 jours; à l'arrêt de la réaction, on a dosé le glucose restant
et calculé par différence la quantité de glucose passé à l'état de glucoside.
Le 71° jour, la réaction étant devenue très lente, on a ajouté, ce qui ne
pouvait influer sur l'état d'équilibre final, os,5o d'émulsine dans chaque
flacon. Pour les quatre mélanges les moins riches en glucose, dans lesquels
l'équilibre était atteint, celle addition n'a rien changé, tandis que pour les
autres la réaction s'est poursuivie plus rapidement.
Dans le Tableau suivant, nous donnons, en regard des rotations initiale
et finale de chaque mélange, la rotation observée le 29e jour, afin de montrer
quel était à celte date l'état de la réaction. Nous donnons également, à côté
des quantités de glucose combiné au moment de l'arrêt, le rapport de ces
quantités au poids de glucose existant primitivement dans la liqueur.
Glucose
Rotation
Glucose
pour 100.
initiale.
le 29" jour.
à l'arrêt.
combiné.
combine
pour 100.
g
0 t
0 1
c
g
1
+ 1 8
— 0 26
— O
26
0,826
82,60
2
+ 218
-0 44
— 0
5o
1 ,662
82,60
4
4- 4 4o
— 1 34
— I
4o
3,3o4
82,62
6
+ 7 4
— 2 10
— 2
3o
4,97°
82,83
S
-+- 9 28
— 2 40
-3
20
6,620
82,-5
10
+ J l ,54
—2 56
-4
8
8,270
82,70
1 2
-m4 10
-3 4
-4
5o
9>87°
82,25
>4
-1- 16 42
-3 4
— 5
34
1 1 ,420
8i,57
16
+ '9
— 1 42
—6
■ 4
12,990
81,18
iS
+ 21 3o
-2 28
-7
i 4 , 602
81,12
20
+ 23 5
— 2
-7
4o
16,186
80,90
(84 jours)
3o +36 14 +8 6
l6/jO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces chiffres montrent nettement que, dans un alcool méthylique à 70e,
la quantité de glucoside formé croît proportionnellement à la quantité de
glucose ajouté jusqu'à 12 pour 100; pour des proportions plus élevées de
glucose, le rapport va ensuite en diminuant.
Ces faits sont du même ordre que ceux qu'on a observés, depuis long-
temps, relativement à l'hydrolyse fermenlaire des glucosides dans feau, et
cela nous a incités à rechercher si, comme on l'a établi pour les phénomènes
hydrolytiques provoqués par les ferments, l'arrêt de la réaction synthéti-
sante est dû aux produits formés.
Nous n'avons fait sur ce sujet que deux expériences, mais elles sont suffi-
samment démonstratives.
Après avoir préparé les deux solutions suivantes :
A. Glucose is
Méthylglucoside (3 16
Alcool méthylique à 70e en poids, q. s. pour ioo00'1
15. Glucose 1»
Méthylglucoside (3 3°
Alcool méth ylique à 70° en poids, q. s. pour 100e
.nu*
et avoir relevé leur rotation (/= 2), on les a additionnées chacune de os,qo
d'émulsine,et on les a abandonnées à la température du laboratoire jusqu'à
l'anèt de la réaction. Voici les résultats obtenus :
Rotation Glucose
iuitiale. finale. restant. combiné.
A -+- 3o' — o°48' os, 291 0,709
13 — 4S' — i°36' o-,6o8 o,392
Dans les mêmes conditions, sans addition de méthylglucoside, on aboutit
à la combinaison de 0^,826 de glucose. Il n'est donc pas douteux que l'arrêt
de la réaction synthétisante est dû à l'accumulation, dans le liquide, d'une
certaine quantité de glucoside formé. Cette quantité n'est pas fixe pour un
volume de liquide donné, niais, comme l'indiquent les résultats de la pre-
mière partie de cette Note, proportionnelle au glucose mis en œuvre.
M. Eugksje Fabry adresse une Note relative à la démonstration du
théorème de. Fermai.
(Renvoi à l'examen de M. Jordan.)
SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. l64l
M. Pozzi-Escot adresse des Considérations sur la formation de la cocaïne
chez /' Erytroxylon coca peruvianum.
M. P. Fii.ippi adresse un Mémoire sur L'utilisation de la dépression
atmosphérique.
MM. Lkvavasseur et Gastambide adressent une Note intitulée : Sur un
aéroparachute.
M. H. Magvan adresse une Note intitulée : Données pour la construction
d'un monoplan idéal, tirées des caractéristiques des Oiseaux.
(Ces trois Notes sont renvoyées à l'examen de la
Commission d'Aéronautique.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
l6/|2 ACADÉMIE DES SCIENCRS.
lill HAT A.
(Séance du 5 mai 1913.)
Note de M. Em. Vigouroux, Sur les transformations des alliages de fer
et de silicium :
Page 1 3-6, ligne 24, au lieu de afi'ecle la forme d'une double inflexion. On conçoit...,
lire affecte la forme d'une courbe à double inflexion si, pour son tracé, on utilise
systématiquement les courbes de refroidissement qui marquent les températures les
plus élevées de celte fin de transformation. On conçoit
(Séance du i3 mai ic)i3.)
Note de M. de Forcrand, Sur la relation de Trouton :
Page j44'> dans la figure, la droite AB doit passer par Foi-donnée 22.
Note de MM. de Hroglie et Lindemann, Sur les phénomènes optiques
présentés par les rayons de Rôntgen, etc. :
Page 1 463, ligne 23, au lieu de franges de dépression, tire franges de dispersion.
(Séance du 19 mai 19 13.)
Note de M. de Forcrand, Sur l'état dissimulé dans les hydrates :
Page 1507, ligne 6, au lieu de
SO»=Fe = (OH)a et SO*=Cu = (OH)* + 4H*0
lire
S03=Ferr(OH)2 et SO3 - Cu = (OH )! -+- 4 IPO
Note de M. M. Moulin, Sur la loi de déformation du spiral plat des chro-
nomètres :
Page i5îo, ligne 7, au lieu de spires extérieures, lire spires intérieures.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 JUIN 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel présente, de la part de M. Flourens, Con-
seiller d'Etat, Président actuel du Conseil d'administration de la Caisse
des Recherches scientifiques, le Rapport annuel, pour 1912, adressé au
Président de la République, et qui porte encore la signature de M. Alfred
Picard.
ZOOLOGIE. — Sur les genres Pseudibacus et Nisto, et le stade nalanl des
Crustacés décapodes macroures de la famille des Scyllaridés. Note de
M. E.-L. Bouvier.
On sait depuis longtemps que les Scyllaridés se rapprochent étroitement
des Palinuridés ou Langoustes, et qu'ils naissent, comme ces derniers, sous
une forme étrange, le phyllosome, qui est translucide, aplati en feuille,
et franchement pélagique; on sait aussi, grâce aux belles recherches trop
ignorées de M. Boas ('), qu'avant d'acquérir leur état définitif, ils tra-
versent un stade nalant, où leurs fausses pattes abdominales fonctionnent
en couples pour la natation et où ils revêtent déjà la forme des Crustacés
macroures. En 1909, M. Caïman (2) a montré que les Macroures rangés
(') J.-E.-V. Boas, Sludier over Decapodernes Slaegtskabsforhold ( Vid. Sels/,.
Skr\, 6 /?., nat. og mat. A/d. 1 et 2, 1SS0, p. 83-85, 87, 88).
(*) W.-T. Galman, The genus Puerulus, Orlmann, and the Post-larval Develop-
ment of the Spiny Lobsters (Palinuridœ) (Ann. nat. Hifst., 8e série, t. VIII, 1909,
P. 44i-446).
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 2IO
l644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le genre Puerulus Ortmann, sont de jeunes Palinuridés au stade
natant, sauf toutefois deux espèces, Puerulus angulatus S. B. et carinatus
Boit., qui grandissent et acquièrent la maturité sexuelle en conservant la
forme et certains caractères du stade natant. Dans une étude récente ('),
j'ai fait connaître plusieurs sortes de puerulus, et j'ai pu les rapporter
presque toutes aux diverses espèces de Langoustes dont elles représentent
le stade natant; il est remarquable de constater, à ce propos, que le pue-
rulus de notre Langouste commune (Palinurus vulgaris Latr.) n'a pas été
trouvé jusqu'ici, alors qu'on le connaît chez neuf espèces de Langoustes
exotiques (2). A vrai dire, les puerulus sont toujours d'une rareté extrême
et l'on compte par unités ceux qui se trouvent dans les collections; d'où
l'on peut conclure que leur éthologie est insuffisamment connue, car les
Langoustes sont très prolifiques et leurs puerulus doivent abonder aux
lieux où ils se tiennent.
A ces divers points de vue, l'histoire des Scyllaridés n'est pas sans de
grandes analogies avec celle des Langoustes, c'est du moins ce que j'ai
pu constater en étudiant des matériaux singulièrement précieux qui se
trouvent dans les collections du Muséum.
Les Scyllaridés qui habitent les mers d'Europe sont représentés par
deux espèces comestibles, très délicates et riches en chair; l'une fort grande,
mais assez rare, le Scyllaridés latus Latr., qui fréquente la Méditerranée, les
Açores et les parties septentrionales de l'Atlantique africain depuis le
Sénégal; l'autre, bien plus commune, le Scyllarus ardus L. ou « cigale de
mer », qui est à peu près de la taille de l'Ecrevisse et se rencontre jusqu'à
la pointe anglaise de Cornouailles. On a bien décrit deux autres espèces, le
Pseudibacus Veranyi Guérin et le Nisto lœvis Sarato, mais je vais établir que
la première de ces formes représente le stade « natant » du Scyllaridés latus
et la seconde celui du Scyllarus a/clus.
I. Le Pseudibacus Veranyi ne le cède en rien, pour la rareté, aux puerulus ;
(') lï.-L. Bouvier, Le stade natant on puerulus des Palinuridés (Congrès ento-
niologique d'Oxford, 1912).
(2) Je viens de reconnaître [e, puerulus d'une Langouste trouvée par M. Diguet dans
le golfe de Californie, le Panulirus injlatus Bouvier; il ressemble beaucoup à celui
de la Langouste royale, Panulirus regius Brito Capello, mais présente deux pointes
sur l'arceau antennulaire.
SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. iG/p
il fut décrit et figuré par Guérin-Méncville (') en i855, d'après un exem-
plaire type qui semble perdu et qui fut trouvé par Verany « accroché à un
gros poisson de mer pêche dans les environs de Nice » ; un autre représentant
de cette forme a été capturé dans les mêmes eaux par le Travailleur et fait
actuellement partie des collections du Muséum. L'examen de cet individu
m'a permis de faire les observations suivantes :
Comme tous les Pseudibacus, le spécimen diffère des Scyllarides : par son
cépbalolborax démesurément élargi, à peine convexe du côté dorsal, où il
présente à droite et à gauche un bord denticulé et tranchant; par sa
surface lisse et dépourvue de tubercules; par ses pédoncules oculaires dont
la cornée est dilatée; par le bord frontal qui laisse subsister une fissure
pour les orbites, qui ne forme pas encore de saillie médiane et qui touche
simplement l'arceau antennulaire sans entraver sa mobilité; par la dispo-
sition du premier article des pédoncules antennaires dont les lignes d'arti-
culation avec la carapace et l'épistome sont encore un peu distinctes; par
les maxillipèdes externes qui ne présentent pas encore de carène, et dont
l'exopodite n'a pas encore de fouet; par ses pléopodcs dont les deux rames
sont bien développées avec un appendice interne armé de rétinacles; enfin
par ses appendices thoraciques locomoteurs qui présentent encore des
bourgeons exopodiaux. Tous ces caractères indiquent un développement
inachevé; on observe sur les coxte des pattes postérieures un prolongement
spiniforme qui rappelle, par sa disposition, l'épine sternale de certains
puerulus.
Les caractères spécifiques sont à très peu près les mêmes que ceux du
Scyllarides latus : comme dans cette dernière espèce, il y a sur la carapace
une saillie en pointe sur la région gastrique, une paire de saillies analogues
sur la partie antérieure de la région cardiaque, sur les côtés de cette région
et en arrière un bourrelet en co où s'élève une série de saillies plus faibles,
mais également en pointe. Les bords latéraux du Se. latus ne sont plus
dilatés et tranchants, il est vrai, mais restent néanmoins fort nets et, en
avant de l'échancrure branchio-hépatique, présentent une série de 7 ou
8 pointes qui sont remplacées par des dents chez notre Pseuddtacus. En
arrière de l'échancrure les dents de ce dernier sont au nombre de i i-i:> et
doublées dorsalement par un bourrelet armé de saillies aiguës; chez le
(') F.-E. Guérw-Méneville, Notice sur un nouveau genre de Crustacés de la
tribu des Scyllariens, découvert par M. Verany. aux environs de Nice (fiev. et
Mag. de Zoologie, 2e série, t. VII, 1 855, p. 187. PL V).
l6/|6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Se. lalus, le bourrelet existe sans saillies prédominantes, mais il se distingue
à peine du bord latéral qui présente d'ailleurs un nombre assez considé-
rable de tubercules longitudinàlement sériés. Les carènes dorsales des
segments abdominaux sont en même nombre dans les deux formes, avec
des saillies spiniformes dans le Pseudibacus, des tubercules un peu plus
forts que les autres dans le Sic. lattis; les épimères de ces segments sont du
même type et armés presque semblablement dans les deux formes, et l'on
peut en dire autant de l'article trilobé qui sert de base aux uropodes.
Les fouets antennulaires sont semblables et les articles des antennes à peu
près identiques; le carpe des maxillipèdes externes est, dans l'un et l'autre
cas, très convexe en dehors; les pattes, enfin, présentent les mêmes dimen-
sions relatives et sont ornées des mêmes fortes carènes.
Somme toute, le Pseudibacus Veranyi doit être regardé sans conteste
comme le stade « natant » du Scyllarides latus et, dès lors, il y aura lieu de
considérer le nom de pseudibacus comme un terme propre à désigner ce
stade, sans valeur générique. On dira des Scyllarides qu'à la suite du stade
phyllosomc, ils traversent le stade natant de pseudibacus avant d'atteindre
leur forme définitive. Deux autres pseudibacus sont actuellement connus: le
Pfefferi Miers des îles Maurice et Clipperlon, et le Gerstœckeri Pfeffer, de
l'Atlantique; la première représente peut-être le stade natant du Se yllarides
squamosus Edw. et la seconde celui du 5c. œquinoctialis Lund. Il faut égale-
ment rapporter à la forme pseudibacus, bien qu'on ne les ait pas désignés
sous ce nom, deux exemplaires qui ont eu les honneurs de publications
scientifiques : l'un provenait des eaux brésiliennes et fournit à M. Boas les
éléments de sa découverte relative au stade natant des Scyllarides ; l'autre,
de provenance inconnue, fut représenté par Ferd. Richters ('), qui le con-
sidérait comme un « jeune Ibacus ». Ce dernier diffère assez peu du
Ps. Veranyi, mais présente des bourgeons exopodiaux bien plus allongés,
et une armature céphalothoracique légèrement différente; M. Boas a
observé que sa ressemblance avec les Ibacus est trompeuse, et qu'il faut
le considérer comme un Scyllarides au stade natant. J'ajoute, pour ter-
miner cette revue, que M. Ortmann (-) considère justement les pseudibacus
comme la forme jeune de Scyllarides dont il ne fixe pas la nature générique.
(')Ferd. Richters, Die Phyllosomen. Ein Beitrag zur Enhricklungsgescliichle
der Loricalen {Zeit. veiss. Zoot., B. XXIII, iS73, p. 642, Taf. XXXIV, fig. 7
et 7').
(*) A. E. Ortmann, Crtislacra (Klassen i/nd Ordnungen der Arlhropoden, B. V,
Ablli. II, 1901, p. n38).
SÉANCE DU 2 JUIN IQlJ. 1 654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nettes y sont visibles : la bande bleue habituelle du spectre de Swan,
attribué au carbone (vers A 473), celle du cyanogène X 388, qui est
d'ailleurs la plus intense, enfin une bande large allant de À4°° à A 407,
avec maximum vers X404.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète 191 3 a {Scha u masse), faites à
l'Observatoire, de Marseille, au chercheur de comètes. Note de M. Borrellv,
présentée par M. B. Baillaud.
Comète 1913 « (Schaumasse).
Dates.
1913.
Ma
1 9-
10.
i5.
22.
29.
3o.
Temps moyen
de Marseille.
h m s
i3.35.5j
■3.43. 7
12.45. i5
1 1 .24 . 1 1
10. 36. 49
9. 3a. 58
A
en M.
m s
•4- 1 . 7 , o4
-4-0. 8,5o
+0. 9,22
— o.33 ,00
— o.36, 12
H-o. i4 , 1/4
en déclin.
— 10. l8,5
-Hi3.o2,3
— 7-a4,7
— 3.21,2
- 3. 6,9
— 6.29,5
Niimbrc
de
compar.
M Log. fact.
apparente. parall.
h m b
20.44.38,18 —ï,579
2O.40.4l,64 T,5Ô2
20.16.37,26 — ^,592
19.24.33,81 — T,6a3
18. 2. 6,78 — T,576
17.48.29,07 — T,656
Déclinaison Log. fact.
apparente.
parall.
-12.29.20,8 +0,Il3 I
-i3. 28.14, 3 +0,700 2
-18.06. 3,6 +0,672 3
-28.14.45,2 +0,580 4
-37.23.11,9 +o,3oo 5
-38.21. 6,1 +o,3g6 6
Position des étoiles de comparaison.
*. Gr.
1 S
2 7,5
3 8,4
4 8, 7
5 8,8
6 7,2
jR moyenne
1013,0.
Ii m s
20.43.3o,o6
20.40.32,02
20. l6. 26,69
19.25. 5,o3
18. 2.40, 5i
17.4S. 12,46
Réduction Déclin, moyenne
1913,0.
au jour.
+ ib,o8
+ 1 , 12
+ 1 ,35
+ 1,78
+ 2,39
+ 2,47
+ i2.39.5i,4
+ i3. i4.34,2
+ 19. 3.42,3
+ 28.18.22,5
-1-37.26.34,3
+38.27 -5o,6
Réduction
au jour.
— 12%
— 12,2
— 14,0
-16,1
-i5,5
— i5,o
Autorités.
81 35 Leipzig I, A. G.
8107 Leipzig 1, A. G.
8118 Berlin A, A. G.
10020 Cambridge (Engl.
7479 Lund, A .G.
733i Lund, A. G.
A. G.
Le 9 mai, la comète est faible, 11e gr., le ciel est mauvais. Le 10, la comète a sen-
siblement l'aspect de la veille. Le i5, la comète est de ioe-i Ie gr. Le 22, la comète a
sensiblement l'aspect de la veille. Le 29, la comète présente une légère condensation
au centre; gr. 10e, 5. Le 3o, la comète a l'éclat d'une faible 10e, elle est ronde avec
légère condensation au centre.
séance du 2 juin 1913. l655
ASTRONOMIE. — Observations de la comète 191 3 a (Scha amasse), faites à
l'Observatoire de Marseille (équatorial d'Eichens, de om,2G d'ouverture).
Note de M. Coggia, présentée par M. B. Baillaud.
Nombre
Dates. Temps moyen de Log. fact. cO'jP Log. fact.
1913. de Marseille. Am. bf%. comp. M apparente. parai I, apparente. parall. * .
hms m s tu h m s o , „
Mai 26 11.37.13,6 — 0.19,56 -4-4 - 44 1 r 12:12 18. 4.1. 2,69 — ï,537 56. 10.37,3 — o,368 1
» 27 1 1 . 49 . 4 ! > ° -Ho. 14,78 — 8.17,5 12: 7 18.28.22,04 — T,474 54-52.58,9 — 0,274 2
» 28 ii.46.49,5 4-1.29,95 +0.59,6 i5;io 18. i5. 12,21 — T,437 53.4o.34,6 — 0,199 3
» 29 11.28.13,7 — ' • 6,44 -f-o.45,4 i5; 7 18. 1.36,47 — T , 449 52.34-26,5 — 0,160 4
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
M, Réduction cO(C, Réduction
*. Gr. 1913,0. au jour. 1913,0. au jour. Autorités.
hms s o / a a
i 8,0 17.41-20,13 -r-2,12 56. 5.36,9 +16, 3 6833 Leyde
2 7,3 18.28. 5,o5 4-2,21 55. 1. o,3 4-16,1 7723 Lund
3 8,g 18.13.39,90 4-2, 3i 53.39.19,2 4-i5,8 7591 Lund
4 8,8 18. 2.40,52 4-2,39 52.33.20,6 -f-io,5 7479 Lund
Le 26, la comète est brillante, irrégulière et d'apparence résoluble. Diamètre :
2' environ.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence des séries trigonomèlriques
de Fourier. Note de M. N. Lusi.v, présentée par M. Appell.
i° Dans la Note présente je me propose de déduire une condition néces-
saire et suffisante pour la convergence presque partout de toute série tri go -
nométrique de Fourier d'une fonction à carré sommable.
Considérons deux séries trigonométriques conjuguées
(1) 2, an cosnx 4- bn s\nnx
et
(2) 2, — bncosnx 4- an sinnx,
n=i
où la série Va;; -t- b2n est convergente. D'après un théorème de MM. Fischer
i656
ACADEMIE DES SCIENCES.
et Riesz, ces séries trigonométriques sont les séries de Fourier de deux
fonctions à carré sommable/*(ar) et g(&), ce qui donne lieu aux égalités
(3)
I i r2TC i r'2K
l a„=- / ./(#) cos «oc dy. = — / i; ((x + tx) — g(x — oc)
la.. En général,
existence de
(.r H- une fonctionnelle dépendant d'un contour plan C, d'une fonction
a (s) définie en chaque point de C, s étant la longueur d'arc, et en outre de
p paramètres À,, A,, ..., A^,. Pour chaque système de valeurs de ces para-
mètres, supposons sa variation de la forme
(i) <3)>
on obtient une nouvelle fonctionnelle dont la variation est encore donnée
par la formule (i), les valeurs de $,', et 4>,', restant les mêmes. Tous les
éléments de cette fonctionnelle appartiennent à une des fonctionnelles
considérées d'abord. On peut dire qu'elle est X enveloppe de ces fonction-
nelles.
( ') Celte Note fait suite à ma Note du 19 mai, dont je conserve les définitions et les
notations.
(2) l'résentée dans la séance du 26 mai 1 9 1 3.
séance du 2 juin io,i3. 1659
Cette notion d'enveloppe s'étend au cas de fonctionnelles dépendant
d'une fonction arbitraire; le système (2) est alors remplacé par une équa-
tion fonctionnelle. On peut de même définir l'enveloppe de fonctionnelles
dépendant d'une fonction arbitraire et d'un certain nombre de paramètres,
ou bien d'une fonction soumise à des conditions restrictives.
Si une infinité de fonctionnelles vérifient une équation aux dérivées
fonctionnelles partielles
(3) •!,{i) = F|(Ciii,*.;M|1
il en est de même de leur enveloppe. Une famille de fonctionnelles dépen-
dant d'une fonction arbitraire /(() et d'un paramètre X, vérifient toujours
une équation de la forme (3) et en général une seule. Dans ce cas, on peut
dire qu'elle constitue une intégrale complète de l'équation (3), qui est
certainement complètement intégrable. Son enveloppe constitue Yintcgrale
singulière. On définit Vintégrale générale comme enveloppe d'intégrales
eboisies parmi celles qui constituent l'intégrale complète.
Le cas le plus général est celui où ces intégrales dépendent de la fonction
arbitraire /(/), X étant une fonctionnelle dcf(t)', l'ensemble des éléments
communs à ces intégrales et à leur enveloppe constitue une caractéristique
de première espèce. On voit que l'intégrale générale dépend d'une fonction-
nelle arbitraire.
Ces notions s'étendent aisément aux fonctionnelles dépendant de la
ligne C et de plusieurs fonctions arbitraires.
Application. — Considérons une fonction z de x et y et une intégrale
définie de la forme
S désignant la région intérieure au contour C. Supposons que, pour toutes
les fonctions : vérifiant sur le contour les conditions
,=«(,), ^ =«.(*), b ,.., a^=ï = "'-(5)'
— désignant une dérivée normale, I ait un minimum déterminé 4>. On sait
que la détermination correspondante de z vérifie une équation aux dérivées
partielles d'ordre -ip
(4) nia-, y, -
dx dy df,
C R., 1918, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 212
1660 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est une fonctionnelle dépendant de C, u, un ..., w/;_,. J'ai obtenu sur
celle fonctionnelle les résultats suivants :
i" vérifie une équation aux dérivées fonctionnelles qu'on peut former
sans avoir intégré l'équation (4). Cette équation donne en chaque point de
la courbe C la valeur de $,', (*) en fonction des valeurs en ce point de
x, y, u[s), u,(s), ..., 11,,-^s), ;,(5), «*>;,,(*), ..., *;,,,_,(*)
et des dérivées de ces quantités par rapport à s.
Un exemple d'une telle équation, vérifiée par l'intégrale de Dirichlet, a
été donné par M. Volterra. Comme autre exemple, citons l'équation que
vérifie l'aire de la surface minima limitée à une courbe gauche, cette courbe
étant définie par sa projection C sur un plan et la distance ; de chacun de
ses points à ce plan. En adoptant les notations de M. Volterra pour repré-
senter les dérivées d'une fonction de courbe gauche, celte équation s'écrit
(•iV + 'W1^ (•£)»=*■•.
2° Toutes les équations aux dérivées fonctionnelles partielles ainsi obte-
nues sont complètement intégrables,
3° Si l'on remplace dans la définition de $ l'aire S par l'aire comprise
entre C et un autre contour C,, on obtient de nouvelles intégrales de la
même équation; on peut même ajouter à $ une constante A. En faisant
varier A et les déterminations de u, ult . . ., up_ , relatives au contour C,, on
obtient une famille d'intégrales de l'équation étudiée ne vérifiant aucune
autre équation de même nature, c'est-à-dire une intégrale complète.
4° Les caractéristiques de première espèce de cette équation se défi-
nissent de la manière suivante : on choisit une intégrale z de l'équation (4)
et une valeur de A. Pour chaque contour C, et les déterminations de u,
u,, ..., Up_, correspondant à ce contour et à la détermination considérée
de z, tp est égal à l'intégrale I, relative à cette fonction z et à l'aire com-
prise entre C et un autre contour fixe, et augmentée de la constante X.
SÉANCE DU 2 JUIN igi3. l66l
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les nombres de classes des formes quadratiques
binaires positives et à déterminant négatif. Note de \l. Jacques Ciiapelon,
présentée par M. G. Humbert.
J'ai dernièrement indiqué le principe d'une méthode permettant
d'obtenir des sommes telles que
2jF(N-««) et Vf,(N-^),
où F et F, sont respectivement les nombres de classes des formes quadra-
tiques de déterminant ar — N, positives, de l'ordre propre et de l'ordre
impropre, et x un entier de signe quelconque, congru à o, ± 1 ou ± 2
(mod 5).
J'ai donné quelques formules se rapportant au cas où N est multiple
de 10.
Voici des formules analogues pour les autres cas où N est pair.
Je rappelle que d' est un diviseur quelconque de N ; de plus, on pose
N = di d avec dtç.d.
Alors :
i° Si N = 2 (mod 10),
3
I nioil 5)
( mod 5 )
2 F(N-*») = ^d'-l^-xy'd'+^i-iy'^-d),
■-±\
UOd5)
2 f,(N-*»)= -l^d'-l^i-tyd'+^i-iy'^-d),
^ F(N-x>)+ 2 F(N — *»)=.|2<''d'î
a=±2 1= 0
I modo) | Hiodôl
( mo
X=±l IE±1
1662 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° Si N = 4 (mod 10),
^ F(N — x*+ ^ F(N— x-)
,T=±t
( modo)
( modo )
+ |2<->^
<,+ i2(-,)'.(^)"(*-*
( mod S )
2f,(n— .)= -é2*-*-'£2<-o-*
TS±!
I mod ô i
d1
[DOd 5 )
-i2(-r<ïhJ2(-^[-(^)']c.-^
2F.c— )=-^2rf-^2<-",'v
.1 =0
I mod ô 1
;2<->-(ïK2<-H-(^y]
2 F(N-^) + 5 V F
N — ;r*
r-±ï
i mod i )
! niuil 5 )
î2*-ï2(-^-*-i2(-"^(î-)*2(-o
iljd1±d_Y
(rf,-rf),
a=±2
imuil 10)
N — .T!
«• V J( 3
^■ + rfV(rf,„rf),
'i0 Si Ne=- 4 (mod io), on a les mêmes formules en permutant V
plaçant (f ) par - (£).
et V et en rei
SÉANCE DU 2 JUIN IC)l3. l663
* représente le symbole de Legendre, nul si A est multiple de 5 et
F(D) ou F,(D) est nul si D n'est pas entier.
Les formules précédentes contiennent celles que M. Gierster a déduites
de la multiplication complexe des fonctions elliptiques (').
AÉRONAUTIQUE. — Le vol à la voile. Note (2) de M. Vasilesco Kari»ex,
présentée par M. G. Lippmann.
J'ai montré antérieurement (3) comment les oiseaux voiliers pouvaient
voler sans travail par vent variable dans le temps. Ces oiseaux peuvent
aussi voler à la voile par vent horizontal constant par rapport au temps, mais
variable d'un point à l'autre de /' espace.
Dans ce cas on pourra encore appeler accélération totale du vent le
vecteur
[dv\ étant la variation géométrique du vent entre les positions occupées par
l'oiseau au commencement et à la fin du temps dt\ de sorte que c'est l'oiseau
lui-même qui, par le choix de la trajectoire, crée, pour ainsi dire, l'accélé-
ration du vent nécessaire au vol.
L'accélération ainsi définie joue, au point de vue du vol à la voile, le
même rôle que l'accélération vraie du vent ; il suffit de l'introduire dans les
formules déjà établies pour étudier les différents cas qui peuvent se pré-
senter, mais les conclusions concernant la meilleure vitesse relative (3 et le
meilleur angle y que doit faire [3 avec v ', ainsi qu'en ce qui concerne la
vitesse verticale -r-> seront différentes de ce qu'elles étaient dans le cas du
vent variable dans le temps car, cette fois-ci c', agent du vol à la voile,
ne dépend plus de t mais précisément de [i, y et -r •
Je me bornerai à donner les résultats du calcul dans les deux cas
suivants :
a. Vol par vent dont la vitesse, ayant partout la même direction, est
constante dans un plan vertical parallèle au vent et varie uniformément
(') Mathematische Annalen, t. XVII, 1880, p. 71.
(-) Présentée dans la séance du 12 mai igi3.
(3) Comptes rendus du 20 janvier et du 10 mars 191 3 .
l664 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de v\ m : s par mètre de distance mesurée suivant une horizontale normale
au vent.
L'oiseau dirigera sa vitesse relative (3 de façon à faire constamment, en projection
horizontale, un même angle y avec v\ il volera contre le vent, s'il se dirige du côté où
le vent augmente et suivant le vent, dans le cas contraire.
On a c'=(3c', siny, et le calcul montre que la plus petite valeur de v\ permettant le
vol à la voile est
. , 0,025 , _, .
(<'i)min.= <■ f- m : s (aomm par seconde pour F = i),
elle correspond à y = y et à (3 = 26 y/F m : s.
b. Vol par vent dont la vitesse, constante dans un même plan horizontal,
varie en grandeur et direction suivant une verticale.
Soit e'2 m : s le vecteur représentant en grandeur et direction la variation géométrique
du vent par mètre de hauteur.
On a
, , dh
2 dt
Les vitesses (3 et -=- étant choisies, la projection horizontale de la trajectoire rela-
tive optimum se détermine, comme dans le cas de l'accélération vraie du vent, en
prenant y = o.
Le calcul montre que le minimum de v't, permettant le vol à la voile, est d'environ
r-^r m : s, mais il correspond à de trop grandes vitesses S et -r- • Pour 3 = 3o P6 m : s
Jp dt
et
dh «pi
— - = 6P 111 : s,
(//
l'on a
, 0,4
C, = 7-= ni : s.
Par exemple, deux couches d'air superposées, animées de vitesses paral-
lèles, mais différant l'une de l'autre de 8 m : s, et séparées par une couche de
20"1 de hauteur dans laquelle se produit le changement de vitesse, permet-
traient à un oiseau pesant iVe de passer indéfiniment d'une couche à l'autre.
La montée se ferait en 3,3 secondes, tandis que la durée de la descente
pourrait atteindre 5 minutes.
J'ai eu l'occasion de voir pratiquer ce genre de vol par une hirondelle
qui profitait de couches d'air de vitesses différentes, dues à l'obstacle
opposé au vent par une grande bâtisse.
SÉANCE DU 2 JUIN 1 9 1 3 . 1 665
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Complément à deux Notes récentes sur le mou-
vement des milieux visqueux indéfinis. Note de M. Louis Roy, présentée
par M. Boussinesq.
Dans l'étude récente (') que nous avons faite de l'équation fondamentale
du mouvement des milieux visqueux
. . à3® ,d'lo d'-o
nous avons imposé une restriction à l'une des fonctions d'état initial , en les
supposant de la forme
(0 >o, ïj'îo).
Nous nous proposons aujourd'hui de nous affranchir de cette restriction
et d'étudier les propriétés analytiques essentielles de l'intégrale correspon-
dante.
Afin de simplifier l'écriture, nous supposerons les unités choisies de telle
sorte que A = 2 et que a = 1; la fonction (x, t) sera alors entièrement
déterminée par les équations
à3 9 0- op ô- (o
2orPrdt + ô~^~"dîï ~ °'
pour t =r o,
> o-/(.r), -rL -=g(a>);
pour 'o =± 00,
9 = 0.
L'intégrale des équations (2) s'obtient comme celle de notre Note du
21 avril iç)i3; si l'on pose
2TT./ _ 2i.J _
(') Comptes rendus, t. 156. 21 avril 1 g 1 3 , p. 1221, et 28 avril 1913, p. i3oc|.
1666 ACADÉMIE DES SCIENCES
on Irouve, par l'emploi de l'intégrale de Fourier,
'3> - -h c\\x/\ y.- — \
J-" L \ s/a1— i
G (a) v e-'a,+"at/a.
« i/a2 — ' J
Pour que cette intégrale ait un sens, il suffit que la fonction F(a) soit de
l'ordre de — pour | a | très grand et que la fonction G(a) reste finie ; pour
qu'il en soit ainsi et aussi pour que l'intégrale (3) s'annule à l'infini, on
reconnaît qu'il suffit que les fonctions d'état initial satisfassent aux condi-
tions suivantes :
i° Les fonctions f(x), g(x), nécessairement finies, satisfont aux condi-
tions de Dirichlet et sont telles que les produits x/(x), xg(x) tendent vers
zéro quand |.r| augmente indéfiniment;
2° A partir d'une valeur suffisamment grande, mais finie de |.r|, les fonc-
tions f(x), g(x) varient toujours dans le même sens et la seconde ne pré-
sente plus de discontinuités;
3° La fonction f(x), nécessairement continue, puisqu'elle représente le
déplacement en chaque point d'un milieu continu, admet une dérivée ./'(x)
satisfaisant aux mêmes conditions que la fonction g(x).
Si maintenant on s'appuie sur deux théorèmes connus de la théorie des
fonctions ('), on peut démontrer les propositions suivantes :
I. L'intégrale y(x, /), définie par l'égalité (3) et où la variable t est
regardée comme une variable complexe, la variable x ayant une valeur
réelle quelconque, est une fonction holomorphe de l en tout point du plan
situé à droite de l'axe imaginaire; l'intégrale ç(a?, () cesse d'être holo-
morphe sur cet axe, mais elle reste continue par rapport à t ainsi que sa
i , • ■ ' d®
dérivée -f--
dt
IL L'intégrale cp(;r, /), définie par l'égalité (3) et où la variable / a une
valeur quelconque située à droite de l'axe imaginaire, est une fonction
continue de la variable réelle x\ si les fonctions d'état initial /(x), g(-r)
sont formées par une succession d'arcs analytiques, l'intégrale o(x, l) est
( ' ) H. Poi.Nf.AiiÊ, Théorie analytique de la propagation de la chaleur. Cliap. VII,
p. i i 8 et 123.
SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1667
une fonction analytique de la variable réelle x pour toutes les valeurs de x,
sauf pour celles où les fonctions /(x), g{x) cessent elles-mêmes d'être ana-
lytiques.
Par la propriété I, l1 équation (1) se rapproche de l'équation de la
chaleur
(4)
do ,d2o
= a
dt dx-
dont l'intégrale jouit, comme on sait, de la même propriété, mais elle
s'en distingue essentiellement par la propriété II. Lorsqu'on attribue à /
une valeur quelconque située à droite de l'axe imaginaire, on sait en effet
que l'intégrale de l'équation (4) est une fonction de «r holomorphe dans
tout le plan, quelle que soit la nature de la fonction d'état initial, même,
par conséquent, si celle-ci n'est analytique en aucun point. Par la pro-
priété II, l'équation (1) se rapproche plutôt de l'équation des cordes
vibrantes
(5) « -t-t rr = o,
dx2 dt1
ou de l'équation des télégraphistes-, mais il y a encore ici une différence
capitale. Si l'une des fonctions d'état initial cesse d'être analytique en un
point x = x0, nous savons que l'intégrale (3) cessera elle-même d'être ana-
lytique au point x = x0, quel que soit t; au contraire, l'intégrale de
l'équation (5) cessera d'être analytique aux deux points x = x9 ± al.
Ainsi, les points de discontinuité de l'intégrale de (1) restent stationnaires,
tandis que ceux de l'intégrale de (5) se propagent en sens inverse avec une
vitesse constante.
Ces conclusions sont entièrement d'acord avec celles que M. Duhem (')
a déduites de la méthode d'Hugoniot.
PHYSIQUE. — Sur un régulateur de température.
Note (2) de M. Ernest Esclangox, présentée par M. G. Lippmann.
Dans une Note antérieure (3), j'ai montré que les régulateurs à équilibre
indifférent sous le régime normal et instable par rapport aux écarts infini-
(') P. Duhem, Recherches sur l'élasticité {Annales de l'Ecole ISormale supérieure,
3e série, t. XXI, 1904. p. 388).
('■) Présentée dans la séance du i3 mai 1 g 1 3 .
(') Comptes rendus, 19 février 191a.
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, K«22.) 2I3
i668
ACADEMIE DES SCIENCES.
ment petitsàce régime, présentaient, outre l'avantage d'une sensibilité théo-
riquement infinie, celui de n'être pas influencés par les variations des
éléments secondaires qui interviennent dans le phénomène à régler (par
exemple, dans la régulation thermique : pression du gaz chauffant, tempé-
rature extérieure, rayonnement, etc.).
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un nouveau régulateur ther-
mique, simple, basé sur ce principe, dont le fonctionnement est d'une très
grande précision en même temps que d'une très grande régularité.
II se compose d'un tube circulaire ACB {Jig. i) fermé en A, ouvert en B, tour-
Fig. i.
nant autour de son centre O. Il contient en A une vapeur saturante avec un petit
excès de liquide D, la portion DCE étant occupée par du mercure. Le centre de
gravité de l'appareil (abstraction faite du mercure) est sur l'axe de rotation O; en V
est une poulie à laquelle est suspendu un poids Q ('). Il est facile de voir que si
l'équilibre existe sous une température 9, il est indifférent; il n'est pas détruit par
une rotation de l'appareil autour du point O. Au contraire tout écart de température,
aussi petit soit-il, fera basculer entièrement l'appareil, dont on limite toutefois prati-
quement les mouvements par les arrêts œ, y. Il suffit alors de relier ses mouvements
à l'appareil chauffant (ou refroidisseui), dans un sens convenable, pour réaliser la
régulation.
(') Pratiquement, en raison des faibles mouvements permis à l'appareil, la cons-
truction est un peu différente.
SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3.
1669
En vertu de l'équilibre indifférent, la puissance de l'appareil chauffant commandée
par le régulateur#est donc indéterminée sous la température 0; il en résulte pratique-
ment, que cette puissance s'harmonise à chaque instant avec les autres variables
dont dépend le phénomène (pression du gaz, température extérieure, etc.), pour pro-
duire exactement la température 0. En modifiant le poids Q, on fait varier la tempé-
rature de régime 6.
Pour plus de simplicité pratique, nous avons substitué une liaison élec-
trique discontinue à une liaison continue avec l'appareil chauffant.
La figure 2 montre la régulation obtenue, dans l'air et pendant une semaine, avec
4 Avril 1913
1
Fig. 1. — Régulation thermique obtenue avec l'appareil représenté figura 1 (chauffage électrique).
cet appareil, comparativement avec celle que donne, dans la même étuve (Jig.3) avec
le même mode de chauffage, un régulateur bimétallique à dilatation.
t
V
0»
12"
r
»
\V
0"
12" (T 12" 0' 12"
; M M M 1 LLUUUJj j II Ij-j-lljl j-
oh
tzh
0"
wfem
35° F#;
Œ:
—
__
1 M H M Ml 1 II 11 1 11 M 1 1 Ml ff =
-
; -, t i
-
Fig. 3.
Théoriquement la température de régime 6 dépend légèrement de la pression baro-
métrique, si l'appareil est entièrement abandonné à lui-même ('); mais d'une part
(') Pour le rendre indépendant de la pression barométrique, il faudrait fermer le
tube en B et substituer le vide, ou une autre vapeur saturante, à la pression atmo-
sphérique, ou enfin adopter un mode quelconque de compensation, ce qui compli-
querait la construction ou augmenterait les dimensions de l'appareil.
1670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celte dépendance est presque négligeable, comme le montre la figure 2 ; d'autre part
rien n'est plus facile que d'en corriger l'effet au moyen du poids Q, si l'on désire une
précision extrême.
Ce modèle de régulateur présente, outre sa grande précision et sa sim-
plicité, l'avantage de n'être délicat, ni dans sa construction, ni dans son
fonctionnement. Le contact électrique en m et n se produisant par une
plongée très franche et très profonde, dans le mercure, d'une tige de platine
ne nécessite aucune surveillance spéciale. C'est ainsi que la courbe de la
figure 2 a été obtenue avec un chauffage électrique ('), un courant
à 110 volts passant aux bornes m, n, sans que les étincelles troublent
d'une manière sensible le fonctionnement de l'appareil.
Les dimensions de l'appareil pourront être petites (par exemple ioem
de diamètre) si la température à régler est voisine de la température
d'ébullition du liquide dont la vapeur saturante est utilisée en A. C'est
ainsi que l'éther convient pour les réglages entre 35° et 4o° ( étuves de bac-
tériologie); l'acétone au voisinage de 55° (étuves à inclusion); l'eau au
voisinage de ioo°; le chlorure d'éthyle au voisinage de i5°, etc.
PHYSIQUE. — Sur le glissement des liquides à la paroi. Note de M. R. Distrait,
présentée par M. Lippmann.
Les expérriences de Poiseuille sur l'écoulement de l'eau dans les tubes
capillaires ont montré que lorsqu'un liquide mouille le tube, il n'y a aucun
glissement de la couche de liquide au contact immédiat de la paroi. Depuis
Coulomb, l'existence d'un glissement lorsque la paroi n'est pas mouillée a
été souvent cherchée.
Plusieurs expérimentateurs, dont récemment M. Bénard (2), en étudiant
l'écoulement du mercure dans des lubes de verre, ont montré que s'il existe
un glissement à la paroi, celui-ci ne peut être constaté que par des mesures
directes; le diamètre des tubes capillaires n'est pas mesurable avec une
précision suffisante.
(') Avec le chauffage à gaz, il suffit d'utiliser un clapet, actionné par le courant qui
s'établit en m et n; avec un électro-aimant de grande résistance, ce courant peut être
emprunté directement aux distributions ordinaires à haut voltage sans dépense appré-
ciable, et sans qu'on ait à s'inquiéter des étincelles.
(2) BniLLOUiN, Leçons sur la viscosité ries liquides et des gaz, 1907.
SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 1671
Afin d'éviter cette dernière mesure, sur les conseils de M. Gutton, j'ai
comparé les écoulements de deux liquides dans des tubes de verre et de
soufre; l'un des liquides, l'essence de pétrole ou l'alcool, mouille à la fois le
verre et le soufre; l'autre liquide, l'eau, ne mouille pas le soufre.
J'ai obtenu des tubes capillaires en soufre en coulant le soufre dans un tube de
verre suivant Taxe duquel était tendu un fil de verre. Au bout de i5 jours environ,
il est possible de retirer le fil de verre et d'obtenir des tubes atteignant 2cm à 4CIU de
longueur. La paroi du conduit capillaire est parfaitement polie et n'est pas mouillée
par l'eau. Bien qu'après un long séjour du soufre dans l'essence de pétrole on puisse
constater une légère dissolution, celle-ci est très faible et n'intervient pas dans les
expériences. J'ai constaté, en effet, sur les tubes qui ont servi, que la durée de
l'écoulement de l'eau n'était*en rien modifiée après plusieurs expériences d'écoule-
ment d'essence de pétrole. La dissolution du soufre par l'alcool n'a pu être constatée.
En appelant P la pression d'écoulement suivant le régime de Poiseuille,
d'un volume V de liquide pendant le temps T, au travers d'un tube cylin-
drique de rayon R et de longueur L, le coefficient de viscosité du liquide,
lorsque celui-ci adbère complètement à la paroi, est donné par la relation
TtR4 PT
"^SLV11^
En faisant écouler successivement dans un tube de verre de l'eau et de
l'essence de pétrole, le rapport des produits des durées d'écoulement par
les pressions est égal au rapport des coefficients de viscosité des deux
liquides.
0 PT
n' _ PT'
Les mêmes expériences, reprises dans un tube de soufre, donneraient
encore le rapport — si l'eau qui ne mouille pas le soufre était immobile à la
paroi. Si, au contraire, la vitesse le long de la paroi n'est pas nulle, le
rapport des produits de la pression par les durées de l'écoulement n'est
plus égal au rapport des viscosités.
Comme les viscosités dépendent, dans de larges limites, de la tempé-
rature et que les quatre expériences ne sont comparables que pour une tem-
pérature déterminée, j'ai étudié et représenté par des courbes représentant
les variations des produits PT avec la température. S'il n'y a pas de glis-
sement à la paroi ces courbes sont confondues; or l'expérience me les
donne distinctes.
Il a été vérifié que si l'on compare les résultats fournis par l'essence de
1672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pétrole et l'alcool, qui tous deux mouillent le verre et le soufre, les courbes
obtenues sont confondues. On peut donc conclure à l'existence d'un glis-
sement de l'eau contre une paroi de soufre.
Le dispositif expérimental est analogue à celui de Poiseuille.
L'ampoule d'où s'écoule le liquide et le tube capillaire plongent dans un récipient
en verre rempli du liquide en expérience. Le remplissage se fait par aspiration directe
du liquide au travers du tube capillaire. Les durées des écoulements sont mesurées
au { de seconde par un chronomètre. Un manomètre à eau donne la pression d'écou-
lement qui a été corrigée de la pression des colonnes d'air dues aux différences des
niveaux. La correction capillaire a été faite selon la méthode de M. Bénard ('), et la
correction de force vive selon le procédé de M. Couette (2). Cette dernière correction
exige la connaissance du volume V de l'ampoule, mesuré par des pesées d'eau, et du
rayon R des tubes; ce rayon est obtenu avec une précision suffisante au moyen d'une
machine à diviser.
Quoique non rigoureusement certaines, les corrections effectuées sont
tellement faibles que l'incertitude qui en résulte ne peut expliquer l'écart
qui permet de conclure à l'existence d'un glissement à la paroi.
Je me suis servi de deux tubes de verre de dimensions différentes; ils ont
donné le même rapport de viscosité des liquides. Des expériences relatives
aux écoulements d'eau et d'essence de pétrole ont été faites avec quatre
tubes de soufre, de diamètre et de longueur différents, enfin des compa-
raisons relatives à la fois à l'eau, à l'essence de pétrole et à l'alcool ont
porté sur trois nouveaux tubes de soufre.
Ces expériences ont montré que lors des écoulements d'eau et d'essence
PT
de pétrole ou d'alcool, les valeurs obtenues pour les rapports p^ étaient
différentes, et qu'au contraire, lorsque les liquides mouillent la paroi, ce qui
est le cas de l'essence de pétrole et de l'alcool, elles sont sensiblement
égales.
Voilà à titre d'exemple les résultats obtenus avec un tube de verre el un
tube de soufre pour la température de i7°C. Les pressions d'écoulement
étaient pour les diverses expériences comprises entre 5ocm et 8oora d'eau.
(') Brillouix, Leçons sur la viscosité des liquides et des gaz, ire Partie, p. 1 54 -
(2) Couette, Thèse de Physique, 1890.
Eau-essence
Alcool-essence
^
de pétrole.
Alcool-eau.
de pétrole.
1
»
1,9.592
i,i534
2,2098
SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 1673
Rapports des produits des pressions par les temps
PT
d'écoulement = „•
Tube de verre :
Rayon : orm,oi3:
Longueur: 3cm, 3 env.
Tube de soufre : j
Rayon : oim, 0009 ; \ 1,8724 1,2017 2,2507
Longueur: 2cm,3 env. )
Lorsqu'un liquide ne mouille pas la paroi du tube de rayon R et glisse
le long de celle-ci, l'écoulement se fait comme si le tube avait un rayon plus
grand, soit R -+- z. La formule de Poiseuille permet de déduire z. En parti-
culier, du Tableau précédent on tire :
R -+- s\* 1 ,9592 _
Cas eau-essence de pétrole ( — =; — ) = '„' . = 1 ,o46i
1 \ R / 1,8724
n 1 1 /R_t-£Y 1,2017 ,
Las eau-alcool I — rr — I — =wj = 1 ,0419
R / 1 , i534
Pour l'essence de pétrole et l'alcool, le rapport correspondant
2,2698
, 0040
est sensiblement égal à l'unité. Des deux premiers rapports on tire pour z
une valeur moyenne qui est
6 = 0^,9-
/•
L'existence d'un glissement de l'eau contre une paroi de soufre que les
expériences précédentes permettent de constater donne la raison de la
grande force électromotrice de filtration de l'eau dans le soufre.
PHOTOGRAPHIE. — Sur la reconstitution, par cliché photographique, de cer-
tains détails invisibles des tableaux anciens. Note de M. H. Parexty,
présentée par M. Lippmann.
Ainsi que M. E. Waulers l'a récemment obtenu pour les retouches à
la sépia de plusieurs dessins de Raphaël, j'ai réussi à faire paraître sur un
cliché photographique certains détails invisibles à l'œil nu des tableaux
anciens. En .éclairant de diverses façons une Décollation de Saint Jean-
1674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Baptiste attribuée à Rubens, j'ai révélé la signature du maître Rubês dont les
deux premières lettres apparaissent nettement dans tous les clichés, dont
les trois dernières moins visibles peuvent être reconstituées par la com-
paraison de l'ensemble des clichés. Un estampage sur papier mince permet
de constater après coup que le phénomène doit être ici attribué à un relief
de la toile.
PHYSIQUE. — Sur la théorie cinétique du paramagnétismc des cristaux.
Note (') de M. Piekre Weiss, présentée par M. J. Violle.
I. Je suppose que les molécules soient disposées suivant les nœuds d'un
réseau et soumises quant à leur orientation à l'agitation thermique. A chaque
orientation d'un aimant moléculaire correspond aussi une énergie poten-
tielle W. La distribution de ces aimants sera représentée par les points que
les pôles nord occupent sur une sphère, les pôles sud étant au centre. En
l'absence d'un champ magnétique, la substance est à l'état neutre ; le centre
de gravité des pôles nord coïncide donc avec le centre de la sphère.
J'applique au cristal ainsi schématisé un raisonnement analogue à celui
qui a conduit Langevin à la théorie du paramagnétismc des gaz.
Soient :
N le nombre de molécules dans la molécule-gramme,
/• la constante de l'équation des gaz, rapportée à 1 molécule,
c une constante,
on a pour le nombre de molécules contenues dans l'angle solide d'x>
(1) dN = ce~ '''du.
Un champ magnétique II, faisant un angle a avec le moment moléculaire p. augmente
l'énergie potentielle de — 11//. coscc. Le nombre des aimants contenus dans l'angle solide
du devient
w-U|j.cosa
(1') tfN = ce ~l du
et leur moment magnétique
W — Il \>. cos a
dam =z cp.e cos
En posant Np. = <7,„o, saturation moléculaire absolue, Nr-R, constante de l'équa-
tion des gaz pour la molécule-gramme, il vient
(3)
r --
.. le ''rcos,arfw
,H J
RT r — £
/•""
expression qui montre qu'en général le coefficient d'aimantation n'est pas inversement
proportionnel à la température absolue, mais une fonction plus compliquée de celle-ci.
Si l'on suppose W constant, on retombe sur les formules
W) CT"1— 3RT ' "Lm~ 3RT' '"— 3ÏÏ
(}£„, coefficient d'aimantation, C„, constante de Curie moléculaires), applicables aux
gaz, aux solutions, aux corps amorphes.
On déduit immédiatement de (3) que, dans le cas général, la moyenne
des coefficients d'aimantation observés dans trois directions rectangulaires
obéit à loi de Curie, avec un coefficient d'aimantation et une constante de
Curie donnés par les formules (4).
Quand on mesure le coefficient d'aimantation d'une substance pulvé-
risée, isotrope par compensation, cela revient à prendre la moyenne pour
un grand nombre de systèmes de trois directions rectangulaires. Le coeffi-
cient moyen obéit donc à la loi de Curie et la constante de Curie est la
même que si la rotation des molécules était devenue aussi libre que dans un
gaz parfait. Ainsi se trouve justifié, pour les corps répondant au schéma
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 2l4
1676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ci-dessus, l'usage que j'ai fait antérieurement des coefficients d'aiman-
tation pour la détermination des moments moléculaires.
Revenant à la formule (3), on peut remarquer que, puisque e rT est la
densité en direction des aimants moléculaires, le facteur
r --
fr
rTd<ù
est la valeur moyenne de cos2 pour que la direction D fournisse un rayon diffracté comportant
cette longueur d'onde.
En second lieu, je dis que cette règle donne tous les rayons diffractés
possibles.
Soient, en effet, D un rayon diffracté; OA,, OA5, OA3 les trois rangées conjuguées
définissant le réseau et alt a,, a3 leurs paramètres; a1D, <72Di asi> 'es projections de ces
paramètres sur D; <7,|, aa, a.\ les projections des mêmes vecteurs sur I.
Pour que D puisse être un rayon diffracté, il faut que, si /», n, p sont les coordon-
nées numériques d'un nœud du réseau, on ait, quels que soient m, n, p,
ni («un- or]D) -+- n (a±x-) = o,
»«"(«,,+ a,„) +n"(ail+ a,h) + p"{a3l + «3i.) = °>
ou, en vertu des relations (1),
(2) m'K, 4-/i'K2-)-/)'K3 = o,
m"Ki + n"Kt+ p"K3=o.
L'équation du plan est alors
?L(n'pi' — pin'>) + L^p'm'—mY) + —{m'n"—n'm") = o;
Q-\ «2 «3
c'est-à-dire, en vertu des relations (2),
— K,4- ^-K2h Iv3 — o.
«1 «2 a3
Ce plan réticulaire existe donc; c'est celui dont les caractéristiques sont (K^KsKj).
On peut donc poser en règle générale :
Chaque rayon diffraclé suit la loi de la réflexion sur un des systèmes de
plans réticulaires du cristal. Il comporte une longueur d'onde fondamentale et
toutes ses harmoniques (pour autant que ces longueurs d'onde existent dans
le rayon incident). Et la longueur d'onde fondamentale est le double de la
projection de l ' équidislance des plans du système sur le rayon incident.
On voit que les phénomènes de réflexion observés par de Broglie ne
diffèrent pas du phénomène de Laue. Au surplus, la forme extérieure du
fragment de cristal n'intervient en rien dans l'orientation des rayons
diffractés.
La règle énoncée ci-dessus permet de transformer très rapidement les
photogrammes en une projection stéréographique des pôles des plans
réflecteurs, c'est-à-dire des plans réticulaires du cristal mis en évidence par
la diffraction.
Dans le cas (seul utile à considérer en pratique) où le rayon incident est
normal à la plaque photographique, la construction est des plus simples.
Il suffit, en se servant par exemple du diagramme stéréographique de Wulff,
de reporter sur ce diagramme les azimuts des taches de diffraction, puis
de mesurer les distances de ces taches au centre de la tache centrale.
Le rapport de cette distance à l'écartement du cristal et de la plaque photo-
graphique donne la tangente de l'angle que fait le rayon diffraclé avec le
rayon incident. La moitié de cet angle représente l'angle du plan réflecteur
SÉANCE DU -1 JUIN IO,l3. 1679
avec le rayon incident, c'est-à-dire l'angle du pôle de ce plan avec le plan
de la projection stéréographique. Il est donc aisé de reporter ce pôle sur le
diagramme
PHYSIQUE. — Sur le mouvement des centres lumineux clans les décharges
électriques. Note de M. A. Perot, transmise par M. Villard.
Dans des Notes antérieures ('), j'ai indiqué les résultats de la recherche
des mouvements des centres lumineux dans les tubes à hydrogène excités
par un courant continu; il était nécessaire, pour développer cette étude, de
comparer les vitesses des centres dans des gaz différents. L'expérience a
été réalisée avec l'hélium et l'hydrogène d'une part, le sodium et le lithium
de l'autre.
Dans un même tube, contenant un mélange d'hélium et d'hydrogène,
j'ai déterminé les vitesses de la raie D3(587(ïA) de l'hélium, et de la
raie C(6563 A) de l'hydrogène; les vitesses mesurées ont été relativement
faibles, 5oom par seconde au maximum, et j'ai véritié que dans les mêmes
conditions de pression et de courant la vitesse de l'hydrogène était la
même, que de l'hélium fût en présence ou non. D'autre part j'ai, dans des
expériences séparées, déterminé pour des conditions de pression et de
courant identiques les vitesses de l'hélium et de l'hydrogène; la moyenne
des résultats obtenus pour le rapport — est 2,3.
Il faut remarquer que dans les conditions où je m'étais placé, c'est-à-dire
assez loin du maximum de la courbe indiquée anlérieurement(2), l'influence
de la longueur d'onde est très faible, la vitesse mesurée étant très voisine de
celle du centre immédiatement après le choc; le rapport des vitesses ne
doit pas s'écarter beaucoup du rapport des masses des centres et lui être
supérieur, la longueur d'onde de D3 étant plus petite que celle de C.
Expérimentalement, ce rapport 2,3 est très voisin du rapport 2 des poids
moléculaires de l'hydrogène et de l'hélium qui sont, l'un diatomique,
l'autre monoatomique.
La comparaison du sodium et du lithium n'a pu être faite dans un tube;
j'ai dû utiliser la décharge de la machine à courant continu dans l'air atmo-
sphérique sous forme d'une flamme d'environ i5mm de longueur.
(') Comptes rendus, t. 156, i3 janvier 1 9 1 3, p. 1 3.2 et 27 janvier 1913, p. 3io.
(2) Comptes rendus, t. loi, 18 juillet 1910.
l68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les électrodes, en fer, étaient recouvertes de fils d'amianle imprégnés de solution de
chlorures de sodium et de lithium. Dans ces conditions, on obtient des anneaux
encore très beaux avec une différence de marche de 20mm. Au lieu de renverser le
courant comme dans les expériences précédentes, j'ai disposé un système de miroirs
permettant d'envoyer sur l'étalon la lumière émise par la partie supérieure de la
flamme, dans le sens du courant et en sens inverse.
L'expérience montre que les centres lumineux se meuvent comme dans
les tubes à gaz, de la cathode vers l'anode; le courant serait comme dans
les tubes propagé par des électrons négatifs; les vitesses se sont élevées
o
à 4°°m pour le lithium (raie rouge 6708 A), dans la flamme produite
par le courant de GG milliampères, et le rapport de la vitesse donnée par la
raie rouge du lithium à celle que donne la raie D, du sodium a été trouvé
égal à 3,i, c'est-à-dire très voisin du rapport des poids moléculaires qui
est 3,3.
Les mesures dans la flamme de la machine sont d'ailleurs plus délicates
qu'avec les gaz renfermés dans des tubes, à cause de la mobilité de la
flamme qu'on est obligé de protéger avec des écrans. Il peut d'ailleurs
paraître surprenant de rencontrer, dans ce mode de décharge, des vitesses
de l'ordre de celles qu'on trouve dans les tubes, à pression réduite; mais
il faut remarquer que la densité du milieu où se propage le courant peut
être très petite, quoique la pression soit élevée, étant donnée la température
très haute de la flamme.
Du fait que, dans le cas où l'influence de la longueur d'onde est faible,
les vitesses trouvées sont à peu près proportionnelles aux poids atomiques,
on peut, semble-t-il, déduire que les vitesses communiquées aux centres
lumineux sont, au début de leur mouvement, proportionnelles aux poids
moléculaires des corps auxquels ils appartiennent et que la luminosité,
réellement due aux centres matériels, prend naissance lors des rencontres
des molécules et des électrons en mouvement; ces chocs dissociant proba-
blement la molécule, en tous cas conférant aux centres la faculté de vibrer
et, dans le cas actuel, d'émettre de la lumière.
Les tubes contenant une vapeur à poids moléculaire élevé, illuminée par
une décharge, donnent des vitesses à peine mesurables; ainsi dans un tube
à vapeur de cadmium du modèle de ceux de M. Michelson, pour un courant
de 20 milliampères, la vitesse est certainement inférieure à ym à la
seconde, c'est-à-dire que les variations de la longueur d'onde dues au phé-
nomène étudié doivent être inférieures à une unité du dernier ordre décimal
du nombre 6438,4696, longueur d'onde de la raie rouge du cadmium.
SÉANCE UU 2 JUIN IC)l3. l68l
Cette conclusion est intéressante au point de vue métrologique : clans les
mesures du mètre aucune variation avec l'intensité du courant n'est à
craindre sur la longueur d'onde, si comme nous l'avons fait, MM. Benoît,
Fabry et moi-même, le tube est alimenté par du courant alternatif; la
courbe du courant étant symétrique, il ne peut se produire que des
variations de finesse des anneaux; si l'alimentation est faite avec une
bobine, parle fait de la dissymétric de la décharge, on pourra avoir des
longueurs d'onde très légèrement variables avec la valeur du courant et
surtout avec le sens de celui-ci; mais ces écarts seront en général bien
inférieurs aux erreurs expérimentales.
CHIMIE PHYSIQUE. — Déjloculation de l'amidon et dissolution du
glucose. Note de M. G. Malfita.vo et M"e A. Mosciikoff, pré-
sentée par M. Roux.
Les formes pseudo-cristallines de l'amidon ( ' ) nous intéressent au premier
chef, parce qu'elles montrent en toute évidence que le mode de désagréga-
tion de ce colloïde typique, la déjloculation, diffère essentiellement de celui
de dissolution qui caractérise les cristalloïdes.
Nous pouvons, en effet, choisir deux préparations, une de ces pseudo-
cristaux et une de glucose cristallisé, qui sont, toutes les deux, constituées
de particules également consistantes et transparentes, entourées de liquide
limpide. Nous assisterons à la désagrégation de ces particules qui est visi-
blement différente. A la fin, les préparations nous paraîtront également
homogènes. Ces systèmes, étant comparables au point de départ, se modi-
fient différemment pour devenir de nouveau pareils. La différence du
mode de changement, constatée dans ces conditions, a la valeur de distinc-
tion essentielle.
Chauffons légèrement au-dessus d'une flamme les deu\ préparations que nous venons
d'examiner à l'ullramicroscope. Quand aucun changement n'est apparu à l'œil nu dans
celle du glucose, déjà on ne voit plus les filaments soyeux et les globules brillants de
l'amidon, sinon comme des taches bleuâtres. En regardant alors à l'ullramicroscope,
nous verrons que seules les lignes lumineuses qui dessinent le contour des cristaux sont
détériorées, les surfaces qu'elles délimitent restent sombres, si elles ne sont pas miroi-
tantes. Ceci prouve que le glucose, attaqué par le liquide, reste homogène. Le chan-
gement est plus frappant pour les pseudo-cristaux ; ceux-ci élaient, avant le chaullage,
(') Comptes rendus, t. 156, p. 1 4 1 2 .
1682 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comme des baguettes ou des billes transparentes et lisses. Ce sont maintenant les
mêmes objets dont la surface aurait été dépolie. En réalité on voit à présent la matière
qui les constitue devenue granuleuse, taudis que le trait lumineux qui en dessinait le
profil s'est effacé.
Chauffons davantage nos préparations. Nous verrons les cristaux en débris,
entraînés par les remous du liquide, parfois s'entasser, mais ils n'ont aucune ten-
dance à s'agglomérer; nous pourrons fixer chaque fragment et le voir disparaître
simplement, parce que son contour se rétrécit jusqu'à s'annuler. Ceci est à noter :
L'éclat lumineux de ce contour ne se ternit jamais, l'image réduite à un point lumi-
neux dans un champ sombre s'éteint tout à coup. Il en est bien autrement de l'amidon.
Les globules et les filaments ont augmenté notablement de volume, leur structure gra-
nuleuse est plus apparente. Ce sont désormais des assemblages de points lumineux, ou
plutôt de petites taches toutes pareilles de lumière diffuse. Entraînées par le mouve-
ment du liquide, ces assemblages se déforment, se brisent et surtout s'agglomèrent en
amas. Ceci est remarquable : ce n'est que par des impulsions venant de l'extérieur
que les amas s'égrènent en points isolés, dont l'existence est d'ailleurs éphémère. En
opérant avec soin, ces amas ne se disloquent pas, ils paraissent comme des taches dont
la surface, d'abord régulièrement et finement accidentée, devient ensuite de plus en plus
unie. Le contour de ces taches, avant visible, se confond maintenant dans le champ
faiblement lumineux. Ce n'est pas cependant la luminosité du milieu qui couvre celle
des amas. Car, lorsque nous avons mis peu de pseudo-cristaux dans la préparation, le
brouillard est très faible, et vraiment nous voyons que les amas disparaissent par
extinction graduelle de la lumière qu'ils diffractent d'une manière toujours plus uni-
forme et de moins en moins intense.
Enfin, chauffée encore plus, la préparation d'amidon devient aussi sombre que celle
de glucose complètement liquide.
La différence entre les deux sortes de modifications est évidente. Le cris-
tal ne fait que diminuer de volume, et l'on n'aperçoit rien des fragments
qui doivent pourtant s'en détacher, seulement à la surface. C'est la dissolu-
tion. Le pseudo-cristal, au contraire, se désagrège entièrement et à la fois en
granules perceptibles et uniformes, qui restent cohérents. Lorsque ces
granules ou micettes sont très serrées comme dans le pseudo-cristal avant le
chauffage, la matière est compacte, transparente et très réfringente. Ces
micelles s'étant écartées, la matière est devenue friable et opaque, son éclat
lumineux s'est terni. Ensuite nous ne voyons plus individuellement les
micelles, la lumière est diffusée d'une manière plus uniforme et moins
intensément. C'est que les micelles ont dû subir le même sort que le
pseudo-cristal tout entier. Elles aussi se sont désagrégées en granules, en
micelles de deuxième grandeur. La matière ainsi raréfiée nous envoie moins
de lumière par unité de surface. Le contour des images est effacé, parce que
l'indice de réfraction de cette matière est voisin de celui du milieu. Enfin
SÉANCE UU 2 JUIN IO,l3. l683
le brouillard s'est dissipé. Il faut alors que les micelles de deuxième gran-
deur à leur tour se soient désagrégées. Mais alors les phénomènes ne sont
plus saisissables à l'ultramicroscope, nous pourrons les suivre encore à
l'ultrafiltration. Voilà en quoi consiste le processus de défloculation. Nous
allons montrer la généralité de ces faits, et nous en justifierons mieux l'in-
terprétation.
Le glucose en toutes ses formes se dissout comme les cristaux. Fondu ou massé il
n'est attaqué que par la surface ; ce dernier cependant est un agglomérat de parti-
cules. Ecrasons du glucose entre lame et lamelle d'une préparation microscopique, et
tt'ichons que l'eau pénètre dans l'amas de débris, nous verrons aussitôt des espaces
vides s'élargir entre ces débris. Rien de pareil ne se voit dans les particules d'amidon.
Cherchons dans un vieil empois des flocons qui aient une forme irrégulière, l'on y voit
des espaces entre 1rs granules; en chauffant, les vides se comblent, et l'aspect du
flocon devient de plus en plus homogène. Expérimentons avec des grains naturels;
ils sont transparents et, attaqués par l'eau chaude, ils deviennent opaques, ils se
gonflent démesurément, se crèvent, et il ne reste de visible que les enveloppes.
Fixons celles-ci, en poussant le chauffage. Elles sont granuleuses puis elles deviennent
homogènes et s'illuminent de moins en moins. Lorsqu'elles sont disparues, elles ne sont
pas détruites, car, si nous abandonnons la préparation au froid, elles réapparaissent.
Voici deux faits qui confirment nos observations : Dans des empois tout
à fait limpides se trouvent des particules si volumineuses, qu'elles sont
retenues par les filtres en papier, cependant elles ne sont pas visibles à
l'ultramicroscope, tant leur texture est fine. Si chaque micelle pouvait se
dissoudre comme un cristal, cela ne serait pas possible. Voilà pourquoi on
ne voit pas les micelles isolément. Nous allons cependant les rendre per-
ceptibles. Chantions les grains ou les pseudo-cristaux dans l'eau alcoolisée
à 25"-5o°. L'amidon se désagrège alors sans se gonfler, et l'on obtient des
liquides dont le trouble est persistant. A l'ultramicroscope, c'est l'aspect
des colloïdes d'argent, on y voit des points scintillants et vacillants. Ce
sont les micelles isolées, et il nous semble bien d'en avoir aperçu de deux
tailles distinctes.
Pour préciser les distinctions, nous représenterons le cristal parla for-
mule n\l e! la dissolution par la soustraction //M — M —M Tandis
que la micelle doit être représentée par n'" )/i"\/t'( //M )\[ et la défioculation
sera une division telle qu'on l'obtient en ouvrant successivement les
parenthèses.
C B., iç)i3, i" Semestre. (T. 156, N" 22.) 21 5
l684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le i-benzoyl-i-phényl-b.rcyclopentëne.
Note de M. Edouard Bauer, présentée par M. A. Haller.
r
Le i-benzoyl-2-phényl-A,-cyclopentène (formule I), qu'on peut facilement
obtenir par cyclisation du 1.4-dibenzoylbutane au moyen de l'alcoolate (')
ou de l'amidure de sodium (2), présente quelque analogie de constitution
avec la benzophénone; nous trouvons en effet dans ces deux molécules le
même groupement — C = C — CO — C°H5.
i
Il nous a paru intéressant de voir si ce phénjdbenzoylcyclopentène se
comportait vis-à-vis de l'amidure de sodium comme la benzophénone qui,
ainsi que nous l'avons montré (3), se dédouble sous l'influence de cet agent
en benzamide et benzène.
En faisant bouillir une solution benzénique de l-benzoyl-2-phényl-Aj-cyclopentène
avec imol,5 d'amidure de sodium finement pulvérisé, on ne remarque pas de dégage-
ment d'ammoniac. Le liquide, qui prend rapidement unecoloration rouge, laisse dépo-
ser, au boni d'une heure d'ébullilion, un précipité rouge brique. En décomposant
alors lentement le produit de la réaction par de l'eau, il se décolore, et le précipité
entre en solution.
Dans les eaux alcalines on trouve de petites quantités d'acide benzoïque.
D'autre part, la solution benzénique laisse déposer des petites aiguilles
présentant un point de fusion peu net vers io50-ii5°. En éliminant la ma-
jeure partie du benzène au bain-marie et en additionnant le résidu d'éther
de pétrole, on obtient une nouvelle quantité de cristaux. Par une série de
cristallisations dans L'éther bouillant on arrive à dédoubler le produit fon-
dant primitivement à io5°-i i5°, en un composé fondant à i35°, peu soluble
dans l'éther, et en benzamide fondant à i27°-i28°.
La solution benzénique, séparée de ces deux produits cristallisés, a été
ensuite distillée sous pression réduite. On obtient ainsi un liquide bouillant
très régulièrement de i20°-i2i° sous 20mm sans résidu appréciable, et qui,
par refroidissement, s'est pris en une masse cristalline fondant à 23°.
Étude du produit fondant à i3.j°. — L'analyse assigne à ce produit la
formule C,2H,:,ON, correspondant à l'amide de l'acide 2-phényl-Al-cyelo-
(') En. Bauer, Comptes rendus, t. 15S, 191 2, p. 288.
(-) Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 156, 1 q 1 3 . p. 1470.
(3) A. Haller et Ed. Bauer; Comptes rendus, t. Ii7, 1908, p. 824; Ann. de Cliim.
et de Phys., 8e série, t. XVI, p. i4~>.
SÉANCE DU 2 JUIN Ip,l3. l685
pentène-i-carbonique. Cette amide cristallise au sein de l'éther en belles
aiguilles fondant à i35°-i3G°, insolubles dans l'éther de pétrole, peu
solubles à froid dans l'éther, le benzène et l'alcool, plus solubles à chaud
dnns ces solvants. Par cristallisation dans de l'eau légèrement ammoniacale
à l'ébullition, on obtient, par refroidissement, des paillettes nacrées res-
semblant à de l'amide benzoique.
L'amide phénylcyclopentène carbonique réduit rapidement une solu-
tion alcaline de permanganate de potasse et décolore instantanément une
solution chloroformique de brome. Chauffée à reflux avec une solution
hydroalcoolique de potasse à l\o pour 100, elle ne se saponifie qu'au bout
d'environ 3o heures.
Le liquide alcalin, sursaturé par de l'acide sulfurique étendu, fournit un
acide, soluble dans une solution de bicarbonate de soude, dans l'alcool et
l'éther. Sa solution éthérée, évaporée lentement, laisse déposer de gros
prismes fondant à 12.5° à côté de tables parallélépipédiques fondant
à iD7°. Ces deux acides, qu'on peut facilement séparer à la pince, sont
isomères, répondent à ia formule C'^H'-'O2, décolorent le brome et
réduisent à froid le permanganate de potasse.
L'acide fondant à i5;°, traité avec précaution par du chlorure de thio-
nyle, vers 5o° fournit un chlorure dont la solution éthérée donne avec de
l'ammoniac sec une amide fondant à i35°, que nous avons identifiée avec
l'amide de l'acide 2q}hényl-A,-cyclopentène-i -carbonique.
Oxydé par KMnO' en milieu alcalin, l'acide fondant à 107° nous a
donné de l'acide y-benzoylbutyrique fondant à 12D0, ce qui assigne à ce
composé la constitution de l'acide 2-phényl-A,-cyclopentène-i-carbonique
(formule III) et au corps fondant à i3.î° celle de l'amide correspondante
(formule II).
OH5 C6H5
CH-/^C-COC6H5
<;ip~
Cti2
I.
CH
y%.
cil
C — ÇONH*
CH2
11.
C"H>
G6 H5
CH*
CH2
C
C _ COOH
CH*
m.
CHs/'V-H
CH'
JCH3
IV.
l686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'acide fondant à i24°-i'-i"), traité dans les mêmes conditions que son
isomère par du chlorure de thionyle et de l'ammoniac, nous a conduit à une
amide fondant à i78°-i7g°, isomère de l'amide fondant à i35", très peu
soluble dans l'éther et cristallisant par refroidissement de sa solution dans
de l'eau ammoniacale en fines aiguilles microscopiques. Dans l'oxydation
permanganique de l'acide fondant à ii>4°-i25" nous n'avons réussi à carac-
tériser que de l'acide benzoïque et n'avons pas trouvé trace d'acide y-ben-
zoylbutyrique.
Le peu de matière que nous possédions ne nous a pas permis de pousser
plus loin l'étude de ces produits d'oxydation. L'acide fondant à I24°-I25°
et son amide fondant à i78"-i79° ne diffèrent de l'acide 2-phényl-A,-cyclo-
pentène-i -carbonique que par la position de la double liaison dans le noyau
qui y occupe peut-être la position A.,.
Elude du produit fondant à 23°. — L'analyse lui assigne la formule
C"H12. C'est un produit très volatil, à odeur assez pénétrante et doué d'une
facilité de cristallisation remarquable. Il décolore le brome et réduit à froid
une solution aqueuse de permanganate de potasse en donnant de l'acide
y-benzoylbutyrique, ce qui permet d'attribuer à ce carbure la constitution
du i-phényl-Ai-cyclopentène (formule IV). Ces constantes physiques à 25°
sont les suivantes :
rf2^ = 0,981)17; «a=i,56723; «D = 1 ,37340; «13 = 1 ,59017; d'où l'on calcule les
réfractions moléculaires : Ma= 47,71; MI) = 48,i'i; Ma = 49>20,; Ma — Ma = 1 ,58.
Théorie pour CiJH12R: Ma = 46 ,3g ; Mu = 46,73; Ma =47,49; Ma — Ma=i,io.
L'exaltation que nous montrent ces résultats provient de la position de la double
liaison qui est en conjugaison avec le groupe phénjlique.
Le i-phényl-A,-cyclopentène donne un picrate Cn H12. C6 H3 O'N3 pré-
sentant sur le bain de mercure un point de fusion instantané de G.V',5. Il
cristallise facilement dans les solvants hydratés, tels que l'éther humide ou
l'alcool, mais se dissocie dans les solvants anhydres tels que l'éther de
pétrole, l'éther anbydre ou le benzène. Traité par de l'alcool absolu et du
sodium, le i-phényl-A,-cyclopeBtène se réduit quantitativement en pbényl-
cyclopropane (éb. 2i4°-2i5°) déjà obtenu par MM. Borsche et Menz ( ' ).
En résumé, nous avons montré que l'amidure de sodium réagissail sur le
i-benzoyl-2-phényl-A,-cyclopentène de la même façon que sur le benzophé-
none en le scindant partiellement en amide 2-phényl-A,-cyclopentène-i-
curbonique et benzène et en i-phényl-A,-cyclopentène et amide benzoïque.
(') lier. cl. C. Ges., t. XLI, p. t9o.
SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1 687
chimie ORGANIQUE. — Contribution à l'étude de la carpiline ou pilosine.
Note de MM. E. Lkc.er et Ferdinand Koques, présentée par M. E. Jung-
fleisch.
En chauffant la carpiline, pendant 10 heures, en tubes scellés, à i4o°
avec de l'eau, nous avons constaté la formation de deux bases nouvelles :
l'une très soluble dans l'eau froide, l'autre insoluble ou peu soluble; cette
dernière se dépose, en partie, au fond des tubes refroidis, en solution dans
l'aldéhyde benzoïque qui se forme simultanément (').
Nous décrirons ailleurs la méthode employée pour séparer ces divers
composés.
La base soluble dans l'eau fut transformée en azotate.
La faible solubilité de ce sel dans l'alcool, sa grande solubilité dans
l'eau, son point de fusion, son pouvoir rotatoire, son analyse permettent
de l'identifier avec l'azotate de pilosinine de Pyman (2).
Analyse. — NO3 H dosé volumétriquement, en présence de phénolphtaléine.
Trouvé : 25, 61. Calculé pour C9H12N202, N03H : 25,92.
Fusion : i65°,5-i66°,5- Pyman indique i65°-i67° (corrigé).
Pouvoir rotatoire : otD = -H 4°, 3 ; p = 8,465. Pyman indique, pour la même con-
centration, «D = -t- 4°, 3.
Rappelons que, dans notre première Note, nous avons signalé un chloro-
platinale cristallisé en lamelles, obtenu avec la base soluble dans l'eau. Les
analyses montrent que ce sel est le chloroplatinate de pilosinine.
Analyse. — Trouvé : Pt — 25,07 i 25, 3o ; Cl = 27, 12.
Calculé pour (C9 H,2N202)2PtCl6H2 : Pt = 24,12; Cl = 27, 67.
La base insoluble dans l'eau froide nous a fourni un azotate cristallisable,
dans l'alcool méthylique en grandes tables très solubles dans l'eau, peu
solubles dans l'alcool froid. Cet azotate a été identifié avec l'azotate d'an-
bydro-pilosine de Pyman.
Analyse. — ■ N03H dosé volumétriquement, en présence de phénolphtaléine.
Trouvé : 19.30. Calculé pour C16HlliN202, NO3 H : 19.04.
Fusion : i5i°, 7-1 53°, 7. Pyman indique i53°-i54° (corrigé).
Pouvoir rotatoire : «D = — 1 70, 99 ; /> = 3,617. Pyman a trouvé pour la même con-
centration 3iD= — 180, 1 .
(') Comptes rendus, t. 155, p. 1088.
(2) Cliem. Society, t. CI, p. 2260.
l688 ACADÉMIE DBS SCIENCES.
Des eaux mères alcooliques de cet azotate, nous avons pu isoler une nou-
velle quantité d'anhydro-pilosine sous forme d'oxalate acidejfusible à i53°, '\,
alors que Pyman indique, pour ce sel, i53°-i54° (corrigé).
Les eaux mères alcooliques de cet o.valate renferment les oxalates de
bases amorphes dont il sera question plus loin.
Si, dans l'expérience qu'on vient de relater, on remplace l'eau par une
solution de potasse caustique au tiers environ, on obtient encore de la pilo-
sinine, mais nous n'avons pu déceler la présence de l'anhydro-pilosine. En
outre, la production d'aldéhyde benzoïque est extrêmement faible; ce com-
posé est remplacé par un mélange d'acide benzoïque et d'alcool benzylique,
engendrés dans une réaction secondaire, par l'action de KOH sur la benzal-
déhyde primitivement formée.
La pilosinine a été caractérisée par son azotate fusible à 1660, 4-i6^°,.|,
renfermant 26, 55 pour roo de N03H. Calculé 25,92.
Il résulte de ce qui précède que la potasse ne joue aucun rôle dans la
transformation de la carpiline en pilosinine.
Il y a lieu également de remarquer que l'anhydro-pilosine qui se forme
en présence de l'eau seule ne semble pas prendre naissance si l'on opère en
milieu alcalin.
Dans le but d'étudier l'influence du temps sur la marche de la réaction,
nous avons répété l'expérience avec l'eau seule, mais en limitant sa durée
à 4 heures.
Nous avons pu isoler deux bases : l'une soluble dans l'eau, l'autre insoluble
ainsi que de l'aldéhyde benzoïque en quantité telle qu'on peut admettre
que plus de la moitié de la carpiline s'était transformée en pilosinine.
Ce qui fait l'originalité de cette réaction, c'est qu'elle donne naissance à
un mélange de bases insolubles dans l'eau froide susceptible d'enlever à sa
solution aqueuse une quantité importante de pilosinine, comme le ferait
un dissolvant.
Le mélange des bases insolubles, transformé en azotates, nous a donné,
en effet, non pas de l'azotate d'anhydropilosine, comme nous étions en
droit de l'espérer, mais bien de l'azotate de pilosinine fusible à i65°-i6j°,
ayant un pouvoir rotatoire aD = -+- 3°, 9.
L'azotate d'anhydro-pilosine, formé en même temps, se trouvant en trop
faible quantité, resta dans l'eau-mère. L'anhydro-pilosine put, cependant,
être retirée de cette eau-mère à l'état d'oxalate acide fusible à i53°,5-
i55°,5 (corrigé).
Enfin les eaux-mères alcooliques de l'oxalate acide ^'anhydro-pilosine
SÉANCE DU 2 JUIN 1913. 1689
renfermaient, à L'état d'oxalates, un mélange de bases amorphes qui furent
réunies aux bases amorphes provenant de la première opération effectuée
avec l'eau seule ( voir plus haut).
Ces bases amorphes représentent des produits de transformation incom-
plète de la carpiline. En effet, chauffées de nouveau avec de l'eau, à i/|0°,
pendant 18 heures, elles fournissent des quantités relativement importantes
d'aldéhyde benzoïque, de pilosinine et d'anhydro-pilosine; ces trois com-
posés étant, pour ainsi dire, les seuls qui se forment dans cette réaction.
Nous nous sommes demandé si l'anhydro-pilosine ne serait pas, elle
aussi, un composé intermédiaire dont la production précéderait celle de
la pilosinine.
Par fixation d'eau, l'anhydro-pilosine, qui renfermerait, selon Pyman, le
groupe C6H5 — CH =, pourrait donner lieu à la production de pilosinine,
avec départ de CCH" — COH, selon l'équation
C16H,6N!Os + H20 = C9H,2N202+ C7H60.
Anhydro-pilosine Pilosinine
Or, qu'on chauffe, à i4o°, l'anhydro-pilosine avec de l'eau seule ou addi-
tionnée de KOH, cette base reste inaltérée.
Le point de fusion de l'azotate de la base régénérée : 1 j2°,5-i53°, 5, était
celui de l'azotate d'anhydro-pilosine. Le pouvoir rolatoire de ce sel fut à
peine modifié aD = ig°, 1 au lieu de — 18°, 1.
M. Pyman suppose que la carpiline ou pilosine possède une constitution
analogue à celle de la pilocarpine; que ce qui différencierait les deux alca-
loïdes c'est que, dans la carpiline, le groupe C°H5 — CHOH — remplacerait
le groupe C2H5 — de la pilocarpine. En conséquence, la carpiline ou pilo-
sine renfermerait le groupe C°H5 — CHOH — CH — qui, sous l'influence
1
de la chaleur, se scinderait en C°H5 — COH et CH2. En même temps, par
perte d'eau, le même groupe donnerait C6H5— CH = C — qui se retrou-
1
verait dans l'anhydro-pilosine.
Cependant, la facile déshydratation de la carpiline, dans notre réac-
tion, sans l'intervention d'un déshydratant, permettrait plutôt de supposer
l'existence, clans cet alcaloïde, d'un groupe COH. Sous ce rapport la carpi-
line se comporte, en effet, plutôt comme un alcool tertiaire que comme un
alcool secondaire.
690 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Recherches sur la morphologie du bourgeon chez les Labiées
à stolons souterrains. Note de M. M. Cuaim.ot, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Dans une Note précédente (' ), j'ai exposé les premiers résullats de mes
observations sur les Labiées à stolons souterrains. Poursuivant mes travaux
sur ce groupe biologique, je me suis attacbé à rechereber si les stolons pro-
venaient du développement de bourgeons spéciaux et, généralisant la
question, comment se comportaient les divers bourgeons de la plante
lorsqu'ils évoluent dans le milieu où ils se développent babituellement ou
lorsqu'on les transporte dans un milieu différent, aérien pour les bourgeons
souterrains et vice versa.
J'ai pris comme sujets d'étude, soit des Labiées à stolons vivaces (Teu-
crium Scorodonia et Teucrium Chamœd/ys), soit des Labiées à stolons ne
persistant qu'un an (Lycopus européens, Mentha rotundifolip,).
Le mode d'apparition des stolous est le même dans les quatre espèces
précédentes. Le premier bourgeon qui se développe en stolon se trouve
dans le sol, à la base de la tige aérienne, au nœud le plus rapproché de la
surface. Les bourgeons des nœuds situés plus profondément donnent aussi
quelquefois des stolons, mais toujours moins développés que le premier;
tous sont ramifiés en général. A la fin de l'automne leur extrémité se
redresse, de façon à amener le bourgeon terminal au niveau du sol. A partir
du point où s'effectue cette courbure on observe un renflement nettement
caractérisé, c'est l'ébauche de la tige aérienne qui se développera au prin-
temps suivant. Cette différenciation est très accentuée dans le Lycopus
europœus où le diamètre de la partie verticale est deux à trois fois plus
grand que celui de la partie horizontale.
Si, sur un pied de Teucrium Scorodonia ou de Teucrium Chamœdrys, nous
détruisons les bourgeons situés sur la partie souterraine la plus jeune, nous
provoquons le développement des bourgeons portés par les parties souter-
raines âgées, mais ces nouvelles formations ne présentent pas la même
vigueur que les premières. Dans le cas où l'ablation de la partie jeune est
faite à l'automne, les bourgeons axillaires s'accroissent en tiges souterraines
horizontales plus ou moins longues; mais si l'ablation est faite au printemps
(') Comptes rendus, t. 155. p. 589.
SÉANCE DU 2 JUIN I<)l3. 1691
les bourgeons se développent directement en tiges aériennes. La différen-
ciation de ces bourgeons dépend donc essentiellement de l'époque à laquelle ifs
se développent.
Pour reconnaître quelle peut être sur leur évolution l'influence du milieu,
j'ai déterré et exposé à la lumière de jeunes stolons soit pendant leur crois-
sance en longueur, soit à la fin de l'automne; dans ces conditions, l'extré-
mité des stolons se flétrit et les bourgeons de la partie qui reste vivante,
près de la tige aérienne, se développent toujours en tiges dressées.
Si l'on considère, d'autre part, que les bourgeons de la partie aérienne
évoluent toujours en tiges feuillées, on voit que la différenciation de tout
bourgeon maintenu à la lumière est toujours la même et indépendante de
l'époque à laquelle il se développe.
Si l'on examine la tige aérienne on constate que, parmi ses bourgeons
axillaires, quelques-uns se développent en rameaux florifères ou en rameaux
stériles, d'autres restent à l'état dormant. Il est possible de faire développer
ces derniers dans le sol en enterrant une lige aérienne débarrassée au préa-
lable des bourgeons qui devaient évoluer en stolons. On constate alors que
les bourgeons primitivement aériens se développent en stolons souterrains,
moins longs, en général, que ceux qu'on trouve à la base d'une tige ordi-
naire, mais se comportant de la même façon; le bourgeon qui se développe
le premier est le plus rapproché de la base primitive de la tige, ceux qui se
trouvent au-dessus se développeront ensuite, mais de moins en moins;
quelques-uns même près de la surface du sol peuvent donner directement
une tige feuillée. L'ordre d'apparition de ces stolons est donc inverse de
celui qu'on trouve lorsque la plante croît dans des conditions normales.
La différenciation des bourgeons de la tige aérienne peut donc être modifiée
quand on change le milieu dans lequel ils se développent.
Dans les deux autres types, nous n'avons à nous occuper seulement de
la partie souterraine jeune, la partie âgée ne persistant pas.
Si l'on répète sur le Lycopus europœus les expériences déjà faites, on con-
state que l'ablation des bourgeons terminaux souterrains provoque le déve-
loppement de quelques bourgeons axillaires les plus rapprochés de l'extré-
mité du stolon. Ces bourgeons produisent des axes souterrains très courts
à bourgeon terminal renflé, la partie mince peut même ne pas exister et la
différenciation en tige aérienne apparaît immédiatement. L'ablation du
bourgeon terminal ne peut se faire qu'à l'automne, car, au printemps sui-
vant, le stolon est presque complètement desséché et les bourgeons axil-
laires ne peuvent plus se développer.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 21 G
1692 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les stolons exposés à la lumière se flétrissent rapidement et l'expérience
ne donne aucun résultat.
Les bourgeons de la partie aérienne, comme ceux des Teucriitm, ont la
propriété de se développer en stolons souterrains courts lorsque la tige est
enfoncée dans te sol.
Dans le Mentha rotundifolia l'ablation du bourgeon terminal de chacun
des stolons amène rapidement le développement des bourgeons axillaires
en stolons souterrains; mais si l'on enterre la tige aérienne après l'avoir
débarrassée des pousses souterraines, elle se flétrit rapidement, ses bour-
geons latéraux s'allongent de quelques centimètres seulemenf, puis dispa-
raissent bientôt et la plante meurt. Les tiges souterraines mises hors de
terre se flétrissent aussi complètement et l'expérience ne donne aucun
résultat.
En résumé, on peut dégager de ces recherches les conclusions sui-
vantes : i° les bourgeons qui donnent naissance aux stolons présentent,
chez les espèces étudiées, la même disposition morphologique sur la partie
souterraine de la tige, mais on ne peut pas les considérer comme possédant
une différenciation spéciale, puisque les bourgeons de la partie aérienne
placés dans les mêmes conditions peuvent offrir un développement sem-
blable; 2° l'évolution des bourgeons de la partie souterraine dépend essen-
liellement de l'époque à laquelle ils se développent; ils produisent au prin-
temps des tiges aériennes, à l'automne des stolons; 3° tout bourgeon
exposé à la lumière, quelle que soit sa position sur la plante et l'époque de
son développement, s'accroît en tige dressée feuillée; l\° exposés à la
lumière, les bourgeons souterrains ne s'accroissent en tiges feuillées que si
la partie qui les porte est assez lignifiée pour résister à l'influence du nou-
veau milieu.
BOTANIQUE. — Les phénomènes cvtologiqttes de Ut sporogenèse chez le Bar-
bula muralis. Note de M. E. Iîoucherie, présentée par M. (iaston
Bonnier.
Les phénomènes cytologiques de la sporogenèse chez les Mousses n'ont,
jusqu'ici, fait l'objet que de très rares observations, sans doute en raison
des difficultés de leur étude. Les noyaux sont, en effet, excessivement
petits et leur fixation assez délicate; aussi, sauf le Mémoire de Wilson, qui
présente bien des lacunes, il n'existe aucun travail sur ce sujet. J'ai entre-
SÉANCE DU 2 JUIN I g 1 3 . i6g3
pris des recherches sur diverses espèces et j'exposerai ici mes premiers
résultats obtenus sur le Barbu/a muralis.
Les cellules mères des spores se distinguent de leurs voisines par leur
disposition plus régulière et par leur petitesse; elles mesurent 12^ au
maximum dans le sens de la plus grande longueur. Le noyau, relativement
volumineux par rapport à la cellule, atteint au plus &■ à 7^ de dia-
mètre.
Pendant les premiers stades, qui sont très lents, la division marche
presque simultanément dans toutes les cellules : sur les coupes transver-
sales, on ne trouve que des cellules au même état; sur les coupes longitudi-
nales, on remarque cependant que les stades sont un peu plus avancés
lorsqu'on remonte vers la coi fie.
Au stade prosynapsis, le noyau possède un nucléole arrondi très apparent, un peu
excentrique, ne montrant aucune connexion avec la substance chromatique; celle-ci
est refoulée à la périphérie, formant un anneau de coloration plits foncée et d'appa-
rence finement granuleuse.
D'après Wilson, chez le Mniitm hornurn, le nucléole forme, à ce stade, par bour-
geonnement, un petit corps qui, plus tard, passerait dans le cytoplasme. Je n'ai
observé aucun phénomène de ce genre chez le Barbu/a muralis, mais très souvent,
dans cette espèce, le nucléole prend un contour irrégulier, mamelonné, devient vacuo-
laire et se fragmente en deux ou trois nucléoles plus petits qui se disséminent dans le
noyau.
En même temps, la substance chromatique devient plus apparente, prend un aspect
filamenteux en formant un réseau périphérique à cordons très fins et très irréguliè-
rement ramifiés, mais où l'on ne distingue aucun appariement.
Puis ce réseau, peu à peu, abandonne la périphérie et se resserre vers le centre
englobant le ou les nucléoles dans ses mailles. Le peloton continue sa contraction, les
mailles se rétrécissent de manière à former une masse de plus en plus compacte où
les nucléoles sont difficiles à distinguer, et Ton arrive au stade synopsis.
La masse synaptique, irrégulièrement ovale et hérissée sur ses bords, est située
transversalement au milieu du noyau et entourée de chaque côté par un espace clair
qui la sépare du cytoplasme. Ce dernier, à celte période, est concentré en deux parties
opposées de la cellule sous forme de deux calottes hémisphériques reliées latéralement
par des portions amincies. Cette disposition, qui existe aussi bien sur les coupes lon-
gitudinales que sur les coupes transversales, peut être considérée comme caractéris-
tique de ce stade. Le grumeau synaptique, très coloré, est compact et d'apparence
homogène; cependant on voit quelquefois sur les bords un ou deux filaments émer-
gents dans lesquels on ne peut observer aucune dualité.
A la fin du synapsis, le peloton s'arrondit et se rapproche d'un des côtés de la mem-
brane nucléaire; en même temps il se desserre, devient moins compact et prend une
apparence granuleuse; bientôt quelques filaments commencent à émerger et suivent
le contour de la membrane ou plus rarement traversent l'intérieur de la cavité. Sur
leur trajet 011 distingue des amas de chromatine : c'est le début du spirème.
1694 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A partir de ce stade 011 ne trouve plus de nucléoles. Le spirème continue à envahir
la cavité nucléaire en même temps que les amas de chromatine tendent à disparaître.
Finalement le cordon spirématique est constitué par des filaments simples qui sem-
blent former de tronçons sinueux d'égale épaisseur, reliés les uns aux autres par de
fins tractus. Ces tronçons représentent des chromosomes doubles; ils s'individualisent
peu à peu par étirement et bientôt rupture de la partie intermédiaire, puis chacun
d'eux subit une scission longitudinale. Ce dédoublement apparaît soit à l'une des
extrémités qui prend la forme d'un Y, soit au milieu où l'on dislingue un espace clair
par écartement des deux parties.
Après le dédoublement, il se produit un raccourcissement par tassement de la chro-
matine et l'on arrive au stade de la diakinèse qui est très rapide : les chromosomes,
répartis tout autour du noyau, près de la membrane, présentent souvent la forme d'O,
d'U ou de V à branches très courtes. La rapidité de ce stade fait comprendre pour-
quoi il n'a pas été observé, jusqu'à présent, chez les mousses.
En résumé, les caractères principaux de la formation des chromosomes
hétérotypiques chez le Barbu/a muralis sont les suivants :
i° Non appariement des filaments au' prosynapsis et fragmentation du
nucléole ;
20 Disparition du nucléole à la fin du synapsis;
3° Division transversale du spirème précédant la division longitudi-
nale ;
4° Formation des chromosomes suivant le mode parasyndélique de Gré-
goire (dédouhlement longitudinal) et non suivant le mode métasyndélique
(formation par boucles).
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Le Lepidium sativum rendu semi-parasite
expérimentalement. Note de M. JUoi.i.iard, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Le nombre des plantes supérieures qui se comportent en parasites est
assez restreint et ce fait peut, a priori, s'expliquer de deux manières : ou
bien on est en présence des plantes qui, seules, sont capables de digérer les
tissus d'autres espèces; ou bien le parasitisme n'a pu être établi qu'excep-
tionnellement, par suite de la réalisation d'un ensemble de conditions per-
mettant la pénétration de la racine dans le corps des plantes hospitalières.
Or on sait aujourd'hui que les racines de toutes les plantes vasculaires sont
capables de sécréter diverses diastases, les mettant à même de digérer les
substances organiques correspondantes; on est donc en droit de se
SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1695
demander si la rareté des plantes supérieures parasites ne relève pas plutôt
de la seconde explication que de la première.
Pour m'en rendre compte, j'ai tenté le développement d'une Phanéro-
game non parasite (le Cresson alénois, Lepidium sativwn) sur une autre
(le Haricot, Phaseolus vulgaris) en réalisant artificiellement la pénétration
de la radicule de la première dans le corps de la seconde. Des graines de
Cresson alénois ont été mises à germer sur du papier-filtre humide et,
lorsque la radicule avait atteint une longueur de 3mm-4mm, je l'introduisais
dans un petit trou, pratiqué à l'aide d'une aiguille dans l'axe hypocotylé
d'un Haricot dont les cotylédons étaient étalés; le tout était placé sous une
cloche de manière à maintenir la saturation de l'atmosphère en vapeur
d'eau; le Cresson alénois se développait alors d'une manière très normale
cl l'association établie a pu se maintenir pendant /|o jours; d'ailleurs, si
j'ai arrêté au bout de ce temps les premières expériences dont je relate ici les
résultats, c'est que les Haricots commençaient à souffrir; leurs feuilles
jaunissaient dans les conditions où elles se développaient, alors que le
Cresson alénois subsistait avec des feuilles bien vertes; ce dernier présentait
alors, en outre de ses cotylédons flétris, six feuilles définitives complète-
ment étalées.
Il y a lieu tout d'abord de remarquer que je n'ai pu réussir à obtenir le
développement du Cresson alénois sur le Haricot lorsque celui-ci restait à
l'air libre; la plantule se desséchait rapidement et le fait que l'association
dont il est question ne s'établissait qu'en atmosphère humide pouvait
donner à penser que le Lepidium végétait sur le Haricot comme il l'aurait
fait sur un support inerte quelconque; mais l'examen de l'appareil radicu-
laire nous montre qu'il y a quelque chose de plus; la racine principale du
Cresson se développe rapidement dans la cavité qui lui a été ménagée et
garde ses caractères normaux tant que son cheminement a lieu dans les
tissus blessés par l'aiguille; arrivée au fond de la piqûre, elle continue son
chemin dans le parenchyme de l'axe hypocotylé en digérant devant elle les
tissus qui s'opposent à son passage. Il se constitue, d'autre part, des
radicelles; mais celles-ci, au lieu de devenir grêles et longues, comme il
arrive dans les conditions ordinaires, restent courtes et se renflent, et il est
aisé d'observer au microscope la digestion des cellules du Haricot par ces
radicelles qui, physiologiquement et morphologiquement, se comportent
comme de véritables suçoirs.
Que les substances résultant de la digestion des cellules de l'hôte soient
absorbées par les radicelles du Cresson alénois, tout ce que nous savons sur
1696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'absorption des matières organiques par les racines des végétaux supérieurs
nous porte à l'admettre et nous sommes ainsi amenés à regarder les plan-
tules du Lepidium comme présentant, dans nos expériences, une vie mixte
analogue à celle du Gui, mais qui ne peut être réalisée, dans ce cas particu-
lier, qu'en présence d'une atmosphère humide, le Cresson ne pouvant
puiser dans le Haricot une quantité d'eau correspondant à ses besoins.
La digestion de tissus vivants par les racines du Cresson alénois n'est
d'ailleurs pas nécessaire au développement de cette plante dans les condi-
tions très spéciales où nous l'avons placée \ c'est ainsi que, si nous implan-
tons de jeunes plantules dans l'axe épicotylé du Haricot, on observe une
association semblable à celle que nous avons obtenue avec l'axe hypocotylé,
mais cette fois les racines du Lepidium gagnent rapidement la cavité cen-
trale formée dans l'axe épicotylé, par suite de la résorption précoce de la
moelle, résorption qui'n'apas lieu pour l'axe hypocotylé; la radicule garde
alors des caractères absolument normaux et développe des radicelles allon-
gées et de très faible diamètre; tout se passe dans ce second cas comme si le
Lepidium avait été mis à se développer sur de l'ouate humide.
Ces premières expériences nous montrent donc que les racines de n'im-
porte quel végétal vasculaire sont capables de digérer les tissus d'une autre
plante, c'est-à-dire de se comporter en parasites, pourvu que la mise en pré-
sence soit réalisée.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la pénétration des différentes formes d'azote
dans les plantes ; phénomènes d'adsorplion. Note de M. D. Ciiouchak,
présentée par M. Schlœsing fils.
Nous avons montré, M. Pouget et moi ('), que l'absorption des sub-
stances nutritives par les végétaux était sous la dépendance immédiate de la
solution où plongent leurs racines.
Leur absorption est, dans certaines limites, exactement proportionnelle à la con-
centration de la solution. Dès que les substances commencent à s'accumuler dans la
plante, la proportionnalité est rompue. Ces faits étaient attribués à la pression osmo-
lique qui force ces substances à dill'user dans les racines.
D'autre part, on sait que, dans les phénomènes de diffusion, la nature de la paroi,
(') Comptes rendus, t. 154., p. 1709; t. 158, p. 3o3.
SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1697
ainsi que son affinité pour la substance qui diffuse à travers elle, jouent un grand
rôle.
En me basant sur ces considérations, j'ai appliqué les méthodes que
nous avions utilisées, clans ces expériences, à l'étude de l'influence de la
composition du milieu nutritif sur l'absorption des différentes formes
d'azote. J'ai été amené ainsi à faire les constatations suivantes :
De jeunes plants de blé, dont les racines étaient restées pendant longtemps
en contact avec une solution de sulfate de magnésie suffisamment concentrée
pour en amener la mort, avaient cependant conservé la propriété de fixer
une certaine quantité d'ammoniaque lorsqu'on les portait dans une solu-
tion d'un de ces sels.
Cette fixation semblait donc indépendante du phénomène vital et
propre aux matières constituantes des racines elles-mêmes.
Les expériences suivantes montrent qu'il en est bien ainsi :
Les racines de 125 jeunes plants de blé, âgés de 3 à 4 semaines, sont séparées des
tiges et, après un lavage soigneusement fait à l'eau distillée, plongées dans ioocm!
des solutions, de concentration connue, des substances suivantes : chlorhydrate d'am-
moniaque, azotate de soude, glycocolle, tyrosine, chlorhydrate d'hydroxylamine.
Les mêmes expériences ont été effectuées avec des racines dont toute
activité vitale a été anéantie par un séjour de 3o minutes dans l'eau en
ébullition.
Le contact des racines avec la solution de diverses substances azotées ne
durait que 10 minutes : on a constaté que l'équilibre était atteint presque
instantanément.
Les résultats sont représentés dans ce Tableau :
Chlorhyd .
Substance. NH'Cl. NaNO3. Glycocolle. d'hydrowl-
— ■» — - — — ■ — » — — — ~- — - — Tyrosine. aminé.
Milligrammes de N donnés. 0,5. 1,0. 0.5. 1,0. 0.5. 1.0. 0.5. 0,5.
Mg de N ( les racines vivantes.. 0,091 0,182 o,o53 o,io.5 0,042 0,076 n »
absorbé par | les racines mortes. . . 0,10 0,20 o,o55 0,108 0,075 o,i53 o,i46 o,o43
Concentration de N absorbé par
kilogr. de racines mortes 11,7 23,4 6,45 12,7 8,8 18,0 17,2 5, 1
Concentr. par litre dans le liquide
restant à la fin de l'expérience
avec les racines mortes 4;38 8,76 4i§ 9,7 Â.G 9,2 3,9 5.o
Coefficient ) Concent. dans racines ,
\ —7-, : n 2>68 2,68 i,34 i,32 1,02 i,o5 ^,00 1,02
départage ) Concent. dans 1 eau
On voit d'abord que les quantités d'azote fixées dépendent de la nature
1G98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la substance; ces quantités sont variables, la concentration moléculaire
des différentes substances étant la même. Ue plus, avec le chlorhydrate
d'ammoniaque, les racines mortes ou vivantes fixent les mêmes quantités
d'azote; il en est de même avec l'azotate de soude; il n'en est plus ainsi
avec le glycocolle.
Enfin, les concentrations dans les racines mortes d'azote absorbé (milli-
grammes de N par kilogramme de racines) sont beaucoup plus grandes que
celles du milieu extérieur à la fin d'expérience; les coefficients de partage
des substances azotées entre les racines et le milieu extérieur sont plus
grands que l'unité.
On se trouve donc en face d'un phénomène d'adsorption, les matières
dissoutes étant fixées directement par les substances qui sont contenues
dans les racines.
Les racines, par un séjour prolongé dans l'eau distillée fréquemment
renouvelée, perdent peu à peu les substances qu'elles avaient adsorbées.
Leur pouvoir adsorbant, vis-à-vis de l'azote nitrique ou ammoniacal, n'est
pas sensiblement diminué par ce traitement, même souvent répété. Pour le
glycocolle et la tyrosine, il est, au contraire, considérablement diminué : il
n'est plus que le tiers de ce qu'il était au début, après un séjour de 3 jours
dans l'eau distillée. L'eau a sans doute dissous peu à peu les substances
adsorbantes.
On a des résultats semblables en traitant les racines par l'alcool bouil-
lant : l'absorption de l'azote nitrique n'est pas modifiée, tandis que celle de
l'azote ammoniacal est fortement diminuée.
Mais on peut rétablir le pouvoir adsorbant des racines ainsi traitées en les faisant
macérer dans un extrait alcoolique de racines fraîches (cet extrait précipite par l'eau) :
ainsi, un lot de racines, plongé dans une solution de chlorhydrate d'ammoniaque
contenant ioras par litre, absorbait olns, 1 65 d'azote, et seulement oms,o85 après
un traitement par l'alcool bouillant; après une première macération dans l'extrait
alcoolique, l'azote adsorbé s'élevait à o'"s,i36 et à C'^iyo après une seconde macé-
ration.
Ici, c'est certainement l'alcool qui enlève les substances adsorbantes.
L'adsorption varie aussi avec la concentration de la solution en contact
avec les racines, comme le montrent les résultats suivants :
Concentration initiale
en milligrammes par litre. 5. 25. 50. 100. 200. 250.
Azote adsorbé en milligrammes... . 0,074 0,06 0,74 1 ,48 2,5 2,75
SÉANCE DU 2 JUIN If)l3. 169g
L'adsorption est d'abord proportionnelle à la concentration, à partir d'une certaine
limite elle croît moins vite qu'elle. La courbe qui représenterait ces résultais, est ana-
logue à celle qui relie l'absorption des substances nutritives par les plantes vivantes à
la concentration des solutions où baignent leurs racines (loc. cit.).
En résumé, les racines des végétaux ont la propriété d'adsorber, de
fixer les diverses formes d'azote minéral et organique. Cette propriété est
due à la présence de certaines substances que l'eau bouillante n'enlève
pas.
Ce pouvoir adsorbant pour différentes substances, de même concentration
moléculaire, varie selon la nature de ces substances.
Pour la même forme d'azote, toutes autres conditions égales, la quantité
d'azote adsorbé est en rapport étroit avec la concentration de la substance
dans le milieu ambiant.
Cette faculté d'adsorption ('), ainsi que les phénomènes d'osmose,
doivent jouer un grand rôle dans l'absorption des matières nutritives
par les plantes.
mycologie. — Sur un Septobasidium conidifère.
Note de M. IV. Patouili.ard, présentée par M. L. Mangin.
Nous avons décrit (2),sous le nom de Septobasidium albidum, un cham-
pignon de l'Equateur croissant sur les rameaux vivants d'un certain nombre
de pbanérogames, tels que Prunus salicifolia, Piper Kunthiî, Sakia tortuosa,
Melastoma, etc. Plus récemment, il a été retrouvé au Brésil (Rick, Pullc-
mans) et au Tonkin (Duport), aux environs d'Hanoi, envahissant les
rameaux et les feuilles des Citrus cultivés.
Comme toutes les espèces du genre, il n'est point parasite de la plante
support, mais vit en association symbiotique avec des Coccides.
Il est constitué par une membrane mince, tenace, de consistance de cuir,
sorte de gaine facilement séparable, en dessous de laquelle on observe des
(') Le pouvoir adsorbant peut être attribué à des actions purement chimiques et
aussi à des actions physico-chimiques donnant lieu à la formation de solutions solidi s
dans les substances colloïdales des racines.
('*) N. PATOLiLLAnD et G. Dt Lagehheih, Champignons de l'Erjuateur (Bull. Soc ,
Myc. Fr.. t. CXXXVL i893, PI. VIII, fig. 1).
C. H., t9i3, 1" Semestre. (T. 15C, N" 22.) 217
1700
ACADEMIE DES SCIENCES.
colonies de Cochenilles vivantes. Dans son épaisseur, on rencontre souvent
des cadavres de Cochenilles envahis par le mycélium du champignon.
Les filaments de cette gaine sont fortement colorés en hrun, à peu près
opaques, rameux, serrés, çà et là septés et rarement pourvus de houcles.
Fig. 1. — Fragment d'un coussinet développant
les conidies. a, gaine mycéliehne adhérente au
support; fi, filaments conidiophores dressés;
c, conidies.
Fig.
Détails de la formation des conidies.
Ils se laissent difficilement dissocier. Leur direction est parallèle à Taxe du
support. Dans quelques cas, la partie moyenne de la membrane est plus
làclie et lacuneuse.
La périphérie est fimbriée par une bordure blanche, de filaments jeunes
et encore incolores, qui s'étendent graduellement sur l'écorce.
Lorsque le champignon va fructifier, on voit paraître, au pourtour de la
membrane, au voisinage de la bordure blanche, de petits coussinets hémi-
sphériques, d'aspect villeux, qui sont formés de touffes de filaments dressés,
cylindracés, peu colorés, septés et peu rameux. Ces coussinets finissent par
SÉANCE DU 2 JUIN ic)l3. 1701
devenir confluents et par recouvrir toute la surface d'une assise floconneuse
blanchâtre ou jaune brunâtre.
Bientôt, vers l'extrémité supérieure des filaments dressés, se forment de
nombreuses ramifications courtes, qui se contextent en une pellicule super-
ficielle, fragile, continue ou brisée en petits fragments.
C'est sur ces ramifications que se développent les basidcs que nous avons
fait connaître (/oc. cit.);
Tous les spécimens sud- américains examinés ne nous ont jamais présenté
que ce mode normal de fructification (fig. 1).
Dans les exemplaires tonkinois, au contraire, les basides font défaut et le
champignon s'est toujours montré exclusivement conidifère. Son aspect est
légèrement modifié : la pellicule superficielle manque, et la surface a un
aspect pulvérulent causé par une couche épaisse de conidies jaunâtres.
L'extrémité des ramifications terminales, au lieu de bourgeonner desbasides,
devient légèrement toruleuse et se divise, par un grand nombre de cloisons
transversales, en une file d'articles, qui ne tardent pas à se disjoindre, pour
donner des conidies arrondies ou ovoïdes, d'abord hyalines, puis colorées,
à parois lisses et à contenu homogène, ou présentant une gouttelette bril-
lante.
Ces conidies sont de dimensions variables et ont en moyenne 4-5 x Sji
La connaissance d'un Septbbasidium pouvant ne posséder que la fructifi-
cation conidienne est intéressante, non seulement parce qu'elle complète
l'histoire du cycle de l'espèce, mais surtout parce qu'elle permet d'établir
un rapprochement avec une autre forme fongique, dont les affinités sont
encore obscures.
Dans leur Mémoire sur la Phthiriose de la Vigne ('), MM. L. Mangin et
P. Viala décrivent, sous le nom de Bornelina Coriûm, un champignon dont
les caractères sont comparables à ceux de notre Septobasidium albidum :
même association symbiotique avec des Cochenilles, même réceptacle en
membrane coriace entourant le support et même mode de dissémination
par conidies.
Il est donc vraisemblable de considérer le Bornelina comme une Septo-
basidiée, voisine du genre Septobasidium, dont on ne connaît encore que la
forme conidienne.
(') L. Mangin et P. Viala, La Phthiriose de la Vigne, Paris, 1903.
1702 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Les signes physiques de la supériorité professionnelle
chez les dactylographes. Note de M. J.-M. Lahy, présentée par
M. d'Arsonval.
En étudiant le travail des dactylographes, nous nous sommes proposé
de rechercher les signes psycho-physiologiques qui caractérisent la supé-
riorité professionnelle.
Trois qualités sont nécessaires aux bons dactylographes : la rapidité,
l'exactitude et le goût. Cette dernière, laissée de côté, comme jouant un
i'ôle moins important, nous avons classé nos sujets d'après la rapidité
et l'exactitude, en leur faisant copier un texte de 1702 signes, qui fut jugé
ensuite par le chef d'un service dactylographique et plusieurs professionnels
étrangers à nos recherches.
Ceci fait, nous avons mesuré pour chaque sujet la mémoire des chiffres
et des phrases, l'attention et quelques processus supérieurs de l'intelli-
gence : imagination, abstraction, jugement, raisonnement, à l'aide de lests
appropriés; la sensibilité tactile à l'aide du compas esthésimétrique, la
sensibilité musculaire à l'aide du myoesthésimètre, les temps de réaction
auditifs avec le chronomètre de d'Arsonval, la force dynamométrique avec
le dynamomètre de Régnier. Ce que nous cherchions dans cette dernière
expérience, c'était moins à fixer la force musculaire des sujets qu'à déter-
miner le rapport existant entre la force de la main droite et celle de la main
gauche, afin d'établir par là un équilibre musculaire qui paraît être utile
au bon travail dactylographique.
Malgré le parallélisme relevé entre les résultats fournis par les hommes
et les femmes, ces résultats ne sont pas juxtaposables dans leur détail. Nous
avons relevé entre les deux sexes des différences psycho-physiologiques qui
s'expriment par des différences de valeur observées dans les mêmes réac-
tions. C'est pourquoi nous avons séparé nos sujets en deux groupes et
confronté ensuite la double série des résultats.
Les conclusions suivantes se dégagent de nos expériences :
L'abstraction, le jugement, l'imagination ne semblent pas jouer de rôle
dans la supériorité des dactylographes, bien que nous les ayons rencontrés
chez tous nos sujets. Parmi les autres fonctions, aucune n'est capable de
déterminer, isolément, cette supériorité qui résulte, au contraire, d'un
ensemble de signes, variables pour chaque individu, mais représentés chez
tous quel que soit leur mode de combinaison.
SÉANCE DU 2 JUIN !C)l3. I?ô3
D'une manière générale, les signes observés de façon constante chez les
bons dactylographes sont : une bonne mémoire des phrases concrètes, une
tendance à l'équivalence musculaire des deux mains, une sensibilité tactile
et musculaire affinée, une attention soutenue.
Ces signes ne sont pas ou sont peu représentés chez les mauvais dacty-
lographes, et ils varient, en intensité et en perfection, des moyens aux très
bons travailleurs.
Un des résultats les plus curieux de nos expériences, c'est d'avoir affirmé
chez tous les bons sujets la lenteur relative des temps de réaction auditifs.
Ceci est de nature à indiquer qu'une action relativement lente, mais bien
adaptée, est préférable à une action rapide et peu coordonnée.
Ainsi, après des expériences portant sur un grand nombre de fonctions,
nous sommes parvenu à déterminer celles qui sont caractéristiques de la
supériorité dans la profession étudiée. En faisant porter l'examen des sujets
sur ces seuls signes, il devient donc pratique de déterminer, avant l'appren-
tissage, la valeur éventuelle d'un dactylographe.
ANATOMIE. — Le gésier des Dytiscides. Note de M. L. Iîordas, présentée
par M. Edmond Perrier.
Le gésier constitue une des régions les plus importantes et les plus carac-
téristiques de l'appareil digestif de certains Insectes. Nous avons déjà
étudié cet organe chez la plupart des Hexapodes ('). Il forme, chez les
Coléoptères, une poche, plus ou moins volumineuse, située en arrière de
l'œsophage et en avant de l'intestin moyen.
Nous avons étudié cet organe, aux points de vue anatomique et histolo-
gique, chez un grand nombre de Coléoptères et avons pu diviser ces insectes
en deux grands groupes, réunis entre eux par de nombreuses formes inter-
médiaires :
i° Les Coléoptères à gésier bien développé, et i° les Coléoptères à gésier
atrophié ou nul.
Chez les premiers, qui comprennent les Silphidœ, les Carabidœ, les Dytis-
cidœ, les Staphy/inidœ, les Hydrophi/idœ, la plupart des Longicorncs, etc.,
(') V.-L. Bordas, L appareil glandulaire des Hyménoptères et l'appareil digestif
des Orthoptères {Annales des Sciences naturelles zoologiques, i8g4 et 1S9S;
Comptes rendus, Ier décembre 1902; Congrès A. F. A. S., Tunis, mars 1918; etc.).
170^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
le gésier est volumineux et tapissé intérieurement de bourrelets chitineux,
de denticules, de pointes, de crêtes ou de soies cornées, le tout admirable-
ment conformé pour la mastication et la trituration des matières alimen-
taires avant leur passage dans l'intestin moyen.
Dans le second groupe, comprenant surtout les familles des Celonidœ,
Lucanidœ, Telephoridcv, Elalcridœ, Chrysomelidw, Tenebrionhhv, etc., le
gésier est rudimentaire et très atrophié. Ses dimensions sont à peine dis-
tinctes de celles de la partie terminale de l'œsophage et sa structure diffère
à peine de celle de ce dernier. Disons encore que le gésier est dans un étroit
rapport avec le genre de vie de l'insecte. j
Nous avons soumis à notre étude les Dytiscides suivants : Cybister rœselii
Fabr., Dytiscus marginalis L., Agabus agilis Fabr., Agabus chalconotus
Panz., Acilius sulcalus L., et Colymbetes coriaceus Lap.
Le gésier des Dytiques mesure de 3mm à 3mm,5 de longueur el alïecte une forme
conique, à large base tournée en avant. Une légère dépression circulaire Je sépare du
jabot. Il se prolonge intérieurement, dans ce dernier, sous forme d'expansion circu-
laire présentant une ressemblance frappante avec la partie libre de la corolle d'un
liseron. Les bords de celte expansion sont parcourus par huit bandelettes chitineuses,
de teinte jaune foncé, laissant entre elles un étroit orifice qui conduit dans le gésier.
Les parois internes de ce dernier portent, en avant, huit dents chitineuses, quatre
grandes et quatre petites, formées par des replis cornés. Les dents principales sont
allongées et terminées par une pointe mousse et spatuliforme. Les autres, un peu plus
courtes, sont encastrées entre les premières et se prolongent par une petite pointe
triangulaire. Les parois latérales des dents principales sont recouvertes de loulfes de
fortes soies disposées en brosse, et qui se prolongent même, en massifs serrés, jusqu'à
l'extrémité libre et émoussée du tubercule dentaire. La cavité de la seconde partie du
gésier est tapissée d'une membrane chilineuse interne plissée, qui s'arrête à un bour-
relet postérieur, marquant l'origine de l'intestin moyen.
La forme, la disposition et la structure des dents, leurs nombreuses soies
latérales et antérieures doivent nous faire considérer le gésier des Dytiques
comme une sorte de fdtre plutôt qu'un appareil masticateur ou broyeur.
Il doit avoir pour fonction principale de ne laisser passer dans l'intestin
moyen que les aliments suffisamment triturés et d'arrêter les grosses parti-
cules alimentaires qui sont soumises de nouveau a l'action mécanique des
tubercules chitineux dentaires.
L'épaisse musculature latérale permet également d'admettre cette hypo-
thèse.
Mais c'est surtout chez les Agabus et les Acilius que le gésier constitue
un organe à structure complexe, à épaississements chitineux internes, puis-
SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 170$
sants, servant surtout à compléter l'action triturante des mandibules et des
mâchoires.
L'intérieur du gésier de YAgabus §Ag. chalconolus) présente huit épaississemenls
digitiformes, de longueur différente : dents et denticules. Il y a alternance entre les
dents et denticules. Ces organes, dus à des proliférations locales de la lamelle chiti-
neuse interne, se recourbent en avant et forment, au fond du jabot, un bourrelet
corolliforme, divisé en huit lamelles pétaloïdes séparées par des bandelettes cliitineuses
sétigères, de couleur brun l'once. Les dents diffèrent sensiblement de celles du gésier
du Dytique et du Cybister. Elles sont triangulaires, allongées et présentent une
dépression médio-dorsale. Leur bord postérieur (inférieur) est émoussé; sa face supé-
rieure est convexe, recouverte de petites pointes ou soies cliitineuses et se continue
par une membrane cornée et plissée, qui s'étend jusqu'à l'orifice de l'intestin moyen.
Les parois de chaque dent sont recouvertes de soies, dont les unes sont aplaties, à
large base, de forme triangulaire et les autres coniques ou filiformes. La dépression
dorsale est également bordée par de longues et nombreuses soies chitineuses dirigées
en arrière. Les denticules sont plus courts que les dents proprement dites. Ils se ter-
minent, en arrière, par une pointe triangulaire médiane, au-dessous et en avant de
laquelle se trouve un tubercule allongé. Le tout est recouvert de soies cliitineuses,
particulièrement abondantes sur les côtés.
Le gésier des Acilius présente un plus grand développement et une struc-
ture plus complète cpie celui des espèces précédentes.
La membrane chitineuse qui le tapisse intérieurement se prolonge jusqu'au fond du
jabot où elle dessine, grâce à la présence de huit bandelettes chilineuses (formées par
des soies cornées agglutinées), une sorte d'entonnoir campanuliforme, au centre
duquel existe un orifice étroit et irrégulier, dans lequel s entrecroisent de nombreuses
soies cornées, jouant le rôle de filtre.
Enfin, la cavité interne porte latéralement huit dents longitudinales, de couleur bru
nàtre, qui ne sont, en réalilé, que des plages sétigères à structure spéciale. Sur chaque
plage longitudinale, la lamelle chitineuse s'épaissit et porte, soit de petites dents
coniques et à pointe acérée, soit des filaments cornés, disposés en forme de brosse.
La structure histologique du gésier des Coléoptères a été également, de
notre part, l'objet d'une étude spéciale.
ZOOLOGIE. — La pêche aux grands Cétacés sur la cote occidentale d' Afrique.
Note de M. A. Gruvel, présentée par M. Edmond Perrier.
L'industrie de la pèche à la baleine et aux grands cétacés est en train de
prendre, sur la côte occidentale d'Afrique et, en particulier, dans notre
colonie du Gabon, une importance telle qu'il y a lieu de s'en émouvoir.
1706 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au retour de mon voyage sur la côte d'Afrique, en 1910, je signalais
à l'attention de nos compatriotes, dans diverses conférences, la présence
sur les côtes du Gabon, de nombreuses bandes de Cétacés, parmi lesquels :
la Baleine australe (li. auslralis, Desm.)assez rare, de nombreux mégaptères
(Megaplera longimana, Rudolf.) et baleinoptères, parmi lesquels les énor-
mes Balœnoptcra musculus, L. et les intéressants B. borealis, Lesson, qui,
ebassés de la région antarctique par l'immense développement de la ban-
quise, remontent le long des côtes de l'ouest africain, en suivant le grand
courant froid, dit de Benguela, qui se fait sentir très énergiquement jusqu'à
l'embouebure du Congo et même jusque sur les côtes du Gabon français.
Si ma Communication resta lettre morte pour nos industriels français, il
n'en fut pas de même des Norvégiens et, dès l'année suivante, s'installait,
à Cap Lopez, à l'embouebure de l'Ogooué, un navire usine norwégien de
de 6oool accompagné de deux bateaux-chasseurs de 180* environ ebacun,
appartenant;! la Dominion Wbaling C°, de Saudefjord.
J'avais déjà rencontré, au cours de cette même campagne, une autre
Compagnie norvégienne installée dans la baie de Port-Alexandre (Angola).
Les résultats financiers ont été si intéressants que les Portugais ont consti-
tué une Compagnie mixte qui est actuellement installée dans le petit port
de Praya-Amelia, près de Mossamédès.
La dernière campagne de pêche aux Cétacés sur la côte d'Afrique a été
particulièrement rémunératrice.
Les bénéfices n'ont jamais été inférieurs à 20 pour 100 du capital-exploi-
tation, certains ont atteint 100 pour 100, et l'on cite une Société (Socièla
argentina de Pesai) qui a réalisé 4«o pour 100 de bénéfices nets.
Si l'on sait maintenant que, pour couvrir simplement les frais d'exploitation d'un
bateau-chasseur et de sa part du navire-usine, il faut entre 80 et 100 baleines ou
grands baleinoptères, soit 160 à 200 par Société industrielle, on comprendra quelles
ell'royables hécatombes il faut faire de ces animaux pour pouvoir réaliser /Joopour 100
de bénéfices!
Les produits qu'on en retire sont tout d'abord l'huile de différentes qua-
lités, dont la meilleure se vend actuellement 6oor' la tonne. Puis les poudres
de viande qui, après déshuilage aussi complet que possible, donnent la
poudre alimentaire dont l'utilisation devient considérable et qui coûte 2oofr
à 2iofr les ioookg. Enfin, la poudre d'os et les fanons, dont le prix, pour les
belles qualités, est tombé de 35fr à 121*'' le kilogramme.
Les' produits industriels : huile et guanos ou poudres alimentaires, ont
tellement augmenté de valeur dans ces dernières années que les bénéfices
SÉANCE DU 3 JUIN IQI3. I707
ont été extrêmement considérables ; aussi, toutes les Sociétés qui travaillaient
dans les mers du Nord, dans l'Antarctique et en Australie, qui n'ont pas
fait de bonnes affaires l'an dernier, se ruent cette année vers la côte occiden-
tale d'Afrique, à telle enseigne que trente Sociétés, avec environ 90 bateaux-
cbasseurs, appartenant surtout aux ports norwégiens de Saudefjord,
Larwick et Christiania, sont parties ou vont le faire, pour exploiter cette
région.
La destruction de tous les Cétacés, grands et petits, va être effroyable et
ce sera un véritable désastre, scientifique d'abord, industriel ensuite, car,
au bout de 2 ans, la destruction sera totale.
Avec le Dr Charcot, nous avons attiré l'attention du Gouvernement
français sur cette importante question et demandé, tout d'abord, une
réglementation locale dans nos colonies. Mais elle sera inefficace si elle
n'est pas généralisée à toutes les colonies de la côte d'Afrique.
Aussi proposons-nous une réglementation internationale pour obtenir :
i° la protection des jeunes 'en en interdisant la capture au-dessous d'une
certaine taille ; 20 la protection d'un certain nombre d'adultes par la création
de zones de réserves internationales ; 3° la limitation du nombre des Sociétés
industrielles de pêche proportionnellement à la longueur des côtes des
colonies envisagées; enfin 4° l'obligation d'utiliser la totalité de la masse
des Cétacés capturés, pour éviter le gaspillage actuel.
Des vœux dans ce sens ont été émis par la Société nationale d'accli-
matation et par la Société des Etudes maritimes et coloniales.
L'Académie des Sciences pourrait, peut-être, intervenir de son côté,
auprès du Gouvernement pour obtenir qu'une réglementation internationale
intervienne... avant la disparition totale des Cétacés africains (').
BACTÉRIOLOGIE. — Septicémies spontanées à coccobacilles chez le
Hanneton et le Ver à soie. Note de M. Edouakd Chatton, pré-
sentée par M. Roux.
D'Hérelle a fait connaître en 191 1 (2) l'existence, sur les Sauterelles du
Mexique, d'une épizootie due à la pullulation d'un coccobacille dans le tube
(l) Le Comité colonial du Deutschen Fischerei-Vereins fera, de son côté, part du
projet au Gouvernement et au Reiclislag allemands.
(*) Comptes rendus, t. 132, p. i4i3.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22. ) 2I8
1708 ACADÉMIE DES SCIENCES.
digestif et dans la cavité générale. L'auteur a réussi, au moyen du virus
renforcé par passages et cultivé en bouillon, à infecter dans la nature et à
décimer les essaims de sauterelles.
Au mois de mai 1912, j'ai, à l'instigation de M. le Dr Roux, éprouvé
l'action pathogène du bacille de d'Hérelle, Bacillus acridiorum sur le
Hanneton. Cet insecte se montre d'emblée sensible au virus inoculé par
piqûre dans la cavité générale. La mort survient entre il\ et 48 heures.
Après une série de dix passages sans culture interposée, le virus étant resté
pur, tue le Hanneton entre 12 et il\ heures. La survie des femelles est en
moyenne supérieure à celle des mâles. Mais alors qu'un tel virus renforcé
chez la Sauterelle tue celle-ci (d'Hérelle 191 r) à peu près aussi vite que par
injection, il ne tue point le Hanneton, ni même ne l'infecte, par la voie
buccale, quelle que soit sa virulence pour cet animal.
Dès le début de ces expériences j'ai constaté l'existence d'une septicémie
spontanée du Hanneton, due à un coccobacille B. meiolonthce voisin de celui
de d'Hérelle, qui en diffère, d'une manière constante, au point de vue mor-
phologique par la longueur un peu plus grande des éléments, et, au point
vue cultural, par la fluorescence de la gélose, après 5 à 6 jours. Il s'en dis-
tingue aussi, on le verra par son action pathogène, sur le Ver à soie.
Injecté dans la cavité générale, ce virus, d'origine sauvage, tue le Hanneton entre 12
et 36 heures, et lorsque renforcé par passages, toujours en moins de i\ heures. Mais
per os, il est aussi inactif que B. acridiorum. Les quelques infections constatées dans
les expériences par ingestion n'ont pas été reproduites en série, et leur pourcentage
n'est pas supérieur à celui des cas spontanés, qui est de 5 en moyenne par jour.
D'ailleurs, les hannetons sains présentent, dans la proportion de 75 pour 100, dans
leur tube digestif, le B. meiolonthce, quelquefois en culture massive. C'est toujours
le cas pour les hannetons à septicémie. La maladie sanguine semble donc bien être
d'origine intestinale, comme chez la Sauterelle. Le microbe, parasite banal de l'intestin
du Hanneton, ne passe dans la cavité générale qu'à la faveur de conditions spéciales
encore inconnues. Prélevé dans l'intestin et inoculé directement ou après culture, clans
la cavité générale, il reproduit la septicémie.
Il y avait intérêt à éprouver la virulence du bacille de d'Hérelle chez le Ver à soie,
avant de le répandre en masse dans les régions séricicoles.
Nous avons constaté, M. d'Hérelle et moi, que la chenille est douée d'une immunité
naturelle complète pour le Bacillus acridiorum. Injecté jusqu'à la dose de ocln,,5 dans
la cavité générale, le bacille est détruit.
Par contre, B. meiolonthce est aussi virulent par injection pour le Ver à
soie que pour le Hanneton, aussi inactif par ingestion.
Chez le Ver à soie aussi j'ai rencontré un coccobacille, B. bombycis, agent
SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 1709
d'une septicémie qui, dans un élevage de plus de 2000 vers, faisait mourir
de 5 à 10 individus par jour.
Ce microbe a les caractères morphologiques de B. melolonthœ, mais il
ne communique pas de fluorescence à la gélose des cultures. 11 diffère nette-
ment par sa virulence de B. acridiorum. 11 tue, en effet, le Ver à soie comme
B. melolonthœ, entre 12 et 24 heures, par inoculation dans la cavité
générale. Par ingestion, j'ai pu infecter 4 individus sur 27. Il semble donc
qu'il soit plus virulent que les deux microbes précédents. Il est d'ailleurs
beaucoup moins répandu et abondant dans le tube digestif des vers sains
que B. melolonthœ chez le Hanneton.
La maladie causée par B. bombycis ne parait pas encore avoir été
comptée au nombre de celles qui déciment le Ver à soie. Elle ne se traduit
extérieurement par aucun signe particulier, avant la mort. Elle ne corres-
pond certainement pas à la grasserie. Les vers atteints ne contiennent
pas de polyèdres. Elle ne parait pas correspondre à la flacherie qui, pas
plus que la grasserie, n'est une entité microbiologique ni même patholo-
gique précise. Je propose de nommer coccobacillose la maladie du Ver à soie
déterminée par B. bombycis.
Ces recherches, faites en mai et juin 191 2, font l'objet d'un Mémoire
déposé depuis février 1913 aux Annales des Épiphyties.
Tout récemment, Picard et Blanc (') ont fait connaître un coccobacillc
des chenilles àWrctia caj'a L., qui tue son hôte par injection en 3 jours
à i5°, entre 12 et -if\ heures à 25°. Les auteurs ont obtenu une infection
sanguine par ingestion « au moyen d'une pipette introduite dans le pha-
rynx (2) ». La fluorescence des cultures rapproche B. caj'œ de B. melo-
lonthœ.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur la toxicité des vaccins antilyphiques. Note
de MM. Auguste Lumière et Jean Chevrotier, présentée par
M. Roux.
L'importance de la vaccination antityphique s'affirmant chaque jour
davantage, il nous a paru intéressant d'étudier la toxicité des vaccins admi-
(') Comptes rendus, t. 156, igi3, p. 1 334 -
(*) Mes expériences ont été effectuées à la température du laboratoire (i7°-2o°).
Les expériences par ingestion ont été faites en faisant avaler par l'insecte la goutte
virulente, simplement déposée sur l'aire buccale.
1710 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lustrés par différentes voies : sous-cutanée, intrapéritonéale, intraveineuse
et gastrique et de comparer aussi les propriétés toxiques des produits vac-
cinaux obtenus à partir des bacilles d'Eberth, paratyphiques et coli.
De même que nous avions préparé un sérum antityphocolique polyva-
lent ( ' ), dans lequel nous avions retrouvé rigoureusement additionnées les
propriétés antitoxiques des sérums élémentaires, de même nous nous
sommes appliqués à obtenir un vaccin polyvalent à la fois antityphique,
antipara typhique et anticolique et à comparer tout d'abord sa toxicité aux
toxicités des composants.
Nous avons préparé nos vaccins au moyen de cultures sur agar mainte-
nues à l'étuve à 370 pendant 48 heures ; chaque culture, émulsionnée dans
i5cral d'eau salée à 9 pour 1000, a été additionnée de 20 pour 100 d'éther
qui était éliminé ensuite par évaporation dans le vide après 48 heures" de
contact, à la température de 200.
Le contrôle de la stérilité du vaccin par tentative de cultures sur agar et
en bouillon a toujours été négatif.
La numération des bacilles dans nos vaccins, faite par le procédé Gal-
lison, nous a fourni des chiffres variant, pour nos différentes opérations,
de 5qo millions à 770 millions de micro-organismes par centimètre cube.
Pour l'étude de leurs propriétés, on a ramené toutes les préparations sensi-
blement à 600 millions, autant qu'on en peut juger, étant données les
causes d'erreurs de la méthode.
Pour le cobaye (poids moyen 4°°B)' les doses toxiques de ces différents
vaccins sont les suivantes :
i° Vaccin anlilyphique : par voie sous-cutanée, 7e1"3; par voie intrapéritonéale et
intraveineuse, 3cml; par ingestion, deux closes de iocn's paraissent inoffensives.
2° Vaccin antiparatyphique : par voie sous-cutanée, 7°m\ Les doses maxima prati-
quement injectables, soit iocm3 par voie intrapéritonéale et 3CI":' par voie intraveineuse
(directement dans le cœur), ne tuent pas. Deux ingestions de iocml n'amènent aucun
trouble.
3° Vaccin anticolique : par voie sous-cutanée, iocn|ï; par voie intrapéritonéale, iocn's
ne tuent pas les animaux soumis à l'expérience; mais, par contre, l'injection directe
dans le sang permet de tuer le cobaye à la dose de 2'"1'; par voie gastrique, 20e"1'' ne
déterminent aucun trouble.
4° Nous, avons préparé un vaccin polyvalent en mélangeant par parties égales les
trois vaccins; donné à dose aussi élevée que possible, c'est-à-dire 20™' par injection
sous-cutanée ou intrapéritonéale, ou encore par voie gastrique, et 4cm' en injection
(') Sur la polyvalence des sérums antityphiques (Comptes rendus, 18 novembre
1912).
SÉANCE DU 2 JUIN IQl3. I711
dans le coeur, ce vaccin n'a jamais été mortel pour les cobayes auqnels on I a admi-
nistré.
Il est à remarquer que les phénomènes agoniques qui terminent l'intoxi-
cation ainsi que les altérations fonctionnelles et organiques que révèlent les
autopsies sont les mêmes, qu'il s'agisse de •vaccins lyphique, paralyphique
ou colique.
Tous les animaux meurent en hypothermie, avec ralentissement pro-
gressif de la respiration et de la circulation; ils présentent tout d'abord
de l'abattement, puis de la parésie du train postérieur; des convulsions
cloniques assez violentes précèdent l'arrêt respiratoire, qui survient lui-
même avant l'arrêt du cœur.
La phase agonique se déroule en une demi-heure dans le cas de l'intoxi-
cation par le vaccin antiparatyphique, tandis qu'elle se prolonge pendant
2 heures environ dans le cas du vaccin antityphique; elle est plus longue
encore avec le vaccin anticolique.
A l'autopsie, on constate dans tous les cas une hyperémie considérable
de l'intestin, avec hypersécrétion et lésions ecchymotiques du bout infé-
rieur de la muqueuse intestinale; quelquefois ascite hémorragique, vive
réaction du côté des ganglions mésentériques, congestion des capsules
surrénales, des reins, du foie et du poumon. La rate ne semble pas touchée
dans ces intoxications aiguës; la vessie est généralement vide.
On peut, de ces expériences, tirer les conclusions principales suivantes :
i° Les vaccins étudiés sont fort peu toxiques pour le cobaye;
20 II n'y a pas de relation entre la toxicité des cultures virulentes que
nous avions déterminées dans une précédente étude (') et la toxicité des
vaccins correspondants;
3° Les toxicités des vaccins ne s'ajoutent pas, alors que celles des
cultures s'additionnent intégralement.
GÉOLOGIE. — L'Oligocène marin et sa faune en Algérie.
Note de M. Dalloni, présentée par M. Pierre Termier.
Les terrains nummulitiques sont plus développés que ne le figure la
Carte géologique de l'Algérie au „„„'„„„ entre le massif de l'Ouarsenis et le
(') Sur la polyvalence des sérums anlityphiques (Comptes rendus, 18 no-
vembre 1912).
1712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bassin de la Tafna. L'Eocène y comprend plusieurs divisions, caractérisées
par des fossiles ; il y est surmonté par une formation très importante de grès
et de marnes, jusqu'ici confondue avec lui, mais que l'examen de sa faune,
d'une richesse insoupçonnée, m'a amené à classer dans l'Oligocène.
En dressant la carte détaillée pour le Service géologique de l'Algérie, j'ai
pul'étudieraux environs de Bel Abbèsetd'Arlal, dans la vallée de l'Oued el
Hammam entre Dublineau et Mascara, et dans celle de la Mina, au sud de
Relizane, jusqu'auprès de Zemmora, et y recueillir de nombreux fossiles.
Les Fora m in itères pullulent et sont très variés, notamment les Orbitoïdés,
qui appartiennent au genre Lepidocyclina : une grande forme assimilable à
L. dilatata Micht. est associée à d'abondantes L. marginalaMlchl. Au nord
de la Méditerranée, le premier type serait plus ancien que le second et tous
deux se rencontreraient, d'après P. Lemoine et R. Douvillé, dans l'Aqui-
tanien ('); ici, ils sont réunis et la présence de Nummulites ne permet pas
de les placer au-dessus du Slampien : ce sont d'ailleurs des formes ton-
griennes, N. liouillei-Tournoueri, N. vascus-Boucheri, du niveau des couches
supérieures de Biarritz.
D'autres foraminifères moins importants au point de vuestratigrapliique,
Operculina, Nodosaria, Amphistegina, etc., accompagnent les précédents
sur les plaquettesgréseuses, quisontégalementcouvertesde/-i///0//mmm7//«.
Les Polypiers sont rares (Ceratotrochu s, Montlivaultia), mais les Echinides
très nombreux; j'ai retrouvé dans les grès à lépidocyclines la plupart des
formes du Kef Iroud, décrites par Pomel, puis par Colteau, Péron et
Gauthier en i885, associées à des radioles de Cidaridés du Nummulitique
supérieur de l'Aquitaine : Cidaris subularis d'Arch., C. slriatogranosa
d'Arch., C. Oosteri Laube, Clypcaslcr atavus Pomel, Scutella, Echinocardium
nummulilîcum Péron-Gauth., Sarsella mauritanica Pomel, Etispalangus
crucial us Péron-Gauth., Schîzaster sp., Echinant hus Uadinskii Pomel,
Echinolampas dilalalus Péron-Gauth., E..Nicaisei, Péron-Gauth., E. sul-
catus Pomel, E. florescens Pomel extrêmement commun, Echinocyamussp.
Avec des Bryozoaires et des Bracliiopodes variés (Lyolhyrina, Tercbra-
tulina), on observe beaucoup de Mollusques. Les Lamellibranches four-
nissent des points intéressants de rapprochement avec les autres régions
méditerranéennes, notamment les Peclinidés, qui sont ceux du Tongrien
descollines de Turin : Chlamys biarrilzensis d'Arch. , avec la variété bellicosla
(') GependantF. Sacco, qui admet également que L. marginala est aquitanienne,
pense que L, dilatata caractérise le Slampien et le Tongrien piémontais.
SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. I7l3
Wood, C. Thorenti d'Arch, C. Bormidiana Rovr., Mquipecten apenni-
nicus Rovr., E. deletus Micht., Peclen arcuatus Broch., Nodipecten calli-
ferusWovr., Amussium corneum Sovv., associés à Spondylus bifrons Munst.,
et à des Ostracées caractéristiques : Pycnodonta Brongniarti Brn. type,
avec la variété rostrata Rovr., Oslrea eversa Meller., 0. gigantica Sol.,
Ostrea cyathula Lamk., etc.
D'assez rares Gastropodes (Turritel/a, Scalaria, etc.), des balanes, des
pinces de Callianassa ainsi que des dents d'Odontaspis elegans Ag., se ren-
contrent dans cette faune qui est, en somme, essentiellement néritique;
elle a vécu dans un golfe assez largement ouvert vers l'Ouest, et se pour-
suivant entre les ridements de l'Atlas tellien et les contreforts' du massif
jurassique de Tlemcen-Saïda-Frenda, sur l'emplacement qu'occupait le
bras de mer éocène, car cette formation n'est que localement transgressive.
Vers l'Est, l'Oligocène marin se prolonge sur le revers méridional du
massif de l'Ouarsenis en une large bande qui comprend, à l'ouest deTeniet
el Haad, les grès à Echinides du Kef Iroud, passant à une lumachelle de
Lepidocyclina marginal a Micht., et vraisemblablement, au delà, une partie
des grès de Boghari, à Pecten arcuatusBvoch., Pycnodonta Brongniarti Brn.,
intercalés entre l'Éocène et le Miocène inférieur.
M. Ficbeur a attribué à l'Oligocène des poudingues et des grès qui
affleurent sur le littoral de IaKabylie; cet étage Dellysien n'a fourni que
des fossiles rares et mal conservés, mais néanmoins des foraminifères de
l'Oligocène piémontais (Rhabdamina annulata), et des Mollusques, parmi
lesquels on reconnaît Chlamys biarritzensis d'Arch. Le Dellysien est sans
doute un faciès très détritique et littoral du Tongrien que je viens de faire
connaître dans la région tellienne.
En dehors de ce dernier et des grès dellysiens, l'Oligocène paraît être
exclusivement continental et comprend des marnes gypseuses à hélices
dentées surmontées par des couches rouges aquitaniennes. Ce n'est qu'en
Tunisie qu'on retrouve des dépôts marins du même âge dans les grès roux
du Cherichira à Nummulites Bouillei, Chlamys biarritzensis d'Arch., Pecten
arcuatus Broch., Pholadomya Puschi Goldf. , Scutella slriatula M. de
Serres, etc.
1 7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la position exacte du pôle continental de la
Terre. Note de M. Alphonse Rerget, présentée par S. A. S. le Prince
de Monaco.
Le simple examen d'une mappemonde nous fait voir, d'abord, l'inégalité
des domaines continental et marin, ensuite l'irrégularité avec laquelle les
terres et les mers sont distribuées. Les mers occupent 3G5o,8i r^o1""' à
la surface, du globe, alors que les terres émergées n'en recouvrent que
i44 ' i85ookm', sur les 5 10 1008001"11'" qui constituent la superficie totale de
la Terre. L'eau recouvre donc 0,717 de la surface de notre planète et le
rapport de la surface océanique à la surface continentale est 2,54.
Au point de vue de la répartition des terres et des mers, les deux hémi-
spbères séparés par l'équateur ne sont pas traités de la même manière.
Dans l'hémisphère Nord, le rapport de la surface d'eau à la surface de terre
est 1 ,07, alors qu'il est de 4>8o dans l'hémisphère Sud. Ce dernier est donc
plus riche en océans que le premier, qui, inversement, est plus riche en
continents.
Les géographes se sont demandé depuis longtemps s'il ne serait pas pos-
sible de tracer sur la Terre un grand cercle qui partagerait le globe en deux
hémisphères tels que l'un contint la proportion maximade terres par rapport
à l'eau, tandis que l'autre, inversement, contiendrait la proportion maxima
d'eau par rapport aux terres. Le pôle de ce grand cercle, situé du côté du
maximum de terres, serait donc le pôle continental fde la Terre, son antipode
en serait le pôle océanique.
C'est au géographe français Buache qu'on doit cette idée, émise dès le xvme siècle.
L'insuffisance des connaissances géographiques à cette époque ne permettait pas
de résoudre le problème avec précision. Au xix'' siècle, quand les découvertes
furent assez nombreuses, on chercha la place du pôle continental. Londres, Paris,
Amsterdam lurent successivement choisis. Des géographes allemands le placèrent
dans la Manche, sur le méridien de Greenwich; de Lapparent le situait à Cloyes
(Eure-et-Loir), et Penck en indiquait la position à iaokm au sud-ouest de Paris.
Le Dr Kriimmel, à l'aide d'une méthode de calcul simple, a indiqué le moyen de
déterminer les interjections du grand cercle de séparation de l'hémisphère conti-
nental et de l'hémisphère océanique avec les divers méridiens, une fois choisi le point
qui doit servir de pôle continental, et le Dr Beythien, il y a i5 ans, en 1898, a pu, en
appliquant cette méthode, annoncer que le pôle continental devait se Irouver sur la
côte française de l'Atlantique, non loin de l'embouchure de la Loire.
SÉANCE DU 2 JUIN IÇ)l3. lyiS
J'ai cherché à en préciser la position par une construction directe faite
sur une mappemonde, sur laquelle, à l'aide d'un arc en cuivre ayant exac-
tement un quadrant, on peut tracer le grand cercle de séparation. L'une
des extrémités de l'arc est, à cet effet, fixée par une pointe au point choisi
comme pôle provisoire, l'autre porte un style qui trace le grand cercle.
Après différents essais, faits sur de petits globes, j'ai été amené à choisir
comme pôle le plus probable Y île Dumet, située dans les eaux françaises, au
large de l'embouchure de la Vilaine, par 47°24'42" de latitude nord et
2°37'i3"de longitude ouest de Greenwich. J'ai alors, à l'aide de l'arc de
cuivre construit spécialement pour la grande mappemonde de Dietrich
Reimer, placé la pointe de l'arc sur l'île Dumet, et j'ai tracé le cercle de
séparation, ce qui m'a donné les latitudes de ses intersections avec les
divers méridiens. Comme vérification, j'ai recommencé le tracé en prenant
comme pôle celui de l'hémisphère océanique, antipode de l'île Dumet, et
j'ai obtenu un cercle coïncidant exactement avec le premier.
En reportant sur des cartes en projections equi dentés les points ains
déterminés sur les divers méridiens, on limitait 1.- parties de territoires
que le grand cercle de séparation détache des divei i continents.
Le cercle de séparation laisse au-dessus de li i toute l'Europe, toute
l'Afrique, toute l'Amérique du Nord et les trois quarts de l'Amérique du
Sud : ce sont les terres de l'hémisphère continental. L'hémisphère océa-
nique comprend l'Antarctique, l'Australie et Les îles Océaniques, l'archipel
Malais et les petites parties détachées de l'Amérique du Sud, de l'Indo-
Chine, de la Chine et du Japon.
Pour évaluer les aires de ces portions détachées, je les ai reportées sur
une feuille de laiton mince et homogène, j'en ai découpé les contours au
burin et je les ai pesées sur une balance de précision. J'ai pesé ensuite un
carré de même laiton figurant, à l'échelle de la carte, i million de kilo-
mètres carrés : le rapport des poids donnait le rapport des surfaces. J'ai
trouvé de la sorte :
Hémisphère continental
Hémisphère océanique.
Eau i3o,64683o.km\ soit 54,5 pour ioo
Terres... m54o356i » » 45,5 »
Eau 2 26335iii » » 88.7 »
Terres... 287153S9 » » II, 3 »
On peut donc dire, en chiffres ronds, que l'hémisphère continental con-
tient autant de terres que d'eau, alors que l'hémisphère océanique renferme
neuf fois plus d'eau que de terres.
C. R.. i9i3., 1" Semestre. (T. 156, N" 22.) 2iq
171b ACADEMIE DES SCIENCES.
Il est à remarquer que, en prenant l'île Dumet comme pôle continental,
on a un pôle dont les découvertes géographiques ultérieures changeront
peu la position, car dans l'hémisphère nord, tout est à peu près découvert.
Les précisions à faire sont dans l'Antarctique, mais elles ne changeront en
rien le rapport des terres et des mers dans l'hémisphère continental. On
peut donc justement considérer l'île Dumet comme pôle continental de la
Terre.
Un Mémoire complet donnera le détail des opérations et l'historique
de la question.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECltET.
La Commission chargée de dresser une liste de candidats à la place
vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Alfred
Picard, présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie,
la liste suivante :
En première ligne M. Arnaud de Gramont
l MM. Paul Jaset
En deuxième ligne, par ordre alphabétique, i Maurice Leblanc
( A. ROSENSTIEUI,
,. 7/7i- ( MM. Georges Claude
bn troisième ligne, par ordre alphabétique. \ __ ,~
0 r r i 1 Maurice d Ocagne
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à j heures un quart.
G. D.
SÉANCE DU 2 JUIN IC)l3. 1717
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 19 haï igi3.
Jubilé scientifique de M. Albin Haller, 2 février 1913. Paris, Lahure, tg 1 3 ;
1 fasc. in-8°. (Hommage de M. Haller.)
Les aspects de la végétation en Belgique, par Charles Bojimer et Jean Massart. —
Les districts flandrien et campinien, par Jean Massart. Bruxelles, Jardin botanique
de l'Etat, 1912; 6 pages de texte et 80 planches in-f°, dans un carton formant étui.
(Adressé par le Ministère de l'Agriculture et des Travaux publics de Belgique.)
Revision des Mélobésiées antarctiques, par Mme Paul Lemoine. (Extr. de l'Ouvrage :
Deuxième Expédition antarctique française, 1908-1910, commandée par le Dr Jean
Charcot; Sciences naturelles : Documents scientifiques. Mélobésiées.) Paris, Masson
et Cie, 1913; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Mangin.)
Annales de l'Institut océanographique (Fondation Albert Ier, Prince de Monaco),
publiées sous la direction de M. L. Jourin. Tome V, fasc. 7 : Flore algologique de la
Tripolitaine et de la Cyrénaïque, par G.-B. de Toni et Ach. Forti. — Fasc. 8 :
Opistobranches nus des côtes de la Nouvelle-Zemble (Mission Ch. Bénard, 1908),
par A. Yayssière. P-aris, Masson et Cia, 1 9 1 3 ; 2 fasc. in-4°.
Proof of Fermât' s theorern, by Michael Angelo Me Ginnis. Washington,
L.-C. Hjorth et (ils, s. d. ; 1 fasc. in-12.
Observatoire royal de Belgique. Annuaire météorologique pour igi3, publié par
les soins de J. Vincent. Directeur scientifique du Service météorologique. Bruxelles,
Havez. 1912; i vol. in-12.
Annalen der Sc/meizerischen meteorologischen Zentral- Anstalt, 1911; Jalir-
gang 48. Zurich, Zurcher et Furrer, s. d.; 1 vol. in-4°.
Librarv of Congress. Report of the Librarian Congress and Report of the Supe-
rintendent of the Library building and grounds, for the fiscal year ending june 3o
1912. Washington, 1912; 1 vol. in-8°.
List of IS'orth American land Marnmals in the United States national Muséum, ■
1912, by Gerrit S. Miller j'' (Smithsonian Institution. United States national Muséum.
Bulletin 7Ï).) Washington, 1912; 1 vol. in-8°.
Bulletin of the Bureau of Fishertes : t. XXX, 1910. Washington, 1912 ; 1 vol. in-4°.
Jndian fish of prored utility as mosquito destroyers, by R.-B. Seymour Sewell
and B.-L. Chaudhuri. Calcutta, 1912; 1 fasc. in-8°.
Bevista da Universidad de Coimbra; t. II, n° 1, marco de 1 9 13. Coïmbre, 1 fasc.
in-4°.
17 lS ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages reçus dans la séance du 2(5 mai 191 3.
Ministère des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes. Nivellement général
de la France : Compte rendu des travaux exécutés en 1912. (Hommage de M. < ih.
Lallemand.)
Recherches géobotaniques sur les forêts et sols fossiles et sur la végétation et la
flore houillères, en deux parties et dix livraisons, par F. -Cyrille Grand'Eury, Cor-
respondant de l'Institut: ire Partie. iro et 2e livraisons. Paris et Liège, Ch. Béranger,
1912-1910; 2 fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Un Carton inconnu de Raphaël, par Emile Wauters, Correspondant de l'Institut.
Paris, imp. Herbert Clarke, 191 1 ; 1 fasc. in-8° oblong. (Présenté par M. Lippmann.
Hommage de l'auteur.)
■ Sur l'origine de la division de l'Orthophyte en un Sporophyte et un Gaméto-
phyte, par Charles JaiNet. Limoges, Ducourcieux et Goût, 1918; 1 fasc. in-8°.
Le rôle de l expérimentation en Géographie botanique, par Jean Massart. (Extr.
du Recueil de l'Institut botanique Léo Errera; t. IX, p. 68-80.) Bruxelles,
H. Lamertin, 1912; 1 fasc. in-4°.
Mémoires de la Société zoologique de France; t. XXV. Paris, au siège de la
Société, 1912; 1 vol. in-8°.
Emanuel Swedenborg as a Scientist. Miscellaneous contributions, edited li\
Alfred-H. Stroh : t. I, section 1. Emanuel Swedenborg as a Geologisl, by A. -G.
Nathorst. — Section 3. Emanuel Swedenborg as a Cosmologist, by Svante Arrhe-
nius. — Section k. The sources of Swedenborg's early philosophy of Nature, by
Alfred-H. Stroh. Stockholm, 1908-1911; 3 fasc. in-4°.
An abridged chronological list of the works of Emanuel Swedenborg, including
manuscrits, original éditions and translations prior to 1772, compiled by Alfreu-
H. Stroh and Greta Ekelôf. Upsal et Stockholm, Almqvist et Wiksells, s. d.; 1 fasc.
111-4".
Participation au Xe Congrès international de Géographie, Rome, 191 3. Notices sur
le Bureau hydrographique du Magistrato aile Acque et sur quelques-unes des
principales systémations fluviales en cours dans la Vénétie, traduction française de
H. Gamrier. Venise, igi3; 1 fasc. in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 JUIN 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE MINÉRALE. — Réactions entre l'eau et l'acide sulfureux à diverses
températures. Formation d'acide hydrosulfureux. Note de MM. E. Juxc-
FLEISCH et L. IÎRCXEL.
C. Geitner et M. Berthelot ont établi que le gaz sulfureux et l'eau
réagissent, à partir de 1G0", en donnant du soufre et de l'acide sulfurique.
Celte transformation n'ayant jamais été observée à des températures moins
élevées, notre attention a été fixée lorsque nous avons constaté fortuitement
la production de cette même réaction, ou d'une autre très voisine, effectuée
à la température normale. Nous avons été ainsi conduits à préciser les faits
et à rechercher si la transformation observée à froid est la même que celle
réalisée au-dessus de i6o°. Nous avons, en outre, voulu savoir si des phéno-
mènes semblables se produisent à des températures intermédiaires.
Méthodes suivies. — Pour éviter l'intervention de l'oxygène de l'air
et aussi toute variation dans la proportion des réactifs, nous avons opéré
sur des dissolutions aqueuses d'acide sulfureux, enfermées dans des tubes
de verre scellés.
Des essais préalables nous ayant montré que la concentration de la solution indue
sur les résultats, nous avons, le plus souvent, opéré sur une solution qui correspond
à un même hydrate cristallisable, auquel les auteurs attribuent, il est vrai, des compo-
sitions diverses: S02-t"6HsO ou S02-t-7H20. Nous avons préparé cet hydrate dans
l'appareil même où il devait être employé : dans un tube à sceller, fermé à une extré-
mité et étiré à l'autre, on place 20™' d'eau distillée bouillie, et, au moyen d'un tube
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N" 23.) 2-°
1720 ACADEMIE DES SCIENCES.
étroit, pénétrant jusqu'au fond, on f;iit arriver dans le liquide un courant de gaz SO-
provenanl de la détente d'anhydride sulfureux liquide. Le tube à sceller contenant
le liquide étant entouré de glace, on continue le courant gazeux jusqu'à saturation.
La solution reste d'ordinaire liquide pendant quelque temps, mais, maintenue à o°,
elle ne tarde guère à cristalliser * elle se solidifie instantanément au contact d'un petit
fragment de glace. On termine en scellant le tube à la lampe. Nous reviendrons sur la
nature de l'hydrate dont il s'agit; il suffit ici de dire que le produit contient
de 20 à 2 1 pour 100 de SO2.
Nous avons aussi utilisé, pour le changement des tubes à l'abri de l'air,
le moyen indiqué par M. Villard dans son Mémoire sur l'hydrate
sulfureux.
L'action de la chaleur sur le contenu des tubes ainsi disposés a été
observée à des températures diverses.
Action vers i5o°. — On a déjà dit qu'au-dessus de i5o° l'acide sulfu-
reux et l'eau donnent du soufre et de l'acide sulfurique. Berthelot a observé
qu'à iGo°-i8o°, la réaction exige 54 heures avec une solution contenant 5, 73
de SO2 pour ioorm:i; encore la transformation n'était-elle pas complète.
Avec la solution cristallisablc, la réaction est beaucoup plus rapide; nous
citerons en premier lieu une expérience dans laquelle l'action de la chaleur
a été poussée jusqu'à ce que le soufre séparé ne paraisse plus augmenter
de quantité. La solution initiale, contenant 2os, 87 de SO2 sur ioos, a été
chauffée au bloc, à i5o°-]6o", pendant 20 jours, soit 480 heures; du soufre
s'était déjà séparé après 2 heures de chauffage; la quantité avait ensuite
augmenté avec le temps; à partir du quinzième jour, le dépôt de soufre ne
paraissant plus s'accroître, on a, après 20 jours, considéré l'expérience
comme terminée. Le liquide contenait cependant encore de l'anhydride
sulfureux en abondance; on y a dosé le soufre et l'acide sulfurique; le
soufre, lavé et séché, pesait 0^,6690; les liqueurs réunies contenaient/|K,o/|3o
de SO' H2. Le rapport entre le soufre et l'acide sulfurique était ainsi 16, 54
de soufre pour 100 de SO'H2; or, l'équation
3S02+2ll*0 = S + 2S04H-'.
qui représente la réaction telle qu'elle a été comprise jusqu'ici, conduit
au rapport 16, 32 de soufre pour 100 de SO'H2. La concordance est satisfai-
sante.
D'après les chiffres précédents, on calcule que la liqueur contenait
encore, après 480 heures de chauffage, le tiers environ de l'acide sulfureux
initial. Nous reviendrons sur les causes de l'arrêt apparent de la réaction :
SÉANCE DU 9 JUIN igi3. 1721
on établira plus loin, en effet, que celle-ci est beaucoup moins rapide
à mesure que la liqueur s'appauvrit en acide sulfureux; en outre, l'acide
sulfurique formé entrave la réaction. La solution chauffée était donc vrai-
semblablement susceptible de donner encore du soufre, mais avec lenteur.
Dans le liquide, chauffé un peu avant qu'il dépose du soufre, il est
possible, si l'on est averti, de reconnaître le développement d'une très
faible coloration jaune, que l'on observe plus intense dans les expériences
effectuées à des températures moins élevées.
Action vers i3o°. — A i3o°, les mêmes transformations se produisent,
mais plus lentement; le liquide commence à déposer du soufre après
12 heures de chauffage; un peu auparavant, après 5 heures, il a acquis une
faible coloration jaune, qui disparaît lorsque le soufre s'est déposé.
Il en est de même à i2o0-i3o°.
Action vers ioo°. — Le liquide sulfureux cristallisable a été chauffé
vers ioo° en tubes scellés, dans de nombreuses circonstances. En général,
la température a été maintenue régulière entre 980 et ioo° dans un bloc.
Dans les tubes ainsi chauffés, si l'on observe de temps en temps le liquide,
on constate qu'il commence, après 72 heures, à prendre une teinte jaune dont
l'intensité augmente avec le temps; après 98 heures, la coloration ambrée est
très accentuée, mais la solution reste limpide; plus tard, la teinte jaune
diminue d'intensité, puis elle disparaît rapidement, en même temps que le
soufre se dépose : le produit contient alors, avec de l'acide sulfureux, du
soufre et de l'acide sulfurique, dans des proportions que l'analyse a montrées
semblables à celles trouvées dans les expériences à i5o°.
La liqueur jaune formée par l'action prolongée de la chaleur est assez
stable; si on laisse refroidir le tube et qu'on ouvre sa pointe, du gaz sul-
fureux s'échappe en abondance; la transformation de l'anhydride sulfureux
n'a donc été que partielle. La coloration jaune subsiste après le départ du
gaz sulfureux.
L'acide hydrosulfureux étant le seul composé oxygéné du soufre dont la
coloration puisse dénoncer ici l'existence, nous avons recherché s'il ne cons-
tituerait pas le produit coloré.
Il a été constaté que la liqueur jaune décolore instantanément le sulfate
d'indigo, comme le fait l'acide hydrosulfureux, ou une solution d'hydro-
sulfite additionnée d'acide sulfureux; or, si les solutions d'acide sulfureux
ont été tenues à l'abri de la lumière, leur action sur le même réactif est
1722 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faible et lente. La liqueur jaune décolore aussi le tournesol avec rapidité.
Elle présente, en outre, d'autres réactions propres à l'acide hydrosul-
fureux.
Tout d'abord, sous l'action prolongée de la chaleur, la liqueur jaune
dépose du soufre et se charge d'acide sulfurique. Une solution étendue
d'acide lrydrosulfurcux se conduit de même dans des circonstances sem-
blables.
La solution jaune, traitée par les sels d'argent, donne instantanément du
métal. Elle réduit de même le chlorure mercurique, le chlorure d'or et le
chlorure de platine, dans des conditions identiques à celles où une solution
d'acide hydrosulfureux les réduit.
Avec le sulfate de cuivre, il se produit un précipité brun; lorsque le
mélange est très dilué, il prend une coloration rouge, due au cuivre col-
loïdal, dans une réaction donnée comme caractéristique pour l'acide hydro-
sulfureux.
La coloration jaune prise à chaud par la solution cristallisable d'acide
sulfureux est donc bien due à l'acide hydrosulfureux.
La liqueur décolorée par dépôt de soufre et formation d'acide sulfurique
reste, avons-nous dit, fortement chargée d'acide sulfureux. Chauffée de
nouveau vers ioo°, dans les conditions précédentes, elle ne reprend pas la
coloration jaune, mais elle continue à déposer lentement du soufre. La
transformation qui donne naissance à l'acide hydrosulfureux peut cependant
se poursuivre lorsque l'acide hydrosulfureux formé d'abord a été détruit.
Elle se poursuit notamment, mais avec lenteur, sous l'action de la lumière,
quand le liquide décoloré par la réaction est abandonné à lui-même, dans
le tube scellé, sur la table du laboratoire. Nous verrons, en effet, que la
lumière intervient dans le même sens que la chaleur pour produire l'acide
hydrosulfureux aux dépens de l'acide sulfureux et de l'eau.
Nous avons cherché à doser l'acide hydrosulfureux dans le liquide devenu
jaune sous l'action de la chaleur. Les modes de dosage habituels ne nous
ont pas donné de résultats satisfaisants, à cause de la présence du grand
excès de SO2. En opérant sur des mélanges d'hydrosulfite et d'acide sul-
fureux, on rencontre d'ailleurs les mêmes obstacles. A ce sujet, nous avons
reconnu que les solutions d'acide hydrosulfureux prennent une plus grande
stabilité lorsqu'elles sont chargées d'acide sulfureux.
Par quelles réactions l'acide hydrosulfureux prend-il naissance dans ces
circonstances? Nos expériences nous conduisent à admettre que sa for-
mation résulte d'une combinaison qui donne l'acide hydrosulfureux et
séance du 9 juin jo,i3. 1723
l'acide sulfurique, à molécules égales :
3S02-h 2H20 = S2 OH2 -h SOH2.
Une seconde réaction détruirait ensuite l'acide hydrosulfureu.v en
donnant du soufre et de l'acide sulfurique :
S!0*H! = S-+-S04H2;
de telle sorte que la réaction totale serait :
3S02-f-2H2On=S + aSOlH2.
Nous avons constaté maintes fois que le rapport du soufre à l'acide sul-
furique correspond finalement à celui indiqué par cette relation : iG,3
de soufre pour 100 de SO'' H2.
Dans les dosages ainsi pratiqués, l'acide sulfurique provenant de la
première réaction a été pesé en même temps que celui qui résulte de la
seconde.
Il semble que l'accroissement de la proportion d'acide sulfurique, dû à
la première réaction, intervienne à partir d'une certaine limite pour pro-
voquer la destruction de l'acide hydrosulfureux conformément à la seconde
réaction. L'acide hydrosulfureux et l'acide sulfurique s'accumulant dans
la liqueur, il arrive un moment où la destruction de l'acide hydrosulfureux
commence.
Action vers 6 35m, 8 avec le sondeur
Léger jusqu'à i883m et 18 avec lest seul jusqu'à 53oonl. 1 prélèvement d'eau avec
température à 4'35m.
3 opérations de chalut à étriers jusqu'à la profondeur de53oomqui, tout en rappor-
tant de précieuses récoltes, n'ont rien fourni de nouveau, parce que les êtres qui
vivent sur le fond même et qui sont accessibles à l'engin susdit nous sont à peu près
tous connus, au moins en ce qui concerne cette région de l'Atlantique.
5 descentes de palancres à gros hameçons jusqu'à i5oom et qui ont donné,
comme précédemment, plusieurs espèces de Squales; un Centrophorus sqitamosus
portait un Copépode parasite sans doute nouveau, d'après le Dr Brian, et appartenant
à la famille des Lernœopodidés.
3 nasses en eau profonde et qui ont été perdues.
2 pèches au large, avec projecteur électrique, ayant procuré des Poissons, des
Calmars et des Crustacés.
6 opérations jusqu'à aSoo'" avec le filet Richard à grande ouverture, pour la
recherche des petits organismes de la faune balhypélagique. On ne peut leur attri-
buer jusqu'ici qu'un résultat digne d'être signalé : la présence d'une petite larve de
poisson, porteur d'yeux lélescopiques et voisine àaAulastoma longipes.
21 opérations avec le filet Bourée en vitesse, jusqu'à 4ooom. Comme pendant les
dernières campagnes, les filets de ce groupe, plus ou moins modifiés pour permettre
la capture des animaux de taille moyenne appartenant à la faune balhypélagique, ont
servi pour la continuation des recherches qui formaient le but principal de ces
campagnes.
Le filet en question a rapporté de nombreux Poissons parmi lesquels
M. Zugmayer estime que la Science gagnera six espèces nouvelles et un
genre nouveau : 1 Aleposomus, 2 Kustoinias, 1 Astronesthes myriaster,
i Melanostomias, 1 Arcitostomias.
Ces opérations ont également fourni des larves extrêmement rares pour
lesquelles M. Roule n'a pu encore déterminer les Poissons auxquels elles
1726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
appartiennent. Ce savant établit, néanmoins, la nouveauté de Tune d'elles
qui est longue d'environ ncm et caractérisée par de grands yeux télesco-
piques, ainsi que par une abondante pigmentation en taches irrégulièrement
disséminées. Elle ne provient pas d'une profondeur plus grande que iooo'".
Le résultat le plus intéressant de ces opérations est la confirmation du
fait signalé par moi voici déjà bien des années et récemment encore par
Murray et Hjort, concernant la migration verticale diurne et nocturne de
certains organismes. Seulement nous trouvons aujourd'hui beaucoup plus
d'ampleur à ces oscillations qui semblent amener, pendant la nuit, vers 2oom
de la surface des animaux que, le jour, on ne retrouve plus que vers /|5oo'n. Les
opérations du filet Bourée permettent la même observation en ce qui concerne
des Crevettes et des Céphalopodes. Ces derniers animaux, pris en grand
nombre et examinés par M. Joubin, ont été reconnus très intéressants, bien
qu'ils ne nous apportent aucune nouveauté remarquable. Tous proviennent
d'opérations atteignant /j5oom, représentent la faune pélagique, sont adaptés
à la natation et habitent les niveaux éloignés du 'fond, sans jamais ramper
sur le sol. La plupart sont à peine connus et beaucoup sont porteurs
d'organes producteurs de lumière.
Je citerai un exemplaire de Meleagroteuthis Hoyli Pfeffer dont la peau
renferme des plaques cornées hérissées d'épines; il est muni de plusieurs
centaines d'appareils lumineux qui en font un des Céphalopodes les plus
étincelants. Plusieurs exemplaires des Histioteulhidœ. Cinq Pyroteuthis
Mar gariti fera Rtippell dont les yeux portent des perles du plus bel orient
et lumineuses. Un Teuthonenia Joubini dont le jeune seul était connu. Cinq
Galileuthis annota aux yeux noirs énormes, tandis que leur corps est presque
incolore et transparent. Une Liocranchia nouvelle. Plusieurs espèces de
Céphalopodes octopodes, notamment Eledonella diaphana très mal adaptée
à la natation, mais qui se défend contre ses ennemis par une extrême trans-
parence.
Le petit filet Bourée, en vitesse, a servi une fois jusqu'à 5oom pour aider
aux observations ci-dessus mentionnées.
197 opérations, pour la recherche du plankton, ont été effectuées avec le
filet fin étroit de Richard sur tout le parcours de la campagne.
Dix séries d'opérations permettant de doser le plankton microscopique
d'après le niveau et le moment de la journée, afin d'établir le rapport qui
existe entre ces deux éléments, ont été exécutées par M. Gain. Dans ce but
un tuyau en caoutchouc était descendu successivement à plusieurs niveaux
jusqu'à celui de ioo1" et chaque fois ivo1 d'eau fixe était aspiré par une
SÉANCE DU 9 JUIN IÇ)l3. 1727
pompe. On tamisait ensuite ce volume d'eau pour en extraire les produits
recherchés.
Enfin M. Albert Ranc a entrepris une étude complète de la glycémie
chez les animaux marins dans le but de vérifier la loi physiologique du
parallélisme des niveaux thermométrique et glycémique et d'apporter une
contribution à l'étude de la fonction glycogénique chez les animaux à forte
réserve de graisse hépatique.
Un certain nombre d'expériences furent faites sur le sang de la tortue de
mer (T/ialassoc/ie/ys carelta). Elles ont donné les résultats suivants:
Sucre libre pour 1000 Sucre combiné pour 1000
de sang. de sang.
g . g
Tortue 11° 1 o,85 1 , •>..">
» n° 2 0,82 1 , i3
>> n° 3 °j97 ■ > ' '
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Remarque élémentaire sur le problème
des ondes sphériques. Note de M. Pierke Duiiem.
Tout le monde sait que Dalembert a intégré l'équation des petits mou-
vements dans le cas où, à chaque instant, la valeur de la fonction inconnue
ne dépend que de la distance à un plan fixe. On sait aussi comment, de ce
premier résultat, Euler a déduit l'intégrale de la même équation dans le cas
où, à chaque instant, la valeur de la fonction inconnue ne dépend que de
la distance à un point fixe. Le procédé qui a permis à Euler de déduire la
solution du second problème de la solution du premier problème est
susceptihle de s'étendre à un grand nombre d'équations autres cjue l'équa-
tion des petits mouvements; nous ne savons si l'on en a fait la remarque,
qui est tout élémentaire.
Un lemme nous servira de point de départ. Soit U(x,v, :■) une fonction
des coordonnées rectangulaires x,y, z, d'un point variable dans l'espace;
cette fonction peut dépendre aussi du temps /. Désignons par A* le résultat
f)ï J2 J2
de l'opération -r- - -+- ^ -+- — répétée k fois de suite.
Si la fonction U ne dépend de x, y, z que par l'intermédiaire de la dis-
tance r à l'origine O des coordonnées, on a
(1) A/'U = 7^'-U>-
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 221
1728 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour établir ce lemme, on justifie l'égalité (1), par un calcul direct, en
supposant A- égal à l'unité. On démontre ensuite que si l'égalité (1) est
vraie jusqu'à une certaine valeur de k, elle l'est encore pour la valeur
(k -+- 1). En effet, en vertu de l'égalité (1), on a
4WDi=A[^(rI1
Mais la formule (1) étant vraie lorsque è = i, le second membre de
l'égalité précédente se réduit à
1 rf2<*+"
/■ f/r2"'^"
(rU).
Ce lemme posé, considérons une fonction U (x,y,z, t) qui soit assujettie
à vérifier cette équation aux dérivées partielles
t t, . àU . d2U . d'U
(2) LoU + L,— + L2_+... + L/w-
+ M0AU+MIA^U...+ MMA^
•
„ ,,., ., .,()ll -. . , à" U
-H N0A2U -+- N, A2— -t-. . .+ N,,A2 —
+ P0A*U + P,A*^+...+ P„A*^
où les L, M, N, . . . , P sont des constantes.
Imaginons qu'à chaque instant t, la valeur de la fonction U ne dépende
que de la distance r à l'origine des coordonnées. Dans l'équation (2),
remplaçons tous les A par leurs valeurs tirées de la formule (ij, et posons
(3) rU = V(r,f).
Après multiplication par r, l'équation (2) deviendra
dV d2V
(4) UV-hL.^L,— + ..
d2V .. Ô-- dV
N *V ^dV
d/" d/" d<
, d'V
h'-w
à'" V
di"1
N ^-
Or'
d"V
dJ"
d2AV d!* dV d!* dfV
d/-8'" dt " /J d/-!/ df
séance du 9 juin igi3. 1729
Or cette équation (4), c'est ce que devient l'équation (2) lorsqu'à la
fonction U on substitue une fonction V qui ne dépende que de t et de la
distance r à un plan fixe.
On voit qu'en tout problême qui dépendra d'une équation du type (2),
on obtiendra l'intégrale générale U(/*, l) du problème particulier des ondes
sphèriques en prenant V intégrale générale V(r, t) du problème particulier
des ondes planes et en la divisant par r.
L'intérêt de cette remarque est accru par cette autre remarque qui se
démontre sans peine :
Le type (2) est le type le plus général d'équation aux dérivées partielles
linéaire, à coefficients constants et sans second membre à laquelle puisse satisfaire
une fonction U(a>, y, z, t), si cette équation doit garder sa forme par tout
changement de coordonnées rectangulaires.
Or cette invariance sera requise toutes les fois que U (x, y, :■, t) repré-
sentera, à chaque instant, la valeur d'une certaine propriété physique au
point (&,y, s) d'un milieu isotrope et homogène.
Dès lors, il est naturel que le type (2) renferme, à titre de cas particu-
liers, diverses équations aux dérivées partielles, linéaires et à coefficients
constants, qu'on rencontre en Physique mathématique. Telles sont :
i° L'équation des petits mouvements :
dt1
20 L'équation de la conductibilité de la chaleur :
a- AU r- =0.
dt
3° L'équation des télégraphistes généralisée :
2ATT àU à*U
a* AU — 6- -p- — -— r = o.
dt àt'-
Cette équation, dont M. Boussinesq a fait connaître l'intégrale générale,
régit le champ électrique transversal dans un milieu à la fois conducteur et
diélectrique.
4° L'équation
,.àU ,,.r. d*V
a2 A — -t- b* AU — = o.
dt dt2
I73o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cetle équation régit les petits mouvements des fluides visqueux, ceux des
solides isotropes visqueux, et le champ électrique longitudinal au sein des
milieux conducteurs. Le problème des ondes planes dépendant d'une telle
équation a fait l'objet des récents travaux de M. Louis Roy.
5° L'équation
,,r)U d3V ,/,,AT1 <)2IA
a% A — — - + c- [ b1 AU v^- =o,
dt dt3 \ dt* )
qui régit le champ électrique longitudinal dans un milieu à la fois conduc-
teur et diélectrique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur 1 emploi du carbonate de calcium connue
catalyseur des acides organiques et de leurs anhydrides. Note de
MM. Paul Sabatiek et A. Maii.ue.
T. La calcination des sels de calcium fournis par les acides organiques
monobasiques a procuré depuis longtemps une méthode générale de prépa-
ration des acétones : l'emploi d'un sel unique conduit aux acétones symé-
triques; celui du mélange des sels de deux acides conduit aux acétones
mixtes. La formule générale de la réaction est
(RC02)2Ca -+- (R'C02)2Ca = i CaC03 + 2(R COR').
Si le carbonate de calcium ainsi engendré est mis en présence de
nouvelles molécules des mêmes acides, il régénère les sels de calcium
^(KC02ll) + 2(R'C02H)-+-2CaC03=(RG02)2Ca^-(R'C02)2Ca-^-2l^20-t-aC(>,.
Ces derniers pourront de nouveau par calcination être transformés en
acétones. Par conséquent une dose limitée de carbonate de calcium suffira,
par une série d'opérations successives alternées, à transformer des quantités
illimitées d'acides; la réaction totale étant en réalité représentée par la
formule
2(RC02H) + 2(R'C02H) = 2 (RCOR') -+- alPO -t- 2 GO2.
Il est naturel qu'on ait songé à superposer les deux réactions, en faisant
agir les acides sur le carbonate de calcium à la température où leurs sels de
calcium se détruisent selon le premier stade. On est ainsi conduit à une
transformation catalytique des acides en acétones, et Conroy a cité, comme
SÉANCE DU 9 JUIN IÇ)l3. Ij3l
exemple classique de catalyse pratique, cette réaction effectuée par Squibb
sur les vapeurs d'acide acétique pour préparer l'acétone ordinaire (').
L'emploi comme catalyseur, dans cette réaction, de V oxyde de thorium,
dont nous avons signalé les premiers la remarquable valeur catalytique
vis-à-vis des alcools (2), a conduit M. Senderens à des résultats très avan-
tageux pour la préparation des acétones symétriques ou mixtes; mais ce
dernier a, au contraire, indiqué que les résultats fournis par le carbonate
de calcium sont très mauvais, sauf pour l'acide acétique (3).
Ayant été amenés, au cours d'autres essais, à reprendre l'étude de cette
question, nous avons employé comme catalyseur, non pas le marbre pul-
vérisé, qui est visiblement de surface médiocre, mais le carbonate de cal-
cium précipité, dont une traînée longue de i5cm à 4ocm était chauffée vers
/|5o° à 5oo° et soumise aux vapeurs de l'acide ou du mélange de deux acides.
Comme l'avait vérifié Conroy, Y acide acétique donne sans perturbations
un rendement à peu près total en propanone pure, dans laquelle on ne
trouve pas à dose appréciable les produits accessoires que Fittig avait
signalés dans les produits de lacalcination de l'acétate de calcium, acétones
en C4, en C5, et cyclopentanone (').
h' 'acide propionique donne, avec un rendement de 86 pour ioo, la diéihyl-
cëlone, accompagnée d'un peu de propanai . 12 pour 100 de l'acide ont
traversé sans être dédoublés : 2 pour 100 ont donné lieu à un endettement
de l'acétone en gaz inflammables, élbylène, hydrogène et oxyde de carbone.
Ces actions destructives, manifestées par la présence dans l'anhydride
carbonique dégagé de gaz inflammables réducteurs, deviennent plus impor-
tantes quand on complique la molécule de l'acide. Une portion de ce
dernier peut être réduite en aldéhyde correspondant.
Toutefois la catalyse demeure satisfaisante avec Y acide butyrique normal.
Sur 100 parties de cet acide, 77 ont fourni la dipropylcètone, 5 ont donné
du butanal, 5 ont survécu, i3 ont été dédoublées en produits gazeux.
[.'acide isobutyrique a donné un rendement de 35 pour 100 en diisopro-
pylcétone. Uacide valérique normal fournit un rendement de 32 pour 100 en
(libutylcétone, mais avec une dose de voterai qui correspond au dixième de
l'acide.
Le rendement en diisobutylcélone fournie par Y acide isovalèrique ne
(') Conroy, Revue générale des Sciences, t. XIII, 1902, p. 503.
(-) P. Sabatif.r et Mailiie, Comptes rendus, t. 147, 190;). p. 106.
(') J.-I5. Senderens, Comptes rendus, t. 154, 19Î2, p. i5i8.
(4) Fittig, Ann. Chem. Pharm., t. CX, p. 17.
1732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dépasse guère 25 pour 100, avec une formation latérale, atteignant
12 pour 100, d'aldéhyde isovalérique qu'on peut isoler facilement et purifier
par sa combinaison bisullitique.
Il convient de rappeler à ce sujet que Sclimidt avait indiqué que la
calcination du valérate de calcium donne surtout de l'aldéhyde valérique
et seulement de petites proportions de l'acétone (').
Le carbonate de calcium conserve d'ailleurs, sans affaiblissement notable,
son activité catalytique et, quoique noirci par un dépôt de quelques
produits charbonneux, il peut servir à réaliser un grand nombre d'opé-
rations successives.
Son emploi, très commode pour la préparation de la propanone et de la
diéthylcétone, est certainement, pour la production des autres acétones
forméniques symétriques, bien moins avantageux que celui de la thorine
indiqué par M. Senderens et que celui de l'oxyde de cadmium ou de
l'oxyde ferreux indiqués par l'un de nous : mais néanmoins, il conduit à
des résultats positifs importants qu'il était intéressant de rapprocher de
l'ancienne méthode de formation par la calcination des sels de calcium.
II. La calcination du benzoate de calcium est pratiquement employée
dans les laboratoires pour préparer la benzophènone : on aurait pu prévoir
que le carbonate de calcium pourrait servir à catalyser Yacide benzoïque en
benzophènone. En réalité, il n'en est rien, pas plus d'ailleurs qu'avec la
thorine et les autres oxydes catalyseurs. Le dédoublement du benzoate de
calcium exige une température voisine de 55o° : à cette température les
vapeurs d'acide benzoïque tendent, en vertu d'une réaction classique bien
connue, à se scinder en benzène et anhydride carbonique, qui sont effecti-
vement les seuls produits du dédoublement.
Au contraire, de même qu'avec la thorine ( Senderens) ou avec les oxydes
de cadmium ou de fer (Mailhe), on peut avantageusement catalyser sur le
carbonate de calcium un mélange d'acide benzoïque et d'un acide formé-
nique et obtenir l'acétone mixte correspondante.
En opérant avec 2mo1 d'acide acétique mélangées à imo1 d'acide benzoïque,
on obtient transformation totale de l'acide acétique et l'on isole omo1, 65
cVacélophénone pure et imo',3 d'acétone ordinaire.
Un mélange d'acide benzoïque et d'acide propionique a fourni Yèthylphè-
nylcétone avec un rendement de ^5 pour 100.
(') Schmidt, Ber. c/tem. Ges., I. V, p. 600.
séance du 9 juin 1913. 1733
III. Les anhydrides d'acides devant réagir sur le carbonate de calcium
pour donner les sels correspondant aux acides, on pouvait prévoir que si
l'on dirige sur ce carbonate maintenu à une température convenable les
vapeurs d'un anbydride d'acide organique monobasique, le sel engendré se
détruira de suite en acétone symétrique et carbonate de calcium régénéré
qui peut reproduire indéfiniment la même réaction.
Nous avons vérifié qu'il en est bien ainsi pour les divers anhydrides des
acides forméniques entre 45o° et 5oo°.
L anhydride acétique fournit la propanone ; Y anhydride propionique
fournit la diélhylcélone avec d'excellents rendements.
\J anhydride isovalérique donne 52 pour ioo de diisobulylcétone, accom-
pagnée de 17 pour 100 d'aldéhyde isovalérique, dont la formation est corré-
lative d'un certain émiettement de la molécule en gaz combustibles.
Les acétones mixtes peuvent être, de la même manière, engendrées en
catalysant sur le carbonate de calcium les vapeurs du mélange de deux
anhydrides. En opérant à 5oo° sur volumes égaux des anhydrides propio-
nique et butyrique, nous avons obtenu un produit, qui par distillation
fractionnée a fourni, à côté d'un peu de bulanal, des volumes à peu près
égaux de diélhylcélone (b. io3°) et d'éthylpropylcétone (b. 123°), avec un
volume moindre de dipropylcélone (b. i42°)-
Avec ïanhydride benzoïque, on n'observe au-dessous de 5oo° qu'une
simple formation de benzoate de calcium encore indécomposé à cette
température. Mais si l'on chauffe au-dessus de 55o°, le benzoate ne peut
subsister, et l'on obtient une catalyse, assez complexe à cause d'une destruc-
tion pyrogénée qui commence à s'introduire. L'anhydride carbonique
dégagé renferme de l'oxyde de carbone, et l'on recueille un liquide rougeâtre
qui contient du benzène, de l'acide benzoïque et des produits supé-
rieurs.
La portion qui distille entre 25o° et 35o°, bouillie avec de la soude diluée
pour éliminer l'acide benzoïque et l'anhydride qui aurait pu survivre,
fournit un liquide jaunâtre, qui cristallise au contact d'un cristal de benzo-
phénone et abandonne ainsi une dose assez importante de benzophénone.
Celle-ci a été caractérisée aisément par sa forme et son point de fusion
de 48°. Nous avons préparé son oxime, qui fond à \l\o° et fuse par sur-
chauffe : l'oxime a été réduite, par l'amalgame de sodium et l'alcool, en
benzhydrylamine huileuse qui attire l'anhydride carbonique de l'air en
cristaux fondant 891°.
Les divers oxydes catalyseurs, thorine, oxydes de fer, de cadmium, etc.,
1734 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne donnent dans les conditions qui précèdent aucune formation de benzo-
phénone.
Nous avons également constaté, dans la réaction qui précède, la produc-
tion de quantités notables d'anthraquinone facile à caractériser. Il convient
de rappeler que ce produit existe toujours dans les produits issus de la
calcination du benzoate de calcium (').
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section des Académiciens libres, en remplacement de M. Alfred
Picard, décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 60,
M. Arnaud de Gramont obtient 3o, suffrages
M. M. Leblanc » 10 »
M. Paul Janet . » G »
M. d'Ocagne » 4 »
M. Paul Renard » 1 suffrage
M. A. de Gramont, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
COMMISSIONS.
M. Charles Marie demande à l'Académie de vouloir bien accorder son
appui à l'œuvre de la publication des Tables annuelles de constantes et
données numériques de Chimie, de Physique et de Technologie.
L'Académie nomme, pour s'occuper de cette question, une Commission
composée de MM. Darrocx, Lippmax.v, A. Gautier, I'icard, Appelé,
Il \l 1 ! li. BOUTY.
(') Kekulé el Franchimont, Bar. Chem. Ges., t. V, p. 908.
SÉANCE DU 9 JUIN I<)l3. ^35
CORRESPONDANCE.
M. G. Ciahician, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse
des rcmercîments à l'Académie.
MM. Eugèxe et Léon Rlocii, F. Rodroux, Rressox, Desgrez, Ernest
Fourneau, E. Léger, A. Mailhe, E. Rotiié, Swingedauw, Aman» Valeur
adressent des remercîments pour les distinctions que l'Académie a accor-
dées à leurs travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Observatoire central i»e l'Indo-Chine. Bulletin pluviomètrique ,
année 1912, publié par G. Le Cadet, Directeur.
2'1 Dacia preîslorica, de Nicolae Densusianu, eu o prefata deD'C.-I.
Istrati.
3° Calcul des orbites et des éphémérides, par Luc Picart. (Présenté par
M. B. Baillaud.)
4° Le vingt-cinquième Bulletin de la Société d'Histoire naturelle
d'Autun. (Présenté par M. A. Lacroix.)
ASTRONOMIE. — Observation de V occultation d'une étoile de 8e grandeur par
Jupiter, faite à l'Observatoire de Lyon. Note de M. J. Guillaume, pré-
sentée par M. B. Baillaud.
Ce phénomène très rare, dont l'immersion seule était observable ici,
s'est produit le 25 mai igi3; l'étoile occultée est BD — 220, 5o5G (8e, 3).
L'observation, faite à l'équatorial coudé de om,32 d'ouverture avec un
grossissement de 4 35, a été très gênée par l'état généralement médiocre de
la définition.
Dans les rares instants où les images étaient calmes, i5 minutes avant
C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 222
1736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'immersion, l'étoile était bien visible quoique très affaiblie (de deux
grandeurs au moins) par le voisinage de Jupiter.
Temps moyen
de Lyon.
ti m s
i3.3o. 17 L'étoile devient difficile à suivre, elle semble plus faible encore;
i3.3a. 6 Etoile très difficile, très faible;
i3. 33./jS J'estime à l'épaisseur d'un fil de micromètre, soit o",3, l'intervalle qui sé-
pare l'étoilerdu limbe de Jupiter;
1 3. 34. 26 Contact? Le flou du limbe est très gênant;
i3.35.26 L'étoile semble décidément être en contact;
1 3 . 36. 16 Dans un instant de calme, l'étoile paraît dans le limbe, et pendant la durée
de 1 ou 2 secondes elle a donné l'impression d'une augmentation d'éclat.
Puis le limbe redevient flou;
1 3. 36. 45 Par la sensation d'une modification lumineuse au point d'entrée en contact,
j'estime que V immersion s'est produite à ce moment;
i3. 37.4o Je crois l'étoile disparue, et dans un instant de calme, à i3''4omi58, elle
n'était sûrement plus visible.
L'immersion à i3h36m45s serait en écart de -+- 3 minutes seulement sur
la prédiction que M. Th. Banachiewicz avait faite, en indiquant une erreur
moyenne de ±10 minutes (').
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur un aspect curieux du troisième satellite de
Jupiter. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud.
J'ai l'honneur de signaler à l'Académie l'aspect curieux présenté par
Ganymède, le il\ mai 1913, à la fin d'un passage sur le disque de Jupiter.
Au lieu d'un petit disque rond qu'il présente habituellement, ce satellite
avait une forme gibbeuse rappelant Mars à l'époque des quadratures, et,
pour compléter la ressemblance avec cette planète vue dans une lunette de
faible ouverture, on distinguait une tache polaire boréale très blanche, avec,
en dessous, une zone grise moins large dans la partie orientale que dans la
partie occidentale.
Ces détails, reproduits dans les deux figures suivantes, étaient plus
visibles pendant que le satellite se projetait sur la planète que lorsqu'il a été
en dehors, surtout en ce qui concerne la zone grise.
J'avais vu plusieurs fois déjà cette apparence ou des taches sur le troisième
(') Voir Astronomische Nacluichten . n° 3642.
SÉANCE DU 9 JUIN IÇ)l3. 1787
satellite de Jupiter, notamment en 1893, et, antérieurement (1890) à mon
petit observatoire de Péronnas, près de Bourg-en-Bresse, avec un réflec-
teur de om, 2 1 6 d'ouverture, mais elle s'est montrée d'une façon particulière-
ment nette, le 24 mai dernier, à l'équatorial coudé (om,320 d'ouverture) de
Fig. 1. rig- '■!•
l'Observatoire de Lyon, avec un grossissement de 365, et c'est ce qui
m'engage à faire cette Communication.
Les contacts du satellite avec le limbe de Jupiter ont été notés, respec-
tivement, à i4l,27'"52s et i4h34mi6s de T. m. Lyon.
Après la fin de ce passage, j'ai observé que les autres satellites présen-
taient des disques circulaires; II avait sensiblement la même luminosité
quel, malgré son disque un peu moins grand, et 111 n'était pas plus lumi-
neux que I.
GÉOMÉTRIE. — Classification des invalidions de genres 1 appartenant à une
surface de genres 1. Note de M. L. CJodeaux, présentée par M. Emile
Picard.
J'ai établi récemment {Comptes rendus, août 1912) qu'une involution de
genres /?„ = P4 = 1 , existant sur une surface F de genres/>„= P., = 1 égale-
ment, a nécessairement l'ordre 2".3P. J'ai pu acbever la classification de ces
involulions et démontrer ainsi que a est au plus égal à trois, [3 au plus égal
à un. Précisément, on a les théorèmes suivants :
I. Les involutions de genres 1 existant sur une surface de genres l ont
l'ordre 2, 3, 4, 6, 8 ou 12.
Une involution d'ordre 2 possède huit points de coïncidence.
Une involution d'ordre 3 est cyclique et possède six points de coïnci-
dence.
/.
-f,
1
1738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une involution d'ordre 4 est cyclique et possède quatre points de
coïncidence quadruple et deux groupes de deux points de coïncidence
double.
Une involution d'ordre 6 est cyclique et possède deux points de coïnci-
dence sextuple, deux groupes de deux points de coïncidence triple et deux
groupes de trois points de coïncidence double.
Une involution d'ordre 8 est engendrée par deux transformations
biratiounelles 0,, 02 de période 4, telles que
©7^0, = ©2'.
Une pareille involution possède soit quatre points de coïncidence octuple
et un groupe de quatre points de coïncidence double, soit deux points de
coïncidence octuple et trois groupes de deux points de coïncidence qua-
druple.
Une involution d'ordre 12 est engendrée par une transformation
Irrationnelle 0, de période 4 et par une transformation birationnelle 02 de
période 3, telles que
©7' 0,0,1=0:;.
Une telle involution possède deux points de coïncidence 12-uple, deux
groupes de deux points de coïncidence sextuple et un groupe de quatre
points de coïncidence triple.
II. Il faut, pour qu'une surface d'ordre 2- — 2, à sections hyperplanes de
genre Tt, située dans un espace linéaire à % dimensions, représente une invo-
lution d'ordre :
2, qu'elle possède huit points doubles coniques;
3, qu'elle possède six points doubles biplanaires ordinaires;
4, qu'elle possède deux points doubles coniques et quatre points doubles
biplanaires dont chacun a, dans son domaine du premier ordre, un point
double conique ;
6, qu'elle possède deux points doubles c< niques, deux points doubles
biplanaires ordinaires et deux points double:; biplanaires dont, chacun a,
dans son domaine du premier ordre, un point louble biplanaire et, dans
son domaine du second ordre, un point double conique ;
8, qu'elle possède soit quatre points doubles uniplanaircs ordinaires et
un point double conique, soit deux points doubles uniplanaires ordinaires
et trois points doubles biplanaires dont chacun a, dans son domaine du
premier ordre, un point double conique;
SÉANCE DU 9 JUIN !C)l3. I 73o,
12, qu'elle possède un point double blplanaire ordinaire, deux points
doubles biplanaires dont chacun a, dans son domaine du premier ordre,
un point double conique, et deux points doubles uniplanaires pour chacun
desquels deux des trois tangentes singulières sont infiniment voisines.
Ces conditions ne sont en général pas suffisantes. Ainsi, dans le cas
d'une surface du quatrième ordre représentant une involution d'ordre 2,
les huit points doubles doivent être communs à une double infinité de
quadriques (réseau). Or il existe des surfaces d'ordre 4 à huit points
doubles ne satisfaisant pas à cette condition, ce sont les surfaces asyzygé-
tiques de Cayley (voir Roiin, Berichle der Gesell. zu Leipzig, i88Zj).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les formules analogues à la formule
deStokes. Note de M. A. Iîuiil, présentée par M. ÉmilePicard.
lui poursuivant mes recherches sur les formules analogues à la formule
de Stokes (lesquelles peuvent d'ailleurs rentrer dans l'importante théorie
des invariants intégraux), j'ai été amené à considérer un problème remar-
quable par son énoncé simple et intuitif. N'y a-t-il pas une intégrale de
surface spécialement invariante pour toutes les cloisons T [tassant par un
contour fermé y et toutes tangentes, le long de y, à une cloison fixe préala-
blement jetée sur ce contour? J'ai été amené ainsi à construire la formule
a
r
s
0
— i
0
s
t
o
o
— i
-P
->j
I
o
0
0
0
à
à
,)
d.c
ày
dz
à/'
àq
V
1 1
R
S
T
dx dy - - I V dx + Q dy + K ,Iz -+- S dp + T ,/,/,
où P, (), \{, S, T sonl des fonctions quelconques de .r, y, z-, p, q. D'après
le second membre il est clair que le premier ne change pas si la cloison Tse
modifie sans modification des valeurs de x, y, z, p, q sur son contour y. Si
l'on suppose que P, Q, R ne contiennent que x,.y, z et que S et T soient
nuls, on voit aisément que cela revient à supprimer les deux premières lignes
et les deux dernières colonnes du pseudo-déterminant ; on retrouve ainsi
l'ordinaire formule de Stokes.
Si l'on développe le premier membre de la formule précédente, on trouve
I74o ACADÉMIE DES SCIENCES,
qu'il esl de la forme
(0
Ç f[K(rt - s2) + A/- + \îs -+- Gt + D] dx dy,
K, A, B, G, D étant fonctions de x, y, z, />, çr. Or cela fait immédiatement
naître une question analogue à celle qui consiste à demander la condition
pour laquelle l'intégrale classique
ff>
( — p F — q G + II ) <7.r f/j
ne dépend que du contour de la cloison d'intégration.
A quelles conditions une intégrale (i) pourra-l-elle se mettre sous la forme
IJ)
P dx + Qdy + Rdz + Sdp + T dq
et ne dépcndra-l-elle ainsi que des valeurs de x, y, z, p, a sur le contour y de
la cloison d'intégration? Il faut ici quatre conditions. Si l'on pose
v d d v d d
ax dz vy àz
M = B - -£- fk dp — j-fc dq, N = D - X Ç\ dp — Y Çc dq,
ces quatre conditions sont
-<*> + *(f)-f
d1 rYV.„. d2N dMl
- — j- X Y(K -i- -r — : — = o,
àp dq y dp dq dz J
v./n vfàM\ d2N
Y-(K) + Y(^)-^==0'
d.X(K) + 4-Y{K) *M
dp ' dq dz dp dq
Je ne puis indiquer ici tous les résultats qui me semblent susceptibles
d'être syntliétiquement réunis par ces préliminaires. En voici seulement une
légère esquisse.
D'abord le crochet situé dans (i), multiplié par un facteur \i.(x,y, z,/;, q)
et égalé à zéro, donne une équation de Monge-Ampère pour laquelle l'inté-
grale (i) est nulle; on trouve ainsi une classe très étendue de ces équations
sur les surfaces intégrales desquelles la forme dillérenticllc
P dx -+- Q dy -+- R dz + S dp + T dq
SÉANCE DU 9 JUIN If)l3. 1 74'
est une différentielle exacte. Le facteur [j. est comparable au multiplicateur
de Jacobi pour l'équation linéaire du premier ordre.
Dans un autre ordre d'idées, les géomètres ont cherché, de manières
diverses, à définir la courbure d'une cloison d'étendue finie par une intégrale
de surface restant justement invariante pour toutes les cloisons ayant même
contour et mêmes plans tangents le long de ce contour. Toutes ces théories
me semblent rentrer dans la formule écrite au début de cette Note.
D'autre part encore, cette formule définit des fonctions analogues aux
fonctions de lignes de M. Volterra ; s'il ne s'agit pas de simples contours ou
ensembles fermés de points {x, y, s), il s'agit d'ensembles fermés d'éléments
(x, y, z, p, q) ; l'extension est aisée.
Enfin on peut construire des formules du même type pour les cloisons
ayant toutes entre elles au contour les mêmes valeurs de x,y, z,p, g, r, s, /;
et ainsi de suite pour les contacts d'ordre quelconque.
Dans un Mémoire qui paraîtra prochainement clans un autre Recueil, je
développerai ces points en montrant les liens qui les unissent aux travaux
de MM. Darboux, Picard et Volterra.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les domaines fondamentaux
de certains groupes fuchsiens. Note de M. Tii.Got, présentée
par M. G. Humbert.
La méthode du rayonnement permet de déterminer facilement et dans
tous les cas le domaine fondamental du groupe fuchsien dérivé du groupe
reproductif des formes quadratiques ternaires indéfinies/, du type
où < .),■ de ^minima. Or le minimum de la £ correspond ici à celui
de a,-. 11 suffit donc, pour obtenir le domaine fondamental, de calculer, ce
qui est facile, les premières solutions de l'équation (1) par ordre de grandeur
croissante des a,-; on conserve seulement les a,-, (3,-, yt qui correspondent à
des points équivalents à O. On s'arrêtera au plus tard lorsque, désignant
par ABC... le premier polygone convexe ainsi obtenu, on arrivera au
premier O, pour lequel £00; sera supérieur au double de la ^maxima (')
des rayons OA, OB, etc.
Pour distinguer celles des solutions a,, (3,-, y,- de l'équation (1) qui corres-
pondent à des points équivalents à O, il n'y a pas de difficulté théorique.
On peut employer, par exemple, l'un ou l'autre des deux procédés suivants :
Premier procédé. — On réduira la forme
7= \ ( *A + y fi + -/t.)2 - /
associée kf pour la réduction continuelle. Pour que le point 0(- soit équi-
valent à O, il faut et il suffit que la réduite en laquelle se cbange f lui soit
identique. On peut employer, pour celte réduction, les conditions de
M. Selling, et les substitutions (x, x — z, y), (z,x,y) suffisantes pour
cela, comme l'a montré M. Cbarve.
Deuxième procédé. — On utilisera les expressions, données par Hermite
et étudiées par M. Bacbmann, pour les substitutions semblables, S, d'une
forme /"en fonction de quatre entiers p, q, ', q" vérifiant une équation
(2) p°-+F(,,,q\(/) = P
(F adjointe de/, P diviseur du quadruple du déterminant).
En exprimant que 0,= OS, on aura trois équations permettant avec (2)
de calculer/;, y, q', q". Pour que O, soit équivalent à O, il faut et il suffit
(ju'il existe une valeur de P pour laquelle les solutions p, , q', q" soient
entières et répondent à une S entière.
Les procédés ainsi donnés pour les formes x'2 — f(y, z) ne sont pas d'une
application aussi restreinte qu'il peut le paraître a priori, car toute forme
quadratique ternaire indéfinie, proprement primitive ainsi que son adjointe,
(') Nous nous bornerons ici au cas où y ne représente pas rationnellement zéro.
SÉANCE DU 9 JUIN I9l3. 1743
de déterminant congru à i, 3 ou 5 (mod 8), est équivalente à une forme du
type x2 -
de sec°nde environ, et donne, par suite, une
coïncidence à peu près toutes les 70 secondes avec un chronomètre battant la demi-
seconde de temps moyen.
Les envois de signaux sont faits dans l'ordre suivant : de 9h5m à 9h iora envoi de
battements, la minute ronde de la pendule étant marquée par un trait long de
2 secondes (premier trait long à gh6mos).
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N-23.) 223
^/j/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
g1' iom à 9h i5m silence.
q'1 15"' à qh20m deuxième série designaux dans les mêmes conditions que la première.
Les chronomètres des deux stations sont comparés aux signaux hert-
ziens envoyés par la pendule.
A Kissidougou était installé le poste récepteur dont la composition
était :
à. Une antenne coudée orientée de cinq brins de 5om de long chaque (câble bronze
téléphonique élamé de 2mm, supportée par un mât de 20m et une perche de i iro sur un
arbre. L'isolement était obtenu par rapport à deux mâts et à la terre par deux bâtons
d'ébonite armée deon,,3o en série.
/>. A cette antenne était rattachée la boîte pour longitudes dont le dispositif permet
d'entendre en même temps les battements du chronomètre et ceux de la station
d'émission.
La durée de chaque battement avait été légèrement allongée pour bien permettre
d'être reçu très nettement au milieu des bruits parasitaires.
Pour la même raison, les tops des minutes rondes, au lieu d'être supprimés, avaient
une durée de 2 secondes, ce qui permettait très aisément leur repérage.
Depuis la détermination de cette première différence de longitude, il a
été établi, par les soins de MM. Schwartz et Villalte, une dizaine de posi-
tions tout le long de la frontière libérienne et où l'on a procédé de même.
Ces points répartis sur une longueur de frontières de /jookm environ ont été
établis en moins de 3 mois. Les procédés employés ont été sensiblement les
mêmes, sauf en ce qui concerne les antennes de réception, auxquelles on a
substitué, dans la plupart des cas, les antennes couchées. La rapidité d'éta-
blissement des communications était telle qu'on est ainsi parvenu à effec-
tuer en 7 jours trois déterminations de différences de longitudes concernant
trois positions réparties sur une distance de ioo'"".
SÉANCE DU 9 JUIN I()l3. iy45
Différence de longitude par T, S. F . entre Conakry et Kissidougou.
Des envois de signaux effectués par Conakry, le 22 octobre 191 2, et reçus par Kissidougou,
résulte le Tableau suivant :
Chronomètre de Kissidougou. Pendule de Conakry.
Indication
du chrono
Indication
du chrono
Heure
de la pendule
Différence
N"
N"
au moment
au moment
Heure
au moment
entre pendule
de
des coïnci-
des
du Différence
des tops longs
des
et chrono
Chrono.
série.
dences.
coïncidences.
top long.
(5-4).
à la pendule.
coïncidences.
(8-4).
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Il m s
h m s
h m
Il m s
h m s
»
1
1
9.08.49,0
g. 09. 20
3i
12 . 5o départ
12.5o.2g
3.4 1 .4°
»
))
2
9 . 09 . 56 , 5
9. 10. 19,5
23
12. 5i Ier top long
12. 5i .37
3.4i -4o, 5
»
))
3
9 . 1 1 . o3 , 0
9. II. 19
16
I 2.52
12.52.44
3.41.4.
»
))
4
9.12.09,5
9. 12 . |8,5
°9
12.53
i2.53.5i
3 . 4 ' ■ 4 ' 1 5
)>
J)
5
9. 12. 18
9.l3.l8
00
12.54
1 2 . 55 . 00
3.41.42
»
»
)>
»
»
12.55 dernier top long
(fin)
«
»
»
2
6
9.19.12,5
9.19. iô,5
2
00
i3.oo départ
»
»
»
»
7
20. 3 1
9.20. i5
06
12 .01 ior top long
1 3. 00. 57
3.4t. 44,5
)>
»
8
2i .3i ,5
9.21.14,5
17
12 .02
1 3. 02. 06
3.41.45
«
»
9
22 .42 ,0
9.22.14
28
12. o3
i3.o3. 17
3.4i.45,5
»
»
»
»
9.23. [3,5
»
1 2 .04
13.04.28
3.41.46
12. o5 dernier top long
(fin)
Tableau des comparaisons.
K
corrigée de la marche.
K
l>,n
-/',.•
T,„ — T„.
h m s
tl 111 s
II
m s
h m 9
1 2.5o.24 ,90
9.08.49
3.4,
.35,90
—3.55.58,75
12. 5 1 .32 ,42
g.og.56,5
35,92
i2.52.38,g.5
g. 11 .o3,o
35,95
12.53.45,47
g . 1 2 . og , 5
35,97
12.54.53,99
g . 1 3 . 1 8 , 0
35,9g
i3.oo.48,47
g.ig.i2,5
35, g7
1 3. 01 .56,97
9.20. 21
35, g7
1 3 .o3 .07 ,48
g . 2 1 . 3 1 , 5
35,98
13.04.17,98
g. 22 .42
35, g8
Kèsidus
par rapport
L—L-
à la moyenne
h m s
— 0. (4 .22,85
s
— 0,06
22,83
— o,o4
80
-Ho, Ol
78
+0,01
76
-)-o,o3
78
+ 0,01
78
-t-0,01
77
+0,02
77
+ 0,02
Moyenne. — 0.14.22,79
Notation. — hm indication t. moy. de la pendule de Conakry, corrigé de la marche
aux instants des coïncidences; /(„ indication t. moy. du chronomètre de Kissidougou,
aux mêmes instants; t„, états de la pendule et du chronomètre sur le temps moyen;
?„ longitude de Conakry = lm, longitude de Kissidougou = /„.
f][\Ç> ACADÉMIE DES SCIENCES.
AVIATION. -- Données pour la construction d'un monoplan idéal tirées
des caractéristiques des Oiseaux. Note (') de M. A. Magnan, présentée
par M. Edmond Perrier.
Pour la construction des aéroplanes, on n'a pas eu recours jusqu'ici aux
données fournies par l'étude des Oiseaux en raison surtout de l'insuccès
des recherches tentées à ce sujet par Mouillard. Cependant les comparaisons
étendues que nous avons faites entre les divers groupes d'Oiseaux nous ont
montré qu'il était possible d'utiliser à cet effet les chiffres donnés par la
nature malgré les différences de poids considérables qui séparent un oiseau
d'un aéroplane.
Dans les études que nous avons poursuivies sur cet intéressant problème,
nous avons mis en évidence que les caractéristiques de l'Oiseau variaient
suivant qu'il pratiquait le vol plané, le vol à voile ou le vol ramé. Par
contre ces caractéristiques sont tellement voisines pour les individus d'un
même groupe, quel que soit leur poids, qu'il y a pour ainsi dire une con-
stante pour chaque dimension. Nous sommes ainsi arrivés aux conclusions
suivantes (2) :
i° Les Rapacesqui pratiquent de préférence le vol plané ont une grande surface alaire,
un petit moteur représenté par des muscles grands pectoraux réduits, une grande
envergure, une aile assez large et une longue queue.
2° Les Palmipèdes marins qui se servent du vol à voile possèdent une surface
alaire moins étendue que les planeurs. Leur envergure cependant est la plus grande,
tandis que l'aile est très étroite; la queue est presque atrophiée. Le moteur est petit.
3° Les Oiseaux rameurs, tels que les Passereaux, les Gallinacés, les Colombins, offrent
une surface alaire très réduite avec des muscles pectoraux très puissants par suite des
violents coups d'aile que frappe l'oiseau. L'envergure est petite, l'aile est large, ce qui
lui donne une forme arrondie. La queue est assez longue.
Or le vol des Oiseaux planeurs est celui qui se rapproche le plus du vol
des monoplans. Il était intéressant de rechercher quelles seraient les dimen-
sions d'un aéroplane de ce type copiant les caractéristiques d'un Oiseau
planeur, car il est logique de penser que, puisqu'un Rapacc du poids de iooK
(') Présentée dans la séance du 2 juin igi3.
(2) Voir les travaux que j'ai publiés sur le vol des Oiseaux en 191 1, 1912 et 1910
dans le Bulletin du Muséum, les Comptes rendus de I Académie des Sciences, des
Congrès des Sociétés savantes et de VAss.fr. pour l'Avancement des Sciences.
séance du 9 juin 191 3. 1747
possède des caractéristiques identiques à celles d'un Rapace pesant ioooo6,
il en serait de même s'il existait des Oiseaux de iookg, 5ooks, ioooke.
Dans l'étude que nous avons consacrée aux Oiseaux, nous avons, pour
obtenir des rapports homogènes et établir des comparaisons utiles, comparé
le poids des ailes au poids du corps, les longueurs ou largeurs de l'aile ou
de la queue à la longueur du corps, la surface des ailes à la surface du
corps, suivant la formule
A
A représente la dimension étudiée;
a est le rapport cherché ;
B est le poids de l'oiseau, sa longueur calculée par la formule /= VP, ou
sa surface calculée par la formule S = \ P-, P étant exprimé en grammes.
Ces deux dernières formules n'ont de valeur que si les Oiseaux considérés
ont la même densité, ce qui est probable et s'ils ont la même forme, ce qui
n'est vrai qu'approximativement. Cependant nous ferons remarquer que
les rapports trouvés de cette façon coïncident avec ceux qu'on obtient
en utilisant la longueur réelle du corps ou la surface du corps cherchée à
l'aide d'une peinture lourde.
Voici les rapports trouvés pour les Rapaces diurnes ; les chiffres
indiquent les moyennes :
Rapport de la surface alaire, en centimètres carrés, à la surface du corps
S^yVP* 23,2
Rapport du poids des ailes, en grammes, au poids du corps P 197
Rapport de l'envergure, en centimètres, à la longueur du corps l =s y/F 1 3 , 3
Rapport de la largeur de l'aile, au milieu, en centimètres, à la longueur du
corps /= y/F 2,36
Rapport de la longueur de la queue, en centimètres, à la longueur du corps
/rryVp 2,6o
Rapport de la longueur réelle du corps, en centimètres, à la longueur du
corps 1= \/P 5,g
Or la recherche des caractéristiques d'un monoplan devient dans ces
conditions très facile. Si cet appareil doit ressembler à un Oiseau planeur,
le rapport a doit être voisin du rapport moyen que nous avons trouvé pour
ce dernier. De plus B nous est connu. C'est ie poids du monoplan en ordre
de marche. Par conséquent nous obtiendrons facilement A de la façon
suivante :
A = R x a.
1748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Recherchons, par exemple, les dimensions d'un monoplan idéal dont le
poids pendant la marche est de 5ookg, ce qui est courant; nous obtien-
drons :
Surface alaire i4m',70
Poids des ailes 98kf:> 5oo
Envergure iom,5o
Largeur de l'aile 1 m, 87
Longueur de la queue 2m,o6
Longueur de l'appareil 4m> 67
Il ressort des chiffres ci-dessus que le monoplan construit dans ces condi-
tions serait beaucoup moins long que ceux qui sont en usage actuellement.
Pour les autres caractéristiques, il ne différerait pas autant qu'on pourrait
le penser des autres monoplans.
Déplus, la méthode que nous indiquons présente l'avantage de permettre
le calcul exact des dimensions d'un monoplan d'après le poids qu'il doit
porter en ordre de inarche.
Il y a lieu de préciser que les données que nous venons de publier se rap-
portent à un monoplan destiné à voler au-dessus des terres.
AÉRONAUTIQUE. -- Sur un aéroparachute. Note (') de MM. Levavasseur
et Gastambide, présentée par M. L. Lecornu.
L'appareil dont il s'agit est un aéroplane à surface et incidences variables,
pouvant voler sur toutes les trajectoires descendantes avec le plus grand
écart de vitesse et se transformant en parachute.
Il se compose de deux ailes et d'un corps empenné symétriquement.
Les deux ailes peuvent varier de surface : elles se composent chacune de
trois parties : une partie fixe ayant la forme d'un trapèze, par exemple de
o _i_ 1
X 5, soit 7m,,5o de surface, et deux parties mobiles formées de deux
groupes de rémiges. L'aile entière développée a la forme d'un demi-cercle
de 5m de rayon : la surface est alors de 37™', 5 et la surface totale de 75m\
Ces deux ailes sont articulées sur un cadre et peuvent prendre toutes les
positions, depuis l'horizontalité jusqu'à 900, en changeant la valeur du V
de la plus grande valeur à la plus petite.
Le cadre qui porte les deux ailes est articulé sur le corps, ce qui permet
de varier l'angle du corps par rapport aux ailes de o° à 900.
( ') Présentée dans la séance du 2 juin 191 3.
SÉANCE DU 9 juin 1913. 1749
La manœuvre des quatre groupes de rémiges se fait à volonté, ainsi que
la variation de l'incidence et celle du Y ; mais un mécanisme spécial rend
solidaires les manœuvres de l'incidence des ailes et du V, et celle du
déploiement des quatre groupes de rémiges, cela en vue de produire le vol
parachuté et Y état parachute.
Les gouvernails sont supprimés sur cet appareil. On le gouverne en
déplaçant la résultante au moyen des quatre groupes de rémiges, au moyen
de l'incidence et du V (voir fig. I et II).
Dans ce qui suit, nous étudions l'état parachutable, c'est-à-dire que les
commandes sont solidaires et que, l'incidence variant de io° à 3o°, les ailes
varient de i5m'à 'j^' de surface, le V diminue de 4°- L'incidence variant
de 3o° à 900, la surface des ailes reste constante à 75m', le V diminue
de 200.
De l'examen des courbes traînée et poussée de cet appareil (la surface et
l'incidence des ailes variant seules, le corps étant toujours dirigé suivant la
direction des filets d'air), il résulte que l'angle d'incidence variant de io°
à 900, l'angle y que fait la résultante avec la verticale varie dans le même
sens et prend sensiblement les mêmes valeurs.
On voit de plus qu'à cbaque valeur de y correspondent deux valeurs
du rapport de - (traînée à poussée), l'une pour un angle d'incidence plus
petit que l'angle optimum, et l'autre pour un angle plus grand.
Nous en tirons la conclusion qu'il y a deux façons de descendre : l'une
en vol plané, l'incidence des ailes étant sensiblement celle de la trajectoire,
c'est la descente des aéroplanes actuels; la seconde en roi parachuté, les
ailes restant toujours horizontales, c'est la descente de notre aéroparachute.
Les figures III indiquent les deux modes différents de descente.
I75o ACADÉMIE DES SCIENCES.
De nos essais il résulte aussi que la résultante coupe la corde de l'aile en
un point qui varie en fonction de l'angle d'incidence. Le déplacement de ce
point d'intersection de la résultante et de la corde varie de -^ à -— de
l'avant de la largeur de l'aile, quand l'angle d'incidence varie de io° à 900.
Ce déplacement rétablit l'attaque et les ailes considérées seules seront
stables. Mais de io° à — 5°, 5 le centre de poussée va vers l'arrière de l'aile
quand l'angle diminue, c'est l'instabilité, et l'on sait que sans les empen-
nages arrières et les gouvernails, l'appareil capoterait immédiatement.
Nous pouvons en conclure que considérées seules les ailes ne donnent un
équilibre stable que de io° à 900; la stabilité est intégrale; que de io°
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4o 55 66 o,83o 39,3o
5o 68 55 1 . 2 •, 5o
60 72 .(i 1 . 7 "1 60
7° ::- 27 ■■:;
80 75,5 I.'| 5,22 80
90 76 o 00 go
On remarque que la courbe de poussée est plus régulière dans l'aéro-
plane à surface variable que dans les autres aéroplanes ; la fluctuation
brusque de la poussée qui se produit pour un angle un peu plus grand que
l'angle optimum et qui déséquilibre l'appareil, ne se produit pas dans
l'aéroparacbute.
électricité. Principe d' un moteur électrostatique.
Note de M. Eugène Bi.ocii, présentée par M. J. Yiolle.
( )n a souvent comparé un galvanomètre à un moteur dynamoélectrique :
l'aimant et le cadre d'un galvanomètre à cadre mobile jouent le rôle de
l'inducteur et de l'induit d'une dynamo. Une comparaison analogue peut
être faite entre un électromètre et un moteur électrostatique, et c'est ce qui
m'a conduit à essayer de transformer l'éleclromètre classique à quadrants
en un moteur.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 2^4
I7Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on supprime la suspension de l'aiguille d'un électromètre, en suppor-
tant simplement celle-ci par un axe très mobile, le couple électrique, qui
n'est plus contrebalancé par un couple de torsion antagoniste, entraîne
l'aiguille à l'intérieur de l'une des paires de quadrants Q. Si, à ce moment,
on renverse le signe de la charge de l'aiguille, ou, ce qui revient au même,
le signe de la charge des quadrants, l'aiguille continuera à tourner et ira se
loger dans l'autre paire de quadrants Q'. Un nouveau changement de signe
fera continuer le mouvement, et ainsi de suite, de sorte que l'aiguille
prendra un mouvement de rotation continu.
J'ai d'abord réalisé l'expérience en montant, sur l'axe qui supporte
l'aiguille, un commutateur qui, par contact avec des balais fixes, effectuait
les inversions de charges aux instants opportuns : l'appareil fonctionne,
mais irrégulièrement, à cause des étincelles qui accompagnent chaque com-
mutation. Les résultats deviennent au contraire très satisfaisants si l'on fait
appel, pour inverser les potentiels, au courant alternatif. On peut alors
employer deux montages différents : i° l'aiguille restant à un potentiel fixe,
les quadrants sont portés à des potentiels opposés alternatifs; 20 les
quadrants étant portés à des potentiels fixes et opposés, l'aiguille est reliée
à un pôle de la source alternative dont l'autre pôle est au potentiel zéro.
Dans l'un et l'autre cas, on obtient une rotation continue de l'aiguille sans
aucune étincelle et avec une période qui, comme on le voit aisément, est la
moitié de celle du courant alternatif.
Ainsi dans une expérience, l'aiguille est maintenue à 25oo volts environ par une
batterie d'accumulateurs. Les quadrants sont portés à des potentiels alternatifs maxima
de i5oo volts environ au moyen d'un transformateur alimenté par le secteur de la rive
gauche (4a périodes) : le secondaire est fermé sur une forte résistance dont le milieu
est au potentiel zéro et les extrémités en relation avec les deux paires de quadrants.
On obtient une période de rotation de 21 tours par seconde.
Une des principales difficultés de l'expérience est la suivante : la rota-
tion continue de l'aiguille ne peut se maintenir que si l'aiguille a été préala-
blement lancée avec la période même de sa rotation définitive et, de plus,
abandonnée à elle-même dans une phase convenable de son mouvement.
En d'autres termes le moteur actuel a les propriétés d'un moteur synchrone
ordinaire; on peut le qualifier de moteur synchrone électrostatique à courants
alternatifs. La puissance du moteur étant très faible, il faut non seulement
réaliser, au moment de l'accrocbage, un synchronisme et une concordance
de phase très rigoureux, mais encore obtenir ce résultat avec un frottement
minime et abandonner l'aiguille sans choc, sans quoi le moteur se décroche.
SÉANCE DU 9 JUIN I()l3. I7o3
J'ai pu y réussir en effectuant le lancement par l'air comprimé et en utili-
sant, comme d'habitude, la stroboscopie.
L'axe qui supporte l'aiguille porte en même temps une petite hélice d'aluminium à
quatre bras sur laquelle on envoie le jet d'air comprimé. On s'éclaire avec une lampe
alimentée par le secteur à [\i périodes. Au moment où l'hélice paraît immobile, le
synchronisme (21 tours par seconde) est atteint; la concordance de phase s'obtient
alors par un tâtonnement facile.
Dans le petit appareil que j'ai fait fonctionner, la rotation, une fois
amorcée, se maintient facilement pendant plusieurs heures avec une dé-
pense évidemment insignifiante. Les applications pratiques sont restreintes
par la petitesse de la puissance réalisée, mais nullement exclues. Par
exemple, en mettant le potentiel alternatif sur l'aiguille et en utilisant des
contacts à étincelle ou à frottement, on peut prélever une partie de la
phase totale du courant alternatif, et par suite redresser un courant de
haut potentiel. L'intensité du courant que j'ai pu redresser dans mes
essais est malheureusement limitée pour l'instant à une très petite fraction
d'ampère; car la résistance occasionnée par les étincelles provoque trop
facilement le décrochage du moteur. Mais s'il s'agit seulement, comme
dans certaines expériences sur l'ionisation des gaz, d'obtenir un potentiel
redressé assez élevé, l'appareil précédent résout le problème d'une manière
satisfaisante.
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur la diffraction el la réflexion des rayons de Rôntgen.
Note de M. M. de Bkogi.ie, présentée par M. E. Bouty.
î. Je voudrais, pour éviter toute équivoque, insister sur le sens que j'ai
voulu donner au mot de réflexion, employé au cours de quelques Notes
sur les rayons de Rontgen. A la fin de 1912, M. W. H. Bragg- a émis l'opi-
nion que l'on pouvait considérer les images des diagrammes de M. Laue
comme résultant de véritables réflexions sur certains plans remarquables
liés au réseau cristallin. M. W.L. Bragg, M. Wulff et M. Laue ont montré
qu'en réalité la théorie de la diffraction équivalait au point de vue formel à
la réflexion sur des plans réticulaires convenablement choisis. M. Friedel(')
a récemment donné de cette propriété des réseaux une démonstration
simple et générale.
(') Comptes rendus, 3 juin igt3.
1754 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais le choix du miroir dépendant de l'angle d'incidence du faisceau sur
le réseau, on ne peut pas considérer un faisceau divergent comme se réflé-
chissant sur un miroir unique et la considération des plans de réflexion
n'est qu'une autre manière de présenter la théorie de la diffraction. Ce point
de vue est, je crois, un peu différent des idées primitivement émises par
M. W. H. Bragg.
Lorsque des taches de réflexion sous incidence rasante furent signalées
par divers expérimentateurs, on n'observa d'abord que les taches particu-
lièrement intenses dues à la réflexion régulière sur la face libre du cristal.
Avec des poses plus longues et clés clichés plus détaillés, le rôle de la dif-
fraction apparut nettement, ainsi que je l'ai indiqué ici même ('), et l'expé-
rience directe confirme bien que la réflexion sous incidence rasante n'est
qu'un procédé d'étude des phénomènes de Laue. Ce dispositif a souvent ses
avantages; il réduit l'absorption et, par suite, le temps de pose, clans des
limites qui peuvent être très considérables pour des cristaux opaques; il fait
ressortir l'origine et l'importance des taches intenses cpie l'on observe par
transmission à travers des cristaux imparfaitement orientés; il permet
d'utiliser des échantillons dont une seule face est dégagée et se prête bien à
l'élude des stries et des franges qui viennent compliquer la structure des
1T. Si tout, jusqu'à présent, dans plus de 100 diagrammes recueillis dans
diverses conditions, m'a paru confirmer dans ses grandes lignes la théorie
de la diffraction, il reste des points obscurs.
Les diagrammes de l'iodure de potassium et du chlorure de sodium, par
exemple, tous deux cubiques mais sans aucun élément commun, sont
identiques au point de vue de la position géométrique des images (pas de
l'intensité et de la dureté de ces images), il faut en conclure que le rapport -
de la longueur d'onde fondamentale d'une tache au paramètre du réseau est
la même clans les deux cas; comme a est probablement différent, il reste à
expliquer pourquoi X a varié dans le même rapport.
M. Laue a également fait remarquer que le nombre des images obtenues
est très inférieur à ce que la théorie fait prévoir; il m'a semblé cependant
qu'en prolongeant les poses, les vides tendaient à se combler en donnant pour
le système cubique une valeur de - égale à 0,008; je crois qu'on peut
Comptes rendus, i4 avril igi3.
séance du 9 juix if)i3. v 1755
affirmer qu'il existe des longueurs d'onde dont le rapport à l'équidistance
des molécules ne dépasse pas -~.
\\\. J'avais, il y a quelques mois, remarqué qu'en recevant les rayons
difl'ractés sur plusieurs plaques superposées, certaines taches étaient moins
apparentes sur la première plaque que sur les autres; il s'agit peut-être là
d'un effet secondaire dû au verre ou à l'émulsion; mais ce qui est toujours
apparu nettement, c'est que les taches sont loin d'avoir la même dureté ('),
des taches voisines se comportant, à ce point de vue, d'une manière très
différente; Lorsque dans le dispositif de réflexion les taches sont élargies
et allongées pour diverses causes, l'absorption semble s'exercer unifor-
mément comme si toute la tache avait la même longueur d'onde.
IV. Voici encore quelques résultats expérimentaux.
Certains cristaux peuvent réfléchir avec intensité les rayons sous une
incidence éloignée de 900 : une lame hexagonale de carborundum a fourni
un beau diagramme sous une incidence de 55°.
Les cristaux organiques ne renfermant que des corps à faible poids ato-
mique et privés de radiation caractéristique au sens de Barkla fournissent
de beaux diagrammes : par exemple les tables monocliniques de saccharose.
On connaît la sensibilité du xénotime au champ magnétique au point de
vue du déplacement des bandes d'absorption (J. Becquerel) : un échan-
tillon de ce cristal a fourni le même diagramme avec ou sans application
d'un champ de l'ordre de 8000 unités.
Enfin il m'a été, jusqu'à présent, impossible de déceler les mêmes phé-
nomènes avec les rayons y des préparations de radium ou de mésolho-
riura; une plaque obtenue avec le mésothorium a présenté, après une pose,
une faible impression correspondant à la réflexion régulière, mais avec
trop peu de netteté pour permettre aucune conclusion.
ÉLECTRICITÉ. — Conductibilité électric/ue de quelques liquides purs : ammo-
niac, acétone, alcools élhylique et mét/iylique. Note de M. Jacques Carvam.o,
présentée par M. E. Bouty.
Différents auteurs ont signalé qu'il est possible de purifier notablement
certains liquides déjà très propres en les soumettant à l'action d'un courant
(') Voir aussi le travail primitif de MM. Friedrich et Knipping.
1756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
continu prolongé, et j'ai moi-même précédemment donné des exemples
d'épuration électrique de l'anhydride sulfureux et de l'éther éthylique (').
.le montrerai, dans cette Note, comment se comportent, à ce point de vue,
quelques autres liquides.
Les expériences ont consisté à préparer des liquides aussi purs que pos-
sible dans des tubes scellés en verre, et à suivre en fonction du temps le
courant qu'y crée une tension constante appliquée entre deux électrodes
fixes (2).
i" Ammoniac. — Les observations ont porté sur deux préparations diffé-
rentes obtenues successivement dans le même appareil de mesure. Dans les
deux cas, une tension constante, assez grande pour qu'on puisse négliger
devant elle la polarisation des électrodes, donne lieu à un courant qui
diminue avec le temps.
Premier échantillon. Deuxième échantillon.
Conductance spécifique du liquide ^ ( „ .. ~ .
.... '. , . , , , / , « ,, r. ■ / \ 6,7. io-8U.P. a -H 20°
initial mesure par la méthode de > 4-io~8 U.P. a i4° < .
, . , , \ ) 2,7. 10-8 » a— 62°
Kolilrausch } {
_ • • • , I Sous87và 170 Sous 1 74T à 200
Courant initial , „ ' ' „ '
I l\n ,0. io-6 amp. oïd. 10'"6 amp.
Courant après ,
44'' sous 87'' (170) 481' sous 174* (20°)
4,8. io-1' amp. 3,39 . io-6 amp.
Le courant ne cesse de diminuer qu'après une dizaine de jours. En recherchant les
valeurs limites du courant pour diverses tensions, j'ai obtenu :
Tension en volts. 87. 174. 3G1. 348. 52.2: 097. 870. 1044. 1220.
Gourant limite l iel' échant. 2,48 3,56 4-5 5 4.8 4,8 4>' 4,9 ('5°)
en io_camp. | 2e échant. o,55 1,12 1,8 2,4 3,85 5,9 8,4 11, 1 1 3,8 (200)
Les courants limites sont du même ordre de grandeur dans les deux cas,
mais ils s'élèvent constamment avec la tension dans le second au lieu de
restera peu près indépendants de la tension au delà de 3/|8 volts, comme
cela a lieu pour la première série. Aux basses tensions, le premier échan-
tillon est plus conducteur que le second; l'inverse se produit aux tensions
élevées. La température agit sur les deux échantillons de façon bien diffé-
rente, tandis que dans le premier cas une brusque variation de température
provoque, quel que soit son signe, une augmentation temporaire du courant;
(') J. Carvallo, Comptes rendus, t. 151, 1910, p. 717; t. 153, 191 1, p. 1 1 44 •
(2) 11 est utile de mentionner que, pour tous les liquides dont s'occupe cette Note,
le passage du courant n'est accompagné d'aucun phénomène visible d'électrolyse.
SÉANCE DU 9 JUIN IQI3. 1757
celui-ci est, dans le second, 'régulièrement fonction de la température. J'ai
trouvé par exemple sur le deuxième échantillon
Sous 87 volts à 4- 200 ? =0,55. io— 6 amp.
à — 8o° i — o,o53. io~6 amp.
Aucun des régimes limites ci-dessus ne saurait être vraisemblablement
considéré comme caractéristique de l'ammoniac pur. Si l'on déduisait des
deux derniers nombres la conductance spécifique apparente du deuxième
échantillon sous 87 volts, on trouverait
5. io— 10 unités pratiques à -t- 200,
3,7. 10-11 » à — 8o°.
Ces nombres ne fournissent qu'une limite supérieure de la conductibilité de
Nil3 pure, si tant est que ce liquide possède une conductibilité définie. Il est
intéressant de rappeler que Frenzel (') attribuait à cette conductibilité la
valeur
i,33. io-7 à — 70°
quatre mille fois plus grande que celle que je viens d'indiquer.
20 Acétone. — Je n'ai étudié qu'un échantillon. Il m'a donné les résultats
suivants :
Tension appliquée : 88 votts. Température i5°.
Epoque.
1™. 2». 6". 13m. 29». lb12"\ 31' 17-. 50h.
Courant en io~6 ampères 0,28 0,20 0,16 o,i5 0,16 o,32 5,6 20
Conductance spécifique appa -
rente en io~10 unités pratiques. 2,2 1 ,6 1,28 1,2 1,28 2,56 4,5 160
Le courant diminue d'abord légèrement pour tendre ensuite vers une
limite environ 100 fois supérieure à la valeur minima. Dans l'état limite le
liquide suit assez exactement la loi d'Ohm. Une étude analogue a été faite,
autrefois par tïeich (2) sur l'acétone. Cet auteur vit la conductance spéci-
fique apparente de l'échantillon qu'il observait tomber régulièrement de
407 à 9,8. io-'" unités pratiques (à la température ordinaire). Si l'on
compare les états initial et final de ces deux échantillons, on conclura
qu'aucun d'eux n'était parfaitement pur, et que si l'acétone possède une
(') Fkenzel, Zeitschr. fur Electrocliemie, t. VI, 1900, p. 477-
(2) Reich, lnaug. Diss., Berlin, 1900.
I y58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conductibilité propre, celle-ci doit être inférieure à 1,2.10' '" l . l'.à i5°,
valeur minima trouvée dans mon expérience.
H0 Alcool éthy ligue. — Un seul échantillon étudié a conduit aux résultats
suivants :
Tension appliquée: 88 volls. Température: 17°.
Epoque.
30". 2". 5". H''. -il1'.
Conductance spécifique apparente en i'o-9 U.P .. . 9 12 i5 18 25
Le régime limite est conforme à la loi d'Ohm.
4° Alcool mèlliylique. — Un échantillon donne dans les mêmes conditions
une conductance spécifique indépendante du temps, qui satisfait à la loi
d'Ohm et dont la valeur est 80. 10 8 U.P. à i5°.
La méthode d'épuration électrique ne s'applique donc pas à ces deux
derniers liquides.
De cet ensemble de recherches se dégage une conclusion importante : un
courant prolongé, à travers un liquide mauvais conducteur, amène à un
régime de conductibilité limite qui peut, suivant les cas, et pour un même
liquide, être inférieure ou supérieure à la conductibilité initiale; contrai-
rement à une opinion fréquemment admise, rien ne permet de considérer
a priori comme une propriété spécifique du liquide pur celte conductibilité
limite, même lorsqu'elle constitue une limite inférieure et qu'elle satisfait à
la loi d'Ohm.
PHOTOCHIMIE. Détermination de l'ordre d'une réaction photochimique.
Note (') de M. A. Tian, présentée par M. G. Lippmann.
Dans le cas des phénomènes photochimiques, l'élude de la vitesse de
réaction en fonction de la dilution se complique du fait que l'absorption de
la lumière, et par suite l'éclairement des molécules réagissantes, varient
avec la concentration. On a même pu dire que l'ordre des réactions photo-
chimiques dépendait de la concentration et que, par conséquent, celte
notion étail illusoire pour de tels phénomènes. Je me propose de montrer
(') Présentée dans la séance du i3 mai 1913.
SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1769
comment il est possible de déterminer correctement, dans la plupart des
cas, l'ordre d'une réaction photochimique.
i° Absorption négligeable. — Supposons d'abord qu'on puisse rendre
négligeable l'absorption de la lumière active, en opérant avec des solutions
diluées et en couche mince. Le problème à résoudre est alors identique à
celui qui se pose en cinétique chimique ordinaire, à seule condition que
l'éclairement incident reste le même durant toutes les expériences :
C,, C2, ..., C étant les concentrations des substances réagissantes, et
dQ:dt la vitesse de réaction, il faudra chercher les exposants a, j3, ..., u.
tels que
dQ : dl
Cï,cg,...,CE = cons'-=K-
L'ordre total de la réaction sera
« -H (3 -+- : . . 4- fx = u.
20 Absorption totale. — Supposons au contraire qu'on puisse pro-
voquer l'absorption totale des radiations actives en opérant avec des
solutions peu diluées et en couche épaisses. Admettons, puisque cela se
présente presque toujours, la validité de la loi de Béer pour le système en
réaction. L'équation donnant la vitesse de réaction par centimètre carré
exposé, établie dans une Note précédente {'),
(■) S=2Ϋ(— -)
(/ épaisseur de la couche et, pour une quelconque des radiations inci-
dentes, cp vitesse par centimètre cube pour l'éclairement 1; 1 éclairement
et a constante d'absorption), deviendra
f^ — y i e
dt £* a *
Diluons le système N fois, sans changer les proportions relatives des corps
en présence (autre que le diluant s'il s'agit d'une solution), on aura
rt'=«:N (loi de Béer),
cp'=: cp ; Nw (co, ordre total de la réaction),
(') Comptes rendus, 26 mai 19 1 3.
C. R., i9i3, i« Semestre. (T. 156, N° 23.) 225
1760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et par suite
Le rapport des vitesses mesurées expérimentalement permettra donc de
déterminer a>.
Ainsi dans le cas d'une réaction du premier ordre la quantité décomposée
par seconde sera la même quelle que soit la dilution. Dans ce cas, assez
fréquent, la concentration du système décroîtra avec le temps suivant une
loi linéaire. C'est celle de la décomposition photochimique d'une solution
de H202 renfermant au moins quelques milligrammes par centimètre carré,
exposée à la lumière, relativement peu pénétrante, d'une étincelle d'alu-
minium.
Au contraire, dans le cas d'une réaction plurimoléculaire, la lumière
active, entièrement absorbée, fournie au système produira d'autant moins
d'effet que la dilution sera plus grande (hydrolyse de l'acide chloropla-
tinique).
Dans ces expériences, si les produits formés ne sont pas transparents
ou catalysent la réaction, on devra déterminer, pour chaque dilution, la
vitesse initiale.
3° Absorption quelconque. — En lumière monochromatique, dans certains
cas, on peut tenir compte de l'absorption (formule de Goldberg et Luther
par exemple). Comme on ne dispose pas facilement d'éclairements mono-
chromatiques suffisamment intenses, on est amené, en pratique, à opérer
presque toujours en lumière complexe; il sera très difficile, en général, de
ramener la vitesse de réaction à sa véritable valeur.
La méthode suivante permet de vérifier très simplement en lumière
complexe si une réaction est ou n'est pas du premier ordre, quelle que soit
l'absorption lumineuse, à seules conditions que la loi de Béer soit applicable
et que les substances formées ne puissent troubler le phénomène chimique
ou l'absorption lumineuse.
Exposons à la même lumière des couches de concentrations diverses,
mais renfermant par unité de surface la même quantité de substance (épais-
seur en raison inverse de la concentration). Dans l'expression de la vitesse
de réaction, équation (1), les exponentielles conserveront, dans tous les cas,
la même valeur. Soient alors deux expériences pour lesquelles les concen-
trations sont dans le rapport de 1 à N, si la vitesse de réaction par centi-
SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1761
mètre carré est la même, c'est que
fc a- £-*:>»
Cette relation étant vérifiée pour un éclairement quelconque, c'est-à-dire
quelles que soient les constantes A, B, . . ., on devra avoir une série d'égalités
telles que
où — figure le
rapport des densités de vapeur réelle et théorique de l'eau, et M son poids
moléculaire physique, à l'état liquide (3).
I. Ce diviseur commun 0,183 n'a de raison d'être qu'à ioo°, car ses
d'
deux facteurs composants, -7 et M, varient avec la température. Ainsi, il
est admis que l'eau est un liquide polymérisé (') contenant, à o°, de 200e
à 3oosd'agrégals moléculaires, proportion qui s'abaisse par l'action de la cha-
leur; de là résulterait un poids moléculaire physique moyen de l'eau liquide
(') Comptes rendus, 10 avril 191 1.
(2) Présentée dans la séance du 2 juin 1 91 3.
(3) Raoult, Tonomèlrie, p. 79 et 85.
(4) Duclaux, Revue générale des Sciences, 1912, p. 886.
1762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M0 = 22,5, ào°, à partir duquel décroîtrait MT, toujours supérieur à la valeur
chimique. Dans cette conception, l'application de la méthode d'Arrhenius
au calcul des degrés a, à la température T, exige la substitution à o,i85 du
diviseur commun &.r = ( -r ) X
'rf'\ . Mt
100
II. On peut déduire, des recherches de Raoull sur les solvants usuels,
l'énoncé d'une loi générale, en exprimant la loi de Raoult et Recoura sous
la forme suivante : , = ( — ) x — -; or, c'est seulement lorsque la
fn \«/t 100 1
solution est infiniment étendue que cette égalité est rigoureusement véri-
cV
fiée avec la valeur exacte de MT; comme, entre o° et 25°, -? devient égal à
l'unité, on a lim- — — = MT = 100 oT; d'où : pour chaque solvant, à une
f—
J 100
température T, comprise entre o° et 25°, la diminution moléculaire des ten-
sions de vapeur de ses solutions tend, lorsque la dilution augmente indéfini-
ment, vers une valeur limite, représentée par le poids moléculaire physique MT
du solvant liquide. Dans le cas de l'eau, le — de MT figure le diviseur ôT,
base du calcul des degrés de dissociation oc.
III. La limite MT, rattachée uniquement à une propriété fondamentale de
structure du dissolvant, se rapporte à une molécule-gramme quelconque dis-
soute. Donc, si un ion est cinétiquement équivalent à une molécule, MTdoil
mesurer identiquement, dans la solution infiniment étendue d'une molé-
cule-gramme d'un électrolyte, intégralement dissocié, l'abaissement partiel
dû à chacun de ses x ions-grammes. La diminution moléculaire limite serait
alors xx Mr, ou, à ioo° : x x 18, 5, soit, pour un sel à 2 ions : 37; pour un
sel à 3 ions : 55, 5 ; on a ainsi la valeur des ordonnées d'origine des courbes
tonométriques à ioo°. Cependant, les expériences de Raoult montrent
la tendance générale des ordonnées ■. à décroître vers des limites
° fn
extrêmement inférieures, voisines même, pour les électrolytes à 3 ions, du
nombre 18, 5 relatif aux substances organiques. Faut-il donc supposer que
ces courbes, au point où s'arrêtent les expériences, présentent toutes un
minimum et doivent se relever, dans la région des grandes dilutions, qui
nous est actuellement inconnue; ou bien faut-il admettre que rien ne fait
prévoir ce changement d'allure et qu'elles convergent vers le même point,
avec celles des substances organiques? Il en découlerait l'équivalence ciné-
SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1 763
tique de toutes les molécules-grammes, organiques ou électrolytiques, en
solution infiniment étendue, ce que suggéraient d'ailleurs mes expériences
antérieures en osmométrie.
f fi
IV. La vérification, pour un électrolyte, de rabaissement de • . • vers
des valeurs identiques à celles des solutions organiques, peut être tentée
par une autre voie, par l'action des températures décroissantes. En effet,
contrairement à l'affirmation classique, Raoult a établi, en dernier examen,
f — f ■ 1 ...
que j pour une solution donnée de substance organique, diminue len-
tement avec la température ('). Comment, à cet égard, se comporte un
électrolyte ? Comparons, pour une solution normale de chlorure de potas-
f fi
sium, les valeurs dey à des températures différentes, provenant des
expériences indépendantes de Raoult, à ioo°, (R); de Krauskopf, à 4o°,
(K); et des miennes, à 220, (F) (2); on obtient, conformément aux pré-
visions, les nombres décroissants : (R), o,33o ; (K), 0,298; (F), 0,276;
ce qui engage à étendre la vérification jusqu'à o° : la méthode tonomé-
trique, établie par M. deTonnay-Charente et moi, nous a donné, à cette der-
nière température, une différence/"— f'= imm,7 en huile de vaseline de den-
site d0 = 0,870, d'où ' — ■—— = o,'z3i, valeur venant se placer à la suite des
précédentes, et voisine de celles citées couramment pour les substances
organiques.
Mais il y a plus : calculons les degrés de dissociation a pour chacune de
ces diminutions moléculaires o,33o; 0,298; 0,276; o,23i, en les
divisant, comme on l'a vu, par les diviseurs §T correspondants. Ceux-ci, au
contraire, augmentant de oloo = o,i85 à o0=:o,225, fourniront une suite
de quotients 1 4- a, et de degrés a, présentant une variation décroissante
considérable, de 0,73 à ioo°, jusqu'à o,025 à o°, où a devient presque nul.
Le degré de dissociation électrolytique de la solution normale de chlorure
de potassium, évalué selon le mode tonométrique de Raoult-Arrhenius,
varie donc, avec la température, d'une façon absolument discordante,
imprévue par les mesures de conductivité électrique.
(') Raoult, Tonomélrie, p. 26.
(!) Raoult, Tonomélrie, p. 33. — Khauskopf, J. Ph. Ch., t. XIV, 1910. —
E. Fouard, Comptes rendus, t. 156, p. 622.
1764
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Étude magnétique de la constitution de quelques
alliages d' antimoine. Noie de M. P. Leroux, présentée par M. E. Bouty.
J'ai étudié, à l'aide de la balance magnétique de Curie et Cheneveau ( ' ),
les alliages plomb-antimoine et étain-antimoine.
Les mesures ont été faites sur de petits lingots de 28mm de longueur et
de 5mm de diamètre, obtenus par fusion des alliages dans un moule en alu-
minium et grattés avec des morceaux de verre. Les valeurs relatives qui ont
servi pour construire les courbes sont probablement exactes au centième.
La composition des alliages est connue par les masses des métaux fondus
ensemble, mais elle a été vérifiée par l'analyse.
I. Alliages étain-antimoine. — On admet l'existence du composé Sb-Sn
et de plusieurs solutions solides.
La courbe obtenue dans ce cas (Jîg. 1) présente un point anguleux
002 -
Compositions : S b pour tOO l\
0 20 30 40 SD 60 70 80 90 /| 100
002
0 04
/
0.06
0.08
.01-
012
\
011
018
0.22
0.24
026
-0.3
0 34 -
0.38
.0.4
Fis.
pour Sb = 5o, ce qui confirme l'existence du composé Sb-Sn et s'accorde
(') Œuvres de Pierre Curie, p. 598. Pour la préparation de ces alliages, je me
suis servi de produits commerciaux préparés spécialement parla maison Poulenc, de
façon à être exempts de fer.
SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. I ^65
bien avec le résultat des mesures des forces électromotrices de Pouchine ( ' ),
mais elle possède en outre un deuxième point anguleux pour Sb = o,5,
ce qui correspond peut-être à une solution solide limite (a).
II'. Alliages plomb-antimoine. — On admet généralement l'existence
d'un eutectique en se basant sur le diagramme de solidification et sur
l'étude micrographique; cependant la courbe des forces électromotrices
r
We Compositions :Sb pour t OO
10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0.02
004
006
008
-0.1
012
0.14 -
016
oie
.02
0 22
0 24
0 26
Q 28
0.3-
032
0 34
0 36
0 38
0 .04
/
/
V
i
y
Fig. 7..
de dissolution (3) ne s'accorde pas avec ce fait; elle reste horizontale et
85
s'abaisse brusquement pour Sb = — > puis s'incurve. D'autre part la courbe
des conductibilités électriques de Matthiesen (') n'est pas rectiligne. S'il
existait seulement un eutectique nous devions nous attendre à ce que la
courbe représentant le coefficient spécifique d'aimantation en fonction de la
composition se réduisit à une droite (5). Au contraire cette courbe (Jig- 2)
(') Revue de Métallurgie, t. IV, 1907, p. g33.
(2) Je signalerai en passant que j'ai retrouvé, pour l'antimoine pur, les anomalies
déjà signalées par Curie (Thèse, p. 4') et (]uei de plus, j'ai constaté que l'état de
division de l'antimoine semble influer sur son diamagnétisme.
(3) Pouchine, Revue de Métallurgie, t. IV, 1907, p. 933.
(v) Pogg. Annalen, t. CX, 1860, p. 210.
(') C'est bien le résultat qu'on obtient, ainsi que je m'en suis assuré, pour les
alliages Pb-Sn où l'existence d'un eutectique est certaine.
I766 ACADÉMIE DES SCIENCES,
présente un maximum, puis un point anguleux pour les alliages voisins
de — > ce qui concorde très bien avec le résultat trouvé par Pouchine.
100 ^ L
Les alliages plomb-antimoine sont donc plus compliqués qu'on ne
l'admet généralement. L'existence d'un composé à — ou — - de Sb est
0 L 100 100
probable.
PHOTOCHIMIE. — Synthèse photocliimique d 'un composé nouveau, Voxycya-
nure de carbone, au moyen des rayons ultraviolets. Note de MM. Daniel
Bertiielot et Henry Gaudechox, présentée par M. E. Jungfleisch.
L'oxyde de carbone est un composé non saturé, très apte à donner sous
l'influence de la lumière des produits d'addition. Le plus anciennement
connu est l'oxyclilorure de carbone C1COC1 qui se forme dans l'action
des rayons solaires directs sur le mélange de chlore et d'oxyde de carbone.
Les analogies chimiques du radical cyanogène CN avec le chlore Cl nous
ont engagé à essayer d'obtenir par l'action des rayons ultraviolets sur le
mélange de cyanogène et d'oxyde de carbone, le composé analogue, l'oxy-
cyanure de carbone CNCOCN, et nous y avons réussi. Ce composé
nouveau est intéressant par sa simplicité; les corps ternaires connus jus-
qn'ici, formés de carbone, d'azote et d'oxygène, étant relativement rares
et de structure plus compliquée.
Nous avons constaté autrefois que les rayons ultraviolets ne modifient
pas l'oxyde de carbone seul : ce gaz n'est ni polymérisé, comme il l'est par
l'effluve, ni dissocié en carbone et anhydride carbonique, comme il l'est
par la chaleur; quant au cyanogène, il est rapidement polymérisé en para-
cyanogène solide de couleur brune.
Il en va tout autrement quand CO et C2N2 sont mélangés. Suivant une
constatation déjà faite par nous sur divers gaz polymérisables, mis en pré-
sence d'un excès d'autres gaz sur lesquels ils réagissent, C2N2 ne se poly-
mérisé-plus, mais se combine à CO, et les deux gaz disparaissent simulta-
nément.
Les mélanges de CO et C2N2 étaient exposés en tubes ou ballons de
quartz devant la lampe à mercure durant une douzaine d'heures ('). Au
(') L'action est due surtout aux rayons de courte longueur d'onde \7' 76»57 23,29 2.3,11
5 79:46 79.42 20,54 20,76
6 79-46 79, 3o 20,54 20,59
7 95'68 95>49 4,32 4,5i
8 95,68 . 95,32 4,32 4,48
SÉANCE DU 9 JUIN IO,l3. I77I
L'entraînement d'un peu de chrome par le fer dans les dosages 7 et 8,
affecte d'une façon faible, mais évidente, les teneurs en oxyde de fer.
Dans les deux cas, la masse du mélange d'oxydes pulvérisé, corrigée de la perte au
feu, est voisine de os, 3, sauf pour les mélanges pauvres en chrome où elle est de os, 4
à os,5.
Etalée dans une nacelle sur une longueur de 5cm à 6cnl, on chauffe dans celte région
le tube sur une longueur d'environ iorm: on déduit le poids d'oxyde chromique du
poids de chlorure chromique obtenu en ajoutant à celui qui reste dans la nacelle celui
qu'on recueille dans un creuset de Gooch taré, après l'avoir porté a ioo°, avant les deux
pesées.
Pour le lavage du tube, qui se fait à l'eau froide, on doit le sectionner, afin de retirer
la nacelle sans entraîner le chlorure ferrique qui s'est partiellement déposé en avant du
tube, à cause de la lenteur du courant gazeux; on a le poids d'oxyde de fer en précipi-
tant cet oxyde par l'ammoniaque dans les eaux de lavage oxydées par l'eau de brome ou
i'acide nitrique, auxquelles on a ajouté celles qui sont contenues dans le laveur dis-
posé à la suite du tube où se fait l'opération.
Dans les mélanges pauvres en fer, l'oxyde ferrique, recueilli dans un creuset de pla-
tine, doit être traité par l'acide fluorhydrique pour être débarrassé de la petite quantité
de silice qu'il contient.
En résumé, cette méthode nous semble recominandable :
i° Pour des mélanges pauvres en chrome, à cause de son exactitude ;
20 Pour des mélanges de teneur quelconque lorsque, au cours d'une
analyse, les deux oxydes ont été amenés à l'état d'oxydes calcinés.
Nous appliquons cette méthode à la séparation de l'aluminium et du
chrome, et à l'analyse de la chromite qui renferme, notamment, des oxydes
de chrome, de fer et d'aluminium.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la constitutioii des par amolyb dates
et des paratungstates. Note de M. II. Copaux, présentée par M. Haller.
On a coutume d'appeler /wamolybdates et /j«ratungstates deux groupes
de sels qui ont entre eux quelques ressemblances, mais qui sont au fond
bien distincts.
Ils diffèrent d'abord par la composition brute. Ainsi le paramolybdale
d'ammoniaque, le réactif ordinaire de l'acide phosphorique, a pour
formule
7.Mo03.3(NlP)20-t-4H20;
le paratungstate d'ammoniaque :
i2Tu03.5(NHt)-0 + nH20.
I772 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Et même ils diffèrent parla constitution, si les considérations suivantes
sont exactes.
1. Celte constitution, inconnue jusqu'ici, est certainement du type com-
plexe, en raison même de l'aspect anormal des formules empiriques et aussi
de l'abondance des sels complexes parmi les composés du molybdène et du
tungstène.
Or on simplifie beaucoup la manière de représenter ces complexes
molybdiques et tungstiques, en les considérant, avec M. Miolati, comme
des produits de substitution.
Par exemple, le molybdoaluminate de sodium
A.ls08.i2Mo03.3NasO +aq.
s'exprime d'une façon plus satisfaisante par
[AI(Mo:i07):)JNa34-aq.
qui dérive de l'orllioaluminate AlO'Na3, par substitution de trois radicaux
bivalents Mo2(_)7 à 3at d'oxygène. De même, le molybdoperiodate
PO',i2Mo03.5Nas0 4-aq.
dérive du periodale type 1UGM5, par remplacement de 3:,t d'oxygène
sur G
ri(Mo20")3"
O3
Na5-t-aq.
D'après cette manière de voir, les nombreux sels complexes qui encom-
brent la chimie du molybdène et du tungstène seraient mieux placés auprès
de leurs acides générateurs, acides polybasiques ou peu énergiques, de
l'aluminium, du bore, du silicium, acides organiques, etc.
Mais l'anhydride molybdique lui-même, MoO3, correspond à un acide
o/7/jo-molybdique MoOGH", dont les sels, inconnus à l'état libre, doivent
acquérir de la stabilité par introduction des radicaux Mo207, ainsi qu'on
l'observe dans tous les autres cas. Et si l'on remplace dans la molécule
MoO°M°, 3at d'oxygène sur G, comme dans les molybdoperiodates, on
obtient la formule
O3 JMG + ac
qui est bien celle des paramolybdates, mise sous une forme plus rationnelle
\ M étant un métal monovalent ).
séance du 9 juin igiS. 1773
Dans cette hypothèse, les paramolybdates sont des orthomolybdates
substitués, où le molybdène joue deux rôles, l'un, générateur de l'acide;
l'autre, substituant.
2. Quant aux paratungstates, ils sont, à mon avis, d'une autre nature.
,Ic les considère comme des /y^rotungstates, parce que leur mode de
formation ressemble à celui des métatungstates, qui sont assurément des
bydrotungstates. En effet, quand on traite le tungstate neutre de soude en
solution diluée, chaude, par un excès d'acide fort, il se fait du méta-
lungstate; quand on traite le même tungstate neutre en solution concentrée,
froide, par un excès d'acide carbonique, il se dépose des cristaux de para-
tungstate de sodium : les deux réactions ne diffèrent que par l'intensité.
Aussi, rappelant pour mémoire la formule de constitution des méta-
tungstates :
[H2(Tir-0")f']M';JI1+aq.,
je représenterai les paratungstates par
[H(Tu!07)3]M54-aq.,
formule qui n'est pas la seule possible, mais la plus simple qui soit compa-
tible avec la composition des paratungstates, avec la nature d'bydro-
tungstates que je leur attribue et avec la notation coordonnée.
L'acide hydrique générateur qui, pour les métalungstates, est
[H206]H6IF ou (H20)", serait, pour les paratungstates, [H03JH5 ou
(H-O)3, soit justement le trihydrol, qui passe pour être l'un des consti-
tuants de l'eau liquide.
3. La meilleure manière de prouver l'exactitude de ces formules serait
de les appuyer sur des rapproebements isomorpbiques, comme ceux qui
m'ont servi dans l'étude des métatungstates. Mais aucun sel actuellement
connu ne se prêtant à une telle comparaison, il faut y renoncer, au moins
provisoirement.
Par contre, je puis ajouter deux sortes d'arguments qualitatifs à l'appui
de mes formules.
Absorption de la lumière . -- Le premier est fondé sur l'absorption.
J'ai observé précédemment que les tungstates complexes absorbent
énergiquement la lumière ultra-violette, fait d'autant plus notable que les
1774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tungstates simples sont à peine absorbants ('). La différence est moins
grande entre molybdates simples et molybdates complexes, mais dans les
deux cas elle est amplement suffisante pour servir de réactif de la com-
plexité.
On placera donc la substance, dissoute ou mise sous forme de lamelle
cristalline, sur le trajet du faisceau lumineux d'un arc au fer, et l'on déter-
minera la limite d'absorption par photographie du spectre.
Les paratungstates, ainsi essayés, se montrent moins absorbants que les
métatungstates, mais beaucoup plus que les tungstates simples; les para-
molybdates absorbent moins que les silicomolybdates, mais plus que les
molybdates simples, plus même que les molybdoperiodates, qui sont évi-
demment des complexes. Ainsi se trouve justifiée la présence des groupes
caractéristiques, Mo207 et Tu-O7, dans les sels para.
Déshydratation. — De plus, j'ai déshydraté par la chaleur les quatre
sels suivants, choisis comme types, et mesuré les quantités d'eau qu'ils
retiennent, à températures croissantes :
Paramolybdntc
Molybdopcriodale
ParatungstaLe
Pa
•atungslatc
de sodium
de sodium
de
[IKT
sodium
r<> )'| Nas
de
[H
potassium
Tu'O1)3^]
rMo(Mo-0 )<
Nac
[I(M03°,)J]Na'
T.
-n3,.r> H-O.
+5 H-O.
+22IPO.
-M/jH-O.
0
H»0
11-0
H' 0
H'O
I IO.
2,5
2.7
1
0,3
i5o.
2
2,2
0,5
0,1
200.
1,2
.,2
O
O
a5o.
°>7
°>7
O
départ d'iode.
Les deux premiers sels, hydratés par constitution, se sont déshydratés
plus difficilement que les deux derniers, conformément aux formules
admises.
chimie MINÉRALE. — Sur les points de transformation et la structure des
aciers nickel-chrome. Note de M. Lïoon Guii.let, présentée par M. Le
Chatelier.
J'ai eu l'honneur d'indiquer à l'Académie les diagrammes qui relient la
structure et la composition chimique des aciers-nickel d'une part(2), des
(') H. Copaux, Ann. de Cliim. et de Phys., 8'' série, t. XXV, 1912, p. 3g.
(-) Comptes rendus, igo3, 2e semestre, p. /|'i.
séance du 9 juin igi3. 1775
aciers au chrome ('), d'autre part. Au contraire de ce qui se passe poul-
ies aciers nickel-manganèse, le diagramme des alliages quaternaires fer-
carbone-nickel-chrome ne paraît pas se déduire de ceux des alliages ter-
naires fer-carbone-nickel et fer-carbone-chrome.
Il est, d'ailleurs, bien à noter que les diagrammes que j'ai déterminés
ne sont pas des diagrammes d'équilibre. Différents auteurs ont déjà indiqué
quelques résultats obtenus avec les aciers nickel-chrome(-) et M. ( irenet(3)
a fait des remarques d'ordre général sur l'influence de divers éléments tels
que chrome et tungstène qui, ajoutés au fer, n'abaissent les températures
de transformation au refroidissement qu'en présence du nickel.
J'ai cherché à préciser l'influence du chrome sur la position des points
de transformation d'aciers au nickel afin d'établir les conditions de compo-
sition que doivent remplir les aciers nickel-chrome trempant à l'air, qui
acquièrent actuellement une si grande importance industrielle. Mes obser-
vations ont porté sur une cinquantaine d'échantillons; je résumerai dans
le Tableau suivant les résultats caractéristiques : ils ont été obtenus avec
l'appareil Saladin-Le Chatelier en chauffant les échantillons jusqu'à iooo°,
la vitesse d'échauflement étant de 4oo° à l'heure et la vitesse de refroidisse-
ment de 35o° à l'heure.
Points de transformation
Compo
sition chi
mique.
au refroi-
C.
Ni.
Cr.
à réchauffement.
dissement.
Strucl m e.
0,o;
3,4o
0
670-
690 et
-5o
645 et 55o
Perlile
o,o5
0
0,60
;'■"'
700 et 660
»
0,08
3,44
o,6t
680
et 740
63o et 570
»
0,08
6,5o
0
635-
680
5 1 5
Perlile et Martensile
0,08
0
i,45
7 >.">
72J à 670
Perlite
0, 10
6,24
1,26
680
345
Martensile
0,18
5,25
0
64o
et 675
53ô
Perlile orientée
0,19
0
i,33
700
04 5
Perlite
0,22
5,23
1,18
655
4io
Martensile et Perlite
0.32
2,32
0
680
645-6oo
Perlile
o,3o
0
0,78
67 5
635-5g5
»
0,2a
2,4o
0,66
685
585
»
0,27
4,2
0
64o
53o
»
0,28
0
2,19
710
640
»
o,3i
4.5
i,93
670
Rien
Martensile et Fer y
0,57
2,57
1,60
685
Rien
Fer y et 1111 peu de
Martensite
(1) Comptes rendus, 1904, 2e semestre, p. 426.
(2) Dumas, Recherches sur les aciers au nickel, p. 108. Dunod et Pinal, éditeurs.
(3) GitENiir, Trempe, recuit, cémentation des aciers, p, io5.
C. R., 19.0, 1" Semestre. (T. 15G, N» 23.) 227
1 77^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'examen métallographique met nettement en vue ce fait fort remar-
quable, à savoir qu'à même teneur en carbone et en chrome un acier perli-
tique renfermant du nickel a une tendance plus grande à la structure
eutectoïde : c'est ainsi que l'acier à o,25 pour ioo C, 2,40 pour 100 Ni et
0,66 pour 100 Cr a l'aspect d'un acier ordinaire à 0,75 pour 100 C,
tandis que l'acier à o,3o pour 100 Cet 0,78 pour iooCr correspond à
l'acier ordinaire à o,35 pour 100 G. Toutefois la structure tend vers l'os-
mondite.
D'autre part, ces résultats montrent que l'addition de chrome cà un acier
au nickel agit différemment suivant la teneur en nickel et la teneur en car-
bone de l'alliage : alors que 0,60 pour 100 environ de chrome n'abaisse
pas les points de transformation des aciers à 2,5 ou 3,4 pour 100 de nickel
renfermant 0,08 ou o,a5 pour 100 de carbone, une addition de 1,2 pour
100 de chrome, soit le double, produit un effet extrêmement net sur la
position des points de transformation d'aciers renfermant 4 à 6,25 pour 100
de nickel augmentant l'hystérésis dans'des proportions notables.
Je cherche actuellement à m'assurer si, dans de tels aciers, l'influence du
chrome est proportionnelle à la teneur en cet élément.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de l'alcool diglycérique. Note ( ' )
de M. Jea\ IVivière, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note précédente j'ai exposé les recherches que j'ai effectuées
dans le but d'obtenir l'alcool diglycérique. J'ai montré que l'a-monochlor-
hydrine, réagissant sur la glycérine monosodée, donnait comme réaction
principale du glycide et accessoirement (2 à 3 pour 100) l'alcool diglycé-
rique.
J'ai établi, de même, que l'épichlorhydrine au contact de la glycérine
monosodée conduisait bien par élimination de chlorure de sodium au
monoanhydride interne de l'alcool cherché, mais que celui-ci se polyméri-
sait au fur et à mesure de sa formation.
Devant ces résultats je pouvais supposer qu'en bloquant les fonctions
alcools dans la monochlorhydrine, par des radicaux acétyles par exemple,
et faisant réagir cette chlorodiacétine dissymétrique sur la glycérine mono-
sodée, j'obtiendrais par élimination de chlorure de sodium la diacétine
(') Présentée dans la séance du 26 mai 191 3.
SÉANCE DU 9 JUIN IO,l3. 1777
dissymétrique de l'alcool diglycérique. Cette diacétine saponifiée condui-
rait à l'alcool cherché.
J'ai préparé la chlorodiacétine dissymétrique par un nouveau procédé
consistant à faire réagir l'anhydride acétique sur l'a-monochlorhydrine
ohtenue comme je l'ai déjà indiquée ( voir Note précédente).
Après ébullition au réfrigérant ascendant (3 heures) avec un excès d'anhydride
(2 à 2.5 la quantité théorique), on chasse l'acide et l'excès d'anhydride acétique par
distillation à la pression ordinaire.
On lave ensuite à l'eau pour dissoudre l'a-monochlorhydrine qui n'aurait pas réagi.
On distille dans le vide [E (9mm) = 1 i3°-i i£°].
Le rendement est satisfaisant : ^5 pour 100 de la théorie.
Je rappelle que le procédé de M. de la Acefia (') donnait 5o pour 100 de la théorie
et nécessitait 8 jours. Il consistait à faire réagir l'acide acétique saturé de HO sur la
triacétine en milieu êthéré.
La chlorodiacétine dissymétrique, réagissant sur la glycérine monosodée,
donne une réaction complexe et, accessoirement, la diacétine dissymétrique
de l'alcool diglycérique. On obtient dans cette réaction, comme résidu de
distillation, un corps qui gonfle sous l'action de l'eau, analogue aux
mucilages végétaux.
Pour préparer l'alcool diglycérique, j'ai été amené à faire réagir en
proportions équimoléculaires le glycide sur la glycérine :
CHS\ CH2 — OH CH2— O — CH2
1 >0 l 1 1
GH/ + CH — Oïl = CH — OH CH — OH
Cil2— 011 CH2— OH CH2— OH CH2— 011
Pour préparer le glycide, j'ai modifié légèrement le mode opératoire
de M. Bigot (-).
Cette modification consiste à faire réagir le sodium, par trois ou quatre morceaux à
la fois d'environ 2&, sur la monochlorhydrine dissoute dans trois fois son volume
d'élher absolu. On porte le ballon muni d'un réfrigérant ascendant dans un bain-marie.
11 faut s'attacher à ne pas dépasser 4o°.
La modification consiste donc essentiellement à faire agir le sodium en plus petits
morceaux pour augmenter la rapidité de la réaction et éviter ainsi le contact nuisible
du métal alcalin avec le glycide. Car cet alcool au contact du sodium se polymérise et
comme conséquence le rendement diminue.
(') Comptes rendus, t. 139, p. 867.
(2) Arin. de Chim. et de Phys., 6e série, t. XXII, p. 481.
1778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En opérant comme je viens de l'indiquer, j'ai augmenté le rendement
de 29 à 55 pour 100 de la théorie.
Pour préparer l'alcool diglycérique, on chauffe au bain-marie, durant 6 à 7 heures,
le glycide et la glycérine anhydre en proportions équimoléculaires. Le produit de la
réaction, soumis à la distillation dans le vide, se décompose partiellement. On évite
cet inconvénient en acétylant directement le mélange par ébullition avec l'anhydride
acétique.
On recueille au début de la triacéline et, entre io,5°-2o5° sous imm à 2mro, la tétra-
acéline de l'alcool diglycérique avec un rendement qui est environ le poids du glycide
employé.
La tétraacétine de l'alcool diglycérique se présente sous l'aspect d'un
liquide oléagineux, soluble en toute proportion dansl'éther, l'alcool, l'acide
acétique même fortement dilué; insoluble dans l'eau.
Elle bout à i96°-i97° sous 3mm. Sa densité par rapport à l'eau à 170
est de 1, 1 8 3 5 .
Elle a été caractérisée par l'analyse et le poids moléculaire.
Pour obtenir l'alcool diglycérique on saponifie la tétraacétine par la quantité juste
nécessaire d'une liqueur alcoolique de soude, en la maintenant 3 heures au réfrigérant
ascendant.
On ajoute ensuite la quantité légèrement inférieure d'acide sulfurique nécessaire à
la transformation totale de l'acétate en sulfate de sodium.
On lave à l'alcool le sel alcalin. On distille à la pression ordinaire le dissolvant et
l'on termine dans le vide. On recueille l'alcool diglycérique à 235°-24o° sous 6mm.
On obtient un liquide légèrement jaunâtre (provenant d'un commence-
ment de décomposition), extrêmement visqueux, coulant avec difficulté à
froid, fluide à chaud.
Insoluble dans l'éther, soluble dans l'eau et l'alcool; il est hygrosco-
pique comme la glycérine.
Il a été caractérisé par sa composition centésimale et la détermination
du poids moléculaire.
J'ajouterai qu'en acétylant au préalable des résidus de la distillation des
glycérines industrielles, j'ai pu en retirer par distillation fractionnée, sous
pression réduite, la tétraacétine de l'alcool diglycérique qui y est contenue
dans la proportion de i pour ioo environ.
séance du 9 juin igi3. 1779
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérives de lu $-mëthylcyclopentanone.
Note de MM. Marcel Godciiot et Félix Taboury, présentée par
M. Jungfleisch.
Dans une précédente Communication ('), nous avons indiqué les résultats
obtenus par nous dans l'action du chlore sur la cyclopentanone et nous
avons montré que le dérivé monochloré qu'elle fournit peut servir de
matière première pour l'obtention d'une cyclopentanolone et d'une cyclo-
penténone. La présente Note a pour but de faire connaître les recherches
analogues effectuées sur la (3-méthylcyclopentanone (2).
fi-me'thyl-'x-c/ilorocyclopenlanone CH'OCl :
Ce composé s'oblient quanti on fait passer du chlore sec sur la [3-mélhvIcYclopenta-
none, maintenue à la lumière diffuse, en évitant de dépasser une température de a5°
et en s'arrêtant lorsqu'on a fait réagir un peu plus -de 2at de chlore pour 1 luo1 de célone.
On traite alors le produit de la réaction par un grand excès d'eau, on extrait l'huile
à l'éther, on lave la solution éthérée plusieurs fois à l'eau et l'on chasse l'éther par
distillation après avoir desséché à l'aide du sulfate de sodium anhydre. Par fraction-
nements répétés dans le vide du résidu, on arrive à isoler un composé, bouillant
vers 8o°-82° sous 8mm, qui est constitué par de la chlorométhylcyclopentanone; les
rendements sont voisins de 5o pour 100.
Cette cétone chlorée, qui est liquide, a pour densité, à 220, 1,128 et
pour indice de réfraction, à 220 et par rapport à la raie D, i,465o, ce qui
donne pour la réfraction moléculaire 32,45, alors que la réfraction molé-
culaire théorique est égale à 32,75. Nous montrerons un peu plus loin que
sa formule de constitution est
Cil3
IPC
rPC.IIC
S a
co
CH Cl
$-méthyl-ct.-oxycyclopentanone C'H,0O2. — La chlorométhylcyclopen-
tanone présente les mêmes propriétés que celles que nous avons indiquées
pour la chlorocyclopentanone; c'est ainsi que l'eau, à ioo°, l'hydrolyse en
(') Comptes rendus, t. 156, p. 332.
(2) Cette célone nous a été fournie gracieusement par les Farbenfabriken vorm.
Friedr. Bayer et Cie. Préparée en partant de l'acide (3-méthyladipique, obtenu lui-même
par oxydation du paraméthylcyclohexanol, la [3-méthylcyclopentanone bout à i!\i° et
est inaclive sur la lumière polarisée.
1780 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donnant la cétone-alcool correspondante; mais cette formation est toujours
accompagnée d'une production importante de méthylcyclopenténone.
708 de cétone chlorée et 5oos d'eau sont placés dans un ballon muni d'un réfrigérant
ascendant et chauffé au bain-marie bouillant. Peu à peu, la méthylchlorocyclo-
pentanone disparaît, tandis que la solution devient fortement acide en même temps
qu'elle se colore; on neutralise par du carbonate de soude solide et l'on agite la liqueur
neutre un grand nombre de fois à l'élher; la solution éthérée, desséchée sur du sulfate
de sodium anhydre, abandonne par évaporation un résidu huileux qui, par distilla-
tions fractionnées dans le vide, sous I2mm, fournit deux composés : l'un, bouillant
vers 5o°, constitué par une méthylcyclopenténone, et l'autre, bouillant vers 83°-85°,
qui n'est autre chose qu'une méthylcyclopentanolone.
Cette méthylcyclopentanolone constitue un liquide sirupeux, légèrement
jaunâtre, très soluble dans les dissolvants usuels; elle donne, en solution,
une coloration brun rougeâtre avec la potasse, et une coloration rouge
violacé avec le perchlorure de fer. Elle possède une certaine acidité cpii fait
virer au rouge le Iackmoïde. Avec l'acétate de phénylhydrazine, elle donne
une phénylhydrazone, mais cette dernière s'altère très rapidement.
Lorsqu'on soumet cette cétone-alcool à l'action oxydante du permanganate
de potassium, on obtient un acide cristallisé, fusible à 77°-78°, identique
à l'acide a-méthylglntarique. Ce résultat établit nettement la constitution
de ce nouveau composé, qui est dès lors de la (3-méthyl-a-oxycyclo-
pentanone, et par suite celle de la méthylchlorocyclopentanone dont il
dérive :
HSC
CtFHC
CH2
/\co
CH2
tpc/^co
CH2 GH3HC
CH2
n-c/\x>
CHCI
Cll'IIC
CH2
Hsc/NxtOH
CHOH
GH'HC
-COOH
^-méthylcyclopenténone C6 H8 O. — Cette cétone prend naissance en même
temps que la méthycyclopentanolone décrite plus haut; elle dérive de la
méthylchlorocyclopentanone par perte d'une molécule d'acide chlorhy-
drique :
CH2 GH8
ll-C,
cipiid
U
CO
CMGI
H2 G
CIPC
CO
CH
Cette constitution est du reste vérifiée par les résultats obtenus en oxydant
cette cétone par le permanganate de potassium; on obtient en effet un
mélange d'acide formique et d'acide succinique.
SÉANCE DU 9 JUIN I()l3. 1781
Cette (3-métbylcyclopenténone constitue un liquide incolore, à odeur
agréable, bouillant vers ir>7°-i58° à la pression ordinaire. Sa densité à 260
est égale à 0,9712 et son indice de réfraction à la même température et par
rapport à la raie D est égale à i,47i4> ce qui donne comme réfraction
moléculaire 27,(54, alors que la théorie exige 27,408. Elle est très soluble
dans l'eau et les autres dissolvants usuels. Sa semicarbazone forme de belles
feuilles incolores, fusibles vers 23o°; son oxime est constituée par des
tables, solubles dans l'eau et fusibles à 1270.
L'étude de ces corps nous a paru intéressante, car différents auteurs ont
retiré des huiles de bois des produits très voisins de ceux que nous décri-
vons aujourd'hui. En particulier, Looft (') a isolé une a-mélhylcyclo-
penténone, isomère, par conséquent, de celle que nous avons préparée
synthéliquement; très récemment, Meyerfeld (2) a pu également extraire
de ces huiles une mélhylcyclopenténolone. Aussi poursuivons-nous ces
recherches.
BOTANIQUE. — Nouvelles observations sur le chondriome des Champignons.
Note de M. A.. Guilliermo.vd, présentée par M. Gaston Bonnier.
A. Dans deux Notes antérieures (3) nous avons signalé l'existence d'un
chondriome dans les asques de Pustularia vesiculosa et de plusieurs autres
Ascomycètes. C'était la première fois qu'on constatait la présence de mito-
chondries dans les Champignons. Au contraire, dans les levures et dans les
diverses moisissures, il ne nous avait pas été possible jusqu'ici de mettre en
évidence un chondriome.
Les observations que nous avons poursuivies depuis nous ont permis de
constater au contraire que la présence d'un chondriome paraît générale
chez tous les Champignons.
B. Nous l'avons retrouvé dans les organes de fructification de plusieurs Autobasi-
diomycètes. dans les cellules pseudoparenchymateuses du cliapeau, et surtout dans les
basides qui montrent une grande abondance de chondriocontes dont quelques-uns
forment des vésicules de sécrétion (fig. 1).
(') Liebig's Annalen, t. 273, p. 3-2.
(2) Chemiker Zeilung, n° 59, 1912.
(3) Comptes rendus, juillet 191 1 èl Comptes rendus de la Société de Biologie,
mars 1 9 r 3 .
I782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Enfin nous avons pu mettre en évidence un chondriome dans un certain nombre de
Champignons filamenteux et de levures.
C'est dans le Pénicillium glaucum que ce chondriome a été observé avec le plus de
facilité. Dans les extrémités des filaments en voie de croissance, où les articles
n'offrent généralement pas de vacuoles, le chondriome est constitué par de nombreux
chondriocontes, très minces et très allongés, à formes sinueuses et le plus souvent
disposés parallèlement les uns aux autres dans le sens de l'axe longitudinal du filament
Chondriome des Champignons (méthode de Regaud; grossissement = 1000).
(Jig. 4). Dans les articles un peu plus âgés, le cytoplasme se creuse de nombreuses
vacuoles et les chondriocontes se répartissent dans toute la trame cytoplasmique qui
limite les vacuoles {Jig. 5 à 7). Il n'est pas rare de rencontrer des accumulations de
chondriocontes au voisinage des noyaux.
Le chondriome participe à la ramification et, lorsqu'un article produit une ébauche
de rameau latéral, on voit une partie du chondriome s'introduire avec quelques-uns
des noyaux dans le jeune rameau. Enfin, on retrouve un chondriome toujours très
abondamment représenté dans toutes les cellules des conidiophores et dans les
conidies (fig. 2 et 3).
Ce chondriome se différencie avec la plus grande netteté avec les méthodes de
Regaud et de Benda et même avec celle de Altmann. Seulement sa différenciation est
SÉANCE DU 9 JUIN 191 3. 1^83
très délicate et ne peut être bien effectuée que sur des coupes à la paraffine, difficiles
à réaliser lorsqu'il s'agit d'un mycélium. C'est ce qui explique nos premiers
insuccès.
Nous avons observé un chondriome analogue dans plusieurs Champignons fila-
menteux (Endomyces Magnusii, Endomyces Jibuliger, Botrylis cine/'ea). Dans les
oïdies de VEnd. Magnusii et surtout dans celles qui sont en voie d'enkystement, il
est fréquent de rencontrer des vésicules de sécrétion formées aux extrémités ou an
milieu du trajet des chondriocontes (fig. 9 a 11). Enfin dans V Endomyces Jibuliger,
une partie des chondriocontes forment sur leur trajet de petits renflements qui
finissent par s'isoler en grains sphériques qui grossissent sensiblement et peuvent être
identifiés aux grains basophiles dont nous parlerons plus loin à propos des levures
{fig- §)•
Dans les Champignons où le mycélium est très réduit el où les formes levures
dominent, de même que dans les véritables levures, le chondriome est beaucoup plus
difficile à différencier parce qu'il est encore plus malaisé d'obtenir des coupes de ces
Champignons. Cependant, il nous a été possible d'observer un chondriome dans
V Endomyces albicans el dans plusieurs levures.
Dans les formes mycéliennes de VEnd. albicans, le chondriome se présente
sous forme de chondriocontes allongés {fig- 12). Il e>l formé au contraire par de
courts bâtonnets et surtout par des mitochondries granuleuses dans les formes levures
du même Champignon (fig. i3). Le noyau est souvent entouré de nombreuses mito-
chondries qui gênent sa différenciation.
Les levures que nous avons examinées (S. cerevisice) (Jig. 16 el 17) et S. Ludwigii
(fig. i5) présentent aussi un chondriome où dominent les mitochondries granuleuses.
En outre, on rencontre des grains sensiblement plus gros que les mitochondries qui
présentent les mêmes caractères de coloration que ces dernières, mais plus résistants
vis-à-vis des fixateurs ordinaires (fig. 17). Ces éléments, qui correspondent en partie
aux grains basophiles signalés par Kohi, par nous et par Pénau, et dont la signification
n'a pas été précisée, résultent de la transformation de mitochondries comme on peut
facilement le constater dans VEnd. Jibuliger.
C. Ces résultats permettent d'expliquer beaucoup de détails de la struc-
ture des Champignons qui étaient restés jusqu'ici obscurs.
Tout d'abord, le chondriome que nous avons décrit dans les Champignons filamen-
teux rappelle beaucoup la structure canaliculaire observée il v a quelques années par
Matruchot dans les Mortiérellées, à l'aide de colorations vitales.
En outre, les éléments du chondriome sont, comme on le sait, fortement altérés par
les agents ordinaires de fixation qui renferment de l'alcool ou de l'acide acétique;
néanmoins, ils persistent à l'état de débris et après coloration à l'hématojyline ferrique
donnent au cytoplasme une apparence confusément granuleuse.
Cet aspect granuleux et les grains basophiles qui résultent de la transformation
d'une partie des mitochondries ont frappé tous les auteurs qui ont observé la cytologie
des levures; c'est ainsi que Wager et Peniston ont été conduits à admettre l'existence
dans le cytoplasme des levures de chromatine diffusé. De même, Pénau a décrit dans
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 228
1784 ACADÉMIE DES SCIENCES.
YEnd. albicans, où le chondriome esl spécialement riche, un réticulum chro-
matique occupant tout le cytoplasme (formation basophile) el qu'il rapproche des
formations chromidiales.
La présence de mitochondries dans les Champignonsoù jusqu'ici on
n'avait pu les mettre en évidence apporte donc un appui de plus à la théorie
qui considère le chondriome comme un élément constant et indispensable
de la cellule, au même titre que le noyau.
Le chondriome des Champignons paraît jouer un rôle important dans les
sécrétions, comme le témoignent la formation aux dépens de ses éléments
des grains basophiles et la production fréquente de vésicules de sécrétion.
Peut-être ces vésicules, qui sont analogues à celles où se dépose l'amidon
dans beaucoup de végétaux supérieurs, jouent-elles un rôle dans l'élabo-
ration des corpuscules métachromatiques, du glycogène et des graisses,
produits si abondants dans les Champignons.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur- l'absorption de différentes formes d'azote par
les plantes; influence du milieu. Note de M. D. Cuoucuak, présentée par
M. Schlœsing fris.
Dans une récente Communication ('), j'ai montré que les racines des
végétaux ont la propriété d'adsorber les différentes formes d'azote; cette
adsorption est en relation étroite avec la concentration de la solution.
J'ai cherché à me rendre compte de l'influence que peut exercer sur ce
pouvoir adsorbant, et aussi sur l'absorption de l'azote par les plantes
vivantes, les modifications du milieu extérieur.
Ces modifications étaient réalisées en ajoutant à ce milieu différents sels :
SO'Mg, SO'Na2, CaCP, MgCI2, SO'Ca, C03Na2, NaCI.
Les expériences étaient conduites comme celles que j'ai indiquées dans la Note
précédente, mais les racines mortes (de 75 plantes) étaient plongées dans une solution
de N 11 v CI à 5™e de i\ par litre, additionnées de 0^,4 de chaque sel par litre; aux plantes
vivantes (il\5) 011 donnait une solution à oms, 25 de N et à is de sel par litre. On a
d'abord constaté qu'en présence de ces sels, pour les racines mortes, l'équilibre n'est
atteint qu'après un temps variable avec la nature et la concentration du sel; afin
d'avoir les résultats comparables, on a limité toujours la durée de contact à 10 minutes.
Pour les plantes vivantes on a constaté qu'après 10 ou i5 minutes (à la
(') Comptes rendus, 1. 156, p. 1696.
SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1785
condition d'agiter régulièrement la solution) l'absorption devient propor-
tionnelle au temps, la vitesse d'absorption ou de diffusion à travers les
parois des racines est constante (').
La durée des expériences avec les plantes vivantes était de 1 heure 10 mi-
nutes.
- Dans le Tableau suivant sont rapportés*ies résultats des expériences avec
les divers sels, en représentant par 100 les quantités de N absorbé par les
racines dans les solutions de NH'Cl pur; les mortes ont fixé o,bs,oG; les
vivantes, oIllg, 127 :
Sel ajouté à la solution
deNH4CI 0 SO'Mg SO'-Na2 MgCL2 CaCl2 SO*Ca C03Na2 NaCl
IV adsorbé par les racines
mortes 100 . o 7,5 23,2 3 1 , 5 07,0 f\2 , o 82,0
N adsorbé par les plantes
vivantes 100 8,2 28,0 32, o 48, o 55, o » 6.4, 5
On voit que le pouvoir adsorbant par les couches extérieures des racines
mortes, la vitesse d'absorption ou de diffusion dans les plantes vivantes
(pour la même concentration en N) sont fortement modifiés par la présence
des sels. Ils n'agissent pas de la même façon, mais par leur action sur les
racines mortes et les plantes vivantes ils se rangent dans le même ordre :
les vitesses de diffusion sont, par conséquent, étroitement liées au phéno-
mène d'adsorption.
On a obtenu des résultats analogues avec le NaNO3, mais ici le SO'Mg
et NaCl augmentaient de 5o à 60 pour 100 la vitesse d'absorption, tandis
que le CO'Na2 la diminuait.
D'autres expériences faites avec des solutions de deux ou de plusieurs
sels ont montré qu'ils pouvaient avoir une action antagoniste.
Voici quelques résultats obtenus en ajoutant de petites quantités de
NaCl, SO*Ca, SO*Mn à des solutions de iolus par litre de N, de NH'Cl et
des quantités relativement grandes de SO'Na2 :
mS me mg me
NII'CI -+- 3ooms p. 1. de SO'NV-t- NaCl mg p. 1. . . . o l\o 80 120
N adsorbé 100 io4 ia3 m
NH'Cl + 2ooms p. 1. de SO*iNai-r-SO*Mn mg p. I.. . o 4o 80 »
N adsorbé.* 1 00 1 1 1 120 »
NH'CI-r-4oo"*p. 1. deSO*Na2+S04Ca mg p. 1.... o 4o 80 120
N adsorbé 100 127 n5 110
(') Il n'en serait certainement pas ainsi avec des concentrations plus grandes ou un
nombre de plantes plus petit, ou encore si l'on prolongeait très longtemps l'expérience;
les plantes finiraient par se saturer.
1786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voit que l'adsorption a été augmentée de 20-27 Pour IO° el qu'il
existe pour les différents sels des proportions qui donnent à l'adsorption
une valeur maxima.
On a vu plus haut que le pouvoir adsorbant était intimement lié à la
vitesse de diffusion ou d'absorption; celle-ci doit, elle aussi, dans des con-
ditions analogues, être augmentée* en effet, on a constaté une augmentation -
de 5o pour 100 de cette vitesse par l'addition de NaCI à une solution de
SO'Na'etdeNH'Cl.
Ces faits permettent d'expliquer, au moins partiellement, les bons effets
que produisent souvent sur la végétation l'addition de certains sels, le sel
marin, le plâtre, le sulfate de manganèse.
On vient de voir qu'ils peuvent augmenter la vitesse de diffusion de N
ammoniacal (et de nitrate par NaCI) et, par suite, assurer une meilleure ali-
mentation en azote cl un rendement plus grand de récolte.
En résume, l'absorption de l'azote minéral ou organique par les jeunes
plants de blé ne dépend pas immédiatement de la matière vivante; elle est
déterminée par des substances qui sont contenues dans les racines et que
l'eau bouillante n'enlève pas; toutes autres conditions égales, le pouvoir
adsorbant, la vitesse de diffusion, sont proportionnels aux concentrations
jusqu'à une certaine limite à partir de laquelle ils croissent moins vite
qu'elle. Dans des solutions d'égale concentration, ce pouvoir adsorbant,
cette vitesse de diffusion sont modifies par le changement de la composition
du milieu extérieur. Ce pouvoir et cette vitesse sont étroitement liés.
On peut s'en rendre compte par les considérations suivantes : dans deux
milieux qui se touchent et qui ne se mélangent pas, une substance qui peut
être dissoute par chacun d'eux se répartit avec des concentrations qui sont
entre elles dans un certain rapport (coefficient de partage); d'autre part,
dans chaque milieu, la vitesse de diffusion de celle substance (avec son
coefficient de diffusion) est proportionnelle, selon la loi d'osmose, à la
différence de ses concentrations dans les diverses couches du même milieu;
la même loi s'applique aux solutions solides (Van 'tHoff).
Ici, on est en présence d'eau, de la racine et d'une substance azotée :
celle-ci est dissoute dans l'eau, elle se répartit entre l'eau et la couche
superficielle de la racine (peut-être l'épaisseur de quelques couches de
molécules) avec les concentrai ions qui sont entre elles dans un certain
rapport (coefficient départage) très facilement modifié par les changements
dans le milieu extérieur (par exemple addition des sels dans l'eau); ce
coefficient peut être, selon les conditions du milieu, plus grand ou plus
séance du 9 juin io,i3. 1787
petit que l'unité pour la même concentration de la substance azotée. Après
l'établissement de cet équilibre la vitesse de diffusion dans la racine sera
proportionnelle à la différence de la concentration dans cette couche super-
ficielle et les couches plus profondes (').
Ainsi, la vitesse de diffusion d'une substance nutritive dans la racine
dépend de l'ensemble des actions physico-chimiques et chimiques qui
déterminent le coefficient de partage de celte substance entre le milieu
ambiant et la racine, ainsi que de sa concentration et des pressions osmo-
tiques qui s'établissent dans les deux milieux.
Cela influe sur les quantités totales des matières nutritives absorbées et,
par conséquent, sur toute la vie de la plante.
PHYSIOLOGIE. — Sur une région endocardique directement excitable.
Note de M. K. Akgaud, transmise par M. Bouchard.
Le corps d'un supplicié de 20 ans, transporté à la Faculté de Médecine
d'Alger immédiatement après l'exécution, nous a permis de faire toute une
série de constatations sur les contractions posthumes du cœur humain.
Nous nousétions demandé, a priori, si la dissociation agonique auriculo-
venlriculaire, remarquablement bien indiquée chez certains animaux, était
décelable chez l'homme, et quelle était la durée de la survie du cœur
exsangue.
Tel était le but de nos recherches.
Dès que le corps est sur la table de dissection, nous enlevons un volet sterno-costal,
lendons le péricarde, et le cœur est ainsi mis directement à nu.
Immédiatement après, c'est-à-dire 4^ minutes après la décollation, nous observons
une contraction cardiaque spontanée.
A partir de ce moment, le cœur ne se contracte plus que sollicité par un clioc,
surtout si ce dernier est porté sur l'oreillette droite. Ces contractions se produisent
toutes les 10 secondes environ (période réfractaire) jusqu'à la 52e minute.
Elles vont ensuite en s'amoindrissanl, deviennent de plus en plus capricieuses,
tantôt auriculaires, tantôt ventriculaires, souvent même c'est une légère fibrillalion
incoordonnée (délire du cœur).
A la 63e minute, le cœur ne répond plus au clioc mécanique.
Nous employons alors, comme excitant, le courant induit d'un chariot de du Bois-
(') La concentration dans les couches extérieures correspond à la quantité de N
adsorbé dans les expériences décrites plus haut; on trouve des exemples de coefficients
de partage dans le Tableau de la Note précédente.
I788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Reymond alimenté par une pile au bichromate. L'excitateur promené à la surface du
cœur n'amène ni contraction ni fibrillation. Le cœur paraît inexcitable. Nous songeons
alors à explorer la surface interne du cœur. Dès que l'artère pulmonaire est ouverte,
les parois du ventricule droit s'affaissent brusquement.
L'excitation de l'endocarde ventricujaire droit par le courant induit ne détermine
aucune contraction; il eu est de même pour l'endocarde du cœur gauche. Par contre,
les électrodes placés à la surface de l'endocarde de l'oreillette droite déterminent des
contractions du cœur tout entier. De la 72e à la 75e minute, trois chocs d'induction
sont nécessaires pour provoquer une contraction. Enfin, à la 83e minute après l'exé-
cution, le cœur ne réagit plus.
Considérations générales. — Dans les conditions de nos expériences,
l'endocarde de l'oreillette droite est donc la seule partie du cœur dont
l'excitation par les courants induits détermine la contraction de l'organe.
Il est intéressant d'ajouter ici que la zone qui nous parait de beaucoup la
plus excitable répond au tœnia de His, au nœud de Keitb et Flack et à la
valvule de Thébésius, c'est-à-dire précisément aux territoires les plus
riches en ganglions nerveux. Nous avons récemment signalé, dans l'épais-
seur de la valvule de Thébésius cbez l'homme et quelques mammifères,
l'existence fréquente de ganglions nerveux.
Nos observations peuvent en outre nous offrir un enseignement pra-
tique. Au cours du massage du cœur, les ventricules sont habituellement
saisis d'une façon plus ou moins médiate par la main du chirurgien qui ne
tient guère compte du phénomène de l'inexcitabilité périodique ou tout
au moins des modifications survenues dans sa durée.
Nous proposerions, au lieu du massage continu des ventricules, d'aller
à la rencontre de l'oreille droite, et de l'exciter par de petits chocs, avec
le bout des doigts, en espaçant ces excitations et en attendant, autant «pie
possible, la réponse myocardique.
HISTO-PHYSIOLOGIE. Action de la traction de la zonule sur la configu-
ration générale du cristallin humain. De la possibilité de l'aplatissement de
la périphérie du cristallin pendant l'accommodation. Note de M. Jacques
Mawas, présentée par M. Henneguy.
L'étude anatomique du muscle ciliaire de l'Homme et des Mammifères
nous a permis de conclure que, étant donnée la direction de la majorité des
fibres musculaires, il se produisait, au moment de la contraction du muscle,
un raccourcissement de toute la région ciliaire. Ce raccourcissement,
séance du 9 juin 1913. 1789
comme nous l'avons montré, a comme conséquence fatale, et en ce qui
concerne spécialement la zonule, le relâchement de ses fibres les plus pos-
térieures et la traction, en arrière et en dehors, des fibres antérieures.
Celles-ci, comme on le sait, sont les plus puissantes et les plus nombreuses.
Quel est l'effet de cette traction sur le cristallin? Tout le monde admet
aujourd'hui que, pendant l'accommodation, le cristallin change de forme.
Ce changement porte surtout sur la courbure de sa face antérieure, qui
augmente sensiblement. Cet accord cesse d'exister lorsqu'on envisage
séparément les modifications de forme que présentent, pendant le même
temps, le centre du cristallin et sa périphérie. Dans l'hypothèse classique
de Helmholtz, l'accommodation se produit par le relâchement de la zonule,
d'où l'augmentation d'épaisseur du cristallin, et sa forme généralement
arrondie. Les travaux de M. Tscherning et de ses collaborateurs ont
montré que, pendant l'accommodation, il y a aplatissement de la péri-
phérie du cristallin en même temps qu'augmentation de courbure du
centre. Cet aplatissement serait dû à une traction de la zonule, comme
cela se passe lorsqu'on produit artificiellement cette traction sur un cris-
tallin isolé avec son ligament suspenseur. Mais l'interprétation anatomique
proposée par M. Tscherning pour expliquer le phénomène de l'accommo-
dation ne nous semble pas exacte, car l'auteur y fait intervenir des dispo-
sitions structurales manifestement erronées. Si le fait observé est réel,
il est facile de le constater sur des coupes histologiques, où la zonule se
trouverait naturellement ou artificiellement tendue. C'est précisément
l'objet de cette Note que de faire cette démonstration.
Certaines affections de l'œil produisent plus ou moins lentement, mais
sûrement, une distension parfois considérable du globe oculaire. Celui-ci
s'agrandit et s'élargit de telle façon qu'il modifie considérablement le
cercle ciliaire qui tend à s'éloigner du cristallin. Ce mouvement a pour
conséquence la distension des fibres zonulaires, qui modifient alors la
forme du cristallin.
Ces modifications de forme du cristallin se produisent dans les glaucomes
chroniques, l'hydrophlalmie, les tumeurs intra-oculaires, certaines formes
d'iridocyclites, etc.
L'étude d'un grand nombre de ces cas nous permet de tirer les conclu-
sions suivantes :
i° Lorsqu'il existe une traction généralisée de la zonule, la périphérie
du cristallin s'aplatit, son centre bombe.
1790 ACADÉMIE DES SCIENCES.
20 Jl semble exister un rapport direct entre l'aplatissement des bords du
cristallin et la traction des fibres zonulaircs.
3° Il ne semble pas exister une corrélation étroite entre L'aplatissement
des bords et l'augmentation de courbure du centre du cristallin.
Cependant, dans certains cas, et ceci est exceptionnel, la traction zonu-
laire est telle, que le cristallin tout entier s'aplatit et s'étire en ruban.
4° Le centre anatomiquedu cristallin (le noyau lenticulaire) résiste par-
faitement bien à la déformation zonulairc, mais dans une certaine mesure
seulement.
La région nucléaire du cristallin est donc susceptible de se modifier pen-
dant l'accommodation.
5° La face postérieure du cristallin varie parallèlement à la face anté-
rieure. Son augmentation de courbure est, dans certains cas, aussi grande
que celle de la face antérieure.
Nous tenons à faire remarquer (pie nous n'avons pas eu la prétention
dans cette Note, comme d'ailleurs dans les précédentes, de résoudre le pro-
blème de l'accommodation. Nous connaissons trop combien ce problème
est compliqué pour songer à l'étudier ici, même d'une façon incomplète.
En tout cas nous ne croyons pas que l'étude anatomique seule puisse
prétendre à le résoudre; si les recberebes histologiques sont indispensables,
elles ne doivent servir qu'à préparer le terrain à l'expérimentation physio-
logique, et aux recherches plus précises d'ophtalmométrie, voilà l'ordre
à suivre. C'est pour avoir fait précisément le contraire que les auteurs
n'arrivent pas à s'entendre sur la façon dont le corps ciliaire agit sur le
cristallin.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Synthèse biochimique, à l'aide de l'ému/sine,
d^un glucoside isomère de la salicine, le salicylglucoside (3. Note de
MM. Em. Iîourquelot et H. Hérissky, présentée par M. Jungfleisch.
Le fait que l'émulsine en poudre peut agir hydrolytiquement (') ou
synthétiquement (2) dans de l'acétone plus ou moins hydraté, a fait entre-
(') Em. BoimyuELOT et M. Bridel, Action de l'émulsine sur la gentiopicrine en
solution dans divers liquides organiques neutres {Comptes rendus, t. ]5'i, 6 mai
1912, p. 125g).
(2) Em. Bourquelot et Em. Verdon, Recherches sur la synthèse biochimique du
méthylglucosidefi dans un liquide neutre, étranger à la réaction (Comptes rendus,
t. 156, 21 avril igi3, p. 1264).
SÉANCE DU 9 JUIN I9l3. 1791
voir la possibilité de l'application pratique du procédé biochimique de
synthèse des glucosides à des alcools solides ou peu solubles dans l'eau,
mais solubles dans l'acétone.
Nous avons obtenu ainsi, à partir de la saligénine (alcool salicylique ou
orthoxybenzylique) et du glucose d, un glucoside cristallisé, différent de
la salicine, glucoside naturel dérivé également de la saligénine et du
glucose cl. Les propriétés de ce nouveau glucoside tendent à le faire consi-
dérer comme le salicylglucoside (3, la saligénine ayant réagi synthétique-
ment avec le glucose par sa fonction alcoolique.
Des essais préliminaires nous ont montré que si, dans l'acétone addi-
tionnée d'eau, en quantité variable d'ailleurs, et tenant en dissolution de la
saligénine et du glucose, on introduit de l'émulsine, il se produit une
réaction synthétisante facile à constater par l'abaissement graduel de la
rotation droite de la solution; la limite atteinte diffère suivant la dilution
de l'acétone et les quantités de saligénine et de glucose respectivement
dissoutes, la réaction étant, comme on devait s'y attendre, favorisée par la
présence d'un grand excès de saligénine.
Nous nous contenterons ici d'exposer brièvement le procédé qui nous a
permis d'isoler le glucoside formé.
3oo(T"' d'une solution contenant, pour iooc,"s, 2s de glucose, a5s de saligénine, 20cm
d'eau distillée et quantité suffisante d'acétone du bisulfite, ont été additionnés de 3s
d'émulsine et conservés à i5°-20°, en agitant deux, ou trois fois par jour. Après
19 jours, la rotation, qui était à l'origine un peu supérieure à -H 2°(/rr 2), était devenue
-+-4^') bien qu'il ne se fût produit dans la liqueur aucune cristallisation de glucose.
On a filtré alors le liquide, ou l'a distillé, et le résidu, additionné d'un peu d'eau, a
été traité à maintes reprises par l'étlier, de façon à enlever entièrement la saligénine
qui n'avait pas réagi. Le liquide résiduel, renfermant le glucose en excès et le glu-
coside éventuellement formé, a été étendu d'eau, puis la solution, qui était dexlrogyre,
a été additionnée de levure haute qui a détruit le glucose par fermentation. La liqueur,
devenue alors lévogyre, a été filtrée, portée à l'ébulli lion en présence de carbonate de
calcium et finalement évaporée à sec.
On a repris l'extrait à rellux par ^ocm* d'alcool à 96e. Comme la solution alcoolique
ne fournissait pas de cristaux, même après addition de iocn,a d'étlier, on l'a laissée
s'évaporer spontanément à l'air. Bientôt quelques cristaux se sont déposés sur les
parois du vase. On a décanté et ajouté au liquide de 10 à 1 5 gouttes d'eau ; la cristal-
lisation s'est rapidement effectuée dès que le liquide eut été réduit à quelques centi-
mètres cubes. Le produit a été essoré et séché à l'air jusqu'à poids constant
(/> = ob,86). C'est à ce dernier produit que se rapportent toutes les propriétés
ci-dessous :
Le glucoside ainsi obtenu se présente au microscope sous forme de
C. R., igi3., 1" Semestre. (T. 156. N° 23.) 229
1792 ACADÉMIE DES SCIENCES.
longues aiguilles, fines, incolores; en cristallisation tranquille, ces aiguilles
peuvent atteindre une longueur de i"n. Il est inodore et possède une saveur
amère. Il n'est pas hygroscopique. 11 est assez soluble dans l'eau.
Son point de fusion est très variable suivant la rapidité de la chauffe, ce
qui s'explique très bien par les observations suivantes : chauffé graduelle-
ment à l'étuve, il commence à se ramollir et à s'agglomérer vers 5o°-6o°,
puis fond en une masse vitreuse, visqueuse, qui diminue peu à peu de poids.
Même après quelques heures de séjour à 1200, le produit recristallise par
addition de quelques gouttes d'eau.
0^,3287 du corps cristallisé, séché à l'air, ont perdu os,o6iq, soit 18, 83
pour 100 (théorie pour C"H,807-4- 4H20 : 20,1 1).
Il semble donc que le corps cristallise avec 4ino1 d'eau.
Le pouvoir rotatoire du corps séché à l'air (à 4 H20) pour une concen-
tration de is.60 pour ioocma est : a„ = — 37°,5 [/> = os, 4 °°° î f=25c'"1;
/= 2; a = — i°i2'].
Ce glucoside réduit la liqueur cupro-potassique ; son pouvoir réducteur
est sensiblement égal au tiers de celui du glucose.
Soigneusement débarrassé de toute trace de saligénine, il donne en
solution aqueuse, avec le perchlorure de fer, une belle coloration violet
mauve peu intense; cette coloration ne disparaît pas par agitation avec
l'éther. Ces propriétés indiquent que la fonction phénolique de la saligénine
est restée libre.
En solution aqueuse, le glucoside est rapidement dédoublé par l'émul-
sine. La solution renfermant is,6o de produit hydraté pour ioocm',dont la
rotation était de — i°i2', contenait, après hydrolyse, oe,8o38 de glucose
(calculé pour C,3H'807 + 4 H20 :o«,8o4) et accusait une rotation de
-+- 5o à -1- 02' (théorie : + 5o',4)- On a isolé des produits de la réaction
de la saligénine à l'état cristallisé.
Nous avons donc obtenu, au moyen de l'émulsine, un glucoside de la
saligénine et du glucose d. Les propriétés décrites montrent que ce gluco-
side, différent de la salicine, est le salicylglucoside (3.
Ces recherches permettent, en outre, de penser qu'on pourra préparer,
par voie biochimique, d'autres glucosides isomères (métaoxybenzylgluco-
side (3, paraoxybenzylglucoside (3) et analogues.
SÉANCE DU 9 JUIN igi3. 179,3
GÉOLOGIE. — Signification des galets de minerais, inclus dans les minerais
de fer hettangiens de Bourgogne. Note de M. L. Cayeux, présentée
' par M. Ch. Barrois.
La Société Schneider et C'e exploite depuis longtemps en Bourgogne,
aux environs de Nolay, des minerais hettangiens, appartenant à l'assise à
Sch. angulala. A Change, où se trouve la seule partie du gîte qui ne soit
pas encore épuisée, le minerai est une très belle roche oolithique, de
cohérence assez faible pour se réduire en poussière après quelques mois
d'exposition aux intempéries.
Au microscope, ou constate immédiatement que les corps ferrugineux,
rapportés aux oolitbes, appartiennent en réalité à deux catégories d'élé-
ments. Les uns sont à proprement parler des oolitbes, pourvues ou non
d'inclusions organiques reconnaissables, formées d'une enveloppe corticale
en totalité ferrugineuse et d'un noyau calcaréo-ferrugineux ou exclusivement
hématisé. Les autres, beaucoup moins répandus que les premiers, sont des
restes organiques, le plus souvent des articles d'Encrines usés et arrondis
par les flots, et, pour cette raison, non séparablesdesoolilhes à l'œil nu. Ces
matériaux, auxquels s'ajoutent quelques débris d'Oursins et de rares Fora-
minifères, sont plongés dans un ciment où lacalciteet l'hématite s'associent
en toutes proportions.
Loin d'être homogène dans toute son épaisseur, le minerai renferme nolammentdes
nodules et de véritables galets. Ceux-ci, d'un diamètre qui n'excède pas 12e"1 à i5cm, à
ma connaissance, sont criblés de perforations de Mollusques lithophages sur toute 1»
surface. A ce dernier caractère on reconnaît que les galets ont été perforés dans une
eau très agitée, condition qui exclut toute idée de perforation sur place, en raison des
caractères du minerai enveloppant. Il importe de noter à ce sujet que les galets se
rencontrent isolément, et non par groupes comme les pierres transportées par les cou-
rants, les vagues et les marées, en sorte que leur existence dans le minerai ne saurait
être invoquée comme une preuve de grande agitation des eaux.
Examinés à la loupe, ces galets accusent une structure oolitliique plus ou moins
apparente. Au microscope, on y retrouve d'ailleurs tous les éléments du minerai, avec
cette différence qu'ils sont clairsemés, très inégalement répartis et, en général, à des
états de minéralisation moins avancée. Plutôt raies en moyenne, les vraies oolitbes ne
se différencient en rien de celles du minerai. Par contre, les débris organisés, comme
les articles d'Encrines, les vestiges de Mollusques, sont restés essentiellement calcaires
pour la plupart ; il en est même dans lesquels on chercherait vainement la plus
petite trace d'hématite. Il existe à cet égard de grandes différences suivant les points
considérés : telle plage est restée calcaire à côté de telle autre montrant le ciment et
1794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les organismes plus ou moins chargés de fer oxydé. Lors même que la minéralisation
est maxima, il est rare qu'elle atteigne le degré que nous pouvons considérer comme
normal dans le minerai.
La présence de ces galets, non moins que la différence de minéralisation
qui les distingue du minerai, nous paraissent d'une importance capitale, au
point de vue de la genèse des minerais de fer sédimentaires. Trois faits sont
hors de discussion, en ce qui concerne le gîte considéré :
1. Tandis que le minerai continuait à s'accumuler dans la région de
Nolay, le bord du bassin se relevait quelque part, et le dépôt en voie de
formation était immédiatement remanié et partiellement réintroduit dans
le bassin, à l'état de galets déjà perforés.
2. Lorsqu'il a été remanié, le minerai avait déjà acquis, sinon tous ses
caractères physiques actuels, tout au moins ses propriétés essentielles, et
en particulier sa cohérence. En cela, il rappelle le charbon des bassins de
Commcntry, Blanzy, etc., qui, transformé en galets dans des conditions
analogues, réalise d'emblée sa dureté et son volume définitifs.
)}. La minéralisation des organismes, et probablement celle des oolithes,
est antérieure à l'arrivée des galets dans le milieu où s'accumulaient les
éléments du minerai qui les englobe. Si l'on suppose en effet qu'elle s'est
faite in situ, il devient impossible d'expliquer pourquoi elle est toujours
moindre dans les galets que dans le minerai. Autrement dit, il en est des
galets de minerai comme des galets de houille : le stade d'évolution auquel
ils sont arrivés, au moment de leur remaniement, est définitif, même s'ils
sont transportés dans un milieu où un dépôt de même nature en voie de
formation doit atteindre une phase de minéralisation beaucoup plus
avancée.
De plus en plus la question de l'origine des minerais de fer sédimen-
taires revêt une extrême complication, et cependant elle est loin d'être
posée dans toute son ampleur. La connaissance des nombreux faits qu'il
me reste à exposer est nécessaire pour en juger.
GÉOLOGIE. — Sur la bordure méridionale de la Meseta Ibérique.
Note de M. Jean Grotii, présentée par M. H. Douvillé.
La grande pénéplaine de la Sierra Morena constitue la région méridio-
nale de la Meseta Ibérique. Cette région de plis hercyniens est limitée au
séance du 9 juin igi3. 1795
Sud par la vallée du Guadalquivir, dépression importante où affleurent les
terrains tertiaires horizontaux qui la séparent des chaînes subbétiques. Cette
bordure sensiblement rectiligne sur une grande longueur, l'abaissement
assez rapide des reliefs de la Meseta, avaient frappé Macpherson qui en
avait conclu à l'existence, dans toute la longueur de la vallée, d'un accident
important : la faille du Guadalquivir admise depuis par Suess.
Cependant l'aspect topographique des environs de Cordoue avait inspiré
à mon maître M. E. Haug des doutes sur l'existence de cet accident. C'est
sur son conseil que j'ai étudié la bordure sud de la Sierra Morena, dans
la région d'Adamuz, à environ iSkm nord-est de Cordoue. L'anticlinal du
lietamalejo-Calvario de Villafranca sépare le synclinal carbonifère de
Belmez-Adamuz de celui de Villafranca de Cordoba, situé à quelques kilo-
mètres au Sud-Ouest. Ces plis hercyniens ont une direction NW-SE du
Z 11 j a r au Guadalquivir avec cependant une inflexion vers l'ESE, de Villa-
harta à Adamuz. Les synclinaux carbonifères formés de roches tendres des-
sinent des vallées où apparaissent en relief les masses compactes des cal-
caires à Productus. Au contraire, les quartziles de l'anticlinal du Retama-
lejo, mieux respectés par l'érosion, forment une crête qui dans les Umbrias
domine de /joom la vallée synclinale.
Le calvaire de Villafranca se trouve sur l'axe de l'anticlinal, à 2kin nord
du Guadalquivir. De ce point on voit la crèle de l'anticlinal, qui atteignait
G/jom aux Puntales, descendre à 4oom au Madronal, s'abaisser lentement
jusqu'au calvaire de Villafranca (3oom) et se prolonger même au sud du
Guadalquivir où les quartzites verticaux de l'Alcurrucen (200'") forment à
peine un léger relief dans la grande plaine tertiaire. Au SW, vers Alcolea,
les crêtes qui marquent la limite du bassin de Villafranca descendent aussi
lentement vers la vallée et au Nord-Est, dans la direction de Montoro, on
voit le léger relief de l'Atalayuela passer sur la rive gauche du Guadalquivir
où rien dans la topographie ne le distingue des collines tertiaires.
Des conglomérats à galets de quartzite, des grès ferrugineux, des sables
et grès tertiaires horizontaux envahissent le synclinal carbonifère où ils
recouvrent les terrains anciens jusqu'à Adamuz et même au delà. Les anti-
clinaux, au contraire, ne disparaissent définitivement sous le Tertiaire que
sur la rive gauche du Guadalquivir. C'est ainsi que le rio, pénétrant dans
le bassin houiller à quelques kilomètres en aval de Montoro, coule d'abord
dans une gorge de quartzites paléozoïques verticales recouvertes en discor-
dance angulaire par des conglomérats horizontaux attribués au Trias. Puis,
clans le prolongement de l'axe du synclinal, sa berge peu encaissée est
179^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
taillée entièrement dans les poudingues récents. C'est seulement en aval,
dans la traversée de l'anticlinal, que le Guadalquivir coupe de nouveau les
quartzites primaires à hauteur du calvaire de Villafranca.
Au nord de Cordoue, les reliefs de la Meseta s'abaissent assez rapidement
vers la plaine. Mais bien au sud du changement de pente, à îSoo"1 au nord
de la ville, on trouve encore les terrains primaires recouverts par du Ter-
tiaire horizontal. D'après M. Louis Gentil, des observations analogues
peuvent être faites plus à l'Ouest dans la région de Séville. On voit de ce
côté les rides anciennes de la Meseta s'enfoncer avec abaissement d'axe sous
les dépôts néogènes de la vallée du Guadalquivir. Le bassin houiller de
Villanueva delRio, situé à 3okm au nord-est de Séville, est particulièrement
instructif à cet égard. On y peut voir, d'après les sondages effectués pour
des recherches de houille, les plis hercyniens s'enfoncer sous le Miocène et
le Pliocène transgressifs. Pour M. Gentil il ne peut être question de ce côté
de la prétendue faille du Guadalquivir mettant en contact les dépôts néo-
gènes avec le bord méridional de la Meseta et il y a manifestement ennoyage
des plis carbonifères sous les dépôts du détroit i\ord-Bélique. D'ailleurs ce
savant voit, dans cette région de l'ancien détroit andalou, des faits ana-
logues à ceux qu'il a observés au voisinage du détroit Sud-Rifain où très
vraisemblablement les plis du Moyen-Atlas et du massif des Beni-Snassen
s'ennoient sous les dépôts miocènes de l'ancienne communication entre la
Méditerranée et l'océan Atlantique par Taza et Fez.
Les coupes données autrefois par Pellico et Macphcrson, les contours de
la Carte géologique au J.UII'IIUI, semblent indiquer que les choses se passent
d'une façon analogue sur la bordure de la Meseta, d'Andujar à Séville.
En résumé, comme l'avait pressenti M. E. Haug, l'abaissement lent des
reliefs, la transgression tertiaire dans les synclinaux anciens montrent bien
que les plis hercyniens, au lieu d'être coupés brusquement par une grande
faille, s'ennoient lentement sous la vallée du Guadalquivir dans la région
d'Adamuzet à Villanueva del Rio, probablement aussi dans toute la pro-
vince de Séville. Dans cette région la faille du Guadalquivir, si elle existe,
ne pourrait passer que sous la grande plaine tertiaire où rien ne permet
d'en soupçonner la présence. Il semble plus probable que la Meseta Ibérique
se termine au Sud par un ennoyage accompagné peut-être de fractures
secondaires.
SÉANCE DU 9 JUIN I9l3. I 797
PRÉHISTOIRE. — Découverte d'une grotte préhistorique d'âge aurignacien
à Brancion (Saàne-et-Loire). Note (') de MM. Lucien. Mayet et Joseph
Mazenot, présentée par M. H. Douvillé.
Au mois de mars de cette année, l'un de nous avait la curiosité de creuser
un peu le sol d'une excavation peu profonde et très surbaissée s'ouvrant à
mi-côte de la pente nord d'un étroit vallon situé au bas du village de
Brancion (commune de Martailly-lès-Brancion) et connue des bergers de
la région sous le nom de Four-de-la- Baume. Ce nom répondait bien à l'as-
pect de la grotte avant son déblaiement. Elle s'ouvrait au-dessus d'un
petit plateau rocheux, sorte de terrasse large de 7™ environ et de longueur
égale, par un étroit orifice donnant accès à une petite salle profonde de 8m,
large irrégulièrement de 2m à 4m et haute, suivant les endroits, de im à 2"1.
Cette cavité, creusée dans le calcaire jurassique delà région, ne paraissait
pas, au premier abord, très intéressante. Cependant, dès les premiers
coups de pioche, des documents archéologiques dignes d'attention furent
amenés au jour et, avec le précieux concours de MM. Martin et Ray,
conservateurs du musée deTournus, une fouille méthodique fut entreprise.
L'abaissement progressif du sol au fur et à mesure du déblaiement de la
grotte fit découvrir au fond de celle-ci un couloir étroit, sinueux, à déclivité
très prononcée, actuellement vide sur une longueur de 25m, jusqu'en un
point où le rapprochement de ses parois le rend à peu près infranchis-
sable.
Le Four- de-la- Baume présentait trois niveaux archéologiques différents
et une faune assez homogène du Quaternaire moyen.
i° A la surface du sol et à quelques centimètres au-dessous furent recueillis des
tessons de poterie vernissée, de poterie noire assez fine et très cuite, une pièce de
monnaie du moyen âge, etc. Ce niveau récent n'offre aucun intérêt.
20 A om, 80 environ de profondeur, existait un niveau probablement néolithique
représenté par des tessons assez nombreux de poterie grossière; par un crâne humain
bien conservé, par quelques débris squeletliques (mendibule de vieillard, débris d'os
longs, vertèbres, omoplate...) se rapportant à au moins trois individus; par des osse-
ments de blaireaux venus probablement creuser leur terrier dans la masse de limon
argileux qui avait recouvert la sépulture néolithique. 11 convient de remarquer
l'extrême ressemblance du crâne brachycéphale du Four-de-la-Baume avec le crâne
de La Truchère.
3° Au-dessous du niveau néolithique et à une profondeur plus ou moins grande
selon la pente du sol de la grotte, fut abordé le niveau paléolithique, disséminé sans
(') Présentée dans la séance du 2 juin igi3.
1798 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aucune stratification dans le limon qui la remplissait. (Je remaniement naturel des
foyers primitifs tient à ce que les eaux, coulant sur la pente du vallon venaient s'en-
gouffrer dans la grotte et entraînaient au fond de celle-ci, puis dans le couloir lui fai-
sant suite, terre, débris de cuisine,- ossements, silex, os travaillés, etc.
La faune comprend : Rhinocéros lichorhinus, Elephas primigenius, Equus
caballus fossilis, Cervidés de diverse taille, Cervus (arandus, Dos primigenius,
Ifyœna spefœa, Ursus spelœus, Mêles taxas, Canis lupus, Canis rulpes, etc.
Le Cheval est ici de beaucoup le plus abondant et il n'a pas été recueilli
moins de 3oo molaires de cet animal ; le Renne n'est, au contraire, repré-
senté que par quelques rares débris. L'ancienneté de cette faune n'est pas
douteuse : c'est la faune à Cheval prédominant précédant la faune du Renne.
L'industrie humaine est pauvrement représentée. Les silex rappellent,
pour quelques-uns, les formes du Moustérien supérieur, mais le plus grand
nombre présentent une technique plus évoluée et sont à rapprocher des
pièces trouvées dans le niveau aurignacien de Solutré.
Une rondelle crânienne humaine percée d'un trou de suspension,
quelques fragments d'os polis et percés pour servir de pendeloques, un
fragment d'os poli et décoré de coches régulièrement et symétriquement
disposées; un certain nombre d'os utilisés sans avoir été travaillés avec
l'habileté que dénotent les pièces solutréennes, s'ajoutent aux documents
lilhiques et à la faune pour dater comme aurignacien le Four-de-la- Baume.
L'ancienneté relative de ce gisement n'est pas faite pour surprendre si
l'on veut bien remarquer que la moyenne vallée de la Saône fut habitée à
l'époque moustérienne par des hommes ayant donné à la technique de la
taille moustérienne du silex un haut degré de perfection (gisement de la
Terrasse de Ville franche"), et qu'à ces hommes ont succédé les peuplades
qui ont laissé comme preuve de leur existence les importants gisements de
Germolles (3okm au nord de Brancion) et de Solutré inférieur (3okin au sud
de Brancion).
La grotte du Four-de-la-Baume vient s'ajouter aux rares documents
aurignaciens déjà connus dans le département de Saône-et-Loire, et c'est
pourquoi il nous a semblé utile d'attirer l'attention sur ce gisement récem-
ment découvert.
A 4 heures el quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
Ph. v. T.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 JUIN 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GUYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Lippmasn, délégué par l'Académie pour la représenter à la cérémonie
commémorative de P. Prévost, rend compte de sa mission en ces termes :
Le 5 juin dernier a eu lieu, à Genève, une cérémonie commémorative en
Thonneur de Pierre Prévost. Un buste en bronze de réminent physicien a
été inauguré dans l'Aula de l'Université, en présence d'un public nombreux,
des autorités de Genève et de délégués des principales Sociétés savantes
d'Europe.
Pierre Prévost a été « Associé non résident » de notre Académie des
Sciences morales et politiques, et plus tard Correspondant de l'Académie
des Sciences. Son nom demeure dans les sciences attacbé, comme on le
sait, à la théorie de l'équilibre mobile des températures. Par cette théorie,
Prévost n'expliquait pas seulement nombre de faits qui embarrassaient les
chercheurs de son temps; il donnait, en outre, les premiers exemples d'un
mode de raisonnement plus d'une fois appliqué dans la suite : d'une théorie
purement statistique. On considère chaque élément d'un système comme
indépendant de tous les autres : il donne et reçoit, et l'on écrit pour l'équi-
libre que la recette est égale à la dépense : c'est ainsi que l'on analyse au-
jourd'hui nombre de phénomènes en Physico-Chimie.
Le nom de Pierre Prévost restera donc au premier rang dans cette
pléiade de savants à laquelle Genève a donné naissance.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 24.)
23o
l8oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur une transformation du mouvement d'un
système holonome conservatif donné dans le mouvement d'un autre système
donné de même liberté. Note de MM. P. Appell et H. Vergne.
Étant donné un système d'équations canoniques
dt OYi (If OJ'i
oùF(ir,,a;2, . . ., &n; y,, y.,, ...,yH) est une fonction donnée ne dépendant
pas de t, on peut toujours définir des changements de variables qui trans-
forment ce système en un autre système canonique
(2) 777 = ^' -37=--^ ('=l'2 '°'
où $'(!;,, !;2, ...,!;„; Y)t, Y)2, .. ., Y)„) est également une fonction donnée ne
dépendant pas de /.
Il suffit, pour le montrer, d'employer pour chacun des deux systèmes (i)
et (2) le changement de variables indiqué par H. Poincaré (Méthodes nou-
velles de la Mécanique céleste, t. III, p. 7) et employé par M. H. Vergue
(Annales de l'École Normale, 1910), pour ramener les équations du système
à la l'orme
rf(3, _ 40, _ d% _
dt _l' dt ~0' "" dt '
rfa, _ da« _ da„
~~dï ~ °' ~dt ~ °' ~dt '
En égalant les (3;, a, exprimés en fonction des #i,j',à ces mêmes quantités
exprimées en fonction des \t, rj(, on obtient une transformation répondant
à la question.
On peut aussi, mais sous certaines restrictions, réaliser directement la
transformation du système (1) dans le système (2), au moyen d'une inté-
grale particulière quelconque V(«cn ■'•.,, . . -, xn\ 2;,, Êj2, . . ., £jn) de l'équation
aux dérivées partielles
„/ d\ d\ dY\ -A. .. .. dV ,)\ ô\
\ oxt 0x% ox,J \ at,t oiî «t«
SÉANCE DU l6 JUIN IO,l3. 1801
les formules du changement de variables étant alors
dV âV
j/=-r— ' m— — tïf {t= 1, 2, . . ., n).
()■<■, ati
M. Vergne développera cette théorie d'une façon plus détaillée et
donnera quelques exemples dans un article qui paraîtra prochainement
dans un autre Recueil.
CHIMIE ORGANIQUE. — Les cètimines. Note de MM. Chaki.es Moikeu
et Georges Mignoxac.
I. — a. Le terme imine, suivant les auteurs, a été employé pour désigner
plusieurs sortes bien distinctes de composés, qui ont pour caractère commun
de posséder dans leur molécule le résidu bivalent == NH :
i° Les corps dérivant des aldéhydes ou des cétones par substitution, à
l'oxygène fonctionnel, du résidu = NH ;
20 Les aminés secondaires R — NH — Et', plus particulièrement les
aminés hélérocycliques ;
3° Lesimides NH<
/CO — K
\CO-R'"
Observons cependant que le nom à imine est, le plus souvent, réservé
aux dérivés aldéhydiques ou cétoniques. El y aurait lieu, pour éviter des
confusions regrettables, d'en faire une règle absolue, et de convenir que les
imines seront toujours et exclusivement les composés à groupement fonc-
tionnel R — CEE — NEE ou R — C — R' fou leurs dérivés de substitution
11
NH
(= Nil") j. Les imines aldéhydiques pourraient s'appeler aldimines, et les
imines cétoniques cètimines.
I3our ne parler que des cètimines, qui font l'objet de la présente Commu-
nication, nous rappellerons que diverses séries de matières colorantes
appartiennent à cette classe de composés. Citons les auramines (Kern et
Caro, Grœbe, etc.), dont la plus simple /pn^xr6!!1/^ = ^^ résulte de
l'action de l'ammoniaque sur la tétraméthyldiaminobenzophénone.
Aux cètimines se rattachent également les imines des quinones ou quini-
mines ( Willstâter, Meyer, Pfannensthiel, Erdmann, etc.).
1802 ACADÉMIE DES SCIENCES.
*0n a obtenu, en outre, quelques cétimines substituées R,/C = NU"
(qu'on a souvent appelées, à tort, imides), en faisant réagir les cétones
aromatiques ou leurs dicblorures sur les aminés aromatiques (Pauly,
Hantsch, Kraft, Nœgeli, etc.).
Ajoutons, enfin, qu'on a préparé de nombreux composés, parfois très
compliqués, qui possèdent, en même temps que la fonction cétimine,
d'autres fonctions (E. Meyer, Burns, Hanriot et Bouveault, Thorpe, etc.).
Ces différents corps jouissent d'une propriété commune caractéristique :
sous l'action des acides en solution aqueuse, la fonction cétimine est plus ou
moins facilement transformée, par hydratation, en fonction cétone, avec
mise en liberté d'ammoniaque (ou d'une aminé primaire, dans le cas d'une
cétimine substituée). C'est, à peu près, tout ce que l'on sait sur la fonction
cétimine.
Nous avons été amenés à nous occuper du sujet à la suite d'essais entre-
pris dans une tout autre direction. Nous cherchions à obtenir des cétones
acétyléniques en condensant les nitriles avec l'acétylène dibromomagnésien,
conformément à la méthode générale de préparation des cétones décou-
verte par E.-E. Biaise. La combinaison du nitrile avec l'acétylène dibromo-
magnésien s'effectuait très aisément, mais ensuite, à la décomposition par
l'eau, l'acétylène était régénéré, sans formation de cétone en quantité appré-
ciable. C'est pour tâcher de trouver la raison de cet insuccès que nous avons
repris l'étude de la réaction de condensation des nitriles avec les composés
organohalogénomagnésiens, et nous nous sommes naturellement adressés,
tout d'abord, aux cas les plus simples.
b. Soit la combinaison CCH5 — C — C2H5, résultant de la condensation
il
NMgBr
du benzonitrile C°H5 — CN avec le bromure d'éthylmagnésium C2H5MgBr.
Traitée par les acides étendus, elle se décompose avec production de phé-
nyléthylcétone, selon l'équation suivante (Biaise) :
OH5 — C — C2H5+2H20 = C6H5-GO — C2H5+ NH34- MgBrOH.
■6 '
NMgBr
Remarquons que le composé azotobromomagnésien C°H5 — C — C2H5
il
NMgBr
n'est autre que le dérivé bromomagnésien de la cétimine encore
inconnue C° H5 — C — C2 H'. Celle-ci doit donc être le premier produit de
n
Nil
SÉANCE DU 16 JUIN igi3. l8t>3
la destruction du composé azotobromomagnésien par l'eau :
C6H^—C — CsH5-f-H20 = CH'-C-OrP+MgBrOII;
il il
NMgBr NH
et l'on pouvait avoir l'espoir d'isoler la cétimine en prenant des précautions
spéciales.
En fait, si l'on décompose la combinaison azotobromomagnésienne par la
glace, qu'on agite rapidement à l'étber, .et que, dans la liqueur éthérée,
préalablement desséchée à basse température, on dirige un courant de gaz
chlorbydrique sec, on obtient un sel blanc, présentant sensiblement lacompo-
sition du chlorhydrate de la cétimine attendue CHS — C — C2H5. Ce sel
NH.HCI
donne avec l'eau une liqueur qui, d'abord limpide, se trouble au bout de
quelques instants, avec formation de phényléthylcétone et de chlorhydrate
d'ammoniaque.
Il y avait dans cette observation le principe d'une méthode d'obtention
des cétimines simples (non substituées). Nous avons effectivement réussi
à établir un procédé régulier et général de préparation de ces substances.
IL Préparation'. — a. Proposons-nous de préparer, par exemple, la
diphénylcétimine C°H5 — C — C8H5.
h
NH
On combine d'abord le benzonitrile C6H5 — CN avec le bromure de phénvlmagné-
sium C6II\ MgBr. La combinaison azotobromomagnésienne obtenue est une ma»se
cristalline à peine colorée. On la lave à l'éther sec par décantation et on la projette,
peu à peu, sur un mélange de glace pilée et de chlorhydrate d'ammoniaque. La
décomposition s'effectue ainsi à une température très basse (voisine de — i5°), et
toute la magnésie entre en solution. On agile le tout avec de l'éther, et la liqueur
éthérée, qui contient la cétimine avec de petites quantités de cétone, est, après
dessiccation sur du sulfate de soude anhydre, saturée de gaz chlorbydrique sec. La
cétimine se précipite à l'état de chlorhydrate, tandis que la cétone qui a pu se produire
reste en solution. Le sel est isolépar filtration et essorage dans l'air sec. On le soumet,
en suspension dans l'éther anhvdre, à l'action d'un courant de gaz ammoniac sec,
qui déplace la base. On favorise la réaction par une agitation mécanique continue.
Lorsque le gaz ammoniac ne s'absorbe plus, on sépare par filtration le chlorhydrate
d'ammoniaque formé, on le lave à l'éther sec, et Ton évapore la liqueur éthérée.
Le résidu constitue la cétimine pure, qui se présente sous la forme d'une
huile incolore, distillant dans le vide à point fixe. Lesrendements atteignent
70 pour 100 du rendement théorique.
l8o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le procédé que nous venons de décrire permet de préparer très aisément
les cétimines dont les résidus unis au groupement fonctionnel sont aroma-
tiques. Nos rendements ont varié, suivant les cas, de 60 à 92 pour 100.
b. Le même mode opératoire peut être appliqué à la préparation des
cétimines mixtes grasses-aromatiques ('). Cependant, comme celles-ci sont
plus aisément décomposables par l'eau, il est avantageux de modifier la
technique de la manière suivante :
La combinaison azotobromomagnésienne, bien lavée à Cellier sec, est mise en sus-
pension dans le même véhicule et trailée, avec agitation continue, par un courant de
gaz chloi'hydrique sec, qui décompose la combinaison en donnant le chlorhydrate de
cétimine (*). Lorsque toute la masse a été bien attaquée par le gaz et que l'absorp-
tion ne se fait plus, on décante l'éther, on lave par décantation la niasse solide avec de
l'éllier sec, on la met en suspension dans le même véhicule, et l'on soumet le tout à
l'action du gaz ammoniac sec, avec agitation continue, jusqu'à refus. Finalement,
après filtration et lavage de la niasse à l'éther sec, la liqueur éthérée est évaporée.
Elle abandonne une huile légèrement jaunâtre, qu'on rectifie par distillation dans le
vide.
On isole ainsi, le plus souvent, deux produits : d'abord, en quantité
généralement prépondérante, l'imine, puis, à une température notablement
plus élevée, une substance moins riche en azote, qui parait résulter de la
condensation de l'imine avec perle d'ammoniac. Les rendements (rappor-
tés au mélange) sont généralement voisins de Go pour 100.
III. Propriétés générales. — Les cétimines sont le plus souvent des huiles,
ou des solides à point de fusion peu élevé, incolores, à odeur légèrement
vireuse. Elles sont très fortement réfringentes.
Ce sont des corps basiques, donnant des sels cristallisés : chlorhydrates,
acétates, benzoates, etc.
Nous avons étudié spécialement les chlorhydrates. Ils sont facilement
solubles dans l'eau. Les solutions, limpides au début, se troublent peu à peu
(en quelques secondes dans le cas des cétimines grasses-aromatiques), avec
formation de cétone et de chlorhydrate d'ammoniaque :
R — G — R'+H20 = R— CO — R'+NH'CJ.
li
Ml
(' J Nous ne nous sommes pas encore occupés des cétimines exclusivement grasses,
(s) R_ C — R'+aHCl = R — G — R'+MgBrCI.
rÏMgBr NH.1IG1
séance du 16 juin 1913. l8o5
D'abord nettement acides au tournesol, les liqueurs, quand la réaction est
complète, sont neutres. Tout l'azote se retrouve alors sous la forme de
chlorhydrate d'ammoniaque, et l'on peut le doser très exactement à cet état
par évaporation en liqueur chlorhydrique. De même, par agitation à
l'élher, on peut extraire du mélange la cétone très pure en quantité théo-
rique. Si l'on désire effectuer rapidement une décomposition intégrale du
sel, il suffit de le chauffer au bain-marie avec de l'acide chlorhydrique au
dixième.
Les chlorhydrates sont très solubles dans le chloroforme, et l'on peut
ensuite les précipiter de leur solution par addition d'éther ou d'éther de
pétrole. Leur solubilité dans le chloroforme permet de les séparer complè-
tement du chlorhydrate d'ammoniaque, dont ils sont souillés quand on n'a
pas mis en œuvre, pour les préparer, des réactifs suffisamment secs.
Les cétimines libres sont beaucoup moins sensibles que leurs sels à
l'action de l'eau. Ce réactif ne les attaque que lentement, avec production
d'ammoniaque et de cétone.
Les cétimines sont des substances non saturées, qui fixent énergiquement
le brome.
Leurs dérivés acidylés R — C — R' sont quantitativement décomposés
N — CO — R"
par l'acide chlorhydrique étendu, à chaud, d'après l'équation suivante :
R-C — R + HCI-t-2H20 = R — CO — R'-h NH*Cl-+- R"- C021I.
N — CO — R"
IV. Description de quelques cktimines. — Nous avons préparé huit céti-
mines : quatre aromatiques et quatre grasses- aromatiques.
PhènyléthykétimineÇPW — C— C2H5 . — Éb. ioi°,5-io2°,5 sous i3mm,5 ;
I!
Nil
DJf= 0,9902 ; «0°= 1,5476; RM. = 42, 63 (cale. 42,34); le chlorhydrate
fond à i45° (fus. instant, au bloc Maquenne); le dérivé acétylé
CfiHs-C — C!H3
N — CO — Cil3
fond à 1260.
Phénylpropylcétimine C° H5 - C - CH2 - CH2 -OP. — Éb. 990 sous 8mm ;
11
Nil
Dlî" = 0,975 1 ; n» = 1 ,5353 ; RM. = 46,95 (cale. 46,94).
1806 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Phènylisobulylcètimine C°H5 - C - CH2 - CH^J^. - Éb, i i3°-ii4°
NU
sous ii>""»,5; D»T= 0,9489; 7#'=i;527o; RM. = 52, 18 (cale. 5i,55).
Phénylcyclohexylcétimine C*Hé — C — CH1'. — Éb. i35°-i38° sous 5""".
NH
Dip/iëny/cétimine C°H5 — C — CH5. Éb. 1270 sous 3,nm,5;
ii
NH
DJ!"= 1,0847; <"= 1,6191; RM. = 58, .4 (cale. 57,47) (').
Phènylorthotolylcélimine CH5— C - C°H4CH3. — Éb. i36°-i37°
Il (2) (Il
NH
sous4mm; D}.8"'3=i,o6i4; n^:' = i,6o65; RM. = 63,4 (cale. 62,07).
Phènylparatolylcètimine CCH5 — C — CH'CH3. — Fusion à 370 ;
11 m m
NH
éb. .47° sous 5"""; Df =1,0617; <'= 1,6097; RM. = 63,64 (cale.
62,07).
Phënyl-y.-naphtylcélimine C°H5 — C — C'°H7a. — Fusion à 68°-69°;
NH
éb. à i8i°,5 sous4mm,5.
Notre intention est de poursuivre ce travail. La fonction cétimine appa-
raît comme très active et susceptible de se prêter à des réactions variées.
Nous espérons qu'on voudra bien nous accorder le temps nécessaire pour
en faire une étude méthodique.
En présentant à l'Académie le premier fascicule du Tome VI du Bulletin
du Comité international de la Carte du Ciel, M. B. Raillaud, directeur de
l'Observatoire, s'exprime en ces termes :
Ce fascicule contient trois articles très différents, dont je dois rendre
sommairement compte.
(') Hantsch et Kraft ont dhlenu le chlorhydrate en chauffant le dichlorure
Cil3. CCI2— CH3
avec de l'urélhane à i3o° {lier, der deutsch. Chem. Ges., t. XXIV, p. 35i6).
SÉANCE DU 16 JUIN I<)l3. 1807
Le dernier est un Rapport de la Commission des grandeurs stellaires
photographiques désignée dans la session de 1909. Plusieurs membres de
cette Commission, MM. Backlund, Kapteyn, E.-C. Pickering, Turner,
curent occasion de se réunir en Amérique à l'occasion de la session de
l'Union internationale solaire, en 1910; MM. Schwarzschild et Seares
représentaient MM. Scheiner et G. Haie à cette réunion. Le Rapport ren-
seigne sur l'état des recherches faites à Harvard à cette date. Une nouvelle
réunion aura lieu à Bonn le 3i juillet prochain, dans laquelle sera proba-
blement rédigé un second Rapport.
Le second article est un Mémoire de M. E. Esclangon sur la Réfraction
astronomique. L'auteur envisage dans son ensemble la déformation que la
réfraction engendre relativement à un élément de surface entourant un
point donné. Il trouve qu'il existe pour l'axe horaire de l'instrument une
infinité d'orientations telles que, dans la déformation continue qui s'opère
dans la distribution des images du cliché, la rotation qui accompagne la
déformation pure soit nulle; parmi elles il en est une pour laquelle la
donnée première de cette rotation est également nulle. M. Esclangon pense
qu'il convient d'adopter cette direction pour celle de l'axe horaire. On peut
regretter que son Mémoire ne renferme pas d'application numérique. Dans
les épreuves de la Carte du Ciel à trois poses, on trouve des déformations
des triangles correspondant aux trois poses; mais, au moins jusqu'à
présent, il ne semble pas qu'on en ait trouvé dans les images en elles-mêmes.
M. Esclangon étudie aussi les déformations dues à des causes étrangères
à la réfraction. R exprime le regret que, dans les publications de la Garte
du Ciel, on n'indique pas l'étoile guide de chaque cliché et l'ordre dans
lequel les trois poses ont été effectuées; sans doute, dans chaque observa-
toire, on sera conduit, à l'achèvement du travail, plus tôt peut-être, à
publier un grand nombre de renseignements recueillis au jour le jour. A
propos des imperfections du suivage, il préconise un dispositif tel que dans
les périodes d'entraînement, et alors seulement, l'instrument présente une
résistance à l'entraînement, supprimant ainsi les inconvénients du jeu des
divers organes.
La plus grande partie du fascicule est remplie par un Mémoire de
3a6 pages, dû à M. A.-R. Hinks, et intitulé : Catalogue photographique
des étoiles observées avec la planète Êros. Cet important travail est l'achè-
vement de l'entreprise à laquelle, en 1900-1901 ont collaboré, par des pro-
cédés photographiques ou visuels, un très grand nombre d'observatoires.
M. Hinks a discuté et combiné ici les positions déduites des clichés obtenus
C. R.. ii)i3. 1" Semestre. (T. 156, N° 24.) 2,3 1
l8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à Alger, Bordeaux, Calane, Cambridge, Greenwich, Helsingfors, Lick
Observatory, Minneapolis, Northfield, Paris, Poulkovo, San Fernando,
Toulouse, Upsal. Il a dû préalablement se livrer à une discussion minu-
tieuse de divers systèmes de valeurs proposées pour les étoiles de repère.
Lœwy avait publié dans les circulaires 8 et 9 les observations méridiennes
faites dans i3 observatoires et il était aisé d'en déduire un système L formé
de deux listes de 3 19 et de 3j2 étoiles ; la plupart des observatoires avaient
réduit leurs clichés à ce système ou à un système voisin. Tucker et F. Cobn
en avaient publié d'autres. A.-R. Hinks a adopté le système L, dans lecpiel
il a mis en évidence une équation de grandeur -+- o%o2o (m — tn0) pour la
première liste, -4- os,oi5(/« — m0) pour la seconde. Il a formé aussi un
catalogue photographique provisoire PP et, par une discussion minutieuse,
il a déduit un système standard.
Aux pages 67 à 75, M. Hinks donne d'abord un catalogue standard des
334 étoiles de repère ayant servi jusqu'à la fin de 1900. Dans ce catalogue,
il a indiqué, pour chaque étoile, sa position; i° d'après le système de Lœwy;
1" d'après le système F. Cohn; 3° d'après le catalogue photographique
provisoire; 4° d'après le système standard de Hinks.
Les pages 79 à 3o6 sont pour 3718 étoiles de comparaison d'Eros, les
positions individuelles et leurs moyennes pondérées.
M. A.-R. Hinks pense que ce catalogue, qui a servi à la discussion des
positions d'Eros et par elles à la détermination de la parallaxe du Soleil et
de la niasse de la Lune, pourra rendre encore beaucoup de services. Les
étoiles qu'il renferme s'étendent dans le voisinage d'une bande allant d'un
point de cordonnées a = ih23m et 0 = 5i° à un point situé en a = 5h56m,
6 = 1 1°; 4ooo de ces étoiles sont sur la partie de cette bande qui va de
l'origine à a = 2l,43œ, 0 =43°. Il peut être utile, en maintes circonstances,
d'avoir des positions très précises d'un grand nombre d'étoiles dans un
champ peu étendu. Mais M. Hinks estime que le catalogue offre une mine
dans laquelle on pourra creuser longtemps encore au point de vue de
connaître jusqu'à quelles limites on peut pousser l'exactitude des procédés
photographiques. Ses travaux ont appris aux astronomes, à mesure qu'ils
ont été publiés, ce qu'ils auraient dû faire pour obtenir les résultats les plus
précis. Il serait bien utile qu'une publication d'ensemble les mît à la dispo-
sition de tous. Après le catalogue photographique de Hinks, elle clôture-
rait de la façon la plus brillante et la plus utile l'entreprise des observations
d'Eros en 1900.
SÉANCE DU l6 JUIN 191 3.
1809
CHIMIE PHYSIQUE. — Le quotient Trouton et là chaleur de vaporisation des
corps purs bouillant aux températures basses. Données relatives à l'hélium.
Note de M. de Forcrand.
J'ai montré précédemment (') dans quelle mesure la formule empirique
que j'ai proposée récemment (2) s'accorde avec les faits connus pour les
corps purs bouillant aux températures élevées, depuis 63o° (mercure) jus-
qu'à 2583° (cuivre).
Il n'y a rien à relever de particulier pour la région des températures moyennes
(entre 3oo° et 63o° absolus), attendu que. dans cet intervalle, ma courbe se confond
presque avec celle de Nernst et même avec la droite de Trouton. Les différences entre
les trois courbes et avec les données expérimentales atteignent tout au plus 2 pour 100,
et c'est à peine si l'on peut en répondre dans les cas les mieux connus.
Mais il y a lieu d'insister pour la région des températures basses. Ici la
courbe de Nernst et la mienne s'écartent absolument de la droite de Trou-
ton, puisqu'elles partent de zéro vers le zéro absolu pour atteindre plus de 21
vers 3oo°. Elles sont d'ailleurs assez voisines, car elles donnent respective-
ment :
Formule de Nernst. Ma formule.
A 5o degrés absolus '-^-TP 13,22
A 1 00 » 1 8 , 3o 1 j , 83
A 200 » 20,^6 20, o4
c'est-à-dire des différences de [\ à 2 pour 100.
J'indiquerai ici quelques vérifications particulières :
Valeurs île L
Calculé déduites Déterminations
avec ma formule. des tensions de vapeur. directes de L.
Valeurs Valeurs de L
L (en grandes Johnson Estreicher
T calories). Knietsch. et Mclntosch. et Mclntosch.
Chlore («=239°,3). 20,522 4,9' 4,8g 4>9^ 4,372
Emanation du ra- Kamsay et Gra». Chaumat.
dium (< = 2i 1").. 20,192 4,26 4,'35 4,i53
(') Comptes rendus, t. 156, I9i3, p. 1648.
('-') Comptes rendus, t. 156, 1913. p. i43g.
-X
uj L I S R A R Yj-d
A?
A3î
vQo
liHlO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Valeurs tic L
Calculé déduites Déterminations
avec ma formule. des tensions de vapeur. directes de L.
Valeurs Valeuis de L
L (en grandes Travers, Scater
T calories). et Jaquerod. Alt. Kresom.
Oxygène (/:= 90°,!) 17, 453 1,572 1 ,636 i,63o 1,621
Baly. Plank. Vit.
Azote (t = 770, 4). ■ 16,89.5 i,3o~ ',296 1 , 336 1 , 335
Travers et Jaquerod. Dewar. Kresom.
Hydrogène(/=2o°,4) ii,54o o,235 0.226 0,201 0,219
K. Onncs.
Hélium (£ = 4°, 2.5). '1,820 0,020.17 o,oiqi8
o
L'accord est encore très satisfaisant pour celte région des températures
basses, assurément mieux connue aujourd'hui que celle des températures
élevées ( ').
Ces vérifications autorisent un essai d'extrapolation vers le zéro absolu.
La valeur de ™> calculée avec ma formule, s'annule pour i°,4n8. C'est à
ce point, et non exactement au zéro absolu ou à i°, que notre courbe
s'arrête.
Au-dessous de celte température 0, les mots : température d'ébullilion
(sous-entendu : sous une pression de ^Go1""1) n'ont plus de sens. Un corps
pur bouillant à i°,4II°' sous la pression de 7Go""u aurait pour données cri-
tiques :
Tt.=:i°,4iiS=T et Pc=76omm=P.
Aucune substance ne peut donc avoir une température d'ébullitiou infé-
rieure à i°,4ntf- C'est la signification du terme négatif constant : — i,5
introduit dans ma formule.
En résumé on voit que la règle de Trouton n'esta peu près exacte qu'aux
températures moyennes (de 3oo° à 9000 absolus environ), et elle ne se
vérifie sensiblement que parce que la véritable courbe : ^ — T est en S et
présente un pseudo-palier pour cette région.
Si l'on opérait habituellement aux températures très élevées, L ne serait
( ' ) La formule de Nernst donnerait des nombres constamment un peu plus élevé-, par
exemple ^ = 5,94 pour l'hélium.
SÉANCE DU 16 JUIN igi3. I.SlI
plus du tout proportionnelle à T, mais plutôt à T3, parce que le dernier
terme (en T2) de ma formule devient alors prépondérant.
Si, au contraire, on toperait aux températures très basses, le premier
ternie resterait seul important, et par suite ^ serait très sensiblement pro-
portionnel au logarithme de T.
En terminant, je dois indiquer le mode de calcul adopté pour déduire L
des mesures de tensions de vapeur.
On commence par construire la courbe, à grande échelle, sur un qua-
drillé, avec les valeurs expérimentales de L ( ' ).
Pour l'hélium, que je vais prendre comme exemple, j'ai pu tracer la
courbe de 3° à 5°, 20 (température critique) avec les données récentes de
K. Onnes. J'ai obtenu ainsi les nombres qui suivent, auxquels je joindrai
les valeurs de — et celles de 10 log/?, qui leur correspondent :
mu
/. p. t 10 \o%p.
o mm
3 1 7.5 33 , 33 22 , 43o4
3,25 260 3o,77 24,i497
3,5o 35o 28,57 a5,4 4°7
3,75 47° 26,26 26,7210
4 600 25,00 27,781a
4,25 760 23,53 28,8081
4,5o 925 22,22 29,6614
4,75 11 35 2i,o5 3o,55oo
5 1 385 20,00 3 1,4 '45
5,25 1718 J9)05 32,35o2
Puis, sur un autre quadrillé, on trace la courbe io\ogp > et l'on
choisit sur cette seconde courbe les valeurs de \o\ogp, qui correspondent
à des intervalles égaux de J'ai obtenu ainsi :
(') On est toujours obligé d'éliminer un certain nombre de données tout à fait
irrégulières et manifestement erronées, surtout lorsqu'on veut construire la courbe
mit une assez grande étendue. Mais en général les mesures faites au voisinage de T
sont assez, bonnes, et elles suffisent pour ce travail.
1812 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ioo
t. 10 log/>. p.
o mm
33, o5 3,026 22.65o t '84,1
3i,o5 3.226 23,g5o 248,3
29, o5 3,442 25,i85 33o
>7,o5 3,696 26,460 442,6
î5, o5 3,992 27,767 598
23, o5 4)338 29,100 812,8
2i,o5 4: 7^0 3o,55o 11 35
19,05 5,25o 32,35o '1718
C'est avec ces valeurs de t et de p qu'on fait les calculs avec la formule
de Clapeyron, mise sous la forme commode qu'on sait :
, 1,98 . p tx 1'
I 0O0 j> l t
laquelle donne immédiatement les valeurs de L, en grandes calories,
pour imo1. On calcule de proche en proche.
Enfin on fait subir à chacune des valeurs ainsi obtenues la correction
(importante pour l'hélium qui, à '|°, 20, est très près du point critique)
due à ce que les vapeurs ne sont pas des gaz parfaits.
La correction de M. Leduc n'étant généralement pas calculable pour les
cas qui nous occupent, j'ai employé la correction indiquée par M. Gay (').
Finalement j'ai obtenu les résultats qui suivent, pour l'hélium :
= (siT=4',25).
t moyenne. p moyenne. I-. T
o inm Cal
3,126 21 3, 80 o.o24333 5,72")
3,334 286,25 o,o23566 5,545
3,569 38o.. i'i o,o22536 5.3o3
3,884 5 10,20 o, 021 362 5,026
4,i65 695,93 0,019749 4,647
4,544 960,50 0,018122 4 , 264
54
5,ooo 1396,50 0,01 5i2g 3,56o
On construit alors une dernière courbe, soit de = — t moyenne, soit de
7f,—p moyenne, et l'on trouve que, pour 4°,25 = T ou 760"""= P,
^ — 4,56o.
(') Comptes rendus, t. 156, igi 3, p. >464.
SÉANCE DU 16 JUIN IC)l3. l8l3
Donc, pour l'hélium, L==— — > soit o , 01938, soit à la tem-
pérature d'ébullition T = 4°)25. Ma formule donne o(al, 02047-
S'il est vrai que la chaleur moléculaire de vaporisation du carbone est
voisine de 1 4 4e", celle de l'hélium est sept mille cinq cents fois plus
petite.
M. A. Verschaffel, en présentant des Tables pour le calcul de la pré-
cession en A. R. et D., èquinoxe de 1900, imprimées à l'Observatoire
d'Âbbadia, s'exprime en ces termes :
J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie des Sciences de deux
Tables, établies spécialement pour le calcul de l'ascension droite et delà
déclinaison des étoiles de repère des nombreux Catalogues photographiques
du Ciel, dont la date est 1900, o.
Ces Tables, spéciales à cet usage, ont l'avantage de pouvoir être
employées sans interpolation. Le travail en est sensiblement abrégé et faci-
lité sans rien perdre de la précision des résultats.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique invile l'Académie à lui pré-
senter une liste de candidats au cours complémentaire d'Etudes coloniales :
Protislologie pathologique, créé au Collège de France par Décret du
28 mars 1913.
(Renvoi à une Commission composée de MM. les Membres de la Section
de Médecine et Chirurgie, de MM. Chauveau et Roux.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Le trente et unième Volume (191 1) de Y Annuaire statistique, publié
par le Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale.
2° Le fascicule III du Bulletin de I'Institut aérotechnique de l'Univer-
>ité de Paris.
I 8 1 4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° La faune paléocène de Landana, par Km. Vincent, Louis Dollo et
Maurice Leriche.
4° Société française de Physique. Les idées modernes sur la constitution
de la matière, Conférences faites en 191 2.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Un essai de démonstration du théorème
de Fermât. i\ote(' ) de M. Eugène Fabry.
Soient X un nombre premier impair, •*,)', s trois nombres entiers, positifs
ou négatifs, premiers entre eux, non divisibles par X. Si l'on a
on en déduit
{— z-y= (x -\- y) (x -\- ot. y) (.r + a- y) . . . (.r -+- x'-ly).
X étant une racine imaginaire de l'équation y.' = 1. Ges À facteurs sont pre-
miers entre eux, et Ton devra avoir
ar + aj = «'JE(a)Px(at),
où E(oc) = E(a-'), et P(a) est un nombre complexe qui peut être idéal.
Soient h et k deux entiers positifs inférieurs à X ; I; fixe, et h tel que la
somme de h et du reste de h h (mod X) soit supérieur à X; on aura
7—— A < /' < J—j— l 'I = O. 1,2 /. - I .
Soil mh tel que hmh^= 1 ( mod X), et»,, n.,, ..., n^, les pi = — ■ — nombres
m ainsi déterminés. Kunimer a démontré (./. de ('relie, t. 35), que, si
P(a)est un idéal, P(a">')P(a"i) ... P(a'V) est un nombre complexe exis-
tant. On a donc
(1) {x+a'Uy) (x + x"~.y) . . . (x + «">/) = a'Q' («)
= ar(a0-4- a,z + rt,s(! + ...+ ny_,z' ~2)'\
car
E(a».)E(an>). . ■ E(txnr.)= lï(«-".)E(«-"0 . . . E( «-»!») = ±r,
Q(oc)=± P(«".)P(a»»).. . I'(;<"0
est un nombre existant. En développant suivant les puissances de 1— a,
(') Reçue dans la séance du 26 mai.
gruence
SÉANCE DU 16 JUIN I9l3. l8l5
facteur de A, on a les congruences
(a? + /)l1={a0-H«, + ...-l- tf-/._2)\ j("i + «?-+-...-(- «,*) = ( j? 4- /)/• (modX).
Soit
somme de p quelconques des [x nombres rc. L'égalité (i) conduit à la con-
ZxV-~i'yi'ïxyi' = {x + y)'' o>.'s-.l (modX),
a.r^^[,-^(-«)+w'-(^-')(,-«y — .]
on en déduit
( 2 ) SU* (i _ i )n-/> 2 N* = 2 BÇ. «Ç; . . . «Ç; ^j'^, ^ = <'/ N » ( mod À ) ,
où (3, -t- [32 H- $s = , y ayant l'une des valeurs o, i , 2, ..., A — 2.
En remplaçant c/ par q — 1, multipliant par NH, puis retranchant la con-
gruence (2), multipliant par et retranchant de la cougruence (2), on a
pi • ps ■ • • • Ps-
où /-est le nombre des exposants (ï(, (J2, ..., (3, égaux à 1.
La même transformation conduit successivement aux congruences
-"?,'"?; • • • /'?'s1is,V..at!<<(y ~ '')'"- ° (raod '■)
et
2bÇ; »f' . . . 4: a ''■ — — f(q-r)r{r^i)...{r-q + S) = o
qui se réduit à
-"r,"ï5"y, ■■•"y,,_,= o (rriodX).
Mais on a les identités
2 n'.', 2 «-/,/;.... . . . n-, = 2«£ «y bv . . . n- .,+ lnC+i n.. . . . n., .
Si l'on suppose
2b^ = 2b^ = ... = 2b?-1 = o (mod à),
on en déduit
2 b? = 0.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 24.) 232
1816 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Et, comme £/i* = o, on aura successivement
In* se ïni( = ... eee In'j-1 = o (mod À).
Comme « n'est égal ni à o, ni à i , on a
2(n!+ ra3+. . ,+ «*-•) =2 /y)...(x + oc'Vy) = [60-r 6, (i — a) +. . . -+- />),_8(i — a)x-2]\
qui conduit aux congruences
.rH-H^-'y^HS &* (modX2),
b0=xV-=±i (mod?,),
b\ = x^V- (modi"),
on aura de même
i+ ■-ji. = xf»-Vlx (mod>2),
Y = U(l — X^'),
y=2z(l-9*P) (modA»),
et comme .r -+- s doit être divisible par A>_l, on a
y= 2j(i-.i'¥) = -2x(i-.i;V,)so (modA8).
Le tbéorème de Fermât est ainsi démontré : i° si aucun nombre n'est
divisible par À; 2° si l'un est divisible une seule fois par À.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une transformation qui
dépend d'une équation aux dérivées partielles du troisième
ordre. Note de M. H. Jonas.
Je désignerai sous le nom de couple de Ribaucour deux surfaces, se
correspondant point par point avec ortbogonalité des normales, s'il y a,
SÉANCE DU l6 JUIN IO,l3. 1817
de plus, correspondance de leurs lignes asymptotiques et de leurs réseaux
conjugués. C'est de cette propriété que jouissent notamment, d'après un
théorème bien connu de Ribaucour, les deux nappes delà développée d'une
surface W ou, ce qui revient au même, une surface admettant un ds2 de
révolution et sa surface complémentaire. Proposons-nous, d'une manière
générale, de rechercher la transformation au moyen de laquelle on passe
d'une surface donnée (S) à une autre (S,), formant avec (S) un couple de
Ribaucour.
Voici d'abord une remarque préliminaire. Associons à deux surfaces,
assujetties à l'unique condition d'avoir leurs normales correspondantes
rectangulaires, deux congruences (Y) et (T,), en menant par chaque point
de l'une la tangente parallèle à la normale à l'autre. Je dis qu'entre (T)
et (r,) il y a correspondance des secondes développables.
Or les développables d'une congruence découpent un réseau conjugué
sur la nappe focale. Par suite, si, maintenant, (S) et (S,) constituent un
couple de Ribaucour, les premières développables de (T)et de (T,) vont se
correspondre également; il en sera de même de leurs arêtes de rehausse-
ment tracées sur (S) et (S, ). Si m = const. est l'équation de ces courbes,
les coordonnées et les cosinus directeurs de la normale à (S,) doivent être
définis par les formules suivantes (') : ,
dx% = ( m du -+- n dv)y + h dia Y (.<•, g>), . . . ,
doc à'j) d.T dm
du dv dv du
,A ~~ v/(EG-F2)Ï7J~r
Pour déterminer co, /;, m, n, on écrira les conditions d'intégrabilité
pour dxt, dyn dzK ; on exigera en outre que D,, D,, T)"t soient proportion-
nels à D, D', D". Cette condition, jointe aux précédentes, se réduit à la
seule relation
dit ()r>> ôli ô'xi _
du dv dv du
qui permet de faire h = i("). Après quelques réductions, on trouve les
(') Quant aux notations, je me rapporte à l'Ouvrage de M. Bianchi, Lezioni di
Geometria differenziale.
(2) Pour éviter les imaginaires, on fera h — — 1 pour la (S,) symétrique.
i8i8
formules
ACADÉMIE DES SCIENCES.
dut
àu>s
12^
D ( w,s^ — Wis-r- ) +- D' ( &>, , — ■ — Wt*-r-
' du
K(EG— F2)
du 0m\ .-.„/ Jf.j dw
I) m», -j W12-5- I + L> rj)n-i Wis-j—
(2)
dm dn
ai- du
EG
K(EG — F2)
d'o\- d'ii du
du) du dv
E F
D D'
àr)
G
D''
En portant les expressions (1) dans la relation (2), on aura pour w une
équation aux dérivées partielles du troisième ordre qui, au moyen des for-
mules de Codazzi, peut être ramenée à la forme.
(3)
PD + OD'+RD"=o,
où P, Q, R ne dépendent plus de D, D', D" ni de leurs dérivées. Etant
donnée une solution co, les coordonnées de (S,) se déterminent par des qua-
dratures.
Notons que les courbures principales de (S) et de (S,) satisfont à la
relation
A = (A,,o)i.
Si l'on choisit comme variables les paramètres a et (3 des asymptotiques,
l'équation (3) prend la forme assez simple
dp dÇ>
de d»
Dans le cas où (S) est une quadrique, cette équation admet une inté-
grale intermédiaire, contenant une fonction arbitraire de co. La quadrique
étant à centre, on a
à)
et 'l> = vfi - \ -+- 9(<>), on ramène le troisième et le quatrième type à la
forme
ds2 = du- -+- 2 dtydp,
qui permet l'application immédiate de la méthode de Weingarten.
Dans le troisième cas, (S,) est (2), surface intégrale de l'équation
d'Ampère ; dans le quatrième, (S,) se trouve être identique avec la (S') de
(') Nous faisons coïncider les courbes p et co.
1820 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Darboux ('). Si l'on fait K, = const., on est conduit aux classes de sur-
faces applicables dont M. Bianchi (2) a rattaché l'étude à la déformation
des congruences selon le mode indiqué par Ribaucour (3).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les différentielles totales et les fonctions
monogènes. Note de M. Paul Moxtel, présentée par M. Emile Picard.
1 . La recherche des conditions permettant d'affirmer que l'expres-
sion p(x, y)dx -h q(x, y)dy est la différentielle totale d'une fonc-
tion z(x,y) dans un domaine D des variables x, y, a fait l'objet d'un
grand nombre de travaux, notamment de MM. Schwarz, Thomae, Dini,
W.-H. Young.
En faisant l'hypothèse que p et q admettent des dérivées -~ et.-p- bor-
nées dans D, j'ai démontré que la condition nécessaire et suffisante pour
que pdx-hqdy soit une différentielle totale est que la relation -y- = y-
soit vérifiée presque partout dans D (4).
Je me placerai maintenant dans le cas où p et q sont des fonctions conti-
nues du point (x, y) et admettent des dérivées -y- et —- finies dans le
domaine D (5). On établit alors la proposition suivante :
La condition nécessaire et suffisante pour que l'expression pdx-hqdy,
dans laquelle p et q sont des fonctions continues du point (a?, y) dans un
domaine D où elles admettent les dérivées partielles finies -y- et -y- > soit une
(') Leçons sur ta théorie générale, des surfaces, t. IV, p. 3m.
(2) Annali di Mat., 3'' série, t. VI, 1901 ; voir aussi Lezioni, t. II, Chap. XX.
(3) Remarquons que, pour toute surface du deuxième et du quatrième type, (S,) est
le lieu des extrémités de oo2 segments tangentiels, entraînés dans les déformations
de (S).
(4) Annales de l'École Normale, 3e série, l. XXIV, 1907, p. 285. — M. de La Vallée-
Poussin a étendu ce résultat au cas où les nombres dérivés de q par rapport à x et
de p par rapport à y sont finis et sommables superficiellement (Acad. Belgique,
Fiull. classe Se., t. XII, 1910, p. 79a).
(5) On peut supposer seulement que les nombres dérivés de q par rapport à ,/ et
de p par rapport à y sont finis. J'ai montré récemment que les dérivées existent alors
presque partout {Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1^78).
SÉANCE DU 16 juin io,i3. 1821
différentielle totale, est que la relation —■ = ~ soit vérifiée presque partout
dans le domaine 1 > .
( )n peut remplacer, dans cet énoncé, l'hypothèse de la continuité de p
et q en {oc, y) par l'hypothèse que ces fonctions soient bornées dans D,
mais le résultat ne subsiste plus si l'on ne fait, sur les fonctions p et q,
d'autre supposition que celle de leur continuité par rapport à chaque
variable et de l'existence des dérivées ■§- et -f-i la condition demeure néces-
dx dy
saire, mais elle n'est plus toujours suffisante.
2. Le théorème précédent trouve une application immédiate dans la
recherche des conditions de monogénéité des fonctions de la variable com-
plexe x + iy. Soient u et v deux fonctions continues du point {oc, y) dans
un domaine D où elles possèdent des dérivées partielles du premier ordre
finies : la condition nécessaire et suffisante pour que u -+- iv soit une fonction
holomorphe de x -+- iy dans le domaine D est que les relations
â.u 0\- dv _ du
dx dy àx dy
soient vérifiées presque partout dans D. Ainsi les conditions de Cauchy-
Riemann, jointes à la condition de continuité, suffisent à assurer l'holomor-
phie de u -+- iv\ en particulier, si l'on suppose que u -+- iv à une dérivée en
chaque point de D, on retrouve le théorème de M. Coursai.
Il importe de remarquer que notre proposition peut tomber en défaut, si
l'on abandonne l'hypothèse que les fonctions u et v soient continues ou
bornées dans D.
3. Les résultats du paragraphe 1 s'étendent aux différentielles d'un
nombre quelconque de variables ou aux expressions de la forme
adydz -f- bdzdx -y- cdxdy.
Supposons, par exemple, que a, />, c soient des fonctions continues du
point {oc, y, s) dans un domaine D de l'espace à trois dimensions et admet-
tent dans ce domaine les dérivées partielles finies -r-> -r- et -r-; la condition
1 dx dy dz
nécessaire et suffisante pour que l'intégrale
ff
a dy dz -+- b dz dx + c dx dy
1822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
étendue à une surface fermée quelconque contenue dans le domaine D soit
nulle est que la relation
ôa db de
-j- + -j- -t- -p =o
o.ï uy oz
soit l'érifiée presque partout dans le domaine D .
Soient alors u et v des fonctions continues du point (ce, y, z, t) dans un
domaine D à quatre dimensions, dans lequel elles admettent des dérivées
partielles du premier ordre finies : la condition nécessaire et suffisante pour
que u + iv soit une fonction holomorphe des variables x -t- iyetz -+- it dansl)
est que les conditions de Cauchy soient vérifiées presque partout dans D. On
déduit aussi de ce qui précède qu'une fonction de plusieurs variables com-
plexes, continue par rapport à chacune d'elles et satisfaisant aux conditions
de Cauchy, est une fonction holomorphe de l'ensemble de ces variables.
4. On peut l'attacher a l'étude des différentielles totales un problème
posé par M. Baire (' '). Considérons, par exemple, l'équation aux dérivées
partielles
dz , dz
(l.r ày
dans laquelle a et b sont des fonctions continues du point (os, y) admettant
des dérivées partielles du premier ordre bornées. Les raisonnements clas-
siques relatifs à l'intégration de cette équation supposent la continuité des
dérivées — et '-^■■, mais ne sont plus valables si l'on ne fait que l'hypothèse
de l'existence de ces dérivées. M. Baire a montré que toute intégrale s,
fonction continue du point (x,y), est nécessairement constante sur chaque
caractéristique (2). Ce résultat peut être étendue au cas où l'on abandonne
l'hypothèse de la continuité de z. Soient =, une intégrale quelconque de
l'équation proposée et ;/, une intégrale de l'équation adjointe, on a la
relation
on déduit alors de cette relation que la fonction s est constante sur chaque
caractéristique.
(') Anna IL di Maternât ica , 3e série, 1899, p. 101.
(2) Loc. cit., p. 1 1 s.
SÉANCE DU 16 JUIN 1 91 3.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Séries hypertrigonométrigues .
Note de M. Michel Pbtrovitch, présentée par M. Emile Picard.
Dans ma dernière Note {Comptes rendus, 21 avril 1918', p. I2i3) j'ai
signalé les analogies entre la classe étendue de fonctions entières
\'') en nombre limité,
tels que clans chacun d'eux cette branche varie toujours dans un même
sens. Appliquons à chaque intégrale, étendue à un tel intervalle partiel,
le théorème de la moyenne sous la forme d'Ossian Bonnet. On obtient pour
chacune d'elles une expression où n figure au dénominateur, tandis que le
multiplicateur de - reste fini. En groupant ces intégrales et en remarquant
qu'on a
1 / 11 cosrx dt = I,( x) I uc/t,
<*> ; . " .
! / u sinrx dt — l-,{x) / u dt,
\ Ja J a
on trouve qu'en valeur absolue
Ij(a;) - — — \,(njc) = : \.,(pjc),
— ni~pï "v ' 2 suivît -Xl '
généralisant les développements tri gonomé triques de x, cospx et sinpx, et
dont la première est valable pour o < œ < -rr et les deux autres pour toute
valeur réelle de x.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des solutions holomorphes de certaines
équations intégrales linéaires de troisième espèce. Note (') de M. Cn.
Plâtrier, présentée par M. Emile Picard.
1. Soient a <^ o <[ p et '\*(x), K.(x,s) fonctions holomorphes pour
a.lix'Sfi, a(x) est une véritable
solution de l'équation (1) quand G(X) = o et elle nous permettra d'étudier,
parallèlement au cas de p = 1, le cas de p entier plus grand que un.
2. Supposons p = 1 et considérons l'équation (1). Soit (-r)-o(o) /*PK(a?,s) — K(o,s) , s ,
/ (3)" C9(.r) = -L^ — : lJ^_!+X/ v — — iq>(s)efe.
I x •'« x
obtenu en égalant séparément les termes en - et les termes finis pour x= o.
Or l'équation (3)" est une équation de seconde espèce qui admet une
solution lT(g) = *(«)-W+i/*K(^)-K(o,Q
i
Si "A annule la première équation (4), il existe donc une véritable solution
o(x) de(i) donnée par la seconde équation (4) et cette solution sera holo-
morphe dans l'intervalle (a, (3).
3. On montrerait de même que la recherche des fonctions *}(.r) holo-
SÉANCE DU 16 JUIN I ') 1 3 . 1827
naorphespour a(a?) sont indépendants de £ et ïj.
4. On vérifiera d'ailleurs facilement que les conditions T(X) = o et
G(A) = o sont équivalentes. Ecrivons pour cela K(;r, i) = K(o, \)-\-xil(x,s)
et désignons par H (a?, s, A) la résolvante de H (x, s) dans le champ (a — p)
Employons la notation de M. E. Picard (Mémoire cité). L'égalité T (X) = o
peut s'écrire en multipliant les deux membres par la déterminante du noyau
R(x,s):
,km
s
( .) = o. c. Q. F. D.
5. Supposons maintenant p entier plus grand que un. Exislera-t-il
1828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore des valeurs de A pour lesquelles l'équation (1) admettra des solu-
tions çp (a?) holomorphes pour a S x < (3 ?
Posons :
| K (.r, .v) = i0(s) -+. &,(«)# -+- . i . + Vi('0^' + «* II (a-, s).
Dans nos hypothèses, l'équation (1) est équivalente au système
(S') oro-t-M 6û(*)?(s)^=° (9 = 0, i, 2, .. ., /-) — i),
(8") ?(*)=/(*) + */ U(x,s)(s)ds.
En résolvant (8)" et portant dans les égalités (8)' la valeur de y(x)
ainsi obtenue, on formera les p conditions suivantes, qui sont distinctes,
auxquelles doit satisfaire X
\rt9+X/ \bti(s)+l bfi(t)X(t,s,l)dt f(s)ds = o
(9) j -Ax L -«
( (6 = 0, 1, 2, ..., /?— 1),
Par suite il n'existera pas, en général, de valeur de A répondant à la
question.
6. On peut poser autrement le problème : p étant un entier supérieur
ou égal à un et A étant quelconque, former toutes les fonctions '\>(x) telles
qu'il existe une solution ; * 1 - rapport à r/.r et rfy.
SÉANCE DU l6 JUIN IÇ)l3. 1829
Mais on peut se proposer de déterminer la surface S de telle sorte que les
courbes de ce réseau remplissent une condition donnée à l'avance, par
exemple qu'elles soient conjuguées. Dans ce cas le problème se traduit par
une équation aux dérivées partielles du second ordre. S'il s'agit, en parti-
culier, du complexe dont toute droite porte, en un de ses points, le moment
vectoriel d'un système de vecteurs donné, cette équation est la suivante :
q d~v (/'x ~t~ g^ ~ p Ty (p -^ + '//)+ ^ r + 0 = o ;
j'ai démontré qu'elle est réductible a la tonne
: dH à9 <>:*
(a — p ; - Jô + r^ — o.
' àct dp dix dp
et l'on connaît aisément l'intégrale générale de celle-ci.
L'intégration étant effectuée, on s'aperçoit que, sur les surfaces obtenues,
la recherche des lignes asymptotiques est réductible aux quadratures.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur les équations canoniques des systèmes
non holonomes . Note de M. Tueodok Posciil, présentée par M. Appell.
Soient qt, qit ■ ■■ , qa les n vraies coordonnées d'un système et
(1) toi=ctilq1 + ,-
dpi
en supposant K exprimé aussi à l'aide des
d'eau légèrement acidulée par l'acide sulfurique se dissout en dégageant
de l'acide carbonique et en donnant un petit précipité brunâtre.
Cette solution aqueuse, examinée au polarimètre, permet de constater
l844 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une déviation dexlrogyre de 4 minutes (dans un tube de iocm de long à une
température de -4-160), preuve qu'il s'est formé par l'hydrolyse du sucre
dextrogyre.
Ce colorant, soumis à l'analyse élémentaire, nous a donné des nombres
correspondant à la formule C10H60N()-7.
Ce corps est dénommé rouge de cacao.
c. Nous avons dit que par l'hydrolyse de ce colorant nous obtenions une
solution aqueuse renfermant du sucre et un précipité brunâtre, l'eau étant
toutefois colorée en jaune brunâtre.
Cette solution aqueuse fournit un précipité brun verdâlre par addition
de perchlorure de fer, jaune brunâtre par celle de bichromate de potasse,
blanc par celle d'extrait de saturne (le liquide surnageant au-dessus de ce
précipité se colorant en rose), rouge brunâtre par celle d'ammoniaque,
brun par celle de nitrate d'argent ammoniacal, blanc par celle d'eau de
chaux.
Soumis à l'analyse élémentaire, ce produit brun a donné des chiffres qui
conduisent à la formule C7CHT8N03i.
Ce corps est dénommé brun de cacao.
PHYSIQUE VÉGÉTALE. — Sur V action de la radiation dans un mélange
de substances colorantes. Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par
M. L. Mangin.
J'ai montré précédemment que le spectre de décoloration de la chloro-
phylle était semblable à son spectre d'absorption dans la partie la plus
réfrangible du spectre : autrement dit, les rayons absorbés agissent seuls
sur la décoloration de la chlorophylle. Pour le démontrer, j'incorporais
cette substance à du collodion qui était ensuite étendu sur une plaque, et
cette plaque était soumise à l'action des diverses radiations du spectre.
En mélangeant cette chlorophylle avec diverses substances colorantes,
et en particulier avec le pinaverdol qui est d'une belle couleur rouge, j'ai
observé une réaction photochimique des plus intéressantes.
S'il s'agit d'un mélange de chlorophylle et de pinaverdol, celui-ci se
trouve rapidement décoloré en face de la bande I de la chlorophylle, c'est-
à-dire par les radiations de longueur d'onde À(j;?o-65o.
Le pinaverdol es/ donc transformé et finalement détruit par Vènergie
absorbée par la chlorophylle et non par la sienne propre .
séance du i(5 juin 191 3. 1 845
Pour rendre l'expérience tout à fait démonstrative, une première moitié
de la plaque est recouverte par le mélange chlorophylle et pinaverdol; le
collodion qui recouvre la seconde moitié ne renferme que du pinaverdol.
Dans la première moitié, le pinaverdol se trouve détruit d'abord en face
la bande d'absorption de la chlorophylle et, un peu plus tard, en face sa
propre bande d'absorption; dans la seconde moitié, le pinaverdol ne subit
aucune modification, sauf en face son spectre propre d'absorption.
Il était tout indiqué de répéter cette expérience en remplaçant la chlo-
rophylle par d'autres pigments végétaux et d'autres substances colorantes.
Avec le pigment des Snlfuraires, en mélange avec le pinaverdol, ce sont
les radiations du spectre d'absorption de la Bactériochlorine A 790-780 et
A 820-800 qui décolorent rapidement le pinaverdol; celui-ci se trouve donc
détruit par des radiations obscures du spectre qui, dans les conditions ordi-
naires, sont sans action sur lui.
Mes expériences ont porté, avec le même succès, sur d'autres mélanges
de substances colorantes : pinacyanol, pinachrome, vert d'iode, vert de
méthyle, etc.; des radiations complètement inactives sur une substance
colorante isolée sont devenues actives par suite de la présence d'un second
pigment.
Revenons maintenant à l'expérience de décoloration de la chlorophylle :
nous la comprendrons mieux.
La chlorophylle, telle qu'elle est extraite de la plante par l'alcool, est en
mélange avec plusieurs pigments jaunes, parmi lesquels se trouvent en
proportion variable la carotine et la xanthophylle; comme dans le spectre,
la décoloration est complète en face les bandes I, II, III, IV; il en résulte
que la xanthophylle et les autres pigments jaunes ont été transformés et
détruits par l'énergie absorbée par la chlorophylle.
Le phénomène s'applique sans doute, non seulement aux pigments qui
accompagnent la chlorophylle, mais aussi aux diverses substances incluses
dans les chloroleucites de la plante ou en contact aveceux.
Comme l'action de la chlorophylle peut être observée en dehors de la
plante, il sera probablement possible de provoquer et de suivre ces diverses
transformations.
La sensibilisation des plaques photographiques se présente elle-même,
ainsi qu'il résulte des anciennes expériences de Voget et de Becquerel,
comme un cas particulier de ce mode d'utilisation de l'énergie par l'inter-
médiaire d'une substance absorbant de l'énergie radiante au profit de
celles qui l'accompagnent ou sont en contact avec elles.
l846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANATOMIE. — Recherches sur le plexus cardiaque et sur V innervation de l'aorte.
Note de M. Y. Maxouki.ian, présentée par M. Roux.
A la suite de nos recherches sur la pathogénie des altérations artério-
scléreuses, nous avons entrepris l'étude histologique du système nerveux à
l'état normal et pathologique. Dans cette Note, nous relatons nos résultats
sur l'innervation de la crosse de l'aorte du chien normal.
Pour cette étude, nous nous sommes servi de la méthode d'imprégnation
au nitrate d'argent, précédée de la fixation des pièces par l'alcool ammo-
niacal.
Ce qui nous a frappé d'abord, c'est l'existence de nombreux centres
nerveux dans le plexus cardiaque postérieur. Comme on le sait, ce plexus,
situé derrière l'aorte et en avant de la trachée, est composé de filets nerveux
richement anastomosés. Or nous y avons observé des ganglions nerveux
contenant des cellules à type sympathique, ganglions dont la plupart sont
microscopiques; on en trouve pourtant qui sont visibles à l'œil nu sur les
coupes imprégnées, mais ils sont toujours fort petits.
Leur nombre est plus ou moins considérable suivant les régions; sur une
seule coupe nous en avons compté jusqu'à sept et parfois même davantage.
De plus, il n'est pas rare de rencontrer dans le tissu interstitiel du plexus,,
des cellules nerveuses solitaires. On peut en rencontrer aussi dans les troncs
nerveux où, maintes fois, on constate l'existence de ganglions nerveux
minuscules.
On sait que le plexus cardiaque postérieur est formé de la plupart des
nerfs cardiaques sympathiques ainsi que de la plupart des nerfs cardiaques du
pneumogastrique. Etant donnée la part prépondérante que prend ce plexus
(appelé à juste titre grand plexus cardiaque par Haller) à la constitution du
plexus cardiaque, et, consécutivement, à l'innervation du cœur et des gros
vaisseaux, l'existence de nombreux centres nerveux dans son intérieur nous
paraît un fait très important.
Ce qu'il y a de remarquable encore, c'est la présence de cellules ner-
veuses dans le tissu propre de l'aorte, en pleine mésartère.
Il s'agit de cellules solitaires, à type sympathique, siégeant dans le tissu
conjonctif de la mésartère. Dans, nos imprégnations elles sont en nombre
restreint.
Terminaisons nerveuses au niveau des fibres élastiques et des cellules muscu-
laires lisses. — De calibre variable et plus ou moins onduleuses, les fibres
SÉANCE DU 16 JUIN I()l3. t847
nerveuses quittent le tissu conjonctif de la mésartère et se dirigent vers les
fibres élastiques et les cellules musculaires lisses ; après un certain parcours,
elles se terminent à leur niveau soit par un renflement qui peut affecter la
forme d'un bouton, soit par une extrémité plus ou moins effilée.
Au niveau des cellules musculaires lisses, il existe des arborisations ana-
logues aux plaques motrices des muscles striés.
Terminaisons nerveuses dans le tissu conjonctif de la mésartère. — Ce tissu
est richement innervé; à part les fibres nerveuses destinées aux fibres élas-
tiques et aux cellules musculaires lisses, il en existe un grand nombre qui
s'y terminent. Nous avons découvert des modes de terminaisons nerveuses
dont voici les plus intéressants :
Des grosses fibres nerveuses se terminant par un renflement considérable
en forme de hache ou de massue. Souvent disposées sans ordre, quelque-
fois ces massues se groupent ensemble en nombre variable. Sur de bonnes
imprégnations, on voit nettement les fibrilles de la fibre nerveuse d'origine
s'étaler en un réticulum très fin à leur niveau.
D'autres fibres nerveuses se terminent par un renflement moins considé-
rable que les précédentes sous la forme de gros boulons. Il y en a aussi qui,
au niveau de leur renflement terminal, présentent de petites excrois-
sances.
Enfin il existe un autre mode de terminaison nerveuse; les fibres ner-
veuses se résolvent en fibrilles fines, formant une élégante pelote.
Comme toutes ces fibres nerveuses ne sont pas en rapport avec les élé-
ments moteurs (les cellules musculaires lisses), mais qu'elles se terminent
dans le tissu conjonctif, force nous est donc d'admettre qu'elles sont de
nature sensitive.
On n'avait jamais signalé l'existence de terminaisons sensitives dans la
mésartère. Nos recherches montrent qu'il en existe de nombreuses, poly-
morphes.
Le rôle des terminaisons sensitives doit être très important dans le
mécanisme de la dilatation et de la constriction des artères. Ce sont les
fibres sensitives vasculaires qui apportent l'excitation à leurs cellules, les-
quelles, par leur prolongement central, la réfléchissent directement ou indi-
rectement sur les neurones sympathiques vaso-moteurs, neurones dont le
prolongement périphérique transporte l'excitation à la cellule musculaire
de l'artère. Il s'agit, en somme, d'un réflexe dont le point de départ est
l'arborisation sensitive et le point terminal, la terminaison nerveuse motrice
au niveau de la cellule musculaire lisse.
C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N° 24.) 2^b
l848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — De /'action des substances oxydantes
sur les toxines in vivo. Note de M. Marcel Iïemx, présentée par
M. A. Chauveau.
Nous avons montré, dans notre précédente Note, les résultats excellents
obtenus dans le traitement du tétanos et surtout de la coli-bacillose par
l'emploi des substances oxydantes; ces faits ont été confirmés d'ailleurs peu
après par MM. A. Lumière et J. Cbevrotier (') qui emploient pour traiter
le tétanos les persulfates alcalins.
Nous étudierons brièvement, dans celte Note, l'action de ces substances
sur l'évolution de la fièvre typhoïde expérimentale, de la strcplococcie et de
la rage.
Fièvre typhoïde. — Les injections microbiennes ont été faites à des cobayes dans
le péritoine à la dose de icm3 par kilogramme en se servant de cultures de 2/4 heures
en bouillon peptoné. La substance oxydante employée pour le traitement est le chlo-
rate de sodium injecté à la dose de 08,08 par kilogramme (solutions oE,o4 par centi-
mètre cube d'eau distillée).
Les témoins succombent eu 18 à 20 heures. Quand l'inoculation microbienne est
faite le soir et que le traitement n'est commencé que le lendemain matin, soit une
dizaine d'heures après, on obtient généralement une survie pouvant atteindre 3 jours,
nous n'avons jamais eu de guérison.
Il n'en est plus de même si le traitement est commencé quelques heures après l'in-
jection microbienne, comme il est rationnel de le faire étant donnée l'extrême sévérité
de l'infection ainsi produite : nous avons obtenu le plus souvent soit des guérisons
complètes, soit la transformation de cette affection suraiguë en une affection chro-
nique ne tuant l'animal qu'au bout de plusieurs jouis, le nombre des injections
salines étant de cinq le premier jour et une, deux ou trois le second jour.
Streptococcie. — L'animal d'expérience employé ici est le lapin. Les injections de
cultures, en bouillon peptoné de 2 JUIN I9l3. lH5l
Résultats suivant la période de la maladie à laquelle a été institué le traitement.
Coqueluche datant de :
Moins de 1 '2 3 4 Plus de
1 semaine, semaine, semaines, semaines, semaines. 5 semaines.
Guéris 3 1 11 10 5 7
Améliorés ... 8 10 5 l\ 11 2
Slationnaires. uj k 3 763
Pour qui connaît la durée souvent désespérante de la coqueluche, ces
résultats sont encourageants. La méthode, d'autre part, est facile et inof-
fensive. Cependant, nous ne voulons pas porter encore d'autres conclusions.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur le mécanisme de i acclimatation
des levures à l'aldéhyde formique. Note de M. M.-Emm. Pozzi-Escot.
M. Sorel a montré il y a longtemps (1895) qu'il est possible d'effectuer des
fermentations alcooliques en présence d'aldéhyde formique ajouté au liquide fermen-
tescible: j'ai étudié le phénomène en 1903 et mes recherches me conduisirent à
reconnaître que l'aldéhyde formique ne peut être utilisé industriellement pour
l'obtention de fermentations pures, comme l'a été et l'est encore l'acide fluorhy-
drique; dans un brevet qui me fut concédé à cette époque j'ai montré d'aulre part les
avantages que présente l'acide formique, antiseptique microbien bien plus puissant
que l'aldéhyde au sein d'un milieu aussi complexe que le sont les liquides de fer-
mentation industriels.
Des recherches ultérieures de M. Effront sont venues confirmer, en les précisant
considérablement, les recherches précédentes et suivant ce savant, le mécanisme de
l'acclimatation des levures à l'aldéhyde formique serait essentiellement analogue
aux phénomènes qui se déclarent dans les organismes animaux par l'introduction des
substances immunogènes.
L'acclimatation serait due à la destruction de l'aldéhyde par un principe oxvdant
qui se développe chez la levure et joue le rôle d'anticorps. L'oxydation qui intervient
dans cette réaction se ferait soit par l'intermédiaire de l'air atmosphérique, soit de
l'oxygène des substances contenues dans le milieu : la substance active produite par
l'acclimatation jouerait le rôle de la sensibilisatrice élective sans laquelle l'oxydation
ne se produit pas.
L'existence d'une fonction oxydante chez la levure, au sens diastasique
propre, m'a toujours paru problématique et, malgré de nombreuses études
sur le sujet, une démonstration évidente est encore à venir, malgré bien
des affirmations.
l852 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous savons au contraire, par les recherches de Nastukoff et celles assez
nombreuses que nous avons nous-même publiées, que la levure a des fonc-
tions essentiellement réductrices.
Les conclusions de M.Efl'ront nous ont donc paru fortement prématurées,
et les expériences suivantes montrent bien que la disparition de l'aldéhyde
formique doit s'effectuer par un mécanisme bien différent, et qu'il n'y a pas
acclimatation au sens propre.
Nous avons recherché : a. La réalité de la disparition de l'aldéhyde ;
b. Les conditions favorisantes ; c. S'il y a réellement formation de produits
d'oxydation de l'aldéhyde formique et particulièrement de l'acide formique;
d. Le mécanisme de la consommation de l'aldéhyde.
a. De nouvelles expériences de fermentation, conduites comme l'indique M. EflYont,
confirment la disparition de l'aldéhyde.
b. La disparition est d'autant plus facile que l'on considère un milieu de culture plus
riche en matières azotées complexes; si l'on a soin de prendre un moût d'orge pauvre
et d'en précipiter, par le tanin, la matière azotée, la fermentation devient de plus en
plus difficile en présence d'une dose constante d'aldéhyde, le témoin fermentant facile-
ment; la fermentation est d'autant plus facile qu'on ajoute une plus grande masse
initiale de levure.
Cette dernière conclusion est tout à fait conforme à l'influence des masses actives
de microbes dans les phénomènes de ce genre, influence mise en évidence dans mes
Leçons de microbiologie générale.
c. Si la disparition de l'aldéhyde formique est bien due à un phénomène d'oxyda-
tion diastasique, il devrait se former de l'acide formique; or cela n'a pas lieu. On ne
retrouve, en faisant le bilan de la fermentation, aucun antre produit d'oxydation
caractéristique; la combustion de l'aldéhyde doit donc être totale.
d. Si l'on ajoute de l'aldéhyde formique à un moût de grain, riche en azote, l'aldé-
hyde entre en combinaison, presque en totalité; la combinaison est labile et par un
traitement violent tel que la distillation, en présence d'acide, redonne de l'aldéhyde.
La fermentation et par suite l'acclimatation de la levure sont d'autant plus difficiles
que le moût est plus pauvre en azole organique et, avec un moût artificiel ne renfer-
mant que du phosphate d'ammonium, la fermentation devient très pénible.
Il semble logique de conclure de ce qui précède que l'aldéhyde
formique perd ses propriétés antiseptiques dans les bouillons de culture,
grâce à l'extrême facilité avec laquelle il se combine avec les fonctions
amidogènes et que la disparition de l'aldéhyde du milieu de culture corres-
pond simplement à une consommation alimentaire du complexe amido-
carboné formé, par la levure.
SÉANCE DU iG JUIN igi3. 1 >S53
chimie biologique. — Sur un diatyseur analytique.
Note de M. \V. Kopaczewski, présentée par M. Roux.
Dans certains cas la dialyse est le seul moyen de purifier ou d'isoler
un assez grand nombre de corps organiques; c'est le cas des toxines,
ferments, bases organiques cristallisables, etc. La dialyse est souvent, dans
les recherches précises, d'une application assez délicate. Elle sert surtout
à purifier les colloïdes; la partie dialysable se trouve alors disséminée dans
une si grande quantité d'eau qu'il estpresque impossible de l'isoler. D'autre
part, dans les cas où il s'agit d'une déminéralisation aussi complète quepos-
sible de colloïdes organiques ou d'une substance facilement décomposable,
il faut effectuer la dialyse avec de l'eau courante et très pure; on doit alors
employer une quantité d'eau souvent difficile à avoir.
Au cours de nos recherches sur la dialyse des ferments, nous nous sommes
proposé de construire un appareil dans lequel on effectue : i° la dialyse
rapide dans l'eau pure et courante; i" la distillation de l'eau; 3" la conden-
sation de la partie diatysable. Après maintes difficultés, nous avons réussi
à construire un appareil dont voici les détails (voir la figure i).
L'appareil se compose de trois parties A, B et C, stérilisables à l'auto-
clave (B et C sont aussi stérilisables au four Pasteur).
La partie A est un dialvseur modifié, muni d'un tube en verre; dans ce tube se
trouve un robinet R à deux voies qui peut communiquer soit avec le ballon B el régler
ainsi la sortie de l'eau du dialyseur, soit avec un tube latéral, permettant alors de
prélever de l'eau pour rechercher sa pureté et constater la fin de la dialyse.
La partie B est un ballon en verre d'Iéna, bouché avec un bouchon de liège ou en
caoutchouc, traversé par trois tubes : le premier est en verre et communique avec le
dialvseur, le second en verre communique avec la trompe, le troisième en étain com-
munique avec les réfrigérants.
La partie C présente deux réfrigérants, genre Soxhlet, à double circulation d'eau,
en étain, réunis par un tube, également en étain, en forme de Y.
Le fonctionnement de l'appareil est très simple: on remplit le ballon avec une
quant ilé d'eau égale au volume auquel on veut ramener la partie dial \ sable ; on bouche ;
on met le sac de collodion, rempli de la liqueur à diulvser; on ferme le dialvseur,
on courbe le tube eu étain en X et Y de façon que les ouvertures a et b entrent dans
deux branches latérales de dialyseur; on ferme le robinet R; on ouvre le robinet r;on
fait le vide, on ferme le robinet /•, on allume le bec de gaz et l'on amène le liquide à
I ébullition. Puis on maintient la température vers -t- '|0"C.
L'appareil, fonctionnant dans les conditions ordinaires de la pression,
1 854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
produit 71 à 81 d'eau deconductivité 1,2 à 1,6 X io~° par jour; fonctionnant
dans le vide, à une température de ■+- 4o°C. à -h 45° C, il produit 31 à 4!
de conductivité 0,6 à 0,7 X io~c par jour. Etant donné que l'espace com-
pris entre le sac de collodion et les parois du dialyseur est d'une contenance
de 3oocm" à 4oocm', on peut en déduire que l'eau se renouvelle de 10 à 20 fois
par jour.
Grâce à cet appareil la dialyse s'effectue beaucoup plus rapidement. Nous
avons, par exemple, dialyse la pectase de la luzerne et la pectine des
carottes d'une pari dans un dialyseur ordinaire (en changeant l'eau dans ce
dernier cas trois fois par jour) et dans le nôtre d'autre part; pour obtenir
de la pectase d'une conductivité de 2,9 Xio_c et de la pectine d'une con-
ductivité de 2,8 io~n, nous avons dialyse dans le premier cas 2 à 3 jours,
dans le second 3 à 5 jouis.
séance du 16 juin 1913. l855
L'appareil présente encore un avantage considérable; il peut être
employé, en dehors de la dialyse, comme appareil à distillation dans le
vide et fournir de l'eau d'une très grande pureté.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de l'acide borique sur la zymase ; comparaison
avec l'action des phosphates. Note de M. Henri Agumiox, présentée par
M. Roux.
Dans un travail antérieur ('), j'ai montré la remarquable inactivité de
l'acide borique vis-à-vis des diastases; seule, sur douze diastases différentes
examinées, la lipodiastase du ricin est sensible à la présence d'une petite
quantité de cet acide, et cela, même en présence des doses optimœ d'acides
forts. A la suite de nouvelles recherches, je crois devoir signaler le cas de la
zymase alcoolique, sensible elle aussi à l'action de l'acide borique.
Les levures vivantes sont encore susceptibles de fermenter le glucose en présence de
3os par litre de cet acide (2); Rosenblatt et M"e Rozenband, dans un travail portant
sur un grand nombre d'acides, supposent que la membrane cellulaire de la levure est
peu perméable aux acides, pour expliquer les différences profondes existant entre
leurs résultats obtenus avec la levure vivante et ceux de Biichner et de ses élèves
obtenus avec le suc actif séparé de la cellule.
Biichner et ses élèves n'ont pas étudié l'action de l'acide borique sur le suc de
levure; ils notent simplement l'action empêchante du borax en même temps que celle
des sels de calcium, de barvum, etc. (3).
La source de zymase que j'ai employée est le suc de levure préparé, selon
la méthode de Lebedeff, à partir de levure de brasserie qui m'a été aima-
blement fournie par la maison Moritz. Dans chaque essai, 4e de saccharose
ou de glucose sont mis en solution dans 2ocm' de macération de levure addi-
tionnée ou non de doses variées d'acide borique; le tout est abandonné à la
température ordinaire dans une fiole conique munie d'une soupape de
(1) Comptes rendus, t. 118, 1909, p. i34o, et Annales de l'Institut Pasteur,
t. XXIV, 1910, p. 49J-5iS.
(2) H. Agilhon, Recherches sur la présence et le râle du bore chez les végétaux
{Thèse Doct. Se. nat., Paris. 1910, p. 65). — M. Rosenblatt et Mlle Rozexbaxd,
Sur l'influence paralysante exercée par certains acides sur la fermentation,
alcoolique (Comptes rendus, t. 14-9, 1909, p. 809).
(3) Ed. et Haxs Bughnbr et Martin Hahn, Die Zymasegârttng, Munich, 1908
p. 1 65 .
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 15G, N» 24.) "^1
l856 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Meissl; on détermine par pesées successives la perte d'acide carbonique aux
différents moments de l'expérience.
Perte en CO- exprimée en milligrammes après
Acide borique — — — — - _— ^-"—
pour 100. 2 heures. 24 heures. 'iS heures. 3 jours.
Première expérience.
Témoin 0 5o 387 648 685
N
0,01 = -; — A7 36y 621 64?
620
N
0,1 == — Aà 3o7 5 16 538
62
N
1,0 = - — o o o o
",2
Deuxième expérience.
Témoin 0 71 622 0,36 960
Témoin 0 75 62.5 944 9^3
0,05=-^ 73 56i S18 83a
124
N
o,a5 = . 56 4 '4 52.5 535
24,8
Troisième expérience.
Témoin 0 73 53g 833
N
O.D — 7 27 227 271
'2,4
A l'examen de ce Tableau, on se rend compte de l'influence empêcbante
de l'acide borique sur la fermentation dès la dose faible de ioul(î
pour ioo""5 (solution^ — )• Avec iB pour ioo, aucune fermentation n'est
plus possible. La levure vivante, de même provenance, est cependant sus-
ceptible de fermenter une partie du sucre qui lui est fourni en présence de
2 pour 100 d'acide borique. Il semble donc bien que la membrane empêcbe
le contact direct de la zymase et de l'acide borique.
On sait que la zymase est favorisée par une certaine alcalinité du milieu;
on peut se demander si la faible acidité de l'acide borique n'est pas suffi-
sante pour être la cause de son action empêcbante. Le Tableau suivant
donne les chiffres obtenus dans une série d'essais où j'ai fait agir compara-
tivement, d'une part le pbospbate monosodique et l'acide borique, de
ti,s
SX(,
tfâ
"'--
3g|8
4^4
369
•,-s
6"2
65 1
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7'M
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2o5
.;.n
:>4i
521
9<»6
«)î
365
734
828
488
812
S.V.
SÉANCE DU 16 JUIN igi3. 1 85^
même acidité vis-à-vis des réactifs colorés, d'autre part le borax et divers
sels d'alcalinité différente :
Perte en CO'
exprimée en milligrammes après
"2lr. i\' . 48h 3 jours.
Première expérience.
Témoin 5g
0,5 pour 100 d'acide borique 42
» de borax 49
» de phosphate mono 72
» de phosphate bi &]
Deuxième expérience.
Témoin 3g
r pour 100 de borax 21
» de phosphate tri 56
» de citrate trisodique 36
» de carbonate de Na 56
Nous voyons tout d'abord que le phosphate mono, de même acidité
vis-à-vis des réactifs colorés que l'acide borique, loin d'avoir une action
empêchante, est légèrement favorisant. Il semble donc que l'acidité propre
de l'acide borique ne suffit pas à expliquer son action empêchante sur la
zymase. L'importance de la nature du radical électronégalif en dehors de
la réaction est indéniable; elle apparaît aussi, nettement, si l'on compare
l'action sur la zymase du phosphate disodique et du citrate trisodique (' ).
Le borax est nettement défavorable, alors que les sels alcalins sont favo-
risants; il est cependant moins «mpêchant que l'acide borique, ce qui
tendrait à faire penser que son alcalinité compense un peu l'influence défa-
vorable du radical électronégatif (2). Au sujet des phosphates, on peut
remarquer que leur action favorable croit avec leur alcalinité; l'action
favorisante de l'alcali s'ajoute à celle du radical P205 agissant comme
coenzyme.
( ') Voir au sujet de l'importance du radical électronégatif des acides les travaux de
G. Bertrand et M. et Mme Rosenblatt sur l'action des acides sur la sucrase : Annales
de l'Institut Pasteur, t. XXVI, 1912, p. 32i et 932.
(-) Il y a lieu de tenir compte qu'en présence de sucre le borax perd son alcalinité
à la phtaléine.
l858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est intéressant de noter que de toutes les diastases que j'ai étudiées, les
deux seules sensibles à l'acide borique sont deux endodiastases, la zymase
et la lipodiastase, agissant normalement à l'abri de la membrane cellulaire.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Étude quantitative de V action des rayons ultraviolets
monochromatiques sur l'amylase. Note de Mme et M. A. Chauciiard, pré-
sentée par M. Dastre.
Dans une Note précédente, nous avons montré que les rayons ultraviolets
détruisent l'amylase et l'invertine. Nous avons continué nos expériences
dans le but de déterminer d'abord comment varie l'action des rayons ultra-
violets sur l'amylase avec la longueur d'onde. Il est en effet important de
comparer la vitesse d'action des radiations des différentes longueurs d'onde
entre elles et de juxtaposer ces résultats aux valeurs d'absorption des
mêmes rayons. De plus, il est nécessaire de déterminer en valeur absolue
l'énergie absorbée et la proportion d'amylase détruite par cette énergie.
Pour étudier celte question, nous avons employé deux méthodes diffé-
rentes :
i° Méthode des écrans. — La source utilisée était une étincelle condensée
entre des électrodes de cadmium ; l'intensité dans le primaire était de
10 ampères, le voltage de 1 10 volts, le nombre des interruptions de 8000 à
10000 par minute; l'intensité dans le secondaire de 6 ou 7 ampères. (Pour
plus de détails, voir Victor Henri et Wurmser, Journal de Physique, avril
i9i3.)
Nous avons interposé une série d'écrans, à savoir : lamelle de verre omm,i/i; lame de
verre omm,7; -solution d'acétone à 5 pour 100, épaisseur 5ram (entre deux lames de
quartz); solution d'albumine d'œuf à 2 pour 100, épaisseur 5mra. Ces écrans permettent
d'isoler différentes régions du spectre ultraviolet. L'épaisseur de la solution diastasique
était de ymm, la distance à la source de 4cm. L'énergie de cette source a été mesurée en
valeur absolue pour chaque raie par MM. Victor Henri et Wurmser.
Nous donnons dans le Tableau I les proportions de diastase détruites en
i5 minutes à travers ces différents écrans; ainsi que les longueurs d'onde
des rayons qui traversent et les énergies correspondantes :
SÉANCE DU 16 juin igi3. 1859
Tableau 1.
Énergie Energie transmise :
des raies : — ^— — ^
a. Eau distillée. Acétone. Albumine. Lamelle. Lame.
21 44, 5 0,069 0,017 O o O
219.5 0,091 0,0182 o O o
2266 0,107 o,oi23 o o o
23oo 0,210 o,oio5 0,0000084 o o
2469 0,007 o,ooooo35 0,00112 o o
2372 0,022 o o,oo55 o o
2748 o,o3o o o,oo3i5 o,oo3 o
2880 ) n. „ . „ 0r c
'> 0.O2I 0,001780 0,000340 0,0070.J 0,00120
2980 s
■ 0,087 0,087 0,087 0,0783 0,0696
Énergie totale.. . 0,644 o,i468 0,1061 0,0886 0,0708
Atténuation pour
ioo 54
21 19 17 4
Atténuation rap-
portée au té-
moin 11*0.... 100 4° 35 3i,4 7>4
On voit, en comparant l'atténuation à travers l'acétone avec celle obtenue
à travers le verre, que les rayons A = 2469, 23oo et2i95 sont plus actifs que
les rayons de longueur d'onde plus grande.
20 Action des rayons monoc/iromaliques . — Pour étudier l'action de
radiations ultraviolettes monochromatiques sur la diastase, il faut avoir une
source lumineuse très intense. Nous nous sommes servis de l'installation
réalisée par MM. Victor Henri et Wurmser.
Un grand transformateur de résonance, combiné avec un condensateur de yô °"e micro-
farad, est branché sur le courant alternatif de 110 volts; l'intensité du primaire est
égale à 20-20 ampères. On produit ainsi une étincelle condensée très intense entre
des électrodes (de i.5mm de diamètre) de magnésium, de cadmium et de zinc. La
lumière est décomposée par deux prismes de quartz et l'on fait agir les différentes
raies isolément sur la solution placée dans une petite nacelle très étroite sous une
épaisseur de jmm. L'énergie de chaque raie est mesurée en valeur absolue par une pile
de Rubens étalonnée avec une lampe Hefner.
Les résultats obtenus pour l'exposition pendant i5 minutes aux trois
groupes de raies : Mg = 2800, Cd = 23oo, Zn =r 2100, sont donnés dans
le Tableau II :
1860 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tableau II.
Proportion détruite
Proportion détruite Proportion détruite pour io'ergs
en i5 minutes Énergie des raies par unité absorbés
a. (pour 100). (ergs : sec-cni- ). d'énergie incidente. par la solution.
î l OO )
~ t >4 [2QO I08.5 —
2060 ) u
2800 it\ 69.36 34,6 o,3g
2800 22,7 7780 29,1 o,43
Les nombres de la quatrième colonne montrent que l'action est d'autant
plus forte que les rayons sont plus courts.
Il est nécessaire de comparer ces résultats avec l'absorption de ces diffé-
rents rayons par la solution contenant la diastase. Les mesures quantitatives
faites par M. Victor Henri donnent les valeurs suivantes pour les propor-
tions d'énergie absorbée par une couche de 7""" d'épaisseur de la solution
d'amylase :
X -2307. 2389. 2535. 2875. 2944. 3126. 3306.
Proportion d'énergie
absorbée pour ioo. 99,96 96 88,5 72,97 58,33 3g, 7.') 28,37
Si l'on calcule la proportion de diastase détruite pour l'unité d'énergie
absorbée que nous choisissons égale à 10' ergs, c'est-à-dire environ £ de
calorie, on trouve pour 23oo et 2800 presque les mêmes valeurs, contenues
dans la cinquième colonne du Tableau IL
Par conséquent : i° L'action pholochimique des rayons ultraviolets sur
l ' amylase est proportionnelle à l absorption de ces rayons par la solution conte-
nant le ferment .
i° Une quantité, d'énergie de rayonnement qui serait capable d'élever
la température de la solution seulement d'environ \ de degré décompose les -^
de la diastase.
PHOTOCHIMIE. — Etude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets
par les monamines, diamines, nilriles, carbylamines, amides et oximes
de la série grasse. Note de MM. Jea\Bielecki et Victor Henri, présentée
par M. Dastre.
Nous avons étudié l'influence exercée sur l'absorption des rayons ultra-
violets par les différents groupes azotés dans les corps suivants de la série
SÉANCE DU l6 JUIN I9l3. l86l
grasse : aminés primaires R — NH2, secondaires R2 = NH, tertiaires R3 = N;
diaminesNH2 — R"— NH2; nitriles R — C = N; earbylamines R — N = C;
amides R - CO - NH2 ; cétoximes R2=C = NOH et aldoximes
R - CH = N - OH.
Les valeurs des constantes d'absorption moléculaire 1 des solutions
alcooliques (3 = 3, 10 ~u''1 ) sont données dans le Tableau suivant :
Longueurs
d'ondfi.
Méthylamine. »
Ktlivlamine. . »
Propy lamine. »
D i m é t li y 1 -
aminé 0
Diéthylamine »
Di propy I -
aminé »
ïriniélhvl-
amine »
T r i é t h y 1 -
aminé »
Tripropyl-
amine »
Éthylène-di-
amine Si
Acétonitrile.. o,54
Méthylcarbyl-
amine
Acélamide. . .
Propiona-
mide
Acétoxime. . .
Acétaldoxime
0, i"
» >70
»
u,3
7,0
1,84
3,a ;
2,56
'•s7
19,4 '5,6 10,4 7,6 7.1 i
Aminés tertiaires.
» » » u 1 1,8
» n3 65,7 48,4 !6,g
)) » » » »
Diam.in.es.
3,7 M1' '».<)Ô » »
Nitriles et Carbylamines.
o,i34 » » " "
5,6
o,33
0,64
l.'l 1,19
0, (g
0,87
» »
,08 0,88 "-'i
6,7
i9,4
97
10. S!
48,4
s,,
■■■■-
3,g o,8g
g,36 6,33
1,98 1,2
700
484
i"-ï
270
a65,'
3 2, 8
35
220,9
>94
26,5
Amides.
16, a ia,
30,9 17,7 10,8 8,6 i
Oximes.
101,4 ''ii1 4°, 4
162
166,2
66,8
8,1
4,79
3,04
2, a
1.22
0,78
6,6
3,9
1,35
1,01
0,7.)
o.i,/.
27
ia,3
8,12
4.77
o,6S
o,36
3. ,4
20,3
8,9
3,i8
0, "1
»
» »
Résultats. — i° L'absorption de tous les corps azotés étudiés par nous se fait
d'une façon continue, la valeur de t croît régulièrement lorsque A diminue
jusqu'à 21 44.
1862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° L'absorption des rayons ultraviolets par les aminés primaires de for-
mule C"H-'Î+I NH2 augmente avec la valeur de n. Il est intéressant de com-
parer cette absorption avec celle des alcools correspondants :
)> 2144. 2195. 2240. 2307. 2338. 2405. 2452. 2550. 2G65. 2900.
Alcool méthylique .. . 0,029 0,018 0,017 o,oi3 0,010 0,007 0,006 o,oo5 o,oo4 o,oo3
« éthylique 0,08 o,o5o o,o38 0,028 0,025 o,oi3 0,008 o,oo5 » »
» propylique n . . 0,201 0,104 0.096 o,o83 0,080 0,0^0 » » » »
On voit que la substitution du groupe NHa à la place de OH augmente
très fortement l'absorption. Toutefois cette exaltation de l'absorption ne se
fait pas dans la même proportion pour les trois alcools. On peut admettre
que le groupe OH est très peu absorbant, de sorte que pour les alcools
l'absorption du radical alcoolique possède une valeur prédominante. L'ab-
sorption des alcools de formule C"H2"+,OH augmente avec la valeur de n
suivant une loi exponentielle. Au contraire, pour les aminés primaires, la
part de l'absorption qu'apporte le groupe NH2 est très grande et elle masque
l'absorption due à l'alkyl, de sorte que les variations relatives de l'absorp-
tion avec la valeur de n deviennent faibles.
3° Les aminés secondaires se comportent entre elles comme les aminés
primaires. Il en est de même pour les aminés tertiaires.
4° Lorsque, dans la molécule d'ammoniaque, on remplace successi-
vement les atomes d'hydrogène par 1, 2 ou 3 radicaux de formule C"IP"+I,
l'absorption augmente d'une façon très intense. Ainsi pour A = 2193 elle
est égale à o,o85pour NH3; 10,8 pour CH3NH2; > 19,4 pour (CH3)2NH;
de même pour A = 2389 t est = 0,66 pour CH3NH2, 1,8 pour (CH3)2NH
et 1 5, 8 pour (CH3)3 N. C'est une augmentation qui se fait suivant une loi
exponentielle.
5° L'absorption par l'éthylène-diamine fait ressortir nettement l'in-
fluence des deux groupes NH2; en effet, la courbe d'absorption monte .
d'abord lentement jusqu'à 2265 et puis s'élève brusquement très vite. La
même allure de la courbe d'absorption se trouve pour l'ammoniaque.
6° Les corps où l'azote possède une triple liaison avec un carbone
(nitriles R — G = N), de même que ceux où l'azote est pentavalent (car-
bylamines R — N = C) absorbent excessivement peu.
70 Les amides R — CO — NH2 absorbent d'une façon analogue aux
acides correspondants; la substitution du groupe NH2 à l'hydroxyle pro-
voque ici une exaltation de l'absorption. Mais cette exaltation est relati-
vement moins importante que dans le cas des alcools et aminés primaires,
puisque l'absorption par le reste R — CO est déjà forte.
séance du 16 juin io,i3. i863
8° L'absorption par les oximes est bien plus intense que par les aminés;
elle doit être comparée à l'absorption par l'hydroxylamine.
X. 2144. 2195. 2265.
Absorption par NHsOH.HCI (sol. aqueuse) o,4o5 o,io5 o,o54
» (CH3)2 = C = NOH (sol. alcool.)... » ;<»> 270
CII'.CH = NOM (sol. alcool.) 810 484 260,7
On voit que la substitution des deux atomes d'hydrogène dans l'hy-
droxylamine par les groupements ]\- = C = et R. CH = produit une exal-
tation très forte de l'absorption; ce résultat est donc à rapprocher de celui
des aminés secondaires comparées à l'ammoniaque.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Transformation du calomel en sels solubles
de mercure dans les milieux digestifs. Note de M. II. Zilgien, présentée
par M. L. Landouzy.
I. De mes recherches chimiques sur la transformation du calomel en sels
solubles de mercure, il résulte que :
i° 5ocs de calomel, avec 10""' d'eau et trois gouttes d'acide lactique, ne
fournissent pas de sels solubles de mercure;
20 ils n'en fournissent que des traces impondérables si, au lieu d'acide
lactique, on ajoute 25™' d'ammoniaque ;
3° le résultat est complètement négatif si, aux mêmes quantités de
calomel et d'eau, on ajoute i"n' de laclate d'ammoniaque préparé à l'avance.
4° Au contraire, le lactate d'ammoniaque, a l'état naissant, donne une
quantité abondante de sels de mercure, et cela sur le champ, sans que cette
quantité ainsi fournie de suite n'augmente ultérieurement.
C'est ainsi que 5ocs de calomel avec iocmS d'eau, trois gouttes d'acide lactique et
25cm» d'ammoniaque, donnent, aimiès filtration immédiate ou 24 heures plus tard,
0,008 de sels solubles de mercure.
5° Si, au lieu d'eau ordinaire, on emploie de l'eau distillée on obtient
un abondant précipité blanc par le nitrate d'argent. 11 semble donc que le
sel soluhle formé soit du bichlorure de mercure.
6° Les mêmes résultats positifs sont obtenus par le chlorure d'ammonium
a l'état naissant, alors qu'ils sont négatifs avec le chlorure d'ammonium
préparé d'avance;
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 24.) 238
l86/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
70 Le chlorure de sohiuM donne des résultats négatifs, soil à l'état naissant,
soil à l'état ancien ;
(S" Ces résultats ne s'appliquenl pas qu'au calomel, mais encore au bis-
muth, elc. ; il s'agit donc d'un principe gênerai.
II. De mes recherches physiologiques, sur le chien, il résulte que :
i° c'est dans l'estomac seulement que le calomel se transforme en sels
solubles de mercure. Aussitôt arrivé dans l'intestin, il se transforme en
sulfure de mercure absolument inattaquable.
2° L'inhalation d'ammoniaque, mettant l'animal expérimenté dans des
conditions semblables à celles où il se trouverait si son foie était insuffisant
pour transformer en urée les produits ammoniacaux charriés par la veine
porte, donne une augmentation considérable dans la transformation du
calomel en sels solubles de mercure.
L'ammoniaque contenu dans le sang et éliminé par les divers émonc-
toires, l'estomac en particulier, trouve là, soit de l'acide chlorhydrique,
soit de l'acide lactique en cas de fermentations bactériennes. Il va donc se
former un sel d'ammoniaque de façon ininterrompue et en quantité variable,
mais, en tous cas, propre à transformer le calomel.
GÉOLOGIE. Sur la terminaison occidentale, de la Sainte-Baume. Note
de M. Emile Haug, présentée par M. Pierre ïermier.
La chaîne de la Sainte-Baume, bien connue des pèlerins et des touristes,
est également pour les géologues un lieu classique. C'est en effet ici cpie
Marcel Bertrand signala, il y a près de 3o ans, les premiers plis couchés
de la Provence. La chaîne s'étend, sur une longueur d'environ i2Iu", avec
une direction WSW-ENE, du Baou de Bretagne au Pic de Saint-Cassien.
Son front nord forme une falaise abrupte, qui domine le plateau du Plan-
d'Aups, tandis que son flanc méridional descend en pente douce vers le
Sud. Marcel Bertrand a montré, dès i88/j, qu'elle est constituée par une
série renversée, allant de l'Aptien au Jurassique supérieur, comprise entre
deux séries normales. La série normale inférieure, forme en quelque sorte
le socle de la Sainte-Baume; elle comprend, au-dessus du Jurassique et
séparé souvent des calcaires blancs par une couche de bauxite, un Crétacé,
réduit à ses termes les plus élevés, qui forme le plateau du Plan-d'Aups. La
série normale supérieure comprend les lames triasiques et jurassiques de
SÉANCE DU l6 JUIN ICJI3. 1 865
Signes, de Riboux et de Cuges. Les relations tectoniques de ces trois séries
dans le ravin de Saint-Pons, qui marque la limite occidentale de la chaîne,
ont attiré particulièrement mon attention. Leur étude est grandement faci-
litée par les coupures profondes dues à l'érosion et par le tracé de la nou-
velle route, dont les nombreux lacets escaladent les pentes de Roque
Forcade (').
La série normale inférieure, qui, à l'Est de l'Hôtellerie de la Sai nie-Baume, plonge
régulièrement au Sud, en s'enfonçant sous la série renversée, se replie, à partir du
Plan-d'Aups, en anticlinal. Les calcaires à Ilippui ites forment un dos d'âne, dont les
flancs sont constitués par les couches saumâlres campaniennes et par les argiles
bariolées garumniennes. Entre le col de l'Espigoulette et celui de la Machine, qui
conduisent du Plan-d'Aups au vallon de Saint-Pons, cet anticlinal possède une direc-
tion à peu près SVV-NE, qu'il conserve jusqu'au point de convergence des principales
branches du ravin, où il s'enfonce sous des séries plus élevées.
La série renversée du Baou de Bretagne est charriée, comme l'a montré Marcel
Bertrand dans sa Note de 1900, sur un anticlinal parallèle au précédent, qui appar-
tient également à la série normale du Plan-d'Aups. L'Aptien s'enfonce sous l'Urgonien
et les calcaires de cet étage, après avoir subi un étiremenl momentané, bien figuré
sur la coupe de Marcel Bertrand, reprennent leur épaisseur habituelle et forment,
plus au Sud, une immense croupe rocheuse, exemple grandiose de terminaison péricli-
nale. Ils s'enfoncent, à l'Ouest, au Sud et au Sud-Est, sous les terrains de la série
normale supérieure.
Ici ce terme de série normale supérieure n'est plus 1res exact, car des lames de
Jurassique renversé s'intercalent entre l'Urgonien renversé et le Jurassique normal
de la série supérieure. Le long du chemin qui conduit des sources de Saint-Pons à
Cuges, l'Urgonien s'enfonce soit sous des dolomies du groupe Oolilhique moyen, soit
sous les calcaires du Bathonien supérieur. Ces calcaires appartiennent au flanc inverse
d'un anticlinal couché, car ils sont séparés d'une seconde barre de Bathonien supé-
rieur par une bande de calcaires marneux du Bathonien inférieur. Les deux barres
de Bathonien supérieur se retrouvent au Nord des moulins de Saint-Pons, et le noyau
liasique de l'anticlinal apparaît le long de la route. La barre supérieure se poursuit
sans interruption vers le Nord jusqu'au col de Roque Forcade. La barre inférieure
est, par contre, coupée brusquement par une petite faille transversale, au delà de
laquelle apparaît le noyau triasique de l'anticlinal, surmonté de toute la série nor-
male, de l'Heltangien au Bathonien supérieur. Le flanc inverse a entièrement disparu
et l'Urgonien renversé est en contact direct avec le Trias supérieur. Plus haut, ITlet-
tangien apparaît seul et forme une voûte qui s'appuie contre l'Aplien vertical de la
série renversée. C'est la charnière du pli. Le Lias moyen et supérieur du flanc normal
(') Les courses que j'ai entreprises dans le massif de la Sainte-Baume ont été
entreprises en vue de la révision des feuilles d'Aix et de Marseille de la Carte géolo-
gique. J'ai été secondé dans quelques-unes de ces courses par mon collaborateur,
M. A. Lanquihe.
l866 AC.VDÉM1E DES SCIENCES.
constitue une barre rocheuse, orientée N-S, qui coupe successivement tous les lacets
de la nouvelle route et qui, après avoir traversé le dernier, prend la direction E-W,
pour décrire ensuite une grande boucle, enveloppant presque complètement l'affleu-
rement de l'Heltangien. On est en présence de la charnière d'un grand pli couché
dont la convexité est tournée vers l'Est. Le Lias du flanc inverse entame lui aussi
les deux derniers lacets. Mais il v a plus. Les calcaires balhoniens à peu près horizon-
taux qui forment la crête déchiquetée de Roque Forcade et qui appartiennent au
flanc normal du pli sont en continuité parfaite avec une ban e rocheuse, dirigée NE-SW,
qui descend du col de l'Espigoulette vers le fond du ravin, en décrivant une boucle
semblable à celle du Lias, mais la charnière du pli couché prend ici une ampleur
plus grande. Les calcaires constituant le flanc inverse peuvent être suivis vers le Sud-
Ouest jusqu'au point où se réunissent les trois ramifications principales du ravin.
Leur épaisseur est très variable, ce qui lient au laminage intense qu'ils ont subi et
qui se traduit par la présence d'innombrables veines spathiques.
En reliant entre elles les charnières de l'Hettangien, du Lias moyen et
du Bathonien, on constate que la trace de la surface axiale du pli couché
est une ligne sinueuse : SE-NW au sud de la source de Saint-Pons, elle
devient SSW-NNE cl SW-NE dans la parlie inférieure du ravin, puis S-N
etWSW-ENE dans la partie supérieure. C'est avec cetle dernière direc-
tion que le pli passe sur le versant du Plan-d'Aups, mais ici l'érosion n'a
plus rien laissé subsister des charnières, et le flanc inverse, très étiré,
n'apparaît que dans deux petites fenêtres, sous le Lias charrié qui sépare
le massif autochtone de la Lare du socle de la Sainte-Baume.
Le pli couché que je viens de décrire est en continuité avec un pli du
versant sud de la chaîne, qui vient de Biboux et passe au Nord de Cuges,
pour contourner ensuite la terminaison périclinale de l'Urgonien renversé.
Sur le versant ouest du ravin de Saint-Pons ce même pli couché est déversé
vers l'Est et vers le Sud-Est; il recouvre d'abord le bord occidental de la
série renversée, puis la terminaison de la série normale inférieure. B a subi
une conversion d'environ i8o° et s'est moulé en quelque sorte autour de
l'extrémité sud-ouest de la Sainte-Baume, ainsi que l'avait admis tout
d'abord Marcel Bertrand. Il convient dès lors d'écarter l'hypothèse d'une
nappe unique, originaire du Sud, qui aurait primitivement recouvert toute
la chaîne, hypothèse que Marcel Bertrand avait émise plus lard et à laquelle
s'est rallié récemment M. Repelin.
SÉANCE DU 16 JUIN ip,l3. 1867
GÉOLOGIE. — Observations tectoniques aux environs de Grasse. Note de
MM. Léon Bertrand et Antomn Lanqwne, présentée par M. Pierre
Termier.
De nouvelles observations faites dans l'angle SW de la feuille « Nice »
de la Carte géologique détaillée au g „,'„„■, en particulier dans la partie com-
prise entre le plateau de Roquevignon, au nord immédiat de Grasse, et les
gorges du Loup, au nord de Gourdon, nous ont permis de constater
quelques faits qui viennent à l'appui de l'hypothèse que l'un de nous a
récemment émise au sujet de la tectonique de cette région (').
Une coupe de détail, relevée dans le Jurassique, depuis la partie haute de
la ville de Grasse jusqu'au bord du plateau élevé qui la domine au nord,
met en évidence des répétitions de couches bathoniennes, bajociennes,
hettangiennes et rhétiennes dont l'ensemble a le même plongement N-NW
et présente de larges ondulations. Voici les termes stratigraphiques qui se
superposent, dans la coupe en question, de haut en bas :
Bajocien (lame du sommet du plateau);
Ballionien ( masses exploitées du plateau de Roquevignon);
Bajocien ;
llettnngien ;
Bathonien (sans Bajocien siliceux);
Ilettangien (réduit) ;
Rhétien (plusieurs lits argileux très nets);
Heltangien;
Rhétien.
C'est là une succession d'assises en apparence toutes concordantes, mais
qui sont manifestement répétées par des plis couchés isoclinaux. De notables
réductions affectent les flancs inverses de ces plis dont les charnières du côté
sud ont été profondément érodées et ne semblent pas subsister. Vers le
nord, au contraire, la constance de direction des mêmes plis depuis le
village de Cabris jusqu'au delà du Bar permet de suivre leurs intersections
avec une surface topographique assez complexe et coupée de plusieurs
ravins. Quelques-unes de ces intersections paraissent établir le sens nette-
ment provençal de la poussée.
Si l'on continue la montée vers le hameau de Gourdon, on franchit une
nouvelle masse balhonienne, celle du plateau de la Sarée, dans laquelle
(') Comptes rendus soin m. Soc. géot . de France, n° 2, igi 3, p. i5.
1868 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous avons noté d'importantes répétitions, analogues aux précédentes.
Nous avons constaté, en outre, en coupant ces bancs bathoniens, des phé-
nomènes de laminage très nets, qu'une dolomitisalion assez inégalement
répartie dans les termes de la série oolilliique inférieure ne dissimule que
rarement. Au-dessus, se place l'ensemble formé par les calcaires jaune
clair, les calcaires sublithographiques et les dolomies du groupe oolilhiquc
moyen. On peut suivre la continuité de cet ensemble de l'autre côté du
ravin du Loup, vers l'est. Le Jurassique supérieur surplombe toute cette
série et s'aligne comme elle dans une direction WSW-ENE. Il forme
une succession de bancs résistants et compacts, sur une des avancées des-
quels est perché le petit village de Gourdon.
Or; en dépassant ce village vers le nord pour s'engager dans la profonde
entaille de la gorge du Loup, on constate, à l'est, l'existence très nette du
chevauchement de la montagne de Courmettes sur ce substralum juras-
sique précédemment considéré. Un accident, photographié par l'un de
nous, replie en Z le front des calcaires jurassiques chevauchants, au-dessus
des bancs rigides du Jurassique supérieur, qui forment la partie élevée de
la série chevauchée et qui ne montrent aucune trace de ce reploiement.
Mais le sens de la poussée se montre ici totalement indépendant de celui
de l'ensemble sous-jacent et paraît lui être presque opposé. On acquiert
avec certitude, en analysant cet accident du sommet de Courmelles, la
notion d'une répercussion alpine sur un complexe jurassique, de direction
provençale et plongeant habituellement vers le N-NW.
En traversant les gorges, vers la rive gauche du torrent, l'ampleur du
phénomène tectonique se précise. Et, vers l'ouest, celte fois, on aperçoit
la continuité de la série chevauchante, qu'un long replat crétacé sépare du
Jurassique supérieur de Gourdon.
Il parait résulter, dès maintenant, des observations effectuées par nous
en ces différents points, qu'on se trouve en présence d'une partie de la
nappe provençale dont le bord supérieur a été repris par un mouvement
ultérieur, d'origine alpine et de sens légèrement dévié.
PALÉONTOLOGIE. — Mammifères miocènes de Palencia, dans la Meseta
espagnole Note de M. E. Hernandez-Paciieco, présentée par M. Edmond
Perrier.
A ikl" de Palencia, juste au centre de la grande Meseta tertiaire de la
Vieille-Castille, j'ai fait des fouilles, en compagnie de M. Juan Danlin,
SÉANCE DU 16 JUIN Io,l3. ltf6r)
attaché au Laboratoife de Géologie du Muséum de Madrid, dans un gise-
ment récemment découvert, où nous avons trouvé une faune riche en
Vertébrés fossiles qui permettent d'établir l'âge des vastes dépôts tertiaires
de la Meseta espagnole.
Voici la liste provisoire des espèces que nous y avons recueillies :
Trochiclis toxodon Lart. ; Prolagus af. Meyeri ; Listriodon splendens H. von
Meycr var. major Roman; Dorcatherium af. Naui Palœoplalyceros hispanicus
sp. nov. ; Palœoplalyceros palentinus sp. nov. ; Anchitherium aurelianense
Cuv. ; Anchitherium af. aurelianense ; Acerotherium sp.; Rhinocéros sansa-
niensis Lart. ; Rhinocéros sp. ( taille ft. minutus Cuv .); Dinotherium gi'ganteum
Ivan p. ; Mastodon pyrenaicus Lart. ; Anas sp. ; Tesludo af. perpiniana.
( lettè faune est celle qui caractérise le Miocène moyen de l'Europe, et la
plupart des espèces découvertes sont nouvelles pour la faune miocène de
l'Espagne.
Il est possible que quelques-unes des espèces qui figurent comme voisines
soient des espèces nouvelles ; pour en décider, il faudrait une étude plus
minutieuse et plus approfondie que l'examen rapide et préliminaire que
nous avons pu en faire.
Avec les Mammifères se trouve un Oiseau que nous avons pu déterminer
par un os furculaire comme appartenant au genre Anas, dont les espèces
seraient très abondantes dans le Miocène espagnol. Avant cette récente
découverte, on avait trouvé à Cevico de la Torre, près de Palencia, dans la
couche des marnes gypseuses, des œufs fossiles qui appartiennent au genre
précité.
Nous avons également recueilli un humérus de Tortue, avec quelques
fragments de carapace dont la forme et la grandeur se rapprochent de la
Testudo perpiniana du Pliocène; l'espèce de Palencia en est cependant
différente.
Mais ce qui donne un caractère tout spécial à la faune miocène de
Palencia, c'est l'apparition d'un groupe nouveau de Cervidés que nous
désignons sous le nom générique de Palœoplalyceros, eu égard à ce qu'ils
représentent les plus anciennes espèces de Cervicornes avec bois aplatis,
qu'on supposait n'apparaître que dans le Pliocène.
Par leur taille, ces ruminants coïncident avec les Munljacks vivants et
avec les Dicroceros du Miocène moyen. Les quatre bois que nous avons
recueillis presque entiers, ainsi que cinq fragments d'autres bois, nous
ont servi de base pour établir notre détermination.
Les Palœoplalyceros étaient des Cervulinœ avec un long pédoncule ou tige
1870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
frontale, de contour cylindrique et de 3i3, approuvant le Règlement proposé par l'Académie en
ce qui concerne le mode de nomination des Membres non résidents.
RÈGLEMENT RELATIF AUX MEMBRES NON RÉSIDENTS DE l'aCADEMIE DES SCIENCES,
ADOPTÉ DANS LES COMITÉS SECRETS DES IO FEVRIER ET 3l MARS IO,l3.
« Les places de Membres non résidents sont réservées aux savants fran-
» çais qui résident hors des départements de la Seine et de Seine-et-Oise.
Comptes rendus, t. 156.
Noie de M. Carl Stôrmeu.
PL I.
I'i,h|.._i . i ; . 1 1 i ■ - cl'' l'.cc--c k c|l.
Photographié tle Store Korsnes.
Aurore boréale du 3 mars i . ( t .7". . i.ch36"\ temps moj-en île l'Europe centrale.
Comptes rendus, i. 156.
Note île M. Cari. Sturmer.
PI. 11.
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Séries cinématographiques d'une aurore boréale vers l'ouest observée à BosseUop, le 8 avril, entre minuit et minuit
ni! quart. Les négatifs sont numérotés dans l'ordre chronologique. On remarque sur la dernière série, les plis
intéressants que fait le bord inférieur de la draperie, alors au zénith. Les étoiles appartiennent à la Grande Ourse.
SÉANCE DU l6 JUIN ICjl3. 1873
» Nul ne peut être nommé Membre non résident s'il n'est déjà Corres-
» pondant de l'Académie.
» Les Membres non résidents peuvent prendre part aux travaux de
» l'Académie dans les mêmes conditions que les Académiciens libres
» actuels, mais n'ont droit de suffrage que dans le cas où il s'agit de rem-
» placer l'un d'eux.
» Pour l'élection à une place vacante de Membre non résident, les mêmes
» règles seront suivies que pour l'élection d'un Académicien libre, avec
» cette seule différence que la Commission chargée de dresser une liste de
» présentation sera composée de deux Membres pris dans les Sections
» mathématiques, de deux Membres pris dans les Sections physiques,
» de deux Membres non résidents et du Président de l'Académie. »
Après lecture de ce Règlement, l'Académie décide que la nomination de
la Commission chargée de présenter une liste de candidats à la première
des trois places vacantes de Membres non résidents aura lieu dans la séance
publique du i3 octobre.
La séance est levée à 4 heures et demie.
G. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 juin 191 3.
Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Caisse des Recherches
scientifiques, année 191 2. Rapport annuel adressé au Président de la République
française, par M. Alfred Picard. Melun, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Dar-
boux, de la part de M. Flourens, Conseiller d'Etal, Président actuel du Conseil d'ad-
ministration de la Caisse des Recherches scientifiques.)
Introduction à la Chirurgie utérine obstétricale, par A. Couvelaire, Paris,
G. Steinheil, 1 6 1 3 ; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Guyon.)
La sécrétion pancréatique, par Emile-F. Terroine. Paris, A. Hermann et fils, 1 9 1 3 ;
1 vol. in-8°. (Présenté par M. Dastre. Hommage de l'auteur.)
Mise en valeur des moyennes et basses chutes d'eau en France, par Henri Bresson ;
préface de M. Max de Nansouty; 2e édition augmentée d'un supplément.
1874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La répartition géographique des Océans et la détermination du Pâte continental,
par M. Alphonse Berget. (Annales de V Institut océanographique: t. V, fasc. 9,
p. i-12.) Corbeil, imp. Grété, 1 g 1 3 ; 2 feuilles in-40.
Mémorial de l'Artillerie, navale, 3e série, t. VII, irc livraison de 1 g 1 3. Paris,
Imprimerie nationale, ig 1 3 ; 1 vol. in-8°.
Recueil des travaux du Conseil départemental d'Hygiène de la Gironde, année
1912, publié par les soins de M. L. Barthe; t. VI. Bordeaux, imp. Bagot, 1 g 1 3 ;
1 vol. in-8°.
Contribution à l'étude des oxydes anhydres des métaux alcalins, par M. E.
BenGADE. Paris, Gauthier-Villars, 1907; 1 fasc. in-8°.
M. E. Bengade adresse en outre les quatre opuscules suivants :
Recherches sur les chaleurs de formation des proloxydes alcalins.
Sur la forme théorique des courbes de refroidissement des mélanges binaires.
Recherches sur les sous-oxydes de cœsium.
Les méthodes chimiques pour l'étude des alliages.
Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Relies-Lettres de Toulouse,
ioB série, t. XII. Toulouse, Douladoure-Privat, 1912; 1 vol. in-8°.
Chronique illustrée du Concours international de Télégraphie pratique, Turin,
191 1, par Ferdinando Geronimi. Milan, chez l'auteur, s. d.; 1 vol. in-4°.
Revista technica del Ministerio de Obras publicas, Caracas, Venezuela; aïïo 3°,
numéro 27, mîrzo 1 g 1 3 . Caracas; 1 fasc. in-4°-
Annual report of the board of régents of the Smithsonian Institution, 191 1.
Washington, 1912; 1 vol. in-8°.
Memoirs of the National Academy of Sciences', t. X, 1905-1910. Washington,
191 1 ; 1 vol. in-4°.
ERRATA.
(Séance du 9 juin igi3.)
Note de MM. E. Jungfleisch et L. Brune/, Réactions entre l'eau et l'acide
sulfureux à diverses températures :
Page 1720, ligne 9, au lieu de pour le changement des tubes, lire pour le charge-
ment des tubes.
Page 172/4, ligne 4, au lieu de du gaz sulfurique liquéfié, lire du gaz sulfureux
liquéfié.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 JUIN 1915.
PRESIDENCE DE M. F. GOYON.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie
a faite de M. Antoine-Alfred-Arnaud-Xavier-Louis, comte de. Gramonl, pour
occuper, dans la Section des Académiciens libres, la place vacante parle
décès de M. Alfred Picard.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Arnaud de Gramont prend place
parmi ses Confrères.
M. d'Arsonval s'exprime en ces termes :
Les Comptes rendus du deuxième Congrès national du Froid qui fut tenu
dernièrement à Toulouse, en septembre dernier, viennent d'être publiés
par I'Association française du Fkoih.
Les deux Volumes qu'ils constituent sont la preuve palpable ilii succès de
cette manifestation; les organisateurs eux-mêmes l'avaient espérée belle,
mais ils n'avaient pas osé croire qu'elle attesterait aussi nettement les
heureux résultats de la propagande menée en France depuis quelques
années à ce sujet.
Rarement le bureau d'un Congrès, uniquement national, eut à classer
autant de Rapports et de Communications; ceux-ci présentaient une infinie
variété, et si certains d'entre eux ont traita des sujets purement scientifiques,
C. R., îgi.S, 1" Semestre. (T. 156, N° £5.) 24°
1S76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'autres, les plus nombreux, se rapportant à l'industrie, à l'agriculture, au
commerce, ont un caractère essentiellement pratique.
Ces Rapports ont été répartis entre six sections.
Le froid, en effet, à peine domestiqué, a envahi à peu près toutes les
branches de l'activité humaine.
La première Section du Congrès, présidée par M. d'Arsonval, a discuté les
progrès accomplis dans la construction et dans la conduite des divers géné-
rateurs de froid. D'ailleurs, si ces questions y furent traitées par des savants
et professeurs, comme MM. Sabatier, Mathias et Marchis, les construc-
teurs et les ingénieurs ne dédaignèrent pas y apporter une vaste documen-
tation; des nombreux Rapports ont été présentés par MM. Maurice Leblanc,
Juppont et Castéra.
Parmi les Communications les plus intéressantes se trouvent :
1. Une Communication de MM. Mathias, Kamerlingh Onnes et Crommelin, donnant
le résultat de leurs recherches sur le diamètre de la courbe et la densité de l'argon.
L'intérêt de cette étude était de constater que l'argon, premier corps monoatomique
étudié en détail, obéissait à la loi du diamètre rectiligne comme les corps à molécules
polyatomiques. Les recherches entreprises pour cette vérification ont été faites à des
températures comprises entre — I25°C. et — i9i0C.
2. M. Mathias a présenté quelques réflexions sur les étals correspondants où il
insistait sur la nécessité de fixer la terminologie en cours; a cet égard ce travail
constitue un excellent Mémoire d'exposition et d'enseignement.
3. M. Moulin. Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Besançon, et
M. Vandoni ont donné la discussion d'un dispositif nouveau préconisé pour réduire le
prix de revient de l'anhydride sulfureux liquide. Ce dispositif consiste : i° à compri-
mer sous une pression suffisante le gaz sulfureux; 2° à le refroidir à une température
convenable; 3° à consentir une perte sensible du gaz sulfureux dont on peut se débar-
rasser pardissolulion dansl'eau ou par réaction sur le carbonate de soude pour obtenir
du sulfite.
k. M. Paul Sabatier a présenté une Note dans laquelle il montrait le perfectionne-
ment que l'emploi du froid permettait d'apporter à la méthode générale d'hydro-
génation par catalyse et en a donné l'application industrielle en vue de la préparation
du gaz méthane.
5. M. Maurice Leblanc a exposé, dans deux Notes successives, les raisons pour
lesquelles il lui parait que l'air ne peut être un agent frigorifique intéressant qu'aux
très basses températures, et les résultats actuels de ses travaux sur l'emploi delà
vapeur d'eau comme agent frigorifique.
6. M. Marchis, professeur à la Faculté des Sciences de Paris, a proposé d'unifier le
mode d'évaluation et les définitions de puissance et rendement de machines frigori-
SÉANCE DU l3 JUIN I9l3. 1877
fiques eu proposant de soumettre les définitions adoptées par la France à l'approbation
du troisième Congrès international du Froid, qui doit se réunir en septembre prochain
à Chicago.
La Section de beaucoup la plus importante a étéla deuxième, placée sous
la haute présidence de M. Armand Gautier, et qui a étudié les multiples
applications du froid en agriculture.
Si le froid est employé directement ou indirectement, aujourd'hui, à peu
près dans tous les genres d'industrie, cependant nulle part comme en agri-
culture ses applications ne sont aussi variées. Les très nombreux rapports
soumis à l'examen de la deuxième Section concernent, en effet, soit la
culture proprement dite, soit la préparation et la conservation des différents
produits de nos industries agricoles.
La nouvelle organisation du commerce de la viande par les abattoirs
régionaux a fait l'objet de nouvelles Communications de la part de
MM. de Goer de Hervé, J.-E. Lucas et de Marcillac. la question restant
toujours à l'ordre du jour, tant au point de vue économique qu à celui de
la défense nationale. D'ailleurs les services que peut rendre le froid à la
technique militaire, services qui avaient été seulement mentionnés, lors du
dernier Congrès, ont attiré l'attention des nombreux et brillants rapporteurs.
Une terminologie concernant les différentes viandes frigorifiées a été
adoptée, ce qui est fort utile étant donnée la différence de valeur marchande
des viandes réfrigérées et des viandes congelées.
A côté de ces principales questions, d'autres ont été soulevées qui ne
présentent pas moins d'intérêt pour la vie économique de notre pays, et des
spécialistes ont indiqué toutes les améliorations qu'on peut apporter, par
l'emploi du froid, en horticulture, en laiterie, en beurrerie, dans toutes les
industries de fermentation, agricoles, et en œnologie, en particulier.
L'Association française du Froid a décidé, à la suite du Congrès, de
créer une sous-section spéciale des applications du froid en œnologie, pla-
cée sous la haute présidence de M. le professeur ( iayon, dans le but d'activer
les études commencées dans cette voie.
De même, l'importance du rôle du froid, pour le développement écono-
mique de nos colonies, a été mise en lumière par des Communications de
MM. Pégard et Rondet-Saint.
Un fait très marquant de ces Congrès a été l'inauguration d'une section
des applications du froid à la médecine, dont M. le professeur Gariel avait
accepté la présidence.
Depuis quelques années on a introduit l'emploi des agents physiques en
1878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
thérapeutique; le froid a donc été étudié dansce but, et les résultats connus
à ce jour ont été exposés, à Toulouse, dans plus de 20 Communications
très intéressantes.
Les questions de transport, de législation et enseignement, soulevées
par l'emploi du froid, ont été étudiées dans deux Sections spéciales qui ont
entendu chacune environ i5 Communications. En partie, M. Marchis a
esquissé un programme très complet des notions frigorifiques qu'il serait
utile d'enseigner dans les diverses écoles agricoles.
Le Congrès s'est terminé par une brillante conférence de M. Georges
Claude sur l'air liquide et l'air solide.
En résumé, par le nombre et la valeur des Communications, par l'impor-
tance et la fécondité des discussions qu'elles ont provoquées, par l'éclat
scientifique et la renommée mondiale des savants qui s'y sont rencontrés,
ce Congrès a marqué une glorieuse étape dans le développement de la
Science française du Froid.
M. Fraxcotte fait hommage à l'Académie d'une Conférence intitulée :
Le troisième œil des Vertèbres.
CORRESPONDANCE.
M. Maurice Leblanc adresse des remercîments pour la distinction que
l'Académie a accordée à ses travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
La deuxième édition de : Savants du jour. Gaston Darboux. Biographie,
bibliographie analytique des écrits, par Ernest Lebon. (Présenté par
M. Emile Picard.)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le minimum actuel des taches du Soleil.
Note de M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud.
Les phénomènes solaires enregistrés à l'Observatoire de Lyon présentent
actuellement un calme remarquable. Depuis le 12 avril dernier et jusqu'à
SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1879
présent (23 juin), soit pendant 73 jours, nous n'avons noté, au moment des
observations, aucune tache sur le disque du Soleil.
Ainsi cette période sans taches dépasse en durée celle de 67 jours
(3i décembre 191 1-6 mars 1912) signalée antérieurement (').
Malgré les signes habituels du commencement d'un nouveau cycle d'ac-
tivité qui se sont manifestés à la fin de 1912 ('-) et au commencement de
1913 (3), la conclusion donnée dans les résultats de nos observations du
premier trimestre de 1912 (') se justifie davantage : les observations ulté-
rieures sont nécessaires pour fixer Vépoque du minimum actuel des taches
du Soleil.
D'autre part, en ce qui concerne les régions d'activité, les jours où le
disque solaire se montre dépourvu de facules sont fréquents.
OPTIQUE. — Sur la détermination expérimentale de V énergie lumineuse
absorbée dans une réaction photochimique. Note de M. A. Tian, pré-
sentée par M. Lippmann.
L'évaluation de l'énergie lumineuse absorbée pour effectuer une transfor-
mation pholochimique présente un grand intérêt. Elle est nécessaire, par
exemple, lorsqu'on veut rapporter l'effet chimique de la lumière au travail
fourni et en particulier quand, cet effet correspondant à un accroissement
de l'énergie interne du système chimique, on désire mesurer le rendement de
la transformation.
La puissance lumineuse absorbée peut être évaluée par le calcul en déter-
minant, au préalable, la composition de l'éclairement incident, l'intensité
de chaque radiation et le coefficient d'absorption de la substance réagissante
pour chacune d'elles (4). Il paraît préférable d'utiliser une méthode de
mesure donnant directement l'énergie absorbée par seconde. Le dispositif
expérimental très simple qu'on va décrire répond à ce but.
Une pile thermoélectrique dont les deux faces sont noircies est reliée à
un galvanomètre. La face antérieure de la pile est éclairée par la source
utilisée plus tard dans les expériences chimiques; l'autre face peut recevoir
(') Comptes rendus, t. 155, p. 810.
1'2) Comptes rendus. I. 156. p. 11 3a.
(3) Comptes rendus, t. 150, p. 1357.
{'*) Cette méthode d'évaluation de l'énergie absorbée a été utilisée par MM. V. Henri
et R. Wurmser (Comptes rendus, t. 150. 1918, p. ioi3, et Journ. de Phys., 5e série,
t. III, 1 9 1 3, p. 3o5).
1880 ACADÉMIE DES SCIENCES.
également un éclairement, de préférence de la même source lumineuse,
réglable par un diaphragme. On procède, dans une expérience préliminaire,
à une sorte de tare de l'appareil. On place^ devant une des faces de la pile,
par exemple celle qui est directement éclairée par la source, lacuve qui servira
plus tard de vase à réaction, cette cuve étant vide ou pleine d'un solvant, sui-
vant qu'on opérera avec un gaz ou une solution. On règle ensuite le rap-
port des éclairements reçus par la pile, en agissant sur le diaphragme, de
manière à ramener le galvanomètre au zéro ; cette position d'équilibre est
indépendante des variations accidentelles de la source lumineuse, si les
deux faces de la pile reçoivent le même rayonnement.
La tare faite, le système à étudier (gaz, solution étendue) est placé dans
la cuve : du fait de l'absorption déterminée par la substance sensible à la
lumière, le galvanomètre dévie d'un angle proportionne/ à la quantité à
mesurer. Il est possible de faire ainsi des déterminations absolues : il suffit
d'éclairer, dans une troisième expérience, la face antérieure seule de la pile
par une source dont le rayonnement lolal est connu (corps noir, lampe
Heffner), placée à une distance déterminée, et de lire la déviation du galva-
nomètre pour savoir à combien d'énergie absorbée par seconde correspond
une déviation de imm de l'échelle du galvanomètre.
Application ci l'étude de la décomposition photochimique de ieau oxy-
génée. — Il était intéressant de voir si, pour cette réaction particulière, il y
aurait proportionnalité entre la quantité de matière modifiée et l'énergie
lumineuse absorbée indépendamment de toute condition expérimentale,
pareille relation devant déjà exister, ainsi que je l'ai montré, en lumière
monochromatique ('). Toutefois, l'eau oxygénée étant absorbante dans
l'infrarouge (2) sans être décomposée, on ne peut espérer trouver un
rapport constant entre la cause et l'effet quelle que soit la longueur d'onde:
mais il se pourrait a priori qu'elle se vérifie dans l'ultraviolet, où, à partir de
35oo angslroms, l'eau oxygénée est à la fois opaque et sensible à la lumière.
Cette hypothèse paraît d'autant plus naturelle qu'avec le coefficient
d'absorption a, le pouvoir pholochimique à (vitesse de réaction pour
l'éclairement i) semble croître avec la fréquence de la radiation, en sorte
que le rapport o : a pourrait être constant et il y aurait alors nécessairement
proportionnalité entre l'action chimique et l'énergie absorbée (3).
(l) A. Tian, ('amples rendus, t. loti, 1910, p. îtioi.
(-) Frikoul, Wied. Anna/en, t. LV, 1895, p. 433.
:') A. Tian, toc. cil.
SÉANCE DU 23 JUIN I9l3. l4 5,8 0,976 0,190 0,0602 0,0216
V 3,69 0,887 o,254 0,0762 o,o2.58 o, 00802
W .... 119 68 39 16 7 3
p. o,o3io o,oi3o o,oo6Ô 0,0047 0,0037 o,oo3
Il s'en faut donc de beaucoup que la quantité p soit constante. Dans la
décomposition photochimique de F eau oxygénée, il ny a donc pas proportion-
nalité entre l'action chimique et l'énergie absorbée, même lorsqu'on opère
en lumière ne renfermant pas de radiation infrarouges. Si Ton remarque
que dans les réactions photochimiques endolhermiques le rendement croît,
en général, avec la fréquence de la lumière, et que même dans un cas tel
que celui de l'eau oxygénée il n'y a pas rapport constant entre la cause
et l'effet, il semble qu'à moins d'opérer dans une région très limitée du
spectre (2), la prétendue loi de proportionnalité soit tout à fait exception-
nelle (3).
(') Fabky et Buisson, Comptes rendus, t. 152. 1911, p. 1 838.
(2) Lasareff, Annalen der Physil;., 'y série, t. WIN , p. 661 et 812.
(3) MM. Y. Henri et IL Wurmser (Journ. de Pkys., 5e série, t. III, 1918, p. 3oo)
ayant constaté, dans un certain nombre de transformations pliotochimiques, que la
quantité de matière modifiée, rapportée à l'unité d'énergie lumineuse absorbée,
variait avec la radiation incidente comme le coefficient d'absorption en ont déduit
à tort une proportionnalité entre l'action chimique et la puissance lumineuse fournie.
Cette conclusion eût été valable si les auteurs avaient observé, dans ces conditions, la
constance de la quantité de matière transformée.
i88a
ACADEMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur un phénomène photo-électrique présenté par i 'anhydride
sulfureux liquéfié. Note de M. Jacques Carvallo, présentée par M. E.
Bouty.
Dans une Communication précédente (') j'ai montré que l'anhydride
sulfureux liquide, soumis entre deux électrodes de platine à une différence
de potentiel constante, est traversé par un courant qui diminue et tend vers
une valeur limite. L'expérience était faite dans l'obscurité: or le phénomène
est sensible à l'action de la lumière, ainsi que le montrent les expériences
suivantes :
Un tube scellé en verre conlienl de l'anhydride sulfureux liquéfié; deux lames de
platine forment électrodes; le liquide peut être éclairé au moyen d'un fai:ceau de
lumière perpendiculaire à la direction du champ et fourni par un arc électrique.
On établit, dans l'obscurité, une différence de potentiel constante entre les deux
électrodes; lorsque le courant a atteint sa valeur limite, on soumet le liquide à des
alternatives de lumière et d'obscurité et l'on observe en même temps l'intensité du
I
^ 50
5
J 40
ta
•8
• 30
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1
Î1
\
hD
b r
i
n
f
i :
-V
\Sa
B'
D
Temps en heures
courant. La courbe Aaa'BB'bb' ... représente l'intensité en fonction du temps dans
une expérience où la tension constante avait pour valeur 44° volts. Le courant limite
avant l'expérience était égal à 0,3^ . io— 6 ampère. Les points A, B, C, . . . correspondent
aux allumages, les points a.b.c,... correspondent aux extinctions de la source.
Après la sixième extinction f, la courbe passe par un maximum f correspondant à
6o. io~6 ampère. Enfin, 48 heures après celle dernière extinction, l'intensité était,
dans l'obscurité, retombée à la valeur 0,67. io-6 ampère, voisine de la valeur initiale.
Chaque allumage provoque une brusque diminution de courant; chaque extinc-
tion, une brusque augmentation. La grandeur de ces variations brusques dépend de la
(') J. Cakvallo, Comptes rendus, 24 octobre 1910.
SÉANCE DU 2,3 JUIN IC)l3. lH83
constitution et de l'intensité de Ja source; elle augmente avec l'intensité du courant
qui traverse le liquide au moment où Ton fait l'expérience : nul au premier allumage A,
cet effet augmente à chaque alternative de lumière et d'obscurité, le dernier allumage
faisant tomber l'intensité de 5i à i3,ç;.io_6 ampère; au contraire, l'effet diminue et
tend vers zéro si on laisse le courant traverser le liquide dans l'obscurité assez long-
temps. Enfin, l'augmentation brusque due à une extinction est supérieure à la dimi-
nution due à l'allumage immédiatement antérieur; toutefois, la différence de ces deux
changements diminue et tend vers zéro avec l'intervalle de temps qui les sépare.
J'appelle effet négatif \e changement brusque qui accompagne un allumage ou une
extinction. J'appelle, au contraire, effet positif l'effet lent de signe contraire qui
succède à l'effet négatif et qu'on reconnaît sur les fragments de la courbe tels que
«'B, B'b, b'C
J'ai établi expérimentalement les points suivants :
i° Les deux effets, positif et négatif, ont leur siège dans la masse même
du liquide et non à la surface des électrodes;
2° Us sont dus aux radiations ultraviolettes (absorbables parla quinine)
que laissent encore passer les parois de verre du récipient;
3° Ils sont produits simultanément par les niâmes radiations.
La séparation du phénomène en deux effets, loin d'être purement for-
melle, représente la réalité des choses : une étude minutieuse, dans les
détails de laquelle il m'est impossible d'entrer ici, prouve qu'il s'agit bien
de la superposition de deux phénomènes distincts.
i° L'effet positif résulte de la réaction
3 SOs = S -+- 2 SO3.
Cette réaction se produit sous l'action de la lumière; les produits de
cette réaction restent en solution dans SO- et augmentent la conductibilité
du liquide ; à l'obscurité, au contraire, ces produits sont entraînés par le
courant en dehors du champ par un mécanisme analogue à celui des épura-
tions électriques que j'ai signalées dans des Notes précédentes.
2° Loin d'être dû à une réaction chimique, l'effet négatif parait de
nature purement physique : son existence, en effet, est liée non seulement
à la présence des impuretés produites par l'action de la lumière, mais
encore au passage prolongé d'un courant continu, comme le montre la
nouvelle expérience suivante : On fait passer un courant alternatif à
travers un échantillon de SO2 exposé au préalable, assez longtemps, à la
lumière; l'effet négatif n'existe pas. Il réapparaît au contraire progressi-
vement si l'on soumet le liquide à un courant continu, même dans l'obs-
curité.
C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N* 25.) 24 1
lH84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les chiffres suivants illustrent cette proposition.
Li(|viide exposé plusieurs jours, sans courant, à la lumière solaire; puis soumis à
176 volts à partir d'un instant qui sert d'origine des temps :
Époques 1™. 2"30\ 6». 17". 3h30°. 7''3U'". 301'.
Courant dans l'obscurité I0 0 D /■
rt =: — ... I I I.07 1.01 1,72 2,08 t.96
Gourant en présence de la lumière 1/
L'effet négatif ne devient sensible qu'après la sixième minute, le rôle du
courant continu est manifeste; il n'y a pas d'effet négatif en son absence.
PHYSIQUE. — Relation entre la loi de compressibilitè des gaz et les
Coefficients de dilatation. Note de M. Thaddée Pficz.u.SKi,
présentée par M. E. Bouty.
Considérons l'équation différentielle de transformation des gaz
dv dp
(1) dt- h-£)
X ' VOL />\1
où / est la température, v le volume, p la pression du gaz considéré, x et S
les deux coefficients de dilatation à pression et à volume constant,
! dv r 1 l)p
a el [3 sont des fonctions dep, v, t.
Four trouver les minime et maxima de la fonction vp ==/à température
constante, égalons sa différentielle à zéro,
(2) p dv + v dp = o.
Mais v Gtp à température constante sont liés par la relation
de (2) et (3) on tire « — §■ Donc les niinirna ou maxima des isothermes
ont lieu alors que les deux coefficients de dilatation, à volume constant et à
pression constante, sont égaux entre eux.
Pour trouver la loi de compressibililé des gaz à température constante,
considérons l'équation (3) où v est une certaine fonction de p. On peut
séance du a3 juin 1913. l885
mettre (3) sous la forme
(4) ^l=—-cIt.
Le quotient g est une fonction de p :
(5) 4- = a - ùp — cp- — ....
où a, b, c, ... sont des fonctions de la température seule.
En portant l'expression de -r dans (4) et intégrant on a
(6) logf -f- const.= — ûtlogjo -+- bp -t- c — — 1- d^ 4- . . . ,
d'où
(7) i' = A/)'-«e
(8) vp — \ /•'■, ■
1 i .i
Lorscjue la pression tend vers zéro, e tend vers l'unité; donc- la
valeur limite de pv ne dépend que de p'". Il y a trois cas à examiner :
a > i ; a < i ; a = i .
On peut mettre ( 8 ) sous la forme
(9) vp — Bps,
où B est une fonction qui reste finie et différente de zéro quand p tend vers
zéro et où t = i — a.
Dans le cas où a>i, t est négatif et le produit pv tend verri l'infini
quand/? tend vers zéro. Dans le cas où a < i , z est positif, vp tend vers zéro
avec p.
Comme ces deux conclusions ne sont pas admissibles, la seule valeur
possible de a est a = i . On a donc :
( i o ) —l — bp — cpi—
où A représente la valeur de vp quand p =■ o.
Pour appliquer l'équation (i i), supposons que 5 soit une fonction para-
bolique de p, c'est-à-din/
(12) yu — \e''l'+c'l'\
i886
( )n trouve
ACADEMIE DES SCIENCES.
ll\ drogéne à 0".
pv observé pv calculé.
(x).
1 .
10 .
20.
30 .
40 .
.HO.
00.
80.
90 .,
100 . .
130.
i ,oo55
i ,0086
»
i ,0245
1 ,o3o5
1 ,0373
i , 0690
(y).
1 , 0000
1 ,0086
»
i ,020
1 ,o3i9
i,o39
,0697
Azote à 16'
pv observé pv calculé.
0-997
0,9945
»
o.99°7
»
0,9896
0,9908
»
o,994>
°>99°9
0,99^2
»
o>99°7
»
0,9900
0,9920
»
0.9971
pv observe
0,99.31
0>9897
0,9842
»
0,9754
»
0,9688
o , 968 1
o , 968 I
0,9949
0,9901
0,985.")
»
0.9773
o,9729
0,9722
0,9722
0,9738 0,9756
Les observations (.r) sont empruntées aux expériences de Witkowski,
et les observations (y) à celles de M. Amagat.
Les coefficients de vp sont calculés d'après les expériences faites :
Sur l'hydrogène à i-io-20alm;
Sur l'azote à i-io-2oa,lu (corrigés d'après la valeur de vp à .{oa,m);
Sur l'air à i-io-20a,m (corrigé d'après la valeur du minimum de vp).
PHYSIQUE. — Sur les oscillations à grande fréquence dans les arcs électriques
très courts et sur les limileurs de tension à intervalles multiples. Note de
M. André Léauté, transmise par M. Blondel.
J'ai étudié les oscillations du courant dans les arcs électriques très
courts, avec l'intention d'appliquer ensuite les résultats aux limiteurs de
tension à intervalles multiples, dans lesquels l'écartement des électrodes
est généralement très faible. On sait que l'emploi de ces appareils est
aujourd'hui extrêmement répandu.
Les oscillations de l'arc dans le cas de l'éclateur à intervalle unique et
pour des longueurs presque toujours supérieures à 1""", ont donné lieu à
un grand nombre de travaux antérieurs ('), en particulier de la part de
M. P>londel(2), qui s'est servi de l'oscillographe pour déceler leur existence
(') Cf. : El. Thomson, 1892; N. Tesla, 1895; Fessenden. 1899; Duddell, igo3;
Janet, 1902; Tissot, 1902: Hanti, 1902; Barkhausen, etc.
{-) André Blondel, Éclairage électrique, i5 et 22 juillet 1905.
SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1887
et leur forme. Mais cette méthode n'esl, en général, pas applicable pour les
arcs très courts, à cause de la trop grande fréquence des oscillations; en
effet, dans ce cas, les électrodes doivent être métalliques, sans quoi leur
usure trop rapide fait subir à la longueur d'arc des variations relatives trop
fortes et, par suite, la fréquence est très élevée.
J'ai tourné la difficulté en faisant jouer à l'oscillographe un rôle en
quelque sorte négatif et en utilisant le montage figuré ci-dessous.
ô
E
■Q
a 6
;.AO-0-
Fig. 1.
T. transformateur; «, galvanomètre de l'oscillographe; b. milliampèremètre thermique;
E, éclateur; R, résistance liquide", t, terre.
Quand les oscillations sont très rapides, le galvanomètre a n'enregistre
que le fondamental à basse fréquence, tandis que le thermique b est
influencé parle courant total; on en déduit donc par différence l'intensilé
efficace des oscillations.
Cette méthode m'a permis d'observer, dans certaines conditions d'expérience, des
oscillations dont l'intensité efficace est extraordinairement grande par rapport à celle
du fondamental., J'opérais à intensité fondamentale coustante dans chaque série d'ex-
périences, grâce à la forte chute de tension du transformateur et je faisais progressi-
vement croître à partir de zéro l'écartement des électrodes; on sait(') qu'en procédant
ainsi on constate, pour une certaine valeur de l'écartement, un maximum de l'intensité
eflicace totale, maximum que la méthode ci-dessus m'a permis d'attribuer à un chan-
gement brusque de régime du fondamental et pour lequel j'ai pu déterminer le
rapport H entre l'intensité efficace des oscillations et celle du fondamental.
Valeurs du rapport 1\. — (Réseau à 110 volts, 4- périodes; un pôle du
secondaire de T à la terre; les chiffres entre parenthèses indiquent la diffé-
rence de potentiel aux bornes du secondaire.)
(') André Lêauté, Comptes rendus, 1909. — Cf. aussi Duddell, Pliil. Mag., 1908.
M. G. Claude a récemment (S. I. E., 1913) signalé un fait analogue sur tube à néon.
lS88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
i° Pas de résistance dans le circuit d'alimentation île l'arc.
Valeurs de R.
Intervalle unique.
Intervalle double.
Intervalle triple.
2 cylindres
3 cylindres
i
cylindres
e. de 2e'», 5 x 3e", 5.
de 2' ',5 3"", 5.
de 2e'", 5 x 3' '", 5.
18
S VoltS
pas d'arc
P
as d'arc
5,5 (700)
5,3
8,2
3,5 (65o)
4,9
6
2,0 (4oo)
3,8
4,3
2 (200)
3,6
4,2
Intensité Intervalle unique,
efficace 2 sphères
du fondamental, de 2"" de diamètre,
amp
0,010 6
volt
o,o4o 5,8 (3oo)
0,080 2,5 (200)
o, 120 2, 1 ( i5o)
o, i4o 2 , 1 ( 100)
2° Résistance de 38oo ohms dans le circuit d'alimentation de l'arc.
( Les oscillations sont mesurées entre la résistance et l'éclateur. )
Valeur de R.
Intervalle multiple,
Intensité efficace 10 cylindres
du fondamental. de 2°™,5 x 3"", 5.
amp volts
0,080 2,7 (2800)
O, I20 2 (29V1 )
3° Résistance de i5ooo ohms dans le circuit d'alimentation.
(Les oscillations mesurées comme ci-dessus. )
Intervalle unique.
Intensité efficace 2 cylindres
du fondamental, de 2e™, 5 x3"",5.
ai"p volls
0,010 I , l5 ( J20)
o,°4° > , 14 (900)
Il resterait à expliquer le mécanisme exact de ces expériences; mais,
dès à présent, on peut en tirer une conclusion intéressante pour les limi-
teurs de tension. Elles montrent que les fusibles qu'on place souvent en
série avec ces appareils sont exposés à être parcourus par des oscillations
ayant une grande fréquence et un rapport 11 élevé. Or j'ai montré anté-
rieurement (') que les surinlensités de haute fréquence produisent des
effets destructifs extrêmement violents; on comprend donc la cause des
(') Cf. André Léaité, Comptes rendus, i5 novembre 1909; la Lumière électrique,
8 octobre 191 o.
SÉANCE DU 23 JUIN IO,l3. 1889
explosions fréquentes et jusqu'ici inexpliquées des fusibles de limiteurs. Il
ressort de cette étude que les fusibles sont actuellement mal placés et que,
pour éviter leurs fusions intempestives qui non seulement diminuent l'effi-
::/■
■F
k
f : fusible
Fig.
Mauvaise position
Bonne position
des
des
fUsibles.
fusibles.
cacité de la protection, mais encore sont quelquefois l'origine d'accidents
graves, il faudrait les brancher entre les résistances et la terre. Ils seront là,
et là seulement, à l'abri des oscillations.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la dissociation, électrolytique d'un sel, régie par la
loi des masses. Note de MM. P. -Tu. Muller et R. Romaxn, présentée
par M. Haller.
On sait que les électrolytes médiocres (acide acétique, ammoniaque)
suivent bien la loi des masses (formule d'Ostwald), alors qu'il n'en est pas
de même des sels et en général des bons électrolytes. Si les causes de cette
divergence ont donné lieu à de nombreuses discussions, les raisons cer-
taines n'en sont pas encore bien connues.
Dans ces dernières années on a invoqué plus spécialement l'hydratation
des ions, laquelle augmente avec la dilution jusqu'à ce que l'ion soil saturé.
I ne fois que celui-ci a acquis son hydratation définitive, sa mobilité devient
invariable, indépendante d'une dilution ultérieure; la conductibilité de la
solution ne dépend alors plus que de l'ionisation et celle-ci est égale au
rapport de la conductibilité actuelle A à la conductibilité limite A„. Il y a
des chances pour que clans cette région d'hydratation constante l'électro-
lyte soit régi par la loi des masses.
(iuidés par ce raisonnement, nous avons fait choix d'un sel provenant
1890 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'un acide el d'une base de force moyenne. Les générateurs suivront la loi
des masses, jusqu'à un degré d'ionisation très avancé qui ne sera guère
dépassé par le sel. L'hydratation définitive, atteinte par les ions de la base
et de l'acide, se conservera ainsi dans le sel. L'acide cyanacétique et la
pipéridine réalisent ces conditions. Leurs constantes d'affinité sont respec-
tivement 0,00370 et o,ooi58 (l'acide acétique donnant 0,000018). L'ioni-
sation du premier passe de 49 à 82 pour 100 entre les dilutions molé-
culaires de r2cS' et f02_V (')• Quant à la pipéridine sa dissociation est de
46 pour 100 dès la dilution 2.56 ("). Etant donnée la force des générateurs,
l'hydrolyse du sel est imperceptible et ne retentit pas sur la conductibilité.
Les solutions de cyanacétate de pipéridine ont été préparées en ajoutant
la base dissoute à une solution de titre connu de l'acide, en présence d'une
goutte de phtaléine; le virage est net.
La conductibilité a été prise, à 20°, dans un appareil bien clos, à élec-
trodes non platinées. On a tenu compte de la conductivité de l'eau, d'ail-
leurs inférieure à 10".
Voici la moyenne de deux mesures indépendantes el concordantes :
V. A.
128 78, IO
a56 75,03
5i2 76,44
1024 77)35
v représente le nombre de litres qui contiennent la molécule-gramme du
sel; A est la conductibilité moléculaire, exprimée en inverses d'ohm; y le
coefficient d'ionisation égal à -j— ; enfin K est la constante de la loi de dilu-
tion K = '—— ■
(i -v)r
Nous avons pris la conductivité limite Aœ égale à 78,10. On obtiendrait
77,3 en faisant la somme des mobilités de l'ion cyanacétique [39,0 d'après
Kendall (3)J et de l'ion pipéridinium (38,3 d'après Bredig). On trouverait
80,2 en se servant de la règle Ostwald-Bredig qui consiste à ajouter des
modules spéciaux aux conductibilités expérimentales (').
(') Ostwald, Zcits. ph. Ch., t. III, 1889, p. 178.
( '■) Bhedic;, Zeils. ph. Ch., t. XIII, 1894, p. 3o6.
(3) Kenuall, ./. o/chem. Soc, t. Cl, 1912, p. (285.
(4) Voir I'.-Th. Mulleh et Ed. Baued, J. de Ch. ph., t. Il, iyo4- p. 4m'»-
7.
K.
0,936
0,107
0,961
0,092
o,979
0,088
o,99°
0, 100
K moy. . .
• «-N097
SÉANCE DU 23 JUIN I()l3. 1891
On voit que notre A, est compris entre les deux nombres précédents.
Avec les données de Kohlrausch, on calcule, pour le chlorure de potas-
sium à 180, les valeurs suivantes de K :
« 100. '200. 500. 1000.
K o,i5 o,io 0,06 o,o3
Les variations sont énormes comparativement à celles du cyanacétate de
pipéridine.
Ce corps fait donc partie du très petit nombre de sels dont l'ionisation,
mesurée par la conductibilité, est gouvernée par la loi des masses.
Nous ne voyons guère à citer, à ce point de vue, que le bromure de
tribenzylméthylammonium qui a fourni à Drucker (') la constante
K = 0,139 du même ordre de grandeur que celle du cyanacétate de pipé-
ridine (2).
En résumé, en nous laissant guider par l'idée de l'hydratation ionique,
nous avons été amenés, du premier coup, à faire un sel qui obéit à la loi des
masses. Des expériences nouvelles pourront seules montrer si notre idée
directrice est générale. Le choix de l'acide et de la base nécessaires n'est
pas chose aisée, car ces deux électrolytes doivent suivre eux-mêmes la loi
de dilution et avoir un degré d'ionisation du même ordre que celui de leur
sel, ce qui suppose que l'hydrolyse de celui-ci est négligeable.
CHIMIE PHYSIQUE. — Décomposition photochimique des solutions d'acide
oxalique en présence de nitrate d'uranyle. Note de M. Marcel lîoi.i..
présentée par M. A. Haller.
I. Cette décomposition a été étudiée par plusieurs auteurs, notamment
par Seekamp (•1) et Fay (') ; il semble résulter de ces expériences que le
(') Zeits.f. Elcktroch., t. XVIII, 1912, p. 563.
{■) Pendant que nous achevions nos expériences, Drucker, Tarie et Gomez ont fait
paraître un article {Zeits.f. Elektroch., t. XIX, 191 3, p. 8) sur une nouvelle déter-
mination de la mobilité de l'ion Br, basée sur l'étude du bromure de tribenzylmélKyl-
ammonium. Il en résulterait que le bromure de potassium obéirait aussi à la loi des
masses.
(3) Ann. d. C hernie, t. CXXII, p. 1 1 3 .
(v) Amevic. Chemic. Journ., t. XVIII, p. 269. Cette étude est reprise en ce
moment même, à un autre point de vue, par M. Landau {Comptes rendus, séance
du 23 juin 1 9 1 3, p. 189/4).
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N» 25.) 242
1892 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nitrate d'uranyle se retrouve à la fin de la réaction. En opérant au contact
de l'air et en solution très étendue, mes mesures conduisent à admettre que
l'acide oxalique est oxydé sous forme d'acide carbonique.
II. J'ai appliqué la méthode précédemment décrite (') : la réaction
chimique se suit en mesurant, à l'électromètre, la conductivité f/. d'une solu-
tion éclairée par une radiation monochromatique (raie 2536 U. A. du
mercure). La solution était millimoléculaire par rapport à l'acide oxalique
et au nitrate d'uranyle.
Dans le Tableau suivant, les temps t sont exprimés en heures; K, et K,
sont les coefficients de vitesse de la réaction, supposée uni- et bimolé-
culaire.
t.
l^i
K,.
K2.
/.
;x.
K,.
K,.
1 .
;x.
K,.
K,.
0
590
»
»
1 2
263
7.5
6
24
223
6,9
20
2
44o
jo,8
3
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2D2
7.2
7
26
221
/ > '
26
4
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28
219
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4
18
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»
»
0
276
8,0
5
22
227
7>°
■ 4
Tandis que le coefficient K2 varie depuis 3 jusqu'à Go, le coefficient K,
reste à peu près constant. La réaction est sensiblement uni moléculaire; si
le nitrate d'uranyle intervient chimiquement, il est probable qu'il se
reforme au fur et à mesure, de sorte que sa concentration reste constante.
La conductivité finale 21G montre qu'il ne peut y avoir d'acide formique
en quantité notable dans la solution, car la conductivité serait alors plus
considérable (2).
III. On retrouve le même ordre, en déterminant la vitesse initiale de
cette réaction pour différentes concentrations. Un calcul développé précé-
demment (3,) montre que la masse m formée au bout d'une seconde est
proportionnelle à la puissance rayonnante absorbée <£a et qu'elle n'est pas
fonction de la concentration c : c'est ce que vérifie l'expérience. La puissance
rayonnante incidente <î0 était de 6,5 — — •
(') Comptes rendus, t. 156, p. i38 et 691.
(-) S'il se formait uniquement de l'acide formique elle serait de 38o (nitrate d'ura-
nyle 200 -I- acide formique 180). La conductivité moléculaire de l'acide carbonique
est 12 à cette concentration.
(') Comptes rendus, t. 156, p. 691.
SÉANCE DU 23 JUIN I()l3. i8g3
mol. -g g , cigs m
c en £■ »tcn— • iP en— 2-- r^--
cm3 sec sec Çf
io~6 5o.io^'° 5,2 9,6. ro~10
5 . io-7 32 3,5 9,2
i.25.io~7 8,3 i,o 8,3
3,i .i o~8 2,7 o,3 9 , o
IV. J'ai mesuré (') les coefficients d'absorption x de chacun des consti-
tuants, ainsi que celui du mélange.
A.
C20'H2 m illi moléculaire 2,5. ioG C.G.S.
(N03)2U02 millimoléculaire 3,o
Mélange millimoléculaire 5,3
Le coefficient d'absorption du mélange est très sensiblement égal à la
somme des coefficients partiels; /'absorption est donc la même, qu'il y ait ou
quil n'y ail pas réaction chimique (2).
V. On pouvait prévoir que la loi de l'équivalent pbotocliimique
d'Einstein (*) ne s'appliquerait pas.
Les valeurs . „ „ 3 xio10 ..
/iV = Il X = =z 6,D X IO^26 X ±ttz ; =7,7X IO_" erg,
>. 2,.l3o X I0~J ' '
(') Par la vitesse d'hydrolyse de l'acide tétrachloroplatinique (Comptes rendus,
t. 136, p. i38).
(!) Contrairement à ce qui se passe pour le mélange chlore 4- hydrogène, d'après
Bunsen et Roscoë (Pogg. Ann., t. CI, p. 270).
(3) Journ. de Phys., 5e série, t. III, p. 277.
I1S94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'où l'on tire
e = 0,002 II y ;
V énergie absorbée pendant la réaction est très inférieure au quantum.
Ce résultat est à rapprocher de ceux obtenus récemment par MM. Victor,
Henri et René Wurmser (') relativement à l'eau oxygénée et à l'acétone :
dans tous ces cas, il s'agit de systèmes en faux équilibre, qui évoluent
spontanément avec une vitesse très faible et où la lumière se borne à accé-
lérer la réaction.
VI. On peut comparer cette énergie absorbée e à l'énergie cinétique
moyenne w d'une molécule, correspondant à un degré de liberté à la tempé-
rature considérée et qui est égale à
w> — a X 10^"' erg.
Dans les conditions de l'expérience, e est dix fois plus grand que 9° 63, 5o 39,00 28,45
,y 1 , 69 1 , 70 1,68 1 , 66
Ces nombres montrent la grande ressemblance des métaux alcalins, et
la variation régulière de leurs propriétés avec les poids atomiques.
Si l'on considère en particulier les quatre dernières lignes du Tableau,
on voit que :
i° Les chaleurs spécifiques atomiques croissent légèrement et réguliè-
rement avec les poids atomiques ;
20 Les chaleurs atomiques de fusion décroissent régulièrement ;
3° Le rapport = de la chaleur atomique de fusion à la température
absolue de fusion est presque rigoureusement constant.
séance du 23 juin igi3. 1899
Les points de fusion indiqués, qui ont été pris sur les ampoules mêmes,
sont supérieurs de i°à 20 aux températures admises jusqu'à aujourd'hui, ce
qui tient à la pureté absolue des échantillons étudiés. Pour le caesium
lui-même, le point de fusion surpasse de o°, 20 celui que j'avais déterminé
antérieurement (') avec le métal fondu dans l'huile de vaseline.
Les détails des expériences, ainsi qu'une discussion plus approfondie des
résultats, seront publiés dans un autre Recueil.
CHIMIE PHYSIQUE. — Variations de la résilience du cuivre et de quelques-uns
de ses alliages en fonction de la température. Note (2) de MM. Léon
Guim.et et Victor Bernard, présentée par M. H. Le Chatelier.
Nos connaissances sur la variation de la résistance au choc du cuivre et
de ses alliages en fonction de la température sont peu développées. Dans
les essais effectués par les anciennes méthodes, on n'a pas dépassé la tempé-
rature de 4oo" (3).
Nous nous sommes proposé de déterminer l;i variation de résilience du cuivre el
de quelques-uns de ses alliages de la température ordinaire jusqu'au voisinage du
point de fusion, et d'examiner la concordance qu'il pourrait y avoir entre cette
variation et les procédés de travail utilisés dans l'industrie. Le mode opératoire
adopté est, dans ses grandes lignes, celui qui a été déjà employé par l'un de nous au
cours d'une étude analogue (4).
Les produits étudiés étaient laminés et recuits; leur composition est la
suivante :
Cu. Zn. Ni. M Fe. Sn. Pb. Mn.
Cuivre 99)9^ o » » 0,09. (+Sb)o,oi o »
Laiton n° 1 90,6 9,3 » 0 traces traces o »
» 11" 2 90,3 8,2 » n 0,1 0,1 i,3 »
» n° 3 80 , 9 i8,3 n » 0,1 o,3 o,3 »
» n° k 70,3 28,3 » » 0,2 0,2 0,8 »
» n° 5 61,6 37,9 » » 0,1 0,2 0,1 »
(') E. Rengade, Comptes rendus, t. 148, 1910, p. 1199.
(-) Présentée dans la séance du 5 mai 1 9 1 3.
(3) Chaupy, Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale,
février 1899.
(4) Guillet et Révillon, Expériences sur l'essai au choc à température variable
{Revue de Métallurgie, t. VI, 1909, p. g4).
C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N-25.) 243
iqOO ACADEMIE DES SCIENCE?.
Cu. Zn. Ni. .VI. Fe. Sn. Pb. M».
Laiton n° 6 61 ,3 36,2 » » 0,7 0,2 1 ,(> »
Cupro-nickel 77»9 ' >7 20,2 » <>,i o o »
Maillechorl 54, 1 '»'i 19,7 » °>4 traces 0,1 »
Bronze d'aluminium. 90,0 » » 9,8 0,2 » » »
Bronze d'aluminium
spécial 88,5 » » 7,5 3,7 0,1 » 0,2
Les résultais obtenus sont résumés dans les courbes des figures 1 et 2,
dans lesquelles le travail de rupture, ou résilience, est exprimé en kilo-
M««./
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VBT
y
■^JX_
Fie.
Fie. i-
grammes par centimètre carré. Dans ces courbes, les parties pointillées se
rapportent aux éprouvettes pliées, les parties pleines aux éprouvettes
cassées, et les zones dans lesquelles les déterminations n'ont pu être faites
sont représentées par des croix.
Conclusions. — i° A l'exception du cupro-nickel, tous les alliages pré-
sentent un maximum de fragilité qui se fait sentir à partir de 3oo° à l\oo",
SÉANCE DU a3 JUIN I()l3. 1901
et qui, suivant la composition, se maintient jusque dans le voisinage du
solidus ou disparait vers 7000, et, souvent, un maximum de résilience aux
environs de ioo°.
Quant au cuivre, dont la courbe présente une décroissance à peu près
régulière en .fonction de la température, il ne présente jamais de fragilité;
les éprouvettes se plient et, tout naturellement, le travail de pliage diminue
avec la température.
20 Au point de vue de l'influence de la composition , nous notons que le
laiton à 90 pour 100 de cuivre, ne renfermant pas de plomb, voit sa fragi-
lité diminuer considérablement entre 700" et 900", tandis qu'il suffit
de i,3 pour 100 de plomb pour que la fragilité maximum se maintienne
jusqu'à cette température. Les laitons à 80,9 et 70 pour 100 de cuivre
restent fragiles de 7000 à 85o°, tandis que ceux à (>i,8 et 61, 3 pour 100
de cuivre voient leurs résiliences, très faibles entre 3oo° et Goo°, se relever
aux environs de 7000. Le cupro-nickel, qui présente de la fragilité à partir
de u'oo°, la voit diminuer aux environs de 10000, tandis que le maillechort
renfermant 25,4 pour 100 de*zinc est fragile dès 3oo° et le reste jusque
dans le voisinage du solidus, d'ailleurs beaucoup plus bas que celui du
cupro-nickel.
Enfin, dans les bronzes d'aluminium essayés, celui ne renfermant pas de
fer présente, dans la variation de la résilience, une discontinuité tout à fait
remarquable, et il nous a été absolument impossible d'obtenir des chiffres
précis entre 6oo° et 800", l'éprouvelte calant le mouton en se déformant;
le bronze d'aluminium au fer indique, à 7000, une cessation de fragilité très
nette.
3° Au point de vue des méthodes de travail industrielles, on voit de suite
les métaux susceptibles d'être forgés ou laminés à température élevée,
celle-ci correspondant à la disparition de la fragilité. Toutefois, nous
noterons que le laiton à 61, 3 pour 100 de cuivre qui renferme i,G pour 100
de plomb ne donne que 2 à 3 kilogrammètresà la température de laminage.
La fragilité ne renseigne donc qu'imparfaitement sur celle température,
qui correspond aussi au maximum de ductilité; d'ailleurs, les nouvelles
méthodes de travail des alliages de cuivre, procédés par écoulement à
température élevée, permettent de négliger la fragilité dans certaine
mesure.
I902
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la neutralisation de l'acide chromique.
Noie de M. René Dubrisav, présentée par M. H. Le Chalelier.
J'ai appliqué à l'étude de la neutralisation de l'acide chromique le procédé
acidimélrique décrit dans une Note précédente, c'est-à-dire que je suivais
par la méthode du poids de la goutte les variations de la tension super-
ficielle d'huile de vaseline additionnée d'acide stéarique au contact d'une
solution d'acide chromique dans laquelle j'ajoutais des proportions crois-
santes de liqueur alcaline titrée.
Dans le cas actuel,. on pouvait redouter une action secondaire de l'acide chromique,
soit sur l'huile de vaseline, soit sur l'acide stéarique. J'ai rempli une même pipette
de 2cm' successivement de liquide gras employé dans mes expériences, et du même
liquide resté i(\ heures au contact d'acide chronjique. Dans ces conditions j'obtenais
pour la première portion 33 gouttes dans l'eau distillée, 52 gouttes dans de l'eau addi-
tionnée de - mol-» de soude par litre. Pour l'huile restée au contact de l'acide
2 X i o3 l
j'obtenais 33 gouttes pour la première liqueur, 53 pour la seconde. Les propriétés
capillaires de la solution stéarique ne sont donc pas modifiées par l'acide chromique
et la méthode reste applicable.
Voici maintenant les résultats de l'étude de la neutralisation de l'acide
chromique soit par la soude, soit par l'ammoniaque.
Tableau I.
Solution d'acide chromique exigeant pour sa neutralisation complète 22""' de
soucie normale pour iuclu' de solution acide. Titre déterminé au moyen d'une
solution de baryte titrée en présence de pliénolphtaléine.
Nombre de centimètres
cubes de soude
N
ombre
ajoutés à io<™' d'acide
de
S'Hiltes
0
53
4,i5
5o
8,7
I!)
1 5 . 1
52
';■■>
56
Nombre de centimètres
cubes de soude Nombre
ajoutés à iocm" d'acide, de gouttes.
20,0 60
2 1,5 ().')
22,7 68
24,2 1 '1 1
SÉANCE DU 23 JUIN ltjl.3. 10,03
N
un
ibre de
centime
1res
cubes
de
soude
ajoutés à
2.5
i-nr*
d'acide
0
5
.5
/
,0
1 2
.0
•4
.4
Tableau II.
Solution exigeant pour sa neutralisation complète i5c,"J de soude normale
pour 25cm' d'acide.
Nombre de gouttes.
3-7
37
36,5
li, 5
46
i5,o (02
Tableau 111.
Solution exigeant 38""1, 8 d'ammoniaque -^ pour la neutralisation de iocm
de solution acide.
Nombre
n
de centimètres cubes d'ammoniaque rr »
ajoutés à io<=m"
d'une solution d'acide sléarique. N bre de gouttes.
O 24
S, 5 24
20,3 23
33,2 3o
30,6 4'
39,6 *»
4-5,6 4-jo
Tableau IV.
Solution acide obtenue en diluant trois fois la précédente.
Nombre
n
de centimètres cube- d ammoniaque -r
ajoutés à iocm8
de solution acide. Nombre de gouttes.
0 '9
6,7 20
10,0 ,(<
u,3 3.
i3,o 66
Ces chiffres montrent tout d'abord la possibilité de doser alcalimétri-
190/4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quement par la soude l'acide chromique ou le bichromate en solution même
concentrée. Ces résultats présentent déjà un certain intérêt, les réactifs
colorés ne pouvant dans ces conditions fournir aucune indication précise.
Au point de vue théorique, il importe de noter la différence qui existe
entre l'acide chromique et un acide bibasique fort comme l'acide sulfurique.
Pour ce dernier acide, aussi bien avec la soude qu'avec l'ammoniaque,
la tension superficielle reste invariable jusqu'au point de neutralisation
complète et décroît nettement à ce moment-là : aucune discontinuité dans
la courbe obtenue ne permet de distinguer les deux basicités. Ici, au con-
traire, dès qu'on a dépassé la quantité d'alcali correspondant à la formation
du bichromate, une certaine quantité de soude ou d'ammoniaque reste à
l'état libre dans la solution : en d'autres termes, la formation du chromate
neutre à partir du bichromate et de la base est incomplète.
Ces faits concordent avec les déterminations thermochimiques de Ber-
thelot (') et avec les expériences de M. Sabalier (2). Ce dernier auteur
avait montré par colorimétrie que les chromâtes neutres étaient partiel-
lement décomposés par des acides faibles ou moyens comme l'acide acé-
tique, la deuxième fonction de l'acide phosphorique et la première fonction
de l'acide carbonique.
Plus récemment, M. Groger (3) avait été amené à admettre l'existence
d'ammoniaque libre dans les solutions de chromate neutre d'ammoniaque.
Mes expériences confirment cette hypothèse.
CHIMIE PHYSIQUE. — Remarques sur l'additivité des propriétés physiques
dans la série organométa/lique. Note de M. Paul Pascal, présentée
par M. E. Bouty.
L'additivité des propriétés physiques, qui se manifeste souvent de façon
satisfaisante dans le cas des composés organiques, ne peut plus être pour-
suivie dans les corps minéraux; la question s'est alors posée de savoir s'il en
était de même dans la série organomélallique.
Nous avons montré récemment qu'on pouvait mettre en évidence, sous
forme de loi limite, la conservation en combinaison des propriétés diama-
(') Beiithelot, Comptes ravins. 1. 96, p. ^99.
( ') Sabatikk, Bull. Soc. chim., t. MAI, 1886, p. 29^.
(3) Z. An. CI,, -m., 1. LVII1, 1908, p. 4«3.
SÉANCfi DU 23 JUIN I9l3. I9o5
gnétiques des métaux et métalloïdes engagés dans un composé organo-
métallique de la série grasse, mais nous avons dû réserver le cas des
dérivés aromatiques, qui présentent des anomalies inattendues.
L'examen détaillé de cette perturbation, tant au point de vue magné-
tique qu'au point de vue optique, fait l'objet de la présente Note.
Tout d'abord nous avons revu et complété les déterminations de
Gladstone et Dale, de Gbira et Zeccbini, en opérant toujours sur des
liquides purs, et non sur des solutions. Les résultats nouveaux sont
consignés dans le Tableau suivant
Composés.
Se(C'H5)5 (à 20")
Se(G6H5)2 (à 16°)
Te(CsH5)2 (à i5°)
Te(C6H5)2 (à r5°)
P(CJH5)3 (à i5°)
P(OH3)3 (de 700 à 9.3").
As(C2H3)3 (à 20°)
As(C6H3)3 (de 48° à 82°).
Sb(Cll3)3 (à i5°)
Masse spécifique ;'i t".
1 , 23o
i,338
1 . 599
',572
0,800
0,8825 -+- 54. i»-44— 37. io^c(!
1 , i5o
1,225 -+- 9.IO '' t — IO_5£2
Indice (raie D ) à t°.
1,4768
1,6478
1,5182
1,6911
1 ,458o
, 57 1 8 -f- 280 . 1 o-3 1 — 25 . 1 o-6 C-
1,4670
... I ,52
Sb(C6H3)3 (de 420 à 80"). 1/(89 — 27. io~*< -h 17. io-°<2
Bi(CH3)3 (à i5°) 2,3o
I ,6l39 -1-
1,6948 —
Ri(CBll5)3 (à 75°).
,7»5(*)
76. io_5£ -
i,48
5.10— '< -
1 , 56
1,7040
20. IO"
io-6<-
On peut donc, pour un grand nombre de composés du type MX", déter-
miner la valeur moyenne du pouvoir réfringent ARH9 de l'élément poly-
valent central M (pour la raie D, formule en ri-') en utilisant les modules
récemment recalculés par Eisenlobr. On constate aussitôt que ce pouvoir
réfringent, déjà très élevé dans les organométalliques gras, est encore plus
considérable dans les composés aromatiques, comme en fait foi le Tableau
suivant :
Éléments
o. ..
s....
Se..
Te. . -
Az. .
Série grasse. Série aromatique
ARlVr= i,64 ARN
7,60
10,80
i5,5o
3,5o
atique.
El
jments.
Série
grasse.
Série
aromatique.
2,5;
P . . . .
ARN,:
= 9,23
AR
s» = 11,4
9,°5
As. ..
8,02
12,33
l3,I9
Sb...
.4,5
■8,75
18,47
Bi. ..
18,4
20, 56
9>5
Hg...
12 ,75
•3,97
On ne peut donc pas parler d'additivité des propriétés optiques pour
(') Nous avons constaté incidemment qu'à i5°, la masse spécifique de Ri(C6H5)3
solide est égale à 1,952 et non à 1 ,585 comme l'indiquent, tous les Traités de Chimie.
1906 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'ensemble des organométalliques; et si, dans les corps de la série grasse,
les métaux semblent garder un pouvoir réfringent constant, celui-ci
suliit une exaltation marquée quand on passe à la série aromatique.
Des singularités comparables s'observent dans l'étude magnétique des
mêmes corps, car le diamagnétisme moléculaire est toujours exceptionnel-
lement faible pour les organométalliques aromatiques.
Nous en donnons la preuve dans le Tableau suivant, où sont rassemblés
des coefficients d'aimantation atomiques déduits de l'étude des corps du
type M(G°H5)" et M(CpH-p+,)n; pour ces derniers, et ceci ne peut que
renforcer nos conclusions, le diamagnétisme limite indiqué peutêtre légère-
ment inférieur à celui des premiers termes de chaque série homologue.
énienl M.
Série
grasse.
Série aromaliq
ue.
El
ément M.
Série grasse.
Série aromatique
0....
- 46,
0,
, lu"7
— 46, 0.
TO"
.7
Sb. ..
— 370. I0~7
— 261 . IO-7
s....
— i5o
-i3g
C. ...
— 60,0
— 60,0
Se. ..
-241
— 227
m
Si....
202
-96
Te...
—384
— 33 1
Sn . ...
— 3o3
-+- i3
P....
— n3
-,95
Pb . . .
—295
4- 66
As. ..
— 223
— 177
Hg. ••
-334
- 40
Il n'y a donc pas non plus d'additivité générale des propriétés magné-
tiques dans le groupe des organométalliques. Si l'on peut mettre en évi-
dence une sorte d'additivité limite dans la série grasse, on doit y renoncer
pour le moment dans la série aromatique, où s'observe toujours une dépré-
ciation du diamagnétisme, d'autant plus marquée que l'élément polyvalent
central est plus lourd, on possède une valence plus élevée ou plus facilement
variable.
En résumé, l'étude comparative des organométalliques doit nous les
faire regarder comme tout à fait exceptionnels au point de vue physico-
chimique, mais elle nous permet peut-être, en échange, de soupçonner la
raison des relations d'additivité qu'on observe souvent dans les séries pure-
ment organiques. Il faudrait en faire remonter la cause, non seulement à
l'indépendance relative des atomes constituants de la molécule, mais encore
à la faiblesse de leur poids atomique et à l'invariabilité habituelle de leur
valence.
SÉANCE DU 23 JUIN I0,l3. 1907
CHIMIE MINÉRALE. — Étude du chloro-oxalate de thorium.
Note (') de M. A. Coi.ani, présentée par M. A. Haller.
Le chloro-oxalate de thorium 3Th(G20*)2, ThCP, 20 H- O a été pré-
paré par MM. Wyrouboff et Verneuil (2) en évaporant par la chaleur une
solution d'oxalate de thorium dans l'acide chlorhydrique concentré.
Kohlschùtter (3) le prépara ensuite d'une manière analogue et lui attribua
une formule à 18H-O. Hauser et Wirlh (') indiquèrent plus tard que
l'oxalate de thorium mis en digestion avec de l'acide chlorhydrique de con-
centration supérieure à 20 pour 100 se transforme en chloro-oxalate à
2oH20. C'est la manière la plus commode d'obtenir ce composé.
J'ai indiqué sommairement (5) le mécanisme de cetle réaction : l'acide chlorhy-
drique étendu dissout l'oxalate sans décomposer l'oxalate en excès; l'acide concentré
décompose au contraire l'oxalate en chloro-oxalale qui se dissout en partie et en acide
oxalique, celui-ci diminue beaucoup la solubilité du chloro-oxalale formé. Pour une
concentration en acide chlorhydrique intermédiaire, l'oxalate n'est que partiellement
décomposé. Ces faits sont établis par le Tableau suivant dans lequel la première
colonne indique la quantité d'oxalate de thorium à 2ll20 (séché à 1000) mise eu pré-
sence de ioocm3 de liqueur, les deuxièmes et troisièmes les quantités totales de HCI et
de C2OH-.
i3°. 5o°.
IOOK
ioos
l_
Oxalate
de liq
uide contiennent
Cl
Oxalate
de liquide contiennent
Cl
de
— ■
dans 1ÙO
de
dans 100»
thorium.
HCI.
C-O'H2.
Th:.
du résidu.
thorium.
HCI.
C'O'H*.
Th.
du résidu.
0,22
21,8
o,o35
o,o46
0,10
0,5
20,7
0,08
0,11
0,06
0,44
21,7
o,o36
0,047
0,06
I
20,6
0,09
0,12
0,07
0,22
22,7
0 , o5o
o,o55
4,6o
1
21 ,6
O, 10
0, i3
0,6
0,44
22,6
0,057
o,o44
4,9J
0,5
22,1
0,11
0, i3
7,2
0,22
2.3,3
o,o53
0,060
7>>
1,0
22,0
0, i3
0,094
7,3
0,44
23,3
0,059
o,o43
6,9
3,0
3 >.,5
o,53
o,5i
>>49
34,7
o,33
o,34
4,3
0 i
02,4
o,59
o,4o
',99
34,0
o,35
o,3o
6.5
32,5
0,72
0,32
7,3
3,97
34,4
o,46
0,19
8,23
9 /
34,7
0,76
0,11
7, '
(') Présentée dans la séance du 16 juin 1 91 3.
(2) Comptes rendus, t. 128, 1899, p. 1 573 ; Ann. Chim. Phys., 8e série, t. VI,
igo5, p. 492.
(3) Berichte, t. XXXIV, 1901, p. 3633.
(4) Zeitsch. anorg. Cheni., t. LXXVTI1, 1912, p. 73.
(5) Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1075.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 25.) 244
1908 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le résidu solide a été simplement essoré sur plaque poreuse et séché à l'air. Chlore
calculé pour 100 de chloro-oxalate: 7,2. On voit que, avec de faibles quantités de matière,
la transformation a lieu à i3° pour une teneur en acide chlorhydrique comprise entre
21,8 et 23,3, et à 5o°, entre 20,7 et 22,0. Toutefois un excès d'acide oxalique libre
peut modifier cette limite. C'est ainsi qu'à 5o°, pour 22,9 de HCI, il suflit de i,3 de
C20*H2 pour 100 pour empêcher la formation de chloro-oxalate.
De quelque manière que j'aie préparé le chloro-oxalate, j'ai toujours
obtenu l'hydrate à 2oH20. Calciné rapidement il perd de o,5 à 1 pour 100
de thorium par volatilisation de chlorure. Au contraire, chauffé progressive-
ment au rouge, les pertes en thorium sont nulles et la thorine obtenue ne
retient que des traces de chlore (o, 1 à 0,2 pour 100 de ThO2). On sait que
les terres rares dans ces conditions donnent des oxychlorures ('). Une
autre différence importante au point de vue analytique entre le thorium et
les terres rares est que l'oxalate de thorium, précipité d'une solution forte-
ment chlorhydrique, n'entraîne que des traces de chlore (à l'état de chloro-
oxalate) : ainsi de l'oxalate de thorium précipité d'une solution à 18 pour
100 de HCI, non lavé, mais essoré sur plaque poreuse et séché à l'air, ne
contenait que 0,2/1 pour 100 de chlore.
La solubilité du chloro-oxalate de thorium dans les solutions d'acide
chlorhydrique est donnée par le Tableau suivant, les résultats étant rap-
portés à ioos de solution :
«Cl1. Température
12 20,0 0,072 0,12 00.
i5 26,3 0,10 0,17 5o.
12 29,9 0,16 0,27 5o.
i5 32,5 0,28 0,48 5o.
12 33,i o,3i o,53 5o.
i5 35,o 0,60 i,o3 5o.
Cl total.
Th.
Th
'(C!0')«C11
21,2
0,17
0,29
23,0
0,20
0,34
26,8
0,27
0,46
29,8
0,44
0,75
32,3
0,88
1 ,5r
O t f
34,6
i,5i
2,5g
Pour des teneurs plus faibles en acide chlorhydrique on observe une
décomposition très rapidement complète en oxalate et chlorure. A 5o° on
a, la première colonne indiquant la quantité de chloro-oxalate mise en
présence de ioocm' de liquide :
Dans iook de liquide.
Chloro-oxalate. II Cl total.
4 21,2
4 '9.7
8 '9,7
8 '7.9
-
Cl
pour 100
Th.
d
u résidu.
0,17
7-3
o,48
o,o5
0,61
3,3
0,92
o,o5
(') Job, Comptes rendus, t. 1-26, 1898, p. 246.
SÉANCE DU 23 juin igi3. 1909
La présence de l'acide oxalique diminue beaucoup la solubilité du
chloro-oxalate dans l'acide chlorhydrique et les nombres obtenus se placent
sur les mêmes courbes que celles définies par la deuxième partie du premier
Tableau.
Température. H Cl tolal. C'J0'H- tola
i3...
34,8
i3...
i3...
34,9
35,o
i3...
i3...
34,9
35,o
•H- total.
Th.
Température. H Cl lot
o,3i
o,3o
0
5o...
3a,6
o,56
0,18
5o...
32,8
0:79
0, 11
5o...
32,6
I ,52
o,o5
5o...
32,9
1,81
o,o4
5o...
32 , 5
5o...
32,o
0,43
0,82
1,34
2,3o
4,46
6,64
Th.
0,63
0,37
0,26
0,14
0,086
0,070
Avec les plus fortes concentrations de ce Tableau, en acide oxalique, le
cbloro-oxalate en excès n'est pas altéré (CI trouvé à i3° : 7,0 pour 100;
à 5o°: 7,2 pour 100).
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation des alcools sous V influence de la chaleur
seule. Note de M. J.-B. Sexdehens, présentée par M. G. Lemoine.
Les recherches qui seront publiées à la suite de cette Note sur l'oxyda-
tion des alcools en présence de divers corps, oxydes et métaux divisés,
essayés comme catalyseurs, ont, comme introduction obligée, les observa-
tions relatées dans la présente Communication. Pour bien apprécier, en
effet, le rôle des corps en question comme catalyseurs oxydants des alcools,
il était nécessaire de préciser la part qui revenait à la chaleur seule dans
cette oxydation. Les renseignements que l'on possédait à cet égard étaient
assez vagues et tendaient à faire croire que l'oxydation des alcools parla
simple action de la chaleur ne se produisait guère qu'au rouge. On verra
qu'elle s'opère à des températures beaucoup plus basses.
I. Les expériences ont été faites en dirigeant un mélange d'air sec et
de vapeurs de divers alcools dans un tube de verre vide, chauffé par une
grille à analyse, et dont un thermomètre, couché le long du tube, marquait
la température.
Avec l'alcool éthylique et un courant d'air sec de toocmJ à la minute, j'ai constaté}
que l'oxydation de l'alcool commençait vers 4oo°. En élevant la température à 45o°,
tout l'oxygène de l'air avait disparu, comme le montre l'analyse suivante des gaz
recueillis : ■ •
1910 ACADEMIE DES SCIENCES.
Gaz carbonique i ,6
Oxygène 0,0
Oxyde de carbone 12,8
Ethylène 2,/j
Méthane 2,7
Hydrogène ... 5,4
Azote 7.5, 1
Avec les alcools isobutylique
J^NcH-CrPOH
et isoamvlique
(;(i CH — CH!-CHsOH,
l'oxydation par un courant d'air s'est produite à des températures plus basses que
pour l'élhanol, ainsi qu'on peut le voir par le Tableau ci-après, où le degré d'oxy-
dation de chacun de ces alcools s'appréciera d'après la quantité d'oxygène qui reste
dans le gaz analysé, en même temps que par la teneur de ce gaz en CO et CO'2, le
débit de l'air étant toujours de ioocm3 à la minute :
Mélange d'air sec et des alcools:
Etliylique
Température 405*. 450".
CO2 pour 100 0,6 1,6
Oxygène 18,8 0,0
Oxyde de carbone. 0,0 12,8
Isobi
ity]
ique
Isoair
>yi
ique
400°.
435°.
380°.
410°.
0,8
2
1,2
.,6
,7,6
0,0
18,4
0,0
o,4
11,2
0,0
12,4
Il résulte des données inscrites dans ce Tableau qu'aux températures de
38o° pour l'alcool isoamylique, et de /4000 et Zjo5° pour les alcools iso-
butylique et élhylique, il y a déjà un commencement d'oxydation, et que
tout l'oxygène de l'air, pour un débit de ioocn|J à la minute, est absorbé par
ces alcools à 4to0, 430°, 45°°- On vo't aussi qu'il se forme, en majeure
partie, de l'oxyde de carbone, lequel, avec la petite quantité de gaz carbo-
nique, correspondrait aux réactions :
(1) C"H2"+'OII + 211Ô = / 2
Azote 83,7 79,2 82,4 80,6
cm"
cm'
Par où Ton voit qu'avec V205, et pour un dégagement gazeux de i5o
à la minute, tout l'oxygène de l'air est absorbé à 32o°, tandis qu'avec la
silice, pour une vitesse moindre du gaz, il reste 5,2 pour 100 d'oxygène non
absorbé, à 4IO°) c'est-à-dire à une température ou l'éthanol est oxydé par
l'air sous la seule influence de la chaleur.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle série dHsopyrazolones.
Note de M. G. Favrei., présentée par M. A. Haller.
Dans un travail antérieur ('), j'ai établi qu'en faisant réagir les éthers
acétylacétiques y-chlorés sur les chlorures diazoïques, on obtenait les
hydrazones-3 de ces mêmes éthers y-chlorés.
En poursuivant l'étude des propriétés de ces hydrazones, j'ai été conduit
à la préparation d'une nouvelle série de corps que l'on obtient ainsi qu'il
suit :
10S de phénylhydrazone-3 de l'acétylacétate d'éthyle y-chloré sont pulvérisés fine-
ment et mélangés à 200cm> d'eau distillée tenant en dissolution 28 de soude.
Le mélange agité fréquemment donne, au bout de 12 heures, une solution jaune
clair dont on ne sépare par filtration qu'un faible résidu d'hydrazone non décom-
posée. Si l'on ajoute alors au liquide filtré 2'"1' d'acide chlorhydrique pur étendu de
i(fm' d'eau distillée, on obtient un précipité blanchâtre qui ne tarde pas à devenir
cristallin. Cependant, quelquefois le précipité formé d'abord se rassemble en une huile
jaunâtre qui ne se solidilie que plusieurs jours après en une masse de cristaux.
Quoi qu'il en soit, le précipité, après lavage et dessiccation, est dissous
dans l'alcool bouillant, d'où il se sépare, par refroidissement et évaporalion
à l'air libre, de longues aiguilles brillantes à peine colorées en jaune, fon-
dant à 258°-26o°.
(') Pavrel, Comptes rendus, t. lia, 1907, p. iq4.
SÉANCE DU 23 JUIN IÇ)l3. IO,l3
Ces cristaux ont la composition d'une phénylisopyrazolone qui se serait
produite d'après l'équation suivante :
csn5co2— Cf
Az
CO C2H5C02— C CO
+ NaOH = NaGI + H20-(-
CHSCI Az. .GH2
\/H Az G6 H»
Az — C6H5 Az ^ M
Du reste, la détermination du poids moléculaire de ce corps, par cryos-
copie dans l'acide acétique, montre qu'il s'agit bien d'un corps ayant cette
constitution (ou la forme tautomère correspondante) et non de celui de
formule double, qui résulterait de la soudure de 2molde l'hydrazone primi-
tive avec élimination de 2mi11 de chlorure de sodium et de 2mo1 d'eau.
En opérant exactement de la même manière avec l'orthotoluilhydra-
zone-3 de l'acétylacétate d'éthyle y-chloré, j'ai pu obtenir : l'orthotoluil-
isopyrazolone carbonate d'éthy le, cristaux faiblement jaunes, très solubles
dans l'alcool éthylique d'où elle cristallise difficilement. Ces cristaux, après
purification, fondent à 6G°-G8°.
La paratoluilhydrazone-3 de l'acétylacétate d'éthyle y-chloré est trans-
formée de même en :
Paratoluilisoj>yrazolone carbonate d'éthyle qui se présente en beaux
cristaux aiguillés à peine jaunes, solubles dans l'alcool, fondant à iii°-ii2°.
Enfin, dans les mêmes circonstances, les hydrazonesde l'acétylacétate de
méthyle y-chloré ont fourni les corps suivants :
i° La phénylisopyrazo/one carbonate de méthyle, petites aiguilles blanches
solubles dans l'alcool méthylique, fondant à 85°-87°;
2° h'orthotoly/isopyrazolone carbonate de méthyle fondant à 1 780, cristaux
blanchâtres, très solubles dans l'alcool méthylique;
3° La paralolylisopyrazolone carbonate de méthyle, poudre cristalline
jaune fondant à 2i8°-22o°.
Tous ces corps se dissolvent dans l'alcool et donnent, par addition d'une
goutte de chlorure ferrique dilué et neutre, une coloration bleue intense
qui disparaît par les acides. Us se dissolvent également tous dans les solu-
tions alcalines faibles et dans les acides concentrés chauds, mais moins bien
dans les acides dilués.
En résumé, les hydrazones des éthers acétylacétiques y-chlorés se
transforment, sous l'influence des solutions de soude diluées, en isopyrazo-
lones d'un nouveau type qui doivent être désignées comme des isopyra-
zolones-4-
IÇ)l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les éthers acétylacétiques y-bromés conduisent aux mêmes résultais,
mais plus difficilement.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le rapport, dans les tissus végétaux, des bases
et des acides minéraux. Note de M. G. Axdké, présentée par
M. A. Gautier.
La nutrition minérale des végétaux s'effectue aux dépens des substances
salines que leurs racines puisent dans le sol : phosphates, sulfates, chlo-
rures, nitrates; en laissant de côté les légumineuses, capables d'emprunter
directement l'azote à l'atmosphère. Si, pendant toute la durée de l'exis-
tence d'une plante, on suppose qu'il ne se produise d'élimination de bases,
ni par excrétions radicales, ni par les organes aériens que lave l'eau de
pluie, on doit retrouver, à tous moments de la végétation, une quantité de
bases strictement équivalente à celle des acides qui ont pénétré, à l'état
de sels, dans cette plante. Or Wàringtoh (Ann. agron., t. XXVI, 1900,
p. 246) a montré, par de nombreux calculs effectués sur des végétaux
très variés, que la proportion des bases est ldin d'être suffisante pour saturer
les acides minéraux proprement dits, ainsi que l'azote, si l'on admet que ce
dernier élément n'a pénétré que sous forme de nitrates. D'où cette conclu-
sion : que, dans le cours de la végétation, et surtout à partir de l'époque de
la maturation, une partie des bases retournerait au sol par voie d'exosmose,
à moins (pie tout l'azote de la plante ne provienne pas exclusivement de la
forme nitrique.
I. — Voici, dans cet ordre d'idées, les résultats que fournit l'orge (Comptes
rendus, t. 154, 1912, p. 1G27 et 1817), dont j'ai étudié l'évolution saline.
(I, 10 juin 191 1, épis apparents; II, 23 juin, épis en (leurs; III, 7 juillet, début de
la maturation; IV, 20 juillet, maturation complète; V, 2 août, maturation dépassée.)
Dans 100 plantes séchées à 1100 on a :
I. II. m. 1\. V.
k s e s s
Azote total 7,028 8,6g3 10,422 12,389 io,36i
P04H3.. 4,676 6,129 6,880 7,142 7,141
SO3 3,682 3,45i 4,983 5,227 5,089
CI 1,116 i,238 ',i48 0,967 0,877
CaO 3,749 4,468 4,584 4,982 3,892
Mjj-0 .. i,585 2,o52 2,294 2,5i6 2,252
K20 9,641 io,8o4 9,855 8,906 6,656
Na20 3,869 2,952 1,792 1,948 1,289
SÉANCE DU 23 JUIN IÇ)l3. 191e)
Le calcul de la saturation des bases par les acides peut être effectué de la
façon suivante : l'acide phosphorique, que nous supposerons saturé, répond
à 3at d'azote (N3 = 42); l'acide sulfurique, à 2at (N2=a8); le chlore,
à iat(N = i4). Chacune des bases GaO, MgO, K20, Na20 répond à 2at
d'azote (N2=28). La silice a été supposée libre, ainsi que la chose est
admise généralement. On obtient alors les chiffres suivants :
1. 11. m. IV. v.
e s g b e
Bases totales exprimées en azote 7>5q5 8,214 7,636 7 ,778 6,082
Bases saturées par PO4 H3, SO3 et Cl .. . 3,733 4,322 5,i44 5,270 5, 186
Bases atlribuables à l'azote 3,862 3,892 2,492 2,008 0.896
Azote total dans les plantes. . 7,028 8,693 10,422 12,389 'o,36i
Azole non représenté par des base- 3, 166 4. Soi 7,g3o 9,881 g , 465
Azole pour 100 de l'azote total 45. o4 55,22 76,08 79)75 91, 35
L'examen des chiffres inscrits dans la colonne I, par exemple, comporte
les conclusions suivantes : ou bien il existe une proportion de 45, 04 pour 100
de l'azote qui a pénétré dans la plante sous une forme autre que celle d'azote
nitrique, ou bien une certaine quantité des bases absorbées a disparu. On
remarquera que la quantité de l'azote non représenté par des bases, pour 100
de l'azote total, augmente à mesure qu'on se rapproche de la fin de la
végétation, ainsi que l'avait déjà énoncé Warington. Cet excédent d'azote
ne saurait être mis exclusivement sur le compte de la perte des alcalis à partir
de la troisième prise d'échantillon, puisqu'on observe un fort excédent avant
cette période, c'est-à-dire à un moment où il y a absorption continue des
bases venues du sol. Il semble donc que l'hypothèse de l'absorption de
l'azote sous une forme autre que celle de nitrates présente ici, comme dans
les cas analogues, un certain degré de vraisemhlance. Le lin {Comptes rendus,
t. 156, 1913, p. 1 164) se conduit d'une façon identique.
II. Cependant, à côté des plantes très nombreuses qui se comportent
comme l'orge et le lin, on rencontre d'autres végétaux chez lesquels on
observe le phénomène inverse d'un excédent de bases par rapport à la quan-
tité susceptible de fournir des sels avec les acides phosphorique, sulfurique,
nitrique et avec le chlore. Voici, en effet, ce que donne la spergule (loc. cit.) :
(I, 29 mal 1912, début de la floraison; II, i4 juin, floraison générale; III, 28 juin,
début de la fructification ; IV, i5 juillet, fructification; V, 29 juillet, fructification
complète.) Dans 100 plantes séchées à 1100 on a :
C. P.., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 25.) 24-5
1916 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. II. III. IV. V.
1 s s g s
Azote total 1,307 1 ,970 2,862 5,244 8,525
PO'H3 o,45o 1,-61 3 1,789 2,346 2,586
SO3 0,109 °>9'4 ','46 i,638 i,834
CI 0,124 o,363 0,579 0,996 1,299
GaO o,8i4 2,i5o 2,g53 5,46g 8,4i4
MgO o,4i5 i,4i3 2,346 2,777 4,974
K20 2,o55 5,853 7,9^3 12,204 i4,a83
Na2(J 0,182 0,687 ',,57 '''8l !>652
En effectuant le calcul de la saturation des bases par les acides, comme il
a été fait pour l'orge, on a les résultats suivants :
1. 11. m. iv. v.
g s s s s
Bases totales exprimées en azote . . i,3go 4,i>3 5, 995 8,838 12,680
Bases saturées par PO4 H3, SO3
et Cl 0,296 1,1 53 i,3;i", i,97° 2,262
Bases attribuables à l'azote i,og4 2,960 4, 6°° 6,868 10. /| 1 S
Azote total dans les plantes i,3o7 1 ,973 2,862 5,244 8,52.5
Azote en excès (-t-) ou en défaut
( — ) par rapport aux bases +o,2i3 — o,g87 — 1 , 738 — 1,624 — i>Sg3
Azote pour 100 d'azote total 16,29 5o,02 60,72 3o,g6 22,20
Dans le cas de la spergule, dont les éléments minéraux n'avaient pas subi
de pertes au cours de la végétation, la première prise d'échantillon fournit
seule une certaine quantité d'azote non saturé par les bases, s'élevant à
16,29 pour 100 de l'azote total. Dans les quatre autres prises, il y a excèdent
de bases. On peut expliquer la chose en admettant que, vraisemblablement,
la chaux et la magnésie, d'une manière partielle sans doute, ont été
empruntées au sol par les racines sous forme de bicarbonates. Cette
absorption a été maxima au moment de la fin de la floraison du végétal ;
elle s'est ralentie dans la suite. Il en résulte que la spergule, plante annuelle,
arrivée à son complet état de maturité, au lieu de présenter un déficit de
bases par rapport à l'azote, ainsi que les nombreux végétaux examinés par
différents auteurs, par Warington en particulier et par moi-même pour
l'orge et le lin, renferme, au contraire, un excès de bases par rapport à
l'azote total. C'est au moins ce qui s'est passé dans l'année ici consi-
dérée (191 2).
SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1917
CHIMIE VÉGÉTALE. — Le latex de Ficus coronata, suc pancréatique, végétal
incomplet, sans amylase et à diastase protéolytique prédominante. Com-
paraison avec celui du Ficus Carica. Note de M. C. Gerber, présentée par
M. L. Guignard.
Ce latex, que nous devons à l'obligeance de M. Rivière, le savant direc-
teur du Jardin d'essai du Hamma, près d'Alger, est remarquable par l'ab-
sence presque complète de caoutcbouc. Aussi est-il incolore au moment où
il sort de l'arbre; mais il devient rapidement rouge brun, tout en restant
transparent.
a. Absence d' amylase. — Mélangé à la dose de icm" à ioocm' d'empois d'amidon ou
d'une solution d'amidon soluble, soit de Zulkowskj', soit de Ferubach- Wolir à
5 pour 100 dans l'eau distillée, nous n'avons pas pu constater, même après 72 heures
d'action à 5o°, la formation de sucres réducteurs, alors que des expériences, faites le
même jour, à la même température et avec les mêmes quantités de latex de Ficus
Carica et de solutions amylacées, ont donné, en 1 heure, les quantités de mallose
suivantes :
Empois. Zulkowsky. Fcrnbach-Wolff.
0^,60 I», 3o lg,4o
Le latex de Ficus coronata diffère donc de celui de Ficus Carica pa\ l'absence d'amy-
Iase. En cela, il se rapproche de celui de Morus alba qui, comme nous l'avons montré,
se distingue de celui de Morus nigra par l'absence de la même diastase.
b. Existence d'une lipocliastase moyennement active. — L'activité lipolytique du
latex de Ficus coronata, mesurée d'après son action sur le jaune d'œuf, est deux fois
plus forte que celle de Ficus Carica. Un peu plus thermostabile que la lipase de ce
dernier (il faut chauffer le latex de Ficus coronata 3o minutes à 65°, et il suffit de
chauffer celui de Ficus Carica le même temps à 60e pour détruire leurs propriétés
saponifiantes), la lipase de Ficus coronata est, par contre, moins sensible aux acides
que celle-ci. Le rapport des pouvoirs lipolytiques à l'optimum d'acidité, et en absence
de cet électrolyte. est : Ficus coronata i,5o; Ficus Carica 3.
c. Existence d'un ferment protéolytique très actif. — Le pouvoir protéolytique
du latex de Ficus coronata, mesuré d'après son action coagulante sur le lait, est à peu
près quatre fois plus forte que celle du latex de Ficus Carica. C'est, de tous les latex
que nous avons étudiés jusqu'ici, le plus actif sur le lait.
Sa présure est plus thermostabile que celle de F. Carica. Un séjour de 3o minutes
à 700, qui la rend seulement trois fois moins active, rend celle du Figuier commun
huit fois moins coagulante; il faut 10 minutes de chauffe à 85° pour la détruire, alors
qu'il suffit de 2 minutes à la même température pour faire perdre à la présure de
F. Carica toute activité.
Comme le latex de Ficus Carica, celui de F. coronata, à doses faibles, coagule, à
I<)l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
toutes températures, le lait bouilli mieux que le lait cru, et à doses minimes il ne
coagule que le lait bouilli. Sa diastase, néanmoins, est moins strictement une présure
du lait bouilli que celle du premier latex. A 5o°, en effet, avec des latex dilués à -çfe :
dans le cas du lait cru, il a élé impossible d'obtenir de coagulation dans les limites de
l'expérience (36o minutes) avec omS,02 (F. coronata) et avec une dose huit fois plus
forte (F. Carica) pour 5cmS de lait, tandis que dans le cas du lail bouilli, nous avons
observé de très belles coagulations avec ocmS,oo5 (F. coronata) au bout de 100 minutes
et avec une dose seulement quatre fois plus forte {F. Carica) au bout de 80 minutes.
La présuie de F. coronata se comporte absolument de la même façon que celle de
F. Carica en présence des divers électrolytes qui peuvent se diviser en trois groupes.
Les uns sont accélérateurs à toute dose et d'autant plus accélérateurs que la dose est
plus élevée. Tels sont : les acides, sauf l'acide chromique ; les sels acides, sauf les
bichromates; les sels neutres des métaux alcalins ne précipitant pas la chaux, sauf les
chromâtes et les citrates, les sels neutres des métaux alcalino-terreux, ceux des métaux
du groupe du fer et du manganèse, etc. Nous donnerons ici comme exemple l'acide
borique.
D'autres sont retardateurs à faibles doses, parfois empêchants à doses moyennes,
accélérateurs à doses plus élevées. Tels sont les éléments halogènes (chlore, brome,
iode), l'acide chromique, les chromâtes neutres, les sels neutres de zinc, de cadmium,
de nickel, de cobalt, etc. Nous donnerons ici comme exemple le chlorure de cadmium.
Les derniers, enfin, sont retardateurs à doses infimes ou faibles, empêchants à doses
faibles ou moyennes et fortes. Tels sont l'eau oxygénée, les sels neutres d'argent, de
cuivre, de mercure, d'or, de platine, les alcalis, les dichromates, les citrates et les sels
neutres des métaux alcalins précipitant la chaux (fluorures, oxalates, etc.). Nous
donnerons ici comme exemple le chlorure de cuivre.
Acide borique. — Lait bouilli 5cm"; — — - ocm',o5 ; 5o°.
000
Mol.-milligr. par litre. o 10 2.5 5o 100 25o
Min. pour coag 4o 36 3o 22 16 10
Chlorure de cadmium. — Lait bouilli 5'"1'; — r— oCB\o5: 5o°.
2ÔO
Mol.-milligr. par litre. 0,00 0,2.5 o,5o 1,25 2,5o 5
Min. pour coag 6 18 23 25 18 coagule
sans présure
Chlorure de cuivre. — Lait bouilli 5CI"S ; ocl"',o5: 5o°.
100
Mol.-milligr. par litre. 0,00 o,o3 0,06 0,12 o,25 o,5o
Min. pour coag 2,30 6 19 35 195 00
En résumé, le latex de Ficus coronata contient une lipase moyennement
active, une diastase protéolytique extrêmement forte et pas d'amylase. Il
SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1919
entre, avec celui de Morus nigra que nous avons éludié antérieurement (' ),
dans le groupe des sucs pancréatiques végétaux incomplets et y constitue
le type à ferment protéoly tique du lait bouilli, très sensible aux sels d'argent,
de cuivre, de mercure, d'or, de platine, aux halogènes et à l'eau oxygénée
qui exercent sur ses actions diaslasiques une influence éminemment défa-
vorable; le latex de Morus nigra constituant, au contraire, le type à ferment
protéoly tique du lait cru, sur les actions diastasiques duquel ces électrolytes
agissent d'une façon favorable, quelquefois indifférente, rarement faiblement
défavorable.
Le latex de Ficus coronala occupe donc, dans ce premier groupe, la place
qu'occupe, clans le groupe des sucs pancréatiques végétaux complets, celui
de Ficus Carica, deux fois moins lipoly tique, quatre fois moins protéoly tique,
mais possédant une amylase, alors que le latex de Morus nigra y occupe la
place qu'occupe dans le second groupe les latex du Hroussonetia, de Maclura,
de Morus alba, etc.
BOTANIQUE. — Mission de Gironcourl , 1908-1909. Résultats botaniques.
Note de M. de Gironcourt, présentée par M. Edmond Perrier.
Au cours de ma mission de 1908-1909 en Afrique occidentale française
et étrangère, des échantillons botaniques ont été recueillis en conserve
sèche, doublés d'inflorescences conservées au formol.
Les récoltes ont commencé au sommet de la boucle du Niger dans la
région dite des Mares où elles ont eu lieu (novembre-décembre) 3 mois
après l'époque pluvieuse; elles se sont ensuite poursuivies au Dahomey
(mars-mai), en Nigeria (avril), au Togo (juin) eten Côte de l'Or (juillet).
Le plus grand nombre des plantes rapportées provient du Haut Dahomey
dont la flore n'avait pas encore été déterminée. Mon arrivée en ce pays
coïncidant avec les premières précipitations d'eau de la saison des pluies
(avril) faisant épanouir les enveloppes florales, la saison était la plus
favorable ; la récolle botanique s'est effectuée principalement vers
le io° Nord.
Aux herbiers correspond un répertoire détaillé et une carte d'ensemble.
Le répertoire donne, pour chaque numéro, les indications de date, de lieu,
d'habitat, de nature du sol, les dénominations diverses en dialectes bam-
(l) Réunion biologique de Marseille, t. LXXIV, p. 1109.
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L,*RARy
IC)20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
hara, tamachèque, songhoy (boucle du Niger), dendi, djerma (Niger),
cotocoli (Haut Dahomey), kabbré (Haut Togo), bariba (Moyen Dahomey),
ou dahoméen d'Abomey, puis divers renseignements de source indigène
concernant les propriétés, usages, utilisations de ces plantes.
Afin de restreindre autant que possible les écarts d'appréciation inévi-
tables en matière de documentation locale, aucune indication indigène n'a
été admise à figurer au répertoire si elle n'a pu être obtenue d'au moins
deux sources indépendantes.
Un ensemble de déterminations a été mené à bien, et comprend entre
autres :
Acanthacées : Asyzlasia gangetica Nées; J uslicia flava Vahl; Nelsonia bvunel-
loïdes C. R. Amaraulacées : Celosia argentea L. ; Trigyna L. Anacardiacées : Lan-
nea sp. Anonacées : Anona senegalensis Pers. Asclépiadées : Raphionacmc, cf.
B roe rcacia Scott. Bignonacées : Stereospermum kunt/iianumCh. Buxacées : Cochlo-
spermum tinctoi^um A. Rich. Borraginées : fleliotropium indicum L., nudulatuni
Vahl., stigosum Wild.; Trichodesma africanum R. Br. Capparidacées : Cadaba
farinosa Forsk ; Cralœva religiosa L. ; Hibiscus furcatus Roxb., glaber Gi'irk. Caryo-
phyllées : Polycarpœa corymbosa Lani. Célastomacées : Gymnosporia senegalensis,
var. spinosaEngl. Combrétacées : Combretum argyrostrichum Wehr, cf. omalzecas
S. D. ; Indigofera af/înisl-,.; Terminalia, cf. seifonop/iyllitmDies. Commélinacées :
Aneilema, cf. lanceolatum Benth.; Buforestia imperforata C.-B. Clarke; Conune-
lina Vogelii C. B.; Cyanolis, aff. C. angustuœ Clarke; Pollia sp. Composées :
Ageratum conyzoïdes; Bidens chilensis D. C. ; Centaurea prœcox O. H.; Cohiza
segyptiaca D.; Chrysantellum indicum D. C; Januaca arborescens; Plecotaxis
rugosa D. C. ; Senecio vulgaris L. Convolvulacées : Ipomœa convolvulifolia Hall.
Crassulacées : Cussonia, cf. Barteri Seem. Cucurbitacées : Physedra elegans Harms
et Gilg.
Graminées (dét. llackel) : Aristida nigritiana Hack.; Cenchrus catharticus Del.;
Chloris punctulata Hochst; Elionorus elegans Kimth ; Panicum bomense Hack.,
seinialatum R. Br., turgidum Forsk. Euphorbiacées : Bridelia ferruginea Benth.
in Hook; Chrozophora Brocchiana Vis. Sel).; forma nova (Engler : in Pflanzen-
reich) : Euphorbia convulvoïdcs Hochst; Excœcaria grahami Stopf. ; Phyllaulhus
pentandrus Schum et Thorm.
Labiées : Ocimuin canum L. Légumineuses (dél. Harms) : Acacia a/bida Def.,
pennata Wild ; Aeschynomene indica L.; Bauhinia rufescens Lam.; Cassia Libe-
riana D. C, mimusoïdes L., nigricans Vahl.; Crotalaria striata: Desmodium gan-
gelicum D. C, mauritianum ; Dolichos argenteus Wild.; Eriosema cajanoïdes
Hook; Glycine liolophylla Taub.; Indigofera bracteola D. C, diphylla Veut.,
hirsuta L.; Leptadenia spartum; Lonchocarpus cyanescens Benk; Mucuna, aff'.
flagellipes Vogel; Strartzia madagascariensis Des.; Tephrosia obeordata Bak.
Liliacées : Anlhericum sp. ; Eriospennum sp. ; Urginia sp. Lythracées : Amrhania
senegalensis Lam. Malvacées : Abutilon, cf. indicum L. Swett; Hibiscus canna-
SÉANCE DU 2.3 JUIN io,i3. 1921
binas L. ; Malachra radiala L.; Sida linifolia, rhombifolia L., spinosa L.; Urena
lobata L. Mélastomacées : Dissotis froingiana Hook, rotundifolia Triane. Xycta-
ginées : Bœrhadivia paniculata Hich.
Nymphasacées : Nymphœa micrantha Guill. et Per. Orobanchées : Cistanohe
lutea Linli. et Hoff. Papavéracées : Argemone mexicana L. Pédalinées : Sesainuin
indicum L. Polygalées : Securidaca longepedunculata Fres. Portulacées : Talinum
cuneifo/iitniW'ûd. Rubiacéas : Crossopterix aj ricana K. Sels; Fadogia Cunkowskyi
Schuf. ; Feretia apodanthera Schw. ; Gardénia Thunbergia L. ; Mitracarpum séné-
galaise D. C. ; Sabicea sp.; Oldenlandia sp. Sapindacées : Boscia nova species,
aff. B. oclandra Hochst; Cardiospermum halicacabum ; Paullinia pinnata L.
Sci ta minées : Kœrnpfera œthiopica Benth. Scrofulariées : Cycnium camporum Engl. ;
Scoparia dulcis L.; Sopubia ramosa Iloclist. Solanées : Physalis angulatus L.
Tliyméléacées : Guidia chrysantha Solm.; Kraussiana Meiss. Tiliacées : Grenia,
ex ail*. voodianaK. Sil., cf. mollis Juss. Urticacées : Pilea sp. Verbénacées : Lanterna
ualvifolia Jacq. ; Slachytarpheta anguslifolia \alh.; Vilex etineata Schum. Viola-
cées : Fossidium enneaspernium Vent. Vitacées : Cissus, cf. juncea Webb., popul-
nea Guil. et Perr. Vitées : Ampelocissus cinnarnochroa Planch., salrnonea Planch.
Le répertoire de ces herbiers distingue et décrit un grand nombre de
plantes à feuilles ou graines alimentaires servant parfois de base alimentaire
aux indigènes (Cenchrus, Nymphrea, etc.), à fruits comestibles; il apprécie
en valeur pastorale les divers éléments des herbages (plantes consommables
ou non, recherchées ou non des chameaux, bœufs, chevaux, ânes, moutons
ou chèvres); il indique les utilisations tinctoriales, de tannage ou médici-
nales (aphrodisiaques, remèdes, poisons de pêcbe, etc.).
Certains échantillons ont fait l'objet d'une étude spéciale à cause de leur
intérêt spécifique (formes nouvelles) ou de leur valeur d'utilisation. Il en
est ainsi, par exemple, du Bridelia ferruginea Bentb. qui, au Haut Togo,
permet, par le broyage de son écorce avec de l'argile, la fabrication de
terrasses imperméables et lavables (caslels des indigènes Sombas, etc.).
Enfin, un ensemble de photographies de stations botaniques reproduit
l'aspect des échantillons en leurs peuplements spontanés, par exemple
Aristida pan gens, Cratœvareligiosa L., Bridelia ferruginea Benth., Cochlos-
permum tinctorum Rich., etc., etc.
Ces récoltes botaniques (') sont les premières qui aient été effectuées au
Haut Dahomey.
(') Les récoltes botaniques (herbiers) de la mission de Gironcourt, 1911-1912, ont
été relatives à la flore du grand cratère du Manengouba (j^oo111), au Cameroun, etau\
fougères de la grande forêt de ce même pays.
1922 ACADEMIE DES SCIENCES.
botanique. — Sur la cytologie des suçoirs mîcropylaires de l'albumen de
Veronica persica. Note de M. Paul Dop, présentée par M. Gaston
Bonnier.
On sait, à la suite des travaux d'un grand nombre d'hislologistes, que le
noyau joue un rôle actif dans l'élaboration des produits de sécrétion cellu-
laire. J'ai cherché à préciser ce rôle dans les cellules baustorielles de l'albumen
de quelques Angiospermes. Cette Note se rapporte aux résul tats fournis par
l'étude du suçoir micropylaire de l'albumen de Veronica persica Poir.
Ce suçoir est une énergide 4-nucléée (je l'ai observée une fois cependant
6-nucléée)dont l'origine et l'évolution sont tout à fait comparables aux faits
décrits par Buscalioni sur V. hederœfolia L. et par Schmid sur la même
espèce et sur V. Chamœdrys L. Au début cette cellule 4-nucléée est localisée
dans la cavité micropylaire; puis elle se développe en détruisant les tissus
de la base du funicule. Elle se comporte comme un véritable parasite et, par
ses ramifications, elle finit par envelopper complètement la base du faisceau
conducteur du funicule. Quand son développement est terminé, les diverses
régions de ce suçoir sont le siège d'une abondante formation de poutrelles
de cellulose enchevêtrées.
L'évolution des noyaux de ce suçoir est la suivante :
Au début, ces noyaux sont semblables à ceux de l'albumen. Leur forme est ovoïde
ou spbérique. Leur cliromaline ne forme pas de réseau bien défini, mais se présente
sous la forme de granulations de petite taille, sphériques ou irrégulières, quelquefois
réunies par de lins filaments. A. ce stade, la chromatine est fortement basophile. Le
nucléole est unique, à contour régulièrement ovoïde ou spbérique, et présente fré-
quemment une zone claire centrale. (Quoique fixant bien la safranine et l'hémaloxyline,
ferrique, cet élément n'est pourtant pas chromatique, car par les teintures véritable-
ment électives comme le triacide d'Erlich ou par des régressions suffisantes, il appa-
raît nettement acidopbile. Dès que le suçoir se développe en digérant les tissus voisins,
la structure des noyaux se modifie. La cliromaline s'isole du nucléole par une vacuole
claire, concentrique à ce dernier, et elle montre, en même temps, une déchromalisa-
tion nette de la plupart de ses granulations. Au môme stade, le nucléole se déforme
légèrement; il émet des fragments de taille et de forme variables, mais toujours en
petit nombre, qui viennent souvent s'appliquer à l'intérieur de la membrane nucléaire;
en même temps, quelques zones claires apparaissent dans sa masse et correspondent
sans doute aux régions d'émission des éléments précédents. Cependant le nucléole et
les éléments qui en dérivent ne paraissent encore subir aucun phénomène de désorga-
nisation, car des aspects analogues se rencontrent dans les cellules de l'endosperme.
séance du 23 juin io,i3. 1923
Le phénomène essentiel présenté par le noyau à ce stade est donc l'appa-
rition, dans sa chromatine, de granulations acidophiles. Ce fait est bien
connu dans les cellules sécrétives, comme Zacharias, Huie, Schniewind-
Thiess, Rosenberg, Nemec, Tischler, Maziarski, Mcolosi-Roncati, etc.,
l'ont montré. Il est, dans le cas actuel, en relation avec l'existence d'un
chondriome très net dans le cytoplasma. Ce chondriome, formé de chon-
driocontes courts et flexueux, de grains mitocliondriaux isolés ou souvent
groupés en chondriomites, de gros grains de'sécrétion pleins ou vacuolisés,
est comparable au chondriome que Guilliermond a décrit dans quelques
ovules. Il est probable, comme l'admet Maziarski dans les cellules sécré-
trices animales, que la chromatine échappée du noyau imprègne les forma-
tions mitochondriales qui sont comme on le sait d'origine cytoplasmique.
Peut-être cette chromatine joue-t-elle un rôle dans l'élaboration des dias-
tases aux dépens des pains de sécrétion. Et cela est conforme aux idées de
Torrey et de Reed qui voient dans le noyau l'agent essentiel des processus
diastasogènes, dans l'épidémie du cotylédon des Graminées par exemple.
Quand le suçoir a terminé son développement, à la période d'activité
zymogène, succède la sénilité, caractérisée par l'apparition dans le cyto-
plasma de nombreuses vacuoles et de poutrelles cellulosiques. Ces der-
nières apparaissent sous formes de granulations qui se fusionnent ensuite,
suivant le processus bien établi par Tischler dans les cellules haustorielles
analogues des Pedicularis. Il m'a même paru que ces granulations se for-
maient à l'intérieur de grains de sécrétions d'origine mitochondriale, qui
constitueraient ainsi des plastes formateurs de cellulose, analogues aux
chloro- et aux leucoplastes. En même temps, les noyaux ont subi des modi-
fications importantes. Leur taille est devenue géante et leurs-contours irré-
guliers à aspect amihoïde. La chromatine se présente en granules de dégé-
nérescence qui fixent d'abord nettement la laque ferrique d'hématoxyline.
puis disparaissent peu à peu. Quant aux nucléoles, leurs dimensions ont
considérablement augmenté; leur aspect devient lobé, amihoïde, et ils
finissent par se fragmenter. En même temps, leur masse se creuse d'un
réseau de vacuoles qui les transforment en un véritable tissu spongieux. Ils
perdent leur substance nucléolaire qui diffuse probablement dans les rami-
fications des suçoirs. Conformément à l'opinion de Strasburger qui a
montré que la formation des membranes cellulosiques dépendait surtout
des substances contenues dans le noyau et en particulier dans le nucléole,
iLest possible d'admettre que la substance nucléolaire diffusée joue le rôle
essentiel dans l'élaboration des grains de cellulose. Cette manière de voir
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 25.) ^46"
1924 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est d'autant plus vraisemblable que Maziarski a montré que le nucléole
fournissait directement le matériel de sécrétion dans les glandes libères des
1 lires des Lépidoptères.
En résumé, il est possible de diviser l'évolution du suçoir micropylaire
de Veronica pcrsica en deux périodes :
i° Une période d'activité zymogène, où seule la cbromaline semble
jouer un rôle actif;
20 Une période de sénilité, caractérisée par la dégénérescence de la
cbromatine et le maximum d'activité du nucléole dont la substance servi-
rait à l'élaboration de granulations cellulosiques.
Dans ces deux périodes, l'élaboration des produits sécrétés, diastases et
cellulose, se ferait par l'intermédiaire de grains.de sécrétion dérivés du
cbondriome.
physiologie végétale. — Sur la formation de V anthocyane au
sein des milochondries. Mo te de M. Guilmer.mo.nd, présentée
par M. Gaston Bonnier.
Nos observations ont porté presque exclusivement sur de jeunes bour-
geons en voie de développement de Noyer et de Rosier.
II est facile de constater l'origine mitochondriale de l'antbocyane dans les tissus
vivants. Les feuilles de Rosier offrent, à ce point de vue, un objet d'étude exception-
nellement favorable. 11 suffit pour cela d'observer dans l'eau à un fort grossissement
les dents d'un fragment d'uue feuille très jeune renfermant encore très peu d'anlho-
cyane et appartenant à un bourgeon qui n'est pas encore ouvert. On peut ainsi suivre
tous les stades successifs de la formation de l'anlhocyane dans IVpiderme où ce pig-
ment est presque exclusivement localisé. On constate d'abord des cellules incolores où
le cbondriome est peu visible, puis des cellules pourvues de nombreux cbondriocontes
allongés et uniformément colorés en rouge cerise par l'antbocyane. Plus loin, ces
cbondriocontes épaississent et forment cbacun un renflement à leurs deux extrémités,
ce qui leur donne l'aspect d'un haltère. La couleur du pigment s'accentue dans les
rendements ainsi formés qui finissent par s'isoler par suite de la résorption de la
partie effilée du chondrioconte qui les unit. Ainsi se trouvent formées, dans le cyto-
plasme, des sphérules imprégnées de pigment anthocyanique qui correspondent aux
cya/toplastes décrits récemment par l'oluis. Ces corps grossissent, se placent sur le
bord de la vacuole, puis s'introduisent dans cette dernière où ils subsistent quelque
temps pour finalement se dissoudre dans le suc vacuolaire auquel ils donnent une
coloration uniformément rouge. Tout cela est tellement net qu'on croirait être en
présence d'une préparation colorée artificiellement. On constate les mêmes phéno-
SÉANCE DU 23 Jl IX I9l3. 192J
mènes dans les feuilles de Noyer, mais avec moins de facilité par suite de l'épaisseur
plus grande des feuilles.
La méthode de Regaud permet de suivre tous ces processus sur des préparations
colorées. Prenons, comme exemple, la coupe d'une très jeune feuille de Noyer. Ici
encore l'anthocyane est localisée uniquement dans Pèpîderme. On observe dans les
cellules épidermiques qui vont former de l'anthocvane un chondriome constitué par
de nombreux chondriocontes. Une grande partie de ces éléments produisent bientôt sur
chacune de leur extrémité un petit rendement et prennent ainsi la forme d'haltères.
Dans chacun de ces renflements, on voit apparaître, une vésicule analogue à celle où
se dépose l'amidon dans beaucoup de plantules. Cette vésicule ne se colore pas par
l'hématoxyline ferrique, mais offre une teinte jaune brillante qui correspond au pig-
ment anthocyanique fixé et coloré en jaune par le bichromate de potassium. A un
stade ultérieur, ces renflements s'isolent par résorption de la partie effilée du chon-
drioconte qui les unit et apparaissent dans le cvtoplasme sous forme de sphérules. La
masse pigmentaire contenue dans chacune de ces sphérules grossit beaucoup tout en
conservant son écorce mitochondriale. Ces sphérules se disposent sur le bord de la
vacuole et continuent à grossir, tandis que leur écorce mitochondriale devient de plus
en plus mince et finit par disparaître totalement. Bientôt, elles s'introduisent dans la
vacuole où peu à peu elles se dissolvent. La vacuole apparaît alors remplie d'un contenu
finement granuleux, coloré en jaune, qui est dû à la précipitation du pigment par le
bichromate de potassium.
Par sa fixation et sa coloration en jaune à l'aide du bichromate de potassium
(méthode de fixation au bichromate-formol de Regaud), le pigment anthocyanique se
comporte comme le tanin qui se trouve localisé dans le suc vacuolaire d'un grand
nombre de cellules parenchymateuses de feuilles de Noyer et de Rosier. Frappés par
cette analogie, nous avons essayé l'action des sels ferriques sur des dents de jeunes
feuilles de Rosier qui montraient sur le frais tous les passages entre les chondriocontes
pigmentés et l'antliocyane dissoute dans la vacuole. La réaction est facile à effectuer
sous le microscope. En faisant passer un courant d'une solution de perchlorure de fer
dans une préparation montée dans l'eau et en l'observant pendant un certain temps,
nous avons pu constater que, à la coloration rouge primitive du pigment anthocyanique.
se substitue peu à peu la teinte noire caractéristique du tanin. Cette teinte est loca-
lisée, non seulement dans les vacuoles à anthocyane, mais aussi sur Je trajet des chon-
driocontes pigmentés et dans les sphérules formées aux dépens de ces derniers. Ces
faits démontrent donc que. dans les plantes que nous avons examinées, l'antliocyane
est un composé tannique.
Il est très curieux de constater que le tanin qui se forme dans les cellules qui
ne renferment pas d'anthocvane et qui n'a pas. par conséquent, le caractère d'un pig-
ment, est aussi le résultat de l'activité des mitochondries. Dans les feuilles de Noyer
que nous avons observées à ce point de vue. le tanin des cellules parenchymateuses
apparaît de très bonne heure à l'étal de dissolution dans les vacuoles et il ne nous a
pas été possible d'observer sa naissance. Par contre, on observe facilement dans les
jeunes poils sécréteurs tous les stades de la formation d'un composé tannique précipi-
table et colorable en jaune par le bichromate et qui noircit par les sels de fer. Ce
composé, qui se forme aux dépens des chondriocontes et de la même manière que l'an-
1926 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lliocyane, n'est cependant pas de l'anthocyane, car les poils sécréteurs de Noyer ne
renferment jamais de pigments à aucun moment de leur développement. Le tanin a
donc aussi une origine mitochondriale.
Ces résultats sont intéressants non seulement parce qu'ils montrent le
rôle de plus en plus important que paraissent jouer les mitochondries dans
la vie cellulaire, mais encore parce qu'ils contribuent à éclaircir certaines
questions physiologiques relatives à l'anthocyane. Ils semblent confirmer
l'opinion récemment soutenue par Raoul Combes et V. Crafe que l'antho-
cyane n'est pas le résultat de l'oxydation de glucosides préexistants dans la
cellule, mais est pour ainsi dire formé de toutes pièces, puisqu'elle est le
produit de l'activité des mitochondries.
Sans insister davantage sur cette question très intéressante, bornons-nous
pour le moment à conclure que l'anthocyane a comme les autres pigments
des végétaux supérieurs (chlorophylle, xanthophylle, carotine) une origine
mitochondriale. Seulement, tandis que ces pigments'restent fixés dans leur
plasle, l'anthocyane, une fois formée et après la résorption de son plaste,
se localise dans la vacuole.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Variations des substances hydrocarbonèes des
feudles au cours du développement. Note de M. E. Michel-Durand,
présentée par M. (laston Bonnier.
Sachs pensait que les feuilles, avant leur chute, se vident entièrement
de tous les principes utiles au végétal, qui passeraient alors dans les parties
\ ivaces de la plante.
En 1908, Raoul Combes (') établit que les feuilles tombées sont géné-
ralement plus riches en principes hydrocarbonés solubles que les feuilles
encore adhérentes à la plante; c'est l'inverse pour les hydrates de carbone
insolubles. Plus tard (2), dans une mise au point très documentée du
problème de l'évacuation automnale, ce physiologiste constate l'insuffisance
de nos connaissances à ce sujet, surtout en ce qui concerne les hydrates de
carbone; ce sont les variations de ces principes que je me suis proposé
d'étudier.
(') H. Combes, Variations subies par les composés hydrocarbonés dans les feuilles
à l'époque de la chute de ces organes (Comptes rendus de l'Association française
pour l'avancement des Sciences. Congrès de Lille, 1909. p. 52Ô-53i).
(2) R. Combes, Les opinions actuelles sur les phénomènes physiologiques qui
accompagnent la chute des feuilles (Revue générale de Botanique, t. XXIII, 191 1).
SÉANCE DU 2/5 JUIN I9l3. 1927
Le but de mes recherches a été :
i° D'étudier les variations des hydrates de carbone en cours d'année,
surtout sur la fin de la végétation ;
2" De rechercher le rôle possible des agents atmosphériques supposé
efficace par certains auteurs, et en particulier par Raoul Combes, mais
qu'aucun fait précis n'avait encore confirmé;
3° En partant des faits acquis et des résultats obtenus, de donner une
explication rationnelle de l'épuisement des feuilles en dehors de l'hypo-
thèse finaliste de l'émigration.
Les analyses ont porté :
i° Sur différents lots de feuilles de Fagus silvatica, cueillies à des époques déter-
minées de l'année, et sur des feuilles mortes;
20 Sur des feuilles vertes, jaunes, brunes et rouges d'Ampélopsis hederacea, récol-
tées avant, pendant et après leur chute;
3° Sur des feuilles de Betula a/Oa. cueillies dans les mêmes conditions que celles
d'Ampélopsis;
4° Enfin, sur des feuilles abritées de Fagus, soustraites par conséquent à l'influence
des précipitations atmosphériques; les eaux de rosée, condensées sur les feuilles
abritées, ont été soigneusement recueillies, puis analysées.
Dans les feuilles considérées, j'ai dosé les hydrates de carbone suivants :
les sucres réducteurs, non réducteurs, les glucosides, les dextrines, l'ami-
don, les matières extractives donnant des sucres à l'hydrolyse et solubles
dans l'eau sous pression, les amyloïdes, les hémi-celluloses et les celluloses
proprement dites.
Voici à titre d'exemple un des Tableaux résumant les analyses effectuées
sur les feuilles de Betula (les résultats sont rapportés à 1000 feuilles) :
Feuilles de Betula alba (les nombres expriment des milligrammes).
H \ (Ira tes Total
Sucres de des
Sucres non carbone hydrates
Poids réduc- réduc- Gluco- Dex- extrac- Amy- .le
Date de récolte. sec total. teurs. tours. sides. Irincs. Amidon. lifs. loïdes. Celluloses, carbone.
9 mai 448y5 1810 83o 2216 281 290 3971 io45 1649 12042
(feuilles vertes )
11 septembre. 90900 36oo i3io 5i2o 3io 3gS 536o 2716 1800 20614
(feuilles vertes)
28 octobre... 75700 3765 12^4 2484 166 traces 5422 2800 1868 '7749
(feuilles jaunes)
3o octobre .. . 64400 2760 1120 190S i3o o 4771- 2600 2372 i56Ô2
(feuilles tombées)
1928 ACADÉMIE DES SCIENCE.1-.
Remarques. — Les feuilles récoltées les 28 et 3o octobre ont supporté des tempé-
ratures inférieures à o°.
Les analyses mettent en évidence les faits suivants :
i° Les feuilles analysées indiquent une diminution générale des hydrates
de carbone à la lin de la végétation.
20 Après avoir atteint un maximum en poids sec vers août-septembre,
ces organes perdent ensuite de leur poids jusqu'au moment de leur chute
et cette déperdition de poids se continue même après leur séparation.
3° Les feuilles de Fagus, de Betula présentent leur teneur maximum en
sucres réducteurs dans les feuilles jaunes ; les feuilles à? Ampélopsis présen-
tent ce même maximum à l'époque qui précède immédiatement le rougis-
sement des feuilles et qui est l'homologue du stade de jaunissement des
feuilles ordinaires. Dans tous les cas, les sucresdisparaissentensuite rapide-
ment.
4" Les sucres non réducteurs et les glucosides ne paraissent pas suivre
une loi aussi générale. Ils présentent leur maximum dans les feuilles vertes
de Betula et de Fagus; ils sont surtout abondants dans V Ampélopsis à
l'époque où le rougissement commence. Ces substances disparaissent
ensuite.
5° L'amidon, quand il existe, est toujours maximum dans les feuilles
vertes; il diminue ensuite graduellement; les feuilles jaunes n'en contien-
nent déjà plus que des traces. Les feuilles mortes de Fagus en contiennent
des quantités qui sont loin d'être négligeables, et ce polysaccharide persiste
jusqu'au dessèchement complet de la feuille.
6° Les amyloïdes se comportent différemment dans les feuilles de Betula
et d' Ampélopsis. Ils sont au maximum dans les feuilles jaunes de Betula; ce
maximum est réalisé dans les feuilles vertes d'Ampélopsis.
70 Les celluloses diminuent constamment dans les feuilles d Ampélopsis;
c'est l'inverse dans les feuilles de Betula.
8° Le départ des principes hydrocarbonés se continue dans les feuilles
détachées des arbres. Les feuilles abritées sont toujours plus riches en
hydrates de carbone que les feuilles correspondantes exposées aux précipi-
tations atmosphériques. Les eaux météoriques peuvent entraîner des
hydrates de carbone solubles, comme le montre la présence de sucres dans
les eaux de rosée.
Il est très vraisemblable que la plus grande partie des principes hydro-
carbonés perdus par la feuille vers la fin de la végétation correspond à une
émigration de ces substances vers la tige. A ce moment, la sève élaborée
SÉANCE DU z3 JUIN IO,l3. 1929
entraînerait vers les parties vivaces plus de sucres que n'en fournirait la
synthèse chlorophyllienne. Mais cette émigration n'est jamais totale, et si
les feuilles étudiées continuent à s'épuiser en hydrates de carbone lors-
qu'elles sont physiologiquement séparées de la plante par une assise sépa-
ratrice ou qu'elles sont détachées de leur tige, ce phénomène doit être
rapporté en partie à leur respiration, comme Deleano (') vient de le mon-
trer en expérimentant sur des feuilles de Vigne séparées de la tige, en partie
aussi aux eaux météoriques comme le montre la présence de sucres dans
les eaux de rosée condensées au contact des feuilles abritées, adhérentes à
l'arbre.
Que les substances sucrées solubles soient destinées à passer de la feuille
dans la tige, servent à la respiration de la feuille ou soient entraînées par-
les précipitations atmosphériques, il apparaît que leur formation à partir
des sucres complexes est favorisée à cette époque par l'abaissement de tem-
pérature. On sait en effet, depuis les travaux de Muller-Thiirgau, de
Fischer, etc., que les végétaux contenant de l'amidon, transforment ce
polysaccharide en sucre, aux basses températures (entre o° et -4-6°). J'ai
observé le même phénomène sur des morceaux de tubercules de pommes
de terre placés pendant quelques jours dans un milieu dont la température
oscillait entre 4- 1° et -+- 6°.
il est clair d'autre part qu'une fois les feuilles tombées à terre, la respi-
ration ayant cessé, l'entraînement des sucres parles précipitations atmo-
sphériques se continue et que la digestion et la disparition de ces substances
qui persistent encore dans ces organes deviennent en partie l'œuvre des
microorganismes.
AXATOM1E. — Considérations analomiques et histologiques sur les tubes de
Malpighi de quelques Orthoptères. Note de M. L. Iîordas, présentée par
M. Edmond Perrier.
Les tubes de Malpighi de presque tous les Orthoptères sont très nom-
breux, longs, cylindriques et vont déboucher à l'origine de l'intestin pos-
térieur, soit circulairement, soit au sommet de petits tubercules coniques
provenant d'évaginations intestinales (2). 11 n'y a d'exception à ce mode de
(') M. Delkano, Studien iiber den Atmungsstoffwechsel abgescknittener Laub-
blàtter (Jahrbùcher fur wissenschaft. Bot.. Bd. LI, 1912).
(-) Voir L. Bordas, I? appareil digestif des Orthoptères (Annales des Sciences
J\at. Zoo/.. 8e série, t. V, 1897. p. 1-208).
ig3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
terminaison que pour quelques espèces appartenant à la famille des Locus-
tidœ et pour les Gryllidce.
Dans la tribu des GryUacrinœ ( Gryllacris auranliaca Brunn . ), les vaisseaux
de Malpighi, au nombre de 80 à 100, sont quelquefois groupés en deux
touffes s'ouvrant au sommet de deux bourrelets arqués, fixés à l'origine de
L'intestin terminal. Chez la plupart des espèces, cependant, ces organes
débouchent au sommet d'un tubercule hémisphérique unique. Ce tuber-
cule, qui n'est qu'un simple caecum de l'intestin, nous conduit directement
au canal efférent commun ou urètre, élargi à son sommet, caractéristique
des Gryltidœ. Supposons, en effet, que l'évagination conique des Gryllacris
s'allonge progressivement, qu'elle se dilate ou se bifurque à son extrémité,
et nous arriverons à la disposition que nous allons décrire chez les Grillons
et les Courtilières. Les GryUacrinœ forment donc un trait d'union entre les
Gryllides et les autres Orthoptères.
Chez le Gryllus domesticus Latr., les tubes de Malpighi sont nombreux
(100 à i3o)etvont s'ouvrir dans une volumineuse ampoule collectrice ou
réservoir urinaire. Cette vessie est à peu près régulièrement cylindrique, à
extrémités arrondies, légèrement recourbée en arc. L'urètre, qui prend
naissance vers le milieu de la concavité interne, donne à l'ensemble la
forme d'un T. La disposition est à peu près la même chez le Gryllus carn-
pestris Latr.
Le réceptacle urinaire de la Gryllolalpa rulgaris Latr . est ovoïde ou piri-
forme, cylindrique dans sa partie médiane et conique à son bord distal.
Son côté interne, également conique, se continue insensiblement avec
l'urètre. L'ensemble de ces deux parties présente l'apparence d'une massue.
Chez le lirachytrupes achatinus Stoll, la vessie est disposée, comme chez les
Grillons, perpendiculairement à l'urètre et comprend deux parties très dis-
tinctes : une région centrale, large, boursouflée et irrégulièrement cylin-
drique et deux extrémités filiformes, renflées à leur partie caecale et à dia-
mètre double de celui des vaisseaux malpighiens. Les tubes urinaires,
insérés circulairement sur le réservoir et ses deux prolongements, présentent
une disposition qui rappelle l'apparence d'une brosse à bouteille. L'urètre
se détache de la partie médio-inlerne du réservoir.
Le conduit excréteur ou urètre présente à peu près la même forme chez
tous les Gryllidce. C'est un tube cylindrique, plus ou moins long suivant les
espèces, peu sinueux, qui perfore l'extrémité postérieure de l'intestin
moyen. Mais ce n'est là qu'une terminaison apparente. Chez la Gryllolalpa,
la direction du conduit est tout d'abord perpendiculaire à la paroi intesti-
séance du 23 juin i9i3. 1981
nale, puis elle change brusquement et devient oblique au moment de son
insertion sur l'intestin. L'extrémité terminale de l'urètre traverse les parois
musculaires du tube digestif, s'y dilate en forme de vésicule ovoïde,
entourée par la musculature circulaire, et débouche finalement à l'origine
de l'intestin terminal par un orifice irrégulier, à bords profondément
découpés et frangés.
Bien que, chez les Gryl/idœ, l'urètre perfore l'extrémité postérieure de
l'intestin moyen, il ne faut pas en conclure qu'il dépend de cette région du
canal alimentaire. Le point de pénétration externe ne coïncide pas avec
l'orifice terminal de l'urètre. L'ouverture, par suite de la direction oblique
du conduit dans l'intestin et de son trajet à travers ses parois, est reportée
à environ imm,5 en arrière, c'est-à-dire à l'origine de l'intestin postérieur.
Des séries de coupes, faites longitudinalement et transversalement, per-
mettent de constater cette remarquable disposition.
Nous voyons donc que les tubes de Malpighi des Gryllides (Gryllus cam-
pestris Latr., Gryllus domesticus Latr., Gryllotalpa vulgaris Latr., lirachy-
trupes achatînus Stoll, lirachytrupes membranaceus Drury, Nemobius
Sylvestris Fabr., etc.) sont très nombreux et vont déboucher dans un
réservoir collecteur impair (vessie urinaire), de forme très variable suivant
les espèces.
Au point de vue lùstologique, les vaisseaux uriques sont tapissés inté-
rieurement par un épithélium formé de grosses cellules irrégulières, se
prolongeant parfois dans la lumière du tube. Les bourrelets épithéliaux,
hémisphériques ou coniques, sont plus ou moins saillants. Les noyaux sont
volumineux, très apparents et entourés de concrétions granuleuses. Toutes
les cellules sont recouvertes d'une bordure ciliée, très caractéristique. Sur
les parties émergentes, les cils sont longs, immobiles, rectiligneset disposés
en touffes; au contraire, dans la région épithéliale intermédiaire, ils sont
plus courts, serrés, réguliers et forment un revêtement en brosse. La lon-
gueur et la disposition de ces productions ciliformes varient suivant les
régions du tube de Malpighi où on les observe. La structure du reste de la
paroi n'offre aucune particularité remarquable.
Le réservoir collecteur (vessie urinaire) nous présente à considérer :
i° une enveloppe externe mince, constituée par quelques fibres muscu-
laires; 20 une membrane basale, très ténue et à teinte claire; 3° une
assise épithéliale formée par de longues cellules cylindriques, à parois
latérales très nettes. Les noyaux sont volumineux, ovales et occupent la
région médiane de l'élément. Enfin, la limite interne de l'épithélium est à
C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N° 25.) 247
I(/32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peu près régulière et porte une bordure ciliée en brosse. Les cils sont courts
et forment un revêtement rubané, caractéristique par sa teinte claire.
L'épithélium cilié du réservoir urinaire est surtout apparent et bien déve-
loppé chez les Brachytrupes .
V urètre est un tube cylindrique et court, à cavité interne irrégulière et
sinueuse. Les sinuosités sont dues à six replis formés par l'épithélium
interne. Ces replis conservent à peu près la même forme sur toute la lon-
gueur du canal et ne disparaissent qu'à son orifice postérieur.
Le conduit excréteur urinaire est recouvert extérieurement par une
épaisse membrane musculaire, comprenant une mince assise de fibres
longitudinales externes et une puissante couche de faisceaux circulaires
internes. Viennent ensuite une membrane basilaire très ténue, une assise
épithéliale chitinogène, el enfin une lamelle chitineuse (intima) interne.
Cette dernière atteint son épaisseur maxima au sommet des replis.
L'épithélium chitinogène est constitué par de petites cellules rectangu-
laires, à limites latérales indistinctes, à noyaux spbériquesel à protoplasma
strié dans sa région interne. Enfin, V intima chitineuse est très irrégulière.
Elle présente parfois de fines denticulations et s'épaissit sur les plissements
anguleux internes.
ZOOLOGIE. — Le cycle évolutif de Porospora portunidarum Frenzel. Noie
de MM. L. Léger et O. Duboscq, présentée par M. Yves Delage.
Nous avons montré antérieurement (1906-1909) que Porospora gigantea
E. v. Bened. n'a chez le Homard qu'une évolution schizogonique. Tous les
kystes, qu'ils soient doubles ou solitaires, donnent des gymnospores sans
phénomène de sexualité. Et il en est de même chez Porospora Legeri de
Beauch. (P. de Beauchamp, 1910) et chez Porospora portunidarum Frenzel
(Léger et Duboscq, 191 1 ). Beslait à trouver la gamogonie de ces Gréga-
rines si particulières. Nous pouvons affirmer aujourd'hui qu'elle se passe
chez les Lamellibranches. Les Nematopsis découverts par Schneider (1892)
chez le Solen, retrouvés et étudiés par l'un de nous (Léger, 1903, 1905, 191 1)
chez les Moules, les Mactres, les Cardium, etc., ne sont pas autre chose
que les termes de l'évolution sexuée des Porospora aboutissant à une spore
monozoïque qui est la véritable spore de ces Grégarines.
Nous avons étudié particulièrement Porospora portunidarum Frenzel. Sa
schizogonie paraît se passer indifféremment chez le Carcinus mœnas ou les
Portunus. On trouve sa gamogonie dans le Cardium edule.
séance du 23 juin 1913. iq33
Les spores du Nematopsis de Cardium edule se rencontrent, groupées en nombre
variable, dans les canaux vasculaires des branchies. Elles mesurent \~iV- à 1 5M- dans
leur plus grand diamètre et ont la structure caractéristique. Une épaisse épispore
recouvre l'endospore oviforme qui contient un unique sporozoïte replié sur lui-même.
Au petit bout de l'endospore est un micropyle.
Fait-on manger à un Portunus depuralor les branchies infestées d'un Cardiain
edule, 6 heures après on distinguera facilement dans l'intestin moyen les spores de
Nematopsis. L'épispore est disparue. L'endospore est elle-même déjà vide, ou bien
contient encore le sporozoïte. On peut alors assister à la sortie du vermicide. Elle est
assez lente. Comme le micropyle est beaucoup plus étroit que le diamètre du sporo-
zoïte, celui-ci doit s'effiler pour faire saillie au dehors et il ne sort qu'en s'étranglant
successivement.
Le sporozoïte, sorti de la spore, mesure de iS^ à 22C-. C'est un vermicule assez trapu
en avant et s'effilant progressivement en arrière. L'extrémité antérieure conique est
très contractile. Un peu en arrière d'elle est une zone claire qui représente le noyau.
Au repos, le vermicule est généralement courbé en arc. Parfois il progresse d'un bloc
en tournant sans changer sa courbure. Plus souvent il se contracte en S et la détente
brusque le fait glisser rapidement.
Après coloration, le noyau ovoïde montre des caractères grégariniens. 11 est bien
limité par une mince membrane sur laquelle s'applique la chromatine très réduite. Un
petit nucléole excentrique est le seul élément figuré de l'intérieur du noyau. Le cyto-
plasme est rempli par de grosses sphérules sidérophiles, sauf à l'extrémité antérieure
où une area claire contient un grain simple ou double.
Le sporozoïte ne tarde pas à se fixer sur l'épithélium de l'intestin moyen,
ou même à pénétrer à l'intérieur d'une cellule épithéliale. Considérons les
stades extracellulaires qui sont les plus communs.
Le sporozoïte qui s'est piqué sur une cellule se tasse, puis s'effondre pour
ainsi dire sur le plateau cellulaire en s'appliquant sur lui par une grande
surface, comme cela se passe chez les Dactylophorides. On a ainsi (stades
de 24 à 4o heures) déjeunes stades massifs, en cône ou en dôme, rappelant
les Ophryocystis ou les Eleutlieroschizon ou encore mieux, et cela se com-
prend, les stades de Nemalopsis décrits par l'un de nous (Léger, 191 1 )dans
le rein de la Moule. Parfois le sporozoïte semble prendre d'emblée celte
position couchée, en particulier sur les flancs des cellules saillantes des
grandes villosités. En s'accroissanl, la jeune Porospora devient une petite
Grégarine trapue, cylindrique ou ovoïde. Au quatrième jour une cloison
transversale sépare un protoméiïte très court du deutomérile contenant le
noyau, et le parasite n'adhère à l'épithélium que par un court mucron
suceur. Ce sera la fin du stade de céphalin.
Parallèlement à cette évolution extracellulaire, qui est la plus commune,
on observe de jeunes Porospora se développant à l'intérieur des cellules
épithéliales et restant globuleuses. iNous sommes mal fixés sur la signillcn-
I()34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion de ce développement intracellulaire. Est-il anormal ? ou bien les
stades extracellulaires donnent-ils tous des primiles et les stades intracellu-
laires les premiers satellites, le sexe étant déterminé par le mode de nutri-
tion? Nous ne pouvons encore répondre à cette question intéressante.
Dans tous ces stades de début, le cytoplasme est chargé de la substance
chromidiale qui rend si vivement colorable le plasma des jeunes Sporo-
zoaires. Quant au noyau, il est limité par une membrane plus différenciée
et moins chromatique que chez le sporozoïle. Son nucléole grossit tout en
restant excentrique et dans le suc nucléaire on distingue 2 ou 3 grains de
chromatine.
Dès le cinquième jour, la jeune Grégaiïne, qui a généralement 12^ à
i3!1 de long sur ^ à 8^ de large, se détache définitivement de l'épithélium.
Ces très petits sporadins grossissent encore solitaires, cependant ils ne
tardent guère à s'accoupler. On trouve des couples chez lesquels le satel-
lite ne dépasse pas la taille des plus grands céphalins ( l'P- à 18^). Mais le
primite est toujours plus long que le satellite.
L'évolution se poursuit ensuite telle que nous l'avons décrite ( i()i 1) dans
une Note précédente.
Il est certain que les kystes mûrs sont rejetés dans la mer et que les
Gymnosporcs sont entraînées dans les Cardium par le courant d'eau qui
amène les particules alimentaires. Nous ne sommes pas encore en mesure
de décrire le début de l'évolution chez le Mollusque, mais nous avons revu
dans le rein du Cardium certains stades pareils à ceux du Nematopsis Sclinei-
den Léger, dans le rein de la Moule. Tout porte à croire que les schizozoïtes,
issus des kystes rectaux du Crabe, sont déjà des gamétocyles qui vont
croître dans le nouvel hôte et subiront tout au plus les divisions de réduction
pour se transformer en gamètes. La spore dérive directement de la copula.
Les Porospora sont donc des Grégarines à changement d'hôte et à spores
monozoïques.
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. - Sur la vaccination anticlaveleuse, par virus
sensibilisé. Durée de l'immunité. Applications de la vaccination. Note de
MM. J. IÎ111DRÉ et A. Iîoquet, présentée par M. Roux.
L'expérience qui nous a permis d'apprécier la durée de l'immunité
conférée par la vaccination anticlaveleuse (') a été conduite de la façon
suivante :
(') Voir Comptes rendus, l. loi, p. 1 44 et ia56; t. 155, p. 366.
SÉANCE DU 23 JUIN IQI3. 1935
Un troupeau de 10S agneaux de 8 à io mois ayant été isolé, 54 sujets furent
vaccinés le 22 décembre 1911. Une réaction locale sous-cutanée fut constatée sur
38 agneaux. A partir du 4 janvier 1912. on soumit, chaque mois, à l'épreuve de la
clavelisalion un lot nouveau d'animaux vaccinés, pris tant parmi ceux qui avaient
présenté une réaction locale que parmi ceux qui n'avaient pas réagi. Un nombre égal
de témoins étaient clavelisés en même temps.
Jusqu'au douzième mois, tous les animaux vaccinés ont manifesté, à l'épreuve, une
immunité absolue. Après douze mois et demi, les moulons qui avaient fait une
réaction locale nette à la suite de la vaccination ont encore montré l'immunité com-
plète vis-à-vis de l'inoculation virulente. Mais ceux qui n'avaient pas réagi d'une
façon apparente à la vaccination n'ont montré à la clavelisalion qu'une résistance
relative. Certains ont fait une petite pustule.
Il ressort de cette expérience : que les animaux qui présentent à la suite de
la vaccination une réaction locale nette acquièrent une immunité de longue
durée, au moins supérieure à 12 mois et demi; que ceux qui ne présentent
pas de réaction visible acquièrent une immunité qui tend à disparaître
vers le douzième mois.
Pratiquement, on peut considérer que tout animal vacciné est à l'abri de
la clavelée pour une période d'un aiî au minimum.
Sur la demande du Gouvernement général, l'application de la vaccina-
tion anticlaveleuse a été autorisée en Algérie sur les moutons destinés à
l'exportation. Un décret présidentiel en date du 29 avril dernier prescrit
en outre la vaccination obligatoire dans un certain périmètre lorsque la cla-
velée est constatée et autorise la vaccination en tout temps (sauf du 1 5 juin
au ij septembre) sur la simple demande des propriétaires, même en
l'absence de cas de clavelée officiellement constatés.
Une vaste application de la nouvelle méthode d'immunisation vient ainsi
d'être faite en Algérie. Du Ier janvier au 1 5 juin 191 3, 1 245 000 ovins ont été
vaccinés, sans qu'aucun accident ait été signalé.
L'innocuité de la méthode ne saurait être mieux attestée que par ce
chiffre imposant de vaccinations.
Enfin, des expériences entreprises dernièrement dans le midi de la France,
à la suite d'un désir exprimé par M. Leclaincbe, inspecteur général des
services sanitaires vétérinaires, ont porté sur quelques centaines de brebis
pleines ou en lactation. Elles ont établi la possibilité d'appliquer la vacci-
nation anticlaveleuse sur nos moutons de races françaises pour lesquels la
clavelée se montre particulièrement meurtrière.
ig36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur la contamination du lait par le bacille typhique par
r intermédiaire de l'eau. Note de MM. A. Trili.at et M. Fouassier,
présentée par M. Roux.
Partant de l'idée que la contamination du lait par le bacille typhique
devait être souvent réalisée par l'intermédiaire de l'eau, nous avons
recherché jusqu'à quelles limites et sous quelles conditions, de très petites
doses de bacilles typhiques diluées dans l'eau étaient encore capables de cul-
tiver dans le lait : le présent travail donne le résumé des essais que nous
avons entrepris sur ce sujet.
Tout d'abord, nous avons cherché à nous rendre compte de la marche du
développement de la culture du bacille typhique dans le lait ensemencé à des
doses infinitésimales. Le Tableau suivant indique à titre d'exemple le cas
de trois échantillons de 20cm3 de lait, ensemencés seulement au fil de platine
plongé dans un bouillon de culture très étendu et fournissant à la numéra-
tion 36oo colonies par centimètre cube..
Numération des colonies de suite après ensemencement et après
un nombre d'heures variables.
Essais. Immédiatement. Après 2 heures! Après 4 heures. Apres 12 heures. Après 48 .heures.
1...
col.
66
cul.
6
cul.
72
col.
3440
(
00
2...
120
9°
102
4008
ce
3...
120
i38
60
4200
00
Le développement du bacille typhique n'a commencé à se produire
qu'après la douzième heure; après 48 heures, la culture est en pleine acti-
vité.
Pour avoir une notion de la facilité avec laquelle le lait peut être ense-
mencé par l'eau contenant un nombre très restreint de bacilles typhiques,
nous avons institué une série d'expériences dans lesquelles un certain
nombre d'échantillons de lait étaient ensemencés par des doses d'émulsions
de bacilles typhiques de plus en plus minimes.
A cet ell'et, rs de raclage delà partie superficielle d'une culture de bacille typhique sur
gélose a été d'abord dilué dans iocl"' d'eau stérile : on prélevait une goutte de cette
émulsion qu'on mélangeait avec 10 nouveaux centimètres cubes d'eau, et ainsi de suite
jusqu'à l'obtention d'une émulsion étendue au cent-milliardième par rapport à l'émul-
sion du départ.
SÉANCE DU 2.3 JUIN IÇ)ï3. 10^7
On ensemençait 20cm3 de lait avec 5cs de chacune de ces dilutions dont on mimerait
séparément les colonies : on faisait également la numération des colonies sur chaque
échantillon de lait immédiatement après l'ensemencement. De nouveaux prélèvements
étaient ensuite pratiqués après des espaces de temps variables : cette façon de pro-
céder permettait bien de suivre la marche du développement de la culture.
Le Tableau suivant montre comment se comporte le développement de
cultures obtenues par l'ensemencement de quelques dilutions très étendues
par rapport à l'émulsion première.
.. . i 1 i i
81)000" lôOOOUO' 3-iOUUOuu' 500000000"
col col col col
De suite après l'ensemencement. 4000 '-° ° °
Après 2/j heures 44°o 200 o o
Après 3o heures ce oc oc o
Après 4§ heures co 00 00 oc
A partir de la dose de .,., O0'() ([|)ll on a constaté que, dans les mêmes condi-
tions de largeur d'ensemencement, le bacille typliique ne poussait plus dans
les bouillons classiques, et encore moins sur les milieux solides les mieux
appropriés.
Les courbes que nous avons établies et qui montrent le développement
du bacille typliique dans le lait sont remarquables : elles seront exposées
dans une Revue spéciale. Après une période d'incubation variable pendant
laquelle le microbe n'est pas décelable comme on l'a vu plus haut, par les
procédés analytiques courants, le développement de la culture éclate en
quelque sorte brusquement, passant en quelques instants, par exemple en
moins d'une heure, de zéro ou de quelques colonies, à l'infini.
Une fois ensemencé, le bacille typhique semble se conserver indéfiniment
dans le lait sans que la composition et même les propriétés organoleptiques
de celui-ci aient notablement varié, ainsi que nous avons pu le constater
dans des laits cultivant depuis 5 mois.
Ces expériences ont été faites sur des liquides stérilisés : en présence de
germes étrangers, c'est-à-dire en opérant sur des milieux non stérilisés,
il y aurait lieu de tenir compte de l'influence de la concurrence vitale des
microbes qui modifierait plus ou moins les conditions de réussite de l'expé-
rience. Malgré cette restriction, nos essais permettent cependant de tirer
des conclusions intéressantes.
Ils font ressortir une fois de plus que le lait frais, grâce à sa composition
et surtout à son degré de neutralité approprié, qui ne varie que dans
d'étroites limites, offre un milieu extraordinairement favorable au déve-
10,38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
loppcment du bacille typhique. Ils montrent que le lait peut être ensemencé
par lui dans nombre de cas insoupçonnés et notamment dans celui du
mélange avec quelques gouttes d'une eau considérée comme indemne.
Si l'on songe, d'autre part, qu'à son tour, le lait peut devenir une cause
fréquente de contamination de l'eau dans une foule de circonstances
(par l'intermédiaire de récipients, par des infiltrations, etc.), cette remarque
fait ressortir en outre l'influence réciproque de l'eau et du lait concourant
ainsi, par leur ensemencement mutuel, à assurer la conservation du bacille
typhique.
Sans rien diminuer de la valeur de la théorie hydrique, l'interprétation
de nos résultats fait ressortir une fois de plus l'importance que l'on doit
attribuer au rùle du lait contaminé dans la propagation de la lièvre
typhoïde.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherche de l'urée dans les végétaux.
Note de M. R. Fosse, présentée par M. E. Roux.
Nous avons déjà fait connaître que ce corps, considéré comme un produit
d'origine et d'excrétion purement animales, existe aussi dans le règne
végétal (').
Si sa provenance dans les plantes alimentaires, où nous l'avons d'abord
décelé, est incertaine et attribuable, dans l'état actuel de nos recherches,
aussi bien à la cellule qu'au sol, il n'en va pas de même pour les moisissures
et les plant ides qui en réalisent la formation en se développant soit sur le
liquide de Raulin, soit sur l'eau pure (2).
La méthode suivie pour établir ces faits insoupçonnés comportait les
opérations suivantes : concentration au bain-marie, dans le vide, d'un suc
d'expression acèlifié ; épuisement acétique de l'extrait; traitement de la
solution par le xanthydrol; cristallisation de l'urée dixanthylée.
Le danger de scinder les albuminoïdes en urée, en vertu d'une réaction
que nous avons découverte ('), était rigoureusement exclu de nos expé-
riences, grâce à la nature acide du liquide soumis à la distillation.
(') Comptes rendus, t. 153, |>. 85 1.
(-) Comptes rendus, t. 156, p. 263 et 067.
(3) Comptes rendus, t. 15i, p. 1819.
SÉANCE DU 23 JUIN iç)l3. 10,30,
Mais, objectera-t-on, même dans ces circonstances, d'autres principes
naturels, connus ou encore inconnus, ne sont-ils pas capables d'engendrer
des traces de carbamide?
Dans l'espoir de dissiper le moindre doute sur l'existence réelle de l'urée
libre dans divers végétaux, nous avons été conduit à chercher la possibilité
de retrancher du mode opératoire le chauffage et la distillation. Le but visé
a été atteint : Le xanthydrol permet de précipiter l'urée sous la forme de sa
combinaison dixanlhylée
0\C«H4)CH-lNH-CO-NH-CH\C«H4>0
directement à partir de sucs ou de macérations de plantes, n'ayant pas subi
l'action de la chaleur, non concentrés et refroidis.
Cette méthode, d'une très grande sensibilité, a été appliquée avec plein
succès à des végétaux déjà examinés ainsi qu'à de nouveaux individus. Leur
ensemble figure dans le Tableau suivant.
Nom-. Milieux de culture. Partie examinée.
Moisissures.
Aspergillus niger Liquide de Kaulin Mycélium
Pénicillium glaucum » »
Végétaux supérieurs adultes.
Carotte (Daucus carotta, Omb.) Terre maraîchère Pivot
Pomme de terre (So/anum tuberosum, Sol.) Terre arable Tubercule
Epinard {Spinacia oleracea, Comp. ) Terre maraîchère Feuille
Endive (Cichorium endùia, Comp. ) Fumier Feuille
Chicorée frisée Terre maraîchère Feuille
Navel (Brassica napus. Crue.) Terre maraîchère Pivot
Haricot vert (Phaseo/t/s vt/lgaris, Lég. ) Terre arable Gousse fraîche
Petit pois (Pisittn sativum, Lég.) » Graine fraîche
Pourpier (Porlulaca oleracea, Lég.) Terre maraîchère Feuille
Lactuca virosa Terre non fumée Feuille el tige
Potiron (Cucurbita maxima, Cucurb. ) Terre arable Fruit
Graine a l'état de repos.
Maïs jaune (Zea Mays, Gram.) » ( iraine entière
C R., i9i3, i" Semestre. (T. 15G, N° 25.) 248
194°
ACADEMIE DES SCIENCES.
Noms.
Milieux de culture.
Partie examinée.
Plantules.
Blé ( Trliicum, Grain.) lïau de la Ville
Seigle (Seca le. Grain.) »
Soleil de Russie (Helianthus annuus, Comp.) »
Betterave demi-sucrière (Bêla vulgaris, Chèn.) »
Fève des Marais ( Vicia Faba, Lég. ) »
Fève naine »
Féverolle »
Trèfle incarnat ( Trifolium incarnatum, Lég.) »
Luzerne ( Mèdicago saliva, Lég.) »
Lentille (Ervum Icns, Lég.) »
Haricot à rames ( Phaseolus vulgaris, Lég. ) Sable humide
Gesse ( Lathyrus, Lég. ) Eau de la ville
Gazon (Grain. ) »
Potiron (Ciicurbita maseima, Cucurb.) »
Plan iule et cotylédon;
plantule seule
Plante complète âgée
de i mois; partie
verte âgée de 12 j.
Plante complète
âgée de 1 mois
Plantule et cotylédon
Plantule seule
Plantule et cotylédon
Plantule seule
»
Pousses vertes seules
Plante complète
âgée de 1 mois
Expériences. — Précipita/ion de l'urée du suc de potiron. — Du xanthydrol (is),
en solution acétique, est introduit dans le suc d'expression de ce fruit, additionné de
^û d'acide acétique crislallisable (5o6ocmI), rendu limpide par fîltration. Après
24 heures de séjour à la glacière, le dépôt, rassemblé par centrifugation, chauffé avec
une lessive alcaline, lavé à l'eau et à l'alcool, est épuisé par la pyridine bouillante.
Poids d'urée dixanlhylée ainsi obtenue, pure à l'analyse : o£, 2.5.
Dosage de l'azote (Dumas) : trouvé N pour 100, 6,85; calculé pour la formule
coJnh
/C«H-\
CH\C61P/U
: N pour ioo, 6,66.
Des eaux mères acétiques, une nouvelle dose d'uréine, pesant environ o«,io après
cristallisation, est recueillie le lendemain.
Précipitation de l'urée de la macération aqueuse du maïs à l'étal de repos. —
On place en macération, durant 5 heures, avec le double de son poids d'acide acétique
aqueux a ,',,. celte semence (4oos), réduite en farine après lavages préalables à l'eau, à
l'alcool et dessiccation. Le liquide d'expression filtré (58ocm'), additionné de xanthydrol
(o6, 18), est conservé 2 jours à la glacière. Le dépôt, épuisé par une lessive alcaline
bouillante, lavée à l'eau, à l'alcool, est traité par ce dernier dissolvant, à l'ébullition,
pendant 5 minutes. La solution filtrée dépose par refroidissement l'urée dixanthvlée
SÉAXCE DU 23 JUIN 19I 3. I94l
en petits cristaux, fondant en un liquide coloré après quelques minutes de séjour
clans la vapeur d'oxyde de phényle à l'ébullition (2610 corrigé .
Précipitation de l'urée du suc pianluietire de Fève des marais. — Le liquide Un
peu trouble (~J'm '), provenant de la centrifugation de ce végétal, broyé avec -,-,,-d'acide
acétique, reçoit du xanlhydrol (o%o3) en solution acétique. Après 2 jours à la gl#-
cière, traitement à la potasse et à l'alcool froid, on isole de l'urée dixanthylée impure.
L'addition d'une nouvelle dose de réactif provoque la formation d'un nouveau dépôt.
Par cristallisation dans la pyridine, on transforme cette matière brute en uréine pure.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de Veau oxygénée sur l'amylase du lait de
femme. Note de M. L. Lagaxe, présentée par M. Roux.
L'addition au lait de femme de petites doses d'eau oxygénée accélère
d'une façon très nette la liquéfaction et, à un moindre degré, la saccharifi-
cation de l'empois d'amidon. Cette addition faite à d'autres laits n'entrame
aucune modification comparable.
Pour le mettre en évidence, nous nous sommes servi île couches d'empois d'amidon
épaisses de 3,11IU à 4""" environ. Cet empois, très consistant, était composé de log de
farine de riz. dans une série d 'expériences, de fécule de pomme de terre purifiée dans
une autre série, et de 5ocl"' d'eau. Les couches d'empois étaient disposées dans le fond
de grandes fioles d'Kliilemneyer de 100""'. Nous faisions agir sur cet empois 20'""' île
lait, additionné de trois gouttes d'eau oxygénée officinale neutralisée par centimètre
cube de lait. Nous mettions à l'étuve à 370 et observions les résultats de demi-heure
en demi-heure.
Nous avons constaté que, sous l'influence du lait cru de femme seul,
l'empois d'amidon ne se liquéfie qu'incomplètement et seulement après i à
4 heures d'action. Sous l'influence du lait de femme bouilli, l'empois ne
présente aucune liquéfaction après 3 heures; il en est de même après 3 et
4 heures sous l'influence du lait cru de vache, du lait cru de chèvre, de ces
mêmes laits pasteurisés commercialement ou bouillis; mais par contre, nous
avons vu que si l'on ajoute au lait cru de femme de l'eau oxygénée dans les
conditions indiquées, la liquéfaction de l'empois d'amidon commence après
i5 ou 3o minutes et est complète en (jo minutes.
L'addition d'eau oxygénée au lait cru de vache et au lait cru de chèv ré
ou à ces laits pasteurisés (') ne détermine qu'une liquéfaction minime et
( ' ) La liquéfaction du lait de chèvre est un peu plus marquée cependant que celle
du lait de vache.
19^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tardive de l'empois; l'addition d'eau oxygénée dans ces mêmes laits bouillis
ne détermine aucune liquéfaction. Toutes ces expériences ont été répétées
avec au moins six échantillons de laits de provenance différente.
Nous avons, d'autre part, fait agir sur le même empois d'amidon dans
les mêmes conditions: i° de l'eau oxygénée seule; nous n'avons obtenu
qu'une liquéfaction très tardive et extrêmement minime; 2° une solution
d'extrait de jeunes pousses d'orge, mise très obligeamment à notre dispo-
sition par M. Jules Wolff, solution riche en peroxydases et exempte
d'amylase : nous avons eu une liquéfaction très minime et tardive; 3° la
solution précédente additionnée de traces d'amylase et d'eau oxygénée,
toujours dans les mêmes proportions : la liquéfaction a été complète en une
demi-heure.
De ces expériences nous pouvons conclure que l'addition d'eau oxygé-
née, en faible proportion, au lait cru de femme, augmente notablement
l'activité de l'amylase qu'il contient. Les laits de vache et de chèvre, qui
sont dépourvus de celte amylase, n'ont, en effet, qu'une action minime sur
l'empois d'amidon; les laits bouillis, où elle a été détruite, n'en possèdent
aucune.
De plus, outre l'accélération de la liquéfaction de l'empois d'amidon,
l'addition d'eau oxygénée au lait cru accélère sa saccharilication. Mais,
ici, l'action semble bien moins marquée. Elle est d'ailleurs plus difficile à
mesurer.
Pour le faire, nous avons procédé à des essais, répétés à proches inter-
valles, d'échantillons de nos ballons avec le réactif iodo-ioduré et avec la
liqueur de Fehling à l'ébullition et, d'autre part, à des titrages des produits
polarisables et des substances réductrices. Nous faisions ces mêmes titrages
sur des quantités égales des mêmes échantillons soumis au préalable à une
ébullition prolongée en présence de quelques gouttes d'acide sulfurique.
Nous avons constaté que, à la suite de l'addition de quelques gouttes
d'eau oxygénée, le lait cru de femme transformait plus rapidement l'empois
d'amidon, en ce sens que la durée d'action nécessaire à l'apparition des
réactions colorées caractéristiques était plus courte qu'en l'absence d'eau
oxygénée (3o minutes au lieu de i heure 3o minutes), et la quantité de
substances réductrices formées était plus grandes. A ce dernier point de
vue, nous avons trouvé, après 3 heures, 48, 7° au lieu de 2g, 10. Après un
plus long intervalle de temps, les chiffres tendent à être semblables.
La comparaison des chiffres des dosages polarimétriques (insuffisants par
eux-mêmes à donner des renseignements précis par suite de la complexité
SÉAKCE DU 23 juin ip,i3. 1943
des substances contenues dans les solutions) et de ceux des dosages de subs-
tances réductrices avec les chiffres de ces mêmes dosages pratiqués sur les
produits longtemps soumis à rébullition, montre que c'est vraisemblable-
ment en activant la formation du maltose que se manifeste l'action de l'eau
oxygénée.
Il semble légitime d'attribuer ces résultats à l'augmentation de l'activité
de l'amylase du lait de femme. Nous avons eu, en effet, des résultats posi-
tifs seulement avec ce dernier lait, et des résultats à peu près négatifs avec
des laits de vacbe et de cbèvre, où l'amylase manque. Les diverses expé-
riences de contrôle que nous avons pratiquées nous permettent, par ailleurs,
d'éliminer complètement l'action bydrolysante propre de l'eau oxygénée
aux doses et dans les conditions où nous l'avons employée.
L'agent de cette activation de l'amylase semble être l'eau oxygénée.
C'est du moins l'bypotbèse qui paraît la plus plausible. Toutefois cette
action pourrait être due aux peroxydases du lait de femme, mises en jeu
par la présence d'eau oxygénée. Les expériences qui nous ont montré que
l'addition d'eau oxygénée rend très active, vis-à-vis de l'empois d'amidon,
une solution peu active de jeunes pousses d'orge, ricbe en peroxydases et
contenant des traces d'amylase, serait en faveur de cette bypotbèse.
Nous pouvons donc conclure que l'eau oxygénée à petites doses accélère
considérablement le pouvoir liquéfiant et, à moindre degré, le pouvoir
saccharifiant de l'amylase du lait de femme vis-à-vis de l'empois d'amidon.
Ce pouvoir, que nous attribuons à l'eau oxygénée, est peut-être le fait des
peroxydases de ce même lait, et l'intensité de la peroxydation du gaïacol
(réaction de Bourquelot) pourrait renseigner à son sujet.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur la loi d 'action biologique des rayons X filtrés
et non filtrés. Note de M. H. Guim.emixot, présentée par M. Villard.
Les expériences que j'ai faites antérieurement sur l'action biologique des
rayons X m'ont amené à cette conclusion que les effets produits sont pro-
portionnels à la dose d'énergie radiante fixée par l'élément considéré,
quelle que soit la qualité du rayonnement X agissant.
Les nombreux travaux parus récemment sur les actions biologiques et
thérapeutiques des rayons X, et les discussions auxquelles a donné lieu
l'emploi des rayons filtrés et non filtrés m'ont engagé à compléter mes
1944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
résultats antérieurs et à préciser les conditions physiques qui doivent servir
de base à la comparaison des résultats.
J'ai étudié les rayons nos 4, 5, 6, 7 et 8 de Benoist, non filtrés et les
rayons n° 8 filtrée par i""u, 2mm, 3""u, 4mm, 5""" d'aluminium; j'ai dressé les
courbes des fractions transmises par la gélatine hydratée (\) d'épaisseur
croissante, et celles des doses absorbées par les couches millimétriques
successives.
Le Tableau numérique suivant donne les résultats de centimètre en cen-
timètre. On voit, par exemple, que ioo unités de n° 0 abandonnent
5,7 unités au premier millimètre rencontré, et 0,4.7 à une couche milli-
métrique située à 5'm; tandis que 100 unités de n" 8 filtré par 5mm d'alu-
minium abandonnent i,5 l"'|
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0,90
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ll.iil»
0,54
o,4g
(') L'efficacité est exprimée par un coefficient numérique. En multipliant la dose
transmise, tombant sur l'élément anatomique considéré à la profondeur indiquée, par
ce coefficient, on a la dose efficace.
C2) Les doses sont exprimées en unités fluoroscopiques (unités M). On peut
employer toute autre unité.
19/J6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Appliquons ces données à un exemple :
MM. Regaud et Nogier, au cours de leurs remarquables travaux sur les
rayons filtrés et non filtrés, ont observé que i4 H incidents de rayons
n°7-8 filtrés par4mm d'Al donnent à peu près la même réaction cutanée que
5 H du n°6 non filtré. Or, le coefficient d'efficacité du premier de ces rayon-
nements est, à l'abordage, de 0,018 et celui du second de 0,037 environ;
la dose efficace dans le deuxième cas est de 5 x 0,057 = 0,285, et dans le
premier cas de 14 X 0,018 = o,25o, nombres sensiblement égaux.
Toutes mes expériences personnelles, qu'il s'agisse de rayons filtrés ou
non filtrés, tendent à établir, jusqu'ici tout au moins, que, à dose absorbée
égale, les effets des rayons X de qualités variées sont égaux.
GÉOLOGIE. — La découverte du Trias et du Jurassique dans les montagnes de
Kopaïs (Grèce moyenne). ÎNote de M. Cari. Rexz, présentée par M. H.
Douvillé.
Les calcaires, les schistes et les serpentines composant les montagnes
au nord et à l'est de Kopaïs étaient rapportés jusqu'à présent sans excep-'
tion par M. Bittner (M au Crétacé. L'auteur, qui vient d'analyser ces
dépôts, y a distingué le Trias, le Jurassique et le Crétacé.
La route de Larymna par la baie de Skroponeri au monastère de Hagia
Pelagia (Monts Ptoon) donne une coupe et une idée très claire de la série
sédimentaire. Les formations du Trias, du Jurassique et du Crétacé com-
prennent les termes suivants :
Le Trias est représenté par des dolomies claires ou blanchâtres, ren-
fermant à leur partie supérieure des Gyroporelles et des Mégalodontes.
Ces dolomies, formant les montagnes au sud et au sud-ouest de Larymna,
sont surmontées en concordance par un système complexe et très puissant
de calcaires noirs ou gris foncés, très pauvres en fossiles. Au niveau infé-
rieur de ces calcaires il existe des Mégalodontes. Dans les horizons plus
élevés apparaissent des Spongiomorphides, c'est-à-dire Cladocoropsis mira-
bilis Félix. Ce fossile était connu jusqu'à présent en Dalmatie dans des
calcaires suprajurassiques, mais prétithoniques. La différence d'altitude
entre le niveau à Megalodon et les couches à Cladocoropsis mirabilis est
dans cette coupe, à peine inférieure à 3oo"'-4oom. Les calcaires à Cladoco-
(') Denkschr. Akad. Wiss., Wien, 1880, Bd. 40.
SÉANCE DU 23 JUIN I()l3. 1947
ropsis helléniques ont donc le même âge que les couches à faciès iden-
tique de Dalmatie, c'est-à-dire qu'ils appartiendraient au Jurassique
supérieur.
Les calcaires noirs à Megaloclon de cette coupe sont situés sur la crête au
nord-ouest de la baie de Skroponeri, tandis que les calcaires suprajuras-
siques à Cladocoropsis mirabilis contournent cette baie du Sud au Sud-Ouest.
Entre cette niasse de calcaires foncés et les calcaires gris à Rudistes (Hip-
purites, Badiolites, Biradiolites) dans les environs du monastère de Hagia
Pelagia affleure le groupe des silex et des serpentines. Cette série sédimen-
taire se continue vers l'Ouest. Les calcaires suprajurassiques à Cladocoropsis
mirabilis furent rencontrés par exemple à l'est-nord-est du village Pavlu,
et les calcaires noirs à Megalodon au sud-ouest du village Martini. La même
série de calcaires foncés montre en outre un grand développement dans les
montagnes des Lykovuni et de Ktypa (Messapus), surmontée à l'Ouest
également par le système complexe de serpentines et de silex.
La même disposition des couches s'observe aux monts Chlomos. Le
massif de Chlomos consiste en dolomies blanchâtres, surmontées sur les
pentes méridionales de la chaîne des monts Chlomos, vers la vallée longi-
tudinale d'Exarchos, par des calcaires noirs à Mégalodontes, en lianes
épais.
A la partie supérieure de la masse des calcaires foncés s'observent, au
bord septentrional de la vallée d'Exarchos, les calcaires suprajurassiques
à Cladocoropsis mirabilis. La vallée d'Exarchos est remplie de couches plus
élevées, siliceuses en connexion avec des serpentines, qui représentent
le soubassement des calcaires à Rudistes du versant opposé de la vallée
d'Exarchos.
Les calcaires noirs à Megalodon sont vraisemblablement supratriasiques,
peut-être aussi infraliasiques. Le mauvais état de conservation des Méga-
lodontes ne permet pas une détermination exacte.
Un autre gisement de calcaires noirs à Megalodon se trouve dans la
gorge à l'ouest d'Agnaudi, c'est-à-dire dans les montagnes de Karya
(Spartias) et de Golemi.
Les calcaires à Cladocoropsis mirabilis furent rencontrés également dans
ces montagnes, par exemple à l'est de Karya, entre ce village et Guvali
et au nord de Golemi. Ils paraissent de même dans les monts Saromata,
comme entre Rraulo et Glunista et entre Dernitza et Rudonitza.
J'ai reconnu les mêmes calcaires à Cladocoropsis mirabilis Félix, il y a
2 ans, dans les monts Oeta (Xerovunihorst). M. Félix, l'auteur qui a
C. R., i9i3., 1" Semestre. (T. 156, N° 25.) ^9
ig4B ACADÉMIE DES SCIENCES.
créé cette espèce, a eu l'obligeance de comparer mes échantillons du mont
Oeta avec ses types originaux de Dalmatie.
Tous les affleurements mentionnés sont situés au nord du fossé de
Kopaïs. Dans les montagnes au sud du fossé de Kopaïs se trouvent de
même des calcaires suprajurassiques à Polypiers, c'est-à-dire les calcaires
tithoniques de la crête culminante de Vardussia et du massif de Parnasse
(Likeri). Ces calcaires gris contiennent en outre Sphœractinia diceralina
Steinmann, EUipsactinia ellipsoidea Steinmann et des Gastropodes, comme
des Nérinées et Actyeonines. Les mêmes calcaires tithoniques à Gastropodes,
c'est-à-dire à Nérinées et à Actœonines (Actœonina acuta Orb.) constituent
les calcaires culminants de Kiona.
Il s'ensuit que des calcaires suprajurassiques sont très répandus dans
les montagnes de la Grèce moyenne, centrale et orientale. Le développe-
ment du faciès de Dalmatie se rencontre donc à l'est de la Grèce; celui du
Jurassique de la zone ionienne remonte vers l'Italie.
Dans l'Argolide le Lias possède le faciès ionien, les horizons jurassiques
plus élevés présentant le faciès jurassique de la Grèce orientale.
PHYSIQUE DU GLOBE. — La vitesse des glaciers en hiver et V inanité de la
théorie thermique de leur progression. Note de M. ,1. Vallot, présentée
par le Prince Roland Bonaparte.
La vitesse annuelle de progression des glaciers a fait l'objet de nombreuses
études ; mais le rapport entre la vitesse d'été et la vitesse d'hiver est totale-
ment inconnu, les expériences qui ont été faites ayant été toutes viciées par
des erreurs de technique.
La plupart du temps, on s'est contenté de suivre et de mesurer la marche d'un bloc
erratique pendant une longue période; mais j'ai démontré que les changements de
pente rencontrés par le bloc dans son excursion produisent des changements de vitesse
correspondants qu'on a pris pour l'influence des saisons.
Le seul procédé légitime consiste à mesurer successivement pendant l'été, et ensuite
pendant l'hiver, la vitesse de la même région du glacier, en ayant soin de rétablir les
jalons rigoureusement sur la même ligne.
Ce procédé a été employé par Tyndall, il y a cinquante ans ; mais son expérience a
été viciée par celte circonstance que les deux mesures ont été faites à plusieurs années
d'intervalle, au cours de la décroissance rapide du glacier. Or j'ai démontré que la
vitesse varie avec les crues et que chaque diminution de im dans le niveau de la Mer
de Glace amène une diminution de 2cm par jour dans la vitesse, de sorte que les expé-
riences de Tyndall ne sont pas comparables entre elles.
séance du 23 juin igi3. 1949
J'ai entrepris de nouvelles mesures, pour lesquelles je me suis efforcé
d'éviter les causes d'erreurs qui affectaient les expériences de mes devan-
ciers.
En été 1912, j'ai établi en travers de la Mer de Glace, au Montanvert, une ligne
droite formée d'une vingtaine de pierres numérotées, distantes entre elles de 2om
environ. Ces repères mobiles ont été alignés au théodolite, et leurs dislances ont été
chaînées. La ligne avait une longueur de 35om et occupait la partie médiane du
glacier, partie dont les divers points ont des vitesses peu différentes. L'expérience a
duré du 6 août au 7 septembre, soit 32 jours, au bout desquels de nouvelles mesures
ont permis de connaître l'espace parcouru par chacun des repères mobiles.
L'expérience a été reprise au cours de la saison froide qui a suivi immédiatement.
Une ligne de piquets en bambous plantés dans la neige a été établie rigoureusement
au même point le 29 décembre 1912. La position des repères mobiles a été mesurée
le même jour et les mesures ont été reprises le 4 février, 37 jours après.
Le Tableau suivant donne la position des repères mobiles au commencement de
chaque expérience et la vitesse de chacun d'eux en centimètres par jour. Les deux
séries de repère étaient indépendantes, car les premiers étaient couverts de neige
lorsque les seconds ont été établis.
Eté. Hiver. Été. Hiver.
Vitesse
Vitesse
Vitesse
Vitesse
)istance
en centi-
Distance
en centi-
Distance
en centi-
Distance
en centi-
à la
mètres
à la
mètres
à la
mètres
à la
mi 1 res
station.
par jour.
station.
par jour.
station.
par jour.
station.
par jour,
190
21,2
193
2 1,5
397
25,2
382
25,3
210
21,7
212
22 ,3
4"
27,2
402
26,8
232
22,3
23o
2 2,5
43.
25,7
4«9
24,8
253
23,3
25l
23,3
45 1
25,3
439
26,2
273
22,7
268
23,5
47'
24,6
J58
24,3
294
23,6
287
24,0
482
25,9
478
24,4
3i5
24,3
307
24,0
DOO
>.:,, 1
497
24,5
335
24,7
32.5
24,5
S.g
26,4
5i4
24,5
356
20, 1
345
24,9
539
28,4
534
25,3
376
25,0
363
25,5
Moyenne.... 24,6 Moyenne. 24,3
La moyenne donne 24,6 pour l'été et 24,3 pour l'hiver, en centimètres
de vitesse par jour. L'erreur à craindre étant de icm, la concordance est
remarquable. Le détail des chiffres montre qu'il ne s'agit pas d'un hasard
de moyennes, mais bien de chiffres semblables sur tous les points de la
lig-ne. On peut dire que la vitesse du glacier n'est pas sensiblement diffé-
rente en été et en hiver.
Depuis trois siècles (Scheuchzer, 1708) le sujet est à l'étude et les glacio-
logues sont divisés sur la question de savoir si le glacier descend sur la
iq5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
pente uniquement par son poids ou s'il progresse par dégel, avec introduc-
tion d'eau suivie de regel dans ses fissures. Mes expériences à la Mer de
Glace ont établi divers caractères qui assimilent le glacier à un fleuve cou-
lant dans son lit : le glacier coule parallèlement à ses rives et non en éven-
tail; la vitesse de chaque point varie en raison de la pente; la vitesse
augmente avec les crues, etc. D'un autre côté, Forel et Hagenbach ont
établi que l'existence des fissures capillaires était limitée à l'écorce du
glacier et que la masse était imperméable. J'ai signalé le même fait dans le
tunnel du sommet du mont Blanc.
J'ai démontré que la partie du glacier couverte de moraines progresse
avec la même rapidité que la partie découverte, bien que beaucoup moins
échauffée. J'ai démontré aussi que les glaciers supérieurs, qui pourtant ont
un mouvement très caractérisé, ne peuvent pas avoir des alternatives de
dégel et regel, puisque la variation diurne ne pénètre pas à plus de im
de profondeur et que plus bas le glacier demeure au-dessous de zéro. J'ai
fait voir ensuite que la variation annuelle ne pénètre pas au delà de 6m à 7™
de profondeur, et que la masse des glaciers de grande altitude se trouve à
des températures uniformes trop basses (jusqu'à — i3° et — 15°) poj.ir
laisser supposer l'introduction de l'eau, même s'il existait des fissures
capillaires.
Un seul indice de l'action de la chaleur restait encore, c'était l'augmen-
tation de la vitesse en été. D'après les chiffres donnés ci-dessus, il parait
devenu certain que cette augmentation de vitesse n'existe pas. Toutes les
objections sont tombées une à une. La théorie thermique s'écroule et parait
définitivement ruinée. Aucune variation calorifique, soit diurne, soit
annuelle, ne peut pénétrer la masse interne du glacier, et celui-ci peut être
considéré comme un fleuve qui s'écoule dans son lit sous la seule influence
de la pesanteur.
M. Rarbieri adresse une Note intitulée : Élude anatomique sur la termi-
naison rétinienne du nerf optique dans la série des Vertébrés.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.)
A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts.
Ph. v. T.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 30 JUIN 1915.
PRÉSIDENCE DE M. P. APPELL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de plusieurs diphénylpentanes et des
dicycloheccylpentan.es correspondants. Note de MM. Paul Sabatier
et M. Mur at.
Dans plusieurs Notes antérieures ('.), nous avons indiqué qu'on peut
facilement transformer, par hydrogénation directe sur le nickel, les divers
carbures diphényliques issus de l'éthane, du propane et des butanes en
carbures dicyclohexyliques correspondants. Pour réaliser une généralisation
plus complète de la méthode, nous avons voulu l'appliquer à quelques
diphénylpentanes .
La théorie permet de prévoir l'existence de 18 hydrocarbures diphèny-
liques issus du pentane ou de ses isomères, savoir : g issus du pentane
normal, 7 du méthylbutane et 2 du dimêlhylpropane quaternaire. Parmi
ces 18 hydrocarbures, nous en avons préparé trois, l'un, le diphènylpen-
lane-i.5, issu du pentane normal, les deux autres provenant du méthyl-o.-
bulane. Tous les trois ont été transformés, par hydrogénation directe sur
le nickel, en carbures dicyclohexyliques correspondants.
I. Dicyclohexylpenlane-i.5. — Nous avons pris, comme point de départ
de la synthèse, la diphényl-i .5-pentanone-3,
C^P.CH^CH-.CO.CIKCtP.CHP,
(') Paix Sabatier et M. Murât, Comptes rendus, t. 1.%, 1912, p. 1771 ; t. 15o, 1912,
p. 385, et t. 156, 191 3, p. i43o.
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 230
ig52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui est facilement préparée en catalysant, sur la thorine ou sur l'oxyde
ferreux, X acide hydrocinnamique CC'H5.CH2. CH-. C02H. Cette acétone,
soumise à l'hydrogénation vers i8o°au contact d'un nickel affaibli inca-
pable d'hydrogéner le benzène, est totalement changée en diphénylpen-
tane- 1 . 5
CcH3.CH2.CH-.GH2.CH2.CH2.CrII\
C'est un liquide incolore, doué d'une belle fluorescence, qui bout à 324°
(corr.). Nous avons trouvé d\ = 0,9924, età 190, ^'' = 0,9814 et rd=i,5 59;
on en déduit RD= 73,72 (calculé 73,77).
Cet hydrocarbure, hydrogéné vers 1600 sur un nickel très actif, est tota-
lement transformé en dicyclohexylpentane-i .5
C6H" . CH!. CHS . CH2 . CH2 . CH2 . C,; II" ,
liquide incolore non fluorescent, qui est inattaqué à froid par le mélange
sulfonitrique. Il bout à 3ii°(corr.). Nous avons trouvé da0 = o,8832, et
à 2i°, d'~0' = 0,871901 rcD= 1,479; d'où l'on déduit RD= 76,6 (calculé 76,1 4).
II. Dicyc]ohexyl-[\.[\-mèlhyl-i-butan<>. — Nous avons fait réagir l'éther
îuélhylique de V acide isovaMrique (CrP^.CH.CIP.CCP.CH3 sur le bro-
mure de phénylmagnésium. On est ainsi conduit au diphënylmëthylbulanol
(CH3)2CH.CH2.COH(GrH5)2,
que la distillation sous pression ordinaire déshydrate totalement en
diphènyl-!\ . [\-mèthyl- 1 -butêne-3
(CH3)SCH.GH = C.(G6H5)S.
Ce dernier, ainsi préparé avec un bon rendement, se présente sous la forme
d'un liquide jaunâtre qui bout à 298°-299° (corr.). Nous avons trouvé,
à 210, d^' = 0,9792 et /?„ = 1 ,58 1 ; d'où l'on déduit RD=74?3 (cal-
culé 73,7).
Cet hydrocarbure, hydrogéné vers 1800 sur un nickel peu actif, fournil
exclusivement le diphènyl-L\.l\-inèlhyl-i-butane
(CM:i)2GH.CH2.ClI.(C6H»)2,
liquide incolore un peu fluorescent, qui bout à 2970 (corr.). Nous avons
trouvé d\ = 0,9756 et, à 21", d'ul = 0,09641 et raD= i,55i ; d'où l'on déduit
RD= 73,9 (calculé 73,8).
Par hydrogénation à i6o°-i65° sur un nickel très actif, il est transformé
SÉANCE DU 3o juin 191 3. 1953
complètement en hydrocarbure inattaqué à froid par le mélange sulfo-
nitrique; c'est le dicycloliexyi-\. \-mèlhyl-i-butane
(CH3)Ï.CH.CH2.CH(CMI11)!!,
liquide incolore, dépourvu de fluorescence, qui bout à 2f)0"-2<)i° (corr.).
Nous avons trouvé d\ = 0,9008 et, à 210, d\K = 0,8940, avec /in= 1,489 :
on en déduit RI(= 76,28 (calculé 76,14).
111. Dicyclohe.vyl-i.3-éthyl-'2-propane. — Nous avons fait réagir sur
l'iodure d'étliylmagnésium, la diphénylpropanone
C6Hs.CHs.CO.CH2.C6H5,
à laquelle on arrive facilement par catalyse de l'acide phénylacétique sur
l'oxyde ferreux ; nous avons ainsi préparé le dibenzyléthylcarbînol
C6H5.CH2.COH.CH2.C6H»,
C2ll3
cpue la distillation sous pression ordinaire déshydrate immédiatement en
diphènyl- 1 . 3 -élhyl- 1 -propêne- 1
C6H5.CH = C.CH2.CCII5,
CaH*
hydrocarbure qui bout à 3o6°-3o7° (corr.). Nous avons trouvé, à 210.
d\{ = t,oi59, avec «D= 1,589, d'où l'on tire RD= 73,6) (calculé 73,7).
Par hydrogénation à 23o° sur un nickel affaibli, incapable d'hydro-
géner le benzène, il fournit le diphényl-ï.Z-étkyl-i-propane
C6H5.CH2.CH.CH2.C6H5.
C2HS
C'est un liquide incolore, dont la lluorescence surpasse celle du précé-
dent, mais est moindre que celle du diphénylpenlane-i.5. Il bout à 3o4°-
3o5° (corr.). Nous avons trouvé d"a = 0,9855 et, à 210, c?*' = 0,9736
et«D= i,553; d'où l'on déduit RD= 74*0 (calculé 73,7).
Soumis à l'hydrogénation directe sur un nickel très actif, au-dessous
de 1800, il se change intégralement en diçyclohexyl-i.3-éthyl-2-propane
C6H".CH2.CH.CH2.C6H11,
CH2
CH3
1954 ACADÉMIE DES SCIENCES.
liquide incolore non fluorescent, qui n'est pas attaqué à froid par le réactif
sulfonitrique. 11 bout à 2960 (corr.). Nous avons trouvé da0 = 0,8966 et,
à 2i°, d~0' = 0,8846, avec nh = 1 ,843, ce qui conduit à RD= 76,23 (calculé
76,14).
IV. Aucun des hydrocarbures qui précèdent n'avait jusqu'à présent été
décrit.
Il y a quelque intérêt à comparer les constantes physiques des divers
carbures diphènyliques normaux, c'est-à-dire à chaîne droite et à deux substi-
tutions terminales :
Points Points
de fusion. d'ébullition.
o o
Diphényle 70,5 254
Diphénylmélhane 27 262
Diphénylélhane-i .2 52,5 284
Diphénylpropane-i .3 < o 3oo
Diphénylbutane-i .4 52 3(7
Diphénylpentane-i .5 < O 324
On remarque que les points de fusion sont plus élevés pour les hydro-
carbures qui contiennent une chaîne forménique à nombre pair d'atomes
de carbone, et ce fait mérite d'être rapproché de la relation analogue que
fournissent les acides forméniques à chaîne normale, où un nombre pair
d'atomes de carbone procure également des points de fusion plus élevés.
Il convient aussi de signaler que tous les carbures diphènyliques sont
fluorescents et que cette propriété appartient surtout à ceux que nous
avons appelés normaux, possédant une chaîne forménique droite avec une
substitution phénylique à chaque extrémité. Les carbures dicyclohexyliques
ne sont pas fluorescents.
CHIMIE MINÉRALE. — Hydrates de l'anhydride uranique
et chaleur de formation de l'azotate d'uranyle. Note de M. de Forcrand.
Gomme suite à mes recherches sur la déshydratation et la décomposition
des hydrates du nitrate d'uranyle, je me suis proposé de déterminer la
chaleur de formation du nitrate d'uranyle anhydre.
Le problème nécessitait la connaissance de la chaleur d'oxydation de
l'uranium, de la chaleur de formation des hydrates de l'acide uranique, et
SÉANCE DU 3o JUIN I(}l3. 1955
de la chaleur de neutralisation de cet acide et de ses hydrates par l'acide
azotique.
Cette étude a été facilitée par ce fait qu'au moment où je l'entreprenais,
M. W.-G. Mixter (') a publié les données utiles relatives à l'oxydation de
l'uranium, savoir :
3U +402=U:i08+845Cal,3
3U024- 02=^U308-t- 7oCal,3 (soil + 37Cal,65 pour O).
On en tire très facilement
3 U + 0B = 3 UO2 -t- 769e"1, 9
et
U-4-0-'= U02+256Ca,,6 (soit +i28Cal,3 pour O).
En réalité le nombre -+- 37e"1, 65 représente le passage de UO2 à U308;
mais les deux oxydes U308 et UO3 sont si voisins qu'on peut, sans crainte
d'erreur notable, adopter la même valeur pour le passage de UO2 à UO3,
et écrire :
UO2 + O = UO3 4- 37c-i, 65 ( 2 ).
Ce résultat étant acquis, je me suis occupé de l'anhydride uranique et de
ses hydrates.
Si l'on ne craignait pas la polymérisation à haute température, le
meilleur moyen d'obtenir UO3 serait le chauffage du nitrate d'uranylc
(déjà partiellement déshydratée froid), jusqu'à poids constant, à 55o°-6oo°,
dans un courant d'oxygène sec.
Mais on obtient alors un produit fondu, rouge foncé, qui représente
évidemment un état polymérisé inconnu.
On peut arriver au même résultat, au point de vue de la pureté du pro-
duit, en chauffant seulement à 2o,o0-3oo0, et évitant toute fusion par un
chauffage progressif très lent. Il faut aussi prolonger l'expérience beaucoup
plus longtemps. Dans ces conditions le résidu est bien encore UO1, ne
retenant que des traces insignifiantes des composés nitriques. Il forme
(') Z. anorg. Chem., t. LXXVIII, novembre 1912.
(2) Ce nombre est pratiquement le même que celui que donne le cuivre en se trans-
formant en CuO (37Cal, 16). Il est relativement faible et explique bien la réduction
facile de UO3 en UO2 par l'hydrogène.
Au contraire le nombre h- 128,3 est très élevé, voisin de celui que fournit l'oxy-
dation du baryum. C'est pourquoi UO2 a été considéré, au début comme un corps
simple. En fait, il joue à peu près le même rôle que Cu.
1936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
alors une poudre jaune (à peine orangé) présentant bien l'aspect indiqué
par M. Lebeau, et vraisemblablement moins condensé que le produit pré-
cédent.
Mais cet anbydride est extrêmement bygroscopique. Il faut donc prendre,
à partir de ce moment, les précautions les plus minutieuses pour le sous-
traire à l'action de l'air bumide.
Pour préparer les deux bydrates qui ont été décrits
UO3, H-0 et U03,aHsO
j'ai employé divers procédés.
Le plus simple consiste à abandonner l'anhydride en poudre à l'action
de l'air humide. La première molécule d'eau se fixe très vite. On obtient le
dihydrate au bout de quelques jours à la température ordinaire.
J'ai employé aussi la méthode de M. Lebeau : action d'un excès d'eau
froide sur l'anhydride. C'est encore le dihydrate qui se forme finalement.
Enfin, j'ai eu recours au procédé donné par M. Mailhe ('): action
de CU(OH)2, ou hydrate bleu du ciel de Péligot, sur une dissolution
d'azotate d'uranyle. C'est encore le dihydrate que l'on prépare ainsi. C'est
une poudre jaune clair.
Il a été plusieurs fois décrit, notamment par M. Iviban (2).
Pour avoir l'acide uranique normal, UO',H20, on doit déshydrater
partiellement le dihydrate. On peut le faire le plus commodément en le
chauffant à 8o° jusqu'à poids constant dans un courant d'air sec, ce qui
demande 2 ou 3 heures.
J'ai alors dissous séparément ces l^ois substances: UO3, U03-hH*0
et UO'+ 'jIPO dans la quantité d'acide azotique (étendu) nécessaire pour
obtenir l'azotate d'uranyle dissous ( 3). J'ai obtenu ainsi, vers 180 :
Différences.
Cal.
UO3 anhydre, préparé vers 290°-3oo° +19,803 ) r Q^„
U03,lt-0 +i4,S46(l)j "'
U03,2H20 +i25375 { 2'47'
(') Thèse de doctorat es sciences, Toulouse, 1902, p. 60.
(-) Comptes rendus, t. 93, 1881, p. n4o.
(3) En réalité, surtout pour l'oxyde anhydre, il est nécessaire, pour avoir une
dissolution complète en quelques minutes, d'employer une dose d'acide double; mais
on en a tenu compte en dissolvant ensuite comparativement le nitrate d'uranyle dans
l'eau et dans un excès d'acide.
( ' ) M. Aloy ( Thèse de doctorat es sciences, Toulouse, 1 901, p. 36) a donné 4- S'-'1, 40,
séance du 3o juin igi3. 1957
Tout de suite on peut en conclure que la première molécule d'eau liquide
fixée dégage + 4Cal,957, soit pour l'eau solide, + 3Ca,,527; et la seconde,
_l_ 2Ca,,/J7i, soit pour l'eau solide, -+- iCal,o4i .
L'acide uranique U03,tLO est donc un hydrate assez stable, dont le
point d'ébullition serait 220°C. environ; en fait, j'ai expliqué plus haut
qu'il résiste à 8o°.
Le dihydrate, au contraire, bout à -+-i35°, et doit s'ef'lleurir assez vite
à 8o°. Il perd même une molécule d'eau (mais assez lentement) sous cloche
sulfurique.
On peut encore déduire de ces nombres :
,.,,, . __ ... ( N206U02 solide 4-67^1,35
l O-sol. -+- U" gaz 4- N2 gaz \ .„...,„, ,. ' . .,
( N-O1 I O- dissous -l- 86lal, 20
Ces données achèvent de fixer la place de UO2, considéré comme métal,
parmi les métaux voisins. Ces valeurs sont plus faibles que celles fournies
par des métaux plus oxydables telsquelemanganèse(-f-i33,77 et 4- 146,70),
et même le nickel ( -H 100,12 et + 1 1 1 ,94); elles se rapprochent de celles
que donnent le cuivre, 4- 71,49 et + 81,96.
Enfin, ces résultats permettent de préciser ce qui se passe lorsqu'on
chauffe le dihydrate de nitrate d'uranyle. En effet, il permettent de cal-
culer immédiatement :
N206.UO:!sol. = N203gaz + UO:iso].— 3oCal,6o,
U03sol. + rPOgaz = UOvH-sol. 4- i4CaI,6a.
D'autre part, mes recherches précédentes conduisent à
N206. U02,2HsO sol. = Ns06.UOs sol. + 2H20 gaz — 33^,27,
et, en raisonnant par analogie, d'après les expériences de M. Sabatier sur
le nitrate basique de cuivre, on pourra admettre que l'union de UO'H2
avec le nitrate d'uranyle dégage 4- 4Ca\o3.
Dès lors, on peut comparer les deux réactions qui sont possibles lors-
qu'on chauffe le dihydrate de nitrate d'uranyle au-dessus de ioo°.
Première réaction, simple déshydratation — 33Cal,27.
Deuxième réaction, les produits de la déshydratation, soit ÏVO'.UO-
et 2H20, fournissent :
mais en employant seulement N03H pour UO3, H20, ce qui correspond à 4-i6':al,8o
pour aN03H et 2(U03,HsO). La différence 4-iCal,2 sol. = N203 gaz + U03sol — 3o,6o
N205gaz + H20gaz=r2N03H gaz +10,80
U03sol.+ H20gaz = UOMPsol +14,62
UO*Hssol. + Nî06UOî = niirate basique + 4,o3
La somme de ces quatre dernières équations donne seulement — iCa,,i5,
c'est-à-dire une quantité presque négligeable à côté de — 33Cal,27, et dont
on peut à peine répondre.
De sorte que les deux réactions envisagées (déshydratation simple et
déshydratation accompagnée de décomposition) absorbent à très peu près
la même quantité de chaleur, soit — 33Cal et — 3/|Cal.
Elles seront donc possibles à la même température limite, en fait ioo°
à 125° environ.
Dans des cas pareils : azotate d'uranyle, azotate de cuivre, chlorure de
magnésium, chlorure de lithium, etc., on ne peut éviter absolument la
seconde réaction (décomposition du sel). Il est possible seulement de la
retarder et d'en diminuer l'importance soit en balayant rapidement l'eau
éliminée par un courant de gaz inerte, soit, mieux encore, en chargeant ce
gaz inerte de vapeurs de l'acide produit par la décomposition.
L'intelligence complète de ces phénomènes gagne évidemment à la con-
naissance des données thermochiiniques correspondantes.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la diminution des chlorures dans Vitrine
sécrétée sous pression. Note de MM. R. Lépine et Boulud.
L'un de nous a autrefois étudié la sécrétion qui se fait dans un rein
soumis à une contre-pression (s'exerçant par l'uretère) de 4ocmï à 5om'
d'eau, comparativement à la sécrétion libre de l'autre côté ('). Un des
résultats les plus constants de ces expériences était, dans le cas de contre-
pression suffisante, la diminution considérable des chlorures du côté com-
primé. Ce fait, malgré sa netteté, n'ayant pas été constaté par quelques
expérimentateurs, nous avons cru de quelque intérêt de reprendre la
question.
Une canule étant fixée dans chaque uretère, près de la vessie, et l'écou-
lement de l'urine observé pendant une heure ou deux (voir Comptes rendus,
(') Lépine et Porteret, Comptes rendus, 9 juillet 1888.
séance du 3o juin igi3. 1959
10 mars 1913), nous continuons à laisser couler librement l'urine d'un côté,
et nous mettons la canule de l'autre côté en rapport avec un tube rempli
d'éther jusqu'à une bauteur dépassant 4ocm. Dès ce moment l'urine de ce
côté est sécrétée sous pression, et nous la recueillons pendant 2 heures
au moins pour la comparer quantitativement et qualitativement à celle du
côté libre. Nos expériences sont au nombre de plus de vingt. Elles diffèrent
peu entre elles. En voici une prise au hasard, qui peut servir d'exemple :
Chien 2921 B. — Contre-pression de /40e"1', injection à plusieurs reprises d'eau ren-
fermant par litre 7* de chlorure de sodium et quelques grammes de glucose, pour
favoriser la diurèse; petite saignée pendant le cours de l'expérience qui dure
2 heures.
A du sérum — 0,6
NaCl du sérum 6 pour 1000
Urine.
Du côté libre. Du coté comprimé.
A — 0,9 — 1,03
Pour 1000 eau :
Urée 6,6 10, ">
Sucre 1.4 39
NaCl 8,4 6,4
Quantités absolues calculées pour 1 heure.
Valeurs
. delà dernière colonne.
celles de la première - 100.
Eau 83 3o 36
Urée o,547 o,3 1 5 57
Sucre 2 1,167 55
NaCl 0,697 0,192 27
Dans toutes nos expériences l'eau est toujours moins abondante du côté comprimé;
mais souvent la différence n'est pas si forte qu'ici, où, du coté comprimé, l'eau
n'atteint que 36 pour 100 du côté libre. L'urée est toujours moins diminuée que l'eau.
Le sucre est ici 55 pour 100. Il a été sécrété presque aussi bien que l'urée. Quaud on
en injecte beaucoup et qu'en conséquence sa proportion est forte dans le sang, il est
très souvent mieux sécrété que l'urée. Quant aux chlorures (ici 27 pour 100), ils sont
toujours, par rapport au côté libre, à un chiffre beaucoup plus bas que l'urée et que
l'eau.
Il serait intéressant de savoir si cette diminution considérable des chlo-
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N» 26.) 25 I
i960 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rures du côté comprimé tient uniquement à ce qu'ils passent de ce côté
moins bien que du côté sain, ou si elle est due, pour une part, à ce qu'ils
sont mieux résorbés. Le problème, au premier abord, parait insoluble. On
peut cependant l'aborder et lui donner même une solution probable si l'on
veut bien, provisoirement, admettre quelques propositions que Frey s'est
attaché à démontrer (Pjluegers Atvki?, t. CXII, CXX, CXXIX) et que je
résume de la manière suivante, en modifiant la première :
i° Tant que l'eau et NaCl ne sont pas en forte proportion dans le sang ('), loute
l'eau et tout le NaCl de l'urine sortent exclusivement du sang par transsudation glo-
mérulaire ;
20 Le transsudat glomérulaire a sensiblement la même concentration moléculaire
que le plasma (et que le sérum) ;
3° Le volume du transsudat glomérulaire, et celui de l'urine qui, pendant le même
temps, coule par l'uretère, sont inversement proportionnels à leur concentration.
Si l'on accepte ces propositions dont quelques-unes, je le reconnais,
pourraient être discutées à certains égards, il suffit, pour connaître la quan-
tité de NaCl transsudé par le glomérule, de savoir en quelle proportion ce
sel se trouve dans le sérum sanguin pendant l'expérience (le dosage nous
donne ce chiffre), et quel est le volume du transsudat glomérulaire pendant
un temps déterminé. En vertu de la proposition 3°, ce volume nous sera
donné par l'équation suivante :
volume du transsudat glomérulaire A de l'urine
volume du l'urine de l'uretère A du sérum
Introduisons les valeurs numériques de l'expérience précédente; appelons x
le transsudat du côté libre et x' celui du côté comprimé, nous avons
d'où l'on tire
En multipliant x et x' par la teneur du sérum en NaCl, que nous savons
être dans ce cas 6g pour 1000, nous obtenons les quantités y et y' de NaCl
transsudé du côté libre et du côté comprimé
J = o,747> /=o,3i.
(') Frey ne lait pas cette restriction; mais les travaux de Schlayer paraissent la
rendre nécessaire.
x —0,9
S3 — —0,6'
x'
— 1 ,o5
3o
— 0,6
X — I24cml,5,
X:
= 52cm\5.
SÉANCE DU 3o JUIN I<)l3. I961
Si l'on soustrait de ces chiffres ceux de NaCI trouvés dans l'urine, à
savoir 0,697 pour le côté libre et o, 192 pour le côté comprimé, on a pour
NaCI résorbé :
Du côté libre. Du côté comprimé.
0,OJ 0,12
Relativement à la quantité de NaCI transsudé, l'écart est encore plus consi-
dérable; car, du côté libre, G, G pour 100 seulement a été résorbé, tandis
que du côté comprimé il en est résorbé '{9 pour 100.
En résumé, la diminution considérable des chlorures dans l'urine dû
côté comprimé résulte à la fois de ce qu'ils transsudent en moindre quan-
tité, et de ce qu'ils sont mieux résorbés ( ' >.
En terminant, nous ferons remarquer que lorsque l'écoulement est libre
des deux côtés, malgré les différences de volume et de composition que ces
deux urines peuvent présenter et que nous avons signalées dans notre der-
nière Note {Comptes rendus, 10 mars 191V), la résorption des chlorures,
appréciée par la méthode que nous venons d'employer, est sensiblement la
même des deux côtés.
PRÉSENTATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats, qui sera présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique, pour le Cours complémentaire d'Etudes coloniales : Protislologie*
pathologique, créé au Collège de France par Décret du 28 mars 1913.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de
première ligne, le nombre de votants étant 42,
M. Nattan-Larrier obtient 4* suffrages
M. Tanon » 1 suffrage
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de
seconde ligne, le nombre de votants étant 36,
M. Tanon réunit l'unanimité des suffrages.
(') L'eau, dans cette expérience, a été absolument résorbée en quantité moindre
que du côté libre. En effet, 02, 5 — 3o = 22,5, qui est < que 124 ,5 — SS^/J'i^i
mais, relativement au côté libre, elle l'a été en quantité plus grande; car 22,5 font
43 pour 100 de 02,5, volume transsudé du côté comprimé, tandis que [\i ,o ne font
que 33 pour 100 de 12^, 5, volume transsudé du côté libre.
1962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. IVattan-Larrier.
En seconde ligne M. Tanon.
CORRESPONDANCE.
M. P. Pascal adresse un Rapport relatif à l'emploi qu'il a fait et des
expériences qu'il a exécutées à l'aide delà subvention qui lui a été accordée
sur le Fonds Bonaparte, en 191 2.
MM. Custave A.vdré et Albert Quiquet adressent des remerciments
pour les distinctions que l'Académie a accordées à leurs travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Notices sur les ports des Lèques, du Flrusq, de la Coudourière, du Mou
ni/on, du Niel, du Lavandou et de Cavalaire, par MM. Cottalorda, Moreau
et Chauve. Notices complémentaires sur les ports de Sanary, Toulon, Saint-
Tropez, Sainte-Maxime et Saint- Raphaël ; modifications survenues de 1893
à 191 1, par MM. Cottalorda, Moreau, Chauve, Cassier, Mathieu.
(Envoi du Ministère des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes.)
20 CommissÀo geographica e geologica do Estado de S. Paulo. Explo-
raçào do Rio Grande e de sens afjluentes.
ASTRONOMIE. — Sur la réfraction astronomique sous un angle quelconque.
Note de M. Arnaud, présentée par M. Bigourdan.
Dans un Mémoire antérieur ('), nous avons obtenu, pour déterminer la
valeur de la réfraction astronomique, la formule
' — 7o / (1— -cot'V — ) dx,
(') Comptes rendus. 28 septembre 1912.
séance du 3o juin io,i3. 196.3
où la valeur de L est donnée par la relation
L = 9>cotV( i / 1 -+- — tang'V — 1 ),
qui peut se transformer en celle-ci :
. _ in tangV
v/-
2V-,
— tant;- \
<]
et nous avons résolu le problème de l'intégration pour le cas particulier
où V = -, c'est-à-dire pour la réfraction horizontale.
En poursuivant le problème de l'intégration pour le cas général où V est
quelconque, nous obtenons aujourd hui les conclusions suivantes :
En se limitant, pour la réfraction pratique, à la précision de o", 1, ou
de 0,001 de sa valeur, on peut distinguer dans le ciel quatre régions :
Évaluant T
ff = / tang V —
accompagnée de
y
• tang3 V
— '■ <-o"ç,
34<7i
I
Mi ~
1 56,8 — 1
b
_ _P_,
U =
27a -t- /
5o 280
La correction =r-, n'est plus complètement exacte, et il y aura avantage à construire
pour chaque observatoire une Table des réfractions moyennes basée sur les condi-
tions atmosphériques moyennes du lieu.
La formule ci-dessus peut d'ailleurs être remplacée par une autre, à peu près équi-
valente,
U2
1964 ACADÉMIE DES SCIENCES
s peut d'ailleurs être remplai
a = /. tarie V — — Une3 \ ( 0,2 —.
>. 0
Troisième région :
76°.'/. lang V
o- -
1 + y 1 -+- 2 p. T <^ 'ang*\
b tangV
fx =-. io~6 et 'li = 10
U2 17
Chaque Observatoire ayant sa Table spéciale de réfractions moyennes construite
d'après la formule ci-dessus, les corrections, pour des circonstances atmosphériques
quelconques, seront obtenues au moyen de Tables ou d'Abaques, pour la construction
desquelles on utilisera les Tables de réfractions moyennes des autres Observatoires.
, À ...
car la correction ^ serait très sensiblement inexacte.
A
< hutlrième région
8;° < V < 900.
Il' faudrait faire entrer dans les formules une variable nouvelle 0, valeur moyenne
de ( — -y- )• Les Tables deviendraient ainsi très compliquées et sans utilisation pra-
tique, étant donné que les observations sont rendues incertaines par les phénomènes
de diffraction.
Celte région doit être considérée comme interdite aux observations de précision.
La correction yy est, d'ailleurs, de plus en plus inexacte, à mesure qu'on se rap-
proche de l'horizon, où il est moins inexact de la remplacer par — •
A noter que, pour adapter nos formules à des Observatoires situés à des
latitudes très différentes de 45°, il y aurait lieu de modifier légèrement les
constantes, soit en ce qui concerne le rayon de courbure de l'ellipse ter-
restre, soit en ce qui concerne la constante d'où dépend A :
, A =r 180 [J. — ,
et qui est liée à la valeur de l'intensité locale de la pesanteur.
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1960
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations intégrales à noyau
asymétrique. Note ( ' ) de M. A. Korn, présentée par M. Emile Picard.
Supposons, en reprenant les notations d'une Note antérieure {Comptes rendus,
17 juillet 1911), l'existence de deux noyaux k(x,y) et k'(x,y) symétriques et réci-
proques par rapport au noyau asymétrique K (x,y) de l'équation intégrale
(1) ?(x)-lf o(r)K(,v.y)dr=f(x),
•Ai
qui satisfont à la condition
(2) f f(x)/(x)dx>o,
si/( ;v) est une fonction quelconque de x continue dans l'intervalle o = x = 1 , et si nous
posons
(3) /(*) = /" J\y)k\*,y)dy.
Soit
(4) k\(x,r)= f k'(x,z)K(z,y)d:.; /,l(x.y)=f k(z, y) K(x, s) dz;
alors, on peut démontrer (2), si la condition
(5) t,\(.r,y) = /,\(y, .1); *t(a^ y)~ kt(y, M)
de la pseudosymétrie est remplie, que tous les pôles /.y (/' = 1, 2, ..., | P., | = | )., | = ... '
de la solution de l'équation (1) par rapport à A sont simples et réels; si la condition
(6)
/ kl(.-v,z)k'l(y,z)dz=f kt(z, x)k\(z. y)
de la pseudosymétrie généralisée est remplie, tous les pôles sont simples, mais ils
peuvent être complexes.
Envisageons maintenant le cas général des pôles multiples et partons
au lieu de l'équation (1) de l'équation
(7) (p(*)-X/ {y)6K{x,y)dy = f{x),
•'a
(') Présentée dans la séance du 16 juin 191 3.
(8) Cf. A. Korn, Eine Théorie der linearen Integralgleichungen mit unsyme-
trischen Kernen ( The Tôhoku Matlwmalical Journal, t. I, 191 2. p. 109-186; t. II.
p. 1 1 j-i 36 j .
1966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
où c est une constante donnée, alors il faut distinguer pour chaque Ay des
fonctions fondamentales
?yp,*(^); ) (p = i,2, .... fij; k = o, 1, 2, . ... sjp)
satisfaisant à des équations un peu plus compliquées (') qu'au cas des pôles
simples.
J'ai démontré (loc. cit., p. 1 19) le développement
(8) /(aO=2/2P2*C*,'*''P'*(aî); C>P-*=J f(as)9Ï?*ir*Wda?
1 1 0
d'une fonction /(.r) quelconque continue dans l'intervalle o<#< 1, pourvu
que nous ayons démontré préalablement que cette série converge absolu-
ment et uniformément dans l'intervalle, et le développement (2) (loc. cit.,
p. 126)
(9) cK(.r,7) =2'2P2* Typ./. (*')l x~ ?/?.■>,--'• (/) - p ?ip.^f-*-i(y) +• ■ •)>
1 1 0
pourvu que cette série converge absolument et uniformément dans le
domaine
Supposons, pour éviter d'abord les questions de convergence, que le
nombre des pôles Xy soit fini ( = m) et posons
(10), ch O, y) =2'3jp2*X~ '-J?J' ' 'r> V*->it-*W-
1 1 0
( * (#, r) =2'2P2' Wp.*^) l>yp,*0-)] ;
11) /
m 71, ,v,f
1 1 0
en désignant par [ — ] le changement de (+ /) en (— /). Alors /t(x,y)
représente un noyau satisfaisant à la condition de la pseudosymétrie géné-
(') Cf. A. Korn, Ueber freie und erzwungene Schwingungen. Leipzig (éd. B.-G.
Teubner), 1910, p. 117.
(*) Nous pouvons toujours choisir les fonctions <*,&,*; 9/p,* de manière que les ï ti lé—
giiiles Ayp {loc. cit.. p. 117) deviennent égales à 1.
SÉANCE DU 3o JUIN ICjl3. 1967
ralisée; je veux démonlrer que si l'on pose
(,2) F(x)=f f(y)KÇxry)dy; ( x |
(en supprimant pour le moment les indices/p des C), alors on aura
(.7) / FJ?(.r)Fj9(.r)d.r
< ' + TTTY1 / *'p ( * } *H ( 'r } dx + ■>) H 1 / F'P ( r } F'P ( r ] ''•''•
et en conséquence
(18) f F(*)F(*)rf* = |'i + ÏI-p-jJj *(./■) *(* )rf* + ^j-p-j / Ffcr)F(*)tf*.
En choisissante assez petit, nous pourrons faire | A, | aussi grand que nous
voudrons, et nous trouverons ainsi notre proposition démontrée. Elle est
importante pour l'application de la méthode des approximations suc-
cessives à la théorie des approximations intégrales dont les noyaux sont
asymétriques et ne satisfont pas à la condition de la pseudosymélrie géné-
ralisée.
C. R., iç)i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 2D2
1968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle élude de /'effet Volta, faite à l'aide de la
radioactivité induite. Note de MM. Ed. Sarasin et Th. Tommasina.
Nous avons déjà communiqué plusieurs résultats des recherches que
nous poursuivons depuis quelques années sur toute une série de phéno-
mènes qui sont liés par leur origine ou par leurs modifications à celui de la
radioactivité induite ('). Nous ne nous arrêterons pas à décrire les diffé-
rents appareils et dispositifs et n'indiquerons ici que les changements essen-
tiels qui nous ont fourni les faits nouveaux que nous avons l'honneur de
signaler à l'Académie.
Dans l'électromètre connu d'Elsler el Geilel, la capacité cylindrique creuse, en
mêlai noirci, a été remplacée par une simple lige métallique. Une série de tiges de
différente longueur el de divers métaux pouvant se remplacer sur rélectromèlre étaient
à notre disposition, ainsi que quatre grandes cloclies cylindriques, deux en laiton, une
en zinc el une en aluminium, de mêmes dimensions (18e1" île diamètre pour 36cln de
hauteur) et de même épaisseur, pouvant aussi se substituer l'une à l'autre sur le pla-
teau de l'appareil de mesure. Quant aux écrans-grilles que nous avions déjà utilisés
dans nos précédentes expériences, ils ont subi les modifications successives suivantes :
écrans cylindriques en toile métallique à mailles depuis 25mra à 2cm, en fer zingué, en
laiton et en cuivre; les mêmes, mais fermés en haut, donc des cloches-grilles; enfin
des écrans-cloches troués, cylindriques fermés en haut, lous de mêmes dimensions
(i2cm d, i8cm h) et de même épaisseur, avec le même nombre de trous circulaires de
même diamètre, faits à l'emporle-pièce avec bavures soigneusement limées, en alumi-
nium, en zinc et en cuivre. Ces perfectionnements successifs apportés aux appareils
dans le but d'éviter toute cause d'erreur altribuable à ce qui n'était pas exclusivement
la différence du métal, n'ont fait que confirmer les premières constatations, de façon
que nous pouvons désormais les présenter comme absolument sûres.
Pour étudier d'autres métaux, au lieu d'en faire de nouvelles cloches, nous avons
simplement doublé l'intérieur d'une cloche à l'aide de grandes feuilles mobiles rem-
plaçâmes facilement, ce qui nous a permis de constater que l'effet Volta se manifeste
sur l'appareil de mesure même, par l'intervention de l'écran-grille qui doit être con-
ducteur et relié au sol, ainsi que la cloche constituant l'enceinte close.
Voici maintenant les faits nouveaux que nous venons de constater :
1. Quand l'écran cloche-grille, écran troué, séparant complètement le
champ de l'électroscope de celui de la cloche-enceinte radioactivée, est du
(') Comptes rendus, 28 novembre 1904, 19 août 1907, 2 septembre 1907, 9 juin 1908
et 20 février 1911.
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. ip/>()
même métal que la paroi interne de cette dernière et l'état des surfaces
absolument identique, la vitesse de la décharge, due à l'ionisation produite
par le rayonnement de radioactivité induite, a la même valeur quel que
soit le signe de la charge de l'électroscope. On a une seule courbe de désac-
tivation si l'on alterne le changement de signe des charges successives. 11
faut faire deux ou mieux trois charges de même signe alternativement,
parce que la première donne toujours des résultats irréguliers dus à l'in-
tervention du résidu de la charge précédente de signe opposé.
2. Quand l'écran cloche-grille n'est pas du même métal que la paroi
interne de la cloche-enceinte radioactivée, en procédant comme ci-dessus
on a toujours deux courbes, c'est-à-dire que la valeur de la vitesse de la
décharge change suivant le signe de la charge qu'on donne à l'électroscope.
a. Si le métal de la paroi interne de la cloche-enceinte activée est du
cuivre ou du laiton et celui de l'écran cloche-grille du zinc ou de l'alumi-
nium, la vitesse "de la décharge des charges positives de l'électroscope
augmente de valeur et celle de la décharge des charges négatives diminue.
b. Si le métal de la paroi interne de la cloche-enceinte activée est du
zinc ou de l'aluminium et celui de l'écran cloche-grille du cuivre ou du
laiton, c'est, au contraire, la vitesse de la décharge des charges négatives
de l'électroscope qui augmente et celle de la décharge des charges positives
qui diminue.
Si l'on considère ces résultats à côté des anciennes séries électrospéci-
fiques de Volta, de Seebeck et de Péclet, dans lesquelles, comme on sait,
le zinc se trouve à l'extrémité électropositive suivi par Pb, Sn et Cd, qui
sont tous des métaux à surface rapidement oxydable, tandis que le cuivre
se trouve à l'autre extrémité, celle électronégative, suivi par Pt, Ag et Au,
qui sont très lentement oxydables dans les mêmes conditions, on est porté
à donner, au sujet de l'explication de Y effet Vo/ta, une importance très
grande sinon exclusive à cette modification de la couche conductrice super-
ficielle en une couche diélectrique. Mous avons un fait à l'appui d'une telle
conclusion, qui est notre ancienne constatation (') que l'effet b, indiqué
ci-dessus, a toujours lieu lorsqu'on radioactive un métal recouvert d'une
couche de substance isolante et qu'il est d'autant plus marqué que la couche
est plus épaisse.
(l) Comptes rendus du premier Congrès international pour l'étude de la Radio-
graphie et de l' Ionisation à Liège, 1 2- 1 4 septembre 1900, p. 25-36.
1970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La série électrospécifique d'Auerbach place l'Ai avant leZn; ce fait est
confirmé par les résultats de nos recherches actuelles. Or l'aluminium est
un métal dont la couche d'oxyde est [dus isolante que celle des autres métaux,
et elle se reforme immédiatement dès qu'on l'enlève.
Dans nos expériences il faut un écran pour qu'il y ait dédoublement de
la courbe de désactivation; cela semble démontrer que la vitesse de dépla-
cement des ions, et probablement aussi des électrons, joue un rôle dans le
phénomène que nous avons étudié. Il faut donc que la couche superficielle
modifie les vitesses et par son absorption aussi la quantité des ions et des
électrons émis. Nous pensons que cette modification intervient également,
autant lorsqu'un métal se trouve immergé dans un liquide, dans un gaz ou
dans l'air ordinaire, ionisés par une action quelconque, que lorsqu'un
champ électrostatique se produit par la simple mise en contact instantané
de deux métaux isolés, comme, par exemple, le zinc et le cuivre. Notre
hypothèse explique pourquoi deux métaux qui se trouvent aux extrémités
opposées de la série de Volta produisent un effet plus sensible que celui
d'un quelconque des couples intermédiaires.
PHYSIQUE. — Sur les champs magnétiques obtenus avec un électro-aimant (')
muni de pièces polaires en ferrocobalt . Note (2) de M. Pierre Weiss,
transmise par M. J. Yiolle.
L'étude des ferrocobalts, faite sous ma direction par M. A. Preuss
(Thèse, Zurich, 1912), a montré que le fer, qui possède 1 1 magnétons par
atome, forme avec le cobalt, qui en a 9, un composé défini Fe2Co de
12 magnétons par atome. Si l'on tient comjote de la différence des poids
atomiques, de celle des températures de perte du ferromagnétisme et de
celle des densités, on trouve que le ferrocobalt a une aimantation à satura-
lion de 10 pour 100 supérieure à celle du fer, à la température ordinaire.
En attendant que l'industrie fournisse le ferrocobalt, M. de Freudenreich
a réalisé par les moyens du laboratoire cette préparation, assez délicate
lorsqu'il s'agit d'obtenir des pièces de dimensions notables sans trop de
soufflures. Avec les matières premières : fer de Suède et cobalt industriel
(') Gel électro-aimant, destiné au Laboratoire de physique du Muséum, a été obli-
geamment laissé à notre disposition par M. Jean Becquerel pour la durée de la pré-
sente étude.
(2) Transmise dans la séance du 28 juin 1913.
SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. 1971
à f)8,5 pour 100, nous avons obtenu clans différentes fontes un gain de
9 pour 100 et de 9,7 pour 100, au lieu des 10 pour 100 de l'alliage de com-
position exacte. Le lingot qui donnait 9 pour 100 était le plus compact et
a servi pour la taille des pierres polaires. Faute de matière suffisante pour
les faire tout entière en ferrocobalt, on s'est borné à les munir Ac pointes Aq
ferrocobalt comme il est indiqué sur la figure ci-dessous.
Les champs obtenus avec ces pièces polaires et avec d'autres, exactement
de même forme, en fer de Suède, ont été mesurées au moyen de la méthode
d'ascension, modifiée par A. Piccard et dont le caractère principal est la
purification du ménisque par déversement. Le liquide employé est l'eau
dont le coefficient d'aimantation est actuellement bien connu. L'ascension
a dépassé 1 imi". Les mesures ont été faites avec grand soin par MM. Piccard
et Fortrat.
Champs.
Entrefer.
Ampères- tours.
Fer.
^
surf, front.
Ferrocobalt.
Puissance.
mai
mm
K
s
kw
3,O0
2,00
20 OOO
3g 800
41840
0,34
»
»
5oooo
43 54o
45790
i,37
»
»
1 OO OOO
45780
48020
5,5
»
»
200 OOO
47 070
4999°
32
3,0O
I ,00
2OOO0O
52 58o
55 1 70
11
Dans tous les cas le gain par le ferrocobalt a été voisin de 5 pour 100.
Même le remplacement partiel du fer par le ferrocobalt est aussi efficace
que l'augmentation de la puissance dépensée dans le rapport de 1 à l\. La
dernière ligne donne la mesure faite dans un entrefer très étroit, juste
suffisant pour recevoir le tube à ascension. On voit que la méthode ne cesse
pas d'y être applicable.
Les mesures des quatre premières lignes se rapportent à un entrefer
I972 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de i4mm3 dans lequel on peut placer une étincelle, une petite flamme ou un
milieu absorbant. Dans un espace de omm", 5, suffisant pour loger un grain
de radium, on eût obtenu ^Sooo15.
L'électro-aimantest bobiné avec iooo tours de tube de cuivre parcouru par
un courant d'eau, le métal servant de conducteur électrique. Pour pouvoir
faire passer la quantité d'eau nécessaire à la réfrigération, le tube est divisé
en 10 sections, en dérivation pour le courant d'eau et en série pour le
courant électrique. Le débit d'eau est G1 par minute et réchauffement
maximum 5o°. L'eau froide étant amenée dans la première couche de
chaque bobine, le noyau reste froid. L'appareil atteint sa température de
régime en -i minutes et la garde indéfiniment.
PHYSIQUE. — Sur les propriétés optiques de Veau et sa constitution physique.
Note de M. C. Chéneveau, présentée par M. E. Bouly.
Une hypothèse émise par Rôntgen et développée par MM. J. Duclaux et
A. Piccard, pour expliquer les variations de quelques propriétés physiques
de l'eau avec la température, attribue à l'eau une constitution physique
complexe : l'eau serait, en réalité, formée par l'association ou le mélange
de deux* substances différentes, dont l'une serait analogue à la glace; la
quantité de glace irait en diminuant, à mesure que croîtrait la tempé-
rature.
J'ai cherché si celte hypothèse s'accordait avec les variations des pro-
priétés optiques de l'eau (').
On peut admettre, d'après M. Piccard, qu'à o° la proportion de glace
dans l'eau serait de 29,1 pour 100, tandis qu'à ioo° cette proportion serait
réduite à 1 pour 100.
L'indice ordinaire de la glace étant très voisin de son indice extra-
ordinaire, nous adopterons un indice moyen n de 1,3095 (-'). D'autre
part, à o°, la densité de la glace égale 0,9176 (Leduc). Il en résulte que
(') L'idée de cette recherche m'a été suggérée par M. Brillouin.
(2) Calculé d'après la règle de Tulton, pour le système hexagonal, " — - ,
dans laquelle n0:=i, 3091, «e=i,3io4 (Pulfrich). Les données numériques utilisées
dans celte Noie sont extraites du Recueil de Constantes de la Société française de
Physique.
/(- — I
ou
SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. IQ73
le pouvoir réfringent spécifique est — y- = r„ = 0,33^3 (Gladstone)
i—, z-j = rn-- = 0,2007 (Lorentz).
L'eau, considérée à o° et à ioo°, a les constantes physiques suivantes :
9. D. N. R„. R„>.
A o° 0,99987 i,334i o,334i o,2o63
A ioo° o, 9.IS38 1 , 3 182 o,3320 0,2059
Calculons le pouvoir réfringent spécifique, xn ou .r„=, de l'autre substance
constituant, avec la glace, l'eau ordinaire, et que Sutherland appelle
Vhydrol; on a (') :
A o° 0,3328 0,2049
A 1 oo" o,33i9 ° > 2°58
ce qui fait entre ces deux valeurs une différence de — o,3 pour 100
environ pour la loi de Gladstone et de +0,4 pour 100 pour la loi de
Lorentz (2), écarts peu éloignés de la limite des erreurs expérimentales.
Ces résultats sont en accord avec l'hypothèse ci-dessus énoncée d'après
laquelle l'eau serait le mélange en proportion variable avec la température
de deux substances de propriétés peu ou point variables avec cet élément.
Cette hypothèse suffit à expliquer les variations des constantes optiques de
l'eau avec la température.
Il y a d'ailleurs lieu de remarquer tout d'abord, bien qu'il s'agisse de la
même matière, la différence assez notable (2 pour 100) entre les pouvoirs
réfringents des deux substances solide et liquide.
Un autre point très important est que l'hypothèse précédente ne modifie
pas les propriétés optiques des solutions aqueuses, même en admettant que,
pour une température donnée, la proportion de glace diminue avec la
quantité de sel dissous dans l'eau (M. J. Duclaux et Mme E. Wollmann).
Si l'on suppose, par exemple, une solution aqueuse de sel, contenant PB de
(') Ces valeurs sont déduites des formules de Gladstone ou de Lorenlz appliquées
aux mélanges ou solutions
(1) 100 x R„ on R„» =/; x /„ ou r„> ■+- (100 — p)xn ou xn'
dans lesquelles p esl le poids de ;;lace pour ioo? d'eau.
(2) Alors que la loi de Newton ( — - — = const. ) donne une différence de
1 ,4 pour 100.
1974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sel pour iooB de solution, à la température 0 pour laquelle la proportion de
glace pour ioos d'eau est p, la quantité de glace est - , la quantité
d'hydrol (100 — P) — ^ — 'j et si R„= est le pouvoir réfringent spéci-
fique de l'eau, on a
»(lOO — P)
: — o , 209-
. . /'(iQQ-P)
(100 — I ' ) —
o,2o54 = (100 — P) R„«
On obtient ainsi, pour quelques solutions aqueuses de IvCl(0 = 1 5°C.) :
P- /'(■■" -P)( lace) R
100 ls '
o i6,3 0,2061
5,49 '5.4 0,2061
i3,o6 14,17 0,2061
24,26 12,34 0,2061
Ainsi, la valeur du pouvoir réfringent spécifique de l'eau dans la solution
ne varie pas, bien que la quantité de glace varie avec la concentration. Ce
résultat ne modifie donc pas la loi de Lorentz [formule (1) précédente]
pour les solutions et mène, comme je l'ai déjà montré ('), à une valeur
moyenne de 0,1491 pour le pouvoir réfringent spécifique de KG1 dissous,
alors que ce pouvoir réfringent serait o,i/j58 pour KC1 non dissous. Il me
parait d'un grand intérêt de rechercher, par de nouvelles expériences, si
cette différence de 2 pour 100 environ entre ces deux nombres est réelle.
PHYSIQUE. — Sur un manoscope thermo-électrique de grande sensibilité.
Note de M. Guéritot, présentée par M. E. Bouty.
On peut, au moyen de soudures thermo-électriques, observer les plus
légers déplacements de l'air contenu dans un tube réunissant deux réser-
voirs, si une petite partie de cet air a été préalablement chauffée.
Comme l'air se déplace pour la moindre différence de pression établie
entre les réservoirs, on peul construire ainsi un appareil manomélrique de
grande sensibilité.
Le tube qui réunit les réservoirs est coudé en son milieu et disposé de
telle façon que le coude soit son point le plus élevé. On chauffe régulière-
(') C. Chêne veau, Les propriétés optiques des solutions, 1913, p. ao5.
SÉANCE DU 3o JUIN iç)l3. 1976
ment l'air contenu dans le tube au voisinage du coude à l'aide d'un circuit
parcouru par un courant. L'air chaud ne se répand pas dans le tube, mais
reste au point le plus élevé, dans la partie coudée.
C'est dans l'axe du tube, de part et d'autre de la région chauffée, que sont
disposées les deux soudures d'un couple thermo-électrique relié à un galva-
nomètre. Si l'air contenu dans le tube est immobile, les deux soudures,
environnées d'air non chauffé, sont à la même température, et le galvano-
mètre n'accuse aucun courant. Mais si cet air se déplace, il entraine le gaz
chaud vers une des soudures, et il naît un courant thermo-électrique décelé
par le galvanomètre.
L'expérience a montré que le manoscope ainsi construit donne des indi-
cations très régulières. Le galvanomètre revient bien au zéro, après chaque
déplacement; ses indications changent de sens avec le sens du courant
gazeux. De plus, les indications du galvanomètre sont proportionnelles au
volume du gaz déplacé.
L'appareil permet d'apprécier un déplacement de gaz d un dixième de
millimètre cube.
La sensibilité de ce manoscope peut être accrue en multipliant le nombre
des soudures. Enfin, il est possible d'obtenir une inscription graphique avec
un galvanomètre inscripteur.
Ce manoscope convient surtout pour déceler de brusques déplacements
de gaz produits par une très faible variation de la pression du gaz renfermé
dans un réservoir. Il nous a permis de réaliser les expériences suivantes :
l° Le manoscope est relié d'une part à un réservoir rempli d'air et d'autre part à
un tube ouvert dans l'atmosphère. Il indique les variations de la pression atmosphérique
parle déplacement de l'air qui entre ou sort du réservoir à chaque variation de pression ;
il peut rendre visible ainsi une variation de pression d'an millionième de millimètre
de mercure. Par exemple, il décèle les variations de pression atmosphérique duesaux
coups de vent, à l'ouverture d'une porte, au déplacement d'une personne dans le voi-
sinage de l'appareil.
2° Grâce à l'absence complète d'inertie, il permet, relié à un tube de Pitot. de
suivre les brusques variations de la vitesse du vent et d'observer des irrégularité-, qui
seraient cachées par les oscillations d'un appareil présentant de l'inertie.
3° Enfin, grâce à sa grande sensibilité, ce manoscope, relié à un thermomètre de
Riess, permet de mesurer l'énergie de très faibles décharges électriques. C'est ainsi
qu'il peut mesurer l'énergie recueillie par un résonateur de Hertz, placé dans le
thermomètre de Riess ; le résonateur se trouve alors dans des conditions particulière-
ment avantageuses, parce qu'il est éloigné de toute pièce métallique pouvant troubler
son fonctionnement.
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N-26.)
2Ô3
I ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur un déplacement des lignes spectrales de certains métaux
produit par la présence d'une autre vapeur métallique. Note de M. Keivix
iîuitxs, présentée par M. Villard.
Dans mes déterminations sur le spectre de Tare au fer ( '), j'ai mesuré
quelques raies appartenant à d'autres métaux existant, comme impuretés,
dans les électrodes en fer. Les mêmes raies ont été mesurées par d'autres
observateurs en prenant comme source de lumière un arc entre électrodes
de charbon contenant, en grande quantité, le métal à étudier ou un de ses
sels. En comparant les nombres obtenus dans les deux séries de mesures,
on trouve une différence systématique, bien supérieure aux erreurs d'ob-
■servation : la présence d'une grande quantité de vapeur de fer a pour effet
de déplacer légèrement les lignes des métaux contenus à l'état de traces
dans les électrodes. Un effet analogue est produit par la vapeur lumineuse
de mercure sur la raie rouge du cadmium, sans que le déplacement puisse
être expliqué par un effet de pression. Voici le résumé des faits qui m'ont
conduit à ces conclusions :
Baryum dans l'arc au fer. — En plaçant un peu de chlorure de baryum sur les
électrodes de fer on obtient, pendant très longtemps, les principales raies du baryum
au milieu du spectre du fer. .le pensais ainsi pouvoir prendre les raies du baryum
comme étalons, et les mesurer par interférence. Il se trouve que, d'une mesure à une
autre, les lignes du baryum ainsi obtenues montrent de légers déplacements. De plus,
les longueurs d'onde obtenues dans ces conditions sont toujours plus petites d'environ
o,oi5 angslrôm que celles trouvées par Schmilz (-), en mesurant le spectre produit
par un arc au charbon contenant un sel de baryum. La même différence existe entre
mes nombres et les déterminations in terférentielles de Lversheim (s).
Manganèse dans l'arc au fer. — On trouve un écart en sens inverse en comparant
les excellentes mesures de kilby (*) sur le spectre du manganèse avec mes détermina-
tions des raies de ce métal, qui apparaissent comme lignes d'impureté dans le spectre
du fer. L'arc au fer donne toujours une longueur d'onde plus grande, avec un dépla-
cement qui est, en moyenne, d'environ 0,006 angstrom, mais qui est beaucoup plus
(') Mesure$ faites au moyen d'un réseau : région 2073-5434 {Zeitschrift fur
wiss. Phol., t. XII, 1910, p. 207); région 5434-8824 non encore publiée. Mesures
interférentielèes (Comptes rendus. 26 mai 1910, et Journal de Physique, juin 1 9 1 3 ) .
1 ) Zeitschrift fur wiss. Phot.. t. XL p. 20g.
(3) Annale.n der Physik, V série, t. XXX, p. 81 5.
('*) Aslrop/iysical Journal, t. XXX, 1909, p. a43.
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1977
grand pour certaines raies. Le cas le plus net est celui du triplet 6oi3, 6016, 6021 :
Mes mesures de ces lignes faites dans l'arc au fer, soit au moyen d'un réseau à Bonn,
soit par interférence à Marseille, donnent une longueur d'onde qui est de 0,o3oang-
striim plus grande que les valeurs trouvées par Kilby dans l'arc au charbon contenant
du manganèse. L'existence du déplacement ne peut faire aucun doute.
Cadmium dans l'arc au mercure. — Une lampe en quartz à vapeur de mercure
dans le vide, du modèle imaginé par M. Tian ('), contenait un amalgame à 7 pour 100
de cadmium. La raie rouge 6438 était émise avec une grande intensité; elle était moins
fine que dans le tube de Michelson à vapeur de cadmium. En comparant la ligne émise
par la lampe à amalgame avec celle que donne le tube de Michelson, j'ai trouvé que,
dans le premier cas. la longueur d'onde était plus grande d'environ 0.012 angstrom.
Ce déplacement ne peut être attribué à un effet de pression, car la pression de la
vapeur de mercure dans la lampe n'atteignait probablement pas icm, et le déplacement
dû à une aussi faible pression est absolument insensible. On pourrait attribuer l'écart à
la différence de conditions électriques des deux sources (arc à faible tension dans un
cas, décharge à haute tension dans l'autre); celte explication n'est pas acceptable, car
Eversheim a trouvé que I arc au cadmium pur dans le vide donne la même longueur
d'onde que le tube de Michelson. C'est donc bien la présence de la vapeur lumineuse
de mercure qui produit l'effet observé.
En résumé : la présence d'une forte proportion de vapeur Lumineuse
(Fe, Hg) déplace les lignes de métaux contenus dans l'arc en faible pro-
portion (Ba, Mn, Cd) par rapport aux: positions qu'occupent ces raies
lorsque le métal qui les produit est prédominant.
Il se peut que ce déplacement soit la conséquence de la présence de
nombreuses particules dans l'état spécial où elles émettent de la lumière, et
non des molécules ou atomes ordinaires.
J'indiquerai en terminant quelques conséquences possibles du phéno-
mène que je viens de décrire.
On sait que certaines lignes de l'arc au fer montrent de petits déplace-
ments selon la partie qui les émet. Goos, qui a étudié ce phénomène, a
essayé de l'expliquer par des différences de pression à l'intérieur de l'arc.
Tl se peut que ces écarts se produisent, sans différences de pression, par des
variations dans la proportion de vapeur de fer contenue dans les diverses
parties de l'arc, ou même par des différences dans le nombre de particules
lumineuses dans cbaque unité de volume.
Le même effet peut intervenir pour une part dans les expériences sur
le déplacement des raies par la pression, un accroissement de pression
pouvant produire un accroissement delà densité des particules lumineuses.
(') Comptes rendus. 7 avril 1910, et Journal de Physique, juin 1 g 1 3.
1978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il peut aussi se produire dans l'atmosphère solaire, et contribuer à produire
les écarts constatés entre les longueurs d'onde des lignes dans l'arc et dans
le spectre solaire.
Enfin, l'existence de cet effet montre qu'il n'est pas prudent de prendre
comme étalons des lignes d'impuretés, en leur attribuant les longueurs
d'onde trouvées dans des mesures faites dans d'autres conditions.
chimie physique. — La détente adiabatique des liquides.
Note de M. L. Gay, présentée par M. Haller.
J'ai déterminé, expérimentalement, à l'aide de l'appareil décrit dans une
Note précédente ('), les coefficients de compressibilité adiabatique de
divers liquides, soit à la température du laboratoire, soit à o°.
Pour effectuer ces dernières déterminations, il suffit de placer l'appareil dans de la
glace fondante. Après 1 heure et demie environ (quoique l'équilibre thermique ne
soit pas atteint » le liquide du ballon a une température de quelques dixièmes de
degré au-dessus de o°), le déplacement du ménisque, dans le tube gradué, est d'une
extrême lenteur et ne gène en rien les déterminations.
Je me suis assuré, d'autre part, que le contact direct entre la glace et
l'appareil n'apporte aucune perturbation dans les résultats.
J'ai, en effet, déterminé le coefficient de compressibilité adiabatique y
du bromure d'éthyle, d'abord en plaçant l'appareil dans un récipient de
cuivre entouré lui-même de glace fondante (l'appareil était donc dans une
atmosphère à o°), puis en mettant directement l'appareil dans la glace.
J'ai obtenu les résultats suivants :
ire détermination : température du liquide i°; yxio°= 7^,3 ± 1,8 (-);
2' détermination : température du liquide o",4; y xio°= 74»9 — i-
Du coefficient de compressibilité adiabatique expérimental y, j'ai
déduit, par le calcul, le coefficient de compressibilité isothermique fil.
Voici les résultats obtenus :
(') Comptes rendus, t. 150, 191 3 , p. 1070.
(2) L'unité choisie est l'atmosphère, les déterminations sont faites pour une délente
de 2a,m environ à ia"".
séance du 3o juin igi3. 1979
Corps.
G-H*Br ....
» ....
Isopentane . .
» . .
Gvclohexane
CS2
))
C6H3CH3 ...
» ...
CCI4
»
CHCI!
»
CH3C*02G*H»
Déterminations
antérieures (')
Température.
ï x
10-6.
? x 10-6.
de p x 10"G.
0
o,4
74,9
± r
ui,4
23
90,3
± 2
1 35, 1
0,4
i35,2
± 3,5
178.8
0 9
■>.-> ,ô
'7°. 7
± 2,5
224,7
20
84, .
-+- 0,
1 10,8
0,4
5o,3
± .,3
78,6
78(»);8o(3)
3 3 , 5
62,9
±i,5
97-7
o,5
58 , 5
± .,8
77-8
77 (4)
23 , 8
69
± ',8
92,8
89.3 (*)
o,4
62
± o,S
90, 2
a3,8
;5,6
± 2,2
108,5
o,3
5g, 2
± 1,8
82,1
.01 n
!3,8
70,2
± 1
I03,2
0,2
70
± 0,8
84,4
22,9
80,2
± i,3
ii6,5
1 3 , 3
io3 (par interpol
•) 'o4(6)
Conclusiojis. — La concordance enlrc les résultats d'autres auteurs et les
valeurs de S, tirées de nies déterminations expérimentales de y, est une
vérification de l'exactitude de ma méthode.
C'est encore une confirmation expérimentale de la formule de Clapeyron
généralisée
El-l\Tr)t. -y
a. coefficient de dilatation cubique.
CHIMIE PHYSIQUE. — Lobilité chimique et absorption des rayons ultraviolets.
Note de M. Victor Henri, présentée par M. Dastre.
J'ai étudié, en collaboration avec MM. Bielecki, Gompel, Inoye,
Landau et Wurmser l'absorption des rayons ultraviolets par un grand
1 ' ) Tuées des Tables de Landoll.
2 1 Golladon et Sturm.
1 :i) Kontgen à 3°, 3.
' ) Paggliano et Palazzo.
1 ■ 1 Griinaldi.
1 ' 1 Amagat.
1980 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nombre de corps différents (Comptes rendus, 1912 et 1918; Journal de
Physique, I9i3; Berichted. deutsch. chem. Ges., I9i2eti9i3; Phvsikalisrhe
Zei/., 191 3 ; C. R. Soc. de iïiof., 1912 et 1913).
Cet ensemble de recherches m'a conduit à chercher si l'intensité avec
laquelle un corps absorbe les rayons ultraviolets ne se trouve pas en rap-
port avec d'autres propriétés physiques et chimiques.
1. Comparaison avec les propriétés magnéto-optiques. — Si l'on compare
le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets avec des propriétés phy-
siques semblantes, telles que le pouvoir réfringent moléculaire, le pouvoir
rotatoire magnétique, la susceptibilité magnétique et la biréfringence
magnétique, on trouve, dans un grand nombre de cas, un parallélisme
entre ces diverses propriétés, qui sont toutes expliquées dans les théories
modernes par des actions électromagnétiques sur les électrons des atomes.
Toutefois, il est important de signaler que le pouvoir d'absorption des
rayons ultraviolets est une propriété qui présente des variations bien plus
fortes que celles des autres propriétés optiques et magnétiques. Ainsi,
par exemple pour A = 2000, la constante d'absorption moléculaire e n'est
égale pour l'alcool méthylique qu'à 0,004 et tandis que pour l'anthracène
elle est égale à 335 000. L'étude de l'absorption permet de trouver des
différences pour des cas dans lesquels les autres propriétés optiques et
magnétiques font défaut.
2. Comparaison avec la constitution chimique. — L'étude des relations
entre le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets et la constitution
chimique a été faite depuis Hartley (1872) par un grand nombre d'auteurs.
On trouve d'une façon générale que si l'on compare des corps appartenant
à une même série chimique, le pouvoir d'absorption augmente au fur et à
mesure que la molécule devient déplus en plus complexe ; de plus, la substi-
tution de certains groupements moléculaires à d'autres (par exemple Ml-
à OH) produit une exaltation de l'absorption. Enfin, très souvent, la struc-
ture stéréochimique de la molécule influe sur l'absorption des rayons ultra-
violets (acides maléique et fumarique; citraconique, mésaconique et itaco-
nique).
.'!. Comparaison avec la labilité chimique. -- Il existe encore une autre
relation entre le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets et une
propriété chimique fondamentale que l'on pourrait désigner par le nom de
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1 98 1
labilitè chimique. Le fait que certains corps réagissent facilement, lorsqu'on
les mélange avec d'autres corps, ou qu'ils se décomposent ou se polymé-
risent facilement, tandis que d'autres corps sont stables ou ne donnent lieu
qu'à des réactions extrêmement lentes, constitue une propriété moléculaire
particulière. On peut dire, avec M. Job, que dans le premier cas le corps
contient un grand nombe de molécules prédisposées à la réaction, tandis (pie,
dans le deuxième cas, le nombre de ces molécules prédisposées serait très
faible.
Il y a donc lieu de parler pour chaque corps de la grandeur de sa labilitè
chimique: cette labilitè se mesure par les rilesses des diverses réactions chi-
miques auxquelles donne lieu le corps considéré.
Les théories modernes de la Chimie introduisent de plus en plus la notion
d'électrons dans la représentation du mécanisme des actions chimiques. Il
suffit de rappeler les expériencesdeHaber et Just(i9i 1) sur l'émission d'élec-
trons pendant la réaction entre les métaux alcalins et le phosgène ; les études
de J.-J. Thomson (191 1) sur les rayons positifs; les relations entre l'effet
photoélectrique des rayons ultraviolets, la fluorescence et l'absorption de
ces rayons; le fait que les rayons oc sont constitués par des molécules
d'hélium chargées négativement; les études de Soddy (1913) d'après
lesquelles à l'émission de rayons a correspond une baisse de la valence de
deux unités et à l'émission de rayons (3 une augmentation de la valence du
corps; tout cet ensemble converge vers la théorie électronique des réac-
tions chimiques : un corps qui réagit facilement contient des molécules qui
peuvent libérer ou échanger facilement des électrons; les liaisons entre les
atomes dans une molécule sont produites par des électrons.
L'absorption des rayons ultraviolets étant une propriété électronique, on
est amené à se demander si le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets
n'est pas lié à la labilitè chimique du corps.
Pour étudier cette question, on doit comparer entre eux des corps aussi
semblables que possible, appartenant aux mêmes séries chimiques, les uns
stables, les autres, au contraire, se décomposant facilement ou entrant
facilement en réaction avec d'autres corps. Nous donnons, dans le Tableau
suivant, quelques exemples qui doivent être comparés deux à deux; les
valeurs des constantes d'absorption moléculaires s(3 = -\.io etd) se rap-
portent aux mêmes valeurs de X.
1982 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Corps à labilité chimique faible.
1° Eau H20 o
2° Oxygène O- très faible
3" Acide malonique COOH — Cil2— GOOH ,9
4° Acide succinique COOH — CH2 — CHS— COOH i4
5° Acide butyrique CH3.CH!.CHa.COOH 19
6° Acide tricarballylique COOH. CH2. CHCOOH .CH2. COOH 54
^o ( Diacétyl CH3.CO.CO.CH3 28
7 j Acétonylacètone CH3 . CO . CH2 . CH2 . CO . CH3 1 24
8° Atropine C6H3— CH- GO. OC8H14N 1-5
1
CH2OH
90 Phénanthrène <^ \ <^ ^> 54o
Corps à labilité chimique grande.
s.
i° Eau oxygénée H202 i5
2° Ozone 0:< 2733
3° Acide oxalique COOH — COOH i3o
4° Acide maléique GOOH — CH = CH — GOOH 1940
5° Acide «-crotonique CH3— CH = CH — COOH 700
6° Acide aconitique COOH .CH = C. COOH .CH2. COOH 8100
7» Acétylacétone CH3.CO.CH2.CO.CH3 ioSco
8° Apoatropine C6H5— CH — CO.OC8HuN 78o
II
CH2
9" Anthracène 834o
Il semble donc que l'on puisse énoncer la loi générale suivante :
Les corps dont les molécules sont labiles, c'est-à-dire qui réagissent facile-
ment, absorbent fortement les rayons ultraviolets. Par conséquent, à coté des
effets produits par les' différents groupements chimiques et par la constitution
moléculaire, la prédisposition des molécules à entrer en réaction provoque une
exaltation très forte du pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets.
SÉANCE DU 3o JUIN I()l3. IQ83
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la thermo-électricité des aciers.
Note (') de M. Witoi.d Bro.viewski, présentée par M. H. Le Chatelier.
Dans une Note précédente (2) nous avons pu déterminer, par l'enregistre-
ment photographique, les points critiques du fer électrolytiquc.
J'ai cru utile d'entreprendre par la même méthode des recherches sur les
propriétés thermo-électriques des aciers au carbone, vu que l'élude par
points n'y avait donné que des résultats peu concluants (Harrison, 1902 ;
Belloc, 1903 ; Picheux, 1909).
Les aciers provenaient des usines Holtzer et avaient la composition sui-
vante (3) :
c.
Mn.
Si.
s.
Ph.
0,07
o,o3
indosable
o,oi3
0 , oo5
0,24
o,o3
o,o4
0 , 0 1 5
trace
0,44
0,08
0,nj
0,016
trace
°.79
0,09
indosable
0 , 009
0 , 006
1,12
0,06
0,02
0,022
indosable
L'échauffement se faisait au four à résislance électrique soigneusement bouché avec
des tampons d'amiante. Dans les mêmes conditions a été reprise, à titre de compa-
raison, l'étude du fer électrolytiquc.
Les courbes de la force thermo-électrique du fer et des aciers par rapport
au cuivre, obtenues pendant réchauffement, sont reproduites sur la ligure
suivante, décalées l'une sur l'autre de 1 millivoll.
Nous voyons que les trois points critiques des aciers («,, a,. a3) peuvent
y être remarqués. Pour le fer électrolvtique (E), les points a-, et a3 se mani-
festent aux environs de 73o° et de 95o° par un changement dans la direc-
tion de la courbe. Le dernier de ces points n'avait pas été aperçu dans
l'étude précéden le du fer électrolytiquc, les courbes de la force thermo-
électrique par rapport au cuivre ne dépassant pas 960° et celles par rapport
au platine ayant une sensibilité trop petite.
Dans l'acier extra-doux (0,07 pour 100 de carbone ), le premier point
critique, observé déjà par M. H. Le Chatelier (188G), conserve sa position
( ' ) Présentée dans la séance du 23 juin 191 3.
(,'-) Comptes rendus, t. 15C, 1918, p. 699.
(3) Ces analyses, effectuées aux. usines de Dion, ont été mises à ma disposition par
M. Portevin.
C. H., 1910, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 2^4
ICj84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aux environs de 73o°, alors que le deuxième point descend vers 85o°. Dans
l'acier à 0,24 pour 100 de carbone, nous voyons apparaître la recales-
cence («,) sur l'emplacement du premier point critique (a2), ce qui diffère
1000"
quelque peu des résultats obtenus par la méthode thermique. Le point a%
apparaît faiblement au-dessous de 8oo°.
Dans les aciers plus riches en carbone (o,44j 0,79 et 1,12 pour 100 de
carbone), les points critiques a., et a3 sont confondus avec le point de reca-
lescence, qui se manifeste très nettement par une discontinuité d'environ
j4o microvolts sur la courbe de la force thermo-électrique. Cette disconti-
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. IÇ)S5
nuité est probablement la cause des courants électriques parasites observés
par M. H. Le Chatelier (1904) et par M. Bondouard (1904) aux points cri-
tiques des aciers.
Le pouvoir thermo-électrique des aciers au carbone peut être représenté
assez exactement entre o° et 7000 par une fonction parabolique.
Pour 100 de carbone. Pouvoir ihermo- électrique.
Fer électrolvtique i3," — 0,0780^ -t- 0, 606066 11
0,07 18,1 — < 1 . Oj (86 1 -t- 0 . 000090 t'1
0,24 i(i,<:"> — o,t>go6t -+■ 0.0000S1 1-
o . 4 \ ! 4 . 8 — o , 08 1 2 t -+- o , 00007 >.f:
o, 79 i3, 4 — 0,079s £ -+- o,ooooti()/:
1,12 12,2 — 0,0720^ -+- o,oooo63/-
La position du point neutre varie relativement peu avec la teneur en
carbone et nous pouvons, en première approximation, représenter le pouvoir
thermo-électrique du fer et des aciers au carbone par la formule
dE ,, . _ .,
— = F0 ( 1 — 0,0007 ' + O.0O0O0D t-),
où P0 est le pouvoir thermo-électrique à o".
Au-dessus du point o2 La teneur en carbone influe peu sur le pouvoir
thermo-électrique des aciers et nous pouvons le représenter par des formules
communes,
dE
entre a, et a3 -7- = — J.y — o.oo38 (( — l2) microvolts,
dE
enire a3 et 10000 -7- = — ro,5 -- 0,028 (/ — t6) microvolts,
où l., et t3 sont les températures respectives des points critiques a2 et a ,.
Nous voyons donc que la force thermo-électrique peut donner des indi-
cations sur les points critiques des aciers avec autant ou même plus de
précision que les autres méthodes employées jusqu'à présent dans ce but.
CHIMIE MINÉRALE. — De Faction du gaz CO'2 sur les sulfures minéraux.
INote de M. J\.-D. Costeanu, présentée par M. H. Le Chatelier.
On sait que le gaz CO- chauffé, à l'abri de l'air, à des températures
élevées, se dissocie en oxyde de carbone et oxygène; en sorte que si, à
cette température, un sulfure métallique se trouvait en présence du gaz
carbonique, il pourrait subir une certaine transformation.
1986 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il importe donc de savoir si le gaz CO2 réagit sur les sulfures à des tem-
pératures inférieures à celle de sa dissociation, et de connaître ce qui produit
cette réaction.
Pour effectuer mes recherches, je me suis servi d'un four électrique à
résistance, construit selon les indications données par M. Guntz (') avec
quelques modifications, et gradué à l'aide d'une pince thermo-électrique.
Une certaine quantité de substance pesée dans une nacelle était introduite dans le
fcur. qui communiquait par une de ses extrémités avec une trompe à mercure, par
l'intermédiaire d'un tuyau de plomb mastiqué au golaz et qui, à l'autre extrémité,
était mis en communication avec la source de gaz CO2, consistant dans un tube de
verre qui contenait du carbonate de manganèse pur. Une fois le vide fait dans l'appa-
reil, on réalisait un dégagement de gaz CO2 en chauffant le carbonate de manganèse.
On refaisait encore une fois le vide et on laissait échapper une nouvelle quantité de
gaz CO2, qui était mesurée dans un appareil facile à manier, avant de l'introduire
dans le four. On notait le niveau du mercure d'un manomètre mis en communication
avec l'appareil (la variation du niveau du mercure, à la fin de l'opération, indiquant
l'existence possible d'une réaction du gaz CO2 sur le sulfure), et l'on chauffait ensuite
le four à une température déterminée.
A la fin de l'opération, les gaz étaient pompés par la trompe et conduits dans un
tube refroidi dans de la neige carbonique et de l'acétone, pour les gaz capables de se
liquéfier, et ensuite analysés.
Avec les sulfures d'argent, de cuivre, de cadmium, de bismuth et d'anli-
moine, je n'ai obtenu que des résultats entièrement négatifs, le gaz CO2
n'ayant aucune autre action que celle de remplacer le vide. A ce point de
vue, on pourrait utiliser une atmosphère de gaz carbonique pour transfor-
mer certains sulfures amorphes en sulfures cristallisés, par voie de fusion.
Le gaz CO2 se comporte tout à fait autrement, en ce qui concerne le
sulfure de silicium. Ce sulfure a été préparé par l'action du gaz hydrogène
sulfuré sur du silicium cristallisé, suivant les indications données par
M. P. Sabatier (2). Ce sulfure, ainsi préparé, a fourni à l'analyse des
chiffres sensiblement théoriques.
Le sulfure de silicium, chauffé dans une atmosphère de gaz carbonique ,
se transforme en silice, avec formation de gaz oxyde de carbone et dépôt
de soufre.
La quantité de gaz CO qui a pris naissance et la quantité de soufre
déposée prouvent que la réaction a lieu d'après l'équation
2C02-f-SiS2=2CO-f- aS-i-SiO2.
('; LJuntz, Bull. Soc. chini., 3' série, t. XXVII, 1902, p. 1 53.
(-) P. Sabatier, Comptes rendus, t. 90, 1880. p. 819, et Thèse.
SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 1 987
Ainsi, en opérant à la température de 1 ioo°, j'ai trouvé à la fin de l'ex-
périence : i2icm,,2 de gaz CO et 08,170 de soufre, dosé à l'état de sulfate
de baryte. Cette quantité de soufre est sensiblement approchée de la
quantité théorique, qui est 0^,174 selon l'équation ci-dessus.
Le gaz CO2 a une action très lente, et il semble qu'elle soit contrariée
par une faible couche de silice qui se forme à la surface du sulfure et qui
empêche la transformation du reste; car, si l'on prolonge le temps de
chauffage, elle augmente.
Ayant opéré à des températures moins élevées, j'ai pu constater que la
réaction a lieu même à 45o'\
Dans aucune expérience, je n'ai trouvé la moindre trace de gaz sulfu-
reux, ce qui prouve que le gaz CO3 ne réagit pas sur le soufre à une tem-
pérature élevée. Ce résultat concorde, d'ailleurs, avec le fait que le gaz CO
réagit sur le gaz sulfureux, en donnant du gaz CO2 et un dépôt de soufre,
comme l'a montré Bcrthelot (').
.le me propose d'examiner ce que donnerait la même réaction du gaz
carbonique avec le sulfure de bore, puis d'étendre mes recherches aux
sulfures solubles dans l'eau.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la composition des mélanges gazeux résultant de
Faction de l'eau sur les carbures d' uranium et de thorium. Note de
MM. P. Lebeau et A. Damie.ns, présentée par M. H. Le Chatelier.
•
Dans son étude des carbures métalliques, Henri Moissan a montré que
certains de ces composés donnaient sous l'action de l'eau des mélanges très
complexes d'hydrocarbures. Les carbures des métaux du groupe cérique et
du groupe yttrique, ainsi que ceux d'uranium et de thorium, fournissent en
effet, outre des carbures d'hydrogène liquides et solides, des produits
gazeux dans lesquels ce savant a reconnu et dosé : l'hydrogène, le méthane,
l'éthylène et l'acétylène. Dans les gaz provenant du carbure de thorium,
il a, de plus, signalé la présence, à côté de l'éthylène, d'homologues supé-
rieurs immédiatement absorbables par l'acide sulfurique concentré.
(') Berthklot, Comptes rendus, t. 96, 1 883, p. ai8; Bull. Soc. chini., t. XL,
i883, p. 36a.
1988 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons pensé qu'il était intéressant de faire de nouvelles analyses de
ces mélangea gazeux, en appliquant la méthode que nous avons décrite
antérieurement ( ' ), afin de rechercher si, en dehors des carbures déjà
trouvés, il existait d'autres termes appartenant aux mêmes séries. La pré-
sence de ces carbures supérieurs constituant une cause d'erreur importante
clans les procédés d'analyse utilisés jusqu'ici, nos expériences devenaient
indispensables pour établir la composition réelle de ces gaz complexes.
Pour recueillir les gaz résultant de l'action de l'eau, nous plaçons un
poids connu du carbure dans un tube à essais d'un diamètre de 3e"' dont le
bouchon en verre rodé porte une tubulure centrale surmontée d'un
entonnoir à robinet et une tubulure latérale le mettant en communication
avec un condenseur refroidi à — 23° par du chlorure de mélhyle. Ce
condenseur, destiné à arrêter la vapeur d'eau et les carbures lourds, est
relié lui-même à une trompe à mercure.
Le carbure d'uranium était préalablement pulvérisé sous le xylène, puis
lavé à l'éther anhydre. L'éther était ensuite éliminé par un courant d'hydro-
gène sec. Le carbure de thorium pouvait être employé sous forme de petits
fragments.
La décomposition du carbure d'uranium par l'eau est assez lente; sa durée varie
selon que l'échantillon renferme plus ou moins de graphite, ce qui correspond à une
division plus ou moins grande de la masse; elle se produit dans un délai qui peut
aller de 5 à 2 "> jours et même plus. L'oxyde hydraté qui résulte de cette action de
l'eau possède une couleur verte qu'il conserve après dessiccation dans le vide. 11
fixe à froid l'oxygène avec dégagement de chaleur eu se transformant en une poudre
de couleur foncée. La quantité d'oxygène absorbée correspond à celle qui résulterait
de la transformation d'un hydrate uraneux en hydrate d'oxyde U'Ob. En présence
d'un excès d'eau, f'oxydation se fait plus lentement et le terme final est l'hydrate
uranique. L'hydrate uraneux se dissout dans les acides en donnant des solutions vertes.
Pour le carbure de thorium, l'action de l'eau est terminée après 3 ou 4 jours.
L'hydrate d'oxyde, après dessiccation, ne fixe pas l'oxygène. Malgré les lavages à l'al-
cool et à l'éther, il possède une légère teinte jaune sale due à des produits carbonés
qu'il retient énergiquement. Sa composition est celle de l'hydrate ïhO2. 2ll20.
Les résultais des analyses des produits gazeux sont consignés dans le
Tableau ci-après :
(') P. I.iiu u el \. Damiens, Comptes rendus, t. 150, p. 1 44? ^25 et 557.
SÉANCE DU 3o JUIX IQI3. 1989
Carbure d'uranium. Carbure de thorium.
Numéro de l'échantillon I 12 3 3
Durée de la réaction 6 jours \ i5 jours a3 jours 3 jours 3 jours {
Volume gazeux par gramme de
carbure 35cm',65 34om% 97 32cn,\oo, 55cn,1.3o 56cm',20
Hydrogène ■ 49,70 49,53 28,91 59,77 59:'l6
Méthane i'i,i5 11,81 1 9 , 79 3,09 3, 16
Elhane 23, 43 24,89 22,68 10.66 10,72
Propane 2)97 2,5i 5,55 1,66 1 , 36
Butane °>9° 0,62 4 O' o,83 0,86
Ethylène 2,18 2,34 !>36 2.71 2,85
Propylène et homologues 5,34 5 , 79 i4>43 6,72 6,87
Carbures acétyléniques. ..... . i,33 2,5i 2,55 i5,i6 10,22
L'échantillon n° 1 du carbure d'uranium contenait 1,47 pour 100 de
graphite; l'échantillon n" 2, exempt de graphite, titrait 91,6 pour 100
d'uranium, la teneur en uranium du carbure pur étant 90,80.
Le carbure de thorium présentait la composition suivante : thorium
88, 11 pour 100; carbone combiné 9,21 pour 100; graphite 3,og pour 100,
total 100, 4i. Le rapport du thorium au carbone combiné correspond bien
à la formule C2Th.
De l'examen des résultats de nos analyses on peut tirer les conclusions
suivantes :
Pour un même échantillon, l'action de l'eau a fourni dans deux essais
différents des quantités comparables de mélanges gazeux de composition
très voisines.
Les résultats sont au contraire différents pour un carbure d'uranium
graphitique et un carbure d'uranium non graphitique. Il est à remarquer
que, pour ce dernier, la réaction s'effectuant beaucoup plus lentement, il
parait en résulter une hydrogénation plus complète des hydrocarbures.
Ce fait est établi par la diminution de l'hydrogène libre et par l'augmen-
tation notable de la proportion de la plupart des carbures d'hydrogène et
plus particulièrement celle du méthane, du propane, du butane et du pro-
pylène.
Enfin, ainsi que nous le supposions, l'application de notre méthode ana-
lytique nous a conduits à des résultats présentant une grande divergence
avec ceux qui avaient été donnés antérieurement.
I99O ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la préparation de l'oxycyanure de carbone.
Note de MM. Daniel Berthelot et Henry Gaudechox, présentée
par M. E. Jungfleisch.
Quand on irradie, au moyen des rayons ultraviolets, un mélange d'oxyde
de carbone et de cyanogène, ces deux gaz s'unissent pour former un com-
posé nouveau, l'oxycyanure de carbone, CN.CO.CN (Comptes rendus,
9 juin I9i3). Cette réaction est analogue à celles par lesquelles on
obtient l'oxychlorure de carbone Cl. GO. Cl en partant du mélange de
CO et Cl2; la formaldéhyde H.CO.H, en partant de GO et H2; la formi-
ainide H.CO.NH2, en partant de CO et NH3. Dans tous ces cas l'oxyde
de carbone et le gaz qui lui est mélangé se combinent à volumes égaux,
dans le rayonnement ultraviolet, pour former le produit d'addition.
Nous avons cherché à préparer l'oxycyanure de carbone par d'autres
voies; nous y sommes arrivés par l'effluve électrique. Les réactions de
l'effluve, qui est riche en rayons ultraviolets, sont souvent analogues à
celles de la lampe à mercure; cependant, elles ne se confondent pas avec
elles : ainsi l'effluve combine l'azote avec l'oxygène, l'hydrogène, le sulfure
de carbone, la benzine et de nombreuses matières organiques (M. Ber-
thelot, Mécanique chimique, t. II, p. 362), tandis que les rayons ultra-
violets nous ont donné des résultats négatifs dans tous ces cas; l'effluve
condense, avec élimination d'oxygène, l'oxyde de carbone sur lequel le
rayonnement de la lampe à mercure est sans action, etc.
Nous avons employé l'appareil à tirées concentriques sur cuve à mercure
de M. Berthelot (Traité pratique de l'analyse, des gaz, p. 129-130);
l'effluve était produit par un courant alternatif à jo périodes et un trans-
formateur statique donnant à volonté 3ooo, 6000, 9000, ou 12000 volts.
En principe il vaut mieux, dans ces expériences, employer la tension la
plus faible, car avec les tensions les plus fortes on voit parfois jaillir, en lie
les dépôts solides qui se forment sur les parois internes des tubes, de petites
étincelles, formant pluie de feu, qui, en raison de leur haute température,
produisent des effets autres que l'effluve.
La tension de 3ooo volts s'est montrée insuffisante, car, au bout de
45 minutes, la contraction des gaz était encore faible; en revanche, la ten-
sion de 6000 volts convient bien et combine les gaz CO et C2N2 beaucoup
plus rapidement que l'irradiation de la lampe à mercure, comme cela
résulte des expériences suivantes.
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1991
Un mélange de 3nQ,J,6o CO et 7cm',6o C2N2 étant effluve durant i3 minutes, il dis-
parait ocmI,o,o CO et ocm3,ç)0 C2N2, et il se forme un dépôt jaune d'oxycyanure solide.
L'action est encore plus rapide quand le rapport initial des gaz se rapproche de l'éga-
lité; un mélange de 5cm3,oo CO et 5cmI,8o C- \-, effluve dînant 10 minutes, se con-
tracte de 3cmJ,8o par disparition de volumes égaux de CO et C-N'2.
D'autres expériences avec des mélanges contenant CO en excès ont montré de même
une disparition de volumes sensiblement égaux de CO et C2N2 (parfois il disparaît
un léger excès de CO suivant une remarque déjà faite pour les rayons ultraviolets),
mais il faut éviter de poursuivre l'expérience jusqu'à ce que le mélange soit trop
appauvri en l'un des constituants. Ainsi lorsqu'on prolonge l'effluvage jusqu'à dispa-
rition totale de l'oxyde de carbone, le cyanogène est attaqué à son tour et se condense
avec dégagement d'azote libre. Le dépôt obtenu sur les parois est brun marron et
notablement plus foncé que l'oxycyanure qui est jaune fauve. Le dépôt est partielle-
ment soluble dans l'eau et totalement soluble dans les alcalis, ce qui exclut la pré-
sence du charbon qui est insoluble dans les alcalis. La mise en liberté d'azote ne
s'explique donc pas par une simple décomposition eu C2 et i\'3. mais implique la
formation de produits condensés C'"H" (avec m > n).
L'oxycyanure de carbone tel qu'il résulte de l'action des rayons ultra-
violets est, comme nous l'avons indiqué, à l'état de polymérisation; l'oxy-
cyanure obtenu par l'effluve est à un stade de condensai ion encore plus
avancé. Gela résulte notamment de la lenteur extrême de son hydrolyse
selon le schéma
CN. C< ». C.\ + H OH = CO2 -t- 2 H C\ .
i5'"s d'oxycyanure préparé par l'effluve, hydrolyses par SO'H- dilué
suivant la méthode décrite dans notre Note précédente, ont fourni, au bout
de 4 heures (1 heure à 6o°; 2 heures à 8o°; iheurevers roo°), ime,2rICN
et img,o CO2. Ces quantités correspondent à peu près à 2vo1 HCN pour
ivolC02, mais représentent à peine - du produit, tandis qu'en 2 heures
à Go°, on avait hydrolyse la totalité du produit fourni par les rayons ultra-
violets.
Nous avons fait remarquer précédemment que l'oxycyanure prend nais-
sance dans l'irradiation ultraviolette du mélange de CO el C2N2 à l'état de
corps gazeux au-dessous de ioo° (et vraisemblablement liquide à la tempé-
rature ordinaire), mais se polymérise presque aussitôt. Nous avons cherche
si l'on pourrait l'obtenir par des procédéspurement chimiques à un état non
polymérise.
A cet effet, nous avons essayé les doubles décompositions entre l'oxy-
chlorure de carbone et les cyanures métalliques. Du cyanure d'argent ou du
cyanure de mercure ont été placés, en longs tubes scellés, en présence de
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 255
1992 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gaz phosgène; une des extrémités des tubes était portée à des températures
de 96°-97°; puis i4o°-i 45°; puis i(i50-i70°pendantplusieursheures; l'autre
extrémité était refroidie. Il n'y a eu aucune condensation.
On a fait passer ensuite durant 7 heures un courant de' gaz phosgène
sur du cyanure d'argent chauffé vers 1700 à l'abri de la lumière; le courant
gazeux traversait ensuite un premier vase à condensation à température
ordinaire, puis un second vase plongé dans un tube Dewar refroidi à — 23°.
Le résultat a été négatif.
Nous avons cherché enfin si l'oxycyanure se formerait par l'action de la
chaleur; des mélanges de CO et C2N2 ont été chauffés en cloches courbes
sur cuve à mercure (cloche de verre chauffée durant 1 heure vers 5oo°,
cloche de quartz chauffée durant 4 heures vers 9000). Il ne s'est produit
aucune variation de volume; et l'analyse du mélange a redonné exactement
les gaz initiais. L'oxycyanure ne prend donc pas naissance dans l'action
de la chaleur sur le mélange d'oxyde de carbone et de cyanogène, mais
uniquement dans celle de la lumière qui manifeste ici une spécificité bien
nette.
CHIMIE tinctoriale. — Sur les matières colorantes azoïques de la phénylîso-
xazolone. Note de M. André Meyer, présentée par M. E. Jungfleisch.
Les dérivés azoïques de la phénylisoxazolone que j'ai fait connaître
précédemment ('), ne contenant aucun groupe salifiable, sont par suite
inaptes à la teinture. Une étude de ces composés au point de vue de leurs
affinités pour les fibres textiles devait présenter quelque intérêt. Les dérivés
azoïques des pyrazolqnes, dont la constitution se rapproche de celle des
azoïques de l'isoxazoloné, sont en effet utilisés dans la technique, à cause de
leurs remarquables qualités de solidité à la lumière : la tartrazine en est le
représentant le plus anciennement connu.
J'ai préparé quelques matières colorantes azoïques de la phénylisoxazolone
afin de comparer leurs propriétés tinctoriales avec celles des colorants du
|i\ 1 azol. Ce sont les suivantes :
I. Colorants acides. — Benzène-p-sulfonate de sodium-azopkénylisoxa-
solone, NaSO'-CH'-NiN-C'H'O'N, aH20. - Obtenu à l'aide de
(') André Meyer, Comptes rendus, t. 152. p. 610.
séance du 3o juin io,i3. 199,3
l'acide diazosulfanilique, ce sel de sodium constitue de belles paillettes
brillantes, jaune d'or. En bain acétique, ce colorant teint la soie en belles
nuances jaune d'or. Avec la laine, avec addition de bisulfate alcalin, il
fournit des teintures d'un ton très uni.
— m-xylène-o-sulfonale de sodium-azophénylisoxazolone ,
NaSO3— C6H2(CH:i)'-- N : N — C»H60!N, 2H20.
Sécbé à l'air, ce composé est formé par une poudre cristalline orangée,
assez soluble dans l'eau. En bain acide, il teint la laine et la soie en belles
nuances jaune orangé foncé.
— 'x-naphtalêne-OL-sulfonate de sodùim-azopliényhsoxazolone,
(4)NaSOî— C,0HS— N : N — C9H6Oi\T,2 tPO.
Il dérive de l'acide napblionique. Il se présente en petits cristaux ou en
paillettes brillantes, brun orangé foncé, et teint la laine et la soie en rouge
marron.
— Q-naphlalène-disulfonaLe de sodium-( ■2A).S)-azop/iény/iso,razolone,
(i\aSO3):î=GI0H3— N : N— G9HS02N,2H20.
Préparé avec l'acide amido G, il constitue de lins cristaux orangés teignant
la soie et la laine en belles nuances jaune orangé.
II. Colorants substantifs. — A l'aide de la benzidine et de ses dérivés,
j'ai obtenu quelques colorants substantifs de la pbénylisoxazolone. Le
dérivé tétrazoïque de la base est combiné, en milieu alcalin ou acétique,
avec i"10' de pbénylisoxazolone; au bout de quelques heures, on ajoute, au
produit rouge intermédiaire résultant, imo1 d'une aminé ou d'un phénol
sulfonique, dans les conditions convenables pour la condensation. Il se
produit un virage de la couleur et, après un chauffage modéré, on précipite
le colorant par addition de sel.
La formule générale de ces composés est la suivante, X désignant un
noyau benzénique et Y un reste d'aminé ou de pbénol :
Y _"N ; N— X — X — N: N — C9H60'-N.
— Diphéiiyle-disazo-phénylisoxazolone-naphtionate de sodium
C9H602N - N : N — Cn* — G6 H4 — N : N - Cl»H.s(NHi)(SQ»N»).
1994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce colorant rouge foncé vire au bleu sous l'influence des acides, comme le
rouge Congo. Il teint directement le coton en rouge écarlate.
— Ditolfie-disazo-phënylisoxazolone-anùnonaphtoldisulfonate de sodium
(1.8.3.6)
C»H6O2N-N:N-CfiIP(CH:i)-C6II»(CH3)-N:N-((3)C10H3(NH2)(OH)(SO3INa)2.
Il dérive de l'ortho-tolidine et de l'acide H (combiné en milieu acide).
C'est une poudre violet rougeâtre, virant au bleu violet sous l'action
de SO'H2. Ses teintures sont d'un beau violet foncé.
— Dimélhoxydipliényle - disazo - phénylisoxazolone - aminonaphtoldisulfo-
nate de sodium (8.1.3.5)
C9H«02N — IN :N — C6H3(OCH3)— CGH3(OCH3) — N:N — G10H3(NH-)(OH)(SO3Na)2.
On l'obtient à partir de la dianisidine tétrazotée et combinée avec la phé-
nylisoxazolone et l'acide K (en milieu acide). Il teint en violet les fibres
textiles.
— Diphènyle-disazo-j)hènylisoxazolone-salicylale de sodium. — Constitué
par une poudre brun foncé peu soluble, il teint le coton en orangé clair.
III. Action de la lumière sur les colorants isoxazoloniques. — Ces
colorants possèdent des nuances peu différentes de celles des dérivés cor-
respondants du pyrazol. Ils s'en distinguent nettement par une bien moindre
résistance à l'action de la lumière.
J'ai effectué des essais comparatifs avec des colorants du pyrazol de
constitution bien connue (tarlrazine, jlavazineh, jaunes xylènes lumières,
jaune dianile R, jaune normal 3GL, jaune solide de Guinée R, orangés
pyrazol '(«).
Des tissus teints dans des conditions identiques, avec les colorants des
deux séries, ont été exposés à la lumière, sous verre. Au bout d'un mois,
les colorants du pyrazol n'avaient subi qu'une modification à peine sensible,
ceux de l'isoxazolone étaient notablement dégradés. Les teintures directes
sur coton montraient déjà une importante altération au bout de i5 jours.
Les colorants acides sur soie résistent mieux, mais leur solidité est bien
inférieure à celle des mêmes dérivés sur laine.
(') G. Schultz, Farbstofftabellen, 5e éd., 191 1, p. 12-16. — G. Cohn, Die Pyrazol-
farbstoffe, Stuttgart, 1910.
SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. 1993
Les mêmes échantillons ont été soumis à Faction des radiations ultra-
violettes produites par une lampe à mercure Westinghouse-CooperHewitt,
placée à environ 3o"" de distance. Une partie du tissu, protégée par un
écran, servait de témoin; une autre partie, recouverte d'une lame de verre,
recevait uniquement l'ultraviolet moyen; la partie médiane seule était
exposée à l'irradiation totale.
Les colorants acides isoxazoloniques sur laine ont manifesté la résistance
la meilleure : au bout de 20 jours, l'attaque était à peine perceptible. Avec
la soie, l'action décolorante devient visible dès le troisième jour (exposi-
tion directe) et vers le douzième pour la portion placée sous verre. Les
couleurs directes se décolorent dès le second jour. Les colorants pyrazo-
loniques ne sont pas altérés, même en prolongeant l'expérience pendant
un mois.
Il y a ainsi une grande différence d'action entre l'ultraviolet total et
l'ultraviolet moyen. L'influence des rayons ultraviolets moyens n'est cepen-
dant pas comparable à celle de la lumière naturelle.
Le remplacement, dans ces azoïques, du groupe iminé par l'oxygène,
dans le noyau hétérocyclique, provoque ainsi une diminution de la résis-
tance aux influences photochimiques. Ce résultat est en accord avec la
stabilité respective des deux noyaux vis-à-vis des agents chimiques.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la composition du gaz d'eau.
Note de M. Léo Vigxox, présentée par M. A. Carnol.
La vapeur d'eau agissant au rouge sur le carbone donne un gaz combus-
tible (Fontana, 1780). Cette réaction a été l'objet de plusieurs Communi-
cations à l'Académie des Sciences (Comptes rendus, t. VI, i838, p. 178,
180, 207) et de publications dans les Annales de Chimie et de Physique
(t. XXXVIII, i853, p. 356; t. II, 1857, p. 322; 3e série, t. V, p. 239).
Le gaz d'eau se forme essentiellement par la réaction
C-+-II-0 = CO+ II-.
Il est composé d'oxyde de carbone et d'hydrogène à volumes à peu près
égaux; accessoirement il contient de l'anhydride carbonique.
J'ai constaté que le gaz d'eau renfermait toujours, en outre, une petite
proportion de méthane (fait déjà mentionné par Clément et Désormes et
par Langlois). D'autre part, M. Armand Gautier (Comptes rendus, 1910,
p. 1 383 et 1:364 ) a montré que l'hydrogène réagissait sur l'oxyde de car-
bone, de 4oo° à 12000, pour former de très petites quantités de méthane.
I99(» ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les expériences que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ont pour
but de préciser l'origine du méthane dans le gaz d'eau et d'étudier les con-
ditions de sa formation.
Expériences. — J'ai préparé d'abord du gaz d'eau en faisant agir de la vapeur
d'eau sur deux échantillons de coke de gaz A et B, et sur un échantillon de charbon
de sucre C; j'ai déterminé les cendres de ces trois échantillons et j'ai dosé la chaux
contenue dans ces cendres.
Chaux
Cendres. (soluble dans les acides).
Coke de gaz A 10,60 pour 1 oo de coke 7,33 pour ioo des cendres
ld. B S, 70 ». s, ,7
Charbon de sucre C... 1,22 » 0,80 »
Avec les cokes A et B j'ai obtenu des gaz d'eau contenant en inoverine (C< » et GO1
déduits) :
Pour 100.
1 1 yd rogèn e 96,55
Méthane 3,4-5
Dans les mêmes conditions le charbon de sucre a donné :
l'our roo.
Hydrogène, plus de 98
Méthane, moins de 2
M. Armand Gautier avait obtenu, par réaction de l'hydrogène sur l'oxyde de car-
bone (CO et CO2 déduits) (Comptes rendus, 1910, p. i564) :
A 100°. A 1300".
Hydrogène 99, 80 98,6a
Méthane 0,211 1 ,35
En préparant du gaz d'eau avec du carbone très pauvre en chaux, j'ai obtenu, en
somme, un gaz d'eau contenant moins de méthane que celui qui est formé avec le coke
de gaz; les proportions de méthane de ce gaz se rapprochent de celles qui ont été
trouvées; par Armand Gautier. J'ai été conduit, par suite, à examiner l'influence de la
chaux sur la composition du gaz d'eau.
Gaz (Veau formé en présence de chaux. — Les résultats qui précèdent
doivent être reliés à ceux que j'ai obtenus en étudiant la décomposition de
la vapeur d'eau par le carbone en présence de la chaux (Comptes rendus,
27 mars 191 1). Dans ces conditions, on obtient d'importantes proportions
de méthane qui se forme aux dépens de l'oxyde de carbone.
Ces expériences avaient été faites à des températures comprises entre (>oo°
et 800", au-dessous du point de décomposition du carbonate de calcium; à
ces températures le gaz d'eau se forme, mais plus lentement qu'aux tempé-
ratures plus élevées; il contient, en outre, beaucoup de COJ.
Dans les expériences que je communique aujourd'hui, j'ai opéré au-
SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 1997
dessus du point de décomposition du carbonate de calcium, c'est-à-dire à
la température normale de formation du gaz d'eau.
Première série : Coke avec 10 pour 100 CaO. — La vapeur d'eau passant, en léger
excès, sur un mélange de 100S coke et 10= CaO. vers iooù°, a donné un mélange
gazeux renfermant en moyenne (CO et CO! déduits) :
Pour 100
Hydrogène s-s
Méthane 12
Deuxième série: Coke avec iô pour 100 CaO (ioo« coke, i5s CaO vers 10000). — Les
g,i/. obtenus renferment en moyenne (CO et CO2 déduits) :
Pour [nu.
Hyd rogène 81
Méthane 19
Troisième série : Coke avec 5o pour 100 CaO (100s coke, 5os CaO). — Composi-
tion moyenne des gaz obtenus (CO et CO2 déduits) :
Pour 100.
Hydrogène 77
Méthane là
Pour éclaircir le mécanisme de la formation du méthane, j'ai fait agir
sur CaO, vers iooo0, les éléments composants du gaz d'eau en présence
de vapeur d'eau.
Réactions de I ■* ». 1 10*, H2, CH4, humides, purs ou mélangés, sur CaO vers 10000:
i° L'oxyde de carbone pur, humide, après réaction sur Ca O, a donné (CO2 déduit 1 :
Pour 100.
Oxj de de carbone 10, 3
.Méthane 1 1 . 1
Hydrogène 78,6
Il s'est donc produit au contact de CaO :
CO + H20 = CO2^- H'2,
CO-i-3(H2) = CH4 + H20.
2° Gaz d'eau (CO -+- H2) passant humide sur CaO à ioooj :
Pour 100.
Oxyde de carbone 10,4
Méthane 10, 3
Hydrogène 79, 3
3° Un mélange de CO, CO2, CH1, H2 humides :
Avant passage. Vprès passage sur CaO.
Acide carbonique 4>5 absorbé avant analyse
Oxyde de carbone 8,1 5,8
Méthane 10,1 12,6
Hydrogène 77 , 3 79 , 6
199^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
4° Un mélange de CO2 et H2 humides :
Avant passage. Après passage sur CaO.
Acide carbonique 26 absorbé avant analyse
Oxyde de carbone o y 10,1
Méthane o 12,2
Hydrogène 7 4 77,7
On déduit de là l'existence des réactions
C02-hH2=C0-t-H20,
C02 + 4(H2)=CH*-r-2(H20).
Conclusions. — L'origine du méthane dans le gaz d'eau provient des
réactions
(1) 4(C0)H-2(H20) = 3(C02) + (JH1;
(2) 2(CO) + 2(H2) = C0!+CH4;
(3) CO!+4(H2) = CH4+2(H!0).
La réaction (2) s'effectue directement, en très petites proportions, ainsi
que l'a montré M. Armand Gautier.
Dans la préparation du gaz d'eau obtenu avec le coke, la chaux du coke
intervient et la quantité de méthane produite augmente dans de grandes
proportions.
Au-dessous de 8oo°, la formation de CO'Ca est certainement'un facteur
important de la production de Cil1. Au-dessus de la température de
décomposition de CO'Ca, c'est-à-dire au-dessus de 9000, CaO agit comme
catalyseur, en favorisant les réactions (1), (2) et (3).
CHIMIE MINÉRALE. — Sur i existence des bromites. Note de M. J. Clarexs,
transmise par M. Paul Sabatier.
D'une solution ft hyoobromile récemment préparée par dissolution lente
de vapeurs de brome dans une solution de potasse ou de soude, on fait deux
parts: l'une est traitée par un excès de sel ammoniacal, l'autre est préalable-
ment portée aux environs de 80" pendant quelques minutes, puis traitée à
son tour par un excès de sel ammoniacal.
Les deux solutions ainsi obtenues ne se comportent pa,s de la même façon
vis-à-\i^ de Vacide arsènieux en solution alcaline et à froid : tandis que
la première est sensiblement sans action sur ce réactif, on constate que la
seconde a conservé vis-à-vis de l'acide arsènieux, dans les conditions pré-
SÉANCE DU 3o JUIN 191 3. 1999
cisées plus haut, un pouvoir oxydant qui peut atteindre le -^ du pouvoir
oxydant de la solution initiale d'hypobromite.
Il subsiste donc dans la deuxième liqueur un composé qui n'est pas l'hypo-
bromite, puisqu'il ne réagit pas sur le sel ammoniacal, qui n'est pas non plus
du bromate puisqu'il réagit à froid sur l'acide arsénieux en milieu alcalin,
et qui provient évidemment de la transformation de l'hypobromile sous
l'influence de l'élévation de température qu'on lui a fait subir : très vrai-
semblablement ce composé est un bromite.
Pour la détermination de sa formule, j'ai suivi le mode opératoire
suivant :
Je pars, naturellement, d'un hypobromite renfermant une quantité notable du corps
en question; je prélève un échantillon de 3ocm' ou /JocmS que je traite par un léger
excès d'un sel ammoniacal ou d'urée. Je détruis ainsi rhypobromite. Le liquide
obtenu est additionné alors de nitrate d'argent jusqu'à apparition d'un précipité brun
permanent, ce qui ne se produit que lorsque tout le bromure de la solution a été pré-
cipité à l'état de bromure d'argent jaune (Journal of Am. Soc, t. XXXI, 1909, p. 5).
Je filtre alors: la solution ne renferme plus que le bromate et le composé étudié, bro-
mite probable.
De cette solution, je prélève trois échantillons de même volume.
Je détermine le pouvoir oxydant de l'un vis-à-vis de l'acide arsénieux en milieu
alcalin et à froid : j'ai ainsi la quantité d'oxygène cédée par le bromite r) qu'il
renfermait.
Sur le second, je détermine le pouvoir oxydant de la somme bromate ■+■ bromite (?)
en mesurant le pouvoir oxydant vis-à-vis de l'acide arsénieux, à chaud et en milieu
fortement acide. La comparaison des deux résultats ci-dessus donne la part qui revient
au bromate et celle qui revient au bromite (?) dans le pouvoir oxydant total.
Sur ce troisième échantillon évaporé au bain-marie, puis calciné pour transformer
bromite (?) et bromate en bromure, je dose le brome par la méthode de Volhard.
De la quantité d'oxygène cédée par le bromate je puis déduire la quantité de
brome attribuable à ce bromate. Par différence j'ai la quantité de brome due au
bromite (?).
J'ai vérifié par plusieurs déterminations toutes concordantes que cette
quantité de brome est à la quantité d'oxygène cédée par le bromate, déter-
minée sur l'échantillon 1, comme 80 est à 32. La formule du composé étudié
est donc bien Br02M : c'est bien un bromite.
La méthode de dosage à employer dans le cas de mélanges : hypobrumite-
bromile-bromate , résulte de tout ce qui précède :
Sur un premier échantillon on déterminera, à l'aide d'une solution titrée d'arsénite
de sodium, la somme hypobromite -+- bromite.
Sur un deuxième échantillon préalablement traité par un excès de sel ammoniacal
C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N°; 36.) ^56
2000 ACADEMIE DES SCIENCES.
ou d'urée, la mesure du pouvoir oxvdant vis-à-vis del'arsénite de sodium à froid don-
aera le terme bromite.
Enfin sur un troisième échantillon, on déterminera la somme hypobromite -+- bro-
mite -+- bromale par la détermination du pouvoir oxydant vis-à-vis de l'acide arsénieux,
à chaud, et en milieu fortement acide.
La comparaison des trois résultais ainsi obtenus donne facilement chacun des
terme* : hypobromite, bromite et bromate.
Dans l'application de cette méthode de dosage, quelques précautions sont, cepen-
dant, nécessaires pour arriver à des résultats absolu ments corrects. Dans une discussion
dont les détails et les conclusions sont publiés ailleurs (Thèse de doctorat, Toulouse.
igi3), j'ai étudié successivement les diverses causes possibles de perturbations. J'ai
ainsi montré que, dans les conditions habituelles, on pouvait considérer comme négli-
geable l'action des bromites sur les sels ammoniacaux; j'ai donné un procédé très
simple permettant d'évaluer la quantité d'hvpobromite subsistant dans les mélanges
après l'action du sel ammoniacal ; j'ai déterminé dans quelles conditions de dilution
des solutions ammoniacales employées, on devait se placer, pour que l'addition de ees
solutions ne détermine pas une élévation de température suffisante pour amener la
transformation d'une partie de l 'hypobromite en bromite, faussant ainsi la composition
du liquide à titrer.
La parfaite régularité des résultats obtenus par l'application de ce mode
opératoire, ainsi réglementé, dans l'étude de l'évolution de nombreuses
solutions d'hypobromiles, m'a surabondamment démontré sa correction.
BOTANIQUE. — Sur un hybride de greffe entre Pêcher et Amandier. Note de
MM. L. Daniel et J. Df.i.pon, présentée par M. Gaston Bonnier.
Il y a quelques années, en 1905, à Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne), un
Amandier vigoureux fut recépé à une petite distance du collet. 11 fournit
un certain nombre de pousses de remplacement qui furent écussonnées en
août, à œil donnant, avec des bourgeons provenant d'un Pêcher à fruits
jaunes, habituellement cultivé dans le pays et n'ayant jusqu'alors mani-
festé aucune variation. Au printemps suivant, tous les écussons se dévelop-
pèrent vigoureusement, et à l'automne, ils portaient déjà quelques bour-
geons à fruits. L'année d'après, ceux-ci fleurirent à l'époque normale et
donnèrent des pèches à chair jaune, absolument identiques à celles de la
variété choisie comme greffon.
La troisième année de greffe, tous les écussons commencèrent à se modi-
fier d'une façon singulière. Les fleurs, semblables à celles du Pêcher, four-
nirent des fruits plus ou moins intermédiaires entre ceux du Pêcher et de
SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. P.OOI
l'Amandier. Leur chair était assez mince, molle, tendre et colorée comme
celle de la pèche, mais de qualité très médiocre. Les noyaux étaient, à des
degrés divers, intermédiaires comme taille, forme, nature des sculptures,,
entre les noyaux normaux du Pêcher et de l'Amandier. s,
Fait théoriquement intéressant, les pousses hybrides de greffe ne par-
taient pas du bourrelet même, comme cela se produit le plus souvent pour
ces formations ( Cytùus Adami, Cratcegomespilus Dardari, Pyrocydonia
Dameli). Le greffon n'en présentait qu'à des distances du bourrelet supé-
rieures à 3o'm. Vers le milieu de la charpente, se trouvaient isolément des
pousses pures de Pêcher et d'Amandier. On rencontrait aussi, ça et là, sur
la charpente du greffon, des pousses fruitières de trois sortes : Amandier
pur, Pêcher pur, et des pousses intermédiaires entre les deux espèces.
Quelquefois un même rameau portait à la fois des feuilles de Pécher et des
feuilles d'Amandier. Le port des greffons différait à la fois de celui du
Pêcher et de celui de l'Amandier; les tiges étaient plus érigées, plus régu-
lières et formaient une tète presque hémisphérique. Les années suivantes,
ces phénomènes se reproduisirent et la variation était iixée. Mais le pro-
priétaire de cet arbre singulier, ne lui trouvant aucun intérêt pratique, l'a
sacrifié.
Deux noyaux provenant du greffon ont germé et donné deux jeunes
arbres, dont l'un est vigoureux et l'autre chétif. Aucun d'eux n'a encore
fleuri. D'après leurs feuilles, on constate qu'ils offrent à la fois quelques
ressemblances avec le Pêcher et l'Amandier. Les stipules du premier sont
grandes et tombent tardivement comme dans le Pêcher, mais les dents de
la feuille sont grandes et régulières comme dans l'Amandier. De nombreux
nectaires foliaires sont disposés comme dans le Pêcher, et il en est de même
delà nervation. La structure anatomique du pétiole et du limbe rappelle
celle de l'Amandier. Les stipules du second sont caduques et petites comme
dans l'Amandier, mais la disposition des nectaires et des dents de la feuille
rappelle celle du Pêcher; la nervation est plus serrée comme dans l'Aman-
dier. La structure anatomique du pétiole et du limbe est voisine de celle
du Pêcher.
Les caractères de l'hybride de greffe ci-dessus décrit, avec ses feuilles,
ses fruits et ses noyaux intermédiaires entre le sujet et le greffon, offrent
beaucoup de rapports avec ceux de VAmygda/us commuais persicoides Ser.
des horticulteurs qui est considéré comme un hybride sexuel, mais dont
l'origine est inconnue en réalité. D'après les résultats signalés ici, on peut
plus rationnellement supposer qu'il s'agit d'un hybride de greffe multiplié
2002 ACADEMIE DES SCIENCES.
sans état civil. Sa formation, à une assez grande distance du bourrelet,
montre que l'hybridation par greffe peut s'effectuer sur le greffon à une
distance variable des tissus de soudure et ce fait confirme, à ce point de
vue, les phénomènes signalés, par l'un de nous, dans les Aubergines et
Piments greffés sur Tomates et dans les Vignes greffées. Il rappelle aussi
le cas des pousses d'Amandier pur signalées par des horticulteurs sur des
Pêchers greffés sur Amandier, il y a quelques années; mais dans notre
hybride de greffe, la réaction a été beaucoup plus complète, puisque non
seulement coexistent sur le greffon des pousses pures du sujet et du greffon,
mais encore des organes nettement intermédiaires à des degrés divers
(feuilles, fruits et noyaux) entre les deux associés; en un mot, il réalise une
mosaïque de caractères pœcilodynames quand ceux qu'on a signalés,
jusqu'ici dans le Pêcher, représentent une mosaïque de caractères dicho-
dynames.
BOTANIQUE. — Le genre Baseonema à Madagascar. Note de M. P. Choux,
présentée par M. Gaston Bonnier.
Le genre Baseonema a été créé en 1896 par MM. Schlechter et Rendle(')
pour une Asclépiadée de la tribu des Périplocées (le Baseonema Gregorii,
de l'Afrique orientale), qui se distinguerait de toutes les autres Périplocées
connues : i° par l'absence de couronne; 2° par ses filets staminaux dilatés à
la base puis filiformes; 3° par la présence de petits lobules adhérents à la
corolle et alternes avec les étamines. Depuis lors, d'ailleurs, aucune autre
espèce n'a été signalée.
Or, au cours d'une étude que nous poursuivons actuellement sur les
Asclépiadacées de Madagascar avec des matériaux recueillis par M. Perrier
de la Bàthie et que M. le professeur Jumelle a bien voulu nous confier, nous
avons trouvé trois plantes qui appartiendraient également à ce genre
Baseonema tel qu'il a été établi par MM. Schlechter et Rendle.
< les trois Périplocées ne présentent, en effet, aucune trace de couronne, et
montrent nettement, entre les étamines, de petits lobules quadrangulaires;
quant aux formations que MM. Schlechter et Bendle considèrent comme la
dilatation basilaire des fdets staminaux, elles existent bien dans nos trois
(') li. Schlechter et A.-B. Rendle, New African Asc/epiads i The Journal of Bot.,
i. \\\1\ . 1896, p. 97, Tab. :î.ïC).
SÉANCE DU 3o JUIN IÇ)l3. 20o3
espèces, mais nous ne serions pas tout à fait de l'avis de ces auteurs en ce
qui concerne leur interprétation, du moins d'après ce que nous avons pu
constater dans nos échantillons. Si, en effet, sur des spécimens desséchés,
on peut croire que la partie charnue qui se trouve à la base de la corolle
appartient aux filets staminaux, sur des exemplaires conservés dans le formol,
comme nous en avons eus pour deux de ces espèces, il nous semble bien que
cette partie charnue appartient en réalité à la corolle; et c'est sur la face
interne de cette sorte d'anneau qui entoure l'ovaire que prennent naissance
les filets staminaux grêles; quant aux lobules interstaminaux, ils sont à la
partie supérieure de cet anneau auquel ils adhèrent par leur base. C'est bien
d'ailleurs ce qui paraît avoir lieu dans le Baseonema Gregorii d'après la
figure donnée par MM. Schlechter et Rendle.
Nos trois Baseonema ont été récoltés l'un en 191 1 dans les bois secs du
mont Vatovavy vers 4oom d'altitude, les deux autres en 191 2 dans les bois
de l'AnoIamazoatra vers 8oom.
Ce sont des lianes grêles dont les deux dernières renferment, en outre, un latex
poisseux. L'appareil foliaire permet de les distinguer facilement : les feuilles sont en
effet ovales ou obovales avec un sommet tantôt aigu, tantôt obtus, tronqué ou minuscu-
lement émarginé clans le Baseonema multiflorum, ovales ou ovales-lancéolées, mais à
sommet acuminé dans le Baseonema acuminatum et linéaires dans le Baseonema
lineare.
Les inflorescences offrent quelque ressemblance avec celles du Baseonema. Gregorii.
Ce sont en effet des cymes bipares ou tripares assez allongées, pauciflores dans le
B .acuminatum et surtout le B .lineare, mais renfermant au contraire un assez grand
nombre de fleurs dans le B. multiflorum.
Le calice est toujours de petite taille et muni de cinq glandes volumineuses rappelant
celles des Camptocarpus ou des Symphytonema.
La corolle, dont nous avons déjà signalé les particularités, est à pétales peu soudés
à la base et de dimensions à peu près égales dans le B .acuminatum et dans le B . lineare
(4mm,5), mais beaucoup plus petits dans le B .multiflorum (imm,-).
Les élamines sont entièrement glabres et les anthères sont surmontées d'un appen-
dice triangulaire. Les translateurs sont toujours de petite taille et offrent la forme
diine bouteille.
.Nous ne connaissons pas les fruits.
Nos trois espèces, dont une a été communiquée par nous à M. Schlechter
qui a confirmé notre détermination, sont d'ailleurs bien distinctes du
Baseonema Gregorii. Elles ne peuvent non plus être confondues avec une
autre plante que nous croyons aussi devoir faire rentrer dans le même
genre Baseonema; il s'agit de la Périplocée pour laquelle MM. Costantin
l>00/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
et Gallaud (') ont cru devoir, dans leur Révision des Asclëpiadacèes de Mada-
gascar, créer le nom générique de BaronieUa en la nommant Baroniella
ciimptocarpoides. Nous avons pu, en effet, examiner dans l'herbier du
Muséum de Paris les fleurs de ce BaronieUa et nous avons constaté que,
contrairement à ce que pensaient MM. Coslantin et Gallaud, il n'y a pas
de couronne à proprement parler, mais un anneau charnu à la base de la
corolle, portant comme toujours de petits lobules interslaminaux et offrant
par conséquent la structure typique du genre Baseonema. MM. Costantin
et Gallaud avaient eu raison, en somme, d'admettre un genre nouveau,
mais ils ignoraient que ce genre avait déjà été créé quelques années aupa-
ravant par M. Schlechter pour une plante de l'Afrique orientale.
On connaîtrait donc dès lors à Madagascar quatre espèces de Baseonema:
Baseonema multijlorum, Baseonema acuminatum, Baseonema lineare et
Baseonema ( Baroniella ) camplocarpoides .
Il est intéressant de retrouver à Madagascar, et même assez largement
représenté, un genre dont la seule espèce antérieurement connue apparte-
nait à l'Est-Africain anglais.
physiologie VÉGÉTALE. — La pression de l'air dans les lacunes des plantes
aquatiques. Note de M. II. Devaux, présentée par M. Gaston Bonnier.
On sait que toutes les phanérogames aquatiques possèdent des espaces
intercellulaires remplis d'air à l'état gazeux et que l'atmosphère interne
ainsi confinée ne peut se renouveler dans l'eau qui l'environne que par des
échanges purement osmotiques.
Aucune mesure ne semble avoir été faite par les auteurs sur la pression
totale que peuvent acquérir les gaz constituant cette atmosphère interne, et
il m'a paru intéressant de faire des recherches à ce sujet.
Or, comme je l'ai montré ailleurs (a) pour une plante aquatique plongée
dans l'eau aérée, il existe à l'extérieur deux sortes de pressions : la pression
totale ou pression barométrique, mesurable directement, et la pression spé-
ciale des gaz- dissous.
(') Costantin et Gallaud, Révision des Asclëpiadacèes de Madagascar {A nu. d.
Se. nal. : /tôt., gc série, t. VI, 1907, p. 354).
1 1 H. Devaux, Du mécanisme des échanges gazeux chez les plantes aquatiques
submergées (Ami. des Sciences naturelles, 7e série, Bot., t. IX, 1889, p. 100 du tirage
a part).
SÉANCK DU 3o JUIN 1913. '-20o5
La rigidité des parois empêche absolument la pression barométrique de
se faire sentir à l'atmosphère interne (tellement même que l'on peut faire
le vide à l'intérieur) ('). Au contraire, la perméabilité de ces mêmes parois
aux gaz dissous tend à permettre l'égalisation des pressions gazeuses de part
et d'autre.
Si donc la plante est plongée dans l'air libre, la pression dans l'atmo-
sphère interne tendra à être la pression atmosphérique. Mais si elle est
plongée dans de l'eau aérée, cette pression de l'atmosphère interne tendra
à être la pression de dissolution de l'air, non la pression barométrique exis-
tant dans Le liquide.
En un mot, dans tous les cas, l'atmosphère interne de la plante ne tendra à
avoir que la pression gazeuse extérieure. « Si bien qu'un manomètre adapté
directement à la plante donnerait à peu près la pression des gaz dissous
(somme des pressions propres à chaque gaz dissous); tandis qu'un deuxième
manomètre placé à côté, mais dans l'eau, donnerait la pression baromé-
trique (somme des pressions données par l'atmosphère et par la colonne
d'eau surmontant la plante). »
J'ai tenté (2) de réaliser expérimentalement la vue théorique exprimée ici.
c'est-à-dire de mettre un manomètre en communication réelle avec une
plante aquatique.
A cet effet je me suis servi d'un simple tube capillaire, clos à une extrémité et
contenant un index mobile. La partie sectionnée de la plante est adoptée à l'autre
exlrémitéau moyen d'une solution de gélatine à 20 ou 25 pour 100. Cette solution se
coagule vers3o° et donne par refroidissement un joint hermétique très solide.
Dans ces conditions, le tube capillaire est fermé vers l'extérieur, mais il est en libre
communication avec l'air confiné dans la plante et la pression de cet air est marquée à
tout instant par la position de l'index dans le tube.
Dès le début on constate que cet index se maintient au o quand la plante est
plongée soit dans l'air, soit dans l'eau normalement aérée, c'est-à-dire à la pression
atmosphérique. Mais que va-t-il se produire dans l'eau sursaturée? •
Plante dans l'eau sursaturée d'air. — Préparons de l'eau sursaturée d'air par une
forte agitation en vase clos avec de l'air comprimé à 2alm environ. Cette eau est versée
dans une éprouvette et nous y plongeons la plante.
Immédiatement l'index se déplace dans le tube manométrique, il monte assez rapi-
dement, indiquant qu'une pression croissante s'établit dans les lacunes de la plante.
En -quelques minutes la longueur de la colonne gazeuse est réduite à 1s"„", c'est-à-dire
(') l'KVAL'X. /OC. Cit.. p. li*.
(-) Les expériences relatées ici ont été faites pour la plupart en juin 1908. J'ai
tardé à les publier, parce que je comptais les multiplier.
2006 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que la pression est devenue -^^Ji; elle s'est donc accrue de oatra,2o. Mais elle s'élève
encore et l'excès arrive à être voisin d'une oalm,5 si la saturation est forte et qu'aucun
accident secondaire ne se produise.
Avec un rameau iïElodea de i4cm. et une colonne gazeuse de ioomm de long et de
omm,7 de diamètre, l'équilibre se produit en i5 minutes environ.
Mais dans une solution saturée d'acide carbonique il suffit de 2 ou 3 minutes.
Au contraire, dans un manomètre semblable, mais dépourvu de plante, l'index ne
bouge pas ; il indique à très peu près la pression barométrique, quoique plongé au
même niveau.
La démonslration expérimentale de nos prévisions est donc faite : La
pression de V atmosphère interne d'une plante aquatique submergée tend à être
uniquement celle des gaz dissous.
On peut même dire qu'une plante, munie d'un manomètre capillaire,
constitue un petit appareil utile aux physiciens : c'est un instrument per-
mettant de reconnaître et de mesurer la pression propre des gaz dissous dans
l'eau. On pourrait l'appeler un manomètre hydropneumatique.
Rupture des parois. — Un fait très frappant ici est de voir les parois de la
plante, malgré leur délicatesse apparente, résister à une pression interne
considérable pouvant atteindre et dépasser oat,u,5. Cependant leur résis-
tance est limitée, et il est fréquent de voir apparaître tout à coup un filet de
bulles d'un point quelconque de la plante. Cette sortie se produit soit par
une rupture locale d'un point faible de la paroi ('), soit par une blessure
préexistante fermée par simple capillarité. On sait en effet que la sortie
des bulles par une très petite ouverture sous un liquide nécessite une
pression d'autant plus forte que les bulles formées sont plus fines.
Notre petit manomètre hydropneumatique ne peut donc servir pour les
sursaturations un peu fortes; mais pour les variations normales de la pression
de l'air dissous dans les eaux naturelles il donne des indications précieuses.
zoologie. — L'Okapi. Note de M. Wilmet.
L'Okapi, en latin Okapia Jo/mstoni, fut découvert il y a une dizaine
d'années dans les forêts de l'Ituri et de l'Uellé (Congo belge). Ruminant
de la famille des Giraffidés, il constitue l'intermédiaire entre les Giraffidés
tertiaires et les Girafes actuelles.
(') L'éclatement de la paroi sous l'influence d'un excès de pression intérieure est
probablement rare, en dehors des conditions extrêmes réalisées par l'expérience
(Dkvaux, loc. cit., p. 109 du tirage à part).
SÉANCE DU 3o JUIN I()l3. 2007
Okapi est le nom indigène que lui. donnent les populations Walésé et
Mamvu de l'Ituri; Dumba disent les Mabudus et Mangbetus et Kengé les
Arabisés.
Jusqu'à ce jour aucun Okapi n'a pu être l'amené vivant en Europe. Il y a
quelques années on en garda un en captivité pendant quelques jours à Api
et récemment je réussis à en conserver un vivant pendant 1 mois à
Wamba.
D'autres circonstances ont jusqu'aujourd'hui rendu très difficile l'étude de cette
race. Tout d'abord l'animal est très rare et son caractère farouche lui fait fuir le voi-
sinage des centres peuplés. Ensuite sa peau a, aux yeux des indigènes, une très
grande valeur, car ils s'en font des ceintures, des gaines de couteaux et des ornements
qui sont des insignes de chefs.
Les indigènes Mabudus, Mangbetus et Balikas considèrent même l'Okapi comme
Emba (tabou), c'est-à-dire que seuls les chefs peuvent le loucher, en manger et se
parer de ses dépouilles. Pour eux, la valeur d'une peau varie entre 5o et 70 malies,
c'est-à-dire de 75fr à ioofr. En Europe, une belle dépouille d'Okapi est estimée à plus
de 6ooofr, voire même ioooor'.
Seuls les Mambutis, race de pygmées chasseurs, voient les Okapis vivants et les
tuent dans la forêt.
En effet ['Okapi ne vit jamais en plaine, ni en forêt marécageuse, mais dans les
forêts montagneuses. Le centre de l'habitat se trouve aux environs de Medge, vers les
sources de la Gayo et dans les forêts montagueuses des Walésés où il y a d'immenses
territoires non peuplés.
Le pelage de la bête est très velouté, noir et blanc ou brun et blanc. La
couleur n'est particulière ni à une race, ni au sexe, ni à l'âge : un -jeune
Okapi au pelage noir peut accompagner une femelle au pelage brun et
vice versa. L'Okapi est d'une extrême propreté et se lèche, comme les
chats, pour se nettoyer. Il veille sans cesse à éviter la boue et tout ce qui
pourrait ternir la blancheur de ses pattes blanches musclées.
L'animal a les lèvres noires et la langue bleue et très longue. Les oreilles, très
grandes et très mobiles, sont remplies de poils. L'ouïe et l'odorat sont très déve-
loppés. Fort craintive, la bête se défend par des ruades très vigoureuses. Le sabot est
divisé à la façon des chamois.
Vers l'âge de 1 mois, l'Okapi mesure im,o5 au garot; un mois après, il a im, 1-
environ et, adulte, il atteint même la taille du cheval.
Les mâles ont de très petites cornes et les femelles n'en ont aucune trace.
L'Okapi voyage et mange la nuit. Il fuit la grande lumière et en semble ébloui. 11
ne broute pas les herbes, mais mange les feuilles des arbres et des arbustes, du
mangier entre autres et particulièrement les jeunes tiges dont il est très friand.
Pour boire, il est obligé d'écarter fortement les pattes de devant, vu la hauteur de
l'avant-train. La démarche est absolument celle de la girafe, c'est-à-dire qu'il avance
à la fois les deux membres du même côté. Ses allures sont le pas et le galop.
C. R., 1 9 1 3 , 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 207
2008 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La bète dort le jour, debout le plus souvent; quand elle se couche elle se pose la
tète sur une grosse branche, un tronc d'arbre renversé ou un autre support.
L'Okapi ne vil pas en troupeau, au plus peut-on rencontrer un couple et un jeune.
La femelle n'a qu'un jeune par portée, au dire des indigènes. Les bêles ne s'accouplent
que pendant la saison des pluies; séparés pendant la saison sèche, aux premières pluies
le mâle cherche et suit la piste de sa femrlle et la rejoint si loin soit-elle. Aus-i les
indigènes prétendent que s'ils tuent au piège une femelle, à la saison des pluies, le mâle
sera pris dans la même fosse.
Le jeune Okapi de \\ amba fut pris de la façon suivante : les indigènes à
la récolte du caoutchouc chassaient pour leur subsistance lorsque par
hasard ils rencontrèrent une femelle okapi accompagnée de son jeune.
L'adulte parvint à.fuir, mais le petit fut capturé; delà taille d'un poulain,
la bète se laissa prendre et porter à bras pendant L\ jours, refusant toute-
fois toute nourriture. Arrivée à Wamba fort fatiguée, elle se remit peu
à peu et vécut près d'un mois gardée dans un enclos de ioora sur 5om
construit en forêt pour lui donner l'illusion de la liberté. (Elle fut nourrie
par vingt chèvres laitières et on lui donna du lait condensé délayé dans
de l'eau tiède avec un peu de riz; en fait de feuillages, trop jeune, elle les
refusa tous sauf quelques jeunes tiges de mangicr dont elle se montra
friande.)
Peu à peu le jeune Okapi se familiarisa, venant à l'appel de son nom et
reconnaissant très bien ceuv qui le soignaient, allant même jusqu'à leur
lécher les m lins.
L'espoir de le ramener vivant en Europe naissait déplus en plus, lorsque
le vingt-quatrième jour de sa captivité l'animal, sans motif apparent, refusa
toute nourriture. Trois jours après il mourait.
11 ne me resta que la consolation d'envoyer son squelette et sa peau au
Musée colonial de Tervueren ainsi que les dépouilles de cinq autres Okapi.
I3IOLOGIE. — Nouvelles observations sur la reproduction de la sardine
algérienne ('). Note de M. J. IJoixhioi., présentée par M. Dastre.
Poursuivant l'exposé succinct des résultats de recherches déjà longues,
j'aborderai, dans cette Note, les faits relatifs à la précocité et à la fécondité
de la sardine algérienne.
(') J. Bounhiol, Sur la reproduction delà sardine algérienne (Comptes rendus,
mai 1913).
SÉANCE DU 3o JUIN Ip,l3. 2O0O,
A. A QUEL AGE LA SARDINE SE REPRODUIT-ELLE POUR LA PREMIÈRE FOIS? —
Cette importante question n'a jamais reçu, à ma connaissance, de réponse
nette pour aucune race ou variété de sardine, sur aucun rivage particulier.
En utilisant la méthode anatomique que j'ai déjà signalée l'année der-
nière (') je crois être arrivé à lui donner, en ce qui concerne les côtes de
l'Algérie, une réponse précise.
La sardine algérienne paraît être de taille plutôt petite. Sa longueur
totale (moins la nageoire caudale) n'atteint ici que très exceptionnelle-
ment i4tm,5. C'est un maximum qu'en 7 ans je n'ai pas vu dépassé. A âge
égal, les mâles sont toujours plus petits que les femelles.
Les plus jeunes individus que j'ai observés porteurs de glandes génitales
complètements mûres, en imminence ou en cours d'expulsion de leurs
produits, avaient une taille de io'"1 à io"n,'> et une valeur de -. comprise
entre 8,3 et 8, \. Ils étaient âgés de 1 > mois, à deux semaines près.
Toutes les années n'offrent pas, du reste, la même précocité des jeunes.
La saison comprise entre décembre ic)ioet mars 1 « > t i fut particulièrement
remarquable à ce point de vue.
Au cours d'une période donnée, on ne trouve pas indifféremment des
jeunes trèsprécoces à tous les moments. C'est ainsi que je n'ai jamais ren-
contré des reproducteurs de i3 mois dans le courant de novembre; j'en ai
vu tout-à-fait exceptionnellement fin décembre, très rarement au commen-
cement de janvier, rarement en avril. C'est surtout du i5 janvier au
ij mars qu'on a le plus de chances d'observer les plus jeunes sardines
génitalement mûres.
Cette particularité s'explique assez facilement. En se reportant aux faits
exposés dans ma précédente Communication (2) on ne perdra pas de vue,
en effet, que, d'une part, la période générale de ponte annuelle s'étend
(') J. Boi.nhiol. Sur la détermination de l'âgede la sardine algérienne (Comptes
rendus, 17 juin 1912). — Quelque temps après la publication de cette Note, j'ai eu le
plaisir de trouver dans un travail du Dr Massimo Sella, de l'Institut d'Anatoinie com-
parée de l'Université de Home : Sullo si'iluppo del/o scheletro assiale dei Murenoïdi
(juillet 1912), une parallèle application de cette méthode anatomique (variation de la
position de l'anus avec l'âge) chez les Congres. J'y ai lu, excellemment exprimé, le
souhait de voir utiliser, d'une manière générale, la variation des proportions relatives
des organes pendant la croissance, pour la détermination précise de l'âge de certaines
larves, peu connues biologiquement, telles que les Leptocéphales.
(2) J. Hoi'nhiol, Sur la reproduction de la sardine algérienne (Comptes rendus,
mai 1 y 1 3 ).
20I0 " ACADÉMIE DES SCIENCES.
de novembre à avril et que, d'autre part, la durée individuelle de la germi-
nation ovulaire ne dépasse pas 3 mois. Il en résulte que :
Les animaux ayant plus d'un an, mûrs fin novembre de l'année n ne peuvent être
nés qu'en avril, mars, février, janvier de l'année n~\ ; décembre et novembre de
l'année n-i\ ou bien en avril, mars, février, janvier n-2 et décembre-novembre «-3;
ils peuvent être âgés respectivement de : 19 à 20 mois, 20 à 21 mois, 21 à 22 mois, 22
à 23 mois, q3 à 24 mois, 24 à 23 mois; puis de 3i à 36 mois, etc.
Dans les mêmes conditions, ceux qui arrivent à maturité fin décembre de l'année n
ne peuvent avoirque : 20 à 21 mois, 21 à 22 mois, i[\ à 25 mois; puis 32 à 37 mois;
44 à 49 mois; et provenir des éclosions d'avril, mars, février, janvier de l'année «-1;
décembre de l'année n-2; puis d'avril n-2 à décembre n-3; d'avril n-3k décembre n-[\,
et ainsi de suite pour ceux trouvés mûrs fiu janvier, fin février, fin mars, fin avril.
Les âges déterminés d'après ma méthode ont toujours été trouvés en
concordance générale avec ces prévisions.
La proportion de femelles jeunes et de femelles âgées, parmi les animaux
mûrs d'une même année est très variable. Toutefois, les âgées prédominent
assez nettement en novembre et décembre, au cours des années ordinaires.
Dans certaines années exceptionnelles (191 1, notamment), j'ai observé une
extraordinaire abondance déjeunes dès le mois de décembre.
B. Fkcondité. — Les ovaires mûrs ont, par paires, un volume de aSoo"""1
à 3Goo"""\ En admettant que les ovules bien caractérisés (dimension
moyenne : o"im,52 de diamètre) arrivent tous à maturité et soient pondus,
on obtient le chiffre minimum de 29000 à l\i 000 œufs par femelle.
Dans le calcul de ces nombres, il est, d'ailleurs, tenu compte du volume
de la glande vidée. Il convient d'ajouter que les petits ovules, très nombreux,
dont la plus grande partie arrive certainement à grossir et à mûrir, n'inter-
viennent dans ce calcul que pour une part grossièrement approchée et
évidemment insuffisante. En réalité, la fécondité de la sardine algérienne,
dans les conditions normales, est, le plus souvent, supérieure à celle que
j'indique ci-dessus. Le chiffre de /jSooo peut être admis, chez notre sardine
de petite taille, comme une moyenne très vraisemblable.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Variations de la glycémie pendant V inanition .
Note de M. II. Hierrv et M"e Lucie Fandakd, présentée par M. Dastre.
La teneur en sucre du sang artériel qui, à l'état normal, est sensiblement
fixe pour une espèce animale donnée, peut subir des variations importantes
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 201 t
à la suite de troubles apportés dans l'équilibre de la nutrition. Nous avons
précédemment montré que l'injection d'adrénaline pouvait amener des per-
turbations de la glycémie chez l'animal (Comptes rendus, 10 février iç)i3);
nous montrerons maintenant que l'inanition est également capable d'exercer
une grande influence sur la teneur en sucre du sang.
Nous avons étudié la glycémie totale, c'est-à-dire à la fois le sucre libre,
directement réducteur, et le sucre engagé en combinaison, sucre dont la pré-
sence ne peut être manifestée qu'après scission de la molécule complexe qui
le renferme, et rupture de la liaison qui dissimule sa fonction aldéhydique.
Nous avons pu établir que, dans le sang total, dans le plasma, dans le sérum,
dans divers constituants protéiques de ces liquides, il existe des substances
qui donnent du sucre réducteur après hydrolyse. Nous aurons à revenir sur
l'origine et la nature de ces corps qui ne sont ni des composés glycuroniques,
ni du glycogène, ni des glucosides, comme on l'a successivement prétendu.
Ces combinaisons hydrocarbonées du sang résistent, in vitro, à l'action de
la glycolyse (') et de la potasse étendue et chaude qui font disparaître le
sucre libre; elles sont toutefois rompues à chaud par les acides minéraux (2),
et le sucre réducteur libéré devient ainsi dosable parles procédés ordinaires.
Nous avons hydrolyse le sang en le chauffant à l'autoclave à 1200 avec de
l'acide chlorhydrique (3); après neutralisation, les matières albuminoïdes
sont précipitées par le nitrate mercurique (méthode Bierry-Portier).
Nous avons recherché si, dans l'inanition, le sucre engagé en combinaison
restait dans le sang en quantité fixe, ou bien subissait certaines varia-
tions comme le sucre libre, et pouvait, ainsi que ce dernier, jouer un rôle
dans l'équilibre de la nutrition. Il nous a semblé que cette question présen-
tait un grand intérêt physiologique.
Nous avons fait ces recherches sur des chiens. Un échantillon de sang artériel fut
prélevé à chaque animal, immédiatement avant le début de l'expérience, pour le dosage
(') Il n'y a donc pas de glycolyse apparente comme certains auteurs l'ont affirmé ;
nous sommes entièrement d'accord avec M. Arthus sur ce point.
(-) La première démonstration de l'existence de substances hydrocarbonées en com-
binaison dans le sang revient à Pavy. L'idée « qu'il pouvait, in vitro, se dégager du
sucre dans le sang après chauffage à 56° » doit être rejelée à la suite des expériences
de M. Arthus et des nôtres ; il en est de même de l'existence dans le sang d'un sucre
virtuel qui serait une sorte de glycoside, dédoublable à la fois par l'invertine et
l'émulsine.
(3) Le temps de chauffe et la quantité de H Cl varient un peu avec les sangs ou les
sérums, plus ou inoins riches en protéiques, provenant d'animaux différents.
2012 ACADEMIE DES SCIENCES.
du sucre libre et celui du sucre total après hydrolyse (le poids du sucre total, dimi-
nué du poids du sucre libre, donne la quantité de sucre réducteur provenant des
diverses combinaisons génératrices d'hydrates de carbone). Ces chiens furent mis à
l'inanition ; on leur donna toutefois de l'eau. Nous prîmes à chacun, tous les huit ou dix
jours seulement, de façon à éviter le retentissement des saignées sur la glycémie, la
quantité de sang artériel nécessaire pour faire les deux dosages. Une injection d'adré-
naline fut faite à certains animaux après le troisième jour, afin de mobiliser une partie
de leur glycogène.
Sucre libre. — Le sucre libre reste sensiblement constant dans la première
période de l'inanition (du premier au douzième jour) qui semble corres-
pondre à la période où la réserve en glycogène du foie et des muscles est
encore importante. Le sucre libre diminue dans la période agonique qui
dure 4 ou 5 jours. C'est la confirmation des travaux de Cbauveau et de
Claude Bernard. Nous avons remarqué en outre que, pendant la période
comprise entre les deux précédentes, le sucre libre augmente quelquefois de
façon considérable, pouvant par exemple passer de iB à iB, 8o par litre.
Sucre engagé en combinaison. — Ce sucre subit aussi des variations très
nettes pendant l'inanition. Il augmente généralement, en même temps que
le sucre libre, dans la seconde période. Dans la période agonique, loin de
diminuer, comme le sucre libre, il est au contraire au maximum. Nous
avons constaté ce fait intéressant, même dans certains cas où la déshydra-
talion de l'organisme ne pouvait entrer en jeu.
Glycogène. — A la fin de nos expériences, nous avons dosé le glycogène
du foie et des muscles (métbode lhcrry-Gruzewska). Deux fois seulement,
au bout de 24 jours et de 3i jours d'inanition, nous n'avons trouvé que des
traces de glycogène dans le foie et les muscles, alors que la quantité de
sucre libre était très faible et que celle du sucre combiné était maxima.
Dans les autres cas, même après 28 jours de jeune, nous avons trouvé
du glycogène en quantité notable dans le foie et les muscles (1^,48
pour 100 de glycogène dans le foie et oe, i5 pour 100 dans les muscles au
bout de 28 jours, par exemple). Ces faits viennent justifier les critiques de
Pfluger touchant les recherches sur le glycogène dans lesquelles on a essayé
d'utiliser des animaux prétendus témoins.
Nous donnerons seulement, à titre d'exemple, quelques chiffres obtenus
dans deux de nos expériences :
SÉANCE DU 3o JUIN io,i3. 20l3
Sucre libre Sucre combiné
pour 1000™'. pour 1000™'.
g
I . Chien, 2gk6,/(O0, avant expérience 0,81 0,88
a'3à*j au bout de if\ jours de jeûne. . . 1 ,32 0,90
1 7k".4oo, au bout de 24 jours de jeune. . . o,4i > > V>
11. Chienne, 24kg, 200, avant expérience 1 0)82
(injection de OS, oi5 d'adrénaline dans le péri-
toine après le troisième jour déjeune.)
18*8,700, au bout de 6 jours de jeûne, i 1 ,26
i5ks,3oo, au bout de 1 2 jours de jeûne . 1,88 1,28
Conclusions. — Le sucre engagé en combinaison subil donc, ainsi que le
sucre libre, d'importantes variations pendant l'inanition. A ce sujet se pose
la question du passage des protéiques aux hydrates de carbone. 11 importe
en particulier de savoir si le sucre engagé en combinaison doit être considéré
comme un terme de passage entre le sucre et les protéiques (' ).
PHYSIOLOGIE. — Action de Vendredi thyroïdien sur la sécrétion surrénale.
Note de MM. E. Gley et Alf. Quinquaud, présentée par M. Henn.eg.uy.
La thèse a été soutenue des rapports fonctionnels réciproques enlre
diverses glandes à sécrétion interne, en particulier la thyroïde et les surré-
nales (*); le produit de sécrétion de la première de ces glandes consigne-
rait un excitant pour la seconde et réciproquement l'adrénaline serait un
excitant de la fonction thyroïdienne.
Il est possible de voir par des expériences directes si la thyroïde exerce
une telle influence sur les surrénales. On peut, en effet, recueillir le sang
veineux de ces dernières, qui contient toujours des quantités minimes, mais
parfaitement décelables, d'adrénaline; on sait, d'autre part, que l'extrait de
glande thyroïde contient le principe actif de la sécrétion; là question est de
savoir si des injections d'extrait thyroïdien augmenteront la quantité
d'adrénaline déversée dans le sang veineux des surrénales.
Ce sont ces expériences que nous avons faites.
(') Des expériences en cours, entreprises par l'un de nous avec Albert Jtanc, per-
mettront de donner une réponse à cette question.
(-) H. Eppinger, W. Falta et C. Rudingkr, Ueber die Wechsélwirkungen der Drii-
sen mit innerer Sekretion (Z. fur klin. Med., l. LXV1, 1908, p. i-52 et t. LXVII,
1909. p. 38o).
201'4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le sang de la surrénale gauche élait recueilli sur des animaux préalablement chlo-
ralosés et dont le sang avait été rendu incoagulable par une injection d'albumoses ou
Eig. i. — Action du sang veineux surrénal sur la pression artérielle.
Vieux chien bâtarde, de la1', chloralosé à 3h5o". Pression dans le bout central de l'artère fémorale
droite. En + + injection de 7cm» de sang surrénal normal, provenant d'un autre chien (vieux,
de 30ke,4)> dont le sang avait été rendu incoagulable par une injection de o*,25 par kilogramme
de peptone de Wilte.
d'extrait de tètes de sangsues; ces animaux recevaient ensuite des injeclions d'extrait
thyroïdien et, par comparaison, de diverses autres glandes, foie, pancréas, testicules
ffiPli
,1^00^^:,
?{i7
•ftC«A,"à «V/
En
Fig. 2. — Même chien et mêmes indications que pour la ligure 1.
injection de iocm' de sang surrénal recueilli après que l'animal fournisseur du sang avait reçu une
injection de o»,o3 par kilogramme d'extrait thyroïdien. On voit que l'effet vaso-constricteur n'est pas plus
marqué qu'après l'injection de sang normal. L'effet cardiaque est plus marqué, mais il faut noter que la
quantité de sang normal injecté a été plus faible (-cm' au lieu de 10).
ou reins ('). Les divers échantillons de sang recueilli étaient injectés à un autre
(') L'extrait thyroïdien provenait du bœuf; les extraits de foie, du pancréas et de
reins, du porc, et l'extrait lesliculaire, du taureau.
SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3.
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C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 26. )
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20l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
animal (chien cliloralosé) sur lequel on mesurait les variations de la pression arté-
rielle, l'épreuve de la pression étant une des meilleures que l'on puisse instituer pour
évaluer la teneur en adrénaline d'un liquide organique ou d'un extrait.
Or, les doses faibles d'extrait thyroïdien n'augmentent pas la quantité d'adrénaline du
sang surrénal, comme on peut le voir sur les tracés ci-joinls( fig, 1 et >), choisis entre
bien d'autres. A dose plus forte, os,o5 et os, 10 d'extrait sec par kilogramme d'animal,
la sécrétion surrénale augmente, mais de telles doses ne sont plus physiologiques,
puisqu'elles correspondent à des quantités de tissu frais variant de .')» à 8», c'est-à-dire
dépassant de beaucoup le poids de toute la thyroïde d'un fort chien. D'autre part, les
autres extraits d'organes exercent la même action sur la surrénale; nous donnons de
ce fait un exemple dans la figure 3, et ce que l'on voit ici avec l'extrait hépatique,
nous l'avons obtenu avec les autres extraits que nous avons employés. L'action de
l'extrait thyroïdien n'est donc point spécifique.
Les expériences de ce genre ne sont donc pas favorables à la théorie des
i nier relations humorales, telle du moins qu'elle se présente actuellement.
PHYSIOLOGIE. — Les glandes génitales et le système dentaire.
Note de M. R. Robinsox, présentée par M. Léon Labbé.
On connaît l'action des facteurs chimiques (acides) et des agents méca-
niques sur la décalcification et l'usure des dents; on sait aussi que le
manque d'hygiène entretient et favorise l'éclosion des microbes pathogènes
dans la bouche et provoque l'inflammation des gencives et la dénutrition
du système dentaire. Mais cette pathogénie simpliste n'explique guère les
modifications intimes du métabolisme de ce système, car, dans un même
groupe d'individus soumis au régime et aux soins identiques, les uns conti-
nuent à avoir une dentition satisfaisante, les autres non.
Nous nous sommes demandé si le vieil adage des accoucheurs, qui dit :
chaque grossesse coûte une dent à la femme, contenait une part de vérité.
Autrement dit, si la sécrétion endocrine des glandes génitales pouvait
inlluencer tant soit peu la nutrition du système dentaire.
Un fait en quelque sorte expérimental nous a frappé d'abord. Dans le
laboratoire de notre regretté maître, M. Lannelongue, vivaient depuis 8
ou () ans sept ânes, dont trois étaient châtrés et les quatre autres non. Ils
étaient nourris exclusivement de foin et avaient servi aux expériences de
sérothérapie antituberculeuse. Ces animaux étaient donc plus ou moins
tubeiculinisés, et ceci est important, vu la fréquence des altérations den-
taires chez les tuberculeux.
Nos sept solipèdes ont été envoyés à l'Institut Pasteur, où M. Frasey,
SÉANCE DU 3o JUIX I9l3. 2017
vétérinaire distingué de cet établissement, les a examinés. La dentition
était dans un état de perfection que l'on n'est pas habitué à voir chez des
ânes de 10 à i/j ans, -tous du sexe masculin. La géophagie que l'on a
invoquée comme cause de l'usure des dents {Comptes rendus, 1912, séance
du 28 janvier) ne pouvait être supposée ici, puisque le foin contient autant
de terre, sinon plus, que l'avoine par exemple. Le fait saillant à retenir
dans cette observation est la suppression de la fonction sexuelle par défaut
d'individus femelles.
Autre exemple tiré de la pathologie comparée. Nous avons fait l'autopsie
d'un chien griffon dont toutes les dents étaient noires, friables. Nous avons
trouvé une cryplorchidie bilatérale avec atrophie glandulaire. D'ailleurs,
on connaît la calvitie et l'usure des dents des chiens cryptorchides.
Les eunuques, dont la castration est précoce et complète, ont cependant
une chevelure et une dentition parfaite.
Ces deux faits à l'apparence paradoxale se corroborent au contraire.
Chez les cryptorchides, les glandes spécifiques sont longtemps comprimées
et irritées, d'où une exagération de la sécrétion endocrine. Chez les
hommes castrés en bas âge et d'une façon radicale, cette sécrétion n'a
jamais existé.
Expérimentalement, nous avons détruit chez un jeune chien les glandes
sexuelles par l'injection interstitielle d'une substance caustique (periodate
dépotasse). En même temps, nous avons provoqué pendant plusieurs mois
une glycosurie phloridzinique. Les dents examinées par le professeur Mendel
(de l'École dentaire) ont été trouvées intactes.
Ainsi chez les diabétiques et les tabétiques, si la fonction sexuelle est
supprimée de bonne heure, les dents peuvent rester en assez bon état.
Cette notion nous paraît fort importante, car les troubles nutritifs
observés dans certains organes des tuberculeux, des cancéreux et plus
particulièrement des syphilitiques, ne doivent plus être considérés comme
une action directe des microbes et de leurs toxines ; un intermédiaire entre
ceux-ci et les troubles en question semble être obligatoire : ce sera l'inter-
vention d'une glande endocrine. Le métabolisme du calcium, du fluor, du
manganèse, etc., sera ainsi altéré par les lésions ouïes troubles fonctionnels
des glandes endocrines.
Existe-t-il une action réciproque de la part du système dentaire sur la
fonction génitale?
Deux observations qu'il nous a été donné de connaître sont en faveur de
cette hypothèse.
2018 ACADÉMIE DES SCIENCES.
I. Un Arménien, domestique, d'une quarantaine d'années, était au service d'une
grande dame parisienne. Un jour le dentiste de cette personne étant en visite chez
elle, celle-ci demanda au praticien, sur le désir de l'Arménien, d'arracher les quelques
dents de celui-ci. Séance tenante, on fît l'ablation de 18 dents. La victime inconsciente
a eu pour récompense un bon appareil, mais perdit toute fonction sexuelle. Les
glandes de génération, examinées par nous au bout de 3 mois, étaient complètement
atrophiées.
IL Un ouvrier russe de 3o ans environ travaillait depuis quelque temps dans une
fabrique de caramel russe, à Saint-Ouen. Il a perdu en très peu de temps la totalité
de ses dents devenues noires et friables. Cet homme fut atteint par la suite d'une
stérilité complète et de l'atrophie glandulaire.
Ces faits, que nous pourrions multiplier par de nombreuses observations
suivies personnellement dans les hôpitaux de Paris, démontrent la synergie
des glandes sexuelles avec le système dentaire.
Il semble de plus en plus prouvé que l'irritation des glandes génitales
produit une action fâcheuse sur le métabolisme calcaire des os et des dents.
On pourrait donc logiquement, chez les personnes atteintes d'une cadu-
cité précoce des dents, combattre cette action funeste des glandes sexuelles
par l'opothérapie et même, le cas échéant, par une intervention chirurgicale
appropriée à chaque cas (ablation des glandes lésées).
CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Recherches sur les variations de l 'acide
phosphorique dans farine et le foie des cancéreux. Note de
M. Albert Robin, présentée par M. Armand Gautier.
1. Les variations de l'acide phosphorique urinaire chez les cancéreux
sont si étendues que, considérées en bloc, elles semblent échappera toute
systématisation. En tout cas, elles ne présentent rien qui soit caractéris-
tique du cancer.
2. Les variations de l'alimentation figurent au premier rang parmi les
conditions susceptibles d'influencer le taux de l'acide phosphorique
urinaire.
3. Toutefois, en classant les cancéreux en trois groupes (I. Cancéreux
à marche lente, s'alimentant suffisamment; 11. A marche rapide, mal ali-
mentés; III. Cachectiques et inanitiés), on conslate :
a. Que dans les cas du premier groupe, où les pertes sont à peu près
séance du 3o juin io,i3. 2019
compensées par l'apport alimentaire, le rapport de l'azote phosphorique
à l'azote total tend à dépasser la normale, ce qui paraît correspondre à une
activité nutritive plus grande dans les tissus riches en nucléine :
Premier groupe: Sujets s' alimentant suffisamment. — Marche lente.
PhsO°. l'h-o': AzT('). Pir-o- ui ( = ).
2?.o4o 19, o5 pour 100 12,70 pour 100
h. Que dans les cas du deuxième groupe, où Ph-O" s'abaisse notable-
ment, alors que l'azote total se maintient au chiffre des cas du premier
groupe, le processus cancéreux retentit sur tous les albuminoïdes de l'orga-
nisme qui tendent à se désintégrer davantage,' alors que la réfection
alimentaire décroit:
Deuxième groupe: Sujets s'a/imentant mal. — Marche rapide.
Ph'O5. Ph3Os:AzT. Ph-0 : IU.
if, 072 1 5 , 5 pour 100 17,6 pour 100
c. Que dans les cas du troisième groupe, où l'acide phosphorique, l'azote
total et le résidu inorganique décroissent de concert avec élévation du rap-
port de PlrO5 à l'azote total, la plus grande destruction des tissus riches
en nucléine domine la désintégration :
Troisième groupe : Sujets cachectiques et inanitiés.
l'h-O. I'IiO :AzT. l'h O- : Kl.
it',079 22,37 pour 100 22,9 pour 100
4. La diminution de l'acide phosphorique dans le foie cancéreux et chez
les cancéreux cachectiques vient à l'encontre de l'hypothèse émise de réten-
tion des phosphates, car elle exclut toute idée de rétention.
5. La diminution du rapport du Ph-O5 au résidu inorganique dans les
régions les plus atteintes du foie cancéreux, alors que ce rapport reste
normal dans les régions relativement saines, vient à l'appui de la précé-
dente conclusion.
(' ) Azote total.
1 ') Késidu inorganique.
2020 ACADEMIE DES SCIENCES.
Acide phosphorique dans te cancer du foie (pour 1000 de tissu frais).
Ph-CV. AzI. I!. tnorg.
. , . t B t
Foie cancéreux. Marche lente. Parties 1res atteintes ... . 5,46 26,27 44 > ^g
» Marche lente. Parties relativ. saines .. . 6,i5 24,62 47>'38
» Marche rapide. Parties très atteintes .. . 4-3- 16,12 36,73
» Marche rapide. Parties relativ. saines . . 6,85 21,92 4$, 58
Foie normal 7/ , 1 ti 21,. 56 i7.3o
6. L'acide phosphorique lié aux bases terreuses augmente relativement
dans l'urine des cancéreux cachectiques, ce qui est en rapport avec une
diminution parallèle des réserves calciques dans les tissus; mais c'est aussi
le cas dans le foie graisseux alcoolique et dans quelques cas de phtisie
pulmonaire.
7. La localisation osseuse du cancer s'accompagne aussi d'une déminé-
ralisation terreuse qui croit avec l'étendue de la surface envahie.
Acide phosphorique dans les cancers osseux.
Ph-Os
Iota! alcalin terreux Ph-0 : AzT
(A). (B), (C). total. C:A.
II. 62 ans. Période de début, diagnostic
g g g P- ro° P loti
encore incertain 2,700 2,3oo o,4oo 16, 4 i4-s
F. 60 » Huit mois avant la mort .. . 1,764 1,218 o,546 16,0 3o,o,
F. 65 » Quinze jours avant la mort. 0,720 0,280 o,44° 18,0 61,0
F. 28 » Sarcome du fémur 1,690 0,910 0,780 17, 3 46, 1
8. Les variations de l'acide phosphorique en combinaison organique
(Ph803 produit) n'ont rien de caractéristique en ce qui concerne le fait du
cancer.
Phosphore en combinaison organique dans le cancer.
Cancer de l'estomac (H. 60 ans)
» du foie (H. 5o ans)
» du foie (H. 60 ans]
Ph:
O5
Ph C : Pli
PhC: \y
total.
combiné.
total.
total.
s
2,673
0,077
p. I.."
2,88
p. roo
0,6o
2,018
0,025
I ,23
0,19
2,8l4
0,141
5,01
0,93
SÉANCE DU 3o JUIN I0,l3. 2021
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Catalyse biochimique d'une oxydation luminescente.
Note de MM. J. Ville et E. Derrien, présentée par M. A. Gautier.
Les propriétés peroxydasiques (') de la matière colorante du sang et de
ses dérivés ferrugineux (hématine, hémine, etc.) ont été peu utilisées en
dehors des réactions colorées dites réactions du sang, résultant de l'oxyda-
tion d'un grand nombre de composés divers sans intérêt biologique. L'un
de nous (- ) a montré que l'indol pouvait être oxydé par l'eau oxygénée très
diluée en présence d'hématine et donner ainsi de l'indigotine (en passant,
sans doute, par le stade indoxyle), par un mécanisme se rapprochant beau-
coup plus de ce qui doit se passer chez les êtres vivants que dans les autres
procédés d'oxydation : ozone ( Nencki), eau oxyénée à ioovo1 (Porcher).
Les travaux bien connus de Raphaël Dubois (3), sur la biophotogenèse
nous ont incités à rechercher s'il n'était pas possible, en utilisant les pro-
priétés peroxydasiques de la matière colorante du sang, de rapprocher de la
même façon les phénomènes d'oxyluminescencede la production de lumière
par les êtres vivants.
JNos premiers essais ont été faits avec la lophine (triphénylimidazol),
dont l'oxydation luminescente par l'air en présence de potasse alcoolique
concentrée a été étudiée par Radziszewski en 1 87 1 (*). Nous avons con-
staté que l'oxyluminescence de la lophine est nettement catalysée par le
système hématine-H202, ainsi qu'il résulte des faits suivants :
Dans un tube à essais (de i8,umà3o""" de diamètre) on introduit .V"1' d'une solution
à os,4 de lophine pour ioocm' d'alcool absolu, 6 gouttes de solution de soude au
dixième et 10 à ia gouttes d'eau oxygénée à iovo'. En se plaçant dans l'obscurité, on
n'observe aucune luminescence sensible.
Une belle luminescence se manifeste dès qu'on ajoute à la préparation précédente
8 à 10 gouttes d'une solution d'hématine (obtenue en versant goutte à goutte du sang
défibriné dans une solution de 2s d'acide tartrique pour roocm' d'alcool à 85°, à raison
(') Ou pseudoperoxydasiq ues si l'on admet qu'il existe deux sortes de substances
activantes des peroxydes : des pseudoperoxydases comme l'hématine et des peroxydases
vraies de nature diastasique.
(2) E. Derrien, A propos des oxydations par le système sang- peroxyde d'hydro-
gène (Bull. Soc. ckim. de France, 4e série, t. IX, 1 91 1 , p. 808).
(3) R. Dubois, Bull. Soc. zool. de France, 1887; Soc. Biol., t. LUI, 1901, p. 702;
Assoc. franc, pour l'avancement des Sciences, Toulouse, 1910, p. io,4; Comptes
rendus, t. L53, 1911, p. 690.
(4) Radziszewski, D. ch. GeselL. t. \. p. 70.
2022 ACADEMIE DES SCIENCES.
de i goutle de sang par centimètre cube d'alcool tarlrique, et filtrant pour séparer le
précipité proléique).
La luminescence se produit également quand on remplace la solution d'hématine
par quelques cristaux d'Iiémine ou par une dilution sanguine.
Nous avons aussi opéré avec de la lophine en solution dans la pyridine. Dans ce cas,
la présence d'acide tarlrique, seulement favorisante en milieu alcoolique, devient
nécessaire, et l'oxyluminescence n'est obtenue qu'avec l'hémaline ou l'hémine.
En préparant à part deux liquides, l'un avec la solution alcoolique de lophine et la
solution d'hématine, l'autre avec la soude et Peau oxygénée, on obtient, par leur mé-
lange, une luminescence bien plus belle et plus intense que celle observée dans les
conditions précédentes. Si, alors que la luminescence perd de son intensité, on ajoute
un peu d'eau oxygénée et de solution d'hématine, la lumière reprend son intensité
primitive, et cela tant que la préparation renferme de la lophine non modifiée.
Nous avons comparé nos essais d'oxyluminescence par catalyse biochimique avec
les expériences de Radziszewski par simple action chimique, oxydation de la lophine
par l'air en présence de potasse alcoolique. 06,02.5 de lophine avec os, 10 de potasse
dans 5cmI d'alcool absolu ne donne aucune luminescence sensible, alors que notre
essai, précédemment décrit (avec 0^,02 de lophine), manifeste une belle lumines-
cence. Le phénomène continue à s'observer, dans notre cas, même si l'on emploie
des quantités bien moindres de lophine; il est bien apparent avec 08,002 et encore
sensible avec 0^,0002 de lophine. En employant de fortes quantités de lophine, la
comparaison est toujours en faveur de la catalyse hématique.
Dans un ballon, iS de lophine, 4S de potasse et 25c,u' d'alcool absolu (proportions
indiquées par Radziszewski) donnent bien une luminescence nette par agitation à
l'air, mais dans un ballon de mêmes dimensions ig de lophine, 25cmJ d'alcool ab-
solu, 3o gouttes seulement de soude au dixième, 5o gouttes d'eau oxygénée à iovo1 et
3o gouttes de solution d'hématine produisent une luminescence plus belle, permet-
tant d'apercevoir le visage de l'opérateur et de lire l'heure à une montre.
Si, à l'essai fait d'après Radziszewski, et après un certain temps de mise en expé-
rience, on ajoute de l'eau oxygénée, on n'observe rien de particulier; mais si l'on y
verse ensuite quelques gouttes de solution d'hématine, on constate que la luminescence
acquiert alors une bien plus grande intensité.
Nous nous proposons de revenir sur l'intérêt que les faits qui précèdent
présentent à divers points de vue (rôle des peroxydes et des activeurs de
peroxydes dans les phénomènes d'oxyluminescence, action de la lophine
sur la matière colorante du sang, rôle de l'acide tartrique, etc.). Nous sou-
lignerons simplement, pour le moment, les analogies frappantes en ire
l'action de l'association catalytique, à allures oxydasiques, hématinerH-'O-,
sur la lophine, et le mécanisme physiologique découvert par R. Duhois
chez des animaux luisants (Pyrophorus nocti/tœus, Pholas dactylus) : action
d'une luciférase sur une luciférine.
SÉANCE DU 3o JUIN igi3. 2023
CHIMIE BIOLOGIQUE. — L'arsenic et le manganèse dans les feuilles
jeunes et âgées. Note de MM. F. Jadi.v et A. Astruc, présentée
par M. L. Guignard.
Lors de nos précédentes recherches sur la présence de l'arsenic et du
manganèse dans les végétaux ('), notre attention avait été attirée par le
fait que certains organes jeunes, en voie de cuoissance active, se montraient
pauvres en ces deux éléments. D'autre part, Pichard (2), dans ses travaux
sur le manganèse avait écrit : «Le manganèse paraît se concentrer dans les
parties de la plante en activité végétative, dans les feuilles, les jeunes
pousses. »
Il nous semblait que de nouvelles recherches s'imposaient sur ce point.
Nous avons, dès lors, institué des dosages comparatifs d'arsenic et de man-
ganèse sur des feuilles jeunes et âgées d'un même végétal à feuilles persis-
tantes.
Mais comme, suivant leur âge, les divers organes végétaux contiennent
des proportions variables d'eau et de matières minérales, il était indispen-
sable, dans l'expression des résultats, de tenir compte de ces données;
c'est pourquoi nous les avons retenues; elles nous permettront d'envisager
sous diverses faces le problème complexe de biologie végétale relatif à la
présence, dans les végétaux, des deux éléments considérés et de préciser
les observations déjà faites par Pichard.
Les deux Tableaux ci-dessous portent les chiffres obtenus en employant
les méthodes déjà indiquées dans nos publications antérieures et sur
lesquelles il est inutile de revenir.
I. — Arsenic contenu dans ioos de substance {en milligrammes).
Organe frais. Organe sec. Cendres.
Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles
jeunes. âgées. jeunes. âgées. jeunes. âgées.
Cratœgus glabra Tliunb. (Rosacées) 0,010 0,020 o,o36 o,o5i 0,714 0,729
Eriobothrya japonica Lindl. (Rosacées). . 0,012 0,022 o,o43 0,046 o,533 0/173
Prunus Laurocerasus L. (Rosacées) 0.020 o,o3o 0,080 0,077 1 ,ia3 0,7(48
Pittosporum sinense Desf. (Pittosporées) . 0,008 0,012 0,029 o,o33 o,38/j 0,309
Evonymus europœus L. (Célastrinées) . . . 0,008 0.018 0,022 o,o4i 0,208 0,214
Ligustrum vulgare L. (Oléacées) 0,018 0.020 0,007 o,o63 0,837 o,4i8
Laurus nobilis L. (Laurinées) o,o33 o,o4o 0,124 0,106 2,869 ' >9°5
(') Comptes rendus, t. 15'+, p. 8g3; t. loo, p. 291 et 406.
C) Comptes rendus, t. 126, p. 1882.
C. B.,i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 26.) 25p,
2024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. — Manganèse contenu dans ioos de substance {en milligrammes).
Organe frais. Organe sec. Cendres.
Feuilles Fouilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles
jeunes. âgées. jeunes. âgées. jeunes. âgées.
C ratœgus glabra Thunb. (Rosacées) 0,80 i,4o 2,93 3,58 57 , 1 4 5i,o9
Eriobothryajaponica Lincll. (Rosacées) 1,20 i,4° 4 1 3j 2,g5 53,33 3o,io
Prunus Laurocerasus (Rosacées) 0,80 i,5a 3,23 3,91 4 4 > 94 ^7,92
Pittosporurn sinense Desf. ( Pittosporées1) 1,20 !,8o 5i29 /i>97 &j'ity 53,89
Evonymus européens L. (Célastrinées) 0,60 1,20 1,71 2,92 1 5 , 58 14,28
Ligustrum vu/gare L. (Oléacées) i,5o 4i5o 4)77 i4>2-8 69,77 94 > 24
Laurus nobilis L. (Laurinées) 1,20 2,00 4,34 5,33 io4,34 95,23
De l'examen de ces deux Tableaux il résulte que :
1" L'âge d'un même organe végétal influe très sensiblement sur sa teneur
en manganèse et en arsenic; il s'ensuit que les nombres trouvés par l'analyse
doivent être considérés comme ayant une valeur relative et non absolue;
2° Les différences en arsenic et en manganèse observées entre les feuilles
jeunes et âgées d'un même végétal sontsurtout sensibles lorsqu'on rapporte
les résultats au poids frais : les feuilles jeunes sont moins ricbes que les
feuilles âgées.
Rapportées au poids sec, ces différences, bien que restant du même
ordre, sont toutefois moins sensibles.
Rapportées aux cendres, ces différences deviennent d'ordre inverse et
corroborent, en ce qui concerne Je manganèse, la conclusion de Picbard.
(Observons, cependant, que les cbiffres ayant trait au poids sec et aux
cendres présentent quelques exceptions que nous signalonsfidèlemenl, mais
qui ne paraissent pas cbanger l'allure générale de nos conclusions.)
Les résultats de cette Note et ceux publiés précédemment {J011rn.de
Pharm. et Chim., 7e série, t. VI, p. 329; t. VU, p. i55 ) montrent, une
lois déplus, la nécessité, dans les recherches de Chimie végétale, de bien
établir le point de départ, c'est-à-dire le poids frais, le poids sec ou les
cendres de l'organe mis en œuvre.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les substances protèiques de la levure.
Note de M. Pierre Thomas, présentée par M. Roux.
Les substances protéiques de la levure ont été peu étudiées jusqu'à
présent. Les seuls travaux renfermant quelques résultats précis sont ceux
SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 2023
de Kossel ('), qui a réussi à en extraire, par l'action de la soude 1res
diluée, une substance appartenant vraisemblablement au groupe des
nucléines, et celui de Sclirôder (2 ), qui a obtenu, par autolyse en présence
d'étber, un produit coagulable mal défini.
J'ai réussi à obtenir, en partant de levure partiellement autolysée, deux
substances bien différentes l'une de l'antre, dont voici les principales pro-
priétés :
La première est insoluble dans l'eau, peu soluble dans les solutions de
sel marin à 10 pour ioo, et cette solution est incoagulable par la chaleur.
Elle se dissout dans les solutions étendues de soude, dans l'eau de chaux et
dans les carbonates alcalins; les acides minéraux et l'acide acétique la pré-
cipitent de ces solutions. Dans la solution alcaline, l'acide phospliorique
t'ait naître un précipité qui se redissout par un léger chauffage et reparaît
par refroidissement.
Cette substance contient de iG, 10 à îG, 18 pour ioo d'azote, 1,70 à
i,83 pour 100 de phosphore et o,38 pour 100 de soufre; elle donne toutes
les réactions colorées des substances albuminoïdes. Par ses propriétés, elle
parait se ranger assez près de la caséine, dans le groupe des corps impro-
prement désignés sous le nom de paranucléoprotéides . Pour cette raison, je
l'ai soumise à une étude comparative avec la caséine et l'ovovitelline; cette
étude est résumée dans le Tableau suivant :
l'intente
Caséine. de levure. Vitelline.
Solubilité dans Na Cl à 10 p. 100. presque insoluble peu soluble très soluble
Solubilité dans l'eau de chaux.. . . très soluble assez soluble très peu soluble
Valeur de pfl au début de la pré-
cipitation (3 ) 4)2 — 6,3 6,3 — 6,8 8,3 — 8.1
Coagulation par la présure presque complète incomplète nulle
La concentration en ions H nécessaire pour produire le début de la préci-
pitation des protéides a été déterminée en ajoutant des quantités crois-
santes d'acide phospliorique à leurs solutions sodiques, en présence d'une
série convenablement choisie d'indicateurs (hélianthine, rouge de méthyle,
rouge neutre, naphtol-phtaléine, phénol-phtaléine).
La coagulation par la présure (présure commerciale Hansen) est un
(') ZeiiSehrèfï /. pAysi&iog. ('henné, t. III. 1879, p. 284, et t. IV, 1880, p. 290.
(-) Reitsdge z. ehetn. Physiologie u. Pathologie, t. Il, 1902. p. 388.
(3) En appelant c la concentration en ions H, on a, d'après Sôrensen :
c =io-''n
2026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
caractère intéressant du protéide de levure; sans être aussi bonne qu'avec
la caséine, elle donne lieu à la formation de grumeaux, qui s'agglomèrent
peu à peu en une masse solide. Il est à noter que la vitelline du jaune d'œuf
ne coagule pas du tout avec la présure animale; Gerbera montré récem-
ment (') que le jaune d'œuf coagule sous l'action de certaines présures
végétales.
Lorsque l'on abandonne à l'étuve à 37° une solution de protéide de
levure dans la soude à i pour ioo, on constate que le phosphore passe peu
à peu à l'état minéral. Après 48 heures, 37 pour 100 du phosphore sont
détachés de la molécule; après 5 jours, ce chiffre atteint 58 pour 100. Ce
phénomène, étudié par Plimmer et Scott (2) pour la caséine et la vitelline,
se retrouve par conséquent avec le protéide de levure; il vient à l'appui de
la conclusion énoncée plus haut. Le protéide de levure paraît donc avoir sa
place entre la caséine et la vitelline, mais plus près de la première.
La seconde substance protéique que j'ai pu extraire de la levure présente
les caractères d'une albumine. Elle est soluble dans l'eau, coagulable par
la chaleur; l'acide acétique ne la précipite pas. Il en est de même si l'on
sature sa solution aqueuse de sulfate de magnésium ou si on lui ajoute un
volume de solution saturée de sulfate d'ammonium.
La solution neutre ou légèrement acide commence à se troubler vers 4o°-,
elle donne à 4i° un léger coagulum très net. Le liquide filtré et chauffé de
nouveau reste limpide jusqu'à 49°, puis donne un nouveau coagulum à 5o°.
On obtient une nouvelle précipitation, très abondante cette fois, entre 55°
et 58°, mais ce n'est pas tout : le liquide continue en effet à coaguler, pour
ainsi dire d'une façon ininterrompue, jusqu'à 700.
L'albumine de levure renferme de i0,3 à 16, 4 pour 100 d'azote et 0,89
à 0,94 pour 100 de soufre. On peut y trouver de petites quantités de phos-
phore, variant depuis des traces à peine dosables jusqu'à 0,07 pour 100
dans un échantillon. Cet élément est vraisemblablement accidentel et
résulte des difficultés d'une purification complète. Cette albumine donne
les réactions de précipitation habituelles avec les réactifs alcaloïdiques et
les acides minéraux, y compris l'acide métaphosphorique. Elle donne éga-
lement les réactions colorées usuelles; la réaction glyoxylique est particu-
lièrement nette (tryptophane).
Il me paraît, dès à présent, que la présence en quantité importante d'une
(' ) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXX1V, igi3, p. 53.
(-) Journal of ckemical Society, t. XGIII, 1908. p. 1699.
SÉANCE DU 3o JUIN I()l3. 2027
albumine typique dans la levure est d'un grand intérêt. On sait que de tels
corps sont plutôt rares dans le règne végétal, où se trouvent presque
toujours des globulines d'un caractère spécial. Par analogie avec la nomen-
clature actuelle des substances protéiques végétales, je désignerai l'albu-
mine de levure sous le nom de cerevisine.
Je poursuis des recbercbes sur la constitution de ces nouvelles matières
protéiques.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence du bore dans le lait et dans les œufs.
Note de MM. Gabriel Bertrand et H. Agulhox, présentée par M. Roux.
Les recherches que nous avons publiées sur la présence du bore dans
l'organisme animal ont montré que non seulement ce métalloïde existe,
contrairement à ce qu'on pouvait soutenir jusque-là, chez les animaux
comme chez les végétaux, mais, bien plus, qu'il y a lieu d'admettre sa pré-
sence normale à tous les degrés de l'échelle zoologique (').
Nous nous sommes demandé, à la suite de ces résultats, si le bore est un
élément fondamental de la cellule vivante, s'il remplit, comme le fer et le-
manganèse, un rôle indispensable dans les échanges nutritifs. Cette ques-
tion nous a conduits à compléter nos recherches statiques par l'examen du
lait et de l'œuf des oiseaux. On est fondé à supposer, en effet, que si le
bore possède réellement une importance cellulaire, il doit exister déjà aux
premiers temps de la vie; qu'il doit se trouver, en conséquence dans le lait,
liquide chargé de subvenir à lui seul, durant une période notable, aux
besoins alimentaires du jeune mammifère, et même dans l'œuf, c'est-à-dire
à une étape du développement où il n'y a pas à se préoccuper de la conta-
mination de l'organisme par les apports extérieurs.
Nous avons opéré sur quatre espèces de laits, recueillis en notre pré-
sence, directement dans les vases nettoyés par nous. La recherche du bore,
effectuée par la méthode déjà décrite ( -'), a donné chaque fois un résultat
nettement positif (3) :
(') Comptes rendus, t. 155. 1912, p. 2^8, et t. 156, igi3, p. 7.13.
(2) Bull. Soc. chim., 4e série, t. VII, 19 10, p. go et r 1 5, et t. XIII, 191a, p. 3g6, note.
(3) Dans une publication récente (Bull. Soc. cliim., 2g juin ig 1 3), M. Robin
signale que : « il a été possible de caractériser la présence de traces de bore dans
plusieurs échantillons de lait pur » sans indiquer l'origine de ceux-ci, ni les précautions
prises pour s'assurer de leur pureté. Dans un lait pur commercial, nous avons trouvé
environ oe,oo3 d'acide borique par litre; on sait qu'on utilise parfois, pour le
nettoyage du matériel de laiterie, des substances qui renferment de l'acide borique.
1028 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Poids Longueur de la bao.de aorr*
ii analysé. 18 heures1. 48 heures.
mm
2
mm
Femme i3 Moufle (')
Anesse 5o » 6 -
Chèvre 2i5 » 9 11
Vache 200 » 5 g
» • 4°° " réaction spectrale très nelle
Lorsqu'on coagule la caséine (avec de l'acide phosphorique pur), le bore reste en
entier dans le sérum, même débarrassé de l'albumine par la chaleur. Peut-être existe-
t-il dans le lait à l'état de borate. Sa quantité est très petite. Mous l'avons dosé à l'aide
d'une méthode que nous ferons connaître prochainement ; nous avons trouvé dans
1 litre de liquide :
Femme 0,08 de bore, correspondant à o,5 environ de B(OH)3
Anesse 0,1 » 0,6 »
Vache 0,2 » 1,1 »
Le bore est aussi présent dans l'œuf des oiseaux comme le montrent les
résultats rapportés dans le Tableau suivant :
Poule
Longueur de la bande après
Poids sec. Poids frais. 18 heures. '18 heures.
mm mm
Coquille et membrane. .. . Moufle ag B 3 5
Jaune (-) » 84 70 1 2
Blanc » 2.3 1-0 4 5
» (autre origine) » 20 » 4 •">
» » » 00 » réaction spectrale très nette
Membrane coquillère . . . . » 0,9 » 2,5 3
Coquille sans membrane.. » 3o 2 2
Pigeon :
Coquille et membrane. .. . » i3 » 1 3
Jaune » 19 48 2 3
Blanc » i4 119 4 5
Canard sauvage :
Coquille et membrane. .. . » i5 » 2 3
Jaune » 20 36.") 1 a
Blanc » 12 io5 5 7
t1) Le lait ayant été additionné, avant d'être desséché et calciné, de a-™' de soude
normale (du sodium) pour iooCIU' de liquide.
(2) Le jaune d'œuf donne des cendres acides ; il est nécessaire de l'additionner d'en-
viron 20tm' de soude normale par 3os de matière sèche.
SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 2020,
Longueur de ia bande après
Poids sec. Pni.ls frais. 18 heares. 4S heure-.
Dinde :
Coquille et membrane . . . Moutle i5
Jaune » 20
Blanc » 1
» » 5
Oie :
Coquille sans membrane . »
Membrane coquillère ....
Jaune Bombe
Rlanc Moulle
mm
2
mm
3
I
2
2
3
4
5
20
»
1
2
3
»
3
t
1
20
3i
2
3
i5
i3o
S
< m peut déjà remarquer, en comparant ces résultats entre eux, que, à l'inverse de
ce qui a été observé pour le fer et pour le manganèse, le bore est surtout localisé dans
le blanc. Les chiffres ci-dessous donnent une mesure de la différence de teneur en
bore du jaune et du blanc :
rag mg
Punie: Jaune.... 0,016 par kilo sec; soit 0,008 par kilo frais
» Blanc. ... 1 » o, i36 »
Dinde : Blanc. . . . 1 » »
Oie : Blanc... 1 » 0,116 »
Il est vraisemblable, d'après tous ces résultats et ceux que nous avons
publiés antérieurement, que le bore se range à côté des autres éléments
calalytiques de la cellule vivante.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur les vibrions et leurs toxines. Note de
MM. H. Pottevin el II. Yiolle, présentée par M. Houx.
On convient généralement aujourd'hui de considérer comme cholé-
rique tout vibrion cholériforme auquel on a reconnu l'un ou l'autre des
deux caractères suivants : être agglutinable ( à y^au moins) par le choléra-
sérum, donner la réaction de Pfeifier.
Cette délinition permet, l'expérience l'a prouvé, d'assurer le diagnostic
bactériologique du choléra dans des conditions de sécurité suffisantes,
pratiquement, pour les besoins de la prophylaxie. Mais elle comporte des
réserves.
2o3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'une part, assez souvent les vibrions isolés de cas typiques de choléra
ne sont pas agglutinables, et les recherches faites cette année même, au
lazaret de Tor, ont permis de constater que, chez un individu mort du
choléra, diverses régions de l'intestin pouvaient renfermer, en cultures
pures, l'une des vibrions agglutinables, l'autre des vibrions non agglu-
tinables.
D'autre part, nous apportons la preuve que les vibrions agglutinables
existent dans les eaux superficielles, en dehors de toute contamination
récente, supposable, par des produits cholériques.
Nous avons isolé de l'eau de la Seine, puisée à Saint-Cloud, au mois
d'avril rc)i3, un vibrion présentant tous les caractères morphologiques et
culturaux du vibrion de Koch, monocilié; pathogène pour le cobaye, le
pigeon, le lapin, et pour les petits lapins en ingestion d'après la méthode
de Metchnikoff. ïl est agglutiné par le choléra-sérum jusqu'à la dilu-
tion (t„ôoo) cIui correspond à la limite d'activité vis-à-vis des races cholé-
riques types ; donnant la réaction de Pfeiffer. Son sérum homologue,
obtenu par immunisation du lapin, agglutine au même type (757-j) et
bactériolyse ses cultures et celles des vibrions types.
Notre vibrion de Saint-Cloud et la race prise pour terme de comparaison
fixent le complément en présence de l'un ou de l'autre de leurs sérums
homologues, et ne le fixent pas avec les sérums correspondants d'animaux
neufs.
Dans les cultures en bouillon, le vibrion de Saint-Cloud sécrète une
toxine et une hémolysine thermolabiles, neutralisées l'une et l'autre,
in vitro, par le choléra-sérum antihémolytique et antitoxique décrit anté-
rieurement par l'un de nous.
Pour chacune des races de vibrions, classées ou non dans le groupe cho-
lérique, dont les produits de sécrétion se montrent à la fois hémolytiques
et toxiques, se pose la question de savoir si les deux propriétés sont fonc-
tion d'une seule et même substance active ou de deux substances distinctes.
Les savants qui l'ont envisagée se sont prononcés en sens inverses. Les
observations suivantes nous semblent devoir faire conclure, au moins poul-
ies cas étudiés, en faveur de la dualité :
a. La toxine filtrée du vibrion de Saint-Cloud est mise au contact de globules rouges
de mouton (la quantité de globules provenant de 3cm* de sang pour 6cm° de toxine);
après 20 minutes de contact à — 370, l'hémolyse n'étant pas encore commencée, on
(') PoTTiivm, Toxine et antitoxine cholériques (Comptes rendus, t. lof», p. i63i ):
SÉANCE DU 3o JUIN IC;l3. 2o3l
centrifuge. Les globules ont déjà fixé l'hémolysine, car, dilués dans l'eau physiologique
et mis à l'étuve, ils s'hémolysent complètement en quelques heures. En recommençant
l'opération sur la même toxine, on constate qu'après deux traitements les globules du
troisième ne s'hémolysent pas et que le liquide surnageant a perdu tout pouvoir hémo-
lytique. Son pouvoir toxique, thermolabile, n'a pourtant que faiblement diminué, le
cobaye succombe en moins de 12 heures à l'injection intra-péritonéale d'une dose
représentant deux fois la dose mortelle avant traitement.
Les deux autres expériences ont été faites avec la toxine hémolvtique
décrite par l'un de nous, dans la Note déjà visée.
b. La fixation de l'hémolysine sur les globules de mouton est réalisée d'après la
technique indiquée ci-dessus. Avant traitement, la toxine tuait le cobaye à la dose de
icu|S dans le péritoine. Après traitement, tout pouvoir hémolytique ayant disparu, elle
lue le cobaye à la dose de 2cm', et tue également le pigeon par injection intra-veineuse.
c. En concentrant la toxine par distillation sous pression réduite jusqu'au ! de son
volume environ, on obtient un liquide qui, injecté dans la cavité céphalo-rachidienne
du lapin à la dose deocm,,6, provoque la mort dans un délai qui varie de quelques mi-
nutes à une heure ou deux. La même injection de toxine, chauffée ou saturée par le
sérum, reste sans effet.
Quand les animaux succombent à l'injection intra-racliidienne, le sang
prélevé aussitôt après la mort ne présente aucune altération. Il n'y a pas
trace d'hémolyse, et l'on ne peut mettre en évidence l'existence dhémo-
lysine, soit en solution dans le plasma, soit fixée sur les globules, comme
il arrive pour les animaux qui succombent à l'injection intra-veineuse.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Formule barométrique simplifiée pour la mesure
des altitudes. Note de M. Alphonse Berget, présentée par M. Cb.
Lallemand.
La mesure des hauteurs à l'aide du baromètre est, le plus souvent, le seul
moyen qui soit à la portée des géographes voyageurs. Pour faciliter cette
mesure, les constructeurs ont réalisé des baromètres anéroïdes dont le
cadran porte des divisions égales devant donner directement les altitudes
atteintes; ces instruments (à l'exception de ceux du colonel Goulier),
quand on y lit directement les altitudes, peuvent conduire à des erreurs
notables, dès que les différences de niveau sont un peu fortes.
La meilleure manière d'utiliser le baromètre à la mesure des altitudes
C. R„ i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 26.) 260
2032 ACADÉMIE DES SCIENCES.
consiste à observer la hauteur de mercure aux deux stations dont on veut
connaître la différence de niveau, ou, si Ton dispose d'un baromètre ané-
roïde, les chiffres du cadran qui indiquent cette hauteur. Il faut connaître
également les nombres qui indiquent les températures de l'air aux deux
stations, les tensions de la vapeur d'eau et, si l'on se sert d'un baromètre à
mercure, les températures qu'indique le thermomètre lixé à l'instrument
( avec les baromètres anéroïdes compensés ces derniers nombres ne sont pas
nécessaires).
Les lectures des hauteurs H0 et II de la colonne de mercure aux deux stations,
ainsi que les autres observations, doivent être faites, autant que possible, simulta-
n'ëmenl. A l'aide des nombres observés, on calcule la différence de niveau Z de deux
stations à l'aide de la formule suivante que donnent les Tables météorologiques
internationales :
Z = 1 8 4oo ( i ,oo 1 r-i-j 4- 0,00 867 1 )
-o,378f /
"/
X (. + 0,00259 COS2Â) ^l + ë^lT^J l bien suffisante quand on
1 1 aoo 1
emploie le baromètre anéroïde, qui n'en comporte pas de plus grande, on
peut se servir d'une formule plus simple, dont j'ai déterminé le coefficient
numérique, pour toutes les différences de niveau comprises entre zéro et
2S00"1 environ. Cette formule ne demande ni l'emploi des Tables de loga-
rithmes, ni celui des Tables spéciales, et n'exige que des opérations simples
d'arithmétique.
La formule que je propose est la suivante :
(1) Z = Bo~(t + 26g),
dans laquelle Z est la différence de niveau cherchée, D la différence des
pressions lues sur le baromètre aux deux stations, h la valeur moyenne de
la pression à ces deux endroits et t la température moyenne.
SÉANCE DU 3o JUIN 10,13. 2o33
Les calculs sont, on le voit, fort simples. Malgré cela, la précision donnée
par la formule est amplement suffisante, comme le montrent les exemples
suivants, où les résultats de la formule (i ) sont comparés à ceux que donne
le long calcul de la formule logarithmique.
a. Altitude du Guanaxuato, déterminée par de Humboldt. — Les données
sont :
H0= -63n,m, i."), l( = 6ooram,9.5, 9„— 25°. i, 0,,= 2i°,3.
La formule (i) donne Z = 2o).
c. Exemple tiré des Tables météorologiques internationales, p. A..|2. —
Les données sont :
H0==939,âB,?3, H, = 583'"M, |i. t (ffiôyëfl)==4-8B.
La formule (i) 'donne Z = i<)ti3"' (la formule logarithmique donne
Z = if)6V" k
d. Exemple tiré des Instructions météorologiques. - I .'s données sont :
llu"7'9mm'i1 H, = .Y'i3,"m,2, Ô0~i7°,.'>» ôi=2°, i.
La formule (i) donne Z = 2339™,6 (la formule logarithmique donne
Z = a338m).
On voit donc que la précision de la formule (i) justifie son emploi; elle
a pour elle sa très grande simplicité et la facilité des calculs qu'elle comporte
et qui la rendront précieuse, j'espère, pour les voyageurs. Elle ne doit pas,
je le répète, être employée au calcul de différences de niveau supérieures
à 3oopm,
A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures.
G. 1).
2034 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE .
Ouvrages reçus dans la séance du 9 juin 191 3.
Observatoire central de l'Indo-Cliine. Service météorologique. Bulletin pluviomé-
trique, publié par G. Le Cadet, Directeur : Tableaux mensuels, annuels et carte:
année 1912. Pliu-Lien, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-f°.
Calcul des orbites et des éphémérides, par Luc Picart, Directeur de l'Observatoire
de Bordeaux; avec 23 figures dans le texte. Paris, Octave Doin, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-12.
(Présenté par M. Baillaud.)
Dacia preistorica, de Nicolae Densisiaxu, eu o prefata de D1' C.-I. Istrati. Buca-
rest, f gi3 ; ' vol. in-8°. (Hommage de M. Istrati.)
Société d'Histoire nature/le d'Autun: 25e Bulletin. Autun, Dejussieu et Demasy ;
Paris, P. Masson, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Lacroix.)
Katalog der im Jahre 1908 registrierten seismischen Stôrungen, von Siegmund
Szirtes. (Publications du Bureau central de l'Association internationale de Sismo-
logie. Série B. Catalogues.) Strasbourg, 1912; 1 fasc. in-8°.
Milteilungen des Zentralbureaus der Internationa len Seismologischen Associa-
tion, 1913. Nr 1. Die internationale Zeitkonferenz zu Paris im Oktober 1912.
Leipzig, imp. Breilkopf et Hartel, s. d.; 1 fasc. in-8°.
The date sugar industry in Bengal, an investigation into ist chemistry and
agriculture, by Hahold-E. Annett, assisled by G.-K. Lele and Biuilal-M. Amin.
(Memoirs 0/ the Department of Agriculture in lndia. Chemical séries; t. II, n° 6.)
Calcutta, s. d.; 1 fasc. in-8°.
The dispersion of the gipsy moth, by A. -F. Burgess. (U. S. Department of Agri-
culture. Bureau of Entomology; Bulletin n° 109; february 11, 1913.) Washington;
1 fasc. in-8°.
Alti délia R. Accademia délie Scienze di Torino; t. XLVIII, disp. ia-3a, 1912-
1913. Turin, 1913; 3 fasc. in-8°.
Memorie délia Reale Accademia délie Scienze di Torino: série secunda, t. LX1II.
Turin, 19 1 3 ; 1 vol. in-4°.
Memoirs of the National Academy of Sciences; t. \, Washington, 191 1; 1 vol.
in-4°.
SÉANCE DU 3o JUIN IQI3. 2o35
Ouvrages reçus dans la séance du 16 juin igi3.
Institut de France. Académie des Sciences. Bulletin du Comité international
permanent pour l'exécution photographique de la Carte du ciel; t. VI, fasc. 1.
Paris, Gauthier-Villars, 191 3 ; 1 vol. in-4°.
Institut de France. Académie des Sciences. Observatoire d'Abbadia : Tables pour
le calcul de la précession en A, R. et D., équinoxe de 1900. Observatoire d'Abbadia,
Hendaye (B.-P.), igi3; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. A. Verschaffel.)
Société française de Physique. Les idées modernes sur la constitution de la matière.
Conférences faites en 1912, par E. Bauer, A. Blanc, E. Bloch, Mme P. Curie,
A. Derierne, L. Dunoyer, P. Langevin, J. Perrin, H. Poincarê, P. Weiss. Paris, Gau-
thier-Villars, 19 1 3 ; 1 vol. in-8°.
Statistique générale de la France. Annuaire statistique, trente et unième Volume.
191 1, publié par le Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale. Paris, Impri-
merie nationale, 1918; 1 vol. in-4°.
Bulletin de l'Institut aérotechnique de l'Université de Paris. — Fasc. III. Etudes
sur les hélices et les surfaces d'aviation. Mesures sur les aéroplanes en plein vol.
Etudes aérodynamiques au ventilateur, variations du vent, coefficient de sécurité
d'une voilure. Paris, H. Dunod et Pinat, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-4°.
Congrès géologique international: XIIe session, Canada, août 1 9 1 3 ; 3e circu-
laire. Ottawa, publié par le Victoria Mémorial Muséum, igi3; 1 fasc. in-8°.
Travaux de la Commission lyonnaise d'Études hydroscopiques. — Fasc. 1.
Ilydroscopie et rabdomancie : Généralités, bibliographie, par MM. Emile Birot et
Glaudius Roux; avec des Notes et Hypothèses, par Camille Hémon. — Fasc. II. Expé-
riences de rabdomancie, faites ou à faire, à Lyon, en iqiieten igi3, par MM. Emile
Birot et Claudius Roux. Lyon, imp. A. Rey, 1 9 1 3 ; 2 fasc. in-S°. (Adressé, par les
auteurs, pour la Commission des Sourciers.)
La faune paléocène de Landana, par Em. Vincent, Louis Dollo et Maurice Leriche.
(Annales du Musée du Congo belge : Géologie, Paléontologie, Minéralogie ; série III.
Bas et moyen Congo. Tome I, fasc. 1 : Matériaux pour la Paléontologie du bas et
du moyen Congo.) Bruxelles, mars i8i3; 1 fasc. in-f°.
Annales de la Société géologique de Lielgique; t. XL, irc livraison. Liège, H. Vail-
lant-Carmanne, 1912-1918; 1 fasc. in-8°.
0 i\
r J
i^-
2o36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages reçus dam« la séance du 23 juin 191 3.
Savants du jour. Gaston haiboux. biographie, bibliographie analytique des
écrits, par Ernest Lebon.
Le troisième œil des Vertébrés, par Ch. Francotte; Conférence, accompagnée de
projections lumineuses, faite à la séance publique des Sciences, le 17 décembre 1912.
Bruxelles, llayez, 1918; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Deuxième Congrès français du Froid. Toulouse, 23-25 septembre 1912. Comptes
rendus, /apports et communications du Congrès, publiés par ('Association française
nu Froid; t. I. et II. Paris, s. d.; 2 vol. in"8°. (Présenté par M. d'Arsonval.)
Titres et travaux scientifiques du Dr L. Tanon. Paris, Vigot frères, s. d.; 1 faso.
in-8".
Les richesses des contrées tropicales mises par le soleil à la disposition de tous,
quel/es que soient leurs provenances ou leur emploi, par Ch. Tellier. Paris, F. Blétit,
1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°.
La conservation de la viande et des inaltérés organiques alimentaires par des
moyens naturels, par Ch. Tei.lier. Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1 g 1 3 ; 1 fasc. in-N".
Compagnie des Chemins de fer du Midi, Assemblées générales ordinaire et
extraordinaire des Actionnaires du 28 avril 191 3, présidence de M. Georges Teissier.
Rapports du Conseil d'administration. "Résolutions des Assemblées. Paris, Société
générale d'impression, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-^°.
Annales de la /■'acuité des Sciences de Marseille; t. XXI, fasc. l-o. Marseille.
P. Ruât; Paris, A. Ilermann et fils, 1912; 3 fasc. in-40.
Bulletin de la Société industrie/le de liouen, publication paraissant tous les deux
mois; 4'e année, n° 1, janvier-février 191 3. Rouen, J. Girieud; 1 fasc. in-8°.
Royal Observatory, Hongkong: Monthly meteorological Bulletin, april igi3.
Hongkong, 191 3 ; 1 fasc. in-4°.
A dry rot of the irish polatotuber, by E. Meaii Wilcox, George-K.-K. Li.nk and
\ems-W. Pool. {Bull, of the Agriculturul Station of Nebraska. Research Bul-
letin, n° 1.) Lincoln, Nebraska, mars igi3; 1 fasc. in-8".
Fusiform bacilli. Isolation and cultivation, by Charles Ivrumwiede and José-
phine Pratt. (Ex.tr.de The Journal of infections ihseases: t. XII, n° 2, mars 1 g 1 3,
p. 199-201.) Chicago; 1 fasc. in-8°.
Ley organica estatutos y reg/amento de la Academia de Medicina ; edicion ofi-
cial. Caracas, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°.
Annales de la Société géologique de Belgique. Publications relatives au Congo
belge cl oiee régions cuisines; année 1912-1913; annexe au Tome XL des Annales;
fascicule 1. Liège, IL Vaillant-Carmanne, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°.
Bulletin de la Section scientifique de l'Académie roumaine; 11e année, n° 1,
Bucarest, 191 3; 1 fasc. in-8°.
SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 203;
Outrages reçus dans la séance du 3o juin 191 3.
Ports ma ri Cimes de la France. Déparlement du Var : Notices sur les ports e/< \
Lèques, du Brusq, de la Coudourière, du Mourillon, du Niel, du Lavandou et de
Cavalaire, par M. Cottalorda et M. Moreau; mises à jour par M. Chauve. — Notices
complémentaires sur les ports de Sanary, Toulon, Sainl-Tro/iez, Sainte-Maxime
et Saint-Raphaël : modifications survenues de 1 8g3 ci 191 1. par M. Cottalorda et
MM. Moreau, Chauve, Cassieh, Mathieu; publiées par le Ministère des Travaux publics,
des Postes et des Télégraphes. Paris, Imprimerie nationale, 1912; 2 fasc. in-40.
Essai théorique sur la mécanique de la magnétochimie, par Emile Staïco. Paris,
Gauthier-Villars, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°.
Malirea y fuerza, apunles para una teoria nueca, por Augustin Bravo. Madrid.
J. Pueyo, 191 2; 1 vol. in-S°.
Tables for the computation nf (Ue Jupiter perturbations of t/ie group of small
planets vehose mean daily motions are in the Neighbourhood of 760, bv D.-T.
Wilson. Upsal et Stockholm. 1912; 1 fasc. in-40.
Commissào geographica e geologica do Estado de S. Paulo. Exploraçào do /lin
Grande e de sens affluentes, / 9 1 3 . Sao Paulo. igi3; 1 fasc. in-f°.
Geosynklinale und Rahmenfallang. Zcrrungsgebiege und Vulkanismus im afts-
tralasialischen Archipel, von .1. Eluert. (Extr. de Zeilschrift der Qesellschaft fin
Erdkunde zu Berlin; 1912, n° 3.) 1 fasc. in-S°.
Die hrdrodynamische Aethertheorie, von H. Rudolph. Coblenz. W. Groos, 19 1 3 ;
1 fasc. in-8".
I eber vergleichende Temperaturmessungen und deren klinische liewertung ,
von Carl Staubli. (Ex.tr. de Milnchener medizinischen Woche/ischiift ; nos 19 et 20,
191 3.) Munich, J.-F. Lehmann; 1 fasc. in-8°.
A monograph of the genus Dryopteris ; part I. — The tropical american pinna-
tiful-bipinnati fid species, by Carl Christensen. Copenhague, 191 3 ; 1 vol. in-40.
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de Méde-
cine de Belgique: collection in-8°, t. XXI, fasc. 1. Bruxelles, J. Goemaere, 19 1 3 ;
1 fasc. in-8°.
2o38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 26 mai 1913.)
Note de MM. J.-R. Senderens eiJ. Aboulenc, Élhers-sels dérivés de l'oc-
tanol-j, etc. :
Page 1622, lignes 3, 4 et 26 en remontant, au lieu de 2 et même 1 pour 100, lire
4 et même 2 pour 100.
(Séance du 16 juin 1913.)
Note de M. Cari Stôrmer, Sur une expédition pour l'observation des
aurores boréales à Bossekop, au printemps de 191 3 :
Page 1871, ligne 10, au lieu de Store Korones, lire Store korsnes.
Dans la planche 1, au lieu de Bossekop, lire Store Korsnes; au lieu de Store Korsnes,
lire Bossekop.
Note de M. H. Zilgien, Transformation du calomel en sels solubles de
mercure dans les milieux digestifs :
Page 1860, lignes 6 et i3, au lieu de 25c,a' d'ammoniaque, lire ocm3,25.
FIN DU TOME CENT-CINQUANTE-SIXIÈME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
TABLES ALPHABETIOUES.
I VWIEK — JUIN 1913.
TABLE DES MATIERES DU TOME lo6.
A
Pages.
Absorption des radiations. — Etude
quantitative de l'absorption des
rayons ultraviolets par les acides
gras et leurs éthers en solutions
aqueuses et alcooliques ; par
MM. Jean Bielecki et Victor Henri. 55o
— Etude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par l'acé-
tone; par MM. Jean Bielecki et Vic-
tor Henri 884
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les cé-
tones, les dicétones et les acides cé-
toniques; par MM. Jean Bielecki et
Victor Henri 1 322
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les alca-
loïdes du groupe de l'atropine; par
MM. Marcel Gompel et Victor Henri. i54i
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les mo-
namines, diamines, nitriles, carbyla-
mines, amides et oximes de la série
grasse; par MM. Jean Bielecki et
Victor Henri 1860
— Sur l'absorption de l'ultraviolet par
C. lï., igi3, i" Semestre. (T. 15G.)
Pages.
l'ozone et l'extrémité du spectre so-
laire; par MM. Ch. Fabry et //.
Buisson 782
— Sur une relation entre l'absorption
atmosphérique et la polarisation de
la lumière diffusée par le ciel; par
M. A. Boutaric 1 289
Voir Actinomètne. Emission, Energé-
tique, Photochimie, Ultraviolet.
Académie. — ■ État de l'Académie au
Ier janvier 191 3 5
— M. Gabriel Lippmann, Président sor-
tant, fait connaître à l'Académie
l'état où se trouve l'impression des
Recueils qu'elle publie et les change-
ments survenus parmi les Membres
et les Correspondants pendant le
cours de l'année 1912 i3
— Discours prononcé par M. F. Guyon
en prenant place au fauteuil de la
Présidence 17
— M. le Président annonce à l'Académie
qu'en raison des fêtes de Pâques
la séance du lundi 24 mars est re-
mise au mardi 2J mars 843
— M. le Président annonce à l'Académie
2o5i
Pages,
sault : MM. Lippmann, Violle,
Arnagat, Bouty, Villard, Branly,
Boussinesq, Emile Pkard, Carpeniier . 432
Prix Jecker, Cahours, Montyon(Arts
insalubres), Berthelot, Vaillant :
MM. Gautier, Lemoine, Ilaller, Le
Chatelier, Jungfleisch, Moureu,
Schlœsing, Carnot, Maquenne 43î
Prix Delesse, Joseph Labbé, Victor
Raulin : MM. Lacroix, Barrois,
Douvillé, Wallerant, Termier, De
Launaij, Perrier, Zeiller, Bouvier... 432
Prix Desmazières, Montagne, De
Coincy, Grand Prix des Sciences
physiques, Thore, De la Fons-Meli-
cocq : MM. Guignard, Bonnier,
Prillieux, Zeiller, Mangin, Coslantin,
PU. van Tieghem, Perrier, Bouvier. 433
Prix Bigot de Morogues : MM. Schlœ-
sing père, Chauveau, Munlz, Emile
Boux, Schlœsing fils, Maquenne,
Guignard, Prillieux, Tisserand 526
Prix Savigny, Cuvier : MM. Banvier,
Perrier, Delage, Bouvier, Henneguy,
Marchai, Grandidier, Munlz, le
prince Roland Bonaparte 526
■ Prix Montyon, Barbier, Bréant, Go-
dard, du baron Larrey, BelUon,
Mège, Argut : MM. Bouchard, Guyon,
d Arsonval, Laveran, Dastre, Lucas-
Championnière, Chauveau, Perrier,
Roux, Labbé, Henneguy 5ï6
Prix Montyon ( Physiologie expéri-
mentale ), Philipeaux, Lallemand,
Pourat : MM. Chauveau, Bouchard,
d' Arsonval, Boux, Laveran, Dastre,
Henneguy. Cette Commission est
également chargé de présenter une
Questiondeprix Pourat pour l'année
io,i5 527
- Prix Montyon ( Statistique ) : MM. de
Freycinel, Halon de la Goupillière,
Darboux, Carnot, Alfred Picard,
Labbé, le prince Roland Bonaparte.. 527
- Prix Binoux, Histoire des Sciences :
MM. Ph. van Tieghem, Darboux,
Grandidier, Emile Picard, Guyon,
Alfred Picard, Bouvier 527
- Médaille Arago, Médaille Lavoisier,
Médaille Berthelot : MM. Guyon,
Appell, Darboux, Ph. van Tieghem..
- Prix Henri Becquerel, Gegner, Lanne-
longue, Gustave Roux, Trémont :
MM. Guyon . Appell, Darboux, Pli. van
Pages.
Tieghem, Emile Picard, Zeiller 527
— Prix Wilde : MM. Ph. van Tieghem,
Darboux, Lippmann, Emile Picard,
Violle, Lemoine, Baillaud 527
— Prix Lonchampt : MM. Chauveau,
Guignard, Boux, Prillieux, Laveran,
Dastre, Mangin 527
— Prix Saintour ( Sciences mathéma-
tiques ) : MM. Jordan, Darboux,
Boussinesq, Lippmann, Emile Picard,
Léauté, Appell 648
— Prix Henri de Parville ( Ouvrage de
Science) : MM. Guyon, P. Appell,
Darboux, Ph. van Tieghem, Emile
Picard, Gautier, Alfred Picard 648
— Prix Fanny Emden : MM. Bouchard,
Guyon, Perrier, d'Arsonval, Emile
Boux, Laveran, Dastre 648
— Prix Petit d'Ormoy ( Sciences mathé-
matiques pures ou appliquées) :
MM. Jordan, Darboux, Boussinesq,
Emile Picard, Appell, Painlevé,
Humbert 649
— Prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) : MM. Ph. van Tieghem, Gui-
gnard, Emile Boux, Bouvier, Dastre,
Douvillé, Termier 649
— Prix Pierson-Perrin : MM. Boussi-
nesq, Lippmann, Violle, Amagat,
Vieille, Villard, Lecornu , . 649
— Prix Parkin : MM. Bouchard, Guyon,
Emile Roux, Guignard, Lacroix,
Dastre, Termier 649
— Prix Estrade-Delcros : MM. Darboux,
Lippmann, Armand Gautier, Emile
Picard, Guignard, Haller,Deslandres. 649
— Prix Danton : MM. Lippmann, Violle,
Amagat, Bouty, Villard, Branly,
Moureu 649
— Commission chargée de présenter une
Question de prix Bordin ( Sciences
physiques), pour l'année 1916 :
MM. Ph. van Tieghem, Schlœsing
père, Bouchard, Gautier, Perrier,
Guignard, Lacroix 649
Conductibilité calorifique. — Voir
Équations intégrales.
Conductibilité électrique. — Sur la
conductibilité électrique du tellure;
par Mlle Paule Collet [943
— Conductibilité électrique de l'éther
pur; par M. Jacques Carvallo 1609
— Conductibilité électrique de quelques
liquides purs : ammoniac, acétone,
2032
TABLE DES MATIERES.
Pages.
alcools éthylique et méthylique;
par M. Jacques Carvallo 1755
— Influence des oscillations électriques
sur la conductibilité de certains
sels métalliques fondus; par M. C.
Tissot i523
Voir Tonométrie.
Congrès. — L'Académie britannique
invite l'Académie à se faire repré-
senter au Congrès international d'é-
tudes historiques, qui se tiendra à
Londres du 3 au 8 ou 9 avril 191 3.. 529
— Le Président et le Comité exécutif
du douzième Congrès géologique in-
ternational prient l'Académie des
Sciences de leur faire l'honneur
d'envoyer une délégation à la Ses-
sion qui se tiendra au Canada au
mois d'août igi3 757
■ — MM. Barrois et Termier sont dési-
gnés à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique pour représenter son
Département au Congrès de Géologie
de Toronto i5io
Conservatoire des Arts et Métiers.
— M. le Ministre du Commerce et de
l'Industrie invite l'Académie à lui
présenter une liste de deux ou trois
candidats à la chaire de Construc-
tions civiles, vacante au Conserva-
toire des Arts et Métiers par le décès
de M. Pillet l5l2
— Liste de candidats présentée à M. le
Ministre du Commerce et de l'In-
dustrie pour la chaire de Construc-
tions civiles :. i° M. Mesnager ;
2° M. Espitallier l652
Courant alternatif. — Piagramme
bipolaire des alternateurs synchrones
travaillant, en générateurs ou en
récepteurs, sur un réseau à potentiel
constant, dans la théorie des deux
réactions) par M. André Blondel. ■ . 545
— Puissance intérieure et couple syn-
chronisant des alternateurs syn-
chrones travaillant sur réseau à po-
tentiel constant ou en parallèle; par
M. André Blondel 680
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 926
— Sur les précautions à prendre pour
l'emploi de la résonance dans les
essais de câbles électriques destinés
à de hautes tensions ; par M. André
Pages.
Léauté i532
— Sur un oscillographe inlerférentiel;
par M. A. Guyau 777
Voir Télégraphie sans fil, Téléphonie.
CRISTALLOGRAPHIE.
- Sur la miscibihté partielle des li-
quides; par M. Emile Baud 3i7
- Sur une nouvelle forme du bichro-
mate de potassium; par M. A. Duj-
four 1022
- Sur le polymorphisme de la codéine,
de la thébaïne, de la narcotine et sur
un nouveau type de sphérolite; par
M. Paul Gaubert 1 161
- Sur les figures de déshydratation;
par M. C. Gaudefroy 1 387
- Loi générale de la diffraction des
rayons Rontgen par les cristaux;
par M. G. Friedel 1676
- Sur la théorie cinétique du para-
magnétisme des cristaux ; par
M. Pierre Weiss 1674
- L'aimantation des cristaux et l'hypo-
thèse du champ moléculaire; par
M. Pierre Weiss 1 836
- Sur quelques composés de la choles-
térine donnant des cristaux liquides;
par M. Paul Gaubert 1 49
- Orientation des cristaux liquides
par les lames de mica; par M. Ch.
Mauguin 1 246
Voir Bayons de Bôntgen.
Crustacés. — Sur les genres Pseudiba-
cus et Nisto, et le stade natant des
Crustacés décapodes macroures de
la famille des Scyllaridés; par M. E.-
L. Bouvier 1643
Cycles mixtes. — Condensation des
amides aromatiques primaires et
secondaires avec les éthers méso-
xaliques. Synthèse dans la série de
l'indol; par MM. A. GuyotetJ. Mar-
tinet
Cytologie. — Variations de volume du
noyau et de la cellule chez quelques
Fougères durant la prophase hété-
rotypiquej par M. B. de Lilardière . .
— La télophase et la prophase dans la
caryoeinèse somatique; par M. V.
i625
362
TABLE DES MATIERES.
2o53
Grégoire
Les phénomènes cinétiques de la
prophase hétéro typique chez le
Lobelia Erinus ; par M. L. Armand.
Pages.
63 1
1089
Pages.
— Les phénomènes cyto logiques de
la sporogenèse chez le Barbula mu-
ralis; par M. E. Boucherie 1692
D
Dactylographie. — Les signes phy-
siques de la supériorité profession-
nelle chez les dactylographes; par
M. J.-M. Laliy 1702
Décès de Membres et de Corres-
pondants. — M. le Président an-
nonce la mort de M. Teisserenc de
Bort et de M. Cailletet 18
— M. Appell annonce la mort de M. Al-
fred Picard 747
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
le décès de M. Louis Henry, Corres-
pondant pour la Section de Chimie. g36
— M. le Secrétaire perpétuel annonce le
décès de M. V. Dwelshauvers-Dery,
Correspondant de l'Académie pour
la Section de Mécanique 991
Décharges. — La polarisation diélec-
trique de la paroi et les mesures de
cohésion diélectrique ; le retard
d'effluve; par M. E. Bouly 25
- — Sur le mouvement des centres lumi-
neux dans les tubes à hydrogène;
par M. A. Perot i32
— Sur certaines particularités de la
vitesse des centres lumineux dans les
tubes à hydrogène ; par M. A. Perot. 3io
— Sur le mouvement des centres lumi-
neux dans les décharges électriques;
par M. A. Perot , 1679
— Oscillations hertziennes produites
par des décharges intermittentes
partant des taches isolées d'une ca-
thode dans un tube de Crookes; par
M. Kr. Birkeland 879
— Sur l'absorption du néon par les
électrodes des tubes luminescents;
par M. Georges Claude i3l 7
Voir Arc, Conductibilité, Télégraphie
sans fil.
Densités. — Méthode simple pour dé-
terminer la densité des poudres mi-
nérales; par M. Maurice Billy io65
— Sur la densité des sels doubles. Cas
des chlorures de cuivre et d'ammo-
nium; par MM. Ed. Chauvenet et
G. Urbain i320
Voir Densités, Etats correspondants.
Dialyse. — Sur la dialyse delà maltase;
par M. W. Kopaczewski 918
— Sur un dialyseur analytique; par
M. W. Kopaczewski i853
Diastases. — Synthèse biochimique
de glucosides d'alcools (glucosides y)
à l'aide d'un ferment (glucosidase y)
contenu dans la levure de bière
basse séchée à l'air; éthylgluco-
side y. ; par MM. Em. Bourquelot,
H. Hérissey et M. Bridel 168
— Synthèse des glucosides d'alcools à
l'aide de l'émulsine : phényléthylglu-
coside [3 et cinnamylglucoside [3;
par MM. Em. Bourquelot et M. Bri-
del 827
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides 7.) à l'aide de la
glucosidase a : méthylglucoside y..
Destruction de la glucoside y. en
milieu fortement alcoolique; par
MM. Em. Bourquelot, H. Hérissey et
M. Bridel 491
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides 2) à l'aide
d'un ferment (glucosidase a) conte-
nu dans la levure de bière basse
séchée à l'air r propylglucoside a
et allylglucoside y; par MM. Em.
Bourquelot, H. Hérissey et M. Bri-
del 1493
— Recherches sur la synthèse biochi-
mique du méthylglucoside Js dans
un liquide neutre, étranger à la réac-
tion; par MM. Em. Bourquelot et
Em. Verdon 1 264
— De l'emploi de proportions crois-
santes, de glucose dans la synthèse
biochimique du méthylglucoside 3.
Influence du glucoside formé sur
l'arrêt de la réaction; par MM. Em.
Bourquelot et Em. Verdon i638
2o54
TABLE DES MATIERES.
Pages.
— Synthèse biochimique, à l'aide de
l'émulsine, d'un glucoside isomère
de la salicine, le salicylglueoside (Ï;
par MM Em. Bourquelot et H. Héris-
se;/ 1790
— Synthèse de galactosides d'alcools
à l'aide de l'émulsine : méthylgalac-
toside jî et allylgalactoside [i; par
MM. Em. Bourquelot et M. Bridel. . Il 04
— Comparaison des diastases hydro-
lysantes du latex de Maclura auran-
tiaca avec celles de Ficus Carica et
de Broussonelia papyrifera; par
M. C. Gerber i573
— Dédoublement diastasique des glu-
cosides et des galactosides; par
M. H. Bierry 2Ô5
— Action des températures élevées sur
les nucléases desséchées d'origines
végétales; par M. E.-C. Theodo-
resco. . . 1081
— Action de l'acide borique sur la
zymase; comparaison avec l'action
des phosphates ; par M . Henri
Agulhon i855
— Etude quantitative de l'action des
rayons ultraviolets monochroma-
tiques sur l'amylase; par Mme et
M. A. Chauchard i858
Voir Aspergillus niger, Dialyse, Fer-
ments.
Diélectriques. — La polarisation
diélectrique de la paroi et les me-
sures de cohésion diélectrique; le
retard d'effluve; par M. E. Bouty . . iS
Différence de potentiel. — Sur les
différences de potentiel de contact
apparentes entre un métal et des
solutions électroly tiques; par M. J.
Guyot 220
Voir Capillarité, Sang.
Diffraction. ■ — Loi générale de la
diffraction des rayons Rbntgen
par les cristaux; par M. G. Friedel. . 1676
Voir Rayons de Rùntgen. '
Diffusion. — Sur quelques mélanges
liquides se prêtant tout particu-
lièrement à l'observation du phé-
nomène de Christiansen; par M. jF.
Bodroux
Digestion. — Transformation du ca-
lomel en sels solubles de mercure
dans les milieux digestifs; par
M. H. Zilgien
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
Dilatation. — Sur les transforma-
tions des alliages de fer et de sili-
cium; par M. Em. Vigouroux
Dissociation. — Sur l'équilibre d'un
gaz en état de dissociation binaire;
par M. J. de Boisoudy
— La tonométrie différentielle des so-
lutions et la théorie d'Arrhenius;
par M. E. Fouard
— Sur une loi de tonométrie et ses con-
séquences relatives à la théorie des
ions; par M. Eugène Fouard
— Sur la dissociation des composés
gazeux par la lumière : gaz hydro-
génés des familles du chlore et de
l'oxygène; par MM. Daniel Ber-
thclot et Henry Gaudechon
— Sur la dissociation des composés ga-
zeux par la lumière; gaz hydrogénés
des familles de l'azote et du carbone,
gaz divers; par MM. Daniel Ber-
thelot et Henry Gaudechon
— Combinaisons du chlorure de cérium
avec le gaz ammoniac; par M. Barre.
— La loi de volatilité dans les réactions
chimiques; par M. Camille Mati-
gnon
Voir E/llorescence.
Dynamique des fluides. — Sur la
propagation et l'altération des ondes
de choc; par M. L. Crussard
— Nouvelle méthode de mesure de la
vitesse des fluides; parM.Z. Carrière.
Dynamos. — Prédétermination des ca-
ractéristiques des dynamos à cou-
rant continu; par. M. E.-J. Bruns-
wick
— Sur les machines dynamo-électriques
à excitation interne; par M. R.-V.
Picou
Pages.
772
i863
2038
i374
61
622
1761
1243
1017
i536
611
i83i
223
i535
Eau. — Sur l'étude des températures
des eaux souterraines dans les cap-
tages pour l'alimentation publique;
par M. F. Dienert 83l
TABLE DES MATIERES.
20
55
Pages.
Voir Hygiène, Hydrates, Hydrologie.
Ébullition. — La loi de Guldberg et
les états correspondants; par M. A.
Leduc 65
Voir États correspondants.
Éclipses. — Voir Soleil.
Économie rurale. — Voir Agronomie,
Hérédité, Hybrides.
Efflorescence. — Théorie de l'efflo-
rescence des hydrates salins . In-
fluence de la température ; par
MM. Ch. Boulanger et G. Urbain.. l35
Élasticité. — Recherches expérimen-
tales sur le spiral cylindrique double;
par M. Jules Andrade 56
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 4l8
Voir Alliages, Chronomélrie.
Élections de Membres et de Corres-
pondants. — M. Sabatier est élu
Membre non résident 1210
— M. Gouy est élu Membre non résident. l3o2
— M. Bazin est élu Membre non résident. l354
— M. Landouzy est élu Membre libre,
en remplacement de M. Teisserenc
de Bort n3o
— M. André Blondel est élu Membre
libre en remplacement de M. L. Cail-
letet i5io
— M. Arnaud de Gramont est élu Membre
libre en remplacement de M. Alfred
Picard 1 734
— M. Graebe est élu Correspondant pour
la Section de Chimie, en remplace-
ment de Sir William Bamsay, élu
Associé étranger 286
— M. Hugo de Vries est élu Correspon-
dant pour la Section de Botanique,
en remplacement de M. Scluvende-
ner, élu Associé étranger 43 !
— M. Vuillemin est élu Correspondant
pour la Section de Botanique, en
remplacement de M. Slrasburger. . 526
— M. Barbier est élu Correspondant
pour la Section de Chimie, en rem-
placement de M. Ladenburg 663
— M. Lebeuj est élu Correspondant pour
la Section d'Astronomie, en rempla-
cement de M. Charles André 936
— M. BouWin est élu Correspondant
pour la Section de Mécanique, en
remplacement de M. Amsler 121 1
— M. Schwœrer est élu Correspondant
pour la Section de Mécanique, en
C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156.)
Pages,
remplacement de M. Dwelshauvers-
Dery i3o3
M. Moris Davis est élu Correspon-
dant pour la Section de Géographie
et de Navigation i3o3
M. Ciamician est élu Correspondant
pour la Section de Chimie, en rempla-
cement de M. Lecoq de Boisbaudran. i65a
ÉLECTRICITÉ.
Electricité physiologique. — Mesure
de l'excitabilité réflexe de la moelle
épinière, ses variations sous l'in-
fluence d'injections de solutions de
chlorure de calcium; par M. Pézard ■
— La galvanothérapie intensive à faible
densité de courant; par M. Hirtz. .
Électrodynamique. — Voir Physique
cosmique.
Électholytes. — Sur les différences
de potentiel de contact apparentes
entre un métal et des solutions
électroly tiques; par M. J. Guyot. . . .
— Retard de l'électrolyse sur la force
électromotrice polarisante ; par
M. A. Grumbach
— Sur quelques propriétés d'un fer élec-
troly tique industriel; par MM. L.
Guillet et A. Porlevin
— Phénomènes mis en jeu dans le dé-
tecteur électrolytique. sans force
électromotrice auxiliaire et consi-
dération théorique sur le fonction-
nement des détecteurs élcctroly-
tiques; par M. Paul Jégou
Voir Dissociation, Bésistance, Télégra-
phie sans fil.
Électrons. — - Sur l'application de la loi
de Stokes à la chute de très petites
gouttes et à la détermination de la
charge de l'électron; par M. A.
Schidlof et Mlle J. Marzynowska.. .
— Sur l'extension des équations méca-
niques de M. Appell à la Physique
des milieux continus. Application à
la théorie des électrons ; par
M. Edouard Guillaume
— Théorie électronique de la gravita-
tion; par M. L. Décombe
— Sur la théorie électronique de la gra-
vitation; par M. L. Décombe
Électro-optique. — ■ Sur la durée d'éta-
263
a5o
1559
54a
702
385
3o4
875
94o
1222
20Jt
TABLE DES MATIERES.
Pages,
blissement de la biréfringence élec-
trique; par M. C. Gutton 387
- Détermination de la durée d'établis-
sement de la biréfringence élec-
trique; par M. G. Gutton 1370
Electrostatique. — Sur un électro-
mètre à spiral; par M. B. Szikird . . 779
- Principed'unrnoteur é'ectrostatique ;
par M. Eugène liloch 1761
Voir Conductibilité, Capillarité, Cou-
rant alternatif, Décharges, Diélectri-
ques, Différence de potentiel, Dynu-
nios, Force < lectromotrice, Galvano-
mètre, Paratonnerre, Photo-électricité,
Résistance, Résonateurs.
Embryologie. — Sur la nature et le dé-
veloppement de l'organe lumineux
du Lampyre noctiluque; par M. Ra-
phaël Dubois
— Étude cinématographique des phé-
nomènes cyloplasmiques de la di-
vision de l'œuf d'Ascaris; par
MUe Chevroton et M. Faurè-Fremiel.
Voir Hybrides.
Émission. — Un cas' remarquable de
résonance optique; par M. Louis
Dunoyer
Voir Energétique, Rayonnement.
Énergétique. — Sur les éléments d'é-
nergie; par M. Jacques Duclau.r. . . .
— Sur la loi du rayonnement noir et la
théorie des quanta; par M. J. de
Boissoudy
— Energie absorbée dans les réactions
photochimiques; par MM. Victor
Henri et René Wurmser
— Sur la relation entre l'énergie lumi-
neuse et l'action photochimique;
paT M. A. Tian
— Sur la détermination expérimentale
de l'énergie lumineuse absorbée
dans une réaction photochimique j
par M. A. Tian
— Déduction de la loi de Planck de la
distribution de l'énergie par l'hypo-
thèse d'agglomération; par M. Cari
Benedicks
Voir Rayonnement.
ÉQUATIONS AUX DIFFÉRENCES FINIES.
Sur les équations linéaires aux diffé-
rences finies ; par M. Nèrlund
— Sur le problème de Riemann dans la
73o
8i5
1067
142
765
1DI2
l60I
^79
l52Ô
5i
théorie des équations aux diffé-
rences finies; par M. Xarlund
- Sur la détermination des fonctions
harmoniques. Application au cane;
par M. J. Le Roux
Voir Formes.
Équations diffère ntieixe = . — Sur les
fonctions fondamentales des équa-
tions différentielles linéaires du
second ordre et sur le développe-
ment d'une fonction arbitraire.
Application de la théorie des formes
quadratiques à une infinité de va-
riables; par M. Léon Lichtenstein . .
— Sur un théorème de Jacobi; par
M. Th. de Donder
— Sur le théorème d'indépendance de
Hilbert; par M. Th. de Donder
- Sur le théorème d'indépendance de
Hilbert; par M. Th. de Donder. . . .
— Sur les caractéristiques des systèmes
d équations aux dérivées partielles;
par M. Maurice Janet
- Sur les caractéristiques des sys-
tèmes d'équations aux dérivées
partielles; par M. Gunther
— Propriétés nouvelles des caractéris-
tiques des équations partielles li-
néaires du premier ordre en deux
variables; par M. Gustave Sannia. .
- Sur les transformations les plus gé-
nérales des équations aux dérivées
partielles du second ordre; par
M. P.-E. Gau
- Sur les invariants des caractéris-
tiques des équations aux dérivées
partielles du second ordre à deux
variables indépendantes; par M. J.
Clairin
— Sur une elasse particulière d'équa-
tions de M. Moutard; par M. C.
Guichard
— Sur le mouvement des milieux vie-
queux indéfinis; par M. Louis Roy.
— Sur le mouvement des milieux vis-
queux et les quasi-ondes ; par
M. Louis Roy
— Complément à deux Notes récentes
sur le mouvement des milieux vis-
queux indéfinis; par M. L. Roy... .
— Remarque élémentaire sur le pro-
blème des ondes sphériques; par
M. Pierre Uuhem
— Sur une transformation qui dépend
Pages.
200
670
993
44o
609
868
118
1147
6o5
116
760
748
1219
i3og
i665
1727
TABLE DES MATIERES.
lOJ-j
Pages,
d'une équation aux dérivées par-
tielles du troisième ordre; par M. H.
Jonas 1 8 1 6
Voir Géométrie infinitésimale.
Équations fonctionnelles. — Sur une
classe de transcendantes ayant un
théorème de multiplication; par
M. Georges Giraud ly
— Sur certaines équations fonction-
nelles, et sur les transformations
permutables; par M. Georges Gi-
raud H)7
— Equation fonctionnelle pour l'équi-
libr ■ relatif d'un liquide homogène
en rotation sous l'attraction new-
tonienne de ses parties; par M. Paul
Appell 587
— Sur l'intégration des équations aux
dérivées fonctionnelles partielles;
par M. Paul Lévij 1 â 1 5
— Sur l'intégration des équations aux
dérivées fonctionnelles partielles;
par M. Paul Lévij . . .'. [658
Équations intéghali s. — Sur la solu-
tion des équations séculaires et des
équations intégrales; par M. Ch.
Mitntz 860
— Application de la théorie des équa-
tions intégrales à certains problè-
mes de la théorie analytique de la
chaleur, dans l'hypothèse d'un saul
brusque de température à la sur-
face de séparation des corps en con-
tact; par M. Emile Picard 1 1 19
— Sur quelques propriétés des équa-
tions intégrales à noyau non symé-
trique; par M. Nicolas Krylojj 1 58j
— Sur des solutions holomorphes de
certaines équations intégrales li-
néaires de troisième espèce; par
M. Ch. Plâtrier i8î5
Équilibres chimiques. — Déplacement
des amylamincs primaires par le gaz
ammoniac; par M. Félix Bidet.... 3i5
— Déplacement limité de la monoéthyl-
amine par le gaz ammoniac; par
M. Félix Bidet i6i3
— Étude de l'équilibre entre le chlo-
rure de plomb et le chlorhydrate
d'ammoniac en solution aqueuse;
par Mme N. Demassieux 892
— Réactions chimiques dans les gaz
comprimés : étude de la décom-
position de l'oxyde d'azote; par
Pages.
MM. E. Briner et Boubnofj 228
— Equilibre chimique de l'action du
gaz chlorhydrique sur le sulfate de
zinc; par M. Camille Matignon . . . . 788
Errata. — 104, 270, 366, 418, 586,
923, 1198, 16 J2, 1 8 7 1 , 2038
États 'correspondants. — La loi de
I iuldberg et les états correspon-
dants; par M. .4. Leduc 65
— Sur les lois des états correspondants;
par M. E.-H. Amagat 271
— Sur les courbes de saturation et la
loi des états, correspondants; par
M. E.-H. Amagat 843
Ethers. — Hydrogénation directe des
éthers phénylaeétiques : prépara-
tion de l'acide eyclohexy lacé tique;
par MM. Paul Sabotier et M. Mural. ] > j
— Éthérification eatalytique en solu-
tion étendue : préparation de l'acé-
tate d'éthyle; par M. F. Bodroitic.. . 1079
— Action de l'a-monochlorhydrine et
de l'épichlorhydiine. sur la glycérine
monosodée; par M. Jean Nivière-, 1628
Voir Carbures.
Étoiles. — Etoiles doubles nouvelles
découvertes à l'Observatoire de
Lille; par M. R. Jonckheere 9 '<~
— Sur le rendement lumineux du corps
noir aux températures élevées et
sur celui des étoiles. Première appli-
cation à Arcturus et Véga; par
M. Charles Nordmann 664
— Sur les températures effectives des
étoiles; par M. Charles Nordmann. . [355
— Opacimètre intégrateur pour pho-
tographies stellaires; par M. Jules
Baillaud 1 1 3
— Distribution des étoiles doubles
spectroscopiques sur la sphère cé-
leste; par M. P. Slroobant 37
Voir Occultations.
Exploration. — Sur les Méduses re-
cueillies dans le plankton pendant
la croisière d'été 1912 du « Pourquoi
Pas ? » dans les mers du Nord, sous
le commandement du Dr J.-B.
Charcot; par M. Ed. Le Danois 35 1
Voir Océanographie, Poissons.
Explosifs. — Action des basses tem-
pératures sur les explosifs ; par
MM. André Kling et D. Florentin. . 694
ao58
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Farines. — Les matières azotées so-
lubles comme facteur d'appréciation
des farines ; par MM. Eug. Rousseaux
et Maurice Sirol 723
Ferments. — Données nouvelles sur la
réversibilité de l'action fermentaire
de l'émulsine; par MM. Em. Bour-
quelot et J. Coirre 643
— La réversibilité des actions fermen-
taires : Émulsinc et méthylgluco-
side (3; par MM. Em. Bourquelot et
Em. Verdon 957
— L'acidification des moûts par la le-
vure au cours de la fermentation
alcoolique; par M. A. Fernbach. ... 7.7
— Fermentation alcoolique de l'acide
lactique! par M. Mazé 1101
Voir Dialyse, Diastases, Vin.
Foie. — Sur la minéralisation comparée
des régions cancérisées du foie et
des régions relativement saines; par
M. Albert Robin 33 /J
— Recherches sur les variations de
l'acide phosphorique dans l'urine
et le foie des cancéreux; par M.
Albert Robin 2018
Voir Chimie pathologique.
Fonctions. — Sur une classe de trans-
cendantes généralisant les fonctions
elliptiques et les fonctions abéliennes;
par M. Emile Picard 978
— Un théorème sur la fonction gamma;
par M. //. Burkhardl 1212
— Lespolynomes V„,,„ d'Hermite et leurs
analogues rattachés aux fonctions
sphériques dans l'espace à un nom-
bre quelconque de dimensions; par
M. Paul Appetl i423
— Les polynômes U,„,„ d'Hermite et leurs
analogues rattachés aux fonctions
sphériques dans l'hyperespace; par
M. Paul Appell. i582
— Quelques remarques sur les systèmes
complets de fonctions orthogo-
nales; par M. V. Koslilzin 292
— Sur des transcendantes entières géné-
ralisant les fonctions exponentielles
et trigonométriques; par M. Michel
Petrofilch 1 2 1 3
Pages.
— Sur quelques polynômes qui s'écar-
tent le moins possible de zéro dans
un intervalle donné; par M. A.
Pchéborski 53i
— Sur la meilleure approximation de
| x \is+l par des polynômes de degrés
indéfiniment croissants; parMlle Th.
Tarnarider . 672
— Sur la détermination de la croissance
des fonctions entières définies par
une série de Taylor; par Mlle S.
TiUinger 434
— Sur les fonctions entières d'ordre nul;
par M. Valiron 534
— Sur les fonctions entières d'ordre fini;
par M. G. Valiron 1 138
— Sur un théorème de Laguerre; par
M. Georges Pùlijâ 996
— Sur les familles de fonctions algé-
broïdes; par M. Georges Rémoundos. 862
— Sur les séries et les familles de fonc-
tions algébroïdes dans un domaine;
par M. Georges Rémoundos 1 r4l
— Sur une classe de transcendantes
ayant un théorème de multipli-
cation; par M. Georges Giraud 49
— Sur une application du calcul fonc-
tionnel à la théorie des fonctions;
par M. D. Pompéiu 376
— Détermination de toutes les fonctions
permutables de première espèce
avec une fonction donnée; par
M. Joseph Pérès 378
— Sur une extension d'un théorème de
Weierstrass et sur une restriction
d'un autre théorème du même au-
teur; par M. W.-F. Osgood 1591
— Sur les différentielles totales et les
fonctions monogènes; par M. Paul
Montel 1820
— Sur une question concernant les
fonctions de deux variables réelles;
par M. Emile Col ton io54
Voir Séries.
Fonds Bonaparte. — MM. Ch. Fabry
et H. Buisson adressent un Rap-
port sur l'emploi qu'ils ont fait et
les expériences qu'ils ont exécutées
à l'aide de la subvention qui leur a
TABLE DES
Pages,
été accordée sur le Fonds Bona-
parte en 191 1 434
— M. Jules Welsch adresse un Rapport
sur l'emploi de la subvention qui lui
a été accordée sur le Fonds Bona-
parte en 1 9 12 664
— M. Paul Pallary adresse un Rapport
sur l'emploi de la subvention qui lui
a été accordée sur le Fonds Bona-
parte en 1912 757
— Commission du Fonds Bonaparte
pour 1913 : MM. Lippmann, Emile
Picard et Villard; MM. A. Gautier,
Perrier, Guignard; M. Adolphe Car-
not i5ii
Force éi.ectromotrice. — Force élec-
tromotrice produite par l'écoulement
des solutions d'électrolytes dans les
tubes capillaires; par M. Louis Biéty.. 1 368
Formes. — Sur la détermination des
fonctions harmoniques ; par M. J.
Lejtoiu 437
Voir Equations aux différences finies.
— Sur les fonctions fondamentales des
équations différentielles linéaires
MATIERES.
2039
Pages.
du second ordre et sur le développe-
ment d'une fonction arbitraire. Ap-
plication de la théorie des formes
quadratiques à une infinité de va-
riables) par M. Léon Lichtenstein. . 993
— Sur la réduction des formes quadra-
tiques binaires à coefficients entiers
dans un corps quadratique réel| par
M. Gaston Cotty 1448
Voir Groupes, Théorie des nombres.
Froid. — M. d'Arsonval présente les
Comptes rendus du deuxième Congrès
national du Froid, tenu à Toulouse,
en septembre 1912 1875
— De l'emploi des basses températures
en cryothérapie j par M. F. Bordas. 84
— La pression et la thermométrie en
cryothérapie) par M. Henri Bèclère. 1399
Voir Explosifs.
Fusion. — Sur les tourbillons cellu-
laires isolés; par M. C. Dauzère. ... 218
Voir Tourbillons.
— Fusibilité des corps gras naturels)
par M. H. Le Chalelier et Mlle Ca-
vaignac 089
G
Galactosides. — Synthèses de galac-
tosides d'alcools à l'aide de l'émul-
sine. Propylgalactoside [i et benzyl-
galactoside fi; par MM. Em. Bour-
quelot, H. Hérisssy et M. Bridel. . . . 33o
Voir Diastases.
Galvanomètre. — L'inscription des si-
gnaux horaires et des télégrammes
hertziens à l'aide d'un appareil
Morse; par M. Albert Turpain 61 5
Voir Télégraphie sans fil.
Gastéropodes. — Contribution à
l'étude des fonctions des grands ten-
tacules des limaces rouges [Arion
rujus); par M. Pierre Kennel 87
Gaz. — M. Charles Moureu présent.'
à l'Académie un Mémoire intitulé :
Beeherches sur les gaz rares des
sources thermales: leurs enseigne-
ments concernant la Radioactivité et
la Physique du globe 1O4O
— Phénomènes capillaires dans les gaz;
extension de la formule de Laplace
au contact solide-gaz; par M. G.
Reboul 688
— Sur la composition du gaz d'éclai-
rage) par MM. P. Lebeau et A. Da-
miens 797
— Sur l'équilibre d'un gaz en état de
dissociation binaire) par M. J. de
Boissoudy 61
Géodésie. — Sur des formules dérivées
de celles des Ingénieurs-Géographes
et appropriées au calcul des coor-
données des sommets d'une chaîne
géodésique primordiale; par M. E.
Benoit 297
Géographie. — Sur la position exacte
du pôle continental de la Terre; par
M. Alphonse Berget 1 714
- Les niveaux du Plateau lyonnais.
Essai de raccordement avec les hautes
terrasses du mont Cindre; par M. /.
Assada 1 1 87
Géographie botanique. — Peuplement
végétal de la Chaouïa, Maroc; par
C.-J.Pitard i556
Voir Géodésie, Navigation, Océanogra-
phie.
20Ô0
TABLE DES MATIERES.
GÉOLOGIE.
Pages.
Efficacité des puits absorbants; par
M. Gustave-F. Doll/us IOÎ2
Sur l'efficacité des puits absorbants;
par M. F. Dienert 1288
Sur des phénomènes de capture dans
la région occidentale du Bassin de
Paris; par M. François Bochin I277
Signification des galets de minerais in-
clus dans les minerais de fer hettan-
giens de Bourgogne; par MX. Cayeux. 1793
Essai de synchronisation des allu-
vions anciennes de la Loire et de ses
affluents; par M. E. Chaput 358
Les huit phases éruptives du volcan
de Corne (Chaîne des Puys). Un
puits profond à travers les coulées
de lave de ce volcan; par M. Ph.
Glangeaud 1 3/|0
Sur quelques roches écrasées du Pla-
teau central; par M. L. De Launay. . i434
Recherches relatives à l'extension de
la mer nummulitique sur la rive
droite de la Gironde; par M. Edmond
Bordage 1 1 12
Sur le golfe éocène de Roy an; par
M. Edmond Bordage 1281
Le terrain éocène de Bos d'Arros; par
MM. Stuart Menteath et H. Dou fille. 5o,'(
Sur la terminaison occidentale de la
Sainte-Baume;, par M. Emile Haug. 1864
Le Stéphanien inférieur (zone des
Cévennes) dans la zone axiale alpine.
Essai de coordination des divera
niveaux du terrain houiller des Alpes
occidentales; par M. Ch. Pussenot. 97
Nouvelles données relatives à la tec-
tonique des environs de Briançon;
par MM. W. Kilian et Ch. Pussenot. 5i5
Analyse détaillée des dislocations du
Brianeonnais oriental; par MM. W.
Kilian et Ch. Pussenol 599
• Observations tectoniques aux envi-
rons de Grasse; par MM. Léon Ber-
trand et Antonin Lanquine 1867
M. Pierre Termier présente l'Ouvrage
de M. le professeur Franz Eduard
Suess, intitulé Die moravischen Fens-
ter und ihre Beziehung znm Grundge-
birge des hohen Gesenke 4 '9
- Contribution à l'étude du Wealdien
de la province de Santander; par
M. Louis Mengaud 1 279
Pages.
Sur la bordure méridionale de la
Meseta Ibérique; par M. Jean Groth. 1794
■ Observations sur l'histoire géolo-
gique pliocène et quaternaire du
golfe et de l'isthme de Corinthe;
par M. Charles Depéret 427
■ Observations sur l'histoire géolo-
gique pliocène et quaternaire du
golfe et de l'isthme de Corinthe;
par M. Charles Depéret 65g
• Observations sur l'histoire géologique
pliocène et quaternaire du golfe et de
l'isthme de Corinthe; par M. Charles
Depéret 1048
- Sur l'âge de la série cristallophyl-
lienne des Cyclades et sur l'époque
des plissements qui l'ont affectée;
par M. Ph. Négris 829
- Contribution à la géologie de l'Atti-
que; par M. Ph. Négris 1286
- Sur la structure de la zone littoral''
de l'Algérie occidentale ; par
M. Louis Gentil 963
L'Oligocène marin et sa faune en Al-
gérie ; par M. Dalloni 171 1
- Structure des chaînes entre le lac
Gaktehaï et l'Araxe; par M. Pierre
Bonnet i497
- Sur les terrains paléozoïques de la
rivière Noire (région entre la fron-
tière laotienne et le fleuve Rouge,
Tonkin) ; par M. Jacques Deprat. . . . 679
- Les terrains triasiques dans la région
de la rivière Noire moyenne (Ton-
kin) ; par M. Jacques Deprat 921
- Sur la succession des étages carboni-
fères et permiens en Indo-Chine;
par M. Jacques Depral 1 109
- Sur l'existence de charriages impor-
tants au Tonkin entre le fleuve
Rouge et la rivière Noire ; par
M. Jacques Depral 1284
- Les calcaires à Produclus de l' Indo-
Chine; par M. Mansuy ioio
- Sur l'origine du pétrole au Wyo-
ming (États-Unis d'Amérique); par
M. Jean Chaulard 1 4 * 7
Voir Archéologie, Géographie, Hydro-
logie, Mètallogênie, Minéralogie,
Paléontologie.
Géométrie. — Nouvelle formule appro-
chée de la longueur de l'ellipse; par
TABLE DES MATIERES.
2061
Pages.
M. Rodolphe Sorcau i5i3
— Sur les involutions appartenant à
une surface de genres zéro et de
bigenre un; par M. L. Godeau.r i3t>6
— Classification des involutions de
genres 1 appartenant à une sur-
face de genres 1 ; par M. L. Go~
deaux 1737
— Sur les surfaces irrégulières dont
les genres satisfont à l'inégalité
Pç ~ 1 (p„ + 2); par M. A. Rosen-
blatt 42
— Sur les surfaces algébriques qui pos-
sèdent un faisceau irrationnel de
courbes de genre 2; par M. .1. Ro-
senbl/til 290
— Les correspondances algébriques exis-
tant sur les courbes d'un système
linéaire tracées sur une surface-; par
M. Franeesco Severi 287
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. Une
propriété générale des lignes tracées
sur une surface; par M. A. Demoulin. 4°
— Sur une classe particulière d'équa-
tions de M. Moutard; par M. C.
Guichard 748
— Sur les réseaux dérivés; par M. G.
Tzitzéica 374
— Sur les réseaux réciproquement dé-
rivés; par M. Tzitzéica €66
— Sur une généralisation de6 surfaces
minima non euclidiennes; par
M. Tzitzéica 1 136
— Sur les configurations de Laplaee;
par M. E. Bompiani 6o3
Pages.
— Sur les surfaces minima engendrées
par un cercle variable; par M. Gas-
ton Darheux 928
- Sur les surfaces minima engendrées
par un cercle variable; par M. Gas-
ton Darboux 971
— Sur une série de surfaces dont une
famille de lignes de courbure est
constituée par des hélices indéfor-
mables; par M. Barré 999
— Sur une transformation qui dépend
d'une équation aux dérivées par-
tielles du troisième ordre; par
M. H. Jonas 1816
— Sur le complexe des moments vec-
toriels; par M. V. .larnet 1828
Glaciers. — Valeur et variation de la
température profonde du glacier,
au mont lilanc; par M. J. Vallol.. . . 1 575
Glucosides. — Dédoublement diasta-
sique des glucosides et des galae-
tosides; par M. //. Bierry 265
Voir Diastases, Galactosides.
Graines. — Sur la courbe des limites
de la germination des gra nés après
séjour dan6 les solutions salines;
par M. Pierre Lesage 55g
Gravitation. — Voir Electrons.
Greffe. — Nouvelles recherches sur la
greffe des Bra-ssica; par M. Lucien
Daniel i5l
Groupes. — Sur les domaines fonda-
mentaux de certains groupes t'uch-
siens; par M. Th Got 1741
H
Hérédité. — Cas remarquable d'héré-
dité en mosaïque chez des hybrides
d'Orges (Hordeum distichum nutans
Schùbl. X H. distichum nudum L.)|
par M. L. Blaringhem 1025
Voir Hybrides.
Histoire des Sciences. — M. G. Le-
moine fait hommage à l'Académie,
de la part de M. Colin, d'une lettre
autographe de Berzélius à M. Jul-
lien, relativement à un projet de
nomenclature c himique 602
— Sur l'identification du crâne sup-
posé de Descarte6 par sa compa-
raison avec les portraits du philo-
sophe; par M. Paul Richer 188
Voir Nécrologie.
Histologie. — Forme, direction et mode
d'action du muselé ciliaire chez quel-
ques Mammifères ; par M. J. Mawais. i58
— Du rôle du tissu conjonctif du corps
ciliaire dans la transmission de la
contraction du muscle ciliaire et
de l'importance de la zonule dan6
l'accommodation de l'œil; par
M. Jacques Mawas 349
— Sur l'asymétrie du corps ciliaire et
sur son importance dans l'acconimo-
2062
TABLE DES MATIERES.
Pages,
dation astigmique et les mouve-
ments du cristallin) par M. Jacques
Mawas 570
— Action de la traction de la zonule
sur la configuration générale du cris-
tallin humain. De la possibilité de
l'aplatissement de la périphérie du
cristallin pendant l'accommodation;
par M. Jacques Mawas 1788
— Sur une formation fibrillaire intra-
cellulaire dans la tunique de la
glande salivaire chez les larves de
Syrphinae; par M. D. Keilin 908
— Sur quelques modifications du tissu
musculaire au moment de la matu-
rité sexuelle chez la Nereis fucala
(Sav.)j par M. H. Charrier i33i
— Recherches sur le plexus cardiaque
et sur l'innervation de l'aorte; par
M. Y. Manouélian 1846
Hybrides. — Phénomènes de xénie
chez le Blé; par M. L. Blaringhem . . 802
Voir Hérédité.
Hydrates. — Sur l'état dissimulé dans
les hydrates; par M. de Forcrand. . . i5o6
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1642
Voir E/jluoiescence, Magnétisme.
Hydraulique. — Sur les coups de bélier
dans les conduites formées de sec-
tions de diamètres différents; par
M. de Sparre i52l
Hydrodynamique. — Sur l'écoulement
des fluides pesants; par M. Henri
Villat 58
— ■ Sur la détermination des problèmes
Pages.
d'Hydrodynamique relatifs à la
résistance des fluides; par M. Henri
Villat 442
— Sur la production des marées statiques
de la deuxième sorte dans un océan
répondant à une loi quelconque de
profondeur; par M. E. Fichot 211
— Sur la zone de formation des tour-
billons alternés derrière un obstacle;
par M. Henri Bénard ioo3
— Sur la marche des tourbillons alternés
derrière un obstacle; par M. Henri
Bénard 1225
Voir Aérodynamique, Dynamique des
fluides, Équations fonctionnelles,
Hydraulique, Navigation, Tour-
billons.
Hydrologie. — Sur l'étude des tempé-
ratures des eaux souterraines dans
les captages pour l'alimentation pu-
blique; par M. E.-A. Martel 741
— - Sur L'étude des températures des eaux
souterraines dans les captages pour
l'alimentation publique; par M. F.
Dienert 83 1
— Efficacité des puits absorbants; par
M. Gustave- F. Dollfus io3a
— Sur l'efficacité des puits absorbants;
par M. F. Dienert 1288
Voir Gaz, Géologie.
Hygiène. — Sur le soufre et ses varia-
tions dans le traitement biologique
des eaux d'égout; par M. Lucien
Cavel 1 099
Voir Eau, Hydrologie.
Immunité. — De l'immunité vaccinale
passive conférée par les injections
intra-veineuses de sérum variolique;
par MM. Pierre Teissier, Pierre Gas-
tinel et P.-L. Marie 82
— De l'immunisation contre le staphy-
locoque pyogène par voie intesti-
nale; par MM. Jules Courmont et
A. Rochaix 572
— Des rapports entre l'anaphylaxie,
l'immunité et l'autoprotéolyse des
centres nerveux; par M. L.-C.
Soula 1 258
— Des rapports existant entre l'ana-
phylaxie et l'immunité; par M. Mar-
cel Belin 1260
Voir Vaccin.
Indigo. — Synthèses dans le groupe des
indigoïdes; par MM. A. Wahl et P.
Bagard 898
— Synthèses dans le groupe des indi-
goïdes; par MM. A. Wahl et P.
Bagard 1 382
Industrie. — La pêche aux grands
Cétacés sur la côte occidentale
d'Afrique; par M. A. Gruvel 1705
TABLE DES MATIERES.
2o63
Pages.
Insectes. — Sur le rôle de la spatule de
la Cécidomyie parasite du Buis; par
M. J. Chaîne 336
— Observations sur l'évolution post-
embryonnaire du Dytique bordé;
par M. L. Bounoure 633
— Les corps figurés du protoplasme des
œnocytes des Insectes; par M. A.-
Ch. Hollande 636
— Sur la nature et le développement de
l'organe lumineux du Lampyre
noctiluque; par M. Raphaël Dubois. 73o
— Sur un organe périœsophagien énig-
matique des Tinéides et sur son dé-
veloppement; par Mme A. Huj-
nagel 1 636
— Le gésier des Dytiscides; par M. L.
Bordas 1 703
Pages.
— Sur les effets comparés de l'arsenic et
du plomb dans les traitements
appliqués contre les larves de Co-
chylis; par MM. L. Moreau et E.
Vinet 906
— La transmission du Ver macaque par
un Moustique; par M. Jacques Sur-
couf 1406
— Septicémies spontanées à coccoba-
cilles chez le Hanneton et le Ver à
soie; par M. Edouard Chatton 1707
Voir Histologie, Parthénogenèse.
Interférences. — Strioscopes inter-
férentiels et interféromètres simpli-
fiés à circuits inverses. Vibrations
stationnaires sur une argenture
transparente; par M. G. Sagnac. . . . i838
Voir Longueurs d'onde.
Levures. — Recherches sur le méca-
nisme de l'acclimatation des le-
vures à l'aldéhyde formiquc; par
M. M.-Emm. Pozzi-Escot i85l
Liquéfaction. — Voir Pouvoir rotatoire.
Longitude. — Résultats de la discussion
des observations faites par MM. Del-
porte et Viennet, pour déterminer
par la télégraphie sans fil la différence
de longitude entre l'Observatoire
royal de Belgique et l'Observatoire
de Paris; par M. Henri Renan. . . . 758
— Sur la première détermination de
différence de longitude par télé-
graphie sans fil en Afrique occi-
dentale française; par MM. Schwartz
et Villatle 1743
Longueurs d'onde. — Mesures inter-
férentielles de longueurs d'onde
dans le spectre du fer; par M. Keivin
Burns 161 1
— Sur les longueurs d'onde des raies du
krypton; par MM. H. Buisson et
Ch. Fabrij 945
Lune. — Mégaséismes et phases de la
lune ; par M. de Montessus de Ballore. 100
Voir Occultations.
M
Machine a vapeur. -- Voir Thermo-
dynamique.
MAGNÉTISMK.
— Remarques sur l'additivité du dia-
magnétisme en combinaison; par
M. Paul Pascal 323
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 586
— Sur les propriétés magnétiques de
C. H., 1913, 1" Semestre. (T. 156.1
quelques hydrates solides de cuivre
et de chrome; par Mlle E. Feytis. . . . 886
Quelques observations à propos de
la Note de Mlle Feytis sur le ma-
gnétisme des sels anhydres et hy-
dratés; par M. G. Wyrouboff 1072
Sur la théorie cinétique du parama-
gnétisme des cristaux; par M. Pierre
Weiss 1 674
L'aimantation des cristaux et l'hypo-
thèse du champ moléculaire; par
M. Pierre Weiss 1 836
264
2o64
TABLE DES MATIERES.
Page».
— Etude magnétique de la constitution
de quelques alliages d'antimoine;
par M. P. Leroux 17O ;
Magnétisme solaire. — Sur le champ
magnétique général du Soleil; par
M. Henri Chrétien 192
— Sur la production de champs magné-
tiques intenses à la surface du So-
leil ; par M. Gouy 5 1 2
— Valeur des éléments magnétiques à
l'Observatoire du Val Joyeux au
Ier janvier 191 3; par M. Alfreil
Angot 173
— Orages magnétiques et phénomènes
d 'hystérésis j par M. J. Bosler l4i9
Magnéto-optiquf. — Biréfringence ma-
gnétique de mélanges liquides; par
MM. A. Cotton et H. Mouton i456
— Simplification des raies spectrales
par le champ magnétique; par M. R.
Fortrat 1459
— Le triplet magnétique normal et la
règle de Preston; par M. R. Fortrat. 1607
Voir Pouvoir rotatoire.
Marée. — Voir Hydrodynamique.
MATHÉMATIQUES.
Voir Algèbre, Analyse mathématique,
Calcul des probabilités, Géométrie,
Géométrie infinitésimale, Xomo-
graphie, Théorie des nombres.
MÉCANIQUE.
Mécanique analytique. — Les diverses
formes du principe de Dalembert et
les équations générales du mouve-
ment des systèmes soumis à des
liaisons d'ordre quelconque; par
M. Et. Delassws ao5
— Sur l'équilibre et les petits mouve-
ments des systèmes soumis à des
liaisons d'ordre quelconque; par
M. Et. Delassus 677
— Sur les équations du mouvement des
systèmes conservatifs non holo-
nomes; par M. A. Bilimovitch 38 1
— Sur les systèmes conservatifs non
holonomes avec des liaisons dépen-
dantes du temps; par M. A. Bili-
movitch 1 2 1 6
Pages.
— Sur les équations canoniques des sys-
tèmes non holonomes j par M. Theo-
dor Puschl 1 829
— Sur une transformation du mouve-
ment d'un système holonome con-
servatif donné dans le mouvement
d'un autre système donné de même
liberté; par MM. P. AppeU et H.
Vergne 1800
Voir Cinématique, Electrons.
Mécanique rationnelle. — Sur l'équi-
libre de fils dont les éléments s'at-
tirent ou se repoussent en fonction
de la distance; par M. Paul AppeU . 5oo
— Équation fonctionnelle pour l'équi-
libre relatif d'un liquide homogène
en rotation sous l'attraction new-
tonienne de ses parties; par M. Paul
AppeU 587
Mécanique appliquée. — Appareil de
mesure des vibrations de corps solides
en mouvement; par M. Carlo Bourlet. 870
— De la stabilité d'équilibre dans un cas
particulier de pièce courbe; par
M. Stanislas Belsetsky io56
Voir Cinématique, Élasticité, Pen-
dule, Sismologie.
MEDECINE.
— La vaccination préventive contre la
fièvre typhoïde dans les équipages
de la flotte; par M. Chantemesse. ..
— Quelques propriétés du virus tra-
chomateux. L'immunité dans le
trachome; par MM. Charles Nicolle,
A. Cuénod et L. Blousât
— La pression et la thermométrie en
cryo thérapie; par M. Henri Béclère.
Voir Électricité physiologique, Froid,
Immunité, Pathologie, Radiumlhéra-
pie. Syphilis, Tuberculose, Vaccin.
244
[177
"99
Mélanges binaires. — Sur la misei-
bilité partielle des liquides; par
M. Emile Baud
Voir Diffusion.
Métallogénie. — Sur l'origine du pla-
tine contenu dans les alluvions de
certains affluents latéraux de la
Koewa ( Oural du Nord ) ; par
M. Louis Duparc
3i7
in
TABLE DES MATIERES.
2 06 5
Pages.
— Sur la genèse des minerais de fer sédi-
mentaires; par M. A. Leclère iii5
MÉTÉOaOLOGlE.
- Sur le trouble du ciel et l'affaiblisse-
ment du rayonnement solaire, ob-
servés pendant l'année 1912; par
M. D. Eginitis
- La loi des crochets barométriques
de grain; par M. Durand- Gréville. . .
Voir Absorption, Paratonnerres, Phy-
sique du Globe, Tourbillons.
Michoscopie. — Nouveau montage des
préparations microscopiques per-
mettant l'étude des deux faces aux
plus forts grossissements et sup-
primant les procédés spéciaux d'em-
ballage; par M. Casimir Cépède. . . .
Voir Radiographie.
855
1190
68;
MICROBIOLOGIE.
Sur les microzyma crelse ; par M. G.
Béehamp 1570
Recherches sur la flore intestinale.
P,i^e< .
Sur l'action pathogène d'une asso-
ciation microbienne : Proteus vul-
garis et Bacillus aminophilus intes-
tinalis; par M. Albert Berthelot . . . .
Voir Antigènes, Bactériologie, Immu-
nité, Syphilis.
i567
MINÉRALOGIE.
- Sur des coquilles fossiles en inclu-
sions dans des cristaux de gypse
limpide de l'Oligocène de Narbonne;
par M. J . Durand 1841
- La célestine des terrains sédimen-
taires; par M. L. Collot 1 1 63
- Sur la présence de bandes calcaires
dans la partie suisse du massif des
Aiguilles-Piouges; par M. Maurice
Lugeon et MUe Elisabeth Jérémine. 1J73
- La constitution minéralogique de
l'archip»l de Los (Guinée) ; par M. A.
Lacroix 653
- Sur la constitution minéralogique et
chimique des laves des volcans du
centre de Madagascar; par M. A.
Lacroix 1 75
- Errata relatifs à cette Communica-
tion 925
Voir Cristallographie. Pétrographie.
N
Navigation. — Calcul de l'augmenta-
tion du chargement ou de la vitesse,
obtenue par l'accroissement des di-
mensions d'un paquebot; par M. L.-
E. Berlin 19
— Tracé et usage des cartes pour la na-
vigation orthodromique construites
sur les plans tangents aux pôles; par
M. Gêniez 445
Nébuleuses. — Sur les spectres des né-
buleuses et sur les analogies qu'on
en peut tirer; par M. Jean Meunier. 391
— Observations de nébuleuses, faites à
l'Observatoire de Paris; par M. G.
Bigourdan 499
Nécrologie. — M. Appell présente à
l'Académie une Notice de M. Buhl
sur la vie et l'œuvre de Henri Poin-
caré 367
Voir Décès.
Nerfs. — Activité des centres nerveux
et catabolisme azoté de la subs-
tance nerveuse; par M. L.-C. Soula. 728
Voir Histologie.
Nomographie. — Sur la disjonction des
variables dans les équations repré-
sentables par des nomogrammes à
points alignés ; par M. Farid Boulad
Bey 86*
— Sur l'application générale de la mé-
thode des points alignés aux pro-
blèmes qui se ramènent à des réso-
lutions de triangles sphériques; par
M. M. d'Ocagne i5g3
2o66
TABLE DES MATIERES.
o
Pages.
Observatoires. — Sur les publications
de certains travaux de l'Observatoire
de Paris jpar M. B. Baillaud 65 1
— M. A. Verschajfel présente des Tables
pour le calcul de la précession en .H
et D, équinoxe de 1900, imprimées
à l'Observatoire d'Abbadia l8l3
Voir Longitudes.
Obstétrique. — Sur la fragilité du sexe
mâlej par MM. A. Pinard et A.
Magnan 4°i
Voir Physiologie.
Occultations. — Observation de l'oc-
cultation des Pléiades par la Lune,
faite le i3 mars io,i3, à l'Observa-
toire de Lyon) par MM. Luizel et J.
Guillaume 857
Océanographie. — Vingt-cinquième
campagne scientifique ( Hiron-
delle Il ) j par S. A. S. le Prince
Albert de Monaco 17^4
Voir Géographie, Hydrodynamique.
Œil. — Contribution à l'étude des fonc-
tions des grands tentacules des li-
maces rouges [Arion rufus) j pa r
M. Pierre Kennel 78
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 270
Voir Gastéropodes, Histologie, Opliqu e
physiologique.
Oiseaux. — Données pour la construc-
tion d'un monoplan idéal tirées des
Pages,
caractéristiques des Oiseaux; par
M. A. Magnan 1746
Voir Aviation.
Ondes hertziennes. — Voir Décharges,
Télégraphie sans fil.
Optique. — Sur la possibilité théo-
rique d'un dispositif réversible pour
la reconstitution automatique des
couleurs naturelles en projection;
par M. Adrien Guébhard 127
— Séparation des effets lumineux et ca-
lorifiques produits par une source
de lumière; par M. Dussaud 948
y oir Absorption, Diffraction, Diffusion,
Électro-optique, Émission, Longueurs
d'onde, Magnéto-optique, Microsco-
pie, Photographie, Photométrie, Pola-
risation, Rayonnement, Rayons de
Rontgen, Résonateurs.
— Une théorie de la vision ; par
M. Tscherning 56g
Organo-métalliques. — Sur l'iodure
de magnésium méthyle ; par
M. Pierre Jolibois 712
Osmose. — Sur les réactions qui accom-
pagnent l'osmose de l'hydrogène à
travers le fer; par MM. G. Charpy
et S . Bonnerot 3g4
— Nature de l'optimum osmotique dans
les processus biologiques; par M. Al-
fred Guillemard 1 552
Voir Sang.
PALÉONTOLOGIE.
Influence du mode de vie sur la ligne
suturale des Ammonites appartenant
à la famille des Cosmocératidés;
par M. Robert Douvillé 170
Individualité de la faune d'Ammo-
nites des couches à Pelloceras athleta :
par M. Robert Douvillé 36i
Sur le prosiphon des Spirules; par
M. Painvin 355
Sur le siphon des Spirules; par M. G.-
J. Painvin 818
— Sur des coquilles fossiles en inclusions
dans des cristaux de gypse limpide
de l'Oligocène de Narbonne; par
M. J. Durand 1841
— Mammifères miocènes de Palencia,
dans la meseta espagnole; par M. E.
Hernandez-Pacheco 1868
Voir Géologie.
Parasites. — Recherches expérimen-
tales sur le développement de la
Douve hépatique (Fasciola hepa-
TABLE DES MATIERES.
2067
Pages.
tica L.) ; par MM. A. Railliet, G.
Moussu et A. Henry g5
— Sur Lamarckina caligusa Ç n. g. n. s.
et l'évolution des Lernseidse ; par
M. A. Quidor 1096
— La typhlite parasitaire du Nandous
par M. G.-R. Blanc 1272
— Au sujet des toxoplasmes du lapin
et du gondi) par MM. A. Laveran et
M. Marullaz 9,33
— Contribution à l'étude morpholo-
gique du Toxoplasma gondii et
du T. cuniculi\ par MM. A. Laveran
et M. Marullaz 1298
— Sur un Ellobiopsidé nouveau, para-
site des Nébalies (Parallobiopsis
Coutieri n. g., n. sp.) ; par M. Ber-
nard Collin l332
— Sur le rôle de la spatule de la Cécido-
myie parasite du Buis; par M. J.
Chaîne 336
Voir Champignons, Parthénogenèse,
Pathologie végétale, Physiologie végé-
tale, Protozoaires.
Paratonnerres. — M. J. Violle, au
nom de la Commission des Paraton-
nerres, donne lecture du Rapport
« Sur les inconvénients que pourrait
causer aux appareils desP os tes et
Télégraphes le voisinage de certains
paratonnerres spéciaux dits nia-
garas » 520
Parthé nogenese. — Sur la parthéno-
genèse et le déterminisme de la
ponte chez la Teigne des Pommes
de terre [Phthorimœa operculella
Zell.) ; par M. F. Picard 1097
— Démonstration définitive de l'inocu-
lation superposée à la piqûre en
parthénogenèse traumatique) par
M. E. Bataillon 812
PATHOLOGIE.
— Les anaérobies dans la fièvre ty-
phoïde; par M. J. Loris- Mélikov . . .
Voir Chimie pathologique, Médecine,
Parasitologie, Toxines, Tubercu-
lose, Vaccin.
Pathologie végétale. — La cryptocé-
cidie du ver des noisettes (Balaninus
nucum L.) et la signification biolo-
gique des gallesj par M. Etienne
345
Pages.
Rabaud 253
- Sur la question de la propagation des
rouilles chez les ( Iraminées) par M. J.
Beauverie 1 3gi
Voir Champignous.
Peinture. — Sur la reconstitution, par
cliché photographique, de certains
détails invisibles des tableaux an-
ciens j par M. H. Parenty 1 673
Pendule. — Sur l'entraînement du sup-
port dans les observations du pen-
dule; par M. Ernest Esclangon ioo5
Pétrographie. — Sur les roches érup-
tives du Lyonnais. Granités en place
et granités charriés. Évolution des
magmas aux temps hercyniens; par
M. Albert Michel-Lévy 717
Voir Minéralogie, Tourbillons.
Photochimie. — Relation entre la vitesse
d'une réaction photochimique et
l'énergie rayonnante incidente; par
M. Marcel Boll i38
— Mesure de l'énergie d'une radiation
ultraviolette émise par un arc au
mercure sous différents régimes;
j>ar M. Marcel Boll 3l3
— Energie absorbée et masse formée
dans une réaction photochimique;
par M. Marcel Boll 691
— Loi d'absorption photochimique élé-
mentaire; par MM. Victor Henri et
René Wurmser 23o
— Energie absorbée dans les réactions
photochimiques) par MM. Victor
Henri et René Wurmser 1012
— Sur la relation entre l'énergie lumi-
neuse et l'action photochimique;
par M. A. Tian 1601
— Détermination de l'ordre d'une réac-
tion photochimique; par M. .4.
Tian 1758
— Sur la détermination expérimentale
de l'énergie lumineuse absorbée
dans une réaction photochimique;
par M. A Tian 1 879
— Synthèse photochimique d'un com-
posé nouveau, l'oxycyanure de car-
bone, au moyen des rayons ultra-
violets; par MM. Daniel Berthelot et
Henry Gaudechon 1 766
— Sur la préparation de l'oxycyanure
de carbone ; par MM. Daniel Ber-
2o68 TABLE DES
Pages.
tlwlot et Henry Gaudechon 1990
Voir Photolyse, Ultraviolet.
— Sur l'action de la radiation dans un
mélange de substances colorantes;
par M. P.-A. Dangeard 1-844
Photo-électricité. — Sur un phéno-
mène photoélectrique présenté par
l'anhydride sulfureux liquéfié; par
M. Jacques Carvallo 1882
— Influence de la valence du métal sur
l'effet photo-électrique des composés
métalliques; par M. G.-A. D'una.. . . i366
Photolyse. — Sur les débuts de la
photolyse de l'alcool élhylique, de
l'aldéhyde éthylique et de l'acide
acétique; par MM. Daniel Rerthelot
et Henry Gaudechon 68
Photographie. — Sur la possibilité
théorique d'un dispositif réversible
pour la reconstitution automatique
des couleurs naturelles en projec-
tion; par M. Adrien Guèhhard 127
Voir Peinture, Radiographie.
Photométrie, — Sur un microphoto-
mètre destiné à la mesure de l'opa-
cité des plaques photographiques;
par MM. H. Buisson et Ch. Fabry . . 389
— Nitomètre, ou appareil pour la me-
sure rapide de la brillance d'une
surface lumineuse; par M. ^4. Blon-
del.. 1232
Voir Etoiles.
PHYSIOLOGIE.
- Sur la nature et le développement de
l'organe lumineux du Lampyre
noctiluque; par M. Raphaël Dubois. 73o
- Recherches sur la sexualité dans les
naissances; par MM. A. Pinard et A.
Magnan 1 396
Voir Obstétrique.
- L'adaptation organique dans les états
d'attention volontaires et brefs; par
M. J.-M. Lahy 1479
- Les signes physiques de la supériorité
professionnelle chez les dactylogra-
phes; par M. J.-M. Lahy 1702
- Sur la consommation des graisses
dans l'organisme animal; par M. G.
Lajon 1248
- Coefficients lipocy tiques et imbibi-
tion des cellules vivantes par l'eau;
MATIERES.
Pages,
par MM. André Mayer et Georges
Schaefjer 1 253
— Sur le mécanisme de la sécrétion sali-
vaire provoquée par l'injection
d'eau salée dans les vaisseaux; par
MM. E. Wertheimer et G. Battez. . . . i25o
— Résistance comparative du Chien et
du Lapin aux injections intravei-
neuses d'oxygène; par M. Raoul
Bayeiur 1 329
— Résistance comparative du Chien et
du Lapin aux injections intravei-
neuses d'acide carbonique; par
M. Raoul Bayeux 1482
Voir Acoustique physiologique, Ana-
phylaxie, Aneslhésie, Antigènes, Chi-
mie physiologique, Cœur, Cytologie,
Digestion, Electricité physiologique.
Froid, Histologie, Œil, Respiration,
Sang, Venins.
Physiologie végétale. — Influence des
conditions antériiuies sur la valeur
du quotient respiratoire chez les
feuilles vertes; par MM.L. Maquenne
et E. Demoussy 28
— Sur la valeur et un nouveau mode
d'appréciation du quotient respi-
ratoire des plantes vertes; par
MM. L. Maquenne et E. Demoussy. . 278
— Sur la valeur des coefficients chloro-
phylliens et leurs rapports avec les
quotients respiratoires réels; par
MM. L. Maquenne et E. Demoussy. 5o6
— De l'influence de l'uranium et du
plomb sur la végétation; par M. J.
Stoklasa i53
— De l'influence de la radioactivité sur
la germination; par MM. G. Petit et
R. Ancelin 903
— Sur la relation qui existe entre l'eau
évaporée et le poids de matière végé-
tale élaborée par le maïs; par
M. Mcizé 720
- Le Lepidium sativum rendu semi-
parasite expérimentalement; par
M. Molliard 1694
Voir Graine.
PHYSIQUE.
M. Amagat présente le Recueil de
Constantes physiques, publié par la
Société française de Physique 283
TABLE DES MATIERES.
Pages.
— Rectification des tracés déformés par
les mouvements circulaires du style :
l'orthophotographie ; par M. J.-M.
Lahy r 3 1 4
Voir Acoustique, Atome, Capillarité,
Chaleur, Chimie physique, Chronomé-
trie, Densités, Diffusion, Electricité,
Energétique, Etats correspondants,
Froid, Magnétisme, Optique.
Physique cosmique. Sur un pro-
blème important dans la Physique
cosmique; par M. Cari Stôrmer. . . . 45°
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 925
— Sur un problème mécanique et ses
applications à la Physique cos-
mique; par M. Cari Stôrmer 536
— Errata relatifs à celte communica-
tion 92G
Physique du ulobe. — Sur l'étude de
la constitution du Globe, au moyen
des rayons sismiques; par M. R. de
Kôvesligetliy 363
— ■ Sur les résultats donnés par les bal-
lons-sondes au nord du cercle po-
laire; par M. H. Maurice 738
— Sur une expédition pour l'observa-
tion des aurores boréales à Bossekop,
au printemps de 191 3; par M. Cari
Stôrmer 1871
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 2o38
Voir Géographie, Glaciers, Magnétisme
terrestre, Sismologie.
Physique mathématique. — Sur l'écou-
lement des fluides pesants; par
M. Henri Villal 58
— Sur l'existence d'une viscosité su-
perficielle, dans la mince couche de
transition séparant un liquide d'un
autre fluide contigu; par M. J. Bous-
sinesq 983
— Remarque élémentaire sur le pro-
blème des ondes sphériques; par
M. Pierre Duhem 1727
Voir Equations différentielles. Hydro-
dynamique, Potentiel, Rayonnement,
Relativité, Viscosité.
Phy'sique solaire. — Voir Tourbillons,
Soleil.
Physique végétale. — Sur l'action de
la radiation dans un mélange de
substances colorantes; par M. A.-P.
Dangeard i844
Planètes. — Observations d'occulta-
tions mutuelles des satellites de
Jupiter; par M. M. Amann
— - Sur un aspect curieux du troisième
satellite de Jupiter; par M. J. Guil-
laume
— Nouvelle méthode pour la recherche
visuelle rapide des petites planètes :
Comparateur photo-visuel; par M. .7.
Lagrula
Plis cachetés. — Sur l'origine de la té-
légraphie sans fil par étincelles
musicales; par M. A. Blondel
Poissons. — Sur le polymorphisme d'un
Delphinidé des mers australes : Del-
phinus Cruciger Quoy et Gaymard;
par M. Jacques Lioiwille
— Sur un nouveau genre de Centrar-
chidés du Gabon; par M. Jacques
Pellegrin
— Contribution à l'étude de la biologie
du Saumon; par M. Louis Roide. . . .
— Sur la reproduction de la sardine
algérienne; par M. ./. Bounhiol
Polarisation. — Sur la théorie des
appareils servant à l'étude de la
lumière polarisée elliptiquement;
par M. L. Chaumont
Voir Absorption .
Potentiel. — Sur le potentiel d'une
ligne analytique) par M. Angelo
Tonolo
Pouvoir rotatoire. — Polarisation
rotatoire magnétique de l'azote et
de l'oxygène liquéfiés; par M. J.
Chaudier
— Sur les variations du pouvoir rota-
toire magnétique dans les change-
ments d'état; par M. J. Chau-
dier
Voir Sucres.
Préhistorique. — Découverte d'une
grotte préhistorique d'âge aurigna-
cien à Briançon; par MM. Lucien
Mayet et Joseph Mazenol
Voir Anthropologie, Archéologie.
Pression artérielle. — Influence de
la constitution des corps puriques
sur leur action vis-à-vis de la pres-
sion artérielle; par MM. Desgrez et
Dorléans
Voir Venins.
Protozoaires. — ■ Au sujet des toxo-
plasmes du lapin et du gondi;
2069
Pages
992
1736
u34
37I
90
i488
i56i
i565
1604
295
1008
1592
1797
93
2070
TABLE DES MATIERES.
Pages.
par MM. A. Laveran et M. Ma-
rullaz 933
Voir Parasites.
— Les « Cytopleurosporés » (Cytopleu-
Pages.
rosporea), embranchement nouveau
du règne des Protistes) par M. Ca-
simir Cépède
574
Quinones. — Action de l'acide chlorhy-
drique sur la quinone sulfoniquej
par M. A. Seyewelz 901
R
Radioactivité. — Sur l'occlusion des
produits du radium; par M. Cos-
tanzo 126
— Sur le rayonnement secondaire pro-
duit par les rayons a; par M. B.
Bianu 785
— Sur la synthèse des sucres par les
émanations radioactives) par MM. J.
Stoklasa, J. Sebor et V. Zdobnicki . . 646
Voir Gaz, Bésistance, Tuberculose.
Radiographie. — Une application nou-
velle des rayons X : La microradio-
graphie; par M. Pierre Goby 686
Radiuiuthérapie. — Étude sur les
injections de sels de radium; par
M. Henri Dominici, Mrae Simone
Laborde et M. Albert Laborde 1 107
Rayonnement. — Sur la théorie du
rayonnement noirj par M. Marcel
Brillouin 124
— Sur la théorie du rayonnement noir;
par M. Marcel Brillouin 3oi
— Sur la loi du rayonnement noir et la
théorie des quanta; par M. J. de
Boissoudy 765
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1 1 98
— Sur la constante de la loi du rayon-
nement) par M. J. de Boissoudy . . . . 1 364
Voir Émission, Étoiles, Photochimie,
Soleil.
Rayons de Rôntgen. — Sur les images
multiples que présentent les rayons
de Rôntgen après avoir traversé des
cristaux; par M. M. de Broglie 101 1
— Sur la réflexion des rayons de Rônt-
gen; par M. M. de Broglie n53
— Sur les phénomènes optiques pré-
sentés par les rayons de Rôntgen
rencontrant des milieux cristallins)
par MM. M. de Broglie et F. -A. Lin-
demann 1461
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1642
— Sur la diffraction et la réflexion des
rayons de Rôntgen; par M. M. de
Broglie 1753
Voir Radiographie, Résistance.
Rein. — Sur la sécrétion des deux reins
comparée) par MM. R. Lépine et
Boulud 754
Relativité. — La théorie de la relati-
vité et la cinématique) par M. Emile
Borel 2i5
Résistance électrique. — Sur la va-
riation de résistance électrique du
sélénium irradié par les rayons X
et les rayons du radium j par M. //.
Guilleminot 1 1 55
— Sur un procédé do mesure des grandes
résistances polarisables et son appli-
cation à la mesure de la résistance
de bulles dans un liquide; par M. P.
Vaillant 307
Résonateurs. — Sur la théorie du rayon-
nement noir) par M. Marcel Bril-
louin 124
— Sur la théorie du rayonnement noir;
par M. Marcel Brillouin 3oi
Voir Rayonnement.
Respiration. — Inscription des mou-
vements respiratoires au moyen de
la main; par M. Marage 1091
Voir Tuberculose.
TABLE DES MATIERES.
ÎO^I
PilgCS.
Sang. — Sur le sucre faiblement combiné
dans le sang; par MM. R. Lépine
et Boulud i io
— Préparation du iibrinogène par dia-
lyse sur sirop de saccharose; par
MM. Piettre et A. Vila 1182
— Sur les relations osmotiques des glo-
bules rouges avec leur milieu; rôle
de l'état électrique de la paroi; par
M. Pierre Girard 1401
— Action des combinaisons arséno-
aroma tiques (606 et néo-salvarsari)
sur l'hémoglobine du sang; par
M. R. Dalimier 629
Voir Circulation, Pression artérielle.
Séries. — La convergence sur son cercle
de convergence d'une série de puis-
sances-effectuant une représentation
conforme du cercle sur le plan
simple ; par M. Lèopold Fejér 46
— Sur la détermination de la croissance
des fonctions entières définies par
une série de Taylor; par MUe 5.
Tillinger 434
— Sur la série de Fourier d'une fonction
à carré sommable; par MM. G. -H.
Hardy et J.-E. Littletvood 1307
— Sur la convergence des séries trigo-
nométriques de Fourier; par M. N.
Lusin i655
— Sur les séries de Lambert; par M. E.
Landau l45l
— Problème du développement d'une
fonction arbitraire en séries de
Sturm-Liouville ; par M. J. Tamar-
kine 1 589
Serpents. — Voir Venins.
Sismologie. — Mégaséismes et phases de
la Lune; par M. de Montessus de
Ballore 100
— Mégaséismes et saisons; par M. de
Montessus de Ballore 4 1 4
— Tremblements de terre destructeurs
et précipitations atmosphériques;
par M. de Montessus de Ballore. . . . 1194
— Sur l'étude de la constitution du
Globe, au moyen des rayons sis-
miques; par M. R. de K'ivesligethy. . 363
— Séismographes donnant directement
les trois composantes d'un séisme
C. R., 191 3, 1" Semestre. (T. 156.)
Pages,
et les variations lentes de la ver-
ticale; par M. V. Crémieu 832
Soleil. — ■ Observations du Soleil, faites
à l'Observatoire de Lyon, pendant
le troisième trimestre de 1912; par
M. J. Guillaume io53
— Observations du Soleil, faites à
l'Observatoire de Lyon, pendant
le quatrième trimestre de 1912; par
M. J. Guillaume Il 3a
— Observations du Soleil, faites à
l'Observatoire de Lyon, pendant le
premier trimestre de 191 3; par M. J.
Guillaume i357
— Sur le minimum actuel des taches
du Soleil; par M. J. Guillaume.. 1878
— Résultats de la discussion des obser-
vations faites pendant l'éclipsé du
Soleil des 16-17 avril 191 2; par
M. Simonin 1 3o4
— Sur le trouble du ciel et l'affaiblis-
sement du rayonnement solaire,
observés pendant l'année 19 12; par
M. D. Eginilis 855
— Sur le champ magnétique général
du Soleil; par M. Henri Chrétien.. . . 192
— - Sur la théorie de la photosphère
gazeuse; par M. Gouy 852
Voir Magnétisme solaire, Tourbillons.
Solennités scientifiques. — M. le Se-
crétaire du Comité invite l'Académie
à se faire représenter aux fêtes qui
seront données à l'occasion de l'inau-
guration du monument élevé à Tunis,
à Philippe Tlwmas, le 24 mars 1 913. 370
— M. le Doyen de la Faculté des Science,-
de Genève invite l'Académie à se
faire représenter à l'érection d'un
buste qui sera élevé à la Mémoire
de Pierre Prévost, le 5 juin 1913 ... 1 4 V)
— ■ M. Lippmann est délégué par l'Acadé-
mie pour la représenter à la cérémonie
commémora tive de Pierre Prévost. i5io
— M. Lippmann rend compte de l'inau-
guration du buste de Pierre Prévost . 1 799
Solutions. — Voir Magnéto -optique,
Tonomètrie.
Sourciers. — Voir Respiration.
Spectroscopie. — Sur le mouvement des
centres lumineux dans les décharges
265
207:
TABLE DES MATIERES.
Pages,
électriques; par M. A. Perot 1679
— Sur le mouvement des centres lumi-
neux dans les tubes à hydrogène;
par M. A. Perot i32
— Sur certaines particularités de la vi-
tesse des centres lumineux dans les
tubes à hydrogène; par M. A. Perot. 3lO
Voir Longueurs d'onde, Magnéto-
optique.
Sucres. — Sur l'inversion du saccharose
par les rayons ultraviolets; par
MM. D. Berthelot et H. Gaudechon. 468
— Formation de matières humiques par
Pages,
action de polypeptides sur les sucres;
par M. L.-C. Maillard 1 i5o,
— Action des réducteurs sur les chlora-
loses; par MM. M. Hanriot et A.
Kling i38o
Voir Chimie végétale, Radioactivité,
Sang, Ultraviolet.
Syphilis. — L'antigène dans la réaction
de Wassermann; par M. A. Des-
moulière 338
— Emploi d'extraits végétaux dans la
réaction de Wassermann; par M. L.
Tribondeau 34o
Télégraphie sans fil. — Sur l'origine
de la télégraphie sans fil par étin-
celles musicales; par M. A. Blondel. 371
— Phénomènes mis en jeu dans le dé-
tecteur électrolytique sans force
électromotrice auxiliaire et consi-
dération théorique sur le fonction-
nement des détecteurs électroly—
tiques; par M. Paul Jégou 385
— Influence réciproque des antennes
parallèles sur les conditions de ré-
ception des ondes hertziennes;
par M. Georges Meslin 543
— Sur l'influence réciproque de deux
antennes voisines; par M. C. Tissot. 770
■ — L'inscription des signaux hertziens
de l'heure. Possibilité d'inscrire
directement et de déterminer sans
calcul et au centième de seconde près
l'heure envoyée par la Tour Eiffel;
par M. Albert Turpain 454
■ — L'inscription des signaux horaires et
des télégrammes hertziens à l'aide
d'un appareil Morse; par M. Albert
Turpain 6l5
— Relais extra-sensibles pour télé-
graphie sans fil; par M. Albert Tur-
pain 768
— Réception au morse de radiotélé-
grammes et inscription photogra-
phique simultanée; par M. Albert
Turpain 1 i5o
— Application des galvanomètres à
cadre extra-sensibles aux relevés
géodésiques de haute précision; par
M. Albert Turpain i3ï2
— Sur la réception des radiotélégram-
mes par des antennes multiples avec
ou sans mise au sol; par M. E. Ro-
thé 774
— Sur la première détermination de
différence de longitude par télégra-
phie sans fil en Afrique occidentale
française; par MM. Schwartz et Vil-
latte 1743
Voir Longitude.
Téléphone. — Téléphone physiolo-
gique intensif; par M. Jules Glover. 1169
Tension superficielle. — Sur une
nouvelle méthode de volumétrie
physico-chimique ; par M. René Du-
brisay 894
Voir Viscosité.
Tension de vapeur. — Sur un .régula-
teur de température; par M. Ernest
Esclangon 1667
— Chaleurs latentes de vaporisation et
pressions maxima; par M. A.
Leduc 225
Voir Etals correspondants, Tonométrie.
Théorie des nombres — ■ Un essai
de démonstration du théorème de
Fermât; par M. Eugène Fabry. .. 1 8 1 4
— Sur les nombres de classes des formes
quadratiques binaires positives; par
M. Jacques Chapelon 675
— Sur l'équivalence de certaines formes
quadratiques ternaires indéfinies
de même genre; par M. Th. Got. . . . i5g6
— Sur les nombres de classes de formes
quadratiques binaires positives et à
déterminant négatif; par M. Jac-
TABLE DES MATIERES.
2073
Pages.
ques Chapelon 1661
Thermochimie. — Voir Chimie inorga-
nique ( U ).
Thermodynamique. — Sur la stabilité
adiabatique de l'équilibre; par
M. Pierre Duhem 181
— Sur la croissance adiabatique de
l'entropie; par M. Pierre Duhem. . . . 284
— Sur deux inégalités fondamentales de
la Thermodynamique; par M. Pierre
Duhem 421
— Sur la stabilité de l'équilibre ther-
mique; par M. Pierre Duhem 597
— Sur une cause d'explosion de chau-
dière; par M. L. Lecornu 5o4
— La tension d'expansibilité des fluides
normaux; par M. L. Gay IOID
— La détente adiabatique dans les
liquides; par M. L. Gay 1070
— La loi de volatilité dans les réactions
chimiques; par M. Camille Matignon. l536
Voir Dissociation, Dynamique des
fluides, Efflorescence, Tension de
vapeur.
Tonométrie. — La tonométrie différen-
tielle des solutions et la théorie
d'Arrhenius ; par M. E. Fouard .... 622
— Sur une loi de tonométrie et ses
conséquences relatives à la théorie
des ions; par M. Eugène Fouard . . . 1761
Voir Dissociation, Thermodynamique.
Tourbillons. — Sur les tourbillons
cellulaires isolés; par M. C. Dauzére. 218
— Sur une nouvelle espèce de tourbil-
lons cellulaires; par M. C. Dauzère. . 1228
— Remarques sur la Communication de
M. Dauzère : « Sur une nouvelle es-
pèce de tourbillons cellulaires »; par
M. Deslandres I23l
— Sur le clivage prismatique dû aux
tourbillons cellulaires (amidon, ba-
saltes, etc.) ; par M. Henri Bénard. . 882
— Sur la zone de formation des tour-
billons alternés derrière un obstacle;
Pages,
par M. Henri Bénard ioo3
— Sur la marche des tourbillons alternés
derrière un obstacle; par M. Henri
Bénard 1 225
— Sur les mouvements rigides d'une sur-
face de tourbillon; par M. U. Cisotti. 539
Toxines. — Toxine et antitoxine cho-
lériques; par M. Henri Poitevin. . . . l63l
— Action des oxydants en général et des
persulfates alcalins en particulier
sur la toxine tétanique ; par
MM. Auguste Lumière et Jean
Chevrotier 1 4°4
— De l'action des substances oxydantes
sur les toxines in vivo; par M. Marcel
Belin 1848
Tuberculose. — Nouvelle contribution
à l'étude de la pathogénie de l'infec-
tion tuberculeuse; par MM. A. Cal-
mette et C . Guérin 34
— Suspension dans l'air des particules
virulentes obtenues par la pulvéri-
sation liquide; par M. P. Cliaussi . . 638
— Conditions de respirabilité des par-
ticules virulentes obtenues par la
pulvérisation liquide; par M. P.
Chaussé g54
— Méthodes à employer pour réaliser
la tuberculose expérimentale par
inhalation; par M. P. Chaussé 1 485
— Vaccination antituberculeuse chez
le cobaye; par M. Rappin. 246
— Sur le traitement de la tuberculose
par les microorganismes marins;
par M. Rapliaèl Dubois 911
- Sur un microcoque des concrétions
calcaires d'origine tuberculeuse; par
M. Raphaël Dubois 1274
- Influence des sels d'uranium et de
thorium sur le développement du
bacille de la tuberculose; par M. P.
Becquerel 164
- Etude sur le bacille tuberculeux; par
M. A. Besredka i633
U
Ultraviolet. — ■ Action des rayons
ultraviolets moyens et extrêmes sur
l'aldéhyde éthylique : acidification,
polymérisation, résinification; par
MM. Daniel Berthelot et Henry Gau-
dechon
— Sur un actinomètre à lévulose pour
les rayons ultraviolets; influence
de la concentration sur la vitesse
de réaction photochimique ; par
233
2074
TABLE DES MATIERES.
Pages.
MM. Daniel Berthelot et Henry Gau-
declion 707
Étude de l'absorption des rayons
ultraviolets par l'acétylène; par
MM. Victor Henri et Marc Landau. 697
Etude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par l'acé-
tone; par MM. Jean Bielecki et Vic-
tor Henri 884
Pages.
Voir Chimie physique biologique, Dis-
sociation, Diastases, Photochimie,
Photolyse, Sucres.
Urée. — Formation de l'urée par les
végétaux supérieurs ; par M. B.
Fosse 567
Voir Champignons.
Urine. — Voir Chimie pathologique, Chi-
mie physiologique, Foie.
V
Vaccins. — La vaccination préventive
contre la fièvre typhoïde dans les
équipages de la flotte; par M. Chan-
temesse 244
— Action du vaccin antityphoïdique
polyvalent, chez les sujets en incu-
bation de fièvre typhoïde ou in-
fectés au cours de l'immunisation;
par M. H. Vincent 821
— Sur la toxicité des vaccins antity-
phiques; par MM. Auguste Lumière
et Jean Chevrolier 1 709
— Vaccination antituberculeuse chez le
cobaye; par M. Bappin 246
— Sur la vaccination contre le charbon
symptomatique; par MM. Leclainche
et Vallée 989
— Vaccinothérapie dans la coqueluche;
par MM. Charles Nicolle et A. Co-
nor 1849
Voir Immunité.
Venins. — Recherches expérimentales
sur le venin de Buthus quinque-
striatus; par M. Maurice Arthus. . . . 1256
Vers. — Sur un cas de bourgeonnement
latéral chez un Lombric (Lumbricus
herculeus Savigny) ; par M. L .
Bordas 1 563
Viscosité. — Sur la résistance des
sphères dans l'air en mouvement;
par Lord Bayleigh 109
— Sur l'application de la loi de Stokes
à la chute de très petites gouttes
et à la détermination de la charge
de l'électron; par M. A. Schidlof et
Mlle J. Marzynowska 3o4
• — Sur l'existence d'une viscosité super-
ficielle, dans la mince couche de
transition séparant un liquide d'un
autre fluide contigu; par M. J.
Boussinesq g83
— Application des formules de visco-
sité superficielle à la surface d'une
goutte liquide sphérique, tombant
lentement, d'un mouvement de-
venu uniforme, au sein d'une masse
fluide indéfinie en repos, d'un poids
spécifique moindre; par M. J.
Boussinesq io35
— Vitesse de la chute lente, devenue
uniforme, d'une goutte liquide sphé-
rique, dans un fluide visqueux de
poids spécifique moindre; par M. J.
Boussinesq 1 1 24
— Suspension dans l'air des particules
virulentes obtenues par la pulvé-
risation liquide; par M. P. Chaussé. 638
— ■ Sur les bouillies fongicides mouillantes;
par MM. V. Vermorelet E. Dantony \lf}*>
Voir Atome.
Vigne. — Bouturage comparé de vignes
greffées et franches de pied; par
M. F.Baco 1167
Voir Agronomie, Champignons.
Vins. — Sur l'emploi des sels ammo-
niacaux en vinification; par M. jR.
Marcille 1 336
— Nouvelles recherches sur un ferment
des vins amers; par M. E. Voisenet. 1181
— Le ferment de l'amertume des vins
consomme-t-il la crème de tartre ?
par M. E. Voisenet i4rO
Vision. — Voir Histologie, Optique phy-
siologique.
Voix. — Cinématographie des cordes
vocales et de leurs annexes laryn-
giennes; par Mlle L. Chevroton et
M. F. Vlès 949
Volcans. — Sur la constitution miné-
ralogique et chimique des laves des
volcans du centre de Madagascar;
par M. A. Lacroix 17$
TABLE DES MATIÈRES.
2075
ZOOLOGIE.
Sur une nouvelle observation de
Crabes habitant les coquilles vides
des Balanes; par M. J.-G. de Man.
Sur les Méduses recueillies dans le
plankton pendant la croisière d'été
191 2 du « Pourquoi-Pas ? » dans les
mers du Nord, sous le commande-
ment du Dr J.-B Charcot; par
M. Ed. Le Danois
Pages.
4o4
35i
Pages.
- Relations entre la dépression et la
formation de pseudoplanula tenta-
culaires chez le Scyphistomej par
M. Edgard Hérouard 1093
Voir Anthropologie, Biologie, Crustacés,
Embryologie, Exploration, Gastéro-
podes, Histologie, Industrie, Océano-
graphie, Œil, Oiseaux, Paléontologie,
Parasitologie, Parthénogenèse, Pois-
sons, Protozoaires, l'ers.
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ABOULENC (J.) et SENDERENS
(J.-B.). — Éthers-sels dérivés de
l'octanolj par la méthode des au-
teurs; observations sur le principe
de cette méthode 1620
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 2o38
ACADÉMIE BRITANNIQUE (L') in-
vite l'Académie à se faire représenter
au Congrès international d'études his-
toriques, qui se tiendra à Londres
du 3 au 8 ou 9 avril 1913 527
ACADÉMIE IMPÉRIALE DES
SCIENCES DE SAINT-PÉTERS-
BOUBG (M. le Secrétaire perpétuel
de 1') fait savoir la date de l'As-
semblée générale de l'Association
internationale des Académies 757
AGULHON (Henri). Action de
l'acide borique sur la zymase; com-
paraison avec l'action des phos-
phates i855
AGULHON (H.) et BERTRAND (Ga-
briel). — Sur la présence du bore
dans la série animale 732
1 — Sur la présence du bore dans le lait
et dans les œufs 2027
AGULHON (H.) et SAZERAC (R.). —
Action des sels d'uranium et de
l'uranium métallique sur le bacille
pyocyanique 162
ALBERT DE MONACO. — Vingt-
cinquième campagne scientifique
(Hirondelle II) 1724
ALOY (J.) et RABAUT (Ch.). — Sur les
cyanhydrines benzoylées des cé-
tones, les amides et les acides alcools
qui en dérivent 1 547
AMAGAT(E.-H.). — Sur les lois des états
MM. Pages.
correspondants 271
■ — Sur les courbes de saturation et la loi
des états correspondants 843
— Présente à l'Académie le Recueil de
Constantes physiques, publié par la
Société française de Physique 283
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Hébert, Hughes, Henri de Par-
ville, Gaston Planté, Kastner-Bour-
sault 432
AMANN (M.). — Observations d'occul-
tations mutuelles des satellites de
Jupiter 99*
ANCELIN (R.) et PETIT (G.). — De
l'influence de la radioactivité sur la
germination 9°^
ANDRADE (Jules). — Recherches ex-
périmentales sur le spiral cylindrique
double 56
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 4 1 8
— Nouvelles recherches expérimentales
sur le spiral double 9^9
— Le frottement et l'isochronisme du
spiral double. Propriété remar-
quable d'un groupe de spiraux
doubles convenablement choisi.... 121 8
— Précision nouvelle de l'indépendance
latérale du balancier des chrono-
mètres marins. Atténuation de la
perturbation d'isochronisme due à
l'inertie des ressorts réglants i454
ANDRÉ (Désiré) pose sa candidature
à une place de Membre libre 373
— Est classé en troisième ligne 1 1 18
ANDRÉ (G.). — Sur la migration des
éléments minéraux et sur le dépla-
cement de ces éléments chez les
207 8 TABLE
MM. P
feuilles immergées dans l'eau
— Sur l'évolution des principes minéraux
et de l'azote chez quelques plantes
annuelles
— Sur la saturation, dans les tissus végé-
taux, des bases par les acides miné-
raux
ANGHELUTZA (Th.). — Quelques
remarques sur le développement
exponentiel de Cauchy
ANGOT (Alfred). — Valeur des élé-
ments magnétiques à l'Observatoire
du Val Joyeux au Ier janvier igi3 . .
ANTHONY (R.) et BORTNOWSKY
(I.). — Un appareil aérien de type
particulier chez un Lémurien [Micro-
cebus minor minor E. Geofïr.)
ANTHONY (R.) et GAIN (L.). — Sur le
développement du squelette de l'ex-
trémité postérieure chez le Pingouin.
APPELL (Paul). — Sur l'équilibre de
fils dont les éléments s'attirent ou se
repoussent en fonction de la dis-
tance
— Équation fonctionnelle pour l'équi-
libre relatif d'un liquide homogène
en rotation sous l'attraction newto-
nienne de ses parties
— Les polynômes V,,,,,, d'Hermite et
leurs analogues rattachés aux fonc-
tions sphériques dans l'espace à un
nombre quelconque de dimensions.
— Les polynômes Um,« d'Hermite et
leurs analogues rattachés aux fonc-
tions sphériques dans l'hyperespace.
— ■ Présente à l'Académie une Notice de
M. Buhl sur la vie et l'œuvre de
Henri Poincaré
— Prononce l'éloge funèbre de M. Alfred
Picard
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à la cérémonie qui aura lieu
le 6 juin tg 1 3, à la Sorbonne. en
l'honneur de l'amiral Peary
— Est élu membre des Commissions char-
gées de juger les Concours : des prix
Francœur, Bordin
— Des médailles Arago, Lavoisier, Ber-
thelot
— Des prix Henri Becquerel, Gegner,
Lannelongue, Gustave Roux, Tré-
mont
— Du prix Sainlour
— Du prix Henri de Parville
DES AUTEURS.
âges.
564
il 64
191 4
i358
i73
160
482
5oo
587
1423
i582
367
747
i586
432
627
527
648
648
MM. Pages.
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences ma-
thématiques) 649
— De la Commission chargée de présen-
ter une question de Grand Prix des
Sciences mathématiques pour 1916. 432
— De la Commission des Tables an-
nuelles de constantes 1734
— D'une Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. Teisserenc de Boit . 663
— Et d'une Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. Alfred Picard. . . . i586
— M. le Président annonce à l'Académie
qu'en raison des fêtes de Pâques, la
séance du lundi 24 est remise au
mardi 25 mars 843
APPELL (P.) et VERGNE (H.). — Sur
une transformation du mouvement
d'un système holonome conservatif
donné dans le mouvement d'un autre
système donné de même liberté. . . . 1800
ARGAUD (R.). — Sur une région endo-
cardique directement excitable. . . . 1787
ARMAND (L.). — Les phénomènes ciné-
tiques de la prophase hétérotypique
chez le Lobelia Erinus 1089
ARNAUD. — Sur la réfraction astrono-
mique sous un angle quelconque. . 1962
ARRIVAUT (G.). — Étude du système
manganèse-argent i539
ARSONVAL (d') présente les Comp-
tes rendus du deuxième Congrès natio-
nal du Froid 1875
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon (Médecine et Chirur-
gie), Barbier, Bréant, Godard, du
baron Larrey, Bellion, Mège, Argut. 526
— Des prix Montyon (Physiologie),
Philipeaux, Lallemand, Pourat. . . . 527
— -Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
du prix Pourat pour 191 5 527
ARTHUS (Maurice). — Recherches
expérimentales sur le venin de
Batlius quinquestriatus 1256
ASSADA (L). — Les niveaux du Plateau
lyonnais. Essai de raccordement
avec les hautes terrasses du mont
Cindre 1187
ASTRUC (A.) et JADIN (F.). — L'arse-
nic et le manganèse dans les feuilles
jeunes et âgées 2023
MM.
AUBEL (Edm. van). — Sur la chaleur
latente de vaporisation des métaux .
AUBERT (M.) et GUILLET (A.). —
Déperdition électrique dans le sys-
tème plan-sphère air atmosphérique.
Coefficient de dissymétrie, sa me-
TABLE DES AUTEURS.
MM.
Pages.
456
2079
Pages.
458
sure
AUBERT (Victor). - Beynes aux
temps préhistoriques 1292, i342
AUTONNE (Léon). — Sur les matrices
hypohermitiennes et les unitaires. . 858
B
BACHELIER (Louis). — Les probabi-
lités semi-uniformes 2o3
BACO (F.). — Bouturage comparé de
vignes greffées et franches de pied. 1167
BAGARD (P.) et WAHL (A.). — Syn-
thèses dans le groupe des indigoïdes. 898
— Synthèses dans le groupe des indi-
goïdes i382
BAILLAUD (B.). — Sur les publica-
tions de certains travaux de l'Obser-
vatoire de Paris 65 1
— Présente le premier fascicule du
Tome VI du Bulletin du Comité inter-
national de la Carte du Ciel 1806
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Pierre Guzman, Lalande,
Valz, G. de Pontécoulant 432
— Et d'une Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. Teisserenc de Bort. 663
BAILLAUD (Jules). — Opacimètre
intégrateur pour photographies
stellaires n3
BALLAND (A.) fait hommage à l'Aca-
démie d'un Ouvrage intitulé : Les
pharmaciens militaires français. . . . 43l
BARBIER (Ph.) est élu Correspondant
pour la Section de Chimie 663
BARBIER (Ph.) et LOCQUIN (R.). —
Dégradation méthodique de divers
acides saturés mono et bibasiques . . 1 443
BARBIERI adresse une Note intitulée :
Étude anatomique sur la terminaison
rétinienne du nerf optique dans la
série des Vertébrés i95o
BARRE. — Combinaisons du chlorure
de cérium avec le gaz ammoniac. . . 1017
BARRE. — Sur une série de surfaces
dont une famille de lignes de cour-
bure est constituée par des hélices
indéformables 999
BARROIS est élu membre de la Com-
C. R., 1 rj 1 3 , 1" Semestre. (T. 156.)
mission chargée de juger le Concours
des prix Delesse, Joseph Labbé,
Victor Raubin 432
— Est désigné pour représenter le Mi-
nistère de l'Instruction publique au
Congrès géologique de Toronto l5io
BASSOT est élu membre de la Com-
mission chargée de juger le Con-
cours: du prix extraordinaire de la
Marine, du prix Plumey 432
— Des prix Tchihatchef, Gay 43a
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour 19 16 432
BATAILLON (E.). — Démonstration
définitive de l'inoculation super-
posée à la piqûre en parthénoge-
nèse traumatique 812
BATTEZ (G.) et WERTHEIMER (E.).
— Sur le mécanisme de la sécrétion
salivaire provoquée par l'injection
d'eau salée dans les vaisseaux i25o
BAUD (Emile). — Sur la miscibilité par-
tielle des liquides 317
BAUDOUIN (Marcel). — Le canal ver-
tébral lombaire chez les Anthro-
poïdes et chez les Hommes préhis-
toriques 79
BAUER (Edouard). — Sur le i-benzoyl
2-phényl-Ai-cyclopentène i47°
— Sur le l-benzoyl-2-phényl-A^cyclo-
pentène 1684
BAUER (Edouard) et HALLER (A.).
— Méthylat.ion de l'isovalérone au
moyen de l'amidure de sodium et de
l'iodure de méthyle. Tétramé-
thylisovalérone ou hexaméthyl-2 .
3 .3 .5 .5.6-heptanone 1295
BAYEUX (Raoul). — Résistance com-
parative du Chien et du Lapin aux
injections intraveineuses d'oxygène. i32g
— Résistance comparative du Chien et
du Lapin aux injections intravei-
266
so8o
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
neuses d'acide carbonique 1482
BAUER (Edouard) et HALLER (A.).
— ■ Sur la monométhylcamphoro-
xime, le nitrile méthylcampholé-
nique et l'acide méthylcampholé-
nique l5o3
BAZIN est présenté en seconde ligne
pour une place d'Académicien non
résident 1 196, 1293
— Est présenté en première ligne l343
■ — Est élu Membre non résident i354
— ■ 'Présenté pour la troisième place de
Membre non résident, remercie
l'Académie de l'honneur qu'elle a
bien voulu lui faire 1 447
BEAUVERIE (J.). — Sur la question
de la propagation des rouilles chez
les Graminées 1 391
BËCHAMP (G.). — Sur les microzymas
cretse 1 570
BÉCLÈRE (Henri). — La pression et
la thermométrie en cryothérapie. . . l399
BECQUEREL (Jean), MATOUT (L.)
et WRIGHT (W.). — Sur le phéno-
mène de Hall dans l'antimoine 463
BECQUEREL (Paul). — Influence des
sels d'uranium et de thorium sur le
développement du bacille de la tu-
berculose 164
— L'ontogénie vasculaire de la plantule
du Lupin et ses conséquences pour
certaines théories de l'Anatomie
classique 807
BELIN (Marcel). — Des rapports exis-
tant entre l'anaphylaxie et l'immu-
nité 1 260
— De l'action des substances oxydantes
sur les toxines in vivo 1848
BELSETSKY (Stanislas). — De la
stabilité d'équilibre dans un cas
particulier de pièce courbe io56
BÉNARD (Henri). — Sur le clivage
prismatique dû aux tourbillons
cellulaires (amidon, basaltes, etc.). 882
— Sur la zone de formation des tour-
billons alternés derrière un obstacle, iooî
— Sur la marche des tourbillons alternés
derrière un obstacle 122 5
BENEDICKS (Carl). — Déduction
de la loi de Planck de la distribution
de l'énergie par l'hypothèse d'agglo-
mération 1 52C
BENOIT (E.). — Sur des formules déri-
vées de celles des Ingénieurs-
MM. Pages.
Géographes et appropriées au calcul
des coordonnées des sommets d'une
chaîne géodésique primordiale 297
BERGET (Alphonse). — Surla position
exacte du pôle continental de la
Terre 1714
— Formule barométrique simplifiée
pour la mesure des altitudes 2o3 1
BERNARD (Victor) et GUILLET
(Léon) . — Variations de la résilience
du cuivre et de quelques-uns de ses
alliages en fonction de la tempé-
rature 1 899
BERTIN (L.-E.). — Calcul de l'augmen-
tation du chargement ou de la vi-
tesse, obtenue par l'accroissement
des dimensions d'un paquebot 19
BERTHELOT (Albert). — Recherches
sur le Proteus vulgaris considéré
comme producteur d'indol 64l
— Recherches sur la flore intestinale.
Sur l'action pathogène d'une asso-
ciation microbienne : Proleus vul-
garis et Bacillus aminophilus intes-
tinalis 1 567
BERTHELOT (Albert) et BER-
TRAND (D.-M.). — Recherches
sur la flore intestinale. Sur la pro-
duction possible de ptomaïnes en
milieu acide 1027
BERTHELOT (Daniel) et GAUDE-
CHON (Henry). — Sur les débuts
de la photolyse de l'alcool éthylique,
de l'aldéhyde éthylique et de l'acide
acétique 68
— Action des rayons ultraviolets
moyens et extrêmes sur l'aldéhyde
éthylique : acidification, polymé-
risation, résinification. 233
— Sur l'inversion du saccharose par les
rayons ultraviolets 468
— Sur un actinomètre à lévulose pour
les rayons ultraviolets; influence
de la concentration sur la vitesse de
réaction photochimique 707
— Sur la dissociation des composés
gazeux par la lumière : gaz hydro-
génés des familles du chlore et de
l'oxygène 889
— ■ Sur la dissociation des composés
gazeux par la lumière; gaz hydro-
génés des familles de l'azote et du
carbone 1 243
— Synthèse photochimique d'un com-
TABLE DES AUTEURS.
2081
MM. Pages,
posé nouveau, l'oxycyanure de car-
bone, au moyen des rayons ultra-
violets 1766
— Sur la préparation de l'oxycyanure
de carbone '99°
BERTIN (L.-E.) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours : des prix extraordinaire
de la Marine, prix Plumey 432
— Des prix Montyon (Mécanique), Pon-
celet 432
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter : une question
de prix Fourneyron pour 1916 432
— Une question de prix Gay pour 1916. 432
BERTRAND (D.-M.) et BERTHELOT
(Albert). — Recherches sur la flore
intestinale. Sur la production pos-
sible de ptomaïnes en milieu acide. 1027
BERTRAND (Gabriel) et AGULHON
(H.). — Sur la présence du bore
dans la série animale 732
— Sur la présence du bore dans le lait
et dans les œufs 2027
BERTRAND (Gabriel) et ROSEN-
BLATT (M. et Mme). — Activité
de la sucrase de Kôji en présence de
divers acides 261
BERTRAND (Léon) et LANQUINE
(Antonin). — Observations tecto-
niques aux environs de Grasse 1867
BESREDKA (A.). — Étude sur le ba-
cille tuberculeux i633
BIANU (R). — Sur le rayonnement se-
condaire produit par les rayons a . . 786
BIDET (Félix). — Déplacement des
amylamines primaires par le gaz
ammoniac 3l5
■ — Déplacement limité de la monoéthyla-
mine par le gaz ammoniac 161 3
BIELECKI (Jean) et HENRI (Victor).
— Etude quantitative de l'absorp-
tion des rayons ultraviolets par les
acides gras et leurs éthers en solu-
tion aqueuse et alcoolique 55o
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultravioletspar l'acétone. 884
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les cé-
tones, les dicétones et les acides
cétoniques 1 322
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les mo-
namines, diamines, nitriles, carby-
MM. Pages.
lamines, amides et oximes de la
série grasse 1 860
BIERRY (H.). — Dédoublement diasta-
sique des glucosides et des galacto-
sides 265
BIERRY (H.) et FANDARD (M"e Lu-
cie). — Adrénaline et glycémie. . . . 48o
— Variations de la glycémie pendant
l'inanition 2010
BIERRY (H.) et GRUZEWSKA
(Mme Z.j. — ■ Dosage du glycogène
dans les muscles I491
BIGOURDAN (G.). — Description d'un
appareil pour l'envoi automatique
des signaux horaires io5
— Observations de nébuleuses, faites
à l'Observatoire de Paris 499
— Remplace M. H. Poincaré dans la
Commission du prix Volney 43i
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Pierre Guzmann, Lalande,
Valz, J. de Pontécoulant 432
BILIMOVITCH (A.). — Sur les équa-
tions du mouvement des systèmes
conservatifs non honolomes 38l
— Sur les systèmes conservatifs non
holonomes avec lesjiaisons dépen-
dantes du temps 1 2 1 6
BILLY (Maurice). — Nouvelle méthode
pour déterminer la densité des corps
pulvérulents lo65
BIRKELAND (Kr.). - - Oscillations
hertziennes produites par des dé-
charges intermittentes partant des
taches isolées d'une cathode dans un
tube de Crookes 879
BLAISE (E.-E.). — Migration du chlore
dans les cétones halogénées 79!
— Sur la caractérisation des cétones
chlorées 1 549
BLAISE (E.-E.) et CARRIÈRE (E.). -
Sur l'acide aldéhyde succinique. . . . 239
BLAIZOT(L.),NICOLLE (Charles) et
CUÉNOD (A.). — Quelques pro-
priétés du virus trachomateux.
L'immunité dans le trachome 1 177
BLANC (G.-R.). — La typhlite para-
sitaire du Nandou 1 272
BLANC (G.-R.) et PICARD (F.). -
Sur une septicémie bacillaire des
chenilles à'Artia caja L i334
BLARINGHEM (L.). - - Phénomènes
de Xénie chez le Blé 802
2082
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
— Cas remarquable d'hérédité en mo-
saïque chez des hybrides d'Orges
(Hordeum distichum nutans Schùbl.
X H. distichum nudum L.) 1025
BLOCH (Eugène). — Principe d'un
moteur électrostatique 1751
BLONDEL (André) demande l'ouver-
ture d'un pli cacheté qui contienl
une Note intitulée : Perfectionne-
ments à la télégraphie sans fil 37
— Sur l'origine de la télégraphie sans fil
par étincelles musicales 371
— ■ Diagramme bipolaire des alterna-
teurs synchrones travaillant, en
générateurs ou en récepteurs, sur
un réseau à potentiel constant, dans
la théorie des deux réactions 545
— Puissance intérieure et couple syn-
chronisant des alternateurs syn-
chrones travaillant sur réseau à
potentiel constant ou en parallèle. 680
— Errata relatifs à cette Communication. 1198
— Nitomètre, ou appareil pour la me-
sure rapide de la brillance d'une
surface lumineuse 1232
— ■ Pose sa candidature à la succession
de M. Teisserenc de Boit 373
— - Est présenté en seconde ligne 1 1 18
— Pose sa candidature à la succession
de M. L. Cailletet 1212
— Est présenté en première ligne 1422
— ■ Est élu Membre libre i5io
— ■ Adresse des remerciments à l'Aca-
démie J 579
BOCHIN (François). — Sur des phéno-
mènes de capture dans la région
occidentale du Bassin do Paris 1277
BODIN (E.) et CHEVREL (F.). — Sur
la purification bactérienne des
huîtres en eau de mer filtrée 342
BODROUX (F.). — Sur quelques mé-
langes liquides se prêtant tout par-
ticulièrement à l'observation du
phénomène de Christiansen 772
— Éthérification catalytique en solu-
tion étendue : préparation de l'acé-
tate d'éthyle 1079
BODROUX (F.) et TABOURY (F.). —
Bromuration de quelques cétones
et de quelques alcools secondaires
hydroaromatiques l8/|0
BOHN (Georges) et DBZEWINA
(Mme Anna). — Anoxybiose et po-
larité chimique 810
MM. Pages.
BOISSOUDY (J. de). — Sur l'équilibre
d'un gaz en état de dissociation
binaire 61
— Sur la loi du rayonnement noir et la
théorie des quanta 765
— Sur la constante de la loi du rayon-
nement [923]. 1 364
BOLL (Marcel). — Relation entre la vi-
tesse d'une réaction photochimique
et l'énergie rayonnante incidente. . i38
— Mesure de l'énergie d'une radiation
ultraviolette émise par un arc au
mercure sous différents régimes. ... 3i3
— Energie absorbée et masse formée
dans une réaction photochimique. . 691
— Décomposition photochimique des
solutions d'acide oxalique en pré-
sence de nitrate d'uranyle 1891
BOMPIANI (E.). — Sur les configura-
tions de Laplace 6o3
BONAPARTE (Le prince) demande
à l'Académie de se faire représenter
à la cérémonie qui aura lieu le 6 juin
1913, à la Sorbonne, en l'honneur de
l'amiral Peari/ i586
— ■ Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours : des
prix Savigny, Cuvier 526
BONNEROT (S.) et CHARPY (G.). -
Sur les réactions qui accompagnent
l'osmose de l'hydrogène à travers
le fer 394
BONNET (Pierre). — Structure des
chaînes entre le lac Gœktchaï et
l'Araxe i497
BONNIEB est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours des prix Desmazières, Mon-
tagne, De Coincy, du Grand Prix des
Sciences physiques, Thore, De la
Fons-Mélicocq 433
— Fait hommage à l'Académie des fas-
cicules 7 à 10 de la Flore complète,
illustrée en couleurs, de France,
Suisse et Belgique g36
BOQUET (A.) et BRIDRÉ (J.). — Sur
la vaccination anticlaveleuse par
virus sensibilisé. Durée de l'immu-
nité. Applications de la vaccination. 1934
BORDAGE (Edmond). — Recherches
relatives à l'extension de la mer
nummulitique sur la rive droite de la
( lironde III2
Sur le golfe éocène de Rovan 1281
TABLE DES AUTEURS.
to83
MM. Pages.
BORDAS (F.). — De l'emploi des basses
températures en Cryothérapie 84
BORDAS (L.). — Sur un cas de bourgeon-
nement latéral chez un Lombric
[Lumbricus herculeus Savigny).... i563
— ■ Le gésier des Dytiscides 1703
— ■ Considérations anatomiques et his-
tologiques sur les tubes de Malpighi
de quelques Orthoptères 1929
BOREL (Emile). — La théorie de la
relativité et la cinématique 2l5
BORRELLY. — Observations de la
comète igi3a (Schaumasse), faites
à l'Observatoire de Marseille, au
chercheur de comètes l654
BORTNOWSKY (I.) et ANTHONY
(R.). — Un appareil aérien de type
particulier chez un Lémurien (Mi-
crocebus minor minor, E. Oeoffr.). . 160
BOSLER (J.). — Orages magnétiques
et phénomènes d'hystérésis i4!9
— Sur le spectre de la comète Schau-
masse Ï9i3 a i653
BOUBNOFF et BRINER (E.).
Réactions chimiques dans les gaz
comprimés : étude de la décompo-
sition de l'oxyde d'azote 1228
BOUCHARD est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours : des prix Montyon (Physio-
logie), Philipeaux. Lallemand,
Pourat 527
— Des prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Jodard,
du baron Larrey, Bellion, Mège,
Argut 526
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour 1913 527
BOUCHERIE (E.). — Les phéno-
mènes cytologiques de la sporo-
génèse chez le Barbula muralis 1692
BOUGAULT (J.). — Sur l'acide phé-
nyl-a-oxycrotonique. Un exemple
d'éther-oxyde d'hydrate de cétone. 236
— Sur l'acide phényl-x-oxycrotonique.
Un exemple d'éther-oxyde d'hy-
drate de cétone 555
— Sur l'acide phényl-x-oxycrotonique;
sa préparation; nouvelle isoméri-
sation 1468
BOUGAULT (J.) et MOUCHEL-LA-
FOSSE. — Action des sulfites alca-
lins sur les acides éthyl'éniques 3g6
MM.
BOULANGER (Ch.) et URBAIN (G.).
— Théorie de l'efflorescence des
hydrates salins. Influence de la
température
BOULIGAND (G.). — Sur la fonction
de Green du cylindre indéfini
BOULUD et LËPINE (R.). — Sur le
sucre faiblement combiné dans le
sang. .
Sur la
leux reins,
sécrétion des
comparée ' .
— Sur la diminution des chlorures
dans l'urine sécrétée sous pression . .
BOULVIN est élu Correspondant pour
la Section de Mécanique
BOUNHIOL (J.). — Sur la reproduc-
tion de la sardine algérienne
— Nouvelles observations sur la repro-
duction de la sardine algérienne ....
BOUNOUBE (L.). — Observations sur
l'évolution postembryonnaire du
Dytique bordé
BOURION (F.) et DESHAYES (A.). —
Sur la séparation quantitative du
fer et du chrome
BOURLET (Carlo). — Appareil de me-
sure des vibrations de corps solides
en mouvement
BOURQUELOT (Ém.), HÉRISSEY
(H.) et BRIDEL (M.). — Synthèse
biochimique de glucosides d'alcools
(glucosides 1) à l'aide d'un ferment'
(glucosidase a) contenu dans la
levure, de bière basse séchée à l'air :
éthylglucoside «
— Synthèses de galactosides d'alcool
à l'aide de l'émulsine. Propylga-
lactoside (3 et benzylgalactoside (3 . .
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides a) à l'aide de
la glucosidase a : méthylglucoside oc.
Destruction de la glucosidase a en
milieu fortement alcoolique
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides 2) à l'aide d'un
ferment (glucosidase a) contenu
dans la levure de bière basse séchée
à l'air : propylglucoside 1 et allyl-
glucoside «
BOURQUELOT (Ém.) et BRIDEL (M.).
— Synthèse des glucosides d'alcool
à l'aide de l'émulsine : phényléthyl-
glucoside [3 et cinnamylglucoside p.
— Synthèse de galactosides d'alcools
Pages.
i35
i36i
110
754
1958
1211
i565
2008
633
1769
870
168
33o
49i
1493
827
2084
MM.
TABLE DES
Pages
à l'aide de l'émulsine : Méthylgalae-
toside [i et Allylgalactoside jï 1 104
BOURQUÉLOT (Ém.) et COIRRE (J.).
— Données nouvelles sur la réver-
sibilité de l'action fermentaire de
Pémulsine 643
BOURQUELOT (Ém.) et HÉRISSEY
(H.). — Synthèse biochimique, à
l'aide de l'émulsine, d'un glucoside
isomère de la salicine, le salicylglu-
coside (3 1 790
BOURQUELOT (Ém.) et VERDON
(Ém.). — La réversibilité des actions
fermentaires : Émulsine et méthyl-
glucoside fi 957
— Recherches sur la synthèse biochi-
mique du méthylglucoside [i dans
un liquide neutre, étranger à la réac-
tion 1 264
— De l'emploi de proportions crois-
santes de glucose dans la synthèse
biochimique du méthylglucoside !3.
Influence du glucoside formé sur
l'arrêt de la réaction i638
BOUSSINESQ (J.). — Sur l'existence
d'une viscosité superficielle dans la
mince couche de transition séparant
un liquide d'un autre fluide con-
tigu 983
— Application des formules de visco-
sité superficielle à la surface d'une
goutte liquide sphérique, tombant
lentement, d'un mouvement devenu
uniforme, au sein d'une masse fluide
indéfinie en repos, d'un poids spéci-
fique moindre io35
— Vitesse de la chute lente, devenue
uniforme, d'une goutte liquide
sphérique, dans un fluide visqueux
de poids spécifique moindre n 24
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Montyon (Mécanique),
Poncelet 432
— Du prix extraordinaire de la Marine,
prix Plumey 432
— Du prix Saintour 648
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences
mathématiques) 649
— Du prix Pierson-Perrin 649
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 1916 432
BOUTARIC (A.). — Sur une relation
AUTEURS.
MM. Pages,
entre l'absorption atmosphérique
et la polarisation de la lumière diffu-
sée par le ciel 1289
BOUTY (E.). 1 — La polarisation diélec-
trique de la paroi et les mesures
de cohésion diélectrique; le retard
d'effluve 25
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Hébert, Hughes, Henri de
Parville, Gaston Planté, Kastner-
Boursault 432
— Et de la Commission des Tables
annuelles des constantes 1 734
BOUVIER (E.-L.). -- Sur les genres
Pseudibacus et Nisto, et le stade
natant des Crustacés décapodes
macroures de la famille des Scylla-
ridés i643
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Delesse, Joseph Labbé, Victor
Raulin 432
— Des prix Desmazières, Montagne, De
Coincy, du Grand Prix des Sciences
physiques, des prix Thore, De la
Fons-Mélicocq 433
BRANLY est élu membre de la Com-
mission chargée de juger le Con-
cours des prix Hébert, Hughes,
Henri de Parville, Gaston Planté,
Kastner-Boursault 432
BRESCH et LESPIEAU. — Action de
l'oxyde d'éthyle a (1 dichloré sur les
dérivés magnésiens mixtes 710
BRET (C.-M.). — Sur l'existence en
Afrique occidentale de deux formes
stables i'Hevea brasiliensis Mull.
Arg. présentant une aptitude diffé-
rente à la production du latex Î7S
BRET (C.-M.) et GATIN (C.-L.). — Les
variétés d'Elœis guineesis Jacq. de
la Côte d'Ivoire et leurs fruits par-
thénocarpiques 8o5
BRIDEL (Marc). — Sur la présence de
la gentiopicrine, du gentianose et du
saccharose dans les racines fraîches
de la gentiane ponctuée 627
BRIDEL (M.) et BOURQUELOT (Ém.).
— Synthèse des glucosides d'alcools
à l'aide de l'émulsine : phényléthyl-
glucoside jî et cinnamylglucoside fl. 827
— Synthèse de galactosides d'alcools à
l'aide de l'émulsine : méthylgalac-
TABLE DES AUTEURS.
2o85
MM. Pases.
toside f3 et allylgalactoside (3 i io4
BRIDEL (M.), BOURQUELOT (Ém.)
et HÉRISSEY (H.). — Synthèse
biochimique de glucosides d'alcools
(glucosides a) à l'aide d'un ferment
(glucosidase a) contenu dans la
levure basse séchée à l'air : éthyl-
glucoside a -. 1 68
— Synthèse de galactosides d'alcools à
l'aide de l'émulsine. Propylgalac-
toside ($ et benzylgalactoside fi 33o
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides x) à l'aide de
la glucosidase a : méthylglucoside a.
Destruction de la glucosidase a en
milieu fortement alcoolique 491
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides a) à l'aide d'un
ferment (glucosidase a) contenu
dans la levure de bière basse séchée
à l'air : propylglucoside a et allyl-
glucoside a l493
BRIDRÉ (J.) et BOQUET (A.). — Sur
la vaccination antielaveleuse par
virus sensibilisé. Durée de l'immu-
nité. Applications de la vaccination. 1934
BRILLOUIN (Marcel). — Sur la théo-
rie du rayonnement noir 124
— Sur la théorie du rayonnement noir. 3oi
BRINER (E.) et BOURNOFF. — Réac-
tions chimiques dans les gaz com-
primés. Étude de la décomposition
de l'oxyde d'azote 228
BRINER (E.) et KUHNE (A.). — Sur
la transformation subie par le car-
bure de calcium chauffé 620
BRIOUX (Ch.) et GUERBET (M.). —
Évolution du soufre dans le sol ;
étude sur son oxydation 1476
BBOGLIE (M. de). — - Sur les images
multiples que présentent les rayons
de Rdntgen après avoir traversé des
MM. Pages.
cristaux ion
— ■ Sur la réflexion des rayons de Riint-
gen n53
— Sur la diffraction et la réflexion des
rayons de Rdntgen 1753
BROGLIE (M. de) et LINDEMANN
(F. -A.). — Sur les phénomènes
optiques présentés par les rayons de
Rdntgen rencontrant des milieux
cristallins 1461
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1642
BROMEWSKI (Witold). — Sur les
points critiques du fer 699
— Sur la thermo-électricité des aciers. . 1983
BRUNEL (L.) et JUNGFLEISCH (E.).
— ■ Réactions entre l'eau et l'acide
sulfureux à diverses températures.
Formation d'acide hydrosulfureux. 1719
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1 874
BRUNSWICK (E.-J.). Prédéter-
mination des caractéristiques des
dynamos à courant continu 223
BUHL (A.). — Sur les formules ana-
logues à la formule de Stokes l7%9
BUISSON (H.) et FABRY (Ch.). —
Sur un microphotomètre destiné
à la mesure de l'opacité des plaques
photographiques 38g
— Sur l'absorption de l'ultraviolet par
l'ozone et l'extrémité du spectre
solaire 782
— Sur les longueurs d'onde des raies
du krypton g45
— Adressent un Rapport sur l'emploi
qu'ils ont fait et les expériences
qu'ils ont exécutées à l'aide de la
subvention qui leur a été accordée
sur le Fonds Bonaparte en 191 1 ... . 434
BURKHARDT (H.). — Un théorème
sur la fonction gamma 1212
c
CALMETTE (A.) et GUERIN (C). —
Nouvelle contribution à l'étude de
la pathogénie de l'infection tuber-
culeuse
CARNOT (Adolphe) est élu membre
de la Commission chargée de juger
le Concours des prix Jeeker, Cahours,
3-1
Montyon (Arts insalubres), Vaillant. 432
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. E. Cailletet 121 1
— Et de la Commission du Fonds Bona-
parte 1 5 1 1
— EtdelaCommission chargée deprésen-
2o86
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
ter une liste de candidats à la suc-
cession de M. Alfred Picard i586
CARPENTIER est élu membre de la
Commission chargée de juger le
Concours des prix Hébert, Hughes,
Henri de Parville, Gaston Planté,
Kastner-Boursault 432
CARRIÈRE (E.) et BLAISE (E.-E.). —
Sur l'acide aldéhyde succinique. . . . 23o,
CARRIÈRE (Z.). — Nouvelle méthode
de mesure de la vitesse des fluides. . l83i
CARVALLO (Jacques). — Conducti-
bilité électrique de l'éther pur. . . . 1609
— Conductibilité électrique de quelques
liquides purs : ammoniac, acétone,
alcools éthylique et méthylique. . . . 1755
— Sur un phénomène photo-électrique
présenté par l'anhydride sulfureux
liquéfié 1882
CAVAIGNAC (M11-) et LE CHATELIER
(H.). — Fusibilité des corps gras
naturels 589
CAVEL (Lucien). — Sur le soufre et ses
variations dans le traitement biolo-
gique des eaux d'égouts !099
CAYEUX (L.). — Les minerais de fer
sédimentaires considérés dans leurs
rapports avec la destruction des
chaînes de montagnes Il85
— Sur la genèse des minerais de fer sédi-
mentaires l495
— Signification des galets de minerais,
inclus dans les minerais de fer het-
tangiens de Bourgogne J793
CÉPÈDE (Casimir). — Les « Cytopleu-
rosporés » (Cylopleurosporea), em-
branchement nouveau du règne des
Protistes 574
— Nouveau montage des préparations
microscopiques permettant l'étude
des deux faces aux plus forts gros-
sissements et supprimant les pro-
cédés spéciaux d'emballage 683
CIAMICIAN est élu Correspondant pour
la Section de Chimie, en remplace-
ment de M. Lecoq de Boisbaudran . . i652
CISOTTI (U.). — Sur les mouvements
rigides d'une surface de tourbillon. 539
CLAIRIN (J.) . — Sur les invariants des
caractéristiques des équations aux
dérivées partielles du second ordre
à deux variables indépendantes. . . . 7G0
CLARE1NS (J.). — Sur l'existence des
bromites 1998
MM. Pages.
CLAUDE (Georges). — Sur l'absorp-
tion du néon par les électrodes des
tubes luminescents 1 3 1 7
CLAUSMANN (Paul) et GAUTIER
(Armand). — Le fluor dans l'orga-
nisme animal. — A. Peau et ses
appendices 1 347
— Le fluor dans l'organisme animal. —
B. Squelette, cartilages, tendons . . . i425
CHABLAY (E.). — Sur quelques réac-
tions de l'amidure de sodium en
présence d'ammoniac liquide. For-
mation des carbures éthyléniques. . 327
— Préparation des alcools primaires
par réduction des éthers-sels au
moyen de l'alcool absolu et du
sodammonium 1020
CHABRIÉ (Camille) pose sa candida-
ture à la succession de M. Teisse-
renc de Bort 433
CHAILLOT (M.). — Recherches sur la
morphologie du bourgeon chez les
Labiées à stolons souterrains 1690
CHAINE (J.). — Sur le rôle de la spatule
de la Cécidomyie parasite du Buis . . 336
CHANTEMESSE. — La vaccination
préventive contre la fièvre typhoïde
dans les équipages de la flotte .... 244
— Prie l'Académie de vouloir bien le
compter au nombre des candidats
à la place vacante, dans la section
des Académiciens libres, par le dé-
cès de M. Teisserenc de Bort 664
CHAPELON (Jacques). — Sur les nom-
bres de classes des formes quadrati-
ques binaires positives 675
— Sur les nombres de classes des formes
quadratiques binaires positives et à
déterminant négatif 1661
CHAPUT (E.). — Essai de synchroni-
sation des alluvions anciennes de
la Loire et de ses affluents 358
CHARPY (G.) et BONNEROT (S.). -
Sur les réactions qui accompagnent
l'osmose de l'hydrogène à travers
le fer 3g4
CHARPY (Georges) et CORNU
(André). — Surles transformations
des alliages de fer et de silicium. . 1240
— Sur la séparation du graphite dans les
alliages de fer et de silicium 1616
CHJ! ilRIER (H.). — Sur quelques mo-
difications du tissu musculaire au
moment de la maturité sexuelle chez
TABLE DES
MM. Pages,
la Nereis fucata (Sav.) l33l
CHATTON (Edouard). — Septicémies
spontanées à coccobacilles chez le
Hanneton et le Ver à soie 1707
CHAUCHARD (A.). — Étude quantita-
tive de l'action des rayons ultravio-
lets monochromatiques sur l'amy-
lase i858
CHAUDIER (J.). — Polarisation rota-
toire magnétique de l'azote et de
l'oxygène liquéfiés 1008
— Sur les variations du pouvoir rota-
toire magnétique dans les change-
ments d'état 1329
CHAUMONT (L.). — Sur la théorie des
appareils servant à l'étude de la lu-
mière polarisée elliptiquement.... 1604
CHAUSSE (P.). — Suspension dans l'air
des particules virulentes obtenues
par la pulvérisation liquide 638
— Conditions de respirabilité des parti-
cules virulentes obtenues par la pul-
vérisation liquide 954
— Méthodes à employer pour réaliser
la tuberculose expérimentale par
inhalation 1 485
CHAUTARD (Jean). — Sur l'origine
du pétrole au Wyoming (Etats-Unis
d'Amérique ) l4l7
CHAUVEAU est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours : du prix Bigot de Morogues. 526
— Des prix Montyon (Physiologie), Phili-
peaux, Lallcmand, Pourat 527
■ — Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour 191 5 527
CHAUVEAUD (Gustave). — Sur l'évo-
lution de l'appareil conducteur dans
les Veronica [I292], 1 327
CHAUVENET (Ed.) et URBAIN (G.).
— Sur la densité des sels doubles.
Cas des chlorures de cuivre et d'am-
monium l320
CHÉNEVEAU (C). — Sur les propriétés
optiques de l'eau et sa constitution
physique 1972
CHEVALLIER (Abc). — Sur l'origine
botanique des bois commerciaux
du Gabon 1 38g
CHEVREL (F.) et BODIN (E.). — Sur
la purification bactérienne des
huîtres en eau de mer filtrée 342
CHEVROTIER (Jean) et LUMIÈRE
C. K., iç)i3, 1" Semestre. (T. 156.)
AUTEURS. 2087
MM. Pages.
(Auguste). — Sur la toxicité des
vaccins antityphiques î7°9
— Action des oxydants en général
et des persulfates alcalins en parti-
culier sur la toxine tétanique l4o4
CHEVROTON (M"°) et FAURÉ-FRÉ-
MIET. — -Étude cinématographique
des phénomènes cytoplasmiques
de la division de l'œuf d'Ascaris. . 8l5
CHEVROTON (L.) et VLÈS (F.). —
Cinématographie des cordes vocales
et de leurs annexes laryngiennes. . 949
CHOFARDET (P.). — Observations de
la comète igi3 a (Schaumasse),
faites à l'Observatoire de Resançon,
avec l'équatorial coudé 1687
CHOUCHAK (D.). — Sur la pénétration
des différentes formes d'azote dans
les plantes; phénomènes d'absorp-
tion 1696
— Sur l'absorption de différentes formes
d'azote par les plantes; influence
du milieu 1784
CHOUX (P.). — Le genre Basconema à
Madagascar 2002
CHBÉTIEN (Henri). — Sur le champ
magnétique général du Soleil 192
— Sur une variante de la méthode des
coïncidences 1061
CLAUDE (Georges) pose sa candidature
à une place d'Académicien libre. . 433
— Est présenté en troisième ligne pour
une place de Membre libre. . 1422, 1716
COGGIA. — Observations de la comète
a igi3 (Schaumasse), faites à l'Ob-
servatoire de Marseille (équatorial
d'Eichens, de om,26 d'ouverture) . . i655
COIRRE (J.) etBOURQUELOT (Em.).
— Données nouvelles sur la réver-
sibilité de l'action fermentaire de
l'émulsine 643
COLANI (A.). — Sur la solubilité de
l'oxalate de thorium 1075
— Étude du chloro-oxalatc de thorium. 1907
COLIN (H.) et SÉNÉCHAL (A.). — Sur
l'oxydation des complexes cobalto-
organiques 625
COLLET (Paule M"c). — Sur la con-
ductibilité électrique du tellure .... 943
COLLIN (Bernard). — Sur un Ello-
biopsidé nouveau, parasite des
Nébalies (Parallobiopsis Coutieri
n. g., n. sp.) i i332
COLLOT (L.). — La célestine des ter-
267
2o88
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
rains sédiment aires 1 1 63
C( )M ;HÈS GÉOLOGIQUE INTERNA-
TIONAL (Le) prie l'Académie d'en-
voyer une délégation à la Session
qui se tiendra au Canada au mois
d'août 19 1 3 757
CONOH (A.) et NICOLLE (Cil). -
Vaccinothérapie dans la coqueluche. l849
COPAUX (H.). — Sur la basicité des
tungsto-acides 71
- Sur la constitution des paramolyb-
dales et des paratungstates '771
CORNU (André) et CHARPY (Geor-
ges). — Sur les transformations des
alliages de fer et de silicium 1240
— Sur la séparation du graphite dans
les alliages de fer et de silicium. . . . 1616
COSSERAT (Eugène) est présenté en
troisième ligne pour la troisième
place de Membre non résident. . . . l343
COSTANTIN est élu membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours des prix Desmazières, Mon-
tagne, De Coincy, du Grand Prix des
Sciences physiques, des prix Thore,
De la Pons-Mélicocq f 33
COSTANZO. — Sur l'occlusion des
produits du radium 126
COSTEANU (N.-D). — De l'action du
gaz CO2 sur les sulfures minéraux. . 1985
COSTEANU (N.) et RENGADE (E.).
— Sur les protosuli'ures anhydres
des métaux alcalins 791
COTTON (A.) et MOUTON (H.). — Biré-
fringence magnétique de mélanges
MM. Pages,
liquides 1 456
COTTON (Emile). — Sur une question
concernant les fonctions de deux
variables réelles io54
COTTY (Gaston). — Sur la réduction
des formes quadratiques binaires
à coefficients entiers dans un corps
quadratique réel 1 448
COURMONT (Jules) et ROCHAIX (A.) .
— De l'immunisation contre le
staphylocoque pyogéne par voie
intestinale 572
CRÉMIEU (V.). — Nouvel électromètre
idiostatique 46o
- Effets de la flexion aux points d'at-
tache du fil d'une balance de tor-
sion 617
— Séismographes donnant directement
les trois composantes d'un séisme
et les variations lentes de la verti-
cale 832
CROMMELIN (C.-A.), KAMERLINGH
ONNES (H.) et MATIIIAS (E.). —
Le diamètre rectiligne de l'argon. . 129
CRUSSARD (L.). — Déformations des
ondes dans les gaz et sur les inter-
férences finies 447
— Sur la propagation et les altérations
des ondes de choc 611
CUÉNOD (A.), BLAIZOT (L.) et NI-
COLLE (Charles). — Quelques
propriétés du virus trachomateux.
L'immunité dans le trachome.... 1 177
CZAKO (Nicolas). — Sur les alliages
d'aluminium avec le vanadium. . . . 140
D
DALIMIER (R.). — Action des com-
binaisons arséno-aromatiques (606
et néo-salvarsan) 629
DALLONI. — L'Oligocène marin et sa
faune en Algérie 171 1
DAMIENS (A.) et LEBEAU (P.). —
Sur une méthode d'analyse des
mélanges d'hydrocarbures saturés
gazeux l44
— Sur une méthode d'analyse des mé-
langes d'hydrogène et d'hydrocar-
bures saturés gazeux : mélanges
complexes 325
— Sur le dosage des carbures acétylé-
niques et des carbures éthyléniques
dans les mélanges d'hydrocarbures
gazeux 557
— Sur la composition du gaz d'éclai-
rage 797
— Sur la composition des mélanges ga-
zeux résultant de l'action de l'eau
sur les carbures d'uranium et de
thorium 1987
DANGEARD (P.-A.). — Surl'action de
la radiation dans un mélange de
substances colorantes i844
DANIEL (Jean). — Sur les relations
existant entre l'âge des Dicotylé-
TABLE DES AUTEURS.
2089
MM. Pages,
dones et le nombre des cercles de
leurs bois secondaires 1 554
DANIEL (Lucien). — Nouvelles
recherches sur la greffe desBrassica. 1 5 1
DANIEL (L.) et DELPON (J.). — Sur
un hybride de greffe entre Pêcher
et Amandier 2000
DANTONY (E.) et VERMOREL (V.).
— Sur les bouillies fongicides mouil-
lantes 1475
DARBOUX (Gaston). — Sur les sur-
faces minima engendrées par un
cercle variable 928
— ■ Sur les surfaces minima engendrées
par un cercle variable 971
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours des
Prix : Pierre Guzman, Lalande,
Valz, J. de Pontécoulant 432
— Prix Montyon (Statistique) 527
— Prix Binoux (Histoire des Sciences). 527
— Médailles Arago, Lavoisier, Ber-
thelot 527
— ■ Prix Henri Becquerel, Gegner, Lan-
nelongue, Gustave Roux, Trémont. 527
— '-.Prix Saintour 648
— Prix Henri de Parville 648
— - Prix Petit d'Ormoy (Sciences mathé-
matiques) 649
— Prix Estrade Delcros 649
— Et d'une Commission chargée de
présenter une liste de candidats
aux trois premières places de Mem-
bres non résidents io52
— ■ Est élu membre de la Commission des
Tables annuelles de constantes '734
— M. le Secrétaire perpétuel adresse une
invitation aux personnes désirant
occuper un poste d'étude au Labo-
ratoire international du Mont-Rose. 433
— Rapport sur la pétition adressée au
Président de l'Académie, par la
plupart de ses correspondants na-
tionaux 836
— • M. le Secrétaire perpétuel donne lec-
ture du Décret présidentiel approu-
vant le Règlement concernant le
mode de nomination des Membres
non résidents 1872
— ■ M. le Secrétaire perpétuel fait hom-
mage à l'Académie, au nom de
M. G.-B. Guccia, de la photogra-
phie d'une lettre écrite par Henri
Poincaré lo5
MM. P
— M. le Secrétaire perpétuel présente à
l'Académie un Volume des « Mé-
moires sur 1 électricité et l'optique »,
par A. Potier
— M. le Secrétaire perpétuel présente à
l'Académie le Tome VI de la « Mis-
sion du Service géographique de
l'Armée, pour la mesure d'un arc
du méridien équatorial en Amé-
rique du Sud »
— M. le Secrétaire perpétuel informe
l'Académie de la publication pro-
chaine des Œuvres mathématiques
d'Henri Poincaré
- M. le Secrétaire perpétuel présente le
Rapport annuel, pour 1912, du Con-
seil d'administration de la Caisse des
Recherches scientifiques
— M. le Secrétaire perpétuel annonce Le
décès de M. Louis Henry, Cor-
respondant pour la Section de
Chimie
- M. le Secrétaire perpétuel annonce
le décès de M. V . Dwelshauvers-Dery,
Correspondant de l'Académie pour
la Section de Mécanique
— M. le Secrétaire perpétuel annonce le
décès de Lord Avebury (Sir Joint
Lubbock )
DARGET adresse une réclamation de
priorité concernant une Note de
M. de Fontenay
- Adresse une lettre relative aux
rayons vitaux
DASTRE est élu membre de la Com-
mission de vérification des comptes. .
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Godard,
du baron Larrey, Bellion, Mège,
Argut
— Des prix Montyon (Physiologie),
Philipeaux, Lallemand, Pourat. . . .
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
du prix Pourat pour 191 5
DAUZÈRE (C). — Sur les tourbillons
cellulaires isolés
- Sur une nouvelle espèce de tourbil-
lons cellulaires
DAVIS (Moris) est élu Correspondant
pour la Section de Géographie et
Navigation, en remplacement de
âges.
io5
n3
■ iil,
1643
936
99 1
i653
i;i
366
526
526
327
527
218
1228
2oqo
TABLE DES AUTEUKS.
MM. Page*.
Sir George Darwin, décédé i3o3
DÉCOMBE (L.). — Théorie électronique
de la gravitation 940
— Sur la théorie électronique de la gra-
vitation 1222
— Sur la viscosité de l'atome 1 598
DEHORNE (Armand). — Nouvelles re-
cherches sur les mitoses de matura-
tion de Sabellaria spinulosa Lenck. 485
DELAGE est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le Concours
des prix Savigny, Cuvier 526
DELASSUS (Et.). — Les diverses
formes du principe de Dalembert
et les équations générales du mou-
vement des systèmes soumis à des
liaisons d'ordre quelconque 205
— Sur l'équilibre et les petits mouve-
ments des systèmes soumis à des
liaisons d'ordre quelconque 677
DE LAUNAY (L.). — Sur quelques
roches écrasées du Plateau Central. 1 434
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Delesse, Joseph Labbé, Victor
Raulin 43a
DELPON (J.) et DANIEL (L.) — Sur
un hybride de greffe entre Pêcher
et Amandier 2000
DEMASSIEUX (N.). — Étude de
l'équilibre entre le chlorure de
plomb et le chlorhydrate d'ammo-
niac en solution aqueuse 892
DEMÛLON (A.). — Recherches sur
l'action fertilisante du soufre 725
DEMOULIN (A.). - - Une propriété
générale des lignes tracées sur une
surface 4°
DEMOUSSY (E.) et MAQUENNE (L.).
— Influence des conditions anté-
rieures sur la valeur du quotient res-
piratoire chez les feuilles vertes. ... 28
— Sur la valeur et un nouveau mode
d'appréciation du quotient respira-
toire des plantes vertes 278
— Sur la valeur des coefficients chloro-
phylliens et leurs rapports avec les
quotients respiratoires réels 5o6
DEPÉRET (Charles). — Observations
sur l'histoire géologique pliocène et
quaternaire du golfe et de l'isthme
de Corinthe 427
— - Observations sur l'histoire géologique
pliocène et quaternaire du golfe et
MM. Pages,
de l'isthme de Corinthe 65g
- Observations sur l'histoire géologique
pliocène et quaternaire du golfe et
de l'isthme de Corinthe 1048
— Pose sa candidature à une place
d'Académicien non résident 1 132
- Est présenté en troisième ligne 1196
- Est présenté en troisième ligne 1293
— Est présenté en seconde ligne 1 343
DEPRAT (Jacques). -- Sur les ter-
rains paléozoïques de la rivière
Noire (région entre la frontière
laotienne et le fleuve Rouge,
(Tonkin) 579
— Les terrains triasiques dans la région
de la rivière Noire moyenne (Ton-
kin) 921
— Sur la succession des étages carbo-
nifères et permiens en Indo-Chine. . 1 109
— Sur l'existence de charriages impor-
tants au Tonkin entre le fleuve
Rouge et la rivière Noire 1284
D EPREZ ( Marcel ) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours des prix Montyon (Méca-
nique), Poncelet et du prix extra-
ordinaire de la Marine, prix Plumey. 432
— lit de la Commission chargée de pré-
senter une question de prix Four-
neyron pour 1916 432
DERRIEN (E.) et VILLE (J.). — Cata-
lyse biochimique d'une oxydation
luminescente 202 1
DESGREZ et DORLÉANS. — Influence
de la constitution des corps pu-
riques sur leur action vis-à-vis de la
pression artérielle g3
— Influence du groupement aminé sur
la pression artérielle 823
DESHAYES (A.) et BOURION (F.). —
Sur la séparation quantitative du
fer et du chrome 1 769
DESLANDRES (Henri). — Sur une
nouvelle espèce de tourbillons cel-
lulaires 12 3 1
- Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
G. de Pontécoulant 432
- Est élu membre de la Commission de
vérification des comptes 526
— Est adjoint à la Commission chargée
d'examiner les Communications re-
latives à la baguette divinatoire. ... 1 i3l
TABLE DES
MM. Pages.
DESMOULIÈRE (A.). — L'antigène
dans la réaction de Wassermann. . . 338
DESPIS (Jean) adresse un Mémoire
relatif à une hélice aérienne 743
DÉTRAIT (R.). — Sur le glissement des
liquides à la paroi 1670
DEVAUX (H.). — La pression de l'air
dans les lacunes des plantes aqua-
tiques 2004
DIENERT (F.). — Sur l'étude des tem-
pératures des eaux souterraines
dans les captages pour l'alimenta-
tion publique 83l
— Sur l'efficacité des puits absorbants. 1288
DIMA (G. -A.).- — Influence de la valence
du métal sur l'effet photo-électrique
des composés métalliques l366
DOLLFUS (Gustave-F.). — Efficacité
des puits absorbants io32
DOMINICI(HENRi),LABORl)i:iMn«Si-
mone) et LABORDE (Albert). -
Etude sur les injections de sels de
radium 1 107
DONDER (Th. de). — Sur un théorème
de Jacobi 44°
- Sur le théorème d'indépendance de
Hilbert 609
— Sur le théorème d'indépendance de
Hilbert 868
DONY-HENAULT (O.). — Sur l'emploi
de résistances de chrome métal-
lique granulaire pour le chauffage
électrique. '. 66
DOP (Paul). — Sur la cytologie des
suçoirs micropylaires de l'albumen
de Veronica persica 1922
DORLÉANS et DESGREZ. - - In-
fluence de la constitution des corps
puriques sur leur action vis-à-vis
de la pression artérielle g3
— Influence du groupement aminé sur
la pression artérielle 823
DORLENCOURT (IL). - Étude sur
l'élimination Orinaire de la mor-
phine injectée à l'animal neuf i338
DOUVILLÉ [H.) est élu membre de la
Commission chargée de juger le
Concours des prix Delesse, Joseph
Labbé, Victor Raulin pi
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats aux
trois premières places de Membres
non résidents 1032
DOUVILLÉ (Henri) et MENTEATH
AUTEURS. 2091
MM. Pages.
(Stuart). — Le terrain éocène de
Bos d'Arros 594
DOUVILLÉ (Robert) . — Influence du
mode de vie sur la ligne suturale
des Ammonites appartenant à la
famille des Cosmocératidés 170
— Individualité de la faune d'Ammo-
nites des couches à Pelloceras athlela. 36i
DRZEWINA (Anna) et BOHN (Geor-
ges). — Anoxybiose et polarité
chimique 810
DUANE (William) et SCHEUER
(Otto). — Décomposition de l'eau
par les rayons 2 466
DUBALE (P.-E.) adresse une Note
intitulée : Un nouveau poisson
d'eau douce de la faune de France. . . 1 378
DUBARD (Marcel) et URBAIN ( J.-A.) .
— De l'influence de l'albumen sur
le développement de l'embryon. . . . 1086
DUBOIS (Raphaël). ■ — Sur l'anesthésie
par les voies digestives 248
— Sur la nature et le développement de
l'organe lumineux du Lampyre noc-
tiluque 73o
— Sur le traitement de la tuberculose
parles microorganismes marins. ... 911
Microzymas, coccolithes, vacuolides. 1175
— Sur un microcoque des concrétions
calcaires d'origine tuberculeuse. . . . 1274
DUBOSCQ (O.) et LÉGER (L.). — Le
cycle évolutif de Porospora porlu-
nidarum Frenzel !932
DUBRISAY (René). — Sur une nou-
velle méthode de volumétrie physico-
chimique 894
— Sur la neutralisation de l'acide chro-
mique !9o3
DUCLAUX (Jacques). — Sur les élé-
ments d'énergie 142
DUFFOUR (A.). — Sur un cas inté-
ressant de dimorphisme 473
— Sur une nouvelle forme du bichro-
mate de potassium 1022
DUHEM (Pierre). — Sur la stabilité
adiabatique de l'équilibre 181
— Sur la croissance adiabatique de
l'entropie 284
— Sur deux inégalités fondamentales
de la Thermodynamique 42ï
— Sur la stabilité de L'équilibre ther-
mique 597
Remarque élémentaire sur le pro-
blème des ondes sphériques 1727
2092 TABLE DES
MM. Pages.
— Est présenté en troisième ligne pour
une place de Membre non résident.
1196, 1293
— Est présenté en seconde ligne pour
la troisième place de Membre non ré-
sident 1 343
DUNOYER (Louis). — Un cas remar-
quable de résonance optique 1067
DUPARC (Louis). — Sur l'origine du
platine contenu dans les alluvions
de certains affluents latéraux de la
Koswa (Oural du Nord) 41 1
DUPONT (Georges). — Hydrogéna-
AUTEURS.
MM. Pages,
tion catalytique des -f-glycols acé-
tyléniques en présence de noir de
palladium i6a3
DURAND (J.). — Sur des coquilles fos-
siles en inclusions dans des cristaux
de gypse limpide de l'Oligocène de
Narbonne 1 8 ', 1
DURAND-GRÉVILLE. — La loi des
crochets barométriques de grain. ... 1 1 90
DUSSAUD. - - Séparation des effets
lumineux et calorifiques produits
par une source de lumière 948
EGINITIS (D.). — Sur le trouble du ciel
et l'affaiblissement du rayonnement
solaire, observés pendant l'année
1912
ESCLANGON (Ernest). — Sur l'entraî-
nement du support dans les observa-
855
tions du pendule ioo5
— Sur un régulateur de température. . . 1667
ESPITALLIER est présenté en seconde
ligne pour la Chaire de Construc-
tions civiles du Conservatoire des
ArtB et Métiers l65?-
FABRE (H.) est présenté en troisième
ligne pour une place de Membre
non résident 1196, 1293, i343
FABRY (Ch.) et BUISSON (H.). — Sur
un microphotomètre destiné à la
mesure de l'opacité des plaques
photographiques 38g
— Sur l'absorption de l'ultraviolet par
l'ozone et l'extrémité du spectre so-
laire 782
— Sur les longueurs d'onde des raies
du krypton 945
— - Adressent un Rapport sur l'emploi
qu'ils ont fait et des expériences
qu'ils ont exécutées à l'aide de la
subvention qui leur a été accordée
sur le Fonds Bonaparte en 191 1 ... . 434
FABRY (Eugène). — Un essai de dé-
monstration du théorème de Fermât.
[1640], 1814
FANDARD (Mlle Lucie) et BIERRY
(H.) — Adrénaline et glycémie. . . 480
— Variations de la glycémie pendant
l'inanition 2010
FARID BOULAD BEY. — Sur la dis-
jonction des variables dans les
nomogrammes à points alignés .... 865
FAURÉ-FREMIET et CHEVROTON
(MIle). — Etude cinématographique
des phénomènes cyeloplasmiques de
la division de l'œuf d'Ascaris 8i5
FAVREL (G.). — Sur une nouvelle série
d'isopyrazolones 1912
FAYET (G.). — Sur le prochain retour
de la comète Finlay; perturbations
de l'orbite dues à l'action de Jupiter. 194
FAYET et SCHAUMASSE. — Sur l'or-
bite provisoire delà nouvelle comète
igi3 a (Schaumasse) 1 4 4 7
FEHR (H.) fait hommage à l'Académie
d'un tirage spécial du portrait de
IL Poincaré, publié par V Enseigne-
ment mathématique 434
FEJÉR (Léopold). — La convergence
sur son cercle de convergence d'une
série de puissance effectuant une
représentation conforme du cercle
sur le plan simple 46
FERNBACH (A.). - ■ L'acidification
des moûts par la levure au cours de
TABLE DES AUTEURS.
20()3
MM. Pages,
la fermentation alcoolique 77
FEYTIS (M"« £.). — Sur les propriétés
magnétiques de quelques hydrates
solides de cuivre et de chrome 886
FICHOT (E.). — Sur la production des
marées statiques de la deuxième
sorte dans un océan répondant à une
toi quelconque de profondeur 211
FLEURY (E.) adresse une Note intitu-
lée \Un nouvel antiseptique urinaire. 366
FLORENTIN (D.j et KLING (André).
— Action des basses températures
sur les explosifs 694
FONTENAY (G. de) adresse une lettre
relative à une réclamation de priorité
de M. Darget 268
FORCRAND (de). — Déshydratation
et décomposition des hydrates du
nitrate d'uranyle. — Formation
d'un monohydrate io44
— Etude thermochimique du nitratr
d'uranyle et de ses hydrates 1207
— Sur la relation de Trouton i43g
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1642
— Sur l'état dissimulé danslcs hydrates. i5ii
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1642
— - Le quotient Trouton et la chaleur
moléculaire de vaporisation des
corps purs bouillant aux tempéra-
tures élevées 1648
— Le quotient Trouton et la chaleur de
vaporisation des corps purs bouil-
lant aux températures basses. Don-
nées relatives à l'hélium 1809
— Hydrates de l'anhydride uranique
JIM. Pages,
et chaleur de formation de l'azotate
d'uranyle ig54
FORTRAT (R.). — Simplification des
raies spectrales par le ehamp ma-
gnétique 1 459
- Le triplet magnétique normal et la
règle de Preston. . . 1607
FOSSE (R.). -- Formation de l'urée
par deux moisissures 263
- Formation de l'urée par les végé-
taux supérieurs 567
— Recherche de l'urée dans les végé-
taux 1938
FOUARD (Eugène). — La tonométrie
différentielle des solutions et la
théorie d'Arrhenius 622
— Sur une loi de tonométrie et ses con-
séquences relatives à la théorie des
ions 1 76 1
FRANCOTTE fait hommage d'une
Conférence intitulée : Le troisième
œil des Vertébrés 1 878
FRIEDEL (G.). — Loi générale de la
diffraction des rayons Riintgen par
les cristaux 1 676
FOUASSIER (M.) et TRILLAT (A.).
— Sur la contamination du lait par
le bacille typhique par l'intermé-
diaire de l'eau 1936
FREYCINET (de) est élu membre de
la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la suc-
cession de M. Teisserenc de Bort. . . . 663
FROIS est pTésenté en seconde ligne
pour la Chaire d'Hygiène indus-
trielle du Conservatoire des Arts
et Métiers 1 r2
GAIN (L.) et ANTHONY (R.). — Sur
le développement du squelette
de l'extrémité postérieure chez le
Pingouin 482
GAMBIER adresse une Note intitulée :
■Sur les courbes à torsion constante. . 835
OANDILLOT adresse une Note Sur la
sécurité en aéroplane (virages) 1 117
GARRIGOU (F.) adresse une Note
intitulée : Étude sur Veau du Verdet
près de Castres (Tarn); indications
générales pour la région 836
GASTAMBIDE et LEVAVASSEUR.
— Sur un aéroparachute 1748
GASTINEL (Pierre), MARIE (P.-L.)
et TEISSIER (Pierre). — De l'im-
munité vax-cinale passive conférée
par les injections intraveineuses-
de sérum variolique 82
GATIN (C.-L.) et BRET (C.-M.). — Les
variétés d'Elaeis guineensis Jacq.
de la Côte d'Ivoire, et leurs fruits
parthénocarpiques' 8o5
GAI (P.-E). — Sur les transformations
2094 TABLE DES
MM. Pages,
les plus générales des équations aux
dérivées partielles du second ordre. 116
GAUBERT (Paul). — Sur quelques
composés de la cholestérine donnant
des cristaux liquides 149
— Sur la polymorphisme de la codéine,
de la thébaïne, de la narcotine et
et sur un nouveau type de sphéro-
lite 116
GAUDECHÛN (Henry) et BERTHE-
LOT (Daniel). — Sur les débuts
de la photolyse de l'alcool éthy-
lique, de l'aldéhyde éthylénique et
de l'acide acétique 68
Action des rayons ultraviolets moyens
et extrêmes surl'aldéhyde éthylique :
acidification, polymérisation, rési-
nification 233
— Sur l'inversion du saccharose par les
rayons ultraviolets 468
— Sur un actinomètre à lévulose pour
les rayons ullraviolels; influence
de la concentration sur la vitesse
de réaction protochimique 707
— Sur la dissociation des composés ga-
zeux par la lumière : gaz hydro-
génés des familles du chlore et de
l'oxygène 889
— Sur la dissociation des composés ga-
zeux par la lumière; gaz hydro-
génés des familles de l'azote et du
carbone; gaz divers 1243
— Synthèse photochimique d'un com-
posé nouveau, l'oxycyanure de
carbone, au moyen des rayons
ultraviolets 1 766
— Sur la préparation de l'oxycyanure
de carbone 1 990
GAUDEFROY (G). — Sur les figures
de déshydratation 1387
GAUTIER (Armand) présente à l'Aca-
démie une plaquette à l'effigie de M.
Haller, qui lui a été offerte pour célé-
brer son Jubilé universitaire 367
— Est désigné pour représenter l'Acadé-
mie aux fêtes' qui seront données
à l'occasion de l'inauguration du
monument élevé, à Tunis, à Phi-
lippe Thomas, le 24 mars 191 3. . . . 370
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours des
prix Jecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), Berthelot, Vail-
lant 432
AUTEURS.
MM. Pages.
— • Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une liste
de candidats à la succession de
M. Teisserenc de Bort 663
— Est élu membre de la Commission des
Tables annuelles de constantes 1 734
— Est élu membre de la Commission
du Fonds Bonaparte 1 5l I
GAUTIER (Armand) et CLAUSMANN
(Paul). — Le fluor dans l'organisme
animal A. Peau et ses appendices. i347
— Le fluor dans l'organisme animal.
B. Squelette, cartilages, tendons.. . . 1425
GAY (L.). — La tension d'expansibilité
des fluides normaux ioi5
— La détente adiahatique dans les
liquides 1070
— La détente adiahatique des liquides. 1978
— Sur le calcul des chaleurs latentes
de vaporisation 1464
GENTIL (Louis). — Sur la structure
de la zone littorale de l'Algérie
occidentale 965
GERBER (C). — Comparaison des
diastases hydrolysantes du latex de
Mactura aurantiaca à celles de Ficus
Carica et de Broussonetia papyrifera. 1573
— Le latex de Ficus coronala, suc pan-
créatique végétal incomplet, sans
diastase et à amylase protéolytique
prédominante. Comparaison avec
celui du Ficus Carica 1917
GERNEZ . — Tracé et usage des cartes
pour la navigation orthodromique
construites sur les plans tangents
aux pôles 445
GEVREY (Maurice). — Sur la nature
des solutions de certaines équations
aux dérivées partielles 5a8
GIRARD (Pierre). — Sur les relations
osmotiques des globules rouges
avec leur milieu; rôle de l'état élec-
trique de la paroi 1 401
GIRAUD (Georges). — ■ Sur une classe
de transcendantes ayant un théo-
rème de multiplication 49
— Sur certaines équations fonction-
nelles et sur les transformations
permutables ' 197
GIRONCOURT (de). — Mission de Gi-
roncourt, 1908-1909. Résultats bo-
taniques !9!9
GLANGEAUD (Pu.). — Les huit phases
éruptives du volcan de Côme ((haine
TABLE DES AUTEURS.
2095
MM. Pages,
des Puys). Un puits profond à tra-
vers les coulées de lave de ce volcan . 1 34o
GLEY (E.) et QUINQUAND (Alf.). —
Action de l'extrait thyroïdien sur
la sécrétion surrénale 201 3
GLOVER (Jules). — Téléphone physio-
logique intensif H 69
GOBY (Pierre). — Une application
nouvelle des rayons X : La Micro-
radiographie 686
GODARD (H.). — Observations de la
comète 191 3 a (Schaumasse), faites
à l'équatorial de om,38 de l'Obser-
servatoire de Bordeaux l5l2
GODCHOT (Marcel) et TABOURY
(Félix). — Sur l'r-chlorocyclo-
pentanone et ses dérivés 332
— Sur l'hydrogénation catalytique de
la camphorone et sur quelques nou-
veaux carbures cyclopentaniques. . 47°
— Sur quelques dérivés de la [b-rnéthyl-
cyclopentanone '779
GODEAUX (L.). — Sur les involutions
appartenant à une surface de genres
zéro et de bigenre un i3o6
— Classification des involutions de
genres I appartenant à une surface
de genres I 1737
GOMPEL (Marcel) et HENRI (Victor).
— Étude quantitative de l'absorp-
tion des rayons ultraviolets par les
alcaloïdes du groupe de l'atropine. . i54l
GOSSELET est présenté en troisième
ligne pour une place de Membre non
résident 1293, 1243
GOT (Th.). — ■ Sur l'équivalence de cer-
taines formes quadratiques ternaires
indéfinies de même genre 1596
— Sur les domaines fondamentaux de
certains groupes fuchsiens 1741
GOUPIL (R.). — Recherches sur les
composés phosphores formés par
VAmylomyces Rouxii 959
GOUY. — Sur la production de champs
magnétiques intenses à la surface
du Soleil 5i2
— Sur la théorie de la photosphère ga-
zeuse 852
— Pose sa candidature à une place de
Membre non résident 1 132
- Est classé en seconde ligne 1196
— Est classé en première ligne 1293
— Est élu Membre non résident i3o2
— Adresse des remereiments à l'Aca-
C. H., ioi3, 1 " Semestre. (T. 156.)
MM. Pages,
demie i354
GRAEBE est élu Correspondant pour la
Section de Chimie 286
GRAMONT (Arnaud de) pose sa candi-
dature à une place de Membre libre. 528
— Est présenté en seconde ligne pour
une place de Membre libre. . 11 18, 1422
— Est présenté en première ligne pour
une place de Membre libre 171er
— Est élu Membre libre, en remplace-
ment de M. Alfred Picard 1734
GRAND'EURY pose sa candidature à
une place de Membre non résident. . 1 5l I
— Adresse les premières livraisons d'un
Mémoire intitulé : Recherches géobo-
taniques sur les forêts et sols fossiles
et sur la végétation et la flore houil-
lères ' 585
GRANDIDIER est élu membre de la
Commission chargée de juger les Con-
cours : des prix extraordinaire de la
Marine, du prix Plumey 432
— des Prix Tchihatchef, Gay 432
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour 1916 43a
GRÉGOIRE (V.). — La télophase et la
prophase dans la caryocinèse soma-
tique 63l
GRIALOU (J.) adresse un Mémoire in-
titulé : Déversoir en mince paroi. . . . l343
GROTH (Jean). — Sur la bordure mé-
ridionale de la Meseta ibérique .... 1 794
GRUMBACH (A.). — Retard de l'élec-
trolyse sur la force électromotrice
polarisante J i2
GRUVEL (A.). — La pèche aux grands
Cétacés sur la côte occidentale
d'Afrique '7o5
GRUZE WSKA (MmeZ.) etBIERRY (H.).
— Dosage du glycogène dans les
muscles '49'
GUÉBHARD (Adrien). — Sur la pos-
sibilité théorique d'un dispositif
réversible pour la reconstitution au-
tomatique des couleurs naturelles
en projection 127
GUERBET (M.) et BRIOUX (Ch.). —
Évolution du soufre dans le sol;
étude sur son oxydation '47°
GUÉRIN (C.) et CALMETTE (A.). —
— Nouvelle contribution à l'étude
de la pathogénie de l'infection tu-
berculeuse 34
268
2096 TABLE DES
MM. Pages.
GUÉRIN (Paul). — Le tégument
séminal et les trachées nucellaires
des Thyméléacées 3g8
GUÉRITOT. — Sur un manoscope ther-
mo-électrique de grande sensibilité. 1974
GUICHARD (C). -- Sur une classe
particulière d'équations de M. Mou-
tard 748
GUIGNARD est élu membre des Com-
missions chargées de juger les con-
cours : des prix Desmazières, Mon-
tagne, De Coincy, du Grand prix des
Sciences physiques, des prix Thore,
De la Fons-Mélicocq 433
— - Du prix Bigot de Morogues 526
— ■ Est élu membre d'une Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à la succession de M. Teis-
serenc de Borl 663
— Est élu membre de la Commission
du Fonds Bonaparte i5ii
GUILLAUME (Edouard). — Sur l'ex-
tension des équations mécaniques
de M. Appell à la Physique des mi-
lieux continus. Application à la
théorie des électrons 875
GUILLAUME (J.). — Observations du
Soleil, faites à l'Observatoire de
Lyon, pendant le troisième tri-
mestre de 1912 io53
— Observations du Soleil, faites à l'Ob-
servatoire de Lyon, pendant le qua-
trième trimestre de 1912 1 132
— Observations du Soleil, faites à l'Ob-
servatoire de Lyon, pendant le pre-
mier trimestre de 1913 1 357
— ■ Observationsdelacomète Schaumasse
(1913 à), faites à l'équatorial coudé
de l'Observatoire de Lyon i5i2
— Observation de l'occultation d'une
étoile de 8e grandeur par Jupiter,
faite à l'Observatoire de Lyon. . . . 1735
— Sur un aspect curieux du troisième
satellite de Jupiter 1736
— ■ Sur le minimum actuel des taches du
Soleil 1878
GUILLAUME (J.) et LUIZET. —
Observation de l'occultation des
Pléiades par la Lune, faite le 1 3 mars
I9l3, à l'Observatoire de Lyon. . . . 857
GUILLEMARD (Alfred). — Nature
de l'optimum osmotique dans les
processus biologiques l552
GUILLEMINOT (H.). — Sur la varia-
AUTEURS.
MM. Pages,
tion de résistance électrique du sé-
lénium irradié par les rayons X et
les rayons du radium 1 1 55
— Sur la loi d'action biologique des
rayons X filtrés et non filtrés 1943
GUILLET (A.) et AUBERT (M.). -
Déperdition électrique dans le sys-
tème plan-sphère air atmosphé-
rique. Coefficient de dissymétrie, sa
mesure 458
GUILLET (Léon). — Sur les points de
transformation et la structure des
aciers nickel-chrome '774
GUILLET (Léon) et BERNARD (Vic-
tor). — Variations de la résilience
du cuivre et de quelques-uns de ses
alliages en fonction de la tempéra-
ture 1899
GUILLET (L.) et PORTEVIN (A.). -
Sur quelques propriétés d'un fer
électrolytique industriel 702
GUILLIERMOND (A.). -- Nouvelles
observations sur le chondriome des
Champignons 1781
— Sur la formation de l'anthocyane au
sein des mitochondries 1924
GUIRAUD (E.) adresse une Note rela-
tive aux résultats qu'il a obtenus
dans la cure de diverses maladies
par la laclobacilline 836
GUNTHER. — Sur les caractéristiques
des systèmes d'équations aux déri-
vés partielles 1 147
GUTTON (C). — Sur la durée d'établis-
sement de la biréfringence élec-
trique 387
— Détermination de la durée d'établis-
sement de la biréfringence élec-
trique 1 570
GUYAU (A.). — Sur un oscillographe
interf érentiel 777
GUYON (F.). — Discours prononcé en
prenant place au fauteuil de la Pré-
sidence 17
— M. le Président donne lecture d'un Dé-
cret autorisant la création de six
places de Membres non résidents à
l'Académie des Sciences 927
— M. le Président annonce à l'Académie
qu'en raison des fêtes de la Pente-
côte, la séance du lundi 12 mai est
iviivoyée au mardi i3 i347
— M. le Président donne lecture d'une
lettre de remerciements que M. A.
MM.
TABLE DES
Pages.
• !579
Blondel adresse à ses confrères ...
— Est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le concours
des prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Godard,
du baron Larrey, Bellion, Mège,
Argut 5±6
GUYOT (A.) et KOVACHE (A.). — Ac-
tion de l'acide formique sur les colo-
rants du triphénylméthane i3î4
GUYOT (A.) et MARTINET (J.j. —
Condeusaton des aminés aromati-
ques primaires et secondaires avec
les étliers rnésoxaliques. Synthèse
AUTEURS. 2097
MM. Pages.
dans la série de l'indo) 1Ô25
GUYOT (J.). — Sur les différences de
potentiels de contaet apparentes
■ litre nu métal et des solutions élec-
troly tiques 220
GUYO L'est élumembre des Commissions
chargées de juger le concours : des
Prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey 4 J2
— Des prix Tchihatchef, Gay 432
— Est élu membre de Commission char-
gée de présenter une question de
prix Gay pour 19 16 432
•H
HACKSPILL (Louis). — Sur les phos-
phures d'hydrogène solides I466
HADAMARD. — Observation à propos
d'une Noie du M. Bouligaud (Sur la
fonction de Green du cylindre in-
défini] l364
— Est élu membre de la Commission
chargée do juger le concours des
Prix Francœur, Bordin fil
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de Grand prix des Sciences mathé-
matiques pour 1916 432
HALLER (A.). — Tétraalcoylation des
eyclohexanone et [ï-niéthylcyclohe-
xanone, et trialcoylation de la men-
thone ! ! 99
— Fait hommage à l'Académie d'une mé-
daille de Schiitzenberger 4*9
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours des
prix Jecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), Berthelot, Vail-
lant 432
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats aux
trois premières places de Membres
non résidents Io52
— Et d'une Commission chargée de
présenter une liste de candidats à la
succession de M. Alfred Picard .... 1 586
— Et de la Commission des Tables an-
nuelles de Constantes 1734
HALLER 1A.1 et BAUER (Edouard)
- Méthylation de l'isovalérone au
moyen de l'amidure de sodium et de
l'iodure de méthyle. Tétraméthyliso-
valérone ou hexaméthyl-2.3.3.5.5.
6-heptanone-4 120,5
— Sur la iiionoiiiLtlivk .iiuphoroxime,
le nitrile méthyleampholénique et
l'acide méthyleampholénique l5o3
HANRIOT (M.) et KLING (A.). — Ac-
tion des réducteurs sur les chlora-
loses 1 38o
HAMY est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le concours
des prix Pierre Guzman, Lalande,
Valz, G. de Pontéeoulant 4 >2
HARDY (G.-H. ) et LITTLEWOOD
(J.-E.). — Sur la série de Fourier
d'une fonction à carré sommable . . 1 '>o~
HATON DE LA GOUPILLIÈRE est
élu membre des Commissions char-
gées de juger les concours : des Prix
Montyon (Mécanique), Poncelet.. . . 432
— Du Prix Montyon (statistique) 327
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 1916 .... 432
HATT est élu 1 membre des Commis-
sions chargées do juger les con-
cours : du prix extraordinaire de la
Marine, du prix Plumey 432
— Des prix Tchihatchef, Gay 432
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour 19 iG 432
HAUG (Emile). — Sur' la terminai-
son occidentale de la Sainte -Baume. 1864
HECKEL (Edouard) fait hommage à
l'Académie du io° Volume, 2e série
2098
TABLE DES AUTEURS.
MM.
Pages.
5i9
(191 2), des Annales du M usée colonial
de Marseille, publiées sous sa di-
rection
HEIM est présenté en première ligne
pour la Chaire d'Hygiène industrielle
du Conservatoire des Arts et Métiers. 1 12
HENNEGUY est élu membre des Com-
missions chargées de juger les con-
cours des prix Savigny, Cuvier. . . 526
— Des prix Montyon (Médecine et
Chirurgie), Barbier, Bréant, Godard,
du baron Larrey, Bellion, Mège,
Angut 526
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour 191 5 527
HENRI (Victor). — Labilité chimique
et absorption des rayons ultravio-
lets !979
HENRI (Victor) etBIELECKI (Jean).
— - Étude quantitative de l'absorp-
tion des rayons ultraviolets par les
acides gras et leurs éthers en solu-
tions aqueuses et alcooliques 55o
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par l'acétone. 884
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les céto-
nes, les dicétones et les acides céto-
niques l322
— Étude quantitative de l'absorption
des rayons ultraviolets par les mo-
namines, diamines, nitriles, carby-
lamines, amides et oximes de la série
grasse 1 860
HENRI (Victor) et LANDAU (Marc).
— ■ Étude de l'absorption des rayons
ultraviolets par l'acétylène 697
HENRI (Victor) et GOMPEL (Marcel)
— Étude quantitative de l'absorp-
tion des rayons ultraviolets par les
ajcaloïdes du groupe de l'atropine. . i54l
HENRI (Victor) et WURMSERfR.).
— Loi d'absorption photochimique
élémentaire 23o
— Énergie absorbée dans les réactions
photochimiques 1012
HENRY (A.), MOUSSU (G.) et RAIL-
LIET (A.). — Recherches expéri-
mentales sur le développement de
la Douve hépatique [Fasciola hepa-
tica L.) g5
HÉRISSEY (H.), BOURQUELOT(Em.)
et BRIDEL (M.). — Synthèse bio-
MM. Pages,
chimique de glucosides d'alcools
(glucosides a) à l'aide d'un ferment
(glucosidase a) contenu dans la le-
vure de bière basse séchée à l'air :
éthylglucoside a 168
— Synthèses de galactosides d'alcools
à l'aide de l'émulsine. Propylgalac-
toside rp et benzylgalactoside (J. . . . 33o
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides a) à l'aide de la
glucosidase a : méthylglucoside a.
Destruction de la glucosidase a en
milieu fortement alcoolique 491
— Synthèse biochimique de glucosides
d'alcools (glucosides a) à l'aide d'un
ferment (glucosidase a) contenu
dans la levure de bière basse séchée
à l'air : propylglucoside a et allyl-
glucoside a l493
HÉRISSEY (H.) et BOURQUELOT
(Em.). — Synthèse biochimique, à
l'aide de l'émulsine, d'un glucoside
isomère de la salicine, le salicylglu-
coside [j 1 790
HERNANDEZ-PACHECO (E.). —
Mammifères miocènes de Palencia,
dans la meseta espagnole 1868
IIÉROUARD (Edgard). — Relations
entre la dépression et la formation
de pseudoplanula tcntaculaires chez
le Scyphistome 1090
HIRTZ. — La galvanothérapie inten-
sive à faible densité de courant. . . . l559
HOLLANDE (A.-Ch.). — Les corps
figurés du protoplasme des ceno-
cytes des Insectes 636
HOUDAS (J.). — De la présence de la
choline ou de bases voisines dans
la salive du Cheval 824
HUFNAGEL (M>»e A.) . — Sur un organe
périœsophagien énigmatique des
Tinéides et sur son développement. i636
HUMBERT est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les concours :
des Prix Francœur, Bordin 43s
— ■ Du prix Petit d'Ormoy (Sciences ma-
thématiques) 649
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de Grand Prix des Sciences mathé-
matiques pour 1916 43a
HUTTERN (Jean) adresse un Mémoire
intitulé : Hydrodynamique (théorie
nouvelle) 1 343
TABLE DES AUTEURS.
2099
MM.
IDRAC (Pierre) adresse une Note
intitulée : Recherches expérimen-
Pages.
MM.
taies sur le vol plané.
Pages.
1872
JADIN (F.) et ASTRUC (A.). — L'arse-
nic et le manganèse dans les feuilles
jeunes et âgées 2023
JAMET (V.). — Sur le complexe des
moments vectoriels 1828
JANET (Maurice). — Sur les caracté-
ristiques des systèmes d'équations
aux dérivées partielles 118
JANET (Paul) pose sa candidature
à une place de Membre libre 433
— Est présenté en seconde ligne pour
une place de Membre libre. 1118, 1716
JAVILLIER (M.). — Essais de substi-
tution du glucinium au magnésium
et au zinc pour la culture du Sterig-
matocystis nigra V. Tgh. (Asper-
gillus niger V. Tgh.) 406
JÉGOU (Paul). — ■ Phénomènes mis en
jeu dans le détecteur électrolytique
sans force électromotrice auxiliaire
et considération théorique sur le
fonctionnement des détecteurs élec-
trolytiques 385
JÉRÉMINE (M1 e Elisabeth) et LU-
GEON (Maurice). — Sur la pré-
sence de bandes calcaires dans la
partie suisse du massif des Aiguilles-
Rouges i473
JOLIBOTS (Pierre). — Sur l'iodure
de magnésium méthyle 712
JONAS (H.). — Sur une transformation
qui dépend d'une équation aux dé-
rivées partielles du troisième ordre. 18 19
JONCKEERE (R.): — Étoiles doubla
nouvelles découvertes à l'Observa-
toire de Lille 937
JORDAN est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Con-
cours : des prix Francoeur, Bordin . . 432
— Du prix Saintour 648
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences
mathématiques) 649
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une question de Grand Prix
des Sciences mathématiques pour
1916 432
JOUGUET (Emile). — ■ Sur la propaga-
tion des déflagrations dans les mé-
langes gazeux 872
— ■ Sur la propagation des déflagrations
et sur les limites d'inflammabilité. io58
JUNGFLEISCH est élu membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours des prix Jecker, Cahours,
Montyon, (Arts insalubres), Ber-
thelot, Vaillant 432
— Fait hommage à l'Académie d'une
Notice sur la vie et les travaux de
Marcellin Berlhelot 1 1 3o
JUNGFLEISCH (E.) et BRUNEL (L.).
— Réactions entre l'eau et l'acide
sulfureux à diverses températures.
Formation d'acide hydrosulfureux. 1 719
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1874
K
KARPEN (Vasilesco). — Sur le vol des 1 — Sur le vol des oiseaux dit « vol à la
oiseaux dit « vol à la voile » 2i3 voile » [366], 762
— Errata relatifs à cette Communica- — ■ Le vol à la voile [1422], i663
tion 366 I KAYSER (E.). — Contribution à l'étude
2 IOO
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
de la bière visqueuse 1266
KEILIN (D.). — Sur une formation
fibrillaire intracellulaire dans la
tunique de la glande salivaire chez
les larves de Syrphinae 908
KEIVIN BURNS. — Mesures interfé-
rentielles de longueur d'onde dans
le spectre du fer 161 1
— Sur un déplacement des lignes spec-
trales de certains métaux produit
par la présence d'une autre vapeur
métallique '976
KKNNEL (Pierre). — Contribution à
l'étude des fonctions des grands ten-
tacules des limaces rouges (Arion
rufus) 87
— Errata relatifs à cette Communica-
tion. 270
KILIAN (W.) l'ait hommage d'un fas-
cicule relatif au Paléocrélacé, publié
dans les Lethsea geognostica 756
KILIAN (W.) et PUSSENOT (Ch.). —
Nouvelles données relatives à la tec-
tonique des environs de Briançon. 5l5
— Analyse détaillée des dislocations
du Briançonnais oriental 599
KLING (André) et FLORENTIN (D.).
— Action des basses températures
sur les explosifs 694
MM. Pages.
KLING (A.) et HANRIOT (M.). -
Action des réducteurs sur les chlora-
loses I 38o
KŒNIGS (G.). - - Construction des
centres de courbure et des plans
principaux de l'enveloppe d'une
surface solidaire d'un cylindre qui
roule sans glisser sur un autre. ... 54
KOVESLIGETHY (R. de). - - Sur
l'étude de la constitution du Globe,
au moyen des rayons sismiques... 363
KOPACZEWSKY (W.). — Sur la dia-
lyse de la maltase 918
— Sur un dialyseur analytique i853
KORN (A.). — Sur les équations inté-
grales à noyau asymétrique 1965
KOSTITZIN (V.). — Quelques remar-
ques sur les systèmes complets de
fonctions orthogonales 292
KOVACHE (A.) et GUYOT (A.). -
Action de l'acide formique sur les
colorants du triphénylméthane. . . . i324
KRYLOFF (Nicolas). — Sur quelques
propriétés des équations intégrales
à noyau non symétrique 1 587
KUHNE (A.) et BRINER (E.). — Sur
la transformation subie par le car-
bure de calcium chauffé 620
LABAT (A.). — Sur la présence du
brome à l'état normal dans les or-
ganes de l'homme
LABBÉ (H.) et MAGUIN (R.). — Con-
tribution à l'étude des conditions de
précipitation de l'albumine par
l'acide picrique
LABBE (Léon) est nommé membre
d'une Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. Teisserenc de Bort.
LABORDE (Mme Simone), LABORDE
(Albert) et DOMINICI (Henri).
— Etude sur les injections de sels de
radium
LACROIX (A.). — Sur la constitution
minéralogique et chimique des laves
des volcans du centre de Mada-
gascar
— La constitution minéralogique de
255
i4i5
663
1 107
i75
l'archipel de Los (Guinée) 653
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Delesse, Joseph Labbé, Victor
Raulin 432
LACROTTE (L.) adresse une Note inti-
tulée : Amortisseur élévateur pour
aéroplanes 1 292
LAFON (G.). — Sur la formation de la
graisse aux dépens des matières
albuminoïdes dans l'organisme ani-
mal 952
— Sur la consommation des graisses
dans l'organisme animal 1248
LAGANE (L.). — Action de l'eau oxy-
génée sur l'amylase du lait de femme. 194 1
LAGRULA (J.). — Nouvelle méthode
pour la recherche visuelle rapide des
petites planètes : Comparateur
photo-visuel 1 1 34
TABLE DES AUTEURS.
2IOI
MM. Pages.
LAHY (J.-M.). — Rectification des tra-
cés par les mouvements circulaires
du style : l 'orthophotographie 1 3i 4
— L'adaptation organique dans les
états d'attention volontaires et
brefs 1 479
— Les signes physiques de la supériorité
professionnelle chez les dactylogra-
phes 1 702
LAINE (E.). et MÙNTZ (A.). — Les
matériaux charriés par les cours
d'eau des Alpes et des Pyrénées. . . . 848
LALLEMAND est élu membre des
Commissions chargées de juger : les
concours du prix extraordinaire de
la Marine, du prix Plumey 432
— Des prix Tcb.ihatcb.ef, Gay 432
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour 19 16 432
— Fait hommage du Compte rendu
des travaux effectués en 191 2 par
le Service du Nivellement général
de la France 1 585
LANDAU (E.). - - Sur les séries de
Lambert i45i
LANDAU (Marc) et HENRI (Victor).
— Étude de l'absorption des rayons
ultraviolets par l'acétylène 697
LANDAU (Marc). — Sur le phénomène
de photocatalyse 1 894
LANDOUZY pose sa candidature à une
place de Membre libre 528
— Est présenté en première ligne 11 18
— Est élu Membre libre 1 1 3o
LANQUINE (Antonin) et BERTRAND
(Léon). — Observations tecto-
niques aux environs de Grasse 1867
LANTENOIS (Marcel). — Sur la pré-
paration du tétraiodure de carbone. 1 385
— Sur quelques propriétés nouvelles
du tétraoidure de carbone et son
dosage en présence d'iodoforme .... 1629
LASAUSSE (Ed.). — Fixation des bi-
sulfites alcalins sur les sels et les
éthers-sels des acides acétyléniques. I47
LASSEUR (Ph.) et THIRY (G.). — Sur
les cultures colorées de Bactéries
considérées jusqu'à présent comme
achromogènes 166
LASSIEUR (A.). — Hydrogénation ca-
taly tique de l'acétone 795
LAUNOY (L.) et OECHSLIN [&.). —
A propos de la sécrétine (Bayliss et
MM. Pages.
Starling) et de la vaso-dilatine (Po-
pielski) 962
LAVERAN (A.) fait hommage du
Tome V (191 2) du Bulletin de la So-
ciété de Pathologie exotique 370
— ■ Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Argut 52Ô
— Des prix Montyon (Physiologie),
Philipeaux, Lallemand, Pourat. . . . 527
— - Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour igiS 527
LAVERAN (A.) et MARULLAZ (M.).—
Au sujet des toxoplasmes du lapin
et du gondi 933
— Contribution à l'étude morphologique
du Toxoplasma gondii et du T. cuni-
culi I298
LÉAUTÉ (André). — Sur les précau-
tions à prendre pour l'emploi de la
résonance dans les essais de câbles
électriques destinés à de hautes
tensions 1 532
— Sur les oscillations à grande fréquence
dans les arcs électriques très courts
et sur les limiteurs de tension à in-
tervalles multiples 1886
LÉAUTÉ (Henry) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours : des prix Montyon (Méca-
nique), Poncelet 432
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey 432
— Du prix Saintour 648
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 1916 432
LEBEAU (P.) et DAMIENS (A.). — Sur
une méthode d'analysedesmélanges
d'hydrogène et d'hydrocarbures sa-
turés gazeux, hydrogène, méthane,
éthane et propane i44
— Sur une méthode d'analyse des mé-
langes d'hydrogène et d'hydrocar-
bures saturés gazeux : mélanges
complexes 325
— Sur le dosage des carbures acétylé-
niques et des carbures éthyléniques
dans les mélanges d'hydrocarbures
gazeux 557
— Sur la composition du gaz d'éclairage. 797
2102
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
• — ■ Sur la composition des mélanges
gazeux résultant de l'action de l'eau
sur les carbures d'uranium et de
thorium 1987
LEBEAU (Paul) et PICON (Marius).
— Sur l'action de l'acétylène mo-
nosodé sur les iodures alcooliques.
Préparation des carbures acétylé7
niques vrais T°77
LEBEUF est élu Correspondant de la
Section d'Astronomie 936
LEBLANC (Maurice) pose sa candida-
ture à une place de Membre libre ... 1 3o4
— Est présenté en troisième ligne 1422
— Est présenté en seconde ligne 1716
LE CHATELIER ( Henry) est élu mem-
bre de la Commission chargée de
juger le Concours : des prix Jecker,
Cahours, Vaillant, Montyon (Arts
insalubres) , , . . . 432
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. L. Cailletet 121 1
LE CHATELIER (H.) et CAVAI-
GNAC (M"e). — Fusibilité des corps
gras naturels 589
LECLAINCHE et VALLÉE. — Sur la
vaccination contre le charbon sym-
ptomatique 989
LECLÈRE (A.). — Sur la genèse des mi-
nerais de fer sédimentaires m5
LECORNU (L.). — Sur la sécurité en
aéroplane 367
— Sur une cause d'explosion de chau-
dière 5o4
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours : des
prix Montyon (Mécanique), prix
Poncelet 432
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey 432
— Du prix Pierson-Perrin 649
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 1916 432
LE DANOIS (Ed.). — Sur les Méduses
recueillies dans le plankton pen-
dant la croisière d'été 1912 du
« Pourquoi-Pas ? » dans les mers du
Nord, sous le commandement du
Dr J.-B. Charcot 35l
LEDUC (A.). — La loi de Guldberg et les
états correspondants 65
— Chaleurs latentes de vaporisation et
MM. l'aies,
pressions maxima 225
LE FLOCH et TAFFANEL. — Sur la
combustion des mélanges gazeux et
les retards à l'inflammation 1 544
LÉGER (L.) et DUBOSCQ (O.). — Le
cycle évolutif de Porospora porluni-
darum Frenzel 19Î2
LÉGER (E.) et ROQUES (Ferdinand).
— Contribution à l'étude de la car-
piline ou pilosine 1687
LEHMANN (O.) fait hommage de ses
Mémoires 187
LEMOINE (Georges) fait hommage
à l'Académie, de la part de M. Co-
lin, d'une lettre autographe de
Berzélius 602
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours : des
prix Jecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), Berthelot, Vail-
lant 432
LENOIR (Maurice). — Sur le début de
la différenciation vasculaire dans
la plantule des Veronica 1084
LEPIERRE (Charles). — Sur la non-
spécifité du zinc comme catalyseur
biologique pour la culture de
l'Aspergillus nïger. Son remplace-
ment par d'autres éléments 258
— Remplacement du zinc par le gluci-
nium dans la culture de l'Asper-
gillus niger 4°9
— Remplacement du zinc par l'ura-
nium dans la culture de l'Asper-
gillus niger 1 1 79
— Remplacement du zinc par le cuivre
dans la culture de l'Aspergillus
niger 1489
LÉPINE (R.) pose sa candidature à
une place de Membre non résident. . i5i 1
LÉPINE (R.) et BOULUD. — Sur le
sucre faiblement combiné dans le
sang 1 1 o
— Sur la sécrétion des deux reins com-
parée 754
— Sur la diminution des chlorures dans
l'urine sécrétée sous pression 19^8
LE ROUX (J.). — Sur la détermination
des fonctions harmoniques 437
— Sur la détermination des fonctions
harmoniques. Application au carré. 670
LEROUX (P.). — Étude magnétique de
la constitution de quelques alliages
d'antimoine 1 76,4
TABLE DES AUTEURS.
21
o3
MM. Pages.
LESAGE (J.). — Myocarditc épizoo-
tique du mouton 1730
LESAGE (Pierre). — Sur la courbe des
limites de la germinationdes graines
après séjour dans les solutions sa-
lines 559
LESPIEAU et BRESCH. — Action de
l'oxyde d'éthyle 1 fl dichloré sur les
dérivés magnésiens mixtes 710
LEVAVASSEUR et GASTAMBIDE. —
Sur un aéroparachute 1748
LÉVY (Paul). — Sur l'intégration des
équations aux dérivées fonction-
nelles partielles ,,. l5i5
— Sur l'intégration des équations aux
dérivées fonctionnelles partielles. . . i658
LICHTENSTEIN (Léon). — Sur les
fonctions fondamentales des équa-
tions différentielles linéaires du
second ordre et sur le développement
d'une fonction arbitraire. Appli-
cation de la théorie des formes qua-
dratiques à une infinité de variables. 993
LINDEMANN (F.-A.) et BROGLIE
(M. de ). — Sur les phénomènes opti-
ques présentés par les rayons de
Rrintgen rencontrant des milieux
cristallins 1 642 , 1 4° 1
LIOUVILLE (Jacques). — Sur le poly-
morphisme d'un Delphinidé des
mers australes : Delphinus Cruciger
Quoy et Gaymard 90
LIPPMANN (Gabriel), Président sor-
tant, fait connaître à l'Académie
l'état où se trouve l'impression des
Recueils qu'elle public et les change-
ments survenus parmi les Membres
et les Correspondants pendant le
cours de l'année 1912
— Est délégué par l'Académie pour
assister à l'inauguration du buste
de Pierre Prévost
— Rend compte de sa mission
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
G. de Pontécoulant 43a
— Des prix Hébert, Hughes, Henri de
Parville, Gaston Planté, Kastner-
i3
I3IO
1799
MM. l'aies.
Boursault 432
— ■ Est élu membre de la Commission du
Fonds Bonaparte i5ii
— ■ Et d'une Commission chargée de
présenter une liste de candidats à la
succession de M. Alfred Picard i586
— Et de la Commission des Tables an-
nuelles de constantes 1734
LITARDIÈRE (R. de). — Variations
de volume du noyau et de la cel-
lule chez quelques Fougères durant
la prophase héterotypique . 562
LITTLEWOOD (J.-E.) et HARDY
(G.-H.). — Sur la série de Fouricr
d'une fonction à carré sommable. . . 1 107
LOCQUIN (R.) et BARBIER (Ph.). —
Dégradation méthodique de divers
acides saturés mono et bibasiques . . 1 i \ 3
LORIS-MÉLIKOV. — Les anaérobies
dans la fièvre typhoïde 345
LUCAS-CHAMPIONNIÈRE est élu
membre de la Commission chargée
de juger le Concours : des prix
Montyon (Médecine et Chirurgie),
Barbier, Bréant, Godard, du baron
Larrey, Bellion, Mège, Argut 526
— ■ Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour 191 5 527
LUGEON (Maurice). — Sur un nou-
veau mode d'érosion fluviale 582
LUGEON (Maurice) et JÉRÉMINE
(M"e Elisabeth). — Sur la présence
de bandes calcaires dans la partie
suisse du massif des Aiguilles-
Rouges 1 473
LUIZET et GUILLAUME (J.). —
Observation de l'occultation des
Pléiades par la Lune, faite le 1 3 mars
1913, à l'Observatoire de Lyon. . . . 857
LUMIÈRE (Auguste) et CHEVRO-
TIER (Jean). — Action des oxy-
dants en général et des persulfates
alcalins en particulier sur la toxine
tétanique i4o4
— Sur la toxicité des vaccins antity-
phiques 1 709
LUSIN (N.). — Sur la convergence des
séries trigonométriques de Fourier. 1 655
C. R.
'9'
Semestre. (T. 1J6).
269
2104
TABLE DES AUTEURS.
M
MM. Pages.
MAGNAN (A.). ■ — Rapports entre l'ali-
mentation et les dimensions des
caecums chez les Canards 85
— Données pour la construction d'un
monoplan idéal tirées des carac-
téristiques des Oiseaux 1746
— Adresse une Note intitulée : La mor-
phologie des Oiseaux appliquée au
calcul des dimensions d'une aviette. 1872
MAGNAN (A.) et PINARD (A.). — Sur
la fragilité du sexe mâle 401
— Recherches sur la sexualité dans les
naissances 1 3gG
MAGUIN (R.) etLABBÉ (H.).— Contri-
bution à l'étude des conditions
de précipitation de l'albumine par
l'acide picrique l4i5
MAGUNNA (H.). — Sur l'entretien mé-
canique continu des verges vibrantes
(diapasons, lames, etc.) 1370
MAIGNON (F.). — Influence des saisons
et des glandes génitales sur les
combustions respiratoires chez le
cobaye 347
MAILHE (A.). — Sur les dérivés nitrés
des oxydes d'orthocrésyle et d'or-
thocrésylène 241
MAILHE (A.) et SABATIER (Paul).
— Sur une méthode cataly tique
d'isomérisation des chlorures et
bromures forméniques 658
— Sur l'emploi du carbonate de calcium
comme catalyseur des acides orga-
niques et de leurs anhydrides 1730
MAILLARD (L.-C). — Formation des
matières humiques par action de
polypeptides sur les sucres n59
MALFITANO (G.) et MOSCHKOFF
(M"è A.). — Pseudo-cristaux d'ami-
don et cristaux de glucose 1412
— Défloculation de l'amidon et disso-
lution du glucose 168 1
MAN (J.-G. de). — Sur une nouvelle
observation de Crabes habitant les
coquilles vides des Balanes 4°4
MANGIN (L.) est élu membre de la
Commission chargée de juger le
Concours des prix Desmazières,
Montagne, De Coincy, du grand
Prix des Sciences physiques, Thore,
MM. Pages.
De la Fons-Mélicocq 433
MANOUÉLIAN (Y.). — Recherches
sur le plexus cardiaque et sur l'in-
nervation de l'aorte 1 846
MANSUY. — Les calcaires à Produclus
de l'Indo-Chine io3o
MAQUENNE (L.) et DEMOUSSY (E.).
— Influence des conditions anté-
rieures sur la valeur du quotient
respiratoire chez les feuilles vertes . . 28
— Sur la valeur et un nouveau mode
d'appréciation du quotient respira-
toire des plantes vertes 278
— Sur la valeur des coefficients chloro-
phylliens et leurs rapports avec les
quotients respiratoires réels. '. 5o6
MAQUENNE (L. ) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours des prix Jecker, Cahours,
Montyon( Arts insalubres). A aillant. 432
— Du prix Bigot de Morogues 526
MARAGE. — ■ Action sur les centres
auditifs de vibrations sonores com-
plexes et intermittentes 1 55
— Inscription des mouvements respira-
toires au moyen de la main 1091
— Pose sa candidature à nne place de
Membre libre 1 3o4
MARCIIAL est élu membre de la Com-
mission chargéede juger les Concours
des prix Savigny, Cuvier . . . , 526
MARCILLE (R.). — Sur l'emploi des sels
ammoniacaux en vinification 336
MARIE (Charles) demande à l'Acadé-
mie de vouloir bien accorder son
appui à l'œuvre de la publication
des Tables annuelles de constantes et
données numériques de Chimie, de
Physique et de Technologie 1734
MARIE (P.-L.), GASTINEL (Pierre)
et TEISSIER (Pierre). — De
l'immunité vaccinale passive confé-
rée par les injections intraveineuses
de sérum variolique 82
MARTEL (E.-A.). — Sur l'étude des
températures des eaux souterraines
dans les captages pour l'alimenta-
tion publique 74 1
MARTINET (J.) et GUYOT (A.). —
Condensation des aminés aroma-
TABLE DES
MM. Pages,
tiques primaires et secondaires avec
les éthers mésoxaliques. Synthèse
dans la série de l'indol 162 5
MARULLAZ (M.) et LAVERAN (A.).
— Au sujet des toxoplasmes du la-
pin et du gondi g33
— ■ Contribution à l'étude morphologi-
que du Toxoplasma gondii et du T.
cuniculi 1298
MARZYNOWSKA (M"e J.) et SCHID-
LOF (A.). — Sur l'application de la
loi de Stokes à la chute de très petites
gouttes et à la détermination de la
charge de l'électron io ,
MATHIAS (E.), CROMMELIN (C.-A.)
et KAMERLINGH ONNES (H.).
— Le diamètre rectiligne de l'argon. 129
MATIGNON (Camille). — Équilibre
chimique dans l'action du gaz chlor-
hydrique sur le sulfate de zinc 788
— Réduction de la magnésie par l'alu-
minium 1157
— Préparation du baryum 1 378
— ■ La loi de volatilité dans les réactions
chimiques 1536
MATOUT (L.), BECQUEREL (Jean) et
WRIGHT (M"e W.). — Sur le phé-
nomène de Hall dans l'antimoine. . . f63
MAUGUIN (Ch.). — Orientation des
cristaux liquides par les lames de
mica r> |6
MAURAIN (Ch.) et TOUSSAINT (A.).
— • Mesure de pressions et de dépres-
sions sur de grandes surfaces en
déplacement dans l'air 3oo
MAURICE (H.). — Sur les résultats des
lancers des ballons-sondes faits au
nord du cercle polaire 738
MAWAS (J.). — Forme, direction et mode
d'action du muscle ciliaire chez
quelques Mammifères 1 58
— Du rôle du tissu conjonctif du corps
ciliaire dans la transmission de la
contraction du muscle ciliaire et de
l'importance de la zonule dans l'ac-
commodation de l'œil 34
i8i3
475
1446
MM. Pages.
MOLLIARD. — ■ Le Lepidium sativum
rendu semi-parasite expérimentale-
ment 1 694
MONTEIL pose sa candidature à une
place de Membre libre 757, l3o4
MONTEL (Paul). — Sur les différen-
tielles totales et les fonctions mono-
gènes 1 820
MONTESSUS DE BALLORE (de). —
Mégaséismes et phases de la Lune. 100
— Mégaséismes et saisons 4 T 4
— Tremblements de terre destructeurs
et précipitations atmosphériques.. 11 94
MOREAU (L.) et VINET (E.). — Sur les
effets comparés de l'arsenic et <'u
plomb dans les traitements appli-
qués contre les larves de Cochylis . . 906
MOSCHKOFF (M11» A.) et MALFI-
TANO (G.). — Pseudo-cristaux
d'amidon et cristaux de glucose . . 14 12
— Défloculation de l'amidon et disso-
lution du glucose 1681
MOUCHEL-LA-FOSSE et BOUGAULT
(J.). — Action des sulfites alcalins
sur les acides éthyléniques 096
MOULIN (M.). — Sur la loi de déforma-
tion du spiral plat des chronomètres. 1 5 1 8
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1642
— Sur les courbes terminales du spiral
droit i833
MOUREU (Charles) fait hommage
d'un Mémoire intitulé : Recherches
sur les gaz rares des sources thermales;
leurs enseignements concernant la
Radioactivité et la Physique du globe . 1 040
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le concours : des
prix Jecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), Berthelol, Vail-
lant 432
— Fait hommage d'un Mémoire intitulé:
Recherches sur la constitution chimi-
que de la spartéine, qu'il a publié
avec M. Amand Valeur 108
MOUREU (Charles) et MIGNONAC
(Georges). — Les cétimines 1801
MOUSSU (G.)', HENRY (A.) et RAIL-
LIET (A.). — Recherches expéri-
mentales sur le développement de
la Douve hépatique (Fasciola hepa-
tica L.) 95
MOUTON (H.) etCOTTON (A. (. — Biré-
fringence magnétique de mélanges
TABLE DES
MM. Pages,
liquides 1456
MOYCHO (Venceslas). — Étude de
l'action des rayons ultraviolets sur
l'oreille de lapin 577
— Etude de l'action des rayons ultravio-
lets sur l'oreille de lapin. Influence
de l'intensité. Irradiations intermit-
tentes I2Ô8
MULLER (P.-Th.) et ROMANN (R.).
— Sur la dissociation électrolytique
d'un sel, régie par la loi des masses. i88 \t\
RAVAZ (L.) et VERGE (G.). — La ger-
mination des spores d'hiver de Plas-
mopara viticola 800
RAYLEIGH (Lord). — Sur la résis-
tance des sphères dans l'air en mou-
vement 109
REBOUL (G.). — Influence de la forme
géométrique des solides sur les
actions chimiques qu'ils éprouvent. 548
— Phénomènes capillaires dans les gaz :
extension de la formule de Laplace
au contact solide-gaz 688
— Réactions chimiques et rayons de
courbure 1 376
RECOURA (A.). — Sur l'instabilité du
fluosilicate ferrique et sa transfor-
mation spontanée en un autre fluo-
rure double de silicium et de fer.. . 1G1S
KÉMOUNDOS (Georges) — Sur les fa-
milles de fonctions algébroïdes. . . . 862
— Sur les séries et les familles de fonc-
tions algébroïdes dans un domaine. 1141
RENAN (Henri). — Résultats de la dis-
cussion des observations faites par
MM. Delporte et Viennet, pour dé-
terminer parla télégraphie sans 61 la
différence de longitude entre l'Ob-
servatoire royal de Belgique et
l'Observatoire de Paris 758
RENARD (Paul) pose sa candidature
à une place de Membre libre. 528, i3o;
TABLE DES AUTEURS.
21 I I
MM Pages.
— ■ Est présenté en troisième ligne pour
une place de Membre libre 1422
RENAUT (J.) pose sa candidature à
une place de Membre non résident. 1 354
RENGADE (Etienne). — Sur les points
de fusion, chaleurs spécifiques et
chaleurs de fusion des métaux alca-
lins 1897
RENGADE (Etienne) et COSTEANU
(N.). — Sur les protosulfures an-
hydres des métaux alcalins 791
RENZ (Carl). — La découverte du
Trias et du Jurassique dans les mon-
tagnes de Kopaïs (Grèce moyenne) . 1946
RETZIUS (Gustav) fait hommage du
Tome XVII (Neue Folge) de ses
Biologische Unlersuchungen 602
REUTTER (L.). — Recherches chi-
miques sur les graines du cacaoyer. 1842
RIABOUCHINSKY envoie une Note
Sur les propriétés de la fonction \x\. 924
RICHER (Paul). — Sur l'identification
du crâne supposé de Descartes par sa
comparaison avec les portraits du
philosophe 188
RIÉTY (Louis). — - Force électromotrice
produite par l'écoulement des solu-
tions d'électrolytes dans les tubes
capillaires [368
RIVIÈRE (Emile) pose sa candidature
à une place de Membre libre 7Ï7
ROBERT (M»e C). — Rôle antitoxique
du calcium vis-à-vis de quelques sels
nutritifs dans la culture en milieu
liquide du Pois et du Lupin 91 5
ROBIN (Albert). — Sur la minérali-
sation comparée des régions cancé-
risées du foie et des régions relative-
ment saines 3 ï i
— Sur le métabolisme des chlorures uri-
naires chez les cancéreux 1262
— Sur la rétention des chlorures dans
le foie et le sang chez les cancéreux. l4°9
— Recherches sur les variations de
l'acide phosphorique dans l'urine
et le foie des cancéreux 2018
ROBINSON (R.). — Les glandes géni-
tales et le système dentaire 2016
ROCHAIX (A.) etCOURMONT (Jules).
— De l'immunisation contre le sta-
phylocoque pyogène par voie intes-
tinale "17 >
RODET (Joseph) adresse une Note inti-
tulée : Stabilisation automatique de
C. R., 1913, 1er Semestre. (T. K>6.)
MM. Pages.
l'aéroplane par le pendule 743
ROMANN (R.) et MULLER (P.-Th.). —
Sur la dissociation électrolytique
d'un sel, régie par la loi des masses. 1889
ROQUES (Ferdinand) et LÉGER (E.).
— Contribution à l'étude de la car-
piline ou pilosine 1687
ROSENBLATT (M. et M™) et BER-
TRAND (Gabriel) — Activité de
la sucrase de Kôji en présence de
divers acides : 261
ROSENBLATT (A.). — Sur les surfaces
irrégulières dont les genres satisfont
à l'inégalité pg S 2 (pa +2) 42
— Sur les surfaces algébriques qui pos-
sèdent un faisceau irrationnel de
courbes de genre 2 290
ROSENSTIEHL (A.) prie l'Académie
de vouloir bien le compter au nom-
bre des candidats à la place va-
cante, dans la Section des Acadé-
miciens libres, par le décès de
M. Teisserenc de Bort 664
— Est présenté en troisième ligne pour
une place de Membre libre i4>2
— Est présenté en seconde ligne pour
une place de Membre libre 1 7 1 6
ROTHÉ (E.). — Sur la réception des
radiotélégrammes par des antennes
multiples avec ou sans mise au sol. 774
ROULE (Louis). ■ — ■ Contribution à
l'étude de la biologie du Saumon. . . 1 56l
ROUSSEAUX (Eue), et SIROT (Mau-
rice). — Les matières azotées so-
lubles comme facteur d'apprécia-
tion des farines 72 j
ROUSSY (B.). — Théorie mathéma-
tique de la loi géométrique de la
surface du corps humain de dimen-
sions quelconques [743], 1 1 71
ROUX (Emile) est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours : du prix Bigot de Mo-
rogues 526
— Des prix Montyon (Médecine et Chi-
rurgie), Barbier, Bréant, Godard,
du baron Larrey, Bellion, Mège,
Argut 526
— Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux, Lallemand,
Povirat 527
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour 191? 527
270
21 12
TABLE DES
Pages
MM.
ROY (Louis). — Sur le mouvement des
milieux visqueux indéfinis 1219
— Sur le mouvement des milieux vis-
queux et les quasi-ondes 1 309
— Complément à deux Notes récentes
sur le mouvement des milieux vis-
AUTEURS.
MM. Pages.
queux indéfinis i665
RYDBERG (Y.-R.) adresse deux Notes
intitulées : Sur les grandeurs fonda-
mentales d'un système rationnel de di-
mensions et Sur un système d'unités
rationnelles 835
SABATIER pose sa candidature à une
place d'Académicien non résident. 11 3a
— Est classé en première ligne 1 196
— Est élu Membre non résident 12 10
— Adresse des remercîments i3o3
SABATIER (Paul) et MAILHE (A.).—
Sur une méthode cataly tique d'iso-
mérisation des chlorures et bro-
mures forméniques 658
— Sur l'emploi du carbonate de calcium
comme catalyseur des acides orga-
niques et de leurs anhydrides 1 730
SABATIER (Paul) et MURAT (M.). —
Préparation des trois cymènes et
des trois menthanes 184
— Hydrogénation directe des éthers
phénylacétiques : préparation de
l'acide cyclohexylacétique 424
— Hydrogénation directe des éthers
hydrocinnamiques : préparation de
l'acide J3-cyclohexylpropionique. . . . j5ï
— Préparation de plusieurs dicyclo-
hexylbutanes 1 43o
— Préparation de plusieurs diphényl-
pentanes et des dicyclohexylpen-
tanes correspondants ig5i
SAGNAC (G.). — Strioscopes interfé-
rentiels et interféromètres simplifiés
à circuits inverses. Vibrations sta-
tionnâmes sur une argenture trans-
parente i838
SAINT-AUBIN (G. de) demande l'ou-
verture d'un pli cacheté, qui con-
tient une Note intitulée : Dispositif
de sécurité en aéroplane 433
— Sur un appareil permettant de faire
varier la surface portante d'un aéro-
plane 1 1 3i
SAINT-SERNIN (A.). — Dosage du
calcium à l'état de tungstate 1019
SAMUELS (J.-A.). — Études cytolo-
giques sur les relations existant
entre le noyau et le développement
des cristaux dans les cellules paren-
chymateuses du périanthe à'Anthu-
rium 1 275
SANNIA (Gustave). — Propriétés nou-
velles des caractéristiques des équa-
tions partielles linéaires du premier
ordre en deux variables 60 5
SARASIN (Ed.) et TOMMASINA (Th.).
— Sur une nouvelle étude de l'effet
Voila, faite à l'aide de la radioacti-
vité induite 1968
SAZERAC (R.) et AGULHON (H.). —
Action des sels d'uranium et de
l'uranium métallique sur le bacille
pyocyanique 162
SAVOYAT adresse une Note intitulée :
Sourciers, Baguette divinatoire. . . . 584
SCHAEFFER (Georges) et MAYER
(André). — La composition des
tissus en acides gras non volatils
en cholestérine et l'existence pos-
sible d'une « constante lipocytique », 487
— Coefficients lipocytiques et imbibition
des cellules vivantes par l'eau 1253
SCHAUMASSE et FAYET. — Sur
l'orbite provisoire de la nouvelle
comète iqi3 a (Schaumasse) 1 447
SCHEUER (Otto) et DUANE (Wil-
liam). — Décomposition de l'eau
par les rayons a 466
SCHIDLOF (A.) et MARZYNOWSKA
(Mue J.). — Sur l'application de la
loi de Stokes à la chute de très pe-
tites gouttes et à la détermination
de la charge de l'électron 3o4
SCHLEGEL (C.) adresse un Rapport sur
l'emploi qu'il a fait de la subven-
tion qui lui a été accordée sur le
Fonds Bonaparte, en 1912 i653
SCHLŒSING est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours : des prix Montyon (Méca-
nique), Poncelet 432
TABLE DES AUTEURS.
21 l3
MM. Pages.
— Des prix Jeeker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), Berthelot, Vail-
lant 432
■ — ■ Du prix Bigot de Morogues 526
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 191 6 432
SCHLŒSING (fils) est élu membre de
la Commission chargée de juger le
Concours du prix Bigot de Moro-
gues 526
SCHWARTZ (Paul) adresse une Note
relative à des Procédés particuliers
de réception par télégraphie sans fil. 743
SCHWARTZ et VILLATTE. — Sur la
première détermination de diffé-
rence de longitude par télégraphie
sans fil en Afrique occidentale fran-
çaise 1 743
SCHWOERER est élu Correspondant
pour la Section de Mécanique, en
remplacement de M. Dwelshauvcrs-
Dery 1 3o3
SEBERT est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Concours :
des prix Montyon (Mécanique), prix
Poncelet 432
— Du Prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey 432
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 1916 432
SEBOR (J.), STOKLASA (J.) et ZDOB-
NICKY (V.). — Sur la synthèse des
sucres par les émanations radio-
actives 646
SÉE (Alexandre). — Sur un nouveau
principe de stabilité longitudinale
des aéroplanes 61 3
SENDERENS (J.-B.). — Oxydation des
alcools sous l'influence de la cha-
leur seule !9°9
SENDERENS (J.-B.) et ABOULENC
(I.). — Éthers-sels dérivés de l'octa-
nolj par la méthode des auteurs ;
observations sur le principe de cette
méthode 1620
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 2o38
SÉNÉCHAL (A.). — Sur les sulfates
chromiques violets 552
SÉNÉCHAL (A.) et COLIN (H.). — Sur
l'oxydation des complexes cobalto-
organiques Ô25
MM. Pages.
SEVERI (Francesco). — Les corres-
pondances algébriques existant sur
les courbes d'un système linéaire
tracées sur une surface 287
SEYEWETZ (A.). — Action de l'acide
chlorhydrique sur la quinone sulfo-
nique go 1
SIMONIN. — Résultats de la discus-
sion des observations faites pen-
dant l'éclipsé du Soleil des 16-
17 avril 1912 i3o4
SIROT (Maurice) et ROUSSEAUX
(Eue). — Les matières azotées so-
lubles comme facteur d'apprécia-
tion des farines 723
SIZES (G.). — Sur les vibrations trans-
versales des cordes 1 234
SOREAU (Rodolphe). — Nouvelle for-
mule approchée de la longueur de
l'ellipse i5i3
SOULA (L.-C). — Activité des centres
nerveux et catabolisme azoté de la
substance nerveuse 728
— Des rapports entre l'anaphylaxie,
l'immunité et l'autoprotéolyse des
centres nerveux 1258
SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT DES
POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES
(M. le), en accusant réception du
Rapport relatif aux Niagaras, fait
savoir à l'Académie qu'il lui com-
muniquera les observations concer-
nant l'électricité atmosphérique qui
seront faites dans son service 936
SPARRE (de). — Sur les coups de bé-
lier dans les conduites formées de
sections de diamètres différents. . . . i52i
STAICO (Emile) adresse un Essai tliéo-
rique sur la mécanique de la magné-
tochimie 648
STASSANO (Henri). — Contribution
à la connaissance du plasma de pro-
peptone 735
— Mode d'action de la substance anti-
coagulante du plasma de propep-
tone 912
STOKLASA (J.). — De l'influence de
l'uranium et du plomb sur la végé-
tation 1 53
STÔRMER (Carl). — Sur un problème
important dans la Physique cos-
mique 45o
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 925
21 lf\ TABLE DES
MM. Pages.
— Sur un problème mécanique et ses
applications à la physique cosmique. 536
— Errata relatifs : cette Communica-
tion 926
— Sur une expédition pour l'observa-
tion des aurores boréales à Bossckop
au printemps de igi3. 1871
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 3o38
STOKLASA (J.), SEBOK (J.) et ZDOB-
NICKY (V.). — Sur la synthèse des
AUTEURS.
MM. Pages.
sucres par les émanations radio-
actives 646
STROOBANT (P.). — Distribution des
étoiles spectroscopiques sur la
sphère céleste . 37
SURCOUF (Jacques). — La transmis-
sion du Ver macaque par un Mous-
tique 1 406
SZILARD (M.-B.). — Sur un électro-
mètre à spiral 779
T
TANON est présenté en seconde ligne
pour le Cours complémentaire de
Prolislologie pathologique du Collège
de France 19(31
TABOURY (F.) et BODROUX (F.). —
Bromuration de quelques cétones
et de quelques alcools secondaires
hydroaromatiques 1840
TABOURY (Félix) et GODCHOT
(Marcel). — Sur l'x-chlorocyclo-
pentanone et ses dérivés 332
— Sur l'hydrogénation catalytique de
la camphorone et sur quelques
nouveaux carbures cyclopenta-
niques 47°
— Sur quelques dérivés de la jj-méthyl-
cyclopentanone 1 779
TAFFANEL et LE FLOCH. — Sur la
combustion des mélanges gazeux
et les retards à l'inflammation .... i544
TAMARKINE (J.). — Problème du
développement d'une fonction arbi-
traire en séries de Sturm-Liouville . i589
TARBOURIECH (P.-J.). — Sur la 2.2-
diméthylcycloheptanone 75
TARNARIDER (M«e Th.). — Sur la
meilleure approximation de |.i'|2', + 1
par des polynômes de degrés indéfi-
niment croissants 672
TEISSIER (Pierre), GASTINEL (P.)
et MARIE (P.-L.). — De l'immu-
nité vaccinale passive conférée par
les injections inlra-veineuses de
sérum variolique 82
TELLIER adresse un Mémoire intitulé :
La chaleur dans ses sources natu-
relles 48
TONOLO (Angelo). — Sur le potentiel
d'une ligne analytique 295
TOUSSAINT (A.) et MAURAIN (Ch.).
— ■ Mesure de pressions et de dé-
pressions sur de grandes surfaces
en déplacement dans l'air 3oo
TRABUT. — Sur la chlorose infectieuse
du Citrus -' P
TRILLAT (A.) et FOUASSIER (M.).
— Sur la contamination du lait par
le bacille typhique par l'intermé-
AUTEURS. 21 15
MM. Pages,
diaire de l'eau 19^6
TSCHERNING. — Une théorie de la
vision 56ij
TURPAIN (Albert). — L'inscription
des signaux hertziens de l'heure.
Possibilité d'inscrire directement
et de déterminer sans calcul et au
centième de seconde près l'heure
envoyée par la Tour Eiffel 454
— L'inscription des signaux horaires
et des télégrammes hertziens à
l'aide d'un appareil Morse 61 5
— ■ Relais extra-sensibles pour télégra-
phie sans fil 768
— Réception au morse de radiotélé-
grammes et inscription photogra-
phique simultanée 1 i5o
— Application des galvanomètres à
cadre extra-sensibles aux relevés
géodésiques de haute précision. ... i3l2
TZITZÉICA (G.). — Sur les réseaux dé-
rivés 374
— Sur les réseaux réciproquement déri-
vés 666
— Sur une généralisation des surfaci-s
minima non euclidiennes 1 1 36
u
URBAIN (G.) et BOULANGER (Ch.).
— • Théorie de l'efTlorescence des
hydrates salins. Influence de la
température
URBAIN (G.) et CHAUVENET (Ed.).
— Sur la densité des sels doubles.
Cas des chlorures de cuivre et
d'ammonium 1 320
URBAIN (J.-A.) et DUBARD (Marcel).
— De l'influence de l'albumen sur
le développement de l'embryon. . . . 1086
VAILLANT (P.). — Sur un procédé de
mesure des grandes résistances pola-
risables et son application à la me-
sure de la résistance de bulles dans
un liquide •. . . . ;"7
VAL UR (Amand) fait hommage
d'un Mémoire* qu'il a publié avec
M. Charles Moureu 108
VALIRON. — Sur les fonctions entières
d'ordre nul 534
— Sur les fonctions entières d'ordre
fini 1 1 38
VALLÉE et LECLAINCHE. — Sur la
vaccination contre le charbon symp-
tomatique 989
VALLOT (J.). — Valeur et variation
de la température profonde du gla-
cier, au mont Blanc 1 575
— La vitesse des glaciers en hiver et
l'inanité de la théorie thermique
de leur progression 19 18
VAN TIEGHEM est élu membre des
2Il6
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
Commissions chargées de juger les
concours : des prix Tchihatchef,
Gay " 432
— Du prix Binoux (Histoire des
Sciences) 527
— ■ Médailles Arago, Lavoisier, Ber-
thelot 527
— Des prix Henri Becquerel, Gegner,
Lannelongue, Gustave Roux, Tré-
mont 527
— Du prix Henri de Parville 648
— Du prix Petit d'Ormoy (Sciences na-
turelles) 64.9
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter : une question
de prix Gay pour 1916 432
— Une question de prix Bordin
(Sciences physiques) pour 1916 . . . . 644
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats aux
trois premières places de Membres
non résidents 1052
VERDON (Ém.) et BOURQUELOT
(Ém.). — La réversibilité des ac-
tions fermentaires : Émulsine et
méthylglucoside (3 957
— Recherches sur la synthèse biochi-
mique du méthylglucoside [3 dans
un liquide neutre, étranger à la réac-
tion 1264
— De l'emploi de proportions crois-
santes de glucose dans la synthèse
biochimique du méthylglucoside (3.
Influence du glucoside formé sur
l'arrêt de la réaction 1 638
VERGE (G.) et RAVAZ (L.). — La
germination des spores d'hiver de
Plasmopara viticola 800
VERGNE (H.) et APPELL (P.). — Sur
une transformation du mouvement
d'un système holonome conservatif
donné dans le mouvement d'un
autre système donné de même li-
berté 1800
VERMOREL (V.) et DANTONY (E.).
— Sur les bouillies fongicides mouil-
lantes i/(75
VERSCHAFFEL (A.) présente des
Tables pour le calcul de la proces-
sion en A. R. e! D, équinoxe de 1900,
imprimées à l'Observatoire d'Abba-
dia i8i3
VIEILLE est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les con-
MM.
cours : des prix Montyon (Méca-
nique), prix Poncelet.
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Fourneyron pour 1916
VIGNON (Léo). — ■ Sur la composition
du gaz d'eau
VIGOUROUX (Ém.). — Sur les trans-
formations des alliages de fer et de
silicium
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
VILA (A.) et PIETTRE. — Préparation
du fibrinogène par dialyse sur shop
de saccharose
V ILLARD est élu membre de la Com-
mission chargée de juger le concours
des prix Hébert, Hughes, Henri de
Parville, Gaston Planté, Kastner-
Boursault
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats aux
trois premières places de Membres
non résidents
— Et de la Commission chargée de pré-
senter une liste de candidats à la
succession de M. L. Cailletet
— Et de la Commission du Fonds Bo-
naparte
VILLAT (Henri). — Sur l'écoulement
des fluides pesants
— Sur la détermination des problèmes
d'Hydrodynamique relatifs à la ré-
sistance des fluides
VILLATTE et SCHWARTZ. — Sur la
première détermination de diffé-
rence de longitude par télégraphie
sans fil en Afrique occidentale fran-
çaise
VILLE (.1.) et DERRIEN (E.). — Cata-
lyse biochimique d'une oxydation
luminescente
VINCENT (H.). — Action du vaccin an-
tityphoïdique polyvalent, chez les
sujets en incubation de fièvre
typhoïde ou infectés au cours de
l'immunisation
VINET (E.) et MOREAU (L.). — Sur
les effets comparés de l'arsenic cl du
plomb dans les traitements appli-
qués contre les larves de Cochylis.
VIOLLE (Jules). — Sur les inconvé-
Pages.
432
432
432
1995
1374
1642
1182
432
1052
I2II
i5n
58
442
1743
821
906
TABLE DES AUTEURS.
21 17
MM. Pages,
nients que pourrait causer aux
appareils des Postes et Télégraphes
le voisinage de certains paraton-
nerres spéciaux dits niagaras 52°
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Hébert, Hughes, Henri de
Parville, Gaston Planté, Kastuer-
Boursault 432
— Est adjoint à la Commission chargée
d'examiner les Communications
relatives à la baguette divinatoire.. Il3i
VIOLLE (Henri) et POTTEVIN (H.).
— Sur les vibrions et leurs toxines. 2029
VLÈS (F.) et CIIEVROTON (M"" L.).
— Cinématographie des cordes vo-
M.M. Pages,
cales et de leurs annexes laryn-
giennes
VOISENET (E.). — Nouvelles re-
cherches sur un ferment des vins
amers
— Le ferment de l'amertume des vins
consomme-t-il la crème de tartre ?
VOLTERRA (Vito) fait hommage de ses
Leçons sur les équations intégrales et
les équations intégro-dijférenlielles.
VRIES (Hugo de) est élu Correspon-
dant de l'Académie pour la Sec-
tion de Botanique 43 1
VUILLEMIN est élu Correspondant
pour la Section de Botanique 526
949
1181
i/iio
756
w
WAHL (A.) et BAGARD (P.). — Syn-
thèses dans le groupe des indi-
goïdes 898
— Synthèses dans le groupe des indi-
goïdes 1 382
WALLERANT est élu membre de la
Commission chargée de juger le con-
cours : des prix Delesse, Joseph
Labbé, Victor Raulin 432
— Est adjoint à la Commission chargée
d'examiner les Communications
relatives à la baguette divinatoire. 991
WA-UTERS (Emile); Correspondant de
l'Institut, fait hommage à l'Aca-
démie, par l'organe de M. Lipp-
mann, d'une brochure intitulée :
Une œuvre inconnue de Raphaël. . . . l586
WELSCH (Jules). — Les dunes pri-
maires de Gascogne; explication de
leur formation 4'j6
— ■ Adresse un Rapport relatif à l'emploi
qu'il a fait de la subvention qui lui
a été accordée sur le Fonds Bona-
parte en 1912 664
WEISS (Pierre). — Sur la théorie ciné-
tique du paramagnétisme des cris-
taux 1G7 j
— L'aimantation des cristaux et l'hypo-
thèse du champ moléculaire l836
— Sur les champs magnétiques obtenus
avec un électro-aimant muni de
pièces polaires en ferro-cobalt. . . . '97°
WERTHEIMER (E.) et BATTEZ (G.).
— Sur le mécanisme de la sécrétion
salivaire provoquée par l'injection
d'eau salée dans les vaisseaux l?.5o
WILMET. — L'Okapi 2006
WOLF est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
J. de Pontécoulant 432
WRIGHT (Mi'» W.), BECQUEREL
(Jean) et MATOUT (L.). — Sur le
phénomène de Hall dans l'anti-
moine 4°3
WURMSER (René) et HENRI (Vic-
tor)* — ■ Loi d'absorption photochi-
mique élémentaire 23o
— ■ Energie absorbée dans les réactions
photochimiques 1012
WYROUBOFF (G.). — Quelques obser-
vations à propos de la Note de
Mile Feytis sur le magnétisme des
sels anhydres et hydratés 1072
:ll8
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ZDOBNICKY (V.), STOKLASA (J.) et
SEBOR (J.). — Sur la synthèse des
sucres par les émanations radio-
actives 6.46
ZEILLER est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les con-
cours : des prix Delesse, Joseph
Labbé, Victor Raulin 432
— ■ Des prix Desmazières, Montagne, De
Coincy, du Grand Prix des Sciences
MM. Pages,
physiques, Thore 433
— Et de la Commission chargée de
présenter une liste de candidats à
la succession de M. L. Caillelet 121 1
ZILGIEN (H.). — Transformation du
calomel en sels solubles de mercure
dans les milieux digestifs 1 863
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 2o38
OAUTHIER-VILIARE
53o',4
IMPRIMF.UR-LIBRAÏP.E CES COMPTES RENDUS PES SEANCE:
Paris. — <)uai des Grands-Augustins, 55.
DE L ACADEMIE DEC SCIENCES
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