wf •/>*■■ ■ i-iwÇ A*' -W^l '» £■ *"■ a>? £F *■; ^ .*'.'.". ■ >w+> COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS, QUAI DES URANDS-AUGUSTINS, 55. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE EN DATE DU 13 JUILLET 1835, PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CENT- CINQUANTE-SIXIEME. I VWTEI; — JUIN 1913. PARIS, GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Grands-Augustins, 55. 1915 ETAT DE L'ACADEMIE DES SCIENCES Al 1" JANVIER Ifllô. Messieurs SCIENCES MATHÉMATIQUES. Section I,e. — Géométrie. sieurs . Jordan (Marie-Ennemond-Camille) (o. *). Picard (Charles-Emile) (O. #). . Appell (Paul-Émile)(c. *). Painlevé (Paul) *. Humberï (Marie-Georges) *. HADAMAKD (Jacques-Salomon) *. Sectiox II. — Mécanique. Boussinesq (Valentin-Joseph) (o. *). Deprez (Marcel) (o. *). LÉAUTÉ (Henry) (o. #). Sebert (Hippolyle) (c. * ). Vieille (Paul-Marie-Eugène) (o. *). Lecornu (Léon-François-Alfred) (o. *). Section III. — Astronomie. Wolf (Charles-Joseph-Etienne) (O. *). Deslandres (Henri-Alexandre) *. Bigourdan (Guillaume) *. Baillaud (Edouard-Benjamin) (o. *). Hamy (Maurice-Théodore-Adolphe) *. Puiseux (Pierre-Henri) *. Section IV. — Géographie et Navigation. Grandidier (Alfred) (o. *). Bassoï (Jean-Léon-Antoine) (c. #'). Guyou (Emile) (c. *). Hatt (Philippe-Eugène) (o. *). Bertin (Louis-Emile) (c. #). Lallemand (Jean-Pierre, dit Charles) (o. * ). ACADEMIE DES SCIENCES. Section Y. — Physique générale. Messieurs : Lippmann (Gabriel) (c. »). Violle (Louis-Jules-Gabriel) (o. *). Amagat (Émilé-Hilàire) (o. *). Bouty (Edmond-Marie-Léopold) (o. *). YlLLARD (Paul) . Branly (Edouard-EugènerDésirç ) SCIENCES PHYSIQUES. Section YI. — Chimie. Gautier (Émile-Justin-Armand) (c. *). Lemoine (Georges) (o. *). Hallek (Albin) (o. #). Le Chatelier (Henry-Louis) (o. *). Jungfleisch (Émile-Clément) (o. #). Moureu (Charles-Léon-François) . Section Vil. — Minéralogie. Lacroix (François- Antoine- Alfred) *'. Barrois (Charles-Eugène) (o. *). Douvillé (Joseph-Henri-Ferdinand) (o. *). Wallerant (Frédéric; . Termier (Pierre-Marie) (o. *). Launay (Louis-Alphonse-Auguste de) ». Section VIII. — Botanique. Guignard (Jean-Louis-Léon) (o. *). Bonnier (Gaston-Eugène-Marie) *. Prillieux (Édouard-Ernest) (o. *). Zeiller (Charles-René) (o. #). Mangin (Louis- Alexandre) (o. ). Costantin.( Julien-Noël) *. ÉTAT DK L'ACADEMIE AU 1er JANVIER 1 9 1 3 . Sectiox IX. — Economie rurale. Messieurs : Schlœsing (Jean-Jacques-Théophile) (c. #). Chauveau (Jean-Baptiste-Auguste) (g. o. #). Mùntz (Charles-Achille) (o. *). Roux (Pierce-Paul-Émile) (c. #). Schlœsing (Alphonse-Théophile) #. Maquenne (Léon-Gervais-Marie) #. Sectiox X. — Anatomie cl Zoologie. Ranvier (Louis-Antoine) (o. *). Perrier (Jean-Octave-Fdmond) (c. #). DELAGE (Marie- Yves) (o. *). Bouvier (Louis-Eugène) *. Henneguy (Louis-Félix) (o. *). Marchal (Paul-Alfred). Section XI. — Médecine el Chirurgie. Bouchard (Charles-Jacques) (g. o. #). Guyon (Jean-Casimir-Félix) (c. *). Arsonval (Arsène d') (c. « ). Laveran (Charles-Louis-Alphonse) (c. *). Dastre (Albert-Jules-Frank) (o. *). Lucas-Championnière (Just-Marie-Marcellin) (c. »). SECRETAIRES PERPETUELS. Darboux (Jean-Gaston) (g. o. *), pour les Sciences mathéma- tiques. Van Tieghe.m (Philippe-Édouard-Léon) (c. #;, pour les Sciences physiques. ACADEMIE DES SCIENCES. ACADEMICIENS LIBRES. Messieurs : Freycinet (Charles-Louis de Saulses de) (o. *). Hatonde la Goupillière (Julien-Napoléon) (g. o. *). Cailletet (Louis-Paul) (o. #). Carnot (Marie-Adolphe) (c. *). Picard (Alfred-Maurice) (g. c. *•). Labbé (Léon) (c. *). Bonaparte (Le prince Roland). Carpentier (Jules-Adrien) (c. #)'. Teisserenc de Bort (Philippe-Léon) *. Tisserand (Louis-Eugène) (g.o. *). ASSOCIES ETRANGERS ('). Suess (Edouard), à Vienne. Monaco (S. A. S. Albert Ier, Prince souverain de ) (g. c. »). Kayleigh (Lord), à Witham (Angleterre) (o. #). Baeyer (Adolf von), à Munich. Van der Waals (Joannes- Diderik), à Amsterdam. Dedekind (Julius-Wilhelm-Kichard), à Brunswick. Hittorf (Wilhelm ), à Munster. Kamsay ( Sir William ) ( o. $ ), à Londres. LANKESTER ( Edwin-Ray ), à Londres. Lorentz (Hendrik-Ontoon ), à Leyde. METCHNIKOFF (Ëlie) (o. &), de KharkolT (Russie), en résidence à Paris. Schwendener (Simon), à Berlin. (') Lin décret, en diite du i"r décembre 1909, a porté le nombre des Associés étrangers de 8 à 12. ÉTAT DE L'ACADÉMIE AU Ier JANVIER 1 9 1 3 . CORRESPONDANTS. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Section lie. — Géométrie (10). Messieurs : Schwarz (Hermann-Amandus), à Griinewald, près Berlin. Klein (Félix), à Gœtlingue. Zeuthen (Hieronymus-Georg), à Copenhague. Mittag-Leffler (Magnus-Gustaf) (o. *), à Stockholm. Nœther (Max), à Erlangen. Volterra (Vito), à Rome. Guichard (Claude), à Clermont-Ferrand. Hilbert (David), à Goettingue. COSSERAT (Eugène-Maurice-Piene), à Toulouse. N Section II. — Mécanique (10). Considère (Armand-Gabriel) (o. *), à Quimper. Vallier (Frédéric-Marie-Emmanuel) (o. » ), à Versailles. Dwelshauvers-Dery (Victor-Auguste-Ernest) #, à Liège. Bazin (Henry-Emile) (o. a), à Chenôve (Côte-d'Or). Duhem (Pierre), à Bordeaux. Witz (Marie-Joseph-Aimé), à Lille. Zaboudski (Nicolas), à Saint-Pétersbourg. Levi-Civita (Tullia), à Padoue. Voigt (Woldemar), à Goettingue. N Section III. — Astronomie (16). Lockyer (Sir Joseph-Norman), à Londres. Stephan ( Jean-Marie-Édouard ) (o. a), à Marseille. AUWERS (Arthur), à Berlin. Backlund (Oskar), à Poulkova. Gill (Sir David) (o. a), à Londres. C. H., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" l.i 2 IO ACADEMIE DES SCIENCES. Messieurs : Bakhuyzen (Van de Sande) (c. #), à Leyde. Christie (William-Henry), à Greenwich (Angleterre). Hill (George-William), à West-Nyack (Etats-Unis). Weiss (Edmund) (o. *), à l'Observatoire de Vienne. PlCKERlNG (Edward-Charles), à Cambridge (Massachusetts). Caillot (J.-B. -Aimable) (*), à La Varenne-Saini-Hilairc (Seine). Turner (Herbert-Hall), à Oxford. Hale (George-Ellery), à Mount Wilson (Californie). Kapteyn (Jacobus-Cornelius) (o. #), à (îroningue. Verschaffel (Aloys), à Abbadia (Basses-Pyrénées). N Section IV. — Géographie et Navigation (10). Teffé (le baron de), à Hio-de-.Taneiro. Nansen (Fridtjof) (c. #), à Bergen (Norvège). Helmert (Frédéric-Robert), à Potsdam. Colin (le R. P. Edouard -Élie), à Tananarive. Gallieni (Joseph-Simon) (g. o. #), à Saint-Raphaël (Var). Brassey (Thomas, Lord) (c. #), à Londres. Albrecht (Carl-Theodor), à Potsdam. Hedin (Sven-Anders) (c. *), à Stockholm. Hildebrandsson (Hugo-Hildebrand), à Upsal. N Section V. — Physique générale (10). Blondlot (René-Prosper) », à Nancy. Michelson (Albert-A.), à Chicago. Gouy (Georges-Louis) (o. &), à Lyon. Benoît (Justin-Miranda-René) (o. *), à Sèvres. Crookes (Sir William), à Londres. Blaserna (Pietro), à Rome. Guillaume (Charles-Edouard), à Sèvres. Arrhenius (Svante-Augusl), à Stockholm. Thomson (Joseph-John), à Cambridge. N. . . . . ÉTAT DE L'ACADÉMIE AU 1er JANVIER 19 1 3. Il SCIENCES PHYSIQUES. Section VI. — Chimie (10). Messieurs : ROSGOË (Sir Henry-Enfield) (o. *), à Londres. Fischer (Emil), à Berlin. Sabatier (Paul) (o. *), à Toulouse. Forcrand de Coiselet (Hippolyte-Robert de) (o. #), à Mont- pellier. Henry (Louis), à Louvain. Guye (Philippe-Auguste), à Genève. Guntz (Antoine-Nicolas) #, à Nancy. N . N N Section VII. — Minéralogie (10). Gosselet (Jules-Auguste-Alexandre) (o. *), à Lille. Geikie (Sir Archibald), à Londres. Tschermak (Gustav), à Vienne. Depéret (Charles-Jean-Julien) », à Lyon. Rosenbusch (Harrv). à Heidelberg. OEhlert (Daniel) », à Laval. Brôgger (Waldemar-Christoferj, à Christiania. Heim (Albert), à Zurich. Kilian (Charles-Conslant-Wilfrid) (o. »), à Grenoble. Lehmann, à Carlsruhe. Section VIII. — Botanique (10). Grand'Eury (François-Cyrille) », à Saint-Etienne. PFEFFER (Wilhehn-Friedrich-Philipp), à Leipzig. Warming (Johannes-Eugenius-Beilow), à Copenhague. Fla.iiault (Charles-Henri-Marie) (o. #), à Montpellier. Bertrand (Charles-Eugène) », à Amiens. Boudier (Jean-Louis-Emile) », à Montmorency. WlESNER (Julius), à Vienne. Engler (Heinrich-Gustav-Adolf), à Dahlem, près Berlin. N N 12 ACADEMIE DES SCIENCES. Section IX. — Économie rurale (10). Messieurs : Gayon (Léonard-Ulysse) (o. *), à Bordeaux. Winogradski (Serge), à Saint-Pétersbourg. Yermoloff (Alexis) (c. *), à Saint-Pétersbourg. Heckel (Edouard-Marie) (c. #-), à Marseille. Godlewski (Emil), à Cracovie. Perroncito (Edouardo), à Turin. Wagner (Paul), à Darmstadt. Leclainche (Emmanuel-Louis-Auguste) *., à Toulouse. Imbeaux (Charles-Edouard-Augustin) *, à Nancy. Balland (Joseph-Antoine-Félix) (o. &), à Saint-Julien (Ain). Section X. — Anatomie et Zoologie (10). Fabre (Jean-Henri) (o. *), à Sérignan (Vaucluse). Reïzius (Gustave), à Stockholm. Maupas (Emile-François), à Alger. Waldeyer (Henri-Guillaume-Godefroi), à Berlin. Simon (Eugène-Louis), à Lyons-la-Forêt (Eure). Pérez (Jean) *, à Bordeaux. FRANCOïTE (Charles-Joseph-Polydore), à Bruxelles. Avebury (John Lubbock, Lord) (o. &), à Londres. Renaut (Joseph-Louis) *, à Lyon. N Section XI. — Médecine et Chirurgie (10). Lépine (Jacques-Raphaël) (o. &), à Lyon. Zambaco (Démétrius-Alexandre) (O. »), à Constantinople. Gzerny (Vincent-Joseph), à Heidelberg. Baccelli (Guido), à Rome. Calmette (Léon-Charles-Albert) (o. *), à Lille. Manson (SirkPatrick), à Londres. Pavlov (Jean-Petrovitz), à Saint-Pétersbourg. Bernstein (Julien), à Halle-sur-Saale. N N COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 6 JANVIER 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. M. Gabriel Lippmann, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état on se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les chan- gements survenus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année 191 2. Etat de l'impression des Recueils de V Académie au 1" janvier 191 3. Volumes publiés. Comptes rendus des séances de l'Académie. — Le Tome CLII (ier semestre de l'année 191 1) et le Tome CLIII (2e semestre de l'année 191 1) ont paru avec leurs Tables. Les numéros des iel et 2'' semestres de l'année 191 2 ont été mis en distri- bution, chaque semaine, avec la régularité habituelle. Procès -Verbaux des séances de V Académie des Sciences, tenues depuis la fondation de l'Institut jusqu'au mois d'août 1 835. — Tome II, An VIII- An XI (1800-1804). l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. \~olumes en cours de publication. Procès -Verbaux. — L'impression du Tome III, sauf la Table, est entiè- rement terminée ; les il\ premières feuilles du Tome IV sont imprimées. Mémoires de l'Académie. — Tome LU. Mémoire n° I. Lepidostrobus Browniî (Unger) Schimper, par M . R. Zeiller. L'impression de ce Mémoire, qui comprend 9 feuilles et it\ planches hors texte, est entièrement terminée. Mémoires des Savants étrangers. Tome XXXV. Le Mémoire n" I, dont l'auteur est M. Gabriel Kœnigs, est intitulé : Mémoire sur les courbes conjuguées dans le mouvement relatif le plus général de deux corps solides ; l'impression de ce Mémoire, comprenant 27 feuilles, est entièrement terminée. Changements survenus parmi les Membres pendant l'année 19 12. Membres décèdes. Section de Géométrie. — M. Henri Poixcaré, le 17 juillet. Section d'Anatomie et Zoologie. — M. Joaxxks Chatin, le 4 juillet. Associé étranger. -- Lord Lister, à Londres, le 10 février. Membres élus. Section de Géométrie. — M. Hadamak», le 9 décembre, en rempla- cement de M. Henri Poincaré, décédé. Section d' Astronomie. — M. Pierre Puiseux, le 26 février, en remplace- ment de M. Radau, décédé. Section de. Minéralogie. — M. De Launay, le 12 février, en remplace- ment de M. Michel Lévy, décédé. Section de Botanique. - M. Costantin, le 18 mars, en remplacement de M. Rornet, décédé. Section d'Anatomie et Zoologie. — M. Marciial, le 4 novembre, en rem- placement de M. Joannès Chatin, décédé. Section de Médecine, et Chirurgie. — M. Lucas- Champtonnièrb, le 11 mars, en remplacement de M. Lannelongue, décédé. SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. l5 Associés étrangers. - \l. Metciixikoff, de IvharkolY, en remplacement de Sir Joseph Hooker, décédé; M. Schwendexer, à Berlin, en rempla- cement de Lord Lister, décédé. Changements survenus parmi les Correspondants pendant L 'année 1912. Correspondants étus Associés étrangers. Section de Botanique. — M. Scuwexdexer, à Berlin, élu Associé étranger, le i3 mai, en remplacement de Lord Lister, décédé. Section d'Économie rurale. — M. Metchxikoff, de Kharkoff (Russie), en résidence à Paris, élu Associé étranger, le 2") mars, en remplacement de Sir Joseph Hooker, décédé. Correspondants décédés. Section de Géométrie. — M. Paul Gordan, à Erlangen, le 21 décembre. Section de Mécanique . — M. Amsler, à Sehaffouse, le 3 janvier. Section d'Astronomie. - M. Chaiu.es Axdké, à Lyon, le (5 juin. Section de Géographie et Navigation. — Sir George Darwin, à Cambridge, le 7 décembre. Section de Chimie. — M. Lecoq de Hoisbaedrax, à Sarrazac, le 28 mai. Section de Minéralogie. — M. Zirkel, à Bonn, le 1 1 juin. Section de Botanique. — M. Strasburger, à Bonn, le 19 mai. Section d'Économie rurale. - M. Pagxoul, en septembre. Correspondants élus. Section de Géographie et Navigation. — ML Hildebrandssox, à Lpsal, le 29 janvier, en remplacement de M. George Davidson, décédé. Section de Chimie. - M. Philippe Guye, à Genève, le 2 décembre, en remplacement de M. Adolfvon Baeyer, élu Associé étranger; M. Guxtz, à Nancy, le 23 décembre, en remplacement de M. Cannizzaro, décédé. Section de Minéralogie. — M. Lehmaxx, à Carlsruhe, le 23 décembre, en remplacement de M. Zirkel, décédé. iti ACADÉMIE DES SCIENCES. Section de Botanique. — M. Exgler, à Dahlem, près Berlin, le 8 juillet, en remplacement de M. Treub, décédé. Section d'Economie rurale. — M. Imbeaux, à Nancy, le 18 novembre, en remplacement de M. Arloing, décédé; M. Ballaxd, à Saint-Julien (Ain), le 2 décembre, en remplacement de M. Pagnoul, décédé. Correspondants à remplacer . Section de Géométrie. -- M. Paul Gordax, à Erlangen, décédé le 21 dé- cembre 191 2. Section de Mécanique. — M. Amsler, à Schaffbuse, décédé le 3 jan- vier 191 2. Section d'Astronomie. — M. Charles André, à Lyon, décédé le G juin 1912. Section de Géographie et Navigation. - Sir George Darwin, à Cambridge, décédé le 7 décembre 191 2. Section de Physique générale. — M. Iîosscha, à Heemstede, décédé le i5 avril 191 1 . Section de Chimie. — Sir William IIamsay, à Londres, élu Associé étranger, le 27 juin 1910; M. Ladexburg, à Breslau, décédé en août 191 1; M. Lecoq de Iîoisbaudran, à Sarrazac, décédé le 28 mai 1912. Section de Botanique. — M. Scuwexdener, à Berlin, élu Associé étranger, le i3 mai 1912; M.Strasburger, à Bonn, décédé le 19 mai 1912. Section d' Anatornie et Zoologie. — M. Metchmkoff, à Sèvres, élu Associé étranger, le 10 mars 1912. Section de Médecine et Chirurgie. — M. Erxst von Levdex, à Berlin, décédé le 5 octobre 1910; M. 3Iosso, à Turin, décédé le 24 novembre 1910. SÉANCE DU 6 JANVIER igi3. 17 MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. En prenant possession du fauteuil de la Présidence, M. F. Guyox s'exprime en ces termes : Mes chers Confrères, 11 y a vingt ans, l'Académie des Sciences me faisait un honneur inesti- mable ; elle m'appelait à siéger parmi ses Membres. Vous me donnez aujourd'hui un très précieux, témoignage de votre estime. Il me tardait de vous remercier de m'avoir désigné pour la présidence. Je voudrais répondre à la confiance que vous me témoignez en ne négli- geant rien de ce qui doit être fait pour accomplir les devoirs de la haute fonction dont vous m'honorez. Les intérêts confiés à vos présidents sont tels, l'honneur de vous repré- senter est si grand, cpie l'on ne peut se défendre d'une appréhension légitime. Mais nous savons tous que votre appui ne fait jamais défaut à votre président. Vous l'aidez, en toutes circonstances, à exercer le pouvoir que vous lui conférez. Nos secrétaires perpétuels savent pressentir les difficultés, ils nous les signalent, aident à les aplanir et à les résoudre. La connaissance appro- fondie de la constitution de l'Académie, de ses usages, de ses nombreuses affaires, assure la bonne gestion de ses intérêts. Vos présidents n'ont pas seulement à s'occuper des choses principales de la vie académique. Ils ont aussi le devoir de ne pas perdre de vue les plus petites; le, milieu où elles se jaroduisent peut leur donner une liés réelle importance. Il en est une sur laquelle leur attention est nécessairement attirée. Les conversations particulières sont, en effet, un inconvénienl inhérent à toute réunion nombreuse. Je suis l'exemple de mes prédécesseurs en y faisant allusion en ce moment. Mais ce n'est pas seulement à notre époque qu'il en est question. Lorsque le nouveau règlement de l'Académie royale des Sciences lui fut communiqué, le l\ février 1699, l'abbé Bignon fut chargé de lui en donner C. R., 191 .1, 1" Semestre. (T. 156, N° 1.) 3 uS ACADÉMIE DES SCIENCES. lecture et d'en organiser l'application. Il avait présidé la savante Compagnie pendant plusieurs années et jugea utile, pour diverses raisons, de marquer à chacun une place fixe. Il se trouva que des savants de différentes espèces, un géomètre par exemple et un anatomiste, furent voisins. Et, dit le narrateur, comme ils ne parlaient pas la même langue, les conversations particulières furent « moins à craindre ». Fontenelle, qui relate ces faits dans Y Histoire du renouvellement de V Académie royale des Sciences, ne dit pas si l'influence favorable de certains voisinages scientifiques sur les conver- sations particulières continua à se faire sentir. De nos jours, les conversations particulières sont encore à craindre, et pourtant elles s'interrompent avec facilité. Vos présidents obtiennent toujours le rétablissement du silence. Il leur est immédiatement accordé. Soubaitons qu'ils n'aient pas à le réclamer fréquemment. L'espacement des conversations particulières les rendrait moins à craindre. Ce pourrait être, je me hasarde de le dire, une solution de cette délicate question. J'accomplis le premier acte de ma présidence en adressant en votre nom les remercîments de l'Académie à notre savant et célèbre confrère M. Lippmann et je souhaite la bienvenue à notre éminent confrère M. Appell , notre nouveau vice-président. Après le dépouillement de la Correspondance, M. F. Guvox ajoute : Mes cheks Confrères, J'ai le douloureux devoir de faire part à l'Académie de la mort de M. Teisserenc de Bort, décédé à Cannes le 2 janvier 191 3, et de M. Caîlletet, décédé à Paris le 5 janvier. M. Léon Teisserenc de Bort, né à Paris le 6 novembre i8j5, avait été élu Académicien libre le i/| novembre 1910, en remplacement de M. Mouché. Notre confrère a siégé peu de temps parmi nous. De très intéressants travaux avaient depuis longtemps marqué sa place dans notre compagnie. Ils ont eu pour objet l'étude scientifique de la haute atmosphère. Ses observations ont particulièrement porté sur le niveau des températures, la distribution des courants, l'état hygrométrique. Fondateur d'un observatoire météorologique et créateur d'un laboratoire pour la construction des appareils et l'analyse des résultats fournis par ses observations, il a réuni de très précieux documents et publié d'importants travaux. SÉANCE DU 6 JANVIER Ip,l3. 19 Nous espérons que les recherches auxquelles il a consacré sa vie et employé ses ressources personnelles trouveront des continuateurs. M. Louis Cailletet, élu Académicien libre le 26 mai 1884, en rempla- cement du comte du Moncel, était né à Châtillon-sur-Seine le 21 sep- tembre i832. De grandes et remarquables découvertes avaient depuis longtemps déjà établi sa célébrité scientifique. Il fut son propre maître. Grand industriel, il sut tirer parti des températures élevées des hauts fourneaux et de la puis- sance considérable des machines dont il disposait. Il put obtenir la liqué- faction des gaz par l'emploi combiné de très fortes pressions et d'énormes réfrigérations; il révolutionna cette partie de la Physique. On sait quelle fut l'influence de ses travaux sur la production des basses températures et sur l'emploi scientifique et industriel du froid. La passion des grandes recherches qui anima sa jeunesse n'abandonna jamais notre célèbre confrère. Il n'a cessé de suivre les progrès de l'aéro- nautique et s'est toujours très vivement intéressé aux chercheurs. Je lève la séance publique en signe de deuil. NAVIGATION. — Calcul de l'augmentation du chargement ou de la vitesse, obtenue par l'accroissement des dimensions d'un paquebot. Note (') de M. L.-E. Bertin. I. Dans l'équation fondamentale exprimant la répartition du déplacement P entre les différents poids, sur des navires géométriquement semblables, (1) P = «P + bPl+p, (1') P = (i — a — &P_t)p, la fraction a de poids de coque n'est constante que si l'on accepte pour les matériaux une charge variable, croissant avec P. L'obligation de limiter cette charge à un maximum infranchissable, plus impérieuse et mieux définie sur les paquebots que sur les navires de guerre, conduit donc à donner à a des valeurs plus fortes, à mesure que les navires grandissent. Cette variation de a exerce, sur le chargement p, ainsi que sur le coeffi- cient b dont la vitesse dépend, une répercussion très importante qui mérite l'étude la plus attentive. .ç (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. 20 ACADEMIE DES SCIENCES. Supposons d'abord a constant ('); cette hypothèse est acceptable poul- ies navires de faible déplacement, par exemple au-dessous de 5oool. L'augmentation de déplacement dV nécessaire pour donner au charge- ment un accroissement dp, qui pourrait être de i', s'obtient par une simple différenciation, (2) dP — odP-h lbP~*(JP + {/p. (2') dp= ( i — a — ^bp Mf/P. Divisant membre à membre (2') et (1'), nous avons l'équation ,a, dp dP ( ! b (3) -f=n-+ 3^^ qui peut aussi s'écrire iv\ dP — P t \ , ' b {i) dp-p (1 — a)P3 — b L'avantage obtenu en accroissant le déplacement individuel des navires, de préférence à leur nombre, est exprimé algébriquement par le rapport r .dp 1 n 1 , , ,. ., entre -£ ou - et r/ou —^ c esl-a-dire par 1 expression ar 1/ P O l r r = S = .+ J *-,— 1 (,_a)P»_6 Dans ce cas, le rapport r est toujours plus grand que 1, mais il se rap- proche de r, en diminuant constamment, à mesure que P augmente. L'avantage des agrandissements ne s'annule que lorsque P est infini. Les 1res faibles valeurs de P sont ici hors de question. Supposons maintenant constante la charge des matériaux de la char- pente sur mer agitée. Si les coques sont géométriquement semblables, comme on l'admet dans les calculs de résistance, le poids des éléments résistant à la flexion doit être proportionnel, non à P, mais à P3, ce qui donne pour a l'expression x (5) a = a. -+- tx'P3. Les équations deviennent ainsi plus compliquées; l'équation (1) prend la forme suivante 4 ^6) P = aP+ c.'P'-hbP (') Comptes rendus, 1" avril 1909. SÉANCE DU 6 JANVIER IC)l3. Un calcul semblable au premier donne 21 (7) (8) dp_dP h — a'P1 (i — y.)P<— a'P3 — b r = (i-s:)?3 — 2'P3 — 6/ Le rapport r descend donc à l'unité, pour une valeur finie de P, (9) '■=$' Cette valeur de P correspond au maximum du rapport dep à P, car elle annule la dérivée de ce rapport tirée de l'équation (6), JL{£" d\> \ p L «' p J+i6P 3 . La valeur absolue du chargement p présente elle-même un maximum déterminé par l'équation |«'P*-(i — «)P*+ Jè = o, qui nous donne 3(i — a) 8 a' b i y.' Cette valeur de P2 s'obtiendrait également en égalant à zéro l'expression (8) de t. Enfin, la valeur absolue de p, à son tour, s'annule, d'après l'équation (6), i pour le déplacement («0 "-[^v/tW-ê]' Les coefficients a, a' peuvent se calculer d'après deux valeurs de a, assez bien connues, qui sont respectivement o,55 et o,65 pour les paquebots de 25ooolet de 5ooool : (5') U + a x 20 ooo3 = o , ot>, a H- ce' X Soooo3 = o,65 22 donnent (12) ACADEMIE DES SCIENCES. a = o, 1602, a'= o,oi3i6. D'autre part, pour les paquebots précédents, supposés dotés de il\u de vitesse, avec le charbon nécessaire à la traversée du Havre à New-York, la valeur de b est, d'après l'exemple de la France, (i3) & = n,25. Ces valeurs, introduites dans les formules (9), (10), (1 1), donnent 04) ( ]>1 = 24g95, soit 25 000, . 1%=: 44 943, soit '|.»ooo, ( P3= 85 329, en laissant de côté un minimum négatif du rapport de p à P, pour le déplacement de 1738', et une valeur nulle de p pour le déplacement de 7329». Les résultats précédents peuvent être établis ou contrôlés avec une grande approximation, en dressant à l'aide des valeurs oc, a', b, le devis des poids d'une série de paquebots, de déplacements croissant par dizaines de mille tonnes. Le Tableau suivant a été préparé en supposant (i5) o,65 « = — - — = 0,2100, oc' = 0,01 17(3. b = 1 1 ,25. Tableau 1. ■<(.)( )IX.I 3oooo |< H IIHI 5oooo 60000 70000 80000 90000 1 00000 0,535g o,582i o , 6 1 90 c.65oo 0,6771 0,7014 0,7234 0,7433 0,7626 993 1 67 5 2085 2235 2 i3o i793 1 2 4 1 465 —497 P p' 0,0496 0,0358 o,o52i 0,0449 o,o355 0,02 56 0,01 55 O, IH'.V) o,oo5o Moyennes des lignes horizontales successives. P. P P / 0,0. >?. 0,0540 o,o485 o , o4oa o , o3o6 0,0206 o,oio4 o , 000 1 Al' 0 '/ -o,o683 + 1,296 -o,oi'o -+- 0,760 -o,oi4o -+■ 0,289 -O.OIOJ -o,o337 -o,o552 -0,0776 -0,0962 — 0,261 — ,.to3 — 2,686 — 7>498 — 18, 863 2JOOO 45ooo 55ooo 65ooo 75000 85ooo g5ooo SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. 23 D'après ce Tableau, le maximum de chargement par tonne de déplace- ment correspond au déplacement P, de 30000'. Le maximum de charge- ment correspond au déplacement Pa de |jo ooo*. La limite P:), au delà de laquelle le bâtiment est irréalisable, même pour naviguer à vide, est de • pooo'. La colonne des valeurs de /■ montre la rapidité avec laquelle l'avantage des gros déplacements va en diminuant. Dans la fraction a du déplacement appliquée au poids de coque, le terme constant a est certainement supérieur à o,i652et même à 0,2166. Cette anomalie, dans les résultats donnés par l'équation (5'), a son explication dans le défaut de similitude géométrique entre les charpentes des paque- bots. La longueur croit plus vite que la hauteur; par suite, l'exposant de P dans le terme en a' est supérieur à \. Si l'agrandissement du navire ne se faisait qu'en longueur, le calcul des résistances de matériaux indique un exposantde P égala l'unité, ce qui donnerait a = o, 45. Sans aller jusque-là, on peut admettre que l'exposant '- serait mieux justifié que .;, ce qui donne- ra i t ( a == o.3o86. [ a —0,001527. Plus l'exposant de P est élevé dans la formule (5), plus la croissance de a est rapide quand le déplacement augmente. Avec l'exposant 1, par exemple, a serait égal à o,85 au lieu de 0,7620, pour le déplacement de iooooo'. Formules et Tableaux, dans tout ce qui précède, donnent donc un simple minimum des inconvénients attachés à la croissance des navires. ". Supposons que l'accroissement de dimensions des paquebots ait unique- ment pour but l'augmentation de la vitesse, le chargement restant constant, et égal à 167 V, comme sur le bâtiment de 3ooool que nous prendrons pour type. La valeur du coefficient // se trouve ainsi fixée à 11,23 pour le dépla- cement de 3oooo'; il s'agit de déterminer sa valeur et d'en déduire la vitesse V pour les autres déplacements. Les deux termes aP elp étant connus, le terme 6P3 et par suite la valeur de b s'obtiennent immédiatement. Toute la difficulté porte sur le départage à faire entre le poids du moteur et celui du combustible, la vitesse ne dépendant que du premier. Ce départage n'est possible que si tous les navires sont approvisionnés en vue d'une même distance à franchir à la ll\ ACADÉMIE DES SCIENCES. vitesse maxima. Nous n'avons donc à considérer que les paquebots des lignes régulières. Soient BP:| et B'P3 les deux parties de 6P3 et B0, B0 les valeurs particu- lières de B, B', pour le paquebot de 3o ooo1 ayant une vitesse V0 égale à 24 nœuds. Nous avons, pour ce bâtiment, avec b0 = 1 1 , 10 , (16) 60p! = b0p! + b0p' 0 ■ o- Pour les autres bâtiments, le coefficient B, proportionnel à la puissance des moteurs, varie, par rapport à B0, dans le rapport du cube des vitesses Y,V0; le coefficient B', proportionnel à la fois au cube des vitesses et à la durée des traversées, varie comme le carré du rapport de V à V„. Nous trouvons ainsi Avant l'adoption des turbines, le poids du moteur des paquebots transatlantiques atteignait les f de celui du combustible ('). Sur la France, qui présente pour b la valeur 11, 2j, les deux poids sont sensiblement égaux. L'équation générale, applicable à tous les navires dérivés de la France, suivant la loi de similitude, est donc (.8) b = -bt UH +-*. ï*i(^),+i*'(^ ou, en remplaçant V„ et b par leur valeur, , \ /vy /vy b (19) 4/ 5,6a5 Cette équation n'a qu'une racine réelle, qui est en posant p=-lv 2 b 27 5,625' R _ T ^ El _ / b v 1 b (21) (') Provence : moteur .'12001, charbon 35oo'; France : moteur 55oo', charbon 5ooo' (tirage forcé). SÉANCE DU 6 JANVIER IÇ}l3. 25 Les résultats obtenus, en appliquant ces formules, sont donnés dans le Tableau suivant Tableal II. al'. bP\ b. V. 20 000 10719 7606 io,323 23,188 3oooo 17 463 10862 I 1 ,25o 24,000 4oooo 24737 i3 588 11,618 ^i.386 5o ooo 32 5oo i5 82.j 11,660 24,346 60000 40628 «7 697 11 ,547 A , 307 70000 49°99 19 226 11,319 24 , 066 80000 57872 20 453 1 1 ,026 23, 801 90000 66942 21 383 10,647 23,482 100 000 76 260 22 o65 1 0,242 23, 118 Le maximum de vitesse, à chargement constant, correspond à peu près au même déplacement que le maximum de chargement à vitesse constante. Les vitesses varient d'ailleurs très peu, tantôt en croissant avec le dépla- cement, tantôt en diminuant, et ne conduisent jamais aux conditions irréa- lisables, indiquées par les valeurs négatives du chargement dans le Tableau I. Les calculs qui précèdent répondent aux conditions actuelles de la cons- truction des coques et des moteurs, ainsi que de la profondeur des ports. Ils seront à refaire quand ces conditions auront changé. ÉLECTRICITÉ. — La polarisation diélectrique de la paroi et les mesures de cohésion diélectrique : le retard d'' effluve . Note de M. E. Bolty. 1. La formule (' ) (1) B=i,j65 6 + 6 qui m'a permis de relier empiriquement la valeur B de la cohésion diélec- trique apparente d'un gaz, mesurée dans un ballon de verre de 3tm de dia- mètre, à la cohésion normale b peut, dans le cas des gaz communs, dont la cohésion est (très grande, être légitimement réduite à son premier ternie, proportionnel à b. (') Comptes rendus, t. J55, p. 1207. C. R., i9i3. 1" Semestre. (T. 156, N° 1.) \ 26 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si l'on adopte pour la cohésion diélectrique du verre la valeur la plus probable (égale à (>) et si Ton admet, d'après le souffleur qui a construit mes ballons, que l'épaisseur de la paroi est très sensiblement de i,m", une formule connue (') permet de calculer le rapport du champ ye extérieur au ballon (champ mesuré) au champ yt intérieur qui agit effectivement sur le gaz. On trouve ainsi (a) £ = «.«73. Ce nombre se confond sensiblement avec le coefficient de b dans la for- mule (i). Un calcul approximatif établit d'autre part que, dans le ballon plat employé pour les mesures normales (2), le champ extérieur y,, et le champ axial yt peuvent être confondus à moins de i pour ioo près. Il en résulte que, dans le cas des gaz communs, l'excès de la cohésion apparente B par rapport à b s'explique suffisamment par l'effet de la pola- risation diélectrique de la paroi. i. La valeur 6 de la constante diélectrique du verre est celle que donnent, en moyenne, les méthodes de mesure dans lesquelles l'action du champ se prolonge pendant un temps appréciable. Mais quand on fait usage des oscillations hertziennes, la loi de Maxwell semble rigoureusement applicable, même à des diélectriques très impar- faits. L'indice du verre étant pris égal à i,5, la constante diélectrique instantanée serait seulement 2,20. Si l'effluve lumineuse était rigoureusement synchrone du champ qui la provoque, on devrait s'attendre à ce que le verre n'intervînt, pour réduire le champ efficace a l'intérieur des ballons, qu'en vertu de la constante diélec- trique instantanée 2,2.). Puisqu'il n'en est pas ainsi, c'est que le synchronisme rigoureux n'existe pas; c'est que l'effluve présente un retard fini par rap- port au champ. 3. On sait que la décharge disruptive entre électrodes métalliques s'accompagne fréquemment de retards directement observables . 1 ' ) Voir Masoart, Traité d'électricité et de magnétisme, t. I, p. 217-218. i2) Ce ballon de 8cm de diamètre normalement au champ, de 5,m,5 dans le sens du champ et dont les parois ont sensiblement imm d'épaisseur, a été assimilé pour ) croit d'abord et tend vers une valeur constante m sensiblement atteinte à partir d'une valeur de la pression suffisamment grande. Pour les pressions élevées, le champ critique y est alors de la forme (3) r=- + /,p. e Supposons cependant que pour un certain gaz, le néon par exemple, la limite def(p), au lieu d'être une constante, soit une fonction linéaire de la pression (4) f(p) — m-hnp. Le champ critique y deviendra («) ,==+(5+»y La cohésion diélectrique apparente - + b, pour un ballon de diamètre donné e, sera supérieure à la cohésion normale b et tendra vers b quand e croîtra indéfiniment. Si cette cause d'augmentation apparente de la cohésion diélectrique existe réellement pour le néon, il est bien vraisemblable qu'elle est géné- rale. Pour expliquer la formule^ 1) telle quelle, il faudrait en effet supposer que n a la même valeur pour tous les gaz. Mais il est très possible que ce coefficient « soit spécifique et varie d'un gaz à l'autre, en restant toutefois du même ordre de grandeur. Les expériences actuelles ne suffisent pas pour élucider ce point. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — I/iJlnencp des conditions antérieures sur la râleur du quotient respiratoire citez les feuilles vertes. Note de MM. L. Maquexxe et E. Demoijssy. Dans une précédente Communication, nous avons fait observer que l'on n'obtient pas toujours les mêmes résultats, dans l'étude de la respiration SÉANCE UU 6 JANVIER If)l3. aq végétale, suivant que l'expérience est faite en hiver ou en été; il n'v a pas lieu d'en être surpris parce que dans la saison froide toutes les fonctions de la plante sont considérablement ralenties et qu'alors la composition de ses tissus doit être différente de celle qu'ils possèdent pendant la saison chaude. Mais en été aussi les conditions extérieures changent d'une façon inces- sante, l'intensité du rayonnement solaire pouvant prendre une infinité de valeurs qu'il ne saurait atteindre en hiver et la température des feuilles oscillant, du jour à la nuit, entre des limites distantes de plus de 3o°. Ces changements périodiques du milieu entraînent forcément des modifications, périodiques aussi, dans la composition du suc cellulaire et par suite dans la grandeur du quotient respiratoire, modifications qui pourraient en toute autre saison se confondre avec les erreurs expérimentales parce qu'alors elles sont moins accentuées. C'est M. Aubert qui, dans sa très intéressante étude de la respiration des plantes grasses ('), a montré le premier que l'on trouve des valeurs diffé- rentes du quotient respiratoire suivant qu'on le détermine le malin ou le soir; sa valeur diurne est, d'après lui, supérieure à sa valeur nocturne, et l'auteur explique ce phénomène en le rattachant à la présence, dans les [dantes charnues, d'une proportion considérable d'acides organiques fixes, qui se forment de préférence pendant la nuit et se décomposent partielle- ment pendant le jour. Cette manière de voir, qui trouve un appui dans l'observation faite par M. Mangin que la présence d'un excès d'acide dans une feuille augmente son quotient respiratoire, nous paraît irréprochable; cependant le phénomène est plus complexe que ne le supposait M. Aubert, et c'est sur quelques-unes de ses particularités que nous désirons aujour- d'hui appeler l'attention. Il arrive parfois, même avec des feuilles minces, que l'on trouve à -.>50, par exemple, un quotient respiratoire plus élevé sur un sujet qui a été maintenu quelque temps à l'obscurité que sur un autre semblable qui sort de la pleine lumière; c'est, comme on le voit, exactement l'inverse de ce que nous avons appelé l'épuisement des feuilles, le contraire donc de ce qui s'observe d'ordinaire. Pour ces espèces anormales la lumière a pour effet d'abaisser progressivement le rapport -^- et l'obscurité celui de ramener ce même rapport à sa- valeur primitive, les basses températures étant pour cela plus efficaces que les hautes. Le nombre que l'on obtient dépend alors (. ' ) Revue générale de Botanique, l. IV, 189a. Tempé- rature. co- 0 ?.■> 0,0,5 à o l98 3.5 t,o4 20 «,0,', 2.") î , 06 3o ACADÉMIE DES SCIENCES. de l'état dans lequel se trouvait l'organe étudié avant sa mise en expé- rience; c'esl ce que nous exprimons en disant que ces espèces sont sensibles aux conditions antérieures. , Nous rapporterons ici quelques-uns des résultats obtenus dans ce sens avec l'Oseille, la Joubarbe et le Sedurn acre par la méthode directe et avec le Géranium et la Rhubarbe par la méthode indirecte des essais manomé- triques. Oseille (avril-juillet). 1. Feuilles cueillies après midi au soleil 2. Plante maintenue a heures à l'obscurité sur place 3. » 16 » » .... i. Feuilles conservées 2 heures à 260 dans l'obscurité 2J Sedum (juillet). o. Cueilli à 3h au soleil 25 0,78 à 0,86 6. Cueilli à 3h par temps sombre 25 1 , ili 7. Après i5 heures d'obscurité à 160 25 1,17 8. Après 30 heures d'obscurité à 3o° a5 1 ,oï Joubarbe (juillet). 9. Feuilles cueillies à g1* du matin 25 1,37 10. » ii'1 au soleil aô o,g2 11. a 3'1 au soleil 20 0,01 à 0,02 12. Plante ou feuilles conservées 16 heures à 160 dans l'obsc. . . 25 1 ,3a à 1 , 49 13". » » »... qO" 1 ,68 14. Plante maintenue 17 heures à 2.V' dans l'obscurité 25 1 ,3a 15. » » 3o" » ' ' 0,98 à 1 , i4 16. Feuilles cueillies le soir; 16 premières heures i(i 0,22 17. Les mêmes, après encore 5 heures i,~> "7-7") 10,00 Après 2 heures d'obscurité à 20° + i,oo +2,25 +5,25 + 6,75 SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. 3l Il résulte de ces observations qu'il n'est pas exact de dire, au moins dans les cas qui viennent d'être cités, que le quotient respiratoire de nuit est inférieur au quotient respiratoire de jour; la vérité est que ce rapport change à chaque heure du jour et de la nuit, décroissant d'une façon régu- lière dans le premier cas, augmentant dans le second, si bien qu'après un certain temps d'exposition au soleil ou de séjour à l'obscurité on peut lui trouver juste la même valeur, sa moyenne de jour devenant vraisembla- blement égale à sa moyenne de nuit. On pourrait interpréter ces résultats, pour le Géranium et la Rhubarbe, en admettant que la feuille, à l'obscurité, emprunte aux réserves de la plante les principes, acides ou autres, dont l'insolation l'a momentanément privée en les décomposant; l'explication n'a plus de valeur pour l'Oseille, le Sedum et la Joubarbe, dont on voit le quotient respiratoire changer aussi bien dans des feuilles détachées, par conséquent en dehors de tout mouvement de migration, que dans des feuilles laissées adhérentes à la souche. L'abaissement du quotient jusqu'au voisinage de zéro est connu depuis longtemps et M. Aubert l'a constaté maintes fois dans ses recherches sur la respiration des plantes grasses, mais son relèvement jusqu'à des valeurs aussi énormes que i,5 ou 1,6 est un fait nouveau qui avait jusqu'à présent échappé à tous les observateurs. Son explication semble, à première vue, peu conciliable avec la théorie de l'acidification des tissus, surtout si l'on considère cette acidification comme un phénomène réversible; s'il est déjà difficile, en effet, de conce- voir une oxydation des principes intracellulaires s'effectuant à la fin du jour sans aucun dégagement de gaz, il est encore moins aisé de comprendre pourquoi, après une nuit de repos, le quotient prend une valeur qui dépasse certainement de beaucoup celle qui correspond à la respiration normale. Nous ne voyons qu'un seul moyen de résoudre cette difficulté, c'est de considérer la respiration d'une plante à échanges difficiles comme s'effec- tuant en deux phases successives aboutissant : la première à une production d'acides fixes, résultat d'une oxydation rendue incomplète par la lenteur de pénétration de l'oxygène; la seconde, à une combustion de ces mêmes acides, succédant à celle des principes acidifiables lorsque ceux-ci se trouvent épuisés. Dans cette hypothèse, lorsqu'on transporte à l'obscurité un organe vert qui s'est chargé d'hydrates de carbone par assimilation et qui s'est en 32 ACADÉMIE DES SCIENCES. partie désacidifié sous l'influence de la chaleur du soleil, ce sont les hydrates de carbone, plus altérables et plus abondants que les acides, qui s'oxydent d'abord; ils donnent ainsi naissance à une nouvelle quantité d'acides fixes et seulement à peu d'acide carbonique : le quotient respiratoire est faible. Mais en même temps la réserve d'hydrates de carbone diminue et devient bientôt insuffisante pour maintenir la respiration à son intensité normale ; alors les acides, devenus prédominants, brûlent à leur tour, en proportion de plus en plus forte à mesure que progresse l'épuisement en hydrates de carbone : le quotient respiratoire remonte et tend vers la limite, très supé- rieure à i, qui correspond à la combustion totale des acides organiques fixes. Ainsi que le montre le Tableau précédent, l'influence de la chaleur ne se fait sentir dans celte première phase que lorsque la température de respi- ration est différente de celle de conservation. Il est surtout essentiel de noter que le quotient remonte aussi bien quand ces deux températures sont égales, à peine davantage à iG° qu'à 25° (Oseille, Joubarbe, expériences 4, 14 et 17), qu'il remonte même quand la température de respiration est inférieure à celle de conservation (expériences 8 et 15), et enfin qu'il con- serve sa liante valeur pendant un temps relativement très long (21 heures dans les expériences 17 et 18). Cette constatation suffit à établir que ce phé- nomène est, au point de vue qualitatif, indépendant de l'état de saturation plus ou moins complète de la feuille en acide carbonique et que, par consé- quent, il doit être attribué, comme nous l'avons admis ci-dessus, à un changement de nature des substances dont la combustion est cause du déga- gement de ce gaz. Vient-on maintenant à reporter la plante au soleil, sa température s'élève, la formation des acides est arrêtée, ceux que renferme la feuille se détruisent et font place à de nouveaux hydrates de carbone qui, en brûlant, consomment davantage d'oxygène : le quotient respiratoire s'abaisse. Théoriquement il devrait alors tendre vers l'unité, il reste à dire pourquoi on le voit descendre jusqu'à près de zéro dans les appareilsoù on le détermine. Ici nous sommes obligés de faire intervenir deux nouvelles influences : celle de l'acide carbonique qui, lorsqu'il se trouve en dissolution dans le suc cellulaire, doit nécessairement être mis au nombre de ses composants organiques, au même titre que les acides fixes, et celle de la température, qui agit à la fois sur l'acidification et sur le coefficient d'absorption de la feuille pour le gaz carbonique. On sait que certaines espèces sont particu- lièrement sensibles à l'action de la chaleur qui, en général, fait croître le SÉANCE DU G JANVIER 1910. 33 quotient respiratoire; le fait a été démontré d'abord par Dehérain et Maquenne, dans leur étude de la respiration du Fusain ; observé depuis sur les plantes grasses par M. Aubert, il apparaît ici avec la plus grande netteté. Temp. co- 1 ) i 8 0,90 (25 1,09 * 8 1 ,00 1 )35 1,07 Temp. Joubarbe (janvier) ] „ Rlmbarbe (avril) . 10 0,90 3.5 1,06 Oseille (décembre) ! ~ ' 'l Sedum acre (juillet) .. . „ . / 3.j 1 ,07 VJ I 25 1 , 16 Une feuille de Joubarbe, cueillie le soir en été, et qui avait à 170 un CO2 (juotient respiratoire égal seulement à 0,17, donnait -~- = 0,60 à ^o°, ce qui suppose une valeur bien voisine de 1, par conséquent normale, à la température, supérieure encore à celle-ci, que la plante supporte lorsqu'elle est exposée au rayonnement direct du soleil ('). La faible valeur trouvée à 170 est une conséquence de la formation des acides fixes, favorisée par l'abaissement de la température; mais il y a plus : le coefficient d'absorp- tion de l'acide carbonique s'élève quand la feuille se refroidit, et comme elle ne renferme aucune trace de ce gaz quand on la transporte de la lumière à l'obscurité, elle retient celui qu'elle forme jusqu'à ce qu'elle ait acquis un degré de sursaturation qui lui permette de le laisser sortir. Et c'est ainsi que, déjà faible par ailleurs, et toujours par suite de la difficulté des échanges gazeux dans les plantes en question, le quotient respiratoire appa- raît encore diminué, au point de sembler presque nul. C'est seulement en faisant l'expérience de respiration à la même température que la feuille supportait au soleil, que l'on pourrait obtenir un résultat à peu près exact, c'est-à-dire représentant ce qui se passe en réalité dans la feuille quand elle est insolée. L'élude de la respiration chez l' Aspidistra nous a donné des résultats qui peuvent être invoqués en faveur de cette manière de voir. Cette plante diffère essentiellement des espèces charnues par la finesse de ses feuilles et son peu d'acidité, mais elle s'en rapproche par la valeur de son intensité respiratoire, toujours très faible, et la lenteur de ses échanges gazeux. Or, si l'on enferme une feuille à1 Aspidistra dans un appareil manométrique maintenu à 36° (ceci est important, car à 3o° et au-dessous les résultats ne (') D'après Louguiuine et Dupont, la température des plantes gra=ses, au soleil, peut facilement dépasser 45° {Revue générale de Botanique, t. XXIV, p. 2^4). C. R., iqi.'î, i" Semestre. (T. 156, N"l.) 3 34 ACA0ÉM1E DES SCIENCES. sont plus les mèmesj, on constate que la pression monte aussitôt quand elle a été prise sur un sujet conservé au préalable à l'abri de la lumière, tandis qu'elle baisse d'abord, pour remonter ensuite, quand la feuille a été cueillie au soleil. Variations de pression pour 6 = 0,01 à 36" après.. 30m. I1'. '."'. •'>''• mm 01m mm mm Feuille cueillie au soleil — a .5o — 2,00 + 4j00 +10,00 Id. — 0,76 — 2,00 — 1,00 -t- 1,00 Après 3 heures 3o d'obscurité +6,2.5 + 12,00 +25, 5o +33, 5o A-près 16 heures d'obscurité +4, 00 + 8,00 +17,00 +28,00 L'effet est le même qu'avec les feuilles charnues de la Joubarbe, sauf cette seule différence que, se faisant sentir après seulement 2 ou 3 beures, il est beaucoup plus rapide avec les feuilles minces de VAspidistra, et comme ici il n'y a pas sensiblement d'acides fixes, il est vraisemblablement dû à une rétention du gaz carbonique, empêché de sortir par l'imperméabilité relative des tissus tant que ceux-ci n'en sont pas sursaturés. En résumé, notre théorie, entièrement basée sur l'observation rigoureuse des faits, n'infirme en rien les opinions plus anciennes, entre autres celles qui ont été formulées par de Vries, Purjewicz et M. Aubert, mais, par la considération de deux étapes successives dans la respiration normale et l'introduction d'un facteur nouveau, la solubilité du gaz carbonique dans le suc cellulaire, elle les étend, les complète et finalement les rend plus conformes à l'expérience, aussi bien en ce qui concerne la respiration qu'en ce qui touche à la fonction chlorophyllienne. . . CO- Remarquons, en terminant, que oes variations énormes du rapport -q-> non encore reconnues avant nous, rendent matériellement impossible la mesure d'un quotient respiratoire ou d'un coefficient chlorophyllien moyen digne de confiance sur une plante charnue vivant de sa vie normale en été, époque à laquelle sa sensibilité aux conditions antérieures présente son maximum d'importance. PATHOLOGIE. — Nouvelle contribution à l'élude de la pathogénie de l'infection tuberculeuse. Note de MM. A. Calmette et C. Guérix. Nos recherches antérieures sur ce sujet, faisant suite à celles déjà anciennes de Chauveau (1888) et complétant celles plus récentes de von Behring, de Hômer, de J. Bartel, etc., ont montré, de même que SÉANCE DU 6 JANVIER lf)l3. 35 Nocacd l'avait établi pour la morve, le rôle prépondérant de la contamina- tion par les voies digestives dans la pathogénie de la tuberculose en général et de la tuberculose pulmonaire en particulier. Mais plusieurs expérimen- tateurs (Fliigge et ses élèves en Allemagne, Kuss, Chaussé en France), s'appuyant sur leurs expériences d'infection artificielle par inhalation, estiment encore que la voie pulmonaire a la plus grande importance comme porte d'entrée du virus et, considérant comme intangible la loi jadis énoncée par Conheim, pensent qu'ilest toujours possible de reconnaître exactement, par les réactions ganglionnaires de voisinage, le lieu de l'organisme par lequel le microbe infectant a pénétré. Les preuves citées par les deux partis adverses ont assurément le tort de s'appuyer sur des expériences d'ingestion ou d'inhalation artiGcielles (ingestion à la sonde, inhalation forcée ou par séjour dans une atmosphère chargée de germes tuberculeux) et ces conditions sont profondément diffé- rentes de celles qui réalisent Xinfection naturelle. En vue de mieux élucider la question, nous avons résolu de nous confor- mer strictement à ce qui se passe pour les bovidés dans une étable. Nous avons aménagé à cet effet une étable d'infection de ioom', à plafond bas, pourvue seulement de deux étroites fenêtres donnant parcimonieusement de l'air et de la lumière. Dans cette étable, cinq vaches de race flamande, adultes, porteuses de lésions tuberculeuses pulmonaires, ont été placées la tète faisant face au mur du fond. A 3m en arrière, côte à côte et le long d'une barre de bois, ont été attachées dix. génisses bretonnes âgées de dix mois, indemnes de tuberculose. La pente du sol étanche est disposée de telle sorte que l'urine émise par les vaches tuberculeuses s'écoule, après s'être souillée sur la litière de débris excrémentitiels. sous la rangée des animaux sains, projette des éclaboussures dans la mangeoire commune de ces derniers et souille leur litière. Nous avons montré précédemment (') que les déjections des bovidés tuberculeux contiennent des bacilles inoculables aux cobayes. Nous avons vérifié que les excré- ments de chacune de nos cinq vaches tuberculeuses étaient infectants pour ces ani- maux.. Toutefois, pour égaliser les chances d'infection, nous avons établi un roulement hebdomadaire des places pour nos cinq vaches contagieuses. L'élable étant ainsi disposée et peuplée, l'expérience a duré n mois, puis les dix génisses bretonnes ont été soumises à l'épreuve de la tuberculine. Aucune n'a échappé à l'infection. Pour toutes, les réactions, mentionnées plus loin, ont été carac- téristiques. Devant ce résultat, l'abatage des dix animaux fut décidé et, pour chaque animal, l'autopsie fut faite avec le plus grand soin, les prélèvements d'organes effec- tués avec des instruments bouillis. (') Annales de l'Institut Pasteur, septembre 191 1 . 36 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le Tableau ci-après résume nos observations. Le signe + indique la présence de lésions macroscopiques décelées. Lésions tuberculeuses. Ganglions Ganglions Ganglions Ganglions rétro- méscn- du broncbi- pharyn- tériques. médiastin. ques. girns. Poumons. Réaction à la tuberculine Génisses au n "- i i" mois. 85... . 2°, k 86... . .,8 87... . 3,0 88... 2,0 88... .,6 90... 3,3 91... i,4 92.. . i,5 93... .,6 94... i,3 lédiastin. qiics + + 0 0 4- 0 0 + 0 o ii 0 4- o ci 0 0 0 o o + + o o o o o o O II o o o o -f- o o -f- II II 0 o o o o o o o + o Chez la moitié de nos génisses (5 sur io), après un séjour de il mois dans l'étable infectante, on trouvait donc des lésions visibles, tandis que les cinq autres n'en présentaient aucune, bien qu'ayant réagi d'une façon certaine à la tuberculine. Pour trois de ces dernières, les nos 86, 89 et 90, 3 ganglions mésentériques, les ganglions du bile du foie, les médiastinaux, les bronchiques et les rétropbaryngiens sont prélevés, triturés en totalité et inoculés séparément sous la peau de L\ cobayes : au total 20 cobayes pour chaque animal. 45 jours après, tous les cobayes, sans exception, sont trouvés tuberculeux à divers degrés. Bien que cette expérience eût été conduite de telle sorte que l'infection naturelle n'ait pu très probablement s'être réalisée que par la voie intes- tinale, puisqu'à aucun moment les animaux indemnes n'ont été placés côte à côte avec les animaux tuberculeux, et qu'ils soient demeurés attachés à im de distance environ en arrière de ceux-ci, elle ne préjuge en rien de la porte d'entrée du virus tuberculeux. Mais elle nous apporte la preuve que, dans les conditions de la contagion naturelle, la tuberculose est d'abord une infection générale du système lymphatique, précédant d'assez loin V apparition des lésions. Il n'est pas douteux en elîet que, si nous avions différé l'abatage de quelques mois, nous aurions trouvé à l'autopsie des 5 génisses qui, bien que réagissant à la tuberculine, ne présentaient aucune lésion macroscopi- quement visible, des tubercules évoluant dans tel ou tel groupe ganglion- SÉANCE DU 6 JANVIER I 9 I 3 . 3j naire, sans que la localisation de ces lésions permit d'ailleurs de préciser la porte d'entrée de l'infection. Nous croyons démontrer par cette expérience que la loi de Conheim ou loi des réactions lymphatiques, constamment invoquée à 1 appui des faits qui lendentà attribuer à l'infection par inhalation la prépondérance dans la contagion tuberculeuse, n'a plus à intervenir lorsqu'il s'agit d'infection naturelle, telle qu'elle se réalise dans les étables tuberculeuses. Celte infection naturelle produit d'abord une maladie générale du système lymphatique, susceptible ultérieurement, mais non constamment, de se localiser, de créer des tubercules et de développer ainsi des lésions macros- copiquement visibles. Il apparaît donc que la pathogénie de la tuberculose présente manifestement l'analogie la plus étroite avec celle de la morve. Or l'origine intestinale de la morve pulmonaire n'est plus discutée. CORRESPOND ANCE . Mme Ramart-Lucas adresse des remercîments pour la distinction que l'Académie a accordée à ses travaux. ASTRONOMIE. — Distribution des étoiles doubles spectroscopiques sur la sphère céleste. Note de M. P. Strooraxt, présentée par M. Deslandres. E. Zinner a montré récemment (') que les étoiles variables du type d'Algol présentaient une forte condensation vers la Voie lactée : 74 de ces étoiles se trouvent dans la zone galactique comprise entre + 3o° et — 3o° de latitude et 16 seulement dans les deux calottes polaires. Cette conden- sation est plus du double de celle qu'offre, d'après Seeliger, l'ensemble des étoiles de la Durchniustetung. Les variables du type d'Algol ayant une grande analogie avec les étoiles doubles spectroscopiques, nous nous sommes proposé de rechercher si ces dernières présentaient une distribution analogue; ce point n'a pas été abordé par Schlesinger et Baker, LudendorlY et Campbell dans leurs études d'ensemble relatives à ces étoiles. (') Astronomische Nachrichten, n° 4538. 38 ACADÉMIE DES SCIENCES. En nous basant sur le Second Catalogué of spectroscopic binary Stars, publié en 19 10 par Campbell et renfermant 3oG étoiles de cette espèce, nous avons obtenu les résultats suivants, en divisant la spbère par des parallèles situés à io°, 3o°, 5o° et 700 du grand cercle galactique : Étoiles doubles spectroscopiques. Étoiles visibles il l'œil nu Zone. Nombre. Densité Densité. o ■I-90 à 0 + 70 4 0 , 32 0 11,0 + 70 à -+- 30 24 0,67 12,2 + 5o à -t- 3o 26 0,47 12,4 + 3o à -t- 10 56 0,83 l4,5 + 10 à — 10 82 i,.4 16,0 — 10 à — 3o 79 1,17 i5,4 — 3o à — 5o 24 o,44 '2,9 — 5o à -70 8 0,22 '2,4 — 70 à — 90 0 0 0,24 12,3 Les deux, dernières colonnes donnent par ioo° carrés le nombre d'étoiles doubles spectroscopiques et le nombre d'étoiles visibles à l'œil nu, d'après Houzeau; nous avons choisi ce terme de comparaison parce que les étoiles doubles spectroscopiques, sauf quelques variables, sont toutes comprises dans les six premières grandeurs. La condensation des étoiles doubles spectroscopiques vers la Voie lactée devient très apparente si l'on compare le nombre de ces astres situés dans les aires égales fournies d'une part par la zone galactique comprise entre 4- 3o° et — 3o° et, d'autre part, par la somme des deux calottes polaires; la première en renferme 217 et les dernières un total de 89 seulement. Poul- ies étoiles visibles à l'œil nu, ces nombres sont respectivement 3i54 et 2565 ('). La cause de cette forte condensation peut être cherchée, soit dans l'orien- tation des plans des orbites des étoiles doubles spectroscopiques, soit dans la nature même de ces étoiles. On conçoit que si les plans des orbites avaient une tendance à s'orienter parallèlement au plan galactique, la variation de vitesse radiale serait plus grande pour les couples situés dans le voisinage de la Voie lactée et, toutes choses égales d'ailleurs, l'oscillation des raies spectrales serait plus appa- rente. Les recherches tentées dans cette voie nous ont montré que la latitude galactique n'est pas en relation avec l'amplitude de la vitesse (') Houzeau, Uranométrie gén'érale, p. 5i. SÉANCE DU 6 JANVIER I9l3. 3$ radiale, pas plus d'ailleurs qu'avec les autres éléments de l'orbite : durée de révolution, projection du demi-grand axe de l'orbite sur la direction du rayon visuel, etc. Signalons aussi, en passant, qu'il eu est de même des doubles spectroscopiques où l'on peut reconnaître l'existence de deux speclres : elles ne semblent pas présenter de distribution particulière rela- tivement à la Voie lactée. Si l'on groupe les 3o6 étoiles doubles spectroscopiques de Campbell, suivant leur type spectral, d'après la classification de Harvard, on trouve : 5 étoiles du lype 0 08 )) 1! 73 » A 41 » r 38 )) (. 38 )) k 3 » M On est frappé du grand nombre d'étoiles du type B, il yen a 35 pour ioo, tandis que pour l'ensemble des étoiles il n'y a que i j pour ioo d'étoiles à hélium. Or, ce sont presque exclusivement ces dernières qui produisent, pour les étoiles visibles à l'œil nu, la condensation constatée vers la Voie lactée. D'après Pickering, sur 686 étoiles à hélium, 93 pour 100 se trouvent dans la zone galactique. Les étoiles des types I « et H a de Vogel (ou A, F, G, K de Harvard) sont, au contraire, répandues à peu près uniformément sur la spbère céleste (Mac Clean, Hagstrôm, etc.). Celles du type Illa (ou M de Harvard) présentent une certaine condensation vers la Voie lactée. Si l'on tient compte de ces facteurs on trouve qu'il y aurait 200 doubles spec- troscopiques dans la zone galactique et 106 clans les deux calottes polaires, nombres peu différents de ceux trouvés plus haut (217 et 89). Ajoutons que les cinq étoiles du lype O et les trois étoiles du type M se trouvent toutes dans la zone galactique. Les étoiles des autres types : A, F, G, K, ne présentent donc qu'une très faible condensation vers la \^ oie lactée et n'a rien d'anormal. En résumé, les étoiles doubles spectroscopiques sont relativement beau- coup plus nombreuses dans la zone galactique que l'ensemble des étoiles de même éclat, et cette agglomération a pour cause la forte proportion d'étoiles à hélium parmi ces binaires. l\0 ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Une propriété générale des lignes tracées sur une sur/ace. Noie de M. A. Demoui.ix. 1 . Envisageons une courbe quelconque (T) tracée sur une surface (S) et marquons, sur cette courbe, un point quelconque M. Soient C le centre de courbure de la section normale de (S), tangente à (F), et MP la normale de (T) tangente à la surface. Si l'on connaît le plan oscillateur co de (T) en M, il résulte du tbéorème de Meusnier que l'axe a du cercle osculaleur de (T) en M est la perpendi- culaire à w, issue de C. Cette droite coupe MP au centre de courbure géodésique G de (T). Nous nous proposons d'établir que la connaissance du plan co entraine aussi celle de la tangente en C à la ligne décrite par ce point lorsque M se déplace sur (T). Le point C appartenant à la droite a, la tangente à la trajectoire de ce point est située dans le plan normal de (T), elle coupe dès lors la droite MP en un point que nous désignerons par A. Soit (£) la spbère dont le centre est C et qui passe par le point M. Cette spbère coupe la surface (S) suivant une ligne admettant le point M comme point double; une des branches de cette courbe est tangente en M à (T); nous désignerons par G^ son centre de courbure géodésique en M. Cela posé, les quatre points M, A, G, Gs, qui appartiennent à la droite MP, satisfont à la relation (F) (A,M,GS,G)^|. Par suite, la tangente CA à la trajectoire du point C ne dépend que du plan oscillateur de la courbe (T). 2. Pour pouvoir appliquer la formule (F) à la détermination du point A ( ' ), il faut connaître le point Gs. La formule (F) elle-même va nous permettre de le déterminer. Envisageons la ligne géodésique (T„), tangente à (F) au point M. Pour cette courbe, le point G est rejeté à l'infini et le point A occupe une position que nous désignerons par A0. L'appli- cation de la formule (F) donne MG^SMAo. (') Faisons observer que le point A esl le cenlre de la sphère qui coupe orllio- gooalement la sphère (1) suivant sa caractéristique. SÉANCE DU 6 JANVIER IC)l3. 4' Tout revient à déterminer A0. Or la droite CA0 est perpendiculaire à la droite qui joint le point C au milieu du segment rectiligne dont les extrémités sont le point M et le centre de la sphère osculatrice de (T0) en M. On peut encore déterminer le point G, comme il suit. Soient R,, R2 les rayons de courbure principaux de la surface (S) en M et *,., s., les axes des lignes de courbure correspondantes. Désignons par 0 l'angle que (T ) fait avec la ligne de courbure relative à R(. Le segment MG„ mesuré sur la demi-droite qui fait avec celte ligne un angle égal à Û + f . a pour expres- sion 3(îf -if)sin0cos5 MG,= — r-Ai±J *il . ; . —. — - cos3 0 -t- 3 — ; — ' cos2^ si m 0 -+- 3 — — - cos9 sin29 H 2 bin'0 os, os2 as, as2 Au second membre, le numérateur est le triple de la torsion géodé- sique de (T) et le dénominateur est la dérivée de la courbure de la section normale tangente à (T) par rapport à l'arc de cette courbe. Il est aisé de rattacher cette formule à la première détermination du point G,. 3. Supposons que (T) soit telle que le rayon de courbure de la section normale qui lui est tangente ait une valeur constante. Le segment MC étant constant et orthogonal à la surface, la trajectoire du point G est orthogonale à MC et le point A est rejeté à l'infini. La formule (F) donne dès lors MG = 1 MG(. Si, en particulier, (T) est une asymptotique, la formule précédente se réduit à la relation bien connue, due à Bellrami, entre le rayon de courbure d'une asymptotique et celui de la section faite dans la surface par son plan osculateur. La formule (F) peut donc être considérée comme une généralisation du théorème de Beltrami; nous y avons été conduit par l'emploi d'une figure de référence mobile formée de cinq sphères deux à deux orthogonales, méthodes que nous avons exposée et appliquée dans plusieurs ÏVotes insérées dans les Comptes rendus en 1905, 1909 et 1910. G. R., 1913, i« Semestre. (T. 150, N° 1.) 6 42 ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces irrègulières dont les genres satisfont à l'inégalité ps^i(jpa-\- 2). Note de M. A. Rosenblatt, présentée par M. Emile Picard. Dans deux travaux publiés récemment ('), j'ai poursuivi l'étude de cer- taines inégalités que j'avais eu l'honneur de communiquer à l'Académie. J'ai établi, notamment, l'inégalité toujours valable (0 Péf=^Pa >'l O M. Castelnuovo m'a fait remarquer que les inégalités qui permettent d'établir ce résultat peuvent aussi bien servir à limiter le genre it des courbes du faisceau irrationnel situé sur la surface, ainsi que le genre u' de ce faisceau. On trouve, en effet, l'inégalité (2) (7r_3)(7T'_3)<_5(/,n„_-2/,„) + ,2. D'autre part, le genre it' du faisceau satisfait à l'inégalité (3) ,, -,PK—iPa Il en résulte que les surfaces dont les genres satisfont à l'inégalité possèdent un faisceau de genre =pg — pa — 2 >/J«+ 2 de courbes de genre 2. Si le genre de ce faisceau pouvait être inférieur à pg— pa, la surface pos- séderait, d'après les théorèmes généraux de M. Severi, ccpg~pa systèmes linéaires paracanoniques, découpant des groupes de deux points sur les courbes du faisceau, systèmes qui seraient alors réductibles, composés d'une courbe isolée et de courbes du faisceau. Comme la dimension effective de ces systèmes est, d'après M. Severi, au moins égale à pu, les courbes paracanoniques sont composées d'au moins •xpa courbes du faisceau et d'une courbe isolée de genre au moins égal (') Sur certaines classes de surfaces algébriques irrégulières et sur les transfor- mations birationnelles de ces surfaces en elles-mêmes (Bulletin de l'Académie des Sciences de Cracovie, juillet 1912) et Sur les sur/aces algébriques irrégulières de genre linéaire /;(1) > i (Prace matemalyczno-jizvcz/ie, Varsovie, t. XX111, 1912). SÉANCE DU 6 JANVIER IQl3. 43 à 2it' — i. En calculant leur genre virtuel, on parvient à un nombre plus grand que p^K Nous pouvons donc énoncer le résultat : Les surfaces dont les genres satisfont à l'inégalité (3) possèdent un faisceau de genre p„ — pa de courbes de genre' i. Soit alors />„= 2/j„-i- 4- On prouve, par des considérations semblables aux précédentes, cjue si le genre du faisceau est moindre que pg — pa et si les courbes du faisceau sont hyperelliptiques de genre 2, la surface pos- sède un autre faisceau de genre 2 (le genre du premier faisceau étant pg — pa— -) de courbes unisécantes par rapport aux courbes du premier faisceau. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Solution directe de l'équation séculaire et de quelques problèmes analogues transcendants. Note de M. Ch. Muntz, présentée par M. Emile Picard. I. Etant donnée une forme réelle quadratique 1...B 1...B il s'agit de trouver la transformation orthogonale ramenant cette forme à ses axes principaux. On a à résoudre le système linéaire 1 ..n d'où l'équation, dite séculaire, pour les carrés réels X des axes principaux. Les rapports des oc,- obtenus du système (i) pour A = ~kp, déterminent les cosinus directeurs de l'axe principal correspondant. Menons par l'origine une droite fixe /(", définie par -. • y. • ■ „ /( I ) . « I ) . . /( I ) . •*!.■*> •*■ Il — ' i . » 2 '„ , l'espace diamétral conjugué de cette droite aura pour perpendiculaire à 44 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'origine la droite /(2>, définie par 1 ... n 1 . . . n 1 ... n ^1:a:s:...:a;t=^»:^»:...:4«'=2a«*/y,:2a!*Z*,:"-:2a"*/t*,>!' JE * A les Z^2' n'étant pas tous nuls. En opérant sur /(2) comme sur /(,), on obtient une suite des directions /tu in) im /('■) i[»fi] attachées aux substitutions 1...H (2) VM>=2««Ç'. X a. Ces directions convergeront en général vers l'axe principal le plus petit en valeur absolue. — b. Si la direction choisie est perpendiculaire à quelques axes principaux, il y aura convergence vers l'axe le plus petit en valeur absolue des axes principaux restés. — c. La convergence devient oscillatoire; si deux valeurs des carrés A les plus petits en valeur absolue des axes en question sont égales et à signes contraires; on obtiendra deux directions, dont les bissectrices donnent les axes principaux correspondants. — d. Dans le cas d'indétermination, on obtient une des solutions possibles. 2. Bornons-nous, pour plus de simplicité, au cas où tous les X sont posi- tifs, ce qui ne diminue pas la généralité du problème; on évite ainsi les complications analogues à l'énoncé du théorème c. Au lieu d'une seule droite /(l), partons de p.(^«) directions linéairement indépendantes. Les mêmes procédés donnent une suite d'espaces à p. dimen- sions, convergeant vers une position principale, qui contient p. axes prin- cipaux, en général les plus petits. En se servant des coordonnées à ui dimensions, généralisations des coordonnées linéaires de Pliicker, on obtiendra ainsi la solution directe des équations séculaires, adjointes à la donnée, et dont les racines sont les produits à p. des racines de l'équation primitive. On voit ainsi qu'il y aura maintes méthodes pour trouver tous les axes cherchés. Nous en donnons deux des plus simples. e. Qu'on parte de n directions consécutives /(v+1), /(v+2), ..., /(v+n), obtenues d'une seule droite /(,); en orthogonalisant et en normant, d'après les notations connues de M. Schmidt, les déterminants ||/^+/''|j, on obtiendra, pour v croissant indéfiniment, convergence vers les directions des axes principaux-, en général toutes les n. • SÉANCE DU 6 JANVIER lO,l3. 45 /. Qu'on prenne pour point de départ les n axes des coordonnées. On aura à orthogonaliser et à normer les déterminants pour v croissant indéfiniment. On obtient ainsi toujours tous les axes prin- cipaux. 3. Si la forme donnée F est régulière, on peut regarder les substitutions inverses à (2); on est conduit à des résultats tout à fait analogues aux données pour les axes les plus grands. On pourra aussi résoudre par les mêmes méthodes l'équation séculaire généralisée A si les racines ~k sont toutes réelles, ce qui se fait, par exemple, si la forme I n Ç = 2 bik xtxk l,k est définie. On aura seulement à remplacer les perpendiculaires par des droites polaires relativement à la forme (j, les perpendiculaires n'étant que 1, .... n des polaires relatives à la forme C = \1 x*. On pourra étendre les mêmes résultats aux formes d'Hermite et aux formes quadratiques totalement continues d'un nombre infini des variables. Mais les analogies les plus intéressantes se présenteront pour les équations intégrales. 4. Soit K(s, t) un noyau réel symétrique continu, et l{,)(t) une fonction bornée intégrable pour a'Ss^b, a^fSb. Nous supposons seulement f K(s, t) lM(t)dt?éo. J a Formons la suite des fonctions /(v), /'?+n, ... par l'itération f(v+l)(5)_ C K(5, t)lM(t)dt, J „ et normons ces fonctions. On aura des théorèmes tout à fait analogues à a . . . d du n° 1, relatifs à la solution de l'équation intégrale. 46 ACADÉMIE DES SCIENCES. Supposons, pour plus de simplicité, tous les A positifs » ■•• par les itérations •'a et ces suites orthogonalisées et normées convergeront vers la suite En général, les fonctions çp seront alors ordonnées naturellement, selon les valeurs grandissantes des (X) correspondants. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — La convergence sur son cercle de convergence d'une série de puissance effectuant une représentation conforme du cercle sur le plan simple. Note de M. Lêopold Fejër, présentée par M. Emile Picard. 1. Soit v = 0 une série sommable par le procédé de la moyenne arithmétique. M. Hardy a démontré que la série sommable (i) est convergente lorsque |v«v| reste inférieure à un nombre positif fixe A pour chaque valeur de SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. 4^ l'indice v. M. Landau a généralisé ce théorème, en démontrant la conver- gence de la série sommable (i) sous la condition vh,> — A pour chaque valeur de l'indice v ('). Voici un nouveau critère de convergence pour la série sommable (i) : Théorème I. — Si la série v = o est sommable par le procédé de la moyenne arithmétique, et si la série v = l est convergente, alors la série (i) est convergente (2). n Démonstration. — Soit £uv= s„. Alors v = o c _ s0 4- s, + ■ ■ ■ + s,t _ ( n + i ) u0 + nux -+- . . . + ti„ _ «1+2m! + ,,,+ «h„ o„ — ■ — ■ — sn « + i n -+- i n -+- i Il suffit donc de démontrer que la convergence de la série (2) entraîne (3) lim — —o. Soit 1 un nombre positif quelconque et p un entier positif fixe, tel n que V v |«„|2< e.2 pour chaque « plus grand que p. Alors on obtient, en (l) Voir Cil. de la Vallée-Poussin, Cours d'Analyse infinitésimale, i" édition, t. Il, 1912, p. 1D7. (-) La condition (2) elle-même n'entraîne pas la convergence.de la série (1). Pré- non*, en eft'et, «v= -: Alors — v|«v|2= 7 — - est convergente, tandis que vlogv ' ' -^Jv(logv)"2 ^ Zmv = N — j est divergente. En prenant | «v| = — pour v = n*, et wv = o pour les autres valeurs de l'indice v, la série 2v|«v|2 devient convergente, mais la condition de M. Hardy, ou celle de M. Landau, n'est pas remplie. 48 ACADÉMIE DES SCIENCES, appliquant l'inégalité de M. Schwarz, 2 «Kl- 2 v^iovi^/f 2 v) 2 v>" V = /H-l v=p + \ "1 \ -, /« ( « -+- I ) , Donc » /> n n 2vi«vi 2vi""' 2vi"vi 2vi"" v = 1 v — 1 v=;i-4-i - v = 1 « /i n n et, par suite, s, ^ V I "v I Ï2Î <2£ si n est suffisamment grand. 2. Je veux donner une application du théorème I. Soit (4) /(3) = lp = tf + H— 2«v;'' v = o une série de puissance quelconque de la variable complexe z = x -+-yi, convergente pour | z ] < i . Alors on a la relation connue (5, //l/Wf,W,=//[(*)'+(|)'jt« = ,V,klv., (tr) (C,.| v = l où oSr<^i, et l'intégration est étendue au domaine (C,.) du cercle de rayon r, ayant son centre dans l'origine. Considérons le cas intéressant où f(z) est continue pour |3| fm nulles pour/, — f.,= ... —fn = o ; les fonctions inconnues /",, f2, .-.',/„ doivent être holomorphes pour x, , x2, ..., xn assez petits, et nulles pour (') Si cette supposition sur la représentation conforme n'est pas remplie, la série ^«vsv pourra être divergente pour des points partout denses sur le cercle |a|= i; voir l'exemple de mon travail dans les Miïnchner Sitsungsbericlite, 1910. C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N" 1.) 7 30 ACADEMIE DES SCIENCES. .r, = x.2 = ... — a?B = o (' ). Dans le cas particulier où la transformation (.r,, Xi, ..., xn ; R,, R2, ..., R„), que nous désignerons par C, est Irration- nelle, les coefficients at étant tous supérieurs à un en valeur absolue, on a un moyen de reconnaître si les équations (2) /,-(.r,, j%, ...,.»•„):= A,- (t'=l, 2, ..., «), en .r,, .r2, ..., .*■„, sont compatibles : en désignant par \iQrp ce que devient A ,- quand on applique à A,, A2, ..., A„ la substitution C-', il faut et il suffit pour cela que A, C~p, A,C-'', ..., A„C "p tendent vers zéro quand/) augmente indéfiniment (2). 1. Je nie propose de faire voir qu'il y a une infinité de points A,, A,, ..., A„ ne remplissant pas cette condition. J'étudierai ensuite comment se comportent, au voisinage d'un de ces points, les fonctions ./-, , .r2, . .. , .r„ de A,, A2, ...,• A„ définies par (2). Si A,, A2, ..., A„ est tel que le point A,C_/', A-jC-', ..., A„C~~/' soit indéterminé, nous le considérerons comme faisant partie d'une courbe analytique (algébrique dans ce qui suivra), pour tous les points de laquelle cette indétermination n'existe pas; nous transformerons cette courbe par (\~p et A,^7', A2Cr/J, ..., A„C"_/J seront les limites des transformées des coordonnées des points voisins. Les points A,, A2, ..., A„ peuvent être à l'infini; ,rn x2, ..., xn sont toujours finis, sans cela le moyen précédent serait mauvais. On reconnaît aisément qu'en dehors de certaines courbes algébriques exceptionnelles, toute courbe algébrique a pour transformées par les puis- sances de G-1 des courbes algébriques déterminées, et non des points ou des courbes indéterminées sur des variétés algébriques à au moins deux paramètres. Soit T une de ces courbes non exceptionnelles. Soit p le rayon d'une sphère S de centre l'origine, dans l'espace à xn dimensions, telle que le transformé par C-1 de tout point intérieur à cette sphère soit intérieur à cette sphère. Soit 1 une variété algébrique à n — 1 paramètres complexes tout entière extérieure à S. ( ') Ces équations fonctionnelles ont été étudiées d'abord par M. Poincaré, dans le cas où tous les le degré de P0(x) et de P„(.r); supposons les degrés des autres coefficients < p. Soit C, le >2 ACADÉMIE DES SCIENCES. coefficient de xp dans P,(;r). Formons l'équation caractéristique 2C{£'=0 (t = o, I, 2. . . .. Il) et désignons par a,, «2, ..., a„ les racines de cette équation. On peut trouver un système fondamental de solutions de l'équation (i) qui se repré- sentent sous la forme (2) u(x) — I tx-*v(t)dt, où c(/) est une solution d'une équation différentielle linéaire d'ordre p. Cette équation admet pour points singuliers les points o, 00, a,, a2, . . ., an. Supposons, pour abréger, que ce sont des points singuliers réguliers. Pre- nons, pour ligne d'intégration, un lacet partant de l'origine et y revenant après avoir entouré le points,; soitt'(/) une des solutions non holomorphes au voisinage de as de l'équation différentielle. Dans une Note précédente (') j'ai étudié une classe d'équations qui rentrent comme cas particulier dans l'équation (1) et j'ai formé des déve- loppements en séries de facultés pour les solutions de ces équations. Si, dans le cas actuel, on forme des séries de facultés de la même manière, c'est-à-dire en intégrant terme par terme dans (2), on obtient des dévelop- pements divergents qui satisfont formellement à l'équation (1) et repré- sentent asyinptotiquement les solutions. Pour obtenir des développements convergents il faut appliquer à l'intégrale (2) une certaine transformation qui joue un rôle capital dans les recherches de M. Mittag-Leffler {-) sur l'intégrale de Laplace-Abel. Soit w un nombre positif qu'il faut choisir plus grand qu'une certaine constante; on trouve une solution de la forme (3) as{.r) = af(~j Uo(*) + o, ll(a)>»o. (') Comptes rendus, 23 décembre 1912. (2) Acta matkematica, t. XXIX. SÉANCE DU 6 JANVIER I9l3. 53 On trouve un système fondamental de solutions «, (x), u2(x), ..., un{x) de cette forme qui sont des fonctions méromorphes n'admettant d'autres points singuliers à dislance finie que les pôles a, — s (i = i, 2, . . ., p; s — o, 1,2, . . .). En prenant pour ligne d'intégration un lacet partant de l'infini et y revenant après avoir entouré un des points as, on trouve un second système fondamental de solutions m, (x), u2 (x), ..., un(x) qui se représentent par des développements analogues. Pour la singularité à l'infini, les développements (3) montrent qu'on a uniformément /• étant un entier non négatif, et £ une constante différente de zéro. Pour voir comment se comportent les solutions quand x sort de l'un ou l'autre de ces angles, il suffit de former les relations linéaires qui existent entre les us(x) et les us(x). La formation de ces relations est le point capital de notre étude. Ellesjouent dans la théorie des équations linéaires aux dif- férences finies le même rôle que jouent les groupes des équations différentielles linéaires pour ces équations. Supposons que les racines de l'équation carac- téristique aient été numérotées de sorte que o^ Arg«,l Aigrtji. . . : A.rg«„ < 2TC. Soit ay une racine dordre de multiplicité /• (at = ai+l =. . .= a] ■ = o/+r_,). A l'aide des propriétés analytiques déjà énoncées de nos solutions, on établit aisément l'existence d'un système de relations de la forme V=n V = 1 — I tij(jc) = «y(-c)+^r;,(j;)«,(r)+e!"*2 7Ç/,v(aO'M*) U= '• 2 «)» v = i v = 1 _ v' p a;:, b;:; m;;, i, TC/',v(^) — J^ \e-ir.,.c-7i,)_l "+" (e«C(Cx-â,)_,)3 +•••"*- (eS7ii(j-a,)_ 1 )"',_]' .<= 1 /«, est égal au nombre de racines de P0(j?) différant de as par un entier et non supérieures à a.s, chaque racine comptée avec son ordre de multipli- cité. A,B, .. . , M sont des constantes qui s'expriment à l'aide des résidus 54 ACADÉMIE DES SCIENCES. «y(r) aux points a.t et des multiplicateurs de l'équation aux différences. Ces relations combijiées avec les égalités (1\) et (5) montrent comment se com- portent asymplotiquement nos solutions quand x tend vers l'infini d'une manière quelconque. CINÉMATIQUE. — Construction des centres de courbure et des plans principaux de C enveloppe d'une surface solidaire d'un cylindre qui roule sans glisser sur un autre. Note de M. G. Kœnigs. 1. Antérieurement ('), j'ai résolu le problème général delà construc- tion des éléments de courbure (centres et plans principaux) delà surface P, enveloppée par une surface F, au cours d'un mouvement quelconque de celle-ci. Le problème actuel est un cas particulier du précédent. Mais la généra- lité même du premier problème et la complexité inhérente devaient faire souhaiter de savoir si, dans certains cas particuliers, des simplifications importantes ne se réalisent pas. Le cas du mouvement cylindrique offre cet intérêt spécial que c'est à son occasion qu'a été édifiée la théorie classique des profils conjugués plans et de leurs relations de courbure, et qu'il y a lieu de se demander si quelque chose de la vieille théorie classique se retrouve encore dans le problème tout nouveau, que j'ai posé et résolu, de la courbure des surfaces. Or, en effet, ce qu'il y a de saillant à retenir dans le résultat de mes recherches actuelles, c'est que, ici encore, les cylindres roulants inter- viennent uniquement par la même fonction de leurs courbures ^ =rj-, — ^> qui interviennent déjà dans l'équation d'Euler. 2. Je rappellerai d'abord, en les appropriant au cas présent, les éléments géométriques introduits dans mes travaux antérieurs. J'appelle M un point où la surface F touche son enveloppe F'; a la nor- male en ce point, qui coupe en O l'axe d de la rotation tangente; d est aussi la génératrice actuelle de contact des deux cylindres roulants. Soit encore II le plan mené par a normalement au plan (d, c/); ce plan II est le lieu des vitesses d'entraînement de tous les points de a. Il y a sur a une (') Comptes rendus. Séances des a mai et 20 novembre 1911. Voir aussi Journal 'lr Mathématiques pures vt appliquées. 6e série, l. VIII, 1912, p. io3. SÉANCE DU (y JANVIER igi3. 55 ■corrélation homographique G (correspondance homographique entre les points de a et les plans menés par a) définie par la triple condition que O et II y sont deux éléments homologues, ainsi que C, et II,, C2 et ïï2, où 11, et IL sont les plans principaux de F et C, , C2 les centres de courbure corres- pondants. On désigne par A et £2 le point central et le plan central de G. On fait choix sur a d'un sens de parcours et de même sur a, , normale en A à ii dans le plan 12 et sur at, normale en A à ce même plan. Le trièdre des axes a, «,, a, est direct. Dans le plan (a,, a2), normal en A à a, se trouve la vitesse d'entraîne- ment AV de A, tandis que l'axe o? se projette sur ce plan (a,t a.,) suivant une droite AU perpendiculaire à AV. Il en résulte que la droite AW (voir ma Note du i mai 191 1 ) qui est conjuguée harmonique de a., par rapport aux droites AU, AV, est ici la symétrique de a2 par rapport à ces deux droites. Nous désignerons par / la mesure du vecteur OA sur l'axe a, par 0 l'angle de a avec l'axe O: (dirigé suivant d) et par cp l'angle avec l'axe Ox (tangent en O aux sections droites des cylindres) de la projection de a sur le plan x Oy, normal à d en O ; enfin i sera l'angle direct dont il faut faire tourner AV autour de a pour lui faire prendre la position o,. IL Ceci posé, il résulte d'une proposition déjà établie par moi que les centres de courbure principaux C',, Cl de F' sont les homologues dans la corrélation G, des plans principaux 11',, II!, correspondants, en sorte que tout revient à trouver le dièdre droit de ces plans principaux. Or suivant une remarque déjà faite antérieurement, on peut, sans rien modifier aux courbures, substituer aux surfaces F, F' un couple de sur- faces parallèles et, entré autres, un couple F0, F'0 de surfaces faisant leur contact précisément au point A. ( les surfaces F0, F^, offrent la particularité que a.2 est pour elles une tan- gente asymplotique commune, tandis que si l'on appelle AD, AD', leurs secondes tangentes asymptotiques, ^, -u: *p si p -t- 2 a G (a) cl p — a ch a a sa partie réelle égale à G(a)pour Z = a, et sa partie imaginaire égale à i F((3) pour Z = (3 -+- z'tt. Elle est, de plus, régulière dans la bande consi- dérée du plan Z. Ce sera la fonction cherchée si la relation (i) est satis- faite sur la frontière supérieure. Mais sur celte frontière, le coefficient de i est F(P), et, d'autre part, on peut mettre la partie réelle sous la forme Transportant dans(i), on obtient la relation qui lie les deux fonctions F et G. Cette l'elation, complicpuée par rapport à F, se présente au contraire, relativement à G, comme une équation de Fredholm de première espèce de la forme (3) fJ^^^y J-~ ch !- "- 1 Mais c'est une équation singulière à laquelle ne s'appliquent pas les méthodes classiques de M. Picard. Or on peut démontrer : i° Qu'une équation intégrale de la forme (3) ne peut admettre pour G plus d'une solution ; 2° Que la solution de cette équation est (4) G(X)=7Î-[#(Xh-i«)+#(JC — *»)]. Il en résulte la marche suivante pour la résolution du problème pos-é : SÉANCE DU 6 JANVIER JO,l3. 6l On se donnera une fonction arbitraire F (X) satisfaisant toutefois à la con- dition d'inégalité A.(X) e3F(X)F/(X) pour X réel ; on calculera alors G par la formule (4), puis co(Z) au moyen de (2). Il ne restera plus ensuite que des quadratures à effectuer pour obtenir tous les éléments du mouvement correspondant. La fonction arbitraire qui subsiste ainsi dans les équations est F. Bien que les équations obtenues se présentent sous une forme assez compliquée, on peut cependant en tirer parti pour la formation d'exemples précis. Indiquons en terminant que si le problème d'Hydrodynamique à résoudre présente un caractère géométrique de périodicité, on peut simplifier nota- blement la méthode et les résultats ci-dessus, et remplacer notamment l'équation (3) par une équation de Fredholm de première espèce, non sin- gulière, à laquelle s'appliquent les théorèmes de M. Picard, et qu'on peut du reste intégrer en termes finis. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur V équilibre d'un gaz en état de dissociation binaire. Note (') de M. J. de Boissocdy. I. Soient x le degré de dissociation d'un gaz (peroxyde d'azote, vapeur d'acide acétique, d'acide formique, etc.) partiellement dissocié en deux constituants identiques, et v le volume qui en contient une molécule- gramme. Nous avons pv = (1 -+- x) RT, en admettant que sous ses deux états le gaz soit assimilable à un gaz parfait. La loi de l'action des masses donne d'autre part ** _A e(i — a?) ' A étant une fonction delà température seule; et par suite àx c àx d\. Supposons que le volume du gaz augmente de dv à température cons- tante, le travail interne correspondant à cette variation de volume est, (') Reçue dans la séance du 23 décembre 1912. 62 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'après le principe de Carnot, /Tdp \ , RT2 dx . RT2 dx dk _, dG=\-w-prv=^rMdv=^r-dïdTdv- Ce travail a aussi pour expression ds = U ^ dv, en appelant U l'énergie absorbée par la dissociation d'une molécule-gramme à la température T. Nous avons donc _U_ RT2 rfLogA = ^^ ofT, qui est l'équation générale de Van 't Hoff. Dans cette équation U peut être déterminé théoriquement (toujours dans l'hypothèse ci-dessus) d'après dU dT = 2C1 — Ca, où C, et C2 désignent les chaleurs moléculaires à volume constant du gaz simple (AzO2, C2H402, ...) et du gaz binaire (Az20\ C'H'O4, ...), celles-ci étant supposées déterminées sous un volume assez grand clans le premier cas, assez petit dans le second, pour que la composition du gaz puisse être considérée comme sensiblement invariable. Elles se réduisent 1 ,- • , , ■ , n\\ n'R , , dans ces conditions aux deux valeurs théoriques — ; — > neln représentant les nombres de degrés de liberté des molécules simple et binaire, et en particulier à la valeur 3R si l'on admet six degrés de liberté pour chaque espèce de molécules. La relation précédente devient alors ^ = 3R ou U = 3RT + y. dl *" Ceci revient à dire que l'énergie dépensée pour dissocier une molécule- gramme du gaz binaire s'emploie d'une part à séparer les N molécules, Az204 par exemple, en leurs constituants AzO2, ce qui nécessite pour chacune d'elles une dépense d'énergie constante ^> d'autre part à fournir aux N molécules nouvelles une énergie cinétique moyenne égale à3RT. Nous avons donc par intégration y Log A = 3 LogT — t^= -t- const. SÉANCE DU 6 JANVIER I0,l3. 63 OU MT'e ht M étant un coefficient constant. II. Cette dernière équation peut être obtenue directement au moyen de l'hypothèse que nous avons proposée dans une Note précédente au sujet de l'association et de la dissociation des molécules gazeuses. Nous avons admis que deux molécules de même espèce s'attirant l'une l'autre restent accolées après le choc lorsqu'elles se rencontrent avec une vitesse de trans- lation inférieure à e, £ ne dépendant que de leur nature; on peut ajouter : et lorsque leur vitesse relative de rotation est également plus petite qu'une certaine vitesse y), les rotations étant représentées par leur vecteur (les molécules ou atomes composants perdent en effet dans une molécule complexe la plus grande partie de leur énergie propre). Si les vitesses de rotation obéissent à la loi d'irrégularité de Maxwell, on voit facilement que le nombre moyen de molécules, situées en un point quelconque d'une masse gazeuse, qui satisfont à cette double condition par rapport à une molécule donnée m, est proportionnel à ^ ( chacune des conditions précédentes introduisant le facteur — V Comme ces molécules T2/ sont réparties au hasard dans le volume v, la probabilité pour que la sphère d'action de l'une d'elles comprenne à un instant quelconque le centre de m, c'est-à-dire pour qu'il y ait choc et association avec m est inversement proportionnelle à v. Si la masse gazeuse contient ix molécules simples, il se formera donc en une seconde un nombre de molécules binaires propor- tlX'i tionnel à -^r- et3 Nous avons admis d'autre part que chacune des associations ainsi formées se dissociait spontanément lorsque sa vitesse de rotation autour d'un axe perpendiculaire à la ligne des centres 00' de ses deux molécules composantes devenait supérieure à une certaine vitesse o>. Soit 0 le temps moyen au bout duquel la vitesse de rotation de la molécule binaire subit un changement brusque, par exemple le temps moyen au bout duquel elle subit un choc (si les rotations sont déterminées par les chocs); la probabilité pour que son nouveau vecteur de rotation projeté sur un plan perpendiculaire à 00' soit supérieur à o> est e û*, où Q,2 désigne le carré de la vitesse de rotation la 6/( ACADÉMIE DES SCIENCES. plus fréquente, c'est-à-dire les f du carré de la vitesse moyenne quadratique, Comme le gaz contient i —x molécules binaires et que chacune d'elles change de vitesse en moyenne ■* fois par seconde, il s'en dissociera en une seconde un nombre égal à _,(, —x)e~Q?- Ceci suppose encore que les vitesses de rotation obéissent à la loi de Maxwell, ce qui ne peut avoir lieu que si le moment d'inertie de la molécule relativement à un axe quelconque a une valeur constante. Cette condition n'est certainemement pas remplie; maison obtiendra le même résultat en substituant aux vitesses de rotation les énergies de rotation, qui peuvent être considérées dans le cas général comme également réparties dans toutes les orientations par rapport au centre. Le rapport^ est le quotient de la force vive de rotation minima qui produit la dissociation de la molécule binaire, et qui n'est autre que l'énergie -^ nécessaire pour séparer ses deux molécules, par les f de sa force vive moyenne de rotation, c'est-à-dire par f aT. Nous avons donc u2 X — X 9J ~ ~ N XI «T HT et l'équation d'équilibre peut s'écrire, en appelant k un coefficient constant, x"- k , ou F3 = fl('— *)-e k __K = tTJ« ht • p (î — x) 0 Elle se confond avec l'équation trouvée précédemment si ô est lui-même constant. Or 0 varierait proportionnellement au volume si les rotations étaient déterminées par les chocs. La vitesse de dissociation dépendrait elle aussi du volume ou de la concentration, ce qui est contraire à l'expérience. Nous sommes donc conduits à regarder la durée 0 comme caractéristique de chaque substance et la rotation moléculaire comme conséquence du rayonnement lumineux. SÉANCE DU 6 JANVIER It)l3. G5 PHYSIQUE. — La loi de Guldberg et les états correspondants. Noie de M. A. Leduc, présentée par M. Amagat. Dans une Note récente, M. Boutaric (') applique la loi statistique de Guldberg, d'après laquelle les températures d'ébullition sous la pression normale des divers licpjides seraient correspondantes. Il conduit, en outre, son calcul relatif aux densités de liquides à leur point d'ébullition normal comme si elles étaient correspondantes. L'auteur sait bien qu'il n'en est pas exactement ainsi, puisque les pressions ne sont pas correspondantes; mais il estime que cela est sans importance, les diverses lois qu'il invoque n'étant qu'approximatives. Huoi qu'il en soit, il est facile d'éviter l'erreur qui en résulte, si petite soit-elle, en amendant la loi de Guldberg-, conformément à l'idée d'états correspondants. Le nouvel énoncé devient : les températures d'ébullition sous des pressions réduites égales sont correspondantes . Pour juger de la valeur de cette loi, j'ai calculé les températures réduites d'ébullition d'un certain nombre de corps sous la pression réduite ~ (c'est- à-dire autant de centimètres de mercure qu'il y a d'atmosphères dans la température critique). Dans le Tableau ci-dessous les corps sont rangés dans l'ordre des tempé- ratures critiques croissantes. I I Azote o,54 Anhydride sulfureux ... o,6i Oxyde de carbone o,55 Chlorure d'éthyle 0,61 Oxygène o,56 Oxyde d'élhyle 0,61 Médiane o,54 Alcool mélhylique 6,G6 Elhylène o,5(> » éthylique 0,67 Anhydride carbonique . . o,63 » propylique 0,67 Oxyde azoteux o,58 Sulfure de carbone o,J8 Acide chlorhydrique .. . 0,59 Benzine o,Go Acide sulfhydrique o, 55 Eau o,G3 Chlorure de méthyle. .. . 0,09 On voit que les alcools se placent à part et n'obéissent pas à la loi de Van der Waals; mais il est difficile d'affirmer qu'il en soit de même pour l') Boltaric, t. XXV, novembre 191 ï . C R., 1910, 1" Semestre. (T. 156, N° 1.) «) 66 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'eau et. l'anhydride carbonique. Quant aux autres corps, la marche à peu T près systématique des quotients ^peut bien être due à l'insuffisance de nos connaissances relatives à T et ©. On peut admettre provisoirement comme moyenne 0,6. électricité. — Sur l'emploi de résistances de chrome métallique gra- nulaire pour le chauffage électrique. Note de M. O. Dony-Henaui.t, présentée par M. Henry Le Chatelier. La présente Note a pour but de faire connaître une méthode nouvelle de chauffage électrique permettant d'éviter l'usage dispendieux du platine dans les fours à résistance métallique et d'atteindre des températures plus élevées qu'à l'aide de ce métal précieux. Le chrome est, en effet, moins fusible que le platine et très peu altérable; tandis que ce dernier ne peut être échauffé sans danger au delà de 1600°, le chrome paraît pouvoir fournir des températures voisines de 20000, mais l'absence de malléabilité et de ductilité de ce métal, qui rend impossible l'emploi de lames ou de fils, en a fait rejeter l'emploi. Il parait cependant souhaitable qu'à côté des fours à arc engendrant plus de 3ooo°, les laboratoires possèdent des fourneaux à résistance métallique, peu coûteux, fonctionnant avec un empérage modéré et pouvant être chauffés directement à des températures inférieures ou supérieures à 20000 ; l'étude approfondie des réactions endolhermiques des fours électriques serait facilitée par ce fait. Dans ce but, nous nous sommes proposé d'utiliser, comme substances chauffantes des fours à résistance métallique, les poudres granuleuses des métaux réfrac/aires : chrome, molybdène, tungstène; les essais préliminaires que nous résumons ici ont porté sur l'emploi du chrome, aluminiothermique, concassé, pulvérisé au broyeur à boulets, débarrassé de fer par l'aimant, puis trié au tamis; nous espérons revenir bientôt sur l'emploi des autres métaux réfractaires. On sait que si l'on veut faire passer un courant appréciable à l'aide d'une force électromolrice modérée à travers une masse de grains métalliques, il faut comprimer la poudre ; celle-ci obéit à la loi d'Ohm à partir d'une pres- sion minimum dépendant de la nature et de la grosseur des grains. Mais l'emploi de la pression pour frayer au courant son chemin à travers le métal SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. Ù7 ne serait pas pratique dans le cas d'enceintes chauffantes de formes variées. On peut s'en affranchir par plusieurs moyens : a. Les expériences, aujourd'hui classiques, d'Ed. Brarïly (') sur lesquelles est fondé l'usage des cohéreu/s granulaires en télégraphie sans fil, enseignent que la con- ductivité d'amas pulvérulents peut être amorcée par l'action à distance des étincelles ou décharges électriques. b . Si l'on saupoudre d'une couverture iine de graphite Acheson un lit de chrome métallique divisé et qu'on applique aux. extrémités de la couche deux électrodes attachées à une source de 110 volts ou plus, le courant s'établit brusquement après quelques instants dans la masse métallique: l'amorçage est peut-être dû à réchauf- fement. c. En effet, si un tube de quartz, garni de limaille de chrome, interposée entre deux charbons, est inséré dans un circuit de 110-220 volts, l'ampèremètre sensible reste au zéro, mais si l'on chauffe modérément la paroi siliceuse a l'aide d'un brûleur Bunsen, un courant intense s'établit brusquement après de cours instants. Celamoi- çage thermique des radioconducteurs paraît digne d'être étudié et capable de contribuer à éclairer la théorie de la « radioconduction » dont Branlyel Lodge se sont préoccupés (-). Laissant de côté tout détail sur les particularités de nos expériences, auxquelles nous consacrerons à une autre place un exposé plus complet, nous esquissons sommairement la manière dont on peut pratiquer le chauf- fage à l'aide de poudres conductrices. i° Chau/fage d'un creuset { de quart/, par exemple). — Dans un bloc réfrac- taire de magnésie, on creuse une alvéole ayant la forme du creuset; on y place celui-ci en ménageant un espace régulier de 2-4m,n entre les deux parois, puis on comble le vide à l'aide d'un filet de chrome pulvérulent. On dépose finalement à la surface de celui-ci un anneau de graphite et l'on enfonce dans le métal, aux extrémités opposées d'un diamètre du creuset, deux balais de char- bon. Ln creuset de ioocm' peu* être chauffe ainsi très efficacement avec t5 ampères, jusqu'au point de ramollissement du verre de quartz. La tension aux bornes du courant est de 8-10 volts, mais la conduction ne s'établit pas sil on ne dispose pas d'un excès de tension; jusqu'ici nous avons opéré sous 1 10 volts; nous n'avons pas encore déterminé le supplément minimum de tension nécessaire. •î° Fours à tubes. — On verse, entre un manchon réfractaire pourvu d'une cavité cvlindrique et un tube de quartz opalin ou encore entre deux tubes de quartz concen- triques de diamètres différents, le tube externe étant à son tour placé dans un bloc (') Ed. Branly. Les radioconducteurs {Congres international de Physique, t. Il, 1900, p. 236; Comptes rendus, t. 111, 1890, p. 780 ; Lumière électrique, it> mai (891).- (-) Branly, Mémoire cité du Congrès, 1900, p. >oO. 68 ACADÉMIE DES SCIENCES. calorifuge, une couche de grenaille de chrome qu'on emprisonne entre deux anneaux de charbon servant d'électrodes. Un four de 5ocm de long et d'un diamètre utile de 2S11"" a été ainsi chauffé au blanc avec une force électromolrice de i5 à 5o volts aux bornes du tube. 3° On peut aussi construire un four tabulaire à espace annulaire en plaçant dans l'axe du tube ou d'une cavité cylindrique un tube de quartz assez étroit rempli de grenaille de chrome insérée entre charbons ; les perles calorifiques sont encore plus faibles, la chaleur centrale étant transmise à peu près intégralement à l'espace périphérique. Le tube chauffant est soutenu par deux bouchons réfractaires ; cette disposition parait convenir pour l'étude des réactions au sein des gaz. Nous nous en sommes tenu jusqu'ici aux enceintes de quartz opalin qui perdent leur rigidité au voisinage de i7oo°et nous proposons d'étudier l'emploi iValundum et d'autres enveloppes moins fusibles, magnésie, chaux, etc. Il parait, en effet, possible, en appliquant à des parois infusibles le chauffage par métaux réfractaires divisés (molybdène, point de fusion >• 25oo°, tungstène 29000) de réaliser un chauffage économique intensif jusqu'à des températures très élevées. La nature métallique des résistances permettant d'atteindre ces températures élevées, avec un voltage modéré, le principe que nous signalons ici semble à première vue plus avantageux que celui des fours à cryptol dont la masse granuleuse est plus altérable. PHYSICO-CHIMIE. — Sur les débuts de la photolyse de l'alcool éthylique, de l'aldéhyde éthylique et de i acide acétique. Note de MM. Daniel Iîerthei.ot et Henry Gaudechon, présentée par M. E. Jungfleisch. Les grands groupements fonctionnels oxygénés (alcool, aldéhyde, acide) sont tous trois attaqués par les rayons ultraviolets avec dégagements gazeux caractéristiques, comme nous l'avons montré il y a plus de deux ans, mais, parmi eux, le groupement aldéhyde qui forme la transition entre les deux autres est non seulement le plus sensible à la lumière, mais encore celui qui donne lieu aux réactions les plus variées. C'est ainsi que nous avons observé sur l'aldéhyde éthylique : i° décomposition gazeuse en oxyde de carbone et méthane ; 20 polymérisation et consécutivement dégagement gazeux de carbures condensés tels que l'éthane ; 3° formation de produits résineux insolubles dans l'eau ; 4° acidilication par combus- tion interne et transformation de l'aldéhyde en acide acétique pur. La première réaction se produit dans l'ultraviolet initial A >■ 0^,3; les trois autres exigent l'ultraviolet moyen et extrême. SÉANCE DU 6 JANVIER I()l3. 69 Nos expériences ont été faites comme d'habitude à l'abri de l'air, en tubes de verre ou de quartz, sur des cuves à mercure. Ultraviolet initial et moyen. — A iomm d'une lampe à mercure, derrière une lamelle de verre mince arrêtant les radiations à o^aj, V alcool éthylique n'a subi en 38 heures d'exposition aucune modification apparente; le produit n'est devenu ni réducteur ni acide ; il n'y a pas eu le moindre dégagement gazeux ; Vacide acétique, en 7 heures, n'a donné non plus ni dégagement gazeux, ni codification sensible. Mêmes résultats négatifs sur les deux corps précédents après 8 heures d'exposition à iomm de la lampe dans des tubes à essais en verre uviol, qui laisse passer l'ultraviolet un peu au-dessous de 0^,25. Au contraire, X aldéhyde éthylique (bouillant à 210), placée dans un tube à essais en verre ordinaire de omi",7 d'épaisseur, qui ne laisse passer que les radiations supérieures à o^,3o, subit une décomposition gazeuse facile et rapide. On notera que l'irradiation, dans les expériences suivantes, s'exerçait sur le corps en vapeur. En 4 heures d'exposition à imm d'une lampe en régime peu poussé (Westinghouse 220 volts, au régime |de 3,5 ampères et 55 volts aux bornes), ocm',2o de liquide ont donné 1 i'm',5o de gaz (o,56 CO ; o,/»3 CH" ; 0,01 C2H6). Derrière une lamelle de/«icaqui, d'après nos mesures spectrographiques, arrêtait l'ultraviolet au-dessous de 0^,289, nous avons obtenu sensiblement la même teneur (o, 58 CO; 0,42 CH' ). Enfin, dans un tube à essais en verre m'iol, ocm',8o d'aldéhyde, à i5mm de la lampe en régime faible, ont dégagé en 25 minutes ocmJ,8i de gaz ( 0,57 CO ; o,43 CH4). Dans tous les cas, les liquides sont restés neutres. La décomposition photolytique de l'aldéhyde éthylique commence donc dans l'ultraviolet initial et se fait comme la décomposition pyrogénée (1) ÇH3.COH = CH4+CO, c'est-à-dire d'une manière analogue à celle que nous avons trouvée pour l'aldéhyde méthylique (Comptes rendus, t. 150, p. 1690) (2) H.COH = Ha-t-CO. On remarquera que dans les expériences relatées plus haut on n'a pas volumes égaux de CO et CH'1 comme l'exigerait l'équation (1), mais qu'il y a déficit de CH1 par rapport à CO et parfois apparition de C2HC. La cause doit en être cherchée dans deux actions secondaires : d'abord la con- 70 ACADÉMIE DES SCIENCES. densation de l'aldéhyde éthylique en paraldéhyde (bouillant à 124°) et autres polymères, qui, très prononcée dans l'ultraviolet moyen et extrême, commence déjà à se produire ici, bien que faiblement, surtout si l'expé- rience est prolongée, et ensuite la photolyse gazeuse de la paraldéhyde, qui diffère de celle de l'aldéhyde parce qu'en raison de sa condensation moléculaire plus élevée, elle donne, outre l'oxyde de carbone, de Téthane au lieu de méthane (cf. l'analyse donnée Comptes rendus, t. L5i, p. 479? qui se rapporte à la paraldéhyde). D'ailleurs une partie de C"HC ainsi formé peut rester dissous dans l'aldéhyde où nous avons vérifié qu'il est soluble, tandis que CH' ne s'y dissout pas. Cette interprétation est confirmée par le fait qu'en répétant l'expérience précédente dans le verre uviol, mais avec une quantité d'aldéhyde éthy- lique (o1'1"', 10) assez faible pour se vaporiser totalement et en prolongeant l'irradiation (4 heures), on recueille 3tm',2i de gaz, formé de o,58CO; o,36 CH1; 0,06 C-H°. La proportion de C2H6 est donc bien augmentée. Ultraviolet moyen et exthème. — Lampe à mercure sans écran; liquides en tubes de quart: mince : l'alcool et l'acide acétique sont décomposés. La photolyse de V alcool éthylique consiste fondamentalement en dégage- ment de gaz hydrogène et formation d'aldéhyde éthylique, comme nous l'avons déjà indiqué {Comptes rendus, t. 153, p. 383). Les gaz accessoires CO et C- H6 qui apparaissent à petite dose proviennent de la décomposi- tion d'une partie de l'aldéhyde qui s'est formée et presque aussitôt polymé- risée; leur proportion augmente quand la longueur d'onde diminue. On se rapproche du stade théorique initial avec une lampe peu poussée : lampe Westinghouse de 220 volts au régime de 3,5 ampères sous 56 volts; tube à 3om"' de distance; t = 5o". icmS d'alcool dégage 92 pour 100 d'hydro- gène, et seulement 8 pour 100 d'oxyde de carbone; dans cette expérience les faibles doses de carbures d'hydrogène formés sont restées dissoutes dans l'excès d'alcool. Avec une lampe Heraeus de 110 volts, en régime normal et ocm',2o d'alcool, l'hydrogène descend à 80 pour 100 ; CO monte à i3 pour 100, et C2II6 à 7 pour 100; en régime poussé, H'- descend à G5 pour 100, CO s'élève à 20 pour 100 et C-II" à i5 pour 100. L'acide acétique soumis à l'action d'une lampe Heraeus de 1 10 volts en régime normal (2,2 ampères et 70 volts aux bornes) se décompose éga- lement. A 8m'u de distance, en 5 heures, ocm',2o donnent 2 ml, 70 de gaz (o,44 CO2; o, 17CO ; 0,39 de gaz combustibles). Celte teneur est voisine de celle trouvée antérieurement (Comptes rendus, t. 151, p. '178). SÉANCE DU 6 JANVIER ICjl3. 71 Dans les mêmes conditions d'irradiation, o'm',20 A aldéhyde élhylique ont donné en 3 heures, à 1 5mm, 6om',36 de gaz ( o, 55 CO ; o, 42 CH l ; o, o3 C2H6). Influence de Veau. -- En général la photolyse des solutions aqueuses donne les mêmes produits que celle des corps purs; mais parfois, comme pour l'acétone, il se superpose à la réaction essentielle une réaction d'hydra- tation différente. Tel ne paraît pas être le cas ici. Des solutions formées de 4e"'' d'eau et icm> du liquide organique ont été exposées 4 heures à 2o""n d'une lampe Heraeus 1 10 volts (2,4 ampères et 62 volts aux hornes). Y? alcool élhylique a dégagé ocm',4o de gaz (o,85H- ; o,i3CO; o,o2CO-). La réaction est ralentie, mais ne diffère pas essentiel- lement de celle qui a lieu avec le corps pur ; l'eau favorise seulement l'aci- dification. L'aldéhyde élhylique a dégagé 2cm', g5 de gaz (o, 5a.C< > ; o, 46CH ' ; o,02C02); même remarque générale que pour l'alcool; ici l'eau parait favoriser l'acidification et gêner la polymérisation. L'acide acétique a dégagé 2craJ,70 de gaz formé d'environ 4o pour 100 de C()2 et Go pour 100 de gaz combustibles : teneur voisine de celle trouvée pour le corps pur. En somme des trois corps étudiés, alcool éthylique, aldéhyde et acide, l'aldéhyde est le seul qui soit déjà attaqué par la lumière solaire (a > of-,3); l'alcool et l'acide exigent des radiations de plus courte longueur d'onde, Cette constatation est intéressante pour la physiologie végétale : d'une façon générale, les monoalcools et les monoacides végétaux représentent des formes chimiques relativement inertes vis-à-vis des radiations solaires ; les aldéhydes, au contraire, en raison de leurs faciles métamorphoses, sont appelées à jouer un rôle plus actif pour l'élaboration des principes végétaux dans les parties des plantes, telles que les feuilles, exposées à la lumière. CHIMIE MINÉRALE. — Sur la basicité des tungsto-acides. Note (') de M. H. Copaux, présentée par M. Haller. Un corps tel que l'acide phosphotungstique n'est, malgré sa compli- cation apparente, qu'une forme de l'acide pbosphorique, où l'oxygène est remplacé par des radicaux tungstiques; c'est ce qui me permet de désigner tous les corps analogues sous le terme abrégé de tungsto- et de molybdo- acides. (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. 72 ACADEMIE DES SCIENCES. La basicité de ces corps est une question controversée, dont la difficulté sera comprise sur un exemple. Soit l'acide silicotungstique. Quand il se combine aux bases fortes, il donne des sels généralement solubles et bien cristallisés, à 4'"°' de base; mais, par exception, il forme avec certains oxydes, et spécialement avec l'oxyde mercureux, des silicotungstates insolubles, octobasiques. Est-il tétra ou octobasique? .l'ai traité incidemment cette question dans un récent Mémoire et, 2500 2000 MT ""•""BÏ SM^^ - ^ 1500 a _| 1250 c 1000 -91 TS -<^V ST f -<— -fT { "S 3 250 r ' Cl H 0 200 100 600 800 1000 1200 1U0O 1600 1800 2000 2200 2100 2600 2800 300C Concentration v en titres Acide : ST. Silicolungslique.. [Si (Tu=0,)G] H'H'h- 29 11-0 HT. Borotungstique [B (Tu^O1)0] H5 H* -H 29 H2 O MT. MeUalungslique [ H-( Ïu-O')6] H6 11'+ 22 1PO l'T. Phospholungstiquc [ P (IV O1)6] H3H«+27 H'O TS. Tungstosiliciquc [Si (Tu20:)6] H'H' 1- 20 MO SU. Silicomulybdique [Si (Mo'O1)6] H«H'+ 29 H!0 l'M. Phosphomolybdique [P (Mo'O1)6] H* H1 +27 11=0 d'après la neutralisation en présence des indicateurs colorés, j'ai conclu à la tétrabasicité ('). Plus généralement, la vraie basicité des tungsto- ou des molybdo-acides est, à mon avis, celle qui correspond à leurs sels solubles, à ceux qu'on obtient, par exemple, après saturation par un carbonate alcalino-terreux. (') H. Copaux, Ann. de Chim. et de P/iys., 8" série, t. XXV, 1913, p. 22. SÉANCE DU (5 JANVIER igi3. 7 3 — A l'appui de mon opinion, j'apporte un nouvel argument, fondé sur les conductibilités moléculaires des solutions aqueuses diversement concen- trées. La méthode de mesure étant connue, je ne donnerai aucun détail opéra- toire; j'insisterai seulement sur l'utilité de fixer très exactement le titre des solutions diluées, sous peine de commettre d'assez fortes erreurs. Mes mesures sont rapportées aux formules inscrites sous la figure, et je choisis entre elles celles qui correspondent aux grandes dilutions, les plus importantes, puisqu'elles déterminent la conductibilité limite et la basicité : c : nombre de litres de solution pour i,uo1, (u. : conductibilité moléculaire, Température : 200. ST. BT. MT. 1T. I2IO 2^24 l453 2349 .4.0 1.569 1 3 1 7 i948 i6i3 l572 i582 1985 1820 i578 i848 1985 24S0 160 4 2634 2002 5960 i63o )) » 1694 2360 î420 24o5 S. M. I3 M. i3i 1 IÔOÔ 1186 1060 1209 l-ïÂ9 1373 I 59 I i58o 1 565 1612 l552 i836 l593 a35o 1612 2000 1618 2623 i5g3 3igo ■ 63:5 25oo i635 T> » » » 3ooo 1 638 » » » » 6000 169a Des mesures précédentes et de la forme des courbes, résultent les consé- quences suivantes-: 1. L'acide silicotungstique est un acide fort, qui atteint rapidement une conductibilité limite, égale à 4 f°'s ce"e de l'acide chlorhydrique. Même sous une forte dilution, c'est un acide tétrabasique, pratiquement insensible à l'hydrolyse. Son isomère, probablement stéréochimique, l'acide tungstosilicique, et son isomorphe, l'acide silicomolybdique, se comportent sensiblement de la même manière. C. It., 1913. 1" Semestre. (T. 156, N« 1.) IO 74 ACADÉMIE DES SCIENCES. 2. L'acide borotungstique a une conductibilité égale à 5 fois celle de l'acide chlorhydrique. Donc, il est pentabasique, comme on l'observe dans ses sels de sodium, de baryum, de cadmium, et non pas 9 fois basique, comme on pourrait le déduire de la composition de son sel mercureux. 3. De même, l'acide métatungstique est hexabasique, mais sa courbe, plus arrondie, montre qu'il est plus faible que les précédents et déjà sen- sible à l'hydrolyse, aux grandes dilutions. 4. Quant à l'acide phosphotungslique, il est franchement hydrolyse, et cette particularité coïncide avec certaines anomalies que j'ai indiquées dans mon précédent Mémoire. D'après la composition de ses sels ordinaires, et par analogie avec les autres acides, il est certainement tribasique, mais sa courbe ne l'indique à aucun instant; elle franchit la télrabasicité et semble atteindre, à la limite, la basicité 5. Sur ce dernier point, je ne veux cepen- dant rien affirmer, les mesures devenant imprécises, à la dilution de i"10' dans 60001. L'acide phosphomolybdique, isomorphe du précédent, est aussi tribasique et hydrolyse, mais son hydrolyse bien limitée en fait un acide télrabasique en apparence. Il est évident qu'en réalité, l'eau scinde l'acide phospho- molybdique en deux acides bibasiques, dont je symboliserai la formation par l'équation suivante : [P(Mo207)c]H3H''-t- 2H20 = [P(Mo207)5(0H)-]H2H3+Mo2O7H2. Pour vérifier cette réaction supposée, j'ai essayé de fixer les produits de l'hydrolyse en saturant imo1 d'acide phosphomolybdique dilué par 4U'°' de base et d'isoler les deux sels par cristallisation, mais la présence de la base et la concentration ultérieure modifient profondément l'équilibre de la solution d'où l'on n'extrait rien de net. J'espérais être plus heureux dans la série lungstique, plus slable en général que la série molybdique, et trouver dans les acides pho-iphotungstiques en 10. en 8 et en 6 Tu, décrits autrefois par M. l'échard, les produits concrets de l'hydrolyse de l'acide ordi- naire en 12 Tu (' ). Malheureusement, il m'a été impossible de reproduire les corps de M. Péchard. En faisant réagir l'acide phosphorique et l'acide métatungstique, à froid ou à chaud, suivant sa méthode, j'ai obtenu, après des essais réitérés : à chaud, un corps ayant la (') Péchard, A/in. de Ch. et de Pli., 6" série, t. XXII, 1891, p. 226. SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. "]0 forme octaédrique isolrope el la composition de l'acide phosphotungstique ordinaire [P(Ta*07)']H3H*+2g H*0, à froid, sensiblement le même corps, et souvent aussi, des vernis incristall isables. La réaction de l'acide métatungstiqué sur les phosphates ne m'a pas donné de meilleurs résultats. En somme, la composition des sels solubles de bases fortes est le crité- rium de la basicité des tungstoet des molybdo-acides. Cette valeur s'accorde avec celle qu'on déduit de la conductibilité dans l'eau pure, quand l'eau n'a pas d'action propre sur l'acide. Le désaccord des deux valeurs est, au contraire, un signe d'bydrolyse. Quand à la fonction supplémentaire, marquée H! sur les formules ci- jointes, et qu'on ne sature qu'en opposant à ces acides des oxydes parti- culiers, comme l'oxyde mercureux, l'oxyde de guanidine, et quelquefois l'oxyde d'argent, elle n'a aucune influence sur la conductibilité et se comporte, à cet égard, comme la fonction alcoolique des acides-alcools organiques. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la i.i-dimèthylcycloheplanone. Noie de M. P.-J. Tarbouriecii, présentée par M. A. Haller. La déshydratation de l'isopropylcyclohexylpinacone ou i -oxycyclohexyl- dimétylcarbinol : OH - CCH'° - COH = (CH3)2 est un phénomène remarquablement complexe, qui donne simultanément naissance à trois produits différents : deux cétones isomères CBH,0O et un hydrocar- bure C'J H". La première de ces deux cétones est, ainsi que je l'ai démontré ('), le /CH3 C) i-méthyl-i-éthanoylcyclohexane, C6H"\ r„ ruw ^Ul Se ^orme par la migration de l'un des deux radicaux CH3 sur le noyau cycloniqtie. J'avais attribué, il y a quelque temps (-), à la deuxième cétone, isomère de la précédente, la constitution de la 2.2-diméthylcyloheptanone, résultant de l'introduction dans le noyau hexatomique du groupement CO, qui détermine ainsi la formation d'une nouvelle chaîne à 7*' de carbone. ') Comptes rendus, i3 juin 1910. {'-) /lui/. Soc. ihim., V série, t. \l. p. 711'). 7 C02+H20 + Ce nitrile-acide est une masse cristalline P. F. 34°-35°, se décomposant par la chaleur. c on - c 1 en- 1 ce» 1 II 1 CH2 1 CO! li- 1 Cil2 Cil3 C CM3 CN CH2 1 CH2 1 O2 H - Cil2 SÉAXCE DU 6 JANVIER IO,l3. 77 L'identification de ce composé a été réalisée par sa transformation en acide aa-dimélhyladipique, qu'on obtient facilement en chauffant le nitrile ci-dessus avec de la potasse alcoolique à 3o pour ioo, à la température de i(io0. Le produit de cette hydratation est une substance très soluble dans Feau, où elle cristallise en aiguilles blanches fondant à 870. Sa composi- tion élémentaire et sa valeur acidimétrique sont bien celles de l'acide oca-diméthyladipique, et son identité avec ce produit déjà obtenu, notam- ment par M. G. Blanc ('), est nettement démontrée par la comparaison de leurs points de fusion. Le mélange du produit que j'ai obtenu el d'un échantillon d'acide aa-drméthyladipique, mis obligeamment à ma disposi- tion par M. (t. Blanc, fond encore à 870. Il est donc établi que l'une des deux cétones obtenues dans la déshydra- tation de l'isopropylcyclohexylpinacone est bien la 2.2-diméthylcyclohep- lanone, dont la formation réalise le passage d'un noyau hexatomique à une nouvelle chaîne à 7at de carbone. Le processus d'oxydation, également remarquable de cette cétone, révèle une résistance particulière à l'oxydation du groupement CO, dans les cétones pinacoliques, c'est-à-dire quand le groupement carbonyle est au voisinage de iat de carhone complètement substitué, dans un noyau dépourvu de toute liaison éthénique. Ce fait parait susceptible de généralisation si on le rapproche de la for- mation de l'acide pivalique à partir de la pinacolinc ordinaire et de l'acide i-inéthylcycIohexylglyo\yliquc que j'ai moi-même obtenu (-) à partir du i-mélhyl-i-éthanoylcyclohexane. CHIMIE BIOLOGIQUE. — L acidification des inoùls par la levure, au cours de la fermentation alcoolique. Note de M. A. Ferjïbacii, présentée par M.' L. Roux. On sait que tout liquide sucré soumis à la fermentation alcoolique subit, au cours de cette fermentation, une augmentation d'acidité. Cette augmen- tation est due, pour une petite part, à la production d'acide succinique dont la quantité, très variable, dépend, comme l'ont montré les recherches (') Bull. Soc. chim. 3= série, t. XXXIII, p. 889. ( -) Loc, cit. 78 ACADÉMIE DES SCIENCES. récentes de F. Khrlich, de la dose d'acide glutamique que la levure a eu à sa disposition. La majeure partie des acides formés au cours de la fermen- tation est représentée par des acides volatils, parmi lesquels l'acide acétique prédomine; il est même souvent le seul acide volatil qui se forme. De nom- breuses recherches, parmi lesquelles il convient de mentionner surtout les travaux de M. E. Kayser, ont montré que les diverses races de levure se différencient nettement par la nature et la proportion des acides volatils qu'elles produisent dans un milieu donné. Les expériences dont les résultats sont résumés ci-après ont eu pour objet de voir comment, chez une même levure, varie sous diverses influences l'acidification du liquide qui fermente, et notamment de rechercher si elle subit l'influence de la réaction du milieu. À cet effet, j'ai ensemencé avec le même nombre de cellules d'une même levure une série de ballons renfermant le même liquide sucré artificiel ou naturel (moût de' raisin), additionné de doses croissantes d'acide tartrique, variant de o- à 8e par litre. Dans les divers ballons d'une même série, j'ai déterminé en même temps, la fermen- tation étant achevée ou non, l'acidité du liquide, la quantité de sucre restant, l'alcool produit et le poids de levure formée. Je me borne à rapporter ici, pour quelques-unes de ces expériences, les chiffres qui indiquent l'augmentation d'acidité, exprimée partout, de même que l'acidité primitive, en milligrammes d'acide tartrique total ('). A. Levure de bière Br. Acidité primitive o Augmentation d'acidité 23 5o 100 200 4>,5 4" 33 G, à » 5o 5o 29,3 \ Exp. a 5g, 5 I Exp. b 5g,8 B. Levures de vin. Acidité primitive o 26 5o 100 200 4°° Levure C... 66,5 02 48 22,5 » » Levure L .. . 123,5 107 100 91 61, 5 44 Augmentation d'acidité Ces diverses expériences ont été faites en ensemençant la levure faible- ment ou largement dans un liquide faiblement aéré à l'origine. Malgré la diversité des conditions, on voit que dans tous les cas l'augmentation d'acidité a été d'autant plus forte que le liquide était primitivement moins acide. Les diverses levures subissent donc, dans l'acidification qu'elles pro- (') Les détails des expériences seront publiés ailleurs. SÉANCE DU 6 JANVIER I<)l3. 79 duisent, indépendamment de leurs caractères individuels, l'intluence de l'acidité du milieu où elles fonctionnent. Cette conclusion présente une grande importance au point de vue pra- tique : l'acidification a été récemment considérée avec raison comme un moyen d'augmenter la stabilité des boissons fermentées, notamment de la bière, et l'on a recommandé de divers côtés d'employer de préférence les levures qui produisent l'acidification la plus forte. Il est clair qu'il faudra tenir compte de l'influence qu'exerce sur cette acidification l'acidité primi- tive du moût. Les faits rapportés plus baut ne semblent pas moins importants au point de vue théorique, pour l'étude du mécanisme de la fermentation alcoolique. Ils nous fournissent, en effet, un moyen pratique d'augmenter la produc- tion d'acide par la levure, et je compte montrer prochainement comment ce moyen peut être utilisé pour la recherche des produits intermédiaires de la fermentation. ANTHROPOLOGIE. — Le canal vertébral lombaire chez les Anthropoïdes el chez les Hommes préhistoriques. Note de M. Marcel Baudouix. La colonne vertébrale, aux lombes, ne contenant pas, au moins dans l'espèce humaine actuelle, de moelle épinière, et le canal médullaire ayant cependant des dimensions assez considérables, j'ai cherché à découvrir la cause de cette disposition, peu logique en apparence, du trou vertébral à ce niveau. Pour avoir une base d'opération précise, j'ai été amené à mesurer la superficie de la surface de section du canal vertébral, d'abord au niveau d'un point où il n'y a plus de moelle (celle-ci s'arrête d'ordinaire à la pre- mière lombaire) et correspondant au centre de cette colonne (troisième lombaire), puis à sa terminaison, près du sacrum ( cinquième lombaire ou dernière'). Pour obtenir cette surface, je n'ai eu qu'à calculer la superficie du triangle isocèle que forme aux lombes le canal en question, en partant de H v ïï la formule classique S = ; B étant le diamètre transversal maximum du trou; H, son diamètre antéropostérieur maximum ; les dimensions étant prises au niveau delà face, antérieure ou supérieure de la vertèbre /corres- pondant au côté du cerveau. 80 ACADÉMIE DES SCIENCES. Désirant posséder une série de mensurations utilisables et capables de -m'éclairer, je me suis adressé d'abord aux Anthropoïdes; puis à VHomme paléolithique cl h VHomme néolithique; enfin k Y Homme moderne. Voici les curieux résultats que ces examens m'ont fourni : Genres. Espèces. :!' vertèbre lombaire. 5" vertèbre lombaire. - ., , 8x5 q x G Gibbon = 20"""" = 2-"""" Antiiropoïdes [ tvpe adulte, ,, . , 16x12 Chimpanzé = 96"1"'5 — 6o,m" Gorille ' X '2 — 108°"""- : liS""n'(' 2 i5x 8 2 12 x 10 2 17X 18 On" /1 n , i4 x 9 ( Iran g-i /ulaiiir 1= bô ri- l6x Llumpanze moyen). I 2 Gorille 2 Paléolithique ai X i.'| _ \_Moustérien\ 2 Adulte [La 3e v. I. manquant, • — - — 161 La Chapelle-au\ - on a dû mesurer ici Saints]. la 4'] (' )• Hommes tu tu Néolithique PBÉHISTOMQUES. J -. ' . 21X12 (sep. de Yandresl). Adultes ■ \ = 187" r , 1 . 24 x iG l [moyenne de l a—- -_;ioo""n \ 20 mensurations (*)]. 3° ( Hommes 21 x i3 22 x i3 2 2 Hommes < région parisienne] < ~ „ / I .50X17 , . 26 x 16 actuels. (moyenne). f a - — 1-2""" a = 200" Ce Tableau est tout à fait suggestif. Il démontre que la surface de section du canal vertébral lombaire augmente d'étendue, et dans des proportions considérables, des Anthropoïdes à V Homme moderne, la progression étant (') Seul le Gibbon a cinq lombaires. Les autres mensurations des Anthropoïdes correspondent donc, en réalité, à la dernière lombaire, c'est-à-dire à la quatrième. {-) Les mensurations, pour l'Homme de La Chapelle~auoc-Sa.in.ts, ont été prises sur les photographies publiées, à l'aide d'une technique trop longue à exposer pour être rapportée ici. (Voir Annales de Paléontologie, 1912, fasc. II, juillet.) (') Ces mensurations ont été publiées antérieurement [Ed. Hue et MauceL Baudouin, Sur les vertèbres lombaires des Néolithiques ( Hall. Soc. préh. franc, 1912, 2."> avril)] et citées dans une Note présentée déjà à l'Académie [des Sciences [Ed. Hue et Marcel Baudouin, Caraetères ataviques de certaines vertèbres lombaires des Hommes de la pierre polie (Comptes rendus, Paris, 1912, i5 avril)]. SÉANCE DU G JANVIER ip,l3. 8l sans cesse d'ailleurs d'ordre croissant en passant par des espèces zoolo- giques, de plus en plus évoluées, et les diverses sortes d'Hommes, quoiqu'il ne contienne pas de moelle èpinîère à ce niveau. Ses dimensions ne sont donc pas en rapport avec la présence de cet organe, et par suite le système nerveux médullaire. D'autre part, le canal vertébral chez les Hommes paléolithiques et néo- lithiques, est plus petit que chez les modernes, contrairement à ce qu'on aurait pu croire et à ce qu*on a écrit. Il résulte manifestement de là que l'agrandissement du canal lombaire est fonction uniquement de la station bipède, car, plus l'Homme se redresse, plus le canal lombaire augmente de superficie. Et cela est sans doute la conséquence même de l'augmentation de volume de la colonne lombaire, ayant un poids bien plus considérable à supporter chez l'Homme que chez l'animal quadrupède. Il faut remarquer, en outre, qu'il y a un bond considérable des Anthro- poïdes à Y Homme paléolithique, surtout près du sacrum et une différence de près de moitié pour la troisième lombaire, alors que, dans la série des Anthropoïdes, la progression est moins brusque. Toutefois, il y a aussi une grande différence entre le Gibbon, Anthropoïde le plus inférieur, et le Chim- panzé et Y Orang-outang, qui se rapprochent bien davantage de l'Homme. Autre fait important : il y a peu de différence entre l'Homme paléoli- thique et l'Homme néolithique, c'est-à-dire entre l'Homme du type Néander- thal et le brachycéphale de la pierre polie. C'est là un argument puissant à mettre en avant pour soutenir que le second dérive du premier, lequel par suite, ne peut-être qu'une variété d'Homo, et non une espèce à part, comme on l'a récemment encore soutenu. L'Homme de la pierre taillée (Moustérien) n'est donc pas si loin qu'on l'a dit, au point de vue du sys- tème nerveux médullaire, d'une part et, d'autre part, de la marche bipède de V Homme de la pierre polie. Ce sont là des déductions au demeurant tout à fait nouvelles et parfaite- ment imprévues, mais qui résultent, indiscutablement, des mensurations que nous avons données plus haut. C. R., igi.3, 1" Semestre. (T. 156, N* 1.) ll 82 ACADÉMIE DES SCIENCES. MÉDECINE. — De l'immunité vaccinale passive conférée par les injections inlra-veineuses de sérum variolique. Note (') de MM. Pierre Teissier, Pierre Gasti.xki. et P.-L. Marie, présentée par M. A. Chameau. L'immunité passive conférée vis-à-vis de la vaccine par le sérum d'ani- maux vaccinés est connue depuis les travaux de Béclère, Chambon et Saint- Yves Ménard. Tout récemment encore M. L. Camus apportait;! cette élude de nouvelles précisions. L'immunité vaccinale et variolique conférée parles injections de sérum de varioleux n'a été, par contre, l'objet que d'un petit nombre de recherches et nous savons seulement, grâce à Béclère, que le mélange de sérum variolique à du vaccin, tue le virus vaccinal. Nous avons été conduits, à la suite de tentatives de sérothérapie antivariolique, dont les résultats ont été récemment présentés, à rechercher les bases expéri- mentales de cette méthode thérapeutique. Pour élucider cette question, il convenait d'envisager d'abord l'influence du sérum d'un varioleux sur la maladie vaccinale expérimentale, ensuite l'influence du même sérum sur l'infection variolique expérimentale. Modi- fiant à volonté les diverses données du problème, on déterminait ainsi les éléments qui conditionnaient l'action du sérum sur l'infection (-). Nous avons utilisé le lapin qui réagit très bien à la vaccine et qui possède exceptionnellement l'immunité naturelle. Les injections de sérum vario- lique furent pratiquées par voie veineuse. L'inoculation vaccinale était faite sur le dos préalablement rasé et sur une étendue de /|o'm" environ. I. Dans une première série d'expériences une dose de 6cm° de sérum pro- venant d'un varioleux au 3oc jour de la maladie et présentant une réaction de fixation encore légèrement positive fut injectée à trois lapins. Un de ces lapins vacciné le lendemain de l'injection offrait une éruption super- posable à celle du témoin. Le second lapin, vacciné 3 jours après l'injection de sérum, présentait une éruption d'intensité moyenne de papules avortées, rapidement desséchées; on comptait une papule par centimètre carré; l'éruption du témoin était au contraire eonfluenle. L'essai du pouvoir virulicide du sérum de l'animal, étudié immédiatement avant la vaccination cutanée, témoigne que ce séium atténue considé- rablement le vaccin, la zone d'épreuve à la vaccination présentant 3o papules, alors (') Présentée dans la séance du 23 décembre 1912. (-) La fin de l'épidémie variolique nous ayant empêché de compléter la seconde partie du problème, nous nous réservons d'en publier ultérieurement l'élude. SÉANCE DU 6 JANVIER igi3. 83 ([ne la zone témoin ollïe une éruption conlluenle. Le troisième lapin vacciné 6 jours après l'inoculation de sérum eut aussi une éruption de moyenne intensité, tandis que le témoin eut une vaccine conlluenle. Le sérum de l'animal, également étudié avant la vaccination, se montrait virulicide, mais à un degré un peu moindre que celui du lapin précédent. II. Dans une deuxième série, nous avons tenté l'immunisation passive par des injections répétées de faibles doses de sérum. Deux animaux reçoivent ainsi quoti- diennement, pendant 4 jours. 3rm' de sérum d'un varioleux au 2or jour de sa maladie et présentant une réaction de fixation encore positive. Après la dernière injection on prélève, par ponction du cœur, du sang dont on étudie le pouvoir virulicide et en même temps on pratique l'inoculation vaccinale. Chaque animal ollre une éruption de movenne intensité d'éléments avortés, rapidement desséchés, très différents de ceu\ de l'éruption témoin et le sérum de ces deux lapins tue presque complètement le vaccin, le mélange de ces sérums avec le vaccin donnant à la vaccination d'épreuve (j 11a Ire papules, alors qu'il y a conlluence sur une zone de même étendue inoculée avec le mélange vaccin -1- eau physiologique. III. Dans une troisième série, des injections furent pratiquées à trois lapins, pendant 1 jours, avec 3tll|J d'un sérum de varioleux au 23° jour de la maladie et dont la réac- tion de fixation avait presque complètement disparu. Immédiatement après la dernière injection les animaux sont vaccinés sur le dos, ils n'offrent pour ainsi dire aucune éruption et leur sérum, étudié avant la vaccination, possède un pouvoir viru- licide très accentué, on compte deux papules sur les zones de vaccination d'épreuve, alors qu'il va conlluence sur la zone témoin. IV. Dans une quatrième et dernière série, la vaccination fut d'abord pratiquée, puis la sérothérapie. Trois lapins sont inoculés avec 3cm* d'une dilution au centième de vaccin. L'un de ces animaux reçoit immédiatement après 3e'"' de sérum provenant du même malade que dans la série 111. Sept jouis après, l'animal ollre une éruption dis- crète de 58 papules et un placard confluent. Le second, traité 24 heures après par la même dose du même sérum, présente, au -r jour, une éruption discrète d'éléments aplati^, mal venus, vile desséchés, nullement comparables à l'éruption du témoin. Enfin le troisième lapin, recevant le sérum 48 heures après la vaccination, ne présente pas de modification dans son éruption qui est aussi conlluente que celle du témoin. Conclusions. — Il résulte de ces expériences : i° Que la vaccination peut être modifiée, à la suite de l'injection d'une seule dose de sérum variolique, lorsqu'elle est pratiquée dans les 2 à 6 jours qui suivent l'inoculation sérique: 20 Que l'injection de sérum variolique à doses répétées et fractionnées modifie l'éruption vaccinale alors même que la vaccination est faite après la dernière injection, le sérum de l'animal présentant, à ce moment, de fortes propriétés virulicides; 84 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3° Quand la vaccination précède la sérothérapie, celle-ci ne semble avoir d'effet que lorsqu'elle est opérée dans les l\S heures qui suivent la vaccina- lion: passé ce délai, l'éruption vaccinale évolue chez ranimai traité, comme chez le témoin; V Que le sérum variolique le plus apte à conférer l'immunité passive doit provenir d'un sujet en convalescence ou guéri, plus précisément doit être recueilli au moment où l'on ne peut plus y déceler la présence de sensibilisatrices déviant le compléinenL. Les tentatives de sérothérapie doivent donc être aussi précoces que pos- sible ; lorsque la maladie vaccinale a déjà commencé à évoluer, elle n'est plus modifiée que légèrement par le sérum ultérieurement injecté, (les faits sont similaires de ceux obtenus par L. Camus, concernant l'action préventive ou curative du sérum des animaux vaccinés. MÉDECINE. — De remploi des basses températures eu Cryot liera pie. Note(') de M. F. Boudas, présentée par M. d'Arsonval. L'emploi de l'acide carbonique neige, dans la Cryothérapie locale, a donné d'heureux résultats, principalement dans le traitement de certaines affections delà peau : épithéliomas superficiels, lupus, angiomes caverneux, ncevi, etc. Cependant, outre la difficulté de conservation et de manipulation des crayons de CO2 au cours d'une opération de quelque durée, l'emploi de cet agent thérapeutique n'est pas sans présenter quelques inconvénients. En effet, la blancheur de la neige carbonique est loin de constituer une garantie de sa pureté; pour s'en convaincre il suffit d'évaporer un morceau de CO2 solide dans un ballon contenant de l'eau distillée et stérilisée. On constatera ainsi la présence de débris organiques, d'oxyde de fer, de matières grasses, provenant des machines ayant servi à comprimer le CO2, de bactéries, de levures et de moisissures de toutes sortes. Nous n'insisterons pas sur les dangers qui peuvent résulter d'une appli- cation directe sur une plaie, par exemple, de crayon de CO2 solide ainsi souillé. Pour éviter tout inconvénient de ce genre, nous ne nous servons pas de (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. SÉANCE DU 6 JANVIER IÇ|l3. 85 CO2 solide, niais d'un mélange réfrigérant d'alcool ou d'acétone carbo- nique. Le mélange est préparé dans un tube en argent de icm,5 environ de section sur 20,m de longueur dont la partie inférieure peut se terminer soit par un cône, soit par une surface plane suivant les diverses nécessités opératoires. Dans sa partie supérieure légèrement évasée, le tube reste ouvert, ce qui permet l'adjonction au mélange de nouvelles quantités de CO2 solide, en même temps que l'évaporalion de CO2. Pour rendre possible le maniement de l'appareil, et d'autre part pour en éviter le réchauffement par trop rapide, on l'entoure de la double enveloppe de verre à vide intermédiaire de d'Arsonval. L'instrument que nous venons de décrire, outre son maniement très aisé, aura l'avantage de pouvoir être facilement stérilisé après chaque intervention chirurgicale. ce qui supprimera les chances d'infections toujours possibles avec le GO2 solide. Par cette méthode, le chirurgien pourra graduer la température du mélange et la faire varier suivant l'affection à traiter, entre o°et 8o°, chose impossible avec le procédé en usage. Il sera également maître d'utiliser toute une gamme de températures faciles à déterminer avec exactitude, allant du point d'évaporation de CO2 neige jusqu'au point d'ébullition de l'hydrogène, par exemple, c'est-à-dire — i5o°. PHYSIOLOGIE. — Rapports entre V alimentation et les dimensions des cœcums chez les Canards. Note de M. A. Magxax, présentée par M. Edmond Perrier. L'ensemble des recherches que nous avons effectuées sur le tube digestif des Oiseaux (') nous a permis de mettre en évidence qu'à chaque régime alimentaire correspondaient une forme et une longueur déterminées des cœcums. II en résulte que les Oiseaux peuvent se diviser en deux groupes, comme le montre le Tableau suivant : I. Oiseaux sans cœcums ou à cœcums très réduits : Carnivores (Rapaces diurnes, . . .), Omnicarnivores (Grands Echassiers), Piscivores (Palmipèdes marins, . . . ). Insectivores (Passereaux.), Omnivores (Corvidés), Frugivores (Perroquets, . . . ). (') A. Magnan, Le tube digestif et le régime alimentaire des Oiseaux {Coll. de Morph. dyn., Paris, Hermann, 191 1). tf6 ACADÉMIE DES SCIENCES. •2. Oiseaux à cœcums longs : Teslacivores (Petits Echassiers, . . . ), Carnivores insectivores (Rapaces nocturnes), Omnivores (Canards), Granivores (Gallinacés, Golombins), Herbivores (Oies, Cvgnes). Nous avions alors relire de noire élude les lois suivantes : 1. Les régimes végétariens et mixtes engendrent des caecums longs creux, histologiquement comparables à l'intestin. 2. L'alimentation animale conduit en général à des cœcums courts, pleins, à aspect glandulaire ou amène la suppression des caecums, ce que l'on constate aussi chez les Frugivores. Pouvait-on prétendre reproduire des modifications analogues dans une expérience portant sur l'adaption de Canards à quatre régimes alimentaires différents. Or les Canards possèdent naturellement des caecums longs et creux; il élait évidemment impossible d'obtenir, dans une expérience ne durant qu'une année, des transformations aussi complètes. Mais on pouvait espérer réduire ou accroître les appendices caecaux suivant le régime de façon à classer aussi nos Canards en deux groupes comme les Oiseaux qui se nour- rissent librement dans la nature. Nous avons mesuré la longueur des cœcums de nos Canards el nous avons rapporté ces dimensions à la longueur du corps : /= y/P, P étant exprimé en grammes. Voici les chiffres que nous avons obtenus : Rapport de la longueur îles deux caecums à la longueur du corps / = y/P. Régime expérimental. Régime naturel. Végétariens. .. j 2,60 5,3o Piscivores 2,20 0,27 Insectivores 2, 10 o,25 Carnivores 2 0,06 Nous avons recherché aussi le poids des cœcums débarrassés aussi com- plètement que possible des matières qu'ils contenaient. SÉANCE DU 6 JANVIER I()l3. 87 Kapport du poids des caecums au poids du corps. Régime expérimental. lîégime naturel. Végétariens 1,08 ia,5o Insectivores o,83 0.20 Piscivores 0,76 0,20 Carnivores 0,67 o,oô L'identité des classements est absolue et les différences obtenues dans la longueur et la forme montrent que le régime alimentaire est bien la cause de ces variations. Par conséquent, le régime végétarien, en particulier, favorise rallonge- ment et l'élargissement des caecums. On peut penser tout d'abord que, ce régime accumulant des décbets dans le tube digestif, l'intestin et les caecums se développent mécaniquement par suite de cette surcharge de matières inutiles. Par contre, chez les espèces à régime carné qui ne laisse que peu de résidus, l'intestin reste court et les caecums s'atrophient. Les longs caecums ne seraient donc que des réceptacles. Mais il faut voir, à notre avis, dans le plus ou moins grand développe- ment des appendices caecaux, une question de toxicité alimentaire. Le régime végétarien n'est évidemment pas toxique par lui-même, mais, dans la stase rectale, il se produit des fermentations qui amènent des intoxica- tions secondaires. 11 nous semble, en raison des expériences que nous pour- suivons en ce moment, qu'on doive considérer les caecums longs comme des neutralisateurs des toxines rectales. ZOOLOGIE. — Contribution à V étude des fondions des grands tentacules des Limaces rouges ( Arion rufus). Note (') de M. Pierre Kexmel, présentée par M. Bouvier. Les belles recherches de M. le professeur Yung ont montré que les yeux des Escargots ne pouvaient servir à la vision éloignée. S'ils voient, ces Gastéropodes sont en tous cas extrêmement myopes. Leurs tentacules sont-ils des organes en voie de régression, ou bien ont-ils quelques fonc- tions actuelles importantes qui en justifient la paternité? Nous nous sommes efforcé d'éclairer un peu ce problème encore obscur, sans prétendre dès (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. 88 ACADEMIE DES SCIENCES. maintenant, en donner la solution définitive. Nous avons pris comme sujet d'expériences la Limace rouge (Arion ru/us) qu'on trouve abondamment dans les bois pendant la belle saison. Le matériel dont nous nous sommes servi est très simple : i° une grande boite A, de i™ de longueur, o1", 80 de largeur et om, 5o de hauteur, en bois. Sur chacune des quatre faces verticales est pratiquée une ouverture deom, 10 de côté, au ras du sol, laquelle peut être obstruée par un volet; ■2° une série de quatre boites a, b, c, d, de om,4o de côté, munies d'ouvertures ad hoc et pouvant s'appliquer contre la précédente; 3° quelques boîtes plus petites a, //, c'. On conçoit que le jeu de ces boîtes permette de réaliser des laby- rinthes simples. Première série d'expériences. — Le soir, dès la tombée de la nuit (pour éviter même l'influence toute problématique de la lumière et parce que l'activité des limaces est plus grande alors), deux lots de limaces étaient placés dans des récipients /' et r' au milieu de A. Celles du premier lot en r, étaient normales; celles du deuxième lot en /■' avaient les tentacules coupés aussi près que possible de leur base. Pour sortir les limaces devaient parcourir le trajet indiqué sur le dessin par une flèche. Avant l'aurore, c'est-à-dire après 8 heures environ d'expérimentation, on releva le chiffre des présences; il est en effet plus sûr de compter le nombre des présents, car souvent les limaces qui ont pu s'échapper ont parcouru ensuite de longues distances, 5m, 6m, ou davantage, et on les retrouve difficilement. SÉANCE DU 6 JANVIER ï 9 1 3 . 89 Voici quelques-uns des chiffres obtenus : 1" lot. 2" lot. Première nuit 3 7 Deuxième nuit 3 7 Troisième nuit 2 8 Ainsi, les limaces normales se sont échappées dans la proportion de 22 sur 3o; les limaces opérées dans la proportion de 8 sur 3o. Aucune n'est restée dans les récipients. Si l'on fait la part du hasard assez large, étant donnée la simplicité du labyrinthe, qui diminuera encore le nombre des sorties des animaux opérés, il ressort de ces chiffres, jusqu'à l'évidence, que les tentacules sont des organes de relation, de direction des limaces. Le sens de direction est très subtil; la remarque suivante, jointe aux constatations précédentes, permet de L'affir- mer : une fente, très étroite, existait la première nuit entre la paroi de la caisse et une lame de verre servant de fenêtre; 2 limaces ont, au cours de l'expérience, pris ce raccourci pour s'enfuir. Deuxième série d'expériences. — 20 limaces normales étaient placées dans les récipients /' et /•'. En a était étalée une couche de fraises, en b se trouvaient quelques feuilles de choux; la boite G était vide et l'orifice de sortie 0 fermé. Les limaces ne pouvaient s'enfuir. Au malin, on relevait les chiffres suivants : En a, 3; en b, 4; en C, 3; les autres limaces étaient dispersées en tous sens dans la boîte A, surtout aux angles. En procédant avec le même nombre de limaces opérées, les chiffres obtenus sont à peu près semblables quant aux proportions; en a : 1; en b. 2; en C, 2; i5 sont restées dans la boîte A. Ces résultats semblent indiquer que les tentacules ne jouent aucun rôle dans l'olfaction. Troisième série d'expériences. — Sur un lot de 10 limaces, les yeux ont été recou- verts d'un badigeon d'encre de Chine épaisse devant servir d'écran. I.e chiffre des sorties n'a pas été sensiblement différent de la moyenne normale, un peu plus faillie, pourtant. Quatrième série d'expériences. — Nous avons approché des tentacules en extension de limaces une tige d'acier à la température ambiante; aucune réaction de la part de l'animal ne se produit tant que les yeux ne sont pas au contact du métal; nous chauf- fons de quelques degrés la lige en la plongeant dans l'eau, nous l'approchons alors des tentacules, brusquement ils se rétractent. La réaction est d'autant plus rapide et plus vive que la tige est à une température plus élevée. Il y a lieu de reprendre, avec plus d'exactitude, ces expériences relatives à l'action de la chaleur sur les Arions; celles-ci, bien que grossières, prou- C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, V 1.) I2 90 ACADÉMIE DES SCIENCES. vent néanmoins que les tentacules sont impressionnés par les radiations calo- rifiques. Les yeux des Gastéropodes pourraient être comparés aux yeux ther- moscopiques décrits par Joubin chez les Céphalopodes. Quelle est, maintenant, l'influence des divers excitants sur les limaces? Quelles sensations les tentacules perçoivent-ils? Les sensations lumineuses et olfactives doivent être éliminées jusqu'à plus ample informé. Yung a montré que les Gastéropodes sont très sensibles aux variations de l'état hygrométrique de l'air, mais cette faculté remarquable ne parait pas devoir s'appliquer au cas qui nous occupe, la teneur en calories n'étant pas sensible- ment différente dans les deux milieux, puisqu'ils communiquent largement entre eux; nous venons de voir que les radiations calorifiques sont très net- tement perçues, mais la température n'est-elle pas la même dans la boîte et en dehors? Il ne reste que le tact, et c'est à ce sens que nous rapportons sur- tout la faculté de direction; nous reconnaissons pourtant que cette explica- tion n'est pas suffisante. Il y a lieu d'orienter dans ce sens de nouvelles recherches. Remarque. — Les expériences décrites ont été faites en plein air, les boites sans fond étaient posées directement sur le gazon; les limaces se trouvaient donc dans des conditions de vie normale, qu'il importe de réaliser lorsqu'on se livre à des recherches de cette nature. ZOOLOGIE. — Sur le polymorphisme d'un Delphinidé des mers australes: Delphinus Cruciger, Quoy et Gaymard. Note ( ' ) de M. Jacques Liouvii.le, présentée par S. A. S. le Prince de Monaco. A. Le 28 janvier 1910, à l'ouest du cap Horn, par ioo° de longitude W Paris et 56° 3o' latitude S, vers 8h du soir, j'eus l'occasion d'observer une horde de huit Delphinidés bruns et blancs dont la couleur et la disposition des taches me parurent caractéristiques. En comparant mes dessins avec ceux de mes prédécesseurs dans les expéditions australes, représentant divers Dauphins signalés comme appartenant à des espèces différentes, il me sembla que les uns et les autres ne présentaient entre eux qu'un petit nombre de variations. En 1824, Quoy et Gaymard (*) (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. (-) Quoy et Gavmaiid, Zoologie de l'Uranie, Allas. PI. II, p. 3 et 4, Paris, 1824. (Dauphin crucigère). SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. 91 naturalistes à bord de YUranie publient une description du Dauphin cruci- gêre, ayant de chaque côté du corps deux larges lignes blanches coupées à angles droits par une noire, ce qui vu de dos, formait une croix noire sur fond blanc. En 1826 Lesson ('), naturaliste à bord de la Coquille, donnait une des- (') Lesson, Zoologie de la Coquille, t. I, p. 178, Atlas. PI. IX, p. 3, Paris, 1836 ( D. bivittatus). 92 ACADÉMIE DES SCIENCES. cription du Delphi nus bivitlatùs, qui mesurait 2 pieds environ et ressemblait au Dauphin crucigère sauf qu'une autre bande noire parcourait le corps de la queue au museau en passant au-dessous de l'œil. Frédéric Cuvier décrit séparément sous les noms de Delphinus cruciger et de D. bivittatus, ces deux animaux. En 18.37 d'Orbigny (') rencontre à l'est et au sud du cap Horn un Cétacé qu'il décrit et figure sous le nom de D. cruciger présentant de profil deux bandes noires de forme ondulée sur fond blanc, mais sans ligne trans- versale. Il fournit en outre une consciencieuse description du crâne. En novembre et décembre 1901, janvier 1902, 5 et G mars 1904, Wilson (-), naturaliste à bord de la Discoiery, observe entre 55° lat. S el i35° Greenwicb, des hordes de Cétacés de 8-10 pieds de long, nettement marqués de blanc et de marron. Sur un fond briin foncé, deu\ larges taches blanches s'arrêtant au milieu du corps occupent dans la longueur chacune une moitié de celui-ci, séparées par un isthme étroit de la couleur du fond. C'est de cette description que se rapprochent le plus les animaux que nous avons pu dessiner, mais ceux-ci ne dépassaient pas im, 10 et le museau au lieu d'être allongé (dauphins) présentait une extrémité tronquée (mar- souins). L'aileron dorsal nous a semblé moins courbe et plus large que les silhouettes de Wilson. Enfin l'extrémité du museau était blanche, avec ou non sous le menton une tache brune. B. Tous ces Dauphins se ramènent à un système unique de distribution des taches: deux larges bandes sombres s'étendant sur les cotés du corps, séparées par une zone claire, et réunies en un point à l'aplomb de la dorsale par une étroite bande de leur couleur. Vu dorsalement, l'animal semble donc blanc avec une sorte de croix foncée. En ce qui concerne sa colora- tion nous avons pu nous rendre compte dans l'Antarctique de l'extrême variabilité des effets selon l'incidence de la lumière, la coloration de la mer, l'état nuageux du ciel; mais ayant pu faire nos observations par un temps parfaitement clair, à travers une mer tout à fait transparente, et en plein été austral, nous croyons pouvoir affirmer que la couleur de ces animaux est nettement blanche et brune. Le plus ou moins grand développement du bec est, on le sait, chez tous les Delphinidés, variable selon l'âge. Les ani- (') Alcidk d'Oiiuigny, Zoologie du Voyage dans l'Amérique méridionale, p. 32, Allas. PI. XXIII, p. 1-4, Paris, 18.Î7 {D. cruciger). {-) Wilson, Zoologie de la National Antarctic Expédition (Natural History). Loiuloii, 1907 (an undescribnd delphin). SÉANCE DU 6 JANVIER IO,l3. g3 maux observés par Wilson, à museau allongé, mesurent 3m; les nôtres, à museau tronqué, ne dépassent pas im,io. Cette différence de taille corres- pond à une différence d'âge. C. Ayant établi ainsi l'extrême polymorphisme de cette espèce, nous en proposons la diagnose suivante : Dauphins atteignant jusqu'à i"1 de longueur et présentant un système de coloration pouvant être ramené au type suivant : Deux larges bandes marron comprenant la dorsale et les pectorales, s' éten- dant sur les côtés du corps, séparées par une zone claire et réunies en un point à l'aplomb de la dorsale, par une étroite bande de leur couleur. Vu dorsalcmenl, l'animal semble tout blanc avec une sorte de croix brune. Allongement du bec variable selon l'âge. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. influence de. la constitution des corps puriques sur leur action vis-à-vis de la pression artérielle. Note ( ' ) de 1VI M. Desgrez el Dom.KANS, présentée par M. d'Arsonval. Nous avons montré, dans une Note précédente (2), que la guanine, injectée par voie intraveineuse au lapin on au chien, à la dose de 2P6 à 3cg par kilogramme, provoque un abaissement de la pression artérielle variant de 2cm,4 à 4e"1 de mercure. Nous avons pensé que la valeur, et peut-être même le sens de cette action, seraient modifiés par la disparition du grou- pement aminé NH2 de la molécule de guanine et que cette modification d'influence pourrait s'accroître à la suite d'une oxydation progressive de la molécule. Une telle transformation de constitution chimique se trouvant précisément réalisée par les oxypurines, nous avons fait porter nos recherches sur trois d'entre elles, l'hypoxanlhine, la xanthine et l'acide urique. Les expériences ont été faites sur le lapin qui a reçu, en injection intra- veineuse, des quantités de ces trois substances variant entre 2°K et V par kilogramme. L'hypoxanthine et la xantbine ont été dissoutes, avec l'aide de la quantité minima de soude, à raison de oB, 10 pour i20r'"' d'eau. L'urate neutre de soude a été employé au même titre. L'isotomie de toutes lessolu- (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. (2) Comptes rendus, t. 15V p. 1109. 94 ACADÉMIE DES SCIENCES. tions était réalisée par addition convenable de chlorure de sodium. Les résultats de nos expériences sont concordants. ÎNous n'en rapporterons ici qu'une de chaque série (effectuée avec 2cg de substance par kilogramme de lapin). Hypoxanlhinc. Xanthine. Acide inique. Poids de l'animal : 2ks,65o. Poids de l'animal : 2k£ ,8qo. Poids de l'animal : 2ke,8oo. Pression Heures. artérielle. cm 2,30 IO>7 ( injeclion ) » i ,3ô 11,'. 2,40 11,2 2 , 5o I 1 , i 3,oo 11, à 3,o5 11,0 3, 10 10, S Pression Heures. artérielle t-'lll 3, 20 .0,4 ( injection ) » 3,a5 u,8 ,'ï , 3o ii,8 3,35 11,6 3,4o 1 1 , 0 3 , 5o 12,0 1,00 ii,5 Pression Homes. artérielle 2,35 CJU 10,0 { injection ) •h 2, '|0 1 1 ,0 2, \:> 12,0 1 , 5o 12,6 3 , 00 12,2 3 , 1 0 12,0 3,2.5 • 1,6 La pression normale du lapin s'est donc élevée de ocm,7 avec l'hypoxan- thine, de 1e"1, 6 avec la xanthine et de 2cm,6 avec l'acide urique. Ces constatations, conformes à notre hypothèse, nous paraissent intéres- santes au point de vue du rôle des corps puriques dans les phénomènes de la circulation. De la guanine à l'acide urique, la molécule chimique se trans- forme, d abord par le départ du groupement aminé auquel la guanine doit probablement son action hypotensive, puis par une oxygénation progressive, avec accroissement du caractère acide. Si l'on salure, en effet, par la soude étendue, des solutions de guanine, d'hypoxanthine, de xanthine et d'acide urique, on constate que la proportion d'alcali nécessaire augmente du premier au dernier de ces corps, au point que l'acide urique en exige cinq fois plus que la guanine. C'est à cette transformation de l'édifice molécu- laire que nous croyons devoir rapporter l'action hypertensive des oxypu- rines. Une telle influence de ces composés, plus spécialement de l'acide urique, peut, d'autre part, contribuer à éclairer la pathogénie des maladies arthri- tiques, dans lesquelles M. Ch. Bouchard (') a constaté une prédominance très inarquée de l'hypertension artérielle. (') Troubles préalables de la nutrition {Traité de Palkol. génér., t. 11, p. 556). SÉANCE DU 6 JANVIER I 9 1 3 . 95 PARA.SITOEOGIE. — Recherches expérimentales sur le développement de la Douve hépatique (Fasciola hepatica L.) Note de MM. A. Kailmet, G. Moussu et A. Henry, présentée par M. A. Chauveau. Depuis les belles études de Leuckart et de Thomas (1882), on admet que les animaux et l'homme doivent contracter la Douve hépatique en ingérant, soit les plantes sur lesquelles se sont enkystées les Cercaires, soit le Mollusque qui héberge ces larves; mais, jusqu'à présent, on n'a fourni aucune démonstration directe de ce mode d'infestalion. Le 27 mai 191 1, nous recevions du Cher un envoi de petits Mollusques recueillis dans un abreuvoir situé au milieu de pâturages fréquentés par des moutons atteints de distomatose. Il s'agissait de Limnées tronquées qui, pour la plupart, contenaient des Rédies de Fasciola hepatica renfermant des Cercaires. Nous faisons ingérer le jour même, à un agneau de 14 semaines, né et élevé à l'Ecole d'Alfort, dix-huit de ces Limnées, en nous bornant à briser les coquilles. Le 18 juillet, soit exactement le cinquante-deuxième jour après l'inges- tion, nous sacrifions l'animal qui paraît en bon état de santé. L'autopsie montre cependant que la viande est déjà mouillée. Le foie, assez friable, n'offre de lésions que dans le lobe gauche, dont le parenchyme est creusé de galeries. Nous recueillons dans ces galeries une dizaine de jeunes Douves hépatiques, non ovigères, mesurant en moyenne 8mm sur 3mm. Ces dimensions apparaissent comme bien faibles, quand on se rappelle que la Douve adulte atteint une longueur de 2.5mm à 32,nm. Thomas admet- tait comme probable un délai de six semaines au moins pour que la Douve ingérée devint adulte. Or, dans notre expérience, ce délai se trouve dépassé de 10 jours. Nous avons relevé d'ailleurs diverses observations qui paraissent bien en rapport avec le résultat qu'elle a fourni. Par exemple, un bovin distoma- teux, arrivé à Alfort le il\ février et tenu à l'abri de toute nouvelle infesta- tion, est autopsié le 27 mars : nous trouvons, dans le parenchyme hépa- tique, une grande quantité de jeunes Douves, parmi lesquelles un certain nombre mesurent seulement 6",m à 9mm de long sur 3"™ de large ; un exem- plaire n'a même que 4mm sur imm,8. Ces parasites sont pourtant âgés de 6 semaines au minimum. Ç)6 ACADÉMIE DES SCIENCES. iNous avions pensé d'abord à un arrêt de développement résultant de l'in- vasion en masse des parasites ; plus probablement s'agit-il d'une condition normale. El comme ces Douves jeunes se trouvent, non dans les canaux biliaires, mais dans le parenchyme hépatique, on est conduit à penser que la voie d'invasion pourrait être représentée par le système circulatoire bien plutôt que par le canal cholédoque. D'ailleurs, d'autres faits d'observation viennent à l'appui de cette manière de voir. C'est ainsi que, dans les cas d'infestation massive, on observe des phlébites des veines sous-hépatiques et sus-hépatiques, voire de la veine cave postérieure. D'autre part, on a signalé, à diverses reprises, la présence de Douves dans le foie d'Agneaux (Bilhuber, Bloch) ou de Veaux à la mamelle (Waldmann, Buchli), ce qui témoigne évidemment d'une infestation intra-utérine ; Frommann en a même vu chez des fœtus de Brebis. Nombreux enfin sont les observateurs qui ont recueilli des Douves dans les vaisseaux, dans le cœur et dans des organes autres que le foie. En tout cas, l'expérience que nous avons réalisée établit que le Mouton peut s'infester par l'ingestion de Limnées contenant desBédiescercarigères. Il est vrai que nous avons vu des Cercaires enkystées à l'intérieur même des Rédies, dans le lot de Limnées utilisé. Mais les dimensions des Douves obtenues nous portent à admettre que leur développement, dans l'organisme de l'hôte définitif, exige bien le double du temps indiqué par Thomas, soit environ 3 mois. Quant à la durée de la vie de ces parasites, elle peut dépasser aussi de beaucoup les limites généralement acceptées. On a prétendu quelesDouves installées dans le foie vers l'automne en sont régulièrement expulsées en mai ou juin ; or, nous en avons trouvé, à Alfort, dans les canaux biliaires d'un Mouton isolé et soustrait aux conditions d'infestation pendant près de 3 ans. En ce qui concerne les Cercaires, dont nous avons pu suivre l'évolution dans l'eau jusqu'à l'enkystement, nous noterons que les deux branches intes- tinales, en grande partie cachées par les cellules cystogènes, offrent à leur partie externe onze à quatorze festons qui sont probablement le point de départ des ramifications intestinales de la Douve adulte. Si l'on dispose des brins de jonc dans le vase où nagent ces larves, on en voit un bon nombre s'y fixer et s'y enkyster, soit à quelque dislance en dessous de la surface de l'eau, soit à la surface même. Mais cette fixation est assez légère pour qu'un faible courant puisse les entraîner : les animaux pourraient donc s'infester en buvant l'eau émanée des prairies marécageuses. SÉANCE DU 6 JANVIER lÇ)l3. 97 L'ingestion des Cercairesconstilue-l-elle le seul mode de développement de la Douve hépatique"? La question devait se poser, car,%à l'autopsie des animaux atteints de distomatose, on trouve parfois, principalement chez les bovins, un nombre tellement considérable de jeunes Douves ayant per- foré en tous sens le tissu du foie, qu'on est amené à l'idée d'une multipli- cation sur place du parasite. Les expériences de Katsurada et Hashegawa, établissant la pénétration des embryons ciliés du Schislosoma japonicum par la voie cutanée, et leur multiplication à l'intérieur du corps, appuyaient d'ailleurs la vraisemblance de cette hypothèse, en même temps qu'elles nous traçaient la marche à suivre pour la soumettre à vérification : i° De nombreux embryons ciliés de Fasciola hepatica venant d'éclore et très actifs sont maintenus plusieurs heures en contact avec la peau rasée de deux Lapins. Ces animaux, sacrifiés au bout de 5g et ?.3i jours, ne montrent aucune trace de Douves. 2° De semblables embryons sont injectés dans le tissu conjonctif sous-cutané de cinq Lapins. Ceux-ci meurent ou sont sacrifiés après 52, ia3, 258, 2(53 et 265 jours. Résultat négatif. 3° Des injections sous-cutanées sont effectuées chez une Chèvre adulte (morte de tuberculose au bout de 25 jours) et chez un Chevreau de 8 jours, sans plus de succès. 4° Mêmes résultats négatifs chez deux Lapins sacrifiés 99 et 100 jours après inges- tion d'embryons. H semble donc bien que le développement de la Douve hépatique ne puisse résulter de l'introduction directe des embryons dans l'organisme. GÉOLOGIE. — Le Stêphanien inférieur (zone des Cévennes) clans In zone axiale alpine. Essai de coordination des divers niveaux du terrain /touiller des Alpes Occidentales. Note (') de M. Ch. Pusskxot, présentée par M. R. Zeiller. Dans une Note précédente (-), nous avons montré qu'une partie des grès de la zone axiale alpine était d'âge westphalien moyen; dans celle-ci nous allons examiner si l'autre partie de ces grès correspond bien à la base du Stêphanien (zone de Rive-de-Gier), comme on le croit généralement. Les espèces végétales qui nous ont servi pour cette vérification ont été déter- minées par M. Zeiller. (') Présentée dans la séance du 3o décembre 1912. (2) Comptes rendus, 155, p. l564. C. R,, igi.), 1" Semestre. (T. 156, N° 1.) l3 98 . ACADÉMIE DES SCIENCES. Maurienne. — Les assises du Col des Encombres sont assez fossilifères. Ce sont les Pecopleris que O. Heer et Cli. Lot) > ont observés qui ont conduit les géologues à eu faire l'équivalent des couches de Rive-de-Gier; mais il semble bien qu'il s'agisse là du Pec. cf. oreopteridia Schl. dont les empreintes abondent aux environs de la Léchèrè-d'én-Bas. Cette espèce se trouve là associée à Necropteris cf. flexuosa Heer, Annularia splienophylloides Zenker, Ann. stellata Schl., Sphenophyllum oblongi- foliinn G. et K.., Calamités Suchowi Brongt, Cordaites cf. borassifolius Sternb., Cordaiantluis sp, De l'autre côté du Col, au Pic de la Masse, les mêmes couches renferment Pec. cf. oreopteridia ou peut-être cf. Lamuriana Heer, New. flexuosa Heer {'non Sternb.?) (' ). Cal. Suckovcï Brongt, Stigmaria ficoides Sternb. Leur âge stéphanien est donc considéré comme certain par M. Zeiller, mais la zone dans laquelle il convient de les placer est incertaine. Le Permien (Verrucano) se montre à quelque 100'" au-dessus d'elle-, TareMaïse. — Dans les pentes du .Mont Saint-Jacques exposées au nord et dans les environs de Peisev affleurent des assises schisteuses paraissant appartenir à un même faisceau. A la Roche-Màcot elles renferment Pec. cf. oreopteridia Schl., Névr. flexuosa Heer, Cal. Suckovei Brongt, et sur la rive gauche du torrent de Sangol, un peu plus haut que les chalets des Thuilles, Pec. Candollei Brongt, Pec. Lamuriana Heer, Callipteridium pteridium ScM.. Cyclopteris lacerala Heer, Nevr. flexuosa Heer, /Yccr. montana Heer, Ann. stellata Schl., Sphenxrphyllum oblongifolium G. et K. La comparaison de celle florale avec celle du Col des Encombres montre qu'il y a entre elles une parenté liés étroite et que les couches qu'elles caractérisent appar- tiennent au même niveau. D'autre part, les espèces qui constituent ces florales se retrouvent dans le bassin hou i I le r de La Mme, sauf le Cycl. lacerala et le Nevr. montana. qui est peut-être une forme du .Ye\r. flexuosa Heer. Enfin un certain nombre d'entre elles ont été citées dans les autres affleurements des Alpes. En remontant le ravin de Sangot à partir du gisement on arrive, après s'être élevé d'environ 100"1 dans des conglomérats, à hauteur des chalets de Preises. On voit alors apparaître dans le Houiller, sur les bords du torrent, des intercalations quarlziteuses verdàtres et des bancs de grès à ciment également verdàtre. Cette formation, à faciès spécial qu'on a appelé Houiller métamorphique, prend, à mesure qu'on s'avance vers l'Est, une puissance considérable dont on peut se faire une idée dans la liante vallée de l'Isère entre la Thuille et Tignes. A son sommet, sur le point qui nous occupe, on observe des schistes verts et noirs, très (Viables et onctueux au toucher, qui rappellent de façon très vive les assises inférieures du Permien du Col des Encombres et du Col de la Vallée-Etroite, dont ils sont sans doute l'équivalent. Ils supportent, en contact anormal, les quartziles du Trias. Il résulte de ces diverses constatations que les grès à anthracite delà (') L'espèce désignée et figurée par Heer sous le nom de Nec-r. flexuosa paraît à M. Zeiller différente du véritable IVevr. flexuosa du Weslphalien. SÉANCE DU 6 JAXVIER 1 9 1 3 . 99 zone axiale correspondent entré l'Art et F Isère en amont de Bourg-Sàïnt- Maurice, comme le bassin de La Mure axer lequel ils smil étroitement liés par leur flore, à la zone des Cévennes. et non à la zone de liive-de-Gïer. Au- delà de l'Isère et jusqu'en Italie ils doivent encore être placés à ce niveau, exception faite pour le Col du Petit-Sain t-Bernard et ses enviions, Lien qu'on n'ait à donner comme argument en faveur de celte attribution (pie des raisons stratigraphiqu.es. Il est à remarquer que la zone, entre les limites qui viennent d'être indiquées, a une épaisseur considérable el que ses régions supérieures sont les seules dans lesquelles ont ait trouvé des empreintes végétales. Peut-être les régions inférieures appartiennent-elles à l'horizon de Rive-de-Gier ou au Westphalien, mais en raison de leur pauvreté en restes végétaux nous les réunissons aux premières. Il ressort également de ces mêmes constatations que le Houiller méta- morphique, dont l'apparition commence à i5o'" au-dessus du niveau de Sangot, peut fort bien représenter les zones supérieures du Stéphanien sur les points où il atteint sa plus grande épaisseur (Mont Pourri). Essai de coordination des divers niveaux du terrain houiller des Alpes occi- dentales. — Il est définitivement acquis qu'à Taninges les grès à anthracite appartiennent à l'extrême sommet du Westphalien supérieur, et dans les environs de La Mure à la zone des Cévennes. A Petit-Cœur, M. Zeiller les place, d'après ce qu'il a vu de leur flore, dans la zone des Cordaïtées. Dans les Grandes-Rousses ('), où Se. Gras cite Nevr. cordala Brongt, Odont. Brardi Brongl, Pec. polymorpha Brongt, déterminés par Brongniart, et M. Kilian Od. Reickiana Gutb., Pec. Pluckeneti Schl., Pec-.cyathea Schl., Annul. sphenophylloides Zenker, déterminés par M. Zeiller, nous les rangeons également dans la zone précédente. A Servoz, à Colombe, et plus spéciale- ment dans la région d'Outre-Rhône en Valais, M. Grand'Eury (■) estime qu'ils ne sauraient guère être plus anciens qu'à La Mure. D'autre part, nous avons montré plus haut el dans la Note précédente que dans la zone axiale, suivant les régions considérées, ils devaient être rapportés avec cer- litudc au Westphalien moyen et au Stéphanien inférieur (zone des Cévennes), et avec doute au Stéphanien supérieur. Le tableau suivant résume, en le- coordonnant, ces diverses attributions : (M Kii.ian ël Uivil, h tudes géol. dans les Alpes occid., t. Il, fasç. I, 1908. (-) Flore carbonifère du département de la Loire et dit Centre de la France, ■«:;■ TOO ACADEMIE DES SCIENCES. Stéphanien. Zones supérieures : représentées probablement par le Mouiller méta- morphique île lii Tarentaise et les conglomérats de Sangot. Zone des Fil ic accès : ? Zone des Cordaïlées : Petit-Cœur, Grandes-Rousses. Zone des Ce venues : La Mure, Servoz, Colombe, Outre-Rhône, Tarentaise, Mau- rienne. Zone de Rive-de-Gier : ? Westphalien supérieur. Régions supérieures : Taninges. Westphalien moyen. Horizons supérieur et moyen (en partie): Briançonnais, rive gauche de l'Arc, Col du Petit-Saint-Bernard. Celte succession met en évidence des lacunes considérables qui peuvent s'expliquer de la façon suivante. Vers la fin de l'époque westphalienne, le bord occidental du géosynclinal houiller s'est déplacé vers l'ouest. Ce mouvement a été le prélude d'une émersion de la partie du géosynclinal située au nord de l'Arc. L'érosion, dont les effets devaient se faire sentir sur cette partie jusqu'après les débuts de l'époque stépbanienne, a fait disparaître à peu près tout le Westphalien supérieur et entamé le Westphalien moyen (Col du Petit-Saint-Bernard). A cette phase de dénudation a succédé un affaissement qui a transformé en un bassin houiller le géosynclinal en entier et la région située plus à l'ouest (zones des Cévennes et des Cordaïtées). Mais bientôt après, un mouvement inverse se produisait et, avant la fin de l'époque stéphanienne, le bassin houiller était émergé. L'érosion en morcelait les dépôts et en mettait à nu les couches d'âge différent. Cependant un retour à la sédimentation houil- lère parait être indiqué par les conglomérats et les couches métamor- phiques de la Tarentaise. sismologie. — Mégasëismes et phases de la lune. Note de M. de Mojvtessus de Bai.mike, présentée par M. Barrois. Le catalogue des tremblements de terre de Milne se prête bien à recher- cher si, conformément à une opinion ancienne et souvent énoncée, les phé- nomènes sismiques sont en rapport avec les phases de la lune. J'ai établi cette statistique comparative de 1792 a 1899 en divisant cette période en deux parties, de 1792 à 1849 et de i85o à 1899. Cette seconde partie correspond à une remarquable constance du nombre annuel de mégaséismes. J'ai tenu compte aussi des intensités en comptant pour 1,2 et 3 respec- tivement les phénomènes classés suivant l'échelle conventionnelle de Milnc SÉANCE DU G JANVIER I9l3. loi dans laquelle le degré III correspond aux grandes catastrophes et le degré l aux tremblements de terre à peine destructeurs. Voici les résultais obtenus en divisant la durée de chaque lunaison en 28 intervalles et aussi en 12, pour voir si, dans ce second cas, les grandes irrégularités de la statistique ne s'atténueraient pas, au moins en partie. La nouvelle lune, le premier quartier, la pleine lune et le dernier quartier correspondent respectivement aux ' i'' 3,-2 lel\ \" 3,5o Périodes de Totaux. Intervalle du temps. maxim. minim. R. ]/!>:>- 1 84 !>.. 588 21e 20" 2,72 1850-1899. . 1067 16- 4« 2 > 74 179:2- 189!).. 2 !.">."> 16" i" 2 ,60 3,38 1860 i.V ^ et S 3,33 y 10e 6,40 (23") 2.85 2774 .5" \- 3,io 7" 10- 1,73 A première lecture, le tableau résultant semble donner raison aux parti- sans d'une relation entre les mégaséismes et les phases de la lune, puisqu'il y a évidente prédominance des maximums aux environs de la pleine lune et des minimums aux environs de la nouvelle lune. Mais cette première déduction est amplement contrebalancée par les remarques suivantes : 1. Les graphiques ou tableaux détaillés (réservés pour un Mémoire spécial ) pré- sentent de telles irrégularités qu'ils sont presque incohérents et ne correspondent nullement à la représentation d'une loi naturelle; 2. La double prédominance indiquée plus haut souffre des exceptions; 3. Il \ a un cas de double maximum et un autre de double minimum de mêmes valeurs, sans compter d'autres de valeurs inégales; k. Les valeurs de R sont faibles; 5. En général, les valeurs de H sont d'autant plus faibles qu'elles correspondent à des nombres plus considérables ; on est donc en droit de penser qu'elles tendraient vers zéro si l'on disposai! d'un nombre beaucoup plus grand de mégaséismes à sou- mettre à la statistique; 102 ACADEMIE DES SCIENCES. 6. L'influence sismogéuique des phases ne s'expliquerait que par une plus forte attraction combinée de la lune et du soleil sur l'écorce ou le noyau terrestres, comme l'ont pensé Perrev et d'autres sismologues, et alors les maximums prédomineraient aux environs de la nouvelle lune et non à ceux de la pleine lune, c'est-à-dire quand les attractions s'ajoutent et non quand elles se retranchent. Il semble donc bien que les mégaséismes ne présentent aucune relation avec les pbases de la lune. A 3 heures trois quarts. l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à _f heures et demie. Ph. v. T SÉANCE DU 6 JANWER IÇ)l3. Kl I r : S IV llllll MM.Ii \|-!1I(HK OUVRAGES nF.ÇLS DANS LA SÉANCE DU 6 JANVIER 1 l. \ III. Haarlem, 1912; 1 vol. in-8". Allante délia Sardegna, che eomprende l'evo/uzione geologica, geogra fica, idrogra/ica, etnograjica e storica délia sua genesi sino adoggi, per Ignazio I.on- GIAVE, corredato da tavole illustrative. Sassari, Ubaldo Satla. 1912; 1 fasc. in-4°. Les Faunes conchyliologiques du terrain /touiller de la Belgique, étudiées dans leurs rapports avec les Faunes homolaxiales du Houiller de l' Angleterre, par Wheei.to.x Hi.nd. (Mémoires du Musée royal d' Histoire naturelle de Belgique; t. VI, année 1911.) Bruxelles, distribué le i5 mai 1912; 1 fasc. in-4°. The Institution 0/ mechanical Fngineers. Proceedings, 1912, parts i-'I. General Index to Proceedings, 1901-1910. Londres; 2 vol. in-8°. lo4 ACADÉMIE DES SCIENCES. ERRATA. (Séance du -ïi décembre 1912.) Note de M. OEchsner de Coninck, Détermination du poids atomique de l'uranium : Page i5n, dernière ligne, ait lieu de 270,91, lire 270,61. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 13 JANVIER 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie, au nom de M. G.-B. Guccia, Professeur ordinaire à l'Université de Païenne, Direc- teur des Rendiconti del Circolo matematico de Païenne, de la photographie d'une lettre écrite par Henri Poincaré au sujet de son dernier Mémoire « 5m/- un théorème de Géométrie », paru dans les Rendiconti, t. XXIII (pre- mier semestre 1912). Cette hrochure a été tirée à 10 exemplaires seulement. M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie un Volume intitulé : Mémoires sur l'électricité et l'optique, par A. Potier, publiés et annotés par A. Blondel, avec une Préface de Henri Poincaré. ASTRONOMIE. — Description d'un appareil pour l'envoi automatique des signaux horaires. Note de M. G. Bigourdan. La récente Conférence internationale de l'Heure a émis le vœu qu'à partir du Ier juillet igi3 les signaux horaires soient donnés conformément au diagramme ci-après; ils comporteront, signaux d'avertissement mis à part, des points et des traits dont les durées exactes seront respectivement os,25 et is,oo avec des intervalles rigoureusement déterminés aussi. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, IV 2.) '4 io6 ACADEMIE DES SCIENCES. Cette précision exige que les signaux soient donnés non à la main, mais d'une manière automatique; et c'est ce que permet de faire l'appareil, facile à réaliser, dont on va indiquer le principe. A ^ VAT\0^ Diagramme indiquant le genre et la distribution des signaux horaires internationaux 57™ 0* à 57™ 5o" : signaux d'avertissement. 57™ 55' a ">S"> o' : signaux horaires. 58» 8 .1 '"i"' 0' '"1" 6' .1 60™ 0 id. id. > Traits de i" a\ec intervalles de 1". Points de ! de seconde Un cylindre métallique d'un grand diamètre tourne autour de son axe d'un mouvement uniforme. Sa surface convexe est travaillée de manière à former une vis à large pas et à filet carré. Dans ce filet, le métal a été remplacé, par places, par une matière isolante, et les longueurs respectives des parties isolantes et des parties conductrices sont respectivement proportionnelles aux durées des silences et des signaux à obtenir. SÉANCE DU l3 JANVIER I9l3. 107 D'autre pari, un contact, qui appuie constamment sur la saillie du filet, se déplace dans le sens convenable et d'un mouvement sensiblement uni- forme, parallèlement à une génératrice du cylindre, avec une vitesse qui lui fait parcourir un pas de l'hélice dans le temps que met le cylindre à faire un tour entier. Avec cette disposition, et les connexions électriques convenables, il est évident qu'un courant électrique pourra traverser l'appareil chaque fois que le contacl portera sur une partie conductrice : il produira donc exacte- ment les signaux demandés. Dans la pratique, le cylindre pourra avoir de o1", 10 à o'",'20 de rayon. Acceptons ce dernier chiffre, et supposons que le cylindre fasse un tour par minute : la durée de 1 seconde correspondra ainsi à 2imm. Le contact, en forme de couteau orienté suivant la génératrice, peut avoir une arête ré- duite à moins de omm, 2 ; il donnera donc les durées demandées, des signaux et des silences, à moins du centième de seconde; on pourrait obtenir plus de précision encore, s'il était nécessaire, en augmentant, par exemple, le diamètre du cylindre. On voit qu'on pourra aussi faire donner à l'appareil les signaux d'avertis- sement, puisqu'en allongeant le cylindre on pourra multiplier les signaux indéfiniment. L'uniformité de la rotation du cylindre s'obtiendra en la faisant régler par une horloge, par exemple, comme dans nombre d'autres appareils. Si d'ailleurs on possède déjà un mouvement ainsi réglé, comme dans certains chronograpb.es, on pourra lui faire entraîner également le cylindre. Celui-ci sera fixé sur son axe par l'intermédiaire d'un rappel qui permettra les réglages, de manière à annuler sa correction. Pour faire ce réglage, on ajoutera quelques spires supplémentaires disposées de manière à battre la seconde, que l'on mettra en accord avec le battement de la pendule. Et si celle-ci a une correction, avec le rappel et une division tracée sur une des tèli" du cylindre, on pourra encore annuler la correction de l'appareil. Enfin, au lieu de déplacer le contact, comme il a été dit ci-dessus, on pourrait déplacer le cylindre lui-même, parallèlement à ses génératrices, ainsi que cela est réalisé dans divers enregistreurs photographiques ou autres; mais la première disposition paraît préférable. 108 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. Charles Mocreu, en présentant à l'Académie un Mémoire intitulé Recherches sur la constitution chimique de la spartéine, qu'il vient de publier avec M. Amand Valeur (Ann. Chim. Phys., novembre et décembre 1912), s'exprime en ces termes : Dans cette brochure de 149 pages, se trouvent rassemblées les longues recherches expérimentales et théoriques que nous avons exécutées, M. Valeur et moi, sur la spartéine, alcaloïde du genêt. Depuis sa découverte par Slenhouse en 1 85 1 jusqu'en 1902, date du début de nos expériences, divers chimistes s'étaient occupés de la spartéine, notamment Mills, Bernheimer, Bamberger, Peratoner, Ahrens, Herzig et Meyer. Malgré leurs nombreux travaux, on ne savait encore que fort peu de chose sur la structure de cet alcaloïde; il subsistait même quelques doutes relativement à la formule C'5H26Na, que lui avait attribuée Stenhouse; certains résultats étaient en outre demeurés contradictoires. Nous entreprimes donc une étude méthodique de la base, en vue d'éclairer sa constitution chimique. Nos expériences ont été poursuivies presque sans interruption jusqu'à nos jours. Nous avons accumulé, en ces dix années de travail assidu, un nombre considérable de faits nouveaux. La plupart, ainsi que les conclu- sions que nous en avons déduites au fur et à mesure, ont déjà été communi- quées, plus ou moins complètement, à V Académie des Sciences, au Bulletin de la Société chimique, ou au Journal île Pharmacie et de Chimie. Il convient d'ajouter qu'en dehors de nous quelques auteurs : R. Willstâtter et W. Marx, Wackernagel et Wôlffenstein, Semmler, Scholtz et Pawlicki, Demandre, etc., se sont occupés, dans des sens différents, de la spartéine. Comme il arrive fréquemment au cours de travaux de longue haleine, nos idées sur la question ont évolué à la lumière des faits, et l'on pourrait citer tel de nos Mémoires qui, eu égard à l'interprétation des résultats de l'expé- rience, est en contradiction avec tel autre. Il nous a donc semblé utile, sinon indispensable, d'exposer notre travail dans son ensemble, au double point de vue théorique et expérimental. C'est là l'objet du présent Mémoire, où l'on trouvera d'ailleurs nombre de détails de toute nature encore inédits. Opérant une refonte complète du sujet, nous avons d'abord décrit nos expériences, sans nous inquiéter de l'ordre chronologique de nos puUi- SÉANCE UU l3 JANVIER I9l3. IO9 cations antérieures, en suivant l'ordre logique des résultats successifs; nous les avons d'ailleurs illustrées, en cours de route, de toutes les explications théoriques jugées nécessaires. Une discussion approfondie des faits acquis suit cet exposé; elle nous permet, pour terminer, de formuler les conclu- sions relatives à la constitution. Voici les résultats essentiels de nos études. Nous avons d'abord fixé définitivement la formule de la spartéine, qui est C,SH20N2, établi ou confirmé son caractère saturé et sa nature de base biterliaire non méthyléc à l'azote, et isolé un deuxième iodométbylate, présentant avec celui qui était antérieurement connu un cas très net de stéréo-isomérie à l'azote. L'application de la réaction d'Hofmann, si utile dans l'étude dés alcaloïdes, nous a fourni ensuite une série de bases non saturées : ), à condition que les coefficients a, b, m, d, e, a vérifient quatre relations particulières. D'ailleurs la transformation précédente n'est pas une combinaison de transformations de Backlund, car l'équation (i), si l'on y considère r, s, l comme les coordonnées d'un point de l'espace, représente une surface du genre paraboloïde; la correspondance des caractéristiques est manifeste dans ce cas. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les caractéristiques des systèmes d'équations aux dérivées partielles. Note de M. Maurice Jaxet, présentée par M. Hadamard. On sait que des théorèmes fondamentaux (') prouvent l'existence de l'intégrale générale d'un système donné d'équations aux dérivées partielles, en spécifiant la nature et le nombre des arbitraires dont elle dépend; mais ces théorèmes ne font pas connaître de quelle manière la position spéciale des multiplicités qui portent les données peut intervenir dans la détermi- nation d'une solution : c'est ce que je me propose de faire ici en indiquant ce qu'il faut entendre par multiplicités caractéristiques au sens de Beudon et de M. Hadamard (- ) pour les systèmes que j'envisage. (') Riquigr, Les systèmes d'équations aux dérivées partielles. -- Delassls, Ann. Ec. Norm., 1896. (2) Beuijon, Comptes rendus, t. 124, p. 671. — Hadamard, Leçons sur la propa- gation des ondes et Bull. Soc. math., i()(i(i. SÉANCE DU l3 JANVIER I9l3. 1 19 1. Un système S d'équations aux dérivées partielles peut se mettre, à l'aide d'un certain nombre de dérivations et d'éliminations, sous la forme Un système Sp de Np équations d'ordre/; indépendantes relativement aux dérivées d'ordre /; (1) \ » S,,-t » N,,^, » p — 1 « p — 1 » Sp- Np-q » p — q » /> — *] cette forme possédant diverses propriétés importantes : i° Toute équation d'ordre inférieur ou égal kp à laquelle satisfont toutes les solutions du système est une conséquence algébrique (■) des équations écrites. 20 Le système S/,+t(X->o) des Np+k équations indépendantes d'ordre p -+- A- auxquelles satisfont toutes les intégrales se déduit de Sp par un pro- cédé régulier. Les systèmes S,,, . . . , S/H.k sont respectivement linéaires par rapport aux dérivées d'ordre/?, ■ . . ,p ■+- k. .La forme précédente peut s'obtenir par la simple application de la méthode de M. Delassus. 2. Soient xn . . . , xn les variables indépendantes ; supposons que le sys- tème ne renferme qu'une fonction inconnue. Si l'on égale à zéro les formes caractéristiques des équations S/M Sa, in P'* . . . P'*, en y regardant les P comme des coordonnées courantes et les quantités figurant dans les a comme des paramètres, le système algébrique obtenu représente une certaine mul- tiplicité dans l'espace (P,, P2, ..., P„). On peut déduire d'une remarque de M. Delassus (2) la suivante : la condition nécessaire et suffisante pour que le théorème de M. Delassus fasse dépendre la solution de y, fonctions de n -+- 1 variables, . . . , y, de n —i(i1in — 1), . .. (etd'un nombre quelconque fini de constantes) est que la multiplicité précédente se compose d'une mul- tiplicité à n — 1 dimensions de degré y,, ... d'une k n — i dimensions de degré y,, .... Considérons seulement le cas où les arbitraires se réduisent à y, fonctions de n — 1 variables (outre des constantes). Si l'on égale à zéro le facteur commun H de degré y, qu'ont alors les formes caractéristiques et si (') Conséquence, lorsqu'on regarde les variables, les fonctions inconnues et leurs dérivées comme autant de variables indépendantes. (2) Comptes rendus, 1. 123, p. 546. C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N» 2.) 1 1> 022 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'on pose P,= -r-> on obtient une équation définissant les surfaces 1 J.r, * f(-v, , . . . , r„) = o que l'on doit appeler caractéristiques. .'}. Passons au cas de plusieurs fonctions inconnues, u, v, w. Soit une des équations du système Sy, de la forme (i) : ^i d>'u y^ dpv ^ <)i'*r 2j°' i-d^{...d^lî +± • '- dx-< ... à^a +2sc" ■■■■■'- à*-} ... d*s + ~ °' et les déterminants qu'on peut former avec trois quelconques d'entre elles Vrt P'< P1» V /; P'i P'» Vc P'< P«'« •^ "'i '„' i • • • riii 7, w'i, ..'„' 1 • • • * m £^ c< ,<» ' 1 • • • * » La condition nécessaire et suffisante pour que la solution du système S dépende de fonctions arbitraires de n variables est que ces déterminants soient tous identiquement nuls. S'il n'en est pas ainsi, le système algébrique obtenu en les égalant à zéro représente dans l'espace (P,, P2, . . . , P„) certaines multiplicités; nous sup- poserons qu'elles se réduisent à une multiplicité à n — i dimensions, de degré y,, H = o; ce cas comprend celui où le théorème de M. Delassus introduit y,'fonctions arbitraires de n — i variables (et des constantes), mais est plus large. Posons encore P,= —- > l'équation H = o définit les surfaces f ■=■ o, qu'on doit appeler caractéristiques. 4. Justifions (') cette définition en nous bornant ici au point de vue formel et aux circonstances générales : Si, pour une solution (analytique), on connaît les valeurs de u, e, w et de leurs dérivées (2) jusqu'à l'ordre p — i sur une surface S passant par O, la valeur de H en O n'étant pas nulle, les dérivées d'ordre p,p -+- i, . . ., sont parfaitement déterminées. Si, pour une solution ( analytique), on connaît les valeurs de u, v, w et de leurs dérivées (2) jusqu'à l'ordre/; — i, sur une surface £' passant par O, (') Cf. Hadamard, Leçons sur la propagation des ondes. (2) Ces valeurs ne sonl pas arbitraires; les relations auxquelles elles satisfont, inu- tiles à indiquer ici, sonl d'ailleurs de nature différente dans les deux cas. SÉANCE DU l3 JANVIER I()l3. 121 cette surface étant caractéristique simple ('), les dérivées d'ordre p, p -+- i, ... dépendent respectivement de fonctions p, p(, .. . d'un point de la surface S', assujetties aux équations linéaires du premier ordre : v ÔW dp 7 -rrr "Xe- + « p -+- 0 = o. — dPj <)r, v^ OU àp, . Les caractéristiques (au sens de Cauchy) de ces équations sont des courbes définies par les équations dx, dx, dx„ àH\ " /dll\ "" / dti dPj \df,) \à\J„ elles seront appelées bicaractéristiques : on peut choisir p, p,, ... en un point de chacune d'elles. CHRONOMÉTRIE. — Application d'une méthode optique de coïncidences à la transmission de l'heure. Note (2) de MM. Schwartz et Vii.i.atte, pré- sentée par M. Lippmann. On connaît la méthode acoustique qui permet de transmettre l'heure à de grandes distances par fil et sans fil. l^lle a été exposée à diverses reprises dans les Comptes rendus de ces der- nières années; mais on ne se trouve pas toujours dans des conditions qui permettent de les utiliser. Nous disposions de deux appareils de télégraphie optique de i4''mj du type militaire à acétylène, d'une pendule Leroy à entretien électromagné- tique et à contact réglable, ainsi que de chronomètres battant la demi- seconde. Munis de ces instruments, nous avons recherché quelle était la meilleure façon de les utiliser pour la détermination de nos différences de longitudes, en employant dans tous les cas la méthode des coïncidences. Après une série de recherches, nous nous sommes arrêtés à l'adoption de deux procédés. (') C'est-à-dire que -jrj- ne s'y annule pas quel que soit i. Or i (s) Présentée dans la séance du G janvier 1912. 122 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le premier, que nous appelons procédé optique, consiste en l'installation d'un dispositif tel que chaque battement de la pendule corresponde à un éclat lumineux. Ce dispositif est simple : Sur le corps d'une lunette AA' on a fixé une boîte C, laquelle est traversée par la lunette BB', la boite C ne servant que de support à la lunette BB' : on a enlevé toutes les lentilles de celles-ci, ne laissant que l'œilleton de l'oculaire en B {jïg. i). Fig. i. A la place de l'objectif en B on a mis un bouchon G traversé par une petite lampe électrique de 2 volts. Le bouchon C étant en place, l'intérieur de la lunette BB' est complètement obscur lorsque le circuit aa' de la pendule P est ouvert. De plus, la petite lampe électrique D est enveloppée de papier noir. Un très petit trou est percé dans cette enveloppe afin de permettre à l'observateur de voir seulement un point brillant à l'infini quand le circuit aa' est fermé par la pendule P. Si l'on a soin de placer les oculaires des deux lunettes à l'écartement exact des yeux de l'observateur, on voit très nettement dans le champ de la lunette A le signal lumineux émis dans la lunette B {Jig. 2). SÉANCE DU l3 JANVIER I()l3. [23 Le système étant pointé sur le fea lointain du correspondant, l'observateur voit en même temps son feu local et le feu lointain, et il lui est très facile de noter l'instant de la coïncidence. Pour l'observation des coïncidences on avait décalé la pendule de façon qu'elle donnât une coïncidence toutes les 70 secondes environ avec un chronomètre temps moyen ballant la demi-seconde. On arrive facilement à régler le contact de la pendule qui commande le signal local pour que la durée des deux éclats soit perçue de façon identique dans la lunette. Ce procédé nous a donné d'excellents résultats. Le second procédé est mixte : mi-partie optique, mi-partie auditif. L'observateur reçoit les signaux lumineux de la slation lointaine en même temps qu'il écoute au téléphone les battements du chronomètre local ; au moment de la coïncidence, les perceptions lumineuses et sonores se superposent et, avec un peu d'habitude, il est facile d'en déterminer l'instant. Après nous être assurés, à faible distance, de la précision des comparaisons chrono- métriques obtenues par ces moyens, nous en avons fait l'application sur le terrain à des distances variant entre 6km et 45km, M. Schwartz observant par le deuxième procédé et M. Villatte par le premier. Le Tableau ci-dessous donne les résultats de la comparaison des chronomètres notés par chacun des observateurs : Entre Baky et Macenta, distance 6 kilomètres. Différences des heures des chronomètres notées par MM. Schwartz et Villatte. Schwartz. Villatte. ire série : 8 heures. 2hOIm25s,78 2,,OIm255,72 2hoim25%76 2hoim25s,74 2e série : 10 heures. 2hoin,25»,48 2h01m25s,43 2hOIm25',48 2hOIm255,4l Entre Baky et Diorodongou, distance 25 kilomètres. Différences des heures des chronomètres notées par MM. Schwartz et Villatte. Schwartz. Villatte. lre série : 8 heures. thi5m4o",26 il,i5",4os,3o ihi5m4os,28 ih i5m4o8,3i 2e série : 10 heures. ihi5œ4oB.o3 t''i5m4o8,o7 ihi5m4os,o3 i1,i5m4os,o9 Entre Macenta et Sérédou, distance !\i kilomètres. Différences des heures des chronomètres notées par MM. Schwartz et Villatte. Schwartz. Villatte. re série : 8 heures. i''48"'i7s,46 i''48mi7s,43 tl,48'"i75,48 ih48mi7s,44 2e série : 10 heures. ih48m i7s, 76 th48mi7s,72 ■>s,78 ih48mi7%73 th48mi7s Ces résultats ont été obtenus en envoyant les signaux à la main; toutes les deux secondes, un point lumineux correspondant au battement du cbro- nomètre est envoyé. 11 serait*évidemment très facile d'augmenter encore la précision de la métbode en organisant un dispositif de commande élec- trique par la pendule pour l'envoi des signaux. Nous n'avons pas pu réaliser cela sur le terrain, faute des relais et électro-aimants nécessaires. Quoi qu'il en soit et même dans ces conditions défectueuses, le Tableau ci-dessus montre qu'on peut compter sur des comparaisons au -~ de seconde. \lL\ ACADÉMIE DES SCIENCES. Le procédé est donc susceptible d'une précision suffisamment grande pour être en harmonie avec la précision de la détermination de l'heure au moyen de l'astrolabe modèle géodésique : il est aussi très simple, n'exige pas de matériel compliqué et long à installer et peut, par conséquent, être employé avec fruit en maintes circonstances. PHYSIQUE. - Sur la théorie du rayonnement noir. Note de M. Marcel I!rili,oui\. I . On sait, par l'un des derniers Mémoires de Henri Poincaré, que l'hy- pothèse paradoxale des quanta est une conséquence inévitable de l'expé- rience, quand on suppose que les résonateurs par lesquels on représente la matière émissive et absorbante sont rigoureusement monochromatiques . Cette dernière hypothèse m'a toujours paru être d'une simplicité mathé- matique excessive et que rien ne justifie, au point de vue expérimental. Il importe donc d'examiner d'un peu près les conséquences de son abandon. Considérons un système formé d'un électron circulant autour d'une masse centrale, avec une énergie mutuelle E(/-) à la dislance /•. Si le mou- vement obéit à la loi des aires et à la conservation de l'énergie, on sait que le mouvement est plan et régi par les formules m, vitesse angulaire; A, constante des aires; E0, constante de l'énergie; m, masse du mobile ; d'où l'on tire Je suppose que l'énergie soit une fonction de la distance telle que l'équation A- E0 — E ( f ) — 2 m — ; r — o ait deux racines réelles positives r, < /*,, lorsque E„ et A sont compris dans de très larges limites; que le radical soit réel dans l'intervalle, et tel que l'intégrale de r, à r2 ait une valeur finie -• SÉANCE DU l3 JANVIER 1 9 1 3 . 12.5 Le mouvement ainsi défini est alors périodique et la période T dépend des deux constantes E0 et A, d'une manière continue : T = F(En, A). Une quelconque des quantités liées au mouvement, coordonnées, vitesses, accé- lérations, ou une fonction quelconque de ces quantités, varie aussi périodi- quement. Chacune de ces fonctions est développable en série de Fourier par rapport au temps, ce qui la décompose en une infinité de termes d'amplitudes et de phases déterminées en fonction de E0 et de A, dont les T T périodes T, -, •••, —, ••• forment une suite discontinue. Prenons comme origine du temps l'époque où la distance est minimum /•, et posons K0,E0,A) = ^[E0-i<(p)]--4^r Une fonction quelconque f(r) est donnée en fonction du temps par la série de Fourier 2. Voici maintenant la remarque qui permet d'espérer que ce genre de résonateurs ne conduira pas à une impasse : la même période ~ n'existe, à titre d'harmonique, que dans les mouvements dont les périodes fondamen- tales sont t, 2T, ..., «;, ... (n entier positif). Les résonateurs dans lesquels se trouve cette période t correspondent à des énergies totales E0 et à des aires liées par l'équation F(E0, A) = nz (n entier positif). L'énergie totale des résonateurs dans lesquels réparait la même période 1 forme une suite discontinue (à aire A constante) correspondant aux râleurs successives de l'entier n. Il en est de même évidemment de l'énergie cinétique partielle relative à la période t ('). L'énergie cinétique totale relative à la période t, due à l'en- semble des résonateurs (en nombre pratiquement infini), sera donc repré- sentée, non par une intégrale, mais par une série, ce qui parait nécessaire pour arriver à une formule du type de celle de Planck. (') Le partage de l'énergie potentielle en termes correspondant à chaque fré- quence n'aurait pas de sens, à moins de conditions qu'il serait trop long de discuter 126 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3. On peut remarquer, d'autre part, que l'obtention de toutes les fré- quences au moyen d'un seul type de système vibrant, par variation de l'énergie d'oscillation, est plus satisfaisante et parait plus près de la réalité que l'hypotlièse d'une infinité de vibra teurs monochromatiques. L'identité du rayonnement noir provoqué par tous les corps dans une enceinte réfléchissante résulterait de l'identité de loi d'énergie E(r) en fonction de la distance, à un facteur près différent d'une substance à une autre. La loi du rayonnement noir serait liée assez directement à E(r) et pour- rait servir à déterminer cette fonction. Mais, pour préciser ce point, il faut parler des relations du corps vibrant avec l'éther. RADIOACTIVITÉ. — Sur l 'occlusion des produits du radium. Note de M. Costaxzo. (Extrait.) Les expériences de Curie (') avaient conduit à ne pas admettre Vocclu- sion prolongée de l'émanation du radium dans les métaux, mais il n'avait essayé que l'aluminium, le cuivre, le plomb, le bismuth, le plalinc, l'argent. En partant de la propriété très remarquable du palladium, d'absorber et de condenser d'énormes quantités d'hydrogène et même de très petites quantités de certains liquides, j'ai pensé à vérifier si ce métal avait des propriétés analogues pour les produits de désintégration du radium. J'ai employé, dans mes recherches, des disques circulaires de palladium pur (préparés pour cet objet par la maison de produits chimiques Kahl- baum, de Berlin), de 2C,D de diamètre; de i""11, omm, 5o, omm, 10 d'épaisseur. Après les avoir soigneusement nettoyés et lavés à l'éther, je les ai introduits dans l'enceinte d'activation constituée par une cloche renfer- mant le produit activant. Celui-ci était du chlorure de baryum radifère, dont la teneur en radium pur était voisine de ims. J'ai disposé parallèle- ment à la couche activante les trois disques, appuyés sur une grille de fils métalliques à mailles très écartées l'une de l'autre. En même temps et dans les mêmes conditions, j'ai introduit clans l'en- ceinte trois disques de caoutchouc et trois disques en laiton, dont les dimen- (') Œuvres de Pierre Curie, p. 479- SÉANCE DU l3 JANVIER 1 9 1 3 . 127 sions correspondaient respectivement à celles des disques de palladium. Os disques devaient me servir de terme de comparaison dans les mesures. J'ai prolongé le séjour des disques dans l'enceinte activante pendant \8 heures. En ne reproduisant pas ici les détails des mesures et les courbes que j'en ai déduites, les observations conduisent aux résultats suivants : i° Le laiton suit les lois établies par M. Curie sur la radioactivité induite des métaux ; 20 Le palladium présente le phénomène de l'occlusion des produits de désintégration du radium à peu près au même degré que le caoutchouc, pour des lames assez minces; 3° L'épaisseur des lames activées paraît avoir, dans les phénomènes d'occlusion, une petite influence qui n'est pas encore assez définie mais qui cependant est appréciable; 4° Pour des lames épaisses, et dans les mêmes conditions d'expérience, l'activité que l'on observe quand on retire la lame de l'enceinte activante, est, au début, plus forte avec le palladium qu'avec le caoutchouc. Une application immédiate que l'on peut faire de ces conclusions est de remplacer les fils métalliques employés pour l'étude de la radioactivité induite, spécialement dans l'atmosphère, par les fils de palladium. Une application plus importante des phénomènes d'occlusion radioactive se rapporte au dosage du radium. Comme la quantité des produits de radium absorbée par une lame de surface et d'épaisseur données est, pour une exposition convenablement longue et dans des conditions d'expérience identiques, proportionnelle à la quantité de radium qui se trouve dans l'en- ceinte activante, on aura une méthode simple de dosage du radium. PHOTOGRAPHIE. — Sur la possibilité théorique d'un dispositif réversible pour la reconstitution automatique des couleurs naturelles en projection. Note de M. \i)i;ii v Guébhakd, présentée par M. G. Lippmann. Les remarquables tentatives, déjà réussies, de cinématographie en cou- leurs (') pourraient, semble-t-il, être simplifiées par une application stricte du principe de la réversibilité, qui domine toute l'optique géométrique. (') L. Gaumont, Vues cinématographiques en couleurs naturelles [Bull. Soc. fr. de Photographie, 3e série, t. III, 191 2, p. 370-071 ). C. R., i9i3, t" Semestre. (T. 156, N° 2.) 17 I2.S ACADÉMIE DES SCIENCES. Soil un objectif Oi, d'assez brève longueur focale pour que son plan focal prin- cipal b.t /■, soit celui de la formation de l'image b, r, de tout objet tant soit peu éloigné RB : il est connu que, si cette image émettait à son tour des rayons, ceux-ci redonneraient, à travers l'objectif inchangé, devenu projecteur, une image nette de l'objet, dans sa grandeur et position primitives RB. toutes aberrations de réfrangibi- lité se trouvant automatiquement corrigées. _ -, = s *■ n % - - h» - - % - ~ K - \0,_ L°--- i i i ïsmB Ceci étant vrai d'un objectif quelconque, il est clair que si l'on en réunit une bat- terie, 02, 03, etc., ayant en commun le plan focal principal postérieur ('), il suffira d'éclairer, dans leurs positions respectives sur celui-ci, toutes les images, rendues positives (2), pour obtenir, à la place primitive de l'objet, par le retour inverse des rayons, à travers les mêmes dioptres, une autre image positive unique, résultant de la fusion automatique de toutes les autres en une seule, dont l'éclat sera propor- tionne) à la somme des éclairements des diapositives. D'où un moyen puissant pour multiplier par le nombre des objectifs, ou à peu près, l'éclat des projections ordinaires. Mais il y a plus. Supposons chacun des objectifs muni, pour son double rôle, d'un des écrans sélecteurs de la méthode trichrome. Il est évident qu'il suffira de replacer dans le plan focal le film positif noir, fortement éclairé (:1), pour obtenir, toujours automatiquement, la recomposition, en une seule, des n composantes élémentaires colorées, dont la fusion, pour peu qu'elles aient été bien choisies, devra restituer exactement les couleurs originelles. Ainsi se trouverait supprimée une des difficultés dont a eu à triompher laborieusement M. Gaumont, celle de la superposition des trois images dans la projection. (' I Ou seulement le plan focal conjugué du plan de l'objet. ("-) Soit indirectement par la méthode ordinaire, soit directement, en achevant simplement ;i la lumière du jour le développement commencé dans le rouge (\<>ir Comptes rendus, t. IVo. (907, p. 792). 1 ) Il est clair aussi que, pour pouvoir utiliser le film négatif, il suffirait de substi- tuer ;'i chaque écran un autre, rigoureusement complémentaire. SÉANCE DU l3 JANVIER IÇ)l3. 1 29 Ne pourrait-on pas aussi, en faisant tomber les diapositives dans le sens de la largeur (au besoin augmentée) du ruban, éviter l'autre inconvénient grave auquel il a fallu obvier, celui du doublement de la longueur et des espaces d'intermittence '? En tout cas, s'il reste comme sujétion d'avoir à régler plus ou moins la distance des prises de vues sur celle des projections à faire, cela sera certai- nement compensé, aux yeux des techniciens qui ont déjà vaincu tant de difficultés pratiques, par la réversibilité d'utilisation du système optique enregistreur-projecteur, avec liberté de position des écrans chromatiques et facilité de compensation des inégalités d'actinisme, non seulement par le choix des diaphragmes et des distances focales, mais encore par le nombre et la répartition des objectifs, jusqu'à utiliser, peut-être, la disposition « en œil de mouche ». PHYSIQUE. — Le diamètre rectiligne de l'argon. Note de MM. E. Matiiias, H. Kamerlingh Onnes et C.-A. Crommelix, présentée par M. E. Bouly. i. Dans la Note présentée le 10 juillet 1910 par deux d'entre nous ( E. Mathias et H. Kamerlingh Onncs), l'importance de l'étude du diamètre des corps gazeux qui se liquéfient à très basse température a été exposée, et dans la Note du 8 août 1910, les densités du liquide et de la vapeur saturée de l'oxygène ont été données. L'oxvgène a été examiné d'abord parce que, pour lui, le domaine de l'état liquide se prolonge jusqu'à des valeurs très basses de la température réduite. Etudiant ensuite l'argon, nous pensions que les résultais permettraient de mettre en lumière l'inlluence de la mono-atomicité d'un corps sur l'allure de sa courbe de saturation et, par suite, sur son diamètre. En comparant les données relatives à l'argon et à l'oxygène, l'écart des températures cri- tiques de ces corps était assez petit pour que les différences des propriétés que nous avions en vue pussent être mises complètement sur le compte de la différence de leur caractère chimique. L'étude de l'argon était d'ailleurs facilitée par le fait que les isothermes de ce corps avaient été déjà étudiées (') jusqu'aux environs du point critique, que les tensions de vapeur étaient 11) II. Kameiilikch Onnes el C.-A. Chommkli.n, Communications from the pkj cal laboratory al Leiden, n° 118 b (1910), et C.-A. Cro.mmelix, Thèse, Leiden, 19'rQ. l3o ACADÉMIE DES SCIENCES. connues ( '), et que nous disposions même de valeurs approchées pour les densités du liquide et de la vapeur (2). 2. La méthode suivie était, en principe, la même que pour l'oxygène. Le dilatomètre était remplacé par un autre qui ne s'en distingue que par les "dimensions des différentes parties. La tige et l'appendice étaient calculés de façon que, dfins les mesures faites avec un même bain de gaz liquéfié, il n'y entrait que deux masses. Quant au volumètre, nous avons profité des améliorations qui y avaient été introduites dans les recherches sur la compressibilité de l'hydrogène aux tempé- ratures très basses (s). L'argon pur était celui qui avait servi pour les expériences que nous avons citées. On peut être sûr que les impuretés ne dépassent pas o.i pour ioo ('). S. Nous avons trouvé pour les densités o et S' du liquide el de la vapeur saturée à la même température 0, et pour l'ordonnée y du diamètre de l'argon, les nombres suivants : liain. 9. ô(obs.). S'(obs.). jk(o1)s ). y(calc). r(obs.) — y(calc). o O2 liq. . . — 1 83 , 1 5 1,87396 0,00801 0,69099 0,69006 -t-0,00093 (111' liq. — 170,39 1,3^4^2 0,01457 0,66970 0,66970 admis (111' » — i(ir,23 1,2241/4 0,03720 0,68069 0,63255 — 0,00186 C-H4 « — 100,76 t,i385i 0,06785 o,6o3i8 o,6o5o8 — 0,00190 OH* » — 140,20 i,o3456 o,i25o2 o,5Soo4 0,07738 +0,00266 C2HS » — 1 35, 5 j 0,97385 0,10994 o,566go o,565o7 +o,ooi83 C2H* » — i3i,5'i 0,91499 0,19432 o,55466 o,5ô466 admis C-H* ;> -■ !•>.">, 17 0,77289 0,29534 o,534i2 0,53794 — o,oo382 Les valeurs calculées de l'ordonnée du diamètre sont données par la formule y = o , 2og56 — o . 0026235 0, qu'on déduit des expériences relatives à — 176°, 39 et à — i3ï°, 54- Le coefficient angulaire du diamètre est a= — 0,0026235 ; il est plus grand en valeur absolue que pour tout autre corps, le xénon excepté (a = — o,oo3o55) (3). (') C.-À. Crommelin, Connu.. n° llo, 1910, et Thèse, Leiden, 1910. (-) G. -A. Crommelin, Comm., n° 1 18 « (1910), et Thèse, Leiden, 1910. (\ IL Kameklingh Onnes et W.-J. de IIass, Comm., n° \-llc, 1912, el W.-.l. de Haas, Thèse, Leiden, 1912. (;i La méthode suivant laquelle l'argon pur a été préparé et analysé se trouve : C.-A. Crommelin, Comm.. n" 115, 1910, et surtout C.-A. Crommelin, Thèse, Leiden. 1910. ( ) Patterson. Criim's et Whytelaw Gray, Pi oc. Roy. Soc. (A), t. LXXXVI, 191 2, p. 5 79. SÉANCE DU l3 JANVIER igiS. l3l La formule relative à y donne pour la densité critique A = 0,53078. La valeur déduite des isothermes de l'argon à l'aide de l'équation dp\ = /dp\ OT / i'=const. \rfT/cœx. était A = 0,009 ('). La différence des deux valeurs de A est du même ordre de grandeur et dan^ le même sens que celle qu'on a trouvée pour d'autres corps : l'acide carbonique, le chlorure de mélhvle, l'acide sulfureux. La différence (obs. — cale.) trouvée à — 120°, 17 est en bonne harmonie avec ce qui précède. Le coefficient critique — - — (R = constante des gaz, 0 = température critique absolue, -= pression critique) pour lequel, en partant des isothermes on avait trouvé la valeur 3.280, devient, en partant du diamètre, 3,424; il est donc un peu plus grand que celui de l'oxygène (3,346), valeur qui se rapproche le plus de la valeur théorique 2,67 déduite de l'équation de Van der Waals (abstraction faite de l'hélium qui donne 3 , 1 3 ). La densité du liquide à — i83°. io s'accorde très bien (à moins de 1 pour 100 près) avec les déterminations de Balv et Donnan. Quoique les déviations du diamètre de l'argon par rapport à la ligne droite soient assez petites pour ranger ce corps parmi ceux qui obéissent à la loi du diamètre rectiligne, elles paraissent assez sensibles et trop systé- matiques pour s'expliquer par des erreurs d'expériences. Le diamètre montre nettement une courbure concave vers l'axe des températures au voisinage du point critique et une courbure convexe aux basses tempéra- tures. Nous avons réuni sur un même diagramme les courbes réduites des den- sités du liquide et de la vapeur saturée et les diamètres réduits de l'éther (Ramsay et ^ oung), de l'isopentane (S. Young ), de l'oxygène (Mathias et Kamerlingh Onnes), du xénon (Patlerson, Cripps et Wbytelaw Gray), de l'argon (présente Note) et de l'hélium (Kamerlingh Onnes). Ce dia- gramme montre d'une manière frappante que les courbes des densités réduites s'emboîtent nettement sur tout leur parcours dans l'ordre de leurs diamètres. Il est très remarquable que la courbe réduite des densités du xénon coïncide presque exactement avec celle de l'oxygène. Dans un Mémoire récent (-), Kamerlingh Onnes et Keesom posent en principe que les différences des équations d'état réduites des divers corps (') C.-A. Ckom.melin, Comm., n° 118 b, et Thèse, Leiden 1910. (-) Kamerlingh Onnes et Keesom, Encyclopàdie der malliematischen Wissen- schaften, V. l3o ACADÉMIE DES SCIENCES. sont exprimées par des fonctions de déviation et que les corps peuvent être rangés de manière que les valeurs des fonctions vont en croissant conti- nuellement en passant d'un corps au suivant dans chaque alignement et qu'en particulier les équations d'état des corps à température critique très différente se rangent dans leurs déformations successives d'après leurs températures critiques, l'hélium formant un cas limite. Cette propriété générale qui, quant au diamètre, a été remarquée déjà depuis longtemps» '), se traduit par l'emboîtement successif des courbes réduites des densités. L'ordre de leur emboîtement montre que, plus la structure de la molé- cule est compliquée et plus elle est lourde, plus la température critique s'élève et plus la courbe réduite des densités s'élargit. Il semble donc que, dans le cas de l'oxygène comparé au xénon, l'influence élargissante de la lourdeur de la molécule du xénon soit contre-balancée par la simplicité plus grande de sa molécule comparée à celle de l'oxygène. physique. — Sur le mouvement des centres lumineux dans les lubes à hydrogène. Note de M. A. Pehot, présentée par M. \ illard. A la suite des recherches que j'ai faites sur le mouvement des centres lumineux dans l'arc au mercure dans le vide, j'ai émis l'hypothèse que la plus grande partie de la lumière était fournie par les centres rencontrés par les porteurs électriques, ceux-ci leur communiquant, lors des chocs, un mouvement dirigé dans le sens même où ils se meuvent. Ces vues m'ont permis d'édifier une théorie des phénomènes observés spectroscopiquenient sur l'ensemble des vapeurs élevées de l'atmosphère solaire et de relier la chute des centres absorbants de ces vapeurs à l'accélération équatoriale qu'ils présentent. Il m'a paru intéressant de rechercher si des phénomènes du même genre se produisent dans les tubes à gaz raréfiés illuminés électriquement, ce sont les premiers résultats de celte étude, relatifs à l'hydrogène, quej 'ai l'honneur de présenter aujourd'hui. Les tubes employés étaient de la forme en H, avec électrodes en aluminium : l'hydrogène était produit élecliolytiquement, les tubes étaient, vu réchauffement, plongés dans une cuve pleine d'eau; ils étaient alimentés par du courant continu produit par une dynamo pouvant débiter 0,2 ampère sous 10000 volts; excitée par un (') E, Maiiuas, Comptes rendus, t. 139, 1904, p. 0J9. SÉANCE DU l3 JANVIER 10,l3. l3i courant indépendant réglable par un rhéosL't, le voilage peut ainsi varier de quelques volts à ioooo. Dans le circuit j'ai intercalé un inverseur, un milliarupèremètre, une résistance liquide et le secondaire d'un transformateur à liante tension, de manière à régulariser le potentiel et, en regardant le tube illuminé dans un miroir tournant, à obtenir une bande lumineuse uniforme. L'appareil spectroscopique comprend un étalon interférenliel de io"u" d'épaisseur; la lumière traverse i\n écran rouge de manière à isoler la raie C de longueur d'onde 6562,767 À; les diamètres des anneaux sont mesurés comme d'habitude à l'aide d'une lunette réglée pour l'infini, munie d'un oculaire micrométrique compor- tant un (il fixe et un fil mobile parallèles; en amenant les deux fils aux extrémités d'un même diamètre, on obtient par une seule lecture le diamètre de l'anneau; la valeur angulaire d'une division a été déterminée à l'aide d'un grand cercle de Brunner. Si l'on reçoit la lumière émanée de l'un des bouts de la partie horizontale du tube et qu'on renverse le sens du courant, la variation de longueur d'onde produite est liée à la vitesse i» des centres par la relation 0/. i' T-v' où V est la vitesse de la lumière. J'ai opéré de deux manières, soit en observant les anneaux fournis, comme je viens de le dire, par l'une des extrémités du tube capillaire el renversant le courant, soit en recevant la lumière émanée de ce tube lui- même suivant une direction inclinée sur son axe et renversant le courant ; si alors a est l'angle de la direction du tube avec la normale à l'étalon, la vitesse mesurée v' est liée à la vitesse v par la relation cosa Les deux méthodes m'ont donné les mêmes résultats numériques. D'une manière générale, les centres lumineux sont entraînés de la cathode vers l'anode, sans doute par des électrons. Trois facteurs influent sur la vitesse : la pression, l'intensité du courant elle diamètre du tube. Je me suis attaché à faire varier séparément ces trois données. 1" Pour un tube donné et à pression constante, la vitesse croît avec l'in- tensité du courant ; ainsi j'ai trouvé avec un tube normal : Courant en millia.mpères 11 16.20 22 Vitesse en mètres par seconde i4o, 219 266 l34 ACADÉMIE DES SCIENCES. et avec un tube spécial dont le capillaire a imm de diamètre Courant en milliampères i oo Vitesse en mètres par seconde 8 1 5 >Vi 1190 2° Pour un même courant et une même pression, la vitesse est d'autant plus grande que le tube est plus étroit; bien qu'on ne puisse énoncer de loi nette, sans doute à cause de l'influence des parois, on peut dire que le rapport de la vitesse à la racine carrée de la densité de courant varie peu, tout au moins pour les pressions élevées; ainsi j'ai trouvé : D i uni être Courant Densité Vitesse V ession. D. en milliamp. 1. V. va 6,5 1,08 20 21 ,5 297 66 » i ,65 20 9>3 238 78 » 3,8 3o 2,07 to4 65 Les tubes pouvant d'ailleurs avoir plusieurs régimes, les comparaisons sont difficiles. 3° Pour un tube donné et une intensité de courant déterminée, la vitesse croît lorsque la pression diminue, mais il se présente ce fait particulier que, snn inn .inn ?on ^^c ^ ^~^é£ dejitrt tificatfiV n.i inn S 10 1S Pressions en millimètres de mencure dans un certain intervalle de pression, un tube peut donner des vitesses dif- férentes suivant qu'on a fait croître ou décroître la pression pendant le fonctionnement; voici quelques-uns des nombres obtenus sur un tube de imm,o8 de diamètre, l'intensité étant 20 milliampères; ils sont repré- sentés par la courbe ci-dessus. SÉANCE DU l3 JANVIER I9l3. l'3/î Pressions Vitesses. décroissantes. en lissantes •9>4 » • 4,6 » » t3 "•: » » 9>7 7,85 » » 7,20 » 4,8 2 ,0 O )1 ^66™" 0 ,28 i35 '73 » 232 352 » » 226 n5 i3p, » i35 i59 394 565 On voit qu'il existe deux régimes entre 6mm et i3lum; à pression décrois- sante, les vitesses sont plus grandes qu'à vitesse croissante, le tube présente d'ailleurs des stratifications qui disparaissent vers 6mm, tandis qu'à pression croissante on peut aller jusqu'à i3mm sans que ce phénomène se produise; aux fortes et aux basses pressions, l'un seul des régimes est stable, tandis qu'aux pressions moyennes les deux peuvent exister. Dans ces expériences, la plus grande vitesse observée a été i^4° m : s, dans un tube de im'" de diamètre, le courant étant oamP,i52, soit près de o, 2 amp : mm2. Cette vitesse est de l'ordre de celle que j'ai trouvée pour l'hydrogène solaire, 38oo m : s. chimie PHYSIQUE. — Théorie de l'ef/Iorescence des hydrates salins. Influence de la température. Note (') de MM. Ch. Boulanger et G. Urbaix, présentée par M. Haller. Il résulte d'une étude de l'influence de la température sur le régime de l'efflorescence du sulfate de soude SO'Na-, 1 oH20, qu'à deux tempéra- tures différentes T0 et T, le coefficient A de la formule (2) (0 Lôg(ma— mt)=zLoga 4- ALog(0 — t) conserve sa valeur. Il en est de même du rapport ^j si à l'origine des temps le degré de l'efflorescence est le même pour les cristaux comparés. (' ) Présentée dans la séance du 6 janvier 191 3. (-) Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1246. C R., 1 9 1 3 , 1" Semestre. (T. 156, N° 2.) l8 l3G ACADÉMIE DES SCIENCES dih dt Cela posé, la vitesse d'efflorescence v = -j- étant donnée par la relation (2) i> = KSp(i-| la vitesse doit varier avec la température suivant la même loi que la tension de dissociation P. La vérification directe de cette conclusion est délicate : la vitesse d'efflo- rescence étant représentée par la tangente angulaire de la courbe des pertes d'eau en fonction du temps, la moindre erreur dans la mesure des temps introduit dans la détermination de ce coefficient angulaire une erreur con- sidérable. Mais on peut vérifier cette conclusion par ses conséquences. lïn eftel, on tloil avoir (3) -La,,i=—, — (j représentant la chaleur de dissociation à pression constante pour i "'ol d'eau, et H la constante des gaz parfaits, approximativement égale à 2. si q est exprimé en petites calories. Intégrant l'équation précédente et passant des logarithmes népériens aux logarithmes vulgaires, on obtient tr\ j 1 0,4343 q( T0N (4) L0g"T = L°gl'T„H ^ 11— Y D'où, en tenant compte des équations (1 ) et (2 ) et de la relation KSP := a X8K~', (5) Log0T = Log0r,+ °-^l •(£-«). (G) Log«T=LogaTo 3T \,T"~'J' Ainsi, connaissant les paramètres de l'équation qui représente le régime de l'efflorescence d'un cristal, à une certaine température, on pourra cal- culer les paramètres de l'équation qui représentera le régime de l'efflores- cence d'un cristal identique, à une autre température. Si, comme c'est le cas général, les deux cristaux sont de grosseurs différentes, il faudra tenir compte de l'influence de la grosseur du cristal, ce qui a été l'objet d'une Note précédente ('). L'étude expérimentale du régime de l'efflorescence de deux cristaux de SO'Na-, ioH2U partiellement effleuris, et d'ailleurs inégalement eftleuris à l'origine des temps, a conduit aux relations : (') Comptes rendus, séance du 3o décembre 1912, SÉANCE DU l3 JANVIER ItJlS. l3; Résidu île sulfate anhydre en Température. ct'iiliniilligr. i° Log(327 — »») =o,433 + 1 ,6Log(i9, 8 — 0 273° -4- 090 3i8 2° Log(394 — 7?i) = o,092 -+- 1 ,6 Log(36,5 — t) 273°-f-3i° 367 Le temps nécessaire à l'cfllorescence du cristal supposé non effleuri a été calculé par extrapolation dans la formule ( i°). On a calculé ensuite la valeur que prendrait ce temps, ainsi que Log a, dans le cas où le cristal aurait le même poids que celui qui a servi dans l'expérience (20), en utilisant les formules relatives à l'influence de la grosseur du cristal. On a trouvé ainsi L°g6:r„=' 1^734, LogaT> = 0,462. Ces coefficients ont été ramenés ensuite à la valeur qui leur conviendrait à3i°C, à l'aide des formules (5) et (6). On a obtenu ainsi 8^,= ^o,g5, Loga'r = 0,088. Le régime del'efflorescence à 3i°C àpartir d'un tel cristal non effleuri serait donné par la relation Log (465 — m) = 0,088 -i- 1 ,6 Log(4o,95 — l), Le temps x correspondant à la perle observée de 3q4 centimilligrammes est alors donné par l'équation Log3g4 = 0,088 -i- 1 ,6 Log.i', X zz: 36,g. Le régime de l'efflorescence correspondant aux conditions où l'expé- rience (20) a été faite serait, d'après ces calculs, représenté par l'équa- tion Log(3g4 — m) = 0,088 + 1,6 Log(36,9 — t), qui diffère très peu de celle déduite des expériences directes (20). De l'ensemble de nos mesures il résulte que l'écart moyen entre le calcul et l'expérience est, d'une manière générale, de l'ordre de — ■ Nous signalons que l'équation (5) permet de déduire la chaleur d'hydra- tation du régime de l'efflorescence à deux températures différentes. l38 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE PHYSIQUE. — Relation entre la vitesse d'une réaction photochimique et l'énergie rayonnante incidente. Note de M. Marcel Boli., présentée par M. A. Haller. Les actions chimiques provoquées par Ja lumière sont en général fonction de la fréquence de la radiation incidente : aussi, pour pénétrer dans le dé- tail des phénomènes photochimiques, est-il nécessaire d'employer une fré- quence bien déterminée, ce qu'on réalise, soit en filtrant le rayonnement complexe à travers des écrans absorbants, soit en l'étalant en spectre. Le premier moyen doit être considéré comme un pis aller. La seconde méthode, qui est la seule correcte, est le plus souvent inapplicable, car les radiations ultraviolettes ainsi isolées transportent une énergie trop faible pour produire des effets mesurables. Je suiscependant parvenu à utiliser ce dernier procédé, en appliquant une méthode de mesure très sensible (') à l'étude d'une réaction photochimique à évolution suffisamment rapide (2). Tout contre un aie au mercure horizontal est placée une fente qui peut être assez large (ocm,5 à lcm), car les raies principales du mercure sont très espacées dans l'ultra- violet; l'appareil dispersif est constitué par deux gros prismes de quartz, dont on dis- pose les arêtes horizontalement. Dans la cuve de mesure B précédemment décrite (2). qui reçoit le rayonnement par la surface libre, on forme l'image de la fente, produite par une radiation quelconque, notamment par le groupe 2.536 U. A.; le réglage se fait facilement au moyen d'écrans fluorescents. Au-dessus de cette cuve B, on en place une autre A, parallélépipédique, à fond de quartz, pouvant contenir de l'eau ou divers liquides absorbants. En dépensant 260 watts (65 volts x 4 ampères) dans l'arc au mercure, l'hydrolyse d'une solution di\-millinormale d'acide tétrachloroplatinique est à moitié terminée en 2 heures, ou. si l'on préfère, la résistance de icmI de cette solution passe, en 90 secondes, de S^g/Joo ohms à 8258oo ohms. Etant donnée la grandeur du phénomène, je me suis proposé de déterminer comment le coefficient de vitesse K de cette réaction bimoléculaire varie avec l'énergie rayon- nante incidente : le problème est délicat, car on ne sait pas mesurer avec précision l'énergie des radiations ultraviolettes. On tourne la difficulté, en diminuant ..... W l'énergie incidente W„ dans un rapport mesurable ^- et il suffit pour cela de placer "0 (') Marcel Boll, Application de /'électromètre à l'étude des réactions chimiques dans les électrolytes {Comptes rendus, t. 154-, 1912, p. 34g). (J) Marcel Boll et Paul Job, Hydrolyse photochimique des acides chloroplatiniqu.es an solution très étendue (Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 881 el t. 155, 1912. p. S26). SÉANCE DU l3 JANVIER IC)l3. i3q dans la cuve A une couche d'épaisseur / d'un absorbant approprié : une solution étendue de caféine (de concentration c) convient parfaitement. L'énergie W qui, par unité de temps, sort de cette cuve A est donnée par les lois de Lambert et de Béer W = W0 e-xc', où x représente le coefficient d'absorption de la solution de caféine; le coefficient de vitesse K de la réaction dans la cuve B est une certaine fonction de W K=/(W), 'qui satisfait à la condition /(o) = o, puisque l'hydrolyse des acides chloroplatiniques n'a pas lieu dans l'obscurité. L'hypo- thèse la plus simple est de supposer K proportionnel à W : K _W K"„~ W,' et il vienl par suite K=K0e-"'. Celte formule peut être soumise au contrôle de l'expérience : on détermine les coef- ficients de vitesse K qu'on obtient dans la cuve B, en faisant varier, soit la concen- tration c, soit l'épaisseur / de la solution de caféine; la cuve B contient toujours icl"' d'acide tétrachloroplatinique dix-millinormal. Les résultats sont résumés dans les Tableaux suivants (r indique les volumes de liquide versés dans la cuve A) : g K K c en — - — obs. —cale. litre Ka K„ o i , oo i , oo o,33. io-'2 0,87 0,87 o,5 . io_- 0,82 0,80 io_! 0,65 o,65 2 . io~2 o,43 0,^2 3 . to_i o,3o 0,27 Ce qui donne pour le coefficient d'absorption de la caféine (À = 253(5 U. A.) : x = 44,9- Cette grandeur a été simultanément mesurée, au moyen de la photométrie des spec- trogrammes i1), par M. Victor Henri, qui a obtenu : x = 44- c = const. = .o-- po- utre V en cm'. / en cm. K 1 — obs. K. K 1 — - cale. K„ 0 0 1 ,00 1 ,00 1 0,19 o,9« 0,92 2 0,38 o,83 o,84 5 0,96 o,65 o,65 10 1,92 0, \: 0,42 i5 2,88 0,28 0,27 (') Jean Bielecki et Victor He.vri, Etude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets (Comptes rendus, t. 155, 1912. p. i-56). — Rappelons que cette méthode avait déjà été justifiée, pour les rayons visibles, par des mesures au spectropholomèlre. l4o ACADÉMIE DES SCIENCES. L'accord entre ces deux valeurs, déterminées par deux méthodes aussi différentes, est très satisfaisant. L'hypothèse formulée précédemment se trouve donc justifiée : le coeffi- cient de vitesse dune réaction photochimique est bien proportionnel à l'énergie rayonnante incidente, même si la réaction est bimoléculaire. On voit, de plus, que l'étude cinétique de l'hydrolyse photochimique des ions chloroplatiniques permet de mesurer, en valeur relative, avec une grande précision, l'énergie d'un rayonnement ultraviolet. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les alliages d aluminium avec le vanadium. Note de M. Nicolas Czako, présentée par M. Henry Le Chatelier. Moissan (') a obtenu par réduction de l'acide vanadique par l'aluminium un alliage d'aluminium avec le vanadium à 2,5 pour 100 de ce dernier. Par la même méthode, Hélouis (-) a obtenu des alliages contenant de i à [\o pour ioo de vanadium et il en sépara des lamelles brillantes qu'il consi- déra comme étant le vanadium pur. MM. Matignon et Monnet (3) ont préparé par voie alumino-thermique un alliage, dont ils séparèrent des cristaux contenant de 67,87 pour 100 de vanadium, qui correspond à peu près au composé A1V. Pour obtenir mes alliages, j'ai employé la méthode alumino-thermique. L'aluminium ne contenait que 0,1 1 pour 100 de silicium et o,4o pour 100 de fer comme impuretés. L'acide vanadique a été préparé de métavanadate d'ammoniaque plusieurs fois recristallisé. Les creusets dans lesquels s'effec- tuaient les réactions étaient brasqués à la magnésie. Les expériences ont porté chaque fois sur 100* d'acide vanadique. J'ai obtenu ainsi une série d'alliages dont la teneur variait de 3o à 80 pour 100 de vanadium. Par fusion avecde l'aluminium en proportion convenable, j'ai obtenu lesalliages à teneur moins élevée de 3o pour 100. L'examen métallo graphique des alliages obtenus montre déjà, dans l'alliage à 1 pour 100 de vanadium, la présence des cristaux très brillants dans un fond d'aluminium. La proportion relative de ces cristaux va en augmentant avec la teneur en vanadium, l'alliage à 34, 5 pour 100 de vanadium est presque homogène. La dureté de l'aluminium (') Moissan, Comptes rendus, t. 1-2*2. 1896, p. 1297. {■) IIhi.ouis. liait. Soc. Encouragement, 1896, p. 904- (3) Matignon el Monnet, Comptes rendus, t. 134, 190a, p. '.>.\ ». SÉANCE DU l3 JANVIER igi3. i4i et celle des cristaux étant très différentes, un simple polissage met en évidence ces deux constituant-, sans application d'une attaque quelconque. Par attaque à l'acide clilorliy- drique dilué, j'ai isolé d'un alliage à 3o pour ioo de vanadium, des cristaux brillants contenant 3;, 9 pour 100 de vanadium qui correspondent à la formule AI3 V avec la teneur théorique en vanadium de 38,54 P0l'r 100. Ces cristaux se dissolvent avec len- teur dans l'acide chlorhydrhique concentré. Par une attaque incomplète le résidu possé- dait 37, 8 pour 100 de vanadium, le faillie changement de la composition prouve qu'on est bien en présence d'un composé. L'étude micrographique d'un seul cristal ainsi isolé ( fig. ■?.) montre des lignes de clivage et des figures de corrosion, qui ont les Fig. 1. — V = 1 pour khi. Grossissement =5o d. Fig. 2. — Cristal isolé .\l'\. Grossissement = 200 d. mêmes formes que les petits cristaux dans l'alliage à 1 pour joode vanadium {Jig. 1). Pour les teneurs supérieures au composé AP V, j'ai employé comme procédés d'at- laque micrographique soit une solution d'acide azotique à 5o pour 100 à laquelle on ajoute 6 pour 100 d'acide chromique, soit l'électrolyse dans une solution de chlorure de sodium à 25 pour 100, l'alliage servant d'anode. Nous voyons alors apparaître, en outre des cristaux APV, inattaqués par les réactifs, un deuxième constituant qui occupe presque toute la surface à 53 pour 100 de vanadium. Au delà de celle teneur apparaissent de nouveaux cristaux également inattaquables par les réactifs dont la proportion va en augmentant avec la teneur en vanadium jus- qu'à l'alliage à 60,7 pour 100 de vanadium, où la proportion du constituant attaqué par les réactifs mentionnés est très faible. Par attaque à l'acide sulfurique dilué, auquel on a ajouté quelques centimètres cubes d'acide azotique, j'ai isolé d'un alliage à 58, 3 pour 100 de vanadium des petits cristaux contenant 64, 8 pour 100 de vana- dium, qui correspondent à la formule Al V, avec la teneur théorique en vanadium de 65, 3o pour 100. Ces cristaux se dissolvent dans les mêmes acides concentrés. Par une attaque incomplète, le résidu possédait 64,6 pour 100 de vanadium. '<$ l42 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'alliage à 79,3 pour ioo de vanadium parait homogène au microscope. La compo- sition de ce produit correspond assez exactement à la formule A1V2 avec la teneur théorique en vanadium à 79,0 pour 100. Je me réserve de vérifier s'il correspond réellement à un composé défini. Jusqu'à 10 pour 100 de vanadium environ, ces alliages sont encore malléables. Dès 20 à 25 pour 100 de vanadium on peut les pulvériser au mortier. Jusqu'à 53 pour 100 ils étaient pleins de cavités qui ont rendu diffi- cile à obtenir une surface polie. La dureté de ces alliages va en augmentant avec la teneur en vanadium jusqu'au composé APV et au delà jusqu'à 53 pour 100. La dureté de ce dernier est entre 6 et 7. De 60 à 80 pour 100 ils sont moins durs et exempts de cavités. Le dosage du vanadium a été fait par la méthode suivante : on dissout l'alliage dans l'acide sulfurique dilué auquel on ajoute quelques centimètres cubes d'acide azotique, on évapore à sec, on reprend par l'acide sulfurique dilué, on fait bouillir, on réduit par l'acide sulfureux, on chasse ce dernier par un courant d'acide carbonique et l'on titre à chaud la solution bleue avec du permanganate de potasse -~ normal. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les éléments d'énergie. Note de M. Jacques Dtclaux, présentée par M. Villard. On sait comment la théorie du rayonnement noir a conduit Planck à la notion du quantum d'action et de l'élément d'énergie. Le premier, introduit par des considérations de probabilité, est une constante universelle // : l'élément d'énergie, qui n'est défini que pour un mouvement périodique de fréquence v, est le produit hv. Sa valeur numérique est, si l'on fait intervenir la longueur d'onde A du rayonnement de fréquence v, 19, 6. IO~17 £_ jj On peut arriver à la même notion de l'élément d'énergie par une autre voie, indépendante de la première. On sait que, d'après la règle de Pictet- Troulon, le quotient -=r de la chaleur de vaporisation moléculaire d'un liquide par la température d'ébullilion est à peu près le même pour tous les liquides, et que sa valeur moyenne est 21. On retrouve encore des valeurs voisines pour le quotient ^ de la chaleur de dissociation (ou de dépolymérisation) d'un corps par la température à laquelle s'effectue celte SÉANCE DU l3 JANVIER IO,l3. l43 dissociation : et cet accord conduit à admettre que la constante de la règle de Pictet-Trouton est une constante universelle, dont la signification est la suivante : chaque fois qu'une liaison entre atonies ou entre molécules est rompue d'une manière réversible à une température absolue T, il y a absorption d'une quantité de chaleur kT, k étant une constante indépen- dante de la nature de la liaison ('). La valeur de k n'est d'ailleurs pas le nombre 21 que donne l'application simple de la règle de Pictet-Trouton. En effet, la quantité de chaleur (ou d'énergie) absorbée est utilisée de deux manières : une partie sert à rompre la liaison qui unit deux molécules, par exemple, une autre à communiquer à ces deux molécules détachées l'énergie de mouvement correspondant à la température. Cette dernière est variable suivant la nature particulière du phénomène considéré (c'est-à-dire suivant la nature des éléments antérieu- rement unis par la liaison), et est égale à 5T environ s'il reste des molécules simples : elle peut être absorbée par ces molécules d'une façon continue. Au contraire, l'énergie absorbée par la rupture de la liaison est absorbée d'une façon discontinue : sa valeur, calculée pour la rupture d'une seule liaison, est un élément d'énergie. Cet élément est indépendant de la trans- formation considérée, et sa valeur (en ergs) est, d'après ce que nous venons de voir, £' = 9,5.io-16T. L'élément 1' est la plus petite quantité d'énergie qui puisse intervenir dans une transformation chimique ou dans un changement d'état à la tem- pérature T, tout comme e, élément de Planck, était la plus petite quantité d'énergie pouvant intervenir dans un rayonnement de longueur d'onde X. On peut se demander quel rapport il y a entre ces deux éléments, qui sont introduits d'une manière absolument différente. Pour cela, considérons un corps noir à la température T0 ; son rayonnement se composera d'une infi- nité de longueurs d'onde, parmi lesquelles celle qui emportera le plus d'énergie sera donnée par la relation suivante (Lummer et Pringsheim) : X0T0= 0,294. Faisons momentanément abstraction de cette dispersion des longueurs d'onde, et supposons que le rayonnement du corps noir se compose unique- ment d'ondes de longueur A0 : nous pouvons alors définir l'élément (') L'énoncé se simplilie si l'on fait intervenir les entropies, comme l'a déjà t'ait observer M. Matignon en 1899. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 2.) I9 1 4 /| ACADÉMIE DES SCIENCES. d'énergie, non pins en fonction de la longueur d'onde, mais en fonction de la température à laquelle cette longueur d'onde sera émise. La nouvelle expression à laquelle nous arrivons ainsi est £ = 6,7..o-16T„. D'autre part, à la même température T0, la matière dont sera formé le corps noir sera le siège d'une transformation continuelle : par suite des mouvements atomiques et moléculaires ou du rayonnement, des liaisons seront constamment détruites et rétablies. Il y aura donc une circulation constante d'éléments d'énergie chimique dont la valeur sera e= 9,5.io-,6T0. Ces deux valeurs sont très voisines ; en raison de leur commune imprécision il est possible qu'elles soient identiques et, en tout cas, si elles diffèrent par un facteur constant, ce qui est possible aussi, ce facteur est très voisin de l'unité. Cette identité établit entre deux ordres de phénomènes, en apparence indépendants, une relation assez imprévue, bien qu'elle ne soit pas en oppo- sition avec quelques idées récemment émises par Planck. Les conséquences peuvent en être nombreuses : pour le moment, on peut se borner à dire, en respectant l'ordre chronologique, que l'hypothèse des quanta pourrait n'être qu'une nouvelle forme de la règle de Pictet-Trouton. CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une méthode d'analyse des mélanges d hydro- gène et d'hydrocarbures salures gazeux, hydrogène, méthane, élhane et propane. Note (') de MM. P. Lebi m et A. Damiesjs, présentée par M. H. Le Chateîier. La séparation et le dosage des carbures d'hydrogène gazeux constitue un chapitre important de l'analyse des gaz. Il est généralement facile de carac- tériser et de doser, au moyen de réactifs convenablement choisis, des hydrocarbures appartenant à des séries différentes. Mais les difficultés apparaissent dès qu'on se trouve en présence de plusieurs carbures homo- logues. La méthode eudiométrique, la seule appliquée jusqu'ici, est insuf- (') Présentée dans la séance du a3 décembre 1912. SÉANCE DU l3 JANVIER IÇ,l3. l45 fisante, dès qu'il s'agit d'un mélange de plus de deux carbures et. même dans ce dernier cas, lorsque la composition qualitative n'est pas rigoureu- sement connue. Les méthodes basées sur l'interprétation algébrique ( ' )des résultats de combustions faites sur les gaz, avant et après l'action de dis- solvants, sont d'une application pénible. En outre, les phénomènes de solu- bilité mis en jeu sont trop imprécis et l'on ne saurait attendre de leur utili- sation des résultats satisfaisants. Les mélanges dont l'analyse présente certainement la plus grande diffi- cullé sont ceux formés par les carbures gazeux C"H-"+2. La facilité avec laquelle on peut aujourd'hui produire les basses tempé- ratures nous a conduit à rechercher si la distillation de ces gaz, préalable- ment liquéfiés, ne permettrait pas de les fractionner en portions de compo- sition qualitative bien déterminée et pour lesquelles l'analyse eudiométrique pourrait être efficacement employée. Les carbures d'hydrogène qui nous ont servi pour cette étude étaient d'une grande pureté. Ils avaient été préparés par la méthode générale indi- quée par l'un de nous (a). L'hydrogène se rencontrant souvent à côté des carbures saturés, nous avons compris ce gaz dans nos essais. Les séparations ont été tentées en partant de mélanges de composition connue et de complexité croissante. L'appareil que nous avons utilisé comprenait une trompe à mercure à laquelle était relié un récipient de verre servant de condenseur d'une capacité de 5ocm3 environ. Ce condenseur communiquait lui-même au moyen d'un tube de plomb de petit diamètre et roulé en spirale avec une cloche de verre disposée sur une cuve à mercure. Celte cloche servait à l'introduction du mélange à étudier. Le condenseur, qui était en outre en relation avec un tube manomélrique. pouvait être plongé partiellement soit dans l'air liquide, soit dans un mélange d'acétone et de neige carbonique, soit encore dans de l'éther de pétrole refroidi par l'air liquide. Le vide étant fait dans tout l'appareil, on refroidissait le condenseur dans l'air liquide et l'on faisait ensuite pénétrer lentement l'échantillon de gaz contenu dans la cloche. Lorsque le volume gazeux total était introduit, on attendait que la tension soit fixe, de manière à être assuré de la condensation aussi complète que possible des produits liquéfiables. On procédait ensuite à l'extraction fractionnée des gaz au moyen de la trompe à mercure, en maintenant le condenseur à des températures con- venables. (') De \ oi.dere et Smkt, Revue générale de Chimie pure et appliquée, l. IX, 1-906, p. 3g5, et t. VI, 1907, p. 233 . — Moniteur scient. Quesneville, 4'' série, t. Wll, 1908, p. 285. — ■ Berthelot, Traitr île l analyse des gaz, lyoti. p. 352. (8) F. Lebeau, Comptes rendus, t. 140, 190't, p. 10I2. i/jfj ACADÉMIE DES SCIENCES. Hydrogène et méthane. — La tension du méthane à la température de l'air liquide correspond à environ 8cm de mercure. A — 2io°,5 elle est encore de 5cm d'après Olszewski ('). On ne peut donc séparer ainsi le méthane de l'hydrogène. Cette sépa- ration serait d'ailleurs sans intérêt, car la combustion eudiométrique d'un tel mélange permet d'en déterminer la composition. Hydrogène et éthane. — L'élhane a une tension sensiblement nulle dans l'air liquide. Un mélange d'hydrogène et d'éthane étant refroidi à cette température, l'hydrogène s'extrait intégralement à la trompe à mercure et la portion condensée est de I'éthane. Mélange initial : hydrogène i5rmS, 10; éthane 42l'm\48 (2). Hydrogène extrait à la trompe à mercure à ■ — 1900: i5tm\ 17. Ethane extrait à la température ordinaire : 42e'"', 26. Hydrogène, méthane et éthane. — Le mélange initial avait un volume de 5icma, 17, soit : hydrogène 1 3em% 96, méthane i4ca,a, 89 et éthane 22cm:,,32. Le volume gazeux extrait à la trompe vers — 1900 était formé de a8CB,,va9 d'hydro- gène et de méthane au lieu de âS'"'1, 85. A la température ordinaire on a retiré 22cm!,73 d'éthane pur au lieu de 22cn|S, 3i. Hydrogène, méthane et propane. — Mélange initial 49™*i 54 comprenant : hydro- gène i4cm\3i, méthane i4cm',63 et propane 20cn,a,59. On a extrait à la température de l'air liquide 28cm3,96 de méthane et d'hydrogène au lieu de 28cn|,,90. A la température du laboratoire on a recueilli 20™', 64 de propane pur au lieu de 20e1"', 5g. Cette expérience et la précédente sont d'une grande importance au point du vue du résultat cherché, car elles démontrent qu'il sera toujours possible d'obtenir une première simplification d'un mélange gazeux en isolant dans un premier fraction- nement la totalité du méthane et de l'hydrogène. Hydrogène, méthane, éthane et propane. — L'analyse d'un tel mélange devient très facile par l'application de noire méthode, car on le sépare facilement en deux parties, la première constituée par l'hydrogène et le méthane, et la féconde par I'éthane, et le propane, dont il sera aisé de déterminer les rapports eudiométriquement. Mélange initial : hydrogène 5'"'],56; méthane 5cn,\ 54 ; éthane 35rm", 55 ; propane 3ocm\ 36. Dans un semblable mélange la tension du méthane vers — 1900 est très faible et l'ex- traction doit être prolongée pendant près de 2 heures. On retire ainsi iocu,3,89 de méthane et d'hydrogène au lieu de 11e'"', 10. La combustion de ce mélange fournit les résultats suivants : Pour 100. \" lieu de ' Hydrogène 50,76 50,09 Méthane 'i9,23 49.9' (') Olszewski, Comptes rendus, t. 100, 1 885, p. 940. (2) Tous les volumes gazeux ont été ramenés à la température de o° et à la pression de 76om"'. SÉANCE DU l3 JANVIER IC)l3. l47 Le gaz extrait à la température ordinaire avail un volume de 63tml, 62 au lieu de 63™', 91, volume de l'élliane et du propane dans le mélange primitif. En procédant à l'examen de mélanges plus complexes, nous avons réussi à déterminer les conditions de température favorables à une séparation pratique des autres carbures d'hydrogène gazeux. CHIMIE ORGANIQUE. — Fixation des bisulfites alcalins sur les sels et les éthers- sels des acides acélyléniques. Note de M. Ed. Lasausse, présentée par M. Charles Moureu. Il est possible, dans des conditions déterminées, de fixer soit imo1, soit 2moi r]'un bisulfite alcalin sur les sels et éthers-sels des acides acélylé- niques de formule générale I\ — C = C — C02H. La fixation a pour effet de faire disparaître la triple liaison, et il se forme le sel alcalin d'un acide monosulfonique à liaison éthylénique ou le sel alcalin d'un acide disulfonique saturé. Voici les faits que j'ai observés : i° Le sulfite neutre de sodium réagit sur l'acide phénylpropiolique libre en donnant le (3-sulfocinnamale disodique : (y H-> — C e C — CO2 1 1 -+- SO3 N'a2 = O II3 — C ( SO3 Na ) - Cil - GO2 Na. On chauffe pendant 8 heures à 1000, en tube scellé, le sulfite neutre (imoI,5)en solution aqueuse au tiers avec l'acide phénylpropiolique (irao1). Le sulfite non com- biné ayant été d'abord transformé en sulfate au moyen de l'eau oxygénée, on ajoute un excès d'alcool qui précipite la presque totalité des sulfates. La liqueur, distillée à sec, laisse un résidu, ([non reprend par l'alcool fort et qu'on purifie par cristallisa- tion dans l'eau. Les cristaux, séchés à i3o°, répondent, d'après l'analyse, à la formule C9IIsSOsNa!. Le corps obtenu fournit les réactions suivantes : a. Il décolore rapidement à froid le permanganate de potassium et Veau de brome, mais non l'eau iodée. h. Chauffé en tube scellé pendant 8 heures à i3o° avec un excès d'acide chlorhydrique concentré, il se décompose avec mise en liberté d'anhydride car- bonique et production d'acétophénone : C6H5— C(SO*Na) = CH — C02H-h IICI + H!0 = C'H5- CO — CH*-r-SOs-r- CO2 4-NaCI + H'O. c. Traité par la soude fondante agissant à 2O0°-22oo, il se décompose en donnant l4H ACADÉMIE DES SCIENCES, du sulfite, du benzoale et de l'acétate de sodium : C6 H5 — C ( SO3 Na ) — CH — CO2 Na +- 2 Na OH = C6 H3 — CO2 Na + CH» - CO« Na 4-SO»lf**i Il résulte de ces faits que le composé sulfoné obtenu n'est pas saturé, et que le groupement sulfoné s'y trouve placé en position [1 par rapport an carboxyle. Le sulfite neutre de potassium a conduit de même au dérivé dipotassique correspondant CH — C(SO'K) = CH - C02K. 20 Le bisulfite de sodium réagit sur le pbénylpropiolate de mélhvle en donnant le cinnamate de méthyle-monosulfonate de sodium CG H5 — C- H ( SO3 Na ) — CO-CH ' et le pbénylpropionate de méthyle-disulfonate de sodium (> ll'; - dsH2(SO« Na)-— C02CH3. Dans la même réaction, il se forme, en outre, les deux composés qui dérivent des précédents par saponification, c'est-à-dire le sulfocinnamale disodique C°H' — CaH(S03Na) — C(J2Na et le pbényldisulfopropionate trisodique C"H ' - ( :2H2(S03Na)- - C02Na. On obtient surtout le premier composé quand on chauffe ensemble à ioo°, en tube scellé, pendant 8 heures, une partie de pbénylpropiolate de méthyle, 8 parties de bisulfite de sodium (D 1 , 34 ) el 4 parties d'alcool méthylique. Dans le produit de la réaction, on peut, après un traitement par l'eau oxygénée, isoler, grâce à sa solu- bilité dans l'alcool à p,5°, le cinnamate de méthyle-monosulfonate de sodium, que l'on purifie par cristallisation dans l'eau. Ce corps est avide de brome et réduit à froid le permanganate de potassium. Pour préparer les trois autres corps, on a chauffé à reflux, pendant Jo heures, une partie de phénvlpropiolate de mélhvle avec 10 parties de bisulfite de sodium (D i,3G). Après oxydation des sulfites et élimination des sulfates, le mélange brut de sulfonates est épuisé au soxhlel par l'alcool à o,5° bouillant, qui, lentement, entraîne le pbényl- propionate de méthyle disull'onate de sodium et le sulfocinnamate disodique. On le^ sépare par cristallisation dans l'eau. Le résidu de l'épuisement par l'alcool bouillant est redissous dans son poids d'eau bouillante. De celle solution, on isole le déri\é trisodique par précipitations fractionnées au moyen de l'alcool fort. Le sel de baryum correspondant à ce sel trisodique est un précipité très i\n et 1res peu so/uù/e. 3° L'amylpropiolate de métbyle peut fixer 21"01 de bisulfite de sodium avec formation du dérivé disulfoné saturé. La réaction a été effectuée en chauffant cet èther-sel à reflux, pendant 3o heures', avec un excès de SÉANCE DU I > JANVIER IQI3. I49 bisulfite. Le corps qui a été obtenu répond à la formule GM1" - C2H2(S03Na)! — CO-CH'4- 2 H-O. a. Saponifié par la soude agissant en solution aqueuse à froid, en quan- tité théorique, il conduit au sel trisodique OH" — C3H3(S08Na)*— CO*Na+6H!0. />. Traité par l'acide chlorhydrique concentré agissant pendant 8 heures à 1200 en tube scellé, il fournit l'acide G'H" — C-H^SO'Na)2— COsH+3H30. J'ai préparé d'une manière analogue : L'hexylpropionate de méthyle-disulfonate de sodium Csll»-C!H!(S0îNa)i-C0!CHî+2ll-0; L'hexyldisulfopropioniale trisodique G6Hu _ C3H3(S03 i\a )-— C02Na + 6 H20; L'acide hexylpropionique-disulfonate de sodium C«H»— C-rP(S03Na)- — C02H + 3 H*0. CRISTALLOGRAPHIE. - Sur quelques composés de la choleslèrine donnant des cristaux liquides. Note de M. Paul Gaubert, transmise par M. A. Lacroix. La cholestérine se combine facilement avec diverses substances si elle est fondue avec ces dernières sur une lame de verre pendant quelques minutes seulement ('). Les composés, que j'ai déjà décrits, donnent des cristaux liquides optiquement uniaxes et positifs, ayant une biréfringence de o,o35 à 0,060 et ne présentent pas les belles teintes épipoliques carac- téristiques des cristaux liquides optiquement négatifs (propionate, ben- zoale, etc. de cholestérine, cyanobenzalaminocinnamate d'amyle actif, etc.). Le but de cette Note est de signaler l'existence de quelques nouveaux composés de la cholestérine, obtenus par le même procédé. (') P. Gaubert, Comptes rendus, l. 14o. 1907, p. 722; t. 147. rgo8, p. ig8; t. 149, 1909, p. 608. l5o ACADÉMIE DES SCIENCES. Les divers acides tartriques. fondus avec de la cholestérine pendant i minute environ, donnent un liquide-homogène, isotrope, qui, refroidi vers i45°, produit des cristaux ayant l'apparence de rliombes très allongés et possédant une très grande plasticité. Ils se déforment, en effet, sous l'influence d'une légère pression exercée sur le couvre-objet. Ils s'éteignent suivant les diagonales du losange, et c'est la direc- tion du plus grand indice de réfraction ng qui coïncide avec la grande diagonale ('). Si la température n'est pas trop éloignée de leur point de fusion, les particules cristallines de ces cristaux s'orientent de façon que l'axe optique soit perpendiculaire à la lame de verre et il se produit des plages très étendues, sans contour régulier, montrant en lumière convergente l'image et les caractères des corps uniaxes et opti- quement positifs. Les cristaux à contour losangique sont donc hexagonaux ou quadratiques. Ce qui est remarquable c'est que les cristaux, les plages uniaxes, les stries huileuses, les sphérolitcs et tous les édifices pouvant se produire dans un liquide visqueux biréfringent persistent à la température ordinaire, mais en devenant peu à peu solides, et leur dureté peut même atteindre celle du gypse. On a un fait identique à celui d'un corps fondu devenant solide sans prendre l'état cristallin. Ce cas est souvent réalisé par les corps organiques contenant des impuretés ou dont la température est abaissée au-dessous d'une certaine limite au delà de laquelle la substance perd la faculté de cris- talliser (conchinine ou quinidine, papavérine, etc.). Si l'on chauffe lentement les plages perpendiculaires à Taxe optique et, par conséquent, transparentes et claires, elles se troublent par la production d'un très grand nombre de petits sphérolites dans lesquels l'allongement optique a lieu suivant les rayons. Il semble, à première vue, qu'il y a pro- duction d'une seconde phase liquide biréfringente, mais il n'en est rien, on a toujours affaire à la même phase. Les acides malique et lactique donnent avec la cholestérine des cristaux liquides ayant toutes les propriétés de ceux de l'acide tartrique. Avec les acides maléique (") et malonique chauffés avec la cholestérine, on obtient des cristaux liquides optiquement positifs, se produisant presque instantanément, mais seulement stables entre deux intervalles de tempé- rature très rapprochés. Avec la succinimide, on a des cristaux positifs identiques avec les précé- dents. (') Lien que les cristaux soient limités par des contours très réguliers, il n'a pas été possible de constater des caractères indiquant l'hémiédrie. (l) L'acide fumarique, isomère de l'acide maléique, ne donne pas avec la cholesté- rine des cristaux liquides. SÉANCE DU l3 JANVIER IO,l3. l5l Pour obtenir des cristaux liquides avec les acides succinique, cinna- mique et anisique, il faut les fondre avec la cholestérine à i6o° environ pendant près de i heure. Les cristaux liquides obtenus sont optiquement négatifs et présentent les belles teintes épipoliques caractérisant tous les cristaux négatifs. La phase liquide montrant les teintes épipoliques n'a pas été observée dans presque tous les corps que j'ai étudiés antérieurement, mais il est très probable qu'elle existe, d'après les observations que j'ai faites sur les cristaux liquides mixtes. Pour la mettre en évidence, il faudrait pouvoir empêcher la surfusion de la phase liquide isotrope ou ajouter un corps augmentant l'intervalle de température pendant lequel la phase liquide optiquement négative est stable. Ainsi le butyrate d'ergostérine, préparé par M. Tanret, donne une phase liquide optiquement positive très facile à constater, mais la phase négative apparaît rarement et, pour la voir constamment, il faut ajouter une petite quantité de />-azoxyphénétol. BOTANIQUE. — Nouvelles recherches sur la greffe des Brassica. Note de M. Lucien Daxiel, présentée par M. Gaston Bonnier. Je me suis proposé de rechercher si la greffe influe sur les rythmes du développement et de la mise en réserve chez certaines races ou espèces de Hrassica cultivées. Au mois de mai dernier, j'ai greffé", par les procédés du greffage mixte en fente : i° le Chou-navet sur le Chou-moellier; i° le Chou-rave sur le Chou-moellier et sur le Chou cabus; 3° le Chou-fleur sur le Chou cabus; 4° le Chou cabus sur le Chou-moellier et sur le Chou- fleur; 5° le Navet sur le Chou-moellier; 6° le Chou cabus sur le Navet. Ces greffes ont bien réussi, mais les résultats ont été fort variables, non seulement suivant les diverses séries, mais aussi pour les exemplaires dif- férents d'une même série. Le Cliou-navet greffon, dans les greffes ordinaires, a fourni des tubercules de gros- seur variable qui ont presque tous éclaté par l'action des pluies, quand les tubercules des témoins étaient plus uniformes, plus gros et plus résistants à l'éclatement. Dans les greffes mixtes de ces mêmes Choux, le tubercule du greffon était d'autant plus petit en général que les pousses laissées au sujet étaient plus développées. Seuls les tubercules les plus gros avaient éclaté. Au point de vue du développement, aucun des greffons n'avait fleuri chez les greffes ordinaires. Au contraire, dans les greffes mixtes, beaucoup de greffons avaient fleuri et même fructifié plus ou moins abondamment. Chez certains d'entre eux, l'inflorescence très ramifiée portait des pousses feuillées à base nettement tuberculeuse. II s'était ainsi produit une floraison anormale comprise entre deux tuberculisations successives. C. R., igi3, i" Semestre. (T. 15G, N» 2.) 2° IÔ2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Des troubles de même nature, mais plus accentués encore, existaient chez quelques -relions de Choux-raves grefl'és sur Chou-moellier. Après avoir d'abord donné un faible tubercule allongé, le greffon a fleuri et fructifié, puis il a émis une pousse tuber- culeuse qui a fructifié à son tour; enfin, à l'automne, sur le deuxième tubercule, se sont développées plusieurs pousses tuberculeuses allongées qui oui fleuri en octobre ; en outre, sur le premier tubercule, s'étaient formés deux tubercules fosiform.es assez gros, semblables, sauf la forme, à des tubercules normaux, devant fleurir l'année suivante. Le greffon avait donc présenté, au cours d'une même année, trois tubercu- lisations et trois floraisons successives. Normalement monocarpique et à floraison euchrone, il est devenu polycarpique et à floraison polyclirone. La tuberculisation est devenue elle-même polyclirone. Les Choux cabus greffés n'ont pas modifié leur mode spécifique de développement; ils ont simplement donne des pommes plus ou moins serrées et de grosseur très inégale Les Choux-fleurs greffés ont tous mal formé leur pomme; ils ont porté des inflo- rescences plus ou moins fournies et garnies de fleurs, et ils ont été atteints par le Cystopus candidus quand les témoins étaient presque tous indemnes de maladie. Les Navels ^reliés s'étaient tuberculisés au sommet de la tige sujet et leur grosseur relative était d'autant plus forte que le niveau de la greffe était plus voisin du sol (loi de niveau); quelques-uns ont monté à fleurs et fourni des graines. Dans aucun cas, les tubercules greffons n'ont passé leur couleur au sujet, ni acquis celle du sujet; toutefois l'odeur du tubercule et sa dureté relative étaient modifiées à des degrés divers. Les réserves se sont accumulées dans les parties adaptées héréditairement à la fonction de réserve, exclusivement dans le greffon quand le sujet n'en avait pas, et parfois dans le sujet et le greffon à la fois, quand le sujet possédait normalement un tubercule comme dans le cas des greffes de Chou cabus sur Navel. Toutefois, dans ce dernier cas, le tubercule du sujet est resté toujours plus petit. De ces expériences on peut tirer les conclusions suivantes : i° Citez les Brassica greffés, les réserves s'accumulent seulement dans les régions de la [liante adaptées héréditairement à la fonction de réserve. Elles ne passent, au travers du bourrelet, dans le sujet, que si celui-ci possède des tissus susceptibles de se tuberculiser. 2° Les rythmes spécifiques du développement et de la tuberculisation peuvent, dans certaines races de Choux, varier profondément sousl'influence de la greffe. Un Brassica, monocarpique bisannuel, à floraison et à tuber- culisation euebrones, peut, une fois greffé, se transformer en une plante polycarpique, à floraison et à tuberculisation polychrones. 3" Ces divers résultats et leur grande variabilité suivant les séries de greffes de races ou espèces différentes, et suivant les exemplaires d'une même série, se comprennent facilement si l'on admet l'hypothèse de la variation par greffe que je souteins depuis longtemps ; ils ne sauraient s'expliquer avec l'hypothèse contraire de l'immutabilité du sujet et du greffon. SÉANCE DU l'A JANVIER 191 3. i53 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l' influence de U uranium et du plomb sur la végétation. Note de M. J. Stoklasa, présentée par M. L. Maquenne. Il osl connu que la radioactivité est la plus forte source d'énergie. L'arbre généalogique du radium débute avec l'uranium et se poursuit avec l'ionium, les radiums A et F et le polonium; ensuite vient probablement le plomb. Dans mes études antérieures j'ai déjà fait remarquer que les eaux radioactives produisent un effet excellent, aussi bien sur la germination que sur le développement ultérieur de la plante; on peut dire la même cbose des rayons Becquerel issus de la pecbblcnde (Nasturan) quand on n'emploie pas plus de os,5 à iB de ce minéral dans chaque expérience de végétation. Les savants qui m'ont précédé dans cet ordre de recherches, entre autres Molisch, Fabre, Congdon, Giesel, etc., avaient employé des intensités beaucoup plus fortes, dépassant celle de 600 unités (Macheeinheiten) par litre d'air qui mesure la limite de ce que les plantes peuvent supporter, et c'est pour cela que l'on considère généralement l'émanation du radium comme funeste à la végétation. Étant démontré maintenant que, à dose convenable, cette émanation est au contraire avantageuse, il était du plus haut intérêt de rechercher com- ment la végétation se comporte en présence des sels d'uranium et de plomb. Nous allons examiner successivement ces deux cas. Les expériences relatives à l'uranium ont été faites dans de grands vases, partagés en cinq groupes de dix et contenant chacun 65ks, 5 de terre, une fumure uniforme renfermant : 12 superphosphate à iS pour 100 de P2Os, 6 nitrate de soude, 5 chlorure de potassium, et enfin les quantités indiquées ci-après de nitrate d'urane U02(N03)2,6I-f20. Les dix vases de chaque groupe ont été traités identiquement de la même manière, chaque groupe ne différant ainsi des autres que par la dose de nitrate d'urane ajoutée à la (erre. On a opéré sur le Melilotus albus qui, après 129 jours de végétation, a fourni, au total des dix vases composant chaque groupe, les poids suivants de récolte sèche : ACAbEMIË DES SCIEIMCES. Nitmte U correspondant Matière Excédent d' ura ne. par vase. par hectare. sèche. po ur 100. g 0 s 0 kg O 7'M4 » o, io5 0 , o5o 1 2,5 892,28 24 0,211 0, 1001 5,0 85o, 22 iS 0,^22 0, 2002 10.0 837,8i '7 0,844 o,4oo4 20,0 783,76 9 i54 Premier groupe. . . . Deuxième groupe . . Troisième groupe . . Quatrième groupe.. Cinquième groupe.. On voit que partout l'uranium a exercé une action favorable. Dans le groupe 2, avec os, io5 de nitrate d'urane par vase, soit 2kg,5 d'uranium à l'hectare, l'excédent par rapport au témoin atteint i(\ pour 100: c'est le maximum, mais même avec une quantité 8 fois plus grande on constate encore dans le groupe 5 un effet avantageux, équivalent à 9 pour 100 de matière végétale sèche en plus que sur le témoin. La toxicité de l'uranium n'apparaît pas encore à cette dose relativement forte. Avec le plomb, les résultats sont du même ordre, sauf que ce dernier métal devient plus rapidement nocif. Dans celte seconde série d'expériences on a partagé les essais en douze groupes, comprenant chacun, comme ci- dessus, dix vases à végétation identiques. Dans chacun de ces vases, ren- fermant 8kK,2 de terre, on a introduit : s 1 ,5 nitrate de calcium, 1 superphosphate, 1 chlorure de potassium, plus les quantités de plomb, sous forme de nitrate, qui sont indiquées dans le Tableau suivant; les expériences ont porté sur V Avena saliva et le Poly- gonum fugopyrum. Avena saliva. Polygon . fagopyrun Plomb — — ^ — " '■ — -~ — ^ métallique. Fruits. Paille. Fruits. Paille. S 0 22,4 70,0 76^6 209,1 Deuxième groupe . . . o,00I 4 24,5 88,7 73,5 210,8 Troisième groupe . . . 0,0028 3o,8 89,3 79-9 210,2 Quatrième groupe . . 0,0043 32,7 90,3 79.8 202,0 Cinquième groupe . . 0,0007 3i,9 91,5 81,2 208 , 0 0,0071 17,8 99> ' 94,3 211,0 o,oo85 J8,2 99>3 95,8 2 12,3 0,0099 45,o 89-9 99 - 3 2l8,6 Neuvième groupe . . . 0,01 1 4 45,2 90,8 101,7 219,3 0,0128 43,3 91 ,6 1 2o,3 24l,3 0,0142 42,9 97-' 121,1 24-2,7 Douzième groupe . . . 0,0210 2. ,4 70,3 8o,3 200,6 SÉANCE DU l3 JANVIER I9l3. l55 Dans les deux cas la végétation est fortement excitée par la présence d'une très petite quantité de plomb. Pour VAvena sauva l'effet est déjà remarquable pour le groupe 4; il atteint son maximum d'intensité dans le groupe 7, avec oe,oo852 de plomb par vase, ce qui correspond à o8,oooio3 pour ioos de terre, soit 2kB,7 par hectare. L'excès de récolte ainsi réalisé avec le plomb sur M Avena saliva s'élève à 1 15 pour 100 pour les fruits et 35 pour ioopour la paille. Au-dessus de cette dose oplima le plomb agit moins favorablement; cependant dans le n1' groupe où l'on avait employé 0s,O23 de nitrate de plomb, renfermant oe,oi42 de plomb métallique par pot, on a encore obtenu un excédent de récolte égal à 91 pour 100 pour les fruits et 32 pour 100 pour la paille. C'est seulement dans le 12e groupe, avec os,o334 de nitrate pour 81'8, 2 de terre, que le plomb commence à se montrer nuisible : la récolte, au total comme dans ses deux parties, est inférieure à celle qu'a donnée le témoin. Le Polygonum fagopyrum est moins sensible que l'avoine : la dose toxique est à peine atteinte dans le 12e groupe et c'est seulement au 11e, avec o8,oi4 de plomb par pot que le maximum d'effet s'observe : il corres- pond alors à un excédent, par rapport au témoin, de 58 pour 100 pour les fruits et iGpour 100 pour la paille; la dose de plomb nécessaire a été de 0^000173, soit o8,ooo28 d'azotate pour ioo8 de terre, ce qui équivaut à 1k8,52 de métal ou 7k8,32 de sel par hectare. De ces expériences il faut conclure que l'uranium et le plomb, sous la forme de nitrates et en très petite proportion, augmentent sensiblement la production végétale; ces résultats ont été confirmés par les essais entre- pris sur nos champs d'expérience. Néanmoins nous devons reconnaître que l'influence de ces deux éléments est loin d'égaler celle du radium que nous avons signalée dans notre précé- dente Communication. ACOUSTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Action sur les centres auditif s de vibrations sonores complexes et intermittentes. Note de M. Maraoe, présentée par M. d'Arsonval. J'ai indiqué précédemment comment, chez les sourds et les sourds-muets, on pouvait développer et mesurer l'acuité auditive au moyen des vibrations fondamentales des voyelles synthétiques. l56 ACADÉMIE DES SCIENCES. Dans beaucoup de cas, c'est une véritable éducation de l'oreille, et le malade apprend à entendre en entendant d'abord des vibrations très simples, absolument comme l'enfant apprend à lire en débutant par l'alphabet. Les vibrations que j'emploie ont une durée, une hauteur et une intensité variables, mais leur forme, ou leur timbre, si l'on préfère, est constant, puisque je n'utilise que les vibrations nécessaires et suffisantes pour repro- duire OU, O, A, É, I. Les vibrations de la parole sont beaucoup plus complexes parce que, en dehors des consonnes, qui sont des bruits supralaryngiens commençant ou finissant les voyelles, nous avons les voyelles elles-mêmes ; à ebacune d'elles, se surajoutent le timbre particulier de chaque voix, et les malfor- mations dues à une prononciation défectueuse. Il était donc indiqué, après avoir fait l'éducation de l'oreille pour des vibrations très simples, de faire ensuite son éducation pour des vibrations plus complexes, de manière à se rapproeber le plus possible de la voix naturelle ; en d'autres termes, il fallait faire varier le timbre. J'ai obtenu ce résultat de la façon suivante : les vibrations de la sirène, avant d'arriver au tympan, sont obligées de traverser un des moulages de la cavité buccale prononçant les différentes voyelles; le timbre, au lieu d'être constant, change avec la note sur laquelle la voyelle est émise, et il devient d'autant plus complexe que cette note est plus grave. Les photographies ci-contre montrent bien le phénomène; si la sirène A fonctionne seule, on a le tracé de la figure i dont la forme reste toujours la même; l'intensité seule augmente, puisqu'il la fin elle est 20 fois plus grande qu'au début; si, sur le trajet des vibrations, on place le moulage de la bouche prononçant O (note fondamentale de la bouche : sol 3) le tracé primitif de la figure 1 est complètement transformé. Il varie à ebaque note et est d'autant plus complexe que la note est plus grave (fig- 2). On obtient des tracés analogues en remplaçant le moulage précédent par celui de OU (note buccale : si 2). Quelque soit le moulage, on entend toujours un A, mais c'est un A plus ou moins modifié; c'esl ce qui se produit cbez les chanteurs qui ont une diction défectueuse. On voit donc qu'avec ce procédé, on peut faire varier à volonté les quatre qualités du son: la durée, la bauteur, l'intensité et le timbre; ce que je viens de dire pour A est vrai pour les autres voyelles. J'ajoute que ces vibrations, comme il était facile de le prévoir, ne fatiguent jamais l'oreille; elles servent d'intermédiaire entre les vibrations fonda- SÉANCE DU l3 JANVIER K)l3. r 57 Fie. ,. * -«VB i»VwW. *m *"»**. ;*"v**Mt, - - . •. *-*"*»*-»* 1 58 ACADÉMIE DES SCIENCES. mentales des voyelles synthétiques et les vibrations de la voix naturelle, de telle sorte que les centres auditifs, qui ont été réveillés par elle, comprennent beaucoup plus vite et beaucoup plus facilement les vibrations complexes d'une conservation ordinaire. Conclusions. — i° Quand on veut faire l'éducation cbez les sourds-muets, ou la rééducation cliez les sourds de l'oreille et des centres auditifs, il faut employer les vibrations que l'oreille est destinée normalement à entendre, c'est-à-dire des vibrations aériennes et non des vibrations métalliques. 2° On ne doit employer que des vibrations bien connues, dont le tracé a été pris par la photographie. 3° On doit débuter par des vibrations très simples de timbre constant représentant les vibrations fondamentales des voyelles. 4° Ensuite on emploie des vibrations plus complexes, de timbre variable, analogues à celles que l'on rencontre dans la parole naturelle. f)" On doit toujours pouvoir faire varier l'intensité des vibrations employées, de manière, chaque semaine, à mesurer exactement les progrès de l'acuité auditive. HISTOLOGIE. — Forme, direction et mode d'action du muscle ciliaire chez quelques Mammifères . Note de M. J. Mawas, présentée par M. Henneguy. Dans une précédente Note, nous avons décrit la direction des principales filtres du muscle ciliaire de l'Homme. Nous avons montré que, chez lui, le muscle était composé par deux ordres de faisceaux, les uns ayant une direction longitudinale, les autres une direction oblique anléro-interne, plus ou moins accentuée suivant les cas. Nous poursuivons, dans cette Note, l'étude de la musculature ciliaire commencée cbez l'Homme. Nous décrirons brièvement le muscle ciliaire d'un certain nombre de Mammifères, et nous indiquerons, à la suite, le sens de la contraction du muscle et son mode d'action. L'intérêt d'une pareille étude ne réside pas seulement dans le fait d'ar- river à une notion morphologique exacte. Connaissant la direction des faisceaux composants, on en induit facilement le sens de leur contraction et l'effet de celle-ci sur les libres zonulaires et le cristallin. Ainsi s'établira une base solide, à l'aide de laquelle on aura une meilleure compréhension du phénomène si complexe de l'accommodation de l'œil aux distances. SÉANCE DU i3 janvier ic;t3. i5g Le corps ciliaire qui ressemble le plus à celui de l'Homme est, sans contredit, celui des Singes. Nous avons étudié particulièrement celui de Macacus Rhésus. Le muscle a une forme triangulaire, à base tournée du côté de la chambre antérieure et de la racine de l'iris. Les faisceaux qui composent ce muscle sont, en majeure partie, des faisceaux longitudinaux. Ils vont du ligament pectine à Vora serralaoù ils se terminent en diminuant de nombre et d'épaisseur. Dans la région moyenne du corps ciliaire, celle précisément occupée par les procès ciliaires, quelques-uns des faisceaux longitudinaux tendent à monter vers les procès et prennent une direction oblique antéro-interne. Ils correspondent aux faisceaux obliques de l'Homme, mais ici leur nombre est moins considérable. Il n'y a pas trace, chez Macacus, de faisceaux circulaires. Il est à remarquer que seul, parmi les Mammifères, le Singe présente des faisceaux obliques. En effet, ni chez le Chien, ni chez le Chat, on ne trouve de pareils faisceaux, pas plus que chez le Lapin, le Lièvre, le Cobaye, etc. Le Chien possède un muscle ciliaire assez développé. Il a une forme générale aplatie et est uniquement composé par des faisceaux longitudinaux. Ces faisceaux s'anastomosent parfois entre eux, mais sont toujours séparés les uns des autres par un tissu conjonclif assez abondant, excepté au niveau de la sclérotique, où ils sont tassés contre les lamelles sclérales. Les faisceaux commencent au ligament pectine et se terminent avant l'ora serrata. Du côté antérieur les faisceaux se séparent et vont prendre appui sur les fibres du ligament pectine. On voit quelquefois, chez le Chien, un gros faisceau musculaire unique, qui se dirige vers la base de l'iris. L'œil du Chat ressemble à celui du Chien. Son muscle ciliaire, toutefois plus puissant, a la même structure générale et la même direction. Ses faisceaux sont tous des faisceaux longitudinaux et se terminent du côté du ligament pectine par des groupements isolés. Il en est de même de l'œil du Mouton, du Veau et du Porc. Chez ce dernier, toutes les fibres ont une direction longitudinale, mais leur terminaison du côté du ligament pectine se fait en masse compacte, et non en faisceaux individualisés. Le Lapin est de tous les Mammifères domestiques celui dont le corps ciliaire est le moins développé, et chez qui le muscle se réduit à sa plus simple expression : quelques fibres musculaires lisses au sein d'un tissu conjonctif et élastique abondant. Il arrive même que, chez quelques exemplaires albinos, il n'y est presque plus repré- senté et qu'il est difficile sur certaines coupes d'en étudier la direction. La direction générale des faisceaux du muscle ciliaire des Mammifères est donc une direction méridienne. Les faisceaux musculaires sont concen- triques et parallèles à la direction de la sclérotique. L'effet de leurs con- tractions serait de raccourcir la surface du corps ciliaire et de rapprocher C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N° 2.) 2* l6o ACADÉMIE DES SCIENCES. l'un de l'autre le ligament pectine et Fora serrata. Il en résulterait fatale- ment le relâchement des fibres zonulaires postérieures, et la tension des fibres antérieures. ZOOLOGIE. — Un appareil aérien de type particulier chez un Lémurien (Microcebus minor minor E. GeolTr.). Note de MM. R. Axthoxy et 1. Iîout.vowsky, présentée par M. Edmond Perrier. Un certain nombre de Rongeurs, de Marsupiaux et le Galéopilbèque sont connus pour posséder un appareil aérien de fonctionnement passif essentiellement en rapport avec l'adaptation arboricole, et auquel on donne le nom de patagium (propatagium fermant le pli du coude ; pleuropatagium, reliant le long du flanc le membre antérieur au postérieur; métapotagium, fermant le pli fémoro-tibial et descendant plus ou moins le long de la queue). C'est d'un patagium de type analogue que dérive sans aucun doute l'appa- reil volant actif des Chéiroptères. Il y a quelques années, Beddard avait indiqué une ébauche de pleuropa- tagium chez le Propithèque. L'an dernier, l'un de nous a signalé (Ann. des Sciences naturelles : Zoologie, 1912), pour la première fois, l'existence d'un pleuropatagium nettement caractérisé et très développé chez un Lémurien {Microcebus minor minor E. Geoffr.). Ce pleuropatagium présente une constitution remarquable et très parti- culière. Sous la peau qui le constitue est une cavité très considérable, plus développée à droite qu'à gauche, et s'étendant sur le dos, la base des quatre membres, la région dorsale du crâne, se prolongeant même jusque dans les pavillons auriculaires. Cette cavité est tapissée d'un épithelium mince reposant sur une couche de tissu conjonctif condensé. Il paraît naturel de penser qu'elle est en rapport avec l'extérieur et qu'elle doit pouvoir à certains moments se goufler d'air. Elle serait, par conséquent, comparable au point de vue fonctionnel, aux sacs aériens des Oiseaux et devrait être aussi rapprochée de celle dont K. Deninger a cons- taté la présence (1910) chez un Reptile bien connu de la famille des Aga- midae, le Draco. Nous avons recherché, du côté de l'appareil respiratoire, le point de com- munication possible de cette cavité avec l'extérieur. On sait que certains Lémuriens (Indris) présentent un sac aérien rétro-trachéal (A. Milne- Edwards et A. Grandidier). Nous avons reconnu, chez le Microcebus, la présence d'un organe semblable, mais qui [paraît ressembler plutôt à un SÉANCE DU l3 JANVIER Ip,l3. l6l canal qu'à un véritable sac renflé et court. Ce canal paraît se continuer en bas par des sortes de petits canalicnles par lesquels pourrait peut-être s'établir la communication de la cavité sous-cutanée avec l'extérieur. Cette étude a pu être effectuée grâce à un lot de neuf Microcebits rapportés de Madagascar par M. Geay en 1906, et remis au laboratoire d'Anatomie C, cavité sous-cutanée; e, épithélium tapissant les parois de la cavité (dans les autres endroits de la préparation l'épithelium a disparu par le fait des mauvaises conditions de fixation indiquées au cours de la Note). En haut : paroi externe de la cavité; en bas : paroi interne de la cavité (paroi thoracique). ( Michrophot. de M. L. Semiclion.) comparée du Muséum. Ces animaux, conservés in tolo depuis plusieurs années dans l'alcool, ne constituent pas un matériel de premier eboix pour des recherebes histologiques, et, nous avons dû, de ce fait, laisser dans l'obscurité un certain nombre de points de détail. Néanmoins, nous pouvons résumer ainsi les résultats essentiels de nos recberches : i° Il existe, chez les Micrucebus que nous avons examinés, un appareil patagial très développé (pleuropatagium). 20 Quand on sectionne la peau au niveau de ce patagium (côté droit), on constate la présence d'une cavité sous-cutanée spacieuse qui s'étend sur la plus grande partie du corps. 3° Cette cavité sous-cutanée est tapissée d'un épilhelium, ce qui paraît impliquer sa communication avec l'extérieur. 4° Cette communication s'effectue probablement par un conduit rétro- trachéal qui présente la même signification morphologique (pie le sacrétro- tracliéal des Indris. Le Mémoire où sera décrit cet appareil aérien, si particulier, paraîtra incessamment dans un autre Recueil. 162 ACADÉMIE DES SCIENCES. bactériologie. — Action des sels d uranium et de l'uranium métallique sur le bacille pyocyanique. Note de MM. H. Akulhon et R. Sazerac, pré- sentée par M. Emile Roux. Nous avons continué le travail que nous avons entrepris sur l'action des sels d'uranium sur les micro-organismes (') par l'élude de leur manière d'être vis-à-vis du Bacille pyocyanique. Nous nous sommes tout d'abord adressés aux sels solubles (acétate et nitrate) que nous ajoutions aux milieux de culture à des dilutions variées. Cultures sur bouillon glycérine ou sur sérum hydrolyse (2) : les cultures sont faites en lubes à essais sur 5cm' de milieu. Après le temps voulu de culture, on reprend par 5™' de chloroforme; la pyocyanine entraînée est dosée comparativement dans les divers tubes au colorimètre ; en prenant arbitrairement l'épaisseur de 7mm pour les témoins, on obtient la même coloration avec les autres lubes placés sous les épaisseurs données dans le Tableau suivant; la quantité de pyocyanine formée leur est donc inver- sement proportionnelle. t 11111 1 1 Doses de sels d'urane. 500000 100000 5U0U0 1UUIIU 5001) 1UU0 50U 2U0 mm mm mm mm mm mm Nitrate d'U, bouillon gly- l 7,6 7,7 6,6 6 5,2 4i7 " » cériné (8,5 7,5 5,5 5 4 > 9 4 > 8 » » Nitrate d'U (sérum hyd.). » » » 5,5 4 4>5 6 ocult. Acétate d'U (sérum hyd.). » » » 4 4 4)5 ocult. » On voit, d'après les chiffres du Tableau précédent, que pour le bacille pyocyanique : i° La dose toxique est, avec l'acétate d'urane, le ^; avec le nitrate, le — • 20 Les doses de ces sels allant du iul„u au j^ sont très nettement favori- santes; si la teneur en pyocyanine est proportionnelle à la coloration, on peut compter des augmentations de 75 pour 100 dans la formation de la matière colorante. L'augmentation semble aussi porter sur la croissance du (') De l'action de l'uranium sur certains micro-organismes [Bull. Soc. chini., 4e série, t. Il, 1912, p. 868) et Activation de certains processus d'oxydation micro- biens (Comptes rendus, t. lo5, 2 décembre 1912, p. 1 186). (-) Le sérum hydrolyse, étendu et additionné de certains sels, a été indiqué par Frouin comme milieu de culture très général; il eM particulièrement favorable à la culture du B. pyocyanique et à la production du pigment bleu par ce microbe ( Comptes rendus Soc. Biol., t. 78, 1910, p. 801). SÉANCE DU l3 JANVIER lO,l3. l63 microbe, car avec les doses favorables des sels d'urane, le voile microbien apparaît plus rapidement et semble plus épais pendant toute la durée de la culture. 3° Les doses inférieures au j^^ sont légèrement défavorables; nous retrouvons ici ce curieux flécbissement de la courbe d'action des sels d'urane que nous avions noté à propos du Mycodcrma aceli et du Baclerium xylinum. Nous nous étions posé, dans la Note précédente, la question de savoir si l'activation par les sels d'urane était due à la présence de l'uranium en tant qu'élément chimique intervenant dans les réactions vitales ou bien à son pouvoir radioactif. Dans le but d'élucider ce problème, nous avions pensé tout d'abord à nous adresser aux sels d'urane insolubles; nous avons fait un certain nombre d'expériences avec les uranates de potassium et d'ammonium; les résultats ont été tout à fait favorables et des augmen- tations considérables ont été observées en ajoutant au milieu de culture des doses allant de os, f à ispour 100; lesaugmenlalionsdans la production de pyocyanine ont dans beaucoup de cas dépassé ioo pour 100; mais nous avons vu que dans les conditions où nous opérions une partie du sel passait en solution, probablement par un processus de double décomposition avec les sels du milieu pendant la chauffe à l'autoclave; nous introduisions donc dans la culture non seulement de l'urane à l'état de sels solubles, mais encore du potassium ou de l'ammoniaque, ce qui pouvait contribuer à l'activation observée. Nous nous sommes alors adressés à l'uranium métallique ('). En ajoutant dans du bouillon ordinaire O", i pour ioorln' d'uranium, nous avons observé, dans plusieurs expériences, des augmentations de la teneur en pyocyanine allant de 27 à 60 pour 100; nous avons alors employé des milieux de composition définie en nous servant d'un mélange renfermant: asparagine, 5»; phosphate de potas- sium, 1»; sulfate de magnésium, is; eau, ioooS; nous n'avons obtenu aucune culture sur les tubes témoins, le microbe n'étant pas accoutumé préalablement à ce milieu; au contraire, les vases contenant i? pour 100 d'uranium métallique ont cultivé au bout de 24 heures. L'influence de l'uranium est tout à fait curieuse dans celte expé- rience; sa présence semble donner au microbe une vitalité qui permet son développe- ment dans des conditions qui lui sont peu favorables. Sur le milieu indiqué par ( ' ) Nous nous sommes servis d'uranium Moissan . rendu par la maison l'oulenc ; cet uranium renferme une certaine quantité de carbure, au contact de l'eau, ce carbure donne naissance à toute une série de carbures d'hydrogène, qui sont plus ou moins antiseptiques; nous avons donc été obligés de purifier notre métal par une série d'épuisements à l'eau bouillante, c'est une précaution qu'il ne faut pas négliger si l'on veut obtenir des résultats constants dans les expériences. 1^4 ACADÉMIE DES SCIENCES Gessard (succinate d'ammoniaque, 108; sulfate de manganèse, 28; phosphate de potassium, 5s ; eau, 1000s), nous avons obtenu en présence d'uranium, avec un microbe non habitué, une culture visible au bout de 18 heures, alors que les témoins ne partent que le troisième jour. Avec un microbe habitué, sur le même milieu, tous les tubes sont partis au bout de 18 heures, mais le voile est nettement plus épais en présence du métal, et, dans ce dernier cas, la coloration bleue apparaît beaucoup plus rapidement, elle se maintient plus accentuée pendant toute la durée de la culture; au bout de 10 jours, on dose la pyocyanine au colorimètre et l'on observe pour les tubes contenant l'uranium métallique une augmentation allant de 5o à 57 pour ioo. Dans les liquides neutres que nous employons comme milieux, la quan- tité de métal qui peut passer en solution est infime; or, nous avons vu que les très petites doses de sels d'urane sont inactives ou même légèrement défavorables; étant donnée l'activité de l'uranium métallique sur le Bacille pyocyanique, il faut admettre un autre mécanisme que celui de l'inter- vention chimique, sans doute Yaction radioactive; l'expérience tout à fait concluante à cet égard eût été celle où l'uranium ne se fût pas trouvé en contact avec le milieu : nous avons fait de nombreux essais avec des lubes scellés, les résultats, bien que favorables, ont toujours été très faibles; cela s'explique du fait que le verre, sous l'épaisseur qu'il nous fallait employer pour que les tubes résistent à la stérilisation, retient la majeure partie des rayons uraniques, rayons a et fi. BACTÉRIOLOGIE. — Influence des sels d'uranium et de thorium sur le déve- loppement du bacille de la tuberculose. Note de M. P. Becquerel, pré- sentée par M. L. Maquenne. Connaissant déjà l'influence très nette des sels radioactifs de thorium et d'uranium sur la germination des graines et le développement ultérieur de leurs organes, je me suis demandé si ces mêmes substances n'auraient pas une action analogue sur la multiplication du bacille de la tuberculose et s'il n'y aurait pas là une indication intéressante pour la chimiothérapie. Mes premières expériences ont été faites in vitro avec des cultures pures sur des milieux où le bacille croit et se multiplie avec la plus grande rapi- dité. J'ai adopté comme milieu nulritif le bouillon de veau préparé de la manière suivante : pour 61, 2kff de viande hachée, Gog de peptone, 200* de glycérine et 3og de sel marin, le tout légèrement alcalinisé avec une solu- tion de soude. Ensuite ont été préparées, pour chacun des deux sels étudiés, l'azotate d'urane et l'azotate de thorium, cinq solutions titrées au -^, au -^, SÉANCE DU l3 JANVIER IO,l3. l65 »» 7VïT,i au ûrk; et au7ïïW7„ devant seivir a autant de séries d'expé- riences. Chaque série comprenait 20 ballons renfermant chacun 25™' de bouillon de veau glycérine. Dix de ces ballons servaient de témoins; dans chacun des dix autres on versait icm' d'une des solutions salines précédentes; après stérilisation et ensemencement par une race de bacilles de la tuberculose humaine, ayant l'origine C du 22 mars 1912 de l'Institut Pasteur, les 200 ballons représentant les cinq séries ont été placés dans des étuves réglées à la température de 38°. Au bout de trois semaines, nous avons obtenu les résultats indiqués dans le Tableau suivant : Surface du voile Numéros Titre Poids du sel pour 100 de surface totale. des des en gramme —- ^"^— — -~—— expériences. solutions. par cm3. Azotate d'urane. Azotate de thorium. 1 yj 0,004 o o 2 T^ o,ooo4 25 9oà95 3 -j-ôVô o,oooo4 85 à 90 75 à 85 k tôoôtt o, ooooo4 70 à 80 75 à 85 5 tsthHTô 0,0000004 70 à 80 7.5 à 85 Témoin » o 70 à 80 70 à 85 La grandeur du voile qui s'étend à la surface du liquide étant prise comme mesure du développement du bacille, on voit immédiatement que l'azotate d'urane est beaucoup plus toxique que l'azotate de thorium : en effet, alors que os,ooo4 d'azotate d'urane par centimètre cube de bouillon retarde la croissance du microbe jusqu'à la rendre presque nulle, la même dose d'azotate de thorium l'active. On remarque encore qu'il y a pour chaque sel une dose optima qui favorise l'évolution du bacille et qui est beaucoup plus forte pour le thorium que pour l'uranium ; pour le premier elle serait, par centimètre cube de bouillon, voisine de og,ooo4 et pour le second de og, 00004 seulement, c'est- à-dire dix fois moindre. En examinant au microscope les liquides de culture, nous avons constaté que, dans les milieux où les substances radioactives ont arrêté ou retardé la multiplication, un grand nombre de bacilles offraient des formes de dégénérescence et que beaucoup d'autres paraissaient s'enkyster et même sporuler, s'il est possible d'appeler spores les condensations protoplas- miques colorées par le Ziehl qui se produisent à l'intérieur de ces microbes et dont la nature cytologique est encore mal définie. Quant aux bacilles des cultures où la croissance a été stimulée, leur l66 ACADÉMIE DES SCIENCES. structure interne est analogue à celle qu'on observe dans les cultures témoins. En résumé, les sels radioactifs de l'uranium et du thorium se comportent, au point de vue physiologique, comme beaucoup d'autres sels non radio- actifs. Ils ont aussi chacun une dose optima produisant chez le bacille un maximum d'excitation de ses fonctions assimila trices 15 au-dessus de cette dose, les fonctions de nutrition sont de plus en plus ralenties jusqu'à disparaître; au-dessous, il n'y a plus d'action visible et la croissance se fait normalement, comme si ces matières n'existaient pas dans le milieu de culture. Néanmoins, ces résultats peuvent encore intéresser la chimiothérapie, car, si les effets constatés in vitro se produisent aussi in vivo, on voit qu'il y aurait un certain danger à introduire, dans un sérum ou une substance médicamenteuse quelconque, une dose de ces sels qui serait peut-être susceptible de causer une exagération de vitalité du bacille plutôt que son ralentissement. BACTÉRIOLOGIE. — Sur les cultures colorées de Bactéries considérées jusqu'à présent comme achromo gènes. Note de MM. Ph. Lasseur et G. Thirv, présentée par M. L. Mangin. On sait que le Bacillus mesentericus ruber (Bacille rouge de Globig) donne d'habitude des cultures légèrement colorées en rose. En cultivant cette Bactérie sur le milieu synthétique, dont l'un de nous a donné la composition (')(eau ioos; asparagine oB,o,oo; glycérine 2g,5; phosphate dipotassique os, 25o; sulfate de magnésie og,5oo; chlorure de calcium oSo'io; sulfate ferreux oB,oio), nous avons obtenu des cultures offrant d'épais voiles plissés d'un rouge intense. Cette observation nous a amenés à rechercher si d'autres espèces, voi- sines de B. mesentericus ruber, considérées jusqu'ici comme achromogènes, ne pourraient pas également donner des cultures colorées. Nous avons expérimenté avec des Bacilles de provenance connue, et dans les conditions suivantes : le liquide synthétique est réparti à la dose de 10""' dans des ballons à fond plat de 6ocm' à jocm' de capacité. Après (') Pu. Lasseur, Contribution à l'étude de B. chlororaphis Guignard et Sauva- geau ( Thèse de doc t. es sciences, Nancy, 191 1, p. 56). SÉANCE DU l3 JANVIER I9l3. 167 stérilisation les ballons sont ensemencés avec un fragment de voile prove- nant de cultures âgées de 6 à 7 jours au maximum. Enfin, les vases ense- mencés sont placés à l'étuve à 35° C. L'origine des Bacilles et les résultats obtenus sont indiqués dans le Tableau suivant : Formes étudiées. Collections de MM. Colorations du voile. Colorations du liquioV. II. subtilis A Uhlenhulh (Strasbourg) Rouge Rose, rouge, violet reuge B. subtilis B Uhlenhulh (Strasbourg) Rouge Rose, rouge, violet rouge B. subtilis Courmont et Rochaix Rouge Rose, rouge, rouge violacé (Lyon) B. subtilis P Lasseur et Thiry (Nancy) Rouge Rose, rouge, rouge violet B. subtilis X... (Fribourg) Rouge Rose, jaune B. subtilis Morez Courmont et Rochaix. Jaune, rouge Rose, orangé, jaune (Lyon) B. mesentericus vulga- Neisser (Francfort) Blanche Rose, rouge, rouge violet tus B. mesentericus Ficker (Berlin) Blanche, rouge Rose, rouge, rouge \iolet, rouge brun I!. mesentericus Lehmann (Wurzbourg) Blanche, rouge brun Rose, rouge, violet rouge 11. mesentericus vulga- Calmette (Lille) Blanche Rose, rouge, rouge violet, tus jaune B.peptonis, XII. Fli'igge Neisser (Francfort) Rlanche Rose, rouge, violet rouge B. vulgatus Fraenken (Halle-s.-S.) Rose, rouge brique Rose, rouge orangé, jaune B. mesentericus vulga- Courmont et Rochaix Blanche, rouge Rose, jaune tus (Lyon) B. mesentericus ruber Lasseur et Thiry (Nancy) Rouge Rose, rouge, brun acajou B. mesentericus fuscus Kral (Vienne) Rose, rouge brique Rose, rouge violacé B. mesentericus niger Courmont et Rochaix Blanche, ardoisée Bleu par réflexion et violet (Lyon) par transparence, puis noir B. mesentericus niger Beyerinck (Delft ) Blanche, ardoisée Bleu par réflexion et violet par transparence, puis noir B. mesentericus niger Kral (Vienne) Blanche, ardoisée, rose Rose, bleu par réflexion et violet par transparence, puis noir B. Megalherium Calmette (Lille) Blanche Rouge, rouge violacé B. Megatherium Lehmann (Wurzbourg) Blanche, parfois plages Rose, violet rouge, jaune rouges B. Megatherium Ficker (Berlin ) Blanche Rose violacé, bleu, jaune Ces recherches nous amènent, en outre, à formuler les observations suivantes : i° Cinq types de B. subtilis (provenant des collections de MM. Ficker, Fraenken, C. R», 191.S. 1" Semestre. (T. 15G, N° 2.) 22 lG8 ACADÉMIE DES SCIENCES. Kossel, Lehmann, Neisser)et un type de B. peptonis, VIL Fliigge (collection Neisser), ne se sont pas développés en milieu synthétique. Néanmoins, toutes ces Bactéries ont donné des cultures normales sur les milieux usuels. 2° Sur carotte, pomme de terre ou gélatine, suivant les espèces, on obtient des cul- tures colorées : en rose, avec B. sublilis Morez et B.subtilis A d'Uhlehhûln ; en brun, avec B. mesentericus fuscusde Kral, et en noir, avec les trois types de B. mesentericus niser expérimentés. Toutes les autres Bactéries citées dans le Tableau donnent des "•»•■ tpe cultures blanches ou jaunâtres. 3° Si l'on reporte sur les milieux usuels des cultures colorées par suite du passage eh milieu synthétique, on obtient des cultures incolores. En résumé, à la suite de nos recherches, nous croyons pouvoir formuler les conclusions suivantes : i° La culture en milieu Synthétique permet d'exalter la fonction chro- mogène de certaines Bactéries (B. mesentericus ruber de Lasseur et Thiry, B. vulgatus de Fraenken, fi. subtilis Morez de J. Courmont et Rochaix, //. subtilis A d'UhlenhutH). i" Certaines Bactéries, considérées jusqu'à présent comme achromogènes, donnent sur milieu synthétique des cultures colorées. chimie biologique. — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (gluco- sides oc) à l'aide d'un fer me ni (glucosidase v.) contenu dans la levure de bière basse sèchéeà l'air: élhylgïucoside a. Note de MM. E.m. Bourquelot, H. Hérissey et M. Bridel, présentée par M. E. Jungfleisch. Les glucosides d'alcools dérivés du glucose-rf, obtenus synthétiquement à L'aide de l'émulsine (_'), sont lévogyres et, pratiquement, complètement hydrolysables, en solution aqueuse, par cetle même émulsine qui a servi à les préparer; ils appartiennent donc à la série des glucosides j3 de E. Fischer. Lorsqu'on dissout ces glucosides dans les alcools correspondants, préa- lablement chargés de gaz chlorhydrique, ils sont transformés en leurs composés isomères, dextrogyres, non hydrolysables par l'émulsine, mais bien par un enzyme contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air; ces glucosides renlrantdans la série oc de E. Fischer, on peut, d'une manière i L'obtention de neuf de ces glucosides a été exposée par MM. Em. Bourquelot et M. Bridel dans différen tes Notes publiées dans ces Comptes rendus au cours de l'année dernière. SÉANCE DU l3 JANVIER IO,l3. I<><) explicite, désigner le ferment, qui les dédouble, sous le nom de glucosidase a. Le fait que l'émulsine, qui hydrolyse les glueosides (3, peut effectuer la réaction inverse, c'est-à-dire la synthèse de ces mêmes glueosides, nous a amenés à penser, par analogie, que la glucosidase y. de la levure basse, qui hydrolyse les glueosides y., pourrait de même effectuer la synthèse biochi- mique de ces glueosides a. Nous avons déjà publié (') les résultats d'un certain nombre d'essais pré- liminaires institués en vue de vérifier cette hypothèse. Ces premières recherches nous ont amenés à conclure que la glucosidase a, comme l'émul- sine, était bien, en effet, susceptible de déterminer des processus synthé- tiques ; en outre, elles nous ont renseignés sur les conditions les plus favorables à la réalisation de ces derniers. C'est ainsi que nous avons cons- taté, avec les alcools méthylique et éthylique, qu'il était nécessaire, pour obtenir des résultats positifs, d'utiliser des liquides alcooliques d'un titre relativement bas; la synthèse, aussi bien d'ailleurs que l'hydrolyse, ne pouvaient être déterminées, en milieu alcoolique, que dans des alcools renfermant au moins de 65 à 70 pour 100 d'eau, en volume. En tenant compte de ces indications, nous avons déjà pu préparer, par synthèse biochimique, à l'état cristallisé, l'éllivlglucoside a, obtenu d'ailleurs, il v a une vingtaine d'années, par voie purement chimique ( Km. Fischer). La solution de glucosidase y. a été préparée eu faisant macérer, pendant 16 heures, à -t-33°, 10 parties de levure de bière basse. lavée par décantation puis séchée à l'air, dans 100 parties d'eau toluénée, et filtrant. D'autre part, on a fait à chaud une solution aqueuse au dixième (i« pour 10""') de glucose pur. Ces deux liquides ont été mélangés, puis additionnés d'eau et d'alcool, selon les indications ci-dessous : cm Macéré de levure 200 Solution de glucose.. 200 Eau distillée i8 Alcool à 900 200 Alcool à 3o° q. s. pour 2000 Le tout a été abandonné à la température du laboratoire (-t-i-ï0 à -+-180) et agité de temps en temps. Le titre alcoolique de ce mélange était sensiblement de 3o°; la rotation initiale (') C. /?. Soc. de Biologie, t. LWlli, 1912. p. 0/41. 170 ACADEMIE DES SCIENCES. était de -+- 1°2'(/ — 2 ). Les rotations observées jusqu'à l'arrêt de la réaction ont été les suivantes : Durée 5 jours 10 jours ij jours 20 jours Rotation -M°22' 4-l°34' -r-i°42' -Hl°5o' Une fois la réaction arrêtée, on a filtré le liquide et on l'a porté à l'ébullition ; on l'a ensuite évaporé à sec, sous pression réduite, en présence de carbonate de calcium. On a repris l'extrait par a5ocm' d'eau distillée et l'on a ajouté 5» de levure des boulan- gers (') dans le but de détruire, par fermentation, le glucose non combiné. Après 20 heures, on a filtré la liqueur, on l'a portée à l'ébullition, puis on l'a filtrée de nouveau, et finalement on l'a évaporée à sec. On a traité le résidu à trois reprises différentes, à l'ébullition. par 2oocm3 d'éther acétique anhydre à chaque fois. On a réuni les solutions éthéro-acétiques et on les a concentrées à ioocul3. On a amorcé avec une trace d'étliylglucoside a (2) obtenu par isomérisation de l'éthylglucoside (3, préparé lui-même par synthèse biochimique : une cristallisation rapide s'est produite. On a recueilli les cristaux; on les a purifiés par une nouvelle cristallisation dans l'éther acétique et on les a séchés dans le vide sulfurique. Ce produit, purifié par une nouvelle cristallisation dans l'acétone, présentait les propriétés suivantes : Pouvoir rotatoire otD = + i5o°.64. Il ne réduisait pas la liqueur cupro-potassique. Soumis, en solution aqueuse, à l'action d'une petite quantité de macération de levure basse, séchée à l'air (glucosidase a), il a été rapidement hydrolyse et a donné comme indice de réduction enzymolytique (nombre de milligrammes de sucre réducteur produit dans ioocra' pour un recul de i°) 421, alors que l'indice théorique calculé sui- te pouvoir rotatoire trouvé par E. Fischer, -t- ioo°,6, est de 4i 1. Ce produit est donc bien de l'éthylglucoside a. Le rendement, calculé par rapport au glucose employé, a été de 3 5 pour 100. PALÉONTOLOGIE. Influence du mode de vie sur la ligne suturale des Ammonites appartenant à la famille des Cosmocératidés. Note de M. Robekt Douvn.i.É, présentée par M. Henri Douvillé. Divers auteurs ont signalé les relations pouvant exister chez les Ammo- nites entre le mode de vie et la forme de la coquille. C'est ainsi qu'en 1904, Solger attribuait la dissymétrie de la ligne de ( ') Cette levure fait fermenter le glucose sans toucher au glucoside. ('-) Cet éthylglucoside y. avait comme pouvoir rotatoire : ap = -t- i49°.3. SÉANCE DU l3 JANVIER IO,l3. I 7 I suture de beaucoup d'Ammonites à ce que l'animal aurait vécu couché sur le côté. La glande, peut-être le foie, dont les ramifications ont vraisem- blablement produit les indentalions de la ligne de suture, se serait déformée en raison de cette vie en position pleurothêtique dont la répercussion sur la morphologie des Mollusques a été si complètement mise en évidence par Henri Douvillé, puis par Anthony. D'autre part, les explorations du prince de Monaco et les beaux travaux de L. Joubin ont apporté des données toutes nouvelles relativement aux grands Céphalopodes bathypélagiques. Ces animaux peuvent être de très grande taille, puissamment armés et musclés. Il est très possibleque certains types d'Ammonites, manifestement trop lourds pour avoir mené une vie pélagique, aient comme eux vécu entre deux eaux. Ce fait expliquerait particulièrementbien la grande répartition géographique de certains genres appartenant à cette classe de Céphalopodes. En tout cas, il semble que, dans la nature actuelle, il y ait au moins autant de types de Céphalopodes nageurs, adaptés à la vie nectique que vivant sur le fond, ou benthoniques. C'est sans doute ce qui a conduit Fr. Frech, de Breslau, à considérer ( ■ ) les types d'Ammonites à région ventrale tranchante comme ayant été essentiellement de forts nageurs, peut-être comparables aux grands Cépha- lopodes bathypélagiques décrits par L. Joubin. Ultérieurement Henri Douvillé a attribué (2) au même mode de vie nectique la dilatation de la partie ventrale de la cloison chez les Ammonites crétacées tranchantes. La formation des lobules adventifs de la selle paire la plus externe (s,) serait donc en relation avec ce mode de vie. Louis Dollo (3) a également mis en évidence l'empreinte imprimée à l'or- ganisation de certains Céphalopodes vivant par le mode de vie benthique ou nectique. Il semble que l'on puisse trouver un nouvel exemple de celte relation intime existant entre la morphologie de ces êtres si plastiques et leur mode de vie dans l'évolution de la famille des Cosmocératidés. L'origine de cette famille d'Ammonites est vraisemblablement à chér- ie1) Fritz Frech, Geologische Triebkrdfte itnd die Entwicklung des Lebcns (Archii'f. Rassen =11. Gesellsc/iaf/s liiologie, 1909, p. 1 46 ). {-) Henri Douvillé. Evolution et classification des Pulchelliidés (/>'. 5. G. Fr.. V série, t. XI, 191 1, p. 3ao). (3) Louis Dollo, Les Céphalopodes adaptés à la vie nectique secondaire et à la vie benlhique tertiaire 'Spengelfestchrift, 1912). l'J'l ACADÉMIE DES SCIENCES. 'lier dans le groupe de VAmm. Taylori du Lias, mais sou histoire, du Lias au Balhonien supérieur, est encore obscure. Par contre, ses représentants dans lesétages callovien etoxfordien commencent à être bien connus. C'est d'eux dont nous allons nous occuper maintenant. I . Cosmoceras Jason est une espèce d'Ammonite très fréquente dans le Callovien supérieur (zone à Stepheoceras coronalum ). Elle est parfaitement caractérisée : i" par sa forme et son ornementation : ombilic généralement étroit, bien que pouvant varier dans certaines limites, région ventrale amincie sans être tranchante, forme générale aplatie; ornementation très spéciale à tous les stades; 2° par le dessin de sa ligne suturale qui est comme distendue dans le sens latéral, tous les éléments s'étant en quelque sorte otnerls, les selles vers le bas, les lobes vers le haut. '2. 11 existe, dans les couches immédiatement supérieures (à Peltoceras athlela), une espèce d'Ammonite extrêmement voisine comme ornemen- tation de la précédente, c'est le Cosmoceras (non Si renoceras) Bigoli (') lîizet, espèce connue deDives et du Mesle-sur-Sarthe. Cette forme rappelle à s'y méprendre les variétés les plus épaisses et-les plus déroulées des Cosm. Jason des couches sous-jacentes, mais le tour est à section plus arrondie et l'ensemble de la coquille plus massif. La cloison de Cosm. Bigotiesl complètement différente de celle des Cosm. Jason typiques. Elle est comprimée dans le sens latéral, les éléments en sont étroits et profonds. 3. Tous les Cosmoceras qui accompagnaient, à Dives, Cosm. Bigoli et qui peuvent être considérés comme ses variétés, ont une cloison comprimée latéralement, du même type. Il est impossible de nier l'analogie complète de forme et d'ornementation ' existant entre Cosm. Jason et Cosm. Bigoli. Le second est manifestement un descendant du premier. Mais la différence qui existe entre les lignes suturales des deux types est beaucoup trop grande pour pouvoir résulter d'une orthogenèse normale. Cette différence ne peut, selon nous, s'expliquer que par l'intervention d un facteur éthologique : le changement radical du mode de vie qui de nectique devient benthique. (l) Espèce donl le type nous a été aimablement communiqué par M. le professeur Bigot, de Caen. SÉANCE DU l3 JANVIER igi3. 17 j I. Cosm. ,/ason, forme comprimée, à tour élevé, est une forme adaptée à la vie nectique. La forme particulière de sa cloison ne se rencontre chez aucun autre représentant du groupe, même chez les formes à région Ventrale très développée, mais arrondie, comme les Kepplerites. Cependant, Cosm. ,/ason ne représente qu'un stade d'évolution du phvlum général des Cosmocéralidcs. En aucun cas, il ne peut être considéré comme formant un phvlum spécial. Celte forme spéciale de sa cloison est donc à rapprocher de celle que l'on observe chez certaines Ammonites de la Craie (voir supra, note n" 2) et doit être imputée au développement du foie ou d'une autre glande, développement en rapport avec la vie exceptionnellement active qui est celle des prédateurs nectiques. •2. Cosm. Bigoti, forme épaisse, lourde, à tours arrondis, est une forme adaptée a la vie benlhique. Sa cloison est du type habituel chez les Cosmocératidés, générale- ment représentés par des formes massives qui devaient également être bentlm- niques. FI est probable que Cosm. Jason, forme adaptée à la vie nectique, descend des Kepplerites du C.allovien inférieur, formes lourdes adaptées à la vie ben- tliique. Cosm. /in>;o/ï, qui descend de Cosm. Jason, doit donc être considéré comme adapté à une vie bent/nque secondaire. PHYSIQUE DU GLOBE. — Valeur des éléments magnétiques à l'Observatoire du Val Joyeux- (ai 1e1' janvier if)i3. Note de M. Alfred Angot. Les observations magnétiques faites depuis 1901 à l'Observatoire du Val Joyeux (latitude /|8"/|", longitude o"i()'2'J ouest de Paris) font suite à celles du Parc Saint-Maur. Elles ont été continuées en 191 2 avec les mêmes appareils et ont été réduites par les mêmes méthodes que les années précé- dentes par M. J. Itié, sous la direction de M. Dufour. Les valeurs des éléments magnétiques pour le 1" janvier 1 9 1 3 , données ci-dessous, résultent de la moyenne des observations horaires relevées sur les magnétographes le 3i décembre 191 2 et le Ier janvier 191J et rappor- tées à des mesures absolues. La variation séculaire des divers éléments est la différence entre ces valeurs et celles qui ont été indiquées pour le 1" jan- vier 191 2 ( '). ( ') Comptes rendus, t. 154. 1912, p. 94. lj,\ ACADÉMIE DES SCIENCES. Valants absolues et variations séculaires des éléments magnétiques à l'Observatoire du Val Joyeux. Valeurs absolues pour l'époque 1913,0. Variation séculaire. Déclinaison i4° 4', 26 — 9', 17 Inclinaison 64° 3g', 5 — 1', 6 Composante horizontale 0,19746 H- 0,00007 Composante verticale 0,41696 — o,ooo35 Composante nord o, igi54 -+- 0,00020 Composante ouest -. . 0,04801 — 0,00049 Force totale o,46i35 -0,00029 La série des observations régulières comprend actuellement une période de 3o années et jamais jusqu'ici on n'avait observé, pour la déclinaison, de variation aussi rapide qu'en 1912. Par contre, la composante horizon- tale a, depuis 3 ans, cessé d'augmenter d'une manière notable. J'ai déjà fait observer que la période de baisse avait nettement commencé, pour cet élément, depuis plusieurs années, dans les stations qui sont à l'est du méri- dien de Paris. M. Darget adresse une réclamation de priorité concernant la Note de M. de Fonlenay, présentée à l'Académie par M. d'Arsonval, le 3o décembre 1912. (Commissaires : MM. Daslre et Bouty.) La séance est levée à 4 heures et quart. G. D. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 JANVIER lî)J5. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MINÉRALOGIE. — Sur la constitution minéralogique et chimique des laves des volcans du centre de Madagascar. Note de M. A. Lacroix. Dans deux Notes antérieures (') j'ai exposé le résultat de mes obser- vations sur la constitution des massifs volcaniques principaux du centre de Madagascar, l'Ankaratra et l'Itasy, puis indiqué sommairement la nature de leurs produits et leur chronologie relative. Il me reste à préciser la composition de ces laves et à discuter les indi- cations qu'elles fournissent sur les relations de ces deux centres volcaniques voisins. Une fois l'étude minéralogique de ces laves effectuée, j'ai choisi l'échantillon le plus représentatif de chaque type, dont l'analyse a été effectuée par M. Boiteau. Ankaralra. • Les éruptions ont débuté par un véritable déluge de laves basaltiques ayant couvert tout l'espace que devait occuper le massif. A cette période du plus grand Ankaratra ont succédé des éruptions localisées, qui ont fourni quelques coulées et beaucoup de dômes de laves leucocrates (trachytes, phonoliles, r/iyolile), puis des épanchements délaves à faciès basaltique, de nèphêliniles à olivine d'abord, puis de basaltes feldspathiques. Je donne ci-après, en deux séries, les analyses de ces diverses roches (') Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 3 1 3 et '176. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N« 3.) 23 176 ACADÉMIE DES SCIENCES. ordonnées par groupes ehimico-minéralogiques et, dans chacun de ceux-ci, par ordre décroissant de silice. Série leucocrate. — A' rhyolile d'Ampisarakisoa; Aa trachyte à biotite et sanidine des bords du Sahatsio, au nord d'Antsirabé; A3 trachyte à biotite d'Ambohivorona; A" trachyte à hornblende du ravin entre le Tsiafakafo et le Tsiafakafokely ; A5 trachyte à aegyrine de Marovilsika; A" trachyte phonolitique passant à phonolite d'Iliazadramosa; A7 phono- lite du Tsiafakafokely; As trachyte phonolitique de Bongatsana. A1. A". \. A". A5. A6. V. A». SiO'- 7ï,45 68,34 (>3,oS 58,3g 68,28 60,90 60,81 5g, 49 Al2 O3 I2>97 '6,91 19,22 18,11 17, oS 19, 5o 18,73 17,17 Fe-O3 1,98 1,89 1,99 2,55 i,58 1,80 2,60 2,27 FeO o,53 0,25 0,73 2,65 1 ,o3 1,19 2,37 3,33 MgO o,44 °,44 o,36 i,ij o,i4 o,i5 0,42 1,12 CaO i,5 1 1,71 2,09 3,90 0,26 1,88 1,52 2,62 Na20 3,8i 4,65 5,76 6,24 5,68 7,17 7,76 6,48 K-0 3,53 5,oi 4,26 3,74 4,62 5,20 4,69 5,26 TiO2 0,47 o,56 0,94 1 j 18 o,23 0,42 0,1 5 0,59 P205 0,29 0,17 0,42 o,3o o, 10 0,08 o,ii o,38 H2Oàno°.... 1,74 0,06 o,64 0,57 o,4i 0,16 0,16 0,37 II2 O au rouge. . 0,89 » o,58 0,94 0,12 ',07 o,3i 0,57 99,61 99,99 100,07 99,68 100, i3 99,8o(') 99,63 99,65 1.4.2.3. 1.5.2.4. H. 5. 2. 4. t.4.1.4. 1.5.1.5. II.5.I.4. Toscanose. Lauriskose. Akérose. Kallerudose. Nordmarkose. Umpte- kose. La caractéristique de ces roches de couleur claire, dont la teneur en silice oscille entre 71 pour 100 et 58 pour 100, consiste dans leur nature K- O dosodique; le rapport moléculaire j^-jt^ ne varie qu'entre o,3g(A4) et o,53 (A5 et A8), avec seulement deux exceptions sodipotassiques, s'éloi- gnant peu du groupe précédent et dans lesquelles le rapport est 0,61 [la limite des deux subrangs est 0,60 (A1) et 0,72 (A2)]. Cette dernière roche est la seule dans laquelle la potassse est pondéralement un peu supérieure à la soude. Parmi ces roches leucocrates, il faut distinguer deux groupes : l'un com- prend la rhyolite à hornblende A', les trachytes à biotite (A2 et A3) ou à hornblende (A*), dont quelques-uns (A2) sont en outre riches en gros (') Y compris Cl o, i5 ; SO3 o,o3. SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 177 phénocristaux de sanidine comparables à ceux des trachylesdu Monl-Dorc; certaines de ces roches sont assez quartzifères. Le second groupe renferme des roches très pauvres en chaux (A1), ressemblant à des aphtes à grain fin; ricbes en anorthose, elles ren- ferment du quartz, de la riebeckile et de l'aegyrine. Plus fréquentes sont les roches à délit phouolitique; ce sont des trachytes sans feldspalhoïdes (As), des trachytes phonolitiques pauvres en néphéline (A6) ou de véritable phonolites (A7); toutes renferment des microlites de pyroxène, qui, suivant la teneur en chaux de la roche, est de Taugile œgyrinique (A7) ou de l'augite verte (A8). Série basaltique. — B\ basalte à grain fin de Taniankatsaka; B2, labradorite d'Ambohibaho; B3, labradorite d'Ambodinapahilra ; B', basalte dolérilique du pied d'Inanobé; B' scorie basaltique du Tritriva (analyse de MM. Duparc, Wunder et Sabot); B° basalte de Soanindravina; B7 basalte des bords de la Katsaoka; B8 basalte à gros phénocristaux de plagioclase du ravin entre le Tsiafakafo et le Tsiafakafokely ; B9 téphrile entre le Tsiafakafo et le Tsiafajavona; B'° néphélinite à mélilite du Laona; B" néphélinite du sommet du Tsiafajavona. B1. B\ B». B4. I! . BG. li B". SiO2....' 5 i,3S .',8,76 46, 62 $&, 38 fo,m 47,22 43, 39 43,09 A-l-O3 16,07 *9»5? 19.02 16,49 '4.75 'S.,*' '3,86 16,46 Fe-<,:' 3,93 4,23 5,36 3,29 3,28 3,99 2.71 4,59 Fe° 6,19 4,69 5,12 8,83 6,81 6,55 9, 54 6,18 MgO 4,98 3.o6 3,66 5,39 8,52 7,37 9,82 8,34 CaO 6,34 7,70 8,68 8,97 9,61 8, ',9 11,98 12,87 Na50 4,6o 3,95 3,78 2,81 3,o6 3,29 2,23 i,36 K! 0 2,20 2 , 69 2,08 2,01 1 , 56 2 , 1 s 1 , 1 4 0,82 TiO2 2,83 2,36 2,70 3,77 2,35 2,60 3,4a 3,3i I12^'" 0,78 0,1 5 0,22 0,75 0,60 0,41 o,58 o,3() HsOàno° 0,22 0,78 o,85 o,33 j a | o,56 0,20 1 M M 1P0 au rouge.. 0,69 i,75 r ,55 0,80 |°'o2( ,,88 1 ,55 100,21 99,69 99,64 99,82 101,68 99,75 100,16 99,92 II . 5 .'3 . 4 ~ IH.-5.S^P" mK3.ï{ï-h) III. G. 3. 4 !V.2'(3).1(2).2 Andose. Camptonosc. Auvergnose. Limbur- Uvaldose. gose ■ Cette série s'étend, au point de vue minéralogique, de labradorites et de (' ) Y compris o,25 de MnO. 178 ACADÉMIE DES SCIENCES. basaltes très feldspathiques à des néphélinites à olivine très mélanocrates, renfermant parfois de la mélilite et de la perowskite. Quand on l'ordonne, comme je l'ai fait plus haut, par ordre décroissant de silice, elle se montre continue, à deux exceptions près; celle qui concerne B5, c'est-à-dire la scorie du Tritriva, est probablement accidentelle et due aux nombreuses enclaves de quartz, qui se distinguent même à l'œil nu. Quanta B8, c'estune roche spécialement riche en plagioclases ; à ce point de vue, elle contraste avec le type le plus voisin (B7), ne renfermant que quelques microlites de feldspath. Ces différences minéralogiques sont la conséquence de la teneur plus grande en alumine et en chaux, moindre en alcalis de la première de ces roches. Les néphélinites à olivine constituent l'aboutissant le plus basique, le plus mélanocrate, d'une série de basaltes feldspathiques à caractère alcalin très net, mais ne renfermant pas de néphéline à cause de leur teneur trop élevée en silice ; la téphrite (B9) est à tous égards un terme de transition. Le basalte (B8), franchement subalcalin, tranche au milieu de cette série. Le rôle joué par ces néphélinites aidera à comprendre l'existence de ce type pétrographique dans divers points de l'île [extrême Sud; côte Est (Mahanoro, environs de Vatomandry), etc. ], dans lesquels la majorité des roches éruptives est subalcaline. ' La considération de l'autre extrémité, la moins basique, B1 à B* de la série, fait voir que les grandes différences minéralogiques et structurelles qu'on y observe (labradorites sans olivine et basaltes; toutes les struc- tures entre les types très peu cristallins et des roches ophi tiques compa- rables à des diabases) sont beaucoup plus sous la dépendance des conditions physiques dans lesquelles s'est effectuée la consolidation du magma que sous celle de différences systématiques de composition chimique. En résumé, la caractéristique des laves du massif de l'Ankaratra est de constituer une série pétrographique alcaline à caractère essentiellement dosodique, série qui, au point de vue minéralogique, ne renferme de types à néphéline qu'au voisinage de son extrémité la plus acide, ainsi que dans ses termes les plus basiques. Ces roches à feldspathoïdes encadrent non seu- lement des types alcalins, sans néphéline, mais aussi quelques types sub- alcalins. On voit, en outre, qu'il est légitime de considérer, comme je l'ai fait, le petit massif du Vontovorona, isolé du massif principal de l'Ankaratra, comme une dépendance de celui-ci; les roches qui en proviennent, trachy- tiques(A$) ou basaltiques (Bf et B"), s'intercalent, en effet, au point de SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 179 vue chimique, dans les roches de l'Ankaratra proprement dit et corres- pondent, en outre strictement, à des types représentés dans celui-ci. Itasy. Les types observés sont les suivants : Série leucocrale. — C1 phonolite du Kitia; C2 trachyte de l'Andrano- natoa (type dominant). Série basaltique. — G3 andésite à haiiyne du Kasige ; C4 labradorite très feldspathique d'Antsahondra; C5 limburgite d'Andranonatoa. Basaltes limburgitiques : C° de l'ouest d'Ankidona; C7 N. du Mazy; C8 d'Ambohi- mahala. C. c. c\ C*. c5. c*. c C". SiO2 60, 3o ^6,90 47)34 43.4o 41)12 42,12 40,92 4 ',00 AlsO' 20,62 19,24 16,28 15,29 n,65 12,24 n,85 10, 4i Fe203 i,53 3,07 5,82 6,65 7,29 5,71 5,72 11,42 FeO o,5i 0,78] ., „ } 4,oQ 7,11 7, 10 7,oo o,oqi MnO 0,20 0,20 ■+'»/' /> /> l -7 /./. „ ( / >44 MgO 0,19 0,84 3, 5 1 4,95 7,78 o,i5 0,23) CaO i,4g 4,7' 9> -5o n,23 12,07 8,43 8,12 8,07 Na20 •. 8,06 5,98 4,89 3,7.4 2,56 11,97 12)23 11,66 K20 5,64 4,99 3,34 2,78 2,1 4 2,09 2,18 2,86 TiO2 o,25 1.40 2,83 3,90 6,38 2,56 2,18 2,57 P20> 0,08 0,25 1,01 i,r4 0,92 4,i)5 5,43 3,76 H'Oà'iio0.. 0,12 0,1 5 0,121 jo,38 0,80 0,98 0.20 „,A „ „ .0,09 , I0.25 0,20) , H2Oaurouee o,3i o,;i7 0,20) '0,70 • '„ '} 0,41 |o,3l I),j5| Cl o,3i » » » » » » » „„, 0,18 » o,43 » » » « » 99'79 99)â8 100,20 99,78 100,18 100,11 99,70 99,80 1.5.1.4 II. 5. 2. 4 II.G.2.Ï III. 6. 3. 4 III. G. 3. 3 IV. 2(1).! (2). Nordmarkose. Akérose. Essexosc Liraburgose. Ourose. Yamaskose. Dans leurs caractéristiques générales, toutes ces roches présentent une grande analogie avec celles de l'Ankaratra, sans qu'il soit possible toutefois d'identifier leur ensemble. Elles sont aussi dosodiques, mais en général le rapport ., est un peu plus élevé. Il exi ste aussi des types sodipotas- siques .. 2( 0,61 (Cs) à 0,67 (CG) mais ceux-ci, au lieu de constituer, comme dans l'Ankaratra, des roches leucocrates, sont localisés à l'extrémité la plus basique de la série. 180 ACADÉMIE DES SCIENCES. En définitive, tout en renfermant une quantité analogue de soude, les roches de l'Itasy sont en général plus potassiques que celles de l'Ankaralra. Sous cette réserve, laphonolite du Kitia est comparable à celles du Tsiafa- kafokely; le trachyte à augite de l'Andranonatoa au trachyte à hornblende du Tsiafakafokely. Il existe de même une grande analogie chimique entre la téphrite du Tsiafakafo et les deux limburgoses (C4 et C5) de l'Itasy, qui ont cependant une composition minéralogique diiïérente. On peut relever entre ces deux dernières roches des différences minéralogiques et chimiques de l'ordre de celles indiquées plus haut entre B8 et B'. Mais en outre de ces analogies, le massif de l'Itasy présente des types pétrographiques spéciaux, l'andésite à haiiyne du Kasige et de quelques autres gisements, les limburgistes passent à des basaltes (C6 et C), dans lesquels la teneur en silice est suffisamment basse et celle en potasse assez élevée pour permettre l'apparition d'un peu de leucite, tandis que la néplié- line reste caractésislique des roches les plus basiques de l'Ankaralra. En résumé, les matériaux qui ont alimenté ces deux centres volcaniques sont analogues, mais non pas identiques. Ils ont été fournis par des magmas parents, mais non par le même magma et s'ils ont évolué dans le même sens : roches basaltiques feldspathiques au début, roches trachytiques et phono- litiques, puis roches basiques alcalines, l'évolution a été poussée plus loin dans le massif de l'Ankaralra, où des laves basaltiques feldspathiques ont fait une réapparition avant l'extinction définitive de l'activité éruptive. Cette constatation fournit une réponse à une question que j'avais posée dans une de mes Notes précédentes. En présence de l'égale fraîcheur des cônes à cratère et des cheires de laves noires de l'Itasy et du sud de l'Ankaratra (environs d'Antsirabé et de Betafo), je m'étais demandé s'il ne fallait pas identifier ces volcans, aussi bien au point de vue de leur composition que de leur âge très récent. On vient de voir qu'il n'en est rien. Ces volcans ont été indépendants les uns des autres, puisque dans l'Itasy les laves qu'ils ont émises sont les types les plus spécialisés (andésites à haiiyne, limburgites à tendance leucitique avec un seul exemple de trachyte), alors que dans le sud de l'Ankaralra on trouve uniquement des basaltes feldspathiques de type banal. De même, il n'est pas possible de rattacher directement au massif de l'Itasy les quelques volcans clairsemés plus au Nord dans le Yalalafotsy, aux environs de Fénérive; leurs laves sont des néphéliniles à olivine, comparables à celles de l'Ankaratra. SÉANCE DU 20 JANVIER 1913. 181 THERMODYNAMIQUE. — Sur la stabilité adiabatique de l'équilibre. Note de M. Pierre Duhem. Soient \i l'énergie interne d'un système normalement défini, $ l'entropie du même système, O le potentiel des actions extérieures. Soit Eu un état du système où les quantités considérées ont des valeurs K0, 50, 120. i° Si S0 est un maximum parmi les valeurs que prend l'entropie des divers états où la somme (II + 0) est égale à { 1I„ + ÛJ,')', pour le système enfermé dans une enceinte imperméable à la chaleur, l'état E0 est un état d'équilibre stable; 20 Si (M0 -+- ù0) est un minimum parmi les valeurs que prend la somme (M + 12) relative aux divers états où l'entropie £ a la valeur 60, pour le système enfermé dans une enceinte imperméable ci la chaleur, l'état E0 est un état d'équilibre stable. A quelques variantes près, ces deux théorèmes ont été énoncés par Gibbs au début de son Mémoire On thc equilibrium of heterogeneous substances ; mais les brèves considérations dont il les accompagne sont fort loin de constituer une véritable démonstration. On en peut dire autant de ce que (i. Robin, en sa Thermodynamique générale (p. i45) a écrit au sujet du premier de ces théorèmes. Ce premier théorème, nous l'avons démontré dans notre Traité d'Ener- gétique (t. II, p. 3 1 5-323), mais en le restreignant aux systèmes dénués d'inertie; récemment, M. E. Jouguet a prouvé (') que cette restriction était inutile et pouvait être supprimée. L'ingénieuse démonstration de M. Jouguet considère un système formé d'un nombre limité de parties dont chacune est portée à une température uniforme. Pour l'étendre à un système sur lequel la température affecte une distribution continue, il faut lui faire subir une modification assez pro- fonde ; c'est cette modification que nous voudrions indiquer ici. Nous userons de trois lemmes : Premier lemme. — Si Jô est au plus égal « ô0 en tout état t où VI -t- _„ uo^ --0» (') E. Jouguet, Sur la stabilité de l'équilibre d'un système enfermé dans une enceinte imperméable à lachaleur {Comptes rendus, t. loo, décembre 1912, p. 1 4g3). j82 académie des sciences. S est assurément inférieur à ô0 en tout étal E où (XI -h il) est inférieur à(Hf0+Û0). Prenons, en effet, un tel état E ; sans changer l'état abstraction faite des températures, faisons, en tout point, croître la température & d'une même quantité t donnée par l'égalité / f ycfcdrn=ilH0-t-Q0—H — <2, où dm est une masse élémentaire du système et y la chaleur spécifique normale de cette masse, y étant positif, en vertu du postulat de Helmholtz, t est assurément positif. Soit E' le nouvel état; en cet état, le potentiel externe a gardé même valeur ù qu'en l'état E, tandis que l'énergie interne est devenue ■-^/T" dbdm, en sorte que l'on a 11 ' + Cl = U„ -4- O0 et que l'état E' est un état t. On doit donc avoir 55'^ J30. Mais, d'autre part, *'^+f£ ïk)d*dm' où F(!v) est la température absolue. On a donc sûrement & < ô0. c. Q. F. D. Second lemme. — Si (Il + Cl) est au moins égal à (I(0 -h Cl0) en tout état où S = &0, (M -+- Cl) surpasse certainement (U0 + i20) en tout étal où S surpasse ô0 . La démonstration de ce lemme est toute semblable à celle du précédent. Troisième lemme. — Si ô est inférieur à 60 pour tout étal t où K + ï> = l(„ + G„, (lit' -+- Cl') est supérieur à (K0 + ll0) pour tout état e' où & = £0. Prenons, en effet, un état i' et, sans rien changer à l'état, abstraction faite des températures, faisons, en tout point, croître la température S SÉANCE DU 20 JANVIER IC)l3. l83 d'une même quantité t donnée par l'égalité ,3 + T f f yd$dm = Via+&l)— W— SX. Soit s" le nouvel état. Nous aurons Q"= ù' et „ ^,^ + T W=W+ / ydSdm, en sorte que l'égalité (1) nous donnera H"+ ii" = 1(0 + Î20; l'état e" sera un état e; S" sera inférieur à 0O ; mais, d'autre part, 6'= ô0, et ( )n a donc II 3+T ^dSdnKo. Cette inégalité exige que t soit négatif. L'égalité (1) donne alors M'+S2'>îï0+Ûb. C. Q. F. D. Réciproquement : Si (M' -h il') est supérieur à (U0-t-Q0) pour tout état i où S' = S0, 6 e.v/ inférieur à S0 /?owr / 8). Ces valeurs s'écartent très peu de celles qui avaient été indiquées antérieurement par M. Tiffeneau {toc. cit.) et par Wallach (*). (') Tiffeneau, Ann. Chim. Phys., 8e série, t. X, 1907, p. i45. (s) Sprinkmeyer, lier. chem. Ges.. t. XXXIV, 1901, p. ig5o. (*) F.-W. Kaï et W.-II. Perkin, /. chem. Soc, 1. LXXXV1I, i9o5, p. 1066. (4) Wallach, Ann. Chem. Pharm.. t. 275, p. i58. SÉANCE DU 20 JANVIEK I9l3. 187 Le mëtament liane synthétique, inactif racémique, bout à i66°-if)71> (corr.). Nous avons obtenu à 24" : ^"=0,7963 et nD=i,44°; d'où Rn = 46,2 (calculé 4^i°)- Kncevenagel qui l'avait obtenu en bydrogénant par le zinc et l'acide acétique l'étlier iodhydrique du inétamenthol, lui avait assigné comme point d'ébullition i67°-i68° ('). Un métamenthane dextrogyre est obtenu en bydrogénant à 2000 sur un nickel actif le sylvestrène naturel dextrogyre. Le sylvestrène, qui nous avait été fourni par la maison Schimmel, bouillait à i76°-i78°, et il donnait à 21° : rf*' =0,8625 et «„ = i,477> avec un pouvoir rotatoire spécifique à 21°, [ œj„ = + i5°,6, valeurs un peu diffé- rentes de celles qui avaient été définies par Atterberg (2). Le métamenthane qu'il fournit est un liquide d'odeur agréable qui bout à iG-°-i68° : dl = o,8235. A 23°, on a : d203 = 0,8 116 etrcD = i,446; d'où R„ = 45,9 (calculé 4^,o). Il est dextrogyre, avec un pouvoir rotatoire spécifique à 23° : [a]D = + i°,6o. Série para. — Le paracrésylpropène-i bout à 1860 (corr.). Nous avons trouvé : d" = 0,9121 et, à 1 6°, d\* = 0,9074 avec /?„ =1,628; d'où RD = 44?8 (calculé 44)4)- M. Tiffeneau (loc. cit.) avait indiqué des carac- tères identicjues. Le paracymène bout à 175°, 5 : rf" = o,852-, propriétés semblables à celles du produit obtenu antérieurement par diverses voies. Le paramenthane bout à i67°-i68" (corr.), valeur un peu inférieure à celle du carbure préparé autrefois par l'un de nous, et qui retenait sans doute un peu de produit nitré. Nous avons trouvé : d\ = o,8i34 et, à 25°, dl' = 0,8028, avec nD = i,44°ï d'où R„ = 4^)9 (calculé 46,0). M. O. Lehmaxn, Correspondant récemment nommé dans la Section de Minéralogie, fait hommage à l'Académie, pour sa Ribliothèque, de la série des Mémoires qu'il a publiés, notamment sur les cristaax liquides. (') Knoevenagel, Ann. Cliem, Ptiarm., l. 297, 1897. p. 17^. ( '1 Atterberg, Ber. chem. Ges., t. X, 1897, p. 1202. l88 ACADÉMIE DES SCIENCES. MEMOIRES LUS. Sur l'identification du crâne supposé de Descaries par sa comparaison avec les portraits du philosophe, par M. Paii. Richer. L'Académie des Beaux-Arts a été récemment consultée par M. Darboux, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences pour savoir si l'on ne pourrait pas se servir des différents portraits de Descartes afin d'identifier le crâne qui se trouve actuellement au Muséum et dont l'authenticité, malgré les témoignages historiques, reste encore douteuse; j'ai eu l'honneur d'être chargé de cette recherche. J'en ai soumis les résultats samedi dernier à mes confrères de l'Aca- démie des Beaux-Arts; je viens les présenter aujourd'hui à l'Académie des Sciences. Semblable tentative a déjà été faite il y a près d'un siècle. L'idée pre- mière en revient à Alexandre Lenoir qui, dans une lettre adressée à G. Cuvier en réponse à une demande de renseignements relatifs aux diverses exhumations des restes de Descartes, disait : Par la confrontation de cette tête (le crâne supposé de Descartes) on pourrait peut- être arriver à quelques éclaircissements; je veux dire que d'après les portraits de Descartes peints par Bourdon et Le Nain (Lenoir veut dire Franz Hais) que j'ai exa-. mirfés, la face doit être courte, aplatie, carrée; les os de la pommette par conséquent un peu élevés et s'allongeanl vers les temporaux. Ce serait une confrontation à faire. Cuvier n'y manqua pas et répondit à Lenoir : Dans la comparaison que j'ai faite de la tête du Muséum avec le portrait de Des- cartes, les os du nez et de la pommette, l'os frontal, les orbites et, en général, toutes les proportions de la face m'ont paru d'une ressemblance frappante. Mais Delambre ne partageait pas l'opinion de Cuvier, car il écrivait : M. Cuvier croit que le crâne est celui de Descartes, parce qu'il trouve de grandes conformités avec l'estampe, et moi je crois voir le contraire. La question était dès lors posée, mais elle n'était pas résolue. En septembre dernier, l'authenticité du crâne de Descartes était à nou- SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. l8y veau soulevée el M. Yerneau, professeur d'anthropologie au Muséum, y consacrait récemment un long article qui n'avait pas encore paru lorsque M. Darboux vint nous demander de nous en occuper. Dans son travail, M. Yerneau ne manque pas de rechercher dans la com- paraison avec les portraits du philosophe, des preuves de l'authenticité du crâne conservé au Muséum. M. Verneau semble même aller, à ce propos, jusqu'à la preuve ultime, puisqu'il dit : J'ai photographié le crâne dans la position que Hais avait fait prendre à son modèle en le réduisant à l'échelle de l'épreuve dont j'avais fait l'acquisition au Louvre. J'ai ensuite superposé ces deux photographies et j'ai constaté une concordance très remar- quable. Mais M. Verneau s'en lient à cette affirmation, il n'indique point la méthode qu'il a suivie et il ne publie pas les intermédiaires du rapproche- ment, c'est-à-dire les photographies superposables. De sorte que, même après son travail, la question de l'identification du crâne par l'image reste encore ouverte. Mous avons alors, pour répondre au désir de M. Darboux el de l'Aca- démie des Beaux-Arts, poursuivi de notre côté cette identification par les procédés cjui nous ont paru à la fois les plus précis et les plus faciles à con- trôler. Le plus véridique des portraits de Descartes est sans contredit celui peint par Franz Hais el que possède le Louvre. C'est donc sur lui que nous avons tout d'abord porté notre attention. D'autre part, ne pouvant pas avoir à notre disposition le crâne lui-même que garde le Muséum, je me suis servi d'un moulage que M. le professeur Yerneau a bien voulu faire exécuter spécialement à notre intention, ce dont nous le remercions. En considérant le crâne du Muséum, on constate à première vue un ensemble de caractères fort nels qui permettent de le rapprocher du portrait de Franz Hais. C'est d'abord le front fuyant, la saillie des arcades orbitaires assez éloignées en dehors de l'arcade sourcilière fort saillante également. La largeur de la face due à l'écartement des os jugaux, la saillie des os nasaux qui bien que brisés à leur extrémité indiquent un nez busqué. Enfin le peu de longueur de la distance naso -alvéolaire qui s'accorde avec une certaine brièveté de la lèvre supérieure. C'est certainement sur l'ensemble de ces caractères que G. Cuvier avait fondé son opinion. Et c'est eux également que M. Verneau a relevés dans son récent article. Mais il y avait lieu d'aller plus loin, de donner plus de précision à cette 190 ACADÉMIE DES SCIENCES. sorte de confrontation en contrôlant et en complétant d'une façon métho- dique la tentative de superposition déjà entreprise par M. Verneau. Nous nous sommes servi de la très bonne photographie grand format que Braun a faite du portrait par Franz Hais et voici la méthode que nous avons suivie : Elle comporte trois temps : i° Tracer d'après la photographie du tableau de Franz Hais le dessin du squelette de la tête peinte par l'artiste; 2° Dessiner d'autre part le crâne supposé de Descartes dans la même orientation et à la -même échelle que celui qui a été dessiné d'après la peinture; 3° Superposer les deux dessins. La première opération est d'une rigueur plus grande qu'on pourrait le supposer tout d'abord et ne laisse guère place à l'imagination. En effet. une tête présente un certain nombre de points de repère osseux très précis qui sont particulièrement apparents sur la peinture du maître hollandais. Sur ce premier dessin des points noirs très visibles ont été marqués à la racine des os du nez, aux apophyses orbitaires externes, à l'épine nasale et au point incisif. Ces mêmes points ont été répétés sur le moulage même du crâne du Muséum. A l'aide de ces marques, il a été facile de placer avec une précision pour ainsi dire mathématique le crâne du Muséum dans la position que Hais avait donnée à son modèle et de déterminer les dimensions exactes de l'image qu'il en fallait prendre pour rendre la comparaison logique et démonstrative. Cette image a été dessinée à la chambre claire par M. Expert, architecte habitué à se servir de cet instrument, chez qui l'absence de connaissances anatomiques était un garant de sincérité. La superposition des deux dessins, de celui fait d'après le tableau et de celui exécuté directement d'après le crâne du Muséum, a montré une con- cordance presque absolue. D'autres dessins exécutés dans les mêmes conditions d'après plusieurs crânes pris au hasard ont, au contraire, montré de notables discordances avec le dessin du crâne du Franz Hais. J'ai choisi le dessin à la chambre claire à cause des grandes facilités qu'il donne au sujet de l'orientation du crâne et de la proportion de l'image à dessiner. Mais, pour prévenir toute objection que pourrait faire naître l'in- tervention d'un dessinateur, j'ai exécuté également, après de grands tâton- nements, une photographie du crâne qui est exactement superposable au dessin à la chambre claire. SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 191 Je présente à l'Académie tous ces dessins et photographies afin qu'elle veuille bien les contrôler. Maintenant, nous pouvons abandonner le dessin du crâne d'après la pein- ture de Franz Hais. Il n'a été pour nous qu'un intermédiaire et un moyen pour obtenir les deux pièces suivantes qui sont comme notre conclusion et que je soumets à l'appréciation de l'Académie : i° Un dessin ombré du Descartes de Franz Hais, sur lequel l'image du crâne du Muséum est indiquée par un trait fort; 20 La photographie du crâne du Muséum sur laquelle se trouve dessiné au trait le décalque du portrait par Hais. La même expérience a été répétée avec les autres poitrails de Descartes : celui de Bourdon, qui est au Louvre; celui de Beck, dont une copie est à la bibliothèque de l'Institut; le médaillon en terre cuite du Musée de Ver- sailles; un portrait ancien d'auteur inconnu appartenant â M. Bulh, de Courbevoie. La comparaison du crâne de ces différents portraits avec celui du Muséum montre les ressemblances parfois très frappantes, mais jamais une concordance aussi complète que celle qui a été obtenue avec le portrait de Franz Hais. En dehors de toute considération historique, la conclusion qui découle de ces recherches d'ordre purement plastique peut être formulée ainsi : Le crâne conservé au Muséum offre une similitude aussi absolue que possible avec celui que révèle le portrait de Franz Hais. Sur les autres por- traits, cette similitude, pour n'être pas aussi complète, n'en constitue pas moins un nouvel appoint en faveur de l'authenticité du crâne. CORRESPOND ANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Jac Berzelius. Lettres publiées, au nom de l'Académie royale des Sciences de Suède, par H. -G. Sôderbaum. II : Correspondance entre Berzelius et Sir Humphry Davy (1808-1825). 20 Un Mémoire de M. Schlesinger sur les travaux de Gauss, relatifs à la théorie des fonctions. (Présenté par M. Emile Picard.) C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156 N» 3.) 23 192 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3° Les prix Nobel en 191 1. 4° Recherches expérimentales sur le timbre des voyelles françaises, par Jean Poirot. 5° P. Vinassa de Regny, A. Riccô, S. Arcidiacono, F. Stella Star- rabba, L. Taffara, O. de Fiore. Veruzione Elnea ciel 1910. 6° Die Arbeiten des Kônigl. preussischen aeronautischen Obsenritoriums bei Lindenberg ira Jahre 1911. VII. Band, herausgegeben von Dr Richard AsSMANN. M. A. Agramonte adresse des remercîments pour la distinction que l'Académie a accordée à ses travaux. ASTROPHYSIQUE. — Sur le champ magnétique général du Soleil. Note de M. Henri Chrétien, présentée par M. Bassot. Dans une Note présentée récemment à l'Académie ('), M. Deslandres montre comment l'étude des protubérances peut conduire à la connais- sance précise du champ magnétique général du Soleil. Or, si, comme je l'ai fait en 1909, à la suite de la découverte, par M. Haie, de l'existence du phénomène de Zeeman dans les taches, on attribue ce champ général à l'entraînement des particules électrisées de la surface solaire par la rotation même de l'astre, on peut fixer a priori la forme du champ en tous les points de l'espace extérieur ('-). J'ai précisé cette forme dans le cas où l'électrisation est uniforme et où le Soleil tourne tout d'une pièce : le champ général extérieur est rigoureu- sement celui d'un aimant infiniment court, couché sur l'axe de rotation, au centre du Soleil. Mais ce n'est là qu'une première approximation, car on sait, depuis Carrington, que la vitesse angulaire de rotation du Soleil décroît de part et d'autre de l'équateur. bm prévision des résultats d'observation que M. Deslandres poursuit, je crois donc intéressant de rechercher la forme du champ produit par des charges dont la vitesse angulaire de rotation autour du Soleil dépend de la latitude. Dans sa Thèse, M. Salet a déjà examiné le champ sur l'axe; je me (') Comptes rendus, t. 155, 1912, p. j5~3. (2) Henri Chrétien, Bulletin de la Société astronomique de France, [909. p. 380- 287 et 325-33i. SÉANCE DU 20 JANVIER igi3. 193 propose d'établir ici les valeurs du champ en un point quelconque de l'espace, afin de le comparer au champ élémentaire. Si l'on développe en série de fonctions sphériques le produit de la den- sité électrique en un point par la vitesse angulaire, produit qu'on peut appeler densité angulaire de courant, il est facile d'exprimer le potentiel magnétique en un point quelconque de l'espace à l'aide de ces mêmes fonc- tions. A cause de la symétrie de rotation, cette expression devient très simple dans le cas du Soleil. Supposons que la couche électrique moyenne soit uniforme, ce qui est légitime, à cause de la faible vitesse relative de rotation de la sphère, et soient : H, le rayon du Soleil; i, la vitesse angulaire de rotation; U, le potentiel magnétique à la distance r ( > R) sous la latitude [3 ; Q, la charge électrique du Soleil ; on aura x _ 2 n — 1 \ 2 11 — 3 2 11 -+- 1 / /•" ' v X„(sin J3) désignant, comme d'habitude, la fonction de Legendre de degré n en sin jâ, et £n étant le coefficient du «ième harmonique du développement de la vitesse angulaire. Les composantes radiale, H,., et tangentielle, H0 du champ s'en déduisent. Conformément à la loi de rotation de Faye £ = a — b sin25, limitons-nous au cas de deux harmoniques; on aura y I -. 2 to = «— ô *• £? = — -*b. o o Le développement est alors fini et donne, au voisinage de la surface H,.= îgÇosi„p[I + (6Xs_^)^. Au loin, le champ réel H tend à se confondre avec le champ élé- mentaire H0, produit par la rotation, tout d'une pièce, de la sphère solaire avec la vitesse angulaire qu'elle possède réellement à la latitude de 26°34'(sin^ = j=Y 0". 15". 30». 45°. 60°. 75°. 90°. 1 . I o( i 1,08/4 I .02 2 °:937 o,852 0,807 • 0.768 1,1 85 i , 1 5g r,n8 i ,061 I , ooo 0.963 0,948 • — 0° — 1°38' —2° 32' — 2°45' — 2°20' — I°22' — 0° ig4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Dans un Mémoire fondamental, M. W. Adams, de l'Observatoire du mont Wilson, a donné a = 1 40, 5 1 , b — 3°. ôo, par jour solaire moyen; d'où l'expression numérique suivante pour les composantes du champ réel à la surface : H( = -=■ •^■cos3(o,934 + 0,169 cos2(3) x 2,-. io-6, 2 O H,.= 77 -jy sin(3 (1,008 + 0.1 13 cos2j3) x 2.7. io~6. Le Tableau suivant permet la comparaison numérique du champ réel et du champ élémentaire; i — ie désigne leur angle. 11, Ho,* H,. h„,,"* i — i0- ■ Le champ réel est toujours plus vertical que le champ élémentaire; la plus grande divergence des directions a lieu vers 45° de latitude, où elle atteint près de 3°. Ce n'est pas négligeable; on peut espérer que cela pourra servir, un jour, de critère à cette théorie. ASTRONOMIE. — Sur le prochain retour de la comète Finlay ; perturbations de V orbite ducs à l'action de Jupiter. Note de M. G. Fayet, présentée par M. Bassot. Cette comète, dont la durée de révolution est 6 ans et demi environ, a été découverte au Cap par Finlay le id septembre i88(j. Grâce aux excel- lents calculs de M. Schulhof, l'astre a été retrouvé sans difficulté en 1893 et en 190G; lors du retour de 1899, les conditions ont été trop défavorables pour que la comète puisse être aperçue. Depuis 1906, une circonstance s'est produite, qui est venue compliquer notablement les calculs de prédiction concernant la prochaine apparition attendue pour le début de la présente année : dans le courant de cette der- nière révolution, la comète s'est approchée à une assez faible distance de SÉAXCE DU 20 JANVIER iqi3. lf)5 * Jupiter et, surtout, comme le montre le Tableau suivant, elle est demeurée pendant longtemps dans la sphère d'attraction de la planète. Distance de la comète Mate. à Jupiter. l()IO Août 20 o,5o » Septembre 29 0,37 » Novembre S 0,67 Distance de la comète Date. à Jupiter. 1909 » Octobre 4 Novembre . . . 1,10 1 3 . . . 0 , 96 » Décembre ... o,84 1910 Février 1 . Mars 1 3 . . ... 0,72 . . 0,61 Avril 22.. . ... O , 02 Juin 1 . . . . . . . 0,46 » Juillet 1 1 . ... 0.46 0 Décembre 18 0,78 191 1 Janvier 27 0-90 » Mars 8 1 ,02 » Avril 17 1 , 1 5 i Mai 27 1 , 27 L'unité de distance est la distance moyenne de la Terre au Soleil. 11 serait tout à fait imprudent, dans ces conditions, d'effectuer les calculs concernant le nouveau retour de l'astre, en se contentant du système d'élé- ments osculateufs à 190(5. D'ailleurs, tout récemment, à propos de la comète Tultle j'ai eu l'occa- sion de montrer ici même (Comptes rendus , 1. 155, p. 808) qu'une éphéméride, calculée sans avoir égard aux perturbations, attribuait à l'astre une position erronée de plus de 70°. Je me suis donc proposé d'évaluer, au moins d'une façon approchée, l'action perturbatrice de Jupiter sur l'orbite de la comète Finlay, depuis la dernière apparition jusqu'à l'époque actuelle; ces perturbations ont été calculées par la méthode de la variation des éléments et les éléments oscil- lateurs ont été modifiés aux époques : 1909 août 20, 1910 juin 1, 191 1 juillet G et 1 ç> 1 3 janvier 16. Voici le montant des perturbations subies par les divers éléments durant les intervalles successifs : ^ 1906 août 1 1900 août 25 1910 juin 1 1911 juillet 6 Intervalle à à à a | l'J m août 25 . 1910 juin 1. 1911 juillet 6. 1013 janvier 16. ,IL 0 , -HO. 38. 22 0 1 11 -t-2.5:«. 8 -M. 3.36 0 1 1, — 0.22.34 d- — 0. 26. 6 --o.46.i3 — 1 .45 19 — 0. 1 1 .26 rfQ- . . — 1 . 0 . 1 — 3. 3ô . 20 — 1 . 1 0 . 5o -f-0 . 2 . 1 3 di -t-o. i.56 +0. 1 3. 26 -t-o. 6. 3 — 0. 1.28 d-j +0.28. t"> +0. 5i . 24 -i.48.5i — 0.13.44 +4,43 -4-3, 1<> / ■"> — 0,02 Nous rapprochons maintenant les éléments conclus, osculateurs au 196 ACADÉMIE DES SCIENCES. 16 janvier 1913, de ceux relatifs à l'apparition de 1906 et donnés par M. Schulhof." Date d'osculation i „ . 1913 janvier 6,0. 1906 août i,0. Tm l'aris. \ J T. 1913 février 6,0t. 1913 mars 24,07. 0 r I! 0 1 H l 71 5. ,5,12 8. 1/4. 16 1910,0 l Q \(*>.l\i .3o 5a. 20. 28 I i 3,aS, 4 3.3.7 9 4->-4°-57 46.23.53 [->. 53a ,45 54a , 55 Les perturbations semblent donc avoir avancé l'époque ï, du passage au périhélie, de !\6 jours; cela correspond à un déplacement d'environ deux heures pour l'ascension droite géocentrique de l'astre au début de cette année. Malheureusement la comète va se présenter, de la sorte, dans des condi- tions de visibilité très défavorables. En premier lieu, durant la période qui avoisine le passage au périhélie, elle restera à une faible distance angulaire du Soleil et visible seulement le soir, pendant fort peu de temps, à la fin du crépuscule, comme le monlre le relevé suivant : ÎR. Déclinaison. Dislance Distance Date. - — «^ -. — — . — - — , à la Terre au Soleil. i 1913. Comète. Soleil. Comète. Soleil. A. ;•. ;•' A- ' lt ni h m o , 0 , Janvier i6,5.. . . 21.27 19-53 —16. 5a —20. 54 1,89 i,o5 o,25 » 24,5.... 22. o 20.27 — i3.5a — 19.10 1,84 1 ,00 0,28 Février i.5. ... 22.34 21. o 10.29 — 17. 3 1 ,83 1,01 0,29 » 9,0.... 23. 8 21.32 — 6.48 —14.37 1,82 1,01 o,3o » 17,5.... 23.42 22. 3 - 2.55 — H.55 1,81 1,02 o.2(| » 25,5.... o.io 22.34 -+- ' • 1 - 9. 1 i,83 i,o5 o, >. 7 D'autre part, on constate que, à la même époque, la comète demeure très éloignée de nous, située presque à l'opposé de la Terre, relativement au Soleil; le rapport -— ne dépasse pas o,3o, alors que cette quantité atteignait 6,0 lors des premières observations de 1906. Néanmoins nous publierons incessamment une éphéméride derecherebcs et nous conservons quelque espoir que la comète pourra être retrouvée, grâce à l'un des grands instruments visuels ou pbotographiques. Nous rappellerons que, en 1886, le rapport —r^, était égal à 0,27 à SÉANCE DU 20 JANVIER IC)l3. 197 l'époque de la découverte et que cette quantité était devenue inférieure à o,o5, lors des dernières mesures effectuées pendant cette première appa- rition. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines équations fonctionnelles, et sui- tes transformations permutables. Note de M. Georges Giraud, présentée par M. Emile Picard. 1. Je me propose d'indiquer une généralisation des équations fonction- nelles considérées dans la Noie que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Aca- démie dans sa séance du 6 janvier dernier. Je donnerai en outre une propriété de ces équations relativement aux transformations permutables entre elles, et une conséquence pour ces transformations elles-mêmes. 2. Considérons la transformation (C) \,— H,(xl? x,, . . ., xn), ■ (1 = 1, 2, ..., n), où R,, R2, ..., R„ sont des fonctions de ect, ,*-,, ..., xn holomorphes quand ces variables sont assez petites, et nulles quand elles sont nulles. Formons l'équation : ,mt R, âRt W„ <]K_ foi ,)x, àx„ où s esL l'inconnue, et où les dérivées sont prises à l'origine. Soient at, a.,, ..., a„ les racines de cette équation; supposons que les p racines «,, a,, ..., ap, /> étant au plus égal à n, ne soient pas nulles et ne satisfassent à aucune relation de la forme (1) n » a '.; v> — , pétant un des nombres/? -+- 1 , p -+■ 2, .. ., », et a, (3, ..., X des entiers posi- tifs ou nuls de somme au moins égale à 2. Mais «,, a,. ..., ap peuvent avoir entre elles des relations de la même forme, q étant un des nombres 1,2,..., p et a, 3, ..., A étant des entiers positifs ou nuls de somme quelconque. Considérons toutes celles de ces relations où q a une valeur lixe. ÎNous 198 ACADÉMIE DES SCIENCES. poserons (2) ■/,= aIJ.r,/-h P ,,(./-,, .<•,. vp), en désignant par P? une série entière dont tout terme Plkx*x\ — r'p est tel que a\a\. . .a! \ = aq si A ^ O, et où l'indice de toute variable entrant dans un terme du premier degré est inférieur à q. Considérons alors les équations fonctionnelles l/*(5i,5i lP) (3) ] =R,'[/,(j71..r2, ...,xp),fI(xuxi Xp), . . . ,fn{xu a?„ ...,«,,)] f (1=1,2, . . . , n ) , où/,, /",, ...,/„ sont les fonctions inconnues, assujetties à être holomorph.es quand les variables x,, x2, ...,xp sont assez petites, et nulles quand elles sont nulles. On peut chercher à développer ces fonctions en séries entières. Si alors on ne s'occupe pas de la convergence des séries obtenues, ni des séries P_, on constate qu'il est possible de déterminer les coefficients des Pq de façon à satisfaire formellement aux équations (3). C'est le théorème de multiplication généralisé. Si le nombre des relations telles que (1) est fini, les P, sont des poly- nômes; on peut voir qu'on peut alors ranger les a, dans un ordre tel que 1^ ne dépende que de r,, x2, . . . , xq_t. Si a,, a2, ..., ap sont tous supérieurs ou tous inférieurs à 1 en module, on peut démontrer que les séries obtenues sont convergentes. On montre pour cela que les coefficients sont inférieurs en valeur absolue à ceux qui sont obtenus pour certaines équations de la forme (3), mais où ç,, ijs, . .., \p sont égaux respectivement à a,a?n a3xs, ..., apxp. Or la conver- gence des séries obtenues dans ce dernier cas a été démontrée par M. Picard ('). Ces nouvelles fonctions jouissent des propriétés déjà connues des anciennes. 3. Considérons la transformation (D) Xi—SiÇxlt xît '•„), (/=i,a n) satisfaisant aux mêmes conditions que la transformation C, et permutable à celle-ci. Appliquons cette transformation aux séries (convergentes ou non) (') E. Picard, Sur certaines équations fonctionnelles et sur une classe de surfaces algébriques {Comptes rendus, l\ juillet 1 90/1 ) . SÉANCE DU 20 JANVIER igi-3. 199 satisfaisant à (3) où p = n; on satisfera aux équations ( ( i = 1 , 2 , . . . , n ) en y],, Y]2, . . ., Y]„, en prenant pour ]y),, ïj2, .. ., tjb certaines séries entières enx., x2, ...,x„, car _ , '• ' y" % n'est pas nul à l'origine: mais les ' ' ' D(ar,,.r2 xn) r transformations CD et DC étant égales, les transformations \Xi, X,, ..., .ï"„ ; £;,, Ç2, •••1 si) e' \'v\i xit •••) ^«ï 11) *)j> •••> *)n) sont permutables entre elles (toujours au point de vue formel). On en déduit que ■t\i=biXfJr Q/(a?i, *i,...,*«), (i*= 1, », n), Q, étant une série de la même forme que la série P,-; mais si les coefficients des Pj- satisfont à certaines relations, les relations (1) ne sont plus forcément satisfaites quand on y remplace at par &,; mais, si elles ne le sont pas, on démontre qu'un changement de variables permet de faire disparaître dans Q; le terme en oc*x\...xkn si l'on n'a pas ba{b^...b'n = bh et ceci, sans changer la forme des séries P,. On voit donc que les fonctions qui admettent un théorème de multiplication correspondant à la transformation C en admettent aussi un qui correspond à la transformation D, en faisant au besoin un changement de variables, qui sera certainement inutile s'il n'y a entre les at aucune relation de la forme (1). 4. Soit E une autre transformation satisfaisant aux mêmes conditions que C et permutable à C. Supposons qu'il n'y ait entre les at aucune relation de la forme (1). Alors les fonctions f, ,f2, ...,/„, qui ont déjà deux théorèmes de multiplication correspondant à C et D, en ont un autre correspondant à E; et Y)j= b/Xi (pourD) et Ç,-=c,.r, (pour E), (j— 1, 2, ..., n ) Mais les transformations (.r,, xt, ...,xn; ïij,Y)i, ..., r,n) et {xuxt, ...,.r„; Ç,,Ç, Ç„) sont permutables. Donc il en est de même de D et E. Si l'on avait supposé l'existence de relations (1), il aurait peut-être fallu faire un changement de variables pour avoir deux théorèmes de multipli- er R.. igi3., 1" Semestre (T. 156, N° 3.) 26 200 ACADEMIE DES SCIENCES. cation correspondant à C et D, et ce n'aurait peut-être pas été celui pour lequel on a deux théorèmes correspondant à C et E : cette circonstance ferait échouer la démonstration précédente; mais cette démonstration reste valable si cette circonstance ne se produit pas, car la proposition est vraie pour les transformations telles que (2) où les a, satisfont aux mêmes rela- tions (1). Exemple. — Pour deux variables, la démonstration réussit si et si Donc, le plus souvent, deux transformations permutables à une troisième et ayant un même point double commun avec cette troisième sont permu- tables entre elles. Mais il y a certainement des exceptions. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de Riemann dans la théorie des équations aux différences finies. Note de M. Norlund, présentée par M. Appel I. On connaît la méthode par laquelle Riemann a abordé l'étude de l'équa- tion différentielle de Gauss ^'-^S + Cy-^ + f3 + ');-(=),['+airi-]' "■<*> x •i(«) t,(x) et i2(a>) étant des fonctions qui tendent uniformément vers une limite quand x tend vers l'infini le long d'une droite quelconque qui forme avec Taxe des nombres positifs un angle qui est, en valeur absolue, < — Il y a deux autres déterminations de la fonction «,(.r).et u2(x) qui sont bolomorphes au voisinage de tout point à distance finie, en exceptant les points y, y 4- 1, y + 2, . .., y', y'-n- 1, y' -1- 2, ..., qui sont des pôles simples. Ces déterminations se représentent sous la forme /H ».(•*)= — (■'•) u,(x) = et(x) £,(a?) et i2(x) étant des fonctions qui tendent uniformément vers une constante quand x tend vers l'infini le long d'une droite quelconque qui forme avec l'axe des nombres négatifs un angle qui est, en valeur absolue, "S -• ' - 2 4° Entre les constantes a, a', ... il existe la relation |3 -h P'+ y + /=«-+-«'+ 3. On suppose en plus que (3 est différent de (3', mais il n'est pas nécessaire de supposer que les a et les y sont différents. Si a — a' est égal à un entier positif n, on suppose que les points a. — n, a. — n — 1 , a — n — 2, .. . sont des pôles doubles. On démontre que toute fonction u(x) jouissant de ces propriétés est une solution d'une équation aux différences finies, qui peut s'écrire sous l'une et l'autre des deux formes suivantes (*-y + i)(a-/ + j)Ài, u(.z) + [./■(! + j3 + (3') + (3p'+(y — a)(/- 2) -aa']A+lK(.r) ( x — a — 2 ) (a? — a' — 2 ) A! , 11 (x) -h[j"(n-(3 + (3') — (3|3'-t-y/— ■(a+-2)-(a-'-H3)]A_1«(a?) ■ |3j3'B(a!) = o> (3(3'«(a;' o, ou Aw «(«): m(j" -+- m) — m(x) Et inversement, l'existence de notre fonction résulte de l'existence de 20a ACADEMIE DES SGIHNCEb. solutions de cette équation ayant les propriétés demandées. Il est facile d'obtenir des représentations analytiques de la fonction. L'équation aux différences admet en effet pour solutions un très grand nombre de séries hypergéométriques. Il suffit d'en écrire une; vu la symétrie remar- quable de l'équation aux différences, les autres s'obtiennent par des permutations et des transformations. La solution m, (a;), par exemple, se représente dans le demi-plan R(.r — a') > o par le développement , Arg.r >-i-i-E| lim .rf «,(/) — !. Mais quand x tend vers l'infini le long d'une droite parallèle à l'axe des nombres négatifs, celte limite n'existe plus, en général. Il y a lieu de se demander si l'on ne peut pas disposer des constantes a, a', . . ., de sorte que la limite existe même dans ce cas pourvu que la droite ne passe pas par un des pôles a, a', C'est en effet possible, même d'une infinité de manières. On arrive ainsi à former une fonction /(x) jouissant des propriétés sui- vantes : i° Elle est méromorphe et n'admet d'autres pôles que les points o, — -, — 1, ». ••■> qui sont des pôles simples. 20 Si l'on exclut ces pôles du plan des x par de petits cercles avec un rayon fixe, mais aussi petit que l'on veut, on a uniformément dans le plan ainsi coupé lim x$f(x) == 1. 0C= 00 3° Il existe une série de puissances divergentes qui représente asymptotiquement x^/(x) dans l'angle 71 — £ > Argx> — 7ï -I- e, £ étant un nombre positif. SÉANCE ov 20 JAXVIER iyi3. 2o3 On sait que M. Mittag-Leffler a donné des exemples très intéressants de fonctions transcendantes entières tendant vers zéro le long d'un rayon vecteur quelconque. L'exemple précédent montre, ce nous semble, de même que les exemples de M. Mittag-Leffler, qu'il existe, des singularités essentielles d'une nature très simple et peut-être un peu différente de ce qu'on pouvait être tenté de croire tout d'abord. CALCUL DES PROBABILITÉS. — Les probabilités semi-uniformes. Note de M. Louis Bachelier, présentée par M. Appell. On dit qu'un problème est relatif à des probabilités uniformes quand il consiste à étudier l'effet du basard sur une suite d'épreuves identiques. Il n'y a pas uniformité quand les épreuves sonta/?/7'orc dissemblables. On peut dire qu'un problème est relatif aux probabilités semi-uniformes quand les p. épreuves considérées sont divisées en groupes de kn A\, ..., X"y, ..., /->, épreuves identiques entre elles, les conditions, pour chaque groupe, étant déterminées préalablement d'après certaines données et d'après le hasard. A chaque épreuve, n événements A,, A2, ••, A„_,, A„ peuvent se produire et ^excluent mutuellement, de sorte qu'à chaque épreuve il s'en produit un et un seul. Considérons le Y'e",e groupe composé de /-Y épreuves. Relativement à ce groupe, avant que les épreuves soient commencées, le hasard décide entre / alternatives don t les probabilités sont w, y, co., y, . . ., o-v r (Ioj = 1). Il y a probabilité cu,Y pour que, pendant tout le cours des Xy épreuves, les probabilités de A,, A2, A3, ..., A„soientrespectivement/?, , y, p2,t,tiPi,t,y^ •••! pn,i,y'i il y a de même probabilité w2y pour que, pendant le cours des /£y épreuves, les probabilités soient pt,i,y, ^2,2^) P»,a,yi'">Pn,a,yi etc. La probabilité moyenne de A, pour le yieme groupe est Pi,y— cul,Y.Pi,l,Y"t~ w2,y/'i,2,Y -+- ®3,yPl,3,y "+" • • • "+" w/,y/?i,/,y La probabilité moyenne de A» pour le yieuie groupe est de même p2 y— tài,yP-2 ,i,Y~t"" w2,y/-'a,2,Y"'- u»,y/,!,3,Y~'_- - • ~*~ w'.y/,2.'.Y* La probabilité moyenne générale de A, pour l'ensemble des u. épreuves ( [j. = X-, -4- k., -+- . . . ■+■ A-y -t- . . . -t- ki) est Pi = — (*ti>i,i-i- k*Pu*+- ■ •+ ^"r/'i.y-!- - • • + *iy»i,x).- 20/J ACADÉMIE DES SCIENCES. La probabilité moyenne générale de A2 est de même La valeur moyenne du nombre des arrivées de A, pour l'ensemble des u. épreuves est (xp,, la valeur moyenne du nombre des arrivées de A2 est u.p.,, etc. Si, pour les p. épreuves, l'événement A, se produit \j.p, ■+- a?, fois, l'événement A2, \j.pi-\-x2 fois, ..., l'événement A„_M [/./?„_,+ a?„_, fois, nous disons que les écarts sont x,, sc2, ..., a?„_,. On se propose d'obtenir la probabilité pour que les écarts soient xn x2, #,, ..., a?„_, quand le nombre A des groupes est très grand. (Les nombres /£,, k2, ..., A"x sont quelconques. Il n'y a pas à considérer le dernier écart xn puisque xt -h x., -h ... -\-x„_{ -+- xn = o). Pour résoudre le problème, il faut avoir recours aux métbodes générales exposées dans mon Traité du calcul des probabilités (Cbap. XVIII). La fonction d'instabilité relative à l'événe- ment A, et au yièm0 groupe est 1 = 2 2/'T/5i,y(i -/'i,ï) + ^T(^_,)^'A',T(Pi,i,y-/'i.v)!. La fonction d'instabilité relative à l'événement A, et à la totalité des groupes est Y = >. y = >. ' = ' ffl,=2a/tT/>l.T(I— Put) +22*T^*T_ l)2M/'T^1'''ï~''1'ï^ Y=i y=i 1=1 La fonction d'instabilité cp2 relative à l'événement A2 s'obtient en rem- plaçant dans cette formule l'indice i par l'indice 2, etc. La fonction y1>2 relative aux événements A, et A2 et au yièmi,t(PutP*>t~Pu'i,tPi-t,t)- Y=l Y=1 ' = ' La fonction •/_„ „ se forme en remplaçant dans cette formule les indices 1 et 2 par u et c. Connaissant les fonctions

,3 œ4 — V.W-l -+- 7,2,"- 1 — %3,B-1 -F 7'>."-i — Z«— 1,1 ^Xtt-i.s — 7.«-i,3 +7,»-i,s ••■ ?'i-i La somme "Lahx\ désigne la quantité alx\ -+- a%x\ +-...+ «„.!.(';_,. La quantité ah s'obtient en supprimant dans le déterminant A la hiéme ligne et la hieme colonne. La somme Ib^^x^x^ désigne la quantité butXi Xf+- &,,,«, jt, + . . .+ &i.«_i3'iiB«li+ fej,3*!«ï + - • .+ A„_2iB._1a!a_,a:n_1. On obtient èg^ en supprimant, dans le déterminant A, la (3ieme ligne et la nème co lonnc Si Ton suppose que ki = k.2 = ... = h\ = 1 , on retrouve la formule de la page 396 de l'Ouvrage cité (un cas particulier de cette formulé, étudié à la page 191, contient une faute d'inattention). Si l'on suppose que deux événements sont seuls possibles à chaque épreuve (une seule variable) et que les groupes sont identiques avant d'être différenciés par le hasard, on retrouve une formule connue, due à Bienaymé. Mécanique analytique. — Les diverses formes du principe de Dalemberl et les équations générales du mouvement des systèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque. Note de M. Et. Délassas, présentée par M. Appell. Dans des Notes antérieures, j'ai montré comment on pouvait progressi- vement s'élever à la notion de mouvement parfait pour toutes les liaisons de première classe et pourquoi cette notion ne persistait pas au delà. 206 ACADÉMIE DES SCIENCES. Soient le travail virtuel des forces d'inertie et des forces données, calculé sur le sys- tème holonome obtenu en considérant les q comme indépendants el F,(7") = o, toutes les équations du second ordre de la liaison L. Ces dernières équa- tions sont linéaires aux q" et nous désignons par •i(y'), ••■ les termes aux q" dans les F. Lorsque L est finie ou linéaire du premier ordre, ses équations du premier ordre étant /,(?') = <>> et les parties homogènes du premier degré des/étant 91(7'), •••> il résulte de ce que les F sont alors uniquement les dérivées des ./que les fonctions $ sont identiques aux comme étant les §q. Quand on s'élève au cas suivant, on part des équations déduites du prin- cipe analytique et l'on retombe sur des équations qui l'expriment encore; les co deviennent ici de simples variables auxiliaires sans signification méca- nique. On remarque en outre que, clans les deux premiers cas, les relations entre les co peuvent aussi s'écrire Si l'on continue la généralisation, cette forme, au moyen des $, continue à exister et l'on arrive ainsi à la forme analytique générale du principe de Dalembert pour tous les mouvements parfaits : La somme X(P-+-Q)u SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 207 est nulle pour tous les systèmes de râleurs des to satisfaisant aux équations ,(«) = 0, obtenues au moyen des équations du second ordre de la liaison. 2. Il résulte de là que les équations de Lagrange avec multiplicateurs s'ap- pliquent directement à toutes les liaisons de première classe, à condition de former la portion de ces équations qui est relative aux multiplicateurs au moyen des équations du second ordre de la liaison. 3. Si, dans toutes les expressions où figurent ces quantités, on considères, les q et les q' comme constantes et les q" comme variables, les variations de ces q" satisferont aux équations dFl(q") = >l>l(ô(/") = o, donc pourront être prises pour variables co. Si Ton tient compte de la forme, -yr,> donnée par M. Appell aux coefficients P, la somme de Dalembert deviendra alors -J|+Q). 5. Considérons un solide ayant un point fixe et soumisà une autre liaison de première classe. Interprétant les oj comme des Iq, déterminons la substi- tution de façon que les équations \ 0-1 = 0, 1 (72=o, j cr:i— o, ( ff2=0, j ff3=0, i ff, = 0, C. R„ i9i3, 1" Semestre.- ( T. 156, N° 3.) ^7 808 ACADÉMIE DES SCIENCES. définissent des déplacements de rotation autour des axes; nous retrou- verons les équations d'Euler composées, comme dans les cas élémentaires, avec les rotations et les forces données mais complétées par des termes contenant des multiplicateurs de Lagrange et provenant des équations du second ordre. Il est d'ailleurs à remarquer que de tels termes existent toujours même dans le cas de sliaisons linéaires du premier ordre, mais alors on les obtient, si l'on veut, par les équations du premier ordre et, en général, ils s'intro- duisent sous forme géométrique. On pourrait faire le même raisonnement pour le mouvement d'un solide autour du centre de gravité et aussi pour le mouvement de ce centre de gravité; donc : Les équations d'Euler s'appliquent directement au solide soumis à des liaisons quelconques de première classe, à condition, comme pour les équations de Lagrange, de prendre des multiplicateurs relatifs aux équa- tions du second ordre de la liaison. (i. Déterminons la substitution par les équations linéaires /,(&>) = 57,, auxquelles nous ajouterons n — k équations analogues arbitrairement choisies. Les relations entre les variables a prendront la forme simple o-t=o 0-jfc=O, et les (jA+), . . ., , substitution employée par M. Hamel pour donner une forme aux équations d'Euler-Lagrange dans le cas de liaisons linéaires du premier ordre, n'a plus aucun sens quand la liaison est d'un genre plus élevé, car alors elle n'est plus linéaire. Ces équations d'Euler-Lagrange se généralisent donc comme génération mais non comme forme. 7. Il est à remarquer que toutes les mélbodes précédentes exigent, pour SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 209 obtenir des équations sans inconnues auxiliaires, une résolution d'équations du premier degré et qu'elles ne difï'èrent, au fond, que par le moment où Fou fait intervenir cette résolution dans le calcul général. La méthode d'Euler-Lagrange l'exige au début. Les équations de Lagrange et celles de M. Appell donnent la faculté de la faire soit au début, soit à la fin. ÉLASTICITÉ. — Sur un paradoxe des plaques rectangulaires uniformément chargées. Note de M. Messager, présentée par M. L. Lecornu. Dans son très remarquable Mémoire de 1820 Sur la flexion des plans élas- tiques, Navier ayant obtenu, sous forme d'une série double, une expression de la flèche des plaques rectangulaires posées, supportant une charge uni- formément répartie, a écrit (p. 22) : « La série contenue dans celte expression converge très rapidement, et l'on ne com- mettra dans les applications qu'une erreur insensible en se bornant au premier terme. » Sa formule de la flèche est (en adoptant les notations suivantes pour la facilité des comparaisons): p la charge par unité de surface, a et b les demi-côtés du rectangle, I le moment d'inertie de la plaque par unité de largeur, ou — et «1 le coefficient d'élasticité propre aux. plaques, a56/>a4è* pa'* .. f= — — r-^ tth, = - — r 0,0667. •' n"«,l(r/2+ /;-)- a,I ; Cette formule est identique à celle qu'a donnée de Saint-Venant dans les notes de la traduction de la Théorie de l'élasticité, de Clebsch (p. 7/18). Dans sa Thèse de Doctorat, en 1900, M. Estanave, en utilisant la méthode de Maurice Levy, qui donne un développement en série simple, a obtenu, en en calculant deux termes, une expres- sion inférieure d'environ 3 pour 100 à la précédente; le coefficient est de o,o65. La série étant à termes décroissants alternativement positifs et négatifs, il a ajouté : « Nous ne calculerons pas le troi>ième ternie, il est d'un ordre, quant à son facteur numérique, supérieur à celui des pVoô* » Considérons une plaque circulaire de même épaisseur, de même matière, reposant sur une circonférence inscriptible dans le carré ABCD. Sa flèche est •/=:6^i = «rïo'°782- On aboutit donc à cette conclusion, a priori inattendue, qu'il faut ajouter 17 pour 100 à la flèche de la plaque carrée pour obtenir la flèche de la plaque circulaire inscrite dans la plaque carrée. 2JO ACADEMIE DES SCIENCES. On trouve dans la traduction de Clebsch(p. 897) une note, relative a une addition à la page 701, qui signale une série divergente dans l'étude faite pour la plaque rectangulaire chargée d'un poids unique; mais il ne semble pas qu'on puisse rien relever de pareil dans la théorie de la plaque uniformément chargée. En tenant celle-ci pour exacte, on arrive à cette conclusion que le long du cercle inscrit tracé sur la plaque un certain nombre de points se sou- lèvent sous la charge. En effet, considérons la plaque rectangulaire unifor- mément chargée. Coupons-la suivant le cylindre circulaire concentrique inscrit dans le carré d'appui, nous pouvons le faire sans rien changer à sa forme, à condition d'appliquer le long de ce contour des réactions verticales et des moments dirigés suivant les tangentes au contour (car les moments suivant les normales à ce contour peuvent être remplacés par des réactions verticales). L'équilibre exige que la somme des réactions verticales soit égale à la charge. Sans modifier les forces et moments, imaginons que nous encastrions le centre de la plaque sur un appui horizontal infiniment petit. Nous pouvons envisager la déformation de cette plaque comme la superposition de deux déformations dues : i°à la charge uniforme et aux réactions du contour; 20 aux moments fléchissants appliqués au contour. En changeant la répartition des forces verticales appliquées au contour, on ne changera pas la hauteur moyenne de ce contour par rapport au centre. En effet, cette hauteur moyenne est la somme des hauteurs moyennes dues à chacune des forces verticales et chacune agit indépendamment dos autres et de la même façon, quel que soit le point du contour où on l'ap- plique. Donc la hauteur moyenne sera égale à la flèche de la plaque circulaire posée. Or les contours coïncident aux points de contact du cercle et du carré. Donc, entre ces points, le niveau de la plaque carrée devra être plus élevé en certains endroits, s'il n'est pas égal partout. Eaisons le même raisonnement pour les moments que pour les réac- tions verticales. La flèche due à ceux-ci devra être négative, puisque la flèche de la plaque circulaire posée est plus grande que celle de la plaque rectangulaire. Donc le moment fléchissant moyen, le long de la circonfé- rence tracée sur la plaque circulaire, est négatif, si l'on convient de compter positifs ceux qui tendent à donner une convexité vers le bas. SÉANCE DU 20 JANVIER IÇ)l3. 211 HYDRODYNAMIQUE. — Sur la production des marées statiques de la deuxième sorte dans un océan répondant à une loi quelconque de profondeur. Note de M. E. Fichot, présentée par M. Ch. Lallemand. Dans une Note publiée en igo3 ('), Lord Rayleigh annonçait que les courants per- manents, caractéristiques des marées statiques de la seconde sorte, ne pouvaient prendre naissance dans un océan limité par des barrières continentales non dirigées Suivant des parallèles; de telle sorte que, contrairement aux conclusions auxquelles avait été conduit S. -S. Hough par ses recherches sur le temps d'amortissement des ondes, les marées à longue période se conformeraient bien, dans la réalité, à la théorie de l'équilibre, mais pour une raison toute différente de celle qu'avait donnée Laplace en invoquant l'action du frottement. Ce résultat, qui ava'it l'avantage de fournir une base plus solide aux comparaisons faites par G. -H. Darwin et VV. Schweydar dans le but de déterminer le coeflicient de rigidité de la Terre, fut accepté sans réserves par G. -H. Darwin (2) et ne parait pas a\nir été, depuis, l'objet d'aucun commentaire. Je me propose, en reprenant l'analyse de Lord Rayleigh, de préciser ce qui semble devoir être retenu de la conclusion trop absolue de l'illustre savant. En prenant le rayon de la Terre pour unité, et représentant par 1/, clés composantes du déplacement d'une molécule vers le Sud et vers l'Est, par Ç la surélévation et !T0 sa valeur d'équilibre, par w la vitesse angulaire de rotation, par 61a colatitude, .',) cos^ d6 (2) n est ainsi conduit à la conséquence suivante : si le point vitesse d'un système (A) décrit un contour fermé (que nous supposons plan, pour sim- plifier), les axes restés fixes pour l'observateur lié à (A) se trouvent, pour un observateur dont la vitesse a été toujours égale à la vitesse initiale et finale de (A), avoir tourné d'un angle égal à l'aire du contour. Cet effet du ( ' ) La considération des triangles p^eudo-spliériques rectangles, pour lesquels on a cli a = ch b ch c, permet de simplifier beaucoup les calculs relatifs au temps propre. notamment dans l'étude des mouvements uniformément accélérés. 21 8 ACADÉMIE DES SCIENCES. second ordre pourrait se déduire de la contraction de Lorentz à laquelle la notion d'espace cinématique est équivalente ; il revient à ceci : un système que les observateurs liés au système croient constamment en transtalion peut paraître anime d'un mouvement de rotation à des observateurs extérieurs. Cet effet ne sera, bien entendu, sensible que pour des mouvements périodiques très rapides. Prenons comme unité de longueur le centimètre, l'unité de temps étant telle que la vitesse de la lumière soit égale à l'unité et considérons un mouvement défini par les équations ,r = Acosco£, y = A sin Mt. Les vitesses sont de l'ordre de A w et leurs carrés de l'ordre de A'- or ; tel est l'ordre de grandeur de l'angle de rotation pour une période; la vitesse angulaire, c'est-à-dire l'angle de rotation par unité de temps sera de l'ordre de A2w:i. Four les vibrations lumineuses, coest de l'ordre de io5 (puisque, avec nos unités, les périodes sont égales aux longueurs d'onde); même avec des élongations A très petites, de l'ordre de io~12, on obtient une vitesse angulaire 10 9, c'est-à-dire 3o tours par seconde (' ). Dans l'hypothèse moléculaire, il n'y a pas lieu de se préoccuper delà théorie de la rotation du corps solide, mais seulement des mouvements des particules qui le composent. Il est assez curieux d'ubserver que la tbéorie de la relativité entraine la conséquence que les mouvements de rotation qui apparaissent aux observateurs au repos peuvent être expliqués par des bypotbèses dans lesquelles les mouvements intrinsèques seraient exclusive- ment des mouvements de translation. PHYSIQUE. — Sur les tourbillons cellulaires isolés. Note de M. C. Dauzère, présentée par M. Deslandres. Les expériences sur les tourbillons cellulaires que je poursuis depuis quelques mois m'ont conduit à la découverte des tourbillons isolés; j'ai décrit leur formation et leurs changements dans deux Notes, présentées à l'Académie des Sciences en 1912 (-). Des photographies représentant ces tourbillons ont été insérées dans la dernière Note, figure 2. Llles montrent de longues coupures parallèles, occupant les espaces sans tourbillons qui séparent les colonies de cellules. Ces coupures sont moins nettes dans la photographie que les tourbillons eux-mêmes; elles paraissent beaucoup plus serrées : elles indiquent une division du liquide par les courants de (') Dans ces calculs approximatifs, on a négligé les facteurs lels que in. (-) C Dauzère, Comptes rendus, i5 avril 1912, p. 974; l- 155, 5 août 1912. p. 3g4. SÉANCE DU 20 JANVIER IC)l3. 219 convection bien différente de celle qui donne naissance aux cellules voi- sines. On peut se demander quelle est la raison de l'existence simultanée de ces deux modes de division dans la nappe liquide. En regardant attentivement cette nappe, on s'aperçoit que la région des coupures apparaît toujours un peu trouble, ou plutôt il semble qu'un voile léger s'étende sur la surface, tandis que, dans la région des cellules, le liquide est parfaitement transparent. Ce voile est produit par des parcelles solides très lines, nageant sur la surface libre et plus ou moins agglutinées entre elles, de manière à former une sorte de membrane mauvaise conduc- trice qui isole le liquide sous-jacent de l'atmosplière ambiante. Le refroi- dissement par la face supérieure de la nappe est alors beaucoup moins actif, la convection calorifique est beaucoup plus lente, ainsi que la régula- risation des tourbillons, qui ne dépasse pas la phase des coupures décrite par M. Bènard (' ). La membrane superficielle est formée de la manière suivante : On obtient des tourbillons isolés en opérant avec une cire qui a subi une ébullition prolongée avec l'eau pure ou mieux avec une solution alcaline étendue; la cire qui a été ainsi traitée, ajoutée à la cire ordinaire, lui communique ses propriétés. Le traite- ment a eu pour conséquence une saponification partielle; le savon solide obtenu se présente sous forme dé lines parcelles, un peu gélatineuses, qui restent en suspension dans la cire fondue et ne se dissolvent ou ne fondent elles-mêmes complètement qu'à une température supérieure à ioo°. A 900 la division cellulaire hexagonale s'établit immédiatement dans toute la nappe aussitôt qu'on a versé la cire dans la cuvette à fond plat horizontal où l'on fait l'expérience. Les parcelles solides sont entraînées par les courants de convection; elles se rassemblent à la sut face libre sur les contours des cellules et de" préférence aux sommets ternaires, comme l'a établi M. Bénard; elles s'y agglutinent et forment une membrane qui s'accroît lentement en allant des contours vers le centre; la surface libre de chaque cellule devient un cercle dont le rayon décroît peu à peu jusqu'à zéro. Ceci explique la disparition progressive des cellules à une température constante inférieure à 10.00. Si l'on chauffe lentement la nappe avant que tous les tourbillons aient disparu, la matière solide formant la membrane superficielle se dissout peu à peu; la dissolution a lieu de préférence sur les bords des tourbillons restants, et l'on voit ceux-ci grossir; leurs dimensions deviennent bientôt supérieures à celles des cellules hexagonales stables de l'état permanent limite, ils se divisent alors par scissiparité de manière à donner naissance à une colonie de cellules comme nous l'avons expliqué ailleurs. 1 1 II. Bénard, Revue générale des Sciences, 1906, p. 1 3 1 6. 220 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les bords des tourbillons isolés sont circulaires, ceux des cellules qui se trouvent aux limites de la colonie sont des courbes régulières doul h courbure est déterminée par la tension de la membrane superficielle comme dans les expériences de Plateau sur les lames de liquide glycérique. L'état dans lequel se trouve la région des coupures peut être réalisé clans la cire ordinaire ou la paraffine fondues en couvrant une partie de la surface par une mince lame de verre transparente. Au-dessous de cette lame, comme au-dessous de la membrane superficielle précédente, la convection est moins active que dans les régions voisines exposées à l'air libre. Il s'y établit une division en coupures qui ne se régularise qu'au bout d'un temps très long, à une température un peu élevée (i5o° à 1600) à laquelle la cire commence à se décomposer. 11 est préférable, pour observer les deux modes de division, d'opérer avec des sels fondus, dans les limites de température où ils ne sont pas décom- posés. J'ai fait quelques essais avec l'azotate de soude, chauffé un peu au- dessus de son point de fusion. Dans ce sel, comme dans la cire, les cellules ou coupures sont beaucoup plus serrées, pour la même épaisseur, lorsque la surface supérieure de la nappe est couverte par une paroi solide. En outre les dimensions des cellules de l'azotate de soude à 34o° sont du même ordre de grandeur cpie celles de la cire entre 8o° et xoo°. Ê ÉLECTRICITÉ. — Sur les différences de potentiel de contact apparentes entre un métal et des solutions électro/vtic/ues. Note de M. J. Guyot, présentée par M. E. Bouty. Dans une précédente Note, j'ai montré que la différence de potentiel apparente entre une toile métallique dorée et une solution électrolytique L, dans laquelle plonge une électrode réversible M, peut se représenter par l'expression * V = V„±Klog10G. Dans cette formule : V0 est une constante ; K est voisin de 2,.ïo — , où R est la constante des sraz, T la température absolue, pi /> la valence de l'ion crée par la dissolution de l'électrode, £ la constante de Faraday, et !,3o le facteur de transformation des logarithmes décimaux en logarithmes népc- riens ; Enfin, G représente indifféremment la concentration de la solution en molécules ou SÉANCE DU 20 JANVIER lC)l3. • 221 en ions correspondant à l'électrode, si les solutions soumises à l'expérience sont suffi- samment diluées pour que la fraction des molécules dissociées soit voisine de l'unité. De quoi dépend V„? Pour essayer de résoudre celle question, j'ai tout d'abord multiplié les mesures, dans l'intention de rechercher comment varie la différence de potentiel, quand on fait varier la nature de l'électrolyte, sans changer la nature de l'électrode, pourvu qu'il y ait toujours réversibilité. Les résultats auxquels je suis arrivé me permettent d'énoncer la loi sui- vante : Il existe même différence de potentiel apparente entre l'or et des solu- tions équimoléculaires d'électrolytes qui renferment un ion commun, et qui sont reliées aux appareils de mesure par l'électrode correspondant à cet ion. lui d'autres termes, la force électromotrice de la chaîne or| air | L | M prend des valeurs égales pour des solutions d'électrolytes différents, de même concentration, qui renferment toutes l'ion correspondant à l'élec- trode M. Voici, en effet, quelques-uns des chiffres qui ont été obtenus : i" Solutions de chlorures métalliques avec électrode impolarisahle de mercure recouvert de calomel. a. Les chlorures de potassium cl de sodium nous ont donné les résultats suivants : Concentration des so' niions de KC1 °>°77 0.0077 0,002 0,0062 o,02(34 Dill'éretices de potentiel ap- parentes ov, 200 ov, 2.j 1 ov, 209 Ov, 20Q Ov, 22Ù Concentra lion des *ol niions de NaCI P,p65 0,026 o,oo454 Dillérences de potentiel ap- parentes Ov, 2û4 Ov",222 0V,2ÔI D'où il résulte que si Ton porte en abscisses les logarithmes décimaux des concen- 1 rations et en ordonnées les différences de potentiel mesurées, les points figuratifs de ces deux sels se placent sur une même droite. b. Avec HCI, LiCl, NH'CI, C11CI-. CdCI-, les points obtenus se placent sur la droite précédente, ou ne s'en écartent que d'une quantité qui est de l'ordre des erreurs d'expérience. 222 ACADÉMIE DES SCIENCES. Exemples : Solutions de H Cl : concentrations. 0,10 o,o456 0,007 0,00227 Différences de potentiel mesurées. ov, 189 ov,2o8 ov,2o4 0^,278 Points de même abscisse sur la courbe de KGl et NaCl ov. 19^ o*, 211 ov,2o8 0*5276 Solutions de CAGF: concentrations. 0,010 o,oo5 Différences de potentiel trouvées. oT, 238 ov, 260 Ordonnées correspondantes de la courbe de K Cl ov, 244 oT, 209 2° Solutions de sels d'argent avec électrodes d'argent. J'ai obtenu en particulier : Vvec o , oo45 NO3 Ag o , 5o6 o,oo44 CO*Ag 0,507 0,0047 SO'Ag2 o,.")o8 D'autre part, une solution saturée d'oxyde d'argent donne oT, 438. Si la loi formulée est exacte, on trouve par extrapolation sur la courbe relative aux sels d'argent, que la concentration en AgOH de la solution saturée doit être 1,9 x iO~~ *. Or l'application des procédés analytiques ordinaires ou de diverses autres méthodes physico-chimiques conduit précisément à des valeurs du même ordre ('). 3° Des mesures effectuées sur SO'Cu, C11CI2, (NO')*Cu avec électrode de cuivre, siirSO'Zn, (CH3C02)2Zn avec électrode de zinc, sur SO'Cd, CdCI- avec électrode de cadmium, ont donné des résultats analogues. Nous pouvons donc conclure de là que la différence de potentiel appa- rente fournie par des électrodes réversibles ne dépend que de la nature de ces électrodes, résultat qui n'est pas sans analogie avec celui qu'avait obtenu M. Bouty dès 1880, dans l'examen thermo-électrique de divers contacts réversibles métal \eleclrolyle. Dès lors, si la différence de potentiel vraie L | M, peut, conformément à la théorie de Nernst, se représenter par une expression de la forme HT I. I M = loge -t- const., 1 ep il faut admettre que la différence de potentiel vraie air \ élêctrolyte est, au moins pour les solutions diluées et au degré de précision de nos expériences, indépendante de la nature et de la concentration de l'électrolyle. (') Tables annuelles de constantes et données numériques, p. 38o. SÉANCE DU 20 JANVIER ip,l3. 223 ÉLECTRICITÉ. — Prédélerminalion des caractéristiques des dynamos à courant continu. Note ( ' ) de M.E.-.J. Iîrunswick, présentée par M. E. Bouty. Pour déterminer l'excitation nécessaire à l'obtention d'une différence de potentiel aux bornes, avec un débit donné, à une vitesse imposée, j'opère ainsi. Je suppose que les caractéristiques partielles du flux en fonction des forces magnétomotrices, et relatives aux divers éléments du circuit magné- tique, ont été déterminées (voir Picou, bulletin Soc. Int. Elect., i<)<>2 ). Je distingue la zone active, comprenant l'entrefer et l'induit, où interfèrent le flux émis par la pièce polaire, et le flux global de réaction d'induit; le flux qui en résulte engendre la f. e. m. induite; c'est le flux utile en charge : Er=U,.+ /-AIv où Dc est la différence de potentiel aux bornes pour le courant IA , et rAij^ la chute ohmique dans l'induit. La f. e. m. induite en charge, est maximum suivant la direction de la zone de variation d'induction nulle. Le flux utile Fe est dirigé à ^ sur la f. e. m. Ec. Le flux de réaction #, est orienté suivant le plan de calage des balais, soit comme la f. e. m. induite, à un petit angle 9 près, négligeable el repré- sentant l'avance des balais sur la zone de variation d'induction nulle < exigée par la commutation). Le flux de réaction #, se calcule ou se détermine par expérience. Le flux utile ?c, proportionnel à la f. e. m. Ec induite, se calcule simplement. Les positions relatives des vecteurs étant définies, le diagramme des flux est déterminé ; la résultante §;. est égale au flux émanant, en charge, du pôle dans la zone active. Le flux total engendré par l'excitation des bobines inductrices, se déve- loppe dans l'inducteur. Il se partage entre la zone active et les dérivations propres à l'inducteur. Il convient aussi de distinguer les efléts magnétiques dus à l'excitation des inducteurs et. à l'enroulement d'induit. (') Présentée dans la séance du i3 janvier igi3. C. lî., igi.'i, 1" Semestre. (T. 150, N° 3.) 2Ç) 22/( ACADÉMIE DES SCIENCES. J'envisage ainsi deux diagrammes distincts : l'un, relatif aux flux en pré- sence dans la zone active exige : flux d'induction utile et flux de réaction équilibrant le flux résultant émanant du pôle dans la zone active ; l'autre, relatif aux forces magnétomotrices. Le flux résultant dans la zone active exige une excitation qu'on lira sur la caractéristique partielle de la zone active, pour l'entrefer seul. Il faut y ajouter l'excitation pour le flux utile d'induction dans le fer (denture et culasse). La partie rectiligne de la caractéristique parlielle de la zone active (entrefer, denture, culasse d'induit ), et son prolongement, correspondent à l'entrefer seul, en négligeant, tant qu'il n'y a pas de saturation, l'excitation pour la partie fer de cette zone. Dans la région saturée, la différence des abscisses entre la partie recti- ligne « entrefer » et la partie curviligne représente l'excitation pour le fer; cette approximation, suffisante, fixe l'excitation exigée pour développer le flux utile qui seul traverse la partie « fer ». Le courant circulant dans l'induit y détermine une excitation qu'on décompose : i° en une partie correspondant aux ampères-tours induits compris dans le double du décalage ou « réaction démagnétisante », aiithmétiquement en opposition avec l'excitation principale des inducteurs; 2° en une réaction transversale, due au reste de l'enroulement induit; sa direction moyenne est à - sur celle de l'excitation principale des induc- teurs. L'excitation nécessaire à la production du flux résultant dans la zone active doit en tenir compte, en affectant vectoriellemenl la réaction trans- versale d'un coefficient de réduction approprié. A la résultante géométrique ainsi obtenue, j'ajoute la réaction démagné- tisante, et j'obtiens Y excitation totale nécessaire à l'induction pour avoir le flux résultant, en charge, sous la pièce polaire. Cette force magnéto motrice entraîne la production d'un flux dérivé, propre à l'inducteur. L'excitation nécessitée par l'inducteur seul se relève sur la caractéristique partielle de celui-ci, pour la somme du flux total (émanant de la pièce polaire) et du flux dérivé. L' 'excitation totale résultante à réaliser sur les inducteurs est égale à la somme de ces excitations. I n procédé inverse permet de déterminer expérimentalement, sur une SÉANCE DU 20 JANVIER IÇ)l3. -2 2.5 machine de proportions connues, par un essai en court circuit, le flux de réaction pour une intensité donnée. J'obtiens ainsi, sans calculs laborieux, en partant des dimensions de la machine, et par une comparaison simple, le llux de réaction d'un induit quelconque pour un débit donné. La méthode pourrait s'appliquer aux alternateurs. PHYSIQUE. — Chaleurs latentes de vaporisation et pressions maxima. ' \ote de M. A. Leduc, présentée par M. E. Bouty. La détermination de la chaleur de vaporisation à la température d'ébul- lition normale est relativement facile Mais il n'en est pas de même à une température quelconque. Il suffît, pour s'en convaincre, de comparer les résultats relatifs au corps le mieux étudié, c'est-à-dire à l'eau, d'après Kegnault et d'après Henning. Ou a : liegiuiull. Ilciiiiiiig. À 100 537 538,7 A 1 3o 5 1 5 , 7 ") 1 8 , 3 A 160 '194 ^96,6 Une faible part seulement des écarts est due à la différence des échelles thermométriques. On ne s'étonnera pas de trouver des écarts relatifs plus grands pour un corps quelconque, même si la condition de pureté n'inter- vient pas. La force élastique maxima des vapeurs semble plus facile à déterminer, bien que nous constations des écarts fort appréciables, même dans le cas de l'eau, entre les déterminations de Kegnault, de Batelli et de Ilolborn et Henning, qui ont trouvé, par exemple : Hoiborn liegnuull. Baielli. ai Hennin:;. 0 cm cm cm A 120 1 49, 1 i5o,3 i4§9 A 140 271,8 272,5 371 A 160 460,1 463,4 463,3 Quoi qu'il en soit, il serait très intéressant de pouvoir se dispenser de l'une de ces déterminations et de reporter tout l'effort sur l'autre. C'est ce qu'on peut faire en appliquant la formule de Clapeyron (0 L=7(„'-«)^, •226 ACADÉMIE DES SCIENCES. mais en calculant le volume spécifique u' de la vapeur saturante au moyen de mes formules, au lieu de s'évertuer à les déterminer expérimentalement. J'ai montré, en effet, que cette détermination directe n'avait donné, en général, que des résultats fort médiocres. Je me suis proposé, à litre d'exemples, de confronter quelques valeurs de L ainsi calculées avec les valeurs expérimentales pour l'eau, l'éther et le benzène. A cet effet, je combine la formule (i) avec ma formule d'état (2) MFm'=RT

3 i3o" 0,02992 0,9750 0,9985 522 5i8,3 0,7 160" 0,02.54 a 0.9.546 0,9968 5oi 496,6 0,7 Pour mettre à peu près d'accord les données expérimentales utilisées, il faudrait admettre que le coefficient d'écart à la loi de Mariotte de la vapeur d'eau présentât un excès de i5 à 20 pour 100 par rapport aux gaz normaux. Cette hypothèse ne semble d'ailleurs pas fondée. Remarquons que si Ton admet, d'après P. Chappuis, qu'à ioo° û Tï — o,o3545, on en déduit L = 53-, nombre de Regnaull. 2. Ether. — Pressions maxima d'après Young et Ramsay, L observées d'après Winkelmann (1880). J'ai montré ailleurs que sa vapeur est nor- male. (') Voir Ann. de Chim. et de Phvs., 8e série, t. XIX, p. 4/3. SÉANCE DU 20 JANVIER ip,l3. 227 1 dp 11 L L Écart I . P rfT 0. »' calculées. observées, pour f 00. o 10 o,o4355 0,9771 0,998^ 9 1,3 92,4 ' >2 3o o,o366o 0,9390 0,9964 86,'} 89.8 4-4 00 o.o3i37 0,9343 0,993.") 81,0 86,8 6.5 Pour faire concorder les valeurs de L calculées et observées, il faudrait supposer que la vapeur saturante d'éther se comportât comme un gaz par- fait. Ces nombres expérimentaux sont donc inconciliables. 3. Benzène. — Pressions maxima d'après Young et Ramsay, chaleurs totales d'après Regnault et chaleurs spécifiques d'après Schiff(i886) : 1 d\- 11 L L Écart t. P d'\' 9. u' calculées, observées, pour 100. n 60 o,o355i 0,9790 0,9983 98 98,4 +o,4j 80 o,o3o85 0,9667 0,9970 94,3 94,8 +o,5 100 0,0371?. 0,9002 0,9950 92,9 88,1 — 4,8 La concordance est ici satisfaisante à la température d'ébullitionet à6o°, niais tout à fait insuffisante à 100". Les expériences seraient donc à reprendre, au moins au-dessus de 8o°. Remarque. — On pourrait craindre que, même si les valeurs de Fêtaient bien observées, celles de -™ fussent beaucoup moins sûres. Mais il arriverait alors que les valeurs de la dérivée seraient tantôt trop grandes et tantôt trop faibles, puisque en définitive rrdF ! M*1 'T. et que F, et F„ sont supposés bien connus. Il en serait donc de même des valeurs calculées de L. On saura immédiatement à quoi s'en tenir. En conséquence, il semble tout indiqué de reprendre, de préférence, l'étude des pressions maxima, sur des corps purs, lien entendu, et en ayant soin de rapporter les températures à l'échelle thermodynamique (thermo- mètre normal à gaz parfait). 22tf ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMllï PHYSIQUE. — Réactions chimiques dans les gaz comprimés: élude de la décomposition de l'oxyde d'azote. Mole de MM. E. liiuxi ii et Roiuxoff, présentée par M. G. Lemoine. I les recherches antérieures (■) ont démontré qualitativement la trans- formation du gaz NO nous l'influence des pression élevées. Nous avons replis l'étude du mécanisme de cette réaction dans des limites plus étendues de pression et de température (de 5oatm à 700''1'", et de — 8o" à -+- 3oo°) : nous résumons ici les résultais ainsi obtenus. Pour éviter l'action de tous corps étrangers, la compression est réalisée en conden- sant d'abord un volume connu de NO gazeux dans de» tubes de verre capillaires, à paroi très épaisse, plongés dans l'air liquide; ces tubes sont ensuite portés et maintenus aux températures convenables, après avoir été fermés au chalumeau. Connaissant la capacité du tube, on déduit de la quantité de NO condensé la pression initiale; d'autre part, la longueur de la colonne liquide formée permet île mesurer la vitesse du phénomène. Pour établir avec précision le caractère de la réaction, nous avons dû procéder à l'analyse, par fractionnements, du contenu des tubes ; nous y avons reconnu la présence des corps suivants : N'2, NO, N-O, N203 et, de plus, NO2 dans les tubes portés à la température de 3oo°. •D'un grand nombre d'expériences (plus de 5o tubes ont été examinés) exécutées dans des conditions variées, nous déduisons que deux réactions primaires se produisent simultanément : ( 1) N.O=?iN! + .!<)-, (2) N0=iNi0-t-.]O3(-), la seconde étant prédominante; les oxydes supérieurs ÏS'-'O3 et NO2 pro- viennent de l'action secondaire de l'oxygène sur NO non transformé. Pour des pressions initiales identiques, l'élévation de température a pour effet d'accélérer les transformations (coeflicient de température pour io° : 1,2 à i,3) et de favoriser la réaction primaire (2) et la formation secondaire (') de NO2. (J) Biu.NKii et WROCZYNSKi, Comptes rendus, t. 149, iyoy, p. \o-:i; Journ. de Cliim. phys., t. IX, 191 1, p. 100; Arch. Se. nal., t. XXXII, igi 1, p. 389. (') Le protoxyde d'azote pur est très stable à l'égard de la compression (Comptes rendus, t. 150, 1910, p. i3?./i). L'azote libéré résulte donc bien de la réaction (j). (3) Pour comparer l'influence de la pression à celle de la température seule, rappelons les recherches de Berlhelot (A un. de Chim. et de Phys., V -crie, I. VI, 1875, SÉANCE DU 20 JANVIER IO,t3. 22(| La simultanéité de ces diverses réactions explique les résultats négatifs que nous ont fournis les mesures entreprises en vue de déterminer Tordre de la réaction par les méthodes de la cinétique chimique. A cause de la présence dans la phase liquide des divers corps sus-énumérés, la mesure de la longueur de la colonne de liquide formée ne permet d'évaluer qu'approximati- vement la vitesse des transformations purement chimiques. Même dans ces conditions, cette mesure fournit des indications très utiles, notamment sur le rôle très important de la pression initiale. Par exemple, à la température ordinaire, pour la pression initiale 700"'" environ, la colonne de liquide formée atteint 6e"1, 7 en 4o minutes, ce qui correspond approximativement à la moitié de la limite; pour la pression initiale 5oah", ce n'est qu'après plus d'un an que nous avons constaté l'existence d'une petite gouttelette bleue, indice de la réaction; d'une manière générale d'ailleurs, les longueurs des colonnes liquides formées sont toujours en rapport avec la pression initiale. La nature des parois des tubes parait avoir peu d'influence sur la vitesse de la décomposition de MO opérée par la compression, ainsi que le prouvent les essais comparatifs effectués dans un tube scellé en quaiiz. Par contre, indépendamment d'une dissolution physique de NÎO dans iY-0:l('), il semble bien, d'après l'allure des courbes représentant la marche du phéno- mène en fonction du temps, que la pression de N*0* exerce une influence accélératrice sur les transformations. Pour expliquer le mécanisme de la décomposition, on pourrait être tenté d'invoquer la présence, comme corps intermédiaire, d'un polymère (\'< ) V- dont l'existence a été présumée par Olzcwski et Advventowski(-) en d'autres circonstances: bien que nous l'ayons recherché, nous n'avons pu déceler ce p. 198), qui a trouvé N- et N20 clans les produits de la décomposition du un/ \U a 020°, et celle de Jellinek (Z. anorg. Cltem., t. XL1X, 1906, p. 229), qui attribue la décomposition de NO, à partir de 6200, à une réaction du deuxième ordre aboutissant à N1 et O2. La production de N20, par action d'une solution alcaline sur NO, signalée par Gay-Lussac, a été étudiée parSabatier et Senderens (Ann. de Chim. el de'Phys., 7e série, t. VII, 1896, p. 366, et par Muster {Thèse. Genève 1909). Suivant Emich (Mo/iatshefte, t. XIII, p. 90), à 1000 cette réaction donne aussi de l'azote. (') D'après von Wittorf, qui a étudié les points de congélation du système NO-NO2, il n'y aurait pas d'autre composé d'addition que N2U3 (Z. anorg. Ch.. t. XL1, 1904. p. 85 |. (-) Olzewski, Comptes rendus, t. 100, i885, p. 940. — Adwentowski, Anzeiger Akad., Cracovie, 1909. p. 7^2. 23o ACADÉMIE DES SCIENCES. polymère au cours de nos expériences et nous pensons, jusqu'à meilleure preuve, qu'il faut en faire abstraction. De l'ensemble de nos recbercbes, nous concluons que la compression du gaz NO agit seulement pour élever la concentration absolue et, par suite, pour accélérer la décomposition de ce corps en produits plus stables, celle-ci n'ayant pas été observée jusqu'à présent à la pression et à la température ordinaires en raison de son extrême lenteur. Il n'est donc pas nécessaire de supposer, comme le font plusieurs auteurs, que le gaz NO soit, dans les conditions ordinaires, en état de faux équilibre. PHOTOCHIMIE. — Loi d'absorption photochimique élémentaire. Note (') de MM. Victor He.vri et René Wurmser, présentée par M. Dastre, La plus ou moins grande sensibilité aux rayons de différentes longueurs d'onde constitue une propriété caractéristique pour chaque corps, il est utile de la désigner par un nom spécial ; nous proposons le terme de suscep- t ibilité pholoch imique . D'après la loi de V absorption photochimique de Grotthus, la susceptibilité photochimique est proportionnelle à l'absorption. Or on trouve dans la littérature un exemple classique où ce parallélisme n'existe pas; c'est celui de la chlorophylle. En effet, l'assimilation chloro- phyllienne présente bien un maximum dans le rouge pour X = 6700, qui coïncide avec la première bande d'absorption de la chlorophylle; pour les rayons bleus, au contraire, de X = 43oo, l'assimilation est deux fois plus faible que dans le rouge, tandis que l'absorption des rayons bleus par la chlorophylle est plus forte que celle des rayons rouges. La figure IV montre bien cette discordance. Nous avons étudié cette question dans des cas très simples, dans lesquels on peut suivre la vitesse de la réaction chimique et analyser son mécanisme. Dans la présente Note nous donnons les résultats relatifs à l'action des rayons ultraviolets sur des solutions aqueuses d'acétone, d'acétate d'éthyle et l'aldéhyde acétique. Dans une Note antérieure (Comptes rendus, sep- tembre 1912), nous avions déjà donné les premiers résultats relatifs à l'acétone. (') Présentée dans la séance du i3 janvier 191 3. SÉANCE DU 20 JANVIER iç)l3. 2^1 La source de rayons ultraviolets est une étincelle condensée entre électrodes de cadmium. En combinant d'une façon appropriée des écrans de verre de différentes épaisseur*, de pliénx lalanine, d'albumine et d'acélone, pour lesquels nous avons mesuré les coef- ficients de transparence relatifs à chaque raie du cadmium, nous avons pu isoler des régions assez étroites du spectre. Nous avons de plus mesuré l'intensité de chaque raie ou groupe de raies avec une pile de lin lieux placée dans le vide. Résultats. — i° Acétone (fig- I). — La courbe d'absorption présente un maximum pour A = 265o, la susceptibilité photochimique passe par un maximum pour la même région. La loi d'absorption photochimique s'ap- plique doue dans ce cas. 20 Acètale d'èlhyle ( Jig. II). — L'absorption croît continuellement pour des rayons ultraviolets de plus en plus courts, la susceptibilité photochi- mique croit également lorsque X diminue; par conséquent, la loi d'absorp- tion photochimique s'applique aussi à ce cas. 3° Aldéhyde acétique (fig. \\\). -- L'absorption présente un maximum pour A = 2775, puis diminue, passe par un minimum et augmente de plus en plus pour les rayons ultraviolets extrêmes. La susceptibilité photochimique passe par un maximum qui coïncide avec le maximum d'absorption, mais pour les rayons ultraviolets très courts la susceptibilité photochimique esl très faible, tandis que l'absorption est très forte. La loi d'absorption photo- chimique ne s'applique donc pas à ce cas. i" Acétone. • V.cétale d'èlhyle. I* aldéhyde acéLiquc. Intensités Absorp- Susceptib. Absorp- Susceptib. Vbsorp- Susceptib. lion pbotochim. lion pholochim. tion photocliim. < 1 0,1 » 0.7 1 , 8 i,3 10 2i » 10 5,3 79 Itégi'ins des spectrales. raies. 3Goo à 3aoo 324 3980 à 2880 81 2-48 1 1 3 2.5-2 H 2469 28 23i3 753 3288 '99 !2Ô5 ■99 2 26.) '99 s 1 o,5 339 »44 206 [2 20,8 < 0,Ô4 '2 3,2 | . 2 3 0,6 7 3o 1,2 1,7 0,8 o,5 27 116 (| 3,8 On peut donner une explication de cette discordance entre les courbes C. K., ii)i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 3.) 'O 2^2 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'absorption et de susceptibilité pbotochimique. La mesure de l'absorption 1 "1 15 1 \ 10 ; \ / 1 i 1 i 1 1 il / , tv 1 \ 1 > 20 f If 1\ l—i i i à X S c-j c 11 Acétate d éthyle .-t r' >. * fi \ 1 I i i i y \ 1 i \ \ 1 1 1 \ i \ / 111 Aldéhyde acétique r" ■' h \ \ \ \ \ \ \ II \ ** « V \ V V ) c c ce c c o o IV Chlorophylle l Engelmann I l'ig. I à IV. — Coefficients d'absorption et susceptibilités photochimiques de l'acétone, de l'acétate ilYtlivlc, de l'aldéhyde acétique et de la chlorophylle. • - -• absorptions; « « susceptibilités photochimiques. «1rs rayons ultraviolets par différents corps organiques, faite par l'un de SÉANCE DU 20 JANVIER ip,l3. 233 nous avec M. Bielecki (Comptes rendus, août et décembre 10,12), montre que pour l'aldéhyde acétique la bande d'absorption de \ = -±n^5 correspond au groupement moléculaire — C\j,' tandis que l'absorption de l'extrême ultraviolet correspond au groupement moléculaire CtL. Or la réaction chimique provoquée par les rayons ultraviolets en pré- sence d'eau se produit sur le groupement aldéhydique — C: . > c'est donc seulement l'absorption due à ce groupement qui doit être importante pour la réaction photochimique. L'absorption des l'ayons ultraviolets extrêmes ne pourra intéresser que les réactions qui se produisent sur les grou- pements CH3, En résumé, d'une part le spectre d'absorption peut être considéré comme la somme de plusieurs « spectres d'absorption élémentaires » dus aux diffé- rents groupements moléculaires qui constituent le corps, d'autre part l'action photochimique se produit seulementsur certains de ces groupementsel l'on peut énoncer la loi que la susceptibilité photochimique d'un corps dépend seule- ment de la partie du spectre d'absorption qui correspond aux mêmes groupe- ments moléculaires que ceux sur lesquels se produit la réaction. La loi d'absorption photochimique devrait donc être appelée loi d'ab- sorption photochimique élémentaire . Il en résulte que certains rayons absorbés par un corps seront photochimiquemenl actifs, tandis que d'autres rayons également absorbés par lui seront seulement transformés en chaleur. De plus des rayons différents pourront produire dans le même corps des réactions chimiques différentes. PHYSICO-CHIMIE. — Action des rayons ultraviolets moyens et extrêmes sur l'aldéhyde élhylique : acidification, polymérisation, rèsinijication . Note de MM. Daniel Rertiielot et Hkxry Gaudechox, présentée par M. E. Jungfleisch. Quand on soumet l'aldéhyde éthylique à l'irradiation de l'ultraviolet moyen et extrême, on observe, outre la décomposition en oxyde de carbone et méthane qui a déjà lieu dans l'ultraviolet initial (Comptes rendus, t. 156, p. ti8), diverses autres altérations : acidification, polymérisation, résinification. Les expériences suivantes sont faites sur le corps pur (bouil- lant à 21") en l'absence d'air. 23/| ACADEMIE UES SCIENCES. Acktiiication Pau oxydation in-tkrnk . — On a opéré sur des quantités d'aldéhyde comprises en général entre 3o""' et 5o'"'\ Des tubes de verre ou de quartz effilés par un bout ont été remplis entièrement puis fermés au chalumeau. Dans d'autres cas, on a pris soit des iioles plates de quartz. suit des ballons de quartz de 3ocm' à ioo""' munis de tubes à dégagement et remplis complètement ou partiellement d'aldéhyde, puis purgés d'air par éhullilion prolongée. Simultanément on exposait des tubes ou ballons témoins entourés de papier d'étain. La distance des parois des ballons ou flacons à la lampe à mercure était de 35""n à 4.V"1"; on refroidissait les appareils en recouvrant la moitié non irradiée de coton hydrophile refroidi par un courant d'eau. Dans la plupart des cas, on maintenait la température vers i8°-20°, et l'on prenait comme source radiante une lampe Westinghouse de 220ï0"s en régime peu poussé (/jo™"5 environ aux bornes). L'aldéhyde initiale présentait une acidité légère, qu'on a retrouvée exactement au bout de \ à 6 heures d'exposition, aussi bien dans les tubes témoins que dans les tubes en verre ordinaire, ne laissant passer que l'ultraviolet initial ( X > o1*, 3). Par suite, dans ces conditions, /'ultraviolet initial ne transforme pas l'aldéhyde en acide en l'absence d'oxygène. Au contraire, après \ heures d'exposition en ballons de quartz, il a apparu une acidité notable correspondant à 8{"K d'acide acétique pour ioo™3 d'aldéhyde, quand l'irradiation s'exerçait sur Y aldéhyde liquide, et à 26oms d'acide acétique quand l'irradiation s'exerçait sur Yaldéhyde en vapeur. La formation d'acide acétique est accompagnée par l'apparition d'anhydride carbonique dans le gaz de photolyse qu'on recueille au furet à mesure dans une éprouve! le placée sur une cuve à mercure. Ici, comme dans le cas des sucres, la formation d'acides dans les liqueurs se reconnaît avec la même sûreté soit par les indicateurs colorés (tournesol, phtaléine), soit par l'apparition de CO2 dans le gaz de photolyse, ces deux réactions ayant à peu près la même sensibilité. Le liquide irradié évaporé à sec en présence d'alcali donne la réaction du cacodyle (acide acétique). Far contre, il n'y a pas réduction de l'azotate d'argent ammoniacal (absence d'acide formique). L'application de la méthode de dosage des acides volatils de Duclaux montre qu'on a de {'acide acétique pur : SEANCE DU 20 JANVIER lgl3. 2 i' 1 -'raclions \i idili- Vci.lr Acide Vcidc successives. observée. |orrnit|iir. acétique. pi'opionii| 10 / '1 5,g 7< 12, 1 20 1 ■ 5 , 1 12,2 l5,2 24,o 3o 23,2 19,0 23,'. 35,;; 10 3i,6 26,4 32,0 16,2 5o 1 ° • 7 ■>',.", io,9 56,8 60 ■>o,p 43,2 5o,5 66„7 7° 60, 1 5a, 8 60,9 - 1 » 80 :«•* 64,6 7'- 9 85 • 1 > '.»" 8I.2 79,6 8 1 • î 90,0 100 100 100 100 100 Le résultat précédent est intéressant, (l'est un fait connu que l'aldéhyde en présence d' oxygène tend à s'oxyder spontanément, et nous avons con- staté que les rayons ultraviolets favorisent cette action connue ils font pour toutes les oxydations. Mais ici l'oxydation a lieu en l'absence cFoxygêne libre; il s'agit donc d'une combustion interne. Or nous avons déjà montré que, sous l'action des rayons ultraviolets, les alcools passent à 1 étal d'aldéhydes, et que les acides donnent de l'anhydride carhonique. La succession des stades d'oxydation (alcool, aldéhyde, acide, anhydride carbonique) tend donc à se réaliser même en l'absence d'oxygène. Ce processus général de dégradation par la lumière présente une similitude Frappante avec certains phénomènes de vie anaérobie des cellules, ('.est là un exemple nouveau et suggestif des analogies qui existent entre les réactions chimiques de la vie cellulaire et celles que produit la lumière. L'oxygène nécessaire à l'oxydation étant emprunté au corps lui-même, l'acétification de l'aldéhyde doit avoir comme contre-partie un processus réducteur simultané. Celui-ci semble consister dans la formation de produits résineux de déshydratation décrits plus loin, et dans l'action de l'eau formée, pour transformer une partie de l'aldéhyde en acide et une autre partie en alcool : 2CH3.COII + IPOr-CH'COOH -t-CH'CIPOII. Un processus analogue a été signalé par M. Berthelot dans l'action d'une température soutenue de i6o°sur l'aldéhyde. Polymérisation. — Nous avons déjà indiqué (loc. cit.) que dans l'ultra- violet initial (>.>o^, 3oj, et même dans la première partie de l'ultraviolet moyen (a>o1*,25), la polymérisation de l'aldéhyde était faible et lente 236 ACADÉMIE DES SCIENCES. (ainsi d'ailleurs que laplupartdes polymérisations, étliylène, acétylène, etc., que nous avons étudiées). Au-dessous de 0^,25, il y a polymérisation rapide et formation de paraldéhyde bouillant à 124°, ainsi que de métàldéhyde qui se dépose en cristaux, et de corps plus condensés non miscibles à l'eau. Consécutivement à la formation de ces polymères, on voit paraître dans les gaz de photolyse, à la place du méthane, des carbures condensés et notam- ment l'éthane. Résinification. — Une exposition de 5 à G heures dans l'ultraviolet initial (ballon de verre) ne donne pas de résines. Au contraire, quand on emploie l'ultraviolet moyen et extrême (ballon de quartz), on constate, après avoir séparé par distillation les parties volatiles, que le résidu se trouble fortement par Peau : une partie des résines reste en émulsion; l'autre partie forme sur les parois un dépôt poisseux brun rougeâtre. Influence de l'eau. — Quand, au lieu d'aldéhyde pure, on irradie en ballon de quartz une solution aqueuse d'aldéhyde, la présence de l'eau entrave la polymérisation et la résinification. Au lieu de résines il apparaît des corps caramélisés solubles dans l'eau, à laquelle ils communiquent une teinte jaune et une odeur acre, alors que le liquide témoin est incolore et inodore. En revanche, Veau favorise l 'acidification ; la proportion d'acide formée est plus grande qu'avec l'aldéhyde pure ; de plus, à côté de l'acide acétique il se produit de l'acide formique, comme le montrent les réactions de l'azotate d'argent ammoniacal et du cacodyle, ainsi que le procédé de dosage de Duclaux, qui donne les nombres suivants : Fractions.... 10 20 3o [\o 5o 60 70 No 90 100 Acidité 6,7 1 3 , S 21,4 29, 4 37,9 ^7 > 4 57,4 68,8 82,3 1 00 ce qui correspond à un mélange à proportions presque égales d'acide acé- tique et d'acide formique. CHIMIE ORGANIQUE. - - Sur l'acide phényl-a.-oxycrotonique. Un exemple d'èther-oxy de d'hydrate de célone. Note de M. «I. IIocgault, présentée par M. A. Haller. Si l'on envisage, comme on le fait souvent, les cétones (et les aldéhydes ) comme des dérivés, par déshydratation, de glycols dont les 2(OH) sonl SÉANCE DU 20 JANVIER I9l3. 237 rattachés au même carbone, on peut espérer pouvoir obtenir des éthers- oxydes (II), analogues aux étbers-oxydes d'alcools (I), et qui viendront se placer régulièrement, au point de vue du développement normal des for- mules de constitution, entre ces derniers et les anhydrides d'acides ( III), envisagés comme éthers-oxydes issus de carbérines déshydratées : R - CH2 1 R-G(OH) — R' 1 R — GO H ! OH 0 1 0 1 0 1 OH K — CH2 R — C(OII) _R' R — CO H (I). (II). (III, . Les corps se rattachant au schéma (II) sont peu connus ou peut-être inconnus ; je n'en ai trouvé aucun exemple dans la littérature chimique. Celui dont il va être question ici a été rencontré au cours d'une étude sur l'acide phényl-a-oxycrotonique. A la suite du Mémoire ('), dans lequel Fittig a étudié les curieuses iso- mérisations de l'acide phényl-a-oxycrotonique sous l'action des alcalis, d'une part (IV), et des acides, d'autre part (V) : (IV) OH5— CH = CH— CHOII - CO» 1 1 y OH5— CH2- CH2— CO — C02H (V) OH5— CH = CH — CHOH- -CO'H > OH5— CO— CH!— CIP-COOH le savant allemand ajoute ces quelques lignes : « Non seulement l'acide phényl-a-oxycrotonique s'isomérise facilement en acide benzylpyruvique, sous l'action des alcalis à l'ébullition, mais son amide subit plus facilement encore cette isomérisation. 11 suffit, en effet, de dissoudre l'amide phényl- a-oxycrotonique dans de la soude diluée, puis de saturer immédiatement par un courant de CO2, et l'on obtient un précipité qui est l'amide benzyl- pyruvique. » Les propriétés trouvées par Fittig pour cet amide m'ayant paru anor- males, j'ai repris ce travail. En fait, la réaction, dont Fittig n'a fait qu'effleurer l'étude, est très dif- férente de ce qu'il avait pensé et bien plus compliquée. Le composé qu'il a isolé et présenté comme amide benzylpyruvique est un mélange, qui d'ail- leurs ne contient pas trace d'amide benzylpyruvique : ce dernier corps est encore à préparer. L'action des alcalis ou des carbonates alcalins, effectuée soit à chaud soit ( ') Lieb. Ann.. t. CCXCIX, 1898, p. 28. 238 ACADÉMIE DES SCIENCES. à froid , sur l'ami de phényl-a-oxycrotonique, m'a fourni huit composés définis, dont six sont nouveaux; j'en ai déjà signalé quelques-uns (*). Dans cette Note, il ne sera question que d'un seul d'entre eux, de formule C20H2JAzO6, auquel j'ai donné la constitution suivante, renfermant la fonction éthêr-ov/dé d'hydrate de ce'tone : C° H5 - CH2 — GH2 - G ( 011 ) — GO2 H I O I G«HS - CI!2— Cil2 — C(OH) — GOAzM2 C'est, comme on le voit, le semi-amide d'un acide bibasique résultant de la soudure, par imo1 d'eau, de 2™°' d'acide henzylpyruvique. Ce composé intéressant se prépare par action ménagée de la lessive de soude diluée sur l'amide phényl-a-oxycrotonique. Après quelques jours de contact, il se précipite à l'état de sel de sodium. L'acide-ainide, libéré de son sel de sodium, est insoluble dans l'eau, le benzène, le chloroforme, peu soluble dans l'éther, soluble dans l'alcool et surtout dans l'acétone. Il n'a pas de point de fusion fixe, car il se déshydrate lentement sous l'action de la chaleur en donnant un autre acide-amide, différent du premier par i H"0, ayant par suite la composition C-0H'''.\z() ' et sans doute la constitution suivante : Cfi II5 - CH2 -CH^C- CO2 1 1 I O 1 CJ H« - GH2 - CH — G - GO A/. H2. Une réaction très importante de l'acide-amide C-0H2:1 AzO° est celle qu'il donne sous l'action des alcalis et même des carbonates alcalins : il se dédouble quantitativement en i1""' d'ammoniaque et 2mo1 d'acide henzyl- pyruvique. Ceci prouve que tous les C du composé en question sont engagés dans des molécules d'acide henzylpyruvique et limite ainsi le choix des formules de constitution. En joignant, à cette réaction capitale, la nécessité de satisfaire à la com- position C20H2ilAzQ6, l'existence d'une fonction acide fort (déplaçant l'acide acétique), et d'une fonction amide, on voit que la constitution adoptée parait bien justifiée. (') Comptés rendus, t. 155, igiïi, p. ^77; et Journ. //<■ P/t/irm. et Chini.. 7' sèiîêj t. VI, 1912. p. 3^7. SÉANCE DU 20 JANVIER IC)l3. l3() Je ferai remarquer dès aujourd'hui que la résistance relative à la saponi- fication de la fonction éther-oxyde dans le corps dont il est question, s'accorde bien avec la place occupée normalement par cette fonction entre les élhers-oxydes d'alcool et les anhydrides d'acides. En effet, d'une part, tandis que les anhydrides d'acides s'hydratent faci- lement, à l'ébullilion, par l'eau, l'acide acétique dilué, ou mieux encore par les solutions d'acétate de soude, lorsqu'ils sont solubles dans ces milieux, la fonction éther-oxyde du composé C20H-3AzO6 résiste à l'hydratation dans ces conditions. D'autre part, on a vu plus haut que les solutions alca- lines, même faibles, provoquent rapidement cette hydratation, tandis qu'elles n'ont aucune influence sur la fonction éther-oxyde d'alcool. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide aldéhyde succinique. Note de MM. E.-E. Blaise et E. Carrière, présentée par M. Hallër. La Note que M. Carrière a publiée aux Comptes rendus sur l'acide aldé- hyde succinique {Comptes rendus, t. 154, p. 1173) a été l'objet d'une cri- tique de M. Harries (Berichte, t. XLY, p. 2583 à 2585). Le point le plus important de celte critique porte sur le degré de poly- mérisation du polymère de l'acide aldéhyde succinique; M. Harries main- tient que le polymère est un dimère fondant à 1470 (point également donné par M. von Ungern Sternrkrg, Inaugural Dissertation, Kônigs- berg, 1904) alors que M. Carrière a obtenu un trimère fondant à 167". Nous avons, en conséquence, demandé à M. Harries de procéder à un échange de produits. Nous avons identifié le produit reçu avec celui que M. Carrière a obtenu par condensation de 2mo1 d'acide aldéhyde succinique en élimination de jmoi d'eau. Les deux corps ont même point de fusion i4^° et leur mélange fond au même point; l'analyse montre la même composition centésimale tandis que la différence entre les pour 100 en carbone de ce corps et de l'acide aldéhyde succinique est de 4,6. M. Harries a reconnu l'exactitude de notre conclusion, en indiquant en même temps qu'il y avait une erreur dans son envoi. Or nous devons faire remarquer que ce produit de condensation a été mentionné pour la pre- mière fois dans la Note de M. Carrière; de plus, dans une précédente lettre, M. Harries nous faisait connaître qu'il avait procédé à cinq cristal- lisations successives pour faire remonter le point de fusion du corps envoyé jusqu'à 14 V1 ; l'erreur est donc difficilement explicable. C. R», 191^1, ," Semestre. (T. 15G, N° 3.) 3l 2^0 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. Ifarries nous a alors envoyé un deuxième échantillon, que nous avons reconnu être identique au polymère obtenu par M. Carrière : les deux corps fondent au même point 167", leur mélange fond aussi à 1670. M. Harries a trouvé comme point de fusion de ce corps 1 48°- 1 49°- lja différence tient à ce que nous opérons par chauffage très rapide sur bain de mercure, ainsi qu'il convient pour un corps qui se dépolymérise par action de la chaleur, tandis que M. Harries détermine le point de fusion par chauffage en tube capillaire dans un bain liquide ; dan« ces dernières condi- tions nous sommes arrivés, d'ailleurs, à faire fondre le corps au-dessous de i48°. L'identité du deuxième échantillon avec le polymère obtenu par M. Car- rière, constatée par les points de fusion, est confirmée par la détermination du poids moléculaire. La cryoscopie du polymère reçu, pratiquée dans l'acide acétique pur, donne comme poids moléculaire joç). Calculé pour (C'H6 O3)3 = 3o6. Deux autres déterminations sur le polymère que nous avons préparé nous-mêmes, ont donné 3o5,5 et 3i3. ( )n sait d'ailleurs (pie, d'une façon générale, les corps aldéhydiques se polyniérisenl avec produc- tion de trimères lorsque le polymère redonne le monomère par chauffage. D'après les résultats précédents, si la cryoscopie a été faite par M. Har- ries sur le corps du premier échantillon, le poids moléculaire fourni est acceptable, puisque le corps résulte de la condensation de 2'""1 d'acide aldéhyde succinique avec élimination de 1"'"1 d'eau, mais l'analyse el la conclusion sont fausses; si, d'autre part, la cryoscopie a été faite sur le corps du deuxième échantillon, le résultat trouvé est inexact. Voici quelle en est probablement la cause. Alors que la solubilité du polymère dans l'acide acétique permet l'emploi de solutions assez concentrées pour avoir des abaissements du point de congélation d'environ o°,5o ainsi que nous les avons obtenus, M. Mairies prend des concentrations tellement faibles qu'il n'a que des abaissements de l'ordre de o°,i5. D'après les données publiées par M. Harries (IIariuks et Himmelmann, Berichle, t. YL1I, p. iGti, et Harries, /Jeric/tte, t. XLV, p. 2585 ), on trouve (pic la dillérence théorique calculée entre la dépression du point de congélation fournie par le soi-disant dimèreet celle donnée par le triinère est, en moyenne, de o°,o5, en faisant toutefois abstraction de deux déterminations pour lesquelles l'abaissement constaté n'est que o°,o(>5 eto°,072. La détermination des poids moléculaires dans de telles condi- tions d'emploi de la méthode cryoscopique n'est pas précise. En ce qui concerne les critiques de M. Harries, relatives aux points de SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 25.) En résumé, M. Carrière n'a rien à changer à la Note déjà publiée, et il maintient, en particulier, que le polymère de l'acide aldéhyde succinique est un trimère fondant à 167°. chimie organique. — Sur les dérives nilrés desbxydes d'orthocrësyle et d'orthocrésylène. Note de M. A. Muiin: , présentée par M. Ch. Moureu. Les oxydes d'orthocrésyle et d'orthocrésylène se préparent facilement par la méthode Sabatier et Mailhe, lorsqu'on fait passer les vapeurs d'orthocrésol sur de la thorine chauffée à 4oo°-43o0. L'oxyde d'ortho- crésylène se forme le plus aisément, et il prédomine toujours dans la réaction. On peut séparer les deux produits par distillation fractionnée; l'oxyde d'orthocrésyle bout à 274°, l'oxyde d'orthocrésylène bout à 3o5°. On ne connaît, jusqu'à présent, aucun dérivé nitré de ces deux oxydes, et je me suis proposé de les préparer. i° Oxyde d'orthocrésyle. — Lorsqu'on effectue la nitralion à cliaud de l'oxyde d'orthocrésyle, en milieu acétique, on obtient un liquide visqueux. Si l'on distille ce dernier sous pression réduite, on sépare l'oxyde non nitré, et le liquide jaune qui passe vers 1800 sous 6omm se prend par refroidissement en une masse cristalline. Reprise par l'éther, elle abandonne des aiguilles jaunes fondant à 125°. C'est Yo.rrdc d'orthocrésyle mononitré C6HV(CH3)— 0 — C6Il3(Cll:i)( NO-). Réduit par le fer et 11) 12) l'acide acétique, il se transforme dans Yoxyde d'orthocrésy lamine, fondant à 98". Lorsqu'on introduit peu à peu l'oxyde d'orthocrésyle dans l'acide nitrique fumant, en ayant soin de refroidir, on obtient, en versant la masse dans l'eau, un produit visqueux brun. Traité par l'éther, il abandonne une poudre qui fond mal. Mais, en soumettant cette poudre à l'action de l'alcool bouillant, on en sépare une dissolution qui contient une petite, quantité de dérivés mononitré et dinitré, et il reste une ■l\l ACADÉMIE DES SCIENCES. pondre blanche, fondant à -i-o". C'est Y oxyde d'ortkocrésyle dinilré C6H3(CH3)(N02)-0-CcH3(CH3)(N02). (!) (4) (1) (2) (4) La nitration, effectuée en passant par l'intermédiaire des acides sulfo-conjugués, fournit une certaine quantité de ce dérivé dinilré. Ce composé a été soumis à une nitration prolongée à chaud, à l'aide d'acide azotique fumant et d'une petite quantité de mélange sulfonitrique. On arrive finalement, avec assez de difficultés, à une poudre fondant à u5°, constituée par Y oxyde d'or thocrê- syle tétranitré C6H2(CH3)(N02)2.O.C6H-'(CHs)(N02)2. Celte poudre contient un (2) IS'4) (1) 12) ' (2'J) peu de dérivés nilrés inférieurs, qu'on enlève par des lavages à l'alcool chaud. 2° Oxyde d'orthocvésylène. On ne sait rien sur la constitution des oxydes de crésy- lène, et l'on n'a aucune donnée sur la place où se fait l'attache des deux noyaux. Dissous dans l'acide acétique cristallisable, l'oxyde d'orthocrésylène se nitre très facilement à chaud. Le produit de la nitration, versé dans de l'eau, y abandonne des aiguilles blanches, fondant à io8°-i09°. C'esl Yoxyde d'orthocrésylène mono/titré CCI13(CH3) — C*M12(CH3)(N02). —0/ De tous les oxydes de crésyle, de crésylène et de phényle, c'est le dérivé mononiiré de l'oxyde d'orthocrésylène qui se fait avec la plus grande facilité. Réduit par le fer et l'acide acétique, il se change en l'aminé C6H3(CH3) — C6H2(CH3)(Nll2) qui forme des aiguilles blanches fondant à 92°, el dont la dissolution alcoolique se cohue en rouge par le chlorure de chaux. La nitration directe de l'oxyde d'orlhocrésylène, effectuée à chaud avec l'acide azo- tique fumant, fournit un composé visqueux. Repris par l'alcool bouillant, il ne cris- tallise pas par refroidissement, et sa viscosité se maintient. Mais, par traitement à la benzine bouillante, le produit se dissout presque totalement el, par refroidissement, il se dépose des aiguilles jaunes, fondant à 1700. C'est Yoxyde d'orthocrésylène dinilré C6H(CH3)(N02) — CBfI(CH3)(NOs). En poussant la nitration de la masse visqueuse précédente, à l'aide d'acide nitrique fumant el à chaud, on oblient une poudre blanche fondant à 2100. C'est Yoxyde d'orlhocrésylène tétranitré C6fl2(CII<) (NO2)2 — Cc H2 (CIL (NO2)2. Ktanl donnée la facilité avec laquelle on obtient ce dérivé, et au contraire la difficulté que l'on a à dépasser le dérivé dinilré avec l'oxyde de paràcré- svlène, on peut penser que dans ce dernier il n'y a qu'une position orllio libre, facilement suhstituable dans chaque noyau, et que l'attache des deux noyaux se fait dans la seconde position ortho, la place para étant occupée SÉANCE DU -21) JANVIER 1 9l3. 243 par le résidu méthyl. Dans l'orlhocrésylène, la formation du dérivé tétra- nilré est très aisée, ce que l'on peut expliquer en supposant que la position para et la deuxième position ortho sont libres. Il en résulterait que l'attache des noyaux se ferail en meta. C'est là une hypothèse à vérifier par une autre voie. BOTANIQUE. — Sur la chlorose in factieuse des Citrus. Note de VI. Tbabut, présentée par M. (iuignard. 11 arrive dans les orangeries que certains sujets se montrent atteints d'une chlorose grave qui, augmentant d'intensité pendant deux ou trois ans, amène le dépérissement et la mort du sujet. Cette chlorose présente des caractères très particuliers, qui permettent de la différencier de la chlorose banale due généralement à une intoxica- tion par les sels du sol. Son caractère principal réside dans sa transmission très évidente par la greffe; c'est pour cela que je propose la dénomination de chlorose infec- tieuse. Depuis une douzaine d'années, j'observe ce mal, et j'ai constaté que tous les greffons pris sur un sujet contaminé ne produisent que des arbres chlo- roses dès la deuxième année. Ces sujets dépérissent plus ou moins rapide- ment et finalement meurent. Le porte-greffe est lui-même contaminé et dépérit par le même mal, quand il a été amputé de la partie greffée. Si Ton regreffe ce sujet conta- miné la maladie passe au nouveau greffon. J'ai surtout observé la chlorose infectieuse sur deux variétés : In Oranger Washington Navel, provenant d'Angleterre où il avait été cultivé en serre, et un Oran- ger Siletta, venu d'Australie à l'état de greffon. Mais cette maladie peut se montrer sur les autres Citrus cultivés. Les greffes infectées poussent vigoureusement la première année; dès la seconde année, on observe une floraison exlraordinairement abondante suivie d'une carpo- manie très accusée. C'est à ce moment que l'on note les premiers symptômes de dépé- rissement ; les feuilles jaunissent, mais d'une manière très spéciale ; la décoloration se manifeste le long de la nervure principale sur une largeur de 3mm à 5mm de chaque côté, puis elle suit les nervures latérales. La feuille prend alors un aspect particulier; la destruction de la chlorophvlle se continue et bientôt toute la feuille est décolorée. Cette chlorose inoculable ne paraît pas avoir été décrite en Amérique, où les maladies des Vitras font l'objet de recherches sérieuses de la part des 244 AGADÉMIE DES SCIENCES. spécialistes de la pathologie végétale; mais elle présente assez d'analogie avec la chlorose infectieuse des Malvacèes de V. Baur. (h'on. Preuss. Akad. Wiss. iqoG) qui, à la vérité, n'est qu'une panachure inoculable. Dans la pratique, il est facile de se préserver de cette maladie, qui n'est Iransmissible que par le greffage; de très nombreuses expériences ne me laissent aucun doute à ce sujet. 11 reste à déterminer la nature du contage. J'ai vainement cherché une Bactériacée dans le liber et dans les cellules en voie de décoloration. On peut pour le moment admettre l'bypothèse de Baur; la maladie résulterait d'une phytotoxine sécrétée par un organisme qui échappe aux investigations par le microscope, mais qui se dénote par les suites de l'ino- culation. MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — La vaccination préventive contre la fièvre i yphoïde dans les équipages de la /lotte . Note de M. Chantëmesse, présentée par M. Boux. La fièvre typhoïde a provoqué en France, en Algérie, en Tunisie, au Tonkin, etc., de si nombreux désastres qu'il est superflu d'insister sur sa nocivité, et le martyrologe est innombrable des existences jeunes et vigoureuses fauchées, entre la quinzième et la trentième année, par cette grande maladie. Depuis 25 ans, on a organisé la lutte contre elle par l'épuration de l'eau potable; mais il n'est pas possible d'avoir toujours et partout de l'eau pure et le problème prophylactique ne tient pas tout entier dans cette étic- logie. Dès l'aurore de la bactériologie, on s'efforça de trouver le vaccin de la lièvre typhoïde. En 1887, des savants allemands, Frankel et Simmonds, Beumer et Peiper, montraient qu'en injectant à des animaux de petites doses de bacilles typhiques vivants et virulents, on augmentait leur résistance contre le virus de la fièvre typhoïde. Celte immunisation avec des microbes vivants et non atténués était trop dangereuse pour pouvoir s'étendre à l'homme. A cette même époque, et pour la première fois (Annales de i Institut Pasteur, 1887, 1888, 1892), je faisais connaître avec M. Widal un vaccin de l'infection typhique qui était efficace, qui était inoflensif, qui ne contenait rien de vivant susceptible de se développer dans le corps de l'homme et qui, à l'aide de trois ou quatre injections de substance stérile, donnait aux animaux SÉANCE DU 20 JANVIER iql 3. 2|j rimmunité contre le virus de la fièvre typhoïde dans l'immense majorité des cas, sinon dans tous. Ce vaccin formé de bacilles typhiqiies stérilisés par chauffage était celui qui allait être appliqué à l'homme et lui conférer l'immunité exactement comme il le faisait aux animaux. Ce vaccin ftil appliqué à l'homme eij 1896, d'abord à l'étranger, et en 1899 je vac- cinai moi-même par cette méthode les élèves de mon service d'hôpital. Le vaccin chauffé s'étendit peu à peu dans le monde à mesure que ses bienfaits faisaient leurs preuves. En Afrique, en Asie, aux Indes et dans les possessions anglaises, aux Etats- t nis, au Japon, plusieurs centaines de mille hommes subissaient les injections vaccinales et se montraient protégés contre les dangers de la maladie. Au bout d'une année de vaccinations pratiquées chez les soldats, avec du vaccin chauffé, le Gouvernement des Etats-Unis rendait obligatoire, dans ses armées, ce mode de prophylaxie. En JgoS, le savant allemand Wassermann préconisa le vaccin bacillaire polyvalent et les aulolysats, méthode reprise en France plus récemment. En 1909. m'appuyan t sur nos expériences de 1887, sur les résultats des vaccinations anlityphoïdes que j'avais pratiquées sur mes élèves et que j'avais suivis pendant 10 ans, et sur les renseignements venus de l'étranger, je demandai à l'Académie de Médecine de nommer une Commission pour étudier celle méthode a nli typhoïde. Après l'avis favorable de l'Académie, le Ministre de la Guerre, M. Mes- simy, me chargea, l'an dernier, d'installer avec un médecin principal de l'armée cette vaccination parmi les troupes des confins algéro-marocains. Au Maroc, aucun des vaccinés ne fut atteint malgré l'épidémie persistante. En 1912, j'ai pratiqué beaucoup de vaccinations dans les services hospita- liers, livré beaucoup de vaccin chauffé à la marine, à l'année, à la popula- tion civile, et le maire de Nantes a créé un service municipal de vaccination antityphoïde. Je ne parlerai pas des inconvénients produits par cette méthode, soit locaux, soit généraux, pour la raison qu'ils n'ont pas existé ou qu'ils ont existé très faiblement. En voici la raison : Je suis resté fidèle au mode de préparation du vaccin stérilisé par chauffage et conservé, de plus, dans une émulsion crésolée qui met à l'abri d'une impureté acciden- telle. Les résultais de ces vaccinations ont été on ne peut plus favorables. \ oici un exemple frappant de leur efficacité : A partir du 5 avril 1912, le Ministre de la Marine. M. Delcassé, a auto- risé la vaccination facultative des équipages de la flotte et des ouvriers des ports avec le vaccin que je livrais. Quelle est la conséquence de cette mesure depuis 8 mois"? Le médecin général, chef du Service de santé de la Marine, vient, avec l'autorisation du Ministre, de me faire connaître les résultats des vaccinations pratiquées à 2^1') ACADÉMIE DES SCIENCES. Cherbourg-, Brest, Toulon, dans les Ecoles de la Méditerranée et de l'Océan, dans les équipages des trois grandes escadres et des deux escadres légères, à Diego-Suarez, Alger, Oran, Bizerte, etc. La majeure partie de cette population marine, soit 67 8/|."i personnes, n'a pas eu recours à la vaccination antityphoïde et a subi, du 5 avril à fin décembre 1912, 5^2 cas de fièvre typhoïde et 118 cas d'embarras gastrique fébrile. Par contre, $107 personnes, qui n'avaient jamais eu la typhoïde, se sont fait vacciner. Résultat : les vaccinés qui faisaient partie des mêmes équi- pages que les non vaccinés, qui habitaient les mêmes régions, qui subis- saient les mêmes conditions de travail, de fatigues, de plaisirs et de conta- mination, qui, en un mol, avaient toul commun avec leurs camarades, sauf le béiiéfice de la vaccination, ont été protégés contre la fièvre typhoïde d'une manière saisissante. Une fois la vaccination terminée, tandis que les non vaccinés étaient frappés par la typhoïde dans la proportion d'environ 1 pour 100 de leur effectif, eux, les vaccinés, n'ont pas présenté un seul cas de lièvre typhoïde. Parmi eux, un homme seulement fut atteint d'embarras gastrique fébrile, qui, naturellement, a guéri. Ces faits, si démonstratifs, comportent ce degré d'impartialité qu'ils n'ont pas été recueillis par moi. Je les communique tels qu'ils ont été portés à ma connaissance par l'autorité sanitaire navale. Au Congrès de \\ ashington, en septembre dernier, le major Bussel, qui prépare pour l'armée américaine le vaccin par la méthode de chauffage du bacille typhique, inaugurée par nous il y a 25 ans, déclarait que depuis l'emploi du vaccin la lièvre typhoïde avait pratiquement disparu de l'armée navale des Etats-Unis. Les faits observés dans la marine française per- mettent de considérer que les affirmations du savant américain ne dépassent pas les limites de la vérité. Les renseignements concordants, venus de tous les pays du monde, légitiment l'espérance que notre siècle verra la fièvre typhoïde disparaître peu à peu des pays civilisés, grâce à la vaccination, comme le xix° siècle a vu disparaître la variole. Médecine. — Vaccination antituberculeuse chez te cobaye. Noté de M. Happix, présentée par M. A. Laveran. Dans la Communication que j'ai présentée à l'Académie des Sciences au mois de novembre de l'année 191 1, j'exprimais l'espoir qu'il serait pos- SÉANCE DU 20 JANVIliK I 9 1 3 . 2/J7 sihlo, d'après mes premières observations, de constituer de véritables virus vaccins contre la tuberculose, au moyen de bacilles tuberculeux modifiés par l'action du sérum spécifique préparé suivant la méthode que j'ai exposée. Aujourd'hui, je puis dire que cet espoir s'est réalisé, et j'ai l'hon- neur de résumer ici les résultats des expériences que je poursuis depuis 2 ans de ce côté : Je crois devoir d'abord indiquer que dans ces expériences il ne s'est pas agi seule- ment d'une simple sensibilisation des bacilles tuberculeux, mais bien de bacilles modifiés, le plus souvent, profondément par l'action du sérum <|ue j'utilise. Ce sérum possède en effet, en particulier, au point de vue bacléi iolvtique. des propriétés très intenses, sous l'influence desquelles le bacille perd peu à peu ses réactions colorantes et tend même en quelque sorte à se dissoudre; ce sont ces bacilles ainsi modifiés que j'ai utilisés le plus souvent comme virus vaccins. Après avoir inoculé, à des dates différentes, un certain nombre de cobayes avec des doses variables de ces bacilles, j'ai soumis ces animaux, plus ou moins longtemps après cette injection vaccinale, à l'inoculation virulente, en même temps que des animaux témoins. J'ai pu suivre ainsi, depuis la fin de l'année 1910, les effets de ces vaccinations, et je résume ici brièvement ces observations, me réservant de les publier prochainement avec les détails qu'elles comportent : Alors que les animaux témoins ont tous succombé dans des délais variables et en présentant les lésions classiques de la tuberculose expéri- mentale, les cobayes vaccinés, non seulement ont résisté à l'inoculation virulente, mais ceux que j'ai sacrifiés, même longtemps après le début de l'expérience, se sont montrés indemnes de toute lésion pouvant faire penser à l'évolution d'une infection tuberculeuse. L'inoculation, au cobaye, du suc de divers organes de l'un d'entre eux, est également demeurée négative à ce point de vue. Chez les cobayes vaccinés, l'inoculation tuberculeuse demeure vaine et ne détermine qu'une réaction purement locale, caracté- risée soit par un simple épaississement du tissu cellulaire sous-cutané au point inoculé, soit par la production d'un ganglion, qui ne s'abcède pas. régresse peu à peu, et qu'on peut à peine retrouver plus lard à l'autopsie. En dehors des animaux que j'ai sacrifiés, et chez lesquels j'ai pu établir ces constatations, je conserve encore deux cobayes ainsi vaccinés et inoculés de tuberculose, l'un au mois de juillet et l'autre au mois d'août 191 1, c'est- à-dire il y a 18 et 19 mois, dont les témoins sont morts pour l'un en parti- culier, très rapidement, et qui demeurent en parfait étal de sanlé. . Si l'on considère avec quelle sensibilité le cobaye réagit à l'infection C. li., 1913, 1" Semestre. (T. If 6, N" 3.) ^2 2/j8 ACADÉMIE DES SCIENCES. tuberculeuse expérimentale, puisque cet animal constitue pour celte infec- tion le réactif le plus sur, on ne peut s'empêcher de regarder ces résultais comme possédant une extrême importance, et l'on est en droit de conclure que celte méthode de vaccination ne pourra que se montrer, à fortiori, plus efficace, sur des espèces animales relativement plus résistantes : c'est dans ce sens que je dirige maintenant mes expériences sur des Bovidés. Ces observations permettent en outre de concevoir la possibilité de réaliser enfin une formule de vaccination bientôt applicable à l'homme. MÉDECINE. — Sur l 'anesthésie par les voies digestives. Note de M. Raphaël Dibois, présentée par M. Léon Labbé. Des recherches récentes de MM. Bassal et Uteau sur {'absorption des gaz au niveau de l'estomac (') ont appelé mon attention sur un travail de MM. V. Dupont et Gautrelet publié dans les Comptes rendus (2) et intitulé : De F anesthésie générale par voie rectale à l'aide des mélanges titrés d'air et de chloroforme ou de vapeurs de chlorure d'élhyle. Après avoir dit que la pensée de substituer la voie rectale à la voie pul- monaire pour l'absorption des anesthésiques n'est pas nouvelle, ces auteurs ajoutent : « Nous ne citerons que pour mémoire le nom de Dubois qui injecte dans le rectum une solution huileuse de chloroforme. » Je crois utile de signaler des recherches que j'ai faites autrefois, non seulement, comme paraissent le croire MM. V. Dupont et Gautrelet, sur les solutions huileuses de chloroforme introduites dans l'intestin, mais encore sur l'administration par voie rectale de mélanges de chloroforme et d'air, dont ils ne paraissent pas avoir eu connaissance (:)). En conséquence, je considère que mes conclusions sur l'anesthésie rec- tale par les mélanges titrés d'air et de chloroforme sur le chien, répétées par MM. Dupont et Gautrelel sur le lapin, doivent être maintenues, et qu'à l'heure actuelle on ne peut que répéter ce que j'ai écrit, à ce sujet, en (') Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXX1I, 20 décembre 1912. p. 626. (2) Comptes rendus, 11 mars 1912. (3) 11. Dubois, Pour servir à l'histoire de l'anesthésie rectale ( Comptes rendus de la Société île Biologie, p. 3o3-3o5). — MM. Dupont el Gautrelet ont opéré comme moi, mais au lieu de se servir du chien, qui était ranimai indiqué, ils se sont adressés au lapin, qui est un mauvais sujet d'expérimentation quand il s'agit d'étudier l'anesthésie chirurgicale. SÉANCE DU 20 JANVIER 1913. a4ç) 1884 : « Les voies respiratoires restent donc le lieu d'élection pour l'intro- duction des vapeurs anesthésiques dans l'économie; les progrès réalisés par l'application de la méthode des mélanges titrés de Paul Bert ayant d'ailleurs fait disparaître, complètement, les inconvénients que présente L'inhalation pulmonaire de mélanges variables de composition indéter- minée. » Les recherches de MM. Bassal etUteau viennent d'apporter une nouvelle confirmation de l'exactitude de nos conclusions en matière d'anesthésie par les voies digestives. J'ai voulu cependant chercher si l'on ne pouvait pas perfectionner l'anesthésie rectale par le chloroforme en se servant, au lieu d'un mélange des vapeurs de ce dernier et d'air, d'acide carbonique saturé de chloroforme : le résultat a été négatif. Les mélanges titrés de chloroforme et d'air ont jusqu'à présent donné satisfaction complète à ceux qui les ont employés, d'après la méthode indiquée par Paul Bert. La machine à aneslhésier (') que j'ai fait cons- truire, quand j'étais préparateur de Paul Bert à la Sorbonne, est le seul appareil donnant des mélanges titrés rigoureusement. Son titrage a été contrôlé par le professeur Waller de Londres. Elle offre le grand avantage de pouvoir injecter le mélange anesthésique dans les voies respiratoires, dans des conditions où l'emploi de la compresse ou du masque est impossible. C'est ainsi que M. le professeur Labbé a pu réussir, avec aneslhèsie complète, ses mémorables opérations de résection du larynx. Conclusions. — L'anesthésie par voie rectale à l'aide de chloroforme doit être rejetée. Après plus de ringt années d'' expérience, la méthode de Paul Bert par les mélanges titrés est la plus sûre, la plus régulière, et lu machine à aneslhésier du professeur R. Dubois pour les fabriquer et les administrer permet de pratiquer des opérations qu'on ne pourrait pas tenter sans elle, avec le secours de l'anesthésie. (') Mathieu, constructeur, Paris. 5o ACADÉMIE DES SCIENCES. 2JO PHYSIOLOGIE. — Mesure de l'excitabilité réflexe de la moelle épi/iiére; ses variations sous V influence, d'injections de solutions de chlorure de calcium. .\ole de M. Pézard, présentée par M. Edmond Pen'ier. I. Dans l'intention de rechercher Faction, sur l'excitabilité réllexc de la moelle épinière, de quelques facteurs chimiques et physiologiques, nous nous sommes tout d'abord préoccupé de vérifier lé procédé institué par M. Lapicque pour déterminer cette excitabilité et de contrôler les résultais et les lois qu'il a publiés ('). Principe. — Au lieu d'employer, comme excitant, des décharges de bobines d'induction, on se sert de décharges rythmées de condensateurs chargés à un potentiel connu. Ce procédé offre l'avantage d'opérer avec des charges déterminées : on peut facilement, parlant des capacités et de la résistance du circuit, déterminer le temps de passage de chaque dé- charge. Nos expériences ont porté sur la grenouille (/ta/ta esculeuta ). .Nous faisons passer, dans le bout central du nerf scialique (mis à nu cl ligaturé côté périphérique), une série d'excitations rythmées jusqu'à obtenir lu flexion de la patte symétrique. Comme source d'électricité, nous nous servons d'une batterie d'accumulateurs mise périodiquement en communi- cation avec les condensateurs par l'intermédiaire d'un réducteur de potentiel; le circuit est ouvert et fermé, à intervalles réguliers, grâce à une roue à goupilles de Marey. Des résistances II et II' sont introduites sur le circuit : la charge se fait à travers II, tandis que la décharge se fait à travers 1! -+- K'. Dans nos expériences, 1» = 7000e", Il -+- Il' = io'ooo"'. La question comporte quatre variables indépendantes : i° le nombre des excitations nécessaire pour obtenir le seuil; >.° la durée / de chacune d'elles; 3° la fréquence, c'est-à-dire le nombre des excitations par seconde (inverse de la période ); \° l'intensité de chaque excitation. lin maintenant constantes deux d'entre elles, on fait varier les deux autres de façon à obtenir le réflexe (flexion lente sans extension préalable) : on aboutit à une loi qui peut se traduire graphiquement par une courbe et algébriquement par une formule approchée. Nous avons été conduit aux mêmes lois que M. Lapicque : (') L. et M. Lapicque, Mesure analytique de l'excitabilité réflexe [C. H. Soc. Bio- logie. i''1 juin 1 1) 1 > 1. SÉANCE DU 20 JANVIER IÇ)l3. 25 1 a. Loi du nombre . -- Pour les petits nombres d'excitation (5, 10, 1 à), le voltage liminaire diminue quand le nombre augmente; toutefois il tend vers une limite (vers 20 excitations) à partir de laquelle l'influence du nombre disparaît, on se trouve alors dans une région dénommée par M. Lapicque, région des nombres indifférents : c'est dans celte région que nous nous plaçons dans le contrôle des lois suivantes. b. Loi des temps. — On calcule facilement la durée des ondes d'exci- tation, connaissant les capacités employées auxquelles elle est proportion- nelle (la insistance du circuit étant constante). Si l'on augmente la capa- cité, le rythme étant constant, le voilage liminaire diminue; il tend vers une limite, et la relation est exprimée par une courbe semblable à celle qu'on trouve dans l'étude de l'excitabilité des nerfs moteurs. c. Loi du rythme. — Si l'on augmente la fréquence, la capacité étant supposée constante, le voltage liminaire diminue également. 11 tend aussi vers une limite inférieure qui est certainement atteinte pour des fréquences de 10 à 20 par seconde. M. Lapicque a montré que la courbe de la loi du rythme est modifiée lorsqu'on modifie la température de la moelle; elle peut donc servira définir l'excitabilité médullaire. II. De ces résultats il ressort nettement qu'on ne peut se contenter d'un simple seuil d'excitation lorsqu'on veut déterminer l'excitabilité réllexe de la moelle. 11 faudrait déterminer, tout entière, la courbe qui représente le voltage liminaire en fonction de la fréquence, la capacité étant constante, et les nombres d'excitations indifférents. A vrai dire, cette courbe peut être grossièrement représentée par une expression de la forme semblable à celle qui a été adoptée par M. Lapicque pour les nerfs moteurs, V représentant un voltage rliéobasique, 15 le voltage liminaire pour rythmes indifférents, N la fréquence correspondante, yj une constante de fréquence qui serait ici l'homologue de la ebronaxie. On peut même simplement déterminer deux points de la courbe convenablement choisis, l'un étant pris au voisinage du rythme à partir duquel le voltage ne diminue plus, l'autre dans la région des rythmes lents. Nous nous sommes bien trouvé, en employant les fréquences de itf et 3,3 par seconde, le passage de l'une à 232 ACADEMIE DES SCIENCES. l'autre étant obtenu simplement en changeant la vitesse de notre cylindre enregistreur de Marey. III. Nous avons appliqué ce procédé d'analyse à la recherche de l'action, sur l'excitabilité de la moelle, de solutions assez concentrées de chlorure de calcium. On sait que cette substance exerce, sur l'écorce grise cérébrale, une action inhibitrice remarquable [Sabbatani (')J; elle agit sur le pneumo- gastrique (exp. de Busquet et Pachon); elle n'est pas sans action sur la moelle, ainsi que le démontrent une dizaine d'expériences que nous avons faites et qui nous ont conduit à des résultats concordants. Expérience du 20 mai. — Montage comme précédemment. Rana esculenta 9 . Hémisphères enlevés. Sommations successives séparées par une minute d'intervalle. Capacité : o",f, 5. Température : 180. .... i Fréquence iS q (i 3,6 1 ,'8 Avant inieclioii j .. . .... „ „ , „ ( Voltage liminaire. .. . 0,10 0,10 0.14 0,20 o,3o Après inject. sous-cutanée \ de i™'' de solution de / Fréquence 18 9 G 3,6 1,8 CaCI2 à 10 pour 100 ( Voltage liminaire. .. . 0,16 0,16 0,16 0,22 o.2(> (i5 minutes d'intervalle). ) Expérience du 29 mai. Capacité : omf, 5. Température : 180. Fréquence 18 3,3 .... \ 1 ici utriiuc Avant îniection ,. , ,. . / Voltage liminaire ^ > ■ 1 m 1 11 11 1 1 c O , 00 1 - 1 ' ' Après inject. sous-cutanée de i1'1"1 de solution de / Fréquence 18 3,3 CaCI2 à 10 pour 100 i \ollage liminaire 1 1,2 (i5 minutes d'intervalle). ) On voit qu'il y a augmentation d'excitabilité pour les rythmes lenls cl, au contraire, diminution d'excitabilité pour les rythmes rapides. En cons- truisant la courbe des fréquences en fonction des voltages, on trouverait que l'injection de CaCP la modifie; la nouvelle courbe, toutefois, coupe la première en un point pour lequel l'excitabilité n'est pas changée. L'action (,') Ri\\ sper. difrenatria. ... t. \\\ II, 1901, p. g46-a56. SÉANCE DU 20 JANVIER 1 9 1 3 . 253 est loin d'être aussi remarquable que sur l'écorce grise : elle est de même forme que celle de la température sur les nerfs moteurs ('); Mme M. La- picque vient de signaler une action inverse sous l'influence de la caféine (2). BIOLOGIE GÉNÉRALE. — La cryptocècidie du ver des noisettes (Balaninus nucum L. ) et la signification biologique des galles. Note ( :> ) de M. Etienne IIabaid, présentée par M. E.-L. Bouvier. Les travaux relatifs au ver des noisettes, même les plus récents (''), ne por- tent jamais sur la période initiale de la vie larvaire. Par suite, le fait biologique dominant de cette période passe nécessairement inaperçu. Or, ce fait bio- logique est important à plus d'un titre : il s'agit de la formation d'une galle à l'intérieur même de la noisette; la larve de Balaninus nucum est, en effet, une larve gallicole. Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner la face interne des noisettes durant les trois premières semaines environ qui suivent le dépôt de l'œuf de B. nucum dans l'étroite cavité que pratique la femelle. On observe alors, tout autour de la larve, une hypertrophie locale des tissus du péricarpe, dont le début remonte probablement à la période qui suit immédiatement la ponte. L'hypertrophie se développe peu à l'exté- rieur, où l'on n'aperçoit qu'une très légère proéminence, sorte de tissu cicatriciel, de forme irrégulière, de dimensions fort réduites (suffisantes toutefois pour marquer l'emplacement de l'œuf). A l'intérieur, l'hypertro- phie se développe et prend une grande extension. C'est une intumescence de forme assez régulièrement hémisphérique, qui grandit progressivement, jusqu'à occuper le tiers, au moins, de la cavité du fruit; elle est creusée d'une loge centrale qui renferme la larve du Balaninus. Il s'agit donc d'une galle, et d'une galle qui devrait être qualifiée d'interne, si le terme de « galle interne » n'avait, depuis Lacaze-Dulhiers, un sens très différent. Pour éviter une équivoque, tout en simplifiant le langage, je désignerai sous le nom de Cryptocècidie la galle qui se forme à l'intérieur de la noisette et les galles analogues. ( ' ) G. Filon, Variation de la vitesse d'excitabilité musculaire avec la température (Journal de Phys. et Palh. générales, i5 janvier 191 1). (2) G. R. Soc. BioL, 4 janvier if)i3, p. 3a. (3) Présentée dans la séance du i3 janvier ig r 3 . (;) F. -H. Chittenden, The nul weevil. Unit. St. dept. 0/ Agriculture, bur. of entomology, 1908. 2.54 ACADÉMIE DES SCIENCES. A mesure que son volume «augmente, la cryptocécidie entre de plus en plus en contact avec l'amande qui se développe de son côté. Je n'ai, cepen- dant, observé aucun phénomène de compression : à la formation de la galle correspond une réduction de l'amande, celle-ci se moulant exactement sur celle-là. Tout se passe comme si un balancement s'établissait entre la galle et le fruit, comme si l'accroissement de la première s'effectuait aux dépens des matériaux qui auraient normalement passé dans le second. Ce fait vaut d'être rapproché du parallélisme morphologique et physiologique récem- ment mis en évidence par Mol lia rd (' ). La croissance de la galle n'aboutit cependant pas à la disparition complète de l'amende. Un moment vient où la galle, rongée par la larve plus rapidement qu'elle ne s'accroît, cesse de grandir, puis est complètement détruite. La larve, pénétrant alors directement dans la cavité de la noisette, se met à ronger l'amande. Or, cela se produit assez tard, peu de temps avant la période de maturité larvaire. De la galle, il ne reste qu'une dépression de la paroi interne du péricarpe, correspondant à la cicatrice extérieure (-'). Autant que j'ai pu m'en assurer, la formation de cette cryptocécidie est absolument constante lorsque le charançon introduit l'œuf dans le péri- carpe tendre d'une noisette jeune. Si le charançon introduit, au contraire, l'œuf dans le péricarpe sclérifié d'une noisette quasiment mûre, la galle n'apparaît pas. Effectivement, j'ai rencontré, vers la mi-septembre, des larves jeunes, ayant à peine atteint le quart de leur croissance, directement situées dans l'amande qu'elles rongeaient. Non seulement je n'ai pu dis- cerner aucune trace de galle, mais l'hypertrophie externe elle-même faisait défaut. L'âge des larves vivant dans ces conditions et à cette période de l'année montrait qu'il s'agissait d'une ponte tardive sur un péricarpe dur. Giard (8) a noté un phénomène semblable pour Drisina glutinosa Gd, dont la génération de juin provoque la production d'un galloïdc sur les feuilles encore jeunes de l'érable, tandis que la seconde génération ne pro- voque rien de semblable sur les feuilles devenues plus résistantes. Molliard (') de son côté, et d'une manière indépendante, est conduit à la même conclusion en constatant que les larves d'un Dorylomus déter- (') M. Molliard, Bull. Soc. bot. Fr., i. XII, 1912, p. 201. (2) Cette dépression présente un certain intérêt au point de vue du comportement de la larve, ainsi que je l'indiquerai dans un travail ultérieur. (:1) A. GlAitD, Bull. Soc. entom. /•'/., ■?.- décembre [893. 1 ■) M. Molliard, Rev. gén. Bol. 1 XVI, i\)<>\. SÉANCE DU 20 JANVIER IO,l3. 255 minent ou non, suivant l'état des tissus, une galle aux dépens des chatons du Salix caprea. Quoi qu'il en soit, l'existence de galles à l'intérieur d'un péricarpe, leur production conditionnelle présentent incontestablement un très grand intérêt au point de vue de la signification générale de ces formations. Les naturalistes se plaisent à considérer les galles comme une adaptation très remarquable, grâce à laquelle une larve trouve à la fois sa nourriture et un abri protecteur. Le rôle protecteur ne saurait être sérieusement soutenu dans le cas de la cryptocécidie des noisettes, elle-même enfermée dans un péricarpe dont les parois épaisses et résistantes suffiraient à mettre les larves hors des atteintes des prédateurs et des parasites. Quant au rôle alimentaire, que remplit effectivement la cryptocécidie, il ne paraît pas nécessaire pas même utile, puisque la larve mange aussi bien l'amande. Au point de vue du B. nucum, l'inutilité de cette formation gallaire ressort d'ailleurs pleinement du fait qu'elle manque en certaines circonstances et que cependant la larve se nourrit et se développe. La cryptocécidie, dont la production n'est vraisemblablement pas limitée aux noisettes, constitue certainement un simple cas particulier d'un phénomène général, car elle ne diffère ni par son mode d'apparition, ni par sa constitution d'une galle quelconque. On doit alors se demander si une galle joue vis-à-vis de son hôte un rôle nécessaire. La galle n'est qu'une prolifération provoquée parla ponte, elle enveloppe et enferme l'œuf, puis la larve : celle-ci subit la galle plutôt qu'elle n'en profite. L'hyperplasie du tissu végétal est capable d'étoulfer la larve, et j'ai lieu de penser que cet accident a dû et doit se produire fréquemment. Nous voyons surtout, actuellement, les cécidies qui, n'ayant pas empêché la larve de vivre, ont laissé s'étahlir une adaptation-. Mais l'origine de la persistance des larves gallicoles tient, sans nul doute, à ce que la production gallaire n'a pas tué la larve et non à ce que la galle nourrit et protège la larve. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur /a présence du brome à l'état normal dans les organes de l'homme. Note de M. A. Labat, présentée par M. A. Gautier. Cette question, en apparence résolue depuis longtemps, n'a pas, en réalité jusqu'ici, reçu de réponse définitive, caria plupart des auteurs qui s'en sont occupés ont eu surtout en vue de rechercher le brome, soit dans les aliments, soit dans les excréta, soit dans des organes animaux. C. R., i913, 1" Semestre. (T. 156, N» 3.) 33 256 ACADÉMIE DES SCIENCES. Seuls, Jacob Justus (') et E. Pribram (2) ont directement abordé le problème de la présence du brome dans les organes de l'homme ; mais leurs techniques, abondantes en causes d'erreur et aboutissant à la mise en œuvre de réactions non spécifiques, ne sont pas plus faites pour accréditer les affirmations du premier que les négations du second. Pour trancher le différend et caractériser le brome d'une façon indis- cutable, nous avons utilisé : i° une modification personnelle de la réaction de Swarts-Baubigny et 20 la réaction deDenigès et Chelle : Les matières, palpées, desséchées, pulvérisées el mélangées avec le dixième de leur poids à l'état frais de magnésie calcinée bien exempte de brome, sont calcinées, selon les indications de Geneuil (3), dans une capsule de platine, inclinée suivant un angle de 3o° à 4°° environ au-dessus d'une flamme de gaz. Les cendres obtenues sont épuisées par suffisamment d'eau bouillante pour faire ioorin' de liquide. La solution additionnée de is d'alun de fer, est placée dans un ballon de 3oocm' et distillée de façon à recueillir 55fcW' de liquide; tout l'iode est entraîné par la vapeur d'eau et peut être caractérisé et dosé dans le distillât. Le résidu, non filtré, est refroidi, additionné de iE de dichromate de potasse et de 5cm> de S05H2 pur. On obture le ballon avec un bouchon en caoutchouc muni de deux tubes, l'un amenant au sein du liquide un cou- rant d'air avant déjà traversé une solution témoin de fluorescéine, et le second entraînant les vapeurs dans 5e'"' d'eau additionnée de oim°, i de solution alcoolique de fluorescéine à o", 2.5 pour iooo. L'entraînement se fait avec une vitesse movenne à la trompe à eau et doit durer ih à 21' environ. Si besoin est, on peut augmenter la dose de fluorescéine dans le cours de l'opération; mais, au début, il faut se garder d'en employer plus de o™', i, sous peine de masquer, par l'excès du réactif, la teinte rose due à l'éosine formée sous l'influence des plus faibles quantités de brome. A l'aide de cette méthode, on peut facilement déceler colorimétri- quemenl o,ns,o3 de brome et, à partir de o'"s, oG, on observe parfaitement le spectre à deux bandes de l'éosine déjà étudié par Le Royer ( ''). En opérant de façon identique avec des étalons, on peut effectuer des dosages colori- mélriques. Nous avons ainsi examiné le corps thyroïde, le foie^ le cœur, la rate, le rein, le cerveau, le sang et l'urine de sujets n'ayant pas suivi de médication (') Jacob Justus, Ueber den physiologischen Brorn-Gehalt des Organismns ( Archives de Vircliou , t. XC, 1907). ( -) E. Pribram, Recherches sur la présence du brome normal dans les organes de l'homme (Zeits. fur physiol. Chem.,l. XLIX, 1906, p. 4^7 )• (3) Applications de la magnésie calcinée légère à rincinération des matières organiques (Thèse de Pharmacie, Bordeaux, igo4). (4) Le Royer, Annalen der Chcinie, t. CGXXXVI1I, p- 36o. SÉANCE DU 20 JANVIER I9l3. ' 257 bromurée depuis de longues années. Sur it\ corps thyroïdes mis en expérience, nous avons pu caractériser 16 fois le brome à des doses variant de omg,07 à 3me pour 100 d'organe frais. Dans ioog de foie, de ca^ur, de rate et de rein prélevés sur deux sujets différents, de même que sur i3ocm de sérum sanguin et le caillot correspondant, nous n'en avons point trouvé. En opérant sur aoos de cerveau, nous en avons dosé de omg,oi5 à o,ns,02 pour 100. Toutes les urines d'adultes que nous avons examinées contenaient de 2mK à 3U,S de brome par litre. Dans une seconde série d'expériences, nous avons appliqué la réaction plus sensible encore de Denigès et Chelle(') au produit de lixiviation des cendres magnésiennes concentré à 5cm\ Pour cela, nous ajoutions à ce der- nier ocn",2 de C1H (D= 1,18), icm' de SO'H2 concentré, icm' de réactif fuchsine des auteurs et o1'"1', 2 d'une solution à 10 pour 100 de CrO'K2; nous agitions après chaque addition et, sans refroidir, nous ajoutions icm de chloroforme, puis nous agitions au moins pendant une demi-minute après avoir ajouté une goutte ou deux d'une solution étendue de bisulfite de soude pour éliminer l'iode. Nous avons pu ainsi vérifier tous les résultats énoncés plus haut. Enfin, dans une troisième série d'expériences, nous avons utilisé intégra- lement la méthode d'extraction du brome de Baubignyet Rivais (2) et nous l'avons appliquée au corps thyroïde de l'homme. Là, encore, les résultats ont confirmé les précédents. En résumé, nous avons examiné le rein, le foie, la rate, le cœur de quatre, sujets, le cerveau de deux d'entre eux, un échantillon de sang, de nombreuses urines et 33 corps thyroïdes. Les premiers organes ne con- tiennent pas de brome, ou, s'ils en contiennent, c'est à doses inférieures à ^ de milligramme pour 100. Le corps thyroïde, sauf exceptions proba- blement liées à des causes pathologiques, en renferme d'une façon constante ; l'urine en renferme toujours. Dans tous les cas, le brome s'est rencontré dans la glande thyroïde à doses très notablement inférieures à celles de l'iode. D'expériences préliminaires que nous comptons poursuivre, il semble aussi ressortir que le brome a, chez l'homme, pour porte d'entrée, l'alimen- tation et, pour porte de sortie principale, l'urine. Quoi qu'il en soit, nous croyons avoir montré, à l'aide de méthodes très sûres et spécifiques, que le brome, si répandu dans la nature comme l'ont (') Denigès et Chelle, Comptes rendus, 18 novembre 19 12. ( -) Baubignï et Rivals, Comptes rendus, t. 125, p. 027 et 607. 258 . ACADÉMIE DES SCIENCES. établi les travaux de A. Gautier, de Denigès et Clielle, de Guareschi et les nôtres ('), existe aussi à l'état constant dans l'organisme de l'homme. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la non-spécificité du zinc comme catalyseur biolo- gique pour la culture de /'Aspergillusniger. Son remplacement par d 'autres éléments. Note de M. Charles Lepierre, présentée par M. A. Gautier. La Note récente de M. Javillier (-) m'engage à présenter à l'Académie mes recherches sur ce sujet (3). M. Javillier conclut de ses expériences qu'aucun des éléments étudiés n'a pu se substituer au zinc; un seul a produit, aux doses essayées, des effets nettement mesurables. Cet élément, le cad- mium, présente avec le zinc d'étroites analogies chimiques. L'ensemble des faits, ajoute en terminant M. Javillier, permet de conclure à l'action spéci- fique du zinc, au caractère nettement physiologique de cet élément. Je ne saurais souscrire à cette conclusion : mes expériences démontrent, au contraire, que le zinc n'est pas le seul élément chimique susceptible de jouer le rôle si curieux que Raulin lui a assigné. Il me semblait étrange que le zinc fût le seul élément qui permit la croissance rapide ou normale de la plante; le fait devait être d'ordre plus général et d'autres éléments, à des doses variables, pouvaient peut-être, comme le zinc, exciter les échanges nutri- tifs, rendre plus rapide l'assimilation. J'ai commencé par étudier la substitution intégrale du zinc, dans le liquide Raulin, par des éléments ayant avec lui des analogies. J'ai pensé que les propriétés biologiques devaient suivre la loi de Mendelejeff et je me suis adressé d'abord à deux éléments, le cadmium et le-glucinium, qui n'ont jamais été signalés que je sache chez les êtres vivants. Dans une pro- chaine Note je ferai connaître les résultats obtenus avec le glucinium. Les analogies du cadmium et du zinc sont trop connues pour que j'insiste. Technique. — Milieu Raulin préparé avec des produits spécialement purifiés et (') A. Lau.vt, Introduction à Vétude de la présence du brome dans les organes de l'homme (Thèse de Médecine de Bordeaux, n° 147, 1912). (2) Comptes rendus, 23 décembre 1912, p. 1 55 1 . (3) Ces recherches ont d'abord fait l'objet d'un pli cacheté, déposé le i3 juin 1912 à la Société chimique de France, dont je demande l'ouverture par ce courrier. Je les ai exposées à Lisbonne le 11 juillet 1912 (Communication présentée à la Société portu- gaise des Sciences naturelles, publiée en français dans le Bulletin, t. VI, fasc. 1, Lisbonne ). SÉANCE DU 20 JANVIER IQI3. 'j.5g privés de sine ('). Stérilisation pendant 3o minutes à ii5°, à l'autoclave. J'emploie, de préférence, des doubles boîtes en porcelaine, dont la plus grande sert de couvercle à l'autre (dimensions i8cm de diamètre, soit 2oorm"' de superficie); j'emploie aussi de grands vases coniques d'Erlenmejer, en verre d'Iéna, dont le fond a les dimensions précédentes. Toutes les cultures sont faites avec 5oocm' de liquide sur 2™ de hauteur. Je maintiens le couvercle des boites légèrement soulevé pour que l'air circule, ce qui augmente toi/Jours le rendement cultural. L'ensemencement se fait [avec des cul- tures sporulées de Slerigmalocystis nigra, cultivé depuis deux ans sur milieux sans zinc, ni cadmium, culture à 34°-35° dans la chambre-étuve. Après lavage et séchage à poids constant, on pèse les récoltes. Pour le cadmium j'emploie le sulfate 3CdSO*.8H-0, pur et privé de zinc (!). Si dans le liquide Raulin on remplace le zinc par le cadmium, pour certaines doses, on obtient des cultures de même poids que dans le milieu classique Raulin à ,„„'„,,„ de zinc (3) ou que dans les milieux moins zinciques de M. Javillier (10^„„u à 1B00'UB00). Les cultures témoins sans zinc et avec zinc permettent la comparaison. Le Tableau suivant résume quelques expériences : Cadmium. — Volume du liquide 5oocm\ 4 à 5 jours de culture. Poids des récoltes : Témoins sans Zn, ni Cd 4,77 4,6/ 3,90 4,39 3*,8o 3,45 Zni:ioooooo 7,36 6,9/} 7,54 7,70 7,42 Par litre. 0,001 cadmium 1:1000000000 — — — 3,82 5, 16 — o,oi » 1:100000000 — — 4,65 6,38 6,o4(9J.) 0,02 » i;5ooooooo — — 5,57 — — — — 0,1 » 1:10000000 — 6,3o 6,18 6,17 6,6.5 6,5i (9 j.) o,i25 » 1:8000000 — — — 6,32 6,80 6,60 » 0,2 » i;5oooooo 6,a3 6,60 — 6,63 7,11 7,25 » o,25 » 1: 4000000 — — — — 7,15 7,3o 7,19 » o,33 » i;3oooooo — — — 7,29 7,46 7,40 » o,5 » 1:2000000 — — 7,72 7,58 7,45 » 1.0 » 1:1000000 7,55 7,70 6,90 7,57 7,66 7,60 7 , 3 1 » 2 » 1:000000 7,19 — 7,45 7,07 » 5 » 1:200000 6,69 — — 5,90 6,21 » 10 » 1:100000 4,18 3,8i — o,2(i9J.) 0,71 5,56 3,i2 » 20 » i;5oooo — — — o,o5 0,06 0,10 » W) (9J0 (') L'exposé détaillé des méthodes fera l'objet d'un Mémoire actuellement sous presse. (2) Les traces de zinc que, par hasard, ce sel pouvait retenir ne peuvent expliquer l'inlluence notable de l'élément étudié, parce qu'elles seraient dans les limites des doses absolument insuffisantes. (3) Et pas ,„„'„„„ comme M. Javillier le dit. 2.6o ACADÉMIE DES SCIENCES. Poids des cultures. — On voit que si les doses de cadmium sont inférieures à s oui ou» (°m°) 2 Par litre) le poids de la récolte est inférieur au poids de la récolte sur zinc et au poids de la récolte normale sur cadmium ; ce poids est d'autant plus petit que la dose est plus petite. A la dose de 1 01) ouu 0{ll) et même de un billionième les poids sont toutefois encore très nettement supérieurs au poids donnés par les témoins sans zinc, ni cadmium, et les cultures sporulent ('). Pour les doses comprises entre . 00l ouu et ,„'„„ le poids de la récolte est maximum et se confond avec le poids des récoltes sur zinc à l Ul)„ 0I)0. Pour les dilutions se rapprochant de 5 0I)Ô OUo Qn observe un léger retard, le poids maximum n'étant atteint qu'après g à 10 jours. Pour les doses supérieures à i 0 0 'u 0 u le cadmium devient nettement toxique et le poids de la culture diminue avec la concentration. A la dose de so J00 le cadmium stérilise pour ainsi dire le milieu. Sporulation. — Les cultures sur cadmium sporulent parfaitement quand la quan- tité de métal ne dépasse pas oms,2 à oms, 3 par litre (3 0„i 000 à 5 uou 000 ); si la dose est plus élevée les conidies ne se forment plus; c'est ainsi qu'aux doses de 5UU'0U0 ou , uoj l)l)0 la plante ne sporule pas ou très lentement (25 à 3o jours), bien que la plante ait rapidement atteint le maximum de poids, égal à celui des milieux zinciques. L' Aspergillus se montre donc plus sensible au cadmium qu'au zinc, comme le prouvent les chiffres suivants : Zinc (Javillier ). Cadmium ( Lepieire). Doses insuffisantes < — = > ; 20 000 aooooo L'analyse démontre que le cadmium est fixé par la plante. M. Javillier reconnaît du reste que le cadmium, à la dose de un dix-millio- nième, a augmenté le poids de la récolte dans la proportion de i à 2,7. Je ferai remarquer que ce rapport 2,7, obtenu par M. Javillier avec le cadmium, est précisément le même que cet auteur a obtenu en 1908 en comparant les cultures témoins et les cultures zinciques (2). En résumé, le cadmium remplace parfaitement le zinc dans le milieu Raulin et joue comme lui un rôle énergétique remarquable dans la rapide croissance du Sterigmatocyslis nigra. Il ne s'agit pas d'une suppléance rela- (') A la dose de olae,oi par litre le cadmium produit encore en plus 3§ à 4K de substance vivante, c'est-à-dire 3ooooo à /400000 fois son poids. (-) Javillirr, Thèse, 1908, p. 61. SÉANCE DU 20 JANVIER ICjl3. 261 tive semblable à celle du potassium parle rubidium. Le zinc ne joue donc pas le rôle d'élément catalyseur spécifique que lui prête M. Javillier. Il peut être remplacé par d'autres éléments présentant avec lui des analogies chimiques-, CHIMIE BIOLOGIQUE. — Activité de la suerase de Kôji en présence de divers acides. Note de M. Gabriel Bertrand et M. et Mme Rosenblatt, présentée par M. Roux. Les expériences que nous avons publiées sur les diastases extraites de la levure et de YAspergillus niger ont montré que non seulement la concen- tration en ions hydrogène la plus favorable à l'hydrolyse conditionnée par la suerase varie d'une manière importante avec la nature de l'acide ajouté, mais qu'il peut y avoir, pour un même acide, des concentrations optima en ions hydrogène notablement différentes, suivant l'origine de la substance diaslasique ('). Ainsi, en se servant de l'acide acétique, la concentration en ions hydro- gène la plus favorable à l'action diastasique correspond à une addition, au milieu supposé neutre à l'hélianthine, de.yj de molécule-gramme d'acide par litre avec la suerase VAspergillus, et seulement de ^ de molécule-gramme avec la suerase de levure. En poids absolus, cela fait respectivement iK,2 et os,2 d'acide acétique par litre. Nous avons, depuis, trouvé un nouveau type de suerase végétale dont le maximum d'activité s'exerce, non j5lus en présence d'une proportion notable d'acide libre, mais à une concentration en ions hydrogène très voisine de celle qui correspond à la neutralité à l'hélianthine. Ce nouveau type de suerase végétale était contenu dans une préparation extraite du Kôji du Japon et connue dans le commerce sous le nom de takadiastase (2). Elle accompagne, dans le Kôji, comme on le sait depuis les recherches d'Atkinson et d'autres, une amylase, une dextrinase, une maltase, une protéase, etc. La préparation dont nous nous sommes servis était pour ainsi dire entiè- rement soluble dans l'eau; elle renfermait 7,7 pour 100 de cendres et pos- (') Comptes rendus, t. 153, 1911. p. 1J1"), ei t. 154, 1912, p. 837. (2) Le Kôji est une culture à'Àspergillus orizœ sur des grains de riz décortiqués et partiellement cuits; il renferme une certaine proportion de cellules de levure. La préparation commerciale proviendrait, au contraire, d'une culture pure de la mucédinée. 262 ACADÉMIE DES SCIENCES. sédait une alcalinité à l'hélianthine correspondant à o""1, 64 d'acide chloi hy- drique normal pour i8. Dans chacune des expériences que nous avons faites, nous avons employé 5cm> d'une solution de oR,oi5 de takadiaslase dans l'eau pure, c'est-à-dire une quantité dont la saturation à l'hélianthine aurait exigé ocmS,o,6 d'acide Nous avons fait réagir cette quantité sur is,5 de saccharose dissous dans 8ocm' d'eau pure et additionné de ocm°,5 de toluène, à la température de -h 280 pendant ?4 heures. Le saccharose avait été purifié par nous à un point tel que la quantité mise en jeu dans N chaque expérience ne pouvait masquer guère plus deocm\oi d'acide vis-à-vis de l'hélianthine. Dans ces conditions nous avons trouvé, à l'aide de séries d'expériences et de leur représentation graphique, que le maximum d'activité hydrolysanle avait lieu en pré- sence de : 1U cm» Acide benzènesulfonique 0,91 100 » chlorhydrique » 0,92 » acétique » o, 85 » lactique » o,g5 » sulfurique '» 0,90 » oxalique » o, 86 « tartrique » o, 88 c'est-à-dire, en comparant ces résultats avec les chiffres d'alcalinité de la préparation diastasique et du saccharose donnés plus haut, dans des solutions neutres ou plutôt très légèrement alcalines à l'hélianthine ('). On remarquera, en mettant en parallèle nos expériences sur les sucrases de levure et d' Aspergillus niger avec celles sur la sucrase de Kôji, que nous avons pris dix fois moins de saccharose dans les dernières. C'est parce que, en raison du nomhre des expériences nécessaires pour arriver à une honne approximation, il aurait fallu une trop grande provision de matière sucrée, difficile à obtenir pure. Nous avons, néanmoins, en vue de raccorder les nouvelles expériences avec les précédentes, recommencé deux séries de déter- minations avec i5B de sucre au lieu de Ie, 5, toutes les autres conditions restant les mêmes. Nous avons trouvé alors que l'activité hydrolysante de la sucrase de Kôji était la plus grande en présence de : (') On trouvera les résultats obtenus avec d'autres acides et quelques sels dans le Mémoire détaillé qui paraîtra ultérieurement. SÉANCE DU 20 JANVIER 1913. 2Ô3 N cm\ Acide chlorhydrique ' 'o;> J n 100 » acétique » 1,10 Si l'on déduit de ces chiffres ocm>, 10 kocm',i5 pour la saturation des i5g de saccharose, on retombe sur des concentrations égales ou à peine supé- rieures à celles qui ont été obtenues dans les solutions moins sucrées. Nous n'insisterons pas ici sur la différence des concentrations en ions hydrogène qui, suivant qu'on ajoute un acide ou un autre, déterminent le maximum de vitesse de l'hydrolyse du sucre par la diastase du Kôji. Étant données les proportions extraordinairement petites d'acides qui suffisent à modifier dans ce cas la vitesse de la réaction, les mesures sont très délicates et l'on ne saurait, dans la partie de la courbe qui exprime la marche de l'hydrolyse au voisinage de son maximum de vitesse, atteindre un degré d'approximation suffisant pour étayer une argumentation solide. Malgré la sensibilité et la précision des méthodes de mesure utilisées, on évolue dans une zone de variations trop étroite pour que l'on puisse assigner une place rigoureusement exacte à chacun des acides essayés. Nous pensons toutefois que les conclusions générales rappelées au com- mencement de cette Note s'appliquent aussi bien à la sucrase de Kôji qu'aux deux précédentes; ce qu'il faut retenir de nos nouvelles expériences, c'est donc surtout la grande différence des concentrations en ions hydro- gène qui déterminent la vitesse maxima de chacune des trois sortes de sucrases. En résumé, à la limite d'erreur près de nos expériences, limite certaine- ment inférieure à omg, 5 pour 1000 calculée en acide acétique, on peut dire que la sucrase de Kôji présente son activité maxima dans les solutions où la concentration en ions hydrogène est voisine ou même très légèrement infé- rieure à celle qui correspond à la neutralité à l'hélianthine. Elle se distingue nettement, sous ce rapport, des sucrases de levure et à"1 Aspergillus niger qui, elles, fonctionnent le mieux en présence d'une acidité très notable vis-à-vis du même indicateur coloré. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Formation de l 'urée par deux moisissures. Note de M. R. Fosse, présentée par M. E. Roux. Les travaux de Bécamp, Kitter, Hofmeister, Hugounenq, n'ayant pu réussir à faire admettre la production artificielle de l'urée par oxydation de C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N" 3.) 34 26/4 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'albumine, on a dû recourir, pour établir la théorie actuelle de l'uréo- genèse, aux aptitudes aussi puissantes que variées des diastases. Le carbonate d'ammoniaque, déchet minéral de la combustion, serait élevé à l'état organique d'urée par une diastase, encore inconnue, qui pro- duirait, avec des rendements très élevés, cette déshydratation, obtenue seulement, jusqu'ici, in vitro, d'une manière très limitée, à l'autoclave sous des pressions considérables et au-dessus de ioo°. Nous avons démontré l'exactitude des résultats de Bécamp et découvert, en outre, deux sources insoupçonnées d'urée, produites par l'oxydation artificielle, en présence d'ammoniac, soit de la glycérine, constituant des corps gras, soit des aliments que l'organisme consomme le plus abondam- ment : les hydrates de carbone ('). De là, résulte : que les trois principales classes de matériaux carbonés des êtres vivants peuvent participer à l'uréogenèse ; qu'une importante relation doit vraisemblablement lier la glycogenèse à l'uréogenèse et, qu'enfin, le principal facteur de cette dernière fonction est susceptible d'être attribué à un processus d'oxydation et non, selon la théorie régnante, à un phénomène diastasique, en étroite dépendance de la vie. L'urée, que nous avons formée, en dehors de toute influence vitale, par oxydation du sucre et de l'ammoniac, peut être également créée par la cellule vivante des moisissures aux dépens de ces mêmes substances. Expérience. — On broie, avec 5o§ d'acide acétique, 5oos du mycélium, récolté à la surface du liquide de Haulin ensemencé spontanément., conservé à l'étuve dans des cuvettes photographiques. Le suc d'expression est distillé dans le vide au bain-marie; le produit sirupeux, précipité par l'alcool; la solution évaporée à sec sous pression réduite et le résidu épuisé par l'acide acétique. La liqueur, additionnée de xanthydrol, est abandonnée pendant deux jours dans un endroit frais. Le dépôt, traité par une lessive alcaline bouillante, lavé à l'alcool froid, est épuisé finalement par un peu de pyridine à l'ébul- lition. L'urée di-xanthylée qui s'en sépare est soumise à une nouvelle cristallisation. Chauffée, en tube étroit, dans la vapeur d'oxyde de phényle maintenu bouillant ( -H 261° corrigé), elle conserve sa couleur primitive et l'état solide quelques minutes, puis se ramollit, se colore et fond, avec décomposition, en un liquide brun. Ce résultat est atteint après 8 à 9 minutes. Les diverses manipulations nécessitées pour purifier le faible dépôt formé et le séparer des liqueurs acétique, alcaline et alcoolique, sont (') Comptes rendus, t. loi, p. 1 187-1448. SÉANCE DU 20 JANVIER igi3. 2Ô5 presque impraticables par filtra tion. Elles ont pu être exécutées sans diffi- cultés au moyen des excellentes centrifugeuses de M. Jouan. L'urée a été caractérisée également dans le suc cellulaire de ï Aspergillus niger, ayant ou non sporulé, cultivé aseptiquement, à 3^°, dans des ballons, sur liquide Raulin, ensemencé avec les spores de cultures pures que nous devons à la bonté de M. le D1' Calmette. Expérience. — Le suc d'expression de 910s de mycélium ainsi formé, broyé avec ioocm3 d'acide acétique, est concentré dans le vide, et le produit repris par l'alcool. L'enduit visqueux, laissé par évaporation de la solution, traité par l'acide acétique cristallisable, dépose des cristaux de marmite, dont on connaît l'existence dans les moisissures (Miintz-Bourquelot). En précipitant l'urée par la méthode précédente, nous avons isolé, après une seule cristallisation dans un peu de pyridine, 00,07 d'uréine, dont la fusion-décomposition dans la vapeur d'oxyde de phényle était complète après 4 minutes seulement de chauf- fage. Le même résultat positif a été constaté pour le suc cellulaire de i Asper- gillus niger développé sur le milieu Raulin, modifié par la substitution au nitrate d'ammoniaque de la quantité équivalente de chlorhydrate. Le Pénicillium Glaucum contient également de l'urée dans ses cellules, ainsi que nous avons pu le constater sur une certaine quantité de ce végétal que M. Massol a eu l'obligeance de récolter pour nous à l'Institut Pasteur de Lille. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Dédoublement diastasique des glucosides et des galaclosides. Note de M. H. Bierry, présentée par M. Dastre. Em. Fischer a vu que les deux méthyW/-glucosides, dont l'un avait été obtenu par lui et l'autre isolé à l'état cristallisé par A. van Ekenstein, se comportaient très différemment vis-à-vis de l'action des ferments : l'un était attaqué par la macération de levure et respecté par l'émulsine, l'autre était dédoublé par l'émulsine et résistait à l'extrait de levure. Il appela a le pre- mier, et (3 le second de ces méthyldérivés du û?-glucose. A la suite de ces expériences les alcooldérivés découverts par Fischer furent systématiquement soumis à l'action de la levure et de l'émulsine et rangés dans la série a ou la série (3 suivant qu'ils étaient attaqués par l'une ou par l'autre source de diastases. Ainsi la forme stéréochimique des alcool- dérivés fut déterminée par une hydrolyse de choix avec les enzymes : les a et j3-méthyl-'" c" ls, sans me préoccuper des dérivées; c'est un malentendu. J'ai écrit : des coefficients de dimensions p'"v" ts et non pas de la forme p'"vnls. Il va de soi que ces dimensions proviennent de celles des dérivées comme de celles des autres termes; il n'était point nécessaire de le dire, d'autant que tous les exemples que je donne contiennent des dérivées premières ou secondes; ce qui est le cas d'à peu près tous les coefficients physiques et thermodynamiques. SÉANCE DU 27 JANVIER I0,l3. 273 valeurs de a et de C relatives à toutes les substances pour lesquelles la science possède des données expérimentales directes suffisantes, sur lesquelles il semble qu'on puisse compter. Toutes les données relatives aux substances organiques sont tirées des travaux de M. S. Young. £ a. M. Benzène 0,0218 0,909 78 Fluorobenzène 0,0216 0,918 96 Chorobenzène 0,0217 0,g58 112, 5 Bromobenzène 0,0210 0,96.1 117 lodobenzène 0,0217 °i96a 20:4 Pentane ( normal ) 0,0217 o,g3i 72 lle-vane o,02i5 0,967 86 Hep tan e 0,0212 1 ,01 4 100 Octane 0,0212 1,070 114 Alcool méthylique 0,0180 1,082 32 » éthylique 0,0204 i,o38 46 » propylique 0,0200 1,088 60 Formiate de méthyle 0,0210 °i997 60 » d'éthyle.... 0,0211 1,021 7 '1 » de propyle 0,0212 1,026 88 Acétate de méthyle 0,0208 1 ,049 74 » d'éthyle 0,0208 1,061 88 » de propyle 0,0208 1 ,088 102 Propionale de méthyle 0,0210 i,o55 88 » d'éthyle 0,0209 ^090 102 Diisopropyle 0,0219 o,8S4 86 Diisobutyle 0,0210 i,o36 114 Oxygène 0,0240 o,8i5 32 Argon 0,02^0 0,746 39,9 Acide carbonique 0,0227 o,858 44 Acide sulfureux 0,0220 i,o53 64 Tétrachlorure de carbone 0,02 >■> 0,0918 104 Chlorure stannique 0,0219 °j°994 26o Dans ce Tableau (notamment pour les substances organiques) les subs- tances sont groupées par séries bomologues ; c'est pour les corps de telles séries qu'on est naturellement porté à se demander si les lois des états cor- respondants sont observées. 27/i ACADÉMIE DES SCIENCES. On voit que dans chaque groupe, comme l'a remarqué M. S. Young, la valeur de a croît avec le poids moléculaire. Les valeurs de £ varient moins, pour l'ensemble des substances, que celles de a; et, pour les corps d'une même série, elles sont tellement voisines, que leurs différences ne dépassent pas celles qui peuvent être attribuées à des incertitudes expérimentales, inévitables dans des déterminations aussi déli- cates que celles des constantes critiques. Il semble donc, d'après cela, que la valeur de £ soit caractéristique du groupe, tandis qu'au contraire ne pourraient appartenir au même groupe deux substances ayant même coefficient angulaire réduit (tout au moins pour les substances organiques). 4. Il peut être intéressant, pour se rendre compte de l'ensemble des écarts de la loi des états correspondants, de tracer un graphique des courbes de saturation, dans des conditions rappelant, dans une certaine mesure, celles que j'ai réalisées dans la méthode de superposition des réseaux. Le moyen qui se présente tout d'abord à l'esprit est de construire, en quantités réduites (par rapport au point critique), les courbes des densités; mais, si la loi des états correspondants n'est pas observée, les quantités réduites n'ont plus de sens précis, puisqu'il n'y a plus de points correspondants; et d'ailleurs comment placer ces courbes? Si on les construit simplement sur les mêmes axes, les points critiques coïncideront forcément, leurs coordonnées étant égales à l'unité, et cependant les valeurs des £ critiques ne sont plus les mêmes ; les réseaux déformés et déplacés par le changement de variables doivent occuper, dans le sens des ordonnées, des positions liées d'une façon qui n'est pas arbitraire à l'ordre dans lequel les isothermes viennent couper l'ordonnée initiale; cette remarque faite, voici l'essai de coïncidence que nous allons tenter. Pour le comprendre, il faut se rappeler la remarque qui, précisément, a servi de base à la démonstration de la loi t = const. : les isothermes de fluides quelconques, rapportées aux poids moléculaires, viennent couper l'ordonnée initiale dans le même ordre que si elles faisaient partie d'un réseau d'un corps unique ; dans ces conditions, en effet, l'ordonnée initiale (/><') pour chaque isotherme est RT, les fluides suivant la loi des gaz parfaits. Maintenant, supposons d'abord que la loi des états correspondants soit observée, et portons sur l'axe des p les pressions réduites. Nous ramène- rons évidemment les ordonnées initiales des isothermes correspondantes à être égales, en divisant chacune d'elles par sa température T, car alors elles SÉANCE DU 27 JANVIER I9l3. 27.5 deviendront toutes égales à R; il en sera de même sur toute l'étendue des isothermes, les valeurs de £ étant les mêmes pour les points correspondants, et les courbes de saturation auxquelles aboutissent les isothermes coïnci- deront ('). On remarquera que, du reste, toutes les isothermes de tous les réseaux partiront du même point de l'ordonnée origine, celui dont l'ordonnée est égale à R. La construction de ces lignes, et par suite de la courbe de satu- ration, s'obtiendra donc simplement en portant en abscisses les pressions réduites et en ordonnées les valeurs de C non réduites. Supposons maintenant que, les pressions portées en abscisses étant tou- jours réduites, la loi des états correspondants ne soit plus rigoureusement observée ; les isothermes vont se séparer, mais tout en continuant à partir d'un même point de l'ordonnée origine, celui de l'ordonnée égale à R ; par suite, les courbes de saturation vont se séparer aussi, et les points critiques viendront s'échelonner sur l'ordonnée critique dans l'ordre des valeurs de C pour chaque substance. L'objection faite plus haut à propos des quan- tités réduites, pourrait être répétée ici, mais le cas n'est plus le même ; on ne voit pas maintenant, dans le sens des pressions, de condition analogue à celle qui, dans le sens des ordonnées, imposait une position relative aux courbes comme conséquence de leur point de départ de l'ordonnée origine; il semble donc que la comparaison des courbes de saturation (et aussi des isothermes), construites comme il vient d'être dit, puisse donner une idée très nette de l'ensemble des écarts de la loi. On remarquera du reste que la pres- sion est la seule quantité réduite qu'on utilise, on pourrait donc construire telle partie qu'on voudra des courbes, connaissant seulement la pression critique, la température et la densité critiques n'intervenant pas. J'ai tracé, parle procédé que je viens d'indiquer, les courbes de saturation de tous les corps consignés au Tableau qui précède; comme dans un dia- gramme aussi réduit que celui qu'on a reproduit dans la ligure ci-après, les courbes n'eussent pu être distinguées, j'ai tracé deux courbes limites, dont l'intervalle teinté en noir renferme toutes celles relatives aux substances organiques ; j'ai ensuite tracé à part les courbes de l'acide carbonique (trait plein), de l'acide sulfureux (trait pointillé), et de l'argon (trait mixte); la courbe de l'acide sulfureux, trop rapprochée des autres et du ruban noir, n'a pu être tracée qu'en partie. Quant à la courbe de l'oxygène, je n'ai pu la tracer, elle est trop irrégulière, par suite certainement de l'incertitude rela- ( ' ) La loi des états correspondants est alors observée suivant la seconde façon dont parle M. Matliias. 0,76 ACADÉMIE DES SCIENCES. tive aux pressions; celles-ci n'ont malheureusement pas été données par MM. iMathias et Ivamerlingh Onnes dans leur récent travail sur la courbe de saturation de l'oxygène; j'ajouterai qu'une raison analogue pourrait bien laisser quelque incertitude sur la position de la courbe relative à l'argon ('). On voit qu'en réalité, pour toutes les substances, mais plus particulière- ment pour les composés organiques, l'ensemble des écarts est notablement 6n 80 0.080 0.000 0.040 0.020 _ Etats Correspondants Courbes de saturation eh,A 1913 Pressions «ebuftes plus petit qu'on se le figure généralement. Pour rendre la comparaison plus frappante, j'ai dessiné sur la même figure (aussi en p et c), les courbes de saturation d'un certain nombre de substances, à une même échelle, et rap- portées aux mêmes unités; si l'on tient compte de la différencie énorme de forme, de position et de grandeur de ces courbes, le fait que la transfor- mation qui vient d'être exposée les fasse toutes rentrer dans un espace aussi restreint, est significative, et montre qu'il est au moins fort exagéré de nier la loi des états correspondants, ou même de ne la considérer que (') J'ai aussi tracé pour l'acide carbonique cinq des isothermes issues d'un même point de l'ordonnée initiale et aboutissant à la courbe de saturation. SÉANCE DU 27 JANVIER IC)l3. 277 comme grossièrement approximative, il y a certainement plus que cela clans la découverte de Van der Waals; encore faudrait-il tenir compte des incer- titudes expérimentales, inévitables dans des recherches aussi délicates, et des perturbations qui peuvent être apportées par des phénomènes acces- soires, comme les effets de condensation possible sur les parois, ou encore au voisinage du point critique par les phénomènes si bien étudiés par M. Gouy. L'expérience montre, du reste, que pour les substances dont les valeurs de £ sont sensiblement égales, et en même temps celles de a, les courbes coïncident d'une façon satisfaisante; c'est un point que, suivant la remarque faite plus haut, l'expérience seule pouvait montrer. MP 5. L'expression de £ peut évidemment s'écrire -^tt-, M étant la masse mo- léculaire et D la densité, c'est même avec cette expression qu'ont été cal- culés les Tableaux qui ont servi à la construction des diagrammes. Or, M est supposé la masse moléculaire normale ; il va de soi que si les corps subissent des polymérisations, les valeurs de £ deviendront plus petites que si le corps avait conservé sa valeur moléculaire normale, cette dernière restant dans la formule. Il est intéressant de rapprocher ce point de vue de celui auquel s'était placé M. Ph.-A. Guye, en partant du coefficient critique et de la réfraction moléculaire, dans un très intéressant Mémoire inséré aux Annales de Chimie et Physique, en 1890. Les considérations qui précèdent pourraient donc expliquer les écarts de la loi et, en fait, les chiffres consignés au Tableau qui précède corrobore- raient cette manière de voir; en effet, dans les séries organiques, c'est pour celle des alcools dont la tendance à la polymérisation est connue, que la valeur de £ est la plus petite; on remarquera que, pour l'alcool méthylique, cette valeur est exceptionnellement plus faible que pour les autres termes de la série. Pour l'acide acétique, dont la tendance à la polymérisation est considérable, la valeur de £ tombe à o,oi65. On remarquera enfin que, pour les substances non organiques, les valeurs de £ sont sensiblement plus fortes, surtout pour les corps simples. Il est donc permis de concevoir la loi des états correspondants comme celle de corps normaux, et les écarts seraient le fait de phénomènes acces- soires, particulièrement de ceux de polymérisation. Mais pour pousser plus loin l'examen de cette question, pour tenter d'arriver à la détermination d'un type normal, il faudrait des données expérimentales que la science est encore bien loin de posséder. 278 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la valeur et un nouveau mode d'appréciation du quotient respiratoire des plantes vertes. Note de MM. L. Maquenne et E. Demoussy. Nous avons précédemment décrit les différentes méthodes qui permettent de déterminer expérimentalement la valeur du quotient respiratoire normal ; il nous reste à faire connaître les résultats qu'elles nous ont donnés sur une série de plantes prises au hasard dans le jardin dont nous dis- posons. Nous rappellerons d'abord que, quelles que soient les précautions que l'on prenne dans leur mise en pratique, ces méthodes comportent encore certaines causes d'erreur, indépendantes de la précision des analyses, et que ces erreurs agissent simultanément dans le même sens, concourant toutes à diminuer la valeur des rapports cherchés. Les nombres que nous donnons ici ne sont donc que des minima, vraisemblablement approchés par défaut à 0,02 près, soit environ jj de leur grandeur réelle, toujours voisine de t. Les analyses ont été fiâtes au moyen de l'eudiomètre de M. Schlœsing, sur un volume gazeux d'au moins (\Ocm', ce qui assure une approximation d'environ ~ sur la valeur CO2 trouvée du rapport - ; nous estimons, en conséquence, abstraction faite, bien entendu, des perturbations physiologiques qui peuvent survenir au cours des expé- riences, que la somme des erreurs d'ordre physique et expérimental qui peuvent encore entacher nos résultats ne dépasse pas, au maximum, trois unités de la seconde décimale, naturellement par défaut, comme nous venons de le faire remarquer. Quelques-unes des espèces étudiées ont donné lieu à plus de 4° déterminations^ soit par la méthode du vide, soit par celle de déplacement; nous ne rapporterons ici que la moyenne de celles qui nous paraissent inspirer le plus de confiance, réservant à un Mémoire plus étendu leur exposition en détail. C'est grâce à leur grand nombre et à la diversité des conditions dans lesquelles on les a faites que nous avons pu reconnaître et préciser les influences perturbatrices dont nous avons antérieurement parlé, notamment celles de l'épuisement et de sensibilité aux conditions antérieures. Presque dans tous les cas, les expériences ont été effectuées à la tempé- rature de 25° et pendant la période de végétation active, c'est-à-dire au printemps et au commencement de l'été. SÉANCE DU 27 JANVIER IO,l3. 279 CO2 COj Espèces. 0 ' Espèces. O Ailante 1 ,08 Lilas 1 ,07 Allante (automne) 0,90 Lis 1.07 Aspidistra 0.94 Malionia(') 0,9.0 Aucuba 1 , 1 1 Maïs 1 ,07 Bégonia 1 , 1 1 Maïs (octobre) 0,97 Betterave 1 ,o3 Marronnier jeune 1 ,02 Blé avant (leur i,o3 Marronnier (été) 0.92 Blé (juin) o,g5 OEillette jeune 1 ,09 Chou commun 1,07 OEillette (juillet) 0,97 Chou-rave 1,11 Oseille 1 , 04 Chrysanthème 1,02 Phyllocactus grandiflorus ('). 1,04 Cotylédon ramosissima ( l ). i,o5 Poirier 1.10 Crassula portularea (')... . 0,94 Pois 1,07 Dahlia 1,07 Rhubarbe 1,02 Euphorbia mamillaris ('). . 1,01 Ricin i,o3 Fusain du Japon 1,08 Rosier 1,02 Géranium 1 ,02 Sarrasin 1 ,o4 Haricot jeune 1.12 Sedum acre 1,07 Haricot fructifère °>97 Tabac i,o3 Joubarbe 1,10 Troène jeune i,o3 Laurier-cerise 1 ,o3 Troène (octobre) °i97 Laurier-rose 1 ,o5 \ ii,rne 1 ,01 Lierre 1 ,08 Vigne vierge 1 ,00 On voit, et c'est là ce qui frappe davantage à l'examen de ce Tableau, que le quotient respiratoire chez les plantes jeunes est pour ainsi dire toujours supérieur à l'unité; les seules exceptions nous sont offertes par Y Aspidistra, espèce singulière et absolument remarquable par sa faible intensité respi- ratoire, le Crassula portulacea et le Mahonia, qui n'ont été examinés que pendant l'arrière-saison, et, par conséquent, doivent être mis hors de cause. Ces nombres surpassent de beaucoup ceux qui ont été donnés par nos prédécesseurs; la différence tient à ce que ces derniers ont opéré le plus souvent par la méthode de l'air confiné, qui ne donne que des rapports apparents, très inférieurs, comme nous l'avons établi par le calcul et par l'expérience, aux rapports réels. Quand, en outre, on compare avec soin, sur les tableaux détaillés, les résultats obtenus avec la même plante à différentes époques, on constate que très souvent le quotient respiratoire diminue quand le sujet vieillit, (') Expériences faites seulement en automne ou en hiver. C. R., igi3., 1" Semestre. (T. 156, N° 4.) 36 280 ACADÉMIE DES SCIENCES. comme il diminue sur une feuille que l'on conserve à l'obscurité, et que même il peut, vers la fin de la végétation, devenir plus petit que i : c'est ce qu'on voit chez l'Allante, au mois de novembre, le Blé, le Haricot et l'Œillette au moment de la maturation, les vieilles feuilles de Lierre, le Maïs et le Troène en octobre. C'est un effet du même genre qui se produit chez le Marronnier dès le début de l'été, comme l'ont du reste déjà reconnu MM. Bonifier et Mangin ; il coïncide avec l'apparition des premiers bour- geons, de même que l'abaissement du quotient respiratoire chez le Blé, le Haricot et l'Œillette coïncide avec la formation de leurs fruits, par consé- quent avec un transport actif des principes élaborés vers les organes de réserve. C'est un véritable épuisement qui se produit alors, et l'on peut dire, sous forme de règle applicable à toutes les espèces mentionnées ci-dessus, sauf seulement V Aspidislra : Le coefficient respiratoire des feuilles vertes est plus grand que i pendant toute leur période de végétation active ; son décaissement et surtout son abais- sement au-dessous de l'unité sont un signe de dégénérescence. En d'autres termes, un organe qui s'oxyde est un organe atteint de séni- lité, qui est épuisé de ses matériaux combustibles, ce que montre, d'autre part, l'énorme diminution de son énergie respiratoire, et qui ne vit plus que pour céder à la plante, sans profit pour lui-même, la totalité des prin- cipes utiles qu'il renferme ou qu'il peut produire encore. Remarquons que ceci est en parfaite concordance avec ce qu'on sait de la composition élémentaire des plantes annuelles, qui renferment proportion- nellement moins d'oxygène dans leur jeune âge que plus tard. Les fruits, les pétioles et le jeune bois donnent, en général, aussi un quo- tient respiratoire plus grand que i, même quand celui des feuilles s'est abaissé au-dessous de l'unité; c'est un correctif à l'oxydation que subissent alors ces dernières, mais sans doute peu efficace à cause de la plus faible intensité respiratoire des organes en question. Les résultats que nous venons d'exposer présentent un double intérêt : COs d'abord ils font connaître la véritable grandeur des rapports -ç- et pré- cisent ainsi la nature des échanges respiratoires normaux, au sujet desquels on ne possédait encore aucune donnée quantitative exacte; ensuite ils nous montrent, et celte conclusion est fort importante par les conséquences qu'elle entraine, que la respiration est, chez la plante en voie d'accroisse- ment, un processus de réduction et non d'oxydation. Nous pouvons donc dès à présent affirmer, en réponse à la question que SÉANCE DU 27 JANVIER IO,l3. 29°" Géranium 1,02 3om 78,89 Phyllocactus i,o4 5h 78,53 Haricot jeune ... . 1,07 2h 78,69 Pois 1,07 21' 78,88 Haricot fructifère. 0,97 2'1 79,11 Tabac i,o3 21' 78,92 Joubarbe 1,10 ih 76.49 Troène 1 , o3 jh 78,46 Maïs 1,07 45m 78,69 Vigne (juillet) .. . 0,99 21' 79, i5 Il est absolument remarquable que les seuls cas où le dosage de l'azote se SÉANCE DU 27 JANVIER 10,13. 283 trouve, à la fin de l'expérience, supérieur à celui du début sont ceux où le quotient respiratoire est normalement plus petit que 1 (Haricot fructifère, Marronnier et Vigne en été) ou le devient dans l'appareil par suite de l'épuisement rapide de la feuille (Oseille). Une pareille coïncidence ne pouvant être due au hasard, il faut en conclure, d'abord à une vérification de nos résultats antérieurs, ce qui n'est pas sans importance, ensuite, conformément à nos prévisions, que c'est bien la respiration qui détermine le sens des échanges gazeux dans une atmosphère où l'assimilation est réduite à son minimum. Tous ces faits sont de nature à diminuer singulièrement le rôle que l'on pouvait, a priori, attribuer à la fonction chlorophyllienne dans ses rapports avec la composition élémentaire des tissus végétaux; si réellement il est négligeable, et il semble bien qu'il le soit dans les conditions des expé- riences dont nous venons de parler, l'étude de la respiration à la lumière, conduite comme on vient de le dire, constitue l'un des meilleurs moyens que l'on puisse employer pour reconnaître si le quotient respiratoire nor- mal, à l'obscurité, est plus grand ou plus petit que 1; ses indications concordent exactement avec celles de la méthode manométrique, ainsi qu'on pouvait le prévoir et ainsi que nous nous en sommes assurés par un grand nombre d'expériences comparatives. C'est donc une méthode de contrôle qui mérite d'être prise en sérieuse considération, d'autant plus qu'elle vient fournir une nouvelle preuve à l'appui de cette hypothèse, formulée pour la première fois par MM. Bonnier et Mangin, et démontrée par ces savants dans un certain nombre de cas, que le quotient respiratoire a la même valeur à la lumière qu'à l'obscurité. En présentant à l'Académie le Recueil de Constantes physiques, publié par la Société française de Physique, Recueil à la préparation duquel il a col- laboré, M. Amagaï s'exprime en ces termes : J'ai l'honneur de déposer sur le Bureau de l'Académie le Recueil de Constantes physiques, publié par la Société française, de Physique. Les Tableaux de ce Recueil ont été établis, d'après les Mémoires originaux, par de nombreux collaborateurs, et l'ensemble a été coordonné par les soins de MM. H. Abraham et P. Sacerdote. L'impression, particulièrement soignée, est due à la maison Gautliier-Villars. Aucun travail de ce genre et d'une telle ampleur n'avait encore été réalisé en France, et ce Recueil de Constantes était depuis longtemps réclamé par 284 ACADÉMIE DES SCIENCES. les Physiciens. Il constitue un progrès considérable sur les publications similaires qui ont été faites à l'étranger, par son étendue même, et surtout par la règle qu'on s'y est imposée de choisir les expériences et de sélec- tionner les nombres. Cette importante publication de la Société française de Physique mérite de retenir l'attention de l'Académie par la haute valeur scientifique des nombreux collaborateurs qui lui ont apporté leur concours. THERMODYNAMIQUE. — Sur la croissance adiabatique de V entropie . Note de M. Pierre Duhem. On ne révoque guère en doute la généralité de cette proposition : Si un système est enfermé dans une enveloppe imperméable, à la chaleur, toute modification réelle, accompagnée d'un travail de viscosité, entraîne un accroissement de l'entropie. S'il se rencontre des sujets de litige, c'est au moment où il s'agit de déduire rigoureusement cette proposition de postulats nettement énoncés et compatibles avec les lois connues. En notre Traité d'Énergétique, nous n'avons donné une telle déduction que pour les systèmes sur lesquels le mouvement de la température est régi par la théorie de la conductibilité. Mais, d'autre part, pour construire la théorie de la conductibilité, nous avions invoqué ( ' ) le postulat suivant, que l'on peut regarder comme une formule du célèbre axiome de Clausius : Traçons, à l'instante, une surface fermée S qui soit comprise en entier à l'intérieur de corps qui font partie du système; si cette surface coupe certaines surfaces de discontinuité, elle n'a en commun avec elles aucune aire d'étendue finie. Supposons que la surface S soit, en tous ses points, portée à la même température S; supposons, en outre, que le sens dans lequel varie la température lorsqu'on traverse la surface S de l'intérieur vers l'extérieur soit le même en quelque point que l'on traverse la surface S. Nous admettrons que, dans le temps dt, le corps délimité par la sur/ace S dégage nécessairement de la chaleur si la température & diminue lorsqu'on (') Traité d'Énergétique, l. II, p. 211. SÉA.XCE DU 27 JANVIER ICjï3. 285 franchit la surface S de l'intérieur vers l'extérieur, et quil absorbe de la chaleur si elle augmente. Or ce postulat permet de démontrer directement, et sans passer par l'hypothèse que la théorie de la conductibilité régit le mouvement de la température, la proposition relative à l'accroissement adiaba tique de l'entropie. Cette démonstration suppose, toutefois, que l'on ait dégagé la définition de corps imperméable à la chaleur de toute considération empruntée à la théorie de la conductibilité. Remettant à une autre circonstance la recherche dune telle définition, nous supposerons simplement ici qu'elle satisfasse aux deux conditions suivantes : i° Le postulat précédent demeure vrai pour un corps enclos en partie par la surface isotherme S, en partie par un corps imperméable à la cha- leur. 20 Une modification réelle d'un système enfermé dans une enceinte imperméable à la chaleur dégage une quantité de chaleur égale à zéro. Pour éviter les longueurs, nous exclurons la considération de toute surface le long de laquelle deux corps contigus glisseraient avec viscosité. La quantité de chaleur dégagée, pendant le temps dt, par un corps quel- conque du système est alors la somme algébrique des quantités de chaleur dégagées, dans le même temps, par les parties en lesquelles la pensée le peut diviser. Soit un système enfermé dans une enceinte imperméable à la chaleur. A l'instant t, .% est la plus basse température du système, 5^ la plus haute, Sr une température comprise entre 2r0 et 3^. Si, du système, nous supprimons toutes les parties dont la température est inférieure à S?, il reste un système partiel C(3,)) qui est le système total si 5 = S„ et qui se réduit à rien si & = Sfj, Dans le temps dt, le système C(S) dégage une quantité de chaleur p(à) dt. Évidemment, />(ï/0) et pfèi) sont nuls; pour toute valeur de 3r supérieure à 2r0 et inférieure à S,, />(&) est positif, en vertu de notre postulat. Soit d'à un accroissement infiniment petit et positif de 2r. Le système partiel C(S) se compose du système partiel G(H -t- d'à) et de tous les éléments du système dont la température est comprise entre S? et (2> -+- d'à). Partant, la quantité de chaleur p^i) dl dégagée par le premier système sera égale à la quantité de chaleur p{à -+- dà)dt dégagée par le second, plus la somme des quantités de chaleur dégagées par ces éléments. Soient dm la masse d'un de ces éléments; dm son volume; p sa densité; tsdm son entropie ; Kf/sr dt le travail, dans le temps c//,de la viscosité intrinsèque à cet élément; 286 ACADÉMIE DES SCIENCES. F (5) la température absolue; nous aurons p(5)=p(S + d5t)—j F(2r)p-^+R \dm 7(2r) afâ J V <*t F(&)J ou bien l'intégrale du second membre s'étendant à tous les éléments de volume dont, à l'ins- tant t, la température est comprise entre "il et S -+- cfe. Intégrons cette égalité entre Sr0 et ^1 ; en désignant par S l'entropie totale du sys- tème, nous trouverons rf< t/.o F(Sr) rf3 J F(S) Au second membre, la seconde intégrale s'étend au volume entier du système. La fonction p(5) s'annule pour 3 =5, et & = &,. L'égalité précédente peut donc s'écrire ^=/-a,/»(5)F'(5) 1), dont le degré soit >o, de courbes de genre/;, tracées sur la surface. Je me suis proposé de caractériser, autant qu'il était possible, les cor- respondances algébriques entre les points d'une courbe C d'un tel système. Et j'ai obtenu ce résultat inattendu : Toute correspondance existant entre les points de la courbe générale d'un système linéaire | C | dont le degré soit > o, tracé sur une sur/ace régulière, est douée d'une valeur ( Werthigkeil) y. C'est-à-dire qu'étant donnée une correspondance (a, (3) entre les points x, y de la courbe générale C du système, on peut toujours déterminer un nombre entier y (|o), tel que le groupe formé par les [3 points y', y", ...,jp, correspondant au point x variable sur C et par le point même, compté y fois, se meut dans une série linéaire. En particulier on a que : toute courbe plane variable dans un système linéaire ne possède d'autres correspondances que des correspondances à valeur. Il va sans dire qu'une courbe particulière du système peut admettre aussi des correspondances n'ayant pas une valeur (correspondances singulières). Une conséquence remarquable du théorème énoncé, c'est que les rela- C. R., igrî, 1" Semestre. (T. 15G, N' 4 ) ^7 288 ACADÉMIE DES SCIENCES. lions quadratiques, données par M. Hurwitz dans un Mémoire classique (Math. Anna/en, Bd. 28), liant les — périodes des intégrales nor- males de première espèce d'une courbe de genre p, possédant des corres- pondances singulières, sont tout à fait indépendantes des — — relations inconnues, qui doivent être satisfaites pour que * — quantités puissent être regardées comme les périodes des intégrales normales d'une courbe de genre/;. De sorte que les relations de M. Hurwilz ne sont pas satisfaites pour la courbe la plus générale de genre/;. La démonstration du théorème énoncé s'appuie sur les considérations suivantes : Au moyen du système | G | adjoint à | G |, on détermine rationnellement /> intégrales abéliennes indépendantes de première espèce sur toute courbe G: soit «,, iin, ..., up. On peut ensuite définir sur toute courbe C, les périodes normales (co/H, co/i/H.(), (m/i2, wm+2), ..., ((ùAp, 0)A.2p), de l'intégrale u,„ relatives aux cycles (), I '= 1 les nhi étant, a priori, des fonctions de ~k, indépendantes de la position de x sur C. Des relations (i) on déduit tout de suite (2) ^ 7T>"'',<>= ^] «." r—i, 2, ..., ip ;— 1 h—i, ?. p où les a sont des entiers indépendants de l'indice h (entiers caractéristiques deT). SÉANCE DU 27 JANVIER igi'i- 289 Lorsque les tu sont données, on démontre que les -, a sont déterminées univoquement les unes par les autres. Cela étant posé, faisons circuler le paramètre A, à partir d'une valeur initiale et en y revenant. La T aboutit en général à une nouvelle correspon- dance T', dont les indices sont toujours (a, fi). Mais comme dans la variation continue de C et de T, les entiers a ne sauraient pas varier, les entiers carac- téristiques de T' par rapport aux périodes transformées 0/, seront toujours les a; tandis que les entiers caractéristiques de T, par rapport aux co, sont en général des nombres a! différents des a. Toutefois, on prouve que, quoique le groupe discontinu G soit d'ordre infini, les entiers à ne peuvent recevoir qu'un nombre fini de systèmes de valeurs, car les correspondances aux mêmes indices (a, (3), se distribuent sur C en un nombre fini de systèmes continus. D'un autre côté, en opérant sur les co avec les substitutions génératrices de G, dont M. Picard a donné la forme, on trouve, dans le cas d'une surface régulière, que pour que les a ne puissent recevoir qu'un nombre fini de système de valeurs, il faut que Cela signifie que la correspondance T a la valeur y. 2. Lorsque la surface F a l'irrégularité q =pe — p„ > o, en déterminant rationnellement sur toute C les intégrales w,, u2, ..., ujn au moyen du système adjoint |C'| et des q intégrales simples de première espèce, attachées à F, on arrive d'une façon semblable à la conclusion que les systèmes continus de correspondances singulières existant sur la courbe géné- rale C d'un système linéaire |C|, dont le degré soit ^>o, tracé sur F, sont univoquement déterminés par /es systèmes continus de correspondances singu- lières existant sur la variété de Picard attachée à F, de sorte que, lorsque cette variété est tout à fait arbitraire, on a toujours seulement sur C des correspondances à valeur. En se rappelant la notion de dépendance entre plusieurs correspondances d'une même courbe (voir Hurwitz, loc. cit., et mon Mémoire dans les Memorie délia R. Ace. di Torino, 1903), on voit de plus que le nombre des correspondances indépendantes existant sur la susdite courbe C, ne peut pas dépasser 1 q- et l'on peut toujours construire des surfaces F, pour lesquelles cette limite est atteinte. 29° ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces algébriques qui possèdent un faisceau irra- tionnel de courbes de genre i. Note de M. A. Rosenbi.att, présentée par M. Emile Picard. I. Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, j'ai fait voir que les surfaces de genres />„> ip„ -+- l\ possèdent, si elles existent, un faisceau de genre ps — pa de courbes de genre 2, mais que si l'on a p„ = 2/)„ + 4? et si les courbes du faisceau sont également de genre 2, le genre du faisceau est/>A, — p„, ou bien la surface possède deux faisceaux (de genres pe — pa — 2 et 2) de courbes unisécantes. J'ajouterai que, si le genre des courbes dépasse le nombre 2, le genre du faisceau est numé- riquement limité (=6). Or l'étude du système canonique algébrique qui conduit à ces résultats, permet d'obtenir des renseignements 'plus précis sur les surfaces irrégu- lières de genres arbitraires, possédant un faisceau irrationnel de courbes de genres. En effet, si le genre it' est plus petit que p„ — p„, alors ou bien il est égal kp„ — p„ — 1 , et la surface possède un système algébrique qo' de courbes isolées, ou bien ce genre est égal à ps — pa — 2, et alors le système algébrique se compose de ce2 courbes isolées. Dans le premier cas, cesystèmeest certainement elliptique (Castelnuovo). Donc la surface possède un faisceau elliptique de courbes ou bien un fais- ceau composé avec une involution elliptique. Ce faisceau est nécessairement différent au faisceau qui existe déjà sur la surface, car les courbes C du système algébrique |Cj ne découpent pas des groupes équivalents sur les courbes du faisceau ) k j donné (Severi). Donc la surface possède, outre le faisceau donné, un second faisceau elliptique de courbes. Les modules des courbes k ne sont pas constants, autrement la surface posséderait ou bien un faisceau linéaire dont les courbes formeraient les courbes G ( -' = />,, — />„), ou bien un faisceau hyperelliptique de genre 2 ("x'=pg — pa — 2). Dans le second cas, la variété de M. Picard, qui représente le système J Cj est une surface hyperelliptique de M. Picard. Donc la surface donnée est ou bien représentable sur une surface hyperelliptique de M. Picard multiple avec une certaine courbe de diramation, ou bien elle possède un faisceau hyperelliptique de genre 2 de courbes, ou enfin elle possède deux SÉANCE DU 27 JANVIER ICjI.'L 291 faisceau v elliptiques de courbes. Elle pourrait aussi posséder, au lieu de ces faisceaux, des involutions de ces genres dans des faisceaux irrationnels. On écarte la première supposition de la manière suivante : L'image du faisceau donné ) /• J sur la surface de M. Picard serait, un système algébrique de courbes de genre 2 ; mais comme celte surface possède un groupe oc2 de transformations permutables, toutes ces courbes devraient posséder mêmes modules. Donc aussi les courbes du faisceau donné devraient posséder mêmes modules, ce cjui contredit la supposition, d'après ce qu'on a vu. D'ailleurs la surface image du système [ C serait alors une sur- face de Jacobi, puisqu'elle posséderait un système oc2 de courbes de genre virtuel = effectif 2. Donc la surface F possède ou bien un faisceau hyperelliptique du genre 2, différent du faisceau \k\, d'après ce qu'on a vu, ou bien elle contient deux faisceaux elliptiques. Donc, en général, une surface avec un faisceau de courbes de genre 2 possède r.'^zp^ - pa et il en peut être de même si les modules de ces courbes sont constants, ou si ces courbes contiennent deux involutions elliptiques. Envisageons maintenant la courbe de coïncidence de l'involulion Ia, qui existe sur notre surface F. Cette courbe D coupe les courbes k du faisceau en six points et le double de cette courbe est équivalent à six courbes L canoniques de la surface ou bien il en diffère par des courbes A- du faisceau. On peut donc écrire 2D =6L + v/„ v entier. Donc le nombre des points de rencontre de la courbe D et d'une courbe L canonique est 3(/>(" — O + v. La formule de Zeuthen donne alors la relation suivante entrele genre /> ' de la courbe L et le genre L* de son image sur la surface réglée F*, image de l'involution (1 ) /?<>>= - i" — y -f- 5. La relation d faces F et F La relation de Severi entre les invariants de Zeutben-Segré des deux I = 2l* — 2 -+- 2 7T|,. -„ étant le genre de la courbe de coïncidence, donne alors (2) />,, = —- —Olî'-h |. 292 ACADÉMIE DES SCIENCES. La formule (1) nous a été communiquée par M. Godeaux, qui a étudié la correspondance entre les surfaces F et F*. On tire de (1) et (2) l'égalité (3) pi')-2joa=67r'— 3. Donc on parvient à l'inégalité ■n'Spa+ 2. Donc, si le genre tc' est égal à pg — pri — e, 1 — 1 ou 2, on trouve Nous avons donc le résultat suivant : Les seules surfaces avec ps>zpa 4- 4 sont celles de genres pg— ip„ + 4, avec deux faisceaux unisécants de genres /?„ — /?„— 2 et 2, à l'exceplion peut-être de surfaces dont les courbes k sont de genre supérieur à 2 (le genre -' étant <6, et bien entendu on apg = 2ptl-+- 4), et naturellement des surfaces avec un faisceau de courbes elliptiques. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Quelques remarques sur les systèmes complets de fonctions orthogonales. Note (M de M. V. Kostitziv, présentée par M. Emile Picard. i. Parmi les systèmes divers de fonctions orthogonales, le système tri- gonométrique -• sin.r. cos.r, ..., sin/fx, cos/ij:, ... a une particularité intéressante : les parties de ce système 1 — j cos.?' cosna;, ...; sin.r, .... sin«.r. ... sont des systèmes complets dans l'intervalle (o, iz), mais elles cessent d'être complètes dans l'intervalle (o, 2u) tout en restant orthogonales et le système complet est leur ensemble. Il serait intéressant de savoir en quelle mesure l'orthogonalité d'un système de fonctions dans une partie de l'intervalle initial est liée avec sa (') Présentée dans la séance du 20 janvier 1918. SÉANCE DU 27 JANVIER I9l3. 20,3 propriété d'être complet dans l'intervalle entier. La réponse à cette question est donnée par le théorème suivant : Si un système de fonctions (') ?i, o) e.v/ orthogonal sur l'ensemble B(MesB > o), B étant une partie de A, ce système ne peut pas être complet sur l'ensemble A. 2. Posons maintenant une question un peu différente. Soit un système de fonctions (2) ?,, • o, Mes A, >• o, MesD(A,, A2) = o]. Alors, d'après le théorème précédent, le système f\- Jtt ■ ■ ■ 1 Jn- • - ■ > défini par les conditions /„ = y.Qn sur l'ensemble A,, /„=P4'« sur l'ensemble A,. est orthogonal, normal, mais incomplet sur l'ensemble A,-t-A2. Il serait intéressant de trouver les fonctions faisant ce système complet. Or on voit facilement que les fonctions /;, /;, ..., /,;, ..., définies par les conditions /jf— fio|. Prenons le tableau des nombres orthogonaux et normaux «,!, c.,,, ..., — px{y- 1 -./-, SÉANCE DU 27 JANVIER IC)l3. 297 3. Cela posé, dans mes recherches, on trouve que la fonction R (dont j'ai parlé au n° 1) est donnée par le produit de deux intégrales convenables y,, y., de l'équation Au = <>. Or, grâce aux considérations que j'ai faites dans mon Mémoire, il est loisible de prendre pour v,, y2 les deux fonctions suivantes : — ifrdx, y, = ( Xi ■+• ia!% ) c • .v,— (.fi— ix,) e' Leur produit est bien égal à r3. (i=v^T). C. Q. F. D. GÉODÉSIE. — Sur des formules dérivées de celles des Ingénieurs-Géographes et appropriées au calcul des coordonnées des sommets d'une, chaîne géodésique primordiale. Note de M. E. Benoit, présentée par M. A. Bassot. J'ai cherché à améliorer les formules dites de Puissant, ou des Ingénieurs- Géographes, employées habituellement dans les calculs de triangulation sur l'ellipsoïde, et qui ne donnent comme approximation que le centième de seconde d'arc ; tout en conservant à ces formules leur physionomie générale, je me suis proposé, par des modifications simples de l'expression analytique des coefficients qui y entrent, et par l'adjonction d'un facteur correctif complémentaire de la forme (1 -+- a) [a étant, suivant le cas, uno fonction simple soit de la différence de latitude cherchée (valeur approchée) dL, soit de la différence de longitude dM et de la longueur du côlé K, soit enfin de K et de dh], d'atteindre la précision du millième de seconde centé- simale en latitude et en longitude pour des côtés de 8okl" environ et une approximation comparable pour l'azimut géodésique; en d'autres termes, je conserve les termes du troisième ordre dans le développement. Sans doute ces formules n'ont guère qu'une portée pratique, mais elles sembleront peut-être dignes de quelque intérêt, en raison de l'accroisse- ment de précision qu'elles donnent, au prix d'un minime effort. i° Latitudes. — J'identifie le développement de Puissant, limité au troisième ordre, donnant sur l'ellipsoïde la différence de latitude dL en fonction des puissances crois- santes du côté géodésique K et des rayons de courbure N,B et p,„ de l'ellipsoïde au milieu de ce côté géodésique (et non à l'extrémité de départ, comme dans les formules 298 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'usage courant), avec une expression du type suivant -PmKcosZ — Q,„K2sin!Z(i -+-«,,)• où Z est l'azimut géodésique du côté, compté d'après les conventions habituelles. On a donc, - l\„K.cosZ — Q„,K2sin2Z(n-aL) KcosZ 1 K-sin2Z 2 N,„pw sini" J'obtiens — tang — (! + «,) N„ , 1 K3 sin2Z cosZ , „ ., . tangL 7 .,, — : — ;t- ( 1 -+- ci tang-L). 8 6 i\,2„p,„sin." ° ' tangL 1 Iv cosZ , . „T . s — (1-4- 3 tang-L), N 3 N... d'où, au quatrième ordre près, "4 sin(L-l-33G,33)sin(L — 33c,33) [J..a.\, z= dL [j. s h,[i sin 2L in 2 L où p est le module des logarithmes vulgaires, dL la valeur approchée de la différence de latitude obtenue simplement par le premier terme de la formule; quant au facteur qui multiplie dL, il est donné par une Table dont l'unique argument est la latitude. Ce procédé convient jusqu'à 700 de latitude. i° Longitudes. — La forme sphérique rigoureuse qui donne dM, sin dM sinZ . K "_ cosL' s,nF N' étantla grande normale au point d'arrivée (L', M -+- dM), s'applique, comme on le sait, sans modification à l'ellipsoïde. En la développant jusqu'au troisième terme inclusivement, on obtient KsinZ 1 K!sin3Z KsinZ 1 K3sinZ M'cosL'(' + aM' ~6 N"cos3L' — N'cosL' _ 6 N'3cosL'' d'où l'expression simple du coefficient complémentaire, ccM = — f (K!R's — dii o R' = N'sini" et dM — KsinZ N'sin i"cosL' une table spéciale donnant aisément isinsi"(KaR'!— dM1)], -sinV.K2.R2 et -sin2i".rtrM o SÉANCE DU 27 JANVIER IC)l3. Je rappelle que. dans la formule habituelle. N intervient à la place de N. 3° Azimuts. — J'identifie encore la formule que je propose: 2 99 d'L z= — <7M si n — (1 -+- txt ) , et qui vise à atteindre le troisième ordre, avec le développement complet poussé jusqu'au troisième ordre inclus et mis sous la forme dZ~ — (/M sin ( 1 h d\l cos!L 4- - dL 2 \ 12 8 On démontre aisément, en utilisant l'expression habituelle de la différence de lati- tude des deux points correspondants sur la sphère et sur l'ellipsoïde, L' — L', = e,cos3LrfL (e- étant le carré de l'excentricité terrestre), qu'à l'approximation cherchée, la valeur de dZ sur l'ellipsoïde, que je viens de donner, est égale à la convergence des méri- diens qu'on obtient sur la sphère, par le développement de la deuxième analogie de Néper, tans; —dZs - cos-(L', — L) ■ 1 sin -(L; -+- L) ■c.ol-dM, en y remplaçant simplement L', par la latitude ellipsoïdique L'. On trouve alors az= — (KR')1+ \dL 12 24 et la Table déjà préparée pour zM sert ici sans modification. En résumé, les trois formules du calcul des coordonnées s'écrivent ainsi, au quatrième ordre près, c'est-à-dire au T^l de seconde pour des côtés de 6okm environ : dh = dU — — KcosZ tangL.K2 sin3Z P,„ sin j" ~ K sinZ 2>>T„,p,„ sin 1" , fi tang-L — 1 1 . \ dL — — 1- - e- sin 2 L V ,6tangL \ J N'sinTcosL T ' f K' '2Y 7L' 6VX"sin«i"— rfM / dZ i= — d\\ sin — 1 h d\\ cos-L H dL 2 12 2 Des Tables ont été calculées pour l'emploi rapide de ces formules. 3oo ACADÉMIE DES SCIENCES. AÉRODYNAMIQUE. - Mesure de pressions et de dépressions sur de grandes surfaces en déplacement dans Pair. Note de MM. Ch. Mauraix et A. Toussaint, présentée par M. Appell. Nous avons exposé (Comptes rendus, t. L54, p. 082) le principe d'une méthode qui nous permet d'étudier à l'aide d'un chariot électrique les actions de l'air sur des surfaces du même ordre de grandeur que les ailes d'aéroplanes, et qui sont déplacées dans l'air avec des vitesses allant jusqu'à a3 m : s; nous avons donné des exemples de mesure globale des actions de l'air (composantes parallèle et perpendiculaire à la vitesse, point d'application). Nous avons appliqué le même dispositif à la mesure des pressions et dépressions sur les deux faces de ces surfaces. Des ajutages (de 3mm,6 de diamètre) affleurent la surface aux différents points d'une section peu éloignée de la section médiane; chaque ajutage est relié à l'une des branches d'un petit manomètre à liquide; les autres branches des différents mano- mètres sont reliées à une même capacité définissant le zéro de pression, qui doit être la pression statique extérieure : pour réaliser cette condition, la capacité est reliée à un tube dont la partie utile est cylindrique, horizontale et terminée par un cône effilé fermé faisant face à la direction du mouvement; dans cette partie du tube sont pratiquées des ouvertures circulaires ( imm de diamètre) qui le font communiquer avec l'atmosphère. Nous avons vérifié que ce tube placé dans un courant d'air de 20 m : s parallèlement au courant prend bien la pression atmosphérique; on peut l'incliner de plusieurs degrés sans qu'aucune différence de pression se manifeste. Cette antenne est placée à 3'", 35 au-dessus du bâti du chariot et à 2m, 3oen avant de la surface étudiée. Sauf les connexions indiquées, la capacité est rigoureusement close. Les dénivel- lations des tubes manométriques sont photographiées. Les expériences ont été faites à une vitesse moyenne de 20 m : s. Les mesures ont porté sur deux surfaces, l'une de 7™ x 2111, plane en dessous et dont la face supérieure est plane sur sa plus grande étendue avec deux biseaux de raccordement avec la face inférieure; l'autre est une surface ayant le profil M. Farman, de 5mX2m; l'une et l'autre sont construites et entoilées comme des ailes d'aéroplane. Leur plus grande dimension était perpendiculaire à la vitesse. Le détail des résultats sera donné ailleurs. Pour les deux surfaces et pour toutes les inclinaisons étudiées (jusqu'à 27°)il y a dépression en tous les points de la face supérieure; sur la face inférieure il y a généralement pression; mais, pour la première surface, il y a dépression au voisinage du bord de sortie; pour la deuxième, le même phénomène se produit, moins SÉANCE DU 27 JAXVIER IO,l3. 3oi accentué, et aux très faibles inclinaisons on constate également une dépres- sion près du bord d'attaque. L'action totale de l'air sur les surfaces, dans les sections médianes étu- diées, s'obtient en ajoutant aux pressions sur la face inférieure les dépres- sions sur la face supérieure. Voici pour différentes inclinaisons (angle de la corde de la surface avec la vitesse horizontale ) le rapport de l'action sur la face inférieure à l'action totale : Première surface. 3°. 3 7°.8 i4°,3 >s°,4 22°, 8 26°, 8 0,245 0,27.5 0,200 0,197 Deuxième surface. 0,219 O, 225 o°,4 5°, 6 io° ;4°,3 18", 4 26°, 8 0,200 0 , 3 1 5 0, 3 i 1 o,353 o,33o 0.3l7 On voit que la partie de l'action de l'air qui s'exerce sur la face supé- rieure est de beaucoup prépondérante pour ces inclinaisons ; c'est le résultat auquel était déjà parvenu M. Eiffel dans ses expériences au ventilateur sur de petites surfaces. D'ailleurs, pour préciser la comparaison, M. Eiffel a bien voulu étudier au ventilateur des modèles au -^ des deux surfaces étudiées par nous au chariot : aux angles inférieurs à 180, les courbes de pressions et de dépressions obtenues par les deux méthodes présentent un bon accord général, les valeurs des dépressions sur la face supérieure obte- nues dans les expériences au chariot étant seulement dans l'ensemble un peu plus grandes que celles obtenues au ventilateur; aux inclinaisons plus grandes, les divergences sont un peu plus prononcées, leur caractère le plus saillant étant d'ailleurs le précédent. PHYSIQUE. — Sur la théorie du rayonnement noir. Note de M. Marcel Jîrii.louin. I. Lorsque des résonateurs sont enfermés dans une enceinte adiabatique, il se produira par suite des réactions de l'éther un état moyen permanent, dans lequel l'énergie moyenne de l'éther par unité de volume sera la même partout ('). Les propriétés de l'éther sont définies par des équations aux (') C'est, du moins, ce que j'admettrai pour la suite, sans énumérer ici les diffi- cultés variées et dignes d'intérêt, relatives surtout à la définition de la paroi, qui se présentent quand on cherche à établir une théorie mécanique, ou électrodynamique rigoureuse du phénomène. 3o2 ACADÉMIE DES SCIENCES. dérivées partielles linéaires. J'admettrai par analogie avec des résultats déjà anciens (Ann. de Chim. et de Phys., t. II, 1894), que la force électrique est liée par des équations différentielles linéaires au déplacement, à la vitesse, à l'accélération, etc., de l'électron du résonateur. Toutes ces quan- tités sont exprimables en fonction de r, et développantes en série de vibrations simples, comme il a été dit dans la Note précédente (i3janvier). L'hypothèse que les relations entre éther et résonateur sont linéaires suffit à définir sans ambiguïté le partage d'énergie de l'éther entre les diverses longueurs d'onde, pourvu que l'état de chaque résonateur soit sensiblement indépendant des réactions de l'éther, ce qui paraît bien d'accord avec l'amortissement extraordinairement faible des sources lumi- neuses. Dans ces conditions, la force électrique £ due à un des résonateurs (A, E0) sera n = 00 4 Vt^/»\ ,-,, -r ..x nt (2) C = £c.+ | 2 K (t) C(A' T' ,l) C°S27tï n = l oùi.'0,£(n) sont des intégrales prises de /•, krs analogues à celles qui figurent dans le développement du n° 1, et où K est un facteur de réduction dont la complication plus ou moins grande dépend du nombre de dérivées de la force électrique et du déplacement de l'électron qui entrent dans l'équation de liaison entre le résonateur et l'éther. S'il y a un grand nombre de résonateurs identiques (même A et même T) dans une enceinte imperméable, la valeur du champ dans l'éther en état permanent est indépendante du nombre des résonateurs et du volume fini de l'enceinte ( ' ) ; je la définis par l'équation (2). A un facteur constant près, l'énergie par unité de volume pour la période — est ^ K(— j c(A, T, n) ou, exprimée en fonction de la fré- quence v K(v)c(A,^,«) " '(-»A,«) n- 2. Lorsque les résonateurs ne vibrent pas tous de la même façon, il y en a qui donnent la même fréquence v pour différentes valeurs entières de n 5 quelque faible que soit l'étendue de variation de T, si elle est bornée, on trouvera à partir d'une fréquence v suffisante, deux résonateurs donnant (') Mêmes réserves que plus haut. SÉANCE DU 27 JANVIER Ip,l3. 3o3 même v, trois plus loin, et ainsi de suite, le nombre des termes croissant avec v; mais par la nature même de l'hypothèse sur la constitution du résonateur, l'énergie décroit très vite quand le numéro d'ordre // de la vibration augmente. Pour la même fréquence v, la densité d'énergie U qui serait en équilibre avec le résonateur dépend de A et de n\ la densité moyenne régnante ne peut donc être en équilibre avec tous les résonateurs à la fois. J'admettrai, sans en discuter ici les raisons, que les réactions mutuelles par l'intermé- diaire de l'éther ne tendent pas à ramener les résonateurs à un état vibra- toire identique (même A, même T) à la phase près; mais seulement à une distribution permanente des A, T autour de valeurs moyennes. Soit ) = o, ou, si Q est égal à G( U ■- 1» ), comme on le suppose d'ordinaire sans expli- cation, (D v.v r9u ,^Wa=2 rrfA,^2u(£A,»W t/_ao / t. -- oc \ / V n = 1 a == 1 Si toutes les périodes T de o à « interviennent dans la probabilité <\\_ les ï doivent s'étendre à toutes les valeurs entières cl positives de n. 3. Sans parler ici des conditions de permanence de la distribution T entre les résonateurs, remarquons le caractère de l'équation (i )' qui déter- mine la loi de force centrale [ — E' (/•)] du résonateur lorsque l'on connaît la loi de distribution spectrale de l'énergie dans l'éther ©(v), celle de Planck, par exemple, considérée comme loi expérimentale. C'est une équation intégrale d'un type transcendant, qui parait peu C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 4.) 3o, 3 3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. abordable de front; le terme de rang' n de la série est y m m • o- K„ et A sont liés par la condition f'! d? _. " Il semble assez difficile de dire quelque chose de précis sur cette équa- tion; surtout il semble impossible d'affirmer qu'elle soit incompatible avec toute distribution permanente $ entre les résonateurs. C'est pourtant la démonstration qu'il faudrait faire pour avoir le droit de conclure que la théorie du rayonnement exige l'hypothèse des quanta de Planck. PHYSIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur /'application de la lui de Stokes à la chute de très petites gouttes et à la détermination de la charge de l'électron. Note de M. A. Sghidlof et M"e J. Murzyxowska, présentée par M. G. Lippmann. Nous avons utilisé dans ces recherches la méthode de J.-J. Thomson et H. -A. Wilson, si heureusement modifiée par R.-A. Millikan, estimant que les particules liquides présentent seules la garantie suffisante d'une forme sphérique parfaite, nécessaire à l'application de la loi de Stokes. Parmi les différents liquides examinés, l'huile d'olive a fourni les meilleurs résultats. Nous avons donc adopté la méthode de Millikan dont le principe a été exposé tout dernièrement encore par M. J. Roux ('). Noire dispositif ne dillère que par les trois points suivants de celui du savant américain : i" A la place d'une batterie de ioooo volts nous avons utilisé une batterie d'accu- mulateurs de très grande capacité, fournissant un potentiel très constant d'environ loo volts. Ce potentiel fut mesuré à l'aide d'un voltmètre de précision de Siemens et llalske, vérifié au potentiomètre. (') Comptes rendus, t. 155, 191'.. p. 1490- i.'nj.'i. SÉANCE DU 27 JANVIER IO,l3. 3o5 2° Notre condensateur, notablement plus petit que celui de Millikan, se composait de deux plateaux de laiton dont la distance était o"",5. 3° L'objectif de la lunette d'observation se trouvait à une dislance relativement petite (environ 20e1") de la goutte d'huile, et le parcours observé (de chute ou d'ascen- sion) était ordinairement de o''lu,285. Nous nous sommes proposé de rechercher eu premier lieu si la formule de correction de la loi de Stokes, établie par Cunningham ('), s'applique effec- tivement aux gouttelettes d'huile de divers diamètres. Les premiers travaux publiés par Millikan (2) laissent subsister des doutes sur ce point. En particulier, la valeur attribuée par Millikan à la constante A de la formule de Cunningham (voir la Note citée de M. J. lloux) est A = 0,81 5, basée sur l'hypothèse d'un choc mou. Or l'exactitude de cette hypothèse ne parait pas suffisamment prouvée. Nos études ont donc porté sur des gouttes de 1res petit diamètre pour lesquelles les écarts de la loi de Stokes sont considérables. En même temps, les objections sou- levées par M. J. Perrin (3) contre la méthode de Millikan semblent avoir une importance d'autant plus petite que la vitesse de chute est plus petite et la pression capillaire plus élevée. Voici les résultats de nos observations relatives à 22 gouttes dont les dia- mètres varient entre les limites de 0,8 et 2,1 microns. Nous représentons par r la vitesse de chute en centimètres par seconde, par a le rayon apparent de la goutte en centimètres, par e la charge élémentaire apparente en unités électrostatiques G. G. S., calculés au moyen de la loi de Stokes non corrigée, en adoptant pour le coefficient de viscosité de l'air la valeur r\ = 0,0001733 ( à 0°). -V- i>(cm : sec). nxin^cm . e x io,n ( U.E.S.). e„ 10" (U.E.S.). I 0,001770 '|,oo8 6,470 i> 7^0 i o,oo'! '1 i 1 4) 699 6,21 5 -4.77J 3 o, 002803 5,o65 (3,090 4,7 4 o,oo333o 3, 5 16 5,910 '1.7'" 5 o,oo3555 5,689 5,870 -i.720 6 o,oo4954 6,716 '"»,7'o 'i . 745 7 o,oo5362 6,983 5,645 4,725 8 o,oo5523 7,080 5,620 4,7!J 9 o,oo5588 7,1 33 5,63o 4>73o 10 o,oo5855 7,326 5,6oo 4)725 Il o,oo6552 7,711 5,535 4,7 m (') Proc. 0/ the Royal Soc. of London, t. LXXXIII, 1910, p. 357-365. C2) Pltilos. Mag., t. \1\, 1910, p. 209-228. (3) Comptes renrlas, t. lo2, 1911, p. 1 16S— ■ 168. 3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Y- i'(cm : sec. ). rtxiu'-(cm). e x io'" ( U.E.S. ). e„ x io"> ( U.E.S. ). 12 0,006821 71892 5,5i5 'i,;1» 13 0,0076(40 ^>299 0,5 10 4,7^5 14. 0,007641 8,32i 5,52o 4,75o 15 0,007948 S, 52i 5,5io '1.760 16 0,008785 K,g53 5,45o 4,745 17 0,00938 r 6,258 5,425 4,74o 18 o,oog5oo 9.001 5,4i5 4>74° 19 0,009817 9,47° 5,4io 4j745 20 0,011.370 10,190 5,36o 4>7 15 21 0,011890 io,44o 5,33o 4)7^0 22 0,012520 io,658 5,34o 4,7^0 Les valeurs de e, représentées graphiquement en fonction de v, se trou- vent très sensiblement, sur une courbe continue. Nous avons admis que la grandeur des charges élémentaires apparentes e varie en fonction de la vitesse déduite v suivant la formule de Cunningham. Cette supposition permet de calculer, au moyen de deux observations faites avec des gouttes d'un diamètre suffisamment différent, la valeur de la quantité inconnue A/= K, qui intervient dans la formule de Cunningham. L'exactitude de notre supposition se Irouvc vérifiée a posteriori par le fait (pie toutes les expériences, permettant d'effectuer le calcul de K avec quelque chance de précision, fournissent la même valeur de K. Nous avons pris la moyenne arithmétique îles sept derniers résultats (nos 16 à 22) pour lesquels la variation de e semble linéaire dans les limites de précision des obser- vations, et nous avons calculé K et A au moyen de chacune des si\ premières expé- riences ( nos t à 6) qui fournissent les valeurs les plus élevées de e. Nous avons admis pour / (chemin moyen des molécules d'air à 19" et 760"'™) la valeur / zz 9,5 x 10 9 cm. On trouve les résultats suivants : N». K = W. A = j- 1 8,34x10-° 0,877 2 8,70 » 1 1 . q 1 6 , ' I Moyennes : '■i . . 8,6-1 " 0,910 I ' . Y as ' K = 8,29 x 10- ' 7'89 » o,83i ( „ , .> 7,^ » 0,820 6 8, 33 » 0,877 Si l'on tient compte du fait (pie la valeur de K est très fortement influen- cée par les petites erreurs expérimentales, ces chiffres semblent indiquer SÉANCE DU 27 JANVIER IC>l3. 3o7 que la théorie de Cunningham s'applique à la chute des très petites gouttes d'huile dans l'air sous la pression atmosphérique. Le choc entre les molécules d'air et les gouttes d'huile présente approxi- mativement le caractère d'un choc mou (A = 0,873). En utilisant la valeur moyenne Â/= 8,288 x io-", nous avons apporté à chacun des vingt-deux résultats la correction de Cunningham. Les valeurs corrigées (e0) forment la quatrième colonne du Tableau précédent. La valeur moyenne e0 =4,738 X IO-10 concorde bien avec les derniers résultats de Millikan ('). PHYSIQUE. — Sur un procédé de mesure des grandes résistances polarisables et son application a la mesure de la résistance de bulles' dans un liquide. Note de M. P. Vaillant, présentée par M. .T. Violle. La résistance électrique d'une colonne liquide est considérablement accrue lorsque cette colonne est coupée par une bulle d'air; mais si le liquide mouille la paroi, la résistance ne devient pas infinie, le passage de l'électri- cité continuant à se faire par la couche liquide adhérente à l'enveloppe. Si l'on admet que cette couche a même constitution et en particulier même conductibilité spécifique que la masse du liquide, il est évident que de l'augmentation de résistance provoquée par la bulle on peut déduire l'épais- seur de la gaine liquide qui l'entoure. Si la paroi est celle d'un tube cylindrique horizontal, assez fin pour qu'on puisse considérer comme hémisphériques les ménisques terminaux, on établit facilement la relation R résistance totale du tube, Let/- longueur et rayon de celui-ci, p résistance spécifique du liquide qui le remplit, / distance des sommets de la bulle, z épaisseur de la gaine adhérente. Le troisième terme, qui représente la résistance des ménisques, peut être négligé si l'on suppose r et s assez petits pour que 2 \irz soit négligeable devant /. Quand la colonne liquide est sans solution de continuité, la résistance est (') Transact. oftke 4.mericah Electroclwm. Sac, t. XXI, 1912. p. iS.V'200. 3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. seulement De (i) et (2) on tire, en négligeant le troisième ternie de (1), r(Z— ai-) (3) '1-' Pratiquement, £ étant très petit, la mesure n'est possible que si l'on dis- pose d'une méthode assez sensible pour rester applicable à des résistances extrêmement grandes et en outre polarisables. La méthode employée consiste à relier les deux bornes A et B d'une dis- tribution de courant alternatif aux deux paires de quadrants d'un électro- mètre, A directement, B par l'intermédiaire de la résistance R à mesurer. L'aiguille de l'électromètre communique avec A. En outre, dérivé entre les paires de quadrants, se trouve un condensateur de capacité variable. Si C est la somme des capacités du condensateur et de l'électromètre, L la self- indu cl ion qui intervient dans le circuit, L la f. e. ni. alternative utilisée, w la pulsation du courant, on observe l'élongation / KS <3t = A w2C«1 l'<- _l_ ( ,„L roL. /. étant la constante de l'éleetroniètre, c'est-à-dire l'élongalion que donne une différence de potentiel de 1 volt entre les quadrants, lorsque l'aiguille est au potentiel de i volt. Si I. est négligeable devant — — -, la formule se réduit à cosC « = *■ * w!C*R!- Dans les conditions où j'opérais, on avait &> — 3oo, CB voisin de o,5, par suite to*C2Rs voisin de 20000, en sorte qu'on pouvait encore simplifier et écrire (4) oc-k C2H! ^5o On avait d'ailleurs K = 125 volts, /.' voisin de 5, par suite sensiblement a = !,',, • L'ordre des résistances susceptibles de mesure était donné dès lors approximativement par CR = 1 , et comme on pouvait faire varier C de 1 à 10-4 microfarad, les résistances mesurables par ce procédé s'échelonnaient de 1 à lo'inégohms. Le liquide étudié était contenu dans un tube capillaire horizontal recourbé à angle droit à ses deux extrémités, lesquelles plongeaient dans deux grands vases pleins du SÉANCE DU 27 JANVIER KJl3. 3op, même liquide que le tube. Le courant était amené par des électrodes de mercure rem- plissant le fond des deux vases. Les expériences ont porté sur de l'eau distillée ordinaire et trois solutions de ZnSO4 dans cette eau, de concentrations C, G X 10"'-', C x io-i, C étant voisin de la normale. Dans le passage d'un liquide au suivant, le tube était longuement lavé à l'eau distillée, puis desséché jusqu'à poids constant. Les capacités utilisées étaient le plus ordinairement une capacité à laines d'air d'environ 3 x 10 :i microfarad, décomposable en 12 parties à peu près égales, et seulement pour les résistances les plus faibles, un microfarad étalon subdivisé en centièmes. Les bulles avaient une longueur variant de 3mu> à 3o""". Cette longueur était déterminée sur le tube en place à l'aide d'un viseur à oculaire micro- métrique. Le rayon du tube (voisin de 1""") et sa longueur (22"") avaicntété déter- minés au préalable par des tarages au mercure. A titre d'exemple, voici quelques nombres obtenus avec l'eau pure : Longueur de la bulle en millimètres (/). 4 > 356 5,273 7,714 1 7 , 428 28,3g5 Epaisseur de la gaine en /jt. (e) 9^° g , 3 1 8,78 9,58 8,71 Avec les trois solutions de ZnSO', on trouve des valeurs de 1 notable- ment plus petites, d'autant plus petites que la solution est plus concen- trée : Concentration- o G X io"1 Cxio~! C, £ moyens (en fy.) 9\>S ,J'9* >;9° ' 1 '9 Les 1 sont dans chaque cas calculés par la formule (3) et en admettant que p a même valeur dans la gaine adhérente au tube que dans le reste du liquide. (I est possible de véritier approximativement celte hypothèse en rem- plissant le tube de liquide, puis le vidant et l'égoullant avec soin et déter- minant son augmentation de poids. On obtient ainsi des résultats plus concordants qu'on pourrait croire a priori ; par exemple, pour l'eau pure, une série de cinq déterminations donne comme poids de liquide adhérant à la paroi : p ( mgs) 12,0 12,5 1 1 , 3 1 3 , 1 1 1 , b' avec une moyenne de 12 de laquelle on conclut comme épaisseur de la Concentrations 0 C x m --'• G x 10 '2,9 12,6 ,'3lO ACADÉMIE UES SCIENCES. gaine liquide z = 8^, 88, nombre très voisin de ceux que donnent les mesures de résistances. Donc, pour l'eau pure tout au moins, la gaine ne diffère pas essentielle- ment du reste du liquide. Mais si l'on essaie la même vérification sur les trois solutions de ZnSO', on trouve comme valeur moyenne des poids adhérant au tube : C d'où il faut conclure que, pour ces solutions, la gaine a sensiblement même épaisseur que pour l'eau pure. La contradiction avec les résultats que fournit la mesure des résistances ne peut être attribuée qu'à une différence de conductibilité entre la gaine et la masse liquide, la gaine étant plus pauvre en éléments conducteurs et, par suite, en molécules salines que le reste de la masse. La différence, qui est d'autant plus sensible que la solu- tion est plus concentrée, s'explique par une différence d'attraction de la paroi solide sur les molécules de solvant et celles de corps dissous. physique. — Sur certaines particularités de la vitesse des centres lumineux dans les tubes à hydrogène. Note de M. A. Perot, présentée par M. Villard. Dans une i\ote précédente ('), j'ai indiqué que dans un tube à hydrogène les centres lumineux se déplacent de la cathode vers l'anode avec une vitesse qui, mesurée par l'effet Doppler-Fizeau sur la raie rouge (6563 A), a été trouvée variable avec la pression, l'intensité du courant et le diamètre du capillaire. J'ai montré qu'entre certaines limites de pression le tube pouvait fonctionner suivant deux modes, l'un avec stratifications, l'autre sans stratifications, et que dans le premier mode les vitesses trouvées étaient plus grandes que dans le second, .le voudrais aujourd'hui indiquer les résultats de quelques mesures nouvelles, relatives: i° aux stratifications; 2° à l'influence de la longueur d'onde sur la vitesse mesurée. i° J'ai cherché d'abord, toujours avec la raie C, à déterminer la vitesse des centres en des régions différentes d'un capillaire présentant des strati- fications. L'expérience a été faite en recevant la lumière suivant une direc- tion inclinée sur la normale à l'axe du tube, et projetant sur l'étalon interfé- (') Comptes rendus, t. I5<>. i3 janvier 191 3, p. 10». SÉANCE DU 27 JANVIER 19IJ. 3ll rentiel une image du tube, constituée par une série de plages lumineuses séparées par des intervalles relativement obscurs. A l'aide d'un écran percé d'ouvertures convenables, on peut laisser passer, soit la lumière des régions brillantes, soit celle des régions sombres. L'image du tube étant faite dans une direction aussi voisine que possible de l'axe de ce tube, les contours des stratifications ne sont pas nets, de sorte que l'on ne peut isoler réellement les parties obscures, et les mesures de vitesse ne présentant pas une signi- fication précise. Toutefois l'expérience montre que la vitesse est plus grande dans les parties brillantes que dans les parties sombres. Ainsi, par exemple, dans une expérience où la pression était 2mm, 2, le courant 100 milliampèrcs, et où le capillaire avait 4mm,5 de diamètre, j'ai trouvé pour la vitesse dans les parties brillantes 942'", et dans les parties obscures 837'"; pour la pres- sion de 3mm, 3 et le même courant, j'ai trouvé pour la vitesse maximum 62 5m, et pour la vitesse minimum 379™. Ces nombres ne peuvent donner que le sens du phénomène. On sait, d'ailleurs, que M. Wilson a trouvé que la force électrique est plus grande dans les parties brillantes que dans les parties obscures des stratifications : ce fait est certainement en relation étroite avec le résultat ci-dessus indiqué. 20 Toutes les mesures que j'ai rapportées jusqu'ici ont été faites sur la raie G ; il m'a paru intéressant d'opérer aussi sur la raie F (4861 , 3 A). Si l'on fait successivement sur le même tube, dans les mêmes conditions de pression et d'intensité, la mesure de la vitesse sur la raie C et sur la raie F, on trouve des nombres différents dont le rapport paraît constant et égal à 1,6, la vitesse mesurée avec la raie de petite longueur d'onde étant la plus grande. Ce résultat, qui peut paraître surprenant au premier abord, s'explique par l'amortissement différent des deux radiations. Si l'on se reporte aux indications que M. Bosler et moi avons données dans une Note anté- rieure ('), on est amené à envisager ce fait de la manière suivante : Remarquons d'abord qu'il n'y a à considérer que des -vitesses statistiques. Ceci étant, des corpuscules négatifs, porteurs du courant, sans doute des électrons émanés de la cathode, s'éloignent d'elle avec une certaine vitesse, ils rencontrent des molécules de gaz qu'ils ionisent, rendent lumineuses, et sont partiellement arrêtés par elles ; après chaque choc, ils repartent sous l'influence du champ électrique, et l'on peut considérer que, dans le tube (') Comptes rendus, t. 151, 18 juillet 1910. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 4.) 1° 512 ACADEMIE DES SCIENCES. capillaire, leur mouvement est dû uniquement à ce champ. Une molécule rencontrée par l'un de ces électrons prend alors une vitesse dirigée dans le sens du champ en devenant lumineuse, elle se déplace parmi d'autres molé- cules inertes qu'elle rencontre et sa vitesse propre va en diminuant; d'autre part, l'intensité du rayonnement qu'elle émet décroît avec le temps suivant une loi exponentielle de décrément 20c inversement proportionnel au cane de la longueur d'onde; les sources rouges s'épuisanl, de ce fait, moins vite que les bleues, les faibles vitesses auront, dans le cas des grandes lon- gueurs d'onde, une inlluence plus grande que dans le cas des courtes, et la vitesse mesurée sera plus faible pour la raie rouge C que pour la raie bleue F. L'intensité en fonction de la vitesse, ou encore la répartition de la lumière dans la largeur d'un anneau interférentiel, est, en faisant abstrac- tion des mouvements propres des molécules, donnée par l'expression sa/ i 1 1 où K dépend de la nature du gaz et du nombre des molécules par centi- mètre cube. a est, ainsi que je l'ai indiqué, inversement proportionnel au carré de la longueur d'onde; dans le cas étudié, on a /^y /6563V \lj ■- \486../ " ' L'expérience donne, pour le rapport des vitesses, 1 ,6 ; ceci montre que la vitesse varie dans le sens prévu et n'est pas très loin d'être inversement proportionnelle au carré de la longueur d'onde. Ces considérations ne s'appliquent pas aux mesures faites sur les raies sombres du soleil; la vitesse déterminée speclroscopiquement doit être dans le cas de l'absorption indépendante de la longueur d'onde. Les corpuscules ioniques qui disséminent l'énergie reçue d'un train d'ondes incident, ne sont plus, comme dans le cas de l'émission, livrés à eux-mêmes, mais leur mouvement est entretenu; il doit donc durer tant que le corpuscule peut vibrer, c'est-à-dire autant que son ionisation. Dès lors, l'influence de la longueur d'onde disparait et, en particulier, la vitesse déterminée à l'aide de la raie C doit avoir la même valeur que celle que l'on obtient avec la raie F; or c'est bien ce que l'on observe, les nombres trouvés pour la vitesse de chute des centres, 3lan,8 avec la raie C, 3km,5 avec la raie F, peuvent être considérés comme identiques aux erreurs près d'observation. SÉANCE DU 27 JANVIER iqi3. 3l3 CHIMIE PHYSIQUE. — Mesure de l'énergie d'une radiation ultraviolette émise par un arc au mercure sous différents régimes. Note de M. Marcel Iîch.i . présentée par M. A. Haller. Dans une Note précédente ('),j'ai montré que le coefficient de vitesse de l'hydrolyse pholochiinique de l'acide tétrachloroplatinique varie propor- tionnellement à l'énergie rayonnante incidente (2) : cette relation permet de mesurer, avec une grande précision, en valeur relative, l'énergie d'un rayonnement ultraviolet. Il a semblé intéressant de déterminer, au moyen de cette méthode, comment varie l'émission de l'arc à vapeur de mercure en fonction delà puissance dépensée : diverses expériences ont été tentées dans ce sens, mais elles n'ont guère fourni de renseignements, qui puissent être nettement interprétés au point de vue quantitatif. La lampe à mercure en quartz e-t horizontale, du type Westinghouse Cooper- Hewitt, dit à 220 volts, c'est-à-dire qu'elle est lumineuse sur ucra : une telle longueur permet de produire des spectres très larges et transportant par suite beaucoup d'éner- gie. Les mesures ont porté sur le groupe 2536 U. A., qui est la radiation la plus intense du mercure dans l'extrême ultraviolet. L'arc commence à se maintenir déjà sous 25 volts; on lui donne de la stabilité, en introduisant dans le circuit une bobine de self-induction, qui sert d'amortisseur électromagnétique, sans modifier notablement le rendement de la lampe. Le Tableau suivant résume les expériences; on a affecté de l'indice 1 les grandeurs relatives au régime le plus bas (5o watts) : <$ U l H U1 w k TTT- ODS. w 1 — — Cille. — ohs. en watts. en volts. en ampères. en ohms. K. (i.V w, w, Pi 5o 2 9 !."'! 1 ('..() a3 1 1 ,00 o,<|3 1 ,O0 100 37,5 2,67 14,0 47 2 2,0 4 2,0 1,(1 >. i5o 46 ;..i, 1 ;. 1 75 0 0 .;.'.<. 3,3 1 ,09 200 55 3,64 i5,i 106 4 4,5i 4,8 1 , 1 '1 230 64 3,90 .6,4 .4r 5 6, 12 6,4 1 , •-■'> 3oo 73 4, 10 '7.8 i85 6 8,o5 8,2 1,34 35o 81 4,3o 18,8 234 - 10,2 io,3 1 . v> 4 00 9° 4,45 20,2 2QO 8 12,6 i2,5 1 . 5S 45o 99 4,55 2r,7 36o 9 i5,6 i5,8 >,74 "11111 108 4,65 23.2 44o ro r9,i 1 7 1 i 1,91 ( ' ) Marcel Boi.l, Relation entre ta vitesse a" une réaction pliolochimùjue et l'énergie rayonnante incidente (Comptes rendus, t. 156, 1 9 1 3, p. 1 38 ). ('') Une nouvelle preuve expérimentale de cette proportionnalité peu t être donnée en interceptant, par des écrans convenables, la moitié du faisceau parallèle entre les deux prismes : le coefficient de vitesse de la réaction diminue effectivement de moitié. 3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. La différence de potentiel U est une fonction rigoureusement linéaire de la puis- sance dépensée U =10,17.3 'À' -t- 20; c'est, par conséquent, une hyperbole qui représente la variation de l'intensité I en fonction de T ou de U ; R = -=- est la résistance apparente de la lampe. Le coefficient de vitesse K est donné par la relation K=± X te l — X . . . . / , mol.-e.N , . , ,, . , où c est la concentration initiale io_< — r. — — et c 1 — .r) la concentration d acide \ litre J chloroplatinique au temps t (exprimé en minutes) ('). Le coefficient K varie ^propor- tionnellement à l'énergie qui tombe sur la cuve de mesure et, par suite, à l'énergie de même fréquence W émise par l'arc. <£ . W On a reproduit ensuite les valeurs de —, puis les valeurs observées de ^- qui sont égales à ^- et aussi les valeurs de rapport -*- des rendements p rr — et px = — ; — K , pi {X X , W . . 'A1 L'émission -^r- est une fonction compliquée de — : v v , t 1 W - F ( * \ qui passe par l'origine F(o) = o. Cette fonction peut être développée en série de Mac Laurin, W . . . La colonne rrj- cale, montre avec quelle précision on peut se limiter aux deux pre- miers termes et admettre la formule parabolique ^ = o..84(!)+o,o9(!)2. L'énergie, de longueur d'onde 2.536 U. A., émise par un arc au mercure, est donc sensiblement une fonction parabolique de la puissance électrique dépensée. Les mesures et la formule précédente permettent de se rendre compte approximativement de l'émission d'une lampe à mercure quelconque sous ses différents régimes. (') Rappelons qu'on détermine, par une mesure électrométrique de conductivité, la proportion x détruite au bout de temps qui varient entre o,5 et 3 minutes. SÉANCE DU 27 JANVIER igi3. > 1 5 CHIMIE PHYSIQUE. — Déplacement des amy lamines primaires par le gaz ammoniac . Note de M. Félix Bidet, présentée par M. Haller. L'objet de ce travail est de rechercher l'influence de l'isomérie sur l'état d'équilibre d'un système défini. Ayant déjà étudié la réaction de l'ammoniac sur le chlorhydrate d'iso- amylamine rui ç"p ;CH — CH5-CH-AzlI--HCI, je vais indiquer les expériences que j'ai faites, dans les mêmes conditions, sur le chlorhydrate de l'amylamine normale CH3(CH2)3CH2AzH2HCI. Les poids des sels, mis en présence de volumes d'ammoniac sensiblement égaux, sont très voisins : Sel normal : ig,o47; se^ isomère : is,o4i. Dès que l'attaque a commencé, le système solide manque d'homogénéité, car il contient au moins trois constituants qui ne se mélangent pas d'une façon intime : le chlorhydrate d'ammoniaque, le chlorhydrate neutre d'amylamine et le chlorhydrate basique de cette aminé. Afin d'atténuer autant que possible cet inconvénient, j'ai divisé les deux sels avec des fragments de verre. Les deux appareils, dont les volumes sont sensiblement égaux, sont disposés, l'un près de l'autre, dans un même bain à température constante et les mesures des pressions s'effectuent sur une seule règle divisée en milli- mètres. Système A. - AzH3 gaz + £"3 ; CH - CH- - CH2 AzH2 — H Cl solide et anhydre : i° Lorsque le contact est établi entre le gaz et le sel à o°, la réaction, indiquée par l'ascension du ménisque de mercure, ne commence qu'au bout de i5 minutes; 20 Le solide s'agglomère, mais ne présente aucune gouttelette, même à 6i° dans la vapeur de chloroforme; 3° L'accroissement de pression, obtenu en élevant le réservoir mobile, donne, à température constante, une nouvelle valeur limite : 280""" au lieu de 252rom à o° et 475u,m au lieu de 395mm à 2i°,2; 3l(> ACADÉMIE DES SCIENCES. 4° Si l'on introduit une' nouvelle masse d'ammoniac, la pression d'équi- libre s'élève et passe, dans la glace fondante, de •i5imm à 342mm. Ce résultat, rapproché du précédent, montre que l'accroissement de la con- centration en ammoniac détermine une variation de même signe pour la valeur limite qui définit l'état d'équilibre; 5° Par contre, l'abaissement de la concentration permet de retrouver les valeurs inférieures, mais l'intervention fréquente de l'inertie a pour effet de retarder l'obtention de la limite prévue. Système IL AzH3 gaz + CH3 - CH2 - CH2 - CH2 — CH2AzIi2H ( :i solide et anhydre : i° Dès que le contact est établi entre le gaz et le solide, la réaction com- mence et progresse rapidement. Cette différence dans l'amorçage, à o°, me parait due à la présence de traces d'eau dans le sel normal; 2° L'agglomération du solide est très marquée et. aucun liquide n'est visible, même à 4o°. Mais, à partir de 5o°, on voit nettement des goutte- lettes se condenser au-dessus de la matière, puis disparaître, par refroidis- sement, pour se combiner à nouveau. Les composés basiques, formés par le chlorhydrate normal, sont donc plus facilement dissociables que les composés dérivés de l'isoamylamine. Les conclusions 3°, 4" et 5", relatives au système A, s'appliquent, dans ce cas, sans modification. Si donc on augmente la concentration en ammoniac, on obtient, à o°, pour la pression d'équilibre, deux valeurs distinctes : 62m™ et 92""1'. Le Tableau suivant permet de comparer les valeurs observées, exprimées en millimètres de mercure : Pressions. Températures. Sel isomère. Sel normal. 0 — a3 96 19 — 9,5 180 07 o (concentration faillie) 232 6? o (concentration forte) >So 92 21 ,2 (concentration faible) 090 218 21 ,2 (concentration forte) !\~~> 23S 5o (concentration faible) 678 685 5o (concentration forte) 726 741 De l'examen de ces chiffres, il ressort que les pressions pour le sel normal sont notablement inférieures, mais que, au-dessus de a3°, elles se rap- SÉANCE DU 27 JANVIER I()l3. 3 17 prochent des pressions relatives à l'isomère pour devenir sensiblement égales à 5o°. En outre, l'existence de plusieurs tensions fixes, à température constante, dénote l'existence de plusieurs composés définis dont l'état d'équilibre est une fonction de la concentration. Ces composés sont des chlorhydrates basiques formés par l'action secon- daire de l'aminé déplacée sur le chlorhydrate neutre inaltéré et répondent à la formule générale (CsH,1AzH!)«(CsHMAzH*HCa). La valeur de n, mesurée par l'expérience, est très voisine de a pour la pression 280""" observée à o". Ce résultat permet alors de représenter l'équilibre de la manière suivante pour le chlorhydrate d'isoamvlamine : 3(GiII"AzH-HCI)-H AzH3^(C3H11AzHs)2(CM-i'lAzH2HCl)4- AzH'CI. Les deux équilibres étudiés comportent, pour une température définie, une suite de phases intermédiaires, dues à l'existence de composés à fonc- tion mixte et peuvent èlre représentés, graphiquement, par une série de paliers. Chacun de ces paliers correspond ainsi à un sel défini, d'autant plus basique que la pression est plus élevée (pourvu que la température reste au voisinage de o° ) et l'ordonnée qui s'y rapporte est proportionne 'le à la pres- sion d'équilibre mesurée à température constante. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la miscibilité partielle des liquides. Note (') de M. Emile Balo, présentée par M. A. Haller. Les courbes de cristallisation commençante des mélanges binaires homo- gènes peuvent présenter diverses formes, même lorsque les constituants A et B ne réagissent pas chimiquement et ne forment pas de cristaux mixtes. Si la chaleur de dilution est négligeable, comme cela a lieu pour les mé- langes de bromure d'éthylène avec le benzène ou le toluène (mélanges qui peuvent se faire en toutes proportions), le diagramme de cristallisation se compose de deux courbes se rencontrant au point d'eutexie. (') Présentée dans la séance du 20 janvier 1913. 3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. La branche qui correspond à la cristallisation de l'un des corps tourne sa concavité vers les concentrations croissantes en ce corps. L'équation de la courbe est, dans ce cas ('), x étant la fraction de molécule du corps qui cristallise, A par exemple, pour une molécule du mélange; T, la température de cristallisation du corps A pur; T2 celle de ce corps dans la solution. Si la chaleur de dilution q n'est pas négligeable, l'équation devient ( 2) . E /Q - g Q La chaleur de dilution, qui est généralement négative lorsqu'il n'y a pas réaction chimique, a pour effet de modifier l'allure de la courbe. L'abaisse- ment du point de cristallisation est diminué, ainsi que la courbure. Si la chaleur de dilution est assez grande en valeur absolue, la courbure change d'abord de sens pour reprendre son signe habituel vers les basses températures. 11 se produit alors une inflexion. Cette inflexion, qui était très faible pour la cristallisation du benzène dans l'acide acétique (3), est plus prononcée pour le bromure d'éthylène dans le cyclohexane et davantage encore pour l'acide acétique dans le cyclohexane, comme le montrent la figure et le Tableau ci-après. Constituant T2. qui cristallise. (C'H'O2)». C6 H12. T,. mol mol I ,000 0,000 289,7 O , Ç)04 0,096 » 0,719 0,271 » 0,6ll 0,38g » 0 , 54o 0,46o » o,525 0,475 » o,46i 0,539 » (C*H*0?)« 287,2 284,9 284 , i5 283,9 284,o5 283,9 (') Comptes rendus, t, loO, 1910, p. 108;. (2) Comptes rendus, t. 154-, 1912. Cette expression n'est qu'approchée. Pour avoir une équation plus exacte, il faudrait connaître la relation q =/(T). (3) E. Baud, Annales de Chimie et île Physique, 8e série, 1912, p. 89. SÉANCE DU 27 JANVIER H)l3. 319 Constituant (C'Mi'O-)-. CGH'-. Ti- T.,. qui cristallise. n:ol o,4i5 0,820 □10I 0,585 0,680 289.7 » 283,9 283,7 (C*H*02)2 0,191 0,809 » 282,8 » 0,086 0,914 » 278,6 )) 0,037 o,o385 0,943 0,9616 279,3 274,6 271,95 » C° II1- 0,019 0 , 98 1 » 275,3 )> 0,000 1 ,000 » 279>3 » Tous ces mélanges peuvent encore se faire en toutes proportion liquide. Le phénomène représenté par la figure 1 s'exagérant, on concevoir une branche de courbe telle que celle de la ligure 2. s à lelat pourrait Fractions de Mol C6 H" ) 0.2 0» 0.6. 08 1 10° V 0° 6.3 T, \ X m \ \a /b 0.8 0 6 0.* 0 2 Fractions de Mol. ( C2 H» D! I ' Fie. ■■ Fig. !. Mais la courbe ne peut remonter au-dessus du point m et la partie mnp ne correspond pas à des mélanges homogènes et n'est pas réalisable. En effet, la température de cristallisation commençante du corps A dans la solution, de même que sa tension partielle, ne peuvent que diminuer par l'addition d'une nouvelle quantité de l'autre constituant. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 4.) 4l J20 ACADEMIE DES SCIENCES. Lorsque la concentration correspondant au minimum m a été atteinte, la miscibilité d'une nouvelle quantité de B ne se fait plus. Dans l'intervalle mp, la température de cristallisation restera constante, puisque la composition de la phase considérée l'est aussi. Elle recommencera à baisser lorsque la miscibilité redeviendra complète, c'est-à-dire pour la concentration correspondant àyj. C'est l'allure que présente la courbe de cristallisation commençante de l'acide isobutyrique (méthylpropanoïque) dans l'eau ( ' ). Les mélanges de cyclohexaue et d'acide acétique sont assez instructifs au point de vue de la théorie précédente. Ils se font avec une absorption de chaleur relativement grande : La chaleur de dilution est de — oCal, 44°Pour le mélange équimoléculaire. Ces mélanges, qui peuvent avoir lieu en toutes proportions, doivent être dans un état très voisin de la miscibilité limitée, à en juger par la courbe {fis- 0- fl suffît, en effet, d'ajouter à la solution équimoléculaire yjV0 de son volume d'eau pour provoquer la séparation en deux phases. Pour trouver les conditions de la miscibilité partielle, il suffira d'écrire que la température de cristallisation commençante ou, ce qui revient au même, que'Ia tension de vapeur partielle du corps considéré passe par un minimum. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la déformation des alliages plastiques et leur recuit après déformation. Note (2) de M. A. Portevix, présentée par M. Henry Le Chatelier. Les métaux purs et les solutions solides métalliques donnent naissance, lors de leur solidification, à des dendrites qui, par leur limitation mutuelle, divisent le métal solidifié complètement en grains irréguliers de première consolidation; à chaque édifice dendritique correspond une unité cristalline, grain ou cristal allotrimorphique, caractérisée par son orientation cristal- line. Le nombre des grains contenus dans un volume donné croît avec la vitesse de solidification (3) de sorte que l'on peut faire grossir ces grains de ( ') Faucon, Annales de Ckim. et \ — 72,6 (Owen ) ^ !_ ;8 (Honda) ^ (Pa-1) r> 1 1 j- ,\ \ — 5q55 (Owen) Carbone (diamant).... ■> ' 6 (Pascal) I — 09 ( Honda ) 1 — 1 55 (Owen) Soufre -,.,0 (Pascal) f — 13 1 (Honda 1 Chlore —201 (Pascal) — 199 (Pascal) — 3 20 (Owen) — 3o6 (Honda) — 3o', (Pascal) — 3o6 (Pascal) -, , l — 459 (Owen) Iode ,,, „ , - 446 (Pascal) I — 444 (Honda Pour essayer d'étendre ces résultats aux dérivés métalliques, nous avons en premier lieu examiné de nombreux composés organo-métalliques, et nous avons été ainsi conduit à découvrir un certain nombre de relations qui méritent d'être signalées. Le coefficient d'aimantation atomique yA d'un métal diamagnétique A, calculé par différence, grâce aux règles d'additivité valables en Chimie orga- nique, n'a plus une valeur constante ; il décroît en valeur absolue quand on fait croître le poids moléculaire du dérivé organo-métallique où il est engagé. Parmi les exemples les plus frappants de cette loi fort générale, citons le cas des dérivés du mercure et de l'étain ('). Composés... Hg(CH')2 Hg(Ç*H«)« Hg(CMP')2 Hg(C«Hl»)« limite io'.%Hg — 46o — 4<>8 — 36i —354 — 33i Composés... Sn(CH3)4 Sn(C»H5)* Sn (C4H9)1 Sn (C3H" )'• limite 1 o7. Xsn — io5 — 33g — 3 1 1 - 399 - 299 Chacune des deux séries de nombres tend visiblement vers une limite qu'on a calculée approximativement en supposant que les points figuratifs du Tableau se placent sur deux hyperboles équilatères, hypothèse extrême- ment voisine de la réalité. Mais alors s'impose une constatation remarquable, dans laquelle il faut voir autre chose qu'une coïncidence fortuite : les limites calculées précé- (') Certains des termes étudiés, non encore signalés, ont été préparés par l'action du magnésien correspondant sur le chlorure du métal. SÉANCE DU 27 JANVIER IO/l3. 3a5 demment coïncident presque exactement avec les coefficients atomiques du mercure et de rétain, déterminés directement, savoir : /iia=: — 334. io^7 ( Pascal) ; •/*„ = — 3o3 . io~~ (Onen ). Si les résultats précédents se généralisent, comme le font penser d'autres expériences en cours, l'additivilé du diamagnétisme des métaux en combi- naison organo-métallique de la série grasse se présentera comme une loi limite, pratiquement réalisée dans les termes élevés de chaque série, c'est- à-dire lorsque les métaux perdent au milieu de nombreux atomes métalloï- diqucs l'individualité si fortement accusée qu'ils possèdent dans leurs com- binaisons simples. Il est facile de prévoir quel intérêt présenterait une telle propriété. La détermination du coefficient d'aimantation d'un élément diamagné- tique présente des difficultés souvent insurmontables, à cause de l'impossi- bilité où l'on se trouve parfois d'en préparer un échantillon exempt de fer ou d'autres impuretés magnétiques. D'après ce qui précède, il suffirait de passer par l'intermédiaire de ses dérivés organo-métalliques gras, plus faciles à préparera l'état de pureté chimique et magnétique. En complétant, au besoin, ces déterminations par l'étude des sels organiques correspondants, on aurait sans doute une valeur beaucoup plus sûre, dans bien des cas, du coefficient d'aimantation du métal. C'est dans ce sens que nous poursuivons ces recherches assez pénibles. CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une méthode d'analyse des mélanges d'hydro- gène ei d'hydrocarbures saturés gazeux : mélanges complexes. Note(') de MM. P. Lebeau et A. Damiens, présentée par M. H. Le Chatelier. Dans une précédente Communication (-) nous avons montré comment on pouvait procéder à l'analyse quantitative d'un mélange d'hydrogène et de méthane avec l'étliane ou le propane, ou même avec ces deux carbures. Nous décrirons aujourd'hui les expériences qui nous ont permis de généra- liser la méthode employée. Le premier mélange que nous avons étudié dans ce but renfermait de l'éthane (P. E. — 93°), du propane (P. E. — 44°>5) et de l'isobutane (P. E. — ro°,5). (') Présentée dans la séance du 20 janvier igi3. (2) P. Lebeau et A. Damiens, Comptes rendus, t. 15(i, 1918, p. 1 \\. 326 ACADÉMIE DES SCIENCES. Pour évaluer par l'analyse eudiomélrique les proportions relatives de chacun de ces gaz, il est nécessaire de les séparer en deux portions : l'une formée seulement d'éthane el de propane, l'autre de propane et d'isobutane. Il faut, par conséquent, connaître une température à laquelle l'éthane el une portion du propane seront seuls entraînés sous l'action de la trompe à mercure, l'isobutane restant en totalité dans le conden- seur avec l'autre portion du propane. La température à laquelle l'isobutane a une tension pratiquement nulle est de — 1 18° à — I20°. En outre, nous avons reconnu que l'addition à l'isobutane d'une petite quan- tité de propane élevait la tension d'il mélange. A — 780 par exemple. 0,9 pour 100 de propane font monter la tension de l'isobutane de i2mm,7 à i9ra'n,o,. Le phénomène est du même ordre pour le propane contenant i,3 pour 100 de l'éthane. A cette même température, le propane renfermant 1 ,3 pour 100 d'éthane avait une tension de i47mm. 7 au lieu de i45""",i pour le propane pur. En soumettant le mélange des trois carbures à une température inférieure à — 1200. on peut espérer extraire la totalité de l'éthane avec du propane. Dans le but de pré- ciser les conditions de l'expérience, nous avons étudié le fractionnement du mélange suivant ( ' ) : Éthane gcm% 19 Propane 7e01', 19 Isobutane 2cmS, o3 Nous avons résumé dans le tableau suivant les résultats fournis par la combustion eudiométrique des diverses fractions recueillies. Butane recueilli. p. 100. Température d'extraction. Eth recueilli. a ne p. 100. Pr recueilli. opane p. 100. 1.. 0 . — 135 cm3 6,85 IOO cru3 » 2.. — 133 .,34 IOO » » 3.. 4... . — 132 . — i.3o i,57 1,68 95>9 95-7 0,o66 0,075 6,1 6,3 0.. — i3o i,44 88,2 o,'9 n,8 C. . — i3o 1 ,5i " 88,7 0,19 u,3 7.. 8.. . -127 — 12 3,5 0,76 » 59 >2 » 0,52 1,86 4o,8 IOO 9.. 10.. — 121 • —119 » i>"9 °-79 73>9 80,6 11.. — 116,.") » )i 1,02 68,2 12.. 13.. . -114 ■ + 14 » » » '.27 70,1 9. '5 7>'4 au lieu de 9,19 7. '9 0,42 26, I 0, 19 '9-4 o,46 3i,8 o,54 29>9 0,37 100 >,9» 2,o3 Il apparaît clairement qu'en maintenant un tel mélange à — 1270, on (') Tous les volumes gazeux sont ramenés à o° et 760""1'. SÉANCE DU 27 JANVIER If)l3. 'S27 extrait à la trompe à mercure tout l'éthane mélangé d'une partie du pro- pane. Nous citerons l'une de nos expériences de vérification : Mélange initial : élliane 4cm'.4' I propane ô' n'% 35 ; isobulane 2,m',64. Volume total : i2'"'\4o. Volume extrait à la trompe à — i27°-ioo" : 7e1"1, 08. Composition du gaz : élliane 4cnl', 35; propane 2cm\57. Volume extrait à la température ordinaire : 5im>, 36. Composition du gaz : propane 2,,"",90; isobutane 2e1"3, 54. Composition trouvée : élliane 4cm*,35 ; propane 5cm\ 47 ; isobulane 2,m\ 54. Volume total : i2COJ',36. La présence du butane normal ne saurait être indiquée par les combus- tions eudiométriques, mais il sera possible de constater son existence par un fractionnement convenable des dernières portions. Dans le cas où les carbures gazeux sont mélangés à des vapeurs de car- bures liquides, ou même à ces carbures liquides eux-mêmes, nous refroi- dissons le mélange à — 780, et nous procédons à une première extraction à la trompe à mercure, de manière à séparer tous les carbures gazeux avec une petite quantité de vapeurs de carbures liquides. Vers — ioo° les pen- ' tanes n'ont plus de tension sensible, et l'on peut isoler les carbures gazeux, ce qui nous ramène au cas précédemment étudié. En résumé, en tenant compte des différences de tension des carbures d'bydrogène liquéfiés, nous avons pu montrer qu'à certaines températures il était possible de les séparer en portions ne renfermant que deux carbures connus et pour lesquelles l'analyse eudiométrique pouvait être employée sans indétermination. Celle mclbode apporte la solution d'un problème jusqu ici très imparfaitement résolu. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques réactions de i amidure de sodium en présence d' ammoniac liquide. Formation des carbures èlhy Uniques,. Note de M. E. Cuabi.av, présentée par M. A. Haller. Depuis quelques années l'amidurc de sodium a fait l'objet d'un certain nombre de travaux de Chimie organique, parmi lesquels je cilerai ceux de MM. Titberley, Franklin cl Ivraus, Franklin et Stafïbrd, AlexeïefT, Brûhl. M. Haller ('), en particulier, en a fait un fréquent usage dans ces derniers (') Haller, Comptes rendus, t. 138, 190.1. p. >'3g; Bull. Soc. chim., 3e <érie, p. ii55. — Hallbb et Bauer, Comptes rendus, 1. 150. 1910, p. 582 et 661. C. R-., 191.3, ■" Semestre. (T. 15G, N* 4.) 42 328 ACADÉMIE DES SCIENCES. temps. MM. Meunier et Desparmet (' ) ont montré que ce composé pouvait jouer le même rôle que la potasse alcoolique vis-à-vis de certains dérivés halogènes, comme le bromure d'éthylène qui fournit l'acétylène sous l'action de ce réactif. Enfin M. Lebeau(2), dans le but d'expliquer la forma- tion des aminés primaires qui prennent naissance dans l'action des métaux ammoniums sur les dérivés halogènes monosubstitués des carbures formé- niques, a fait réagir l'iodure d'éthyle sur AzH2Na en présence de AzH3 liquide; cette réaction lui fournit en effet l'éthylamine C2 H5 1 + Az H2 . Na = Na I + C2 H5 . Az H2. J'avais d'ailleurs moi-même constaté ce mode de formation des aminés, vers la même époque, mais en employant l'iodure et le chlorure de méthyle. L'amidure de sodium est, comme, on lésait, un des produits qui prennent naissance dans l'action des métaux ammoniums sur les dérivés halogènes des carbures saturés. Ayant constaté dans les produits de ces réactions la présence de carbures éthyléniques, j'ai été amené à rechercher si leur for- mation n'était pas due à l'action de l'amidure de sodium sur les halogènes alcooliques, action qui fournit en même temps les aminés primaires. Iodure de mèthyle et amidure de sodium. — Si l'on fait tomber par petites por- tions de l'iodure de mélliyle sur AzH* .Na eu suspension dans AzH3 liquide, il se produit une vive réaction se traduisant par une ébullition rapide de l'ammoniac. L'opé- ration se fait dans un tube de verre communiquant avec un appareil permettant de recueillir les gaz et d'absorber en même temps l'ammoniac et les aminés entraînées au moyen de HCI ou S04H2 étendus. Les produits de la réaction sont constitués par de l'iodure de sodium et de la monométhylamine iCH3I + AzHî.Na = NaI -+- CH3— AzH2. Iodure d'éthyle. — En opérant de même avec CSHBI, on obtient également une vive réaction, mais toutefois un peu moins énergique qu'avec CI13I; en même temps il se dégage un gaz présentant toutes les propriétés de l'éthyléne; il est en effet absorbé immédiatement par le brome et la combustion eudiométrique lui assigne la formule CH4. Les proportions dans lesquelles il se forme sont les suivantes : I. G2 II5 1 employé 28,4' 2 millimol C2H* recueilli i ,729 millimol ou 3S""3, 6 il connus à l'époque où a été publiée la méthode biochimique de synthèse des alcoolglucosides p('), étaient le méthylgalactoside [3 et l'éthylgalactoside [3, qui ont été préparés pour la première fois, et cela par voie chimique, le premier, en 1895, par E. Fischer(-) et le second, en 1902, par E. Fischer et E.-F. Armstrong(3). Ces deux galactosides étant hydrolyses par l'émulsine (ou, pour mieux dire, par un ferment contenu dans ce produit), il était à présumer que, non seulement on pourrait les obtenir par une méthode biochimique semblable à celle qui a servi à préparer les alcoolglucosides (3, mais encore qu'on pourrait, de la même façon, obtenir les galactosides (3 des autres alcools. L'expérience a donné raison à ces prévisions; déjà a été préparé par ce procédé l'éthylgalactoside [3 ('), et aujourd'hui nous exposons la synthèse de deux nouveaux alcoolgalactosides (3, inconnus jusqu'ici, l'un de la série acyclique, le propygalactoside (i, et l'autre de la série cyclique, le benzylgalactoside [3. Propylgalactoside (3. — Préparation. — Dans ôoo11"' d'alcool propyiique renfer- mant, en poids, 20 pour ioo d'eau, on a fait dissoudre 6s de galactose. Le lendemain, on a ajouté 2s d'émulsine en poudre et l'on a abandonné le mélange à la température du laboratoire (-1- i5° à -I-180), en agitant de temps en temps. La rotation du liquide, qui était au début de l'expérience de -+- i°28' (■"), a diminué peu à peu comme l'indiquent les chiffres suivants : (') Em. Bourquklot et M. Briuel, Comptes rendus, passiin, 1912. (2) Ber. d.d. chem. Gesells., t. XXVIU, 189.5. p. n45. (3) lbid., t. XXXV, 1902, p. 3.53. ('') Em. BouRQUELOr et H. Hérissey, Comptes rendus, t. 15o, 1912, p. 731. (5) Le pouvoir rotatoire du galactose est plus faible dans l'alcool propyiique que dans l'eau. SÉANCE DU 27 JANVIER l<)l3. 33l Durée 10 jours 23 jours 40 jours 53 jours 70 jours Rotation -+- i"V 1-56' -+- 42' 4-34' + 28' Au hou t de 70 jours, la réaction étant fortement ralentie, on a arrêté l'opération et procédé à l'extraction du galactoside supposé formé. On a filtré, on a distillé à sec, sous pression réduite; on a traité à deux reprises le résidu par 4oocm' d'étlier acétique anhydre, bouillant, en employant à chaque fois 200cm'. On a laissé reposer les liqueurs ethéro-acétiques, plusieurs jours, pour permettre au galactose dissous à chaud de se déposer. On a concentré à 4oom\ et, par refroidissement, le propylgalactoside a cris- tallisé en belles aiguilles blanches qu'on a essorées, lavées à l'éther acétique et fait sécher dans le vide sulfurique. On a ainsi obtenu r>." de produit qu'on a fait dissoudre dans l'eau. La solution filtrée et limpide a été évaporée à sec, et le résidu cristallisé a été purifié par une cristallisation dans i5 parties d'acétone bouillant. Le produit obtenu a été séché à l'étuve à -+- 8o° pour enlever toute trace d'acétone. Propriétés. — Le propylgalactoside [3 est cristallisé en longues aiguilles blanches; il est inodore, légèrement amer, non liygroscopique ; il est très soluble dans l'eau et dans l'alcool. Il fond à -+- io5°-io6° (corr.). Son pouvoir rotatoire, en solution aqueuse, a été trouvé égal à — 8°, 86 (/> = o,3386; t'= i5; / =2; a= — 24). Il réduit très légèrement la liqueur cuivrique. En solution aqueuse, il est hydrolyse par l'émulsine des amandes. La rotation d'une solution de propylgalactoside (3 à 3, 21 53 pour 100, a passé, sous l 'influence de l'émulsine, en 2 jours, de — 34' à -1- 3"36'; il s'était formé, en même temps, 2S,253 de sucre réducteur, exprimé en galactose, pour ioo'"'". Si l'hydrolyse avait été complète, la déviation aurait dû passera -+- 4°i V; l'hydrolyse n'était donc pas terminée. Mais si, avec ces données, on calcule l'indice de réduction enzymolytique, on trouve 536, c'est-à-dire l'indice du propylgalactoside [3 (théorie: 5/j3). Benzylgalacioside (3. — Préparation. — \ iooo""1 environ d'alcool benzvlique saturé d'eau et limpide, on a ajouté 128 de galactose finement pulvérisé et 4°-5o d'émulsine en poudré. Le mélange a été placé, pendant toute la durée de l'expérience, dans une éluve à -H 3o°. Au début, la rotation était de •+ i8'(/ = 2). Elle a passé, en 20 à 25 jours, à — \' on — 6', sans changer par la suite bien qu'on ait laissé la réaction se prolonger encore pendant 2 mois environ. A ce moment la solution filtrée a été épuisée par l'eau distillée (9 reprises de 3oocm> chacune). Les liqueurs aqueuses, réunies, ont été concentrées, sons pression réduite, à 35oc'"' environ, puis agitées avec 4oocm' d'éther ordinaire pour éliminer l'alcool benzylique entraîné. On a ensuite évaporé le liquide aqueux, à sec, et l'on a repris le 332 ACADÉMIE DES SCIENCES. résidu par l'éther acétique anhydre bouillant. Après 24 heures de repos, ona concen- tré la solution éthéro-acélique à 8ocm' environ et le benzylgalactoside n'a pas tardé à cristalliser. On l'a essoré et on l'a fait sécher dans le vide sulfurique (2s, 80 environ). On l'a purifié par une nouvelle cristallisation dans l'acétone bouillant, puis on l'a fait sécher dans le vide sulfurique. Propriétés. — Le benzylgalactoside (3 se présente sous forme de longues aiguilles blanches. Il est inodore et possède une saveur amère désagréable. Il n'est pas hygroscopique. Desséché dans le vide sulfurique, il fond à -4- ioo°-ioi°, et le produit fondu, solidifié par refroidissement, ne fond plus qu'à ■+- 1 ip,"-i2o°. Il est très soluble dans l'eau. Son pouvoir rotatoire en solution aqueuse, est de — 25°, o5 pour une concentration de 2,9933 pour 100. Il ne donne, avec la liqueur cuivrique, que des traces de réduction. L'acide sulfurique à 2,5 pour 100 l'hydrolyse complètement en 2 heures, à la température du bain-marie bouillant. Une solution à 1,4966 pour iooca,s accusait, après hydrolyse, une rotation de + i°32'(ï= 2) (théorie -+- 1°35') et une teneur en sucre réducteur exprimé en galactose de tB,oi4 (théorie 0^,997). 11 est également hydrolyse par l'émulsine des amandes, en solution aqueuse. CHIMIE OKGANIQUE. — Sur t'ix-chlorocyclopenlanone et ses dérivés. Note de MM. Marcel Godchot et Félix Taboury, présentée par M. Jungfleisch. Dans de précédentes Communications ('), nous avons fait connaître de nombreux dérivés cyclopentaniques. La présente Note a pour but d'indi- quer les résultats que nous avons obtenus dans l'action du chlore sur la cyclopentanone et de montrer que le dérivé monochloré qu'elle fournit peut servir de matière première pour l'obtention d'une cyclopentanolone et d'une cyclopenténone. Monochlorocyclopentanone C5H7OCI. — Quand on fait passer du chlore sec sur la cyclopentanone, maintenue à la lumière diffuse, en évitant de dépas- ser une température de 20° et en s'arrêlant lorsqu'on a fait réagir un peu plus de 2" de chlore pour 1""" de cétone, on isole, par distillations fractionnées du produit de la réaction, après traitements convenables, un composé, bouillant vers 80" sous 10""", qui est constitué par de la mono- (') Comptes rendus, t. 152, p. 681; t. 133. p. 1010; t. 154, p. i62.5; t. 155, p. i522. SÉANCE DU 27 JANVIER 1 9 1 3 . 333 chlorocyclopentanone; les rendements sont voisins de 5o pour 100. Cette cétone chlorée, qui est liquide, a pour densité, à i4°, 1 ^70 et pour indice de réfraction, à i4° et par rapport à la raie D, 1 ,4782, ce qui donne pour la réfraction moléculaire 28,26, alors que la réfraction moléculaire théorique est égale à 28, 1 3. Cyclopejitartone-i-ol-i C5H80J. — L'atome de chlore est très mobile dans la monochlorocyclopentanone; l'eau, à ioo°, seule ou en présence de carbonate de baryum, l'hydrolyse en donnant la cétone-alcool corres- pondante. Cette dernière constitue un liquide sirupeux, bouillant vers 8o° sous i2mm, ne cristallisant pas à — 23° et dont la densité est égale à 1,1680. Très soluble dans l'eau et tous les dissolvants usuels, elle donne, en solution, une coloration brun rougeàtre avec la potasse et une coloration rouge violacée avec le perchlorure de fer. Elle possède une certaine acidité qui fait virer au rouge le lackmoïde. Avec la phénylhydrazine, elle donne une phénylhydrazone constituée par de belles aiguilles jaunâtres, fusibles à i42°-i43°, peu solubles à froid dans le benzène. Avec l'acétate de semi- carbazide, elle fournit une semicarbazone se présentant sous forme d'une poudre jaune, insoluble dans l'alcool ordinaire, se décomposant vers 1700 sans fondre. Lorsqu'on oxyde la cyclopentanolone par le permanganate de potassium à 1 pour 100 et à la température ordinaire, on obtient, avec un très bon rendement, de l'acide glutarique. Ce fait établit la constitution de ce nouveau composé, et par suite celle de la chlorocyclopentanone dont il dérive : _ CH2 CH» CH2 IPC H2C ,co CIICI ll2C H-C CO CHOU H2C IPG CO OH C001I Cyclopentênone C;HcO. — Cette cétone non saturée prend naissance lorsqu'on essaye de distiller à la pression ordinaire la chlorocyclopenta- none, ce qui provoque le départ d'acide chlorhydrique. On arrive au même résultat, mais avec un meilleur rendement, lorsqu'on chauffe le dérivé chloré en présence d'un excès de diéthylaniline : CH2 H,c/\co H2C CH2 |12C/\co — »- CIICI HC Cil 334 ACADÉMIE DES SCIENCES. La cyclopenténone conslilue un liquide incolore, à odeur agréable, bouillant vers i35°-i36° à la pression ordinaire el vers /jo° sous i2,ni". Elle est assez soluble dans l'eau et se combine très facilement au bisulfite de soude pour donner une combinaison cristallisée. Sa semicarbazone forme de belles feuilles incolores, fusibles à 2i4°-^i5", peu solubles dans l'alcool froid. Son oxime, qui cristallise en donnant de belles aiguilles de plusieurs centimètres de longueur, fond à 52g:53°i Nous publierons ailleurs le détail de toutes ces recbercbes. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la minéralisation comparée des régions cancérisées du foie et des régions relativement saines. Note de M. Albert Robix, présentée par M. Armand Gautier. i° Le foie cancéreux, considéré à l'état sec, tend à s'enrichir en prin- cipes inorganiques : Matériaux inorganiques pour 100 de foie sec. Cancer du foie à marche rapide (régions très atteintes) 5, 900 Id. (régions relativement saines) 5,4oo Cancer du foie à marche lente (régions très atteintes) 6,600 Id. (légions relativement saines) 6,000 Foie sain 5 , oaô 20 Les régions cancérisées sont plus minéralisées que les régions relati- vement saines, sauf en ce qui concerne la magnésie dans le cancer hépa- tique à marche rapide. 3* La surminéralisation ne porte pas sur tous les principes inorganiques. Certains d'entre eux sont en excès, d'autres sont déficitaires. 4° Les principes fixés en excès, à divers degrés, sont le phosphore, la soude, la potasse, la magnésie et la silice. 5° Les principes déficitaires sont la chaux et le fer. Pourcentage des fixations et des déficits minéraux par rapport au foie sain. Cancer à hïarche rapide. Cancer à marche lente. Régions très Principes en excès. atteintes. Magnésie 140 Potasse 5o Soude 33 Acide phosphorique 8 Régions Régions très Régions saines. atteintes. ^aillcs. 60 24,6 6l 73 8,6 8 ,,:. 98,7 195 1 1 18,8 2,5 SEANCE DU 27 JANVIER Iç>l3. 335 Cancer à marche rapide. Cancer à marche lente. Régions Régions très Régions très Régions Principes déficitaires. atteintes. saines. atteintes. saines. Chaux 5g 25,6 4g, 2 ig,7 Fer 7g 74,7 4i 48, 1 6° Aucun de ces caractères n'est spécifique du sol cancéreux, puisque j'ai constaté également le déficit de la chaux dans le foie de trois phtisiques, du fer dans le foie d'un d'entre eux, et que la potasse est accrue aussi bien dans le foie cancéreux que dans celui de deux phtisiques sur trois. 70 II parait résulter des analyses comparées du foie cancéreux et du poumon tuberculeux que l'activité de construction néoplasique utilise plus de soude que de potasse, alors que la construction tuberculeuse emploie plus de potasse que de soude : Potasse et soude dans le foie cancéreux et dans le poumon tuberculeux. Pour 100 de lissu sec. Potasse. Soude. Cancer du foie (marche rapide) (parties très atteintes). .. . 0,711 1,612 Id. ( parties saines) 0j7'5 i,o85 Foie normal o,658 0,546 Poumon tuberculeux (parties très atteintes) 1 ,548 0,gia Id. (parties saines) i,583 o,845 Poumon normal o,738(') 1 ,226c') 8° La silice, le phosphore, la potasse, la soude et la magnésie semblent être des agents de construction cellulaire néoplasique, mais sans spécificité pour le cancer, tandis que les matériaux déficitaires représenteraient plutôt des agents de défense organique. 90 La teneur en silice est plus grande dans les régions très atteintes que dans celles relativement saines : Teneur du foie en silice. Pour 100 de tissu sec. Cancer du foie à marche lente (régions très atteintes) o,oi5 Id. (régions relativement saines) 0,010 Cancer du foie à marche rapide (régions très atteintes) o,o3g Id. ( régions relativement saines) o,o25 Foie gras d'alcoolique o , oo5 Foie de phtisique chronique 0,020 (1) Moyenne de 4 analyses (minimum os, 612 maximum; os,852). (2) Id. (minimum 08,980 maximum; i&,36o). C. R., ioi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 4.) 4-J 336 ACADÉMIE DES SCIENCES. io° La silice étant l'un des éléments minéraux pour ainsi dire spécifiques de la construction des tissus conjonctifs et fibreux, son augmentation peut être considérée (contrairement aux autres principes fixés) comme l'ex- pression d'un effort défensif de l'organisme, effort que l'organe intéressé utilisera ou non, suivant les formes de la néoplasie et ses aptitudes évo- lutives. it° L'hypothèse précédente sur le rôle de la potasse comme agent de construction cellulaire néoplasique et de la chaux comme agent minéral de défense organique est confirmée par les expériences récentes de Goldzicher. 12° Le fait que le tissu cancéreux du foie possède la propriété de fixer certains éléments minéraux, ouvre une voie aux recherches thérapeutiques. On sait déjà qu'il fixe l'iode (Loeb et van der Velden), l'arsenic en combi- naison organique (F. Blumenthal) et le sélénium (Wassermann). Il n'est donc pas irrationnel d'espérer que des recherches cliniques et expéri- mentales permettront de découvrir le principe inorganique qui, muni des fixateurs capables de s'accrocher aux cepteurs des éléments chimiques constituants de la cellule cancéreuse, sera capable d'exercer sur celle-ci une action modificatrice et peut-être thérapeutique. C'est dans ce sens que j'ai orienté de nouvelles recherches. PARASITOLOGIE. — Sur le râle de la spatule de la Cécidomyie parasite du Buis. Note de M. J. Chaîne, présentée par M. Edmond Perrier. Le rôle de la spatule des larves de Cécidomyies a été bien discuté par les auteurs qui se sont occupés de ces Insectes, et bien diverses ont été les opinions émises à ce sujet. Dans cette Note, je ne chercherai pas.à donner une idée générale des fonctions de cet organe dans l'ensemble de la famille des Cécidomyides; je n'envisagerai seulement que la Cécidomyie du Buis (Monart/iropalpus buxi Lab.), espèce que j'ai étudiée avec détails et pendant trois années consécutives, soit dans mon laboratoire, soit dans mes champs d'expérience. Laboulbène a dit que la spatule de la parve de la Cécidomyie du Buis « lui sert, sans nul doute, pour tracer, entre les deux lames de la feuille du Buis, sa galerie de mineuse » et encore qu'elle « décolle à la manière d'un coin les parties supérieure et inférieure de la feuille ». Cela n'est pas, car la spatule n'est bien développée qu'à un moment voisin de la maturité lar- SÉANCE DU 27 JANVIER Io,l3. 337 vaire, c'est-à-dire à une époque où la mine est déjà complètement formée; elle ne saurait donc servir à la constituer. Beaucoup d'auteurs ont vu dans la spatule un organe de perforation. Cela n'est pas admissible pour la larve du Monarthropalpus buœi, cette larve n'ayant jamais rien à perforer. Pendant toute sa vie en effet, elle reste emprisonnée dans sa mine parfaitement close, sans jamais en sortir, ni trouer les lames qui limitent cette cavité; c'est la nymphe qui perce la cécidie, et la nymphe n'a pas de spatule. Je n'insisterai pas sur l'opinion de Mik, qui considère la spatule comme un instrument de filage. Notre larve ne fde pas, puisqu'elle ne forme pas de cocon. On a aussi admis que la spatule était un organe de locomotion; cette opinion, qui peut être admise pour les espèces libres, ne peut pas être acceptée pour la larve de la Cécidomyie du Buis. Celle-ci, incluse dans sa mine, ne se déplace guère, en effet; et, si par hasard des déplacements ont lieu, ils sont si restreints qu'on ne saurait concevoir qu'un organe spécial soit nécessaire pour qu'ils puissent s'effectuer. Par contre, on peut bien parler de mouvements et de déplacements, lorsque l'animal est extrait de sa loge; mais ceux-ci n'ont guère d'importance, car ils sont anormaux, par le fait que si l'être sort de sa cécidie, c'est par suite d'une action mécanique portant sur la feuille à l'intérieur de laquelle il vit, action à laquelle, du reste, il reste toujours totalement étranger. Je n'ai pas non plus à envisager la spatule comme organe du saut, rôle qui parait indéniable chez certaines espèces comme l'a, du reste, montré A. Giard. Elle ne saurait remplir cette fonction chez le Diptère qui nous occupe ici par la raison que les larves de la Cécidomyie du Buis, constam- ment enfermées dans leur mine étroite, ne peuvent jamais sauter; ces êtres ne sautent d'ailleurs pas davantage lorsqu'on les extrait de leur prison et qu'on les pose sur la table d'observation. On a également dit (Enock, Marchai) que la spatule pouvait permettre à la larve de se retourner dans son cocon. Cette opinion, qui a certainement sa valeur pour les espèces qui se constituent un cocon, ne peut pas être acceptée pour la Cécidomyie du Buis qui ne file jamais cette enveloppe. Je pense que la spatule de la Cécidomyie du Buis est simplement un organe de soutien, qu'elle permet à la larve de se maintenir en place à l'intérieur de sa mine et qu'elle complète ainsi l'action des verrues; par sa taille et par sa forme elle permet au sujet de mieux se fixer qu'avec seule- ment ces derniers organes. Cette fonction attribuée à la spatule de cette 338 ACADEMIE DES SCIENCES. espèce concorde bien avec le fait que ce n'est que vers la fin de la vie larvaire que la larve possède un tel organe bien constitué. En ce moment, en effet, la loge est beaucoup plus vaste que précédemment; par consé- quent les deux lames foliaires qui la limitent sont plus espacées qu'autre- fois; jusque-là les verrues pouvaient suffire à agripper l'être, mais dès lors, par suite de l'élargissement de la loge, la larve ne touchant plus aussi intimement les parois de la mine, elles trouvent un adjuvant des plus utiles dans un organe nouveau, plus long et plus puissant qu'elles. Par la fixation qu elle donne au corps, la spatule favorise aussi les petits mouvements, si rares et si limités, que la larve effectue parfois au sein de sa demeure. Lorsque la larve est extraite de sa mine (fait sans importance, puisque anormal et indépendant de l'être), la spatule peut aider à la produc- tion des mouvements de rotation et de flexion que présente alors l'être, en lui servant d'arc-boutant. MÉDECINE. — L'antigène dans la réaction de Wassermann. Note de M. A. Desmoumëre, présentée par M. Guignard. Nous avons, dans trois Notes antérieures ('), exposé un résumé de nos recherches sur l'antigène syphilitique, et donné le mode de préparation et l'utilisation d'un antigène à base de cholestérine, dissoute dans une macé- ration alcoolique de poudre de foie épuisée à l'éther. En ce qui concerne l'utilisation de notre antigène dans la réaction de Wassermann, nous croyons utile d'appeler l'attention sur les points suivants : i° L'antigène doit être conservé à une température voisine de i5°; ainsi que le fait a été signalé, la conservation des antigènes dans une glacière en mo- difie les propriétés et doit être rejetée. 2° Il est préférable d'effectuer la dilution de notre antigène dans du sérum physiologique, préalablement amené à une température voisine de 2o°. La dilution effectuée avec du sérum physiologique froid peut occasionner la précipitation de flocons de cholestérine, ce qui rend le produit non (') A. Desmoulière, L'antigène dans la réaction de Wassermann {Comptes rendus, t. 155, p. 692, séance du 23 septembre 1912; p. 927, séance du l\ novembre 191 2 ; p. 1 1 10, séance du 25 novembre 1912 ). SEANCE DU 27 JANVIER I0,l3. 33$ homogène, en modifie les propriétés, et rend impossible la répartition exacte de la dilution dans les tubes à hémolyse. 3° Nous insistons sur la nécessité de faire un titrage préalable, afin de déterminer la dose de complément dilué permettant, pendant le second séjour à l'étuve, d'obtenir, dans le témoin antigène, l'hémolyse totale H, en une demi-heure. Etant donnée la différence parfois très grande, du pou- voir complémentaire du sérum chez des cobayes différents, il peut arriver que la dose maxima que nous avons précédemment indiquée : ocm',2 de complément à £5, soit insuffisante pour obtenir le résultat cherché. Dans ces cas, le complément doit être considéré comme trop faible, et remplacé par un autre sérum de cobaye dilué. 4° On ne doit interpréter les résultats qu'après centrifugation, en utili- sant l'échelle colorimétrique dont nous avons indiqué la composition, et après avoir vérifié que les témoins se sont comportés normalement. Nous avons dit, dans une Note précédente, que nous poursuivions nos recherches en vue d'obtenir un antigène complètement artificiel. Ces recherches nous ont conduit à la formule suivante : Cholesténne pure is Solution de os,5o lécilliine ( ' ) dans q. s. d'alcool absolu pour faire ioocm' 10™' Solution renfermant 3-« de savon de soude sec, dans ioooCD,a d'alcool à 6o° ( - ) 3cm' Alcool absolu, q. s. pour faire ioocm° La choleslérine est ajoutée au mélange des liqueurs, le tout est placé dans un flacon bien bouché, et mis à l'étuve à 370, en agitant de temps en temps. La dissolution totale de la choleslérine est obtenue en quelques heures au maximum. Pour l'emploi, la solution ci-dessus est diluée dans du sérum physiologique. La dilution au i5e (*ocmS, 1 solution -+- icm', 5 sérum physiologique) nous a semblé préfé- rable. Cette dilution se présente sous forme d'un liquide trouble, avec ondes soyeuses par agitation; on l'utilise comme antigène dans la réaction de Wassermann à la dose de ocm>, 1, ocm!,2 ou ocm\3. Une expérience préliminaire indispensable permet de déterminer la dose de complément à faire intervenir dans la réaction, c'est-à-dire la dose de complément permettant l'hémolyse totale en présence d'ambocepteur, de globules de mouton lavés, et des ocm!, 1, ocm,,2 ou ocm',3 d'antigène dilué. Les diverses (') Nous avons utilisé dans nos expériences le distéaroglvcérophosphate de choline, extrait de l'œuf. C2) Cette solution est analogue à celle connue dans les laboratoires sous le nom de li 1/ ne ci r hy droit nie trique. 34o ACADÉMIE DES SCIENCES. manipulations et l'interprétation des résultats sont exécutés comme nous l'avons exposé dans une Note antérieure. Dans i5o expériences environ, portant sur un nombre sensiblement égal de sérums normaux 'et de sérums de syphilitiques, nous avons obtenu avec l'antigène ci-dessus des résultats analogues à ceux obtenus à l'aide d'un bon antigène de foie d'hérédo-syphilitique. Nous ne considérons pas la formule d'antigène chimique précédemment indiquée comme définitive, il est probable en effet que cette formule est susceptible de modifications permettant une sensibilité plus grande; nous continuons nos recherches dans ce sens. D'ores et déjà, le fait d'avoir pu obtenir avec une solution tout à fait arti- ficielle, à base de cholestérine, lécithine et savon, des résultats de même sens que ceux fournis par l'emploi des antigènes actuellement utilisés, nous paraît présenter un grand intérêt théorique et pratique. MÉDECINE. — Emploi d' extraits végétaux dans la réaction de Wassermann. Note de M. L. Tribondeau, présentée par M. A. Laveran. Les extraits de certaines farines (avoine, lentilles, pois, etc.) agissent comme des extraits-lipoïdes animaux : ils dévient le complément en pré- sence de sérums syphilitiques, et ne le dévient pas avec des sérums nor- maux. Les résultats de séries de séro-diagnostics de syphilis, pratiqués concurremment avec des extraits végétaux et avec des extraits cardiaques Noguchi éprouvés par un long usage, ont été nettement concordants. Fabrication des extraits. — i° Extraits bruts. — Epuiser par l'alcool absolu, ou l'acétone, des farines de céréales ou légumes (commerciales, ou obtenues par broiement de graines sèches, par exemple dans un moulin à café turc), en lavant, centrifugeant et décantant à plusieurs reprises. Concentrer la solution à l'étuve à 370 jusqu'à apparition d'un trouble (qui disparaît spontanément dans la suite). 2° Extraits épurés. — Traiter les farines comme précédemment par l'alcool absolu, ou l'acétone, ou l'éther, jusqu'à ce que le dissolvant n'entraîne plus appa- remment de substances (dans le cas de farines colorées, s'arrêter quand elles ne cèdent plus au liquide de leur pigment normal : jaune pour les lentilles, vert pour les pois). Dessécher les farines; les reprendre par un second dissolvant : alcool ou acé- tone; concentrer par évaporation la solution obtenue. La farine qui nous a donné les extraits les plus abondants et les plus riches est celle de pois (pois cassés des épiciers). SEANCE DU 27 JANVIER IÇ)l3. 34 1 Les extraits bruts, les plus simples, sont franchement actifs; mais comme ils renferment une grande quantité de substances dissoutes, ils donnent, à doses un peu élevées, des émulsions épaisses qui rendent la constatation de l'hémolyse difficile. Or beaucoup de ces substances (graisses, résines, chlorophylle, etc.) sont inutiles; les extraits épurés sont donc plus indi- qués. Ceux épurés par l'acétone ou par l'éther ont l'avantage de fournir des émulsions beaucoup moins troubles et de contenir, pour une concentration analogue, une proportion plus grande de substances actives. Par contre, le traitement préalable par l'alcool est mauvais, car les extraits obtenus ensuite sont à peu près inactifs (l'alcool a enlevé presque toutes les subs- tances actives). Pour la purification, l'éther est préférable à l'acétone : les extraits obtenus troublent à doses plus élevées, et dévient à doses plus faibles. Pour l'extraction après épuration, l'alcool est très bon, mais l'acétone le vaut, et a même sur lui l'avantage d'être un coagulant moins énergique. Or deux choses empêchent l'emploi de fortes quantités d'extraits : le trouble de l'émulsion qu'ils donnent (nous en avons déjà parlé), et l'action coagulante du dissol- vant qu'ils contiennent. Cette dernière est d'autant moindre que l'extrait est soumis à une dilution plus grande. Il est facile de s'en assurer en versant, dans plusieurs tubes contenant une même quantité d'eau salée physiologique et des proportions croissantes d'alcool ou d'acétone, ocm', 1 de sérum humain frais; un louche net, dû à la coagulation du sérum, apparaît dans une dilution d'alcool à environ ^ et d'acétone à ^; avec davantage d'alcool on provoque un gro- précipité. Ensuite, si l'on ajoute dans chaque tube ocm3,i de sang de mouton à yf-0-, on voit qu'il est peu ou pas hémolyse dans les tubes troubles; c'est que la coagulation a altéré les hémolysines naturelles du sérum. La quantité la plus forte d'un extrait qu'on peut employer sans coagulation et sans trouble gênant est la dose maxima utilisable. Dans nos expériences, nous avons adopté une réaction du type Hecht-Levaditi- Latapie, dans laquelle le volume de liquide au premier temps (extrait végétal -+- eau physiologique H-ocmS,i de sérum humain frais, ajouté après dilution de l'extrait dans l'eau) était de icm3; nous devions donc utiliser moins de ocn,,,i d'extrait alcoolique, et moins de ocmI, 2 d'extrait acétonique. En cas de besoin, on pourrait augmenter la dose utilisable en augmentant la quantité d'eau dans les tubes. Mais il est inutile d'en venir là, parce qu'on peut obtenir des extraits végétaux dont Vanité (dose la plus faible déviant le complément en présence d'un sérum syphilitique) est petite, et, par . nn ■ ,, ... /'dose maxima utilisable \ , suite, le coelncientd activité — grand. \ mille / ° Par exemple, l'unité d'un de nos extraits acétoniques de pois épurés par l'éther était de ocm\ooo3 (vis-à-vis d'un sérum de syphilitique en période de roséole intense, et non 342 ACADÉMIE DES SCIENCES. traité). Comme on pouvait, sans trouble gênant, utiliser ocmî, 02 d'extrait dans des tubes contenant icm" de liquide, on disposait de — '■ — ^, c'est-à-dire près de 70 unités 1 r o,ooo3 r ' d'extrait {coefficient d'activité de l'extrait :=66). Conclusions. — On peut, avec des farines, obtenir de bons extraits pour le Wassermann. Le meilleur jusqu'ici est l'extrait acétonique de pois épurés par l'éther; or les pois offrent avec les organes d'où l'on retire les extraits animaux certains caractères communs, à savoir : richesse en léci- thines et en cholestérine. Les extraits végétaux sont faciles à obtenir; ils ne sont ni hémolytiques, ni à eux seuls anticomplémentaires par leurs substances dissoutes; leur coefficient d'activité peut être élevé; leur composition paraît assez constante; leur action est simple, car ils ne contiennent pas de ces protéines qui rendent parfois les extraits animaux anticomplémentaires même en présence de sérums sains : autant de raisons pour les préférer aux extraits animaux. Notons enfin combien avec eux nous nous éloignons de la conception première deWassermann qui attribuait l'activité de ses extraits à la dissolution des tréponèmes. HYGIÈNE. — Sur la purification bactérienne des huîtres en eau de mer filtrée. Note (') de MM. E. Bodin et F. Chkvrki., présentée par M. Prillieux. Nos expériences sur la stabulation des huîtres en eau de mer artificielle filtrée nous ont donné des résultats très nets, démontrant l'efficacité parfaite de ce procédé pour la purification microbienne des huîtres infectées. Ces résultats confirment pleinement ceux de M. Fabre-Domergue (2). Le bassin de stabulation que nous avons employé a été décrit par l'un de nous dans une Note présentée à l'Académie le 12 janvier 191 2. L'eau de mer artificielle a été faite selon cette formule due à l'obligeance de M. Fabre-Domergue : g Chlorure de sodium 27 Chlorure de magnésium 3 Chlorure de potassium 1 Sulfate de magnésie ' >7& Sulfate de chaux 1 Eau 1000 (Le liquide est ensuite additionné d'eau, si besoin, de façon à donner une densité de 1022.) (*) Présentée dans la séance du 20 janvier iqi3. (2) Fabre-Domergue, Nouvelles expériences sur l'épuration bactériologique aes huîtres en eau jiltrée (Comptes rendus, t. 15i. séance du 6 mai 1912, p. 1257). SÉANCE DU 27 JANVIER igi3. 343 Après divers essais, l'appareil a été réglé de telle sorte que le courant d'eau filtrée renouvelle complètement l'eau du bassin de stabulalion en 2 heures, soit 12 fois en 24 heures. Pendant 2 mois et demi cet appareil a fonctionné sans arrêt et sans qu'il y ait à changer l'eau; durant toute cette période d'expérience, l'efficacité du filtre de sable non submergé., construit sur les données de M. Miquel, a été constante el parfaite, sans colmatage appréciable. Nos recherches ont été conduites d'abord sur le thème adopté par M. Fabre-Domergue, c'est-à-dire en utilisant des huîtres provenant de divers parcs et dans lesquelles la présence du Baclerium coli commun est l'indice certain d'une souillure microbienne qui s'est ainsi produite dans les conditions naturelles. Des lots de 200 et 3oo huîtres ont été étudiés en faisant, avant et au cours de la stabulalion, des prélèvements de 10 huîtres pour la recherche du Baclerium coli. Celle-ci a été pratiquée sur la totalité du corps de l'huître dissocié dans le liquide de la coquille, suivant le procédé habituel employé pour les analyses d'eaux : isolement des germes poussant à 4°° sur 'e bouillon phéniqué à 0,80 pour 100. En chaque cas le Baclerium coli a été caractérisé par ses réactions clas- siques. Cette manière de faire nous a donné, par comparaison, desrésultats plus précis que la méthode employée par M. Fabre-Domergue ( ' ). Dans toutes les expériences, les résultats ont été très analogues : la purification microbienne deshuitres s'opère rapidement ; dès le deuxième jour de la stabulation le nombre d'huîtres infectées subit une chute brusque, puis la purification s'achève un peu plus lentement. Elle est terminée après 5 jours pleins. En effet, au sixième jour nous n'avons en aucuns cas trouvé de Baclerium coli ou d'espèces coliformes voisines dans les huîtres stabulées. Nous n'y avons décelé, parmi les espèces poussant à 4o° sur bouillon phéniqué, que du Bacillus subtilis, du Bacillus mesentericus vulgarus, et un gros Coccus. Il est remarquable qu'un certain nombre d'huîtres ne donne plus alors de culture en 12 heures sur le bouillon phéniqué à l'étuve à 4°°) ce qui montre bien l'intensité de la purification bactérienne. L33 graphiques que nous donnons ci-après résument trois de nos expé- riences et indiquent nettement la marche de cette purification. , Nous avons tenu enfin à vérifier la disparition du bacille typhique lui- (') Fabre-Douergue. Procédé de recherche du B. coli en cultures anaérobies dans les eaux el dans les huîtres (Comptes renias, 1- décembre 1910). C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 15C, N° 4.) 4 i U4 ACADÉMIE DES SCIENCES. même dans l'huître «(tabulée. Pour cela, nous avons observé des huîtres infectées artificiellement par un séjour de 24 beures dans l'eau de mer, addi- tionnée d'une certaine quantité d'une culture de ce microbe. Après contamination par une eau renfermant, au centimètre cube, 1000 bacilles typiques, l'huitrc, stabulée dans les conditions que nous avons précisées, se débarrasse très vite du bacille, car ces germes, que nous avons Jours ' : ■ " 5 6 1 ï î 3 ; 5 ' 1 1 3 \ < \ \\ \ A \ \ \\ >v X. 1 i rtfnt •!-. H bi ■■■ lin,,,;!,-. - - ' £«f*r-iencd II &Mper<*nce : 1 f Puri/icalion bactérienne de I lui i Lie au bassin de stabnialjpn. trouvés nombreux après 24 heures, puis rares au bout de q8 beures, ne sont plus décelables à la culture à la fin du troisième jour ( ' ). Il est intéressant d'ajouter que, au cours de la s tabula tion prolongée (ijours dans l'eau de mer dont nous nous sommes servis, la valeur marchande du mollusque n'a pas diminué d'une manière appéciable, ainsi que nous l'avons fait constater par plusieurs commerçants. Ces expériences, qui viennent appuyer et compléter celles de M. Fabre- Doinergue, établissent donc que la slabulation des huîtres en eau de mer, filtrée sur filtre de sable non submergé, aboutit sûrement, au sixième jour, à la purification bactérienne de ces mollusques qui peuvent alors être con- sommés sans danger. (') Pour chaque échantillon examiné, la recherche du bacille tvphiquea été faites parallèlement de deux façons différentes: 1» culture du liquide de dissociation d'huîtres sur bouillon simple à (\o" et isolement ultérieur des bacilles: 20 ensemencement du liquide sur plaques de gélose laclosée, tournesolée, et reprise de ton tes les colonies ti le nés. SÉANCE DU 27 JANVIER IO,l3. Ï*4P Ainsi se trouve donnée d'une manière simple la solution du problème de la prophylaxie des accidents infectieux d'origine ostréairey si importante au point de vue de la santé publique et des intérêts de l'industrie ostréicole. BACTÉRIOLOGIE. — Les anaèrobies dans la fièvre typhoïde. Note de M. J. Loris-Mélirov, présentée par M. Boux. Il était intéressant d'étudier la flore bactérienne accompagnant le bacille d'Eberth et de voir si, parmi les microbes qui la composent, il en est qui sont susceptibles de jouer un rôle important et d'imprimer à la maladie une allure clinique spéciale. La tuméfaction et l'action nécrosante produites sur les follicules lymphatiques sont-elles le faif du seul bacille d'Eberth ou d'une association de ce bacille avec une autre bactérie analogue à ces anaè- robies protéolytiques à pouvoir nécrosant, bacille de Weltch (Per/ringeni ) vibrion septique ou R. Spofbg'ettès de Metchnikoll? Les recherches que j'ai entreprises pour élucider ce problème m'ont donné des résultats fort intéressants. .J'ai trouvé, dans presque tous les cas desselles typhiques, un bacille anaérobie, qu'on peut appeler SateKtis, qui avait des propriétés morphologiques, biologiques et chimiques toutes spé- ciales, le différenciant de tous les microbes décrits jusqu'à présent. Il peut se placer dans la classification bactérienne entre B. de Weltch (Perfnngens) et R. Sporo gènes ('). Sa virulence est extrêmement variable. Tantôt on rencontre des échan- tillons très pathogènes et très virulents, tantôt des formes peu actives. Celte \ariation de la virulence rappelle celle du B. d'Eberth. Injecté dans le péritoine à la dose de icg, sa culture en bouillon tue le cobaye de 2.5osà 3ooB en i<3 heures au plus. Cette virulence baisse assez rapidement dans les cultures un peu vieilles. Pour la faire reparaître, il suffit d'augmenter la dose ou le mélange avec la culture d'Eberth. Après 2 ou 3 passages parle cobaye, le bacille Sa/e/ùis récupère sa virulence. A l'autopsie, on observe les plaques de Peyer, tuméfiées et ulcérées. Les ganglions mésentériques, surtout de l'appendice iléo-caecal, sont tuméfiés. La muqueuse qui recouvre le follicule a disparu, le tissu lymphoïde est nécrosé par place, mais l'ulcération n'atteint jamais les couches muscu- laires. L'ingestion de ce microbe produit les mêmes lésions, mais plus (') Communication à la ■Société de Biologie. 27 mai 1912. 34(3 ACADÉMIE DES SCIENCES. atténuées. Le sérum des lyphiques agit sur ce microbe et l'agglutine à i pour ioo. Ce microbe ne se trouve que dans les cas de typhoïde confirmés. Dans près de 5o cas, cbez des individus normaux ou chez des malades atteints d'affections intestinales ou autres, je n'ai jamais pu le retrouver. Avec ce microbe j'ai rencontré d'autres anaérobies connus, B. Sporogene.i de Melclmikoff, B. Rodella ///et B. de Weltcli (Perfringens). En outre, j'ai observé une variété de Perfringens, variété acétique, ne donnant comme acide volatil que l'acide acétique. Cette variété, plus virulente que B. Perfringens banal, se diffé- rencie de lui par quelques caractères morphologiques et biologiques, mais aucun de ces microbes ne produit d'ulcération des plaques de Peyer. En général, on peut dire, en mettant de côté les formes hypertoxiques de la fièvre typhoïde, que ces micro-organismes sont nombreux dans les selles typhiques et que, par conséquent, leur action ne doit pas être négli- geable. La présence, dans les urines des malades, d'indol et de phénol- sulfates, en abondance avec une alimentation lactée ou des plus réduites, démontre la présence dans l'intestin de nombreuses bactéries, productrices d'indol et de phénol comme sont la variété acétique du B. Perfringens cl surtout le bacille Satelitis. Il était intéressant de chercher dans l'huître, qui est parfois le véhicule de la fièvre typhoïde, la présence de ces anaérobies. J'ai fait des recherches dans ce sens et j'ai pu me rendre compte que l'eau baignant le mollusque dans sa coquille ne contient pas le B. Satelilis tandis que le contenu de l'estomac possédait, dans presque le tiers des cas, le B. Satelitis et plus rarement le B. Sporogenes. Dans l'intestin, on ne trouvait pas d'anaérobies. D'après tout ce que nous venons de dire, il est permis de supposer que, dans la fièvre typhoïde, il existe deux processus distincts : l'un de type septicémique dû à l'action d'un microbe, le B. d'Eberth, pouvant vivre dans la circulation générale ou dans les organes hématopoïétiques, l'autre de type nécrosant se passant uniquement dans la région iléo-caecale, causé par un anaérobie strict protéoly tique puissant, le bacille Satelitis. Parfois l'un de ces deux processus prime nettement et donne à la maladie une allure clinique spéciale. SÉANCE DU 27 JANVIER I()l3. 347 PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Influence des saisons et des glandes génitales, sur les combustions respiratoires chez le cobaye, ^ote de M. F. Maigxon, transmise par M. Chauveau. Dans des recherches antérieures (') j'ai étudié l'influence des saisons sur la glycogénie, en opérant sur le glycogène musculaire, beaucoup moins sujet aux fluctuations alimentaires que le glycogène hépatique. Ces expériences, que je résumerai très brièvement pour la compréhension des recherches actuelles, montrèrent que le glycogène musculaire, chez le chien, présente, aux diverses époques de l'année, de très grandes variations, pouvant aller du simple au double. Cette substance passe par un maximum, au printemps et à l'automne, et par un minimum en été et en hiver. Des recherches analogues, effectuées sur des cobayes, des carpes, m'ont donné des résultats semblables. Chez tous ces animaux, j'ai observé une poussée glycogénique importante au printemps. Des courbes distinctes, établies pour les mâles et les femelles, montrèrent une influence très nette du sexe. Chez le cobaye et la carpe, les muscles des mâles furent constamment plus riches en glycogène que ceux des femelles. La castration, d'ailleurs, opérée sur des cobayes mâles, eut pour effet d'abaisser, d'une manière très sensible, la teneur des muscles en glycogène, et de niveler l'écart existant entre les deux sexes. Inversement, l'injection de suc testiculaire, chez les cobayes mâles, produisit une augmentation notable du glycogène musculaire, tandis qu'elle fut sans action sur les cobayes castrés et les femelles. Les saisons, qui influencent manifestement l'activité des glandes génitales, semblent exercer, en grande partie, leur action sur la nutrition, par l'intermédiaire de ces derniers organes. Cette influence n'est pas une question de température, car des cobayes maintenus en hiver, dans une couveuse à a50 ou 3o°, pendant trois semaines, montrèrent, dans leurs muscles, autant de glycogène que les animaux témoins. Dans les recherches qui font l'objet de cette Communication, j'ai fait, chez le cobaye, relativement aux oxydations organiques, une élude parallèle à la précédente. J'ai déterminé, pendant une durée d'une année, tous les deux ou trois jours, les combustions respiratoires sur deux lots de cinq cobayes mâles, l'un renfermant des animaux castrés, l'autre des sujets non castrés. Les animaux étaient soumis à une alimentation uniforme, composée d'avoine et d'herbages; les combustions étaient déterminées par la méthode de confinement, et les sujets pesés à l'entrée et à la sortie de la (') Influence des saisons sur la richesse des muscles en glycogène {Comptes rendus, 29 juillet 1907). 348 ACADÉMIE DES SCIENCES. cage respiratoire, d'une conlenance de 2°'', dans laquelle ils séjournaient •'4 heures. Pour l'analyse de l'air expiré, je me suis servi de l'eudiomètre à phosphore de Laulanié. Dans le Tableau suivant, se trouvent indiquées les moyennes des déter- minations correspondant à des périodes d'un mois environ. Une colonne contient les moyennes mensuelles du coefficient respiratoire (consommation d'oxygène par heure et par kilogramme d'animal), la suivante donne le nombre d'expériences ayant servi à établir ces moyennes, et enfin la der- nière indique les températures du laboratoire au moment des expériences. Les animaux étaient enfermés dans la cage, le matin, vers 81', et la tempé- rature prise avant d'avoir allumé du feu, en hiver. Les variations de cette température nous donnent donc le sens des variations de la température extérieure. Température Cobayes non castrés. Cobayes castrés. moyenne i i — — — — -^ du laboratoire, Coefficient Coefficient le malin, Époque respir. Nombre respir. Nombre avaiu de l'année. moyen. d'expér. moyen. d'expér. île chauffer. cm8 cm8 '' Juillet 1039 7 io4; io 18,6 Août 855 i t)05 i 20,0 iei' sept, an 8 octobre .. . çfîS 10 g3i 9 i5,8 g octobre au 10 nov.... to63 11 970 8 i3,4 1 1 nov. au 10 dée. 1017 6 in;.; 6 8,7 1 1 rléc. au 3i cléc 963 3 924 5 9,6 Janvier 864 4 9~J8 5 7,5 Ier au 20 février 861 4 977 4 7-7 21 février au 3i mars... 1026 7 970 9 9,7 Avril 970 6 - 968 5 1 1, i Mai 960 7 g32 6 i5,i Juin 947 1 » » 18,0 Juillet 775 3 809 5 19,3 Si, à l'aide de ces chiffres moyens, on construit la courbe des variations de température, ainsi que les courbes de consommation d'oxygène, on obtient un graphique, dont l'examen nous montre que les sujets castrés et non cas- trés ne se comportent pas de la même manière. Chez les sujets non castrés, et contrairement à ce que l'on admettait jus- qu'à ce jour, l'intensité des combustions respiratoires ne varie pas en fonc- tion inverse de la température extérieure. Ce n'est pas au moment où il fait le plus froid que les combustions sont le plus importantes ; la courbe signale, au contraire, un minimum en janvier et février, comme aux mois SÉANCE DU 27 JANVIER I9l3. 3^9 de juillet-août. Par contre, la consommation d'oxygène passe par deux maxima, au printemps et à l'automne, aux deux époques qui influencent l'activité des glandes génitales et .a glycogénie. Il semble que cette action des saisons sur les combustions organiques s'exerce, en très grande partie du moins, par l'intermédiaire des glandes génitales, car les animaux castrés ne donnent plus les mêmes résultats. Cbez eux, les combustions paraissent surtout influencées par la tempéra- ture extérieure, car elles varient d'un mois à l'autre, en sens inverse de cette dernière. En résumé, cbez les animaux non castrés, l'activité nutritive subit une exacerba tion au printemps et à l'automne, au moment de la suractivité des glandes génitales, exacerbation qui est révélée par une poussée glyeogé- nique et une augmentation des combustions respiratoires. Ces phénomènes sont en relation d'autre part avec la poussée de croissance observée cbez les jeunes sujets à ces deux époques. HISTO-PHYSIOLOGIE. — Du rôle du tissu con/onct 1 \f du corps ciliaire dans la transmission de la contraction du muscle ciliaire et de l'importance de la zonule dans l'accommodation de l'œil. Note (') de M. Jacques Mawas, présentée par M. Henneguy. Il est curieux de constater combien les théories émises pour expliquer le changement de forme du cristallin dans l'accommodation ont été élaborées sur des données anatomiques la plupart du temps incomplètes ou même entièrement fausses. Sans entrer dans les détails d'une critique propre à chacune des nombreuses explications que les auteurs ont imaginées, faisons simplement observer qu'une partie importante de l'appareil accommoda- teur, la zonule. a été toujours négligée, soit qu'on n'en tint absolument pas compte, soit qu'on ignorât totalement ses attaches exactes et ses rapports. La théorie classique, plus exactement l'hypothèse de llelmholtz, par exemple, con- sidère la zonule comme une membrane faisant suite à l'hyaloïde, et qui se diviserait, au niveau du cristallin, en deux parties : l'une pour sa face antérieure, l'autre pour sa face postérieure. Or, nous savons aujourd'hui que la zonule n'est pas une membrane, mais un ensemble de fibres, et qu'elle n'a rien à voir avec l'hvaloïde. Dans la même théorie, on fait jouer un rôle considérable au muscle circulaire, dit de Millier, muscle qui n'existe pas, comme nous l'avons montré dans nos deux Notes précédentes. De plus (') Présentée dans la scance du 20 janvier 1 g 1 3. 35o ACADÉMIE DES SCIENCES. on admet, toujours dans la même théorie, et sans en donner aucune preuve, que, lors de la contraction du muscle, la zonule se relâche, pour permettre au cristallin, grâce à son élasticité propre, d'augmenter sa courbure antérieure. 11 est aisé de voir ce qu'il y a d'artificiel dans une pareille explication, car ce n'est, d'après Helmholtz, qu'une explication. Elle est basée en partie sur la forme arrondie du cristallin mort, soustrait par conséquent à la traction zonulaire physiologique. La théorie émise récemment par M. Tscherning est plus conforme aux faits et par- tant plus exacte. Malheureusement l'explication du phénomène de l'accommodation que donne l'auteur ne correspond pas exactement à l'anatomie de la région. Dans une série de travaux antérieurs nous avons montré : i° que la zonule de Zinn était formée par un ensemble de fibres, élastiques et extensibles, qui reliaient le cris- tallin au corps ciliaire; 2° que les fibres zonulaires naissaient sur toute la longueur de la rétine ciliaire, depuis Vora serra ta, jusqu'à l'angle irido-ciliaire; 3° etqu'on devrait les considérer comme des formations exoplastiques des cellules claires de la rétine ciliaire. L'étude de leur développement chez l'Homme et chez les Mammifères confirme entièrement notre manière de voir : les fibres zonulaires font partie intégrante de la couche claire de l'épithélium ciliaire. Ce sont des formations purement épithéliales et de signification névroglique ('). Comment comprendre l'action du muscle ciliaire sur ces fibres, et quel est le rôle de la zonule dans l'accommodation? Le muscle ciliaire de l'Homme et des Mammifères est plongé clans une masse de tissu conjonctif et élastique, toujours très développée. L'emploi des méthodes électives pour la mise en évidence des fibrilles conjonctives ou des fibrilles élastiques montre que les fibres musculaires sont intimement unies entre elles par un riche réseau de filaments conjonctifs, réseau qui se continue d'une part dans la masse conjonctive fondamentale de la choroïde et d'autre part dans celle de l'iris et dans le ligament pectine. Chez certains animaux (Chat, Chien, par exemple) ce tissu conjonctif est ordonné par rapport aux faisceaux musculaires qu'il sépare par paquets et qu'il réunit à l'ensemble du corps ciliaire. Dans ce tissu conjonclif circule un riche réseau vasculaire et nerveux, avec par endroits des cellules ganglionnaires, et, souvent, avec une intensité variable suivant le cas, de très belles cellules pigmentaires à multiples ramifications anastomosées. Dans les yeux adultes il existe, entre le muscle et l'épithélium ciliaire, une bande de tissu conjonctif dense, surfout remarquable chez l'Homme, (') Dans toutes ces Notes, nous laissons systématiquement de côté toutes les ques- tions de bibliographie et d'historique, qui trouveront mieux leur place dans un Mémoire complet. SÉANCE DU 27 JANVIER IÇjl3. 35 1 sorte de coussinet conjonctif sous-épitbélial, dont le maximum de dévelop- pement se trouve dans la zone des procès. Ce coussinet conjonctif envoie, dans Taxe de chaque procès, une lamelle de même nature qui en forme la charpente et en assure la solidité. Ainsi donc le muscle ciliaire est parfaitement isolé de la zonule non seu- lement par la double rangée de cellules épithéliales de la rétine ciliaire, mais encore par ce coussinet conjonctif de notable épaisseur. Toutes les fibres zonulaires des procès proprement dits, c'est-à-dire celles qui naissent sur les côtés et sur la tête des procès, échappent à son action directe. Et pourtant le rôle que jouent les procès ciliaires dans l'accommodation est incontestable. Isolement du muscle ciliaire de l'ensemble de l'appareil suspenseur du cristallin, voilà le premier point important. Présence d'un tissu conjonctivo- élastique abondant, autour et dans le muscle, voilà le second point que révèle l'anatomie du muscle. C'est évidemment par l'intermédiaire et au moyen de ce tissu conjonctif que le muscle ciliaire agit sur Pépithélium et la zonule. La disposition des fibres zonulaires doit être parfaitement connue non seulement dans ses connexions ultimes, mais dans sa direction; et c'est ce qu'il importe le plus de connaître au point de vue physiologique. Or, pour qui a étudié sa lopograpbie, la contraction du muscle ciliaire, trans- mise par le tissu conjonctif dont nous venons de parler, aura pour effet de relâcher certaines de ces fibres et de tendre les autres. Il nous reste à étudier maintenant l'action globale du muscle ciliaire sur le cristallin, et l'action de la traction zonulaire sur la forme de la lentille. ZOOLOGIE. — Sur les Méduses recueillies dans le planklon pendant la croisière d'été 191 2 du « Pourquoi-Pas ?» dans les mers du Nord, sous le comman- dement du ùr J .-B. Charcot. Note de M. Ed. Le Danois, transmise par .M. Yves Delage. Les Méduses suivantes ont été recueillies pendant cette croisière dans le plankton. ACRASPÈDES. 1. Chrysaora hysoscella L.. 1746. i. Cyanea capillata L.. 1766. 3. Cyanea antica, Péron et Lesueur, 1809. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 4.) 45 352 ACADÉMIE DES SCIENCES. CIIASPÉDOTES. k. Bougainvillia Charcoti, nov. sp. a. Tiara pileata, Forskal, 1770. C. Saphenia dinema, Péron et Lesueur, 1809. 7. Slaurostoma laciniatum, Agassiz, nov. var. hybndum 8. Laodice cruciata, Forskal. 1776. 9. Tiaropis mullicirrala, Sars, 1 835. 10. Obeliopis Fabri-Domergui, nov. sp. 11. Stomobrachium tentaculatum, Agassiz, 1862. 12. Aglanlha digitalis, O.-F. Millier, 1766. Parmi ces Méduses nous décrirons rapidement les deux espèces nouvelles et ferons suivre cette description de courtes remarques sur la systématique du genre Staurostoma et sur le développement de V Aglantha digitalis, O.-F. Millier, 1766. J. Bougainvillia Charcoti nov. sp. — Margelidée à bouche quadrilatère, dont les angles se continuent en formant chacun deux ramifications qui se prolongent en quatre branches dichotomiques. Il n'y a pas de manubrium; l'estomac est plat et forme quatre petites poches perradiales. L'ombelle est à peu près sphérique : la couche de gelée, très épaisse, restreint consi- dérablement la cavité sous-ombrellaire : elle est marquée de profonds sillons perradiaux. Les canaux radiaires, au nombre de 4, aboutissent au bord ombrellaire à 4 lobes marginaux bien développés : ceux-ci se présentent sous forme d'une rosette dont chaque élément porte un ocelle rouge : le nombre de ces élé- ments et des ocelles est de 18 par lobe marginal. Il n'y a pas trace de ten- tacules. L'absence de manubrium et de tentacules, ainsi que la disposition des lobes marginaux font nettement de cette Méduse une espèce nouvelle du genre BougaiwilliaLesson, qui peut être rapprochée de fi. nigritella Forbes. Nous la dédions avec plaisir à notre ami le Dr Charcot. Nous avons trouvé cette Méduse dans le plankton du Little Minch, près des Hébrides (L = 570 i5'N; G = 9° i5'W), le 7 juillet 1912. Le diamètre de l'ombrelle mesurait 9mm. 2. Obeliopsis Fabri-Domergui, nov. g. nov. sp. — Europidée de la sous- famille des Phialidœ, présentant 24 vésicules marginales, placées à la face interne des bases tentaculaires. La bouche est simple, cruciforme, bordée de 4 lèvres contractiles; l'estomac est cylindrique; il y a 4 canaux SÉANCE DU 27 JANVIER I0,l3. 353 radiaires, sur le parcours desquels se trouvent 4 gonades vésiculeuses, presque sphériques. Les tentacules sont au nombre de i5o environ; on trouve donc une vésicule marginale par G tentacules environ. Il n'y a pas de cirres marginaux. Le nouveau genre Obeliopsis, que le nombre de ses vésicules classe parmi les Phialidœ, se trouve dans les mêmes rapports avec le genre Mitrocoma que, dans les Obelidce, le genre Obelia avec le genre Tiaropsis. Le genre Obe/ia, en effet, présente 8 vésicules marginales à la face interne des bases tentaculaires; dans les genres Mitrocoma et Tiaropsis, ces vésicules sont toujours placées entre deux tentacules. Les vésicules marginales sont pigmentées en violet sombre, les gonades sont jaunâtres. Le diamètre de cette Méduse nouvelle, que nous sommes heureux de dédier à M. Fabre-Domergue, Inspecteur général des Pêches maritimes, varie entre 3mm et 4mm- Elle était très commune, le 6 juillet 191 2, dans le plankton du Little-Minch, au nord d'Inishtrahull. (L = 5o°54'N;G = 90G'W). 3 . Sur la systématique du genre Slaurostorna Hœckel . — Ce genre est carac- térisé ainsi : Thaumautidée avec 4 paires de gonades, dans le parcours des 4 canaux radiaires et dont les parties proximales largement ouvertes se confondent avec la bouche et l'estomac pour former une croix gastrogéni- tale. Il comprenait deux espèces : St. laciniatuni Agassiz. Croix gaslrogénitale ne s'étendant pas jusqu'au bord ombrel- laire ; 100 à i5o tentacules. St. arcticum Hœckel. Croix gastrogénitale s'étendant jusqu'au bord ombrellaire ; 200 à 3oo tentacules. Or nous avons trouvé, au sud-ouestdel'Irlandeetdansle LittleMinch, plu- sieurs échantillons d'une Méduse qui appartient nettement au genre Slauro- storna, mais ne correspond ni à l'une ni à l'autre espèce : la croix gastrogé- nitale ne s'étend pas au bord ombrellaire (caractère de S*, laciniatuni) mais elle présente 280 tentacules (caractère de St. arcticum). Nous avons d'abord pensé à faire de notre Méduse une nouvelle espèce, intermédiaire entre les deux autres, mais nous croyons préférable de consi- dérer les trois formes comme les variétés d'uue espèce très polymorphe. Nous aurons donc : (a). Staurostoma laciniatuni; var. typicum. Croix gastrogénitale n'atteignant pas le bord ombrellaire ; 100 à i5o tentacules. 354 ACADÉMIE DES SCIENCES. (b). Staurostoma laciniatum; var. hybridum. Croix gastrogénitale n'atteignant pas le bord ombrellaire; 280 tentacules. (c). Staurostoma Laciniatum : var. arcticum. Croix gaslrogénitale atteignant le bord ombrellaire ; 200 à 3oo tentacules. La première variété habite la côte Atlantique de l'Amérique du Nord, la seconde les côtes des Iles Britanniques, la troisième l'océan Glacial, près du Spitzberg. 4. Sur le développement d'Aglantha digitatis O. -F. Miiller. — Dans le cours de la croisière nous avons recueilli dans le plankton des Méduses de cette espèce à différents stades du développement : Dans le planklon littoral de Jan Mayen (individus de imm à 5mm); dans le plankton du sud-ouest de l'Irlande (individus de jmm à io"lin); dans le planklon entre Jan Mayen et l'Islande (individus de iomra à 20mm). Dans les individus qui mesurent imi" de hauteur, la foi tue est arrondie, le manu- brium dépasse parfois le bord ombrellaire, il y a 16 tentacules marginaux bien développés, plus longs que le diamètre de la cloche: la gelée est à peine épaissie au pôle apical. A imm, 2, la jeune A'glàntha est devenue plus haute sans autres modifi- cations (Jan Mayen ) (20-21 juillet 1912). A im"\i, elle présente la forme d'une tiare : l'appendice apical est main- tenant très net. Les tentacules cessent de croître, proportionnellement (Jan Mayen) (20-21 juillet ). A 2""", ">, la Méduse est encore relativement plus haute: la longueur des tentacules atteint à peine maintenant celle du rayon de la cloche (Jan Mayen) (20-21 juillet). A 5m,u, on a déjà la forme en dé à coudre de l'adulte; la hauteur est égale au double du diamètre: mais il n'y a pas encore trace de gonades. Les tentacules réduits et égalés sont comparables à ceux de l'adulte (S. W. Irlande) (5 et 6 juin 1912). Au-dessus de iom,u, apparaissent les gonades, comme des vésicules piri- formes, entourant en rosace la base du manubrium, et orientées le long des canaux radiaires (entre Jan Mayen et l'Islande) (24 juillet 1912). SÉANCE DU 27 JANVIER I()l3. 355 ZOOLOGIE. — Sur le prosiphon des Spirilles. Note de M. Pain vin, présentée par M. H. Douvillé. J'ai pu, grâce à l'obligeance de M. Grandjean, disposer d'un certain nombre " d'échantillons fort bien conservés de coquilles de Spirules, rejetées par un orage sur la côte de Madagascar, à Tamatave. Je me suis spécialement appliqué à l'étude du prosiphon. Cet organe a été signalé pour la première fois chez la Spirule par Munier-Chabnas ('); Grandjean (2) en a fait une étude détaillée chez les Ammonites et a montré qu'il y était toujours fossilisé, comme le siphon lui-même, à l'état de phosphate de chaux. Quant à la conformation et la nature chimique du prosiphon chez la Spirule, elles n'ont pas été étudiées à ma connaissance. Munier-Chalmas l'envisage comme une membrane simplement étalée ou formant un tube plus ou moins circulaire (3), Pelseneer (*) la considère comme une sorte de ligament situé dans le plan sagittal médian et s'élargissant à la paroi de la loge initiale; les auteurs plus récents, Joubin (5), Chun (6), s'attachent surtout à l'étude anatomique de l'animal. L'étude morphologique de la coquille présente cependant un grand intérêt, puisqu'elle seule peut per- mettre de préciser les analogies existant entre les Céphalopodes actuels et les fossiles. La terminaison du siphon dans l'ovisac ne présente pas le renflement sphérique du caecum siphonal des Ammonites. Le tube siphonal se coiffe (') Munier-Chalmas, Sur le développement du phragmostracum des Céphalo- podes et sur les rapports zoologiques des Ammonites avec les Spirules {Comptes rendus, 29 décembre i8y3). (2) Grandjean, Remarques sur le siphon des Ammonites et des Bélemnites [Comptes rendus, iet semestre 1910, p. ii5o); Le siphon des Ammonites et des Bélemnites ( Bulletin de la Soc. géol. de France, 4" série, t. X, 1910, p. 496-519). (3) F. Bernard (Éléments de Paléontologie, i8çi3) écrit que : « le caecum siphonal se prolonge par un mince (îlel calcaire appelé prosiphon...; il n'a été vu que par Munier-Chalmas, mais ses préparations ne laissent aucun doute à cet égard ». Le prosiphon n'est certainement pas calcaire, comme je l'indique dans la suite. (*) Th. -H. Huxley et P. Pei.seneer, Observations sur la Spirule (Bulletin scienti- fique de la France et de la Belgique, 1894). (s) Joubin, Sur une Jeune Spirule (Bévue océanographique de Monaco, 1910); Comptes rendus, i01' semestre 1910, p. 414. (s) Chun, Spirula australes (Gesellschaft der Wissensehaften zu Leipzig, 1910). 356 ACADEMIE DES SCIENCES. simplement dans la protoconque d'une calotte calcaire (c) dont la jonction s'opère avec ce siphon suivant un fort épaississement qui forme bourrelet (b) tout autour du siphon. D'autres épaississements parallèles au premier, bien visibles au microscope, renforcent la calotte entre le bourrelet de jonction et son extrémité. Fig. i. — Vue photographique du prosiphon et de l'extrémité du siphon dans l'ovisac. Le tube siphonal cylindrique s'élargit légèrement en arrivant sur le bour- relet. Le prosiphon n'est pas calcaire : il est formé d'une matière transparente et isotrope. Il ne contient pas de phosphore : il est donc, sur ce point, diffé- rent du prosiphon des Ammonites. C'est vraisemblablement un organe chitineux, de composition semblable à celle de la membrane fibreuse qui s'étend entre les tours de la coquille, en particulier autour de l'ovisac : il est, comme cette membrane, insoluble dans l'acide chlorhydrique, soluble dans l'acide azotique concentré chaud. Sa flexibilité et son élasticité m'ont permis de briser l'ovisac sans l'endom- mager. « Il se compose de deux lamelles perpendiculaires : Lamelle (1) : perpendiculaire au plan de symétrie de la coquille, formée d'une petite nappe conique, concave vers le bas (schéma 2 et 3). Elle est limitée sur la photo- graphie ci-dessus et sur le schéma 2, à sa partie supérieure, par la génératrice la plus élevée a qui en forme le contour apparent ; à sa partie inférieure, par une ligne plus accusée (3(3 sur laquelle se projettent les deux, bords de cette petite nappe. J'ai pu détacher complètement une extrémité siphonale munie de sa lamelle, et examiner SÉANCE DU 27 JANVIER IO,l3. 357 cette dernière à plat. Elle se présente (schéma 3) comme une spatule très mince à sa naissance, 1res élargie à son extrémité, portant de nombreuses et fines stries d'accrois- sement paraboliques ('). Lamelle (2) : dans le plan de symétrie. Elle est beaucoup plus délicate à obtenir fi .-CI fi Coupe ab. Fig. 2. — Représentation schématique du prosiphon el de la terminaison siphonale. Légende. — 0. ovisac; c, calotte siphonale; b. bourrelet de jonction; e, épaississements; 1. lame supérieure, perpendiculaire au plan de symétrie; '.!. lame inférieure dans le plan de symétrie. intacte que la lame (1). Elle s'étend entre la lame supérieure (1) et la coquille de l'ovisac. Sur la photographie ci-contre on en aperçoit un lambeau à la naissance de la première lame. En réalité, je ne l'ai jamais obtenue intacte; mais j'en ai observé des lambeaux plus ou moins étendus qui m'ont conduit à la supposer conforme au Fis Lamelle ^i) vue à plat, représentation schématique. schéma (2). Cette lame n'a jamais été signalée chez les Ammonites. L'étude du pro- siphon des Ammonites s'est surtout faite dans le plan de svmétrie, et elle doit alors échapper à l'observation. Il est vrai que les sections que j'ai obtenues dans un plan perpendiculaire ne m'en ont pas encore révélé l'existence. En ce qui concerne le siphon de la Spirille, il est formé d'une série (') D'après le schéma qu'en donne Pelseneer, il semble bien certain que c'est cette lame qu'il a observée dans le plan de symétrie. 11 m'est arrivé quelquefois, en brisant l'ovisac, de produire involontairement une torsion de 900 de cette lame, torsion qui la faisait apparaître étalée dans le plan médian. 358 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'articles dont chacun résulte d'une invagination cylindrique de la cloison antérieure. Ces différents segments qui s'emboîtent l'un dans l'autre sont calcaires comme les goulots siphonaux des Ammonites dont ils sont l'équi- valent; mais l'étude de la coquille ne décèle rien qui soit l'homologue du tube siphonal des Ammonites qui seul est phosphaté : il n'est donc pas surprenant de trouver chez la Spirille un prosiphon organique non miné- ralisé. GÉOLOGIE. — Essai de synchronisation des allumions anciennes de la Ivoire et de ses affluents. Note de M. E. Chaput. Une étude d'ensemble sur les alluvions anciennes de la Loire et de ses affluents m'a donné les résultats suivants : I. 11 existe une basse terrasse presque continue (altitude relative assez constante : i5m) dans les hautes vallées (exemple l'Allier en amont de Mou- lins; la Loire en Forez, en Charolais, etc.). Plus morcelées dans la traver- sée du Nivernais, ces alluvions réapparaissent régulièrement en Sologne (terrasses de Ghàteauneuf, Olivet, Vineuil), puis, au delà du couloir de Touraine, se développent à Bourgueil, Longue, etc., jusqu'au delà d'Angers. Elles se relient à des terrasses de tous les grands affluents, le Loir par exemple (de la Flèche au Ludc; environs de laBruère, de Montoire, etc.). Enfin divers lambeaux (Rocheforl, le Marillais, etc.) les prolongent dans la traversée du Massif Armoricain, jusqu'à l'ancien estuaire de Saint- Etienne-de-Montluc. Les faciès de ces alluvions basses sont à peu près ceux des alluvions actuelles : les roches cristallines ont généralement leurs feldspalhs peu altérés ; on rencontre des roches volcaniques, en fragments de plus en plus lins, au moins jusqu'à Blois. Quand l'épaisseur est faible, l'altération plus profonde, des matériaux donne à l'ensemble un aspect « ancien » (Sologne), et les cailloux roulés comprennent surtout des quartz et des silex empruntés aux formations antérieures. II. Une terrasse moyenne (35m environ) existe assez régulièrement de Nevers à Orléans. Elle a fréquemment,- pour les raisons déjà indiquées, un aspect ancien, et on l'a parfois considérée comme miocène, mais ses alluvions, à cailloux roulés de roches cristallines variées et peu décomposées, se dislin- SÉANCE DU 2.7 JANVIER 1913. 359 guentdes sables miocènes typiques (Sologne, Bourbonnais), que d'ailleurs elles ravinent. Nous considérons comme un faciès de bordure de cette terrasse les cail- loutis quartzeux et siliceux qui ravinent les sables delà Sologne, de Tigy à la Ferté-Sainl-Aubin, avec une pente assez accentuée vers l'Ouest. Les alluvions contemporaines sont bien développées autour de Blois, puis s'effacent en Touraine, comme les dépôts inférieurs par suite de l'encais- sement du Val-de-boire, mais sont bien conservées sur les bords de l'Indre (Azày-le-Rideau, Montbazon, Courçay, Chanibourg ) et de la Vienne (entre l'île Bouchard et Porl-de-Piles) ; en Anjou, ce niveau s'observe surtout dans la vallée de la Sarthe ( Seiches, Tiercé), forme, de Malicorneà Durtal ( landes du Bailleul), une vallée ancienne de la Sarthe coulant vers le Loir et correspond au début des faciès quartzeux dans les alluvions du Loir. Dans le couloir armoricain, quelques lambeaux (Chalonnes, ...) pro- longent les alluvions moyennes jusqu'à Mauves, où la terrasse s'élargit (le Chemin-Nantais, la Belle-Etoile, . . .) puis se relie à des alluvions de l'Erdre. Au sud du sillon de Bretagne, ses fragments sont peu nombreux, mais elle forme au nord du Sillon une ancienne vallée, régulière de la Grande-Brière (Missillac) à Blain, creusée dans les sables rouges de Bretagne, dont elle emprunte les cailloux disséminés. 111. J'ai déjà signalé {Comptes rendus, G juillet 1908 j une haute terrasse (55m-6o™) dans les vallées supérieures, et de Nevers à Gien. A côté de faciès de remaniement, surtout caillouteux, on trouve des sables souvent basaltiques (Saincaize, Briare, ...). Les nappes alluviales élevées de la Sologne (qjar exemple, de ^ ouzon à Villeny et Dhuizon) doivent lui être rattachées, ainsi que les cailloutis quartzeux des plateaux de Touraine ; ces cailloutis souvent confondus avec les argiles à silex antérieures à l'Oligo- cène, se séparent nettement d'elles au nord de Tours, où ils reposent sur les calcaires de Brie. Les basses vallées de l'Indre et de la Vienne ont des alluvions contemporaines sur le bord occidental du plateau de Sainte-Maure, les alluvions quartzeuses de Noyant passent aux limons supra-faluniens, et sont par suite indépendantes du Miocène. En Anjou, le plateau de Candes, et peut-être aussi les lambeaux élevés (Farzé, Cheviré, la Flèche), puis, dans le Massif Armoricain, les plateaux de Savennières, de la Chapelle-Saint-Sauveur, du Louroux-Bottoreau, avec leurs cailloutis quartzeux sous les limons, prolongent le niveau de 55m-6om C. R., u)i3, 1" Semestre. (T. 150, N'4.) ^O 36n ACADÉMIE DES SCIENCES. jusqu'à Nantes. Au nord du Sillon, les alluvions correspondantes subsis- tent surtout autour de Nozay, ou encore autour de Séverac, et ravinent les sables rouges de Bretagne. IV. Les alluvions plus élevées ne correspondent guère à des terrasses que dans le Massif Armoricain et le Massif Central. Je signalerai un niveau de 8om entre Nantes et Angers (plateaux de Mauves à Oudon, de Champto- ceaux, de Bouzillé, de Montjean ), des terrasses de ion1" et i3om dans le Charolais et le Roannais. Dans la traversée du bassin de Paris, les lambeaux élevés sont plus loca- lisés et difficiles à classer (forêt de Fonlevrault, plateaux dominant le Loir vers Montoire, cailloutis supra-faluniens du Blésois en relation peut-être avec les terrasses de 8o"\ Quelques alluvions même sont plus élevées : à la Ronde-de-Céré, entre Saint-Aignan-sur-Cher et Montricliard, des allu- vions quartzeuses dominent une terrasse de Go1" du Cher et atteignent 120"1 d'altitude relative. Conclusions. — a. On peut suivre dans les vallées de la Loire et de ses affluents trois niveaux d'alluvions dont les altitudes relatives sont d'environ i5m, 35m, 55m-6om; plus localement un niveau de 80'". D'autres terrasses ( ioo"1, i3om) existent dans les vallées supérieures et ont été détruites en aval par les érosions. b. Ces alluvions sont postérieures au Miocène, celles des trois niveaux inférieurs au moins sont plus récentes que les sables rouges de Bretagne; comme ces sables, qui, autour de Bedon, atteignent plus de 8om d'altitude, sont là du moins, postérieurs au Pliocène marin de Saint-Jean-la-Poterie, les alluvions plus récentes datent du Quaternaire ou, tout au plus, de la fin du Pliocène : à défaut de documenls paléontologiques suffisants, nous con- sidérons, d'après la richesse en basalte des alluvions sableuses, les trois niveaux inférieurs comme quaternaires. c. La constance des altitudes relatives, malgré l'hétérogénéité des régions naturelles traversées, conduit à admettre qu'il n'y a eu ni incli- naison d'ensemble, ni mouvements spéciaux à certaines de ces régions, pendant l'évolution des vallées étudiées. SÉANCE DU 27 JANVIER I 9 I 3 . 36l PALÉONTOLOGIE. — Individualité de la faune d'Ammonites des couches à Peltoceras atlileta. Note de M. Robert Douvillé, présentée par M. Henri Douvillé. Les conciles à Peltoceras athleta constituent une véritable région de pas- sage entre la zone kStepheoceras coronatum (sommet du Callovien) et celle à Quenstedticeras et Pachyceras (base de l'Oxfordien). Son individualité stratigrapbique a été principalement mise en valeur par les beaux travaux de de Grossouvre. La grande lacune signalée dans le bassin de Paris entre le Callovien et l'Oxfordien par cet auteur et par Henri Douvillé, se place presque toujours à l'époque du Peltoceras athleta. Il s'ensuit que les coucbes renfermant cette espèce ont été, en général, fortement entamées, soit par en bas, soit par en liant. Elles ont été, sui- vant les cas, réunies au Callovien supérieur ( YIonlreuil-Bellav, la Griniau- dière prés Moncontour. . .) ou à l'Oxfordien inférieur (Dives...). Laissant provisoirement de côté les Mollusques autres que les Ammo- nites, nous étudierons dans cette Note les représentants dans les coucbes à Peltoceras athleta des genres Cosmoceras, Reineckeia, Perisphinctes, Peltoceras, Quenstedticeras et Pachyceras . Cosmoceras. — Dès 1 8rji de Grossouvre attire l'attention sur l'évolu- tion rapide du genre Cosmoceras pendant le Callovien et l'Oxfordien. Cette capacité évolutive est encore mieux mise en évidence par l'élude de ses représentants dans les coucbes à Peltoceras atlileta. 1. Cosmoceras Jason y esl représenté par une mutation : Cosmoceras (non Stre- noceras) Bigoti Bizet (Dives, Le Mesle-sur-Sarthe). Cette mutation, forme la plus archaïque du genre dans les couches à Pellocei as athleta. possède de nombreu-es variétés. 2. Des formes très plates, à ombilic étroit, rappelant un peu, par atavisme, certains types minces de C. Jason. Ces formes avaient été rapportées à cette espèce par Brasil (1S96. Les genres Peltoceras et Cosmoceras...). .Nous pensons qu'il vaut mieux les rapporter à une espèce nouvelle : Brasili, dont le tvpe sera : loc. cit., pi. IN, L'irréversibilité de l'évolution sensu Dollo se montre en effet : a. Parce que le type d'ornementation de C . Jason n'est pas complètement repro- duit chez C. Brasili: les tours âgés ne deviennent pas lisses, les côtes sont beaucoup 362 ACADÉMIE DES SCIENCES. plus serrées, les tubercules ombilicaux et latéraux sont moins développés, moins détachés des côtes; />. Parce que la cloison, du type comprimé latéralement propre aux formes ben- thoniques, est la même que chez tous les Cosmoceras de la zone à P. athietà et très différente, par conséquent, de celle des C. ,/aso/i typiques qui menaient la vie nectique. Par conséquent, et pour des raisons analogues à celles que nous avons présentées dans une Note précédente ( ') à propos de Cosm. Bigoti, il y a lieu de considérer les Cosmoceras Jason ( = C. Brasili n. sp.) du Mémoire de Brasil comme une mutation de C. Jason propres aux couches à P. athlela. 3. Des formes moyennement épaisses que l'on peut concevoir comme dérivant directement du C. Bigoti par simple accentuation des côtes. L'ornementation ne s'atténue plus chez l'adulte, les tubercules ombilicaux deviennent au contraire de plus en plus marqués. Ces formes doivent être rapportées à l'espèce Duncani Sowerby. k. Des formes très épaisses présentant l'exagération des mêmes caractères : ombilic plus large, tours plus surbaissés et côtes de plus en plus marquées avec l'âge. Les tubercules disparaissent avec la croissance. Ces formes doivent être rapportées à l'espèce o/'/irt/M/H Schlotheim comme l'a montré, de même que pour l'espèce précé- dente, le Mémoire précité de Brasil. La faune de Cosmocératide's des couches à Peltoceras athlela comprend donc ces quatre grands types de formes. Celle des couches à Quenstedticeras prœlamberti II. D. ne renferme plus que les Cosm. Duncani et ornatum, celle des couches à Q. Lamberti que le Cosm. ornatum, espèce qui y est, du reste, de la plus grande rareté. A partir du début de la zone à Q. Mariœ il n'y a plus, dans la coupe Dives — Villers-sur-Mer, de représentants du Reineckei.v. — Les Beineckeia de la zone à P. athlela sont les derniers représentants du genre. Son extinction s'annonce par certains faits intéres- sants à noter. 1. En Normandie, dans le gisement classique aujourd'hui disparu de Dives, le genre Reineckeia était d'une extrême rareté. Brasil en a figuré en 1896 un magnifique exemplaire adulte, sous le nom de Peltoceras angustilobatum; cette forme a été rap- portée plus lard par Collot au genre Reineckeia. L'ornementation et la forme de la ligne suturale rendent cette seconde détermination absolument certaine. (') Comptes rendus, séance du i3 janvier ip,i3, p. 170. SÉANCE DU 27 JANVIER IÇ)l3. 363 •2. Dans des gisements plus méridionaux, au contraire, comme Pas-de-Jeu, les grands individus adultes, à sculpture rappelant tout à fait R. angustilobata sont assez fréquents. Le jeune paraît être, suivant les indications de M: de Grossouvre, une forme aplatie, à côtes fines et non luherculées. La collection de ce même savant renferme une importante série de ces Reineckeia ayant vécu en même temps que Pell. athlela. Beaucoup sont nouvelles. L'extrême rareté des représentants du genre à Dives, l'apparition brusque de formes spéciales dans les gisements plus méridionaux, font pressentir que le genre est sorti de l'état d'équilibre où il se trouvait dans la zone à Slepheoceras coronalum, cet état d'équilibre étant caractérisé par des formes excessivement nombreuses en individus mais peu variées au point de vue morphologique. Le genre Heineckeia disparait définitivement en même temps cpie Pelt. athlela. Perisphingtes. — Les couches à /'. athlela sont caractérisées par une forme très curieuse, à tours très déroulés, section carrée, côtes très rigides : le Per. Chauvini d'Orb. Il est connu de Dives. Peltoceras. — L'espèce athlela était rigoureusement cantonnée, à Dives, dans le gisement aujourd'hui disparu (Brasil, loc. cit.). Au-dessus elle est immédiatement remplacée par le Pelt. athletoides Lahusen. * Quemstedticeras. — Il est loin d'être démontré que le genre Quenstedli- ceras existât à Dives. Le mode de conservation des fossiles conservés dans les collections ne permet pas de se prononcer sur ce genre comme pour Cosmoceras et Peltoceras. Il est possible qu'à Dives- Villers ce genre n'ait apparu que dans les couches à Pell. athletoides. Dans les gisements plus méridionaux il est possible que ce genre ait coexisté avec P. athlela, mais seulement à l'état d'individus isolés et extrê- mement rares. Pachyceras. — Le grand développement de ce genre n'a lieu que dans les couches à Pelt. athletoides mais, à l'inverse du genre précédent, il est acquis qu'il apparaît presque partout dans les couches à Pelt. athlela, repré- senté du reste par d'assez rares individus (P. Jarryi, P. Lalandei). PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'étude de la constitution du Globe, au moyen des rayons sismiques. Note de M. R. de Kovesligethy . Le but final de la Sismologie scientifique, visé par Mallet et trop impa- tiemment attendu, est le relèvement de la constitution intérieure du Globe. 364 ACADÉMIE DES SCIENCES. ( >n y parvientsans hypothèse aucune au moyen du seul principe de Fermai, d'où dérivent les équations fondamentales de la Sismologie bien connues : . . C rfloaro = 2 cose / —= J?„ V«'\( (2) (7 = 2/ V aP -_-, ■ ï, \<°f— cos2e (3) pu cosK = cose = const., et auxquelles il convient d'ajouter encore ir\ dt (a) i'-j- = cose, conséquence de la différen dation des deux premières équations par rapport au paramètre e. On a désigné par o la distance angulaire d'une station sismologique de l'épicentre, par l le temps de transmission, dont la vitesse, rapportée à la surface de la Terre, est c, par e l'angle d'émergence du rayon sismique à la station, directement observé ou calculé au moyen de l'équation (4), par p la distance géocentrique d'un point quelconque de la trajectoire sismique (dans lequel l'inclinaison est E), e„ étant la distance minima de son vertex, enfin par v l'inverse de la vitesse de propagation à la surface de la sphère du rayon p. L'unité de p est le rayon terrestre, de v sa valeur à la surface de la Terre. Toutes ces équations valent sous la supposition point nécessaire, mais utile dans une première tentative, que la matière du Globe est répartie en couches sphériques concentriques homogènes suivant, vers l'intérieur, une loi quelconque de densité, d'où la symétrie des formules (i) et (2) autour d'Un axe médian, diamètre du Globe, et que le foyer du tremblement de terre est punctiforme et situé à la surface de la Terre. Cette dernière suppo- sition ne nuit aucunement à la généralité des résultats : vu la symétrie de la trajectoire, on peut toujours éliminer l'influence de la profondeur en introduisant, au lieu de l'épicentre vrai, l'épicentre équivalent, défini par ce chef qu'il possède le même angle d'émergence que l'autre extrémité du rayon sismique, aboutissant à la station. On remarquera en même temps que l'équation (4 ), indépendante de la limite inférieure de l'intégrale, l'est également de la profondeur du foyer. L'observation résume les deux premières équations sous la forme de la courbe horaire ou de l'hodographe (5) « = H(?>, SÉANCE DU 27 JANVIER H)l3. 365 donnée soit en courbe, soit en tableau numérique, que je suppose corrigée pour l'influence de la profondeur. En appliquant l'équation (3) au vertex de la trajectoire et au point d'interseclion avec la surface de la Terre, on obtient (6) c0p0 = cose. et il ne manque que de connaître p0, la distance minima de la trajectoire, pour construire, en passant à des stations toujours plus éloignées de l'épi-1 centre, v en fonction de p. Séduit par une analogie de pure forme avec le problème des brachysto- clirones, on a cru pouvoir tourner toutes les difficultés dérivant de l'igno- rance de v en fonction de p en appliquant à l'équation (t) le théorème d'Abel. C'est évidemment erroné et tous les résultais ainsi trouvés pour la constitution du Globe sont fantaisistes, ayant une valeur moins que provisoire. D'un point de vue légèrement différent, M. Poincaré est, dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 191 1, du même avis. Il eût été plus logique d'appliquer le théorème de Thomson et Tait; malheureusement il est en défaut à cause de l'orthogonalité de la trajectoire et de l'axe médian. J'ai d'abord songé à décomposer, par des sphères concentriques, la tra- jectoire. Au moyen de l'équation (3) on trouve l'angle d'émergence Ë, en un point quelconque d'interseclion du rayon sismique avec la sphère, par l'émergence de ce rayon et celle d'un rayon précédent tangent à celte sphère. Mais ce procédé, bien que très intéressant, est par trop laborieux et d'une convergence toujours douteuse. On se décidera plutôt à l'introduction d'une deuxième donnée empruntée à l'observation. D'abord on mettra les deux premières formules au moyen de la troisième sous la forme (") ? — '■'■ I cotEfiflogp, vl = 2 cosp / (colE -+- langli) dlogp *• P« l ?. qui font voir que la diliérenlialion par rapport au p0 tranchera la ques- tion. En considérant encore la définition (5) et l'équation (4), on trouve en fait " "0 H'((x) production des récoltes que le soleil soit clair et qu'un ciel couvert est, au contraire, une entrave à la décomposition de l'acide carbonique et, par suite, à l'accroissement de la matière végétale. Quand on étudie les faits culturaux, on constate que tel n'est pas toujours le cas; ainsi les régions où la nébulosité est fréquente sont souvent celles où la végétation est la plus puissante, où par suite, l'assimilation du car- bone aérien est la plus forte. Il est bien vrai que ce sont là des climats plus humides, et si l'on compare, comme stimulant de la végétation, l'efficacité de l'eau à celle de la lumino- sité, on trouve la première incomparablement plus grande. Quand le soleil est rare, l'activité végétative en souffre beaucoup moins que quand l'eau est rare. Mais si l'eau est donnée en suffisance pour les besoins de la végétation, l'intensité lumineuse est-elle un facteur important de l'accroissement des récoltes, joue-t-elle le rôle considérable qu'on lui attribue clans la produc- tion végétale ? Mes observations, continuées pendant les trois étés de 1910, 19 11, 191 2, me permettent de répondre à cette question. Ces étés, très dissemblables, tant au point de vue des quantités d'eau tombées que de la nébulosité, ont été, pour 1910 et 191 2, extrêmement bumides, avec un ciel couvert presque en permanence, pour 191 1, extrêmement sèche, avec un ciel toujours clair. A la station de Chimie végétale de Meudon une culture de luzerne en pleine production, abandonnée aux conditions climatériques naturelles, a produit, en moyenne, pendant les mois de juin, juillet, août, par jour et par mètre carré de surface : En 1910. Matière végétale sèclie 5, 34 1 g 1 1 . » i,a4 '9ia- » 3,i2 C'est manifestement le manque d'eau en 191 1 qui a réduit l'assimilation du carbone. Il a été un facteur bien plus important que le manque d'insola- tion directe en 1910 et 19 12. Mais pendant ces mêmes années, une partie de la luzerne a été régulière- ment arrosée tous les sept jours avec 4o' d'eau par mètre carré de surface ; l'eau, par suite, ne faisait défaut à la plante à aucun moment, puisque celle-ci recevait par semaine un arrosage de 4oomJ par hectare. Voici les accroissements moyens constatés par jour et par hectare, du milieu de juin à la fin d'août. 370 ACADÉMIE DES SCIENCES. s En 1910. Matière végétale sèche 10, 56 1911. » 7 1 00 1912. » 9,42 Or, pendant cette période, le ciel était couvert la plus grande partie de l'été en 1910 et 191 2 ; il était presque constamment clair en 191 1. Ainsi, même lorsque l'eau ne fait pas défaut, la luminosité ne favorise pas l'assi- milation du carbone et la production de la matière végétale. A quoi peut tenir, dans les conditions naturelles, cette indifférence de la plante vis-à-vis de l'intensité lumineuse, indifférence d'autant plus surpre- nante que lorsqu'on opère in vitro, on constate des différences très grandes suivant qu'on place les organes végétaux à la lumière directe ou à la lumière dilfuse? C'est que, dans les expériences faites en cloches, on est obligé d'enrichir en acide carbonique l'atmosphère dans laquelle on place la plante, afin de pouvoir saisir les variations qui se produisent dans les quantités de ce gaz. Dans l'air ordinaire, il y a si peu d'acide carbonique (2,7 pour ioooo™1 d'air) que de la radiation solaire, il y en a toujours assez pour déterminer son assimilation, et qu'il importe peu que le ciel soit assombri par les nuages ou que le soleil soit radieux; l'assimilation est limitée par la proportion de cet acide carbonique et non pas par l'intensité des radiations solaires. Ceci explique pourquoi les récoltes sont aussi abondantes par les années sombres que par les années ensoleillées. M. A. Laveran fait hommage à l'Académie du Tome V (191 2) du Bulletin de la Société de Pathologie exotique. NOMINATIONS. M. le Secrétaire du Comité invite l'Académie à se faire représenter aux fêtes qui seront données à l'occasion de l'inauguration du monument élevé, à Tunis, à Philippe Thomas, le 24 mars 1913. M. Armand Gautier est désigné pour représenter l'Académie à cette cérémonie. SÉANCE DU 3 FÉVRIER IÇ)l3. ^71 PLIS CACHETES. M. A. Blondel demande l'ouverture d'un pli cacheté reçu dans la séance du 16 août 1898 et inscrit sous le n° 6041. Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note intitulée : Perfectionnements à la télégraphie sans fil. A cette demande est jointe la Note suivante, dont l'Académie décide la publication : ÉLECTRICITÉ. — Sur Vorigine de la télé graphie sans fil par étincelles musicales . Note (') de M. A. Bloxdel, présentée par M. J. Yiolle. Au moment où la faveur des spécialistes se porte vers le système d'émis- sion par étincelles, je crois devoir signaler «pie j'avais exposé, il y a quelques années, cette méthode, en même temps que le système de la sélection par syntonie acoustique sans pouvoir lui gagner les appuis réservés alors aux étincelles rares. Non seulement, dans un document de 1900, publié en 1906, j'avais décrit le montage du poste émetteur musical comprenant un alter- nateur alimentant par transformateur le condensateur d'un circuit oscillant, avec addition dans le circuit du transformateur d'une self-induction de réglage permettant d'obtenir des étincelles disruptives (2); mais déjà, (') Présentée dans la séance du 20 janvier 1910. (2) Je m'exprimais à ce sujet en ces termes : » Une condition essentielle pour la pratique de cette invention est qu'à chaque station de transformation on emploie un moyen de produire des décharges électriques de fréquence désirée et que les décharges soient disruptives, par opposition aux décharges qui se suivent avec continuité. Je me réserve d'employer tout moyen connu pour appliquer ce résultat, mais j'ai trouvé en particulier que le dispositif représenté schématiquement par la figure 3 est efficace. Sur cette figure, T est un transformateur dans le circuit primaire duquel se trouvent un alternateur A' et un interrupteur I pour ouvrir et fermer le circuit. Le circuit secon- daire comprend les deux boules de l'éclateur X réglé à distance convenable; de l'une de ces boules monte l'antenne A et de l'autre descend la prise de terre E. . .. » Quand une station réceptrice est équipée comme je l'ai décrit (c'est-à-dire avec un cohéreur auto-décohérent), nous pouvons supposer deux stations de transmission 372 ACADÉMIE DES SCIENCES. auparavant, dans un pli cacheté n°6041 déposé le 16 août 1898, sous le titre Perfectionnements à la télégraphie sans fil, j'avais décrit, outre la syntonie acoustique, l'emploi des alternateurs à fréquence élevée pour la production des étincelles musicales, comme il suit : « Remplacement des bobines d'émission par des transformateurs. — Le nombre d'émissions d'ondes qu'on obtient actuellement par les bobines est limité par leur construction même. On augmenterait notablement l'énergie envoyée dans l'espace et, par suite, la portée des signaux, au moins dans le cas d'emp'loi des cohéreurs. en accroissant ce nombre d'émissions. Dans ce but, on peut d'abord multiplier le nombre de contacts par seconde des interrupteurs, maison est- très limité, et d'ail- leurs la constante de temps des bobines ne permet pas de réduire trop la durée du courant primaire avant chaque rupture. On peut obtenir des résultats bien plus importants en alimentant des oscillateurs à l'aide de transformateurs recevant leur courant primaire d'alternateurs. » Pour obtenir ces hauts voltages, il me paraît tout indiqué de recourir à des alter- nateurs à fréquence bien plus élevée, 1000 périodes par seconde par exemple, comme l'alternateur Ew ing-Parsons. On augmentera ainsi à la fois la tension et le nombre d'émissions par seconde. C'est dans cette voie, je crois, bien plus que dans l'accrois- sement de la puissance des bobines ou l'emploi des appareils à haute fréquence du genre Tesla-Thomson, qu'il faut chercher la solution du problème de l'accroissement de la puissance d'émission des signaux hertziens, notamment en vue de leur appli- cation aux signaux maritimes. . . . » Par exemple, les navires faisant le service entre la France et l'Amérique pourraient équipées de la manière qu'on vient de décrire, en des points éloignés et où sont pro- duites des décharges de fréquence égales à 5oo et 900 respectivement; avec ces deux postes de transmission on accorderait deux circuits récepteurs syntonisés respecti- vement pour 5oo ou 900 chocs électriques par seconde. ...» « Mais on ne peut admettre la formation d'un arc à l'éclateur et pour l'empêcher je place dans le circuit secondaire un condensateur T en dérivation.... En réglant la vitesse et la force électromotrice de l'alternateur, l'inductance lotaledu circuit primaire au moyen d'une bobine d'induction réglable S et la capacité du condensateur C dans le circuit secondaire, on peut régler à volonté avec précision le nombre de décharges de l'écla- teur; une fois ce réglage fait, les fréquences des étincelles restent invariables ».... « Quand on emploie des téléphones ou autres récepteurs acoustiques pour distinguer les messages par les notes émises par plusieurs postes, la fréquence des décharges doit être évidemment inférieure à la fréquence des sons acoustiques les plus élevés que l'oreille peut entendre et elle ne doit pas être inférieure à la fréquence des vibrations acoustiques les plus basses qu'on peut entendre. » (United States Patent. n° r7839!)2.) Dans le même document j'indiquais l'emploi comme récepteurs de monotéléphones ou de relais monotéléphoniques; les cohéreurs autodécohérents représentés sur les figures étaient du type dit anticohéreur de Neugschwender. SÉANCE DU '3 FÉVRIEK IQl3. 3-]3 adopter des sons très différents, suivant qu'ils vont dans un sens ou dans l'autre et avoir des récepteurs accordés sur le son des navires qu'ils risquent de croiser et insen- sibles à leurs propres signaux. » De même si l'on installe dans nos phares des émetteurs de signaux sans fil, les divers phares pourraient émettre une ou plusieurs notes différentes. » Il m'a paru intéressant de rappeler ces prévisions au moment où cette méthode vient de recevoir, avec ma collaboration, d'intéressantes applica- tions; deux radio-phares, émettant respectivement les notes ut 4 et sol l\, et fournissant des signaux groupés par commutateur automatique, viennent d'être mis en service avec succès aux îles d'Ouessant et de Sein, il y a quelques mois, par le Service des Phares, sous la haute direction de son directeur, M. l'inspecteur général Kibière, et réalisent parfaitement tous les avantages prévus pour la facile distinction des signaux (' ). CORRESPONDANCE. M. C. Graebe, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse des remerciments à l'Académie. MM. Désiré André et André Rlondei, prient l'Académie de vouloir bien les compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Teisserenc de Bort. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : F. Legueu, E. Papin et G. Maingot. Exploration radiograplnque de V appareil ur inaire. (Présenté par M. F. Guyon.) (') Je dois ajouter que l'antériorité que je rappelle ne saurait réduire le mérite des officiers et ingénieurs qui, comme M. le commandant Ferrie et M. Béthenod, ont con- tribué, depuis quelques années, à la réalisation pratique du système exposé plus haut et qui y ont apporté d'importants perfectionnements; en particulier dans les postes auxquels il est fait allusion, l'alternateur est du type Béthenod et l'éclateur du type Ferrie. 37<ï ACADEMIE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux dérivés. Note de M. G. Tzitzéica. On pourra faire un progrès notable dans l'étude de l'équation de Laplace, si importante pour tant de questions de géométrie infinitésimale, lorsque l'on pourra donner une forme géométrique, par conséquent intuitive, aux propriétés déjà connues, dues en grande partie à M. Darboux. Voici dans cet ordre d'idées quelques résultats qui méritent, il me semble, l'attention des géomètres. I . Considérons un réseau conjugué {u, c) situé dans un S„ (espace linéaire à n dimensions) et décrit par le point x de coordonnées projectives [, 2. ')• Dans quel cas un point x du plan tangent de x décrit-il aussi un réseau conjugué ; c'est-à-dire, les xt vérifiant l'équation (i) à-.r djc , d.r - — r- + a — — +- b — ha= o, <)uo\' Ou (h- comment devra-t-on choisir les coefficients de l'expression (2) .r, — p dxt dxt du dv rx„ pour que les a?- vérifient une équation de la même forme que (i)"? Il y a deux cas différents, suivant que l'on a n > 3 ou n = >. Dans le premier cas lésa?; sont de la forme (3) xt=. Or, ârr X l ~du~ ~dv 1 lit dï 9 de, ào, 2 du dv 9, et 9a étant des solutions particulières de (i). Dans le cas où n = 3, il y a deux catégories de réseaux (x'), décrits par des points du plan tangent de (x) : une première catégorie est définie, comme dans le cas précédent, par les expressions (3); une autre catégorie est définie par une relation assez compliquée entre les coefficients de (2). Nous appellerons les réseaux de SÉANCE DU FÉVRIER I9l3. 3^5 la première catégorie réseaux dérivés du réseau (x). Ces réseaux se dis- tinguent de ceux delà deuxième catégorie par une propriété caractéristique. A savoir, si l'on considère les réseaux (ce,) et (x_t) déduits de (x)par la méthode de Laplace et les réseaux (x\)et {x'_t) déduits delà même manière de (x'), alors la condition nécessaire et suffisante pour que les points r\ etx'_t appartiennent aux plans tangents en xK et x_, respectivement, est que le réseau (x') soit dérivé du réseau (x). 2. Les réseaux dérivés précédents sont des cas particuliers de réseaux bien plus généraux, définis par les expressions (m, n) de M. Darboux (Théorie des surfaces, t. II, p. 169). Pour écrire une de ces expressions, j'emploie la notation suivante : d'6 i)u ,d\ = fl« :i + k- ( )n aura alors (p, g) = e\, Ur pH ^Ol i>2 • i 'aq G', 6", ..., ¥x) étant des solutions de (1), linéairement indépendantes. Si l'on prend dans l'expression précédente pour x à tour de rôle les coor- données xi du point x, on obtiendra un réseau conjugué, que nous appel- lerons réseau dérivé d'ordre r. On a r -+- 1 réseaux dérivés d'ordre /-. Je précise la suite des réseaux dérivés des différents ordres de la façon suivante. Je suppose d'abord que pour tous les réseaux dérivés d'un même ordre r les solutions Ô', 0", . . . , 0 r sont les mêmes ; ensuite, que pour passer de l'ordre /-au suivant, j'ajoute une solution nouvelle 6(r+,) et je garde les autres. On a d'abord le résultat suivant : Tous les réseaux dérivés d'un même ordre r forment une suite de Laplace. D'une manière plus claire, les réseaux définis par les expressions (r — ?•', /•'), (/•—/•' — i,r'-t-i) sont les deux réseaux focaux d'une congruence de droites. Ce résultat montre d'une manière précise la relation réciproque des réseaux dérivés d'un même ordre. En voici maintenant un autre qui établit une relation entre les réseaux dérivés d'ordres successifs : Le point qui décrit le réseau défini par (r — /•', /•'' > se trouve sur la droite qui joint les points définis par (r — r', r' — 1) et C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N» 5.) 4& 376 ACADÉMIE DES SCIENCES. (r — r '— 1, /•'") pour o < /■ -< r. Le point (p, o) se trouve sur la tangente à la courbe v = const. du réseau ( p — 1, o) et le point (o,/?) sur la tangente à la courbe u= const. de (o, p — 1). Ces résultats, et d'autres que je me dispense d'énoncer, sont plus intuitifs sur une figure schématique que dans les énoncés précédents. THÉORIE DES FONCTIONS. — Sur une application du calcul fonctionnel à la théorie des fonctions. Note de M. D. Fompéiu, présentée par M. Appell. 1. Soit /{;.) = inx. r)-t- «>(.(. y) une fonction de la variable complexe s = x -+- iy, définie dans un domaine D, que je supposerai simplement connexe. Je prends l'expression fonction de variable complexe dans son sens général et non dans le sens restreint de fonction analytique. D'après un théorème de Morera, la fonction /(s) est holomorphe dans le domaine D si : i° elle est continue dans ce domaine; 2" l'intégrale ( f(z)dz ■- c est nulle pour tout contour fermé C, tracé dans D. D'après ce théorème, étant donnée une fonction de variable complexe et continue, pour reconnaître qu'elle est holomorphe dans un domaine, il suffit de prouver qu'elle y satisfait au théorème fondamental de Cauchy. F-n ce sens, la valeur de l'intégrale (') l=f/(a)ds, dans le cas où elle n'est pas nulle, apparaît comme une sorte de mesure de la non-holomorphie de f{ s) dans le domaine limité par G. Mais il y a plus. Soient f(z) et g{z) deux fonctions, définies dans le même domaine D (simplement connexe) et continues dans ce domaine : je ne suppose pas que f et g soient holomorphes dans D. Je suppose seulement que les inté- SÉANCE DU 3 FÉVRIER IC)l3. 3;n craies ff(s\dM, j ïiz)rlz ont toujours même valeur, quel que soit le contour fermé C, tracé dans 1). On peut affirmer alors que g(z) ne diffère de/(; ) que par une fonction holomorphe dans D. On voit donc que le .théorème de Morera nous permet de distinguer, dans l'ensemble des fonctions _/(-), continues et non holomorphes, une. fonction d'une autre, mais seulement à une fonction holomorphe prés. Pour achever de déterminer f(z) il suffit de se donner les valeurs de /(s) sur un arc de courbe L. Ainsi : une fonction de variable complexe f(z), continue, est parfaitement définie par les valeurs I des intégrales (i) et par la suite des valeurs que /('•) prend sur un arc de courbe. On saisit tout de suite la grande généralité de ce mode de définition : à la continuité près, la fonction f(z) est absolument quelconque; elle peut, par exemple, se réduire à une simple fonction réelle des deux variables réelles x et y. 2. Mais, avec ce mode de définition, il est naturel de se poser la question inverse : à quelles conditions doit-on soumettre un ensemble de nombre I pour que, étant donné cet ensemble, on puisse être certain de l'existence d'une fonction f(z) répondant à l'équation (i)"? Je n'examinerai pas ici cette question délicate, le but de cette Note étant de faire connaître, comme application de la définition fonctionnelle des f(z), une classification de ces fonctions, en prenant comme critérium l'extension d'une propriété fondamentale des fonctions analytiques. Soient h, (s) et A2(z) deux fonctions holomorphes définies dans deux domaines, D, et D2, séparés par une ligne rectifiable ap\ Si h, (z) et h.2(z) sont continues sur a (3 et prennent sur cette ligne les mêmes valeurs, la fonction h(z), égale à A,(z) dans D, et à h3(z) dans D2, est holomorphe dans le domaine D, -+- D2. J'exprimerai ce théorème (dû à M. Painlevé) plus brièvement en disant que toute fonction holomorphe est prolongeable par continuité. Soit maintenant f(z) une fonction de variable complexe (il ne s'agit plus de fonctions holomorphes) continue et rentrant, par sa définition générale, dans une classe de fonctions bien déterminée s. A quelle condi- tion cette fonction f(z) est-elle prolongeable par continuité? '$-}$ ACADÉMIE DES SCIENCES. En d'autres ternies : si deux fonctions de la classe S, définies une de chaque côté d'une ligne rectifiable L, prennent la même suite continue de valeurs sur la ligne L, peut-on, par la suppression de la ligne L, affirmer que dans la région totale, la fonction ainsi obtenue appartient à la classe s? La définition fonctionnelle des /(s) nous permet de donner une réponse précise à cette question : Pour qu'une fonction continue f(z) soit prolongeable par continuité, il faut et il suffit que l'opération fonctionnelle soit linéaire. Ainsi se trouve définie, dans l'ensemble des fonctions f( z ), une famille de fonctions continues parfaitement caractérisées par la propriété an prolon- gement par continuité. En particulier, pour la classe des fonctions holomorphes, l'application de notre proposition fondamentale est immédiate, au moyen du théorème de Morera. Cela nous donne une démonstration nouvelle, et très simple, du théorème de M. Painlevé. ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Détermination de toutes les fonctions permu- tables de première espèce avec une fonction donnée. Note ( ' ) de M. Joseph Pérès, présentée par M. Hadamard. 1. M. Yolterra a montré (-) l'intérêt que présente, en particulier, pour la résolution de certaines équations intégrales, la question suivante : déter- miner toutes les fonctions permutables de première espèce avec une fonction donnée. Il a résolu cette question dans le cas où la fonction donnée est du premier ou du deuxième ordre (3). Je résoudrai ici, par une extension convenable de sa méthode, le même problème dans le cas général où la fonction donnée est d'ordre /; -+- i . 2. Soit donc f(x, r) la fonction donnée d'ordre n -+- i que nous suppo- serons continue ainsi que ses dérivées jusqu'à l'ordre n-\-i inclus. Nous (') Présentée dans la séance du 27 janvier 1 91 3. (-) Voltkrra, Rend, dei Lincei . 17 avril 1910 et 5 mars 191 1. (3) Cf. Voltkura, loc. cit. Le fait que /(.r, y) est d'ordre n -t- 1 peut s'exprimer ainsi : f et ses dérivées jusqu'à l'ordre n — 1 sont nulles pour a; = y. Ses dérivées d'ordre n sont, au contraire, différentes de o pour x =y. SÉANCE DU 3 FÉVRIER IO,l3. 379 pourrons, grâce à deux transformations indiquées par M. Volterra, supposer que (a) toutes les dérivées de /jusqu'à l'ordre n — \ inclus sont nulles pein- ai y; ('') à"f(jc.r) à v" ô»f{x,y)' ÙY"~i ô.r -( l)Hà«f(x.y)_ ~ ■ ' ' _ { ' d.r" (c) les dérivées d'ordre n -h 1 de/ sont nulles pour x — y. Si alors a>(a?, y) est une fonction permutable avec /', on aura (1) flM)AS,y)'%=ff{*,Z)9(Z,y)l%=*(*,y De là on déduit aisément que {x,y) satisfait aux conditions : (A). $(a?, v) et ses dérivées jusqu'à l'ordre n inclus sont nulles pour x =y. f, }. "' F(Ç, v)— G(jt, ï) ,V'- '' r/£, où F, G sont des fonctions connues, finies et continues. Inversement il est facile de voir que, si l'on connaît la fonction $ la plus générale satisfaisant à (A) et (B), on en déduira, après simple réso- lution d'une équation de Volterra de deuxième espèce, la fonction

c «M \()v du; au «0. A, a,, ..., a„ étant des constantes faciles à évaluer et C$(u, v) le second membre de (B). Il faut trouver une solution de l'équation (B') nulle ainsi que ses dérivées jusqu'à l'ordre n pour v = o. Mais la résolution de (B'), où le deuxième membre est supposé connu, 38o ACADÉMIE DES SCIENCES. est très simple. En posant si'* p^.\ ->'-.n — 1 (.) E*(m, i')= / dit dl, . . . f d'c,^^(i„,\-).. <- Il l 0 «- 0 et les nombres N,- étant détinis par la décomposition en éléments simples N, 2, tc{ V— ajU ) ( V — a,U). . . ( V — «„ U ) — U"-1 *dt ( V — a(. U ) i la solution de l'équation (13') ayant des dérivées nulles jusqu'à l'ordre n— i pour r = o est il (C) $(«,(>)— g{9)+ 2 N,/ AiE^tB + a^c — 7i),ïi], g- étant une fonction arbitraire de p nulle ainsi que ses dérivées jusqu'à l'ordre n — i pour v = o. La $ cherchée satisfait donc (C) et inversement, comme on le constate aisément, pour que la solution de (C) vérifie (13') sous les conditions imposées, il faut et il suffit que la nUme dérivée de g soit, elle aussi, nulle. 4. Nous sommes finalement ramenés à la résolution de AlEflrttt + aïf*- — y)), Y)] (A = i), 0 E.J, ayant la valeur (2) et g étant une fonction donnée arbitraire sous les restrictions précédentes. Cette équation est intégro-différentielle puisque, dans E$, apparaissent les dérivées de 4> d'ordre n. Sa résolution est pourtant , je vais le montrer, tout à fait analogue à celle d'une équation de Vol/erra de deuxième espèce. Si, en effet, on cherche à résoudre l'équation (C) par une série de puis- sances du paramètre A (D) *0+A*,+ ...4-A'*/(+ ..., on trouve que, en dernière analyse, les $p s'expriment en fonction des seules dérivées niemes de g. On obtient alors aisément des limites supérieures du module des $,, en fonction des modules maximum des dérivées «ièu,es de g, et l'on en déduit que la série (D) est une fonction entière de A. (Elle converge comme une série exponentielle.) SÉANCE DU 3 FÉVRIER IÇ)l3. 38l La série (D) fournil la solution de l'équation intégro-differentieiie(C), solution unique, car, après les remarques précédentes, il n'est plus difficile de démontrer que l'équation (C), où Ton suppose # = o, n'admet pas d'autre solution que zéro ('). Le problème posé est ainsi résolu, la fonction $ s'exprimant donc (en revenant aux variables x et y) par une série très rapidement convergente dont les termes se calculent à partir de la fonction arbitraire (2) g(y — x) et de ses dérivées d'ordre n par des intégrations. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. -- Sur les équations du mouvement des systèmes conservatifs non holonomes. Note de M. A. Iîilimovitch, présentée par M. Appell. Posons que qs(s = i, 2, ..., n -(- k) sont les coordonnées du système matériel. Ecrivons dans la forme suivante les liaisons différentielles non intégrables (1) 7«+/-~ ^"'.q', — a,.— o {r—\,i, k), où ' désigne la dérivée par rapport au temps et ari, ar sont les fonctions des coordonnées et du temps. Les équations du mouvement avec les multiplicateurs des liaisons sont les suivants : . . cl dT dT ^ (2) dtàï'-^r^-z1-*" (*=!.»,. ..,»). ,.;, *JJK-*E--Qtm.+ if (r=i,a /.); dl <)'/>' ~<>qi ') ^à\d9"+ ** dq„+r ar I En utilisant cette égalité on peut écrire les équations ( 8) sous la forme suivante : d dG i dG dq, dkj A dkj X I d\ r = \ dV.^1 dG a,., V 3 FÉVKIEK IQI^. 3o,l portion utilisée de la plaque a moins de o'n'",i de côté, et par suite une surface infé- rieure à omm\oj . On mesure donc l'opacité sur une très petite région de la plaque. Il importe de mettre exactement en place le point qu'on veut mesurer. La plaque est mobile dans deux directions rectangulaires grâce à deux glis- sières à angle droit. Il suffit d'enlever le diaphragme placé devant l'œil et d'examiner l'image 13 avec une loupe pour pouvoir amener en place la région à étudier; cette place est marquée par l'encadrement de quatre fils formant réticule, qui indiquent exactement la position de l'ouverture du diaphragme B. Si le cliché à mesurer et le coin sont de même sorte (même nature de plaques, même développement), on peut opérer en lumière blanche: sinon les plages photométriques sont de teintes différentes, et il est bien préférable d'employer de la lumière inonochromalique. \ous utilisons l'arc au mer- cure en isolant la radiation verte par des écrans convenables. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les spectres des nébuleuses et sur les analogies qu'on en peut tirer. Note de M. «Ieax Meunier, présentée par M. Armand Gautier. La similitude d'apparence que j'ai fait connaître (') entre certains phéno- mènes de flamme et les nébuleuses m'a conduit à examiner les spectres de ces dernières. La plupart des nébuleuses présentent des spectres continus. Ce genre de spectres caractérise l'incandescence obtenue dans les flammes par la com- bustion convergente (2), de même que l'incandescence par l'électricité : on ne peut donc pas baser une spécification sur de tels spectres. Il en est autrement des spectres de nébuleuses présentant des raies. Les principales raies indiquées dans les notices publiées depuis quelques années sur ce sujet, dans V Annuaire du Bureau des Longitudes, sont les suivantes, exprimées en angstrôms, ou dixièmes de micron : 0007, 4"CP9- 4861 . 5, puis 4688, '1 i""', 3 à l'heure de gaz contenant un peu plus de \ pour 100 de formène. On peut donc soumettre un métal solide à un véritable lavage en le fai- sant traverser par un courant d'hydrogène, et éliminer ainsi les dernières traces de certaines impuretés. Ce procédé de purification pourrait être uti- lisé dans certains cas particuliers ; mais l'intérêt de ces réactions nousparait surtout consister en ce qu'elles se produisent forcément, par le jeu même des solubilités, dans les métaux ferreux soumis à des échauffements et refroidissements successifs. ( l ) La vitesse de passage est beaucoup moindre avec le métal carburé qu'avec le métal dou\. 3ç)6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si l'on rapproche ces résultais de ceux que nous avons signalés précé- demment et qui nous conduisaient à attribuer aux gaz, en général, et à l'hydrogène, en particulier, le principal rôle dans la cémentation du fer par le carbone solide, il semble possible d'admettre que l'hydrogène inter- vient également dans les déplacements du carbone à l'intérieur du métal. A côté des gaz occlus proprement dits, sur le compte desquels on est d'ailleurs loin d'être fixé, l'hydrogène joue donc un rôle très particulier dans l'acier, puisqu'il peut être absorbé ou éliminé au cours des manipulations que subit le métal dans l'élaboration des divers produits métallurgiques; qu'il est toujours présent, très actif chimiquement, et qu'il se déplace librement à l'intérieur du métal solide. L'influence de ce gaz, qui est généralement négligée, doit donc être prise en considération dans l'élude des transfor- mations de l'acier et nous paraît, dès maintenant, susceptible d'expliquer certaines anomalies d'après des expériences dont nous poursuivons l'achè- vement. CHIMIE ORGANIQUE. — Action des sulfites alcalins sur les acides éthylé- niques. Note de MM. J. Bougaui.t et Molchei.- la- Fosse, pré- sentée par M. A. Haller. Les travaux sur l'action des sulfites alcalins sur les acides éthyléniques sont peu nombreux (bien que les premiers soient de date très ancienne) et n'intéressent qu'un très petit nombre d'acides. Ils sontdussurtoutà Strecker et à ses élèves et visent uniquement l'obtention de dérivés sulfonés. Nous avons repris cette question à un point de vue un peu différent, et, sans négliger complètement la préparation des dérivés sulfonés auxquels nous a conduits notre étude, nous nous sommes attacbés surtout au côté analytique de la réaction. I. L'un de nous(') a fait l'observation suivante, point de départ de ce travail : lorsqu'à une solution de sulfite neutre (ou de bisulfite) de sodium, on ajoute de l'acide benzoylacrylique, celui-ci se dissout et fixe instanta- nément une molécule de bisulfite de sodium, en donnant un composé sulfoné, d'où l'on peut facilement régénérer l'acide benzoylacrylique. Il était indicjué, à la suite de cette expérience, de comparer l'activité des différents types d'acides éthyléniques vis-à-vis du sulfite de sodium. ( ' ) J. Bol'gal'lt, Ann. de Cliim. et de Pkys., 8e série, t. XV, 1908, p. 299. SÉANCE DU 3 FÉVRIER It)l3. 3p7 Dans nos essais les acides à étudier sont chauffés au bain-maric bouillant avec une solution de sulfite neutre de sodium, jusqu'à combinaison totale. Lue expérience témoin avec du sulfite seul permet d'apprécier, par titrage à l'iode, combien de SO3 \aH a été tîxè par l'acide en expérience. Voici les principales conclusions qui ressortent de nos essais : i" Un grand nombre d'acides éthyléniques se combinent au bisulfite de sodium pour donner les sels de sodium d'acides sulfonés, par fixation de S03NaH sur la liaison éthylénique R — CH = CH — K'+SONaH = R - CH2 — CH (S03Na ) — FV. ainsi que l'ont montré Streckeret ses élèves pour les quelques acides qu'ils ont étudié. 2° La fixation de SO'NaH est d'autant plus facile et rapide que l'acide éthylénique est plus énergique', contient plus de groupements électro- négatifs. Ainsi, l'acide benzoyl acrylique C°H5 — CO — CH = CH — C02H li\<- SO'NaH à froid, instantanément. Les acides fumarique, maléique, itaco- nique, citraconique réagissent assez rapidement à chaud. L'acide paraoxy- coiiniarique et la coumarine fixent SO'NaH plus facilement que l'acide cinnamique; et ce dernier, plus facilement que ses homologues, les acides a et 3-méthyl-cinnamiques, etc. A remarquer que l'acide cyclogéranique qui, d'ailleurs, est un acide lus faible, ne se combine pas au bisulfite de sodium, même après 3o heures de chauffage. Il en est de môme des acides ùndécylénique et oléique, et en général des acides à longue chaîne aliphatique. 3° Les acides sulfonés obtenus sont tous liés solubles dans l'eau, même lorsqu'ils dérivent d'acides insolubles. D'autre part, l'action des acides et des alcalis n'en régénère qu'avec peine l'acide primitif. Le mieux est de chauller avec de la soude aqueuse à i(io°. 4° Il est à peine besoin de faire remarquer que les acides saturés restent inaltérés dans les conditions de nos expériences. II. Au point de vue des conséquences analytiques à tirer de ces faits, nous pouvons citer les suivantes : i° On peut titrer approximativement un acide éthylénique ( parmi ceux qui réagissent sur le sulfite de sodium) à l'état de mélange avec des acides saturés. On chauffe une partie du mélange avec une solution de sulfite de sodium, et l'on titre, après un temps convenable, la quantité de sulfite 3<}# ACADÉMIE DES SCIENCES. combiné (par comparaison avec un tube témoin contenant seulement la solution de sulfite). i° On peut séparer avec une grande précision les acides saturés des acides éthyléniques se combinant avec le sulfite de sodium. La précision ne dépend que de la facilité avec laquelle on peut isoler l'acide saturé d'une solution aqueuse de sulfite de sodium. On retrouve ainsi très facilement icg ou 2e- d'acide benzoïque mélangés à is, ou plus, d'acide cinnamique. On peut séparer avec la même facilité et la même précision la vanilline de la coumarine, l'acide protocatéebique de l'acide caféique, etc. botanique. — Le tégument séminal et les trachées nucellaires des Thyméléacées. Note de M. Paui. Guérin, présentée par M. Guignard. Dans les ovules bitégumentés, on sait que, sauf de rares exceptions, le tégument externe est seul vascularisé, tandis que le tégument interne demeure totalement parenebymateux. Quant au nucelle, tous les auteurs ont été unanimes jusqu'ici à le considérer, au moins chez les Angiospermes, comme dépourvu de vaisseaux. Tel n'est pas le cas, cependant, chez certaines Thyméléacées, ainsi qu'il résulte des recherches que nous poursuivons en ce moment sur la structure de l'ovule et de la graine des représentants de cette famille ('). Les modifications que subit l'ovule, au cours de son développement en graine, sont indispensables à connaître pour mieux saisir l'origine des trachées que nous avons rencontrées, chez ces plantes, en dedans de l'enve- loppe séminale. Dans les Thyméléacées, où l'ovule est analrope, les cellules du légument externe, formant \ à 5 assises, ne subissent aucun changement appréciable; le tégument interne, généralement plus épais, est seul le siège de transformations importantes. Les cellules de son assise externe s'allongent radialement et se sclérifienl (c'est à elles que la graine doit sa dureté), tandis que celles de son assise interne, voisine du nucelle, offrent de très bonne heure, sur leurs parois, des bandes d'épaississement disposées en réseau. En raison de ce fait, nous désignerons désormais cette assise sous (') L'élude de la structure etdu développement de la graine, chez les Thyméléacées, n'avait été faite jusqu'à présent que chez les Daphne, par Beauregard (Rull. Soc. bol. Fr., t. WIV. 1S77, p. 385-3X7, 1 pi.). Nos observations personnelles s'étendent actuellement à près de 20 genres. SÉANCE DU 3 FÉVRIER I()l3. 399 le nom d'assise réticulée. Entre ces assises externe et interne, dont les caractères communiquent au tégument séminal ries Thyméléaeées une structure toute spéciale, les autres cellules, restées parenchymateuses, sont plus ou moins aplaties et désorga- nisées. Le tissu du nacelle, très épais à l'origine, se détruit progressivement, du centre vers la périphérie, pendant le développement de l'embryon. Il se trouve réduit, dans la région équatoriale de la graine, à une couche de cellules fortement écrasées, accolée extérieurement au tégument séminal et en dedans au tissu cotvlédonaire, l'albumen primitivement formé ayant complètement disparu, dans la plupart des cas. Or, c'est précisément dans ces restes du nucelle que nous avons rencontré, au voisi- nage de l'assise réticulée, de très nombreuses trachées, isolées ou par groupes de 2 à 6, sur tout le pourtour de la graine du Synaptolepis relasa H.-H.-W. Pearson. En raison même de la différenciation si marquée de l'assise la plus interne du tégument séminal (assise réticulée), il ne pouvait y avoir de doute sur l'origine nucellaire de la couche pourvue des trachées en question. Des coupes pratiquées sur des ovules nous ont d'ailleurs permis de confirmer cette manière de voir. Dès la base de l'ovule, le nucelle est nettement distinct du tégument ovulaire interne. Or, dans les couches sous-jacentes à l'épiderme de ce nucelle, on peut fort bien observer les petits groupes de trachées qui, dans la graine mûre, occuperont forcément, après digestion des couches nucellaires plus profondes, la place que nous avons indiquée précédemment. Ces trachées peuvent être suivies facilement dans leur course longitudi- nale, d'une extrémité à l'autre de la graine. Lorsqu'on veut séparer l'em- bryon de l'enveloppe séminale, on entraine avec lui, sous forme d'une mince pellicule, V assise réticulée, à la surface interne de laquelle adhèrent les trachées. En examinant à plat cette pellicule, on peut ainsi, sans aucun artifice de préparation, embrasser dans son ensemble le système trachéal, avec ses ramifications et ses anastomoses, plutôt rares, il est vrai. Il nous a été permis, dans ces conditions, de compter jusqu'à ijo trachées à la péri- phérie d'un embryon de Synaptolepis retusa mesurant 6""" de diamètre. Le >S. retusa n'est pas seul à offrir, chez les Thyméléaeées, les particularités que nous venons d'exposer. Il n'est pas douteux, en effet, que l'on doive rapporter au nucelle les nombreuses trachées que nous avons rencontrées entre le tégument séminal et le tissu cotylédonaire chez plusieurs Dicranolepis et le Craterosiphon scandens Engl. et Gilg. ('). (') Nous devons ces diverses espèces, toutes de l' Afrique tropicale, à l'obligeance de M. Aug. Chevalier et de M. le professeur Engler, de Berlin, que nous sommes heureux de remercier ici. C. 1?., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 5.) 5l /JOO ACADÉMIE DES SCIENCES. Chez les Peddiea a/ricana Harv. et Daphnopsis Swartzii Meissn., les trachées venant du raphé s'étendent, une fois parvenues dans la région chalazienne, sur un très faible parcours en dedans du tégument interne de l'ovule. A cet égard, ces espèces sont intéressantes à signaler comme constituant un terme de passage entre les précé- dentes d'une part, et la majorité des Thyméléacées d'autre part, chez lesquelles il n'y a jamais d'éléments vasculaires dans le nucelle. Par leurs très grandes dimensions et leur situation, les trachées nucel- laires des Thyméléacées se distinguent nettement des trachéides des Casua- rina signalées par Treub (') et surtout de celles des Castanea mentionnées par Miss Benson (2). Ces trachéides sont, en effet, peu allongées et localisées dans la région centrale du nucelle, au voisinage du sac embryonnaire. Alors même qu'on voudrait voir dans ces trachées une analogie avec le système vasculaire interne de l'ovule de quelques-unes de nos Gymno- spermes (3), elles n'en constitueraient pas moins, en tout cas, un fait abso- lument nouveau dans le domaine de nos connaissances actuelles sur l'orga- nisation anatomique de l'ovule et de la graine des Angiospermes. Sans émettre sur leur rôle la moindre hypothèse, nous estimons person- nellement que les trachées nucellaires des Thyméléacées ne peuvent être mieux comparées qu'au manteau trachéal nucellaire de certaines Cycadoiili- cales du permo-carbonifère (Slephanospenmim akenioides, Trigonocarpum Parkinsonii, Polylophospermum) (''). En résumé, il existe chez certaines Thyméléacées (Synaptolepis, Dicranole- pis, Craterosiphon), à la périphérie du nucelle, de très nombreuses trachées, vestiges, semble-t-il, d'une structure très ancienne, aujourd'hui disparue. Isolées ou par groupes, parfois d'une douzaine, ces trachées se retrouvent dans la graine, qu'elles parcourent d'une extrémité à l'autre, entre le tégu- ment séminal et l'embryon. (') M. Treub, A/i/i. Jard. bot. Builçnzorg, X. iSgi, p. 70. {-) Margaret Benson, Trans. Linn. Soc, London, Bot., 3 : 1888-1894, p- 412- (3) Chez les Gymnospermes actuelles, le nucelle ne se trouve nettement distinct du tégument oyulaire qu'au sommet et sur une faible étendue. Aussi l'accord est-il diffi- cile à s'établir entre les auteurs, sur la question de savoir à laquelle de ces deux régions appartiennent les éléments vasculaires qui parcourent cette zone commune de l'ovule. (') Oliver a montré (New Pliytologist, 3, igo4 : p. 9O-104, pi. 2 et Trans. Linn. Soc. London, Bot., 6 : 1904, p. 36r-4oo, pi. 4 1-44) que, dans ces espèces fossiles, où le tégu- ment est distinct, dès la base, du corps de l'ovule, un véritable manteau de trachées revêt la région périphérique du nucelle et vient même tapisser les parois de la chambre poil inique. Le rôle des éléments trachéens serait d'amener de l'eau dans cette chambre, pour faciliter la germination du pollen. SÉANCE DU 3 FÉVRIER I()l3. /jOI PHYSIOLOGIE . — Sur la fragilité du sexe mâle. Note de MM. A. Pinard et A. 3Iagnan, présentée par M. Edmond Perrier. Les statisticiens admettent actuellement comme démontré que, dans l'espèce humaine, les garçons meurent en plus grande quantité que les filles, aussi bien pendant la vie intra-utérine que pendant la vie à la lumière. Ce fait leur semble facile à expliquer par l'hypothèse d'une plus grande fragi- lité du sexe mâle. Nous avons voulu rechercher la valeur de cette upinion en consultant les documents que possède la clinique Baudelocque et qui ont été recueillis de 1891 à 191 1 : Nombre do fœtus morts ii la clinique. Années. L891. . 1802. . 1893. . 189i. . 1895. . 1896. . 1897. . 1898. . 1899. . 1990. . 1901. . 1902. . 1903. . 190Ï. . 1903. . 190G. . 1907. . 1908. . 1909. . 1910. . Garçons. 88 76 60 76 1 1 1 •9* 83 9° 9a 92 124 90 96 1 12 98 134 1 12 I 12 19.32 Filles. 72 62 62 58 84 70 83 86 80 78 80 /■* io3 89 68 73 84 93 81 94 i5-6 Nombre d'enfants morts après la naissance. Garçons. Filles. 42 28 Nombre de fœtus morls pendant le travail. Nombre de fœtus morts pendant la gestation. 4i 33 44 56 4o 22 4o 52 5i 61 4J 38 36 58 45 32 52 38 4i 867 '9 32 •9 34 22 29 37 34 36 33 3i 46 3o 24 32 37 3i 38 32 614 •9 i4 18 i3 20 23 3i 2-5 32 44 3o 467 i3 i5 22 16 ■4 16 25 ■9 21 (4 ■ 4 34 24 ; "1 1 Garçons 23 ■7 18 20 37 33 36 22 a 1 27 45 32 38 36 28 42 34 38 44 27 618 Filles. 28 3i 23 3i 4i 3o 4t 34 34 26 o o 00 27 32 4o 23 29 33 28 •9 28 611 4o2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Dans le Tableau ci-dessus nous donnons le nombre des fœtus et des en- fants morts à la clinique pendant ces 20 années sur 32689 accouchements. Mais celte série comprend tous les fœtus morts depuis le début de la gestation jusqu'à la sortie des mères, en général de 6 à 11 jours après l'accouchement. Or les causes de mort des fœtus sont variables, et il était nécessaire de les envisager toutes. Nous avons fait alors des séries plus circonstanciées constituées par les fœtus morts : i° pendant la gestation (pendant la première vie); 20 pendant le travail; 3° après la naissance à la lumière. Il apparait très nettement, si Ton considère l'ensemble des enfants, qu'il meurt à la clinique Baudelocque beaucoup plus de garçons que de filles. Le fait est réel puisque pour les séries annuelles il n'y a que deux petites exceptions. Si nous examinons les séries plus circonstanciées, on se rend compte que, pour les fœtus morts pendant le travail et pour les enfants qui nés vivants sont décédés dans les quelques jours que la mère est obligée de rester à la clinique, le nombre des garçons est très supérieur à celui des filles. Si nous prenons maintenant les fœtus morts pendant la gestation, on s'aperçoit que, pour chaque année, les garçons sont tantôt en plus grand nombre, tantôt en plus petit nombre. Leur mortalité n est pas supérieure à celle des filles. Il ne meurt donc plus de garçons que seulement pendant et après l'accouchement. Il restait à rechercher la cause de ce fait. Nous avons alors pensé à examiner le poids de ces fo?tus: Sans aucune discussion les garçons sont plus pesants que les fdles et ces différences de poids suffisent à expliquer la mortalité plus intense des garçons. Le fœtus en effet, pendant l'accouchement, souffre en ce sens qu'il doit résister à un trauma très énergique. Or c'est pendant le travail que ce trauma est presque le seul facteur qui puisse être funeste pour la vie du fœtus. Les garçons plus gros subissent une compression plus intense pendant le passage dans les voies génitales; ils résistent alors moins bien. Ils meurent pendant le travail ou nés vivants, mais en état de moindre résistance, ils suc- combent rapidement s'ils ne peuvent remonter leur état général. SÉANCE DU 3 FÉVRIER IQl3. /,o3 Enfants morts pendant le travail. Nombre Poids movcn Enfants morts après la naissance. Nombre Poids moven Années. 1891. 1892. 1893. 189 V. 1895. 1890. 1897. 1898. 1899. 1900. 1901. 1902. 1903. . 1904. 1905 . 1906. 1907. 1908. 191)9. 1910. de garçons. 23 iS . 7 12 18 21 24 28 '9 14 iS I 2 >9 33 3i 2.3 29 27 3i de filles. 16 10 7 8 18 1 1 i5 22 16 12 16 2J •9 21 12 12 3o 16 o r •) 1 32- des garçons. s 2636 3i84 ■ 558 2616 2943 3007 2838 2458 3i7, 2790 2939 3o77 2807 2687 2739 3342 2944 2o5g 2386 2779 des Mil,- 2372 28l3 2744 3igO 1800 2 i 1 "> 244o 2942 2Dl3 2.576 2601 2423 2622 2848 2180 283 1 a8o3 3568 1910 2267 23 i ■'. de de garçons, filles 42 38 33 3 1 56 4o 5i 5i 61 45 3? 32 48 •■)_ °7 41 Q a o i~>00 19 32 i5 33 20 28 34 24 36 33 3o 44 29 03 5- 37 32 à7 23 38 32 588 des ïarçons. ■>. 5 06 2.556 21.3l ^69 233 1 225l 19.55 2(31 2291 22l8 2384 25o8 2.74 2 '5g 2i35 3o56 301 1 232Ô 2255 i863 des filles. 2o85 ■944 2264 2o4 t 2260 325o 2076 2o6l 2225 2080 . I90I 1878 23i5 1935 2193 2044 2046 2038 16 1 5 1 556 209 3040 Comme conclusion, nous dirons qu'il ne meurt pas, pendant la gestation, c'est-à-dire pendant la première vie, plus de garçons que de filles. Il meurt par contre beaucoup plus de garçons pendant l'accouchement et dans les quelques jours qui suivent, non parce que le sexe mâle est le plus fragile, mais par suite du plus gros poids des garçons qui ressentent de ce fait le traumatisme obstétrical de façon plus énergique. C'est contre ce trauma obstétrical que lutte depuis 20 ans Pinard, avec l'espoir, en raison des résultats déjà acquis, de l'amoindrir le plus possible. 4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. ZOOLOGIE. Sur une nom elle observation de Crabes habitant les coquilles rides des lia/a nés. \ote(') de M. J.-G. de Max. présentée par M. E.-L. Bouvier. C'est à M. A.-E. Malard-Duméril, chef des Travaux scientifiques au Laboratoire de ïatihou, que nous sommes redevables de cette observation intéressante. Un navire était arrivé à Saint-Vaast-la-Hougue, venant de Madagascar; sa coque était couverte de Balanes appartenant, selon M. Gruvel, à la variété commuais et à la variété zébra du bien connu lia/anus tintinnabulum L. M. Malard fit la découverte que chaque Balane vide était habitée par un petit Crabe vivant, qui en avait pris possession. l\ envoya un certain nombre de ces Crabes à M. le professeur E.-L. Bouvier : douze étaient encore dans les Balanes, tandis que les autres, au nombre de 62, avaient été retirés de ces coquilles, qui sont fort encombrantes. A l'exception d'une douzaine de très petite taille, ces Crabes appartenaient tous à la même espèce. M. Bouvier eut la bonté de me soumettre une huitaine de ces derniers, dont deux se trouvent encore dans les Balanes, ainsi que les douze petits individus qui appartiennent à d'autres espèces. Je me souvins aussitôt d'avoir vu jadis l'espèce à laquelle la grande majorité de ces Crabes appartiennent. Cette espèce fut décrite par Mlle Rathbun, en 1893, sous le nom de Me nippe convexa Rathb., avec laquelle la Menippe Ortmanni de Man, 1899, est identique, comme je crois pouvoir l'affirmer. Le fait remarquable que cette espèce habite la coquille vide des Balanes était sans doute encore ignoré. La Menippe concerna Rathb., en ellet, n'était connue jusqu'ici que par une femelle adulte mal conservée provenant de Honolulu, par un mâle beaucoup plus jeune qui a été capturé dans un filet de pêcheur à Koh-Kong, sur la côte orientale du golfe île Siam, enfin par la femelle adulte et en bon état qui a servi de type pour ma description de la Menippe Ortmanni et qui a été recueillie à Sanggau sur le Kapoeas. à peu près à 20ok,n de son embouchure, dans l'intérieur de Bornéo. En aucun de ces cas il n'était question de Balanes. Peut-être cependant la femelle adulte de Honolulu fut-elle retirée d'une Balane, ce qui pourrait expliquerson mauvais état de conservation. A Sanggau iln'y a probablement pas de Balanes, mais des navires ou des barques peuvent les y apporter de la mer, avec le Crabe. Le plus grand des 60 exemplaires de la Men. convexa (') Présentée dans la séance du 27 janvier 19 1 3. SÉANCE DU 3 FÉVRIER IC)l3. /|0~> est une femelle adulte, dont la carapace est large de 24™"", 5j tandis que celle du plus petit, un mâle, est large de 7mm, 5. Nous voyons donc que l'animal entre jeune dans les coquilles. M. Bouvier suppose qu'il se loge tout d'abord dans les coquilles vides et qu'ensuite il vit en faisant carnage des Cirrhipèdes qui habitent les autres. En effet, ayant examiné les coquilles occupées, il a constaté qu'elles avaient pour voisines d'autres coquilles souvent vides et presque toujours plus petites; d'autre part, dans certaines coquilles habitées, on observe encore des restes de la membrane operculaire du Cirrhipède, ce qui prouve que la coquille a été récemment vidée. Plusieurs questions se posent relativement à ce phénomène remarquable. En premier lieu est-ce que ces Ménippes ont généralement l'habitude de passer leur vie dans les Babines ou les coquilles ne sont-elles occupées qu'accidentellement "? Est-ce que les Crabes passent leur vie entière dans les Balanes ou seulement une certaine période? Les Crabes occupent-ils les Balanes lorsque leurs coquilles sont déjà vides, ou est-ce que les Cirrhipèdes sont attaqués à l'étal vivant, de façon que ces petits matois seraient obligés de tueries Balanes et d'en dévorer une partie"? A quel âge les Ménippes prennent-elles possession des coquilles et quelle est leur nourriture quand les Balanes sont dévorées"? La supposition que ces Ménippes passent généralement leur vie entière dans les Balanes est peut-être rendue probable par la grande rareté de celte espèce qui est restée inconnue jusqu'en i8p3. L'espèce la plus voisine de la Men. convexa Rathb. est la Men. Panope (Herbst) (voir J.-G. de Max, Notes from the Leyden Muséum, t. XXI, 1^99, p. 60-67), (lm nesl connue que par le type unique de Herbst, une femelle provenant de Tranquebar et conservée au Musée de Berlin : aucun autre exemplaire n'a été retrouvé depuis, autant que je sache. Il me semble donc vraisemblable, que la Men. Panope se cache de la même manière dans une Balane ou dans quelque autre coquille. Lesdouze individus de petite taille, qui se trouvaient mêlés aux Ménippes retirées de leurs coquilles, appartiennent à quatre espèces dont, fait curieux, deux me semblent nouvelles. Ce sont : i° trois jeunes mâles du Leptodius Voe/tzkonii Lcnz, 1900 ; 20 un jeune mâle du Pilumnus longicornis Ililgd., dont la carapace est large de nmm,5; 3° sept exemplaires (2 Ô , 5 q) du Pilumnus Malardi n. sp., espèce voisine du PU. semilanatus Miers du délroil de Tories, mais ayant la carapace plus élargie et les pinces plus inégales et à granulations beaucoup plus serrées ; 4° une femelle du PU. truncato-spinosus n. sp., espèce probablement de petite taille, à front bilobé, 4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. à trois dents aiguës en arrière de l'angle extra-orbitaire, dont la carapace porte en dessus un tubercule conique auprès des dents du bord antéro-laté- ral et dont les pattes antérieures sont armées d'épines partie spiniformes et aiguës, partie tronquées ('). Ces douze petits Crabes ont évidemment pro- fité des Balanes de la même manière que les Ménippes, mais il reste à savoir si ces quatre espèces ont, comme la Men. convexa, l'habitude de se loger dans les coquilles des Balanes. Ce fait remarquable et curieux, que les coquilles vides des Balanes sont habitées par des Crabes qui en ont pris possession, n'est cependant pas nouveau : le Pilumnus Dehaanii Miers, en effet, a été décrit, en 1879, d'après un seul exemplaire, une femelle, qui a été trouvée dans la coquille d'une espèce de Balanus recueillie dans le golfe de Yedo (Japon) (E.-.T. Miers, Proc. Zool. Soc. London, 1879, p. 32), mais c'est le seul cas qui soit venu à ma connaissance. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Essais de substitution du glucinium au magnésium et au zinc pour la culture du Sterigmatocvstis nigra V. Tgh. (Aspergillus niger V. Tgh.). Note de M. M. Javii.ijer, présentée par M. Em. Boux. J'ai indiqué dans une précédente Note ( 2) quelles idées théoriques m'ont conduit à rechercher s'il existe quelque élément chimique susceptible de remplacer intégralement le zinc pour la culture de l' Aspergillus niger, c'est- à-dire capable, toutes autres conditions égales, défaire atteindre à la plante un poids aussi élevé en un même temps, constituant, en un mot, un cataly- seur aussi puissant que le zinc. L'expérience m'a conduit à écrire : « A des concentrations comprises entre le millionième et le dix-millionième, concentrations qui avec le zinc suffisent, et au delà, à obtenir le maximum de récolle, aucun des éléments expérimentés ne produit d'effets comparables à ceux du zinc. A ces dilutions, certains se montrent parfaitement indifférents Avec d'autres, les diffé- rences en plus ou en moins, même quand elles dépassaient sûrement les limites d'erreurs expérimentales, restaient très petites Un seul élément a présenté quclqueanalogic avec lezinc : le cadmium — » (') Une description détail lée de ces espèces, avec des figures, sera donnée plus tard. (2) Comptes fendus, t. 155,23 décembre 1912, p. 1 55 1 . SÉANCE DU 3 FÉVRIER IC)l3. 407 Malgré la récente Note de M. Lepierre ('), je n'ai rien à changer aux faits expérimentaux que j'ai énoncés. Ce qui provoque surtout la réplique de cet auteur, c'est le caractère de spécificité que j'ai attribué au zinc comme catalyseur biologique dans le cas de YAspergillùs. Il est clair qu'il ne pou- vait s'agir d'une spécificité absolue, mais relative, puisque je signale moi- même l'analogie entre l'action du cadmium et celle du zinc, analogie qui marche de pair avec l'analogie de ces deux métaux au point de vue chi- mique. Ce qui nous sépare sur ce point, ce n'est donc pas une notion d'ordre qualitatif, mais quantitatif (2). Il est probable que cette divergence trouvera son explication clans des expériences que je poursuis actuellement. Ce n'est pas seulement le cadmium qui peut remplacer le zinc, mais, suivant M. Lepierre, d'autres éléments, entre autres le glucinium, d'après la Note préliminaire lue à la Société chimique le i!\ janvier dernier ( 3 ). Or j'avais moi-même expérimenté le glucinium qui se trouve implicitement visé dans ma Note du 23 décembre, car ce métal n'estpas de ces « éléments rarissimes » que je signale n'avoir pas été essayés en raison même de leur rareté. Il est évident que si j'avais considéré le glucinium comme un catalyseur particulièrement actif, je n'aurais pas manqué de signaler un fait suscep- tible d'atténuer dans une certaine mesure mes conclusions générales. Eh bien, il n'en est rien : dans mes expériences, le glucinium n'a pas produit sur Y. \spergillus d'effets marqués. Au reste, et c'est la raison pour laquelle je ne m'étais pas arrêté spécialement sur le glucinium dans ma pré- cédente Note, j'avais envisagé la question sous un jour plus général : je m'étais demandé si cet élément peut se substituer non seulement au zinc, mais aussi au magnésium avec lequel il présente quelque parenté chimique. Voici à ce sujet une expérience tout à fait typique. (l) Comptes rendus, t. 156, 20 janvier ig 1 3, p. 258. (*) Je fais remarquer incidemment que M. Lepierre rapproche mes expériences de 1908 de celle qui est publiée dans ma dernière Note. Ce rapprochement n'est pas valable en soi, les expériences visées n'ayant pas été faites dans les mêmes conditions de milieu. J'emploie plus volontiers aujourd'hui des milieux à azote purement ammo- niacal depuis que j'ai montré la valeur alimentaire prépondérante de cette forme d'azote. Dans ces conditions -rô-roSTôô" ^e z'nc multiplie mes récoltes par un coefficient supérieur à celui que j'avais indiqué jadis. Voir à ce sujet : Comptes rendus, t. 1 55. 1912, p. 190 ; Bulletin des Sciences pharmacologiques, t. XIX, 1912, p. 5io. (3) M. Lepierre relate avoir publié un travail sur ce sujet en juillet 1912 dans le Bulletin de la Société portugaise des Sciences naturelles. Je n'ai pas en main ce périodique à l'heure où j'écris ces lignes. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 15G, N« 5.) 52 fa8 ACADEMIE DES SCIENCES. Milieu : Eau redistillée i5oo Saccharose 70 Acide succinique :i , 1 1\ Tarira le acide de potassium . . . i,63a Phosphate d'ammonium 0,600 Sulfate d'ammonium o, 232 Succinate d'ammonium 7,680 Alun de fer ammoniacal o, i3o Sulfate de manganèse 0,0004 Silicate de potassium 0,070 Ce milieu est préparé avec des corps très purs, tous purifiés ou préparés par moi- même ('). Il estréparti par i25cra8 dansde petilescuvetles recouvertes d'un cristallisoir de verre assez large et surélevé pour permettre le renouvellement de l'air. On ajoute dans chaque cuvelte : Séries. Sulfate de magnésium pur : 0,0886 Sulfate de glucinium pur : o, 1696 Sulfate de glucinium pur : o,o635 (2) Sulfate de magnésium : 0,0886 -t- zinc ( 1 : 10000000e) à l'état de sulfate. I. •2. :i. k. S.. 6. 7.. S., !>.. 10. Sulfate de glucinium : o, 1696 -t- zinc (1 : 10000000e) id. Sulfate de glucinium : o,o635 4- zinc (1 : 10000000e) id. Sulfate de magnésium : 0,0886 4- glucinium (1 : 1000000e) id. glucinium (1 : 100000e) id. glucinium (1 : 10000e) id. glucinium (1 : 1000000e) id. -zinc (i : 10000000') id. Sulfate de magnésium : 0,0886 Sulfate de magnésium : 0,0886 Sulfate de maçrnésium : 0,0886 J'ai naturellement identifié et essayé le sulfate de glucinium employé : saveurcarac- téristique; par la potasse, précipité blanc soluble dans un excès de réactif; par l'ammo- niaque, précipité blanc soluble dans le carbonate d'ammonium; par le phosphate d'ammonium et l'ammoniaque, en présence d'acide citrique, obtention de phosphate ammoniaco-glucinique, elc. Dosage de SOs : 44)98 (théorie 45,17). Dosage de gluci- nium : 5,22 (théorie 5, i3). Une solution concentrée du sel additionnée d'acétate de sodium ne donne pas de précipité par l'hydrogène sulfuré. Stérilisation des milieux de culture à n5° pendant 20 minutes. Ensemencement large. Séjour au thermostat à -1- 34°C. Arrêt des cultures à la fin du quatrième jour. ( ' ) Sauf le silicate. (!) Magnésium et glucinium sont en quantités équipondérales en 1 et 2, équimolé- culaires en I et 3. SÉANCE DU 3 FÉVRIER IO,l3. 4oo, Poids secs Séi'ies. des mycéliums 1 (Magnésium seul) o,4oo •1 (Glucinium équipondéral) o,ooo 3 (Glucinium équimoléculaire) o,ooo 1 ( Magnésium -t- zinc) i ,64o o (Glucinium équipondéral -+- zinc ) o,ooo 6 (Glucinium équimoléculaire -H zinc) o,ooo 7 ( Magnésium -t- i : i oooooo" glucinium) o,45o 8 (Magnésium -t- i : r 00000e glucinium) 0,870 9 ( Magnésium -f- 1 : 10000e glucinium) 0,420 10 (Magnésium + 1 : 100000e glucinium -t- 1 : 10000000e zinc ) . 1,74.0 Les cultures des séries 1, 7, 8, î) ont sporulé hâtivement, dès la 36e heure. D'après cette expérience, et d'autres que je ne puis relater ici faute de place, mais qui sont concordantes, le glucinium n'a pu remplacer le magné- sium ('); ce dernier est un aliment rigoureusement indispensable. Le glu- cinium n'a pu remplacer le zinc comme agent cataly tique. Que faut-il conclure de ces expériences et de celles, d'un sens tout différent, que nous annonce M. Lepierre? Faut-il purement et simplement les opposer comme irréductibles? Evidemment non. Il faut chercher les causes de leurs dissemblances. J'ai pu jadis montrer l'influence sur VAsper- gillus de doses si petites de zinc qu'elles échappent à toute analyse, et éclaircir ainsi la cause des résultats opposés de M. Coupin et de moi-même, .le crois que cette fois c'est d'un autre côté qu'il faudra se tourner. Les con- ditions de milieu, les caractères acquis par de longues influences hérédi- taires jouent peut-être ici un rôle prépondérant. De toutes façons, à propos d'expériences si délicates, où interviennent tant de facteurs divers, il faut se garder des généralisations hâtives et savoir ne pas énoncer de contradictions formelles. CHIMIE BIOLOGIQUE. -- Remplacement du zinc par le glucinium dans la cul- ture de /'Aspergillus niger. Note de M. Charles Lepierre, présentée par M. Armand Gautier. Dans une précédente Note j'ai montré que si Ton remplace le zinc par le cadmium dans le milieu Raulin, on obtient pour certaines doses les récoltes en tout semblables à celles que fournit le milieu zincique. ( ') Des expériences tout à fait indépendantes des miennes, entreprises simultané- ment par mon Collègue M. Sauton, ont fourni des résultais analogues. r> 4 IO ACADÉMIE DES SCIENCES. Le glucinium jouit des mêmes propriétés. On rapprochait autrefois le glucinium de l'aluminium : Mendelejefï et plus tard Moissan (') le pla- cèrent à côté du magnésium, du zinc et du cadmium. Moissan rappelle que les chlorures, carbonates, nitrates, sulfates de ces métaux sont ana- logues et que les sulfates doubles de glucinium n'ont aucune analogie avec les aluns. La technique suivie est la même que dans le cas du cadmium. J'ai recours au sulfate G1S0\4H20 pur. Le Tableau suivant résume les résultats obtenus : Glucinium. — Poids des recolles pour 5oo""° de liquide (4 à 5 jours de culture). Cristallisoirs en porcelaine. Erlenmeyer. Témoins sans zinc, ni cad- ~~^-"~*~ -mm~m~ """ "" - ... , B B ç ï g mi uni, ni glucinium 4,67 4,3g 3,4o 2,81 5, 90 zinc nJ,,» 6,94 7,54 7,85 6,4o 6,21 Glucinium (*) ^^ » » 2,00 6,4o 3,29 4,42 " ïôTôô " 8, i7(3) » » » » nrîW 6>95 (6j.) 7,70 (ioj.) 6,45 2,07 7,3o 4,08 5,70 iou'iouo G>45 (6j.) 7,45 (ioj.) 4,o5 3,8o 7,65 4,10 5,72 » » 3,87 3,67 6,90 4i9° 6,35 HVUUUUIl ' loooùuooi)---- " " ^'5o 7.°° 4,4o 5, S;) 4jours lojours 4 jours 10 jour: Les chiffres précédents s'appliquent à des cultures obtenues direc- tement en partant d' Aspergillus cultivé pendant plus d'un an sur des milieux sans zinc ni glucinium. On voit que les poids atteignent, en cristallisoirs, le maximum pour les doses de glucinium comprises entre r„ „'„„0 (et souvent plus) et 100I>1„ u00 ■ Mais ce maximum n'est atteint qu'après 9 à 10 jours environ. Il y a donc retard. L'expérience démontre du reste que ce retard n'est que relatif et diminue à mesure que la plante s'adapte à son nouveau milieu, par cultures successives sur glucinium. Pour les doses indiquées les cultures sporulent normalement. Je ferai remarquer que si l'adaptation de Y Aspergillus, pour les doses de zinc appelées physiologiques ou utiles, s'obtient d'emblée, cela tient à ce que cet élément est beaucoup plus répandu cjue le cadmium ou le glucinium . of Se. Portsmoutlt Meeting. London, 191 1). SÉANCE DU 3 FÉVRIER f0.l3. 4' 5 Moluques et Insulinde : i44; 9,70. Régions tropicales de l'hémisphère austral : 180; 3,89. Amérique tempérée du Sud : 2o3 j 5,42. Amérique tempérée du Nord : 2o4; 9,80. Amérique tropicale du Nord : 217 j 5,99. Bassin oriental de la Méditerranée ; 238; 6,72. Amérique du Sud : 23g; ^,77. Europe centrale et septentrionale : 2^9: 6,23. Bassin occidental de la Méditerranée (1850-1899) : 265; 5,66. Asie anté- rieure : 292; 445- Hémisphère austral : 383; 2,87. Amérique du Nord : 42i; 4v5. Bassin occidental de la Méditerranée (jusqu'à i84g) : 545; 4.76. Amérique : 624 ; 4-4g- Bassin occidental de la Méditerranée : 810; 3,46. Bassin de la Méditerranée : io5i; 2,86. Extrême-Orient: 1081 ; 3,24. Europe : i3oo; 3,46. Asie :*i373; 2,69. — Le vieux Monde : 2673; 1 ,95. Hémisphère boréal : 3og4; 1 ,84. Le Monde : 344 • ! 'i43- Cet asymptotisme vers zéro, ajouté à l'argument plus haut invoqué, donne le droit de penser que, en vertu de la loi des grands nombres, les maximums hivernaux et les minimums estivaux ne sont qu'une apparence fortuite due au simple hasard, autrement dit que les mégaséismes sont indé- pendants des mois ou des saisons. A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. G. D. C. R., ir>i 3. 1" Semestre. (T. !.= 6, N« 5.) 53 4l(i ACADÉMIE DES SCIENCES. B1 I IKÏÏV llllll MM.KAI'IIIOl K. OUVRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 27 JANVIER 191 3. Ministère de la Guerre. Archives de Médecine et de Pharmacie militaires, publiées par ordre du Ministre de la Guerre; t. XL. Paris, Marc Imhaus et René Chapelot, s. d. ; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Darboux.) Société française de Physique. Recueil de Constantes physiques, publié par Henri Abraham et Paul Sacerdote. Paris, Gauthier-Villars, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Amagat.) Électrotechnique appliquée. Machines électriques (théorie, essais et construction), par A. Mauduit; avec une Préface de A. Blondel. Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1910; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. J. Violle.) Chimie agricole. Chimie du sol, par M. Gustave André"; avec une Introduction par P. Regnard. Paris, J.-B. Baillière, 1918; 1 vol. in-12. (Présenté par M. A. Muntz.) Etudes de biophysique, La biologie synthétique, par Stéphane Leduc; avec 1 18 figures dans le texte. Paris, A. Pointât, 1912; 1 fasc. in-8°. Publikationen des aslrophysikalischen Observatoriums zu Potsdam. Photogra- phische Himmelskarte Katalog ; Bd. VI. Potsdam, 1912; 1 vol. in-4°. Observations made at the Royal magnetical and meteorological Observatory at Batavia, published by order of the Government of Netherland's East-India, by W. van Bemmelen, Director; t. XXXII, 1909, containing : Meteorological and magnetical Observations made in 1909. Batavia, 1912; 1 vol. in-f°. Memorie délia Pontificia Accademia Romana dei ISuovi Lincei; t. XXIX. Rome, 191 1 ; 1 vol. in-4°. Institut international d' Agriculture. Bulletin du Bureau des renseignements agricoles et des maladies des plantes ; 3e année, n° 12, décembre 1912. Rome, 1912; 1 vol. in-8°. Memoirs of the Department of Agriculture in India : Botanical Séries; t. V, n° 1, septembre 1912. Calcutta, 1912; 1 fasc. in-8°. SEANCE L)U 3 FÉVRIER l«Jl3. l\\J Ouvrages reçus dans la séance du 3 février 191 3. Henri Poincaré, 1854-1912 (avec un portrait en photolypie), par A. Buhl. (Extr. de L'Enseignement mathématique, numéro du i5 janvier io,i3.) Genève ; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Appell. Hommage de l'auteur.) Exploration radiographique de l'appareil urinaire, par F. Legueu, E. Papin et G. Maingot; avec 72 planches hors texte, dont 67 en noir et 5 en couleurs. Paris, F. Gittler. ig r 3 ; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Guyon.) Bulletin de la Société de Pathologie exotique; t. V, 1912. Paris, Masson et C" ; 1 vol. in-8°. (Présenté en hommage par M. Laveran.) Marine nationale. Statistique médicale de la Marine pendant l'année 1908; 10e année. Paris, Imprimerie nationale, 1912; 1 vol. in-4°. Problèmes d' Analyse mathématique, par E. Farry. Paris, A. Hermann et fils, 1913 ; 1 vol. in-8°. Un exemple de contamination du niveau aquifère portlandien : La source de Fains ( Bar-le-Duc), par M. René Nicklès. ( Extr. du Bulletin des séances de la Société des Sciences de Nancy .) Nancy, Berger-Levrault, s. d.; 1 fasc. in-8°. Contribution à la connaissance de la jonction ancienne de la Moselle et de la Meuse par te Val de l'Ane, par M. René Nicklès. (Extr. du Bulletin des séances de la Société des Sciences de Nancy.) Nancy, Berger-Levrault, s. d. ; 1 fasc. in-8°. La Corse scientifique, par 1. Mansion. Bibliographie régionale : I. Sciences géo- graphiques; fasc. 1. Bastia, J.-B. Ollagnier, 1912; 1 fasc. in-8°. Pholometric researches : The A/gol-system, Z Draconis, by Raymond Smith Diigan. {Contributions froin tke Princeton Universitv Obserratorv, n° 2.) Princeton, N. J., 1912 ; 1 fasc. in-4°. Colori stellari observati a Borna negli anni 184-4-184-6, da Benedetto Sestini, espositi in nuovo ordine e riosservati da J.-G. Hagen. (Specola astronornica vati- cana ; III.) Rome, 191 1 ; 1 fasc. in-4°- Genauigkeitsuntersuchungen iiber die Bestimmung der Intensitàt der Scluver- kraft durch relative Pendelmessungen au/ 9 Stationen des badischen Ober landes und auf der scluveizerischen Beferenzation zu Basel, von J. Burgin ; mit 6 Tafeln. Garlsi'uhe. G. Braun, 1912; 1 vol. in-4°. Bolletin demogrdfico de la Bepublica Mexicana, 1904, formado por la Direcciôn gênerai de Estadistica, a cargo de Antonio Penafiel; ano IX, nûm 9. Mexico, 191 1 ; 1 vol. in-4°. 4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. ERRATA. (Séance du 6 janvier io,i3.) Note de M. J. Andrade, Recherches expérimentales sur le spiral cylin- drique double : Page 56, ligne S, au lieu de si A : := 1 1, lire si A" =4«. Même page, ligne 9, au lieu de -n^ô-gâ, lire ^Vôû- (Séance du 20 janvier 1 gi3.) Note de M. Charles Lepierre, Sur la non-spécificité du zinc comme cata- lyseur biologique pour la culture de V Aspergillus niger. Son remplacement par d'autres éléments : Page 25g, ligne r4, au lieu de n^^, lire mVôô- ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 10 FÉVRIER 1915. PRESIDENCE DE M. I". GUYON". MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. A. H au, eh fait hommage à l'Académie d'une médaille de Schàizen- berger. o' M. Pierre Termier, présentant à l'Académie l'Ouvrage intitulé Die moravischen Fensterundihre Besiehung zum Grundgebirge deshohen Gesenke, dont l'auteur est M. le professeur Franz Eduard Suess, de l'Université de Vienne, s'exprime en ces termes : Le Mémoire que M. Franz Eduard Suess vient de consacrer aux Fenêtres moraves (t. LXXXVIII des Denkschr. dermathem.-nalurwiss. Kl. d. h. Akad. d. Wissensch.) mérite d'être signalé à l'attention de tous les géologues. Il jette un jour nouveau sur le problème des terrains cristallophylliens, et il éclaire, en même temps, la structure profonde d'une vaste région de l'Europe centrale. Dans les terrains cristallins du Sud du Massif de Bohême, il y a deux séries profondément différentes : l'une, à l'Ouest, constitue le pays moldanubien, qui correspond à une partie de la Moravie, à la plus grande partie de la Bohême méridionale, et même à un morceau du Bayrischer Wald ; l'autre, à l'Est, affleure, en Moravie, dans deux dômes -dont on ne voit, malheureu- sement, que le bord occidental (tout le reste étant caché par les terrains tertiaires et quaternaires du bassin de Vienne). Ces dômes sont appelés, par l'auteur, dôme de la Thaya (près de Znaïm) et dôme de la Schwarzawa (près de Briinn). La série cristalline qui affleure dans ces dômes constitue le pays morave. C. R», igi3, i" Semestre. (T. 15G, N° 6.) ^4 ZJ20 ACADÉMIE DES SCIENCES. La série molda nubienne est faite de gneiss et micaschistes très variés, parfois à tibrolite, cordiérite ou grenat, parfois riches en plagioclases; et aussi d'amphiboliles, éclogites, gabbros, serpentine, marbres à graphite et à silicates calcaires, roches à augite, etc. Des roches massives (surtout granité à amphibole) interrompent cette alternance et forment de vastes amas. Des filons de pegmalite à tourmaline traversent tout l'ensemble. Dans les roches stratiformes, il n'y a pas de direction régulière : l'allure est lenti- culaire, avec des contorsions capricieuses; elle s'ordonne seulement autour des grands balbolites granitiques. Sur le bord de ceux-ci, on observe souvent comme un passage du granité au gneiss. La série morave est formée, elle aussi, presque exclusivement, rie roches cristallopbylliennes et de balholites granitiques; mais les roches sont tout autres, et, surtout, l'allure générale est très différente. On se croirait dans un massif central des Alpes orientales : un noyau granitique, ou gra- nito-gneissique, enveloppé d'un manteau de phyllades, de micascbistes, de calcaires micacés (sans graphite et sans silicates calcaires), en couches paral- lèles et concordantes; et, sur ce manteau, une couverture àWugcngneis à orthose et à mica blanc (Bittesc/iergneis). La succession est très régulière, et les bandes parallèles se poursuivent sur plus de iookœ, régularité qui con- traste vivement avec le chaos du pays moldanubien. Enfin, le métamor- phisme est moindre, semble-t-il ; il est caractérisé par la naissance de miné- raux hydratés (chlorite, séricite, épidote) et d'albite, et par l'absence des plagioclases basiques. Partout où l'on voit le contact des deux séries, on constate que la série morave s'enfonce régulièrement sous la série molda nubienne. Entre les deux, il y a une intercalation, plus ou moins épaisse, de micaschistes et de gneiss à deux micas. Cette zone intercalaire n'est pas un terrain spécial ; c'est une modification locale des gneiss moldanubiens. Sa base seule, tout contre le /iitteschergneis, est mylonilisée ou diaphtoritisée. Chose curieuse, dans les deux dômes de la série morave, la cristallinitéet le zonage des assises diminuent de haut en bas; dans le dôme du Nord (Sehwarzawa ), les couches les plus profondes que l'on connaisse sont très peu métamorphiques (phyllades, conglomérats quartzeux, granité écrasé, calcaires très semblables au calcaire dévonien fossilifère d'Olmiitz). Nu/doute que le pays moldanubien ne soit charrié sur le pays morave. Le pays moldanubien est une écaille provenant d'une zone profonde de l'écorce, et le pays morave, beaucoup moins atteint parle métamorphisme, apparaît en fenêtre clans les déchirures de cette écaille. Les deux dômes de SÉANCE DU IO FÉVRIER 191'L 421 terrains moraves correspondent à deux fenêtres dont les bords orientaux sont cachés. Plus au Nord, dans les Sudètes (Gesenke), aux confins de la Moravie et de la Silésie, on voit, de même, les gneiss moldanubiens reposer, à l'Est, sur les terrains cristallins silésiens : ceux-ci appartiennent donc encore au pays morave. La superposition, par charriage, d'une série sur l'autre, s'observe ainsi depuis le Manhartsberg, près du Danube, jusqu'à la plaine silésienne, sur plus de 2DOkm de longueur. Rien n'indique le sens du déplacement relatif des deux pays. Quant à l'âge du charriage, voici ce qu'on peut dire : une partie des roches moraves appartient très probablement au Dévonien, et le Culm est trans- gressif sur les deux systèmes. Le charriage est donc certainement antérieur au Culm, et il est probablement de la fin du Dévonien. Cette brève analyse ne donnera qu'une idée bien insuffisante de la multi- tude des faits observés par M. Franz E. Suess, et de la très grande portée de ses conclusions dans les deux domaines de la Pétrographie et de la Tectonique. Le Mémoire sur les Fenêtres moraves est vraiment digne du nom de Suess; et sa lecture réjouira tous les géologues, en leur montrant que, dans la famille de l'auteur de Dos Antlilz- der Erde, se perpétuent les dons d'observer, de décrire, d'interpréter et de synthétiser. THERMODYNAMIQUE. — Sur deux inégalités fondamentales de la Thermodynamique, Note de M. Pieure Duhem. Il existe, en Thermodynamique, deux inégalités fondamentales qui se rattachent aux idées de Clausius; la croissance aciiabatique de l'entropie, dont nous nous sommes occupé dans une Note récente ('), est un cas particulier d'une de ces inégalités. Pour les systèmes composés d'un nombre limité de parfîes, dont chacune est d'une température uniforme, M. É. Jouguet a démontré ces inégalités au moyen d'un postulat parti- culier (-). Pour les systèmes sur lesquels la température estdislribuée avec continuité, nous en avons donné une démonstration qui fait appel à la théorie de la conductibilité de la chaleur (3). Nous nous proposons de (') Sur la croissance aciiabatique de V entropie (Comptes rendus, t. 156, 27 jan- vier 1 91 3, p. 284)- (-) E. Jouguet, Sur la stabilité de l'équilibre (Procès-verbaux île la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, a3 juillet 1903). (3) Traité d'Energétique, t. II, p. 220-12Q. 422 ACADÉMIE DES SCIENCES. donner, de ces inégalités, une démonstration indépendante de la théorie de la conductibilité, et fondée sur les mêmes principes que la démonstration, récemment donnée, de la croissance adiabatique de l'entropie. Soit T un système que bornent, en partie, un corps imperméable à la chaleur sur lequel il n'y a pas glissement accompagné de viscosité, et, en partie, une surface S portée à une température uniforme ~0; cette tempé- rature peut varier d'un instant à l'autre. Pour éviter les longueurs, nous supposerons, comme en notre précédente Note : i° Que deux parties du système ne glissent pas l'une sur l'autre avec viscosité; 20 Qu'aucun volume, si petit soit-il, n'est de température uniforme. Pendant le temps compris entre les instants t et t -+- dt, le système T dégage une quantité de chaleur Q0. A l'instant t, nous partageons ce sys- tème en deux systèmes partiels, T', T"; le premier contient toutes les parties dont la température est au moins égale à S0, le second toutes les parties dont la température est au plus égale à %0. Dans le temps dt, ces systèmes dégagent respectivement des quantités de chaleur Q^, Qô, et nous avons Qo=q;+q;. Soit S', la limite supérieure des températures du système F"; soit S' une température comprise entre &0 et %\. Si, du système F', nous retranchons toutes les parties dont la température est inférieure à £>', il reste un système C'(S') qui est identique au système T' si 3' = £r0 et qui s'évanouit si S,'= S^. Dans le temps dl, le système C'(B') dégage une quantité de chaleur p'(%')dl\, p'(h0)dt est égal à Q'0 ; //(S,) est nul; enfin, pour toute valeur de ^' autre que &',, />'(S') est positif en vertu du postulat que nous avons admis. Soit S" la limite inférieure des températures du système F; soit S" une température comprise entre &" et $„. Si, du système* T", nous retranchons toutes les parties dont la température est inférieure à S", il reste un système C"(5") qui est identique au système T" si 3-" == 3'^ et qui s'évanouit si §" = S0. Dans le temps dt, le système C"(S") dégage une quantité de cha- leur p" Cz")dt; p"(%\)dt est égal à Q"0 ;jb"(S0) est égal à o; pour toute autre valeur de S", p"(S") est positif. Soient, à l'instant t, d& un élément de volume du système T; p sa den- sité, pacte son entropie, q la quantité de chaleur qu'il dégage dans le temps dl; JXdadt la valeur, pendant ce temps, du travail accompli par la viscosité interne à cet élément; enfin F(5) la température absolue de cet SÉANCE DU IO FÉVRIER I()l3. /|23 élément. Entre ces diverses grandeurs existe la relation (i) (j —— V{lj)p'-^-dmdt — Rdvndt. Considérons, dans le système F, toutes les masses élémentaires dont la température est comprise entre S' et (Sr' -+- d%'). Nous aurons évidemment 2iQ — — rT, fl3 dt, le premier membre désignant une somme étendue à toutes les masses élé- mentaires dont nous venons de parler; nous en tirerons -£f(2f') — F(2r') d2t' ' Intégrons des égalités semblables pour tout le système F, et nous aurons l'égalité suivante, où le premier membre est une somme qui s'étend à toutes les masses élémentaires du système F : y-ï-=-dt r dp'Cs,) -!--«© ZàfiF) A & F(&') Une intégration par parties, appliquée au second membre, nous donne Pour le système Y", on peut écrire une égalité analogue; ajoutée membre à membre avec celle-ci, elle donnera l'égalité (-> 2iF(S) F(Sr,)- rf/ 1 [F(2r')]s ^ +1 ■"»" ^0 [F(Sf')]* où la somme qui figure au premier membre s'étend à toutes les masses élé- mentaires du système. En vertu des caractères des quantités p'(%'), /?"($"), cette égalité donne l'inégalité (3) y_£ % v Z„) " = g(n) est une fonction positive continue croissante possédant des dérivées des deux premiers ordres, en désignant par $k)(oo) la dérivée de Ç(x) et par f(x) une fonction d'ordre de grandeur de la fonction inverse de esl"\ on a a>kGW(x) lim \lk,., — " =const. Donc une fois donné l'ordre de croissance de la fonction, on peut déter- miner celui de la dérivée. (' ) E. Lindelôf, Mémoire sur la théorie des fonctions de genre Jini(Acta Societatis scientiarum fennicœ, t. XXXI, n° 1, 1901) et Sur la détermination de la croissance des fonctions entières, etc. (Bull, des Sciences math., iç;o3). C. R.. 1910, 1" Semestre. (T. 156, N° 6.) 56 436 ACADÉMIE DES SCIENCES. Soit donnée la fonction entière H(.*) = V(3(,o^, OÙ p{n\~(p) (•), et g(n) est une fonction positive croissante possédant des dérivées des deux premiers ordres, on conclut que Il m = — o 37 = 00 »-, /■" I /\-c)Y^y — — « = 0 et e'~' =00, [/(*•)? 71 = 0 i étant aussi petit qu'on veut et/(a;) est une fonction d'ordre de grandeur de la fonction inverse de eg(n). Ce théorème peut être considéré comme la généralisation d'un théorème de M. P. Dienes sur la croissance des fonctions entières formées à l'aide de la fonction exponentielle (2). Application. — Soit donnée une fonction analytique qui peut s'écrire au voisinage de xt où lSq(x) désigne un polynôme de x de degré (') l'ordre de la fonction eel"'. La relation (a) nous donne une règle très simple pour déterminer la crois- sance de V(x) : Désignons l'ordre de U(;r) et de es{n] respectivement par /■ etp, et soit ( A' -+- q - ) l'ordre de la singularité, on a puisque ( A • + q - ) - = /. • - + (/ - - ■ Donc, en multipliant V ordre de la singularité par l'ordre de la fonction inverse de es'"), on obtient l'ordre de U(.r). Une conséquence importante de la relation (a) est que la correspondance entre la fonction et la représentation de la série examinée ne peut pas être complète dans le sens que le degré d'infinitude des points singuliers algé- brico-logarithmiques ne coïncide pas avec le degré d'infinitude de la repré- sentation. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la détermination des fonctions harmoniques. Note de M. J. Le Houx, présentée par M. Emile Picard. J'ai déjà eu l'occasion d'indiquer comment on peut rattacher l'intégrale de Dirichlet aux formes quadratiques. La même méthode s'applique aussi à la démonstration de l'existence des fonctions harmoniques prenant des valeurs données sur la frontière d'un domaine, et même au calcul effectif de ces fonctions. Je me propose de signaler dans celte Note la forme des équations et des résultats auxquels on est conduit. ( ' ) p signilie un symbole quelconque de RI. Borel. Noir Leçons sur la théorie de la croissance, Chap.I. Paris, Gauthier-Villars, 1910. 438 ACADÉMIE DES SCIENCES. Considérons dans le plan desx,y une aire (D) limitée par un contour (G). Couvrons l'aire (D) d'un réseau de triangles formé en menant d'abord des droites équidistantes, parallèles aux axes de coordonnées et en coupant ensuite par une série de diagonales les carrés obtenus. Les triangles qui bordent la frontière seront irréguliers, mais cela ne modifie pas nos conclu- sions qui resteraient exactes pour tout réseau de triangles n'ayant pas d'angles obtus. Je ne m'occuperai d'ailleurs ici que de réseaux réguliers. Je suppose qu'à tout nœud M (a?, y) du réseau on fasse correspondre une variable zXtï. Chaque système de valeurs de ces variables détermine une fonction u (ce, y), qui, sur les nœuds, est égale à sœyet qui à l'intérieur de chaque triangle est linéaire en ce et y. La fonctions (^',y) serait repré- sentée par une surface polyédrale à facettes triangulaires. Pour cette fonction, l'intégrale de Dirichlet étendue à l'aire (D) -/m: {% dx dy est égale à une forme quadratique des variables zXtï. On a, en désignant par h la distance des parallèles successives, .!(«) = F( = )=i[(^.,-=x^.,)2+(^,v-=x.y±/,)!]. Supposons données les valeurs des variables :xy qui correspondent aux nœuds de la frontière, et cherchons à déterminer les autres variables de manière à rendre minima la forme quadratique positive V(z). On aura, pour tout nœud intérieur, — — = o, c'est-à-dire "3X, \ ' ' ) zx.) J ( zx-h,y -+- sx+h,y + zx,y-/i + "a'..v4 à) =r °- L'équation (i), dont la forme limite est évidemment l'équation de Laplace, met immédiatement en évidence une propriété importante : la valeur de zX}, est comprise entre la plus petite et la plus grande des quatre valeurs contiguës zx±/l }., zx.}.±/t. Ce résultat correspond évidemment à la propriété des fonctions harmoniques de n'avoir ni maximum ni minimum à l'intérieur du domaine (D). Le discriminant de la forme F(z) est nul, mais tous ses mineurs princi- paux sont différents de zéro, car cette forme positive ne s'annule que si toutes les valeurs des variables z sont égales en Ire elles. Le système (i) peut donc être résolu quand on suppose données les valeurs des variables z à la frontière. Désignons par £, Y] les coordonnées SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. 09 des nœuds de la frontière, par £(£, yj) les valeurs correspondantes de z. La résolution du système (i) donne un résultat de la forme suivante, qui rappelle la formule de Poisson : (3) s,,r=2 sitx.r.^jrj-.ïi). Les coefficients u(x,y,%, r\) sont tous positifs, et, quel que soit le nœud ( x, r) intérieur au domaine, ils vérifient la relation fondamentale Je laisse de côté les rapprochements curieux qu'on peut établir entre les formules de Green et les propriétés des formes quadratiques. Pour étudier d'une façon plus complète les solutions du système (i) au point de vue de la convergence et de la continuité, il est utile d'en connaître des solutions particulières. Si l'on cherche à satisfaire à l'équation aux différences (i) par des exponentielles de la forme on trouve que u et v doivent vérifier la relation i ' / « h h v -\ ( =o. u r En posant I — ' - — 1 ~ - (-. 1 u r on a t'-+ l'-—o. On est ainsi conduit à prendre u = (y/i + r--h c)'\ r = (\'i — t--h il )''. De la solution obtenue on en déduit d'autres par des intégrations de la forme '/(i)(v/n-*'H-0* (y/i -^+«7)/: (//< où t peut prendre des valeurs quelconques, réelles ou imaginaires. P 44° ACADÉMIE DES SCIENCES. Gomme solutions intéressantes je signale les polynômes, qu'on obtient facilement, et les exponentielles, auxquelles on peut donner une forme plus simple. Posons / = sin — et déterminons un nombre ft par l'égalité e = >*(v/ . . a h , . c./i i -t- sin- — ± sin — on a alors lr 2v (\/i-t-l'-± t) h (y/i — «2+ it) h — ef^'+'Xv. Lîorsque h tend vers zéro, le rapport - tend vers ± i . Toute solution de l'équation aux différences (i), qui prend, aux nœuds de la frontière, les valeurs données l, prend également aux noeuds inté- rieurs au domaine (D) les valeurs des inconnues :■,. v. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de Jacobi. Note de M. Th. De Donder, présentée par M. Appell. I. Soient cp,, . . ., fa, a invariants des n équations différentielles / j \ dxx dxn çn . .., =?î» (2) I 9<* — 9*, par rapport à x,, ..., xa, par exemple, en fonction des autres variables et des constantes numériques cp*, . . ., cp*; plus loin, nous poserons >-j\ ~o, ..,, <3cpJ = o. Pour que (3) SN'--',^...-«*i, ;>="-*' soit un invariant intégral sur la variété invariante (a), ou encore, pour SÉANCE DU IO FÉVRIER I9l3. 44l que ( 3 ) soit un invariant intégral du système réduit (4) PQ ïx7\-dt ()* il faut et il suffit que (5) ^ N,-, ,. O./-,, . . . O. '7,3 09, . . . 00 a «h'< u/i invariant intégral (a + |5 )-uple du système proposé (1). Ce théorème se démontre en considérant oj, .. ., 9* comme de nouvelles variables venant remplacer les variables x,, . . ., a-a; l'hypothèse 3:, a + i est une différentielle exacte (n — a — 1 )-uple (au sens de H. Poincaré ). ( ' ) Dans le système (4), les crochets servent à indiquer qu'on a remplacé :cu . . ., xa par leurs valeurs en fonction des variables conservées ara+i, ,...xn, t. (2) Ce théorème se montre très utile dans l'étude des ensembles ergodiques ou microcanoniques: Voir L. Boltzmann, Silzungsberichle, Wien, 1871, p. 679-711, et C. Maxwell, Transactions Philos. Society, Cambridge, t. XII, 1879, p. 547-">7"- 4/|2 ACADEMIE DES SCIENCES. Si a = « — 2, on retrouve le théorème de Jacobi, relatif au dernier multiplicateur. III. M. Appell (') a donné à ce théorème une forme symétrique par rapport aux variables xt, ..., xn, pour le cas où n = 3. Le théorème (1) permet de généraliser ce résultat élégant. Ainsi, pour a = n — 2, on trouvera que J, R' o.r, nx-„ \, . . . x„ ()■>■„ <)y„-î à'-t>,,-i OX< da-„ pour toute courbe fermée c prise sur la variété invariante ( 2^; R2 représente la somme des carrés des jacobiens de ©,, ..., -> et S assez petit pour que le courant pénètre dans la concavité de l'obstacle. Ceci posé, on obtient une première solution en appliquant intégralement les résultats de M. T. Levi-Cività (' ), en prenant pour la fonction arbitraire co «,, >, W'°-* *,. , , , Ce''.- i)(f'.-Ç) ^ = -(0_g)|Og-n--T + -(o-« + TC)log(e„[_5)(;tW.<|_|) -H -(o-t-a)log-- -■ il s e ' — * Les constantes seront liées par la relation st — s, =zd + a Il est. facile de s'assurer que la solution ainsi construite est valable et fournit pour la pression une valeur partout positive. Partons maintenant de la fonction suivante [que j'ai déjà considérée dans une iNote récente, à propos d'une question voisine de la question (') T. Levi-Cività, Scie e leggi di resistenza (Circolo di Palermo, 1907). Je con- serve dans les lignes suivantes les notations de ce Mémoire, à paît le changement de *■ '7 P'ï et Pour des valeurs de o comprises entre certaines limites, la solution ainsi obtenue est aussi acceptable et donne des pressions partout positives. Or, on peut démontrer quY/ est possible de choisir les constantes dans les deux solutions ci-dessus, de façon que/les fournissent identiquement le même obstacle, les deux lames ayant même longueur et même orientation dans les deux cas. Rien ne permet actuellement de dire quelle est, de ces deux solutions, celle qui fournit, pour le mouvement véritable, l'approximation la plus (') Comptes rendus, t. loi, p. i6g3. (2) Comptes rendus, t. loi, p. 1694. Je profite de l'occasion pour rectifier une erreur typographique : au premier membre de la première condition, il faut lire s„ et non SÉANCE DU IO FÉVRIER ip,l3. 445 grande. Il est probable que, seules, des considérations de viscosité ou de stabilité pourraient permettre le meilleur choix. Cette recherche nécessi- terait sans doute des progrès importants concernant l'étude du mouvement non permanent des fluides en présence d'obstacles donnés. El l'existence possible de plusieurs mouvements permanents, pour une même configu- ration d'obstacle, n'est pas de nature à simplifier cette étude. NAVIGATION. — Tracé et usage des cartes pour la navigation orthodromiquc construites sur les plans tangents aux pôles. Note de M. Gerxez, présentée par M. Hatt. „ A. Principe et construction de ces cartes : Si l'on joint le centre de la sphère terrestre aux points de sa surface et si l'on prolonge les rayons ainsi déterminés jusqu'au plan tangent à un pôle, on obtient sur ce plan une carte où tous les grands cercles de la sphère sont représentés par des droites (intersections du plan tangent par les plans de ces grands cercles qui contiennent tous le centre). Les méridiens sont projetés suivant des droites concourantes au pôle et formant entre elles des angles égaux aux différences de leurs longitudes. Fig. .. ■>0| L ,' J50 /GO , \L> x[ \ * *„ WY. 30/. * \ \ v \ *" -s "vo* \ 20 f ~~ - . ■*- x^x \\ Ml * Les parallèles de latitude sont représentés par des cercles concentriques (intersections du plan de la carte par des cônes circulaires droits ayant pour sommet commun le centre de la sphère et pour directrices les cercles des parallèles de latitude de la sphère). Le rayon de chaque cercle étant proportionnel à la tangente de la colatitude augmente à mesure qu'on s'éloigne du pôle; le rayon de l'Equateur est infini, aussi l'Equateur ne peut-il être tracé sur ces cartes. Pour déterminer pratiquement les rayons des parallèles de latitude, on trace un cercle O de rayon p et la tangente en P (fig. i ). L'arc MP étant divisé en degrés de 44^ ACADÉMIE DES SCIENCES. o à 90, on mène les rayons tels que OL jusqu'à leurs rencontres /avec la tangente en P. P / est , sur la carte, le rayon du cercle de latitude L. On peut faire varier la grandeur de la carte en changeant le rayon p. B. Résolution des problèmes de la navigation or.tliodromique : i° Pour tracer la roule orlliodromique, on joint par une droite le point de départ et le point d'arrivée. On détermine la position sur la carte du verlex (point de l'arc de grand cercle dont la latitude est la plus élevée) en abaissant du pôle la perpendi- culaire sur la droite représentant l'arc de grand cercle. Si l'on ne veut pas dépasser une latitude L (fig. 2), on trace sur la carte le parallèle Fis- 2. Kig. 3. de latitude L; les tangentes à ce cercle menées du point de départ et du point d'arrivée représentent les parties orthodromiques de la route mixte. 2° Pour évaluer la dislance orlliodromique entre les deux points D et A de la sphère, connaissant D'A' de la carte (fig. 3), l'arc DA ayant même mesure que l'angle compris entre les côtés OD et OA, on construit à l'échelle de la carte le triangle D'A'O et l'on mesure l'angle D'OA' de la façon suivante : Chaque carie porte le cercle qui a servi à la construire, avec la tangente au pôle P. L étant la latitude du vertex, sur le cercle de construction de la carie on trace le rayon joignant O et la division L (fig. l\) jusqu'à sa rencontre v avec la tangente en P. Le représente à l'échelle de ta carie la dislance V\ ' de la figure 3. De l> on élève la perpendiculaire à Oc, et l'on porte sur celte droite les longueurs vd et t'rt égales à V'D' et VA' de la carie. On mène les droites Od et Oa ; le rapporteur donne alors la valeur de l'angle dOa et, par suite, en minutes, c'esl-à-dire en milles marins la dislance orlliodromique cherchée. 3° Déterminer l'angle de route initial, angle de DE' tangente en D au méridien et de DF' tangente en D à l'arc de grand cercle (fig. 3). La droite DE' coupe le plan de la carte en E' sur PD' ; la droite DF' coupe ce plan en F' sur D' \" ; menons E'F' : SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. 447 l'angle D du triangle DE' F' étant l'angle de route cherché, on construit ce triangle de la façon suivante, à l'aide de ses trois côtés : Sur le cercle de construction de la carte (ftg. 5), on mène par d, latitude du point de départ D, le rayon Od jusqu'à sa rencontre en d' avec la tangente en P, et en d on élève la perpendiculaire à Od' , elle rencontre en e lu tangente en P. de est, à l'échelle de la carte, la longueur DE' de la figure 3. De O comme centre, avec Oc déjà trouvé (fig. 4 ) comme rayon, on décrit un arc Fie. ',. Fit de cercle; de d' comme centre, avec un rayon égal à D' \ ' mesuré sur la carie, on décrit un arc de cercle; ces deux arcs de cercles se coupent en iv. On joint d'w\ le point^ où de coupe d'w correspond au point F', et df est, à l'échelle de la carte, la longueur DF' de la figure 3. Portant alors sur la carte la longueur wf sur Y'D' et la longueur Pe à partir du pôle sur le méridien du point de départ, on joint ef sur la carte; cette droite est le côté E'F' de la figure 3. De d comme centre, avec df pour rayon, on trace un arc de cercle; de e comme centre, avec ef trouvé sur la carte pour rayon, on trace un arc de cercle; ces deux arcs de cercles se coupent en f ; on joint/V : l'angle de route cherché est l'angle f de. On le mesure au rapporteur, et la carte indique clairement comment il faut le compter. MÉCANIQUE. — Sur la déformation des ondes dans les gaz el sur les interférences finies. Note (1) deM. L. Crussakd, présentée par M. L. Lecornu. Soit un gaz parfait, pression P, volume spécifique V, vitesse du son S = vy PV, Y étant le rapport, supposé constant, des chaleurs spécifiques. (') Présentée dans la séance du i février i yi3. /)48 ACADÉMIE DES SCIENCES. La loi ordinaire des modifications adiabatiqu.es peut évidemment s'écrire (i) SV5*— const., en posant 2 a = f — v. Ceci posé, proposons-nous de voir comment se déforme, dans sa propa- gation, une onde plane continue qui traverse ce gaz. Décomposons celte onde en tranches infiniment petites, et soit F le front devant lequel, à Fis. i. P0v0Su F U F' P*dP P VS V+d N S*d S W*c/W W M l'instant l, sont réalisés l'état PYS et la vitesse W. La tranche qui suit F porte, dans la précédente, un ébranlement infiniment petit qui se propage donc avec la vitesse S; ainsi F chemine d'un mouvement uniforme avec la vitesse S par rapport au milieu PVS, et avec la vitesse absolue U = S -+- W. Tout revient donc à la connaissance de S. L'équation de continuité donne visiblement \dW + SdV==o; mais, d'après (1), donc et, par suite, (2) ou, en posant [î (3) WdS-i-:xS(I\—o; ,/S = où tous les fronts F se rejoignent en même temps ('). 2° D'une façon générale, l'onde continue donne tôt ou tard naissance à une onde de choc. Cette circonstance se présente quand deux fronts voisins F et F' se rejoignent, c'est-à-dire quand e s'annule. L'onde de choc fait donc son apparition dans la tranche F pour laquelle l'échelonnement originel elt est minimum, et ceci à l'époque —• Ainsi une onde à échelonnement crois- sant (e croissant avec «•) se raidit par la tète F0; dans une onde à échelon- nement décroissant, l'onde de choc naît à la queue. Interférences finies. — L'équation (2) permet de voir ce que devient la règle classique des interférences dans le cas d'ébranlements finis. Usons pour cela d'une représentation graphique, et figurons l'état du Fis. 1. M, ''« "--^ milieu M, en avant de F, par un point I d'abscisse W et d'ordonnée S. Si I0 représente le milieu initial M0(W0S0), tout état M réalisé par le pas- sage d'une onde continue sera figuré par un point I situé [d'après l'équa- tion (2)] sur une droite I0I de coefficient angulaire a. De même, une onde (') La question a été traitée par HuGOMOT, Journ. Éc. Polyt., 58e cahier, mais comme Ilugoniot prend, pour définir l'onde, non sa structure originelle, mais le mou- vement d'un piston capable de l'engendrer, la simplicité de cette structure s'en trouve masquée. J'apprends, au contraire, qu'elle a été signalée par lord Rayleigh. 45o ACADÉMIE DES SCIENCES. cheminant dans M0 et en sens inverse réaliserait des états M' représentés par une droite symétrique I0I'. Cette remarque préliminaire faite, on peut résoudre la question des interférences. DeuxondesC, C'marchent l'une vers l'autre dans un milieu M0 qu'elles amènent respectivement aux états M et M'; elles se rejoignent, se traversent; les ondes élémentaires qui les constituent se rencontrent entre elles et ces rencontres, se faisant suivant les lois données par Hugoniot, laissent finalement le milieu dans un nouvel état M, qu'il s'agit de déter- miner. La solution est immédiate; écrire (géométriquement) que M, est réalisé par propagation vers la droite à partir de M' et vers la gauche à partir de M revient, en effet, à placer le point I,, représentatif de M,, au quatrième sommet du parallélogramme ll'I0. Conséquemment : in L'accroissement de vitesse dans M, est la somme algébrique des accroissements de vitesses de M et M' ( W, - W„) = (W - W.) -t- ( W - W„ ). Cette formule a été déjà donnée par M. Taffanel. 2° L'accroissement de vitesse du son depuis M0 est la somme algébrique des accroissements que portent M et M' S,-S0=(S-S0) + (S'-S0). Les réflexions sur fond fermé ou ouvert s'en déduisent immédiatement. ÉLECTROMAGNÉTISME. — Sur un problême important dans la Physique cosmique. Note de M. Cari, Stormeii. Nous allons donner quelques résultats nouveaux sur le problème envi- sagé dans ma Note du 25 novembre 1912, à savoir : « Trouver le mouve- ment d'un corpuscule électrisé dans le champ d'un aimant élémentaire, en supposant que le corpuscule soit soumis aussi à l'action d'une force centrale émanant de l'aimant et inversement proportionnelle au carré de la distance.» En plaçant l'aimant à l'origine avec son axe coïncidant avec l'axe des :-, j'avais trouvé (')pour les coordonnées semipolaires R, s et cp du corpuscule (') Voir ma Note : La structure de la couronne du Soleil dans ta théorie d' Arrhenius (Comptes rendus du 6 mars 191 1 ). SÉANCE DU IO FÉVRIER igi3. /|5 1 les équations ■ ( d'j C « M (i) i dl ~ R* ~ ' "7* : 1 i dn\ [ ~dF ~ , àq 'y, àR' rf2; _ i dQ dt1 ~ 2 dz ("s) : ou Q= , 2 A/M / C aMRy (a) £ étant le temps, a, h, M et /w des constantes caractéristiques des forces et de la nature du corpuscule, et C et C, étant des constantes d'intégration. Quant au produit «M nous supposons l'orientation de l'axe des z choisie de manière qu'il soit positif. Pour discuter le système (1) et en déduire par exemple les parties d'espace en dehors desquelles chaque trajectoire ne puisse sortir, il est essentiel de réduire le nombre des constantes autant que possible. Nous allons voir qu'en posant R=r«l\,. z = y.zt. r = art et t = (3r, où a et [i sont des constantes convenablement choisies, on réduira le système (I) au suivant : dz d> h étant constante et ici la fonction Q, contient seulement une constante et la fonction U aucune. Rn effet, on y arrive en posant : i° Si G>o : a M . a" M '- a=;TT' P- "ci-' li — »=*, i Q=-£ r, «M ^m D = 2— ci-; 2" si c = — r, r> o : a M fl!M: a2 M2 i i -j-' P=-pr» A = -ïr-c1, U: -Rr-75' C. R., igiS, 1" Semestre. (T. 15G, N" 6.) 58 452 ACADÉMIE DES SCIENCES, avec D = 2 P ; 3° Si C = o : 2 1 = (aMy(2\bm\) \ (3 = -^* h = (aMy(2\bm\)~iCu r\ Xl r, r* le signe -+- à choisir, si bm > o; le signe — , si bm < o. Cela posé, on obtient une idée très suggestive de la forme des courbes R, = R,(T), St=*,(T) et par là des trajectoires dans l'espace en étudiant les lignes de niveau Qt = const. et en interprétant R, et s, comme les coordonnées cartésiennes d un point matériel de masse i se mouvant dans le champ de force définie par la fonction de force -t Q , . La construction graphique des lignes de niveau Q, = const. est facile, ces lignes étant les courbes diagonales pour les réseaux de courbes : D T' i R, r dans le cas i°, D T' ÏÏ7 + 7Î = ^ dans le cas 2°, t V pr^V? dans le cas 3°, et /• À et p. étant des constantes auxquelles on donne une série de valeurs équi- distanles et avec même intervalle. Quant à la discussion théorique des lignes de niveau, il est surtout important de trouver leurs points doubles (£, r)), c'est-à-dire les points d'équilibre dans l'interprétation mécanique, adoptée. Ils correspondent précisément aux trajectoires circulaires, dont j'ai démontré l'existence dans un Mémoire paru en 1907 ('). Aux environs d'un point d'équilibre on aura g1 + /i = A'(Ri-S)J-HB'(RI — 0 (=■-*)) + C'(.-,-- y) )S et en déterminant A', B' et C on trouve les conditions de stabilité du mouvement autour du point d'équilibre, ce qui donne des renseignements correspondants sur les (') Sur un problème relatif au mouvement des corpuscules électriques dans t'espace cosmique ( Videnskabsselskabets Skrifter, Christiania, 1907). SÉANCE DU IO FÉVRIER K)l3. 453 trajectoires aux enviions des trajectoires circulaires dans l'espace. On arrive alors aux résultats suivants : Premier cas. — l'oints d'équilibre (£, o) auxquels correspondent A'— — ?-«+6£-5— 6^-°, B' = o, C'= — £-4+rG; donc stabilité, si i < £ •< 3 — y/3 et si ;>3 + v/'3; instabilité, si o < : < i et si 3— v/3<Ç<3 + v/3- Deuxième eau. — D'abord points d'équilibre (£, o) auxquels correspondent D = -2H-6^-^-', A = _Çi_4Ç-i_3|-*1 A' = — £-*— ô?-5 — 6;"6, B'=o, C' = — £-* H- £-• ; donc stabilité, si £ > i ; instabilité, si o > £ < i . En outre, des points d'équilibre £ = cos3 w, yi =cos2w sin w, co étant un angle r. tï , , entre et H , auxquels correspondent 2 2 n r D=I2COS-4W, /i=8cos_6w, A'= 21 COS~8W + 12 COS~IOM 4 COS_12(0, B'= ( — 42COS_9w ■+- I2 cos_"w) sin-u, C'z= — 21 cos-,0&) sin'2 to ; comme ici B'2 — 4A'C est égal à — • iQ2cos— 22w sin2co, on aura stabilité, si le point n'est pas situé sur les axes de coordonnées. Troisième cas. — Point d'équilibre £ = y4, Y) = o, auquel correspond le signe -+- dans la formule donnant Q, et ensuite A = -|Vâ, A'=-|, B'=o, C'=-L; donc instabilité. On en tire pour les trajectoires dans l'espace une série de conséquences intéressantes. On aura, par exemple, aux environs des trajectoires circu- laires correspondant à des points d'équilibre, d'autres trajectoires qui ne sortent pas des espaces toroïdes fermés si l'on a stabilité ou qui s'approchent asymptotiquement du cercle en question dans le cas d'instabilité; en parti- culier, si c > o et 3 — y/3 < \ < 3 -+- \/3, ces dernières sont situées dans le plan équatorial de l'aimant comme je l'ai déjà montré pour le cas bm = o, en 1907 ('). Enfin il y a une grande variété de trajectoires périodiques et asympto tiques. (') Voir mon Mémoire Sur l'aurore boréale, etc., dans les Archives des Sciences physiques et naturelles, Genève, 1907 (§ 20). 454 ACADEMIE DES SCIENCES. ÉLECTRICITÉ. — L'inscription des signaux hertziens de l'heure. Possibilité d'inscrire directement et de déterminer sans calcul et au centième de seconde près l'heure envoyée par la Tour Eiffel. Note (') de M. Albert Turpaix. En mai 1910, au début de l'émission des signaux hertziens de l'heure, alors que pendant la période d'essai ils furent envoyés à 8b3om du soir (du 9 au 22 mai 1910), j'ai pu enregister par la photographie les signaux hertziens de la Tour. Le dispositif (2) employé donne les graphiques joints à cette Commu- nication (/ig. 1) de sensibilité telle qu'un courant de of", 25 produit un déplacement appréciable de la plume d'inscription. Fig. 1. — Inscription photographique des signaux de l'heure obtenus à Poitiers (3oov™ de la Tour Eiffel). Le cylindre inscripteur fait un tour en G minutes et demie. Les déplacements du spot atteignent 8"° et :o"°. En disposant en batterie entre l'anlenne et la terre cinq à six pointes électrolytiques ou des détecteurs à cristaux, on peut, au moyen d'un microampèremètre enregistreur très sensible (o^^S déplace la plume d'inscription), obtenir des signaux de l'heure extrêmement nets. Ces ins- criptions faites à Poitiers, à 3ookm de la Tour, remontent à décembre 191 1. Cependant j'acquis la conviction que j'atteignais à peu près ainsi la limite de ce que le microampèremètre-enregistreur pouvait fournir. Je revins donc à l'enregistreur photographique en employant concurremment un galvanomètre à cadre et un galvanomètre à corde. Dans une première série d'expériences je me suis proposé d'inscrire les (') Reçue dans la séance du 27 janvier 1 9 1 3. (2) Comptes rendus, 28 mai 1912. SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. /| 55 signaux de l'heure à - de seconde près. ( l'est tout ce que Ton peul espérer obtenir puisque le signal de l'heure présente lui-même cette durée. Il s'agissait d'autre part de comparer à l'heure reçue celle d'un chronomètre muni ou non d'un contact électrique (clironomètre-chronographe de Fénon). Les secondes du chronomètre sont inscrites au moyen d'un milliampèremètre enregistreur inséré dans un circuit que ferme les battements du chronomètre. L'aiguille du milliampère- mètre porte à l'extrémité, au lieu de plume, une lampe électrique minuscule (lampe d'épingle de cravate, i volts) enserrée dans un léger fourreau d'aluminium qui retient également un fragment de tube de verre (diamètre 9mm) jouant le rôle de len- tille. La lumière se trouve ainsi concentrée sur le papier de l'inscripteur photogra- phique qui se déroule abrité par un cylindre opaque, à quelques millimètres de l'ai- guille. Une fente laissa pénétrer le faisceau de lumière inscrivant les secondes du chronomètre. L'aiguille du milliampèremètre, munie de la source lumineuse qu'elle porte, se déplace sans frotter, à imm ou a""11 à peine de la fente, Parallèlement, le spot lumineux du galvanomètre à cadre ou du galvanomètre à corde inscrit les signaux de l'heure, signaux avancés et tops. Comme le montrent les graphiques ainsi obtenus (fig. 2) et joints à cette a'iSfSI*" Z3hlieiChn>nc) uni iittiiiiiieititnntiniiitiititmiiiiiitiitieiititiiiiiii nitmiimni *?ttr--?*Tttw~r3*t?*M-itit+t*i.,.'ittiiti*iftrt--i îjHîiCkronoi 10" Z0" 30" 50" Wvry» itttrtrffttl Fig. 2. — Comparaison de l'heure d'un clironomètre-chronographe Fénon aux signaux de l'heure envoyés par la Tour Eiffel. Inscriptions failes à Poitiers à 3ook" de la Tour Eiffel; Le cylindre inscripteur fait un tour en ij^ secondes. Tracé des signaux de l'heure : OAABBF. — Tracé des secondes successives du chronomètre : O'A'A'B'DT". Un peu avant a3h47™ on a brusquement déplacé le cylindre inscripteur suivant son axe pour permettre l'inscription sans confusion des trois signaux de l'heure. Entre 23h 4g™ et F s'aperçoit le début de la dépêche relatise aux centièmes île seconde des tops radiotélégraphiques de aS^So™. \ J de seconde près le chronomètre étudié retarde de i™9*. Communication, on inscrit l'heure de la Tour et Fou y compare le chrono- mètre, situé à 3ookl" de Paris, avec une précision de jde seconde. Dans une seconde série d'expériences, je me suis proposé de faire servir les 180 tops radiotélégraphiques envoyés chaque nuit, vers a3h3om par la Tour, avec un intervalle de (1 --5^) de seconde, à la comparaison de l'heure du chronomètre à celle envoyée, au ^ de seconde près. 456 ACADÉMIE DES SCIENCES. La méthode des coïncidences, qui permet de déduire celte détermina- tion de l'audition simultanée des tops radiotélégraphiques et des batte- ments du chronomètre à comparer, réalise à vrai dire une sorte de vernier du temps, vernier pour les secondes. L'application du dispositif que je viens de décrire à l'inscription des 180 tops radio- télégraphiques permet de traduire, par l'inscription photographique, ce vernier poul- ies secondes en un véritable vernier des longueurs. Que l'on compare l'inscription des 180 tops à l'inscription parallèle des secondes du chronomètre et les coïncidences se trouveront marquées comme lorsqu'on regarde une règle divisée el la position de son vernier. Sans s'astreindre à la détermination de la coïncidence auditive, forcément fugace et qui ne laisse pas de trace, on pourrait donc appliquer la méthode actuelle- ment en usage et pour laquelle se fait chaque nuit l'envoi des 180 tops, en lisant à loisir le graphique photographique formant vernier. Mais cette opération n'est même pas nécessaire. L'Observatoire de Paris transmet chaque nuit, après les signaux de l'heure, les heures corrigées du il>' et du 180'' top, cela au j~ de seconde près. Il suffit dès lors d'inscrire parallèlement le 1" top et la seconde au cours de laquelle il se trouve envoyé. Si l'inscription photographique a lieu à une vitesse suffisante (l'emploi de films de cinématographe ou de pellicule kodak permet de défiler un décimètre à la seconde), on peut situer le top dans la seconde à un millimètre près, c'est-à-dire à yj-ç de seconde près. Une vérification immédiate s'obtient d'ailleurs en inscrivant le 180e top et la seconde du chronomètre au cours de laquelle il se produit. Si l'on utilise nue bande assez longue pour inscrire les 180 tops radiotélégraphiques parallèlement aux secondes du chronomètre, on possède un autre contrôle en calculant, par le relevé de coïncidences inscrites graphiquement, les heures des ier et 180e tops. Pour égaliser à coup sûr les temps perdus on peut faire servir le même galvanomètre à corde à l'inscription et des signaux de l'heure (tops radio- télégraphiques) et des secondes du chronomètre à comparer. Il suffit, pour distinguer les deux sortes d'inscription, de connecter les circuits de telle sorte que les tops provoquent une déviation à gauche et les secondes une déviation à droite. Les résultats ohlenus conduisent à deux types d'appareils inscripteurs de l'heure, l'un an \ de seconde, destiné à la comparaison d'un chronomètre aux signaux de l'heure, l'autre, au -—^ de seconde, destiné à inscrire le i'1' ou le 180'' top radiotélégrapliique émis vers 23,'3o1" et à le situer dans la seconde du chronomètre à comparer au j^- de seconde près. PHYSIQUE. -- Sur la chaleur latente de vaporisation des métaux. Note de M. Ed>i. vas Aubel, présentée par M. G. Lippmann. Le quotient de la chaleur latente de vaporisation moléculaire d'un liquide par la température absolue d'ébullilion sous la pression atmosphérique est constant. Cette SÉANCE DU IO FÉVRIER l < > 1 3 . 4^7 loi, connue sous le nom de règle de Troulon, a conduit à considérer comme liquides normaux ceux pour lesquels ce quotient est voisin de 20, 5. D'autre part, Welinelt et Musceleanu (') ont fait connaître récemment une méthode directe de mesure de la chaleur latente de vaporisation des métaux et ont donné les valeurs de cette constante physique pour le mercure, le cadmium, le zinc, le magné- sium et le bismuth. Les recherches de Kundt et Warburg, de Y. Meyer ont montré la monoatomicilé des vapeurs de mercure, de cadmium et de zinc; les expériences de von Wartenberg ont établi la même propriété pour les vapeurs de bismuth (-). La propriété caractéristique des métaux de former des molécules monoatomiques résulte encore des recherches de Kamsay sur l'abaissement de tension de vapeur des amalgames dilués et des mesures de Heycock et Neville et de Tammann sur l'abais- sement des points de congélation des solutions métalliques (3). Il m'a parti intéressant de chercher à vérifier la loi de Trouton pour les métaux, en utilisant les mesures de Webneltet Musceleanu. Dans le Tableau suivant, les températures d'ébullition et les poids atomiques sont extraits des Tables physico-chimiques de Landoll-Bôrnstein, l\r édition, 1912, p. 1 et 190. Le calcul n'a pas été fait pour le magnésium, parce que le point d'ébullition de ce métal est inconnu, ainsi que l'on peut s'en assurer à l'aide des Tables de Landolt-Bôrnstein. Température Chaleur latente Constante absolue Poids de de Métal. d'ébullition. atomique vaporisation. Trouton. Mercure 600 200,0 63,6 20,2 Cadmium io.m 1 1 2 , /t 181,0 19, 36 Zinc 1 191 65 , i 365 ,8 20 , 08 Bismuth 1708 208,0 i6i,5 1 9, 66 Magnésium.... 2^,3 1700,0 La loi de Trouton se vérifie donc très bien pour les métaux. En adoptant la valeur 20 comme constante de Trouton, on trouve pour le point d'ébullition du magnésium 1792" C. Ditle avait trouvé iioo" environ, Greenwood 1120" et von Wartenberg a indiqué une température supé- rieure à 2200'1. Griineisen ('') a déterminé, par des considérations théo- riques, la température d'ébullition du magnésium sous la pression atmos- phérique et a donné 1810° absolus. (') Verhandlungen der deutschen physikalUchen Gesellschafl, t. XIV, 3o no- vembre 1912, p. io3j. (2) Schenck, Pliyaikalische Chemie der Metalle, 1909, p. 6. (3) Sche.nck, loc. cit., p. 34, 35 et 36. (;) \erliandlungen der deutschen physikalisclien Gesel/scha/t. l. XIV, 1912, p. 329. 458 ACADÉMIE DES SCIENCES. ÉLECTRICITÉ. — Déperdition électrique dans le système plan-sphère- air atmosphérique. Coefficient de dissymétrie, sa mesure. Note de MM. A. Guillet et M. Aubert, présentée par M. Lippmann. I. On sait que les charges positives et négatives manifestent leur indi- vidualité, dans un grand nombre de cas, par la dissymétrie qu'elles déter- minent dans les phénomènes de même nature dont un système donné est le siège. La présente Note est relative aux dissymétries du phénomène de la déperdition électrique dans l'édifice plan-sphère, P-S. selon que le plan reçoit une charge positive ou une charge négative. Des indications de l'électromètre P-S, on déduit à chaque instant, le potentiel des armatures, leur charge, et par suite l'intensité apparente du courant de déperdition : l'état électrique de P-S est en effet complè- tement défini, pour des milieux donnés lorsque p est nul, par les valeurs initiales u0, et actuelle u, de la distance du centre de la sphère au plan, le rayon de la sphère étant pris pour unité (' ). Pour abréger appelons ce rapport u, paramètre de parcours. II. L'armature S, étant reliée au sol, et l'armature P isolée, on peut charger le système soi I à l'aide d'une boule d'épreuve £ mise alternati- vement en contact avec un conducteur auxiliaire éleclrisé C et avec P, soit à l'aide d'éléments associés, d'un générateur statique ou d'induction. Comme les effets produits sont différents selon le mode de charge, bornons- nous au premier cas. a. Le conducteur C est éleclrisé positivement et le paramètre de parcours a la valeur initiale f/0. — On constate dans ces conditions que la sphère S se rapproche d'abord progressivement du plan P à chaque contact de e, puis refuse de dépasser une position, qu'on peut appeler position d'arrêt, correspondant au potentiel V^ et à la valeur up. b. Le conducteur C est èlectrisé négativement. — Mêmes observations avec positions d'arrêt pour les potentiels V„ et les paramètres de parcours u„. Voici une série de nombres obtenus dans des mesures d'essais avec un appareil (') A. Guillet et M. Aubert, Théorie et mode d'emploi d'un nouvel électromètre absolu (Journal de Physique, 1912, p. 990). SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. f\${) formé d'une sphère polie en aluminium (le i V"" de diamètre el un disque de lailon poli, séparés par l'air du laboratoire, et à des époques différentes : Tableau I. V„'(H.'C.S.')-. U. Sr:"l'- V"' ""' V" : ""' 26, o5 -i , à i3m"',56 (pour V„) entre 5ooo et 1 1 000 volts. \\ec une sphère de 29""", 5 de diamètre les potentiels d'arrêt sont, pour une même journée : Tableau II. V,, 48,834 44,979 36,276 32,648 23,227 V„ 6i,i65 56, 021 1 > .710 41,071 2g,i5o d'où l'on déduit : V — - 1 , 202 I , 245 I , 260 1 , >..)6 I , 255 ' p le potentiel variant de 18000 à ;ooo volts, les distances de la sphère au plan de 1 1""" à 26""", //„ de 1,869 ;l 2>9°6 et 11 de 1,724 à 2,786. A l'examen du Tableau 1, on constate que les rapports V/(: up el V„: u„ des potentiels d'arrêt aux paramètres de parcours correspondants varient très lentement. D'après le Tableau U, les rapports V„ : Vp des potentiels négatifs et positifs d'arrêt répondant à la même valeur initiale u0 du para- métre de parcours, sont constants el égaux à 0 = 1 ,-i53. Ce nombre peut être appelé coefficient de dissymètrie de la déperdition du système. 111. Parlant d'une position d'arrêt quelconque et abandonnant le système électrisé P — S à lui-même, on relève périodiquement les positions du spot, à des époques ni lues sur un chronomètre. Des coordonnées (u0,u,t) on tire les coordonnées (V, /), par exemple, qu'on relie par une formule ou par une courbe. La méthode graphique conduit ainsi au tracé d'un réseau de couples de courbes C+, C_, un couple pour chaque valeur de uu. Comme CLpartd'un potentiel plus élevé, la courbe C_ se trouve pla- cée au-dessus de la courbe C+. Si les valeurs ult et u0 sont convenablement C. t;., 191.3. 1" Semestre. (T. 15G, N' 6.) $9 46o ACADÉMIE DES SCIENCES. choisies, pour //j,>//0, la courbe C^_ pourra rencontrer la courbe C_ : les courbes se traversent alors langentiellement en un point M. En un tel point les potentiels de déperdition V et V ont la même valeur absolue, ainsi que leurs dérivées par rapport au temps, la dissymélrie ne peut donc plus porter que sur les paramètres de parcours. Par exemple, pour u0 = 2,906 et ;/0 = 2,357, 'a rencontre aura lieu pour V = — V == 1 1 3oo volts (boule de 29""", 5) et pour les valeurs u' = 2,296 et 11= 2,87a des paramètres de parcours dont le rapport est i,2.52. La coïncidence se maintient pour une variation de 750 volts de part et d'autre de n3oo volts. Les potentiels passent de i5ooo à 8000 volts en 5o minutes (P, négatif), mais à partir de 8000 volts la déperdition directe devient de plus en plus faible. IV. Des observations d'ordre général seront formulées, au terme d'un travail en cours, sur certaines modalités de la décharge des corps élec- trisés. Il est difficile , toutefois, lorsqu'on examine les faits à la lumière de « la théorie des ions gazeux », à laquelle se rattachent de si nombreux et si remarquables travaux, de ne pas rapporter à une même cause l'existence d'un coefficient de dissymétrie 0 imposé par l'observation de la déperdition directe, et d'un rapport de mobilités k3 '. k, des ions négatifs et des ions positifs, tiré de la déperdition provoquée. Pour l'air, les valeurs du rapport k.2 [ k, déterminées par la méthode de la composition des vitesses (Zeleny) ou par la méthode de l'inversion du cbamp (Langevin) sont comprises entre 1,37 et 1,22. Chaltock a tiré, de l'étude de la répartition de la pression sur un plan conducteur relié au sol et provenant du vent électrique émanant d'une pointe très aiguë et fortement électrisée (-+- ou — ) placée en regard du plan, un rapport de mobilités trouvé d'abord égal à 1 ,45, puis ramené à 1 , 3 1 dans un second travail. Il semble, d'après les faits rapportés plus haut, que l'emploi de la pointe est inutile et que la considération plus générale des potentiels d'arrêt, d'une observation rapide et simple, est préférable à l'effet secondaire de pression mis à profit par Chattock. ÉLECTRICITÉ. -- Nouvel électromètre idiostatiquc. Note de M. V. Crémiei1, présentée par M. E. Bouly. L'emploi thérapeutique de plus en plus fréquent de l'émanation du radium a obligé un grand nombre de personnes, étrangères à la Physique, à SÉANCE DU IO FÉVRIER IÇ)l3. 4^1 faire des mesures de conductibilité gazeuse portant sur des courants de l'ordre de io~12 ampère. Le seul appareil actuel pratique, pour mesurer des courants aussi faibles en dehors d'un laboratoire, est l'électroscope à feuille d'or dont on observe les vitesses de chute à l'aide d'un microscope. Les défauts de cet appareil tiennent à la fragilité de la feuille d'or, à la ^ variabilité de son élasticité de flexion, aussi bien qu'au mode d'observa- tion. Celui-ci est fatigant et donne des mesures qui cessent d'être compa- rables dès que le champ de visée ne correspond plus rigoureusement au même écart angulaire de la feuille d'or par rapport à la verticale. De plus, il est impossible de faire varier la sensibilité de l'appareil, et l'on est obligé d'opérer toujours entre les mêmes limites de voltage. Pour obviera ces inconvénients, j'ai construit un électroscope de torsion, qui se comporte comme un véritable électromètre. Il se compose d'un équipage mobile BC (fig- i) formé d'un morceau de 1 il d'aluminium recourbé à une de ses extrémités de façon à former une petite alidade circulaire B, et à l'autre extrémité une pinnule C. Entre B 462 ACADÉMIE DES SCIENCES. et C sont tendus quatre fils d'argent dd, de ^ de millimètre, dont le frotte- ment contre l'air suffit, pour une valeur convenable de la période d'oscilla- tion, à amortir les mouvements de l'équipage. Celui-ci est supporté par un ruban métallique de 25e™ de longueur, oon\ooi d'épaisseur et oim,oi de largeur, dont l'extrémité est pincée dans un petit goniomètre G qui peut tourner à la partie supérieure d'un tube métallique T. Au même niveau que l'équipage mobile, T porte deux palettes PP, disposées de chaque côté du plan vertical de BC. Le tout est isolé par la pièce d'ambroïde A, au centre du socle à vis calantes SS, qui reçoit une cage cylindrique de protection HH, et un bou- chon K. Sur le socle on peut fixer une règle horizontale RR, de om,85 de longueur, au bout de laquelle se placent deux disques métalliques ver- ticaux V, percés d'un trou circulaire O, de n1""1 de diamètre. La distance des centres des trous O est réglable, suivant une direction normale à la règle RR. Si, par E, on charge le système isolé, les palettes repoussent BC, qui décrit un angle a. Les trous O sont placés dans le prolongement de la direc- tion de BC pour deux valeurs déterminées a, et a.,. L'appareil une fois chargé, si un courant agit sur lui, l'observateur placé derrière les disques V verra la pinnule couper diamétralement l'alidade pour a = a, derrière le premier trou, puis pour a = a„ derrière le second. La mesure d'un courant revient à compter le temps qui s'écoule entre ces deux intersections, et à le comparer au temps compté pour un courant connu, par exemple le courant de saturation dû à un disque d'oxyde d'ura- nium. Capacité de l'appareil. — Pour que la répulsion électrique maintienne l'équipage dans la position définie par l'angle oc, il faut que le potentiel ait une valeurqui dépende : !° du couple de torsion W du ruban FF ; 2° de l'angle initial u dont ce ruban est tordu par rapport au plan des palettes PP. Pour une même valeur de a, le potentiel, et, par conséquent, la charge totale que prendra le système isolé, est proportionel à W et à &>, cet angle étant compté positi- vement quand il colle BC contre PP. Le système isolé peut tourner sur le socle de façon à placer les palettes dans tous les azimuts possibles par rapport à la direction de la règle RR. D'autre part le»gonio- mèlre G permet de donner à co toutes les valeurs qu'on désire. On peut donc, très simplement, faire varier à volonté la capacité totale de l'appa- reil, et par suite sa sensibilité à la charge, au voltage, ainsi que le voltage auquel on opère. SÉANCE DU IO FÉVRIER IÇ)l3. ^63 Le Tableau suivant résume les constantes de l'appareil : Vitesse angulaire par minute Sensibilité pour un Vitesse linéaire 1 lapâcilé au polenlie 1 courant de correspondais Le totale Potentiel en volts 1 . \ I0— n à S5™1 eu y. <<>. en \olts. par degré. ampère. du centre. centimètres 20 O . . 1 1 il 6 7°36' 1 I2mm 10 60 0 535 22,2 2°33' .;;""»>, s 29 20 36o 17 ' 12 20 2 0 720 738 18 3o 20 1080 97 2 24 4o La sensibilité limite dépend de l'isolement de l'appareil. Celui-ci pré- sente une" fuite spontanée qui, dans une atmosphère normale, entraîne à peine une vitesse de chute de 3o' par heure. Si l'on convient de considérer comme mesurable un courant qui entraînera une vitesse dix fois plus forte, soit 5° à l'heure, on voit que la sensibilité limite est de io^13 ampère. En plus de sa grande sensibilité et de son mode d'observation qui dis- pense de lout réglage, l'appareil est d'une très grande solidité et peut sup- porter tous les survoltages sans qu'il y ait à craindre ni court circuit, ni rupture de l'équipage mobile. Une fois que l'angle a atteint 900, l'équipage ne bouge plus quelles que soient les charges qu'on lui communique. PHYSIQUE. — Sûr le phénomène de Hall dans l'antimoine. Note de MM. Jean ISecquerel et L. Matoçt et de M"e W. Whiciit, présentée par M. Villard. Dans une Note précédente ('), l'un de nous a étudié le phénomène de Hall dans le bismuth cristallisé. La force électromotrice de Hall est à la température de l'air liquide beaucoup plus grande qu'à la température ordinaire, et est la résultante de deux effets qui suivent des lois différenlcs : l'un, de sens positif, varie proportionnellement à l'intensité du champ magnétique; l'autre, de sens négatif, atteint une saturation (2). 11 importait de rechercher avec d'autres métaux si le phénomène de Hall (') Jean Becquerel, Comptes rendus, t. loi, 24 juin 1912, p. 1796. C2) Voir sur cette question Kamerlingh Onnes et Ben(ït Beckman ( Comm. Phys. Lal>. Leiden, n"s 129 et 130). 46/| ACADÉMIE DES SCIENCES. est généralement la superposition de plusieurs effets de natures différentes. Avec l'antimoine, les résultats obtenus sont aussi singuliers que ceux pré- sentés par le bismuth, mais ils sont différents et encore plus inexpliqués. La méthode employée est celle de Hall : une lame d'antimoine de quelques dixièmes de millimètre d'épaisseur est traversée entre a et b (Jîg. i) par un courant de i à 2 ampères. On relie par un circuit contenant un galvanomètre sensible deux points c et d au même potentiel et l'on mesure le courant transversal permanent qui prend naissance dans ce circuit lorsqu'on produit un champ magnétique normal à la lame. Nous indiquerons ailleurs les détails du djspositif et de la méthode de mesure. Les chiffres adoptés sont les moyennes des valeurs obtenues avec les deux sens du champ magnétique et les deux sens du courant ah. Les résultats sont représentés par les courbes {Jig. a) qui donnent la différence de potentiel cd en fonction du champ magnétique, pour des lames de imm d'épaisseur, traversées par un courant de iaraP. Nous avons employé trois lames ; chacune d'elles a été plongée dans un bain de pétrole à la température du laboratoire, puis dans de l'air liquide. L'une des lames (courbes I et II) est taillée parallèlement au clivage principal, c'est-à-dire normalement à l'axe crislallographique principal ; le champ magnétique est, par conséquent, parallèle à cet axe. Une autre lame (courbes V et VI) est parallèle à l'axe cristallographique. Enfin la troisième lame (courbes III et IV) est taillée dans une direction quelconque au milieu d'une masse coulée. Nous l'avons désignée par lame moyenne, mais il faut remarquer qu'elle ne doit pas être véritablement moyenne, car il y a de grandes chances pour que les petits cristaux ne se trouvent pas orientés d'une façon quel- conque. On constate les faits suivants : SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. 465 a. L'effet Hall (de sens positif) est plus grand à basse température. b. Comme on devait s'y attendre, le phénomène dépend de l'orientation des cristaux dans le champ magnétique. On remarquera que la lame moyenne a donné un effet notablement plus intense que chacune des deux lames taillées, l'une normalement, l'autre parallèlement à l'axe cristallogra- phique principal. c. Les courbes se composent de deux droites reliées par une courbe à inflexion. Une décomposition simple en deux ou plusieurs effets (comme celle qui est évidente dans le cas du bismuth) n'apparaît pas ici. \ a-t-il superposition de plusieurs phénomènes? ou bien y a-t-il une influence de la variation de l'aimantation, dont doit dépendre le phénomène de Hall ".' Une autre question qui se pose, d'une façon tout à fait générale d'ailleurs pour tous les métaux, est celle de l'influence des impuretés. Dans le cas du bismuth, par exemple, nous pensons que des traces de tellure modifient considérablement l'effet Hall : des expériences sont préparées en vue d'élu- cider cette question. Bien que ne pouvant apporter aujourd'hui aucune explication des faits observés, nous avons pensé qu'il était utile de les signaler, car ils ne semblent guère s'accorder avec les théories actuelles des phénomènes galvanomagnétiques. La plupart des physiciens qui se sont occupés de ces /j66 ACADÉMIE DES SCIENCES. questions n'ont mesuré l'effet Hall que pour un très petit nombre de valeurs de l'intensité du champ et n'ont pas déterminé la loi de variation du phénomène : cependant la force électromotrice de Hall n'est pas toujours proportionnelle au champ, et l'étude des écarts, tels que ceux que présente l'antimoine, sera un excellent guide dans la recherche d'une théorie satisfaisante de ces phénomènes. RADIOACTIVITÉ. — Décomposition de l'eau par les rayons oc. Note de MM. William Duane et Otto Scheuek, présentée par M. A. Haller. Depuis que M. Giesel (') a découvert la décomposition de l'eau par les sels du radium, ce phénomène a été l'objet de plusieurs recherches dont le résultat est que, suivant la méthode expérimentale et la nature des rayons utilisés, l'eau liquide est décomposée en hydrogène et oxygène ou en hydro- gène et eau oxygénée. Nous avons entrepris une étude sur la décomposition de l'eau à l'état liquide, solide et gazeux par les rayons a en nous imposant comme condi- tions expérimentales : i" D'utiliser une source concentrée des rayons a réagissant sur la quantité d'eau strictement nécessaire pour les arrêter, et de réduire au minimum l'in- fluence des rayons plus pénétrants [3 et y, en répartissant l'eau en une couche mince et uniforme autour de celte source ; 2° De soustraire au rayonnement, dans la mesure du possible, le gaz produit au fur et à mesure de son dégagement, sans avoir à le sortir de l'appareil; .3° De pouvoir poursuivre la marche de l'expérience pendant un temps assez long en mesurant, à des intervalles déterminés, la quantité de gaz dégagé dont on faisait ensuite l'analyse pour connaître sa composition; 1" De chercher une relation entre l'intensité du rayonnement absorbé par l'eau et la niasse d'eau décomposée. l'our ta décomposition de l'eau liquide, effectuée à la température ordinaire, et de la glace à celle de l'air liquide, nous avons employé un appareil basé sur le principe de la jauge Mac Leod, dont la description complète sera donnée ultérieurement. Nous nous bornerons à dire qu'il ne partie de l'appareil permettait d'introduire l'eau purifiée, exempte de tout t;az étranger, dans un lutte capillaire de diamètre intérieur de o""n.<) (') Bëi'Uhèr Berichte, t. WXV, iyos, p. 36o5. SÉANCE DU IO FÉVRIER Ip,l3. ^67 à imm , dans l'axe duquel se trouvait soudé un petit tube à paroi très mince (nos tubes avaient des parois variant de omm,oo4 à omm,o6 d'épaisseur). A l'extrémité de ce tube mince se trouvait enfermé à l'aide de mercure l'émanation purifiée que nous extrayions d'une solution de o?,3 de RaCI2 très obligeamment mise à notre dispo- sition par Mme Curie. L'autre partie de l'appareil était le corps de jauge même, portant un système de tubes divisés servant à la mesure du volume et de la pression du gaz dégagé et à l'analyse eudiométrique de ce gaz. L'appareil était construit entièrement, en verre soudé et ses parties essentielles étaient soigneusement calibrées. Les expériences sur la vapeur d'eau ont été faites en mélangeant l'émanation purifiée directement à une certaine quantité d'eau qui. portée à la température de 1700, se trouvait à l'état de vapeur surchauffée sous une pression d'environ 3a,m. Les expériences sur l'eau liquide avaient une durée variant entre 3 et 7 semaines, celles sur la glace et la vapeur de 5 à 7 jours ; elles ont donné les résultats suivants : Les rayons a décomposent l'eau, quel que soit son état, en hydrogène et oxygène. A l'état solide, à — 183°, le produit de décomposition est du gaz tonnant, tandis qu'à l'état liquide il y a d'abord de l'hydrogène en excès, l'oxygène formé en même temps se combinant en partie à l'eau pour former de l'eau oxygénée. Celle-ci étant décomposée à son tour, il se dégage ensuite de l'oxygène en excès. A l'état gazeux, il y a aussi formation d'hydrogène en excès, et la proportion de cet hydrogène atteignait 5o pour ioo du volume total du gaz. La quantité d'eau liquide décomposée est proportionnelle à l'intensité du rayonnement. Le nombre de molécules de gaz formé est de 6 pour ioo plus grand que le nombre d'ions que produiraient dans l'air les mêmes rayons a, dont la quantité d'énergie utilisée est 6,4 pour i oo de leur énergie disponible. La quantité de gaz formé atteignait ocmll,825 par curie-heure. Dans le cas de la glace et de la vapeur, le gaz formé restant pendant toute la durée de l'expérience sous l'action des rayons (ce qui n'était pas le cas dans les expériences sur l'eau liquide), la quantité de gaz formé était beaucoup plus faible, et il semble que ce résultat soit dû à la recombinaison de l'hydrogène et de l'oxygène sous l'action des rayons. Le rapport du nombre de molécules de gaz formé au nombre d'ions produits est ^ pour la glace, et pour la vapeur ^ à -^ de celui obtenu pour l'eau liquide. En déterminant le courant d'ionisation dû aux rayons a sortant du tube, nous avons trouvé qu'un rayonnement capable de produire un courant d'ionisation de i ampère dans l'air décompose l'eau en donnant ocmJ, 1 5o,4 H2 et ocin3,o797 O2 par seconde, valeurs qui sont du même ordre de grandeur que les quantités ocm',i 23 H2 et ocm',o6i5 O2 libérées par seconde à i5°dans l'électrolyse. C. R., iç)iî, i" Semestre. (T. 156, N° 6.) u° /4(58 ACADÉMIE DES SCIENCES. chimie PHYSIQUE. — Sur l'inversion du saccharose par les rayons ultra- violets. Note de MM. Daniel Berthelot et Henry Gaudechon, présentée par M. E. Jungfleisch. Le développement pris par l'étude photochimique des sucres nous oblige à revenir, pour les préciser, sur certains points du sujet. On sait que, dès 1859 et 1(871, Niepce de Saint-Victor et Corvisart {Comptes rendus, t. 49, p. 368 et 8 16) et Raoult (//;., t. 73, p. 1049), observèrent la formation de corps réducteurs dans les solutions insolées d'amidon et de saccharose. Leurs recherches ont été reprises récemment. MM. Bierry et Henri, dans une courte Note présentée le 14 mai 1910 à la Société de Biologie, signalaient que les solutions aqueuses de certains polyoses (saccharose, raffinose, etc.), irradiées à l'air libre dans des cristallisons placés sous une lampe à mercure en quartz, devenaient réductrices. Ils ne proposaient aucune explication, mais ils disaient que, dans le cas du maltose et du lactose, ils n'avaient pu, même après une exposition très prolongée, déceler le glucose et le galactose, c'est-à-dire les monoses qui auraient résulté d'un dédoublement par hydrolyse. Or nous avons montré que, dans ces conditions d'irradiation à l'air libre par l'ultraviolet extrême, la dégradation et l'oxydation des matières organiques (et notamment des sucres), sont très profondes, et que, dans l'apparition du pouvoir réducteur, interviennent des facteurs multiples que nous avons signalés : acide formique (//>., 23 mai 1910); aldéhyde méthy- lique résultant {Ib., i3 juin 1910) de l'union des gaz CO et H2 que dégage la photolyse des sucres; transformation d'une ou plusieurs fonctions alcooliques en fonctions aldéhydes, qui a lieu dans les sucres simples et, par conséquent, non dédoubla blés, comme la mannite (lb.,i déc. 191 2), etc. Ajoutons d'ailleurs que nous avons vérifié que toutes ces réactions ont lieu dans les solutions irradiées de polyoses. Le i3 juin 19 10 nous annoncions à l'Académie la synthèse photochi- mique des composés ternaires et des hydrates de carbone à partir des gaz CO et H2; nous indiquions que ce phénomène est réversible, et que l'aldé- hyde formique polymérisée solide se décompose en oxyde de carbone et hydrogène ; nous ajoutions que, quand l'action est plus poussée, on observe un second mode de décomposition irréversible qui donne, en plus, de l'anhy- dride carbonique et du méthane. C'était la première fois qu'on obtenait SÉANCE DU IO FÉVRIER I9l3. 469 par l'action Je la lumière une dégradation aussi profonde d'un hydrate de carbone, allant jusqu'au retour aux gaz générateurs CO et Ha. Nous avons retrouvé depuis (fb., t. 155, p. 11 56) pour l'ensemble des sucres les deux modes de décomposition que nous signalions dès le premier jour pour l'aldéhyde formique qui en est le générateur. Le ier août 1910, nous indiquions les résultats obtenus par une irradation ultraviolette intensive, en l'absence d'air, sur deux sucres isomères simples (glucose, lévulose) et sur deux sucres isomères complexes donnant par hydro- lyse les précédents (saccharose, maltose). Les proportions des gaz de photo- lyse étaient caractéristiques et très différentes pour les deux isomères simples d'une part, pour les deux isomères complexes d'autre part; nous pûmes, dans tous les cas, parle dosage quantitatif des quatre gaz CO, H2, CO2, CH4, retrouver les produits de photolyse gazeuse caractéristiques des monoses élémentaires (glucose et lévulose), et montrer que l'inversion a lieu, non seulement dans le cas du saccharose, où elle est toujours facile, mais dans celui du maltose, où elle est beaucoup plus difficile, et où MM. Bierry et Henri avaient déclaré n'avoir rien trouvé. Nous avons prouvé, depuis, la fécondité de cette méthode d'analyse gazeuse dans l'étude systématique du dédoublement des bioses et des trioses. La sûreté de ses indications s'est manifestée d'une manière frappante pour la mélézitose, où la photolyse de os, 2 de produit a suffi pour rectifier la formule de constitution admise par Alekhine et pour confirmer un beau travail de M. Georges Tanret. L'inversion des bioses par les rayons ultraviolets, annoncée par nous en août 1910, fut confirmée plusieurs mois après pour la saccharose par MM. Guntz et Minguin (lb., 12 février 191 1), par MM. Euler et Ohlsen, et enfin par MM. Bierry, Henri et Banc (lb., 6 juin 191 1). Notre démonstration n'est pas seulement antérieure de 10 mois à celle de ces derniers auteurs ; elle est aussi plus complète. Nos expériences, en effet, tiraient une partie de leur valeur démonstrative du rapprochement entre le saccharose et le maltose ; les leurs n'ont porté que sur le saccha- rose. Nos essais ont été faits sur le saccharose pur, en dehors de la présence d'air ; un seul des leurs a porté sur le saccharose seul ; dans tous les autres, ils ont opéré en présence d'air ou de carbonate de chaux, c'est-à-dire sui- des systèmes complexes dans lesquels l'allure des phénomènes est profondé- ment modifiée. Enfin, ils n'ont caractérisé qualitativement qu'un seul des produits de dédoublement (lévulose), tandis que nous avons dosé quantita- tivement les gaz dérivés du glucose aussi bien que du lévulose. 470 ACADEMIE DES SCIENCES. Sur un point, MM. Bierry, Henri et Ranc apportaient un résultat nou- veau. Selon eux (Journal de Physiologie, septembre 191 1) « la formation d'acides est une réaction primaire qui se produit dès le début de l'action des rayons ultraviolets; l'apparition des produits gazeux est un processus secondaire qui semble lié à l'apparition d'acides ». Ces conclusions ne sont pas confirmées par nos expériences. Les auteurs précités s'étaient bornés à faire agir la radiation globale ultraviolette de la lampe en quartz, qui rend les liqueurs acides. Notre étude de l'influence de la longueur d'onde, sur la pbotolysedes sucres, commencée dès l'été 1910 (Revue générale des Sciences, 3o avril 191 1) et continuée depuis (Comptes rendus, t. 154, p. i8o3 ; t. 155, p.401, 83 1 , 10 16, 1 1 53, i5o6), nous a montré que dans l'ultraviolet initial (solaire) et le début de l'ultraviolet moyen, il y a dégagement de gaz CO et H2, sans apparition d'acidité. L'inversion du sac- charose au soleil, annoncée par Raoult, mais contestée par Kreusler qui l'at- tribuait à des moisissures (Berichle, t. VIII, p. 93), est bien réelle, le glucose ne donne pas de gaz même en un an ; le lévulose donne au bout de peu de jours du gaz CO pur; le saccharose ne donne pas de gaz pendant plusieurs mois (période d'inversion en glucose et lévulose), puis dégage du gaz CO pur. Comme la fermentation du saccharose par les moisissures ne donne pas CO, ce gaz ne peut provenir que de l'attaque photochimique du lévulose que notre méthode permet de déceler avec une sûreté et une sensibilité supé- rieures à tout autre procédé chimique dans ces conditions où il est mélangé à un grand excès d'autres sucres. En somme, nous avons prouvé non seulement que le saccharose s'invertit avec dégagement gazeux par les rayons ultraviolets, mais encore que ce phénomène est produit par des radiations qui ne rendent pas les liqueurs acides. Ces résultats ont certainement échappé à MM. Bierry, Henri et Ranc qui sont revenus récemment (2 décembre 1912) sur cette question. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hydrogénation cataly tique de la camphorone et sur quelques nouveaux carbures cyclopentaniques. Note de MM. Marcel Godchot et Fémx Tabouky, présentée par M. E. Jungfleisch. Dans une Communication antérieure ('), nous avons indiqué que la cyclopentanone, hydrogénée par la méthode de MM. Sabatier et Senderens, (') Comptes rendus, t. 152, p. 681 SÉANCE DU IO FÉVRIER IC)l3. 471 donnait naissance à un mélange de cyclopentane, de cyclopentanol et de cyclopentylcyclopentanone. Il nous â paru intéressant de soumettre la cam- phorone à la même hydrogénation. Bouveault ('), en faisant la synthèse de ce composé, en a fixé définitivement la constitution qui est celle de la méthyl-i-isopropylidène-3-cyclopentanone-2 CO IPG CH* Dihvdrocamphorone ou mét/iy/- 1 -isopropyl-3-cyclopentanone-2, : CO /t.n- CHJ— HC/ yCH — CH\CH3- HJC CH' La camphorone, qui nous a servi de matière première et qui a été préparée par nous en partant du camphorate de chaux, bouillait à i97°-2o3° sous la pression atmosphérique. Soumise à l'action du nickel réduit et de l'hydro- gène, à la température de i3o°, elle s'est transformée quantitativement en dihydrocamphorone, liquide à odeur de menthone, bouillant à i82°-i83°. Cette célone est identique à celle préparée à l'aide d'autres méthodes par Semmler (2) et par Wallach (3). Les points d'ébullition sont semblables et les points de fusion de la semicarbazone (i97°-io,80) et de l'oxime(78°)sont concordants. CH* /S\ /CH3 Méthvl- 1 - isopropyl-3 - cyclopentane CH' — HC\ /CH — CH\ . — H2C CH- Ce carbure prend naissance lorsqu'on hydrogène, à la température de 2800, par la méthode au nickel, la camphorone ou la dihydro camphorone. On constate la formation d'eau dans la réaction, le groupement CO étant remplacé par le groupement CH2. Le méthylisopropyl cyclopentane cons- titue un liquide, à odeur terpénique, bouillant à i32°-i34° (^(»= 0,773; n°9 = 1 ,425o; R.M. trouvée = 4î ,72; calculée = 4i )42)- Nous avons pu préparer ce carbure par une autre voie en partant du méthyl-i-isopropyl-3-cyclopentanol-2, obtenu en réduisant la dihydrocam- (') Bulletin de la Société chimique de France, t. XXIII. p. 160. (-) Ann. der Chemie, t. CCCXXVI1, p. 106. (3) Berichte der deut. chem. Gesell., t. XXXVII, p. 236. 472 ACADÉMIE DES SCIENCES. phorone par l'alcool absolu et le sodium ('); celui-ci, chauffé en présence du chlorure de zinc, se déshydrate en donnant un mélange de deux carbures non saturés isomères (ébull. i43°-i45°; dis = 0,786; nfs = 1, 4465) ; ces deux carbures possèdent les constitutions suivantes : CH CH H3C-C./\CH-CH<^ et H» C - Hc/\c - CH<^' j H2G CH* H2C CH2 il est impossible de les séparer, mais, hydrogénés ensemble en présence de nickel réduit à 1700, ils fournissent un carbure unique, bouillant à i33°-i34°, constitué par du méthyl-i-isopropyl-3-cyclopentane, identique à celui isolé par nous dans la réduction catalytique de la dihydrocampho- rone. CH — CH3 Diméthyl-i . i-isopropyl-3 - cyclopentane H3 C — HC/ \CH — CH\„H3 • H-C CH2 — Le dihydrocamphorone peut servir de matière première pour obtenir des carbures trisubstitués homologues du cyclopentane. Lorsqu'on fait réagir, en effet, les organo magnésiens sur cette cétone, on obtient, sinon l'alcool tertiaire attendu, du moins les deux carbures isomères qui en dérivent par déshydratation et qui, hydrogénés à 1800 par la méthode au nickel, fournissent le carbure saturé correspondant. Avec l'iodure de méthyl magnésium, on obtient le mélange de deux diméthyl-i . 2-isopropyl-3-cyclopentènes A, et A, (ébull. i5o°-i55°; dtl = 0,812; »°7 = i,4>*>oo) qui, hydrogéné à 1800, se transforme en diméthyl-i . 2-isopropyl-3-cyclopentane, carbure à odeur terpénique (ébull. i46°-i48°; «?,„ = <>, 786; n°, = 1,4337; R.M. trouvée = 46,32; calculée = 46, o3). Méthyl- 1 -diisopropyl- 2 . 3 -cyclopentane : CH-GHXCH3 H3C-HC^ >CH-CH<^. H*C CH* Ce carbure s'obtient en hydrogénant à 1800, par le nickel, le mélange (') Berichte der dent. chem. Gese/L, t. XXXVII, p. 237. SÉANCE DU IO FÉVRIER I9l3. ^3 des deux carbures non saturés isomères résultant de l'action de l'iodure d'isopropy I magnésium sur la dihydrocamphorone et bouillant vers i6o°-i68° (dlg= 0,812; n?ls = 1, 4509). Le méthyl-i-diisopropyl-2.3-cyclopentane ainsi obtenu constitue un liquide à odeur terpénique (ébull. i5o°-i52°; ACADÉMIE UES SCIENCES. récents comme les Pjlanzen-familien d'Engler et Prantl ou l'excellente Mor- phologie und Biologie der Algen cTOltmanns, continuent à parler des « lamelles cellulosiques » de la membrane et à désigner sous le nom de cellulose-balken (littéralement poutres de cellulose) les trabécules qui unissent entre elles les parois de leur thalle monosiphoné. Les recherches que j'ai poursuivies, à ce sujet, au Laboratoire de Cryp- togainie du Muséum et qui ont porté sur diverses espèces de Caulerpa, m'ont conduit aux résultats suivants : i° La membrane de Caulerpa n'est point soluble directement dans la liqueur de Schweitzer; elle ne devient sensible à ce solvant qu'après action de réactifs énergiques (acide azotique concentré bouillant, par exemple) capables d'altérer profondément sa constitution chimique. Elle ne donne jamais avec l'iode, quel que soit le traitement adopté, la coloration bleue ou violette caractéristique de la cellulose. Elle ne se teint pas, eu bain acide, par les colorants télrazoïqucs spéciaux à la cellulose (type orseilline BB), Enfin, chauffée à la glycérine, à 3oo", en tubes scellés, selon la méthode indiquée par Van Wisselingh, elle se dissout entièrement, tandis que les membranes cellulosiques vraies y demeurent intactes. L'ensemble de ces caractères nous montre que la cellulose proprement dite, définie par ses propriétés fondamentales bien connues, est absente de la mem- brane de Caulerpa. i" Cette membrane est constituée par deux sortes de substances appar- tenant l'une au groupe des composés pectiques, l'autre au groupe des calloses, tels qu'ils ont été définis et étudiés par M. Mangin. La présence des premiers de ces corps est révélée par l'affinité de ces membranes pour les sels métalliques (Devaux et Petit) et pour leur colo- rant spécifique le rouge de ruthénium, ainsi que par le volumineux pré- cipité d'acide pectique qu'on obtient en les traitant par le procédé de M. Schlœsing. La callose est décelée par les colorants tétrazoïques en bain alcalin (groupe benzidine), les bleus solubles après action de la potasse, et aussi par la propriété de devenir presque immédiatement soluble dans l'eau après action de la potasse ou de la soude concentrées à saturation. .1 ai pu isoler ce dernier constituant en traitant des coupes par l'acide azotique bouillant, puis en les lavant soigneusement à l'eau ammoniacale, opération qui détruit ou solubilise les composés peclii|iies. La membrane qui ne se colore plus alors par le SÉANCE DU IO FÉVRIER IO.l3. 477 rouge de ruthénium présente les réactions colorantes de la callose, niais elle est devenue soluble dans la lic[iietir de Scliweitzer, ce qui semble montrer qu'il y a eu un commencement de décomposition. Elle se colore en jaune, non en bleu, par l'iode, ce qui nous prouve encore qu'il ne s'agit pas là d'une trame cellulosique. Ce procédé m'a permis d'identifier avec la callose la substance qui forme les sphéro-cristaux, décrits par Correns, après action de l'acide sul- ftirique élendn de un quart. On les obtient aisément avec les coupes traitées comme il vient d'être dit. lisse comportent comme la callose vis-à-vis- des réactifs colorants, mais sont solubles dans la liqueur de Scliweitzer. J'attire, d'accord avec Correns, l'attention sur ce fait qu'ils sont bi-réfringents, différant en cela des spbéro-cristaux de cellulose obtenus par Cilson. 3° La structure des coupes soumises à l'action de l'acide azotique est encore bien conservée; les lamelles dont se compose la membrane sont seulement dissociées mais non désorganisées, ce qui montre bien que la callose rentre comme substance fondamentale dans la composition de la mem- brane des Caulerpa. Klle avait été signalée déjà par M. Mangin : cbez les Phanérogames, dans le cal des tubes criblés et la membrane des cellules mères des grains de pollen; chez les Cryptogames, dans la membrane des Péronosporacées, les sporanges des Mitcor et chez quelques Algues (OEdogo/aum, Asco- phyl/um, Laminaria). Mais, dans lous ces cas, nous la trouvons soit associée à la cellulose, soit isolée dans certains organes de végétaux cellu- losiques où sa facile gélification lui permet de jouer un rôle spécial. Chez les Caulerpes, elle se montre associée aux composés pectiques seulement. Celte membrane nous offre donc un type de constitution chimique particulier, et nouveau jusqu'ici, chez les Végétaux. Je me suis en outre préoccupé de savoir si ce type était spécial au genre Caulerpa et ne se rencontrait pas dans d'autres familles d'Algues. Des expériences portant sur un grand nombre d'échantillons m'ont convaincu qu'il se retrouvait dans toute la série des algues siphonées, à l'exception des Vauchériacées qui possèdent une membrane celluloso- pectique. Les Siphonées marines , Caulerpacées, Bryopsidacées, Derbésiacces, Codiacées formeraient donc un groupe bien distinct tant par leurs caractères anatomiques que par la constitution chimique de leur membrane. Le détail et les conclusions définitives de ces recherches feront l'objet d'un Mémoire ultérieur. 47^ ACADÉMIE DES SCIENCES. AGRONOMIE COLONIALE. — Sur l'existence en Afrique occidentale fie deux formes stables cTHevea brasiliensis Mull. Arg. présentant une aptitude différente à la production du latex. Note de M. C.-M. Bket, présentée par M. Edmond Perrier. U'Hevea brasiliensis Mull. Arg., qui constitue à peu près exclusivement les immenses plantations d'arbres à caoutchouc d'Extrême-Orient, n'a jusqu'à présent offert que des variations peu sensibles, quels que soient les efforts poursuivis dans la voie de la sélection. Au cours d'un séjour à la Côte occidentale d'Afrique, notre attention a été appelée par deux peuple- ments de cette espèce ayant une origine différente et dont les rendements en latex paraissaient dissemblables. Ces deux peuplements, d'ailleurs très homogènes, existent l'un à Dabou (Côte d'Ivoire), l'autre à Porto-Novo (Dahomey). A. Peuplement de Dabou. — Composé d'environ 70 arbres; provient de graines recueillies dans le Bas-Amazone par la mission Ëug. Poisson; les plants qui en sont issus ont été, par l'intermédiaire de la Maison Godefroy-Lebeuf et de la mission Bour- darie, introduits à la Côte d'Ivoire et ils y croissent normalement, dans un sol de fertilité moyenne, perméable mais parfois inondé. B. Peuplement de Porto-lVot'o. — Comporte, dans un jardin appartenant à un particulier, seulement six arbres qui proviendraient de la station d'Ebule-Meta (Lagos). où ils auraient été envoyés par les Jardins royaux de Kew; leur origine primitive reste toutefois douteuse, mais ils ont été rapportés à //. brasiliensis, d'abord par M. Aug. Chevalier, détermination confirmée par M. Prain, directeur de Kew. A Porto-Novo, ils croissent dans un terrain sablonneux de fertilité moyenne, à sous- sol aquifère. Leur rendement en latex est bien plus élevé que celui des arbres du peuplement de Dabou. Je me suis proposé de rechercher si ces deux formes présentent des caractères distinctifs et une certaine stabilité. La morphologie externe n'offre pas de caractères distinctifs nets; d'une manière générale cependant, la forme A présente un aspect plus vigoureux que la forme B. Par contre, l'étude anatomiquc des échantillons des collec- tions rapportées par M. Chevalier nous a fourni des caractères distinctifs très nets. Forme A. — Dans la lige, prise non loin du bourgeon terminal, le bois est celui d'une plante plus vigoureuse que dans la forme riche; les vaisseaux du bois sont plus nombreux, plus larges, disposés en files radiales plus régulières. SÉANCE DU 10 FÉVRIER igi3. 479 Nous avons déterminé une région plus favorable à des observations comparatives que la tige, dans laquelle il est presque impossible d'obtenir des coupes microsco- piques, des tissus d'un âge et d'une croissance rigoureusement semblables. Des con- ditions, très favorables dans le cas présent, existent dans la base renflée du pétiolule. On y observe pour ladite forme A les particularités suivantes : laticifères rares dans le parenchvme cortical, notamment à la face ventrale où ils sont accidentels, peu abondants dans la région libérienne; les chapelets qu'ils forment sur la face ventrale où le tissu fibro-vasculaire s'involute et s'interrompt, ne se rejoignent pas et pénètrent à peine dans la moelle. Forme B (à rendements plus élevés). — Dans la lige, caractères inverses de ceux de l'autre forme. Dans la base renflée du pétiolule, nombreux laticifères dans le parenchyme cortical, notamment sur la face ventrale: laticifères abondants, serrés, dans la région libérienne où ils forment un chapelet qui se ferme à la face ventrale par de nombreux tubes logés dans du liber qui s'involute profondément dans la moelle; tendance à la production de faisceaux supplémentaires, riches en laticifères, dans la moelle. Pour nous assurer de la fixité de ces deux formes dans la descendance et suivant les milieux, nous avons étudié : i° Des plants de G mois issus des deux peuplements précités et venus en pépinière, à Bingerville (Côte d'Ivoire ); ceux de la forme A, en terrain riche, fumé, arrosé; ceux de la forme B (à rendement plus élevé), en ter- rain siliceux pauvre et sec; ■2° Les mêmes plants, âgés de 2 ans et mis en place, dans un milieu identique pour les deux formes, en terrain de forêl fraîchement défriché, fertile, bien arrosé et bien drainé. Ces individus ont toujours présenté des caractères analogues à leurs parents. En résumé : i" Il existe à l'état cultivé, sur la Côte occidentale d'Afrique, deux formes stables à'Hevea brasiliensis, se distinguant par leur richesse inégale en latex; 2° L'étude analomique de la base des pétiolules permet une distinction facile des deux formes; 3° Celte méthode d'examen est à retenir et pourrait être employée pour effectuer une sélection rapide; 4° Ces deux formes ont une vigueur inégale, la plus vigoureuse étant la plus pauvre en latex. Bien qu'elles semblent, d'après nos recherches, capables de se maintenir dans la descendance, nous pensons qu'à l'origine elles ont dû se produire par suite de conditions biologiques particulières et que ce sont en définitive deux formes physiologiques stables. /|8o ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE. — Adrénaline et glycémie. Note de M. H. Rierry et M"e Lucie Fandahd, présentée par M. Dastre. M. La glycémie physiologique se mesure parla quantité de sucre libre contenu dans le sang artériel; sensiblement fixe pour une espèce animale donnée, elle est indépendante des régimes alimentaires, de l'état de repos ou de travail, et exprime l'état d'équilibre entre la production et la dépense de l'organisme en sucre. En outre du sucre libre directement réducteur, on rencontre dans le sang du sucre combiné : sucre dont la présence ne peut être manifestée qu'après scission de la molécule complexe qui le renferme et rupture de la liaison qui dissimule sa fonction aldéhydique. Il existe dans le sang, comme nous avons pu nous en assurer, plusieurs substances (') susceptibles de donner du sucre après bydrolyse; ces combinaisons hydrocarbonées résistent à l'action de la glycolyse in ritro et de la potasse étendue et chaude qui font disparaître le sucre libre, elles sont toutefois rompues à l'autoclave à 1200, parles acides minéraux, et le sucre réducteur mis ainsi totalement en liberté peut être dosé à la manière ordinaire. Ces substances génératrices d'hydrates de carbone donnent naissance à du sucre réducteur dont la quantité est constante pour une espèce animale donnée, cette quantité pouvant suivant l'espèce être inférieure, égale ou même supérieure à celle du sucre libre normalement contenue dans le sang artériel (a). Il est possible, en suscitant des troubles dans l'équilibre de la nutrition, de faire varier la glycémie chez l'animal. Peut-on parallèlement faire varier quantitativement ou qualitativement la substance sucrée existant en combi- naison? Des essais, entrepris dans ce sens, nous ont montré que le sucre combiné présentait chez la même espèce et chez le même animal une fixité bien supérieure à celle du sucre libre. Nous avons pu toutefois préciser un certain nombre de conditions expérimentales suivant lesquelles on peut facilement observer des variations du sucre combiné. i\ous relaterons aujourd'hui les variations consécutives à l'injection d'adrénaline. On sait que l'adrénaline introduite sous la peau, dans la veine ou dans la (') Nous aurons à indiquer successivement nos résultats concernant les substances génératrices d'hydrates de carbone (distribution dans le sang, variations, nature) et les sucres réducleurs formés. (2) H. Bif.krv et L. Fandard, Comptes rendus Soc. Blol., 8 et |3 juillet 1912. SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. 4^1 cavilé péritonéale, est capable de provoquer chez l'animal une mise en cir- culation des réserves hydrocarbonées (glycôgèae) et de faire apparaître consécutivement l'hyperglycémie et la glycosurie (Doyon et Kareff, Noël Paton, Bierry et Z. Gruzewska). iNous avons été amenés ainsi à injecter de l'adrénaline au chien, dans la veine ou la cavité péritonéale, et à étudier parallèlement les variations du sucre libre et du sucre combiné dans le sang. Nous nous sommes servis d'adrénaline lévogyre : naturelle ou synthétique. Nous devons à M. Gabriel Bertrand l'adrénaline pure ('), retirée par lui des capsules sur- rénales de cheval. L'effet de celle adrénaline est d'une constance remarquable; elle est capable de produire, en injection sous la peau, à la dose de on,mSr, l par kilo- gramme, une glycosurie déjà appréciable chez le chien. Nous avons injecté des doses relativement fortes (os,ooi par kilogramme d'animal), de façon à produire une hyperglycémie intense. Les injections dans la veine sont moins bien supportées que daus la cavité péritonéale, la dose doit en être au moins moitié moindre, et il est toujours nécessaire de faire cesser par la respiration artificielle la syncope respiratoire consécutive à l'injection. Le sang, dont un échantillon prélevé avant l'injection d'adrénaline servait pour les dosages témoins, était recueilli toutes les heures ou toutes les deux ou trois heures. ( >n dosait flans les divers échantillons le sucre libre, puis le sucre total après hydro- lyse. En retranchant de l'a quantité de sucre total la quantité de sucre libre, on avait le sucre réducteur provenant des diverses combinaisons génératrices d hydrates de carbone. On pouvait avoir un second chiffre pour le sucre combiné en détruisant préalablement par la potasse étendue le sucre libre dans le sang, neutralisant et faisant ensuite l'hydrolyse acide. Four la précipitation des matières albuminoïdes, nous avons eu recours à la technique de Bierry-Portier ; nous avons employé parallè- lement l'azotate ou l'acétate mercurique, les résultats ont été identiques. Les dosages de sucre réducteur étaient faits par la méthode de Gabriel Bertrand, et les résultats exprimés en glucose. Le mode d'aneslhésie des animaux n'influence pas le résultat de l'expérience. A la suite d'injection d'adrénaline dans la cavité péritonéale, le taux du sucre libre augmente considérablement dans le sang, l'hyperglycémie s'établit progressivement, elle atteint son maximum vers la troisième ou quatrième heure qui suit l'injection. L'hyperglycémie consécutive à l'in- jection intraveineuse atteint plus vite son maximum, mais elle peut néan- moins se maintenir pendant trois et môme quatre heures. Les jeunes chiens sont particulièrement sensibles à l'action de l'adrénaline. Parallèlement au sucre libre, le sucre combiné varie beaucoup plus lentement. Le taux du sucre combiné monte lentement, il continue à monter même (') G. Bertrand, Bull. Soc. chim., 3e série, t. XXI, iy.>i, p. 1188 et 1289. 482 ACADÉMIE DES SCIENCES. quand le sucre libre diminue ; nous avons suivi sa marche ascensionnelle jusqu'à la septième et la huitième heure qui suivent l'injection. Nos expé- riences n'ayant pas dépassé 8 heures, nous ne pouvons dire si le maximum était atteint à ce moment. Voici une expérience à titre d'exemple. Chien de i8ks, reçoit dans le péritoine ofe",o3 d'adrénaline dissoute, par quantité suffisante d'acide acétique, dans 2,m' d'eau physio- logique : Sucre combiné du sang ( le sucre réducteur Sucre libre obtenu par hydrolyse du sang a clé évalué en glucose) pour iooo. pour loo'o, B S Avant injection i,io i ih i.5ra après injection d'adrénaline 1,7a i,i5 4h » 2,00 1 , 1 (i 7I>/|.">"' » ' ,5.') 1 ,3.J (') Il ressort de ces expériences que le mécanisme qui règle l'hyperglycémie et la glycosurie (-) n'est pas aussi simple qu'on l'admettait jusqu'ici. Il semble qu'une partie du sucre libre versé en excès dans le sang puisse entrer plus ou moins rapidement en combinaison sans être perdue pour l'orga- nisme et (jue le surplus seul passe dans l'urine. EMBRYOLOGIE. — Sur le développement du squelette de l 'extrémité postérieure chez le Pingouin. Note de MM. R. Anthony et L. Gain, présentée par M. E. Perrier. Les documents embryologiques utilisés ici proviennent de la deuxième Expédition antarctique française (1908-1910) ; ils se rapportent aux trois espèces suivantes : Pygoscelis antarctica Forster, P. papua Forsler, P. Adeliae Hombron et Jacquinol. Cette étude offre un intérêt particulier en raison de l'adaptation que pré- sente le membre postérieur des Pingouins à la marche plantigrade. (') Celte expérience se trouve justement comparable avec la moyenne des résultats obtenus. Dans d'autres cas, la teneur en sucre combiné est encore plus élevée après le même temps (7 à 8 heures). (-) Le manque de concordance entre la plus forte hyperglycémie et la plus forte glycosurie, après injection d'adrénaline chez le chien, avait déjà été signalé par l'un de nous et Z. Gruzewska (H. Rikrry et Z. (Irhzkwska. Comptes rendus Soc. Rio/.; 27 mai if)o5). SÉANCE DU IO FÉVRIER r 9 1 3 . 483 L Ci.» del. I. P. Adeliae, embryon de 1 ■ à \'\ jours. — II. P. antarc- tica, iô jouis environ. — III. P. antarctica, 17 jours environ. — IV. P. antarc- tica, 3 semaines environ. — V. P. papua, 4 semaines en- viron. — VI. P. papua, poussin de 1 à 3 jours. — VII. P. papua, poussin d'une dizaine de jours. — VIII. P. Adeliae, poussin de 2 semai- nes environ. — IX. P. Adeliae, jeune de 3 à 'l semaines. — X. P. Adeliae, adulte. T = tibia; I' = péroné; / = tibial; p = péronéal ; t. d. = massif tarsien distal; 1, 2, 3, i, 5 = rayons terminaux ; s = sésamoïde du talon; J. T. = jambe. -+- massif tarsien proximal; T. M. = massif tarsien distal + métatarse. C. K., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 6. 62 484 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les figures ci-contre résument notre Communication. Dans le stade I, la rangée tarsienne proximale est constituée de deux élé- ments cartilagineux distincts et inégaux, l'un correspondant au péronéal, l'autre au tibial. Le massif tarsien distal se présente sous l'aspect d'une masse homogène dont l'apophyse externe est probablement un cinquième rayon, lequel d'ailleurs régresse rapidement au cours de l'ontogénie. Les différents rayons sont notablement écartés et le premier, encore indivis, possède avec le tarse un contact qu'il perdra plus tard. Au stade U, le premier rayon, toujours indivis, a déjà perdu son contact avec le tarse. C'est seulement au stade III que tous les rayons possèdent leurs nombres de segments définitifs. L'ossification périphérique se manifeste déjà dans les métatarsiens. Au slade IV, confusion des éléments cartilagineux du massif tarsien proximal, et extension de l'ossification à tous les segments des rayons, sauf à ceux du rayon I . Au stade V, apparition de l'ossification dans le premier rayon. Dans le stade VII, on \oit apparaître deux points d'ossification dans le massif tarsien proximal, correspondant l'un au péronéal, l'autre au tibial. Dans le massif tarsien distal, il existe également un point d'ossification qui paraît correspondre au rayon 3. Dans la gaine des tendons fléchisseurs, au niveau du talon s'est développé un nouvel élément que nous avons désigné par la lettre s et dont la pré- sence paraît être en rapport avec l'adaptation à la marche plantigrade. Le stade VIII montre l'existence d'une petite cavité articulaire placée entre le tibia et le massif tarsien proximal. Celte cavité articulaire dis- paraît d'ailleurs très rapidement. Nous n'avons pu suivre nettement entre ce stade et le précédent le mode de développement du tissu osseux dans le massif tarsien distal; il se pourrait qu'il se développe trois points d'ossifi- cation répondant chacun respectivement à chacun des rayons, mais qui se souderaient les uns aux autres presque aussitôt après leur apparition. Stade IX : il est à noter que, dans le rayon 1, l'ossification n'a point envahi l'extrémité distale du premier segment, alors que pour les deux autres segments, c'est l'extrémité proximale qui reste encore cartila- gineuse. Le stade X enfin représente l'état adulte. SÉANCE DU IO FÉVRIER iqi3. 485 CYTOLOGIE. — Nouvelles recherches sur les mitoses de maturation de Sabellaria spinulosa Leuck. Note de M. Armand Dehorne, présentée par M. Henneguy. Ainsi que je l'avais établi, le nombre des anses pacbytènes est bien 8. Au sortir du stade pacbytène, le noyau entre dans une très longue période d'accroissement au cours de laquelle son diamètre devient environ 10 fois plus grand. Dès le début de cette période, les 8 anses épaisses subissent un allongement progressif en rapport avec la croissance de l'ovocytc et se dédoublent longiludinalement (première division inlranucléaire, stade strepsitène des auteurs). Jusqu'ici tout se passe conformément à ce qui est admis en pareil cas ; mais la seconde moitié de la période d'accroissement est marquée par un pbénomène intéressant; Les moitiés longitudinales des anses pacbytènes qui, dans les exemples classiques, restent associées jusqu'au début de l'anapbase I, se séparent ici complètement; en même temps, toujours à l'état filamenteux, elles se dédoublent en long à leur tour. Et ceci constitue la deuxième division inlranucléaire, à la suite de laquelle les 8 anses pacbytènes initiales deviennent, dans le rétiforme nucléaire, 16 paires d'anses filamenteuses. L'ovocyte tombe de l'ovaire dans le gonocœle, y achève sa maturation, puis est évacué au dehors par l'un des canaux segmenlaires correspondants. Alors, au contact de l'eau de mer, la membrane nucléaire disparaît et l'on peut compter aisément, surtout dans les œufs montés en entier, 16 dyades en croix sur l'emplacement du noyau. Ces dyades représentent les 16 paires d'anses filamenteuses précédentes; on trouve dans les coupes sériées tous les degrés de concentration et de rétraction de la substance de ces dernières pour donner les dyades en croix. Celles-ci ont la forme bien connue des chromosomes hétérotypiques des ovocytes de beaucoup d'Annélides et de Mollusques. Elles rappellent, en particulier, de près celles qui ont été décrites par Janssens(') dans les mitoses de l'ovocyte d'Aplysia punclata, où le nombre est 16 également. Tout comme chez ce Gastéropode, les 16 dyades hétérotypiques, dont les bras montrent, dès la fin de la prophase, une troisième division longitudinale (division anaphasique 1 des auteurs), sont dissociées à l'anaphase I ; et chaque branche, déjà clivée, donne un V double en s'éloignant du plan équatorial. Le premier globule polaire contient 16 paires d'anses, il en reste 16 dans l'ovocyte. Un second fuseau se reforme aussitôt, et, sans transition, la deuxième mitose dissocie ces paires en leurs éléments. Des numérations longuement répétées montrent que le nombre des anses simples demeurées dans l'ovocyte après la mitose II est 16. (') Janssens et Ei.mngton, L'élément nucléinien pendant les cinèses de maturation dans l'œuf de TAplysia punctala (La Cellule, t. XXI, 1904). 486 ACADÉMIE DES SCIENCES. Comme le nombre des anses pachytènes est certainement 8, et que le nombre des bandes clivées d'une métaphase somatique est 16, il faut conclure qu'après l'émission du second globule polaire il n'y a pas eu encore de réduction numérique. Dans l'état actuel des connaissances, le résultat est assez surprenant. Cependant, en 1909, Schleip (') a montré que deux globules polaires peuvent être émis sans entraîner la réduction numérique: il est vrai qu'il s'agit ici d'un cas de parthénogenèse obligatoire. D'autre part, la littérature fournit quelques renseignements, montrant que des auteurs ont dû se trouver engagés dans la voie qui m'a conduit à ce résultat. En effet, Riickert ('-) (1892) signale que, dans l'ovocyte des Sélaciens, le nombre des dyades individualisées, à la lin de la période d'accroissement est égal, non au nombre réduit, mais au nombre somatique des chromosomes. En 1907, J. Maréchal (3) confirme ce fait sur le même matériel (ovocytes de Pris- liurus et de Scyl/ium); malgré la formation d'anses pachytènes en nombre réduit, 18, le nombre des dyades hélérotypiques est égal au nombre soma- tique 36. Malheureusement, aucun de ces deux auteurs n'a poussé ses recherches jusqu'aux mitoses maturatives. Chez un Polyclade, Schoc- kaert (*) (1902) croit trouver que chaque anse pachytène fournit plusieurs dyades hétérotypiques à la mitose I. Janssens (1904) se rallie à la même opinion pour l'ovocyte à'Aplysia. II n'a pas compté les anses pachytènes, mais il voit les 16 dyades hétérotypiques de forme clas- sique provenir de bandelettes chromatiques volumineuses; chaque bande- lette, qui représenterait une anse pachytène, donne plusieurs dyades, probablement deux. Je pense que, si ces quelques observations sont reprises et complétées, elles conduiront aux résultats que j'expose ici. Par suite de deux divisions longitudinales inlranucléaires efficaces, intercalées entre le stade pachytène et la métaphase 1, l'action réductrice qui opérait dès le stade leptotène est annihilée. Alors la réduction numérique ne s'effectue pas par l'intermédiaire des deux mitoses de maturation. Le moment où elle se réalise reste à trouver, il reste aussi à dire comment elle s'accomplit finalement; c'est ce que nous (') Schleip, Die Reifung des Eies von Rliodites rosse... (Zoolog. Anzeiger, Bd. XXXV, 1909). (J) ROckert, Ueber die Verdoppelung der Clironwsomen im Keimblàsclien des Selachiereies (Anat. Anz., Bd. XIII, 1890). (3) J. Maréchal, Sur Uovogenèse des Sélaciens et de quelques autres Chardates (La Cellule, t. XXIV. 1907). (') Sr.nocKAKRT, L'orogenèse chez le Thysanozoon Brocclui (La Cellule, t. XX, 1902). SÉANCE DU IO FEVRIER 191 3. 487 rechercherons prochainement. Mais nous pouvons dès maintenant intro- duire parmi les ovocytes la distinction suivante : i° ceux qui possèdent un petit noyau (Ascaris) et où le second globule polaire renferme certainement le nombre réduit des chromosomes; 20 ceux qui possèdent un grand noyau (Sabellaria) et où le nombre réduit, apparu au début de la prophase I, ne persiste pas pendant la période d'accroissement. Dans la spermatogenèse, le noyau grandit beaucoup moins, en général, pendant la période d'accrois- sement; la mitose I se fait, comme dans les ovocytes de la première caté- gorie, sur le nombre réduit ; la réduction numérique paraitalors étroitement liée à la formation d'anses pachytènes et au mécanisme de la mitose I. Mais, si l'abaissement du nombre des chromosomes réalisé au stade pachytène ne persiste pas jusqu'à la métaphase I, comme c'est le cas dans l'ovocyte de Sabellaria, la formation des anses pachytènes perd beaucoup de son impor- tante. D'autre part, il faut dégager la notion de forme hétérotypique des chromosomes de celle de réduction. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — La composition des tissas en acides g7-as non volatils et en choleslérine et i existence possible uV une « constante lipocy tique » . Note de MM. André Maykii et Georges Sciiaeffer, présentée par M. A. Dastre. Nos recherches sur la composition des globules rouges nous ont montré que, dans une même espèce, la teneur de ces éléments en acides gras non volatils provenant des lipoïdes et en cholestérine oscille peu autour d'un chiffre constant et caractéristique. Nous nous sommes demandé si cette observation ne peut pas être généralisée, si cette constante physiologique n'existe pas pour tous les tissus, si chaque tissu normal ne peut pas être caractérisé par sa teneur en acides gras et en choleslérine. Les indices qui expriment cette teneur seraient représentatifs de l'organe et de l'espèce considérés, si les variations que l'on constate oscillaient dans des limites restreintes autour d'une valeur moyenne. Les techniques que nous possédons nous permettent-elles d'entreprendre ce travail ? En ce qui concerne la cholestérine, nous nous trouvons en présence d'un corps unique et qu'on peut doser par une méthode suffisam- ment précise. Au contraire, pour les acides gras fixes, nous n'avons que les méthodes de saponification totale, méthodes brutales, globales, qui ne permettent pas de distinguer la provenance (phosphatides, graisses 488 ACADÉMIE DES SCIENCES. neutres, éthers de la cholestérine) des acides dosés. L'interprétation des résultats qu'elles donnent sera donc forcément entachée d'une certaine indécision, et le travail qu'elles permettent n'est qu'un travail d'approche. Il nous a paru cependant que nous pouvions le tenter. • Poumon. Kein. Faft. Acides Acides Acides gras. Chol. Coefl. gras. Cliol. CocfT. gras. Cliol. Coeff. 1 » » » 12,6 l,6o 13,7 l2'° °'7° ° , 6 H » » » 1 3 , 2 i , 1 4 8,6 u,i 0,62 5,6 III 9,74 2,11 21,6 10,8 i,3o 12,8 10,7 0,90 8,4 IV 8,3g 1,91 22,8 1 3 , 3 1,24 9,3 11, a 0,70 6,3 >5 j.V 10,21 1,39 i5 i5,6 i,45 9,2 iu,j o, 74 7 f VI 8,4o 1,80 ai n,8 [,4ô 12,7 9,1 o,65 8 1 VII 8,23 1,77 2i,5 11,0 1,24 12,3 10,2 0,81 7,9 I(i) » » » i3,4 1,87 1 3 ,9 12,3 1,01 8,2 11(2) » » » i5,i 1,88 12,4 10,6 0,95 8,8 IH(4) 9.° 2,i5 23 9>l8 J>82 '9>5 9-5 °>85 8»9 |./1V(8) n,6 i,85 i5 i4,o4 i,25 9 12, 4 0,67 8 S3 j V (16) 12,0 2,06 17 ia,5 i,34 10 10,1 0,90 8,9 VI (10) i3,i 1,84 1 4 » » » » » » VII (9) u,5 2,o5 17 » » » )> » » 1 6,8 1,9 28 18,8 i,58 8,4 12,8 i,5 12,1 II 7,0 1,7 20 12,3 i,36 11 1 3, 8 0,72 5,2 o JIII 2,9 0,6 20 16,9 i,48 9 1 3 ,9 i,23 8,9 Sf> j IV 10,9 2,4 22 19,9 1,78 8,9 17,2 i,25 7,3 'V 7,6 2,16 28 i5,2 1,61 io,5 i6,3 0,90 5,9 e VI 8,9 1,87 20,7 20 1,37 6,9 22,2 1,77 8 r~ / I » » » » « » 7i45 ' , 37 18,4 ~ 1 II « » » » » » 10,701,4913,9 III » )! » » » » 9,95l,20I2,2 § J IV » » » » » » 8,85 1,47 '6,6 çj \ V » » » « « » 13,890,98 7 Hépalopancréas. ,1(5) » » » 22,6 i,5ç) 7 54,5 a, H 3,9 £'1.11.(6) " » » 24,5 i,.65 6,7 4j>9 '.58 3,3 |]ïil(7) » » » 21,4 i,55 7.2 38,7 ,,71 4,4 j* j IV (8) » » » i3,4 0,72 5,3 47,6 1,72 3,6 -^ / V (9) » » » '16,6 1,08 6,5 5 1 , 3 2 , 09 4 • VI (10) » » » 16,2 i,5o 9 5o,5 .2,06 4 (') Grenouille : chaque dosage fait sur trois organes réunis. SÉANCE DU IO FÉVRIER I9l3. /189 Pancréas. Muscle (')■ Testicule ('). Acides Acides Acides gras. Chol. Coeff. gras. CI10I. Coeff. gras. Chol. Coeff. 1 » » » 16,0 0,21 1,3 16,01 1 , 99 12,3 II 12,9 o,84 6,4 9.2 o,25 2,6 14,20 1,80 12,7 III 11,0 0,70 6,5 6,9 0,26 3 i5,3 i,63 10,6 •~ I IV 1 5 , 7 0,80 5,i 11,7 0,24 2 » » » "o I V 1 3 ,7 o,65 4>7 11, 5 0,23 1 » » » ! VI i4,8 0,83 5,6 12,0 o,23 1,9 » » » l VII 9,9 0,70 7 19 o,3i 1,6 » » » I ( I ) 1) )) » 4 1 3 1 o , 28 0,6 » » » 11(2) » » » 3,55 o,25 0,7 » h » 111(4) a " " 2>9' o,33 1,1 » » » g, / IV (8) « » « 2,98 o,s3 0,7 h » » V (16) » » » 2>44 0,22 0,9 « » » VI (10) « » » » •> » » » » VII (9) )) » » 1> !> » » » » II » 11 11 2 1 , 3o o , 27 1,2 11 » » II » il 11 I I , 9 0,28 2,3 » 11 » m » » » 17,5 0,26 1,4 » » » •S? I IV » '• » 20, 2 » » » » » ^ ' V 11 11 n 16,9 0,28 1,6 » » .> VI. » » » 1 3 , G 0,24 1,7 » » » l'eau. £| 1 4 1 54 o , 83 1 8 , 3 » » » « » » ^ 1 II 4. o5 0,79 19,6 » » « » » i> s / 111 4 1 46 0,78 17,9 » » » » » » § I IV 4i96 0,80 16,2 » » « » 11 » <3 f V 3 , 95 o , 6 1 1 5 » » « 11 n » Organes génilaux. 1(5) » » » 4<>i6 0,28 0,6 68,7 0,67 9 II (6) » n » 3o,5 o,38 1,2 » » » 111(7) » » » 43,9 0,28 0,6 62,4 1 ,o5 1,6 ;* | IV (8) » » » 57,9 o,3i o,5 62,7 0,73 1,1 ~? ! V (9) « » » 49,6 o,38 0,7 75,2 0,71 0,9 I VI (10). ... » » » 4' )3 o,45 i,i 69,0 1 ,3o 1,8 Technique. — Nous avons employé les méthodes de Kumagawa et de Windaus, (' ) Muscle couturier chez le chien. — Muscle de la cuis > 4g2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le mélange renfermait donc, pour ioocmS, environ 20™' d'alcool mé- thylique pur et is de glucose. Il a été abandonné à la température du laboratoire (i5° à 180) et agité de temps en temps. La rotation initiale était de -+-i°4' (/= 2). Jusqu'à l'arrêt de la réaction, on a observé les rotations suivantes : Durée. 3 jours. G jours. !) jours. 15 jours. lOtalion . . . 4-i°3V -f-i°5o' -\-1°l' + 2° 12' soit une augmentation de 68', représentant, d'après le calcul, la formation d'une quantité de méthylglucoside a. correspondant sensiblement à 48,5 pour 100 du glucose mis en œuvre. Le liquide a été filtré, puis porté à l'ébullition en présence de quelques grammes de carbonate de calcium; on a filtré de nouveau, concentré sous pression réduite jusqu'à environ 200e1"3 et ajouté 2« de levure des boulangers, fraîche, pour détruire le glucose non transforme en glucoside. Après 18 à 20 heures de fermentation, on a filtré, porté à l'ébullition et distillé à sec sous pression réduite, en présence d'un peu de carbonate de calcium. On a traité le résidu à chaud et à reflux par 4oocm' d'éther acétique anhydre. On a filtré et aban- donné à la température du laboratoire. Du jour au lendemain, il s'est déposé de longues aiguilles prismatiques incolores qui ont été recueillies et séchées dans le vide sulfurique (il y en avait tt, 20). De nouveaux épuisements de l'extrait en ont fourni encore 26. Le produit ainsi obtenu a été identifié avec le méthylglucoside a préparé par voie chimique ; il possédait le même point de fusion que ce dernier ( -r- 1660), était hydrolyse, en solution aqueuse, par la glucosidase a. Son pouvoir rota toire a été trouvé de ot^,— -f- 156°,8 (/> = o,i53o; c = i5 ; /= 2; « = + 3° 12'). Au cours des essais qui nous ont conduits à l'obtention biochimique de l'éthylglucoside a et du méthylglucoside a, nous avons été amenés à rechercher pourquoi, contrairement à ce qui avait été constaté pour leurs isomères (3, les synthèses biochimiques de ces deu*. glucosides ne peuvent être effectuées que dans un milieu relativement peu alcoolique. Ou bien les alcools de titre élevé constituent simplement un milieu défavorable à l'ac- tion de la glucosidase x; ou bien ces mêmes alcools exercent sur ce dernier ferment une action nocive qui peut aller jusqu'à sa destruction. Il semble, d'après des essais spéciaux, faits avec l'alcool méthylique, que ce soil la dernière de ces hypothèses qui est conforme à la réalité. Ces essais, dont le détail trouvera place dans une autre publication, ont montré d'abord, avec une netteté absolue, que la glucosidase a (sous SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. 4Ç)3 forme de macéré aqueux de levure basse), maintenue pendant 48 heures, à i5°-i8°, dans des alcools méthyliques à 80e et à 60e, perdait par ce traite- ment toute activité, aussi bien hydrolysante sur le méthylglucoside a que synthétisante sur le glucose d en présence d'alcool méthylique. Ce fait est très important au point de vue général de la réversibilité, car il est d'accord avec cette hypothèse que, dans un produit fermentaire, c'est le même enzyme qui hydrolyse ou qui synthétise. D'autre part, on a constaté que les alcools à 4(>c et même à 35e font subir à la glucosidase a, par un contact de 48 heures, un affaiblissement notable. Une expérience faite avec de l'alcool méthylique à 3 V nous a montré, d'ail- leurs, qu'il suffit de prolonger lecontactavec cet alcool pour aboutir encore à une destruction complète. Il reste donc hors de doute que l'alcool méthy- lique de titre suffisamment élevé détruit la glucosidase a. La destruction ne paraissant se faire qu'avec une certaine lenteur dans les alcools à \ov ou à 35e, on peut se demander pourquoi, lorsqu'on fait agir la glucosidase a dans de tels alcools, on n'observe pas au moins un com- mencement de synthèse appréciable. Pour ces alcools, le phénomène est évidemment complexe ; en dehors du fait que l'action des traces d'émul- sine contenues dans le ferment employé peut très bien masquer l'action synthétisante, alors très faible, de la glucosidase a. on pourrait peut-être admettre que, outre leur action destructive sûre, sinon immédiate ou très rapide, sur la glucosidase a, ces alcools de titre moyen sont capables d'exercer un pouvoir suspensif sur l'activité de ce ferment. Ajoutons que de nouvelles recherches, faites sur des alcools autres que les alcools méthylique et éthylique, nous ont montré que pour certains de ces alcools, les processus synthétiques par la glucosidase a ne pouvaient s'exercer que dans des milieux encore plus riches en eau que les milieux utilisés au cours des présents essais. PALÉONTOLOGIE. — L'asymétrie fréquente des élylres de Blattidœ du terrain houiller de Commentry (Allier) et la phylogénie des groupes. Note de M. Ferna\d Meunier, présentée par M. E. Perrier. L'examen, très détaillé, des remarquables documents de Blattidœ du gisement de l'Allier m'a permis de constater que la morphologie asymé- trique des élytres des Nomoneures se voit assez fréquemment chez les Pro- toblattinœ, les Myfacrinœ et les lilaltinœ. Cet aspect élytral n'a cependant 4g4 ACADÉMIE DES SCIENCES. été constaté que très rarement, les descripteurs disposant, la plupart du temps, d'élytres de droite ou de gauche de la première paire. La question intéresse tout particulièrement le paléontologiste désireux de démêler quelques traits de la morphologie de ces êtres et d'esquisser leur histoire pendant le cours des âges géologiques. On sait que les Nomoneures sont des Holométaboles à faciès très ar- chaïque, et conséquemment pouvant nous donner une idée des formes très primitives, c'est-à-dire de celles antérieures au terrain houiller, où bien des groupes sont déjà assez nettement différenciés. Le triage des Blaltides (on voit quelques genres bien moins nombreux qu'on se l'imagine à première vue) m'autorise à faire quelques remarques qui, dans l'état actuel de la Science, ne doivent encore être envisagées que comme des jalons préliminaires. Avant de rien conclure, il y a lieu de voir, avec soin de grandes séries de lilattidœ de la faune récente, notamment les grandes espèces éthiopiennes, de l'Amérique du Sud et de l'Australie. A Commentry, l'asymétrie se remarque aussi bien aux petites et très petites élytres qu'à celles de moyenne et de grande taille. Ce n'est cepen- dant qu'une asymétrie secondaire, car elle ne modifie en rien la disposition morphologique des nervures sous-costale, radiale, médiane, cubitale et anale qui conservent invariablement une grand'e constance de structure. Il n'en est pas de même des branches qui forment les secteurs de ces nervures, qui présentent parfois des modifications très appréciables. De la nervure sous-costale partent toujours des veinules (nervules) diri- gées vers le bord antérieur de l'organe. Si les élytres (ailes de la première paire) sont asymétriques, les nervules sont en nombre inégal. On voit alors, par exemple, huit nervules à l'élytre gauche et dix à celle de droite ou vice versa. Des variations de même importance se constatent aux ner- vules sortant des autres secteurs (radius, médiane, cubitus) et aussi du champ anal. Le gisement français offre fréquemment à l'observateur un grand nombre de Blattidce ayant conservé leurs principaux organes : élytres, thorax, abdomen et quelquefois les ailés de la seconde paire, ce qui permet de donner une portée générale, très importante, à ces cas morpho- logiques. La plupart du temps les systématistes décrivent des élytres isolées et ignorent conséquemment si elles appartenaient à des formes asy- métriques. Comme à Commentry il n'a été rencontré qu'un nombre relativement restreint d'ailes postérieures, il est difficile de statuer à cet égard. La même remarque s'applique aux gisements paléozoïques américains. Quelle SÉANCE DU IO FÉVRIER I()l3. 4<)5 sera la voie suivie ordinairement par le paléontologiste ? 11 décrira, comme forme distincte, chaque élytre trouvée isolément et la Science s'enrichira d'un grand nombre de formes, prétenduement nouvelles, diagnosées suivant les règles zoologiques admises. Au point de vue des faunes locales en particulier, et des relations phylogéniques probables que ces Nomoneures peuvent présenter entre eux, il pourra en résulter des erreurs très préjudi- ciables à l'avancement de la Science, vu l'impossibilité de reconnaître le nombre, même approximatif, des espèces d'un horizon géologique. Pour ce qui a trait à l'évolution d'un groupe déterminé, il faut s'en tenir à des observations rigoureuses permettant de solutionner le délicat problème du classement naturel des espèces. Handlirsch et quelques autres observateurs ont signalé déjà des élytres de Blattidœ affectées d'asymétrie, sans cependant laisser entrevoir quels sont les errements considérables pouvant résulter de fausses indications morphologiques lorsqu'il s'agit d'esquisser l'histoire d'un genre ou d'un groupe. L'asymétrie semble être rare chez les Holométaboles paléodic- tyoptères, Protodonates; elle est déjà mieux accusée parmi les Protorthop- tères contenant encore beaucoup de formes hétérogènes. A Commentr\ , les cas d'asymétrie des Blattides, sans être d'une fréquence extraordinaire, sont cependant loin d'être rares. Il m'a été possible de trouver des Dictyo- mylacris, des Paromylacris, des Ant/uncoblaltina, des Gerablaltina et des Etoblatlina, à morphologie asymétrique des élytres. Une conclusion s'impose après l'étude détaillée de toutes ces asymétries. Faut-il admettre, chez ces anciens Orthoptères, que la morphologie des élytres était encore en pleine voie d'évolution lors du dépôt primaire de Commentry ? Au contraire, tout porte à croire que les variations morpho- logiques de ces Nomoneures n'ont pas été aussi grandes qu'on est tenté de l'admettre. Appliqué à d'autres groupes d'insectes fossiles paléozoïques, cette même manière de voir conserve toute sa valeur. Certes, il n'y a pas lieu d'exagérer outre mesure l'importance de ces remarques car dans quelques cas particuliers, pour ne citer ici que les Nomoneures mésozoïques, la morphologie de ces êtres comparée aux espèces paléozoïques et à celles de la faune récente présentent des carac- tères très critères, plaidant notoirement en faveur d'une évolution assez accusée de cette famille d'Orthoptères. On le voit, l'étude des asymétries des élytres (elle n'est encore que som- mairement esquissée) permet cependant de constater qu'il y a lieu d'être très prudent lorsqu'il s'agit d'établir de nouvelles coupes génériques de Nomoneures qui, si elles étaient représentées par les deux paires d'ailes R Y =c| '196 ACADÉMIE DES SCIENCES. (élytres et ailes proprement dites), modifieraient bien des idées relatives au groupement le plus logique de ces holométaboles. On peut admettre que les Blattidœ ont conservé quelques caractères des Paléodiclyoptères, mais on ignore encore (en tablant d'après des faits précis) quels étaient les ancêtres présumés des Nomoneures qui, au dire de certains auteurs, se rapprocheraient des Thysanoures. Soyons sobres en conjectures philosophiques, non étayées d'après des documents indis- cutables, et amassons des faits plus nombreux et plus précis avant de déchirer un coin du voile de l'histoire phylogénique, encore embrouillée, des Nomoneures paléozoïques. L'étude de l'asymétrie des élytres des Blattidœ du célèbre gisement de l'Allier m'autorise à formuler les deux conclusions suivantes : 1. L'asymétrie, assez fréquente, de l'élytre droite et gauche des Blattes de Commmentry doit nous mettre en garde contre la tendance actuelle d'établir tant de nouveaux genres et nouvelles espèces, ordinairement si préjudiciable aux progrès de la Science. 2. Il y a lieu de tenir compte de l'asymétrie des élytres lorsqu'il s'agit d'établir les relations phylogéniques probables des Nomoneures paléo- zoïques. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Les dunes primaires de Gascogne; explication de leur formation. Note de M. Jules Welsch. La côte de Gascogne est bordée, depuis l'embouchure de la Gironde jusqu'au sud de celle de l'Adour, par une bande de dunes ayant plusieurs kilomètres de largeur; on trouve d'autres dunes dans l'intérieur du plateau des Landes. Le sable éolien de toutes ces traînées de monticules est le plus souvent assez régulier et assez fin: mais quelquefois la régularité manque et l'on y voit du gravier qui a été poussé par les vents violents* ; je citerai le cas des dunes fixées (ou mortes) de Caseville, sur la route de Biarritz à Bidart. M. E. Durègne a montré, dans les Comptes rendus du 22 décembre 1890 et du 10 mai 1897, qu'il y avait lieu de distinguer deux âges dans la formation des dunes de Gascogne ; par suite, deux séries : i° Dunes modernes en lignes parallèles à la direction générale de la côte; 20 Dunes primaires, dont l'orientation est différente, en général perpen- diculaire à la première. A celles-ci, il a rattaché un certain nombre de dunes continentales. SÉANCE DU IO FÉVRIER IO,l3. 497 J'ajoute qu'il esl à peu près impossible de fixer l'âge relatif des dunes, en s'appuyant sur l'élude des restes fossiles ou subfossiles ; en effet le sable est siliceux, dépourvu de calcaire et d'argile ; de plus il est perméable et les eaux de pluie ont dissous tous les débris calcaires qui ont pu s'y trouver. Les hypothèses proposées pour expliquer la formation et la disposition des dunes anciennes ne sont pas satisfaisantes. Aussi ai-je repris la question d'une façon différente, à la suite d'études comparées sur les formations quaternaires et récentes de l'ouest de l'Europe ('). Le côté convexe de l'espèce de croissant que présente une dune élémen- taire théorique primaire est dirigé, le plus souvent, vers l'Est ou le Nord- Est, tandis que, dans le cas des dunes modernes de la côte, il regarde en général vers l'Ouest. Ces dernières ont été formées sous l'influence du régime actuel des vents, dans des conditions géographiques déterminées principalement par la direction du littoral et l'apport du sable par la mer; elles sont en longues traînées parallèles à la côte. On a cherché à expliquer la formation des dunes primaires en supposant que les conditions géologiques et météorologiques de l'époque corres- pondante étaient les mêmes que celles de l'époque actuelle. Or nous savons qu'il y a eu des changements dans le nord-ouest de l'Europe depuis la fin de l'époque tertiaire. C'est dans cet ordre d'idées qu'il faut chercher l'explication de la forma- lion et de la disposition des dunes primaires. Un des éléments caractéristiques des climats est certainement le régime des vents. Dans l'ouest de l'ancien continent, depuis le nord des Iles britanniques jusqu'au Sahara, le régime humide implique la prédominance des vents océaniques, tandis que l'état aride montre l'existence de vents continentaux. Même pour les variations rapides et journalières de tempé- rature et de climat, sur un même point, il suffit le plus souvent de regarder la girouette; les vents du Nord et du Nord-Est impliquent un régime sec, tandis que les vents du Sud-Ouest et de l'Ouest amènent la pluie. Il y a certainement eu, à l'époque quaternaire ou pléistocène, une répar- tition des climats différente de celle qui régit actuellement l'ouest de l'Europe; c'est ce qu'a montré M. F.-W. Harmer, de Norwich (Angle- terre). (') Grâce à une subvention de l'Académie (Fonds Bonaparte), j'ai pu, en 1912, étudier les phénomènes littoraux depuis la frontière d'Espagne jnsqu'au nord d'Aber- deen (Ecosse). 4<)8 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'extension d'une immense nappe glaciaire dans le nord de l'Europe ne fait plus de doute; la Scandinavie, la Grande-Bretagne, l'Allemagne du Nord et la Russie septentrionale ont été recouvertes de glace, à un ou plusieurs moments de l'époque pléistocène. Cette nappe glaciaire était, en général, un centre de froid et, par suite, de hautes pressions; c'était le siège d'un anticyclone; l'orientation des vents qui s'échappaient de cette surface était celle des aiguilles d'une montre; ces vents étaient froids et secs. Dans l'Europe centrale, les vents du Nord-Est et de l'Est prédominaient ; je ne parle que d'une moyenne, car il y avait certainement des changements qui devaient être saisonniers, mensuels et journaliers, sans oublier les modifications en rapport avec l'avancement ou le recul des lobes glaciaires. J'attribue la direction générale des dunes primaires et des dunes inté- rieures ou continentales, et leur forme particulière, à ce régime des vents; ces derniers balayaient la surface du plateau landais, séparaient les élé- ments fins des formations antérieures pour les accumuler en traînées plus ou moins perpendiculaires à sa direction moyenne, avec le côté convexe du croissant qui regarde vers l'Est. Gela explique aussi la grande quantité de sable éolien qu'on trouve épars sur le plateau des Grandes Landes. C'est à la même origine qu'il faut attribuer la formation de la masse principale du lœss éolien de certaines régions ; bien d'autres indices pourraient être cités d'un climat froid et sec. Ce n'est qu'après la fusion définitive de la nappe glaciaire pléistocène du nord de l'Europe que le changement de direction des vents a pu se faire, pour en arriver à l'établissement du régime cyclonique actuel par le nord de l'océan Atlantique. Les dunes pléistocènes ont été alors modifiées légè- rement quant à leur forme; elles se sont couvertes de végétation et de bois, qui en ont fait des dunes mortes. M. Telijer adresse un Mémoire intitulé : La chaleur dans ses sources naturelles. (Renvoi à l'examen de MM. d'Arsonval et Violle.) A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. G. D. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANGK DU LUNDI 17 FÉVRIER l»15. l'KESIUENCE DE M. I'. GUYON. Ml MOIWS ET COMMUNICATIONS DKS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Observations de nébuleuses, faites à l' Observatoire dé Paris. Note de M. (ï. Bisourdan. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la seconde partie du Tome 111 de mes observations de nébuleuses. Ce fascicule, qui renferme les mesures de ces astres compris entre izbom et i4hom d'ascension droite, termine la publication des mesures proprement dites, commencées en 1884 et toujours continuées depuis, principalement jusqu'à 1909. La publication a été faite heure par heure, dans les Annales de VObserva- toire de Paris (Observations), mais sans qu'il ait été possible de suivre l'ordre des ascensions droites, à cause de la très inégale répartition de ces astres sur les 24 heures. Pour faciliter les recherches nous indiquons pour chaque heure, dans le Tableau suivant, le volume dans lequel on la trouve : Tome Volume Tome Volume du des du des tirage .1 part. . Obs. de Paris. lirage à pari. (Jbs. de l'aris. h 1, I 10 1900 III \ XII 1906 (.•."partie). ) 1 1903 (2"= partie), j XIII... 1907 Il 1901 ' XIV . . . 1899 MI .... '(>f»' |V \ XV.... .884 IN ... 1901 1 XVI ... 1890 II. V 1898 f XVII... 1890 M .... 1899 XVIII.. 1891 VIL... .903 i XIX ... 1891 VIII... 190', J XX.... 1897 , IX ... . 1892 \\1 ... 1897 111 X i893 I XXII... 189S M" partie). ' XI .... [900 XX'KI.. 1 8SS ' C. I!., igi3, .•' Semestre. (T. 15G, N" 7.) 6/j 5oo ACADÉMIE DES SCIENCES A mesure il a été fait un tir âge à part à petit nombre qui forme cinq volumes (dont deux en deux parties chacun) : les accolades du Tableau ci-dessus indiquent la composition de chacun de ces volumes. L'Introduction, qui reste à paraître, mais dont l'impression est com- mencée, formera la première partie du Tome 1. Llle indiquera le but du travail, la manière dont il a été fait et donnera, avec la description de l'instrument employé, toutes les données qui peuvent être nécessaires pour reprendre en entier les calculs de réduction. Les nébuleuses ont été rapportées chacune à sou étoile de comparaison par angle de position et distance; celte méthode a permis de donner au travail une extension assez grande, puisqu'il porte sur environ 7000 nébu- leuses; mais elle oblige souvent à choisir des étoiles faibles et dont les positions ne sont pas encore déterminées. La recherche des positions de ces étoiles dans les catalogues photographiques est commencée; quand elle sera terminée, on pourra conclure les positions des nébuleuses elles-mêmes et en former un catalogue. '&> MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur l'équilibre de. fils dont les éléments s'attirent ou se repoussent en fonction de la dislance. Note de M. Paul Appell. I. Imaginons un premier lil homogène en équilibre, la masse de l'unité de longueur étant u. Soient (1) ? = *(»). *) = ?,(*), C = ft(ff) les coordonnées d'un point du fil, exprimées en fonction de l'arc a compté à partir d'une extrémité. Considérons le champ de forces créé par l'attraction ou la répulsion des éléments de ce fil, en admettant que l'action de l'élément de masse m placé en (Hj, Yj, Z) sur l'élément de masse ni placé en un point quelconque M, de coordonnées oc, y, s, soit m'm" V'(/-), V'(V) étant la dérivée par rapport à /• d'une fonction donnée V(r) de la distance r de ces deux éléments /' = vV-ïr-Mj-ïi^+U-Ç)2. Le champ de forces créé par l'action du fil dérive alors de la fonction ,v (2) \i{x,yts)—i p\(r)da, >, désignant la longueur du fil. SÉANCE DU 17 FÉVRIER lf)l3. 5oi Les composantes de la force du champ au point M, de masse 1, sont donc (3) X = — = / p. V ( r) da. àx Jn r Soit maintenant un second fil, de longueur/, de densité linéaire m, tel que les coordonnées x , v, z d'un de ses points en fonction de l'arc s, à partir d'une extrémité, soient (4) *=/(*), r =/•(*). s=/i(*); appelons x',y\ s', .r", y, 5" les dérivées premières et secondes de ces fonctions par rapport à s. Ecrivons que le second fil est en équilibre dans le champ créé par le premier. Mous aurons tout d'abord à écrire que la force m \ ds. m Y ds. m Z ds. qui agit sur l'élément ds, de masse mds, du fil, est dans le plan osculateur (5) (yV- ='/)X + (;'.r" -./•';") Y + (x'y"— y'.r")Z = o. Nous aurons ensuite, pour la tension T, T=— tm(U-+-A), h désignant une constante. Si l'on appelle enfina', (3', y' les cosinus directeurs de la normale principale et p le rayon de courbure, on a ou encore, puisque (6) p étant donné par oe' m X -t- S' m Y -+- 7' m Z = o y: = p.r , XV+ Yv" + Z:"- y =.p* U + A -=.r"24- y''- z'K Remplaçant, dans ces équations (5) et (6), U, X, Y, Z par leurs valeurs (2) et (3), et désignant la constante - par X-, on a les deux équations (A) x — \ y — ri : — Z, y' .yll ...Il -H x y da = o JO'2 et (B) ACADÉMIE DES SCIENCE». V(r) / — PC(* -?)«'+ (V - *)>/" + (S -S)»»] rfff — (jj« + /*4- !*'')M V(r] n'a o. où l'on pourrai! loul écrire sons un même signe / . car l'intégration ne porte que sur les fonctions de a. Il faut joindre à ces deux équations (C) x" + y't+z'î=i. Mais inversement, nous supposons que le premier lil est en équilibre sons l'action du second. On a donc trois nouvelles équations, obtenues en échangeant a?, y, s avec lj, •/], '(, s avec a, u. avec m, X avec /, et en rem- plaçant /• par une autre constante •/.. Ces équations sont ((3) (y) 'V'(r) /^ — .r n — y Ç — ; ç' -o' r' ?" n" ç" y = /•(*). s=/i(*)> £=/(»), rj = /i(or), è" = /i(ff). Il n'y a plus alors que trois fonctions inconnues /,/",, /2 et trois équations (A), (B), (C). Les trois autres (a), ((3), (y) sont les mêmes, puisqu'elles se déduisent de (A), (B), (C) par l'échange des lettres s et a. Nous supposons, bien entendu, la fonction V (/•) telle que les intégrales restent finies. SÉANCE DU 17 FÉVRIER ip,l3-. 5o3 .'{. Cas des figures planes. — Si l'on suppose z = X, == o, les équations ( A | et (a) sont satisfaites et il reste quatre équations (B), (C), (fi), (y)donnant x,y, £, y) en fonction de s et de a. Nous pourrons écrire les équations (B) et ((3) (B') / j^-i^ \.r -2) y ' + (y — rO.Vl— ^•"? 4-/,i)[a+V(r)]jrf) [a + V(r)] J eft r=o, r/ et a désignant des constantes. Il est inutile d'écrire ici ces équations quand on prend d'autres variables indépendantes que les arcs et, en particulier, quand on prend comme varia- bles indépendantes .r et :. \. Cas particuliers. — Lorsque V(V)est un polynôme ne contenant que des puissances positives et paires de r, les équations générales se réduisent à des équations différentielles ordinaires, car les intégrations se ramènent à des intégrales de la forme / :'/'•/■/''" da, f .n'y'' z" ds ■ 9 ■ 0 qui sont des constantes. A la lin des calculs, il faudra identifier les valeurs trouvées pour ces constantes, avec celles qu'on leur aura provisoirement attribuées. Le cas V(r) -— C/-M- G' (Cet C constants) est élémentaire, car, dans cette hypothèse, le champ de forces créé par chaque fil est un champ de forces centrales proportionnelles à la dis- tance. Quand un fil homogène -fermé est soumis aux répulsions mutuelles de ses éléments, le cercle est toujours une figure d'équilibre possible, comme on le voit a priori et comme on le vérifie facilement sur les équations. Les formules générales (B') et ( [3') permettent de résoudre le problème suivant : « Trouver deux courbes planes et une fonction de forces correspon- dante V(.r) telles que deux arcs quelconques pris l'un sur l'une des courbes, l'autre sur l'autre, et considérés comme des fils flexibles, ayant leurs extré- mités fixes, soient en équilibre sous l'influence des actions mutuelles de leurs éléments ds et r/o-». 11 faut pour cela que les éléments différentiels des ■W| ACADÉMIE DES SCIENCES doux intégrales (13') et (p) soient finis, quelles que soientscta. Four expri- mer cette condition analytiquement on peut, en prenant par exemple l'intégrale (13'), commencer par exprimer que la quantité (x — ts)x"-j-jy — -n)y" <'si fonction de r, c'est-à-dire (pie le déterminant fonctionnel de F et de r par rapport à s el a est nul. On a une condition analogue pour la deuxième intégrale ; il faut enfin déterminer V(r), a et oc. On voit, par la géométrie ou par le calcul, que deux arcs quelconques (Tune même circonférence de cercle sont ainsi en équilibre, quand leurs élé- ments respectifs //s et dv se repoussent en raison inverse du cube de la dis- tance. Une méthode analogue à celle qui est employée dans cette Note semble pouvoir être étendue à l'équilibre des surfaces flexibles et inextensibles qui a fait l'objet d'intéressantes recherches de M. Lecornu {Thèse de Doctorat et Journal de l'Ecole Polytechnique, 1880). THERMODYNAMIQUE. — Sur une cause d'explosion de chaudière. Note de M. L. Lecornu. Le 17 décembre dernier un récipient d'eau, installé dans le sous-sol d'un immeuble parisien et chauffé par un foyer intérieur, a fait explosion, blessant 7 personnes et produisant des dégâts importants. L'appareil, qui avait la forme d'un cylindre vertical, communiquait avec l'air libre par un tuyau d'alimentation, de acm de diamètre, partant de sa partie inférieure et aboutissant à un bac placé dans les combles. On doit dès lors se demander comment a pu naître une surpression capable de déterminer l'accident : c'est la question que je voudrais examiner ici. Disons d'abord que, habituellement, le récipient possédait une autre communication avec l'atmosphère, grâce à une tuyauterie de circulation d'eau chaude, partant du fond supérieur pour monter jusqu'à un vase d'expansion, situé également dans les combles, à 25"' au-dessus de la cave et redescendant ensuite au récipient. Celte tuyauterie, quand elle fonction- nait, empêchait l'accumulation de vapeur ; mais, le jour de l'accident, un ouvrier avait commis la maladresse de l'intercepter et, dès lors, un ma- SÉANCE DU 17 FÉVRIER IÇ)l3. 5o5 telas de vapeur devait naturellement se produire dans le récipient, trans- formé ainsi en une véritable chaudière. Ceci posé, soient, à un instant quelconque /, P le poids d'eau subsistant dans cette chaudière, 0 l'excès de sa température sur les 1 38" correspon- dant à l'ébullition sous la pression de 25'" ; gt le poids spécifique de l'eau; E l'équivalent mécanique de la chaleur; r la chaleur de la vaporisation de l'eau à la température i'38°-4-ô. Admettons que la chaleur spécifique de l'eau soit égale à l'unité. Désignons enfin par h et s la hauteur et la section du tuyau d'alimentation, par v la vitesse de l'eau dans ce tuyau. Une première équation s'obtient en écrivant que la quantité de chaleur qdl pénétrant dans la chaudière pendant le temps dl est employée : i° A élever de r/0 la température de l'eau de la chaudière : ■2" A augmenter la force vive de l'eau du tuyau ; 3° A vaporiser le poids d'eau capable de remplacer celui qui s'engage dans le tuyau. 11 vient ainsi : . . ,a Eras// , , , ( 1 ) V'dB -1 1' dv -+- ra rs e dt = t/dt. D'autre part, l'excès 0 de la température sur celle d'ébullition produit une surpression que nous représenterons par XO. Appliquée à la base du tuyau, cette surpression donne une force ksft qui est égale à la dérivée de la quantité de mouvement de la colonne d'eau, d'où cette seconde équa- tion : . j , ra/i dv g de Le coefficient /• dépend de la température ; mais nous supposerons la variation 0 assez faible pour pouvoir le regarder comme constant. L'élimi- nation de 0 entre les deux équations précédentes conduit, alors à la sui- vante : ., d- \> Eks dv kgrs kgq • ~d¥ + ~F V dl + TvT P ~ PrôÂ' < >n peut admettre qu'à l'instant initial v est nul ainsi que 0, et par consé- quent -j-- Dans ces conditions ou voit immédiatement que la valeur initiale 1 7 gault; la seconde exige un calcul de correction nécessitant la connaissance préalable des quotients respiratoires réels; elle a été, comme on le sail, l'objet d'un travail original de MM. Bonnier et Mangin ( ' ), première ten- tative qui soit à signaler dans cette voie. Les nombres que nous avons obtenus à la suite de nos recherches sur la respiration étant plus élevés que ceux qu'ont admis ces savants, il était naturel que nous reprissions la même étude en utilisant ces nouvelles valeurs; on va voir qu'elle nous a conduits à des conclusions notablement différentes. La détermination des coefficients chlorophylliens bruts a été faite parla méthode du vide, dont nous avions pu apprécier la valeur expérimentale dans notre travail sur la respiration. C'est incontestablement la plus précise de toutes celles qui peuvent servir en pareil cas, aussi indiquerons- nous en quelques mots la marche qu'il convient de suivre pour l'appliquer. Dans un flacon gazomètre de trois quarts de litre de capacité, communiquant d'une part avec la trompe et d'autre part avec un réservoir à mercure, on enferme un mélange d'air et d'acide carbonique à S ou 10 pour 100 de ce dernier gaz. D'un autre côté, on relie à la trompe un tube à feuilles semblable à ceux qui servent pour la respiration, on fait le vide, on laisse rentier un peu de gaz du flacon, on fait à nouveau le vide pour obtenir une bonne purge et l'on établit une dernière fois la communi- cation avec le gazomètre, en s'a r rangeant de façon que la pression intérieure soit à peu près égale à la pression atmosphérique. Cela fait, on ferme tous les robinets, on détache le tube de la trompe, on l'expose à la lumière, sous une couche d'eau si le soleil est un peu vif; enfin, après un temps convenable d'insolation, on y refait le vide et l'on analyse le gaz. recueilli; il convient, pour que la comparaison avec le gaz initial soit exempte de tout reproche, d'analyser en même temps celui-ci : il peut, en eflet, changer sensiblement de composition quand on le conserve, à cause du bouchon, des tubes de raccord et de la graisse des robinets qui, à la longue, absorbent soit de l'oxygène, soit de l'acide carbonique. De la différence des deux analyses, et en se référant aux dosages de l'azote, qui doit naturellement rester invariable, on déduit sans peine le rapport -^y. l'e l'oxygène apparu à l'acide carbonique disparu : c'est le coefficient chlorophyllien brut. Les expériences de Boussingault ont montré que la valeur moyenne de ce rapport est très voisine de 1, mais aussi que ses valeurs pat ticulières sont très variables et même, dans certains cas, très supérieures à l'unité; les nôtres font voir que ce dernier cas est de beaucoup le plus général. Dans le Tableau qui suit on a rapporté les nombres que nous avons obtenus, (') A/m. des Se. nat, : Botanique, 7e série, t. III, 1886, p. 5. C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N° 7.) 65 5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. ainsi que ceux qui expriment le quotient respiratoire normal, dans des conditions aussi proches que possible de celles qui président à l'assimi- lation. Cette égalité des conditions ne peut d'ailleurs jamais être réalisée d'une façon rigoureuse, car on ignore absolument la température que prennent les feuilles au soleil; certainement elles s'échauffent davantage que dans le tube à respiration, et, comme le quotient respiratoire s'élève CO2 d'ordinaire avec la température, il est bien probable que les rapports -ç~ indiqués sont inférieurs de quelques centièmes à ceux qui correspondent réellement aux coefficients chlorophylliens trouvés. Les quotients respiratoires et chlorophylliens sont représentés par les symboles -^- et ^y, qui s'expliquent d'eux-mêmes. „ . CO= O _ CO3 0 Espèces. — • ~ Espèces. -^ • ^, AMante, 1,08 1,02 Lilns 1,07 i,o3 Aspidisira o ,97 i,oo Lis 1,07 1,00 Aucuba (printemps) 1,11 1,10 Mahonia (automne) o,o,5 o,99 Bégonia 1 , 1 1 1 ,o3 Maïs 1,07 1,0a Betterave i,o3(') 1,06 Marronnier ( printemps) . 1 ,02(l) 1,06 Blé i,o3 1,02 » (été) 0,9200,98 Chou 1.07C) 1.12 OEilletle 1,09 1,09 Cliou-rave 1,11 1,06 Oseille 1 , o4 ijO.'i Chrysanthème 1 ,02 1 ,01 Poirier 1,10 1 ,08 Dahlia 1,07 1.07 Pois 1,07 i,o4 Fusain 1,08 1,02 Rhubarbe 1,02 1,00 Géranium i,o2(2) i,o5 Bicin 1 ,o3 i,o3 Haricot jeune 1,12 1,12 Rosier 1,02 1,00 » ( moyenne) ..'... 1 ,07 1 ,07 Tabac 1 ,o3 1 ,o4 Laurier-cerise 1 ,o3 0,97 Troène 1 ,o3 1 ,02 Laurier-rose 1 ,o5 i ,01 Vigne 1 ,01 0,99 Lierre 1 ,oS 1,00 Vigne vierge 1,00 1,01 A l'inspection de ces chiffres on voit immédiatement qu'il existe entre eux des rapports étroits: pour chaque espèce, les deux quotients sont du même ordre de grandeur et 29 fois sur 34 le coefficient chlorophyllien brut est égal au quotient respiratoire, aux erreurs d'expérience près, ou plus près que lui de l'unité. Les seules exceptions sont relatives à la betterave, au chou, au géranium, (') Nombre sans doute trop faible : vide difficile ou épuisement très rapide. (-) Nombre un peu douteux : plante sensible aux conditions antérieures. SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 5 le H novembre 191 1, on avait trouve —y- =0,99. Les excep- tions ne sont donc probablement qu'apparentes, mais, même au cas où elles seraient réelles, ce qui après tout n'est pas impossible, il n'en reste pas moins certain que la lumière a pour effet habituel d'atténuer celui de la respiration et en conséquence de rapprocher de 1 le quotient caractéris- tique des échanges gazeux à l'obscurité. Une pareille influence ne peut être générale que si le coefficient chloro- phyllien réel a lui-même une valeur bien déterminée et sensiblement constante. Essayons de la calculer, en supposant, comme il semble ressortir des données précédentes, qu'elle est la même pour toutes les espèces végé- tales. Soient —y- = j = m l'équation de la fonction respiratoire, c et d les volumes absolus d'oxygène et d'acide carbonique qui sont échangés au cours de l'assimilation, agissant seule. Le coefficient chlorophyllien brut c [) que fournit l'expérience a pour valeur _ > quantité qui, d'après ce que nous venons de voir, doit être comprise entre 1 et m. Dans le cas le plus général où m > 1 , on aura donc ,_ >» 1, d'où c b < et, dans celui où m' < 1 , au contraire, 1__?>_(/W'_I). Or, le rapport -, et la différence ni — 1 sont toujours de beaucoup inférieurs à l'unité, et comme les relations que nous venons de signaler s'observent encore quand le produit --.{m — 1 ) est, au signe près, inférieur à 0,01 , il faut en conclure que le nombre 1 — -j, à la fois plus petit qu'une 5lO ACADÉMIE DES SCIENCES^ quantité positive cl plus grand qu'une quantité négative qui loules deux convergent vers O, est bien près d'être nul. Le coefficient chlorophyllien réel -. s'approche donc assez de l'unité pour qu'il soit impossible d'affirmer qu'il ne lui est pas égal: en d'autres termes, dans l'acte de l'assimilation chlorophyllienne, supposée seule et dégagée de tout phénomène respiratoire, il se dégage un volume d'oxygène égal à celui de l'acide carbonique décomposé, dans les limites d'approximation des méthodes qui ont servi à en déterminer les valeurs. Ainsi la loi de ljoussingault, que ce savant, sans d'ailleurs en affirmer la parfaite correction, avait cru pouvoir déduire de ses mesures du coefficient chlorophyllien brut, et que nous venons de voir n'être pas, en général, exacte dans ce cas, est vraie pour le coefficient chlorophyllien réel, et la différence entre ces deux rapports est principalement, peut-être même uniquement, due aux variations du quotient respiratoire. La question ne pourra être définitivement tranchée qu'en abaissant davantage la limite des erreurs expérimentales possibles, par conséquent en faisant usage de" méthodes plus précises encore que les nôtres. Ces résultats, bien qu'absolument conformes à la théorie de Baeyer sur le mécanisme de l'assimilation, n'ont pas été sans nous surprendre un peu, et nous devons dire quelques mots des conséquences qu'ils entraînent. Étant donnée l'influence qu'on attribue à la lumière et à l'obscurité sur la décomposition et la formation des acides végétaux, il semble logique d'admettre que les mêmes causes doivent modifier la valeur des coefficients chlorophylliens aussi bien que celle des quotients respiratoires. Cependant, même chez les plantes fortement acides et sensibles aux conditions antérieures, comme l'oseille et la rhubarbe, le coefficient chloro- phyllien brut ne dépasse pas le quotient respiratoire; en revanche, ces espèces sont fortement influencées par la chaleur. On peut alors se deman- der si la désacidification qui se produit au soleil est bien, comme on est porté à le croire, l'œuvre exclusive de la lumière, et la formation des acides l'œuvre exclusive de l'obscurité, et nous nous trouvons ainsi ramenés à celle idée, émise déjà sous une autre forme par de Vries, que c'est surtout à la différence des températures du jour et de la nuit qu'il faut rapporter les changements de composition qui s'observent chez les plantes sensibles à celte influence. Remarquons enfin (pie si le coefficient chlorophyllien réel est bien égal à i , comme nous sommes conduits à l'admettre, notre méthode d'observa- ) SÉANCE DU 17 FÉVRIER ICJI3. 5ll tion de la respiration à la lumière, précédemment décrite, se trouve pleine- ment justifiée. En arrivant au terme de ce long travail, nous résumerons, sous forme de conclusions générales, les faits nouveaux que nous avons pu découvrir cl qui nous paraissent devoir être considérés comme définitivement acquis. 1 . Chez les plantes vertes, le quotient respiratoire normal des feuilles est, en général, supérieur à l'unité pendant toute leur période de crois- sance. 2. Le quotient respiratoire des feuilles diminue quand elles avancent en âge ou qu'elles sont soumises à un épuisement rapide; son abaissement excessif est un signe de dépérissement ou d'usure des organes sur lesquels on l'observe. 3. A température constante et dans les conditions prévues par la théorie, toutes les feuilles dont le quotient respiratoire est plus grand que 1 aug- mentent la pression de l'air dans lequel elles respirent, aussi bien au jour qu'à l'obscurité; au cas contraire, elles la diminuent. 4. Certaines espèces, particulièrement celles qui sont riches en acides organiques, sont sensibles aux conditions antérieures d'éclairement ou de température; une forte insolation a alors pour effet de diminuer le quotient respiratoire, quelquefois jusqu'à le rendre nul, tandis que le séjour à l'obscurité le relève. 5. A chacune des conditions qui peuvent influencer la respiration végé- tale correspond un état d'équilibre particulier que la plante tendà atteindre par adaptation. (). Lorsqu'une plante est en équilibre avec les conditions extérieures, il existe une relation simple entre ses quotients respiratoires apparent et réel, la densité de chargement du milieu où elle se trouve et son coefficient d'absorption pour l'acide carbonique. Celui-ci, chez les feuilles minces, est à peu près douhle du coefficient de solubilité du même gaz dans l'eau pure; le suc cellulaire, dans une feuille maintenue à l'abri de la lumière, en est donc sursaturé. 7. Le coefficient chlorophyllien brut est généralement intermédiaire entre le quotient respiratoire et l'unité. 5 12 ACADÉMIE DES SCIENCES. 8. Le coefficient chlorophyllien réel est très approximativement égal à i . '.*. L'oxygène qui se dégage d'une feuille verte au soleil provient à peu près exclusivement de la décomposition du gaz carbonique fourni par l'atmosphère et la respiration normale. 10. Le phénomène de l'assimilation ne modifie pas sensiblement le rap- port de l'hydrogène à l'oxygène dans la composition des tissus végétaux; les changements que ceux-ci éprouvent au cours de leur croissance sont dus surtout et peut-être en totalité à la fonction respiratoire. 11. Les variations qu'éprouvent les échanges gazeux, diurnes ou noc- turnes, qui s'effectuent entre l'atmosphère et une plante, par conséquent les changements de composition de celle-ci, sont pour la majeure partie attribuablesàl'influencequ'exercelachaleursurlequotientrespiratoire.Ou, inversement : Les variations que le quotient respiratoire réel éprouve à la suite des changements de température ont pour origine les modifications que la chaleur apporte à la composition chimique des tissus végétaux, la fonction chlorophyllienne n'en étant pas affectée. PHYSIQUE. — Sur la production de champs magnétiques intenses à la surface du Soleil. Note de M. Gouv. On régarde souvent les champs des taches solaires comme produits par des tourbillons de gaz électrisés, dont l'élément de volume dv transporte la charge ùdv avec la vitesse V, et produit ainsi le champ — : — - (effet Rowland). Cette idée semble plausible au point de vue qualitatif, mais, dans les expériences du genre de celle de Rowland, il faut mettre en jeu des charges produisant des champs électriques intenses, pour n'obtenir que de très faibles champs magnétiques. Ceconstraste n'est pas changé par la vaste échelle des phénomènes solaires, car les deuv champs conservent leurs rapports dans des tourbillons semblables, si V et ù restent les mêmes aux points homologues. Si l'on exprime les deux champs F et H en volts : cm et en gauss, les champs d¥ et r/H produits par un élément de volume sont dans le rap- port y—. — ) c étant la vitesse de la lumière. Les champs F et II en un même SÉANCE DU 17 FÉVRIER ip,l3. 5l3 poinL ne sont pas proportionnels, mais si Ton calcule leurs plus grandes valeurs F, et II, (en des points différents), les conditions de l'intégration sont comparables (') et le rapport de ces deux valeurs est au moins de l'ordre de grandeur de — r— > en désignant par V, là plus grande valeur de V(2). Pour qu'un tourbillon électrisé produisit, par l'effet Howland, les milliers de gaussque montrent les taches, il faudrait donc qu'il y eût quelque part dans. le gaz des champs électriques énormes (des milliards de volts : cm), qu'aucun milieu matériel connu ne peut supporter. Il faut donc chercher dans une autre direction. On admet généralement qu'en raison de leur température élevée les gaz du Soleil sont en partie ionisés, c'est-à-dire conducteurs, et aussi qu'ils sont le siège d'une circula- tion active, exigée par le transport de la chaleur. Mais, avec des conduc- teurs en mouvement, on peut disposer une dynamo capable de créer un champ magnétique fort, pourvu qu'elle soit amorcée par un champ faible. On peut donc concevoir l'existence dans le Soleil de dynamos gazeuses produisant de tels effets, si les courants gazeux présentent des dispositions appropriées et possèdent une énergie mécanique suffisante. J'ai déjà donné une indication à ce sujet, en considérant des mouvements giratoires dans un milieu très raréfié (3); les courants électriques y seraient produits par un mécanisme qu'on peut regarder comme une variante de l'effet Hall. On peut aussi considérer des courants de gaz plus denses, au-dessous de la surface de la photosphère, et négliger alors l'effet Hall pour une première approximation. Soient, en un point P, V la vitesse du gaz, y sa conduc- (') Il faut excepter le cas où le tourbillon serait constitué par un grand nombre île couches alternativement positives et négatives, dont les ellels électrostatiques se neu- traliseraient, tandis que leurs effets électromagnétiques s'ajouteraient, ces couches étant animées de vitesses opposées; mais une telle complication est hors de cause. (2) Voici deu\ exemples très simples : i° Une sphère tourne tout d'une pièce, la vitesse équaloriale est 1 km : sec. La den- sité 0 est uniforme, et telle que H, = 3ooo gauss (au centre). On a Fi = 2,7. 10" volts: cm à la surface de la sphère. 2° Le tourbillon est un cylindre indéfini; la vitesse est partout 1 km : sec. ; la den- sité 0 est uniforme, et telle que H,=r3ooo gauss (sur l'axe). On a F, — j.35.io" volts: cm. à la surface du cylindre. (3) Sur un genre particulier de courants électriques {Comptes rendus, 3o sep- tembre 191 2). 5 1 4 ACADÉMIE DES SCIENCES. tivité, H le champ magnétique dont la direction fait un angle 8 avec celle de V; le point P est le siège de la force électromotricc VHsjnô, d'où résultent des courants électriques dans la masse gazeuse. Ces courants pro- duisent au point P un champ H' qui se superpose à un champ H0 dû à une cause extérieure, d'où résulte le champ réel H. Toutes ces quantités sont indépendantes du temps. Si nous attribuons partout à H0 la valeur zéro, H et H' se confondent, et il peut arriver qu'ils s'annulent aussi. Supposons, au contraire, qu'il existe entre y, le vecteur V et les coordonnées, une relation telle que H ne s'annule pas. En multipliant partout la densité du courant par un même facteur, on aurait encore un état possible, puisque H et la force électromotrice se trou- veraient multipliés par ce même facteur. Il y aurait donc alors indétermi- nation pour le courant et le champ. Si la vitesse V était partout multipliée par un même facteur K, la force électromotricc deviendrait partout trop grande ou trop petite pour maintenir les courants existants, suivant que K^i. L'état envisagé ici est donc un état critique, où la dynamo s'amorce sous l'action d'un champ très faible, en fournissant un champ indéfiniment croissant ('). Pour que les choses se passent ainsi, il faut qu'il y ait dans la masse gazeuse au moins deux régions A et B qui jouent les rôles de l'induit et de l'inducteur d'une dynamo-série. Il faut que les courants de A renforcent les courants de B, soit directement, soit par leur champ magnétique, et que, réciproquement, ceux-ci renforcent les courants de A, et cela sans limite, pourvu que V et y conservent leurs valeurs. Bien entendu, dans la réalité, les courants électriques et le champ seraient limités par l'énergie disponible du courant gazeux, dont la vitesse varierait automatiquement de manière à satisfaire à cette condition. Similitude. — Considérons deux systèmes semblables de courants gazeux, dont les dimensions linéaires sont dans le rapport n'.i\ les directions du courant gazeux, ainsi que y et II, sont supposées les mêmes aux points homologues (■). Nous supposons réalisé l'état critique défini plus haut. On établit aisément les propositions suivantes : i° Les vitesses V sont dans le rapport i : n ; 2° Les énergies dissipées par l'effet Joule sont dans le rapport //; i, (') L'intervention de l'efFet Hall pourrait modifier sensiblement ce qui précède. (-) La similitude rigoureuse ne peut exister sur un même soleil, puisque le gradient de y en profondeur n'est pas arbitraire. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 5l5 tandis que les énergies emmagasinées dans le champ magnétique sont dans le rapport n3: 1. Si donc on envisage la formation d'une tache dans un temps déterminé, l'énergie perdue par L'effet Joule, si les dimensions sont très grandes, sera petite vis-à-vis de l'énergie utilisée pour créer le champ magnétique. L'action que nous envisageons est donc, à' certains points de vue, facilitée par la grande échelle des phénomènes solaires. Peut-il exister des systèmes de courants gazeux capables de produire de tels effets? Si l'on pouvait dis- poser à volonté de y et de V, en fonction des coordonnées, le problème admettrait des solutions, puisqu'il suffirait de copier la disposition d'une dynamo-série sans fer. Mais une telle solution parait trop compliquée, même en attribuant à l'induit la disposition simple du disque de Faraday'. Si l'on se borne à faire des hypothèses raisonnables sur V et y, le problème devient plus ardu, sans être sans doute insoluble. GÉOLOGIE. — Nouvelles données relatives à la tectonique des environs de liriançon. Note de MM. W. Kilian et Ch. Pi'ssexot. L'analyse attentive et minutieuse des conditions stratigraphiques delà série sédimentaire briançonnaise et des dislocations observables dans celte région des Alpes, notamment entre Briançon et la frontière italienne, nous a conduits à des résultats précis, sensiblement différents de ceux que des explorations provisoires avaient permis de formuler sur cette région exceptionnellement compliquée. L'analyse qu'on va lire nous autorise aux conclusions sui- vantes : A. Transition progressive et graduelle du faciès briançonnais au faciès piémontais. — Nous avons montré dans une précédente Note (') que lors- qu'on s'éloigne de Briançon vers l'Est, on voit successivement tous les termes supérieurs aux Calcaires triasiques et inférieurs au Flysch se modi- fier et prendre la forme de schistes; à l'est de Clavières, l'ensemble de ces faciès schisteux prend, par suite d'une sorte de métamorphisme régional, accompagné de multiples intrusions de roches basiques [Piètre verdi), un aspect uniforme et constitue la formation connue sous le nom de Schistes lustrés. Au sommet de ce complexe on distingue, en certains points, des schistes plus feuilletés, toujours dépourvus d intercala/ions intrusives de (, ' ) Comptes rendus, 4 novembre 191^. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N" 7.) ^6 5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Hoches vertes, qui continuent vers l'Est le Flysch noir de la zone du Brian- çonnais, et auxquels se rattachent nettement les brèches de l'Alpet, de l'Eychauda et du Gros, près Guillestre ('), et des Galettes, près Escrcins, à fragments remaniés de roches vertes ('-'). Bien qu'ils soient, en apparence seulement, liés aux Marbres en pla- quettes par suite des phénomènes dynamiques qui les ont simultanément laminés, ces Schistes supérieurs en sont séparés par une discontinuité de sédimentation incontestable, attestée par la présence, dans les brèches qui les accompagnent, en certains points, de galets de roches vertes préalablement laminés, de fragments de Marbre de Guilleslre (Jur. sup. ), etc. ('). Nous avons d'ailleurs nettement observé l'existence de synclinaux de ces Schistes éogènes (Schistes lustrés supérieurs) enclavés dans les Schistes lustrés mésozoïques (Schistes lustrés inférieurs) sur le flanc est de la cime de la Charvie, au sud-est de Cervières. B. Absence de ligne de discontinuité entre la zone à faciès briançonnais et la zone des Schistes lustrés. — Il ressort avec évidence de l'élude attentive et scrupuleuse de la région, qu'aucune ligne de discontinuité importante n'existe à la latitude de Briancon, à l'est de cette ville, et qu'une solidarité manifeste relie, dans celte partie des Alpes, la zone du Piémont à la zone dite « du Briançonnais ». Gomme preuve de cette solidarité, on peut citer : a. La conlinuilé évidente que présentent daus leurs modifications progressives de faciès, en se dirigeant de l'Ouest à l'Est, les diverses assises sédimenlaires, ainsi que la présence de masses intrusives de roches vertes (Piètre verdi) échelonnées au sein des assises à faciès briançonnais (val des Prés, Rio Secco, Cervières, etc.), aussi bien que dans les Schistes lustrés qui en représentent la continuation vers l'Est, démontrent nettement qu'il n'existe, entre les assises qui constituent les massifs qui séparent Briancon du Pelvoux et celles qui forment la région des Schistes lustrés (zone du Piémont), aucune démarcation tranchée, et que toute celte région appartient mani- festement à un même ensemble ou à une même nappe de charriage. b. L'analogie très grande de la faune rhétienne du Pas-du-Roc (Maurienne) avec celle des gisements situés à l'est de Briancon et occupant (la Mulalière) la base du complexe des Schistes lustrés. (') Contrairement à M. Boussac, nous assimilons les brèches du Gros à celles de l'Alpet, qui leur sont identiques et qu'il n'y a aucune raison de séparer. (2) W. Kilian, Bull. Serv. Carte géol. de Fiance, n° 7o, t. XI; Bull. Soc. gêol. de France^ série, t. XXVII, 1899, p. 126. (3) W. Kilian, Bull, Sera. Carie géol.: Comptes rendus des Colla//., t. X. 1S98- 1S99, p. 100. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IÇ)l3. 5l 7 Si l'on ajoute à ces constatations le fait que les faciès caractéristiques de la série briançonnaise se continuent à l'Ouest jusque près de Vallotiise et de Guillestre et que les assises à Nummulites n'apparaissent qu'au delà de cette limite (col de l'Eychauda, Saint-Clément, Ubaye), on est amené à conclure que s'il existe dans les Alpes delphino-provrnçales un accident qui puisse représenter le bord frontal d'une nappe charriée, correspondant à une ligne de discontinuité, c'est à l'ouest, du Briançonnais qu'il doit être recherché. La présence de brèches semblables à celle de l'Eychauda à l'Alpet, près du mont Genèvre, ainsi que l'existence de roches vertes avec leur cortège (micaschistes, amphibolites, serpentines) habituel au sein même desassises de faciès franchement briançonnaises (Chaberton, Rio Secco, Alpct, Las- seron, Cervières, etc.) dans des relations et inlrications telles qu'il est absolument impossible d'en expliquer la présence par des charriages, rendent, à notre avis, tout à fait improbable l'origine lointaine de ce que M. Termier a appelé la quatrième écaille du Briançonnais. MM. Argand ( ' ) et Boussac(2), dans leurs récentes carLes structurales, ont admis l'existence de cette écaille exotique venue de l'Est, mais la constatation que nous avons faite de la liaison certaine des Piètre verdi avec le Jurassique supé- rieur nous porte à considérer comme normale la superposition constatée par M. Termier à Serre-Chevalier; il n'y a aucune raison, dès lors, de con- sidérer comme charrié ce que M. Termier a appelé la quatrième écaille. \\ est d'ailleurs remarquable de voir, en Tarentaise, ces roches vertes se montrer au mont Jovet, au col de Broglie, dans une situation analogue, en relation avec les Schistes lustrés basiques, et à Picheru avec les Marbres phylliteux du Trias, attestant ainsi une solidarité évidente entre les Schistes lustrés du bord pennique frontal, ceux du Briançonnais oriental et ceux de la zone du Piémont. L'étude approfondie de la région qui sépare Briançon de Césanne donne donc l'impression d'une continuité parfaite entre la zone du Piémont et la zone du Briançonnais. La structure en éventail de la zone du Briançonnais ci la latitude de Briançon est incontestable et se rapproche d'une façon remarquable du schéma théo- rique publié par l'un de nous en 1898 (A. F. A. S., Congrès de Boulognc- (') Argand, Les nappes de recouvrement des Alpes occidentales: neuf coupes dans les Alpes occidentales : matériaux pour la Carte géologique de la Suisse, 191 1. (2) Boussac, toc. cit. 5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. sur-Mer, p. 4*>3). La zone du Briançonnais se présente bien comme « un massif central très allongé, disposé en éventail composé et pourvu de sa couverture sédimentaire » (Ibid., p. /|Oi). Bien que les plis couchés de Bochebrune et les charnières de Cloutzeau et de Bonvoisin, refoulées vers l'Italie, soient des accidents d'une grande acuité pour de simples plis en retour, ils n'excluent pas l'hypothèse d'un charriage d'ensemble préalable vers l'Ouest de tout le complexe constituant l'éventail et comprenant au moins en partie la zone des Schistes lustrés, niais il nous semble désormais définitivement établi qu'il n'existe ni dans cet ensemble, ni entre la zone des Schistes lustrés et le pays briançonnais, aucune trace de discontinuité ou de surface de charriage qui permette d'y reconnaître des nappes de quelque importance. M. Argand ( ' ), dans ses remarquables coupes des Alpes occidentales, a représenté la quatrième écaille dont il n'y a, en réalité, aucune raison pour admettre l'existence. M. Boussac a adopté la même hypothèse et représenté, sur les cartes qui accompagnent sa magistrale monographie du Nummulitique (-), plusieurs niasses de recouvrement venant de régions lointaines situées à l'Est. Ornons avons vu que s'il existe dans cette région des Alpes une ligne de contact anormale de quelque importance, elle se trouve à l'ouest de Briançon et correspond à la zone des Aiguilles d'Arves, sur le bord occidental de laquelle elle doit être recherchée, ainsi qu'en témoigne la différence consi- dérable qui se manifeste dans la composition de la série straligraphique à l'ouest (Pelvoux, fenêtres autochtones de l'Embrunais cl de l'Ubaye ) La plupart des accidents observables entre la Guisane et la frontière italienne accusent un énergique veîouXemenl vers i Est , ainsi qu'en témoignent les anticlinaux couchés et rabattus vers l'Est (Gondran, Lasseron, Malapa) avec laminage partiel de leurs racines dont nous avons parlé plus haut. Au Nord-Ouest, une très importante élévation d'axe s'observe dans le massif du Thabor pour un des faisceaux de plis les plus occidentaux. M. Edouard Hi ckii fait hommage à l'Académie du 10e Volume, 2e série (1912), des Annales du Musée, colonial de Marseille, publiées sous sa direction. (') Carte géol. détaillée (feuille de Briançon à vooTô): Par MM. Termier, Kilian, Lugeon el P. Lory, 1900. 52<> ACADÉMIE DES SCIENCES. RAPPORTS M. J. Vioi.le, au nom de la Commission des Paratonnerres, donne lecture du Rapport suivant : Sur les inconvénients que pourrait causer aux appareils des Postes et Télé- graphes le voisinage de certains paratonnerres spéciaux dits niagaras. M. le Sous-Secrétaire d'Ktat aux Postes et Télégraphes a saisi l'Académie de l'appréhension que lui cause le projet de l'installation à Nantes d'un dispositif électrique dit niagara sur l'église Saint-Nicolas, située à i5om environ du bureau central téléphonique, lequel est surmonté d'une tourelle d'aboutissement des fils aériens. S'il ne s'agissait que de cette appréhension spéciale, notre réponse ne nécessiterait pas un long exposé. Mais M. le Sous-Secrétaire d'Etat nous communique en outre l'avis 1res étudié d'un ingénieur de son administration, qui soulève divers problèmes, et il termine sa lettre en insistant sur l'importance de la « question qui inté- resse à un haut degré le fonctionnement des services électriques de (son) administration, au double point de vue des lignes proprement dites et des bureaux centraux » . Nous avons donc pensé qu'il y aurait intérêt à considérer la question d'une façon plus générale, ainsi que l'avait fait M. l'Ingénieur de l'Admi- nistration, évidemment très au courant des idées actuelles sur l'électricité et ayant approfondi la météorologie électrique. I. D'abord, qu'est-ce qu'un niagara électrique? C'est une longue et large lame de cuivre électroly tique, non écroui, parlant d'un faisceau de pointes en cuivre placé à grande hauteur et abou- tissant à une nappe d'eau dans laquelle cette lame se termine de même par un faisceau de pointes en cuivre. La longue lame de cuivre électrolytique et son aboutissement dans une nappe d'eau constituent, d'après l'auteur, M. de Beauchamp, les caracté- ristiques du système (toute action grêlifuge laissée de côté). SÉANCE DU 17 FÉVRIER I()l3. 521 La manière de terminer en haut les paratonnerres par un râteau en cuivre, par des lames de cuivre en forme d'aloès disposées tout le long de la tige supérieure, ou par un balai de brins de cuivre effilés, est secondaire. L'écartement des postes dans un barrage électrique sera à régler suivant les circonstances : on l'a pris de iokm dans le barrage électrique de la Vienne, d'après la largeur de la zone qui a paru protégée à Sainl-Julien- l'Ars, où la première installation fut faite en 1899. La hauteur des postes a été fixée à 5om ou 4om, au minimum, au-dessus du niveau général du sol. Sous leur action continue, « l'électricité atmosphérique, dit M. de Beau- champ, a l'air de s'engouffrer dans le sol, les orages qui se présentent menaçants paraissent absorbés; d'où le nom de niagcara ou gouffre élec- trique donné à ces appareils, simplement pour faire image ». Dans un langage moins imagé, nous dirons que ces appareils sont de très hauts paratonnerres, à grand débit, généralement bien installés, réserves faites de certaines critiques qui, d'ailleurs, s'appliquent à presque tous les paratonnerres, dont les bienfaits sont hors de cause ici. 2. Depuis les instructions sur les paratonnerres, successivement adop- tées par l'Académie des Sciences suivant les rapports de Le Roy, de Gay- Lussac et de Pouillet, des idées nouvelles se sont introduites quant à la manière d'établir les paratonnerres. D'un côté, Melsens a essayé d'appliquer le principe de la cage de Faraday à la protection des édifices contre les décharges atmosphériques. D'un autre côté, les études touchant les effets produits parles oscillations électriques rapides ont conduit les physiciens à regarder les coups de foudre comme étant le plus souvent des décharges oscillantes à très courte période. D'où la nécessité de mettre à profit contre ces décharges les résultats acquis dans les études précitées ainsi que dans les installations si merveilleusement agencées de télégraphie sans fil, où les prises de terre, en particulier, sont effectuées avec un soin remarquable. :$. Il n'est peut-être pas sans intérêt de rappeler ici que l'Administration des Postes et Télégraphes a été des premières en France, et l'on doit l'en féliciter vivement, à s'engager dans la voie ouverte par Melsens et aujourd'hui généralement suivie. "Voici, en effet, plus de vingt ans que le bureau central de Marseille, pour ne parler que de celui-là, est pourvu d'un système mixte établi d'après :j22 ACADÉMIE DES SCIENCES. les plans de l'inspecteur général Belz. et comprenant, outre les anciens paratonnerres classiques, un ensemble de tiges avec saillies et pointes multiples, un système complet de rubans en cuivre étamé de haute conduc- tibilité, de câbles en même métal, de perd-fluide et d'appareils contrôleurs. Notons encore que la terre y fut prise d'une façon en quelque sorte double. Du réseau entier partaient quatre rubans de descente reliés entre eux, à leur partie inférieure, par un câble de cuivre reposant dans une tranchée profonde où l'on versa des tonnes de coke et de sel. Puis, comme on avait reconnu, à /jm environ au-dessous, une couche glaiseuse, on perfora celte couche et l'on y prolongea les rubans de descente par des barres allant chercher jusqu'à 8'" une couche aquifère, à l'intérieur de laquelle on les termina par des plaques de cuivre étamé. (Quelques jours à peine après l'inauguration, ce système résista victorieu- sement au terrible orage du 1e1' octobre 1891, qui, pendant trois heures consécutives, fit jaillir d'énormes lames de feu de toutes les pointes et des fils, au nombre d'un millier, aboutissant à la tourelle téléphonique. Cet exemple est particulièrement intéressant. Il prouva une fois de plus qu'un système de paratonnerres bien conçu et exactement réalisé peut triompher d'actions extrêmement énergiques. 4. On citerait facilement des installations industrielles de paratonnerres établies, depuis lors, suivant les mêmes principes : bouquets de pointes réunis par des bandes de cuivre électrolvlique étamé, larges de 3ocm et épaisses de 2mm, épousant au mieux la forme des bâtiments en évitant les angles brusques, et gagnant directement une terre appropriée, ainsi que cela a été pratiqué en 1899 à l'usine hydro-électrique de Cusscl par la Société de Jonage. 5. Mais, dans la plupart des cas, encore aujourd'hui, les prises de terre, dont \F. l'Ingénieur de l'Administration souligne très judicieusement l'im- portance, laissent fort à désirer. On se contente, par exemple, d'amener la tige de descente dans un puits sans se préoccuper de la manière d'être de ce puits, qui peut constituer une véritable bouteille de Leyde. Une mare d'eau stagnante ne fournira le plus souvent cpi'unc terre bien médiocre. Une couche d'eau telle que la nappe souterraine de la Seine, cjue l'on con- sidère volontiers comme formant une terre excellente, présente encore elle-même une résistance énorme, relativement à celle d'un paratonnerre bien agencé. L'admirable poste de télégraphie sans fil installé à la tour SÉANCE DU 17 FÉVRIER I9l3. 523 Eiffel ne s'est pas contenté de la couche aqueuse souterraine : il s'est cons- titué une terre presque sans résistance au moyen de surfaces métalliques énormes, offrant ainsi un modèle auquel il importera de savoir se con- former. (3. D'ailleurs, puisque les décharges atmosphériques affectent le plus souvent la forme d'oscillations extrêmement rapides, on n'attachera qu'une importance secondaire à la résistance ohmique des conducteurs relative- ment à leur self-induction qu'on devra s'efforcer de réduire au minimum. Tout système de pointes devra être muni d'un conducteur descendant directement et sans sinuosités appréciables à la prise de terre, formée elle- même par une surface métallique aussi grande que possible. 7. Si donc le cuivre électrolvtique convient assurément très bien pour constituer le conducteur d'un paratonnerre, on ne devra pas se faire d'illu- sions sur le bénéfice que présenterait la grande conductibilité de ce con- ducteur, tandis que la terre à laquelle il aboutit laisserait à désirer. On n'oubliera pas non plus que, dans les manifestations les plus dange- reuses de la foudre, ce ne sera pas la résistance du circuit qui gênera surtout le mouvement de l'électricité. Ce ne sera pas elle qui provoquera spécialement ces décharges qui pourront venir frapper brusquement des conducteurs voisins. S. Déjà, dans l'instruction du i>3 avril 1823, Gay-Lussac signalait le danger de rester près d'un paratonnerre en temps d'orage. En 1897, l'attention de l'Académie fut appelée de nouveau sur cette question, à propos des dangers que peut présenter le voisinage des con- ducteurs d'énergie électrique et par suite de tous les conducteurs e qui, exposés à des coups de foudre, peuvent transmettre momentanément des quantités énormes d'énergie ». D'après le rapport soumis à l'Académie le 3 1 mai 1897, <( une ligne trans- portant de l'énergie électrique ne constitue par elle-même aucun danger pour les objets qui ne sont pas situés dans son voisinage immédiat : une distance de iom parait suffisante pour écarter tout risque ». Cette règle convient de soi aux conducteurs de paratonnerres conve- nablement reliés au sol. Mais un paratonnerre, même bien agencé, peut présenter, à un instant donné, quelques défauts, surtout du côté de sa prise de terre. On agira C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 7.) 67 52/j ACADÉMIE DES SCIENCES. donc prudemment en écartant tout conducteur indépendant à zom au moins d'un niagara et généralement de tout système analogue. 9. Nous n'avons d'ailleurs pas à faire état ici de la conductibilité que l'air acquerrait par ionisation, sous l'action de l'électricité émise par les pointes multiples d'un paratonnerre, ce paratonnerre fût-il un niagara. L'air, même fortement ionisé, n'est en fait qu'un médiocre conducteur. 10. 11 nous paraît donc que le niagara projeté sur l'église Saint-Nicolas, à Nantes, ne saurait causer aucun dommage au bureau téléphonique situé à i5om et installé avec le soin dont l'Administration des Postes et Télé- graphes s'est depuis longtemps fait une règle. 1 I . Nous estimons de même que, dans l'incendie qui s'est déclaré à l'Hôtel des Postes de Poitiers, pendant le violent orage de la nuit du 25 au 26 juillet 191 1, le niagara installé près de 90™ au delà, sur le belvédère de l'Hôtel de Ville, n'a joué aucun rôle. L'explication la plus vraisemblable du sinistre parait être dans un coup de tonnerre ayant directement frappé la herse placée sur l'Hôtel des Postes. Quoi qu'il en soit, cet incendie, rapproché des lames de feu constatées en 1891 sur les paratonnerres et les fils téléphoniques du bureau central de Marseille, comporte un enseignement, à savoir qu'au point de vue de la sécurité il y aurait avantage à n'arriver aux stations centrales que par fils souterrains. 12. Assurément, chaque fil, à son entrée au bureau, est muni d'un système d'appareils protecteurs d'intensité (fusibles coupe-circuit) et pro- tecteurs de tension (parafoudres), qui ne laissent guère à désirer. Nous recommanderions seulement de mettre toujours en tête un parafoudre. Toutefois ce système, imaginé plutôt pour protéger des courants dus à quelque contact accidentel avec les lignes industrielles d'énergie, ne met qu'incomplètement à l'abri des effets de la foudre. Si la foudre frappe le fil en rase campagne, elle le brise généralement sur trois ou quatre portées et elle ne va pas plus loin. Si, cependant, un courant parvient jusqu'au bureau, il sera arrêté par le système protecteur. Mais, lorsque la foudre frappe directement la herse ou la tourelle placée à la partie supérieure du poste central, l'accident deviendra grave, si, pour une cause quelconque, la décharge se trouve localisée en quelque sorte dans un court espace, d'où elle pourra s'élancer en traits de feu funestes. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IQl3. 525 Avec des fils d'arrivée souterrains, le danger serait reporté aux cabanes de coupure (là où le réseau aérien devient souterrain), et il y serait beau- coup moins redoutable. 13. Nous devons enfin considérer le cas où des lignes aériennes passe- raient à proximité d'un niagara. En dehors de toute autre considération, la nature même des lignes aériennes, « exposées à être déplacées par diverses causes mécaniques ou météorologiques, impossibles à éviter », rend très difficile la fixation d'une distance minimum. Une précaution essentielle consistera évidemment à installer avec un soin particulier les portions de lignes aériennes voisines d'un niagara. Cette condition remplie, nous estimons qu'en se tenant à 2om de distance du niagara, on sera suffisamment à l'abri des influences possibles de cet appareil sur les lignes aériennes. 14. En résumé, un niagara est un grand paratonnerre disposé en vue d'un fort débit. Pour se garer de quelque défaut possible dans l'agencement de ce sys- tème et surtout dans sa prise de terre, pour se mettre complètement à l'abri de l'une de ces décharges latérales auxquelles peut donner lieu un conducteur frappé par certains coups de foudre, l'Administration des Postes et Télégraphes devra maintenir une distance de 20m au moins entre un niagara, ou tout autre système analogue, et l'une quelconque de ses instal- lations aériennes, poste d'arrivée, ou fils de lignes. D'autre part, comme une herse ou une tourelle de fils télégraphiques ou téléphoniques aériens, installée sur un hôtel des Postes, semble particuliè- rement exposée à la foudre, l'Administration aura intérêt à conduire les lignes au poste central par voie souterraine. Enfin, comme malgré les études poursuivies jusqu'à ce jour, certains effets du tonnerre restent encore mal connus, l'Académie émet le vœu que l'Administration des Postes et Télégraphes lui transmette les renseigne- ments qu'elle est particulièrement à même de recueillir touchant l'électri- cité atmosphérique. Ainsi, des observations exactes s'ajouteront à celles que, depuis Arago, l'Académie se plaît à enregistrer sur une question qui intéresse si vivement l'humanité. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. 526 ACADÉMIE DES SCIENCES. ELECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres- pondant pour la Section de Botanique, en remplacement de M. S/rasburger, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 4o, M. Vuillemin obtient 3o, suffrages M. Sauvageot » i suffrage M. Vuili.kmix, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Correspondant de l'Académie. COMMISSIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com- missions de prix, chargées déjuger les Concours de l'année i<)i3. Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants : Economie rurale : Prix Bigol de Morogues. — MM. Schlœsing père, Chauveau, Miintz, Emile Roux, Schlu'sing fils, Maquenne, Guignard, Prillieux, Tisserand. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Costantin, Marchai. Zoologie : Prix Savigny, Cuvier. — MM. Ranvier, Terrier, Delage, Bouvier, Henneguy, Marchai, Crandidier. Miintz, le prince Roland Bonaparte. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Laveran, Douvillé. Médecine et Chirurgie : Prix Montyon, Barbier, Brèant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut. MM. Bouchard, Guyon, d'Arsonval, Laveran, Dastre, Lucas-Championnière, Chauveau, Perrier, Roux, Labbé, Henneguy. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. (îuignard, Delage. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 527 Physiologie : Prix Monlyon (Physiologie expérimentale), Philipeaux, Lal/emand, Pourat. — MM. Chauveau, Bouchard, d'Arsonval, Roux, Laveran, Dastre, Henneguy. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Perrier, Guignard. Cette Commission est également chargée de présenter une question de prix Pourat pour l'année 1 91 5. Prix Monlyon { Statistique). — MM.de Freycinet, Haton de la Goupil- lière, Darboux, Carnot, Alfred Picard, Labbé, le prince Roland Bonaparte. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Emile Picard, Tisserand. Prix Binoux. Histoire des Sciences. - MM. Ph. van Tieghem, Darboux, Grandidier, Emile Picard, Guyou, Alfred Picard, Bouvier. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Appell, Bigourdan. Médaille Arago, Médaille Lavoisier, Médaille Berthelot. — MM. Guyon, Appell, Darboux, Ph. van Tieghem. Prix Henri Becquerel, Cegner, Lannelongue, Gustave Roux, Trémont. — MM. Guyon, Appell, Darboux, Ph. van Tieghem, Emile Picard, Zeiller. Prix Wilde. — MM. Ph. van Tieghem, Darboux, Lippmann, Emile Picard, Violle, Lemoine, Baillaud. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Termier, Lecornu. Prix Longchampl. — MM. Chauveau, Guignard, Roux, Prillieux, Laveran, Dastre, Mangin. Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Perrier, Maquenne. COKKESPOI\l>AI\CE. M. Hugo de Vries, élu Correspondant pour la Section de Rotanique, adresse des remercîments à l'Académie. L'Académie Britannique invite l'Académie à se faire représenter au Congrès international d'études historiques, qui se tiendra à Londres du °> au 8 ou 9 avril 1 91 3. 528 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. Ic-Secretaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° La théorie du rayonnement et les quanta. Rapports et discussions de la Réunion tenue à Bruxelles, du 3o octobre au 3 novembre 191 1, sous les auspices de M. E. Solvay, publiés par MM. P. Laxgevin et M. de Broglie. (Présenté par M. Lippmann.) 2° Alex. Véronnet. Rotation de l'ellipsoïde hétérogène et figure exacte de la Terre. (Présenté par M. C. Jordan.) 3° C. Houard. Les Zoocécidies du nord de l'Afrique. (Présenté par M. E.-L. Bouvier.) 4° C. Hoi'ard. Les Cynipides et leurs galles, d'après le cahier de notes du Dr.I. Giraud. (Présenté par M. E.-L. Bouvier.) 5° A. Ghuvei.. Les Crustacés comestibles de la côte occidentale d' Afrique. (Présenté par M. E.-L. Bouvier.) 0° Mission Gruvel sur la côte occidentale d"1 Afrique ^1909-1910) : Mollusques, par MM. Pu. Dautzexberger, L. Germain et A. Gruvee. (Pré- senté par M. E.-L. Bouvier.) M. AI a tiiis adresse des remercîments pour la distinction que l'Académie a accordée à ses travaux. MM. A. de Gramont, Laxdouzy, E.-A. AIartel, Paul Renaud prient l'Académie de vouloir bien les compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Teis- serenc de Bort . ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la nature des solutions de certaines équations aux dérivées partielles. Note de M. AIaurice Gevrey, présentée par M. Emile Picard. I. Dans plusieurs Notes publiées ici-même (') j'ai énoncé un certain nombre de résultats relatifs à l'équation du type parabolique , , d'-z dz , dz (,) ^+aTr- + bàj> + CZ + f=°^ (') Comptes rendus, 6 juin 191 1 et 28 octobre 1912. Voir aussi 24 juin 1912. rela- tivement à l'équation (2). SÉANCE DU 17 FÉVRIER 10,13. 529 envisagée dans une certaine région H du plan, où les coefficients sont des fonctions de x et de y, b gardant un signe constant. Ces propositions con- cernent la nature des solutions, qui est intimement liée à la nature des coefficients ('). 2. Lorsque le coefficient b peut s'annuler, avec ou sans changement de signe, un examen particulier devient nécessaire : soit, par exemple, l'équation ' - „ àz ... (2) , s — xp — =r o p entier impair. La détermination d'une solution régulière, au moyen de ses valeurs sur deux contours situés de part et d'autre de Oy, se ramène à la résolution d'une équation de Fredholm de première espèce : en fait, on forme deux solutions, à droite et à gauche de Oy, qui se raccordent, ainsi que leurs dérivées premières, sur l'axe des y (problème du raccordement, /oc. cit.). On peut se poser la question sous une autre forme, comme l'a fait M. Holmgren pour l'équation de la chaleur : étant donnée une solution de (2), régulière d'un certain côté de Oy, quelle doit être la nature des valeurs qu'elle prend sur Oy pour qu'on puisse la prolonger de l'autre côté (problème du prolongement)? Sa réponse est la même que pour l'équation de la chaleur : il faut et il suffit que ces valeurs de z constituent ce que nous avons appelé une/onction H. Ces résultats sont vrais également (et d'ailleurs beaucoup plus immé- diats) quand/; est pair et s'appliquent même à l'équation (') Au sujetde cette équation, M. Holmgren adonné, dans les Arkiv fur Matemalik. Astronomi och Fysik (BdVII), quelques propriétés relatives au maximum et au mini- mum des solutions et à leur unicité. J'ai eu occasion, au cours de mes recherches, d'utiliser des remarques un peu plus générales, que je donne ici. Si l'on suppose_/:=o et «, b, c continus dans R, sans aucune autre restriction, aucune solution régulière ne peut admettre en un point de K une valeur positive supérieure (ou négative infé- rieure) à toutes les autres. Si b est négatif ou nul, ce théorème est encore vrai, quand on compare la valeur de r en un point à celles qu'elle prend aux points d'or- donnée inférieure ou égale. On établit également l'unicité d'une solution de (1) prenant des valeurs données sur un contour continu : i° fermé si b est de signe, variable; 20 ouvert, situé au-dessous d'une caractéristique, et limité à ses points d'intersection (en nombre pair) avec celle-ci, si b est négatif ou nul. Dans ces deux cas, d'ailleurs, la solution ne peut dépasser les valeurs extrêmes qu'elles prend sur le contour (quand c a un signe constant les résultats sont plus précis). 53o ACADÉMIE DES SCIENCES. a étant un nombre positif quelconque et s pouvant changer de signe quand on traverse Oy. 3. Si maintenant nous envisageons l'équation (3) ' pL-*,**^- à* f v ' dx- à/ dx J dans laquelle p est impair, le problême du raccordement peut aussi, par la for- mation d'une solution fondamentale suivant la méthode de M.Hadamard('), être ramené à la résolution d'une équation de Fredholm de première espèce. Quant au problême du prolongement, il conduit au résultat suivant, quel que soil p : si les coefiicients a, c, f sont des fonctions H dans une région traversée par Oy, la condition nécessaire et suffisante, pour qu'une solution z, définie d'un certain côté de Oy, soit prolongeable au delà, est que z(o,y) soit une fonction H sur la portion de Oy envisagée (2). 4. .Nous avions déjà établi ce résultat avec d'autres quand /> = o(ÏNote du 28 octobre 191 2). Les autres propositions se généralisent aussi : quand, dans l'équation (1), le coefficient b garde un signe constant dans lî, ou s'annule le long de courbes H non sécantes : i° si les coefficients sont des fonctions II en y, les solutions régulières le sont également, et la condition donnée, dans la troisième Note citée, pour le prolongement d'une solution est exacte, quelle que soit la courbe H envisagée ; 20 si de plus les coeffi- cients sont analytiques en ne, les solutions le seront également; 3° si les courbes où b s'annule sont analytiques, et si les coefficients de (1) sont analytiques en y, toute solution, prenant des valeurs analytiques sur deux (') Comptes rendus, ["mai 191 1. (2) Le problème de Caucliy, quand on se donne les valeurs de ; et de — sur Oi . se résout facilement pour l'équation (o) en partant de la formule Ja V, Zà(/,lf q*Pi dYk qui donne la solution de l'équation à2 z Oz -^-xp 3- =/(.*, y.) * = /, + » s'nnnulant sur < h', ainsi mie -r— • ' dx SÉANCE DU 17 FÉVRIER lt)l3. 53l arcs analytiques d'équations x =Xl(v), x = X2(y), sera une fonction analytique de y sur tout segment de caractéristique limité par ces deux arcs. 5. Il est à remarquer que certains des résultats précédents ne sont plus vrais quand on suppose que b s'annule le long d'une caractéristique. Ainsi les solutions régulières de l'équation dtz p ôz _ dx1~~y"ày ~~° ne sont pas en général des fonctions H pour les points situés sur Ox. Cepen- dant, si 2 est une fonction H en deux points de Ox (•), cette solution sera une fonction H dans toute la bande comprise entre les parallèles à Oy menées par ces deux points. Des remarques analogues s'appliquent à l'équation d'z dz àz ■te*-yp3P=ate+cz+A Pour celle-ci d'ailleurs, les théorèmes relatifs à l'analyticité par rapport à x ou y subsistent sans modifications. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques polynômes qui s' écartent le moins possible de zéro dans un intervalle donné. Note (2) de M. A. Pchébokski, présentée par M. Emile Picard. C'est P.-L. Tcbébischeff qui, le premier, a étudié les polynômes qui s'écartent le moins possible de zéro dans un intervalle donné. Ces polynômes ont été ensuite l'objet des travaux importants de E. Zolotareff, A. Markoff et d'un jeune géomètre, W. Markoff, qu'une mort prématurée a enlevé à la Science (3). (') C'est-à-dire que, si x0 el .r, sont le» abscisses de ces points, z esl fonction II dans les intervalles définis par x = x0, | y\ < £ et x = xx, \y \ < o- quelque petits que soient e el ri, (2) Présentée dans la séance du 27 janvier igi3. (3) E. Zolotareff, Sur l'application des fonctions elliptiques aux questions des maxirna et minirna (Bull, de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, 1877). — A. Markoff, Sur une question de M. Mendelejeff (même recueil, 1889). — W. Markoff, Sur les fondions qui s'écartent le moins possible de zéro dans un intervalle donné, Saint- Pétersbourg, 1912. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N° 7.) 68 532 ACADÉMIE DES SCIENCES. Je me propose ici de donner quelques théorèmes que j'ai démontrés en étudiant les polynômes f(x) — p0x"-hplx'l~' -t- . . . -\-pn aux coeflicients réels qui satisfont à deux équations linéaires (') «o/>o + «i/',+ •••+«,>/>„ =o-i-(3i/>i-+- ••■ +?«/'« = (3, a,, a, (3,-, fi étant des nombres réels, assujettis aux conditions que deux au moins des déterminants a^j — ocyp,-, a,-[3 — aj3(- sont distincts de zéro. Indiquons par w(-t- . . . + f3„7„, les nombres réels y( étant les coefficients d'un polynôme a{x) — qax"+ ...-+- q„ de degré = n. Alors les équations (1) peuvent être écrites ainsi : «(/) = *, w>(/)=p. Nous nommerons le plus grand écarl de zéro dans l'intervalle fermé (a, b) du polynôme f(x) aux coefficients réels le nombre positif Ly, assujetti à la condition f2{x)^h2y(a = x^b), le signe = ayant lieu au moins pour une valeur de x. Il est aisé de démontrer qu'il existe un minimum L > o des nombres Ly- pour les polynômes satisfaisant aux conditions (1), c'est-à-dire qu'il existe au moins un tel polynôme pour lequel Lf== L. Nous nommerons ces derniers polynômes les polynômes qui s'écartent le moins possible de zéro dans l'intervalle (a, b) ou, pour abréger, les poly- nômes (m) dans l'intervalle (a, b). En généralisant la méthode donnée par W. Markoff dans le Mémoire cité qui contient des résultats importants et malheureusement très peu connus, on arrive aux théorèmes suivants : Théorème I. — Pour que le polynôme /"('") ^e ^egfé n soit un polynôme (m) dans l'intervalle (a, è), il faut et il suffit qu'il n'existe pas un polynôme de degré au plus égal à n satisfaisant aux conditions : 1" u(g) = w, (g) = o, et 20 tous les nombres fÇx^g^X;), i — 1, 2, ...,/>, ont un même signe, les nombres a^x, <^x.,<^ . . . <^xp^b étant toutes les racines de l'équation f2(x) = h'i, contenues dans l'intervalle (a, b). Remarquons qu'on a toujours p^n + 1. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IÇ)l3. 533 Conservant toujours les mêmes notations, introduisons les polynômes F( r) F(x)=z(x — xt)(x — ,r2) . .. (x — a-,,), F,(x) = — (i = 1 , 2, . . . ,/>), X — J i alors nous avons les théorèmes qui suivent. Théorème II. — Pour que le polynôme '/(ce) dedegrên soit un polynôme (m) dans l' intervalle (a, b), p étant égal à n -+- 1, il faut et il suffit que l'une au moins des trois conditions soit remplie : 1" tous les nombres (— r)'(o(F,)_/(;r;), 1=1.2, ..., n . + 1, ont un même signe ; i° tous les nombres (— i)'co,(F,)y(a?(), i = 1 , 2, . . . , n -+- 1 , o«£ «n même signe ; 3° il existe un entier o , (Fy) — a>(F7 )w, (F,)]y*(x(), 1 = 1, ..., / — 1 , y + 1 ,...,« + 1 , on/ un même signe. Théorème III. — Pour que f(x) soit un polynôme (m) dans l'intervalle («, b), p étant "S n, il faut que le rang de la matrice (2) ù>(Fx"-P) r,)(Fx"~P-<) ... Gj <ùt{Fxn-P) ',)1(Fx"-p-') ... w soit égal à zéro ou à un . Théorème IV. — Pour que f(x) soit un polynôme (m) dans l'intervalle (a, b}, p étant S net le rang de la matrice ( 2 ) étant zéro, il faut et il suffit que Vune au moins des trois conditions soit remplie : i° tous les nombres (— i)'g)(F,- )_/"(:£,•), 1 = 1, 2, ...,p, ont un même signe; i° tous les nombres ( — 1)' w, (F,- )_/(#;), i = 1 , 2, ■ ■ ., p, ont un même signe; 3° il existe un entier 0 (Fx"-r) = o>(Fxn-/>-<) = ... = co(F) = o, co^F^-^^o pour une valeur au moins de 1 = 1. 2, . . ., jo, il faut et il suffit que tous les nombres (— i)'&)(Fi)y(a7j), i= 1, 2, . . ., p, aient un même signe. Théorème VI. — Pour que le polynôme f(x) soit un polynôme (m) dans P intervalle (a,b), p étant < n, le rang de la matrice (2) étant égal à 1 avec les conditions u)(Fxn-') f= o, (i — e)HW S[, !. = lim ( 1 ■+" A n=»\ log2'"« H étant une fonction de k supérieure à -• Cette limite inférieure est d'ail- leurs la plus précise qu'on puisse obtenir dans le cas général. II. Lorsque . — 2__ n'est pas borné, l'expression logx(p H- p^rlogx) ne l'est pas non plus; on peut cbercber à déterminer p(a?) de telle façon qu'il existe une fonction 36 ACADÉMIE DES SCIENCES. On est ainsi conduit, en considérant la complication de la relation qui lie n à logM(r), à classer les fonctions de la façon suivante : i° Fonctions pour lesquelles un nombre de la suite est différent de zéro; elles sont d'autant moins croissantes que p est plus grand. 2° Fonctions pour lesquelles un nombre de la suite los„r hm 2£ — l\ogpM(r)_ {p=%3,...) est différent de zéro; elles croissent d'autant plus vite que l'indice de ce nombre est plus grand. 3° Fonctions intermédiaires pour lesquelles les deux suites précédentes sont formées de zéros. Les fonctions des deux premières classes que j'ai complètement étudiées comprennent toutes celles qu'on obtient en formant logM(/) par des com- binaisons en nombre fini de logarilbmes et exponentielles. MÉCANIQUE. — Sur un problème mécanique et ses applications à la physique cosmique. Note de M. Cakl Stormer. Dans une Note récente (') nous avons donné une série de résultats sur les trajectoires des corpuscules électriques dans le ebamp d'un aimant élé- mentaire en les supposant aussi soumis à l'action d'une force centrale éma- nant de l'aimant et inversement proportionnelle au carré de la distance. L'étude fut réduite à celle du système / d^ __ i ,K, ' dz- ~~ 2 à:, ' où Q, était une fonction de R, et s, contenant un seul paramètre D et où h (') Voir Sur un problème important dans la Physique cosmique {Comptes rendus, t. 156, io février 1913, p. 4^o). SÉANCE DU 17 FÉVRIER IC)l3. 537 était une constante. Ce système était susceptible d'une interprétation méca- nique très utile pour l'étude des trajectoires. Nous reproduisons ci-dessous trois figures des lignes de niveau Q, = k, k étant une constante, dont les valeurs sont écrites sur les lignes ((|). Fie. .. Ici le cas D = o correspond au cas sans force centrale, cas que j'ai traité dans plusieurs Mémoires sur la théorie des aurores boréales. Les points doubles et leurs caractères sont immédiatement donnés par les formules de ma précédente Note ; ils sont ici tous situés sur l'axe des R, avec abscisses o,p,5, 2,73 et 12, 5 dans le cas D = — o,i25; 2 dans le cas D = o, et i,o85 et 1 ,565 dans le cas D = 0,1 25. L'utilité de la construction de ces champs de force Q, = k consiste parti- culièrement en ceci que l'interprétation mécanique donnée dans ma Note précédente facilite énormément l'étude de courbes intégrales du système (T) et (' ) Elles ont été construites par la mélliode graphique indiquée. 538 ACADÉMIE DES SCIENCES. par là celle des trajectoires dans l'espace. Par exemple, pour des valeurs fixes de h et de D, les courbes intégrales ne sortiront pas de la partie où k>— h; donc les trajectoires correspondantes dans l'espace ne sortiront pas de la région obtenue en faisant tourner cette partie autour de Taxe des z, ; j'avais déjà, en 1909, terminé la discussion de ces régions, dans tous les cas, mais sans rien en publier. A l'intérieur de la partie en question, on a par exemple les courbes que Fig. 3. M. Painlevé(') appelle trajectoires mixtes, qui ont un point d'arrêt sur la ligne Q, = — A; en les suivant par continuité on découvre une infinité de trajectoires périodiques ayant encore un point d'arrêt sur cette ligne, ce qui donne dans l'espace des trajectoires composées périodiquement de parties identiques. L'axe des II, figure comme trajectoire remarquable dans lesensdeM. Pain- levé et si l'on se trouve dans le premier cas avec — i_) 0 = p 2 O3 ? : = 1 = | \/.v' -+■ } 2 + z- Sur la surface (7 on ap = I, donc (G) w — ?0 3 — WZ - 1 - — 3 — t O — Vf COS 3, 2 3 étant la colatitude. C'est-à-dire : Les lignes de tourbillon sont des paralé/les, et la grandeur du tourbillon est 3 . a T wsinlJ. 4 Il s'ensuit que la distribution des tourbillons, susceptible de provoquer un mouvement de la sphère sans déformation, est à tout instant symétrique autour de la vitesse du centre au même instant, et l'intensité du tourbillon 3 va toujours décroissant de y w à l'équateur, jusqu'aux pôles, où elle s'annule. 542 . ACADÉMIE DES SCIENCES. ÉLECTRICITÉ . — Retard de t 'electrolyse sur la force électromotrice polarisante. Note de M. A. Grumbacii, présentée par M. Lippmann. Quand on polarise une électrode au moyen d'une force électromotrice suffisante pour produire l'électrolyse, on peut se demander s'il y a simulta- néité entre ce dernier phénomène et l'application de la force électromotrice ou bien si le dégagement gazeux ne commence qu'un temps fini / après la mise en circuit; si celle-ci, dans la seconde hypothèse, n'a lieu que pendant un temps très court, inférieur à /, on doit s'attendre à n'apercevoir encore aucune bulle pour une force électromotrice qui, appliquée en permanence, produira une electrolyse continuelle. Tel est le but des expériences décrites dans cette Note : On regarde au microscope une électrode constituée par l'extrémité d'un fil de pla- tine soudé dans un tube de verre ; le fil affleure exactement à la surface qui a été polie sur une meule fine. L'autre électrode est constituée par un fil de platine de o"11"^ de diamètre et de 12e1" de longueur. Toutes deux plongent dans de l'acide sulfurique à \ en volume. Pour observer commodément l'apparition des premières bulles, on a recourbé le tube de verre de la petite électrode de manière que son axe coïncide avec celui du microscope qui est horizontal. On peut ainsi, suivant le mode d'éclairement, voir les bulles brillantes se détacher sur fond sombre ou dissimuler l'électrode qui réfléchit la lumière. Un appareil à chute met, pendant un temps très court, le voltamètre en dérivation sur le circuit d'un accumulateur; la durée du contact employé ici était de o", i 2. On constate qu'à partir d'une certaine force électromotrice m, le contact instantané ne donne encore lieu à aucune electrolyse, tandis qu'en laissant la communication fermée plus longtemps, on voit des bulles apparaître. Au- dessus d'une certaine force électromotrice M^m, elles se forment même en os, 12. Ajoutons qu'à partir d'une certaine valeur de la force électromotrice comprise entre m et M, il y a electrolyse réelle en régime permanent; le contact demeurant fermé, la décomposition du liquide se poursuit régu- lièrement. Nous donnons ici quelques nombres à titre d'exemple : SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 5/j3 Force éleclromotrice polarisante (en volts). Diamètre — — — — -— • — ■— — de la Hydrogène. Oxygène. petite électrode — — — — — - — — — ~- — ' en mm. m. AI. m'. M '. 0,86 0,92 1,07 i,a3 0,90 0,93 1,21 1,21 o,g5 0,90 i,35 i,35 10 tô °>9° °.93 1,21 1,21 1 100 Les premières bulles se forment sur le contour de l'électrode; quand on atteint M, on voit souvent un ou deux points brillants isolés qui dispa- raissent très rapidement après la mise en circuit instantanée. D'autre part, la différence M — m diminue avec la surface de l'électrode. En résumé, l'électrolyse présente un retard appréciable sur l'application de la force électromotrice polarisante. TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. — Influence réciproque des antennes parallèles sur les conditions de réception des ondes hertziennes. Note de M. Georges Mesli.v, présentée par M. E. Bouty. Au poste récepteur de T. S. F. que j'ai installé à Montpellier, j'ai eu l'occasion d'observer qu'en utilisant plusieurs antennes placées dans le voisinage les unes des autres et reliées à des appareils récepteurs, les con- ditions de réception par l'une d'elles sont notablement modifiées par le réglage des autres. Dans un premier groupe d'expériences je dispose de deux antennes A et A', l'une et l'autre borizontales, A' étant installée à quelques mètres au-dessous de A et parallèlement à celle-ci. Elles ont à peu près la même longueur (70™ environ); mais A est formée de trois fils distants entre eux de im, tandis que A', constituée par un seul fil, correspond à une longueur d'onde un peu moindre. L'antenne A est en relation avec un récepteur R (récepteur par dérivation simple, modèle Ducretet); l'antenne A' est en relation avec le primaire d'un récepteur par induction R'. En général, l'antenne A' influe peu sur les conditions de réception par A, c'est-à-dire qu'il importe peu que A' soit isolée, ou reliée directement à la terre, ou reliée à celle-ci par la self de R', pourvu toutefois que cette self n ail pas précisément la valeur nécessaire pour établir la résonance., c'est-à- dire la meilleure réception en R'. Si l'on réalise, en effet, cette condition, l'audition en R par l'antenne A diminue brusquement et tout déréglage 344 ACADÉMIE DES SCIENCES. de A'— R', soitpar augmentation ou par diminution de self, soit par l'isole- ment de A' par rapport à R', améliore l'audition par A. Ce résultat n'a d'ailleurs rien d'étonnant; on conçoit que, A' étant mise dans les conditions où elle reçoive et utilise l'énergie, A puisse alors en recevoir ou en utiliser une moindre quantité. Mais la propriété en question ne subsiste pas en ce qui concerne l'action réciproque de A sur A', c'est-à-dire que le réglage de A — R pour les conditions de résonance n'amène pas un minimum d'audition en A'R' : en effet, en déréglant alors A par augmen- tation de self, on améliore l'audition par A', tandis qu'on l'affaiblit si l'on dérègle A par diminution de la self de R; on passe toutefois par un mini- mum, car l'isolement complet de A par séparation de A et de R produit une légère amélioration de l'audition par A'. Il y a là, entre l'action de A — R sur A' — R', une dissymétrie qui ne tient pas d'ailleurs à la différence des appareils récepteurs R, R', car elle se maintient en permutant les communications, c'est-à-dire en reliant A avec R' et A' avec R. Elle se produit encore, comme je l'ai constaté, en mettant des délecteurs électrolytiques ou des détecteurs à cristaux, ces détecteurs pouvant être de nature différente et permutés d'une façon quel- conque pour R et R'. Cette dissymétrie peut donc être liée soit à la différence de dimensions des antennes, soit à leurs positions respectives. Et, ainsi que M. le com- mandant Ferrie a bien voulu me le suggérer, il y a intérêt à élucider ce point pour jeter quelque lumière sur les théories encore obscures relatives à la réception des ondes hertziennes. D'après certains physiciens, il y aurait deux propagations, l'une à travers l'éther de l'atmosphère, l'autre à travers l'éther du sol, d'où la possibilité d'interférences dans la production desquelles la position relative des antennes placées l'une au dessus de l'autre jouerait un rôle important; pour d'autres, l'énergie utilisée dans chaque antenne proviendrait de l'énergie reçue et de l'énergie rayonnée, ce qui ferait intervenir, pour une même position relative des deux an- tennes, les dimensions respectives (capacité, self-induction) de chacune d'elles. Pour approfondir ce point, j'ai permuté les deux antennes, mettant à la partie supérieure l'antenne A à trois fils et j'ai recommencé les détermi- nations indiquées plus haut. J'ai observé la même dissymétrie (') qui ne (') Les actions signalées sur A sont même un peu plus intenses si l'antenne A est à la partie supérieure, auquel cas elle reçoit plus d'énergie. SÉANCE DU 17 FÉVRIER I9l3. 545 semble donc pas liée à la position des antennes et qui peut se résumer de la façon suivante : La réception par la petite antenne A' est améliorée lorsque l'antenne A est reliée à la self qui la règle à sa résonance ou à une self de valeur supé- rieure. Au contraire, l'audition de la grande antenne A est toujours dimi- nuée si A' est réglée à sa résonance; elle est toujours améliorée par le déréglage de A', soit qu'on agisse sur la self d'antenne, soit qu'on modifie le secondaire du circuit de résonance. ÉLECTRICITÉ. — Diagramme, bipolaire des alternateurs synchrones travail- lant, en générateurs ou en récepteurs, sur un réseiu à potentiel constant, dans la théorie des deux réactions ('). Note de M. Avino Blovdel, trans- mise par M. P. Vil lard. Le diagramme nouveau est une généralisation du diagramme que j'ai donné dans mon Livre: Moteurs synchrones ( Encyclopédie Léau lé), page 1 4 3 , figure 43, dans lequel on remplacera les impédances Z = \r- + co-L2 et l'angle de phase y par ceux déduits de Z, = \ r- -+- w2Lf" (avec L, = /, -+- s) » . wL, et tangv = En combinant le vecteur de la force électromotrice U avec le vecteur ZJ porté suivant A A, sous l'angle - en avance à partir du vecteur I du courant efficace, on obtiendra une force électromotrice fictive OA, qui serait celle de Joubert si ht == L, et que j'appellerai, pour ce moûf, force électromotrice « joubertique » de l'alternateur fonctionnant en génératrice. (') Cf. La Théorie empirique des alternateurs {Comptes rendus, t. 129, p. 586) (complétée dans {'Industrie électrique, novembre-décembre 1889, et surtout dans V International Electrical Congress of Saint-Louis, 1904, t. I, p. 635). Je conserve les mêmes notations que dans ma Communication du 28 mai 1912. Pour le calcul du coefficient de self-induction de la réaction transversale /,, la perméabilité de circuit magnétique de l'induit est supposée déterminée dans l'état résultant du champ dans l'induit, suivant les principes généraux que j'ai posés autre- fois pour les moteurs polyphasés. Cet état magnétique est approximativement mesuré par la force éleclromotrice aux bornes U augmentée vecloriellement de /I et de la chute de tension réactive ul, produite par le coefficient de self-induction de fuites s attribuable à l'induit seul. Pratiquement /( est peu variable avec I, et sa variation en fonction de 'j/ peut être considérée comme une simple correction. 546 ACADÉMIE DES SCIENCES. De même, si l'on porte le vecteur Z,I sur la direction opposée AA2, la nouvelle résultante A20 représente la force électromotrice joubertique qu'aurait le même alternateur s'il fonctionnait en réceptrice sous cette intensité de courant. Le diagramme ainsi obtenu jouit, aussi bien pour la génératrice que pour la réceptrice, des propriétés que j'ai figurées dans mon Livre précité, à la ligure 26, page 82, c'est-à-dire que la position des extrémités A, ou A. permet de mesurer : le décalage du courant (par l'angle que forme le vecteur Zt\ avec la ligne A N tracée sous l'angle y), la puissance aux bornes (par un réseau de droites isoergs perpendiculaires à AN), et la puissance intérieure, c'est-à-dire la puissance aux bornes diminuée de la perte par effet Joule (par un réseau de cercles, dont on voit aisément que le centre est en N à une distance AN = )■ 2 cosy/ La force électromotrice réelle induite dans l'alternateur est formée de deux composantes : l'une axiale OB,, l'autre transversale AB, (de même OB2, AB2 pour la réceptrice); l'angle y diffère assez peu, en général, de go" pour qu'on soit en droit de porter en AF, AF, sur la direction ZfI, les chutes de tension par impédance de fuites seule si = \fp -+- o>2l* ; les forces élec- tromotrices internes totales ont ainsi pour composantes axiales OD,, OD2. Cette remarque permet de déduire, au moyen des courbes caractéristiques supposées connues de l'alternateur, l'excitation nécessaire en ampères-tours pour les deux régimes représentés par les points A, , A2 respectivement. Soit ON, la caractéristique totale d'excitation, OQ la caractéristique des inducteurs seuls, Pf la perméabilité des fuites magnétiques entre les pièces polaires des induc- teurs. On trace sur la figure 1 le vecteur du courant à une échelle telle qu'il représente K I\ 1 aussi, à l'échelle des abscisses de la figure 2, les contre-ampères-lours — — • Pour la ... . v? génératrice, par exemple, on porte en ordonnées sur la caractéristique totale M1mi=Ci=ODl; on obtient ainsi les ampères-tours Owi, nécessaires pour produire Cj, et il suffit d'y ajouter mlnl = AJi de la figure 1 pour avoir Ow,. Mais il faut, comme je l'ai signalé en 1898 ('), tenir compte de l'augmentation de saturation des inducteurs par les fuites; à cet effet, tracer au point M, la droite M,B faisant l'angle oe = arc lang \'f, puis les deux horizontales ac, bd jusqu'à la rencontre avec OQ ; les ampères-tours y>, qx sont à ajouter à 0«, en />, n\. L'excitation totale est finalement Qn\ , qui donnerait une forme électromolrice à vide Ep celle-ci peut èlre représentée sur le vecteur joubertique en OK,; mais il est préférable de reporter sur ce vecteur les ampères-tours eux-mêmes. (') Industrie électrique, p. 029, 2e colonne, io1 ligne. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 547 La détermination pour le cas de l'alternateur fonctionnant en moteur est représentée parles mêmes constructions avec l'indice 2 au lieu de l'indice 1. Le diagram me {fig- 1 et 2) permet, en opérant par points, de déterminer „N Cotre drj Fig. 1. — Diagramme des forces électromotrices, des courants et des puissances. ainsi la loi de l'excitation en fonction du décalage pour une puissance utile constante. Inversement, on peut, en supposant l'excilation constante, £} uHi ArrifiejtJ /o'u-s Fig. i. — Diagramme des forces magnétomotrices. déduire la variation de puissance en fonction du décalage du vecteur OA2; par exemple en effectuant, pour chaque position de OA2, les mêmes cons- C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N« 7.) 7° 5/(8 ACADÉMIE DES SCIENCES. tructions, mais en sens inverse de ce qui a été exposé ci-dessus, on trouvera par tâtonnements la position du point A» et la puissance s'en déduira par simple lecture sur le réseau des courbes isoergs. PHYSICO-CHIMIE. — Influence de la forme géométrique des solides sur les actions chimiques qu'ils éprouvent. Note de M. G. Reboui., présentée par M. Lippmann. Dans une Note précédente (') j'ai indiqué un cas où l'action chimique d'un gaz sur un solide dépendait de la forme géométrique de ce dernier : cette action était plus vive aux points où la courbure moyenne du solide était elle-même plus grande ; il s'agissait d'une attaque du cuivre parles gaz que le caoutchouc, vulcanisé au chlorure de soufre, émet lentement à des pressions inférieures à imm de mercure. J'ai essayé de déterminer la cause de ce phénomène, et j'ai cherché à voir s'il était susceptible de générali- sation. I. Dans les conditions expérimentales indiquées dans la Note que j'ai rappelée, on constate, en opérant à diverses pressions, que l'action est d'autant plus vive et plus rapide que la pression est plus basse. En variant la nature du métal, on trouve que seuls le cuivre et le mercure sont attaqués. On remplace le caoutchouc vulcanisé par un petit cristal d'iode, dans les mêmes conditions que précédemment on constate que l'argent, le cuivre sont attaqués ; on retrouve dans cette attaque les caractères que j'ai signalés : elle commence par les points où la courbure moyenne est la plus grande, et elle est plus vive en ces points-là. Cependant, dans ce cas, le phénomène est fugitif à cause de la concentration relative- ment grande des vapeurs d'iode; on voit l'attaque commencer par les points de plus faibles rayons de courbure, mais les colorations de lames minces qui indiquent la profondeur de l'attaque se succèdent rapidement, en quelques secondes le corps se recouvre d'une teinte grise uniforme et l'on n'a plus de renseignement sur l'intensité de l'action chimique aux divers points. En modifiant légèrement, par l'adjonction d'un robinet à vide, l'appareil antérieure- ment décrit, j'ai pu introduire divers gaz (chlore, brome) dans le ballon à réaction : avec les mêmes métaux l'attaque se produit et l'on constate qu'elle est plus vive aux points où la courbure moyenne est la plus grande. La seule difficulté de l'opération (') Comptes rendus, 9 décembrejigi2. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 549 consiste à introduire assez peu de gaz pour que l'altaque du solide se produise très lentement. II. On peut se demander si le phénomène est susceptible de générali- sation et si les caractères précédents se retrouvent en opérant à la pression ordinaire. L'expérience a été faite avec divers gaz : chlore, brome, vapeurs d'iode, hydrogène sulfuré, vapeurs d'acide azotique et différents métaux : argent, cuivre, mercure. Elle est très facile à réaliser et à répéter, la seule condition à remplir est de trouver une source d'émission du gaz ou de la vapeur assez faible pour que V attaque du solide soit très lente. Dans un récipient de grande capacité on place soit quelques tout petits cristaux d'iode, soit des traces de vapeur de brome ou de chlore, soit encore une solution très étendue d'acide sulfhydrique ou d'acide azotique; on suspend dans cette atmosphère le solide auquel on a donné la forme qu'on désire : lame rectangulaire, prisme, pyra- mide, cylindre, cône, ellipsoïde, sphère, etc. On constate toujours que l'attaque se produit en commençant par les arêtes ou par les points où la courbure moyenne est la plus grande, et que c'est en ces points que la couche de sel formé est la plus épaisse. Par exemple : on place, dans le récipient, de très petits cristaux d'iode, et l'on suspend, dans l'atmosphère, deux cylindres d'argent de 2ram et de i"""de diamètre, au bout de quelques minutes, l'un est recouvert d'une couche d'iodure de teinte jaune, l'autre a une teinte violette; dans le premier cas, l'épaisseur de la couche d'iodure est i2iWj dans le deuxième cas, elle est 181W: l'action a été plus vive sur le cylindre de imm que sur celui de amm. Cette action ne peut être mise en évidence que pour des réactions se pro- duisant très lentement. Au début, l'action est plus vive aux points de faible rayon de courbure, et la couche de sel formé est plus épaisse en ces points-là ; mais l'attaque se ralentit à mesure que l'épaisseur de sel formé augmente, le solide tend donc à prendre un aspect uniforme, et cette uniformité sera d'autant plus vite atteinte que la concentration du gaz actif est elle-même plus grande. La nécessité d'employer des gaz attaquant divers métaux à la tempéra- ture ordinaire limite nécessairement le champ des expériences, il serttMe cependant permis d'énoncer la loi suivante : Dans faction d'un gaz sur un solide, l'attaque est plus vive aux points où la courbure moyenne est plus grande. III. L'explication la plus simple du phénomène parait devoir se ratta- cher à la capillarité : il suffirait d'admettre que la concentration de l'atmo- 55o ACADÉMIE DES SCIENCES. sphère gazeuse, autour d'un solide, est plus grande aux points où les rayons de courbure sont plus petits, il s'ensuivrait qu'en ces points-là l'action chi- mique serait plus vive. PHOTOCHIMIE. — Etude quantitative de V absorption des rayons ultraviolets par les acides gras et leurs éthers en solutions aqueuses et alcooliques. Note de MM. Jea.\ Ikii i .1 ( ki et Victor Hemii, présentée par M. Daslre. Les acides gras et leurs éthers présentent une absorption qui commence o environ pour X = 2G00 — 25oo u. A. et qui augmente de plus en plus pour des rayons plus courts. La photographie avec un spectrographe en quartz dans l'air ne permet pas d'étudier quantitativement les spectres d'ab- sorption plus loin que A = 2i44- H est tres probable que les spectres d'absorption qu'on observe pour ces corps ne sont que des commen- cements de bandes d'absorption, dont le maximum se trouve dans l'ultra- violet au delà de 21 44- Lorsque l'on compare les spectres d'absorption de différents corps on doit déterminer les positions des bandes d'absorption, leur hauteur et leur largeur. Dans le cas des acides gras et de leurs éthers nous ne pouvons pas faire cette comparaison d'une façon complète, puisque nous n'avons pas la mesure directe de la position du maximum d'absorption. Mais en exa- minant les longueurs d'onde pour lesquelles les différents corps ont le même coefficient d'absorption et en calculant les différences des fréquences qui correspondent à ces longueurs d'onde, on peut décider si les bandes sont seulement déplacées parallèlement l'une par rapport à l'autre, ou bien si réellement l'absorption est différente, c'est-à-dire si les hauteurs des bandes varient, les positions des maxima étant au même endroit. Le premier Tableau contient : i° les valeurs des coefficients d'absorption moléculaires 1 (calculés d'après la formule J = J0.io~ecd), pour les acides gras et leurs éthers en solution alcoolique; 20 les coefficients d'absorption des sels de sodium des acides formique et acétique en solution aqueuse. Nous avons publié, dans la Note du 3o décembre 191 2, les valeurs des coefficients d'absorption des acides gras et des éthers en solution aqueuse. SÉANCE DU 17 FÉVRIER I<)l3. 55l Tableau I. •Jlii. JIM. S!6Ô. s;88, 2 107. 2:i2!>. 23:18. 2'»8. 2366. 237Ô. 2380. 210o 2121. SOLUTIONS ALCOOLIQUES. Acide formique 48,4 35,4 '27 23,1 18.0 17,2 15,1 12,1 10,8 10,1 8,45 6,4 FormiaLe de me- tliyle... 70 59,2 38,8 3t .7 27 21, G 19,1 17,5 14,6 12, G 9,9 7,8 5,6 » «l'étliylc... 48, l 4o,4 27,4 a3,5 20.4 16,2 i5,i i4 10,2 9,2 7,8 5,0 4,5 » depropyle. 81 70 {8,4 4"i'i 3^> ".7 -!!-7 '9,4 l5'' '3,6 ">fi "-8 6''' Acide acétique 48,4 35 20 16,6 11 10,8 9,4 7,8 6,0 5,0 3,8 2.8 1,8 Acétate de mélliyle. j8,4 4o,', 22,2 16,2 14 10,8 7,8 fi, 3 4»? 3i6 2,8 'i9 ' >■'( » d'élhyle » 4o,4 26,8 19,4 i4 10,8 9,0 7,4 5.6 4,7 3,45 2,8 1,8 0 de propyle.. 4^-4 » » 19,4 '6,2 10.8 9. fi 8.3 6.4C 5,6 4-- 3,6 3, 06 » debutyle... » ',o., 27.fi ai, 3 16,2 10,8 9, S 8.3 6.2 5,i 3,8 2,8 1,8 Acide propionique . » 40,4 21.6 19.4 15. S 11,6 10.1 8,9 fi. 7 5. fi 4,6 3,36 2,4 Propionalc de mé- lliyle... 70 48,4 27,9 16,2 1 ', 10,8 7.8 6.8 4,2 3,8 3, a 2.16 i,5 » d'éthyle... « 444 27,5 21.J ifi.2 11, 3 10, a 9,4 7,8 G. 7 5. 2 0.7 2,8 ji depropyle. » fi4,7 > 35 27 iy.4 i|.'i 12, 3 10,1 7.2 5,6 4>2 3'- J-8 Acide butyrique nor- mal...'. 70 52,8 29,2 23,8 19,4 15,2 13,1 10.8 8,35 7,2 5,0 3.8 2.8 Uulyralcdcmétliyle. » » G8 4o,4 :}5 19,) ifi.2 i.,,4 ia loi8 7>'s S, 6 ! • a » d'élhyle » >u3 08 48,4 35 24,6 21.fi 17,8 i3,6 12 9,8 7,8 0.9 » depropyle. » » 2 3,2 r>9 '■''' '■■'- °'97 °i8 °y}'l " Acide acétique >■ 27 9,3 » 4-8 3,2 2.8 2.1G 1,62 1 . '1 0.95 0,54 Vcétate de sodium.. » 10.8 1,38 3,o 2,1'i i,5fi 1 . ', » » » » Le deuxième Tableau contient, pour les solutions aqueuses, les différences des fréquences v, — v2 = Av qui correspondent aux mêmes coefficients d'absorption, pour différents acides comparés entre eux. Tableau II. ô= 0,51. 0,8. 1,6, 2.8. 3,4. 1,0. i,C. 0.2. 7,4. 0,G. 10,8. 14. IV. 57. 31. Ac. formique ! *.v = 35,4 3 J , G 33.5 35.7 3i,c, 33, o 33,0 .13.', 33, i 3i,5 27.3-27.', a3,8 22 \r. acétique ' Ac. acétique j , .,/>-■. o c; v- Ac. propionique... !AV = X™ " '^ ,2'J " ° '*>* '>• ' ^ >''* '8'5 ,b>' "■' """ '°'° " Vc. propionique...» ^ 2 j 2 Ac. butyrique ....\ " ' Résultats. — i° Comparaison des èthers avec les acides correspondants. — L'absorption des rayons ultraviolets est presque la même pour les acides et les éthers correspondants; toutefois, si l'on examine déplus près les nombres 2440. 2160. 4,58 3 2,97 2>8 3-4 2,|0 5,2 3,2 1.4 0,7 0,9 0.5', 1 , a 0,54 2.6 3,0 i,3 <>. 5 1.5 0.9 0,98 0,54 1,63 i,i3 1,62 1,4 1,9 1,1 3, fi 2,6 4,8 3,5 8.6 7,18 2,33 1,70 3,2 3,16 1,4 o,9J » » 552 ACADÉMIE DES SCIENCES. on voit que les éthers absorbent un peu plus que les acides, surtout pour les courtes longueurs d'onde. Par conséquent dans un corps de formule C"H2'i+,COO — R l'absorption est déterminée par le groupement acide, le radical alcoolique ayant une influence faible. Il en résulte que, si Ton compare les coefficients d'absorption des étbers de différents acides, contenant le même radical alcoolique, on trouve les mêmes différences que pour les acides correspondants. 2° Comparaison des solutions alcooliques avec les solutions aqueuses. — Pour les régions de l'ultraviolet entre 2600 et 2i44> les solutions alcoo- liques absorbent plus fortement que les solutions aqueuses. Il est très pro- bable que ces différences soient dues au déplacement vers le rouge des bandes d'absorption dans l'alcool. Ce résultat est conforme à la règle de Kundt. 3° Comparaison des acides entre eux. — Les acides se placent, au point de vue de l'absorption, dans l'ordre suivant: acétique, propionique, formique, butyrique, valérianique. L'acide formique étant misa part, l'absorption devient de plus en plus forte lorsque le nombre de groupes de CIL augmente. Ces différences d'absorption sontdues surtout au déplacementdes bandes d'absorption vers le rouge, ainsi que le montrent les nombres du Tableau II ; en effet, les valeurs de Av oscillent autour d'une même moyenne lorsque l'on compare entre eux les différents acides. Par conséquent, l'augmentation du nombre de groupes CH2 dans la molé- cule des acides ne change pas la forme de la courbe d absorption ; elle produit surtout un déplacement des bandes d'absorption vers te rouge. 4° Comparaison des acides et de leurs sels de sodium. — Les sels de sodium des acides formique et acétique absorbent beauooup moins que les acides eux- mêmes; ce résultat pourrait être rapproché du fait que ces acides sont très peu ionisés, tandis que leurs sels le sont très fortement. CHIMIE'MINÉRALE. — Sur les sulfates chromiques violets. Note de M. A. Sénéchal, présentée par M. A. Haller. On admet généralement l'existence de deux sulfates chromiques violets : (SOryCr'rlSH'.O et (SO'')aCra.i5H-0. SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 553 D'après Weinland et Krebbs (' ) les modes de préparation, décrits par les auteurs comme donnant naissance au premier, conduisent toujours à un hydrate (SO")3Cra. i7HJ0. Le second a été obtenu par Schrôtter (2) en précipitant par l'alcool la solution chaude du sulfate chromique. Le sulfate chromique contient toujours des quantités plus ou moins grandes d'alun provenant des corps qui ont servi à le préparer. Quand on ajoute avec précaution de l'alcool à la solution du sel brut, l'alun se sépare d'abord; puis il se dépose du sulfate pur en paillettes nacrées de couleur violette qui contiennent, suivant la température et la concentration des liqueurs, des quantités d'eau variant entre 16 et i7,5(H20). Les sels basiques se concentrent dans les dernières parties. Les sulfates ainsi préparés, abandonnés dans l'air sec à la température ordinaire jusqu'au poids constant, donnent un hydrate(SO'')'Cr2.i4H20. Les tensions de vapeur des sels de composition comprise entre (S04)3Cr2 ,i4H20 et (S04)3Cr2. '7 ,25H20 it les valeurs : suivantes : Te usions en millimètres Hg. Températures. 17,25 (WO). 16,55 (iro). 15,77(H=0). l 5,05 (H20). 14,78 ( II- 0) 0 20,6 20, 1 » 11,0 11,1 » 29,3 24,4 •7.4 14,0 i3,8 .2,8 34,0 3i,5 24,2 ■9>« 18,4 .7,3 38,5 3g>! 3i>9 24,9 23,5 » 40,4 43,4 » 27>7 26,2 » Les tensions maxima s'établissent avec lenteur et l'équilibre n'est parfois atteint qu'après plusieurs jours. Cependant elles reprennent les mêmes valeurs quand, après avoir progressivement élevé la température on la fait ensuite décroître. On est ainsi conduit à admettre l'existence des espèces définies (SO)3Cr2.i7H20, (SO)3Cr2.i6H*0, (SO')3Cr2. i5H20, L'étude des vitesses apparentes de déshydratation donne le même résultat; ces vitesses changent brusquement de valeur quand le sel, perdant de l'eau d'une manière continue dans une atmosphère sèche, passe par la composition qui correspond à ces hydrates. (') Weinland et Krebbs, Zeit. anorg, Chem., t. XLIX, 1906, p. 137. (2) Schrôtter, Ann. Phys. Chem. Pogg., t. LUI, 1841, p. 5 1 3. 554 ACADÉMIE DES SCIENCES. Leurs chaleurs de dissolution sont à i4° : Cal. (S04)3Cr!.i4H20 10, i3 j (S04)3Cr5.i5H20 8,3o i mol-g (SOv)sCr2.i6H20 7,49 l dans 24' d'eau. (S0*)*Crs.i7H*0 6,35 1 Le sulfate (SO4 )3Cr3. 14H-O se déshydrate très lentement dans le vide sec à la température ordinaire. 2K, 5 de sel, maintenus pendant i5 jours en présence d'anhydride phos- phoriquesous une pression de omm, 1 , ont perdu 0,19 mol-g d'eau. La tension de vapeur, très petite à la température ordinaire, est de l'ordre de 3mm à 29", 3. Contrairement à ce qui a lieu avec les hydrates plus riches en eau, on n'observe pas de tension fixe à une température déterminée. Celte tension varie et devient plus grande quand, après avoir élevé la température, on ramène celle-ci à sa valeur initiale. L'hydrate (SO')'Cr2. i4H20 ne paraît donc pas obéira la loi des tensions fixes. Au voisinage de 3o° il commence à subir une transformation profonde, en même temps qu'il émet la vapeur. Cette transformation devient surtout importante au-dessus de [\ou et on la rend manifeste en éliminant l'eau qui s'y oppose par action de masse. Le sel, maintenu dans le vide sec à 4o°, change d'aspect, verdit peu à peu et se transforme en un sulfate complexe dont les ions (SO*) sont par- tiellement dissimulés. La vitesse apparente de déshydratation demeure d'abord constante, puis décroît brusquement au moment où le sel passe par la composition (SO)3Cr«.i2H!0. La quantité de complexe vert formé est alors très faible (environ 5 pour 100 du poids du sel mis en œuvre). La transformation du sel violet en sel vert, et la déshydratation du sul- fate (SO*)3Cra . i4H30 sont donc deux phénomènes distincts qui ont lieu, dans les mêmes conditions, avec des vitesses différentes. Le second donne naissance à un sulfate violet (SO')3Cr2. i2H20, et ce sel, très instable, tend à se transformer déjà à 3o°, dans le vide, en complexe vert. Il est, conformément aux vues de Werner, le sulfate violet le moins hydraté, et contient i2mt)1 d'eau de constitution qui ne peuvent donner lieu à des tensions fixes de vapeur. Les différents sulfates ebromiques violets peuvent donc être représentés à SÉANCE DU 17 FÉVRIER 10,13. 555 l'état solide par les formules de constitution (SO*)3[Crs(Hs.O)ls], (S04)3[Cr2(Hs0)12], 2IP0. (SO*)»[Cr*(H80)"], 3U-0. (SO*)3[Crs(HsO)»!], 4H20, (SO)3[Cr»(HsO)'2], 5H20. chimie organique. Sur /'acide phênyl-a.-oxycrotonique. Un exemple iV élhcr-oxyde d'hydrate de ce'tone. Note de M. J. Rougault, présentée par M. Haller. Dans une Note sur ce sujet ( ' }, j'ai fait connaître un composé de loi- mule (?"H'J1 AzO" auquel j'ai été conduit à attribuer la constitution ( I |, comportant l'existence d'une fonction éther-oxyde d'hydrate de célone. Ce corps, traité par le permanganate de potassium eu solution acide diluée, donne une réaction inattendue aboutissant à la formation d'un composé C20H,9AzO3, différant du précédenl par perte de H20 -t- H202; je lui donne la constitution ( Il ). 11 cgh5.chs.chî,c — c;<» o 1 No \/ CGH'.CH3.CHi.C(OH ) — COAïH* C«HS.CH*.CH*.C C< > il) 1 11 1 Ce nouveau compose fond à 120". Il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'acétone, le chloroforme, l'éther, peu soluble dans le ben- zène froid, insoluble dans l'éther de pétrole. En admettant la formule de constitution donnée ci-dessus, on voit que la perle de H2G a créé une fonction imide, et que la perte de H2Os s'esl faite par le départ de 2( OH) tertiaires avec soudure directe des deux car- bones auxquels étaient attachés les 2 (OH ). J. La fonction imide est démontrée : 1" par les propriétés de pseudo- acide que possède le corps (>'° H,J Az O3 (ne décomposant pas les carbo- nates alcalins à froid, bien que pouvant se titrer approximativement à la phtaléiue du phénol): 2" par sa transformation, d'abord en acide amidé (') Comptes rendus, t. I5(>, j 9 1 3 , p. 236. C, r.., 191a, 1" Semestre- (T. 156, N" 7.) "' 556 ACADÉMIE DES SCIENCES. CJIJ II-' A/. < ) ' ( |>. I. 171") sous l'action dos sol niions chaudes de carbonate de soude, |>uis en acide bibasique G20 II2" O3 (p. f. 204") par action des alcalis, avec départ d'ammoniaque; i° par la formation d'un étlier méthy- lique ( |>. I". cS(")n) où CH1 est fixe à l'azote, car l'action des alcalis, conduite connue ci-dessus, dégage finalement de la mèthylamine au lieu d'ammo- niaque, en aboutissant encore à l'acide bibasique C"°H-"<)5, fondant à :>,o\". II. La présence de la fonction imide étant parlai te m eut prouvée, le groupe- ment 'yA/.W s'impose dans la formule de constitution (II), et, dès lors, on voit, en examinant la formule (I), que l'élimination de H2 O2 ne peut guère s'exprimer «pie par le départ dcs:>(Oll > tertiaires, ainsi que je l'ai admis. Cette interprétation trouve un appui expérimental dans le tait (pic l'union des deux chaînes benzylpyruviques est devenue beaucoup plus intime dans le nouveau composé, lui effet, tandis (pie le composé ( I ). comme je l'ai indiqué dans ma Note précédente, se décompose facilement par ébullilion, avec une solution aqueuse de carbonate de soude, le nou- veau composé (II) résiste à cette action, ouvrant seulement sa liaison imide pour donner l'acide amidé. Toutefois, les alcalis caustiques, après (> heures d'ébullition, dédoublent le composé ( II) avec formation d'acide benzylpyruvique, d'acide hydrocinnamique cl d'autres produits non déterminés. Remarquons d'ailleurs que l'acide bibasique (pJ f. ao/j0) correspondant à l'imide (II) est encore plus résistant que ce dernier; il peut être chauffé plusieurs heures, à l'ébullition, avec un excès de soude dilue sans être altéré. III. En dehors de la formation Inattendue d'une fonction imide dans la réaction au MnO'k étudiée ici, le départ de l|-<)'-' avec établissement d nue liaison entre carbones, me parait particulièrement intéressant, en ce qu'il constitue un exemple de réaction de Wagner inversée. On sait, en effet, que dans cette réaction, sous l'action du permanganate de potassium, ■j. (OH) sont fixés sur deux carbones voisins ( 1 011 sur chaque carbone) avec suppression d'une liaison entre ces deux carbones; or, c'est l'inverse que l'on constate dans la réaction qui fait l'objet de cette Note. SÉANCE DU 17 FÉVRIER T 9 1 3 . ;">57 chimie analytique. — Sur le dosage des carbures acèlylèniques et des car- bures éthyléniques dans les mélanges d'hydrocarbures gazeux. Noie (') de MM. I*. Le beau et A. Damiens. présentée par M. 11. Le Chatelier. L'analyse d'un mélange d'hydrocarbures galeux renfermant à côté des carbures saturés des carbures éthyléniques et acétyléniqùës, comprend, comme première opération, le dosage et l'élimination de ces deux dernières séries d'hydrocarbures. On emploie le plus souvent, pour l'absorption des carbures acétyléniqùës, le chlorure cuivreux ammoniacal et, pour celle des éthylériiques, le brome. On sait combien la manipulation du chlorure cuivreux ammoniacal est désagréable, lui outre ce réactif, très altérable, a la propriété de dissoudre en notable quantité el dans des proportions variant avec sa composition les carbures éthyléniques. L'emploi du brome n'est guère plus séduisant el nécessite le transport des gaz sur la cuve à eau. ce qui constitue une impor- tante cause d'erreur. Nous avons réussi à substituer, à ces réactifs classiques, des liquides d'un usage plus commode et permettant d'effectuer l'analyse d'un mélange gazeux exclusivement sur la cuve à mercure. I. Carbures acétyléniqùës . — Le réactif auquel nous nous sommesarrêtés pour l'absorption des carbures acétyléniqùës est une solution alcaline d'iodo- mercurate de potassium. L'acétylène se dissoul simplement dans une solution d'iodomercurate; mais par addition d'alcali il se produit, ainsi que Ijerthclot l'a démontré, une combinaison mercurique sous forme d'un pré- cipité blanc En étudiant l'influence de l'alcalinité et de la concentra lion des solutions d'iodo- mercurate de potassium sur l'acétylène el l'allylène, nous avons finalement adopté pour le réactif la formule suivante : lodure mercurique 25 lodure de potassium . 3o Eau distillée 100 Pour éviter l'emploi d'une solution caustique, nous alcalinisons le réactif, dans _ le tube même où doit se faire l'analyse, au moyen d'un petit fragment de potasse. (') Présentée dans la séance du 3 février 191 3. 558 ACADÉMIE DES SCIENCES. icmS de ce réactif ainsi alcalinisé absorbe environ vingt fois son volume d'acétylène. Le précipité formé se dépose très vite et ne gène pas pour la lecture du volume gazeux restant. La sensibilité du réactif équivaut à celle du chlorure cuivreux ammoniacal. Nous avons pu déceler -,'— de milligramme d'acétylène dilué dans un gaz inerte. La solubilité des carbures éthyléniques dans ce liquide est sensiblement la même que dans l'eau. On peut d'ailleurs, pour éviter toute correction, extraire complètement les carbures dissous en faisant le vide à l'aide de la trompe à mercure. 2. Carbures éthyléniques. — On sait que les carbures éthyléniques peuvent être absorbés par l'acide sulfurique; mais dans le cas de l'éthylène mars 1912). î6o ACADÉMIE DES SCIENCES. plas haute que celle de H et parce que celle de la dilution correspond à la limite au- dessus de laquelle les graines germent dans les solutions elles-mêmes. Ce qui frappe dans cette courbe, c'est qu'elle se montre concave vers le liant parce <|iie B est entre A et C et parée que les ordonnées de A et de < '. sont plus grandes «pie celle de B. J'ai ajouté, en outre, que ces faits ne sont pas particuliers à l'alcool ni au Cresson alénois puisque j'ai pu obtenir des faits comparables et con- struire des courbes de même allure avec le Radis et avec le chlorure de sodium, dans des expériences de contrôle menées assez rapidement, mais qui m'avaient paru concluantes. Toutefois, je ne m'en suis pas tenu là et, quand le temps me l'a permis, j'ai voulu voir cv qui se produirait avec d'autres sels. Pour cela, j'ai entrepris une. longue série de germinations avec graines de cresson alénois; après des séjours de plus en plus longs dans 10 solutions de neuf sels : chlorures, nitrates el sulfates de Na, de K et d'AzH', ce qui faisait, un total de t)0 solutions, .le ne puis songer à tout décrire ici: je désire seulemenl signaler les faits principaux et surtout schématiser les résultats saillants dans un Tableau de courbes. Je dois dire d'abord que j'ai fait des opérations parallèles dont l'en- semble a pris plus de /jo jours et, ensuite, (pie je me suis efforcé de recher- cher surtout les points B et C, sans négliger le point A. Mais, au sujet de ce dernier point, je me trouvais limité expérimentalement par la solubilité des sels employés; je ne devais l'envisager que pour une certaine dilution où m ne pouvait dépasser celte solubilité à la température des expériences. Les solutions étaient faites avec des sels purs fournis par la maison Poulenc; pour chaque sel, la série des dix solutions comprenait : la solution satinée à i .">". température qui devait être toujours inférieure à la tempé- rature du laboratoire aux mois d'août et septembre; puis neuf autres solu- tions de dilutions relatives ( — i ) égales à i , 3, 5, . . . , 5 1 i . Dans la série principale des expériences, 3oo graines furent mises dans chaque solution, au début et, successivement, après des séjours de plus en plus longs, j'en retirais dix graines que je lavais et mettais à germer sur une mince couche d'eau; il ne restait plus qu'à noter la germination ou la non-germination. Tout cela m'a fourni de nombreux Tableaux d'où je tire les courbes el les nombres suivants. Mais remarquons bien que, étant donnée la longueur des opérations et des expériences, je n'ai pu entier dans les détails, ni répéter les contrôles: que deux solutions consécutives d'un même sel étant assez différentes l'une SÉANCE L)LI 17 FÉVRIER I913. 56r de l'autre, je ne puis donner que des moyennes, desapproximations et je dois mécontenter de l'allure générale quitte à revenir, plus tard, aux détails intéressants. Cette allure générale est suffisamment indiquée dans les courbes sui- vantes qui. ont été construites en portanl sur L'axe tics x la concentration en molécules-grammes el sur l'axe des r, la durée en jours de l'immersion dans les solutions salines; elles sont comprises entre le point A, à droite, el le point C, à gauche. Je dois dire que, dans le groupe des nitrates, j'ai légèrement déplacé la courbe du Na vers la droite et la courbe de l'AzH1 vers la gauche pour dégager celle du K . ,- j1; 4 / 1"* «j. m,ià :UÂea ï- 9 ■. HiNa léj ? \ \- ■ ' -K . . 15 i T ■' AiH' / ,»! 0 ■ > \ • / '»i 5 I I \ \ I a! | X r ' t h - ■ " i II 10 i S é<*-l •fa I < c i l M_ 1 \ ! M ..: V'|\ 1 i » . • i • M 1 \ 1 I i; 1 i \S / * \ \| \ 1 j A : * J . 5 ■': \ V ' ^ittidU-.* S^ ■ " \ K:\ ,."''1 l ! » _.* ^ S ^ * "* I ■' I I « ' * . '* ■-- 1 — "1 ■*»■' - ■*■> Il •! S'I i jl ""'ô î| S * *| 3 4 5 Courbes des limites de germinali avec les temps pour ordonnées el les concentrations en molécules grammes pour abscisses — Wcc les dilutions relatives ou absolues pour abscisses, ees courbes seraient plu~ étalées. La place me fait défaut pour interpréter ces courbes; mais elles sont assez éloquentes par elles-mêmes. A part celle du nitrate de k, elles sont toutes concaves vers le haut; dans toutes, les ordonnées de A et de G sont plus glandes que celle du point H compris entre les points A et C. Quant au nitrate de k, il ne fait pas nécessairement exception ; sa solubilité rela- tivement faillie ne permet pas de se rendre compte expérimentalement de 5Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES. ce <|iii se [lasserait à droite de la courbe si cette solubilité était plus grande. D'autre part, on voit que si la force osmotique joue un rôle dans les phé- nomènes étudiés, elle est loin de les diriger uniquement ; il y a, à ce point de vue, des différences marquées entre les sels employés. Les courbes sont groupées par sels, pour les mêmes acides, elles pourraient l'être autre- ment ; de toute manière, elles sont intéressantes par les renseignements qu elles donnent sur l'action relative des ions qui interviennent. botanique. - Variations de volume du noyau et de la cellule chez quelques Fougères durant la prophase hètèroty pique. Note de M. IL de Litardière, présentée par M. G. Bonnier. Au cours de mes travaux cytologïques sur les Fougères, j'ai étudié les variations que présentent les volumes du noyau et de la cellule durant la prophase hétérotvpique: cette Note contient les résultats que j'ai obtenus chez diverses espèces : Polytiichum aculeatum Schott, Dryopteris Filiae-mas Schott, Asplenium Trichonianes\,., Asplenium Adiantum-nigrum L.. Phyl- lilis Scolopendrium ï\e\\m., l'oly podium vulgarc L. En suivant l'évolution du noyau, on constate tout d'abord d'une manière générale, du présynapsis au synapsis, un accroissement de volume. Cet accroissement est de io3o" pour le Polypodium (' ), 6iBv? pour 1.1. Tricho- rnanes, 556T pour l'A. Adiantum-nigrum, S-iov' pour le ï). Filix-mas, 482^ pour le Pliyllilis, 3^7 "" pour le /'. aculeatum. Du synapsis au stade du spirème déroulé, les espèces étudiées se comportent suivant trois types : 1" le volume diminue considérablement (diminution de 725'i1 pour le Poly- podium); -2" le volume reste à peu près stationnaire (diminution de ">or pour VA. Trichomanes, 211*' pour l'A. Adiantum-nigrum ; augmentation de >ir pour le Phyllitis ); 3" le volume augmente chez le D. Filix-mas. /|G%[' , el le /'. aculeatum, 283fi\ Du spirème à la diakinèse, on constate un accrois- sement générale de volume {Polypodium, 93c11'; A. Trichomanes, '\'\i^ \ /'. aculeatum, 1 ^H^1 ; A. Adiantum-nigrum, 17 11' ; D. Filix-mas, 120'*'; Phyl- litis, 11»1''). L'accroissement diakinétique est inférieur à l'accroissement synaptique ; malgré cela, c'est à la diakinèse que l'on observe le maximum de volume du noyau. Les courbes représentées ci-contre résument ces variations. ( ' ) Les chiffres indiqués clans cette Note représentent la moyenne de vingt mesures. SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 563 Les courbes relatives à l'évolution de la cellule sont presque tout à fait comparables à celles du noyau : d'abord accroissement du présynapsis au synapsis, mais plus considérable que celui du noyau ; puis du synapsis au spirème, diminution très sensible du volume cliez le Polypodium, où il devient inférieur de 268^ au volume présynaptique, faible diminution chez les A. Trichomanes et Adianlurn-nigrtim, P. Aculealum et enfin léger accrois- sement chez le Phyllilis et le D. Filix-mas ; du spirème à la diakinèse, il y a augmentation de volume et, comme cela a lieu pour le noyau, l'accrois- 3050 . - — -v^** /\ ** s &roo / ^<" ** / / S* >v / / ' ^\r 2ooo / ,'' / f S' ..» y' 1S0D y — « yy ♦ ♦ - s******^ * * * 1000 yy,-",^ /<■■> «'. * •* m "* mf SCO Etap« Etape Stad*, Variations du volume du noyau durant la propliase hétérotypique. Polypodium vulgare L. : Asplenium Adiantum-nigrum L. Dryopteris Filix mas Schott : — Trichomanes L. Polystic/ium aculealum Schott : Phyllilis Scolopendrium Newm. -+- -t- -+- sèment diakinétique est inférieur à l'accroissement synaptique. Le maximum de volume de la cellule est à la diakinèse, sauf pour le Polypodium, qui le présente au synapsis. Les volumes diakinétiques et synaptiques de la cellule- mère du P. aculealum sont à peu près semblables. Les diverses espèces que j'ai étudiées offrent donc des différences assez sensibles dans les variations de volume du noyau et de la cellule. Le D. Filix-mas et le P. aculealum ont un processus d'évolution nucléaire ana- logue; les courbes des deux Asplenium et du Phyllitis ont beaucoup de ressemblance entre elles; celle du Polypodium constitue un type à part. Pour les variations de la cellule, il y a également une grande similitude dnas C. R., iqi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 7.) 72 564 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'allure des courbes du D. Filix-mas et du P. aculealum; les Asplenium se com- portent différemment de ces derniers, de même le Phyllitis et le Polypoditirn , On ne peut donc formuler de loi générale de variation de volume; toute- fois, il semble bien établi qu'il se produit, au début de la propbase hétéro- typique, une grande augmentation de volume du noyau, de la cellule et aussi parfois du cytoplasme, comme il est facile de le calculer par différence des volumes. L'accroissement général du noyau que l'on observe du pré- synapsis au synapsis est dû à une augmentation considérable de l'enchy- lème, comme l'ont déjà indiqué MM. Lubimenko et Maige, Lawson, Gates chez d'autres végétaux. Quant à celui du cytoplasme, il est probablement la conséquence d'une prolifération des fibrilles du réticulum, dont les mailles paraissent bien plus serrées au synapsis qu'au présynapsis ou au stade quiescent. Ces variations, surtout celles du noyau, sont probablement caractéris- tiques d'un groupement systématique, comme semblerait le montrer l'ana- logie que l'on observe d'une part dans celles des Asplenium Trichomanes et Adianlum-nigrum, de l'autre dans celles du Dryopteris Filix-mas el du Polys- tichum aculealum dont la distinction générique est si peu sensible que cer- tains auteurs les considèrent comme appartenant au même genre. Il serait nécessaire de poursuivre des recherches dans ce sens en étudiant les varia- tions de croissance chez un grand nombre de types de chaque famille. Outre l'intérêt que ces études pourraient avoir au point de vue systématique, elles permettraient sans doute d'élucider bien des problèmes de cytologie. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la migration des éléments minéraux et sur le déplacement de ces éléments chez les feuilles immergées dans Veau. Note de M. G. André, présentée par M. Armand Gautier. Les phénomènes d'hydrolyse que subissent les feuilles fraîches immergées dans l'eau, additionnée de quelques gouttes de formol, résolvent peu à peu en éléments plus simples les principes immédiats que ces feuilles contiennent à l'état normal, et ces éléments passent alors dans le liquide qui les entoure. J'ai montré récemment (Comptes rendus, t. 155, 191 2, p. 1028), en prenant comme exemple les feuilles du Châtaignier commun, que, en conséquence de ces phénomènes, les feuilles qui tombent à l'automne pouvaient restituer au sol, dans un espace de temps assez court, la majeure partie de l'acide pliosphorique el la presque totalité de la potasse qu'elles avaient immobilisés durant leur développement. I. J'ai poursuivi cette étude pendant l'année 1912 et je l'ai étendue SÉANCE DU 17 FÉVRIER IC)l3. 565 à tous les éléments normaux de cette feuille. 200 feuilles fraîches de Châtaignier ont été récoltées aux époques indiquées ci-dessous. Voici les quantités de substances qui y étaient contenues, quantités rapportées à ioos de matière séchée à 1 io° : Phosphore Soufre lotal (calculé total (calculé Azote total. enPO'H3). en SO»). CaO. MgO. K20. g s R tes 2 juin 1913.. . . 2,3797 0,7712 0,6276 0,9348 o,4i66 ' , 2 1 37 39 juillet 2,1791 0,58^0 » » » 1,2988 a5 septembre. . . i,84o5 o,5g55 0,9895 i,9'93 0,4724 ',4o'7 On remarquera d'abord que ces chiffres diffèrent très sensiblement de ceux que j'ai trouvés aux époques correspondantes de l'année 1 91 1 (loc. cil.). La proportion des matières minérales et celle de l'azote total sont moins élevées en 1912 qu'en 191 1 . L'explication doit en être cherchée dans la différence évidente de la transpiration des feuilles pendant ces deux années, la température ayant été notablement plus élevée en 1911 qu'en 191 2. Dans les deux cas, d'ailleurs, la migration de l'azote et celle des matières salines se sont effectuées dans le même sens; le taux de l'azote et celui de l'acide phosphorique éprouvent une forte diminution à mesure que la feuille avance en âge; le taux de la potasse, au contraire, s'élève légèrement. La chaux et le soufre total (calculé en SO3) croissent dans des propor- tions notables entre le 2 juin et le 25 septembre. Cette augmentation du soufre ne peut s'expliquer que, par une accumulation de sulfate de calcium pénétrant dans l'organe jusqu'aux dernières périodes de sa végétation. En effet, l'azote albuminoïde entraînant, par suite de sa migration, une cer- taine proportion de soufre, celui-ci aurait dû diminuer; mais son départ a été compensé, et au delà, par l'arrivée de sulfate de calcium qui s'est accumulé dans les feuilles sans y trouver d'emploi. D'ailleurs, la presque totalité du soufre se rencontre à l'état purement minéral, car la dose de cet élément qui entre dans la constitution du noyau albuminoïde est de i,5 à 2 pour 100 au plus. En ce qui concerne la chaux, le fait de l'augmen- tation de cette base avec l'âge de la feuille est général. Si la majeure partie de la chaux est combinée à l'acide sulfurique, une autre partie se rencontre dans la feuille à l'état de combinaison avec les acides organiques, et, vers l'époque de sa chute, sous forme de carbonate déposé par évaporation du bicarbonate ou provenant de la destruction par oxydation des acides organiques. 566 ACADÉMIE DES SCIENCES. La migration de l'azote et celle du phosphore (calculé en PO* H3) présente également des différences remarquables d'une année à l'autre : cette migration est beaucoup plus accusée en 1911 qu'en 1912, en raison de la différence même des conditions météorologiques. II. L'immersion des feuilles dans l'eau a fourni les résultats suivants, rapportés à ioos de matière séchée à 1 io°. ( A = poids des substances ayant exosmosé dans l'eau au bout d'un mois ; B = poids des substances demeurées dans le résidu insoluble; C = poids des substances dans ioos de feuilles à l'état initial; D = quantité de sub- stance ayant exosmosé pour 100 parties de la quantité totale.) Phosphore total Soufre total Azote total, (calc.en PO'H3). (cale, en SO3). Ca 0. MgO. K20. 2 juin, A o,i45g o,5ooi o,3565 0,1872 0,211 3 1,1079 B 2,2338 0,2711 0,2711 0,7476 o,2o53 o,o558 C 2,3797 0,7712 0,6276 0,9348 o,4i66 1,2137 D 6,19 64,84 56, 80 20, o3 50,72 95,39 29 juillet. A 0,0690 0,4062 » » » 1,1574 B 2,1101 0,1778 » » » o,i4i4 C 2,1791 o,584o » » » 1,2988 D 3,17 69,54 » » » 89,10 25 septembre. A 0,1161 0,3781 0,6754 0,4208 0,1905 1,2326 B 1,7244 0,2174 o,3i4i 1,4987 0,2819 0,1691 C i,84o5 0,5955 0,9895 1,9190 0,4724 1,4017 D 6,3o 63,48 68,25 21,92 4°, 32 87,93 Il résulte de l'examen de ces chiffres que les quantités d'azote, d'acide phosphorique et de potasse éliminées au bout d'un mois, dans l'eau où baignaient les feuilles, sont du même ordre de grandeur que celles qui ont été fournies par les feuilles de l'année 191 1. La chaux est l'élément salin qui résiste le plus à l'exosmose : le cinquième seulement de cette base a passé dans le liquide extérieur, alors que l'exosmose de la magnésie a été bien plus considérable. L'élimination de l'acide sulfurique est comparable à celle de l'acide phosphorique, comme si la majeure partie du soufre et du phosphore était engagée, à toutes les périodes de la végétation, dans des combinaisons salines facilement dialysables après la mort de la feuille. SÉANCE DU 17 FÉVRIER I()l3. 567 CHIMIE BIOLOGIQUE. — Formation de Vurèe par les végétaux supérieurs. Note de M. R. Fosse, présentée par M. E. Koux. Ce corps, dont la présence dans le règne végétal n'était connue que pour quelques champignons (Bamberger et Landsiedl, Gare, Goris et Mascré), a été déjà caractérisé par nous dans nombre de végétaux supérieurs (Comptes rend us, t. 155, p.85i). Mais, comme l'urée existe aussi dans la terre cultivée (Ibid.), on ne peut décider, a priori, si elle est engendrée par la plante ou simplement puisée par sa racine dans le sol avec les sels minéraux nutritifs. Les animaux ne sont pas les seuls êtres vivants capables de produire l'urée, la cellule végétale possède aussi cette faculté, ainsi qu'en témoignent deux moisissures et de nombreuses plantes d'organisation élevée. Nous avons précédemment établi que V Aspergillus niger et le Pénicillium glaucum créent de l'urée en culture aseptique pure à partir du sucre et de l'ammoniac; dans cette Note, nous démontrerons que le même corps prend également naissance, mais avec plus d'abondance, lorsque le blé, Y orge, le mais, le pois, le trèfle, la fève consomment les matériaux de réserve de leur graine pendant le phénomène de la germination. i. Caractérisation de Vitrée dans la graine, en germination. — Après l'avoir décelée d'abord dans le pois maintenu 8 à 1 o jours à l'étuve vers 2a0, sur la ouate humide, nous avons effectué de nouvelles expériences au sein du sable siliceux, lavé et calciné, humecté d'eau distillée, exposé à la lumière et à la température du laboratoire. En suivant les indications de M. P. Mazé, les plantes récoltées étaient robustes et sans trace apparente de moisissure. Le végétal âgé de 1 mois, haut de 1 2tm à i5'ra, lavé à l'eau distillée, est broyé avec de l'acide acétique et le produit épuisé par l'alcool fort. Le résidu de la distillation dans le vide des liqueurs alcooliques est repris par l'acide acétique et la solution additionnée de xanlhydrol. 1-e précipité, recueilli par centrifugation, est lavé à la potasse chaude, à l'alcool froid, pour être finalement dissous dans un peu de pyridine bouillante. Poids d'urée di-xanthylée cristallisée, correspondant à i5R,5 de plante sèche : 0^0695. Rendement en urée pour ikg de plante sèche y compris les cotylédons : os,64. 568 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'urée a été décelée en procédant ainsi dans : Le blé ayant germé sur l'eau de chaux, 24 heures à l'étuve et ensuite 11 jours à la température du laboratoire; Le trèfle soumis aux mêmes conditions; La fève des marais après 6 semaine de germination; Le malt d'orge, non touraillé, des brasseurs. 2. Présence de l'urée dans des graines à l'état de repos. — En opérant sur iooK de graines, préalablement lavées superficiellement à l'alcool, puis séchces et finalement réduites en farine très fine, nous avons obtenu un résultat négatif pour le lupin blanc et la fève des marais, positif pour le blé, le mais et le pois. La dose d'urée, isolée sous forme de sa combinaison di-xantbylée, plus grande pour le pois que pour les deux autres semences, n'atteignait cepen- dant pas un centigramme par kilogramme de graine sèche. 3. Accumulation de Purée dans l'embryon, son absence ou sa raréfaction dans les cotylédons. — Fève des marais. — Après 6 semaines de germina- tion, les plantules, très vigoureuses, furent séparées des cotylédons et l'urée recherchée dans chacune de ces deux parties. Tandis que des cotylédons (98e à l'état frais) on ne put en extraire la moindre trace, les plantules (70e à l'état frais) donnèrent os,o55 d'uréine recristallisée, c'est-à-dire og, 112 d'urée par kilogramme de plantule fraîche. L'urée a été également décelée, et avec la plus grande facilité, dans les radicelles du malt d'orge des brasseries, desséché à basse température, et dans l'extrait de touraillon ou maltopeptone commerciale . Embryon du haricot. — 20B de germes, provenant de la décortication industrielle de ce légume, ont fourni près de icg d'uréine recristallisée, tandis que 5ooK de cotylédons de la même graine (décortiqués du com- merce) n'ont produit qu'une trace de ce corps. 4. Présence de l'urée dans la plantule du mais, ayant germé asepttquemenl, et dans la plante adulte, développée sur liquide nutritif stérile, d'après les méthodes de M. P. Mazè. — Ces deux faits ont été reconnus par l'examen des plantes que M. P. Mazé a eu l'extrême obligeance de mettre à notre disposition. Il en résulte nettement que la cellule végétale est, à elle seule, capable de créer l'urée sans le concours des micro-organismes. SÉANCE DU 17 FÉVRIER lÇ)l3. 56g OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Une théorie de la vision. Note de M. Tscherxixg, présentée par M. Lippmann. Parmi le très grand nombre de points que l'œil peut voir à la fois, c'est- à-dire sans faire un mouvement, il y en a un qui se distingue des autres, c'est le point de fixation. Il n'est pas possible de dire ce qui caractérise ce point. Si l'on regarde une surface uniforme, on n'a pas la sensation qu'il y ait un point qui se distingue des autres, mais si l'on y marque un point, on a la sensation très nette, si on le fixe ou non. S'il y a deux points, on peut dire lequel on fixe; on peut diminuer la distance entre eux: tant qu'on peut voir qu'il y a deux points, on peut dire lequel on fixe. Il en résulte que le point de fixation doit correspondre à un seul élément réti- nien. J'appelle cet élément, élément principal, les autres, éléments accessoires. Figurons-nous un instant l'élément principal lumineux. En supposant l'œil emmétrope, il en sortirait un faisceau lumineux cylindrique, ce fais- ceau rencontrerait, près ou loin de l'œil, un objet qu'il éclairerait. Par suite de la réversibilité des processus optiques, cet objet pourrait, à son tour, éclairer l'élément rétinien. On pourrait se figurer le cylindre comme une sorte d'antenne invisible, attacbée à l'œil et mobile avec lui ('). Je désigne cette antenne, qui nous renseigne sur le monde extérieur, sous le nom de photophore. Nous nous servons du pbotopbore à peu près comme le chirurgien se sert de sa sonde. Ce qu'il sent, ce sont en réalité les vibrations des molé- cules constituant les parties de la sonde qu'il touche avec ses doigts, mais il a la sensation de toucherles parois de la cavité avec le bout de la sonde. De même, nous ne sentons pas l'éther vibrer contre notre rétine, mais nous croyons toucher les objets extérieurs avec le bout de notre sonde d'éther. Si nous n'avions qu'un seul photophore, nous serions à peu près dans la situation d'un aveugle qui se guide en tâtant avec sa canne. La supériorité de la vision réside surtout dans le fait que nous possédons un nombre énorme d'éléments rétiniens, par conséquent, un nombre énorme de photo- phores, allant de la pupille, leur base commune, dans toutes les directions. (') La conception ne correspond à la réalité qu'à la condition qu'on puisse négliger le temps que met la lumière pour arriver de l'objet à la rétine. Il faut remarquer que c'est aussi la condition de toute véritable vision. 570 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les photophores accessoires peuvent hien nous donner des indications sur la forme des objets extérieurs, mais leur rôle principal consiste à attirer notre attention sur un des points environnants que nous fixerons ensuite. Il faudrait donc se figurer l'œil muni d'un appendice invisible, de forme conique. La poiute du cône serait la pupille, la base formerait une surface composée d'une mosaïque sensible, image nette ou diffuse de la rétine. Cette surface, que j'appelle la rétine apparente, a la forme de l'ensemble des objets qu'on peut voir à un moment donné; elle s'y moule pour ainsi dire. L'ins- tant après, l'œil change de direction et la surface terminale change de forme, et ainsi de suite. Comme le chirurgien se sert de sa sonde en la déplaçant constamment, nous déplaçons constamment le regard pour scruter le monde extérieur. Lorsqu'on regarde autour de soi dans la pièce dans laquelle on se trouve, on dit communément que les images des murs, des objets, etc., se déplacent sur la rétine. Je dirais, et avec autant de raison, il me semble, que nous promenons notre rétine apparente sur ces objets. Quoique la comparaison puisse paraître bizarre, il existe une grande analogie entre la manière dont la rétine apparente nous renseigne sur la pièce et la manière dont la langue nous renseigne sur les particuliarités" des parois de la cavité buccale, dans les deux cas nous tâtons les parois avec une surface couverte d'une mosaïque de points sensibles. Comme la mosaïque est beaucoup plus fine dans la fovea apparente, elle l'est aussi sur la pointe de la langue. Quelle différence y a-t-il au fond ? Évidemment, la nature des agents est autre. Dans l'un des cas c'est la dureté des surfaces, leur degré de poli, etc., qui agissent; dans l'autre ce sont leur clarté et leurs couleurs. Et la nature des sensations est autre: dans l'un des cas nous sentons, dans l'autre nous voyons. Mais, en dehors de cela, je ne vois qu'une seule différence : l'œil peut^?.re/- un point, la langue ne le peut pas. HISTO-PHYSIOLOGIE. — Sur l'asymétrie du corps ciliaire et sur son impor- tance dans l' accommodation astigmique et les mouvements du cristallin. Note de M. Jacques Mawas, présentée par M. Henneguy. On sait que la rétine s'étend inégalement à la périphérie du corps ciliaire et qu'elle se rapproche beaucoup plus du limbe cornéen du côté nasal que du côté temporal. Cette disposition anatomique a pour conséquence : i°la forme rétrécie du segment externe du champ visuel normal, c'est-à-dire SÉANCE DU 17 FÉVRIER IQI3. Sfll du champ visuel du côté temporal; 2° une notable asymétrie du corps ciliaire, puisque la rétine est plus étendue d'un côté que de l'autre. Cette asymétrie du corps ciliaire est donc inversement proportionnelle à celle que présente la rétine. Ce dernier fait n'a pas assez attiré l'attention. Nous n'avons trouvé sur ce sujet que les mensurations faites par Terrien, en 1898, sur des yeux humains, et l'on ne lui attache d'ailleurs aucune importance physiologique. Or, il est évident que, grâce à cette disposition, le nombre, la longueur et la force des fibres zonulaires seront loin d'être les mêmes suivant qu'on les considère du côté temporal ou du côté nasal du corps ciliaire. D'un côté, les fibres zonulaires seront, grâce à l'étendue plus considérable de la rétine ciliaire, plus nombreuses, plus longues, et d'une action plus puissante que celles du côté opposé. Le cristallin sera, en d'autres termes, plus tiraillé ou plus relâché d'un côté que de l'autre. L'importance de l'introduction d'une pareille notion dans la physiologie de l'accommodation nous parait devoir transformer, en grande partie, notre conception actuelle du mécanisme des mouvements du cristallin lors de la contraction du muscle ciliaire. Nous avons mesuré la longueur du corps ciliaire chez un certain nombre de Mammifères. L'œil était d'abord orienté de façon à présenter la même position que celle qu'il occupe dans l'orbite. Puis, nous mesurions la longueur du corps ciliaire, depuis Yora scrrata jusqu'à la terminaison des procès ciliaires (le cristallin étant en place) du côté nasal et, du côté tem- poral, dans le diamètre horizontal (o°- 1800). Puis, la même mesure était faite dans le sens vertical (9o°-270°), et enfin, dans un diamètre intermé- diaire, que nous avons choisi situé à 45°. En appelant : Le côté nasal (transversal) a; Le côté temporal (transversal) a', Le côté supérieur (vertical) b; Le côté inférieur (vertical) b' ; Les côtés intermédiaires (45°) c et c', on obtient le résultat suivant : i° Chez le Mouton. 2° Chez le Porc. mm mm mm mm mm mm «4- a' = 8,5 + 4,5 '=-ï3 a-t-«' = 6,5-+-4=io,o ■ b -f- b' = 7 ,'5 + 8 = 1 5 , 5 b + b' = 6 . -4-6 =12 c -t - c' = 6 -1-9,5=16 c -h c' — 6 h-4,5=io,5 C. R., 1910. 1" Semestre. (T. 156, N' 7.) 7^ 572 ACADEMIE DES SCIENCES. 3° Chez le Bœuf. 4° 67ie: /« Chèvre. mm mm a + a' = 10 + 6 = .mm 16 a + a' mm mm = 8 +4,5 = mm 12,5 b + b' = io,5 h- 8,5 = '9 6 + 6' = 9.3 + 7 = l6,5 c-t-c'= 8 4-g,5 = 17,0 c + c' = 10 +6 = l'6.5 5° CAes /e Chien. 6° Chez le Lapin. niru mai ci -ha' — j + 4 = mtn I 1 « + «' mm mm = 3 + 2,5 = mai 5,5 6+6' = 4 + 4,5 = 8,5 6 + 6' = 0 +0 = 6 c + c"= 6 +4 = 10 c +c' = 3 +3 = 6 Il importait de déterminer, non seulement les différences qui existent entre un côté du corps ciliaire et le côté opposé, mais aussi si la somme obtenue dans un diamètre n'est pas exactement compensée par celle du diamètre perpendiculaire, ou même par un autre. Les résultats obtenus montrent très nettement que, dans tous les yeux que nous avons examinés, le corps ciliaire est asymétrique anatomiquement et physiologiquement. Cette asymétrie aura pour effet, pendant l'accommodation, en supposant que le muscle ciliaire se contracte entièrement et également partout, ce qui est probable : i° D'accommoder inégalement les rayons de courbure du cristallin; 20 De corriger ou de compenser un astigmatisme cornéen notable; 3° De déplacer le cristallin du côté où le corps ciliaire est le plus déve- loppé; 4° De faire basculer le cristallin et de le faire tourner sur lui-même. Cette asymétrie explique d'ailleurs parfaitement bien l'accommodation astigmique sans qu'il soit nécessaire, pour cela, de recourir à l'hypothèse d'une action isolée d'un groupe de procès ciliaire. MÉDECINE. — De r immunisation contre le staphylocoque pyogéne par voie intestinale. Note de MM. Jules Courmont et A. Roghaix, présentée par M. Guignard. Nous avons montré (') qu'on pouvait immuniser divers animaux, vis-à- (') J. Courhom et A. Rochaix, L'immunisation par voie intestinale; Vaccination antityphique {Comptes rendus, 20 mars 191 1); De l'immunisation antitoxique par la vaccination antityphique intestinale (Comptes rendus, 10 avril 191 1); La vacci- nation antityphique par voie intestinale (Presse médicale, 3 juin içi'i); Immuni- SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 573 vis de l'infection éberthienne et de l'infection pyocyanique, en leur intro- duisant, dans le gros intestin, des cultures complètes, tuées par la chaleur. Nos essais d'immunisation antituberculeuse, par la même voie, ont été négatifs ((). La vaccination antistaphylococcique est-elle possible par cette méthode? Nous avons utilisé comme vaccin des cultures en bouillon de Staphylo- coccus pyogenes aureus, tuées, à l'âge de 7 à 8 jours, par un chauffage à +• 700, pendant 4 heures. Trois lavements (longue canule, addition de quelques gouttes de laudanum) de ioocml ont été administrés, à (\ jours d'intervalle; à des lapins adultes de 2ks à 3ks. Us furent très bien tolérés. IL L'inoculation d'épreuve (inoculation de orm,,5 à icm',5 de culture virulente, dans la veine auriculaire, en même temps qu'à des témoins) a été faite de 20 jours à 4 mois après le dernier lavement. Les témoins sont tous morts, soit de septicémie aiguë, soit de pyohémie classique, en 8 ou 10 jours, suivant la dose. Les vaccinés ont régulièrement survécu aux témoins, jusqu'à 35 jours, mais sont tous morts. L'immunisation est donc certaine, mais incomplète. 111. Les lésions observées chez les vaccinés sont intéressantes. La cachexie est toujours très marquée. Assez fréquemment, on ne trouve aucune lésion macroscopique. Les abcès classiques des reins et du cœur sont, en tout cas, très rares. Par contre, on observe habituellement les lésions anormales suivantes : i° des abcès, dont certains assez volumineux, disséminés dans le tissu cellulaire sous-cutané ou dans les masses musculaires (régions pectorale, dorsale, plus rarement dans les muscles abdominaux ou des membres); a° des arthrites purulentes, atteignant diverses articulations, mais de préférence celle des pattes antérieures. Les lésions osseuses ne sont pas la règle, mais peuvent s'observer, avec abcès sous-périostiques, séquestres, abcès médullaires (articulations des pattes antérieures, vertèbres, côtes), absolument comme pour l'ostéomyélite des jeunes lapins. Nous avons eu quelques cas d'épanchement des plèvres et du péricarde. nation contre l'infection hébertienne expérimentale, par voie intestinale, chez le lapin {Journal de Physiologie et de Pathologie générale, i5 novembre 1911); De la durée de l'immunisation, par voie intestinale, contre l'infection éberthienne expérimentale chez le lapin {Comptes rendus, 27 novembre 191 1); La vaccination contre l'infection pyocyanique par la voie intestinale {Comptes rendus, il avril ■9")- (') J. CoLRMOST et A. Rochaix, Essais négatijs d'immunisation antituberculeuse par voie intestinale {Comptes rendus, 7 août 191 1). ?74 ACADÉMIE DES SCIENCES. IV; En somme l'introduction de cultures tuées de staphylocoque pyo- gène, dans le gros intestin du lapin adulte, lui confère un certain degré d'immunité, qui se manifeste par une survie assez prolongée. D'autre part l'infection est profondément modifiée dans ses caractères; au lieu de se traduire par des abcès des reins ou du cœur, elle se localise plus volontiers sur les synoviales, sur le tissu osseux, sur les séreuses ; bien que due à des microbes virulents, elle se comporte comme une affection atténuée. ZOOLOGIE. 7- Les a Cytopleurosporés » (Cytopleurosporea), embranchement nouveau du règne des Prolistes. Note de M. Casimir Cépède. Dans une Note antérieure (' ), j'ai montré par l'étude dWnurosporidium pelseneeri Caull. et Chapp., que le cycle évolutif de ce parasite présente les plus grandes affinités avec celui des Cnidosporidies d'une part et des Chytri- diopsis d'autre part; que l'existence d'une paroi cellulaire à sa spore le rap- proche des Cnidosporidies et que les analogies de son cycle évolutif avec celui des Chytridiopsis (2) confirment l'idée émise par Léger etDuboscq (3) (1909) de l'existence d'une paroi sporale cellulaire chez ce dernier parasite. Et je concluais : « Comme Anurosporidium est étroitement allié aux Haplo- spobidies les mieux caractérisées (Haplosporir/ium, Urosporidium, etc.), je crois qu'il serait intéressant de le rapprocher avec Chytridiopsis des autres Sporozoaires à spore possédant une paroi cellulaire en créant pour eux le terme d'AcNiDOSPouiDiEs qui marquerait le caractère principal de leur spore à opposer à la présence d'une capsule polaire chez celle des Cnidosporidies qui ont tant de points évolutifs et structuraux communs avec elles. » Mon étude a montré que les parasites haplosporidiens typiques n'ont pas une spore simple, caractère qui servait de base à l'établissement même de (') Casimir Cépède, Le cycle évolutif et les affinités systématiques de V ' Haplospo- ridie des Donax {Comptes rendus, 28 aoiït 191 1 ). (2) Nous devons attirer l'attention sur une particularité du cycle sporogonique des Chytridiopsis signalée par Léger et Dubosq : a Au cours de la croissance, le noyau (au synkarion de copula) se multiplie d'abord lentement et la plupartdes noyaux-fils restent dans la région centrale. Cependant trois ou quatre d'entre eux se portent à la la surface et contribuent, avec une mince couche de cytoplasme qui s'étale déplus en plus à la surface de l'élément, à former une enveloppe kystique, cellulaire et résis- tante. » (3) Léger et Duboscq, Sur les Chytridiopsis et leur évolution (Arch. Zool. exp.< 5' série, t. 1, 1909, Notes et Revue, n° 1, p^ix-xiu). SÉANCE DU 17 FÉVRIER I9l3. 5. ampères). L'oreille de lapin albinos, épilée, est placée entre deux lames en quartz; un carton noir, portant une ou plusieurs ouver- tures de 6mm à 8mra de diamètre est appliqué contre la face externe de l'oreille. Une cuve en quartz, remplie d'eau distillée, est interposée entre la source et l'oreille. La température ambiante a varié de i3° à 190. i° Effets macroscopiques produits par les rayons ultraviolets. — Les irra- diations de très courte durée (au-dessous de 3os) à la distance de io"n de la lampe ne produisent généralement aucun effet visible. Quand elles sont plus prolongées (im à i2m), une série de phénomènes apparaissent. Dans les premières heures, on ne voit rien; après 2 à 5 heures, on aperçoit une vaso-dilatation, localisée à l'endroit irradié, qui devient de plus en plus forte et donne à la région, irradiée une teinte rouge. Ce phénomène s'ac- compagne d'élévation de la température et de tuméfaction de plus en plus prononcée. Le maximum de ces effets est atteint après 24 heures. Puis, après 48 heures, une légère atténuation se manifeste. Après 7 à 12 jours, la rougeur et l'élévation de la température disparaissent presque complète- ment et il se produit une desquamation de la peau; presque en même temps un pigment brunâtre apparaît qui persiste pendant des semaines et même des mois entiers, suivant l'intensité de l'irradiation. Enfin, on observe dans le cas d'une irradiation pas très prolongée (de 4 à 12 minutes) un effet tardif: les poils à l'endroit irradié sont plus longs que tout autour; il y a donc une action stimulante sur le système pileux. 20 Détermination de la longueur d'onde des rayons actifs. — Les actions décrites plus haut ne sont dues ni à la chaleur, ni aux rayons visibles. En effet, l'interposition entre la source et l'oreille d'une lame de verre de 1""" d'épaisseur, rend l'irradiation, même pendant plus de 10 heures, tout à fait inactive. (') Présentée dans la séance du 10 février 1910. 578 ' ACADÉMIE DES SCIENCES. Pour déterminer la longueur d'onde des radiations actives, nous avons séparé diflérentes régions du spectre ultraviolet au moyen d'écrans dont l'absorption a été mesurée quantitativement par la photométrie de spectro- grammes d'après la méthode de \ . Henri. On cherche, pour chaque écran, le seuil de durée, c'est-à-dire le mini- mum de temps nécessaire pour produire une réaction vaso-motrice qui apparaît de 12 à 24 heures après l'irradiation. Voici la moyenne des résultats de 286 expériences : Épaisseur Seuil Ralen Écrans. île l'écran. Hayons transmis par l'écran. île durée. tissement. 01m Quartz.... » 64oo-2324 3os 1 Acétate de cellulose. . . o,oj jusqu'à 2900 bien ; 2900-2700 affaiblis 3m-4m 6- 8 fois Viscose 0,06 » 3ooo » 3ooo-2324 » 4m_5m 8-10 » Verre 1 » 3 100 » 3 100-2930 » >ioh >iaoo ( )n voit que les radiations de longueur d'onde plus grande que 3iooA n'ont pratiquement aucune action sur l'oreille de lapin. Les radiations à travers l'acétate de cellulose sont plus efficaces qu'à travers la viscose. La viscose laisse passer les rayons jusqu'à A = 2324, mais déjà à partir de A = 3ooo la transparence de cet écran est faible. L'acétate de cellulose arrête tous les rayons au-dessous de 2750, mais il est plus transparent que la viscose pour les rayons de A> 2900; par conséquent, la région la plus active se trouve entre 3 100 et 2900. 3° Transparence des tissus de l 'oreille aux diverses radiations . — On sait que le protoplasma cellulaire absorbe d'une façon très intense les rayons ultravio- lets et l'absorption croit très vite pour des rayons de plus en plus courts; ainsi d'après les mesures de Mme et M. V. Henri {Comptes rendus, 22 juillet 1912) les -^ des rayons sont absorbés : pour A = 2324 par une couche de omn,,02 de proloplasma; pour A = 2820, par une couche deomn,,o9; pour À = 2894, par une couche de omm, 12; pour A = 2926, par une couche de omm, 19; pour A<:=3o24,par une couche de omu',77. Par conséquent, si les cellules sur lesquelles se porte l'action des rayons ultraviolets se trouvent à une certaine profondeur, les rayons ultraviolets extrêmes ne pourront pas arriver jusqu'à ces cellules. Nous avons déterminé la transparence des tissus cutanés de l'oreille de lapin, en xlécoupanLun lambeau très mince de Qmn',i4 d'épaisseur et en pho- tographiant le spectre ultraviolet à travers ce lambeau. On trouve que SÉANCE DU 17 FÉVRIER igi3. 579 la raie 2967 passe à peine; le groupe 3o2i passe nettement et, à partir de 3i3ia, la transparence est bonne. Par conséquent, il résulte de là : Que les cellules sur lesquelles agissent surtout les rayons ultraviolets pour produire les phénomènes se traduisant par la vaso-dilatation consécutive se trouvent à une certaine profondeur d'environ ^ à ^ de millimètre; ceci explique que ce sont les rayons entre X= 3ioo et 2900 qui sont les plus actifs. GÉOLOGIE. — Sur les terrains paléozoïques de la Rùière Noire {région entre la frontière laotienne et le Fleuve Rouge, Tonkin). Note de M. Deprat, présentée par M. H. Douvillé. Durant un récent voyage dans le bassin de la Rivière Noire, j'ai pu relever sur les feuilles de Thanh-ba et de Van-yên beaucoup de faits nou- veaux; je n'exposerai ici que ceux qui concernent la stratigraphie des terrains paléozoïques, laissant de côté, faute de place, les terrains secon- daires et la tectonique remarquablement compliquée. Malgré la végétation, les observations géologiques sont très facilitées par la dissection poussée à l'extrême d'une région très montagneuse soumise à une érosion rapide et intense. La circulation est seulement quelquefois pénible, car on doit remonter beaucoup de ravins dans l'eau des torrents. Je donne une coupe typique relevée dans la région d'An-micng, concer- nant la série gothlandienne (épaisse de 8oom au minimum) et dévonienne, et prise de Ban-hom au col entre Mo-ha et Muong-thé : Déconien moyen : 16. Masse de' grès et de schistes marneux. 15. Banc de grès jaune à Lingula n. sp. 14. Marnes schisteuses roses et jaunes à Mytilarca ( Plethomytilus) oviformis Hall. Faille d'étirement. Déco m'en inférieur : 13. Calcaire bleuâtre marneux à Stromolopores. 12. Masse de grès jaunâtres à Actinopteria textitrata Phillips. Gothlandien : II. Grès jaunes à Spirifer cabedanus de Vern. et d'Archiac. 10. Marnes bleuâtres sans fossiles. 9. Quartzites sans fossiles. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N« 7.) 74 58o ACADÉMIE DES SCIENCES. 8. Grès jaunes fins, masses de marnes grises, grès marneux à Modiomorpha n. sp. 7. Calcaire noirâtre à Rhynchonella n. sp., Loxonema sp. 6. Calcaire gris à Facosites Troosli M. E. et H. 5. Calcaire bleu noir à Rhynchonella n. sp. k. Calcaire blanc à Favosiles gothlandicas Lmk. &>. Masse de calcschistes épais, pleins de fossiles, alternant avec des marnes grises et des lentilles de calcaires construits par des polypiers (Favosiles gothlan- dictis, etc.). "2. Grès fin verdàtre (équivalent des grès à Acidaspis de Lang-chiet). i. Masse de grès fins et de marnes de Ban-hom à Gornphoceras sp., Poleumita n. sp., Eotomaria sp., etc. Près de Lang-chiet (feuille de Thanh-ba) où j'ai pu étudier une série gothlandienne très analogue (à environ (>okm de la précédente), j'ai recueilli de très beaux échantillons d'un Acidaspis, de deux espèces de Cyphaspis et d'un Dalmanites non encore déterminés spécifiquement, mais étroitement alliés et sans doute même identiques, autant qu'il me semble à cette heure, à des formes gothlandiennes de Dudley ou bohémiennes. Le grand intérêt des couches signalées dans la coupe précédente réside dans le caractère américain offert par plusieurs étages. Ainsi les marnes de Ban-hom avec d'innombrables individus de Gornphoceras sp., de Poleumita n. sp. et à? Eotomaria sp., rappellent étroitement des espèces similaires de Guelph; les couches des assises 3 renferment une faune de Modiomorpha n. sp., Sanguinoliles n. sp., Eotomaria n. sp. à faciès très voisins des formes américaines. Au-dessus vient une riche série de calcaires à polypiers (Wenlock) à Favosiles gothlandictis Lmk., Favosiles sp., Hetiotites, Am- plexus, Monticulipora, Alvéolites, etc. Les calcaires 4, 5 et 6 sont surtout caractérisés par Favosiles Troosli M. E. et H. avec deux Rhynchonella n. sp., dont l'une est affine à Rhync. lacunosa Sowerby, de Wenlock, d'après M. Mansuy. Les couches supérieures renferment encore la faune à Modio- morpha n. sp. de ,3. Les couches 11 sont caractérisées par l'extraordinaire abondance de Sp. cabedanus ; c'est le passage au Dévonien inférieur, ce dernier caractérisé surtout par les couches à Actinopleria texlurata Phillips, Sj)h l'notus solenoidesilM, Chonetes longispina Mansuy , Discina (Orbiculoidea) Forbesi Davidson. Le Dévonien moyen offre une faune étroitement alliée à celle d'Hamilton. Les espèces les plus abondantes recueillies jusqu'à présent sont : Mytilarca (iHelhomytilas) oviformis Hall, Myl. (J'ieth.) n. sp., Scliizoduschemitngenssi Hall, Cio/tiophora n. sp., Pa/œopinna sp., etc. Les espèces déterminées sonl rigoureusement identiques aux espèces américaines. SÉANCE DU 17 FÉVRIER IO,l3. 58l J'ai retrouvé près de Langrchiet et de Lan-con les couches à Spirifer crispas de la partie supérieure de l'Ordovicien déjà signalées au Tonkin. Le reste de l'Ordovicien est métamorphisé et passe à des gneiss. Le Gothlandien et l'Ordovicien renferment des coulées intercalées de roches trappéennes très fraîches qui seront étudiées. Près de Ban-cai, j'ai découvert une puissante série de schistes, grès et calcaires dinanliens à Spirifer grandicoslatus M. Co;\ , Prod. cf. spinulosus Sow., avec de nombreux fossiles : Productus sp., Scd gwickia n. sp., Sedgwic/a'a sp., Tellinomya sp., Pararyc/as sp., Byssopteria sp., Goniopliora sp., Edmundia sp., Grammysidœ indét., etc. ( '). J'ai découvert sur la feuille de Van-yên, entre Mo-ha et Muong-thé, un magnifique horizon ouralien à Fusulines (F. globosa Dep., F. multiseptata Schellw., F. complicala Schellw., etc., avec une riche faune de Productus, Marginifera, Martinia, Reticularia, Notolhyrù, Aviculopecten, de Gastro- podes, Fenestelles . Les Spirifères les plus communs sont Sp. Lydelikeri, Sp. Dieneri, Sp. Fritsc/ii, Sp. musakheylensis, etc. Ces calcaires, par leur richesse en fossiles, sont comparables aux plus belles séries du Sait Range. Avec les calcaires de Cam-kheut, prospectés par le commandant Dussault et qui renferment une faune semblable, cet horizon nous a fourni déjà environ 170 espèces, très bien conservées. Ces faunes seront prochainement l'objet de monographies paléontologiques par M. Mansuy. Parmi ces découvertes, il y en a de très importantes au point de vue général pour la connaissance de la Géologie de l'Asie sud-orientale. J'insis- terai surtout sur celle des Trilobites gothlandiens européens, sur celle d'une puissante série détritique gotblandienne à faune affine à celle de Guelph, sur celles d'un nouvel horizon important de Dévonien inférieur à Actinopt . texturala Phill. et, surtout, du Dévonien moyen à faciès de Hamilton; sur celle du Dinantien et sur la présence d'un Ouralien très riche en fossiles dans une région où il n'avait pas encore été signalé. (') Je rappellerai que j'ai déjà fait connaître l'existence du Dinanlien en Indo-Chine, mais d'un faciès très différent, dans les schistes marneux à Phillipsia de Bai-duc, en Annam, et que M. Mansiiv a signalé des calcaires dinantiens avec une belle faune à la Montagne de l'Eléphant. 582 ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOLOGIE. — Sur un nouveau mode cVérosion fluviale. Note de M. Maurice Lcgeon, présentée par M. Pierre Termicr. Les travaux de Jean Brunhes, Chaix, etc., ont mis en pleine lumière la tactique de l'érosion tourbillonnaire. Il pouvait paraître, après des recher- ches aussi détaillées et récentes, que le problème des procédés d'érosion fluviale était épuisé. Aussi bien dans le lit mineur que sur la banquette du lit majeur, l'enquête montrait des marmites de géant imprimées par les tourbillons descendants. 11 est, cependant, à faire remarquer qu'à côté des marmites plus ou moins cylindriques existent également des fossés plus ou moins allongés, creusés par les tourbillons qui cheminent, la marmite étant creusée par un tourbillon fixe. A ce phénomène, actuellement bien connu, il faut ajouter un nouveau mode où l'eau avec ses matières en suspension agit comme si les filets liquides étaient horizontaux ou subhôrizontaux et rectilignes. Si cette action semble avoir passé inaperçue jusqu'à ce jour, à notre connaissance du moins, c'est qu'il faut des conditions spéciales pour l'enre- gistrer : la roche encaissante doit être particulièrement dure, à grain très fin, et la rivière doit pouvoir débiter avec grande vitesse des crues d'eaux très boueuses relativement considérables. Ces conditions sont remplies par la Yadkin, rivière qui descend de la Blue Ridge (Caroline du Nord), dont j'ai parcouru la vallée en décembre 191 2, en compagnie de MM. Pierre Berges el Campbell. La Yadkin s'écoule dans une pénéplaine soulevée. Entre les environs de Salisbury et Wadesboro, le territoire est constitué par des argilites, probablement algonkiennes, percées par de vastes culots de porphyre, dont les phénocristaux sont petits au milieu d'une pâte microlitique très fine. La roche a la dureté et la lénacilé d'une cornéenne. Dans les zones d'argilite, la rivière coule sur une pente très faible, qui s'exagère beaucoup à travers les masses porphyriques. Ainsi, entre Whitney et les Falls, la chute est de 70"' sur environ i 5km, déterminée par une masse de brèche porphyrique et un culot de porphyre. Le cours d'eau possède un débit très variable. En 1909, par exemple, d'après les calculs du Geological Survey, le débit a oscillé entre 44°'\5 et i54om,>. En 1912, on a enregistré une crue très exceptionnelle de 35oom\ Les variations sont soudaines, la rivière pouvant passer, d'un jour à l'autre, de 200ul" à 1000"'. A une telle variabilité de débit correspond une grande différenciation du lit mineur d'avec le majeur. Le mineur est réduit à environ 25m de large aux Narrows, par exemple, dans le délilé le plus étroit à travers la roche éruplive, alors que le lit ma- SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1913. 583 jeur possède une largeur de j5m à i5om et plus. D'autre part, la banquette du lit majeur domine le niveau d'étiage de 5m à 6m par places. Dans le lit mineur, l'érosion tourbillonnaire a imprimé de nombreuses marmites de géant. Les espaces qui les séparent sont polis admirablement, sans cannelures, et la roche y présente une patine noire analogue à certains polis désertiques. Sur la banquette du lit majeur existent également des marmites de géant, et le même poli s'y observe, plus ou moins détruit cependant par les actions aériennes et par les végétaux inférieurs. Mais, sur le haut du versant du lit mineur, à partir de om, 5o à 1 m, 5o au dessus du niveau de bas étiage, et sur le bord de la banquette du lit ma- jeur, sur une largeur de 5m à io"1, se présente un modelé extraordinaire du porphyre, rappelant les effets de l'érosion éolienne. Sur les surfaces redressées qui font face à l'amont, on voit une multitude de creux, atteignant 3mm ou 4,um de profondeur, situés eux-mêmes dans un plan légèrement concave, dont le diamètre peut atteindre iocm. Sur le bord de cette petite surface concave, les cupules s'ordonnent, se disposent en sillons allongés qui rayonnent et qui peuvent atteindre plusieurs centimètres de long. Sur les surfaces obliques au fil de l'eau, la roche est entièrement striée. On ne saurait accuser l'érosion éolienne, le lit de la rivière ne possédant qu'exceptionnellement et temporairement du sable exondé. Ce qu'on voit ne peut être attribué, vu du reste la localisation du phénomène, qu'à la rivière. Or, la disposition des petites cuvettes concaves, la direction des stries, tous ces phénomènes de burinage paraissent s'être formés par des jets de sables recdlignes. C'est un phénomène très analogue à celui qui se passe sur les ailettes de turbines corrodées par des eaux chargées de matières en suspension. Voici l'explication que nous donnons de ce curieux phénomène d'éro- sion : Aux basses eaux, la rivière renfermée dans son lit mineur use son lit exclusivement par l'action des mouvements tourbillonnaires. Le tourbillon- nement de l'eau n'est pas assez rapide pour que les grains siliceux puissent sillonner la roche; ils se contentent de la polir. Quand l'eau monte, la vitesse s'exagère. Elle devient maximale lorsque le lit mineur est plein. A ce moment, et exclusivement dans la tranche d'eau supérieure, la vitesse est telle, qu'une vraie mitraille de grains de sable s'abat sur la roche, comme si cette mitraille était plus abondante selon certains filets. Alors se creusent les petites cupules et le sable rejaillit, glisse sur la roche et la strie, en lui donnant une patine semblable à celle que produit le sable chassé par le vent. 584 ACADÉMIE DES SCIENCES. Lorsque le niveau s'élève encore, la rivière déborde sur le lil majeur. La tranche d'eau du lit majeur, moins épaisse, se meut avec une vitesse moindre. Sur la surface de ce lit ne peuvent alors que dominer les mouve- ments tourbillonnaires, et le poli de la roche ne peut être égal qu'à celui de la roche du lit mineur. Ce striage par percussion et burinage, ce nouveau phénomène d'érosion, auquel il faudra donner un nom, constitue un paissant moyen d'érosion, d'élargissement du haut du versant du lit mineur. 11 est évident qu'on doit le retrouver sur d'autres rivières, sur celles qui présenteront de suffisantes variations de débit, des roches encaissantes assez résistantes pour se laisser buriner, et une suffisante quantité de sable dur en suspension. M. Savoyat adresse une Note intitulée : Sourciers. Baguette divinatoire. (Renvoi à une Commission composée de MM. A. Gautier, Dastre et Douvillé.) A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. G. D. SÉANCE DU 17 FÉ.VRIER IG)l3. 585 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la sêancb du 10 février <9i3. Observations de nébuleuses el d'amas stellaires, par G. Bigourdan; Tome 111. seconde Partie : Observations différentielles : XII1', om — \TV>',om. (Extr. des Annales de l'Observatoire de Paris. Observations.) Paris, Gauthier-Villars, s. d.; 1 vol. in-4°. (Hommage de l'auteur.) Les pharmaciens militaires français, par A. Balland. Paris, L. Fournier, igi3; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Die nwravischen Fenstcr und ihre Beziehung zum Grundgebirge des hohen Gesenke, von Franz-E. Suess; mit 3 Textfiguren und 3 Tafeln. (Extr. des Denkschr. dcr mathem.-naturwiss. Kl. d. k. Akad. d. M'issensch.) Vienne, Alfred Holder, 1912 ; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Termier.) Le Centenaire de Bougainville, par E. Doublet. (Extr. de la Revue de Géographie commerciale.) Bordeaux, imp. Bière, 1918; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Bigourdan.) Collection des Manuels pratiques d'analyses chimiques à l'usage des laboratoires officiels et des experts, publiés sous la direction de MM. F. Bordas et Eugène Boux : Eaux do'uces et minérales, par F. Diénert. — Vins : vins ordinaires, vins mousseux, vins liquoreux et vins de liqueur, par U. Gayon et J. Laborde. — Alcools : alcool, alcool dénaturé, dénaturants, par M. Louis Calvet. —Alcool méthylique. vinaigres, acides acétiques industriels, acides acétiques dénaturés, acétates, acétone, par Louis Calvet. — Beurres et graisses animales, margarines, saindoux et graisses alimen- taires, par Albert Bruneau. — Huiles et graisses végéta/es comestibles : olive, coton, œillette, arachide, coco, par G. Halphen. — Huiles minérales : pétroles, benzols, biais, paraffines, vaselines, ozokérite, par Henri Deleiiaye. — Les matières cellu- losiques : textiles naturels et artificiels, pâles à papier et papiers, par Francis-J.-G. Beltzer et Jules Peroz. — Matières tannantes, cuirs : gélatines, colles, noirs, cirages, par L. Jacomet. — Soude, potasse, sels, par P. Méker. — Chaux, ciments, plâtres, par E. Leduc et G. Chenu. Paris et Liège, Ch. Béranger, 1912; 11 vol. in- r 2. (Pré- senté par M. d'Arsonval.) Liste et résumé de mes principaux travaux mathématiques, par M. Désiré André. Paris, Gauthier-Villars, igo4; 1 fasc. in-8°. Notice sur les travaux scientifiques de M. Désiré André. Paris, Gauthier-Villars, 1910; 1 fasc. in-4°. Notice sur les travaux scientifiques de M Georges Claude. Paris, IL Dunod et L. Pinat, 1 g 1 3 ; i fasc. in-4°. Notice sur les titres et travaux scientifiques ae M. C. ChabRié. Paris, Gauthier- Villars, igi3; 1 fasc. in-4°. 586 ACADÉMIE DES SCIENCES. Notice sur les titres et travaux scientifiques de M. Paul Janet. Paris, Gaulhier- Yillars, i gi3 ; i fasc. in-4°. Notice sur les travaux scientifiques de M. Maurice d'Ocagne. Paris, Gauthier- Vil- lars, 1910; i fasc. in-4°. Catalogue général des tremblements de terre de l'année 1907, par Robert Lais. {Publications du Bureau central de l'Association internationale de Sismologie ; série B.) Strasbourg, 191.8; 1 fasc. in-40. Observatoire de la Société astronomique de France. Observations et travaux ; 1. 1, 1911-191'?. Paris, 1912; 1 fasc. in-8". Journal of the Washington Academy of Sciences: t. III, n° 1, january 4. >9'3. Washington, 1913 ; 1 fasc. in-8°. Proceedings of the Impérial Academy ; t. I, n° 1. Tokio, 1912; 1 fasc. in-4°. ERRATA. (Séance du 27 janvier 1913.) Note de M. Paul Pascal, Remarques sur Padditivité du diamagnétisme en combinaison : Page 3a4, ligne 9 en remontant, au lieu de Sn(C5H11)'- — ?'99 lire Sn(C5H")< — 3og ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 24 FÉVRIER 1913. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Équation fonctionnelle pour l'équilibre relatif d'un liquide homogène en rotation sous V attraction newtonienne de ses parties. Note de M. Paul Appell. Dans les Rendiconti del Circolo mat e matico di Pale rmo (t. XXX, 1910), j'ai donné, pour ce même problème, une équation fonctionnelle dépendant d'une intégrale triple, ou même quadruple, et d'une fonction de trois variables. Cette équation a conduit un jeune mathématicien, M. Collet, à des résultats encore inédits, présentés pour l'obtention du diplôme d'études supérieures à la Faculté des Sciences de l'Université de Poitiers. Je me propose d'indiquer ici, très brièvement, une autre équation fonc- tionnelle, dépendant seulement d'une intégrale double, et contenant une fonction de deux variables. Imaginons une masse liquide homogène dont les éléments s'attirent suivant la loi de Newton et qui tourne, avec une vitesse angulaire cons- tante w, autour d'un axe fixe Oz. Rapportons le fluide à des axes rectangu- laires Ox, Oy, Oz entraînés dans le mouvement de rotation. Supposons, pour simplifier l'écriture, les unités choisies de telle façon que la densité du liquide et la constante de l'attraction universelle soient exprimées par l'unité. Soient %, Y], X, les coordonnées d'un point quelconque de la surface libre S du fluide, dv l'élément superficiel placé en £, ïj, 'Ç, et a, (3, y les cosinus C. R», igi3, 1" Semestre. (T. 156, N« 8.) 75 588 • ACADÉMIE DES SCIENCES. directeurs de la normale extérieure à cet élément. Soient, d'autre part, x, y, z les coordonnées d'un point déterminé de la surface S et r la distance Le potentiel U de la masse attirante au point (x,y, z) de la surface a pour valeur, d'après Gauss, l'intégration étant étendue à la surface S. D'autre part, en admettant que, sur la surface libre, la pression soit constante, on a, pour l'équation de cette surface, K désignant une constante. On a donc, sur la surface, J J& y/U- o-)-+(-n-/)2-h(Ç-5)J- L'équation de la surface dépend d'une fonction inconnue de deux variables : par exemple '( est une fonction de |, yj et z la même fonction de x et y ; de plus ada, $da, yr/a dépendent des dérivées partielles premières de cette fonction. L'équation (i) est alors une équation intégro-différen- tielle définissant cette fonction. Pour conserver la symétrie, je suppose que, sur la surface, (a) l=f(k,p), ■n = Solidification sur imm après 18 heures. » » sur 2mm après 38 » » » sur 7"ml après 93 » 2.5°, Fusion sur iomm après 24 heures. 24°, 8, Solidification sur imm après 19 heures. » » sur 3mi" après 28 » La moyenne de ces deux dernières températures, 24°, 9, doit donc être considérée comme la température du changement d'état réversible, avec une incertitude inférieure à ^5 de degré. Ce nombre, bien entendu, ne se rapporte qu'à l'échantillon étudié, la végétaline étant un mélange de plu- sieurs composés définis dont les proportions peuvent varier. Cette température de 24°, 9 se rapporte au point de solidification com- mençante ou de fusion finissante. La solidification totale paraît s'achever dans un intervalle de 3°, le mélange eutectique se solidifiant vers 220. Cette circonstance peut donner lieu à une erreur qu'il est utile de signaler. Quand on soumet le même tube à des fusions et solidifications répétées, le contenu en devient hétérogène, la partie supérieure présen- tant un point de solidification plus élevé que la partie inférieure. Il se produit en effet à chaque solidification une liquation qui concentre vers le bas l'eutectique resté plus longtemps liquide. La solidification étant accompagnée d'une contraction donne naissance à des vides et les parties 592 académie des sciences. encore liquides descendent naturellement remplir la partie inférieure de ces espaces vides. Les résultats pour la stéarine ont été analogues à ceux de la végétaline, avec une température de changement d'état plus élevée, bien entendu. Stéarine. 5y°, Fusion immédiate. 5i°,4, Solidification immédiate . 55°, 5, Fusion après 24 heures. 54°, Solidification après ll\ heures. Les expériences ont été alors continuées avec le tube demi fondu. 54°, 4; Solidification nettement croissante après i!\ heures. 54°, 9, Fusion nettement croissante après i\ heures. La température moyenne 54°, 65 représente à o°,2 près le point de chan- gement d'état de l'échantillon de stéarine étudié. La fusion des corps gras est donc, comme celle de tous les corps, un phé- nomène réversible. 20 Surfusion. — Les expériences sur la végétaline montrent très nette- ment l'existence d'une surfusion puisque, en l'absence de germes cristallins, on n'observe aucun changement d'état dans un intervalle de température dépassant i°. Des expériences faites en abandonnant à un refroidissement régulier de la végétaline fondue, dans laquelle on avait ou non laissé des germes solides, ont donné des températures de solidification commençante nettement différentes dans les deux cas. Vitesse de refroidissement à l'heure. 2°, 5. I°,5. Température de solidification avec gi ;rmes. sans ge rmes. 23", 1 21°; s 24°, 2 2 1°, .9 3° Vitesse de cristallisation. — Même en présence de germes cristallins, la surfusion ne cesse pas instantanément, la cristallisation ne se produit pas avec une vitesse comparable à celle des solutions salines sursaturées ou de l'eau en surfusion. Dans une solution sursaturée de sulfate de soude, prise à la température ordinaire, l'addition d'un germe donne naissance à des cristaux filiformes dont la vitesse d'accroissement est de l'ordre du centimètre par seconde. Dans la végétaline au contraire, prise à i° au- dessous'de son point de fusion, l'allongement des cristaux sur ie,u demande des journées entières, la vitesse de solidification est donc 100000 fois SÉANCE DU 24 FÉVRIER igi3. 5o,3 moindre. On peut citer comme exemple analogue la dévitrification des verres qui présente beaucoup d'analogie avec la cristallisation des corps gras. Les points de fusion et de solidification observés par les méthodes usuelles doivent donc être, dans une large mesure, fonction des vitesses de refroidissement ou d'échauffement. Voici des résultats relatifs à la égétaline : Vitesse de refroidissement Tempe rature de solidification à l'heure. en présence de germes. de fusion 0 0 1 » 26, I 2 23»7 26,1 4 22' 25,8 8 21 25,6 16 20,9 26 4o 20 26,3 La température de fusion est sensiblement constante et supérieure de i° environ à celle du point de changement d'état réversible. La tempé- rature de solidification s'abaisse, au contraire, à mesure que la vitesse de refroidissement devient plus rapide. L'écart entre les deux températures va donc en croissant, il est en moyenne de 5° pour des vitesses de refroi- dissement et d'échauffement variant de 4° à 4o° à l'heure. La stéarine a donné des résultats analogues. Sa température de fusion, peu différente de celle du changement d'état réversible, s'est élevée de 54°, 8 à 55°, 2, quand la vitesse d'échauffement a varié de 4° à 4o°, la température de solidification, plus variable, a décru dans les mêmes conditions de 54° à 52°. Dans les deux cas, le point de fusion observé à l'échauffement a été plus voisin du véritable point de transformation réversible que le point de soli- dification. C'est là d'ailleurs un fait général. Au-dessus d'une température d'équilibre, les vitesses de transformation croissent à la fois avec la valeur absolue de la température et avec la différence entre cette température et celle d'équilibre. Au-dessous de ce point, les deux mêmes facteurs agissent au contraire en sens inverse, la température diminuant quand l'écart croît. Les retards aux transformations sont donc toujours beaucoup plus impor- tants aux températures décroissantes qu'aux températures croissantes. Le point de fusion se rapproche toujours beaucoup plus que le point de solidi- fication de la température exacte du changement d'état. 4° Influence des mélanges. — Les corps gras naturels sont des mélanges ; leur température de changement d'état (cristallisation commençante ou 594 ACADÉMIE DES SCIENCES. fusion finissante) doit dépendre de leur composition. Rien dans nos expé- riences ne confirme la supposition faite qu'à de très faibles changements de composition puissent correspondre des changements énormes du point de fusion. De la végétaline, maintenue pendant 8 jours à la température de 24°, c'est-à-dire à une température intermédiaire entre celle de solidification commençante et de solidification complète, fut comprimée pour expulser la partie liquide. Le résidu solide ainsi obtenu, bien loin encore, il est vrai, de constituer une combinaison définie à l'état de pureté, a présenté un point de changement d'état supérieur de i° à 20 seulement à celui de la végétaline primitive dont les trois quarts de la masse cependant avaient été expulsés par la compression. Le déplacement de la température de cristallisation semblerait ainsi à première vue plus faible que dans les autres mélanges de corps usuels. Il n'y aurait donc là non plus aucune anomalie. D'après l'ensemble de nos recherches, le changement d'état des corps gras est donc un phénomène rigoureusement réversible, comme cela a lieu avec tous les corps étudiés jusqu'ici. La température exacte de cette transformation peut sans difficulté être déterminée à moins de ^ de degré près, au moyen d'expériences assez longues, il est vrai, à effectuer. Le point de fusion déterminé au cours d'expériences très rapides ne diffère généra- lement pas de i° du point de changement d'état réversible, il s'en rapproche toujours beaucoup plus que le point de solidification. Au cours de ces expériences nous n'avons remarqué aucun fait qui conduise à admettre l'intervention de plusieurs variétés polymorphiques; mais le cas peut se présenter. Le problème deviendrait alors très compliqué, car plusieurs variétés peuvent se trouver simultanément en présence du liquide, il n'y a plus d'équilibre possible, puisque le nombre des phases est* supérieur à celui d'un système invariant. On ne peut pas alors trouver de température fixe avant que toutes les phases solides moins une aient disparu et le temps nécessaire doit être très long si l'on en juge par la len- teur de cristallisation d'une seule phase solide. GÉOLOGIE. — Le terrain éocène de Bos d'Arros. Note de MM. Stuart Menteatii et H. Douvillé. En 1848, Alexandre Rouault (' ) faisait connaître une faune éocène très intéressante qui avait été recueillie par Lejeune aux environs de Bos (') Bull. Soc. géol. de France, 2° série, t. V, p. 204 ; Mémoires de la même Société, 2e série, t. III. SÉANCE DU 24 FÉVRIER IC)l3. 5p5 d'Arros, localité située à faible distance au sud de Pau. Mais aucune indi- cation stratigraphique n'était donnée sur le gisement, l'auteur mentionnant seulement que les fossiles avaient été recueillis dans une argile sableuse micacée. En 188 1, une série assez nombreuse de fossiles provenant de cette localité et de la localité voisine de Gan, parvenait à l'École des Mines avec la collection Etallon, mais toujours sans indication précise des gisements. Ceux-ci paraissent aujourd'bui perdus; on savait seulement, d'après les renseignements communiqués en particulier par M. de Gramont, que les fossiles décrits avaient été recueillis directement au nord de Bos d'Arros, sur le bord du chemin qui se dirige à l'est du village de Gan; plusieurs- points fossilifères sont indiqués dans cette zone sur la Carte géologique détaillée, dressée par M. Carez (feuille de Tarbes). M. Stuart Menteath avait eu occasion de relever une coupe de la région en 1882, au moment de l'exécution du chemin de fer de Pau à Oloron ; c'est cette coupe complétée par l'étude des fossiles qui avaient été recueillis à cette époque, qui fait l'objet de la présente Note; elle est reproduite ci-dessous. Elle est dirigée à peu près du Nord au Sud et passe dans le voi- sinage de la ligne du chemin de fer. Coupe de PÉocène de Gan-Bos d'Arros. 0. Poudingue de Pa assou. — 1 Argiles sableuses jaunâtres .et rougeàtres avec lumaclielles d'Assi- lines. — 2. Marnes d'un gris bleuâtre, très fossilifères dans leur partie supérieure (2, niveau de la faune de Bos d'Arros), devenant schisteuses et assez dures vers la base. — 3. Argiles sableuses. — 3 bis. Sables jaunes et orangés, très micacés. — 4. Argiles sableuses avec, au milieu, trois minces bancs durs fossili.eres (Numm. Lucasi, JV, bolcensis, Assilines, Alveolina oblonga, etc.). — 5. Calcaire crétacé, blanc rosé. AB, niveau de la voie ferrée; XX, niveau de la mer. Les couches fossilifères plongent régulièrement vers le Nord et s'enfoncent sous le poudingue de Palassou ; elles ont été entamées par le chemin de fer dans une série de tranchées, la première à la gare même de Gan, la seconde à l'ouest de ce village, puis deux autres à l'ouest du hameau de Berdoulou ; la succession des couches est la suivante : 0. Poudingue de Palassou, formé de couches irrégulières de cailloux et de gros blocs ayant jusqu'à im de diamètre, provenant principalement de roches éocènes, cré- C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 8.) 7^ 5p,6 académie des sciences. tacées et jurassiques. On distingue par places des intercalations d'argiles sableuses et de marnes. Epaisseur : environ 3oom. 1. Argiles sableuses jaunâtres et rougeâtres, alternantavec des couches presque entiè- rement formées d'Assilines. Ces couclies, d'une épaisseur d'une centaine de mètres, constituent la plus grande partie de la tranchée de la gare de Gan. A la partie supé- rieure (i a) on dislingue des lumachelles d'Assilina granulosa et A. Lcj meriei, associées à Numrn. atacicus et Ortlwphragmina Pratti; vers le bas, un niveau coloré en rouge par l'oxyde de fer a fourni avec les Assilines précédentes de nombreuses petites Nummulites mégasphériques, Numtn. atacicus, forme A, N. Lucasi, forme A. 2. Marnes sableuses d'un gris bleuâtre, très fossilifères dans les premiers 5om, et devenant ensuite schisteuses et assez dures. C'est cette partie supérieure qui renferme la faune décrite par Al. Rouaull; elle affleure à la base de la tranchée de la gare de Gan, vers le Sud. Elle a fourni Serpula spirulea, Murex spinulosus, Fusus rugosus, Pleurotoma, Volula ambigua, Ancillaria spissa, Natica, Dentalium, Cardila asperula, Crassatella, Teredo, Nucula subtnargaritacea et un grand nombre de Foraminifères : Numm. Murchisoni, N. atacicus, N. Lucasi (très rare), Assilina granulosa, A. Leymeriei, Orthophragmina Archiaci, O. Pratti. Il faut ajouter, d'après d'autres récoltes, Numm. irregutaris (de petite taille), N. distans, var. depressa, N. mamillaris, etc. La partie inférieure de l'assise affleure dans les tranchées suivantes, et son épaisseur totale est évaluée à 45om environ. 3. Argiles sableuses avec un banc dur pétri de fossiles : Cardita asperula, Num- mulites bolcensis, Assilina granulosa, Orlh. Pratti. Vers la base on distingue une couche de sables jaunes et orangés (3 bis), très micacés avec grumeaux d'argile plas- tique. L'épaisseur totale est d'environ i5om. k. Argiles sableuses avec, vers le milieu, trois minces bandes dures fossilifères et, au-dessous, une couche de icm d'épaisseur de lignite feuilleté passant au jayet; ce sont les couches les plus basses qui aient pu être observées, et leur épaisseur est d'une cinquantaine de mètres. Les fossiles y ont été recueillis à quatre niveaux successifs. k a. Ciste/la, Cidaris (test et baguettes), Numm. bolcensis, N. atacicus, N. Lu- casi, Assilina granulosa, Orth. Pratti. h b. Même faune avec quelques Polypiers (Astrœa contorta). k c. Pattes de crabe, Cistella, Cidaris (baguettes), débris de Spatangues, Poly- piers (Flabellum), Numm. Murchisoni, N. atacicus et variétés granuleuses, N. Lucasi (abondant), Assilina granulosa, A. Leymeriei, Orth. Pratti, AWeolina oblonga (variété se rapprochant de VA. depressa du Vicentin). 4 d. Cistella, Cidaris, Numm. atacicus, N. Lucasi, N. bolcensis, N. globulus, N. mamillaris, Assilina prœspira, Orth. Pratti, O. scalaris, Alv. oblonga. Les faunes de ces différentes assises sont à peu près identiques, et la pré- SÉANCE DU 24 FÉVRIER IQl3. 397 sence des Assilines montre qu'elles doivent encore être attribuées au Lutétien; elles en représenteraient la partie la plus inférieure. La pré- sence dans ces couches de Numm. bolcensis, bien caractérisée, est particu- lièrement intéressante; cette espèce n'avait encore été signalée que dans le Vicentin et elle avait été attribuée à l'Yprésien supérieur; elle est ici certainement d'un âge un peu plus récent. Il faut signaler également l'abondance dans l'assise 4 c de N. Lucasi, espèce établie par Al. Rouault sur un seul échantillon, et qui avait été mal interprétée par de La Harpe et la plupart des auteurs; sa véritable signification lui a été récemment res- tituée par M. Boussac, d'après des échantillons retrouvés à l'Ecole des Mines dans la collection Étallon, mais qui ne sont pas absolument iden- tiques au type. THERMODYNAMIQUE. — . Sur la stabilité de l'équilibre thermique. ,Note de M. Pierre Duhem. La théorie de là conductibilité de la chaleur conduit aux propositions suivantes : Sur un système maintenu dans une enceinte de température uniforme et fixe Ss0, l'équilibre ne peut être établi que si la température & a, en tout point, la valeur'^,. Si l'état, abstraction faite des températures, est maintenu invariable, cet équilibre est stable. Nous avons entrepris de rendre les tbéorèmes généraux de la Thermody- namique indépendants de ,1a théorie de la conductibilité, en les fondant directement sur le postulat qu'invoque cette théorie même. Il importe donc, pour, achever notre lâche, de retrouver de la sorte les propositions précé- dentes. La .première, d'ailleurs, est, pour ainsi dire, impliquée dans le postulat en, question^; la seconde seule mérité donc d'arrêter notre atten- tion . Or les inégalités, que jious avons justifiées dans une Note précédente (' ) redonnent sans peine le théorème de Gouy : Un système, enfermé darts< une enceinte de température, uniforme et fixe S0, est assurément en équilibre stable dans un état qui rend minimum la quantité ' 1> '<' ''■'■■' nr ' l -.. ' ;•' ' ' fe| -_rVJ-TF(.<ï0)S, -'■(- '-r- -;/.- ••<-< r <■ !;■ ■' ■ •. : ' ■ 1 ' [ ' ' , ' j ] , ; -, ; : i ;;)•', • ; _ . (') Comptes rendus, t. 156, 10 février 1913, p. 421, 598 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il, ô sont l'énergie interne et l'entropie du système et F(5) la température absolue. Si l'état du système, abstraction faite des températures, est invariable, et si l'on impose à la température S, en cbaque point, à partir de la valeur uniforme &0, une variation infiniment petite arbitraire oS, on trouve sans peine que l'on a (1) 06 = 0, o!<ê>o. Mais cela ne suffit pas à justifier pleinement la proposition que nous avons en vue. Selon les définitions et remarques données en notre Traite d'Éner- gétique (t. II, p. 3 11), la proposition de M. Gouy assure seulement la stabilité de l'équilibre au second sens du mot, et cela, à condition que © soit minimum au second sens du mot; or les conditions (1) assurent seulement que © est minimum au premier sens du mot. En l'état considéré, © est sûrement minimum au second sens du mot s'il est minimum absolu. Or c'est ce qui a lieu. Si ©0 est la valeur de cette quantité lorsque la température est uniformément S0, et © sa valeur dans un autre état quelconque, on a où dm est une masse élémentaire quelconque du système et y sa cbaleur spécifique normale; celle-ci étant toujours positive, par le postulat de Helmboltz, il en est de même de la différence © — ©0. On peut démontrer de même que la distribution uniforme S0 de la tem- pérature assure un équilibre stable au second sens du mol si le système est maintenu dans une enceinte imperméable à la cbaleur. Soient, en effet, ll0, £„ les valeurs de l'énergie interne et de l'entropie lorsque la température a la distribution uniforme $„, "il, £ leurs valeurs dans un autre état quelconque. La proposition énoncée sera démontrée si l'on prouve que (Il — ll0) est certainement positif toutes les fois que (ô — ô0) est nul. Or cette proposition résulte de celle qui vient d'être démontrée, puisque nous avons prouvé que lt-U0-F('-0)(6-60) était toujours positif. Ce que la tbéorie de la conductibilité de la chaleur enseigne au sujet de la stabilité de l'équilibre thermique peut donc être également obtenu sans recourir à celte théorie. SÉANCE DU ll\ FÉVRIER IÇ)l3. 5o,0, GÉOLOGIE. — Analyse détaillée des dislocations du Briançonnais oriental. Note (') de MM. W. Kiman et Ch. Pussexot. Lorsqu'on étudie la structure des montagnes qui constituent le Brian- çonnais oriental, on constate que la succession des accidents tectoniques est la suivante à l'est de la Guisane. A. Entre le synclinal de Notre-Dame-des-Neiges (massif de Prorel) (à l'ouest duquel les plis forment une série d'écaillés déversées vers la France qui ont fait, de la part de M. Termier, entre Vallouise et Briançon, l'objet dune monographie aujourd'hui classique) et la frontière italienne, on ren- contre un ensemble de plis et d'écaillés isoclinales, nettement déversés vers l'Italie malgré la présence de quelques éléments droits ou hésitants, comme le synclinal du Grand-Aréa ou la montagne de Pécé. Ce sont, en allant de l'Ouest à l'Est : t. Les plis du terrain /touiller de la vallée de la Guisane, qui sont tous déversés vers l'Est, et dont quelques-uns se réduisent localement sous le massif de la Croix-de-Bre- tagne (Pont Baldy, batterie de la Roche-Noire), à des écailles imbriquées légèrement déjetées dans la direction précédente. C'est à l-'un de ces plis que correspond le sj rtcli- nal du Grand-Aréa. 2. L' anticlinal du signal de Saint-C/ta fjrey qui s'étend, au Nord, jusqu'au Tliabor par la Crête de Peyrole, la Roche-Gautié, la Chirouze et, au Sud, jusque dans le massif de la Grande-Maye par la Croix-de-Toulouse, à l'ouest du fort des Sallettes et le Pont Baldy. 3. Le synclinal de la Croix-de-Toulouse juxtaposé au précédent dans toute son étendue; le mont Thabor el le pic du Cheval-Blanc en font partie. Près de Briançon (fort du Château), il est accidenté d'un système de failles qui en a isolé et abaissé la charnière complexe, accidentée d'un bombement anticlinal secondaire, dans une sorte de fosse transversale. » k. Y? anticlinal de Malafosse, qui prend naissance dans le cirque du Clot-de-la- Ramette, près des Chalets-du-Granon, passe à mi-hauteur des escarpements du ravin de Malafosse, par le bas du hameau de Fonteuil, à l'Est de Fort-Dauphin, de la redoute du Point-du-Jour, et traverse la Cerveyrette pour s'effacer dans la Grande-Maye. Il présente entre la Cerveyrette et le Point-du Jour un curieux étirement qui a isolé la charnière de la racine. (') Reçue dans la séance du 17 février 1913. 6o6 ACADÉMIE DES SCfÈNCÉS. o. Le synclinal de Malafosse a, comme le pli précédent, son origine au bombement de l'Enclon, et s'étend de là au col delà Roya en passant par le ravin de Malafosse, le milieu du- village de Fo'ntèirrl, la Seytte et les 'Maisons-Crénelée^ près, desquelles il traverse la Cerveyr«tte. 6. L'anticlinal de Fonteuil, qui commence à s'individualiser vers le milieu de rEnclipn et'sejÇontitiiuî, vers. le SuaVpar, lç-bas xlu ravin -de. Malafosse;, ,1'est. de, .Fonteuil, 1,'Infernelel l,e RpcherTSienaléM , , , \?o rouprn rîoni'ftn poI; - -■'- i ! r rtp •:.,■■ .-, rro ,lj 7. Le synclinal de Fonteuil (isoclinal), part ég-alfSrme;nLd|ed'.E;i,ieJori el -se; poursuit vers le Sud par l'entrée du ravin de Malafosse, où il traverse la Durance, par l'est du F,r.t^&)'Infernet, par rpu.es t tk _G;< :• i I '■'!■:: ' Totit cet ensemble cbnsftitueune -masse cornplèxe Irribriquéeiftèi/evsèwerp PEst,i dans: latjtièlbe clies bandes de iqa'lm et de schistes j parfois laminées et trouées jusqu'à 'la disparition complète, (indiquent la' llrace1 ides: synclinaux; Oette niasse se continue km' la 'rive gaufchq dé laDiiranceet traverse; là CJerVeylrette p6ur y gagner-, 'piar la Gtiande-Mayé, Te-Queypa'sreLk'H(ante-l Ubaye. Les grands traits en ont été indiqués par l'un de nous ( W:< 'Kiliètn)iurï la feuille de Briançon de la Carte géologique détaillée, mais on y observe une ;..J.. -. . — ,1, ,. ... . t,~: ,,,, r, ,.r -,-,, ry. • c^Urr çl jr\ "• ' r V ■ ir.rc.IJ. fp.ule de. complications, de détails et qes.etirçments ou trouées qui, ont lait disparaître. localement certaines assises^. ,;■.;:,;.!■ • •• , ,; ,--■ \ '.■■■ ■ ■ -" ■ • •':-■■■ ■- ■ !•; , :' j|i rii'I i j?o'0 .rlnrl -/:q- noii-v ri -r l: \ ' ! B. A l'Est de l'ensemble précédent, on voit se succéder : ! - • "8; '^anticlinal de Granori^ dans léquèl-uri bombement local fait àppa- r'aîtré les grès hômllers et qui se !cbntirtùë,:jW les 'c'argnéufes du ûoi'des ;f hures, vers le massif des Rois-Mages ('Italie) et, au Sud, versla Coclielte et l'est de Terre-Rouge. ,. . . | , i . ...-! . . i, ■ . ■ . , . ; ', ,: ■*:V.-"î.\r."i?j r.\ tV. \\ ■- ■' ■ ■-- • i .', ,. 9^;Le .synclinal \tfe \7aLdç.s-l\résJyave,cmassçs intrusives de rqches.re.r/.es,) qui se poursuit au Nord par Plampinet et ■l'AiguiHe-Roiïgej aui Sud par la Gochëtle et la Lauzetle; sur Ta rive gauche déila GerVeyrette; 11 forme une partie du Goudran et y encapuchonné la charnière coucb'ê envers T'Est dé f'dntielinàlisUivapti. \ <• ' ■ •-■ -.;■■,- [ , : • ■■ r»\o\ir.r,M .' <'>■■■■<■'. ■ ■ ; • i ■ ' ; . ■ -, p ;". -r ' -. s ■■ i' V ;A: ..- iK'-iji'i , , .10. .^antipfinal^e.Pecé^u-dfJ^nus constitue le commet de. Gmon,,^ fa montagne (do Péeé, fil] se poursuit au P*Tor.d dans de. ..massif des ,Trrqis-jVlages ('PniTtà jGa^ptirne) vers île col de la-Roue. Ll'es-t! droitou- faiblement déversé- dans sa partie nord, et localement accidenté de failles -soi' son Tlhncoues't (Pécé^,-pmVt7 se couche n brune), SÉANCE DU li FÉVRIER ip,l3. POÏ Entre le Janus et le Lasseron, on. remarque un abaissement .d'axe,, grîi.çe auquel sa charnière (toujours couchée .vers l'Est). est, restée, encapuchonnée d'une enveloppe de schistes lustrés. .. . ..'...:. , ■ . ... . I I . Le synclinal du Grand-Charvet ou de Cerviêres (avec replis secondaires à l'Alpet et à DormlUouse) apparaît à Ccrvières sous la charnière couchée du pli précédent par une fenêtre (Batterie du Bois-des-Bançs)..très remar- quable. 12. L' anticlinal du- Chaberton, dans l'axe duquel est creusé le vallon du Bio-Secco (avec ses quartzites^et.ses roches yçrtes) et dont )es flancs ouest et est sont constitués par l'arête de Serre-Thibaut et le sommet du Cha- berton. Ce pli se continue au Nord par le col des Trois-Frères-Mineurs et les assises redressées de Malapa et du Bocher-des-Prés. Au Sud-Ouest, il se poursuit bien au delà de la Piccola Dora après avoir subi un abaissement d'axe. Il est représenté à l'ouest des Acles, .au.col de la Chaux-d'Acles, par une bande anticlinale de cargneules, qui représente sa racine, séparée de sa charnière par une fenêtre de schistes lustrés (col des Acles). 13. Le synclinal du Chaberton, bien net à Clavières, et s'étendanl par le flanc est du Chaberton au Clos des Morts, puis à la pointé des Trois-Scies, y compris les Grands-Becs, et, avec une élévation de son axeyàlâ'Pointe du Cloutzeau. Il s'atténue plus au Nord, où il est enlevé par l'érosion et où il ne constitue plus qu'une simple. ondulation (les anticlinaux. 12. et 14 se confondent ici, en effet, en une seule charnière couchée. v.tr s Ï.Es.t); au.Sud-Est, il s'ouvre et contient la masse éruptive du Chenaillet. 14. V anticlinal de Césanne, bombement calcaire tria.sique entre Césanne et le Chaberton, se poursuivant au Nord en se çouchanl vers l'Est par. lç flanc est des Grands-Becs, les Bochers de Malapa et. des Prés, la Pointe, du Cloutzeau, le sommet de Bonvoisin, la Pointe Charra et l'anticlinal des Acles. Au Sud, cet anticlinal passe entre la frontière et Bousson. 15. Une masse synclinale de schistes lustrés, située entièrement sur le territoire italien et rejoignant au Pas-de-la-Mulat*ère la fenêtre du col des Acles, qui le fait apparaître entre la racine de l'anticlinal 12-14 et la char- nière du même pli. Des accidents que nous venons d'énumérer et qui ont été signalés en partie par l'un de nous ('), ont été suivis et étudiés dans leurs connexions (') Ch. Pussenot, Bull. Sen>. Carte gcol.; Comptes rendus des Cotlab. pour 1910 et 191 1, t. XX et-XXt. 602 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans une excursion commune; ils se présentent avec la plus grande netteté et ne se prêtent à aucune autre interprétation, leur continuité est remar- quablement visible sur le terrain et n'a rien d'hypothétique. M. Gustav Retzius fait hommage à l'Académie du Tome XVII (Neue Folge) de ses Biologische Untersuchungen. COMMISSIONS. (Voir p. 648.) CORRESP ONDANCE . M. G. Lemoixe fait hommage à l'Académie, de la part de M. Colin, d'une lettre autographe de Behzelius à M. .Iullien, relative à un projet de nomenclature chimique. M. P. Vuillemin, élu Correspondant pour la Section de Botanique, adresse des remercîments à l'Académie. M. le Ministre de l'Instruction* publique et des Beaux-Arts adresse ampliation du Décret qui autorise l'Académie à accepter le legs universel qui lui a été fait par M. Bonnet (Léon-Clovis). M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la* Correspondance : i° /ici/rage zur Gfschichle der niedersdchsischen Familie Roscheh. (Transmis par M. le Ministre des Colonies.) 2° Le Volume XV (seconde série) du Journal of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, publié en commémoration du Centenaire de la fondation de cette Académie. 3° Traité de la couleur au point de vue physique, physiologique et esthé- tique, par M. A. Rosenstiehl. (Présenté par M. Lippmann.) SÉANCE DU ?4 FÉVRIER 1913. tio.'-J GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les configurations de Laplace. Note de M. E. Bompiaxi. I. J'indiquerai ici comment on peut retrouver, par une voie purement géométrique, certains résultats de M. Darboux sur l'équation d'-x (0 do, do. dx , dx a- h b -j— (70, do., ; O, résultats sur lesquels M. Tzitzéica a rappelé récemment l'attention ('); je me servirai des considérations dont j'ai fait usage dans mon Mémoire Suit' equazione di Laplace (2). 2. Pour ne pas avoir à m'interrompre par la suite, je rappellerai d'abord une propriété des coordonnées homogènes d'espaces. Soient les v + 1 points A0, A', ..., Av définissant un espace linéaire S., (à v dimensions) contenu dans un espace S„. Les déterminants d'ordre v 4- 1 extraits de la matrice A» A» . A! AI . A ' A'l V'l A-' formée avec les coordonnées projectives homogènes des A sont dits coor- données homogènes (surabondantes) de Sv. On peut noter pt , v v+1 le dé- terminant formé avec les v + 1 premières colonnes de la matrice, et de même les autres. Il est facile de voir la signification des p ayant v indices communs, par exemple 1 , 2, . . . , v : ils sont les coordonnées projectives homogènes du point où Sv rencontre l'espace S„_v d'équations X, = Xj=,..=:Tv=:o. 3. Nommons une surface décrite par un point dont les n -f- 1 coordon- nées projectives homogènes sont des solutions de l'équation (1) et soit 4»_ *, 4>, la suite de Laplace relative à 4>. (') Sur les réseaux dérivés {Comptes rendus, 3 février 1913, p. 3i4 )• (*) Cire, matent, di Pa/er/no, t. XXXIV, 1912. C. R., iciiS, i" Semestre. (T. 15fi, N° 8.) 77 bo4 ACADEMIE DES SCIENCES Je rappelle un résultat de mon Mémoire auquel on arrive par des consi- dérations très simples (n° 3) : Les SA(A" < n) oscillateurs aux courbes p2 de $ (c est-à-dire aux courbes sur lesquelles p2 varie seul) en tous les points d'une courbe p, sont oscillateurs à une courbe p, de la surface $/(, qu'on déduit de $ en lui appliquant k fois la transformation de Laplace (dans -un sens convenable). Soit SA+A l'espace défini en un point arbitraire de par les S* et SA oscu- laleurs en ce point respectivement aux courbes p2 et p, . Il contient (/( + i) S* osculateurs à des courbes p2 en des points infiniment voisins situés sur une courbe p, (de $) : donc, d'après l'observation précédente, il est osculateur à une courbe p, de $A. On peut voir de même qu'il est osculateur à une p2 de $_*(')■ Enfin : Les Sk+h ainsi construits en tous les points d'une courbe p, (ou p. ,) de 4> sont osculateurs à une même courbe p, (ou p2) de A. (ou de $_A ). Donc, les yz2Sk+h peuvent s'assembler, de deux manières distinctes, comme espaces oscillateurs à c©' courbes. Considérons l'espace SA+A+, réunissant les espaces SA+A construits en deux points voisins d'une courbe p, (s ). On peut raisonner sur lui comme sur S/,+A et démontrer que : Les oo2S/t+A+l ainsi définis pour tous les points de peuvent s'assembler de deux manières distinctes comme espaces oscillateurs èi c©1 courbes. Nous dirons qu'une telle configuration de tc2Sa+a est une configuration de Laplace. La raison de cette dénomination est la suivante : En coupant une configuration de Laplace (de SA+/i dans un S„) par un S„_*_A on obtient une surface avec un réseau conjugué, c'est-à-dire intégrale d'une équation de Laplace du type ( i). 4. Traduisons analytiquement ces résultats. L'espace SA+A dont nous avons parlé est individualisé par les points dx d1' x dx d1' x X, -7 ) •••) . 1 -T î •■•, , ) dp 2 api dpx dp" ( ') Si les courbes p2 de O appartiennenl à des S^ il faul supposer \x > k. (') On peut aussi envisager les oo5S/lM_/,+, obtenus en remplaçant p, par p2 et les assembler d'une manière analogue à celle qui suit. SÉANCE DU ll\ FÉVRIER IO,l3. 6o5 c'est-à-dire que ses coordonnées homogènes s'extraient de la matrice ( n >> k -+- h = v) : X, .<; &y+ l • • xn+ 1 dpi à?i dXv+y àp. dp2 à?xt dka.\ 0 -Cy-t-l d''x„+. àp'i *PÎ Op dp* dxt dxv dxv+ , Oxn+. ( dp, dp. dpx dpi dkxt u"x., àhJTy+l « ' ^" « -1-1 dp\ àp'i àp'; àp'i Les /»i,2,...,v,j (i' = v + i,....,» + i) sont (n° 2) les coordonnées proj éc- rives homogènes du point d'intersection du S/(+A = Sv considéré avec l'espace S„_„ d'équations a:, = x.À = . . .= a?v = o. Ce point décrit, comme nous l'avons vu ailleurs, une surface avec un réseau conjugué, c'est-à-dire que : Les yu, ., v , (7= v + i , ..., ii -f- i) sont solutions d'une même équation de Laplace qui a p, , p2 pour variables caractéristiques. Les p coïncident, aux notations près, avec les expressions (m, n) de M. Darboux : nous avons ainsi établi le résultat que nous avions en vue. Si n — v>3 et si l'on projette de l'espace Sv_t (x\+l= ... = xn+l = o) le réseau conjugué de $ (de S„) sur l'espace S„_v, on obtient un réseau pour lequel les réseaux définis par le théorème précédent sont les réseaux dérivés de M. Tzilzéica : leurs propriétés sont contenues dans nos observations (n- 3). ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Propriétés nouvelles des caractéristiques des équations partielles linéaires du premier ordre en deux variables. Note de M. Gustave Savxia. « Le rapport anbarmonique des plans tangents de quatre surfaces d'une congruence de courbes, qui passent par une même courbe de la congruence, est constant tout le long de cette courbe. 606 ACADÉMIE DES SCIENCES. Nous allons voir que ce beau théorème de M. Darboux (') est un cas particulier d'un théorème très général qui, à son tour, n'est qu'une inter- prétation géométrique d'une remarquable propriété des caractéristiques des équations linéaires aux dérivées partielles du premier ordre en deux variables. Soit (i) F(x,y,s,p1<),p<>i) = P(x,y,z)pio + Q(x,y,z)p<>i— R(x,y,z)=o une telle équation, où (2) P*=dSlF (<-Hr* = i,2,3,...). Ses caractéristiques C0 (d'ordre zéro) sont définies par le système — — iL - — (6] P ~ Q - R " Soient Ca) y=y{*), s ==*(*) les équations d'une caractéristique C„ déterminée. Pour toute inté- grale s = z(x, y) de (i), qui contient C0, les fonctions (2) sont des fonc- tions de la variable r seulement le long de C„. On peut les calculer de proche en proche, moyennant les équations ( 5 ) dz—p^ oi dy, dpik =pi+uk dx -+- p,.,,+l dy («'-+- k — 1, 2, . . . ) et cSF ô2F r=o, -^- = 0, 3— ; — o, ..., °y °)'~ où -rr-r est la dérivée d'ordre /• de F par rapport à y, lorsqu'on y consi- dère z, pl0, p0l comme des fonctions de a; et de y. En exécutant les calculs, on trouve des équations de la forme ,f, dpBl „ (G) -^-^«iJP5i + »ii?oi+c1, (6') /'io~eoi/>oi+/on (7) ^dr = b'"P' '•"" ( 7 ) Pi,m—1— ei, m lJ0 , m "+" .//, m ' (j' = i,2, .... m; m = 2, 3, . . .), (') Leçons sur la théorie générale des surfaces, t. 11, p. 3. SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. 607 où les coefficients ah, bt, c,, e0), /01 sont des fonctions connues de x le long de C0 et b,„, cm, eim fi>m sont des fonctions connues de a; et des pik (J + i= 1, 2, ..., m— 1). On en déduit que : C0(4) est contenue dans une infinité de caractéris- tiques C, du premier ordre y (x), z(x),pl0(x), pot(x ), qui dépendentd'une constante arbitraire; chaque C, dans une infinité de caractéristiques C2 du second ordre y (x), ..., p,>,-,(■'•), PÏ,m-/0»)i P"»i-i(*) (« = o, 1, . .., m), solutions particulières du système ( 6), (<>'), si m = 1, ou du système (7), (7'), sim>i. La linéarité des équations (6') et (7') nous apprend que les rapports anharmoniques [pi,m-i(x), p'i,m-t(x), p*ijm_i{x), p"lm-i(x)] {i=o, \, ...,ni) sont tous égaux à une même fonction R(#) de x. Il est tout à fait naturel d'appeler R(.r0) le rapport anharmonique des éléments d'ordre m des caracté- ristiques C,„, .. ., C"m au point x = ,t0 et la fonction l!(r 1 le rapport anhar- monique des caractéristiques C,„, . . ., C"n. En particulier R(«) — [p0,m(^), p0t„, (■<-■)■ l\, «,(•''). p'î,,,Ax)\\ • mais/»0im(a?), ■■■iPa„Xx) sonl quatre solutions particulières d'une même équation de Riccati (6), si m = i, ou d'une même équation linéaire (7), si m > 1 ; donc R(#) est une constante ('). Nous avons démontré que : a. Le rapport anharmonique de quatre caractéristiques d'ordre mikv de r équation (1). qui contiennent une même caractéristique d'ordre m — 1 , est constant. (') On peut même démontrer que cette constante est invariante pour tout chan- gement des variables ■ >■, y, :. 608 ACADÉMIE DES SCIENCES. Maintenant, si x, y, z sont les coordonnées d'un point de l'espace, les caractéristiques G0 de l'équation (i) déterminent une congruence de courbes ^ et les intégrales déterminent les surfaces S de la congruence (lieux de courbes y); les éléments d'ordre r]> o d'une surface S le long d'une courbe y forment une caractéristique Cr d'ordre r de l'équation, ayant la courbe y par support. On peut donc donner au théorème a la forme géométrique suivante : b. Si quatre surfaces d' une congruence de courbes ont un contact d 'ordre m-i^o/e long d'une courbe de la congruence, le rapport anharmonique des éléments d'ordre m des quatre surfaces est constant tout le. long de cette courbe. En supposant m=i, on retrouve le théorème de M. Darboux. Le théorème b peut s'étendre à des systèmes de courbes et de surfaces bien plus compliqués que les congruences. L'équation (i) a des caractéristiques d'ordre zéro (courbes) qui dépendent de deux constantes arbitraires, et chacune de ses surfaces intégrales est un lieu tout à fait arbitraire de ces caractéristiques. Mais tout cela tient à la forme très particulière de l'équation. En effet, pour une équation générale d'ordre n (9) F(^. y, Z,Plo,Pou ■ ■ • , Pno, P11-UO1 ■■ -'Pou) —O. l'ordre le plus bas des caractéristiques est n\ ces caractéristiques dépendent de cinq constantes arbitraires (si n = 1 ) ou d'u ne fonction arbitraire (si n^> 1); toute surface intégrale S est bien un lieu de courbes y, supports des carac- téristiques, mais convenablement c/ioisi. Pour ces nouveaux systèmes de courbes y et de surfaces S, le théorème b subsiste, pourvu que m 1 > n. Car le théorème a subsiste aussi pour V équation générale (9), pourvu que m — \~n. Cela découle immédiatement des résultats que j'ai donnés dans une Note précédente ( ' ). (') Comptes rendus, t. 15a, 11" 13, p. 636. [Page 63J, ligne 9, au lieu de deux, lire trois. — Voir aussi Errata dans le n° 18, p. 866, et dans le n° 24, p. 1 176.] SÉANCE DU ll\ FÉVRIER TO,l3. 609 ANALYSE mathématique. — Sur le théorème d'indépendance de. Hilbert. Note (') de M. Th. De Doxder, présentée par M. Appell. I. Premier lemme. — Considérons le système différentiel (l) & = M!~..,= *#■' =dt (/=, n), équivalant à n équations différentielles d'ordre (a-f-i). En utilisant une notation de Lie, ce système pourra s'écrire Supposons que Ton connaisse ti fonctions v,", — y"' de y,, ...,ynell, qui satisfassent aux équations (i); considérons maintenant le système (3) Mà = >'» et /, et par celles qu'on en dérive : par exemple y' - dt + Zt dyx n (') Présentée dans la]séance du in février 191 3. (HO ACADÉMIE DES SCIENCES. Deuxième femme. — Considérons le système différentiel (7) et un invariant intégra Y,e>7)' 1 i-uple dt (i = i, ..., n) (8) 2'N(ayh où N,, . . ., N„ sont des fonctions de y,, . . ., y„ et /; on a, par hypothèse, en vertu des équations (7), h) £2"M.r.=«w' / étant la variable indépendante, on pose 8* = o. La théorie des invariants apprend que (') (10) 2><- ofi dt Y, 1 W<5/ est un invariant intégral i-uple du système , n dyt dt , . (Il) y /t ■ =-=rfT (1 = 1, »). t étant la variable indépendante, on pose ôt = o et ot=f o. On peut énoncer le lemme suivant : Pour que la forme (10) so*7 une diffé- rentielle exacte, il faut et il suffit que la forme (8) soit une différentielle exacte. Dans la première différentielle on a 8/^0, dans la seconde on a II. Extension du théorème d'indépendance de Hilberl (2). — Pour fixer les idées, considérons l'invariant intégral relatif (3) i-uple <■■' J=2<(J? rf dF dt dy'r' OF ôr, + 2'' ^7 *y£1, = 2' ( M< ** + Q< W) (') Th. De Dondkr, Bulletin de l'Académie royale de Belgique : Classe des sciences, février 1911 (voir spécialement les Chapitres J et VI). (-) O. lîoi.z v . Rendiconti del Circolo matematîco di Palermo, t. XXXI, iei se- mestre 191 1 . (3) Th. De Donder, Bendiconti de/ Circolo matemalico di Palermo. t. XVI, 1 semestre 1902 I voir spécialement le n° 58 de ce Mémoire). SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. 6ll /•'■ des équations différentielles définissant les extrémales de ol Fdt — o, où F est une fonction quelconque de t, y„ y\'\ y™ (1 : = 1, ..., n). Si ces équations sont satisfaites par les n fonctions y\'\ . ..,/!" de y, , ..., y„ et l, le premier lemine nous apprend à déduire, de J, un invariant intégral relatif i-uple J du système (3). Grâce au deuxième lemme, on déduira de J l'invariant intégral relatif i-uple : (i3) J' = i'(^+i^*^)*/^r?-i'(B*+i*^^W]* du système (11); on trouve, en outre, que pour que J' soit une différen- tielle exacte, il faut et il suffit que J soit une différentielle exacte. Donc, si n — 1 , J' est toujours une différentielle exacte. MÉCANIQUE. Sur la propagation et l'altération des ondes de choc. Note (') de M. L. Crussakd, présentée par M. L. Lecornu. Une onde plane de choc, tout comme une onde continue (-), peut être définie par la distance x=f(w) qui sépare chaque front F du front ini- tial F0, avec cette différence qu'en un certain front (qui peut être F0 ou qui peut en être distinct) il y a variation brusque de w (front de choc). La recherche de la façon dont se déforme, en se propageant, une onde ainsi constituée est très complexe : i° parce que le front de choc ne pro- gresse pas comme les autres; i° parce qu'il donne, à chaque instant, nais- sance à des ondes de retour. Par contre, les ondes qui portent des compres- sions modérées obéissent à des lois pratiquement assez simples, et le problème peut être entièrement résolu, à un taux d'approximation large- ment suffisant. Si, usant des formules établies par Hugoniot, on cherche à déterminer l'état PV d'un front F où se réalise la vitesse w, on a, comme on le verrait facilement : (') Présentée dans la séance du 17 février igi3. (-) Voir ma Note du 3 février 1910, insérée dans les Comptes rendus de la séance du io. C. B., 1910, 1" Semestre. (T. 15G, N" 8.) 7^ 6l2 ACADEMIE DES SCIENCES. Cas d'onde continue. p w s ic! Tr w3 p-=yc- + -/cT +Iv cî> V " ' «s -, Ç» ~*~ C3 ' C«s d'onde de choc. P^ Pc _v v„ 7s0" y Ci +K> C3' K', K, K', K,, K'( désignant des quantités finies. Au troisième ordre près en ^-, l'état PV est donc le même et, à ce degré d'approximation, les ondes de retour disparaissent. Etudions, pour fixer les idées, la propagation d'une onde dans laquelle w 4 F„ l h-f le front de choc coïncide avec le front initial F0. Si, à un instant donné, la vitesse derrière le front est ir, le front F0 progresse avec une vitesse U' donnée par les formules d'IIugoniol, soit, en développant en série : (0 , + ê !L _ Êî Il _i_ k- - taudis que le front suivant F, progresse, comme on Ta vu dans l'étude des ondes continues, avec la vitesse U = S0- i + p£.) >U-' (2) F, ne larde donc pas à rejoindre F0 et à altérer la marche du front de choc. Le problème sera résolu si l'on connaît : i" l'époque T à laquelle un des fronts arrière F, portant la vitesse w, rejoint le front initial F0 ; i° la position X de la rencontre F'a. Or : i° pendant le temps T, le front Fa parcouru le chemin FF^=X+aj avec la vitesse U, donc (3) \+^. = UT, et 2° au moment T, la vitesse derrière le front F,', étant w, ce front pro- SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. fil °> gresse avec la vitesse II' (4, S = D.. L'élimination de X, U et U' entre (1), (2), (3), (4) donne ainsi (toujours , II'3 , x a £; près) d'où ^ÇQ^f-f- Pw\-f _,. i3 "Y r "' ^1 ICT=(-f€)'X i • + 7- ë- 4 5>o ce qui résout entièrement le problème. En particulier, l'atténuation spontanée des ondes de choc (le coup de vent des explosifs, par exemple) est ainsi résolue. Quand l'onde est sur le point de disparaître (w faible), on voit, notamment, d'après (5), qu'elle obéit approximativement à la relation (6) u-T = const. Jointe à (3), cette équation (6) montre que l'onde, en même temps qu'elle s'atténue, s'étale entre tête et queue, sa longueur variant à peu près comme JT. AÉRONAUTIQUE. — Sur un nouveau principe de stabilité longitudinale des aéroplanes. Note (') de M. Alexandre Sée, présentée par M. L. Lecornu. On sait que la stabilité longitudinale des aéroplanes en air calme, entendue dans le sens de création d'un couple de rappel lorsque l'appareil, supposé préalablement en équilibre, prend un petit mouvement de tangage, est habituellement obtenue par le principe dit du V longitudinal. Le V longitudinal consiste en la disposition de deux surfaces fixes l'une derrière l'autre, celle d'avant ayant un angle d'incidence plus grand que celle d'arrière. Les deux surfaces peuvent à la rigueur être réunies en une seule (') Présentée dans la séance du 17 février igi3. 6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. dont la partie antérieure a une incidence plus grande que la partie posté- rieure. La présente Note a pour objet de montrer qu'on peut réaliser la stabilité longitudinale par l'application d'un principe tout différent. Considérons un aéroplane composé d'une surface portante principale A placée à l'arrière et d'une surface B placée à l'avant; cette surface B est librement mobile autour d'un axe transversal C; elle est en outre convexe vers le bas, ou plus généralement elle a une forme telle que la poussée de l'air sur elle avance lorsque l'incidence diminue (il existe des surfaces en S présentant cette propriété alliée à une bonne qualité portante). En marche, la surface B s'oriente d'elle-même, de manière que la poussée E qu'elle reçoit de l'air rencontre l'axe C; elle conserve par conséquent une incidence constante. Il est facile de voir qu'un tel ensemble, bien que dépourvu d'empennage fixe, possède la stabilité longitudinale. En effet, supposons l'appareil en équilibre; les deux poussées t) et E sur les surfaces Sens de la. marche. A et B ont une résultante R passant par le centre de gravité (on suppose, comme d'habitude, que le moment de la traction de l'hélice par rapport au centre de gravité est très petit). Si l'appareil pique du nez, l'angle d'incidence des deux surfaces se trouve diminué. La poussée D sur la surface A diminue. Mais la surface B reprend immédiatement son incidence de régime, et par conséquent la poussée E ne diminue pas. lien résulte que la résultante de D et de E se rapproche de E, produisant un couple qui tend à relever l'avant de l'appareil, c'est-à-dire à rétablir la position initiale. On voit par un raisonnement analogue que, si l'appareil se cabre, la sur- face B est encore stabilisatrice. Pour vérifier ce principe, j'ai construit un modèle réduit. Ce modèle présente une très grande stabilité; lancé dans des conditions diverses, il s'établit immédiatement à sa position de régime et ne s'en écarte plus. SÉANCE DU ll\ FÉVRIER I()t3. Gl5 En déplaçant soil le centre de gravité, soit la position de l'axe C sur la surface B, j'ai fait varier les vitesses et angles de régime, sans nuire à la stabilité. Ce principe de stabilité ne fait pas appel au V longitudinal; l'incidence de la surface d'avant est déterminée par la position de l'axe C; elle peut être cboisie égale ou inférieure à celle de la surface d'arrière. En pratique, on donnera aux deux surfaces l'incidence correspondant à la meilleure qualité portante, chose qu'on ne peut jamais faire avec le V longitudinal, dans lequel la surface stabilisatrice a toujours une incidence nettement plus grande ou plus petite que celle correspondante la meilleure qualité portante. Le couple stabilisateur obtenu par le procédé ci-dessus est plus grand que celui que crée le V longitudinal; en effet, avec ce dernier, la poussée sur les deux surfaces varie, et le Y a pour effet de faire varier la poussée sur l'avant un peu moins vile que la poussée sur l'arrière. Avec le procédé que je viens de décrire, la poussée sur l'avant ne varie pas du tout; l'effet stabilisateur est en quelque sorte la limite supérieure de celui qu'on pour- rait obtenir avec le Y longitudinal poussé à l'extrême. ÉLECTRICITÉ. — L'inscription des signaux horaires et des télégrammes hertziens à l'aide d'un appareil Morse. Note(') de M. Albert Tirpain. Continuant les recherches que je poursuis depuis quelques années sur l'inscription des signaux hertziens, j'ai réalisé deux types de galvanomètres très sensibles et de grand amortissement. L'un me sert à inscrire photographiquement les signaux hertzieus de l'heure à la manière que l'ai indiquée à l'Académie dans une Note récente (Comptes rendus, 10 février ip,i3) ; c'est un galvanomètre à corde qui rap- pelle les dispositifs de ce genre d'Eithoven et d'Edelmann. L'autre est un galvanomètre à cadre qui permet de mettre en mouvement un appareil Morse ordinaire. Je donnerai ici, concernant ces deux types d'appareils, quelques indications succinctes. Galvanomètre à corde. — Le fil tendu dans un champ magnétique intense est du (il de a!* de diamètre, fil à la Wollaston qui, argenté, présente un diamètre (') Présentée à la séance du 17 février igi3. 6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. de j-§-g-0 de millimètre. On le décape de l'argent sur une longueur de 4e™ à 5cm environ. Le fil est tendu dans le champ magnétique d'un puissant électro Weiss, muni de pièces polaires coniques qui, rapprochées à imm, réalisent un champ de 3-3000 gauss. Le galvanomètre décèle un courant de 5 X io~ ,2 ampère, soit ' n de microampère. Il m'a servi à inscrire les signaux de l'heure par la photographie et à y comparer au -^ de seconde près l'heure d'un chronomètre {Comptes rendus, io février io,i3). Galvanomètre à cadre. — Le fil conducteur, en cuivre isolé à la soie, mesure ^ et dans certains cadres ~-0 de millimètre de diamètre. Le cadre est sans support. A cet effet, l'enroulement est fait sur mandrin de bois recouvert de papier et en dernier lieu d'une feuille de papier pelure. Chaque couche de fil est passée au vernis à la gomme laque. L'enroulement muni du papier pelure est extrait du mandrin. Par une opération minutieuse, on décole, au moyen d'un pinceau léger imbibé d'alcool, le papier pelure qui est retiré par fragments. L'enrouiement du fil rJ-5 ou r;}0 est dès lors aggloméré sans support. On frette chaque coin du cadre au moyen d'un fil d'aluminium de ,1^ de millimètre de diamètre présentant une petite boucle qui per- mettra la suspension bifilaire du cadre au moyen de fil de cocon de soie. Le cadre est muni, sur un de ses côtés, d'un miroir d'oscillographe (2mm sur imm). Les deux coins supérieurs reçoivent deux index en mince fil d'aluminium. L'un des index, de 5cm de longueur, muni d'un fil de cuivre de j~ de millimètre de diamètre enroulé en spirale, permet de réaliser un contact de relais, à la vérité un peu précaire. L'autre index, de irm seulement de longueur, agit par un fil de cocon sur un très léger levier d'aluminium, très mobile et qui accroît dans la proportion de ~ les déplacements du cadre. Ce dispositif de relais est bien constant. Ce levier d'aluminium agit, par ses déplacements, sur un relais très sensible (relais Claude ou relais Ducousso sensibles à des courants de 5o!xa). Ce dernier relais permet d'actionner un Morse ordinaire. On peut donc, grâce à l'équipage du cadre — et par une cascade de deux relais de sensibilités décroissantes — mettre en œuvre, par les signaux hertziens, un appareil Morse ordinaire. Les galvanomètres à cadre que j'ai réalisés présentent une sensibilité de l'ordre du ~^ de microampère. Les équipages, tout frétés de leurs boucles de fil d'aluminium, de leurs index et du miroir qui permet de les appliquer à l'inscription photographique, pèsent de Ie, 5 à 2g, 3. Les cadres que j'ai réalisés mesurent 72"1"' sur 1 imm (dimensions inté- rieures). Ils ont une épaisseur de 2mm,5 ou de 5mm. En fil de ^ cm peut accumuler 4oo tours (20 couches de 20 tours) ou même 1200 tours (3o couches de /jo tours), sans donner aux côtés du cadre une épaisseur supérieure à 2nim ou 3mm. On peut dès lors utiliser des entrefers de 2mm,5 à 3™1", 2.5, c'est-à-dire réaliser des champs magnétiques de 20000 gauss à 23 000 gauss. En suspendant le cadre par un bifilaire en cocon de 7™1 de hauteur, tiré à 4mm du cadre par deux haubans horizontaux en fil de cocon, on règle aisé- SÉANCE DU '±[\ FÉVRIER igi3. 617 ment le couple de torsion et l'on réalise un amortissement qui permet de suivre la transmission par signaux Morse. Je poursuis à l'heure actuelle, au moyen de ces galvanomètres et de cette méthode d'une cascade de deux relais de sensibilités décroissantes, la cons- truction de dispositifs pratiques qui permettent de remettre automatique- ment à l'heure une pendule donnée au moyen d'un seul des signaux horaires de la Tour Eiffel. Les organes de la pendule déterminent automati- quement la mise en relation des dispositifs avec l'antenne seulement au moment de l'émission du signal de ioV|5m. MÉCANIQUE. — Effets de la flexion aux points d'attache du fil dune balance de torsion. Note de M. V. Ckémieu, présentée par M. E. Bouty. Le but de la présente Note est de compléter ce que j'ai montré antérieu- rement d'une manière sommaire (Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 1161) au sujet des balances de torsion dont le fil de suspension est fléchi à ses points d'attache. Considérons un corps \ , de masse M, de cenli e de gravité G, suspendu à u n lil fin AB, serré suivant \a dans une pince fixe, et suivant Bb dans une pince solidaire de X. On peut distinguer deux cas : Premier cas. — L'insertion Aa (fig- 1) n'est pas verticale et l'insertion Mb prolongée passe par G. Le fil est alors fléchi à partir de A, et le moment de flexion 3TL, maintient X dans une position telle que G se trouve à une distance GO de la verticale du point A, qui satisfait à la relation (0 3fV1 = MgX GÔ=ÎVLj/sina. Aa, B et G sont, ainsi que le fil, contenus dans un plan de flexion déterminé. Second cas. — L'insertion Art est verticale (fig. 2) et l'insertion Bb prolongée ne passe pas par G. Le fil est alors fléchi à partir de B, et le moment Dfl2 maintient encore G à distance de la verticale du point A, dans une position définie par une relation ana- logue à (1). Dans ces deux cas, X peut osciller pendulairement autour d'axes horizontaux passant par A, et azimulalernent autour de la verticale du point A; mais il présente toujours un mouvement oscillatoire complexe, résultant de la combinaison de ces deux espèces d'oscillations. Si le fil de suspension est fin, et le poids du corps X voisin de la charge élastique de ce fil, la période azimutale T, est très longue par rapport à la période pendulaire T,. Par exemple, avec des fils de im de longueur, le rapport des périodes est supérieur à 1200, pour une forme appropriée de X. 6i8 ACADEMIE DES SCIENCES. Supposons qu'un ébranlement vienne agir sur la pince supérieure et fasse passer A en A', en un temps t. La pesanteur, appliquée en G, fera prendre à \, avec un retard dt, un mouvement pendulaire. Mais par suite de la flexion du fil, G se trouvera, pendant l'intervalle dt, soumis à un couple à axe vertical, dont l'expression est W =r Mgl sin a sin^ sin',). expression dans laquelle (3 désigne l'angle AGA' et to l'angle du plan de flexion avec Kig. .. Fiï. Fie. 3. le plan AGA'. La valeur de W est nulle pour w — o ; et dans ce cas, le déplacement de A n'entraînerait pas d'oscillation azimutale de X. Le couple antagoniste de W est le couple de torsion \V„ du fil. Dans les conditions W , i définies ci-dessus, le rapport rrr est de l'ordre de > pour des valeurs de a et S ' ' W0 iooo ' ' de l'ordre de la minute. L'angle dont tournera G autour de la verticale A0 sera donc très appréciable; la ligne d'intersection de X par A0 restera en relard sur G, et le T, retard sera proportionnel au rapport — • 1 2 Cas de deux flexions . — L'analyse qui précède ne s'applique qu'aux cas où le point A se déplace de façon que Aa reste parallèle à lui-même. Dans SÉANCE DU ll\ FÉVRIER IÇ;l3. 619 ces conditions, un déplacement de A n'amène aucun changement dans la position d'équilibre azimutal du plan de flexion. , Mais si le déplacement modifie la direction de Afl, on constate que celte position d'équilibre change, et l'étude des mouvements du système devient très compliquée. Le fil de suspension prend la forme d'une courbe gauche complexe, qui fera l'objet d'une étude ultérieure. L'expérience montre, d'ailleurs, que ce fil est soumis à une torsion proportionnelle à l'angle que font entre eux les plans verticaux passant par Aa et Bb. On peut se rendre comple île ce qui se passe à l'aide du raisonnement suivant : Admettons d'abord (ce que l'expérience vérifie pour des fils fins) que la plus grande partie FF {fig. 3) du fil de suspension est sensiblement verticale. Ceci posé, considérons le système suspendu de la figure 2. Il n'y a qu'une flexion 3TI, et la trace horizontale sera telle que &BAG {fig- 4)- Fig. l'iS. S. Écartons maintenant \a de la verticale, dans un plan faisant avec Ghb un angle y. L'intersection de ces deux plans sera sur la portion FF {fig. 3) et sa trace en II (Jig. 5). Le plan de flexion initial a été déplacé vers la gauclie, dans le cas de la figure, et l'on voit que G est maintenant soumis, par rapport à la position initiale du plan Gteb, à un moment proportionnel à 11 A, c'est-à-dire à la flèche de la seconde llexion 3R/S. Ce moment fait tourner le plan GB/>, autour de 11. d'un angle Ô; l'angle y' du plan vertical de An avec le plan B6G sera, dans la nouvelle position d'équilibre de X. plus petit que l'angle initial y. D'autre part, en fléchissant \a, nous avons élevé G d'une hauteur c. L'équilibre du système est caractérisé par une relation de la forme M g x GO = »ii-t-»i2-(- C6. C désignant le couple de torsion du fil. Cette relation approchée suffit à rendre compte de ce que toute variation C. R., i(ji3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 8.) 79 h20 ACADEMIE DES SCIENCES. permanente de la verticale modifiera la position d'équilibre azimutal du système. D'autre part, si les directions d'insertion du fil demeurent fixes, une variation de M ou de g entraînera une rotation de \. L'expérience montre, de plus, qu'on peut arriver à une très grande sensibilité. On peut utiliser les propriétés que je viens d'exposer pour construire : i° des séismographes ayant des plans finis dans l'espace, et échappant aux ébranlements sismiques; i° des dynanomètres et des microbalances. CHIMIE PHYSIQUE. - Sur la transformation subie par le carbure de cal- cium chauffé. Note de MM. E. Briser et A. Iîuhxe, présentée par \1. (î. Lemoine. C'est un lait bien connu des chimistes qui ont eu à s'occuper du carbure de calcium soit au laboratoire, soit dans l'industrie, que ce corps subit, lorsqu'on le chauffe à 8ool'-iooo° en vase clos, une transformation remarquable (' ), accompagnée d'une mise en liberté de carbone. Aux températures très élevées, mais indéterminées, obtenues dans son four électrique, Moissan (2) avait déjà observé ce phénomène, qu'il croyait vraisemblable d'attribuer à une dissociation de GaC2 avec départ d%e Ca. Récemment, MM. Erlwein, Wartli et Beutner (:i) ont conclu de leurs essais non pas à une décompo- sition du carbure en ses éléments, mais à une transformation en un sous-carbure, qu'ils n'ont du reste pas isolé et dont ils n'indiquent pas la composition. A l'occasion de travaux sur la vitesse de réaction dans les corps solides, nous avons repris l'étude de cette question, et, nous basant sur le dernier Mémoire cité, nous nous sommes proposé tout d'abord d'établir la compo- sition du sous-carbure présumé. En tenant compte du fait que l'acétylène, dont CaC" est un dérivé, est moins stable que les autres hydrocarbures éthyléniques ou saturés, tout au moins aux températures pas trop élevées, il nous a paru naturel d'envisager la formation d'un carbure de constitu- tion éthylénique ou saturée (analogue par exemple au carbure d'alumi- nium C3A14), formation qui serait évidemment accompagnée d'une mise en liberté de carbone. (') M. le Dr Friedrich, ancien directeur de la Société des Produits azotés, à Notre- Dame-de-Briançon, a fait cette constatation eu 1908, au cours de recherches sur la fabrication de la cyanamide calcide. (-) Comptes rendus, t. 126, 1898, p. 3o6. (3) Zeits.f. Elektrochem.. t. XVII, 1911, p. 177. SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. <>2I Le carbure, qui a servi aux essais résumés ici, a élé placé dans des lubes de porcelaine de Berlin non vernie et maintenu pendant 7 à 10 heures, suivant les échantillons, à une température de 900°, réalisée au moyen d'un four électrique à résistance. Nous avons fait réagir le carbure ainsi traité avec l'eau, puis avec HCl concentré, et nous avons reconnu : i° qu'il se forme dans ces conditions uniquement de l'acétylène cl pas d'autres hydrocarbures solides, liquides ou gazeux; 2° que le corps pulvérulent noir, résidu de l'attaque par HCl concentré, est du carbone pur. Os constatations excluent donc l'existence d'un sous-carbure. Comme, d'autre part, les quantités dé carbone produites sont trop considérables (') pour être altribuables à une décomposition d'hydrocarbures occlus (2), on est bien obligé d'admettre que ce carbone provient de la décomposition du carbure en ses éléments. MM. Erlwein, Warth et Beutner n'ont pas envisagé cette décomposition, parce qu'ils n'ont pas trouvé d'hydrogène dans les produits de l'attaque par l'eau du carbure chauffé, l'absence de ce gaz démontrant pour eux la non-formation de Ca. Dans les nombreuses analyses que nous avons faites, nous n'avons pas non plus trouvé d'hydrogène, mais si l'on réfléchit aux affinités chi- miques énergiques du calcium, 1» disparition de ce corps, dans les condi- tions des expériences, n'a rien que de très naturel : au fur et à mesure de sa formation, il se combine aux éléments de l'air ou attaque le matériel solide avec lequel il est en contact (*). Pour nous assurer de ce fait, nous avons placé les récipients renfermant CaC- dans des tubes en porcelaine ou en quartz dans lesquels le vide a été maintenu pendant toute la durée de la chauffe à 900°. Le carbure ainsi chauffé n'a pas non plus donné d'hydro- gène avec l'eau; par contre, nous avons trouvé qu'il renfermait d'autant moins de Ca qu'il a élé chauffé plus longtemps, ce qui dénote bien la dispa- rition du calcium libéré. Une série d'expériences comparatives, où nous avons chauffé dans le vide du carbure, puis du calcium seul, nous a con- vaincus que le calcium, résultant de la décomposition de CaC2, s'est, pour (') Dans un essai, le carbure, après 10 heures de chauffe, renfermait jo pour 100 de carbone; d'ailleurs ces quantités augmentent avec la durée de chauffe. ('*) Celte décomposition est invoquée par Bredig, Fraenkei. et Wilke, Zeits.fiir Elek troc hem., t. XIII, 1907. p. 60S. (s) Lorsqu'on chauffe du calcium à une température suffisante dans des récipients pleins d'air, le vide s'y produit par disparition de l'azote et de l'oxygène combinés à Ca; il aurait donc fallu que les récipients contenant le carbure fussent absolument étaoches, et ce n'était pas le cas. 622 ACADÉMIE DES SCIENCES. une part, évaporé (nous l'avons retrouvé dans les parties froides des tubes où il s'est sublimé) et que, pour une autre part, il a altéré fortement le matériel du récipient (' ). La conclusion à lirer de ces expériences est que la transformation du car- bure chauffé nest autre qu'une décomposition pure et simple de ce corps en ses éléments. Quant à l'interprétation théorique, d'après la valeur négative trouvée par de Forcrand (2) pour la chaleur de formation de CaC2, il faudrait attri- buer la décomposition de ce corps à la rétrogradation en leurs éléments, subie par les composés endothermiques, lorsque la température s'abaisse. Mais des données thermiques plus récentes montrent que la réaction de formation de CaC2 à partir des éléments est faiblement exothermique (3), en sorte que cette décomposition est assimilable à la dissociation des corps exothermiques, et, à ce titre, elle doit être d'autant plus complète et plus rapide que la température s'élève davantage. Comme suite à ces recherches, nous avons commencé l'étude de quelques autres carbures métalliques au point de vue des transformations qu'ils peu- vent subir dans des régions de températures bien déterminées. PHYSICO-CHIMIE. — La tonomélrie différentielle des solutions et la théorie d'Arrhenius. Note de M. K. Focakd, présentée par M. E. Bouty. Les présentes recherches m'ont été suggérées par la discussion des faits que j'avais exposés dans une élude osmométriquc des solutions salines (5). D'après la théorie des ions, la pression osniotique d'une solution d'un électrolvle. comme le chlorure de potassium (Cllv), doit être double de celle d'un composé orga- nique, tel que la saccharose, à concentration moléculaire égale, et à dilution infinie : autrement dit, le poids moléculaire osmoméli ique du Cl K sérail alors la moitié de sa valeur chimique. Or mes observations avaient abouti, non à ce nombre prévu — > r 2 (') L'attaque des récipients dans lesquels on chauffe le carbure est due ainsi non pas à l'action de CaC2, mais à celle de Ca mis en liberté. (2) Comptes rendus, t. 120, 1 890, p. 682. (3) Guntz et Bassetl (Comptes rendus, t. 110, igo5.p.864; Journ. île Chim. p/iys., t. IV, 1906,1). 1) ont trouvé pour cette réaction la tonalité thermique i3Cal,i5; elle serait encore plus grande à partir de Ca liquide ou gazeux. (4) Comptes rendus, t. 152, p. 519, et t. 153, p. 709; Journal de Phys., avril 1912. SÉANCE DU l!\ FÉVRIER I(}l3. f)23 mais exactement à M : ce résultat précis, en désaccord avec l'hypothèse d'Arrlienius, suppose un concours vraiment singulier de prétendues causes d'erreurs expérimen- tales. Il était nécessaire de vérifier cette mesure, effectuée à la température de 20°-22°, par l'évaluation, à une même température, de la différence de tensions des vapeurs de l'eau et de la solution, que le raisonnement thermodynamique de Nernsl relie à la pression osmolique; cette dépression tonométrique devra ainsi être égale au poids d'une colonne de vapeur saturée dont la hauteur est celle de la solution soulevée par la pression osmotique. J'ai donc étudié, avec la collaboration de M. de Tonnay-Charente, une technique expérimentale donnant directement cette valeur différentielle, suivant le principe appliqué déjà par Bremer. Le tonomèlre (fig- 0, entièrement en verre, est constitué par deux chambres de vapeur de capacités égales; chacune d'elles est formée d'un ballon de 20otm' relié, au moyen d'un rodage noyé dans un bain de mercure, à un tube latéral recourbé qui débouche dans la branche verticale d'un circuit tubulaire fermé ; celui-ci forme à sa partie inférieure un U aux deux branches juxtaposées, contenant de l'huile de vase- line desséchée à ioo° dans le vide; à la partie supérieure sont deux robinets parfai- <Ï2/| ACADÉMIE DES SCIENCES. lement rodés limitant les deux chambres de vapeur ; le tube supérieur sert à faire le vide. Ou met dans l'un des ballons ioo,ra* d'eau pure, dans l'autre, loo1'1™* de solution normale de sucre ou de KCI. La dénivellation des deux ménisques d'huile, de l'ordre de iomm, doit être mesurée au -fc de millimètre, soit à -,4, de millimètre ou 6^,33 de mercure. Cette sensibilité d'appréciation nécessite une élimination des causes aberrantes, à laquelle je suis parvenu après i5mois d'expérimentation. Outre les difficultés connues de la méthode statique, j'en ai observé une autre, extrêmement importante : après une ébullition prolongée des deux liquides dans le vide, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il reste encore assez d'air dissous, se dégageant lentement ensuite, après l'occlusion des deux volumes de vapeur, pour modifier, jusqu'à la changer de sens, la dénivellation ; le départ du gaz raréfié ne s'effectue que lentement, retenu par la viscosité des liquides. La technique qu'on va résumer supprime les difficultés. Le vide est effectué par une pompe à mercure de Moulin, jusqu'à -^ de millimètre de Hg; on contrôle l'extraction des gaz avec une jauge de Mac Leod ; la canalisation comprend encore un tube barométrique, indicateur de stabilité du vide, un lube dessécheur à anhydride phosphorique, enfin une éprouvette horizontale contenant du mercure, placée directement au-dessus du tonomètre, et qu'on inclinera pour obturer intérieurement les deux robinets, lorsque la jauge n'indiquera plus aucune variation; ces diverses parties sont reliées par du tuyau de plomb, avec joints au mastic de Golaz. Le tonomètre est immergé dans l'eau. Chaque opération dure de 6 à 7 jours, pour l'obtention de l'équilibre définitif. On a ainsi obtenu les dénivellations suivantes D, en millimètres d'huile, aux tem- pératures indiquées t ; elles ne diffèrent, du sucre au CIK, que de quelques dixièmes de millimètre, ce que vérifient d'ailleurs les essais différentiels directs entre les deux solutions normales : „ \ t 19°, 74 30°,72 20°,6t 20°,83 2I°, 70 21°, 90 22°,o3 220,4' 22°, 61 e'| D 6,6 7,2 7,4 7,4 8,2 8,2 8,2 8,5 8,8 ..... \ t 20", 97 2I°,7I 21°. 62 21°, 74 22°,l6; 22°, Ol 22°,63 22°, 8l ' "j I) 7,8 8,3 8,4 8,4 8,8 8,9 9,7 9,8 Comparons le résultat à 220 à celui fourni par le calcul de Nernsl : à 220, la pression osmotique théorique P„aT d'une solution normale, sans disso- ciation, est de 24ar"\o5 équilibrée par une hauteur de solution de sucre (d.,2 = 1, i3o) de 2 ir)'",5o, ou par une hauteur de solution deGlK(d2i= i,o3g) de 23c)m; les dénivellations tonométriques théoriques, calculées en huile de vaseline (d2„ = 0,861), sont ainsi pour le sucre : 4mm>88; pour le CIK : 5mm, 33. Qu'indiquent les expériences à 220? Pour le sucre, on a SÉANCE DU 24 FÉVRIER I9l3. 62.$ 8m'",2. Pour le CIK, on a 8mm,9. Il résulte de là un accroissement propor- tionnel, pour le sucre, de y-^s = 1,68 et pour le CIK, de -=-^ = 1,67. Or, ce dernier traduit conventionnelleinent une dissociation électrolytique de 0,67 bien conforme aux prévisions; mais pour le sucre, le même rapport (0,68) est absolument inattendu, en divergence complète avec les théories. A moins de supposer que la méthode, très satisfaisante pour le KO, ne vaut rien pour le sucre, on déduirait de là que les molécules-grammes de chacun deux sont cinétiquement équivalentes à 220, comme si toutes deux étaient également dissociées, ou bien comme si elles ne l'étaient ni Tune ni l'autre, une explication différente des phénomènes connus devant être recherchée. En tous cas, c'est précisément cette équivalence cinétique que m'avaient indiquée mes expériences osmométriques, alors qu'à dilution maxima aucune diffusion saline n'était décelable. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur f oxydation des complexes cobalto-organiques. Note de M. H. Colin et A. Sénéchal, présentée par M. Haller. Les sels de cobalt ne sont pas précipités par les alcalis en présence d'alcools polyatomiques, d'acides-alcools, de sucres et, en général, de toute substance qui contient dans sa molécule des oxhydriles alcooliques. Il se forme dans ces conditions, en présence d'un excès d'alcali, des combi- naisons complexes, stables seulement en solution et dont la couleur varie du bleu au rouge violacé. Les combinaisons cobalto-glycérique, mannitique,érythrilique s'oxydent rapidement à l'air; les combinaisons lactique, malique, tartrique, plus difficilement; la combinaison citrique ne s'oxyde que sous l'action de l'eau oxygénée. La tendance à l'oxydation parait ainsi dépendre du nombre et de la nature des groupes OH de la molécule organique. Dans tous les cas, l'oxydation conduit à des solutions vertes qui tendent à se décomposer spontanément en donnant du sesquioxyde, ou à se réduire en oxydant la matière organique. Les combinaisons coballo-glycérique et cobalto-lactique sont cependant très stables. Si la concentration en soude de la liqueur est suffisante pour assurer la stabilité du complexe, la quantité d'oxygène absorbé tend vers une limite qui correspond à iat d'oxygène pour iat de cobalt; à ce moment le métal se trouve à l'état trivalent. 626 ACADÉMIE DES SCIENCES. Manchot ('), le premier, a signalé cette particularité dans lecasdel'oxy- dalion par l'air du cobalto-cyanure; Job ('■) a fait une remarque semblable en étudiant l'oxydation des liqueurs cobalto-tarlriques. L'oxydation par l'air des combinaisons cobaltiques complexes dans lesquelles le cobalt est engagé dans un ion électronégatif exige donc toujours une quantité d'oxygène double de celle qui est nécessaire pour amener le métal à l'état trivalent. Engler, puis Job ont émis l'idée qne ce fait pourrait être expliqué en admettant qu'il se forme transitoirement un bioxyde de cobalt suivant le schéma 2CoO + Oirr2Co02. La réaction d'oxydation serait alors trimoléculaire ou dimoléculaire si l'on suppose constante la concentration en oxygène. Nous avons mesuré la vitesse d'oxydation des complexes cobalti- glycérique et lacliqueen dosant, par la méthode de Job, les quantités d'oxy- gène fixées sur le cobalt après des temps connus. L'oxydation était réalisée en pulvérisant, à l'intérieur de la liqueur, un vif courant d'air dont la vitesse était maintenue constante. Si l'on suppose que la concentration en oxy- gène demeure invariable pendant toute la durée de l'expérience, on peut appliquer les lois de la cinétique chimique établies pour les réactions en milieu homogène. On n'obtient une constante satisfaisante pour les coef- ficients de vitesse, qu'en admettant que l'oxydation se fait suivant une réaction monomoléculaire. Avec une solution cobalto-glycérique contenant par litre : 3"lolii, 2 de gly- cérine, 2mo,g,5 de soude et 6^,34 de S01Co,nous avons obtenu, à i2°,5, les résultats suivants : ... \\, = - Ion l\„= . remps. ./ t *a — x ■ t a(a — x) m 92 2,22 o,oo44 o,ooo85 127 3,oî 0,00/19 o, 00104 164 0,27 0,0042 0,000924 36i 5,o5 o,oo4i 0,00142 3g6 "),5o o,oo4t> 0,00202 Moyenne : o,oo44 a est la quantité d'oxygène, exprimée en milligrammes, qui correspond à l'oxydation totale du cobalt contenu dans 2oc,"a de solution (a = 6,55). (') Manchot ei Herzog, Ber. cl. d. chem. Gesell., l. XXIII, 1900, p. 1742. ('-) Job, Comptes rendus, 1. Ikk, 1907, p. io4j. SÉANCE DU 24 FÉVRIER ip,l3. 627 x est la quantité d'oxygène fixée par 20cra' de la liqueur au moment du dosage. Avec une concentration en sel de cobalt de 4e, 26 par litre, on obtient pour K,, toutes choses égales d'ailleurs, 0,0048, valeur très voisine de la précédente. La vitesse d'oxydation, mesurée dans les conditions qui viennent d'être décrites, n'est donc pas une vitesse de régime, et l'on peut lui attribuer une signification chimique précise. La valeur de la constante décroit très vite quand la concentration en soude augmente faiblement ; elle passe de o, o 1 5 à o, 0087 et °> °°44 lorsque l'on fait varier la concentration en soude de 2,04 à 2,28 et 2, 52 molécules- gramme par litre. Manchot et Herzog (') ont établi que l'oxydation par l'air du cobalto- cyanure se fait aussi suivant une réaction monomoléculaire. D'après ces auteurs, l'oxydation du complexe cobalteux aurait lieu aux dépens de l'eau conformément à l'équation schématique GoO + H*0 = CoO(OH) 4- H. L'hydrogène atomique s'unirait ensuite à l'hydrogène pour donner de l'eau oxygénée. De plus, le cobalto-cyanure peut s'oxyder en l'absence d'oxygène, soit à chaud, soit en présence de platine plaliné, et il se dégage de l'hydrogène. Nous n'avons pu mettre en évidence un tel dégagement de gaz dans le cas des solutions cobalto-organiques; cependant le mécanisme de leur oxydation semble se rapprocher beaucoup plus de celui du cobalto-cyanure que de celui des solutions ammoniacales de cobalt. Dans ce dernier cas, il se forme avec l'oxygène une combinaison d'addition Co2O2(i\H3)l0X4, susceptible d'être séparée à l'état solide et la réaction, complète dans certaines conditions de concentration, paraît être dimoléculaire. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de la gentiopicrine , du genlianose et du saccharose dans les racines fraîches de la Gentiane ponctuée. Note de M. Marc lïRiiM.i.. présentée par M. E. Jungfleisch. La gentiane ponctuée (Gentiana punctata L.) est, de toutes les grandes gentianes, celle qui se rapproche le plus, par son aspect général, de la gentiane jaune {Gentiana lutea L.), avec laquelle on peut la confondre. (') Manchot et Herzog, Zeitx. anorg. Chem.. t. XXXVII, 1901, p. 897. C. R.,igi3., 1" Semestre. (T. 156, N* 8.) 80 628 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si les caractères de la fleur permettent de différencier sûrement ces deux plantes, il est, par contre, absolument impossible de différencier l'une de ] l'autre leurs racines, séparées des tiges : même couleur, même taille, même aspect. J'ai récolté moi-même les racines qui m'ont servi dans ce travail, de façon à être sûr de leur origine. 19008 de racines fraîches, arrachées au Lautaret, le 23 août 1912, ont été traitées à Paris, 3 jours après leur récolte, par l'alcool bouillant, suivant les indications de la méthode biochimique de M. Bourquelot ('). Voici les résultats de l'essai à l'inverline et à l'émulsine sur un extrait liquide, aqueux dont ioocm° correspondaient à 100s de racines fraîches : 0 /' Rotation initiale (/= 2) —2 24 Rotation après action de l'inverline —5 5 Rotation après action de l'émulsine -H 38 Sucre réducteur initial 0,079 Sucre réducteur après action de l'inverline 2,566 Sucre réducteur après action de l'émulsine !\, 17 1 Sous l'action de l'invertine, on a constaté un recul de la déviation gauche de 2°4i', avec formation de 28,iS7 de sucre réducteur, soit un indice de 810. Cel indice est du même ordre que ceux qu'on a observés dans l'élude des racines de gentiane jaune et de gentiane à feuille d'asclépiade, qui étaient respectivement de 730 et de 790 (2). Ce qui est à retenir ici, c'est que le changement de rotation est faible, étant donnés les changements observés avec les autres gentianes. Il en est de même du retour produit sous l'action de l'émulsine, qui est de 5°43', au lieu de io° à 120 qu'on a observé avec les plantes citées plus haut. Mais, l'hydro- lyse par ce dernier ferment s'étanl produite de la même manière, en deux temps, avec un indice faible au débul et qui s'est élevé fortement à la fin de la réaction, on peut dire, malgré la faiblesse relative des changements produits, que la composition des racines de gentiane ponctuée doit être sensiblement la même que celle des deux autres gentianes dont il vient d'être question. C'est ce que démontre l'extraction des principes immédiats importants que renferme la racine. Extraction de la gentiopicrine. — On a traité par l'éther acétique, selon le procédé de M. G. Tanret, l'extrait alcoolique provenant des 1900*-' de racines fraîches. On a obtenu ainsi 17" de gentiopicrine, soit un rendement de 9g environ par kilogramme. La gentiopicrine, recristallisée dans l'étber acétique, présentait les propriétés suivantes : Pouvoir rotatoire : a,, = — 1960, 38 (p = 0,9806 ; v = 5o ; / = 2 ; a = — 7°42')- (') Eh. Boukquelot, Comptes rendus, t. 133, 1901, p. 690. (-) Marc Bkidel, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1164. SÉANCE DU 24 FÉVRIER igi3. 629 Sous l'action de l'émulsine, l'hydrolyse de la solution ayant servi à déter- miner le pouvoir rotatoire s'est faite rapidement, et il s'est déposé de la gentiogénine donnant la coloration bleue caractéristique de ce composé. Extraction du gentianose. — On a suivi exactement le procédé indiqué pour l'extrait de Géntiana Asclepiadea L. (■). On a obtenu 12e de produit cristallisé qu'on a purifié par cristallisation dans l'alcool à 8o°. Les cris- taux obtenus ont été identifiés avec le gentianose par leur pouvoir rota- toire : a = + 3i°,35 (/j = o,3o3o; c= i5; /= 2; «= -+- i°i6'). Extraction du saccharose. — On a réuni les liquides alcooliques qui avaient fourni le gentianose brut, cl on les a concentrés à un demi-volume. Il s'est fait, lentement, une nouvelle cristallisation. On a obtenu ainsi ^s d'un produit légèrement brun, possédant un pouvoir rotatoire de -+- 53°, 3. On l'a traité par 200™° d'alcool à 9.5° bouillant. Le saccharose a cristallisé : on a recueilli 2E,6o de cristaux que le pou- voir rotatoire identifie sûrement avec le saccharose. Pouvoir rotatoire : «„ = -+- 66°,46 (p = o,3i66 ; v = 2.5 ; 1= 2 ; et = + i°4>')- En résumé, comme avec les racines de Géntiana Asclepiadea L., on a réussi à obtenir, à l'état pur et cristallisé, la gentiopicrine, le gentianose et le saccharose. Les résultats observés dans l'essai biochimique, notamment les indices élevés, s'expliquent d'une façon identique par la présence démontrée de ces composés et par la présence supposée d'un sucre nouveau. PHYSIOLOGIE. — Action des combinaisons ai sèno- aromatiques (606 et néo-salvarsan ) sur l hémoglobine du sang. Note de M. 11. Dammiek, présentée par M. Dastre. Jusqu'ici on ne s'est occupé que de l'action des combinaisons arséno- aromatiques sur le taux de l'hémoglobine du sang au cours des injections intra-veineuses. J'ai pensé qu'il serait intéressant de rechercher l'action de ces combinai- i I (') Loc. cit. 63o ACADÉMIE DES SCIENCES. sons (606 et néo-salvarsan), sur l'état de cette hémoglobine elle-même (oxydée ou réduite). Voici ce que j'ai observé : I. Dioxydiamido-arséno-benzol ou « 606 ». J'ai expérimenté comparativement le salvarsan d'Erlich et l'arséno- benzol Billon, qui m'ont donné les mêmes résultats, sauf sur un point accessoire. A. In vitro : en milieu isotonique, le dioxydiamido-arséno-benzol, préparé comme à l'habitude pour l'injection intra-veineuse, n'a déterminé aucune modification appréciable de l'oxyhémoglobine, même après 17 heures de contact. Pas de réduc- tion, pas de transformation de l'oxyhémoglobine et pas d'hémolyse; en milieu hémo- lytique, les résultats ont été les mêmes, sauf en ce qui concerne l'arséno-benzol Billon qui, après 17 heures de contact, a montré une tendance légère à la réduction de l'oxyhémoglobine. Cette constatation, faite dans les conditions ci-dessus indi- quées, n'a d'ailleurs aucune conséquence au point de vue pratique. B. In vivo : j'ai expérimenté sur le sang d'un malade qui avait reçu nne première injection intra-veineuse 4 jours auparavant (ocs, /40) et qui, 5 heures avant la prise de sang, avait subi sa deuxième injection (oce,5o) : il était à ce moment en pleine crise thérapeutique avec céphalalgie, nausées, diarrhée et fièvre à 38°, 5. L'examen speclroscopique, fait immédiatement, a montré l'oxyhémoglobine absolu- ment normale et l'absence complète d'hémolyse. II. Dioxydiamido-arséno-benzol-monométhylêne-sulfoxylate de soude ou nèo-saharsan . A. In vitro : le néo-salvarsan a une action très marquée sur l'hémoglobine du sang; en poudre, il réduit en une minute l'oxyhémoglobine. Il y a hémolyse; en solution usuelle, telle que le prescrit Krlich (oce,3o dans 5ocmJ d'eau distillée), il suffit de 2cmS pour hémolyser 5cm' de sang ; avec iom' de solution, on réduit l'oxyhé- moglobine de 5cm* de sang. B. In vivo : j'ai expérimenté sur le lapin. Un lapin de 2ks,265 reçoit dans la veine marginale de l'oreille o°e, 10 de néo-salvarsan solubilisés dans 20cm' d'eau distillée, le sang est recueilli de minute en minute, après l'injection, par l'aiguille restée en place. Les tubes I, III, IV, V, VI ne présentaient rien d'anormal; seul le tube II a révélé une hémolyse partielle, mais nette, vérifiée d'ailleurs à la centrifugation. Aucun des six tubes n'a montré au spectroscope de modifications de l'oxyhémoglobine. Enfin des examens de sang, pratiqués sur ce lapin une demi-heure et 24 heures après l'injection, ont montré une hémoglobine absolument normale. Conclusions. — i° Le dioxydiamido-arséno-benzol ou « 606 » paraît dépourvu de toute action sur l'hémoglobine du sang, aussi bien in vitro qu'ï'n vivo. SÉANCE DU 24 FÉVRIER igi3. 63l 20 Le dioxydiamido-arséno-benzol-monométhyléne-sulfoxylate de soude ou néo-salvarsan a une action assez marquée sur l'hémoglobine. In vitro, il hémolyse le sang dans des proportions très importantes, et il réduit l'oxyhémoglobine. Il y a tout lieu de penser que ces deux pro- priétés lui viennent de la présence du groupe «sulfoxyle» ajouté par Erlich au salvarsan dans un but de solubilisation plus facile du produit et qui, d'une manière -générale, est, chimiquement, un réducteur actif. In vivo, la réduction ne se produit pas et Y hémolyse est extraordinaire- ment fugace. Néanmoins, il y a lieu de supposer que, chez certains malades présentant de la fragilité globulaire ou de l'ictère hémolytique, l'utilisation du néo-salvarsan pourrait avoir des inconvénients; ses propriétés hémoly- santes et réductrices pourraient entrer pour une part plus ou moins grande dans la genèse des accidents qu'on a signalés à l'actif du néo-salvarsan. CYTOLOGIE. — La télophase et la prophase dans la caryocinése somatique. Note de M. V. Grégoirk, présentée par M. Guignard. L'interprétation que nous avons proposée, en 1903 et 1906, pour les phénomènes de la télophase et de la prophase, dans les objets à chromo- somes assez volumineux, a rencontré plusieurs oppositions. Deux interprétations surtout ont été publiées, qui s'écartent de la nôtre dans deux directions tout à fait opposées. Pour certains auteurs, nos aspects de bandes alvéolaires ou réticulaires de la télophase traduisent, en réalité, le premier début d'un authentique clivage longitudinal, préparant, dès lors, les chromosomes-filles de la ci nèse suivante, sous la forme de deux filaments parallèles ou entrelacés. Pour d'autres, au contraire, les aspects télophasiques correspondent à la production, au sein du chromosome-fille, d'un filament chromatique unique, spirale, indivis, ébauche précoce du chromosome de la prophase suivante. La question méritait un examen nouveau, dans divers objets et à l'aide de méthodes critiques ( fixations comparées et procédés d'observation les plus parfaits). Aussi, pendant que nous reprenions nous-même l'étude du Triltium, du Galtonia, de VAllium, nous avons confié à M. H. Muckermann l'examen des Batra- ciens, à M. Lester W. Sharp celui du Vicia faba, à M. Desmet celui du Crépis virens. Ces diverses recherches ont fourni des résultats concordants qui confirment, dans ses points essentiels, notre interprétation antérieure et que nous voulons résumer dans cette Note préliminaire ('). Télophase. — Les transformations des chromosomes-filles comportent des (') Les travaux in extenso paraîtront dans La Cellule, 632 ACADÉMIE DES SCIENCES» phénomènes d'alvéolisation, de réticulisation, de creusement de la substance chromosomique: ils débutent parfois à un stade précoce, dès la métaphase ou même la prophase (Trillium). Dans un chromosome télophasique ainsi réticulisé, la substance figurée se trouve répartie suivant des dispositions fort variées: certaines de celles-ci présentent l'apparence d'un filament spirale unique, mais d'autres, plus fréquentes, donnent l'impression de deux filaments chromatiques parallèles. Seulement, une observation plus délicate montre que ce ne sont là que des aspects d'une vraie réticulisation, réalisés d'ailleurs côte à côte dans un même chromosome. Ce ne sont que des modalités du phénomène essentiel, et celui-ci consiste en ce que chaque chromosome devient un réseau élémentaire, dans lequel la répartition de la substance figurée n'est réglée que par le caprice du creusement qu'a subi le chromosome lui-même. Une étude attentive et complète des images télophasiques suffit donc à montrer qu'il ne s'agit là ni de la formation endogène d'un filament spirale, ni d'une vraie bipartition longitudinale des chromosomes-filles. On ne pourrait, dans nos objets, adopter l'une ou l'autre de ces deux interprétations qu'en schématisant et en généralisant certains aspects partiels des chromosomes. Seulement, c'est l'étude de la prophase qui nous éclairera définitivement sur la véritable portée des phénomènes télophasiques. Prophase. — Dans nos objets, les chromosomes reparaissent, après Vinterp/iase, non pas sous la forme de filaments régulièrement spirales, ainsi que Bonnevie le décrit pour VAUium, mais bien sous la forme de bandes plus ou moins réticulaires; la substance figurée s'y trouve encore fort capricieusement répartie autour des mailles, et, si certains aspects donnent l'impression d'une ligne chromatique spiralée, d'autres, au contraire, simulent, à première vue, un ruban double. Ce stade de bandes est très clair. Mais, d'autre part, il n'est pas moins évident qu'il est suivi d'un autre stade, où chaque bande initiale donne naissance à un filament mince, long, contourné plus ou moins en zigzag (plutôt qu'en spirale) et indivis, du moins au début de sa formation. Ce filament ne résulte d'ailleurs, ni d'une différenciation endogène de la bande, ni d'un rapprochement étroit des deux bords d'une bande double; il provient simplement, ainsi que nous l'avons . décrit, de la répartition de plus en plus régulière de la substance chromo- somique suivant certaines travées longitudinales et transversales de la structure primitive des bandes réticulées. C'est ce filament mince qui, à peine formé, subit la bipartition longitudinale, et celle-ci, contrairement à SÉANCE DU 24 FÉVRIER Ip;l3. 633 l'opinion de Bonnevie, persiste durant toute la prophase pour devenir effi- cace à la métaphase. Le fait même que des filaments indivis en zigzag se produisent, au second stade de la prophase, montre que les cavités des handes prophasiques initiales et, a fortiori, celles des bandes télophasiques, ne peuvent, en aucune façon, être considérées comme la préparation de la division longi- tudinale authentique des chromosomes. La bipartition longitudinale est un phénomène prophasique. Les auteurs, qui font remonter son apparition jusqu'à la télophase précédente, ont négligé le stade important des fila- ments zigzagants indivis et schématisé les aspects débandes. Mais, d'autre part, le fait que les filaments en zigzag succèdent à des bandes prophasiques et en proviennent de la façon que nous avons dite, montre que les aspects télophasiques ne représentent pas la préparation de chromosomes spirales, en vue de la cinèse suivante. C'est le stade de bandes que Bonnevie a négligé d'approfondir, en schématisant en outre les aspects de zigzag. Les deux interprétations que nous rejetons, et entre lesquelles la nôtre se main- tient comme dans une voie moyenne, se réfutent donc l'une par l'autre ou, mieux, doivent se compléter l'une par l'autre. Ces recherches nouvelles ont aussi confirmé nos conclusions antérieures sur l'absence de spirème continu, à la télophase où à la prophase, sur l'ab- sence de chromomères et sur d'autres points. Ajoutons enfin que le mode de formation des filaments en zigzag, aux dépens de bandes réticulaires, contredit l'interprétation nouvelle de Délia Valle, expliquant ces aspects par un enchaînement de cristaux liquides de chromatine. ENTOMOLOGIE. — Observations sur i évolution post-embryonnaire du Dytique bordé. Note de M. L. Bounoire, présentée par M. E.-L. Bouvier. Pendant l'hiver 1912, j'ai élevé un grand nombre de larves de Dytiscus marginalis, provenant d'eeufs pondus au laboratoire même. Ces larves, placées isolément dans de petites cuves, furent nourries exclusivement de vers de vase (larves de Chironomus plumosus) jusqu'à leur métamorphose. Plusieurs d'entre elles subirent normalement leur transformation. Larves et adultes furent pesés régulièrement, avec des précautions spéciales sur lesquelles je ne peux m'étendre ici. La figure ci-après reproduit les courbes de croissance relatives à deux Dytiques, un cf et une 9 , courbis d'ailleurs 634 ACADÉMIE DES SCIENCES. tout à fait semblables, comme allure générale et comme particularités, à celles obtenues pour les autres individus. Évolution générale. — Abstraction faite de la discontinuité introduite parla métamorpbose, chacune de ces courbes, dans son ensemble, affecte la forme qui, d'après Houssay ([907), caractérise l'évolution de tout organisme : « Concavité d'abord supérieure, point d'inflexion, concavité inférieure, tendance terminale à l'horizontale. » Ce qui est caractéristique de l'insecte métabole, c'est la concordance presque complète de la phase de croissance avec la vie larvaire ; celle-ci, chez le Dytique, est relativement très courte : il s'est écoulé seulement de 3o à 35 jours entre l'éclosion de mes larves et le moment où elles se sont enterrées pour la métamorphose. La croissance est donc ici extrêmement rapide, fait attribuable à l'alimentation Carnivore, ainsi qu'il ressort de la comparaison avec les Coléoptères végétariens, et des expériences de Roques ( 1 91 1) sur Limnophilus. Mues. — La larve mue deux fois (ce nombre étant d'une fixité absolue) : SÉANCE DU 1>4 FÉVRIER IO,l3. 635 la première mue a lieu enlre le septième el le dixième jour de la vie larvaire; la deuxième mue, une semaine plus lard. La quantité de chitine rejelèe chaque fois est très faible (respectivement imK et 3"'" ). Aux mues correspondent des augmentations de poids un peu plus accusées, mais celte accélération de la croissance lors de la mue est faible et n'introduit pas, dans la courhe, de discontinuités très marquées. La plus grande partie de la croissance s'effectue en dehors des périodes de mue, l'animal doublant ou même triplant presque son poids et sa taille entre la deuxième mue larvaire et la mue nymphale. La mue ne me paraît donc pas avoir l'importance qu'on lui attribue d'ordinaire pour la croissance. Métamorphose. — Ayant traversé la période (Yasilose terminale de sa vie larvaire, période où le plus souvent son poids s'abaisse pendant plusieurs jours, l'insecte gagne le sol ferme, s'y enfouit et se creuse à 3"u-5"" de pro- fondeur une petite logelte où il subit la métamorphose. Il ressort à l'état d'imago, au bout de 5o jours en moyenne, sur lesquels 35 ont été consa- crés à la vie nymphale. A sa sortie de terre, l'insecte accuse le plus souvent une augmentation de poids, bien qu'il n'ait, de 5o jours, consommé aucune nourriture. Le Tableau suivant rend compte des variations de poids subies par six Dytiques, qui se sont normalement métamorphosés au laboratoire : Poids Temps avant après passé la . la Se\e. sous lotie. métamorphose, métamorphose. Différence, jours iiéç mE mg 9 45 i3o5 1426 -t- 121 9 do 1371 1 .j-ji -+- 49 9 48 i348 1 428 + 80 9 -j3 i3aj r^6(j -Hi4' 9 5i i368 1204 4-i64 d1 ~>o [498 1186 +3i2 Les chiffres de la dernière colonne expriment la résultante de deux phé- nomènes inverses : d'une part, une perte de poids due aux combustions respiratoires, au rejet de deux cuticules, etc. ; d'autre part, une augmenta- lion qui compense plus ou moins ces perles, et se traduit ici le plus souvent par un gain positif. Un lel gain a été déjà constaté chez les Lépidoptères par la comtesse de Linden, el cet auteur a démontré qu'il correspondait à un enrichissement en matériel organique, que décèle l'analyse chimique, C. H., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N» 8.) 81 636 ACADÉMIE DES SCIENCES. et qui résulte d'un emprunt de C au GO2 atmosphérique, les nymphes d'insectes pouvant assimiler ce dernier gaz comme les plantes à chloro- phylle ('). Il est permis de penser que cette assimilation est un fait très général, mais habituellement masqué par la prédominance des phénomènes antagonistes. HISTOLOGIE. — Les corps figurés du protoplasme des œnocytes des Insectes. Note de M. A.-Ch. Hoi.i.axde, présentée par M. Henneguy. Les œnocytes des Insectes présentent fréquemment dans leur cytoplasme des éléments figurés. J'ai pensé qu'une analyse microchimique de ces élé- ments pourrait fournir quelques renseignements sur la nature de ces « cellules énigmatiques, dont le rôle, dit Ch. Pérez (1911), est encore à trouver, mais dont l'existence est trop générale pour ne pas correspondre;! une fonction de première importance pour les Insectes ». Les éléments figurés sont, suivant l'âge des cellules : 1" des grains ronds, très petits et brillants; i>° des vacuoles à contenu difficilement perceptible; 3° des grains souvent anguleux, pigmentés en vert, marron ou jaune; 4° des cristaux le plus souvent incolores. Les petits grains brillants apparaissent comme des grains de sécrétion ; les vacuoles, chez les jeunes œnocytes larvaires ou imaginaux, renferment du glycogène que met bien en évidence la solution aqueuse d'iodure de potassium iodurée; ce glycogène disparaît des œnocytes larvaires au moment de leur résorption durant la métamor- phose. Les grains pigmentés ne se rencontrent pas dans les œnocytes de tous les Insectes; chez ceux dont les œnocytes sont pigmentés, le pigment fait défaut chez l'œnocyte jeune; ce n'est que lorsque son protoplasme a acquis la teinte uniforme et très pro- noncée du pigment qui lui est propre, que ce pigment devient figuré sous la forme de grains anguleux; au fur et à mesure que ces éléments prennent naissance, le proto- plasme de l'œnocyte se décolore. Le grain pigmenté est formé de deux substances fondamentales : le pigment et son substratum. Le pigment varie avec les espèces considérées; bien que présentant la même teinte, il peut se comporter différemment vis-à-vis des réactifs. Chez un certain nombre d'Insectes ( Vanessa urticœ Lin., Vanessa Io Lin., Cetonia aurala Lin., Oxythyrea sticlica Lin., etc.), le pigment, qui est (') M. von Linden, Die Assimilationstâtigkeit bei Schmetterlingspuppen, 1 g 1 1 . SÉANCE DU lf\ FÉVRIER IC)l3. 637 jaune, bleuit au contact de l'acide sulfurique, bleuit également en présence de la solution aqueuse d'iodure de potassium iodurée, fournit la réaction de Gmélin avec l'acide azotique chargé de vapeurs nitreuses ; ce pigment est soluble dans les solvants des corps gras; il est identique à celui qui colore les gouttes de graisses des cellules adipeuses de ces mêmes Insectes: c'est un lipochrome présentant les réactions de la zoonérytlirine. Le substratum des grains pigmentés est, de même que le pigment qu'il dissout, soluble dans les solvants des graisses : étber, cbloroforme, sulfure de carbone; soluble également dans les bases : soude, potasse, ammoniaque, les savons alcalins; insoluble dans l'alcool éthylique à ç)6°et dans l'acétone; il ne se colore pas par le tétraoxyde d'osmium; il est en outre fusible à une douce température; il se répand alors dans tout le protoplasme cellulaire, entraînant avec lui le lipochrome qu'il dissout; l'œnocyte reprend ainsi l'aspect qu'il avait avant la formation des grains pigmentés. In vitro, les grains pigmentés se colorent électivement par le rouge neutre, le bleu de méthylène et le brun de Bismarck en solutions aqueuses très étendues; ils ne présentent pas à froid décoloration avec le sudan III, le scarlach ou l'alkanine en solutions alcooliques. On obtient les mêmes résultats en faisant ingérer par l'Insecte, avec sa nourriture, ces matières colorantes. Il ne s'agit pas d'excrétion par l'œnocyte, mais simplement de phénomènes de teinture d'une substance lipoïde capable de dissoudre ces colorants. Les cristaux incolores sont généralement filamenteux, diversement in- curvés, rarement lamelles; leur aspect est celui des acides gras. J'ai observé ces cristaux chez un grand nombre d'Insectes; ils sont entre autres bien visibles chez les œnocytes larvaires âgés des Lépidoptères: Vanessa Io Lin., V. urlicce Lin., Arctia villica Lin., divers Grapholita des pois; des Hyménoptères : Nematus divers; des Coléoptères : Phytonomus arator Lin., divers Carabidœ; on les retrouve également à certains étals chez les œnocytes imaginaux de Diptères: Scato- phaga stercoraria Lin., Scatophaga merdaria Fabr. ; de Coléoptères : Aphodius fime.tarius Lin., et autres Aphodius, Cetonia au rata Lin.; d'Orthoptères: Epliip- piger terrestres Lin., etc. Au point de vue microchimique, ces œnocytes ne fournissent pas la réaction de la cholestérine (Io -+- SOl H2 ), ni celle de la murexide (Az03H -+- Azll3); ils sont insolubles dans les acides sulfurique, chlorhy- drique, azotique, acétique; également insolubles dans les bases (KO H, !\aOH, AzH3), les savons alcalins, la solution aqueuse de CO'Na2; inso- lubles dans l'alcool à 960, dans l'acétone; plus ou moins solubles, le plus 638 ACADÉMIE DES SCIENCES. souvent insolubles dans l'alcool potassique à froid; ils sont au contraire très solubles dans l'éther sulfurique, le chloroforme, le xylol; le létraoxyde d'osmium est sans action sur eux, même après passage à l'alcool; ils ne se colorent pas à froid par le sudan III, le scarlach et l'alkanine en teintures alcooliques ou acétiques; ils sont fusibles à une faible température. Tous ces caractères permettent de considérer ces cristaux comme étant des cristaux de cire. En aucun cas, il ne s'agit d'urates ou de bases puriques. J'indiquerai dans un prochain Mémoire le résultat des diverses expé- riences que j'ai entreprises sur les œnocytes des Insectes en vue de re- chercher le rôle physiologique de ces cellules qui apparaissent déjà comme des cellules de réserve (glycogène) et cellules à cire. BACTÉRIOLOGIE. — Suspensio/i dans l'air des particules virulentes obtenues par la pulvérisation liquide. Xote de M. I'. Chaussk, présentée par M. E. Roux. La transmission de la tuberculose par inhalation est expliquée aujourd'hui soit par les particules sèches (Cornet), soit par les particules liquides, ces dernières pouvant être inhalées avant ou après dessiccation dans l'atmo- sphère (Fliigge). Mais, si l'on recherche sur quelles bases reposent l'une et l'autre de ces conceptions, on est frappé de ne voir produire à leur appui aucun document expérimental démonstratif. iNous proposant de rechercher spécialement les conditions de la conta- gion par les voies respiratoires, nous avons dû déterminer, au préalable, certaines propriétés des particules obtenues par la pulvérisation liquide. Les notions préliminaires indispensables à une discussion aussi complexe nous ont été fournies par la méthode des pulvérisations colorées : dans une salle de Go'"', ou dans une autre de i3'"', nous avons pulvérisé, à l'aide de l'appareil de Richardson, dans des conditions variables, une solution aqueuse de violet de mélhyle 6B. On aura une idée de l'énergie mise en œuvre, pour réaliser la division fine du liquide, lorsque nous aurons dit que la vitesse de l'air, calculée d'après le débit et la section de l'orifice pulvérisant, atteint en ce point environ i.'io"' par seconde. Le jet d'air projette les particules horizontalement ; on obtient une projection horizon- tale et circulaire en faisant mouvoir l'appareil, pendant l'opération, autour d'un axe vertical. Dans nos recherches, la pulvérisation a généralement été pratiquée à 2m au-dessus du sol. SÉANCE DU 2/| FÉVRIER IO,l3. 63p Les gouttelettes el particules colorées peuvent être recueillies sur des feuilles de papier, sur des lames de verre ou dans des récipients ; en les dis- solvant par l'alcool, il est possible d'en déterminer la densité dans les diverses parties du local, par le procédé colori métrique. i° Morphologie et dimensions. — Si l'on recueille les particules sur une lame de verre chauffée, à une faible distance de l'orifice de pulvérisation, de manière à les fixer instantanément, el si on les examine au microscope, on constate qu'on a affaire à des sphérules et non à des vésicules; leurs dimensions varient environ de 2^ à 2000^. Les propriétés de particules aussi différentes par leur masse ne sauraient être identiques. 20 Transportabilité. — Au point de vue de la transportabilité, il faut distinguer des particules extrêmement fines (2^ à iS1^), des particules de dimensions moyennes (i.j^à 200^) et des gouttelettes relativement volu- mineuses (^oo^ à 2000^). Sous l'influence de l'impulsion initiale, les grosses particules sont proje- tées jusqu'à im, 5o ou 2"'. La vitesse de l'air ayant réalisé la pulvérisation s'abaisse très rapidement; les grosses gouttelettes continuent leur trajet en raison de leur force vive, qui leur permet de franchir rapidement les pre- mières couches aériennes. Les particules moyennes ont une force vive beaucoup plus faible (on sait de solution ont été distillés avec de l'acide chlorhydrique à 12 pour 100. L'odeur du distillât rappelait celle du furfurol et la phloroglucine y produisit, d'abord une coloration brun rouge, puis un précipité qui, après 12 heures, a été filtré dans un creuset de Gooch : il pesait 77mg, ce qui établit nettement la présence d'un pentose. Pour rechercher les cétoses on traita encore 25cm3 de solution par la méthylphénylhydrazine : après 10 minutes de chauffe au bain-marie la liqueur se troubla fortement; mais il a été impossible de séparer de la matière précipitée et redissoute dans l'alcool aucun produit cristallisé. L'examen polarimétrique de la solution sucrée dans un tube de 20e™ de longueur, avec l'appareil Soleil -Ventzke, a donné une rotation de +o°,35, ce qui correspond à un pouvoir rolatoire de [a]D= i7°,58, calculé d'après la quantité de substance réductrice ('). (') Il est regrettable que les auteurs n'insistent pas davantage sur cette particula- rité, car la production d'une substance active, dans les circonstances indiquées plus haut, paraît a priori plutôt anormale. L. M. 648 ACADÉMIE DES SCIENCES. Avec l'alcool, l'acide sulfurique et une solution de naphtol, il s'est pro- duit une coloration violette; enfin, déduction faite des cendres, on trouva que pour 100 parties de matière organique formée il y avait : Matière réductrice 5i ,00 Matière non réductrice 4§>95 Ainsi il est établi que sous l'influence de l'émanation du radium l'hydro- gène et l'acide carbonique, en présence du bicarbonate de potassium, réagissent pour former de l'aldéhyde formique qui, au contact de la potasse, se polymérise et donne des sucres réducteurs. Nous rappellerons qu'on n'a pas réussi à caractériser dans cette réaction la production de formiates. M. Emili<: Staïco adresse un Essai théorique sur la mécanique de la rnagne- tochimie. (Renvoi à l'examen de M. Amagat.) Divers auteurs adressent des Notes relatives à la Baguette divinatoire. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) COMMISSIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Commis- sions de prix, chargées de juger les concours de l'année iç)i3. Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants : Prix Sainlour (Sciences mathématiques). — MM. Jordan, Darboux, Boussinesq, Lippmann, Emile Picard, Léaulé, Appell. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Humbert, Hadamard. Prix Henri de Parville (Ouvrage de Science). - - MM. Guyon, Appell, Darboux, Pli. van Tieghem, Emile Picard, Gautier, Alfred Picard. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Violle, Perrier, Carnot. Prix Fanny Emden. — MM. Bouchard, Guyon, Perrier, D'Arsonval, Emile Houx, Laveran. Dastre. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Delage, Lucas-Championnière. SÉANCE DU 24 FÉVRIER IO,l3. £>4p, Prix Petit cTOrmoy (Sciences mathématiques pures ou appliquées). - MM. Jordan, Darhoux, Boussinesq, Emile Picard, Appell, Painlevé, Humbert. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Grandidier, Léaulé. Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles). — MM. Ph. van Tieghem, Guignard, Emile Roux, Bouvier, Dastre, Douvillé, Termier. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Perrier, Delage. Prix Pierson-Perrin. — MM. Boussinesq, Lippmann, Violle, Amagat, Vieille, Villard, Lecornu. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Léauté, Branly. Prix Parlcin. — MM. Bouchard, Guyon, Emile Roux, Guignard, Lacroix, Dastre, Termier. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Laveran, Douvillé. Prix Eslrade-Delcros. -- MM. Darboux, Lippmann, Armand Gautier, Fi mi le Picard, Guignard, Haller, Deslandres. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Lacroix, Baillaud. Prix Danton. — MM. Lippmann, Violle, Amagat, Bouly, Villard, Branly, Moureu. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. d'Arsonval, Vieille. L'Académie procède également, par la voix du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de présenter une question de prix Bordin (Sciences physiques), pour Tannée 191G. Ont été nommés membres de cette Commission : MM. Ph. van Tieghem, Schlœsing père, Bouchard, Gautier, Perrier, Guignard, Lacroix. Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Bouvier, Dastre. A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret. I^a séance est levée à 5 heures et demie. G. D. 65o ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 17 février 191 3. Rotation de l'ellipsoïde hétérogène et figure exacte de la Terre, par Alex. Véron- net. Paris, Gauthier-Villars, 1 9 1 2 ; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. G. Jordan.) La théorie du rayonnement et les quanta. Rapports et discussions de la Réunion tenue à Bruxelles, du 3o octobre au 3 novembre 191 1, sous les auspices de M. E. Solvay, publiés par MM. P. Langevin et M. de Broglie. Paris, Gauthier- Viliars, 1912; i vol. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.) Les Zoocécidies du nord de l'Afrique, par C. Houard. (Extr. des Annales de la Société d'Entomologie de France; l. LXXXI, année 1912.) Paris, 1 vol. in-8°. (Pré- senté par M. Bouvier.) Les Cynipides et leurs galles, d'après le cahier de notes du Dr Jules Giraud, par C. Houard. (Extr. des Nouvelles Archives du Muséum, 5e série, t. III, 191 1.) Paris, Masson et Cie; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Bouvier.) Mission Gruvel sur la Côte occidentale d'Afrique (1909-1910). — Les Crustacés comestibles de la Côte occidentale d'Afrique, par À. Gruvel. (Extr. des Annales de l'Institut océanographique; t. V, fasc. I). Paris, Masson et Cie, 1912; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Bouvier.) Mollusques marins, par Ph. Dautzenberger; terrestres, par L. Germain; comes- tibles ou industriels, par A. Gruvel. [Annales de l'Institut océanographique ; t. V, fasc. 3 : Mission Gruvel sur la Côte occidentale d'Afrique (1909-1910).] Paris, Masson et Cie, 1912; 1 fasc. in-4°. ( Présenté par M. Bouvier.) Annales du Musée colonial de Marseille, publiées sous la direction de M. Edouard Heckel; 20e année, 2e série, roe volume, 1912. Marseille, Musée colonial, 1912; 1 vol. in-8°. (Hommage de M. Heckel.) Notice sur les travaux scientifiques de M. André Blondel. Paris, Gauthier-Villars, 191 1 ; 1 fasc. in-4°. Exposé sur les travaux scientifiques du £>r Landouzy; octobre 1910. Paris, Masson et Cie, 1910; 1 vol. in-4°. Notice sur les travaux scientifiques de M. Edouard-Alfred Martel. Paris, Masson et Cie, 191 1 ; 1 fasc. in-4°. Memoirs of the Department of Agriculture in India : Entomological séries ; t. IV, n° k; Lief-histories of India n Insects. Hymenoptera, by Gobind Ram Dutt. Calcutta, octobre 1 91 2 ; 1 fasc. in-8°. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 5 MARS 1913. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET i.OMMIT.\ICAlTIO.\S DES MEMBRES ET DES Ci iKRESPONIMNTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur les publications de certains travaux de l'Observatoire de Paris. Noie de VI. 15. Raillaud. Le Volume des Observations de i i > '> [lie j'ai l'honneur de déposer sur le Bureau de l'Académie est compo "mine ceux des années précédentes. Il contient la suite des observations , au grand cercle méridien el aux instru- ments de Gambey, des étoiles de longueur, implantéesperpendiculairement aux épontes, alors que la partie axiale consiste en une pegmatite leucocrate à grands éléments; cette zone centrale est peu développée ou prédominante et, dans ce dernier cas, la néphéline y est parfois accompagnée de cristaux de sodalite bleue de plusieurs centimètres de diamètre. Dans quelques autres filons, cet ordre est renversé, l'œgyrine est localisée dans la partie centrale, mais alors elle ne forme que de petits cristaux enchevêtrés. L'île Roume est exclusivement constituée par un type spécial de syénite néphélinique (à structure foyaïtique), dont les éléments colorés sont la lâvénite, l'astrophyllite, l'aegyrine et farfvedsonite, avec en outre, comme élément le plus récent, le fluorure de sodium, que j'ai décrit antérieure- ment sous le nom de villiaumite et qui n'est connu que là. J'ai recueilli de beaux échantillons de ce minéral dans des veinules à plus gros éléments traversant une syénite à grain fin et j'ai pu trouver la preuve que, selon mes prévisions, beaucoup de cavités miarolitiques de la syénite ont été originellement remplies par la villiaumite enlevée aux aflleurements par dissolution. Je me suis attaché à l'étude des faciès de variation si remarquables que présente la roche normale de Roume et à rechercher s'ils sont accompagnés 656 ACADÉMIE DES SCIENCES. de véritables filons pegmatiques. Ces derniers existent bien, mais ils sont exceptionnels et de composition assez variée. Ln petit nombre d'entre eux possèdent la structure grenue et sont très hétérogènes; parfois riches en gros cristaux d'eudialyte, d'astrophyWite, d'aegyrine, etc., plus souvent ils pos- sèdent une structure foyaïtique et une composition minéralogique simples; les feldspaths (microperthite de microcline et d'albite) en grandes lames blanches, aplaties suivant g*, sont implantés sur les épontes; le remplissage de leurs intervalles est formé par de la néphéline, de l'analcime, avec fort peu d'aogyrine, d'eudialyte, de fluorine, etc. La manière d'être la plus générale des pegmatites est toul autre; elles apparaissent au milieu de la syénite sous forme de traînées, quelquefois elliptiques, plus souvent irrégulières, qui donnent l'impression d'un rem- plissage de cavités à contours capricieux, rappelant en très grand les druses miarolitiques du granité des Mourne Mountains, en Irlande. Parfois, à leur voisinage, l'alignement des minéraux colorés de la roche normale jalonne leurs contours. Il n'y a eu certainement aucune discontinuité entre la for- mation de ces pegmatites et celle de la syénite, mais les actions pneumato- liliques ont pris progressivement une importance de plus en plus grande, affectant non seulement la dimension des minéraux, mais encore leur nature. On peut comparer cette production à celle des cryptes à grands cristaux des pegmatites sodiques et lithiques de Madagascar. Leur disposition la plus habituelle consiste dans l'existence d'une zone périphérique de lames de microperthite de plusieurs centimètres implan- tées sous forme de rosettes sur la paroi extérieure. Elles enchâssent une partie centrale de composition variable; souvent celle-ci est formée par un mélange à grands éléments de microperthite, de néphéline, de sodalite. d'analcimeetd'aîgyrine; cette dernière constitue des prismes atteignant i'1'", qui apparaissent libres aux affleurements quand la roche est devenue géodique par suite de la disparition des feldspathoides sous l'influence des agents atmosphériques. Dans d'autres cas, cette partie centrale est constituée par une roche de couleur foncée, à grains moins gros et à faciès lujauvri tique ; celle-ci présente des variations de composition bien plus étendues que celles que j'ai anté- rieurement décrites; elle oscille entre un type très riche en aegyrine acieu- laire, dépourvu d'eudialyte, et un autre essentiellement formé par ce minéral, en voie de transformation en catapléite. En général, le passage entre ces lujaurites et la bordure felspathique n'est pas brusque; il est SÉANCE DU 3 MARS Ip,l3. 65^ formé par une zone irrégulière, se prolongeant en veinules, de roches à grain moyen ou bien très chargées en néphéline et en œgyrine ou bien très feldspathiques et renfermant alors en abondance de grandes lames d'astrophyllite. Ces faciès de variations sont une source remarquable de beaux échantillons minéralogiques. L'association intime de pegmalites et de lujaurites est une modalité particulière des relations génétiques existant entre les liions distincts de pegmatite et de tinguaïte riche en aïgyriue. qui s'entrecoupent mutuelle- ment. J'ai observé, en effet, dans de tels filons, des passages structurels et minéralogiques entre la lujaurite et la tinguaïte compacte. Quand un filon tinguaïtique rencontre une poche pegmatique. sa matière la remplit parfois, mais elle y prend des particularités spéciales; tel est le cas d'un filon mince d'une tinguaïte renfermant de petits rhomboèdres d'eudialyte et qui, à la traversée d'une poche pegmatique, prend des phénocristaux d'eudialyte de 2cm de diamètre d'aegyrine, de feldspath, etc. Enfin, la côte occidentale de l'île présente de grandes surfaces syéni- tiques, balayées par la mer, qui possèdent une structure orbiculaire remarquable. Des taches foncées, qui ne sont autre chose que la syénite normale, un peu plus riche en éléments colorés, sont comme encastrées dans de larges rosettes régulières de pegmatite très feldspalhique. C'est, en somme, une manière d'être particulière des pegmatites précédentes. La syénite de Roume est traversée par un très petit nombre de filons basiques (camptonites, monchiquites), parmi lesquels s'en trouve un tout à fait remarquable en ce qu'il est séparé de ses deux épontes par une tinguaïte porphyrique. Cette association, dans un même filon, de ces deux types de roche de composition extrême n'est pas due à une différenciation effectuée sur place; la tinguaïte a l'ait intrusion d'une façon symétrique entre la monchiquite et la syénite, elle a profondément corrodé la roche basique et, à son tour, a été endomorphisée, surtout autour de nombreuses enclaves, elles-mêmes métamorphisées. La pointe de Topsail renferme un filon mixte analogue, mais dans lequel la roche leucocrate parait être une microsyénile. C'est là la reproduction, mais dans une fissure filonienne réouverte, de phénomènes de l'ordre de ceux que j'ai observés l'an dernier à Nosykomba, sur la côte nord-ouest de Madagascar, où des gabbros essexitiques sont envahis par une syénite néphélinique leucocrate, qui devient bréchiforme et s'endomorphise par englobement et digestion de débris de la roche bisique traversée. 658 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les très nombreux échantillons recueillis (' ) aux îles de Los me permet- tront d'étudier en détail dans le laboratoire ces intéressantes transformations et de compléter en outre la connaissance des diverses roches dont il est question dans cette Note. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une méthode catalylique d isomë risation des chlorures et bromures forme niques. Note de MM. Paui. Sabatier et A. Mailhe. Il y a quelques années, nous avons indiqué que divers chlorures métal- liques issus de métaux plurivalents, jouissent de la propriété de dédoubler facilement par catalyse, vers a5o0, les chlorures forméniques primaires en carbures éthyléniques et acide chlorhydrique (2). Le chlorure de baryum convient très bien pour produire cette réaction. Le chlorure de thorium anhydre la réalise encore plus activement. De la même manière, les bromures de ces métaux réalisent aisément vers 25o° le dédoublement des bromures forméniques primaires en carbures éthyléniques et acide bromhydrique. Ces dédoublements permettent de passer très facilement des chlorures bromures forméniques primaires à leurs isomères secondaires ou tertiaires. Dans un long lube de im, placé sur une grille à combustion, on dispose d'abord une traînée de chlorure de thorium ou de chlorure de baryum anhydre d'environ 35cm, puis, au delà d'un petit tampon d'amiante, une traînée de 5orl" de pierre ponce gra- nulée. Le chlorure métallique étant chauffé au voisinage de 200°. la ponce vers 2000, on introduit le chlorure forménique primaire à la partie antérieure du tube, par le procédé ordinaire du tube capillaire. Ii se dédouble au contact du chlorure de thorium en carbure élhylénique et gaz chlorhydrique. qui viennent se recombiner en majeure partie au contact de la ponce : cette recombinaison ne reproduit pas le chlorure pri- maire primitif, mais donne seulement le chlorure isomère secondaire ou tertiaire. Un réfrigérant, placé au bout du tube, permet de condenser ce dernier chlorure, ainsi que les portions de chlorure primitif non transformé. On les sépare par fractionnement. Ainsi le chlorure d'isobutyle (CH:,)'-GH.CH2Cl (bouillant à 68°,5) se (') Notre fructueuse exploration de ces îles n'a été possible que grâce aux facilités exceptionnelles de transport et de main-d'œuvre mises à ma disposition par M. le commandant Auberl, directeur des travaux publics de la Guinée, et à l'obligeance de M. Serand, qui nous a servi de guide éclairé. {■) Paul Sabatier et Mailhe. Comptes rendus, t. 141, igoô, p. 238. SÉANCE DU 3 MARS igi3. ^39 transforme, avec un rendement immédiat supérieur à ^o pour ioo, en chlo- rure tertiaire (CH3)* CCI (bouillant à 5i°-52°). Le chlorure d'isoamyle (CH3)2CH.CH2. CH2 Cl (bouillant à ioo°-ioi°) fournit de même 5o pour ioo de chlorure secondaire (CH3)2.CH.CHC1.CH3 (bouillant à 900), accompagné d'une certaine proportion du chlorure ter- tiaire (CH3)2.C Cl. CH2.CH!( bouillant à 86°). La transformation des bromures forméniques est encore plus avantageuse que celle des chlorures, parce que la recombinaison des carbures éthylé- niques est plus rapide avec l'acide bromhydrique qu'avec l'acide chlorhy- drique. On opère de la même manière en remplaçant le chlorure métallique anhydre par le bromure correspondant. Le bromure de propyle CH3.CH2. CH2. Br (bouillant à 7 1°) fournit de suite 25 pour 100 de bromure d'isopropyle (CH3)2CHBr, qui bout à 59°-Go°. Le bromure dHsobulyle (CH3 )2.CH. CH2Br (bouillant à 9i0-920) fournit avec un rendement de 60 pour 100 le bromure tertiaire (CH')3CBr (bouillant à 720). Le bromure d'isoamyle ( CH» )2 CH. CH2 . CH2 Br ( qui bout à 1 1 8°- 1 200 ) fournit, par un premier passage dans le tube, un mélange du bromure secondaire (CH3)aCH. CHBr.CH3 (bouillant à n4°) et de bromure ter- tiaire (CH')2.CBr. CH2.CH3 ( bouillant à 108"). Ce mélange, soumis à un nouveau passage dans le tube, fournit le bromure tertiaire à peu près pur, avec un rendement définitif qui peut atteindre 73 pour 100. GÉOLOGIE. — Observations sur V histoire géologique pliocène el quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe (2e Note). Note de M. Charles Depéret. IL Période quaternaire. — Dans une Note antérieure consacrée à l'histoire pliocène du golfe de Corinthe {Comptes rendus, 10 février I9i3), j'ai montré que la fin de la période pliocène (Pliocène supérieur ou Cala- brien) est caractérisée dans cette région par une régression marine très importante. En particulier, du côté de l'Adriatique, la mer a dû se retirer jusqu'au delà des Bes Ioniennes, car à Zante et à Corfou, Th. Fuchs a signalé, au sommet des marnes pliocènes, d'épaisses couches de gypse (pro- duit d'évaporation de la mer) surmontées par des conglomérats fluvio- marins, identiques à ceux du Péloponèse, et, selon toute vraisemblance, en C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 156, N» 9.) • 8/j 660 ACADÉMIE DES SCIENCES. connexion avec eux. J'ai été ainsi amené à penser que, sur l'emplacement de l'ancien bras de mer corinthien remblayé et surélevé, s'était constituée, dès le début des temps quaternaires, une dépression continentale, réunissant, sur une longueur de Hoo1"", la Grèce continentale avec le Péloponèse et les Iles Ioniennes. S'il en est réellement ainsi, on doit s'attendre à retrouver, dans cette vallée corinthienne, les traces des phénomènes de creusement el de remblaiement, avec formation de terrasses, qui caractérisent partout l'histoire des vallées fluviales. Les preuves en faveur de cette hypothèse sont de plusieurs ordres : i" Il n'existe, dans la région considérée, aucune trace de dépôts marins correspondant aux époques quaternaires les plus anciennes ('). Les seuls dépots marins connus appartiennent, on le verra plus loin, à l'horizon rela- tivement récent des couches à Strombus mediterraneus. 2° La faune terrestre du (Quaternaire ancien a pu émigrer dans le Pélo- ponèse, alors réuni au continent, comme en témoigne la belle découverte faite par M. le professeur Scouphos, dans le bassin de Mégalopolis, d'un riche gisement où ce savant a recueilli : Elephas antiquus var., Gortymensis n. var., Ilippopotamus amphibius. Rhinocéros Mercki, Bos du type primi- genius, etc. (Collections de l'Université d'Athènes). 3° Enfin, preuve plus directe, on observe sur le bord de l'ancienne vallée corinthienne des terrasses fluviatiles étagées, indiquant les temps d'arrêl dans le creusement progressif de la vallée. Cette question des terrasses du golfe de Corinthe mérite un examen détaillé, parce que ces terrasses, parfaitement observées et décrites par M. TSégris, ont été interprétées par ce savant géologue comme des terrasses d'érosion marine, fournissant la preuve d'une grande régression continue de la mer quaternaire, depuis les hautes altitudes de plus de iooo"' jusqu'au niveau du rivage actuel. (') Les travaux récents de MM. de Lamothe, Depérel, Giguoux, ont montré que Je Quaternaire marin de la Méditerranée occidentale comprend la série des époques sui- vantes à partir du Pliocène supérieur : i° Série de niveaux marins étages à plus de ioom au-dessus des rivages actuels; 2° Horizon sicilien à faune froide : ligne de rivage à o,om d'altitude environ; i" Horizon fie Milazzo et de Nice : ligne de rivage à 6om d'altitude environ ; 4° Premier horizon à Strombus mrdilerrancus : ligne de rivage à 3ou'-35m d'alti- tude environ;, 5° Deuxième horizon à Strombus mediterraneus : ligne de rivage à i5m-20m d'alti- tude environ. SÉANCE DU 3 MARS IÇ)l3. 66 1 En jetant un coup d'œil sur les rives du golfe de Corinthe, et spéciale- ment sur la rive sud, on ne peut manquer d'être frappé du grand nombre de replats qui interrompent les pentes raides des marnes et des conglomérats pliocènes. Mais ces replats ont des origines 1res diverses : les uns sont dus simplement à la mise à nu par l'érosion des bancs de poudingues durs intercalés dans les marnes; d'autres sont attribuables, comme l'a bien noté M. Pbilippson, à des failles en gradins qui affectent le Pliocène et se tra- duisent par des marches d'escalier géantes dont la surface est généralement constituée par un banc résistant de conglomérat. Ces deux catégories de replats, de beaucoup les plus nombreux, se reconnaissent aisément soit à la pente du replat dirigée vers le Sud, en sens inverse de la mer, soit à l'irré- gularité de pente de la surface plus ou moins gauchie des compartiments failles, qui se raccordent même parfois entre eux par une de leurs extrémités. Ces replats ne comportent à leur surface aucun revêtement de cailloutis alluviaux. Mais une troisième catégorie de replats, parfaitement distingués par M. Négris, présentent de tout autres caractères : leur pente, inclinée au Nord vers la mer, est entaillée en discordance dans les marnes ou les con- glomérats pliocènes dont les bancs plongent le plus souvent en sens inverse delà terrasse; en outre, ces replats sont recouverts par des lits parfois épais de cailloutis meubles, à éléments tantôt bien roulés, tantôt plus ou moins anguleux, emballés dans une gangue brune ou rougeàtre. .l'ai retrouvé dans ces cailloutis tous les caractères habituels des af/uvions torrentielles et flu- viales et je ne puis y reconnaître avec M. Négris, des plates-formes d'érosion marine. La présence de coquilles marines, telles que le Cardium edu/e, de C/adocora ou de galets perforés par les lithophages, signalés en plusieurs points par M. Négris, s'explique aisément par le remaniement ou l'éboule- ment presque sur place des marnes et conglomérats marins qui forment le substratum des terrasses et les pentes qui les dominent. Nous avons nette- ment constaté ce remaniement avec M. Négris pour la terrasse de Kastritsi. Je n'ai pu malheureusement étudier moi-même tous ces nombreux lam- beaux de vallées suspendues du golfe de Corinthe. Cependant M. Négris a bien voulu me conduire sur celles de ces terrasses qu'il considère comme les plus typiques, en particulier sur les deux lambeaux si bien conservés de Kastritsi, au-dessus de Rhion, dont l'un s'étend sur ikm de large de la cote 6o4m à la cote 585m, avec une faible pente au Nord d'environ 2 pour 100. Il s'agit là, à mon avis, d'une terrasse formée par des rivières s'échappant du massif du Voidias, et qui devait se raccorder, vers l'axe de la grande vallée 662 ACADÉMIE DES SCIENCES. corinthienne, à un thalweg principal Est-Ouest, à l'altitude approximative de 4oo,u à 45om. Dans la même région, et en descendant sur Patras, j'ai noté, à des niveaux inférieurs, des lambeaux très nets de deux autres terrasses alluviales, l'une vers 55om, l'autre vers 35om. A l'ouest de Patras, sur la rive gauche de la vallée de Lenka, j'ai observé sur le flysch un lambeau assez étendu d'une belle terrasse fluviale, à l'altitude moyenne de 190™, et dominant d'une centaine de mètres le thalweg de la vallée actuelle. En m'aidant de ces observations personnelles et des beaux travaux de M. Négris, j'ai essayé de me faire une idée d'ensemble de la série des ter- rasses d'alluvions qui marquent les temps d'arrêt dans le creusement de la vallée quaternaire corinthienne. Les plus élevées de ces terrasses paraissent se trouver dans la région du Mavron-Oros, qui répond justement au maxi- mum de surélévation des dépôts pliocènes. M. Négris y signale au nord de (ielini des terrasses d'alluvions rouges, discordantes sur le Pliocène, à l'altitude de 910"" et 907™. Il semble rationnel de penser que cette région a pu constituer un seuil transversal avec double pente à l'Est et à l'Ouest, et cette hypothèse parait confirmée par l'abaissement des terrasses dans ces deux directions. Vers l'Ouest nous trouvons en effet les chiffres de 7oom au-dessus d'Egion et de 600"' autour du mont Voidias. Cette même terrasse de 6oom se retrouve, selon M. Négris, sur la rive nord du golfe, en demi-cercle autour du mont Rigani et inclinant au Sud vers l'axe du golfe, c'est-à-dire en sens inverse des terrasses de la rive sud, fait important pour la démonstration que je poursuis. Vers l'Est, M. Négris signale les niveaux maxima de 836™ à Zemeno, de 743'" à Mikri-Vatsa, de 642'" au mont Spiria, de 533m au mont Phouka, et de V^o"1 au mont Sicyone. En dehors de ces niveaux élevés, M. Négris indique de nombreux lam- beaux de terrasses à des niveaux inférieurs, en rapport évident avec le progrès de l'érosion de la vallée. Il est vraisemblable que cet abaissement graduel du niveau de la vallée a eu pour cause un abaissement corrélatif du niveau de basse marine, fait qui est bien établi dans la Méditerranée occi- dentale. Mais il serait nécessaire de suivre en détail tous ces niveaux de terrasses pour en faire un raccordement précis et tracer l'histoire détaillée du creusement de la vallée corinthienne : c'est là un travail de longue haleine bien fait pour tenter la patience de nos confrères d'Athènes. Cette œuvre d'érosion continentale a dû en tous les cas se poursuivre pendant une longue durée des temps quaternaires et a été seulement inter- SÉANCE DU 3 MARS ip,l3. 663 rompue par une phase de transgression marine qui correspond à l'horizon des couches à Strombus mediterraneus. A ce moment la mer, par un mouvement positif des plus nets, pénètre dans la vallée corinthienne à la fois par ses deux extrémités, à l'Est par l'isthme de Corinthe, à l'Ouest par la région de Patras. L'histoire de cette transgression marine fera l'objet d'une Note ultérieure. ELECTIONS. L'Académie procède, parla voie du scrutin, à l'élection d'une Commis- sion de six Membres qui devra présenter une liste de candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Teis- serenc de lïort . Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président de l'Académie, doit comprendre : deux Membres de la Division des Sciences mathématiques; deux Membres de la Division des Sciences physiques: deux Membres de la Section des Académiciens libres : MM. Appei.l, Iîaii lu i>. pour la Division des Sciences mathématiques ; MM. Gautier, Guigxard, pour la Division des Sciences physiques; MM. de Freycixet, Labre, pour la Section des Académiciens libres, réu- nissent la majorité des suffrages. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres- pondant pour la Section de Chimie, en remplacement de M. Ladénburg, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant (7- M. Barbier obtient 41 suffrages M. Charpy » 6 » M. Barbier, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Cor- respondant de l'Académie. 664 ACADÉMIE DES SCIENCES. CORRESPONDANCE. M. Jules Welsch adresse un Rapport relatif à l'emploi qu'il a fait de la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bonaparte en 191 2. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Observatoire royal de Belgique. Service astronomique. Description des installations du Service de l'Heure, par II. Piiilippot et E. Delporte. ■2° Muséum d'Histoire naturelle de Genève. Catalogue illustré de la Collection Lamarck. MM. A. Chantemesse. A. RosENSTiEiiL prient l'Académie de vouloir bien les compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Teisserenc de Bort. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le rendement lumineux du corps noir aux températures élevées et sur celui des étoiles. Première application à Arcturus et Véga, Note de M. Charles Nordmann, présentée par M. J. Violle. L'opinion courante d'après laquelle le rendement lumineux ( rapport du rayonnement lumineux au rayonnement total) des corps incandescents et en particulier du corps noir augmente indéfiniment avec la température, est erronée, comme il est facile de le voir. Considérons, en eilet, le rayonnement lumineux d'un pareil corps. J'ai montré {Comptes rendus, t. 150, p. 449) que 'a loi expérimentale d'après laquelle cet éclat varie sensiblement comme l'intensité de la longueur d'onde du maximum de luminosité (o^, 54), loi vérifiée depuis longtemps pour les températures réalisées au laboratoire, est applicable aussi aux tem- pératures élevées du Soleil et des étoiles les plus cbaudes. Par suite, l'éclat est, d'après la loi de Planck, proportionnel à -g , où T est la température SÉANCE DU 3 MARS IÇ)l3. (565 absolue el Iv = ' .V ' = 27000. L'énergie totale étant donnée par la loi de Stefan, le rendement lumineux peut donc être exprimé (A étant une constante) par 0 R = 7-k-^ Or, en dérivant cette expression par rapport àT, on trouve que sa dérivée s'annule pour une (et une seule) valeur 0 de T, telle que ,.H= . K h. D'où l'on tire tt — 3, 92 ( en appliquant au lieu de la loi de Planck celle de Wien qui n'en est qu'une première approximation, on aurait trouvé 4 au lieu de 3,92), et finalement 0 = G43o°. Le rendement lumineux du radiateur intégral augmente donc jusqu'à cette température pour laquelle il est maximum pour décroître ensuite a mesure que la température s'élève et s'annuler pour une température infinie. La valeur de 0, qui correspond au rendement lumineux maximum, est très voisine de celles qui ont été trouvées par diverses méthodes pour la tempé- rature effective du Soleil: il est naturel de penser que cela est dû à l'accom- modation séculaire oplirna de la rétine pour la lumière solaire. M. Féry avait déjà émis la même hypothèse à propos de la position du maximum de luminosité du spectre du Soleil. J'ai calculé au moyen de la relation (1) diverses valeurs de R correspondant aux températures effectives que j'ai trouvées pour un certain nombre d'étoiles en utilisant mon photomètre stellaire liétérochrome (Comjites rendus. 6 décembre 1909 el passirri) et construit une courbe représentative. Le rendement lumineux du Soleil est d'après ce qui précède supérieur non seulement à celui des étoiles plus froides, des types compris entre G et M de Harvard, mais aussi à celui des étoiles plus chaudes (coin- prises entre les types A. et G ). Pour ne prendre que deux exemples, le rendement lumineux correspondant à la température de p Persée (type Mb. température effec- tive 28700 A.) est inférieure à y de celui du Soleil, qui par contre est presque le double (exactement i,8 fois) du rendement lumineux correspondant à la température effec- tive de (3 Persée (type B 8, température effective i33oo°A.). M. Nichols a fait naguère (Astroph. Journal, l. AI1J, p. 101), au moyen d'un radiomètre ultra-sensible adapté à un puissant télescope, des mesures comparatives du rayonnement total d'Arcturus et de Véga, et trouvé que 666 ACADÉMIE DES SCIENCES. la première de ces étoiles a un rayonnement 2,2 fois plus intense que la seconde. Ce résultat nous permet de faire dès maintenant une application imprévue des considérations précédentes. On sait en effet, d'après la moyenne des mesures photométriques de Potsdam et de Harvard (voir Harvard Bevised Pholometry et Photometrische Durchmuslerung) que les éclats apparents d'Arcturus et de Véga sont très exactement égaux. De ce fait et du résultat de Nichols, on déduit que le rendement lumineux de Yéga est 2,2 fois plus grand que celui d'Arcturus. Or en partant de là et de la température effective ( i2200°A.) que j'ai trouvée pour Véga, et en utilisant la relation (1), on peut en déduire que la température effective d'Arcturus est voisine de 34oo° A. Cette valeur est bien conforme à ce qu'on pouvait présumer d'après le spectre d'Arcturus qui est analogue à celui du Soleil, mais plus chargé en raies et avec déjà l'esquisse de quelques bandes, ce qui depuis longtemps avait fait attribuer à cette étoile une température inférieure à celle du Soleil. La courbe représentative des diverses valeurs de R données par la relation (1) permet d'ailleurs, en partant du résultat de Nichols, et même en supposant inconnue toute donnée sur la température de Véga, de déterminer une limite supérieure de la température effective d'Arcturus : puisqu'en effet le rendement lumineux de Véga est nécessairement inférieur à la valeur maxima de R, on trouve immédiatement que, sur la branche ascendante de la courbe, la température qui correspond à un rendement égal à — fois celte valeur maxima est égale à 8900° A. Ce nombre représente donc une limite supérieure de la température effective d'Arcturus. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux réciproquement dérives . Note de M. Tzitzéica. 1. Considérons un réseau conjugué (ne) décrit par le point x de coor- données projectives a,, x2, ..., xn+i. Ces n -+- 1 fonctions de u et <> vérifient une équation de Laplace de la forme à- x i).r . dx 1 ) -r -h Cl h b -r- + CX = O. du t/c au de Prenons l'expression , > / àx dx (2) x'=/j- \-q-^- + rx v ' ou dv SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 667 telle que le second membre s'annule lorsqu'on remplace x par deux solu- tions pafticolières de (1). Alors, aux »+ 1 coordonnées de #,(2) fera correspondre les n -+- 1 coordonnées x\ d'un point x', qui décrira un réseau conjugué (x') : un réseau dérivé de (x). Soit à1-?' .du-1 ,,dx: , , (3) -r — r- -+•«'-; hi'-r H-c'a;'=o l'équation de Laplace vérifiée parles a/, on a les relations suivantes : , , s f ' dp . , , 1 dq (4) a— a -\ é-=o, b—b+--rl-—o. p dv q au 2. Cela étant, je suppose maintenant que le réseau (x) aussi est un réseau dérivé du réseau (x'). Je dirai alors que les réseaux (x) et (a?') sont réciproquement dérivés. Les xt et les x\ vérifient dans ce cas non seule- ment (2), mais aussi la relation suivante : . _. , dx' . dx' , , (5 . x = p' - h q' — h /' .' , ou av les fonctions/)', q', r' étant choisies de manière que le second membre s'annule pour deux solutions particulières de (3). On a alors des relations analogues à (4) (6) „_a<+-L^=o, 6_6'+JL^;=o. . v ' p' âv q au De (4) et (6) on tire pp' = V, '/7'=N- U et V étant respectivement des fonctions seulement de Met de v, toutes les deux différentes de zéro. Remplaçons maintenant dans (5) v' par son expression (2), nous obtenons une équation de la forme , , d2x à'-.r . dx . dx n (7) U— ; + V-j— + A— -+- B— + Cj; = o, w' du2 di' du av et en faisant l'opération inverse, on trouvera pour x' une équation ana- logue ... ..^.r' ., dlx' .,dx' dx' r, , v ' du- d\- du dv On tire de là les résultats suivants : C. R., 19 1 3, "1" Semestre. (T. 156, N° 9.) ^5 668 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les réseaux, réciproquement dérivés, s'ils existent, sont contenus dans un espace à trois dimensions. Ils sont tous les deux isothermes conjugués. La droite xx' qui joint les points correspondants de ces réseaux forme une con- gruence W. 2. Je me propose de démontrer maintenant que les deux réseaux (x) et (oc') réciproquement dérivés sont des réseaux R, c'est-à-dire des réseaux conjugués dont les tangentes forment, toutes les deux, des eongrueneesW. A cet effet, il suffit de démontrer qu'il y a correspondance des lignes asymptotiques entre le réseau<(a;) e.l le réseau (O, déduit de (a;) par une première transformation de Laplace. Les coordonnées de i s'obtiennent de celles de x à l'aide de l'expression (9) 'i = 77r-bx- Nous considérons en même temps le réseau (?) déduit de la même manière de (x') à l'aide de l'expression i)v' do) i>=™- + b'x: <)tt Or, le réseau (x') étant un réseau dérivé de (a;), le point :' se trouve dans le plan tangent de H (voir ma Note du 3 février i<)i3), on a donc dl dt En remplaçant dans cette relation : et rd par leurs valeurs (9) et (10), et x' par sa valeur (2), on trouve une équation de la forme P-n + Qj 1- Ra? = o ou- ou qui, devant être vérifiée par j:„ x2, r., et x. (actuellement n = 3), on a P = Q = lî = o. La première de ces trois égalités donne (") Pi=p; la deuxième et la troisième, par l'élimination de r,, /.,,, = S, k étant le second invariant (-j- -+- ab — c\ de (1) et S une expression dont nous trouverons immédiatement une autre forme. Écrivons que x' de (2) SÉANCE DU 3 mars io,i3. 66g vérifie (3), on doit trouver une identité. En écrivant que le coefficient de -T- est nul, on obtient S — *'g, />' étant le second invariant de (3). On a donc finalement (i») />/,= /■ y. ■ Or, le réseau i x ) étant lui aussi un réseau de i ,t i. on aura . dt ■ ai' et en faisant les mêmes calculs que précédemment, on trouvera néces- sairement (i3) /'',=/>'- k'. cos > // jï* ■?. la r. ~ — u -*- /t Par conséquent, l'inégalité |'C(E,Y] )| < M entraine |A,|<2M. 2. Quand on fait croître n indéfiniment, le développement de F(x, y) converge, comme une progression géométrique, dans tout carré (C) con- centrique, liomothétique et intérieur à (G). Soit Fm(x, y) la fonction obtenue en négligeant, dans l'expression de F (a?, y), tous les termes dont l'indice k est supérieur à m. Il est possible de prendre m assez grand pour que les inégalités l-rl<.°- \y\k, (a'k par leurs limites supérieures (4), les fonctions F(x, y), Fm(;r, y) se transforment en des fonctions harmoniques V(jj, y), Vm(x, y). La fonction V(x, y) est égale à F(x, y) sur le périmètre du carré. L'inégalité (6) |V(J-.j)-V„,(x, r)|<£ a lieu dans les mêmes conditions que (5). Le nombre m ayant été déter- miné par ces conditions, il est possible de trouver un nombre n\ tel que n > n' entraine (7). \Fm{*,y) — V,„(a:, jO|y définis sur les nœuds du réseau par la condition de satisfaire à l'équa- tion (1) et de prendre sur les nœuds de la frontière les valeurs de la fonction '((!;, yj); 20 une fonction V(a?, y) harmonique dans le carré cl prenant les mêmes valeurs sur les nœuds de la frontière. Quand la densilé du réseau croît indéfiniment, la différence zx , , — V(.r, v) tend uniformé- ment vers zéro dans tout carré (C ) concentrique, homothétique et intérieur à (G). La fonction harmonique V dépend d'ailleurs en général du réseau (R) et ne tend vers une limite déterminée que dans les cas où la fonction bornée £(£, yj) est intégrable ou au moins sommable sur le périmètre du carré. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la meilleure approximation de \ocfs'hi par des polynômes de degrés indéfiniment croissants. Note de M"e Tu. Tahna- rider, présentée par M. Emile Picard. Les méthodes développées par M. S. Bernstein dans ses récents travaux sur la détermination de la meilleure approximation de \x\ par un polynôme de degré donné n (et en particulier lorsque n croît indéfiniment) (') sont applicables à la résolution du même problème pour la fonction | rt? j^^^-» ^ou s est un nombre entier positif). Je me propose d'indiquer les résultats que j'ai obtenus dans cette voie. 1. Pour déterminer une borne supérieure de la meilleure approximation E2„|;r|-S"M de ].t?|2t+l sur le segment (— 1, +1) par un polynôme de degré in (-), on considère le polynôme R,( x) de degré 2«, s'annulant pour (') Mémoire couronné par l'Académie de Belgique (2'' série, t. N). et le Mémoire dans les Acla math., t. XXXVU, donl M. Bernstein a bien voulu me communiquer les épreuves.. {-) Il résulte des travaux de M. S. Bernstein que E„ | œ |u+1 est exactement de l'ordre -4-r- SÉANCE DU 3 MARS I<)l3. 673 x = o et égal à j x -!"M aux points xk — coa ( k H — ) — ( A- = g, 1, 2. \ a/ a* >« — 1), racines du polynôme T(a?) = cos2 «arc cos.r, R,(*) = O-'Ï(JS) 2(- si n (/.-+--) — cos2s (# + -) — u. \ ■'■ -m \ 3 / a » cos ( /r a ' 2 /( -2<-o* si n ( /.H ) — COS2"' ( /. H ) — • n 2 / 2 « X — .-us A -(- U L'étude de la différence | x \ls+* — lis(x) peut être de la façon suivante ramenée au cas s = o étudié par M. S. Bernslein. On a i = .' ■ 1 |A-r-^'-K,(x) = ^[|x|-ii(.r)]-;- V asKf-i-i j>* R, (.*■)_ R,+1 (.,■)], où ll(i») = R0(.r'), et il est facile de montrer que où limr,= o et les nombres y* sont déterminés par les relations récurrentes <:;:- y: //* ! ( /; — ni ) ! D'où, en tenant compte de la relation (' ), a|-R(*) = î^l[F(v) + M. ou :(<0 = >•/' rfs. et 3,4 tend uniformément vers zéro lorsque n croit indéfiniment; on trouve (') x -'« ' - M*) = a«* ^^ [F,( ,-) + «„], (') S. Bernsïein, -~ki« math., t. XXXVII. 674 ACADÉMIE DES SCIENCES. OU / l=S-l et a„ tend uniformément vers zéro lorsque n croît indéfiniment (' ). Partant de la relation (1), on peut achever la détermination de la borne supérieure de E2n[a:| 2S+' par la méthode de M. S. Bernstein. J'ai ainsi obtenu, par exemple, .^ , ., o,65 pour des valeurs suffisamment grandes de n. 2. La méthode employée par M. Bernstein pour déterminer une borne inférieure o de E2n|a-| conduit, dans le cas de |a;|2*+,,à une expression de la borne inférieure p2s+i de E2n|a-|2,+I que l'on peut également ramener au cas 5 = 0 par des transformations analogues aux précédentes. On trouve ainsi : V, ' / 7ï/./ 7Ï£, ' a* 'XT' PMti~jU« ou lim [«2s+1(p'2.(+, — pîf+i )] = o, h,= (ÀÎ-i)(ÀÎ-a»)....[X?-(«,-i)«] (>?-Xï)(Xî-ÀÎ).,.(X?-A3L1>(AÎ-X^1)...(A/-Ai)' (j-K^z=i-i + 6,.<0i les nombres [jl satisfont aux relations récurrentes (=/.- et où l'on choisit les nombres A,- dé façon à obtenir une valeur aussi grande que possible de p',l+l. (') M. S. Bernstein ayant obtenu celte relation par un autre raisonnement, m'a fait remarquer que is"').,— est le développement (divergent) de F(c) suivant les puissances négatives de c. SÉANCE DU 3 MARS 10,l3. 6^5 Prenant ï0—2, À, = O,0, )..,= I,4, on trouve par exemple E2„|xP>0'54 (2rt)3 pour des valeurs suffisamment grandes de n. théorie des nombres. — Sur les nombres déclasses des formes quadratiques binaires positives. Note de M. Jacques Chapelon, présentée par M. G. Humbert. M. Humbert, étendant une méthode d'Hermite, a établi dans le Journal de Mathématiques (1907) diverses formules relatives aux nombres de classes des formes quadratiques binaires et positives, en utilisant les relations de la transformation du troisième ordre pour les fonctions thêta. En parti- culier, il a obtenu des formules donnant, avec les notations de Kronecker et d'Hermite, les sommes (I) 2F(4N — a?) et 2F,(4N — .z-2), où x est un entier de signe quelconque, congru soit à 3, soit à ± 1 (mod 6). Il a donné de même, en fonction des diviseurs de N, les expressions des sommes (II) 2F(N-^) el 2F,(N— x*), où x est congru soit à ± 1, soit à o (mod 3). Je me suis proposé d'obtenir, relativement au module .*>, des formules analogues, ne rentrant pas dans celles de M. Gierster. Je m'appuie, pour cela, sur les formules de la transformation du cin- quième ordre des fonctions thêta ; en les combinant avec les formules d'ad- dition, j'arrive à des relations telles que celles-ci : .[Mil "M\ L8'(?) H'(¥)J »»ï ôï — bv hJr =-V/5 V^i 5. vV, e\ („, 0, - 5n', 9', ), où y),, 0,, Y)',, 6'( désignent respectivement H, (o, q), 0,(o, q 1, H,(o, q'°), 0, (o, q"). C. B., 1913, i« Semestre. (T. 15G, N° 9.) M 676 ACADÉMIE DES SCIENCES. D'autre part, dans le développement en série de Fourier de la fonction H,©, H2:©2, je remplace successivement la variable par ^ et ^-; je retranche membre à membre et je tiens compte de la relation qui précède ; égalant alors dans les deux membres les coefficients des mêmes puissances de q, j'arrive à l'une des formules que j'avais en vue. De cette manière, j'obtiens des relations où les premiers membres sonl des sommes des types (I) et (II) ci-dessus, et relatives au module 5 : pour le type (I), x représente un entier, positif ou négatif, congru soit à 5, soit à ± 1, soit à ± 2 (modio) ; pour le type (11), x est congru soit à o, soit à ± 1, soit à ±2 (mod.5). Voici, par exemple, quelques-uns des résultats relatifs au cas de JN 1=0 (mod 10). Notations. — Je désigne par d' un diviseur quelconque de N ; par 0 un N diviseur, à conjugué impair, de— ; je pose encore, de toutes les manières possibles, N = d, d, ^—dpd,. d{ > d, dp>di, dr étant pair et d, impair. Déplus, /, si m est entier, et o si m est fractionnaire, et enfin ( ~ j est le symbole ordinaire de Legendre, supposé nul si a est multiple de 5. Je pose N = 5^K, le nombre N' n'étant pas multiple de 5. Dans ces conditions, on a, en particulier, comme formules du premier type, .rss (mol 10 1 \ O / dp + dj\- 5 ) 1F(4îN-a-!) = 2| .+51* >' = ±I (mocllu \ 5 [Hï)Mï itrlr.4 Et, comme formules du second type, /d' 2F(N — a5ar*)= -2( — i)rf'( %- ) + l2(^IK(rf,_ d) >i. 2 v 5 ; 2 -jS(-i)^(rf, d) dt + d ï*+4*l3 SÉANCE DU 3 MARS ipiS. 677 et 'ï 4 y .1 2F(N-x'-) = Ji(-i)'(f(^)fi + lv(-:)<(,/,-(/1(^)-;v(_l)(/,(,/|__f/)(^j Ues formules analogues existent pour .r=±2 (mod.5), et aussi pour la fonction F, , nombre des classes de l'ordre impropre, de discriminant donné. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur l'équilibre el les petits mouvements des sys- tèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque. Note de M. Et. Delassis, présentée par M. J. Hadamard. L. Une liaison de première classe sera indépendante du temps quand les hypoS-hèses suivantes seront réalisées : i° La position du système dépend uniquement des valeurs des para- mètres q\ 20 t ne figure explicitement dans aucune des équations de la liaison; 3° Chaque équation du premier ordre de la liaison est homogène aux q' ; 4° Dans chaque équation du second ordre de la liaison, équation qui est linéaire aux q", les coefficients des q" sont homogènes aux q' el du même degré d'homogénéité, le terme indépendant des q" est homogène aux q' et son degré d'homogénéité est de deux unités plus élevé que celui des coeffi- cients des q". Les équations du mouvement sont les équations de la liaison auxquelles on adjoint l'équation de Dalembert généralisée 2(_P + Q)u4-2A9((a) = o) les

-h -pœ0 (w) = o, l'indice zéro indiquant qu'on a annulé tous les q et les q . 2. Pour l'équilibre les q sont nuls, mais non les A qui sont alors les constantes \x. Si l'on cherclie à former les équations des petits mouvements au voisi- nage de la position d'équilibre q{ = ... = q„— o, on est conduit à la règle suivante : On considère la somme de Dalemberl complétée 2(P + Q)U + 2f* a n'étant pas nul, et les q contiennent des termes devenant infinis avec t, donc: Les équilibres pour lesquels la liaison réduite est encore effectivement du second ordre sont certainement instables. Si la liaison réduite n'est que du premier ordre, mais qu'entre ses équations et celles fournies par la somme de Dalembert complétée et réduite on puisse éliminer les q et les q', on retrouvera ainsi une équation de la forme et la même conséquence au point de vue de l'instabilité. 680 ACADÉMIE DES SCIEXCES. ÉLECTRICITÉ. — Puissance intérieure et couple synchronisant des alternateurs synchrones travaillant sur réseau à potentiel constant ou en parallèle. Noie (' ) de M. André Bi.oxdii . présentée par M. P. Villard. La puissance intérieure de l'alternateur qui échange un courant efficace 1, sous la tension efficace Uet sous un décalage tp, avec le circuit extérieur (2), a pour expression, en appelant p les pertes par frottements, hystérésis et courants de Foucault : P = UIcoso db r\-±p. Le signe -+- se rapporte au cas de la génératrice, et le signe — au cas de la réceptrice. Le premier terme peut être calculé en multipliant deux à deux les composantes de la force électromotrice E(/ et du courant \d, dirigées suivant l'un des pôles, et que j'appellerai, pour simplifier, composantes directes, puis les composantes dirigées suivant l'axe perpendiculaire, E, et I£, que j'appellerai transver- sales. D'où, en désignant par ty le décalage de I par rapport à l'axe des pôles, UI costp = Ed1j-\- E,I,= Erfl cos'i* + E,I sint}/. Lorsque l'alternateur est soumis à des oscillations de vitesse, propres ou forcées très petites, les variations des termes ri- et p sont des infiniment petits du second ordre ; on peut donc ramener le calcul de la variation dP sensiblement à celui de la variation du premier terme de P. Or, tandis que le courant utile I et son décalage cp ne changent pas pendant les oscillations, tout décalage de l'induit en avance d'un angle d\i produit deux effets : i° Il modifie les composantes directe et transversale du courant I par rapport à l'axe polaire; la composante directe I cosvp subit une variation d( I cos 40 = — ' s*n 4 °ty > la composante transversale Isin| subit de même une variation I cos '.[> ûty ; 2° Il fait tourner les composantes Ett et E, de la force électromotrice du même angle d\>. La rotation de la force électromolrice directe Ed équivaut à l'introduction d'une force électromotrice transversale e, = Eu.dty. La force électromotrice transversale Ef induite par le courant direct (') Présentée dans la séance du 24 février 191 3. (-) Noir nia Communication des Comptes rendus, 17 février 1910, aux ligures de laquelle le lecteur est prié de vouloir bien se reporter. SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 68l ITT1 subit une variation ed= -rr dty = — wL^Ï sînLf et coLj. On a ainsi un courant supplémentaire direct total Eddè i,, = r-i l si n 1 o Fig. i. — Coupe verticale. Détail du porte-ampoule. décelant de telles finesses qu'il suffit d'agrandir le minuscule radiotype directement obtenu (voir/?»-. 3 à 5) pour pouvoir alors l'étudier à l'œil nu avec la même facilité qu'un macroradiogramme ordinaire. La difficulté d'obtenir, par les rayons Rœntgen, une telle netteté a été surmontée au moyen de l'appareil de précision, qu'on voit figure r, porté sur une colonne à tirage u, v et à genouillère .v, qui permet de le dégager de la rainure circulaire de son socle h, pour le faire pivoter en position horizori- tale. Deux larges cylindres en mêlai a1, a-, montés à coulisse, forment une chambre noire, de longueur variable à volonté, dont le fond c lais.se passer, à travers une douille à glissière c1, un tube axial (/ en métal, destiné à la suppression des rayons secondaires ou parasites et à la transmission du faisceau de rayons actifs que laisse Fig. 5. — Patte antérieure droite de jeune Lacer ta muralis. \ Photogrammes de microradiotypes en grandeur naturelle ( J 1 et agrandissements directs 688 ACADÉMIE DES SCIENCES. pénétrer l'épais diaphragme de plomb/, de liés petit diamètre, tandis qu'un disque g, opaque aux seuls rayons lumineux, joue le rôle d'obturateur photographique. A l'autre extrémité du tube (/peut s'adapter un régulateur-indicateur d'incidence, constitué essentiellement par un très étroit tube métallique i, maintenu axialement par deux disques />', /<-', perméables aux rayons X, normal à un petit écran fluores- cenly, qu'on peut examiner à travers un disque de verre au plomb /., destiné à pro- téger l'œil de l'opérateur, lorsque l'appareil est mis en position horizontale. H est clair qu'il suffit alors d'agir sur le mécanisme o, p, q, qui permet de déplacer dans deux sens perpendiculaires le porte-ampoule /, pour amener le tube spécial de Rœntgen, serré entre les pinces isolantes m, m1, dans une position telle qu'apparaisse au centre de l'écran, entourée d'un cercle noir, la petite tache lumineuse indiquant que le rayon central du faisceau va suivre dorénavant l'axe même du tube. On peut encore régler, d'après l'élendue de la zone illuminée de l'écran, l'amplitude désirée du champ radio- graphique, en rapprochant ou éloignant le tube d de la source irradiante, qu'il suffira de fixer définitivement, avec le porte-ampoule, solidaire de la chambre noire, pour n'avoir plus à recommencer ce réglage d'incidence, fait une fois pour toutes, et après lequel l'indicateur doit être mis de côté. Si alors, à la lumière du laboratoire photographique, on place au centre de l'épais disque de plomb h, marqué d'une croix diamétrale, pour le repé- rage, la petite plaque sensible, choisie de préférence carrée et de grain très fin, puis qu'on pose au centre de celle-ci, en contact direct avec la couche 'sensibilisée, sans interposition de papier noir, le petit objet à radiogra- phier, il ne restera qu'à rabattre sur sa rainure la chambre noire cylin- drique, et à faire passer pendant un temps convenable les rayons appro- priés d'une ampoule à très petit focus , pour aboutir, grâce à la normalité du faisceau incident et à la suppression de l'enveloppe de papier, la grande netteté qui permet de transformer en agrandissements considérables ( fig. i, '|, 5) les microradiotypes dont les épreuves photographiques ordi- naires, en grandeur naturelle, sont données dans les petits cadres ({). chimie physique. — Phénomènes capillaires dans les gaz : extension de la formule de La place au contact solide-gaz. Note de M. G. Rkkoul, pré- sentée par M. Lippmann. J'ai montré précédemment (') que l'action chimique d'un gaz sur un solide dépend de la forme géométrique de ce dernier, et qu'elle est plus vive aux points où la courbure moyenne est plus grande. J'ai cherché à (') Comptes rendus, 9 décembre 1912, 17 février 191 3. SÉANCE DU 3 MARS I9l3. 689 établir comment la quantité de sel formé dépend des rayons de courbure du solide. I. Les expériences sont assez faciles à réaliser à cause de la transparence du composé qui se forme : les colorations de lames minces produites à la surface du corps attaqué renseignent sur l'épaisseur de la couebe de sel et permettent ainsi sans difficulté le dosage relatif de quantités minimes du composé résultant de l'attaque du gaz sur le solide. Il suffit de prendre des corps de courbure différente, de les exposer dans les mêmes conditions à l'atmospbère réagissante et de déterminer ensuite, d'après la coloration de la lumière réfléchie, l'épaisseur relative de la couebe de sel qui a été formée. On prend une série de cylindres de diamètre différent, leur longueur est d'environ 6um, leurs extrémités ont été paraffinées ou étamées sur une longueur de icl" de manière à éviter les perturbations dues aux arêtes de la coupure; après l'attaque, chacun des cylindres présente une teinte uniforme. Par exemple, avec une série de six cylindres «le cuivre maintenus pendant 25 minutes à une pression de omm,6, le caoutchouc vulcanisé étant la source d'émission du gaz. actif, on obtient les résultats suivants : Diamètre du cylindre (en millimètres) i,5 i 0,78 0,5") o,35 0,a3 Lumière réfléchie rouge violet bleu bleu pâle vert jaunâtre jaune Epaisseur correspondante ( unités arbitraires) 260 280 3oo 040 4oo l5o Ces résultats vérifient assez bien une relation de la forme b (') n' = -ir+c, 2 n ff épaisseur de la couche de sel formé, 1\ rayon du cylindre; d, />, c sont des constantes qui, dans l'exemple précédent, prennent les valeurs a = i,oo3, ^ = 6,4*J, c = 18,09. ^n substituant dans les deux membres de l'équa- tion (1), on obtient les identités suivantes : 22,39 = 22,39 24,67 = 24,55 26,31=26,37 29,96 = 29,83 36,3o = 36,49 43,4 =43,8 Etant donnée la grande difficulté qu'il y a à apprécier exactement les diverses teintes, la relation apparaît comme suffisamment vérifiée. 690 ACADEMIE DES SCIENCES. Plusieurs autres séries de cylindres dans des conditions de pression un peu différentes ont donné la vérification de la même formule avec des valeurs des constantes «, b, c légèrement di fié rentes. La même vérification a clé faite avec des cylindres d'argent attaqués, à la pression ordinaire, par des vapeurs d'iode. La même formule s'est trouvée également vérifiée avec des solides en forme de cône : on mesurait le rayon de courbure en divers points de la surface conique et l'épaisseur de sel correspondante. Dès que l'épaisseur de sel devient telle qu'on arrive aux colorations du troisième ordre, la vérification de la formule (i) devient mauvaise. Ce sont d'ailleurs les couleurs du premier et du deuxième ordre qu'on peut apprécier avec le plus de précision. 11. Si l'on fait l'hypothèse qu'il y a augmentation de la concentration gazeuse à la surface de séparation du métal et du gaz, il devient facile d'expliquer les résultats précédents et de montrer que la relation (i) est une conséquence de la formule que Laplace a donnée pour les phénomènes capillaires. Soil 7 l'épaisseur de la couche de sel formé an lemps /, par unité de surface la ... . , . . dii ....... . . . quantité du compose sera <""•■■, ( m ■=. 3i ,6c\V„. Les Tableaux suivants reproduisent les résultats obtenus i\ indique les volur s solution versés dans la cuve A; la eu roplatinique dix-millinormal ( c = io-7 de solution versés dans la cuve A; la cuve B renferme toujours icml d'acide tétrachlo- mol.-e. mol. -s. h = = const. = 0, ilb' coi. c = const. = 10" -1 f ■ cm1 c mol. -g. en W, w. m en O* m en g. ^1 l, w„ w. n en g. m en g. cm3 obs. cale. obs. cale. en cm'. en cm. obs. cale. obs. cale. O, 2 XI0 7 0,l4 0,12 0 7X 10-1 0,7 XIO~7 0,5 0 , 1 04 0,17 0,21 5, 3 X io~7 6 x 10-7 0,5 o,3o 0,26 5 4,5 1 0,208 0,29 o,3o 8 ■5 9 o,-5 o,3g 0,37" 10 9 2 0,416 0,46 o,45 1 5 «4 i o,46 0,45 1 5 14 3 0,624 0,60 0,60 '9 ■9 i,5 0,09 0,60 27 28 4 o,832 0,69 0,70 22 22 2 0,72 0,71 44 4'. 5 10 1,04 2,08 0,82 0,93 0,86 0,96 2 4 29 25 3o La forme de la relation (3) montre — et l'expérience vérifie — que, pour de faibles concentrations, la masse formée est très minime, quoique l'énergie absorbée soit relativement considérable : il n'y a donc pas proportionnalité entre ces deux gran- deurs, contrairement à ce qu'avait affirmé Grotlhus. En résumé, les conclusions qu'il y a lieu de tirer de ce travail sont les suivantes : i° Même quand une substance absorbante est le siège d'une réaction chi- mique, l'énergie émergente décroit suivant des fonctions exponentielles de l'épaisseur (Lambert) et de la concentration présente à chaque instant (Béer). 20 La loi élémentaire (2) et la formule (3), qui s'en déduit au début de la réaction, donnent la masse formée, au cours de cette réaction photo- chimique, en fonction de différents facteurs (énergie incidente, coefficient d'absorption, temps, concentration, surface, épaisseur). 3° Dans le cas d'une réaction bimoléculaire, la loi de l'absorption photo- chimique de Grotthus est en contradiction très nette avec l'expérience : il n'y a nullement proportionnalité entre la masse formée et l'énergie absorbée, 6g4 ACADÉMIE DES SCIENCES. et l'on ne peut pas parler d'équivalence entre l'énergie rayonnante et l'énergie chimique ('). Il est vraisemblable que le rayonnement se borne à mettre les molécules (2) qu'il frappe dans un état particulier, à partir duquel elles sont capables de réagir chimiquement; et la réaction se pour- suit alors suivant le hasard des rencontres moléculaires. CHIMIE PHYSIQUE. — Action des basses températures sur les explosifs. Note de MM. André Ki.ing et D. Florentin, présentée par M. Vieille. Le maniement et l'ouverture des engins explosifs constituant des opéra- tions fréquemment pratiquées par notre laboratoire (Laboratoire muni- cipal de Paris), nous nous sommes proposé d'entreprendre une étude systématique des1 moyens propres à diminuer les dangers que comportent ces opérations; nous avons immédiatement pensé que, parmi ceux-ci, le refroidissement à très basse température devrait être l'un des plus effi- caces. Nous rappellerons, en effet, qu'un explosif est constitué par une combi- naison ou par un mélange de substances susceptibles, sous l'influence de certaines causes perturbatrices, de passer en un temps trexs court, d'un état initial instable à un état final plus stable, avec production de gaz ou de vapeurs portés à haute température. Or, puisque les vitesses des réactions diminuent avec la température jusqu'à s'annuler, en général, à des températures suffisamment basses, même pour les réactions qui s'exercent entre éléments doués d'une grande affinité réciproque aux températures ordinaires, il nous a paru, aprio/-i, que le refroidissement devrait être susceptible d'augmenter la stabilité des explosifs et de diminuer également la puissance de leurs effets. Afin de vérifier l'exactitude de cette hypothèse, nous avons mesuré suc- cessivement la sensibilité, la force et la vitesse de détonation des divers explosifs, d'abord à la température ordinaire, puis aux environs de — 1900 (azote liquide). Dans toutes nos expériences, nous avons employé des détonateurs au fulminate pur, amorcés électriquement à l'aide d'une petite tête d'amorce (') Le coefficient d'utilisation (rapport de l'énergie chimique emmagasinée à l'énergie rayonnante absorbée) est proportionnel à la concentration. (2) Ou les ions. SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 6g5 à fil de platine fin noyé dans une petite masse de fulminate pur (non com- primé). Méthodes de mesures et résultats obtenus. — i° Action du refroidissement sur la sensibilité aux amorces. — Les divers explosifs, sous des densités connues, étaient placés dans des tubes de verre de même longueur et disposés sur des plaques de plomb de façon à enregistrer la longueur ayant détoné. Poids de fulminate nécessaire pour produire à coup sur la détonation Densité à la température Nom de l'explosif. moyenne. ambiante. à — 190°. Fulminate i ,20 < os,25 Ie Dynamite-gomme » -9o oS,25 Id. Cheddile 1,00 os,25 Id. Ces résultats ont été obtenus en refroidissant simultanément l'explosif et le déto- nateur. Nous avons, en outre, cherché quel était l'action du refroidissement sur le détonateur seul, la cartouche étant à la température ambiante; avec la dynamite- gomme, on n'obtient pas de résultats concluants, mais, avec l'acide picrique, un déto- nateur refroidi de 08,76 ne provoque pas encore la détonation, alors qu'un détonateur de os,2.j chaud amène une détonation complète. 2° Action du refroidissement sur la force des explosifs. — La mesure de la force de l'explosif a été effectuée à l'aide de plombs de Trauzl ; nous avons opéré sur io? d'explosif (sauf dans le cas du coton - poudre) amorcé à l'aide d'un détonateur de is, 5. Augmentation du volume de la cavité à la température de l'azote liquide. à la température "^ — — -^■^"™— Nom de l'explosif. ambiante. Détonateur refroidi. Détonateur non refroidi. Cheddite n° 2 ( Vonges). 210 o i Raies Raté de détonation. Acide picrique 36o o • de 160 ) Ratés partiels Coton-poudre 335 o 1 détonation. 175 ) de détonation. Fulminate de mercure . . 1 (O i4o-i45 i4° 3° Action du refroidissement sur les vitesses de détonation. — Cetle mesure a été faite à l'aide de l'élégante méthode de M. Dautriche ('). A cet effet, l'explosif était placé dans un tube de verre muni de deux tubulures dans lesquelles on engageait les détonateurs du circuit des vitesses, après refroidissement du tube (2). (') Comptes rendus, t. 143, p. 64 1 . et t. IU, p. io3o. (!) Le détonateur d'excitation n'était pas refroidi. 696 ACADÉMIE DES SCIENCES. Vilesse moyenne en mètres par seconde Densité ^ — »~ — -~~ " Nom de l'explosif. moyenne. à la température ambiante, à — 190° environ. Fulminate i , 2."> 225o 235o Cheddite n° 2 i , oo 2365 2080 Acide picrique 1,01 447° k'fio Aux erreurs d'expériences près, la vitesse à la température ambiante et la vitesse à — 1900 sont semblables. A la température de — 900 (neige carbonique et acétone), les résultats sont analogues, mais beaucoup moins accentués, car l'abaissement de température agit d'autant plus qu'on s'approche davantage du zéro absolu. Conclusions. — De nos expériences, il résulte que : i° La sensibilité aux amorces des explosifs les plus divers est considéra- blement diminuée aux basses températures et l'action du refroidissement se fait sentir à la fois sur le détonateur et sur l'explosif lui-même; 20 La force des explosifs refroidis, mesurée dans un plomb de Trauzl, ne paraît pas sensiblement diminuée du fait du refroidissement, à condition que l'amorçage soit assez puissant pour déterminer la déflagration totale de l'explosif (Tableau II, cas du fulminate de mercure) ; 3° Quand le régime de détonation est atteint, la propagation de l'onde explosive n'est pas influencée du fait du refroidissement. Nous ajouterons que deux bypotbèses peuvent être faites pour expliquer cette diminution de sensibilité des explosifs sous l'influence du refroidisse- ment : ou bien celui-ci détermine une modification physique de l'explosif, d'où résulte un accroissement de son inertie vis-à-vis de l'onde produite par le détonateur ; ou bien la quantité de chaleur apportée par ce dernier, nécessaire pour élever les premières tranches de l'explosif de la température ordinaire à celle pour laquelle s'établit le régime de détonation, devient insuffisante quand, l'explosif étant fortement refroidi, l'écart entre la tem- pérature initiale et la température minima de déflagration s'est accrue dans de notables proportions. Des expériences actuellement en cours nous permettront vraisemblable- ment de nous prononcer en faveur de l'une ou de l'autre de ces hypothèses. SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. G97 PHOTOCHIMIE. — Etude de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acé- tylène. Note de MM. Victor Henri et Marc Landau, présentée par M. Dastre. L'étude de l'absorption des rayons ultraviolets par les gaz présente un grand intérêt pour l'analyse des réactions photochimiques, pour l'étude des relations avec les spectres d'émission des gaz, et pour la comparaison de l'absorption par les mêmes corps en solution et a l'état gazeux. Nous avons entrepris l'étude de l'absorption parles gaz Cil', C2H6, C-H\ C2H-, GO et CO3. Pour les carbures d'hydrogène, on n'a étudié jusqu'ici que l'absorption dans l'infra-rouge (Tyndall, Ângstrom, Coblentz, Baccei, v. Bahr). Etanl donné que les spectres d'émission des gaz sont constitués par des séries de bandes dont les lois de distribution ont été établies par Deslandres, il est indispen- sable d'étudier l'absorption par les gaz avec une source lumineuse qui donne un spectre continu. Konen, Grèbe, Mies et d'autres élèves de Kayser ont montré que l'étincelle condensée d'aluminium produite dans l'eau donne un spectre continu dans l'ultra- violet; mais une telle étincelle est très petite et très peu lumineuse, de sorte que les durées de pose doivent être de 1 demi-heure à 1 heure. Nous avons trouvé que si, au lieu de prendre une étincelle condensée, on prend une étincelle de haute fréquence entre deux électrodes d'aluminium plongées dans l'eau, on obtient une source très lumineuse qui donne un spectre continu uniforme dans tout l'ultraviolet jusqu'à 2i5o, la durée de pose étant seulement de 3o secondes à 2-3 minutes. Nous présentons maintenant les résultats seulement pour l'acétylène pur, étudié : i° gazeuse à la température ordinaire, à des pressions de 1 à j-u d'atmosphère et sous une épaisseur de 4ocm; 20 en solution alcoolique. Résultats. — Le spectre d'absorption ultraviolet de l'acétylène gazeux est un spectre cannelé qui possède un grand nombre de bandes, depuis 3ij7 jusqu'à 2236,4- Ces bandes sont plus ou moins nettes suivant les régions. Beaucoup de ces bandes examinées à un fort grossissement sont résolubles en des séries de bandes très fines, distantes entre elles de moins de un Angstrom. En étudiant la distribution de ces bandes, on arrive à distinguer trois groupes : 698 ACADÉMIE DES SCIENCES. I. Le premier groupe, le plus net, s'étend de 3i07 à 2880 environ; les bandes de ce groupe sont dégradées vers le rouge et ont un bord net du côté ultraviolet. Les têtes de bandes peuvent être bien repérées; les différences des nombres de vibrations qui correspondent aux têtes de bandes sont constantes; là valeur moyenne de A j est égale à 23. Le Tableau I donne la liste de ces têtes de bandes. Tableau I. A. 1 A il. A À. I A A*. A 22 A. l a' Al A 23 3i57 3i68 3o4i,8 3287 23 2937,5 34o5 23 3129, 5 3,96 24 3020,7 33io 26 29l7>1 3428 23 3io5,7 3220 23 2998 3336 23 2898,0 345i 24 3o84,2 3243 22 2977.4 3359 23 2877,7 3475 3o63,5 3265 2957.47 3382 II. Vers 2960 commencent à apparaître entre les bandes du premier groupe des bandes d'abord très faibles, à bords effacés; elles deviennent ensuite de plus en plus nettes et plus rapprochées; entre 2800 et 25oo on a un grand nombre de bandes diverses : les unes à bords effacés, les autres à bord ultraviolet net; il est très probable qu'on a dans cet ensemble plusieurs groupes de bandes enchevêtrés les uns dans les autres, de sorte que l'analyse en est difficile. Le Tableau II contient les longueurs d'onde de ces diverses bandes. Tableau II. 2960,0 2881,4 2816,0 2763,0 2717,0 2678,0 263o,4 2572 ,0 2939,0 2879,7 2812,0 2756,3 2713,0 2668,8 2623,5 2558, 0 2920,0 2865,5 2808,3 2753,0 2710,2 2662,8 2618,0 2.552,2 2904,2 285o,o 2801 ,0 27:30,0 2705,3 2659,4 2612 ,0 2538, 0 2900,2 2846,7 2796,0 2744,3 2698,3 2653,o 2606,3 2522 ,0 2896,5 2843,6 2788,0 2733,0 2691 ,8 2645,8 2601 ,0 25lO,0 2888,8 283o,6 2776,4 2725,0 2684,6 2642,0 2589,4 25oi ,0 2883,3 2823,4 2770,6 2721,0 2682,6 2635,7 2580,7 2|95'4 Entre 2000 et 2327,5 l'acétylène gazeux sous l'épaisseur de 4o11" n'ab- sorbe pas sensiblement. SÉANCE DU 3 MARS I9l3. 699 III. Vers 2327,5 commence un troisième groupe de bandes qui s'étend jusqu'à 2236,4; ce sont des bandes à bord ultraviolet très net, résolubles en séries de bandes extrêmement fines; les différences de fréquence cor- respondant aux tètes de ces bandes croissent d'une façon régulière, ainsi que l'indique le Tableau III. Tablkau 111. A. l Ai- A X. 1 1' Ai. A X. 1 A^ A 2327,5 4297,0 23o8,o 4333 '9 2256,0 4433 4i 2324,5 43o3,o 6 2296,0 4355 22 2236,4 4472 39 23 1 8 , 2 43i4 ,0 1 1 2276,8 4392 37 IV. So/utio/is de C'H2. L'élude de l'absorption par des solutions alcooliques d'acétylène montre que ces solutions présentent une seule bande d'absorption très large, commençant environ à 2800 et ayant un maximum vers 263 1. Voici, en effet, les valeurs des coefficients d'absorption molécu- laires s calculés d'après la formule J = J0 . io-' '' : 1. £ . 28i3 2782 2775 2752 2720 2703 2693 2684 0,99 1,89 2,52 3,5i 4,86 6,3 7,29 8,73 263 1 1 2 , 1 5 m a x , 2620 < 1 2 , 1 5 Il est intéressant de noter que l'absorption de l'ultraviolet par l'acétylène et, comme nous le verrons prochainement aussi, par d'autres carbures d'hydrogène, commence à peu près dans la région qui termine l'ultraviolet du spectre solaire (3ooo A.). Ce fait pourrait servir de base à l'hypothèse sur la présence de carbures d'hydrogène dans l'atmosphère du Soleil. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les points critiques du fer . Note (') de M. Witoi.d Broxiewski, présentée par M. Henry Le Chatelier. Des travaux nombreux ont été effectués sur les points critiques du fer, mais presque toujours sur des échantillons industriels insuffisamment purs et distincts pour chaque étude, ce qui rendait les résultats peu compa- rables. J'ai donc cru utile de reprendre l'étude de quelques propriétés physiques du fer pur par l'enregistrement automatique plus sensible que l'étude par points. (') Présentée dans la séance du 17 février igi3. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, iV 9.) w «9 U-l L I B R ■"■ R V y^ 700 ACADEMIE DES SCIENCES. Le fer électrolytique dont je me suis servi a été mis gracieusement à ma dispo- sition par M. A,. Boucher, que je suis heureu\ de remercier ici. Des échantillons de 5""" de diamètre et d'une longueur allant jusqu'à om,8o, taillés dans les plaques, ont été recuits pendant une dizaine d'heures au-dessus de iooo°. L'échaull'ement pendant les expériences se faisait par un four à résistance électrique en 1 heure environ dans l'hydrogène dont l'absorption par le fer est négligeable dans ces conditions (Charpy el Bonnerot, io,i3). La température était indiquée par un couple plaline-platine rhodié placé à l'intérieur de l'échantillon. L'étude a élé faite à l'aide d'un enregistreur pho- tographique de MM. Le Chatelier et Broniewski ('). La figure suivante indique les courbes d'échauffemenl obtenues pour la R TP / ,D [ i 1 \tc . _ 200 400 600 800 \000 force thermo-électrique par rapport au cuivre (TC) et par rapport au pla- tine (TP), la courbe de la résistance électrique (R) et la -courbe de dilata- tion (D) du fer. Thermo-électricité. — La courbe de la force thermo-électrique du fer par rapport au cuivre (o,5 millivolt par division) nous montre un point critique à 780°. La courbe de la force thermo-électrique par rapport au platine permet d'atteindre des températures plus hautes, mais à une échelle plus réduite (2 millivolts par division); (') H. Le Chateliek et W. p. i33. Bno.NiEWSiu, Revue de Métallurgie, t. IX, 1912, SÉANCE DU 3 MARS ip,l3. 701 elle montre un point critique à 10200. M. Harrison (1902) et M. Belloc (igo3) n'ont pas trouvé de discontinuité dans la courbe de la force thermo-électrique du fer, mais indiquent qu'un maximum de la courbe du pouvoir thermo-électrique pourrait corres- pondre à un point critique aux environs de 800°. Résistance électrique. — La courbe de la résistance électrique du fer (une division correspond à la résistance électrique à o°) manifeste entre "5o° et 85o° un changement de direction parfaitement continu qu'il serait difficile d'assimiler à un point critique. Une discontinuité dans l'allure de la courbe se montre à 900° et à 10200 avec un chan- gement de direction entre ces deux températures. La continuité du premier change- menldedirection avait déjà été remarquée par M. Morris (1897) et M. Harrison (1902); la discontinuité à 930° et à 10200 n'avait pas encore été signalée. Dilatation. — La courbe de dilatation (une division correspond à 0,002 de la lon- gueur de l'échantillon à o°) présente aux environs de 9-5o° un maximum suivi d'une contraction. L'ampleur de cette contraction paraît dépendre assez sensiblement des cond i lions d'échaulfement, comme l'avait déjà fait remarquer M. H. Le Gh atelier (1899). MM. Cliarpy et Grenet placent la contraction du fer à o,o3 pour 100 de carbone entre 86o° et 8900. Points thermiques. — La courbe de refroidissement accuse un arrêt à 890° et un changement de direction très faible aux environs de 7000. Si nous considérons que le point critique placé à 960° sur la courbe d'échaulfement de la résistance électrique du fer se déplace sur la courbe de refroidissement à 8900, nous pouvons par analogie supposer que l'absorption de la chaleur se fait pendant réchauffement aux environs de 9500. Ces résultats peuvent être expliqués en partie par l'hypothèse émise récemment par M. Benedicks (1912), que le fer ($ d'Osmond est constitué par une solution solide du fer y dans le fer a. Le changement continu de direction de la courbe de la résistance électrique correspond alors au maxi- mum de la solution solide. Gette forme prendrait, en effet, un diagramme de la résistance spécifique en fonction de la composition de deux constituants formant entre eux une solution solide continue, si l'un des constituants était pris à une température suffisamment supérieure à celle de l'autre constituant et les alliages à des températures intermédiaires. L'hypothèse de M. Benedicks n'est plus suffisante pour expliquer le point critique à 10200 et nous devons admettre l'existence d'une nouvelle solution solide pour interpréter le changement de direction de la courbe de la résis- tance électrique entre t)5o" et 1020'1. Le fer & serait ainsi stable au-dessous de 730" où commence sa dissocia- tion (point critique sur la courbe de la force thermo-électrique, commen- cement de la transformation magnétique). Un fer (ï' serait stable à p,5o° 702 ACADÉMIE DES SCIENCES. (points critiques sur les courbes de la résistance électrique et de la dila- tation, point thermique, fin de la transformation magnétique). Le fer y serait stable au-dessus de 1020" (points critiques sur les courbes de la résistance électrique et de la force thermo-électrique). Entre 73o° et 95o° on aurait la solution solide continue du fer a avec le fer P'; entre rpo° et 1020°, la solution solide du fer ft' avec le fer y. Ces hypothèses rendent bien compte des résultats de nos expériences, mais ne pourraient être admises comme définitives que confirmées plus amplement, surtout par une étude analogue des aciers au carbone. CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques propriétés d'un fer électrolyti que industriel. Note (') de MM. L. Guii.i.et et A. 1»ortevix, présentée par M. H. Le Chatelier. La présentation d'une Note de M. Broniewski (voir ci-dessus) nous incite à communiquer de suite à l'Académie les résultats que nous possé- dions depuis quelque temps sur les propriétés du fer électrolytique, et dont la publication n'a été différée qu'en raison d'essais en cours, notam- ment au point de vue des gaz occlus. L'un de nous s'occupe d'ailleurs depuis quelque temps de la fabrication industrielle du fer sur lequel ces essais ont été faits. L'échantillon utilisé a pour composition (2) : C = indosable; Mn = o;Si = o;S = o;P = o,025 ; As = 0,011. Au sortir de l'électrelyte, le métal sursaturé d'hydrogène est extrême- ment fragile. 11 présente alors une dureté à. la bille de il\o (bille de iomm; pression de 3oookg), et l'examen micrographique montre un aspect tout à fait caractéristique (fig- 1). Après un recuit de 2 heures à 9000 dans la magnésie, la dureté, déter- minée dans les mêmes conditions, a été de 90 et la structure micrographique est devenue normale (Jîg. 2). Points critiques. — La détermination des points critiques faite au galva- nomètre double Saladin-Le Chatelier nous a donné les résultats suivants : (') Reçue dans la séance du i(\ février 1 9 r 3. (-) Il est à noter que les améliorations apportées dans la fabrication ont conduit récemment à l'obtention d'un métal à teneur en phosphore beaucoup plus faible. SÉANCE DU 3 MARS I9l3. Échauflement. 7o3 Métal brut . . Métal recuil , 937° q32° Refroidissement. 902° 778" 902° 778" La présence des gaz n'influerait donc pas dans le cas qui nous occupe sur la position des points de transformation. De plus, sur métal brut on remarque, à des températures d'ailleurs variables avec les échantillons, Fig. 1. — Attaque au réactif de Benedicks ( x î5o). Fig. Utaque au réactif de Benedicks ( X 25o). notamment à 53o°età0()oo, des absorptions de chaleur à réchauffement que l'on ne retrouve pas au refroidissement. Après un premier chauffage, ces points disparaissent et semblent donc bien dus à l'influence des gaz dissous, comme l'avait déjà signalé Roberts Austen ('). Comme le montre l'une des courbes obtenues {fig. 3, échantillon recuit), le point de transformation le plus élevé (A3)est inarqué par une variation thermique rapide, alors que le point de transformation A2 correspond, surtout au refroidissement, à une variation thermique progressive. Si l'on adopte la manière de voir de Benedicks (2), cela indiquerait une solution mutuelle au moins limitée des deux variétés allotropiques a et [5 du fer et probablement même une solubilité mutuelle en toutes proportions. (') Roberts Austen (Cinquième Rapport du Comité des Alliages de l'Inst.of Mech. Eng., 1899) signale particulièrement îles points à 475° et 7660 disparaissant après des chauffages répétés. (2) Be.\edicks, Huitième Congrès international de Chimie appliquée. New-York, septembre 1912. 704 ACADÉMIE DES SCIENCES. La moyenne des déterminations faites, au pont de Thomson, sur quatre barreaux de fer électroly tique tournés de 5mm,70 de diamètre et i20mm de longueur, après recuit dans les conditions déjà indiquées, a donné 10,22 mi- crohms par centimètre cube; la présence de 0,025 pour 100 de soufre et 0,01 1 pour 100 d'arsenic conduit à corriger ce chiffre de o, 24 p.10 : cm3 d'après Benedicks, ce qui le ramène à 9,98. Or Lorenz (') donne, comme valeur de la conductibilité spécifique, 10,37 x IO' à o° et 6,63 x 10'' à ioo°, ce qui conduit par interpolation à 9,64 X io' à 200, soit une résistivité de 10,37 puo : cm3- . Kohlrausch (2) donne 9 jjiw : cm3 et Preece (2) 9,73 f/xo : cm3, alors que Benedicks admet par extrapolation 7,6 jj.cd : cm3 à 160 attribuant les résultats trop élevés des deux derniers observateurs à la présence de o,oo4 à 0,007 pour 100 en poids d'hydrogène. En admettant le chiffre de Benedicks comme vrai et son interprétation comme applicable également au cas qui nous occupe, cela conduirait à supposer la présence de 0,008 pour 100 d'hydrogène en poids en solution solide dans le fer de nos échantillons. ^') Landolt-Bornstei.n, Tabellen, 190a, p. 716. (2) D'après Benedicks, Thèse, Upsala, 190^, p. 116 et 106. SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. 7o5 Des déterminations analogues faites sur des barrettes rectangulaires non recuites de 5mm, i x 6""n, i de section (la fragilité du métal n'ayant pas per- mis de le travailler au tour sous un faible diamètre) et une longueur de i2omm ont conduit au chiffre de 12,16 u.a> : cm3 à 200. Ce chiffre, ramené à 11,92 pour tenir compte du phosphore et de l'arsenic, est supérieur de 1,94 [xco : cm3 au chiffre du fer recuit; en supposant encore cet écart dû à l'hydrogène en solution solide, il correspondrait à 0,006 pour 100 d'hy- drogène en poids. Nous poursuivons nos recherches pour préciser d'un côté les propriétés mécaniques et chimiques du métal brut et du métal recuit dans diverses conditions et d'un autre côté la nature des gaz contenus et la part revenant tant à ces gaz qu'à l'écrouissage dans les propriétés du métal brut. CHIMIE PHYSIQUE. — Étude du système : sulfure d'antimoine, sulfure de plomb. Note de M. H. Pélabon, présentée par M. E. Bouly. Le sulfure d'antimoine et le sulfure de plomb se rencontrent assez souvent associés dans la nature; ils forment alors certains minéraux comme la zinckénite, lajamesonite, laboulangérite. Ces composés peuvent-ils prendre naissance par union directe des deux sulfures préalablement fondus? C'est la question que nous avons essayé de résoudre par l'étude de la fusibilité et par l'examen métallographique des mélanges de sulfure d'antimoine et de sulfure de plomb. Le liquidus de ce système comprend d'abord une ligne AB qui, partant du point de fusion du sulfure d'antimoine, 55o°, aboutit à un euteclique qui renferme à peu près 22mo1 de sulfure de plomb pour yS"101 de sulfure d'antimoine etqui se solidifie à 4820. A l'aide du microscope de M. Le Cha- telier, on peut constater que les mixtes qui correspondent à cette ligne AB laissent déposer, en se solidifiant, d'abord des cristaux volumineux de sulfure Sb2S3, puis le mélange eutectique. La ligne de fusibilité comprend ensuite l'arc de courbe BC qui, au point C, est presque tangent à une parallèle à l'axe des abscisses. La tempé- rature de solidification commençante du mélange correspondant est 568°. L'examen métallographique des mixtes qui se rapportent à la ligne BC permet de constater l'existence de deux corps d'aspects nettement différents, surtout si l'on a soin d'attaquer faiblement la surface polie par l'acide azo- tique. D'une part on aperçoit l'eutectique B, d'autre part de volumineux 706 ACADÉMIE DES SCIENCES. cristaux ortliorlioinbiqnes qui apparaissent plus sombres et qui possèdent les mêmes angles que la zinckénite Sb2S3 PbS. Le point C ne correspond pas exactement au mélange équimoléculaire, mais à un mixte un peu plus pauvre en sulfure de plomb. Ce point est donc un point de transition. Aux températures supérieures à 568°, la zinckénite n'existe plus. Le liquidus se continue ensuite par lare de courbe CD. Les mélanges correspondants solidifiés renferment un nouveau constituant formé de très petits cristaux qui apparaissent brillants sur le fond sombre de la zinckénite Tt5. lou.»»*^' <> d (toujours après attaque de la surface polie par l'acide azotique). Ces cristaux, que l'on ne distingue nettement qu'avec un fort grossissement, sont des prismes or thorhom biques dont la section est un losange peu différent d'un carré; on peut les identifier avec les cristaux de jameso- nite SbsS3,2PbSqui sont des prismes rbombiques dont l'angle mesure ioi°. Le point D est un nouveau point de transition qui correspond à peu près au mélange 2 SlrS:1 + 3 PbS. Le point de solidification commençante de ce mixte est 610", son point de solidification finissante 568". Au-dessus de 610", la jarnesonite n'existe plus. Les courbes de refroidissement des mélanges, plus riches en sulfure de plomb que le mélange 2 Sb'-S3 -t- 3 PbS, présentent toutes un palier 1res SÉANCE DU 3 MARS igi3. 707 net à 6io°; un second palier moins accentué se produit à 568°, il n'est plus observable quand on atteint le mixte Sb2S3, 2PbS; ce fait confirme l'exis- tence de la jamesonite. Enfin, les mélanges dont la teneur en sulfure de plomb est encore plus forte paraissent au microscope absolument hétérogènes. On y découvre encore des cristaux de jamesonite, des cristaux volumineux de sulfure de plomb qui sont surtout nombreux à l'extrémité du culot qui occupait le fond du tube pendant la solidification du liquide ; enfin on aperçoit de nouveaux cristaux excessivement nets, ce sont des aiguilles réunies en croix. Il se peut que ces cristaux soient formés de la boulangérite x Sb2S3, 5 PbS, mais nous ne pouvons l'affirmer. Nous n'avons pas pu déterminer le liquidus jusqu'au point de fusion du sulfure de plomb, ioi5°. Même avec des masses de mélanges supérieures à 30^', le point de solidification commençante n'a jamais été mis nettement en évidence par la courbe de refroidissement; en revanche, le palier corres- pondant à 6io° a toujours été très net. En résumé, les composés de sulfure de plomb et de sulfure d'antimoine ne sont pas mis en évidence par des maxima de la température de solidi- fication commençante parce qu'ils fondent en se décomposant, mais on peut les déceler grâce à l'existence de points de transition dans le liquidus et aussi à l'aide du microscope. La zinckénite Sb2S3PbS et la jamesonite Sb2S3, 2PbS sont de cette manière nettement décelées. PHOTOCHIMIE. — Sur un actinomèlre à lévulose pour les rayons ultraviolets; influence de la concentration sur la vitesse de réaction photochimique. Note de MM. Damei, Iîerthelot et Hexry Gaudechox, présentée par M. E. Jungfleisch. L'importance croissante prise en photochimie et en physiologie par les rayons ultraviolets nous a engagés à chercher un nouvel actinomètre mieux adapté à leur étude que les instruments actuels qui s'appliquent surtout au spectre visible. Le choix d'une réaction actinométrique et l'interprétation correcte des nombres observés sont toujours délicats. Précisons ces points en prenant comme exemple un actinomètre à solution aqueuse d'acétone. Sous l'influence de l'ultraviolet initial (ou solaire) il s'y forme, comme l'a reconnu M. Ciamician, de l'acide acétique, C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 9.) 9° 708 ACADÉMIE DES SCIENCES. qu'on peut titrer par les réactifs colorés ou les conductibilités électriques. D'autre part, nous avons constaté que l'acide acétique n'est pas attaqué par l'ultraviolet initial, mais l'est d'une manière croissante par l'ultra- violet de plus courte longueur d'onde. Si donc on expose un tel actino- mètre à des vibrations monocbromatiques de plus en plus rapides, l'acidité croîtra, passera par un maximum, puis décroîtra. Il en serait de même si l'on faisait agir successivement le rayonnement global de sources de tempé- ratures croissantes et, par suite, de plus en plus riches en ultraviolet. Mais on peut constituer, avec la solution aqueuse d'acétone, un actino- mètre d'un autre genre. Nous avons découvert en effet que, parmi les corps organiques, l'acétone pur ou dissous est un de ceux qui donnent le dégagement gazeux le plus abondant (volumes égaux de CO et C2HG). Ce dégagement commence dans l'ultraviolet moyen et s'accélère quand la longueur d'onde décroît. Selon qu'on prendra, comme mesure de « l'activité pliotochimique » d'une source lumineuse, la dose d'acide formé, ou la dose de gaz dégagé dans Tactinomètre à acétone, on aboutira à des conclusions opposées : dans le premier cas on dira que, la température d'une source croissant, son activité chimique passe par un maximum; dans le second cas, on conclura que cette activité augmente régulièrement avec la température. Le plus souvent, quand la longueur d'onde diminue, à la réaction pri- mitive simple s'ajoutent des réactions secondaires de plus en plus com- plexes. Ainsi la solution aqueuse de glucose, entre 0^,30 et 0^,25, donne deux gaz seulement en rapports simples (2voICO et ivolH2); au-dessous de 0^,20 apparaissent des doses croissantes de gaz accessoires CO2 et CH% et la proportion de H2 augmente au point qu'on finit par avoir 6™1 H2 pour ivolGO. La composition du volume gazeux a donc entièrement changé. Nous avons cherché pour notre actinomètre à réunir les conditions sui- vantes : réaction facile à mesurer, peu sensible à la lumière visible et à l'ultraviolet initial, très sensible à l'ultraviolet moyen ou extrême, res- tant semblable à elle-même et ne se compliquant qu'à un faible degré de réactions secondaires quand la longueur d'onde diminue. Le dégagement gazeux d'oxyde de carbone fourni par les solutions aqueuses de cétoses remplit toutes ces conditions. La dioxyacétone est le plus sensible de tous ces corps; mais en raison de sa rareté nous lui avons préféré le lévulose qui est facile à avoir pur en grande quantité. Parallèlement à une lampe cylindrique verticale en quartz à vapeur de mercure de 60""" de haut et i3"lm de diamètre (lampe Heraeus, type 110 volts, en régime modéré, SÉANCE DU 3 MARS IÇjl3. 709 3,4 ampères et 52 volts aux bornes), on a mis à des distances d variées, mesurées entre parois en regard, un tube cylindrique de quartz de i55mm de haut et i6mm de diamètre, contenant environ 25cmS d'une solution aqueuse à 10 pour 100 de lévulose. Dans ces conditions, on opère sur une grande quantité de liquide, et la concentration, pendant la durée d'un essai, ne varie pas sensiblement. Le tube de quartz est relie à un tube à dégagement étroit qui amène le gaz dans une cloche graduée. Dans chaque expérience, on attend 20 minutes environ que l'équilibre de température et l'unifor- mité de régime du dégagement gazeux soient établis, puis on mesure les volume- gazeux dégagés en 5. 10, i5, 20, 3o et 4» minutes. Vitesse Nombre de centimètres cubes dégagés au boni de en — ^ — • ^^— — centimètres cubes d. 5°. 10°. 15°. 20°. 30°. IV". à. l'heure. mm l4 O.26 0,52 <>,-8 I,o4 » » 3,12 19 0,18 0,35 » 0,70 1,06 » 2,10 23 » 0,28 « o,55 o,83 » 1,66 3i » o,i8 0,27 » 0.54 » 1,08 4o » 0,12 0,18 » o,36 » 0,72 61 » » 0,10 » 0,20 o,3o 0,60 Les nombres précédents montrent que le dégagement gazeux se fait bien dans chaque cas avec une vitesse constante. Il diminue suivant une puissance de la distance voisine de f , c'est-à-dire intermédiaire entre la première puissance (cas d'un rectangle de hauteur infinie) et le carré de la distance (cas d'une source lumineuse ponctuelle). Nous avons recherché enfin comment variait la vitesse du dégagement gazeux avec la concentration. Dix solutions aqueuses de lévulose de con- centrations c croissantes, depuis ~ de molécule (4g,5 ) par litre de solution, jusqu'à 6 molécules (10808) par litre, ont été mises dans dix petits tubes identiques en quartz mince placés à la même distance (2o"im) d'une grosse lampe en quartz (type 220 volts en régime peu poussé, 3,4 ampères et :")o volts aux bornes). On a mesuré le nombre n de centimètres cubes dégagés en 1 heure : M M M M M M „ ... ... ,.,, c. — . — — . — — • — • M. 4M. 5M. 6M. 40 30 20 10 5 2 «... o,o4 o,o55 0,08 0,16 0,26 o,54 0,70 1,17 i,i 6 1,18 Pour les faibles concentrations (de 4S>5 à 18e par litre), la vitesse du dégagement gazeux est proportionnelle à la concentration ; pour les fortes concentrations (72os à io8og par litre), la vitesse est constante. Il semble que la réaction soit d'ordre un (unimoléculaire) pour les solu- tions diluées, et d'ordre zéro pour les solutions concentrées. Pour les 7IO ACADÉMIE DES SCIENCES. solutions moyennes, l'ordre est intermédiaire entre o et i (on sait que ce dernier résultat est celui qu'on obtient dans la majorité des réactions photochimiques ). La conclusion à tirer de là est que l'ordre de la réaction est une notion illusoire pour de tels phénomènes. Les hypothèses cinétiques (fréquence du nombre de chocs des molécules), par lesquelles on justifie la loi de masse, ne sont pas applicables aux réactions photochimiques produites par un flux d'énergie extérieure. Au contraire, les faits s'expliquent simplement si l'on admet que la vitesse de réaction est proportionnelle à la quantité de lumière absorbée par unité de temps. Dans les solutions diluées, l'absorption est faible et proportionnelle à la concentration; dans les solutions concentrées, l'absorption est totale el n'augmente plus avec la concentration. CHIMIE ORGANIQUE. — Action de V oxyde d'èthyle a.-fi-dichloré su?- les dérivés magnésiens mixtes. Note de MM. Lespieau et Bresch, présentée par M. Ilaller. En faisant réagir l'éther chlorométhyliquesur les dérivés magnésiens, on a pu obtenir des composés saturés (Hamonet), éthyléniques ou acétylé- niques (Lespieau), auxquels on serait arrivé difficilement s'il avait fallu employer l'aldéhyde formique au lieu de l'éther chloré en question. Il y a là une simplification qui nous a paru pouvoir être généralisée : l'ap- titude réactionnelle du chlore de l'éther chlorométhylique tient évidemment à ce qu'il fait partie d'un groupement ■ — CCI OR — ; or les corps présentant le même groupement s'obtiennent sans trop de difficultés quand on attaque les éthers-oxydes par le chlore. Toutefois, sauf le cas où l'on aurait en vue spécialement la production de certains éthers-oxydes, la substitution d'un éther chloré à une aldéhyde n'a d'intérêt que si, comme c'est le cas dans la série en C, l'éther chloré est plus accessible que l'aldéhyde. En voici un autre exemple : l'aldéhyde monochlorée est assez pénible à obtenir, tandis que l'éther <:IHCI — CHCI -O— C3H5 est facile à préparer (si le composé bouillant vers i/jo0 qui se forme lors- qu'on attaque l'éther ordinaire par le chlore, répond bien à la formule précédente indiquée par Abeljanz). A vrai dire ce composé paraît tout SÉANCE DU S MARS I<}l3. ;il aussi pénible à purifier complètement que l'éther chlorométhylique et, tandis que Lieben indique qu'il bout de i4o° à i45°, il nous a paru passer surtout vers i36°, mais cela n'est point un obstacle à son emploi. Cet éther dicbloré attaque facilement les magnésiens, par exemple ceux qui dérivent du bromure d'éthyle, du bromure d'allyle et de l'acétylène. La réaction paraît donner naissance cbaque fois à plus d'un produit, et peut-être cela tient-il à l'impureté du corps servant de point de départ; néanmoins il y a toujours un de ces produits qui domine de beaucoup. Dans le cas du dérivé magnésien de l'acétylène, le composé dominant répond à la formule G,0H,8O*Cl2 (Analyse : C 49569; H 6,82; Cl 3o,2o; cryoscopie acétique 255); et, si l'éther dicbloré a bien ses atomes de chlore disposés comme on l'admet, cette formule doit être développée ainsi : - CH2CI — CH ^G^C— CH-CH^CI I I OC2 11- OC2 H5 C'est un liquide incolore, bouillant à i36°-i37° sous i2mm. Il ne semble pas, malgré la fixité de ce point d'ébullition, qu'on ait là un composé unique, et voici pourquoi : M. G. Dupont (Comptes rendus, \. 149, p. i38i), ayant fait agir l'aldéhyde ordinaire sur le dérivé magnésien de l'acétylène, a obtenu un liquide bouillant, bien et répondant à la formule CH! - CHOH — C = C - CHOH - CH3. Cependant, ce liquide est un mélange de stéréoisomères; M. Dupont, en passant par les dibromures, a réussi, en effet, à retirer de son produit brut deux glycols cristallisés isomériques, tous deux inactifs, mais dont l'un est certainement inactif par compensation. Or, en fixant deux atomes de brome sur le composé que nous avons obtenu, nous avons également obtenu deux bromures; l'opération avait été faite au sein du chloroforme et s'était effectuée sans grand dégagement de chaleur; en évaporant le solvant, nous avons reconnu qu'il se déposait deux espèces de cristaux de solubilité très différentes, répondant tous deux à la formule C ° H ,0O2 Cl2 Br2. Le dibromure le moins soluble fond à i07°-io8°. On le purifie en le dis- solvant à l'ébullition dans l'alcool à 960 et laissant déposer par refroidisse- ment. (Analyse : Cl + Br 57,70; 029,60; H 4,17; cryoscopie acé- tique 353; la mesure cryoscopique s'est trouvée quelque peu incertaine, l'abaissement observé n'étant que de o°,o56, vu la faible solubilité du corps dans l'acide acétique. ) 712 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le dibromure le plus soluble fond à 7i°-72°; on le purifie comme le précédent, en ajoutant toutefois à la solution alcoolique tiède assez d'eau pour provoquer l'apparition d'un louche. (Analyse : Cl -t- Br57,(>; ; 029,89; H /|, oG; cr}"oscopie acétique 399.) On pourrait, il est vrai, supposer que l'isomérie de ces deux bromures, qui sont éthyléniques, est due, non à la présence des deux atomes de car- bone asymétriques, mais bien à une structure respectivement cis ou trans; le cas étudié par M. Dupont rend cette hypothèse peu probable; nous essayerons, cependant, de voir ce qu'il en est en continuant ces recherches. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur fiodure de magnésium mèthyle. Note de M. Pierre Jomrois, présentée par M. H. Le Chateiier. Dans une précédente Note j'ai décrit quelques propriétés nouvelles de l'iodure de magnésium éthyle ('). J'ai repris avec la même technique des expériences analogues sur l'iodure de magnésium méthyle. Préparation de Ciodure de magnésium méthyle. — Dans la préparation du dérivé éthylé, j'ai montré (loc. cit.) qu'il se produit une réaction parasite qui pouvait, dans certaines conditions, devenir la réaction dominante. Dans le cas de l'iodure de méthyle agissant sur le magnésium en présence d'éther, on ne constate, au contraire, quel que soit le mode opératoire, qu'un dégagement gazeux insignifiant : 6""1, 1 pour 244ms de magnésium mis en jeu. Ce gaz est composé de £ de son volume de C2H'\ Action de la chaleur. — Lorsque l'on soumet à l'action de la chaleur le composé ainsi préparé dans le vide, dans un appareil relié à une trompe à mercure permettant de recueillir le gaz, on constate, jusqu'à i3o" environ, un dégagement de vapeur d'éther qui cesse seulement au bout de 4o heures de chauffage à 1200. Cette réaction est d'ailleurs réversible, car le produit refroidi absorbe de nouveau la vapeur d'éther. C'est la dissociation du produit déjà signalé et analysé par M. Biaise, MgICH3( C2H5)20 (2). Si Ton élève la température vers 2400, on obtient un dégagement gazeux dont j'ai mesuré le volume correspondant à un poids donné de ma- (') P. Jolitîois, Comptes rendus, t. 155. p. 2i3 et 253. (-) Blaise. Comptes rendus, t. 132, p. 839. SÉANCE DU 3 MAHS IO,l3. 7l3 Poids de M g 1 23ms 48oœe • i i'"K Volume gazeux à o° et ;6tm 83*1» Sag01"3 161"" Ce gaz a été analysé par la méthode récente publiée par MM. Lebeau et Uamiens (') au moyen du fractionnement dans l'air liquide. 58cm', a5 de gaz sont composés de 57, 5 de méthane et 0,6 de carbures supérieurs. La formule de décomposition du produit peut donc être écrite de la façon suivante : a[I}!gl*Mg(GH3.)s] = 3CH'H- Mg2C. aMgF, le dernier terme représentant une formule globale. J'ai poussé jusqu'à 60. )° l'action de la chaleur sans obtenir aucun déga- gement gazeux nouveau. Le verre d'Iéna dans lequel était soufflé le ballon était attaqué par le magnésium et un résidu charbonneux s'était substitué au composé de Grignard. A aucun moment de l'expérience il n'y a eu de dégagement d'iode. Ce corps n'apparut que dans le cas de rentrées accidentelles d'oxy- gène. Étude du produit de la décomposition à l'xy. — Lorsqu'on ne dépasse pas 3po°, l'iodure de magnésium méthyle s'est transformé, après le dégagement de méthane, en une masse volumineuse jaune citron, correspondant à la formule globale Mg^C.aMgP. Afin de voir si ce corps était un composé défini, j'ai étudié l'action de l'ëther anhydre sur le produit ainsi obtenu. Après plusieurs épuisements par décantations dans un appareil en verre soudé rempli de vapeur d'éther, j'ai dosé l'iode resté dans la poudre jaune et l'iode passé en solution dans l'éther anhydre. J'ai obtenu les résultats suivants : Iodure d'argent Iodure d'argent représentant l'iode représentant l'iode Magnésium extrait par resté fixé introduit. l'éther anhydre. sur le produit. 1"' expérience 48oms is,9' » a0 expérience 48om» ,s,98 2>7^ D'après ces analyses, on doit séparer l'iode total en deux fractions ayant des pro- priétés différentes. Le résultat brut de ces expériences conduirait à écrire la formule du résidu Mg-C, f-MgP-r-|MgP. (') Lebeai et Damiens, Comptes rendus, t. 136. p. i44, 3a5, 557. ■ (-) Grigxard, Ann. Ch. Phvs., 7" série, t. XXIV, p. 433. 7 l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Étant donné la difficulté des opérations de l'analyse immédiate du produit, étant donnée son altérabililé, il serait peut-être plus simple d'admettre qu'à la limite on obtiendrait le composé défini Mg2G Mgl'2. Action de l'eau. — Ce corps, d'après sa formule, semble contenir une fonction carbure métallique analogue à celle du carbure d'aluminium. Pour le vérifier, j'ai étudié l'action de l'eau sur le produit. Si l'on fait tomber sur la masse jaune provenant de la décomposition de l'iodure de magnésium méthyle de l'eau goutte à goutte, il se produit une réaction des plus vio- lentes avec dégagement de chaleur et de lumière. Le produit résiduel contient du charbon, et les gaz recueillis contiennent des proportions variables, suivant l'expérience, de carbures acétyléniques, éthyléniques et forméniques. Devant ce résultat, j'ai essayé l'action ménagéedel'eau en faisant agirde l'éther aqueux introduit à — 8o° et qu'on laissait lentement réchauffer en présence du produit. Dans ces conditions, l'attaque se produit régulièrement, et il se dégage un gaz dont j'ai fait l'analyse par la méthode de MM. Lebeau et Damiens. 48omg de magnésium, mis en jeu dans l'expérience, donnent (par l'action de l'eau sur le corps MgP,Mg2C), i iocm' de gaz contenant 3 pour ioo d'éthylène. Le reste est composé de la façon suivante : 2itm,,7 contiennent 2icm°,6 de méthane et ocm3,2 de carbures supérieurs. L'action de l'eau, opérée avec ménagement, donne du méthane à 96 pour 100. Le corps étudié est donc un iodocarbure de magnésium. En résumé, j'ai étudié l'action de la chaleur sur l'iodure de magnésium méthyle et j'ai montré qu'on obtient par pyrogénation et extraction à l'éther anhydre un corps jaune répondant sensiblement à la formule MgP,Mg2C, attaquable par l'eau avec dégagement de méthane presque pur. CHIMIE ORGANIQUE. — V ft halochromie » chez les dérivés de la phcnylisoxa- zolone et chez les indogénides. Note de M. A\dré Meyer, présentée par M. E. Jungfleisch. Certains composés organiques, incolores ou peu colorés, possèdent la faculté de donner avec les acides des sels colorés, sans que cette coloration puisse être expliquée par la création d'un complexe chromophore ou qui- SÉANCE DU 3 MARS igi3. 713 nonique. MM. Bœyer et Villiger, qui, à l'occasion de leurs recherches sur les propriétés basiques de l'oxygène, se sont occupés de ce phénomène, l'ont désigné sous le nom d' ' halochromie (D. ch. G., t. XXXIV, p. 2679; t. XXXV, p. 1189, 3o2o). Les dérivés du triphénylméthane et de la diben- zalacétone ont surtout fait l'objet de travaux à ce point de vue. Les produits de condensation de la phénylisoxazolone avec les aldéhydes, ou isoxazol- indogénides (Wahl et Me ver, Comptes rendus, t. 146, p. 638. — Meyer, Comptes rendus, t. 155, p. 843) sont halochromes, car ils se dissolvent dans l'acide sulfurique concentré avec des colorations variées, plus intenses que celles des colorants eux- mêmes : j'ai mentionné déjà l'influence de la nature et de la position des auxochromes introduits dans la molécule sur la couleur de ces solutions. Les quelques exemples suivants rendent manifeste cette influence : Composé. Couleur. Solution sulfurique. 2-oxy-i-benzalphénylisoxazolone Jaune d'or Rouge foncé 2-méthoxybenzaIphénylisoxazolone Jaune foncé Rouge orangé foncé 2-acétoxybenzaIphénylisoxazolone Jaune clair Rouge orangé 2-oxy-3-méthoxybenzalphénylisoxazolone. Jaune paille Rouge grenat foncé 4-oxybenzalphénylisoxazolone Jaune foncé Jaune foncé. 4-mélhoxybenzalphénylisoxazolone Jaune Jaune 4-oxy-3-méthoxybenzalphénylisoxazolone. Jaune orangé Orangé rouge. Les dérivés dont Vauxochrome est situé en ortho par rapport au chromo- pliore CH = C. . . , donnent des solutions sulfuriques dont la coloration est beaucoup plus foncée que celles des isomères para correspondants. En ce qui concerne les colorations produites avec SO'H-, des observations du même ordre peuvent être faites pour différents groupes d'indogénides : en particulier, les pyrazolindogénides (Tambor, D. ch. G., t. XXXIII, p. 864), les carbindogénides (Kostanecki et ses élèves, Ibid., t. \\X, p. ii83, 2i38, 2947), les thio-indogénides (Frieulaender, Mon., t. XXX, p. 347 )■ etc.. sont halochromes. et présentent les mêmes relations que ci-dessus; celles-ci ne paraissent cependant pas avoir été mentionnées expressément jusqu'ici, les auteurs ne s'étant pas préoccupés de rechercher quel rap- port peut exister entre la coloration donnée par SO'II5 et la constitution du produit étudié. Partant de ces considérations, je me suis proposé de rechercher si, comme les dérivés de la dibenzalacétone, etc., les indogénides, et en parti- culier, les isoxazol-indogénides, peuvent donner de véritables combinaisons colorées avec les acides et les sels métalliques, comparables ainsi aux sels d'oxonium, de carbonium, etc., de Beeyer. Cette hypolbèse est vérifiée par l'expérience. Si l'on fait passer un courant de gaz chlorhydrique sec sur le pipéronal- phénylisoxazolone, par exemple, en suspension dans le benzène ou le chlo- C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 9.) 91 716 ACADÉMIE DES SCIENCES. reforme, à la température de — 10", le produit, primitivement jaune clair, se dissout peu à peu, la liqueur prenant une teinte rouge sang, puis il se dépose des cristaux rouge foncé; toutefois ce- composé d'addition, à cause de sa très grande instabilité, n'a pu être isolé. J'ai étudié alors l'action des sels haloïdes. Les indogénides et les corps analogues fournissent des composés d'addition colorés avec le chlorure stannique, le chlorure ferrique, le chlorure d'aluminium, etc. J'ai préparé quelques combinaisons des isoxazol-indogénides avec le chlorure stannique, ce produit se prêtant particulièrement bien à l'obtention de composés com- plexes avec les corps organiques. On dissout, ou l'on met en suspension, dans le benzène ou le chloro- forme, l'indogénide étudiée. On y ajoute une solution de chlorure stan- nique anhydre, dans le même solvant; il se produit un léger échauffement, accompagné, s'il y a lieu, de dissolution et d'une coloration intense; puis, au bout de quelque temps, il se forme un précipité. Celui-ci est essoré, lavé rapidement au chloroforme ou au benzène et séché dans le vide sur l'anhy- dride phosphorique. Les composés suivants ont été ainsi obtenus : Chlorostannate de benzalphénylisoxazolone. — Poudre microcristalline jaune soufre, SnCI4, C16H"02N. se décomposant vers 2000. Chlorostannate de pipéronalphényliso.razolone. — - SnCI4, CI71IM04N, décompo- sable vers 160°. cristaux, en feuillets rouge foncé, devenant jaunes à l'air humide ou sous l'action de l'alcool ou de l'éther, avec lesquels il paraît se combiner: le produit reprend sa couleur primitive, sans altération, dans le vide sec. Chlorostannate d ' anisalphénylisoxazolone. — SnCI4,C17H1303]\, poudre jaune foncé, décomposable à i5.J°. Chlorostannate de o-mèthoxyhenzalphénylisoxazolone. — SnCI4, 2C17H13C">N, poudre orangée, se décomposant vers i3o°. et prenant une coloration jaune à l'air humide; il reprend sa teinte normale sous l'exsiccateur. Chlorostannate de vanilline-phénylisoxazolone. — SnCl4,C,7H130''N, poudre microcristalline rouge marron, décomposable vers i5o°. et présentant un phénomène analogue au corps précédent. Chlorostannate de dimélhylaininobenzalphénylisoxazolone. !SnCI*,C,8H1602N2. rouge vif, décomposable à une température supérieure à 25o°. Les indogénides et leurs congénères fournissent également des composés SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 717 analogues : à titre d'exemple, je citerai le chloroslannale de pipéronal- oxYt/iionaphléne, SnCl', C<5H'°03S, poudre microcristalline noir violet, décomposable vers 211°. Tous ces composés sont hydrolyses par l'eau plus ou moins rapidement. Ils sont insolubles ou très peu sollibles dans les solvants organiques. Leurs colorations sont beaucoup plus foncées que celle des corps générateurs et présentent des relations analogues à celles données par SO'H2. Les azoïques mixtes de la phénylisoxazolone, qui sont ha/ochromes, fournissent des combinaisons de ce genre : par exemple, le henzène-azo- phénylisoxazolone donne ainsi le chloroslannale SnCl', C,SH' ' 0*N*, jaune orangé, décomposable vers i3o°. Celte réaction est applicable à d'autres composés azoïques plus simples, tels que l'azobenzène lui-même. PÉTROGRAPHIE. — Sur les roches ëruptives du Lyonnais. Granités en place et granités charriés. Evolution des magmas aux temps hercyniens. Note de M. Albert Michei.-Lévy, présentée par M. Pierre Termier. L'analyse chimique de certaines roches éruptives des montagnes du Lyonnais, jointe à leur étude en plaque mince, m'a conduit à quelques rapprochements cjui intéressent deux ordres de faits : i° d'une part, l'ori- gine des granités broyés, au nord de Vienne; 20 d'autre part, la succession des éruptions et l'évolution des magmas dans la région lyonnaise hercy- nienne. i° MM. Termier, Friedel et Grandjean ont appelé l'attention sur le granité écrasé du mont Salomon (nord de Vienne), analogue à celui de la Gampille et de Cizeron( nappes de Saint-Etienne); ce granité, qui rappelle la protogine du mont Blanc, fait partie d'une puissante masse de roches broyées, d'origine plus ou moins lointaine; il diffère, en tout cas, du gra- nité à cordièrite du substratum, voisin vers le Sud-Est. O/Voir les analyses et paramètres indiqués clans le Tableau ci-après. rjlS ACADEMIE DES SCIENCES. riche en quartz, orthose, microcline et albite, très pauvre en biotite, niais avec mus- covile: enfin le granité du mont Salomon (5), avec cristaux, d'orthose et d'albite, brisés et tordus, muscovite, chlorite et quartz secondaire abondant. Ce dernier gra- nité seul n'est pas en place. Analyses de M. Pîsani, 1913. ABCS Roches et gisements. TiO'. SiO!. U»0». Fc'O". FeO. CaO. Ms0. K'O. Na'O. P. f. Total. P>0«. De vo ni en ( 1. Ortho-albitoplivre ) „ ,,, ,„ , , , „ „ trac * ' , 3,46 4», 30 17,20 o,.io 9,20 o.iq 8,22 o,4o 4.o8 0,20 100, 97 » supérieur. | W. Poyet (Saint-Forgeux ). j 4 4 ' " '' ■' '4-' 4 'y; ! o,o5 63,20 17, i5 0.20 3,72 3,o6 3,32 4.21 3,17 0,60 100, 5S 0,10, Moulin de Tabourelte. ) 'J ' 4 3. Granité, Les Halles 0,84 69, 3o i4,4o » 3, 02 2,97 1,94 4,i5 3,3o 1,00 100,92 o,i3 4. Granité. Charbonnières... » 70, 3o i3,82 • 1,08 0.45 0,90 4i°7 3>4o o,So 99,82 • 5. Granité, Mont Salomon.. o,i3 70,50 i3,So • 0,66 o,32 0,77 4,10 3 , 4 1 0,90 99,59 0,07 6. Orthophyre, Sl-Clétnent. . o,25 73,80 14,60 • 2, 35 0,06 1,17 2,85 4,i5 i.ôo 100,73 t 7. Microgranulite (filon), ) „ . . . c ,„ _, . , , - 0.78 67,00 14,00 0,43 2,00 2,88 2,3o 3,q3 0,80 2,00 100,27 0,00 Sl-Symphorien-sur-Coise. ) 8. Microgranulite (coulée), ) vjola j 0,26 67,00 i5,65 » 2,43 1,77 1,70 4,08 2,95 3,20 99,54 » 9. Porphyrite amphibolique ] ( lamprophyre), > 1,70 5n,iô 16,10 2,60 ô,5S S, 61 8,38 t,36 2,35 3,90 100.78 o,i3 Courzieu. ' Tournaisien, . \ 1 ëcîi yjs ;en Paramètres magmatiques (Michcl-Lévy). Hoches Fumerolle. Scorie et - " _^^— . liges ujcnls. Noms américains. 2* + 3n rc ffi c-t-c' p. 100. Dcvonien j Ix près Andose Syénitique. Persodique. Magnésien. Micro-calcique.l supérieur. i ' ( II. 5. 3. 5 2,9 0,12 1,2 3,2 \ n j Harzose \lealino-granitique. Méga-potassique. Magnésien-ferrique. Méso-calciqtie. j ., . " j II.4.3.3... 3,3 . i,33 1,9 i,3 \ *' \ Toscanose Granito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien-ferrique. Méso-calcique. ] I 1.4.2.3 3,6 1,24 .,6 1 l Alaskose Granito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien. Micro-calcique. Tournaisien.... ( 4. T , . , , ' & r -j s 1 f 1.0.1.3 4>°4 1)21 1)2 2,7 j Alaskose Oranito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien. Micro-calcique.l ,, , ' 1.3.1.3 4,i '-2 0,9 3,0 j '' , auprès Kallerndose. Granito-dioritique. Méso-potassique. Magnésien-ferrique. Micro-calcique.) , I I.3.I.4 'i,o.'i 0,68 1,9 23 ) '" ' \ Toscanose Ucalino-graniliquc. Méga-potassique. iMagnésien. Méga-caleique. J . , '( I.4.2.3 3,36 1,1 1,2 0.9 j . \ Toscanose Granito-dioritique. Méga-potassique. Magnésien. Méso-calcique. ) " I I-4-2.3 ',,0 ,,4, ,,4 ..3 i "'•' , _ \ Hessose Granito-dioritique. Méso-potassique. Magnésien. Méea-calcique.) ,. Permien J 9. ! ,T , ., , ^ 1*1 0 s 1 t g0 , I H.3.4.4 .• 0,9 0,6l 0.98 n.i,7 ) 6,5 Les coefficients magmatiques les plus stables de Michel-Lévy, 9= ,SsV et r=£, 2 k -+- 6 n n se montrent très constants dans ces quatre granités et prouvent leur parenté. Leur SÉANCE DU 3 MARS IQl3. 719 fumerolle est granito-dioritique, méga-potassique. Mais les quantités absolues de leurs divers éléments chimiques diffèrent et permettent de les classer en deux groupes (que faisait prévoir leur composition minéralogique) ; les deux premiers, (3) et (2), con- tiennent moins de SiO2 (quartz libre normatif = 18 et 26,4 pour 100) et plus de GaO, MgO, FeO; d'où l'apparition de feldspaths tricliniques, de biotite et decordié- rite (anorthite normative pour 100 de feldspaths tricliniques = 36, 1 et 3o,o pour 100). Les deux derniers, (4) et (0). sont plus riches en SiO2 (quartz libre normatif = 37,8 et .19 pour 100); très pauvres en CaO, MgO, FeO (anorthite normative =6,5 et 5,4 pour 100); ils contiennent très peu de minéraux ferro-magnésiens. Donc même magma originel probable; mais l'élément fumerolle est en plus forte proportion dans les granités du deuxième groupe qui sont vraisemblablement des ségrégations granulitiques de ce magma. Ainsi le granité broyé et silicifié du mont Salomon est, chimiquement, presque identique au granité en place de Charbonnières; il est, dés lors, permis de se demander s'il en provient par charriage; le mont Salomon est à plus de 4okm au sud-est de Charbonnières; les plissements indiquent d'ailleurs des poussées du N-NW vers le S-SE, qui viennent à l'appui de cette hypothèse. 20 Les analyses de quelques autres roches lycmnaises conduisent à deux groupements intéressants au double point de vue de l'origine magmatique et des âges. Une seule roche, l'ortho-albitophyre en filon de Poyet (Saint- Forgeux) (1), possède une fumerolle syènitique, persodique; elle est anté- rieure à la mise en place du granité (Tournaisien), dont les paramètres (fumerolle) diffèrent complètement. Toutes les autres roches, qui sont contemporaines ou postérieures à cette mise en place, ont une fumerolle granito-dioritique (ou alcalino-granitique ) méga-potassique, comme le granité lui-même [orthophyre de Saint-Clément (Tournaisien) (6), micro- granulites, en filon, de Saint-Symphorien-sur-Coize (7), en coulée, de Violay (8) (Viséen), porphyrite amphibolique, lamprophyrique à l'est de Courzieu (9) (Permien)]. J'ai retrouvé dans le Lyonnais les mêmes roches éruptives que dans le Morvan ('), dans le même ordre d'apparition et avec les mêmes particula- rités magmatiques. Elles se classent en deux séries pétrographiques, l'une syènitique, persodique, antérieure au granité, représentée par les ortho- albitophyres, l'autre granito-dioritique ; méga-potassique, dans laquelle les différentes roches, successivement constituées, semblent provenir de la différenciation d'un même magma granitique. (') Carte géol., France. Bull. \H>. 1908. 720 ACADÉMIE DES SCIENCES. AGRONOMIE. — Sur la relation qui existe entre l'eau évaporée et le poids de matière végétale élaborée par le maïs. Note (') de M. Mazé, présentée par M. A. Muntz. L'eau tient la première place parmi les éléments fertilisants du sol ; aussi les agronomes se sont-ils attachés depuis longtemps à déterminer les quan- tités d'eau évaporées par les plantes cultivées. Elles varient nécessairement avec les conditions climatériques et peut-être aussi avec la nature du sol. Les chiffres suivants qui expriment les poids d'eau évaporée par kilogramme de plante sèche, montrent bien qu'il en est ainsi. Nombre de kilogrammes d'eau évaporée par kilogramme de plante sèche, suivant les auteurs : Tahleau I. Froment Orge. • Lawes. Hi îllriegch. Haberland 2^7 225 Blé de mars. 338 234 avec engrais minéral . . Seigle d'été. 353 166 avec engrais minéral -+- Az. 206 376 455 207 238 ï) 247 » avec engrais minéral . . a83 avec engrais minéral -+- Az. 271 Fois 273 )> Trèfle rouge. 3io » Sarrasin .... 363 » 029 » » » Risler. 263 2 i(i La méthode des cultures en milieu aseptique, m'a permis d'évaluer rigoureusement les quantités d'eau mises en œuvre par le maïs dans les conditions de nutrition les plus variées. Les chiffres obtenus sont consignés dans une série de Tableaux qui cor- respondent à autant de séries d'expériences. Toutes ces cultures ont été réalisées en 1910; toutes les plantes proviennent de graines prises sur le même épi. Les solutions nutritives que j'ai employées dérivent de la solution primi- tive P x 1 dont la composition est la suivante : (') Présentée dans la séance du 24 février 191 3. SÉANCE DU 3 MARS IO.l3. -2 1 Nitrate de sodium o,G(>i7 Chlorure de manganèse + 4 aq. . . o.o.ï Sulfate d'ammonium o,5i/j Chlorure de zinc o,oô Phosphate de potassium neutre, i Silicate de potassium o,o5 Sulfate de magnésium -+- 7 aq.. 0,2 Carbonate de calcium 2 Sulfate ferreux + 7 aq 0,1 Eau du robinet ( Vanne) 1 La solution P x 1 étendue de deux et quatre fois son volume d'eau a donné les solutions P x - et P x y En remplaçant l'azote de P x 1 par de l'azote empruntée en quantité équivalente à un seul composé azoté, j'ai pré- paré respectivement quatre liqueurs de concentration P x 1 NO'ÏVa, PxiN03NH% PxiSO*(NH4)2, PxiNIPCI, lesquelles ont été diluées également à - pour former d'autres milieux nutritifs. Les solutions complémentaires utilisées pour combler les vides produits par l'évaporation des plantes du Tableau III, étaient ramenées respective- ment à la concentration P x • Les chiffres du Tableau IY concernent des plantes qui, après avoir atteint un poids sec variant de i2gà i5s environ, ont achevé leur développement dans des solutions incomplètes renfermant un seul sel nutritif à une concen- tration pour 1000 d'eau distillée indiquée dans la colonne 1 . Considérés dans l'ensemble de ces Tableaux (p. 722), les chiffres de la colonne 9 peuvent être regardés comme constants, ce qui veut dire que : La quantité d'eau évaporée par kilogramme de matière végétale sèche est constante et indépendante de la nature des solutions nutritives et de leur con- centration, de même que de l'état de développement de la plante. Les chiffres de la colonne 10, rapportés à ikii d'organes aériens, varient en raison inverse du développement relatif A des racines. Ce sont ces rap- ports que les agronomes ont surtout étudiés jusqu'ici; ils masquent la loi que je viens d'énoncer; mais ils montrent que le rendement économique de l'eau évaporée est en faveur des solutions riches ou des sols fertiles, conformément aux résultats de Lawes (Tableau I). Comme le poids de matière végétale n'est que la résultante des deux actions inverses de création et de destruction de matières organiques, on conçoit qu'en dehors des facteurs que je viens de considérer, il en existe d'autres, comme la température, par exemple, capable de faire varier la quantité d'eau évaporée par kilogramme de plante sèche. 722 ACADÉMIE DES SCIENCES. Tableau II. 1. Nature des solutions. Pxf N" V x i> x iNOINa l'x iN03NH4. Px iSCH(NH')2. 3. Age des plantes. j 25 3i 45 53 25 3i 45 53 25 3i 45 53 25 3i 45 53 » » » sec, entier. s 2,975 4,33o 9,480 8,56o 2, 120 3,210 10,020 i4,38o 1,875 2, 100 i3,73o 9>39° 1,070 2,080 >7>29° 8,070 10,975 8,63o 10,660 0. Poids sec. racines. g 0,920 t,288 2,817 2 ,4^3 o,387 0,821 2,994 2,977 o,54i o,578 2,587 i,694 0,269 0,393 o r o o,4ai i,74i i,49° 1,698 7. Kapport R racines 8. 9. 10. Eau évaporée en kilog. sec, tiges+feuill. 2,o55 3,o42 6,663 6,137 i,733 2,38o 10,326 1 1 ,4o3 1,334 i,5a2 n,i43 7,696 0,801 1,617 13,85g 6,902 9,234 7,i4o 8,967 plantes (pi. = 100). 3o,9 29,7 29,7 28,3 18,2 25,5 22,4 20,7 28,8 27,5 18,8 18 25, I 19,5 19,8 1 3 , 8 i5,8 '7,2 i5,9 par la plante entière. 0,396 o,63o i,3i9 1,2.59 0,292 0,528 •,498 1,983 0,223 0,28l 1,645 1,211 0,141 0,288 i,94S I , 2l3 1,372 ,,177 1 ,342 par kilog. de plante sèche. i33,l l45,6 l39,l i45,6 l37>7 i64,4 112,4 •39,i «■9 i33,8 119,8 128,9 i3i,7 143,2 1 12,6 i5o,3 125 i36,3 i25,8 par kilog. de tiges+feuill. '92,7 207,1 Ï99,1 205, 1 168,5 221 l45 «73,9 167,1 i84,6 i47,6 i57,3 176 178,1 i4o,5 174,5 i48,5 i64,8 i49>6 PxiIWCl 20 Y x >N03NH4... 21 PxiS04(NH4)'2. 22 PxiNO'Na.... 23 o,5N03NH4 24 o,5S04(NH4)2... 25 1 NO'Na 26 1 POHK2 27 o,5NH4CI 28 Eau distillée 29 Tableau III. Plantes ayant achevé leur évolution. 107 70 » >> » 9,i5o i3o,7 » 107 69,92 „ » » 10,776 '54, 1 » 107 5o, 34 » » » 7,663- .5i,6 » 107 48, 5o » Tableau » IV. » 7.766 i6o,3 » Plantes placées en solutions incomplètes. 96 4o, 100 10,70 29,400 26,68 ."1.374 l34,02 182,7 88 15,790 2,750 i3,o4o '7>4i 2 , 565 162,44 196,8 96 27,38 8,090 19,29° 29,54 ',.o34 147,33 209,2 88 33,oi5 8,53o 24,485 25,83 1 449 i65,o 222,6 88 1 3 , 36o 2,207 1 1 , i 53 16, 5i •'- - 7 • 3 .48,3 177,7» 95 39,65 5, 1 13 34,537 12,89 5,S85 .48,4 170,39 SÉANCE DU 3 MARS IC;l3. 723 AGRONOMIE. — Les matières azotées solubles comme facteur d'appréciation des farines. Note de MM. Eue Rousseaux et 3Iaurice Sirot, présentée par M. A. Mùntz. Tous les chimistes qui se sont occupés d'analyses de farines savent combien l'inter- prétation des résultats obtenus offre de difficultés. Lorsque la farine est nettement avariée, des dosages tels que : acidité, matières grasses, gluten et ses caractères, etc., permettent de se prononcer. Il existe pourtant des cas assez nombreux où le chimiste se trouve très embarrassé: lorsque de l'examen des chiffres seuls on ne peut que conclure à une farine de compo- sition normale, quoique le praticien ait reconnu que sa farine présente des inconvé- nients à la panification. Ce fut le cas, par exemple, pour deux farines de composition satisfaisante. Les résultats, trouvés par plusieurs laboratoires, conduisaient aux mêmes conclu- sions : farines de composition normale, et cependant des experts minotiers les décla- rèrent toujours mauvaises et inaptes à faire du pain de bonne qualité. Quand il s'agit, par exemple, de livraisons de plusieurs milliers de quintaux de farines du commerce pour les approvisionnements des manutentions militaires, on se rend compte de l'importance delà question. Nous avons recherché si l'examen des matières azotées des farines ne nous donnerait pas un critérium plus certain que les dosages prescrits par les méthodes actuellement en usage. De la connaissance de la formation et de la migration des principes immédiats des végétaux, on comprend qu'on puisse trouver dans le blé ou dans la farine les matières azotées sous les deux formes soluble et inso- luble. On est amené à prévoir que, dans une farine provenant de graines complètement formées, les matières azotées seront en grande partie à l'état insoluble; que, dans les farines provenant de graines incomplètement for- mées, ou déjà en voie de germination, les matières azotées solubles seront dans une proportion plus forte. C'est ce principe qui nous a guidés dans nos recherches. Nous nous sommes attachés d'abord à déterminer la proportion des matières azotées solubles dans les bonnes farines et à établir le rapport matières azotées totales T .1111 1 1 • 77 . ,, • Les méthodes de dosages employées sont les sui- matieres azotées solubles ° r •> vantes : Azote total. — Dosage ordinaire de l'azote par la méthode Kjeldahl, en opérant sur 2S de farine. Azote soluble. — On introduit 10S de farine dans un ballon de 20ol'mI, avec environ C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N' 9.) 92 724 ACADÉMIE DES SCIENCES. i5or'"' d'eau distillée; on mélange, en agitant, tout en versant l'eau. Le ballon est placé au bain-marie bouillant; ion l'y laisse 2 à 5 minutes, en agitant fréquemment. le feu étant retiré de dessous le bain-marie; on enlève alors le ballon, on le refroidit, on le complète, on l'agite et l'on filtre. On recueille 5ocm* du filtrat, correspondant à 2S,5 de farine. L'azote y est dosé par la méthode Kjeldalil. Ces dosages furent effectués sur une vingtaine de farines de bonne qualité, en même temps que les dosages de l'acidité et du gluten. Nous en avons déduit le rapport moyen entre l'azote total et l'azote soluble. Ce rapport est assez constant et voisin de $,73, avec des écarts de o,3o en plus ou en moins. Il était dès lors intéressant d'établir ce rapport pour des farines que l'analyse ordinaire elle-même caractérisait comme nettement mauvaise. Ce que nous supposions s'est trouvé vérifié : l'azote y est en partie solubi- lisé; le rapport peut tomber à i,i5; il y a alors presque autant d'azote soluble que d'azote insoluble. Partant de farines bonnes à tous points de vue, nous avons étudié com- ment variait le rapport suivant les conditions de conservation. Tandis qu'il reste à peu près le même dans une farine bien conservée, il est passé, pour une farine première de Corbeil, de G, 02 à 4>°° dans l'espace de trois mois, par une conservation défectueuse, se rapprochant des conditions favorables à la germination (humidité et chaleur simultanées). Après avoir étudié le rapport dans les divers cas ci-dessus, nous l'avons déterminé dans plusieurs farines qui nous étaient soumises. Pour deux qui donnaient une proportion normale de gluten assez beau, mais que l'acidité élevée (io3,ng et ()5me) classait parmi celles présentant des inconvénients à la panification, notre rapport, qui ne s'éloignait pas sensiblement de la moyenne, concordait avec la pratique pour permettre de les considérer comme satisfaisantes. Par contre, d'autres farines présentaient des inconvénients à la panifica- tion et avaient cependant une acidité, un gluten normaux, et les caractères du gluten n'étaient pas sensiblement modifiés pour retenir l'attention du chimiste. Notre rapport, sensiblement inférieur à la moyenne (5, 00 et 2,76), concordait ici encore avec la pratique pour faire considérer ces farines comme défectueuses. Une même farine, de composition et de rapport normaux au début, a été suivie pendant plusieurs mois, elle était conservée en sacs au fournil. A un moment, le boulanger la trouvant inférieure à ce qu'elle était, le rapport était, en effet, tombé de 3,62 à 5, 18. SÉANCE DU 3 mars io,i3. 725 Enfin, nous avons examiné des farines, provenant généralement de blés mal récoltés, et qui, après pétrissage et lors du repos précédant la mise en corbeilles, laissent échapper de l'eau, laquelle remonte à la surface de la pâte (farines qui relâchent); elles obligent à réajouter de la farine et à remanier la pâte; on obtient un pain moins beau et un rendement moins fort. Seul, dans ce cas, le rapport (4,o5 et 4>32) a pu nous renseigner sur l'infériorité de telles farines. En résumé, nos recherches nous permettent de dire que : Dans les bonnes farines, le rapport moyen entre l'azote total et l'azote soluble, tel que nous l'obtenons, comme il a été dit, est voisin de 5,72; dès qu'il s'abaisse au-dessous de 5, 20 nous avons toujours constaté qu'il correspondait à une farine inférieure, présentant un inconvénient quelconque à la panification. Il semble résulter réciproquement que, pour qu'une farine soit bonne, il faut que ses matières azotées totales et solubles ne s'écartent pas sensible- ment du rapport indiqué, et cela souvent indépendamment de l'acidité, qui est parfois peu élevée dans de mauvaises farines. Nous n'avons pas la prétention de considérer ce rapport comme devant se substituer à l'analvse ordinaire, mais nous avons cru devoir faire connaître , .. , azote total • , -, nos observations, car le rapport 1— rr nous a permis souvent de nous rr azotesoluole l rendre compte pourquoi une farine incriminée par la pratique était, en effet, défectueuse, malgré une analyse chimique ordinaire favorable, et, d'autre part, de confirmer ou de prévoir l'appréciation défavorable de la pratique pour des farines que leur composition autorisait à considérer comme normales. AGROx\OMlE. — Recherches sur /'action fertilisante du soufre. . Note de M. A. Demoi.on, présentée par M. A. Miintz. Dans une Note précédente (Comptes rendus, t. 154, p. 024) nous avons signalé quelques résultats montrant que l'addition de soufre au sol peut exercer une action fertilisante parfois très marquée. Nous avons fait voir que ce soufre peut évoluer et se transformer en acide sulfuriquè. Toutefois, dans les conditions où nous nous étions placé, ce phénomène ne s'était produit qu'avec lenteur et était resté peu important au point de vue quan- titatif. L'expérience suivante montre qu'il peut prendre une intensité très notable. 726 ACADÉMIE DES SCIENCES. I. Deux terres de limon d'origines différentes A et B, renfermant respectivement 3 pour 100 et 2,80 pour 100 de carbonate de chaux, sont additionnées de 1 pour 100 de soufre en fleur débarrassé de toute trace d'acide sulfurique et placées dans des soucoupes en large surface. On ensemence avec quelques centimètres cubes de terre de jardin et l'on place à l'étuve à 200. De temps à autre, on arrose avec de l'eau distillée. A plusieurs reprises la terre, devenue compacte, est broyée soigneusement au mortier. Au bout de 4o jours, on épuise chaque lot dans une allonge par l'eau distillée et l'on dose l'acide sulfurique. SO'Ba Soufre transformé pour 100» de terre. en SO'H3. . ( avec soufre 0,970 o, 124 ( témoin sans soufre 0,062 » avec soufre 0,612 0,077 témoin sans soufre 0,0/^7 » B Le soufre, dans des conditions favorables, est donc susceptible de devenir une source continue et appréciable d'acide sulfurique. Celui-ci se retrouve à l'état de sulfate de chaux. L'expérience suivante montre que le phénomène est lié à l'intervention de mîcror°:anismes. o II. Dans quatre tubes on place 5os de terre renfermant 1 pour 100 de soufre. Poul- ies tubes 1 et 3, la terre a été chauffée 1 heure à io5° avant l'addition de soufre. On amène à 20 pour 100 d'humidité avec de l'eau stérile et l'on scelle les tubes en laissant une chambre à air. Les nos 1 et 2 sont placés côte à côte dans le sol à ioim de profon- deur, les nos 3 et k à l'étuve à 25°. ■ Au bout de deux mois (juillet et août) on dose l'acide sulfurique formé : Différence en faveur de la terre SO'Ba obtenu. non chauffée. \ 1 chauffé 0,09 2 Dans le sol. " ''. " ' ^ 0,073 / 2 non chauffe 0, i65 ) ' .v _ l 3 chauffé o,2o3 ) „ Ltuve a 25°. ] ' [ 0,1 13 ( » non cnaulle o,3io ) Le chauffage de la terre à io5° a ralenti l'oxydation du soufre, tandis que la tempé- rature de 2 5° l'a accélérée. Il est d'ailleurs aisé de constater que le soufre peut être facilement attaqué par les microbes du sol : si l'on ensemence avec un peu de délayure de terre un milieu liquide fermentescible, additionné de fleur de soufre, on obtient rapidement un dégagement de H2 S. Dans le sol et dans des con- ditions aérobies, le phénomène normal semble être l'oxydation sulfurique, la réduction des sulfates ne s'observant que dans des conditions excep- SÉANCE DU 3 MARS I()l3. 727 tionnelles (abondance des matières organiques, milieu anaérobie). En résumé l'évolution du soufre dans le sol présente un parallélisme frappant avec celle de l'azote. III. L'action fertilisante du soufre pouvant être à la fois d'origine chimique et biologique, nous l'avons mise en parallèle, en 191 2, avec celle de l'acide sulfurique, de l'anhydride sulfureux et du sulfure de carbone. Conditions de l'expérience. — Terre de jardin fertile sans engrais. SO2 liquéfié et CS2 sont injectés dans le sol quelques jours avant le serais (5cmJ tous les 20cm par ligne). Soufre 2s par mètre linéaire. SOvHs à 5 pour ioocml par mètre. Deux variétés de betteraves à sucre ont été expérimentées dans deux parcelles. Variété Klein Wanzleben. Témoin. Soufre. SOlH:. SO-. C&\ Poids moyen d'une racine. . . o,334 0,842 o,32Ô o,4o8 0,439 Poids moyen des feuilles.. . . 0,228 0,277 o,23i 0,270 0,299 Densité 9,1 8,7 8,9 8,6 8,6 Sucre pour iooks '7,5° 17,20 17,0 17,10 17,20 Pureté 89,2 90,7 92,0 90,4 9l>fi Variété Bimpau. Poids moyen d'une racine .. . 0,353 0,877 0,364 o,4o5 o,445 Poids moyen des feuilles. .. . 0,817 o,36i 0,822 o,36i 0,824 Densité 8,7 9,0 8,8 8,7 8,9 Sucre pour iooks 17,20 17,20 17, 5o 17,20 1 7 , 70 Pureté 91,3 90,8 90,3 90,6 90,9 Bornons-nous à remarquer que l'action des antiseptiques gazeux a été beaucoup plus marquée que celle du soufre. Dans les deux cas, l'ordre a été : soufre, SO2, CS2, ce dernier ayant donné le maximum d'effet. Quant à l'acide sulfurique, il est resté sans action. Mais il est permis de penser que son application brutale avant le semis n'est nullement comparable à une formation progressive dans le sol au cours de la végétation. IV. Des expériences réalisées en grande culture en 1912, et que nous exposerons en détail ailleurs, ressortent les faits suivants : i° Le soufre peut encore jouer lorsqu'on pratique un apport normal de fumier de ferme, mais son action diminue et peut devenir nulle en présence d'une dose suffisante d'engrais organiques et minéraux ; 20 La pomme de terre est la plante de grande culture qui a, de la manière 728 ACADÉMIE DÈS SCIENCES. la plus générale, bénéficié d'un apport de soufre. En terres légères, pauvres en carbonates terreux, une action nocive a pu être observée sur les céréales (dose 8os à l'hectare). Ce phénomène peut tenir à l'acidification de la réac- tion du sol ; 3e Un apport de soufre à dose égale d'azote a donné les mêmes résultats qu'une fumure minérale complète (superphosphate, plâtre, sulfate de potasse). En résumé l'action fertilisante du soufre semble pouvoir être attribuée : a. A son action sur les microbes du sol (Boullangkr, Comptes rendus, t. 154, p. 369; t. 155, p. 327); b. A sa transformation progressive en acide sulfurique qui, non seule- ment peut constituer dans certains cas une source de soufre pour la plante, mais qui peut encore jouer le rôle de solubilisateur de certains éléments minéraux du sol, soit directement, soit indirectement par la formation de sulfate de chaux mobilisateur de la potasse. PHYSIOLOGIE. — Activité des centres nerveux et catabolis/ne azoté de la substance nerveuse. Note de M. L.-C. Soula, présentée par M. A. Dastre. Etant donnée la quantité d'azote total que renferme un poids donné d'organe ou de tissu, on peut apprécier le catabolisine des matières pro- téiques en déterminant la proportion par rapport à l'azote total de l'azote des albumines, des polypeptides, des acides aminés et de l'ammoniaque. On arrivera ainsi à établir des coefficients qui peuvent nous rendre compte de l'intensité de la désassimilation azotée. En l'espèce, ce sont surtout les rapports de l'azote des polypeptides {coefficient de protéolyse) et de l'azote aminé (coefficient d'amino genèse) à l'azote total qui sont à considérer. Ce sont ces coefficients que nous avons déterminés pour les centres nerveux, à l'état normal, et soumis d'autre part à des conditions de nature à augmenter ou à diminuer leur activité. De l'examen d'un très grand nombre de cerveaux et de moelles normaux il résulte que les valeurs moyennes de ces coefficients sont : a . Pour le lapin, coefficient d'aminogenèse : 6 pour 100 dans le cerveau et 7,") pour 100 dans la moelle; coefficient de protéolyse: i3 pour 100. SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 729 b. Pour le chien, coefficient d'aminogenèse: 6 pour 100 dansle cerveau el 7 pour 100 dans la moelle; coefficient de protéolyse : 17 pour 100. c. Pour le rat, coefficient d'aminogenèse : 6,9 pour 100. d . Pour le cobaye, coefficient d'aminogenèse ; 5,5 pour 100. I. Influence des facteurs qui augmentent l'activité des centres nerveux (expé- rience sur le lapin, le chien, le cobaye et le rat). — ■ Nous avons étudié l'hyperthermie générale provoquée par échauirement de l'enceinte où se trouvait l'animal, l'hyper- thermie locale par diathermie, la faradisation du neuraxe, l'asphyxie prolongée, les agents chimiques convulsivants, la fatigue el la toxine tétanique. D'une manière générale, tous ces facteurs augmentent d'une façon marquée les coefficients de pro- téolyse et d'aminogenèse. Cette augmentation varie légèrement selon l'agent étudié, mais est en moyenne pour le coefficient d'aminogenèse de 3 à 5 pour 100 et pour le coefficient de protéolyse de 10 pour 100. Il est à noter que, dans le cas des substances convulsivantes et de la faradisation, les effets sont bien dus à une action directe sur le neuraxe, car ils ont persisté au même degré sur des animaux soumis à la respiration artificielle et dans certains cas à la curarisation. II. Influence des agents qui diminuent l'activité des centres nerveux. — Par contre, les facteurs qui diminuent l'excitabilité du système nerveux abaissent de même ces deux coefficients. Nous avons étudié les ell'ets de l'hypothermie provoquée par des affusions froides, de la morphine, du chloral, de la chloralose, de l'éther, du chloro- forme et de la toxine diphtérique. Dans tous ces cas nous avons noté un abaissement des deux coefficients; cet abaissement est moins accentué que ne l'est leur élévation sous l'influence des excitants. En tous cas, sur les animaux soumis à ces influences les coefficients d'aminogenèse et de protéolyse ont toujours eu des valeurs inférieures à la normale. L'ensemble de ces résultats nous montre donc que tous les agents qui augmentent l'activité des centres nerveux déterminent également un accroissement de la désassimilation azotée dans la substance nerveuse et que cet accroissement est, d'une façon générale, proportionnel à l'augmen- tation d'activité des centres. Inversement, tous les facteurs qui diminuent l'excitabilité du système nerveux abaissent l'intensité de la désintégration proléique. Il résulte également de nos expériences que la source d'énergie à laquelle puisent les centres nerveux pour leur travail pbysiologique est conslituée au moins par les principes azotés. 73o ACADÉMIE DES SCIENCES. EMBRYOLOGIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur la nature et le dévelop- pement de l'organe lumineux du Lampyre noctiluque. Note de M. Raphaël Dubois, présentée par M. Henneguy. M. von R. Vogel, de Tiibingen, a bien voulu m'adresser un intéressant travail sur la topographie et le développement des organes lumineux du Lampyris nocliluca (' ) qu'il vient de publier. L'auteur fait observer, avec raison, que Leydig, en faisant dériverdu corps adipeux les organes lumineux de Lampyris splendida la à cause d'une certaine ressemblance structurale entre les deux tissus, n'a pas démontré cette transformation. Cette hypo- thèse a été combattue par Kôlliker qui avait vu dans ces organes lumineux les ana- logues d'organes nerveux semblables aux organes électriques des Poissons, à cause des faisceaux nerveux qui s'y ramifient et viennent s'y perdre : cette opinion est doublement erronée puisque ces derniers sont plutôt assimilables à des organes musculaires. Wielowiesjki croit qu'il y des rapports assez étroits avec le corps adipeux, mais il est d'abord indécis, puis, plus tard, il croit que la couche d'urates (?) ren- fermant de l'acide urique (?) est apparentée au corps adipeux, tandis que la couche parenchymaleuse lumineuse se compose, par contre, de cellules dérivant des œnocytes et serait par conséquent d'origine ectodermique. Von Vogel fait observer, avec raison, que toutes ces données sur l'origine des organes lumineux ne peuvent être que des suppositions plus ou moins fondées, n'étant que des déductions tirées de la structure d'organes développés : l'histoire du développement peut seule apporter la certitude. Non Vogel penche vers l'opinion que les organes lumineux dérivent du corps adipeux parce qu'il voit se produire dans les cellules de ces derniers des processusd'histolyse, non pas identiques, mais analogues : formation de granulations de nature albuminoïde, cellules sans membranes, irrégulièrement déchiquetées, multiplication mitosique très active « dans les amas adipeux » voisins de l'hypoderme et destinés à la formation des organes lumineux. Enfin, d'après von Vogel, L'organe lumineux larvaire serait complè- tement isolé de l'hypoderme à une période de son développement. \ Von Vogel ne parait connaître mes recherches sur les organes lumineux que par ce qu'en a dit E. Mangold, et cela explique pourquoi il a cru devoir entreprendre une étude faite depuis longtemps déjà par moi sur leur ontogénie. Au début de mes recherches sur les Pyrophores, j'ai bien cru, avec Leydig, que les organes lumineux des Insectes dérivent du corps adipeux; (') Von R. Vogel, Zur Topographie uni/ Entwicklungsgeschichle der Leuchtor- gane von Lampyris noctiluca (Zool. An:., Bd. XLI, Nr. 7, 11 Februar io,i3). SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. 73l mais en examinant de plus près ce point de la question j'ai pu établir ab ovo qu'il n'en est pas ainsi ( '). Contrairement à l'opinion de Wielowiesjki, la luminosité se produit à l'intérieur de l'œuf. Elle se montre déjà dans les oviductes de très bonne beure et en dehors de toute fécondation préalable, avant toute formation blaslodermique. Au début du développement, les cellules photogènes sont localisées dans le blastoderme qui se forme aux dépens du vitellus de formation. Le vitellus de nutrition n'est pas photogène comme le croit von Vogel. En outre les observations de von Vogel ne font que confirmer l'existence de l'organe photogène dans la larve avant l'éclosion, car je l'ai depuis longtemps signalée. Chez la larve, l'organe prend naissance aux dépens des cellules pro- fondes de l'hypoderme, et. alors même que l'organe lumineux larvaire semble plus tard isolé au milieu du tissu adipeux, il est relié à la face interne de l'hypoderme par un pédicule, très fin il est vrai, dans le second âge. Dans la période nymphale pendant laquelle les téguments ne sont pas encore pigmentés, toute la face interne du squelette se montre légèrement phosphorescente. Cette origine ectodermique, absolument étrangère à la formation du corps adipeux, se montre à tous les stades du développement, aussi bien chez le mâle que chez la femelle du Lampyris noctiluca, et surtout dans les organes photogènes des Pyrophores où j'ai bien mis en évidence la naissance des cellules photogènes aux dépens de l'ectoderme, c'est-à-dire de la proli- fération des cellules profondes de l'hypoderme. Wielowiesjki croyait que la couche dite crayeuse était d'une origine différente de celle de la couche parenchymateuse. Von Vogel a confirmé l'opinion que j'ai toujours soutenue, aussi bien pour les Lampyrides que pour les Élatérides, à savoir que les deux couches sont continues, ainsi que cela se voit nettement dans les organes adultes de la femelle du Ver luisant et chez les Pyrophores des deux sexes (2) : les cellules de la couche crayeuse ne sont que des cellules parenchymateuses modifiées par l'histolyse glandulaire, et avec produits oxydés cristallins résultant de l'oxydation photogénique de la luciférine (') Voir Leçons de Physiologie générale et comparée, chez Masson, Paris, 1898, 12e leçon, p. 3oi et suiv. (-) Loc. cit., p. f45, i46, 1 5g, 160, 161. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 150, N° 9.) 93 y'5-2 ACADÉMIE DES SCIENCES. par la luciférase. Les organes photogènes des Insectes sont, en effet, des glandes comme tous les autres organes différenciés en vue de la fonction photogénique. Actuellement, l'étude phylogénique, à elle seule, suffirait à le prouver, si la physiologie ne l'avait montré depuis longtemps déjà. Mais il en existe de deux types bien distincts : i° des glandes à sécrétion externe (Myriapodes, par exemple); i° des glandes à sécrétion interne. On peut dire que ces dernières peuvent servir de type fonctionnel. On voit le sang y pénétrer par un mécanisme que j'ai le premier décrit, et en sortir chargé de produits élaborés dans la glande ('). Il existe d'autres glandes à sécrétion interne chez divers animaux autres que des Articulés, par exemple chez les Céphalopodes, chez lesquels les glandes photogènes offrent les plus grandes analogies avec celles des Insectes. Conclusions. — L'ontologie, la phylogénie et la physiologie s'accordent pour montrer : i° Que les organes photogènes dans toute la série sont d'origine ecto- dermique; 2° Que ce sont des glandes; 3° Que ces glandes se ramènent à deux types distincts : (a) glandes à sécrétion externe; (b) glandes à sécrétion interne; 4° Les organes photogènes des Insectes montrent très nettement les détails du mode de fonctionnement des glandes à sécrétion interne. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence, du bore dans la série animale. Note de MM. Gabriel Bbbtkand et H. Agui.iiox, présentée par M. E. Houx. Nous avons réussi, l'année dernière, à l'aide d'une méthode sûre el d'une très grande sensibilité, à découvrir des traces de bore dans la plupart des organes du Cobaye, du Lapin, du Mouton, du Bœuf et du Cheval (-'). Nous nous sommes demandé s'il s'agissait là d'un fait spécial, propre à la classe des Mammifères, analogue, par exemple, à celui de l'existence du cuivre dans le sang chez les Crustacés et certains Mollusques, ou bien, au (') Loc. cit.. p. 328-335. (2) Comptes rendus, t. lo5, 1912. p. 2'|8. séance du 3 mars 1913. y33 contraire, si la présence du bore s'étendait, comme celle de l'arsenic et celle du manganèse, à tous les représentants de la série animale. Les nouvelles expériences que nous avons entreprises pour répondre à cette importante question de Chimie biologique comparée ont porté sur 27 espèces choisies dans les différentes classes. Sauf en ce qui concerne le Maquereau, le Merlan et la Limande que nous avons achetés au marché, nous sommes partis d'animaux vivants pour nos expériences. L'Orque, la Tortue de mer, la Roussette et les Seiches ont été capturés au cours d'une croisière entreprise par S. A. S. le Prince de Monaco et les échantillons destinés aux analyses séparés, lavés et dessécliés aussitôt par l'un de nous. La conservation dans l'alcool, liquide très difficile à obtenir exempt de bore, a été ainsi évitée. Chaque expérience a été effectuée en général sur iog de matières sèches. Lorsque les animaux étaient de taille supérieure à celle qui correspond à ce poids, ils étaient divisés avant la dessiccation et l'on opérait sur une partie seulement du résidu sec. Les animaux ont toujours été soigneusement débarrassés de toutes souillures : particules solides, eau de mer, etc. On a évité, chaque fois que cela aurait pu se produire, la contamination par les restes de substances alimentaires en éliminant, soit le contenu du tube digestif, soit même l'intestin. Il n'y a eu d'exception à cette règle que pour les Crevettes, les larves de Tenebrio et de Chironomus, à cause de la petitesse de ces animaux et du grand nombre d'individus sur lequel il a fallu opérer. Le mode de recherche du bore a été le même que dans nos expériences antérieures : destruction des matières organiques au moufle ou à la bombe de platine, éthérification de l'acide borique contenu dans les cendres, dis- tillation et saponification du borate de métbyle; reconnaissance, enfin, de l'acide borique mis en liberté par le papier au curcuma, dans des conditions spéciales, et, parfois même, au spectroscope, après transformation en fluorure de bore. Nous résumons la nouvelle série d'expériences dans le Tableau suivant où nous indiquons successivement les noms des animaux et des organes examinés, les poids de substances analysées et, pour donner un aperçu de l'intensité relative de la réaction obtenue dans chaque cas avec l'acide borique, les longueurs de papier au curcuma colorées en rouge, virant au bleu par l'ammoniaque étendue : n34 ACADÉMIE DES SCIENCES. Long, color. Poids. après Noms des animaux. examinés. Secs. Frais. 18 h. 48 h. Mammifères : Souris blanche (combustion ù la bombe). Entière, S s mm moins l'intestin 4 '4 2 Orque ( Orca gladiator L.) Peau io 8 Oiseaux : mm Pigeon Plumes io 5 6 Ici Muscles et os io 25 02 Reptiles : Tortue de mer (T/iallasocheliscarettaL.). Ecaille 10 6 Tortue des marais (Cisludo europœa Du m.) Id . io 4 6 Id Membres 10 2 4 Batraciens : Grenouille (Rana temporaria L.) Sans l'intestin i4,5 60 4 Poissons : Carpe n° 1 Peau et écailles 27 87 2 3 Id . Viscères 6 35 02 Carpe n° 2 Muscles 10 07 00 Truite n° 1 Sans les viscères 10 36,6 o o Id. Id. 20 73,2 o o Truite n° 2 (combustion à la bombe). .. . Intestin vidé 20 71 01 Tanche Sans les viscères 10 5o 2 Anguille Id. 10 1 3 Maquereau Id . 10 4 Merlan Id. 10 5i,5 3 Limande Id. 10 43, 1 3 ld. (combustion à la bombe) Id. 10 43, 1 3 Roussette (Scyl/ium canicula Cuv.). .. . Peau 10 8 Insectes : Vers de farine (Tenebrio molitor) Entiers 10 23,8 3 Vers de vase (Chironimus plumosus) . . . Id. 8,5 55 3 Crustacés : Crevettes grises Entières 10 38 • 4 Langouste Carapace 10 7 Id Muscles 10 45,6 5 Id Glande génitale (| 5 ld Sang 1 3 Écrevisses Carapaces 1 1 1 o SÉANCE DU 3 MARS I9l3. 735 Long, color. Pui.l-. a pris Organes -— -» ^ - — «»~--- ~- N s des animaux. examines. Secs. Frais. 18 h. 48 h. Céphalopodes : Seiches Os io' 3 mm tu h) Gastéropodes : Escargots (/feli.v pomatia L.) Sans coquille 10 6 Ormeaux (Haliothis tuberculata L.). . . . Pied io 44 2 Lamellibranches : Coquille Saint- Jacques (Pecten Jaco- Muscle bueus L.) adducteur io 58,8 7 llirudinées : Sangsues {llirudo offi.cin.alis L.) Entières i5 86 o 1 Echinodermes : Oursins (JStrongylocentrotus lividus) .. . Test 14 6 8 Étoile de mer (Asterias rubens) Téguments 9, 5 34 8 io ld. {Asterias glacialis) Id. 5 18, 5 7 Id. Id. Glande génitale 6 87 7 S La recherche du bore en s'aidant du spectroscope a été tentée sur 12e de peau de Roussette, 3os de carapace de Langouste et 20s de téguments d'Étoile de mer (Ast. g lac), après destruction des matières organiques au moufle; elle a donné, dans les trois cas, une réaction très nette. Ces résultats, joints à ceux que nous avons déjà publiés, autorisent à penser que le bore existe normalement en très petites proportions dans V orga- nisme de tous les animaux . Au point de vue de la répartition quantitative, on peut dire que c'est surtout parmi les espèces d'origine marine qu'on rencontre les plus riches; chez d'autres, comme la Truite et la Sangsue, la proportion de bore est, au contraire, extraordinairement petite, de l'ordre de lll0l^HUUU de métalloïde par rapport à la matière vivante. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Contribution à la connaissance du plasma de propeptone. Note de M. Henri Stassano, présentée par M. A. Dastre. Il est bien établi que le foie intervient dans la production, de l'incoagu- labilité du sang à la suite d'une injection intra-veineuse de propeptone. 11 s'agit d'une véritable sécrétion interne (substance anticoagulante, anti- 736 ACADÉMIE DES SCIENCES. thrombine), provoquée par l'arrivée brusque de protéoses au niveau du parenchyme hépatique. D'après certains physiologistes, celte sécrétion représenterait l'exaltation d'une manifestation normale, constante, de l'ac- tivité physiologique du foie. On ignore cependant par quel mécanisme agit cette substance anti- coagulante : sur lequel des différents facteurs de la coagulation exerce- t-elle son action empêchante? Mes expériences, dont quelques-unes sont résumées dans cette Note, pourront éclaircir cette question. Ces expériences portent sur les carac- tères du plasma de propeptone. Une importante propriété de ce plasma de propeptone incoagulé, c'est qu'il coagule par dilution d'eau distillée (2To1, par exemple) ('). D'autres plasmas incoagulés, le plasma salé, notamment, coagulent aussi lorsqu'on les étend d'eau distillée. Mais ce qui distingue et caractérise le premier plasma, c'est qu'il coagule par dilution, même s'il est étendu d'eau distillée additionnée d'un sel anticoagulant : par contre, les plasmas salins (salé, oxalaté, citré, etc.), ne coagulent pas par dilution en présence d'un sel décalcifiant. En somme, on a là deux sortes de plasmas, le plasma de propeptone, d'une part, et les plasmas salins, d'autre part, qui se comportent de même, le premier comme les autres, à l'égard de l'addition d'eau distillée: ils coagulent. Mais ils se comportent différemment lorsqu'on les dilue avec les solutions anticoagulantes (oxalate 1,2 pour 1000, fluorure 3 pour 1000, citrate alcalin 5 pour 1000, etc.). Le plasma de propeptone coagule encore; les plasmas salins, au contraire, le plasma salé en particulier, dont je me suis servi habituellement dans mes expériences, ne coagulent plus. Ces différents plasmas ne se trouvent donc pas dans la même condition vis-à-vis du fibrin-ferment. Le plasma de propeptone se comporte dans cette circonstance comme un mélange de sérum et de fibrinogène (-') en solution décalcifiée qui coagule, mais non pas comme un mélange de sang et de fibrinogène en solution décalcifiée qui ne coagule pas. La concordance de ces faits nous amène ainsi à admettre que l'agent de la coagulation, le fibrin-ferment, est dans le (') Celte expérience réussit avec les plasmas de propeptone doués de pouvoir anti- coagulant moyen. (-) J'emploie»comme solution de fibrinogène, liqueur test de Dastre et Stassano (La coagulation du sang, tlièse de A. Daumas, Faculté des Sciences, Paris, 1910). la sérosité péritonéale de cheval. SÉANCE DU 3 MARS igi3. 787 plasma de propeptone à l'état actif où il se trouve dans le sérum, c'est- à-dire complètement formé ( fibrin-ferment ou thrombine des auteurs modernes), et non pas à l'état où il est dans le sang circulant ainsi que dans le sang' extra-vasé en présence des solutions décalcifiantes ou dans le plasma salé dilué en solution anticoagulante, c'est-à-dire àl'étatinactifdeprofibrin- ferment. On sait que la présence d'un sel de cbaux en état convenable (ionisé) est nécessaire à la formation du fibrin-ferment; de plus, nous avons démontré, M. A. Damnas et moi (■*), i|ue le calcium n'est pas nécessaire dans Faction du fibrin-ferment tout formé sur le librinogène. Son inter- vention est simplement favorisante dans cette seconde pbase de la coagula- tion. Aussi le plasma de propeptone étendu de 2V"' d'une solution décalci- fiante, au lieu d'eau distillée, coagule, tout en se prenant en niasse avec un certain retard sur la dilution témoin. De même, dans les trois cas suivants, le plasma de propeptone se com- porte tout autrement que le plasma salé, et cette différence entraine la même conviction, à savoir : dans le plasma de propeptone, le fibrin- ferment est parvenu à l'état actif. I. La dilution du plasma de propeptone est suivie de coagulation avec un retard insignifiant à basse température (glacière à 5° environ) et avec une légère avance à l'étuvc ( 37") sur le temps que met à coaguler, à la température du laboratoire, un écbantillon de ce même plasma étendu d'un nombre égal de volumes d'eau distillée. Au contraire, le plasma salé étendu, par exemple, de 4To1 d'eau distillée, coagule avec un retard impor- tant de 5 à G heures, à la glacière, et une avance considérable (plus de la moitié) à l'étuve vis-à-vis de l'échantillon témoin exposé à la température du laboratoire. 11 est donc très sensible à l'influence de la température, tandis que le plasma de propeptone ne l'est guère. II. Le plasma de propeptone étendu d'eau distillée dans des tubes paraf- finés (paraffine fusible à 37°-38°), à la température de l'étuve, coagule avec un léger relard, alors que, dans ces mêmes conditions (même paraf- fine et même température), le plasma salé dilué demeure indéfiniment liquide. C'est là un exemple remarquable de l'influence inhibitrice de l'état lisse de la paroi sur la transformation du prolibrin-ferment en fibrin-ferment actif. _ — __a , (') Stassàno ei Dàumas, Du rôle double du calcium dans la coagulation du sang cl de la lymphe (Comptes rendus, 11 avril 1910). 738 ACADÉMIE DES SCIENCES. III. Le pouvoir coagulant du plasma de propeptone, vis-à-vis de la séro- sité péritonéaledu cheval, liqueur test, est sensiblement plus fort au moment où il est étendu d'eau distillée qu'au moment où, 2 ou 3 heures après, débute sa coagulation. Par contre, des gouttes de plasma salé, prélevées au moment de la dilution et additionnées à de la sérosité péritonéale de cheval (3cm°par tube), y provoquent des coagulums plus tardifs et moins volumineux qu'un nombre égal de gouttes du même plasma salé, mais prélevées plus tard, au moment de la prise en caillot. Bordet et Gengou (') ont les premiers attiré l'attention sur cette augmentation graduelle du pouvoir coagulant du plasma salé dilué, correspondant à la transformation progressive du pro- fibrin-ferment en fibrin-ferment actif. La manière, radicalement opposée, de se comporter du plasma de pro- peptone vis-à-vis du plasma salé dilué dans ces trois derniers cas, relève évidemment de l'état différent où le fibrin-ferment se trouve dans les deux plasmas au moment de la dilution. Dans le plasma salé il est, avant la dilu- tion, à l'état inactif de profibrin-ferment; les faits que je viens de signaler permettent de croire qu'il doit être, par contre, à l'état de fibrin-ferment actif dans le plasma de propeptone, ainsi que le prouve la propriété que ce plasma possède de coaguler par dilution même en présence d'un sel décalcifiant. Je l'ai montré plus haut. S'il en est ainsi, la substance anticoagulante que le foie déverse dans la circulation sous le stimulus de la propeptone, ne s'oppose pas à la formation du fibrin-ferment dans le sang extravasé. Ii reste à voir si elle en détermine l'incoagubilité en empêchant le fibrin-ferment d'agir sur le fibrinogène ou en portant son action sur le fibrinogène lui-même. PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les résultats donnés par les ballons-sondes au nord dit cercle polaire. Note de M. H. Maurice, présentée par M. H. Deslandres. M. Léon Teisserenc de Bort a communiqué à l'Académie, le 8 juillet 1907, les premiers résultats donnés par les ballons-sondes que M. H. Hilde- brandsson et lui m'ont fait lancer la même année au nord du cercle polaire. Depuis celte Communication, deux autres séries de lancers ont été faites au même lieu, en 1908 et en 190g; en outre, un certain nombre des ballons (') Bordet etGENGOi, Ann. Inst. Pasteur, t. XVIII, 1904. SÉANCE DU 3 MARS I()l3. *-3ç) lancés en 1907 ont été retrouvés au cours des années suivantes. La maladie de M. Teisserenc de Boit Ta empêché de publier les résultats complets de ces expériences, résultats qui ne font d'ailleurs que confirmer les premiers et dont on trouvera ci-dessous un résumé succinct. Les ballons ont tous été lancés à Kiruna, petite ville sise en Laponie suédoise, par 67° 5o' de latitude nord et i7°54' de longitude est de Paris, à une altitude de 5oo™ au-dessus du niveau de la mer. Nous avons eu trois séries de lancers : du 4 mars au 1" avril 1907, du 16 février au 12 mars 1908 et du 17 au 29 août 1909. En tout, on a lancé 72 ballons dont 4i ont été retrouvés et 39 ont donné des résultats utilisables (i5 de 1907. 16 de 1908 .et 8 de 1909). L'altitude maxima atteinte a été de 22 760'11, le 24 février 1908, et la température la plus basse observée a été de — 7a0, 6, à 11 nom, le 18 février 1908. Le Tableau suivant donne les résultats abrégés de quelques-uns des ballons retrouvés : Altitude Tempéra nue de la ■ tempéra tme V udc Date. au sol. à 5000". à 10000". à 15000". à 20000". minima. minima. ixima. o o o o m i4 mars 1907 — 12,1 — 29,4 — 69,1 » » — 69,8 io4oo 10420 26 mars 1907 (matin). — 4>5 — '4-8 — 5o,6 — 53" 1 » — 06.7 1 i 84o '7 99° 26 mars 1907 (soir)... -4- o,5 — 25,4 — 46,6 — 4o,7 » — 48.3 10190 18600 29 mars 1907 — 1,0 — 20,9 — 55,5 — 45*2 — 43°,6 — 66,3 11740 222^0 30 mars 1907 — 2,0 — 18,7 — 54, o — 60,8 » — 64,3 i865o i865o 18 février 1908 — 7,9 — 28,6 — 67,0 » » — 70,6 11 110 ia43o 22 février 1908 — 18,1 —23,6 — 61, 5 — 65,7 — 7i,o(') — 71.0 '997° '997° 24 février 1908 — 14,2 — 28.7 — 58,6 —5g, 6 —66,4 — 69,1 22760 22760 2J février 1908 — 11, 4 — 27,5 — 5i,8 — 52,8 » — 53, 1 i85io i85io 27 février 1908 — 14>2 —32.3 » » » — 5i,2 8820 9720 19 août 1909 -4-12,0 — 8.4 — 4i>4 — 48,5 » — 62,9 12800 r885o 23 août 1909 +11,0 — 6,7 — 37,7 — 48,2 » — 52,5 12680 18700 29 août 190g -t- 6,0 — 21,4 — 43,i » » —46,i 8620 12260 En général, les ballons ont été retrouvés à l'est de Kiruna, montrant ainsi la pré- dominance des vents d'Ouest dans les couches supérieures, phénomène d'ailleurs con- forme à la théorie du tourbillon polaire de Ferrel et déjà mis en évidence par les observations des nuages élevés, comme l'a montré M. H. -H. Hildebrandsson. dépen- dant les ballons lancés pendant les jours les plus froids, en hiver, sont toujours tombés assez près et souvent un peu à l'ouesl de Kurina, ce qui prouve que, par hautes pressions, les vents supérieurs d'Ouest sont moins réguliers et moins forts. Tous les ballons retrouvés montrent qu'à partir d'une certaine hauteur (') Température extrapolée. C H., i.,i 3, 1" Semestre. (T. 156, N° 9.) 94 74o ACADÉMIE DES SCIENCES. le gradient vertical devient nul ou très faible et souvent négatif. Au-dessus de cette altitude, la température ne présente plus que de petites variations irrégulières, après un réchauffement fréquent. Cette couche a été nommée couche isotherme ou stratosphère par M . Teisse- rencdeBortquia, le premier, démontré son existence dans la zone tempérée. Dans nos régions, cette couche se rencontre toujours à une altitude variant entre 7000™ et i20oom, et sa température varie de — 45° à — 65° environ; dans les régions équatoriales, au contraire, elle n'a été atteinte que rare- ment et seulement vers i5oooni ou i7000m avec des températures beaucoup plus basses (— 85°). Au nord du cercle polaire, l'altitude et la température de cette couche varient suivant les mêmes lois que dans les régions tempérées, c'est-à-dire que dans les aires de hautes pressions. La stratosphère se rencontre plus haut et est plus froide que dans les dépressions, comme l'a montré M. Teis- serencde Bort (voir Comptes rendus , séance du i^'mars 1909, p. 591). En Laponie, les différentes séries de lancers n'ont pas montré de carac- tères saisonniers bien nets. Par exemple, bien que les lancers de 1908 aient été faits pendant une saison plus froide que ceux de 1907, les températures dans la haute atmosphère ne sont pas très différentes et les variations semblent dépendre de la situation météorologique plutôt que de la saison. En été, les températures sont en général plus élevées à toutes les altitudes qu'en hiver, mais là encore, les différences sont petites par rapport à celles dues aux changements de la situation. Le gradient vertical de température est d'ailleurs plus grand en été qu'en hiver, ce qui fait que, en général, les différences entre les températures d'été et d'hiver tendent plutôt à s'atté- nuer avec la hauteur. Si l'on compare les ballons lancés simultanément à Kiruna et à Trappes, on voit que les règles qui font varier l'altitude de la stratosphère s'appli- quent aussi bien dans l'espace que dans le temps. Le 28 mars 1907, par exemple, Kiruna est dans les basses pressions et Trappes dans l'anticyclone; à 5oom, la température est de -+- 2?, 9 à Kiruna et de -+- 5°, 5 à Trappes; à 6000'", ces températures sont respectivement, — 290 et — 170, mais la couche isotherme se rencontre à 9800'" en Laponie avec une température de — 49°> et en France, cette couche est à une altitude de 12000™ et une température de — 65°, alors que, en Laponie, à ce niveau, on n'observe que — 420. Les températures au niveau du sol sont naturellement beaucoup plus SÉANCE DU 3 MARS IC)l3. 74I basses en Laponie qu'à Trappes, niais ces différences s'atténuent en général avec la hauteur et les températures aux grandes altitudes ne sont pas beaucoup plus froides au nord du cercle polaire que dans la région de Paris; elles peuvent même quelquefois, comme dans l'exemple ci-dessus, être beaucoup plus chaudes. En résumé, en comparant ces lancers et ceux faits dans les régions tem- pérées ou équatoriales, on arrive à ce résultat assez inattendu, qu'à une altitude très élevée (i6oooul, par exemple) on observe des températures d'environ — 5o° à — 6o° dans les régions circumpolaires et tempérées et de — So° sous l'équateur, de sorte que la distribution de la température suivant le méridien est inverse auprès du sol et aux grandes hauteurs, ce qui semble montrer que l'épaisseur des couches atmosphériques où se pro- duisent des mouvements verticaux de l'air est beaucoup plus grande dans les régions équatoriales que partout ailleurs. HYDROLOGIE. — Sur /'élude des températures des eaux souterraines dans les captages pour l'alimentation publique. Note de M. E.-A. Martel, pré- sentée par M. L. De Launay. A différentes reprises j'ai attiré l'attention (Comptes rendus, 1 2 mars 1 89 '1, 1 3 janvier 1896, etc.) sur l'importance pratique des variations saisonnières de température de certaines eaux souterraines. J'ai fait connaître que ces variations, beaucoup plus considérables qu'on ne l'affirmait il y a 20 ans, sont la conséquence d'une pénétration rapide des infiltrations superficielles et qu'elles coïncident en général, parmi les terrains fissurés et dans les régions habitées, avec les changements de débit, et avec la mise en jeu d'éléments de contaminations plus ou moins graves. Bien que cette notion ne cesse d'être confirmée par les faits, et bien qu'elle fournisse un moven des plus commodes de s'éclairer sur l'origine et les pollutions des eaux de puits et d'émergences d-estinées à l'alimentation publique, on n'est pas parvenu jusqu'ici à faire apprécier à sa réelle valeur ce mode expérimental d'investigation. Et l'on voit encore trop souvent figurer, dans les ouvrages d'hydrologie et même dans des rapports scienti- fiques, cette opinion trop absolue que les eaux souterraines ont une tempé- rature à peu près constante. On persiste à tort à considérer comme une loi météorologique que la température de ces eaux est partout égale à la moyenne annuelle de la te m- 742 ACADÉMIE DES SCIENCES. pérature du lieu. Il importe donc de révéler les nouveaux renseignements qui doivent définitivement faire abandonner le dogme suranné de la cons- tance générale de température des eaux de puits et d'émergence. Ils sont fournis en grand nombre par les premiers dossiers adressés au Ministère de l'Agriculture pour l'inventaire des ressources hydrauliques du sous-sol de la France, récemment organisé par les soins de M. Dabat, directeur général des Eaux et Forêts, qui a bien voulu m'en confier le dépouillement. Ainsi, dans le département de la Gironde, une profusion de sources montre des tem- pératures qui varient selon les saisons de 6° à i4°. Dans le Nord, les écarts de tempé- rature saisonniersatteignent de 3° à -° (6° ou 8° à 120 ou i3°C); dans les arrondisse- ments de Douai et de Cambrai, de nombreuses petites sources, à température d'ailleurs variable, présentent (par un phénomène absolument inexpliqué) une moyenne infé- rieure de 6° à 8° à la moyenne annuelle locale. A Cartignies, dans le canton d'Avesnes, une source était même à 5° le i4 décembre 1909 et à 160 en juin-juillet 1910, soit un écart de 1 1". Les observations de ce genre ne font que se multiplier. Elles s'appliquent même à des nappes d'eau alimentant les puits peu profonds. Le 17 jan- vier 1913, par exemple, le puits du Chemin-des-Laitiers, entre Montmo- rency et Andilly, derrière Soisy (Seine-et-Oise), marquait 8°, 3 seulement sous une épaisseur de 4m d'eau. Cet écart avec la moyenne annuelle de la région de Paris 10", 5 à 1 1° décelait nettement l'origine très superficielle et la contamination probable de l'eau qui l'alimentait. La véritable loi hygiénique et météorologique à la fois des eaux souter- raines, en terrains fissurés et habités, est donc la suivante : « Elles varient, d'une saison à l'autre, aussi bien en température qu'en débit ; et elles présentent d'autant moins de chances de pureté que leur tem- pérature et leur débit sont plus variables, parce que leur degré de filtrage est fonction de leur vitesse de transmission. » Il y a là une vérité certaine qui, combinée avec les observations géolo- giques, doit trouver la plus sérieuse et utile application dans l'étude des projets de captage d'eau potable. Et il faut nécessairement reconnaître que la fixité de température n'existe dans les eaux souterraines (les griffons thermo-minéraux mis à part) que parmi les véritables nappes continues des sables et terrains finement détritiques (possédant seuls des sources normales et constantes), les nappes captives et les nappes artésiennes, géother- miquement équilibrées tant par la profondeur de leur gisenient que par la lenteur et la régularité de leur alimentation. SÉANCE DU 3 MARS IO,l3. 743 M. Jean Despis adresse un Mémoire relatif à une Hélice aérienne. M. Joseph Rodet adresse une Note intitulée : Stabilisation automatique de l' aéroplane par le pendule. (Renvoi à la Commission d'Aéronautique.) M. Paul Schwartz adresse une Note relative à des Procédés particuliers de réception par télégraphie sans fil. Une Note de M. Roussy, intitulée : Théorie mathématique de la loi géo- métrique de la surface, du corps humain de dimensions que/conques, présentée dans la séance précédente, est renvoyée à l'examen d'une Commission coin- posée de MM. Humbert et Hadamard. La séance est levée à 4 heures et demie. Ph. v. T. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 2# février 191 3. Lettres écrites pendant la Campagne de 1870-1871, par Georges-Henri Halphen, officier d'artillerie. Paris, imp. R. Hermjeu, 1912; 1 fasc. in-8°. Exemplaire n° 98. (Présenté par M. Darboux. Hommage de la famille.) Biologisclie Untersi/chungen, von Gustav Retzius; neue Folge XVII. mit 16 Tafeln. Stockholm et Iéna, 1912; 1 vol. in-f°. (Hommage de l'auteur.) Journal of the Academy of natural Sciences of Philadelphia ; second séries, t. XV; published in Commémoration of the one hundreth anniversary of the foun- ding of the Academy, match 21, 1912; 1812-1912. Philadelphie, 1912; 1 vol. in-f°. (Présenté par M. Darboux.) Traité de la couleur au point de vue physique, physiologique et esthétique, com- prenant l'exposé de l'état actuel de la question de l'harmonie des couleurs, par 744 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. A. Rosenstiehl; avec 56 ligures et 14 planches coloriées. Paris, II. Dunod et E. Pi nat, 1910; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.) Beilràge zur Geschichte der niedersâchsischen Familie Roscher : i° Lebenslauf des Dr Albrecht Roscher, von Heinrich Roscher. — i" Albrecht Roscher : Die Erfor- schung ries Nigerstromes. Hambourg, L. Friederisclien et Cic, 191 2; 1 vol. iii-S°. (Transmis par M. le Ministre des Colonies. Hommage de M. H. Roscher.) Supplément à la Notice sur les travaux scientifiques de M. André Blondel. Paris, Gauthier-Villars, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-4°. L'ingénieur Pierre Vernier à Dole, par M. Julien Feuvrier; Communication faite au Congrès de V Association franc-comtoise, le ier août 1912, à Ornans. (Extr. du Bulletin de V Icadémie de Besançon, 4e trimestre 1912.) Besançon, imp. Jacques et Demonlionrl ; 1 fasc. in-8°. La structure de l'Univers déduite des grandes lois de la nature, par D. Brisset. Paris, autographie Me Blanc, s. d.; 1 fasc. in-8°. M. Louis Favre, ingénieur agronome, fait hommage des cinq Opuscules suivants : Projet d'organisation de la Science, par Louis Favre. Paris, Schleicher frères, 1899; 1 fasc. in- 12. Le hasard. Le déterminisme ; communication faite à la Sociologie de Paris, i3 mars 1912, par Louis Favre. (Extr. de la Revue internationale de Sociologie.) Paris, M. Giard et E. Brière, 1912; 1 fasc. in-8°. Pourquoi il faut étudier les phénomènes psychiques. L' Esprit scientifique, par Louis Favre. (Extr. du Bulletin de l'Institut général psychologique, nos 5-6, 2e année, 191 1. Paris; 1 fasc. in-8°. Influence de l'orientation sur l'activité animale, par M. L. Favre. (Extr. du Bulletin de l'Institut général psychologique, nus 5-6, il' année, 191 1.) Paris, 1 fasc. in-8°. La baguette dite divinatoire et L'expérimentation, par M. L. Favre. (Institut général psychologique : Section des recherches psychiques et physiologiques. Extr. du Bulletin n' 2, 9e année, 1909.) Paris; 1 fasc. in-8°. (Renvoi de ces cinq Opuscules à la Commission nommée pour examiner cette question.) Anna/es scientifiques de l'Ecole normale supérieure; 3e série, t. XXX. année 1 91 3, n° 1, janvier. Paris, Gauthier-Villars; 1 fasc. in-8°. Annales de la Société d'Émulation du département des Vosges; 88e année, 1912. Spinal, Ch. Hugenin; 1 vol. in-8°. Ouvrages reçus dans la séance du 3 mars 191 3. Institut de France. Académie des Sciences. Rapport sur les inconvénients que pourrait causer aux appareils des Postes et Télégraphes le voisinage de certains paratonnerres spéciaux dits « niagaras », par M. Jules Violle. (Extr. des Comptes rendus, séance du 17 février 1 g 1 3.) Paris, Gauthier-Villars; 1 fasc. in~4°. SÉANCE DU 3 MARS.I9l3. 745 Annales de l'Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. Baillaud, Directeur de l'Observatoire : Observations. 1906. Paris, Gauthier-Villars, 1912; 1 vol. in-4°. (Nommage de M. B. Baillaud.) Observatoire royal de Belgique. Service astronomique. Description des installa- lions du Service de l'Heure, par H. Phimitot et E. Delporte. Bruxelles, Hayez, 1912 ; r fasc. in-8°. (Présenté par M. Ph. van Tieghem.) Muséum d'Histoire naturelle de Genève. Catalogue illustré de la Collection Lamarck ; 2e livraison (18 planches). Genève, Georg et Cie, 1912; 1 fasc. in-4°. (Pré- senté par M. Pli. van Tieghem.) Skrifter of Cari von Linné, utgifna af Kungl. svenska Yetenskapsakademien. V. lier Lapponicum, andra upplagan med bilagor och Noter ombesiirjd af Th. M. Pries. Upsal, Almqvist et Wiksell, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-8°. La radiographie des objets microscopiques et la microradiographie, par Pierre Goby (à Grasse); 5 pi. photos. (Présenté par M. Bouvier.) Notice sommaire sur les travaux scientifiques du D' A. Chamemesse. Paris, Octave Doin et fils, 191 1 : 1 fasc. in-4°. Notice sommaire sur les travaux scientifiques de M. A. de Gramont. Paris, Gau- thier-Villars, 1910; 1 fasc. in-4°. Notice sur les travaux scienlijiques de M. Auguste Bosenstiehl. Paris, Gauthier- Villars, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-40. La fixation des Unités par voie législative, par 11. de Baillehache. (Extr. de la Revue générale des Sciences: numéro du i5 janvier 191?'.) Paris. Armand Colin; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Flora of the Upper Gangetic Plain and of the adjacent Sùvalik and Sub-J/ima- layan tracts, by S. -F. Uethie; t. II : l'iumbaginaceœ to Plantaginaceœ. Calcutta, 191 1 ; 1 vol. in-i 2. Paleo-Antropologia irgenlina. Nuevas investigaciones sobre el Atlas de monte ffermoso, por Teodoro de Urqmza. La Plata, 1912; 1 vol. in-8°. Observatoire royal de Belgique, à Uccle. Carte photographique du ciel. Planches: Planches. Zones. Numéros. Planches. 21 33° 160 31 22 33' 2 32 23 35» 1 33 24 35° 12 34 25 33° i3 33 26 33° i5o 36. ........ 27 33° 7 37 28 33° 5 38 29 33° 25 39 30 33° 37 40 Zones. iNuméros. 33° 34 33° 52 35° 47 33° 46 33° 56 35° 46 35° 55 33° 61 33° 70 33° 65 Observaciones sobre el melodo crioscôpico y relaciones entre los cuerpos simples, por Carlos E. Heredia. Buenos-Ayres, s* d.; 1 vol. in-8°. 746 ACADÉMIE DES SCIENCES. Cours de Mécanique rationnelle. Tome II : Dynamique du point, par S. Petro- vitch. Saint-Pétersbourg, 1912; 1 vol. in-8". Sur la rotation des forces autour de leurs points d'application et l'équilibre asiatique, par Fernando de Vasconckllos. Coïmbre, 191 2; 1 fasc. in-8°. La migraine, par Edward Flatau. (Publication de la Société scientifique de Var- sovie. III. Classe des Sciences mathématiques et naturelles.) Varsovie, E. Wende. 1912; 1 vol. in-8°. Annexe au Bulletin de l'Institut technologique de l'Empereur Nicolas II, de Tomsk : Pays de frontières, par V.-A. Orroutchef. Tome I : Observations de voyage; ire partie. Tomsk, 1912; 1 vol. in-8°. (En langue russe.) Rendiconti del Circolo matematico di Palermo; t. XXXV, fasc. 1, gennajo-feb- brajo, 191 3. Palerme; 1 vol. in-8°. Institut international d'Agriculture. Bulletin mensuel des renseignements agri- coles et des maladies des plantes; année IV, nos 1 et 2, janvier-février 1910. Rome; 2 fasc. in-8°. L'Ospedale Maggiore, Revista mensile illustrata; série II. anno I, n° 1, gennaio j 9 1 3. Milan; 1 fasc. in-40. Revista da Universidade de Coimbra; t. I, n° 4. Coïmbre, 1912; 1 vol. in-4°. Memoirs of the deparlment of Agriculture in India. Bacteriological séries, t. I, n° 1 : Studies in bacteriological analysis of Indian soils, 1910-191 1, by C. M. Hut- chinson. Colcuta, 1912; 1 fasc. in-8". The physical Review, a journal of expérimental and theorical Physics, conducted by the American Physical Society; second séries, t. 1, numb. 1, january 1913. Lan- caster, Pa.; 1 fasc. in-8°. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 MARS 1915. PRÉSIDENCE DE M. P. APPELL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Après le dépouillement de la Correspondance, M. Appei.l s'exprime en ces termes : Messieurs, Notre Académie est cruellement atteinte par la mort de M. Alfred Picard, qui met la France entière en deuil. Notre confrère a été un grand citoyen, un grand français, un savant à la fois ingénieur et administrateur; il a consacré ses efforts au service de la patrie, dans tous les domaines des applications scientifiques. Son nom, connu de tous les français, évoque le souvenir d'un homme simple et réservé, joignant, à une haute autorité scientifique, une droiture morale parfaite, un esprit encyclopédique admi- rablement ordonné, une méthode d'action silencieuse et pénétrante, une prodigieuse puissance de travail. Notre époque a connu toutes les variétés de l'ingénieur; les grands spé- cialistes n'ont manqué dans aucune direction. Plus rares ont été les esprits privilégiés qui ont pu s'élever au-dessus de la spécialité et qui, sans re- noncer à la profession d'ingénieur, sans cesser de s'en inspirer, ont su appliquer les procédés scientifiques qu'elle leur a rendus familiers à des sujets, à des problèmes, à des fonctions d'ordre général. M. Alfred Picard a été un de ces privilégiés. Sa vie peut être résumée comme l'application des méthodes scientifiques aux grandes questions qui intéressent la na- tion : d'abord et avant tout la défense nationale, puis toutes les variétés C, R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N' 10.) 95 748 ACADÉMIE DES SCIENCES. de l'activité humaine, voies de communications, transports, questions industrielles, commerciales et administratives. C'est ainsi que nous le voyons successivement, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées, sorti de l'Ecole Polytechnique, prenant part à la défense de Metz, puis dirigeant les travaux de reconstitution et de défense de notre frontière mutilée; collaborateur dans la conception et l'exécution d'une partie du grand plan de travaux publics dû à la haute initiative de M. de Freycinet, chargé de directions diverses au Ministère des Travaux publics, Rapporteur général de l'Exposition universelle de 1889, Commissaire général de celle de 1900, Membre de notre Académie, Ministre de la Marine, Président du Conseil d'Etat; et toujours, dans toutes ces situations, travaillant au bien général du pays, avec la même méthode pénétrante et continue, la même élévation de caractère, la même horreur de toute réclame. Ce n'est pas ici le lieu d'analyser ses travaux, ni de parler avec détail de son rapport en dix volumes sur l'Exposition de 1889 et de sa publication en six volumes, Le bilan d'un siècle, après l'Exposition de 1900 : ces deux Ouvrages, fruits d'un travail surhumain, attestent une connaissance appro- fondie de toutes les parties de la Science; je ne pourrais en énumérer les Chapitres, sans nommer successivement toutes les Sections de l'Aca- démie. M. Alfred Picard était assidu à nos séances; il s'associait à tous nos travaux : récemment encore il s'occupa activement du projet de création d'une Section de membres non résidents; l'exposé qu'il fit en comité secret entraîna la décision de l'Académie. Mes chers Confrères, la mort de M. Alfred Picard met en deuil les cœurs français; elle sera aussi douloureusement ressentie à Strasbourg, sa ville natale, où tant de cœurs fidèles et sûrs suivent attentivement notre vie et prennent part à tous nos efforts comme à tous nos deuils. La séance est levée en signe de deuil.- ANALYSE MATHÉMATIQUE — Sur une classe particulière d'équations de M. Moutard. Note de M. C. Guichard. Je me propose de rechercher les équations de la forme au av SÉANCE DU IO MARS lO,l3. admettant six solutions 9,, ô2, . . ., 06 satisfaisant aux conditions 749 (o 2*?=., 2 du d2 0A2 •■ im=- ss =- se dBt l)-0;Y Je suis arrivé à mettre la solution sous la forme suivante : je considère un déterminant A = xx y* l'i •*6 g. fit, F, tel qu'entre les éléments existent les relations I 2a?J=i, 2xj,= o, 1x^=0, 2x,-t), = o, 2x,f',= o, 2j-,r/, = o, (2) 2 ytii=o, -r,ir),= o, Z/,£ = o, 2/,o', = o, ZV=o, 2£,'*)/ = I, ïUî = o, Sfcui = o, 2r„?=o, Wi=o, 2yi,y)',= o, 2#=o, 2&V* = i, 2n;-2= o. Les éléments du déterminant A sont des fonctions de u et v et je suppose qu'on ait dxi du dxi ~dv~ du àyt dv ■«♦Ci, (3) du ^ -_^»£._eçr- dr], __ dcp du du dm dv ■ e?Xj, dv -*-*#, du dv #- du £. — /e-ï-'Vïi,-, '-ge--* on est ramené à l'intégration de l'équation du second ordre 2 - — ±- -+- e2?— e-"P= o. ouov Si l'on suppose de plus que

JKs5 donc : Les sur/aces a' et a\ se correspondent avec conservation des lignes de cour- bure ; la sphère osculatrice à la première ligne de courbure de l'une des surfaces coïncide avec la sphère osculatrice à la seconde ligne de courbure de l'autre. Cette propriété est une propriété caractéristique des systèmes consi- dérés. CHIMIE ORGANIQUE. — Hydrogénation directe des éthers hydrocinnamiques .' préparation de l'acide Q-cyclohexylpropionique. Note de MM. Paul Sabatier et M. Murât. Dans une précédente Communication nous avons fait connaître que la méthode d'hydrogénation directe sur le nickel peut cire appliquée avec succès aux éthers de l'acide phénylacétique, qui sont ainsi transformés régulièrement en éthers de l'acide cyclohexylacétique ( '). Nous avons pu de même réaliser l'hydrogénation directe des éthers que (') Paul Sabatier el M. Murât, Comptes rendus, t. 156, ig 1 3, p. l\il\. 7$2 ACADÉMIE DES SCIENCES. V acide fi-phény/propionique, ou acide hydrocinnamique, C6H5.CH2.CH2.C02H fournit avec les alcools primaires forméniques. En opérant avec un nickel actif, à des températures maintenues entre 1700 et i85°, on obtient une transformation totale de ces éthers en éthers correspondants de Y acide $-cyclohexylpropionique, C6H' '.CH2.CH-.C02H, absolument purs, qui, traités à froid par le mélange sulfonitrique, ne subissent aucune attaque immédiate. Quand on élève jusqu'à 2000 la température du nickel, les résultats deviennent mauvais : l'hydrogénation conduit à une séparation d'alcool et d'acide, lequel attaque le nickel et ne tarde pas à supprimer toute son activité catalytique. Les éthers de l'acide hydrocinnamique ont été préparés facilement par la méthode de Em. Fischer, en chauffant pendant quelque temps l'acide avec un excès de l'alcool en présence de quelques centièmes d'acide sulfu- rique concentré. Le cyclohexylpropionate de mêthyle bout à 2.ii°-ii[\ (corr.). Nous avons trouvé c?" = 0,9705, et à la température de 1G0, fif'06 = 0,9603, avec nD = i,/j53 : on en déduit comme pouvoir réfringent RD = 47,81 (calculé 47,«9)- Le cyclohexylpropionate d'éthyle bout à 23 1° (corr.). Nous avons trouvé d° = 0,9512, et à 170, ^7 = o,9383, avec «D= 1,432; d'où RD = 52,7 (calculé 52,5). Le cyclohexylpropionate de propyle bout à 25i°-252°(corr.). Nous avons trouvé ^" = 0,9^67, et à id°, d'* = 0,9322 avec «D=i,455; d'où RD = 57,3 (calculé 57,1). Le cyclohexylpropionate d'isobulyle bout à 2600 (corr.). Nous avons trouvé d°0 = 0,9368; et à i5°, d'^ = 0,9281, avec nD=i,456, d'où R„ = 61,9 (calculé 61,7). Aucun de ces éthers de l'acide 3-cyclohexylpropionique n'avait été obtenu jusqu'à présent. On remarquera que, de même que pour les éthers cyclohexylacétiques, les densités décroissent régulièrement au fur et à mesure que la chaîne alcoolique s'allonge, tandis que les indices de réfrac- tion demeurent à peu près invariables. C'est ce que montre bien le Tableau suivant : SÉANCE DU 10 mars 191 3. 753 Nature de l'éther. rfj. ' Indices vers 16°. Méthylique 0,9705 1,453 Ethylique o,g5i2 1 ,452 Propylique 0,9/467 1 ,455 Isobutylique 0,9368 1,456 Tous ces éthers sont facilement saponifiés, quand on les chauffe avec de la potasse alcoolique. En traitant par l'acide sulfurique dilué lecyclohexyl- propionate de potassium ainsi formé, on met en liberté l'acide qui est aisément isolé à l'état de pureté. L'acide $-cyclohexylpropionique C6H" . CH2. CH\ C02H est ainsi obtenu sous forme d'un liquide incolore, d'odeur peu agréable spéciale, qui bout à 2680 (corr.) et se solidifie dans la glace fondante en cristaux blancs qui fondent à 6°. Nous avons trouvé à 160: dl06 — 1,0069, avec /?D = I)47°i d'où R„= 43,22 (calculé 43, i3). Par action de l'ammoniaque sur l'éther méthylique de cet acide, on obtient la $-cyclohexylpropionamide C6 H12 . CH2 . Cil2 . CO . NH2 , en cristaux rectangulaires transparents qui fondent à 123°. L'acide (3-cyclohexylpropionique avait été isolé selon une autre voicpar Zélinsky, qui avait indiqué seulement son point d'ébullition sous pression réduite, et avait donné 1200 comme point de fusion de l'amide ('). Ipatieff, qui était arrivé au même acide par hydrogénation du cinnamate de sodium par le nickel à 3oo° dans l'hydrogène comprimé à ior)atm, a indiqué qu'il se solidifie dans la glace, et qu'il bout à 275°, température qui était certainement trop haute (2). On voit que l'hydrogénation directe régulière des éthers hydrocinna- miques à 1800 sur le nickel, fournit un moyen pratique très commode pour atteindre l'acide (3-cyclohexylpropionique, qui peut être ainsi préparé en grande quantité. ( ') Zélinsky, Ber. Chem. GeselL, t. XL1, 190S, p. 2676. (2) Ipatieff, Ber. Chem. Gesell., t. XL1I, 1909,5p. 2092. 754 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la sécrétion des deux reins, comparée. Note de MM. K. Lépine et Boitlud. On a maintes fois agité la question de savoir si la sécrétion rénale se fait des deux côtés simultanément de même ( ' ). Chez un chien (de préférence chez une chienne), après une petite inci- sion sur la ligne médiane, nous avons introduit, près de la vessie, une canule dans chaque uretère et nous avons pris soin que l'écoulement de l'urine (sollicité par de petites injections intraveineuses d'eau sucrée) se fit tout à fait librement (2). Or, dans 12 expériences, nous avons constaté que l'urine ne coulait pas en même quantité des deux côtés et, ce qui est plus important, qu'elle ne présentait pas la même composition. Nous avons fait durer nos expériences plusieurs heures, dans le but de nous mettre à l'abri des variations accidentelles; mais nos résultats sont calculés pour une heure. Voici, comme exemple, un cas très ordinaire : aussitôt après l'injection intraveineuse de iog de glucose, on recueille l'urine pendant plus de 2 heures : Chien 2905. Valeurs de la dernière colonne en supposant que celles de la première Côté gauche. Côté droit. égalent 100. Quantité i3cm> 9cmS 69 Urée 08/4329 o8,332i 76 Sucre 0,637 o,5i48 80 Chlorures 0,072 o,o3o 42 Vu le poids du chien (2oke), la quantité d'urine à droite est un peu faible : relativement à celle du côté gauche, elle n'est que de 69 pour 100. Les chlorures, à droite, sont encore plus diminués, leur pourcentage n'at- (') Pour l'homme, la solution de celte question intéresse les urologistes qui font la séparation des urines. D'après Allard, qui a observé un sujet atteint d'exstrophie de la vessie, la sécrétion, dans le décubitus latéral, serait plus abondante dans le rein le plus bas. (2) Cette condition essentielle est parfois difficile à remplir, ou au moins nécessite une grande surveillance, car le décubilus sur le dos n'étant pas normal pour un chien, il peut se produire dans l'abdomen de petites compressions ou tiraillements d'un uretère qui peuvent gêner l'écoulement de l'urine. SÉANCE DU IO MARS Ii)l3. 755 teignant que [\i. Au contraire, la diminution du pourcentage est moindre pour le sucre, injecté en assez grande quantité, et aussi pour l'urée (76). Voici un autre cas : Chien 2926. Valeurs de la dernière colonne en supposant que celles de la première Coté droit. Côté gauche. égalent 100. Quantité 45cma 26°™' 58 Urée.., is, 062 oS,g3i 89 Sucre 0,328 0,27 82 Chlorures °j594 °^9 65 Dans ce cas, on avait injecté beaucoup de chlorure de sodium ; c'est pourquoi te pourcentage des chlorures à gauche (65) est plus grand que celui de l'eau (58). La diurèse est excessive des deux côtés, surtout à droite. A gauche, relativement au sucre et aux chlorures, l'urée est assez bien éli- minée (89). Ce n'est pas à la diurèse, excessive d'un côté, qu'il faut exclusivement attribuer la différence qu'on observe entre les deux côtés; car nous avons rencontré des cas où elle existe sans diurèse exagérée; mais il n'est pas niable qu'une trop grande diurèse d'un côté peut créer en partie cette dif- férence. C'est ce qu'on voit dans le cas suivant : Chien 2900. Valeurs de la dernière colonne • en supposant que celles de la première Côté droit. Coté gauche égalent 100. Quantité 22™' iicn,s 5o Urée os, 27 os, 16 5ç)i2 Azote total 0,102 0,0902 5g, 3 Sucre o,3o58 0,275 90 Chlorure 0,22 0,0726 33 A gauche, le pourcentage de l'urée et celui de l'azote total sont iden- tiques (5g). En calculant le coefficient azoturique, on le trouve des deux côtés le même (82), chiffre normal, tandis que dans les maladies du rein ce coefficient est sensiblement abaissé (' '). L'identité de ce quotient des deux (') Boulud, Lyon méditai, 29 septembre 1 912. C. R., 1913, i" Semestre. (T. 156, N° 10.) 9° 756 ACADÉMIE DES SCIENCES. côtés est à noter dans le cas présent, où d'un côté les matières azotées sont excrétées en quantité beaucoup plus considérable. Nous l'avons remarquée aussi dans plusieurs autres cas plus ou moins analogues au précédent et qu'il est inutile de rapporter ici. Dans ces cas, le coefficient était aussi normal, c'est-à-dire supérieur à 80, tandis que, chez un chien très vieux, le coefficient azoturique, semblable des deux côtés, était anormalement bas ((Î2), ce qui indiquait une lésion plus ou moins accusée des reins, comme on en voit si souvent chez les vieux chiens. En résumé, chez le chien sain, dans le décubitus dorsal, l'un des uretères fournit généralement une urine moins abondante que l'autre et, le plus souvent, beaucoup moins riche en chlorures, tandis que, sauf dans des cas exceptionnels, l'urée est bien moins diminuée. En tout cas, le coeffi- cient azoturique est le même des deux côtés. Quant au sucre, nous avons trouvé dans nos expériences (où il était injecté assez largement dans le sang) que son pourcentage, relativement à l'autre côté, était plus élevé que celui des chlorures. Les différences sus-indiquées entre les deux côtés sont dues sans doute, en partie, à une activité sécrétoire différente des deux reins; mais, selon nous, elles s'expliquent surtout par des différences dans la résorption des divers éléments de l'urine dans les reins. Les éléments excrémentitiels ne sont pas résorbés. Aussi, l'urée diffère-t-elle moins entre les deux côtés que l'eau et les chlorures ('). On a, jusqu'ici, trop peu tenu compte de la résorption dans le rein. Nous y avons déjà insisté dans notre Note du 24 juin 191 2, et nous y reviendrons dans une Note ultérieure. M. ViTo Voi.terra fait hommage à l'Académie de ses Leçons sur les équations intégrales et les équations intégro-différenlielles . M. W. Kii.iax fait hommage à l'Académie d'un fascicule relatif au Paléocrétacé, qu'il vient de publier dans les Let/iœa geognoslica. ( ' ) Si, dans nos expériences ci-dessus, le pourcentage du sucre, du côté où la sécré- tion est la moindre, est parfois plus élevé que celui de l'urée, c'est que l'abondance de l'élimination des deux côtés masque les différences de la résorption. SÉANCE DU IO MARS 1913. 737 NOMINATIONS. Le Président et le Comité executif du douzième Congrès géologique international prient l'Académie des Sciences de leur faire l'honneur d'envoyer une délégation à la Session qui se tiendra au Canada au mois d'août iç>i3. M. Termier est désigné pour représenter l'Académie à ce Congrès. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Notice sur Henri Poincaré, par Ernest Lebon. 20 Carte du Maroc, dressée sous la direction de Henry Barkère. (Pré- senté par M. Ch. Lallemand.) M. Pu. Raruier, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse des remercîments à l'Académie. M. Paul Pali.arv adresse un Rapport sur la mission qu'il vient d'effec- tuer dans le sud du Maroc, grâce à la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bonaparte en 1912. M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg fait savoir à l'Académie que l'Assemblée générale de l'Association internationale des Académies a été fixée pour le terme du 11 mai/23 avril au 17/4 mai 1 9 1 3 et l'invite à vouloir bien y envoyer ses Délégués. MM. Monteil, Emile Rivière prient l'Académie de vouloir bien les compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Tcisserenc de Boit. 758 ACADÉMIE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. — Résultats de la discussion des observations faites par MM. Delporte et Vienne!, pour déterminer par la télégraphie sans fil la diffé- rence de longitude entre l'Observatoire royal de Belgique et /' Observatoire de Paris. Note (') de M. Henri Kexas, présentée par M. Baillaud. Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'exposer (2), l'emploi de la télégraphie sans fil permet une très grande simplicité dans les appareils de mesure de longitudes. Une détermination aussi importante que celle de l'angle des méridiens fondamentaux de Paris et d'Uccle nous a cependant paru une occasion favorable pour comparer la méthode de télégraphie ordinaire avec celle de télégraphie sans fil, et cela nous a forcément amenés à modifier un peu les procédés employés. Après entente entre les directeurs des deux obser- vatoires, le chef de Service des Longitudes à l'Observatoire de Paris a été chargé d'étudier et de réaliser la transformation des appareils. En premier lieu, nous avons considérablement simplifié la table chronographique de Lœwy, de manière à n'admettre dans le relais polarisé que des courants de même intensité, suivant toujours dans le même sens le même chemin sur cette table. Ces courants n'étaient utilisés que comme courants primaires, destinés à fermer par leur action sur le relais un circuit secondaire unique, aboutissant à l'électro-aimant du chronographe, dont dépend la plume d'enregistrement des observations. Un courant électrique, absolument indépendant des autres, servait à l'enregistrement des secondes de la pen- dule. Enfin, en agissant sur un commutateur, on pouvait faire fermer le circuit primaire par l'action de la pendule elle-même, de manière à mesurer le retard de la plume des observations sur celle de la pendule. Le procédé mis en pratique pour les observations stellaires était identiquement le même que dans la détermination de Paris-Bizerte : en chaque station était installée une petite lunette méridienne portative, avec micromètre automatique enregistreur de P. Gautier. Pour chaque étoile, l'instrument était retourné entre les deux parties de l'observation, de manière à éliminer la collimation, la valeur et les irrégularités du pas de la vis micrométrique, ainsi que l'inégalité des tourillons; dans chaque position de la lunette, on mesurait l'incliuaison de l'axe de rotation par un nivelle- ment simple. Toutes ces observations étaient enregistrées par l'action du courant d'une pile locale, dont, par un rhéostat, on pouvait graduer l'intensité, mesurée par un milliampèremèlre. (') Présentée dans la séance du 3 mars 191 3. {-) Voir Comptes rendus, t. 113, séance du 11 décembre 1 91 1 , p. 121 1. SÉANCE DU IO mars igi3. 75g Au moment de l'échange des signaux télégraphiques, par le jeu des commutateurs, on supprimait le courant de la pile locale et on le remplaçait par celui d'une des deux piles de ligne, placées l'une à Paris, l'autre à Bruxelles; on avait soin de donner à l'un et à l'autre de ces deux courants l'intensité de la pile locale, en faisant usage du rhéostat et du milliampèremètre . Deux séries, de 4° signaux chacune, étaient envoyées alternativement d'Uccle à Paris et de Paris à Uccle ; ces échanges avaient lieu le plus possible au milieu de la série d'observations. Pour les comparaisons des pendules par la télégraphie sans fil, la méthode employée dans la détermination précédente n'ayant reçu que de très faibles modifications, nous n'y insisterons pas davantage. Les observations ont été faites par M. Delporte, astronome adjoint à l'Observatoire royal de Belgique, et par M. Viennet, astronome adjoint à l'Observatoire de Paris. Il avait été convenu qu'on ferait une première série d'observations avec M. Delporte à Uccle, et M. Viennet à Paris, cette série devant comprendre dix. soirées complètes; on devait alors procéder à l'échange des observateurs, pour une deuxième série de dix soirées. Les positions des étoiles observées avaient été toutes empruntées au General prcli- minary Catalogue de M. Lewis Boss, et il avait été convenu que, dans chaque soirée, les mêmes étoiles seraient prises par les deux observateurs. La première série commune a été obtenue le Ier mai 1912; malheureu- sement, les conditions atmosphériques absolument défavorables de Tété dernier ont rendu les opérations beaucoup plus longues et beaucoup plus pénibles qu'on aurait pu l'espérer. Malgré le très grand zèle des observa- teurs, la première série d'observations n'a été terminée que le 21 juin ; la seconde série a été commencée le 26 juin, pour être finie le 2 août. Neuf soirées complètes forment la première partie, et onze soirées com- posent la seconde. L'ensemble des appareils n'a donné lieu à aucune difficulté; ils ont toujours très régulièrement fonctionné; pourtant le Ier mai, par suite de mauvaise disposition des lignes télégraphiques, nous n'avons pu utiliser les signaux de télégraphie ordinaire. Nous avons donc 20 déterminations par la télégraphie sans fil et 19 seulement par la télégraphie ordinaire. Aucune différence d'équation personnelle ne pouvant être indiquée par les observa- tions de la première et de la seconde partie, il nous a semblé inutile de donner séparément ici les résultats. Pour calculer les poids des soirées individuelles, nous avons employé la formule de M. Albrecht. Pour la différence de longitude entre les piliers de nos deux instruments méridiens, nous avons trouvé : 8m4,,ç)65 par la télégraphie sans fil, 8m4s,g54 par la télégraphie ordinaire. 760 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'erreur moyenne d'une détermination de poids 1 est : ± o%0245 par la télégraphie sans fil, ztos,0285 par la télégraphie ordinaire. Enfin l'erreur moyenne des résultats définitifs est : ± os,oo6o par la télégraphie sans fil, ±o5,oc>7i par la télégraphie ordinaire. Le temps de transmission de l'électricité ordinaire entre Paris et Uccle a été trouvé égal à os,oo8. Grâce à toutes les précautions prises pour éviter les causes d'erreurs systématiques, la concordance des deux résultats est tout à fait satisfai- sante; la considération des erreurs moyennes montre que le procédé de comparaison des pendules est sensiblement plus précis par la télégraphie sans fil que par la méthode ordinaire. Si nous adoptons 8m4%96 pour valeur de la différence de longitude entre nos deux piliers, et si nous tenons compte de leurs distances aux méridiens adoptés dans les deux observatoires, nous trouvons 8m5s, 12 pour différence de longitude entre les méridiens fondamentaux de Paris et d'Uccle. (A Paris la méridienne de Cassini, à Uccle le centre du cercle méridien de Repsold.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les invariants des caractéristiques des équations aux dérivées partiel/es du second ordre à deux variables indé- pendantes. Note de M. J. Clairin. Écrivons avec les notations ordinaires une équation aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes (e) r-h/(x,j,z,p,,,„-, + mpa,„+c?(x, y, s, p, «7, s, t, ..., /?,,„_;, p0,„_i) »(#, y, z, />, q, ■V,*-ii /><>,*) A- désignant un nombre entier positif inférieur à n- ce théorème subsiste quand n est égal à 3 si le système (T) est composé de caractéristiques du premier ordre. J'ai essayé de compléter le résultat précédent en recherchant l'expression de la fonction cr; je me bornerai au cas où le système (T) ne possède pas d'invariants d'ordre moindre que n. Dans ce qui suit les lettres a, a, (3 serviront à représenter des constantes, tandis que nous appellerons u, v, w des fonctions; les variables seront indiquées entre parenthèses. Nous supposerons d'abord que le système (T) n'est pas formé de carac- téristiques du premier ordre, dans ce cas cr dépend toujours des dérivées de z d'ordre supérieur à 2.. Si k est plus grand que 3 on a (I) us=u(x,y, z, p, q, s, t, .. . , /),,(_„ />„,*_! ) X [pi,k-,-*- mpo,k+ t'(x, y, ?,P, q, s, t, .■■,Pi,n-i,Po,k-i)~i* ou (II) m=,u{x,y, z,p,q,s, l, ...,/>,,*_„ />o,/.-.)e" '-•'-'•• -/'•'/ •'.'./■..../wt/>..»-.+ '»/'.-.]. Lorsque la fonction u de la formule (I) contient des dérivées de z dont l'ordre dépasse 3 on a u = [Pi,h-t + rnp0,h-t- wi*> Y, z, p, q, s, t, . . ., /j,,a_2, A>o,A-i)]p> h désignant le plus grand des ordres des dérivées dont dépend effective- ment u. Quand gj est une fonction des seules variables œ, y,z,p,q, s, t, ptî, p0M, gj est la puissance d'exposant d'une intégrale ir (x, y, :■, p, q, s, t, £) (') Journal de Mathématiques, 6° série, t. VII, p. i3g. 762 ACADÉMIE DES SCIENCES. de l'équation différentielle , d3*v\ e> «*(-ap '*)']' La fonction désignée par t> dans (II) est de même la puissance d'exposant — d'une intégrale de (1) ; enfin dans le cas où la fonction u de (I) ne dépend que de x, y, 3 et des dérivées premières, secondes et troisièmes de z, elle est aussi égale à une puissance d'une intégrale de (1). Lorsque le système (T) est constitué par des caractéristiques du premier ordre, la fonction rar peut ne contenir que x, y, z, p, q, s, t ; si les dérivées d'ordre supérieur à 2 y figurent, la fonction a l'une des formes précé- dentes; il faut cependant ajouter qu'il n'y a pas lieu de distinguer dans ce cas les fonctions de x, y, z, p, q, s, t, p{ 2, /;o:) et celles qui dépendent des dérivées d'ordre plus élevé, les nombres que nous avons désignés par h et k peuvent être égaux ou supérieurs à 3. Si l'équation (e) s'écrit r+(m + [j.)s + mii.t-hM = Q, m, jj., M représentant des fonctions de x, y, z, p, q dont la seconde satisfait à la condition du du ci peut être une fonction de .t, y, z, p, q seulement. Il importe de préciser la signification des résultats qui précèdent : il est impossible que la fonction tn ne possède pas l'une des formes indiquées, mais rien ne nous permet d'affirmer que certaines de celles-ci ne devraient pas être écartées; par exemple nous ne savons pas si une intégrale quelconque de (1) peut être le dénominateur d'un invariant du système (T) de carac- téristiques de (z). AÉRONAUTIQUE. — Sur k vol des oiseaux dit « vol à la voile ». Note (' ) de M. Vasii.esco 1\arpb\, présentée par M. G. Lippmann. Dans une précédente Communication j'ai donné les équations du mou- vement de l'oiseau voilier et décrit la manœuvre qu'il doit exécuter pour profiter au mieux des variations du vent. (') Présentée dans la séance du 17 février 1 9 1 3. SÉANCE DU IO MARS I9l3. 763 Je me propose de montrer dans cette Note quel doit être le vent, pour que l'énergie que l'oiseau peut lui emprunter soit effectivement suffisante pour le vol. Poids et dimensions des voiliers. Coefficients pour la résistance de Pair. — Des mesures faites sur les voiliers ont montré qu'entre le poids P (kg) et la surface S (m2) il existe la relation : 4S = P». D'un autre côté j'ai constaté, par des mesures faites sur des mouettes, que la section du maître couple S', dans l'attitude du vol, était d'environ j-s de la surface S. J'ai adopté pour K la valeur de 0,7 et pourK' celle de 0,0022. D'ailleurs en faisant varier largement les valeurs de ces rapports et coef- ficients, évidemment discutables, les résultats restent sensiblement les mêmes. Vol par vent d ^accélération horizontale constante en grandeur et direc- tion. — L'oiseau doit voler dans un sens contraire à l'accélération v' du vent (y = o); il volera donc dans le sens du vent, si la vitesse du vent diminue et en sens contraire, si cette vitesse augmente. Pour que l'oiseau se maintienne sur une borizonlale, il faut que -j- = -tt = o, et si, comme cela doit être, l'oiseau garde (3 constant, la première des équations du mouvement se réduit à vkS^ 1J r ) s (3 Supposons d'abord b nul, le minimum de v' est /K'S' *'râin.= 2^1/-^- = 0,284 m:s\ il correspond à une vitesse relative v/ÏÏ I S0= , , — 20 P6 m : s. ^ {/KSK'S' Ainsi, il suffit d'un vent dont la vitesse augmente ou diminue par seconde, d'environ o™, 3o, pour que l'oiseau, quel que soit son poids, puisse se maintenir sans monter ni descendre, avec une vitesse relative j30. Influence d'une composante ascendante b du vent. — Cette composante a pour effet de diminuer l'accélération horizontale minimum du vent néces- C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 10 ) 97 764 ACADÉMIE DES SCIENCES. sairc au vol. Pour que cette accélération soit nulle, il suffit d'un venj ascendant qui peut être très petit. Vol par vent variable quelconque. — Si l'on représente le vent par un vecteur dont la pointe est fixe et dont l'autre extrémité A parcourt une courbe G, la vitesse de A est précisément égale et de signe contraire à l'accélération géométrique v' du vent. La trajectoire relative que devra suivre l'oiseau aura donc ses tangentes parallèles aux tangentes correspon- dantes de C, le rayon de courbure p étant donné par la relation v0 étant le rayon de courbure correspondant de C. Si la variation du vent était trop brusque, l'oiseau s'écarterait légèrement de celle trajectoire et de la vitesse (3. La condition de la possibilité du vol à la voile, par un vent donné, s'obtient en prenant la moyenne des deux membres de la première des équations du mouvement et en y annulant la moyenne de —r-- Le calcul numérique montre que le vol à la voile est possible dès que la moyenne de l'accélération géométrique du vent atteint 3o"" à 5o"" par seconde seconde. La hauteur constitue, lorsque la vitesse est constante, le régulateur, le volant du vol à la voile; grâce à sa variation, l'oiseau accumule de l'énergie lorsque le travail moteur dû au vent dépasse le travail résistant et en dépense dans le cas contraire, il peut garder constante sa vitesse ,3 ou la faire varier selon les besoins. Pour encadrer les cas réels je prends, comme exemples de vents permet- tant le vol à la voile, les deux cas théoriques suivants : i° Vent périodique de direction horizontale invariable et dont la vitesse subit, pendant des laps de temps de i5 secondes, les variations suivantes : augmente de 1 m : s à 10 m : s, reste stationnaire, diminue de 10 m : s à 1 m : s, reste stationnaire, et ainsi de suite (accélération moyenne du vent 3ocm : s2). La projection horizontale de la trajectoire sera formée de segments de droite parallèles à la direction du vent, parcourus par l'oiseau pendant que le vent varie, et raccordés les uns aux autres par des demi-circonférences parcourues pendant que le vent reste stationnaire. 20 Vent périodique, variable en grandeur et direction, pouvant être représenté par un vecteur dont la pointe est fixe et dont l'autre extrémité parcourt uniformément en 17 secondes un cercle de 1 m : s de rayon (accélération du vent 3y cm : s2). La trajec- toire sera Un cercle horizontal qui, pour un oiseau pesant iks, aura 55m de rayon et sera parcouru avec une vitesse de ao m : s, SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 765 physique mathématique. — Sur la loi du rayonnement noir et la théorie des quanta. Note ( ' ) de M. J. de Boissoudy. Après avoir montré que l'hypothèse des quanta est la seule qui puisse conduire à la loi de Planck, H. Poincaré, dans un Mémoire souvent cité (Comptes rendus, t. 153, 191 1, p. 110O), ajoutait que toutes les fois que la loi du rayonnement entraine pour le rayonnement total une énergie finie, il est nécessaire que la fonction W (telle que "YWyj représente la probabi- lité pour que l'énergie d'un résonateur soit comprise entre Y] et t]-\-dr\) présente au moins une discontinuité pour r, == o. Quelle serait la loi du rayonnement noir si, faisant abstraction de l'hypo- 6.S 3 B, 5,9V RT NhV thèse de Planck, on supposait que cette discontinuité se réduit au minimum, autrement dit qu'elle n'existe que pour le passage d'une énergie nulle à une énergie finie? Ceci peut s'exprimer par l'hypothèse suivante : L'énergie d'un résona- teur, au lieu d'être un multiple entier de l'élément d'énergie hv, est simple- ment assujettie à être plus grande que hv ou nulle; elle passe brusquement de zéro à une valeur finie (que nous prenons égale à hv). Au-dessus de hv, le résonateur se comporte d'une façon normale; il peut acquérir ou perdre de l'énergie d'une façon continue. Considérons un corps pondérable contenant n résonateurs de fré- quence v, à la température T. Le nombre de ceux dont l'énergie de vibra- tion est comprise entre r\ et Y) -H dr\, si l'on suppose la fonction W continue (') Présentée dans la séance du 3 mars 191 3. 766 ACADÉMIE DES SCIENCES, pour la valeur rj, est N — ^ et puisqu'ils ne peuvent entrer en vibration, d'après notre hypothèse, que si y] est supérieur à hv , leur énergie totale est /«N r -S . «RT -5£/ Nhv\ ce qui donne pour l'énergie moyenne d'un résonateur N/if _ RT ' + RT N ^ qu'on peut écrire . RT j + « (,) h=-N--^- N/if en posant x = -57^-* Cette expression de E peut être rapprochée de celle donnée par Planck N ex— 1 RT 2 Comme cette dernière, elle tend aux limites vers -^- ou 5 aT pour de petites valeurs de a?, c'est-à-dire pour de hautes températures ou des vibra- , „ , RT x /if , . 1 lions de petite fréquence, et vers -rp — ou -^ pour de grandes valeurs e-w de x, c'est-à-dire dans le cas de basses températures ou de courtes lon- gueurs d'onde. Pour les températures et les longueurs d'onde usuelles, les deux formules sont pratiquement équivalentes. La différence — p — - n'at- teint pas en effet 1 pour 100 à la température ordinaire, pour une longueur d'onde de 1^, et a priori pour des longueurs d'onde plus petites. II. M. Einstein a déduit de la formule de Planck la loi des chaleurs spé- cifiques des corps solides. 11 suppose pour cela que l'énergie d'un solide se réduit à l'énergie de vibration de ses atomes, celle des électrons négatifs qui créent les périodes ultraviolettes étant négligeable. Il suppose de plus que ces atomes émettent une vibration de période constante (période propre) et que leur énergie moyenne a pour valeur 3E, le facteur 3 corres- pondant aux trois directions de vibration possibles dans l'espace. SÉANCE DU IO MARS I9l3. 767 La chaleur atomique d'un corps solide a dès lors pour expression 5 M ^E C = 3N5T' qui devient, suivant qu'on adopte l'une ou l'autre des équations ( 1 ) et (2), (3) c = 3Ra;î + ^ + 1 OU xie"- (4) e,=;3R — ■ — (formule d'Einstein). ( ex — 1 ) - La courbe représentative de la formule (3) a la forme générale ci-contre, où c est exprimé en fonction de -• Elle présente un maximum pour x = 1 (correspondant à une fréquence propre de l'ordre de 6. io<2, si le maximum est atteint au voisinage de la température ordinaire) comme le montre l'équation de 1 x 1 \ 1 e-< d KX I .f La valeur de ce maximum est 3 t = 3Rx - — 5, 94 Xi, 10 = 6, 5. C'est précisément la valeur expérimentale de la chaleur atomique, entre i5° et ioo°, pour un grand nombre de corps. La coïncidence de ce nombre avec la constante de Dulong et Petit ne paraît pas purement for- tuite. La formule d'Einstein, représentée par la courbe -en pointillé (4), donne elle aussi un maximum, mais notablement inférieur (3R = 5,94) et qui n'est atteint théoriquement que pour une valeur de - (ou de T) infinie. Il n'y a pas à espérer toutefois que l'équation (3), non plus que toute autre formule théorique, puisse rendre compte d'une façon rigoureuse des variations de la chaleur atomique dans toute l'étendue de l'état solide. L'hypothèse d'Einstein, sur laquelle elle repose, supprime, en effet, un facteur important qui doit nécessairement influer sur la chaleur spécifique des solides, à savoir l'énergie nécessaire pour la rupture des liaisons qui tendent à s'établir entre les atomes à mesure qu'on se rapproche du zéro 768 ACADÉMIE DES SCIENCES. absolu. Elle ne peut donc s'appliquer qu'à un intervalle de température relativement restreint. Elle caractérise une sorte d'état solide idéal, par- tiellement réalisé au voisinage de la température ordinaire par un grand nombre de corps et qui correspond sans doute à un maximum d'équilibre entre leurs éléments constitutifs. ÉLECTRICITÉ. — Relais extra-sensibles pour- télégraphie sans fil. Note (') de M. Albert Turpain. Au début de la télégraphie sans fil, l'enregistrement des émissions reçues au cohéreur fut réalisé au moyen de relais sensibles qui actionnaient, à cet effet, la palette d'un appareil Morse. La portée des transmissions n'excédait guère, dans la pratique, iook,u. Avec les détecteurs extra-sensibles qui se jouent de portées de plusieurs milliers de kilomètres, la réception n'est actuellement encore pratiquement assurée qu'au moyen du téléphone. Depuis iq 10, j'ai cherché à réaliser l'enregistrement des signaux hert- ziens de longue portée reçus à l'aide des détecteurs extra-sensibles. Les premiers résultats de mes expériences me permirent l'enregistrement des signaux de l'heure. A cet effet, j'ai successivement combiné un dispositif d'enregistrement photographique, puis un microampèremètre enregis- treur (2). Je viens de réaliser enfin des types de relais extra-sensibles qui laissent espérer leur usage dans la pratique de la télégraphie hertzienne. Pour un bon fonctionnement pratique un relais doit réaliser les deux conditions suivantes : i° contact très sur, 20 sensibilité suffisante. Les relais les plus sensibles et de contact bien sûr réalisés jusqu'à ce jour sont : i° le relais Baudot qui fonctionne encore avec 1 milliampère ou 1000 microampères; le relais Claude qui donne encore un contact sûr avec 3o à 4o microampères; le relais Siemens qui présente une résistance de 10000'0 et est alors sensible à 10 microampères. Les intensités des courants reçus dans les meilleurs détecteurs à cristaux n'excèdent pas, pour les émissions des signaux radiotélégraphiques à longue portée, une fraction de microampère, parfois ^ ou même ^~ de micro- ampère. (') Reçue dans la séance du 3 mars igi3. ('-) Voir Société française de Physique, ■?. juin 1911; Journal de Physique. décembre 191 1 et février 191a, et aussi Comptes rendus, février 191 3. SÉANCE DU IO MARS igi3. 769 J'ai réalisé deux types de relais qui présentent une sensibilité de l'ordre du -^ de microampère '. L'un des types est constitué par un cadre mobile dans un puissant champ magné- tique (30000 à 25ooo gauss), cadre constitué par du fil de cuivre de rç» de millimètre de diamètre et suspendu par un bifilaire de cocon de 7'"1 ou i2'"m de hau- teur, haubané à mi-hauteur par deux cocons horizontaux à tension réglable. Le dispositif de contact mérite une description particulière. Un des eôtés du cadre porte un cocon qui, au moment du déplacement, tire sur la petite branche d'un minuscule levier d'aluminium de iomm à i5mm de longueur. Ce levier ne pèse pas 3's (00,026). Il est fixé de façon a accroître dans la proportion de 1 à 10 les dépla- cements du cadre. C'est lui qui assure le contact du relais. A cet effet, la partie inférieure dudit levier porte une boucle en fil d'argent de jfu de millimètre de diamètre qui vient, au moment du déplacement, toucher une boucle identique portée par une vis de réglage. Grâce à ces deux fils d'argent de diamètre exl reniement réduit et en forme de boucles, le contact est assez sûr pour permettre le passage d'un courant de l'ordre de 10 à 20 microampères, courant qui suffit à l'entretien d'un relais du type Siemens ou Claude. De plus, les boucles de fil d'argent de -,,;,; de millimètre de diamètre sont assez souples pour être amenées à un contact sur par les impulsions d'énergie extrêmement faible données au levier d'aluminium par le cadre. Un appareil Morse peut donc être entretenu au moyen de deux relais disposés en cascade; un relais du type que je viens de décrire actionnant un relais Siemens. Un second type de relais extra-sensible est de construction plus aisée et de sensibilité cependant au moins aussi grande, sinon plus sensible. Dans ce second type de relais, je fais usage d'un galvanomètre à corde du genre de celui que j'ai récemment décrit (Comptes rendus, février 1 9 1 > ), et qui rap- pelle les galvanomètres d'Eïtboven et d'Edelmann. Le galvanomètre à corde que j'ai réalisé présente une sensibilité de l'ordre de 10 |j ampère. On peut s'en servir comme relais. Pour atteindre de telles sensibilités, non seulement il faut employer comme corde des fils de 2P de diamètre, mais encore des champs de 82000 gauss ; pour cela, il est néces- saire que l'entrefer ne dépasse pas un demi-millimètre. On peut cependant faire péné- trer dans cet entrefer une très mince petite pince faite de deux fils d'argent de j^ à T2„- de millimètre de diamètre, et réunis à leurs extrémités par un petit pont métallique formant boucle et constitué par du fil de même diamètre que celui qui forme la corde, partie mobile du galvanomètre. Cette pince, amenée par une vis micrométrique de réglage au voisinage de la corde du galvanomètre, permet d'obtenir un contact au moment du déplacement de la corde. A la vérité, avec des fils de 2^ de diamètre, le contact est un peu précaire, mais en utilisant des galvanomètres à corde ayant 5^ et iolJ- de diamètre qui réalisent encore, avec le champ magnétique de 3200O gauss que 770 ACADÉMIE DES SCIENCES. j'emploie, des sensibilités de l'ordre de io-8 et même io-9 ampère, on'obtient un relais très sensible et à contact très sur pour fermer des courants dont l'intenstité est de l'ordre de 10 à 20 microampères. RADIOTÉLÉGRAPHIE. — Sur l'influence réciproque de deux antennes voisines. Note de M. C. Tissot, présentée par M. Lippmann. Une Communication récente de M. Meslin (') a attiré l'attention sur les phénomènes d'influence qui se produisent entre deux antennes réceptrices voisines. Nous avons eu l'occasion d'observer des phénomènes tout à fait analogues dans des expériences que nous avons exécutées autrefois et signalées en partie (-). Nous nous proposions de tracer la courbe de résonance d'une antenne d'émission excitée en direct en prenant comme résonateur l'antenne réceptrice elle-même A dont on faisait varier la longueur, et dans laquelle était intercalé un bolomètre a. Afin de contrôler la constance des émissions, nous nous servions tout d'abord comme témoin d'une antenne fixe B voisine de A, accordée sur l'émission, et reliée à un second bolo- mètre b. Mais nous avions dû renoncer à employer ce contrôle, du moins sous cette forme, car les déviations du bolomètre b de l'antenne fixe B subissaient des variations indé- pendantes de l'émission du seul fait du changement de longueur de l'antenne va- riable A. On observait que, lorsque les antennes A et B étaient toutes deux simples, l'énergie captée par l'antenne fixe B passait par un minimum quand on amenait l'antenne voi- sine A en résonance, mais que, lorsque l'antenne variable A était multiple, le minimum de l'énergie reçue par l'antenne simple B correspondait à un certain décalage de l'an- tenne A en deçà de l'accord. Ces observations anciennes s'accordent bien avec celles de M. Meslin. .4 priori, le premier effet s'interprète aisément en observant que l'an- tenne A draine à son profit une portion de l'énergie du champ d'autant plus grande qu'elle est plus près de la résonance, ce qui réduit d'autant la por- tion d'énergie captée par B. Mais ce n'est là qu'une première approximation. Le phénomène observé dépend, en effet, et de la valeur respective de la (') Comptes rendus, 17 février 1 9 1 3. ('-) Sur la résonance des systèmes d'antennes {Annales de Chim. et de Pliys., 8e série, t. VU, tgoG, p. 463). SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 77 1 quantité d'énergie captée par chacune des antennes, et de la modification qu'elles font subir, l'une et l'autre, au champ primitif de leur propre rayon- nement. Or, le rayonnement d'une antenne (etréciproquement son pouvoir absor- bant} est intimement lié aux dimensions électriques de celte antenne. Il dépend en particulier du facteur — j (/, longueur; p, rayon de l'an- L- P tenne) qui entre dans l'expression du cliamp au voisinage immédiat d'un oscillateur linéaire ('). C'est parce que ce facteur a une valeur plus grande pour une antenne à plusieurs brins que pour une antenne simple, qu'une antenne multiple capte une quantité d'énergie plus grande qu'une antenne simple, ainsi que nous l'avons montré par ailleurs (2). Dans le cas de nos expériences, où nous obtenions la modification de période du système par variation directe de la longueur de l'antenne, la raison de la dissymétrie apparaît immédiatement. On voit en effet que l'un des déréglages, le déréglage au delà de l'accord, produit deux effets qui tendent à rendre le système variable moins absorbant, d'abord parce qu'il l'éloigné de la résonance, puis parce qu'il agit dans le sens d'un accroissement du rapport-- L'autre déréglage, au contraire, le déréglage en deçà de l'accord, rend bien toujours le système moins absorbant en l'éloignant de la résonance, mais tend à le rendre plus absorbant en agissant dans le sens d'une dimi- i l nution du rapport-- 1 r p De sorte que c'est la dissymétrie qui est la règle, et que, même avec deux antennes réceptrices identiques, le minimum de réception de l'antenne fixe accordée ne doit pas se produire exactement pour la résonance de l'antenne variable, mais pour un léger décalage de cette antenne en deçà de l'accord. Dans le cas où l'on modifie la période par l'introduction d'une bobine de self, on est conduit à une interprétation analogue qui devient particuliè- rement simple en faisant intervenir la résistance d'émission de l'antenne. On établit, en effet, que la perturbation produite dans le champ incident (') H. Poincaré, Conférences sur la T. S. F. à l'École supérieure de Télégraphie (Edition île La Lumière électrique, p. 6i). (-) C. Tissot, loc. cit., p. 5 ii. C. R„ i9I3., i" Semestre. (T. 156, N" 10.) 9^ 772 ACADÉMIE DES SCIENCES. par une antenne réceptrice (de résistance olnnique négligeable) est en raison inverse de i / 1 + -d~( i - —,) > où co0 désigne la pulsation de Tonde incidente, to la pulsation de l'oscillation libre de l'antenne excitée, L la self-induction effective du système récepteur et Re sa résistance d'émission ('). Re varie proportionnellement au carré du rapport r de la longueur réelle de l'antenne à la longueur d'onde du système. D'autre part, cpiand on modifie une antenne par addition de self, Lw varie sensiblement comme \/L. Par suite : Kn augmentant la self (déréglage au delà de l'accord) on augmente à lafois(i-^)et^; V.n diminuant la selt\déréglageen deçà de l'accord) on augmente! i ° ), maison diminue -s-- De sorte cju'il doit se produire un pbénomène analogue à celui que nous avons décrit plus haut. Toutefois, pour qu'il devienne appréciable et donne lieu à une dissy- métrie bien apparente, il faut qu'en agissant sur les selfs respectives de réglage, on produise une variation de -^- plus grande pour l'une des antennes que pour l'autre. C'est ce qui se produit quand on a en présence une antenne simple et une antenne multiple, c'est-à-dire deux systèmes pour lesquels le facteur -^- a des valeurs très différentes. PHYSIQUE. — Sur quelques mélanges liquides se prêtant tout particulièrement à l'observation du phénomène de Christiansen. Note de M. F. lioimocx, présentée par M. A. Hallcr. En préparant certains composés organiques, j'ai observé des phéno- mènes de diffusion colorée se produisant parfois au sein d'un mélange de deux liquides, peu solubles l'un dans l'autre et soumis à une agitation con- tinue qui maintient le liquide le plus léger en émulsion dans le second. A (') Rûuenberg, Ann. der Physik, t. XXV, 1908, p. 446. SÉANCE DU IO MARS I9l3. ^^3 une température déterminée et pour une proportion convenable des consti- tuants du mélange, celui-ci devient limpide, et les ombres des objets, vive- ment éclairés, examinés par transparence, apparaissent richement colorées. Une faible élévation de température modifie la couleur des ombres. Celles-ci, jaunes au début, deviennent successivement orangées, rouges, violettes, bleues, puis la liqueur se trouble. Par refroidissement, la limpi- dité reparait, les colorations se succèdent en sens inverse et, le jaune atteint, le mélange des liquides devient opaque de nouveau. Dans ces expériences, il y a décomposition d'une partie de la lumière blanche qui traverse le mélange. Les deux liquides possédant le même indice de réfraction pour une radiation déterminée, celle-ci n'est donc pas déviée; mais, comme elle se trouve diluée dans un grand excès de lumière blanche, elle passe à peu près inaperçue. Les autres radiations sont plus ou moins difffusées, elles se superposent et paraissent seulement dans les ombres à qui elles communiquent la teinte complémentaire de la lumière monochromatique transmise. Celle-ci peut être facilement observée, en regardant à travers le mélange diffusant une fente étroite ou une toile métallique, formée de fils un peu gros et rapprochés. Dans ce dernier cas, la loile étant bien éclairée par derrière, les intervalles vides présentent la couleur transmise et la trahie la couleur complémen taire. En faisant, dans la chambre noire, traverser le mélange liquide, placé dans une cuve de verre à faces parallèles et agité mécaniquement par un faisceau cylindrique de rayons solaires et en recevant sur un écran le fais- ceau diffusé, on obtient une grande image circulaire. Au centre on observe la couleur transmise sans déviation et autour de celle-ci s'étalent les autres radiations. En faisant varier la température (dans l'intervalle de quelques degrés) on encore en ajoutant goutte à goutte au mélange l'un de ses con- stituants, on modifie la coloration des diverses parties de l'image reçue; si l'on opère avec précaution, on fait passer progressivement la plage centrale du bleu à l'orangé. Christiansen, en mettant en suspension dans un liquidé d'indice conve- nable, certains corps solides pulvérulents, a observé un phénomène ana- logue, dont il a décrit avec soin toutes les particularités ( ' ). Ses expériences ont été depuis reprises par lord Ilayleigh (-) et par Wood (3). (') Ann. de Wiedemann, t. XXIII, p. 298. (2) Phil. Mag., 5e série, t. XX, p. 358. (3) Traité d'Optique, t. 1, p. i34 . 774 ACADÉMIE DES SCIENCES. Lies mélanges de deux liquides présentent sur les mélanges d'un solide et d'un liquide l'avantage de pouvoir, dans un très grand nombre de cas, être obtenus très rapidement, en telle quantité que l'on désire, et de se prêter très bien à l'observation de ce beau phénomène. En voici deux qui donnent d'excellents résultats : Dans 5os d'une solution aqueuse saturée de chlorure de sodium, on verse 1 5s d'acé- tate d'éthyle et ioS d'eau. Par transparence, les ombres paraissent colorées en jaune orangé. Ce mélange est très sensible à l'action de la chaleur; celle de la main suffit pour modifier la coloration des ombres. A une dissolution de 25s de bromure de sodium dans 35s d'eau, on ajoute goutte à goutte de l'alcool propylique, en agitant jusqu'à ce que par transparence on obtienne pour les ombres la coloration voulue. Celle-ci varie sous l'influence de la chaleur, ou quand on modifie légèrement les proportions des corps en présence (addition de traces d'eau, de bromure de sodium, ou d'alcool propylique). Lorsque les mélanges précédents sont au repos, dans chacun d'eux, la surface de séparation des liquides, observée sous une incidence presque rasante, présente de belles irisations dont l'existence est facile à expliquer. Avec certains mélanges, les couleurs observées par transparence, tout en étant les mêmes que précédemment, se succèdent en sens inverse (bleu, violet, rouge, orangé, jaune) lorsque la température s'élève. C'est ce qui se produit quand on associe à des solutions aqueuses de saccharose ou de glycérine, d'indice convenable, l'oxyde d'éthyle et l'alcool amylique. Ces résultats permettent de penser qu'on pourra constituer des mélanges diffu- sants sur lesquels la chaleur n'exercera aucune action. ÉLECTRICITÉ. - - Sur la réception des radiotèlé grammes par des antennes multiples avec ou sans mise au sol. Note de M. E. Rotiié, présentée par M. E. Bouty. Dans une Note précédente relative à la réception par des antennes très réduites, j'ai indiqué l'influence réciproque des antennes fonctionnant au voisinage les unes des autres ('). C'est cette influence qui m'a obligé à répéter les expériences hors de Nancy. Je les ai refaites dans les Vosges en un endroit éloigné de toute ligne électrique afin de me mettre à l'abri de celte cause d'erreur. (') Rothê, Sur la réception des radiotétégranimes avec antennes réduites {Comptes rendus, t. 154-, p. 195 ). SÉANCE DU IO MARS I9l3. 775 Ces influences réciproques dépendent de la constitution des antennes et de leur position respective et, comme l'a fait remarquer M. Meslin dans sa dernière publication, l'étude de ce phénomène peut éclairer d'un jour nouveau la théorie de la réception ('). Il semble donc utile de préciser les conditions expérimentales. Dans la présente Note je me propose de résumer les recherches faites sur ce sujet depuis plus d'un an. i° Expériences avec antennes en relation avec le sol : Une antenne I est constituée par six fils parallèles de 55"' de longueur, isolés, tendus sur des vergues, elles-mêmes bien isolées, entre deux mâts à 3om et i 2m au-dessus du sol. Elle est donc inclinée par rapport au sol. L'antenne II est un fil unique de 22ln de hauteur, tendu à peu près parallèlement à la précédente à une distance d'environ iom au-dessous et latéralement. On a également tendu horizontalement à la surface du sol, à la hauteur de am, une antenne III de 22'" et une antenne IV de 75™ de long. La réception s'effectue dans tous les cas par le montage à un circuit d'oscillations précédemment décrit. Sur l'antenne I on utilise une self réglable à curseurs r (fil de imm,4; self maxima o", 00057), sur ^es autres antennes une self plus forte R (fil de on,m,8; self oH, 0128). a. Dans ces conditions, I étant au sol par l'intermédiaire de r et II par l'intermédiaire de R, on perçoit aisément aux deux postes. Mais le réglage de r a une grande importance; si on C accorde, à la résonance, la réception par II devient très bonne, tandis quelle diminue au contraire si l'on dérègle r dans un sens ou dans l'autre. Inversement le déréglage de 11 a peu d'in- fluence sur la réception par I. Des mesures ont été faites au téléphone shunté en prenant toutes les précautions d'isolement. Téléphone I50Q sur transformateur Jegou. Téléphone 4000°. O Q I accordée 1 3oo I isolée 3 1 100 I directement au sol 25 i55o Le Tableau ci-dessus contient les valeurs des résistances qu'il faut mettre en dérivation sur le téléphone pour le rendre muet. La résistance est d'autant plus faible que l'intensité du son est plus (l) Mkslin, Influence réciproque des antennes parallèles (Comptes rendus, t. 156, p. 543). 77<) ACADÉMIE DES SCIENCES. grande et ces résultats indiquent nettement la grande influence de 1 sur la réception par II. h. La même influence a été observée dans les réceptions par III et IV, bien que celles-ci soient plus faibles. c. Enfin, j'ai réduit l'antenne II à quelques mètres et j'ai greffé diffé- rents postes analogues avec antennes diverses sur le sol de 1. Tous ont également bien fonctionné. On peut même supprimer toute antenne dans le second poste en utilisant deux curseurs dans la grande self R et mettant le détecteur en dérivation sur ces curseurs dans des positions convenables. Dans ces différents cas, l'accouplement de l'antenne I avec les autres est très lâcbe et l'on peut dire, en résumé, que chacun des postes greffés su?- le sol de I fonctionne en résonateur ayant une excitation propre mais renforcée par I. 2° Réception avec antennes non en communication avec le sol : La théorie de la réception par les petites antennes au ras du sol ou peu élevées au-dessus du sol est forcément compliquée par suite de la propa- gation généralement admise aujourd'hui dans « un éther du sol ». Rien des expériences s'expliquent clairement en attribuant au sol ce rôle spécial qu'on n'avait pas envisagé jusqu'ici (' ). Afin de simplifier l'élude des antennes multiples, il était logique de faire abstraction du sol et d'adopter le montage suivant : on met en série sans sol \r RII et l'on règle convena- blement les curseurs pour obtenir le maximum de réception (ce réglage diffère peu de celui qui convient lorsque, comme dans les recherches précé- dentes, on mettait au sol le point d'attache de r et R). Dès lors, r ensemble des antennes constitue un vibrateur fonctionnant en demi-onde et non plus en quart d'onde. On se contentera de mettre le circuit du détecteur en déri- vation sur le circuit total, en deux points tels que la dépolarisation du détecteur s'effectue pour une force électromotrice suffisante. Toute dimi- nution de r peut être compensée par une augmentation de R et récipro- quement; mais le réglage le plus commode consiste à faire vibrer chacune des branches en quart d'onde, le nœud de tension se trouvant sur le fil de jonction entre /• et R. L'intensité de la réception est suffisamment forte pour (') Rothê, Comptes rendus, t. loi, p. i<$. — Meslin, Comptes rendus, t. 156. p. 5/J3. — Jégou, Comptes rendus, t. 156, p. 385. SÉANCE DU IO MARS I9l3. 777 qu'on puisse espérer utiliser ce dispositif en aéronautique, en remplaçant ainsi par un montage à antenne double, le montage à contrepoids, généralement utilisé ( ' ). Toutes ces observations ont été faites sur les diverses transmissions FL, crépitante et chantante, et répétées sur quelques musicales allemandes, en particulier celle de la station de Norddeich. PHYSIQUE. — Sur un oscillographe interférentiel. Note de M. A. Guvau, présentée par M. Yillard. La mesure des mouvements de la membrane téléphonique m'a amené à étudier et à construire un oscillographe interférentiel qui permet l'enregis- trement photographique des vibrations de petite amplitude, à partir de quelques centièmes de micron. Des franges reclilignes d'interférence par réflexion sont formées dans une lame d'air mince, comprise entre un miroir mobile F argenté à fond, collé sur la surface 3t 1:: C/f <=iB - A pupille d'entré? dont on étudie les vibrations, et un miroir fixe de référence E semi-argenté. L'éclai- rage intensif des miroirs se fait en formant sur ceux-ci l'image d'une lampe à mercure en quartz (/jA x 8ov) au moyen du système optique BCD. Limage des franges vertU cales est projetée (avec un agrandissement G = 3 par exemple) au moyen du système optique GH, sur une fente horizontale étroite (imm) derrière laquelle se trouve un cylindre enregistreur animé d'un mouvement hélicoïdal. L'image ponctuelle de ces franges, qui parvient sur la pellicule sensible, dessine la courbe des déplacements (') Sur des biplans comme les Maurice Farman, l'antenne double pourrait être dis- posée sur les ailes horizontalement, à condition de trouver un accouplement conve- nable, el l'on éviterait les inconvénients de l'antenne déroulée au-dessous de l'avion. 778 ACADÉMIE DES SCIENCES. orthogonaux P des franges en fonction du temps, el la distance V de deux franges consécutives fixe l'échelle à laquelle celte courbe représente celle du mouvement de la surface mobile. Si les déplacements u de celle-ci se font perpendiculairement aux miroirs, on a, pour des incidences normales, X v 2 V Le verre des systèmes optiques absorbe les raies ultraviolettes de l'arc au mercure, l'extrême sensibilité des émulsions ordinaires pour le violet élimine ipso facto, pour des temps de pose très réduits, les raies jaunes et vertes, un écran à l'esculine placé au diaphragme d'entrée arrête la raie oI\4°4 et seu' subsiste le système des franges dû à la raie o^, 436. Si l'on admet en première approximation que le flux lumineux qui illu- mine les miroirs est proportionnel à la surface de la pupille d'entrée et inversement proportionnel au carré de sa distance à la source, on trouve que le pouvoir actinique de l'image lumineuse est, toutes choses égales d'ailleurs, proportionnel au coefficient A--5L- G2L2' D, diamètre commun des objectifs D et G ; L, distance de ces objectifs aux surfaces interférai tielles; G, grossissement de l'image projetée sur le cylindre. Ce coefficient définit dans une certaine mesure les conditions expérimen- tales indépendamment des circonstances particulières de chaque expérience et permet d'étudier un projet d'oscillographe interférentiel d'après un appareil type. L'éclairage des miroirs se faisant, non en lumière parallèle, mais au moyen de pinceaux lumineux ayant pour base l'objectif D, il en résulte une diminution de la netteté du système de franges que j'ai caractérisée par le rapport des dérivées secondes de l'intensité au voisinage des maximums lumineux, obtenus respectivement en lumière non parallèle et en lumière strictement parallèle. Les développements en série que j'ai effectués pour le calcul de ce coefficient Iv m'ont permis, en général (et au moins avec des surfaces interféreulielles en verre), de le réduire à 712 D! e2 . , / 1 D\. K = 1 y— • t— sin- a pour « > — - ), 2 L2 Kl \l 2 L/ où e désigne l'épaisseur de la lame mince et a l'incidence moyenne. Le minimum du temps de pose 0 (quotient de la largeur de la fente par la vitesse circonférenlielle du SÉANCE DU IO MARS Tgi3. 779 cylindre) achève de caractériser l'instrument : A=3^=''8-10-1' v 7T2 2,72 5o2 K = l -r^r 0,027—0,92, 2 072 o,4j° O™, I 5oo cm : s = os,ooo2, avec des émulsions Lumière 2. Cet oscillographe, appliqué à l'étude du mouvement de ia membrane téléphonique, permet d'enregistrer des fragments de conversation (ampli- tudes de quelques centièmes de micron), de mesurer la période propre d'oscillation de cette membrane (pour un téléphone de réseau muni d'un miroir interférentiel de ogr,i2 j'ai trouvé 8oo~) et son amortissement (coefficient exponentiel 4oo environ), de constater une certaine variabilité de sa position d'équilibre. La proportionnalité des déplacements aux inten- sités permet de l'utiliser comme galvanomètre oscillographique. Avec des appareils à haute résistance, on peut déceler une dizaine de microampères efficaces. Avec un téléphone à effets sélectifs les mouvements sont déjà mesurables, alors qu'un téléphone ordinaire (au moins à basse fréquence) est encore au silence, ce qui fixe la sensibilité de cet appareil à quelques centièmes de microampère. Des essais à la fréquence 5oo m'ont montré que, si l'on tient seulement à fixer l'amplitude du mouvement, des temps de pose compris entre \ et -^ de la période du courant sont, en général, suffisants. La substitution de lentilles cylindriques aux lentilles sphériques utilisées permettrait de diminuer notablement le temps de pose minimum et d'aborder dans de bonnes conditions l'étude des vibrations les plus rapides. ÉLECTRICITÉ. — Sur un électrornètre à spiral. Note de M. R. Szilard, présentée par M. Villard. J'ai essayé de construire un électromètre sensible (') d'un maniement, d'une commodité de lecture, d'une robustesse et d'un volume comparables à ceux des voltmètres ordinaires. Principe. — L'aiguille, au potentiel de la cage, sert simultanément (') Voir aussi ma Note précédente, Comptes rendus, novembre 1909. C. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 10.) 99 780 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'index rigide et d'équipage mobile attiré par un secteur chargé. Le couple antagoniste est fourni par un spiral cylindrique suspendant l'aiguille pivotant sur pierres. Construction ('). — Un ruban de métal très étroit (omm, 5) forme les deux ailes de l'aiguille, dont l'un affecte la forme d'un secteur de cercle; l'autre est droit et pointu. L'aiguille est découpée en une seule pièce, puis équilibrée ; son épaisseur est de om"%o3 ; son poids 0^,009 environ; elle est traversée par un axe très court d'un diamètre de omm, 08, tournant sur pivots et contre-pivots en rubis; un ajustage parfait exclut tout jeu d'axe supérieur à omm,oi. L'axe X (fig. 1) est fixé à l'extrémité d'un spiral cylindrique R pareil à ceux employés pour le balancier des chronomètres, mais bien plus faible (épaisseur omm,oi; largeur omm, 1 5; poids total 08,006). L'extrémité supérieure du spirale R est portée par une petite virole V coulissant autour d'une tige T portée par en haut par un pont P' et terminée en bas par le pivot et contre-pivot; le spiral entoure librement cette tige et sert à suspendre l'équipage mobile (aiguille et axe) en même temps que sa flexion constitue la force antagoniste. Il est de toute importance que, dans les déformations du spiral, son centre, de même que son centre de gravité, restent toujours sur l'axe ('-); en donnant une forme convenable à la courbe terminale du spiral, on arrive à satisfaire à ces conditions. Un secteur S représente le cadran; il affecte la forme de deux arcs concentriques superposés parallèlement à deux autres arcs identiques; ce système est maintenu isolé au moyen d'une plaque d'ambre I. Cette forme de cadran est appelée à compenser les forces parasites dues à la forme asymétriques de l'aiguille. En effet, la force attractive d'un secteur, genre Lord Kelvin, ne serait pas dirigée dans le sens de la tangente à celui-ci ; l'aiguille serait aussi attirée par son arc dans le sens perpendiculaire à son axe qui serait assujetti ainsi à un frottement latéral contre les pivots. Dans notre cas, les cercles concentriques extérieurs exercent sur l'arc de l'aiguille une attraction diamétrale égale à celle exercée par le système d'anneaux intérieurs; ainsi, si le réglage est parfait, l'arc se trouvera dans une zone neutre à ce point de vue. Une tige G, isolée et coulissant dans la paroi de la platine, permet d'amener une charge au secteur, lequel engagera au fur et à mesure la partie circulaire de l'aiguille et fera déplacer l'index sur l'échelle graduée E, placée directement en dessous. Propriétés. — L'appareil ainsi monté peut être transporté sans inconvénient (') Le modèle de cet appareil a été exécuté dans les ateliers de l'École d'Horlogerie de la Ville de Paris; j'exprime mes meilleurs remercîments à M. Fournier, directeur de l'École, pour son aimable accueil, et à M. Thiébaud, professeur, pour les soins qu'il a bien voulu donner à la construction. (8) Phillips, Le spiral réglant (Académie des Sciences: Recueil des Savants étrangers, 28 mai 1860). SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 781 quelconque d'un endroit à un autre; il peut être secoué, son aiguille peut être touchée par la main sans que l'appareil se dérégie ou même se décharge. Ces qualités permettent l'emploi d'une échelle fixe, empiriquement éta- lonnée une fois pour toutes, portant parallèlement les indications de voltage et des divisions correspondant à des valeurs de capacités égales entre elles. A part cette échelle fixe, on peut employer aussi un microscope micromé- trique; le fait que l'aiguille ne porte pas de charge permet de s'en approcher très près et d'employer par conséquent un grossissement fort, à quoi sa forme nette se prête très bien. Pour ce mode de lecture, la capacité devient pratiquement indépendante de la déviation et le voltage est proportionnel 782 ACADÉMIE DES SCIENCES. à la charge. La grande étendue de l'échelle permet, en outre, plusieurs mesures successives sans qu'on soit obligé de recharger l'appareil. Sensibilité. — Le modèle décrit étant construit principalement pour les mesures d'ionisation par déperdition, a une sensibilité grande à la charge et modérée au potentiel, qu'on peut encore diminuer à volonté en armant le spiral par V; en tournant la virole V dans le sens contraire, on engage l'aiguille davantage dans le secteur S, ce qui augmente légèrement la sensibilité au potentiel. En outre les premières divisions correspondent à 25o volts et l'échelle entière représente 1000 volts environ; le courant est donc saturé pour toutes les intensités pratiquement mesurables. Une division de l'échelle fixe vaut 5 volts dont la centième fraction, soit o,o5 volt, est directement lisible avec un microscope muni d'un micromètre. La capacité moyenne de l'appareil est de l'ordre de 2c,n. Un courant de l'ordre de io~" ampère occasionne un déplacement d'aiguille de 1 degré environ par seconde, ce qui équivaut à un mouvement d'index de omœ, 7 par seconde. Un courant de 10 " ' 3 ampère correspond donc dans le micromètre à un mouvement dont l'ordre est de 1 division de ce micromètre par seconde. Montages. — L'appareil est placé dans une cage complètement fermée (en haut par une glace) et peut être monté sur un dispositif voulu; pour les mesures de radioac- tivité les substances peuvent être disposées dans un simple récipient fermé placé directement sous l'appareil. Un autre modèle permet de charger l'aiguille, soit en vue d'employer une méthode de compensation, soit pour augmenter la sensibilité de l'instrument. Des appareils inspirés du même principe se prêtent très bien à un certain nombre d'usages pratiques, tels que les mesures rapides des potentiels élevés, mesures d'élec- tricité atmosphérique, mesures de capacités, de conductibilités, de courants d'ionisation, etc. PHYSIQUE. — Sur T absorption de l'ultraviolet par l'ozone et T extrémité du spectre solaire. Note de MM. Ch. Fabrv et H. lîuisso.v, présentée par M. Villard. La limitation du spectre solaire, un peu au-dessous de la longueur d'onde 3ooo, a été attribuée à l'absorption par l'ozone. Cette hypothèse n'est appuyée que sur l'existence d'une forte bande d'absorption de l'ozone dans l'ultraviolet. Pour la confirmer, des valeurs numériques seraient néces- séance du 10 mars igi3. 783 saires, d'une part sur l'absorption atmosphérique, d'autre part sur l'absorp- tion par l'ozone. Nous avons entrepris ces deux séries de déterminations. Nos mesures sur l'absorption par l'ozone (') ont été faites par photographie. Le rayonnement d'une lampe en quartz à vapeur de mercure traverse un tube à absorp- tion, dont la longueur (de 9mm à 2ra)doit être d'autant plus grande que l'absorption à mesurer est plus faible. Dans ce tube on fait passer un courant d'oxygène ozonisé dont la teneur en ozone est dosée, à la sortie, par la méthode de Ladenburg et Quasig (2). Une image de la lampe est projetée sur la fente d'un speclroscope photographique en quartz (3). Sur une même plaque photographique , on fait successivement, avec la même durée, une pose avec la lumière qui a traversé l'ozone, sans absorption, mais avec des affai- blissements gradués, obtenus en diaphragmant la face de sortie du dernier prisme. Les intensités lumineuses ainsi réduites sont proportionnelles aux surfaces des diaphragmes tant que ces surfaces sont complètement et uniformément illuminées et tant que les phénomènes de diffraction n'interviennent pas. La fente du speclroscope a tmm de longueur et omm, 5 de largeur, de manière que l'image de chaque raie est représentée par un petit rectangle. Après développement du cliché, on mesure au microphotomèlre (4), pour chaque raie, l'opacité de chacune des images. En interpolant l'opacité de celle qui a été obte- nue à travers l'ozone parmi les opacités des images produites par les intensités lumi- neuses connues, on obtient l'intensité de la radiation affaiblie par l'absorption. Les résultats s'expriment par les valeurs de la constante d'absorption a, définie par la formule I = l0.io-arf, dans laquelle I et I0 sont les intensités avant et après l'absorption et d l'épaisseur, en centimètres, d'ozone gazeux pur, ramené à o° et 76™', tra- versée par la lumière : X. a. X. a. X. a. 23oo 5o 2700 9' 3 100 I ,23 2400 95 2800 46 32oo 0,35 25oo 120 2900 16,6 33oo 0,0g3 2600 120 3ooo 4,6 34oo 0,025 (') Les mesures, actuellement publiées (Meyer, Annalen der Physik, t. XII, 1903, p. 849; Krûger et Moeller, Physikalische Zeilsc/irifl, t. XIII, 1912, p. 729), ne s'étendent qu'aux longueurs d'onde inférieures à 3ooo, et, pour cette dernière radiation, les valeurs de la constante d'absorption sont très discordantes dans le rap- port de 1 à 4» ce qui rend impossible la comparaison avec l'absorption atmo- sphérique. (-) Voir Treadwell, Chimie analytique, t. II. p. 63i. (3) Journal de Physique, 1910, p. g32. (l) Comptes rendus, 3 février igi3. g R A R Y :x,J 784 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le maximum d'absorption a lieu vers 255o. Dans cette région l'absorp- tion est énorme : une couche de 2.5^ d'ozone pur réduirait l'intensité à moitié ; à égalité de masse l'ozone est plus absorbant que les métaux dans le spectre visible. Entre les longueurs d'onde 2900 et 33oo, l'absorption varie rapidement; dans cet intervalle, seul intéressant pour la comparaison avec l'absorption atmosphérique, la constante a peut être représentée par la formule empi- rique (1) log «=17,58 — o,oo564^, dans laquelle X est la longueur d'onde exprimée en angstrôms. Si, sur un faisceau de lumière à spectre continu, on interpose une couche de gaz contenant de l'ozone, la rapide variation de a. en fonction de X pro- duit une limitation très brusque de l'extrémité ultraviolette du spectre, et la limite recule vers les grandes longueurs d'onde à mesure que croît l'épaisseur de gaz. Pour trouver la loi de variation de cette limite en fonc- tion de l'épaisseur d'ozone, admettons que le spectre cesse d'être observable lorsque l'intensité est réduite par absorption à la fraction - de l'intensité incidente. La limite sera définie par ioc,rf = n, ou, en prenant deux fois les logarithmes, log a -1- log d = const. Remplaçant log a par sa valeur (1), on trouve pour la limite du spectre après absorption X= 17710g rf-t- const. Lorsque la lumière solaire traverse l'atmosphère, la longueur du chemin parcouru dans chaque couche, et par suite l'épaisseur totale d'ozone tra- versée varie, tant que le Soleil n'est pas trop bas sur l'horizon, comme , ^ l l COiZ z étant la distance zénithale, et cela quelle que soit la répartition de l'ozone en altitude. L'équation qui donne la limite X du spectre solaire doit donc être, si c'est l'ozone qui produit l'absorption, X = const. — 177 logcos z. Or Cornu a donné, il y a 3o ans ('), une formule empirique reliant X et z, qui, résolue par rapport à X, donne X = const. — 200 log coss. Ces deux formules sont de même forme, et les valeurs du coefficient de log coss sont peu différentes. Si l'on tient compte de l'absorption, due à la diffusion atmosphérique, qui varie avec la longueur d'onde beaucoup moins vite que l'absorption par l'ozone, la concordance est encore amé- (') Journal de Physique, 1SS1, p. 5, et Comptes rendus, t. 111, 1890, p. g4 1 - SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 785 liorée. Les observations de Cornu sont donc en accord avec l'hypothèse de l'absorption de l'ozone. Les résultats qui précèdent laissent indéterminée la quantité d'ozone présente dans l'atmosphère; pour la fixer, il faudrait avoir une valeur numérique de l'absorption atmosphérique. De quelques mesures faites pendant l'été peu favorable de 1912, nous pouvons déduire que, pour la radiation 3ooo, le Soleil étant au zénith, la proportion de lumière trans- mise est de l'ordre de y^. Pour produire cette absorption, il faut que l'atmosphère contienne une quantité d'ozone équivalente à une couche de 5mm d'ozone pur. Si ce gaz était réparti uniformément, la proportion en volume serait de ocm',6 par mètre cube d'air, quantité bien supérieure aux teneurs mesurées par analyse chimique. L'hypothèse la plus probable est que l'ozone existe seulement dans la très haute atmosphère, où il serait pro- duit par la partie extrême du rayonnement ultraviolet solaire, qui, étant fortement absorbée par l'oxygène, ne peut agir que sur les premières couches de l'atmosphère. RADIOACTIVITÉ. — Sur le rayonnement secondaire produit parles rayons a. Note de M. B. Bianu, présentée par M. Villard. L'étude du rayonnement secondaire produit par les rayons a a été l'objet de plusieurs recherches entreprises par MM. Campbell ('), Bumstead (2), Kleeman(3)etPound (*). Tous ces physiciens employaient un vide assez avancé et l'existence d'un rayonnement secondaire était mise en évidence par les charges. Nous avons essayé l'étude de la même question en employant une méthode différente qui consiste dans la mesure du courant produit dans une chambre d'ioni- sation, par le rayonnement provenant d'une surface métallique frappée par les rayons a du polonium. En conséquence, cette méthode ne nous a permis d'étudier que le rayon- nement secondaire d'incidence. (') N. Campbell, Phil. Mag.,\..XX\\, 19 11, p. 276-3o2; t. XXIII, 1912, p. 462-483; t. XXIV, 1912, p. 46-64. (2) H. -A. Bumstead, Ibid., t. XXII, 191 1, p. 907-922. (3) R.-D. Kleeman, Ibid., t. XXIV, 1912, p. 198-207. (4) V.-E. Pound, Ibid., t. XXIII, 1912, p. 8i3-837. i86 ACADEMIE DES SCIENCES. La figure i indique le dispositif employé : A esl le plateau métallique qui produit le rayonnement secondaire dû au bombardement par les particules a provenant du polonium P contenu dans la cuvette C (ce plateau pouvait être mis au sol ou à un potentiel quelconque); B est une toile métallique reliée à la cage T et au sol; D une autre toile chargée par la batterie V, et F le plateau relié à l'électromèlre E. Le tout est couvert par une cloche où l'on fait le vide à l'aide d'une trompe à mercure. H 1 1 » h ■i 1 r a s Pressions en m m On remarque que, dans la chambre d'ionisation DF, on ne reçoit que le rayonne- ment obtenu par réflexion sur le plateau A, et la diffusion des ions produits par les rayons a est arrêtée par le champ créé entre B et D. En maintenant fixe le plateau A et en faisant varier la pression, on obtient la courbe du courant à distance constante et à pression variable. L'appareil, étant placé entre les pôles d'un électro-aimant, nous permettait d'établir divers champs magnétiques. Les résultats obtenus sont indiqués SÉANCE DU IO MARS Io,l3. 7H7 sur la figure 2. La courbe -I- 1 représente le courant positif en fonction de la pression et la courbe -t- 2 le même courant, lorsqu'on fait agir un champ* d'environ 200 unités et qui reste sensiblement la même pour des valeurs plus grandes du champ magné- tique. Les courbes — 1 et — 2 représentent le courant négatif dans des conditions analogues. Ces résultats nous obligent d'admettre l'existence d'un rayonnement très absorbable provenant du plateau A, qui peut ioniser et dont la charge a été trouvée négative; c'est donc un rayonnement électronique. Sur ce point nous sommes en désaccord avec les auteurs cités plus haut, et dont les expériences semblent démontrer que la vitesse du rayonnement secondaire serait inférieure à la vitesse nécessaire pour ioniser les gaz. Au contraire, l'étude des projections radioactives (') a montré l'existence d'un rayonnement très absorbable et facilement déviable par un faible champ magnétique, et qui présente quelques analogies avec le rayonnement que nous avons trouvé. Ainsi, la dislance entre le plateau A et la toile D de la chambre d'ionisation étant de iom"', le rayonnement secondaire parcourt cette distance à la pression d'environ 10™ de mercure; le produit du parcours par la pression est donc égal à 100. Etant donnée l'incertitude sur la fin du parcours, ce nombre ne peut être considéré que comme approximatif. Une feuille d'aluminium battu d'environ oH-, 5 d'épaisseur suffit pour arrêter complè- tement le rayonnement secondaire. Des valeurs du champ magnétique nécessaire pour supprimer le rayon- nement secondaire nous avons déduit l'ordre de grandeur de la vitesse des particules constituantes. Pour qu'aucune particule n'arrive à la chambre d'ionisation il faut que le rayon du cercle décrit dans le vide, sous l'action du champ magnétique, soit égal à tomm pour les rayons normaux au pla- teau A et de ^ pour les rayons qui ont une direction tangentielle. Portant cette dernière valeur dans la formule connue R= — r-p, on en e H déduit pour la vitesse correspondante t,8x ioJ cm : sec. I>n constituant successivement le plateau A par divers métaux tels que : aluminium, zinc, cuivre et plomb, on constate que la différence entre les courants sans champ magnétique et les courants obtenus en présence du champ est à peine modifiée; au contraire la valeur des courants avec le (' ) L. Wertenstein, Radium, t. IX, janvier 1912. — B. Bia.nu et L. Werte.nstein, Radium, t. IX, octobre 1912. C. K.. iqi3, 1" Semestre. (T. 156, N 10.) 1 OU 788 ACADÉMIE DES SCIENCES. champ magnétique augmente d'autant plus que le poids atomique du métal est plus élevé. Nous pensons pouvoir expliquer cet effet par une ionisation due aux rayons a réfléchis ou diffusés par la surface du métal, conformément à ce qu'ont observé, par la méthode des scintillations, MM. Geiger et Marsden ('). CHIMIE PHYSIQUE. — Équilibre chimique dans l'action du gaz chlorhydrique sur le sulfate de zinc. Note de M. Camille Matignon, présentée par M. H. Le Chatelier. Considérons l'équation chimique suivante : (/n-i)SO*Znsol.+ 2HCIBai. = S04H2rtSOZnS0l.H-ZnCI?0l.. Si le gaz chlorhydrique peut effectivement agir sur le sulfate de zinc, l'acide sulfurique mis en liberté se combinera sans doute avec le sulfate de zinc en excès pour engendrer un corps solide acide, en vertu d'une pro- priété des sulfates qui paraît générale. L'expérience vérifie cette prévision. Le sulfate de zinc anhydre se dissout en effet abondamment dans l'acide sulfurique chaud et la solution aban- donne par refroidissement de magnifiques et longues aiguilles soyeuses d'un sulfate acide. Ces aiguilles, décantées rapidement et abandonnées successivement sur plusieurs plaques poreuses, dans un milieu sec, ont été analysées, à diffé- rentes phases de l'essorage, en chassant l'acide sulfurique combiné. Perle calculée trouvée. SO'ZnSO* H2. 1 4i.O 37,8 II 39,l 111 38,7 Ces nombres ne laissent aucun doute sur la composition de la combinaison SO*H2SO*Zn; il est d'ailleurs impossible de la débarrasser complètement de l'acide qui l'imprègne encore. J'ai vainement essayé de déterminer la chaleur de formation de cetle (') Mme P. Curie, Traité de Radioactivité, t. Il, p. 176. SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 789 combinaison double à partir de ses deux constituants solides. Le phéno- mène à mesurer est très faible, de l'ordre de grandeur des erreurs faciles à commettre par suite de la présence d'un reste d'acide non combiné et tou- jours un peu hydraté pendant les manipulations du sel. Les analogies comme la discussion des résultats des divers essais indiquent pour £ un nombre inférieur à 4Cal : S04H|ol. + SO*Znsol. = SOHsSOZnsol.-+-£. Le dégagement thermique qui correspond à l'équation initiale est de 8fa,,45 - e-tant compris entre o et 2 : 2 r SO*Znsol -t-HCIBaz = -SOvHîSO*Zn50, -+- -Zn Cl* 4- 8e"1, 45 + -• 222 Ce système chimique ne contient que des corps solides et un gaz; par suite la réaction doit être réversible si la chaleur de réaction rapportée à une molécule gazeuse est supérieure à la chaleur de sublimation du gaz chlorhydrique, dont la valeur approchée est de 5Cal, 7 ('). L'écart assez considérable entre 8Cal,45 -t- £ et 5Cal,67 ne laisse aucun doute sur la réver- sibilité de la réaction formant un système monovariant. La température normale absolue T de dissociation du système sera donnée approximativement par la relation 7^ = oCa',o32 (2). On en déduit t M5 £ 1 = ô ' 3*"' 0,OÔ2 2 X O,O02 ou, en tenant compte des limites de e, 264'",(i 273° 347° 760 X 302°, 7 Nous en déduisons .r = -285°, 3 absolus ou 1 20, 3 C. Ainsi, c'est vers 120 que la pression de dissociation du système est nor- male; j'avais prévu qu'elle était comprise entre — 90 et 53". (') Isamhert, Annales de l'Ecole Normale, 1868, p. 129. SÉANCE DU l(i MARS IÇ)l3. 791 Comme conclusion, on peut calculer pour s la valeur ic"',36. En résumé, la connaissance de la chaleur dégagée dans le système consi- déré m'a permis de prévoir la réversibilité de la réaction et de déterminer a priori, au moins d'une façon approchée, la pression normale de disso- ciation et, par suite, la courbe de dissociation du système monovariant. CHIMIE MINÉRALE. — Sur les protosul fttres anhydres des métaux alcalins. Note de MM. E. Kexiuiik et A. Custeanc, présentée par M. H. Le Chatelier. Les protosulfures anhydres des métaux alcalins sont encore, à l'heure actuelle, très mal connus, et n'ont pu jusqu'ici être obtenus à l'état de pureté rigoureuse. La déshydratation des sulfures préparés par voie aqueuse entraîne tou- jours une attaque importante des récipients, ainsi que l'a montré M. Paul Sabatier ('). Le procédé employé plus récemment par M. Hugot (2), action du soufre sur un excès de potassium ou de sodium dissous dans l'ammoniac liquéfié, conduit à de bien meilleurs résultats; cependant, on ne peut éviter complètement la formation simultanée d'une petite quantité d'amidure; et la présence, même en proportion très faible, d'une impureté aussi active dans les corps obtenus, peut en modifier notablement les propriétés. En outre, les sulfures ainsi préparés se présentent sous l'aspect d'une masse amorphe, ou, du moins, dans laquelle il est impossible de déceler l'état cristallin. Nous avons pensé obtenir de meilleurs résultats en appliquant la méthode qui avait permis à l'un de nous (3) d'isoler pour la première fois les protoxydes alcalins anhydres : combinaison directe du soufre avec un grand excès de métal, dont on se débarrassera ensuite en le distillant dans le vide. Si les sulfures sont, comme les oxydes, solubles dans les métaux correspondants, ils devront se déposer cristallisés. L'expérience est cependant beaucoup moins aisée à conduire, et nous avons dû nous livrer à de nombreux tâtonnements avant d'arriver à des résultats convenables. Les meilleurs ont été obtenus en faisant réagir le soufre en vapeur sur le métal fondu, dans un tube de verre en forme d'fl dans lequel on a fait le vide, les deux branches 1 ' 1 I'. Sabatier, Ann. de Chim. et île Phvs., 5e série, t. XXII, 1881, p. 25. (l) Hugot, I/nd., -'' série, t. XXI, 1900, p. -1. (6) E. Rkngade, Ibid., 8e série, t. XI, iq>.8, p. 348. 792 ACADEMIE DES SCIENCES. étant séparées par une partie capillaire. Le métal alcalin élait distillé au préalable dans l'appareil lui-même, au moyen d'un ajutage latéral qu'on scellait ensuite, de manière à éviter toute trace d'oxyde. Le tube était alors maintenu pendant plusieurs heures à une température convenable, variant de 2000 à 3oo°. La tension de vapeur du soufre étant beaucoup plus forte que celle du métal alcalin, la combinaison se produit intégralement dans l'une des branches du tube : il ne reste plus qu'à distiller le métal en excès, à travers la partie capillaire, dans l'autre branche maintenue froide, et à séparer par un trait de chalumeau l'ampoule contenant le sulfure. Le composé est analysé en ouvrant sous l'eau la pointe de l'ampoule. La dissolution s'effectue immédiatement avec un grand dégagement de chaleur, en donnant un liquide parfaitement limpide et incolore que l'on oxyde au moyen d'eau oxygénée chimi- quement pure en présence d'ammoniaque. On chasse ensuite celle-ci par évaporation à sec dans une capsule de platine, et l'on s'assure que le liquide repris par l'eau est rigoureusement neutre à l'hélianthine, ce qui exclut la formation possible de sous- sulfure. On dose enfin le soufre sur une partie aliquote au moyeu du chlorure de baryum, et le métal alcalin sur une autre prise d'essai, par évaporation à sec. Les chiffres trouvés vérifient parfaitement les formules des protosulfures : lv !S Rb: !S trouvé. calculé. trouvé. calculé 29 . 06 29,09 1 5 , 92 i5,8o 70,06 7°>9' 84,12 84,20 Na3S trouvé. calculé. Soufre 4',°3 4i,o8 Métal alcalin... 58,86 58,92 Les produits obtenus ont l'aspect de poudres blanches à la température ordinaire, paraissant cristallines au microscope, tout au moins pour les deux derniers, mais en grains très petits. En élevant la température, la couleur vire au jaune. A 3oo° le sulfure de potassium est jaune pâle, le sul- fure de rubidium est un peu plus foncé. Nous avons également pu préparer un échantillon de sulfure de caesium : il est encore blanc à froid ('). Si l'on se rappelle que leprotoxyde de rubidium est jaune à la température ordi- naire et le protoxyde de caesium d'un beau rouge, on voit que les sulfures alcalins sont moins colorés que les oxydes. Ils sont également bien moins solubles dans le métal, et c'est ce qui explique qu'ils cristallisent beaucoup plus difficilement. On parvient cepen- dant à obtenir des cristaux bien formés en évaporant une quantité suffisante de solution saturée. La solubilité croît avec le poids atomique. On a des cristaux microscopiques avec le rubidium et le potassium, et des aiguilles (') Nous n'avons pu faire l'analyse de ce produit, faute d'une quantité suffisante de matière première, que nous sommes en train de préparer; on ne peut trouver en ce moment de sels de caesium dans le commerce. séance lu 10 maks tgi3. 79,3 de plusieurs millimètres avec le caesium. Nous n'avons pas pu encore obtenir de cristallisation nette avec le sulfure de sodium, qui doit être extrêmement peu soluble. Nous comptons d'ailleurs revenir prochainement sur les pro- priétés de ces cristaux. Au point de vue chimique, les protosulfures alcalins paraissent plus stables que les oxydes correspondants : la lumière ne semble pas les altérer. Le mode de préparation indiqué par M. Hugot montre également qu'ils ne sont pas décomposés par l'ammoniac anhydre, contrairement aux protoxydes qui, on le sait, sont immédiatement dédoublés en bioxyde et métal. La chaleur est également sans action sur eux jusqu'au point de ramollissement du verre-, mais, à cette température, ils fondent en se colorant en rouge et se transforment en persulfures en dégageant des vapeurs métalliques. On retrouve donc ici le même mode de décomposition qu'avec les protoxydes. Les sulfures alcalins sont très oxydables; il suffit de les toucher en un point avec une pointe de verre chauffée pour qu'ils deviennent incandescents et brûlent comme de l'amadou. A froid, le sulfure de sodium n'est que len- tement attaqué à l'air; les autres tombent rapidement en déliquescence. Projetés dans l'eau, ils se dissolvent tous avec bruissement et dégagement de chaleur, mais sans explosion. Nous poursuivons l'étude de ces corps. CHIMIE okgamque. — Migration du chlore dans les cétones halogénées. Note de M. E.-E. Biaise, présentée par M. A. Haller. Comme je l'ai montré dans une Note précédente, l'hydrolyse du cyclo- acélal oxyisobutyrique de la diclilorométhyléthylcétone fournit, en même temps que cette cétone, une petite quantité d'un corps dont le point d'ébul- lition est plus élevé d'environ 200. L'analyse montre que ce corps est un isomère du premier. D'autre part, il est également cétonique, car il donne une semi-carbazone. L'hydrolyse fournit donc deux cétones dihalogénées isomères; or, comme celles-ci ne peuvent différer par la forme de la chaîne carbonée, elles diffèrent nécessairement par la position des 2at d'halogène. Comme, enfin, dans le chlorure de dichloracétyle, qui est la matière première pour la préparation du cycloacétal, les 2at de chlore sont fixés au même atome de carbone, il faut qu'il se soit produit une migration au cours de l'hydrolyse. Si, en effet, on chauffe la dichlorométhyléthyl- cétone pure avec un mélange d acide chlorhydrique et d'acide acétique au bain-marie, pendant G heures, on constate, en fractionnant la cétone régé- 794 ACADÉMIE DES SCIENCES. nérée, que l'isomérisation s'est produite dans la proportion de 5o pour 100. Il y a donc là un nouveau cas de migration de l'atome d'halogène. Étant donné que la cétone résultant de la migration possède un point d'ébullition plus élevé que celui de la dichlorométhyléthylcétone, on en peut conclure que les deux atomes de chlore n'y sont pas fixés au même atome de carbone et il paraît, dès lors, logique d'admettre, pour le produit de transposition, la constitution suivante : CH2 Cl - CO - CH Cl — CH» qui correspond à la migration d'un atome de chlore de i en 3. Or Vladesco, en traitant la méthyléthyl cétone par le chlore, obtint une cétone dihalogénée à laquelle il attribua la constitution CH'— CO — CCI2 — CH3 {Bull. Soc. ch., 3e série, t. VI, p. 83o). Mais Faworsky et Desbout (././. pr. Ch., 2e série, t. LT, p. 4^9, et Bull. Soc. ch., 2e série, t. XIV, p. 1 195) ayant préparé cette dernière par fixation de l'acide hypochloreux sur le diméthvlacélylène, constatèrent qu'elle est absolument différente de la cétone de Vladesco. Ils en conclurent que la mélhyléthylcétone dichlorée obtenue par ce chimiste répondait probablement à la constitution CH2C1 — CO — CHC1 — CH3. Suivant mes prévisions, elle devait donc être identique à la cétone dihalogénée que j'avais obtenue par transposition. Je fus donc amené à reprendre l'étude de la chloruration, de la méthyléthyl- cétone. La réaction a été effectuée en présence d'eau et de marbre et j'ai constaté que, dans des conditions qui seront exposées dans un Mémoire développé, on obtient ainsi, pour une partie de CHC12- CO — C2H°, six parties de CH2C1 — CO — CHCI — CH ! et quatre parties de CH'-CO - CHC12-CH3. Le premier de ces corps a été identifié avec celui que j'ai obtenu par hydrolyse normale du cycloacétal correspondant; le troisième est identique au produit obtenu par Faworsky et Desbout; il bout en effet à H2°-ii3", sous la pression atmosphérique, comme l'ont indiqué ces auteurs. Toutefois, le point d'ébullition qu'ils ont observé sous pression réduite (36°-38° sous 23mm) parait fort peu vraisemblable, a priori; j1 ai trouvé, en effet, 3i° sous 33mu'-3/(n"". Quant au second corps, celui qu'avait préparé Vladesco, il bout à i65° sous la pression atmosphérique, ou à 6o° sous i3inm. Il s'est montré identique à la cétone dihalogénée que j'ai obtenue par transposition de la dichlorométhyléthylcétone; tous deux, dans des conditions conve- nables, donnent la même semi-carbazone, cristallisanten lamelles brillantes et fondant à 1 14°- SÉANCE DU IO MARS I9l3. 7p5 La constitution de la dichlorométhylétliylcétone et celle de la méthvl- a-dichloréthylcétone étant indiscutables, il en résulte que la constitution de la troisième cétone dihalogénée se trouve également établie. Si donc on chauffe au bain-marie une cétone dihalogénée dissymétrique avec un mélange d'acide acétique et d'acide chlorliydrique, il se produit une migra- tion d'un atome de chlore, la molécule tendant vers un degré de symétrie plus élevé : CHCI!-CO-ClI2— CH3 -> CFPCl — CO — CH Cl — CH3. La migration semble d'ailleurs se faire d'autant plus facilement, au moins dans certaines limites, que la proportion d'acide chlorliydrique est plus grande. CHIMIE OKGANIQUE. — Hydrogénation cataly tique de l'acétone. Note de M. A. Lassieuu, présentée par M. A. Haller. On sait que les cétones, hydrogénées au-dessous de 200" en présence de nickel réduit, fournissent les alcools secondaires correspondants, sans réaction accessoire; cependant la réduction peut aller plus loin et conduire aux carbures saturés; c'est ainsi que M. Darzens a obtenu l'élhylbenzène à partir de l'acétophénone. Si la température est plus élevée, les choses se passent différemment : nous avons montré, M. Haller et moi {Comptes rendus, t. 150, p. ioi3), que la méthylnonylcétone, hydrogénée à la température de 3oo°, ne fournil pas d'alcool en quantité appréciable, mais divers produits, parmi lesquels une cétone C2-HM0 de poids moléculaire double de la cétone primitive. 11 y a aussi réduction plus avancée, rupture de la chaîne carbonée avec produc- tion de nonane et non pas dundécane, comme on aurait pu s'y attendre. Désirant généraliser celte réaction, j'ai commencé par l'étude de l'hydro- génation de l'acétone à température élevée. J'ai opéré, à des températures variant de 2000 à 3oo°, en employant un nickel réduit à 35o°. La réduction est conduite très lentement; il est passé environ 5S de produit par heure dans un tube de 80"" de long. La substance hydrogénée possède une odeur particulière très forte, qui n'est ni celle de l'acétone, ni celle de l'alcool isopropylique. Ce liquide, distillé au bain- marie, donne une fraction qui passe de 56° à 65° et qui est constituée par de l'acétone entraînant une petite quantité de produits ne passant pas à la C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 10.) IGI •jg6 ACADÉMIE DES SCIENCES température du bain-marie. Le résidu, qui représente 3o à 4o pour ioo de l'acétone mise en œuvre, est lavé à l'eau; il se sépare un produit insoluble qui est décanté. Les eaux, de lavage, soumises à la distillation, donnent un peu d'acétone, puis de l'eau, mais pas trace de pinacone. La partie inso- luble dans l'eau présente les caractères des composés éthyléniques : réduc- tion du permanganate de potasse, décoloration de l'eau de brome; mais si l'on épuise l'action du permanganate, on retrouve le produit débarrassé de composés non saturés, qui n'existent qu'en très faible quantité. Ce liquide, insoluble dans l'eau, est agité avec du bisulfite de soude; il ne tarde pas à se former une combinaison bisul fi tique, qui est essorée à la trompe et lavée à l'éther. Cette combinaison, traitée par l'eau acidulée d'acide sulfurique, fournit une buile qui est séparée et sécbée. Soumise à la distillation, elle passe presque en totalité entre ii4°-ii7°- C'est un liquide mobile, d'odeur agréable, un peu campbrée. L'analyse lui assigne la formule C6Hl20 : D;* = 0,807; ni>8= ',4o25. Réfraction moléculaire 3o,2; calculée 29,9. Sa semicarbazone, cristallisée clans l'eau, se présente sous forme d'écaillés brillantes, fusibles à i3i°-i32°. L'ox/'/we est un liquide incristallisable, bouillant à i^o°-i75°. Cette cétone, oxydée par le mélange chromique, donne des acides solubles dans l'eau, qui, élhérifiés par l'alcool et l'acide sulfurique, fournissent de l'acétate, de l'isobutyrale et de l'isovalérate d'éthyle. Tous ces caractères sont ceux de la mélliyl- isobutylcétone, qui a été préparée déjà par plusieurs auteurs, et notamment par M. Senderens, en faisant passer des vapeurs d'acide acétique et d'acide isovalérique sur de la thorine chauffée à /|00°. J'ai comparé les semicarbazones de la cétone que j'ai obtenue et de la méthylisobulylcétone préparée par le procédé de M. Senderens; toutes deux fondent à i3i°-i32°, et leur mélange conserve le même point de fusion. Le liquide séparé de la métbylisobutylcétone est séché, un échantillon est acétylé ; l'indice de saponification du produit acétyle est très faible : 1 , 5 ; il n'y a donc pas eu formation d'alcool pendant l'hydrogénation. Le reste du liquide est soumis à plusieurs rectifications; on isole ainsi une fraction passant de t63° à 1680 et des produits à point d'ébullition plus élevé. Fraction r63°-i68°. — C'est un liquide mobile, d'odeur agréable; l'ana- lyse lui assigne la formule C9H'80 : D]* = 0,816; n'D* = 1,4212. Réfraction moléculaire 44> 1 i calculée 43, 70. Ce corps ne donne pas de semicarba- zone, mais une oxime, liquide épais, bouillant à 2o5°-2io°. Cette fraction semble identique à la diisobulylcétone ou valérone, qui bout à i65°-i66° et dont j'ai préparé l'oxime, bouillant à 2o5°-2 10". Fraction passant au-dessus de 1800. — De 1800 à 2700, on recueille des SÉANCE DU IO MARS IC)l3. 797 produits sans qu'il soit possible d'obtenir de maximum net; il semble cependant qu'il y ait une fraction plus importante que les autres entre 1880 et 2100. Ce produit, de consistance sirupeuse, sent fortement le camphre. Avec la semicarbazide, il donne quelques cristaux, mais je n'en ai pas encore poursuivi l'étude. En résumé, l'hydrogénation de l'acétone, par la méthode de MM. Saba- tier et Senderens, à des températures supérieures à 2000, ne fournit ni alcool isopropylique, tout au moins en quantités importantes, ni pinacone, mais de la méthylisobutylcétone en abondance, de plus faibles quantités de valérone, et enfin des produits plus condensés. Il est probable qu'il y a d'abord condensation de l'acétone sur elle-même avec élimination d'eau, pour donner de l'oxyde de mésityleet de l'isophorone qui sont hydrogénées ultérieurement; la présence de composés élhyléniques dans le produit hydrogéné paraît légitimer cette interprétation; d'ailleurs l'acétone pas- sant sur du nickel réduit, à la température de 25o°, donne des produits gazeux, provenant de la dislocation de la molécule, et des produits con- densés, élhyléniques, dont je suis en train de poursuivre l'étude. CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la composition du gaz d'éclairage. Note de MM. P. Lebeau et A. Damiexs, présentée par M. H. Le Chatelier. Nous avons décrit récemment une méthode permettant de déterminer la composition d'un mélange gazeux formé d'hydrogène et d'hydrocarbures saturés ('). Cette méthode étant susceptible d'être généralisée, il nous a paru intéressant d'en faire l'application à l'étude de mélanges plus com- plexes. Nous donnerons aujourd'hui les résultats obtenus pour le gaz de houille. Le premier échantillon examiné était le gaz d'éclairage de Paris, prélevé à l'Ecole supérieure de Pharmacie. En faisant passer lentement à l'aide de la trompe à mercure un volume connu de gaz d'éclairage dans des condenseurs refroidis par de l'air liquide, on le sépare en deux portions; la première, constituée par les gaz non con- densables, contient de l'hydrogène, du méthane, de l'oxyde de carbone, de l'azote et de l'oxygène, et la seconde est formée par les carbures saturés (') P. Lkbeau et A. Damiens, Comptes rendus, t. 156, p. 1 44 et 325. 798 ACADÉMIE DES SCIENCES. homologues du méthane, les carhures éthyléniques et acétyléniques, l'acide carbonique, les vapeurs de carhures lourds et la vapeur d'eau. Nous avons procédé à l'analyse des produits gazeux résultant de celte première séparation de la façon suivante : Le premier mélange a d'abord élé Irai té par le pyrogallate de potassium pour absorber t'oxygène, puis par le chlorure cuivreux acide pour doser l'oxyde de car- bone. Après élimination des vapeurs d'acide chlorhydrique, on a procédé à la combustion eudiomélrique du mélange d'azote, d'hydrogène et de méthane, en utilisant de l'oxy- gène pur. L'excès d'oxygène a été ensuite absorbé par le pyrogallate de potassium, ce qui a permis l'évaluation directe de l'azote. On a tenu compte de la petite quantité d'oxyde de carbone qui prend naissance dans cette dernière opération. Pour recueillir la partie condensable, on a fait l'extraction au moyen de la tiompe à mercure en ayant soin de maintenir les condenseurs à — 23° (température d'ébul- lition de CH3CI) pour éviter l'entraînement de la vapeur d'eau et des carbures lourds ( ' ). Le volume gazeux étant connu, on a dosé l'acide carbonique en l'absorbant par la potasse (*). Les carbures acétyléniques ont élé ensuite évalués à l'aide de notre réactif iodomercurique alcalin ( 3 ) et le résidu soumis à l'action de l'acide sulfurique à 63° B. qui a enlevé le propylène et ses homologues supérieurs. On a fait alors intervenir le réactif sulfovanadique qui permet de déterminer la proportion d'éthylène. On n'avait plus alors qu'un mélange de carbures saturés gazeux qu'on soumettait au fractionne- ment de manière à le convertir en portions dont la composition pouvait être déduite de l'analyse eudiomélrique. Afin de donner plus de précision à nos résultats, nous avons extrait les gaz dissous dans les réactifs liquides (potasse et iodomercurate). Outre le gaz d'éclairage de Paris, nous avons analysé de cette façon deux autres échantillons, Tun prélevé à Arcueil et provenant encore d'une grande usine, l'autre préparé dans une usine locale et prélevé à Montlhéry. Les résultats sont consignés dans le Tableau ci-après : (') A — a3u, la tension de vapeur de la benzine est de 2mm : la quantité entraînée pendant la durée de l'opération est négligeable. Une extraction faite à — 8o° (où la tension de la benzine est nulle) nous a donné des résultats identiques. ( 2) Dans ces gaz condensables, l'hydrogène sulfuré n'existe pas en quantité appré- ciable. (3) P. Lf.beai et A. Damiens, Comptes rendus^ t. loti, 1913. p. 507. SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 799 Paris. Arcueil. Montlhéry. Oxygène o,o4 o,85(') traces Oxyde de carbone 5,66 5, 08 3i74 Hydrogène 54,08 5o,i5 55, 98. Azote 3,47 8,090 3,36 Absorbable par KOH (GO2, etc.). r,8i 3,48 i,65 Métliane 28,59 28,01 29,11 Éthàne 0,75 0,77 \ Propane 0,12 0,1 18 > 0,12 Butane o,oi4 0,017 ) Carbures acétyléniques 0,096 0,095 0,08 Propylène et homologues 0,48 °,4° 0,18 lùhvlène 2,12 1,69 1,81 Vapeurs (par différence) (eau, benzol, etc.) 2,77 1,45 1,67 1 00 ,00 1 00 , 00 1 00 , 00 Volume de gaz analysé ....... . 1245, 61 899,24 1 36 , 44 De ces analyses qui sont certainement les plus complètes qui aient été données jusqu'à ce jour, il résulte que la présence des homologues supé- rieurs de méthane est rigoureusement établie. Les proportions relatives de ces différents carbures ont pu être déterminées. 11 en est de même pour les carbures éthyléniques. En ce qui concerne les acétyléniques, nous avons pu, en opérant sur un volume suffisant de gaz, régénérer ces carbures de leur combinaison mercurique, et constater qu'ils renfermaient surtout de l'acétylène avec de petites quantités de carbures acétyléniques plus lourds. Il est, en outre, intéressant de remarquer que la proportion d'oxyde de carbone est plus faible que celle qu'on croit généralement exister dans le gaz d'éclairage. Cela tient à ce que le dosage de ce composé est fait dans un mélange ne renfermant que des gaz rigoureusement sans action sur le réactif cuivreux. (') Nous avions pensé que la présence de cet oxygène pouvait être due à de l'air introduit accidentellement. L'analyse, refaite sur un produit prélevé à quelques jours d'intervalle, nous a montré la même composition. On peut donc admettre qu'à l'en- droit où a été fait le prélèvement, la proportion d'oxygène est sensiblement constante. L'analyse peut être interprétée de la façon suivante : Air 4)25 Azote 4 '69 8oo ACADÉMIE DES SCIENCES. botanique. — La germination des spores d'hiver de Plasmopara viticola. Note de MM. L. Ravaz et G. Vekge, présentée par M. Prillieux. L'étude de la germination des spores dormantes de Plasmopara viticola paraît avoir rencontré d'importantes difficultés. M. Farlow ('), qui l'a tentée le premier, déclare « qu'il n'a pu observer la germi- nation des oospores ». Cornu n'a pas été plus heureux, non plus que Millardet, qui croit d'ailleurs qu'elles germent à la manière des oospores des Cystopus. M. Fréchou (2) a bien trouvé « que les spores d'hiver se vident dans l'eau 5 ou 6 jours après leur immersion et que, dans le liquide, on voit nager de nombreuses zoosporidies, mais c'est là une exception ; le plus souvent, les spores séjournent plus d'un mois dans l'eau avant d'offrir les premiers symptômes d'une germination qui, dans ces dernières conditions, s'effectue par un tube volumineux et très allongé. Dans les recherches sans nombre que j'ai faites sur ces spores, je n'ai, dit-il, jamais pu obtenir des coni- dies, ce qui permet de supposer que, pour atteindre ce résultat, l'intervention de la plante nourricière est indispensable ». M. Viala (3), comme M. Richon. a observé la germination des spores d'hiver par zoospores. J'ai suivi, dit-il, le développement d'œufs a encore attenants au mycélium et qui avaient leur oosphère remplie d'un protoplasma condensé. Le protoplasma est devenu plus grumeux et il s'est bientôt produit des lignes plus sombres séparant des zoospores qui sont sorties au nombre de 10 à 18 de chaque œuf; ces zoospores étaient pourvues de deux cils très longs et se mouvaient rapidement dans l'eau ; elles étaient plus petites que celles des conidies ». D'après M. Prillieux (') au contraire, « il semble que le plus souvent l'œuf germe en émettant un ou plusieurs tubes de germination qui peuvent se redresser et prendre le caractère d'un conidiophore muni de rameaux et tout à fait semblable à ceux qui se produisent sur les feuilles. Les œufs de Plasmopara viticola offrent donc dans leur germination la plus frappante analogie avec ce qu'a observé de Bary pour ceux de Plasmopara omnivora ». Les dessins qui accompagnent ce texte sont très nets. Tout autre est le mode de germination que nous avons étudié de- puis 191 1 et observé chez des milliers de spores dormantes. Voici en quoi il consiste : L'œuf, placé dans des conditions d'humidité et de température conve- nables, émet, non pas un véritable conidiophore rigide et ramifié, mais un (') W. G. Fahlow, On the american grape-vine mildew, 1876. (2) Comptes rendus, 9 février 1 885. (3) P. Viala, Une mission viticole. {'') Ed. Prillieux, Bull. Soc. bot. de France, i3 juillet i883. SÉANCE DU IO MARS lf)l3. 8oi filament mycélien, grêle, car il ne mesure que 2.^-3^ de diamètre, sinueux et souple, et qui peut atteindre des longueurs fort variables. Tantôt il n'est pas plus long que l'œuf dont il provient, ou le zoosporange qu'il porte, tantôt il est 3, 4> 5 fois plus long, et même quelquefois davantage. Il ne tarde pas à se renfler à son extrémité libre pour donner naissance à vwe conidie ('). Cette conidie a la même forme que la conidie d'été, mais elle est beaucoup plus volumineuse : elle mesure en moyenne 35^ de longueur sur 23^ de largeur dans sa partie la plus renflée; elle est sensiblement aussi grosse que l'œuf dont elle provient. " La naissance du filament mycélien sur l'œuf est facile à observer lorsque celui-ci est à peu près dégagé des tissus qui l'entourent. L'examen est plus difficile chez ceux qui sont inclus dans la feuille. On la met en évidence en traitant les fragments de feuille par l'eau de Javel et en colorant par le procédé Mangin. Quand la conidie a reçu tout le protoplasma de l'œuf, elle se sépare de son support par une cloison, tout comme la conidie d'été. Son contenu se fragmente, une ouverture se fait à son sommet par laquelle sortent, en un ou deux jets, toutes les zoospores qu'elle contient. Ces zoospores sont si nombreuses qu'il ne nous a pas été possible d'en faire une numération exacte. Nous en avons compté jusqu'à 4° Par conidie, mais un certain nombre nous ont échappé. Aussitôt sorties de la conidie, elles se séparent les unes des autres et nagent très vite dans l'eau. Elles ressemblent beaucoup aux zoospores d'été par leur forme et leur structure ; elles sont souvent plus grosses, 5^, et portent descils parfois terminéspar un renflement en massue. Déposées, dans une goutte d'eau, à la face inférieure des feuilles vivantes de V. vinifera, elles nous ont donné, fin février et dans les premiers jours de mars, et les lésions et les conidiophores du mildiou. Elles n'ont donc nul besoin des cotylédons pour reproduire la maladie au printemps. Pour observer les faits que nous venons de décrire, on peut suivre la technique suivante : À l'automne, cueillir des fragments de feuilles portant des spores d'hiver, les mettre à la surface du sol ou recouverts de quelques millimètres de terre en plein air de manière qu'ils subissent toutes les intempéries de l'hiver. Pour l'examen, les déchirer en morceaux de quelques dixièmes de millimètre, les placer sur un porte- objet ou dans un cristallisoir très bas avec de l'eau en quantité telle que ces morceaux ue soient immergés que sur la moitié de leur épaisseur ; mettre le tout sous (') Certains œufs émettent deux filaments, et même quelquefois trois. 8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES. cloche humide dans une serre ou à l'étuve. Quatre, six, huit jours plus tard, suivant les circonstances, les conidies se montrent sur les bords et dans les déchirures des fragments; on les voit aussi à leur surface, surtout si, après avoir supprimé l'éclairage d'en bas, on fait arriver la lumière d'en haut: elles apparaissent alors comme des gouttelettes très brillantes, cristallisées presque, et d'un si bel aspect qu'elles donnent un des plus brillants spectacles que puisse procurer le microscope. La recherche des spores d'hiver en germination ne présente donc aucune difficulté; elle est à la portée de toute personne un peu exercée au manie- ment du microscope. Nou* pensons qu'elle pourrait donner aux directeurs de stations d'avertissements viticoles des indications utiles pour la prévision de la première invasion du mildiou de la vigne. ÉCONOMIE RURALE. — Phénomènes de xènie chez le Blé. Note de M. L. Iîlaiuxgue.m, présentée par M. Guignard. En croisant des plantes appartenant à diverses espèces de Blé, j'ai découvert plusieurs cas remarquables de l'influence immédiate du pollen sur la forme de l'embryon hybride, et même sur la portion de l'organisme maternel qui fournit les enveloppes du caryopse. C'est, je crois, le premier exemple de xénie signalé chez le Blé, dont les hybrides sont cependant très étudiés depuis un demi-siècle. Il faut attribuer cette découverte, d'abord au croisement d'espèces élémentaires (et non variétés) distinctes, en second lieu à des perfectionnements techniques qui m'ont permis d'obtenir jusqu'à 16 graines hybrides d'un même épi et surtout à l'obtention imprévue d'une hybridmulalion portant sur les caractères morphologiques de l'albumen. Les exemples signalés par Fôcke (1881) de déformation des fruits de Citrus, Vitis, Pc/as, Cucurnis, Solanum, Chatnœrops, par la pollinisation étrangère sont discu- tables, mais on n'a aucun doute sur l'existence et la nature ( ') de la xénie chez le Maïs à grains sucrés (de Vries, Weber, Correns), chez les Pois ridés (Gorrens, Tschermak) (') Le '( avril [899, M. G.iiguard signalait à l'Académie la découverte, par des observations cytologiques, de la double fécondation chez les Angiospermes; le 4 décembre 1899, M. de Vries en fournissait de-; preuves morphologiques en expo- sant à l'Aca lémie la véritable nature de la xénie, ou fécondation de l'albumen, du Maïs. Le 26 mars 1900, M. de Vries annonçait à l'Académie la redécouverte des lois de l'hérédité alternante (lois de Mendel découvertes en 1 863, mais oubliées), résultant précisément d'expériences avec le Maïs que la découverte récente de la double fécon- dation avait permis d'interpréter. SÉANCE DU IO MARS igi3. 8o3 et les embryons de Matthiola (Correns). et peut-être chez le Seigle (Giltay, Tschennak); le pollen de Maïs à grains amylacés provoque le gonflement des ovaires de Maïs à grains ridés. On ne peut, toutefois, parler ici de déformation de caryopse; les différences de taille et de forme des embryons et des réserves entre les variétés croisées sont trop faibles pour entraîner des changements notables. Il serait facile de produireïa déformation pour le Maïs; l'embryon du Maïs Cuzco du Pérou (Z. Mars macrosperma Kl.), entouré de son albumen, atteint en moyenne 20mlu de long, i5mnl de large et 6mm d'épaisseur; s'il domine par ces caractères le Z. Mays saccharata du groupe vulgaris, il devra se loger dans un ovaire de ioxi2x3,5mm, ce qui entraînera des déformations notables; celte expérience ne peut être tentée en Europe, où le Maïs Cuzco ne mûrit pas. Des combinaisons hybrides analogues d'espèces élémentaires différant par la forme Fig. i. — Grains de blé vus de dos; h, hybride montrant l'influence paternelle/) par le gonflement du caryopse qui devrait être de la taille de m. des ovaires et par la taille des embryons, ou de leurs annexes, m'ont conduit à la découverte de la xénie chez le Blé. Le résultat fut très marqué en fécondant un Tri- ticum durant d'Algérie (grain 8mm long, section triangulaire 3,5 large) par le pollen du Blé Ulka n° 14 ( Tr. vulgare lutescens Kcke, à petits grains arrondis, amylacés, gmm |ong sur 3mm large); les grains hybrides obtenus offrent la taille des grains maternels avec l'albumen amylacé et globuleux paternel, et l'on peut, à l'aide de cribles, séparer les caryopses aulofécondés des caryopses hybrides. Ces phénomènes ont échappé à l'attention des hybrideurs de Blé (H.-L. Vilmorin, Bimpau, Bifïen, Nilson-Ehle), sans doute parce que les opérations du croisement, délicates, fournissent en général un petit nombre de grains déformés. Or, dans une même opération très réussie de 1912, j'ai obtenu 16 grains hybrides d'un seul épi. La fécondation d'un épi du Tr. turgidum gentile Al. var. Normandie (Kornicke undWERNER, Getreidcbau, t. II, p. 398) parle pollen du Tr. vulgare lutescens Bastard (collection Hohenheim, 1910) m'a fourni 16 grains bien C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N' 10.) 102 8o/j ACADÉMIE DES SCIENCES. venus; la comparaison de cette récolte avec celle d'un épi de même vigueur de la plante mère, portant /j3 grains, fit apparaître des différences notables, à peine atténuées par la comparaison avec la récolte de l'épi le mieux développé de cette même plante (63 grains). Voici les résultats des mesures : i° Par le crible de Svalôf séparant les épaisseurs au { de millimètre : Diamètres en millimètres. 3. '2,75. 2,50. 2,25. 2. Au-dessous. Grains hybrides (16) i 4 9 2 o o Épi maternel grêle (43). .. . o o 2 6 6 29 Épi maternel fort (63) o o 7 25 22 9 Épi paternel fort (62) o 1 43 i4 4 o 2° Des longueurs des grains en millimètres {fig. 1) : Longueurs en millimètres. » 6,5. 6. 5,5. 5. 4,5. i. Grains hybrides (h) o o 3 6 4 3 Épi maternel grêle (m). . . 1 8 12 16 5 1 Épi maternel fort 2 10 26 17 7 1 Épi paternel fort (/?) 4 27 21 7 3 o 3° Des largeurs (grains vus de dos) en millimètres {fig- 1) : cm mm 16 grains hybrides {fig. 1, h) 5,4 moyenne 3,38 20 » d'épi grêle maternel (m) . 5,0 » 2,5 20 » d'épi fort maternel 6,2 » 3,i 20 » d'épi fort paternel (p) .. . 7,1 » 3,55 L'albumen des grains hybrides offre donc une largeur intermédiaire entre celles des albumens maternel et paternel; mais les différences sont surtout accusées en ce qui concerne la longueur très réduite et l'épaisseur fortement augmentée, dans des conditions telles que l'hybride se classe nettement hors des limites présentées par les deux parents et nous apparaît comme une hybridmutation (Kreuzungsnova de Tschermak). C'est cette particularité, qui est assez rare, qui m'a permis de découvrir le phénomène de la xénie chez le Blé et de le constater ensuite dans d'autres cas moins évidents. < SÉANCE DU IO MARS I9l3. 8o5 AGRONOMIE COLONIALE. — Les variétés c/'Elœis guineensis Jacq. de la Côte d'Ivoire, et leurs fruits parlhènocarpiques. Note de MM. C-L. Gatin et C.-M. Hret, présentée par M. Edmond Perrier. Il existe, chez les diverses variétés à'Elœis guineensis Jacq. , à côté des fruits normaux, des fruits plus ou moins bien développés, n'atteignant pas tout à fait la taille des fruits habituels, et qui s'en distinguent par l'absence de graines. Leur présence avait déjà été signalée par divers auteurs, et en particulier par M. Aug. Chevalier ( ' ). Un régime d'Elœis, quelle que soit la variété à laquelle il appartient, présente toujours une faible proportion de ces petits fruits ( ^ environ en nombre, -^environ en poids) dont le poids est généralement de six à huit fois plus petit que celui des fruits normaux, Au cours d'un séjour a la Côte d'Ivoire, l'un de nous a eu l'occasion de récolter parallèlement des fruits normaux et anormaux appartenant aux diverses variétés locales. A. — Elœis nigrescens A. Chev. Var. communis A. Chev., forme type. — Régime armé de puissantes épines, fruits normaux assez gros, à pulpe huileuse peu épaisse, fibreuse (48 pour ioo du poids total des fruits), contenant un gros noyau à coque très épaisse; fruits anormaux (-,'5 en nombre), petits, étroits, à pulpe assez abondante, peu huileuse, fibreuse, contenant un petit noj'au très dur, très épais, à cavité capillaire. Var. communis A. Chev., forme à coques minces. — Régime à bractées moins abon- dantes, fruits normaux pas très gros, à pulpe huileuse, plus épaisse que dans la forme précédente (68 pour 100 du poids total du fruit), à noyau ayant une tendance à se réduire, à coque mince se brisant aisément. Fruits anormaux (~ en nombre) à pulpe huileuse contenant quelques fibres dures ou un noyau rudimentaire tendre. Var. pisi/era A. Chev. — Fruits oblongs, à pulpe huileuse très épaisse (84 pour ioo du poids total du fruit), contenant un petit noyau à coque très mince, souvent absente et remplacée par des fibres. Fruits anormaux rares, allongés, constitués par une pulpe renfermant quelques fibres. Variété intéressante au point de vue culturat, à cause de l'abondance de ta pulpe dans les fruits normaux. Var. ceredia A. Chev. — Régime à bractées très réduites, fruits normaux à pulpe (') Aug. Chevalier, Documents sur le Palmier à huile (Les végétaux utiles de l'Afrique tropicale française, fasc. 7, Paris, 1910). 806 ACADÉMIE DES SCIENCES. épaisse (85 pour 100 du poids tolal du fruit), à noyau petit à coque mince. Fruits anormaux très nombreux (| en nombre), de taille presque égale (f ) à celle des fruits normaux, constitués uniquement par une pulpe huileuse contenant quelques fibres qui, au centre, sont de couleur noire et représentent l'ovaire infécond. Variété intéres- sante au point de vue cultural, à cause du nombre très grand de ses fruits anormaux ne contenant que de la pulpe. B. — Elceis virescens A. Cliev. Les variétés de cette sous-espèce, moins intéressantes au point de vue cultural, ont donné lieu à des observations de même ordre. En résumé : i° Il existe, chez toutes les variétés ^Elaeis de la Côte d'Ivoire, des fruits parthénoearpiques accompagnant les fruits normaux. Ces fruits sont en proportion constante pour une même variété. 2° Dans le cas de la variété ceredia, ils tendent à devenir très nombreux, et la multiplication de leur nombre, par sélection, pourrait enrichir l'Agro- nomie coloniale d'une variété de choix, d'autant plus que ces fruits sont d'une taille presque égale à celle des fruits normaux. La sélection des variétés ayant des fruits normaux à noyau réduit et tendre (var. pisifera) constitue une autre voie à suivre pour l'amélio- ration de la valeur économique du Palmier à huile. 3" Les fruits parthénoearpiques qui viennent d'être décrits nous paraissent devoir être rapportés à un cas de parthénocarpie stimulatrice ('), c'est-à-dire produite à la suite d'une excitation (non d'une fécondation) causée par la pollinisation. Nous rappellerons que les cas de parthénocarpie sont rares chez les Palmiers, dont les ovaires non fécondés acquièrent généralement un déve- loppement insignifiant, puis tombent. Les fruits parthénoearpiques du Dattier du Hamma (2) ne paraissent pas avoir échappé à la fécondation. Par contre, ceux du Phœnix melanocarpa Naud (3), de Nice, se pro- duiraient sans fécondation. Pour appuyer notre manière de voir, il convient surtout de faire inter- (') Noll, Ueber Fruchtbildung oline vorausgegangene Bestaiïbung {Parthéno- carpie) bei der Gurke (Litzber. der Niedersheinges. Natur. u. Heilk. zu Bonn, 1902). (2) Ch. Rivière, Les dattes sans noyaux (Journal d'Agriculture tropicale, t. IX, n° 98, 1909, p. 228-231). (3) HoDEitTSON Prochowsky, A propos des dattes sans noyaux (Journal d'Agricul- ture tropicale, t. IX, n° 94-, avril J909, p. 126). SÉANCE DU IO MARS I()l3. 807 venir, d'une part, la généralité de la production de ces fruits parthénocar- piques chez les diverses variétés d'Elœis et, d'autre part, la constance de leur nombre pour une même variété. ANATOMIE VÉGÉTALE. — L'ontogènie vasculaire de la plantule du Lupin et ses conséquences pour certaines théories de V Anatomie classique. Note de M. Paul Becquerel, présentée par M. L. Mangin. La plantule du Lupin, étudiée en i858 par Nœgeli ('), en 1897 par Kaltein (2), en 1901 par Gaston Bonnier (3), en 1912 par H. Compton (4), devrait être parfaitement connue. Cependant il n'en est rien, car à son sujet aucun de ces savants ne s'entend. Nœgeli trouve un protoxylème médian centripète jusque vers la base du cotylédon; Kattein ne voit ce faisceau cjue dans toutl'hypocotyle, alors que Bonnier le constate à sa base, où il le fait former par la réunion de deux faisceaux ligneux de tige après leur torsion. Enfin, Compton suit ce faisceau alterne dans l'hypocotyle et même dans le pétiole cotylédonaire. Pour découvrir la cause de ces descriptions contradictoires, et pour nous rendre compte de la véritable structure du système vasculaire du Lupin, nous n'avons pas voulu appliquer, comme nos devanciers, l'ancienne mé- thode classique de l'Anatomie statique, qui consiste à couper un individu de n importe quel âge à ses divers niveaux. Nous avons adopté la nouvelle méthode, beaucoup plus précise, de l'Anatomie dynamique, qui demande des plantules à tous les stades de leur développement, pour qu'on puisse exécuter des coupes dans les mêmes organes et au même niveau, afin de constater par comparaison les modifications apportées parle temps. Cette méthode, introduite par Gustave Chauveaud dans l'élude de l'on- togènie des tissus sécréteurs et conducteurs des plantes vasculaires depuis 1891, a déjà fait ses preuves (5). Elle a enrichi la Botanique française de découvertes anatomiques d'une portée considérable. (') N^egeli, Das Wachsthum des Staminés (Beitr. z. Wissensch. B.i. Pl.V, 1 858). (2) Kattein, Beitràge zur Morphologie der Keimung (Unters. Bot. Inst. Tii- bingen, 1897). (3) Gaston Bonnier, Cours de Botanique, 1901, Jîg. 5/J2-547, P- 38a et 383. (4) H. Co.iiPTON, An investigation 0/ t/ie seedling structure in the Leguminosce, p. 28 et 3o (Linnean Society's Journal Botany, june 1912). (5) Gustave Chauveaud, L'appareil conducteur des plantes vasculaires et les phases principales de son évolution (Ann. se. nat., Bot., 9e série, t. XIII, 191 1 ). 808 ACADÉMIE DES SCIENCES. Deux espèces de Lupin ont servi à nos observations, celles déjà employées par nos devanciers, le Lupinus a/bus et le Lupinus luteus. Contrairement à l'habitude des pbytonistes, nous avons commencé l'étude du développement de l'appareil vasculaire par la racine, parce que nous avons constaté que les éléments conducteurs, dans la racine, naissent directement du méristème, ce qui est un caractère primitif, tandis que, dans les cotylédons et la gemmule, ils ne naissent qu'indirectement, après diffé- renciation préalable d'une formation procambiale, ce qui est un caractère plus évolué. Le liber apparaît toujours le premier; les vaisseaux du *bois viennent après. Il se forme d'abord deux groupes de vaisseaux à différenciation cen- tripète; ce sont les deux faisceaux alternes de la racine. Plus tard, de nou- veaux vaisseaux se forment de chaque côté des faisceaux alternes. Ces vaisseaux n'étant ni centripètes ni centrifuges, tangentiels au liber, sont, d'après l'expression si juste de Cbauveaud, des vaisseaux intermédiaires. Chaque faisceau alterne de racine, flanqué de ces deux groupes de vais- seaux, a l'aspect d'un Y et non d'un V, comme certains auteurs classiques le figurent. Une coupe plus âgée nous montre qu'au même niveau, à côté de ces vaisseaux intermédiaires, s'adjoignent d'autres vaisseaux dont la différen- ciation est centrifuge. Ces vaisseaux vont se superposer au liber. Quelque temps après, entre ces vaisseaux et le liber, apparaît une zone génératrice qui produira du bois superposé secondaire et du liber secondaire. Ainsi, au même niveau de la racine, se succèdent dans le temps des vais- seaux alternes centripètes, des vaisseaux intermédiaires, des vaisseaux super- posés centrifuges. Nous avons donc retrouvé la loi des trois pbases alterne, intermédiaire et superposée de l'ontogénie vasculaire qu'a découverte Cbauveaud dans toutes les grandes familles de Phanérogames. Cette succession des phases se retrouve également dans la racine d'une même plantule suffisamment développée, en montant de son extrémité plus jeune vers son collet plus âgé. Mais aussitôt qu'on arrive au voisinage du collet pour le Lupin blanc, ou à la base de l'hypocotyle pour le Lupin jaune, le méristème du cylindre central est frappé comme d'acc'élération dans sa croissance. En effet, on assiste à une augmentation du nombre des vaisseaux super- posés qui forment les nouveaux faisceaux de la tige, et à une réduction des vaisseaux de toute la phase intermédiaire et d'une partie de la phase alterne. La contiguïté qui existe plus bas entre les vaisseaux de ces trois SÉANCE DU IO MARS I9l3. 809 phases et qui assure ce que l'on appelle le passage de la tige à la racine est ici complètement rompue. A mesure qu'on monte dans l'hypocotyle, ce phénomène d'accéléra- tion embryogénique, comparable au phénomène de la tachygenèse observé par les zoologistes, est plus marqué. La phase alterne et la phase intermé- diaire sont plus ou moins réduites. On n'a plus que quatre groupes de vaisseaux centrifuges superposés au liber et deux faisceaux alternes de pro- toxylème centripète. Chaque faisceau alterne centripète n'est ici que la continuation directe du faisceau alterne de la racine qui, sans changer de plan, traverse l'hypoco- tyle et va se terminer dans le pétiole cotylé do nuire. Ce faisceau qu'ont entrevu Nœgeli, Kattein et Compton n'est souvent composé que de deux ou trois vaisseaux. Au bout d'une vingtaine de jours, ce vaisseau se résorbe. Le faisceau disparaît, si bien que G. Bonnier ne l'a pas aperçu. Cet auteur nous dit que les quatre faisceaux ligneux centrifuges super- posés aux quatre massifs libériens, dans leur descente vers la base de l'hypo- cotyle, se rapprochent deux à deux par leur pointe, en se tordant de façon qu'après leur torsion et leur union ils ne forment plus que deux faisceaux centripètes, les deux faisceaux alternes de la racine. Or cette conception est en contradiction formelle avec les faits de l'onlogénie. D'après ces faits, nous savons déjà que le faisceau alterne de la racine qu'on suit dans tout l'hypocotyle et même dans le pétiole cotylédonaire ne s'est jamais dédoublé : il n'a, par conséquent, pas pu être formé par l'union de deux faisceaux ligneux superposés d'hypocotyle. Ensuite, on ne peut pas assimiler un faisceau ligneux superposé d'hypocotyle, de tige ou de feuille, à un demi-faisceau alterne de racine, parce que les vaisseaux qui le composent n'appartiennent pas à la même phase de l'évolution vascu- laire. Au point de vue ontogénique, les vaisseaux centrifuges superposés sont postérieurs aux vaisseaux alternes centripètes. C'est là une constatation de la plus haute importance qui intéresse toute une partie de l'Anatomie clas- sique actuelle et qui fera certainement abandonner les termes imprécis de protoxylèmeet de métaxylème qu'on applique aussi bien aux vaisseaux des tiges et des feuilles qu'à ceux des racines et qui confondent ensemble les productions des diverses phases de l'ontogénie vasculaire, c'est-à-dire des vaisseaux centripètes alternes avec des vaisseaux intermédiaires et des vaisseaux centrifuges superposés. 8lO ACADÉMIE DES SCIENCES. BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Anoxybiose et polarité chimique. Note de Mme Anxa Drzewina et M. Georges Iîohx, présentée par M. Edmond Perrier. Dans une série de Notes nous avons étudié, sur divers animaux, les effets de l'inhibition des oxydations, provoquée soit par le cyanure de potassium, soit par un séjour dans un milieu dont l'oxygène est épuisé par lé* pyro- gallate de potasse ('). Nous avons constaté, entre autres, une résistance extrême de divers Invertébrés marins à la suppression d'oxygène. Ainsi, des Actinia equina, retirées au bout de 5 jours d'un tube privé d'oxygène, sont encore parfaitement vivantes. Divers Annélides, Mollusques, Echino- dermes, subissent aussi sans inconvénient une asphyxie prolongée. Des Littorina rudis, après 4 jours de traitement, se mettent à ramper dès qu'on les remet dans l'eau aérée. Une Phyllodoce laminosa, retirée inerte du tube après 39 heures de traitement, a recouvré plus ou moins ses réactions. Une Asterina gibbosa, privée d'oxygène pendant 34 heures, et absolument inerte, s'est remise à marcher au bout de quelques heures. Chez les Crus- tacés, la résistance est très variable, et paraît être en rapport avec les conditions de vie. Les petits Copépodes du plankton meurent très rapide- ment, après 2 à 3 heures de traitement; par contre, les Copépodes des mares supralittorales résistent beaucoup plus longtemps, et le Pinnolheres pisum, petit Crabe qui vit en parasite dans l*a cavité branchiale des Lamelli- branches, n'est pas tué par une privation d'oxygène de 4 jours et demi; cependant, les larves du même Pinnothère sont beaucoup plus sensibles et commencent à mourir déjà après 5 heures de traitement. Nous avons noté également que l'anoxybiose conduit souvent à des sortes d'états d'anesthésie, où la sensibilité, ou du moins la faculté de répondre aux excitations, est amoindrie ou nulle. Ainsi, pour ne citer que deux exemples, les têtards de Grenouille, privés d'oxygène pendant un certain temps (nous avons montré que ceux-ci sont d'autant plus sensibles à la privation d'oxygène qu'ils sont plus âgés), présentent des états de nar- cose très prolongés, suivis de reviviscence, et ce n'est qu'après plusieurs jours qu'ils retrouvent leurs réactions primitives. Les chenilles de Leucoma sa/icis, après 24 heures de séjour dans un tube à pyrogallate de potasse, (') Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXX, p. 728, 777, 843; t. LXXII, p. 908, 970; t. LXXIII, p. 655, 696; Comptes rendus, t. 154, p. 1639. SÉANCE DU IO MARS I9I.3. 8ll sont absolument inertes, et même encore le lendemain ne se déplacent guère et ne réagissent que faiblement; dans la suite, elles peuvent reprendre leur activité, se métamorphoser et donner des papillons, aux ailes un peu plus courtes que normalement. Nous allons montrer maintenant que, de même qu'il y a, dans la résis- tance vis-à-vis de la privation d'oxygène, des différences d'une espèce à l'autre et, chez la même espèce, d'un stade larvaire à l'autre, il peut y avoir, chez le même individu, des résistances variables, suivant la portion du corps considérée. Le cas des Planaires est très frappant à cet égard, comme il résulte des expériences suivantes, que nous avons faites au labo- ratoire de Saint-Vaast-la-Hougue, en juillet et août dernier : Un Prostliecetaeus vittatus, recueilli le matin même à la marée, est placé clans un tube dont l'oxygène est extrait rapidement par le pyrogallate de potasse. Après 6 heures, l'animal, qui paraît ratatiné et inerte, est replacé dans l'eau aérée. Aussitôt, la moitié postérieure du corps se désagrège, alors que la portion céphalique, dont seul le bord correspondant à la ligne de rupture est déchiqueté, retrouve petit à petit son activité. Dès le lendemain, ce fragment rampait activement et la régénération a com- mencé et s'est poursuivie les jours suivants. Nous avons plusieurs fois répété la même expérience, toujours avec le même résultat. Suivant que la durée du traitement est plus ou moins longue, de 4 à 7 heures, l'étendue de la portion qui se désagrège est plus ou moins grande; quand il est trop prolongé, la Planaire tout entière est détruite. Quelquefois, avec un traitement de courte durée, la portion pos- térieure, au lieu de se désagréger presque immédiatement au sortir du tube, s'en va par lambeaux, qui se détachent petit à petit, même encore le lendemain, pour laisser finalement un fragment céphalique plus ou moins long, qui se cicatrise, s'accroît et continue à vivre aussi longtemps que les témoins. Afin de compléter cette expérience, nous avons procédé de la façon suivante : des Prostheceraeus ont été coupés transversalement en deux ou trois morceaux qu'on soumettait à la privation d'oxygène pendant 4 à 7 heures. Dans tous les cas, seules les portions céphaliques ont résisté, alors que les autres se sont désagrégées. Chez les individus témoins, les fragments aussi bien antérieurs que postérieurs survivaient très bien, rampaient activement et entraient en voie de régénération. Avec des Polycelis lœvigatus, nous avons obtenu des résultats analogues. Après un traitement de 7 heures, les quatre cinquièmes postérieurs de l'ani- mal ont été détruits. Avec des Convoluta, on obtient encore les mêmes résultats, et qui sont C. R„ i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N* 10.) Io3 8l2 ACADÉMIE DES SCIENCES. très frappants, car on peut opérer ici sur un très grand nombre d'individus à la fois. Dans une des expériences, où le traitement a été de 5 heures, presque toutes les Convoluta ont présenté leurs parties céphaliques intactes et bien vivantes, alors que le reste du corps était abîmé, et d'autant plus qu'on se rapproche davantage de l'extrémité caudale. On voit des têtes qui nagent toutes seules; d'autres qui traînent à leur suite des lambeaux plus ou moins déchiquetés et prêts à se détacher. Ainsi, chez les Planaires et les Convoluta, il y aurait une sorte de pola- rité chimique qui se manifeste en ce que l'extrémité antérieure du corps se montre plus résistante à la privation d'oxygène que l'extrémité postérieure. Il se peut que cette résistance plus grande soit due à ce que la portion céphalique est plus riche en réserves d'oxygène. BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Démonstration définitive de l'inoculation superposée à la piqûre en parthénogenèse traumalique. Note de M. E. Iîataii.lox, présentée par M. Yves Delage. Le champ de la parthénogenèse chez les Amphibiens vient de s'enrichir des belles expériences d'irradiation faites sur les produits sexuels de Gre- nouille par Oscar et Giinther Hertwig. L'action des rayons (3 et y émis par une préparation de Mesothorium est surtout intéressante à envisager, à mon point de vue, quand un seul élément sexuel a subi le traitement. Irradié faiblement, le spermatozoïde reste mobile et peut pénétrer l'œuf vierge, bien que sa chromaline soit altérée. Mais cette chromatine. apte à se multi- plier, intervient dans l'amphimixie et engendre les troubles plus ou moins précoces décrits par O. Hertwig dans son travail sur la maladie du radium. Or, à la limite d'intensité compatible avec l'imprégnation, les résultats s'améliorent d'une façon éton- nante. On arrive à des larves capables de vivre 3 semaines et plus. La chromaline mâle, profondément atteinte, échapperait à l'amphimixie : ce serait la parthéno- genèse régie par le seul pronucleus femelle. La parenté entre ces expériences et les miennes devient surtout frap- , ■ , n tt . . , • . Rana fusca ÇÏ pante avec les essais de G. Hertwig sur le croisement — jr^-. — ~ J'ai publié le i!\ avril 191 1 [Comptes rendus) le résultat, « en apparence paradoxal, qu'un élément sanguin de Grenouille inoculé à un œuf de Bufo provoque son déve- loppement complet, alors que le spermatozoïde de grenouille ne permet pas la gaslru- lation dans la fécondation croisée. Le premier cas répond à une parthénogenèse qui respecte la combinaison nucléaire spécifique, le seconda une amphimixie inadé- SÉANCE DU IO MARS I()l3. 8l3 quate ». G. Herlwig vient de constater que les spermatozoïdes irradiés de Grenouille, sur les mêmes œufs de Bufo, lui fournissent des larves, tandis que les spermatozoïdes sains ne permettent pas la gaslrulation. Son expérience n'est qu'une élégante confir- mation des miennes. C'est un cas particulier du fait général que j'ai mis en évi- dence : l'accélération engendrée par divers éléments étrangers, incapables d'amphi- mixie. Les Hertwig ont bien aperçu de suite un lien entre les résultats de l'irra- diation unilatérale et la parthénogenèse traumatique. Mais ils n'ont connu que mes expériences de 1910 et pensent que le spermatozoïde irradié n'a « aucune influence autre que celle de la fine aiguille de verre ou de platine dont Bataillon se servit pour piquer avec précaution des œufs de Gre- nouille ». La lecture de mes Notes de 191 1 (Comptes rendus, t. 152, p. 920, 11 20, 1271) leur eût montré une identité bien plus profonde entré les deux ordres de recherches. Si la « disharmonie des Idioplasmes » dont parle Hertwig a une importance majeure, parfaitement mise en relief par la 1 • • Rana f. Ç$ , .. , A . . , , , ■ combinaison ' » le spermatozoïde, même irradie, n agit pas a la façon du simple stylet : il apporte un matériel accélérateur indispensable. Le système chromatique haploïde du pronucleus femelle actionné par la seule piqûre est « harmonique ». Je veux établir une fois pour toutes que, dans mes expériences, il ne suffit jamais à l'embryogenèse. Les expériences cruciales que j'ai décrites portaient sur les œufs de Bufo, qu'on obtient facilement exempts de toute souillure. Elles n'ont été contrô- lées par personne; et il se peut qu'un opérateur inexpérimenté arrive, même sur ce matériel de choix, à des conclusions ambiguës. Sur le cas de Rana fusca, des doutes ont été émis; et, il y a quelques mois, Herlant parlait encore de « résultats très inconstants, parfois même complètement contra- dictoires ». J'apporte d'ahord une expérience exempte de tout aléa. Une Grenouille se met à pondre spontanément pendant qu'on lui stérilise le tégu- ment. On recueille à sec un millier d'œufs. 5oo d'entre eux. simplement piqués, ne montrent que l'activation et la parthénogenèse aborlive : il n'y a pas un seul clivage dans les délais normaux. 3oo œufs sont piqués avec du sang de Grenouille : ici, on relève, 45 minutes avant tout mouvement dans les témoins, plus de la moitié de cli- vages en 2, 3 ou 4; et au bout de 48 heures on compte plus de 3o bouchons d'Ecker. L'essai est dirimant. Malheureusement, on pourra manier des centaines de couples sans rencontrer cette circonstance favorable. Voici maintenant, pour le même cas de la Grenouille, une technique infaillible. Jetons une ponte entière dans la solution de KCN à 8,8 pour 1000, et agitons pour 8l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. empèclier les œufs d'adhérer. Ces œufs se dissocient et on les brasse périodiquement. Au bout de 3 heures, 3 heures et demie, 4 heures, suivant les cas, les gangues sont dissoutes. Eliminons rapidement le cyanure et lavons plusieurs fois ces œufs nus dans NaCI à 7 pour iooo pendant i heure. Nous pourrons les garder plus de it\ heures dans la solution saline et les utiliser à loisir. La tache qui marque la figure polaire est intacte. Ces matériaux non activés ne se laissent pas pénétrer par le sperme, mais se prêtent merveilleusement à toutes les expériences de parthénogenèse. Pour abréger, j'appelle ce matériel préparé : œufs au cyanure. Nous piquerons des milliers de ces œufs sans obtenir un seul clivage normal. Versons sur un lot une pulpe fraîche de rate de cobaye (réactif idéal ) ; nous obtiendrons par piqûre une abondance (souvent plus des |) de divisions magnifiques. L'aide le plus inhabile réussira constamment l'opé- ration. Les précisions vont découler de celte technique. On recueille, sans pré- cautions spéciales, du sang de cheval à l'abattoir. Ce sang immédiatement défibriné, est réparti sur des éprouvettes où il se dépose en trois couches : sérum, leucocytes, hématies. Prenons trois lots à1 œuf s au cyanure; brassons le premier dans le sérum, l'autre dans la purée de leucocytes, le troisième dans la purée d'hé- maties. Le sérum ne. donne rien à la piqûre. La purée d'hématies (non exempte de leucocytes) fournil i pour ioo de clivages normaux au maximum. La purée de leucocytes, elle, en donnera jusqu'à 70 pour 100. Je conclus que ce qui est actif dans mes essais sur le sang de mammifère, cest l'élément nuc/éé, c'est le leucocyte. Les leucocytes de cheval sont encore efficaces après 7 jours à la température ordi- naire : mais on s'assure qu'ils reprennent leurs mouvements sur la platine chauffante. Le pus humain de ponction pleurétique, dont les éléments sont inertes, s'est montré inaclif dans trois essais différents. L'expérience suivante prouve que la purée leucocy- taire de cheval perd totalement son pouvoir accélérateur après 1 heure seulemenlà f\6". Traités par celle bouillie chauffée, deux lots de 3oo œufs au cyanure, issus de deux sujets différents, n'ont pas fourni une seule segmentation accélérée, mais uniquement le clivage tardif et anormal provoqué par la piqûre. Avec les mêmes leucocytes non chauffés, j'obtenais de magnifiques morulas dans la proportion de 80 pour 100 ('). (') Quiconque a manié ces œufs d'Amphibiens comprendra que l'absence de gangue crée des conditions très défavorables à l'éclosion. Les résultats au point de vue embryogenèse sont bien meilleurs avec la pulpe de rate de cobaye qu'avec les leuco- cytes de' cheval, et je possède des têtards obtenus au moyen de la rate et des œufs au cyanure. Mais il s'agit avant tout d'une méthode de démonstration. SÉANCE DU IO MARS I()l3. 8l5 Ces bouillies leucocytaires laquées à l'élher ou précipitées par l'alcool absolu, puis reprises par la solution physiologique, sont restées inactives pour les œufs au cyanure, comme pour les œufs ordinaires. Ainsi, une certaine intégrité de l'élément inoculé paraît indispensable. Quant à sa nature exacte, mes expériences sur le sang de cheval appuient mes observations microscopiques antérieures et me confirment dans l'idée qu'il s'agit bien d'un noyau ou d'un fragment de noyau. Et par là, le rapport entre les expériences de Herlwig et les miennes apparaît évident. En résumé, la méthode du cyanure fournit à volonté sur les œufs de grenouille la démonstration éclatante du deuxième facteur en parthénogenèse traumalique ; et je considère comme définitivement tranchée la question de l'inoculation. Quand j'use du sang de mammifère, cest le leucocyte qui inter- vient. Tout me porte à penser qu'il intervient par son noyau. Les expériences de Herlwig appuient indirectement les conclusions que j'ai formulées. Mais je ne puis croire que le rè)le du spermatozoïde irradié soit limité à ïactivation. Le stock chromatique femelle peut être mis en branle de diverses façons. Mais, jusqu'ici, toute fusion disharmonique mise à part, il ne dirige l'embryo- genèse qu'avec le contingent accélérateur et régulateur d'un élément rivant; contingent banal, non spécifique, sur le rôle duquel la cytologie seule peut jeter quelque lumière. EMBRYOGÉNIE. — Elude cinématographique des phénomènes cytoplasmiques de la division de /'ceu/ ef Ascaris. Note de Mlle Chevrotox et M. Fauré- Frémiet, présentée par M. Henneguy. L'étude cinématographique de la segmentation, qui, appliquée à l'œuf d'Oursin, a déjà donné des résultats si intéressants (Chevroton et Vlès, 1909) était tout indiquée dans le cas de l'œuf d'Ascaris pour l'analyse des phénomènes cytoplasmiques des premiers stades de la segmentation. Technique. — Les conditions techniques des prises de vue sont en tout point semblables à celles employées pour l'élude de la segmentation de l'œuf d'Oursin (Chevroton et Vlès, 1909). Mais, dans notre cas, la longueur du film est de 38m ; l'intervalle entre chaque image est de il\ secondes, durée qui sera diminuée dans nos prochaines expériences. La préparation était placée à la température optima de 32°. Quatre phénomènes peuvent être particulièrement étudiés sur ce film : les mouvements intracytoplasmiques ; les mouvements superficiels; les 8l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. mouvements propres des blastomères ; la diminution progressive des réserves graisseuses. A. Mouvements intracytoplasmiques. — Lorsque le film est projeté rapi- dement, les granulations graisseuses qui remplissent le cyloplasma de l'œuf paraissent animées de mouvements très rapides qui ressemblent alors à des mouvements browniens. Ces mouvements, qui sont en réalité trop lents pour être perçus par l'observation directe des œufs vivants, sont l'expres- sion de courants cytoplasmiques bien différents des mouvements de cyclose décrits dans un grand nombre de cellules. Ils s'effectuent en effet sur place et ressemblent plutôt à des courants tourbillonnaires dont l'amplitude ne dépasse guère \ du diamètre de l'œuf, soit 7^ à 81*. Ces mouvements sont continuels; ils paraissent plus actifs dans l'oeuf indivis que dans les blasto- mères aux stades II et IV. Ils ne sont pas particuliers à l'œuf de V Ascaris et la cinématograpbie de l'œuf d'Oursin les avait déjà fait connaître. B. Mouvements superficiels. — Chevroton et Vlès (1909) ont décrit chez l'œuf d'Oursin, « indépendamment de tout changement par rapport aux blastomères voisins, les modifications de forme extrêmement intéressantes que peut présenter une cellule de segmentation. Les mouvements sont sur- tout visibles aux premiers stades où ils précèdent la division de la cellule; ils consistent en légères oscillations d'élongations de la part de la cellule qui va se segmenter, élongations plus ou moins régulières, dont la dernière se termine par la rupture en "deux masses Elles doivent s'interpréter comme une variation alternative du cbamp de force producteur du phéno- mène de la segmentation, condition dont les théories delà division cellulaire devront désormais tenir compte. » Dans l'œuf d'Ascaris, ces mouvements semblent plutôt suivre la division et préparer le phénomène d'accolement des blastomères par une surface maxima décrit par Boveri et par O. zur Strassen. La comparaison la plus exacte serait avec des mouvements de marée, la surface d'un blastomère s'élevant lentement en un point de ce dont elle se déprime en un autre ; tout à fait indépendantes des mouvements intracytoplasmiques, ces variations de surface ne peuvent s'interpréter que comme des variations locales de la tension superficielle; elles semblent se propager comme des ondes irrégu- lières sur la surface du blastomère considéré. Elles sont identiques, quoique de moindre amplitude, à celles que Levaditi et Comandon viennent de décrire après la division des globubes blancs et que Jolly avait également SÉANCE DU IO MARS igi3. 817 observées sur ces mêmes cellules ('). Elles semblent résulter de l'ensemble des phénomènes de la division, et non point conditionner ceux-ci. C. Mouvements propres des blastomères. - Nous distinguerons ici trois sortes de mouvements : i° Des mouvements de rotation de faible amplitude, surtout visibles au début du stade II lorsque l'œuf encore indivis possède un grand axe dont on peut suivre les déplacements. 20 Un mouvement d'étalement des blastomères les uns sur les autres, tendant à leur donner une surface de contact maxima. Ceux-ci semblent dus à l'augmentation progressive des mouvements superficiels signalés plus haut; ils entraînent des mouvements d'ensemble en apparence brusques, comparables (voir Robert, 1903) aux mouvements présentés par un système capillaire dont l'équilibre tend à se réaliser. Ces deux sortes de mouvements sont identiques à ceux qu'on observe chez l'œuf d'Oursin (Chevroton et Vlès, 1909). 3° Le mouvement particulier et bien connu du blastomère P2. On sait que le stade IV réalise chez l'œuf d'Ascaris une figure en T caractéristique, les blastomères étant disposés d'après le schéma suivant : B- -A. Cette xs./ I figure, qui est en équilibre pendant les deux mitoses légèrement asyn- chrones du stade IV et lorsque les quatre blastomères formés sont encore sphériques, ne l'est plus lorsque ceux-ci s'aplatissent les uns sur les autres. On peut alors considérer le système total comme formé de quatre gouttes visqueuses qui tendent à s'accoler, et l'on voit par l'examen cinématogra- phique que le mouvement, décrit comme un tropisme, qui rapproche le blastomère P2 du blastomère B, est en réalité un ensemble de mouvements de tous les blastomères : A et B s'étirent dans le sens de leur axe commun et s'étalent à la surface dorsale de S2 qui se déforme et se trouve refoulé antérieurement, repoussant ainsi P2 postérieurement; la figure en T se trouve déformée et, lorsque P2 est suffisamment rapproché deB, on assiste à un accolement étroit et rapide, les quatre blastomères formant alors une figure losangique à contour simple B — A, dans laquelle les surfaces de 1 1 P — S contact sont maxima. (') Comptes rendus de la Société de Biologie, février-mars 1913. 8 I 8 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il semble donc bien que, malgré le cas particulier dû à l'orientation à angle droit des secondes mitoses de segmentation, les forces capillaires soient ici, comme cbez le Troque et comme chez l'Oursin, les seules forces actives. D. Diminution progressive des réserves graisseuses . — L'un de nous a montré que les réserves graisseuses sont plus rapidement oxydées dans le blastomère somatique S, et ses dérivés (ectoderme primaire) que dans le blastomère P, et ses dérivés. Ce phénomène se manifeste déjà aux premiers stades sur notre fdm par un éclaircissement progressif du blastomère ectodermique. ZOOLOGIE. — Sur le siphon des Spirilles. Note de M. G.-J. Pais vin, présentée par M. Henri Douvillé. 1. J'ai signalé que la terminaison du siphon de la Spiruledansl'ovisac ne présentait pas le renflement sphérique du cœcum siphonal des Ammo- nites : le premier goulot semble se coiffer dans la protoconque d'une calotte que j'ai d'abord crue calcaire. En réalité, en noyant dans le baume de Canada une coquille de Spirule débarrassée d'abord de son ovisac et lais- sant apparaître son extrémité siphonale, j'ai constaté que celle calotte était entièrement isotrope, bien distincte du premier goulot anisotrope cal- caire ('). D'autre part, la jonction de la calotte siphonale avec le siphon semble s'opérer, comme je l'ai signalé, suivant un fort épaississement qui forme bourrelet tout autour du siphon. On peut, par visée directe sous le microscope, déceler, dans l'épaisseur de ce bourrelet, une petite ligne très fine et irrégulièrement dentelée, trans- verse à l'axe du siphon. Son observation, difficile ou impossible dès que la coquille est un peu opaque, devient extrêmement nette et facile sur une coquille noyée dans le baume. On s'aperçoit alors qu'elle forme la limite exacte de la région iso- (') Branco avait remarqué une différence de nature entre le goulot et la calotte dont il signale la couleur rouge et la fragilité; il n'en a pas observé l'isotropie. 11 ne signale pas non plus les indentations du premier goulot dans l'ovisac [Beitrdge sur Entwickelungsgeschickte der Jossilen Cep/ta lopoden [Paleontographica, t. XXVII, 2e Partie)]. SÉANCE DU IO MARS igi3. 819 trope de la calotte et de celle anisotrope du goulot siphonal. Le détail des dentelures s'observe ainsi très facilement et Ton est frappé de leur irrégula- rité. Leur examen devient particulièrement simple en lumière polarisée. 2. Chaque goulot siphonal comprend: une partie externe à paroi épaisse, une partie interne à paroi pelliculaire, prolongement de la pre- mière dans le goulot postérieur. Dans l'adulte, le développement des pro- longements internes atteint son maximum; chaque goulot s'étend de la cloison dont il naît jusqu'au niveau de la deuxième cloison postérieure. Le développement des prolongements internes diminue progressivement au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'ovisac. Chaque prolongement interne est soutenu et renforcé par un système particulier de petits piliers calcaires développé entre les parois du goulot pénétrant et du goulot externe. Ils prennent naissance un peu en avant du plan d'épaississement du goulot pénétrant et se terminent en même temps que la pellicule calcaire de ce dernier; ils diminuent rapidement de hau- teur au fur et à mesure que la paroi du goulot interne, en s'amincissant, se rapproche de celle du goulot externe. Très voisins mais distincts, ils for- ment des séries longitudinales grossièrement alignées suivant les génératrices du goulot cylindrique. Ils envoient en avant de la cloison, au point où les goulots s'emboîtent, de longues apophyses irrégulières rayonnantes, qui s'agrippent à la paroi de la cloison sur laquelle elles rampent à la façon des rameaux d'un lierre. 3. En brisant avec précaution la paroi calcaire d'un goulot siphonal, on arrive souvent à mettre à découvert une membrane élastique et flexible, transparente, vitreuse, isotrope, bien semblable, comme consistance et comme aspect, aux lamelles chitineuses du prosiphon, ou à la membrane double qui s'étend entre les tours de la Spirille et englobe la coquille entre ses deux feuillets ('). Cette membrane tapisse l'intérieur du goulot. J'ai d'abord cru pouvoir la suivre d'une façon continue et l'assimiler au tube siphonal des Ammo- nites; la calotte siphonale chitineuse en aurait formé l'extrémité externe. En réalité, l'étude des sections en plaques minces m'a montré qu'elle n'était que le prolongement d'une membrane organique qui existe aussi dans les (') Cetle membrane, que j'ai retrouvée dans de nombreux échantillons entre les premiers tours de la coquille, a été observée par Branco (toc. cit.). Il la croyait cal- caire, ce qui est inexact. C R., [9,3, 1" Semestre. (T. 156, N» 10.) io4 820 ACADÉMIE DES SCIENCES. cloisons, et qu'elle était propre à chaque goulot. Elle est elle-même saupou- drée de calcaire sur sa face interne, comme le sont aussi les cloisons. 4. La calotte formée d'une mince couche chitineuse apparaît ainsi, de même que le prosiphon, comme un organe extrêmement fragile; et l'on s'étonnerait a priori qu'alors que ce dernier est souvent abîmé et incomplet, celle-là soit en général bien constante et uniforme. C'est qu'en réalité la matière organique brunâtre, homogène et compacte, reste du siphon orga- nique, que j'ai parfois trouvée à l'intérieur des goulots des premières loges, remplit en règle générale l'extrémité siphonale qui forme cul-de-sac et la con- solide. Ainsi s'explique la couleur rouge de cette extrémité signalée par Branco. 5. Dans l'ensemble, et si l'on fait abstraction de sa terminaison dans la protoconque, l'appareil siphonal des Spirilles est voisin de celui des Bélem- nites. Il est même certain qu'après fossilisation, l'intérieur de Vovisac sem- blerait avoir communiqué librement avec le siphon et il n'y aurait pas trace de cœcum 7ii de prosiphon. De même, chez les Bélemnites, iln'existe ni prosiphon ni caecum et le siphon semble avoir communiqué librement avec un vide compris à l'intérieur de la première cloison qui ferme l'ovisac('); mais l'ovisac est complètement clos et l'appareil siphonal n'y pénètre pas. Au contraire la terminaison du siphon de la Spirule, sa pénétration dans l'ovisac et le prosiphon qu'il porte le rapprochent nettement de celui des Am- monites. 11 n'est même pas douteux qu'il existait un support organique au phosphate du siphon des Ammonites; de sorte que la différence de nature chimique du prosiphon et de l'extrémité siphonale chez la Spirule et chez les Ammonites ne correspondrait simplement qu'à un degré plus ou moins grand de minéralisation phosphatée. Quoi qu'il en soit, la question du rapport relatif des Spirilles avec les Ammonites et les Bélemnites reste pleine d'incertitude : elle doit s'éclairer d'observations nouvelles faites dans le groupe des Bélemnites, dans les formes paléozoïques et aussi dans les formes tertiaires de Céphalopodes à siphon (fie/optera, fielosepia, Vasseuria, Spirulirostra, etc.). (') F. Ghandjea.n, Le siphon des Ammonites et des bélemnites [Bull. Soc. géolo- gique de France, 4e série, t. X, 1910). SÉANCE DU IO MARS I9l3. 821 médecine. — Action du vaccin antityphoïdique polyvalent, chez tes sujets en incubation de fièvre typhoïde ou infectés au cours de l'immunisation. Note de M. H. Vincent. La durée de l'incubation de la lièvre typhoïde étant de 2 à 3 semaines et celle des opérations de vaccination étant de 21 jours, il arrive communé- ment que, lorsque la lypho-vaccination est opérée en période épidémique : (a) les inoculations vaccinales sont faites chez des personnes déjà conta- gionnées et en incubation de leur maladie au moment où elles reçoivent les premières injections; (b) la contagion lyphoïdique peut se produire au cours même de la période de vaccination, alors que le sujet n'est évidem- ment pas encore immunisé. Ces cas présentent une grande importance pratique, et l'on doit se de- mander ce qu'il advient en pareille occurrence. a. La première éventualité (vaccination chez des sujets en incubation de fièvre typhoïde) a été étudiée par Wright, Leishman, etc. J'ai montré que, dans ces cas, l'immunisation active par le vaccin polyvalent stérilisé par l'élher a protégé cinq sujets réceptifs ayant avalé, 24 ou 48 heures aupara- vant, du bacille typhique en culture. thie épidémie massive survenue à Avignon (août 1912) a permis de vérifier, d'une manière intéressante, le degré de protection assuré dans cette circonstance spéciale. La fréquence de la fièvre typhoïde chez les non-vaccinés a été, en effet, de 1 cas sur 4î celle des décès a été de 1 sur 34. Or, sur 1108 militaires, femmes ou enfants inoculés au début de l'épidémie ou pendant celle-ci (841 vaccinés complètement + 267 n'ayant reçu qu'une partie des injections), il y a eu 3 cas de fièvre typhoïde, apparus exclu- sivement chez les incomplètement vaccinés. La maladie a débuté aussitôt après la première ou la deuxième injection. Ces sujets étaient donc en incubation au moment où ils ont reçu ces injections. Leur proportion est comme 3 est à 1 108, soit 1 sur 36y. considérablement plus faible, par conséquent, que chez ceux qui n'ont reçu aucune injection. En outre, les trois cas ont été légers et sans complications ('). Les mômes observations ont été faites en Algérie, en Tunisie, au Maroc, pays où la fièvre typhoïde est extrêmement fréquente, ainsi qu'à Paimpol et Puy-1'Evêque, où la vaccination a été faite en pleine période épidémique (2). (') H. Vincent, Académie de Médecine, 5 décembre 1911; Xlll* Congrès de Médecine, octobre 1912; Comptes rendus, 26 août 1912 et 21 octobre 1912. (-) Presque toutes les vaccinations par le vaccin polyvalent ont été opérées, en effet, dans des régions ou des milieux fortement éprouvés par la lièvre typhoïde. Le nombre de mes vaccinés dépasse actuellement 43ooo. 822 ACADÉMIE DES SCIENCES. b. La seconde éventualité concerne le cas où l'infection typhoïdique a lieu pendant le cours même des inoculations, savoir entre la première et la quatrième et dernière injections. Pendant cette période, le sujet conta- gionné n'ayant reçu à ce moment qu'une partie des injections, ne possède donc pas encore l'immunité. Il est donc ou peut être réceptif pendant toute la durée des vaccinations, et même 2 à 3 semaines après la dernière. A la vérité, l'observation faite dans les diverses épidémies signalées ci-dessus a établi que l'immunité va en s'accroissant à mesure qu'on approche de la dernière injection. C'est ce qui explique la rareté excessive des cas dans lesquels, malgré un état épidémique intense, l'infection survenue au cours des vaccinations s'est montrée positive. Il n'en est jusqu'ici que trois, dont le premier a été publié ('). Il s'est produit chez un infirmier M.. ., contagïonné entre la première et la deuxième injections. La maladie fut extrêmement bénigne. Un deuxième cas a été observé à Alger, chez un militaire D..., conta- gionné avant sa dernière injection. La fièvre typhoïde, de moyenne gravité, a été précédée d'une diphtérie qui avait affaibli sans doute la résistance du sujet. Le troisième cas m'a été signalé le 25 novembre dernier. Il est relatif à un jeune médecin d'Avignon, le docteur PI..., qui présenta de la fièvre, de la céphalée et de la courbature 2 jours après la dernière injection de vaccin. Ce médecin s'était donc contagionné 2 à 3 semaines auparavant, soit entre la deuxième et la troisième inoculation. Les symptômes ont été, d'ailleurs, incertains et d'une grande légèreté : fièvre bénigne pendant quelques jours, sans aucun signe caractéristique de dothiénenterie : ni épistaxis. ni symptômes nerveux, ni douleur iliaque, ni taches rosées, ni ulcération ptérygoïdienne, ni diarrhée, etc. Aucun examen bactériologique n'a été fait (ce cas est donc extrêmement douteux). De ce qui précède, on peut conclure que, te plus souvent, les premières injections de typho-vaccin polyvalent donnent une immunité suffisante pour protéger : i° ceux qui sont déjà en incubation récente de fièvre typhoïde ; 20 ceux qui, éventuellement, peuvent être contagionnés pendant les 3 semaines que nécessitent les inoculations. En conséquence aussi, il n'existe pas de phase négative et il n'y a aucun danger à vacciner pendant les épidémies. Les injections exercent, au contraire, une influence favorable, qui se traduit par la rareté des atteintes (') H. Vincent, Académie de Médecine, 5 décembre 191 1. SÉANCE DU IO MARS IC)l3. . 823 lyphoïdiques chez les sujets en incubation ou infectés au cours de l'épi- démie, et par l'évolution bénigne de la fièvre typhoïde, lorsqu'elle survient clans les cas particuliers que je viens d'étudier. MÉDECINE. — Influence du groupement aminé sur la pression artérielle. Note de MM. Desgrez et Dorléaxs, présentée par M. d'Arsonval. Nous avons montré que la guanine administrée par voie intraveineuse à la dose de 2ce à 31'8 par kilogramme d'animal provoque une action hypoten- sive marquée, alors qu'aux mêmes doses, les autres corps de la série purique manifestent, au contraire, une action hypertensive qui s'accroît avec le degré d'oxydation et d'acidité de la molécule. Comme la guanine présente un groupement aminé NH2 qui ne se retrouve plus dans les autres substances de la même série, nous avons émis cette hypothèse que le pouvoir hypotenseur de la guanine peut être rapporté à la présence du groupement aminé dans sa molécule. Nous présentons aujour- d'hui des recherches qui ont porté sur ce point particulier. Nos expériences ont été faites avec des substances renfermant une ou deux fois le groupement NH2, à savoir la monométhylamine CH3 — NH2 et son chlorhydrate; l'éthylène-diamine NH2 - CH2 - CH2 — NH2, à l'état de chlorhydrate, enfin l'hydrazine NH2 — NH2, à l'étal de sulfate. Si l'on injecte la monométhylamine libre ou son chlorhydrate au lapin, par voie intraveineuse, on obtient, avec une dose de o^ooo à oB,oi par kilogramme, un abaissement constant de la pression variant, suivant les expériences, entre icm,4 et icm,6 de mercure. L'éthylène-diamine, avec ses deux groupements aminés, a donné, dans les mêmes conditions, une hypotension variant entre 2cm et 3cm,6. Le sulfate d'hydrazine a provoqué une diminution de icm, 6 à icm,8, c'est-à-dire plus faible, bien qu'il renferme également deux groupements aminés. Comme nous l'avions déjà observé avec la guanine, l'effet hypo- tenseur maximum produit par les bases précédentes a lieu de i5 à •20 minutes après l'injection, la pression initiale se rétablissant dans un délai de 3o à 45 minutes. Un point sur lequel nous appelons tout particulièrement l'attention, c'est que si l'on augmente la dose de base, en la portant, par exemple, à o5,o2, os, o3 par kilogramme d'animal, on provoque, au contraire, une hypertension de icm à 3e"1. 82/j ACADÉMIE DES SCIENCES. Chez le chien, les résultats se sont montrés confirmatifs des précédents, mais, pour ces mêmes substances, les doses injectées doivent être plus faibles : os, ooi de chlorhydrate d'éthylèné-diamine donne un abaissement de 2cm, alors qu'une dose double, soit og, oo4, provoquera, au contraire, une hypertension de 2im de mercure. Les résultats de ces expériences nous paraissent intéressants, non seule- ment en ce qu'ils vérifient l'hypothèse que nous avions faite sur la cause du pouvoir hypotenseur de la guanine, à savoir son groupement aminé, mais bien plus encore par ce fait qu'une dose minime de substance aminée pro- voque une certaine hypotension, alors qu'une dose plus élevée donnera lieu à une élévation de la pression artérielle. H y a donc lieu de penser que si les substances basiques découvertes par M. A. Gautier, leucomaïnes de nos cellules ou ptomaïnes microbiennes, n'existent dans nos tissus qu'en minime proportion, elles provoqueront un abaissement de la pression arté- rielle. Si, au contraire, leur quantité vient à s'accroître notablement, soit par suite d'une insuffisante destruction, soit par défaut d'élimination rénale, il en résultera de l'hypertension. Or c'est là encore un des symp- tômes des auto-intoxications de M. Gh. Bouchard. Il nous parait intéressant de poursuivre ces recherches sur l'influence des mêmes substances introduites dans l'économie à plus faible dose, mais pendant un temps prolongé. CHIMIE BIOLOGIQUE. — De la présence de la choline ou de bases voisines dans la salive du Cheval. Note de M. J. Houdas, présentée par M. Guignard. Dans une suite de travaux très importants, E. Schulze et ses collabo- rateurs ont montré la présence, dans les végétaux, d'un groupe de bases constitué par la choline, diverses bétaïnes, de la trigonelline et de la sla- chydrine. Ces bases diffèrent nettement des alcaloïdes proprement dils el des bases nucléiques. Avec les premières, elles présentent des points communs, en ce sens qu'elles précipitent par les mêmes réactifs : iodure de potassium ioduré, biiodure de mercure ioduré, iodure de bismuth et de potassium, acides phospho-el silico-tungstique, etc. Klles s'en écartent en ce quelles ne renferment pas de groupement pyridique ou quinoléique dans leur constitution, qu'elles ne passent pas dans les dissolvants neutres, quand on traite leur solution par la méthode de Stas, et qu'enfin elles ne donnent avec les réactifs aucune coloration particulière. SÉANCE DU IO MARS IÇ)l3. 825 Dans une Note récente ('), E. Schulze et G. Trier affirment la présence constante de la choline, dans tous les végétaux, associée soit à une ou plusieurs bélaïnes, soit à de la trigonelline ou de la stachydrine. On a signalé, il y a déjà un certain temps, la présence d'alcaloïdes dans la salive de chevaux, dans l'économie desquels on avait introduit une ou plusieurs de ces substances, soit par voie stomacale, soit par injection hypodermique. Nous nous sommes demandé si la choline et les bases du même groupe, si répandues dans le règne végétal, ne pouvaient pas également se ren- contrer dans la sécrétion salivaire. Pour nous en rendre compte, nous avons utilisé la réaction suivante : lorsque, à une trace de choline, on ajoute de l'induré de potassium ioduré (réactif de Bou- chardat), il se produit un abondant précipité qui, au microscope, se présente sous forme de globules plus ou moins volumineux. Au bout de peu de temps, on voit appa- raître des cristaux qui s'accroissent aux dépens des globules qui les entourent et finissent par être isolés au milieu d'un liquide parfaitement limpide. On ne tarde pas à voir les angles de ces cristaux s'émousser aux extrémités et un épaississement se former à la partie médiane; la destruction devient alors très rapide, les extrémités s'effilent en se fondant et le liquide provenant de la fusion se précipite, comme forte- ment attiré vers la partie centrale. Au bout d'un temps très court, ces cristaux ont fait place à des globules brun noirâtre qui, dans certains cas. se décolorent et se dif- fusent dans le liquide ambiant. Si la proportion de base employée est trop forte par rapport au réactif, on ne voit pas se former de cristaux; par contre, si l'iode se trouve en trop grand excès, les cristaux formés ne persistent qu'un temps très court ou ne se produisent pas du tout. Cependant, avec un peu d'habitude, on peut obtenir des cristaux très nombreux, suivre leur formation et leur développement pendant quelques minutes. Les substances à examiner sont traitées de la façon suivante : des tampons de coton, imprégnés de salive, sont épuisés par l'alcool à 95°. La solution, légèrement acidulée avec de l'acide tartrique, est distillée dans le vide et le résidu repris par l'eau distillée, la nouvelle solution, additionnée d'acétate neutre de plomb, filtrée, privée de l'excès de plomb par l'hydrogène sulfuré et filtrée à nouveau, est évaporée à sec dans le vide sur de l'acide sulfurique. Dans la plupart des cas, si l'on dépose une parcelle de cet extrait sur une lame de microscope que l'on recouvre d'une lamelle et si l'on fait pénétrer entre les deux verres, par capillarité, du réactif de Bouchardat, on observe d'abord la formation des globules dont nous avons parlé et, ensuite, de cristaux plus ou moins nombreux. Dans certains cas, la matière extractive est très abondante et la réaction peu nette. On isole alors les bases au moyen de l'acide phosphotungstique, en suivant la tech- nique indiquée par Schulze. (') E. Sciiilze und G. Thiek, Ueber die allgemeine Verbreitung der Cholins (/foppe-Sej/er's Zeitschrift fur Pliysiologische Cliemie. octobre 1912). 826 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les cristaux, avec la choline, se présentent sous l'aspect de prismes obliques très plats et bruns : parfois ces cristaux sont accolés deux par deux et forment des sortes de navettes. Les prélèvements opérés sur les chevaux de la Compagnie des Petites Voitures (') ont été faits dans des circonstances différentes afin d'éliminer, autant que possible, toute cause d'erreur provenant de la présence, dans la salive examinée, de matières alimentaires. Six prélèvements ont eu lieu sur des chevaux n'ayant pas travaillé le matin, 3 ou '\ heures après le premier repas; dans 14 cas, le prélèvement a été fait 4 à 5 heures après le premier repas et après une matinée de travail; deux fois, 3o minutes seule- ment après le repas et après une période de repos; trois fois enfin, en plein repas et après le travail. La ration alimentaire des chevaux examinés est assez complexe : elle se compose d'un mélange d'avoine écrasée, de maïs concassé, de paille, de mélasse, de pois chiche, de marc de raisin séché, de graines de sorgho, de caroubes, parfois de manioc ou de son. Dans ces 25 observations, le réactif de Bouchardat a provoqué, sous le microscope, la formation de cristaux en tous points analogues à ceux que l'on obtient avec une solution de choline, traitée dans les mêmes conditions. Le régime alimentaire des chevaux examinés pouvant laisser des doutes sur la constance de la présence de la choline ou de bases voisines, dans la salive du cheval, nous avons fait, avec le concours du D1' Guilhert, une seconde série d'essais avec la salive de chevaux de course. Nous avons étudié 12 échantillons : 3 prélèvements ont été faits à jeun; 2 après l'inges- tion d'une poignée de foin; G à des temps divers, variant de 45 minutes à 5 heures après le repas; et une fois immédiatement après une grande course de haies. L'alimentation des chevaux examinés comprenait du foin, des féverolles, du maïs, de l'avoine, une carotte, du sucre. Comme précédemment, nous avons obtenu une cristallisation caracté- ristique, avec le réactif de Bouchardat. En résumé, il ressort de nos recherches que la salive du cheval renferme d'une façon constante de la choline ou des bases du même groupe, quelle que soit la ration alimentaire fournie à l'animal et quel que soit le temps qui s'est écoulé après l'ingestion de ces aliments. (') Nous sommes heureux d'avoir celte occasion d'exprimer tous nos remercîments à M. Gourdon, directeur de la Manutention des Petites Voitures, et à M. Alejan, ingé- nieur agronome, pour l'obligeance avec laquelle ils ont mis à notre disposition la salive des chevaux de leur service. SÉANCE DU IO MARS igi3. 827 CHIMIE BIOLOGIQUE. - Synthèse des glucosides d 'alcools à l'aide 'de ' l'émul- sine : phénylëthylglucoside fi et cinnamylglucoside fi. Note de MM. Em. Iîoukquelot et M. I.iiiM 1 , présentée par M. Jungfleisch. L'alcool phényléthylique et l'alcool cinnamique, qui appartiennent tous les deux à la série cyclique, se rencontrent dans les essences retirées de certains végétaux. Il est donc possible que ces alcools préexistent dans la plante à l'état de glucosides, et il était intéressant, à cause de cela, de rechercher si ces glucosides pouvaient être préparés synlhétiquement, par voie biochimique. L'expérience a démontré que cette synthèse est parfai- tement réalisable. Phénylëthylglucoside fi (CCHM O1 - CH2- CH2- C9H5 J. - Synthèse. - On a mélangé ios d'eau à 250*-' d'alcool phényléthylique : l'eau s'est dissoute entièrement. On a ajouté 3S de glucose pur, anhydre, en poudre, et l'on a abandonné le mélange à la température du laboratoire, en agitant de temps en temps. Après 3 jours, la solution accusait au tube de 2dm une rotation de + 12', ce qui correspond à l'entrée en solution, dans tout le liquide, de og, 5o de glucose environ. On a laissé le glucose en excès et ajouté 3gd'émul- sine. La rotation a diminué peu à peu, puis passé à gauche comme l'in- diquent les chiffres suivants : Durée 0 jour. 7 jours. 25 jours. 45 jours. 55 jours. 7G jours. Rotation (/=a)... +12' + 2' — 24' —38' —4a' —42' En admettant que, à l'arrêt de la réaction, il y avait encore en disso- lution une proportion de glucose correspondant à une rotation de -+- 12', on voit que la réaction effectuée en 55 jours est représentée par un mou- vement à gauche de la rotation de 42'+ 12' -1- 12', c'est-à-dire de i°6'. On a filtré pour séparer l'émulsine ainsi que le glucose en excès; puis, pour extraire le glucoside dissous dans l'alcool phényléthylique, on a agité celui-ci, à quatre reprises, avec de l'eau distillée en employant chaque fois 25ocm° d'eau. Les liquides aqueux étant rassemblés, on les a concentrés, sous pression réduite, à ioocm3; on a agité, avec de l'éther ordinaire, pour enlever l'alcool phényléthylique entraîné; après quoi, on a repris la distillation qu'on a continuée jusqu'à siccité. On a traité le résidu à deux reprises par i5ocm' d'éther acétique bouillant. On a réuni les liquides élhéro-acétiques et on les a concentrés, par distillation, à 3ocu'\ Comme, après plusieurs jours, il ne s'était produit aucun dépôt, on a ajouté un volume égal d'éther ordinaire sans mélanger. La cristallisation du glucoside n'a pas tardé à commencer; elle s'est continuée lentement et n'était terminée qu'au bout d'un C. R», i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 10.) Io5 828 ACADÉMIE DES SCIENCES. mois environ. On a recueilli les cristaux sur un filtre; on les a lavés à l'éther et on les a fait séclier dans le vide sulfurique. Il y en avait 16,80. Propriétés du phényléthylglucoside p. — Ce glucoside est en aiguilles incolores. Il est inodore et possède une saveur amère assez prononcée, mais moins désagréable que celle de son homologue inférieur, le benzyl- glucoside (3. Il est très soluble dans l'éther acétique et dans l'eau. Son pouvoir rotatoire en solution aqueuse a été trouvé égal à a = — 23°, 92. Il réduisait encore la liqueur de Fehling dans des propor- tions telles que si, ce qui paraît vraisemblable, cette réduction est due à du glucose entraîné, le pouvoir rotatoire réel serait très rapproché de —29°. A une solution aqueuse de 2^,02 pour 100e"1', on a ajouté de l'émulsine; quelques instants après, le liquide exhalait déjà l'odeur de rose, qui est l'odeur de l'alcool phénylétbylique. En 24 heures, la rotation a passé de — 58' à -4-10 16' et il s'était formé is, 160 de glucose pour 100'"'*, ce qui correspond à une hydrolyse presque complète. Cinnamyl glucoside (3 (C6HnÔ° - CH2 - CH = CH - C6H»). - Syn- thèse. — Cet alcool étant solide à la température ordinaire et devenant liquide à +33°, les expériences ont été faites à cette dernière température. A 5oos d'alcool cinnamique préalablement liquéfié, on a mélangé 20B d'eau distillée portée à 3o°-35°. On a obtenu ainsi un liquide limpide auquel on a ajouté 5^ de glucose et qu'on a abandonné 2 jours à l'étuve à +33°, en ayant soin d'agiter de temps en temps. Le mélange étant devenu trouble par séparation d'eau, on l'a filtré. Il accusait une rotation de + io'(/=2). On a ajouté iotr de glucose et 3g d'émulsine, puis on a reporté le mélange dans l'étuve. La réaction synlliétisante a commencé aussitôt et s'est continuée pendant 20 jours, comme l'indiquent les chiffres suivants qui expriment les rotations observées : l'urée (I jour. 5 jouis. 10 jours. lj jours. 20 jours. Rotation (/ = 2).. . -t- io' —20' — 34' — 46' — i°4' La réaction totale est donc représentée par un mouvement à gauche de 64'+ 10'+ 10' ou i°24'. On a filtré, après quoi on a agité le liquide filtré, à 12 reprises, avec de l'eau distillée tiède, en en employant chaque fois 25ocm" ('). (') Dans ces sortes d'extractions, il importe de suivre l'opération au polai ■imèli e ej de ne cesser les reprises que lorsque l'eau n'enlève plus ou presque plus de glucoside à l'alcool. Ici, la rotation de la solution aqueuse, qui était de — 12' à la première reprise, était encore de — 6' à la dernière. SÉANCE DU 10 MARS IO,l3. 829 On a traité les liquides aqueux réunis comme on a fait pour le phényl- éthylglucoside et obtenu ainsi 6S de résidu qu'on a repris par ioo""' d éther acétique bouillant. On a concentré la solution éthéro-acétique à 25cmS, ce qui a amené la séparation d'un produit incolore de consistance de miel, qu'on a lavé à l'éther ordinaire. La masse s'est prise en cristaux (en 2 mois) qu'on a dissous dans 20""3 d'acétone bouillant. Après refroidissement, on a ajouté de l'éther, et le produit a cristallisé de nouveau. Propriétés du ciniiarnyl glucoside p\ — Ce glucoside est en aiguilles inco- lores; il est inodore, faiblement amer. Son pouvoir rotatoire a été trouvé égal à — !\i°, I2- Il réduisait encore la liqueur cuivrique de telle sorte que, si la réduction est due à du glucose, le pouvoir rotatoire du glucoside pur se rapprocherait de — 49"- A une solution aqueuse à is, rj'p pour ioocm', on a ajouté de l'émul- sine. En it\ heures, la rotation a passé de — 1°36' à + i°4'- En même temps le liquide a pris l'odeur de jacinthe, qui est celle de l'alcool cinna- mique. Il s'était fait 1^,038 de sucre réducteur, ce qui correspond à une hydrolyse presque complète. GÉOLOGIE. — Sur l'âge de la série cristallophyllienne des Cyclades et sur l'époque des plissements qui l'ont affectée. Note de M. Pu. IXégkis, pré- sentée par M. Pierre Termier. M. Cayeux est le premier qui ait signalé le Trias supérieur dans les Cyclades, à Myconos. Depuis, j'ai moi-même observé Gyroporella vesiculi- fera Giimb. sur le marbre terminant la série cristallophyllienne à Kythnos et à Siphnos : les pores hexagonaux sont visibles sur les sections longitudi- nales des prismes, après polissage des surfaces, et à l'aide d'une forte loupe. A Kythnos, le marbre a été prélevé sur le sentier allant de Sillaka à Zon- gaki : c'est un marbre brun, présentant, après polissage, des plages fila- menteuses, comme c'est le cas général, en Grèce, pour les calcaires du Trias supérieur. A Siphnos le marbre a été prélevé sur le versant nord du Pro- phète-Elie : il est tantôt blanc, avec plages filamenteuses aussi, tantôt gris. ( les résultats semblent autoriser à rapporter toute la série cristallophyl- lienne des Cyclades au Trias. En effet, tous les géologues sont d'accord pour considérer la série cristallophyllienne du sud de l'Eubée comme étant 83o ACADÉMIE DES SCIENCES. le prolongement de celle de l'Attique, parce qu'elle présente la même direction NE des couches du Pentélique et de l'Hymette et le même prolon- gement au Nord. Il est vrai que les gneiss d'Eubée manquent dans l'Attique; mais ils paraissent répondre, avec leur escorte de marbres cipolins, aux calcschistes micacés qui forment la base de la série cristalline de l'Attique, base que j'ai rapportée ailleurs (Note du 17 juin 1912) au Trias inférieur, avec d'autant plus de raison que, depuis cette attribution, j'ai observé dans cette formation aussi des sections rondes ou elliptiques, appartenant, sans doute, à des Gyroporelles. La série du sud de l'Eubée serait ainsi tout entière triasique, comme celle de l'Attique, mais répondrait à un état de métamorphisme plus avancé : elle serait d'ailleurs venue en contact des formations paléozoïques, reconnues par M. Deprat, en Eubée, grâce à la grande faille Aliveri-Ochtonia, signalée par le même savant. Or la série cristallophyllienne des Cyclades se rattache à celle du sud de l'Eubée par Andros, au point de ne pouvoir en être séparée, et il semble permis d'iden- tifier les trois séries. Les gneiss des îles représenteraient les couches infé- rieures de l'Hymette, c'est-à-dire le Trias inférieur à un état de métamor- phisme plus avancé encore qu'en Eubée, tandis que les marbres de Paros et de Naxos répondraient aux marbres du Pentélique et de l'Hymette, et que les schistes cristallins, qui font suite au marbre supérieur à Gyroporelles des îles, répondraient aux schistes micacés, schistes de Ka^ssariani de l'At- tique, comme l'avait déjà très justement entrevu M. Philippson. 11 est intéressant d'ailleurs d'observer que l'on retrouve dans les Cyclades les directions de plissement NE et N\Y, que nous avons constatées dans les séries crislallopliylliennes de l'Attique et du Péloponnèse (Notes des 17 juin et 29 juillet 191 2). La première direction domine dans les Cyclades les plus voisines de l'Attique et de l'Eubée; la deuxième est très nette à Sériphos où elle accompagne la première, à laquelle elle se soude, comme elle le fait dans l'Attique sur le Pentélique et l'Hymette, comme ridement secondaire orthogonal. 11 est vrai que, plus au Sud, la direction dominante des plis est NNE, particulière- ment à Paros, Naxos, los. Nous sommes disposé à considérer ce nouveau plissement comme le ridement secondaire normal à la direction WNW du plissement éocène, achaïque ou pyrénéen, qui, en Grèce, a une grande importance. En efl'et, à ce plisse- ment NNE. qui se retrouve aussi au Laurium, est subordonnée l'apparition du granité, aussi bien dans cette dernière région qu'à Naxos. Au Laurium, l'affleurement du gra- nité apparaît, d'après la Carte géologique de Lepsius, exactement sur la cicatrice NNE qui met à découvert le soubassement. Or nous savons par les travaux de Lepsius que le granité du Laurium pénètre jusque clans le Crétacé. Il est donc juste de considérer SÉANCE DU IO MARS I9l3. 83l l'intrusion du granité ici, et la dislocation à laquelle est due cette intrusion, comme post-crétacées, ce qui nous conduit à l'époque éocène pour le plissement NNE, qui serait ainsi contemporain du plissement pyrénéen. Mais entre les plis Iriasiques et éocènes ci-dessus s'intercalent d'autres plis. C'est ainsi qu'à Délos on trouve la direction EiNE avec intrusion encore de granité, comme cela ressort des travaux de MM. Pliilippson et Cayeux. C'est d'ailleurs la direction que suivent de préférence les aflleurements carbonifères et permiens découverts par M. Renz, en Grèce. C'est ainsi qu'elle apparaît dans le Carbonifère de l'Olhrys et du Parnès, ainsi que dans les îles d'IIydra et d'Amorgos, où cette direction est trahie par la forme générale de ces deux îles. Je fais observer que cette direction est normale à la direction NNW, d'intrusion des roches massives principales (entre autres du por- phyre vert antique), dans le Trias supérieur du Péloponnèse (Note du 39 juillet iqi 2), et l'on retrouve souvent cette dernière direction NNW, accompagnant la direction ENE, dans les Cjclades, comme à l'est de Myconos, et comme cela ressort de la Carte des lignes directrices des plissements des îles Myconos, Délos et Rhénée, de M. Cayeux. Je suis donc disposé à considérer les deux plissements ENE et NNW dans les Cyclades, comme contemporains et comme ayant mis fin aux dépôts triasiques en Grèce, tandis que les plis NE et NW seraient apparus entre le Trias moyen et le Trias supérieur, entre lesquels nous avons constaté une discordance dans l'Altique et le Péloponnèse (Notes ci-dessus), discordance qu'on retrouve dans les Cyclades. à Ios, d'après Plii- lippson. Deux autres directions conjuguées ou normales se retrouvent souvent dans les îles, EW et NS. Tandis que les couches ont l'une des deux directions, elles se fracturent et se retroussent suivant l'autre. Cela e^t très net encore à Sériphos, où Fiedler avait déjà observé la coexistence des deux directions. Ces deux dernières dislocations sont inti- mement liées aux derniers phénomènes de bombement de l'écorce suivant deux direc- tions NS et EW, comme j'ai exposé ailleurs {Régression quaternaire, p. 65 et suiv., Athènes, 1912), et au morcellement subséquent de l'.Egéïde le long de fractures paral- lèles à tous les plissements antérieurs. L'âge récent de ces dislocations est prouvé par l'allure des couches pliocènes de l'Atlique, qui ont généralement une direction EW : on retrouve souvent cette direction dans les couches pliocènes du nord du Pélopon- nèse, accompagnée de la direction NS. Il ressort de ce court exposé qu'en Grèce se vérifie la loi, formulée par Marcel Bertrand, que tout système de plis principaux est accompagné d'un système de plis perpendiculaires. HYDROLOGIE. — Sur l'étude des températures des eaux souterraines dans les captages pour l'alimentation publique. Note de M. F. Dienert, présentée par M. Roux. Dans une récente Note {Comptes rendus, 3 mars ip,i3), M. E.-A. Martel insiste tout particulièrement sur l'importance pratique des variations sai- sonnières de température de certaines eaux souterraines. 832 ACADÉMIE DES SCIENCES. Pour notre part, si nous utilisons fréquemment cette méthode d'investi- gation simple et commode, nous ne saurions lui attribuer une importance aussi grande que ne le voudrait mon savant collègue^ La pratique journalière m'a appris, en effet, que la température d'une source n'est bien connue que lorsque ses eaux sont récoltées au griffon, à l'endroit même où elles sortent de terre. Et encore, comme nous le montrent les sources d'excellentes qualités sortant de la craie sénonienne de la vallée d'Eure, à Fontaine-sous-Jouy, c'est en allant chercher ces eaux, dans leur gisement géologique qu'on obtient une température très constante. Dans le bassin même de la source, en prenant moi-même toutes les précautions minutieuses qu'exige une semblable mesure (car je n'ai aucune confiance dans les enregistrements de température faits par des personnes non habituées à ce genre de travail), la température de ces eaux est variable suivant les saisons. Contrairement à ce que pense M. E.-A. Martel, la fixité de température n'existe pas toujours dans les véritables nappes continues des sables cl ter- rains finement détritiques et on la trouve, au contraire, quelquefois, dans les eaux susceptibles d'être contaminées et sortant des terrains fissurés. A Auxerre, les eaux captées dans les alluvions de l'Yonne, circulant à travers le sable, ne présentent jamais le, b. coli et ne contiennent que quelques germes au centimètre cube. Elles ont une température variant de io° à i ï'- Aux sources de la Dhuys, les eaux sortant du calcaire de Champigny ont une température constante (io°, 2 à io°,5). Cependant, avant les travaux de protection, elles devenaient troubles et étaient chargées de b. coli. Nous pourrions multiplier les exemples. En résumé, si la recherche de la température est une opération commode et facile (mais délicate) qui complète la série des nombreuses investiga- tions nécessaires pour apprécier la qualité des eaux, nous ne saurions lui attribuer une importance exceptionnelle qu'elle n'a pas. SISMOLOGIE. — Séismographes donnant directement les trois composantes d'un séisme et les variations lentes de la verticale, Notfe de M. V. Caéhieu, présentée par M. E. Boutv. Dans une précédente Note [Comptes rendus ('), t. 156, p. 617], j'ai montré qu'une balance de torsion dont le iil de suspension est fléchi à ses points (') Dans celte Noie. page 620, ligne 7 : au lieu de plans linis, lire plans fixes. SÉANCE DU IO MARS 10,13. 833 d'insertion, détermine dans l'espace un plan vertical d'azimut invariable. Cette propriété sert de principe à la construction de séismographes dont les indications sont interprétables directement, sans correction due au mouvement partiel des appareils. i ° Appareil pour les composantes horizontales : On suspend à un trililaire l'aimant permanent d'un galvanomètre à cadre mobile. On constitue ainsi un pendule, de période tt, et l'on règle la suspension de façon que les oscillations azimutales que le système peu! aussi prendre, rencontrant un couple antagoniste très considérable. Au centre de l'entrefer de l'aimant, on suspend, à un monofilaire. le cadre mobile lesté de manière que : i° Sa période d'oscillation pendulaire soit rigoureusement égale à /, ; 2° Sa période d'oscillation azimutale soit au moins égale à 5oo *,. On a ainsi deux pendules de période identique, et les déplacements de leur support commun provoqueront leur oscillation simultanée et synchrone dans un même plan \ ertical. On arrive facilement à amortir les oscillations de l'aimant, en disposant convena- blement une plaque de cuivre rouge épaisse au voisinage immédiat de ses pôles. Les oscillations pendulaires du cadre sont amorties, par rapport au socle portant l'aimant, à l'aide d'un dispositif à liquide. Quant aux. oscillations azimutales de ce cadre, elles sont amorties magnétiquement pour une valeur convenable de la résis- tance ohmique du circuit auquel il est relié. Le fil de suspension du cadre mobile est fléchi à une de ses insertions, de façon à réaliser le cas de la figure i ou i (loc. cit., p. 618). Les extrémités de l'enroulement de ce cadre sont réunies au pôle d'un second galvanomètre, fixe, donton suit ou enre- gistre les mouvements. Comme je l'ai montré (loc. cit.), un séisme qui ébranlera le support de l'appareil ainsi constitué, provoquera une rotation du cadre par rapport au plan de flexion de son fil de suspension, et cette rotation sera proportion- nelle à l'impulsion pendulaire que le séisme communique aux deux pen- dules. D'ailleurs le synchronisme et la concentricilé de ces deux pendules font que la position initiale du plan de flexion, par rapport à l'aimant permanent, échappe entièz^ement à l'ébranlement. Par suite, le courant induit dans le cadre mobile, et que le galvanomètre fixe va indiquer, sera proportionnel à l'ébranlement. Pour avoir les deux composantes de cet ébranlement, on disposera deux appareils identiques, dont les plans de flexion des cadres mobiles feront entre eux un angle de 900. On a réalisé un'appareil de ce genre dans les caves de la Sorbonne. Les ébranlements 834 ACADÉMIE DES SCIENCES. dus au passage des véhicules dans les rues voisines se traduisent par des dtvialitns de plusieurs centimètres sur une échelle placée à i"',5o du miroir du galvar.cn être fixe. 2° Appareils pour les variations lentes de la verticale : On suspend une masse de plomb à un fil fléchi à ses deux insertions. On a vu (loc. cit.) que la position d'équilibre azimutal est liée à la direction de la verticale. Il suffit donc d'enregistrer les positions d'équilibre de la masse suspendue. On n'a plus besoin ici de deux masses suspendues ; les mouvements des supports des appareils enregistreurs sont absolument négligeables. On peut d'ailleurs augmenter considérablement la sensibilité en remplaçant le lil de suspension à section cylindrique par un ruban plat de même section. F.n effet, lorsque la verticale change en modifiant 3IL, (loc. cit.,fig. 4 et 5), le moment de (i par rapport au plan b OM varie. La pesanteur, pour faire tomber G dans le plan èOM, met enjeu deux liaisons : elle modifie la valeur de JÏU, et elle tord le fil. C'est cette torsion que nous observons, et il y a intérêt à l'augmenter. Pour une même variation de OT^i, la torsion observée sera d'autant plus grande que 3)1.2 aura moins varié. Si, au lieu du fil cylindrique, nous avons un ruban, on sait que le couple nécessaire pour fléchir ce ruban est proportionnel au moment d'inertie de la section par rapport à l'axe de la flexion. Ce couple sera donc beaucoup plus grand si l'axe est dans le plan du plat du ruban que s'il est normal à ce plan. D'autre part, les variations de la verticale ont, sur la flexion 3TL2, une résultante toujours dirigée dans un plan dont l'angle avec la direction initiale de A« est constant. C'est l'angle que font entre eux, par construction, les plans verticaux HAtf et BAG. Pour rendre minimum l'effet de flexion, il suffira donc que l'axe de la flexion 0TL2 soit dans le plan du plat du ruban. L'effet de torsion observé sera ainsi augmenté par diminution de l'effet de flexion. De plus, cet effet agira contre le couple de torsion du ruban. On sait qu'à section égale, le couple d'un ruban est à celui du fil de section circulaire, comme l'inverse des moments d'inertie des sections. On a donc, avec l'emploi des rubans, une sensibilité finalement accrue comme le carré du rapport des moments d'inertie des sections. On a pu ainsi réaliser une balance de torsion qui, observée par réflexion sur une échelle placée à 6m, donnait une déviation de icm pour des varia- tions de la verticale de -^ de seconde d'arc. Les constantes de l'appareil étaient les suivantes : !Sacm de longueur o,oo4 d'épaisseur o, i3 de largeur Couple de torsion ' 100 ergs Angle a 10 minutes Période d'oscillation azimutale 1820 secondes SÉANCE DU 10 MARS IO,l3. 835 3° Appareils pour la composante verticale. — Le système à deux flexions est sensible aux composantes verticales de l'accélération communiquées à son support. Mais il est en même temps sensible aux composantes horizon- tales, et il serait impossible de distinguer ce qui revient à chacune de ces composantes. Mais on peut employer un système très simple, dont l'idée originale revient à Babinet('); je me suis borné à simplifier l'application qu'il en avait faite. Soit un bifilaire formé de deux fils de longueur /, présentant un écartement uni- forme a, et que nous supposerons sans torsion initiale. Soit M la masse supportée. On sait que, pour un angle a, le couple de torsion est ,,. M^-a'sina w = -^-1 Dans la position d'équilibre, les deux fils sont dans un même plan vertical. Tordons l'un des fils d'un angle 9 à partir de ce plan, et soit C la constante de torsion commune des fils. Le système suspendu va prendre une nouvelle position d'équilibre dans un plan vertical faisant avec le premier un angle (3, plus petit que 8. La masse M sera soulevée, et le second fil tordu de l'angle (3. Cette position d'équilibre sera définie par la relation M"g;sin's + c? = c9. Toute variation de M^ entraînera une rotation du système. Pour des valeurs convenables de a, C, /, on arrive à des rotations de i degré pour des variations de Mg de -jôVô- On réalise ainsi à la fois une balance et un séismographe pour composante verticale. Pour l'observation des séismes, on constituera l'appareil comme suit : La masse suspendue au bifilaire sera le cadre d'un galvanomètre. Concen- triquement on suspendra, à un tritilaire, l'aimant permanent du galvano- mètre. Les périodes pendulaires seront rendues identiques. L'appareil, relié à un galvanomètre fixe, donnera des courants induits proportionnels à la rotation du cadre par rapport à l'aimant et, par consé- quent, proportionnels à l'accélération verticale du séisme. M. Gambier adresse une Note intitulée : Sur les courbes à torsion constante. M. Y. R. Rydberg adresse deux Notes intitulées : Sur les grandeurs (') Comptes rendus, t. 56, i863, p. 244. C. R., i9,3, !" Semestre. (T. 156, N" 10.) Iot> 836 ACADÉMIE DES SCIENCES. fondamentales d'un système rationnel de dimensions et Sur un système d'unités rationnelles. M. E. Guiraud adresse une Note relative aux résultats qu'il a obtenus dans la cure de diverses maladies par la lactobacilline. M. F. Garrigou adresse une Note intitulée : Étude sur l'eau du Verdet, près de Castres (Tarn); indications générales pour la région. La séance est levée à 4 heures. COMITE SECRET. SÉANCE DU IO FÉVRIER îgi 3. Rapport sur la pétition adressée au Président de l' Académie par la plupart de ses Correspondants nationaux. Commissaires : MM. Guyon, Président; P. Appell, Vice-Président; Ph. van Tieghem, Secrétaire perpétuel; Emile Picard, Edmond Perrier, Dastre, Alfred Picard; Gaston Darboux, Rapporteur (H. Poincaré et Cailletet, décédés). Messieurs, Il y aura bientôt un an, au mois d'avril dernier, le Président de l'Aca- démie recevait la pétition suivante, signée de la grande majorité de nos Correspondants nationaux : Monsieur i.e Président. L'Institut de France est, comme son nom l'indique, un corps essentiellement national, et non exclusivement parisien. Cette idée fut admise dès le principe, lors de la réorganisation de l'Institut, et quoique la plupart des savants qui s'occupaient de recherches originales fussent de fait rassemblés à Paris, il n'était pas nécessaire de résider dans la capitale pour être éligible à l'Institut. Il y avait à cette époque des •Vssociés nationaux, non résidents à Paris, qui avaient le titre et les prérogatives de Membres de l'Institut. Mais peu à peu, on ne larda pas à s'apercevoir que la difficulté des communications SÉANCE DU IO MARS I()l3. 837 entraînait l'absence à peu près continuelle des Membres de province aux séances et aux travaux de l'Institut; et, dans le but d'assurer celte assiduité, on prit l'habitude d'exiger la résidence à Paris. Aujourd'hui les conditions sont changées, quelques heures suffisent pour traverser la Fiance; le télégraphe et le téléphone assurent encore des communications plus rapides. L'obligation de la résidence à Paris pour les Membres de l'Institut n'a plus le caractère impérieux qu'elle pouvait avoir autrefois. D'autre part, à l'exception de l'Académie française, toutes les Académies de l'Ins- titut ont des Associés étrangers qui jouissent des prérogatives des Membres titulaires. Il est manifestement contradictoire avec l'effort de décentralisation qui a donné un nouvel essor aux Universités provinciales, que ce qui est accordé aux Etrangers soit refusé aux Français qui n'ont pas la bonne fortune d'habiter Paris. On ne sautait soutenir qu'il soit impossible de faire en province des travaux dignes d'ouvrir à leurs auteurs les portes de l'Institut, alors qu'on ne s'inquiète pas, pour les Associés étrangers, de savoir qu'ils habitent ou non la capitale de leur pays; et si l'on veut encourager l'initiative provinciale, il faut se garder de drainer vers Paris tous les hommes de valeur. Dans l'intérêt de la Science française, dans l'intérêt de la décentralisation, qui signifie, dans le cas actuel, extension de l'activité scientifique, il paraît donc désirable i[ue les savants de province soient plus intimement unis à l'Institut qu'ils ne l'ont été jusqu'ici. Le titre de Correspondant ne leur confère, en dehors de l'envoi des Comptes rendus, que le droit de s'asseoir aux séances parmi les Membres de l'Académie : c'est un honneur qu'ils apprécient, mais ce n'est qu'un honneur. A la vérité, l'Institut de France a des devoirs administratifs dont l'accomplissement, quelque faciles que soient les voyages, pourrait devenir onéreux ou fatigant pour les Académiciens titulaires habitant la province. Ces devoirs n'incombent pas au même degré aux Académiciens libres. Il paraîtrait équitable, en conséquence, qu'un certain nombre de Membres libres fussent désormais choisis en province, et nommés parmi les Correspondants dans les formes ordinaires. Nous estimerions aussi nécessaire que les nouvelles places d'Académiciens libres qui seraient créées fussent exclusivement réservées aux savants provinciaux. Nous ajouterons que l'Académie de Médecine possède ainsi des Associés nationaux à côté des Associés étrangers, et qu'il est arrivé à diverses reprises que des Académies de l'Institut de France ont choisi des Membres libres habitant la province. Pour ces divers motifs, les soussignés. Correspondants de l'Académie des Sciences, prient respectueusement Monsieur le Président de bien vouloir inviter cette Académie à délibérer sur cette question et à étudier les moyens d'attribuer aux savants de province un certain nombre de places nouvelles d'Académiciens libres ou. si l'on préfère, de Membres non résidents ou d'Associés nationaux portant le titre de Membres de l'Institut et ayant les mêmes prérogatives que les Académiciens libres actuels. Signé : Bazin, Guchard, Considère, Stephan, Cn. Andiié, Gouy, Sabatif.r, de Forcrand, Depéret, Kilian, Grand'Euhy, Flahault, Bertrand, Gayon, Heckel. Simon, Calmette, Gaillût, Fabre, Renaut, Valmek. Benoit, Lépine, P. Coli.n, Cosserat, Leclainche. 838 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si l'on peut relever, dans la pétition que nous venons de reproduire, quelques affirmations incomplètes relativement à la constitution de l'Ins- titut dans le passé, il faut reconnaître que la ipensée à laquelle obéissaient ses auteurs est juste, qu'elle repose sur une appréciation très nette et très précise des conditions de la recherche scientifique dans le temps présent. « Oui, l'Institut de France est un corps essentiellement national, et non exclusivement parisien. Oui, on ne saurait soutenir qu'il est impossible de faire en province des travaux dignes d'ouvrir à leurs auteurs les portes de l'Institut. Oui encore, il est grandement désirable que les savants de pro- vince soient plus intimement unis à l'Institut qu'ils ne l'ont été jusqu'ici. Il faut se garder de drainer vers Paris tous les hommes de valeur ». Sur tous ces points, notre Académie, nous pouvons le dire, a été unanime; elle a fait le meilleur accueil à la demande de nos savants Correspondants. Leur pétition a été examinée dans la séance du 21 mai dernier, mais la discussion nous a révélé que, si l'on était d'accord sur le principe, les avis différaient, et différaient grandement, sur les moyens de donner satisfaction à ses auteurs. Nos Correspondants, on l'a vu, présentent en première ligne une combi- naison dans laquelle il serait créé un certain nombre de places d'Acadé- miciens libres, les places nouvelles étant essentiellement réservées aux savants qui résident hors de Paris. Cette solution ressemblerait beaucoup à celle qui a été adoptée par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont le règlement comprend la disposition suivante : Art. 20. — Sur les dix Académiciens libres, l'Académie pourra en choisir quatre, parmi les personnes non domiciliées à Paris, mais qui pourtant devront être regni- coles. Si l'on remarque que l'Académie des Sciences compte 68 titulaires, alors que l'Académie des Inscriptions n'en a que 4<>, on voit que, pour conserver les proportions, notre Académie devrait avoir 17 Membres libres parmi lesquels 6 à 7 pourraient être choisis en province. L'Académie des Beaux-Arts exige de tous ses membres, titulaires ou libres, la résidence à Paris. D'après l'article 3 de son règlement « nul ne peut être Académicien s'il n'est Français, âgé de 25 ans et domicilié à Paris ». Il en était de même autrefois pour l'Académie des Sciences morales et politiques. Mais d'après le règlement qu'elle a adopté en 1888 « la qualité de Français est seule obligatoire pour les Académiciens libres », SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 83g de sorte que ses dix Académiciens libres pourraient, à la rigueur, être choisis hors de Paris. Si nous en venons à notre Académie, nous remarquerons qu'elle n'a abordé cette question que par une voie indirecte. Le seul article où il soit fait mention de l'obligation de résidence est ainsi conçu : Art. 2. — Tout membre qui s'absentera plus d'une année sans l'autorisation de l' Académie sera censé avoir donné sa démission. Cet article semble impliquer que les Membres, titulaires ou libres, doivent résider à Paris. A la vérité, un pur logicien pourrait soutenir que, puisque l'Académie peut donner à ses Membres l'autorisation de s'absenter, elle a le droit, par cela même, de s'adjoindre des savants qui ne soient pas astreints à la résidence. Mais il y a des textes qu'il vaut mieux ne pas presser. Et, si l'on peut rappeler qu'une disposition de l'Ordonnance de 181O appelait à faire partie de l'Académie en qualité de Membres libres, et sans leur imposer l'obligation de résidence, tous les Membres de l'ancienne Académie, adjoints, honoraires, qui vivaient encore et n'étaient pas com- pris dans le cadre des titulaires, il convient de remarquer ici que les tradi- tions peuvent, quand elles sont constantes, avoir la valeur d'un règlement. En fait, les Académiciens libres de notre Académie ont toujours été choisis parmi les personnes qui pouvaient être considérées comme habitant Paris. Les remarques précédentes nous paraissent montrer toutefois que rien, en droit, ne s'opposerait à une modification de nos règlements et à la créa- tion de places nouvelles d'Académiciens libres, exclusivement réservées aux savants des départements. C'est à un point de vue tout autre que celui de la légalité que se sont placés ceux de nos confrères qui ont combattu cette première solution. On a fait remarquer qu'elle « fausserait l'institution des Membres libres, exclusivement faite pour des personnes qui,. sans avoir une spécialité mani- feste dans telle ou telle branche des sciences, se sont signalées par l'étendue et la variété de leurs connaissances, par des applications remarquables ou par un généreux concours au progrès scientifique ». On ne saurait nier que l'introduction dans notre section des Acadé- miciens libres, si bien définie par les paroles que nous venons de rap- peler, des savants de province auxquels nous songeons et qui auraient leur place marquée parmi nos titulaires s'ils étaient à Paris, détruirait quelque peu l'homogénéité de cette section. Pour faire disparaître cette objection, dont il ne faut pas méconnaître la valeur, on a proposé de former 84o ACADÉMIE DES SCIENCES. une section particulière avec les nouveaux Académiciens libres, non rési- dents. Cette combinaison même n'a pu prévaloir. Et il n'y a aucun incon- vénient à rappeler ici que ce sont les Académiciens libres surtout qui l'ont combattue. Car cela nous donnera l'occasion d'indiquer combien nous sommes fiers de les compter au nombre de nos confrères, et combien nous tenons à leur assentiment et à leur précieux concours. D'autres combinaisons ont été proposées devant l'Académie ; par exemple l'addition d'un membre à chacune de nos douze sections ; la création d'Asso- ciés nationaux, l'abandon de l'obligation de résidence à Paris pour un siège dans chaque section. Cette dernière solution n'a pas non plus prévalu. Ses adversaires ont fait valoir « l'inégalité probable de répartition des savants de province entre les branches des sciences auxquelles correspondent les diverses sections. Ils ont objecté aussi que les sections comprennent six membres seulement, qu'elles sont chargées de certaines opérations collectives (présentations de candidatures, attributions de prix, etc.) et que ces opérations risque- raient d'être compromises par une réduction excessive du nombre des membres présents, soit en cas d'absence, soit en cas de maladie d'un des cinq membres parisiens ». Finalement l'Académie a nommé une Commission chargée d'étudier les moyens de donner satisfaction au vœu des Correspondants. Cette Commission, composée du Bureau de l'Académie, de MM. Poincaré, Picard, Edmond Perrier, Daslre, Cailletet et Alfred Picard, m'a chargé de vous faire connaître les résolutions auxquelles elle s'est arrêtée. Elle vous propose le texte suivant : Il est créé à l'Académie des Sciences six places de Membres non résidenls. Elles sont réservées aux savants français qui résident hors des départements de la Seine et de Seiné-et-Oise. Nul ne peut être nommé Membre non résident s'il n'est déjà Correspondant de l'Académie. Les Membres non résidenls ont tous les droits et prérogatives assurés par le règle- ment aux Associés étrangers. Ils peuvent prendre part aux travaux de l'Académie dans les mêmes conditions que les Académiciens libres actuels. Ils auront droit de vote quand il s'agira de remplacer l'un d'eux. Il faudrait bien se garder de voir dans la proposition que nous vous présentons un rétablissement déguisé et partiel de l'ancienne classe des Associés nationaux, qui a disparu dans la première réorganisation de l'Institut. SÉANCE DU IO MARS IO,l3. 84l Les Associés nationaux pouvaient prendre le titre et porter le costume de Membres de l'Institut; mais ils ne participaient ni aux élections, ni aux décisions de la classe à laquelle ils appartenaient. Ils jouaient en quelque sorte le rôle de Correspondants de premier rang', et il était difficile, vu leur nombre, qu'il en fût autrement. Une Académie ne travaille pas avec la moitié de ses membres dispersés. La solution que nous vous proposons donne à nos collègues de province, et sans porter atteinte à la constitution de l'Institut, la satisfaction à laquelle ils ont droit; mais de plus, mais surtout, elle permet à l'Académie de leur demander leur concours sous la forme la meilleure et la plus utile au progrès de la recbercbe scientifique. Il nous reste à examiner une objection, que l'on peut d'ailleurs faire à toutes les solutions qui ont été proposées. Si nos collègues de province, nommés Membres non résidents, viennent à Paris, leur imposera-t-on l'obligation de donner leur démission? Nous ne croyons pas que cela soit convenable ; il faut imprimer un caractère indélébile à la qualité de Membre de l'Institut. Nos confrères resteront Membres de l'Institut et ils ne seront pas remplacés, à moins qu'ils ne donnent leur démission pour se présenter à une élection de parisiens. Comme nous avons proposé de les choisir seulement parmi nos Correspondants, qui sont, en général, des savants d'un certain âge, il n'est pas à craindre que plusieurs d'entre eux se trouvent dans le cas que nous venons de signaler. Et, d'ailleurs, on ne saurait disposer pour la suite indé- finie des temps. Il faut songer que l'Académie sera toujours là et pourra, suivant les circonstances, aviser aux inconvénients qui pourraient se présenter. G. Darboux. 10 février 191 3. Après discussion, les résolutions proposées par la Commission ont été adoptées à l'unanimité par l'Académie. G. D. 8/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du io mars iç)i3. Institut de France. Académie des Sciences. Rapports présentés à la cinquième Assemblée générale de V Association internationale des Académies, sous la direc- tion de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1 91 3. Paris, Gauthier- Villars ; 1 fasc. \n-[\°. Association internationale des Académies. Rapport de la Commission pour le levé magnétique le long d'un parallèle, par M. Kykatchew. Saint-Pétersbourg, a3 novembre/6 décembre 1912 ; 1 fasc. in-4°. Promemoria in Angelegenheit einés Thésaurus der griechischen Sprac/ie, abge- faszt von Paul Ivretschmer, fur die Generalversammlung der internationalen Assozia- tion der Akademien in St. Petersburg Pfingsten 1910. Vienne, 1912; ifasc. in-ia. Notice sur Henri Poincaré, par Ernest Lebon. (Extr. des Leçons sur les Hypo- thèses cosmogoniques, par Henri Poincaré; i" édition, 191 3.) Paris, A. Ilermann et fils, 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de l'auteur.) Leçons sur les équations intégrales et les équations, intégro-différentielles, pro- fessées à la Faculté des Sciences de Rome en 1910, par Vito Volterra, et publiées par MM. Tomasseiti et F. -S. Zarlatti. Paris, Gauthier-Villars, j 91 3 ; 1 vol. in-8°. (Hom- mage de l'auteur.) Unterkreide (Palaeocretacicum), von W. Kilian; drille Lieferung : Das bathyale Palaeocretacicum im sïid-ôstlichen Frankreich ; Apt-Stufe ; Urgonfacies im siid- ôstlichen Frankreich ; mit 1 Tabelle iiber die Verbreitung der Urgonfacies im siid- ostlichen Frankreich, 1 Karlenbeilage und 6 Tafeln sowie mehreren Texlabbildungen. (Lethaea geognostica : Teil II : Das Mesozoicum ; Rd. 111 : Kreide ; erste Ableilung.) Stuttgart, igi3 ; 1 fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.) ( A suivre. ) ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 17 MARS 1913. PRÉSIDENCE DE M. P. APPELL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AC/VDÉMIE. M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de Pâques, la séance du lundi 24 mars est remise au mardi 25 mars. PHYSIQUE. — Sur les courbes de saturation et la loi des étals correspondants. Note de M. E.-H. Amagat. I. J'ai montré dans une précédente Note (27 janvier 1913) que les courbes de saturation obtenues en portant en abscisses les pressions réduites et en ordonnées les valeurs de ^- (soit c), courbes qui, si la loi des états correspondants était rigoureusement observée, devraient coïncider, étaient comprises dans un ruban relativement étroit et montrant bien que les écarts de la loi sont, en réalité, beaucoup plus petits qu'on le pense généra- lement. On a pu remarquer, sur la figure accompagnant la Note en question, que le ruban qui contient une trentaine de courbes de saturation, ainsi que les courbes en/? et /w( non réduits) (') tracées sur le même diagramme, s'arrêtent à une certaine distance de l'ordonnée origine ; c'est précisément à propos de la forme et des propriétés de cette partie non tracée des courbes (') Par inadvertance, dans la précédente Note, on a écrit, à propos de ces courbes, « en p et C » au lieu de (en p et p\>), page 276, huitième ligne. L'indication régulière est du reste portée à l'échelle de droite de la figure. C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 11.) I 07 844 ACADÉMIE DES SCIENCES. que je voudrais aujourd'hui ajouter un complément à ce que j'ai dit pré- cédemment (tfîg- i). Sur la figure ci-dessous, qui n'est autre que celle de la précédente Note, dans laquelle les courbes ont été prolongées jusqu'aux plus faibles pres- sions expérimentales, on voit que la brandie supérieure des courbes en P Atm' Etats Correspondants (Mo CiMO 0.020 40 Pression? BEnirrrEJ- Fie. i. (p — pv), celle qui est relative à la vapeur, après être passée par un maximum, décroît rapidement en se rapprochant de l'ordonnée initiale ; elle'parait (tracée à une échelle convenable), de même que la branche infé- rieure, se diriger nettement vers l'origine des coordonnées ; ce qui, pour la branche supérieure, ne paraît pas évident, car si la pression devient extrê- mement petite, le volume devient extrêmement grand. J'ai, du reste, ajouté aux courbes primitivement tracées celles des alcools étliylique et mélhylique, dont les données expérimentales régulières ('), dans (') Celles qui dans les tableaux de M. S. Young ne sont pas entre parenthèses. SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 845 les tableaux de M. S. Young, s'étendent jusqu'à des pressions de quelques centièmes d'atmosphère. J'ai aussi ajouté aux courbes de la benzine et de l'argon, pour lesquelles la figure le permettait sans trop de confusion, un certain nombre d'isothermes; ces isothermes sont seulement approxima- tives, n'étant déterminées, chacune, que par la valeur de son ordonnée initiale RT (la même pour tous les fluides, à la température T) et son point de rencontre avec la courbe de saturation. 2. Revenons maintenant aux courbes en p réduit et ^- Si, en arrivant aux faibles pressions, le ruban qui contient ces courbes paraît, à sa partie supérieure, s'épanouir tout en remontant légèrement, cela ne tient pas, ainsi qu'on pourrait le croire, à un accroissement des écarts de la loi, mais uniquement à ce que, dans ces conditions, les données expérimentales deviennent moins certaines; et en effet, pour un certain nombre de substances, en arrivant aux très faibles pressions, les tableaux de M. S. Young ne donnent les densités de vapeurs que comme approxi- matives. Mais, si l'on considère les courbes de saturation des substances pour lesquelles les densités de vapeurs sont données comme régidières jusque sous les très faibles pressions, ainsi que cela a lieu notamment poul- ies alcools méthylique et éthylique et pour l'éther, on voit que ces courbes, bien loin de diverger, convergent au contraire vers un point qui n'est autre que l'origine commune des isothermes. On voit très bien cela dans la figure ci-après (Jïg- 2); ce diagramme montre jusqu'aux plus faibles pressions la constellation formée par l'ensemble des points appartenant aux diverses substances, et en particulier les courbes relatives aux trois substances ci-dessus désignées. On remarquera que la courbe de l'alcool méthylique, issue du reste du même point que les autres, sort nettement du ruban ; autrement dit, l'exception due à la polymérisation déjà signalée au point critique s'étend jusqu'aux faibles pressions; il doit en être de même pour l'acide acétique. Le ruban se termine donc à l'origine des isothermes comme l'indique la figure 1 ci-dessus; dans la région où il se raccorde avec celui de la figure primitive, il est sensiblement compris entre la courbe de l'éther ordinaire et celle tracée en trait mixte. On remarquera encore que l'extrémité supérieure de la courbe de l'argon passe sous le ruban et ne paraît pas converger vers l'origine commune des autres courbes. Ce fait est certainement dû à des incertitudes expérimen- tales, conformément du reste à ce que j'ai déjà dit à propos de l'argon. 846 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3. Il serait extrêmement intéressant devoir comment viendrait se placer la courbe de l'hélium; malheureusement nous nous trouvons ici en face d'énormes difficultés. Pour l'hélium, en effet, toute la courbe de saturation serait comprise dans l'intervalle de quelques degrés, la température critique de ce gaz étant elle-même comprise, d'après M. Kammerlingli Onnes, entre 5° et 6° absolus; comme la pression correspondante est de 2a,m,i75, la courbe de saturation construite en p et pv, à l'échelle de la figure i, serait tellement petite qu'on ne pourrait la distinguer. On conçoit que la plus petite erreur sur la détermination de la tempéra- ture absolue entraîne nécessairement des erreurs relatives considérables. Du reste M. Kammerlingh Onnes n'a donné que quelques densités de liquides et aucune densité de vapeurs; on ne pourrait donc essayer de construire — pv), ce sont les courbes ponctuées de la figure 1 dont 8^8 ACADÉMIE DES SCIENCES. les deux branches convergent vers l'origine des coordonnées. Ces courbes ne comportent pas seulement les états d'équilibre entre le liquide et la vapeur; à partir d'une température et d'une pression suffisamment basses il y a passage direct de l'état de vapeur à l'état cristallin; c'est ce qui a lieu par exemple pour la benzine, d'après le tableau de M. S. \oung, à partir d'une température comprise entre o° et io° et sous une pression comprise entre oatm,o349 et oatm,o598. Il y a donc une droite de liquéfaction limite et la tension de vapeur correspondante est à la fois celle du liquide et du cristal, on est alors dans les conditions du triple point; voici donc très vraisemblablement ce qui a lieu : du point d'intersection de cette droite limite avec la branche inférieure de la courbe de saturation, part une isotherme limite, toutes les isothermes qui sont au-dessous de celle-ci correspondent à l'état cristallin sans passage par l'état liquide; pour celles qui sont au-dessus, il y a eu d'abord liquéfaction, puis cristallisation sous une pression qui surpasse d'autant plus celle qui correspond à l'isotherme limite que la température surpasse celle de cette isotherme. A la tempéra- ture de cette dernière isotherme la liquéfaction et la cristallisation ont lieu, pour ainsi dire, simultanément; de là résulte l'identité très probable des cristaux formés après liquéfaction ou sans liquéfaction; sans cette identité il pourrait y avoir équilibre au triple point entre la phase gazeuse, la phase liquide et deux phases cristallines; cela entraînerait l'identité des tensions de vapeurs pour deux phases cristallines différentes, ce qui est peu pro- bable, sans paraître cependant rigoureusement impossible. De l'origine de l'isotherme limite partent les deux branches d'une courbe de saturation relative aux états liquide et cristallin; la recherche de ce que devient cette courbe de saturation est assez compliquée, on peut se proposer d'en suivre les transformations en se conformant aux idées si ingénieusement dévelop- pées par M. Tamman dans un travail bien connu; mais je n'insiste pas da- vantage sur un sujet aux confins duquel je me trouve conduit incidemment, quoiqu'il soit bien en dehors de celui que je m'étais proposé de traiter, et sur lequel j'espère avoir l'occasion de revenir ultérieurement. AGRONOMIE. — Les matériaux charriés par les cours d'eau des Alpes et des Pyrénées. Note de MM. A. Miï.vrz et E. Laine. L'Administration de l'Agriculture a entrepris le recensement des grandes forces hydrauliques des Alpes et des Pyrénées, en vue de l'utilisation des SÉANCE DU 17 MARS I9l3. 849 cours d'eau pour la force motrice et l'arrosage des terres. De nombreuses stations d'observation ont été établies pour le jaugeage du débit des prin- cipaux d'entre eux, particulièrement aux points qui se prêteraient à la con- struction de barrages pour l'établissement de réservoirs. Mais les rivières de montagnes ayant souvent une allure torrentielle, on se préoccupe du charriage des limons qui, dans un délai plus ou moins long, envaseraient ces réservoirs et finiraient par les combler. Un intérêt de premier ordre s'attache donc à la détermination préalable des quantités de matériaux que l'eau entraîne et peut déposer lorsque sa vitesse d'écoule- ment vient à diminuer. Le Comité d'études scientifiques des améliorations agricoles, nous a demandé d'étudier cette question, qui se rattache directement à la possibi- lité de l'utilisation des grandes forces hydrauliques. En même temps, nous avons cru intéressant de déterminer le pouvoir colmatant de ces eaux, envi- sagées comme eaux d'arrosage, et l'apport en éléments fertilisants qu'elles fourniraient aux terres irriguées. En outre, au point de vue de la Géographie physique, ces recherches pourraient apporter une contribution au problème de l'érosion, de la dénu- dation des continents. En effet connaissant le débit moyen d'un cours d'eau, sa teneur moyenne de substances en dissolution ou en suspension, on peut calculer pour le bassin correspondant la masse des matériaux transportés, les uns formant les sédiments alluvionnaires, les autres allant se déverser dans les mers. L'intérêt de ces dernières études est tel que les Etats-Unis d'Amérique n'ont pas hésité, depuis quelques années, à les entreprendre sur l'ensemble de leur immense territoire ( ' ). En France, les données recueillies sur ces questions sont rares, on peut même dire qu'elles manquent presque totalement. Dans la présente étude, nous envisageons surtout le charriage des maté- riaux en vue de l'ensablement des réservoirs. Nous avons, pour effectuer ces recherches, établi 2'i stations, i5 dansles Alpes, 8 dans les Pyrénées. Ces stations, qui se juxtaposent à des stations de jaugeage organisées par le service des grandes forces hydrauliques, ont été choisies aux points où des barrages devraient vraisemblement être construits. Les rivières sur lesquelles ont particulièrement porté nos observations sont, pour (') Voir H. Baclig, Écoulement /hnial et déni/dation (Afin, de Géographie, t. XIX, 1910). 85o ACADÉMIE DES SCIENCES. la région des Alpes, l'Arve, l'Isère, l'Arvon, l'Arc, le Glandon, le Drac, la Drôme, la Durance, le Verrlon, le Var, ayant toutes à certains moments des allures plus ou moins torrentielles; pour la région des Pyrénées, le Tech, la Tel, l'Agly, l'Aude, la Garonne la Neste, l'Adour. Les quantités de limons charriées par ces divers cours d'eau sont extrêmement variables. En général les eaux des Pyrénées sont beaucoup moins limoneuses que celles des Alpes. Ainsi, la Garonne ne porte que .">" à 5oï de limon par mètre cube. Au moment des crues exceptionnelles, elle en porte ik», Soo.Son débit dépassant alors 4oom3 par seconde, c'est encore 52 0oo' de limon charriées par 2/4 heures. La Neste a une allure plus torrentielle, elle charrie i3ks à i6ksde matériaux par mètre cube. Mais en temps normal ses eaux sont claires. Les eaux de l'Adour sont toujours claires, la proportion de limon ne dépasse jamais 5oS par mèlre cube. L'Agly est la seule de ces rivières qui s'alimente dans un massif calcaire, celui des Corbières. Ses eaux sont ordinairement limpides. Ce n'est que par de fortes crues qu'elles charrient jusqu'à 3Sks de limon par mèlre cube. Les eaux des Alpes sont incomparablement plus chargées de limons. La plus limo- neuse des rivières alpines est l'Isère. Dans son cours supérieur, alimenté surtout par des glaciers, ses eaux sonl assez claires et la proportion des limons atteint à peine 2ks par mètre cube. Dans son cours moyen, il n'en est plus de même; elle a reçu certains affluents tels que le Glandon, qui, au moment des crues, sont de véritables torrents de boue, charriant i5oks à 26oks de limon. Aussi les eaux de l'Isère tiennent-elles quelquefois en suspension i23k" de limon par mèlre cube. Le débit de l'eau étant alors de 38om' par seconde, la quantité de limon charriée en i!\ heures a atteint 4oooooo'. Les eaux de la Durance sont également très limoneuses, sans toutefois atteindre les mêmes teneurs. Ainsi à Mirabeau, le maximum que nous ayons observé n'a été que de iiks,^35 par mètre cube, au début d'une forte crue. Le débit étant alors de 3j5m' à la seconde, la proportion de limon charriée en i!\ heures atteignait 370000' ('). Ces quelques chiffres suffisent pour montrer combien sont élevées les teneurs en matériaux solides charriés par les cours d'eau des Alpes et pour mettre en garde contre le danger que présenterait la construction de barrages réservoirs, qui s'ensableraient rapidement et cesseraient alors de fonctionner. Les eaux ne sont pas limoneuses à des époques quelconques de l'année. Les grandes rivières des Alpes, comme l'Arve, l'Isère, la Durance, dont le bassin d'alimentation comprend d'importants glaciers, ont un régime bien régulier. La période des basses eaux, se confond avec l'hiver; les eaux sont (') A d'autres points de vue, Hervé Mangon avait trouvé des résultats analogues dans ses travaux classiques sur les Limons de la Durance. SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 85l alors claires. Au printemps surviennent des crues importantes, provoquées par la fonte des neiges. Au début de ces crues, les eaux entraînent des quantités énormes de limons, qui résultent de la désagrégation des roches pendant la période de repos qui a précédé. Ces quantités de limons mesurent en quelque sorte le degré de friabilité des roches du bassin d'alimentation. Elles peuvent servir également de mesure à la masse des roches transformées en éléments fins dans l'intervalle de deux crues. Pendant l'été, on a une période de hautes eaux entretenues surtout par la fonte des glaciers, avec des teneurs en limons notablement moins élevées que pendant les crues de printemps. Les matières dissoutes, et en particulier la chaux, subissent en même temps des variations régulières fort curieuses. Dans les rivières des Alpes, leur proportion, élevée pendant la période des basses eaux de l'hiver, diminue à partir des crues de printemps et se maintient basse pendant l'été, pour se relever en automne. Ainsi l'Isère, à Moùtiers, contient 2o8s de chaux par mètre cube en janvier et 75^ seulement en juillet; la Durance, à Embrun, contient 138^ de chaux en janvier et seulement 70e en juillet. Ces résultats trouvent leur explication dans le fait que les eaux provenant de la fonte des neiges et des glaciers n'apportent pas de principes dissous et viennent diluer celles qui s'égouttent des terres et qui contribuent en toute saison à alimenter le bassin. Les rivières des Pyrénées, où les glaciers sont absents ou peu importants, ont un régime différent. Les eaux sont claires en toutes saisons, sauf au moment des crues provoquées par des orages ou des pluies abondantes et qui peuvent survenir à une époque quelconque de l'année. La proportion de matières dissoutes, principalement la chaux, est bien moins abondante dans ces eaux que dans celles des Alpes et n'est pas sujette à des variations notables. Ce qui peut contribuer à donner aux Alpes une telle abondance de maté- riaux charriés par leurs rivières, c'est leur âge relativement récent. Les Pyrénées, de formation beaucoup plus ancienne, ont été délavées pendant un temps infiniment plus long. Il ressort de l'ensemble de ces études qu'il ne faut entreprendre, sur les cours d'eau des Alpes, la construction de barrages réservoirs qu'avec beaucoup de prudence, car un envasement très rapide est à craindre. Il n'en est pas de même dans les rivières des Pyrénées. C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 11.) Io8 H"l2 ACADÉMIE UES SCJENCEb. astkonomie PHYSIQI'E. — Stir la théorie de la photosphère gazeuse. Note de M. (iouy. 1. J'ai déjà essayé de montrer que les parties du Soleil accessibles à la vue sont vraisemblablement constituées par des gaz et des vapeurs très raréfiés ('). Il convient d'examiner de plus près quelles doivent être les apparences présentées par le Soleil dans cette hypothèse, en admettant, comme première approximation, que le rayonnement soit entièrement ther- mique et soumis à la loi de Kirchhoff. Considérons dans la masse solaire une surface de niveau que nous regar- dons comme plane, et sur laquelle tout est uniforme; z est sa distance à une origine extérieure au Soleil. Soit, pour un rayon de longueur d'onde A, f(z)dz le pouvoir absorbant de la couche dz, le rayon étant vertical. Pour la direction faisant un angle a avec la verticale (2), ce pouvoir absorbant du sera > en posant cosot r (i) u,= f f(z)dz. •ci Soit N ou u, , et comme la fonction cp2 croit avec la variable, on a donc 100 75 100 Temps moyen de Lyon. Ii m s 9.18.29,0 9.18.28,9 IO.I2 .47 ,2 IO. 12.47-2 10.19.17,6 IO.I9. 17,6 10.23 . 0,1 I0.23. 0,5 10. 26. 1 5 . 4 10.28.28,7 10.28.28,6 io.48.36,3 io.48.35,8 1 o . 54 . 5 1 ,0 iQ.54.5ti ,3 10.55. 34.5 io.55.34 ,6 o. i3,6 o. l3,2 . 4.18,6 • 4."8,7 . 5.59,0 ■ 5.09,4 Remarques. Etoile en contact 6" avant Etoile en contact 4" avant Difficile à suivre Difficile à suivre, disparue entre le battement de 2* Intermittences d'éclat à deux reprises avant disparition Contact 4* à 5S avant Ces occultations ont été observées à l'équatorial coudé (C) par M. Luizet, et à 858 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'équatorial Briimier (B) par M. Guillaume. Les phénomènes onl tous été notés au bord obscur, bien visible, de la Lune. Les observations rapportées ont été faites dans des éclaircies, et, malgré l'étal très nuageux du ciel, la définition des images était bonne. La suite des phénomènes, qui se produisait près de l'horizon, a été cachée par un banc de nuages. La désignation et la grandeur des étoiles sont données d'après le Catalogue des Pléiades de M. Lagrula. analyse MATHÉMATIQUE. — Sur les matrices hypohermitiennes et les unitaires. Note de M. Lftox Autonvk, présentée par M. Jordan. Dans deux Mémoires déjà anciens [Sur l'hermitien (Rendiconti du Cercle mathématique de Palerme, 1902); Sur V hypohermilien {Bull, de la Soc. math., 1903)], j'ai étudié les matrices hypohermitiennes et les unitaires. Soient : a la conjuguée de l'imaginaire a; A = (ajk) une matrice n-aire, \j, k = 1,2, . . . , n J 5 A' sa transposée, A' = (#/,7) ; A = (ajk), sa conjuguée. Pour que A soit hypohermitienne, il faut et il suffit que : i° A' = A; 20 l'expression, toujours réelle, y ajk xf xk, ne devienne négative pour aucun choix des x. Une hypohermitienne invertible devient hermitienne. A est unitaire si AA' = E„ = «-aire unité. Les racines caractéristiques : i° pour une hypohermitienne, sont réelles et non négatives ; 20 pour une unitaire, ont le module 1. Une hypohermitienne ou une unitaire sont canonisables et admettent une canonisante unitaire. La continuation des recherches précédentes m'a conduit à une suite de propositions qui ne paraissent pas absolument dénuées d'intérêt. Théorème I. — Soit une matrice donnée quelconque A. Il existe toujours une hypohermitienne canonique F et un couple (L,M)^e deux unitaires L et M, tels qu'on ail A = LFM. F est définie sans ambiguïté. Si (L, M) est un couple, tous les autres sont fournis par la formule (LT, T~'M), où T est une unitaire quelconque échangeable à F. Théorème II. — Si l'on s'astreint à rester dans le réel, l'énoncé précédent subsiste, sauf que les unitaires L, M, T sont réelles, c'est-à-dire orthogonales. Théorème III AA' = E„. et W désignent deux matrices réelles ( n = nu SÉANCE DU 17 MARS IO.l3. 85o, Soit A «ne orthogonale complexe donnée quelconque, Introduisons l'orthogonale Q, = = (■> 0 0 V 0 8 0 V 0 0 •v, » V V «0 w 2 V ) o H o iW, — il o o •J ou o o Î* + I o, $ 0 et H etort/ deux hermitiennes canoniques v-aires, liées par la rela- tion 02— H2 == Ev. Il existe toujours un couple (U, V) de deux matrices U et V, réelles et orthogonales, tel que A = U12V. ù est définie sans ambiguïté. &'(U,V) e*/ «« couple, tous les autres sont fournis par la formule (UT, T~'V), oùT est une orthogonale réelle quelconque échangeable à Q, c'est- à-dire à $ et à W. Dans les recherches de Dynamique et de Physique mathématique qui se rattachent au principe de relativité ( Einstein, Lorentz, Minkowski, H. Poin- caré, etc.), on nomme (voir par exemple : Laue, Das Relatùitâtsprinzip et Brill, Das Relativitâtsprinsip : Eine Einfùhrung in die Théorie) transfor- mation lorentzienne une substitution linéaire et homogène, réelle et quater- naire, qui, effectuée sur les quatre variahles x, y, z, u, admet pour invariant absolu l'expression x- -+-y2 + s2 — ur. Généralisant notablement cette définition, je nomme lorentzienne toute substitution linéaire et homo- gène, rc-aire et réelle, qui, effectuée sur les n variables xj, admet pour invariant absolu l'expression X = \ ajkXjXk, où la matrice (c/y7>.)est réelle ;* et invertible. Il est licite, sans restreindre la généralité, de faire avec u 4- xs = n. On a d'abord des lorentziennes banales à existence évidente ( ) , p et q étant des matrices réelles et orthogo- V o q ) m nales, respectivement u-aire et ni-aire. Théorème IV. — Soit une lorentzienne quelconque A. Introduisons la C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 11.) IO9 86p lorentzienne ACADEMIE DES SCIENCES. o (■) II o o H 0 o o o o Era_v ■J — V V V 57 — V U — V V 1 V ro — v (0 et H étant deux hermi tiennes canoniques v-aires, liées par la rela- tion 02 - H2 = Ev). // existe toujours un couple (L, M) de deux banales L el M, tel quon ait A = LFM. F est définie sans ambiguïté. Si (L, M) est un couple, tous les autres sont fournis par la formule (LT, T~'M), où T est une banale quel- conque échangeable à F. Pour les lorentziennes ordinaires, r\ = 4, u Z, TT, I o o 0 0 i o o 0 o 9 ï) o 0 r; 9 F = [0, Y) = positifs, ô2 — Y]2 == i; posons 8 = k; rj = /-y, #==-+- ("i — <72) 5; on retombe sur la formule connue (i6«), p. 9 de BrillJ. Théorème V. — Soit A une unitaire donnée quelconque. Introduisons Vunitaire canonique F = \xj, Xje'aj\, où i° cosay>o, om 20 sinay= 1, « cosa; = o. // existe, toujours un couple (U, V), de deux réelles et orthogo- nales U et V, tel que A = UFV. F est définie sans ambiguïté. Si l'on a un couple (U, V), tous les autres sont fournis par la formule (UT, T"' V), où T = réelle orthogonale quelconque, échangeable à F. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la solution des équations séculaires et des équations intégrales. Note de M. Ch. Mumtz, présentée par M. Emile Picard. Dans une Note récente sur le même sujet ('), nous avons donné une méthode directe pour trouver les axes principaux (les fonctions principales) (') Comptes rendus, 6 janvier 1 91 3. SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 861 d'une forme quadratique (d'un noyau symétrique) quelconque. La même méthode permet aussi de trouver directement les constantes caractéris- tiques X; il est bien remarquable que cette méthode reste encore vraie, à quelques restrictions prèsj dans le cas plus général d'une forme bilinéaire (d'un noyau) non symétrique, d'ailleurs réelle ( — /) ou non. Soit donc à résoudre l'équation (•) Cil, — j £« en SijU^i) = o, où les cik sont des constantes arbitraires. Pour éviter des circonstances plus compliquées, nous nous bornons ici au cas où les c;k et les racines X sont réels ; nous supposons de plus tous les A sont positifs, ce que ne diminue pas la généralité. Formons les puissances Cv = lk;*f = C||, et laissons de côté, s'il y en a, les éléments ou les mineurs égaux à zéro pour tous les v. Soient A,, X2, ..., X„ les racines de (1), ordonnées en croissant. On aura : a. En général, le rapport cjjj! : c^+,) tendra pour v croissant indéfiniment vers À, ; c'est, à ce qu'il semble, le seul résultat déjà connu de cette théorie, dû à M. Perron (Math. Ann., t. LXIV). b. Le rapport de deux mineurs correspondants d'ordre [/. dans ("' et Cv+i tend en général vers le produit X,Xa...X,,; on peut déduire ce résultat du précédent, en se servant de quelques identités pour les déterminants, données par M. Rados (Ibid., t. XL VIII). Mais voici les énoncés plus précis : c. Dans des cas spéciaux seulement et pour des indices spéciaux, les rap- ports en question convergeront vers une racine autre que A,, ou vers un produit des racines autre que X, X2 . . . X(Jl. d. On obtiendra précisément X, et les produits X,X2. . . X^, si l'on prend, en passant à la limite, les rapports des valeurs absolues des lignes corres- pondantes ou de leurs combinaisons dans C et C'+\ le carré d'une telle valeur étant défini par la somme des carrés des éléments ou des mineurs de ces lignes. Au fond, notre méthode présente une simple généralisation du procédé connu de Bernoalli, et elle est valable dans les mêmes cas que ce dernier. Toute équation algébrique pouvant s'écrire de différentes manières comme (S62 ACADÉMIE DES SCIENCES. équation séculaire (i), on aura ainsi une méthode directe de solution numé- rique. On fera aisément l'extension possible aux problèmes analogues trans- cendants, et surtout aux équations intégrales. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur tes familles de fonctions algébroïdes. Note de M. Georges Rémoundos, présentée par M. Emile Picard. 1. On sait que les théorèmes de M. Picard sont complétés par les travaux de MM. Landau, Hurwitz, Scholtky, CarathéodoryetBoutroux('), qui donnent une propriété commune à toute une famille de fonctions holo- morphes admettant des valeurs exceptionnelles; j'ai fait connaître des théorèmes appartenant au même ordre d'idées et concernant des familles de fonctions multiformes dans un domaine dans deux Notes antérieures (Comptes rendus : i° Le théorème de M. Picard et les fonctions multiformes, t. 155, 28 octobre 1912, p. 818; 20 Le théorème de M. Picard et les fondions algébroïdes, 3o décembre 1912). 2. Je me propose de faire connaître ici de nouveaux résultats concernant les familles de fonctions algébroïdes. I. Considérons une famille (f) de fonctions algébroïdes définie par l'équation (1) F(^,«) = "" + A1(j)««-|+A2(,-)«»-2-h...+ A„_1(5);/-i-;?(;)=o, où les fonctions entières A, (s), A.,(s), . . ., A„_,(:) ont tous leurs coefficients donnés et fixes : A,(;)=f/1+i,;+f1c! + ..., A, ( z ) = a2 + bïz -+- CiZ- -+- . . . , (2) Ah-i(~) = «n-i-t- *«-t5 + C„_iSs + . . ., et g (s) désigne une fonction entière ( 3 ) g( z) — a ■+- p., : + y., s* ■+- fx.,53 + . . . , dont le premier coefficient seulement est fixe, tandis que tous les autres, u.,, tx.2, |j.:1. . . ., sont des paramètres variables; considérons aussi un nombre u, diffë- (') Tout récemment M. Montel a fait connaître des nouvelles généralisations impor- tantes des théorèmes de M. Picard [Sur quelques généralisations nouvel/es des théorèmes de M. Picard (Annales de l'Ecole Normale, 3e série, t. XXIX, année 1912; Comptes rendus des séances de la Société mathématique de France, séance du 18 décembre 1912)]. SÉANCE DU 17 MARS I 9 I 3 . 863 rent des racines de l équation (4) P(«)= M"_1-hrt,«"-2+ a, m"-3 H- . . . + «-„_, = 0, z7 existe un nombre fixe K /e/ r/Me /owie fonction de la famille (f) assujettie à la condition (5) |/*i|>K prenne une fois au moins l'une des valeurs o et u, à P intérieur d'un cercle (6) |*|?(yo.y,) ('). où — « jj.|I'(»|) — a(b,un -2-t-fe2»"~3 + ...+ <*„_, ) J'établis ensuite un théorème plus général concernant les familles (F) définies par une équation «F(s, M) = "" + Ai(s)""-1-f---- -+- Av_, (;),/"-'+■ + *(«)«" l'+Aï+1(:)««+' + ...+ A,(;) = o, dans laquelle le coefficient £'(-) d'un terme quelconque contient les para- mètres variables [/.,, [jl2 , fjt.3 , ..., les autres fonctions entières A ,(z), A, (s), ..., Av_, (s),.Av+1(s), . . ., A„( = ) étant fixes; nous considérons ici deux valeurs quelconques u, et a., différentes de zéro. Ce théorème a le même énoncé que le précédent, sauf que la condition P(w,) ^ o est remplacée par la suivante : ( u{ — u\ ) + al{ 11)-'— Wf1 ) -4- . . . Lorsque v — n et 11* — o, nous retombons à la condition P («,) =£ o du théorème I. Faisons encore pour le théorème I la remarque suivante : Si nous donnons au paramètre a, une valeur fixe assujettie à la condition ( 5), nous obtenons (') C'est la fonction bien connue indiquée par M. Landau et déterminée par M. Caralhéodory. Voir, par exemple : F.. Landau, Ueber den Picardschen Satz ( Vierteljcthrsschrift der Naturforschenden Gesellschaft in Zurich, Jahrgang 51, 1906). 86/( ACADÉMIE DES SCIENCES. une nouvelle famille extraite de la famille (/), pour laquelle le rayon R est aussifixe. 3. Donnons la définition suivante : Une valeur w, ^ o sera dite hyper- exceptionnelle d'une fonction algébroïde u = a(z) dans un domaine (D) si cette fonction et son adjointe a, ne prennent pas la valeur //, dans ce do- maine. Nous établissons le théorème suivant : II. Soit (G) la famille de fonctions u =a(s) algébroides ayant le même nombre n de branches et prenant en z — o comme valeurs les racines de l'équation P(u) = h" H- (!,«"-'+ a,u"~--\- . . . + «„_!« 4- a„= o, les coefficients a,, a.,, . . ., an étant des nombres donnés quelconques. Si les valeurs o et y. sont exceptionnelles et la valeur ut=f=o est hyper- exceptionnelle pour toute fonction de la famille dans un cercle |s| <^R, il existe un nombre fixe K(a,, a.,, ..., a„, ut) > o tel que nous ayons Vinégalitè ( ' ) | « | > K satisfaite pour une au moins des brandies dans le cercle | s | < — • Le nombre K est donné par la formule i „ i où Ton a (*>(3o))" P(«.) '•>{%) = eiï. en désignant par A le plus petit des nombres logô„ log(r— ô„)|, les logarithmes étant pris en valeur réduite. 4. Donnons les définitions suivantes : «.'. Si nous considérons une suite de fonctions /,(s), /,(*), /,(*) /„(*) (') On peut dire que la famille en question est bornée dans un sens large du mot, parce que les n points u = a(z) ne pénètrent jamais simultanément à l'intérieur du cercle | u \ > K, qui est, par conséquent, un domaine exceptionnel pour la famille ((i). L'intérêt d'une telle famille, dans le cas de fonctions holomorphes, est montré par M. iMonlel [Sur les familles de fonctions analytiques qui admettent des valeurs exceptionnelles dans un domaine (Annales de l'Ecole Normale, 3e série, t. XXIX, 1012)1 SÉANCE DU 17 mars igi3. 865 algébroïdes à v branches dans un domaine D, nous dirons que celle suite converge uniformément vers un ensemble fini de fonctions algébroïdes f(z), si l'on peut faire correspondre à chaque nombre positif e arbitrairement petit un entier/; tel que pour n^>p on ait I /(*)-/«(*)!<«. pour une au moins des brandies des /'(s) et pour une au moins des branches des/*„(s) et pour tout poinl z appartenant au domaine D,. C'est une généralisation de la convergence uniforme classique. p'. Une famille (F) de fonctions algébroïdes à v branches dans un domaine D sera dite normale si, de toute suite infinie formée de fonctions de (F), on peut extraire une suite nouvelle convergeant uniformément, dans l'intérieur de D, vers des fonctions algébroïdes (l'infini compris), dont le nombre total de branches est égal à v. Le nombre des fonctions limites sera, par conséquent, au plus égal à v; si v = 1, nous retombons à la notion des familles normales de fonctions hnlomorphes utilisée par M. P. Monlel dans ses importants travaux. | 1. Sur les suites infinies de fonctions (Thèse et Annales de l'École Normale, 3'' série, t. XXIV, 1907) ; '2. Leçons sur les séries de polynômes à une variable complexe, Paris, (lauthier-Villars ; 3. Sur les familles de fonctions analytiques qui admettent des valeurs exceptionnelles dans un domaine (Annales de l'Ecole Normale, t. XXIX, 191 2).] Xous établissons le théorème suivant : III. Toute famille de fondions algébroïdes à un nombre fixe v de branches dans un domaine D, bornées dans leur ensemble dans le même domaine, est un e famille n orma/e . C'est une extension aux fonctions algébroïdes d'un théorème énoncé par M. Montel dans ses travaux ci-dessus énoncés (I) et (3). NOMOGRAPHIE. — Sur la disjonction des variables dans les équations repré- sentables par des nomo grammes à points alignés. iNote de M. Farid Buui.au Iîey, présentée par M. Appell. On sait qu'une équation quelconque F, 23 = o à trois variables gtfsitz9 est représentable par un nomogramme à simple alignement, si elle peut F, G, il. F, G, IL F, G, H3 866 ACADÉMIE DES SCIENCES, être mise sous la forme du déterminant (' ) (0 F,, G/, H, désignant des fonctions réelles d'une seule variable :-,-. Nous avons déjà indiqué diverses méthodes propres à effectuer cette réduction lors- qu'elle est possible ('-), c'est-à-dire d'opérer ce que M. d'Ocagne appelle la disjonction des trois variables s,, z2, s3. Nous allons ici présenter une nouvelle méthode permettant, dans bien des cas, d'effectuer cette opération parla seule résolution de trois identités fonctionnelles au moyen de la notion si féconde des valeurs critiques de M. d'Ocagne. Les solutions fournies par cette méthode offrent d'ailleurs un intérêt particulier, en raison du grand nombre de paramètres arbitraires qu'elles renferment et qui se prêtent à diverses variantes. En l'appliquant à l'équation d'ordre 3, nous établirons que les trois genres de nomogrammes à échelles cubiques, coniques et rectilignes connus comme représentatifs de cette équation peuvent être définis au moyen d'un seul déterminant général à 12 paramètres arbitraires, et que les deux genres de nomogrammes coniques et rectilignes peuvent aussi s'obtenir en décomposant en facteurs l'équation générale résultant de ce déterminant pour les supports des échelles correspondantes. En effet, en remarquant que l'équation quelconque Fl23 = o peut s'écrire sous la forme (s) Fus— ' x F,ï3+o xdiH, + o x fm+o x Xm=°i où (I)i2:1,1ï'i23)'/,i23 sont trois fonctions arbitraires, il est aisé de voir que, si ces trois fonctions sont telles que les trois identités suivantes : 1 > X Fm+ Fi *m+ 6i?in+ H,Xiu= o (quels que soient z, et s3), (3) ixF^j+Fsdiuj+Gîfijj+HjXisi^o (quels que soient s, et s3), f 1 X F,î3-1- F3$,S3-i- G3ttla3-|- H3y123 = o (quels que soient ;, et c2), admettent une solution par rapporta F,, G,, H,, le problème ci-dessus est (') Traité de Nomographie, par M. d'Ocagne, p. 123, et son Cours de Calcul graphique et Nomographie, p. 221. (2) Comptes rendus, \[\ février 1910, p. 379; Bull, de la Soc. math, de France, t. XXXIX, 1911, p. io5, et t. XL, fasc. 4, 1912. p. 383; Inlern. Congress of Malhe- maticians, Cambridge, 191 2. SÉANCE DU 17 MARS 1913. 867 résolu d'une manière générale, car ces trois identités avec l'équation (2) donnent, par élimination, un déterminant du quatrième ordre qui se réduit immédiatement au déterminant voulu ( 1). Cela posé, montrons comment on peut résoudre algébriquement ces iden- tités dans le cas d'une équation d'ordre quelconque. Soient/,1, f], . .., f" (pour «'= i,2,3) trois systèmes de fonctions quelconques, chacune d'une seule variable sj, par rapport auxquelles l'équation proposée est nomogra- phiquement rationnelle sous forme homogène. Prenons, pour chacune des trois fonctions ci-dessus ^,>3,Wl.,3,y_li3, une expression qui soitaussi nomo- graphiquement rationnelle par rapport aux mêmes systèmes de fonctions fnfh • ••■>/"• Considérons comme paramètres les coefficients des termes contenus dans ces expressions. Cela dit, pour avoir un quelconque des trois systèmes de fonctions F,, G,, H,, par exemple le système des trois fonctions F,,G, , H, qui doivent vérifier la première identité (3), recher- chons par le procédé de M. d'Ocagne les équations qui déterminent les valeurs critiques de z, correspondant à une valeur indéterminée donnée à chacune des autres variables z.2 et z3 dans cette identité. Pour cela, ordonnons celle-ci par rapport aux quantités ou groupes de quantités/*/^, /*, f% e t égalons à zéro les facteurs de toutes ces quantités (') dans le développement obtenu. Nous aurons alors un système d'équations linéaires en F, , G, , H , . A présent, il suffit de vérifier la compatibilité de ce système quel que soit zK et d'en résoudre ensuite trois équations quelconques, pour avoir les éléments cherchés F,, G,, H,. Application. — Ecrivons la forme canonique suivante, entièrement symé- trique, de l'équation d'ordre nomographique 3 la plus générale ( 4 ) F1S3= «/, /,/, -t- (3 1/ifj + ylft + i = o. Pour effectuer la disjonction des variables par la méthode en question, adoptons, en nous référant aux notations ci-dessus, les expressions suivantes : *i!3 = m /, /,/, + n 1/,/j + p 2 fi + g, T1!3= m' 7,/,/,+ nlïfifj + p'Zfi+ »'/,+ n') + Hi(m''fJ+ n".) =-«/<•- (3, (5) < F,(« ft + p) + G,(«' fi+pf ) + H£(«" /, + /»') = - (3/,— y. ! F/i /> .A -+-?) + &( // /, + , G,= /?-y, H,=/f + «. Les éléments F,-, G,, H, du déterminant générateur du nomogramme représentatif de l'équation (4), étant ainsi définis par les équations (5), pour avoir, à présent, en coordonnées cartésiennes et homogènes x, y, :-, l'équation générale des supports des échelles de ce nomogramme, il suffit de substituer oc, y, z respectivement à F,, G,, H, dans les deux équations linéaires et homogènes résultant de l'élimination du second membre des équations (5) entré celles-ci. Ensuite, en éliminant f, entre ces deux équations homogènes, on aura une équation du troisième degré repré- sentant le support aux échelles ci-dessus. Cette équation étant à 12 para- mètres arbitraires, on peut démontrer qu'elle est décomposable en deux facteurs représentant les équations des supports correspondant aux deux genres de nomogrammes coniques et rectilignes. Nous nous réservons d'étendre celte méthode aux équations à quatre variables d'ordre quelconque représentables par double alignement. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le théorème d'indépendance de Hilbert. Note de M. Tu. De Doxder, présentée par M. P. Appell. I. Grâce à la théorie des invariants intégraux, nous avons étendu dans ces Comptes rendus (séance du 17 février i()i3) le théorème d'indépen- dance de Hilbert, au cas où la fonction F dépend des n fonctions v, , . . . , y„ SÉANCE DU 17 MARS lO,l3. 869 de la variable indépendante t, ainsi que de leurs- dérivées jusqu'à un ordre quelconque ; cette théorie fournit aussi l'extension des résultats de MM. Hil- bert, Hahn et Bolza, relatifs au cas où F ne renferme que les dérivées premières. II. Supposons maintenant qu'il y ait plusieurs variables indépendantes, par exemple t, et /2; et pour plus de simplicité aussi, supposons que F ne contienne les dérivées partielles que jusqu'à l'ordre deux. Posons III. Soit (<) un invariant intégral relatif i-uple (') des équations différentielles totales, immédiatement intégrables fyi—Yu{titîy)dtl + Yi,(t1ity)dti (i=i. ...,n). On aura, par définition, dt , eft2 ^i + ^î-aF, où F est une fonction dey,, .. -.y,,, tt, t.,, et où o/, = o/2= o. Pour que (2) ( 2 ) v , ( nu. ôJ; ^2 _ n21. ô>,- 0/, ) + P— y^N./Y.i+N./Y, ,Y2,) 3f, ô/. soit une différentielle exacte 2-uple, il faut et il suffit que j, et y, soient deux différentielles exactes (où o£, = 0^ = 0 ). IV. Considérons la fonction F du n° II et identifions ^ V, [ p,,o>,+ q,,o/,"+ R„â,-,-] + ^ y , -[P„ ôfi+ Q±W + n,,syy] ^àF. 1 1 (') Nous avons indiqué cette extension dans une Note présentée, par M. Appell, à l'Académie des Sciences de Paris (séance du g septembre 1901). (-) L'expression (2) se déduit de (1) par un procédé analogue à celui employé dans notre Note précédente. 870 ACADÉMIE DES SCIENCES. On trouve n équations aux dérivées partielles dF ~ d dF d_ dF_ d>_ àF d> dF d% dF __ (o) Hyt~~dTl dfp ~ dt,_ dyfi + dt\ dfp~> + dt, dt, Of,1-' + dt\ dy\™ ~ et des équations qui déterminent complètement les Pu, . . ., R._,,, à l'excep- tion des Rw et des Q2;-, qui ne sont soumis qu'aux conditions r. «-v àF , . V. Supposons que l'on connaisse 2 n fonctions y1,", . . -, r„' , ,)'',", • ■ •, y™ des n -t- 2 variables v,, . .., ,)'„,/,, t..,, satisfaisant identiquement aux équa- tions (3). Posons et de même pour iN2,. On aura le théorème d'indépendance suivant : Pour que (4) v,(^ôj,0%-n~ôv,ô<,)+ f-2'0wFt-|-n«7Fî) Uti'tt, soit une différentielle exacte 2-uple, il faut et il suffit que n I n soient deux différentielles exactes. Si n = 1, l'expression (4) sera toujours une différentielle exacte 2-uple. MÉCANIQUE. — Appareil de mesure des vibrations de corps solides en mouvement . Note de M. Cari.o Bouri.et, présentée par M. H. Sebert. La mesure de la fréquence et de l'amplitude des vibrations d'un corps solide en mouvement, par exemple du châssis d'une voiture ou de l'aile d'un aéroplane, ne peut pas être effectuée avec les instruments ordinaires, SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 87 1 parce qu'on ne dispose pas, au voisinage du corps vibrant, d'un support fixe sur lequel on puisse installer un appareil enregistreur. Pour réaliser cette mesure j'ai imaginé le dispositif suivant qui n'exige aucun support fixe au voisinage immédiat de la pièce vibrante. Il com- prend deux capsules manométriques reliées entre elles par un tube de caoutcbouc qui peut être aussi long qu'il sera nécessaire. Sur la membrane flexible de la première capsule, dite réceptrice, est collé un large disque métallique assez lourd. On fixe cette capsule directement sur le corps vibrant, de façon que le plan de sa membrane soit normal à la direction des vibrations. La capsule participe ainsi au mouvement vibratoire, sans le troubler, pourvu que sa masse soit très faible par rapport à celle du corps vibrant. En vertu de son inertie, le disque métallique prend alors, par rapport à la capsule, un mouvement oscillatoire relatif inverse, et la mem- brane est ainsi animée d'un mouvement vibratoire de même période que celui qu'il s'agit d'enregistrer. Les variations de pression qui en résultent à l'intérieur de la capsule réceptrice se transmettent à la seconde capsule dite enregistreuse, laquelle est disposée comme une capsule ordinaire de Ylarey et est munie d'un style qui inscrit ses mouvements sur un cylindre tournant. Par exemple, pour mesurer la vibration d'une aile d'aéroplane, on fixe par deux vis la petite capsule réceptrice au point de l'aile qu'on veut étudier. Le dispositif enre- gistreur est placé dans le fuselage sur un matelas amortisseur et le tube de caoutchouc qui relie les deux capsules court à l'intérieur de l'aile. Un calcul sommaire montre que le mouvement relatif du disque par rapport à la capsule réceptrice est composé d'une part d'un mouvement vibratoire principal syncbrone de celui qu'on veut enregistrer et d'autre part d'un mouvement vibratoire secondaire dû à l'élasticité de la mem- brane. Il faut évidemment construire l'appareil de telle sorte que ce mouvement secondaire soit tout à fait négligeable, (''est ce qu'on obtient en employant une membrane épaisse, bien tendue, et un disque métallique de grand diamètre qui la couvre presque entièrement de façon à ne laisser qu'une étroite bande circulaire à découvert. Dans ces conditions, le calcul fait prévoir que, pour une fréquence donnée, l'amplitude a' des oscillations du style enregistreur est proportionnelle à l'amplitude a des vibrations qu'on veut mesurer, mais que le rapport de ces deux amplitudes est une fonction décroissante de la fréquence. Cet appareil a été exécuté au Laboratoire du duc de Guicbe avec lequel j'ai étudié la réalisation pratique du dispositif. 872 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'expérience confirme les prévisions théoriques : 1" Le mouvement vibratoire secondaire est absolument négligeable et même en général imperceptible, de telle sorte que les fréquences du mou- vement vibratoire qu'on mesure et du mouvement du style sont égales; 20 Pour une fréquence donnée, le rapport/- = — reste constant quand on fait varier a; 3° L'amortissement /■ augmente quand la fréquence diminue. Pour se servir de l'appareil, il faut donc l'étalonner au préalable au laboratoire de façon à connaître r en fonction de la fréquence. Les expé- riences d'étalonnage que nous avons faites ont montré que les indications de l'appareil ne sont pas modifiées par la forme du tube de caoutchouc qui relie les deux capsules, qu'on peut à volonté maintenir déroulé ou enroulé pourvu que le nombre des enroulements ne soit pas trop grand. Il est bien clair que cet étalonnage ne vaut que pour un appareil déterminé; mais une fois établi, on peut se servir de l'instrument pendant assez longtemps sans avoir besoin d'en faire la vérification. MÉCANIQUE. — Sur la propagation des déflagrations dans les mélanges gazeux. Note de M. Emile Jouguet, présentée par M. L. Lecornu. 1. Je me propose d'étudier les mouvements permanents, par tranches parallèles, d'un mélange gazeux susceptible de brûler, dans l'hypothèse où les échanges de chaleur se font par conductibilité. On peut espérer obtenir ainsi des résultats applicables, en première approximation, d'une part au problème de la combustion d'un mélange s'écoulant par un orifice, bien qu'ici le mouvement ne se fasse pas par tranches parallèles, d'autre part à celui de la propagation lente des flammes dans les tubes, étudié par Mallard et Le Chatelier, bien que l'expérience ne donne pas, pour cette propagation des déflagrations, de régimes rigoureusement permanents, le mode d'avan- cement de la flamme s'altérant toujours spontanément au bout d'un certain parcours. 2. Soient v le volume spécifique du fluide, T sa température absolue, a la variable chimique, p la pression, u la vitesse ; k le coefficient de conducti- bilité; C,//, /les coefficients calorifiques de l'unité de masse qui, commet, sont en général fonctions de p, a, T. SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 873 Le mouvement étant permanent, c, T, a, p, 11 sont fonctions de x seul. Désignons d'ailleurs par =- la dérivée prise en suivant une molécule, en remarquant que r- = «j- Les équations du problème seront : (1) : — - = o ou u =: mv ( équation de continuité) ; dx , \ dp du _ , _, (a) v-j — h « -r- = o ou i> + iiiii:=u ou o-f-m2r = D; dx dx ,o, ,^ / „, Da De rfT\ . , . , . . ... (i) r I ('. a, 1, yr- > -=--> —t- \ =0 (équation de la combustion chiniique) ; (4) f/r \ etey c\ D/ D« DtJ \ dx d.r d.r ' (équation de la conductibilité); . (5) /)= n ("/ — O f d'Y dx {p — b)(a — p), a et b étant de nouvelles constantes qui peuvent remplacer D et E, et telles que D = (y + 1 ) L'équation (5) est d'ailleurs D'où, par (1), (2), (8) pv — HT. T _.yp(P— p) _ p[(y + ■)(« + & h m- 2 H m'1 2P] L'élimination de T entre (7) et (8) donne, après intégration (y (y + ,)a + C/-3)6 (/-„3)« + (-/ + l), rt — b L{a- dT est l1 = — » On voit facilement, sur ces formules, que la condition , vérifiée d'elle-même. Suivant que a est inférieur ou supérieur à l &, les fonctions (9) sont représentées par la ligure 1 ou la figure 2. _> Fia. 1. 0 Fie. .'. Des calculs numériques montrent que la figure 1 ne donne pas une élé- vation de température suffisante pour passer de la température ordinaire à la température d'inflammation des gaz usuels. De plus, quand on a en vue des indications applicables au cas de l'écoulement par un orifice, il faut que la pression diminue de r = — se à x = o. Il faut donc se reporter à la figure 2, dont d'ailleurs l'arc MN convient seul pour remplir l'espace SÉANCE DU 17 MARS 1913. 8^5 4. On peut tirer tout de suite de ce qui précède une limite supérieure de la vitesse de propagation uu. La température maximum, celle du point N, est-rj- — ■ ou S — ," , 4 H m1 4 ri zz- Elle doit être supérieure à t, ce qui donne, pour les petites vitesses de propagation, qui sont celles qui nous intéressent, (10) «0 < y R ( 2T - T0 )-2Rv/t(t- T0 ). Cette limite est inférieure à y'R.T,,, vitesse du son dans le milieu frais cal- culée par la formule de Newton. Elle est malheureusement encore assez élevée. 5. La tranche x = o est, pour v et T, une onde au sens d'Hugoniot. Si la loi de la combustion (3) est telle que la vitesse de réaction soit nulle au voisinage de T = t, on montre facilement que la vitesse par rapport à la matière d'une onde du premier et du deuxième ordre pour v est \ 'Ht. Cette valeur, compatible avec la limite (10), est néanmoins trop forte pour les nombres expérimentaux. L'ordre de l'onde doit donc être supérieur au deuxième. Si l'on admet, en première approximation, que la vitesse de réaction est finie dès qu'on arrive à T = t, on voit de même que l'onde peut être du deuxième ordre en v et T. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur l'extension des équations mécaniques de M. Appell à la Physique des milieux continus. Application à la théorie des électrons. Note de M. Edouard Guillaume, présentée par M. Appell. M. Appell a montré (') que les équations générales de la Dynamique, pour un système quelconque, peuvent s'obtenir en cherchant le minimum de la fonction quadratique des accélérations n (I) H = S-2>'/: avec S^|/, 1 S étant V énergie d'accélération, Q; la force généralisée et q\ la dérivée seconde par rapport au temps de la coordonnée généralisée qt\ il a indiqué (') P. Appell, Traité de Mécanique rationnelle, t. II. C. R., i.iio. 1" Semestre. (T. 156, N' 11.) ! 1 I 876 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'application de ce principe à l'Hydrodynamique et à l'Electrodyna- niique (' ). Pour étendre la relation (I) aux milieux continus, nous ferons d'abord les remarques suivantes : i° Si le système possède une énergie potentielle W, on a 2Qi?ï=W'+R, (1=1,3,...,*) en désignant par Q, les forces dérivant de ce potentiel et par R, un terme indépendant desq"t. Les n — k forces restantes seront ailes forces extérieures au système et l'on posera n E=2Qirf (l=k + i,...,n); k + i 20 S'il y a des équations de liaison de la forme J/,= o, on peut introduire (2), par une généralisation de la méthode des multipli- cateurs de Lagrange, des fonctions à déterminer XA, de façon que ^jA^J^ puisse être considérée comme une énergie potentielle supplémentaire; 3° Dans le cas où l'énergie cinétique T est exprimée en coordonnées car- tésiennes, on a 1 àT" _ dS 2 dx" ~ dx" ' L'équation (I) peut alors être remplacée, si l'on fait usage de coordon- nées cartésiennes, par (!') R=iT''+W" + V(X/,J/,)_E. Si les coordonnées sont quelconques, il faut mettre S à la place de -T". Il est maintenant aisé d'écrire la fonction R pour les milieux continus. Dans ce cas, on considère le mouvement d'un élément de volume dx d'un certain volume V limité par une surface a dans le milieu. Les fonctions S ou T et W deviennent des intégrales étendues au volume V. Le terme relatif aux équations de liaison s'obtiendra en multipliant les premiers (') P. Appell, Aperça sur l'emploi possible de l'énergie d'accélération dans les équations de i E leclrodyna inique (Comptes rendus, séance du 22 avril 1912). (-') II. Poincarê, Leçons sur la théorie de l'élasticité, 1892. SÉANCE DU 17 MARS I9l3. 877 membres de ces équations respectivement par ~khd-z, en les ajoutant et en les intégrant sur tout le volume V. Le terme R pourra donner à la fois une intégrale de volume et une intégrale de surface. En définitive, R se présen- tera sous la forme r =///** +/>*' ©0 et fj/0 pouvant contenir les accélérations et leurs dérivées partielles. On explicitera ensuite les accélérations de façon à mettre R sous la forme *=fff«*+ffo*. où o, et '■]/, sont des polynômes du second ou du premier degré par rapport aux accélérations. Cette transformation est possible, le système étant sup- posé mécanique. En variant les accélérations, on formera la variation §R qui doit être nulle quelles que soient les variations des accélérations. En annulant les coefficients de ces variations, on obtiendra les relations cher- chées. Application à la théorie des électrons. — Maxwell est le premier qui ait établi un lien mathématique entre la mécanique et les phénomènes élec- triques. Il se servait des équations de Lagrange : il supposait donc les sys- tèmes holonomes. M. H. -A. Lorentz a repris et généralisé les idées de Maxwell ('). D a montré, en particulier, que si l'on considère l'énergie du champ magnétique (,) T=LJff""" comme une énergie cinétique, et l'énergie du champ électrique m w=ïil/ i2dz comme une énergie potentielle, les vecteurs I) et fc satisfaisant aux équations de liaison (3) crotl) — udivft — b'=o, (4) divl, = 0 (0 vitesse de la matière, c vitesse de la lumière), il est possible, au moyen du principe de d'Alembert, d'établir l'équation fondamentale (5) rolb — — — h'- c (') H. -A. Lorentz. Archives néerlandaises, t. XXV, 1892, et Encvkl (1er math. Wissenschaflen, V2, 1904. 878 ACADÉMIE DES SCIENCES. La démonstration exige certaines restrictions dues à l'emploi des quan- tités d'électricité comme coordonnées et à l'introduction de leurs déplace- ments virtuels. M. Lorentz est alors conduit à définir une nouvelle classe de systèmes qu'il nomme quasi-holonomes. Il suppose qu'un système d'électrons appartient à cette classe. En partant de l'expression (I'), on peut, étant données les équations (1), (2), (3) et (4), établir l'équation (5 ) en supposant, d'une façon générale, le système non holonotne. En effet, conformément aux significations de T et de W, le champ magnétique I) est l'analogue d'une vitesse, ty d'une accélé- ration ; î»,le champ électrique, mesurera la déformation produisant l'énergie potentielle, V sera la vitesse de variation de cette déformation et V en sera l'accélération; l'équation (3) permet d'exprimer immédiatement V en fonc- tion de I)', de sorte que nous n'aurons plus qu'une équation de liaison, l'équation (4), à considérer. Appelons Sda la force agissant sur l'élément da, on a R = f f ! (^V2+ ci iotl)'— il' di\\)')dz- ! jStfdff-ir... = f f f(\ |,'»+ <■!)' rot!» -+- alj'gradA') d- - / f(c[bl)']„-h /'lj' + *lj') da + . . . . De l'intégrale de volume on lire 1 (6) h'=: rotù — 2 <*radV. x ' r. Pour déterminer A', il suffit de former div I)' en tenant compte de l'équa- tion (4). On trouve alors que A' doit être constant; son gradient est donc nul et l'équation (6) se réduit à l'équation cherchée (5). L'intégrale de surface permet de déterminer la force S . Pour trouver la signification de celle-ci, il suffit de chercher le travail par unité de temps. On trouve, en prenant la constante A' égale à zéro, £\) =-c[M)]„, c'est-à-dire le flux d'énergie de Poynting. Si, restant dans l'éther, on partait des équations (1), (2), (4) et (5), l'expression (I') permettrait de déterminer l'équation (3) privée du terme relatif à la matière. On met ainsi en évidence, d'une façon frappante, ce dualisme si souvent constaté en électricité. La fécondité de la méthode proposée ici provient de ce qu'on substitue aux déplacements virtuels des accélérations virtuel/es. Les quantités d'élec- tricité n'entrent plus enjeu. Il n'est pas besoin de pénétrer dans le méca- nisme du phénomène. SÉANCE DU 17 MARS igi3. 879 De la possibilité d'établir, pour la théorie des électrons, les expressions A„,, l'absorption diminue aussi régulièrement jusqu'à A = 3706. Pour faire des mesures d'absorption pour des rayons moins réfringents, il faudrait prendre des épaisseurs d'acétone plus grandes que 75omm. Il n'existe donc pas de deuxième bande d'absorption vers 365o, ainsi que l'a affirmé Gelbke d'après des mesures qualitatives sur l'acétone pure sous une épaisseur de 35oinra. Tableau I. Solution alcooliq ue d'acéti E. jne. Acélone pure. X. s. A. E. \. E. À. £. 2144 2 3226 0,295 344 > 0,00 1 2 2195 ° 2981 5,5 327 ■ 0,127 3452 0,OO094 0288 ',4 2020 8,. 3oo5 4,4 3a85 0,098 3470 O,OO068 233i 2,16 254g 9,4 3020 4,o4 3297 0,071 3475 o,ooo53 2348 2>7 258 I 10,8 3o42 3,5 33o6 0,039 3565 0,00026 2375 3,2 2648 14,0 3o47 3,2 3329 0,020 3570 0,00025 2382 3,5 -2706 15,8 3oÔ2 2,7 3367 0,010 3648 >o,oooi5 23go 3,6 2770 14,0 3079 2,16 3383 0,0059 3648 0,0001 1 2444 5,5 29,8 8,1 3i32 1,08 3427 o,ooi5 3687 3706 -+- 9,46 CuCl2 +9)3] -+-10,75 (2) Le sulfate de cuivre anhydre et le sulfate monohydraté avaient aussi même coefficient d'aimantation. On est conduit à formuler les sels : SO'Cu.5H20 et CuCl2.2H20, (SOCu.H-0)-i-4H20, (ÇuCI,.HîO) + H,0. On sait que le chlorure cuivrique forme avec les chlorures alcalins un grand nombre de combinaisons hydratées ou anhydres. L'observation des coefficients d'aimantation d'un certain nombre de ces corps a donné les résultats suivants : /.MO6. /.m.IO6. — — ■ — — - — -^"- Poids Coef. d'aimanlat. Observé. Calculé. moléculaire. moléculaire. CuCI2.2H20 +8,35 » 170,6 i43a CuCl2 -H),3i +10,75 i34,6 121 1 CuCI2.2NH4CI.2H20 . +4,95 » 277,6 i375 CuC^^NH'Cl +5,23 +5,97 241,6 1263 CuCI2.2KCI.2H2(). .. +4,3o » 3i9,6 1375 CuCI2.2KCI +4,28 -h 4,94 aS3,6 1218 CuCI2.NaCl +6,48 » 193 i25o CuCl2. KO +6,o3 » 201 1261 On voit, dans ce Tableau, que la formule d'additivité ne s'applique dans aucun cas pour l'eau et le sel anhydre. On voit, de plus, que les coefficients d'aimantation moléculaires des sels anhydres, de couleur brune comme le chlorure de cuivre anhydre, se groupent autour d'une même valeur moyenne, voisine de i23o.io~6, alors que les coefficients correspondants des sels hydratés, verts ou bleus, sont plus élevés et voisins de 1 4oo. io~c. Il y a là une nouvelle confirmation des observations de Wiedemann, à (') E. Feytis, Comptes rendus, 9 octobre 191 1. (2) Les mesures sont rapportées à la température de r°C. 888 ACADÉMIE DES SCIENCES. savoir que les composés de même type ont même coefficient d'aimantation moléculaire. De plus, l'abaissement de la valeur de ce coefficient dans le cas des sels anhydrides est une indication du caractère complexe de ces sels par rapport aux sels hydratés. Il est probable que le départ de l'eau est lié à des modifications dans la constitution de ces sels. Il a paru intéressant de mesurer de même les coefficients d'aimantation des sels de chrome à l'état solide. On sait, en effet, que les sels chromiques forment un très grand nombre d'hydrates, les uns verts, les autres violets, dans lesquels on attribue à l'eau des rôles variés, eau d'hydratation ou de constitution, suivant les cas. Ces distinctions ne sont pas décelées par le magnétisme. C'est ainsi que les deux chlorures isomères, l'un vert [CrCl2(H20)4]Cl + 2H20, l'autre violet [Cr(H-0)6]CI3. ont le même coefficient d'aimantation spécifique, bien qu'il ne soit pas douteux que l'eau y joue des rôles différents. De même, les coefficients d'aimantation des nombreux hydrates violets ou verts du sulfate de chrome se calculent exactement à partir de l'un d'eux en appliquant la formule d'additivité : aucune molécule d'eau ne se singularise. Enfin, on a encore additivité dans le cas de l'alun de chrome et de potassium, bien qu'il se produise un sel nettement complexe, le sulfochromate de potassium, au cours de la déshydratation. Tous ces sels chromiques ont des coefficients d'aimantation moléculaires très voisins, comme on peut le voir dans le Tableau suivant : Sel anhydre pour 100. [Cr(H20)6]Cl3 [Cr(Cl2(H20)4]Cl + 2H20 GrCI3 Sulfate initial 56,53 (S04)^Cr.8H20 57,65 7H20 60,87 5H20 68,53 4H20 73, i3 3H287 + 18,43 3'9 0700 +20,84 + 21 ,38 283 5900 SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 889 Au contraire, le coefficient d'aimantation moléculaire du chlorure anhydre (sel qui possède des propriétés si spéciales) est très différent des précédents. On voit que les propriétés magnétiques des sels de chrome solides révèlent des différences de constitution d'un certain ordre (cas des chlo- rures hydratés et du chlorure anhydre), et qu'elles ne sont pas sensibles à certaines différences, comme celles qui existent pourtant entre les chlorures verts et violets. Il se peut que l'égalité des coefficients d'aimantation dans le cas des chlorures [CrCl2(H20)']CI + ^H20 et [Cr(H20)6]Cl3 soit le résultat de compensations dans les rôles qu'y jouent le chlore et l'eau, la dissimulation de 2'"°' de chlore s'accompagnant de la libération de 2iuoi d'eau et réciproquement. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la dissociation des composés gazeux par la lumière : gaz hydrogénés des familles du chlore et de l'oxygène. Note de M\I. Daniel Iïerthelot et Henry Gaudeciion, présentée par M. E. Jungfieisch. De même que la chaleur, la lumière dissocie les composés gazeux, et ces deux modes de décomposition présentent un remarquable parallélisme: les gaz décomposés par une élévation de température modérée (HI, H2 Se, etc.) le sont aussi par des radiations de fréquence moyenne (radiations visibles ou ultraviolet initial); les gaz qui ne sont dissociés qu'à haute température (HC1, H20, CO2, etc.), ne le sont que par les radiations très rapides de l'ultraviolet extrême. En un mot, la fréquence vibratoire joue le rôle de tem- pérature photoch i nuque. La dissociation par la lumière, ainsi que celle par la chaleur, est en général réversible. Mais, dans un cas comme dans l'autre, la recombinaison peut être contrariée par des résistances passives exigeant un travail prélimi- naire plus ou moins grand pour être surmontées. De plus, aux températures et aux fréquences usuelles, l'équilibre est souvent très prononcé soit dans le sens de la combinaison, soit dans celui de la décomposition, en sorte que la réaction parait totale. On arrive cependant à montrer qu'elle n'est que partielle par divers artifices, dont le plus simple est de rompre l'équilibre en séparant l'un des produits de la réaction, le plus souvent à l'état solide, par précipitation ou par combi- naison avec un autre corps : c'est ainsi que le mercure nous a permis de 890 ACADÉMIE DES SCIENCES. manifester facilement les dissociations de gaz sulfurés, bromes ou chlorés; le phosphore celles de gaz oxygénés, etc. (Comptes rendus, 20 juin 1910; Revue générale des Sciences, 3o avril 191 1). Voici quelques expériences sur les deux premières familles des métal- loïdes. Elles montrent que, dans une même famille, la stabilité des composés hydrogénés i"is-à-vis de la lumière (comme vis-à-vis de la chaleur) décroît à mesure que te poids atomique augmente. Famille du chlore. — Acide chlorhydrique. — Le gaz H Cl est un corps stable; sa dissociation par la chaleur ne devient appréciable qu'au-dessus de i5oo°. Dans le domaine de la lumière, cette dissociation exige l'ultraviolet extrême, ~k<^o^, 2, et est arrêtée par les écrans qui interceptent cette partie du spectre. La dose de HCI, dissocié par l'irradiation d'une lampe à mercure en quartz en régime normal, est de un à deux millièmes. Mais en mettant le gaz en présence du mercure, qui fixe au furet à mesure le chlore formé, on décompose aisément en 1 heure, à 4''" de la lampe, 10 pour 100 et même davantage de HCI. On constate alors qu'une partie du gaz n'est plus absorbable par l'eau; la combustion eudiométrique montre que c'est de l'hydrogène pur. Réciproquement, le mélange H -H Cl est instable et tend à passer à l'état de combinaison ; les résistances passives qui s'opposent à cette tendance paraissent faibles aussi bien dans le cas de la chaleur, où elles sont surmon- tées par des élévations de température- modérées, que dans le cas de' la lumière, où elles sont surmontées par les radiations du spectre visible : c'est même là l'exemple le plus ancien et le mieux étudié de combinaison par la lumière. Acide bromhydrique. — Le gaz HBr est assez stable vis-à-vis de la chaleur, bien qu'à un moindre degré que HCI; d'après Hautefeuille, sa dissociation ne devient appréciable qu'au-dessus de 7000. Sa décomposition par la lumière n'a pas encore été étudiée, à notre connaissance. Elle n'a pas lieu dans la lumière visible, mais se produit rapidement devant une lampe à mercure en quartz. Un échantillon de HBr placé en tube de quartz sur le mercure vers i5° n'a manifesté, en 24 heures, à l'obscurité et à la lumière diffuse, aucune variation de volume; toutefois, un léger dépolissement de la surface du mercure indiquait un commencement d'attaque. Après 8 heures d'expo- SÉANCE DU 17 MARS IC)l3. 891 sition à 1 2""" d'une lampe à mercure (type 220 volls, en régime peu poussé : 3amp, 5 et 5/j volts aux bornes) il y a eu décomposition totale en brome combiné au mercure et hydrogène gazeux. Le volume final était la moitié du volume initial. Le gaz final n'était plus absorbable par l'eau (absence de HBr)-, la combustion eudiométrique a montré que c'était de l'hydrogène pur. Acide iodhydrique. — La stabilité de ce corps vis-à-vis de la chaleur ou de la lumière est encore moindre que celle de HBr, comme on le sait par les classiques travaux de M. G. Lemoine, qui a reconnu que la décompo- • sition, insensible dans le rouge et le vert, était déjà notable dans le bleu et le violet (Comptes rendus, t. 85, p. i'i4)- Famille de l'oxygène. — Vapeur d'eau. — Le mélange H2+0(gaz tonnant) est un système instable, qui, d'après les prévisions de la Thermo- dynamique, devrait passer à l'état de vapeur d'eau. En réalité, il se conserve indéfiniment sans trace de combinaison à la température ordi- naire, et il faut élever la température jusque vers tioo0 pour que la combi- naison ait lieu facilement. C'est donc un système à fortes résistances passives ris-à-vis de la chaleur. Nous avons constaté qu'il en est de même vis-à-vis de la lumière. La combi- naison du gaz tonnant ne commence à se produire qu'avec des radiations voisines de 0^,2, c'est-à-dire de l'ultraviolet extrême. Elle est d'ailleurs assez lente et, dans certaines expériences d'irradiation modérée (Ibid., t. loi), p. i328), nous n'avions pas constaté de contraction. Mais avec une irradia- tion plus intensive et prolongée, nous avons obtenu la combinaison totale (Ibid., t. 150, p. 1G92). Cette combinaison est beaucoup plus facile quand l'hydrogène est à l'état naissant (Ibid., t. 150, p. i328). Inversement la vapeur d'eau est un système stable, qui n'est dissocié que par les hautes températures, ou par l'ultraviolet extrême. Le taux de dissociation obtenu avec une lampe à mercure est de l'ordre du millième, mais la dissociation est facile à constater en présence du phosphore qui fixe l'oxygène et laisse libre l'hydrogène, ou en présence de l'oxyde de car- bone qui, sous l'action de l'ultraviolet extrême, fixe l'hydrogène à l'état d'aldéhyde méthylique et l'oxygène à l'état d'anhydride carbonique (Ibid., t. 150, p. 1692; et Journal de Pharmacie, i'1' juillet 1910). Hydrogène sulfuré. — L'action de la lumière sur ce corps n'a pas été C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N*ll.) Il3 892 ACADÉMIE DES SCIENCES. étudiée. Le gaz pur et sec se conserve bien à la lumière difl'use, sans dépôt de soufre, même après plusieurs années. Mais il est décomposé facilement par la lampe à mercure (Ibid., t. 150, p. 1690); au bout de quelques minutes, il se forme sur les parois un dépôt de soufre opaque qui arrête peu à peu l'action des rayons. Le gaz irradié contient une portion non absorbablc par la solution acidulée de sulfate de cuivre; la combustion eudiométrique montre que c'est de l'bydrogène pur. Rappelons que V hydrogène sélénié est moins stable que le précédent vis- à-vis de la cbaleur et de la lumière : MM. de Forcrand et Fonzes-Diacon ont trouvé, au bout d'une semaine d'exposition en pleine lumière en pré- sence de mercure, i5 pour 100 d'hydrogène; à l'obscurité la décomposition était insensible {Annales de Chimie, ^ série, t. XXV], p. 247)- Enfin V hy- drogène tellure est encore plus instable, et se décompose totalement en quelques heures à l'obscurité, et beaucoup plus vite à la lumière d'après MM. Berthelot et Fabre (Ibid., 6e série, t. XIV, p. 104). CHIMIE PHYSIQUE. — Etude de l'équilibre entre le chlorure de plomb et le chlorhydrate d 'ammoniac en solution aqueuse. Note de M'"° IV. Demas- sieux, transmise par M. H. Le Chalelier. Le chlorure de plomb et le chlorhydrate d'ammoniac sont susceptibles de donner naissance à deux sels doubles, étudiés par Kandall (') et Fonzes-Diacon (2) et correspondant aux formules 2 Pb Cl2. AzH* Cl et PbCl2.2AzH"CI. Je me suis proposé, dans le présent travail, d'étudier à différentes tem- pératures l'équilibre entre le chlorure de plomb et le chlorhydrate d'ammo- niac en solution aqueuse. Les déterminations que j'ai faites sont relatives aux températures de 170, 5o° et ioo°. L'ensemble des résultats obtenus est représenté graphiquement par les courbes ci-après, obtenues en portant en abscisses le chlorhydrate d'ammoniac en grammes dans iooB de solution, et en ordonnées le chlorure de plomb en grammes dans iooB de solution. L'examen de ces courbes montre que, aux températures de i7°et5<>", (') American chemical Journal, t. XV, 189,8, p. 4q4- (2) Bulletin de la Société chimique, t. XVII, 1897, p. 348. SÉANCE DU 17 MARS 191 3. 8p,3 l'allure générale du phénomène est la même. La première branche de ces courbes correspond au dépôt du chlorure de plomb pur, jusqu'au premier point eutectique E chlorure de plomb-sel double 2 PbCl2. AzH4 Cl ; la deuxième branche au dépôt du sel double 2 Pb Cl2. Az H' Cl jusqu'au deuxième point eutectique, sel double-chlorhydrate d'ammoniac pur. A ioo", le phénomène est modifié par le dépôt du deuxième sel double Pb CI2. 2 AzH* Cl qui se produit pour des compositions indiquées au rr " M: ■ -1 A- -- T- 4 V A "" ■ i 4- t « —é 1 1 1 7 t j , 1 | 1,61 43,42 (0 V 1 ' 1 0 34,25 0 43.5. CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nom elle méthode de vblumélrie physico-chimique. Note de M. K. \. Dubrisay, trans- mise par M. H. Le Chatelier. Dans un travail relatif à l'émulsion des huiles ('), M. Donnan a reconnu que la tension superficielle à la surface de séparation de l'eau et d'un carbure dérivé du pétrole est réduite dans des proportions énormes par une trace d'alcali dissoute dans l'eau, lorsque le carbure contient en solu- tion un acide gras (stéarique, oléique, etc. ). J'ai pensé qu'il serait possible d'établir sur ces faits une méthode acidi- métrique. Pour cela, j'ai conservé le dispositif expérimental qui avait servi à M. Donnan et qu'ont repris depuis M. Antonow ( -') et M. Lewis (:l) dans (') Donnan, Zeit. f. phys. Chem., t. XKX1, 1899, p. 42 1 !) Antonow, J. Cliim. phys., t. V, .907, p. 372. (s) Lewis, Phi/. Mag., t. XV, .908, p, 499. SÉANCE DU 17 MARS IQl3. KpS des mesures analogues. Ce dispositif fondé sur l'application de la loi de Taft consiste à plonger dans l'eau une pipette courbe remplie du liquide étudié, et à compter le nombre de gouttes correspondant à l'écoulement lent du volume de ce liquide contenu entre deux traits de jauge tracés sur la pipette. J'ai fait, dans mes expériences, usage d'huile de vaseline, préalablement purifiée et saturée d'acide stéarique. J'ai consigné dans les Tableaux suivants les résultats d'un certain nombre Fig. 1. — Acide chlorhydrique. En abscisses : nombre de centimètres cubes de sonde. — En ordonnées : nombre de gouttes. de mesures. J'ai tout d'abord (Tableau I) étudié les variations du nombre de gouttes lorsqu'on verse dans de l'eau distillée des quantités progres- sivement croissantes de soude. Dans les expériences suivantes, j'ai opéré de la même manière en versant la soude, non plus dans de l'eau distillée, mais dans des solutions de divers acides. Tableau I (Système eau-soude). Concentration eu - le. Nombre de «ouïtes. mol. -gp. par litre 0 48 8^ 9" 1 8 xio- " " \ X 10- 896 ACADÉMIE DES SCIENCES. Tableau II. Acide azotique. — ■ Solution exigeant pour sa neutralisation i2cm3 de soude — ' 3 r 20 pour 20cm' de solution acide en présence de phénolphtaléine : Nombres de centimètres cubes , , /< Nombre de soude — , 20 de ajoutés à '20cm' d'acide. gouttes. o 48 n,8 5o 12,6. 121 1 3 , 4 2o5 Tableau III {fig. 1). Acide chlor hydrique. — Solution exigeant pour sa neutralisation iScm',8 de soude — pour 20cm' de solution acide en présence de phénolphtaléine : Nombe de centimètres cubes , , n Nombre de soude — 20 de ajoutés à 20°m' d'acide. gouttes. O 45 17.9 45 18,6 46 18,7 45,5 19»1 75 >9>7 98 Tableau IV. Acide suif urique. — Solution exigeant pour sa neutralisation io""5,? de soude pour 5ocm" d'acide : Nombre de centimètres cubes , , n Nombre de soude — - 20 de ajoutés à 50cm" d'acide. gouttes. S, 3 47 io,4 46 1 1 , 2 5o 11,6 53 '2,5 98 20 «97 soude — 20 SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. Tableau V. Acide borique. — Solutioti acide exigeant pour sa neutralisation 19™' de pour 5ocra3 de solution acide en présence de pliénolphtaléine et de glycérine : Nombre de centimètres cubes , , n Nombre de soude — , ■jo de ajoutés à 50cm' de solution acide gouttes. o 45 7.8 67, 5 ■ 5,2 86,5 >9-5 "9 20,8 125 Tableau \ I {fig. 2). Acide phosphorique. — Solution exigeant pour sa neutralisation 23''"1', 5 de Fi- .. - Ac 23.S de phosphorique soude ■ — ■ pour 20e"1' de solution acide en présence de méthyle-orange : Nombre de centimètres cubes de soude — 20 ajoutés à "Mcraa d'acide. O 20,0 46... 48,2. 00 , 6 . Nombre de gouttes. 46 45,5 49 58 67 t36 Ces chiffres et les figures correspondantes montrent que la méthode permet de déterminer avec précision la neutralisation d'un acide fort, les courbes présentant un angle très net au point de neutralité. Pour l'acide borique, l'hydrolyse du sel alcalin se manifeste nettement. L'acide phos- 8f)8 ACADÉMIE DES SCIENCES. phorique se comporte d'abord comme un acide fort : l'hydrolyse commence à se manifester pour le sel disodique, et est beaucoup plus accentuée pour le sel neutre. CHIMIE ORCA.NIQUE. — Synthèses dans le groupe des indigoïdes. Note (') de MM. A. Wahi, et P. Ragard, présentée par M. A. Haller. L'isoindigotine, ce nouvel isomère de l'indigo que nous avons obtenu, en condensant l'oxindol avec l'isatine (-), peut être considéré comme le premier ternie d'une nouvelle série de dérivés indigoïdes, répondant à la formule générale R-CrII< )CO CO( )C6H3R'. X\ \ Dans cette formule, Xet Y, qui peuventètre identiques ou différents, repré- sentent des atomes ou des groupements atomiques divalents tels que NH, NR, CO, O, S, et R, R' des substituants quelconques. Désirant préparer un composé de ce type dans lequel X représenterait le groupement NH, et Y un atome de soufre, nous avons remplacé, dans la réaction qui donne naissance à l'isoindigotine, l'isatine par son analogue sulfuré, le dicéto-2.3-dihydrothionaphtène (thioisatine ) et avons obtenu un indigoïde, parfaitement cristallisé, que nous avons considéré provisoire- ment (3) comme un isoindigo, résultant, par analogie, de la condensation suivante : /CH\ /COs s C 'r 7 \ C«H*C )CO + CO( /C'H*=HiO + C'H< )CO CO( NC6H*. XNH/ X S / XNHX XS/ Or, pendant que nous nous occupions de ces recherches, nous avons eu connaissance d'un brevet allemand de la maison Kalle(4), d'après lequel il résulte que la condensation précédente fournit de l'écarlate de thioindigo, ce qui oblige à représenter la réaction d'une manière différente : C«H*< >CO + CC\ XC6rP = H'0 + C6H< >CO C< >C6H*. XNHX X S X XNHX x S / L'étude comparative, à laquelle nous nous sommes livrés sur ce produit et sur l'écarlate de thioindigo préparé en condensant l'isatine avec l'oxy- (') Présentée dans la séance du 10 mars 1913. (s) Wahi. et Bagakd, Comptes rendus, t. 118, 1909, p. 714. (3) Wahi. et Bagakd, Bull. Soc. chim., 4° série, t. XI, 1912, p. 713. (•) 1). R. P., 24.13-27. SÉANCE DU 17 MARS I<)l3. 899 thionaphtène d'après M. Friedlânder ('), a permis de conclure à leur iden- tité. En effet, ils cristallisent dans le benzoate d'éthyle en belles aiguilles rouges à reflets jaunâtres, de composition centésimale identique, donnant avec les réducteurs alcalins une cuve jaune teignant le coton en nuance rouge écarlate sensiblement identique. Traités par I'éthylate de sodium, ils donnent le sel de Na de l'oxindol-aldéhydc-3; l'aldéhyde elle-même cristal- lise en petites aiguilles arborescentes (F. 21 3°); ses solutions aqueuses se colorent en bleu par FeCl3, caractères qui répondent bien à ceux indiqués par Friedlânder et Kielbasinski (2). Enfin M. le Professeur Grandmougin a eu l'obligeance d'examiner les deux colorants au point de vue spectroscopique; ils donnent un spectre de même caractère et situé dans la même région; les solutions dans le xylène présentent une large bande allant d'environ 553^^ à 479IMt) avec un maxi- mum peu apparent vers 497|At*'- De cette identité on peut conclure que l'isatine et la thioisatine se com- portent vis-à-vis de l'oxindol, et dans les mêmes conditions, d'une manière différente. On peut se demander s'il ne faut pas en attribuer la raison à la différence de structure que peuvent présenter ces deux composés. L'isatine, en effet, est susceptible de réagir sous deux formes : l'isatine et la pseudo-isatine; la thioisatine, au contraire, ne possédant pas d'atome d'hydrogène mobile ne peut s'isomériser. Mais, si l'orientation de la réaction était subordonnée à la présence de cet atome d'hydrogène, on devrait s'attendre à voir les isa- tines substituées à l'azote, réagir comme la thioisatine. Or la condensation de l'oxindol avec la méthyl-i-isatine fournit un colorant cristallisé en aiguilles brunes, dont la composition correspond à la formule C'H^O^'N2. Il se dissout dans les solvants organiques avec une coloration orangé brun, ne donne pas de cuve avec les réducteurs alcalins, mais fournit une solution incolore d'où la matière colorante n'est pas régé- nérée par un courant d'air, et qui ne teint pas les fibres textiles. Ces carac- tères sont ceux d'une méthyl-i-isoindigotine formée d'après la réaction °6 H< NH >° + C0C6 "4 = C6 H C0 C00C6H4 + H2 °- CH3 CH3 (') Fkiedlander et Bezdzik, Monalshefte, t. XXIX, p. 376. (2) Friedlânder et Kielbasinski, D. cltem. G., t. XL1V, p. 3ioi. C. R», i9i3, ." Semestre. (T. 156, N° 11.) I ll\ 900 ACADÉMIE DES SCIENCES La méthyl-i-isatine réagit donc comme l'isatine. Si elle s'était comportée comme la thioisatine, on aurait dû obtenir la méthyl-i-indirubine(I). Celle-ci /COx ^=^cx C6H< ^CO C( xC6Hl C6H< )C CO\ )C6H4 XNH/ XNX Cil3 (il). n'est pas connue et est d'un accès difficile; son isomère(II), dont les proprié- tés sont certainement très voisines, n'est pas connu davantage; mais s'obtient facilement en condensant d'après la métbode de Bœyer, l'acide indoxylique avec la mélhyl-i isatine. La méthyl-i-indirubine cristallise en aiguilles brunes, mordorées, plus soluble que l'indirubine dans les solvants organiques, mais avec une nuance rouge violacé peu différente; l'hydrosul- fite donne une cuve jaune d'où le colorant est régénéré par oxydation à l'air. On pourrait objecter que, même dans le cas de la métbylisatine, la pos- sibilité d'une isomérisation n'est pas entièrement exclue et que le groupe métbyle a pu émigrer de l'azote sur l'oxygène. Bien que cette transforma- tion soit peu probable, il devenait néanmoins nécessaire d'étudier les réac- tions de rO-métbylisatine ('). La condensation de l'O-méthylisatine avec l'oxindol, en solution acétique additionnée d'HCI aqueux, fournit de l'isoindigotine; le groupe OCH3 est saponifié dans ces conditions et l'isatine réagit avec l'oxindol pour donner de l'isoindigo. Au contraire, si l'on opère en milieu anhydre, on obtient de Yindirubine avec une étonnante facilité et avec un rendement quasi quanti- tatif. On dissout quantités moléculaires d'O-méthylisatine (F. 1020) et d'oxin- dol dans un mélange à parties égales de benzène anhydre et d'anhydride acétique et l'on ajoute, avec un bout d'agitateur effilé, une goutte d'acide sulfurique concentré. Instantanément, la couleur jaune de la solution devient rouge, puis violette, et, au bout de quelques secondes, le colorant se dépose, cristallise, le liquide s'échauffe, il est même bon de refroidir, et après i5 à 20 minutes la réaction est terminée. La composition centési- male du produit ainsi obtenu correspond à la formule C,6H,0O2]N2; il est peu soluble dans les solvants organiques, avec une coloration rouge vio- (') Baf.yer et Okkonomibes, D. cliem. G., t. XV, p. 2098. — Heller, D. chem. G., 1. XL, 1907, p. 1291. SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 901 lacé, dans EPSO1 avec coloration brune, il donne une cuve avec l'hydro- sulfite de sodium, la réduction par le zinc et par l'anhydride acétique four- nit un composé cristallisé en aiguilles rosées (F. 2o4°-2o5°), identique avec celui que donne l'indirubine ( ' ). La condensation de l'oxindol avec l'O-méthylisatine constitue par consé- quent une nouvelle synthèse de l'indirubine : COx ,CUK C6H< iCOCIP+CO( >C6Hl \ N v \nh' = CII*0 Cette nouvelle synthèse présente sur celle que nous avons donnée autre- fois, l'avantage de s'accomplir a froid, en l'absence de composés chlorés du phosphore, d'être instantanée et de fournir un rendement quantitatif (87-90 pour 100 de la théorie), ce qui lui confère une importance particu- lière pour l'établissement de la constitution de l'indirubine. CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide chlorhydrique sur la quinone sulfonique. Note de M. A. Seyewetz, présentée par M. A. Haller. J'ai constaté que la quinone sulfonique peut, dans certaines conditions, fixer les éléments de l'acide chlorhydrique en donnant une hydroquinone chlorosulfonique, mais cette réaction n'a lieu qu'à une température infé- rieure à 200. Au-dessus de cette température, le groupement sulfonique est éliminé et remplacé soit par de l'hydrogène, soit par du chlore. i° Action de l'acide chlorhydrique au-dessous de 20°. — La quinone sulfonique (sel de sodium) traitée par l'acide chlorhydrique concentré, à une température infé- rieure à 20°, se dissout d'abord en donnant une solution brune, puis il se précipite une petite quantité de chlorure de sodium. Au bout de quelque temps, le liquide se prend en une bouillie de cristaux jaune rougeâlre. Après 12 heures, la masse cristalline qui s'est ainsi formée, est essorée puis purifiée par recristallisation dans l'eau bouillante. On obtient de petites aiguilles blanches feutrées qui, soumises à l'analyse, donnent les résultats suivants : (') Schlnk et JMarschlewski, D, chem. G., t. XXVIII, 1890, p. 2Ô25. 0,02 ACADÉMIE DES SCIENCES. Composition centésimale. Trouvée. Calculée pour C^rPCK^-.j , • Carbone 29,32 29i2 Hydrogène 1 ,64 1,62 Soufre 12,83 1 2 , 98 Chlore i4, 36 14,4 Sodium 9i25 9 , 33 Propriétés. — Aiguilles blanches feutrées, assez solubles dans l'eau froide, plus solubles dans l'eau bouillante, insolubles dans les dissolvants organiques. La solution aqueuse réduit instantanément le nitrate d'argent; en présence des alcalis elle cons- titue, comme l'hydroquinone, un développaient- de l'image latente photographique. Les solutions additionnées d'alcalis sont beaucoup moins oxydables à l'air que les solutions alcalines d'hydroquinone. Par oxydation, elle se transforme en quinone chlorosulfonique. La composition de la substance et ses propriétés permettent de la considérer comme le sel de sodium de l'hydroquinone chlorosulfonique. Sa formation peut être repré- sentée par l'équation suivante : ^O(i) /OII(i) /OH(.) CHP=0(4) + 2HCI = C6H5C1— OH(4) + NaCI = C6H2CI— OH(4) -t- H Cl. \S03Na \S03H ^SO'Na 2° Action de l'acide chlorhydrique au-dessus de 200. — A une température supérieure à 200, l'acide chlorhydrique élimine le groupement sulfonique et donne naissance à deux produits, Vhydroquinone monochlorée et une hydroquinone dichlorée (2.6), qui ont été identifiés par leur composition centésimale et par leurs propriétés. Vers 35°-4o° la désulfonalion est déjà très nette, et à mesure que la température s'élève, il se sublime de petites aiguilles blanches brillantes avec dégagement de gaz sulfureux. La désulfonation est plus rapide quand on porte la solution chlorhydrique vers l'ébullition. Il faut opérer dans une atmosphère d'acide carbonique pour éviter l'oxydation de la solution. Par refroidissement, le liquide se prend en une masse cristalline qu'on essore, sèche et fait cristalliser dans le toluène bouillant. Le produit brut ainsi obtenu abandonne par chauffage vers i3o°à il\o° des vapeurs qui se subliment facilement en paillettes blanches, fondant à i65°, qui ont été identifiées avec une dichlorohydroquinone /OH(i) C H\\OH(4) \CI(6) Le résidu de la sublimation permet d'extraire, par cristallisation dans le SÉANCE DU 17 MARS I 9 I 3 . 0,o3 toluène, un produit en petites aiguilles blanches non sublimables, fondant à io4°, qui a été identifié avec la monochlohydroquinone. Produit subliinable. Produit non sublimable. Composition centésimale. Composition centésimale. Calculé Calculé Trouvé. pour c,„,f(OH )'. Trouvé. pour o<°">' c .. 4o,I9I 40,22 C 49,7' 49,82 H 2,227 2,23 H 3.4i 3,46 Cl .. •• 39,29 39,66 ci.... 24,35 24,57 1 peu it représenter la réaction par les i équations suivantes : C6I13=0 ^SO'Na -+- HC1 + H- 0 = C HCI\OH(4)+S° NaH 1 C6H3=0 \so= ;N, + 2HCI a — C6H: /OH(.) .//C!(a) , S03Na \\OH(4)+b° a \C1(6) II. En résumé, l'acide chlorbydrique transforme la quinone sulfonique en hydroquinone sulfonique chlorée quand on opère à une température infé- rieure à 200. Au-dessus de cette température, ou bien l'acide chlorhydrique élimine le groupement sulfonique et donne de la monochlor/iydroquinone, ou bien remplace ce groupement par du chlore et donne une dichlorhydro- quinone. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'influence de la radioactivité sur la germination. Note de MM. G. Petit et U. Akcelis, transmise par M. A. Chauveau. Dans une Note présentée le 25 novembre dernier à l'Académie des Sciences, M. J. Stoklasa faisait connaître les résultats expérimentaux four- nis par les eaux naturelles, fortement radioaclives, de Joachimstahl, sur la germination et le développement de certaines plantes. Nous poursuivons, d'assez longue date, des recherches comparables à celles de M. Stoklasa, avec cette différence que nous employons de l'eau ordinaire chargée d'émanation, au degré voulu, par son séjour dans une fontaine en ciment radifère. go4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ce produit, combiné par M. Henri Farjas, ingénieur civil, résulte de l'incorporation à du ciment de concentrés de radium, provenant de mine- rais plus ou moins riches. Utilisé comme enduit de réservoirs, fontaines, chambres ou locaux variés, il permet d'obtenir à volonté de l'eau ou de l'air d'une radioactivité rigoureusement déterminée. C'est ainsi, pour ce qui nous intéresse immédiatement, que l'eau remplissant en totalité une fontaine de 16 litres, en ciment radifère, acquiert, d'après les analyses de MM. Bader et Faivre, au Laboratoire biologique du Radium : Après 12 heures, une radioactivité de 0,02 mg-min par litre » 24 » » o,o58 » » » 36 » » 0,081 » » » 48 » » 0,098 » » Nous nous proposons de réaliser successivement, tant avec l'eau qu'avec l'air radioactifs, obtenus dans ces conditions, toute une série de recherches biologiques relatives, non seulement aux plantes, mais aussi aux animaux et à l'homme lui-même. Les premiers résultats que nous publions aujourd'hui ne portent que sur la germination, mais ils nous paraissent dignes d'être cités, car ils suffisent à mettre en évidence l'action remarquablement stimulante des faibles radio- activités sur la cellule végétale. Nos graines, divisées en deux lois et soumises à la germination dans des conditions identiques de température et d'éclairage, sont disposées entre deux feuilles de papier buvard épais, humecté tous les deux jours, soit avec de l'eau ordinaire (lot témoin), soit avec la même quantité de celte eau ayant séjourné 48 heures dans la fontaine de ciment et acquis, de ce fait, la radioactivité précédemment indiquée. i° Ray-grass. — Nos premiers essais ont porté sur des graines de Ray-grass. Pen- dant les six premiers jours, aucune différence appréciable entre les deux lots; l'in- fluence de la radioactivité ne commence à se manifester qu'à partir du huitième jour. Au treizième jour, la différence est nettement sensible. Ainsi, le nombre des graines germées est plus important dans le lot soumis à l'action de l'eau radioactive; d'autre part, la longueur des radicelles et même des tigelles atteint quelques centimètres, tandis qu'elle ne mesure que quelques millimètres dans le lot témoin. 2° Blé. — Le 20 janvier, deux lots de 3o grains sont mis en expérience dans les conditions indiquées. Du 24 janvier, début de la germination, au 3o janvier, aucune différence entre les deux lots. Le 3o janvier, le lot traité commence à se distinguer du lot témoin. Le 3 février, treize jours après le début de l'expérience, la longueur moyenne de la tigelle est la suivante : i° Avec l'eau radioactive 52mm 2° Avec l'eau ordinaire 46mm SÉANCE DU 17 MARS IC)l3. f)o5 Soit 6 millimètres en faveur des grains soumis à l'influence de la radioactivité ('). 3° Maïs. — Le 21 janvier, même double semis que précédemment; chacun des deux lots comprend 28 grains. Jusqu'au icr février, aucune différence entre les deux lots. Le 4 février, le lot traité est déjà plus avancé, et, le 6 février, c'est-à-dire quinze jours après le début de l'expérience, la longueur moyenne des radicelles est la suivante : i° Avec l'eau radioactive 49mm 2° Avec l'eau ordinaire 38 mm Soit une différence de i 1 millimètres en faveur des grains soumis à l'influence de la radioactivité. D'autre paît, alors que le lot témoin ne laisse apparaître que deux ou trois ligelles. qui sortent à peine, on en compte exactement huit, bien développées et déjà vigou- reuses, dans le lot traité. On remarquera que l'influence de la radioactivité ne commence à se manifester bien nettement qu'après une douzaine de jours en moyenne. Mais elle est, naturellement, contemporaine du début de l'expérience. 11 nous reste à soumettre, pour le démontrer, les graines de nos divers lots à une étude histologique méthodique et comparative, susceptible de préciser, dès le début, la réaclion prolifèrative des cellules végétales, sous l'influence de la radioactivité. Les faits qui précèdent sont de nature à faciliter l'interprétation des nombreux et importants résultats expérimentalement obtenus depuis quelques années, tant en France qu'à l'étranger, par l'emploi, en agri- culture et en horticulture, de substances radioactives comme engrais. Pro- venant de minerais de radium ayant une composition très complexe, on pouvait supposer qu'elles agissent, dans le sol, tout autrement que par leur radioactivtié : à la manière, par exemple, des engrais catalytiques. Il était donc indispensable d'établir, à l'abri de toute cause d'erreur, l'action favorisante certaine, sur la végétation, d'une radioactivité stricte, exactement calculée. (') Nous n'avons pas mesuré exactement les radicelles, manifestement plus longues dans le lot radioactif, à cause de leur finesse, de leur fragilité, de leur enchevê- trement, parlant, des difficultés de l'opération. C)o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. ÉCONOMIE RURALE. — Sur les effets comparés de l'arsenic et du plomb dans les traitements appliqués contre les larves de Cochylis. Note de MM. L. Moheau et E. Vinet, présentée par M. Schlcesing Bis. Nous avons signalé à plusieurs reprises ('), et d'autres auteurs ont fait après nous la même remarque, que, dans les parcelles de vignes traitées avec succès à l'arséniate de plomb, les larves de Cochylis qui avaient échappé à l'empoisonnement immédiat, étaient petites, chétives, jaunâtres, et avaient commis très peu de dégâts. Dans des parcelles voisines, traitées cependant avec succès à d'autres insecticides (à la nicotine, par exemple), les larves qui avaient survécu étaient, à la même époque, normales, bien développées el aussi vigoureuses que celles des témoins. Nous avons voulu nous rendre compte, par des pesées de larves, delà valeur de cette observation et nous nous sommes demandé si cet effet spécial, constaté sur les larves, quand on emploie l'arséniate de plomb (quelle que soit la façon dont le poison agisse), était dû principalement à l'arsenic ou bien au plomb. Deux années île suite, 1911 el 1912, dans des condilions variées de lieux et de cépages, nous avons fait traiter, le même jour, par le même ouvrier, en notre présence (le premier traitement a été fait au moment de l'éclosion des premières larves et le second 8 à 10 jours plus laid ), un certain nombre de souches à Yarséniale de zinc, à Varséniate de chaux, à V acétate de plomb et au carbonate de plomb. Des souches voisines des précédentes furent traitées à Varséniate de plomb el d'autres furent laissées comme témoins. Les doses d'arsenic employées, pour chaque bouillie arse- nicale, correspondaient à 3oo° d'orthoarséniale disodique, par hectolitre, en 1911, et à 2008 du même sel en 1912. Les doses de plomb correspondaient à 9008 d'acétate neutre de plomb, par hectolitre, en 191 1, et à 6008 en 1912. Nous avons, trois semaines environ après l'application du premier traitement récolté, sur une dizaine de souches au moins dans chaque parcelle, toutes les larves, c'est-à-dire une centaine dans chaque cas, en moyenne; nous les avons introduites de suite dans de petits tubes tarés, fermés hermétiquement, que nous avons pesés, à la balance de précision, le jour même ou le lendemain. Le Tableau suivant donne le résultat de ces pensées. (') Maisonneuve, Moreau et Vinet, La lutte contre la Cochylis {Revue de Viti- culture, t. XXXV, 1911, p. 39). SÉANCE OV 17 MARS iyl3. 907 Poids moyen de 100 larves. Témoins Arscniate de plomb. Arscuialc de chaux. Arséniale Acétate Carbonate de ploml). (moyenne — — *■* - — — •- — ■ - -■ — - de zinc. de plomb. — -~~. — *- — - de 2 ou 3). I trait'. 2 trait". 1 trait". 2 trait". lirait'. 1 trait'. 1 trait'. 2 trait". Année 191 i. — Vigne de Beil-Beille, près Angers. a. Dans du gamay (prélèvement le 14 juin). s s 0,662 » ok,235 0^,280 os,i58 » » » °j7'7 b. Dans du chenin blanc (prélèvement le 21 juin). I larves nii- ) 0,804 0",243 ] formes, trop ; » Ok,i54 » » » ° -i'A^I ( peu, pas pesées ) Année 1912. — Vigne de Maligné (chenin blanc); prélèvement le 19 juin. 0,873 ob,443 »' os,56a » os,524 08,917 05,984 » Ces chiffres conduisent aux» remarques suivantes : i° Les pesées de larves confirment bien ce fait, observé antérieurement, que les Cochylis sont nettement moins développées dans les parcelles traitées à l'arséniate de plomb que dans les témoins. Il y a des variations d'une année à l'autre ; en 191-2, les traitements ont été moins efficaces qu'en 191 1, ce que nous savons, d'autre part, par les chiffres de mortalité ; cette différence est due aux difficultés d'application des insecticides en 1912 (végétation touffue, grappes très nombreuses, très développées, enfouies sous les feuilles, lors des traitements). 20 Les poids de larves les plus faibles sont cons- tamment obtenus dans les parcelles traitées aux produits à base d'arsenic et au contraire, dans celles qui ont reçu les bouillies à base de plomb seule- ment, le poids de 100 larves est du même ordre que dans les témoins, sauf dans un cas, où il demeure cependant plus élevé que dans les parties traitées aux arséniates. L'effet constaté sur les larves est donc essentiellement dû à r arsenic. En dehors de l'expérience rapportée plus haut, nous avons remarqué un effet du même genre avec l'arséniate de cuivre ; par contre, cet effet était peu appréciable avec l'arséniate de fer, dont l'action insecticide immédiate était très faible. Ces observations nous montrent que, pour apprécier à sa juste valeur l'efficacité des traitements arsenicaux en général, il ne suffit pas de faire seulement des numérations de larves, il faut tenir compte encore de celles qui ont survécu à l'action du poison et qui, à l'époque habituelle où les Cochylis se chrysalident, sont loin d'avoir achevé leur évolution. Rien ne C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N» 11.) "5 Ç)o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. prouve que cette évolution sera complète et, en admettant qu'elle le soit, les papillons issus de ces larves n'auront-ils pas une fécondité atténuée? En tout cas, la seconde génération, très en retard, causera moins de dégâts. Il ne se déduit pas de l'expérience précédente que l'on puisse indifférem- ment substituer à l'arséniate de plomb les autres composés arsenicaux. La valeur pratique des traitements (compris la mortalité, dont nous n'avons pas tenu compte ici, parce que des travaux antérieurs nous ont fixé sur ce point) reste en effet, dans l'ensemble, d'après nos observations, plus grande et plus constante avec les bouillies à l'arséniate de plomb qu'avec les autres bouillies arsenicales. HISTOLOGIE. — Sur une formation fibriltaire intracellulaire dans la tunique de la glande salivaire chez les larves de Syrphinœ. Note de M. I). Keijlin, transmise par M. Henneguy. Les Syrphides présentent deux sortes de larves : sapropbages et carni- vores. Les Syrphides à larves carnivores (qui se nourrissent aux dépens des Pucerons), les seuls dont il sera question ici, appartiennent à des genres différents, assez nombreux, mais qui se rangent tous dans la sous- famille de Syrphinœ. Les glandes salivaires (Jig. 5) de ces larves, comme celles de toutes les autres larves de Diptères, sont composées de deux tubes communiquant avec l'extérieur au moyen d'un canal cbitineux com- mun, qui débouche dans la partie antérieure ventrale du pharynx. Chacun des deux tubes glandulaires chez les larves de Syrphinœ est recourbé en U dont les deux branches se touchent; la branche ascendante est de moitié plus courte que la brandie descendante. Le conduit extérieur est ici très court et très large; ses anneaux chitineux sont très peu serrés et son orifice extérieur est fermé par une sorte de clapet chitineux (l,fig- i)qui peut être mis en mouvement par l'action du pharynx. Au point de vue de la structure, on peut diviser la glande en deux parties : i° le tronçon qui suit immédiatement le canal excréteur et qui occupe le tiers de la branche descendante; 2° tout le reste de glande. Si l'on regarde une coupe transver- sale de la partie antérieure de la glande, on voit cinq à six grandes cellules (a, fig. 3) renfermant chacune un noyau volumineux avec un réseau chro- matique et un nucléole, qui présente souvent quelques petites vacuoles. Du côté de la lumière de la glande, les cellules ont une bordure chiti- SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 909 neuse striée assez épaisse. J'ai pu observer une bordure en tous points com- parable, dans le tronçon antérieur de la glande salivaire des larves de Mycétopltylides; les prolongements hyalins des glandes salivairesdes larves de Phorides sont sûrement de même nature, et enfin on a signalé des for- mations analogues dans les glandes de différents Insectes. Tout ce que nous venons d'exposer pour les glandes salivaires de Syrphinœ cadre encore bien avec nos connaissances sur celles des Insectes I. Coupe longitudinale médiane de la larve : s, canal excréteur de la glande salivaire; y), pharynx; l, clapet chitineux mobile. X 5j. — 2. Coupe transversale de la glande montrant la cellule glan- dulaire rétractée à sa base et la cellule delà tunique fibrillaire. \ 0.40. — 3. Coupe transversale du tronçon antérieur de la glande. \ 36o. — 4. Coupe transversale du tronçon postérieur de la glande : a, cellule glandulaire; b, couche protoplasnjique sans noyaux; c, cellules de la tunique fibrillaire; d, bordure chitineuse striée. X 36o. — 5. Aspect général de la glande salivaire X 12. en général. Mais j'ai trouvé dans la glande salivaire de larves de Syrphinœ une tunique fibrillaire spéciale qui double l'épithélium glandulaire et dont l'analogue ne me paraît avoir encore été signalée chez aucun Insecte, ni peut-être même chez aucun Arthropode: on décrit ordinairement la glande salivaire de ces animaux comme réduite à un simple sac épithélial. On peut, chez les Syrphinœ, voir facilement la tunique sur les glandes entières extraites de la larve. Elle se présente alors sous forme de faisceaux de fibres entrecroisés dans tous les sens. Sur une coupe transversale du tronçon antérieur de la glande on voit, autour des cellules glandulaires a que j'ai décrites, une couche protoplasmique ( l>, Jîg. 3 ) et, tout à fait à la périphérie, quelques petites cellules c assez bien distinctes de la couche b. Le protoplasme de la couche b présente un aspect tout à fait identique à celui de cellules glandulaires; on n'y trouve aucun noyau, et, comme il est séparé des Ç)IO ACADÉMIE DES SCIENCES. cellules glandulaires a el des cellules c par une limite suffisamment nette, il est difficile de dire si celle couche provient des cellules glandulaires a ou des cellules c. Les cellules c présentent à leur intérieur un noyau el, tout près de lui, de petits bâtonnets qui ne sont que des fibrilles longitudinales coupées transversalement. Sur une coupe transversale du tronçon postérieur de la glande on ne voit ni la bor- dure cliitineuse ni la couche protoplasmique b. Mais, tout autour de la glande, on trouve une couche très épaisse formée de faisceaux de fibres qui se colorent bien avec l'éosine, l'orange et l'indigo carmin. Chaque faisceau appartient à une cellule qui pré- sente un grand noyau muni d'un nucléole volumineux (comme le noyau d'une cellule glandulaire) ; l'intérieur de la cellule e*l complètement occupé par un amas de fibrilles parallèles el très fines. Les faisceaux sont généralement bien appliqués contre l'épi— thélium glandulaire el semblent même être intimement liés à ce dernier. Far endroits, on voit la membrane cellulaire du faisceau plissée comme si elle avait subi une contraction due à des fibrilles. On trouve aussi des cellules glandulaires contractées à leur base ( fig. 2 ), el l'espace libre qui se forme entre le faisceau et la cellule glandu- laire est découpé par des tractus protoplasmiques qui vont de la cellule vers le faisceau. Les petites cellules c qu'on voit à la périphérie de la partie antérieure sont de même nature que les cellules de la tunique (lbrillaire du reste de la glande. Dans les deux cas, eti sont des cellules avec un noyau bien net, leur protoplasme est remplacé par des fibrilles plus ou moins développées. Bien qu'on ne puisse encore se prononcer sur la nature exacte de celle tunique fibrillaire, qu'on n'a jamais signalée jusqu'ici chez les Insectes; on peut remarquer cependant que, ces fibrilles ne présenta ni aucune stria lion transversale, elles ne peu\ent être considérées comme des muscles striés. D'autre part, il y a des objections à les considérer soit comme muscles lisses, soit comme fibres conjonctives. Il sera donc nécessaire de les étudier avec une technique spéciale el aux différentes phases de leur développement. Il me semble probable, en tout cas, que la présence de cette tunique fibrillaire n'est pas un fait isolé ; elle existe sans doute chez d'autres Insectes mais sous une forme beaucoup moins accentuée, el il faudra peut-être en chercher l'origine dans la couche cellulaire très mince qui entoure la glande salivaire de beaucoup d'Insectes et que l'on signale sous le nom de couche endothéliale ou tunica propria , et dont l'origine est encore énigmatique. Le grand développement de cette tunique fibrillaire chez les larves de Syrphinœ est probablement en rapport avec l'importance de leur sécrétion salivaire ; en effet, c'est grâce à leur salive épaisse et collante que ces larves se fixent, se déplacent sur les plantes et capturent les pucerons aux dépens desquels elles se nourrissent ('). (') Ces divers résultats proviennent de l'étude des espèces suivantes: Syrphus ribesii L., S. balteatus de Geer, 5. luniger Meig., Platychirus sculalus Meig., Spluerophoria fiavicanda Zetl. el Melanostoma sp. SÉANCE DU 17 MARS Ipl.3. . 91 I MICROBIOLOGIE. — Sur le traitement de la tuberculose par les micro- organismes marins. Note (') de M. Raphaël Dubois, présentée par M. Henneguy. Il a été beaucoup écrit et parlé dans ces derniers temps à propos de guérisons de la tuberculose au moyen des bacilles de la Tortue de mer annoncées par le Dr Friedmann, de Berlin. C'est pour ce motif, bien que mes expériences, commencées en 1900, n'aient pas été poursuivies assez loin, que je crois devoir publier l'expé- rience suivante que je retrouve dans mes Notes de 1900-1901 et queje copie textuellement : J'ai retiré, de « Jambonneaux » {-) péchés sur la plage d'Hyères, des perles et, de la poche renfermant ces perles, des Micrococcus que j'ai cultivés dans un bouillon fait avec une décoction de « Chien de nier » (Scyllium canicala Cuv), de la gélanine, de la peplone et 3 pour 100 de sel. Douze Cobayes ont été inoculés avec des cultures de bacilles de la tuberculose; tous les Cobayes ont eu des ganglions: ils étaient tous infectés. On leur a inoculé le microçoque en question au moment où tous avaient des ganglions. Dix 1 s après ils étaient tous bien vivants, sauf un qui était mort. J'avais repris mes expériences il y a deux ou trois ans avec les Cobayes tuberculeux queje devais à l'obligeance de mon savant collègue de Lyon, M. le professeur Courmonl, et qui m'avaient été envoyés par M. Couvreur au Laboratoire maritime de l'Université de Lyon, à Tamaris-sur-Mer. Mon retour à Lyon m'a empêché de suivre mes animaux en expérience et, de ce dernier essai, on ne peut rien conclure. Je m'étais proposé de recommencer quand j'ai appris que le I)1' Friedmann préconisait un microbe marin pour la guérison de la tuberculose. J'avais été conduit à l'idée que le micro- coque du sac perlier des perles du « Jambonneau » ou « grande nacre » pouvait servir au traitement de la tuberculose parce queje lui attribuais un rôle « calcificateur » dans la formation des perles. Je reprends mes expériences et j'en ferai connaître les résultats dans une Note ultérieure. Je me propose également de vérifier l'action prétendue antituberculeuse de la Tortue de mer. (') Présentée dans la séance du 10 mars 1913. (l) Pinna nobilis L. ou P. squammata Gm. QI2 ACADEMIE DES SCIENCES. CHIMIE BIOLOGIQUE. — ■ Mode à' 'action de la substance anticoagulante du plasma de propeptone. Note de M. Henri Stassano. Dans une Note antérieure (') j'ai montré que le fibrin-ferment parvient librement à se former, comme dans du sang normal extravasé, dans le sang rendu incoagulable, chez le chien, par une injection intraveineuse de propeptone. Cette constatation élimine l'hypothèse d'après laquelle la substance anticoagulante déversée par le foie dans la circulation, sous l'excitation brusque de la propeptone, agirait en empêchant le profibrin- ferment de se transformer en fibrin-ferment actif. Deux autres hypothèses restent en présence pour expliquer l'incoagulabilité du sang de propeptone, du plasma incoagulé, notamment, qu'on sépare de lui par centrifugation : i° la substance anticoagulante suspend l'action du fibrin-ferment tout formé sur le fibrinogène, ou, 2°, elle porte son pouvoir inhibiteur directement sur le fibrinogène. Une analyse attentive des phénomènes qui accompagnent la coagulation du plasma de propeptone par dilution, des circonstances qui permettent, favorisent ou empêchent cette coagulation, écarte, à son tour, la première de ces deux hypothèses et apporte, au contraire, à la seconde, de nombreux et valables éléments de preuve. Dans la coagulation du plasma de propeptone par dilution dans de l'eau distillée, en présence de différents sels neutres, on constate que le chlorure de calcium n'y intervient pas d'une façon élective, spécifique, comme dans l'activation du profihrin-ferment et dans l'action du fihrin-ferment sur le fibrinogène (2). Bien au contraire, on constate que la tension osmotique des différents sels dans les dilutions employées y joue le premier rôle, comme s'il s'agissait simplement de la précipitation d'un colloïde stable (le fibrinogène) par déshydratation. Nous nous trouvons évidemment devant une phase encore plus avancée de la coagulation que les deux auxquelles je viens de faire allusion. I. Diluons différents échantillons d'un plasma de propeptone capable de coaguler en l'étendant d'eau distillée : chaque échantillon dans deux (') Contribution à la connaissance du ji/as/na de propeptone (Comptes rendus, 3 mars igi3). (-) Stassano et Daumas, Du rôle double du calcium dans la coagulation (Comptes rendus, 1 1 avril 1910). SÉANCE DU 17 MARS I9l3. C>l3 volumes, par exemple, d'une solution ~ n d'un chlorure différent. La pre- mière dilution qui coagulera, au bout de 2 heures, sera celle faite avec NaCl; une dizaine de minutes après, celle faite avec KO; suivra de très près celle correspondant à MgCl2; avec un retard assez sensible de 1 heure environ, ce sera le tour de la dilution préparée avec CaCl2; longtemps après, le lendemain, coagulera la dilution dans la solution de SrCI2 et, enfin, le surlendemain, la dilution dans la solution de BaCl2. Évidemment, l'ordre d'apparition de la coagulation, dans ces différentes dilutions, est strictement l'ordre selon lequel les différents chlorures qu'elles renferment s'échelonnent d'après leurs poids moléculaires. Rien donc de la spécificité dont les sels de calcium jouent dans les phénomènes étudiés jusqu'ici de la coagulation. La tension osmotique seule entre enjeu et règle la formation des coagulums. Aussi la coagulation débute dans la solution du chlorure le plus léger et se manifeste de plus en plus tardivement à mesure qu'on passe aux solutions de sels de plus en plus lourds. II. D'une façon générale, toutes les causes tendant à diminuer la stabilité colloïdale des globulines et du librinogène en particulier, entraînent la coagulation du plasma incoagulé de propeplone. a. Diminution de la concentration saline, par dilution ou pur dialyse. — Wooldi'idge a, le premier, signalé la coagulation du plasma de propeplone étendu d'eau distillée. J'ai constaté que la dilution oplima varie, d'un plasma à l'autre, entre 2voi el /Jvoi(j'eau p0Ut. jvoi ae plasma. |>a coagulation s'obtient même aux dilutions plus fortes (8vo1, iovo1), mais avec un relard proportionnel. Il y a des plasmas qui ne coagulent à aucun degré de la dilution. Ce sont les plasmas doués d'un pouvoir anticoagulant liés fort. Ce pouvoir s'alténue après une quinzaine de jours de conservation à la glacière. J'ai trouvé qu'on peut faire coaguler le plasma de propeplone en lui retirant des sels par la dialyse en eau distillée, dans des sacs de collodion; 2 à 3 heures de dia.ljse sont suffisants à la température du laboratoire. b. Augmentation, de la concentration saline. — Les éleclrolyles, selon leur degré de concentration, provoquent soit la précipitation, soit la redissolution des colloïdes. Voici ce qui se produit avec le plasma de propeplone étendu dans des concenlralions salines différentes de NaCl. Dans les solutions de 0,1 à 0,7^ pour 100, la coagulation se fait à peu près dans le même espace de temps; l'opacité, cependant, que les coagu- lums prennent en se formant et qui augmente même dans la suite, diminue progressi- vement à mesure qu'il y a plus de NaCl. A partir de 0,7 {- pour 100, la coagulation est retardée. Entre 5 et l5 pour 100 de NaCl, le plasma de propeptone dilué ne coagule plus. Dans la dilution, au contraire, de 20 pour 100, il coagule de nouveau; la coagu- lation s'y produit en même temps et souvent même plus tôt qu'aux, très faibles concen- lralions. Au delà de 20 pour 100, la coagulation est encore une fois retardée. Il y a Ql4 ACADÉMIE DES SCIENCES. donc deux, points critiques, et même un troisième pour certains plasmas correspondant à la dilution dans une solution saturée de NaCI. La coagulation qui se produit à ces différents points critiques y est amorcée visiblement par un commencement de flocu- lation de la fibrine, se transformant bientôt en un coagulum parfait. Ces différents points critiques peuvent varier d'un plasma à l'autre. Il y a des plasmas où la coagu- lation est retardée dès qu'on ajoute à la dilulion une quantité insignifiante de NaCI. c. Passage d'un courant d'acide carbonique. — Un plasma de propeplone qui coagule par dilulion coagulera aussi, sans être dilué, si l'on y fait barboter pendant quelques instants un courant d'acide carbonique. Wooldridge a encore signalé le pre- mier celte propriété. L'acide carbonique n'apporte immédiatement aucun changement visible dans la transparence et la viscosité du plasma; 3o minutes après, un léger voile y apparaît et le liquide ne tarde pas à se prendre en masse. L'action précipitante de l'acide carbonique sur les globulines est un fait bien connu. Encore dans ce cas, la coagulation du plasma de propeptone débute par la séparation de la fibrine sous forme d'un précipité. d. Addition de colloïdes. — L'addition d'un colloïde fortement négatif, tel que l'albumine d'oeuf, à du plasma de propeptone dilué dans de l'eau distillée, en hâte considérablement la coagulation. Elle la provoque même et assez rapidement, en une à deux heures, lorsqu'il s'agit d'un de ces plasmas doués d'un très fort pouvoir anti- coagulant qui ne coagulent pas par simple dilution aqueuse, ni par l'action de l'acide carbonique. M. Iscovesco a démontré que la fibrine est un colloïde positif. L'albumine d'oeuf doit former ainsi avec la fibrine un complexe qui précipite et amorce partant la coagulation comme dans tous les exemples antérieurs de séparation de fibrine aboutissant à la formation d'un caillot. De même, l'addition de lécithine, qui est encore un colloïde négatif, favorise la coagulation du plasma de propeptone, sinon la provoque à elle seule sans le concours de l'acide carbonique, dans une ancienne expérience de Wooldridge ('). L'hydrate ferrique, au contraire, qui est un colloïde de même signe que la fibrine, n'exerce aucune action dans ces mêmes circonstances. Cependant, une trace de cet hydrate ajoutée à la suspension aqueuse d'albumine en augmente nettement le pouvoir coagulant sur le plasma de propeplone. e. Action du chauffage. — En chauffant le plasma de propeptone, il donne lieu à un louche qui se transforme vite en un dépôt, constitué en grande partie de fibrino- gène, à peine on dépasse la température de 52°. Les globulines, le fibrinogène plus particulièrement, ne précipitent par la chaleur, dans les conditions ordinaires, dans la sérosité péritonéale de cheval par exemple, qu'entre 570 et 58°. Mais on sait aussi que les complexes albuminoïdcs coagulent par la chaleur à des températures plus basses de l'albumine pure. Tel sera le caSs du fibrinogène dans le plasma de propeptone, formant un complexe avec la substance anticoagulante propre de ce plasma. Les conclusions qu'il esl permis de lirer, ce me semble, de la manière de se comporter du plasma de propeptone lorsqu'on diminue la stabilité (') WooLDiiiDCE, On the origiu 0/ the /ibri/iferinc/il (Proc. Roy. Soc, 1 884 )- SÉANCE DU 17 MARS I9l3. Ç)l5 colloïdale de son fibrinogène par les différents moyens que je viens de signaler, ainsi que vis-à-vis des différents sels neutres, du chlorure de calcium compris, dont j'ai parlé au début de cette Note, sont les suivantes : i° Dans le plasma de propeptone les deux premières phases de la coagu- lation du sang, en dehors des vaisseaux, se sont accomplies régulièrement, à savoir : l'activation du fibrin-ferment et l'action de ce dernier sur le fibrinogène. 20 Dans le plasma de propeptone on se trouve en face d'une troisième phase de la coagulation qui, dans la coagulation normale du sang, est très fugace et n'a été envisagée jusqu'ici que seulement à l'ultramicroscope (apparition de granules dans le gel uniforme) ('). Cette phase commence dès qu'on diminue la stabilité colloïdale du fibrinogène dans le plasma de propeptone par un des moyens aptes à provoquer la précipitation des globulines. 3° La substance anticoagulante du plasma de propeptone porte son action directement sur le fibrinogène, en formant avec lui un complexe qui l'empêche de précipiter et de donner lieu à la formation de coagulums de fibrine, sans le concours de l'un des moyens ci-dessus. CHIMIE BIOLOGIQUE. Rôle antitoxique du calcium vis-à-vis de. quelques sels nutritifs dans la culture en milieu liquide du Pois et du Lupin. Note de M"** C. Uobert, présentée par M. Roux. Lorsqu'on transporte, dans un milieu liquide contenant à la fois des sels de magnésium, de potassium et de NH', dejeunesplantules ayant commencé à germer sur de l'eau redislillée (2), on observe que ces végétaux ne conti- nuent pas à se développer, même si la concentration de la solution est faible et analogue à celle des liquides nutritifs usités habituellement (solution de Knop ou de Detmer, par exemple). Mais si à cette solution on ajoute une quantité convenable d'un sel de calcium, on obtient un développement complet du végétal. La jeune plantule continue aussi à croître, au moins jusqu'à l'épuisement ( ' 1 A.NDRÉ M aveu, Comptes rendus Soc. biologie, 3o novembre 1907. (s) L'eau employée dans mes expériences est de l'eau redistillée sous pression réduite dans un appareil de verre. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N- 11.) Il6 gi6 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'une partie des réserves de la graine, si on l'enracine simplement dans de l'eau redistillée. On peut conclure des faits précédents : i° Que la première solution sans calcium est non seulement incomplète au point de vue nutritif, mais encore très nettement toxique pour le végétal puisque celui-ci s'y développe moins bien que dans l'eau redistillée; 2° Que l'un des rôles des sels de calcium dans le milieu consiste à combattre cette action nuisible des autres éléments. J'ai cherché à préciser cette propriété antitoxique des sels de calcium vis- à-vis des autres sels nutritifs. On connaît, depuis les travaux de Lœw, Aso et quelques collaborateurs ('), l'anta- gonisme existant entre les sels de calcium et ceux de magnésium; de nombreuses recherches ont eu pour but de déterminer la relation la plus favorable entre ces deux éléments pour la croissance des plantes. . L'antagonisme existant entre un certain nombre d'autres sels a été aussi étudié pour les végétaux par Osterhout (-) qui s'est occupé surtout des constituants de l'eau de mer et du rôle joué par Na CI dans ce milieu. Les travaux de cet auteur ont été inspirés par les expériences bien connues de Lœb (s) sur l'action antagoniste des solutions des différents sels chez les animaux. Pour étudier la toxicité des sels entrant dans la composition du liquide nutritif que j'emploie dans mes expériences et le rôle antitoxique que le calcium joue vis-à-vis de chacun d'eux, je cultive de jeunes plantules sur des solutions de chacun de ces sels à la concentration où il existe dans le liquide complet (sauf pour les sels ammoniacaux dont je diminue un peu la dose). C'est-à-dire : " SO Mg 25ome par litre POlH*K 5oo » NO N H4 5oo » Je vérifie les résultats obtenus avec ces corps en employant d'autres sels dont je calcule le poids, de façon à conserver la même concentration en métal. Pour le calcium, je choisis la dose qui, en milieu complet, s'est (') Lof.w, Flora, t. LXXV, 1892, p. 1892. — Loew et Aso, Bull. Coll. Agr. Tolno, t. VI, igo5, p. 336. {-) Osterhout, Bot. Gaz., t. XL11, 1900, p. 129; t. XL1V, 190-, p. 259; t. XLVII, 1909, p. i48; Jalirh. (vus. bot., t. XLVI, 1909, p. 121. (3) Lu;b, Dynamique des phénomènes de la vie, p. 95. SÉANCE DU 17 MARS IO,l3. 917 montrée la plus favorable. Au début, j'employais le calcium sous forme de carbonate, mais j'ai ensuite remplacé ce sel par le sulfate qui, à la même dose (5oomB par litre), produit sensiblement les mêmes effets et présente l'avantage de se dissoudre complètement dans le liquide. Mes expériences les plus nombreuses ont été effectuées sur le Pois (var. Pois de Clamart). Voici le résultat de deux expériences portant, la première sur les sels de M g et de K, et la deuxième sur ceux de NH4. Chaque expérience a duré 12 jours, à une température variant de 200 à 25°. Les chiffres donnés représentent la moyenne des mesures faites sur six plantules dans le premier cas, huit dans le deuxième. Première expérience. Longueur. Poids see. Tige Tige Tige. Racine. + racine. Tige. Racine. + racine, tiiin mm mm mg mg mg Eau redistillée 34 96 i3o 18, 5 10, 5 29 SOCa 85 217 3o2 47.6 16,6 64, a SOMg 12 8 20 » » 17,6 POH2k 22 ',6 68 10,0 8,1 18,6 SOK5 23 33 56 16, 3 7, 3 2.3,6 SOMg + SOCa 90 238 328 45,3' .7 62,3 POH2K + SOCa 74 226 3oo J5,5 12,8 58,3 SOk-+S04Ca 86 236 32 2 42,8 i',.- 57,5 Deuxième expérience. EaiTredistillée 34 67 101 16,2 11 27,2 SOCa 81 227 3o8 38,7 18 56, 7 N03NH4 <5 <5 » i3,5 SO(NH4)2 <5 <5 » i3,7 N03NH4+SOCa 82 160 242 39,6 20 59,6 S04(NH4)2+SOCa... 72 180 2.V? 36 19 55 Ces expériences montrent que : i° A la dose employée, le calcium n'est pas toxique, il favorise même d'une façon très remarquable le développement de la jeune plantule; 20 Les sels de Mg, de K et de NH'' sont toxiques aux concentrations employées; 3° L'addition d'un sel de Ca supprime la toxicité de ces corps; 91 8 ACADÉMIE DES SCIENCES. 4° Le développement dans les mélanges des sels de K, de M g; ou de NrP avec les sels de Ca est le même que lorsque le sel de Ca est seul. Les sels de K, de Mg et de NH* ne semblent donc pas jouer de rôle nutritif pour la planlule durant les premiers jours de sa végétation. Le rôle antitoxique du calcium s'exerce encore vis-à-vis d'autres sub- stances; lorsqu'on essaye de cultiver des plantules sur. de l'eau qui a été distillée dans un appareil en cuivre étamé (celle qu'on emploie le plus habi- tuellement dans les laboratoires), le développement du végétal s'arrête, cette eau ayant été rendue éminemment toxique par les traces métalliques qu'elle a entraînées (' ). Une addition de calcium supprime en partie celte toxicité, comme le montre l'expérience suivante : Longueur. Tige Tige. Racine, -(-racine, mm mai mm Eau redistillée 43 64 107 Eau distillée ordinaire 36 19 jô Eau distillée ordinaire -r- SO'Ga 83 36 11g Toutes ces expériences, refaites avec le Lupin blanc, m'ont donné des résultats identiques; ce dernier végétal est encore plus sensible que le Pois aux actions toxiques; même les sels de Iv, aux faibles doses employées, arrêtent dès le début tout développement. Par contre, le Blé et le Maïs, expérimentés également, m'ont donné des résultats moins nets ; car, pour ces végétaux, les sels de Iv ne paraissent pas nuisibles (au moins à la concentration indiquée plus haut) cl l'on a seule- ment à considérer pour eux la toxicité des sels de Mg el de NH'\ Je me propose de faire de nouvelles recherches sur ces derniers végétaux. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la dialyse de lamaltase. Note de M. W. Kopaczewski, présentée par M. Roux. Etant données les idées de G. Bertrand sur la nature des diastases, il était naturel d'employer la dialyse simple, ou le procédé de dialyse élec- trique de Dbéré (2), pour comprendre le rôle joué par les électrolytes dans l'hydrolyse du maltose par la maltase, et pour déceler la nature de ces électrolytes. (') Dehérain et Demoussy, Comptes rendus, 1. 132, 1901, p. 5a3. — Coupin, Comptes rendus, t. 132, 1901, p. 645. ("-') DnÉitrê. Comptes rendus, t. ISO, 1910, p. g34 et 993. SÉANCE DU 17 MARS igi3. 919 Technique. — Comme maltase, nous avons employé la mallase de kôji 1 la takadias- lasede commerce), lîlle possède un pouvoir réducteur propre égal à 81, 3 pour )oo de celui du mallose employé, une réaction alcaline à l'hélianthine et. desséchée jusqu'à poids constant, la composition suivante : H20 à -+- (io°C. = 5,65 pour 100, matières organiques = 88,25 pour 100 et 6,10 pour 100 de cendres. Abandonnée à la lumière, la solution de takadiaslase noircit, mais augmente considérablement son pouvoir hydrolysant. Comme mallose, nous nous sommes servi du produit commercial, purifié par nous; il possédait un pouvoir rotatoire spécifique = -+- i33°,3 à -+- 220 C. et un pouvoir réducteur égal à celui indiqué par G. Bertrand ('). Le maltose contenait 0,072 pour 100 de cendres. Les solutions de la maltase et du mallose étaient préparées avec de l'eau redistillée de conductibilité K=i,6 à 2,1 . jo-0, saturée de toluène. La dialyse était effectuée de la façon suivante : les sacs en collodion ont été plongés dans un dispositif destiné à faire circuler de l'eau, arri- vant par le haut, chauffés 1 5 minutes dans un autoclave à -t- ii5° C. On remplissait les sacs avec la solution de takadiastase à 1 pour 100 et on les abandonnait 24 heures pour imprégner la membrane et éviter ainsi les erreurs possibles dues à l'absorption; puis cette solution a été rejetée. Les dialyseurs ainsi traités étaient prêts à servir. On les remplissait avec la solution de maltase à 2 pour 100, additionnée de toluène, préalablement deux fois filtrée sur papier Berzélius et l'on dialysail vis-à-vis d'un courant d'eau redistillée, chargée de toluène. Pendant la dialvse, le volume primitif du liquide intérieur augmente toujours, provoquant une diminution de l'activité de la mallase d'environ 1 ,6 pour 100. Toutes les 24 heures on faisait une prise de jcm", on rétablissait l'égalité de niveau des liquides et l'on examinait le pouvoir hydrolysant de la maltase. La durée de l'hydro- lyse était de 3 heures et demie; les sucres ont é lé dof es par la méthode de G. Bertrand. L'erreur totale, due au dosage de sucre et a la dilution que subit le liquide pendant la dialyse, n'était pas supérieure dans nos expériences à ±4 pour 100. Voici les résultais obtenus : tout d'abord le pouvoir hydrolysant de la maltase augmente par la dialyse de plus du double après 24 heures, et se maintient aux environs de 180 pour 100 au bout de 96 heures de dialyse. En même temps les matières réductrices disparaissent; l'alcalinité diminue et correspond à ic'"',i au lieu de 9cm\ 7 d'acide sulfurique 777N, pour obtenir le virage au rouge de l'hélianthine. La plus grande partie de matières solides et de cendres est éliminée : il ne reste que 5, 10 pour 100 de matières solides et 1,46 pour 100 de cendres. En mesurant la conducti- vité électrique de la maltase ainsi purifiée, nous avons constaté que la conductivité initiale K = 8 1 ,8. io~n est devenue K' = i t ,g.lo"8 après 96 heures de dialyse. Pour enlever les matières qui causent cette conductivité relativement assez élevée, nous avons appliqué à la maltase déjà dialysée le procédé (M Bertrand, Bull. Société ckim., t. XXXV, 1906, p. 1285. ()20 ACADÉMIE DES SCIENCES. de dialyse électrique de Dhéré ('). Après 6 heures de dialyse électrique, l'eau extérieure de conductivité K = o,8.io"6 est devenue nettement alcaline à la phtaléine dans le récipient positif, franchement acide dans le récipient négatif; aucune de ces deux réactions n'était plus constatée après 24 heures de dialyse. Pendant la dialyse la maltase se transportait vers le pôle négatif; le liquide de la branche positive, primitivement opalescent, s'éclaircissait progressivement, et celui de la branche négative se troublait davantage. La durée de dialyse était de 48 à 126 heures. Au bout de ce temps, le passage des électrolytes dans l'eau extérieure était arrêté, ainsi qu'on pouvait le constater au moyen de la conductivité. Tableau I. Maltose 1 pour 100 {conc. fin.); maltase o, 5 pour 100 (conc. fin.); durée d'hydrolyse: 3''3o" température 4-4o°,5C. Acidité ( — ) Matières solides à 4-110» G. N"s. Solutions de la maltase. de la maltase. 1. Maltase filtrée 2 fois sur pap. r * pour 100 Berzélius 93, 12 2. Maltase filtrée 2 fois et aban- donnée 72 heures 92,85 3. Maltase filtrée 2 fois et aban- donnée 198 heures 93.4' k. Maltase dialvsée 72 heures.. . 5.23 5. ld. et abandon- née 126 heures 5,20 Maltase purifiée par la dialyse électrique 48 heures » 6. \ ( positive 0,57 7. > Branches } négative 3 ,o,3 ,S. ) ( moyenne indosable (') Maltase purifiée par la dialyse électrique 126 heures » 9. ) ( positive » tO. ; Branches < négative 3,85 11. ) moyenne ou a Icalinité 1 1 1 l'hélianthine en N 100 Conductivité des Pouvoir Cendres pour 0*,2 solutions hytlrol vsant de la maltase. de la maltase. de la maltase. de la maltase. pour mu 6 , I 2 + 9,8 81,8x10-° pnllf I"o 3o,4 6,l3 4-IO,6 205,7 61,8 6,08 4-1 [i,5 205,9 85,7 1,58 4- 1,2 u,9 89,8 i,56 4- 0 1,0 i5,8 97>2 » » » » indosable (') » 5,2 7'. 9 o,32 » '9>3 100,0 indosable (') » 3,8 49,2 » » » » » — 1 .0 2,6 56,7 indosable (') 4- 1,2 i8,5 78,3 » 4- 0,5 >,i '9,5 (') Dans un Mémoire ultérieur nous exposerons plus amplement les détails. SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 92 1 Il était donc inutile de prolonger davantage la dialyse électrique. La maltase ainsi traitée possédait les propriétés indiquées au Tableau I ci-contre ('). Conclusions. — De l'ensemble de ces faits nous pouvons tirer les conclu- sions suivantes : i° La dialyse ordinaire augmente tout d'abord le pouvoir hydrolysant de la maltase; ce pouvoir passe par un maximum, puis diminue légèrement. Une prolongation de la dialyse n'amène plus alors aucune modification appréciable ; 20 La dialyse électrique, essayée à ce moment, enlève une nouvelle quantité d'électrolytes et abaisse encore un peu le pouvoir diastasique; toutefois, il n'a pas été possible, même par ce procédé, d'enlever les der- nières traces d'électrolytes; 3° La maltase se transporte dans le champ électrique vers le pôle négatif; 4° La maltase ainsi purifiée possède une réaction faiblement acide à l'hélianthine, GÉOLOGIE. — Les terrains triasiques dans la région de la rivière Noire moyenne (Tonkin). Note de M. Depkat, présentée par M. H. Douvillé. Lors de mon dernier voyage dans la région de la rivière Noire, j'ai découvert des horizons triasiques nouveaux pour l'Indo-Chine; en divers points j'ai pu relever de très bonnes séries continues; mais fréquemment des dislocations intenses interrompent la continuité des horizons et les écra- sements sont parfois tels que les fossiles complètement broyés sont, bien que nombreux, spécifiquement indéterminables. Sur les feuilles de Thanh- ba et de Van-yen, le Trias s'enfonce largement sous les terrains paléo- zoïques charriés sur lui. I. Trias inférieur. — Absolument identique comme faciès à celui que j'ai sommairement décrit dans le nord de l'Annam (région entre Dong-hoï et Vinh et entre Vin h et Thanh-hoa), il est essentiellement détritique et formé par une puissante série de poudingues, grès, arkoses, quartzites avec schistes pulvérulents rougeâtres ou jaunâtres marneux, identiques aux couches à Danubites de Lang-son. L'épaisseur totale est de Goom à 700m. (') Dans les 6ocm* du liquide, représentant os,o6i.j de matières solides. 922 ACADÉMIE DES SCIENCES. II. Le Trias moyen offre à la base des poudingues bien visibles au col de Ban-ban dans le Phu-yen. Près de Lang-muong des marnes grisâtres alternant avec des calcschistes et des sables gréseux avec de petits lits de bouille se montrent fossilifères. J'y ai observé un borizon de calcschistes en dalles couverts de Hœrnesia cf. socialis du Musc*helkalk; un autre niveau est rempli de grands Lamellibranches (Homomya) spécifiquement indéterminables. Au-dessus viennent des schistes marneux jaunes représentant le niveau à Ceratiles cf. trinodosus de lvhoa-trûong (Annam)- Puis viennent des calcaires épais de 3oom environ, équivalents des calcaires anisiens de Quang-môc (Annam) que j'ai signalés ailleurs, à Mentzelia Mentzeli Diink, etc., et des calcaires à Ceratiles, Ba/atonites, Cuccoceras, Ceintes, Dinarites, Ptychites, Meekoceras de Khoa-trùong dans lesquels les horizons balatonien et bosnien trouvent probablement leur représentation complète. Dans la région de Van-yen ces calcaires offrent parfois l'aspect de mylo- nites sur plusieurs centaines de mètres d'épaisseur et sont chevauchés par les terrains primaires; en dehors de la grande ligne de chevauchement que j'ai observée entre le lleuve Bouge et la rivière Noire, ils nous livreront, sans doute, de riches faunes. Le Ladinien est probablement représenté partiellement dans la partie supérieure des calcaires massifs; vers le haut de la masse calcaire s'inter- calent des schistes marneux bruns à grandes Daonelles et Misidioptera sp. avec des débris d'Ammonites, que leur position permet de considérer comme l'équivalent des schistes à Prolrachyccras Archelaus de Ban Nam- kay ( ' ). Au-dessus se placent, au col entre Muong-thé et Mo-ha, une épaisse série de grès variés dans lesquels un niveau de marnes gréseuses brunes m'a fourni un gisement offrant des espèces cordevoliennes dont cer- taines sont identiques à des espèces de Saint-Cassian, ainsi Myoplioria inœquicoslata Ivlipst. très abondante, avec de nombreux Trigonodus, Cyclo- nema, etc. III. Les couches précédentes terminent, sans doute, le Trias moyen. Elles sont surmontées, près de Bo-muong, par des grès marneux bruns où pullule une Pomarangina nov. sp. alliée à Pomarangina Haydeni Dienei de Pomarang. Les couches à Pomarangina ont été rangées par Diener dans le (') II. Mansuy, Contribution à la Géologie du Tonkin (Paléontologie) (Afém, Serv. géol. de l Indo-Chine, t. I, fasc. IV, p. 70). 100" SÉANCE DU 17 MARS IÇ)l3. 923 Julien, c'est-à-dire à la base du Carnien de Spiti. Elles se trouvent éga- lement en Indo-Chine à la base du Carnien, selon toutes probabilités. Dans le Phu-yen, j'ai découvert une série intéressante, très riche en Ammonites dont les cloisons sont admirablement conservées et qui seront prochainement décrites. On observe de haut en bas : / 7. Grès durs quartziteux sans fossiles. Marnes brun rosé à Eutomoceras n. sp., Dittmarites n. sp., Sageniles n. sp. 6. Banc calcaire dur sans fossiles. 0. Masse de grès roses el jaunes avec bancs de marnes rosées écailleuses à Tropites, Eutomoceras, Sagenites, Dittmarites. i. Grès roses et marnes grises sèches à Daonetles déformées, avec Trachy- ceras (Anolcites) sp. 3. Marno-calcaires noirâtres à Trachyceras sp., Pachyrisma rostralum Laube (espèce de Saint-Cassian ), Gonodon sp., Protnalhildia sp. 2. Marnes el grès marneux à Arcesles n. sp., Proarcestes Balfouri Oppel.. Balatonites sp., Ceralites n. sp. 1. Calcaires sans fossiles. La partie supérieure est interrompue par le chevauchement d'une épaisse lame de calcaires anisiens écrasés; les calcaires de la base se perdent sous la plaine du Phu-yen. Je considère les couches 1 à 3 comme appartenant au Trias moyen. En effet, dans les couches 2, on rencontre Proarcestes Bal- fouri Opp., espèce appartenant au Ladinien du Tibet; V Arcestes n. sp. est très voisin de Are. Escheri des couches à Ceratites trinodosus de la Schreyer Alm. Dans 3 on rencontre des espèces telles que Pachyrisma rostralum Laube qui appartient à la faune de Saint-Cassian. Les couches 5 et 6 sont l'équivalent des couches himalayennes de Byans à Tropites (Tuvalien), comme le montre leur faune. Il me reste à citer un horizon formé de marnes jaunes dans lesquelles j'ai recueilli Posidonomya sp. et Halobia cf. Beneckei du Trias supérieur de Sicile. Je ne sais pour le moment où se place exactement ce niveau qui se trouve dans une position particulière au point de vue tectonique. Les explorations ultérieures compléteront ces premières données déjà fort intéressantes et nous fourniront certainement de nouveaux horizons. M. J. de Boissof dy adresse une Note Sur la constante de fa loi du rayon- nement. (Renvoi à l'examen de M. Violle.) C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 11.) "7 9^4 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. IViabouchinsky envoie une Note Sur les propriétés de la J onction \x\ : dérivation, intégration, usage pour la représentation des polygones plans et des formes cristallines. Il introduit une unité complexe j, définie par la con- dition |y | = — i . (Renvoi à la Section de Géométrie.) A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures. G. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OUVKAGES RliÇUS DANS LA SÉANCE DU IO MAHS 1 9 1 3. (Suite.) Carte du Maroc, dressée sous la direction de Henri Barrere; i : 1000000. Paris, Aiidriveau-Goujon, j g 1 3 ; deux exemplaires : l'un en 1 feuille in-plano, l'antre en un Atlas in-f° oblong. (Présenté par M. Ch. Lallemand.) Notice sur les Travaux scientifiques de M. Paul Renard. Paris, Gatithier-Yillars, 1910 ; 1 fasc. in-4°. Trente-sept années de fouilles préhistoriques et archéologiques en France et en Italie par M. E. Rivière. ( Extr. des Comptes rendus de l'Association française />< o; le signe — , si bm o; le signe -t-, si bm<^o. Page 452, dans la formule pour Q, -+-/;, ajouter -f- . . . au second membre. Page 4^3, ligne [\, au lieu de lire D~ — 2^-' -4-6ir2 — 4£-3. Page 453, ligne 1 1 , au lieu de o > ç < 1 , lire o < ; < 1 . Page 4-Ï3, ligne i4, ou lieu de D— I2COS_4CO, A =8cos_6co, lire D — — -i2Cos— *w, A = — 8cos_6w. 926 ACADÉMIE DES SCIENCES. (Séance du 17 février 191 3.) Note de M. Cari Stôrmer, Sur un problème mécanique et ses applications à la Physique cosmique : Page 538, ligne 12 en remontant, au lieu de .. 9 1 lire 9 9 (Séance du 3 mars 191 3.) Note de M. André Ulondel, Puissance intérieure et couple synchronisant des alternateurs synchrones travaillant sur réseau à potentiel constant ou en parallèle : Page 681, ligne 2 en remontant, au lieu de (I — Iccsin'j/), lire (\cc — IsiniJ;). Page 682, ligne 5, au lieu de situation, lire saturation. D __ .. . ... , /,.V ,. Â-RiN» rage 002, ligne [4, au lieu de > lire 2 2 ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU MARDI 2o MARS 1913. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Pbésidext donne lecture du Décret suivant : DECRET. Le Président de la République française, Sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, Vu l'arrêté consulaire du 3 pluviôse, an XI ; Vu les ordonnances des 21 mars et 5 mai 18 16; Vu la délibération de l'Académie des Sciences du 10 février 191 3, rela- tive à la création de six. places de Membres non résidents, qui seront réservées à des savants français qui résident bois des départements de la Seine et de Seine-et-Oise, Décrète : Article premier. -- Sont créées, aux conditions indiquées dans la déli- bération susvisée du 10 février iqi3, six places de Membres non résidents de l'Académie des Sciences. Article 2. — Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts est chargé de l'exécution du présent décret. Fait à I'.ins. le 17 mars U)i3. Signé : R. Poincarê. Par le Président de la République : Pour ampliation : Le Ministre de l'Instruction publique Le Directeur de l'Enseignement supérieur, et des Beaux-Arts, Conseiller d^État, Signé : T. Stekg. Si^'né : Rayet. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 150, N» 12.) Il8 928 ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE infinitésimale. — Sur les surfaces minima engendrées par un cercle variable. Note de M. Gaston Darbocx. 1. Dans son Mémoire Sur les surfaces d'aire minima pour un contour donné ('), Riemann a fait connaître une surface minima des plus inté- ressantes, engendrée par un cercle variable dont le plan est assujetti à demeurer parallèle à un plan fixe. D'après la méthode même suivie par l'illustre géomètre, on reconnaît immédiatement que la surface minima à laquelle il a été conduit est la plus générale parmi toutes celles qui sont engendrées par un cercle, lorsque le plan de ce cercle conserve une direction invariable. On peut se demander si cette restriction est nécessaire et s'il n'existe pas des surfaces minima engendrées par un cercle variable dont le plan ne demeure plus parallèle à un plan fixe. J'ignore si celte recherche a déjà été abordée; en tous cas, je crois utile de faire connaître le résultat négatif auquel je suis parvenu. 2. J'avais d'abord songé à employer une méthode reposant sur l'emploi des formules célèbres, dues à M. II. -A. Schwarz, qui déterminent, par de simples quadratures, la surface assujettie à passer par un contour analytique donné et à y admettre, en chaque point, un plan tangent donné dont la variation est aussi déterminée par des formules analytiques. Si (C) est le contour donné, supposé réel, et si les coordonnées x, j, z d'un point du contour ainsi que les cosinus directeurs X, Y, Zdu plan langent en ce point soûl des fonctions analytiques d'un certain paramètre t, les formules de M. Schwarz peuvent être mises sous la forme .> --H - / (Y dz — Z dy), " l 1. I s'— ÎLJlil +i j "(Xrfv — i da 1, ^njn =1 étant les valeurs de .r, v, z pour / = l, ; x.,,y,, r, étant les valeurs des mêmes coordonnées pour l = /,, et.r', y', z-' désignant les coordonnées (') Voir Riemann, Œuvres mathématiques traduites par L. LaugeL Paris, Gau- thier-VilJars, 1898, \>. 3o5 et suiv. SÉANCE DU 23 MARS I()l3. 929 du point de la surface cherchée, qui seront ainsi exprimées en fonction des deux paramètres /,, t.,. Les points réels de la surface correspondront au cas où les valeurs de /, et de t.2 seront imaginaires conjuguées, en supposant, hien entendu, que soient réelles les expressions de x, y, z en fonction du paramètre choisi t. Cela posé, supposons qu'on veuille trouver les surfaces minima engen- drées par un contour d'espèce donnée. Soient /(&,?, «! «1 b, c, ...) — o, -f- a' = o, 0.1 ay ' as ^ du —^dx + -—dv + -~ dz + (II. > — -a' 7=0, dx à y ' dz *•* da où a', b\ c' désignent les dérivées de a, 6, c, ... par rapport à X. Si donc on pose les cosinus directeurs de la normale seront déterminés par les équations (3) X Y. Z 1 ou l on a _. àt . do .. df . do ,.df . do A M -/ L — ^ Mf-Lf M -f- + L — !■ dx df dv dv dz Oz -=-S(£)"--"-S&-S(â En tous les points d'un même contour «, b, c, ... et a', b\ c', ... sont des constantes qu'on peut choisir arbitrairement. X, Y, Z sont donnés par les formules (3) et il est permis d'appliquer les formules de M. Schwarz. On sera sur d'obtenir ainsi, si elles existent, toutes les surfaces minima engen- ^■o\:^L / -~, i 93o ACADÉMIE DES SCIENCES. drées par un contour de la nature de celui'qui a été choisi. Mais il sera fort possible que la surface ne puisse être engendrée de cette manière. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est qu'elle contiendra deux contours infiniment voisins de l'espèce qui aura été choisie. 3. Appliquons cette méthode générale à la recherche des surfaces minima engendrées par un cercle. Les équations du cercle peuvent être mises sous la forme \ (x— a)* + (y- b)*+(z — cy— R*=o, \ \(x — a) + li(y — b) + C(z—c) = o, où l'on peut même supposer (6) . A! + B!+C!=i, ce qui pourra exclure certaines surfaces minima imaginaires. Si l'on pose j H=- a'{x-a)- b'{y-b)- c'(z-c)-BR', \ K= A'(x — a) + B'(y—b) + C'(s — c) — \ar—Bb'-Cc', les formules (3) et(4) nous donneront All-K(j-fl) BH — K(y-&) „ CH-K(s-c) (8) \_- -j- -, Y=- — £— -, Z= -j , où l'on aura (9) A'rrlP+KîR2. Si l'on veut appliquer la méthode générale que nous avons iiidiquée, on pourra supposer qu'on ait choisi les axes coordonnés de telle manière que le cercle particulier considéré ait pour équations (9') ^-t-7'=R», *=o, ce qui exigera qu'on fasse, dans les formules, (io) A = o, B = o, C = i, « = b = c = o. Les valeurs de X, Y, Z, deviendront alors A A A et l'on aura ( H=- a'x— b'y — RR', (»a) ( K= AJx + B'y — c'. SÉANCE DU 25 MARS I9l3. Ç)3l Les formules de M. Schwarz nous donneront donc x, + .r, i Ç H dy r = 2 2 „/ A Yi+Yt ' /'Hc/.r J Si l'on pose (i3) a; = Rcos7) A = c' S/a' 2_|_ c'2 y/a'2 -h c'2 on aura A = R ^/«'24- c'2 dn « et si l'on introduit la fonction uniforme bien connue Z(«) — A2/ su2" du. les formules qui déterminent la surface deviendront zc'=: -(en m, 4- en m.,) h — ('«j — "i) H t [Z(m, ) — Z(«1 ; (18) ' .>'' = — (sn m, 4- sn ' cn« snSi et par suite, en substituant d>à a, présenter les équations qui déterminent la surface sous la forme 1 .,■'— A-RS 4- ^Z(Si)4-RcnSi'cos^, (22) ! ' v ; ) /= RcnSi'sin^, ( ;'=A'RS, SÉANCE DU 25 MARS IÇ)l3. g33 qui montre que la surface est engendrée par un cercle dont le plan est perpen- diculaire à l'axe des z. On peut d'ailleurs éliminer [i et '^et écrire l'équation de la surface en coordonnées cartésiennes (23) k_ iR7f iz k' * k ' R /• ' C'est, nous le verrons, la surface de Riemann. Sa forme dépend des deux constantes R et /•. PAUASITOLOGIE. — Au sujet des loxoplasmes du lapin et du gondi. Note de MM. A. Lavera:* et 31. IHarullaz. A. Splendore a fait connaître, en 1908, un Protozoaire nouveau qui, au Brésil, donne lieu à des épizooties chez les lapins ( '). l'eu après, Ç. Nicolle et L. Manceaux (2) ont décrit, chez le gondi de Tunisie, Clenodactylus gondi, un Protozoaire ayant la plus grande ressem- blance morphologique avec le parasite du lapin de Splendore et ils ont créé, avec raison, un genre nouveau, le genre Toxoplasma, pour désigner ces protozoaires qui s'éloignent notablement des Leishmania dont Splendore les avait d'abord rapprochés. La question de savoir si le Toxoplasma cuniculi doit être, ou non, identilié au T. gondii n'a pas encore été résolue. La grande ressemblance morphologique des deux parasites est une pré- somption en faveur de leur identité, mais elle n'autorise pas une conclusion ferme; des protozoaires morphologiquement semblables peuvent en effet avoir des caractères biologiques trop différents pour qu'on puisse les identifier. On devait se demander si le Toxoplasma cuniculi et le T. go/idu étaient inoculables aux mêmes espèces animales. T. cuniculi a été inoculé, avec succès, au lapin (Splendore), au cobaye, au pigeon (Carini), à plusieurs passereaux, à des oiseaux du genre Euphoniâ ( Splendore ); sans succès au rat blanc (L. Magnaghi ). T. gondii a été inoculé avec succès au gondi, au cobaye (C. Nicolle et L. Manceaux, C. Nicolle et M. Conor, 4 fois sur 17), à la souris qui est (' ) A. Splendore, Revista da Socied. scienlif. de Sào Paulo, t. III, 1908, nos 10-Î2, ei t. IV, 1909, 1103 5-7. (-) C. Nicolle et L. Manceaux, Comptes rendus, 26 octobre 1908 et 8 février 1909, et Arc/i. de l'Institut Pasteur de Tunis, 1909, p. 97. p34 ACADÉMIE DES SCIENCES. très sensible (C. iNicolle et M. Conor), au pigeon (C. NicolleelM. Conor); nous avons constaté que le Padda orysivora s'infectait facilement par la voie péritonéale. Le T. gondiï a été inoculé sans succès aux macaques, au chien, au rat blanc, au lapin (C. Nicolle et L. Manceaux, G. Nicolle et M. Conor). C. Nicolle et Mme Conor qui ont inoculé sans succès 5 lapins à Tunis ('), par la voie intra-péritonéale, avec le T. gondiï, ont conclu de ce fait que vraisemblablement ce toxoplasme appartenait à une autre espèce que le T. cuniculi. Le D1' C. Nicolle ayant eu la grande obligeance d'envoyer à l'un de nous deux souris inoculées à Tunis avec le T. gondiï, nous avons pu étudier à l'Institut Pasteur ce parasite et, si nos observations confirment, sur la plupart des points, celles du D1' C. iNicolle et de M,ne Conor, elles en diffèrent pour ce qui regarde la sensibilité du lapin au virus. Les deux premiers lapins que nous avons inoculés, dans le péritoine, avec l'exsudat péritonéal d'une souris infectée de T. gondiï, ne se sont pas infectés. 5 jours après l'inoculation, la ponction du péritoine a fourni quelques gouttes d'un exsudât visqueux dans lequel il a été impossible de trouver des toxoplasmes. L'un des lapins a été sacrifié, en très bon état, 17 jours après l'inoculation : on n'a trouvé de toxoplasmes ni dans l'exsudat péritonéal, ni dans la rate. Ces lapins pesaient au moment de l'inoculation l'un 83o8 et l'autre 875s. Un troisième lapin, plus jeune que les deux premiers, du poids de 5f)0K, inoculé le i5 mars io,i3 avec l'exsudat péritonéal d'une souris infectée de T. gondiï a, le 18 mars, des toxoplasmes extrêmement rares dans l'exsudat péritonéal. Deux souris inoculées le 18 mars, avec l'exsudat péritonéal du lapin, s'infectent. Le lapin meurt le 2.3 mars. Le péritoine, qui est légè- rement enllammé, surtout autour du foie, contient 60""' d'un exsudât non visqueux, un peu trouble ; après centrifugation d'une partie de ce liquide, on constate l'existence, dans le culot, de toxoplasmes très rares. Les frottis du foie, de la rate et des poumons montrent aussi des toxoplasmes en très petit nombre ; l'examen des frottis de moelle osseuse est négatif. Il y a eu dans ce cas infection généralisée, mais avec des toxoplasmes rares. Chez un quatrième lapin inoculé, non plus dans la cavité péritonéale comme les trois premiers, mais dans une veine, la démonstration de la virulence du Toxoplasma gondiï n' a rien laissé à désirer; le lapin est mort (') G. Nicolle et Marthe Conor, Soc. de Pathologie exotique, 12 mars 1910. SÉANCE DU .25 MARS IÇ)l3. 9-35 le sixième jour après l'inoculation avec une infection généralisée, bien carac- térisée par l'existence de toxoplasmes nombreux dans le foie et la rate, non rares dans la moelle osseuse et les poumons. Nous résumons cette obser- vation. Un jeune lapin pesant 58o» est inoculé le i5 mars 1913, dans la veine marginale d'une des oreilles, avec une goutte de l'exsudal périlonéal d'une souris infectée de Toxoplasma gondii; la goutte d'exsudat a été diluée dans de l'eau physiologique. Le lapin est trouvé mort le 21 mars, il ne pèse plus que 5ooS, il a donc maigri. Exsudât péritonéal presque nul. La rate, fortement augmentée de volume, pèse 2?, 60; on ne distingue de granulations blanchâtres ni à la surface, ni sur la coupe. Le foie est pâle, ce qui paraît dépendre de l'anémie; à la face supérieure et à la face inférieure du foie, on trouve un certain nombre de nodules blanchâtres, dont les plus gros atteignent le volume de tètes d'épingles, qui ressemblent à des granulations tuberculeuses; quelques nodules se voient aussi sur les coupes. Reins pâles. Les lobes inférieurs des poumons sont fortement congestionnés. Rien à noter du côté du cœur. Les ganglions lymphatiques ne sont pas hypertrophiés. La goutte d'exsudat périlonéal qui sert à faire un frottis ne montre pas de toxo- plasmes. Dans les frottis du foie et de la rate, les toxoplasmes sont, au contraire, nombreux; les parasites sont généralement libres; les formes en voie de division, par bipartition, abondent. Dans les frottis de la moelle osseuse et du poumon (lobes inférieurs congestionnés), les toxoplasmes ne sont pas rares, ils existent aussi, mais en très petit nombre, dans les frottis obtenus avec la substance cérébrale. L'examen de deux frottis du sang a été négatif. Il nous parait ressortir de ces observations que le Toxoplasma gondii est inoculable au lapin et qu'il peut produire, cbez cet animal, une infection généralisée tout à fait comparable à celle que produit le Toxoplasma ciuii- cuh, mais que la voie intra-péritonéale se prête mal à l'infection, au moins quand il s'agit du passage du virus de souris à lapin, et que la voie intra- veineuse est beaucoup meilleure. L'âge des animaux est aussi un facteur important. Les lapins s'infectent d'autant plus facilement qu'ils sont plus jeunes. Il est à remarquer, d'autre part, que les deux toxoplasmes sont inocu- lables au pigeon, et que ce fait extraordinaire, dans l'histoire des Proto- zoaires pathogènes, d'un oiseau sensible à un virus provenant de mammi- fères, constitue un caractère commun d'une grande importance. En dernier lieu, il faut noter que la loxoplasmose naturelle du lapin a été observée à Saint-Louis (Sénégal) ('), ce qui permet de supposer qu'elle existe aussi dans d'autres régions de l'Afrique. (' ) G. Bourret, Bull. Soc. de Pathologie exotique, t. IV, 14 juin 191 1, p. 3j3. C. K.. .9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 12.) I 19 p3G ACADÉMIE DES SCIENCES. . Sans vouloir conclure à l'identité des toxoplasmes du lapin et du gondi, nous dirons que les arguments pouvant être invoqués en faveur de cette opinion nous paraissent avoir une grande valeur. M. Gaston IUwikr fait hommage à l'Académie des fascicules 7 à 10 de la Flore complète, illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique. ELECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres- pondant pour la Section d'Astronomie, en remplacement de M. Charles André, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 20, M. Lebeuf obtient 24 suffrages M. Luc Picart » 1 suffrage M. Lebeuf, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Correspondant de l'Académie. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. Louis Henry, Cor- respondant pour la Section de Chimie. Sir Johv Rose Rradpord, Secrétaire honoraire du Comité Lister, demande à l'Académie de contribuer à la constitution du Fonds destiné à honorer la mémoire de l'illustre chirurgien. (Renvoi à la Commission administrative.) M. le Sous-Secrétaire d'Etat des Postes et des Télégraphes, en accusant réception du Rapport relatif aux Niagaras, fait savoir à l'Aca- démie qu'il lui communiquera les observations concernant l'électricité atmosphérique qui seront faites dans son service. SÉANCE DU 23 MARS 191 3. Ç)3"] M. Sauvage adresse des remercîments pour la distinction que l'Académie a accordée à ses travaux. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : La rotation de la Terre; ses preuves mécaniques anciennes et nouvelles. Second Appendice : Continuation des expériences, par J.-G. Hagen. (Pré- senté par M. G. Bigourdan.) ASTRONOMIE. — Etoiles doubles nouvelles découvertes à l'Observatoire de Lille. Note de M. l\. Joxckheêre, présentée par M. B. Baillaud. Le 21 avril 1908, j'ai eu l'honneur d'annoncer à lAcadémie la création d'un nouvel Observatoire dans le nord de la France, sur la commune de Hem, à 8km de Lille. Il se trouve par 3m23s, 02 est de Paris (') et 5o03o/37" de latitude. Par délibération prise par le Conseil de l'Université de Lille, le 26 juin 1912, et par arrêté ministériel du 6 juillet, ledit Observatoire a été rattaché à l'Université de Lille et j'ai été appelé à donner un cours d Astronomie pratique à la Faculté des Sciences et à l'Observatoire. Le programme des travaux que se proposait le nouvel Observatoire por- tait en première ligne l'étude des étoiles doubles qui a été un peu délaissée en France depuis 1894, c'est-à-dire depuis les mesures de MM. Bigourdan, Perrotin et de l'Observatoire de Toulouse. Le total des mesures micrométriques que nous avons obtenues est de 3442) mais c'est surtout les recherches d'étoiles doubles nouvelles qui ont occupé toutes nos belles nuits depuis maintenant 8 ans. Avec un équatorial de 22cm, je découvris en 190(5 et 1907 quelques pre- miers nouveaux couples dont j'augmentais encore la liste en 1908 à l'Ob- servatoire de Strasbourg; enfin, depuis 1909, ces étoiles ont été vérifiées à l'équatorial de l'Observatoire de Lille et avec cet instrument j'ai pu décou- vrir plusieurs centaines d'étoiles. Elles sont distribuées en i3 Catalogues et portent aujourd'hui le nombre de nouveaux couples à 1002. (') Sur ta longitude de V 'Observatoire de Lille déterminée par télégraphie sans fil (Monthly Notices, t. LXXII, p. 3). C)38 ACADÉMIE DES SCIEIvCEb. J'ai déjà indiqué ( ' ) comment ce travail était poursuivi. La partie du ciel la plus observée est contenue entre les déclinaisons — 2° et -+- 200. Voici la composition des i3 Catalogues par ordre de distance angulaire des composantes : Catalogue. 0"0-2"0. 2"l-3"0. 3"l-4"0. 4"l-5"0. 5" 1 à -+- Total. Publication. 1 54 17 10 o 1 82 A. N., 44<>6 II 29 35 33 20 16 i33 .4./V., 44»5t III 21 28 20 29 2 100 A. JV., 4484 IV 2Î 22 27 24 2 (oo 4./V.,45io V 20 25 3o 25 o 100 M. N., LXXI, 9 VI S 14 29 34 o 85. M. N., LXXII, 1 Vil 18 16 18 i5 o 67 M. N., LXXII, 2 VI11 21 19 o 00 io M. V., LXXII, 3 IX 16 29 o o o 45 /■ ^-i t. 1, p. 129 X 17 32 o o o 4g J. A., t. 1, |). i45 XI 8 9 3 o o 20 /. A., t. I, p. i5o XII 25 54 11 o o 90 J. A., t. 2, p. 1 Xlll 19 19 07 i5 1 91 J. A., t. 2. p. 9 Totaux. 281 319 218 162 22 1002 On remarquera que 980 ont une distance inférieure à 5",i; c'est 208 de plus que le nombre de ces couples contenus dans les Catalogues réunis de Hough et Otto Struve. Ces nouvelles étoiles sont naturellement plus faibles que celles décou- vertes antérieurement. Otto Struve avait déjà examiné toutes les étoiles jusqu'à la septième grandeur, puis Burnham découvrit tout ce qui restait comme étoiles brillantes ; enfin Hussey et Aitken examinèrent toutes les étoiles jusqu'à la neuvième grandeur, et cela d'une façon si complète et systématique, qu'une fois ce travail terminé, il ne doit plus être pratique- ment possible de découvrir des étoiles doubles plus brillantes que cette grandeur (2). Les découvertes deviennent naturellement de plus en plus difficiles. Cependant notre période de belles nuits est en hiver, alors qu'à l'Obser- vatoire de Lick elles sont rares à cette époque; c'est pourquoi nous avons pu encore trouver quelques couples relativement brillants. La grandeur moyenne de l'étoile principale est de 9,19 pour les 1002 (') Comptes rendus, t. 152, p. 075. (2) Ottawa, Report 1907. p. 52. SÉANCE DU 25 MARS lyl3. gig couples ; comme nos grandeurs sont 0,2 ± plus brillantes que les grandeurs du Bonner Durchmusterung, il faut la réduire à 9,4 d'Argelander. Les distances limites suggérées par Aitkeu dans les Aslronomische Nach- richten, n° 4505, sont de 5" pour les étoiles contenues entre la sixième et la neuvième grandeur et de 3" pour les étoiles .plus faibles. Notre distance moyenne, comprenant celles des étoiles plus brillantes que la neuvième grandeur, est de 3", 09. Voici les distances et grandeurs moyennes pour chaque catalogue : Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne îles des Nombre des des Nombre Catalogue, distances. grandeurs, d'étoiles. Catalogue, distances. grandeurs, d'étoiles. 1 3,07 9,19 82 V11I... 1,86 9,20 4o 11.... 4,70 8,78 i33 IX 2,16 9,40 45 III.... 3,28 9,03 100 X 3,29 9,44 49 IV.... 3,i6 s.i|! 100 XI 2 , 1 4 9,43 20 V 3,07 9,29 Mo XII.. . .2,41 9,39 90 VI.... 3,64 9>'2'3 85 XIII... 3,25 9.32 9' VII... 3,oo 9>28 67 Moyennes. 3,oq 9,19 Les étoiles, qui n'ont été mesurées qu'une soirée, sont habituellement remesurées les années suivantes; c'est ainsi que le total des mesures de ces nouvelles étoiles seules est de 2,193, soit en moyenne 2, 2 par étoile. On découvre actuellement des étoiles très faibles à mouvement propre rapide; l'étude de ces nouvelles étoiles doubles nous montrera de même si les étoiles faibles ne sont pas quelquefois relativement rapprochées. La découverte de ces étoiles nous parait intéressante parce que, comme l'a dit Burnham en 1906, dans la Préface de son Catalogue général, page vu, presque rien n'a encore été fait pour trouver les étoiles doubles serrées plus faibles que la neuvième grandeur, et l'on ne peut encore savoir le rang quelles prendront dans la classe des étoiles doubles physiques. CHRONOMÉTRIE. — Nouvelles recherches expérimentales sur le spiral double. Note de M. .Iui.es Andkade. I. Dans mes premières expériences résumées dans ma Note du 6 janvier, j'ai étudié les durées de l'extinction du mouvement d'un balancier armé d'un spiral cylindrique double sans courbes terminales, pour les diverses orientations relatives des deux moitiés du spiral. Ces premières observa- tions portaient sur une demi-amplitude initiale de la vibration du balancier égale à ±90"; elles ont révélé que l'association la plus avantageuse des 94o ACADÉMIE UKS SCIENCES. deux spiraux, pour l'amplitude initiale précitée, est sensiblement celle pour laquelle les projections des deux viroles sur un plan perpendiculaire à Taxe sont en coïncidence. II. J'ai poursuivi ces expériences sous les demi-amplitudes initiales de ±90° et de dt i35°. Dans cette seconde série d'observations,. faite en janvier et février dernier, j'ai reconnu d'abord la nécessité d'éviter une erreur systématique plus importante encore que celle qui provient de petits écarts de température et qui résulte des variations du serrage des vis de fixage. On devra serrer celles-ci à fond et s'abstenir d'y toucher durant toute une série d'observations; on devra donc, en déplaçant successivement le piston et la virole du spiral inférieur, laisser le bâti porteur des pierres de l'axe invariablement lié à son bloc support. III. Les graphiques des durées d'extinction aux diverses orientations du spiral inférieur ont des allures tout à fait parallèles, pour l'une et l'autre des semi-amplitudes initiales étudiées. Ces graphiques confirment un minimum des frottements propres aux spiraux pour la position dans laquelle les deux viroles sont confondues en projection. Pratiquement, on peut conserver sensiblement les orientations favorables en déplaçant encore le spiral inférieur de ± 25° par rapport à la position ci-dessus énoncée, du moins à l'approximation des mesures. Au contraire, le maximum de la perturbation des frottements propres au spiral double a lieu pour une position du spiral inférieur que l'on obtient en le déplaçant depuis sa position aux viroles confondues par une rotation de i35° exécutée dans le sens de V enroulement ascendant des spires. IV. Les expériences précédentes, poursuivies sur plusieurs tours, ont révélé un affaiblissement accidentel du ressort double dû à un commence- ment de rouille de l'un des spiraux. Ces expériences seront continuées avec une précision plus grande sur un spiral double en palladium. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Théorie électronique de la gravitation. Note (') de M. L. Dkcombe, présentée par M. Appell. I. Considérons, sous le nom de spectron, un système de «électrons gravi- tant sur une même orbite à l'intérieur d'une distribution cubique d'électri- cité positive. On supposera cette distribution sphérique et, afin que le (') Présentée dans la séance du 17 mars iç;i3. SÉANCK Ul 25 MARS I9l3. 9/jl système soit électrostatiquement neutre aux grandes distances, sa charge totale (ne) sera prise égale à n fois celle (e) d'un électron. L'action électrique totale de deux spectrons quelconques se compose de trois parties : i° Les actions électrostatiques. Leur résultante est nulle si la distance des deux spectrons est suffisante. 2° Les actions galvanoslatiqu.es qu'a priori on doit supposer pouvoir exister entre les charges positives fixes de l'un des systèmes et les éléments de courant auxquels sont assimilables les électrons en mouvement de l'autre. Elles doivent être également considérées comme nulles dans le cas qui nous occupe ('). 3° Les actions èlectrodynamiques entre les mêmes éléments de courant. Pour les calculer, désignons par p et p' les rayons vecteurs OM et O'M'des électrons M et M', par a;, y, s, x', y', z les projections de ces vecteurs sur trois axes rectangulaires fixes, l'axe des x étant parallèle à la droite 00= d qui joint les centres des orbites, par r la 'distance des deux électrons sup- posée très grande par rapport à as, y, z, x' , y', s' et employons la formule d'Ampère : , ii i' ds ds' / i dr Or 0* r (0 /= : [-———r r'2 \ 2 Os ds' Os Os' On sait que y représente une force positive dans le cas d'une attraction et dirigée suivant fa droite qui joint les deux éléments de courant ds et ds'. Si l'on écrit alors les relations connues : (2) • ids = ve, i1 ds' ' = e' e et si \ i on pose ensuite : ds ds' (i) V=dï' dt' on trouve, pour l'action moyenne fm des deux éléments de courant consi- dérés : e'- 1 /*T rr l dx du' dr dy' dz dz'\ J . . (4) /-=5îtf/ / \-ltï^F^^indU + ^TtW)dtdt- T et T' désignant les périodes de révolution de chaque électron. On voit que nous désignons le temps par t ou t' suivant qu'il s'agit de (') Cette question donnera lieu à une publication ultérieure. 0,/t2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Tune ou l'autre orbite, afin de pouvoir intégrer séparément le long de chacune d'elles. Or, il est visible que fm est nul. Cela tient à ce que nous avons implicitement considéré comme instan- tanée la propagation des actions électrodynamiques. Si on lui attribue une vitesse finie, il y a lieu de remplacer dans la formule précédente t par t — ^ et t' par t' -+- y? (en supposant, pour plus de généralité, la vitesse de propagation différente à l'intérieur de chaque spectron) et l'on trouve, tous calculs faits: 5 rT r (3) /«=^î vv7 tt / /. dxy/dy\'- di I \ df ) d.t dv dx' dy' dx dz de' ih' 2lTt 777 77? 77?" 777 dl 77T7 77F dtdt'. Dans le cas où les orbites sont circulaires, on obtient : ... ,. un' f e 2 7T!aî\ / e 2izia'i\ ( ,. ,ai i . „ . ût A (b) F — -rr (y T, ) ( T?7 T,„ ) |cos?Scos-t7'— -sin2 0sin2e' cost j, n et ri désignant le nombre d'électrons qui évoluent respectivement sur chaque orbite, a et a' les rayons de ces orbites, 0 et G' leurs inclinaisons sut- la droite 00' = d et i l'angle des deux plans projetant 00' sur chacun des plans orbitaux. Nous supposerons alors : i° Que la masse mécanique d'un spectron provienne uniquement de celle de ses électrons; 2° Que la quantité ^ ^- soit une constante universelle \Jo. Dans ces conditions, l'action moyenne F,„ de deux spectrons dont les orbites sont supposées pouvoir prendre toutes les orientations possibles dans l'espace, prend la forme essentiellement positive : MM' (7) F'"=?~55-' où M et M' désignent les masses totales de chaque spectron. Elle est donc identifiable avec la gravitation universelle. II. Les résultats précédents subsistent lorsqu'on suppose les deux spec- SÉANCE DU 25 MARS IC)l3. 9^3 Irons animés dans l'espace de déplacements indépendants quelconques. Il y a alors lieu de substituer, aux éléments de courant MN = i ds et M'N' = i'ds', les deux éléments MN, et M'N', obtenus en composant respec- tivement MN et M'N' avec les éléments NN, et N'N', dus aux déplacements des deux spectrons. L'action réciproque des deux circuits fermés M N N,M et M'N'NÎ ^' étant nulle, l'action cherchée de MN, sur M'N', sera identique à celle de MNN, sur M'N'N', . Or celle-ci se compose : i° De l'action de MN sur M'N', la seule qui intervienne pour deux spec- trons au repos; 2° Des trois actions suivantes : MN sur N'N',, NN, sur M'N' et NN, sur N'N', qui, lorsqu'on en fait la sommation pour tous les électrons de chaque système, sont exactement neutralisées par l'action des éléments de courant provenant du déplacement des charges positives qui constituent les distributions cubiques. L'action mutuelle des deux spectrons en mouvement est donc la même qu'au repos. III. Dans le cas, qui parait être celui de la réalité, où la force attractive est proportionnelle à la distance, la condition : (9) V^-T*-^? exprime que l'énergie totale d'un spectron ( E = nm 4 ',' f ) est un multiple entier (n) d'un quantum élémentaire i égal à -^ -• Si l'on suppose que la vitesse de propagation de l'action électrodynamique à l'intérieur d'un spectron de période T soit proportionnelle à la fréquence et si l'on pose, par exemple, VT == K, £ prend la forme i = 7p identique à celle du quantum de la théorie du rayonnement noir. De plus la condition (9) exprime alors que le moment magnétique d'un spectron ( Dïi = n T j est un multiple entier (n) d'un moment magnétique élémentaire universel. Électricité. — Sur la conductibilité électrique du tellure. Note de M"e Paui.e Collet, présentée par M. Violle. J'ai étudié la conductibilité de trois masses de tellure polies, à faces parallèles de omm,5 à 2mm d'épaisseur. L'orientation cristalline de ces C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 12.) 120 9/(4 ACADÉMIE DES SCIENCES. échantillons n'a aucune action sur les phénomènes observés. Les électrodes mises en contact avec le tellure sont des lames métalliques polies ou des fils de section variable, amenés au centre d'une plaque d'ébonite. Avec ce montage, le teljure ne fonctionne pas comme détecteur d'ondes. Les expériences ont porté sur quatre points principaux. I. Influence de la pression sur la résistance. — Tant que la pression est inférieure à une valeur P, (3oR à [\cfi par millimètre carré) la résistance varie de façon très irrégulière, ce qui est dû à de mauvais contacts rompus ou établis par le courant. A partir de la valeur P, la résistance, pour une différence de potentiel donnée, demeure constante jusqu'à une valeur P2 de la pression. Au delà de la valeur P2, la différence de potentiel demeurant constante, un accroissement de pression provoque une diminution de résistance; de plus les variations de la résistance avec la différence de potentiel deviennent de moins en moins marquées : Différences de potentiel (en volls) o,23 o,46 1,8/4 Résistances sous pression P, (en ohms) l\ 3,7.) 2,3 Résistances sous forte pression (en ohms) 1,91 1,87 i,5 II. Forces électrornotrices résiduelles. Après le passage, pendant une minute environ, d'un courant excitateur, le tellure est le siège d'une force électromotrice résiduelle, dont la grandeur et le sens dépendent de la nature des contacts. Le plus souvent cette force électromotrice garde le même sens et presque la même grandeur lorsqu'on renverse le courant. Le phénomène est du reste très capricieux, et parait complexe. Pour une force électromotrice de 2 volts, par exemple, la force électromotrice résiduelle atteint 0,001 volt; elle ne disparaît qu'après 6 à 10 minutes. III. Influence de la durée de passage du courant. — A. Pour des durées excédant plusieurs secondes, la résistance est fonction du temps pendant lequel passe le courant. Aux intensités inférieures à 2.5 milliampères le passage prolongé du courant déve- loppe une force électromotrice toujours de même sens qui accroît la résistance appa- rente pour un courant d'un certain sens et la diminue dans le sens inverse. Si l'intensité dépasse 0,06 ampère, le passage prolongé du courant se produit avec des saccades dans l'intensité et la différence de potentiel. Mais l'effet, pour des intensités plus faibles, est une diminution marquée et d'ailleurs temporaire de la résistance. Peu à peu, à ces faibles intensités, la résistance reprend la valeur qu'elle avait avant le passage des courants intenses. séance du s5 mars 1913. g45 La création, aux faibles intensités, d'une force électromotrice indépendante du sens du courant peut s'expliquer par un effet Joule échauffant inégalement les deux électrodes. Quant aux courants intenses, amenés par des électrodes de surface infé- rieure à imm', ils provoquent des échauffements énormes et localisés, accompagnés même de fusion et de recristallisation, ce qui explique l'irrégularité de leur passage et les modifications, d'ailleurs temporaires, qu'ils apportent dans la résistance. B. Pour des durées de passage de l'ordre d'une fraction de seconde, la résistance a pour chaque intensité une valeur bien déterminée, unique et indépendante du temps pendant lequel passe le courant. Ce temps variant, par exemple, de i à 5 pour une intensité deo,52 ampère, les valeurs de la résistance sont 3,5g ohms et 3,46 ohms. IV. Rôle de la force électromotrice appliquée aux bornes des électrodes. Dans les expériences qui suivent, la durée de passage du courant a varié de -fe à l de seconde environ; la résistance ne dépendant pas de cette durée, il semble qu'on doive écarter toute explication qui fasse intervenir des actions thermo-électriques. Si e est la force électromolrice, i l'intensité, la courbe en e, i part de l'origine avec une inclinaison assez forte. Tantôt elle est tout d'abord rectiligne, puis un coude brusque l'amène à une branche parabolique à grande courbure (i = ae2 + be -+- c). Ceci a lieu avec des contacts un peu instables, à électrodes peu serrées et constituées toutes deux par des pointes. Tantôt, au contraire, la courbe a, dès l'origine, une allure parabolique (i = ae2 -+- be)\ le coude s'efl'ace et, pour des intensités voisines de i ampère, les courbes des deux catégories deviennent parallèles. Aux fortes pressions, on obtient toujours des courbes de la seconde catégorie qui sont d'autant plus voisines d'une droite que la pression et la surface des électrodes sont plus grandes. En général, la courbe est symétrique par rapport à l'origine, au moins dans sa partie parabolique. Cependant, lorsque les deux électrodes sont des pointes, on constate des dissymétries assez marquées qui s'accentuent avec l'intensité et se manifestent souvent, à partir d'une certaine valeur de i, par un glissement de la branche parabolique parallèlement à l'axe des ordonnées. PHYSIQUE. — Sur les longueurs d'onde des raies du krypton. Note de MM. H. Buisso.v et Ch. Fabry, présentée par M. Deslandres. La Métrologie a besoin de radiations monochromatiques pour les mesures interférentielles de longueurs. Seules les raies très fines peuvent être utili- o/|6 ACADÉMIE DES SCIENCES. sées, leur largeur limitant les longueurs mesurables ; il est d'autre part désirable qu'elles soient dépourvues de satellites. On a jusqu'ici utilisé surtout les radiations du cadmium, parmi lesquelles la raie rouge, seule, est pleinement satisfaisante, la verte et surtout la bleue étant accompagnées de satellites. Nous avons récemment indiqué (') que les gaz rares de l'atmosphère, surtout les plus lourds, donnent des lignes extrêmement fine?. Le néon, employé à la température ordinaire, permet, d'après nos mesures, d'observer des interférences jusqu'au numéro d'ordre 324 ooo ; plusieurs de ses raies ont été mesurées inlerférentiellement par M. Priest au Bureau of Standards de Washington et par M. Pérard au Bureau inter- national des Poids et Mesures (s). On est limité, pour l'utilisation de ces raies, à des différences de marche de l'ordre de i6cm. Des raies plus fines sont désirables dans beaucoup de cas. C'est ce que nous avons obtenu au moyen des radiations du krypton, qui permettent d'atteindre des ordres d'interférence de 600000, et même de o,5oooo en refroidissant le tube à gaz par un bain d'air liquide, ce qui donne une différence de marche de 53cm, valeur la plus élevée qui ait été observée jusqu'ici dans un phéno- mène d'interférence d'ondes lumineuses. Ayant eu récemment à mesurer un étalon interférenliel de i(jomra d'épais- seur, construit par M. Jobin pour la Chambre des Poids et Mesures de l'Empire de Russie, nous avons été amenés à employer ces raies du krypton, et pour cela à en déterminer d'abord les longueurs d'onde. Le krypton donne deux lignes intenses dans le spectre visible, une verte et une jaune. Nous les avons comparées à la raie rouge du cadmium en mesurant des diamètres d'anneaux produits par des lames argentées à faces parallèles (3). Comme valeur approchée servant de point de départ, on a pris les nombres donnés par Runge (*) et l'on a obtenu des valeurs de plus en plus exactes en utilisant des interférences produites par des épaisseurs de 2nmi,5, i5mui et 25mm. On peut alors passer à l'étalon de ioomm (200mm de différence de marche). Pour cette dernière mesure, on a d'abord comparé l'étalon de ioomm avec celui de 25mm, par la méthode des franges de superposition (5); comme (') Comptes rendus, t. 154-, 1 9 1 2 , p. 122^; Journal de Physique, juin 1912. C2) Priest, Bulletin 0/ the Bureau of Standards, vol. VIII, n° k; 191 1. — Pérard, Comptes rendus, t. 154, 1^ juin 191 2. (3) Fabry el Pkrot, Annales de Chimie et de Physique, 7e série, t. XXV, janvier 1902. (') Astrophysical Journal, vol. X, 1899, p. 73. (5) Perot et Fabry, Annales de Chimie et de Physique, 7e série, t. XVI, mars i899- séance du 25 mars igi3. 947 le rapport des deux épaisseurs est très peu différent de 4> la comparaison est faite directement, en inclinant l'un des étalons jusqu'à amener la frange centrale blanche sur la normale à l'autre. Connaissant l'épaisseur exacte de l'étalon de 25mm et mesurant l'angle d'inclinaison, on obtient l'épaisseur de l'étalon de ioomm avec une approximation d'une petite fraction de micron. Les interférences produites par les radiations verte et bleue du cadmium ne sont pas utilisables avec cet étalon, mais les anneaux de la radiation rouge sont encore bien nets (numéro d'ordre 310900); l'ordre d'interférence peut être calculé en utilisant l'épaisseur approchée qu'on vient d'obtenir, mais avec une approximation qui n'est pas tout à fait suffisante pour fixer avec une pleine certitude le numéro d'un anneau. Utilisant" alors les raies du krypton dont les longueurs d'onde viennent d'être déterminées, on peut avoir l'ordre d'interférence avec certitude, et par suite connaître l'épaisseur exacte. La comparaison des ordres d'interfé- rence observés avec le cadmium et avec le krypton donne alors, avec un haut degré de précision, les longueurs d'onde des lignes du krypton. L'in- fluence des changements de phase introduits par réflexion sur l'argent s'élimine en combinant les mesures faites sur les grandes épaisseurs avec celles faites sur les petites. Les valeurs définitives des longueurs d'onde des lignes du krypton dans l'air à i5° et pression normale, rapportées à la longueur d'onde de la raie rouge du cadmium donnée par Benoît, Fabry et Perot, sont : 5570,9.908 5870,9172 avec une approximation de quelques unités sur le dernier chiffre. Le tube à krypton a l'avantage de fonctionner sans chauffage; les deux raies peuvent être séparées sans appareil dispersif par l'emploi de cuves absorbantes (chlorure de didyme pour absorber la raie jaune; éosine pour absorber '\a verte). Les deux raies sont dans une région du spectre très favorable aux observations visuelles, et sont, à ce point de vue, supérieures à la raie rouge du cadmium. A peu de distance de la raie verte se trouve une raie plus faible (X = 5563), qu'on peut séparer par dispersion, mais qui est assez faible pour n'être pas gênante. 948 ACADÉMIE DES SCIENCES. OPTIQUE. — Séparation des effets lumineux et calorifiques produits par une source de lumière. Note de M. Dussaud, transmise par M. Branly. Chacun sait que la lumière des sources lumineuses est malheureusement accompagnée d'une énorme quantité de chaleur, "à la fois coûteuse et gênante. Cette chaleur est absorbée en très notable proportion par les substances transparentes des systèmes optiques de concentration, dans tous les appareils d'optique; c'est à la fois un avantage et un inconvénient. C'est un avantage dans les premiers instants d'un éclairement, car, si la matière du système condensateur laissait passer la chaleur aussi facilement que la lumière, l'objet sur lequel se ferait la concentration, cliché par exemple, serait presque instantanément brûlé; c'est, d'autre part, un incon- vénient, après les premiers instants de l'éclairement, car la matière absor- bante peut éclater par son propre échauffement et son rayonnement calori- fique propre devient à son tour dangereux. Je suis parvenu à supprimer l'inconvénient en conservant l'avantage, et la suppression de l'inconvénient a exalté l'avantage. La source, arc électrique si l'on veut, est fixe. J'emploie pour la concentration un groupe de systèmes optiques qui se succèdent automatiquement, en prenant exacte- ment une même place fixée par un réglage. Chaciln d'eux: ne travaille que pendant un temps assez réduit pour ne s'échauffer que 1res peu. Par son déplacement, il se refroidit complètement pendant l'intervalle où il reste inactif. La diminution considé- rable de 1'échauffemenl d'un condensateur permet de le disposer à une distance de la source beaucoup plus faible qu'à l'ordinaire. En rendant la distance focale deux fois plus courte, je parviens à faire usage de sources lumineuses moins étendues et parfois dix fois moins coûteuses. J'ajoute que l'arc est emprisonné entre un condensateur optique à l'avant et un miroir concave à l'arrière; tous lés deux sont mobiles, tous les deux sont à foyer deux fois plus court que les foyers habituels. La lumière utilisée est aussi peu chaude que cela est nécessaire et le peu de chaleur qui est communiqué au système optique est dispersé pendant son déplacement dans le milieu environnant, en dehors de l'objet éclairé. Ma lumière, rendue pratiquement froide par la séparation de l'effet lumi- neux et de l'effet calorifique, apporte une grande simplification à de nom- breux modes d'éclairage : projections, phares, cinématographes (clichés en celluloïd), microscopes (projection des préparations microscopiques les plus délicates), télégraphie optique. J'ai appliqué ma méthode à des sources chaudes, riches en rayons ultra- violets, avec des systèmes optiques transparents pour l'ultraviolet. SÉANCE DU 2 5 MARS 191 3. g4p, PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Cinèmato graphie des cordes vocales el de leurs annexes laryngiennes. Note (') de Mlle L. Cheykotox et M. F. Vi.ès, présentée par M. d'Arsonval. A la demande du D1' Marage nous avons entrepris, dans le labora- toire du professeur François-Franck, au Collège de France, une série d'expériences cinématographiques sur tes mouvements des cordes vocales et de leurs annexes laryngiennes chez l'homme. Nous avons pu fixer une technique qui nous fournit des films d'images laryngiennes correctes et permettant, dès maintenant, soit de reconsti- tuer à la projection les diverses phases des principaux mouvements glot- tiques, soit d'effectuer des mesures, jusqu'ici à peu près inabordables, sur les variations des éléments laryngiens. Le sujet étudié dans nos expériences a été Mme Marage elle-même, qui a bien voulu se prêter avec une patience inépuisable à des explorations parfois pénibles, et dont la collaboration nous a été des plus précieuses. Historique. — La cinématograpliie laryngienne chez l'Homme n'a jamais été réussie à notre connaissance, ni même scientifiquement abordée. Par contre, des essais de photographie de la glotte en position fixe ont été faits par de nombreux auteurs (Czermack, Stein, French, Wagner, Brown, Blucke, J. Cadell, Garel); il ne paraît pas cependant que leurs résultats soient décisifs, et la plupart des photographies, à l'exception toutefois des sléréogrammes de Garel, semblent assez défectueuses. Le problème était donc loin d'être entièrement résolu, même au point de vue photographique, quand nous l'avons abordé. Technii/ue. ■ — La technique que nous avons employée est très simple (fig- 1). Au devant de l'objectif on dispose deux prismes isoscèles rectangles PP', accolés par leurs hypoténuses, et formant un ensemble analogue au cube de Lummer et Brodhun. Cet appareil permet, par une manœuvre facile à concevoir, de centrer sur l'axe optique de l'objectif un fort faisceau de lumière issu d'un arc A, et envoyé latéralement aux prismes par une lentille condensatrice L. Du fait de celte liaison invariable entre le faisceau d'éclairement el le faisceau d'utilisation qui sont confondus, la manœuvre du miroir laryngoscopique est particulièrement facilitée; l'opérateur qui le conduit n'a plus qu'à rectifier la positipn de ce miroir par rapport au champ photographique, ce qu'il fait en suivant sur le film même, pendant toute la durée des prises de vues (grâce à un prisme à réllo\ion totale/» placé en arrière du film) (-), la formation des images laryngiennes. (') Présentée dans la séance du 10 mars 1 g 1 3. (-) L. Chevroton, Comptes rendus Soc. Biol., 27 février 190g. pSo ACADÉMIE DES SCIENCES. Le sujet émettait la voyelle e sur des notes variées, principalement en voix de tête, et pouvant aller jusqu'aux limites extrêmes de son registre, avec des intervalles d'inspiration. Résultats. — Les mesures ne sont encore qu'à leur début et nous ne pouvons qu'indi- quer d'une façon purement préliminaire les résultats de nos premières recherches ; nous n'avons abordé, pour le moment, que les rapports entre le repos et l'émission {fig. 2). i° Les dimensions apparentes de la plupart des éléments laryngiens subissent, en passant de la respiration à la phonation, dans les conditions indiquées plus haut, une u 5d~; B tb Fig. Fis Fig. 1. — Schéma du dispositif en projection horizontale. A, arc de 4° ampères sur 65 volts; L, lentille condensatrice; C, cuve à eau; P, P', prismes; S, M, miroir laryngoscopique ;/, film ; p, prisme d'observation ; I et II, opérateurs. — Objectif Zeiss -jb""", / : 3,5. Fig. 1. — Deux images du film. Cordes vocales à l'émission (en haut) et à l'inspiration (en bas). Fig. 3. — Variations des éléments laryngiens : courbes correspondant au tableau. Abscisses : images successives. Ordonnées : dimensions en millimètres. sujet ; Tessar réduction notable. Le sens du phénomène est connu qualitativement depuis longtemps. Les mesures effectuées sur la longueur apparente des cordes vocales ont actuellement peu d'intérêt en elles-mêmes, du fait que nous ignorons encore la part exacte, dans leur raccourcissement, due au masquage des cordes par d'autres éléments (épiglotte, bord aryténoïdien), par une contraction générale des régions laryngiennes supé- rieures, ou par des basculements cricoïdiens; les mesures de largeur des cordes qui sont indépendantes de ces causes d'erreur, ont par contre un bien plus grand intérêt. D'une manière sensiblement générale, le maximum de largeur des cordes coïncide avec leur maximum de longueur apparente, leurs phases de repos et de plus grand écartement (inspiration); au point de vue des images, avec leur maximum de netteté. SÉANCE DU 20 MARS I9l3. 9r) I Inversement, le minimum de largeur des cordes coïncide avec leur minimum de longueur apparente, leurs phases d'émission, et par conséquent de jonction, et leur minimum de netteté (dû visiblement aux vibrations rapides dont elles sont le siège). Variations des éléments laryngiens pendant une série de 12 images successives {fig. 3). Écart des cordes à leurs deux extrémités Phases. Émission (e) Début d'inspiration. . Maximum (M) 2,4 Fin de l'inspiration . Emission Dimensions transversales apparentes (E). maxima Longueur Extrémité Extrémité des deux cordes (/). apparente des cordes (L). mm 2,8 aryté- noïdienne. mai qil> est allé jusqu'à nier complètement la participation de l'albumine à la formation de la graisse, et de Erwin Voit (Muncli. med. Woclt., 11" iili, 1892) qui, ayant refait les anciennes expériences de Pettenkofer et C. Voit, conclut que si l'albumine concourt à la formation de la graisse, sa participation est beaucoup moindre qu'on ne l'avait pensé tout d'abord. Ce sont les conditions de celle mise en réserve de graisse que nous avons cherché à préciser. Nos expériences ont porté sur un chien de ioks recevant une ration quotidienne de i2ooB de viande, sur lequel nous avons déter- SÉANCE DU 25 MARS igi3. p53 miné, pendant deux périodes de 7 jours chacune, l'azote total urinaire et les échanges respiratoires des il\ heures. Nous nous étions assuré, par une expérience préalable, que l'équilibre nutritif était obtenu chez cet animal avec une ration de 700e de viande. Or, avec la ration de 1200» de viande, il y a eu sensiblement égalité entre l'oxvgène consommé et le CO2 produit et leurs valeurs théoriques calculées à partir de l'albumine détruite. Albumine dépensée Ration. en 24 heures. 0' consommé. CO- produit. I 2008 de viande igos,625 2o6',070 l72',33o Combustion directe de igo°,625 d'al- bumine 302^607 1 65l, 462 Ce résultat] nous paraît tenir aux transformations intra-organiques de l'albumine et à la dépense supplémentaire liée à ces transformations. Si l'on admet, en effet, avec M. Chauveau, que l'albumine n'est apte à alimenter le travail physiologique des tissus que sous forme de glucose et que dans cette transformation le rendement est de 80 pour 100, il y a lieu de remarquer que les 190e, 625 d'albumine dépensés pouvaient donner i52s, 5o de glucose, correspondant à 563cal,25o. Or cette énergie repré- sente précisément la dépense de l'animal à jeun. O- consommé en 2^'' chez l'animal a jeun i 22',6oo Energie correspondante . 563ia\o,6o ( ' ) Energie produite par la combustion de i52ï,5o de glucose.. . . 563cal,25o ( ') Pour obtenir une mise en réserve de graisse aux dépens de l'albumine, il faudrait, sans doute, que l'énergie utile représentée par le glucose formé fût supérieure à l'énergie nécessaire à l'entretien du travail physiologique. Or les résultats expérimentaux, que nous ne pouvons pas rapporter ici en détail, nous montrent que la dépense liée au travail physiologique augmente elle-même avec la richesse de l'alimentation en matières azotées, ce qui diminue encore la valeur de l'albumine comme source de réserves adipeuses. On voit ainsi que la formation de la graisse aux dépens des matières albu- minoïdes, si elle est théoriquement possible, est une opération physiologique- (') En admettant que le coefficient thermique de l'oxygène chez l'animal à jeun est de 4C;|1!6 et que la chaleur de combustion du glucose est de 3Cal,6o,2. p54 ACADÉMIE DES SCIENCES. ment très onéreuse à cause des transformations intra-organiques de r albumine et de la perte corrélative d'énergie qui en résulte. Cette conclusion serait encore vraie si l'albumine se transformait direc- tement en graisse, et dans ce cas, on ne peut admettre qu'une transformation par oxydation qui rende compte de l'excès d'oxygène consommé, au lieu de se transformer en glucose, mais le bilan des échanges nutritifs s'accorde moins bien avec cette hypothèse qu'avec celle de la formation du glucose. Il s'ensuit que l'organisme ne tire parti que d'une portion relativement restreinte de l'énergie potentielle de l'albumine dépensée et que la valeur nutritive de l'albumine, considérée comme aliment de l'énergie, doit se mesurer, non à la totalité de l'énergie potentielle qu'elle renferme, mais seulement à l'énergie représentée par le glucose qui en dérive, conformé- ment à la théorie de l'équivalence isoglycosique des principes alimentaires soutenue par M. Chauveau. médecine EXPÉRIMENTALE. — Conditions de respirabilité des particules viru- lentes obtenues par la pulvérisation liquide. Note de M. P. Chaussé, présentée par M. Roux. Dans la tuberculose nous entendons par respirabilité la possibilité, pour les particules, de pénétrer dans les régions les plus profondes de l'appareil respiratoire, c'est-à-dire dans les divisions bronchiques terminales non ciliées, ou les alvéoles. Il y a, pour nous, diverses raisons de croire que tous les bacilles qui se déposent sur l'épi thélium vibratile sont balayés vers l'extérieur et ne peuvent être pathogènes; au contraire, lorsque l'agent se fixe sur le revêtement non cilié, il y séjourne et exerce une action toxique locale qui est le début de l'inflammation caséeuse. Lesparliculesrespirables sont donc celles qui sont pathogènes par inhalation. La respirabilité dépend de conditions purement physiques; elle est sans rapports avec la résistance de l'individu ou de l'espèce. Durant leur transport dans les voies aériennes, à une vitesse d'environ 3m par seconde, les particules seront arrêtées par diverses causes si elles ne satisfont à certaines conditions de légèreté et si elles dépassent la dimension des derniers segments bron- chiques. Quelques expériences nous ont permis d'apprécier approximati- vement les conditions de respirabilité des particules. Première méthode. — Celte méthode consiste à étudier comment, se comportent les particules envoyées par un courant aérien dans un tube droit ou présentant des SÉANCE DU 25 mars 1913. g55 conjures multiples analogues à celles qui existent dans les voies respiratoires; en faisant varier les conditions expérimentales, il nous a été possible de faire les constatations suivantes : i° Durant leur transport, les particules les plus volumineuses se déposent sur la face inférieure du tube sous l'action de la pesanteur; 2° Les particules de Soft* sont transportables par un courant d'air de 2oc™ par seconde ; celles de 301*1* par un courant de îo01"; les particules très fines ( 2^ à i5t*l* envi- ron ) par des déplacements d'air insignifiants dont la détermination précise n'a pas d'intérêt pratique; 3° Les particules très fines se réfléchissent sur les obstacles rencontrés, lant que la vitesse de translation est inférieure à i5roenviron par seconde ; il y a à cela des raisons mathématiques sur lesquelles il est inutile d'insister; 4° L'élimination des grosses et moyennes particules (a u-desMis de Sol*!*) est d'autant plus certaine que la vitesse de transport est plus grande et que les coudes du conduit sont plus nombreux ; si celte vitesse diminue, une autre cause d'arrêt inter\ ient plus efficacement: la pesanteur; 5° Si l'on interpose dans le tube un réticulum 1res làclie, en coton, réalisant un peu la disposition des vibrisses nasales, on réduit fortement le débit par la fixation des plus grosses gouttelettes ; 6° Les particules de 2l*t*à 2.51*1* environ sont susceptibles de parcourir, avec une vitesse de 2™, 5o, un tube ayant une dizaine de coudures de 6o°, ce qui est à peu près le cas pour les voies respiratoires. Nous en déduisons qu'elles peuvent être inhalées; mois les plus volumineuses d'entre elles ont de faibles chances de parvenir aux alvéoles, en raison de leurs dimensions. Deuxième méthode. — Dans notre première Note sur la pulvérisation liquide (voir Comptes rendus, 24 février 1 9 1 3), nous avons \ u que les pai ticules de 2I*!* à i5ff- sont les seules qui, projetées par l'appareil pulvérisant avec une grande vitesse initiale, dépassent la distance de 2m.5o; quand on fait une pulvérisation de viius lubeicultux en dilution liquide, cette constatation permet donc de soumettre un lot de cobayes à l'inhalation des fines gouttelettes et un autre à l'inhalation de l'ensemble des parti- cules. Le dénombrement des lésions produites, chez les uns et chez les autres, après un délai de 3o jours, renseignera sur la respirabilité des pai ticules en chaque point. Il faut cependant que le local soit assez petit (i3m* ) pour que la réflexion des vague.-. aériennes, sur les parois, réalise une répartition à peu près unifoime de toutes les fines particules. Dans ces conditions, on constate que l'infection obtenue est sensiblement identique chez les deux lots d'animaux. Il faut en déduire que les particules de 2 PI* à i5l*!* envi- ron sont les seules respirables. Troisième méthode. — Nos précédentes recherches nous ont également montré la possibilité de séparer les particules liquides d'après leur temps de suspension. Si, par conséquent, nous avons dans notre salle d'expériences, où nous allons pulvériser du virus tuberculeux, un lot de cobayes exposé à l'inhalation de toutes les gouttelettes, et plusieurs autres lots de cobayes placés dans des caisses métalliques étanches et çp6 ACADÉMIE DES SCIENCES. ouvrables de l'extérieur à un délai déterminé après la pulvérisation, nous pourrons comparer chez les uns et chez les autres l'infection obtenue et en tirer des conclusions relatives à la respirabilité des gouttelettes. En opérant ainsi, nous obtenons une infection à peu près égale chez les animaux recevant la totalité des particules et cliez ceux qui sont exposés 5 minutes après la pul- vérisation liquide virulente; or, la quantité de bacilles reçue par ces derniers est ooo fois moindre. Nous devons en conclure à nouveau que, seules, les particules pouvant rester sus- pendues quelques minutes sont respirables. Conclusions. — Ces diverses méthodes concourent à nous démontrer que, seules, les particules très fines ('i^' à i5^ environ) sont pathogènes par inhalation. Mais il s'agit là, incontestablement, de particules instantané- ment desséchées; c'est ce qui nous explique à la fois leur transportabilité très grande, leur temps de suspension prolongé et leur respirabilité, toutes propriétés qui sont étroitement solidaires et se ramènent, en réalité, à une seule. Les particules dont il s'agit sont tellement légères, en partie par suite de leur dessiccation, qu'elles obéissent à la moindre force aérienne et suivent la colonne d'air dans les voies respiratoires en se réfléchissant à tous les changements de direction; elles font, en quelque sorte, partie intégrante de l'air inspiré. Par conséquent, lorsque l'on fait de F inhalation expérimentale de virus tuberculeux liquide, l'infection a lieu réellement par des particules sec/tes. De ceci nous pouvons conclure que la théorie de la contagion tuberculeuse par les particules liquides ne peut être exacte pour les gouttelettes et les vési- cules, lesquelles, selon les élèves de Fliïgge, ne sont projetées qiCà iin ou i m, 5o du malade en raison de leur poids; cette thèse pourra être admise sous une autre forme si F on démontre que le tuberculeux émet des particules liquides assez fines pour se dessécher instantanément et rester suspendues dans F air. Quelques autres expériences nous ont indiqué, d'autre part, que les conditions de respirabilité sont les mêmes dans les diverses espèces et que la quantité inhalée est proportionnelle à la capacité respiratoire. En ce qui concerne les virus, dont l'action pathogène n'est pas aussi étroitement liée à leur accession à l'alvéole pulmonaire, ou aux ramifi- cations bronchiques immédiatement voisines, les conditions de respirabilité sont évidemment beaucoup plus larges. SÉANCK DU 2D MARS IO,l3. 937 CHIMIE BIOLOGIQUE. — La réversibilité des actions fermentaires : Émulsineel méthylglucosidefy. Note de MM. Em. Iîourquei.ot etEn. Verdun. La doctrine de la réversibilité des actions fermentaires n'a été étudiée jusqu'ici avec précision que dans l'action de l'émulsine des amandes sur le glucose d en solution dans l'alcool étliylique et sur L'éthylglucoside (3 en solution dans le même alcool. Il a été démontré : I. Que l'émulsine peut déterminer l'union du glucose avec l'alcool pour former l'éthylglucoside (3 et hydrolyser cet éthylglucosidc en ses deux com- posants : glucose et alcool étliylique ('). II. Que si l'on fait agir séparément, dans de l'alcool éthylique de même titre, de l'émulsine sur du glucose d, d'une part, et sur de l'éthylgluco- side (3, d'autre part, le glucose libre, dans le premier cas, et le glucose combiné, dans le second, étant en quantités égales, les deux réactions (synthétisante et hydrolysante) s'arrêtent alors que la composition des deux solutions est devenue identique, c'est-à-dire alors qu'elles renferment les mêmes proportions de glucose et d'éthylglucoside (3 (2). III. Que si, dans les expériences précédentes (II), on fait varier les pro- portions d'émulsine ajoutée aux solutions, cela ne change rien à la compo- sition que présenteront les solutions au moment de l'arrêt des réactions. On atteint le même état d'équilibre qui ne dépend, dans des alcools de même titre, que des proportions de glucose et d'éthylglucoside [3 en présence (3). ( les résultats ne peuvent se concevoir qu'en admettant qu'un seul ferment intervient dans les réactions et que l'action de ce ferment est réversible. Il nous a paru qu'il ne serait pas sans intérêt, ne fût-ce que pour s'assurer que ces conclusions sont générales, de soumettre aux mêmes recherches l'action de l'émulsine sur un autre alcoolglucoside j3, le méthylgluco- side [3, par exemple. (') Em. Bourquelot et M. Bridel. Comptes rendus, séances du 20 mai 191.?, p. i3jb et du 17 juin 1912, p. 737. C2) Eh. Bourquelot et M. Bridel, Comptes rendus, séance du 22 juillet 191 2, p. 3i9. (3) Em. Bourquelot et J. Coirre, Comptes rendus, séance du 2/J février igi3, p. 643. ï)58 ACADÉMIE DES SCIENCES. Dans une première série d'expériences, on a institué les essais suivants d'hydrolyse et de synthèse dans des alcools méthyliques à l\o et 80 pour 100 en poids. A,. — Hydrolyse. A2. — Synthèse. Méthylglucoside (3 o»,544o Glucose o»,5o47 Aie. méthylique à 4o p. 100, Aie. méthylique à 4o p. ioo, q. s. pour oocmJ q. s. pour 5ocm* B,. — Hydrolyse. B2. — Synthèse. Méthylglucoside (3 os,53o,7 Glucose o§,5o07 Aie. méthylique à 80 p. 100, Aie. méthylique à 80 p. 100, q. s. pour 5oC1"' q. s. pour 5ocl0' Les proportions de glucose de A2 et de B., sont, comme on le voit, égales à celles qui entrent dans la composition du méthylglucoside (3 en A, et B,. On a pris la rotation initiale des solutions (/ = 2), puis on a ajouté, à chacune d'elles, og,3o d'émulsine et on les a abandonnées à la température du laboratoire (-+- 160 à -(-19°), jusqu'à l'arrêt de la réaction. Voici les résultats de ces essais : A, A, B, B, dotation Rotation Sucre réducteur Il urée initiale. à l'arrêt. à l'arrêt. de la réaction. -42' — 6 0 , 1 9/1 S à 12 jours +64 — 6 0,194 1 2 à 1 6 » -46 -34 o,o535 4 à 8 » +70 -34 o,o545 20 à 24 » Ainsi donc, comme dans les expériences effectuées avec l'alcool éthy- lique, pour les alcools méthyliques de même titre, si l'on emploie des quan- tités correspondantes de glucose et de méthylglucoside (3, la synthèse et l'hydrolyse atteignent, avec l'émulsine, le même état d'équilibre. Pour étudier ces processus en faisant varier les proportions d'émulsine, on a opéré sur des alcools méthyliques de différents titres (10, 20, 3o, 4o, 5o, 60, 70, 80, 90 et 95 pour 100, en poids) renfermant, pour ioocm', is de glucose d. Avec chacune de ces solutions, ont été faits trois essais dans lesquels, la quantité de solution étant de ioocm\ on a employé o-, 20, o?, 4o et 0^,60 d'émulsine; soit trente essais qui ont été abandonnés à la température du laboratoire ( 160 à 200). La rotation a été prise tous les quatre jours, jusqu'à l'arrêt de la réaction, arrêt constaté p ir L'ég tlité de deu\. rotations observées successivement. Le sucre réducteur n'a été dosé qu'après l'arrêt ainsi constaté. SÉANCE DU -j5 MARS IO,l3. (pp. Dans le Tableau suivant sont rassemblés les principaux résultats de ces estais : Émulsiiic : Os, M. Kmulsinc : 0e, 40. Émulsioe : 0»,60. Titre Roiation Sucre Rotation Sucre liolation Sucre de l'alcool. finale. réducteur. finale. réducteur. finale. réducteur. g . l' / g 10 +42 o,8o3 4-^2 0,792 -t-42 o,83(| •20 -t-28 0,604 -t-26 0,638 -1-26 o,638 3o -t-i4 o,5o4 4-io o,.")i>4 -h 10 0,017 '10 — 4 o,4oi — 2 o,3ga — 2 o,3g4 • jo — 8 0,319 — ' ° o , 3 1 1 — 10 o , 3 1 1 60 —l6 0,248 — l6 0,243 — 16 0,2.jl 70 — 24 0,174 — 24 O.I74 — 22 0,174 No — 32 0,120 — 32 0,117 — 32 0,I2O 90 — 38 0,087 — 4° 0,602 — 4o 0,061 95 (')... . —22 n — 42 0,0 \t\ — 40 0,057 Ces expériences démontrent donc que non seulement la proportion de méthylglucoside formé croit avec le titre de l'alcool métbylique, mais encore que l'augmentation de la quantité d'émulsine est sans influence sur la limite à laquelle on aboutit avec un alcool métbylique de titre déterminé. Ce qui varie, c'est le temps de la réaction, qui est d'autant plus court que la proportion d'émulsine est plus forte. A cette variation se rattachent d'ailleurs d'autres questions qui seront examinées dans un autre Recueil, en même temps que la variation elle-même. chimie biologique. — Recherches sur les composés phosphores formés par /'Amylomyces Rouxii. Note (2) de M. W. Goiml, présentée par M. Roux. On peut extraire de Y Amylomyces Rouxù, du phosphore combiné sous trois états différents : deux formes organiques nettement distinctes l'une de l'autre et une forme minérale (orthophosphates). Les composés organiques apparaissent comme des constituants normaux du tissu de l'être vivant, leur élaboration correspond à la période d'activité du végétal; les phosphates minéraux, au contraire, résultent de la dégra- (') L'action qui se poursuit depuis 4 mois pour les deux premiers essais et depuis 2 mois pour le troisième ne parait pas encore terminée. (2) Présentée dans la séance du 17 mars igt3. C. R., iqi3, 1" Semestre. (T. 15)6. !V 12.) 122 9G0 ACADÉMIE DES SCIENCES. dation du phosphore organique pendant le vieillissement de la mucorinée. Les deux formes organiques se différencient entre elles par leur mode d'extraction, l'une étant soluble dans l'éther, l'autre ne se dissolvant que dans les alcalis. a. Forme soluble dans l'éther. — On la sépare du végétal en traitant le mycélium, broyé et desséché, par l'éther anhydre, dans un appareil Soxhlet. L'extractif ainsi obtenu ne renferme pas que la combinaison phosphorée, il se dissout en même temps des matières grasses dont la proportion augmente rapidement avec le développement de la mucorinée; on peut, en traitant par l'alcool, séparer la majeure partie des gly- cérides; la partie soluble donne les réactions attribuées à la lécithine d'oeuf. Ce composé phosphore est bien de nature organique, l'extractif convenablement purifié ne renferme pas de phosphates minéraux dissous ou en suspension dans la niasse. De plus, dairs les conditions de vie où se trouve placé VAmy/omyces, c'est-à-dire en milieu aqueux, il est impossible d'admettre la présence de mélaphosphates alcalins (') ; ces sels instables, produits de déshydratation et de calcinalion, ne pourraient prendre naissance, ni se maintenir dans de pareilles conditions; par contre, l'alcoolyse mélhy- lique(-) en milieu chlorhydrique libère, de l'extractif élhéré. une combinaison orga- nique du phosphore, ou celui-ci n'apparaît aux réactifs qu'après destruction de la molécule par l'acide nitrique fumant. L'alcoolyse est pratiquée comme l'indique son auteur, jusqu'à l'éthérification méthy- lique des acides gras; on traite ensuite par le carbonate de chaux, pour détruire l'acide en excès, puis on ajoute de l'eau de chaux jusqu'à légère réaction alcaline; il se forme un précipité qu'on sépare. Après lavage à l'alcool pour enlever la glycérine et autres produits solubles; on dessèche dans le vide. On obtient une matière blanche, soluble dans l'eau, possédant les propriétés du glycéropho>phate de chaux. La nature du milieu n'influence pas sensiblement le rendement en phos- phore combiné; les cultures sureau de levure et peptone ont fourni des extractifs dont la teneur en P205 varie entre i,5 et 2 pour 100. Le liquide de Raulin neutralisé, un peu moins favorable à YAmylom)ces que les pré- cédents milieux, a cependant donné des rendements un peu plus élevés, variant entre 2,2 et 2,9 pour 100. Si l'on calcule en lécithine (supposée stéarique), la combinaison phos- phorée peut représenter 32 pour 100 de l'extractif éthéré et environ 3 pour 100 du poids de la plante sèche. Le dosage du phosphore est pratiqué, dans tous ces essais, par fusion de la matière avec un mélange oxydant de ÎNOMv et KOH dans une cap- (') tîAKiiir.iu, Sur la non-existence des lécitliines libres ou combinées dans le jaune d' œuf et dans les structures biologiques (Comptes rendus, 22 juillet 1912). (*) Halleh, Comptes rendus, 1906. SÉANCE DU 25 MARS I()l3. 961 suie d'argent;on précipite parla liqueur molybdique OetTon pèse àTétat deP207Mg2. b. Forme soluble dans les alcalis. — On peut encore isoler du végétal, aprè-- traitement à l'éther, une autre combinaison organique phosphorée; on l'obtient de la façon suivante : 208 environ de mycélium, ayant déjà subi l'épuisement élhéré, sont traités par 20™' de NaOH à 36° Bé, on malaxe i5 minutes, on ajoute 10e1"1 d'eau et ioom3 de chlorure ferrique à 10 pour 100; après agitation on égoutte sur une toile et l'on exprime par torsion; le liquide filtré est mélangé à un égal volume d'alcool à 85° ; on neutralise par HCI dilué jusqu'à réaction acide, il se forme un précipité qu'on sépare et qu'on purifie par dissolutions répétées dans la soude, suivies de précipita- tions par l'alcool chlorhydrique. Après lavage à l'eau distillée, on dessèche à 80°. Le composé obtenu est blanc, insoluble dans l'eau, l'éther, l'alcool, les acides, mais se dissout facilement dans les alcalis. Ce corps ne renferme pas de phosphates miné- raux libres, et ne précipite par la liqueur molybdique qu'après destruction par NO' II fumant ; traité à chaud par la phloroglucine en milieu chlorhydrique on voit appa- raître la coloration rouge intense attribuée aux acides nucléiques, dont ce corps pos- sède toutes les propriétés, enfin la teneur en phosphore varie entre 8 et 9 pour 100, ce qui établit une nouvelle concordance avec les acides nucléiques des nucléo- protéides. L'évolution du phosphore lécithiné est liée à la formation du phosphore nucléique; cette première forme semble servira édifier la seconde, de struc- ture plus complexe. La disparition des lécithines correspond à une teneur maximum en phosphore total; c'est la période du plus grand développement du végétal. P-Oà calculé Poids en lécithiné sléarique P205 total de plantes sèches pour 100 pour 100 (pour 10')- de végétal. de végétal. Après 5 jours 6,9 i,432 4>4' » i5jours 10,0 2,227 6,10 » 1 mois 12,1 2 ,944 7 ,25 » 3 mois 1 3 , 6 o,85i 10,60 « 4 mois 1 3 , 1 traces 10, 4o Avec le temps, le phosphore nucléique est lentement désassimilé par la plante; il fait retour au milieu de culture sous la forme minérale, directe- ment dosable : (') D'après Wov, Ch. Ztg., t. \XI, 1897. 962 ACADÉMIE DES SCIENCES. I';l>' 1'- 1 1 pjQ- .le la Poids total organique culture île plante de P'O5 (par ( pour V 1. recollée. la piaule. minéral. différence) Initial 2 . o85 1 , 1 1 1 » 6.3 » 0,662 » o,o5o » Après 2 mois. . . 0,6l2 » 8 mois. . . t',728 6,0 «,3',8 0, 100 0,248 » 10 mois. . . 1,810 •5.9 0, 260 0 , 094 0. 166 On a vu qu'à côté des composés phosphores élaborés par la moisissure, lextractif contient aussi des glycérides; nous eu étudierons révolution dans une Note ultérieure. CHIMIE biologique. — .4 propos de la sécrétine ( liayliss et Slarling) et de In vaso-dilaline (Popie/ski). Note de MM. L. LaùNoy et K. Oechsi.in, pré- sentée par M. Roux. Traitée par l'eau acidulée, la muqueuse duodéno-jéjunale laisse passer en solution une substance qui, injectée dans le système circulatoire, pro- voque la sécrétion du suc pancréatique. Ce fait a été démontré, en 1902, par Bayliss et Starling ('); ils donnèrent à la substance excito-sécréloire. vraisemblablement contenue dans leur solution, mais non définie et non isolée, le nom de sécrétine. Dans le Mémoire classique écrit par eux. sur celte découverte, ils annoncent que l'injection de leur solution de sécrétine est immé- diatement suivie d'une dépression sanguine; ils estiment qu'à côté de la sécrétine. il existe dans leur sol u lion une depressor substance différente de la sécrétine; la depresson substance et la sécrétine diffèrent par leur solubilité dans l'alcool absolu. Nous voyons en effet (par les tracés 8 et 9, p. 338 de leur publication) qu'on peut obtenir une sécrétine sans depressor substance; toutefois, ces tracés sont peu concluants; en effet, les solutions de sécrétine sans depressor substance et les solutions de depressor sub- stance sans sécrétine diffèrent bien quant à leur action sur la pression sanguine, mais elles sont sensiblement égales quant à leur action excito-sécrétoire. Ces documents paraissent donner raison aux expérimentateurs qui soutiennent, avec M. Fopielski, que la sécrétine est identique à la substance dépressive désignée par M. Popielski sous le nom de vaso-dilaline. Four ce dernier, il n'y a pas de sécrétion sans vaso-dilatalion et, tout récemment encore, il conclut d'une façon très générale que : « Die Sekrèlion- stâtigkeit ist eine Folge der Ungerinnbarkeit des Blutes und der Brweiteriing der lilutgefasse ('). » (') Baïi.iss et Starling, The Journ. of Physiol., t. WV'III, 1902, p. 320. ('-) I'oi'ihski. Arcli./iir die Gesain. Physiol., t. CL, 191 i t, p. 14 du tirage à pari), SÉANCE DU af) MARS I g 1 3 . r>03 l_uUuWÛU ■VUUUUÎUV /■mC~t»>fa\ 'N/pVV^ — l l .utttn. » totoww* '•»N"V*»^**NW^ ^"~ g6/| ACADÉMIE DES SCIENCES.. L'opinion de MM. Bayliss et Starling n'a donc pas été admise par tous les expéri- mentateurs; dans un travail récent ('), M. Malsuo, tout en se rangeant du côté des auteurs anglais, n'apporte aucune expérience propre à conclure d'une façon définitive, soit dans le sens de MM. Bayliss et Starling, soit dans le sens de M. Popielski. La question de savoir si la sécrétine et la vaso-dilatine sont identiques ou différentes reste donc posée tout entière. Dans une Note préliminaire (2), nous avons indique une méthode per- mettant d'obtenir la sécrétine à l'état solide. Par des précipitations répétées au moyen de l'alcool absolu des solutions aqueuses de notre sécrétine, nous avons finalement obtenu une poudre qui, après dessiccation, se présente avec les caractères suivants : poudre blanche très soluble dans l'eau avec réaction alcaline, insoluble dans l'alcool absolu, non hygroscopique; forte- ment excito-sécrétoirc à faible dose, sans aucune action dépressive. D'autre part, la concentration de l'alcool ayant servi aux précipitations ci-dessus nous a donné un résidu de couleur jaunâtre, de consistance solide quand il est tout à fait sec, soluble dans l'eau avec forte réaction alcaline, très hygroscopique. La solution aqueuse de ce produit est faiblement excito-sécrétoire chez les animaux dont le pancréas n'a pas été excité au préalable par la sécrétine; elle est fortement dépressive, la dépression provoquée est immédiate et de longue durée (voir les tracés ci-dessus). Ainsi donc il n'est pas douteux, après nos recherches, que la sécrétine et la vaso-dilatine sont deux substances différentes; les résultats que nous venons de faire connaître nous paraissent propres à clore définitivement le débat sur cette question; il s'ensuit que l'opinion de M. Popielski, rappelée par nous ci-dessus, ne saurait être justifiée en tant que loi générale de la sécrétion glandulaire. Conclusions. — Nous avons séparé des macérations de muqueuse duodéno- jéjunale deux substances différentes : i° Une substance excito-sécrétoire sans aucune action dépressive; elle répond à la substance dite sécrétine ; 2° Une substance fortement dépressive, faiblement excito-sécrétoire. Cette substance correspond à celle dont MM. Bayliss et Starling avaient prévu la présence dans leur macération duodéno-jéjunale et qu'ils avaient qualifiée de depressor substance. Comme nous désirons séparer d'une façon (') Matsuo, The Jour n. of Physiol , t. XLV, n° G, 1910, p. ^-. ('-) L. Launoy et K. Oechslin, Comptes rendus Soc. BioL, t. LXXIV, i<)i3, p. 338. SÉANCE DU 25 MARS IO,l3. 9*35 1res nette la vaso-dilatine de M. Popielski de la substance dépressive que nous venons d'isoler du duodéno-jéjunum, nous proposons pour elle lenom de dépressine; dans le choix de ce nom, nous nous conformons à la termi- nologie des auteurs anglais ( *). GÉOLOGIE. — Sur la structure de la zone littorale de l'Algérie occidentale. Note de M. Louis Gentil, présentée par M. Douvillé. J'ai signalé autrefois (a) la structure compliquée du massif des Trara (Oran) et notamment l'existence d'un pli chevauché du Nord vers le Sud, depuis le cap Noe jusqu'au Dj. Tadjera. Mes recherches au Maroc m'ont incité à revenir à diverses reprises dans ces régions algériennes, de façon à établir les relations géologiques du littoral oranais et de la zone la plus septentrionale du Maroc oriental. Je désire, dans cette Note, résumer, à ce point de vue, mes principales conclusions. Le pli du Dj. Tadjera montre les calcaires du Lias moyen (Doméiien) et supé- rieur (Toarcien), chevauchés sur le Miocène inférieur (Cartennien ). Ce pli est enraciné au bord de la mer entre la baie d'Ahnaï et celle de Sidna loucha. On voit de ce côté les calcaires massifs du Lias moyen redressés en une falaise abrupte, puis se déverser vers le Sud. Au contact du Miocène inférieur, le poudingue de base de cet étage, caractérisé par Ostrea Cartenniensis Br., Peclen Convexior Alm., etc., est retroussé, tandis que, plus au Sud, le calcaire basique est chevauché jusqu'à une distance de plus de 6km de la côte. Au sud-est du cap Noe, à la limite du massif schisteux silurien des Trara, le djebel Sidi Sefiane offre une structure analogue, mais témoignant d'un effort orogénique moindre. Les calcaires du Lias moyen et les marno-calcaires à riche faune toarcienne qui les surmontent reposent, au Nord-Ouest, sur les schistes siluriens et sont plissés en un anticlinal complètement déversé sur le Miocène inférieur, retroussé à son contact, dans la vallée de l'O. el Ouïdan. ( ' ) La vaso-dilatine de l'extrait de duodéno-jéjunum e^t évidemment égale à sécrétine ■+- dépressine. (2) Esquisse strati graphique et pétrographique du Bassin de la Tafna {Algérie i. p. 4q5 et suiv., et Carte géologique au ; 0 „' 0 0 „ , PI. V. Alger, 1902. Ç)66 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si l'on se déplane vers l'Ouest en se rapprochant du Maroc, on observe les mêmes phénomènes tectoniques qui prennent plus d'importance. Chez les Béni Menir, entre le cap Noe el le cap Torsa, le Lias calcaire se montre en lambeaux, disséminés sur les marnes du Miocène inférieur caractérisées par une faune btirdigalienne et rendues schisteuses par la compression. De plus, il est fréquent de voir des lambeaux de poussée interposés entre le Miocène et le Lias, essentiellement formés par les argiles bariolées el les gypses du Trias lugunaire. Au cap Torsa, le Lias moyen se montre, comme au cap Noe, en une falaise formée par la racine droite du pli poussé sur le Miocène inférieur, tandis qu'à Nemours les travaux du port ont entaillé un lambeau de calcaire liasique en superposition anormale sur les schistes et les grès du Séquanien. Mais c'est dans la vallée de l'O. Kouarda, chez les Msirda, que le phé- nomène prend sa plus grande ampleur. Le Lias, qui se montre encore enraciné au bord de la mer, forme un pli largement chevauché sur le Miocène inférieur marneux (') qui s'étale dans la vallée de ce petit fleuve côtier. Le Dj. Ali ben Sala, sur la rive droite, et le Dj. Zendal, sur la rive gauche, sont formés par le Lias moyen reposant sur le Miocène inférieur et l'on peut voir, sur tout le pourtour méridional du calcaire liasique du Zendal, affleurer, sur les marnes miocènes schisteuses, un lambeau de poussée du Trias gypseux fortement laminé. Trois affleu- rements du Lias, appartenant au même pli, se trouvent isolés plus au Sud, par l'éro- sion formant les crêtes calcaires du Koudiat Ferkéd et du Dj. Kelâ, à soubassement miocène. D'autres pointements liasiques, au Dj. Alouïa et au Dj. Mellafen, chez les Attia, ont leurs contacts masqués par les déjections andésitiques postérieures du « Volcan des Msirda ». Dans ces régions, le Lias chevauche le Miocène inférieur sur une étendue de plus de i ikm. La zone littorale est bordée, dans ces contrées, par l'imposante crête du Dj. Filhaoucen dont j'ai montré la continuité, par le massif des Béni Snassen, avec les chaînes marocaines. Le Dj. Filhaoucen s'élève entre les vallées miocènes de l'O. Mersa (Nemours) et de la Tafna. Il ollre les terrains primaires (schistes siluriens des Trara, poudingues per- miens des Béni Menir) et toute la série jurassique que j'ai décrite dans le massif des Béni Snassen, série de sédimentation continue, depuis la transgression mésolia- sique jusqu'au Jurassique supérieur. Toutes les couches secondaires y forment un vaste anticlinal déjeté vers le Sud, s'appuyant parfois, comme chez les Béni Mishel, (') Ces marnes du Miocène inférieur ont été confondues autrefois avec les argiles et grès de l'Oxfordien (Cartes géologiques au gWïolï ^e l'Algérie, éditions de 1889 et de iqoo). SÉANCE DU 25 MARS IÇ)l3. 967 sur les dépôts du Miocène inférieur. Sur son revers méridional, la chaîne montre son ossature primaire, les schistes siluriens affleurant sur une bande étroite parallèle à la crête, pinces entre les flancs jurassiques de la montagne. Il faut donc admettre que les mêmes efforts orogéniques qui ont laissé des traces si manifestes dans la zone littorale ont eu leur répercussion dans cette chaîne. Plus à l'Ouest encore, j'ai montré ( ' ) qu'au Maroc le massif des Kebdana offrait des phénomènes de charriage tout à fait comparables ('). Le Lias s'y montre poussé sur les schistes à Posidonomya alpina et P. Dalmasi, avec interposition fréquente d'une lame très mince, fortement laminée, d'argiles bariolées du Trias gypseux. L'étendue du chevauchement vers le Sud oscille, ici, entre iokm et i5km. La répercussion des efforts orogéniques qui ont affecté la région littorale est non moins discutable dans le massif des Béni Snassen où se montrent des plis imbriqués poussés vers le Sud (-). Ainsi, depuis la baie d'Ahnai jusqu'à la lagune de Mar Chica, dans la zone marocaine espagnole (soit sur un espace de plus de i20km), partout, le bord de l'effondrement méditerranéen est jalonné par les mêmes phénomènes orogéniques. Et je pense que la même continuité tectonique se poursuit dans l'Est. J'ai observé, en effet, les mêmes chevauchements du Lias sur le Miocène inférieur et sur les marnes sénoniennes, entre l'îlot d'EI Mokreum et l'embouchure de la Tafna chez les Béni Khelad. Je crois, aussi, que le Lias qui couronne le Dj. Skouna est che- vauché, enraciné au bord de la mer, ayant poussé devant lui une partie du Trias gypseux de la vallée de Feïd el Ateuch, au pied de la colline des Sebà Chioukh ; je suis même porté à admettre que le gîte de fer célèbre de Béni Saf a subsisté en partie aux ravages de l'érosion, grâce à la protection de la nappe calcaire qui lui sert de toit. Enfin je ne serais pas surpris que les mêmes phénomènes s'étendissent jusqu'au voisi- nage d'Oran. Il est possible, en outre, de dire, avec assez de précision, l'âge de ce mouvement orogénique. Le Lias chevauché recouvre fréquemment le Miocène à faune burdigalienne (Cartennien) tandis qu'il est recouvert par les grès tortoniens ou par le Miocène supérieur (Sahélien) en place. Le premier cas s'observe dans la région de Béni Saf où j'ai décrit des couches à faune helvétienne, avec Peclen substriatus d'Orb., P. Fuchsi Font., Ostrea (') Comptes rendus du 3i octobre 1910. (2) Louis Gentil, Esquisse géologique du massif des Béni Snassen (Bull. Soc. géol. de France. 4e série, t. V1I1, p. 391-417, PU VII1-IA). C. P.., k.13, 1" Semestre. (T. 156, N° 12.) ' 23 968 ACADÉMIE DES SCIENCES. Barroisi Kil. et les grès de Béni Saf à faune tortonienne avec Pecten Besseri Andr., P. costisulcatus Alm. Bof., Cylherea Pedemontana Agass., accompagnant les Clypéatres décrits par Pomel ('). Dans l'Ouest, depuis le cap Torsa jusqu'au delà des Kebdana, partout des grès et argiles en place recouvrent le Lias chevauché et sont caractérisés par les débris de la faune du Miocène supérieur (Sahélien) à Pecten Bestitutensis Font., P. ihcrassatus Part., P. sarmenticus Goldf., P. Bollensis Font., etc., que j'ai signalés à Nemours et à Port-Say (2). Il résulte de ces observations que le Lias a été charrié au Miocène moyen ou plutôt au début de cette époque, à l'Hehétien. La séance est levée à 4 heures et quart. G. D. ( ' ) Thèse de doctorat, p. 322 et suiv. (2) Comptes rendus, 3o janvier 191 1. SÉANCE DU 2D MARS lC)l3. 969 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages keçus dans la séance du 17 mars 1 9 1 3. Bureau central météorologique de France. Procès-verbaux des Séances du Comité météorologique international avec les procès-verbaux de la Commission de Magné- tisme terrestre et d'Electricité atmosphérique. Réunion de Paris, 1907. Réunion de Berlin, 1910. Paris, Imprimerie nationale, io,<3; 2 fasc. in-8°. Ministère de l'Intérieur. Recueil des Actes officiels et Documents intéressant V Hygiène publique. Travaux du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France ; t. XLIV, année 1910. Melun, Imprimerie administrative, 1912; 1 vol. in-8°. Rapport sur les travaux du Bureau central pendant les 50 premières années de l'Association géodésique internationale, par F. -H. Helmert. Leyde, E.-J. Brill, 1918; 1 fasc. in-4°. Annales de l'Institut océanographique. Tome V, fasc. 5 : Étude systématique et biologique des Poissons de la Manche occidentale, par Ed. Le Danois. — Fasc. 6 : Untersuchungen iiber die Absorption des Lichts im Seewasser (erster Teil), par Klaus Grein. Paris, Masson et Cie, 191 3; 1 vol. et 1 fasc. in-4". Titres et travaux scientifiques du Lieutenant-Colonel P.-L. Monteil. Goulom- miers, imp. Paul Brodard, 191 3; 1 fasc. in-4°. Les rayons ultraviolets et leurs applications. Les lampes à vapeur de mercure, par ['Institut scientifique et industriel. Paris, s. d.; 1 fasc. in-8°. Le Mois scientifique et industriel; nos 1 59— 10 1 , novembre 1913-janvier igi3. Paris ; 3 fasc. in-8°. R. Magistrato aile acque. Ufficio idrografico. Terza relazione annuale del Direttore ; pubblicazione n° 36. Venise, 1912; 1 vol. in-8°. Department of ter restriai ma gnetism of the Carnegie Institution of Washington. Annual Report of the Director, 1912. (Extr. du Year Book. n° 11, p. 23o-238, pi. 6 et 7); 1 fasc. in-8°. Meteorologisches Jahrbuch fur Finnland, liera usgegeben von der Meleorolo- gischen Zentralanstalt; Bd. VII; VIII, Teil 1; IX, Teil 1; 1907-1909. Helsingfors, 1932; 3 fasc. in-4°. Division territorial de los Estados Unitados Mexicanos. Estados de Aguasca- lientes, Colima y Morelos. Mexico, 1912; 3 fasc. in-4°. 970 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ouvrages reçus dans la séance du nb mars i 9 i 3. Institut de France. Académie des Sciences. Rapport sur la pétition adressée au Président de l'Académie par la plupart des Correspondants nationaux, par M. Gaston Darboux. — Commissaires : MM. Guyon, président; P. Appell, vice-pré- sident; Ph. van Tieghem, secrétaire perpétuel; Emile Picard, Edmond Perrier, Dastre, Alfred Picard ; Gaston Darboux, rapporteur (II. Poincaré elCailletet, décédés). (Extr. des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences; t. 156, p. 836; séance du 10 mars jo,i3.) Paris, Gauthier- Villars ; 1 fasc. in-4°. L'Atlantide, par Pierre Termier, Membre de l'Institut. Conférence faite à l'Institut •océanographique de Paris, le 3o novembre 1912. [Bulletin de l'Institut océanogra- phique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco; n° 256, 20 janvier 1910.) Monaco; 1 fasc. in-8°. Flore complète, illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique, comprenant la plupart des plantes d'Europe, par Gaston Bonnier, Membre de l'Institut; fasc. 7-10. Paris, E. Orlhac; Bruxelles, J. Lebègue et Cic; Neuchâtel (Suisse), Dela- chaux et Niestlé; 4 fasc. in-4°. Specola astronomica vaticana. I : La rotation de la Terre; ses preuves méca- niques anciennes et nouvelles. Second Appendice : Continuation des expériences, par J.-G. Hagen. Bédigé en français par P. de Vregille. Borne, 1912; 1 fasc. in-4°. (Pré- senté par M. Bigourdan.) Recherches cylologiques sur le genre « Amhlystegium », par Em. Marchal. (Extr. du Bull, de la Soc. roy. de Bot. de Belgique; 2° série, t. I. Volume jubilaire.) 1912; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Die Greenscke Funktion der Scluvingungsgleichung, von A. Sommerfeld. (Exlr. de Jahresbericht der deutschen Mathematiker-Vereinigung ; t. XXI, 1912, lleft 10/12.) Leipsig, B.-G. Teubner; 1 fasc. in-8°. Sur le calcul des opérateurs de Newcomb, par 11. v. Zeippel. (Arch. for Mate- matik, Astronomi och Fysik; Bd. VIII, n° 19.) Stockholm, Almqvist et Wiksell ; Paris, C. Klincksieck, 1912; 1 fasc. in-S°. La place des Mathématiques dans la pratique du génie, par W.-H. Whtte. (Extr. de Scientia; t. XII, 6e année, 1912, n° XXV1-6.) Bologne, Nicola Zanichelli; 1 fasc. in-8°. Nova Acta regiœ Societatis Scientiarum Upsa/iensis; 4e série, t. 111, fasc. 1. Upsal, igii-igiS; 1 vol. in-4°. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 31 MARS 1915. PRESIDENCE DE M. F. GDYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les surfaces minima engendrées par un cercle variable. Note de M. Gaston Darboux. 5. Les calculs que nous venons de faire dans ce cas particulier se com- pliqueraient beaucoup dans le cas général ; nous avons donc choisi une autre méthode, que nous allons maintenant exposer. Regardons dans les équations (5) A, B, C, a, b, c, R comme des fonc- tions connues d'un paramètre variable A. Ces équations déterminent alors la surface la plus générale engendrée par un cercle, etâles cosinus directeurs de la normale en un pointa cette surface seront donnés par les formules (8) où H, K, 1 sont définis par les formules (7) et (9). Il faut exprimer que cette surface est minima. Pour cela nous remarquerons qu'une des propriétés caractéristiques des surfaces minima est que l'expression X dy — Y d.v soit une différentielle exacte. Pour exprimer cette propriété nous regarde- rons X, Y, Z comme des fonctions des variables indépendantes x, y, s, X; et, en tenant compte des relations qui lient ces quantités, nous serons con- duit à la condition très symétrique, dX d\ àZ k r /. dX DàY „dZ\ dx dy dz A k \ dl dl dl ) C. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 13.) 124 972 ACADÉMIE DES SCIENCES. qui devra être une conséquence des équations (5). En faisant le calcul, on trouve (a4) -[2K + 22Aa'](H2+RM^) + 2KHRR' + R2Al^— k^Wo. C'est une relation qui est généralement du troisième ordre par rapport à x, y, z et qui doit être une conséquence des équations (5). 6. Commençons par considérer le cas où le plan du cercle est parallèle à une direction fixe. Alors on pourra supposer A = o, B = o, G = i , c = À, c' = i ; on aura K4-2A«'=o, K = -i, et l'équation (24) se réduira à la suivante ce qui donne 2HR'-R'^ = o, C'A [2a'(x — a)+2b'(y — b) + ic'{z — e) + 2RR']R' = R[a"(x — a) + ù"(y- b) — a"1— b'1- 1 -hRR"+ R'2]. Cette relation devant avoir lieu en vertu des équations (5), dont la seconde se réduit à Z — A = O, on peut y remplacer z par X; et l'équation restante devra avoir lieu pour toutes les valeurs de x, y, ce qui permet de la décomposer dans les trois suivantes 2«'R'r=Ra", 2b'W=Rb", RR"— R'*= 1 + «."-+ b'\ L'intégration des deux premières nous donne a' = /jR\ ù'=,,Ri, p et q désignant deux constantes. En portant ces valeurs de a', b' dans la troisième équation, il vient RR"-R'2=(/j2-w/2)R4+i. II suffit de multiplier les deux membres par ^ pour avoir départ et d'autre séance du 3i mars io,i3. 973 des différentielles intégrables. L'intégration donne c étant une constante arbitraire; il vient alors (^y=(/>s+72)R;+cR>-., puis a — p f R2 dz -+- p„. b = q I R2 dz q», p0 et qui ne diffèrent de celles que nous avons obtenues plus haut que par le changement de R en R0. 7. Revenons à l'équation (24) et supposons maintenant que les plans des cercles n'aient pas une direction fixe. Nous allons montrer que, dans ce cas, cette relation ne saurait être une'conséquence des équations (5). Alors les dérivées A', B', C ne pourront être nulles en même temps et K contiendra les coordonnées a?, y, :■ au premier degré. Choisissons A de telle manière qu'on ait (3i) A'2-f- B'2+C'2=:i. On pourra constituer un système de g cosinus A, A', BC— CB', B, B', CA'— A.C, C, C, AB'— BA', qui donneront lieu à des relations telles que les suivantes : (32) A-+-A" = /;(BC — CB'), (BC'-CB')' = — p\', et remplacer a', b\ c' par les quantités £, Y], '( déterminées par les formules | «' = £A + r;A'+Ç(BC'-CB'), (33) 6'=£B+Y)B'-|-Ç(CA'-AC), | c' = ^G + nC'+Ç(AB'— BA'). De là et des équations (32) on tirera les valeurs des dérivées secondes a", b", c" : l a"= (£'- ïi ) A H- (t + ■) £j (BC— CB') (a - «) + '? + *ls + S2, f ^=- ç' + |,jJCBC'-CB') (*-«)- ti. Supposons d'abord que £ ne soit pas nul. Alors l'équation (35) nous donnera (37) C(BC'-CB')(a;-a)=:-|(H + RR' + Y)K + n^). Si l'on joint cette équation aux deux suivantes jjA(a:-a)==o, J}A'(a> — a) = K + £, on voit qu'on pourra exprimer x, y, z en fonction de H et de K, et même que ces deux quantités ne seront pas indépendantes. Elles sont liées par la relation qu'on obtiendra en ajoutant les trois équations précédentes après avoir élevé leurs deux membresau carré. Cette relation sera la suivante : (38) _rs+(K+£)'+^(RR'-H7]> + ï]K-+-1I)5=o. D'autre part, si l'on porte la valeur (37) de V(BC — CB')(x — a) dans les relations (36), on obtiendra les expressions en H, K seulement de -jp -^-- H viendra ainsi l ^ =- RR"- R'*+ (Kp -u')(K+ t) — K£ + n* + Ç* (39) < 4-^Y^(HH-RH'+i,K + tjÇ), f ^=-ï)-^'-|(H + RR' + ^+nK). De cette manière, l'équation (24) devient une relation du troisième degré en H et K, relation qui doit être une conséquence de l'équation (38) et, comme celle-ci est indécomposable, il faut qu'on obtienne l'équation (24) 976 ACADÉMIE DES SCIENCES. en multipliant l'équation (38) par un polynôme du premier degré en H et K. Pour qu'il en soit ainsi, il faut que les termes du troisième degré dans l'équation (24), qui sont K(tf»+R*K*), contiennent en facteur les termes du second degré dans l'équation (38) qui sont K2+^(H+r,K)2. Il faut donc qu'on ait Y)=TO, Ç = R. Alors il vient L'équation ( a4) développée devient — ( 2 K + 2 1 ) ( H2 + h2 K2 ) + 2 K1I RR' H-Rs|— H^' — ^H« — ^R'H + RR'K— RJp(K! + K^) + |g:»— ^HK— R*H =0. Quant à l'équation (38) elle prend la forme (4o) -R4+(K-+-t)2R2-+-(H4-RR')"2=o. Si on la multiplie par (îR-t-2;) et qu'on l'ajoute à la précédente, il viendra (2K + 24) [2HRR'+ R2R'2+2Ki;R24-t;2R2— R4] + 2KHRR' -f-R'T— H£'— ^Hl — joR'H + RR'K— Rjd(Ks+K£)-I-£Ks— ^HK-R2Ivl =0. Cette équation, réduite au second degré, devra être identique à l'équa- tion (4o) et par suite ne pas contenir de terme en HK, ce qui donne la condition RR' = o. En écrivant que les coefficients de H2 et de K2 sont dans le rapport de 1 à R2, on aura encore tR2=o. On peut écarter l'hypothèse IV = o et faire 2 = R' = o. SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. 977 Il restera alors — 3 KRl - Rp H2— R3/;K2= o. L'équation (4°) deviendra alors IV- + KSR*=R*. Donc il faudrait que l'on eût R5/> + 3KR*=o, ce qui entraîne l'équation impossible R = o. Nous avons laissé de côté le cas où 'Ç serait nul et où, par conséquent, on aurait entre H et K la relation linéaire H=-RR'-r,(K + ç). En substituant cette valeur de H dans l'équation (24), on serait conduit à une équation dans laquelle les termes du troisième degré seraient (yj2 + R2)K3 et ne pourraient ni s'annuler, ni se réduire avec les autres. Cette hypothèse doit donc être écartée. En résumé, la seule surface minima réelle engendrée par un cercle est la surface de Riemann. Cette surface, nous l'avons vu, contient deux constantes dont on pourra disposer de manière à la faire passer par deux cercles quelconques situés dans des plans parallèles. Mais les équations qui détermineraient ces constantes se présentent sous une forme compliquée. Si l'on adopte, par exemple, les formules (25), et si l'on suppose que le cercle minimum de la surface ne soit pas compris entre les deux cercles donnés, elles se présenteront sous la forme dR rK' R2 dR r" dR r A s/p2R'-ï-cR*-— 1 JR. v//>2R*-t-cRs— 1 R', R" désignant les rayons des deux cercles, ~0 la distance de leurs plans et x0 la projection de la ligne qui joint leurs centres sur le plan de l'un des cercles. C'est à l'aide de ces équations transcendantes qu'il faudra déter- miner les inconnues c etp-. 978 ACADÉMIE DES SCIENCES. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de transcendantes généralisant les fondions elliptiques et les fonctions abéliennes. Note de M. Emile Picard. i. Dans deux Mémoires insérés dans les Acta mathematica (t. XXIII et XVIII), j'ai indiqué une classe étendue de transcendantes nouvelles satis- faisant à certaines équations fonctionnelles. Soit donnée une transformation birationnelle / X,= R,(a?„a;2, ...,xn), (T) admettant le point double x, = x2 = ... = xn = o. On pourra, en général, écrire dans le voisinage de ce point X, = at xl + Q, (ï„ï|, :..,«„), 1 Xn= anx ' n "+" Vni^li ^S) • • • 1 xn )i les termes Q étant des développements de Mac-Laurin sans termes du premier degré. Les transcendantes uniformes dont il s'agit, f, (z), f2(z),.. .,fn(z~), admettent une première période, soit aui; relativement au changement de z en:+ a (oj étant une quantité que nous pouvons supposer réelle et posi- tive), on a /<« + «)- R, [/,(*),/,(*), ...,/„(-)!, /„(* 4- «) = R. [/,(*). /l(«) /„(•*)]. J'ai démontré l'existence de telles fonctions en procédant par approxi- mations successives ('). Mon point de départ était le suivant. Soit tout d'abord dans le plan de la variable complexe z = x -t- iy une bande parallèle à l'axe Qy, limitée à gauclie par l'axe des y et à droite par une parallèle AB à Qy, située à une distance a> de l'origine; on considère de plus une bande de largeur très petite (fixe d'ailleurs), comprenant Qy à son intérieur, (') J'ai repris cetle question dans mon Cours en avril 191 !, en donnant les démons- trations dans tous leurs détails. séance du 3i mars igi3. 979 limitée à gauche par la parallèle ï à Oy et à droite par le parallèle i au même axe. Soit maintenant L'équation fonctionnelle V(z) étant une fonction méromorphe dans tout le plan, admettant la pé- riode 27ri, et holomorphe dans la bande iï. On démontre qu'on peut satisfaire à cette équation par une fonction f(z), de |)ériode 2 ici, méro- morphe dans tout le plan, et holomorphe dans la première bande (Oj, AB) et un peu au delà à droite et à gauche. Ceci démontré, partons de fonctions doublement périodiques de seconde espèce aux multiplicateurs respectifs (1, a,), (i,a2), ..., (i,a„), et envisageons les approximations successives correspondant aux équations (/n= + w)=«, /r(^) + Q,[/i"-"(=), //-"(=) /ir" <■*)]. (■) - ( /,/"(= + «) = ««/r(-) + Qj/rii(--)./;" ' (;),...,//'"(-)]• Bien entendu, les séries Q peuvent cesser d'être convergentes, mais leur signification n'en est pas moins déterminée. On suppose que les fonctions initiales f\ (z), ...,f"(z) n'aient pas de pôles dans la bande iï. De plus, toutes les fonctions deviennent, quelque soit/j, infinies respectivement dans la bande {Oy, AB), comme (3) /?(*), /;(s), ..., /;;(.). Ces conditions, jointes à la périodicité 27a, déterminent successivement, dans tout le plan, les termes de la suite (2), en s'appuyant sur le lemine préliminaire énoncé ci-dessus. On démontre enfin que, si les modules des ternies de la suite (3) sont assez petits dans la bande iï , les termes de la suite (2) ont des limites parjaitemcnl déterminées pour p = se. Ce sont les transcendantes cherchées. 2. On pourrait, pour arriver au même résultat, procéder en faisant d'autres approximations successives. Par exemple, comme je l'avais fait dans mes premières recherches sur ce sujet, remplaçons œti a?2) . . ., acn par C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 13.) 125 980 ACADÉMIE DES SCIENCES. [A3:,, [i.jc,, ..., \J.oc„ et X,, X2, ..., X„ par pXn pX2, ..., pX„ (p étant une constante) dans la transformation T du début. Nous pourrons, en pre- nant la transformation sous la seconde forme, écrire (4] l Xt = a, Xt -t- P, (x„ .r,, c„, ,u), I \„r-=rt„.r„-|- I'„l /,. ./•,. ...,.'■„, p.)- ( >n peut alors chercher à satisfaire au.\ équations fonctionnelles qui corres- pondent à (4), en prenant pour /, (z),/2(s), . . ., fn(z) des séries ordonnées suivant les puissances de p, soit On prend pour /"(s)) ■••> /»(s) des fonctions arbitraires doublement périodiques de seconde espèce aux multiplicateurs ( 1 , a, ), ..., (i,a„). Quant à (6) /',"»(*), ..-, ff>{8) (P>i), elles sont holomorphes dans la bande (0_y, AB). Dans ces conditions, tous les coefficients des puissances de p sont déter- minés dans les développements (5), el Ton peut établir que, si le module de p es! suffisamment petit, les séries convergent et donnent, dans la pre- mière bande, les fonctions cherchées. 3. Si l'on n'assujettissait pas les fonctions de la suite (6) à être holo- morphes dans la première bande (Oj, AB), on pourrait obtenir d'autres développements analogues à (5). Beprenons les formules du paragraphe précédent en nous bornant, pour simplifier l'écriture, au cas de deux équa- tions. Soit X-=R(*,jO, Y = S(«,7) la transformation Irrationnelle; en remplaçant a; et y par p. a; et py, puis X et Y par pX et pY, on obtient X — ax + P(.r, y, fi), Y = 6.r-t-(v)(.r, /, p). SÉANCE DU 3l MARS I9l3. 981 En partant des développements /(*)=/.(*) + F-A(=) + f*Vi(-) + • • -, ?( = ) = ??(*) + P-?i(--)+ r1*^5) +.. -, et substituant, il vient f0(s -+- w) =af0(z), ç0(z h- w) = ^?u(5)> et, d'une manière générale, {) \ /p<» + ») = «/p(^)+ Pp(/o> qui sont complètement déterminés parles équations (7). On obtient alors poury(s) et 3>(s) des développements conduisant à des expressions définies pour toute valeur de [x, mais les fonctions uniformes f(z) et 9(3) ainsi obtenues ne sont pas méromorphes dans tout le plan de la variable z. Elles admettent comme points singuliers essentiels les pôles de f0 et o0. On peut d'ailleurs arriver par une autre voie aux fonctions précédentes. Supposons |a|>i,|6|>i,et envisageons les équations fonctionnelles F(au, bf>) = R[F(u, ?),*(«, c)], 4>(«", 6f) = S[F(w, «»),*(«, <■)]• Comme je l'ai montré ('), elles définissent des fonctions uniformes F(u, v) et 0(m, t>) de u et 4' dans les plans des variables complexes u et v, holo- morplies autour de « = t> = o, et ayant partout à distance finie le carac- tère de fonctions rationnelles. On voit alors qu'en posant /(*) = F[/0(s)lT,(*)], ?(*) = •[/.(*), ?o(*)], on obtient des fonctions uniformes de s, satisfaisant à nos équations fonc- (') Voir Comptes rendus, 4 juillet igo4, et aussi la Note I dans le Tome II de ma Théorie des fonctions algébriques de deux variables, p. 465. Le cas de a = b avait été envisagé à un autre point de vue par M. Poincaré (Journal de Mathéma- tiques, 1890). (9) (10) 982 ACADÉMIE DES SCIENCES. tionnelles primitives; elles ont comme points singuliers essentiels les pôles de/0(z)etde ?„(z). 4. J'ai essayé autrefois d'étendre les recherches ci-dessus, de manière à obtenir des fonctions de plusieurs variables, généralisant les fonctions abé- liennes comme les fonctions du paragraphe 1 généralisent les fonctions elliptiques. Mais des difficultés nouvelles se présentent et je n'ai pas abouti. Il ne sera peut-être pas cependant sans intérêt d'indiquer ces diffi- cultés en se bornant d'ailleurs à un cas très particulier. Soient w et w' deux constantes positives, et soient ■X = R(*,jr)1 X = R'(*,/), Y=zS(^,j), Y=S'(x,r) deux substitutions Irrationnelles permutables du type considéré antérieu- rement avec le point double x=y = o. Une question se pose naturel- lement. Existe-t-il des fonctions uniformes f(z, z') et *')>?(*,**')]■ /(*,*'+u') = H'.[/(*,0, ?(*,>)], l9(* + ù,*') = S[/( «,*')» .?(«,«')]. (*.*'). /p(z + (ù, =') =afP(z,*') + Pp[fo, i, et le système analogue pour la seconde substitution ( /■,(-,='+ co') — fl'/0(j, ;'), /p(a, ;'+') = b' H- à') -+- 2e<). Les deux tensions superficielles principales, à l'état dynamique et par unité de longueur, de la couche de transition, se trouveront dès lors exprimées par la formule double (2) (gj')-f +ei(d + d') + ae((M')- Il y aura donc deux coefficients e, e, de viscosité superficielle. VII. Les physiciens n'ont guère fait porter, jusqu'ici, leurs observations précises de capillarité ou de tensions superficielles, que sur des phénomènes d'équilibre; et voilà sans doute pourquoi ils n'avaient pas eu, ce me semble, l'idée d'y introduire des forces de viscosité. Les considérations précédentes montrent que ces forces sont aussi naturelles dans l'étude de la couche superficielle d'un liquide, que dans l'hydrodynamique des fluides pris en masse. Mon attention y a été appelée par les récentes expériences d'un jeune docteur es sciences physiques de la Faculté des Sciences de Paris, M. Jules Roux, touchant la vitesse de chute de gouttes mercurielles, ayant moins de i""u de rayon, dans de l'huile de ricin très visqueuse ('), et par la (') La charge de l'électron ; recherches sur la loi de Stofces, par M. Jules Roux; thèse pour le doctorat es sciences physiques (Paris, Gaulhier-Villars, 1912). Voir surtout le n° 15 (p. 25 et 26). SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. 989 nécessité de mettre d'accord, avec les résultats de ces observations, une théorie ingénieuse, mais où l'action capillaire était négligée, donnée en 191 1, à Cracovie, par M. Rybezynski et, à Paris, par notre confrère M. Hadamard. Il suffisait évidemment, en remarquant Tassez faible rayon des gouttes, d'avoir l'idée de mettre en œuvre la tension superficielle à la surface séparative du mercure et de l'huile, pour être conduit à la for- mule (2), dans un problème où les forces de viscosité ont le rôle principal. BACTERIOLOGIE. — Sur la vaccination contre le charbon svmptomati(x) une fonction continue positive, admettant les dérivées continues des deux premiers ordres. Soient q(jx) et ln.r) des fonctions continues, A un paramètre. Considé- rons l'équation 0 7iï(p%) + i*+i')y=°- La détermination des valeurs exceptionnelles de X telles que l'équ ( ') Présentée dans la séance du 25 mars i g r 3. 994 ACADÉMIE DES SCIENCES. tion (r) possède des solutions différentes de zéro satisfaisant aux conditions déterminées aux limites a fait, depuis l'apparition des Mémoires bien connus de Sturin et de Liouville, l'objet de nombreux travaux importants. Citons en premier lieu le Mémoire célèbre de H. Poincaré Sur les équa- tions de la Physique mathématique et les recherches classiques de M. Picard {Comptes rendus, 19 février 189/1, et Traité d'Analyse, t. III, p. 1 14-128) reprises sous un point de vue un peu différent dans un Mémoire plus récent de Rendiconli (1906). En supposant p = 1 et posant de plus q = o, k > o, M. Picard démontra l'existence d'une suite infinie positive de valeurs X,, A,, ... du paramètre X et d'une suite de fonctions fondamentales y, (a?), y,(x), ... correspondantes, telles que (2) jI(o)=j1(7r) = o («'=1.2, ...). Des travaux ultérieurs, citons ceux de M. Kneser {Math. Annalen, t. LVIII, p. Go-(J3), un Mémoire de M. Masson (Trans. <>f the Amer. Mat. Society, 190O), de nombreuses Notes de M. Stekloff, la Thèse de M. Haar {Math. Annalen, 1910) et la Tesi d'abililazione de M. Picone (Pisa, 1909). Dans ses recherches classiques sur les équations intégrales, M. Hilbert réduit l'étude de l'équation (1) à celle d'une équation intégrale du type polaire en supposant q(x) < o et la fonction k{x) continue n'ayant qu'un nombre fini de zéros. Il démontre de plus que chaque fonction continue ayant les dérivées continues des quatre premiers ordres et satisfaisant aux conditions déterminées supplémentaires peut rire développée en une série uniformément convergente suivant les fonctions fondamentales. Posons p(x)b^i, q{x)So (ou même positive et suffisamment petite), k{x) continue et absolument quelconque et signalons le théorème fonda- mental suivant : // existe une suite infinie de valeurs exceptionnelles A,, X2, ... telles que pour X = X, l'équation (1) possède une solution Yi(x) continue avec ses dérivées de deux premiers ordres et satisfaisant à la relation {'2). Les fonc- tions Yi(c) vérifient les relations (3) I A(.r) v,(x) rj(.r)dx—-o (*^y), h A, u=y). Supposons pour abréger que k(x) ne s'annule identiquement dans aucun intervalle situé dans (o, t.). SÉANCE DU 3l MARS IO,l3. 0,0,5 Chaque fonction susceptible d'être développée en une série tri gonomê trique ^ fjsinix avec Yi1/? convergente, ou, ce qui est la même chose, continue, i possédant une dérivée à carré sommable et vérifiant les relations f{x)=r it^ldx, /(0)=/(7C) = 0, peut être développée en une série uniformément convergente, (4) f{x)=^-^y,{x) f k{z)f{z)yi{z)dz. i Pour la démonstration j'ai recours à la théorie des formes quadratiques à une infinité de variables créée par M. Hilbert. Supposons dans ce qui suit, pour abréger, jo = i, y = o, et prenons pour point de départ l'équation (5) JU[g^-U(*).7(xM,)]^ = o, v (x) désignant une fonction quelconque ayant les dérivées continues de deux premiers ordres et s'annulant pour x = o et x = tt. Prolongeons les fonctions k (x), y (x) et v (x) au delà de l'intervalle (o, n) conformément aux équations k(—a:) — k(x),y(-x) = -y(x), v (— x) = — c'a), k{x + 2 7l) = k (x), y (x ■+- 2 7T) = j(.ï), V(x + 2 7T) = v (x). Pour les limites de l'intégrale (5) on peut alors prendre les valeurs o et air. Posons V" "y (6) y{x) = y, — r siiu\r, ('(x) = 7 -^sint'j;. t i On trouve successivement : I- / A- (ar) y (x) c (j;) ete = - V -^4^ / k(s) sinis sinjsds = K(X; Y ), (7) ', (8) (X,Y)-ÀK(X,Y) = o. C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N' 13.) 127 99^ ACADÉMIE DES SCIENCES. K (X, Y) est une forme bilinéaire symétrique totalement continue. De la théorie bien connue de M. Hilbert résulte presque immédiatement l'exis- tence d'une infinité dénombrable de valeurs exceptionnelles A,, A2, ... (en général positives et négatives). Dans le cas particulier où k(x) ne s'annule identiquement dans aucun intervalle, la forme K(X, Y) est fermée. Alors il existe une infinité dénombrable de formes linéaires (9) L«(X) = Z«XI+/?X2 + ... (« = i,a, ...), constituant une suite orthogonale normée et fermée. On a identiquement (10) (X,ï)rjL«(X)L»(Y). a Soit (ii) M*>= y •—■ J^"!**'*' i les ya(ac) sont les fonctions fondamentales appartenant à l'équation (i) et aux conditions aux limites (2). Posons Y V (12) ^ -j- sin ix = g{\, x), V-4sini.» =/(x), i i g(\, x) désignant la fonction de Green de l'équation-^ =os'annulant pour x = o et a7 = 7ï. De (10), (11) et (12) résulte facilement la relation cherchée (4). ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème de Laguerre. Note de M. Georges Pôlva, présentée par M. Emile Picard. 1. On doit à Laguerre (Œuvres, I, p. 28) le théorème suivant : Soit V intégrale réelle convergente pour .r>r0, et soit la fonction ?(À) telle qu'on puisse partager l'intervalle (o, co ) en Y -+- 1 intervalles, de manière que : i° cp(A) ne soit identiquement nu/dans aucun des V -+- 1 intervalles ; 20 p(A) soit de même signe dans chacun séparément ; 3° cp( A) soit de signe contraire dans deux intervalles l'oisins. SÉANCE DU 3l MARS IC)l3. 997 Ces hypothèses remplies, la fonction f(x) a au plus V racines supérieures à xQ. La démonstration du théorème, donnée par Laguerre, ne me paraît pas suffisante ((), mais on peut le démontrer en toute rigueur par la méthode classique que Laguerre employait pour les séries (Œuvres, I, p. 3 et i/j4)- Le théorème est évident pour V = o; nous le supposerons démontré pour V = n — 1 . La fonction *dl (dont la dernière est valable pour x^>cc0, x^>o) la forme habituelle du théorème, donnée par Laguerre (loc. cit.). En partant de ce théorème, on comblera aisément quelques lacunes que Laguerre a laissées dans les démonstrations de quelques autres théorèmes ; mais je préfère donner des applications nouvelles. (') On a la proposition : « Si les fonctions réelles analytiques/,(.r ), ..., fn{x), ... convergent vers la fonction réelle analytique f(x), uniformément dans un domaine qui comprend l'intervalle (a, b), et si, en commençant par un certain indice, toutes ces fonctions/, (a), ..., _/„(«), ..., ont au moins r racines dans l'intervalle (a, b), f{x) y aura aussi au moins r racines. » Cette proposition deviendrait fausse si l'on disait au plus au lieu de au moins I on pose, par exemple, fn(x) =(x — 1)*-\ ; j; or Laguerre semble supposer l'exactitude de cette proposition. 998 ACADÉMIE DES SCIENCES. 2. Je vais transformer la formule d'interpolation de Lagrange; f(x) désignant un polynôme réel de degré n, on a, pour x > nh, >!/(*) ï(î-')ï a; =T,_o«("\ffii! v / x = h ! W{e~'k'')e-^x-"i'i (11, W (x) désignant le polynôme de degré n suivant : Tout pareillement, pour x > o, on a x Ix h\h -}.« /< W(eu)e-'-'rfX. De ces formules on conclut : Le nombre des racines de f(x), supérieures à nh, est au plus égal au nombre des racines de W (x), comprises entre o et i, et le nombre des racines négatives de f(x) est au plus égal au nombre des racines de W (x), supérieures à i. Si f(6),f(nh), A"/(o) sont différentes de zéro, les nombres des racines correspondantes de f(x) et de W(x) sont de même parité. De ce théorème découle une foule de règles pratiques, connues ou nou- velles, pour déterminer le nombre des racines réelles dey(;r), les valeurs de n -+- i ordonnées équidistantes étant données. En particulier, on se servira d'une méthode de Laguerre (Œuvres, I, p. iG); g(x) = ^anxn désignant un polynôme, ou même une série de puissance réelle, et les nombres AJf étant définis par les formules récurrentes A(,°' = rt0-|-a,-4-. . .-+-(?„, Aj*1 = *•*-"+ A'/'-" -+- . . .+ Aj*- on forme le Tableau infini à double entrée (L) «„ a, a., a 3 A',0» A y» Ai,01 A'0" A'/' A!2" A!,u A(0) A0 On trouve une limite supérieure pour le nombre des racines de g(x), comprises entre o et i, en comptant les variations dans les différentes séance du 3i mars 1913. 999 lignes du Tableau (L). La limite donnée par une ligne quelconque est au moins aussi bonne que celle donnée par la ligne précédente, et il y a une ligne qui donne la limite exacte ('). La deuxième ligne du Tableau (L), formée pour W(x) ou pour xnw(-\ donne une proposition de Laguerre (Œuvres, I, p. 1D7), et la première ligne du Tableau (L), formée pour W(i — x) = AV(o) +(H) A"->/(o)ar + . ■ • +/(<>)•*"> donne une proposition de Capelli et de M. Runge (2). 3. D'une formule connue de la théorie des séries de Facultés (3), on tire le théorème : Le Tableau(L) étant formé avec les coefficients a0, a,, ... an, ... de la série n\a„ R(*)=2 x(x -+- 1). . .(x -+- n) les variations des différentes lignes donnent une limite supérieure pour le nombre des racines positives de R (.2;). GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une série de surfaces dont une famille de lignes de courbure est constituée par des hélices indéformables. \ote(4) de M. Harki';, présentée par M. Appell. Soient (1) x = / cos-£(s)ds, y =■ f siny(s)d.s, z=:Ks (K, constante non nulle), les équations de l'hélice mobile génératrice; p, q, r les composantes de la rotation; «, v, w celles de la translation du trièdre de référence auquel elle (') Sous certaines conditions, remplies toujours pour un polynôme. ( Fekete et Pôlya, R. d. C. M. di Palermo, t. XXXIV, p. 89-120.) (2) Capelli, Analisi algebrica, Napoli 1909, p. 58o-586 . — Ruxge, Praxis der Gleicliungen. Leipzig 1900, p. io5-io8. (3) Nielsen, Gammafunktion, Leipzig 1906, p. 23g-24i. (4) Présentée dans la séance du_25 mars 1 9 1 3. IOOO ACADÉMIE DES SCIENCES. est liée, et IL = u -+- qKs — /' / siny(s)ds, M — r — pKs + r I cosy(s) ds, * o J 0 (2) I N = » • -t- / (/jsiny — qcosyjds. La méthode rappelée dans la Note insérée dans les Comptes rendus (i3 mai 1912) nous conduit aux résultats suivants que je me borne à énoncer. La condition nécessaire et suffisante pour que l'hélice génératrice indé- formable constitue une famille de lignes de courbure de la surface qu'elle engendre est que la relation (3) [N — K(Lcosy + M siny)] X j y/(KN -+- Lcosy + M siny ) — (K!+ 1) [r — K(/>cos/ + q sinyj]' 4- (K2-+- l)'{p sin^ — q cosy ) (M cosy — L sinyj =o soit identiquement vérifiée. On est conduit à séparer d'abord le cas où le plan de base de l'hélice mobile conserve une direction fixe. Alors p et q sont nuls. Nous nous limiterons désormais dans cette Note à l'examen de ce cas. Sur/aces engendrées par une hélice indéformable de même direction d'axe et qui reste constamment une ligne de courbure de la surface qu'elle engendre. — I. En éloignant le cas des surfaces d'égale pente dont la génératrice recti- ligne est une solution du problème qui nous occupe, l'équation (3) se réduit alors à la suivante : (4) L cosy + M siny+ Kir — (K2-)- i)— = o. A. En éliminant w et M entre l'équation (4) et celles qu'on en déduit par deux dérivations par rapport à s, on trouve une relation équivalente aux deux équations à une seule variable : (5) iv = — tt r (rtconst.); (6) (K»+i)X = K»n-aX. La relation (6) définit la génératrice; l'équation (4) et celles qu'on en déduit, comme il a été dit ci-dessus, donnent u et r, et l'on trouve le résultat suivant : SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. IOOI Théorème. — Les seules surfaces admettant une famille de lignes de courbure formée par des hélices indéformables de même direction d'axe sont des hélicoïdes (admettant comme cas particulier, évident a priori, des sphères). II. Passons maintenant à l'intégration de l'équation (6) : i° Si a — o, on trouve une surface de révolution qui ne peut être qu'une sphère, ce que montre une vérification directe. L'équation (6) s'intègre alors immédiatement une première fois et donne (7) P= — iW-'*/ (K*+i)2 (p rayon de courbure de la projection de l'hélice sur son plan de base, s0 constante). Cette équation intrinsèque est celle d'une épicycloïde. On voit sans peine qu'elle conduit pour l'hélice à des équations intrinsèques caractéristiques des hélices sphériques [cf. notre Mémoire : Contribution à la théorie des hélices ( Revue du Génie militaire, i'' semestre 1910)]. Nous retrouvons ainsi en passant le résultat suivant : La projection d' une hélice sphérique sur son plan de base est une épicycloïde. 20 Supposons maintenant a ^ o. Posons alors K2 (8) x=9--s, l'équation en 0 transformée de l'équation (6) s'intègre immédiatement une première fois et donne (9) (K2+0 — ! H - ni I -1 0sh =0 ( a = — , b const. arbit. ). 9'— a 2 (9'— a)2J 22 V « / De cette équation on tire cl9 aeR d'où, par des transformations dont nous ne donnerons pas le détail et en 1002 ACADEMIE DES SCIENCES. remplaçant b par une autre constante arbitraire m (4), non nulle, am r'1- K I , a . x=~ — - / cosx cos — TX "Z — kï sin Z = oc, — ttt sin i i — ^?sin%1 (M) «7w /"* . r Kv 1 , a . y/ sin^cos - i rfX+Kî(C0SZ- / 77- I /» sin — — r a T K wsin- _ L (K«+i)« z — z Les intégrales qui figurent dans ces formules sont exprimables sans diffi- culté par les fonctions trigonométriques; nous ne nous y arrêterons pas et nous nous bornerons à tirer des formules (i i) le résultat suivant : La projection de la génératrice sur son plan de base est une courbe parallèle à une épicycloïde ; cette projection est algébrique, lorsque j est com- mensurable. Cette proposition se déduit immédiatement de la considération de l'équation intrinsèque de la courbe dont les coordonnées sont les fonc- tions a?, ety, définies par les équations (i i). L'étude complète du mouvement hélicoïdal correspondant se ferait sans difficulté par la méthode développée dans le Mémoire précité en partant des relations K2+. 1 u = r\a -h ' , L X(°) J v = o, ar TT (') m* = K- La supposition m =o donnerait une hélice circulaire asso- K2 a ciée à un mouvement qui ne ferait que la déplacer sur elle-même. SÉANCE DU 3l MARS IÇ)l3. IOo3 hydrodynamique EXPÉRIMENTALE. — Sur la zone de formation des tourbillons alternés derrière un obstacle. Note de M. Henri Renaud, présentée par M. P. Appell. J'ai montré pour la première fois, en 1908, qu'il se forme deux files parallèles de centres de giration équidistanls et alternés à la surface d'un liquide fendu par un obstacle prismatique vertical dont la vitesse est uniforme et parallèle à son plan de symétrie. Dans deux Notes présentées à l'Académie (') j'ai décrit la méthode optique et cinématographique employée et indiqué les lois expérimentales de celte périodicité. Depuis lors, plusieurs physiciens ont retrouvé le phénomène dans les liquides ou dans l'air, avec des formes de l'obstacle d'ailleurs moins particulières; la stabilité de ce système de tourbillons en échiquier a été aussi l'objet de recherches théoriques. J'ai poursuivi, de mon côté, à l'aide d'un microscope micrométrique à platine ad hoc, le dépouillement de mes films de Lyon (1908-1910). Le dispositif optique a subi un perfectionnement, grâce auquel chacune des cuvettes concaves de la surface libre donne par réfraction une petite image d'un segment de cercle lumineux, situé à l'infini dans la direction verticale, et limité par une corde perpendiculaire à la direction de translation de l'obstacle. Cette corde fournit ainsi des repères reclilignes parfaitement nets, qui, pointés à 5^- près sur le film, indiquent à o™"',02 près, en vraie grandeur, remplacement de chacun des tourbillons, à l'époque, exactement connue, où chaque image a été impressionnée. De plus, les déformations de ces petits segments de cercle renseignent sur la forme des dépressions qui les ont fournis. La méthode ne donne pas les filets liquides, mais seulement le relief de la surface libre. J'en décrirai les traits généraux, les aspects variant natu- rellement beaucoup suivant la vitesse et la forme de l'obstacle, et la visco- sité du liquide. On peut suivre cette description sur les deux films reproduits (en négatif), qui ne diffèrent que par le sens de la lumière, venue de l'avant pour le n° 261 et de l'arrière pour le n° 259. Le liquide est de l'eau sucrée (c- 20s, 3 pour 100e'"3), à + 179,2. L'obstacle (n°22), long de icm,96, large de o':m,20, immergé sur une hauteur de 6cni, est limité à la proue par un dièdre de 220, et à la poupe par un plan vertical; sa vitesse est 17e"', 43 par seconde pour le film 261, et 17e"1, 16 par seconde pour le film 259. Près de l'obstacle, la surface libre, déprimée, forme une sorte d'arène à fond presque plat; la partie antérieure, symétrique et indéformable, est limitée par le (') 9 et 23 novembre 1908. Sur la figure, une erreur dans le dessin a inversé le sens de rotation des tourbillons de la file de gauche. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 13.) I 28 ftWfc v«v«v m vi <^?f l^SW * o , Q ! wSjfc •«W-fti « V • :'V>, ^N AVèV * m f.O p ivjv 4>j O p f-/5» A 1- o . Wiy! >) et q sont toujours très petites, à peine des fractions de micron. hB" + P" + ç'= F M » h ( m '+0"-): ~ M — g, w + gO+p' '+r (M -+- p)p"+ k1p' + kp = o, (l + n)6" + gQ+p" = o. L'équation caractéristique de ce système d'équations différentielles M ( h + n ) r- _ ( M + f*) r- -+- /. , r -+■ k (ï + n)r* + g~ F» admet toujours deux racines imaginaires, — p ± dit, voisines de ± *i/| » et l'on a, en négligeant les termes en n2, -p, etT> [g ( n 1 Mg) Les deux autres racines peuvent être réelles ou imaginaires, mais dans tous les cas leurs parties réel/es sont toujours des nombres négatifs très grands. lien résulte que, dans l'expression de 0 en fonction de t, les compo- santes correspondantes sont rapidement amorties, 0 se réduisant sensi- blement, au bout d'un temps très court, à la seule composante Q = ae~P' cos(mI -h x). La durée d'oscillation devient donc égale à w y g \ 2 A k 1 A2 / (') Sans doute que dans la réalité le glissement se fait d'une manière un peu moins simple et probablement discontinue; toutefois un examen plus approfondi montre que cette circonstance ne modifie en rien la nature des conclusions relatives à la correction d'entraînement du support. Les inconnues sont en nombre supérieur d'une unité à celui des équations, mais les lois habituelles du frottement de glisserr. ent sont d'une application douteuse dans ce glissement microscopique, sous la dépendance des phénomènes intimes d'élasticité qui se passent au contact du pendule avec son support; aussi sa détermination expéri- mentale, même approximative, constitue-t-elle la méthode la plus sûre pour éliminer la variable q qui figure en quelque sorte en trop dans les équations. IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES. La quantité — it l/- -=- représente la correction de glissement; la A ' MWi , ,, , ,. h • quantité —^\/~ j. — ?r la correction a entraînement du support, celle-ci dépendant seulement de X-, indépendante aussi bien de [/. que de &,, au moins autant que A\ reste relativement faible vis-à-vis de k et que la masse M du pendule reste petite vis-à-vis de [/.. La phase possible des deux mouve- ments oscillatoires (pendule et support) reste indifférente. Seule l'amplitude aefC est affectée par le frottement moléculaire et diminue lentement; elle reste indépendante de la niasse d'inertie du support; un tel amortissement, toujours très faible, fournirait en outre, s'il pouvait être évalué isolément, la valeur du rapport -j • PHYSIQUE. — Polarisation rotatoire magnétique de l'azote et de l'oxygène liquéfiés. Note de M. J. Chaudier, présentée par M. E. Bouty. La polarisation rotatoire magnétique des gaz liquéfiés a été seulement étudiée dans le cas des gaz facilement liquéfiables [anhydre sulfureux ('), protoxyde d'azote et chlorure de méthyle (2)]; je me suis proposé, dans ces recherclies, d'étendre l'étude de ce phénomène aux gaz difficilement liquéfiables et de mesurer le pouvoir rotatoire magnétique et la dispersion rotatoire de l'azote et de l'oxygène liquides, que l'industrie prépare actuel- lement très purs. Dispositif. — J'ai employé le dispositif classique de Verdel et Becquerel, légère- ment modifié : un nicol polarise ur est placé à une extrémité du canal cylindrique creusé axialement dans un électro-aimant de RuhmKorfT; à l'autre extrémité, comme analyseur, se trouve un polariseur à pénombre de Cornu, dont les rotations se lisent sur un cercle divisé; une loupe permet d'observer nettement les demi-disques. Cette permutation du polariseur et de l'analyseur du polarimèlre Cornu-Duboscq, a pour but de rendre la netteté de la ligne de séparation des demi-disques, indépen- dante des cbangeinents de mise au point, dus à l'interposition des vases cylindriques de Dewar non argentés, entre les deux pôles de l'électro-aimant. En renversant, dans chaque expérience, \>\ sens du courant qui traverse l'électro- (') Bichat, Journal de Physique, t. IX, 1880, p. 270. (2) SiKRisiîMA, Communications front (he Physical Lahoralory of Leiden, n°s57, 80 et 90. SÉANCE DU 3l MARS 19F 3. I 009 aimant, on mesure le double de la rotation imprimée au plan de polarisation de la lumière. Le vernier donne la minute, et l'erreur d'observation est inférieure à 3 mi- nutes pour chaque lecture : les résultais sont donc exacts à 3 minutes près. Les champs magnétiques utilisés sont compris entre i5oo et 3ooo gauss. Avec ce dispositif optique, il est nécessaire d'employer des sources de lumière monochromatique. Je me suis servi de la lampe Cooper- Hewitt à vapeur de mercure et d'écrans solides ou liquides appropriés, pour obtenir et isoler les radiations jaunes, vertes, violettes, de longueur d'onde bien définies. J'ai obtenu des radiations rouges et orangées sensiblement monochi omatiques et de longueurs d'onde suffisamment exactes, eu opérant avec la lumière émise par un tube à néon en activité, tamisée successivement par un verre rouge et une dissolution saturée de bichromate de potasse; de même, les radiations bleues, m'ont été fournies par un tube à hélium, dont les radiations j aunes étaient absorbées par une dissolution ammoniacale saturée de sulfate de cuivre. Résultais. — Après chaque détermination, il faut retrancher des rotations observées, celles qui sont dues au verre du vase cylindrique; ces corrections ne sont pas négligeables et varient de 18 à /jt minutes, selon le vase et la radiation employés. Les résultats indiqués sont tous corrigés de celte rotation parasite : 1" J'ai d'abord vérifié, en lumière jaune du sodium, que la rotation magnétique du plan de polarisation était proportionnelle à l'intensité du champ et à l'épaisseur traversée, lorsque les liquides actifs étaient l'oxygène ou l'azote liquéfiés. Les vases cylindriques de Dewar employés dans celte vérification avaient r1", 8, n"", G, V n\ 1 et 5C,U de diamètre intérieur. •x° J'ai mesuré, par rapport à la raie D et à 180, le pouvoir rotatoire magnétique de l'azote et de l'oxygène liquéfiés; ces substances agissent sur la lumière polarisée, dans un champ magnétique, dans le même sens que l'eau ; elles sont donc douées d'un pouvoir rotatoire magnétique positif. Les pouvoirs rotaloires p", de l'azote et pj| de l'oxygène ont'respeclive- ment pour valeur, à 180 : ,u p", = 0,0041 j = 0,41a x io_-, p{[ = 0,00782 = 0,782 x io_!. Le pouvoir rotatoire magnétique de l'oxygène est sensiblement double de celui de l'azote ('). (') L'azote liquide est paramagnétique, comme l'oxygène, quoique à un degré moindre. Celte propriété se manifeste très nettement dans un champ magnétique non uniforme, dans lequel l'azote est attiré aux points où l'intensité du champ esl maxima; dans le vase cylindrique, la surface du liquide prend alors la forme extérieure d'une lyre plus ou moins allongée, selon l'éloignement du liquide et l'intensité du champ. 578. 546. 501 . 436. i,o38 ','64 1 ,34o 1,825 i,o43 1,172 1,355 1,860 1 ,062 1 , io3 1,118 •>3'9 1, 170 1,221 » 2,190 IOIO ACADEMIE DES SCIENCES. A la même température et pour la raie D, le pouvoir rotatoire magné- tique du sulfure de carbone p"S2 a pour valeur : Pcsi = °>o42 = 4,2 x IO~2. 3° J'ai étudié la dispersion rotatoire magnétique de ces deux gaz liqué- fiés ; les résultats obtenus avec des radiations de diverses longueurs d'onde sont inscrits dans le Tableau suivant : /. en |iu.. G'2G. 610. 589. (moyen ) t moyen 1 ^" o,885 0,932 1 Azote — 0,871 0,935 1 Pd Oxygène — 0,897 0,948 1 Pd Sulfure de carbone .. — o,863 » i P" Chlorure de mélhyle, lin. (Siei'lsi'iua). . . — 0,90 » i » 1,17 » I ,90 pu De l'examen de ce Tableau, où j'ai ajouté la dispersion rotatoire magné- tique du sulfure de carbone et celle du cblorure de métbyle liquéfié (Sier- tsema), il résulte les conséquences suivantes : a. L'azote obéit à la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde, et ne s'en écarte que pour les radiations de courte longueur d'onde; sa disper- sion rotatoire magnétique est voisine de celle du cblorure de méthyle ; elle est moins grande que celle du sulfure de carbone qui, d'ailleurs, ne suit pas la loi de Biot. h. L'oxygène possède une faible dispersion rotatoire magnétique et n'obéit pas à la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde, mais l'écart est en sens inverse de celui que présente le sulfure de carbone. Remarque. — L'étude de la dispersion rotatoire des gaz conduit à des résultats analogues aux précédents pour l'azote et l'oxygène, à l'état gazeux ('). (') Becqueiirl, Journal de Physique, t. IX, 1880, p. 265. SÉANCE DU 3l MARS I9l3. IOII ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur les images multiples que présentent les rayons de Rôntgen après avoir traversé des cristaux. Note de M. M. du Buogi.ie, présentée par M. E. Bouty. MM. Friedrich et Kninping et M. Laue(') ont découvert des apparences de diffraction dans le passage des rayons X à travers les cristaux; j'ai obtenu, en employant sensiblement le même dispositif, les résultats sui- vants : i° Les diagrammes relatifs à des cristaux différents (blende, fluorine, sel gemme, magnétite) appartenant au même système sont les mêmes quant à la position des images secondaires (résultat également observé, je crois, par M. Laue et ses collaborateurs depuis leur premier travail). Cependant l'intensité relative des images n'est pas la même en passant d'un cristal à un autre; c'est ainsi que certaines images, très intenses avec le sel gemme, sont faibles avec la fluorine et inversement; à ce point de vue, la fluorine se rapprocbe plus de la blende que du sel gemme. 2° Le diagramme obtenu avec un cristal de sel gemme, plongé dans l'azote liquide, est le même que celui qui correspond à la température ordi- naire; les images sont aussi nettes, mais ne le sont pas davantage, et il ne semble pas en apparaître de nouvelles. Ce résultat est intéressant au point de vue de l'explication du phénomène par une sorte de diffraction pro- venant du système réticulaire cristallin; il montre que les paramètres de ce réseau, qui ne sont définis qu'en moyenne à cause de l'agitation thermique, ne semblent pas éprouver de variations notables ni acquérir une signifi- cation plus précise, quand la température passe de 3oo° à 1900 absolus. 3° Un cristal de sel gemme, traversé par les rayons de Rôntgen perpen- diculairement aux faces du cube, a été soumis à un champ magnétique transversal (parallèle à une arête du cube) de l'ordre de 10000 unités; le diagramme n'offre aucune différence avec celui que l'on obtient sans l'in- tervention du champ magnétique. 4° Une lame de magnétite, dont les faces sont parallèles à celles de l'octaèdre, a été disposée de façon à être traversée normalement par les rayons ; on pouvait exciter un champ magnétique contenu dans le plan de la lame et parallèle à un côté du triangle qui limite la face de l'octaèdre. (') Laue, Friedrich el Knipping, fier, der Kôn. Bayerischen Akademie, juin et juillet 1912. C. R., igi3, i« Semestre. (T. 156, N» 13.) 1^9 IOI2 ACADEMIE DES SCIENCES. Le diagramme obtenu n'a pas éprouvé de modification, lors de l'excitation du champ magnétique ; il est juste d'observer que, conformément aux travaux de M. P. Weiss ('), la magnétite se comporte au point de vue magnétique comme isotrope pour les directions contenues dans une face d'octaèdre. Cette expérience et la précédente relative au sel gemme montrent cepen- dant qu'aussi bien dans un cristal magnétique que dans un cristal ordinaire, la symétrie particulière du champ magnétique ne réagit pas pour modifier la symétrie ternaire ou quaternaire des diagrammes obtenus. La figure enregistrée dans le cas de la magnétite traversée par le faisceau incident suivant une normale aux faces de l'octaèdre (axe ternaire du réseau cubique) se rapproche de celle donnée par M. Laue et ses collaborateurs pour la blende semblablement orientée (-). On y remarque d'une façon tout à fait frappante et beaucoup plus marquée que sur la figure 8 du Mémoire cité, la disposition des taches en courbes ovoïdes passant par le centre de figure. M. Wulff (') a fait remar- quer que la théorie permettait de s'attendre à trouver des ellipses ainsi disposées; l'aspect des clichés est certainement favorable à ce point de vue. La comparaison des diagrammes de la magnétite et de la blende montre encore que la nature du cristal se fait sentir sur les intensités relatives des images. Enfin le fait de la persistance des images quand le cristal et la région que traversent les rayons secondaires sont plongés dans un champ magnétique déjà assez intense, indique bien que les rayons secondaires qui produisent les images sont du type y ou Rôntgen, ainsi du reste que l'indique leur pénétration. PHOTOCHIMIE. — Energie absorbée dans les réactions pholochinùques. Note (*) de MM. Victor Henri et René Wurmser. Pour comparer entre elles les diverses réactions photochimiques et établir leur mécanisme énergétique, il est important de déterminer, sur un grand nom lue d'exemples, la quantité d'énergie de rayonnement que doit (') Journal de Physique, 1896, p. 345. (2) Laue. Friedrich et Knh'PJNg, loc. cit., Tableau III, Jig. 7 et 8. (3) Wulff, Physik. Zeitschrift, i"> mars 1 9 1 3, p. 217. (4) Présentée, dans la séance du 25 mars 1 g 1 3. SÉANCE DU 3l MARS IO,l3. IOl3 absorber une molécule pour que la réaction ail lieu. En s'appuvanl sur la théorie des quanta, Einstein a énoncé la loi générale de l'équivalent photo- chimique : la quantité d'énergie qui doit être absorbée par molécule pour qu'il y ait réaction chimique est égale à un quantum d'énergie, c'est-à-dire à la valeur Av, où h est la constante de Planck, soit 6,5.io~27, et v la fré- quence de la radiation incidente. Le raisonnement d'Einstein suppose que les molécules réagissent indépendamment les unes des autres, c'est-à-dire que la réaction est monomoléculaire. Nous présentons les résultats d'expériences faites sur la décomposition photochimique de l'eau oxygénée et l'hydrolyse de l'acétone, ainsi que des calculs relatifs au minimum d'énergie capable de provoquer une sensation lumineuse. Nous avons employé comme source de rayons ultraviolets une étincelle condensée de cadmium. Au moyen d'une pile de Rubens et d'une lampe Hefner, nous avons mesuré en valeur absolue l'énergie émise. Les valeurs obtenues de l'énergie reçue par une surface de tcml, à im de distance de l'étincelle, sont les suivantes : Raies du cadmium. 2 1 44 2ig5 groupe 2266 groupe 23oo 2469 2072 27^8 2880-2980 3aoo-36oo Energie en ergs:sec. 0,069 0>°9' 0,107 0,210 0,007 0,022 o,o3o 0,021 0,087 i° La concentration initiale de l'eau oxygénée était 0,037 normale, la distance à l'étincelle 4cm> l'épaisseur de la couche liquide ocm, 2 et la surface exposée 5CIU\ On dosait après 5 minutes d'exposition avec une solution de permanganate. L'absorption de H202 a été mesurée quantitativement pour toutes les régions du spectre. Le Tableau suivant donne les valeurs de l'énergie absorbée : Proportion pour 100 Energie incidente Énergie absorbée •Raies. d'énergie absorbée. en ergs : sec. en ergs : sec. 2980-2880 2,5 65,0 1,6 2748 8 ,,',.:, 7,6 2572 24 68,0 i6,3 2^69 4i 21,7 8,9 • 2300-2288 74 65i,o 476,7 2265 80 33i,7 265,3 2ig5...- 87 282,0 245,3 2i44 92 213,9 196,8 En 1 seconde, 1218, 5 ergs sont absorbés et i,9.iols molécules sont détruites. Par molécule transformée l'énergie est E = 6,4.io-'\ En prenant comme valeur moyenne de v, i,3.io13, on devrait trouver d'après la loi IOl4 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'Einstein pour E la valeur, environ 100 fois plus grande, S,5.io-12. 2° La solution d'acétone était normale, l'épaisseur ocm,4i la surface exposée 2t'"'",52 et la distance à l'étincelle 3cm. Après i 5 minutes d'exposition, on dosait par iodomélrie. Le Tableau suivant donne les valeurs de l'énergie absorbée : Proportion pour 100 Energie incidente Energie absorbée, lîaies. d'énergie absorbée. en ergs : sec. en ergs : sec. 2980-2880 86 58,8 5o,5 2748 100 85,4 85,4 2.572 100 61,6 61,6 m*':» 100 19,6 19,6 23oo-29.88 9.5 588, o 558,6 226.5 86 299,0 257,1 219.5 63 254,o 160,0 21 14 38 19.3,0 73,3 En 1 seconde, 1266 ergs sont absorbés et 2,3. 10" molécules sont détruits. On trouve E = 5,5.io-13. En prenant v= i,i5.io15, on devrait trouver, d'après la loi d'Einstein, une valeur environ 1000 fois supérieure 7,53.io-12. 3° L'énergie tombant sur la pupille, suffisante pour produire une impression lumi- neuse, est, d'après Grijns et Noyers, 4!4-'0~" ergs. 8 à 10 pour 100 seulement de cette énergie appartiennent au spectre visible, soit E= 3,96. io-'2. L'œil est plus particulièrement sensible au vert jaune. En prenant v = 5,76.10", on a E = 6,8. io~27 x 5,76. iou. Le coefficient 6,8. 10-27 est très sensiblement égal à /;. Mais, dans les expériences, l'image formée est d'environ -poïï de millimètre carré. Si la loi de l'équivalent était applicable, il suffirait, pour avoir une impression lumineuse, qu'une molécule soit décomposée dans -^ de millimètre carré de rétine. Ce qui est inadmissible. Dans les trois cas que nous avons examinés, l'énergie nécessaire à la destruction d'une molécule est inférieure au quantum d'énergie d'Einstein (' ). (') M. Marcel Boll, qui se pose un problème analogue à propos de l'hydrolyse photochimique des acides chloroplatiniques, nous dit obtenir des résultats compa- rables. SÉANCE DU 3l MARS I<}l3. IOl5 La Lumière semble n'y intervenir que comme catalyseur, pour mettre les molécules dans un état tel qu'elles puissent ensuite réagir d'elles-mêmes. Mais ces trois réactions sont exothermiques, elles se font avec beaucoup de facilité. Il est très possible que, pour des réactions où interviennent des molécules plus stables, ou des réactions endothermiques, une quantité d'énergie plus grande soit nécessaire et que l'on retrouve la loi d'Einstein. La mesure de l'énergie nécessaire à la décomposition d'une molécule d'un corps pourrait peut-être servir à déterminer le degré de stabilité de ce corps. CHIMIE PHYSIQUE. — La tension d 'expansibilité des fluides normaux . Note de M. L. Gay, présentée par M. A. Haller. Dans une Note précédente (') j'ai établi théoriquement et vérifié, dans le cas de C6H% la relation ,¥, . RT b E-C-hPV— RT (D los*=loSv=6 + v=i; ht (tî, tension d'expansibilité; V. volume moléculaire; P, pression; £, chaleur moléculaire d'idéalisation). J'avais adopté H = i, 11 = 6,2170 (unités: le millimètre de Hg et le centimètre cube) ; je crois H = 1 ,008, R. = 6, 2880 préférables; alors pour G6 H6, entre o° et 6o°, b = (>gcn'3,5 ±0,1. J'ai calculé la pression interne K. des vapeurs saturantes (qu'il faut déduire de la pres- sion externe du gaz pour obtenir sa tension d'expansibilité) à l'aide de la relation empirique que j'ai tirée des relations de Leduc (-), PV = cpRT, (P, pression externe en centimètre de Hg; ir, pression critique en atmo- sphère; 0, température critique absolue). (') Comptes rendus, 16 octobre 1911. (2) Ann. de Chim. et de Phys., 8e série, t. XIX, 1910, p. 469. TOl6 ACADÉMIE DES SCIENCES. J'ai effectué quelques nouvelles vérifications. Les tensions de vapeur adoptées ainsi que les constantes critiques sont de Young ( '). Monochlorobenzène. — Densités de Biron (-) extrapolées de 8o° à 1200. La chaleur moléculaire d'idéalisation est donnée par la relation E^=r 323870000 — 44°55o£ (concordance entre les valeurs des tensions d'expansibilité déduites de cette relation et celles calculées à l'aide des tensions de vapeur : t-^ de 6o° à 1800, j~ à 4o0)- P ( tensions t. de vapeur). IT. V. 0. K. o moi cm atm o 2,56 2,67 99>7°" 83,43 1371 20 8,83 8,8/4 101,70 83,54 i323,5 4o 25,68 25,65 io3,73 83,58 1274,5 60 64,78 64, 4o io5,86 83,54-5 i223,5 80 144,88 142, 88 108,11 83, 39 1170 100 292,76 285, 4i iio,53 83,n.5 1116 120 543,3i 52j,77 1 1 3 , 1 1 82,67 lo^9 Entre o° et 8o° : 6 = 83cm',5 ±0,1. Isopentane. — Volumes moléculaires déduits de D° =o,63g3o [Young (foc. cit.) et Biron (3)] et de la relation d'Hoffmann et Rothe (4) V,= V0[i + io~6 1( 1006,97 -1- 3, 4535 1 -+- 0,009 75 <2-f- 0,00001 £)], EJ^= 196770000 — 328 000 t (concordance, pour les tensions d'expansibilité : -^ de — 200 à -+- 4o°; y^ a — 3o°) : t — 3o° — 20° o° 20° 4o° b 83,32 83,32 83,25 83, 06 82,72 K 806 79o,5 757 721 682,5 Jusqu'au voisinage de 200, DJ, b = 83cml,2 ±0,1. Diisopropyle. — Volumes moléculaires déduits de DJ = 0,67948 [Young (loc. cit..)] (') J. chem. Soc, t. LV, 1889, p. 486. (2) J. Soc.phys. cliim. r., t. XLI'I, n° 2, 1910, p. 1 35. (3) J. Soc.phys. chim. r., t. XL1I, 1900, p. 1 47- (4) Z. f. lnstrumentenkun.de, t. XXVII, 1907, p. 265. Jusqu'à 200 cette relation concorde très bien avec celle de Thorpe et Jones (J. chem. Soc, t. LXIII, i8g3, p. 273); à 4o°, la concordance reste encore ocm,i. SÉANCE DU 3l MARS I 9 1 3 . 1017 et de la formule de Zander (') V, = V„(i -t- o,o2 13 i^t 4- o,o5 i5aofs+ o,o7255gi l3), E £ — 227730000 — 38 1 100 1 (concordance pour les tensions d'expansibilité : j— de o° à 8o°; yi^ à — io°) : t — io° o° io° 3o° 5o° 700 b 97>995 98>°' 98>°l5 97, 73^ 97>a85 96>73 K 795 778 762 724 684 642,5 Jusqu'au voisinage de 3o°, b = 97e"'1, 9 ±0,1. Cycloliexane. — J'ai établi la relation empirique _.. c 0.000S91 t D'( = o, 797 ob •—- 1 * '/y/ 1 — 0, 000891 £ qui, entre io° et 65°, concorde au ^0^ avec mes résultats expérimentaux : E.Ç = 255620000 — 366ooo£ (concordance pour les tensions d'expansibilité : y4^ de io° à 1000) : t io° 20° 4o° 6o° 8o° 1000 b 83,46 80,47 83>35 83, i85 82,935 82,42 K 996>5 979 >5 939 898 854,5 8<>7 Jusqu'au voisinage de 60°, b = 83e™3, 35 ± o, 1 . Nous croyons donc la relation (I) nettement vérifiée expérimentalement quelles que soient les réserves qui peuvent être faites sur son établissement théorique. Pour tous les corps étudiés, le coefficient de compressibilité est toujours V b inférieur à y— — ^-; d'où ce résultat, qui semble paradoxal : la pression interne diminue avec le volume, la température restant constante. CHIMIE PHYSIQUE. — Combinaisons du chlorure de cèrium avec le gaz ammoniac. Note de M. lïvititi , présentée par M. Le Chatelier. Les chlorures et bromures anhydres de cérium et de lanthane donnent avec une grande facilité des combinaisons d'addition avec le gaz ammoniac. (') Lieb. Ann., t. CCXIV, 1882, p. 1 38. Celle formule concorde, jusqu'à 4o", au y~f avec les données de Young. ioi8 ACADEMIE DES SCIENCES. Je me propose dans la présente Note d'indiquer les résultats obtenus avec le chlorure de cérium. Le chlorure était préparé par action du chlorure de soufre sur l'oxy de CeO2. On a toujours employé le chlorure fondu bien cristallisé, et les combi- naisons ammoniées ont été préparées en faisant arriver le gaz ammoniac bien desséché sur le chlorure placé dans un tube réservoir et maintenu à — 8o° environ dans un mélange de neige carbonique et d'acétone. La réaction de l'ammoniac sur le chlorure de cérium s'effectue avec un assez grand dégagement de chaleur et une augmentation considérable du volume de la masse. Lorsqu'il y avait un excès d'ammoniac liquide, on soudait rapidement, en évitant l'humidilé,.le tube réservoir à un appareil composé uniquement d'un manomètre à air libre et d'un robinet à boisseau incliné et à tube capillaire de Geissler. Ce robinet ne permet qu'un contact négligeable de l'ammoniac et de la graisse et peut soutenir une pression de plusieurs atmosphères. L'étude des combinaisons ammoniées a été faite par la détermination des courbes de tensions de dissociation. Ce n'est qu'après avoir établi ainsi les conditions d'existence des différents composés que l'on a déterminé leur composition. i ° Tensions de dissociation Composes... A. B. Température. Pression. Température. Pression. Température. Pression. 0 -69 mm 66 0 -3o mm 328 0 0 ni m 262 -40 558 — 18 635 9.5 497 -35 678 — 15 710 •9 800 -26 960 — 1 1 882 27 1080 -■6,5 1524 0 1572 3o i3o5 0 3i/,8 Composés. D. E. Température. Pression. Tcmpëratu re. Pression. 0 5o m m 224 0 9° mm 4i4 60 49° 100 82S 65 652 io5 1 2 1 1 70,5 9'9 75 1288 2° Formule des composés. — Cette formule a été déterminée en mettant SÉANCE DU 3l MARS IQl3. IOI9 du chlorure de cérium bien pur, pesé, en présence d'un excès de gaz ammo- niac liquide, puis scellant le tube en le laissant revenir à la température ordinaire pour que la combinaison soit bien complète, refroidissant à nou- veau, ouvrant le tube et enfin le maintenant sous la pression atmosphé- rique dans les limites d'existence du composé dont on voulait obtenir la formule. L'augmentation de poids du tube indiquait l'ammoniac fixé. Composé A. — Par suite du peu de différence entre la tension de dissociation de ce composé et la tension de l'ammoniac liquide sous la pression ordinaire, il est assez difficile de maintenir longtemps le corps dans des limites de température convenables pour bien chasser tout l'ammoniac sans faire subir à la combinaison un commence- ment de décomposition. Trois analyses faites de ce composé sont cependant bien concordantes et indiquent la formule : Ce CI3, 20 AzH3. — AzH3 pour 100 de Ce CI3: trouvé 137, 5, i36,7 et 1 38,4 ; calculé '37,97- Composé B : Ce CI3, 12 Az tl3. — AzH3 pour ioodeCeCl3 : trouvé 81,7 et 81, 5; calculé 82,75. Composé C : CeCl3, 8AzH3. — AzH3 pour 100 de CeCl3 : trouvé 55, 02 et 54,72; calculé 55, 17. Composé D : CeCl3, 4 AzIK — AzH3 pour 100 de CeCl3 : trouvé 26,92 et 28,21; calculé 27,58. Composé E : CeCl3, 2 AzH3. — AzH3 pour 100 de CeCl3 : trouvé 1 3, 36 et i4,33; calculé 13,79. Tous ces composés se présentent sous forme de poudres blanches décom- posables par l'eau. CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage du calcium à l'état de tungstate. Note de M. A. Saixt-Sernix, présentée par M. Ch. Mouieu. Ce nouveau procédé de dosage du calcium, qu'après contrôle sur des solutions de titre connu j'ai appliqué, comparativement avec les procédés pondéraux classiques, à l'analyse de ciments et de chaux hydrauliques, est basé sur la précipitation dune solution d'un sel de calcium par une solu- tion de tungstate de sodium. Quand on traite une solution ammoniacale de chlorure de calcium portée à l'ébul- lition par un excès de solution aqueuse de tungstate neutre de sodium à 20 pour 100, il se forme un précipité cristallin octaédrique de Tu O'Ca, d'une densité de 6,02 à 6,08, qui gagne rapidement le fond du vase. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 13.) l3o 1020 ACADEMIE DES SCIENCES. Ce précipité, 1res lourd, insoluble dans l'eau, se prête sans délai à la filtration et aux lavages répétés par décantation. Recueilli sur filtres tarés, lavé à l'eau chaude, puis porté à l'éluve à ioo° jusqu'à poids constant, il fournit un sel dont le poids, multiplié par o,io,44> donne celui de la chaux GaO, ou qui, multiplié par 0,i3g3, indique celui du calcium Ca contenu dans la prise d'essai. Les chiffres obtenus par la calcination ménagée au rouge sombre du filtre, d'une part, et du précipité, d'autre part, sont toujours trop faibles. Les tungstates alcalins et de magnésium étant seuls solubles, lorsque, au cours d'une analyse systématique, on se sera débarrassé du fer et de l'alumine par l'ammoniaque, de la chaux par le tungstate de soude, le magnésium pourra être précipité dans les liquides filtrés et de lavage à l'état de phosphate amrnoniaco-magnésien. Ce procédé simple, rapide et très précis, qui ne réclame pas de source calorifique puissante, applicable au dosage de faibles quantités, per- mettant en outre la séparation du magnésium d'avec le calcium, me paraît susceptible d'être adopté dans la majorité des cas. CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des alcools primaires par réduction des èthers-sels au moyen de F alcool absolu et du sodammonium. Note de M. E. Chablay, présentée par M. A. Haller. MM. Bouveault et Blanc (') ont indiqué un excellent procédé de prépa- ration des alcools primaires basé sur la réduction des étbers-sels au moyen de l'alcool absolu et du sodium. J'ai montré récemment (2) que le sodammonium réagit sur les étbers- sels des acides monobasiques saturés de la série grasse conformément aux équations suivantes : (a) R.COOR'+Az2H6Na2 = R.COAzHNa 4- R'ONa -+- AzH3 -+- II'-, (b) R.COOR'-t- Az2HsNa2 + H2 = R.CH2ONa + R'ONa -+- 2AzIl3. L'ensemble des réactions (a) et (b) donnant la réaction finale (1) 2h.C00R'+2Az-lIsNa2 = R.C0AzHNa4- R.CH'ONa -+- 2 R'ONa -t- 3 AzH*. Si l'amide ne se trouve pas à l'état de dérivé sodé, on a la réaction (2) 3R.COOR'+2Az2H6Na2=2R.COAzIl2-f-R.CH2ONa-i-3R'ONa + 2AzH3. (') Bouvkault et Blanc, Rutl. Soc. chim., 3e série, t. XXXI. p. 666. (2) Iî. Ciia.bi.av, Comptes rendus, t. 15-i-, p. 36'j. SÉANCE DU 3l MARS I9l3. 1021 On voit d'après ces relations que le rendement en alcool R.CrPOH ne peut être que la moitié ou au plus le tiers de l'éther-sel employé. Si donc on se propose comme but la préparation des alcools primaires on devra chercher à en augmenter le rendement par l'emploi d'une réaction supplé- mentaire capable de fournir l'hydrogène naissant nécessaire à la réduction de l'amide à l'état d'alcool correspondant R.COAzIIM 2 H*= R. CM2. OII+ AzIP. La réaction de l'alcool et en particulier de l'alcool absolu sur le sodam- monium répond parfaitement à cette nécessité 2 C2H3. OU -t- Az2H6Na2 = 2C!H5.ONa-i-2AzHi>+ H2. Dans ces conditions on évite presque complètement la formation d'amide et l'on obtient les alcools primaires correspondants avec de bons rendements. Mode opératoire. — Dans un ballon de i1 environ on introduit du sodium en (ils, sur lequel on verse de 200cm' à 3oocm' d'AzH3 liquide de façon à obtenir une solution bleue de sodammonium. Ce ballon étant refroidi vers — 8o° on fait couler, au moyen d'un entonnoir à brome, l'étlier-sel à réduire dissous dans l'alcool absolu et dans les proportions indiquées par la réaction R.COOR' + 2C!Il60 + 2Az2H6i\V=R.OH!.ONa + 2C2H5.ONa + R'ONa + 4AztP. On obtient ainsi rapidement la décoloration de la solution bleue de sodammonium. Une fois AzH3 éliminé, il reste dans le ballon un mélange d'alcools sodés qu'on décompose par l'eau. On en retire ensuite l'alcool R.CH2.OH par entraînement à la vapeur et distillation fractionnée comme il est dit dans le procédé Bouveaull et Blanc. Les alcools suivants ont été préparés par le procédé que je viens d'in- diquer : Éthers-sels réduits. Alcools obtenus. Bu ty rate de mélhyle normal. Butanol normal C/HlllO. Isovalérianale de mélhyle. Alcool isoamylique C5H"0. Caproate d'éthyle. Hexanol C6HuO. Heptylate de mélhyle. Heplanol C7H'60. Caprylate » Octanol CsH180. Laurate » Dodécanol C12H260. Myristate » Tétradécanol C^H^O. Palmitate » Hexadécanol C'6H3'0. Ethers-sels diacides bibasiques. — Les deux groupements ( — COOR') sont réduits et l'on obtient des glycols biprimaires. Sébate de mélhyle COOCH3 — (CH2)8 — COOCH3. — Cet éther fournit le déca- nediol-i . io CH2OH — (CH2)8 — Cil2. OH, se présentant en magnifiques cristaux fusibles à 710, 5. I022 ACADÉMIE DES SCIENCES. a-x-Dimét/iyl»lutarate de méthyle COOCH3— C(CH3)2 — CH2 — CH2— COOCH3. — Get éther m'a été fourni obligeamment par M. Blanc ; il donne le glycol correspon- dant au 2 . 2-dimélhylpenlanediol-i .5 CM2 OH - C (CH3)2 — CH2 — GH2 — CH2OH, liquide incolore bouillant à i33° sous i5mm. Ethers-sels dont l'acide contient un radical aromatique : Phénylacétate d'cthyle C6H5 — CH2 — COOC2H5. — ■ Se réduit normalement en fournissant l'alcool pliényléthylique C6H3 — CH2 — CH2.OH, dont l'odeur rappelle celle de l'eau de roses. Cinnamate de méthyle C6H3— CH =CH — COOCH3. — Cet éther fournit non pas l'alcool cinnamique, mais l'alcool pliénylpropyliqùe par suite de l'hydrogénation de la double liaison CCH3— CH2 — CH2 — CH'Oïl. Ce fait a d'ailleurs été observé par MM. Bouveault et Blanc (') lorsqu'ils ont appliqué leur mélhode d'hydrogénation au cinnamate de méthyle; par Fitlig (!) et Riïgheimer (3) dans l'action de l'amalgame de sodium sur l'alcool cinnamique et par moi-même (*) dans l'action du sodammonium sur l'alcool cinnamique. CRISTALLOGRAPHIE. — Sur une nouvelle forme du bichromate de potassium. Noie de M. A. Duffouk, présentée par M. Wallerant. Peu de substances ont été aussi souvent étudiées par les cristallographes que les bichromates alcalins anhydres. Il est cependant manifeste que de profondes lacunes subsistent encore dans notre connaissance de leurs rela- tions morphologiques. C'est ainsi que les cristaux tricliniques bien connus du bichromate dipo- tassique, se distinguent nettement des cristaux toujours monocliniques du sel ammoniacal. Le bichromate de rubidium donne, il est vrai, des cristaux tricliniques et monocliniques, mais si ces derniers diffèrent peu des cristaux du sel ammoniacal, les grandeurs paramétriques des premiers semblent incompatibles avec celles du sel potassique. Sans doute, avec M. Wyrouboff (5), faut-il voir dans ces particularités • (') Bouveault et Blanc, Bull. Soc. chim., t. XXXI, 1904, p. 1209. (2) Fittig, Berichle der deulsch. chem. Gesell., t. VI, p. 214- (3) Rugheimer, lÀebigs An/ialen, t. CLXXH, p. 122. (v) E. Chablay, Comptes rendus, t. 143, 1906, p. 829. (5) G. 'WvitouitoFF, Bull. Soc. Min., t. Mil, 1890, p. 309. SÉANCE DU 3l MARS TÇ)l3. 1023 ta manifestation d'un cas à' isolrirnorphisme . Mais aucune mesure directe et précise n'ayant pu confirmer cette opinion, on ne saurait regarder comme définitivement élucidée la question de l'isomorphisme de ces importantes combinaisons. Aussi, ne serait-ce qu'à ce seul point de vue la réalisation de cristaux monocliniques mesurables du bichromate de potassium offre- t-elle déjà un certain intérêt. Il était en outre permis de penser que l'étude de cette forme, assez instable pour n'avoir pas encore été signalée, permettrait de préciser les conditions de sa transformation en cristaux tricliniques et apporterait ainsi une précieuse contribution à la question de l'équilibre des deux formes du sel de rubidium, question si controversée et discutable encore, semble-t-il, malgré les intéressantes, mais un peu contradictoires obser- vations de MM. Stortenbecker ('), Gossner (2) et Le Bel (3). Cet espoir, comme on le verra, n'a été qu'en partie réalisé. J'ai obtenu de tels cristaux monocliniques en ajoutant, à une solution de chromate neutre dipotassique, un excès notable de sulfate d'aluminium qui le transforme partiellement en bichromate, avec précipitation d'alumine: (SO*)3A12-+-6Ci-01K- + 3II-'0^3Ci'207K2-h3S01K2+ 2 Al (OU)3 La liqueur concentrée à chaud, puis filtrée, laisse déposer par refroi- dissement et à la fois, comme les solutions de sel rubidique, deux sortes de cristaux de bichromate, les cristaux tricliniques habituels et des cristaux monocliniques, beaucoup moins nombreux et plus petits (c?= inim à imm). Ces cristaux monocliniques, dont la teinte légèrement plus jaune se confond presque avec celle des cristaux tricliniques, rappellent, par leur contour à peu près carré ou octogonal, les cristaux du sel ammoniacal. Comme ceux-ci, ils sont aplatis suivant /?(00 1) et présentent en outre les faces cF(lll), ô*(llï), £'(010), o'(101), a'(iûT), plus rarement e'(0 1 i). Ces faces, bien planes et très réfléchissantes, se prêtent à d'excellentes mesures qui ne laissent aucun doute sur l'isomorphisme des trois espèces de cristaux monocliniques : Cr'O'K* a:b'.c= 1,0167 : 1 i 1 ,7716 (3 = gi 55 Cr207Rb2 » =1,0202:1:1,8081 » = 9028,5 Cr2G7Am2 » =31,0271:1:1,7665 »=g3 42 (') Stortenbecker, Trav. cliini. des Pays-Bas, t. XXVII, 1907, p. 2^0. (2) Gossner, Comin. part, citée par Groth, Client. Krys., t. II, p. 584. (') Le Bel, Comptes rendus, t. 153, 191 1, p. 1081. Î024 ACADÉMIE DES SCIENCES. Des macles très fréquentes résultent de l'accolement de deux cristaux suivant les plans a' , o' ou p, le premier étant toujours plan de symétrie de l'ensemble. Les angles de ces plans étant peu différents /jo1 = 5S°43', />«l = 6i°36', o'«':=59°4i', on s'explique aussi que, parfois, trois cristaux s'associent en groupements imparfaits admettant, pour axe quasi ternaire, les axes binaires de chacun d'eux. Les propriétés optiques de ces cristaux offrent la plus complète analogie avec celles du sel ammoniacal : les axes optiques sont en effet dans g' , et la bissectrice aiguë, négative, fait dans l'air, du côté de l'angle obtus ph*, un angle de 55°, 5 avec la normale à p. Bien que, maintenus en flacon au contact des cristaux tricliniques, ces cristaux monocliniques ne paraissent subir aucune altération à froid, ils n'en doivent pas moins être regardés comme une forme instable, en état de faux équilibre. Introduits, en effet, à la tempérai ure de i2°,5, dans une solution saturée par rapport au sel triclinique, ils se dissolvent en moins de 20 heures, alors que des cristaux tri- cliniques témoins placés à côté ne sont nullement modifiés. Il est donc vraisemblable que la formation simultanée des deux espèces de cristaux dans la même solution, n'a pu se faire que grâce à un état de sursaluration favorisé sans doute par la nature complexe du mélange et dû au refroidissement, mais qui n'a pu se maintenir longtemps après la cessation de celui-ci. Effectivement, si la première récolte de cristaux, faite i/| heures après l'abandon à elle-même de la liqueur chaude, a fourni des cristaux monocliniques parfaitement intacts, les suivantes n'ont plus montré celle forme instable. Sous l'action de la chaleur, ces cristaux se fragmentent par à-coups brusques el se comportent ensuite, à tous égards, comme des cristaux tricliniques. Cette transformation d'une forme instable ne se fait naturellement pas à une température définie et je l'ai vue commencer aussi bien à 400 que vers i5o°. Elle paraît toujours terminée à 170°. Il semble impossible, dès lors, qu'on puisse atteindre, sans transfor- mation, le domaine de stabilité de cette forme monoclinique, ce domaine étant, selon toute probabilité, immédiatement voisin du point de fusion. SÉANCE DU 3l MARS igi3. 1025 ÉCONOMIE RURALE. — Cas remarquable d'hérédité en mosaïque chez des hybrides d'Orges (Hordeum distichum nutans Schùb. X H. distichum nuduni L.). Note de M. L. Blakinghem, présentée par M. J. Costantin. Dans un Mémoire, déposé en septembre 191 1 et paru récemment ('), j'ai montré la fréquence d'un mode de transmission héréditaire qui se traduit par la juxtaposition sur l'enfant des caractères se correspondant chez les parents. Découvert et signalé en 1859 à l'Académie par Ch. Naudin, ce mode d'hérédité fut depuis beaucoup moins étudié que l'hérédité alternante, appelée encore hérédité mendèlienne, avec laquelle il a beaucoup de rapports. Je propose de désigner sous le nom d'hérédité naudinienneles cas nombreux où l'hybride présente, côte à côte comme s'il s'agissait d'une mosaïque, des caractères, qui, en d'autres circonstances, se recouvrent pour se dis- joindre dans les générations suivantes, selon les règles de Mendel. Les exemples obtenus ou cités par Naudin (2) (Datura Slramonio-lœvis, Linaria purpureo-vulgaris, Cytisus Adarni, Oranger-Citronnier Bizarria) sont très nets; ceux, que j'ai décrits ont été découverts par une étude minutieuse de caractères d'Orges cultivées (Hordeum distichum nutans (3 X //. d. ereclum a et réciproque- ment, H. d. nutans (3 x H. tetrastichum pallidum 0 et réciproquement); ils portent sur des caractères, tels que la présence ou l'absence d'épines sur les glumelles dorsales des grains, très stables mais ne pouvant être contrôlés que par des observateurs pré- parés à cette étude; s'il s'agit de la mosaïque d'épillels hermaphrodites et d'épillels mâles, des indécisions subsistent à cause de l'avortement fréquent des organes et élé- ments sexuels des hybrides. J'ai découvert en 1908 (3) et étudié depuis avec soin une série d'exemples où la mosaïque est fort apparente et facile à contrôler. Ces exemples sont relatifs à l'hérédité des caractères : Grain mûr enveloppé par les glumelles opposé à grain nu, couple dont j'ai étudié la disjonction dans les hybridations suivantes : Hordeum distichum nutans Schùb. x //. distichum nudum L. Hordeum distichum ereclum Schùb. x H. distichum nudum L. (') L. Bi.aiunghem, Sur l'hérédité en mosaïque (Rapports de laIVme Conf. intern. de génétique, tenue à Paris, 1 8-23 septembre 19x1; Paris, Masson, igi3, p. ioi-i3i et 19 figures). (2) Cn. Naudin, Nouvelles recherches sur l'hybridité des végétaux (Nouvelles Archives du Muséum, t. I, 1 865, p. 1-176 et 5 planches in-4°). (3) L. Blaringiiem, Recherches sur les hybrides d'Orges (Comptes rendus, t. 146, p. 1295, i5 juin rgo8 ). 1026 ACADÉMIE DES SCIENCES. Hordeum cœleste trifurcatum x //. distichum nutans Schûb. Hordeum cœleste trifurcatum x H. Zeocriton L. Hordeum cœleste trifurcatum x //. Steudelii Kôrnicke et leurs récip roques. Ces hybridations ont été en partie déjà réalisées par Rimpau (iSgi), par Biffen (1907) et contrôlées par Tschermak (1910); leurs descendances ont été décrites sans être interprétées (Rimpau), ou rattachées à la disjonction mendélienne (Biffen, Tschermak) en notant cependant des irrégularités. Ces irrégularités dans la disjonction m'ont toujours paru caractéristiques des phénomènes d'hérédité nau- dinienne. Pour en donner une idée, il me suffira d'exposer ici le cas déjà décrit (') à propos des singularités de la disjonction de la présence ou absence d'épines sur les grains, accompagnées de l'apparition de la fragilité de l'épi (liybridmutation). En juillet 1906, //. distichum nutans a(o,io2) x H. d. nudum (Orge nue Johner) a donné trois grains hybrides dont j'ai obtenu deux plantes très vigoureuses (première génération) : A B pis donnant. . Grains. Enveloppés. Demi-nus. Nus. 6 188 I72 16 O 8 i85 92 57 36 la mosaïque était uniformément répartie sur les divers épis, beaucoup moins marquée sur A que sur B; mais ces différences s'atténuèrent nota- blement dans les générations suivantes (jusqu'à la quatrième). Toutes les plantes dérivées de grains nus, de quelque génération que ce fût, n'ont donné ultérieurement que des grains nus; ce retour définitif nous autorise à regarder le caractère grain nu comme récessif par rapport au grain enveloppé. Les grains demi- nus (adhérence de la glumelle interne, non adhérence de la glumelle externe), de même que les grains enveloppés, sont encore pour la plupart hétérozygotes, et, s'il y a des retours à des types purs, ils sont de beaucoup plus rares que les retours aux grains nus; car, dans l'exemple particulier étudié ici, je n'ai trouvé encore aucune lignée ne donnant que des grains enveloppés. En F2, j'ai suivi les lots suivants qui ont donné : Plantes à grains Nombre de Semé. plantes. (A) \ 16 demi-nus.. . . 12 ' 60 enveloppés . . 53 (B) | 5y demi-nus . . . . 45 [ 00 enveloppes . • 49 lus. enveloppés, en mosaïque. 237 II 22 20 18 5 22 19 1 3 17 (') Comptes rendus, t. l't-C, 1908, p. 1294. SÉANCE DU 3l MARS I9l3. 1027 En F3, certaines lignées, manifestement hétérozygotes, se comportent comme les précédentes ; d'autres, provenant de grains Ions enveloppés, offre ni une plus grande uniformité, mais quelques grains nus el demi-nus réapparaissent dans tous les cas examinés (42 lignées à grains enveloppés). Dans l'une d'elles, récessive au point de vue des dents sur les nervures dorsale-, à épis non fragiles, à compacité moyenne (rf=3o) fixée, j'ai étudié de la récolte de cette année (1912) 100 épis au point de vue de la mosaïque des grains nus et des grains enveloppés : 18 de ceux-ci ayant le même nombre d'épillets (26) sont compa- rables entre eux el ont montré : Grains nus et demi-nus o 1 2 3 4 5 Nombre d'épis (.8) 2 3 4 3 3 3 répartis sur les épillets comptés à partir de la base du raclii- : Épillets... 1-2 3-4 5-6 7-8 9-10 11-12 i3-i4 i5-i6 17-18 19-20 21-22 a3-24 2.5-26 (Avortés) 3 2 457 4 5 2 5 3 4 3 Il n'y a pas de disjonction par plages dans ce cas extrême ; la mosaïque est répartie d'une manière uniforme sur les divers épis de la lignée. Biffen (1907) et Tschermak (1910) admettent que les caractères grains enveloppés et grains nus de l'Orge constituent, en quelques cas, un couple mendélien se dissociant dans le rapport 3 : 1 ; dans tous les exemples que j'ai étudiés depuis 1906, j'ai constaté au contraire des irrégularités, soit sur les plantes hybrides qui montrent la mosaïque, soit dans les pourcentages de la descendance disjointe. Il est vrai que j'ai croisé à dessein, non pas de simples variétés d'une même espèce, mais des espèces élémentaires nette- ment distinctes, dont plusieurs reconnues par Linné, et j'ai montré déjà que V hérédité naudinienne ou en mosaïque régit surtout, ou même seulement, les disjonctions d'hybrides réalisés entre espèces différentes. BACTÉRIOLOGIE. — Recherches sur la flore intestinale. Sur la production possible de ptomaines en milieu acide. Note de MM. Albert Berthelot et D.-M. Iti uni v\i). présentée par M. Roux. Lorsque nous avons isolé pour la première fois le Bacillus aminophilus inlestinalis (') nous avons noté que la persistance des troubles intestinaux, (') Albert Berthelot et D.-M. Bertrand, Comptes rendus t. 154, 10 juin 1912, p. i643 et 24 juin 1912, p. 1826. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 13.) l3i IQ28 ACADÉMIE DES SCIENCES. chez le malade dont nous avions employé les matières fécales, coïncidait avec une réaction acide de celles-ci. Peu de temps après nous avons retrouvé le même microbe chez un malade présentant également cette constance des symptômes d'entéro-colite et de l'acidité des fèces; depuis lors nous avons à diverses reprises fait la même observation. D'autre part nous avons établi que le/?, aminophilus, microbe acidamino- lytique et saccharolytique est capable de produire, suivant la nature des aliments mis à sa disposition, soit des ptomaïnes, soit une assez forte pro- portion d'acides. La constatation d'une telle activité chimique et d'une réelle prépondérance dans la flore intestinale de sujets atteints de troubles intestinaux particulièrement rebelles nous a conduits à étudier de plus près le rôle probable de ce microbe dans l'étiologie des états pathologiques que nous avions observés. Mais, du fait même que nous avions affaire à une bactérie attaquant aussi énergiquement les sucres que les amino-acides, la question se présentait très complexe; en effet, il semblait a priori bien probable que, mis en pré- sence des deux sortes d'aliments à la fois, le H. aminophilus devait avoir sa production de suhstances toxiques entravée par l'acide lactique formé dans le milieu. Nous avons vérifié qu'il en est bien ainsi et lorsqu'on ensemence ce microbe dans un milieu convenable renfermant du glucose et de l'histi- dine, il fonctionne comme ferment lactique et ne donne pas d'imidazol- éthylamine. Si l'on s'en tenait à une expérience ainsi conduite on pourrait conclure à l'innocuité du H. aminophilus et même à son rôle favorable dans l'intestin; mais en réalité il doit en être tout autrement car, ainsi que nous allons le montrer, ce microbe est capable- de donner naissance à des ptomaïnes dans des conditions où d'autres bactéries acidaminolyliques seraient inca- pables d'en produire. Pour cette nouvelle expérience nous avons employé notre milieu synthé- thique habituel à base d'histidine, additionné ou non de peplone de soie ou de peptone tryptique de viande, mais au lieu d'y ajouter du glucose nous y avons introduit des doses d'acide lactique variant entre o,5 et 5 pour iooo. Dans un premier essai nous avons ensemencé ce milieu avec des traces de B. aminophilus, en même temps que des témoins neutres avec et sans glucose ; nous avons examiné nos cultures après 24 heures à 370 et nous avons obtenu les résultats suivants : 1. Milieu neutre, culture abondante, formation d'iinidazoléthylamine; 2. Milieu neutre glucose, culture abondante, formation d'imidazoléthylamine ; SÉANCE DU 3i MARS ip,l3. IO20, 3. Milieux acides à 1 et 2 pour 1000, culture assez abondante, formation d'imidazol- éthylamine mais en moindre quantité. qu'en 1 et 2; 4. Milieu acide à 3 pour 1000, développement microbien faible, traces d'imidazol- étliylamine ; 5. Milieux acides à /} et 5 pour 1000, développement microbien insignifiant, pas d'imidazoléthylamine. La production de petites quantités d'imidazoléthylamine en l'absence d'hydrates de carbone et en présence d'acide lactique préformé était donc manifestement possible; mais nous n'avons pas voulu nous contenter de cette expérience et nous avons tenu à nous rapprocher autant que possible des conditions qui se trouvent souvent réalisées dans le tube digestif. Pour cela nous avons cultivé le B.aminophilus, en boîtes de Roux, sur gélose polyaminée, ne renfermant pas d'histidine et nous avons ensemencé le même volume de milieu, identiques à ceux que nous avons précédemment utilisés, avec la même quantité de corps microbiens : le dixième d'une cul- ture en boite de Roux pour 20cm'de milieu; bien entendu, nous nous étions préalablement assurés que notre mode d'ensemencement ne diminuait pas le taux d'acidité de nos milieux lactiques. Nous avons alors observé que, même au bout de 18 heures, sous l'influence du grand nombre de corps microbiens, la ptomaïne formée était aussi abondante dans le milieu conte- nant ,'i pour 1000 d'acide que dans le milieu neutre. Ce résultat tire un intérêt tout spécial du fait que, dans l'intestin, le cas doit fréquemment se présenter d'une grande masse de B.aminophilus agissant sur de l'histidine contenue dans des produits de digestion rendus faiblement acides par d'autres microbes formant de l'acide lactique, mais n'attaquant pas les acides aminés. A côté de leur intérêt pathogénique lés faits que nous venons de rapporter présentent une certaine importance au pointde vue médico-légal. En effet, il y a quelques mois, au sujet d'une intoxication alimentaire suivie de mort, on nous a demandé si l'on pouvait affirmer que la formation deptomaïnes était impossible dans des matières vomies présentant une faible acidité. Nos recherches étant alors trop peu a vancéesnous avions répondu que rien ne permettait d'émettre sur ce sujet une opinion formelle et que par conséquent l'accusé devait bénéficier du doute. Maintenant il n'en serait plus de même et les experts devront toujours se souvenir que, dans certaines conditions, dont on ne saurait rejeter a priori la possibilité, desptomaïnes très toxiques peuvent prendre naissance dans un milieu légèrement acide. En résumé, dans la flore intestinale de sujets présentant à la fois des to3o ACADÉMIE DES SCIENCES. symptômes d'entérite ou de colite muqueuse et une réaction acide de leurs matières fécales, on trouve assez fréquemment un microbe, le B. aminophilus inleslinalis, qui est capable de décarboxyler l'hislidine même dans un milieu légèrement acide (3 pour iooo d'acide lactique). Autant qu'il est possible de conclure d'expériences in vitro, cette bactérie, qu'un examen sommaire pourrait faire confondre avec le Pneumobacillc ou avec sa variété le B. lactis aeroge/ies, peut très bien se comporter dans l'intestin comme un simple ferment lactique et ne pas former de base toxique aux dépens de l'histjdinc qui s'y trouve; mais, dans certains cas, elle peutparfaitemenl produire de l'imidazolétbylamine, aussi bien en milieu neutre ou alcalin, qu'en présence d'acides élaborés par d'autres microbes. Ainsi que nous l'avons établi l'action décarboxylante du B. aminophilus n'est pas limitée à l'hislidine ; les résul- tats que nous venons d'exposer doivent donc vraisemblablement s'appliquer aux divers acides aminés, qui peuvent exister dans le contenu intestinal, et aux plomaïnes qui en dérivent. GÉOLOGlii:. — Les calcaires à Productus de C Indo-Chine. Note de M.Mansuv, présentée par M. H. Douvillé. Les calcaires ouraliens à Scluvagerina princeps Ehr., découverts au ( lammon, Laos, par M. Dussault, puis sur la feuille de Van-Yen, Tonkin, par M. Deprat, ont donné une riche faune de Bracbiopodes, composée principalement d'espèces de l'Ouralien de l'Oural et du Timan, décrites par Tschernyschew (' ). Sur 96 espèces recueillies, (>i appartiennent au Carboniférien supérieur de l'Oural et du Timan. L'horizon inférieur de l'Oural, h Omphalotrochus Whitneyi Meek, ne parait pas représenté; un seul individu, rapporté avec douteà Spirifer Marconi Waag. , est spé- cial à cet horizon. Cinq espèces sont caractéristiques de l'horizon à P. Cora : Meekella striatocostala Gox., .)/. eximia Eich., Productus boliciensis d'Orb., P. Konincki de Vern.. Marginifera involuta Tscli. Les nombreuses espèces de l'horizon supérieur à ScA. princeps, de l'Oural, sont les suivantes : Dielasma juresanensis Tsch , Ilemip- tychina orientait* Tsch., Notothyris nucleolus Kut.. Pugnax osagensis Shum., Uncinulus Wangenheimi Panel., Camarophoria crumena Mail., C- mutabilis Tsch., [thyris Gerardi Dieu.. Spiriferina Holzapfeli Tsch., Sp. laminosa M'Coy, mut. sterlitamakensis Tsch., Spiriferella artiensis Tsch.. Spirifer striatus Sow., Sp. (') Tschernyschew, Die obercarbonischen Brachiopoden des Vrai and des Timan ( Wèm. ('mu. géol., 1. V, p. 16). SÉANCE DU 3l MARS lÇ)l3. Io3l cameratus Mort., Sp. fasciger Keys., Sp. tastubensis T?ch.. Sp. Dieneri Tsch., Sp. lyra Kut., Sp. tibetanus Dien., Sp. inlerplicatus Roth., Sp. Frilschi Schell., Sp. Nikitini Tsch., Sp. rectangulus Kut., Sp. uralicus Tsch.. Sp. ufensis Tsch., Sp. Sokolovi Tsch., Sp. quadriradiatus de Veut., Ylarliniopsis uraliea Tsch., M. orien- tales Tsch., M. baschkirica Tsch., Martinia triquetra Gemm., Relicularia lineala Mart., R. roslrata Kut., Amboccelia planoconvexa Simm., A. cf. Urii Flem., Schizoporia supracarbonica Tsch., Choneles variolata d'Orb., Produclus Gruen- waldti Krot., P. tranversalis Tsch., P. injlalus M'Chesuey, P. tartaricus Tsch., P. curvirostris Schell., P. pustulatus Keys., P. juresanensisTsch., /'. Cora d'Orb., P. lineatus Waag., P. tenuislriatus de Vern., P. cancriniformis Tsch., P. pseudo- medusa Tsch., P. punctatus Mari., P. Tacovlevi Tsch , Z5. porrectus Kut., /'. tirna- nicus Stuck., Proboscidella Kutqrgœ Tsch. Parmi ces espèces, deux sont communes à l'horizon à P. cora et à l'horizon à Schwagérines : Spirifer cameratus et Produclus porrectus; trois sont rencontrées dans les trois horizons îles calcaires ouraliens : Produclus Gruenwaldti, P. Juresanensis et P. Cora; une, enfin, provient, dans l'Oural, des horizons inférieur et supérieur : Produclus injlalus. De l'Ouralien de Lo-Ping, Kouang-Si, les calcaires du Cammon et du Toukin ont donné deux espèces : Produclus Cora, espèce à diffusion extrême et /'. plicatilis Sow. Du Kan-Sou : Dielasma vesicularis David., Pr. lineatus, Pr. punctatus et Pr. ele- gans M'Coy. Les affinités de l'Ouralien du Turkestan sont révélées par la présence, dans l'Ouralien indo-chinois, de : Notolhyris nucleolus, Spirifer lyra. Reticularia lineata, Schizoporia supracarbonica, Produclus injlalus, /'. lineatus. Quelques formes de l'Ouralien du Cammon et de l'Oural persistent dans le Permien himalayen, (Spiti, Chitichun); ce sont : Athyris Gerardi, Spirifer fasciger, Sp. musakheylen- sis, Sp. Marconi, Sp. tibetanus, Reticularia lineala, Produclus Cora, P. lineatus, P. cancriniformis et P. mongolicus. Les espèces communes à l'Indo-Chine et au Salt-Range sont en petit nombre. Du calcaire à Produclus inférieur : Spirifer stria- lus et Reticularia lineala: des calcaires à Produclus inférieur et moyen : .S. Mar- coui; des calcaires à Produclus inférieur, moyen et supérieur : Sp. musakheylensis, Pr. Cora, P. lineatus. Au Cammon, Produclus gratiosus Waag., des calcaires moyen et supérieur de la Sal"l-Range et du Permien de Chitichun, provient d'un niveau plus élevé que l'horizon à Sch. princeps; c'est peut-être ce niveau qui renferme Sumalrina Annœ, reconnu pur M. Depral dans les calcaires du Cammon. .Nous retrouvons en Indochine quelques espèces de l'Ouralien du Kachmir (Zewan and Barus beds), la plupart à grande exten- sion verticale et peu caractéristiques : Spirifer musakheylensis, Produclus pustu- latus, P. spinulosus, P. Cora, P. mongoliens, P. punctatus. Du Permien du Spitz- berg, les calcaires du Cammon et du Tonkin ont donné : Spirifer cameratus. Pr. botiviensis, P. timanicus. Nous signalerons ensuite treize Brachiopodes des calcaires a Schw. princeps et des calcaires à Sumalrina Annœ indo-chinois, faisant partie des faunes du Permo-Carbonifère du Trogkofel et des Alpes cantiques : Spirifer fascigt r. Sp. tibetanus, Sp. Frilschi, Sp. trigonalis, Sp. quadriradiatus, Reticularia lineata, R. roslrata, Produclus elegans, P. gratiosus. P. spinulosus, P. curvirostris, P. Cora, P. lineatus, P. cancriniformis, P. punctatus. Nous citerons, d'autre pari, deux espèces du Permien de Timor : Cainarophoria emmena et Spirifer interpli- Io32 ACADÉMIE DES SCIENCES. cattis, type de l'espèce et non de la race de l'Ouralien à Schwagérines de l'Oural; il convient d'ajouter Uncinulus Wangenheimi Pand., qui ne peut être séparé, croyons- nous, de il. timorensis Beyr. et de U. Theobaldi Waag. du Salt-Range. Au Cambodge, M. Lanteuois a recueilli : Sumalrina multiseptala Dep., Slcin- mannia gemina Waag., Romingeria n. sp., Lophophyllum sp. ? Lonsdaleia n. sp., Produclus gratiosus, Spirifer Frilschi, Reticularia indica, Camaroplioria n. sp., Meekella cf. evanescens Scliell. L'examen des listes comparatives qui précèdent démontre que les faunes de Bra- chiopodes du Permo-Carbonifère indo-chinois sont, dans l'ensemble, celles de l'Oura- lien de l'Oural et du Tinian, avec lesquelles elles présentent des affinités beaucoup plus marquées et plus générales qu'avec celles du Permo-Carbonifère de l'Himalaya et du Sall-Range; ces affinités sont d'ailleurs confirmées par la comparaison des Fusu- linidés des deux régions, ainsi que l'a établi M. Deprai. La présence de Sumalrina multiseptata Deprat ('), espèce plus récente que S. Année Volz, dans certains hori- zon, des calcaires du Cambodge, indique, pour ces niveaux, un âge permien supérieur peu différent de celui des grauwackes de Luang-Prabang, à Sum. Annœ. Au point de vue paléogéographique, les calcaires ouraliens indo-chinois se relient à l'Ouralien des monts Oural et Timan : par l'Ouralien de la baie d'Oussouri, dont la l'aune, étudiée par Ivvanof, est composée d'espèces du Salt-Range et d'espèces de l'Oural, ces dernières en nombre prédo- minant : Hemiptychina inflala, Notolliyrïs nucleolus, Camaroplioria Marga- ritow, C. Purdoni, Rhynchophura Nikitini, Ilusledia remota, II. indica, Spiriferina crislata, Spiriferella h'ei/liavi, Spirifer fasciger, Sp. a/a/ us, Reti- cularia lincala, Produclus Purdoni, P. irginœ, P. asperulus, P. Wallacei, P. IVeyprechli, Marginifera typica, M. ova/is, -- puis parles gisements du mémo âge découverts au Ivucn-Lun cl au Tutkestan (Tongitar, Kuturkuk), dans lesquels on retrouve également la faune de l'Ouralien russe. C'est donc surtout par la Téthys septentrionale qu'ont eu lieu les migrations eurasiatiques à celte époque géologique. GÉOLOGIE. — Efficacité des puits absorbants. Note de M. Gustave F. Doi.i.fus, présentée par M. H. Douvillé. Les expériences entreprises par le Conseil municipal de Paris pour l'absorption des eaux par puits, afin do parer aux inondations dans la vallée do la Seine, ne nous paraissent pas probantes; elles nous semblent même démontrer qu'il n'y a rien à attendre de celte méthode. ( ') J. Depk&T, Etude des Fusulinidés de Chine et d' 'Indo-Chine et class. des cal- caires à Fusulines (lié/». Serv. géol. de C Indo-Chine, t. 1, fasc. 3, p. 53). SÉANCE DU 3l MARS IO,l3. lo33 Dans ces essais, on ne s'est pas occupé de ce que devenaient les eaux une fois absorbées, ni de leur parcours ultérieur souterrain, ni de leur aboutisse- ment final. En réalité aucune eau n'a été perdue, aucune eau n'a quitté le bassin de la Seine; on a déplacé localement les conduites ordinaires de jonc- tion au fleuve et pour en raccourcir le trajet, sans modification au drainage général. Les forages, en effet, ont donné un passage plus rapide aux eaux supérieures pour les diriger, sans détours, à la nappe générale de fond en équilibre avec le fleuve coulant à découvert. Par ce moyen, en amenant plus d'eau en moins de temps au même passage, on précipite l'inondation au lieu de l'espacer. Examinons rapidement chacun des exemples donnés. Romairn'ille. — Un forage Je &Ç>"k a fait descendre directement les eaux de l'argile verte jusqu'à la nappe du calcaire de Saint-Ouen, vers 44™ d'altitude, mais on n'a rien enlevé par ce fait à la Seine; nous connaissons, en effet, la nappe du calcaire de Saint-Ouen, elle est en pente rapide sur Saint-Denis, elle est à 4ora à Pantin, à 3< >'" à Aubervilliers, à 20m à Saint-Denis, où elle va rejoindre la Seine; en cas de hausse de la Seine, les eaux de la nappe du calcaire de Saint-Ouen s'épanchent mal en Seine et Saint-Denis est submergé ; au lieu d'un lent ruissellement naturel des eaux de la nappe de l'argile verte à Romainville, on a brusquement précipité ces eaux en pression don- nant une chasse rapide à la nappe de Saint-Ouen; pour assécher Romainville, on va noyer Saint-Denis. Ferme des Saulniers, commune de Vimory, près Monlargis. — On a facilement asséché les terrains de cette ferme par un puits de i.|mde profondeur, mais rien n'a été perdu ou retardé pour le bassin du Loing. Les eaux se sont engouffrées dans un îlot de calcaire de Beauce, mais elles se sont arrêtées sur une couche d'argile à silex imperméable qui revient au jour à quelques kilomètres en aval, et là, à Gué-Ferreux, les eaux du fond sont revenues fournil- leur contingent au Sorlin. sans avoir à vaincre les mêmes difficultés qu'en surface. Pierre-Levée, près Coulommiers. — J'ai dressé autrefois la Carte géologique de celte région, le puits et le forage ont coûduit les eaux de l'argile verte et du Loupillon directement à 52m de profondeur dans un niveau statique argileux, dépendant du calcaire de Saint-Ouen, mais niveau fort au-dessus encore du cours du Morin; rien n'a été enlevé à celte rivière, les sources de Pont-Moulin, à gom d'altitude, grossies plus rapidement, ont plus vivement aussi regagné le grand Morin qui coule à la cote 70. Il y aurait à retenir du projet l'idée de M. Dienert qui consiste à mettre des vannes à l'issue des drains qui entraînent les eaux des terrains argileux, de manière à pouvoir les laisser plus longtemps inondés, à ralentir ainsi leur égouttement, pour donner du temps pour l'évacuation des eaux générales en aval. Mais cette action ne peut s'exercer que sur une surface très faible, Io34 ACADÉMIE DES SCIENCES. elle ne peut se faire qu'au détriment du cultivateur qui a drainé spéciale- ment pour se débarrasser des eaux, et non pour les conserver. C'est une pro- position en opposition directe à la méthode des puits absorbants, qui est par elle-même favorable au groupement des eaux. Nous ne sommes maîtres ni de la quantité d'eau qui tombe, ni du point d'équilibre final des eaux, qui est la mer; nous ne pouvons agir sur elles qu'entre le point de chute et celui de déversement ultime; cette action peut s'exercer de deux manières : nous pouvons ralentir ou précipiter le débit. Pour ralentir les eaux, on fera des barrages, des écluses, desserrements, des plantations, des labours; pour précipiter la marche des eaux, on fera des fossés, des drains, des canaux, des égouts, des puits, des pavages, etc. Les tentatives qui ont été faites sont en contradiction directe avec le résultat cherché; la géologie nous enseigne que le cours de la Seine est tou- jours le chemin de moindre résistance pour l'écoulement.des eaux de son bassin vers la mer. A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. G. D. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 7 AVRIL 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. -- Application des formules de viscosité superfi- cielle à la surface d'une goutte liquide sphéricité, tombant lentement, d'un mouvement devenu uniforme, au sein d'une masse fluide indéfinie en repos, d'un poids spécifique moindre. Note de M. «ï. Boussinesq. I. Appliquons à la chute verticale uniforme ( ou régularisée ) d'une petite goutte liquide sphérique, de rayon R, dans une niasse Iluide indéfinie un peu moins lourde, l'expression (2), démontrée dans ma dernière Note (' ), des deux tensions superficielles principales §, §' que supportent, en cet état de mouvement, deux certaines coupes normales de la mince couche sépa- rant la goutte du Iluide ambiant. Et d'abord, par raison de symétrie, la figure de la goutte reste de révo- lution autour de son axe vertical, que nous prendrons pour axe des x, à partir du centre actuel O de la goutte et en le dirigeant vers le sens (ici descendant) du mouvement. Nous considérerons spécialement, tant dans la goutte que dans le fluide extérieur, un demi-plan méridien, dans lequel nous mènerons, à partir du centre O, l'axe horizontal des y. Les vitesses des deux fluides s'y trouveront contenues ou admettront les deux compo- santes u, c, fonctions de x et de y indépendantes de l'azimut de ce demi- plan méridien. Nous aurons ici à les étudier sur le demi-cercle de rayon R qui y (') Voir le précédent Compte rendu, p. 980. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 14.) 1^2 Io36 ACADÉMIE DES SCIENCES. constitue un méridien de la couche superficielle. Chacun de ses points sera défini par l'angle A (colatitudè) qu'x fera la normale '( extérieure) à la goutte avec les x positifs, angle croissant de zéro à tï quand on suit ce méridien depuis le pôle x = II, qui sert de proue à la goutte, jusqu'au pôle. x = — R, qui lui sert de poupe. II. Le calcul des Vitesses u, v dans les deux iluides, soit intérieur, soit extérieur, dont chacun est supposé conserver ses volumes, fera l'objet d'une Note ultérieure. Nous ne considérerons ici que la couche sépara tive des deux, que l'on se donne sphérique et de figure permanente : car, par hypothèse, le phénomène s'est régularisé, ou se conserve pareil autour de cette surface géométrique séparalive, suivie dans son mouvement uniforme descendant. La forme sphérique est d'ailleurs possible physiquement, en raison de la lenteur de la chute qui assure la linéarité aux équations du mouvement et, permettant de négliger les carrés des vitesses, supprime les causes d'apla- tissement (impulsion vive sur la proue, etc.). Donc, à paît la translation descendante de la surface séparalive, qui ne modifie pas les distances mutuelles des points de la couche superficielle la recouvrant, ceux-ci ne pourront avoir, le long du méridien considéré, qu'une vitesse ( \ tangentielle, ou de glissement sur la sur/ace géométrique, vitesse fonction de A et d'ailleurs ascendante, dirigée vers les cola titudes X plus élevées; car le liquide inté- rieur à la goutte, moins retardé dans sa chute que celui de la couche super- ficielle par la résistance du lluide extérieur, se porte vers le bas de la sphère séparalive et oblige la matière de la couche superficielle à s'accumuler a ris le haut. Nous admettrons ici, sauf à prouver plus tard l'exactitude de celte hypothèse, la proportionnalité de G au sinus ( sinX) de lacolalitude, comme si cette peiile vitesse tangentielle G était partout la projection, sur la tangente à Tare élémentaire de méridien, d'une vitesse verticale constante. III. Que seront alors dans la couche, au point M de colatilude X, les vitesses à, â'de dilatation des deux files élémentaires principales, ds = tlr/A, ds' — (R sinX)co, de points matériels, dirigées respectivement, par raison de symétrie, l'une, ds = l\dk, le long du méridien, l'autre, ds', le long du cercle parallèle (de rayon R sinX), où il sous-lend un angle au centre, co, infiniment petit, pris du côté d'un troisième axe coordonné (des s positifs ) normal à ceux des x et des_y? La vitesse G tangente au méridien déplace la molécule M, durant un instant dt el le long de ds, de Gdl, réduisant ainsi de ( i dt sa distance à la SÉANCE DU 7 AVRIL igi3. 10^7 seconde extrémité de ds, où se trouve un point matériel M' qui avance aussi, et très sensiblement suivant la même direction, de (G 4- —prdk\dt. te Les deux points M, M' s'éloignent donc de -j^d't.dl; et la dilatation princi- pale correspondante <)dt est le rapport de cet éloignement à la longueur primitive \\d~h de MM' ; d'où résulte l'expression de à. D'autre part, le chemin Gdt, décrit par le point M suivant l'arc ds incliné de l'angle A par rapport aux y, accroît de GdfecosA la distance de M à l'axe vertical des x ou le rayon du parallèle sur lequel sera ce point, augmentant ainsi de (G dlcos A) w sa distance au point analogue, u, situé à l'extrémité de ds'. On aura donc aussi, comme valeur de d' dt. le rapport de cet accois- sement à ds' = (RsinA)co; et de là résultera l'expression de <)'. En résumé, les deux vitesses principales <), d' de dilatation de la couche superficielle vaudront . . .1 dG ., G (0 d=Kdï' ^KCOl/- La double formule (a) de ma précédente Note en déduira les deux tensions superficielles principales ■', ' en fonction des vitesses G de glissement. IV. Considérons maintenant un élément rectangulaire, légèrement courbe, de la couche, compris entre l'élément MM' = . )(,i, M'p.' - : lî(sii) / - f/sin /.)'•>, en vue de chercher les composantes totales, suivant la normale OMN à la sphère et suivant la tangente MT, en M, à l'arc MM' = à, des tensions superficielles exercées, tangentiellement à cet élément sphérique, mais per- pendiculairement à son contour, sur les quatre côtés du rectangle. La tension ids que supporte le cùté Mu. se compose de forces dirigées, en charpie point de Mu, à l'opposé du méridien ds qui y passe. Or, les angles infiniment petits de ces forces élémentaires avec la tangente en M à M' M ont leurs plans, qui sont ceux de deux génératrices d'un cône cir- conscrit voisines, presque tangents au cùne en M ou presque normaux au plan OMM' des xy\ et, par suite, les projections de ces angles sur le plan des xy sont des angles du second ordre de petitesse. En d'autres termes, les forces élémentaires composant la tension ids' peuvent être censées se pro- Io38 ACADÉMIE DES SCIENCES. jeter toutes, sur le plan des xy, à l'opposé de la tangente MT à Parc MM'. Dès lors, l'angle de chacune d'elles avec toute droite du plan des xy émanée du point où elle perce ce plan des xy, est la face hypoténuse d'un trièdre rectangle, ou a pour cosinus le produit des cosinus des deux autres faces, qui sont, d'une part, l'angle de la force élémentaire avec sa projection, d'autre part, l'angle de cette projection avec la droite considérée du plan. Donc, ici où l'angle des forces élémentaires avec leur projection est très petit et a son cosinus réductible à i (sauf écarts du second ordre), les cosinus des angles des forces élémentaires avec MMf et avec MT seront ceux mêmes des angles de leur projection ( à l'opposé de MT) avec MN et avec MT, c'est-à-dire zéro et — 1 . Ainsi, pour le côté Mix, les deux com- posantes cherchées seront zéro et — $ds', ou (2) o et — R(#sinX)w. De même, sur le côté opposé M'a', où la colatilude est A -+- rfX, les ten- sions élémentaires se projetteront sur le plan des œy suivant la tangente M'T' menée en M' à l'arc MM': et les cosinus de leurs angles avec MN et avec MT seront ceux relatifs à M'T', savoir cos(- + d A j etcos(e?A), ou — d~h et 1. Or cette force est §ds' accrue de sa différentielle en A, savoir R ( #sinA-t- c '' ,\ — d\) to. Elle donnera donc, suivant M]N et suivant MT, les deux composantes respectives (3) — R (#sinÂ) tùdl et Rf^sinÀ-h r/.ivsiii/. ,. Passons aux tensions cpie supportent les deux côtés MM' el ua', ouds, contigus aux deux demi-plans méridiens. Sur le premier, MM', la tension, §' ds ouJKê'd'k, est perpendiculaire au plan des xy et ne donne aucune composante suivant les droites MN, MT de ce plan. Sur le deuxième, \j.\i.' , la tension (toute pareille), R^'rfX, est perpendiculaire au demi-plan méri- dien voisin Op.u'. Si on la transporte au centre O parallèlement à elle- même, elle sera donc dans le plan de l'équateur, où elle fera l'angle - •+- co avec l'axe des y positifs, à l'opposé duquel elle se projettera sur le plan des xy. Donc ses deux angles avec la normale OMN et avec la parallèle à MT menée par le centre O, seront les faces hypoténuses de deux trièdres rectangles ayant tous deux - -t- co pour seconde face (dans le plan de l'équa- teur) et, respectivement,-' — >., A comme troisièmes faces. Les cosinus SÉANCE DU 7 AVRIL I0,l3. Io39 correspondants des faces hypoténuses seront donc — wsinA, — cdcosà; et l'on aura, suivant MN et suivant MT, les composantes respectives (4) — R(J' sin/. )t.,cil et — R {S' cosÀ) wrfA. Les composantes totales, suivant la normale à la sphère et suivant le méridien, des tensions superficielles exercées sur tout le contour du rec- tangle élémentaire dsds', seront les deux sommes respectives des expres- sions (2), (3) et (4). En y substituant à RwcA le quotient de dsds' par RsinÀ, il vient ainsi . _ . J -+- .f , , , 1 /d. Â'sinï _-, ,\ (3) — dsds et ,, . .. F f'cosA \dsds. l; Rsni/. \ dl. V. 11 faudra diviser ces forces Tpar dsds', afin de les rapporter à l'unité d'aire de l'élément de couche; et, comme cet élément a sa masse ou, par suite, son poids et ses inerties, négligeables (même par unité d'aire), on écrira qu'il est en équilibre sous leur action, jointe à celle des tractions, que nous appellerons DZ, suivant la normale, s suivant le méridien, exercées par le fluide extérieur sur la face convexe de la couche superficielle, et à celle des tractions analogues, dont nous appellerons — X', — S' les composantes suivant les mêmes normale et tangente au méridien, exercées par la matière de la goutte sur la face concave de la couche, forces égales et contraires aux actions x', G' de la couche elle-même sur le fluide intérieur. Donc les expressions (5), divisées par dsds', puis accrues respectivement de at, — X' et de s — b'= *+£, 5- -B'= -± dî+ '■'-■' ,C0W Telles seront les deux conditions dynamiques imposées aux pressions (SfL, c?), (#&', S') s'exerçant respectivement au dedans et au dehors de la couche superficielle, en outre des deux relations de non-rupture de cette couche, qui consisteront dans la parité des vitesses respectives u et v sur les deux faces. VI. Tenons finalement compte de la proportionnalité de G à sin A. Les relations (1) donnent alors d'= (?; et il résulte de la double formule (2) de ma dernière Note que l'on a (7) #'=£=/ _t_2(e + e1)t?=/ + e■ Ce sont celles que nous aurons à appliquer. M. Charles Mouisec, en présentant à l'Académie un Mémoire intitulé Recherches sur les gaz rares des sources thermales ; leurs enseignements concer- nant la Radioactivité et la Physique du globe [Journal de Chimie physique, t. XI, n" 1, 1918, p. 63-i 53), s'exprime en ces termes : Dans cette brochure de 91 pages, j'ai exposé dans leur ensemble les recherches que j'ai effectuées sur les gaz rares des mélanges gazeux qui se dégagent aux griffons des sources thermales, ainsi que les conséquences qui en découlent pour la Radioactivité et la Physique du Globe. Commen- cées en 1895, peu après la découverte de l'argon par Lord Rayleigh et Sir Y\ iiliam Kamsay, les expériences ont été activement poursuivies depuis 1902, avec, depuis 1900, la collaboration, successivement, de M. Robert Biquard, puis de M. Adolphe Lcpape. ■ Un nombre considérable de documents nouveaux ont été accumulés. La plupart, ainsi (pie les enseignements qu'ils comportaient, ont été commu- niqués déjà à V Académie des Sciences (principalement par l'organe de notre confrère M. Deslandres, avant que j'eusse l'honneur de faire partie de l'Académie ), au Bulletin de (a Société chimique, au Journal de Pharmacie et de Chimie, ou à Y Académie de Médecine. Comme il arrive souvent au cours de travaux de longue haleine, mes idées sur la question ont évolué à la lumière des faits, et, à cet égard, la production d'hélium aux dépens du radium, observée par Sir William lîamsay et Frédéric Soddy en 190 '), à une époque où, de divers cotés ( Sir .l.-.l. Thomson, Pierre Curie et Albert Lahorde, etc.), on signalait la pré- sence de l'émanation du radium dans les sources, ne manqua pas de donner SÉANCE DU 7 AVRIL ip,l3. 1041 à mes recherches une orientation décisive. D'un autre côté, les diverses techniques de ce travail, dont l'exécution a présenté de grandes difficultés, oui été sans cesse perfectionnées. Beaucoup de sources, d'ailleurs, ont fait l'objet de mesures répétées, soit sur le même échantillon, soil sur des échan- tillons récoltés à des dates différentes, parfois distantes de plusieurs années. Bien que nous n'ayons généralement observé que de faibles écarts entre les divers résultats obtenus pour une même source, nous avons cru devoir choisir parmi eux, pour les présenter comme définitifs, ceux qui corres- pondent aux expériences qui ont été conduites dans les meilleures conditions (sans préjudice de la variation possible de la composition des mélanges gazeux fournis par la source à des intervalles de temps plus ou moins longs). Pour ces raisons, il m'a semblé utile, opérant une refonte complète du sujet, d'en faire un exposé général et complet, au double point de vue théorique et expérimental, sans souci de l'ordre chronologique des publi- cations antérieures. On trouvera d'ailleurs, dans le présent Mémoire, nombre de détails de toute nature encore inédits. En i()o>, au moment où j'entrepris une étude systématique du sujet ( aprèsavoir eu l'occasion, depuis i8o,5,de m'en occuper à maintes reprises, ainsi que d'autres expérimentateurs; en France : Bouchard, Troost, Ouvrai d, Desgrez, Parmenticr, Moissan), l'argon et l'hélium, ou l'un de ces deux gaz seulement, avaient été décelés dans quelques sources, et le néon dans u\[n seule source; quant au krypton et au xénon, ils n'avaient encore été signalés que dans l'air atmosphérique. Les sources dont l'étude constitue la base expérimentale de nos recher- ches sont au nombre de 70. Elles sont presque toutes françaises, et elles présentent d'ailleurs une grande variété dans leurs minéralisations comme aussi dans leurs origines géologiques. Voici les résultats essentiels de ce long travail et quelques considérations qu'ils suggèrent : 1" En dehors des gaz courants (azote, anhydride carbonique, etc.), toutes les sources contiennent de l'hélium, du néon, du krypton, du xénon et des émanations radioactives. Ceci est en parfait accord avec la présence des gaz rares et des émanations radioactives dans l'air atmosphérique. En ce qui concerne l'hélium, les prévisions sont pleinement vérifiées. L'hélium, en effet, se produit dans la désintégration des substances radioactives, et des traces de celles-ci se rencontrent partout dans le sol el le sous-sol Io/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES. (minéraux, roches, eaux minérales, gaz); on devait donc trouver de l'hélium dans toutes les sources. Quant aux proportions des divers éléments, elles varient, suivant les sources, dans de larges limites. Pour ne considérer que l'hélium, on en trouve, par exemple, pour ioo volumes de gaz spontanés hruts : 0,00 1 "> à Vichy (Chomel), o,8o,3 à Saint-Honoré, 5,77 à Maizières, 10,16 à San- tenay. Les gaz spontanés des sources de Santenay sont les plus riches connus en hélium. On voit à quel degré peuvent atteindre les concentrations en hélium, et quand on considère que la teneur de l'air en hélium est incom- parablement plus faible (environ ;!00'00l)), cette observation apparaît immé- diatement avec toute son importance. L'intérêt que présentent certains débits n'est pas moindre. Les sources de Bourbon-Lancy (10000' par an), de Santenay (170001), de Néris (340001), constituent de véritables gisements d'hélium. Les sources en apportent ainsi perpétuellement, dans l'atmosphère, des quantités relati- vement énormes. Que signifienl ces importants dégagements d'hélium ? Si l'on supposait constante dans le temps la masse de radium (avec sa série, en équilibre radioactif) capable d'entretenir la chaleur de la Terre, et si Ton admettait que tout l'hélium engendré s'est déversé dans l'atmosphère, on calcule qu'il aurait suffi de 7000 siècles pour y amener tout l'hélium qui s'y trouve actuellement. Mais quelle fraction de l'hélium produit arrive dans l'atmosphère? Le millième, le millionième ? Nul ne le sait. Est-ce parles sources qu'il y est surtout apporté? Peut-être. D'un autre côté, on a de bonnes raisons de penser qu'une véritable distillation d'hélium doit s'effectuer continûment de l'atmosphère terrestre vers les espaces célestes. Cette perte incessante d'hélium que subit notre atmosphère est-elle compensée par l'apport du même gaz qu'elle reçoit de la pro- fondeur? Y a-t-il, au contraire, appauvrissement ou enrichissement de l'atmosphère en hélium ? Ces questions, et bien d'autres qui s'y rattachent, nous ne pouvons aujourd'hui que les poser sans les résoudre. Du moins leur seul énoncé suffit-il à mettre en évidence le haut intérêt que présente toute recherche visant à nous éclairer sur le rôle de l'hélium dans la Phy- sique du Globe. 20 Nous avons reconnu, M. Lepape et moi, que les trois gaz : argon, krypton, xénon (auxquels on pourra ajouter très vraisemblablement le néon), sont en rapports numériques mutuels sensiblement constants dans toutes les sources, et que ces rapports sont à peu près les mêmes que dans l'air atmosphérique. Il y a là un fait très remarquable, que nous expliquons par SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. JO|3 l'inertie chimique de ces éléments et leur état gazeux dans de larges limites de température et de pression. Grâce à ce double caractère, en effet, tandis que les corps doués d'affinités chimiques contractaient des combinaisons, les éléments considérés sont restés libres, et ils ont conservé toujours et partout, depuis la formation de la nébuleuse, leurs mêmes rapports quantitatifs. Il importe d'ajouter que l'hélium ne présente aucune proportionnalité avec les autres gaz. La raison en est facile à concevoir. Partout, dans l'écorce terrestre, de l'hélium se produit constamment aux dépens des corps radioactifs; or ceux-ci sont très inégalement répartis dans les différents terrains. L'azote, qui existe dans toutes les sources comme dans l'atmosphère, est un gaz relativement inerte. On pouvait donc s'attendre à trouver une cer- taine uniformité dans ses rapports avec l'argon, par exemple. Nos résultats sont en accord très satisfaisant avec cette conception. On retrouve la même constance des rapports dans les grisous, dont nous avons aussi, M. Lepape et moi, étudié méthodiquement la partie non com- bustible. Et il n'y a pas de doute que, dans l'Univers, la constance des rapports, entre éléments libres, ne présentant entre eux aucune filiation (cette restriction vise les corps radioactifs), ne tienne à la fois à leur inertie chimique et à leur état gazeux. Une dernière remarque s'impose ici. Le fait que l'argon, le krypton et le xénon sont en rapports mutuels sensiblement constants, est difficile à con- cilier avec l'hypothèse suivant laquelle ces gaz se produiraient actuellement par la désintégration d'autres atonies. Et leur situation vis à-vis des corps radioactifs se présente ainsi, d'après les seuls résultats de nos détermina- tions, comme très différente de celle de l'hélium. En dehors des gaz thermaux et des grisous, bien d'autres gaz géologiques restent encoie à examiner au même point de vue : sources sèches d'anhy- dride carboniq le, dégagements instantanés du même gaz dans certaines mines de charbon, gaz des puits à pétrole, etc. Pour ce qui est de l'air atmosphérique, si l'on se rappelle que plusieurs lignes du spectre I 1 krypton, notamment, se retrouvent dans celui des aurores polaires, dent les hauteurs atteignent plusieurs centaines de kilo- mètres, on conçoit quel intérêt tout particulier présentera le dosage de ce gaz aux hautes altitudes. Je ne puis, en terminant, m'empêcher de faire remarquer toute la variété C. R., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 14.) I 33 Io44 ACADÉMIE DES SCIENCES. et toute l'étendue des domaines où, sous la poussée des faits et de leur logique, on est conduit de proche en proche par la seule étude de la dissé- mination des gaz rares dans la Nature. Cela tient à la situation toute privi- légiée qu'occupent l'argon et ses congénères vis-à-vis des autres éléments. Leur complète inertie les place, pour ainsi dire, en marge de la Chimie. Elle leur assure une éternelle inviolabilité; elle les protège contre tous les cataclysmes de l'Astronomie et de la Géologie, auxquels ils assistent en témoins indifférents et universellement respectés. Grâce, en outre, à leur état gazeux, l'accès leur est facile dans tous les fluides et dans toutes les atmosphères, où les cinq membres de la famille voyagent toujours de compagnie et en toute liberté. il est manifeste que les problèmes nouveaux qui se posent sans cesse ne pourront être résolus que si l'on accumule d'abord, en grand nombre, les données expérimentales dont la comparaison fera apparaître des rela- tions plus ou moins attendues ou même insoupçonnées. CHIMIE MINÉRALE. — Déshydratation et décomposition des hydrates du nitrate d'uranyle. Formation d un monohydrale. Note de M. DE FoRCRAND. A plusieurs reprises, divers auteurs ont porté leur attention sur la pré- paration des hydrates du nitrate d'uranyle, sur leur déshydratation et sur leur décomposition progressives par la chaleur. Parmi les travaux les plus récents, il me suffira de citer ceux de MM. Vassilief, Lebeauet Markétos ('). 11 résulterait de ces recherches qu'il existe trois hydrates contenant 2mo1, 3""'1 ou 6mo1 d'eau, et que le sel anhydre peut s'obtenir par l'action de la chaleur (170°) sur l'un d'eux, dans un courant de gaz carbonique sec chargé de vapeurs nitriques. J'ai cherché à préciser quelques-uns de ces faits. i° Déshydratation à froid de Vhexaliydratf ordinaire, sous cloche siilfu- rique, à la pression atmosphérique. D'après M. Vassilief, on obtiendrait ainsi le dibydrate au bout de (') Vassilief, ./. S. phys. chim, russe, t. XL1I. 1910. p. 570, et B. Soc. chim., 1. \, 1910, p. 64'!. — Lebhau, B. Soc. chim.. 1. 1\, 1911, p. 176, 276, 2g5, 298; t. XI, 1912, p. 245, 737, 799, S't7.— Markétos, B. Soc. c/um., 1. M, 1912, p. 244 el Comptes rendus, t. 155, 191 2, p. 210. SÉANCE DU 7 AVRIL ip,l3. io45 2/1 heures, tandis que M. Lebeau n'a pu isoler que le trihydrate après 25 jours seulement. En réalité le terme final est bien le dihydrate, mais on ne l'obtient qu'au bout de 1 mois environ. La déshydratation se fait en deux phases successives : pendant la première, qui ne dure que 4 ou 5 jours, on tend vers le trihydrate ; puis, lorsqu'il est formé, la perte d'eau devient beaucoup plus lente (quinze fois plus lente en moyenne), et s'arrête complètement lorsqu'on est arrivé à la composition du dihydrate. Il n'y a pas de séparation nette entre les deux phases, mais seulement un ralentissement très marqué de la déshydratation lorsqu'on passe par le trihydrate. 2° Déshydratation à froid de V hexahydrale ordinaire, sous cloche sulfu- rique, dans le vide. Les phénomènes sont les mêmes que précédemment, mais ont lieu plus rapidement. Il y a encore deux phases successives, la première ne durant que quelques heures, la seconde 5 à 6 jours. A partir de ce moment le poids du sel reste absolument constant, et l'on obtient exactement le dihydrate 1 ' |, dont la tension d'efflorescence est par conséquent pratiquement nulle à +[5°. Ce produit est jaune clair. 3° Déshydratation à chaud de l'un des trois hydrates précédents. 11 sera évidemment avantageux de prendre comme point de départ le dihydrate, préparé comme il est expliqué plus haut. J'ai effectué les quatre expériences suivantes : a. Déshydratation du dihydrate à 1600 dans un courant de gaz carbo- nique sec (sans addition de vapeurs azotiques). On arrive ainsi à déshydrater complètement, en 3 ou 4 heures, plusieurs grammes de sel; mais il y a un dégagement notable de vapeurs d'acide azo- tique. Le produit est jaune orangé et contient de l'acide uranique UO!, H"0. Il est cependant encore soluble dans l'eau sans résidu (2). Sa composition est plus ou moins voisine de celle de la combinaison (NO:i)5U0^2U03, (') L'analyse a donné: 62,84 pour ioo de UO2, au lieu de 62,83, en admettant que U = 238,5. {'- ) M. Lebeau a montré que l'acide uranique est assez soluble dans les dissolutions aqueuses de nitrate d'uranyle. Io46 ACADÉMIE DES SCIENCES. qui serait l'orthonitrate d'uranyle, et qui a été aperçue et indiquée à plusieurs reprises. b. Déshydratation du dihydrate à i25°-i3o° dans un courant de gaz carbonique sec (sans addition de vapeurs azotiques). L'expérience est déjà beaucoup plus longue ; au bout de 4 ou 5 heures, la perte de poids correspond à peu près à imo1 d'eau; puis il faut ensuite poursuivre la déshydratation pendant 55 à Go heures pour arriver à un poids sensiblement constant. La vitesse est donc alors douze fois moindre que dans la première partie de l'expérience, ce qui indiquerait déjà l'exis- tence d'un monohydrate. J'ai pris soin non seulement de noter la perte de poids de la nacelle, mais aussi de recueillir et de doser les vapeurs d'acide azotique dégagées. D'après ces données, l'azotate devenu anhydre avait perdu, à la fin de l'opération, 12,5 [tour ioo de l'acide azotique qu'il contenait virtuellement au début. Ces résultats conduisent à la composition (NOs)2fc024--(U03,H!0). Ce produit est jaune, un peu orangé. c. Déshydratation du dihydrate à 980 dans un courant de gaz carbonique sec (sans addition de vapeurs azotiques). L'élimination de l'eau a lieu encore, mais beaucoup plus lentement. Il faut cette fois i5o heures pour obtenir non pas un arrêt complet, mais un ralentissement très marqué. La perte totale du poids et la perte d'acide azotique conduisent alors à la composition ( NO3 )5 VO\ II2 O + 4j ( CO3, H- O) . C'est donc un monohydrate de nitrate d'uranyle presque pur, contenant moins de 1 pour 100 d'acide uranique. D'ailleurs l'analyse complète con- firme ce résultat ('). Ce produit est jaune clair. d. Déshydralion du dihydrate à i65° dans un courant de gaz carbonique sec chargé de vapeurs d'acide azotique. C) J'ai trouvé, pour 100 : NOs 29,89 et UO2 65,85, tandis que la formule indiquée demanderait 29,77 el 65, 80, et que le monohydrate pur donnerait 3o,o6 et 65,58. On voit par là que la seule analyse du produit permettrait à peine de reconnaître les traces d'acide uranique qu'il contient, si le dosage del'acide azotique éliminé ne ies indiquait pas. SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. lO^ C'est l'expérience de M. Markétos, dont j'ai suivi exactement toutes les indications, sauf que la température ( iG5°)a été maintenue un peu plus basse que celle indiquée par ce savant (170°), dans le but de rendre la décompo- sition du sel moins profonde. J'ai encore déterminé, toutes les 3 beures, la perte de poids de la nacelle. D'après ces pesées, après 3 beures, le sel avait encore à peu près la composition d'un monohydrale; puis il a fallu 12 beures pour arriver à un poids constant, correspondant sensiblement au sel anhydre. Ce ralentis- sement, après les 3 premières beures, confirme encore l'existence du monohydrate. x\Iais on constate en outre que la perte de poids de la nacelle dépasse notablement le poids d'eau contenu dans le dihydrate pris comme point de départ, lequel est cependant, avons-nous dit, absolument pur. De l'acide azotique avait donc encore été éliminé, malgré la présence de vapeurs azotiques dans le gaz carbonique. En évaluant cette élimination d'acide azotique d'après l'excès de la perte totale sur le poids d'eau contenue dans le dihydrate, on arriverait à la com- position suivante : (JïOâ)IUOs + 4;(U03,H!Ô). 20 D'ailleurs l'analyse a confirmé cette formule ('). Ce produit est jaune clair. En répétant cette expérience à une température un peu plus basse (i55°), j'ai obtenu sensiblement le même résultat (2) : (NO)*U02-i-^- (UO,H20). On voit donc qu'à la température indiquée par M. Markétos (173°), on obtient bien, par sa méthode, le sel anbydre, mais souillé de près de 3 pour 100 d'acide uranique. La présence des vapeurs nitriques retardent donc beaucoup la décomposition, dans le rapport de i5 à 1 à peu près, mais ne l'empêche pas absolument à 175°, i65° et même i55°. Pour obtenir un produit anbydre ne contenant que des traces d'acide uranique, il faudrait (') J'ai trouvé, pour 100: NO3 3o.66 et UO2 69,14, tandis que la formule indiquée demanderait 3o,5g el 69,11 et que le sel anhydre pur donnerait 3 1 ,44 el 68,56. Ici 1'analvse seule suffit pour affirmer la présence de l'acide uranique (2,67 pour 100 du poids total du produit). (s) Mais l'expérience est alors déjà beaucoup plus longue, 3o heures environ. Io48 ACADÉMIE DES SCIENCES. ne pas dépasser i25°-i3o° et opérer avec du gaz carbonique chargé de vapeurs nitriques-, mais on a vu qu'à celte température on doit prolonger l'expérience pendant plus de 60 heures (' ). GÉOLOGIE. — Observations sur l'histoire géologique pliocène et quaternaire du golfe et de l"1 isthme de Corinlhe. Note de M. Charles Depéret. 11. Période quaternaire (suite). — J'ai montré (Comptes rendus, 3 mars it.)i3)que la phase continentale qui caractérise l'histoire du golfe de Corinthe pendant la première partie des temps quaternaires avait été brusquement interrompue par une transgression marine, correspondant à l'époque des couches à Strombus mediterraneus . Les dépôts marins de cette transgression peuvent être suivis depuis l'isthme de Corinlhe jusqu'à Patras. Dans le centre de l'isthme, la magnifique tranchée du canal de Corinthe entaille sur 8om de hauteur un bombement central de marnes pliocènes levantines, flanqué en discordance des deux côtés par des grès et conglo- mérats quaternaires, riches en coquilles marines, et découpés par des failles en gradin tout à fait remarquables. Grâce aux facilités exceptionnelles que présente l'étude de cette tranchée découverte, j'ai pu me faire une idée nette de ces dépôts marins, déjà bien étudiés par M. Philippson (Der fsthmos vonCorinlh, 1890). Le quaternaire débute par des marnes sableuses jaunâtres, dans lesquelles s'intercalent plusieurs bancs de sables et graviers gris verdâtre, à nombreux éléments de gabbros et de serpentines; puis viennent des mollasses jaunes encore intercalées de graviers serpentineux vers le haut; enfui, on passe à des grès en plaquettes cariés qui terminent la série marine ravinée en quelques points par des limons sableux rougeâtres d'origine continentale. J'ai observé la même succession au nord de l'isthme dans les collines du pays de Krommyonia, notamment près de Kalamaki, où ces dépôts marins ont été décrits depuis longtemps par Th. Fuchs. On les revoit au sud du (') On remarquera que l'expérience des quatre hydrates du nitrate d'uranyle, à 6, 3, 2 et 1 H20, est en opposition avec la thèse soutenue récemment par M. Rosenstiehl (Bulletin de la Société chimique, t. IX, 191 1, p. 174) : .« H n'y a pas d'exemple, dit-il. de sels hydratés ne perdant qu'une molécule d'eau, en dehors de ceux qui n'eu contiennent qu'une seule. » En fait, le trihydrate de nitrate d'uranyle perd d'abord une molécule d'eau, puis une autre, pu is une troisième. SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. IO^n, canal dans le bas plateau d'Islhmia-Kenchrœe et ils se prolongent vers l'Ouest par Hexamilia jusque bien au delà de la ville de Corinthe. J'ai déjà indiqué que ces mollasses et graviers marins étaient discordants par rapport aux marnes pliocènes. La discordance est peu évidente dans la tranchée du canal, mais devient très manifeste à l'ouest de Corinthe. M. Négris m'a montré, derrière la propriété Tryphos, le conglomérat quaternaire à galets verts, presque horizontal sur les tranches redressées des marnes pliocènes. M. Philippson a noté cette même discordance en divers points au bas plateau de Stimanga, entre Kiaton et Xylokastron etc. Il n'est permis de conserver aucun doute sur l'indépendance complète de ces deux formations. Lu faune marine de ces couches présente un cachet d'ensemble des plus récents, la majeure partie des espèces se retrouvant vivantes dans la Médi- terranée. Néanmoins, les opinions ont beaucoup varié sur l'âge de ces couches. Th. Fuchs, et plus tard MM. Philippson et Oppenheim les ont attribuées au Pliocène supérieur de Rhodes et de Cos, d'après la présence de quelques coquilles à affinités pliocènes et même miocènes, dont les déter- minations demanderaient sans doute à être revisées : tel le Strombus coro- fiatus qui est, en réalité, le Strombus mediterraneus ou bubonius, actuel du Sénégal. Gaudry et Neumayr ont soupçonné l'âge quaternaire de ces couches qui a été définitivement établi par les déterminations de M. Jous- seaume, mais sans qu'aucun des savants précités ait indiqué le niveau stratigraphique précis de ces dépôts. J'ai repris à mon tour l'étude de cette belle faune, en utilisant, à l'Ecole des Mines de Paris, les collections Ed. Fuchs et Chaper et surtout les magnifiques séries de l'Université d'Athènes recueillies par l'Administra- tion du canal de Corinthe à l'époque du percement de l'isthme. Négligeant les espèces méditerranéennes actuelles qui forment le fond de la faune, j'attirerai seulement l'attention sur un petit nombre de coquilles caracté- ristiques, étrangères à la faune méditerranéenne, mais identiques à des espèces encore vivantes dans l'Atlantique tropical ou tempéré. i° Le Strombus mediterraneus Duclos, identique, ou peu s'en faut, au Strombus bubonius acluel de Madère et du Sénégal (5 à 6 exemplaires à l'Université d'Athènes); 20 Le Conus guinaicus Hwass, grande forme bien distincte du petit Co/ius medi- terraneus et identique à l'espèce vivante des côtes de Guinée; 3" La Nalica lactea Guilding, espèce du sous-genre Mamma, qui se retrouve vivante sur la côte occidentale d'Afrique; 4° Un Pecten du groupe du P. maximus de l'Atlantique tempéré, ayant les côtes Io5o ACADÉMIE DES SCIENCES. rondes et multistriées du type des côtes de France, avec la forte convexité de la grande valve du P. jacobœus de la Méditerranée. Je signalerai en outre quelques belles coquilles, fréquentes à Corinthe, et qui, devenues aujourd'hui plus rares dans la Méditerranée, contribuent à donner à la faune de cet horizon un cachet de mer plus chaude que la Méditerranée actuelle : telles sont Cassis undulata, Tritonium nodiferum, Purpura hœmastoma, Mytitus galloprovincialis var. herculea, etc. La présence des trois premières espèces, Strombus mediterraneus , Conus guinaicus, Natica laclea, suffit à caractériser la faune chaude émigréc de l'Atlantique tropical dans la Méditerranée à une époque où la ligne de rivage se trouvait à l'altitude d'environ 3om. Cet horizon faunique, qui se com- plète par quelques autres formes jusqu'ici inconnues dans l'isthme de Corinthe, Tritonidea viverrata, Tritonium /icoides, Tugouia anatina, etc., constitue un niveau stratigraphique d'une remarquable unité, qui s'observe identique dans toute la Méditerranée occidentale, en Catalogne, aux Ba- léares, à Nice, en Algérie, en Tunisie, à Tarenle, en Sicile, etc. Dans la Mé- diterranée orientale, il n'était encore cité que de l'île de Chypre(Gaudry), mais il est à prévoir qu'on en découvrira d'autres gisements. En dehors des Mollusques, les couches à Strotnbes du golfe de Corinthe ont fourni d'importants débris de Mammifères terrestres. Dans les graviers serpentineux de la tranchée du canal, on a recueilli, lors des travaux, une belle mandibule d'Éléphant, que j'ai étudiée à l'Université d'Athènes, et qui se rapporte au groupe de VElephas antiauus par la forme étroite des molaires, mais avec des lamelles d'émail plus épaisses et surtout plus ondu- lées : c'est une variété ou race locale identique à l'Eléphant du bassin de Mégalopolis, nommé par M. Scouphos Elephas Gorlyniensis (in coll.). A l'autre extrémité du golfe, à Palras, on a recueilli, dans les graviers fluvio-marins de la carrière Coslakis, une belle molaire du même Éléphant que j'ai vue à l'Université d'Athènes. Dans une visite que j'ai faite au gise- ment sous la conduite de M. Négris, nous avons pu recueillir, avec des lamelles de molaires et des fragments d'os de ce Proboscidien, une défense d'un énorme Sanglier (Sus scrofa férus) et un métacarpe d'un Cervidé de la taille du Chevreuil (Ce/vus capreolus). Il y a là un véritable gisement qui mériterait d'être suivi avec soin. Il me reste à indiquer les conditions paléogéographiques et tectoniques des couches à Slrombes dans le golfe de Corinthe : i° Il est de toute évidence que le bras de mer corinthien avait été rétabli SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. IO.r)I à ce moment et que le Péloponèse était redevenu une île comme aux temps pliocènes. En effet les couches à Strombes traversent l'isthme de Corinthe sur une grande largeur entre les monts Geraneia et le massif de l'Oneion. Je les ai signalées plus à l'Ouest à Vieille-Corinthe, et M. Philippson a pu suivre au loin le tracé de ces couches marines (qu'il attribue à tort au Plio- cène supérieur) par Stimanga, Vasiliko, Kiaton, Melissi, Dervenion, Akrata, Trapeza jusqu'à Diakoptika, sur un trajet de 90km. Plus à l'Ouest encore, j'ai observé à Patras, dans le faubourg Tabachana, un important lambeau de graviers et poudingues, adossés aux marnes pliocènes, et ayant la plus grande analogie avec les graviers de l'isthme. La présence d'un banc à Ostrea edulis à la base de la carrière Costakis (gîte des Mammifères cités plus haut) ne laisse aucun doute sur l'origine marine ou fluvio-marine de ce dépôt quaternaire qui doit avoir aux environs de Patras une assez grande extension, que je ne puis préciser. 2° L'un des caractères les plus intéressants de ces couches à Strombes réside dans leur état extrême de dislocation. Alors que la ligne de rivage normale de cette époque se retrouve partout dans la Méditerranée occi- dentale et jusqu'à Chypre à l'altitude d'environ 3om, ces couches ont été emportées ici à des altitudes très fortes : 70"1 dans le centre de l'isthme, i5om aux environs de Kalamaki, et, d'après M. Philippson, jusqu'à 35om dans la région centrale du golfe. Il est curieux de remarquer que la plus forte altitude des couches à Strombes coïncide justement avec la région de soulèvement maximum des dépôts pliocènes. Ce soulèvement du Quaternaire marin a été accompagné d'un système de failles parallèles, à direction Est-Ouest, qui ont découpé les couches à Strombes en gradins effondrés vers l'axe du golfe. La tranchée du canal montre d'une manière admirable les graviers marins découpés à droite et à gauche du bombement pliocène par une douzaine de failles qui les abaissent de l'altitude de 7om jusqu'au niveau de la mer. Près de \ieille-Corinthe, j'ai observé avec M. Négris un premier gradin de faille à l'altitude de 20'", un deuxième à 55m-Go'n, enfin un troisième ressaut à gom-g5m qui s'éleva rapidement à l'Est jusqu'à ii2m. Au plateau de Stimanga, M. Philippson figure un gradin supérieur à 32Ôra et deux gradins plus bas à i64m et à i44m d'altitude. Ce régime de failles se poursuit sur toute la longueur de la bande quaternaire avec une intensité variable suivant les points. C'est à ce système de dislocation par soulèvement et effondrements consé- cutifs qu'est due la géographie actuelle du golfe de Corinthe. Le dôme C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) 1 34 10:12 ACADÉMIE DES SCIENCES. anticlinal du centre de l'isthme est la cause déterminante de l'existence de cet isthme et de la soudure tardive du Péloponnèse avec le continent. Les effondrements post-quaternaires ont déterminé la forme actuelle du golfe dont la fosse centrale descend à la profondeur de 700™, exactement à la hauteur de la région de soulèvement maximum des dépôts pliocènes et quaternaires. ELECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'une Com- mission qui sera chargée de présenter une liste de candidats pour les trois premières places nouvellement créées de Membres non résidents. La Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président de l'Académie, doit comprendre trois Membres de la Division des Sciences mathématiques et trois Membres de la Division des Sciences physiques. MM. Darboux, Emile Picard, Villard, pour les Sciences mathéma- tiques; MM. Pu. van Tiegiiem, Haller, Douvillé, pour les Sciences physiques, réunissent la majorité absolue des suffrages. CORRESPOND AIVCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Records of (lie Survey of India, Volume II, 1910-191 1 , prepared under the direction of Colonel S. -G. Burrard. (Transmis par le Ministre des Affaires étrangères.) 20 Collected Papers by officers ofthe Royal Army médical Corps ; Volume I. 3° Annales de l Observatoire national dWtliènes, publiées par Démétrius Eginitis; Tome VI. 4° Les Cép/iéides considérées comme étoiles doubles, avec une monographie de l'étoile variable 0 Céphée, par Michel Luizet. (Présenté par M. B. Baillaud.) SÉANCE DU 7 AVRIL IÇil3. io53 ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du 'Soleil ', faites à i Observatoire de Lyon, pendant le troisième trimestre de 1912. Note de M. «I. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud. Le nombre des jours d'observations a été de 76 dans le trimestre et voici les principaux faits qui en résultent : Taches. — On a noté 8 groupes de taches avec une surface totale de 1 3a millionièmes, au lieu de 7 groupes et 028 millionièmes précédemment. Un seul de ces groupes appartient à l'hémisphère boréal et les sept autres à l'hémi- sphère austral. Leur latitude moyenne est de -+■ 10° et — 70. Le Soleil s'est montré sans taches dans 5o des jours d'observations, d'où il résulte un nombre proportionnel trimestriel de 0,66 au lieu de o,58 flans le deuxième tri- mestre. Régions d'activité. — Le nombre des groupes de facules enregistrés est supérieur d'un tiers à celui du trimestre précédent (^2 groupes au lieu de 3i), tandis que leur surface totale n'a augmenté que d'environ un cinquième, avec 18, 5 millièmes au lieu de 1 5 , 1 . Dans leur répartition de part et d'autre de l'équaleur, on a i groupe en moins au Sud (28 au lieu de 29) et 12 en plus au Nord (i4 au lieu de 2). Tableau I. Taches. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surraces extrêmes d'obser- au mer. ^» — A* — -^*- — - moyennes d'obser?. rations, central. N. Juillet 11)13. 0,~2. •>.- 5 2 7,4 — la 5-12 ;_ y,o - 3 •'•9J- ." -r, 5 Août. «~- q,q5. 1 19,4 22 j. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surraces e\irôines d'obser- au nier. - ■ ■■.- - — *»— ■ moyennes dubserT. valions, central. S. N. réduites. S eptembrç . — 0,32 4 7" 8 2 3,o — (i ■y i( 1 9,5 — 7 7-1 i 7 n,5 — j 1 2-20 8 r 5,3 — S 24-28 4 29 :2 — 6 21]. -6\4 62 1 1 Tableau IL — Distribution des taches en latitude. Juillet Août Septembre . . Totaux.. . . 90°. 40°. 30". 20°. 10°. 0". Somme. Totaux mensuels. Surfaces totales réduites 2 1 ■9 5 5 108 l3'2 Io54 ACADÉMIE DES SCIENCES. Tableau III. — Distribution des facules en latitude. 1912. 90°. Kl' 30°. 20" 10 ". 0°. Somm Juillet i » 2 5 3 I I „ 4 2 3 7 10 Septem bre . . ■y » » 6 Tota ux.. . ■i 1, 1 1 1 12 28 Nord. Surfaces — ■ ^ — ^ — Totaux totales Somme. 0". 10°. 20°. 30". K>°. 90*. mensuels. réduites. 3 1 » » 1 1 14 6,5 8 1 » 1 1 5 1 5 5,i 3 1 1 » » 1 i3 6,9 14 3 1 1 2 7 42 i8,5 ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une question concernant les fonctions de deux variables réelles. Note de M. Emile Cotïon, présentée par M. E. Picard. Divers problèmes, en particulier celui de la stabilité des mouvements, conduisent à étudier le signe d'une fonction V au voisinage d'un point O où cette fonction et ses dérivées premières s'annulent. L'étude directe de ce signe étant rarement possible, on substitue souvent à V une expression approchée U. Il y a donc intérêt à donner des conditions suffisantes pour qu'une telle substitution soit légitime. C'est ce que je fais ici, en me limi- tant au cas de deux variables et en supposant U holomorphe. Un cas particulier de ce problème se pose à propos de l'étude des extrema au moyen des dérivées ('); U est alors un polynôme obtenu en appliquant»» V la formule de Taylor et supprimant le terme complémen- taire, on cherche si ce polynôme garde un signe constant au voisinage de O et si l'on en peut conclure que le signe de V reste aussi constant. Dans le problème général que nous posons, l'origine de U est quelconque, le signe de cette fonction peut varier; on se demande si les régions U>o et U << o et les régions analogues V>o et V- En posant nous obtenons - n =■>■ l + b*y*—ay y=û->±Lb^u-D> et, étant donné que y' = o, pour x = o, En posant de nouveau nous obtenons a dit 2()\/(l-l(!)(w- D) D u = j—pu y/4, a i /ID zn Tb^ïV-T + v11^ ^6 ib -^(u — "(.) — (?« — C«o) Les racines du polynôme couvert par le radical sont : Pour x = o. y = o, 2D m pu = e3, «-m, m Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES. Pour que les déplacements satisfassent au théorème de réciprocité, il faut que, pour a; = i, y=jfr PP=aEJ^fë»-ijY. L'argument u varie de co' à to 4- &)'. De cette relation, nous pouvons tirer P par un procédé d'approximations suc- cessives. Le module £3 _ e2—e3 _ i— D _ a?_ e, — e3 i 8 b- Si la pièce était droite, c'est-à-dire a — o et k'1= o, il en résulterait " V a 3/T c2 \ et alors nous obtiendrons EJir' c'est-à-dire la formule bien connue d'Euler. J'ai examiné le cas d'une pièce à faible courbure, et le calcul m'a montré que la limite d'Euler, relativement aux cas de pièces courbes, est plus petite, mais très voisine de la limite relative aux pièces droites. Ce résultat concorde avec les données des expériences de M. T. Carman. MÉCANIQUE. — Sur la propagation des déflagrations et sur les limites d ' inflammabilitè ' . Note de M. Emile Jouguet, présentée par M. L. Lecornu. I. Remarque sur les mouvements permanents. — Dans une Note du 17 mars 191 3, j'ai étudié les mouvements permanents par trancbes paral- lèles d'un mélange gazeux susceptible de brûler. Dans ces mouvements, le fluide tend asymptotiquement vers deux états extrêmes, l'un v0, T0,p0, non brûlé, pour a; = — 00, l'autre v0, T"0, a'0, p0, brûlé, pour x = 4- ao. Selon une remarque de Lord Rayleigh, les raisonnements d'Hugoniotsur les ondes de cboc s'appliquent aux mouvements permanents, même en l'absence de telles ondes. Les états vB, T0, pa et v0, To: a0, pa sont donc reliés par les formules qui relient l'état initial et l'étal final dans une onde de choc et combustion. Il est d'ailleurs possible que le fluide parvienne très vite SÉANCE DU 7 AVRIL igi3. ïo5ç) au voisinage de ces états, si bien que le phénomène que nous avons étudié peut être une véritable quasi-onde de choc et de combustion. Comme nous nous sommes placés dans le cas où la pression baisse au passage de la flamme, cette quasi-onde correspond à un point de l'arc CQ de la courbe tracée dans une Note parue ici même le 10 janvier 1910. Ainsi que je l'ai dit dans ladite Note, on peut émettre des doutes sur la persistance des ondes de choc et combustion correspondant à cet arc CQ. Mais ces doutes ne conviennent qu'aux régimes de propagation variables, et, bien entendu, nous supposons ici que les conditions aux limites sont maintenues telles que le mouvement permanent soit réalisé. II. Cas où lapression variepeu. — Me reportant aux équations (1) à (5) de ma Note du 17 mars iç)i3, je vais me borner au cas où la célérité de la flamme est faible. Dès lors m est petit, et l'équation (2) montre que p reste sensiblement constant. Le terme en l-^- disparaît de (4) qui s'écrit , d I ' d1\ (rdT d0L Introduisons maintenant quelques bypothèses simplificatrices. Toutes n'auront pas une grande valeur physique, mais elles faciliteront l'intégra- tion, et il est intéressant de faire une intégration, même grossière, pour illustrer les généralités de ma Note du 17 mars. Les gaz brûlés seront supposés parfaits, de sorte que l'équation (5) sera (b) /m=RT. R devrait dépendre de a; on le supposera constant. De même /' sera consi- déré comme constant; de même aussi C et X-, qui, étant dès lors indépen- dants de oc, seront par suite les mêmes pour les gaz frais et les gaz brûlés. Ces hypothèses sont assez approchées pour les mélanges dilués. Pour la loi de la combustion, je ferai des hypothèses qui se rattachent à celles que j'ai développées pour les corps à réaction vive dans mon Mémoire sur la propagation des réactions chimiques dans les gaz (Journal de Mathé- matiques pures et appliquées, 190:1-1906). J'admettrai qu'une certaine surface, fonctionnant comme surface des faux équilibres limites, divise l'espace des/?, a, T en deux régions, l'une où la vitesse de réaction est nulle ou négligeable, l'autre où elle est finie. Je prendrai, en outre, dans cette C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N' 14.) x35 1060 ACADÉMIE DES SCIENCES, seconde région, pour loi de la combustion, (■*) ^ = HT(i-*), formule assurément grossière, notamment en ce qui concerne l'influence de T, mais qui rend l'intégration facile. Remplaçons alors T par sa valeur en/?, c, — par a-r- et - par m selon l'équation (i). Il vient tA\ da Wp G («) T" = — n('— «)= — (' — a ; il.r mR ni G est une constante, puisque/» est sensiblement constant. Dans les équations (i) à (5) de ma précédente Note, il faut donner à (3), (4), (5) la forme (d), (a), (b). L'intégration, en tenant compte des conditions (G), donne wC (e) Tj— T0= (t — T0 ) e * pour les gaz frais, (; (/) T2 — t— Gk /)>iC \e '" —l) pour les gaz brûlés, avec m - r G _ m C Kë> Gk + m*C m-(,C~ V \k ; Si 0 est la température de combustion à pression constante, égale à T0 — ^, (/) et (g) deviennent {h) T2— t=(B — ■c){i-e~™X), «o Ag /b — t (/) donne la vitesse de propagation u0. La tbéorie précédente rappelle celle de Mallard (Annales des Mines, i8^5). Mallard, toutefois, obtient une vitesse de propagation proportionnelle à =?-• Mais il ne faut pas attacher une grande importance à cette diffé- rence, qu'on pourrait sans doute faire disparaître par un choix convenable de la loi (c). On remarquera d'ailleurs que la loi de la combustion varie dans la réalité suivant l'ordre de la réaction chimique. Si j'ai retouché la théorie de Mal lard, ce n'est pas pour changer sur ce point sa formule; c'est qu'il m'a paru intéressant de se rattacher plus étroitement qu'il ne l'avait fait aux SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. 1061 équations fondamentales de l'hydrodynamique, pour mieux montrer les hypothèses nécessaires. On remarquera notamment que la célérité a été sup- posée petite, si bien qu'une formule comme (/) ou comme celle de Mallard ne saurait s'appliquer quand T0 est voisin de z. Dans ce cas, seule la limite (10) de ma précédente Note est valable. III. Limites d'inflammabilité. — Quand le gaz atteint la température z, il faut, pour qu'il brûle, que la ligne représentant sa transformation dans le plan ce, T (la pression/» est sensiblement constante) pénètre à l'intérieur de la ligne des faux équilibres limites. Il faut donc que -tt,- tel qu'il résulte de (d), (A), c'est-à-dire ^ — z> soit inférieur au coefficient angulaire y de la tangente à la ligne des faux, équilibres limites. Cette ligne devrait être une courbe d'égale vitesse. Mais la loi (V) est trop grossière et, par suite, la ligne des faux équilibres limites déterminée avec trop peu de précision; aussi laisserai-je A indéterminé. On doit donc avoir 0 — 7> A. Les mélanges à la limite d'inflammabilité sont ceux pour lesquels 0 = z ■+■ A. On voit que leur vitesse de propagation peut n'être pas nulle, conformé- ment aux observations de M. Le Chatelier. Il est bien évident que ce raisonnement, exposé avec les hypothèses du paragraphe II, est en réalité indépendant. Il fournit, pour les limites d'inflammabilité, une explication qui est à rapprocher de la définition des corps explosifs de M. Duhem. Dans l'un et l'autre cas, il faut que la ligne représentant une certaine réaction (adiabatique pour la définition des corps explosifs, non adiabatique ici) pénètre dans la région de l'espace p, a, T, où les vitesses de réaction sont sensibles. CHRONOMÉTRIE. — Sur une variante de la méthode des coïncidences. Note de M. Henri Chrétie.v, présentée par M. Bassot. Dans la manière habituelle d'appliquer la méthode des coïncidences, les deux garde-temps à comparer agissent séparément avec une intensité à peu près égale sur chacune des oreilles de l'observateur. Il m'est arrivé d'ap- pliquer la méthode dans des circonstances telles que l'un des garde-temps était perçu surtout par une oreille, tandis que le deuxième affectait IOÔ2 ACADÉMIE DES SCIENCES. principalement l'autre. J'ai observé ainsi un phénomène assez curieux de stèrèo-acouslique qui peut, danscertainscas, être utilisé pour donner plus de netteté et de précision à la méthode des coïncidences. J'ai découvert ce phénomène en comparant deux mouvements d'horlogerie d'appa- reils enregistreurs Richard, que j'avais placés sur une table, à environ im,5o de dis- tance, l'un à ma droile, l'autre à ma gauche. Vers le moment de la coïncidence, les battements du mouvement de droite, qui était le plus rapide, diminuèrent rapidement d'intensité et si complètement, que je crus, la première fois, que, par un hasard inopiné, l'appareil s'était effectivement arrêté. 11 n'en était rien : je repris ma place à égale distance des deux mouvements et je surveillai attentivement l'unique série de battements que je percevais. Après quelques secondes, j'eus l'illusion très nette que le mouvement d'horlogerie de gauche se déplaçait dans l'espace et s'avançait vers moi, non seulement parce que chaque battement était plus fort que le précédent, mais aussi parce qu'il paraissaitémaner d'un objet mobile se rapprochant effectivement de l'observateur. Il nie sembla passer très près devant moi, en battant très fort, puis s'éloigner vers la droite en diminuant de sonorité jusqu'au moment où il me parut arrivé à la dislance de l'appareil de droite. Tout se passait alors comme si ce dernier battait seul, à son tour. Cela dura quelques secondes, puis je perçus les battements du mouvement de gauche, d'abord très faibles, mais dont l'intensité croissait rapide- ment et les deux séries de battements se dédoublèrent nettement. La coïncidence était passée; elle avait évidemment en lieu au moment où le son semblait provenir d'un point situé dans le plan médian de l'observateur. J'ai souvent répété cette expérience avec des chronomètres de marine et, tout récemment, à l'Observatoire de Nice, j'ai comparé ainsi, au moyen de deux récepteurs téléphoniques, à circuits indépendants, les signaux rythmés que la tour Eiffel émet chaque nuit par télégraphie sans fil, avec les battements d'un chronomètre à contacts électriques de Paul Ditisheim. En général, le phénomène, quoique très observable, était moins frappant qu'avec les mouvements d'enregistreurs, ce que j'ai toujours attribué à la trop grande différence qualitative des sons produits par des instruments de constructions très différentes; dans tous les cas, l'époque de la coïnci- dence a toujours été plus facile à apprécier que par la méthode ordinaire, où chaque oreille entend également les deux battements. M. Ch.-Ed. Guillaume, à qui je décrivais cette petite expérience, m'a signalé un travail de Lord Rayleigh (')dans lequel l'auteur a démontré que la direction de laquelle semble venir un son nous est indiquée par la diffé- rence de phase que les vibrations sonores présentent pour les deux oreilles, (') Lord Rayleigh, On our perception of Sound direction (P/u'l. Mas;., t. XIII, '9°7> I»- 2 > 4)- SÉANCE DU 7 avril igi3. l663 inégalement distantes de la source. Or, si deux chronomètres produisent des sons de même hauteur et de même timbre, mais n'ayant pas rigoureu- sement la même fréquence de battements, sonL disposés de manière à n'être entendu chacun que par une oreille, ils agiront sur l'ouïe avec une diffé- rence de phase variable dans le temps, ce qui doit produire l'illusion de leur mouvement dans l'espace, au voisinage de la coïncidence. Celte explication ne va pas sans quelques difficultés, car, en général, l'es échappements de deux chronomètres quelconques ne seront pas identiques au point d'èlre équivalents à la source sonore unique de Lord Kayleigh ; mais il ne semble pas pourtant que cette identité soit indispensable à la production du phé- nomène que l'oreille percevra, selon les circonstances, avec une netteté plus ou moins grande. physique. — Sur un nouveau mode de construction des lampes en quartz à vapeur de mercure. \ote de M. A. Tian, transmise par M. Lippmann. J'ai eu l'occasion de signaler', à propos des phénomènes exercés par la lumière ultraviolette sur l'eau, l'opposition qui existe entre les pro- priétés chimiques des rayons de très courte longueur d'onde (A < 1900 ang- strôms) et celles des autres radiations ultraviolettes, ces dernières se bornant souvent à détruire les combinaisons endolhermiques produites par les premières. Cette différence d'action, d'ailleurs, a été récemment déve- loppée par M. D. Berthelot. Il est donc nécessaire, quand on cherche à réaliser les effets chimiques des radiations extrêmes (ozonisation de l'air, peroxydation de l'eau, décom- position de l'acide chlorhydrique, etc.), d'utiliser une source de ces rayons donnant une proportion aussi faible que possible de ceux doués des pro- priétés inverses. En pratique, à cause de sa puissance et de sa commodité, on emploie presque toujours la lampe en quartz à vapeur de mercure; il faut alors la soumettre à un bas régime électrique : l'émission totale des radiations ultraviolettes de cette source croit en effet énormément avec la tension appliquée ('), tandis que l'énergie des rayons les plus réfran- gibles (a <[ 1900) varie relativement beaucoup moins (2 ). (') Kucb et Retschinskt, Anna/en der Physik, t. XX, 1906, p. ;j63. — Fabky et Buisson, Comptes rendus, t. 153, 191 1, p. 93. (2) A. Tian, Comptes rendus, t. 154-, 1912, p. 1 4 1 - — L'altération progressive des lampes poussées, qui se manifeste surtout dans l'émission des rayons extrêmes, conduit également à n'adopter qu'un bas régime électrique. Io6/| ACADÉMIE DES SCIENCES. D'autre part, à cause de la petitesse des rendements photochimiques et du peu d'énergie des radiations de 1res faibles longueurs d'onde, même émises par l'arc au mercure, il importe, pour obtenir des effets chimiques sensibles, de diminuer le plus possible la distance à la source. L'enveloppe de quartz des lampes à vapeur de mercure fonctionnant à basse tension est à une température peu élevée et l'on en pourra sans danger approcher la préparation, souvent même jusqu'au contact. Cependant, par leur forme complexe, électrodes, ailettes ou ampoule de refroidissement, les lampes en usage dans les laboratoires ne se prêtent pas simplement à une immersion dans un liquide ou un gaz, au moins dans des conditions chimiques accep- tables. Il paraît donc utile de construire un modèle destiné à supporter normalement une basse tension, et dont la forme soit mieux appropriée. La construction de pareilles lampes permet d'ailleurs une grande simpli- fication : grâce à leur faible éebauffement, facile à diminuer encore par une réfrigération convenable, on n'a plus à craindre la rupture, par inégalité de dilatation du raccord quartz-verre. On peut alors, évitant toute introduction d'électrodes à travers l'enveloppe de quartz, réunir celle-ci par un rodage, à une pièce de verre à laquelle «ont soudées les arrivées de courant. J'ai construit ainsi quelques lampes dont la partie en quartz transparent a la forme d'un tube à essai. Un peu de mercure placé au fond sert de catbode; le courant lui est amené par un fil de fer protégé par un petit tube de quartz opaque occupant l'axe de la lampe; l'anode est un petit cylindre de fer. Enfin le support en cuivre maintenant la lampe par le baut, avant le rodage, sert en même temps à la refroidir par conductibilité : elle ne perd ainsi rien de sa forme dégagée. Cet arc au mercure peut être alimenté par du courant alternatif: il faut, dans ce cas, mettre deux anodes constituées par des palettes de fer séparées l'une de l'autre par une lame de mica, et souder une troisième entrée de courant au bouchon de verre. La lampe ainsi construite fonctionne dans toutes les positions, depuis la verticale jusqu'à une faible inclinaison sur l'horizontale. D'une construc- tion simple et peu coûteuse, elle parait se prêter particulièrement bien aux recherches de laboratoire. SÉANCE DU 7 AVRIL 1 91 3. Io65 PHYSIQUE. -- Mèlho de simple pour déterminer la demité des poudres minérales. Noie de Maurice lîn.i.v, transmise par M. A. Haller. 1. Les différentes méthodes employées jusqu'à présent pour prendre la densité des métaux pulvérulents | méthode du flacon avec ou sans compres- sion de la poudre (')et méthode de flottement (-)] ne permettent pas de supprimer complètement les causes d'erreur qui proviennent de l'interpo- sition d'innombrables petites enveloppes gazeuses autour des éléments solides. Ce sont des méthodes longues et délicates qui laissent le plus souvent beaucoup d'incertitude. Pour éviter ces inconvénients, j'ai imaginé de faire disparaître l'enve- loppe gazeuse adhérant à la matière pulvérulente en opposant aux forces capillaires une force d'affinité chimique énergique, ce qui a permis d'aug- menter très notablement la rapidité des mesures et d'en décupler la pré- cision. Pour cela, j'ai remplacé l'eau généralement employée, par une liqueur de potasse bouillie à peu près normale, et l'air qui se (i\e aux particules minérales, par de l'anhy- dride carbonique, ainsi aucune bulle de gaz ne vient plus augmenter le volume du minéral divisé, puisqu'elle est absorbée par la liqueur. 11. Dans un llacou à densité on substitue à l'air, au moyen de vides successifs com- binés avec un léger chauffage, de l'anhydride carbonique dans des conditions de température et de pression toujours identiques; puis on ferme toute communication entre le flacon qui contient la poudre et les autres appareils; on introduit alors la moitié environ de la liqueur alcaline nécessaire pour remplir le ilacon, on l'agile légèrement, puis on continue le remplissage. Pour faciliter ces différentes opérations, j'ai fait construire un petit appa- reil qui abrège beaucoup la durée de l'expérience ; la ligure explique le fonctionnement. Par le robinet latéral se fait le vide ou l'arrivée de gaz carbonique ; par le 1 obi net à pointeau central arrive la liqueur alcaline au moment opportun. ( ') Chwolson, Traité de Physique, t. 1, p. Ô69 et 760 ; Le Chatelier et S. Wologdink, Comptes rendus, 1908, t. liri, p. 48. (2) Retgf.rs, Zeits. phys. Ghë/n., 1889, p. 289, et 1890, p. 329. io66 ACADÉMIE DES SCIENCES. Quand le picnomèlre est plein jusqu'à la naissance du col, on enlève l'appareil rem- plisseur, on termine comme dans les opérations clasMques de la méthode du flacon ; on a donné au flacon la forme d'un tube de centrifugeuse, ce qui permet de l'appli- quer commodément aux poudres difficiles à décanter. On prend la densité de la liqueur alcaline par i apport à l'eau à 4° dans les mêmes conditions où l'on a opéré avec la poudre, c'est-à-dire qu'on l'introduit dans le flacon l'ig. plein de gaz carbonique. On peut considérer que la densité de la liqueur reste cons- tante pendant i5 jours. III. Pour déterminer Inexactitude de la méthode, j'ai réalisé des séries de mesures comparatives par son moyen et par les méthodes usuelles en opé- rant dans des conditions semblables sur des verres d'optique non trempés et qui fournissent par pulvérisation des poudres bien homogènes. On avait, au préalable, déterminé la densité exacte des blocs de verre employés. On a deux moyens d'apprécier la précision obtenue par cette méthode par rap- port aux anciennes, d'une part la concordance des mesures individuelles cuire elles, d'autre part celle des résultats fournis par la poudre avec ceux que donnait, au préalable, la même substance en bloc. SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. 1067 Rapport entre le poids de l'échantillon et le poids du même cotante de liqueur alcaline. \'° 1. — Op. à nu. Bloc 7,101:2,275 = 3,143 6,079:2,093 = 3,143 2,534:o,8o6 = 3,i44 Poudre.... 6.558: 2,o86 = 3,i44 5.732 : 1 ,823 = 3, .44 2,344 : o^^5 = 3-,/>2 V ■>. — I >p. 6,404 : 1 ,906 = 3,36o 3,202 ; 0,968 = 3,309 5,928: 1.764 = 3,36o 3,o83 : 0,918 = 3,358 - Op. à o°. 6.248: 2,585 = 2,4.7 3.755 ; : 1,556 = 2,417 5,84. : 2,417 = 2,417 3,5o3 : 1,450 = 2,4.6 Bloc 4,3i4: 1.284 = 3,360 Poudre.... 3.968:1.181=3.359 N°3. Bloc 5.290:2,189 = 2,4.7 Poudre.... 4, 812 : 1,992 = 2,4.6 On voit que l'exactitude atteint souvent l'ordre du -^, c'est-à-dire Tordre de pi'êcision de la balance employée. Dans les mêmes conditions (mêmes échantillons, même balance) les mesures usuelles ne fournissent pas de résultats concordant à plus de -^ près. Cette méthode s'applique à tousles corps insolubles dans l'eau, en parti- ticulier pour déterminer les masses spécifiques des poudres magnétiques, et c'est précisément une étude de celles-ci qui m'a conduit à modifier la technique habituelle pour prendre les densités. Enfin cette méthode, vu sa précision, pourra s'appliquer avantageusement à la mesure des densités des corps susceptibles de contenir des bulles ou des fissures (ce qui est le cas le plus général) et qu'on aura intérêt à pulvériser pour éviter toute erreur de ce fait. La précision nouvelle obtenue dans la picnométrie des poudres a fina- lement cette conséquence imprévue : qu'il y a intérêt à pulvériser tous les solides avant de prendre leur densité. Ce travail sera développé ultérieurement dans un Mémoire spécial. PHYSIQUE. — Un cas remarquable de résonance optique. Note de M. Louis Dunover, présentée par M. \ illard. Par mi les raies d'émission d'une vapeur, il en est certaines qui jouissent de la propriété suivante : quand on envoie à travers cette vapeur un faisceau lumineux dont la longueur d'onde est celle de l'une de ces raies, la C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) 1 36 Io68 ACADÉMIE DES SCIENCES. trace du faisceau à travers la vapeur devient, à son tour, une région d'émission pour cette longueur d'onde. La question de savoir quelles sont les raies d'émission qui jouissent de cette propriété remarquable est loin d'être résolue. M. Wood (') a montré, en particulier, que la raie 2536 du mercure donne un exemple très net de ce phénomène. J'ai observé moi- même (2) qu'un faisceau de lumière blanche marque son passage à travers de la vapeur de sodium pure en provoquant la luminescence de cette vapeur. Cette luminescence est orangée, et je n'ai pu y observer que la raie D. Ce sont les premiers exemples d'un phénomène qu'il est bien difficile d'interpréter autrement qu'en admettant l'existence dans la vapeur de résonateurs accordés sur la longueur d'onde excitatrice. Que se passe-t-il quand la densité de la vapeur augmente? On peut s'attendre à ce que l'absorption de la lumière excitatrice soit de plus en plus rapide, qu'elle pénètre de moins en moins à travers la vapeur, et que par suite la région de résonance se conline au voisinage de la paroi. Si la densité de la vapeur ou des résonateurs moléculaires devient assez grande, on peut prévoir que la couche de résonance sera extrêmement mince et constituera, sur la paroi interne du récipient contenant la vapeur, une source de lumière monochromatique qui rayonnera à son tour dans toutes les directions. Tout se passera comme si la surface intérieure du récipient était devenue parfaitement diffusante. On peut même se demander, quoique cela ne paraisse pas évident, si la vapeur ne peut, sous une densité suffisante, réfléchir régulièrement la lumière excitatrice. En fait, c'est ce que M. Wood a observé pour la vapeur de mercure et la radiation 2536 (:|). Si l'on opère avec de la vapeur de sodium pure, le phénomène de réso- nance superficielle diffuse est d'une observation très aisée. Le dispositif le plus commode consiste à chaufl'er, dans le courant de géz chaif#s qui sort d'une cheminée au bas de laquelle brûle un bec Bunsen, un petit ballon de quelques centimètres de diamètre, soigneusement vidé de gaz, et contenant un peu de sodium pur. On forme sur la paroi du ballon l'image de la flamme d'un bec Meker dans lequel on fait arriver de l'air chargé de .gouttelettes par pulvérisation d'une solution très étendue de chlorure de sodium. Au lieu de former exactement l'image de la flamme, il est mieux de former celle d'une fenêtre à contours nets pratiquée dans une cheminée entourant la flamme. Si l'on se place en dehors du ' '(' ) l'hil. Mag., t. XXIII. 1912, p. 689. (-1 Cotrvptes rendus, t. 153, 1911, p. 333. - 1 l'Iiil. Mag., t. \\ III. 1909. p. 1*7 et t. Wlli. 1912, p. 689. SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. 1069 faisceau des rayons réfléchis régulièrement par la paroi, cette image est invisible quand le ballon est froid et que la paroi est propre. Quand la température s'élève, on commence à apercevoir, dès qu'elle dépasse ioo°, la trace du faisceau lumineux excitateur qui traverse le ballon. Feu à peu la luminosité de résonance augmente d'intensité. Au-dessous de 2000 environ, elle présente à un haut degré un caractère très remarquable, que j'avais déjà observé, mais moins nettement, avec l'excitation par la lumière blanche : au lieu de se limiter exactement au chemin -suivi par le faisceau excitateur, la luminosité est très diffuse et semble remplir tout le ballon. Il s'agit là d'une résonance secondaire analogue à celle que M. Wood a observée avec la vapeur de mercure pour la raie 2536. Si la température continue à s'élever, celte lueur diffuse diminue de plus eu plus. mais aussi la pénétration de la lumière excitatrice dans la vapeur. Vers 200°, la région de résonance ne s'étend guère que sur une épaisseur de 5mm à 6ram. A 3oo° environ, son épaisseur n'est plus appréciable à la vue. De quelque endroit qu'on regarde alors la face antérieure du ballon, à condition que le rayon visuel ne traverse pas la vapeur, on aperçoit l'image de la source avec autant de netteté que si celte image était formée sur une feuille de papier blanc collée à l'intérieur du ballon. L'observation de ce phénomène parait très suggestive. Je me bornerai pour le moment aux remarques suivantes : J'ai fait au début une distinction entre le phénomène de résonance superficielle diffuse que je viens de décrire et celui de réflexion régulière que M. Wood a observé avec la vapeur de mercure. Il est fort probable que si la vapeur de sodium était rendue suffisamment dense, on observerait aussi une réflexion régulière. Malheureusement, l'attaque du verre est trop rapide, dès 4oo°, pour permettre d'atteindre une densité de vapeur un peu importante. A 3oo°, la tension de vapeur est seulement de l'ordre de oD"", 1 . Toutefois, il sera intéressant d'étudier la loi de répartition de la lumière diffusée par l'image de résonance dans les différentes directions, pour voir si cette loi se rapproche de la réflexion régulière quand la température s'élève. Bien que la lumière dont l'excitation est efficace pour produire la réso- nance soit très rapidement arrêtée par les premières couches de vapeur qu'elle traverse, il est digne de remarque que l'absorption globale de la lumière émise par le brûleur soit très faible. Vue à travers le ballon plein de vapeur chaude, la flamme ne semble pas avoir diminué d'éclat d'une manière appréciable. Il est donc fort probable que la lumière excitatrice utile est limitée à une région très fine au centre des raies D. C'est ce que des expériences en cours sur l'absorption de la vapeur de sodium pure me permettront, je pense, de vérifier. Le fait est d'ailleurs à rapprocher de cette observation que l'image de résonance superficielle diffuse ne semble IO70 ACADEMIE DES SCIENCES. augmenter que très peu d'éclat quand on enrichit beaucoup en sodium la source éclairante, dont l'éclat augmente ainsi considérablement. Cette augmentation d'éclat est, par conséquent, due à l'élargissement des raies, beaucoup plus qu'à l'augmentation d'intensité de leurs parties centrales. CHIMIE PHYSIQUE. — La détente adiabatique dans les liquides. Note de M. L. Gav, transmise par M. A. Haller. Je me suis proposé de déterminer- expérimentalement la dilatation produite, dans les liquides, parla détente adiabatique de 2atm à iatm. Du coefficient de compressibilité adiabatique, y = — y ÂP ' lrouve on peut tirer le coefficient de compressibilité isothermique (3 P = y + dt 77F' dt Ta Ta IV ~~ ËTD — 4i,3cD ( '' ?~ '/H~ 4i,3cD" a, coefficient de dilatation thermique r ( -ttJ ; -777 : coefficient de variation adiabatique de la température : c, chaleur spécifique à pression constante; D, densité L'appareil est constitué par un ballon de verre de 65ocln*; à son goulot s'ajuste, par un rodage, un tube calibré divisé en millimètres; chaque division du tube correspond à imn|1,7i ; on peut apprécier facilement le !, de millimètre. Le ballon est placé dans une sphère de cuivre formée de deux hémisphères dont les bords sont munis de deux disques annulaires; entre ceux-ci est placé un joint d'amiante ou de cuir. Le tout est serré entre deux anneaux plats en fer munis de boulons. La calotte supérieure est percée d'un orifice (à travers lequel passe le tube gradué), un large tube de verre s'y ajuste par l'intermédiaire d'un bouchon de liège. Ce tube est muni à sa partie supérieure d'un robinet de laiton, à large orifice, fixé au golaz; un ajutage latéral le fait communiquer (par l'intermédiaire d'un robinet à 3 voies) soit avec une pompe, >oit avec un manomètre à mercure dont les deux branches sont reliées par une partie rélrécie. Dans la détente le mercure revient sans à-coup à sa position d'équilibre. ( ' ) Bouasse, Cours de Physique : Thermodynamique, p. 17. SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. 1071 Le ballon el la sphère sont remplis du liquide étudié. La variation de température, due à la détente, est donc sensiblement la même à l'intérieur et à l'extérieur du ballon. Les échanges de chaleur sont ainsi réduits au minimum. Toutes les mesures ont été faites à la température du laboratoire. Le procédé opératoire est le suivant : On élève la pression à 2alm environ; on note, simultanément, la pression et le niveau du liquide dans le tube gradué; on ouvre, aussitôt, le robinet de laiton et l'on note la dénivellation du liquide. On obtient ainsi la dilatation apparente du liquide par détente adiabatique, depuis la pression notée jusqu'à la pression atmosphérique. On en déduit le coefficient apparent de compressibilité adiabatique. Si b est le coefficient de compressibilité du verre du ballon, a son coefficient de dilatation cubique el si l'on admet qu'il est constammen t en équilibre de température avec le liquide, le terme correctif dû au verre est en réalité le verre se refroidissant moins que le liquide, dans la détente, ce terme correctif est compris entre la valeur précédente et /*. J'adopterai comme terme correctif, en posant a = 2.io~3, EcD J'ai obtenu, expérimentalement, pour le mercure, v — 1 3 rr>-6 I > ~i /appareiil — i, i/. iv» ^ /. (unité de pression : l'atmosphère). En admettant P = 3,7.IO-« H, y. = 1.808. io_i, c =oc.o333, on trouve y = 3,2. io— 6. D'où 6 = 1.9.10-". Afin de comparer ma méthode avec les méthodes antérieures, j'ai (M J'ai verni intérieurement la sphère de cuivre afin de la protéger contre l'attaque du mercure. (-) Amagat, Bridgman, 1909. IO72 ACADÉMIE DES SCIENCES. effectué quelques déterminations sur des corps déjà étudiés : Eauàn°,8: a. = 0,000 1 12 ; D — 0,999,55; c = 1,00094: y = io-G46,7,± 0,5; (3 = io~G46,S ± o,5; (3( Araagal) == 49,7- io~6; benzine à i2°, 1 : «=10,001198. D = o, 89993; c = o,4o44» y = io-fi 60, 1 ± o,5; (3 = io-B87,7 ± o.5; (3( Amag»! 1 =87,6. .le crois donc ma méthode assez précise en égard à sa grande simplicité. CHIMIE PHYSIQUE. — Quelques observations à propos de la Note de M"'' Feylis sur le magnétisme des sels anhydres et hydratés. Note de M. G. Wyrou- boff, présentée par M. E. Jungfleisch. J'ai lu cette intéressante Note (') avec d'autant plus de plaisir qu'elle vient directement à l'appui d'idées théoriques, que je soutiens depuis long- temps et dont MHt' Feylis ne semble pas avoir eu connaissance. J'ai montré, en effet, que dans les véritables sels, contrairement à l'opi- nion généralement admise, la combinaison de l'hydroxyde et de l'acide se faisait toujours par simple addition, sans élimination d'eau, que les véri- tables sels devaient, par conséquent, renfermer nécessairement de l'eau de. constitution. En perdant partiellement ou complètement cette eau, ils se transformaient en des corps d'une tout autre nature, dans lesquels les parties constituantes sont dissimulées à leurs réactifs ordinaires et qui, par leur mode de formation et leurs propriétés, ressemblent fort aux éthers de la Cliimie organique. Des composés comme CuCPetCuCP.aH-Oou bien CrClïetCrGls.3Hâ0 ne nous paraissent chimiquement semblables que par suite du symbolisme conventionnel de l'écriture et l'habitude prise de considérer l'eau comme étrangère à la molécule saline pour nous conformer à une théorie de l'ato- micité que nous savons depuis longtemps être absolument insuffisante. En réalité, ces corps sont aussi différents que possible par leurs fonctions et par conséquent par leur structure; dès lors, quoi d'étonnant que leurs propriétés chimiques et physiques soient différentes? Cette façon de con- cevoir les combinaisons salines, qui s'appuie, comme je l'ai fait voir, sur un grand nombre de faits et que les récentes recherches de M. Recoura con- firment pleinement, permet de prédire à l'avance que les propriétés (') Comptes rendus, 1. 150. p. 886. SÉANCE DU 7 AVRIL IC)l3. 107^ magnétiques, qui dépendent nécessairement de la structure des corps, ne seraient pas les mêmes dans les sels anhydres et les sels hydratés. A cet égard, les observations de M"1' Feytis ne constituent qu'un nouveau con- trôle de la justesse des idées que je viens de résumer; mais elles apportent aussi un fait très intéressant d'ordre physique qu'une théorie chimique ne peut prévoir. Il s'est trouvé que les composés de CuCl2 et CuCl-'HH) avaient le même coefficient d aimantation fort différent de celui du com- posé C11CI-.2II-O; de même, les composés CuOSOsH20 etCuOSO'. Or le corps anhydre et le corps monohydralé sont au même titre, quoique à des degrés divers, des combinaisons complexes, élhéroïdes, puisqu'elles se sont formées avec élimination totale ou partielle de l'eau, la combinaison saline normale étant Cu( OH)2 CIH ou Cu(OH)2SO*H% Il résulterait -de là, que la propriété magnétique dépend, non du nombre d'atomes accu- mulés dans la molécule, mais du caractère de la fonction chimique de cette molécule. Cette conclusion ne s'applique-l-elle qu'au cas du cuivre et peut-être de quelques autres métaux, ou bien a-t-elle une portée générale? La question reste ouverte. M"e Feytis a observé, il est vrai, que dans le cas du chrome les chlorures verts et les chlorures violets à divers états d'hydratation avaient le même coefficient d'aimantation et que seul le chlorure anhydre en différait, mais de ces observations on ne peut malheureusement rien conclure. Les classiques travaux de M. Recoura el mes propres recherches ont démontré d'une façon indiscutable qu'il existait des sels normaux et des composés complexes aussi bien dans la série violette que dans la série verte, et M"° Feytis ne nous dit pas quelle espèce de corps elle a eue entre les mains. On peut pourtant, même avec quelques centigrammes de ma- tière, distinguer rapidement les composés salins des composés pseudo-salins, grâce à un réactif très fidèle que j'ai indiqué jadis ('). L'acide sulfochn>- mique, dont la préparation est des plus faciles, a la curieuse propriété de précipiter la solution de tous les véritables sels métalliques, et de ne pré- cipiter aucun de leurs composés complexes. Je profite de cette occasion pour appeler encore une fois l'attention sur l'insuffisance des méthodes physiques qu'on tend de plus en plus à introduire dans l'étude des phénomènes chimiques. Je reconnais volon- tiers que ces méthodes sont extrêmement simples et fort expéditive>. ■ - — ' w ' ' " (l) Bull, Soc, chim.j 3e série, t. XX VIL 190 1074 ACADÉMIE DES SCIENCES. puisqu'elles se réduisent, en dernière analyse, à une série de lectures sur un instrument de mesure qu'on résume ensuite dans un tableau ou qu'on représente par une courbe; mais c'est précisément leur grande simplicité qui les rend peu aptes à résoudre les problèmes toujours très compliqués de la Chimie. Ce n'est pas la propriété magnétique ni aucune autre propriété physique qui pourra jamais nous faire connaître avec certitude le caractère particulier des différences profondes existant entre les hydrates et les anhydrides de ce que nous appelons des sels. Il nous faut pour cela avoir prise sut la consti- tution intime des corps et employer des méthodes purement qualitatives, infiniment plus délicates et plus difficiles à manier, mais donnant en re- vanche des résultats certains. CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau sulfate double cérique argentifère. Note de M. M.-Emm. Pozzi-Escot. Le sulfate double cérique qui fait l'objet de cette Note a été obtenu en faisant réagir le nitrate d'argent, en solution concentrée et chaude, sur une solution sulfurique concentrée et chaude de sulfate cérique. 11 se produit dans ces conditions un précipité cristallin, formé de cristaux prisma- tiques dichroïques jaune orangé foncé, insolubles dans la solution sulfurique de sulfate cérique. On l'essore à la trompe et on le lave avec une solution sulfurique diluée d'abord, puis avec de l'eau alcoolisée faible el glacée. On obtient ainsi un précipité jaune orangé très foncé, qui retient énergiquement un excès d'acide sulfu- rique. Chauffé dans un tube de verre de Bohême dans un courant d'air sec vers 4°°°) il perd l'acide en excès et devient anhydre, il est alors d'un beau jaune orangé vif et répond à la formule ioCe(S04)2, 6Ag2S04. En présence de vapeur d'eau, il reprend lentement l'état cristallin primitif, en lixant 2mo1 d'eau. L'analyse avec le sel anhydre a donné les résultats suivants : Trouvé. Calculé, Acide sulfurique SOl 4" > 78 48, l85 Argent (de AgCI) 24,88 24,787 Cérium (de CeO2) 27,14 27,027 Le sulfate double anhydre est peu soluble dans l'eau froide, légèrement soluble à l'ébullition ave.c décomposition. Les composants peuvent y être dosés directement sans difficulté particulière. SÉANCE t'U 7 AVRIL I9l3. 1075 chimie minérale. — Sur la solubilité de V oxalate de thorium. Note de M. A. Colaxi, transmise par M. A. Haller. J'ai entrepris une étude sur la solubilité des principaux composés de l'uranium et du thorium. J'ai été en partie devancé, en ce qui concerne le thorium, par deux Mémoires de MM. Wirth et Hauser ('), dont je viens seulement de prendre connaissance. Après avoir étudié la solubilité de l'oxalate de thorium dans l'acide sulfurique, ces auteurs indiquent qu'on peut en déduire la solubilité dans les autres acides, mais qu'avec l'acide chlorhydrique, pour une teneur supérieure à 20 pour 100, la phase solide est formée par du chloro-oxalalc et non plus par de l'oxalate. Depuis assez longtemps déjà, j'ai étudié l'action de l'acide chlorhydrique sur l'oxalate de thorium, soit seul, soit en présence d'acide oxalique, cas le plus inté- ressant au point de vue de l'analyse quantitative. J'ai opéré à la température ordinaire et à 5o°, température qu'on ne peut dépasser, les solutions d'acide oxalique se décomposant notablement dès 66° (-'). A froid, le temps nécessaire pour obtenir des solutions en équilibre est toujours fort long et peut atteindre trois mois. Il dépend naturellement de la quantité d'oxalate en présence dans le liquide et de la manière .dont on le maintient en sus- pension. Pour les teneurs un peu fortes en acide chlorhydrique, l'oxalate cristallise très nettement, tout en répondant toujours à la formule Th(CsO*)s.6H2 0. Il peut môme y avoir dissolution rapide et complète de l'oxalate, puis pré- cipitation lente de l'oxalate cristallisé. J'ai obtenu les résultats suivants, tous exprimés en grammes et rapportés à ioos de solution, la quantité d'oxalate dissous étant indépendante, pour ces concentrations en acide chlorhydrique, de la quantité d'oxalate en contact avec le liquide. Tempéralure. HCI. Th. Th(C304)'- Température. H Cl. Th. TliCC'O')1. 17... 0 0,0010 0 , 00 1 7 00. . . 0 0,0010 0 , 00 1 7 17 1,2 0,0020 o,oo35 5o... • 4,i 0,0008 0,010 12 . . . 3,2 0,0027 0,00^7 5o. . . . 8,4 0 , 0 r 6 0,028 17 . . . . 3,6 o,oo35 0,0061 5o . . . 12,4 o,o33 0,007 17... ■ 4,6 o,oo54 0 , 0094 5o . . . 16,1 0,009 0 , 1 o3 17... . 8,4 0,010 0,017 5o. . . . 18,0 °>°77 0, i34 17 . . . • i3,i 0,016 0,028 5o... ■ '9>9 0,097 0, 169 17. . . 16, 2 0,022 . o,o38 5o . . . 21 ,6 0, 1 33 0,232 17. . . • 19.8 0,037 o,o64 (') Zeitsck. anorg. Chem., t. LXXVI, 1912, p. 1 —4 ; t- LXXVIM, 1912, p. 7.5. (2) Lamouroux, Comptes rendus, t. ['28. 1899, p. 999. C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) 1^7 1076 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le nombre correspondant à la teneur de 3,2 de HC1 à 120 est plus faible que celui donné par Clève ('). Il a été obtenu après 3 mois de contact. Après 1 an, on a trouvé dans un autre essai oE,oo25 de Th pour ioog de solution ; on était donc à saturation. Le titrage de l'acide oxa- lique contenu dans la liqueur a donné pour le dernier essai à 170, oK,o28, pour le dernier essai à 5o°, oe,ioi de C204, ce qui montre qu'il n'y avait pas eu destruction d'acide oxalique. Pour des teneurs plus fortes en acide chlorhydrique (voisines et un peu supérieures à celles correspondant au minimum de solubilité de l'acide oxalique dans l'acide chlorhydrique), l'oxalate de thorium est transformé en chloro-oxalate avec mise en liberté d'acide oxalique. Celui-ci diminue fortement la solubilité du chloro-oxalate, et l'on trouve d'autant moins de thorium et d'autant plus d'acide oxalique dissous, qu'il y avait plus d'oxa- late de thorium en présence du liquide. La solubilité de l'oxalate de thorium dans l'acide oxalique est toujours très faible et semble passer par un minimum. On a à 5o° : C-O'H-. '.7 6,5 9>3 23. o Th. O,00O2 0,0007 0,OOI o,oo3 La solubilité de l'oxalate de thorium dans l'acide chlorhydrique est for- tement diminuée par des quantités même assez faibles d'acide oxalique; puis, pour une teneur comprise entre 1 et 2 pour 100, la composition de la phase solide ne changeant pas, elle devient presque constante. On a les résultats suivants : 50» C O1 H- H Cl. lotal. Tli. 1,2 0,71 o,ooi3 4 0,71 0,0020 8,5 0,7 [ 0,0018 l3,2 0,71 0,0022 l3,2 ",44 0,001 4 ,3,3 2,63 o,ooi3 C'O'H2 H CI. total. Th. 12,4 0,024 o,o33 12,3 o,i4 0,012 12,4 0,28 o,oo54 12,4 0,43 0,0048 "2,4 ,,37 o,oo33 12,4 2,06 0,0025 12,3 2,76 0,0026 12,4 5,49 0,0026 1 2,3 >o,9 0,0017 (') Bull. Soc. chim., 2e série, t. XXI, p. ni SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. IO77 CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'action de V acétylène monosodé sur les iodures alcooliques. Préparation des carbures acétyléniques vrais. Note de MM. Paul Lebeau et Marius Picon, transmise par M. Haller. Parmi les dérivés formés par l'acétylène avec les métaux alcalins, les com- posés du type C2 H M semblent devoir réagir a priori sur les iodures alcooliques pour donner des carbures acétyléniques vrais. Cependant, toutes les tentatives faites jusqu'ici pour atteindre ce but paraissent avoir été infructueuses. Nous avons réussi à réaliser ce genre de réaction en mettant à profit le pouvoir ionisant du gaz ammoniac liquéfié. Nous avons pu obtenir ainsi des carbures acétyléniques vrais très purs, et nous donnerons à titre d'exemple les prépa- rations de l'allylène et de l'hexine normal. L'acétylure alcalin que nous avons employé dans nos premiers essais est l'acétylène monosodé. Nous l'avons préparé par le procédé donné par Henri Moissan .(') et qui consiste à faire agir le gaz acétylène pur sur le sodammonium. Cette préparation présentait pour nous l'avantage de donner un produit parfaitement défini, en solution dans le liquide au sein duquel nous voulions le faire réagir. Préparation de Vallylène. — Le chlorure et l'iodure de mélhyle réagissent vers — 5o° sur la solution d'acétylène monosodé dans l'ammoniac liquide. On place, dans un ballon de verre rempli d'hydrogène sec, quelques grammes de sodium. Ce ballon porte un bouchon de caoutchouc laissant passer un tube à brome et, en outre, un tube de verre courbé à angle droit relié par un caoutchouc à vide à un autre tube vertical permettant le dégagement des gaz sur une cuve à mercure. Le tube à brome sert, d'abord, au passage du gaz ammoniac qui est liquéfié dans le ballon au moyen d'un mélange de neige carbonique et d'acétone. Lorsque la quantité d'ammoniac liquéfié est suffisante pour donner une solution bien fluide de sodammonium, on remplace le courant de gaz ammoniac par un courant d'acétylène qui fournit alors l'acétylène monosodé dont une partie cristallise et l'autre reste dissoute. La décoloration de la liqueur indique la fin de la réaction. On laisse alors la température s'élever pour faire distiller une partie de l'ammoniac qui entraîne l'acétylène introduit en excès. Après avoir de nouveau refroidi le ballon vers — 6o°, on fait tomber goutte à goutte, à l'aide du lube à brome, une quantité d'iodure de méthyle légèrement inférieure à celle exigée pour la proportion de sodium employé en admettant, pour la réaction, l'équation suivante : C2H Na + CH3I = Na I + CH3- C = CIL (') H. Moissax, Comptes rendus, t. 127, 1898, p. 91 3. I07H ACADÉMIE DES SCIENCES. Lorsque tout l'iodure de mélhyle est introduit (') et qu'on a maintenu environ 5 minutes à — 45°, on laisse dégager les gaz sur la cuve à mercure. On les recueille dans des flacons renfermant une quantité d'eau suffisante pour absorber le gaz ammo- niac. Après séparation de l'eau ammoniacale, on lave le résidu gazeux à l'acide sulfu- rique dilué. On obtient ainsi un gaz complètement absorbable par l'iodomercui ate de potassium alcalin et par le chlorure cuivreux ammoniacal avec lequel il fournit un précipité jaune. La combustion eudiomélrique correspond à celle de l'allylène pur. Une expérience a été faite sur une petite quantité de sodium rigoureusement déter- minée afin de vérifier l'équation donnée plus haut pour cette réaction. Le poids de sodium utilisé était de 0°, 3io. Une fois la réaction effectuée, on a mesuré le gaz pro- duit et dosé l'iode qui se trouvait à l'étal d'iodure de sodium, ce qui permettait de calculer le poids d'iodure de mélhyle mis en œuvre. Le ballon contenant l'iodure de sodium renfermait encore une petite quantité d'acétylène monosodé, précaution prise pour éviter toute réaction secondaire. Le gaz recueilli sur le mercure en présence d'eau était de t76cm\ 1 à o° et 76omra. Il faut y ajouter 44™' correspondant à la solu- bilité approximative de l'allylène dans le liquide aqueux. On obtient ainsi un volume total de 176,1 -I- 44 ■= 220cra\i. La quantité d'iodure de méthyle correspondant à l'iodure d'argent provenant de l'iodure de sodium formé serait de is,46- Elle devrait fournir 229e"1', 3 d'allvlène. Le rendement est donc de 96,4 pour 100 et l'on peut admettre, étant données les difficultés que présente une telle mesure, que la réaction est bien celle indiquée par l'équation citée plus haut. Préparation de l'hexine normal. — Dans un appareil identique à celui qui vient d'être décrit pour la préparation de l'allylène, nous avons fait réagir, sur l'acétylène monosodé, de l'iodure de butyle normal. Après avoir préparé l'acétylène monosodé, on sépare dans ce cas le ballon du tube à dégagement allant sur la cuve à mercure et on le met en communication avec un tube manométrique à mercure à air libre. Ce dispositif permet de laisser la température s'élever de quelques degrés au-dessus du point d'ébullilion de l'ammoniac, la réaction ne se produisant que dans le voisi- nage de — 3o°. On maintient un excès de pression de 5ocm à 6ocm de mercure pendant i5 minutes, puis on refroidit de nouveau. Le ballon est alors mis en communication avec un système de deux condenseurs à — 3o° qui retiendront les vapeurs d'hexine entraînées par le gaz ammoniac. Lorsque ce derniergaz est complètement éliminé, on chaufFe le ballon au bain-marie et l'on recueille 30cms j'un liquide incolore qui. lavé à l'eau acidulée par l'acide sulfurique pour enlever l'ammoniac qu'il tient en solution, puis séché sur le chlorure de calcium, distille entièrement entre 7i°,5 et 7 2° sous 765lum de pression. [Favorsky ( 2) a donné 68"-'jo° et Welt (3) 70°,5-72° pour l'hexine normal.] La densité a été trouvée égale à 0,736 à o°. (') Au moment de l'introduction de l'iodure, il y a parfois départ d'une petite quantité d'allylène qu'on peut aisément recueillir avec le dispositif adopté. (-) Favohsky, Journal de la Société physico-chimique russe, t. \l\, 1887, p. 563. (3) Welt, Berichle der deutschen chemischen Gesellschaft, t. XXX, 1897, p. i4g4. » SÉANCE DU 7 AVRIL IC;l3. 1079 La tension de vapeur de ce liquide, mesurée à i2°,5, est de 75mm et, à i3°,5, de 8imm, 5. Ce liquide possède bien les propriétés d'un carbure acétjlénique vrai. Il donne par agitation, avec le chlorure cuivreux ammoniacal, un précipité jaune ; avec l'iodomer- ctirate de potassium alcalin, un précipité blanc immédiat. L'azotate d'argent en solution alcoolique fournit un abondant précipité blanc. La combustion a été faite et a donné les résultats suivants : I. II. Calculé pour C«H">. C 87,44 88,08 87,80 Il 12,34 '2,34 12,20 99,78 100,42 100,00 Ces deux exemples suffisent pour montrer avec quelle facilité on peut préparer, par cette méthode, des carbures acétyléniques vrais. Le pouvoir ionisant de l'ammoniac nous a même permis de faire entrer en réaction le carbure de calcium préparé au four électrique avec les dérivés halogènes des carbures d'hydrogène. Nous poursuivons l'étude de ces réactions. CHIMIE ORGANIQUE. — Ethérification catalytique en solution étendue : prépa- ration de Pacétale d'éthyle. Note de M. F. Bodroux, transmise par M. A. Haller. En distillant doucement, en présence d'une solution aqueuse concentrée d'iodure d'aluminium, un mélange d'acide acétique et d'alcool propylique, j'ai constaté la formation d'une grande quantité d'acétate de propyle. La production de cet éther-sel ne peut être attribuée qu'à l'action cataly- tique du sel dissous. Si, en effet, on distille des mélanges d'acide acétique, de propanol et d'eau, la proportion d'acétate de propyle formée est très faible ; elle augmente notablement quand l'eau employée tient en dissolu- tion quelques centièmes d'un sel d'aluminium ou d'acide sulfurique. MM. Senderens et Aboulenc (' ) ont préparé un grand nombre d'éthers- sels en faisant réagir les acides organiques sur les alcools en présence de quelques centièmes d'acide sulfurique. J'ai pensé qu'il était intéressant de généraliser la réaction découverte par ces savants au cas où l'un des corps employés renferme une forte proportion d'eau. Dans ce but, j'ai effectué un (') Comptes rendus, t. 152, p. 1671 et i855; t. 153, p. 881 ; t. 155, p. 168. 1080 ACADÉMIE DES SCIENCES. certain nombre d'expériences : la présente Note a pour but de faire con- naître les résultats obtenus avec l'acide acétique et l'alcool éthylique. Voici le mode opératoire employé : Le mélange d'acide acétique crislallisable, d'alcool éthylique à 90° et de la solution étendue du catalyseur était chauffé dans un ballon, surmonté d'un long tube à distil- lation fractionnée auquel se trouvait adapté un réfrigérant descendant. L'acétate d'éthyle commençait à passer vers 710 et l'ébullition du liquide était réglée de manière que 25 gouttes environ fussent recueillies par minute. Dans tous les cas, l'opération a été arrêtée lorsque le thermomètre marquait 85°. Après refroidissement, le titrage de l'acide libre permettait de calculer la proportion d'éther-sel formée. Les résultats obtenus sont les suivants : 1 1 0] unies employés : Alcool éthylique. Acide acétique. Rendement iO"ns d'eau contenant SO'IP pour 100. en acétate d'éthyle pour 100. I 2 5 cm8 3o 3o 35 cm' 25 25 25 49.1 59.4 82,2 IO 35 25 88,7 5 70 5o 87.9 10 70 5o 92.1 1 5 5o 100 5o 100 69>' 76,8 Les chiffres contenus dans ce Tableau montrent que le rendement en éther-sel dépend des quantités d'acide acétique, d'alcool et d'acide sulfu- rique étendu qui se trouvent en présence. Pour des volumes déterminés d'éthanoïque et d'éthanol, la quantité d'acide organique étbérifié est d'autant plus grande que la teneur en SO'H2 de la solution aqueuse utilisée est plus considérable. Pour la préparation de l'acétate d'éthyle, il n'est donc pas nécessaire d'employer, comme on le fait industriellement, de l'alcool à haut titre. Etant donnée l'importance de cet éther-sel, cette remarque peut présenter un certain intérêt pratique. Les acides chlorhydrique, azotique, iodique, phosphorique, oxalique et picrique, en solutions très étendues, fournissent des résultats analogues. 5ocmS de la dissolution du catalyseur ayant été chauffés avec 5ocm' d'acide acétique et 70e"1' d'alcool, le rendement en éther-sel a été le suivant : SÉANCE DU 7 AVRIL H)l3. 1081 Rendement en acétate d'éthyle Catalyseur dans 100cra' de solution. pour 100. HC1 pur du commerce iocm* 88,9 NO3 H ». 5™1 86,1 POH3 liquide, d— 1,7 10™' 63,3 Acide iodique 5s 68,2 Acide picrique .... 5s 72j9 Acide oxalique 5s 46,2 Dans l'expérience faite avec l'acide iodique, ce composé a été complète- ment détruit et, en même temps que l'acétate d'éthyle, il y a eu formation d'éthanal. La distillation d'un mélange de 70cm° d'alcool, 5ocm5 d'acide acétique et 5ocm' d'eau, effectuée dans les mêmes conditions que précédemment, fournit seulement 7, 5 pour 100 d'éther acétique. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action des températures élevées sur les nucléases desséchées d'origines végétales. Noie (') de M. E.-C. Teodoresco, pré- sentée par M. Gaston Bonnier. Dans une précédente Note, j'ai communiqué à l'Académie des Sciences (2) que les nucléases des Cryptogames, en solution aqueuse, ne perdent com- plètement leurs propriétés diastasiques qu'après avoir été chauffées au- dessus de 900. Je me suis proposé d'examiner si ces mêmes diastases ne seraient pas capables de résister à des températures encore plus hautes, lorsqu'on les chaufferait à l'état desséché. Dans la présente Note j'exposerai, à ce dernier point de vue, les résultats de mes recherches sur les nucléases de VEvernia prunastri, du Sticla pulmo- nacea, du Lycoperdon gemmalum et de la Levure de bière. Première expérience. — ■ i3s d' Eeernia prunaslri avec ioocm3 d'eau distillée dansle flacon A, avec ioocm' de nucléate de sodium à o,4 pour 100 dans les flacons B et C; le matériel du flacon G a été préalablement chauffé pendant 3o minutes à 1200, tandis que celui du flacon D a été chauffé à i4o° pendant le même temps. Après 4° heures, on détermine la teneur de= liquides en phosphore et l'on trouve : (') Présentée dans la séance du 17 mars ig i 3. (2) Comptes rendus, t. 155, p. 1 54- Phosphore minéral Phosphore Températures. (Pî 05) trouvé ('). minéralisé ( ' ) 0 IOO (bon mi ) m g 7 mg 0 35 ioi,3 94- 3 I20 88,8 8l,8 H4O 55,5 48,5 1082 ACADÉMIE DES SCIENCES. A B G D Deuxième expérience. — 4e d'Evernia prunastri dans chaque flacon A, B, C, D; le matériel du llacon C préalablement chaude à i49°i celui du flacon D d'abord chaude à i49°, ensuite bouilli. Dans A 8ocm° d'eau distillée, dans B, C et D 8ocm' du nucléate de sodium à o,4 pour ioo. Le Tableau suivant résume les résultats de l'expérience au bout de 6 jours : Phosphore minéral trouvé Phosphore minéralisé. Températures. (P2Ob). 0 mg mg A 100 (bouilli) 3,5 o B 35 12,9 9,6 C >45 9.2 3>9 D i45 3,3 o Troisième expérience. — 10s de Slicta pulinonacea sont mis en contact avec Ioocnl, de liquide, dans les flacons suivants: A, matériel bouilli, avec de l'eau distillée; B, matériel non bouilli, avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100; C, matériel préalablement chauffé à i32°; D, matériel chauffé à i43°; E, matériel chauffé à i5i°; F, matériel chauffé à 1620. Dans les flacons C à F les tissus sont mis en contact avec une solution de nucléate de sodium à o,4 pour 100. On constate les quantités suivantes de phosphore : Au bout de 10 jours. Au bout de 20 jours. Pho: ■ phore minéral Phosphore Phosphore Phosphore Températures. trouvé. minéralisé. trouvé. minéralisé. 0 m g mg mg mg A. 100 (bouilli ) traces 0 3,75 0 B. 35 7° 7° 78.75 75,0 C. l32 60 60 72,5 68,75 D.. . i43 4o 4o 52,5 48, 75 E. i5i 22 22 3o,o 26,25 F. 162 -7.5 ■ 7,5 3o,o 26,25 Quatrième expérience. — 3ib, 5 de Lycoperdon gemmatum, qui avait été desséché à 35°, sont divisés en trois parties : A bouillie, avec de l'eau distillée; B non bouillie, avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100; G préalablement chauffée à i3i°, égale- ment avec du nucléate de sodium à 0,4 pour 100. Après 24 heures on trouve : (') Dans 100""' de liquide. SÉANCE DU 7 AVRIL IC)l3. Io83 Phosphore minéral Phosphore Températures. trouvé (P205). minéralisé. o mg mg A ioo (bouilli) 84 o B : 35 io,3,4 109,4 C 1 3 1 122,2 38,2 Cinquième expérience. — oos de Lycoperdon gemmât u m desséché à 35° sont divisés en cinq parties et mises en contact avec i25cm3 liquide : A bouillie, avec de l'eau distillée ; B non bouillie, avec de l'eau distillée ; C non bouillie, avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100; D préalablement chauifée pendant 3o minutes à i4i°. avec de l'eau distillée; E chauffée également à i4'0> mais mis en contact avec du nucléate de sodium. Après 24 heures, la teneur des liquides en phosphore est la suivante : Phosphore minéral Phosphore Températures. trouvé ( P-05). minéralisé, o rug mg A 100 (bouilli) 80 o B 35 127.7 47»7 C 35 218.4 '38.4 D i4i 88,8 8,8 E i4' 111,1 3i , 1 Sixième expérience. — 3os de Lycoperdon gemmatum desséché à 35° sont divisés en trois parties égales et mises en contact avec 100e1"3 de liquide : A bouillie, avec de l'eau distillée ; B non bouillie, avec du nucléate de sodium à o,4 pour 100 ; C préala- blement chauffée à i56°, mise ensuite dans une solution de nucléate à o,4 pour 100. Le Tableau suivant résume les résultats obtenus : Phosphore minéral Phosphore Températures. trouvé ( P205). minéralisé. 0 mg nig A 100 (bouilli) t[2,g o B 35 197, 1 84,2 C i56 "'2,9 o Septième expérience. — 100s de Levure de bière sont divisés en cinq parties, mises chacune en contact avec 200cm3 de liquide : A bouillie, avec de l'eau distillée; B non bouillie, avec du nucléate à o,5 pour 100; les trois autres parties avec la même solu- tion de nucléate, mais G chauffé à i33°, D à i53°, E à 1660. Après 4 jours* on a trouvé les quantités suivantes de phosphore : Phosphore minéral Phosphore Températures. trouvé (P305). minéralisé, o m; mg A 100 (bouilli 232 o B 35 335 io3 C 1 33 275 43 D 1 53 245 i3 E 166 23o o C. R., iqi3, 1" Semestre. (T. 156, N* 14.) l3H loH'j ACADÉMIE DES SCIENCES. Conclusion. — Les nucléases desséchées des plantes étudiées dans les expériences précédentes ne perdent toute activité envers le nucléate de sodium qu'après un chauffage de 3o minutes à des températures assez élevées; la nucléasede V Evernia prunastri ne devient inaclive qu'après i45°, celle du Lycoperdon gemmatum entre i/ii0 et i56°, celle de la Levure de bière après i53°, et celle du Sticta pulmonacea, la plus résistante, ne perd toute activité qu'après 162". BOTANIQUE. — Sur If début de la différenciation vasculaire dans la plantule des Veronica. Note de M. Maurice Lexoir, présentée par M. Gaston Bonnier. .l'ai étudié la structure des plantules, depuis l'état d'embryon dans la graine jusqu'au moment de l'épanouissement des cotylédons, dans une quinzaine d'espèces du genre Veronica. Je prendrai pour type, dans cette Note, la plantule de Veronica serpylli- folia. Si l'on examine la différenciation des tissus vasculaires dès leur appari- tion, par l'étude de coupes en séries ininterrompues, les unes transversales, les autres longitudinales, on voit que dans le premier stade il se forme d'abord dans chacun des deux futurs groupes libériens et des deux futurs groupes ligneux, soit un seul tube criblé, soit un seul vaisseau du bois. Les deux premiers tubes criblés se différencient avant les deux premiers vais- seaux du bois. Si l'on étudie la différenciation d'un de ces tubes criblés, à l'état le plus jeune que j'aie pu observer, on voit qu'il s'est déjà formé un seul tube criblé continu depuis le haut du cotylédon jusqu'à la base de l'axe hypo- cotylé; cette différenciation de ce prenjjer tube criblé unique, dans chacun des deux groupes libériens, se poursuit ensuite dans la radicule, à mesure que celle-ci se développe, toujours en continuité avec ce même tube criblé. En suivant la même différenciation du premier vaisseau du bois de chacun des deux futurs groupes ligneux, on voit la différenciation se produire plus nettement du haut vers le bas, c'est-à-dire d'abord dans le cotylédon, ensuite dans l'axe hypocotylé et enfin dans la radicule. Considérons ces deux premiers lubes criblés; à quelque hauteur qu'on les observe dans cette jeune plantule, ils ne sont jamais séparés de Técorce que par une seule assise de cellules parenchymaleuses. Or, le plan passant par l'axe de la plantule et par SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. fo85 ces deux tubes criblés, au-dessus du sommet de l'axe hypocotylé (c'est-à-dire dans l'ensemble des deux cotylédons un peu plus haut que leurs bases), encore appliqués l'un sur l'autre, est perpendiculaire au plan qui passe par l'axe de la plantule et par ces deux tubes criblés au-dessous de la base de l'axe hypocotylé, c'est-à-dire dans la radicule. Entre ces deux régions, si l'on suppose que l'examen soit fait de haut en bas, on voit qu'à partir de la région basilaire des cotylédons, la différenciation de l'un ou de l'autre de ces tubes criblés se fait dans un plan de plus en plus oblique, par rapport au plan supérieur dont je viens de parler. De la sorte, à la base de 1 axe hypocotylé, cette différenciation finit par se produire dans un plan perpendiculaire au premier. Remarquons que le tube criblé d'un des cotylédons se trouverait ainsi comme déplacé vers la gauche par rapport au plan de symétrie supérieur à mesure qu'on va de haut en bas. tandis qu'au contraire le tube criblé de l'autre cotylédon se trouverait comme déplacé vers la droite. Il en résulte, à ce premier stade, une sorte d'asymétrie vasculaire dans l'ensemble des éléments criblés des deux cotylédons. D'ailleurs la symétrie vasculaire est ultérieurement rétablie par la différenciation d un deuxième tube criblé dans chaque cotylédon. Considérons maintenant les deux premiers vaisseaux du bois. Dans les cotylédons, ces éléments vasculaires sont séparés de l'écorce par un certain nombre d assises de cellules parenchymateuses, tandis que dans la radicule ils ne sont séparés de l'écorce que par une seule assise de cellules (comme le sont partout les tubes criblés), mais le plan qui passe par l'axe de la plantule et par ces deux premiers vaisseaux du bois, dans l'ensemble des deux cotylédons est le même que celui qui passe par l'axe de la radicule et les prolongements de ces deux mêmes vaisseaux. Si l'on suit de haut en bas la différenciation de l'un de ces vaisseaux, elle se fait toujours dans le même plan, niais en se rapprochant de plus en plus de l'écorce jusqu'à n'en être plus séparée que par une seule assise parenchvmateuse vers le milieu de l'axe hypocotylé. En examinant la suite de la différenciation des éléments libériens et ligneux après ce premier stade, on voit s'organiser dans chacun des cotylédons un faisceau libéro- ligneux normal, et dans la radicule deux faisceaux libériens alternant avec deux fais- ceaux ligneux. L'axe hypocotylé, surtout dans sa moitié supérieure, s'organise en des structures intermédiaires entre ces deux types extrêmes. Les observations porlant sur les autres espèces de Véroniques m'ont donné sensiblement les mêmes résultats. En résumé : l'examen des plautules des Véroniques fournit, au premier stade de la différenciation vasculaire, un exemple très net de la continuité dans la formation des premiers tubes criblés et des premiers éléments du bois. On voit aussi comment, dans cette différenciation, l'orientation des premiers éléments libériens est différente de celle des premiers éléments ligneux aux diverses bauteurs de la plantule. Enfin dans cbaque cotylédon se révèle, au début du premier stade, une asymétrie dans la position du premier tube criblé qui se trouve corrigée peu après par l'apparition d'un second tube criblé symétrique. Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES. BOTANIQUE. — De V influence de C albumen sur le développement de l'embryon. Note de MM. Marcel Dcbard et J.-A. Urbain, présentée par M. Gaston Bonnier. D'après les travaux de Sachs, Van Tieghem, Blocizewski, Brown et Morris, une certaine indépendance existerait entre l'embryon et l'albumen; c'est ainsi qu'on peut, sans nuire au développement de la plantule, rem- placer l'albumen par certaines préparations artificielles ou même en sup- primer une fraction: au contraire, l'ablation totale de l'albumen permettrait bien à la jeune plante de végéter pendant un certain temps, mais non pas de fournir une évolution complète, la différenciation de la gemmule se trou- vant assez vile entravée. Ayant repris ces expériences, dans le but de comparer d'une façon précise le développement d'un embryon privé de son albumen à celui d'un embryon tout à fait comparable, mais laissé dans la graine intacte, nous avons constaté que, moyennant certaines précautions, on peut obtenir une évolution complète, avec un relard plus ou moins accentué par rapporta la germination normale; l'expérience réussit avec les espèces les plus variées et quelle que soit la nature des réserves de l'allTumen. Nous commençons par placer les graines dans l'eau, à une tempéra- ture de i5° à 20° pendant un certain temps, afin de gonfler leurs tissus et de rendre possible l'extraction de l'embryon sans le léser. Il se produit évi- demment un commencement de germination <>t un réveil de l'activité vitale, car on observe, au bout de quelques heures, une très légère élon- galion de la radicule. C'est, en moyenne, au bout de 24 heures que nous extrayons l'embryon et, dans certains cas, nous avons encore pu réduire cette pbase prélimi- naire; après ce temps, l'albumen est encore intact et ne présente aucune trace de digestion; le contact éphémère de celui-ci ne paraît donc pas avoir fourni à l'embryon la moindre proportion de matière; tout au plus, a-t-il pu contribuer à réveiller l'activité des cellules de la plantule et à amorcer la sécrétion des diastases, et encore ce rôle nous paraît bien pro- blématique. Les embryons extraits sont disposés au fond dune assiette, sur du buvard humecté d'une solution de Knop, et recouverts d'une cloche; la tempéra- ture est maintenue entre 1 ~>° et 200, d les plantules sont soumises à un éclairement favorable au développement de la chlorophylle. Dans ces con- SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. 1087 dirions, nous avons toujours observé les phases régulières de la germination et, en particulier, le développement progressif de la gemmule qui s'allonge en une tige feuillée. Lorsque les jeunes plants sont jugés assez vigoureux, ils sont mis en pots et maintenus dans les conditions les plus favorables à leur croissance. De cette façon, nous avons obtenu pour toutes les espèces étudiées un développement tel qu'il ne peut y avoir aucun doute sur le succès ultérieur de nos cultures; nous nous réservons de faire connaître plus tard les parti- cularités de leur évolution jusqu'à la floraison et à la fructification. Les Graminées se prêtent très facilement à ce genre de recherches; voici, à titre d'exemple, les résultats obtenus avec le Blé, Y Avoine et Y Orge. Nous partons de 3o caryopses aussi comparables que possible et, après les avoir débarrassés de leurs glumelles, nous les mettons à ramollir dans l'eau pendant quelques heures, puis nous isolons 5 embryons dont nous prenons le poids moyen. Les plantules et les graines témoins sont mises en germination sur du buvard imprégné de solution de Knop (à la concentration totale de o", 5 par litre); le second et le troisième jour ('), nous isolons encore 5 embryons du lot et nous en prenons chaque fois le poids moyen. On note à ce moment, et aussi bien chez les embryons isolés que chez les graines intactes, que la gemmule s'est redressée et que de nombreuses racines adventives se sont développées, mais la gemmule n'est verte que chez les embryons isolés le troisième jour et chez les témoins ; elle reste encore jaunâtre chez les autres. Du premier au troisième jour, les plantules albuminées ont pris un accroissement de poids qui dépasse de os,oo5 pour l'Orge et l'Avoine et de oK,oi 1 pour le Blé l'accrois- sement correspondant des embryons isolés le premier jour; dans le même espace de temps, la gemmule a atteint iram,5 chez l'Avoine et l'Orge et 2mm,5 chez le Blé poul- ies embryons isolés le premier jour, o",ID,5 chez l'Avoine, 4m"S 5 chez l'Orge et 6mm,5 chez le Blé pour les plantules isolées le troisième jour. Enfin la première racine adven- tive formée est à peu près deux fois plus longue chez les plantules qui ont conservé leur albumen que chez les embryons isolés dès le début. Si l'on examine, le septième jour de l'expérience, ce que sont devenus les embryons isolés du premier au troisième jour inclus par rapport aux plantules témoins, on constate : i° que les plantules albuminées présentent une gemmule redressée, très verte, et que leurs racines sont longues et abondamment pourvues de poils absorbants; 2° que les embryons isolés le troisième jour ne diffèrent guère comme aspect des précédents; 3° que ceux extraits dès le premier jour, tout en étant bien vivaces, sont beaucoup plus rabougris; leurs gemmules ne sont encore vertes qu'à l'extrémité supérieure ; leurs racines adventives sont toujours courtes et ne portent qu'une couronne étroite de poils absorbants. Voici un Tableau comparatif de la longueur des gemmules, qui met en relief les différences énoncées. (') A ce moment, l'albumen parait encore intact. R A R [o88 ACADÉMIE DES SCIENCES. Embryons isolés. Vvoine. Blë. < >r ^.r- . mm min Le premier jour i5 20 18 Le troisième jour ?,5 35 82 Témoins albuminés 35 !\~> 4o Le septième jour, tous les embryons isolés et 5 témoins sont mis en pots et laissés 3 jours en serre à 180, après quoi 01 les place dans une serre froide à io°. Le vingtième jour, on constate que toutes les plantules se sont développées, les témoins ont plusieurs feuilles étalées cl ont une légère prédominance de taille sur les plantules isolées le troisième jour ; par contre, celles qui ont été extraites dès le début sont moitié moins liantes et ne portent qu'une feuille étalée. A ce moment, on peut passer sans inconvénient à la culture en pleine terre. D'autres expériences faites suivant la même technique sur le Mais, la Nigelle, la Belte-de-Nuit, VÉpinard, le Ricin, le Pavot, le Fenouil, la Carotte , le Févier, le Pin Pignon nous ont donné des résultats analogues. Nous nous sommes demandé en outre si des embryons, normalement exalbuminés, pourraient évoluer quand on les prive tics réserves accumu- lées dans leurs cotylédons ; nous avons donc fail végéter ces embryons dans les mêmes conditions que les précédents, après ablation des cotylédons. Les plantules ainsi opérées, restent vivantes plus ou moins longtemps suivant les espèces; mais nous n'avons jamais observé qu'un développe- ment peu appréciable de la gemmule au moment où la plante périssait. En laissant subsister les cotylédons assez longtemps, on peut obtenir une évolution plus accentuée; mais, pour atteindre au développement complet, il est nécessaire, chez le Haricot, par exemple, de n'enlever ces organes qu'au bout de 7 à 10 jours, c'est-à-dire qu'au moment où ils ont cédé une grande partie de leurs réserves et où ils sont prêts de se détacher d'eux- mêmes, après avoir verdi. En résumé : i° L'albumen n'est jamais indispensable au développement de la plantule. 20 Cependant son influence est favorable et apparaît comme particuliè- rement utile pendant les premiers jours de la germination. Son action peut être évaluée par le rapport qui existe pour le développement de la gem- mule entre un embryon albuminé et un embryon isolé dès le début, après une vingtaine de jours de développement. 3° Si l'on rapproche les expériences faites sur des embryons normale- ment albuminés de celles exécutées sur des embryons exalbuminés, on peut énoncer que la plantule, telle qu'elle existe dans la graine mûre, possède en elle les réserves indispensables à son développement. Si l'on diminue la SÉANCE DU 7 AVRIL I.9l3. 1089 proportion des réserves en mutilant l'embryon lui-même, on peut obtenir, dans certains cas, une végétation prolongée, mais les pJantùles périssent toujours alors que la gemmule n'a encore que faiblement évolué. BOTANIQUE. — Les phénomènes cinétiques de la prophase hélèrotypi d'épaisseur et colorées soit à la triple coloration de Flemming, soit à l'hématoxyline alunée suivant la méthode d'Heidenhain. Prosynapsis. — A ce stade, les cellules-mères complètement différenciées, forrueut au milieu de chaque sac pollinique un massif compact. Au centre de chacune d'elles, on trouve uu gros noyau sphérique, séparé du cytoplasme réticulaire par une mem- brane très nette et renfermant un suc nucléaire abondant, dans lequel on observe 2 à 5 nucléoles inégaux, placés exccnlriquement, et un réseau chromatique à mailles lâches. Ce réseau est formé par les lilaments inégalement épais, où l'on peut distinguer des amas plus ou moins réguliers de ehromatine englobés dans la linine, moins colorée. A ce stade, les cellules nourricières ont un seul noyau. ■Synopsis. — Le réseau chromatique abandonne graduellement la plus grande partie de la cavité nucléaire dont le volume s'est nettement accru. A mesure que la contraction s'accentue, le réseau devient de moins en moins colorable, par suite de la condensation île la chromatine en certains points, où elle forme des amas disposés par paires, rappelant tout à fait les corps dits procbi omosomes, signalés par Overton chez plusieurs Dicotylédones. A ce stade, les cellules nourricières ont un seul noyau qui entre en prophase chez quelques-unes d'entre elles. Le phénomène de contraction synaptique continue, et bientôt le réseau, complètement tassé autour des nucléoles, forme une masse compacte dans laquelle on ne peut distinguer aucune structure déter- I 090 ACADÉMIE DES SCIENCES. minée. De celte masse sortent des filaments grêles plus ou moins allongés. Certains d'entre eux sont disposés parallèlement; mais cet aspect ne peut être interprété comme produit par l'appartement de deux filaments distincts, suivant la conception de Gré- goire et Bergs, car une étude attentive indique que les filaments parallèles se réu- nissent toujours en boucle à leur extrémité et montre ainsi qu'on a affaire à un filament unique, replié sur lui-même. A la fin de l'étape synaptique, les cellules nour- ricières ont pour la plupart deux noyaux. Spirème. — De la masse svnaptique émergent d'abord quelques cordons assez épais, en forme de boucles, puis le peloton synaptique se déroule peu à peu en un • ruban qui serpente sous la membrane, revient vers le centre, et forme des anses qui se croisent dans toutes les directions : c'est le spirème. Le cordon qui le constitue est formé par une série unique de granules chromatiques irréguliers englobés dans une masse moins colorable, sur laquelle ils font saillie. Aucune observation ne conduit à supposer qu'à ce «tade, ce cordon ait une nature double et soit constitué par la juxta- position de deux filaments simples plus minces, comme le fait a été décrit par plu- sieurs auteurs et notamment par Overton chez diverses Dicotylédones. Je dois cepen- dant mentionner que dans les grosses boucles qui émergent au début de la masse synaptique, on peut distinguer parfois au centre une ligne moins colorée; mais jamais on observe de clivage et de filaments nettement séparés. A ce moment l'assise transi- toire interne est très aplatie et en voie de disparition. Formation des chromosomes. — Le spirème se coupe d'abord en segments plus ou moins allongés et contournés, puis chacun d'eux se dédouble longitudinalement. Chaque chromosome double ainsi constitué est formé de deux filaments plus ou moins rapprochés ou enroulés l'un autour de l'autre. Ace moment, l'assise transitoire interne a disparu. Bientôt, la chromatine se condense en certains points de ces filaments, abandonnant la trame de liniue qui la supporte et qui reste visible, et forme des bandes chromatiques plus courtes, toujours séparées en deux par une fente longitudi- nale. La contraction s'accentue et l'on arrive aux chromosomes doubles massifs de la diakinèse. En résumé, les caractères essentiels de la prophase hétérotypique chez le Lobelia Erinus sont les suivants : i° Formation de prochromosomes au stade prosynapsis: 20 Nature simple du spirème qui n'est pas formé par l'appartement de deux filaments distincts; 3° Division longitudinale tardive du spirème, se produisant après sa segmentation transversale; 4° Formation des chromosomes suivant le mode parasyndétique de Gré- goire, c'est-à-dire aux dépens de deux moitiés placées côte à côte et non pas par boucles (mode métasyndétique), aux dépens de parties placées bout à bout dans le spirème. SÉANCE t)U 7 AVRIL I9l3. logi PHYSIOLOGIE. — Inscription des mouvements respiratoires au moyen de la main. Note de M. Makage, présentée par M. d'Arsonval. Quand 011 tient le bras le long du corps, l'avanl-bras étant horizontal, le coude s'appuie sur les fausses côtes. Or, chez les sujets qui ont le type de respiration diaphragmatique très développé, le mouvement des fausses Fig. t. — Tracé de la respiration, coude au contact du thorax. ( i" sujet.) côtes est très marqué; ce mouvement se transmet à l'avant-bras et à la main, il s'agit de l'inscrire. Pour cela, on lient entre le pouce et l'index la Fis Tracé de la respiratiou, coude au contact du thorax. ( 2e sujet, sourcier.) petite branche d'un levier horizontal du premier genre, dont la grande branche 5o fois plus longue inscrit une courbe sur une feuille de papier; on obtient ainsi un tracé, dans lequel les mouvements d'inspiration (partie ascendante) et d'expiration (partie descendante) sont très nets (fig. i et 2). G. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, IN° 14.) l ,{J lo92 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si le coude n'est plus en contact avec le thorax, les mouvements respira- toires sont beaucoup moins apparents (fig. 3), mais ils existent encore, c'est la respiration llioracique supérieure qu'on inscrit. Fig. 3. — Tracé de la respiration, coude loin du corps. Application. — Les sourciers, pour découvrir les cours d'eau souterrains, ont les deux bras appliqués le long du corps ; les mains, la paume en haut, tiennent la baguette qui est très élastique et toujours dans un état d'équi- I " i y . i — Mouvements volontaires de la main pour mettre le pendule en oscillation : ils sont du même ordre de grandeur que les mouvements inscrits figures i et 2. libre absolument instable ; la moindre modification dans le rythme respira- toire changera la position des mains et la baguette se mettra en mouve- ment. SÉANCE DU 7 AVRIL IQl3. I093 Si l'expérimentateur emploie un pendule, le phénomène est aussi simple : il suffit, en effet, pour faire osciller le pendule, d'imprimer à la main des mouvements dont l'amplitude est du même ordre de grandeur (//g- 4) que ceux qui ont été inscrits figures i et 2. Tous ces mouvements sont invisibles, ils n'ont pu être mis en évidence que par la méthode graphique. Cette hypothèse semble confirmée par les faits suivants : i° La baguette ne marche pas, ou marche mal, quand les coudes sont loin du corps, c'est-à-dire quand les membres supérieurs sont dans une position telle qu'ils ne peuvent transmettre à la main les mouvements des fausses côtes ; 20 Le pendule ne marche jamais quand la main est fixée ou simplement appuyée sur un support rigide ; 3° Les quatre sourciers que j'ai examinés ont le type de respiration dia- phragma tique. Conclusions. — Je pense, jusqu'à preuve du contraire, que chez les sour- ciers on se trouve en présence d'un phénomène analogue à ceux que les neurologistes rencontrent en clinique. Il n'y a ni fluide spécial, ni rayons d'un nouveau genre : la baguette et le pendule divinatoires ne sont que despneumographes. Cette explication n'enlève, du reste, rien à l'utilité des sourciers ni à la réalité du phénomène. Ces recherches ont été commencées, il y ai 5 ans, au Laboratoire de Marey. ZOOLOGIE. — Relations entre la dépression et la formation de pseudoplanula tentaculaires chez le Scyphislome . Note de M. Edgard Hkroi aki>, pré- sentée par M. Yves Delage. On sait que le bourgeonnement normal chez le scyphistome se produit à l'aide de stolons situés au-dessus du disque pédieux, que ce phénomène a lieu principalement de juillet à octobre et qu'une nourrilure abondante le favorise. Des observations nouvelles m'ont montré que ces effets de la suralimen- tation ne se font sentir que pendant un temps déterminé, et qu'à celle IO94 ACADÉMIE DES SCIENCES. limite une fois atteinte, fait suite un phénomène nouveau consistant en la formation de pseudoplanula tentaculaires. Si, en effet, on poursuit pendant la belle saison la suralimentation de scyphistomes de grande taille, vers la fin du mois d'août on constate que ceux-ci refusent toute nourriture, leur contractilité diminue, le corps devient flasque et Ton a toute l'apparence d'une mort prochaine. La surali- mentation produit donc chez le scyphistome des effets analogues à ceux qui ont été signalés par Calkins chez les Protozoaires et par Hertwig et Frisch- holz chez l'Hydre et que ces auteurs ont désigné sous le nom de dépression. Chez le scyphistome l'entrée en dépression est généralement suivie d'une chute des tentacules qui, observée superficiellement, pourrait être prise pour le commencement de la désagrégation de l'individu, mais qui en réalité correspond à un mode spécial de reproduction. Un tentacule de scyphistome n'est pas simple comme on le décrit d'ordi- naire, mais présente deux régions distinctes : une proximale, le manche, incomplètement rétractile, peu flexible et pourvue d'une musculature lon- gitudinale, et une distale, le fouet, qui est érectile et rétractile à l'excès et qui ne présente de musculature d'aucune sorte. La musculature circulaire signalée par Friedmann dans cette région n'existe pas; ce qu'il indique comme fibres musculaires striées n'est autre chose qu'une algue filamenteuse qui vit souvent là en parasite. La rétractilité du fouet est telle que, quand le scyphistome est dans son état normal, ce fouet peut disparaître presque complètement, mais, quand le scyphistome est en état de dépression, il se ramasse à l'extrémité du manche en une masse sphérique qui donne au tentacule un aspect rhopaliforme, et cet état ne s'observe que quand l'animal est en dépression. Quand la dépression se produit, les échanges osmotiques entre les cellules du fouet et le milieu ambiant ne se font plus avec la même activité, par suite d'une diminution de la perméabilité des parois cellulaires, et le fouet ne se rétracte plus que lentement. C'est pen- dant cette rétraction, ou alors qu'elle est achevée, que se produit la libéra- tion des tentacules en vue de la formation des pseudoplanula tentaculaires qui nous intéressent. Cette libération tentaculaire peut se produire aux divers instants de la rétraction du fouet, et ces pseudoplanula libérées se présentent ainsi, soit sous forme cylindrique plus ou moins allongée, soit sous forme sphérique suivant qu'elles se sont détachées au cours de cette lente rétraction, ou alors qu'elle était achevée et que le tentacule était de ce fait devenu rhopaliforme. Dans tous les cas, ces pseudoplanula libérées, qu'elles soient tubuleuses SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. IO95 ou sphériques, se déplacent dans l'eau ambiante à l'aide de leur mouvement ciliaire et ressemblent à s'y méprendre à des planula. Ces pseudoplanula sont d'autant plus allongées que leur libération a été plus précoce, mais quelle que soit leur forme primitive elles finissent toujours, grâce à une rétraction graduelle après leur libération, par prendre une forme spbérique, et c'est alors seulement que leur mouvement ciliaire cessant, elles tombent sur le sol, où elles se fixent, pour se transformer en petits scyphistomes. Un exemple, pris sur une forme moyenne, fera mieux comprendre la suite des transformations et la durée du phénomène. Une pseudoplanula qui, au moment de sa libération, présentait encore une forme cylindrique mesurant a5 divisions du micromètre en longueur et 5 divisions en dia- mètre, se déplace en tournant dans l'eau durant 20 heures. Pendant ce temps, sa lon- gueur diminue graduellement et finit par aboutir à une forme sphérique qui ne mesure plus que 5 divisions du micromètre en diamètre; ce qui correspond au | de son volume primitif. A ce moment, celte pseudoplanula, devenue sphérique, tombe sur le sol et devient de plus en plus immobile ; 6 heures plus tard tout mouvement cessant elle se fixe au sol et ne mesure plus alors que 4 divisions du micromètre en diamètre ; elle est donc réduite au ,L de son volume primitif. Elle reste ainsi quelques jours sans présenter de changements apparents, mais bientôt des boutons tentaculaires apparaissent à sa surface, une bouche se perce et le petit scyphistome qui prend ainsi naissance est déjà pourvu de 8 tentacules 1 5 jours après sa fixation. La grande diminution de volume de la pseudoplanula qui se produit après sa libération montre bien que l'absence de rétraction du tentacule chez le scyphistome en dépression n'est pas due à une augmentation du nombre de molécules dans la substance du fouet, mais comme je l'ai dit plus haut à une diminution de la perméabilité des parois cellulaires. La dépression est un métabolisme qui peut n'être que momentané et qui se présente à divers degrés. Si la dépression est faible, l'animal peut reprendre sa vitalité avant que la chute tentaculaire se soit produite et se remettre à donner des stolons de bases prolifiques. Mais il est à remarquer que dans ce cas ces stolons donnent souvent des bourgeons anormaux, soit qu'ils se séparent du producteur avant la formation des tentacules et de la bouche, soit qu'ils donnent des monstres doubles. Ouand la dépression est plus prononcée, les pseudoplanula tentaculaires se produisent et la stoloni- sation n'a plus lieu. L'individu ainsi débarrassé de ses tentacules n'est pas voué à une mort fatale, mais en général il disparaît par désagrégation de ses éléments, (,)uand il n'en est pas ainsi, on voit le manche des tentacules rebourgeonner au fouet et l'animal revenir à la condition primitive. IO96 ACADÉMIE DES SCIENCES. ZOOLOGIE. — Swr Lamarckina caligusa ç ng. n.s. et l'évolution des Lernaeidœ. Note de M. A. Quidor, présentée par M. Yves Delage. Lamarckina caligusa fut recueilli à Djibouti par H. Coutière. Aucune indication n'est donnée sur son hôte. Mais celui-ci est certainement un poisson du littoral. Le parasite vit probablement dans le voisinage des branchies. Lamarckina caligusa appartient à la famille des Lernœidœ par son mode de fixation profonde dans les tissus de l'hôte, parles phénomènes de flexion et de torsion qu'il présente et par la forme générale du corps. A la région céphalothoracique, bouclier circulaire de imm de diamètre, succède un cou grêle, long de 4miD; il vient ensuite une région génito- abdominale sacciforme, longue de 2""", dont la région basale porte quatre appendices lamelleux, longs de 3ni,n et deux ovisacs cylin- driques, pouvant atteindre 4,um et placés entre les appendices précédents. Deux de ces appendices sont latéraux, les deux autres sont dorsaux. Ces derniers s'unissent par leur région basale, sur la ligne médiane. Mais Lamarckina caligusa n'a pas moins d'affinités pour les Caligidœ. Sa région céphalique, bien qu'enfoncée entièrement daus les tissus du poisson, pré- sente, avec un développement normal, tous les appendices qui caractérisent les Caliges et leur permettent de se déplacer rapidement sur la surface de leur hôte et même de mener temporairement une vie indépendante. Lunules frontales, antennes antérieures avec soies et griffes, antennes postérieures à deux articles; siphon abritant deux man- dibules dentelées; maxilles, pattes-mâchoires antérieures grêles, terminées par deux longs doigts; pattes-mâchoires postérieures puissantes et acérées, fourche slernale bien développée, première paire de pattes nageuses à une seule rame, avec griffes et soies terminales; seconde paire biramée portant de longues soies pennées, régions basales des troisième et quatrième paires unies pour former une lamelle médiane unique portant de chaque côté deux articles sur lesquels sont insérées des soies courtes sur le bord interne, atrophiées sur le bord externe. Enfin, cinquième paire de pattes à deux articles, le dernier ayant la forme d'une main, est terminé par cinq griffes aiguës et recourbées. Le segment génito-abdominal lui-même, bien que profondément modifié par le parasitisme, se termine par une furca très nette, placée au point d'union des deux appendices lamelleux dorsaux et formé de deux lamelles aplaties, distinctes, donnant chacune insertion à cinq soies d'inégale longueur, les soies extrêmes étant les plus courtes. Ln résumé, Lamarckina caligusa possède tous les appendices des Caliges SÉANCE t>U 7 AVRIL ip,l3. I097 en même temps qu'il présente des caractères lernéens très nets. Il établit donc nettement le passage des Caligidœ aux Lernœidœ : l'évolution régres- sive des premiers conduisant aux seconds. De plus, si le parasitisme a modifié profondément la région génito- abdominale, il ne laisse soupçonner par contre qu'une légère régression des troisième et quatrième paires de pattes thoraciques. Il est donc permis de penser que Lamarckina caligusa s'est adapté à son existence actuelle, à une époque relativement récente. ENTOMOLOGIE. — Sur la parthénogenèse et le déterminisme de la ponte chez la Teigne des Pommes de terre (Phlhorinnea opcrculella Zell.). Note de M. F. Picard, présentée par M. Marchai. Les femelles de Phthorimœa, mises en présence de tubercules de Pommes de terre, commencent à pondre de a4 à l\8 heures après avoir été accou- plées. La ponte comprend de /jo à 80 œufs, qui sont émis en un, deux ou trois jours, suivant les cas. Lorsqu'il s'agit de femelles vierges, il peut ne se produire aucune ponte, et alors la vie de l'insecte est beaucoup plus longue, pour une température donnée, que celle des femelles fécondes; mais", le plus généralement, il y a évacuation d'un très petit nombre d'œufs, dont la grande majorité ne se développe pas, et qui n'atteint jamais 4°; chiffre minimum chez les femelles s'étant accouplées. Neuf fois seulement, sur plus de cent expé- riences, j'ai constaté de la parthénogenèse. Les quelques larves qui ont éclos (10 dans le cas le plus favorable) ont crû beaucoup plus lentement que celles issues d'œufs fécondés et avec une irrégularité très remarquable de développement. En juillet et août, date de ces essais, le cycle normal ne dure qu'un mois; celui de cette génération parthénogénésique dura de un mois et demi à trois mois pour des individus provenant de la même mère. Les neuf femelles qui donnèrent une descendance produisirent en tout 23 femelles et 21 mâles. Nous n'avions pas d'exemple de parthénogenèse accidentelle chez les Tinéides, mais ce mode de reproduction n'est pas très rare chez les Bomby- cides et l'on peut rapprocher ces observations de celles qui furent faites par Weijenberg (') sur Lymailria dispar; cet auteur constata que Go femelles (') Wfuenbekg (H.), Quelques observations de parthénogenèse chez les Lépidop- tères (Arch. néerl. Se. ex. et nat., t. V, 1870). ÎO98 ACADÉMIE DES SCIENCES. vierges ne pondirent pas plus d'oeufs qu'une seule femelle fécondée et ne donnèrent que 5o chenilles et 27 papillons. On voit aussi que l'acte de l'accouplement a pour effet, chez Phthorimœa operculel/a, non seulement de féconder les œufs, mais encore de provoquer la ponte et d'augmenter le nombre d'œufs émis par la femelle. Ces faits sont entièrement comparables à ceux qui ont été mis en lumière par Guyénot(') pour un Diptère, Drosophila ampelophila Lôvv, chez lequel la ponte est provoquée par l'accouplement, tandis que les femelles vierges n'émettent leurs œufs que sous forme de décharge, avec un relard sensible, irrégulière- ment cl en petil nombre. D'autre part, le déterminisme de la ponte apparaît comme fort complexe et ne dépend pas exclusivement de l'espèce végétale offerte aux femelles. La Teigne pond, il est vrai, sur les divers organes d'un grand nombre de Solanées, mais on peut lui faire déposer ses œufs sur des plantes d'au 1res familles, telles que le Verbascum sinuatum et le Cynog/ossum pictum. Parmi les facteurs qui interviennent, l'un des principaux est l'état des surfaces sur lesquelles l'insecte se trouve; les œufs sont toujours placés dans des parties rugueuses, fossettes entourant les bourgeons des tuber- cules, craquelures accidentelles de l'écorce, dépressions le long des nervures des feuilles, etc. En revanche, les parties lisses de certains fruils, Tomate, Aubergine, Piment, ne reçoivent jamais d'œufs. La Linaire vulgaire, plante voisine des Solanées mais à feuilles lisses, ne convient pas à la ponte, au contraire du Cynoglosse, botaniquement plus éloigné, mais à feuilles rugueuses et velues. Le dépôt de l'œuf est déterminé par une association de sensations résultant du contact de l'extrémité de l'abdomen avec une surface rugueuse. Le phénomène est fréquemment produit par l'attouchement de la mousseline qui ferme les bocaux d'élevage, et celle mousseline reçoit parfois tous les œufs lorsque le végétal est complètement lisse. L'instinct alimentaire est sous la dépendance du même facteur et la jeune chenille venant d'éclore ne perce que les tissus dont la surface est inégale et sous l'influence d'une sensation de pression ou d'appui sur les côtés du corps. Elle se laisse périr de faim à l'extérieur des Piments, des Tomates et souvent des Aubergines, fruits à peau lisse qui conviennent cependant très bien à l'alimentation, comme j'ai pu m'en assurer en introduisant des chenilles à leur intérieur par une ouverture. Les tubercules de Pommes de terre sont toujours attaqués dans les dépressions entourant les bourgeons. (') Guyéxot, Etudes biologiques sur une Mouche, Drosophila ampelophila Low. — VII. Le déterminisme de la ponte (C. rend. Soc. BioL, 1"' mars 1 9 13 ). SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. 1099 Il n'y a cependant pas corrélation complète entre l'instinct de ponte de l'adulte et l'instinct alimentaire de la larve; la flore de l'un n'est pas exactement superposable à celle de l'autre. Les Verbascum et Cynoglossum reçoivent la ponte, mais rebutent la chenille, tandis que j'ai pu nourrir celle-ci, quoique difficilement, avec des Pommes, sur lesquelles la femelle ne pond jamais. Les manifestations psychiques du Papillon et de la chenille ne sont du reste pas nécessairement en rapport avec une utilité quelconque pour l'indi- vidu ou sa descendance. C'est ainsi que les œufs sont pondus sur les Pommes de terre cuites et que cette nourriture est avidement acceptée par les larves qui meurent toutes au bout de quelques jours. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le soufre et ses variations dans le traitement biologique des eaux dé goût. Note de M. Lucien Cavel, transmise par M. A. Haller. Il peut être intéressant de considérer, au point de vue des résultats de l'épuration, les différents états du soufre, et surtout ses variations dans le traitement biologique d.^s eaux d'égout. Je ne parlerai pas du soufre des sulfates, mais du soufre qu'on peut ren- contrer, soit libre, soit eumbiné à la matière organique, et qu'on peut étudier avec commodité en l'entraînant par précipitation physique au moyen d'un corps convenablement choisi. Comme il est juste de penser que le soufre qui entre dans la composition des albuminoïdes doit être libéré au fur et à mesure que ces matières sont désintégrées sous l'influence des actions microbiennes, aux divers stades de l'épuration biologique; et que la proportion de soufre ainsi éliminée est d'autant plus notable que le travail microbien est plus considérable; il s'en- suit que la disparition du soufre combiné marquera une disparition corres- pondante des albuminoïdes. Ceci permettra donc d'apprécier dans une certaine mesure le degré d'épuration obtenu, pour ce quiconcerne du moins ce groupe de matières organiques; et l'on sait que les eaux d'égout renfer- mant des matières organiques d'origine animale, contiennent des protéines en quantité notable. C'est en partant de cette idée que j'ai été conduit à suivre les variations de ce métalloïde dans l'épuration biologique des eaux, dans ses divers pas- sages à travers les appareils en usage; en tenant compte du temps de séjour C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, M° 14.) I -1° I IOO ACADÉMIE DES SCIENCES. du liquide dans chacun d'eux, afin que les résultats se rapportent au même filet d'eau analysé à différentes périodes. L'eau d'égout est toujours trouble, et la turbidité n'est pas uniquement attribuable aux argiles, aux sables, aux vases, mais aussi aux matières organiques insolubles qui s'y trouvent en suspension. Un repos de quelques heures permet la sédimentation des matières les plus denses, mais ne clarifie nullement le liquide, qui reste toujours d'une opalescence plus ou moins considérable, qui persiste pendant des jours, et même après des filtrations successives. Pour étudier commodément le soufre libre ou combiné, j'opère sur i1 d'eau que je décante après un repos de 3 heures, afin d'éliminer les matières les plus denses, et je forme, au sein du liquide, un précipité d'hydrocarbonate de zinc, au moyen du chlorure de zinc et du carbonate de sodium en solutions convenablement choisies, qui entraine avec lui toutes les matières en suspension. .te le recueille sur un filtre, le sèche, en prenant pour ces manipulations les précau- tions d'usage; après quoi, je le triture et le mets à digérer dans du sulfure de carbone pur. Au bout de quelques instants on filtre, et le sulfure de carbone, évaporé dans une capsule, loin de toute flamme vive, laisse un dépôt de soufre. En eu prélevant une petite quantité au bout d'un 11 1 de platine, qu'on porte sous l'objectif d'un microscope Sliasnie par exemple (obj. 4, occ. 3), et en substituant à l'éclairage Abbé un condensateur plein pour avoir un fond noir, on obtient une belle préparation faisant apparaître la couleur et la forme des cristaux. En procédant ainsi sur une eau aérée, provenant de la pluie s'échappant des pulvérisateurs qui se trouvent sur les lits bactériens de Gré lei l-Mesly Ç1), j'ai obtenu jusqu'à o,ms de soufre libre par litre. devenant maintenant au précipité dépouillé du soufre libre, puis lavé au benzène, je l'introduis dans un matras avec un peu d'eau distillée et de l'acide chlorhydrique qui détruit les sulfures. On les dose en recueillant l'acide sullhydrique dans une solution ammoniacale d'azotate d'argent, en en balayant les dernières traces par un courant d'acide carbonique. Du poids de sulfure d'argent, on déduit le soufre des sulfures. Enfin, en traitant le contenu du matras précédent par une lessive de soude pendant <> heures au bain -m a rie à 8o°C, on transforme le soufre restant, c'est-à-dire le soufre combiné, en sulfure de sodium, qu'un courant de chlore fait passer à l'état de sulfate, qu'on dose par le chlorure de baryum [-), après avoir étendu d'eau distillée, saturé, chassé le chlore en excès par l'ébullition et acidulé par l'acide chlorhydrique. Dans ces conditions, je trouve : ( ') Usine départementale traitant les eaux provenant d'Ivry et de Yitry. (-) On s'assure avant ces essais, par une opération à blanc, que les réactifs ëmpîôyé's ne renferment pas de sulfates. SÉANCE DU 7 AVRIL IÇ)l3. IlOI tttg Soufre combiné avant passage en fosses septiques, en SO'* Ba. io4 par litre » api es passage » 97 , 2 » » après passage sur lits bactériens 22,4 » soit, respectivement en soufre, 1 |,25 i3,3a ~ i 07 et j'ai trouvé pour les lits bactériens, jusqu'à 62'"° de soufre exprimé en SC'Ba, dans des conditions particulières il est vrai (puisqu'on venait de remettre en marche, après un assez long repos des lits bactériens, et sur une eau opalescente), mais qui montrent que les fluctuations du soufre sont sensibles et peuvent être utiles dans l'interprétation des qualités d'un effluent épuré. Je pense donc que l'élude des variations du soufre, appliqué de cette façon au contrôle chimique des installations d'épuration d'eaux d'égout, donnera sur leur état de fonctionnement une indication précieuse, car, pour réaliser une bonne épuration, il faut nécessairement tjue la teneur en soufre combiné, de l'effluent général, tende vers zéro. CHIMIE BIOLOGIQUE. Fermentation alcoolique de l'acide lactique. Note de M. Mazé, présentée par M. Roux. J'ai énoncé le premier que la fermentation alcoolique des sucres esl la résultante d'une série de dégradations progressives dont l'acide lactique est une des étapes essentielles ( ' ). Cette conception a subi depuis cette époque de nombreuses fluctuations, el l'on considère aujourd'hui que c'est plutôt l'acide pyruvique qui occupe la place que j'avais attribuée à l'acide lactique. Les trioses seraient également des produits intermédiaires de la fermentation alcoolique des hexoses; mais jusqu'ici on n'a pas démontré, par l'expérience, que les trioses constituent un échelon dans la dégradation des hexoses. Le dédoublement de l'acide lactique en alcool et gaz carbonique est une transfor- mation qui dégage peu de chaleur, 3°,8C., d'après Berthelot (Chaleur animale, Gauthier-Villars, Paris); le suc de levure ou la levure privée d'air peuvent peut- être l'amorcer, mais non le continuer. Pour l'observer, il est donc nécessaire de recourir (') Annales de l'Institut Pasteur, t. \\ 1. mai et juin. 1903. II02 ACADÉMIE DES SCIENCES. à des microbes capables de produire une transformation simultanée telle que la com- bustion partielle ou totale de l'acide lactique. Ces microbes sont très nombreux ; mais ils présentent l'inconvénient d'oxyder en même temps tout l'alcool dérivé de l'acide lactique. Malgré cela, j'ai réussi à en découvrir un qui forme régulièrement de petites quantités d'alcool, et qui présente en outre l'avantage appréciable de se développer dans les milieux minéraux. Ce microbe est un bacille mobile; il se développe en voile à la surface des milieux minéraux additionnés d'acide lactique ou d'alcool. Il fait fermenter les sucres et les alcools polyatomiques et se rapproche par ses propriétés physiologiques du B. ithacetosuccinicus de P. Frankland ('). Par la diversité de ses actions fermentatives, il m'a permis de suivre la formation des produits intermédiaires de la fermentation alcoolique; j'exposerai dans cette Note les résultats relatifs à la fermentation de l'acide lactique qui reste, à mon avis, la plus importante de toutes les phases de la transformation. Le liquide que j'ai employé a la composition suivante : Pbospliate de potassium neutre à la phénolphtaléine .... 2,5 Sulfate de magnésium .• 1,0 Sulfate ferreux 0,1 Sulfate de zinc 0,02 Silicate de potassium 0,02 Chlorure de manganèse o ,02 Eau distillée 1000 L'azote est donné à l'état de lactate d'ammonium lorsque l'aliment car- boné est l'acide lactique ; en toute autre occurrence, c'est le chlorure d'am- monium qui convient le mieux. Les cultures ont porté sur 5oocml ou i1 de solution, disposée en couche de 3cm à 4cm d'épaisseur. Une première série de cultures faites en vue de la recherche de l'alcool a donné par litre les résultats suivants : Durée (en jours) ir i3 18 18 Lactate de calcium fouruipar litre(engrammes). 10 5 10 5 Alcool trouvé par litre (en milligrammes) 47 5 55 i5,8 48^32 16 Il s'agit de montrer que l'alcool est oxydé dès qu'il se forme, et que l'acide acétique constitue le premier terme libre de cette oxydation, car l'aldéhyde ne se montre que dans les milieux riches en alcool. Les résultats (') V. Frankland et Frkw, Journ. 0/ cltem. Society, 1892, p. 254- G. 7. 8. i5 i5 20 20 24 32 1,68 I,695 2 ,24*> o,35i o,338 0,473 32 ,0 37,4 4r,3 7 , 2662 9,35 » SÉANCE DU 7 AVRIL IO,l3. I Io3 d'une deuxième série de cultures vont me permettre de mettre ce fait en évidence. Numéros des cultures. I. '2. 3. S. 5. Lactate de calcium par litre (en grammes) . 10 10 10 10 10 Durée des cultures (en jours) S 12 16 26 26 Acide acétique par litre en (grammes) .. . o,g3i 1,298 2,161 c ,538 0,972 Acide formique par litre(en grammes) ... . 0,194 0,276 0,445 0,355 0,391 Alcool par litre (en milligrammes) 16,8 23,8 26,2 33,8 1 3 ,9 Acide lactique détruit (en grammes) 3,843 » 6,287 6,704 7,4-53 L'acide lactique subit en grande partie la combustion totale; la fermen- tation se fait donc en milieu légèrement alcalin. Dans les milieux de faible épaisseur tout l'acide lactique disparaît, puis l'acide acétique; l'acide for- mique est le plus résistant, cela se passe dans les milieux sur lesquels on laisse le voile intact; dans la série précédente, le n° 5 seul a bénéficié de cette condition ; tous les autres ont été agités tous les jours, afin d'atténuer la combustion. L'examen de ces chiffres permet de conclure à l'évolution parallèle de deux processus de fermentation, intéressant directement l'acide lactique : (i) C3H60« + 0 = GMIi02+HC02H; (2) C'H60< =OH5OHiH-CO\ L'alcool est oxydé et transformé en acide acétique. Si l'équation (i) était en jeu, l'acide acétique et l'acide formique seraient dans le rapport j^; il est voisin de 5 ; donc la plus grande partie de l'acide acétique provient de l'alcool. La valeur du quotient respiratoire confirme cette déduction : il est égala o,83-o,86, dans les cultures de 48 heures; si on laisse la culture se pour- suivre à l'abri de l'air, il augmente peu à peu et atteint i,o4 et 1,06; on trouve alors des traces d'hydrogène libre. Une culture faite sur 200™' de liquide à 1 pour 100 de lactate de calcium a donné les résultats suivants au bout de six jours, dans une atmosplui <> confinée de 31 environ : cm3 Oxygène initial 554 Acide acétique produit '46)9 Oxygène absorbé 36 1 ,g3 Acide formique 44,6 GO2 total formé 33o,86 Acide lactique disparu 93o,6 CO* 33o,86 . -;=rr = ^-, t = o , o, 1 Alcool torme 2,0 U- soi ,95 Iio/f ACADÉMIE DES SCIENCES. ( '.es chiffres permettent de vérifier point par point les déductions précé- dentes et de constater l'existence d'un autre corps plus oxydé, en très petite quantité. On peut réaliser des cultures tout aussi actives et aussi abondantes en remplaçant l'acide lactique par l'alcool comme aliment carboné. On ne trouve alors que de faibles quantités d'acide acétique et pas d'acide for- mique, ce qui vérifie l'origine de l'acide formique [équation ('i)J. L'oxydation de l'acide lactique suivant l'équation (i ) rend la formation de l'acide pyruvique vraisemblable, mais je n'en ai pas découvert. J'ai pensé que le Mycoderma aceli se prêterait mieux à une oxydation moins brutale de l'acide lactique ; niais \e corps prédominant de la fermentation de l'acide lactique parle Mycoderma aceli est l'acétylinéthylcarbinol. J'en ai confié l'étude à M. Lemoigne, qui s'est attaché précisément à élucider le méca- nisme de cette fermentation. CHIMIE BIOLOGIQUE. Synthèse de gafoclosides, d'alcools à l'aide de rémulsine (') : Mèlhylgalactoside (3 et Allylgalactoside (3. Note de MM. Em. Bourquelot et M. Bridel, présentée par M. Jungfieisch. De ces deux galaclosides le premier seul était connu. M. Em. Fischer l.'a préparé, en 189a, en faisant agir l'acide chlorhydrique sur le galactose en solution dans l'alcool méthylique. On obtient ainsi un mélange des galactosides a et [3 qu'on sépare à l'aide de dissolvants appropriés. L'émulsine des amandes ne donne que le galactoside qu'elle hydrolyse en solution aqueuse, c'est-à-dire le galactoside [3. Toute la difficulté de l'opé- ration réside dans l'élimination du galactose resté libre. Cette élimination se fait d'ailleurs par un procédé très simple, mais auquel nous n'avons songé qu'après de longs tâtonnements. Mélliylgalarioside (3 : Préparation, — A 950""' d'une solution de galactose à 1 pour 100 dans de l'alcool méthylique à 85 pour 100 en poids, on a ajouté 2» d'émulsine. Le mélange, abandonné à la température du laboratoire (-t-170 à -t-200), était agité plusieurs fois par jour. ( ' 1 Rappelons (pie, dan- ces synthèses, le ferment actif n'est pas l'émulsine propre- ment dite, mais un autre ferment, la lactase, présent dans l'émulsine des amandes. Voir : Em. Bourquelot et 11. Héiussey, Comptes rendus, t Ib.'i. 1912, p. i552. SÉANCE DU 7 AVRIL I9l3. I I()5 La rotation initiale était de +i°ao' ('). Elle a baissé peu à peu jusqu'au vingtième jour. Elle était alors de -t-i°4'j et elle est restée telle, même après addition d'une nouvelle quantité d'émulsine. ce qui indique que la réaction avait atteint la limite qu'elle pou\ait atteindre dans les conditions de l'expérience. Le méthylgalacto- side (3 étant, comme l'a établi Fischer, inactif sur la lumière polarisée, il est facile de calculer la quantité de galactose qui a dû passera l'état de méthvlgalactoside; on trouve que cette quantité est de 20 pour 100 environ du galactose mis en œuvre, ce qui correspond à la formation de 2? environ de mélhylgalaetoside. On a filtré le mélange, distillé le filtrat à sec sous pression réduite et obtenu un résidu composé de galactoside et de . galacto'se. Ces d.ux composés étant inso- lubles dans l'étlier acétique, et solubles dans les mêmes proportions dans d'àulres dissolvants neutres, les essais de séparation à l'aide de dissolvants n'ont pas réussi. C'est alors que nous avons pensé à utiliser une propriété que possède la levure basse, et qui a été découverte par l'un de nous (2), de faire fermenter le galactose lorsque celui-ci est accompagné de glucose. On a donc dissous le résidu dans aoo""' d'eau distillée, on a ajouté ■>'-' de glucose et 4S de levure liasse essorée; après quoi, on a abandonné le mélange à la température du laboratoire. La fermentation s'est laite régulièrement et a duré 8 jours. Il ne restait alors que le méthvlgalactoside, lequel n'est pas attaqué par la levure. La rotation de la solution aqueuse avait passé de + 6°3o' à o°(/=2). On a filtré, porte à l'ébullition en présence de quelques décigrammes de carbonate de calcium, filtré de nouveau et évaporé le filtrat à sec vous pression réduite. Enfin le résidu a été repris par 5ocm3 d'alcool absolu bouillant. Far refroidissement, le glucoside a cristallisé. On en a obtenu 1 - ', '>5 qu'on a purifié par une nouvelle cristallisation dans l'alcool absolu. Propriétés du méthvlgalactoside (3. — (le galactoside cristallise en fines aiguilles incolores; il fond nettement an bloc à -f- 1780; il a une saveur très légèrement sucrée; il est soluble dans l'eau et l'alcool, insoluble flans l'éther acétique. Il est sans action sur le plan de la lumière polarisée. L'essai a été fait avec une solution aqueuse à 4>o533 pour 100; on a trouvé : a = ± o. Il ne réduit pas la liqueur cuivrique. C'était donc bien le métbylgalacloside décrit par Em. Fiscber. En solution aqueuse, il est assez lentement hydrolyse par Témulsine des amandes. A 20™' d'une solution à os,8ioG pour 100, on a ajouté o8,o5 d'é- mulsine. En 2 jours, la rotation (7= 2), nulle au début, est devenue -+- 4t>', (') Le pouvoir rotatoire du galactose, qui est de -+- 8o° environ dans l'eau, est plus faible dans l'alcool méthvlique. Ainsi, dans l'alcool méthylique à 85e, on a trouvé «d= H-65°,o5. (-) Em. Bourqdei.ot, Sur la fermentation alcoolique du galactose (Journ. de Pharm. et de C/iim., 5e série, t. XVIII, 1888, p. 337). II of) ACADÉMIE DES SCIENCES. et le liquide renfermait os, 5i i de sucre réducteur calculé en galactose. Si l'hydrolyse avait été totale, on aurait trouvé une rotation de -+- i°ii' et os,7J2i de galactose. Allylgalactoside (3 : Préparation. — A 3oocm3 d'une solution de galactose à 1 pour ioo dans de l'alcool allyliqtie à 85 pour 100 en poids, on a ajouté 26 d'émulsine, puis on a abandonné le mélange à la température de laboratoire (-+- i-]° à + 21°). La rotation initiale (/ = 2) était de H- i ° 28' ; elle a baissé lentement, comme l'indiquent les chilTres ci-dessous jusqu'au 70e jour : Durée. Rotation'(J = ). 0 < 10 jours -t-i 10 23 » -+- 02 4o » -+- 4o 53 » -1- 26 70 » -t- 18 La réaction s'est donc poursuivie pendant plus de 2 mois. Après avoir éliminé l'alcool par distillation, on s'est débarrassé du galactose en excès en opérant comme pour le méthylgalactoside, puis on a filtré et distillé à sec sous pression réduite. Le résidu, épuisé par 3ocm3 d'acétone anhydre bouillant, a donné une solution qui, additionnée d'éther ordinaire après refroidissement, a laissé déposer le galacloside cristallisé. Après dessiccation, il pesait is, 20. Propriétés de V allyl galacloside (3. — Ce glueoside se présente sous forme de fines aiguilles incolores réunies en houppes. Sa saveur est fade, légè- rement amère. Son pouvoir rotatoire, en solution aqueuse, pour une concentration de 2,74-6 pour 100, a été trouvé égal à — 12", 5. Il ne réduit pas la liqueur cupro-potassique. En solution aqueuse, il est lentement hydrolyse par l'émulsine des amandes; en même temps se dégage l'odeur caractéristique de l'alcool allyliqtie. A i5cmï de la solution ci-dessus, on a ajouté os,io d'émulsine. En /|8 heures la rotation a passé de — !\o' à + 2°56', et il s'est formé iB,p,o8 de galactose pour ioocm\ SÉANCE DU 7 AVRIL I()l3. IIO7 CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Élude sur les injections de ' sels de radium. Note de M. Henri Dominici, Mme Simone Laboroe et M. Albert Laborde, présentée par M. Ch. Moureu. Des travaux antérieurs (') ont démontré que les sels de radium inso- lubles injectés persistent dans l'organisme des animaux. Dans ce travail, nous avons voulu comparer la façon dont se répar- tissent respectivement dans l'organisme les sels solubles et insolubles lorsqu'ils sont injectés dans le tissu musculaire ou dans le système veineux. Vingt et un lapins ont été injectés avec un sel de radium soluble ou inso- luble (-) équivalant à o"'s,02, omg,o4, o'ng,o6 de bromure de radium cris- tallisé RaBr2, 2H20. Les animaux ont été tués après un temps variant de 5 à 1 65 jours. Les organes ont été incinérés dans des capsules inactives. Nous avons pesé les cendres et mesuré leur radioactivité par la méthode du quartz piézo-éleclrique de Curie, l'oxyde noir d'ura- nium L'205 étant pris comme unité de radioactivité. Sels insolubles. — Nos expériences confirment et précisent ce qui a été trouvé antérieurement par les différents auteurs : le sulfate de radium injecté dans l'organisme y séjourne un temps prolongé. Injecté dans le système veineux, il se répartit entre les différents viscères comme au hasard de la distribution vasculaire. Au bout de 25 jours, il subsiste encore 5o pour 100 de la dose injectée (n° 4), au bout de 90 jours il peut n'en rester que 10 à 5 pour 100 environ (n° 5). Injecté dans les muscles, le sulfate de radium persiste en grande quantité au point d'injection, au détriment du corps (3) et des organes qui sont de ce fait moins actifs que si l'injection avait été faite dans la veine. Il s'élimine très lentement, et au bout de i3i jours (n° 9) il peut encore rester 5o pour 100 de la quantité injectée. (l) Dominici et Faure-Beaulieu, Comptes rendus, mai 1908. — Dominici, Presse médicale, n°22, 16 mars 1912. — Dominici, Petit, Jaboin, Comptes rendus, mars 1910. (s) Nous avons insolubilisé le radium au moment même de l'injection, en mélan- geant dans la seringue la solution du bromure de radium et une solution de sulfate de soude à ioSpar litre. (3) Nous désignons par corps l'ensemble de l'animal, tous les viscères étant enlevés. C. K., it,i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 14.) l4' no8 ACADEMIE DES SCIENCES. Sels solubles. — Le fait essentiel qui se dégage de nos expériences est l'arrêt également prolongé du bromure de radium dans le corps des ani- maux. Ce sel paraît, toutefois, s'éliminer un peu plus vite que le sulfate. Au bout de 137 jours (n° 22) il peut rester 23 pour ioo de la quantité employée. Tableau des radioactivités. Sels insolubles. fi « S 3 Numéros des lapins 1. Durée du séjour, en jours. 5 Quantité injectée, en mil- ligrammes 0,02 Quantité retrouvée ( ' ), en milligrammes 0,01 Corps 0,42 Foie 5,8 Poumon 0,64 Rein 0,21 Rate » Estomac, intestin o,3^ Cerveau 0,07 Moelle des os 1,4 Tissu osseux o,'ig Muscles p Peau » Numéros des lapins 6. Durée du séjour, en jours. 6 Quantité injectée, en mil- ligrammes 0,02 Quantité retrouvée ('), en milligrammes 0,01 Corps 0,06 Patte i,90 Foie o Poumon o Rein 0,11 Rate 0 Estomac, intestin » Cerveau » Moelle des os » Tissu osseux 0,12 Intraveineux, 3. 6 0,009 0,24 » 1,72 35 0,04 0,012 o,35 .97 4. 25 0,06 o,o36 i,56 i3,6 9,28 2,6 "Ï7 90 °,°4 0,002 0,04 0,18 0,11 0,72 Sels solubles. Intraveineux, 15. 11. 12. 13. M. 16. 6 6 6 17 37 9° 0,06 0,02 o,o4 0,02 0 ,06 0,03 0,o3 0,0076 0,012 o,oo85 o,o25 0,0026 1,2 0,20 o,45 0,24 1,7 » 0 » o o, 1 1 o o,3i o o,3o 0,04 0,61 3,6 o,55 Q,o4 0,06 0 2,8 0,52 1 niramusculaire. Intra 7. 8. 9. 10. 17. 18. 19. 6 90 i3i i65 5 5 6 0,02 0,04 0,06 0,02 0,01 0,02 0,02 0,01 1 0,009 o,o35 0,004 0,01 0,0064 o,pi o,o5 0,22 0,40 0,06 0,40 °,4I o,33 2,57 a,79 9 T,o9 0,24 0,17 o,5i 0,01 0,001 3,4 0,07 0 0 s 0 0 0,26 0 0 0 0 0,06 0 0,16 0,007 o,o5 0,16 o,55 0 0,71 3,3 0,001 0 0 0 0 » o,o5 0,Q07 0,1a 0,17 o,o3 3 » » » » » 0 , 007 » » » » 0,01 0 » 0,02 p,2Ô » l> (1,32 0,37 0,60 niramusculaire. 9° .37 0,06 0,0026 o,oi5 0, 10 o,5i o,i5 0,54 0 0,01 0 0,02 0 o,o5 0 0 » o,o3 » 0,02 0,95 (') La quantité de radium retrouvée dans les cendres n'a pas été, dans tous les cas, directement " dosée : nous l'avons calculée d'après le produit de radioactivité (Mme Curie, Traité de Radioactivité, t. I, p. 1 4*5), dont nous avons une fois pour toutes déterminé l'équivalent en bromure de radium. ( Produit de radioactivité = poids de cendres x radioactivité des cendres.) SÉANCE DU 7 AVRIL igi3. 1109 Injecté dans le système veineux ou dans les muscles, le bromure de radium diffuse de la même manière dans l'organisme. Parmi les viscères, seuls les reins et le tube digestif le fixent en partie ('), ce qui semble indiquer que le produit s'élimine par ces organes. Le squelette retient en quantité appréciable le radium injecté à l'état de bromure (nos il, 12, 14, 17, 18, 19, 22). Ce fait suggère un rapproche- ment entre l'affinité du tissu osseux pour ce métal et celle qu'il possède à l'égard du calcium et du strontium, métaux alcalino-lerreux. GÉOLOGIE. — Sur la succession des étages carbonifères et permiens en Indo- Chine. Note (2) de M. Jacques Deprat, présentée par M. H. Douvillé. J'ai décrit précédemment (3) la succession des niveaux de Fusulinidés dans les dépôts carbonifériens et permiens de la Chine méridionale. De nombreux matériaux nouveaux me permettent de comparer cette série avec celle de l'Indo-Chine où j'ai retrouvé la plupart des horizons que j'avais signalés au Yun-nan, avec les mêmes espèces, et en plus, d'autres que je n'avais pas observées en Chine, ainsi que les deux genres nouveaux, Palœofusulina et Neofusulinella ( ' ) ; c'est ce que résume le Tableau sui- vant (5) : Permien supérieur. Yun-nan. Indo-Chine. Grès, schistes, marnes gypsosalifères (Yun- Schistes et grauwackes du Laos. nan, Sseu-tchoan). Poudirïgues du Tié-tchen-ho. Calcaires à JVeosch. multiseptola Deprat. Calcaire siliceux à N. multiseptata De- prat (Cambodge). (') Ce fait est en bon accord avec un travail récent de MM. Smith et Wilson (Guys Hospital Reports, t. LXV, p. 1 3 r ). (2) Présentée dans la séance du 3i mars 1913. (3) J. Deprat, Etude géologique du Yun-nan (Géologie générale, t. I des Mémoires du Service géologique de V Indo-Chine, fasc. 1) et Étude des Fusulinidés de Chine et d' Indo-Chine (Ibid., fasc. 3). (') J. Deprat, Sur deux genres nouveaux de Fusulinidés de l'Asie orientale intéressants au point de vue phylogénique (Comptes rendus, t. 154-, 3 juin 1912, p. i5/J8). (5) Les espèces nouvelles seront décrites et figurées dans un Mémoire actuellement à l'impression. 1 I IO ACADEMIE DES SCIENCES. Permièn supérieur (suite). Ycn-nak. Ikdo-Chine. Manque. Calcaire à F. e.vilis Schwag., F: Marghe- ritii Dep., F. granum-avenœ Hoem., N. (Sum.) Annœ Voltz, N. globosa Yabe, Dol. lepida Schw. pseudolepida Dep.. Schw. Douvillei Dep. Manque. Calcaires à Fusulina sp., Neosch. Annœ Volz, M. globosa Yabe, Dol. lepida Schw., pseudolepida Dep., Schw. Dou- i'illei Dep. (Pong-oua, Laos). Calcaire à F. exilis Schw., F. Marghe- ritti Dep., F. granum-avenœ Roem., N. (Sum.) Annœ Volz, N. globosa Yabe, Dol. lepida Schw., pseudole- pida Dep., Schw. Dom'illei Dep. (Pong-oua, Cammon, Luang-Prabang, Cambodge) et à Productus graliosus (Cammon). Calcaire à Fusulina sp. du Cammon. Permien moyen et inférieur. Manque. Calcaire à Schw. Verbeeki Gein, Dol. lepida Schw. (Lang-nac. Tonkin). Calcaire à 5. Verbeeki Gein., Dol. lepida Calcaire à Schw. Verbeeki Gein., Dol. Schw., F. Mansuyi Dep., F. fiicht- hofeni Schw., F. Lanlenoisi Dep. Manque. Calcaire à F. Richthofeni Schw ,-. Puissant horizon calcaire à Productus. lepida Schw., F. Mansuyi Dep., F. Richthofeni Schw., F. Lantenoisi Dep. (Cammon). Calcaire à Fusulina sp., Doliolina sp., S. Verbeeki Gein. Caicaire à F. Richthofeni Schw ., Dolio- lina sp., Neofusulinella sp. Puissant horizon calcaire à Productus. Ouralien. Calcaires à A/eoschw . craliculifera Calcaires à N. craliculifera Schw., Schw., grandisDep., l\. multicircum- grandisDep.,S. VerbeekiGein.(rare). voluta Dep , 5. Verbeeki Gein. Calcaire à Al. craticulifera Schw. (forme Calcaire à N. craticulifera Schw. (forme type) et var. tenuis Dep. type) et var. tenais Dep. SÉANCE DU 7 Ouralien AVRIL I9l3. (suite). 1 1 1 1 YUN-NAN. Horizon à Schw. princeps Ehrb., 5. fu- sulinoides Scliellw., Fus. alpina Schellw. Calcaire à Fus. incisa Schellw. Calcaire à Dol. Aliciœ Dep., F. globosa Dep., F. complicata Schellw., F. mul- tiseptata Schellw., F. tenuissima Schellw. Calcaire à Dol. Claudiœ Dep. Calcaire à F. Kattaensis Schw. Calcaire à F. tchengkiangensis Dep. et F. regularis Schellw. Calcaire à F. brevicula Schw., F. regu- laris Schellw., F. Dussaulti Dep. Indo-Chine. Puissant horizon à Brachiopodes, Mol- lusques, et Schw. princeps Ehrb. (Cammon et Tonkin). Horizon calcaire à F. alpina Schellw., 5. princeps Ehrb. (Tonkin, Laos, Annam ). Horizon calcaire à Fusulina sp. (Laos, Annam). Calcaire à F. incisa Schellw. Calcaire à F. globosa Dep., F. complicata Schellw., F. mulliseptata Schellw., F. tenuissima Schellw., Sc/i. princeps Ehrb. (rare). Horizon à F. mtiltiseptata Schellw. Calcaire à Dol. Claudiœ Dep. (Cammon). Manque. Paraît manquer. Moscovien. Calcaires à Neofusulinella sp. du Cam- mon. Calcaires du Cammon à Neofusulinella sp., et à Fusulinelles. Calcaires à Gastropodes de Lo-a-tien et Chouéi-tang. Couches de charbon. Calcaire à Sp. mosquensis Fisch., F. re- gularis Schellw., Schw. prisca Dep. Étage des grès avec intercalalions cal- caires à Schw. prisca Dep.. Endo- thyra, Fusulinelles, etc. Dinantien. Série des schistes de Hoa-keuou, Hoang- Calcaires viséens de la Montagne de l'Elé- i-tseu, Tien-sen-kouang et calcaires de pliant et calcaires de Lang-nac à Palœo- Tou-mou-nyi à Marlinia glabra. fusulina sp. Schistes à Phillipsia de Baiduc (Annam) et du Laos. II 12 ACADEMIE DES SCIENCES. Mon ami et collaborateur, M. Mansuy, se charge de la description de la faune ouralienne des couches à Schw. princeps Ehrb., dont les éléments ont été réunis par le commandant Dussault au Caminon et par moi au Tonkin (Muongthé). J'ai recueilli dans cette localité une faune rappelant de très près celle de l'Oural et beaucoup moins les faunes ouraliennes du Salt- Range et de l'Himalaya. Il en est de même pour les Fusulinidés, comme en témoignent les couches à Fushttna multiseplata Schellw. des Alpes car- niques. Le seul horizon à Fusulinidés de l'Inde, celui à F. Kattaensis Schw., est bien représenté au Yun-nan, mais cette équivalence avec les couches d'Amb et de Katta est la seule importante, et tous les rapports sont avec l'Asie occidentale et la faune ouralienne russe. Il semble que de la Russie à l'Indo-Chine, par la Tethys septentrionale, il y ait continuité entre les faunes. C'est dans la Chine méridionale et l'Indo-Chine que la faune rhizopodique atteint probablement sort plus beau développement mon- dial, puisque je n'y connais pas moins de 54 espèces de Fusulinidés à l'heure actuelle. GÉOLOGIE. — Recherches relatives à l extension de la mer nummulitique sur la rive droite de la Gironde. Note de M. Edmond Bordage, présentée par H. Douvillé. Lorsqu'on examine la feuille de Saintes au l)0'000, récemment publiée par le Service de la Carte géologique de France, on constate que, sur la rive droite de la Gironde, le Nummulitique n'est représenté qu'en trois points. Deux de ces points sont situés près de Saint-Palais-sur-Mer (le Rureau et Terre-Nègre), le troisième près de Meschers (la Conche-des- Nonnes). Au point où, entre Talmont-sur-Gironde et Meschers, la ligne des falaises crétacées (') présente une solution de continuité qui correspond à l'anse de Meschers, il n'existe pas la moindre trace d'un prétendu lambeau éocène figuré tout d'abord par W. Manès sur la carte qui accompagne sa (') Aux personnes peu familiarisées avec l'étude de la Géologie, il sera désormais possible de consulter la feuille de Saintes, ce qui évitera des confusions relativement à l'étage auquel appartiennent ces falaises « classiques » de la rive saintongeaise de l'estuaire girondin. Il y a quelques années, M. Guérin-Ganivet les rattachait au Juras- sique (étage kimeridgien) dans son travail intitulé : Notes préliminaires Sur les gise- ments de mollusques comestibles des côtes de France : l'estuaire de la Gironde (Bulletin de l'Institut océanographique, Monaco, 1909). SÉANCE DU 7 AVRIL I<)l3. IIl3 Description physique, géologique et minéralogique de la Charente- Inférieure, et reproduit ensuite, d'après ce même auteur, par MM. Vasseur et Carez, sur leur Carte géologique de France au ■5UU'UUU. 0 Ponl I Abbe balnl Pinl! un 0 O SAINTES LEGENDE «-.<*,. limite Je/ife/iirt anale de /a mer ntun - m.uhHaue d'âjtrès A.deZajt^iAiv/tt. + + + ijt>Sék & criÈnitr rJt/iràs les rec&ercÀss aelciuieur. « • o • TV"-* c* /v/izolh.3) avait admis la possibilité d'un saut brusque de température à la surface de deux corps en contact, et diverses expériences onl paru confirmer cette manière de voir ('). Soient deux corps S et S' séparés par une surface S. Désignons par n et n! les directions de la normale en un point arbitraire de E, correspondant respectivement à S et à S', et soient V et V les tempé- ratures en ce point pour chacun des deux corps. Les conditions à la surface, dans l'hypothèse de Poisson, s'expriment par les équations i dX i dX' tv m kn k,2 et q sont trois constantes positives. La constante q est le coefficient du saut, et pour q = ac, on retombe sur le cas habituellement consi- déré (V = V), où il n'y a pas de saut brusque. 2. Les problèmes de la théorie de la chaleur peuvent être repris dans ces conditions plus générales. Examinons d'abord un cas d'équilibre calorifique. ( ') Pour la bibliographie de la question, on peut consulter la Physique de Chwolson, t. III, p. 3gg. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 15.) l4^ II20 ACADEMIE DES SCIENCES. Soient un premier corps S limité par une surface 2, et un second corps S' enveloppant S et limité d'une part par ï et d'autre part par une surface 2'. Il y a de plus dans S une source de chaleur P ayant un flux donné qu'on peut supposer égala 471? nous admettons qu'il y a le long de 2 le saut brusque de température régi par les équations (i), et que la surface 2' rayonne vers l'extérieur qui est supposé à la température zéro. Au point de vue analytique, nous avons à déterminer deux fonctions harmoniques V et V de x, y et z, satisfaisant sur S aux équations (i). La fonction V est continue dans S' ; la fonction V est continue dans S, excepté en P, où elle devient infinie comme — [/•„ désignant la distance du point (oc, y, z) à P]. On a enfin sur 2' (2) ^!_/lV==0 (A>o). Posons V = hU; U sera harmonique et continue dans S. Nous allons chercher à exprimer U et V sous la forme de potentiels de simples couches; soient V V V, où /• et r désignent respectivement les distances du point (x-,r, -)aux éléments da et d"^ -/y— Il résulte de là que tous les termes de (3) sont nuls (X-, > o, à\2^> o, > o). V et V' sont donc des constantes d'ailleurs égales d'après (i); enfin d'après (2) cette valeur constante ne peut être que zéro. Les potentiels de simple couche V et V étant respectivement nuls dans S et S' sont nuls dans tout l'espace, et d'après la formule classique donnant la densité en fonction des dérivées normales, nous concluons u. =: p = p' = o. Il est donc bien établi que nous ne sommes pas dans le cas singulier. Le problème posé est donc résolu. 4. Nous venons de traiter un problème d'équilibre calorifique. On peut étudier le problème de refroidissement correspondant aux deux mêmes corps en supposant qu'il n'y ait pas de source à l'intérieur de S. La tempé- rature V (x,y, ~, /) à l'intérieur de S satisfait à une équation de la forme OV ,/d*\ d2\ d2Y <)l \d.r- oy- Oz- 1122 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans S', la température V' (oc, y, z, t) satisfait à l'équation àV' ,Jd-\" d-V d-Y' ôt \ dxs ày- àz- Les conditions aux limites sont les suivantes. La fonction V (x,y, z, t) est donnée pour t = o dans S, et la fonction V (a?, y, z, t) est donnée pour t=o dans S'. Ensuite les conditions (i) du paragraphe 1 doivent être satisfaites sur la surface 2, quel que soit /. Si, de plus, nous admettons comme plus haut, que la surface 2' rayonne vers l'extérieur supposé à la température zéro, on aura constamment sur S' l'équation (2). Considérons d'abord une solution de la forme \z=e-XHu{x, y, z). V' = e-X,'u'(a:,y, z), A étant une constante. On aura A ** A t l' , au ^ : u = o, an -\ — rr u' — o. a- a- Prenons pour u et u' des expressions de la forme ///■ 'tir ),!/•' " = ff" €Fd- "'= ff" ^ * + ff' €Jk <"'■ S 2 S- où r et r' désignent respectivement les distances du point (a?, j, z) aux éléments (h et da' des surfaces 2 et 2 ; u. et p sont des fonctions inconnues de la position de l'élément ih sur 2, et pareillement p' pour la surface 2'. En substituant ces valeurs de u et u' dans les équa lions (1) où l'on met u et u' à la place de V et V', et dans l'équation (2), où l'on met u' à la place de V, on obtient un système de trois équations intégrales linéaires homo- gènes (') qu'il est inutile de transcrire ici, où les inconnues sont jx, p et p'. 5. Si A est arbitraire, les équations intégrales qui précèdent ne sont satisfaites que pour jj. = p = p'= o; les valeurs intéressantes pour nous sont les valeurs singulières de X, pour lesquelles il en est autrement. Ces valeurs sont réelles et deux à deux égales et de signes contraires; dési- gnons-les d'une manière générale par A/;, p allant de — oc à -+-oo, (kp = — A_/;). Il s'agit de voir, imitant des méthodes classiques, si l'on peut (') La quantité À joue bien entendu ici un rôle un peu différent de celui que joue le paramètre habituel de l'équation de Fredholm. Le déterminant des équations intégrales n'en est pas moins une fonction entière de 1. SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. 1123 former les séries ^A,«,,(j",/,;), 2^Apu'p{ûc,-y,.z) — oo — oo (où up et u ' correspondent à la valeur singulière \p) de manière que la première série représente dans S la fonction V (a;, y, z-, o), et la seconde Y' (ce, y, 3, o) dans S'. Je vais seulement montrer ici comment peuvent être déterminés les coefficients Ap, sans entrer dans la démonstration rigoureuse de la possibilité du développement, qui présente quelques longueurs. En tenant compte des relations (suri) _^ = ^ =,(„;_„,,); d^-l>u'„ = o (sur-); _. , du,. . du'., , , . du' , . , _,. (suri) —ki-^=k2-s£=zq(u'r-ur); ^-L-hu'^O (suri'); on obtient facilement l'égalité (X»-ljL) -i / / / UpU,.dx dy ds -t- -^ / / / «',,«',. dxdydz\ — o. S S' J Par suite, si/» est différent de ± r, la quantité entre crochets sera nulle. Si donc on envisage les deux équations V(ar,/,«',ô)'=i2A^"A'(ir'>' ;> (clans S), ' 0© Y'{x, y, s,o)=^Af»;(rj, 3) (dans S'), — oo et si l'on multiplie ces équations respectivement par -\ ur et -^ u'r, et intègre dans S et S', il ne restera dans le second membre, en faisant la somme, que les termes ( 4 ) A,\^ fffu;. dx dy dz 4- ^ /// 'V ^' dy dz\ + A , T^i f C Cu,. M_r rftf dydz+pr2 f f fii',. u'-,. dx dy dz] , et cette somme sera par conséquent connue. En faisant la même opération II 24 ACADÉMIE DES SCIENCES. /., /, , , • avec — u_r et -77 m ,., on obtient la somme (5) Ar\—I ! I u,.u_,.dxdydz -\ ^ / / / i''ru'_rdxdy dz\ + A_ ,. T^i J fful,, dx dy dz + ^ fff"'-\ dx dy d;~\ . Les sommes (4) et (5) nous font connaître les coefficients Ar et A_r. Les imaginaires disparaissent d'ailleurs dans les développements en groupant convenablement les termes. La solution du problème posé est alors donnée par les expressions 2 A'< "/-(•''■ J> z)e~Vi-' o« ^i^P"',,(^,y,:-)e~''?, — 00 — 00 selon qu'il s'agit du corps S ou du corps S'. 6. Ce qui est intéressant dans la question précédente, c'est qu'on y rencontre deux équations différentes aux dérivées partielles, et les conditions aux limites renferment à la fois des solutions de l'une et l'autre équation. C'est une catégorie de problèmes beaucoup plus étendue que celle à laquelle on s'est à peu près limité jusqu'ici dans les applications de la théorie des équations intégrales, où l'on n'avait à envisager qu'une seule équation. La Physique mathématique en offre de nombreux exemples qui méritent d'être étudiés à la lumière des travaux récents sur les équations fonctionnelles. HYDRODYNAMIQUE. — Vitesse de la chute lente, devenue uniforme, d'une goutte liquide sphèrique, dans un fluide visqueux de poids spécifique moindre. Note de M. J. Boussixesq. I. Comme ce problème, dans le cas extrême d'une goutte de viscosité infinie, deviendrait celui deStokes relatif à la chute uniforme ou régularisée d'une sphère solide dans un fluide visqueux, il est naturel de le traiter en cherchant à y étendre la plus simple des méthodes qui aient été indiquées pour ce problème de Stokes, savoir, celle qui m'a permis, au commen- cement de i885, de résoudre la question du lent mouvement varié de la sphère solide. Elle consiste à exprimer les trois composantes u, v, w de la vitesse au point quelconque (x, y, z) du fluide considéré, tout en y vérifiant SÉANCE DU l4 AVRIL igi.3. II 2.5 identiquement l'équation de conservation des volumes, par les trois formules (0 • U = \,'J— -j-^,, (C, (»■) — — — — i-, T a.r- rf(y, s) dx où la fonction auxiliaire

\ /0, a 1 rfJuco\ . . e a-.r® a / rfa2©\ (3) s^-P#* + 8-^j = 8A1A.? = - -^r-' rf(3^j ^-^* + 8-3rJ=°î et la dérivation en v ou en ; de la première (3) montre, vu les deux der- nières (3), que A.,A2o ne peut pas dépendre de y ni de ;. Dès lors, A.,Aw, n'étant, comme op, fonction que de /■ = \'.r- ~+~y'~ ~+~ s2> sera tollt aussi ifidé- pendant de a- et se réduira à une constante. Ainsi, le produit rA2A2cp, dérivée quatrième de /•■p en /', contient un seul terme, proportionnel à /■. Quatre intégrations immédiates donneront donc pour ro un polynôme du troisième degré en /•, accru d'un terme du cinquième; et, par suite, ù l'on supprimera la partie constante étran- II 26 ACADÉMIE DES SCIENCES. gère aux expressions(i)de», r, w, comprendra seulement, avec deux termes respectivement en r2 et /•', deux autres termes en r*11. Or, dans le fluide extérieur, où il est évident que doivent s'évanouir, pour 7- infini, les vitesses u, v, w (dues seulement à la présence de la goutte de rayon R), les deux termes en r2eten/-* donneraientdans(i\ auxdistances infinies, le premier, une vitesse u constante, le second, des vitesses infinies. Donc, ces deux termes y auront coefficients nuls. Au contraire, dans la goutte, ce sont les deux termes en rf' qui disparaîtront; car ils produiraient, au centre ;,;=o, des vitesses infinies respectivement des premier et troi- sième ordres. Ainsi, les deux fonctions cp à considérer seront, avec quatre constantes A, B, C, D en tout, (4) (pour 7' R) o = O ■+- — • III. Portées dans les formules (i), en se souvenant que les dérivées de r en x,y, :■ sont les trois rapports de .-r, y, s à r, elles donneront comme composantes verticale et horizontale des vitesses, aux divers points du plan méridien des xy auquel on peut se borner (avec y > o) : / (pour /< R) u — {k — B/-2) — R/2, c=Bjj-; (5) ' , ^ns fC D\ /C D\ /G D\ | (pour,->R)„ = ^7_— j_^___jj,., ,^^__j,,r. Sur la sphère de rayon r et, par conséquent (dans ce demi-plan des xy) le long du demi-cercle méridien de rayon r, nous poserons .v = rcos'A, v = /-sinA, en appelant A l'angle (colatitudé) de la normale extérieure avec les.r positifs. Nous verrons alors que ces vitesses comprennent : i° Une petite vitesse verticale descendante commune, U, de tout le demi-cercle et, par suite, de toute la sphère considérée, (6) U = soit A — Brs, soit 2 ( - — -^-\, \ r o r3/ et, 2°, un petit glissement tangenliel G (ascendant) des molécules le long du demi-cercle, (7) G = soil Br2 sin >\, soil(-' — — J sin À. En effet, les deux angles de la tangente (ascendante) au demi-cercle avec les x et les y positifs sont - -+- A et A, ou ont pour cosinus — sin A et cosX; SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. II27 de sorte que les deux projections de ce glissement valent bien, dans les formules (.1), le dernier terme de u et l'expression complète de v. Ainsi, les couches sphériques concentriques à la surface visible de la goût 'te conservent, durant un instant dl, leur forme d'ensemble et leur rayon ; mais elles s'abaissent inégalement et, par suite, leur matière s'y distribue, aussi, inégalement de bas en haut. Sur chaque sphère en particulier, le glissement G est proportionnel au sinus de la colalilude A, conformément à l'hypothèse faite pour la sphère r= R dans ma dernière Note. A cette surface visible r = R de la goutte, limite commune aux deux fluides intérieur et extérieur, tant les expressions (6) de U que celles, (7), de G, doivent se confondre, puisqu'il n'y a pas rupture de la couche super- ficielle. Et, en appelant alors Y la valeur de U commune, il vient, entre cette vitesse V de chute de la goutte, qui est l'inconnue cherchée, et les quatre constantes arbitraires A, B, C, D, les trois équations du premier degré t»> V = A-B«.= £-J°, BB-g-g- IV. Occupons-nous actuellement des pressions subies par chaque fluide et, d'abord, de la pression moyenne/». Les formules (4) donnant respectivement ( — 5Bx, — ;1-^- )> pour f ' > et (— i5 B, o) pour à.2à.2o, les équations (3), multipliées par dx, dy, dz et ajoutées, s'intégreront immédiatement. Appelons c{, dans le liquide de la goutte, c, dans le fluide extérieur, la constante qu'introduit l'intégration ; et il viendra / 2£C (9) (Pour r< R)P — Ci + (pli:— io£,B).r. (pour r > R)p = c -h ( pg -+- — Nous pouvons maintenant évaluer trois des six pressions principales rela- tives aux axes, pressions que j'écris N^, Ny, N,, T^, Ty, Tz, savoir les trois, Nx, N,., Tz, qui, aux différents- points du demi-cercle méridien considéré du plan des xy, s'exercent dans ce plan, où elles sollicitent les éléments de surface normaux aux x et aux y. Il suffira de porter les valeurs (5) et (g) de u, v et p dans les formules, bien connues, -, x (du dv A ces différents points du méridien demi-circulaire, les deux compo- C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) J44 (du S\df dv T.— -h dx I 128 ACADÉMIE DES SCIENCES. santés/^ et py, suivant les x et les y, de la pression exercée du dehors sur l'élément de la sphère dont la normale a la eolatitude X, recevront les expressions usuelles NŒcosX + T-sinX, Tz cosX -+- NrsinX$ et, enfin, les deux composantes SU,, s de la même pression, suivant la normale extérieure et suivant la tangente au méridien (du côté des colatitudes croissantes), seront, respectivement, pxcos X +/?vsinA, — px sinX +/?_, cosA. Les calculs n'offrent aucune autre difficulté que leur longueur ( probablement susceptible d'être réduite par une méthode plus géométrique); et, en gardant les nota- tions 3t-, 5 pour r> R, mais appelant .x/,s'les forces analogues pour r< R, on trouve : l Db' = — c, — (p\g — 6e,B)/'cosX, ë' = 3ï, Br sin ). ; (,o) v T , r fC 2 DM l - D • 1 | 3&= -c " [PA' +6s(^- - ^- jJrcosÀ, E = 2£-/-s.nI. V. A la surface de la goutte, limite commune r= Rdes deux fluides, ces forces vérifient, quel que soit A, les deux équations (8) de ma dernière Note ('), équations où G vaut BR2sinX d'après la première (7) ci-dessus, et où/, e sont, respectivement, la tension statique de la couche superficielle et un certain coefficient de sa viscosité. De là, les trois conditions \f K"' (Pi-P)o) et centripète dans le haut (où x — — » 2 16 19 Somme. 14 Totaux mensuels. Surfai es totales réduites. 9 i5 7,0 0,5 9 33 3,9 17.4 (') Le 16 novembre, j'ai noté hâtivement les taches de ce groupe, avant la couver- ture du ciel qui a persisté pendant plusieurs jours, el n'ai pas pu relever ?es tosi- tions. Celles indiquées ici sont d'après M. E.-W. Maunder (Observateur d'avril K)i3), qui a observé ce groupe du 16 au 19. [ l34 ACADÉMIE DES SCIENCES. ASTRONOMIE. — Nouvelle méthode pour la recherche visuelle rapide des petites planètes : Comparateur photo-visuel. Note de M. J. Lagkula, présentée par M. Bassot. La principale difficulté que l'on rencontre visuellement dans la recherche et l'identification des petites planètes, c'est que rien dans son aspect phy- sique ne différencie un astéroïde d'une étoile de même grandeur. La consta- tation de son mouvement par rapport aux astres fixes est le seul caractère distinctif permettant d'affirmer que l'on est en présence d'une petiteplanète et, quelle que soit la méthode suivie, il est toujours nécessaire d'appliquer cet unique critérium à un nombre d'objets d'autant plus considérable que l'astéroïde recherché est de grandeur plus faible et ses éphémérides plus incertaines. On conçoit que ce genre d'investigation nécessite, de la part de l'observateur, un labeur très important et dont assez fréquemment le fruit est malheureusement perdu par suite d'une interruption de beau temps. J'ai trouvé le moyen de simplifier cette investigation en appliquant la vision binoculaire dans le champ même d'une lunette astronomique qui permet d'estampiller en quelque sorte les étoiles de telle manière qu'une planète s'en distingue à simple vue : La méthode consiste essentiellement dans la superposition binoculaire de deux images du ciel, l'une réellement observée dans le champ de la lunette entraînée sur le mouvement diurne, l'autre artificielle fournie par un cliché positif convenablement éclairé de la même région. L'Observatoire de Nice a fait construire à cet effet, sur mes indications, un appareil spécial qui est actuellement installé sur son équatorial Gautier de 38cm. Le dispositif instrumental comporte l'emploi : i° Pour l'un des yeux, d'un oculaire de Ramsden s'adaptant au porle-oculaire du micromètre servant à l'observation des petites planètes. Son champ, d'environ i5', correspond au grossissement minimum compatible avec la conservation intégrale du pouvoir de pénétration de la lunette de Gautier. 2° D'un microscope destiné à l'examen des clichés au moyen du second œil. L'ocu- laire de ce microscope a le même champ que le premier et, au point de vue optique, il n'en diffère que par l'adjonction d'une lentille de champ supplémentaire, théori- quement située dans le plan des images fournies par l'objectif du microscope, mais que, pour la commodité de construction, l'on a combinée avec la lentille frontale. L'ensemble des deux oculaires est identique au dispositif employé dans le stéréoscope. SÉANCE DU l4 AVRIL IC)l3. Il35 En vue de permettre quelque tolérance dans l'échelle de reproduction des documents photographiques qu'on utilise, le grossissement du microscope est variable dans des limites d'ailleurs peu étendues. L'axe optique de ce microscope est brisé à angle droit au moyen d'un miroir à |ô° placé dans l'oculaire. Cela permet de rejeter le cliché dans un plan parallèle à l'axe optique de la lunette, plan dans lequel il est mobile derrière l'objectif du microscope et suivant deux directions rectangulaires, au moyen de vis de rappel commandant un double cadre qui coulisse à l'intérieur d'une boite. A celle boîte, et dans la partie centrale de la paroi qui se trouve en regard de l'objectif, est adapté un fort tube coudé servant de monture aux pièces optiques et qui est lui-même fixé à l'intérieur d'un manchon de serrage solidement relié au tube de l'équalorial. A l'extérieur de la boite, et en arrière du cliché, se trouve le dispositif d'éclairage constitué par une ampoule électrique à verre dépoli, un réflecteur et un obturateur d'ouverture variable, le tout centré sur l'objectif et renfermé dans une boite à chicane, ce qui permet d'opérer en pleine obscurité. Un écran coloré, en vert par exemple, étant intercalé entre la source lumineuse et le cliché positif, on obtient, à l'oculaire du microscope, l'image d'un ciel artificiel dans lequel les astres apparaissent comme des disques lumineux verts sur fond obscur, c'est-à-dire sous un aspect nettement différent de celui que présentent les images réellement observées dans le ciel à l'autre oculaire -.points blancs brillants. La superposition virtuelle des images résulte d'un double mouvement : l'un de translation, l'autre de rotation, qu'il est facile de donner à l'une d'elles dans son plan. Pour le mouvement de translation, on opère soit dans le champ artificiel en uti- lisant les deux rappels du cadre porte-plaques, soit dans le champ réel au moyen des rappels en ascension droite et déclinaison. Huant au mouvement de rotation, il est réalisé par l'adoption, entre la boîte et le tube coudé, d'un mode de liaison à rappel laissant à la première la possibilité de tourner sur elle-même autour de l'axe optique du microscope. Enfin, pour le réglage, en orientation et dislance, des oculaires sur la ligne des yeux de l'observateur, on dispose tout simplement de la mobilité que comporte, en ascension droite et déclinaison, le chariot porte-oculaire du micromètre. L'équalorial étant entraîné sur le mouvement diurne, la superposition des images une fois obtenue, se conserve sans nouveau réglage pendant tout le temps nécessaire à l'examen du champ. Ce temps est d'ailleurs assez court; en effet, à cause de celte superposition, tous les objets visibles dans le champ de la lunette, à l'exception des petites planètes (astres errants qui n'ont pas leur correspondant sur le cliché repré- sentant l'état du ciel à une autre époque), sont estampillés par la présence d'un petit disque coloré en vert. Dans ces conditions, il suffit d'une fraction de minute pour voir s'il existe ou non, dans le champ, un point blanc brillant isolé, aspect décelant la présence de l'astéroïde recherché. Pour procéder en toute certitude avec le comparateur photo-visuel, il est indispen- sable que toutes les étoiles accessibles à la lunette figurent bien sur le cliché. Il est C. R., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N° 15.) l45 Il 36 ACADÉMIE DES SCIENCES. donc très important de disposer de documents photographiques obtenus avec des instruments puissants et des poses suffisamment prolongées. A l'égard de notre lunette de 38cm, la condition précédente paraît réalisée par les Cartes photographiques de MM. Palisa et Wolf, caries bien connues des astronomes et que j'ai déjà expéri- mentées : C'est ainsi que, dans la nuit du Ier avril, avec un cliché positif repro- duisant à l'échelle convenahle la Carte n° 52, j'ai pu, en moins de 5 minutes, m'assurer que, contrairement à une information des Asiro- nomische Nachrichlen, la planète (233) Astérope, de grandeur 11,8, ne se trouvait pas à la position assignée par le Berliner Jahrbuch et que la position calculée comportait une correction de — 58s en ascension droite et -f- 8' en déclinaison. Au point de vue de la rapidité que réalise l'emploi de l'instrument, j'estime qu'en un laps de temps variant, suivant les circonstances, entre i5 et 45 minutes, il est possible d'explorer sur une longueur de 20 une bande de 25' de largeur, ce qui suffit dans un grand nombre de cas, pourvu qu'on ait soin d'orienter rationnellement la ligne de recherche. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une généralisation des surfaces minima non euclidiennes. Note de M. Tzitzéica. Il s'agit d'étudier les réseaux conjugués (x) d'un espace S.;„_, à -m — 1 dimensions, dont les coordonnées projectives a1"1, x[-\ ..., x{2"> vérifient les relations |S-=- 2(£)"=«» 2(£)!=°. àv"- II est facile de voir que ce sont des réseaux à invariants égaux. Ce problème généralise les surfaces (M) de M. Darboux (Théorie des surfaces, t. III, p. 472) et le problème de M. Guichard (Comptes rendus, 10 mars 191J ). Voici les résultats que j'ai réussi à obtenir au sujet des réseaux (x) qui vérifient les relations (1). Théorème. — La suite des réseaux (a?,-), qu'on déduit de (x) par l'ap- plication successive de la transformation de Lap/ace, est périodique : le SÉANCE DU l4 AVRIL IC)l3. 1 137 réseau (xîn) coïncide avec (x), ou, ce qui est la même chose, le réseau (xn) coïncide avec (x_n). La méthode que j'ai employée pour obtenir ce résultat est simple. J'ai remplacé les relations (i) par des relations entre les coordonnées du pointa? du réseau (x) et les coordonnées des points xt des réseaux (a-,). Par des dérivations successives j'ai obtenu les deux groupes suivants de relations l.r.r,, —o, l-i\-r„ = o, ..., 2xn-iXn = o, 2x , r„ =o 2x_(„ t)xn —o; l.rx_„=o, i.r,j'_„ = o, .... 2xn_iX_n=±o, 2x^tx^„=o, ..., Ii.|M).r_„=o, d'où il résulte que les ,r„" sont proportionnels aux .#■_'„, et le théorème est démontré. Réciproque. — Tout réseau conjugué (x) à invariants égaux identique au •3.nleme réseau transformé de Laplace, vérifie, à moins d'une transformation linéaire, les relations ( i). L'hypothèse faite sur (a?) revient au fait que le réseau (x„), nième trans- formé de (x) dans un sens, est identique au réseau (x_n), «i'""e transformé de (x) dans l'autre sens. Ce réseau (x„) ou (x'_„) est, comme ( x), à inva- riants égaux et l'on peut choisir les variables indépendantes de manière que l'équation de Laplace vérifiée par les x'f/ soit la même pour les x'"n. Il résulte de là (2) x{J)n=c.i-,' (c = const. ). ce qui prouve cjue les x[i), c'est-à-dire les coordonnées d'un point du réseau (x), sont définies par un système d'équations aux dérivées partielles, l'une étant l'équation de Laplace d*x (3) i)u dv l'autre résultant de (2) et étant d'ordre n. Ce système est complet et n'admet pas d'autres solutions linéairement indépendantes. Cela étant, considérons les fonctions y-" définies par les relations (4) 2yx=zi, 2yj-t = o, ..., 2yx,y=o, 2yx^ — o, ..., 2yx-{ «_i) = o. Tout d'abord, il est aisé de démontrer, par des dérivations successives, que les y sont des solutions de (3). Si l'on introduit ensuite les réseaux (j,-) déduits de (y) par des trans- formations successives de Laplace, alors, par dérivation, on déduit de (4) II 38 ACADÉMIE DES SCIENCES. qu'on a v(" — c VU) c'est-à-dire une relation toute pareille à (2). Il résulte de là que les y[i) vé- rifient précisément le même système d'équations aux dérivées partielles qui définit les x[i). Il est facile alors, à l'aide d'une transformation linéaire, de déduire de (4) que les x[i) vérifient les relations (1), et la réciproque est ainsi démontrée. Remarques. — 1. J'ai laissé de côté certains cas singuliers qui peuvent se présenter. Considérons un diviseur m de in(m =f 2). Il est possible que le réseau (xm) soit identique à (x), alors naturellement (x) répond, d'une manière singulière, à la question. C'est ce qui arrive, par exemple, dans le cas particulier signalé par M. Guichard dans sa Note. 2. Il est intéressant de remarquer que le réseau (x„), considéré précé- demment, jouit des mêmes propriétés que le réseau (a-). M. Guichard a reconnu, dans le cas n = 3, ce fait. .'}. J'ai aussi étudié les réseaux à invariants égaux dont le (in — i)ieme transformé de Laplace coïncide avec eux et tiré de nombreuses consé- quences géométriques de toutes ces propriétés. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions entières d'ordre fini. Note de M. G. Valirox, présentée par M. Emile Picard. 1. Dans son Mémoire sur les fonctions entières (Acla Societatis Scien- tiarum Fehnicœ, 1901), M. Lindelôf donne des relations très précises entre le maximum du module d'une fonction entière pour \z\ = r, et l'ordre de grandeur des coefficients de la série de Taylor, ou la distribution des zéros. Ses résultats, valables seulement pour certaines classes de fonctions, se généralisent facilement. Soit d'abord la fonction d'ordre p, f(z)=ïcnz«, il est possible de former (d'une infinité de façons) une fonction (3 (a?), définie, bornée supérieurement, continue pour x^>x0^> o, dérivable (sauf en certains points où elle l'est à gauche et à droite), telle que (A) lim (3(.r) = o, lim (3'( jc)jc \ogx = o; SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. Il3o, et qu'on ait Km n P («>«„), l'égalité ayant lieu pour une infinité de valeurs de n. Si l'on désigne par a;P[l-a!-r)1 la fonction inverse de x p [a(;r) vérifie les conditions (A)] et par M(r) le maximum de |/(s)| pour \z\ = r, on a — ep[. — «(r)]losM(;-)_ cette expression approchant de la limite pour des valeurs.de/- rendant a(.r) voisin de ses minima. Il en résulte que pour une fonction d'ordre p il existe des fonctions y(a?) vérifiant les conditions (A) et telles que i — y(.r)>/i>o, limy(.r)— o, r = x TT^-logMÇr) ^.Tp^yïïôT-1' on pourra dire que p >< [ i — yO»)] est un ordre précisé. On obtiendra des précisions de l'égalité (r) et diverses réciproques, notamment la condition nécessaire et suffisante pour cjue lira log M(r) 2. Des considérations analogues s'appliqueront lorsque la fonction sera donnée par ses zéros (en supposant p non entier), rn étant le module du ra'emc zéro, on construira (i(#) satisfaisant aux conditions (A) et telle qu'on ait (2) /•„>« («>/»„); l'égalité ayant lieu pour une infinité de n, mais ici il faudra supposer (3(^)<^C). On obtiendra alors une limite supérieure de logM(r) plus précise que celle (') p est le genre, si (3(x) devient égal à - — les modules de zéro interviennent / pour déterminer la partie principale de logM(r). I l4o ACADÉMIE DES SCIENCES. de M. Boutroux ('), en ce sens qu'elle sera effectivement atteinte pour certaines fonctions, mais l'application directe des formules se fera dans des conditions moins larges (2). On pourra obtenir dans le cas où les arguments des zéros ont une limite, - par exemple, et où dans (2) l'égalité a lieu pour des valeurs de n dont le rapport tend vers 1, une expression asymptolique de log|/(;)| valable dans tout le plan sauf au voisinage des zéros, on aura a;V[t~a[Xl] désignant 1 + P1 ' toujours la fonction inverse der f , (3) iog/(a) = Z(11[t)\ /,pf'')[l + s{r^)] (*:='■«". p(-'') = p['-^('-)]!; si r"t désigne le module du n"""' zéro de /(:■) -+- a, on voit que le rapport -5 dépend de la variation de cf.(cc) et peut dépasser tout nombre donné; ce rapport aura une limite fonction de p seulement dans le cas lima(x) = o. 3. Le tbéorème de M. Wiman relatif aux fonctions d'ordre inférieur à £ se précise de la façon suivante : sif(s) est d'ordre inférieur à 1, -et d'ordre précisé p[i — y(a;)], il existe une infinité de cercles de rayons r,, r.,, ..., rs, . . . (lim^ = co), sur lesquels on a ■og|/('-,É"'(?)|^[cos(Tip)-£s]logM(/-.ï), limE,= o; et cette égalité a lieu pour les valeurs de y(x) voisines des minima (3). On en déduit que p étant quelconque (plus grand que un), on a sur une suite de cercle rs (tbéorème de M. Borel) |/(;)|>[M(r)]-^-' (p>p>p-i)-; (') J'ai déjà indiqué la valeur de cette limite (Nouvelles Annales, 1912) pour p = o, 1, 2 et limfi(.r) =r o. .r — 30 (2) Les conditions imposées par M. Boutroux à (3(x) sont en effet moins restric- tives P~l}~1 < S -H S'* \oex < P—?-. p -t- 1 p (3) M. Liitlewood avait montré (Proceedings 0/ tlie London Mathematical Society, 2, 6) que log|/('\-f':?)l>[cos(27rp) -s.<] log M (/-,); voir aussi Wiener, Inaugural Dissertion, Gôltingen, 191 1. SÉANCE DU r/j AVRIL ip,l3. Iî/jl ou encore que sur ces cercles \f(:- )\ ne peut rester fini sur des arcs de longueur totale supérieure à — (généralisation d'un théorème de M. Phragmen). 4. La réciproque de la proposition conduisant à l'égalité (3) peut se démontrer dans les conditions suivantes: si pour f(z) les arguments des zéros ont pour limite - et si l'on a pour s = r iog/(-) = (— i)"[i + E(r)]rPe->, p(V) = p[t — a(.r)|, la relation entre n et /•„ sera w = (. + g.)'in[7r;(r-)]/r-, en particulier on voit que si l'on appelle ± a,, ..., ± a„, les zéros de la fonction £(j) de Hiemann, on aura 271 ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries et les familles de fonctions algé- broïdes dans un domaine. Note de M. Georges Rémoundos, présentée par M. Emile Picard. I. Je me propose, dans celte Note, de faire connaître de nouveaux résultats concernant les séries et les familles de fonctions algébroïdes dans un domaine. Je tiens d'abord à indiquer d'une façon très précise la définition de la convergence uniforme donnée dans ma Note précédente (-). ( ' ) Le théorème de M. Jensen donnerait n~ -^-log-^- ■+- k\[â~{\o%*nf ( k fini), î ~ lue et, par l'emploi de la relation re(« + î) — n (a) = /iloy^. la première formule de M. von Mangoldt, c'est tout ce que peut donner la formule de M. Jensen puisque n(x) est donné par une dérivation. (2) Sur les familles de fonctions algébroïdes (Comptes rendus, 17 mars 1913). Il42 ACADÉMIE DES SCIENCES. Soient une suite infinie de fonctions algébroïdes à un nombre fixe v de branches et finies dans un domaine D et p et pour tout point z du domaine D,, le Tableau des v2 nombres : 11',— «„,, 11',— «„,, d',— U„3 Il',— ll,rl, *>v— «»s, «V ««v contienne au moins v différences de module inférieur à z. Il est aussi utile de donner la définition suivante: Nous dirons que la série (i) converge en un point z0 du domaine D, si avec les valeurs des (3) ?i(=o), ?»(-„)• ?»(-<>), ••• nous pouvons former v séries convergentes : (3) \ *VJj a'/2> ^V3> • • ■ ■ <*'/«> en désignant, d'une façon générale, par a,„, sc2B, ac3n, .. ., avre les v valeurs de cp„(~0); chacune de ces séries (3) contient une valeur et une seule de chaque terme de la série (2). 2. Nous établissons le théorème suivant : I . Soit une série (4) /t(*), /•(*), /*(*), /.(*), ••• de fondions algébroïdes à un nombre fixe v de branches dans un domaine D et bornées dans le même domaine. SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I l/j3 Si celte série converge en une infinité de points du domaine D ayant au moins un point de condensation (point-limite) à l'intérieur de D, elle converge uniformément dans tout l'intérieur de D vers des fonctions algébroïdes ou holomorphes dans 1 ), dont le nombre total de branches est au plus égal à v. C'est une extension aux fonctions algébroïdes dans un domaine des théo- rèmes bien connus de Stieltjes (') et de MM. Osgood (2), Arzelà (3), Montel( ■') et Vitali (5) sur les fonctions holomorphes. Nous remarquons que le théorème ci-dessus énoncé s'étend au cas plus général où les termes de la série considérée ne sont soumis qu'à la condition d'appartenir à une famille normale de fonctions algébroïdes à un nombre fixe v de branches finies dans un domaine D. Nous obtenons ainsi une extension aux séries de fonctions algébroïdes dans un domaine du théorème général de M. Montel, établi dans son Mémoire récent : Sur les familles de fonctions analytiques qui admettent des râleurs exceptionnelles dans un domaine (Annales de l'École Normale supérieure, 3e série, t. X\l\, 1912, p. 53i et 532). 3. Nous établissons aussi les deux théorèmes suivants : II. Soit une famille (F) de fonctions u =f(s) algébroïdes à un nombre fixe de branches dans un domaine D. Si, pour tous les points de ce domaine, toutes les fondions de fa famille satisfont à l'inégalité l«-7l><7> Y étant un nombre que/co/ique fixe et q un nombre positif aussi fixe, cette famille est normale. En d'autres termes, la famille est normale lorsqu'elle admet un cercle exceptionnel quelconque fixe dans le plan u. (') Correspondance d' '/Je/mile et de Stieltjes, t. II, lettres nos 399 el 400, p. 368; Recherches sur tes fondions continues {Annales de la Faculté de Toulouse, t. \ III, ■ 894). (-) Annals 0/ Mathematics, i* série, t. III, n° 1, 1901. (:i) Sulle série di funzioni analiticlie (Rendiconti dell. R. Accad. dette Scienze di Bologna, 1902-1903). (4) Sur les suites infinies de fonctions [Annales de l'Ecole Normale, 3e série, l. XXIV, 1907, p. 3o7). (3) Sopra le série di funzioni analiliche (Rendiconti del Fi. Inst. Lombardo, ■?,' série, t. XXXVI, 1903, p. 773, et Annali di Matematica pura ed applicata, 3e série, l. X, 190:4, p. 73). C. K., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) l4" Il/j/j ACADÉMIE DES SCIENCES. C'est une extension aux familles de fonctions algébroïdes dans un domaine d'un théorème de M. Montel (voir P. Montel, travail ci-dessus cité, 19]-i P- 493et 494)- III. Soit (f) la famille composée de toutes les fonctions u = a(z) définies par l'équation (5) a(z, u) — uv + A,(*)uv '+ \, (;)mv-2-h...-4-Av_! (-■)« +Av(s) = o, o« /es A, (s), A2(js), ..., Av(s) désignent des fonctions régulières en :• = o : M~) = «i-t- M h — > (6; Aj(-S) =:«.,-+- fe23 -h. Av(~) =av+ *vs + . . ., les coefficients a,, bn a2, b.,, ..., a,,, Z>v étant fixes, tandis que les coefjicienls non écrits sont des paramètres variables, et supposons que les nombres bn b.2, . . . , b,t ne soient pas tous nuls. Si nous considérons l'ensemble (E) des valeurs u qui satisfont à l'iné- galité I " - y l< y. y étant un nombre fixe diffèrent des racines de l'équation b1.v''-' + b2x'-2 -{- ... -h 6v-i x + 6V = o et q un nombre positif quelconque aussi fixe, il existe un cercle (7) |*| 2, ..., /;v [et nullement des paramètres variables des séries (6)J, à l'in- térieur duquel toute fonction de la famille ( f) ou bien prend au moins une fois une valeur de l'ensemble (E), ou bien admet un point singulier transcen- dant ^c'est-à-dire : elle n'est pas algébroïde dans le cercle (7) si elle n'y prend aucune valeur de l'ensemble (E)]. Le rayon R doit satisfaire à f iné- galité (8) R 2 |yv+a,yv-'+ a,yv-i! + ... --t-rty-.y + a,,!3 q' |6,yv-,-h&2/'-2 + ...+ ^iyH-M Nous en concluons qu'aucune fonction u =ffz) de la famille (f) algé- broïde et finie dans le cercle de centre origine et de rayon plus grand que (8) ne saurait admettre, dans ce cercle, un domaine exceptionnel du plan u renfermant complètement dans son intérieur le cercle |m — yKy- SÉANCE DU i4 AVRIL I9l3. 1 1/|5 ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la méthode de Graeffe. Note (') de M. (i. Polya, présentée par M. Hadamard. La question qui fait l'objet de cette Note m'a été proposée par M. Runge, lequel a bien voulu m'bonorer de ses conseils pendant mes recherches. D'après la méthode de Graeffe (2), on calcule approximativement les racines d'un polynôme, en formant successivement les équations auxquelles satisfont les puissances 2ié,"es, 4ièmes, 8iemes, i6iémes, ... des racines du poly- nôme proposé. On peut montrer que, par la même méthode, les valeurs absolues des racines d'une série de puissances quelconque peuvent être infiniment approchées. D'une manière plus précise : soient 2,, «i, k\ est un nombre entier positif . III. S' il y a seulement n — 1 racines à l'intérieur du cercle de convergence (') Présentée dans la séance du 3i mars igi3. (-) Runge, Praxis der G leichungen, 1900, p. 157-182. n46 {de rayon p), on a Considérons la suite ACADEMIE DES SCIENCES. im sup. y/| a„ i- a, y..,. . .&.„ linn/|rt,iA. | lira\/|«5. iimy/l a, \\m\/\ a2j,. | lim(/|<73_/l dans laquelle on ne considérera que les termes précédant le premier qui soit supérieur ou égal au rayon de convergence, ou précédant le premier terme qui devient infini. Des théorèmes précédents, on conclut que les termes de cette suite donnent les modules de toutes les racines de l'équation intérieures au cercle de convergence, rangées par ordre de module croissant, chacune des racines étant ohtenue avec son ordre de multiplicité. Ces théorèmes présentent une grande analogie avec certains théorèmes de M. Hadamard ('), mais la méthode résultant de ces théorèmes est entièrement différente de celle proposée par M. Hadamard pour le calcul des modules des racines. On voit clairement les analogies et les différences des deux méthodes en étudiant le problème suivant : Calculer les modules des racines de f(x), étant donnés les coefficients tt, t.,, t:l, ... de la dérivée logarithmique de f(x) /(*) = <,-+- l,.v -+- /j.v- + , La différence essentielle est la suivante : Pour calculer le produit des n premières racines, on envisage, d'après M. Hadamard, la racine /icmo du déterminant '/. I 1 '/.(•> • • • l/.+n '/ +5 'tu ■ • ■ t/t+n+1 '*■!-« h.+n+i ■ ■ ■ '/.-t-2«~i Ce déterminant est une certaine fonction rationnelle et entière des in — i coefficients consécutifs l/i+l, tk+î, . . . , £Ah_2„_,. Nous avons envisagé, ank étant une certaine fonction dans le même but, la racine A icme de «„ A, (') Hadamard, Essai sur l'étude des fonctions données par leur développement de Taylor {Journal de Mathématiques, i\" série, t. VIII, 1892). Voir aussi Madamaiid, La série de Taylor (Scientia), 1901, p. 38-48 et gi-g3. SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I l47 rationnelle el entière des n coefficients équidistanls tk, t.ik, /.,*,..., tnk. an>k s'exprime au moyen de //,, tîk, ..., lnk comme la /i"'ue fonction symé- trique élémentaire s'exprime au moyen des n premières sommes de puissances, seulement tous les termes sont pris avec le signe -h. Pour démontrer ces théorèmes, on s'appuie sur cette remarque simple, que dans l'hypothèse du théorème I, on a f{.r) X — «, .r — a, X—a-n la série^yVv"-' convergeant dans un cercle du rayon plus grandi pie | %n |. i De cette remarque, moyennant l'égalité on passe, par des calculs simples, aux théorèmes I, II, III. La démonstration des réciproques, qui est le point le plus difficile dans la théorie des pôles de M. Hadamard, ici se fait d'elle-même, les cas possibles étant peu nombreux, et étant tous épuisés par les théorèmes I, II, III. J'exposerai ces recherches d'une façon détaillée dans un autre Recueil. On trouvera aussi dans ce travail quelques indications sur le calcul pra- tique, où l'on ne considère que les valeurs de k qui sont des puissances de 2. analyse MATHÉMATIQUE. -■ Sur les caractéristiques des systèmes d'équations aux dérivées partielles. \ote de M. Giïntiier, présentée par M. Hadamard. 1 . Les systèmes d'équations aux dérivées partielles les plus généraux ont été jusqu'ici abordés principalement par deux méthodes : celle de M. Riquier et celle de M. Delassus. La -seconde d'entre elles, exposée dans les Mémoires Extension du théo- rème de Cauchy aux systèmes (es plus généraux d'équations aux dérivées partielles et Sur les systèmes algébriques et leurs relations avec certains systèmes d'équations aux dérivées partiel/es, n'embrasse pas, il est vrai, tous les cas possibles (' ). (,' ) Cette circonstance m'a été également signalée par M. Robinson (Baltimore). H. II 48 ACADÉMIE DES SCIENCES. Par exemple le système Pi00 = O, />n0= O, /)„.2n=0, (/ 1/ ( Z* TC Y \ Où/°a,a„o(,= ) «,;".»., Ta,' ne Peut Pas être mis sous ^a forme indiquée dans le Mémoire Extension, etc. ■ Le système (ax->r h y -+- es)2 = o, (a'x -+• 6'j H- c'.c)2 = o, («œ+ by -+- cz) (a1 x + £*' y -+- c';) = o ne peut pas être mis sous la forme indiquée dans le Mémoire Sur les sys- tèmes, etc. Dans mes recherches, je prends comme point de départ les systèmes S, définis par M. Ch. Riquier au commencement du Chapitre X de son Livre : Sur les systèmes (V équations aux dérivées partielles. 2. Supposons que (i) ) E HAj'' " *.../>«,'.« a„, + ---=0 (i=\,2, . ..,L), soient toutes les équations de cote n du système S prolongé, en supposant que les cotes des fonctions inconnues «,, u3, ..., uk soient respectivement égales à n — nt, n — n2, . . ., n — «A; soit (2) ut= U((xu x^ .. ., xm) (1 = 1,2,...,*) une intégrale ordinaire (au sens de M. Riquier) du système S. Je nomme caractéristique située sur l'intégrale (2) la surface (3) m =xm — ty(x\, .r,, . . ., a?m_!) =0, si la fonction ^(a?,,a?a, ...-, a?m_,) est solution d'un système d'équations aux dérivées partielles, obtenues en égalant à zéro les déterminants d'ordre k de la matrice (4) |?i,),Ti,), ■•■,?}*' I (' = 1,3, ■•-, L). où (5) api" =2(A«i'.«. *,JWÏ'W?S • • •w»i"' «, + «, + ...+ «,„= ",-; SÉANCE DU l4 AVKIL I9l3. n49 (d,= -r^- et (A[''si „ ) est le résultat de la substitution dans la fonction Ag'g, B , aux u et à leurs dérivées, de leurs valeurs calculées par les équa- tions (2). Si l'on regarde comme données les valeurs sur la surface (3) des dérivées des fonctions (2) ayant une cote moindre que n, les valeurs sur la surface (3) des dérivées de cote n sont déterminées par les équations du système S prolongé, sauf dans le cas où la surface (3) est une caractéristique. :{. Soient (6) <î>, — o, *2=o, 4>T= o les équations obtenues en égalant à zéro les déterminants d'ordre X- de la matrice (4). Les fonctions (6) ne sont identiquement nulles à la fois que dans le cas où toutes les dérivées d'une des fonctions (2) sont paramétriques. Excluons ce cas et appliquons à la discussion du système (G) la méthode de Kronecker. Nous trouvons, en numérotant les inconnues d'une façon convenable, que le système ((i) est vérifié par la fonction '"1= £l(W|, us, . . ., w,„) ou par les fonctions U,l = S, M;,. . ., w„). «j— (J>s(w3! w*,- • -, w„), ou, en général, parles fonctions (7) r>>i=^i(ws+i, w.v+2- • • -, w««) (1= 1, a s |. 4. Le système (7), dans lequel co,= -r— 5 est complet, si le rang de la matrice dx, (8) , ^-, est égal à * La détermination des valeurs, sur la surface (3) du genre s, des dérivées de cote n des fonctions (2), dépend de l'intégration d'un système d'équa- tions aux dérivées partielles à une inconnue, du premier ordre, composé de s équations. 6. Ce dernier système est complet, si le nombre s est égal à un certain nombre cr, complètement déterminé par le système S, l'intégrale (2) et la surface (3). 7. Si s = ° Le phénomène de la réflexion des rayons de Rôntgen s'observe éga- lement avec des miroirs cristallins métalliques, par exemple sur une face de bismuth. (j° Après 2 heures de pose, rien n'apparaît comme image réfléchie si l'on tente l'expérience dans les mêmes conditions avec un plan optique de verre (flint). (') Si l'on fait varier l'incidence, en maintenant fi\e le plan d'incidence, les ellipses presque circulaires s'élargissent ou se rétrécissent. Comptes rendus, t. 150. Note de M. tle Broglie. PI. 1. Fig. Réflexion sur une face cubique de sel gemme, incidence de 80°; la tache de gauche est due au rayon incident qui a traversé le cristal, fia tache de droite est la tache de réflexion ordinaire. Disposition analogue à la précédente; la moitié de gauche est due au faisceau transmis, la moitié de droite au faisceau réfléchi. Fig. 5. Réflexion sur une face octaédrique de la face magnétite. Deux systèmes de franges dans les taches. Fig. 3. — FI me Même disposition que les figures 1 et 2, mais le plan d'incidence, toujours perpendiculaiie à une face du cube est incliné sur les autres, ellet ana- logue à celui qu'on observe en diri- geant sous le même angle un faisceau de lumière ordinaire sur un réseau croisé à mailles cariées de 5f de côté. Les figures 1, 2,3, 4, 5 ne reproduisent pas les images plu* faibles, nous bien \ i - i I >l es sur les plaques et qui rappellent également par leurs dispositions les images de réflexion et de diffraction que présentent les réseaux croisés pour des incidences rasantes. l'ig. 4. — Sel gemme. Disposition analogue à la figure 3. Trois franges dans les faisceaux réfléchis. Dans les figures 1, 2, 3, 4. 5 la plaque est perpendiculaire au rayon réfléchi et située à 41"™ du cristal. Kig u. Taches de transmission de la magnétite. Dispositif de Laue, franges dans toutes les taches; rayon incident parallèle à un axe ternaire. 11 .)',. SÉANCE DU l4 AVRIL 1 9 1 3 . Il5f> • 70 Peut-être les cristaux fortement réfringents comme le diamant, la wullénite sont-ils susceptibles de donner des images de réflexion sous des incidences moins rasantes que les autres; cela pourrait expliquer certains résultats des premières expériences de M. Laue. 8e La disposition des images, dans les figures 1 à 5 (complétées par les taches plus faibles et plus éloignées qui sont visibles sur les clichés, mais ne figurent pas sur la planche ci-jointe), présente une analogie frappante avec les spectres fournis par la lumière ordinaire tombant à incidence presque rasante sur un réseau croisé à mailles carrées (5^). PHYSIQUE. — Sur la variation de résistance électrique du sélénium irradié par " les rayons X et les rayons du radium. Note de M. H. (îuilleminot, pré- sentée par M. P. Villard. L'étude de Faction des rayons X et des rayons du radium sur la résis- tance du sélénium a déjà donné lieu à de nombreux travaux. Les recherches que je poursuis depuis plus d'un an sur ce sujet, me paraissent avoir apporté quelques résultats intéressants. Mon dispositif expérimental consiste en un pont de Wheatstone fait de ioooo" dans chacune des branches supérieures et d'une résistance réglable de 35oooow dans l'une des inférieures. La cellule de sélénium placée dans la quatrième branche est de la construction Ancel; elle mesure o/m\ Elle est protégée par une feuille de mica que j'ai recouverte de deux feuilles de papier aiguille rigoureusement opaques à la lumière, et d'un volet de plomb de iom d'épaisseur, s'ouvrant à volonté. Le galvanomètre est un Chauvin et Arnoux à miroir, dont l'échelle est à 85em. J'ai dressé un Tableau des chutes de résistance correspondant aux degrés de dé- viation de l'index, pour chaque résistance initiale, en mettant à la place de la cellule de sélénium une boîte de résistances portée successivement à des résistances initiales de iooooow, 1 ioooo10, . . ., 3ooooow, et dans chacun de ces cas j'ai abaissé la résistance de ioooM, 200ow, ..., iooooM en observant les déviations du galvanomètre. J'ai dressé des courbes dans lesquelles les résistances initiales sont portées en abscisses, les déviations en ordonnées. .Chaque courbe correspond à une chute de résistance donnée de iooow en iooow, de ow à iooooow. Il est facile ainsi de convertir, à simple lecture, les déviations en chute ohmique, connaissant la résistance initiale. La cellule de sélénium que j'ai en expérience varie de résistance avec la tempé- rature dans les proportions suivantes : de 33oooo'° à 3° centigrades, elle passe à 254ooow à io° environ; à 200000'0 à i5°; à i5oooow à 20°, etc. Ces variations se font très lentement et la cellule est toujours longue à se mettre en équilibre avec la température ambiante. Elle est d'ailleurs fixée dans une boîte en bois. Par contre, 1 1 56 ACADEMIE DES SCIENCES. elle est d'une sensibilité remarquable à des variations minimes de température. La présence d'une personne dans le laboratoire suffit pour diminuer la résistance. Aussi ne peut-on obtenir la fixité absolue, mais seulement un régime de variation constant et facile à déterminer par une observation préalable de 5 minutes, précédant chaque expérience. La cellule varie aussi de résistance avec le voltage; ainsi la résistance qui, à i8°, sous 4 volts est de i67ooow, passe à 177000'° sous i volt, et n'est plus que de i4SoooM sous io volts, uSooo'" sous 20 volts, etc. Mais j'ai toujours opéré sous le voltage constant de 4 volts aux bornes du pont, et quand, par le fait même des chutes de résis- tance dues à l'irradiation, le voltage aux bornes de la cellule subit une variation, cette variation n'est que de l'ordre du centième de volt (il passe de 3,87 volts à 3,8o volts par exemple, quand la résistance passe de 3ooooow à 190000"), ce qui n'entraîne qu'une erreur de quelques centaines d'ohms au maximum. Voici comment j'opère pour étudier l'action des rayons X et des rayons du radium. Durant 5 minutes, j'observe avant chaque expérience le régime de variation de la cellule. Si, du fait des variations thermomé- triques, la résistance varie de plus de aSo6' par minute, j'ajourne l'expé- rience. Au-dessous de zSo1", j'apporte une correction dans les résultats. Ensuite, je soumets la cellule à l'action du rayonnement durant 4 minutes. Le Tableau suivant indique les chutes de résistance, en fonction du temps, données par un rayonnement X moyen (n° 5 à 7, Benoist), quand son intensité est de une unité Dît mesurée par mon procédé fluoroscopique de comparaison avec un étalon de radium ('). Cliute de résistance en fonction du temps. R. initiale. 15". ta i4oooo io5oo 1 56 000 11 600 160000 12 800 170000 14 100 180000 i5 600 190000 17 4oo 200000 19000 210000 21 ooo 220000 22 5oo 23oOOO .) i I 00 240 000 20 800 260000 27 5oo 30'. 45*. 1'». 1-30*. Om 2-30-. u10. 3-30'. 4». ai tû (0 Cl) Cl) tû a) ta Cl i5ooo 180OO 20 000 22 tOO 23 200 24000 243oo 24700 23 OOO 16 800 20 5oo 23 OOO 25 200 26 5oo 27 5oo 28 IOO 28 5 00 2g 000 18 5oo 23 200 26 100 28 400 29S00 3i 000 3 1 800 3s3oo 32 900 20 5oo 26 OOO 2g3oo 32 200 34000 35 5oo 36 5oo 37 000 37 4oo 23 000 29OOO 32700 3ÔOOO 38 000 4oooo 4 1 000 42000 42 5oo 2,5 200 32 000 35 900 3g 5oo 42 3oo 44 5oo 46000 47000 47 5oo 27 800 34 5oo 39000 43 5oo 46 8oo 4g 000 5o5oo 5i 800 52 200 29900 37000 42 000 47 000 Sogoo 53 5oo 55 100 56 5oo 57400 32 000 3g 000 45ooo .") 1 000 55 000 58ooo 60000 61 3oo 62 200 34 200 42 000 48 100 55 000 5g4oo 62 5co 648oo 66 100 67 200 36 5oo 445oo 5i 000 5g 000 64 000 67 200 6g 2oû 7 1 0 00 72 200 38 800 47 000 54 200 62 800 68000 7 1 5oo 74ooo 75 3oo 77 000 ( ' ) En valeur absolue, c'est Tint en si té du rayonnement qui, pgiss; nt r.oimaJf n.tnl sur la solution cliloi ofoi mique d'iodol'orme à 2 pour 100 de Freund-Bordier, et suivant 1"" de surface et r'm de profondeur, libère ife'.io"8 d'iode en un temps égal à 1 seconde. SÉANCE DU l(\ AVRIL I yl3. 1137 Ces chiffres m'ont permis de dresser les courbes caractéristiques de l'unité de rayonnement pour chaque résistance initiale. J'ai fait les mêmes mesures pour des rayonnements de o31I,5, o3K, 25, etc., et pour le rayon- nement du radium. Il est difficile de conserver un tube à rayons X à l'état stable. C'est à l'aide du tube Villard que j'ai pu obtenir une constance suffisante pour établir mes moyennes; en général, les tubes varient d'une façon assez no- table au cours des quatre premières minutes de fonctionnement. J'ai utilisé ces résultats : i° pour apprécier précisément le degré de con- stance des tubes; 2" pour des mesures radiom étriqués plus précises que celles données par la fluoroniétrie; 3° pour le calcul de l'absorption par les filtres. chimie minérale. — Réduction de la magnésie par i aluminium. Note de M. Camille Matignon, présentée par M. H. Le Chatelier. J'ai établi qu'un système chimique constitué par des corps solides peut toujours évoluer dans un autre système équivalent, sous la seule influence d'une température convenable, pourvu que le dernier système contienne un ou plusieurs gaz. Ce fait est d'ailleurs indépendant du signe thermique de la réaction, la chaleur intervenant seulement en signe et en quantité, pour décider si la réaction est réversible ou non ( ' ). Il y a là, comme on le voit, une analogie avec le phénomène physique de la sublimation, analogie seulement partielle, car ici le phénomène est toujours réversible. Tout corps solide suffisamment chauffe peut théori- quement être amené à l'état de vapeur. Bien entendu, si le corps se détruit avant d'atteindre la température où la vaporisation est manifeste, l'émission de vapeur se trouvera masquée. De même, dans le cas envisagé, il faudra nécessairement qu'aucun des corps constituants des systèmes initial et final ne se décompose avant d'atteindre la température nécessaire à la transformation. Par conséquent, au point de vue pratique, la réaction sera effectivement réalisable si les deux systèmes sont formés par des corps suffisamment stables et réfraclaires pour permettre d'atteindre la région de possibilité de (') G. Matignon, Conditions de possibilité de certaines réactions formant des systèmes monovariants {Annales de Chimie, 8e série, t. XIV, 1908, p. 3i ). I l58 ACADÉMIE DES SCIENCES. la transformation, avec cette condition primordiale que le système final seul contienne des termes gazeux. Considérons le système MgO-f-- Al2 équivalent au système - A1203 -+- Mg MgO + iM-- = iAliOî+ Mg — i5c<",4. La réaction, à partir des corps solides, est certainement impossible, comme cela résulte de son endothermicité jointe à sa symétrie; mais à température convenable le magnésium devient gazeux alors que les autres corps sont réfractaires et non volatils. (Le fait que l'aluminium devient liquide ne change rien à la règle énoncée au début), de plus l'endoihermicilé n'est pas bien élevée, de sorte qu'il apparaît comme probable que, dans les régions de température où le magnésium est volatil et les autres corps sans émission de vapeur, il sera possible de manifester la transformation. Remarquons d'abord qu'une réaction secondaire probable, l'union de la magnésie avec l'alumine formée, aurait pour effet de diminuer encore la valeur absolue de la quantité thermique. La réaction deviendrait alors | MgO + i A1« = I (Àl»0»MgO) + Mgïap - 57<"',. £ en tenant compte de la chaleur de vaporisation de la molécule de magnésium, Mg. évaluée approximativement à 42Cal et de la chaleur s résultant de l'union de l'alumine et de la magnésie. Ces considérations m'ont engagé à essayer la réduction de la magnésie par l'aluminium, quoiqu'il parût bien établi que cetle réduction soit impossible. En effet, dans l'élégante métallurgie de Goldsclimidt, la réduc- tion des oxydes métalliques de chrome, de manganèse, etc., s'effectue dans des appareils brasqués en magnésie, seule matière réfraclairë économique n'intervenant pas dans la réaction. Quoique les réactions aluminolher- miques, par suite de leur grande exothermicilé et de leur vitesse notable, réalisent souvent des températures fort élevées, on n'a jamais constaté jusqu'ici la réduction des parois en magnésie. J'ai pu cependant mettre facilement celte réduction en évidence. La poudre d'aluminium, débarrassée des matières grasses qui la souillent, par des lavages répétés à la benzine et à l'étirer, est mêlée intimement avec de la magnésie lourde dans les proportions de MgO -t- 5 AI- ; le mélange est comprimé en pastilles qui sont placées dans un tube en acier chauffé lui-même dans un tube en porcelaine. Les pastilles, logées au fond du tube d'acier, sont dans la légion la plus chaude, tandis que l'extrémité ouverte du même tube aboutit à une extrémité froide. On évite ainsi l'action des vapeurs réductrices sur les parois du tube de porcelaine. Pendant l'opé- SÉANCE DU i/j AVRIL iç)l3. I 1 5p ration, le vide est maintenu dans l'appareil. Dans ces conditions, l'aluminium réduit facilement la magnésie à la température de 12000, le magnésium mis en liberté vient se déposer en magnifiques cristaux, dans les régions froides du tube d'acier. La réduc- tion commence d'ailleurs bien au-dessous de cette température, mais avec une vitesse fort ralentie. La transformation est pratiquement complète; par exemple, un mélange initial contenant 62, 5o pour 100 de magnésie n'en renfermait plus que 18 pour 100 après réaction. Cette nouvelle réaction de l'aluminium constitue une véritable méthode de prépara- tion du magnésium, su-ceptible de concurrencer la méthode éleclrolytique, la seule en usage actuellement. En efiet cette réduction est commode, elle fournit un rende- ment théorique sans arrêt de la réduction à l'aluminale de magnésie et, d'autre part, La métallurgie électrique de l'aluminium se fait avec un bien meilleur rendement que celle du magnésium. CHIMIE ORGANIQUE. Formation de matières humiques par action de polypeptides sur les sucres. Note de M. L.-C. Maillard, présentée par M. Armand Gautier. La facilité avec laquelle j'ai pu reproduire les matières humiques natu- relles par réaction des acides aminés sur les sucres réducteurs ('), m'a conduit à me demander si un phénomène du même genre ne s'observerait pas avec les polypeptides. L'action des acides aminés sur les sucres repose en effet sur la présence, dans leur molécule, d'un groupe NJi2 capable de réagir avec la fonction aldéhydique ou cétonique des sucres, et d'un groupe carboxyle dont la scission se traduit par un dégagement de CO2. Or la chaîne des polypeptides, quelle que soit sa longueur, se termine toujours par deux extrémités libres NH2 et COOH : il est intéressant de savoir si les groupements intermédiaires empêchent, ou non, cette molécule de réagir à la façon d'un simple acide aminé. J'ai pris d'abord un dipeptide, la gfycyl- glycine H2N.CH-.CO - NH.CH2.COOH, dont les échantillons, contrôlés purs, provenaient de l'hydrolyse partielle de la cyclo-glycyl- glycine obtenue par ma méthode (2). Xylose et glycyl-glycine. — La remarquable sensibilité du xylose, que j'ai signalée déjà vis-à-vis des aminoacides simples, se retrouve ici. Dans un petit vase maintenu à 7.5°, on place os, 5 de glycyl-glycine, 2ï de xylose, et 3-4cm' d'eau. Au bout de 10 minutes, la coloration jaune est déjà bien nette; elle est forte après i5 minutes, presque brune après 20 minutes, d'un brun noir opaque après 23 minutes. (') Comptes rendus, t. loi, 8 janvier 1912, p. 66; et t. 155, 23 décembre 1912, p. i5"4. (2) Comptes rendus, t. 153, 27 novembre 191 1, p. 1078. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) l4^ Il6o ACADÉMIE DES SCIENCES. Après i heure 5o minutes, on observe déjà de fines bulles de CO2 dans la masse, qui au bout de 2 heures est abondamment vacuolisée. Les phénomènes se poursuivent comme dans le cas du glycocolle; au bout de quelques heures on voit s'insolubiliser une partie du produit, qui se transforme tout entier en une masse de pellicules inso- lubles si on le maintient sur le bain-marie pendant 2 ou 3 jours en renouvelant la petite quantité d'eau lorsqu'il est nécessaire. La matière brune ainsi formée se comporte exactement comme celle qui dérive du glycocolle; insoluble dans l'eau bouillante et les solutions acides, elle se dissout partiellement dans la potasse et dans l'ammoniaque; la neutralisation des solutions alcalines précipite des flocons bruns. La matière se dissout dans l'acide sulfurique concentré, lentement à froid, rapidement à chaud : la solution sulfurique, d'un brun noir, régénère la matière en flocons noirâtres lorsqu'on la verse dans un excès d'eau. La réaction se produit aussi à température plus basse, bien qu'avec plus de lenteur: à 4o°, il faut environ 24 heures pour donner au mélange la coloration brun foncé; à 34°, environ 4o heures sont nécessaires. Glucose et glycyl-glycine. — Avec le glucose se produisent les mêmes phénomènes qu'avec le xylose, bien que plus lentement, l'expérience étant d'ailleurs disposée de la même façon. A 75°, il faut environ 20 minutes pour obtenir une légère coloration jaune, 5o minutes pour arriver au brun opaque; le dégagement de CO'2 estbien net au bout de 2 heures. Après 3 à 4 jours, la masse est tout entière insolubilisée et présente les mêmes caractères que celle qui dérive du xylose, ou que celle qui résulte de l'action du glycocolle sur le glucose. Pour arriver au maximum de coloration brune, avant dégagement de CO2, il faut environ (\0 heures à 4o°, 80 heures à 34°- En résumé, les phénomènes, dans le cas de la glycyl-glycine, se pour- suivent exactement comme dans le cas du glycocolle et des acides aminés libres, à la vitesse près. L'exemple du dipeptide choisi montre qu'on peut rencontrer des polypeptides capables d'intervenir, à la façon des aminoacides eux-mêmes, dans la genèse des matières humiques. La voie étant ainsi ouverte, il suffira de multiplier des essais très simples pour savoir jusqu'où s'étend cette propriété dans le domaine des polypeptides et des matières protéiques. Provisoirement, j'ai étudié trois échantillons de peptones commerciales, qui tous ont manifesté la même propriété : une peptone de Wilte, une peptone d'albumine, une peptone granulée dont le mode de préparation n'est pas indiqué. Celle-ci était la plus active : à 1 io°, il suffisait de 45 mi- nutes en présence du xylose, et de 1 heure i5 minutes environ en présence du glucose, pour obtenir le dégagement de CO2 dans la masse brune opaque. Les autres peptones agissaient moins rapidement, mais de la même façon. Ces expériences n'auraient d'ailleurs une valeur définitive que si nous connaissions les espèces chimiques qui composent les peptones, et si nous étions sûrs qu'elles ne renferment pas d'acides aminés libres. SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. I l6l MINÉRALOGIE. — Sur le polymorphisme de la codéine, de la thébaïne, de la narcotine et sur un nouveau type de sphérolile. Note de M. Paul Gaubert, transmise par M. A. Lacroix. La narcotine, la codéine, la thébaïne et quelques autres alcaloïdes extraits de l'opium peuvent être surfondues, devenir solides sans cristal- liser et conserver l'état vitreux plusieurs jours et même plusieurs mois. Ils sont tous polymorphes et fournissent un excellent exemple du fait connu depuis longtemps que la surfusion et la sursaturation sont en général plus facilement réalisées avec les substances polymorphes qu'avec celles qui ne présentent qu'une forme cristalline. Dans celte Note, je vais m'occuper seu- lement de la codéine, de la thébaïne et de la narcotine. Les observations ont été faites sur une lame de verre et les préparations recouvertes d'une lamelle couvre-objet ont été chauffées sur le bloc Maquenne. Codéine. — Les cristaux de codéine anhydre se produisant au-dessus de 6o° environ sont les seuls stables à toutes les températures et appartiennent à la forme décrite par Arzruni, c'est-à-dire qu'ils sont rhombiques et hémiédriques (forme ce). A la température ordinaire, il se forme des sphérolites à accroissement extrême- ment lent et dont l'enroulement dextrogyre (') se fait autour de l'indice moyen n,„. Le pas de l'hélice est très régulier et c'est ng qui est la bissectrice aiguë (forme (3). Vers /4O0, il se produit encore des sphérolites à enroulement hélicoïdal dextrogyre autour de l'indice moyen, mais ils diffèrent de ceux de la forme (3 par le pas de l'hélice qui y est deux fois plus petit et par la largeur relative des anneaux correspondant aux. deux sortes de bissectrices, par suite de l'écartement plus faible des axes optiques ( forme y). De 45° à 6o°, il peut se produire deux sortes de sphérolites enroulés autour de l'indice ne, mais, dans les uns, le pas de l'hélice est très grand et l'enroulement est dextrogyre et, dans les autres, le pas de l'hélice est pelit et l'enroulement est lévo- gyre. Je désigne ces deux formes ô et e. Les intervalles de température correspondant à la formation de ces diverses formes ne sont pas très fixes, probablement à cause de la présence d'impuretés. Ainsi à 45°, on peut obtenir les formes y, à et e sur la même préparation. (') Pour la définition du sens de l'enroulement, voir Fiiéd. Wallerant, Bull, de la Soc. franc, de Miner., t. XXX, 1907, p. 43. Pour déterminer ce sens, j'ai employé la grande platine de Fedorofl. La direction du déplacement des anneaux, lorsque la platine bascule autour de l'axe faisant 45° avec la section principale des niçois, indique le mode d'enroulement. IIÔ2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Toutes ces formes enroulées sont stables à la température ordinaire et peuvent per- sister indéfiniment les unes à côté des autres. Vers ioo°, elles commencent à passer à la forme stable x. Parfois, par suite de l'orientation des particules de cette dernière sur celle des particules instables, les sphérolites de la forme (3 restent transparents, conservent leur structure, mais leur biréfringence est modifiée. Avec les formes <5 et S, l'enroulement disparaît, mais l'allongement optique des fibres reste positif. Thébaïne. — La thébaïne fondue et refroidie sur une lame de verre donne des cris- taux stables biaxes et très réfringents. Quand la substance est tout à fait visqueuse, il peut se produire des sphérolites appartenant à la même forme et à fibres très larges montrant un enroulement dexlrogvre à très grand pas d'hélice (forme a). A la température ordinaire, la cristallisation peut reprendre, mais très lentement, et il se forme alors des sphérolites instables à enroulement et à anneaux très serrés, moins biréfringents que ceux de la forme en. Ils passent à la forme stable quand on les chauffe (thébaïne |3). Vers 700, apparaissent de très beaux sphérolites à larges anneaux et dont l'enroule- ment dextrogyre se fait autour de l'indice ng; ils appartiennent très probablement à la forme précédente. Dans les préparations de thébaïne, il peut se produire à la température ordinaire, dans les parties vitreuses, des formations très intéressantes. Des fibres isolés appar- tenant à la forme (3 tournent autour d'un axe de manière à constituer une hélice à un nombre de pas plus ou moins élevé (jusqu'à i5). L'édifice peut être comparé à un goupillon à crins servant à nettover les tubes. L'ensemble correspond à une fibre radiale d'un sphérolite à enroulement hélicoïdal ; mais alors que dans cette dernière l'élément qui tourne est invisible et correspond probablement à la particule cristalline, ici il est représenté par une fibrille et même par un cristal. On a un fait semblable, mais avec un enroulement beaucoup plus complet, à celui présenté par les cristaux tordus de quartz du Valais, étudiés par M. Tschermak. Narcoline. — La narcotine, refroidie au*dessus de 8o°, donne des cristaux isolés ou des sphérolites simples (forme a) et, à la température ordinaire, des sphérolites à enroulement et instables (forme (3). Entre 5o° et 8o° il se produit une forme instable (y) donnant des sphérolites cons- tituant un type nouveau. Ils sont transparents, incolores (') à fibres invisibles, très réguliers et, ce qui est caractéristique, leur biréfringence s'élève graduellement du centre à la périphérie, comme si l'épaisseur de la préparation allait en augmentant. L'étude optique de ces sphérolites montre que l'orientation des particules cristal- lines varie d'une façon continue sur une même fibre radiale. Au centre, un axe optique est presque perpendiculaire à la préparation et cet axe s'incline de plus en plus à mesure qu'on va vers la périphérie. Il ne m'a pas été possible de voir si les particules, après avoir présenté une biréfringence maximum, s'orientent de manière à présenter la biréfringence qu'elles possèdent au centre des sphérolites, ces derniers étant trop petits. (') Les sphérolites à enroulement hélicoïdal sont bleus par réflexion, surtout lorsque le pas de l'hélice est très petit. SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I 1 63 On voit donc que les composés étudiés sont intéressants non seulement par leur polymorphisme (codéine, 5 formes cristallines; narcotine, 3; thébaïne, 2), mais aussi par les formations sphérolitiques curieuses qu'ils présentent. MINÉRALOGIE. — La cêlestine des terrains sédimentaires. Note de M. L. Coi.i.ot, transmise par M. A. Lacroix. Lorsque la cêlestine et la barytine ont été signalées dans les terrains sédimentaires, c'est à l'état de cristaux plus ou moins volumineux, de vei- nules, de concrétions, qu'on a volontiers attribués à des apports de sources minérales, qui dénotent tout au moins une remise en mouvement et une concentration très marquées de ces substances ('). Il n'en est pas de même du cas que j'ai à présenter aujourd'hui. Il s'agit ici de cristaux submicro- scopiques disséminés dans la pâte d'un calcaire compacte, faisant donc partie intégrante de la roche. Au point 748m à partir de la tête nord du tunnel du Mont-d'Or (ligne de Frosne à Vallorbe), les travaux, qui avaient traversé des plis couchés vers le nord, d'infra-crélacé et de molasse miocène, se sont trouvés dans les couches de Purbeck. Celles-ci, par suite des mouvements orogéniques, sont réduites en une brèche de blocs calcaires englobés dans une masse argileuse, représentant le produit de la rup- ture et du mélange des bancs. Un de ces blocs, d'apparence crayeuse, d'un gris très clair, montre des traînées irrégulières, en gros parallèles à la stratification, de points sombres. Ceux-ci, isolés par l'acide chlorhydi ique, ont formé un sable très fin, gris et brillant. Avec une bonne loupe on y distingue des cristaux atteignant au plus imm,5 de longueur su romm, a5 de largeur. [Is paraissent appartenir au type VI de M. A. Lacroix {Minéralogie de la France). Ils fournissent nettement les réactions de la cêlestine. Les uns sont transparents, d'autres ont la surface couverte d'un enduit cristallin de pyrite. J'ai retrouvé le même calcaire à cêlestine dans le Purbeck voisin de l'entrée sud du tunnel de Labergement. Enfin dans les matériaux sortis de la carrière souterraine de gypse pur- beckiens au nord-est de Dampierre, dans la plaine de Pontarlier, j'ai ren- (') La cêlestine des caillasses du Lulétien de Paris, qui offriraient quelque analogie par la dissémination et la petitesse de ses cristaux avec ceux que je signale ici, est encore dans un agrégat très cristallin provenant de l'épigénie du gypse, avec quartz et fluorine (A. Lacroix, Minéralogie de la France, t. IV, p. 120). Il64 ACADÉMIE DES SCIENCES. contré des agrégats de cristaux de célesline, avec de la marne, du calcaire crayeux à corbicules, du calcaire fibreux, du gypse grenu blanc, du quartz calcédonieux à grains de pyrite épigénisée en limonite. Ces agrégats forment, de petites plaquettes irrégulières, à la surface desquelles pointent assez nettement des cristaux d'environ imm,5 sur omm,33. Leur forme domi- nante paraît être «2 (102 ), allongée suivant a. Ici il doit y avoir eu concentration posté- rieure de la célestine qui était si finement disséminée dans les calcaires précédents. L'attribution d'une origine purement sédimentaire, par l'eau salée, à notre célestine, se trouve en harmonie avec les faits révélés par les sondages sous-marins : le strontium, de même que le baryum, se rencontre dans l'argile rouge des grands fonds ('). Je profite de cette Note pour dire que les cristaux un peu oblitérés, épi- génisés en calcite, existant à la surface des ammonites pyriteuses de la zone à Am. Renggeri du Jura, doivent être rapportés à la célestine. Je les avais, par analogie avec les ammonites calloviennes et aptiennes de la Provence, attribués à la barytine (2). Depuis lors, j'ai étudié des échantillons moins altérés, qui m'ont donné nettement les réactions de la célestine. Quelques ammonites et une térébratule prises au même niveau, à Arc-sous-Montenot (Doubs), ont même montré dans leur intérieur de la célestine inaltérée, largement clivable et avec faces brillantes. L'ébullition avec les carbonate et sulfate de potasse (3) n'a pas laissé de résidu appréciable pouvant donner la réaction du baryum. Dans les concrétions quartzeusesdu même horizon, à Palente, près Besançon, ce sont encore des cristaux de célestine qui sont confusément englobés. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur V évolution des principes minéraux et de l'azote chez quelques plantes annuelles. Note de M. G. André, présentée par M. A. Gautier. Dans deux publications récentes {Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 1627 et 1817), j'ai montré que l'orge, cultivée dans un bon sol arable, ne per- dait, au cours de sa végétation, jusqu'à l'époque de la maturité complète, ni azote, ni phosphore, ni soufre, ni chaux, ni magnésie, mais que les (') Golett, Les Dépôts marins, p. 3o4. (-) Goulot, Comptes rendus, 20 nov. 1900. (3) A. Lachoix, Minéralogie de la France, t. IV, p. 55. SÉANCE DU i4 AVRIL I9l3. I 1 65 alcalis seuls, potasse et soude, subissaient, entre l'époque de la floraison et celle de la maturation, un déchet notable. Cette éliminalion des bases alcalines chez les céréales est d'ailleurs un fait connu depuis longtemps et généralement accepté. J'ai poursuivi la recherche de l'évolution des principes minéraux chez trois plantes annuelles : la spergule (Spergu/a arçensis), le lin (Lînum usila- lissimum) et la caméline (Camelina saliva), appartenant à trois familles dif- férentes, en vue d'examiner si ces principes allaient toujours en croissant jusqu'à la maturité complète du végétal ou si quelques-uns d'entre eux éprouvaient, à une époque donnée, une diminution qui fût imputable à un retour des éléments de la plante vers le sol. Or, tous les éléments miné- raux, ainsi que l'azote total, chez les trois végétaux étudiés ici, ont sans cesse augmenté de poids jusqu'à maturité complète, sous les quelques réserves formulées ci-après. I. La spergule a été semée le 4 avril 191 2; le semis a été éclairci lorsque les plantes avaient atteint un certain degré de développement, de façon à laisser entre chaque sujet une distance de 10™ environ. L'expérience a été poursuivie jusqu'au 29 juillet, époque à laquelle la fructification était complète. Les plantes étaient encore vertes, elles ne portaient plus de fleurs et la plupart de leurs graines étaient arrivées à maturité; quelques- unes étaient déjà tombées. Voici les époques auxquelles ont été effectués les prélèvements : I, 29 mai, plante entière, début de la flomison chez quelques pieds; II, i/j juin, floraison générale, début de la fructification chez quelques sujets; III, 28 juin, fructification, quelques pieds portent encore des fleurs; IV, i5 juillet, fructification, plus de fleurs; V, 29 juillet, fructification complète. Les prélèvements comportaient de 3oo à 5oo plantes; le Tableau ci-après se rapporte à 100 sujets séchés à 1 io°. Les initiales R. et P. A. signifient Racines et Parties aériennes (liges, feuilles, inflorescences). Il ressort de l'examen de ces chiffres que les poids de la matière sèche, de l'azote total, des éléments minéraux P, S, Ca, Mg, K, Na ont augmenté régulièrement jusqu'à la fin de la végétation active de la plante. Il est pos- sible que, à une époque ultérieure où la plante se serait desséchée sur place, certains de ces éléments eussent fait retour au sol, soit par voie d'excrétion, soit par chute d'organes; mais rien de semblable ne parait s'être produit pendant le cours normal de la maturation du végétal consi- déré. Il66 ACADÉMIE DES SCIENCES. Poids Phosphore Soufre île matière Cendres Azote (calculé (calculé à 110°. totales. total. enPO'U'). en SO3). Ca O. MgO. K:0. Na!0. e s s c . e „ R s s e I. Plante totale.. 28,79 6,749 ',307 o,45o 0,159 o,8i4 o,4'5 2,o55 0,182 I R 8 , 3 1 1,190 0,092 0,075 o,o38 '0,082 0,067 °>'95 0,026 II. ) P. A (65,45 20,102 1,881 i,538 0,876 2,068 j ,356 5,658 o,66r f Total.. 173,76 21,292 ',97s i,6i3 0,914 2,i5o i,4i3 5,853 0,687 ! R 10, 58 i,383 0,075 o,o5i 6,042 0,111 o,o83 0,1 g5 0,026 III. ' P. A 276,00 23,349 2,787 ',738 ',io4 2,842 2, a63 7,728 1 , 1 3 1 ( Total.. 286,58 24,732 2,862 ',789 i,'46 2,9.53 2,346 7.923 1 , 1 57 ( R 11,06 0,975 0,070 0,022 0,02.5 0,10g 0,073 0,202 o,o43 IV. 5 P. A 474, 4i 43,455 5,171 2,324 i,6i3 5,36o 2,704 12,002 i,i38 ( Total.. 485,47 44,43o 5,244 2,346 1 ,638 5,46g 2,777 12,204 1,181 (R 19,80 3,to4 0,184 0,0.57 0,057 °,2°9 0,188 0,267 0,148 V. ) P. A 683,7.5 59,417 8,34' 2,529 1,777 8,2o5 4,786 14,016 i,5o4 ( Total.. 7o3,55 62,521 8,52.5 2,586 1 ,834 8,4i4 4,974 '4,283 i,652 II. J'ai choisi en second lieu le lin, en raison de sa végétation et de sa fructification très rapides. Les prélèvements de ce végétal, semé au mois de mars 1912, ont eu lieu au\ époques suivantes: I, 29 mai, plante totale, non encore en fleurs; II, il\ juin, début de la floraison; III, 28 juin, début de la fructification, jaunissement des feuilles inférieures; IV, i5 juillet, fructification complète, plus de fleurs, chute de nombreuses feuilles; V, 29 juillet, fruits mûrs, tiges encore vertes, chute presque totale des feuilles. Dans 100 pieds de lin sèches à 1100 : Poids Phosphore Soufre de matière Cendres Azote (calculé (calculé 4 110°. totales. total. cnPO'H1). en SO3). CaO. MgO. KJ0. Na20. 8 8 _ S S S S g ■' g S I. Plante totale. . . 6,83 o,685 0,171 0,047 o,o52 o,ii3 0,029 0,210 0,027 l R . . .' 2,7.56 0,174 0,019 0,006 0,007 0,017 0,007 o,o3o 0,009 H. ' P. A 2i,5-o i,645 0,322 o,i38 o,i3i o,256 0,073 0,487 o,o45 ( Total... 2.4,326 1,819 o,35i o,i44 o,i38 0,273 0,080 0,517 o,o54 R 4,449 °j'97 0,02.5 0,008 o,oo5 o,023 0,007 o,o36 0,007 III. <" P. A 46,35o 2,655 0,625 0,278 0,254 o,4gi 0,166 0,741 0,106 Total... 50,799 2,852 o,65o 0,286 o,25g o,5i4 0,173 °,777 0,1 i3 R 6,37.5 o,38o 0,000 0,011 o,oi5 o,o35 0,008 0,042 0,012 IV. \ P. A 76,0.50 3,802 1 ,o4g 0,517 o,4o3 0,722 0,266 o,g35 0,121 Total... 82,225 4, '82 >,°79 0,528 o,4'8 0,757 0,274 °,977 o,i33 R 7,64 ii, 680 o,o35 0,010 0,020 o,o43 o,oi3 o,o4g o,oo4 V. \ P. A 83,74 3,475 1,222 o,544 o,2g3 0,619 o,25i 0,887 °,I75 Total... 9i,38 4, '55 1,267 0,554 o,3i3 0,662 0,264 0,936 Oî'79 SÉANCE DU l4 AVRIL IC)l3. 1167 Jusqu'à la date du i5 juillet, c'est-à-dire à une époque où elle était encore munie de toutes ses feuilles, la plante a augmenté régulièrement de poids sec; ses éléments fondamentaux n'ont subi aucune perte. Entre le i5 et le 29 juillet, par suite de la chute des feuilles, le soufre total, la chaux, la magnésie et la potasse ont éprouvé des pertes plus ou moins notables, alors que les poids de l'azote et du phosphore continuaient à augmenter. On peut donc admettre que, tant que la plante est demeurée à peu près intacte et n'a pas perdu d'organes par dessiccation, les éléments minéraux fonda- mentaux n'ont cessé de s'accroître. III. La caméline était en pleine fructification dès le 28 juin, et, jusqu'à cette époque, les matières salines et l'azote avaient subi un accroissement régulier. Je ne puis, faute de place, donner ici le Tableau de la composition de cette plante. Au delà du 28 juin, et pendant la maturation des fruits, la plante s'est dépouillée complètement de ses feuilles. Elle s'est desséchée et ses graines se sont éparpillées sur le sol. BOTANIQUE. — Bouturage comparé de vignes greffées et franches de pied. Note de M. F. Iîaco, présentée par M. Gaston Bonnier. J'ai montré, dans une précédente Note ('), combien le greffage a, chez certains ceps, modifié diverses vignes landaises dans leurs caractères spéci- fiques, au sens général du mot. Poursuivant mes recherches, je me suis proposé de voir si les variations ainsi obtenues se maintenaient ou s'accen- tuaient par bouturage et si elles étaient accompagnées de changements dans le racinage. En 1910, j'avais remarqué, dans un de mes champs d'expériences de Bélus (Landes), chez le Baroque et le Mourvèdre x Rupestris 1202, des variations sur quelques ceps. Ces ceps, associés au moyen de la greffe mixte, présentaient avec le franc de pied les différences suivantes : (') F. Haco, Sur des variations de vignes greffées {Comptes rendus, i5 février i909)- C. R., iç)i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 15.) I 49 II 68 ACADÉMIE DES SCIENCES. Baroque franc. Baroque greiïon. 1202 sujet. 1202 franc. Feuilles jeunes colorées Feuilles jeunes colorées Feuilles jeunes colorées Feuilles jeunes colorées en vert pâle, foncé au en vert clair, rouge au en rouge violacé clair. en rouge violacé, pourtour du limbe. pourtour du limbe. Feuilles adultes, de cou- Feuilles adultes, de cou- Feuilles adultes, de cou- Feuilles adultes, de cou- leur vert terne, ont leur leur vert mat, ont leur leur vert brillant, ont leur leur vert foncé brillant, ont face supérieure gaufrée et face supérieure peu gau- face supérieure lisse et leur face supérieure lisse leur face inférieure pu- fiée et leur face inférieure leur face inférieure glabre et leur face inférieure bescente; à l'automne, mi-pubescente; à l'an- avec poils aux nervures; à glabre ; à l'automne, elles elles prennent une teinte tomne, elles prennent une l'automne, elles prennent prennent une teinte rou- assez uniforme; les pé- teinte jaune avec taches une teinte ocreuse; les pé- geâtre; les pétioles sont tioles sont vert clair. vertes; les pétioles sont tioles sont rouge vineux rouge vineux. rouge violacé clair. clair. Rameaux et vrilles co- Rameaux et vrilles co- Rameaux et vrilles co- Rameaux et vrilles co- lorés en vert clair. lorés en rouge vineux. lorésen rougevineuxassez lorés en rouge vineux très intense. intense. Végétation de vigueur Végétation de vigueur Végétation très vigou- Végétation très vigou- moyenne peu ramifiée. surmo\enne bien rami- reuse ramifiée. reuse très ramifiée. fiée. Défoliation assez tar- Défoliation bien tar- Défoliation tardive. Défoliationassezhàti.ve. dive. dive. Résistance bonne au Résistance élevée au Résistance élevée au Résistance très élevée mildew. mildew. mildew. au mildew. Greffé sur d'autres sujets, le Baroque présentait aussi des modifications variables : sur iS^", on remarquait., mais avec moins d'intensité, les mêmes anomalies que sur 1202 au regard du feuillage et des teintes, mais la végé- tation, plus vigoureuse, était peu ramifiée, et supérieure se montrait la résistance au mildew ; sur Rupestris du Lot, les changements intéressaient surtout la grosseur et la ramification des rameaux, la hâtivelé de la défo- liation et la diminution dans la résistance au mildew ; sur 33oq, on retrou- vait des modifications analogues à celles de Baroque sur Rupestris du Lot, avec en plus une coloration des pampres rappelant celle constatée chez le Baroque sur 1202 ; sur toi14, la végétation était très ramifiée et la défolia- tion hâtive, malgré une résistance bien élevée au mildew. Le 10 février 1911, j'ai prélevé 10 boutures aussi comparables que possible sur chaque cep des huit types signalés. Je les ai placées séparément en bonne terre, meuble et homogène, à la même profondeur. Je les ai laissées en terre pendant 2 ans, sans leur donner d'autres soins que des sarclages et les traitements anlicryptoga iniques nécessaires pour les main- tenir en bonne santé; ces soins ont été donnés d'une façon uniforme. J'ai pu constater, principalement en 1912, et notamment le 28 août et le SÉANCE DU \l\ AVRIL iqi3. I 169 20 octobre de cette année, que les caractères acquis à la suite de la greffe se sont maintenus, en particulier les colorations, le port, la vigueur, la défoliation, la résistance au mildew. Après l'arrachage, le 28 janvier 191 3, j'ai encore constaté que l'appareil végétatif souterrain avait subi le contre- coup des variations de l'appareil aérien. Les plants provenant- des ceps greffés présentaient avec ceux issus des francs de pied les différences suivantes : Baroque de franc de pied. — Racines plongeantes (35"), charnues avec radicelle?. Baroque de 1202. — Racines mi-plongeantes (55°), charnues et assez riches en radicelles. J202 de Baroque. — Racines traçantes (700), bien charnues avec radicelles. 1202 de franc de pied. — Racines mi-plongeantes (55°), bien charnues et riches en radicelles. m Baroque de 1.57". — Racines mi-traçantes (6o°), charnues et riches en radicelles. Baroque de Rupestris du Lot. — Racines mi-plongeantes ( 5o°), très charnues et bien riches en radicelles. Baroque de 33og. — Racines mi- traçantes (65° 1. charnues et bien riches en radicelles. Baroque de 101 u. — Racines mi-plongeantes (55°), mi-charnues et riches en radi- celles. On peut conclure de ces essais que, chez le Baroque et le 1202 greffés à Bélus, et aussi que chez ce Vinifera greffé sur i5~", Rupestris du Lot, 33og et ioi'*, certaines variations spécifiques causées par le greffage se sont montrées héréditaires par bouturage et que les modifications de l'ap- pareil végétatif aérien ont été accompagnées d'importantes variations spécifiques dans le racinage. PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Téléphone physiologique intensif. Note de M. Jules Glover, présentée par M. d'Arsonval. Ce n'est, pas par son intensité propre que le courant agit sur i aimant récep- teur clans le téléphone, mais bien par ses variations. Il y a lieu, pour la sensibilisation précise de Y oreille interne et l'impression parfaite des centres auditifs, de chercher à multiplier ces conditions de varia- tion autant que les vibrations aériennes de la voix le permettent . Mais multiplier les conditions de variation autant que les vibrations aériennes de la voix le permettent ne consistera pas à multiplier le nombre II70 ACADÉMIE DES SCIENCES. des microphones ou encore à rendre un certain nombre de microphones plus ou moins sensibles aux diverses intensités vocales par tension différente des membranes vibrantes. Ceci ne donnerait qu'une multiplication des mêmes périodes d'oscillations sonores. Multiplier les conditions de variation exige ici qu'on utilise pour l'oreille les variations d'action de la dynamique vocale, nasale, d'une part, buccale de l'autre, car alors se trouvent parallèlement engendrées des variations du courant microphonique de deux ordres, grâce à la dissociation des deux principaux timbres vocaux effectués par le fonctionnement vocal du voile du palais ('). Une condition physiologique essentielle s'impose donc dans la construc- tion de l'appareil. 11 faut que l'action dynamique vocale soit dissociée au moment même de l'émission vocale pour être doublement mise à profit au point de vue électromagnétique et d'une façon différente pour le nez et la bouche. Ainsi, l'appréciation de la valeur dynamique de chaque élément sonore du langage, suivant les divers accents, sera effectuée par les micro- phones transmetteurs et perçue par l'oreille au niveau des microphones récepteurs. Toute la voix sera utilisée dans l'élaboration des phénomènes électro- magnétiques, alors qu'à l'heure actuelle presque une moitié de la voix est inutilisée. Le fait peut expérimentalement être vérifié par l'enregistrement photo- graphique de l'intensité des variations du courant microphonique à l'aide de l'oscillographe, et aussi par l'examen complémentaire des buées vocales et leur fixation sur des plaques de gélatine bichromatée. Les tracés, les empreintes sont différents pour le nez et la bouche, suivant lu hauteur, pour une même for/nation verbale. Jusqu'ici, c'est surtout sur la construction plus ou moins minutieuse des microphones en vue de leur sensibilité électromagnétique, sur les régimes et les canalisations électriques, sur l'automatisme que les perfectionnements ont porté, mais non sur l'application méthodique de l'élude physiologique raisonnée, de la voix à la téléphonie. En se basant sur les considérations physiologiques qui précèdent, on peut réaliser un appareil permettant d'obtenir une amplification sonore considérable, une netteté extrême de la voix particulièrement précieuse (') J. Gloveii, Fonction vocale du voile du palais {Comptes rendus, 27 mars 191 1 ) . SÉANCE DU l4 AVRIL IO,l3. I171 dans les transmissions à très longue distance et transocéaniques. Cet appa- reil évitera le fatigant travail mental, qui consiste à deviner souvent dans la conversation téléphonique les vibrations absentes. Description de l'appareil. — L'appareil, dans son ensemble, se résume à une simple colonne portative supportant le crochet commutateur avec son combiné, formé de deux microphones transmetteurs ou de deux groupes de microphones transmetteurs de sensibilité différente pour le nez et la bouche et du récepteur. L'ensemble est fixé aux deux extrémités d'un manche. Les microphones sont utilisés ici directement en primaire, sans pile d'appel, sans pile de conversation, sans bobine d'induction. Et ils fonctionnent parfaitement sous le régime de la batterie centrale intégrale, sous un courant de a4 volts et plus encore, ainsi que sous tout autre régime électrique. Ils peuvent aussi fonctionner parfaitement du reste sous un voltage moindre. La résistance uniforme des microphones forme dans l'ensemble un total de l5o ohms. Elle varie avec le nombre de microphones. On peut supprimer la bobine d'induction, car les variations d'intensité du courant dues aux vibrations de la voix sont suffisam- ment accentuées dans le circuit de ligne. Toutefois la transmission semble amplifiée un peu avec la bobine. Enfin l'appareil comporte une sonnerie polarisée et un condensateur, qui est celui de la sonnerie. L'hygiène peut être assurée dans les postes fixes publics par un dérouleur automa- tique de papier fin, qui permet d'interposer chaque fois ce papier fin entre les micro- phones, le nez et la bouche pour chaque communication. En somme, ce perfectionnement physiologique du téléphoné peut s'ap- pliquer soit au régime actuel, soit au régime de la batterie centrale, système pour lequel l'énergie électrique utilisée à la fois en vue des transmissions vocales et des appels visuels et de supervision est pour le réseau tout entier produite par une batterie d'accumulateurs placée dans le bureau central et maintenue à un voltage donné. Il n'est pas impossible que ce perfectionnement puisse être appliqué avec intérêt à la téléphonie sans fil. ANATOMIE. — Théorie mathématique de la loi géométrique de la surface du corps humain de dimensions proportionnelles quelconques. Note (') de M. lî. floussY, présentée par M. d'Arsonval. Dans deux précédentes Notes (2) j'ai proposé une méthode expérimentale très pratique pour mesurer la surface de la peau de l'homme. Elle consistait : (') Présentée dans la séance du 17 mars 1 91 3. ('') Comptes rendus, t. 145, p. i3g, et t. 153, p. 2o5. II 72 ACADÉMIE DES SCIENCES. i° A relever, avec soin, les périmètres des parties alternativement les plus renflées et les plus rêlrècies de son corps et à diviser leur somme, L, par leur nombre, n, pour avoir le périmètre moyen expérimental, P'" : (i) P«=-; n 20 A déterminer la hauteur périphérique moyenne totale, H^(, suivant le procédé indiqué {Comptes rendus, 17 juillet 191 1). La surface totale, S, du corps est alors donnée par la formule (2) S = P'"xllJ,, La surface ainsi obtenue est inférieure de 1 à 1,5 pour 100 à la surface réelle relevée directement, au moyen du revêtement de mousseline, selon le procédé de contrôle indiqué (Comptes rendus, ier juillet 1907). La part d'erreur qui revient à H£, relevé directement, ne peut être que très minime. Cette part d'erreur revient, presque entièrement, à l'insuffisance de P'", insuffisance qui, multipliée par H^(, toujours beaucoup plus grande que P'", donne une erreur de surface sensiblement plus étendue que ne le ferait celle qui pourrait être contenue dans H''ir Il était nécessaire de préciser la valeur de cette insuffisance de P"', de même que de contrôler, avec toute la précision possible, la surface obtenue au moyen du revêtement de mousseline. La théorie mathématique de la surface du corps humain, faite aussi rigou- reusement que possible, permettait seule d'atteindre l'un et l'autre but, avec certitude. Ayant relevé, avec le plus grand soin, les hauteurs verticale et périphé- rie] 11e ou latérale moyenne de chacun des 26 segments plus ou moins coniques, limités par les périmètres déjà relevés sur les parties alternativement les plus renflées et les plus rétrécies de ce corps, il devient possible de faire, avec toutes ces mesures, une construction géométrique qui en représente la forme abstraite, comme l'indique la figure ci-contre. Cette construction est formée de 2(j troncs de cône parfaits. Mais on peut la réduire à 17, en fusionnant, séparément, les membres supérieurs et les membres inférieurs. Quoi qu'il en soit, V étude géométrique de l'une ou de l'autre construction permet de faire la théorie mathématique de sa surface latérale, qui corres- pond à celle du corps humain, de même que la théorie de son périmètre SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. II 73 moyen total, qui nous serviront de termes de comparaison pour contrôler les surfaces obtenues avec la formule S = P'"x H^, on avec le revêtement de mousseline, ainsi que pour apprécier l'erreur contenue dans P'". Convenons que a représente l'apothème de chaque tronc de cône,/? son t^I=ra périmètre moyen, S la surface latérale totale des ?.G troncs de cône, etu leur périmètre moyen total exact. Remarquons que Sa est exactement égal à H^. La surface latérale de chaque tronc de cône étant égale kpa, la surface totale, S, des 26 troncs sera donnée par l'équation (3) S = 2/>(7. Ce premier calcul nous permet d'établir que la surface ainsi obtenue est, presque rigoureusement, égale à celle relevée directement , dans mes expé- riences, par le revêtement de mousseline, surface qui se trouve consé- quemment contrôlée et confirmée. Et vice versa. La formule (3) est la seule qui soit vraiment exacte. Malheureusement son emploi exige beaucoup trop de temps et est, de ce fait, peu pratique. Reste à dégager la valeur du périmètre moyen total des 26 troncs de cône, périmètre que nous avons convenu de désigner par tc. Cette valeur nous sera donnée par l'équation (4) D/'rt Elle peut être considérée, en un certain sens, comme un périmètre moyen et, à ce titre, rapprochée de Pm. 1174 ACADÉMIE DES SCIENCES. Elle est bien une moyenne de tous les périmètres moyens, mais chacun d'eux est affecté d'un coefficient proportionnel au nombre n de centimètres contenus dans l'apothème correspondant. Dans ces conditions nous aurons l'équation (5) «=fi. Au contraire, Pm n'est que la moyenne brute, des périmètres des deux bases de tous les troncs de cône dont la somme, L, a été divisée par leur nombre, n, comme l'indique l'équation (i) : P'" = -• Mais, bien que Pm et it soient différents, leurs valeurs numériques sont presque égales. L'expérience démontre, en effet, que, pour l'organisme humain norma- lement proportionné, ayant, par exemple, i,n de hauteur verticale et if)2cm,32 de hauteur périphérique moyenne (les membres inférieurs et supérieurs semblables ayant été fusionnés, séparément, en un seul), la longueur tc est de 47cm,64i, alors que celle de P'" n'est que de 46cm,68o,. Cette différence de ocm,o,52 explique l'erreur de i à i,5 pour ioo en moins sur la surface réelle qui est, presque exactement, de 72dm\ Il est évident que cette différence de 1 cm vient de ce qu'il n'a pas été tenu compte, pour calculer P'", contrairement à ce qui a été fait pour le calcul de ti, des différences des longueurs des périmètres et des apothèmes. Quoi qu'il en soit, on arrive ainsi à démontrer que la loi expérimentale S = P'" x H£( approche, de très près, la vraie loi géométrique S = t; X -«, égale à Zpa. Il est permis d'espérer que ce rapprochement s'accentuera encore en perfectionnant la méthode expérimentale et surtout son maniement. La connaissance de P'" et de tc a, pour moi, une grande importance, parce que je lui fais jouer un rôle fondamental dans des recherches connexes en cours d'exécution. Lasurface du corps humain devant être, selon moi, avec au moins autant de raison que la taille, le poids, le volume, etc., considérée comme une des bases les plus fondamentales de son anatomie et de sa physiologie, j'ai estimé qu'on ne saurait trop s'attacher à son élude et à la précision de sa connaissance. SÉANCE DU l4 AVRIL 10,l3. II75 biologie générale. — Microzymas, coccolithes, vacuolides. Note de M. Raphaël Dubois, présentée par M. Hênneguy. Dans un Livre récent ('), M. H. Grasset a avancé ([ne les organites élé- mentaires du bioprotéon, que j'ai appelés vacuolides et dont, depuis fort longtemps, j'ai décrit la structure intime et le fonctionnement comparables à ceux des leucites (2), correspondent aux microzymas de Béchamp. Dans le carbonate de chaux préparé par précipitation, on ne trouve rien qui puisse être comparé aux vacuolides, mais Béchamp a dit que ce produit ne renfermait pas de microzymas. 11 n'en est plus de même dans les diffé- rents échantillons de craie que j'ai examinés. J'y ai trouvé toujours, el en grande abondance, des corpuscules arrondis ou ovoïdes présentant au centre une vacuole. La plupart de ces microéléments organisés ne dépassent pas le volume de nos vacuolides. Ils ne se dissolvent pas dans l'acide acétique dilué, qui permet, au con- traire, de les isoler de la masse crayeuse. Cela n'est d'ailleurs pas nécessaire pour les observer : il suffit de délayer dans l'eau une petile parcelle d'un bâton de craie, d'en laisser sécher une goutte sur le porte-objet, puis d'ajouler une goutte de xylol et ensuite du baume du Canada, pour obtenir une préparation moulée. Mais, contraire- rement à mes vacuolides, qui se colorent par la méthode préconisée parHegaud pour la coloration des milochondries, ces petits organites ne prennent pas la coloration caractéristique de cette réaction. Je n'ai pu d'ailleurs les colorer par aucun des réac- tifs usuels. Cependant l'éosine, en certains points, paraît avoir pénétré dans la vacuole et teinté légèrement son contenu, parfois granuleux. La partie périphérique semble creusée de canalicules extrêmement fins. La forme de ces corpuscules est généralement arrondie et parfois ovoïde. Au mois de novembre dernier, j'ai soumis mes préparations à l'examen de M. le professeur Cayeux, du Collège de France, qui s'est occupé très spécialement de la craie, et il a reconnu dans ces organites des corpuscules décrits déjà sous le nom de coccolithes . En raison de leur extrême abondance dans la craie, et, bien qu'ils ne (') Elude historique et critique sur la génération spontanée et l 'hétéro génie, p. 173. Champion, édit.; Paris, 1912. (2) Les vacuolides de la purpurase et la théorie vacuolidaire {Comptes rendus, t. 153, 1911, p. 1007, et Eight international Congress of applied Chemistry, t. XIX, P- 9')- C. R., 19.3, V Semestre. (T. 156, N° 15.) ' 5o II7<> ACADÉMIE DES SCIENCES. soient pas eux-mêmes composés de carbonate de chaux, tout au moins exclusivement, nous pensons qu'ils ont joué un rôle prépondérant dans la formation de cette roche, et que peut-être ils dérivent d'organismes plus élevés, comme les vacuolides et les mitochondries peuvent provenir de la désagrégation des tissus de tous les organismes végétaux ou animaux. Une étude plus approfondie permettra probablement de se prononcer exactement sur la véritable nature de ces coccolithes. Toutefois, dès h présent, je dois déclarer que par certains côtés (colora- lion, aspect microscopique), ces coccolithes s'éloignent des vacuolides. Cela ne veut pas dire qu'elles soient incapahles de provoquer (peut-être par catalyse, à la manière de certains corps poreux) des actions fermentatives, comme Ta dit Béchamp; nos recherches sous ce rapport ne sont pas ter- minées ( ' ). Mais c'est en vain que nous avons cherché à faire multiplier les cocco- lithes par les procédés de culture les plus divers employés pour les ferments figurés, les microbes, etc. Ce n'est point une raison pour affirmer (contrai- rement à l'opinion de Béchamp pour les microzymâ crelœ) que ces orga- nites ne sont pas vivants, puisque je considère les macrozymases de la purpurase, de la luciférase, et, en général, toutes les zymases, comme quelque chose d'encore vivant, et que d'ailleurs on ne peut pas dire où commence et où finit la vie (2). En tout cas, elles ne se reproduisent pas et ne sont pas assimilables aux microbes et aux ferments figurés. Conclusions. — On trouve dans la craie des organites (corpuscules orga- nisés) qui, sous certains rapports, ressemblent aux organites élémentaires du bioprotéon que j'ai appelés vacuolides. Mais cela est insuffisant pour permettre d'assimiler les vacuolides, d'une part, et les coccolithes, d'autre part, aux microzymas de Béchamp, cet auteur n'ayant donné aucune des- cription morphologique du microzymâ cretœ, qu'il considérait comme typique. (') Remarque. — Il esl à noter, dès à présent, que nous avons acquis la certitude que l'emploi de la craie administrée par voie stomacale a une action très différente et beaucoup plu-> favorable sur la digestion que le carbonate de chaux obtenu par précipi- tation. ('-) Voir Les microbioïdes {Comptes rendus, t. 153, 6 novembre 191 1, p. 900). SÉANCE DU l4 AVRIL IC,l3. I 177 médecine. — Quelques propriétés du virus trachomateux. L 'immunité dans le trachome. Note de M. Cdari.es Nicoi.le, A. Cuknod et L. Bi.aizot, présentée par M. Roux. Nous avons montré dans une Note précédente (Comptes rendus, 16 juil- let 1912) la grande commodité que présente le magot d'Algérie (ftlacacus inuus) dans les recherches sur le trachome. Sa sensibilité, manifestement inférieure à celle du chimpanzé, est cependant suffisante pour l'étude expé- rimentale. Action de la chaleur sur le virus trachomateux : Deux, magots sont inoculés avec un virus (' ) chauffé à 5o° pendant 3o minutes, l'ino- culation est faite à l'œil droit par injection intraconjonctivale, au gauche par scari- fications : résultat négatif. Témoin un autre magol, inoculé de même, avec le même virus non chauffé : trachome typique, plus précoce ( i4e jour) et plus grave à l'œil gauche. Le virus trachomateux est détruit par un chauffage de 3o minutes à 5o°. Action de la glycérine : Le virus de quatre malades est mélangé; puis additionné d'un volume égal de glycé- rine et conservé à la glacière pendant 7 jours, au bout desquels on le broie, puis on l'inocule par scarifications à un indigène aveugle. Celui-ci présente des lésions classiques, après une incubation particulièrement longue (27 jours). Le virus trachomateux se conserve sept jours dans la glycérine; mais ce délai paraît une limite. Immunité conférée au magot par une première atteinte expérimentale : Le trachome non traité de l'homme offre une durée désespérément longue, indélinie souvent; chez le magot, il guérit complètement après 1 à 3 mois; il est donc possible d'étudier les conditions de l'immunisation chez ce singe, ce qui parait très difficile chez l'homme. (') Sauf indication contraire, nous appelons ici virus le produit broyé du curetage des conjonctives. Nous nous sommes toujours adressés à des cas typiques, non traités. H7# ACADÉMIE DES SCIENCES. Expérience I. — Un magot, inoculé aux quatre paupières, présente un trachome qui évolue en 2 mois et demi. 6 mois plus tard, il est réinoculé de même : résultat négatif. Pas de témoin. Expérience II. — Les magots G et ï sont contaminés par le dépôt de larme» infectantes sur leurs conjonctives scarifiées : trachome léger, durant 1 mois chez T, 2 mois chez G. Deuxième inoculation aux deux mêmes singes 1 mois après la gué- rison de G, avec le virus, par scarifications : résultat négatif. Troisième inoculation à T, 2 mois et demi après la seconde : résultat nul. Témoin, pour les deuxième et troisième inoculations, le magot dont l'observation suit. Expérience III. — Un magot, infecté avec succès par l'inoculation du virus filtré, présente encore quelques granulations en voie d'atrophie; lorsqu'on pratique sur lui une deuxième inoculation avec le même virus qu'aux magots G et T, il montre à la suite un trachome classique, plus marqué que le premier. 2 mois et demi plus tard, avant la complète guérison, troisième inoculation virulente (en même temps que le magot T) : troisième trachome, plus intense, laissant à la suite de légers traclus cica- triciels. (C'est la première fois que nous observons chez le magot ce mode de termi- naison, ordinaire chez l'homme.) Une première atteinte expérimentale paraît conférer au magot une immu- nité vis à-vis de l'inoculation d'épreuve, à condition toutefois que celle-ci soit pratiquée après guérison totale; sinon, il semble qu'il y ait plutôt sensibi- lisation. Essais d'immunisation préventive du magot et du chimpanzé par inoculation intraveineuse du virus : Expérience I. — Un magot reçoit, pendant une période de i5 jours, à 3 jours d'intervalle, cinq inoculations intraveineuses de virus brové, dilué dans l'eau physio- logique et centrifugé (virus d'un ou deux malades chaque fois). Il est éprouvé 56 jours plus tard, par inoculation de deux virus mélangés (intraconjonclivale à droite, scarifications à gauche) : résultat négatif. Témoin, le même magot que pour l'expérience de chauffage à 5o°. Expérience 11. — Un chimpanzé reçoit une inoculation intraveineuse unique de virus, il est éprouvé 1 4 jours plus tard et contracte un trachome typique. (Celle expérience n'es! pas comparable à la précédente, en raison de la plus grande sensi- bilité du chimpanzé et de la non-répétition chez lui des inoculations préventives.) Il semble (pi 'il soit possible, par des inoculations intraveineuses et répétées de virus, d'immuniser le magot contre l'inoculation conjonctivale. Il serait témé- raire de conclure du magot à l'homme. SÉANCE DU l4 AVRIL !Ql3. II79 Essais de traitement du trachome de l'homme par les inoculations intra- veineuses OU SOUS-CON.IONCTIVALES DE virus : L'inoculation intraveineuse du virus trachomateux broyé, dilué dans l'eau physiologique et centrifugé est inoffensive pour l'homme sain; elle n'est suivie d'aucune réaction générale ou conjonctivale (deux essais). Dix trachomateux, atteints gravement, ont reçu de une à quatre injec- tions intraveineuses de virus (auto- ou liétérovirus) à 7 jours d'intervalle, et une centaine une injection sous-conjonctivale unique de leur propre virus après curetage; des améliorations notables, souvent rapides, parfois durables, ont été obtenues chez plusieurs malades, mais, fréquemment aussi, il y a eu des récidives plus ou moins éloignées. Les inoculations intraveineuses sont les plus actives, leur pratique presque impossible en raison de la difficulté d'obtenir un matériel suffisant. L'inoculation sous-conjonctivale au malade de son propre virus après broyage (combinée au curetage qu'elle nécessite) nous parait à conseiller; elle est inoffensive; il faudrait la répéter. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Remplacement du zinc par l uranium clans la culture de /'Aspergillus niger. Note de M. Charles Lepierre, présentée par M. Armand Gautier. Dans deux Notes récentes ('), j'ai montré qu'on peut remplacer le zinc, dans le liquide Raulin, par le cadmium et le glucinium, et que l'on obtient ainsi, pour certaines doses, des récoltes de mêmes poids que celles que fournit le milieu zincique. L'uranium jouit des mêmes propriétés. L'étude de cet clément présentait de l'intérêt, car il a fait récemment l'objet de recherches biologiques; c'est ainsi que M. Stoklasa (2) reconnaît que les sels d'uranium augmentent la production de certaines plantes. MM. Agulhon et Sazerac (-) établissent que l'uranium et ses sels favorisent la formation du pigment bleu du bacille pyocyanique. Enfin M. Becquerel (- ) établit que les sels d'uranium pro- duisent chez le bacitlus tuberculi une excitation des fonctions assimilatrices. J'ai étudié le remplacement intégral du zinc par l'uranium, et parallè- (') Comptes rendus, 20 janvier 1 9 1 3 el 3 février 19 1 3 . (2) Comptes rendus, i3 janvier 1 9 1 3. I 180 ACADÉMIE DES SCIENCES. lement l'action de l'uranium en présence du zinc, afin de vérifier, dans ce dernier cas, s'il y avait augmentation de poids ou assimilation plus rapide, comme dans les expériences des auteurs cités. La technique que j'ai suivie est la même que dans les expériences du cad- mium et du glucinium. J'emploie le nitrate d'uranium U02(N03)26H20. à l'état pur en solution titrée (2,10/1 parties de ce sel correspondent à 1 partie d'uranium métallique). Le Tableau suivant résume les résultats : Uranium, — Poids des récoltes pour 5ooc'"' de liquide, température 34°. Cristallisoirs en porcelaine. Erlenmeyer. rémoins sans zinc ni uranium 4>2o(4j.) 3 , 70 3,4i 6,00 zi,lcseulT-U7rT^(') 7.9o (4 j) 7.82 6,53 7,20 I Uranium (') ^ o o o 0.0 3,75 8,65 6,10 5,54 7,60 IU UOO 10 0 0 00 et \ t KTTïnrj™) \ _±_ 3i.50 8,20 6,3o 5,82 7,52 ,«00,00 2>9° 7.7° 7>l5 5>52 7.^7 2 jours ri jours 5 jours G jours lojours S g g S g g Uranium seul (') j-jîjfj o o o o o o 3,i2 7,55 3,45 6,27 4>45 6, ôooo ' " " J ' >■> ~^-, 2,90 7,56 4,12 8,18 4,35 6,62 » soo'ooo 3,o3 7,40 3,90 7,85 3,92 6,90 ,„„'„„„ 2,70 5,6i 3,85 8,06 4,i4 7,3o » ! 3,17 6,22 4j20 7,72 4>24 7i'Q » ! 2,80 6,65 4,oi 8,o5 3,88 7,10 I 0,111 llll II > > f > / ! 0 ! 2,52 7,34 3,76 8,02 3,l6 7,25 1 0 1100 00O ' / » ■» > / . . > / ' 4 jours 11 jours 5 jours i s jours 6 jours 12 jours Uranium seul. — On voit que : i" Le poids des cultures est normal si la dose de culture est inférieure à^; si la dose d'uranium est de 7^ la plante ne pousse plus. Pour les doses indiquées de (j^ à 10 ou'0 ouo) le maxi- mum de poids n'est atteint qu'après 10 à 12 jours; il y a donc retard, comme dans le cas du glucinium ; 20 L'a plante sporule si la dose d'uranium ne dépasse pas )0'00 ; -^~ empêche souvent la sporulation et la culture est glaireuse, bien qu'ayant atteint le poids maximum. (') Calculé en métal. SÉANCE DU \(\ AVRIL IO,l3. Il8l L'analyse démontre facilement que l'uranium est fixé par la plante; il suffit, après lavage à fond et dessiccation, de brûleries récoltes dans une capsule de platine, dissoudre les. cendres dans l'acide nitrique et recher- cher, après filtralion et concentration, l'uranium par ses réactions, entre autres par le ferrocyanure de potassium ou par la réaction colorée de M. Aloy (carbonate de potassium et eau oxygénée). Uranium el zinc. — Dans les liquides zinciques, additionnés d'uranium, Y Aspergillus ne pousse pas plus vite que dans les milieux renfermant seu- lement du zinc; on observe même un retard très net; l'assimilation n'est donc pas accélérée par la présence de l'uranium. Quelques jours après, la plante atteint, toutefois, le poids maximum. La sporulation a lieu norma- lement tant que la dose d'uranium né dépasse pas j^ à ,„'„„„. L'uranium est également fixé par la plante. En résumé, l'uranium remplace parfaitement le zinc dans le milieu Kaulin, et joue comme lui un rôle remarquable, bien que moins intense, dans la rapide croissance de V Aspergillus niger. chimie BIOLOGIQUE. — Nouvelles recherches sur un ferment des ci ns amers. Note de E. Voisexkt, présentée par M. Armand Gautier. Dans de précédentes Communications ('), j'ai mis en évidence la for- mation d'acroléine dans la maladie de l'amertume des vins el montré qu'une espèce pure, retirée d'un vin amer, cultivée en présence de glycérine, donne rapidement naissance à de l'acroléine et à la production de l'amer- tume. En poursuivant celle élude, j'ai constaté que ce ferment ensemencé depuis i5 mois, dans les différents vins, stériles, naturels ou privés en parlie de leur alcool, s'est développé dans plusieurs de ces liquides, quel- quefois même assez rapidement, et qu'il y présente les caractères morpho- logiques du ferment des vins amers : tous les échantillons favorables à la culture renferment de l'acroléine; les acidités volatile et fixe sont augmentées; la matière colorante est en partie altérée et précipitée, et certains possèdent une saveur amère plus ou moins prononcée. Ce bacille, que je dénommerai Haciltus amaracrylus, suffit donc à pro- (') Comptes rendus, t. 150, igio, p. 1 G 1 4 ; t. loi» '910, p. 5 18 ; t. 153, 1911, p. 363, 898. I182 ACADÉMIE DES SCIENCES. duire la maladie de l'amertume des vins, avec ses caractères organo- leptiques, microscopiques et chimiques. Parmi les substances fermentescibles, il porte son action sur la glycérine qu'il transforme partiellement en acroléine, aldéhyde particulièrement instable, à métamorphoses variées : il en résulte, en outre, d'autres produits d'analyse et des produits de synthèse parmi lesquels se trouvent les gaz carbonique et hydrogène, l'alcool èthylique, les acides volatils, formique, acétique, acrylique, un acide insoluble dans l'eau, fusible vers i5°, qui est vraisemblablement l'acide caprylique ; enfin des acides fixes, lactique et succinique. Il consomme rapidement la mannite et les sucres; il agit modérément sur la dextrine et ne fait pas fermenter l'érythrite, la dulcite et l'amidon. La fermentation des sucres, saccharose, lactose, maltose, glucose, lévu- lose, galactose, est complète en présence du carbonate de chaux : les saccharoses ne paraissent pas être préalablement dédoublés par le ferment; en particulier, pendant toute la durée de la fermentation, la solution de sucre de canne ne réduit pas la liqueur de Fehling. Parmi les produits de transformation de la mannite et des sucres, on retrouve ceux donnés par la glycérine, sauf l'acroléine et ses dérivés. chimie physiologique. — Préparation du fibrinogène par dialyse sur sirop de saccharose. Note de MM. Piettke et A. Vii.a, présentée par M. E. Roux. On obtient la matière « fibrinogène » du sang par le procédé de Hammarsten en recevant le sang dans une solution de sels neutres, puis en ajoutant au plasma un égal volume de solution saturée de chlorure de sodium. A partir de semblable plasma, nous préparons le fibrinogène en déminé- ralisant au contraire ce plasma par dialyse sur sirop de sucre. I. La dialyse sucrée comprend deux opérations, l'une sur sirop de sucre etd'autre sur eau distillée. Ces opérations ont pour effets respectifs : une déminéralisation et concentration simultanées, d'une part; d'autre part, restitution du volume primitif du plasma. Suivant les matériaux mis en œuvre, ce double effet devra être réitéré une ou plusieurs fois. Le sirop de saccharose que nous avons adopté, entre autres sucres, a les SÉANCE DU \l\ AVRIL IO,l3. I 1 83 avantages de Ma grande pureté du produit commercial et de la densité élevée (i,38o) de la solution réalisée, densité supérieure à celle de la gly- cérine (1,270). Des sacs de collodion (Borrel-Malfilano) ayant subi ou non la dénitration indiquée par MM. J. Duclaux et A. Hamelin ('), sont cliargés du plasma à traiter et plongés dans des éprouvettes contenant le sirop de densité sus-indiquée. Après un contact de 8 à to heures environ, il s'établit un équilibre osmotique entre les deux liquides de l'appareil. On retire alors le sac dont le contenu est réduit de plus des deux tiers. Le sirop aqueux chargé de sels minéraux est recueilli avec soin, dilué et jaugé pour les examens à suivre. Pendant la seconde opération le sac est plongé dans de l'eau distillée. Lorsque, après 10 à 12 heures environ, le volume a repris sa valeur primitive, on recueille isolé- ment les produits aux fins d'analyse. Ici, la déminéralisation s'est encore poursuivie, mais à la manière ordinaire. En très peu de temps la déminéralisation est achevée; de plus, on béné- ficie du fait de n'avoir employé que de très faibles volumes de liquides, chose précieuse pour les recherches chimiques. Pour d'autres usages, la dialyse sucrée ainsi conduite permet de réaliser à volonté une concentration ou une dilution des liqueurs à dialyser. II. Donnons tout d'abord les preuves de la valeur de cette méthode en relatant les résultats d'essais préliminaires. Ces essais ont été effectués sur les solutions des principaux sels que nous devions rencontrer ou mettre en usage au cours de nos recherches sur le plasma. Expérience n" 1. — Solution contenant 12^,72 de NaCl dans .W"1'1 : NaCI. Le premier sirop (volume Joc'"') extrait 10,200 La première eau mère (volume 75OI",) extrait 1 ,ç)4o En renouvelant ce double ellel, nous constatons que : Le deuxième sirop (volume 5o""') extrait o,4§o La deuxième eau mère (volume i25cra') extrait °i°77 Les liquides de dialyse réunis (volume 3oo''m') ont extrait . 12,697 L'analyse a montré qu'il restait dans le sac 0,012 Dans cet exemple, en 4o heures environ et avec seulement 3opcm' de liquides de dia- lyse, on a pu retirer plus de 999 millièmes du chlorure de sodium dissous. Les dosages ont été exécutés, par volumétrie. au nitrate d'argent. (') Annales de l'Institut Pasteur, n° 2, 191 1, p. 1 45. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) I3' I 1 84 ACADÉMIE DES SCIENCES. Expérience n° 2. — Solution contenant 5s,g5 de SU''Mg anhydre dans 5ocm' : SO'Mg. s Le premier sirop entraîne 4,o3o La première eau mère i , 128 Le deuxième sirop 0,617 La deuxième eau mère o, 106 SOMg extrait 5, 881 Les dosages ont été faits en pesant les sulfates de baryte. Expérience n° 3. — Solution contenant le mélange des sels NaCl et SO'Mg : 5ocm' renferment 2^,975 de SO'Mg I environ — I et 2^,92 de NaCl I — I • SO'Mg. NaCl. s e Le premier sirop extrait 2,i35 2,489 La première eau mère o,474 0,241 Le deuxième sirop 0,142 0,081 La deuxième eau mère SO'Ba impond. 0,011 Sels entraînés 2,7-51 2,822 III. Voici pour l'application à la préparation du fibrinogène : Le plasma magnésien à la dose de 20» de sulfate de magnésium cristallisé par litre de sang de cheval (M. Gessard) est centrifugé à l'aide de l'excellente machine de M. Jouan. Le plasma limpide ainsi séparé est introduit dans des sacs en collodion stéri- lisés de ioocra° à 3oocajI de capacité. Nous avons constaté que, pour iooc.m' de plasma magnésien : SO'Mg NaCl. (anhydre). Le premier sirop entraîne en 24 heures 0,4^32 0,8292 La première eau 0,0225 o,2520 Un second double effet dans les mêmes temps n'a plus enlevé de quantité appré- ciable de NaCl et seulement oS,o33 de SOMg. Dans celle dialyse, la totalité des sels retraits a été : NaCl = os,4457 5 SO*Mg = is, 1 i/Ja, plus une très petite quantité de phosphate. Tandis que s'effectue cette perle en matières minérales, le fibrinogène du plasma se dépose; on le voit apparaître au cours de la deuxième opération de la dialyse, pendant l'ascension du liquide intérieur, quand le sac est plongé dans de l'eau distillée ; de larges flocons blancs se rassemblent et tombent au fond du sac, on les sépare et on lave à l'eau distillée par centrifugation. Ce fibrinogène possède tous les caractères connus; c'est une matière blanche, vis- queuse, filante, se délitant dans l'eau pure pour donner une belle émulsion lactée. Soluble dans l'eau salée étendue, il précipite de celte liqueur à une température très SÉANCE DU l4 AVRIL H)l3. Il85 voisine de 56°. Enfin le caractère le pins typique est offert par la coagulation de la solution salée, en présence de sérum normal. La quantité de fibrinogène recueilli dans nos expériences correspond à 4S^9 Par litre de sang de cheval. GÉOLOGIE. — Les minerais de fer sédiment aires considérés dans leurs rapports avec la destruction des chaînes de montagnes. Note de M. L. Cayeux, présentée par M. H. Douvillé. Dans sa tentative de coordination des phénomènes sédimentaires « autour des différentes phases de l'histoire des chaînes de montagnes, qui constituent les quatre grands Chapitres, les quatre unités de l'histoire du globe », Marcel Bertrand (') conclut, non sans raison, que la répétition des phéno- mènes orogéniques, dans le temps, entraine la récurrence de certains dépôts. « Chaque chaîne a ses grès rouges, chaque chaîne a ses flysch », etc., avait-il coutume de dire sous une forme lapidaire. Je crois pouvoir ajouter aujourd'hui que chaque chaîne, sauf la dernière, a ses minerais de fer sédi- mentaires. Les matériaux de toutes sortes qui prennent part à la constitution des chaînes de montagnes renferment au total une masse considérable de fer. Cet élément abonde dans les roches éruptives et métamorphiques à l'état de magnétite, ou engagé dans des silicates complexes, comme la biotite, les amphiboles, les pyroxènes, le péridot, etc. 11 figure au surplus dans les sédiments en proportion très variable, et souvent très notable, toujours emprunté à des roches préexistantes et sous forme d'oxydes, de sulfures et de silicates. Or les montagnes sont à peine soulevées qu'elles sont aux prises avec les agents atmosphériques et avec la mer qui travaille sans trêve à recon- quérir le domaine d'où elle a été chassée par leur surrection. Aussi les massifs montagneux, quelle qu'en soit l'importance, sont-ils voués à une démolition complète; ils sont nivelés avec le temps et tous leurs matériaux constituants sont libérés. C'est par milliards de tonnes que se chiffre la quantité de fer remise en mouvement par les agents d'érosion, aux dépens d'une seule et même chaîne. Telle est, à la vérité, l'origine de la totalité du fer de nos sédiments. Tantôt cet élément est réparti uniformément dans (') Marcel Bertrand, Structure des Alpes françaises et récurrence de certains faciès sédimentaires {Compte rendu 6e Cong. géol. int., Zurich, 1894). Il 86 ACADÉMIE DES SCIENCES. les dépôts qu'il teinte de différentes couleurs; tantôt il se concentre à certains niveaux et engendre des minerais. S'il en est ainsi, chaque chaîne démantelée doit avoir son cortège de minerais de fer sédimentaires. Nous allons voir que les faits sont pleinement d'accord avec les prévisions. La chaîne huronienne, considérée comme la plus ancienne de toutes, et la plus rapprochée des pôles, se prolongeait au Sud par une apophyse dont l'emplacement a été marqué en plusieurs points par une très grande activité éruptive à l'époque pré- cambrienne (îles anglo-normandes, Cotentin et Trégorrois). A la destruction de cette chaîne se rattachent les minerais siluriens de la Basse-Bretagne, de l'Anjou et de la Basse-Normandie. Malgré sa faible extension, la zone des plissements qui vient ensuite, la chaîne calédonienne, est représentée par de multiples horizons ferrugineux. On peut lui rapporter les minerais eiféliens de l'Ardenne franco-belge et les minerais oolithiques famenniens de Belgique, les uns et les autres liés aux plissements siluriens de l'Ar- denne. A l'époque houillère, et sous l'influence du régime lagunaire qui prévaut dans l'Europe occidentale, le fer se fixe non plus sous la forme d'oolilhes, mais à l'état de carbonate indifférencié, exploitable seulement en Angleterre (black band du Cul m d'Ecosse et des Coal-Measures du Pays de Galles). La chaîne hercynienne, particulièrement riche en produits éruptifs, a fourni aux sédiments secondaires une masse énorme de fer, au cours de son démantèlement. Nous lui sommes redevables des minerais hettangiens de Bourgogne, des nombreux aîtes toarciens de l'Est du Bassin de Paris, du Jura et du Bassin du Bhône, des minerais calloviens, oxfordiens, etc., sans parler de ceux qui sont exploités ou non à l'étranger. Cet essai de coordination ne saurait être étendu à la chaîne alpine par la raison même que les agents d'érosion l'ont à peine entamée depuis qu'elle a acquis son relief définitif. Si maintenant nous dirigeons notre enquête vers les formations sédimen- taires les plus anciennes, nous nous trouvons en présence de puissants amas de minerais, très différents de tous ceux dont il a été question jusqu'à présent, mais indubitablement oolithiques à l'origine (' ), et manifestement de nature sédimentaire. Ces minerais, subordonnés au Précambrien de la région des grands lacs américains, ne peuvent à aucun titre dériver de la chaîne huronienne, puisqu'ils ont fait partie de cette chaîne et que celle-ci a surgi longtemps après leur dépôt. Aussi faut-il remonter plus loin dans les temps géologiques et jusqu'aux terrains cristallophvlliens pour trouver la source première du fer huronien d'Amérique. (') L. Cayeux, Comparaison entre les minerais de fer huroniens des Etats-Unis et les minerais de fer oolithiques de France (Com/iles rendus, t. 153, 191 1, p. 1 188-1 190). SÉANCE DU l4 AVRIL I9l3. I 187 Dans les dernières années de mon enseignement à l'Ecole des Mines, j'ai fait ressortir la nécessité d'admettre l'existence d'une chaîne archêenne, réunissant l'ensemble des dislocations antérieures au Précambrien. En toute hypothèse sur la genèse des gneiss primordiaux cette notion s'impose, dès l'instant qu'une chaîne de montagnes est une zone plissée de l'écorce et qu'on trouve dans les régions circumpolaires de l'hémisphère*]Nord les traces de plissements intenses affectant uniquement les schistes cristallins. Cette chaîne archêenne (') jouerait, par rapport aux minerais huroniens, le même rôle que les chaînes suivantes par rapport aux minerais d'âge primaire et secondaire. La seule conclusion que je veuille tirer de cette étude, réduite aux pro- portions d'une simple esquisse, est que la formation des minerais de fer sédimentaires interstratifiés rentre dans le cycle des phénomènes qui carac- térisent l'histoire d'une chaîne depuis son origine jusques et y compris sa destruction. Pour reprendre la formule énoncée en tète de ce travail, je dirai que chaque chaîne, sauf la dernière, a ses minerais de fer sédimen- taires. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Les niveaux du Plateau lyonnais. Essai de. raccordement avec les hautes terrasses du mont Oindre. Note (2) de M. I. Assada, présentée par M. Barrois. Dans une Note précédente (:|), j'ai montré comment les diverses terrasses de la Saône et du Rhône, dans les environs de Lyon, permettaient de reconstituer l'histoire morphologique de la région, depuis la grande exten- sion glaciaire. La terrasse fluvio-glaciaire la plus élevée, qui a été suivie sur 20km au moins, est élevée de nom au-dessus du Rhône, à ijo'"-^'}™. Poursuivant ces recherches; j'ai étudié la région située au-dessus de l'altitude 27.5'", à l'ouest de Lyon, entre la grande vallée périphérique : Vaise-Brignais-Givors et les monts du Lyonnais. Cette région est généra- lement désignée sous le nom de Plateau lyonnais. (') A.UX plissements aicliéens du continent nord-américain correspondrait l'un des sommets du tétraèdre de Lowlhian Green. (2) Présentée dans la séance du - avril 1 g 1 3 . (3) I. Assada. Etude morphologique sur les terrasses des environs de Lyon (Comptes rendus, t. 155, séance du 2 décembre 1912, p. 1196). Il88 ACADÉMIE DES SCIENCES. La présence du mont Cindre, dernier sommet des monls d'Or lyonnais, sur la rive droite de la Saône, à quelques kilomètres en amont de Lyon, m'a permis de tenter un raccordement entre les niveaux de ce Plateau lyonnais et les hautes terrasses inscrites au flanc du Cindre (48om). J'ai été conduit aux résultats suivants : i ° Le premier niveau rencontré au-dessus de la plus haute terrasse fluvio- glaciaire apparaît vers 3oo"'-3iom. Sur la face nord du mont Cindre ce niveau donne un replat jalonné par un chemin de terre à 309'". A l'angle nord-est, au-dessus du château de Tourvayron, un saillant se dessine à 3oo'n-3iom, légèrement raviné par des attaques d'érosion qui remontent sur les deux faces. Le même niveau se révèle très étendu à travers le Plateau lyonnais. Entre Champagne et Dardilly-le-Bas il constitue tout le plateau de la cote 3o6m; avec des huttes détachées en avant, entre autres celle qui domine le cime- tière de Champagne. Dans le bassin du Charbonnières, on le retrouve légèrement raviné; il se présente alors sous forme de vastes surfaces 2901"- 3oo"\ La plus typique est celle qu'emprunte la route nationale n° 7, vers les liiez. Dans le bassin de l'Yzeron, le niveau 3oom-3iom apparaît au Tupinier, sous Grézieux-la-Varenne, aux buttes détachées du fort du JJruissin (cote 3o(i'" de L'état-major) du château de Francheville-le-Haut (cote 307"1) et au Plat de F Air au nord de Chaponost, où les aqueducs romains l'ont suivi. Dans le bassin du Garon, le niveau 3oo"1-3 10'" occupe peu de place, car dans cette zone moins bien articulée, les niveaux supé- rieurs n'ont guère été démantelés. On ne trouve le niveau 3oom-3io'n que sur le bord de la grande vallée périphérique (cote 307'" au-dessus de Bri- guais) ou sur la rive gauche du Garon inférieur, formant des seuils sur la crête de partage des deux bassins de l'Yzeron et du Garon. Là, en effet, j'ai reconnu deux seuils morts, le premier au lieu dit les Fourches, le deuxième au lieu dit Cornbaremberl ; chacun dans l'axe d'une rivière Sud-Ouest-Nord- Lsl (haut Garon, dans le premier cas; Furon dans le deuxième). Les deux seuils se présentent comme des vallées extrêmement évoluées; celui de Cornbaremberl est jalonné par deux étangs. J'y ai trouvé de la tourbe en voie de formation. L'étude du niveau 3oom-3iom me permet donc de reconstituer un vaste système hydrographique préglaciaire, ressuscitant une direction hercy- nienne, parallèle à celui du (îier, qui a été capté vers le Sud-Lst, en fonction de la haute terrasse glaciaire 270m-275m (lieu dit La Colonge de ma iNote précédente). La terrasse consécutive à la capture est très nette sur les deux SÉANCE DU l4 AVRIL IÇ)l3. I 1 89 rives du Garon à 280"' dans l'espace compris entre les deux seuils niorls. D'une façon générale, le niveau 3oom-3 1 o™ ne porte aucun village. 20 II existe un second niveau à 33om-34om. 11 débute par une terrasse très nette, mais sans cailloux roulés, sur la face Est du mont Cindre, juste au-dessus du château de Tourvayron à 335m. Sur le Plateau lyonnais, ce niveau est extrêmement morcelé et ne se présente que sous forme de buttes isolées. Je citerai la crête de partage entre le bassin du Charbonnières et celui de l'Azergues, à l'ouest de la Tour- de-Salvagny, au lieu dit le Félix, les villages de Blindas et de Cliaponost, le replat des aqueducs de Soucieu. L'exemple le plus net est la butte isolée de Monlagny à 33o"', sur le bord de la grande vallée péripbérique, où l'on trouve encore des quartzites. En plusieurs autres endroits, on peut en saisir des lambeaux ravinés par l'attaque du niveau de base 3oom, très proche; témoin la butte 3s4, située entre les deux seuils morts, dont j'ai parlé plus haut. 3° Le niveau 42om-/|3om parait venir immédiatement au-dessus. On le trouve, non raviné, à 43om exactement, tout le long des monts du Lyon- nais (butte isolée de Montcbat, hauteurs à l'ouest de Sainte-Consorce, cimetière de Pollionnay, hauteurs autour de Saint-Laurent-d'Agny). Il existe également très développé dans les cours supérieurs montagneux de l'Yzeron et du Garon (lieu dit la Funtaniëre, à côté de Vaugneray, cote 4 7 4 ,n sur 'a route nationale de Bordeaux au-dessus du lieu dit Planche- Billet, surtout le splendide replat à la ferme VuiUermoz). L'aspect est toujours le même : lande de genêts communs, pas de maison. Mais presque toujours on ne voit que de vastes croupes entre 35o1"-4<>o"1, résultat du démantèlement de ce niveau. La plupart des villages sont situés là : Grézieux-la-Yarennc, Marcy-l'Etoile, Messimy, Soucieu, etc. Ce niveau est bien le plus élevé du plateau. Il est immédiatement dominé par des buttes arrondies, couvertes de pins, vers 5oom-55o"' qui appartiennent déjà aux monts du Lyonnais. Le sommet du mont Cindre est couvert de vastes prairies entre l\"]o'D- 42om. Vers 42om, on peut suivre sur plusieurs kilomètres, parallèlement à la Saône, une rupture de pente très forte. Aux prés succède un abrupt entre 420"1 et 35om. Ce niveau 420m porte même, au nord du mont Cindre, un hameau : Montait et une route. Enfin l'étude du Plateau lyonnais m'a permis de vérifier les conclusions de ma Note précédente. J'ai pu y suivre, clans le profil longitudinal et les terrasses des vallées, la remontée des divers niveaux fluvio-glaciaires : I T Ç)0 ACADEMIE DES SCIENCES. La terrasse 270-270 ou de Champagne correspond à celle 280"1 sur l'Yzeron et le Garon inférieur. La terrasse 240-245 ou de Francheville-le-Haut correspond au niveau 25oin du cimetière de Craponne, sur l'Yzeron, et à celui 260™ au confluent du Furon et du Garon. La terrasse 220 ou de la Demi-Lune correspond au fond large des vallées du Plateau lyonnais. _ Le niveau actuel rhodanien correspond à l'encaissement de im environ des affluents dans leur vallée large. L'étude de la vallée de l'Yzeron est typique à cet égard et présente en raccourci toute l'histoire du Plateau lyonnais. MÉTÉOROLOGIE. — La loi des crochets barométriques de grain. Note (') de M. Duraxd-Gréville, présentée par M. Deslandres. Dans une Note intitulée : Les grains et les orages (-), nous avons établi que le grain de vent (avec ou sans averse ou orage) se produit sur tous les points d'une bande qui s'étend des environs du centre, sur une longueur de ioookm, de 2oookm ou davantage, d'une dépression barométrique. C'est le ruban de grain. Sous nos latitudes, ce ruban est orienté en moyenne Nord-Sud. Le vent, au lieu d'y être Sud-Ouest, comme sur tous les points du quadrant méri- dional de la dépression, est remplacé dans l'intérieur du ruban sur toute sa longueur, par un vent violent ou tempétueux d'entre Ouest et Nord-Ouest. Le ruban de grain est emporté parallèlement à lui-même (sauf un léger mouvement de rotation comme un rayon d'une roue) vers l'Est-Nord-Kst, en moyenne, par la dépression dont il fait partie; et cela avec une vitesse qui peut varier de quelques kilomètres, à 5okm et même à ioo11"' par heure. On conçoit que, sur toutes les régions visitées, le vent passe très rapide- ment du Sud-Ouest à l'Ouest, ou même au Nord-Ouest, pour reprendre (moins rapidement) sa première direction Sud-Ouest après le passage du ruban de grain. Rappelons qu'au moment de son passage sur un lieu donné, le vent de grain y éveille des averses et des orages s'il rencontre en ce lieu des cumulus à sommets suffisamment élevés. Il éveille en même temps un phénomène (') Présentée dans la séance du 7 avril 1 91 3. (*) Comptes rendus. 9 avril i8g4- SÉANCE DU l4 AVRIL IO,l3. I19Î secondaire, le crochet barométrique improprement dit d'orage, qu'il faut appeler crochet de grain, puisqu'il se produit sans exception sur tous les points du ruban de grain, là même où il n'y a pas d'orage. Le ruban de grain étant le siège de vents violents, il est impossible d'expliquer qu'à la surface du sol, en avant et en arrière de son mouve- ment, les vents soient faibles et de direction différente, si l'on n'admet pas qu'ils sont alimentés à l'arrière (à l'Ouest) par une na/>/ie d'air oblique- ment descendante et qu'après avoir balayé le sol, la nappe doit remonter vers les hautes altitudes. On a depuis longtemps comparé le vent de grain à une balayeuse mécanique, dont l'axe serait horizontal. S'il en était ainsi, toutes les fois que le ciel ne serait pas trop couvert, on verrait des nuages élevés marcher dans la direction opposée à celle du vent inférieur, ce qui n'a jamais lieu. Le circuit est plus complexe, et il doit se former à de très grandes hauteurs, 8km à iokm, car on voit assez fréquemment des rubans de grain passer par-dessus des montagnes, y compris le massif des Alpes. L'air remontant en avant du grain doit être ramené vers l'axe de la dépression, autour duquel il tourne pour s'étaler en nappe dans la région des cirrus; l'air descendant du grain est alimenté par une nappe (non pas la même) qui, au lieu d'aller vers l'anticyclone voisin, redescend dans l'intérieur de la dépression tout le long d'un rayon. C'est la composante verticale de la nappe d'air descendante qui produit dans l'intérieur du ruban une pression plus forte qu'à l'Est et à l'Ouest, d'où le ressaut brusque amené dans le barogramme par le passage de cette forte pression. Jusqu'ici, et cela malgré les résultats excellents et précis obtenus par M. Giro Ferrari dans ses très nombreuses observations d'orages, résultats d'autant moins suspects qu'ils n'étaient fondés sur aucune théorie, les météorologistes n'avaient attaché d'importance qu'aux ressauts très aigus, qu'on a même appelés en Allemagne Gewitternase {nez d'orage). En réalité, toutes les formes de crochet barométrique ont pu être observées par Ferrari et nous, et l'infinie variété de ces formes peut s'expliquer simplement. Soit {Jïg. 1) une dépression barométrique représentée par des isobares ou courbes d'égale pression. Vers la région Sud, tout le long d'un rayon, les isobares ont pris la forme d'un zigzag. A droite du ruban de grain, la pression est un peu plus basse que la moyenne et les isobares ont leur concavité tournée au Nord; sur l'axe du ruban, aux points de pression maximum, c'est le contraire; enfin le raccord avec les isobares ordinaires se fait sur la gauche. Traçons une dizaine de lignes AA', BB', . . ., II', RR', parallèles à autant de direc- C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 156, N° 15.) l52 192 ACADEMIE DES SCIENCES. Fis Fig 3. SÉANCE DU 14 AVRIL igi3. I ig3 lions possibles de la trajectoire (supposée rectiligne). Si l'on compte les angles à partir du point d'intersection commun, en prenant la partie sud du ruban et la partie de chaque trajectoire située dans le sens du mouvement, on obtiendra des angles de o° à 36o° correspondant à toutes les directions possibles de la marche du centre de la dépression, le ruban de grain se transportant parallèlement à lui-même avec sa dépression. Considérons AA' direction de mouvement qui fait un angle a très petit avec l'axe RR' du ruban. Toutes les isobares coupées par AA' passeront sur la station A' et le baro- graphe enregistrera les hauteurs, donnant la courbe supérieure de la figure 2. Le cro- chet, très allongé, précède le minimum barométrique absolu. Si a. augmente un peu, avec BB', le crochet sera un peu plus court. Jusqu'ici la hausse barométrique est représentée par une simple diminution brusque de la rapi- dité de la baisse. La trajectoire CC a été choisie de manière à se confondre avec la branche moyenne du zigzag de grain. Elle correspond à une cessation brusque de la baisse. L'angle « augmentant, le crochet s'accentue et se rapproche du minimum jusqu'à a = 90°, cas où il est aussi aigu que possible et commence immédiatement après le minimum absolu {fig. 3) au delà, jusqu'à 1800, le crochet s'émousse et s'étale après le minimum. Le crochet qu'on a le plus remarqué correspond à l'orientation moyenne Nord- Sud du ruban et à la trajectoire moyenne de la dépression vers l'Est-Nord-Est. Le plus fort accroissement de la vilesse du vent correspond à la première partie du nez du grain; mais la vitesse est encore grande dans sa seconde partie, même alors qu'il y a baisse barométrique effective. Au delà de 1800, le ruban de grain est orienté vers les régions Ouest. Il aborde donc les stations par son arrière, ce qui modifie certaines intensités relatives des phéno- mènes du grain, qui devient un grain renversé. Quant aux barogrammes, ils sont symétriques des courbes que nous avons tracées {fig. 2 et 3). En faisant tourner la figure 1, on voit que le ruban de grain peut prendre toutes les orientations sans que le crochet change de forme si l'angle a reste le même. La vitesse plus grande de la translation rétrécirait le crochet; plus petite, elle l'élalerait, sans changer sa position sur la courbe. Les variations de direction de la trajectoire, que nous avons d'abord supposée recti- ligne pour simplifier, n'auraient d'autre influence que de changer l'angle «, mais la forme du crochet dépendrait constamment de cet angle. Si le ruban de grain changeait d'orientation, avait une forme variable et sinueuse, tournait légèrement autour du centre comme un rayon d'une roue, c'est encore l'angle a qui, en chaque instant et ^:ir chaque point du ruban, dirigerait tout. On a donc le droit de conclure que la forme et la position du crochet barométrique, pour un ruban donné, dépendent uniquement, en chaque instant, de l'angle que fait F orientation du ruban avec la direction de la marche du centre. I IO-4 ACADÉMIE DES SCIENCES. SISMOLOGIE. — Tremblements de terre destructeurs et précipitations atmosphériques. Note (■) de M. ne Montessus de Kalloke, présentée par M. Barrois. Les innombrables statistiques exécutées dans le but de savoir si la répartition annuelle des tremblements de terre présente ou non quelque relation avec les mois ou les saisons, se rapportent presque exclusivement aux mois ou aux saisons astronomiques, quoique leurs auteurs aient cherché plus ou moins explicitement à démontrer ou à nier des relations d'ordre climatérique. Dans l'un et l'autre cas, le but réellement visé a donc été manqué. Or les précipitations atmosphériques sont le phénomène clima- térique principal auquel on puisse plausiblement attribuer un rôle sismo- génique, en conséquence de la théorie très répandue des tremblements de terre d'effondrement dus, prétend-on, à la circulation des eaux souterraines qui dissolvent et enlèvent les couches terrestres plus ou moins profondes. Pour résoudre définitivement la question, d'ailleurs très controversée, il faut l'aborder directement, ce qui n'a jamais été fait. Dans ce but, nous avons pris le Catalogue des l\\36 tremblements de terre destructeurs de J. Milne et mis en parallèle chacun d'entre eux avec les précipitations des pays où ils ont eu leur centre, quand il est assez bien déterminé, en nous basant sur la Mappemonde climatérique publiée par de Marlonne dans sa Géographie physique. Sauf quelques anomalies sans importance fondamentale, les courbes annuelles de précipitations établies par mois se ramènent à un arc de sinu- soïde, l'intervalle des maximums et des minimums mensuels oscillant au plus entre 3 et 5 mois. Au contraire, lorsque les courbes des nombres mensuels de séismes par climats se ramènent à cette forme, ce qui est assez rarement possible, les maximums et les minimums sont séparés par des intervalles quelconques et peuvent même se présenter en 2 mois consé- cutifs. La confrontation mensuelle serait donc illusoire, et il convient de l'établir par trimestre. En voici les résultats obtenus en décalant naturel- lement de G mois tout ce qui se rapporte à l'hémisphère austral : 1. Le maximum sismique tombe dans le même trimestre que le maximum de préci- pitations. Climats : mandcliourien, océanien, péruvieD, soudanien. 527 séismes. (') Présentée dans la séance du 7 avril 1913. SÉANCE DU ïf\ AVRIL igiS. II95 2. Le minimum sismique tombe dans le même trimestre que le minimum de préci- pitations. Climats : amazonien, breton, mexicain, ukrainien. 836 séismes. Au total, 1 363 séismes semblent se conformer à une relation directe entre les deux ordres de phénomènes, incomplètement toutefois, puisque la coïncidence n'a lieu que pour un seul des deux éléments de comparaison, maximum ou minimum. 3. Le maximum sismique tombe dans le même trimestre que le minimum de préci- pitations. Climats : andin, parisien, pendjabien. 226 séismes. h. Le minimum sismique tombe dans le même trimestre que le maximum de préci- pitations. Climats : arctique, danubien, indou, norvégien, portugais, polonais, poly- nésien, saharien, sénégalien, siamois, syriaque. 1 7 83 séismes. Au total, 2008 séismes semblent se conformer, incomplètement aussi, à une relation telle que l'effet sismogénique des précipitations ne se produirait qu'environ 6 mois plus tard, ce qui serait contradictoire avec le résultat correspondant aux deux pre- miers cas. 5. Ni le maximum, ni le minimum sismique ne tombent dans le même trimestre que le maximum ou le minimum de précipitations, ni inversement. Climats : arabien, bengalien, chinois, hellène, sibérien. 653 séismes. 6. Dans aucun cas, le maximum et le minimum sismique ne tombent à la fois dans le même trimestre que le maximum et le minimum de précipitations, ce qui corres- pondrait à la dépendance mutuelle. 7. Dans aucun cas, le maximum et le minimum sismique ne tombent à la fois dans le même trimestre que le minimum et le maximum de précipitations, ce qui corres- pondrait à une dépendance mutuelle retardée de 6 mois. 8. Les différents climats, qu'ils soient riches ou pauvres en séismes ou en précipi- tations, se répartissent au hasard dans les cinq premières catégories. 9. En général, pour un climat déterminé, si l'on exprime en pour 100 du total correspondant de séismes les nombres de séismes du trimestre le plus riche et le plus pauvre, leur différence est d'autant plus petite, que le nombre total correspondant de séismes est plus grand, et il en est de même pour les nombres mensuels. D'après la loi des grands nombres, c'est bien là le critérium de l'absence de toute dépendance entre les deux ordres de phénomènes. En résumé, il n'y a aucune relation de cause à effet entre les tremble- ments de terre destructeurs et les précipitations atmosphériques, et cela ne présente aucun intérêt de constater par exemple que tel grand événement sismique a suivi une période d'inondations, ainsi qu'on l'a souvent fait. M. Charles Tem.ier adresse une Note intitulée : Les richesses des contrées tropicales délivrées par le Soleil. ngti ACADEMIE DES SCIENCES. A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECRET. La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la pre- mière place de Membre non résident créée par le Décret du 17 mars io,i3, présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie, la liste suivante : En première ligne M. Sabatier -...,. 1 , 1 1 ■ ■ ( MM. Bazin hn deuxième ligne, par ordre alphabétique ( MM. Depéret En troisième ligne, par ordre alphabétique j Dchem ( Hejvki Fabre Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. G. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages heçus dans la séance du 3i mars 1913. Ministère de l'Intérieur. Direction de l'Assistance et de l'Hygiène publiques; 56 Bureau. Statistique sanitaire de la France; ire Partie : Villes de 5000 habitants et au-dessus; année 191 1 : A.. Relevés annuels (1911 ). — B. Tableaux rétrospectifs (1886-1911). Melun, Imprimerie administrative, 1912; 1 vol. in-4°. SÉANCE BU l4 AVRIL IC)l3. 1 1 97 Étude sur les Cardiocératidés de Dives, J'illers-sur-Mer, et quelques autres gisements, par Robert Douvillé. (Mémoires de la Société géologique de France : Paléontologie; l. XIX, fasc. 2.) Paris, 1912; 1 fasc. in-8°. Classificazione topologica délie superficie di Lamé algebriche, per Cesare Cop- peué. Florence, 1912; 1 fasc. in-8°. Sur la rotation des forces autour de leurs points d'application et l'équilibre asiatique, par Fernando de Vasconckllos. Coïmbre, 1912; 1 fasc. in-8°. The analysis of light, a force of nature, by Chas. M. Rousseau. San Francisco, 191 3; 1 fasc. in-8°. Observations du passage de Mercure sur le disque du Soleil, le 14 novcm bre 1907, par M.-N. Donitch. Saint-Pétersbourg, Imprimerie de l'Académie impériale des Sciences, 1912; 1 fasc. in-8°. Dedication of the New Allegheny Qbservatory, august 28u\ 1912. (Misrellaneous scientific papers of the Allegheny Qbservatory ; new séries, t. II, n° 2.) Lancaster, Pa., igi3; 1 fasc. in-8°. The theory of the submarine lelegraph cable, by Bêla GÂty. (Exlr. de The Elec- trician; 10 janvier 191 3.) Londres, Geo. Tucker; 1 fasc. in-8°. But et méthodes de la Géographie scientifique, par J.-J. Sedkrhoi.m. (Fenia. 32, n° 11. Résumé.) Helsingfors, 1912; 1 fasc. in-8°. Flore du bas et du moyen Congo. Etude de Systématique et de Géographie botaniques, par Ea. de Wildeman. (Annales du Musée du Congo belge : Botanique. 5e série, t. III; fasc. 3, p. 3 17-533, pi. L-LXVIII.) Bruxelles, novembre 1912; 1 fasc. in-f°. Early botanists of Rochester and vicinity and the bot an irai Section, by Florence Beckwith. (Proceedings of the Rochester Acadcny of Sciences; t. V, p. 39-08, pi. 1, 2.) Rochester, N. Y., février 1912; 1 fasc. in-8°. Journal de Chimie physique, publié par Philippe-A. Guye; t. XI, n° 1, 28 février igi3. Genève, Georg et Cie; Paris, Gauthier-Viilars; 1 fasc. in-8°. Bulletin mensuel de l'Observatoire météorologique de l'Université d'Upsala ; t. XLIV, année 1912, par F. Akerblom. Upsal, 1 9 1 2-1 91 3 ; 1 fasc. in-4°. Ouvrages reçus dans la séance du 7 avril igi3. Institut de France. Académie des Sciences. Décret [portant création de six Membres non résidents de T Académie des Sciences]. (E\tr. des Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences; t. 156, p. 927. Séance du 25 mars 1 9 1 3 . ) Paris, Gauthier- Villars; 1 fasc. in-4°. Recherches sur les gaz rares des sources thermales. Leurs enseignements concer- nant la radioactivité et la physique du globe, par M. Charles Moureu, Membre de l'Institut. (Journal de Chimie physique ; t. XI, n° 1, février igi3.) Paris, Gauthier- Viilars; Genève, Georg etCie; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) 1198 ACADÉMIE DES SCIENCES. Records of the Survey of India; t. II, 1910-1 1, prepared under the direction of Colonel S. -G. Burrard, Surveyor gênerai of India. Calcutta, 1910; 1 vol. in-4°. (Transmis par M. le Ministre des Affaires étrangères.) Collected Papers reprinled front the « Journal of the Royal Army médical Corps »; t. I, december 1912. Londres; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Ph. van ïie- ghem.) Annales de l'Observatoire national d'Athènes, publiées par Démétrius Eginitis, Directeur de l'Observatoire; t. VI. Athènes, 1912; 1 vol. in-4°. Les Céphéides considérées comme étoiles doubles, avec une monographie de l'étoile variable à Céphée, par Michel Luizet; avec 22 figures dans le texte. {Annales de l'Université de Lyon; nouvelle série; I : Sciences médicales, fasc. 33.) Paris, Gaulhier-Villars; Lyon, A. Rey, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. B. Baillaud.) Pascal inédit, par Ernest Jovy : V. Notes pathologiques sur Pascal et son entou- rage. Vitry-le-François, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de l'auteur.) Actes de la Société linnéenne de Rordeaux ; t. XLVL Bordeaux, A. Saugnac, 1912 ; 1 vol. in-S°. Plaslosomen « Apparato reticolare interna », und Chromidial apparat, von J. Duesberg. (Extr. de Eregebnisse der Anatomie und Enlwickelungsgeschichle ; t. XX, 1912, 2e partie.) Wiesbaden, J.-F. Bergmann, 1912; 1 vol. in-8°. En confirmation du principe erroné en Mathématique, par Wladimir de Bippas. Saint-Pétersbourg, 1912; 1 fasc. in-8°. Repertorium specierum novarum regni vegetabilis. Centralisait fiir Sammlung und Veroffentlichung von Einzeldiagnosen neuer Pflanzen, herausgegeben von Fried- rich Fedde : Bd. VIII, nos 1-38, i5 Jantiar 1910-15 November 1910; Bd. IX, n°s 1-38, 10 Dezember 1910-80 Sep tember 191 1 ; Bd. X, nos 1-38, 20 Oklober 191 1-10 Juni 1912 ; Bd. XI, nos 1-38, 1 Juli 1912-25 Februar 1913. Berlin-Wilmersdorf ; 4o fasc. in-8°. ERRATA. (Séance du 10 mars 1 9 1 3 . ) Note de M. /. de Boùsoady, Sur la loi du rayonnement noir et la théorie des quanta : Page 766, formule (2), au lieu de E,+ — - , lire E, = — - N er — 1 ' ' N er—i js-e' ,. . _ x!e Page 767, formule (4), au lieu de c, — 3 R — ■ -, lire c,= 3R 2„J- (e*— 1)- ' (eJ— 1)2 ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 21 AVRIL 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président du Conseil, Ministre de l'Instruction publique, adresse ampliation du Décret en date du 16 avril iqi3 qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. Landouzy pour occuper, dans la Section des Académiciens libres, la place vacante par le décès de M . Teisserenc de Boit . Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Landouzy prend place parmi ses Confrères. CHIMIE ORGANIQUE. — Tëtraalcoylation des cyclohexanone et Q-mëthylcyclohexanone, et trialcoylalion de la menthone. Note de M. A. Haller. Dans une série de Notes communiquées à l'Académie nous avons montré que, dans beaucoup de réactions de substitution, l'emploi de l'amidure de sodium présentait de grands avantages sur celui du sodium ou de ses alcoo- lates qui, souvent, donnent lieu à des réactions parasitaires. Nous avons de plus fait voir que, là où le métal alcalin ne réagit plus, son amidure peut encore être employé pour introduire le sodium dans certaines molécules organiques. Ln des cas les plus anciens ('), où nous avons mis en évidence celte (') A. Haller, Comptes rendus, t. liO, 1905, p. 127. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 16.) l53 1200 ACADÉMIE DES SCIENCES. aptitude réactionnelle de l'amidure, est celui observé avec la (3-méthylcyclo- hexanone dans laquelle nous avons pu introduire jusqu'à quatre radicaux mélhyle, pour aboutir à la pentaméthylcyclohexanone. Le but de ces recherches est de revenir sur ce dernier composé et de montrer que, dans toute célone cyclique saturée, les deux carbones avoisinant le groupement cétonique peuvent échanger tout leur hydrogène contre des radicaux mélhyle ou allyle, et, dans certains cas, contre d'autres radicaux hydrocarbonés. En un mot, nous voulons faire voir qu'à l'égal des cétones aliphatiques et des cétones mixtes l'enfermant respectivement les complexes R — CH3.CO.CH2— R' et Ar.CO.CH2— R, toute molécule cyclique contenant le groupement — Cil R' _CH,/CO ou _CHi-CO, peut être transformée en une molécule II — CR' IR2C>CO o„ R,c/CO. Nos recherches ont porté sur la cyclohexanone, la (i-méthylcyclohexanone et la menthone. Ces cétones ont été dissoutes dans l'éther anhydre et la solution a été additionnée d'une quantité équimoléculaire d'amidure de sodium finement pulvérisé. Suivant la cétone mise en œuvre, la réaction avec l'amidure est plus ou moins vive et provoque parfois la condensation d'une partie du produit sur lui-même. Quand tout l'amidure a disparu et qu'il ne se dégage plus d'ammoniaque, on fait tomber dans le mélange sodé la quantité théorique de l'iodure alcoolique et l'on chauffe jusqu'à neutrali- sation complète. Après refroidissement on lave à l'eau, on décante la partie surnageante, on sèche et l'on chasse l'éther. Le résidu, soumis à la rectification, fournit un mélange de produit non entré en réaction, de dérivés mono, di, tri et tétraalcoylés où le dérivé monosubstitué domine. Beaucoup de ces dérivés monosubstitués ayant déjà été préparés par nous('), nous n'avons pas cru devoir les isoler et avons soumis le produit brut, bien sec, dissous dans la benzine ou le toluène, à l'action d'une nouvelle quantité d'amidure, puis de la quantité (') A. Hali.er, Comptes rendus, t. 138, igo/J, p. ii3ç) et t. l'i(), p. 127 et 200. SÉANCE DU 21 AVRIL lÇ)l3. 1201 correspondante d'iodure alcoolique. La réaction terminée, on procède encore une ou deux fois et successivement au même traitement que celui que nous venons de décrire et l'on fractionne finalement le produit obtenu. /CH*— C(CH3)- i . i .j.3-Tétraméthy/cyclo/iejcanone-6 CH- ^>CO . — La réaction \CH2— C(CH3)3 entre la célone et l'amidure est très vive, au moins pour les trois premières opérations, car, pour la quatrième, la fixation de l'atome de sodium sur la triméthylcyclohexanone n'est intégrale qu'à la condition d'opérer à l'ébul- lition de l'éther. Dans cette préparation il se forme toujours le produit de condensation de la cyclohexanone sur elle-même, déjà étudié par M. "Wallach. Toutefois cette condensation est d'autant moins importante que la cétone a déjà fixé plus de groupes méthyle. Par rapport à la cyclobexanone mise en œuvre, le rendement est d'environ /jo pour ioo. La tétraméthylcyclohexanone est un liquide qui bout à i8j°-i86° à la pression ordinaire : CO . — Ainsi \CH2 C(CU3y que nous l'avons fait remarquer au commencement de cette Note, ce dérivé a déjà été signalé par nous en igo5 (' ). Il avait été obtenu en méthylant une (3-méthyclyclohexanone active provenant du dédoublement de la pulégone. Nous avons préparé les deux dérivés actif et inactif, ce dernier en partant d'une (3-méthylcyclohexanone obtenue par hydrogénation du métacrésol. La méthylation, dans les deux cas, a été faite en quatre fois, au sein de l'éther anhydre. Quand on ajoute l'amidure à la cyclobexanone [3 méthylée, diluée dans l'éther, la réaction est très vive et nécessite des précautions. Quand on arrive au contraire à la quatrième méthylation, il est nécessaire de chauffer à l'ébullition la solution éthéréedela tétraméthylcyclohexanone ( ' ) A. Hallkr, /oc. cit. SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. I2o3 pour déterminer la décomposition de l'amidure de sodium et obtenir le dérivé sodé. Ajoutons qu'une partie de la [3-méthylcyclohexanone se condense égale- ment sur elle-même mais dans des proportions beaucoup moindres que ne l'éprouve la cyclohexanone. Les deux i.i. 2.5. 5-pentamélhylcyclohexanones-6, active et inactive, cons- tituent des liquides à odeur pénétrante rappelant celle du campbre. Elles ne se combinent pas à la semicarbazide ni à l'hydroxylamine et se com- portent, à l'égard de l'amidure de sodium, comme la tétraméthylcyclo- bexanone. Les constantes physiques des deux isomères sont les suivantes : Produit actif. Produit inactif. Point d'élmllition sous yGô""". . . 20i°-202° 202°-2o3° » SOUS 23mm. . . . 0.30-940 Densité rf20 =0,8979 ^is =°i8997 Indice de réfraction "Vt,.; = ' . 't5 1 5 "''7.5 = l > 4^53 Réfraction moléculaire : trouvé. . 5o,32 00,71 » calculé.. .10,82 5o,82 Pouvoir rotatoire [o([)] = 4-24°, 00 o /CH(CH3) — C(CH3)2 1 . i.-2.5.3-Pentamélhylcvclo/iexanols-6 CH2^ ^CHOH. — Les \CH2 C(CH3)2 cétones précédentes ont fourni par hydrogénation, au moyen du sodium et de l'alcool absolu, les carbinols correspondants qui possèdent les constantes : Produit actif. Produit iuactif. Point d'ébullition sous 767""" 2io°-2i2° 2i3°-2i4° Point de fusion liquide 45° Le penlaméthvlcycloliexanol actif est liquide et possède une odeur de moisi, tandis que l'inactif se présente sous la forme de prismes fondant à 45°. La phényluréthane de Y alcool actif cristallise en fines aiguilles groupées fondant à io5°-io6°. La phényluréthane de l'alcool inactif constitue également de fines aiguilles fondant à 1270. /CH(CH3) — C(C3H3)2 2-Mëthyl-i.i.5.5-tëtraallylcyclohexanone-6 CH-^ pCO \CH- C(C3H3)2 — L'allyialion de la (3-méthylcyclohexanone s'effectue dans les mêmes conditions que la méthylation. Les dérivés monoallylé et diallylé ont déjà I2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. été décrits ('). Nous n'avons pas cherché à isoler le composé triallylé et nous nous sommes borné à préparer le produit trisubstitué. L'opération a été faite au sein du benzène. La (3-méthyltétraallylcyclohexanone constitue un liquide bouillant à i650-i6o,0 sous i2mm, dont la densité à i5" = o,cp4 et le pouvoir rotatoire spécifique [a ]„= -t- 36° 17'. i-Méthyl- 1.1 .5 .5-létraallylcyclohexano/-6. — Préparé au moyen du sodium et de l'alcool absolu, cet hexanol constitue un liquide bouillant à i87°-i89° sous 25",m et dont l'odeur rappelle celle de l'acroléine : D,7 = o,o,6i3; «",..=: i,5o54; d'où II. M. trouvé =84,70, alors que la théorie exige 87,40; d'où une différence de — 2,7. Le pouvoir rotatoire spécifique [aD] = — o,°52'. Cet alcool ne se combine pas à l'isocyanale de phényle. Alcoylalion de la menlhone. — Les menlhones naturelles et synthétiques ne sont que des i-méthyl-5-isopropylcyclohexanones-G actives ou inactives. Comme le montre la formule de constitution, CU- Cil2 ^JJ^CH.CH^ ^CH-CH' CCT C tr- ies deux atomes de carbone avoisinant le groupement CO renferment encore trois atomes d'hydrogène susceptibles d'être remplacés par des radicaux hydrocarbonés. Nous avons déjà préparé toute une série de dérivés monoalcoylés (2) en opérant au sein de l'élher absolu. Pour pousser l'alcoylalion plus loin, il est nécessaire d'employer comme dissolvant du toluène, car la benzine elle-même ne facilite pas la substitution. Dimêlh ylmenthone ou 1 . 1 . 2-triméthyl- 5 - isopropytcyclohexanone-( > /CH(CH3).C(CH3)5 CH- )CO . \CH2 CH.C3H" — On prépare d'abord le dérivé monométhylé en traitant la menthone (' ) A. 1Iai.li:h, loc. cit. (-) A. Hallbr, Comptes rendus, t. 138, 1904, p- 1 1 3g. SÉANCE DU 21 AVRIL It)l3. I2o5 active [oc]D= — 20° 10', au sein de l'éthér ou de la benzine, par de l'ami- dure de sodium puis par de l'iodure de mélliyle. Le produit est ensuite isolé, dissous dans le toluène et soumis à l'action successive de l'amidure de sodium et de l'iodure de méthyle. Après rectification on obtient un liquide bouillant à io8°-io9°, sous i4mm, qui avait la composition de la diméthylmentlione. De nombreux essais ont été tentés pour obtenir la trimétbylmenthone ; ils sont restés sans succès. Dimèlhylmenthol ou 1 . 1 .'i-trimétlivl- ~)-isopropylcyclohearanol-6 /HCtCH3) — C(CH3)2 CH*< CH OH- Cil- CMC3 H7 — Préparé comme ses congénères, cet alcool se présente sous la forme d'un liquide bouillant à 2/|5°-247° sous la pression ordinaire, et dont le pouvoir rolatoire [a]„ = -1- 3° 23'. La phènylurëthane ne peut être obtenue qu'en chauffant cet bexanol avec le carbanile à ioo°, en tube scellé, pendant 17 beures. On a isolé deux pro- duits dont l'un fond à ç)o"-9i° et l'autre à 1 1 f°-i 16°. Diallylmenthone ou i-mélhyl-\ .i-t/iallyl-j-isopropylcyclohexanone-ù /CH(CH3) — C(C3Hà)2 CH*< CHOH- \CtP CHC'H7 — On commence par préparer la monoallylmenthone déjà décrite (' ) et on la traite, au sein du toluène, successivement par de l'amidure de sodium et de l'iodure d'allyle. Le dérivé diallylé bout à i46q-i47° sous i3mm et possède le pouvoir rota- toire spécifique [a]D = -f- 25°5o'. /CH(CH') — C(0"H»)s Triallvlmenthone CW( CO . — Alors qu'il nous a été \ctP G<:G3H7 (') A. Haller, Comptes rendus, t. 138, 1904, p. 1140. I2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES. impossible de substituer un troisième métbyle dans la menlbone, nous avons réussi à produire la triallylmentlione en opérant au sein du xylène. C'est un liquide bouillant à i66°-i6n° sous i4mi" et dont le pouvoir rota- toire spécifique [a]„ = + 6°4o'. En résumé, les recberches que nous venons d'exposer nous montrent : i° Que, dans les cyclohexanones déjà substituées ou non, on peut, par l'intermédiaire de l'amidure de sodium, remplacer tous les atomes d'hy- drogène unis aux deux atomes de carbone voisins du groupement céto- nique C( ), par des radicaux hydrocarbonés, notamment par du méthyle et de l'allyle ; 2° Que cette substitution est toujours accompagnée de produits de condensation des cyclohexanones sur elles-mêmes, quand il s'agit de la cétone cyclique la plus simple et de son dérivé (3 méthylé, ce dernier se condensant toutefois moins facilement que son homologue inférieur, alors que la menthone ne donne point de produits de condensation; 3° Qu'avec la cyclohexanone cette condensation s'accentue davantage quand on essaie de substituer, toujours dans les mêmes conditions, des radicaux homologues supérieurs du méthyle, au point qu'on n'obtient que très peu de dérivés substitués; 4° Que les tétra, penta et hexaalcoylcyclohexanones ainsi obtenues ne se combinent plus avec l'hydroxylamine ni avec la semicarbazide et qu'au sein de l'éther, la benzine et le toluène, elles résistent à l'action de l'ami- dure de sodium. Au sein du xylène il semble toutefois y avoir rupture du noyau avec formation de dérivés basiques très complexes. Tous ces composés sont assimilables aux tétraalcoylacétones qui, toutes, se refusent à former, avec l'hydroxylamine ou avec la semicarbazide, des oximes ou semicarbazones. Certaines d'entre elles, comme l'hexaétliyl- acétone et la tétramélhyldiisobutylacétone sa métrique, résistent également à l'action dédoublante de l'amidure de sodium. Ces recherches ont été exécutées avec le concours de MM. Benoisl, Cor- nubei t et Couard qui m'ont secondé avec autant de zèle que d'intelligence. SÉANCE DU 21 AVRIL t9l3. I207 THERMOCHIMIE. — Élude thermochimique du nitrate d'uranyle et de ses hydrates. Note de M. de Forckaxd. J'ai indiqué récemment (') les résultats de mes expériences au sujet des hydrates du nitrate d'uranyle, lesquels sont au nombre de quatre : à 1, 2, 3 et6H20. Les données thermochimiques relatives à ces. composés et au sel anhydre m'ont paru un peu incertaines. Elles ont bien été déterminées l'année dernière par M. Chauvenet (sauf pour le monohydrate, qui n'était pas connu) avec des produits préparés par M. Markétos, lequel les a reproduites dans son Mémoire sur la préparation du sel anhydre (2), mais cette publication contient malheureusement des fautes d'impression qui rendent l'interprétation de ces nombres incertaine. En outre, le nombre 4- 2Cal pour le trihydrate ne concorde pas du tout avec celui qu'a donné antérieurement (3) M. Aloy, soit — 3,70. De même encore la chaleur de dissolution -+- i6Cal du sel anhydre comparée à celle (+ 5,42) du dihydrate conduirait à une stabilité moindre que celle que j'ai constatée directement pour le dihydrate. Pour toutes ces raisons, j'ai repris l'étude thermochimique de tous ces composés. Conformément à ce qu'avait annoncé M. Lcbeau, le dihydrate peut être obtenu dans un état de pureté absolue. Il n'est d'ailleurs ni déliquescent ni efflorescent à froid. C'est le point de départ le plus certain de toute cette série. L'hexahydrate du commerce, purifié, ne contient jamais exactement 6II20. On s'en aperçoit précisément en le déshydratant à froid pour obtenir le dihydrate. Ainsi l'échantillon dont je me suis servi a toujours perdu exactement 3,973 H20, au lieu de 4H20. D'où il résulte que cet échantillon était en réalité à 5,976 H20, et, par suite, très légèrement eflleuri. Mais la correction est très faible et facile à faire avec sécurité. . Quant au trihydrate, si son existence est certaine, sa préparation est beaucoup moins sûre, car, ainsi que je l'ai expliqué, la déshydratation (sous cloche sulfurique, à la pression atmosphérique) ne s'arrête pas fran- (') Comptes rendus, t. 156. igi3, p. io44- (-) lbid., t. 155, 1912, p. 210. (3) Ibid., t. 122, 1896, p. i54i. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 16.) ! 54 I208 ACADÉMIE DES SCIENCES. chement au trihydrate. En mettant fin à l'expérience au moment où le résidu contiendrait exactement 3 H20, on risquerait donc d'avoirdes mélanges de trihydrate avec un peu de dihydrate déjà formé à la surface des grains, et d'hexahydrate non encore dissocié à l'intérieur. Aussi, en vue de détermi- nations thermochimiques, vaut-il mieux dépasser un peu le terme 3H20 et opérer sur des produits à 2,o,5 ou 2,90 H20 seulement; on corrige ensuite le résultat pour le rapporter au trihydrate véritable. Le monohydrate est encore moins facile à oh tenir. J'ai utilisé le produit dont j'ai parlé dans ma précédente "Note, lequel contenait en réalité -^ (soit un peu moins de 1 pour 100) de U03H20. Il en résulte une faible correction additive pour la chaleur de dissolution, correction que j'ai évaluée à oCal, 1 , en raisonnant par analogie d'après les données de M. Sabatier sur l'azotate de cuivre à excès d'oxyde ('). Cette correction est de moins de — du nombre à mesurer. Quant au sel anhydre, je me suis servi du produit contenant ■£$ d'acide uranique. La correction qui en résulte, de oCa,,28, ne dépasse guère -^ du nombre à mesurer. J'ai effectué, à la manière ordinaire, entre n°et i3°, la dissolution de tous ces composés. J'ai obtenu, toutes corrections faites, les nombres qui suivent, en regard desquels j'indique ceux donnés par M. Markétos et par M. Aloy : M. Markétos. M. Aloy (!). Cal Cal Ilexahydrate — 5,45 — 4, 76 Trihydrate + 1 , 35 + 2,00 — 3Cal, 70 Dihydrate + 5,o5 +5,42 Monohydrate -f-11,87 Sel anhydre +19,00 +16,00 Toutes ces dissolutions ont eu lieu rapidement, sans écraseur (2 à 3 mi- nutes); les liqueurs sont parfaitement claires (3). On déduirait, des nombres précédents, par différence : (') Comptes rendus, t. 125, 1897, p. 3o3. (2) Le nombre donné par M. Aloy pour le trihydrate laisserait penser qu'il a opéré en réalité sur l'hexahydrate, bien qu'il écrive la formule du trihydrate et prenne la peine d'indiquer son poids moléculaire : 45o, qui est bien en effet celui du trihydrate, si l'on prend U =r 240. (3) M. Aloy indique que la dissolution de tous ces sels d'uranium se fait avec len- teur, et que la liqueur demeure longtemps trouble. SÉANCE DU 21 AVRIL IÇI3. 1209 A partir A partir de H20 liq. de H'O gaz. Sel anhydre -+- H20 sol. = monohydrate solide -+-5,70.. +7,13 +16,79 Monohydrate + H20 sol. — dihydrate solide + 5, 3g.. -+-6,82 +16,48 Diliydrate + H20 sol. = trihydrate solide +2,27.. +3,70 +i3,36 A trihydrate + H!0 sol. = ± he\ahydrate solide + 0,84. . +2,27 +11,93 Comme il arrive toujours, la chaleur d'hydratation des hydrates succes- sifs, à partir du sel anhydre, va en diminuant. Elle devient même tellement faible pour le passage du tri à l'hexahydrate qu'on peut en conclure qu'il n'existe certainement aucun hydrate contenant plus de OILO; car les nombres de la première colonne doivent rester positifs. On peut encore calculer, d'après ces données, la température d'ébullilion de chacun de ces hydrates, en appliquant aux nombres de la troisième colonne ma relation générale : ^ = 3o environ (ici : 29,73). On trouve ainsi les résultats qui suivent, en regard desquels j'indique ceux qu'on obtiendrait avec les nombres publiés par M. Markétos: D'après M. Markétos. oC. Pour le monohydrate +292 Pour le dihydrate +281 +23o Pour le trihydrate +176 +164 Pour l'hexahydrate +128 +128 Il n'y a accord que pour l'hexahydrate. Ce composé apparaît bien comme un hydrate dont la tension d'effiores- cence n'est pas négligeable à la température ordinaire, et dont les cristaux peuvent, pour cette raison, contenir en réalité un peu moins de 6H20. Il se trouve, à ce point de vue, dans des conditions pareilles à celles du sulfate de zinc à 7H20, dont les cristaux s'effleurissent un peu à la longue dans l'air sec. Le trihydrate est déjà notablement plus stable, mais la différence (48°), quoique non négligeable, n'est pas assez grande pour que la tension d'efflo- rescence soit pratiquement nulle à la température ordinaire. Il faudrait le comparer plutôt à de la glace à — 6o°C, laquelle aurait encore une tension de vapeur de omm,ooy (Nernst). Aussi, sous cloche sulfurique, même à la pression ordinaire, observe-t-on que la déshydratation du trihydrate a lieu, quoique beaucoup plus lentement que celle de l'hexahydrate. Le dihydrate est beaucoup plus stable, son point d'ébullition attei- gnant + 2810 C. Il faudrait le comparer à de la glace prise à — i65° C. Aussi résiste-t-il absolument à l'action de la cloche sulfurique, même dans I2IO ACADEMIE DES SCIENCES. le vide, à -+- 15° C. Mais si nous le portons à la température de -+- 980 C, surtout dans un courant de gaz inerte sec, nous annulons par cela même, ou à peu près, la différence de 28 1° à 1760; le dihydrate perd alors, très lente- ment d'ailleurs (130 heures), une de ses molécules d'eau et passe à l'état de monohydrate. L'autre molécule résiste encore, puisque nous étions à la limite pour la précédente, et que le monohydrate bouta ii° plus haut que le dihydrate. Pour en éliminer l'eau en r5o heures, il faudrait élever la température à -+-1100 environ. En fait, j'ai montré qu'on obtenait ce résultat à -+- 125° en 60 heures, ce qui concorde sensiblement. Tous ces phénomènes de déshydratation successive s'expliquent donc parfaitement par les données thermochimiques obtenues. Et il me paraît tout à fait inutile, pour comprendre notamment que le dihydrate demeure stable à froid, de lui supposer une constitution spéciale, et de dire que ses deux molécules d'eau y jouent un rôle particulier, ainsi que M. Lebeau a proposé de le faire. La seule propriété particulière que possèdent ces molécules d'eau, soit dans le dihydrate, soit dans le mono- hydrate, vient de ce qu'elles sont fixées avec plus de force que les quatre autres. De même, dans le sulfate de zinc à 7 H2 O, il y a six molécules qui sont très peu stables, tandis que le sulfate monohydraté bout seulement à -+- 3370, sans que cette dernière molécule se distingue certainement des autres par autre chose que par L'énergie plus grande avec laquelle elle se trouve unie au sulfate. D'une façon générale,. il me paraît peu profitable aux progrès de la science de recourir, sans raison valable, à cette notion mystérieuse de complexe, dont on tend à faire un singulier abus de nos jours. ÉLECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre de la Section des Académiciens non résidents. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 5i, M. Sabatier obtient ^6 suffrages M. Gouy » 3 » M. Bazin » 1 suffrage M. Stéphan » 1 n SÉANCE DU 21 AVRIL igi3. 121 I M. Sabatier, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la République. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres- pondant pour la Section de Mécanique, en remplacement de M. Amsler, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 48, M. Jules Boulvin obtient 43 suffrages M. Scbwœrer » 5 » M. Boulvis, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu Correspondant de l'Académie. COMMISSIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'une Com- mission de six Membres, qui devra présenter une liste de candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. L. Caillelet. Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président de l'Académie, doit comprendre : deux Membres de la Division des Sciences mathématiques; deux Membres de la Division des Sciences phy- siques; deuXjMembres de la Section des Académiciens libres. MM. E. Picard, Vii.i.ard , pour les Sciences mathématiques; MM. Zeiller, Le Chatemer, pour les Sciences physiques; MM. A. Car- not, Tisserand, pour les Académiciens libres, réunissent la majorité des suffrages. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Le fascicule I, 1908 (Mémoires), et le fascicule III, 1910 (Pluies), des Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par A. Angot, Directeur du Bureau. 12 12 ACADÉMIE DES SCIENCES. 2° Le Tome XX, 3e série (avril io,i3), des Annali di Malematica para e applicala (dédié à la mémoire de Lagrange). 3° Le Tome I des Mémoires du Service géologique de V Indo-Chine, qui contient : Etude géologique du Yun-nan oriental, par J. Deprat et H. Mansuy; Mission du Laos, par H. Mansuy; Contribution à la géologie du Tonkin, par H. Mansuy. (Présenté par M. Douvillé.) 4° Le Volume II, année içjiijdes Tables annuelles de constantes et données numériques de Chimie, de Physique et de Technologie. Secrétaire général : Ch. Marie. (Présenté par M. G. Lippmann.) 5° A. Gruvel. L'industrie des pêches sur la côte occidentale d' Afrique. (Présenté par M. E.-L. Bouvier.) M. André ISi.oxdel prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. L. Caillelel. MM. C. GuiaiARi) et Tilho adressent des remercîments pour les distinc- tions que l'Académie a accordées à leurs travaux. M"le veuve H. Ruck adresse également des remercîments à l'Académie. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Un théorème sur la fonction gamma. Note de M. H. Rurkiiardt, présentée par M. Emile Picard. Le développement suivant de log T(.t) me paraît digne d'être signalé. On a logT(a;) — s/tÏk + x\ogx — x -\ \x\o%x — (x 4-i)log(.r + i) -hi] + 2 [x\ogx — 2(x 4-i)log(.r + i) -+- (x-h 2) log (.2 -t- 2)] I m tflogx— (m — i)(.r + i)log(.z+i)-t-^ — -t-— (x -+- 2) log (a; + 2) -+- ... -+- (— 1 )"*-'( x -h m — 1) log (a? + m — l) Gette série converge pour toute valeur réelle et positive de x. Il faut prendre les valeurs arithmétiques des logarithmes. SÉANCE DU 21 AVRIL Ip,l3. I2l3 ANALYSE MATHÉMATIQL'E. — Sur des transcendantes entières généralisant les fonctions exponentielles et trigonométriques. Note de M. Michel Petkovitch, présentée par M. Emile Picard. (0 Si dans l'expression / ur" dt r- dt on remplace u et r par diverses fonctions de t, réelles, finies et continues pour / compris dans l'intervalle réel et fini (a, b), on a des suites i, a,, a2, a3, ..., en nombre illimité. Les séries 1 ( X ) = I -\ r X -\ j- X% -+- . . . , (2) { I,(«r) = I — — x^+jjX* — ..., 2 1 4 ! liées par la relation (3) l(xi) = lt(x) + ilt(x), lesquelles, dans le cas particulier de r = const., se réduisent aux fonctions élémentaires l{x) = e'"x,' I,(.c) =; cos/'x, I., (.r) = sin r.r. représentent, dans le cas de r variable, des transcendantes variées pouvant, sous plusieurs rapports, être considérées comme généralisations de ces fonctions. D'abord, les intégrales définies ,4 l \{x) =i r uerxdt, L= / udt, ï1(x)=y I u cosrx dt, I2(.r) = — / u sinrxdt, J a ' J a par lesquelles se laissent exprimer I, I,, L, mettent en évidence les faits suivants : 1214 ACADEMIE DES SCIENCES. i° Ce sont des fonctions entières de x, du genre zéro ou un. 2° La fonction ï(x) n'a qu'un nombre limitéde zéros réels et un nombre limité de maxima et de minima. Les propositions de Laguerre sur les intégrales delà forme f ue~xl dt fournissent le moyen de fixer une limite supérieure de ces nombres. Lorsque x augmente indéfiniment, l(x) augmente aussi indéfiniment ou bien tend vers zéro, suivant l'argument avec lequel x augmente. Tout ceci est également valable pour les dérivées d'ordre quelconque de ï(x), qui sont toujours fonctions de même espèce. 3° Ces fonctions I,(x) et I2(#) sonl oscillantes pour x réel, à un nombre illimité d'oscillations, ayant un nombre illimité de zéros réels positifs et négatifs et un nombre limité de zéros purement imaginaires. Elles ne surpassent pas, en valeur absolue, une certaine limite finie, pour aucune valeur réelle, finie ou infinie, de x et tendent vers zéro lorsque x augmente indéfiniment par valeurs soit positives, soit négatives. Tout ceci est éga- lement valable pour les dérivées d'ordre quelconque de I, et L, qui sont toujours fonctions de cette même espèce. 4° Des analogies plus profondes avec les fonctions erx, cosrx, sinrx apparaissent dans le cas où la fonction u garde un signe invariable entre a et b. Dans ce cas, en désignant par M et N la plus grande et la plus petite valeur que prend la fonction r dans l'intervalle (a, b), les expressions (3) mettent en évidence les faits suivants : a. La fonction l(x) n'a aucun zéro réel, ni aucun zéro imaginaire à coefficient de i compris entre — ^et-^. Si, en même temps, /• garde un signe invariable dans l'intervalle (a, b), la courbe réelle y = ](x) varie constamment dans un même sens lorsque x varie de — oc à -+- yo, sans présenter de maxima, de minima ni de points d'inflexion, et il en est de même d'une dérivée quelconque de I {x). Le polynôme obtenu en arrêtant la série l(x) à un terme quelconque de degré pair a tous ses zéros imagi- naires. b. L'expression -logl(^) a une valeur finie et comprise entre M et N pour toute valeur réelle de x. SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 121 5 c. En désignant, d'une manière générale, par A une fonction de r dont les valeurs, pour toute valeur réelle de a?, sont finies et comprises entre r — h et H- /, où M - N , M — \ h=-û->o, |=__>:., toute fonction 1 (x) a pour x réel une formule d'addition de la forme l(ar, + *, + ... -H ■>;, ) = !('*, )'''• I ( *t )'> • ■ • 1 (*„ )"'-. et une formule de multiplication de la forme [(*,*■,) = 1(^1)*^. r/. On a des faits analogues pour les fonctions 1, et I2 ne variant alors qu'entre -+- i et — i,'avec un nombre illimité d'oscillations de plus en plus amorties, avec un nombre illimité de zéros réels et n'ayant point de zéros purement imaginaires. Je signale particulièrement une sorte de formule de Moivre généralisée : en posant II, (*) = 1,(^1)=— j u(e>*+e-*)dt, Hî(ar) = Is(a?t)=-r / u(erjc— e rx)dt (les fonctions H, et H2 généralisent ainsi les fonctions hyperboliques), on a [H,(j) -f-(H,(1r)]"'=HI(mX,.r)-+-/IL(«r/.,^). H1(;«.r) + /H,(mj)= [H,(?.oa-)-+-'H2()., '•)]'". pour toute valeur réelle de x et de m. .Les transcendantes 1,1,, L se présentent dans plusieurs problèmes d'ana- lyse (intégrations des équations différentielles et aux différences Unies, réduction de types généraux d'intégrales définies, divers problèmes du Calcul des probabilités, etc.), ce qui donne un intérêt particulier à leur élude. C. R., i9i3, i" Semestre. (T. 15G, N° 16 ) 13' I2l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur les systèmes conservatifs non holonomes avec des liaisons dépendantes du temps. ÎXote de M. A. Bilimovitch, pré- sentée par M. Appell. Si les coordonnées qn >,.„,., (,_,,_,...,„>; /■ = î ici T est la force vive du système (la fonction homogène de second degré des vitesses q\, ' sincp sin9 4- 9' cos9. /• 1= 'Y C0S9 -!- 9'. Les équations différentielles du mouvement sont d ÔT 01 OU - r . fl ,,,, ,, 7 7T = -rr 4- A[sin$4-/(0 COs5>], dt d u l'écart du balancier à son point mort, L la longueur de chaque spiral dont le coefficient d'élasticité est E et dont I désigne le moment d'inertie géométrique propre à l'axe de flexion de la section; faisons de plus w0 = p-i-u, to, = — />-(-«; nous trouvons alors à l'approximation de — une pression purement radiale sur la virole commune; cette pres- sion r^ ^ (cosco, — eosw0) a pour vaieur absolue aux amplitudes habi- tuelles -^ ; — ; et si S est le coefficient linéaire de résistance au roulement L /'" latéral, nous aurons à ajouter au moment pendulaire de l'ensemble des 1 1 - • , à El 4 deux spiraux le moment résistant s. = — - -, -usina. 1 \j L p* SÉANCE DU ■?. I AVRIL IC)l3. 12 10 La méthode de la variation des constantes nous garantit alors, à une approximation de l'ordre de £-, l'isochronisme des vibrations conduites par le spiral double, même en ayant égard au frottement. III. Avantages pratiques qu'on peut attendre de l'emploi du spiral double ou n'im couple convenablement composé de deux spiraux doubles. i°"Avec un seul spiral double on perfectionne la méthode de Le Roy, en atténuant les frottements latéraux et en rendant la vibration sinusoïdale; l'utilité pratique de celte transformation est la suivante: on admet généralement que l'épaississement des huiles fait croître lentement, mais très notablement, le terme constant du frottement horizontal exercé par le poids du balancier sur la tête du pivot; c'est à l'égard de ce terme prépondérant que la loi sinusoïdale de la vibration devient une garantie d'iso- chronisme pour les chronomètres marins. 2° Prenons maintenant deux spiraux doubles, dont l'un est intérieur au premier. El , . .... mais avec mêmes valeurs des rapports — » chaque système ayant ses viroles coïnci- dentes, mais la projection commune des viroles de l'un étant (par rapport à l'axe) à l'opposé de la projection commune des viroles de l'autre; on obtient ainsi un régu- lateur pour chronomètres marins qui, sans aucune courbe terminale, n'exerce plus aucune pression sur l'axe du balancier. La démonstration du fait résulte immédiatement de la valeur de la pression radiale donnée plus haut pour le spiral double et de la discussion des pressions tangentielles sur les viroles. IV. Après avoir ainsi résolu complètement le problème de l'isocbronisme du régulateur des chronomètres marins sans recourir aux courbes termi- nales, je tiens à rappeler le large emprunt que j'ai fait aux travaux de Resal et de M. Gaspari et j'ai le devoir de rendre hommage à mon dévoué colla- borateur M. Ernest Jaccard, sans qui je n'aurais pu entreprendre l'étude expérimentale de l'extinction des vibrations naturelles du balancier, étude qui, on vient de le voir, suggérait immédiatement la solution du problème cherché. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le mouvement des milieux ri squcu.r indéfinis . Note de M. Louis Roy, présentée par M. Boussinesq. L'équation qu'on rencontre dans l'étude du mouvement des milieux visqueux peu déformés est du type suivant : 1220 ACADEMIE DES SCIENCES. où A, cr désignent deux constantes positives, cp une fonction du temps / et de trois coordonnées x, y, z et A le symbole opératoire -r—> -t- j-2 -t- y^- C'est à cette équation que se ramène le problème des petits mouvements d'un milieu vitreux qui n'est soumis à aucune force extérieure et dont la température est uniforme ('); la dilatation cubique et les trois composantes de la rotation moyenne vérifient alors respectivement deux équations de la forme (i), où la quantité A dépend des coefficients de viscosité du milieu et la seconde a2 de ses coefficients d'élasticité. Enfin, suivant les idées de Helmhollz, l'équation (i) se présente encore dans la théorie de la propaga- tion de l'électricité dans les milieux conducteurs ('). Nous avons intégré antérieurement l'équation (i) dans le cas d'une seule coordonnée et d'un milieu limité (3); nous nous proposons maintenant d'aborder le cas d'un milieu indéfini. Toutefois, nous ne considérerons pas les conditions initiales les plus générales; nous chercherons seulement à former la fonction cp (ne, t) définie par les équations à3 cp „di■ + et. sjr, ) e a' da, -f- = -L / g(x -H a yV)e *' dx; pour x ' = 0, f(x)i g(x) désignant deux fonctions arbitraires satisfaisant aux conditions de Dirichlet et yj, r\' deux paramètres positifs que nous introduisons pour rendre assurément valables certains développements en séries et faciliter plus lard l'oblention de formules asymptotiques. D'ailleurs, on peut tou- jours choisir yj et y]' assez petits pour que les fonctions d'état initial diffèrent aussi peu qu'on veut des fonctions arbitraires /"( x) et g(x). Les équations (2) peuvent s'intégrer par la méthode de l'intégrale de (') lJ. Duhem, Recherches sur l'élasticité {Ann. E. N. sup., o1' série, t. XXI, XXII, XXIII, deux. Part., Ghap. I, § IV). (2) F. Duhem, Sur l'interprétation théorique des expériences hertziennes (L'Eclai- rage électrique, t. IV, 1895, p. 4ç)4)- (3) L. Rov, De la viscosité dans le mouvement des fils flexibles (Comptes rendus. t. 152, p. 1228); Recherches sur la dynamique du Jil flexible (Ann. E. N. sup., 3e série, t. XXIX, p. 4'7)- SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1221 Kourier; si nous posons puis (3) I - /**»./ sharv/fl2 — i /—. : \ , \ 1S( y, t) = / B >* c. Y h charma.2— i I cnszrrfa, 1 J0 \ v^-i 1 /*" t. , sli y.-\lc/:'- — i / (|'(>.7)"/ e Ja / cosairfg, <£■ on trouve pour l'intégrale cherchée fû ^'^/^^(^O^^^'D Les fonctions ? et y peuvent être ohtenues sous forme de développements en séries absolument et uniformément convergents pour vj >o, yj'^o, />o et/ quelconque; en introduisant ceux-ci dans l'expression (4) de l'intégrale et en posant / » W\ Mil I p 1«=A;6 \ on obtient *^0 = ,^2|-5^J^K^)|.-.Ki^ï- -rgsr- -rt— „.(:)_^_I-^->;-iV/:. v ' 2 n -+- i ni. Si l'on remplace la fonction I„(0,'C) par son expression algébrique et si l'on pose M \ 4/ (2" -(-•)! ( "=» '/=" e=<> 2 n +'1 rfsc. 1222 ACADÉMIE DES SCIENCES. Quand / augmente indéfiniment, on reconnaît que la fonction § tend vers zéro et la fonction (J vers -> de sorte que l'égalité (4) nous donne 2 i = » 2 a J _ PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie électronique de la gravitation. Note de VI. L. Décombe, présentée par M. P. Appell. Dans une récente Communication (') j'ai établi les formules générales relatives à l'action mutuelle de deux spectrons éloignés, la force centrale qui sollicite les électrons et la forme (fermée) de l'orbite étant supposées quelconques. Cette action n'est différente de zéro qu'autant qu'on suppose finie, du inoins à l'intérieur du spectron, la célérité V des actions électro- dynamiques. Considérant ensuite le cas où les orbites sont circulaires, nous avons obtenu, moyennant une hypothèse universelle touchant la constitution du spectron, une loi d'action identifiable avec celle de la gravitation. Le cas plus particulier où la force centrale est proportionnelle à la distance nous a enfin conduits, moyennant une hypothèse auxiliaire (VT = const.), à cette conclusion remarquable que l'énergie et le moment magnétique du spectron sont alors des multiples entiers respectifs d'un quantum élémentaire d'éner- gie semblable à celui de la théorie du rayonnement noir (c'est-à-dire proportionnel à la fréquence) et d'un moment magnétique élémentaire universel. J'ajouterai aujourd'hui les remarques suivantes : 1. La forme circulaire de l'orbite n'est pas la seule qui permette de retrouver la loi de Newton. Si, supposant, par exemple, la force centrale proportionnelle à la distance, on considère des orbites elliptiques, l'action moyenne de deux spectrons éloignés conserve la même forme, à la condition de supposer que la quantité — rj — - — ^ = y'-p (où a et b désignent les demi-axes de l'ellipse) soit une constante universelle. La condition auxi- liaire VT = const. fait alors apparaître un quantum d'énergie propor- tionnel à la fréquence, mais pas de moment magnétique universel. ( : i Comptes rendus, ■>.') mars 1 9 1 3 . SÉANCE DU 21 AVRIL !Ç)l3. 1223 Inversement, l'orbite étant supposée circulaire, la loi de proportionnalité n'est pas la seule qui permette de retrouver un quantum de la forme ™ et un moment magnétique élémentaire universel. Toute force attirante de la forme Ar" jouit de la même propriété (' ). II. Notre démonstration exige que la célérité V des actions électrodyna- miques à l'intérieur du spectron (c'est-à-dire dans le milieu particulier représenté par la distribution cubique d'électricité positive) soit finie (2). D'une manière générale, il importe de remarquer que nous ne savons rien du mécanisme de la propagation des actions électrodynamiques et qu'en particulier, elle ne saurait être identifiée, a priori, avec celle de l'onde électromagnétique dans le même milieu. Pour s'en convaincre, il suffit de considérer le cas de deux électrons animés chacun d'un mouve- ment rectiligne uniforme; il y a évidemment production d'action électro- dynamique, mais non pas d'onde électromagnétique. Nous ne sommes donc pas tenus d'identifier la célérité des deux phénomènes. Quelle que soit, du reste, l'hypothèse qu'on fasse au sujet de la grandeur Y, la relation i e Tt!a ,- exprime ta condition nécessaire et suffisante pour que l action mutuelle moyenne de deux speclrons circulaires suffisamment éloignés puisse être identifiée avec la gravitation universelle. Cette identification doit donc être considérée comme indépendante de toute spéculation concernant la propagation des actions électrodynamiques. Si l'on regardait V comme une constante universelle, la relation ( i) exprimerait que l'énergie d'un spectron est un multiple, entier d'un quantum élémentaire, lui-même constante universelle, non identifiable, par conséquent, avec celui du rayonnement noir. Son moment magnétique serait inversement proportionnel à la fréquence. Si, au lieu de cela, on pose VT=K, Iv désignant une constante universelle, on obtient, comme on l'a vu, un quantum d'énergie proportionnel à la fréquence et un moment magnétique élémentaire universel. (') Rappelons toutefois que le quantum du rayonnement noir se rapporte au cas d'une force proportionnelle à la distance. Ce cas, qui parait être celui de la réalité, est d'ailleurs le seul pour lequel le mouvement circulaire puisse être considéré comme absolument stable (voir P. Appell, Mécanique rationnelle, t. II, p. 35o). (2) On pourrait également supposer finie la célérité des actions électrostatiques et des actions galvanostaliques. Le résultat ne serait pas modifié. C. R., iç)i3, i" Semestre. (T. 156, N' 16.) 1 56 1224 ACADÉMIE DES SCIENCES. De la recherche préliminaire à laquelle je me suis livre à cet égard parait résulter la possibilité de concevoir, pour Faction électrodynamique, un mécanisme de propagation permettant de rendre compte assez simple- ment de la relation VT = K. Je désire cependant soumettre cette question à une étude plus approfondie. IN. Dans un autre travail ('), j'ai été conduit à considérer le mouve- ment orbital des électrons comme pouvant être affecté par un mouvement irrégulier d'agitation de faible amplitude. Cette circonstance ne modifie en rien nos résultats touchant l'action mutuelle de deux spectrons. En parti- culier, la relation (i) et l'expression du moment magnétique subsistent inaltérées. Quant à l'énergie, elle se trouve évidemment augmentée. Pour que la relation (i) continue à déterminer l'existence d'un quantum proportionnel à la fréquence, il faut que l'énergie du mouvement d'agita- tion soit un multiple (quelconque, entier ou non) de celle du mouvement orbital. Ce sera évidemment le cas, si l'on admet que l'énergie s'équiparlage entre les cinq degrés de liberté que possède alors chaque électron (deux degrés pour le mouvement orbital et trois pour celui d'agitation). Si l'on met alors sous la forme n =•_, l'énergie totale d'un speclron circulaire dont le moment magnétique est représenté par « jul, on trouve - = I07T — = ^jS. 10— 7 (unités électromagnétiques), tandis que le rapport de la [j. e constante /; de Planck à celle p. du magnéton de P. Weiss a une valeur environ deux fois plus grande (36, i X io~7). Ces deu\ valeurs se confondent toutefois sensiblement si, aux cinq degrés de liberté précédents on adjoint les cinq degrés supplémentaires qui peuvent résulterd'un mou- vement irrégulier de l'orbite autour d'une position d'équilibre (savoir deux degrés pour la rotation du plan orbital et trois pour l'agitation du centre) étant toujours supposé que l'énergie s'équiparlage entre les divers degrés de liberté. V. Quoi qu'il en soit de ces considérations, le spectron ne semble pas pouvoir être identifié avec le magnéton. Tandis qu'un atome de nickel, par exemple, ne renferme, d'après M. P. Weiss, que trois magnétons, il parait devoir contenir un nombre de spectrons beaucoup plus élevé, au moins égal à celui des périodes internes de l'atome. De ce qui précède il semble donc seulement permis de conclure ceci : c'est que le constituant universel de l'atome auquel nous avons donné le (') Journal de Physique, février i g 1 3. SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1225 nom de spectron parait devoir être considéré comme une sorte d'élément dynamique primordial jouant un rôle fondamental dans les phénomènes de rayonnement et de gravitation. Son ordre de grandeur probable, inférieur à celui du magnéton, le rapproche plutôt de l'aimant universel, au moyen duquel Ritz a cherché à expliquer les raies spectrales. HYDRODYNAMIQUE EXPÉRIMENTALE. — Sur la marche des tourbillons alternés derrière un obstacle. Note de M. Hknki Bé.vakd, présentée par M. Appell. Dans une précédente Note (' ), j'ai localisé exactement la zone de forma- tion des tourbillons alternés : c'est la brèche médiane du seuil abrupt qui limite le sillage à l'arrière. Les tourbillons, formés tous très sensiblement sur le plan médian, sont d'abord entraînés avec la même vitesse que l'obstacle, qui est aussi celle du seuil, mais ils prennent aussitôt un mouve- ment ralenti, en même temps qu'ils s'écartent à droite et à gauche; ils attei- gnent très vite leur écai lement transversal limite, leur équidistance longitu- dinale limite, et leur vitesse limile, qu'ils garderont ensuite indéfiniment, tant qu'ils ne seront pas trop amortis : en vieillissant, en effet, ils deviennent évidemment de plus en plus sensibles aux fluctuations accidentelles inévi- tables et l'équidistance, en particulier, est de moins en moins bien définie. Le graphique condense, à titre d'exemple, toutes les mesures micrométriques effectuées sur les 60 premières images du film n° 200; les mesures, encore possibles sur un plus grand nombre d'images, seraient, d'après ce qui précède, de moins en moins précises; d'ailleurs les images du segment de cercle sont de moins en moins nettes. Les graphiques rectilignes, parallèles, à grande vitesse, de la partie gauche sont ceux des divers accidents, qu'on ne peut détailler ici, de la partie du relief (jui est symétrique et entraînée avec l'obslacle. F0 (confondu avec G"D") et F,, (confondu avec a0) sont ceux de la poupe et de la proue de l'obstacle (dont la section est des- sinée sur le bord droit du graphique, à la même échelle que lès espaces parcourus). Les autres graphiques GiD,, G2D2, ..., G6 D6 sont ceux des tourbillons alternés de gauche et de droite, numérotés dans l'ordre de leur formation. On déduit de ces mesures les valeurs numériques suivantes, relatives au film 2G0. Même liquide, même obstacle que pour les films 259 et 26t. V, vitesse de l'obstacle (au chronographe) 21 ,48 V, vitesse limite des tourbillons 1 , 03 e, équidistance entre deux tourbillons de même sens. . . . icm,3op, ( ' ) 3i mars 1 9 1 3. SÉANCE DU 21 AVRIL 1 9 1 3 . 1227 NV,U<: 1 «-.i*^-e 2 3e(OïidQ9 1228 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'où, pour la période, e i s T = ^ = o% o656 = 1 5 , 24 Il y a donc 1 5 , 24 tourbillons de chaque sens produits par seconde; d'ailleurs il y a 26,6 images du cinéma par seconde. On voit facilement, par exemple, qu'à l'époque de la 60e image, D31 est en formation, la proue étant à 38cm, 1 en dehors du champ : il existe alors sur chaque file 3o tour- billons plus récents que Dj et G,. J'espère, en coordonnant les mesures prises sur plus de 200 films diffé- rents, préciser encore les lois expérimentales auxquelles satisfont e et v. PHYSIQUE. — Sur une nouvelle espèce de tourbillons cellulaires. Note ( ' ) de M. C. Dauzèue, présentée par M. H. Deslandres. Dans son remarquable travail sur les tourbillons cellulaires, H. Bénard a indiqué deux dispositifs pour l'étude des courants de conveclion dans une nappe liquide horizontale indéfinie : le premier consisterait à placer la nappe entre deux plaques métalliques portées à des températures diffé- rentes; l'observation serait alors très difficile; le deuxième, adopté par M. Bénard, consiste à laisser la surface libre en contact avec l'atmosphère ambiante. Un cas intermédiaire est réalisé dans les expériences sur les tourbillons isolés qui ont fait l'objet de ma dernière Note (-). La formation de ces tour- billons s'explique par l'existence d'une pellicule extrêmement mince recouvrant les régions privées de cellules (photographie IV). Le mode de division qui s'établit dans la nappe ainsi recouverte acquiert une netteté remarquable, quand on s'adresse à l'acide stéarique impur tel qu'on le trouve dans les bougies du commerce colorées en rose ou en bleu. La pelli- cule superficielle est formée par des grains très fins de la matière colorante; elle recouvre toute la surface, de telle sorte que les tourbillons isolés ne se produisent plus. La convection calorifique donne naissance au-dessous de la membrane à des tourbillons allongés analogues aux coupures observées par M. Bénard. Le relief de la surface libre qui en résulte est formé de sillons longitudinaux comprenant des crêtes et des vallées parallèles et équidis- (') Présentée dans la séance du 7 avril 1910. (2) Comptes rendus, 20 janvier 191 3. SÉANCE DU 21 AVRIL IQI3. I22Q tantes, avec amorce en certains points de divisions transversales qui parfois ^achèvent et se régularisent en donnant un réseau cellulaire hexagonal; Fig. 3. Fig. 4. Fig. 1. — tô grandeur naturelle. Acide stéarique impur coloré en bleu des bougies de fantaisie. Épaisseur i""v'l4- Température 90». Tourbillons allongés donnant des coupures parallèles dans toute la nappe recouverte d'une pellicule. Fig. 1 et 3. — 5 grandeur naturelle. Même matière mélangée avec TV de son poids de cire. Epais- seur i™m. Tourbillons isolés circulaires, dus à la conveclion à l'air libre, entourés de coupures et cellules plus petites. Températures : 118° dansai*. 2; 1 1 1° dansjig. 3. Fig. 4. — Grandeur naturelle. Même nappe à la température de 1020. Les tourbillons isolés subsistet seuls. mais celui-ci reste le plus souvent à l'état d'ébauche. L'existence de ce relief a pour conséquence la formation de lignes focales nettes et brillantes quand I23o ACADÉMIE DES SCIENCES. on observe en lumière réfractée; les lignes focales, images des lignes de faile de la surface, sont représentées dans la photographie I. La division que nous venons de décrire est 1res irrégulière et à peine visible à une température voisine du point de fusion. Si l'on élève progressivement la température, la régularisation se produit et les lignes focales apparaissent avec une nelteté remar- quable à une température d'autant plus basse que l'épaisseur est plus grande. Si on laisse refroidir, les mêmes changements se reproduisent en sens inverse : la surface devient plane et les lignes focales disparaissent à la température où elles apparaissent pendant réchauffement. Avec les grandes épaisseurs, la division en coupures persiste jusqu'à la température de solidification; celle-ci commence à la surface libre sur les lignes de faite, et les cristaux d'acide stéarique formés le long de ces lignes produisent des chapelets très curieux visibles dans la plaque après solidification complète. Les mesures des dimensions transversales ont fourni les résultats suivants : i° Lorsque la température croit lentement, la distance moyenne 7. des coupures, dans une nappe d'épaisseur donnée e, varie peu, contrairement à ce qui a lieu dans la convection à l'air libre. Le relief de la surface libre s'exagère au contraire considé- rablement, de telle sorte que la mise au point faile sur les lignes focales doit être modifiée à mesure que la température s'élève. a° Pour la même épaisseur, les cellules sont plus petites que dans la convection à G l'air libre. Si l'on calcule les valeurs du rapport^, on voit que ce rapport a des valeurs A comprises entre o,5 et i, tandis qu'il ne dépasse guère o,3 dans la convection à l'air libre. On réalise à la fois dans la même nappe les deux espèces de tourbillons, en mélangeant à la bougie rose -^ de son poids de cire. Dans une nappe liquide de ce mélange, la pellicule superficielle se forme comme il a été dit ci-dessus, ainsi que la division en coupures parallèles avec ébaucbe du réseau cellulaire hexagonal. Mais la pellicule est moins cohérente, il suffit de souffler à la surface pour la crever, et quand on l'a rompue, elle met un temps très long à se reformer. Dans les plages ainsi découvertes se pro- duisent des tourbillons isolés dus à la convection à l'air libre : leur diamètre est environ quatre fois plus grand que celui des petites cellules précédentes; ils persistent par refroidissement bien au-dessous de la température de disparition du réseau des petites cellules ou coupures (photographies II, III, IV). SÉANCE DU 21 AVRIL 1913. I23l Remarques sur la Communication précédente (de M. Dauzère) ('), par M. Desi.andres. Déjà, en présentant l'année dernière (le i5 avril 1912) une Note de M. Dauzère sur les tourbillons cellulaires isolés, j'ai ajouté quelques remarques, et j'ai fait ressortir le très grand intérêt de ces recherches et des recherches antérieures de M. Bénard, pour la Météorologie terrestre et même solaire. Ces résultats de la Note actuelle confirment plus nettement encore cette première conclusion. M. Dauzère étudie aujourd'hui un cas nouveau bien défini, celui où le liquide, chauffé par le bas, offre à sa surface une pellicule superficielle de particules solides, et il reconnaît deux dispositions nouvelles des courants de convection, qui semblent attachées à la présence de ces particules. Or les tourbillons analogues de notre atmosphère, constitués, comme on sait, par la réunion d'un cyclone et d'un anticyclone, rencontrent souvent dans le sens de la hauteur des couches de particules d'eau liquides et solides, et l'on peut prévoir que ces particules exercent une influence notable sur le mouvement tourbillonnaire. PHOTOMÉTKIE. — Nilomctre, ou appareil pour la mesure rapide de la bril- lance (-) d'une surface lumineuse. Note de M. A. Blonde 1., présentée par M. J. Violle. 1. L'appareil représenté par les figures 1 et 3 consiste, sous sa forme la plus simple, en une chambre noire métallique, qui permet d'observer à l'œil nu sur un écran d'observation E, une image de la source lumineuse étudiée, à une échelle d'agrandissement ou de réduction qui dépend de l'objectif employé, et qui est en général voisine de l'unité. Les rayons tra- versent un diaphragme à œil-de-chat rectangulaire à vis micrométrique, (') Présentée dans la séance du 7 avril 1913. (2) Le terme intensité surfacique a été proposé par M. J. Blondin pour désigner ce qu'on appelait autrefois éclat intrinsèque, ternie reconnu aujourd'hui impropre à cause des acceptions trop nombreuses qu'a reçues le mot éclat. J'emploie pour abréger le mot brillance qui traduit l'anglais brightness et qui se déduit régulière- ment de l'adjectif brillant. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N" 16.) l57 1232 ACADEMIE DES SCIENCES. du type que j'ai décrit antérieurement ('). Le diamètre de l'objectif est choisi assez grand et son tirage assez limité pour que les rayons lumineux, Fig. i. — Coupe horizontale schématique de l'appareil pour comparaison directe : S, source de lumière; L, lunette à tirage variable; O, objectif achromatique mobile; b, boite contenant le diaphragme fixe D et le double volet D' limitant une fente horizontale variable; B, raccord garni de velours noir; B, boite à devant mobile autour d'une charnière horizontale; E, écran en papier ou verre émaillé recevant l'image de la source; P, prisme double à bande argentée; t, tirette de l'écran E; F, lampe à incandescence cylindrique à filament rectiligne vertical; I, verre fumé éventuel ; '2, verre émaillé ; T, tirette de la plate-forme mobile N ; iv. lils souples amenant le courant électrique et passant dans la tirette; G, douille supportant un tube de visée ou une lunette (non représentée). Fig. 2. — Boite B de l'appareil pour comparaison par microscope : e, écran mobile en verre dépoli avec fenêtre centrale; p, prisme double à bande argentée, enchâssé dans la fenêtre; M, microscope comprenant un objectif q et un oculaire m; a, anneau oculaire du microscope. Fig. 3. — Détail du premier prisme, en élévation agrandie. Fig. 4. — Détail, en élévation agrandie, de l'écran e, avec réticule et petit prisme p enchâssé au centre. convergeant au centre de l'image qu'on observe, couvrent toujours plus que l'ouverture du diagramme; il en résulte que, indépendamment de la posi- (') A propos de la description du photomètre universel de Blondel et Broca dans les Comptes rendus du Congrès de Cartilage (1896) de l' Association française pour l'avancement des Sciences. SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 1233 tion de l'objectif, l'éclairement E de l'image est proportionnel à la brillance de la source i, suivant la formule E = — j-î en appelant k le coefficient de transmission, S la surface ouverte de l'œil-de-cbat, /• sa distance à l'écran. Pour que l'obliquité des rayons incidents provenant de l'œil-de-cbat n'en- traîne aucune erreur, l'écran E n'est pas en verre dépoli (dont l'indicatrice polaire de diffusion est en forme d'ellipse très aplatie), mais en papier ou en verre émaillé (dont l'indicatrice se rapproche beaucoup d'un cercle). Un double prisme Lummer-Brodhun, placé devant l'image, contient, sur l'axe de visée, une bande argentée verticale à 45°, qçi réfléchit la surface lumineuse de comparaison, formée par un second écran diffusant 2, éclairé par une lampe à incandescence spéciale (filament vertical dans une ampoule cylindrique). L'étalonnement de l'œil-de-chat est fait en visant une surface d'éclairement uniforme préalablement déterminé. 2. L'appareil peut être transformé en micronitomètre (voir fig. i et 4) par l'emploi d'un microscope au lieu d'un tube de visée, suivant le prin- cipe du microphotomètre de Cornu ('), déjà perfectionné par M. H. Le Chatelier dans son pyromètre (-). L'écran E et le prisme P des figures i et i sont remplacés par un verre dépoli e, portant dans une fenêtre centrale un petit prisme double /' de 5mm de côté, dont la bande argentée verticale intérieure renvoie sur l'objectif du microscope les rayons du lilamenl incandescent F; on amène dans le plan de l'axe de la bande l'image aérienne de la source et on les compare par le microscope. Eu rabattant le fond de la chambre noire autour d'une charnière horizontale, on peut voir auparavant sur l'écran à réti- cule quelle est la partie de l'image qui sera dans le champ du microscope. 3. Pour mesurer la brillance d'une source très intense, on la compare directement à celle du filament de la lampe à incandescence F, en déplaçant à droite la plate-forme N de façon à substituer ce filament à la bande argentée du prisme; on protège alors l'œil de l'observateur par des verres absorbants ajoutés devant l'oculaire ou dans le microscope, dont on peut du reste augmenter en ce moment le grossissement. En remplaçant la lampe spéciale F par une lampe à incandescence quelconque, et la source à étudier par un filament Nernst, dont la brillance a été préalablement tarée, on (') A. Cornu, Études photométriques (Journal de Physique, t. X, 1881). (2) 11. Le Chatelier, Comptes rendus, février 1892 et Journal de Physique, 3e série, t. I, mai 1892. [234 ACADÉMIE DES SCIENCES. peut déterminer directement les brillances des filaments de toutes les lampes à incandescence. Si l'on appelle r, r' les distances respectives de la bande argentée (ou du filament qui le remplace dans la méthode 3) à l'œil-de-chal et à l'objectif du microscope, / la distance de la bande argentée au fijamenl de F, D le diamètre de l'objectif du micro- scope, d le diamètre du filament incandescent, /., /.', k" les coefficients de transmis- sion respectifs de l'objectif 0, de la bande d'argenture et du cube de verre, C le coefficient de clarté du microscope (toutes absorptions déduites et en tenant compte de la grandeur de l'anneau oculaire), B la brillance de la surface étudiée S, b la bril- lance du filament de F; on a, en égalisant par l'œil-de-chat, la relation entre les brillances apparentes c*:F-^(^YB = CA',r^(^U ou =cb, 7rD2 \ /'/ TïD \ l J suivant qu'on opère par la méthode du paragraphe 2, ou par la méthode du para- graphe 3 ci-dessus. D'où l'on déduit B ou b en fonction de S. Les précautions à prendre pour légitimer l'emploi du microscope sont d'ailleurs celles qui ont été indiquées respectivement par A. Cornu (/oc. cit.) et par moi-même ('). ACOUSTIQUE. — Sur les vibrations transversales des cordes. Note de M. G. Sizes, présentée par M. J. Violle. Dans les expériences que M. Massol et moi avons effectuées sur les vibra- tions multiples des corps vibrants (Comptes rendus, 1907 à 1910, passirn), nous avons étudié un certain nombre de cordes et particulièrement la plus longue corde d'un piano à queue, corde fdée de im,96, donnant le /a_, de 27Td. Les grandes oscillations de cette corde, pincée'de toutes façons, nous ont permis d'enregistrer des courbes semblables à celles que nous avions obtenues des diapasons. Sur ces courbes, j'ai relevé 16 harmoniques inférieurs et 7 supérieurs. Le plus grave est /a_5 de i""1, 6876 ; mais ce n'est pas le son fondamental de l'échelle. Le rap- 7 K port y» qu'il présente avec so/_4 de 2"', 9.5 en fonction de 7e harmonique, assigne comme son fondamental /a_7 deo,a,422, en rapport de — avec «o/_4; /«__, se classe ainsi comme 4e harmonique et le son prédominant comme 64°. (') A. Blondel, Sur un pholomètre-luxmètre portatif {Congrès de l'Association française, Reims, 1907). SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1235 Le Tableau suivant renferme : i°les sons observés, 2° leurs nombres de vibrations; 3° l'ordre des harmoniques rapportés à la fondamentale ('). Harmoniques inférieurs. 1 /rt_7 ) la-, mi-k sol_u fo_t Ut-3 mi_3 sol_3 < Ov,422 ( i 1^,6875 2', I 1 2% 53 2y,g5 3',375 4V,22 5': ,06 5v,g f I 4 5 6 7 8 IO ,2 .4 ia'-3 si-3 «<12 solti /a_2 «/f. mi_ , soft.. r /rt-' 1 6V,75 7V>6 8', 44 ia'| i3v,5 i6T,88 20V 25 25' J 27v 16 18 20 3o 32 4° 48 60 L 64 J Harmon iques supérieurs. mi 0 la0 ut\ mit la, /fl2 o11, 3o, mais l'a été par celles comprises entre 0^,30 et 0^,2.^. Arséniure d'hydrogène AsH3. — D'après d'anciennes observations de Vogel (Journ. prakt. C/iem., t. VI, p. 347), ce saz a l'obscurité déposerait en (S jours des flocons noirs ; et au soleil le flacon se couvrirait, en peu de jours, d'une couche d'arsenic métallique. Le produit de Vogel contenait proba- blement des traces d'impuretés et de l'humidité, car un échantillon sec et pur de AsH3, préparé en 1894 et conservé depuis en flacon de verre, à la lumière diffuse, sur le haut d'une armoire, ne nous a pas montré de dépôt sensible sur les parois, et a été trouvé entièrement absorbable par SO'Cu (et par suite exempt d'hydrogène); après un mois d'exposition à la lumière solaire directe sur une terrasse, en tube de quartz, il n'y avait encore qu'un léger voile d'arsenic sur les parois. Exposé 2 heures à io""u d'une lampe 220 volts en régime faible (3, 6 am- pères et 60 volts aux bornes), en tube de verre ordinaire et en tube uviol, ce gaz ne s'est pas modifié. Les rayons de 7. > 0^,25 n'ont donc qu'une action lente. En tube de quartz, par contre, on voit au bout d'une quinzaine de secondes commencer à se former, sur les parois du tube, un dépôt brun qui , SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 1245 au bout d'une minute, est très net et, au bout de 10 minutes, a pris un aspect miroitant; on a mesuré séparément l'augmentation de volume et l'hydro- gène formé; la comparaison des chiffres montre que ce dépôt miroitant est de l'arsenic pur. Famille du carbone. — Méthane. — Même par irradiation intensive etpro- longée, nous n'avons observé ni dépôt de carbone, ni variation de volume. Siliciure d'hydrogène Si II1. — Echantillon de gaz à peu près pur, comme on le reconnaît en l'analysant par la potasse, mais cependant spon- tanément inflammable, ce qui est dû, comme l'a montré M. Lebeau(Cow/;/e.y rendus, 1909, p. 44), à des traces de silico-élhylène Si" H1. Exposé devant la lampe à mercure en tube de quartz, ce gaz donne instantanément un brouillard; sur les parois se dépose une pellicule jaunâtre irisée de silicium; le volume gazeux augmente, et l'on y caractérise l'hydrogène. Composés organométalliques. — Zincèlhyle. — Les expériences précédentes montrant que la décomposition des composés gazeux est d'autant plus facile qu'il y entre des corps plus voisins de l'état métallique, nous avons pensé que les composés organométalliques seraient peu stables. En effet, au bout de 5 minutes, des échantillons de zinc-éthyle liquide exposés devant la lampe à mercure donnent un dépôt de zinc qui s'épaissit en couche brillante for- mant miroir; en même temps, il se dégage un gaz que nous avons caracté- risé comme éthane presque pur et exempt d'éthylène dans plusieurs expé- riences. Simultanément à l'éthane, il doit se former un composé moins hydrogéné, qui s'unit vraisemblablement à l'excès de zinc-éthyle liquide. Gaz phosgène COC12. — Ce gaz, qui se forme par l'union de CO et Cl2 à la lumière visible, se dissocie inversement en faible proportion dans l'ultra- violet extrême. En présence du mercure qui fixe le chlore, la décomposition continue et le volume se réduit peu à peu à moitié. L'action est très prompte : moins de 5 secondes après avoir démasqué la lampe, le mercure est déjà nettement dépoli quand on opère en tube de quartz; dans un tube de verre uviol, le même effet demande environ 80 secondes; dans un tube de verre ordinaire, après 2 heures, le dépolissement du mercure est insensible. Fluorure de soufre SF';. — Ce gaz, qui comme la plupart des composés du fluor est très stable, n'est pas dissocié par les rayons de la lampe à mer- cure. Après 3 heures d'irradiation, en tube de quartz sur cuve à mercure, on n'observe ni dépôt ni variation de volume, et le mercure est resté brillant. 1246 ACADÉMIE DES SCIENCES. cristallographie. — Orientation des cristaux liquides par tes lames de mica. Note de M. Ch. Maugui.v, présentée par M. Wallerant. Frankenheiin ('), dans des expériences remarquables, a mis en évidence les actions d'orientation que le mica est susceptible d'exercer sur des parti- cules cristallines variées se déposant à sa surface. Les cristaux liquides de Lebmann, en raison même de leur mobilité, peuvent manifester ces actions d'orientation d'une façon beaucoup plus nette encore. En faisant fondre de l'azoxyanisol entre deux lames de mica séparées par clivage et rappro- chées dans leur position primitive (2), j'ai obtenu des édifices réguliers dont la structure présente les relations les plus étroites avec celles du cristal qui leur sert de support. Pour définir ces relations avec précision, je rappellerai la propriété suivante bien connue : Lorsqu'on comprime avec une pointe émoussée une lame de mica posée sur un support flexible (liège ou caoutchouc), on la voit se plisser suivant une figure étoilée (figure de pression) qui résulte de l'entre-croisement d'une droite principale parallèle à l'axe h2 du mica, et de deux droites secondaires faisant avec la précédente des angles de Go" à droite et à gauche. Je désignerai par D et G, d et g les directions de ces lignes secondaires sur les deux lames de clivage, inférieure et supérieure, D,G =d,g = 6o°: Au contact de la lame inférieure de mica, l'axe optique du liquide s'oriente parallèlement à l'une des lignes secondaires de pression (soit D pour fixer les idées). Au contact de. lu lame supérieure de mica, l'axe optique du liquide s'oriente parallèlement à l'autre ligne secondaire de pression (g dans le cas supposé). Entre les deux, l'orientation de l' axe optique varie d' une façon progressive, les couches extrêmes se trouvant raccordées par un édifice à structure héli- coïdale d'un enroulement total de 6o° (D, g = Go°). L'élude des propriétés optiques de ces édifices liquides se fait sans difficulté. Il suffit de compenser la biréfringence de chaque lame de mica en lui accolant une lame de mica de même épaisseur, les directions de vibration de la lame à compenser el de (') Frankenheim, Pogg. Ann., t. XXXVII, i836, p. 5i6; t. CXI, 1860, p. 1. (-) J'ai toujours pris soin d'effectuer le clivage au moment même de faire la prépa- ration, de façon que les surfaces utilisées soient parfaitement propres. SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1247 la lame compensatrice étant, bien entendu, croisées entre elles. Je donnerai ailleurs en détail les résultats de cette étude. Les résultais énoncés entraînent quelques conclusions fort curieuses : i° Les deux lignes latérales de pression D et G de la lame de mica infé- rieure sont physiquement différentes, puisque l'axe optique du liquide se dirige parallèlement à l'une d'elles et fait un angle de 6o° avec l'autre. De même pour les directions d et g de la laine supérieure. 2° Sur les deux faces d'un même clivage, les lignes de pression physi- quement équivalentes ne sont pas les lignes superposées, mais celles qui font entre elles un angle de 6o°. Ce sont D et g, d'une part, G et d, d'autre part. On remarquera que deux directions équivalentes se substituent l'une à l'autre par une rotation de 180" autour de l'axe La (amenant l'une des faces de clivage à la place de l'autre). 3° Les différents clivages observés ne se sont pas comportés de la même façon. Les uns, en effet, ont donné des édifices hélicoïdaux enroulés à droite (le liquide raccordant G, d)\ les autres, en nombre à peu près égaux, des édifices hélicoïdaux enroulés à gauche (le liquide raccordant D, g). Une même préparation m'a montré deux régions contiguës où l'enroulement avait lieu en sens contraires, et, fait important, la ligne qui séparait ces deux régions se prolongeait en dehors de la préparation par une strie visible sur le mica. Tout ce qui précède est relatif à des préparations où l'on a eu soin de laisser aux lames de mica la position même qu'elles avaient avant d'être séparées par clivage. J'en ai fait d'autres où j'ai intentionnellement fait tourner l'une des lames, sur l'autre, d'un angle a. Le liquide continue à raccorder les directions (D, g) ou (G, d) dans la position nouvelle qu'elles ont prise. L'amplitude de l'enroulement hélicoïdal est alors de Go°zha. Elle peut être éventuellement nulle; la lame liquide se comporte comme un cristal homogène. En terminant, je signalerai d'une part l'analogie étroite qui existe entre les lames d'azoxyanisol orientées par le mica et les lames d'azoxyphénétol orientées par de minces pellicules d'origine cristalline ('), d'autre part la différence profonde qui sépare les édifices actuels de ceux qu'on obtient en faisant fondre le même azoxyanisol entre des lames de verre rigoureu- sement propres (2). (M Ch. Mauguin, Bail. Soc. Min., t. XXXIV, p. 85. C2) Ch. Mauguix, Id. t. XXXIV, p. 83. C. P.., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N» 16.) 1 5p, 1248 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la consommation des graisses dans V organisme animal. Note (') de M. C». Lafox, présentée par M. A. Chauveau. Il est établi depuis longtemps que ce sont surtout les principes ternaires, hydrates de carbone et corps gras, qui fournissent à l'organisme l'énergie dépensée pour l'entretien de son activité, les matières azotées ayant un autre rôle, celui de servir à la rénovation de la substance même des tissus, et ne jouant qu'accessoirement le rôle de combustibles. La démonstration de la consommation périphérique du glucose par M. Chauveau {Comptes rendus, t. 42, i856) et les recherches de Chauveau et Kaufmann sur le muscle releveur de la lèvre supérieure du cheval {Comptes rendus, t. 103, 1886) ont montré le rôle prépondérant du glucose comme aliment immédiat de l'activité des tissus et, en particulier, des muscles, mais le rôle des graisses n'en est pas moins évident. D'abord, chez le sujet à jeun, les réserves hydrocarbonées sont vite épuisées et l'or- ganisme lire nécessairement la plus grande partie de l'énergie qu'il dépense de la combustion de ses graisses. Les expériences de Kelluer sur le cheval et celles de Frentzel sur le chien ont, d'autre part, montré la participation des graisses de réserve à la production du travail, en cas d'alimentation insuffisante. Comme l'activité des muscles entraîne une consommation incessante de glucose et de glycogène et que, d'autre part, le glucose du sang et le glycogène du foie et des muscles persistent très longtemps au cours de l'inanition, on a été conduit à admettre un renouvellement constant de ces principes, et M. Chauveau a émis l'opinion que l'utilisation de la graisse était indirecte et qu'elle servait précisément à la reconsti- tution du glucose et du glycogène consommés. Cette interprétation s'appuie sur les observations faites sur la marmotte en hibernation et sur les variations du quotient respiratoire pendant le travail et le repos consécutif, chez le sujet à jeun. Cette trans- formation de la graisse en glucose se ferait dans le foie (Chauveau, Comptes rendus, t. 122, 1896). D'autre part, Bouchard et Degrez ont mis en évidence la formation du glycogène musculaire aux dépens des graisses chez l'homme et chez l'animal [Comptes rendus, t. 130, et Journal de Physiologie et de Pathologie générale, 1900). Sans méconnaître la valeur des faits apportés à l'appui de cette concep- tion, il n'est pas sans intérêt de rechercher si la graisse ne peut pas être directement utilisée par les tissus, au même titre que le glucose, sans être préalablement transformée en hydrate de carbone. (') Présentée dans la séance du i4 avril 1 g 1 3 . SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. I24p, On peut invoquer, à ce sujet : i° la faible étendue des variations du quotient respi- ratoire, sous l'influence du travail, chez le sujet à jeun ; 2° la valeur relativement faible de ce quotient pendant le travail chez le sujet qui reçoit une ration riche en hydrates de carbone, ce que M. Chauveau interprète par la consommation simultanée de graisses (Chauveau, Volume jubilaire du Cinquantenaire de la Société de Bio- logie, 1889, p. 386) ; 3° la consommation nécessaire des graisses chez le sujet diabétique où les tissus ont perdu plus ou moins complètement l'aptitude à utiliser le glucose, et l'absence de glycosurie, chez les mêmes sujets, à la suite de l'ingestion de graisses; 4° enfin l'absence d'accroissement de la consommation d'oxygène après ingestion de graisse, accroissement qui serait nécessaire pour expliquer la transformation de la graisse en glucose par oxydation incomplète. Il v a lieu de rappeler aussi que Luchlinger a montré que le muscle privé de glyco- gène conserve encore longtemps l'aptitude à se contracter, et Ranke a établi que des muscles de grenouilles, épuisés par la létanisation, ne se colorent plus par l'acide osmique, preuve de la consommation directe de la graisse par le travail musculaire (Ranke, Tétanos, 1 865 ) . Pour mettre en évidence la consommation de la graisse par les tissus, nous avons exécuté des expériences analogues à celles de Chauveau et Kaufmann sur le muscle releveur de la lèvre supérieure du cheval, en dosant comparativement la graisse dans le sang artériel et dans le sang veineux qui sort du muscle, d'abord à l'état de repos, puis en provoquant l'activité des muscles par la mastication. Le dosage de la graisse a été fait par extraction à l'éther dans l'appareil de Soxhlet. Nous avons fait également quelques expériences chez le chien en provo- quant la contraction des muscles d'un membre postérieur par des excita- tions électriques. Les résultats obtenus sont consignés dans les Tableaux ci-après : Graisse contenue dans 1000» de sang : ^ — • ■— Graisse prélevée Durée Irrigation sanguine : sang sang p. 1000» de sang : Expé- de la prise ■— - — — Accrois- sang veineux veineux — — > — — ■ — riences. de sang. repos. travail. sèment. artériel, (repos), (travail). repos. travail. min g g g g g g g I. Cheval vigoureux. . . 5 5 33 6,6 2,000 1 ,91 5 i,3o3 o,o85 0,697 II. Id. ( l ) ... 3 32 70 2,2 2,23o 1,900 _ i,84o o,33o 0,390 III. A.ne vigoureux (-) . 1 2i,65o 37,i5o 1,7 2,35o 1 , Sg3 i,o54 0,457 0,906 rv. Id. 1 i7,43o 27,050 i,5 1,966 t,32o 1,204 o,646 0,764 V. Ane amaigri 2 8,3oo 2i,58o 2,6 0,891 1 , 325(*) o,4i6 -i-o,435 0,475 VI. Id 2 6,100 9,4'° !>5 i,388 i,i38 o,645 o,25o 0,743 (') Le sympathique cervical a été coupé pour une démonstration. (2) Dans les expériences III et IV, les veines collatérales n'ont pas été liées, l'animal étant difficile, ce qui explique l'abondance de l'irrigation sanguine. Graisse contenue dans 1000" : Sang veineux : artériel. repos. travail. s 2, 366 2,2l6 2, 583 2,705 3,o66 2.777 i ,35o 0.597 0,900 I25o ACADÉMIE DES SCIENCES. Sauf une seule exception (*), qui peut être due à une erreur d'expérience, le sang veineux a été trouvé constamment plus pauvre en graisse que le sang artériel, et le prélèvement est plus considérable pendant le travail, d'autant plus que le prélèvement, par unité de volume de sang, doit être multiplié par les coefficients d'irrigation sanguine qui s'accroît dans une proportion variant de i, 5 à 6,6. Les résultats obtenus cbez le cbien n'offrent pas la même netteté et la teneur en graisse du sang veineux a été trouvée tantôt supérieure, tantôt inférieure à celle du sang artériel : Expé- riences. kg VII. Chien, 20 (légèrement anesthésié au chloralose).. . VIII. Chien, 12 Id. IX. Chien, 21 (à jeun de 4 jours) Id. Ces variations peuvent tenir à ce que le sang, en même temps qu'il perd de la graisse dans les muscles, s'approvisionne de nouveau dans les réserves. Enfin les expériences faites sur le lapin, sacrifié par hémorragie, de façon à soustraire les muscles à l'influence de la circulation, montrent la diminu- tion de la graisse dans les muscles épuisés par des excitations électriques : Expé- a, muscles b, muscles riences. frais. fatigués s r X. Lapin. Graisse contenue dans ioo? de muscles. .. . 0,881 0,496 XI. Lapin. Id. .... o,83o o,55o De l'ensemble de ces résultats nous croyons pouvoir tirer la conclusion que les graisses sont consommées directement, au mêifie titre que le glucose, dans l'activité des tissus et, en particulier, dans le travail musculaire. PHYSIOLOGIE, — Sur le mécanisme de la sécrétion salivaire provoquée par l 'injection d eau salée dans les vaisseaux. Note de MM. E. Wertheimer et G. Battez, présentée par M. A. Dastre. Cohnbeim et Lichtheim (') ont observé que l'injection d'eau salée dans (') Veber Hydrœmie und hydrœmisckes OEdem (Arch. f. experim. Palhol., t. LXIX, 1877, p. 106). SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. I25l les vaisseaux active la salivation. Le mécanisme de cette activation n'a pas encore été étudié, que nous sachions. Il est communément admis que la dilution, le contenu salin du sang et la réplétion des vaisseaux agissent directement sur la glande, pour lui faire produire une quantité de liquide plus ou moins considérable. H.-J. Hamburger ('), cependant, qui pose en principe qu'il n'y a pas de sécrétion salivaire sans action nerveuse, suppose que, même dans ce cas particulier, elle est due à une excitation réflexe. La solution salée, éliminée par la muqueuse buccale, impressionnerait les nerfs gustatifs, comme le ferait toute autre substance sapide. Cette hypothèse n'est pas justifiée : nous nous sommes assurés que ni l'anesthésie de la muqueuse linguale par la cocaïne, ni surtout la section simultanée de toutes les fibres gustatives, celles du nerf lingual au-dessous de l'origine de la corde du tympan et celles du nerf glosso-pharyngien à sa sortie du crâne, n'empêchent la solution salée de produire ses effets habituels. Il n'en est pas moins vrai que cette action s'exerce presque exclusivement sur le système nerveux. Sectionnons, en effet, à droite par exemple, les nerfs sécréteurs de la glande sous-maxillaire, c'est-à-dire le lingual au- dessus de l'origine de la corde et le tronc commun du vague et du sympa- thique au cou, et laissons <:es nerfs intacts à gauche : nous verrons, à la suite de l'injection, un écoulement abondant, ou même profus, se faire par le canal deWharton gauche, tandis que, pendant le même temps, le canal du côté droit ne fournira que quelques rares gouttes de salive, parfois une ou deux seulement. Nous avons employé, pour ces expériences, soit la solution isotonique de chlorure de sodium à 9 pour 1000, soit une solution très hypotonique, à 2 pour 1000. Dans ce dernier cas, le contraste entre les deux côtés est encore plus frappant parce que la sécrétion est, en général, plus abondante qu'avec les solutions isotoniques; sans doute, la moindre viscosité du liquide et du sang favorise l'action nerveuse. Voici un exemple de ce genre. Chez un chien de i3k«, curarisé, on introduit des canules dans les deux conduits de Wharlon et l'on énerve la glande sons-maxillaire à droite. Au moment de l'injeclion, la salivation est arrêtée depuis quelques minutes, aussi bien à gauche qu'à droite. On injecte en i3 minutes 25oocmS de la solution à 2 pour 1000. La sécrétion commence du côté intact 2m35s après le début de l'injection et l'on compte ensuite par minute : 3, 8, 1 1 , 20, 2.5, 25, 25, 3o, 3i gouttes de salive. L'écoulement diminue alors graduellement ; mais, à la trente-sixième minute, on recueille encore 9 gouttes. (') Osmotischer Druck und lonenlehre, t. II, 1904, p- 4^2. 1252 ACADÉMIE DES SCIENCES. Du côté énervé, une goutte a commencé à apparaître entre la cinquième et la sixième minute et n'est tombée qu'à 1 6 "' 2 5 s ; puis il s'en forme cinq autres dans les 19 minutes suivantes. En outre, chez l'animal qui a reçu une dose suffisante d'atropine, les glandes sali- vaires se comportent comme, les glandes énervées. Ainsi cette sécrétion, où les phénomènes physiques de filtra tion, de diffusion, d'osmose sembleraient seuls devoir entrer en jeu, est presque entièrement sous la dépendance du système nerveux : ce n'est qu'une très faible quantité de salive qui se forme sans l'intervention des nerfs sécréteurs. Par quel mécanisme les solutions salées sollicitent-elles l'activité de ces nerfs? C'est certainement l'augmentation delà pression sanguine que, dans nos expériences, il faut mettre en cause : la vitesse de l'injection ne permet pas à la tension artérielle de se régulariser. Ainsi, dans l'observation que nous avons résumée ci-dessus, la pression, qui était de 9e"1 avant l'injection, s'est élevée à 20e"1, 5 au moment où la sécrétion a commencé et s'est main- tenue à peu près à ce chiffre pendant une dizaine de minutes. Cette augmentation de pression ne peut qu'exciter directement le centre bulbaire de la sécrétion comme elle excite, par exemple, dans des condi- tions semblables, le centre modérateur du cœur. A moins qu'on ne veuille admettre, ce qui nous paraît moins vraisemblable, une excitation réflexe partie des nerfs sensibles des vaisseaux, à la suite de la forte distension à laquelle ils sont soumis. De même, on doit pouvoir activer la sécrétion salivaire par la compres- sion de l'aorte abdominale qui élève la pression dans toutes les régions du corps situées au-dessus du diaphragme. C'est, en effet, ce que nous avons observé, bien que le résultat s'obtienne moins souvent qu'après l'injection de la solution salée. Mais lorsque, à la suite de cette injection, la sécrétion commence à se ralentir, il est de règle que l'oblitération de l'aorte pro- duise une nouvelle accélération, et toujours du seul côté où les nerfs ont été respectés. Les expériences de MM. Dastre et Loye (') nous apprennent aussi que si les injections d'eau salées sont faites assez lentement pour que la pression artérielle ait le temps de se régulariser, les glandes salivaires ne con- tribuent pas, en général, ou du moins ne contribuent que fort peu à l'excré- tion du liquide injecté dont V élimination se fait presque entièrement par la voie urinaire. (') Nouvelles recherches sur l'injection de l'eau salée dans tes vaisseaux (Arc/i. de Physiol., 188g, p. 253). SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 19.53 PHYSIOLOGIE. — Coefficients lipocyliques et imbibition des cellules vivantes par Veau. Note (') de MM. André AIayer et (ieokges Scmaeffer, pré- sentée par M. Dastre. La question des échanges d'eau des cellules avec leur milieu domine un grand nombre de problèmes de physiologie normale et pathologique. Parmi les faits de biologie générale, les phénomènes de turgescence, de croissance, d'anhydrobiose; dans la physiologie des organismes supérieurs, les échanges entre les tissus et le sang, l'absorption par l'intestin et les séreuses, les sécrétions rénale et pulmonaire; à l'étal pathologique, les phénomènes d'œdème, s'y rattachent tous étroitement. Au cours de ces vingt dernières années, à la suite de travaux de Pfeffer, d'Ham- burger, on a considéré que le facteur principal des échanges d'eau est la pression osmotique des cellules et des tissus, c'est-à-dire, en dernière analyse, la concentration moléculaire des crislalloïdes qui s'y trouvent dissous. La plupart des chercheurs sont aujourd'hui d'accord pour penser qu'à elle seule l'osmose est impuissante à expliquer l'ensemble des échanges d'eau et des substances dissoutes. Une première correction au point de vue que nous avons rappelé a été apportée par Overlon. Cet auteur a attiré l'attention sur le fait que la cellule contient des lipoïdes. Pour lui, ces consti- tuants forment autour de la cellule une zone superficielle, et la plupart des corps n'y pénètrent que dans la mesure où ils se dissolvent dans ces lipoïdes. Nous ne désirons pas discuter encore le point de vue d'Overlon. Mais si cet auteur a, avec raison, attiré l'attention sur la présence des lipoïdes, on peut, à notre sens, concevoir leur rôle d'une façon toute différente. Rappelons tout d'abord que, par des recherches sur les complexes colloïdaux d'al- buminoïdes et sur les aspects ultramicroscopiques des tissus et des liquides de l'orga- nisme, nous avons essayé de mettre en lumière l'idée que le proloplasma est un gel. D'autre part, nos études sur les mitochondries nous ont conduits à identifier ces corps que l'histologie révèle à l'intérieur de toutes les cellules, avec les lipoïdes ( phospha- tides et choleslérine) que la chimie y décèle. Dès lors, le piotoplasma cellulaire nous apparaît comme un gel albuminoïde contenant une certaine proportion de lipoïdes, plus ou moins grande suivant les tissus. On est en droit de se demander si les lipoïdes contenus dans le gel cellulaire n'influent pas considérablement sur sa liaison avec l'eau, sur son imbibition par l'eau. On sait en effet, d'une part, que les composés d'acides gras ont avec l'eau une faible affinité, et nous avons montré notamment que, dans La série des acides gras saturés, à (') Présentée dans la séance du i4 avril i gi 3. 1254 ACADÉMIE DES SCIENCES. partir de l'acide caprylique, les savons sont, en solution aqueuse, à Tétai colloïdal ( ' ). D'autre part, on sait que certains corps qu'on rencontre en même temps que les lipoïdes, dans toutes les cellules, comme la cholestérine, ont au contraire la propriété de favoriser considérablement l'imbihition par l'eau des mélanges qui les contiennent (lipoïdes épidermiques, recherches de Unna). Dès lors, on est naturellement conduit à rechercher si l'imbibtion par l'eau des cellules et des tissus ne dépend pas directement de leur teneur en composés d'acides gras, notamment en phosphatides et aussi en cholestérine. C'est ce que nous allons examiner en nous occupant d'abord des cellules considérées hors de l'organisme. I. Cas des cellules isolées. Globules rouges. Placées dans des solutions hypotoniques, les hématies se gonflent au maximum, puis s'hémolysent. Les globules des différentes espèces sont inégalement sensibles à cette hémolyse par l'eau. On peut, par exemple, les classer ainsi, en commençant par les plus sensibles: Mouton, Bœuf, Cheval, Cobaye, Lapin, Poule. Or, si l'on considère la composition de ces globules ( 2) on voit que cet ordre est rigoureusement celui des valeurs du rapport — —. dans les clobules considérés. Les globules sont donc 1 l acides gras ° ° hémolyses d'aulanl plus facilement par l'eau (pie leur coefficient lipocy tique est plus élevé. II. Cas des tissus. On peut (Overton, Loeb, M. Fischer), pour étudier l'imbihition des tissus, en prélever des fragments, les placer dans l'eau et, par des pesées successives, déterminer leur gonflement maximum par l'eau. On constate alors les faits suivants : i° Cbez un même animal, Mammifère ou Oiseau, l'ordre d'imbibition relative des différents tissus est toujours le même. Le plus gonflé est le poumon, puis vient le rein, puis le foie. Or cet ordre est précisément (3) celui des coefficients lipocyliques. Les fragments de tissus placés dans l'eau se gonflent d'autant plus que leur coefficient lipocytique est plus élevé. 2° Ces expériences permettent d'aller plus loin et de montrer qu'il existe un rapport numérique entre la teneur en lipoïdes et l'imbihition par l'eau. Si l'on réfléchit en effet que l'eau constitue la plus grande partie des tissus, (') André Mayer, G. Schaeffeu et E.-F. Terroine, Comptes rendus, 2 mars 1908. (2) André Mayer et G. Schaf.ffer, Composition chimique du sang et hémolyse {Comptes rendus, t. 155, p. 728). (3) André Mayer et G. Schaeffer, La composition des tissus en acides gras non volatils et en cholestérine {Comptes rendus, t. 156, p. 810). SÉANCE DU 21 AVRIL IQl3. 1255 qu'elle détermine dans une large mesure leur volume; si, d'autre part, la teneur ,. rp . , cholestérine ... , e en eau est proportionnelle au coefficient — —. , l inverse de ce coet- 1 L acides gras a o i d e s ** r a s . . «i*. ficient, le coefficient , , ' T ■ — mesure une pression, une tension qui limite cnolesterine ' 1 le volume cellulaire, qui s'oppose au gonflement. Il doit donc exister entre les nombres qui les expriment une relation approchée de la forme de la loi ■,1.. ■ ,-, ,,• i •. ■ • ?r- ■ arides gras de Manotte. Lan d nubibition x coefficient -r—, r-^— = une constante. cnolesterine Or voici les chiffres donnés par les expériences : . Eau retenue 1 Eau retenue 1 par 1? coefficient par U coefficient Tissu. de tissu sec. lipocytique /.. Tissu. de tissu sec. lipocytique /.. Lapin (7 expériences). Chien (S expériences). Poumon... 9)2S X 5,8 = 60,1 Poumon... 12,22 5 = 61,10 Rein 8,29 x 7,5 = 62,1 Rein 6,78 X 9, 5 = 64,4' Foie 5,09 x 11,9 = 60,4 Foie J,i8 1 4 , 7 = 61, 44 Muscle.... 5,6o x 1 3 , 6 = 76,9 Muscle.... 4,21 43, 5 = 1 83 , 1 3 Pigeon (5 expériences). Anguille. Rein 5,75 X 11,10 = 62,2 Mépatopan- Foie 4,78 X 12,6 — 6o,3 créas.... 4,~>i X '5,2 = 68,5 Muscle.... 3,4' x 58 = 197 On voit que, sauf le cas du muscle ( ' ), sur lequel nous aurons à revenir et si l'on considère ce que le mode d'expérimentation comporte d'imprécision, les concordances pour les valeurs de k peuvent être considérées comme bonnes. On est donc fondé à penser qu'il doit exister une relation de la forme suivante : Toutes choses égales d'ailleurs, un fragment de tissu placé dans l'eau s'imbibe proportionnellement à son coefficient lipocytique. Nous avons examiné dans quel rapport se trouve le facteur que nous venons de dégager avec ceux qui déterminent, à l'état normal et patholo- gique, l'imbibition des tissus dans l'organisme vivant. Nous y reviendrons. Dans cette Note nous avons voulu indiquer seulement quil existe une rela- tion et même une relation numérique entre le coefficient lipocytique de tissus et leur irnbibition ma.vima par l'eau. (') Nous reviendrons sur ce point quand nous aurons montré qu'on'a le droit de calculer le coefficient lipocytique, non seulement en acides gras, mais en phosphore des phosphatides. Cet élément est, en elïel, aussi constant dans les cellules que les autres constituants lipoïdes que nous avons déterminés. C. K., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 16.) l^O I2d6 académie des sciences. PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur le venin de Buthus quinque- striatus. Note de M. Maurice Akthus, présentée par M. Dastre. Lorsqu'on injecte, dans les veines du lapin, du venin de serpent, on détermine une chute de pression artérielle plus ou moins considérable et durable selon la dose et la nature du venin injecté. Lorsqu'on injecte, dans les veines du lapin, du venin du scorpion égyptien, Buthus quinque-strialus, on détermine, entre autres phénomènes, une élévation considérable de la pression artérielle, qui [tasse de ior"'à i5"u de mercure, et s'y maintient pendant plusieurs minutes, quand la quantité de venin injecté est suffisante. Cette opposition, en apparence absolue, entre les effets de ces deux catégories de venins sur la pression artérielle méritait d'être étudiée : la pré- sente Note contient les principaux résultats de cette étude. La dépression produite par les venins des serpents n'est accompagnée d'aucune modification du rythme cardiaque; l'hypertension provoquée par le venin du scorpion égyptien est généralement accompagnée d'un ralentis- sement du rythme cardiaque, qui, chez le lapin, passe de 240-200 à 6o-4o par minute : le fait est d'autant plus remarquable que le ralentissement expérimental du cœur par excitation des nerfs vagues est un des artifices employés en Physiologie pour abaisser la pression. Injecté dans les veines du chien, le venin du scorpion égyptien détermine également une hypertension considérable (la pression peut passer de 12e"1- i4cm à 24l'm-3o<"' de mercure) et un ralentissement du co?ur. L'hypertension scorpionique ne résulte pas d'une action exercée par le venin sur le centre vaso-tonique bulbaire, car ellese produit avec sa grandeur et ses caractères normaux, quand le centre vaso-tonique bulbaire a été fonctionnellement supprimé par injection de cocaïne dans le quatrième ventricule. On peut admettre, au moins chez le lapin, que le venin agit à la périphérie, parce qu'il n'existe pas de centres vaso-toniques de quelque im- portance dans la moelle ou dans les ganglions sympathiques chez cet animal. La modération cardiaque provoquée par le venin de scorpion est la consé- quence de l'intervention de l'appareil modérateur extra-cardiaque : elle ne se produit pas chez ranimai atropine, ou chez l'animal ayant subi la double vagolomie (mais l'effet hyper tenseur se produit chez ces animaux); elle ne se produit pas chez l'animal dont le bulbe a été supprimé fonctionnellement par injection de cocaïne dans le quatrième ventricule (mais l'effet hyper ten- seur se produit chez cet animal); elle se produit, généralement atténuéejen SÉANCE DU 21 AVRIL I ij 1 3 . 12T7 durée et en grandeur chez les lapins dont les nerfs dépresseurs ont été sec- tionnés. Cette modération cardiaque est donc, selon toutes vraisemblances, la conséquence d'un réflexe, l'impression étant transmise au bulbe par divers nerfs, parmi lesquels il faut placer les dépresseurs, et réfléchie du bulbe au cœur par les nerfs vagues. On ne peut pas ne pas rapprocher les phénomènes vasculaires et car- diaques de l'intoxication scorpioniquc des phénomènes de même nature de l'intoxication adréna Unique. L'hypertension et la cardiomodération sont des phénomènes précoces de l'intoxication scorpionique : elles se produisent 20 à 3o secondes après l'injection intraveineuse. Or, ces phénomènes ne se produisent plus : i° quand on injecte un mélange de venin de scorpion et de sérum antiscor- pionique (de l'Institut Lister de Londres) immédiatement après l'avoir fait; 20 quand on injecte du venin de scorpion dans les veines d'un lapin ayant reçu quelques instants auparavant du sérum antiscorpionique dans les veines. Donc la neutralisation du venin de scorpion, par l'antivenin corres- pondant, est un phénomène qui s'accomplit, in vitro et in vivo, en moins de 20 à 3o secondes. Le venin du scorpion égyptien exerce donc sur la circulation une action absolument dissemblable de celle exercée par les venins de serpents. Mais il est possible de trouver, parmi les venins, des poisons formant passage de de l'un aux autres. En injectant, dans les veines du chien, le venin d'un petit scorpion qu'on trouve en abondance à Djelfa et à Ouargla, j'ai constaté qu'il provoque d'abord une dépression assez marquée, avec atténuation des oscillations cardiaques de la pression, comme le font, chez cet animal, les protéines toxiques, puis une hypertension semblable en grandeur et en durée à celle provoquée d'emblée par le venin du scorpion d'Egypte. En injectant, dans les veines du lapin, le même venin du scorpion algérien, j'ai provoqué des manifestations d'intoxication proléique, chute de pression et accélération respiratoire notamment, sans aucune hypertension primitive ou tardive. En injectant, dans les veines du lapin, du venin de Cascavel brésilien (Crotalus trrri/îcus), à dose non coagulante, on provoque une remarquable modification de la pression : 10 secondes après l'injection, il se produit une chute brusque et considérable de la pression; 3o secondes après l'injection, il se produit une ascension brusque et énorme de la pression, qui dépasse de beaucoup sa valeur primitive; 1 minute et demie à 2 minutes après l'injection, il se produit une dépression qui persiste. On note en même 1258 ACADÉMIE DES SCIENCES. temps du ralentissement cardiaque, comme dans l'intoxication scorpio- nique, et de l'accélération respiratoire, comme dans l'intoxication protéique. Je n'ai pas observé nettement de faits analogues avec les autres venins que j'ai étudiés; mais j'en ai reconnu dans l'intoxication qu'on provoque, chez le lapin, en injectant dans ses veines du sérum de poule : on peut noter alors les faits signalés dans l'intoxication cascavélique, mais ces faits sont atténués en durée et en grandeur. Ces manifestations toxiques, vasculaires et cardiaques, reconnaissent d'ailleurs les mêmes causes et mettent en jeu les mêmes mécanismes que ceux qui ont été indiqués pour l'intoxication scorpionique. Enfin, si, au lieu d'injecter le venin de scorpion égyptien dans les veines d'un lapin neuf, on l'injecte dans les veines d'un lapin préparé par injec- tions sous-cutanées répétées de ce venin, on note, aussitôt après l'injection, une dépression de courte durée, mais très nette, suivie d'une hypertension considérable et durable : cette forme de courbe faisant passage entre celle qu'on observe dans l'intoxication scorpionique et celle qu'on observe dans l'intoxication cascavélique. On peut ainsi établir une série régulière de formes d'intoxication (en ce qui concerne les faits cardiaques et vasculaires) : venin de scorpion égyptien ( lapin neuf), venin de scorpion égyptien (lapin préparé), venin de scorpion algérien, venin de Gascavel (et sérum de poule), venins de serpents. PHYSIOLOGIE. — Des rapports entre l'anaphylaxie, l'immunité et l'autopro- tèolyse des centres nerveux. Note de M. L.-C. Son. a, présentée par M. Dastre. Il parait aujourd'hui établi que les altérations du système nerveux à la suite d'une injection préparante d'antigène jouent un rôle important, pour ne pas dire capital, dans la genèse de l'état anaphylactique. C'est ce qui ressort, en particulier, des recherches de MM. Abelous et Bardier ('). Dès lors il était permis de penser que l'injection d'un antigène déterminant l'état anaphylactique devait entraîner des modifications dans les centres nerveux au point de vue de la protéolyse dont ils sont le siège. Il nous a donc paru intéressant de rechercher : (') Comptes rendus, 3 juin 191a. SÉANCE DU 21 AVRIL ip,l3. 10.5$ i° Quelle pouvait être l'influence de l'injection préparante d'un antigène (urohypotensine et ovalbumine) sur l'activité de la protéolyse dans les centres nerveux du lapin; 2° L'activité de la protéolyse dans les centres nerveux d'animaux en voie d'immunité. i° Nous avons donc fait l'injection préparante à une série de lapins adultes, arrivés à leur développement complet, et nous avons sacrifié ces animaux au bout de 5, 10, i 7, 22, 23, 26 et 3y jours. Le coefficient d'aminogenèse étant en moyenne de 6 pour 100 pour le cerveau et de 7,5 pour 100 pour la moelle, et le coefficient de protéolyse de 14 à i5 pour 100, chez le lapin normal, ces coefficients deviennent : Coefficient d'aminogenèse ( p. 100). Coefficient — 1. — — — — ■ "— de protéolyse Jours. Cerveau. Moelle. (p. 100). V(urohyp.) 5 6 i3 X (urohyp.) 7 8,5 16 XVII (urohyp.) 8,8 8,8 26, 5 XXII (ovalbum.) 8,7 9,9 2^,8 XXIII ( urohyp.) 9,1 11.4 20,8 XXVI (ovalbum.) 8 8,6 » XXXVII (urohyp.) 6,1 7,3 i5,6 On voit que les coefficients s'élèvent régulièrement à partir du 5e jour après l'injection préparante pour passer par un maximum qui a lieu le 23e jour. A partir de cette date, les coefficients s'abaissent pour rejoindre la normale vers le 35e jour. Il est à noter que les coefficients les plus élevés coïncident avec le moment où la sensibilité anaphylactique est maxima. Vers le 35e jour, l'état anaphylactique a disparu comme nous avons pu le constater sur d'autres lapins. A ce moment, les coefficients' sont normaux. 20 J'ai voulu étudier comparativement les modifications del'aminogenèse et de la protéolyse dans les centres nerveux de lapins ayant reçu deux injec- tions d'antigène espacées d'une quarantaine de jouis. Comme antigène, j'ai employé l'ovalbumine. Un lapin ayant reçu une première injection de 3K d'ovalbumine, puis une deuxième injection de 3S d'ovalbumine à l\\ jours d'intervalle, a été sacrifié le 63e jour après la première injection (en voie d'immunité). L'analyse de la substance nerveuse a révélé des coefficients d'amino- genèse de 6,5 pour 100 pour le cerveau et 7, 1 pour 100 pour la moelle et I2ÔO ACADÉMIE DES SCIENCES. un coefficient de proléolyse de i5, 7 pour 100. Ces valeurs sont sensiblement normales. Conclusions. — Il résulte de ces expériences que l'état d'anaphylaxie s'accompagne d'une augmentation marquée de l'autoproléolyse des centres nerveux. Par contre, si, une fois l'état anaphylactique passé, on fait une seconde injection d'antigène, cette injection ne détermine aucun accroissement de ces coefficients. MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Des rapports existant entre l'ana- phylaxie et l'immunité. Note (') de M. Marcel Beli.v, présentée par M. A. Cliauveau. Ayant démontré que la loxogénine dérive d'une protoxogénine par oxydation ménagée de cette substance, il nous est désormais possible de faire varier à volonté la quantité de toxogénine contenue dans l'organisme, de l'augmenter par les injections de sels peu oxygénés ou de la diminuer en précipitant une partie des sels de l'organisme par administration de chlorure de calcium ou, mieux encore, en oxydant la toxogénine in vivo par injections de substances très oxygénées (-). Il est donc possible ainsi de voir quel rôle joue la toxogénine dans la constitution de l'immunité. A priori, étant donnée la remarquable facilité avec laquelle s'oxyde l'apotoxine, la fixation de l'antigène par la toxogénine apparaît, à mon avis, non pas comme un phénomène d'anaphylaxie au sens propre du mot, mais bien comme un phénomène d'immunité, cette réaction donnant nais- sance à une substance que l'organisme oxydera très facilement et qui deviendra, pour lui, absolument inoffensive. 11 y a transformation d'un corps peu oxydable en un autre plus oxydable, d'une substance difficile- ment destructible, la toxine, en une autre éminemment destructible, l'apo- toxine; ce sont là des faits qui concourent nettement à la protection de l'organisme, c'est donc bien de l'immunité. (') Présentée dans la séance du i4 avril 1 g 1 3 . (■) M. Bklin, Mécanisme de production de l'anaphylaa-ie sérique {Revue de Physiologie et Pathologie générale, niai 1911); La réaction à ta tuberculine est une réaction anaphylactique (Soc. de Biologie, t\ mai 1912; Congrès de Pathologie comparée, 20 octobre 191 2). SÉANCE DU 2 1 AVRIL lO,l3. 1261 L'expérience m'a d'ailleurs permis de confirmer cette hypothèse. Mais, avant d'ahorder l'étude de cette question, il convenait de voir quel pouvait être : i° L'action des oxydants sur les toxines elles-mêmes ; 20 Le rôle des variations du chimisme de l'organisme, résultant des injections salines répétées, sur l'évolution des maladies microbiennes. De l'oxydation hes toxines in vivo. — Etant donné que les toxines s'oxydent très rapidement quand elles sont abandonnées in vitro au con- tact de l'air, il était logique de penser que, tout comme la toxogénine, les toxines pouvaient être influencées par les injections de sels très oxygénés. D'ailleurs des résultats heureux ont été obtenus dans le traitement des maladies infectieuses, à plusieurs reprises, par l'emploi d'oxygène en injec- tion sous-cutanée, de permanganate de potassium et d'autres substances; mais il s'agit là de faits isolés, obtenus par hasard et le plus souvent mal interprétés. Nous étudierons, dans cette Communication, le rôle des oxydants dans le tétanos, la colibacillose et la vaccine. Tétanos. — Toutes les injections ontélé faites à des lapins, au niveau du membre antérieur droit, à l'aide de culture de 36 heures en bouillon peptoné, à la dose de i1'"' . 5. Les substances oxydantes employées ont été les chlorates de sodium et de potas- sium et un terpène ozone, la tallianine, administrés par la voie veineuse. Nous avons constaté, à chaque fois, que, tant que la paralysie restait localisée au membre antérieur droit, peu de temps après l'injection de la substance oxydante, le membre qui, primitivement, reposait sur le sol, inerte, rejeté en arrière, se trouvait peu à peu ramené dans la position normale; puis bientôt l'appui se faisait, hésitant tout d'abord, plus nettement ensuite et bientôt les mouvements redevenaient presque normaux. L'amélioration était d'autant moins nette que l'animal était plus paralysé, elle était nulle quand la paralysie était complète. Les injections de sels oxygénés amenaient, en général, un relard d'un jour dans la mort des sujets succombant à cette affection suraiguë. Il semble donc déjà que la toxine, libre au moins, puisse être facilement oxydée. Colibacillose. — Dans une de nos expériences, nous avons obtenu les résultats suivants : Quatre lapins reçoivent dans le péritoine icm" île culture de 24 heures en bouillon peptoné. Les substances oxydantes sont injectées à partir de la quinzième heure. Le témoin (2Ls.?.5o) succombe en 18 heures. Le second (2ks,02o) est très abattu au moment de la première injection, on lui I2Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES. administre du chlorate de potassium par la voie veineuse à la dose de 8cs par kilo- gramme, trois fois le premier jour, deux fois le second jour : mort en 3 jours. Le troisième (2ks,28o) ne reçoit également que cinq injections de solutions iden- tiques de chlorate de potassium, aux mêmes doses, mais par la voie sous-cutanée : mort le neuvième jour- seulement. Enfin au quatrième (2ks,22o), on fait des injections sous-cutanées de chlorate de sodium aux mêmes doses et en nombre égal, soit trois le premier jour et deux le second; or ces injections ont suffi pour guérir complètement l'animal qu'on a commencé à traiter 2 heures seulement avant la mort d'un témoin de poids égal. Vaccine. — Comme on pouvait s'y attendre, les caractères des éruptions furent peu modifiés par des injections intraveineuses de tallianine et de chlorate de sodium ; il semble même que l'éruption et les troubles oculaires, obtenus par vaccination au niveau de scarifications cornéennes, furent plus accusés chez les sujets traités que chez les témoins. Nous en trouverons l'explication en étudiant le rôle de la loxogé- nine dans l'immunité. Conclusions . — i° Au point de vue théorique, nous constatons que les toxines sont facilement oxydables, nous devons donc renoncer à employer les oxydants pour diminuer la quantité de toxogénine in và'o. 20 Au point de vue pratique, ces résultats ont une importance toute par- ticulière. Un procédé de traitement des maladies infectieuses qui permet, à l'aide de cinq injections seulement (colibacillose), de sauver un animal qui doit succomber quelques heures après, mérite certes bien d'attirer tout spécialement l'attention. Aussi, étant donnée l'importance pratique de ces faits, nous nous pro- posons, avant de poursuivre l'élude des rapports existant entre l'anaphy- laxie et l'immunité, d'étudier le rôle que peuvent jouer les oxydants dans l'évolution de la plupart des maladies infectieuses. CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Sur le métabolisme des chlorures urinaires chez les cancéreux . Note de M. Albert Kobi.v, présentée par M. Armand Gautier. Mes recherches sur le métabolisme des chlorures chez les cancéreux aboutissent aux conclusions suivantes : i° Ni le fait du cancer, ni son siège n'exercent aucune influence sur l'élimination des chlorures urinaires et sur les rapports d'échange du chlore ; 20 Les variations des chlorures et de leurs rapports reconnaissent comme condition principale le taux de l'alimentation. SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. 1263 NaCI. AzT('). RI. ClAz : T. Cl : RI. 21 cancéreux s'alimentant suffisamment. 9,22 10,70 i5,8i 52, 20 o5,34 i5 cancéreux divers insuffisamment, ou non alimentés 2,3i 8,4o 7>-3g 16,67 '8,94 Leur élimination urinaire peut donc renseigner sur la quantité de celle-ci. 3° Quand, indépendamment du siège de la maladie, on classe les can- céreux suivant les taux respectifs de leurs éliminations en chlorures, azote total et résidu inorganique, on peut les ranger en trois groupes : A. Dans le premier groupe, les chlorures, l'azote total, le résidu inorganique sont, à peu de chose près, normaux (voir plus haut les chiffres des sujets bien alimentés) (•). Chez eux, le cancer est encore une maladie locale, et si des analyses en série montrent que ce syndrome urinaire persiste, la marche de la maladie est plus lente. B. Dans le deuxième groupe, les chlorures descendent à un taux très bas, alors que l'azote total demeure au chiffre des cancéreux suffisamment alimentés : NaCI. AzT. RI. Cl : AzT. Cl : RI. 28,55 ios, 16 8s, 84 10,20 1 / •-»/ Ces malades s'alimentant peu ou pas, empruntent l'azote à leur propre substance; ils sont en étal d'activité destructive et leur affection prend des allures rapides. C. Dans le troisième groupe, tous les éléments sont abaissés parallèlement : NaCI. AzT. RI. CI: AzT. Cl : RI. ie,84 4g,9° 4Mg 22,7a 24,93 Ces malades ne vivent plus que sur eux-mêmes, d'une façon réduite. Leurs échanges ne diffèrent pas de ceux des cachectiques quelconques et des inanitiés. 4° La thérapeutique palliative peut tirer quelque profit de ces indications, puisqu'il en ressort, pour les sujets du premier et surtout du deuxième groupe, l'utilité d'une alimentation mixte plus intense, aidée de la médica- tion apéritive et des médications modératrices de la dénutrition azotée au premier rang desquelles figurent la quinine et les arsenicaux. ( ') AzT = azote total ; RI = résidu inorganique. (2) Moyenne normale chez un individu de 65k° : NaCI. AzT. RI. Cl: AzT. Cl : RI. 9§.5o à ios, 5o 1 3s. 17 à i\s, 3o 16s. 87 à 18s. 80 4 ' à 43 32, 5o C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 15G, N° 16.) l6l 1264 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur la synthèse biochimique du méthyl- g/ucoside fi dans un liquide neutre, étranger à la réaction. Note de MM. Ém. Bourquei.ot et Ém. Verdox, présentée par M. Jungfleisch. Il a été démontré que l'émulsine en poudre peut exercer son action hydrolysante sur les glucosides dissous dans des liquides neutres tels que l'acétone et l'éther acétique, bien que ces liquides ne dissolvent pas trace de ferment ('). L'action de l'émulsine étant réversible, il était légitime de penser que ce ferment pourrait également, dans les mêmes liquides, agir synthétique- ment sur les composants de ces glucosides. Mais pour qu'il en fût ainsi, il fallait que le liquide neutre employé comme véhicule fût capable de dis- soudre les composants (glucose et alcool méthylique pour la synthèse du méthylglucoside). On ne pouvait donc pas espérer réussir avec l'acétone pure, anhydre, qui ne dissout pour ainsi dire pas de glucose et dans lequel, d'ailleurs, l'émul- sine n'agit pas comme hydrolysant. Mais iLétait tout indiqué de recourir à des acétones renfermant 10, 20 et même io pour 100 d'eau. Dans nos premiers essais, nous avons employé de l'acétone à 20 pour 100 d'eau en poids. Avec cet acétone, on a fait à chaud une solution renfermant, pour IooCI",, 2g de glucose anhydre, solution qui, une fois refroidie, a servi à préparer les mélanges suivants : cm3 I. Solution acétonique de glucose 80 Alcool méthylique absolu 5 Acétone à 80 pour 100 q. s. p. 100 11. Solution acétonique de glucose 80 Alcool méthylique absolu 10 Acétone à 80 pour 100 q. s. p. ioo III. Solution acétonique de glucose 80 Alcool méthylique absolu j5 Acétone à 80 pour 100 q. s. p. 100 IV. Solution acétonique de glucose 80 Alcool méthylique absolu 20 Chacun de ces mélanges renfermait donc is,Go de glucose; mais les proportions d'alcool méthylique étaient entre elles comme 1, 2, 3 et l\. (') Em. Bolrquelot et M. Bridel. Comptes rendus, t. 154, 1912, p. i25ç). SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. 1265 Après avoir pris leur rotation initiale (/= 2), on les a additionnés de os,/jo d'émulsine et on les a abandonnés à la température du laboratoire (160 à 180). Dans le Tableau suivant, se trouvent rassemblées les rotations observées qui intéressent la question, ainsi que les quantités de glucose combiné au moment où la limite de l'action synthétisante du ferment a été atteinte. I.. II . III. IV. Alcool méthylique Rot 1 ,9^2 2,458 Ac. Vol. en A. Ac o, l'ij o,?.3i o, a5g o, 169 0,207 Ac. V. r 1 1 1 1 Hn pp. A. Fi.' ' 5,3 4,2 8 7,6 6,3 Le microbe ensemencé dans la bière stérilisée à froid, additionnée d'asparagine, de chlorure de calcium, de maltose, de dextrine ou des deux simultanément, donne lieu à des transformations du même ordre de grandeur que celles du témoin; toutefois la bière asparaginée filait plus que les autres. Comparons le microbe Bi de la bière avec les ferments de la graisse du vin (') et du cidre (2) dans le même milieu peptoné additionné de maltose (3,i pour 100), saccharose (4 pour 100), lévulose (2 pour 100), glucose (2 pour 100). Le Tableau suivant montre les quantités d'acide fixe exprimées en acide lactique (I), d'acide volatil exprimé en acide acétique (II) et le rapport de l'acidité volatile exprimée en Ac. Lact. à l'acidité fixe (III); l'analyse a été faite après 4 mois. (') Comptes rendus, t. H9, p. 740. (-) Ibid., t. 15-2, p. 1422. 1268 ACADÉMIE DES SCIENCES. ;; Quantités par litre. Ferments. y ( \ in ). h ( cidre ). Bi ( bière I. s s s 1 3,423 6,099 4-444 o, 176 1 .55o o, loq Milieu maltose. •; ' r m -î- -L. ± 12.9 2,02 27 1 2,637 3,900 4,867 : II 0,762 2,320 0,l63 Milieu saccharose. ■ " III -L _L _i_ 2,3 1,1 19,9 1 1 , 85 1 3,690 4, '73 -'"•••- °''82 l'^5 °'°>S III. ... — — — 6,8 i,5 35,6 1 1,792 3,090 2,916 ,11 1.157 1,612 0,216 Milieu lévulose. { J III -'- ' 1,0 1 ,0 9 Dans tous ces liquides qui filaient encore(sauf Bi lévulose), nous trouvons A V avec tous les sucres les rapports -t-^t plus élevés pour le ferment Bi de la bière; tous les ferments donnent de l'alcool avec les quatre sucres, sauf Bi qui n'en donnait qu'avec le lévulose; tous sauf Bi fournissaient de la mannite aux dépens du lévulose. Ce ferment comparable à ceux du cidre et du vin à certains égards doit donc être placé dans un autre groupe. Le mode de préparation des moûts et du brassage, la composition des eaux, le manque de soins de propreté, doivent contribuer à sa propa- gation. CHIMIE PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Elude de /'action des rayons ultraviolets sur l 'oreille de lapin. Influence de l'intensité. Irradiations intermittentes. Note de M. Venceslas Moycho, présentée par M. Dastre. Dans la Note précédente (Comptes rendus, 17 février 191 3), nous avons décrit l'action brute des rayons ultraviolets sur l'oreille de lapin, déter- miné la région la plus active du spectre ultraviolet et la perméabilité de l'oreille à ces radiations. Nous poursuivons aujourd'hui cette étude. SÉANCE DU 21 AVRIL I9l3. 1269 Relation entre T intensité de rayonnement et le seuil de durée. — Pour éta- blir la relation entre l'intensité de rayonnement et la durée correspondant au seuil de la réaction, nous avons fait varier l'intensité en augmentant successivement la distance entre la source et l'oreille de lapin. Voici les moyennes de plus de 70 expériences : Énergie du rayonnement Intensité correspondant Dislances. Seuil de durée. de rayonnement. au seuil. cm s 6 10 IOO IOO 10 27 36 97 20 100 9 90 3o 2ÔO 4 100 4o ôoo 2,3 123 Il résulte de ces expériences que : i° Le seuil de durée diminue quand l'intensité de rayonnement aug- mente; 20 La quantité d'énergie nécessaire pour produire le minimum de réac- tion visible reste assez constante, au moins pour les intensités variant clans les limites de 100 à \. Les faibles variations qu'on observe se trouvent dans les limites de la précision que permet la mesure du seuil (10 à 20 pour 100). Irradiations intermittentes. — Le seuil de durée représente le minimum de temps d'irradiation continue nécessaire pour produire un effet visible sur l'oreille de lapin. L'irradiation pendant une fraction de ce temps ne produit aucune réaction visible. On doit pourtant se demander si une irradiation très brève qui ne détermine aucune réaction visible ne produit pas des réactions intracellulaires qui persistent assez long- temps pour pouvoir s'additionner lorsqu'on répète plusieurs irradiations inefficaces. Dans ce cas on devra chercher la durée des intervalles au bout desquels il y a encore addition, c'est-à-dire déterminer la durée de persistance des effets produits par ces irradiations. Lorsqu'on produit une série d'irradiations brèves de 5 ou 10 secondes (la durée du seuil continu étant égale environ à 20-4o secondes), séparées par des intervalles de quelques minutes, on trouve que les effets de ces irradiations s'additionnent entre eux et que le seuil d'irradiation fractionnée est sensiblement égal au seuil d'irra- diation continue. Pour déterminer la durée de persistance des réactions intracellulaires produites par ces irradiations très brèves, nous avons allongé successivement la durée des inter- valles. Nous avons pu ainsi séparer ces irradiations de 5 ou 10 secondes par des inter- 1270 ACADÉMIE DES SCIENCES. valles de 12, 24 et même quelquefois 48 heures, et l'on trouve que dans ces cas l'addition des effets se produit encore. Les irradiations séparées par des intervalles encore plus grands ne donnent plus aucune réaction visible. C'est la phase d'addition inefficace. La persistance des réac- tions produites par des irradiations de 10 secondes est donc environ égale à 48 heures. Nous donnons ici quelques exemples : Durée Durée Somme Durée Date il'une de des durées du seuil de irradiation l'intervalle Nombre des irradiations continu l'expérience. ( en secondes ). (en heures). d'irradiations. (en secondes ). Effet, (en secondes). 20 novembre. 10 6 0 0 3o faible 3o 26 juillet .... IO 12 0 0 3o faible 3o 27 juillet. . . . !0 2 4 4 4o faible 4o 19 octobre. . . 10 48 4 4o douteux 40 19 octobre. . . 10 48 6 60 faible 40 4 novembre. 10 48 4 4o très faible 40 8 novembre. IO 72 9 90 rien 3o 22 octobre. . . ro 72 i3 i3o rien 40 27 juillet. . . . ") 12 5 25 faible 20 2 février . . . 5 24 6 3o très faible 3o 9 février . . . 5 24 8 4o très faible 3o 1 novembre. 5 48 i4 7° rien 3o 2 novembre. 5 48 18 9° rien 3o IL résulte de ces expériences qu'une irradiation très courte, 10 secondes ou même 5 secondes, qui ne détermine pas de réaction vasculaire visible, produit cependant un certain effet intracellulaire. Nous ignorons la nature de ces processus. Probablement il s'agit ici des réactions qui ne diffèrent pas essentiellement de celles observées sur les organismes comme paramé- cies, microbes, globules blancs, etc. On sait en effet, d'après les travaux de M. et Mmv V. Henri ('), que les rayons ultraviolets produisent des actions profondes sur les substances qui se trouvent à l'intérieur des cellules comme les lipoïdes, bydrates de car- bone, albuminoïdes. En faisant agir les rayons sur les organismes de petite taille et des globules blancs et en étudiant l'aspect à l'ultramicroscope, ces auteurs constatent que le protoplasma, après l'exposition aux rayons, devient plus granuleux, plus brillant. Un changement d'aspect analogue s'obtient sur l'albumine d'œuf et les albuminoïdes du plasma sanguin. Ces changements correspondent à un commencement de coagulation. (') Journ. de Physiot. et de l'alhol., 1911. SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. I27I Les lipoïdes, d'après les mêmes auteurs, semblent être atteints aussi pro- fondément. De nombreux microbes perdent, après l'irradiation, la propriété de fixer le réactif de Gram. Cette réaction étant liée probablement à la pré- sence de lipoïdes à acides gras non saturés, il résulterait de ces expériences que les rayons ultraviolets produisent sur ces corps des actions d'oxydation ou d'autres réactions qui saturent les valences libres. Ils est possible que les rayons ultraviolets déterminent des processus ana- logues dans certaines cellules de tissus de l'oreille de lapin. Et comme ces réactions ne sont pas réversibles, les éléments atteints par l'action des rayons ultraviolets doivent être éliminés, ce qui explique la lenteur du pro- cessus de réparation. Influence de l'intervalle des irradiations intermittentes sur l'intensité de la réaction. — D'après l'étude de V. Henri, il résulte que les irradiations intermittentes n'ont pas le même effet suivant la taille des organismes dont il s'agit. Ainsi, pour les microbes, il n'y a aucune différence dans l'action abiotique entre le rayonnement continu et le rayonnement intermittent. Au contraire, pour les organismes plus grands : infusoires divers, petits crus- tacés, etc., on trouve une différence très nette entre l'action de l'irradiation continue et l'irradiation intermittente. Dans certains cas, l'irradiation frac- tionnée est plus active que l'irradiation continue : c'est le phénomène ^ad- dition renforcée. 11 faut remarquer cependant que, dansle cas des microbes, l'étude portait sur le pouvoir abiotique des rayons ultraviolets, tandis que, pour les organismes de petite taille, il s'agit du pouvoir excitant. Pour étudier l'influence de l'intervalle, nous avons comparé soit la durée du seuil continu avec celle du seuil interrompu; soit, dans d'autres cas, l'in- tensité de la réaction obtenue par les irradiations de la même durée totale, mais de l'intervalle différent. En faisant varier la durée de l'intervalle de 1 minute etau-dessous jusqu'à 12 heures, nous ne pouvons constater aucune influence nette de la disconti- nuité d'irradiation. La réaction se produit sensiblement au moment où la somme des durées des irradiations intermittentes devient égale à la durée du seuil d'irradiation continue. En outre, l'intensité de la réaction reste sensiblement constante lorsque, pour une durée d'irradiation totale donnée, on irradie d'une manière discontinue en variant la durée des intervalles. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N"! 16.) l^)2 I 272 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Présence de V acide propionique dans les sécré- tions des rhumatisants. Note de M. Oechsxer de Conixck, présentée par M. Daslre. Certains rhumatisants émettent, en général au sortir d'une de leurs crises annuelles, des urines dont l'odeur, très particulière, rappelle à la fois celles de l'acide butyrique et de l'acide acétique. Cette odeur m'ayant souvent frappé, je me suis proposé d'en rechercher la cause. Les urines ont été soigneusement filtrées sur papier blanc, alcalinisées au moyen de la soude pure, et concentrées sur le bain-marie, au sixième de leur volume. Le liquide résiduel a été placé dans une cornue, et acidifié par l'acide phospliorique. On a distillé, et l'on a recueilli un liquide jaune brun, qui a été décoloré au noir animal. Le liquide doué de celte odeur sui generis que j'ai signalée plus haut, était fortement acide. Saturé par de la céruse pure, il a fourni un sel de plomb ayant toutes les appa- rences d'un corps pur. Ce sel a été décomposé par l'hydrogène sulfuré. Par filtration, il s'est séparé un liquide mobile, qui a été rectifié : il passait entre 13g0 et \l\7.°. L'analyse élémentaire a fourni les résultats suivants : G pour 100. II » Théorie Trouvé. pourCWO2 48,42 48,65 8,28 8,11 L'acide isolé dans les conditions qui viennent d'être exposées est donc de l'acide propionique. En terminant, je signalerai un fait qui me paraît intéressant : dans le liquide de suintement de l'eczéma, survenu chez plusieurs rhumatisants, j'avais déjà trouvé de l'acide propionique. PARASITOLOGIE. — La lypldile parasitaire du Nandou. Note de M. G. -II. Blanc, présentée par M. Marchai. L'élevage du Nandou prenant actuellement une certaine importance, il est utile de bien connaître les parasites de cet Oiseau et en particulier les Helminthes. Un certain nombre d'entre eux jouent en effet un rôle pathogène que ne doivent pas ignorer les éleveurs. En 1911 Raillet et Henry signalaient 12 espèces parasites de l'intestin, SÉANCE DU 21 AVRIL IC)l3. 1273 dont 3 Cestodes, 7 Nématodes et 2 Acanthocéphales. Grâce à l'obli- geance de M. Paris, préparateur à la Faculté des Sciences de Dijon, j'ai pu étudier un certain nombre de Nématodes provenant du caecum d'un jeune Nandou et qui me paraissent devoir constituer une espèce nouvelle du genre Helerakis que je propose de nommer Helerakis Parisi. Voici la description de cette espèce ; Le corps est blanchâtre, cylindroïde atténué en avant et en arrière, surtout chez la femelle. Il porte une double crête latérale, bien visible sur les coupes transversales; celte crête s'insère en haut au niveau du vestibule buccal et descend le long du corps pour aller se perdre à la hauteur de la ventouse ventrale chez le mâle et se confondre avec les téguments de la queue chez la femelle. La cuticule est finement striée en travers, les stries étant distantes d'environ 2^. La bouche est entourée de trois petites lèvres, hautes de 18^, munies chacune de deux papilles externes. A la bouche fait suite l'œsophage composé de deux parties : la première, à parois minces, dilatable, est longue de ooV- et large de 4°^! elle se rende légèrement pour se continuer avec la seconde partie, musculeuse, large d'environ 681*, qui se termine en un bulbe œsopha- gien de iiSV- de diamètre. La longueur totale de l'œsophage est de imm. Le mâle est long de 7mm à 9mm, épais vers son tiers antérieur de 350^ à 4ooH-, l'extré- mité caudale est terminée en longue pointe effilée en avant de laquelle se montre comme chez tous les Helerakis une ventouse préanale, deux ailes latérales soutenues par des papilles et deux spicules. Les papilles caudales sont au nombre de 12 de chaque côté et disposées de la façon suivante en allant d'arrière en avant : un groupe de deux (papilles 1 et 2), situé à la base de la pointe caudale; une troisième et une quatrième isolées (papilles 3 et 4); un groupe de 6 papilles dont deux adanales et 4 postanales (papilles .5 à 10); enfin, deux papilles disposées de chaque côté de la ventouse (papilles 11 et 12) ; cette ventouse est munie d'un anneau chitinenx échancré sur la ligne médiane à sa partie postérieure. Les deux spicules sont très inégaux, le droit est long d'environ 2œnl,200 et le gauche de 640^, ils sont munis de larges ailes membraneuses dont le diamètre trans- versal atteint 45ti. La femelle est longue d'environ iomm; sa plus grande épaisseur au tiers moyen de sa longueur est de 340^ à 360^, le corps s'.atténue à la partie postérieure et se termine en une queue très effilée. La vulve est située un peu avant le milieu du corps, les œufs ovoïdes sont longs de 681* et larges de 45H-. Helerakis Parisi est très voisin & Helerakis isohnche var. Lins t. des Fai- sans. Il s'en distingue par ses ailes latérales continues sur toute la longueur du corps, par le nombre des papilles caudales du *>!7 1 3 . 1 ■"> i,34o U.56 'j279 16.29 0,806 14.18 ii^g2 '4-i 4 i,233 i5.3j 1,204 16. 1 i,o44 i6.43 1,026 16. 5 1 0,924 Parfois la polarisation ne demeure pas constante dans la journée: la courbe des calories se déforme de manière à suivre les variations de la polarisation. J'ai fréquem- ment observé des cas analogues au suivant : la courbe du 16 juin, d'abord au-dessus (') J'ai pu connaître l'heure avec une grande précision, grâce aux signaux radioté- graphiques de la Tour Eiffel, qui sont reçus quotidiennement au laboratoire de M. Meslin, directeur de l'Institut de Physique de l'Université de Montpellier. Une correction très simple permet d'avoir l'heure locale vraie. (*) En calories-grammes par centimètre carré et par minute. SÉANCE DU 21 AVRIL IO,l3. I2gi de celle du i5 juin, passe ensuite au-dessous; corrélativement, la polarisation du 16 juin, d'abord supérieure, devient inférieure à celle du i5 juin. Une conclusion bien nette se dégage des comparaisons que j'ai effectuées : le pouvoir absorbant de l'atmosphère, pour des journées rapprochées, varie en sens inverse de la polarisation; il augmente, par exemple, quand la polari- sation diminue. II. Il eût été intéressant de pouvoir faire porter les comparaisons sur les observations de toute une année. Mais alors le mode de discussion précédent n'est plus applicable. Peur des journées éloignées entre elles de plus d'une semaine, la comparaison directe des courbes horaires n'indique rien de précis : à la même heure les épaisseurs atmosphériques traversées sont trop différentes. J'ai relevé, sur les diverses courbes horaires des calories, les ordonnées qui correspondent aux diverses heures de la journée et calculé les masses atmosphériques traversées à ces mêmes heures, et j'ai représenté les intensités calorifiques en fonction des masses. D'une façon générale, les courbes obtenues s'échelonnent dans l'ordre croissant des polarisations. Quand les polarisations sont les mêmes, les points se répartissent sur une même courbe, même s'ils appartiennent à des journées éloignées. III. J'ai utilisé la formule suivante, indiquée par Crova pour représenter dans une même journée la variation de l'intensité I de la radiation en fonc- tion de la masse atmosphérique traversée £ : 1= C . C est ce qu'on appelle la constante solaire et p, qui dépend de l'absorption atmosphérique, croît avec elle, et peut lui servir de mesure. J'ai calculé les valeurs du coefficient p pour les diverses journées. Géné- ralement les valeurs de p augmentent quand la polarisation diminue. Pour des journées où les polarisations sont les mêmes, le coefficient p garde la même valeur. Conclusion. — Ainsi, pour la majeure partie des radiations reçues du Soleil, l'absorption exercée par l'atmosphère est étroitement liée à la pro- portion de lumière polarisée contenue dans la lumière diffusée par le ciel. Ce résultat confirme l'idée actuellement admise que l'atmosphère agit surtout par diffusion et non par absorption. Quand l'atmosphère est parfai- 1292 ACADÉMIE DES SCIENCES. tement claire, c'est la diffusion par les molécules qui seule intervient (Lord Rayleigh) et la proportion de lumière polarisée dans le ciel est très forte. Lorsqu'il y a des particules beaucoup plus grosses que les molécules (poussières ou vésicules d'eau), la transmission diminue et aussi la propor- tion de lumière polarisée. Ce n'est que dans des portions limitées du spectre qu'il semble y avoir vraiment absorption : absorption de la vapeur d'eau dans une petite portion de l'infra-rouge, de l'oxygène dans l'extrême rouge, de l'ozone dans l'ultra-violet. M. Victor Aubert adresse une Note intitulée : Beynes aux temps préhis- toriques. (Renvoi à l'examen de M. H. Douvillé.) M. L. Lacrotte adresse une Note intitulée : Amortisseur élévateur pour aéroplanes . (Renvoi à la Commission d'Aéronautique.) M. G. Chauveaud adresse une Note intitulée : Sur l'évolution de l'appa- reil conducteur dans les Veronica. (Renvoi à l'examen de MM. Guignard et Zeiller.) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. SÉANCE DU 21 AVRIL igi3. 1293 COMITE SECRET. La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la deuxième place de Membre non résident, créée par le Décret du 17 mars ip,i3 présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Aca- démie, la liste suivante : En première ligne M. Gouy En deuxième ligne M. Bazi.v 1 MM. Depéret ,. 1 1 ; 1 • DlJHEM En troisième ligne, par ordre alphabétique / „ __ f GoSSELET Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. G. D. I2g4 ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OUVRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 1 \ AVRIL 191 3. Notice sur la vie et les travaux de Marcellin Berthelol, par Emile Jungkleiscii. ( Extr. du Bulletin de la Société chimique de France; 1918.) Paris, imp. Paul Dupont ; 1 vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Royal Society of London. Recornmendations and Reports presented by the Royal Society to thejifth General Assembly of the International Association of Académies. S. 1. n.d.; 1 feuille in-4°. La faune du Gedinnien inférieur de l'Arde/ine, par Maurice Lekiche. (Mém. du Musée roy. d'Hist. nat. de Belgique; t. VI, année 191 2.) Bruxelles; 1 fasc. in-4°. Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon; Sciences et Lettres; série III, t. XIII. Paris, J.-B. Baillière; Lyon, A. Rey; 1 vol. in-4°. Verhandlungen der osterreichischen /Commission fur die internationale Erdmes- sung: Protokolle iiber die am 5 April 191 1 und am 19 Oktober 191 1 abgehalten Sitzungen. Vienne, 1912; 1 fasc. in-8°. Teoria de la aberraciôn de la luz, por Julio Garvito. Bogota, 1912; 1 fasc. in-8". The cenlenarv of gaz lighting and ils historical development, by W.-J. Liberty. ( The llluminaling Engineer; t. VI, n°k, avril 1913. Spécial gaz centenary number.) Londres; 1 fasc. in-8°. Ariazione, per Guido e Ugo Axtoni. Genova, 191 2; 1 fasc. in-8°. Fenomeni geodinamici consecutivi alla eruzione Etnea del settembre 191 1, per Annibale Biccô. Modène, 191 2; 1 fasc. in-S°. La regione sismica Calabro-Peloritana, per Carlo de Stefa.m. (Memorie délia R. Accademia dei Lincei; Classe di Scienze fisiche; t. IX, 5e série, fasc. 7.) Rome, 1912; 1 fasc. in-4°. Caria do Eslado de S. Paulo, organisada pela Commisâo geographica e geolo- gica; rôoïïTiirû- Sào-Paulo, 1912; 1 feuille in-pla.no. Anuario estadistico de la Repûblica mexicana, 1907, formado por la direcciôn de estadislica à cargo del Dr Antonio Penakiel; ano XV, mïm. 15. Mexico, 1912; 1 vol. in-4°. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 28 AVRIL 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE ORGANIQUE. — Méthylation del'isovalérone au moyen de Vamidure de sodium et de Viodure de mélhyle. Tétramêthylisovaléroneoukexamèthyl- 2.5.3.5.5.6-/ieptanone-!i. Note de MM. A. Hali.er el Edouard Iîauer. Enfaitdehexacoylacétones I\lH2^fC.CO.C..H.1R5.I{6, nous connaissons actuellement l'hexaméthylacétone ('), l'hexaélhylacétone (2), la pentamé- thyléthylacétone ('), la triméthyltriéthylacétone ('), la dibenzyltétramé- thylacétone symétrique (') et la tétraméthyldiéthylacétone ('). M. Senderens ayant eu l'amabilité de mettre à notre disposition de l'isovalérone préparée par sa méthode, nous l'avons méthylée par l'inter- médiaire de l'amidure de sodium et avons obtenu successivement la dimé- tbylisovalérone symétrique /CH3 /CH3 (CH3)*.CH.CH — COCH.CH(CH3)2, la triméthylisovalérone CH3 CH3 ( CH3 )' . CH . C — CO . CH — CH (CH3 y s CH3 (') A. Haller et Edouard Baier. Comptes rendus, t. 150. p. 584, 661 ; t. loi. p. 555. (2) Zerner, Comptes rendus, t. 152, p. 1099; Monatshefte fur Chcmie, l. XXXII, p. 677. i65 C. R., igiS, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) 1296 ACADÉMIE DES SCIENCES. et la tétraméthylisovalérone symétrique (CHS)2.CII — CCCH3)2 — CO.CfCH^-CIItCH3)2. Au début de la réaction il se forme, sans doute, de la monométhylisovalé- rone que nous n'avons pas cherché à isoler. Nous avons opéré sur 70s d'isovalérone, distillant de 1620 à 16/40, et l'avons traitée, au sein de 35o» de benzène, par 10s d'amidure de sodium finement pulvérisé. Le dégagement d'ammoniaque commence faiblement à froid et s'accélère en chauffant. Au bout de 1 heure et demie à 2 heures, l'amidure a presque totalement disparu et le dégagement d'ammoniaque devient insignifiant. On laisse refroidir la disso- lution qui est devenue légèrement brune et l'on y ajoute peu à peu 80s d'iodure de méthyle. La réaction est vive et l'iodure de sodium se dépose presque immédiatement. On chauffe encore 1 heure et demie, puis on verse le produit delà réaction dans l'eau. On décante, on sèche et l'on distille. Après avoir éliminé l'éther, on obtient un liquide qui passe de 160° à 2o5°. Il ne reste qu'un faible résidu goudronneux, au fond du ballon . Le liquide ainsi obtenu fut soumis au même traitement que ci-dessus et l'on isola un produit distillant de 1700 à 2100 à la pression ordinaire. La portion i7o°-io,o° a été retraitée par de l'amidure et de nouveau méthylée au sein du benzène. On retira un liquide passant de 1^5° à 2100. A ce moment nous avons arrêté la méthylalion et avons soumis le produit à un fractionnement répété avec une colonne Vigreux, sous une pression de i3mm. Nous avons réussi à isoler : i° un liquide passant de 7G0 à 780 sous i3mm; i° un produit de 88° à 890 sous la même pression. Dimèthylisovalérone. symétrique ou télraméthyl-2.3.5.6-heptanone-^ ou diméthyldiisopropylacélone symétrique (CH3)*. CH. CH(CH3). CO. CH(CH'). CH (CH3)2. L'analyse du liquide distillant à yG0-n8° sous i3mni correspond à un corps en C"H220 que nous considérons comme une dimèthylisovalérone symétrique, les deux métbyles se mettant vraisemblablement symétrique- ment par rapport au groupement cétonique. Cette cétone possède une odeur légèrement camphrée et se combine très difficilement avec l'hydroxylamine. Nous l'avons, en effet, chauffée pendant 10 heures avec du chlorure de zinc hydroxylamine et n'avons obtenu que des traces d'oxime. Triméthylisovalérone ou pentamétkyl-2 .3. 3. 5. 6-heptanone-h ou trimèlhyl- dusopropylacètone (CH3)a. CH CH (CH3)2. CO. C (CH3)2. CH (CH3)2/ SÉANCE DU 28 AVRIL IO,l3. 1297 C'est la portion passant de 88° à 890 sous i3mm. L'analyse conduit, en effet, à un corps en G,2Hï40. Liquide mobile, à odeur assez pénétrante et camphrée. Il ne se combine pas à rhydroxylamine et ne décompose pas l'amidure de sodium quand on le chauffe avec ce composé en milieu benzénique. Tétramélhylisovalérone ou /iexamét/iyl-2.3.3.5.3.6-/ieptanone-j ou tétra- méthyldiisopropylacétone symétrique (CH3)2.CH.C(CH3)2.CO.C(CH3)2.CIl.(CH3)2. Pour introduire le quatrième méthyle dans la trimélhylisovalérone on est contraint d'emplojer le toluène comme dissolvant et de chauffer cette cétone avec la quantité théorique d'amidure pendant plusieurs heures. Quand il ne se dégage plus d'ammo- niaque on ajoute l'iodure de méthyle en léger excès et le mélange est chauffé durant 1 heure et demie. Après lavage et distillation, on retire finalement un produit qui bout à i070-i09°j sous i4nlm, auquel l'analyse assigne la formule C13H260, correspon- dant à la tétramélhylisovalérone cherchée. Liquide mobile, très volatil et à odeur très pénétrante. Il ne fournit ni oxime, ni semicarbazone. Chauffée à l'ébullition, au sein du toluène ou du xylène, avec de l'amidure de sodium, cette cétone ne subit pas le dédoublement observé sur l'hexa- méthylacétone, c'est-à-dire qu'elle ne donne pas de diisopropyle et d'amide isopropyldiméthylacétique que nous nous attendions à obtenir suivant l'équation CH3 ai\„ .'SIVCH Cit. G— CO.C— CH ' " ,+ Ml^a UH ^CH3 X-CH3 °H pi43\ ^GH3 = ^m/CH.C— CONHNa + (CH3)2CH.CH(CH3)2. Elle se comporte à cet égard comme l'hexaéthylacétone de M. Zerner('). Heccaméthyl-i.33.5.5.6-heplanol-li ou alcool tétraméthyldiisopropyliso- propyliquesymétrique(CH3)2.CH.C(CH3)2.CHOH.C(CH3)2-CH(CH3)2. On a réduit la cétone de la façon habituelle, au moyen du sodium et de l'alcool absolu. Après dissolution du sodium, on a étendu le liquide d'eau et l'on a épuisé la liqueur avec de l'éther. La solution éthérée, après plusieurs lavages avec de l'eau, a été évaporée et le résidu soumis à un fractionnement dans le vide. (') Zerner. /oc. cit. 1298 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il passe d'abord quelques gouttes d'un liquide mobile, à odeur de carbure non saturé et décolorant le brome, puis la presque totalité du produit a distillé de ii5° à 1170 sous i3mm. L'analyse assigne à ce produit la formule C'3H280 qui répond bien à celle du carbinol cherché. Cet alcool constitue une huile assez épaisse à odeur de bornéol. Traité par Tisocyanate de phényle en solution dans l'éther de pétrole, il fournit au bout de 24 heures un dépôt qui, recristallisé dans l'éther de pétrole, se présente sous la forme de petites aiguilles fondant à c)i0-920. L'analyse fournit des chiffres correspondant à C20H33O2N qui est bien la formule de la phényluréthane cherchée. PARASITOLOGIE. - Contribution à l étude morphologique du Toxoplasma gondii et du T. cuniculi. Note de MM. A. Laveran et M. Marullaz. I. Morphologie du « T. gondii ». - Nous avons pu faire une étude très complète de ce toxoplasme dans de nombreuses préparations provenant de souris, de cobayes et de lapins infectés avec le virus tunisien ('). Il est facile d'obtenir de bonnes préparations des toxoplasmes avec l'exsudat péri- lonéal des souris inoculées depuis 3 ou 4 jours. On étale, en couche très mince, une goutte de l'exsudat visqueux sur une lame porte-objet et, avant dessiccation, on plonge la préparation dans l'alcool absolu; on l'y laisse pendant quelques heures; dans ces conditions, les éléments analomiques et les toxoplasmes sont beaucoup moins déformés que dans les frottis desséchés. La fixation à l'aide des vapeurs d'acide osmique nous a donné de mauvais résultats. Au sortir de l'alcool, on colore par la solution de Giemsa et l'on examine à sec. Pour l'étude du noyau, il est bon de faire des préparations par le procédé de l'hématoxyline au fer. Les toxoplasmes peuvent être étudiés également dans les frottis de foie, de rate ou de poumons des animaux infectés ou sur les coupes histologiques de ces viscères, coupes que l'on colore soit au Giemsa, soit par le procédé hémaléine-éosine. C. Nicolle, L. Manceauxet Mnu' Conor ont donné de bonnes descriptions du Toxoplasma gondii (2). (') Nous rappelons que nous devons ce virus à la grande obligeance de M. le D1' Nicolle. (2) G. Nicolle et L. Manceàux, Comptes rendus, 26 octobre 1908 et 8 février 1909; Arch. de VInst. Pasteur de Tunis, 1909. — C. Nicolle et Marthe Coîsou, Soc. de Path. exotique, 12 mars 1 91 3. SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. 1 299 Dans les frottis faits comme nous venons de l'indiquer, les toxoplasmes sont tantôt libres, tantôt à l'état d'inclusion dans des leucocytes ou dans d'autres éléments cellulaires. La forme des parasites est assez variable. Les toxoplasmes libres ont souvent une forme en croissant {Jig. 8 et 9); tantôt les extrémités du crois- sant sont symétriques, tantôt l'une d'elles est plus grosse, moins effilée que l'autre. La forme ovalaire {Jig. 10) est commune, l'ovale est plus ou moins allongé et l'on rencontre, non rarement, des éléments sphériques {Jîg. 1 1 ). Parmi les toxoplasmes inclus dans des éléments cellulaires, c'est la forme ovalaire qui domine d'ordinaire {Jig. 1, 2, 3, 4)- La longueur moyenne des toxoplasmes est de 5^ (minimum, 2^,5; maximum, 61*); la largeur moyenne est de 2^,5 (minimum, 2^; maxi- mum, 3^). Les dimensions varient suivant que l'évolution de l'infection est plus ou moins avancée; au début, lorsque les formes jeunes dominent, on trouve souvent des moyennes inférieures à celles indiquées plus haut; dans une de nos préparations (exsudât péritonéal de souris), la longueur moyenne des toxoplasmes était seulement de 3^, 14, alors que d'ordinaire elle atteignait 5^. Par contre, les dimensions des toxoplasmes recueillis sur le cadavre dépassent souvent la moyenne. Après coloration par la solution de Giemsa, le protoplasme des toxo- plasmes prend une teinte bleue plus ou moins foncée; il est homogène ou finement granuleux. Chaque toxoplasme contient un noyau volumineux qui se colore en rose ou en violet et qui parait constitué par un amas de granulations de chroma tine. Le noyau qui est situé, en général, vers la partie moyenne du parasite, se trouve parfois à l'une des extrémités, du côté le moins effilé, quand le toxoplasme est asymétrique. Après coloration par l'hématoxyline au fer, les noyaux des toxoplasmes apparaissent plus compacts, mieux circonscrits {Jig. 9, 10, 11), qu'après coloration au Giemsa {Jig. 8). On ne distingue jamais de karyosome secondaire assimilable à un blé- pharoplaste ou centrosome. La multiplication se fait par bipartition. Les éléments qui vont se diviser prennent la forme ovalaire ou la forme sphérique; le noyau se sépare en deux parties {Jîg. 12), puis le protoplasme se divise longitudinalement, en grain de café {Jig. i3); aussi, est-il fréquent de trouver des toxoplasmes isolés dont un des bords est recliligne, tandis que l'autre est convexe. Les toxoplasmes envahissent souvent les leucocytes mononucléaires ou i3oo ACADEMIE DES SCIENCES. polynucléaires {Jig. i, 2, 3, 4)1 les cellules endothéliales (péritoine, capil- laires de la rate), et les cellules hépatiques. Le nombre des parasites qu'on trouve dans un même élément est très variable; tantôt l'élément ne con- tient qu'un ou deux toxoplasmes (Jig. 1), tantôt il en est littéralement bourré (Jig. 2); le chiffre des parasites inclus peut s'élever à 20 ou 3o. Il mm I 1 iS Éléments parasitaires, endocellulaires ou libres, dans l'exsudat péritonéal de souris infectées de Toxoplasma gonclii. Les éléments i à 8 ont été colorés par la solution de Giemsa. le* éléments 9 à i3 par l'Iiématoxyline au fer. — 1. mononucléaire contenant a toxoplasmes. — 1, mononucléaire rempli de toxoplasmes. — 3, polynucléaire contenant des toxoplasmes. — '(1 cellule endothéliale dans laquelle on voit des toxoplasmes, dont 3 en voie de division. — 5, cellule endothéliale dans laquelle on voit des toxoplasmes à contours très nets et des toxoplasmes dont on ne distingue que les noyaux. — 6, cellule endothéliale avec des toxoplasmes agglomérés, à contours peu distincts. — 7, agglomération de toxoplasmes; on distingue les contours de deux des parasites. — S, 9, toxoplasmes libres, de forme ovalaire ou sphérique. — n. i3, stades de division par bipartition. Grossissement : 1600 d. environ. arrive que les toxoplasmes, au lieu d'être disséminés dans le protoplasme, s'agglomèrent et qu'on distingue mal leurs contours, ce qui donne des figures pouvant faire croire à l'existence de formes de multiplication par division multiple du noyau ou schizogonie (Jig. 6), d'autant plus que ces agrégats de toxoplasmes peuvent devenir libres, après destruction de l'élé- ment anatomique qui les contenait (Jig. 7). Nous pensons qu'il s'agit là de pseudo-kystes de schizogonie. Jamais on n'observe de grands éléments avec un noyau unique, tels qu'on devrait en rencontrer, au début du processus, s'il y avait une schizogonie vraie; les pseudo-kystes n'ont pas de membrane d'enveloppe; on distingue, sur les bords, des encoches qui indiquent les SÉANCE DU 28 AVRIL IÇ)l3. l3oi points de jonction des différents éléments; enfin, il est rare qu'on ne voie pas, comme sur la figure 7, les contours de quelques-uns des parasites qui constituent les agrégats. La figure 5 montre très nettement que parfois les noyaux des toxoplasmes se colorent seuls; il n'est pas douteux en effet, dans ce cas, que les toxoplasmes typiques, et les noyaux qui paraissent isolés, représentent des éléments de même nature. II. Morphologie i>r « T. cuniculi ». — Nous avons pu étudier le toxo- plasme du lapin dans des préparations que nous devons à l'obligeance des D1S Splendore et Carini, et nous avons constaté que, au point de vue morpho- logique, T. cuniculi présentait la plus grande ressemblance avec T. gondii. Splendore, Carini et Magnaghi indiquent, il est vrai, pour les dimen- sions du T. cuniculi, des chiffres un peu supérieurs à ceux donnés plus haut pour le T. gondii. D'après ces observateurs, le toxoplasme du lapin mesu- rerait de 5^ à 8 M. Moris Davis obtient 41 suffrages M. Schokalsky « ....*. 3 » M. .Moris Davis, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Correspondant de l'Académie. CORRESPONDANCE. M. I*. Sabatieu, présenté pour la première place de Membre non résident, remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire. M. J. HnuLVisr, élu Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse des remercîments à l'Académie. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : C. R., igi3. 1" Semestre. (T. 156, N' 17.) l66 l3o/j ACADÉMIE DES SCIENCES. i° La méthode photographique opératoire par l automatisme. Application universelle, par Ch. Gravier. (Présenté par M. Lippmann.) 2° Stanislas Chevalier. Étude photographique des diamètres polaire et équatorial du Soleil (1900 à 1910). (Présenté par M. B. Baillaud.) 3° Flore générale de V Indo-Chine, publiée sous la direction de M. H. Lecomte. Légumineuses : Mimosées et Cœsalpiniées, par F. Gagnepain. (Présenté par M. L. Mangin.) 4° Un Mémoire de M. J. Drach, Sur l'intégration logique des équations différentielles. MM. Maurice Leblanc, Marage, Monteil, Maurice d'Ocab.ve, Paul Renard prient l'Académie de vouloir bien les compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. L. Caille tet. ASTRONOMIE. — Résultats dr la discussion des observations faites pendant l'éclipsé du Soleil des 16-17 avfil 1912. Note de M. Simonin, présentée par M. Baillaud. L'éclipsé du Soleil des 16-17 avr'l l9l~ a été observée dans un grand nombre de stations, plus particulièrement au voisinage de la ligne centrale. L'installation de la plupart des stations a, d'ailleurs, été simplifiée, puisque les observateurs n'ont pas eu à se préoccuper de la détermination de l'heure, grâce aux signaux radiotélégraphiques émis par la Tour Eiffel ou par Norddeich, avant, pendant et après l'éclipsé. Les contacts extérieurs ou intérieurs ont été observés dans plus de 100 slalions réparties depuis le Portugal jusqu'à la Russie. En outre huit points de la ligne de la centralité, dont cinq en France, ont été déter- minés; certains observateurs fiaient montés en ballon, tandis que d'autres s'étaient placés au voisinage de la ligne de la centralité ou s'étaient échelonnés sur une perpen- diculaire à cette ligne. Enfin beaucoup d'observations des cordes communes, des angles de position et des cornes ont été effectuées, en même temps que des clichés étaient obtenus pendant les diverses phases de l'éclipsé; les mesures de ces clichés ont permis, entre autres résultats, de calculer les irrégularités des bords lunaires. La discussion des observations des contacts extérieurs a fourni une relation entre les corrections des coordonnées du centre de la Lune et la correction de la demi-somme des diamètres solaire et lunaire exprimée en fonction d'une inconnue qu'il a fallu introduire dans les calculs pour tenir SÉANCE DU 28 AVRIL It)l3. 1 3o5 compte des erreurs systématiques des observations; on sait, en effet, que le premier contact est toujours observé trop tard, tandis que le dernier est observé généralement trop tôt. L'étude des contacts intérieurs a conduit, de même, à une relation entre les corrections des coordonnées du centre de la Lune et la correction de la demi-différence des diamètres solaire et lunaire. Les observations faites dans le but de déterminer un point de la ligne de la centralité et les observations de la pbase maxima de l'éclipsé effectuées dans les stations où l'éclipsé était annulaire ont permis de calculer les correc- tions des deux coordonnées du centre de la Lune avec une grande précision; en effet, dans ces observations et, par suite, dans les équations qui en résul- tent, les diamètres des deux astres n'interviennent pas. Enfin la correction de la demi-somme des diamètres solaire et lunaire a été fournie parlesobservalions des cordes et des cornes et par les mesures des clicliés; la correction de la demi-différence de ces diamètres a été conclue des observations méridiennes, des observations des contacts intérieurs et des cornes et aussi des mesures des clichés. Les conclusions de ces recherches sont les suivantes : L'ascension droite et la déclinaison du centre de la Lune, publiées, poul- ie 17 avril 191 2, par la Connaissance des Temps et corrigées d'après New- comb, doivent être augmentées respectivement de os.63 et 4",3. Les calculs donnent, pour les valeurs des demi-diamètres solaire et lunaire à la distance moyenne de la Terre, les nombres 1 5' 59", 96 et i5'32". 16. Le demi-diamètre solaire ainsi obtenu surpasse de o",33 la valeur généra- lement adoptée pour les éclipses ; pour le demi-diamèlre lunaire, nous avons, à très peu près, la moyenne des deux nombres adoptés dans les calculs de la Connaissance des Temps. Il résulte aussi, de notre discussion, que le premier contact extérieur a été, en moyenne, observé G secondes trop tard et le dernier, 3 secondes trop tôt, tandis que les observations des contacts intérieurs ne semblent affectées d'aucune erreur systématique. Le détail des calculs sera donné dans un Mémoire qui paraîtra prochai- nement. 1 3or> ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE. — Sur les invo/utions appartenant à une surface de genres zéro et de bigenre un. Note de M. L. Godeaux, présentée par M. Emile Picard. Soit F une surface de genres pa = yJ»„=o, P„ = i. M. Enriques (') a montré qu'une pareille surface possède une courbe bicanonique d'ordre zéro et a les genres pa = pf,= P., = P; = . . . = o, P, = P„ = P6 = . . . = i, p(,)=T. Une involution appartenant à la surface F est rationnelle (/>„=P2 = o) ou a également les genres pa = />g = o, P0 = i. Dans ce dernier cas, l'involution ne possède qu'un nombre fini de coïncidences. Je démontre le théorème suivant : Une involution I„, d'ordre n et de genres pn = p., = o, P„ = i , appartenant à une surface F de genres pa = p? = o, P6 = i est : i ° Cyclique ou composée avec une involution cyclique ; 2° Son ordre n n'admet comme facteurs premiers que deux et trois. Pour démontrer la première partie de cet énoncé, je considère un système linéaire complet |c|, simple et de genre - ^> 2. Je suppose de plus que les courbes C ne sont généralement pas hyperelliptiques. Dans ce cas, il résulte des tcavaux de M. Enriques que | c | a le degré 27: — 2, la dimen- sion iï — 1 et est dépourvu de points-bases. Soient k les courbes qui corres- pondent aux C dans la transformation (/i- — 1, n — 1) déterminée sur F pour In. J'établis que le système complet \k\ (continu) a la dimension >~ — 1. Il résulte alors d'une remarque faite par MM. Enriques et Severi (dans leurs recherches sur les surfaces hyperelliptiques) (2) que si I„ n'est ni cyclique, ni composée avec une involution cyclique, les C passent pour des points de coïncidence de I„. C'est ce qui n'a pas lieu puisque | c | n'a pas de points-bases. Pour démontrer la seconde partie de l'énoncé, il suffit de prouver que si l'on a une involution lp, d'ordre premier/), de genres pa = p„= o, Pc = i, sur F, p est égal à deux ou trois. Indiquons par T la transformation de F en elle-même, de période p, Irrationnelle, qui engendre lp. Considérons, ce qu'il est toujours possible de faire, un système com- (') Memorie délia Socielà italiana délie Scienze, 1906. 1 1 Ida mathematica. 1909, t. XXXII et XXXIII. SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. l3(>7 plet |A|, de genre tu, simple, sans points-bases, tel que T transforme une courbe À en une courbe A. Formons alors le système |B| = |yt>A|, incomplet, dont chaque courbe B est transformée en elle-même par T. Ce système |B | a le degré ip- (7: — i),legenre /)2(7i — O-1-1 et 'a dimension p (t: — 1 ). Bapportons projectivemenl les B aux hyper- plans d'un espace linéaire à p(it — t) dimensions. On obtient une surface <ï» en cor- respondance (i,/>) avec F. $ est donc une surface représentative de Ip, elle est d'ordre 2 p (71 — 1 ) et ses sections hvperplanes, T. sont de genre p ( tt — 1 ) -t-i . Soit P un point de coïncidence sur F, soit P' le point de diramation correspondant sur . En considérant les A passant par P, on forme des courbes B ayant en P un point />-uple à tangentes variables. Au moyen de la formule deZeuthen, on établit que si p = 2, et seulement dans ce cas, la transformation T laisse invariants les points infiniment voisins de P. On établit ensuite, toujours au moyen de la formule de Zeulhen, que les B passant pour P ont en ce point un point double dont les tangentes sont fixes si p > 2. En P', a un point double. Les courbes B assujetties à loucher une troisième direction en P, lorsque p > 2, acquièrent en ce point un point p-up\e. On en déduit/) — 3. Si p = 2. P' est un point double conique pour ; si /> = 0, P' est un point double biplanaire ordinaire. En comparant les valeurs de l'invariant de Zeulhen-Segre de $ et de F, on détermine le nombre de points de diramation de $. Ce nombre est quatre pour/? = 2, trois pour/? = 3. Un raisonnement analogue conduit à cet autre théorème : Si sur une sur- face de genres p2 = P4 = 1, on a une involution de genres pa=- ps = o, P0 = 1 et d'ordre premier, cet ordre est égal à deux. ANALYSE mathématique. — Sur la série de Fourier d'une fonction à carré sommable. Note de M. G. -H. Hardy et J.-E. Littlewood, présentée par M. Hadamard. I. Soit /(m) une fonction de u, sommable et possédant la période 2-, et envisageons une valeur ordinaire x de «, c'est-à-dire une valeur de u pour laquelle l'expression s= -[/(x-ho) -t-/(X — o)] a une valeur déterminée. On sait, d'après un théorème connu de M. Féjer, que la série de Fourier - A0-i- 1 A,„ = -a0-h 2(a,„ cosmu -h bm sinma), de/^«) est sommable pour u ■=. x par les moyennes de Cesarô du premier l3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. ordre, et a la somme s. C'est ce que nous pouvons exprimer en écrivant .. (•«,>— s) + (Si — s) -h ... -h (sn — s) ou s,„= -A„+ A, + . . .-+- A,, 2. On doit à MM. Lebesgue, Marcel Riesz et Chapman des généralisa- tions très intéressantes du théorème de M. Féjer. Nous avons trouvé, pour les fonctions à carré sommable, un résultat d'un caractère un peu différent. I. Le carré de f(u) étant sommable, on # , pour u = as, ,. (sll—sy--h(s, — sy--h.. .-±(sn — sy2 li m = o, // -+- r et «o — * I + | *l — S | -+- . . . •-•- | .«„ — .« | I rn n -+- i La seconde égalité est un corollaire de la première, comme on le voit immédiatement en faisant application de l'inégalité de Schwarz. Il est convenable, pour la démonstration de notre théorème, d'envisager, au lieu de sn, l'expression -A„-t- A, -4-.. .-t-A„,_,+ -A,„. 2 2 Il suffit évidemment de démontrer notre résultat pour S„; et l'on peut sup- poser, sans restreindre la généralité, que s = o. Cela étant, on trouve, par l'application des formules de Fourier, les relations S„= - / f(u -+- se) — cot-tt sin nu du, 71 / ' 2 2 00 2 r(i — r2) sin«9 S„ /■" sin n 8 =: — - 7Ï u cos2 — u du X / / ( U -+- X ) 1 — T. [ i — 2r cos (9 — u ) ■+■ r-] [ I — 2 /• cos ( 9 -+- u) -+- /•- ] oùo o correspond un nombre o ^> o, tel que ys„r»SinJ9 pour 1 — &- I e~f"**( r) nu I e~Jya-'- cosxy da, les signes ~ indiquant des égalités asymptotiques où les termes négligés sont, quel crue soit y, au plus de l'ordre de -7-^-. = ; — n — - pour la pre- 1 * u l Au- {■(] ■+- _i«- At)~ l L z Sa3l'2t mière, et de l'ordre de —^= = , pour la deuxième. Or, ces \/0's v/(ï)' + 4a2Af)3 dernières intégrales sont faciles à calculer ou se ramènent à une fonction connue et l'on trouve, en revenant aux variables primitives, [f^T'X" a Jtz a \/n v^ + 4 a-lt al 7 — 7T_:('r — s "+■ at) al ^a*lt {je — i -+- al) [.v—\-t-nti,> l,r— X — al\' al l) 1 J ,VTÉ' + * — -ip / /(.z:-+-af -+■ a y7?] + 2Af)( 1- a y'r) -+- 2 A t -H /(.*•— a^ -H a \/ïJ -H 2A') ( 1 H " ) e_*'da \ a Vr' ■+■ 2 A'/ J , /-r+«' /•» H ;= / ^c / àK?-+-av'-o'+2A/)e-a!,cifa, 2a\fitJjc-at •/_„ égalité où les termes négligés sont au plus de l'ordre A2. (') Comptes rendus, t. 156, 21 avril 1913, p. 1221. SÉANCE DU 'J.S AVRIL IÇ>l3. l3ll Si, dans l'expression précédente, nous faisons tendre A vers zéro, nous voyons qu'on a lim o(.r, t, A) = tp(x, t, o). A=o' f(x,t,o) étant l'intégrale, relative aux mêmes conditions initiales, de l'équation (i) où l'on fait A = o. Ainsi, l'intégrale de l'équation (i) est continue par rapport à A pour A = o. Il résulte de cette continuité que le phénomène diffère très peu, lorsque la viscosité est très petite, de ce qu'il serait si la viscosité était nulle; il y a donc quasi-propagation. Précisons ceci sur un cas particulier très simple, qui nous permettra de comparer aisément ce qui se passe, pour A très petit, à ce qui a lieu pour A = o. Supposons qu'on ait g(x) = o, que r\ soit très petit et que la fonction j(x) soit nulle en dehors d'une région infiniment petite entourant l'origine; si nous posons A = / f(£)d\, la formule (2) nous donnera (3) cp(a?, *,.A)~ :>. \'r.{-n -4-2AO x 1 + A al a (n -+- ■?. A t) ■ î.\i al a(r, >.\t) 1A1 ' On voit ainsi que le mouvement résulte de la superposition de deux quasi-ondes, qui se propagent en sens inverse avec la vitesse a en diminuant d'amplitude et en s'étalant progressivement sur l'axe des a;. Si nous portons le déplacement cp en ordonnée, chaque quasi-onde est dissymétrique par rapport à l'ordonnée menée au point \x [ = at; ceci tient à la présence des petits termes où A est en facteur. Chacun d'eux renforce la quasi-onde correspondante pour \œ\<^at et l'affaiblit pour \x\~^> at, de sorte que le sommet de chaque quasi-onde se trouve reporté légèrement en arrière du point | x | = al, par rapport au sens de sa propagation. Tant que t reste petit, s (a?, t, A) diffère peu de v(x, t, o), et, comme A - — la quasi-onde initiale -i=e * est en réalité assez bien limitée de part et d'autre par suite de la petitesse de y], il s'ensuit que le phénomène de propagation est assez net à son début. Mais, dès que i\.t vient à l'emporter notablement sur yj, l'épaisseur des deux quasi-ondes augmente et devient de plus en plus mal définie, de sorte que le phénomène de propagation finit par devenir très vague. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) 167 l3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si, maintenant, nous permutions les hypothèses faites sur les fonctions f{x) et g(x), nous verrions que le phénomène de propagation est hien moins net que clans le cas précédent. Dans le cas général, où il y a à l'instant initial à la fois déplacement et vitesse, c'est donc surtout la perturbation due à la^ vitesse initiale qui donne du llou. ÉLECTRICITÉ. — Application des galvanomètres à cadre extra-sensibles aux relevés géodèsicjues de haute précision. Note (') de M. Albert Turpain. La méthode que j'ai indiquée pour l'inscription des télégrammes hert- ziens permet, ainsi que je l'ai montré (voir Comptes rendus, février et avril io,i3), de situer le i"' ou le i8o'' top émis chaque jour par la Tour Eiffel, vers 23l>3o,n, dans la seconde d'un chronomètre avec une précision qui peut atteindre ou dépasser.-^ de seconde. En défilant illu,sde film à la seconde, il suffit d'effectuer le relevé du top au millimètre près pour obtenir le -^ de seconde. C'est ainsi qu'en comhinant la lecture du film obtenu le i5 mars io,i3 au renseignement fourni par l'Ohservatoire le même jour vers 23h5om, j'ai pu relever que le chronomètre de Fénon, que possède le Laboratoire de la Faculté des Sciences de Poi- tiers, marquait au moment du premier top : 23h29,n3os,772. L'Observa- toire ayant transmis 23h2o,m59%63, le chronomètre retardait donc de 28% 858. Cette méthode de situation du top dans la seconde est bien plus précise que la méthode des coïncidences. Tout d'abord i'inscriptiou des tops et des secondes n'astreint pas à la détermination d'une coïncidence auditive forcément fugace et qui ne laisse pas de trace. On peut donc préciser le souvenir et empêcher l'erreur. En lisant à loisir le film obtenu (voir ligure 2 des Comptes rendus, mars 1910), on peut appliquer la méthode actuelle, celle des coïncidences, d'une manière plus certaine et plus Mire. Mais point n'est besoin même de rechercher des coïncidences, au sujet de la situation exacte desquelles on hésite d'ailleurs souvent. Il suffirait que l'Observatoire inscrive, suivanlmon procédé, un seul top dans la seconde du garde-temps et qu'il relève l'heure corrigée de son garde-temps. Ce serait cette heure qu'il télégraphierait aux observateurs qui auraient eux-mêmes, parla méthode que je préconise, situé le même top dans la seconde de leur chronomètre. Au besoin, dans la pratique, un certain nombre de tops, cinq ou six au plus, seraient émis toutes les minutes ou toutes les deux minutes, cela trois fois, et le télégramme hertzien des tops indiquerait l'heure exacte du premier top de chacune des trois séries. (') Reçue dans la séance du 7 avril iqi3. SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. l3l3 Avant d'employer la méthode des coïncidences telle qu'elle est utilisée à l'heure actuelle aux relevés géodésiques de précision, il y a lieu, je crois, de vérifier l'équirépartition dans le temps des 180 tops actuellement émis. Les tops sont produits en effet par le mouvement d'un pendule dont on ne peut suspecter la régularité. Mais ce pendule met en mouvement tous les o,q8 de seconde tout un dispositif d'émissions d'ondes hertziennes : relais fermant un circuit qui comprend un interrupteur à jet de mercure, lequel ferme un circuit comprenant capacités, selfs et éclateur. Est-on bien sûr que les émis- sions des tops se distribuent dans la durée exactement tous les 0,98 de seconde comme les battements du pendule qui en commande l'émission"? N'y a-t-il pas entre battements et émissions des tops un retard qui varie d'un top à l'autre"? Et si ce retard existe, est-il négligeable"? Il est capital et essen- tiel, à mon sens, de faire tout d'abord cette vérification expérimentale. Et c'est à quoi j'utilise actuellement la méthode que je viens de mettre au point. Cette méthode me paraît pouvoir être utilisée d'une manière plus précise que celle des coïncidences, à relier les réseaux géodésiques intercontinen- taux, le réseau géodésique européen et le réseau américain, par exemple, cela en mettant à profit la portée énorme des signaux hertziens de la Tour Eiffel, laquelle atteint 63ookm. Aussi me suis-je astreint à Poitiers à donner à mes dispositifs une sensibilité très grande, utilisant, à dessein, une antenne unifilaire et de faible hauteur. Bien qu'à 3ookl" seulement de Paris, je n'enre- gistre et n'inscris que des courants d'antenne ne dépassant pas -— , à -^ de microampère, si bien que les galvanomètres que je préconise et que j'ai construits pourraient aisément, adaptés à des antennes à rideau, capter et enregistrer les signaux de la Tour à 4km et 5oookm de Paris. Deux choix extrêmes peuvent être faits en ce qui concerne lesdits galva- nomètres : i" Utiliser un cadre (type A) d'un faible nombre de tours, de petite surface (20mm X i2mm) qui permet d'obtenir un système oscillant rapidement ( 5o à 100 oscil- lations par seconde) puisqu'il ne pèse qu'une fraction de gramme, mais, par contre, ne pouvant déceler, avec un champ magnétique de 1000 à i-5oo gauss, que 200 ou au plus 100 microampères; 2° Utiliser un cadre d'un nombre assez notable de tours (1200, type D), de surface plus grande ( 70mm x i2n,in), qui ne fait que 10 à 20 oscillations par seconde, pèse 16,2 ou is,5, mais par contre permet de déceler et d'inscrire le TJU île microampère dans un champ magnétique de 3ooo gauss. Après avoir essayé ces deux types extrêmes de cadre, j'ai donné tout d'abord la préférence au second type de cadre. l3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Causes d'erreur de la méthode préconisée. — On en peut relever trois : i° Constante de temps du galvanomètre ; 2° Insconstance du mouvement de rotation du dérouleur de film ; 3° Dilatation du film ou du papier photogra- phique au cours des opérations de développement . Le fait que le galvanomètre met un certain temps à effectuer une oscil- lation et, par suite, à situer le top et la seconde sur la bande n'implique-t-il pas un retard d'inscription? Il est indifférent qu'un certain retard affecte l'inscription du top puisqu'il affecte d'une manière identique l'inscription de la seconde. Et cette remarque vaut contre les deux autres causes d'erreur qu'on pourrait soulever. Il suffit que le. dérouleur ait une vitesse constante pen- dant quelques secondes. Le choix des conditions optima de sensibilité des galvanomètres doit être guidé par les considérations suivantes : Le cadre mobile choisi constitue un moteur que l'énergie de l'onde hertzienne reçue met en mouvement. On doit donc utiliser le plus possible de cette énergie à faire tourner le cadre. D'où inutilité, nuisance même, à accroître la résistance du circuit extérieur au cadre. On doit donc réaliser l'apériodicilé critique en agissant sur le champ et non sur la résistance du circuit. C'est ce qui m'a amené à réaliser des champs de iooo à 1200 gauss (champ qu'on peut obtenir avec des aimants permanents) pour les cadres du type A (20mmX 1 2mm; poids, og,25) et des champs de 3ooo gauss environ pour ceux du type D (72mmx nmm ; poids, is, 2). PHYSIQUE. — Rectification des tracés déformés par les mouvements circulaires du style : i 'orthophotographie. Note de M. J.-M. Lahy, présentée par M. d'Arsonval. I. Principe. — Pour la rectification, chaque point P du tracé doit être supposé transporté en un point P' voisin. La ligne PP' représente, en grandeur et en direction, l'erreur de posi- tion du point P et, par suite, la correction qui doit y être apportée. Nous nous proposons de transporter, effectivement et mécaniquement, tous les P en P'. Remarquons d'abord que tous les points de même ordonnée (y) sont affectés de la même erreur, erreur variant avec l'ordonnée suivant une loi qui dépend des disposi- tions adoptées pour l'inscription. SÉANCE DU 28 AVRIL I9l3. l3l5 Nous sommes donc amenés à rectifier simultanément la position de tous les points de même ordonnée. Supposons à cet effet le tracé fixé sur un cadre ABCD (Jig. 1). Ce cadre devra être, à chaque instant de la correction, déplacé parallèlement à lui-même d'une quantité égale à l'erreur de l'ordonnée considérée à cet instant : c'est l'objet de la partie méca- nique de l'appareil, que nous décrirons ultérieurement. Chacun des points considérés étant ainsi placé dans la position voulue, il s'agit de l'y fixer. On y parviendra en photographiant ces points, et eux seuls. L'éclairage du tracé devra donc être linéaire, la partie éclairée à chaque instant ne comprenant que les points de même ordonnée (y). Les dispositions nécessaires à cet effet seront décrites au sujet de la partie optique. II. Partie mécanique (Jig. 1 et 2). — Nous supposerons que l'exploration du tracé, aux tins de correction, commence par les points d'ordonnée y == o. A cet instant, toutes les pièces sont au début de leur course. Le tableau ABCD est maintenu dans le double cadre entretoisé EFGH par des guides en nombre suffisant LMNOPQRS et par trois coins IJK mobiles dans un sens perpen- diculaire à son plan. Ces coins sont convenablement profilés et amovibles, de façon à permettre une rec- tification quelconque. Les coins 1 et J solidarisés par la traverse Z {Jig. 2 et3)ontdes profils parallèles, déterminés par la projection des corrections successives sur l'axe des x. Le coin K, sur lequel le tableau ABCD est appuyé par un ressort U, est profilé de même d'après la partie de la correction parallèle à l'axe des y. Les coins I, J d'une part, K de l'autre, sont mus par un bras T dans la glissière (00) duquel s'engagent leurs traverses respectives Z et Ç. Le bras T, à son tour, est solidaire de l'axe V mis en rotation par la roue W et la vis sans fin X. III. Partie optique (Jig. 4 et 5 ). — Une source de lumière //' placée à une certaine distance en avant du tableau et à un niveau un peu supérieur nous fournira l'éclairage linéaire variable requis. Pour cela le diaphragme rec- tangulaire tl' délimite une plage d'éclairement sensiblement uniforme dont la ligne focale conjuguée par rapport à un système de deux lentilles cylin- driques forme sur ABCD (Jig. 1) une parallèle à l'axe des x. Des deux lentilles en question l'une, divergente, produit l'étalement horizontal du faisceau lumineux, l'autre, convergente, le concentre dans le sens vertical, tandis que l'écran ee empêche l'arrivée de radiations parasites sur le tableau. '1Ô.Z _n_ T El 1 H C D U- Fiô.3 Hô. 4 SÉANCE DU 28 AVRIL IO,l3. 1^17 Le déplacement de la ligne focale doit être connexe de celui du tableau; ce résultat est obtenu en rendant le système optique solidaire d'un axe rompu \ , parallèle à Taxe \ et mené par la même vis sans fin X. Enfin, malgré les différences entre les distances des divers points du tableau à la source lumineuse, la ligne focale doit toujours être sur ce tableau même. Il suffit pour cela de permettre à la monture H des lentilles un glissement sur le double bras BC qui la porte, en réglant ce mouvement par des gouttières pratiquées dans les deux joues FG. Ces gouttières, au tracé convenablement excentré par rapport à ï , maintiennent en effet les goupilles Dlï, solidaires du cadre A de la monture H. D'autre part, un objectif photographique placé en face du cadre ABCD et au-dessous de la lanterne donne une épreuve dûment rectifiée du tracé, pourvu qu'on imprime à la vis sans fin X un mouvement régulier à partir de la position initiale indiquée. PHYSIQUE. — Sur l'absorption du néon par les électrodes des tubes lumi- nescents. Note de M. Georges Claude, présentée par M. d'Arsonval. J'ai montré, dans une précédente Note (' ), avec quelle facilité inespérée j'ai pu résoudre le problème de la durée des tubes luminescents au néon sans aucun artifice, sans recharges périodiques ou non, simplement par Temploi d'une densité de courant très faible aux électrodes, dont la surface atteint à cet effet \ ou Vlm par ampère. A l'heure actuelle, mes espérances du début sont pleinement confirmées et je puis citer, par exemple, un tube de 20'" de long qui, sans manifester encore aucun signe de faiblesse, a fonctionné déjà pendant près de 2000 heures. Si ce fait du ralentissement de l'absorption du néon par diminution de la densité de courant aux électrodes m'a été très précieux, il n'aurait cepen- dant pas été suffisant si le néon, outre le fait que sa cohésion diélectrique si faible permet l'emploi dans les tubes d'une pression, donc d'une réserve de gaz dix fois plus grande qu'avec les gaz usuels, n'opposait une inertie spéci- fique remarquable à l'entraînement par la volatilisation des électrodes. J'ai fait à ce sujet quelques expériences fort nettes, et, tout d'abord, je rappellerai un fait que j'ai déjà signalé (2). Si un tube luminescent est (') Comptes rendus, 22 mai 191 1. (-) Comptes rendus, 16 octobre 1911. l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. chargé et formé avec du néon contenant un peu d'hélium, de l'ordre de i pour ioo, cet hélium, dont les raies sont visibles aux électrodes, dispa- rait assez rapidement pendant le fonctionnement du tube, et on le retrouve, en plus forte proportion que le néon, dans les gaz dégagés du métal vola- tilisé. J'ai essayé de voir si, inversement, une faible proportion de néon con- tenue dans une atmosphère luminescente d'hélium pourrait être éliminée rapidement. Cet essai était facile à suivre spectroscopiquement, car ce cas du mélange de néon et d'hélium est un des rares où une faible proportion de néon dans un mélange peut apparaître dans le spectre. Or le résultat a été négatif. Dans mon essai, l'hélium renfermait environ i pour ioo de néon; la pression ini- tiale de l'atmosphère du tube, après une formation par le charbon refroidi qui a encore dû diminuer la teneur en néon, était de 2mm,2 de mercure. Cette pression a progressivement baissé, pendant le fonctionnement du tube, à imm,3, ce qui dénotait une absorption d'hélium considérable. Or, les raies du néon, bien visibles, sont restées jusqu'à l'arrêt presque aussi nettes qu'au début. J'ai fait d'autres essais avec du néon contenant quelques centièmes d'azote, chargé dans le tube sous une pression de i à 2mra, après purge préalable par l'action prolongée de la pompe à vide et du courant. ■ Ici, aucune formation par le charbon n'est employée : le tube est scellé aussitôt après la charge de gaz et l'on fait passer dans ce tube (45mm de diamètre et 6m de long, électrodes de 6,lraî) un courant modéré de 0,3 à o,5 ampère; la différence de potentiel aux. bornes, dans ces conditions, est très élevée (3ooo volts environ contre 800 avec le néon pur). Tout d'abord, la lumière est formée des radiations de l'azote, parfois de l'hydrogène, à l'exclusion complète de celles du néon. Après quelques heures, une lueur rosée apparaît, en même temps que les raies du néon naissent dans le spectre et que la différence de potentiel aux. bornes s'effondre. Dès ce mo- ment, la lumière rouge orangée du néon envahit petit à petit le tube et devient bientôt seule visible. Ainsi, l'azote est absorbé en quelques heures, tandis que le néon, en proportion bien plus grande il est vrai, subsistera pendant un ou deux mil- liers d'heures. L'azote, comme l'hélium, est donc bien plus absorbable que le néon et l'on conçoit que le dispositif de Moore lui soit indispensable. Le fait que je signale ici est assez net pour que je puisse former couram- ment des tubes courts par ce procédé, qui exige par contre le passage du courant pendant bien plus de temps et l'emploi de différences de poten- SÉANCE DU 28 AVRIL I()l3. I 3ig tiel initiales bien plus élevées que la formation par le charbon refroidi ('). Une autre constatation du même ordre est la suivante. Le tube de l'essai précédent ayant été débarrassé d'azote, comme il vient d'être dit, par son fonctionnement même, si on le soumet aussitôt à un courant très supérieur à son courant de régime, disons 1,7 ampère, très généralement, le tube ainsi poussé se démolit : il s'emplit d'une belle lumière bleue caractérisée par L'apparition d'un spectre continu sur lequel se détachent une forte raie verte5i6,5, d'autres raies moins fortes : 563,4; 558,5; 554: 5 19, 7 : 5i3; 5og,8; 5o5, 5, et une série de raies violettes dont les principales sont : 473,9; 471,7; 469,9; en même temps apparaissent les raies de l'hydrogène. Cette apparence est d'ailleurs très fugace : elle est suivie de l'effacement des raies et de la production d'une lumière blanchâtre. Ce phénomène se produit pen- dant la formation aux régimes élevés de presque tous mes tubes, quelles que soient les électrodes : charbon, fer, cuivre, aluminium ; il paraît dû à des hydrocarbures, dont le spectre présente cependant ici une apparence spé- ciale, puisqu'il comporte des raies nettes correspondant à l'arête vive des bandes dégradées classiques. Or, si, an lieu de pousser le tube presque de suite après sa formation, on le maintient pendant de longues heures à régime modéré, le spectre du néon acquiert de plus en plus de stabilité et ces spectres d'impuretés aux régimes élevés finissent par n'apparaître que très difficilement, sans doute parce que ces impuretés sont absorbées définitivement à l'exclusion du néon. Et c'est pour cette raison qu'un tube, mal formé pour une raison quelconque, s'améliore toujours en service, en ce sens que le spectre du néon y devient de plus en plus pur et de plus en plus stable. Tous ces faits montrent cjue la résistance du néon à l'absorption par les électrodes constitue une véritable caractéristique de ce corps. Cette carac- téristique est très intéressante au point de vue pratique, puisque je lui dois le succès de mes tubes sans soupapes, qui offrent l'unique exemple actuelle- ment connu de tubes à décharge électrique fonctionnant presque indéfini- ment sans aucune rentrée; elle est d'autant plus remarquable quej'ai signalé le fait qu'avec le néon, l'aptitude à la volatilisation de certains métaux se trouve extrêmement augmentée, à telles enseignes qu'un tube de Plucker à électrodes en platine renfermant du néon est platinisé après quelques instants de fonctionnement (-). (*) Comptes rendus, 12 décembre 1910. (-) Comptes rendus, 22 mai rgn. C: R., i9i3, 1" Semestre. (T. 150, N° 17.) 1<»8 l320 ACADÉMIE DES SCIENCES. Avec sa très faible cohésion diélectrique, avec sa grande aptitude à pro- voquer la volatilisation cathodique de certains métaux, avec la faculté qu'il possède, par contre, d'être à peine engagé dans cette volatilisation, le néon apparaît comme doté d'une série de propriétés qui en font à coup sûr un corps des plus intéressants. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la densité des sels doubles. Cas des chlorures de cuivre et d'ammonium. Note de MM. Ed. Chauvexet et G. Urbaix, présentée par M. Haller. Aucune relation n'a encore été établie, à notre connaissance, entre la constitution des sels et leur densité à l'état solide. Des recherches sur les chlorures cuivriques nous ont conduit à aborder cette question. Nous nous étions proposé d'abord de déterminer s'il existe une combinaison de formule Cli Cl2. 2 NH4 Cl, ou bien si l'on obtient de simples mélanges de cette composition quand on déshydrate à ioo° le sel bleu, bien connu, CuCI- . àNH4Gl 2FPO, ou une variété allotropique verte que nous avons obtenue en faisant cristalliser, au voisinage de sa température d'ébullition, la solution de ce sel double. Il résultait, en effet, de nos mesures thermo- chimiques, que la chaleur de formation à l'état solide de cet anhydride est nulle ou pratiquement telle. Nous avons pensé que cette substance devrait être considérée comme une combinaison véritable, si sa densité s'écartait notablement de celle qui peut être calculée, dans l'hypothèse d'un mélange, à partir des densités du chlorure de cuivre anhydre et du chlorure d'ammonium. La différence entre le volume moléculaire observé 126,6 et le volume moléculaire calculé 119,2 est telle que nous concluons à l'existence du composé CuCI-. 2Î\H*C1 ; et nous signalons comme un fait digne de remarque que sa chaleur de formation soit pratiquement nulle. Si l'on doit admettre que l'on a affaire à une combinaison quand la densité calculée s'écarte notablement de la densité observée, il s'en faut que la règle inverse soit admissible et que l'on ait affaire à un mélange lorsque la densité calculée coïncide avec la densité observée. On s'est rendu compte, dans ces dernières années, qu'il fallait établir une distinction entre les sels doubles et les sels complexes. Alors que les propriétés des constituants présumés d'un complexe sont plus ou moins masquées, celles des constituants d'un sel double restent sensibles. Mais SÉANCE DU 28 AVRIL Ip,l3. l32I entre le parfait sel double, dont les propriétés obéiraient strictement à des lois d'additivité, et le complexe parfait où les propriétés des constituants sont complètement masquées, il y a toutes sortes de transitions. Les lois simples ne peuvent se manifester que dans les cas extrêmes. C'est ainsi qu'on peut donner l'énoncé suivant, mais seulement à titre de règle limite : Le volume moléculaire d'un sel double est fréquemment égala la somme des volumes moléculaires de ses constituants. Ce qui revient à dire que le volume moléculaire se comporte comme les autres propriétés (colo- ration, magnétisme, propriétés chimiques, etc.), par rapport auxquelles le sel considéré se manifeste comme un sel double parfait. Cette règle peut être souvent contrôlée, à la condition de choisir judicieusement les constituants du sel double. En particulier, il faut éviter, en général, de considérer l'eau que renferment la plupart de ces sels comme une simple parure. Elle entre en partie ou même en totalité (tel est le cas pour les chlorures cuivriques simples ou doubles) dans la constitution des sels. On ne saurait trop insister sur ce point sur lequel les travaux de A. Werner, puis ceux de Wyrouboff, ont attiré l'attention. La différence entre les volumes moléculaires du chlorure CuCP.2H20 et du chlorure CuCl2 ne représente aucunement le volume moléculaire de l'eau; c'est là de l'eau de constitution, qui reste telle dans les chlorures doubles de cuivre et d'ammonium. L'étude des densités conduit aux mêmes conclusions que celle des propriétés magnétiques ('). Les différences de coloration de ces sels et de leurs anhydrides confirment les considé- rations précédentes. Si l'on admet que les constituants des sels doubles sont l'hydrate de chlorure cuivrique CuCl2.2H-0 et le chlorure d'ammonium, le volume moléculaire calculé pour les sels de formule CuCl'-.2NH' Cl. 2H-O est i4i,5. L'expérience a donné 142, 6 pour la variété verte et i38,opour la variété bleue. D'un ensemble de mesures faites sur un grand nombre de sels, il résulte que, pour les corps d'une même série, les volumes moléculaires de ceux des constituants qui présentent le caractère complexe, peuvent être en première approximation remplacés par des modules. Mais nous nous bornerons à donner dans cette Note les résultats obtenus dans l'étude des chlorures cuivriques. Les densités ont été déterminées par la méthode du flacon, en prenant (') Mlle Feytis, Comptes rendus, t. 156, p. S8(i. 1^22 ACADÉMIE DES SCIENCES. toutes les précautions nécessaires pour rendre négligeables les erreurs dues aux bulles d'air. Le nitrobenzène a été employé comme liquide de compa- raison; les nombres suivants étant rapportés à l'eau à 120 environ. Le quotient des poids moléculaires par ces densités est proportionnel au volume moléculaire et a été pris comme sa mesure. Volume Sel. Densité. Température, moléculaire. o NILCI 1,527 ' '>3 35,o CuCI2 3,427 n,5 3g, 2 CuCI-.2H20 2,519 n,3 71.6 CuCI*.aH*0.2]NH*Clw«/7 1,945 n,4 142,6 CuCI5.2H-0.2NH*Cl bleu 2,011 ri, 6 i38,o _, ,.., v ., _. ( provenant du sel vert .. . 1,900 11, 5 126,5 Cil Cl- . 2 .Ml' 01 \ . j 1 1 1 - r c [ provenant du sel bleu .. . 1,900 11,0 126,7 Les écarts entre ces deux derniers nombres peuvent être attribués aux erreurs d'expérience. Nous estimons qu'on obtient le même corps par déshydratation à ioo°, soit du chlorure double vert, soit du chlorure double bleu. PHOTOCHIMIE. - Elude quantitative de V absorption des rayons ultraviolets par les cétones, les dicétones et les acides cétoniques. Note de MM. Jean Biei.ecki et Victor Henri, présentée par M. Dastre. Dans les Notes précédentes nous avons étudié le rôle joué dans l'absorp- tion par le groupe carboxylique et par les radicaux alcooliques. Nous étudions maintenant comment se comporte l'absorption, lorsqu'on intro- duit dans la molécule un ou plusieurs groupes cétoniques. Les recherches qualitatives de Baly, Desch, Stewart, Hantsch, Gelbke ont montré que les monocétones aliphaliques présentent une bande d'absorption vers ^ = 2700; les dicétones possèdent, ainsi que l'a montré Gelbke en 1912, également une bande vers 2800. L'attention de ces auteurs a été tout particulièrement attirée par l'étude de l'acétylacétone, des éthers et des sels de l'acide acétylacétique; d'après Baly, Desch et Hantsch, ces corps ne possèdent pas de bande eu solution aqueuse ou en présence d'acide; au contraire, en solution aqueuse alcaline ils présentent une très forte bande d'absorption vers 7=2700. Ces différences sont attribuées à l'existence de deux formes lautomères lî — C = OetR — G — OH, la première forme cétonique existant CIL-I'v OH — R' en solution acide et la deuxième, énolique, surtout en solution alcaline. SÉANCE DU 28 AVRIL I9l3. 1 323 Nous donnons dans le Tableau suivant quelques-unes des valeurs des constantes d'absorption moléculaires e(3 =30.io~"ecrf), ainsi que les posi- tions des maxima et des minima d'absorption. L'étude des résultats nous permet de formuler les conclusions suivantes : Monocétones (en solution alcoolique). Maximum d'absorption. Minimum d'absorption. pour 3100. ).. Acétone 1,7 2706 Méthyléthylcétone 2,0 2703 Méthylbutylcétone 3,2 28i3 Méthylisobulylcélone. . . . 4,4 28i3 l'inacoline 6,1 28i3 Méthylhexylcétone 3,5 2778 Diéthylcétone 2,16 2748 Ethylpropylcétone 2,9 28i3 Dipropylcétone 4,6 2810 Diacétyle 12, Acétylacétone 270 Acétonylacétone 12 io,8 i6,3 19.4 27 >'9>4<27 '9.4 27 2444 2327 2389 2467 néant néant néant néant 4,2 néant >3,2<4,' 3 , 2 io,8 I 0000 1620 2365 >i3oo néant 2375 70 23go <70 2240 4o8 néant néant pour '2300. i,6 1 ,35 4,i 3,7 24 3,8 4,3 24,7 35 4oo 683 92 1 12 87 5oo 920 942 pour 2195 •: 2,48" 23 . 2 i,9 >4,2 -.s 108 1 1., 780 1 9 i 108 54 ■>. 5 i > 54.. i° Tout corps de formule générale C"HJ"+lCOCH2',+l possède une bande d'absorption entre 2700 et 2800; la position et la hauteur de cette bande varient peu avec les valeurs de n et de p. Pour les homologues supérieurs à la méthyléthylcétone on observe souvent un minimum d'absorption qui se trouve vers 2400. 20 Le mode de liaison des atomes de carbone (métamérie) dans les monocétones et la position du groupe cétonique dans la chaîne (isométa- mérie) inllucnt sur l'absorption ainsi que le montrent les valeurs de £ pour l324 ACADÉMIE DES SCIENCES. la méthylbutylcétone n, la méthylisobutylcétone, la pinacoline et l'éthyl- propylcétone. 3° Lorsque deux groupes cétoniques se trouvent dans la même molécule (dicétones) on observe une exaltation de la bande d'absorption de l'acé- tone, mais la position du maximum ne change presque pas. 4° L'existence dans la même molécule d'un groupe cétonique et d'un carboxylique, comme dans l'acide pyruvique CELCOCOOH, produit une double influence : l'absorption caractéristique du carboxyle est exaltée et celle du carbonyle est déprimée. Ceci résulte de la comparaison entre la courbe d'absorption de l'acide pyruvique et celles de l'acétone et de l'acide propionique. La courbe d'absorption de l'acide pyruvique présente un plateau entre 2762 et 2926, la valeur de 1 est ici égale à 8,1. 5° Dans les cas où le même corps peut exister sous la forme cétonique et énôlique (tautomérie) l'absorption varie beaucoup avec la proportion de l'une ou de l'autre de ces formes. Ainsi l'acétylacétate d'éthyle en solution aqueuse avec ou sans H Cl se trouve surtout sous la forme cétonique, l'absorption présente un léger maximum vers 25 5o où 1 = 82. En solution alcaline (NaOH en excès) la courbe d'absorption ressemble quant à sa position et à sa forme à celle de l'acétone, mais elle est environ 700 fois plus élevée : le maximum est pour X == 2725 et 1 = 10000. La même exaltation de l'absorption se produit dans le cas de l'acétyl- acétone en solution alcoolique qui est constituée en grande partie de la forme énôlique : Xmax = 2724 eU = 10800. 6° Les acétylacétates de CH ! et de C2 EL en solution alcoolique possèdent une bande d'absorption vers X = 2400; dans cette région on ne rencontre que très rarement des bandes d'absorption. chimie ORGANIQUE. — Action de l'acide formique sur les colorants du trîphênylméthane. Note de MM. A. Guyot et A. Ko vache, présentée par M. Haller. Malgré les nombreuses recherches dont elle a fait l'objet, la constitution des colorants du triphénylinéthane est encore très discutée. Il nous a donc paru intéressant de rechercher si ces colorants se comportent vis-à-vis de l'acide formique comme les triarylcarbinols simples, c'est-à-dire s'ils se réduisent quantitativement avec départ d'une molécule (l'acide carbonique, comme nous l'avons montré dans de précédentes SÉANCE DU 28 AVRIL igi3. i3a5 Communications ( ' ) : RsC — OIIo-H_COOII = K3C — H +C03+ II20. Des essais qualitatifs effectués avec la rosaniline nous ont montré que cette substance se réduit déjà notablement par simple ébullition avec de l'acide formiquepur, et que l'emploi du même acide additionné de formiate de soude conduit à une réduction rapide et complète du colorant. Toutefois, pour éviter les complications qui résultent de la formation d'amides formiques, nous avons préféré n'envisager que le cas plus simple des bases à fonction aminé tertiaire. Nos essais ont porté sur le vert mala- chite et le violet bexamélbylé. L'acide formique pur et bouillant ne réduit ces composés que dans une faible proportion; additionné de formiate de soude, il donne des résultais tout à fait inattendus. Si l'on considère par exemple le cas du violet bexaméthylé, la solution formique primitivement d'un violet intense se décolore complètement après quelques heures d'ébullition, mais la quantité d'acide carbonique dégagé croît avec la proportion de formiate alcalin, dépasse celle prévue par l'équation de réduction et se limite au double de cette quantité : Dosages d'acide carbonique. — a. is, 1480 de la base du violet hexaméthylé après 6 heures d'ébullition avec 3ocm' d'acide formique additionné de 10s de formiate de soude anhydre ont donné os. i4"3 d'acide carbonique, soit i3,4 pour 100 en plus de la quantité théorique : o, 1298. b. 1^,2207 de la même base après 6 heures d'ébullition avec 3a""1 d'acide formique et 25? de formiate alcalin ont donné 06,27^3 d'acide carbonique, soit le double de la quantité théorique : o, i38o. Dans cette dernière expérience, nous avons retrouvé uniquement de la diméthylaniline et du tétraméthylparadiamidodiphénylméthane en propor- tions équimoléculaires; tandis que dans le premier essai ou nous avons employé une quantité moindre de formiate, nous avons constaté en outre la présence d'hexaméthyl triant idotriphénylméthane. On peut en conclure que le colorant se réduit tout d'abord norma- lement R*N — OH' R2.N — GCH4\^ R'-N _ C6H4— C — OH 4- H — COOII = R!N — C6H4— C — H -+- CO2 + H20. R*N — C6H' • II N-C'H'/ (') Comptes rendus, t. 154, p. 121 el t. 155, p. x >^- I^2G ACADÉMIE DES SCIENCES. mais que la leucobase primitivement formée subit à son tour l'action du réducteur et se scinde conformément à l'équation globale R!\' fur* n n — o n v Rî]V — C6H* R«N-C6H*— C — H + H-COOH = " jJ_^6JJ( CIP+ C6H5- NR2 + CO2. R*N - C«H! Et de fait, lorsqu'on soumet à l'action de l'acide formique additionné de formiate de soude de rhexaméthyltriamidotriphénylmétbane, ce composé se réduit quantitativement dans le sens indiqué. Dosage d'acide carbonique. — is,o573 de leucobase du violet hexaméthylé après 6 heures d'ébullition avec 3ocu'' d'acide formique additionné de a5g de formiate de soude ont dégagé os, 1244 d'acide carbonique soit 99,7 pour 100 de la théorie qui exige 0,1247. Ce phénomène si inattendu de scission et de réduction d'une leucobase sous l'influence de l'acide formique peut s'expliquer par la formation inter- médiaire d'hydrol R*N - C"H'-C -H+ H»0 = " " _r,;1|., OH - OH + C«H*- NRS R--N — C'H- ' suivie de la réduction de cet hydrol S.ïic.S*>CH-0H+H-C00H=S.S-à.S*>CH,+C0,+H,°- A l'appui de cette hypothèse, nous avons constaté que le télramélhyl- diamidobenzhydrol se réduit quantitativement en tétraméthyldiamido- diphénylméthane avec l'aide du formiate de soude. Dosage d'acide carbonique. — 16,1917 de tétraméthyldiamidobenzhydrol après 4 heures d'ébullition avec 3ocm> d'acide formique et 20s de formiate de soude ont donné 03,1987 d'acide carbonique, soit 99,7 pour 100 de la théorie qui exige 06,1942. Le vert malachite se comporte de la même façon vis-à-vis de l'acide formique additionné de formiate de soude; on observe encore un dégage- ment d'acide carbonique notablement supérieur à celui exigé par l'équation de réduction normale et une scission de la leucobase primitivement formée en diméthylaniline et paradiméthylamidodiphénylméthane; mais cette scission n'est pas quantitative. Sans vouloir intervenir dans la discussion relative à la constitution des colorants du triphénylmélhane, nous tenons à faire remarquer que l'action SÉANCE DU 28 AVRIL I9l3. l327 de l'acide formique établit nettement une parenté évidente et une continuité complète entre les colorants proprement dits et les carbinols dépourvus de tout auxochrome : il n'existe entre ces deux groupes de composés qu'une différence dans les aptitudes réaclionnelles, différence qu 'on peut attribuer à la basicité plus ou moins prononcée de ces molécules et qui se traduit par une facilité de réduction variable d'un terme à l'autre. BOTANIQUE. — Sur révolution de l'appareil conducteur dans les Veronica. Note de M. Gustave Chauveaud. Le numéro 14 (p. 1084) des Comptes rendus contient une Note de M. Lenoir sur laquelle je demande à l'Académie la permission d'attirer son attention. Déjà, en 1904, dans des conditions à peu près semblables, j'ai cru devoir formuler une rectification qui a été accueillie favorablement par l'Académie. Il s'agissait alors d'une Note ('), dans laquelle l'auteur avait décrit le développement vasculaire chez les Labiées, de façon à contredire les résultats généraux que j'avais annoncés quelques années auparavant (2). Malheureusement, la description de ce jeune auteur se trouvait en même temps si inexacte, que je dus la rectifier totalement. Afin de bien montrer que l'exemple des Labiées est aussi défavorable à la conception anatomique de M. G. Bonnier (3) que les autres exemples déjà cités ('), cette rectification se terminait ainsi : « Il est donc désormais évident que prendre la feuille comme point de départ pour reconstituer la racine, c'est vouloir reconstituer l'appareil conducteur tout entier à l'aide de ses seuls éléments superposés. Or les hypothèses les plus ingénieuses ne sauraient remplacer les éléments primaires disparus » (•'). ( ') Comptes rendus, t. 137, p. 8o4- (2) Sur la structure des plantes vasculaires (Comptes rendus, i4 janvier 1901). (3) G. Bonnier, Sur l'ordre de formation des éléments du cylindre central dans la racine et la tige (Comptes rendus, t. 131, 1900, p. 781.). — Sur la différencia- tion des tissus vasculaires de la tige et de la feuille (Ibid., p. 1376). (4) Sur le passage de la structure primaire à la structure secondaire dans le Haricot (Bull, du Mus. d'Hisl. nat., 1901, p. 23). ■ — Passage de la position alterne à la position superposée de l'appareil conducteur, avec destruction des vaisseaux centripètes primitifs, dans le cotylédon de l'Oignon (Allium Cepa), ( Bull, du Mus. d'Hist. nat., 1902, p. 62). — Passage de la disposition primitive à la disposition secondaire dans les cotylédons du Pin maritime (Pinus marilima) (Ibid., p. 149). ( 5) Sur la persistance de la structure a/terne dans les cotylédons du Lamief blanc et de plusieurs autres Labiées (Comptes rendus, 21 mars 1904). C. P.., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) I 69 l3a8 ACADÉMIE DES SCIENCES. Cette intervention ne provoqua aucune réclamation. Bien mieux, l'auteur de cette première Note abandonna complètement sa manière de voir et donna à la rectification son entier assentiment. Dans la suite, de nouveaux essais furent tentés en vue d'affaiblir la portée des conclusions ci-dessus. Ces essais viennent d'aboutir, 9 ans plus tard, à la présentation d'une seconde Note, qui est loin de mériter un sort plus heureux que celui de la première. L'auteur de cette seconde Note ('), M. Lenoir, s'affranchit d'abord de toute obligation relative à la priorité. Ainsi il annonce que, dans la plan- tule des Véroniques, les premiers tubes criblés se différencient avant les premiers vaisseaux, comme si ce fait n'avait pas été déjà généralisé. Ensuite il énonce l'opinion suivante : «Si l'on étudie la différenciation d'un de ces tubes criblés, à l'état le plus jeune que j'aie pu observer, on voit qu'il s'est déjà formé un seul tube criblé continu depuis le haut du cotylédon jusqu'à la base de l'axe hypocotylé; cette différenciation de ce premier tube criblé unique dans chacun des deux groupes libériens, se poursuit ensuite dans la radicule, à mesure que celle-ci se développe, toujours en continuité avec ce même tube criblé.» M. Lenoir regarde donc la file des éléments criblés comme un tube criblé unique. Or prendre pour un seul tube criblé l'ensemble des tubes criblés dont est formée la file qui va de la base de l'hypocotyle jusqu'à l'extrémité du cotylédon, c'est commettre une erreur anatomique aussi considérable que de dire, à propos d'un mammifère, par exemple : Sa colonne vertébrale est formée d'un seul os qui va de la base de la tête jusqu'à r extrémité de la queue. On comprendra, d'après cela, pourquoi les résultats énoncés dans cette seconde Note ont pu paraître nouveaux. En réalité, l'appareil conducteur des Véroniques se développe suivant les lois générales qui régissent les autres dicotylédones. Sous ce rapport, le genre Veronica ne diffère, en par- ticulier, du genre Melampyrum décrit (-) comme type de la famille, que par une plus grande accélération, se traduisant par une moindre persis- tance de la phase alterne ou primitive. (') Sur le début de la différenciation vasculaire dans la plantule des Veronica {Comptes relidus, t. 15(>, p. 1084). (2) L'appareil conducteur des plantes vasculaires (An/i. des Se. nat., 9e série, 1. Mil). SÉANCE DU 28 AVRIL igi3. l32Ç PHYSIOLOGIE. — Résistance comparative du Chien et du Lapin aux injections intraveineuses d'oxygène. Note de M. Raoul Bayeux, présentée par M. Roux. Dans le but d'étudier les phénomènes biologiques provoqués par l'injec- tion de l'oxygène dans le système veineux des animaux, j'ai cherché à déterminer les volumes maxima que le Chien et le Lapin peuvent recevoir en 1 heure, sans mourir. La littérature scientifique ne m'avait fourni que des documents insuffisants sur cette question; pas plus sur le Cheval, parfois utilisé pour ces recherches, que sur le Chien, les chiffres obtenus n'ont présenté une rigueur suffisante. Quant au Lapin, animal de laboratoire par excellence, je n'ai pas connaissance qu'on en ait jamais fixé la tolérance pour les injections d'oxygène dans les veines, et, cependant, mes expériences m'ont fait voir que sa sensibilité même à l'oxygène peut le rendre particulièrement précieux pour cette étude particulière. Mes recherches, qui ont duré 5 m'ois, ont commencé en novembre 19 12. Je les ai effectuées sur cinq Chiens et sur plus de trente Lapins. L'oxygène a été injecté dans la veine fémorale, au moyen de l'appareil que j'ai inventé {Comptes rendus, 20 novembre 191 1). Si l'on considère le poids d'un animal (exprimé en grammes) et le volume de l'oxygène (en centimètres cubes) que les animaux tolèrent en 1 heure, on peut exprimer ce volume en fonction du poids. Or, dans ces conditions, j'ai vu que le Chien en supporte un volume exprimé par le chiffre représentant le tiers de son poids, au lieu que le Lapin n'en supporte que la quatre-vingtième partie. Et, si Ton exprime ces résultats par une formule, dans laquelle V représente le volume de l'oxygène, P le poids de l'animal, on obtient : p Pour le Chien V — — _. ]' Pour le Lapin \ — „— Par exemple, un Chien de 9^ tolérera V d'oxygène en 1 heure, et un Lapin de 2kB n'en tolérera que 25cm\ Chez ce dernier animal, si l'injection est faite dans une veine de l'oreille. l33o ACADÉMIE DES SCIENCES. la dose-limite s'abaisse encore et la formule devient P Oxyeène-Lapin-Oreille : ^ = JO ' ioo et un Lapin de 2kg ne supportera que 20™'. En injectant des doses inférieures à celles-là, j'ai pu prolonger l'expé- rience pendant plus de 2 heures sans provoquer la mort. Au contraire, avec des doses supérieures, les animaux ont toujours succombé en moins d'une heure. Sur les Chiens, j'ai pu ainsi reproduire les accidents signalés par Paul Bert chez les sujets soumis à la décompression brusque : contractures téta- niques avec arrêt des mouvements respiratoires, paralysies aiguës systéma- tisées persistant plusieurs jours, etc. Lors même que la dose de l'oxygène injecté ne dépasse pas les limites que j'ai fixées, elles déterminent des réactions particulières : quelques secondes après le début de l'expérience, les battements du cœur deviennent tumul- tueux, violents et précipités; la respiration s'accélère subitement, attei- gnant 110 chez le Lapin, et devient ample et profonde, convulsive même. Ces accidents durent tout le temps de l'injection, mais, peu après sa cessa- tion, tout se calme et l'on voit les Chiens, aussitôt débarrassés de leurs liens, courir et gambader. Chez les animaux qui ont succombé à des doses trop fortes, on peut faire les constatations suivantes : les poumons sont pâles, presque vides de sang; le cœur est dilaté, ses cavités droites sont distendues par du sang rose, mé- langé de bulles gazeuses; le cœur gauche, au contraire, est presque vide, ses parois sont flasques et d'une couleur lie de vin. Les gros troncs veineux voisins du cœur sont remplis de sang rouge, mélangé de gaz non dissous; leurs branches collatérales contiennent également du gaz, mais le sang est plus ou moins foncé, allant du rouge sombre au noir. Cette différence de coloration s'explique par ce fait, que le sang voisin du cœur a été agité par les battements cardiaques, au lieu que plus loin il a cheminé trop lentement pour dissoudre l'oxygène dans toute sa masse. Tant de M. Bernard Colmx, présentée par M. Yves Delage. J'ai rencontré, il y a plusieurs années déjà, sur les membres abdominaux, les branchies et surtout la face interne des replis membraneux du céphalo- (.') Présentée dans la séance du 21 avril 1910. SÉANCE DU 28 AVRIL IC)l3. l333 thorav de Nebaliabipes (0. Fabr.), un curieux parasite qui prend place à coté des genres "Ellobiopsis Caullery ( 1910), Ellobiocvstis et Staphyhcystis Coutière (191 1), toutes formes problématiques rapprochées provisoirement des Péridiniens parasites. L'organisme est fixé sur la chitiue de l'hôte par une ventouse circulaire qu'entourent des stries rayonnantes; il n"émet point de rhizoïdes. Son corps, allongé en massue, se montre partagé en articles successifs par des cloisons complètes, indiquées à l'extérieur par autant d'étranglements. A l'article basai, presque aussi haut que large, succède (chez les adultes du moins) une zone de croissance rapide, sorte de méristème com- prenant des articles plats et courts, les plus récemment formés, mais dont la taille augmente à mesure qifon approche de la partie distale, laquelle se termine d'ordinaire par une surface en dôme. Les individus jeunes, ovoïdes ou piriformes ( fig. 1, 2, 3. 4), 7-L ne comprennent d'abord qu'un article, puis deux, puis troi*. et deviennent ainsi peu à peu très semblables aux adultes {fig. 5). Chez les exemplaires âgés {fig. 6). l'article distal est parfois vide et fripé, réduit à son tégument déchiré par en haut (ce qui semble être la suite d'une émission de spores), tandis que celui qui succède se rentle en dôme à son tour. La taille minima constatée est d'environ 5!J, la longueur définitive pouvant atteindre i5ol* et la largeur Sol1. L'examen in vivo, de même que les colorations totales, ne montre rien autre chose qu'une couronne de gros noyaux à structure granulaire massive, rangés à la face supé- rieure de l'article basai, tout contre la périphérie et au contact du méristème : ce sont les noyaux trophiques ou maeronuclei. Mais les coupes montrent en plus, dans l334 ACADÉMIE DES SCIENCES. cet article et les suivants {Jig. 7 et 7 a), de très nombreux, petits noyaux, mesurant à peine îV- et parsemant le cytoplasme : ce sont eux que j'appellerai noyaux germinalifs ou micronuclei. En s'éloignant vers la région distale, on les voit grossir peu à peu et bientôt s'accompagner d'une granule centriolaire, d'abord simple, puis géminé (dédoublé?), extérieur à la membrane. Dans l'article distal enfin, tous ces noyaux sont allongés, mesurant 3f,5 x 1^, et gagnent la périphérie, leur diplosome étant tourné constamment vers l'extérieur. Chacun d'eux (Jig. 7 a) est flanqué latéralement d'une baguette moins colorable, plus longue et plus mince (axostyle?), en relation directe avec l'un des centrioles. La formation des spores d'essaimage (schizozoïles ou gamètes?) qui doit suivre de près cette métamorphose, m'est encore inconnue : l'exis- tence du diplosome pourrait suggérer l'hypothèse de germes biflagellés. En résumé, cette forme présente comme caractères marquants, encore inconnus jusqu'ici chez les Elliobiopsidés : i° la localisation très précise de la zone d'accroissement (méristème); 20 le dualisme chromatique plus ou moins comparable à celui des Infusoires ciliés ; 3° Pordonnement des noyaux en couche périphérique, avant la sporulation. D'autre part, son habitat sur un hôte littoral, facilement accessible et vivant bien en aquarium, semble en faire (par rapport aux autres représentants du groupe, tous encore péla- giques ou bathypélagiques) un matériel des plus précieux quant à l'étude possible du cycle évolutif. BACTÉRIOLOGIE. — Sur une septicémie bacillaire des chenilles ci Arctia caja L. Note de MM. F. Picard et G.-R. Blanc, présentée par M. Roux. Les chenilles d' Arctia caja L., très abondantes cette année dans les vignobles du midi de la France, ont été presque complètement détruites par deux maladies : l'une d'elles, bien étudiée depuis longtemps, est occa- sionnée par un Champignon de la famille des Entomophtorées, YEmpusa aulicœ Reich., l'autre est une septicémie d'origine bacillaire. Les chenilles moites deviennent flasques et exhalent une odeur nauséabonde; leur tube digestif est vide de son contenu et ne renferme qu'un liquide clair, souvent exempt de tout micro-organisme. Le sang renferme en culture pure un cocobacille avec lequel nous avons pu reproduire artificiellement la maladie. Ce cocobacille, pour lequel nous proposons le nom de Cocobaci/lus cajœ, mesure environ 1^,0. 11 est mobile, de forme légèrement ovale, ne prend pas le giam, se colore fortement par les couleurs d'aniline (Krystal-violel). et lorsqu'il est faiblement coloré par la SÉANCE DU 28 avril io,i3. l335 méthode de Pappeinheim, montre une partie claire au centre,.comprise entre deux extré- mités foncées. Les cultures sur bouillon poussent en 1 2 heures de i5° à 35° avec un optimum à 25°. Elles exhalent une odeur d'œufs pourris et prennent en 2/4 heures une teinte verdâtre fluorescente, plus marquée à 25° qu'à i5° ou à 35°. Elles ne contiennent cependant pas de pyocyanine, comme le montre leur épuisement par le chloroforme. Le cocobacille pousse rapidement sur gélatine qu'il liquéfie et sur gélose en donnant dans les deux cas une teinte légèrement fluorescente. Les cultures en strie sur gélose se répandent en peu de temps sur toute la surface. Sur pomme de terre, les cultures sont pauvres et ne commencent à se développer qu'après 48 heures, sans produire de pigment verdâtre fluorescent. Les chenilles & Arclia caja, piquées à l'une des pattes membraneuses, à l'aide d'une fine aiguille trempée dans du sang virulent ou dans une culture en bouillon, meurent régulièrement en 3 jours à i5°, en présentant dans leur sang une multiplication intense du bacille ; elles meurent en 12 heures, ou 24heuresau plus, lorsqu'elles sontmaintenuesà 20°. Le sang deschenilles mortes à 25° paraît plus virulent que celui de celles qui meurent à i5°, et son inoculation tue en 48 heures au lieu de 3 jours. Les chenilles ayant reçu par ingestion quelques gouttes de culture, au moyen d'une pipette introduite dans le pharynx, sont mortes en 12 heures à 25° avec leur sang envahi par le cocobacille. Ce fait, qui démontre le rôle possible de la voie buccale pour l'origine de l'infection, permet d'espérer que l'emploi de ce microbe pourra recevoir une application pratique. Les chenilles de Porthesia chrysorrhea sont très sensibles et tuées par piqûre en 24 ou 48 heures. Divers Coléoptères : Hydrophilus pistaceus, Dyticus pisanus, Cybister laterimarginalis, Cotymbetes fuscus, ne sont pas tués par innoculation, non plus que les Hémiptères suivants : Notonecta glauca, Nipa cinerea, Ranatra linearis. Le Rat blanc est insensible à l'injection intrapéritonéale de icm' de culture riche en bouillon, datant de 24 heures. La Rainette (fiila arborea) meurt par innoculation dans les sacs lymphatiques de la même culture, en 24 ou 48 heures, avec le sang envahi par de nombreux microbes; ce sang est virulent pour les chenilles. Le sang de chenilles venant de mourir est plus virulent pour la Rainette que les cultures en bouillon; ocmS,5 injectés dans les sacs lymphatiques entraînent la mort du Batracien en 12 heures avec septicémie bacillaire intense. Le Cocobacillus cajœ paraît appartenirau même groupe que le Cocobacillus acridiorum trouvé par d'Hérelle ( ') dans une épizootie des Criquets améri- (') D'Hérelle, Comptes rendus, 22 mai 191 1 et 26 février 19 12. C. R., iyi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) I7O l336 ACADÉMIE DES SCIENCES. cains (Schistocerca pallens). Il s'en distingue cependant par plusieurs carac- tères biologiques et pathologiques, étant un parasite du sang des chenilles, alors que, d'après d'Hérelle, le siège de l'affection chez les Criquets atteints serait avant tout le tube digestif. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'emploi des sels ammoniacaux en vinification. Note de M. R. Marcille, présentée par M. L. Maquenne. Malgré les nombreuses recherches effectuées sur la nutrition azotée de la levure alcoolique, la question n'est pas encore parfaitement élucidée. Le problème est en effet complexe, et il le devient encore plus lorsque, au lieu de liquides de culture artificiels, de composition connue, on emploie des produits naturels. Pour le moût des raisins en particulier, la question reste confuse. Alors que les préférences de la levure pour les composés ammoniacaux sont bien établies, il résul- terait d'expériences de M. Laborde (') qu'elle serait également capable d'utiliser l'azote organique des moûts : un moût privé de son azote volatil fermente encore très bien ; sa fermentation, pour être complète, n'exige que 3 jours de plus que le moût normal, 9 jours au lieu de 6. L'azote ammoniacal n'aurait donc que peu d'influence sur l'allure de la fermentation. D'autre part les auteurs qui se sont occupés de cette question admettent que le moût de raisin « contient toujours une quantité très sensible d'azote ammoniacal »(2). Tout en recommandant comme bons aliments de la levure les sels ammoniacaux et surtout le phosphate d'ammoniaque, « stimulant énergique » , on admet qu'en pra- tique l'addition aux moûts de ces composés a pour seul avantage de hâter un peu la fermentation. Nous avons eu l'occasion d'examiner des moûts dont la mauvaise fermen- tation doit être attribuée au défaut d'azote ammoniacal. En particulier, dans un vignoble des environs de Tunis, une parcelle porte des raisins blancs de la variété Beldt, dont le moût exige, presque chaque année, plu- sieurs semaines pour se vinifier, par une température de 25° à 3o°, alors qu'en général les fermentations des autres cuves ne durent que 4 ou 5 jours. Des essais préliminaires nous ont montré que la vitalité du ferment n'était pas en cause, puisqu'il faisait fermenter normalement les moûts (') Annales de'V Institut Pasteur, 1898, p. à 17. (2) G. Kayser, Revue de Viticulture, t. 11, 191 1 , p. 92. SÉANCE DU 28 AVRIL I()l3. l337 d'autres origines. Nous avons alors reconnu que l'évolution du ferment devaitètrejretardéeparune imperfection de la composition azotée du moût: l'addition de sels ammoniacaux permettait, en effet, une fermentation nor- male. Ce moût ne contenait, d'ailleurs, que og, 007 d'azote ammoniacal par litre, avec oK, 114 dJazote total; alors que, pour 3o autres moûts exa- minés, l'azote ammoniacal variait de og,o4o à os, i55 et l'azote total de os,2i6 à og,6oo. Avec le moût à og,oo7 d'azote ammoniacal mis en ballons Pasteur et sté- rilisé, des essais de fermentation, avec et sans phosphate d'ammoniaque, furent entrepris. Le moût primitif ayant un poids spécifique de 1,084, voici les variations de densité observées : Densité après 2 jours. 4jours. 6jours. 8jours. lOjours. 16 jours. 20 jours. Moût normal i ,080 1 ,068 1 ,057 1 ,03? 1 ,o3i 1 ,oi3 1 ,oo3 Moût additionné de phos- phate d'ammoniaque 1,062 1,024 i,oo5 0,998 » » » Il existe donc des moûts naturels et sains qui ne contiennent pas des quantités suffisantes d'azote assimilable pour fermenter normalement. Il semble qu'alors les ferments ne soient pas aptes à utiliser pour leur nutrition l'azote organique, tout au moins sous la forme où il se présente. Ces moûts, pauvres en azote volatil, peuvent cependant fermenter com- plètement, mais exigent, pour être tout à fait privés de sucre, un temps souvent fort long. Ainsi, en 1910, ce moût de Beldi, en cuves de iohl, a mis plus de six semaines à fermenter d'une façon totale. Comme toutes les précautions avaient été prises pour éviter l'acétification, le vin obtenu était normal, titrant i2°,2 d'alcool, et renfermait moins de ig de sucre par litre, avec une acidité volatile de os,8. L'addition de sels ammoniacaux aux moûts se présente donc comme une pratique rationnelle et légitime dans tous les cas analogues. Le phosphate est le seul sel ammoniacal préconisé et nommé dans les circulaires offi- cielles. Le sulfate nous a donné de meilleurs résultats; mais son emploi est forcément subordonné à l'observation des règlements sur le plâtrage. Les doses à utiliser sont de i5B à 25s par hectolitre. Quant aux causes de la faible teneur en ammoniaque, elles sont mul- tiples : la nature du cépage doit venir en première ligne, puis la nature du sol; ce raisin pauvre provient d'une vigne plantée en bordure de la mer. Enfin, lorsque les conditions extérieures sont favorables à une maturation 1 338 ACADÉMIE DES SCIENCES. parfaite, il y a peu d'azote amidé dans les fruits. Cette absence d'azote non élaboré coïncide, d'ailleurs, avec une faible teneur en acide, circonstance peu favorable à une fermentation rapide comme nous avons pu le vérifier à plusieurs reprises. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Étude sur l'élimination urinaire de la morphine injectée à l'animal neuf. Note de M. H. Dorle\court, présentée par M. Ch. Moureu. Alors que la plupart des auteurs sont d'accord pour admettre l'élimi- nation de la morphine par les voies digestives, tant chez les sujets neufs que chez les sujets accoutumés, on constate au contraire les plus grandes divergences d'opinion en ce qui concerne l'élimination de cet alcaloïde par l'urine, et c'est ainsi que, même dans le cas particulier et plus simple de l'animal neuf, il est difficile, en se basant sur les travaux des divers auteurs, de se faire une opinion à ce sujet. Orfila et son élève Castaing ont affirmé cette élimination; mais, dès 1868, Erdmann l'a niée, puis Jaques (1880), Landsberg, Dometh ont confirmé l'opinion de ce dernier auteur; mais, d'autre part, Kauzmann, puis Lliassow( 1882), Mariné (1 883), Stolnikoff (1884) ont, au contraire, affirmé la présence constante de la morphine dans l'urine. Plus récemment Totze (1903) a repris l'étude de cette question et a montré que l'émonctoire rénal assurait l'élimination de cet alcaloïde pour une faible part (4 à 6 pour 100 de la morphine injectée). Mais, en 1905, Bettink, chez l'homme, il est vrai dans un cas d'intoxication aiguë et mortelle, n'a pu déceler la moindre trace de morphine dans l'urine. Sans chercher à nous expliquer la cause de ces divergences, qui tient peut- être à des erreurs de technique, à des questions de doses ou à toute autre con- dition d'ordre expérimental, nous nous sommes proposé de résoudre la question de l'élimination urinaire de la morphine chez l'animal neuf et après une administration unique d'alcaloïde à dose moyenne. Nous avons ensuite tenu à déterminer l'importance et le rythme de cette élimination, enfin nous avons recherché sous quelle forme chimique (morphine ou oxydimorphine) elle avait lieu. Il importait, pour résoudre de façon satisfaisante cet ensemble de questions, d'utiliser une méthode de dosage d'une exactitude et d'une sensibilité parfaites. A cet effet, nous avons choisi comme réactif le silico- tungstate de soude ( ' ). (') Gab. Bbrtrand, Bull. Soc. chim., t. XXI, 1899, p. 434. SÉANCE DU 28 AVRIL io,i3. l339 Technique du dosage de la morphine et de i ' oxydimorphine dans l'urine. — L'urine de l'animal en expérience est filtrée aussitôt émise et recueillie sur le chlo- roforme. Au moment du dosage on acidifie par HC1, on chauffe au bain-marie pendant 1 heure, de façon à hydrolyser les dérivés conjugués de la morphine ('). Après ce temps, on ajoute du silicotungstate de soude. Le silicotungstate d'alcaloïde précipite. On centrifuge, le liquide clair est additionné d'une nouvelle quantité de silicotungstate de soude. Après 24 heures, il s'est déposé un nouveau précipité; on centrifuge à nouveau. Les culots de centrifugation sont réunis, lavés à l'eau, centrifugés après chaque lavage. Ce premier temps de l'opération donne à l'état de silicotungstate la totalité des alcaloïdes urinaires; il a l'avantage d'être moins pénible, moins long que n'importe quel épuisement par les solvants de la morphine, enfin d'être beaucoup plus exact. Pour régénérer la morphine de sa combinaison silicotungstique, on délaie le préci- pité à froid dans une solution de C03Na'2; le précipité se dissout, on obtient un liquide clair, qu'on évapore à sec à basse température. Ce résidu est épuisé par l'alcool araylique ammoniacal, jusqu'à ce que l'alcool du dernier épuisement ne donne plus les réactions de la morphine ou de l'oxydimorphine. Les alcools amyliques d'épuisement sont réunis, filtrés, distillés dans le vide à basse température. On obtient un résidu constitué par la totalité de l'alcaloïde cherché (oxydimorphine et morphine). La séparation de la morphine et de l'oxydimorphine est effectuée par la méthode de Bougault (2) (Transformation des alcaloïdes en tartrates, puis séparation à l'état de sulfates.) Ce procédé de dosage nous a toujours donné des résultats très exacts; de plus, il est d'une très grande sensibilité, puisque, dans des expériences de contrôle, nous sommes parvenu à retrouver en totalité o°,oo3 de chlorhydrate de morphine introduits dans 25ocm* d'urine. Nos recherches ont été effectuées sur le lapin, elles nous ont permis de conclure. L'injection intramusculaire de og,i5 de chlorhydrate de morphine par kilogramme d'animalest, chez le lapin, toujours suivie d'une élimination urinaire de l'alcaloïde en nature. Moins d'une heure après l'injection, on voit déjà apparaître l'alcaloïde dans l'urine, le maximum de l'élimination est atteint de la deuxième à la quatorzième heure. L'élimination est généralement terminée en 72 heures. Après ce temps, (') Nous ne nous sommes en effet pas préoccupé d'étudier ces combinaisons. (2) Bougault, Journal de Pharmacie et de Chimie, 1902, p. 4ç/- l34o ACADÉMIE UES SCIENCES. on constate qu'il s'est éliminé à l'état d'alcaloïde en nature, libre ou combiné, en moyenne 4 pour 100 de la morphine injectée ('). L'élimination à l'état d'oxydimorphine est extrêmement faible dans le produit de séparation obtenu par la méthode de Bougault; nous n'avons pu caractériser la présence de cette dernière que par la réaction de Marquis. Cette réaction a dans tous les cas été positive, mais dans aucun cas il ne nous a été possible de déceler des quantités d'oxydimorphine susceptibles d'être dosées avec des garanties suffisantes d'exactitude. En résumé, la morphine injectée, par voie intramusculaire, chez un lapin n'ayant jamais reçu d'injection antérieure, est toujours, mais pour une faible part, éliminée par le rein, et la morphine dans ce cas est à l'état d'alcaloïde, n'ayant subi aucune transformation; c'est tout au plus si l'on trouve des traces d'oxydimorphine. GÉOLOGIE. — Les huit phases éruptives du volcan de Corne (chaîne des Puys). Un puits profond à travers les coulées de lave de ce volcan. Note de M. Pu. Glangeaud, présentée par M. Pierre Termier. L'examen des volcans récents, tels que ceux de la chaîne des Puys, aux éruptions desquels l'homme paléolithique a assisté, ne permet pas, en général, de reconstituer toutes les phases de leur édification, car les der- nières coulées et projections recouvrent et masquent très fréquemment les coulées et projections antérieures. J'ai montré récemment, toutefois, que le Puy de Côme, le plus grand volcan à cratère de la chaîne des Puys, avait émis quatre coulées distinctes au point de vue topographique et pétrographique, car elles étaient emboîtées les unes dans les autres, à Pontgibaud, par suite d'érosions successives de la Sioule. M. Michelin, le grand industriel clermontois, vient de terminer des recherches complétant les observations précitées et permettant de recon- stituer quatre nouvelles phases éruptives du Puy de Côme. Ces recherches, qui ont duré 18 mois et ont coûté près d'un demi-million, ont été faites à goom en amont de Pontgibaud, et à 7km du cratère, dans la partie la plus (') Totze indique 4 à 6 pour ioo, mais il ne paraît pas avoir attendu la fin de l'éli- mination, et, d'autre part, les doses injectées sont beaucoup plus fortes que les nôtres, de sorte que, par rapport à la dose totale qu'il a injectée, son chiffre d'élimination est probablement un peu faible. SÉANCE DU 28 AVRIL IÇ)l3. l34l rétrécie d'une ancienne vallée affluente de la Sioule, remblayée entièrement par les coulées du Puy de Côme. Elles avaient pour but de capter le cours d'eau souterrain circulant à la base des coulées, en suivant le fond de l'ancien thalweg de la vallée quaternaire ('). On creusa d'abord un puits vertical qui atteignit le flanc du thalweg gneissique de l'ancienne vallée à 28m de profondeur, après avoir traversé trois coulées de labradorile, alternant avec des projections remaniées, puis on suivit, en galerie jusqu'au fond, le flanc du thalweg lui-même, ce qui permit d'observer, sur une hauteur totale de 45m, quatre coulées basaltiques alternant avec des cendres et des projections. La coulée inférieure repose sur une nappe alluviale (à galets très roulés de granité, gneiss et quartz) antérieure aux premières éruptions. Le flanc de la quatrième coulée basaltique recouvre également un méplat alluvial qui paraît bien correspondre à un cycle d'érosion plus ancien. Il existe encore une autre coulée de labradorite (8e coulée), non inté- ressée par les puits, mais traversée par la ligne de chemin de fer, de sorte que les huit coulées de Côme, les projections volcaniques et les alluvions ont comblé la vallée affluente de la Sioule sur 8om de haut. Deux coulées inférieures de basalte ont envahi la vallée de la Sioule, sur près de 3km, contribuant au barrage de Pontgibaud et dépassant le village de Peschadoires où je les avais signalées. Les autres coulées basaltiques, de moindres dimensions, n'ont pas atteint Peschadoires, de même que les deux coulées inférieures de labradorite. Seules, la septième et la huitième coulée sont descendues dans la vallée jusqu'à l'étang de Peschadoires. C'est à travers ces dernières laves qu'émergent les belles sources de ce village, provenant en partie de la vallée de Côme, ainsi que l'ont montré les colorations à la fluorescéine. La coulée supérieure de labradorite de Côme est recouverte en partie au Nord par les dernières laves (labradorites) du volcan de Louchadière qui ont débordé par-dessus le thalweg de la vallée affluente et culminent les coulées de Côme de 25m à 3om. L'ensemble des coulées de Louchadière est donc plus puissant que celui de Côme, puisqu'il atteint une épaisseur d'environ 1 iom. Ces chiffres sont plus considérables que ceux qui étaient connus jusqu'ici. Les laves du Puy de Côme oscillent des labradorites augitiques et péri- (') M. Bourdeau, ingénieur, directeur des travaux, m'a obligeamment fourni des renseignements sur place. l3/(2 ACADÉMIE DES SCIENCES. doriques, étudiées par Michel Lévy, aux basaltes limbur gitiques , en passant par les labradorite-basaltes, les basaltes feldspathiques et porphyroides . La composition du magma profond correspondant au volcan de Côme a donc peu varié suivant les éruptions. Les résultats qui précèdent, ainsi que ceux qui ont été signalés à propos du sondage de M. Legay-Chevalier à travers les laves du volcan de la Nugère (6om de profondeur), montrent que certains volcans à cratère de la chaîne des Puys ont eu un assez grand nombre de périodes d 'activité ', séparées par des phases de repos, pendant lesquelles les Mammifères de l'époque (Bœufs, Cerfs, et probablement le Renne et l'Homme) pouvaient par- courir les coulées refroidies. B. Brunhes et David, étudiant le magnétisme des argiles cuites par les laves, ont évalué à l\So ans la période de repos comprise entre deux érup- tions du Petit Puy de Dôme. L'étude du Puy de Côme, qui est un des volcans les plus instructifs du Massif central, par le nombre de ses phases éruptives et ses périodes de repos marquées par les ravinements successifs de ses coulées, permet donc d'ajouter aux données ci-dessus que Y édification des volcans de la chaîne des Puys a duré plusieurs milliers d'années, sans qu'on puisse pour l'instant pré- ciser davantage. ARCHÉOLOGIE. — Beynes aux temps préhistoriques. Note de M. Aubert. Pendant le courant de l'année 1911-1912, des ouvriers exécutaient des travaux de terrassement et d'extraction de pierres à Beynes(Seine-et-Oise), au lieudit La Croix-Verte. Ce site, aujourd'hui beaucoup plus élevé que le cours actuel de la Mauldre, renferme des lits de graviers, de cailloux et de sables, déposés parla rivière à l'époque quaternaire, et dont l'épaisseur atteint 3m,5o; au-dessous de ces lits de graviers, on a rencontré un banc épais de sable fin et sec de couleur blanche, avec intercalations de lits noirâtres; on l'a traversé sur 6ra d'épaisseur sans trouver le fond. A 3m de profondeur, dans le lit de graviers, on a trouvé de nombreuses haches et silex taillés, du type de Saint-Acheul et de Chelles; ces haches ont de belles formes régulières ; si quelques-unes sont de petites dimensions, la majeure partie sont longues et bien taillées, principalement à la pointe. Quelques couteaux, des nucléus, deux percuteurs et de nombreux éclats ont été trouvés dans ce lit de graviers. SÉANCE DU 28 AVRIL iqi3. 1343 Les haches sont, en majeure partie, tirées du silex provenant de la Croix, une est en calcaire grossier de la Beauce, une autre en grès bleu. Quelques morceaux de silex brut sont craquelés par le feu, et des débris de cendres se trouvaient mélangés aux graviers. Dans ce lit de terrain, j'ai découvert, comme ossements fossiles, les débris d'une côte et un ossement malheureusement en très mauvais état de conservation, paraissant appartenir au Mammouth (Elephas primigenius). Dans un lit de graviers, à 2ra plus haut, j'ai mis à découvert trois pointes du Moustier, des débris de cendres et quelques pierres brutes ayant subi l'action du feu. A 3m,5o de profondeur, tout à fait en dessous du banc de graviers, dans le banc de sable blanc, j'ai souvent mis à jour, dans des cuvettes de limon jaune, de nombreux ossements très bien conservés et provenant d'un très petit animal. Je suis parvenu à en reconstituer un squelette entier ayant om,6o de longueur et om,27 de hauteur. Des recherches faites par moi au Muséum d'Histoire naturelle de Paris m'ont fait reconnaître un Arctornys marmotta, bien que la taille du squelette que j'ai découvert soit beaucoup plus forte que celui découvert à Cœuvre (Aisne) par M. l'abbé Breuil, et conservé au Muséum. Les marmottes devaient être en très grande quantité à ces époques lointaines. En résumé, on observe en ce point un gisement et des ateliers des trois époques quaternaires à un niveau plus élevé que le fond actuel de la vallée, avec ossement à"1 Elephas primigenius et silex taillés, et au-dessous des osse- ments d Arctomys marmotta. Cette découverte est importante pour l'étude de la vallée de la Mauldre. M. Jea\ Huttern adresse un Mémoire intitulé : Hydrodynamique (théorie nouvelle). (Renvoi à l'examen de MM. Boussinesq et Hadamard.) M. J. Grialou adresse un Mémoire intitulé : Déversoir en mince paroi. (Renvoi à l'examen de MM. Boussinesq et Léauté.) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 17.) I7I ÎP? . R A R \ . "Us©- vVQ> ~"iy V S£ l344 ACADÉMIE DES SCIENCES. COMITE SECIIET. La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la troisième place de Membre non résident, créée par le Décret du 17 mars i()i3, présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie, la liste suivante : En première ligne M. Bazin, à Chenôve; „ . ,. , , , ,,. \ MM. Depéret, à Lyon: Enaeuxiemehgne.parordrealphabetique. _ _ , „ , 1 ' 7 ( P. I)i iii:m, a Bordeaux; l MM. E.Cosserat, àToulouse; En troisième ligne, par ordre alphabétique. | H. Fabre, à Sérignan; ( Gossei.et, à Lille. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures. G. D. SÉANCE DU 28 AVRIL iqi3. l345 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 21 avril 1913. Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par M. A. Angot : Année 1908. I : Mémoires. ■ — Année 1910. III : Pluies. Paris, Gauthier-Yillars, 191 2-191 3; 2 vol. in-4°. Ministère de la Marine. Annuaire de la Marine pour 1913. Paris, Imprimeiie nationale, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-8°. Tables annuelles de constantes et données numériques de Chimie, de Physique et de Technologie, publiées sous le patronage de l'Association internationale des Académies par le Comité international nommé par le VIIe Congrès de Chimie appli- quée; Secrétaire général : Cn. Marie; Vol. II, année 191 1. Paris, Gauthier-Villars. 1913-, 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Lippmann.) Mémoires du Service géologique de V Indo-Chine ; Vol. I : Elude géologique du Yun-nan oriental, par J. Deprat et II. Mansut; texte, allas et carte. — Mission du Laos, par H. Mansuy. — Contribution à la Géologie du Tonkin, par H. Mansiy. Hanoï-Haïphong, imprimerie d'Extrême-Orient, 1912; 4 fasc. de texte. 1 fasc. de planches et t carte pliée, in-4°. (Présenté par M. Douvillé.) Rapport sur les travaux du Bureau central de l' Association géodésique interna- tionale en 1912, et programme des travaux pour l'exercice de 1913. Levde, E.-J. Brill, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-4°. L'industrie des pêches sur la côte occidentale d'Afrique, du cap Blanc au cap de Bonne-Espérance, par A. Gruvel. Paris, Emile Larose, ig 1 3 ; 1 vol. in-8°. (Pré- senté par M. Bouvier.) Annali di Malematica pura e applicata; 3e série, t. XX, aprile 1 9 1 3. Dedicato alla memoria di Lagrange. Milan; 1 vol. in-4°. Resebeskrifningar af Emanuel Swedenborg under âren 1710-1739, utgifna af Kungl. Vetenskapsakademien den i9|[november 1910. Upsal, Almqvist et Wiksell, 191 1 ; 1 vol. in-4°. Boletin de/ Instituto gcologico de Mexico; n° 29 : Faunes jurassiques et créta- ciques de San-Pedro del Gallo, par Carlos Burckhardt; Atlas : Planches I-XLVI. Mexico, 1912; 1 vol. in-4°. l346 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ouvrages reçus dans la séance du 28 avril 1913. Institut de France. Académie des Sciences. Projet de résolution présenté à la cinquième Assemblée générale de l'Association internationale des Académies, sous la direction de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, 1 91 3 . Paris, Gauthier-Villars; 1 feuille in-4°. Association géodésique internationale. Rapoort sur les travaux du Bureau central pendant les 50 premières années de i Association géodésique internationale, par F.-R. Helmert. Leyde, E.-J. Brill, 1913 ; 1 fasc. in-4°. Étude photographique des diamètres polaire et équatorial du Soleil, 1905 à 1910, par Stanislas Chevalier. (Extr. des Annales de l'Observatoire de Zâ-Sè.) Chang-haï, s. d.; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Baillaud.) Flore générale de l' Indo-Chine, publiée sous la direction de M. H. Lecomte; t. II, fasc. 2, p. 67-216. Légumineuses : Miniosées et Cœsalpinées, par F. Gagnepain. Paris, Masson et Cie, mars igi3; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Mangin.) La méthode photographique opératoire par l'automatisme, par Ch. Gravier. Paris, Bureau du Moniteur de la Photographie, s. d.; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Lippmann.) La réforme du Calendrier : Le calendrier universel, par Paul Delaporte; Pré- face de Camille Flammarion. Paris, H. Le Soudier, iç;i3; 1 fasc. in-8°. A propos de ceux qui s'opèrent eux-mêmes, par Jules Regnault. (Extr. du Bulletin de l'Académie du Var, 1912.) Toulon, A. Bordato, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°. Meteorologische Beobachtungen auf der Hamburger Sternwarte in Bergedorf in den Jahren 1910, 1911 und 1912, lierausgegeb. vom Direktor D'' R. Sciiorr. Hambourg, 1 9 1 3 ; 2 fasc. in-4°. Royal Observatory, Hongkong. Meteorological observations mode in theyear 1912; witli two plates. Monlhly meteorological Bulletin; January and February, 1 9 1 3 . Hongkong, 1 91 3 ; 3 fasc. in-4°. Icônes plantarum Formosanarum nec non et contributioncs ad Floram Formo- sanam, auctore B. Uayata; fasc. II. Gouvernement de Formose, octobre 1912; 1 vol. in-8°. Proceedings 0/ the Royal physical Society for the promotion of Zoology and other branches of natural History; t. XIX, n° 1, p. 1-16. Edimbourg, avril 1913; 1 fasc. in-8°. Annaes scientificos do Academia polytechnica do Porto; t. VIII, n° 1. Coïmbre, 1913 ; 1 fasc. in-8°. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 MAI 1913. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'AC/VDÉMIE. M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de la Pen- tecôte, la séance du lundi 12 mai est renvoyée au mardi i3. M. le Ministre de l'Instruction publique adresse ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. Paul Sabalier pour remplir l'une des places de Membres non résidents créées par le Décret du 17 mars io,i3. Il est donné lecture de ce Décret. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Le Jltwr dans l'organisme animal. — A, Peau et ses appendices. Note de MM. Armand Gautier et Paul Clausmann. Il est des éléments, tels que le sodium, le potassium, le calcium, le soufre, le phosphore, qui se rencontrent dans toutes les parties du végétal ou de l'animal; toutefois, ils ne sont localisés que sur quelques points et ce n'est que par de nombreuses séries d'observations et de dosages qu'on est parvenu à reconnaître par cette localisation leur rôle spécifique. La suite des recherches dont nous commençons aujourd'hui la publi- cation montrera qu'il en est de même du fluor. On le trouve partout, comme le phosphore ou le soufre, dans les organes de la plante ou de l'animal, mais il y est très spécialement condensé, comme on va le voir, dans quelques organes, et cette localisation pourra permettre de définir le rôle, jusqu'ici entièrement inconnu, qu'il joue chez les êtres vivants. Ce problème n'avait pu être encore abordé parce qu'on ne savait ni retrouver ni doser avec certitude les très petites quantités de fluor. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 18.) *72 l348 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il y a près d'un an, nous faisions connaître à l'Académie une méthode qui résout ce desideratum dans les cas les plus divers : eaux minérales ou potables, minéraux et roches, organes végétaux ou animaux ('). Cette méthode, que nous avons soumise, dans chacun de ces cas, à un contrôle très rigoureux (2) est fondée sur cette propriété par nous reconnue, que les précipités (sulfates, phosphates, et même carbonates) calciques, ma- gnésiens et surtout baryliques entraînent le fluor au sein des liqueurs neutres. S'il s'agit de matières animales ou végétales, celles-ci doivent être au préalable lentement incinérées à 5oo° ou 6oo° en présence de r à i , 5 pour ioo de chaux vive et pure jusqu'à disparition complète de toute matière charbon- neuse. Le fluor est ensuite recherché dans les cendres qui doivent rester alcalines et ne pas fondre. Il est ensuite transformé successivement en fluorure de potassium, puis en fluorure de plomb, que l'on dose au colori- mètre. On peut répondre du ~ de milligramme dans ioo grammes de tissu. De même qu'on peut rencontrer le fluor un peu partout dans les terres et les roches, mais qu'il s'accumule seulement dans quelques minéraux, de même nous avons reconnu qu'on trouve de très faibles quantités de fluor dans la plupart des tissus, mais il ne se localise très nettement que dans certains d'entre eux. Quelques auteurs ont déjà tenté de rechercher et doser le fluor dans les divers organes. On sait que Berzélius le découvrait dans les os et dans l'émail des dents en 1818. En 1887, G. Tammann (3) et après lui Brandi et Tappeiner, puis Jodlbauer (''), Zdarek (5), essayèrent de déterminer, et même de doser le fluor dans l'œuf, le cerveau, les os, le foie, la peau, le lait, le sang. Mais les résultats ainsi obtenus, chaque fois en très petit nombre et par des méthodes différentes, incertaines, peu sensibles, mal contrôlées, n'ont conduit ces auteurs à aucune conclusion (6). La détermination du rôle du fluor chez les êtres vivants reste donc un problème nouveau qu'on ne pouvait aborder qu'à l'aide d'une méthode (') Comptes rendus, t. 154-, p. 1 469 et 1670. (2) Comptes rendus, t. 154-, p. 1703. (3) Zeitsch. f. physiol. Chern., t. XII, p. 021. (4) Zeitsch. f. Biologie, t. XXVIII, 1899, p. 5i8, et t. XLIV, igo5, p. 239. (5) Zeitsch. f. physiol. Chem., t. LXIX, 1910, p. 127. (6) Les belles recherches de M. A. Carnot sur le fluor dans les os modernes et fossiles, travail fort important, ne traite que de ce tissu seulement (voir Annales des Mines, icr vol., 1893; Comptes rendus, t. 114, p. 1 1 89, et t. 115, p. 243). SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l34p précise. Aussi dans ce domaine inconnu où Ton était sans jalons et sans guide, il a fallu, sans s'arrêter à aucune hypothèse, examiner successi- vement, au point de vue de leur richesse en fluor, chacun des tissus et des organes, souvent même y doser comparativement d'autres éléments, travail long et difficile dont nous commençons aujourd'hui l'exposé. Ce premier mémoire est spécialement consacré à la peau et ses appendices. PEAU ET SES APPENDICES. I. Peau. — La peau de l'animal est privée d'abord par ébouillantage et raclage de ses parties accessoires, poils et graisse sous-dermique. Elle est ensuite séchée par exposition suffisante à l'air, puis pesée {Tissu frais). On la déchiquette alors et sèche à l'étuve à i2o0-t3o° (Tissu sec); on l'additionne ensuite de i,5 pour ioo de chaux vive pure qu'on éteint; on sèche, pulvé- rise et passe au moufle à la température du rouge à peine naissant. Le fluor est dosé dans les cendres ainsi obtenues comme il a été dit lors de l'exposé de notre méthode ('). Ces cendres ne doivent pas fondre. Tous les nombres de ce Mémoire relatifs au fluor sont exprimés en milli- grammes et rapportés à ioo grammes de matière à Y étal frais et à Yétat sec. Fluor pour 100". a. Peau humaine : Tissu frais. Tissu sec. Peau de la cuisse d'un homme de 23 ans, supplicié, en pleine mg m„ santé i ,90 4)5o P205 : o,3i pour 100 de peau sèche ; » o, i3 » » fraîche. Peau enlevée à l'épigastre d'une femme de 54 ans, tubercu- leuse 1 ,60 4i°° P-O5 : 0,20 pour 100 de peau sèche; » 0,08 » » fraîche. Peau d'une enfant naissant, sexe féminin : Pris une lanière de peau sur les flancs, pesant, à l'état rog ms frais, 49s, 20 Fluor 0,666 1,276 b. Peau de veau : Veau de 2 mois et demi; peau préalablement bien épilée... o,32 o,84 Veau naissant; peau bien épilée Fluor o,ôo ) ,96 c. Peau de porc : Porc de 1 an , ébouillantée, épilée, raclée. .. . Fluor o,4§ >'07 (') Comptes rendus, t. 154, p. >46g et 1670. l35o ACADÉMIE DES SCIENCES. On voit se dessiner ici cette règle que le fluor accompagne le phosphore et augmente avec lui, pour les mêmes organes, sans lui être cependant proportionnel. Il semble plus abondant, à l'âge adulte, dans la peau humaine que dans celle des animaux. Passons maintenant aux productions annexes de la peau. II. Epiderme; carapaces; émail dentaire. a. Epiderme. — La pellicule épidermique recueillie par brossage spécial à la surface de la peau d'un homme bien portant de 70 ans se présentait sous forme de fines écailles légèrement grisâtres, imputrescibles, se tassant sous la pression du doigt. On opéra sur 2g, 62 de cette substance. Elle perdait, à 120 degrés, 11,2 pour 100 d'eau : État État frais. sec. oiç me Fluor pour ioos i4,6 16, 4 P- O5 pour 100 d'épiderme sec : o8, i3. b. Ecailles de PangolinJHanis (Edenté). Ecailles en éventail s'imbriqiiant et formant carapace. Pour iooE d'écaillés Fluor 17,5 19,9 c. Carapace dermique de Tatou {Dasypus minutas). (97 pour 100 d'eau) Fluor 20, 5 22,8 d. Écailles de poisson. Alose pêchée en avril. Les écailles forment une jolie matière élastique, presque transparente à l'état humide. On la lave à l'eau légèrement ammoniacale, puis à l'eau pure. Elle laisse 34 pour 100 de cendres bleutées et comme irisées. Fluor pour ioog d'écaillés 4^>6 09, 9 Pour ioos de cendres d'écaillés Fluor » i43,o P'O15 : 19,2 pour 100 d'écaillé sèche; » 46,o » de cendres d'écaillés. Ces cendres d'écaillés de poisson sont presque uniquement formées de phosphate tribasique de chaux avec un peu de phosphate de magnésie, fluorures et traces de carbonate alcalino-terreux. Nous rapprochons ici leur analyse de celle de la cendre d'os de bœuf, d'après M. A. Carnot : SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l35l Cendres Cendres d'écaillés d'alose. d'os de bœuf. (POl)2Ca3 98,38 85, 73 (PO')Mg' 1,79 '>53 CaF 0,29 o,45 CO3 Ca traces 1 1 ,96 Chlorures nul o,3o SO3 très petite quantité indéterminé Fe'O3 nul traces Ainsi, sauf la présence de carbonates dans le tissu osseux (ils y sont d'ailleurs à dose très variable), on voit la très grande analogie des cendres d'os et des cendres d'écaillés de poisson, ce que confirme aussi l'examen histologique. La légère coloration bleue de ces cendres d'écaillés d'Alose ne tenait ni au cuivre ni au manganèse, mais très probablement à un peu de bleu d'outremer formé durant l'incinération. Au point de vue de leur richesse en fluor, toutes ces productions épidermiques ont donc une grande analogie entre elles, sauf l'écaillé de poisson qui se rapproche beaucoup de l'os, et aussi, comme on va le voir, de l'émail dentaire, par sa grande quantité de fluor et sa composition. Organe Organe , frais. sec. e. Émail dentaire : Email de dents de chiens. — Cet émail était retiré de la couronne des dents qu'on chaufl'ait brusquement pour la faire éclater. On détachait alors la lame d'émail et l'on tenait compte de la petite perte qu'il subit à cette tem- pérature en le comparant à la perte d'une faible quantité du même émail détaché à la lime ou au ciseau. mg uig Email des canines d'un jeune chien de 1 an. .. . Fluor. 166 172 . Email des canines d'un bouledogue de 7 a 8 ans. Fluor. 116 118 Email de dents d'hippopotame. Cet émail est particulièrement intéressant parce qu'ayant 2mm,5 à 3mm d'épaisseur, on peut le séparer mécaniquement avec assez de facilité. Il est d'apparence porcelanique et raye faiblement le verre. Il contient 1,68 pour 100 d'eau. Fluor pour iooK 1 77, 7 180,7 On remarquera que l'émail des dents de jeune chien est notablement l352 ACADÉMIE DES SCIENCES. plus riche en fluor que celui d'un chien d'âge mûr. Nous retrouverons cette diminution du fluor dans d'autres organes en train de dégénérer, en parti- culier, comme on va le voir, dans les cheveux blancs. Le fluor paraît géné- ralement diminuer partout à partir de l'âge adulte. III. Cheveux et poils. a. Cheveux. — Nous avons dosé le fluor dans les cheveux et poils, diversement colorés, de l'homme et des animaux à divers âges. Cheveux noirs d'un jeune homme de 16 ans. . Fluor . Cheveux blonds d'un jeune homme de 22 ans. - Fluor . Cheveux châtains gris d'un homme de 74 ans- Fluor . Organe Organe frais. sec. i5,o nig 17,2 ii,3 i3,o 5,32 6, 10 11 A âge Nous voyons ici, comme pour l'émail, le fluor diminuer notablement avec État frais. État sec. b. Poils. — Poils noirs d'un chien adulte, ms m? Fluor pour 100 parties 16, 5 19,7 (P205 pour ioos de poils secs : c-6,34.) Poils gris blanc d'un chien plus âgé 7,5 8,9 (P205 pour joos de ces poils blancs : o&,i3.) On voit le fluor diminuer encore ici avec l'avancement en âge et décroître avec le phosphore, ainsi qu'on l'a déjà fait remarquer à propos de la peau en particulier. IV. Cornes; ongles; plumes; duvet. Tissu frais. Tissu sec. mg mg a. Cornes. — Cornes de bélier de 4 ans .... Fluor ... 1,9 2,4 On a pris pour le dosage la partie moyenne de la corne bien privée de toute pulpe (20,2 pour ioo d'eau). b. Ongles humains, des deux sexes, mélangés, fluor pour iooE d'ongles 8,0 9,4 Ces ongles ont donné i5,i pour 100 d'eau. (P205: 06,12 pour 100 d'ongles à l'état frais.) SÉANCE DU 5 mai igi3. l353 Tissu frais. Tissu sec. c. Plumes : mg mg Tuyau de la plume (poule grise de 2 à 3 ans) 5,4 7,^ Barbe de la même plume 10,7 11,8 Tuyau de plume d'autruche (âge inconnu ; plume noire naturelle n'ayant subi aucune préparation) (') 4>4 5,o Barbe de la même plume, pour ioos 6,8 7,9 Ainsi par son fluor, le tuyau de la plume est l'analogue de l'ongle, alors que la barbe de ces plumes doit être rapprochée des cbeveux et des poils. Organe. État frais. État sec. mg mg d. Duvet de canard, fluor pour ioos de duvet .... 8,9 9,8 Par leur fluor, les poils, cheveux, duvets, écailles, ongles, carapaces semblent donc devoir être rapprochés du tissu épidermique. L'émail et la corne s'en éloignent sensiblement, l'un par sa richesse en fluor, l'autre par sa pauvreté. Des rapprochements significatifs se produiront ainsi peu à peu à mesure que nous examinerons les divers organes. On a vu que nous avions été déjà amenés, contrairement à ce qu'on aurait pu supposer a priori, à rapprocher les écailles de poisson du tissu osseux. Ce n'est que d'un grand nombre d'analyses précises s'adressant aux différents organes ou tissus que peuvent résulter ces constatations impré- vues. Aussi, tout en nous laissant guider par les analogies apparentes, anatomiques ou physiologiques, devons-nous tout examiner sans parti pris si nous voulons ne pas laisser échapper les faits et rapprochements peut- être les plus suggestifs. C'est ainsi que nous avons étendu peu à peu le miuutieux travail dont nous publions aujourd'hui les premiers constats. Nous ferons prochainement connaître ce qui est relatif à l'os, au cartilage et au tissu élastique. (') Due à l'obligeance de M. Ducloux, Directeur de l'Institut d'élevage Arloing, à Tunis. l354 ACADÉMIE DES SCIENCES. ELECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre non résident. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 52, M. Bazin obtient 34 suffrages M. Depéret » 7 » M. P. Duhem » 6 » M. H. Fabre » 2 » M. Gosselet » 2 » M. Stéphan » 1 suffrage M. II. Iïa/.ix, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la République. CORRESPONDANCE . M. Gouv, présenté pour la deuxième place de Membre non résident remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire. M. E. Schwoerer, élu Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse des remercîments à l'Académie. M. J. Renaut fait part à l'Académie de l'intention qu'il a de poser sa candidature à une des places récemment créées de Membre non résident. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : Le Tome XIV et dernier de la Flore de France, par Georges Rouv. (Présenté par M. Guignard.) SÉANCE DU 5 MAI igi3. l355 ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les températures effectives des étoiles. Note de M. Chables Nordmann, présentée par M. J. Violle. M. Rosenberg a publié récemment (Aslronomisc/ie Nachrichten, n° 4628, p. 36o-37o) les résultats de mesures des températures effectives des étoiles qu'il a réalisées depuis quelques années à l'Observatoire de Gôttingue. Ces mesures ont porté sur 70 étoiles et elles sont basées sur les déterminations des intensités dans le spectre photographique de ces étoiles au moyen de la méthode dite photométrie par noircissement de M. Schwarzschild. Parmi les étoiles étudiées à Gôttingue, il en est un certain nombre dont j'avais antérieurement déjà déterminé les températures effectives (Comptes rendus, t. 149, p. io38, et t. 152, p. 73). La méthode de M. Kosenberg étant fort différente de celle que comporte l'emploi de mon photomètre stellaire hétérochrome et s'appliquant à la partie photographique des spectres stel- laires tandis que la mienne s'applique aux rayons visuels, il est intéressant, à divers égards, de comparer les résultats obtenus par les deux procédés, pour les étoiles communes à la liste de M. Rosenberg et à la mienne. Le Tableau suivant donne le résultat de cette comparaison. Température effective (en degrés absolus). Méthode de Nordmann Méthode de Rosenberg portant sur les radiations portant sur les radiations Type spectral Nom de l'étoile. de 46o'°;* à 63oml'. de 4oomi* à 5oomi\ d'après Lockyer. è Persée i85oo i55oo Algolien a Persée i5200 23ooo Crucien |3 Persée (Algol) i33oo 12000 Algolien stLyre(Véga) 12200 22000 Sirien x Persée 83oo 65oo Polarien a Petite Ourse ( Polaire) . . 8200 ,T2oo Polarien a Petit Chien (Procyon). . 6800 7000 Procyonien -/ Cygne 5620 0100 Polarien Soleil. 5320 493° Arcturien a Cocher (Chèvre) 4720 45oo Arcturien £ Andromède 3700 2Ô5o Antarien x Taureau (Aldébaran) .. . 35oo 2i5o Aldébarien Si l'on met à part a Lyre, l'accord entre les deux séries de nombres est aussi bon qu'on pouvait l'espérer (pour certaines étoiles il est même remar- quable), et les discordances sont de l'ordre des erreurs expérimentales. Je rappelle que, comme je l'ai montré antérieurement (loc. cit.), l'erieur C. R., iqi3., 1" Semestre. (T. 156, N° 18.) x7^ l356 ACADÉMIE DES SCIENCES. probable relative est proportionnelle à la température mesurée; c'est-à-dire que d'environ 8 pour ioo dans le cas du Soleil, autrement dit de l'ordre de 5oo°, elle devient de 24 pour 100 dans le cas d'une étoile qui, comme 0 Persée, a une température effective environ triple de celle du Soleil, ce qui correspond pour cette étoile à une erreur probable voisine de 4ooo°. Le bon accord entre les nombres des deux séries tend donc à prouver, puisque les déterminations ont été faites en des régions très différentes du spectre, que les étoiles étudiées rayonnent sensiblement, comme des corps noirs d'une extrémité à l'autre de leurs spectres. Seule a Lyre s'écarte notable- ment de cette règle et il y aura lieu de rechercher d'où peut provenir la discordance assez forte qui existe entre le nombre de M. Rosenberg et le mien. On peut supposer qu'elle provient de l'absorption sélective de l'atmo- sphère de cette étoile. J'ai montré en effet (Comptes rendus, t. 150, p. 448) que la température effective du Soleil, à cause de l'effet de son atmosphère, se trouve un peu différente suivant qu'on la détermine au moyen des rap- ports d'intensité dans telle ou telle région de son spectre. La grandeur de cet effet peut sans doute être considérable dans certaines étoiles, et les dis- cordances telles que celles que nous signalons pour a Lyre seront peut-être de nature à nous renseigner sur la valeur des pouvoirs absorbants atmo- sphériques de ces étoiles. Parmi les astres du Tableau précédent, l'un, (3 Persée, mérite d'être mis à part. Tandis que mon pyrornètre stellaire avait conduit à lui assigner une température effective de i33oo°, M. Rosenberg a t/ouvé, par sa mé- thode, 120000. D'autre part, en partant de l'éclat intrinsèque de cette étoile, tel qu'on le déduit de ses éléments orbitaux, j'en avais antérieure- ment {Bulletin astronomique, mai 1910), par un "procédé complètement indépendant des deux autres, conclu le nombre i38oo°. Cette triple con- cordance est remarquable, et la température effective d'Algol peut sans doute maintenant être considérée comme un des résultats les mieux établis de la pyrométrie stellaire. Il est d'ailleurs à noter que les nombres obtenus par M. Rosenberg comme les miens montrent que si l'on range les étoiles étudiées par ordre de températures ascendantes, elles deviennent de plus en plus chaudes lorsqu'on passe des types Aldébarien et Anlarien aux étoiles à hélium, ce qui est conforme à la classification thermique que Sir Norman Lockyer avait déduite de l'étude qualitative des spectres stellaires. SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l357 ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Observa- toire de Lyon, pendant le premier trimestre de 191 3. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud. Le nombre des jours d'observations dans ce trimestre a été de 65 et voici les principaux faits qui s'en déduisent : Taches. — Par rapport au dernier trimestre de 1912, les taches ont diminué tant en nombre qu'en étendue: on a, en effet, enregistré 4 groupes au lieu de 6, avec une aire totale de 128 millionièmes au lieu de 293. La répartition des groupes de taches est semblable (II) de part et d'autre de l'équa- teur et leur latitude moyenne, dans l'ensemble, est de — 24°, 0 et -+-23°, 5. La présence de deux groupes aux latitudes élevées de -(-32° et — 36°, en février et mars, respectivement, confirme (') l'entrée dans un nouveau cycle d'activité des phé- nomènes de la surface solaire. Les jours sans taches ont encore augmenté (5a au lieu de 41), d'où il résulte un nombre proportionnel trimestriel de 0,80 au lieu de 0,69. Régions d'activité. — Malgré un nombre de groupes plus élevé d'un quart (4i au lieu de 33), l'aire totale des facules est inférieure d'un tiers, environ, à celle du tri- mestre précédent, avec 1 3 , 1 millièmes au lieu de 17,4- Dans leur répartition entre les deux hémisphères, on note i3 groupes au Nord au lieu de i4, et 28 au Sud au lieu de 19. • Tableau I. Taches. Dates Nombre l'ass. Latitudes moyennes Surfaces extrêmes d'obser- au mér. — ~» — -^ — - moyennes d'ubserï. Talions, central. S. N. réduites. lanvier 1913. — o,8g. i5 1 10,2 — n 17 1 21,1 H— 1 5 aoj. — 12" ■13" 67 Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces extrêmes d'obser- au nier. », »■ moyennes d obserr. rations, central. S. N. réduites, Février. — 0,-0. 21-27 7 23,6 -t-32 23 j. -1-32" Mars. — 0,91. i3-i4 2 19,2 —36 22 j. -36" (') Voir les Comptes rendus, p. 11 3a, du présent Volume. l358 ACADÉMIE DES SCIENCES. Tableau II. — Distribution des taches en latitude. Sud. Nord. 1913. 90\ 40'. 30'. 20*. 10". 0". Somme. Somme. 0". 10°. 20". 30". 40". 90" Janvier » » » 1 » i i » i » » » Février » » » » » » i » » » i » Mars » i » » » i » » » » » » Totaux.... » i » i » 2 2 » i » i » Tableau III. — Distribution des facules en latitude. Sud. Nord. 1913. 90°. 40". 30". 20". 10°. 0". Somme. Somme. 0". 10°. 20°. 30". 40°. 90°. Janvier i » » 2 \ 7 5 1 » 3 1 » Février 7 » » 2 2 11 2 » » ' 1 1 » Mars 7 1 u » 2 10 G 2 3 » 1 » Totaux.... 1 j 1 » l\ S 28 i3 3 3 4 3 » Surfaces Totaux totales mensuels. réduites. 2 75 1 5o I 3 128 Surfaces Tutaui totales mensuels. réduites. 12 6,5 13 4, ' 16 2,5 41 IO, ] ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Quelques remarques sur le développement expo- nentiel de Cauchy. Note (') de M. Th. Angiiei.utza, présentée par M. Emile Picard. Considérons le développement de Cauchy -*-i Wd-\ , cx> , où la fonction f(oc) est à variation bornée, les A, représentent les racines de "(-) et les fonctions entières ir(s) et "*F(z) satisfont aux conditions sui- vantes : il existe un ensemble dénombrable de cercles c,, c2, ..., c„, dont les rayons augmentent indéfiniment et telle que ( l'argument de z étant compris entre et H — > son module restant dans cette suite et augmen- tant indéfiniment) Ton ait (■) 71(5) ez(x,-xa) _ lt fiS(',-X, (3-,>3-o), (') Présentée dans la séance du 21 avril igi3. SÉANCE DU 5 MAI I9l3. l35p et cela, en général, d'une manière uniforme par rapport à l'argument de s, /et L étant finis et différents de zéro ('). La série de Fourier, qui en est un cas particulier, est une série pério- dique. Nous nous sommes proposé d'abord de chercher si cette propriété n'appartient pas à d'autres développements de Cauchy. Pour ces développements on peut envisager la périodicité à deux points de vue : i° les coefficients de eV* ne changent pas quand on passe d'un intervalle au suivant; 2° les coefficients changent, mais de telle façon qu'en chaque intervalle le développement initial reste encore un développement de Cauchy. Ceci étant, on trouve quel que soit n entier et positif : *¥>= -JZll + fiifl; U«4Ûe*-=o; lin.^— 'i«"»= o. ir(«) e»-i >/(;)' q(z) ' j(— z) On voit donc que la série de Fourier n'est pas la seule série exponentielle qui soit périodique. M. L. Féjer {Math. Annalen, t. LY1II) a prouvé que la série de Fourier est sommable par la méthode de la moyenne arithmétique. Nous voulons faire voir que la propriété reste vraie pour le cas où 7t(*)=P(s)««+Q(s)«-»I V(*) = «-»Q(«), P(s) et Q(-) étant deux polynômes de même degré. Pour ce cas, qui comprend tous les développements rencontrés par Fourier, H. Poincaré a montré que les conditions (i) sont satisfaites (Propagation de la chaleur, p. 218). Remarquons d'abord que si les fonctions entières />(-) et y(s) satisfont aux conditions '/(-■) '/(-=■) les autres parties des conditions (i) étant aussi remplies, la série représente zéro sous la seule condition que f(x) soit bornée et intégrable Cela étant, soient A0 et B0 les coefficients du terme le plus élevé de P(s) (') André Léauté, Comptes rendus, 27 novembre 1911 et 2 janvier 1912, et Emile Picard, Comptes rendus, 17 juin 1912. l36o ACADÉMIE DES SCIENCES. et Q(s) et posons q(s) [}(z)eaï+-Q(z)e-<^ A0 e«:+ B0 e~az On vérifie que ~ remplit les conditions de la remarque précédente, et la conclusion est évidente. Considérons encore un cas particulier où n(z) '— e:(P-a> + e-i(P-«) — 2 sic 2 — sin 2 cp . On obtient ainsi les développements avec 2V7T± I - — 29 Jtv=- (3 — * Ce sont précisément les séries considérées par M. Buhl dans son Mémoire du Journal de Jordan (t. IV, ic)o8), où il les obtient par un procédé dont le principe est du à H. Poincaré. Il existe une liaison étroite entre les séries (2) et celle de Fourier, et par conséquent l'étude de M. Buhl en est une consé- quence. Considérons en eilet les fonctions /(a;)cos-r^-(À — œ), f(x) sin -5-! — (1 — x), p — oc p — (X où A est un paramètre et ^ — — (f — 2cp)- On a v = — « a v = — » + « 3 SÉANCE DU 5 mai io,i3. l36l En particulier, faisant \ = x, en retranchant les deux premières et en ajoutant les deux dernières, on trouve les séries (2); et Ton voit pourquoi M. Buhl, en faisant la sommation soit ordinaire, soit de Cesàro, trouvait comme intégrale singulière celle de Fourier ou celle de M. Féjer, où la fonction était remplacée par f(x) multipliée par un cosinus ou un sinus. En ce qui concerne l'étude" dans un intervalle quelconque, c'est le para- mètre À qui reçoit une autre valeur. Pareillement les séries trigonomé- triques généralisées de M. Buhl se déduisent de la série de Fourier de la même manière que les séries (2). ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la fonction de Green du cylindre indéfini. Note de M. G. Boui.igaxd, présentée par M. Hadamard. Considérons un cylindre indéfini à section droite fermée. Nous suppo- serons qu'on a pris pour axe Oz une parallèle aux génératrices. Soit P(x, y, z) un point fixe quelconque intérieur au cylindre. On sait aujour- d'hui démontrer l'existence d'une fonction G(M, P) remplissant les condi- tions suivantes : i° L'expression G(M, P) — 7-777 est une fonction harmonique des coor- données ï, Y], '( du point M dans tout le cylindre; 20 La fonction G s'annule quand M est situé sur le cylindre. Cette fonction G s'appelle la fonction de Green du cylindre indéfini : c'est une fonction symétrique des deux points M et P. De plus, il est clair que les variables r- et '( ne figurent dans son expression que par leur différence z — '(. Il en résulte qu'on a dG dG f)z G(M)P)G(M,Q)rfS11 est donc, quand on regarde Q comme fixe, une fonction harmonique de P dans le plan (S). De plus, elle s'annule sur le contour (C) de (S) et devient infinie en Q comme log^- D'où l'identité (4) 5^//G(M1P)G(M,Q)dSM=*(P,Q). Remarquons en outre que le second membre de l'équation (3) est une certaine opération linéaire, effectuée sur la fonction 15. Représentons sym- SÉANCE DU 5 MAI 1 9 1 3 . I 363 boliquement cette opération par £2(U). On a <~>[£(U)]= — AU; ainsi, en appliquant deux fois de suite à U l'opération intégro-difieren- tielle Q, on retombe, au signe près, sur son laplacien. Proposons-nous maintenant de calculer o(P,Q) lorsque les points P et Q sont en dehors du plan (S). Par une symétrie, on peut toujours se ramener au cas où ils seraient de part et d'autre de (S). Supposons, par exemple, la cote s de P positive et la cote z, de Q négative. Considérons celle des fonctions (H) pour lesquelles on a V(M) = G(M,Q), cette fonction est précisément — ?(P> Q)- On en déduit aisément qu'on a (5) / G(P.,Q) dz — 44o Sesquioxyde de fer 202 Oxyde ferreux 7200 Chlorure ferrique 4 3,i Azotate de potassium. Concentration équivalente. .. . o,oo5 0,01 0,02 0,1 o,5 1 s (en volts) 5,6 4>3 2,% >>26 o,52 o,23 Sulfate de potassium. Concentration équivalente .. . o,oi8.j 0,042 o,o46 o,4 £ (en volts) 2,33 2,3 2 o,46 (') Comptes rendus, t. 154, p. i4u< l370 ACADÉMIE DES SCIENCES. Potasse. Concentration équivalente .. . 0,0025 o,oo5 0,01 s(envolts) 5,6 4j6 3, 96 Acide chlorhy civique. Concentration équivalente .. . o,oo5 0,01 6 (en volts) 3,3p, 2,8 Acide sulfurique. Concentration équivalente . . . 0,01 i (en volts) 2 ,49 Pour toutes ces solutions l'électrolyte est à un potentiel supérieur à celui du verre. L'élude de l'azotate de potassium dans des limites de concen- tration très étendues montre que la différence de potentiel au contact e décroît constamment quand la concentration de l'électrolyte augmente et ne présente pas de minimum, comme il arrive pour le sulfate de cuivre ou de zinc; si ce minimum existe, il ne se trouverait que pour une concen- tration supérieure à une molécule-gramme par litre. Pour les solutions étendues, la différence de potentiel au contact £ est beaucoup plus grande pour les sels de potassium que pour les sels de cuivre, ou de zinc, ainsi que le montre le Tableau suivant : Concen trii lions équivale 11 les. 0,005. 0,008. 0,01. ii.n.'. Azotate de potassium (en volts) 5,6 » 4,3 2,8g Sulfate de cuivre (en volts) » o,5i 0,21 0,12 ÉLECTROOPTIQUE. — Détermination de la durée d'établissement de la biréfringence électrique. Note de M. C. Gutton, pré- sentée par M. Lippmann. Dans une Note précédente (') j'ai montré que les variations de la biré- fringence électrique des liquides ne suivent pas instantanément celles du champ de force électrique. Lorsque ce dernier n'est établi que pendant un temps très court, la biréfringence n'atteint pas la grandeur qu'elle aurait dans un champ statique. (') Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 387. SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l3. l3yi J'ai pu, depuis, déterminer quelle est la durée de charge d'un conden- sateur au-dessous de laquelle le liquide qui baigne les armatures n'atteint pas complètement sa biréfringence normale. Comme dans les expériences que j'ai déjà décrites, un faisceau de lumière passe successivement entre les armatures de deux condensateurs immergés dans des liquides différents; les lignes de force sont horizontales pour le premier et verticales pour le second. Les armatures sont reliées deux à deux, de sorte que la différence de potentiel est constamment la même pour les deux condensateurs. Ceux-ci sont disposés entre deux prismes de Glazebrook à l'extinction, dont les plans de polarisation sont inclinés à 45° sur l'horizon. La distance des armatures du second condensateur peut être modifiée à l'aide d'une vis à filet fin qui donne à l'une d'entre elles un mouvement très lent. Les condensa- teurs étant chargés à l'état statique par une machine de Holtz, on règle d'abord cette dislance de telle sorte que les biréfringences des deux liquides se compensent exacte- ment; le prisme analyseur continue alors à éteindre. On relie ensuite les condensa- teurs à une ligne le long de laquelle on envoie des oscillations de Hertz, de courte longueur d'onde, l'extinction de la lumière par l'analyseur ne subsiste pas. Si, pour la rétablir, il faut diminuer l'écart des armatures de l'un des condensateurs, c'est que la bérifringence du liquide dans lequel il est immergé ne s'est pas établie aussi complè- tement que celle de l'autre liquide. En chargeant les condensateurs par des ondes hertziennes de fréquences de plus en plus faibles, on arrive à trouver une fréquence à partir de laquelle la compensation des biréfringences des deux liquides, ayant été établie pour des charges statiques, subsiste pour les charges oscillantes. Les variations d'intensité du champ de force électrique sont alors assez lentes pour que les biréfringences des deux liquides puissent atteindre leurs valeurs normales. La durée de la charge des condensateurs étant égale au temps que les ondes de Hertz mettent à parcourir un quart de longueur d'onde, la mesure de cette longueur d'oude permet d'obtenir la durée d'établissement de la biréfrin- gence pour celui des liquides dont cette biréfringence suit le moins exactement les variations d'intensité de la force électrique. Les oscillations électriques étaient produites par des oscillateurs du genre de celui de Lécher; les plus petits étaient complètement immergés dans l'huile de vaseline. L'étincelle oscillante, qui jaillit dans l'huile, était obtenue à l'aide d'un transformateur de Tesla. Les ondes de Hertz étaient amenées aux condensateurs par une ligne de i6m de longueur. Pour mesurer la demi-longueur d'onde, on détachait les fils de la ligne et l'on observait la gaine lumineuse d'aigrettes qui les entourait. Les ondes étaient assez intenses pour que celle-ci rende visible au moins un internœud du système d'ondes stationnaires produit par la réflexion, soit aux extrémités des fils, soit sur un pont qui les réunissait. Les expériences ont porté sur trois couples de liquides : naphtaline C. R., 1918, i" Semestre. (T. 156, N° 18.) J7^ l3;2 ACADÉMIE DES SCIENCES. bromée et sulfure de carbone; sulfure de carbone et toluène; nitrobenzine et naphtaline bromée. Voici les résultats obtenus lors de la comparaison des biréfringences de la naphtaline bromée et du sulfure de carbone. Les armatures des conden- sateurs étaient des bandes de laiton de icl" de largeur. Le condensateur immergé dans la naphtaline bromée avait (3,m de longueur et la distance des armatures était ocm,444- L'autre condensateur, qui était plongé dans le sulfure de carbone, avait 8cm de longueur; la distance des armatures, lors de l'extinction de la lumière, a été trouvée égale à oe,n,295 lorsque Tes condensateurs avaient des charges statiques. Des données précédentes on déduit que la constante de Kerr de la naph- taline bromée est trois fois plus grande que celle du sulfure de carbone. Lorsque les condensateurs sont chargés par des ondes de Hertz de courte longueur, on doit, pour rétablir l'extinction, diminuer la distance des armatures, ce qui indique que la biréfringence du sulfure de carbone suit, moins exactement que celle de la naphtaline bromée, les variations d'in- tensité de la force électrique. Le Tableau suivant indique, pour des ondes hertziennes de diverses demi-longueurs d'onde, le rapport de la diminution de distance des arma- tures à leur distance totale primitive : ) i m - = 95... 2 220 . . . 35o. . . On voit1 que, pour des oscillations dont la demi-longueur d'onde est 85ocm, le réglage effectué pour les charges statiques se conserve; on en déduit que la charge des condensateurs est assez lente pour que la biréfrin- gence du sulfure de carbone s'établisse complètement. La durée de charge étant égale au temps pendant lequel les ondes parcourent un quart de lon- gueur d'onde, il faut, pour (pie la biréfringence électrique du sulfure de carbone atteigne sa valeur normale, un temps au moins égal à «— — — 5 ou — r seconde. 108 Des mesures faites avec d'autres condensateurs ont confirmé ce résultat. Les expériences sur les autres couples de liquides ont donné, pour le toluène, —t seconde et pour la naphtaline bromée — 8 seconde. Ces durées sont de l'ordre du temps de relaxation de Maxwell, ce qui est o,o85 1 cm £ = 575... 0,020 0.002 760 . . . 0,008 o,o45 85o... 0,000 SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. l373 conforme à la théorie émise par Larmor, par MM. Cotton et Mouton, et développée par M. Langevin, et d'après laquelle la biréfringence est le résultat d'une orientation moléculaire. PHYSIQUE. — Sur l'en/relien mécanique continu des verges vibrantes (diapasons, lames, etc.). Note de M. H. Magcnna, présentée par M. Villard. J'ai réalisé par un procédé mécanique l'entretien du mouvement des verges vibrantes (diapasons, lames, etc.) ou de tout autre corps vibrant suivant la loi pendulaire; dans le cas, par exemple, d'un diapason, je place l^rête vive extérieure de l'une des branches en contact avec un corps inerte enduit de colophane, ce corps inerte se déplaçant d'une façon continue et régulière devant l'arête. Je réalise cet entretien de trois façons ^illérenles qui ne constituent que des variantes d'exécution du même principe: i° Par courroies sans fin; 2° Par tambours cylindriques; 3° Par disques plats. On met en mouvement par un procédé mécanique ou électrique une petite courroie de cuir sans fin, dont la surface est poncée et enduite de colophane. Le diapason est mis en contact avec la courroie de façon que l'arête de la branche soit bien normale à la direction du mouvement de la courroie et que l'angle de cette branche avec la courroie (angle d'attaque) soit d'environ -o°. La tension de la courroie doit rester faible; on peut, du reste, la régler mécaniquement. L'expérience montre que pour des intervalles de iooTd à i200Td la même vitesse d'attaque donne un parfait fonctionnement. La pression sur les différents diapasons varie, elle est d'autant plus grande que le diapason est plus court. Cet entretien permet de mettre en vibration simultanément un nombre quelconque de diapasons. Lorsqu'on veut entretenir des diapasons très élevés, par exemple i'2 000vd, il faut réduire la vitesse d'attaque. Je peux aussi les entretenir par un tambour évidé en son milieu où se trouve fixé un cylindre de cuir, ou tendre un cuir plat sur un disque. Le nombre de vibrations doubles des verges entretenues mécaniquement par ce procédé est le même que celui des verges en vibration libre, à -—-^ de seconde près (procédé de mesure: les battements). Application à la production de courants ondulatoires. — L'entretien méca- nique continu des verges vibrantes m'a permis de réaliser des appareils convertissant le courant continu en courants ondulatoires, appareils l374 ACADÉMIE DES SCIENCES. auxquels j'ai donné le nom de convertisseurs. Ces appareils sont caractérisés par la séparation complète des fonctions, savoir : séparation de V entretien {moteur) de. la transformation du courant continu en courants ondulatoires. A cet effet, par exemple, les diapasons sont munis sur leurs branches de lames atones qui viennent entrer en contact avec une vis réglable. Le mon- tage électrique est celui d'un vibreur de bobine Ruhmkorff. Ce dispositif m'a permis, dans la télégraphie Multiplex, d'avoir des appareils d'un fonc- tionnement continu et sûr, et, en T. S. F., de mettre sur le primaire d'une bobine d'induction une puissance de 3oo watts à la fréquence de 65o. Application à la superposition sans confusion des petites oscillations en télé' graphie sans fil. — Dans les Comptes rendus du 10 août 1908 et 21 juin 1 909, nous avions indiqué, Mercadier et moi, le moyen d'envoyer plusieurs télés grammes simultanés, formés par des signaux produits par des courants alternatifs de périodes différentes avec des appareils imprimeurs rapides : i° Sur un circuit à deux fils sans communication avec la terre ; 20 Sur un seul conducteur télégraphique relié à la terre à ses deux extrémités. Il était intéressant, au point de vue scientifique et au point de vue pra- tique, de voir si les mêmes résultats pourraient être obtenus en T. S. F. Sur le primaire d'une bobine d'induction, j'ai monté des diapasons entre- tenus mécaniquement (sol3, ut', mi', sol") qu'on pouvait manipuler simultanément. Sur|le secondaire de la bobine, un éclateur était réuni à une antenne et à la terre. J'ai pu ainsi, avec mon collaborateur^. Costabel, trier les différentes transmissions sur une antenne réceptrice, avec des monophones à anches libres, accordés sur les différents diapasons. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur tes transformations des alliages de fer et de silicium. Note de M. Em. Vigouroux. L'intérêt que nous prenons à la lecture de la récente Note de MM. Georges Cbarpy et André Cornu ('), et la tendance à conclure, du fait qu'il avait été signalé par MM. Cbarpy et Grenet, que le point A2 ne correspondait à aucune particularité de la courbe de dilatation, que le point A2 n'indiquait pas P existence d'une transformation spéciale et n'était qu'un résidu des trans- (') G. Charpy et A. Cornu, Comptes rendus, t. 156, 21 avril 1913, p. 1240. SÉANCE DU 5 MAI lO,l3. ^5 formations correspondant aux points A , etA3, nous autorisent à rapprocher également nos résultats des recherches concordantes d'Osmond, Arnold, Stead, Baker, résultats découlant d'une étude analogue à 'celle des vitesses de refroidissement, bien qu'elle fût dirigée vers un autre but. Elle a entraîné notre conviction que c'est le point A., dont l'importance Fers siliciés. Transformation A. au réchauffement. SU, pour cent. est primordiale, qu'il s'agisse des transformations du fer'seul ou de celles qui affectent certaines de ses solutions solides, telles celles formées avec le silicium (') dans le cas actuel, les transformations qu'on attribue au point A3 ne s'étant manifestées ni dans notre échantillon de fer ni dans nos ferro-siliciums, pas plus que celles qu'on pourrait comparer au point A,, dernier fait qui ne saurait surprendre, le point A, n'ayant pas d'existence propre dans le métal, sa présence n'étant que la conséquence de celle du carbone; et c'est pour éluder les transformations provoquées par chacun (') Le professeur Tammann, de Gœttingue, a montré que le fer tient le silicium en solution solide jusqu'à une teneur centésimale bien supérieure à celle du carbone' 1376 ACADÉMIE DES SCIENCES. des éléments autres que le fer et le silicium, celles bien connues du carbone en particulier, qui ne peuvent être que perturbatrices, que notre expérimen- tation portait sur des fers siliciés purs. Un réveil sonnant un coup toutes les dix secondes permettait de noter à chaque battement la température indiquée par un galvanomètre relié à un thermo-élément en contact avec les différents alliages, d'où découlaient leurs courbes respectives de durée de refroidissement ou de réchauffement et partant la courbe propre à la transformation. Pour le fer pur, dans le cas du réchauffement, la transformation A2 commence à 7260 et finit à 7460. L'addition de silicium ne fait apparaître aucun phénomène comparable à la transformation A, des aciers; au con- traire A2 persiste très nettement au refroidissement et au réchauffement; mais comme des retards notables et irréguliers se constatent au refroidisse- ment, nous avons considéré uniquement le réchauffement, .auquel se réfèrent nos chiffres et nos courbes. Contrairement aux résultats de nombreux savants et fait assez nouveau, l'addition de silicium au fer élève immédiatement la température de cette transformation A2. Dès que le fer a dissous 5 millièmes de silicium, la tem- pérature du commencement de cette transformation se trouve augmentée de i4°, celle de la fin de 6°. L'augmentation, moins rapide ensuite, devient à peu près nulle vers 3 pour 100, puis reprend avec plus d'intensité pour disparaître au voisinage de 7 pour 100 où nous perdons sa trace ('). En résumé, la ligne ascendante qui joint les points marquant la fin de la transformation A2, dans le cas du réchauffement, affecte la forme d'une double inflexion. On conçoit qu'elle puisse contribuer à effacer celle des fers carbures. CHIMIE PHYSIQUE. — Réactions chimiques et rayons de courbure. Note de M. G. Reboul, présentée par M. E. Bouty. J'ai montré que l'action chimique d'un gaz sur un solide dépend essen- tiellement de la forme de ce dernier et qu'elle est plus vive aux points où la courbure moyenne est plus grande. Les expériences peuvent être faites, (') Il est vrai que, dans ce cas comme dans celui du fer pur où le point A3 nous a écbappé, nous regrettons de n'avoir pu disposer d'un enregistreur tel que le galvano- mètre double Saladin-Le Chatelier, que nous espérons bien pouvoir utiliser sous peu. SÉANCE DU 5 MAI H)l3. l3nj soit à la pression ordinaire, soit aux basses pressions, avec divers gaz et des solides de forme et de nature différente ; la seule condition à remplir est de réaliser une réaction chimique très lente. Aux basses pressions et avec une source émettant des vapeurs lentement, l'effet présente quelques consé- quences que je crois intéressant de signaler. Quand on place dans les conditions expérimentales déjà indiquées ( ' ) un solide portant une pointe, l'action se porte sur la pointe dont le métal est attaqué; celle-ci joue un rôle de protection pour tous les points qui sont dans son voisinage. Cet effet de protection se fait sentir, aux basses pressions, jusqu'à plusieurs centimètres et il se manifeste jusqu'à ce que l'épaisseur de sel formé sur le métal de la pointe soit suffisante pour la protéger partiel- lement et ralentir ainsi l'action chimique en ces points-là. Il en est de même si l'on place à côté l'un de l'autre, dans la même atmo- sphère active, deux corps de rayons de courbure très différents, par exemple deux cylindres métalliques. L'action se porte sur le cylindre de petit dia- mètre, l'autre restant indemne; le sel formé sur le petit fil joue bientôt un rôle de protection pour ce dernier; l'action se manifeste alors sur le gros fil, mais bien moins vive que s'il était seul. Exemples. — Un fit de cuivre de imm,5 de diamètre, exposé seul dans l'appareil, à une pression de omm,20 et pendant 3o minutes, présente après l'attaque une teinte indigo bleu accusant ainsi une épaisseur de sel de 170 unités. Un fil identique placé dans les mêmes conditions, dans le voisinage d'un fil de omm,i5 de diamètre, ne parait pas attaqué pour des durées d'expositions inférieures à 3o minutes. Au bout de cette durée d'exposition de 3o minutes, il ne présente qu'une teinte brune accusant ainsi une épaisseur de sel inférieure à 109 unités. En plaçant un fil de cuivre identique, dans les mêmes conditions, mais seul, il prend encore une teinte indigo bleu qui indique la même épaisseur de sel que dans le premier cas. Le fil de petit diamètre a donc joué un rôle de protection vis-à-vis de celui de gros diamètre. De même une lame de cuivre, dont on a étamé les bords de manière à éviter les perturbations dues aux arêtes de la coupure, exposée pendant 3o minutes à une pres- sion de omm,4, présente en son centre une teinte bleue indiquant une épaisseur de 200 unités. Lorsque dans les mêmes conditions elle est surmontée d'un fil de cuivre de omm,i5, la teinte qu'elle présente est brune, l'épaisseur de sel correspondante est inférieure à 109 unités. Le fil a donc partiellement protégé la lame de l'action chi- mique de l'atmosphère gazeuse. Tout se passe comme si la substance active était attirée vers les points où (') G. Keboul, Comptes rendus, t. 153, p. 1227. iSjft ACADÉMIE DES SCIENCES. le rayon de courbure est plus faible; ces points protègent leurs voisins et cet effet se fait sentir à une distance d'autant plus grande que la pression est plus basse, à des pressions de -^ de millimètre elle atteint plusieurs cen- timètres. Ces résultats peuvent s'expliquer facilement si l'on admet qu'il y a con- centration plus grande de l'atmosphère gazeuse aux points où les rayons de courbure principaux son't les plus faibles ('), il s'ensuit qu'en ces points l'action chimique sera plus vive; l'absorption du gaz, conséquence de l'action chimique, amènera une diminution de la pression d'équilibre en ces points là, d'où un nouvel appel de gaz qui disparaîtra à son tour. Il y a en quelque sorte distillation de la substance active de l'atmosphère gazeuse sur les points de plus faibles rayons de courbure. CHIMIE MINÉRALE. — Préparation du baryum. Note (-) de M. Camille Matigxox, présentée par M. H. Le Chatelier. M. Giintz, auquel on doit tant de beaux travaux de Chimie minérale, a donné une excellente méthode de préparation de baryum, fondée sur la réduction de son oxyde par l'aluminium (3) BaO-)-|AI!= '\l203-t- Ba. La réaction exothermique est encore facilitée par la volatilité du baryum. En m'appuyant sur les idées exposées sommairement dans une précé- dente Note (A), il m'a paru que le silicium devait pouvoir effectuer la même réduction, malgré l'écart énorme de 35cal entre les chaleurs de formation des deux oxydes, baryte et silice, rapportées à iat d'oxygène. En effet, si l'on opère, en présence d'un excès de baryte, la silice formée s'unira avec la baryte pour former un silicate de baryte avec un dégage- ment de chaleur notable. M. Le Chatelier (5) a donné 33cal,i pour la chaleur de formation du silicate de chaux, Si02CaO, à partir de ses ( ■•) G. Reboul, Comptes rendus, avril 1913. (2) Présentée dans la séance du 28 avril 1913. (3) Comptes rendus, t. 143, 1906, p. 33g. (') Comptes rendus, t. 156, i<)i3, p. 1 1 57. (5) Comptes rendus, t. 120, 189.3, p. 6a5. SÉANCE DU 5 MAI IÇ>l3. l3^g oxydes générateurs. La baryte, dont la basicité est au moins égale à celle de la chaux, ne dégagera pas moins de chaleur dans les mêmes conditions. Admettons pour la baryte le même nombre que la chaux, soit 33cal par molécule de silice, c'est-à-dire i6cal,5 par atome d'oxygène substitué, l'écart précédent de 35cal se trouve ainsi réduit à i8cal,5. -BaO + -Si = -SiO-BaO + Ba — i8' ''.:,. 3 2 2 Si l'on tient compte de la stabilité des constituants du système, de la non-volatilité de la baryte, du silicium, du silicate de baryte, opposée à la volatilité du métal à des températures voisines de i 2000, on arrive à cette conclusion que la réaction doit être possible. Effectivement, si l'on mélange intimement du silicium et de la baryte anhydre dans les proportions théoriques de 3I3a() par atome de silicium, on constate que la réaction s'effectue régulièrement à 1200", le silicium prenant la place d'une quantité équivalente de baryum. On réalise la réaction en plaçant des pastilles du mélange précédent dans un tube d'acier fermé à un bout et chauffé dans un tube de porcelaine dans lequel on fait et maintient le vide pendant toute l'opération. Le métal distille et vient se condenser dans l'intérieur du tube d'acier, dans une région moins chauffée. Dans un premier essai, effectué sans précautions spéciales, j'ai obtenu un métal dosant 98, 5 pour 100 de baryum. La préparation réussit également bien avec le silicium amorphe pur, dont l'etal de division paraît a priori favorable, et avec les siliciums et ferro siliciums riches, qui sont aujourd'hui, grâce auv recherches scientifiques poursuivies dans les laboratoires techniques, des produits courants à bon marché usités pour la préparation industrielle de l'hydrogène. J'ai opéré, par exemple, avec un silicium d'origine allemande, préparé sans doute d'après le procédé de Bernhard Scheid et dosant : Si 94 SiO2 0,6 Fe 3 avec un ferro silicium de Girod, dosant o,."> pour 100 de silicium et un autre ferro de même origine à 90 pour 100. Ce dernier produit, cassant, facilement pulvérisable, d'une fabrication courante, convient très bien pour l'opération. Si l'on tient compte que le ferro à 90 pour 100 de silicium est plus coûteux et plus difficile à obtenir à cause de la volatilité de l'élément au four électrique, que d'autre part ce ferro à haute teneur s'est vendu pen- dant quelque temps à raison de 5oofr la tonne, on peut certainement C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N' 18.) 17^J l38o ACADÉMIE DES SCIENCES. admettre pour le prix de revient du ferro à go pour iooune somme inférieure à o1'1', 5o par kilogramme de silicium effectif, susceptible de mettre en liberté près de ioks de baryum. La préparation se ramène à un chauffage qu'il faut produire électriquement pour sa bonne régularisation, mais qui, effectué dans l'usine productrice du ferro silicium, avec de l'énergie élec- trique à bon marché, ne sera pas coûteux.. Il apparaît donc que cette méthode de préparation du baryum est susceptihle de fournir le baryum à bon marché et d'en faire, si les besoins l'exigent, un métal tout à fait industriel. CHIMIE ORGANIQUE. - Action des réducteurs sur les chloraloses. Note de MM. M. Hasriot et A. Kmng, présentée par M. Armand-Gautier. Dans des Notes antérieures (Comptes rendus, t. 152, p. i3q8 et p. i5q(>) nous avons montré que les divers chloraloses chauffés avec de l'ammoniaque alcoolique étaient réduits et que l'un des atomes de chlore était remplacé par de l'hydrogène. Il était intéressant de voir si d'autres réducteurs pou- vaient présenter une réaction analogue, attendu que, d'ordinaire, les atomes de chlore du groupe CCI3 résistent ou s'éliminent tous trois ensemble, le départ de l'un d'eux entraînant celui des autres. Dans la présente Note nous établissons non seulement que la plupart des réducteurs peuvent remplacer dans les chloraloses 1 atome de chlore par i atome d'hydrogène, mais que certains peuvent même en enlever un second en donnant une série de corps qui seront les bidéchlorochloraloses : enfin, par l'action du sodium sur les chloraloses dissous dans l'ammoniac liquide, on peut enlever le dernier atome de chlore, mais dans ce cas, les corps que nous avons obtenus ont été incris tallisables et n'ont pu être isolés à l'état de pureté. Action de l'amalgame d'aluminium. — L'aluminium, activé par une solution faible d'un sel de mercure enlève ial de chlore à la molécule des chloraloses. A chaud ou à froid, en milieu neutre ou acide, son action reste la même; nous verrons plus loin qu'en milieu alcalin l'attaque peut être plus profonde. a-chtoralose. — On en dissout ios dans i litre d'eau, et on laisse agir l'amalgame d'aluminium pendant 4§ heures en avant soin d'ajouter de temps à autre un peu d'acide sulfurique pour redissoudre l'alumine qui se précipite ; on suit la marche de SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l3. l38l l'opération en dosant l'acide clilorhydrique mis en liberté. Quand la réaction est ter- minée on filtre la solution acide, on la rend franchement alcaline par l'ammoniaque, on recueille l'alumine sur une chausse, on la lave aussi complètement que possible et l'on évapore à sec le liquide filtré ainsi que les eaux de lavage, on reprend enfin par l'alcool qui dissout le déclilorochloralose formé. Le corps a été identifié avec celui obtenu dans l'action de N H3 sur le chloralose par sa composition (Cl := 25, 19), son point de fusion et son pouvoir rotatoire. B-chlor alose. — On opère comme ci-dessus; toutefois, comme le dérivé para est presque insoluble dans l'eau, on emploie, pour 10» de /^-chloralose, 5oocmI d'alcool et 25ocmS d'eau, et l'on chauffe à 5o°. Le produit obtenu est purifié comme il est dit plus haut. Il fond à i54°-i55° et contient 25,46 pour 100 de chlore. Il a été identifié avec celui obtenu par l'action de NH3 sur le chloralose par son produit d'oxydation au moyen de l'acide nitrique, que l'on convertit par l'ammoniaque en amide fusible à 1610. L'hydrate d'hydrazine le transforme en hydrazide, aiguilles blanches fusibles à 1920. Monodëchlorogalaclochloralose. — L'amalgame d'aluminium réagit bien surlegalactochloral. Le produit obtenu fond à i3o° et contient 24,5 pour 100 de chlore; son dérivé benzoylé fond à i4*J°, il est donc identique avec celui obtenu par l'action de l'ammoniaque sur le galactochloral. Le zinc attaque à peine les chloraloses en milieu légèrement acide; avec le couple zinc-cuivre, l'attaque se produit mieux, les produits de la réaction sont les mêmes qu'avec l'amalgame d'aluminium. Action de l'amalgame de sodium à 3 pour 100. — En milieu acide, l'amal- game de sodium donne la même réaction que le précédent, mais en outre enlève, bien que difficilement, un deuxième atome de chlore; en milieu alcalin, c'est cette dernière réaction qui prédomine, on l'obtient en partant soit du chloralose lui-même, soit du produit monodéchloré. La réduction doit se faire en milieu hydroalcoolique, en saturant de temps en temps l'excès d'alcali par un peu d'acide sulfurique. Fréquemment on dose l'acide clilorhydrique mis en liberté, et l'on s'arrête quand les deux tiers du chlore initial ont été ainsi solubilisés; on sature alors aussi exactement que pos- sible par l'acide sulfurique, on neutralise l'excès de celui-ci par du C03Ca, on évapore à sec au bain-marie, on reprend par l'alcool bouillant qui dissout le produit formé, qu'on purifie par des recristallisations dans l'eau. fiidéchloro-ct-chloraioxe C8HI3C10°. — Ce corps fond à 1680, est très soluble dans l'eau, l'alcool, l'alcool éthéré; il a donné à l'analyse : C = 4o,o8 11 = 5,58 Cl = .4,6 Théorie. . . 39,90 5,39 i4,9° l382 ACADÉMIE DES SCIENCES. Son pouvoir rotatoire est à peine sensible. L'amalgame de sodium ne lui enlève plus de chlore. Il n'a pu en être obtenu d'élher défini. Bidèchloro-^-chJoralose . — Ce corps est très analogue au précédent; il fond à iGG°; il est soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, il n'a pas de pouvoir rotatoire. Son dérivé bibenzoylé cristallise en aiguilles fusibles à 1/190. Oxydation des bidéchlorochloraloses. — Les propriétés des bidéchloro- cbloraloses a et ^ étant presque identiques, il y avait lieu de se demander si l'arrachement du chlore n'avait pas détruit l'isomérie, d'ordre stéréo- chimique, qui existe entre les séries a et (3. Nous avons soumis ces deux corps à l'oxydation pour tâcher de les différencier. 58 du dérivé [3 sont chauffés au bain-marie avec i5K d'acide nitrique étendu (d = 1, t5). Il se dégage CO2 et NO; on évapore à sec. Le produit n'ayant pu être obtenu cristallisé, on le redissout dans l'eau bouillante et on le sature par l'hydrate d'hydrazine. Par refroidissement, il se sépare de belles aiguilles blanches qu'on fait recristalliser dans l'éther acétique (point de fusion = 1700). Elles ont donné à l'analyse (pour 100) : C = 35,2o; H = 4,6i ; N=ii,74; 01=14,87 G7 II7 O5 Cl N2 H1 veut : C = 35;,4i; H = 4,73; N = u,6i; Cl = i4,66 Le sel ammoniacal correspondant est soluble. L'oxydation de l'a-bidéchlorocbloralose, tentée par les moyens les plus divers, a toujours brisé la molécule; nous n'avons pu isoler que de l'acide saccharique et de l'acide oxalique. Essais d'enlèvement du troisième atome de chlore. — Le sodium dissous dans l'ammoniac liquide enlève aux chloraloscs leurs 3lU de chlore; le produit de la réaction est complexe et semble amener la destruction du noyau chloralosique. CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses dans le groupe des indigoïdes. Note de MM. A. Waiil et P. Ragakd, présentée par M. A. Haller. Après avoir indiqué les raisons qui nous avaient permis de prévoir l'apti- tude réactionnelle de l'oxindol, nous en apportions dès 1909 (') la confir- (') Comptes rendus, t. H8, 1909, p. 716 et t. lWjJigog, p. 1 3a. . SÉANCE DU 5 MAI ip,l3. l383 mation expérimentale dans le fait de la formation d'isoindogénides, d'iso- indigotine et d'indirubine par condensation de l'oxindol avec les aldéhydes cycliques, l'isatine ou son chlorure. Nous avons appliqué, depuis, ces deux dernières réactions aux dérivés substitués de l'isatine, ce qui nous a conduits d'une part aux isoindigotines dissymétriquement substituées, et de l'autre à des indirubines qui sont isomères de celles préparées par les procédés habituels. I. Oxindolel isalines. — La condensation s'effectue, comme nous l'avons décrit, en milieu acétique, en présence d'une faible quantité de HC1. Dans le cas de l'isatine elle-même le rendement atteint 90 pour 100 de la théorie, mais si l'on vient à modifier les conditions, les résultats sont très différents. Ainsi, en milieu alcoolique, sous l'influence de C"H5ONa ou d'un alcali caustique, on obtient des produits incolores dont l'étude n'est pas terminée; en solution dans l'acide sulfurique concentré, la condensation s'accom- pagne d'une sulfonation et fournit l'acide isoindigoline disidfonique. Ce dérivé sulfoné se prépare plus aisément de la manière suivante : on dissout une partie d'isoindigotine dans 3o à /jo parties deH-SO1 concentré, et chauffé au hain-marie, la solution rouge carmin devient peu à peu orangée, au bout de 1 heure on verse dans l'eau et l'on isole, à la manière habituelle, le sel de sodium. \Jisoindigotine disulfonate de sodium cristallise dans l'a'lcool étendu en feuillets bruns dont la composilion répond à la formule C16H8N20-(S03!\a)84- 2II-O; séché dans le vide à ioo°, il devient anhydre. Il se dissout dans l'eau avec une coloration orangé rouge sensiblement identique à celle des solutions du produit non sulfoné ; c'est un colorant acide teignant la laine en nuances orangé rougeàtre. Nous avons caractérisé l'acide disulfonique par quelques autres sels obtenus par double décomposition avec le sel de sodium : Sel de calcium, cristallise en petites aiguilles rouges, renfermant 5H20 qu'elles perdent à 1000 dans le vide. Sel de baryum, poudre rouge amorphe, insoluble dans l'eau. Sel d'argent, aiguilles rouges, solubles dans l'eau bouillante, renfer- mant 2li20. Sel de nickel. — Cristaux rouge brun peu solubles dans l'eau, renfer- l384 ACADÉMIE DES SCIENCES. ment sensiblement 5 H2 O qu'ils perdent à ioo° dans le vide. En décom- posant le sel de Ba par la quantité calculée de H2SOl, on obtient l'acide libre qui est très soluble dans l'eau, l'alcool, etc.; traité par l'ammoniaque, il donne un sel ammoniacal également très soluble. Il en résulte que la sulfonalion de l'isoindigo fournit dans ces conditions un acide disulfonique analogue au carmin d'indigo et qu'on peut désigner sous le nom de carmin d 'isoindigo. Si, dans la réaction qui fournit l'isoindigo, on remplace l'isatine par ses dérivés substitués, on obtient, avec la même facilité, des isoindigos dissy- métriquement substitués : Cil2 CO G C C'H^CO + CO/")CcH3(X) = H20 + CH^^CO CO<^C6rP(X). NH NU NH NH Nous avons 'condensé ainsi l'oxindol avec la monobromo-5-isatine, la dibromo-5.7-isatine, la méthyl-5-isatine et la nitro-5-isatine. La monobromoisoindigotine, la dibromoisoindigo/ine, la méthylisoindigo- tine, la nitroisoindigotiné ainsi obtenues sont des composés cristallisés dont les propriétés se rapprochent de celle de l'isoindigotine et qui seront décrits dans un autre Recueil. II. Oxindol et chlorures d'isalines. — Le chlorure d'isatine réagit en milieu benzénique sur l'oxindol pour donner l'indirubine, identique à celle obtenue en condensant, d'après Baeyer, l'indoxyle avec l'isatine ('). Si l'on remplace le chlorure d'isatine par les chlorures des isatines substituées, la réaction fournit des indirubines substituées (I) différentes de celles que donnerait la réaction de Baeyer (II). Les formules suivantes rendent compte de cette isomérie. CH* CO C;ïH. C0 (I) CH'/^CO + Cl — C-méthylé, sont restés d'une préparation très diffi- cile; c'est pourquoi elles sont demeurées inconnues jusqu'ici. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la préparation du tèlraiodure de carbone. Note de M. Marcel Lastenois, présentée par M. C. Moureu. Dans le but de préciser les propriétés essentielles du tétraiodure de car- bone, nous avons repris l'étude des procédés de préparation indiqués jusqu'ici. (') Wahl et Bagard, Bull. Soc. chim., 4e série, t. IX, 191 1, p. 56. (:) Friedl.ender, Fortschritte der Teerfarbeafabrikation, t. V, p. 098. (:i) Frieduendbr, Buuckner et Deutsch, Liebig's Anna/en, t. CCCLXXXVIII, 1912, p. 23. l386 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le premier en date, le procédé Gustavson ('), utilise l'action de l'iodure d'alumi- nium sur le tétrachlorure de carbone; mais les manipulations qu'il nécessite sont longues et d'autant plus délicates qu'elles doivent être effectuées à l'abri de toute trace d'air. De plus, l'emploi du sulfure de carbone présente l'inconvénient de donner des solutions de tétraiodure altérables, même lorsque l'on opère dans un gaz inerte; il y a formation de composés iodosulfocarbonés qui souillent l'iodure de carbone obtenu; aucun dissolvant, cependant, ne nous a paru susceptible d'être substitué au sulfure de carbone qui seul dissout l'iodure d'aluminium en assez forte proportion. Henri Moissan a conseillé, en 1891 ('-), l'action de l'iodure de bore sur le tétra- chlorure de carbone, mais ce procédé est peu pratique, l'iodure de bore étant lui- même d'une préparation pénible. En étudiant l'action iodurante de l'iodure de calcium sur diverses combinaisons organiques chlorées, Spindler a montré (3) que le tétrachlorure de carbone donnait, à 750, après chauffage poursuivi 5 jours en tube scellé dans le vide, un rendement de i4,4 pour 100 en tétraiodure de carbone. Nous avons repris cette réaction et recherché si elle était susceptible d'être étendue à d'autres iodures métalliques. Une étude systématique des rendements obtenus à diverses tempéra- tures, et avec des iodures diversement hydratés, nous a montré que la formation du tétraiodure de carbone était en rapport intime avec l'état physique des substances réagissantes. La température extrême, qu'il ne faut point dépasser dans ces essais pour ne pas altérer l'iodure de carbone, est go0-o,2°. Un iodure métallique réagira d'autant mieux sur le tétra- chlorure de carbone que son point de fusion sera légèrement supérieur à cette température. Nous avons pu ainsi obtenir, par un chauffage de 5 jours à 75°, un rendement de 53,6 pour 100, avec de l'iodure de calcium d'une hydratation correspondant à 21"01 d'eau. Nous préférons cependant, pour la préparation du tétraiodure de car- bone, l'emploi de l'iodure de lithium qui nous a fourni d'une façon constante un produit très pur. Nous avons reconnu que l'iodure de lithium à employer est celui qui renferme de i5 à 20 pour 100 d'eau (environ in,ol,5 H20). Il donne des rendements de 33 pour 100 après 5 jours de chauffage à 90-920. L'opération doit être effectuée en tube scellé dans le vide, en présence d'un excès de tétrachlorure de carbone; après élimination de cet excès, les produits de la réaction sont repris par l'eau et l'iodure de carbone est recueilli, lavé et séché. Les iodures de magnésium et de zinc hydratés donnent bien eux aussi du tétra- iodure, mais la facilité avec laquelle ils s'hydrolysent est telle que l'iodure de carbone (') Gi'stavson, Comptes rendus, t. 78, 187/4, p. 1 126. (-) Moissan, Comptes rendus, t. 113. 1891. p. rg. (3) Spindler, Liebig's Annalen, t. -231, 1 885 , p. 264. SÉANCE DU 5 MAI !ql3. 1 387 est rapidement transformé en iodoforme par l'acide iodhydrique qui prend nais- sance. Enfin, nous avons effectué une étude critique du procédé de préparation indiqué par Robineau et Rollin en 1894 (') ; ce procédé est basé sur l'action de l'hypochlorite concentré en milieu très alcalin sur l'iodoforme. La transformation s'effectue progressivement à la température de 4o°-5o°; mais il est préférable de provoquer une réaction instantanée en chauffant à 8o°-go° une solu- tion très alcaline d'iodure de potassium et ajoutant une faible proportion d'acétone, puis de l'iivpochlorile concentré. Nous avons reconnu que cette dernière technique donnait immédiatement du tétraiodure renfermant seulement 10 pour 100 environ d'iodoforme. Nous avons elléctué l'étude de la purification de ces produits : Robineau et Rollin avaient conseillé la cristallisation dans le chloroforme, mais l'iodoforme est entraîné et le tétraiodure en renferme toujours des traces qui modifient ses propriétés et nuisent à sa conservation. L'emploi combiné de l'éther de pétrole et de la benzine nous a donné d'excellents résultats; l'éther de pétrole léger ne dissout en effet à l'ébulli- tion qu'une proportion très faible de tétraiodure et entraîne tout l'iodo- forme; une dernière cristallisation dans la benzine donne un produit très pur. Nous avons pu, en utilisant ce procédé ainsi modifié, obtenir d'une façon constante de l'iodure de carbone d'une pureté absolue. Le tétraiodure de carbone pur se présente sous forme d'octaèdres d'une belle couleur rouge rubis. Il possède une faible odeur très particu- lière et non désagréable. La densité indiquée par Gustavson était de 4,3s à 20°, 2; nos déterminations nous ont donné comme moyenne à o° le chiffre de 4.5o. Les meilleurs dissolvants sont le sulfure de carbone, la benzine et l'acétone. C'est awisi que la solution benzénique saturée à l'ébullition renferme 13^,99 pour 100 de tétraiodure; à 1G0, elle en contient 9,32 pour 100. MINÉRALOGIE. — Sur les figures de déshydratation . Note de M. C. (îaudefroy, présentée par M. Wallerant. Il est généralement admis que la déshydratation des cristaux se manifeste par des taches efflorescentes et opaques. Aucun cas de déshydratation (') RoBiXE/vr et Rollin, Monit. scient.. 4e série t. VIII, 1894, p. 34'- C. R., 1913, 1" Semestre. (T. t5G, N° 18.) I;7 T 388 ACADÉMIE DES SCIENCES. transparente n'a été signalé, à ma connaissance, si ce n'est celui qu'a trouvé M. Gaubert (') en chauffant le gypse dans la glycérine. Pourtant ce mode est très fréquent et j'ai pu constater que la plupart des figures de déshydra- tation étudiées par Cari Pape ('-) et Eug. Blasius (3) présentent une première phase transparente dont il reste des traces sur les figures effleuries. Cette particularité, difficile à remarquer directement, est mise en évidence par l'étude des figures au microscope polarisant. Lorsqu'on met un cristal à l'extinction entre niçois croisés, les figures de déshydra- tation apparaissent généralement lumineuses comme des lamelles cristallines biréfrin- gentes extrêmement minces, orientées d'une façon quelconque. Pourtant elles ne restent pas transparentes. A mesure que les bords de la tache progressent, la partie centrale se fissure en devenant plus épaisse, les fragments se déplacent et produisent ainsi l'efflorescence opaque. Mais la bordure reste lumineuse. La déshydratation semble bien être alors un cas de transformation cristalline, et l'attention se porte sur la surface de contact entre le cristal qui se transforme ou cristal primaire et le cristal résultant ou cristal secondaire. Parfois la limite commune est imposée par le cristal secondaire : celui-ci s'accroît par les mêmes faces qu'en solution. Ce cas se présente pour les sulfates O 7 de la série magnésienne obtenus en solution acide. Mais le cas contraire se produit aussi. Alors la surface de contact est un polyèdre dont les faces sont parallèles à celles du cristal primaire. J'ai obtenu de telles figures sur les cristaux d'un certain nombre de sels, parti- culièrement les sulfates O7, M 7, T5 de la série magnésienne. Je prendrai comme exemple le sulfate de cuivre. Blasius(3) a déjà signalé qu'en mettant les cristaux de sulfate de cuivre T5 dans l'alcool absolu vers 5o° pendant quelques heures, on obtient des figures anguleuses, régu- lières sur certaines faces, mauvaises sur d'autres. Jien ai obtenu de très régulières sur toutes les faces en mettant les cristaux pendant quelques ins- tants dans l'alcool bouillant. Elles sont transparentes et biréfringentes, et s'effleurissent d'ailleurs bientôt. On obtient des figures analogues ayant plusieurs millimètres de longueur, mais très effleuries en élevant la tempé- rature de l'alcool à ioo°. Chose remarquable, une même figure n'est pas formée dans toute son étendue d'une seule plaque cristalline, mais de plusieurs juxtaposées et (') Bull. Soc. Min., t. XXIV, 1901, p. 476. (*) Pogg. Ânn., t.CXXIV, CXXV, CXXXV, GXXXVIII, 1860-1868. (3) Zeils. f. Kryst., t. X, i885. p. 221. SÉANCE DU 5 MAI I()l3. 1889 différemment orientées, et néanmoins une limite commune unifie tous ces cristaux et les côtés restent bien rectilignes. Ces figures ne sauraient être attribuées aux irrégularités accidentelles du cristal primaire, car, en quelque point d'une face qu'elles prennent nais- sance, elles s'accroissent dans toutes les directions en conservant la même forme. Sur une même face, toutes les figures sont des polygones semblables et semblablement orientés; sur deux faces opposées, des polygones symé- triques par rapport au centre ; sur des faces différentes, des polygones diffé- rents, conformément à la symétrie du cristal primaire. Lorsqu'une figure naît sur le bord d'une face, elle s'étend bientôt jusque sur la face voisine, et chaque moitié ressemble aux autres figures de la face correspondante. Cette remarque permet d'établir une relation simple entre les figures qu'on obtient sur les différentes faces. Les plaques minces qu'elles limitent sont des polyèdres cristallographiquement identiques ayant pour faces m, t, g\ 6% i* ('). Ces polyèdres sont donc tricliniques comme le cristal primaire, mais moins riches en faces. Comme vérification de cette hypothèse, les figures obtenues sur une sur- face quelconque doivent être semblables à l'intersection de ce polyèdre avec la surface considérée. On observe en effet, sur les faces de cassure conchoï- dales, des polygones curvilignes qui ont cette propriété. La déshydratation produit donc ici une pseudomorphose partielle dans laquelle le polyèdre de transformation, indépendant des cristaux secon- daires qu'il contient, imite le cristal primaire aux dépens duquel il s'ac- croît. BOTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur F origine botanique des bois commerciaux du Gabon. ÏNote (2) de M. Aug. Chevalier, présentée par M. Edmond Perrier. L'exploitation des bois du Gabon pour la vente en Europe a pris en quelques années un grand développement. Ce commerce existait déjà à Libreville en i85o (H. Hecquard), mais en 1896 l'exportation totale des (') D'après la notation de Mallard et 'Fermier : Recueil des données cristallo- graphiques et physiques, 190.5, p. 5o. (-) Présentée dans la séance du 28 avril 191 3. l3c)0 ACADÉMIE DES SCIENCES. bois de cette colonie n'était encore que de 3679 tonnes. Ce chiffre passait à 32226 tonnes en 1906 pour atteindre 1082/(2 tonnes en 191 1 (statis- tiques du Ministère des Colonies). Sauf pour ce qui concerne l'Okoumé, dont l'origine botanique a été fixée en 1896 par L. Pierre à l'aide de spécimens d'herbier recueillis par le R. P. Klaine, les renseignements sur "les bois exportés du Gabon étaient encore dans ces derniers temps ou inexistants ou erronés. L'étude des maté- riaux recueillis récemment par nous et par M. F. Fleury, secrétaire de la Mission permanente d'Agriculture coloniale, nous permet de combler cette lacune. Sur 108000 tonnes exportées en 191 1, 91,471 tonnes, soit plus des —, figurent dans les statistiques sous le nom d'Okoumé. Le vrai Okoumé pro- vient de YAucoumea Klaineana Pierre, de la famille des Burseracées, mais les exploitants glissent souvent dans les lots de bois exportés d'autres troncs d'arbres, et notamment des billes de fromager (Eriodendron) qui en dépré- cient beaucoup la valeur, car ces bois n'ont pas les mêmes propriétés. On sait que le bois d'Okoumé se vend surtout en Allemagne et est employé principalement pour la fabrication des boîtes à cigares. VAucoumea est répandu le long de la côte de l'Afrique équatoriale depuis la Guinée espagnole jusqu'à l'embouchure du Congo, mais il ne paraît pas pénétrer loin dans l'intérieur. Nous ne l'avons, observé ni au moyen Congo français, ni au moyen Congo belge, mais nous avons constaté sa fréquence au Mayumbe belge, où il n'avait pas été signalé. Au Gabon, les peuplements sont parfois assez denses et se rencontrent aussi bien dans la forêt de formation secondaire que dans la forêt primitive. D'autres grands arbres de la même famille appartenant à des espèces des génies Pachylobus et Cana- riiun, communs dans la forêt de l'Afrique équatoriale, fournissent un bois analogue, mais ils ne sont pas exploités. Le Bois corail (bois rouge du Gabon) Padouk africain, s'exportait autrefois en assez grande quantité comme bois de teinture pour remplacer le bois de Campêche. Actuellement, on ne trouve plus des débouchés que pour quelques centaines de tonnes par an, mais l'espèce productrice est encore commune au Gabon et au Cameroun. Cette espèce est le Pterocarpus Soyau.rii Taub. Nous avons pu nous en assurer en identifiant les rameaux d'arbres abattus sous nos yeux avec le type même de Taubert qui provenait du reste du Gabon. C'est un arbre de grande taille dont le tronc peut dépasser [mde diamètre. Lorsque le diamètre excède ^oom, le duranien durcit et vire au rouge sang. L'aubier et le cœur des jeunes arbres est blanc et sans valeur. L'ébène 1/11 Gabon est connu depuis plus d'un demi-siècle sur les marchés d'Eu- rope; aussi il s'est raréfié près de la côte. La quantité exportée en 191 1 par toute la colonie éta il seule m en I de "100 tonnes; ce chiffre s'accroîtra lorsque le commerce s'a van- SÉANCE DU 5 MAI IQI3. l3gi cera dans l'intérieur tle la forêt, car l'ébène du Gabon est un très beau bois, d'un noir franc se polissant parfaitement et ayant des débouchés certains. » L'essence qui fournil ce bois est une Ebénacée, le Diospyros Evita Pierre (Mss. in llerb. Mus. Paris), espèce encore imparfaitement connue, nous paraissant très voisine du Diospyros flavescéns Giirke du Cameroun et qu'il faudra peut-être lui identifier lorsque les Heurs de la première espèce encore inconnues auront été observées. Le bois des jeunes arbres est entièrement blanc et ce n'est que lorsque leur diamètre alleint 3ocm à 40'"1 que le cœur devient noir. \J acajou du Gabon donne lieu au commerce le plus important après celui du bois d'Okoumé. En 191 1 il en a été exporté 48g 1 tonnes. Ce bois est fourni par de très grands arbres de la famille des Méliacées. Au Gabon, les espèces productrices sont connues des indigènes sous les noms d'Aman gui la ( pahouin ) et appartiennent nu genre Khaya, dont une espèce, A. Klainei Pierre, est très voisine et peut-être même identique (d'après Pellegrin) au K. ivorensis A. Chev., producteur de la plus grande partie de l'acajou de la Côte d'Ivoire. Les autres espèces que nous avons recueillies au Gabon et vu exploiter n'ont encore pu être identifiées, faute de matériaux en Heurs ; elles nous ont paru se rapprocher des A', grandis Sprague de la Nigeria du Sud el A", anthoteca C. DC. de l'Angola et elles devront probablement leur être identifiées par la suite. L'acajou du Gabon n'est pas apprécié sur les marchés d'Europe comme il le mérite, la plupart des exploitants ne le présentant pas en lots bien choisis et bien uniformes. Du reste, outre les bois signalés ci-dessus, il existe dans la forêt du Gabon, ainsi que nous le montrerons dans une prochaine élude, d'autres espèces d'arbres inconnus des colons et complètement inexploités, qui ont une valeur égale ou même supérieure à ceux dont on tire déjà parti. Nous avons notamment reconnu la présence d'espèces produisant des acajous qui, de l'avis des experts compétents, sont susceptibles de rivaliser avec les plus belles sortes de Honduras et de Cuba. botanique. — Sur la question de la propagation des rouilles chez les Graminées. Note de M. J. Heauverie, présentée par M. Gaston Bonnier. Nous avons été amené, au cours de recherches sur la propagation des rouilles, à faire une première série d'observations que nous croyons devoir publier, bien qu'encore incomplètes; elles ont trait à la présence relati- vement fréquente d'organes conservateurs ou reproducteurs de rouille dans 1 392 académie des sciences. l'intérieur même des semences de Graminées. Ces observations ont été faites à Beynost (Ain), dans les environs de Lyon. Ayant été frappé par la nuance brune de certains épis dans un champ de blé, vers le milieu de juin 191 2, nous recueillîmes quelques-uns de ces épis pour les mettre en liquides fixateurs. L'examen que nous fîmes plus tard, à laide de coupes minces, nous permit de reconnaître facilement, dans le tissu parenchymateux du sillon, de nombreux sores à urédospores et à téleuto- spores ainsi que l'existence de mycélium en continuité avec les stroma de ces sores. Ce mycélium est nettement intercellulaire, envahissant cepen- danl quelquefois les cellules; il est cloisonné et ramifié. Il est utile d'en bien étudier les caractères afin de le reconnaître dans les cas où il n'est pas en relation avec des éléments reproducteurs. Ce mycélium s'étend aussi dans le péricarpe en dehors de la région du sillon. Il s'agissait du Puccinia glumarum . Ces observations n'ayant été faites qu'après la récolte, et à l'époque où la moisson du blé est passée, nous ne nous étions pas tout d'abord douté de l'intérêt de ces épis, aussi n'avions-nous pas poussé notre enquête en pleins champs. Toutefois, quelques graines conservées en herbier nous permirent de constater que la faculté germinative de telles semences était restée entière. Dès le mois de septembre, notre attention était attirée sur la question de la présence d'organismes de rouille dans les graines, aussi nous nous attachâmes à leur recherche sur diverses Graminées en épi à cette épopuede l'année. Nos recherches furent couronnées de succès au delà de ce que nous pouvions prévoir. Nous avonsexaminé soit des Céréales cultivées parnous, soit des céréales recueillies en pleins champs (Avoine), soit des Graminées sauvages trouvées un peu partout. Nous pouvons dire que toutes les fois que nous avons recueilli des pieds de Graminées fortement rouilles, avec des taches de rouille sur le rachis, à la base des épillets, sur les épillets eux-mêmes (glume et glumelles), nous avons trouvé du mycélium dans l'intérieur du grain, avec une localisation qui est presque toujours le péricarpe, mais qui peut, dans certains cas fort curieux et d'ailleurs exceptionnels (observation sur l'Orge Chevalier), s'étendre à la zone protéique et envahir largement l'albumen. Il existe, à la périphérie de la zone protéique, une membrane fortement épaissie qui semble jouer un rôle protecteur très important; elle oppose une barrière qui paraît normalement infranchissable au mycélium du Champignon dont les gros filaments intercellulaires viennent s'appliquer contre elle pour la bÉANCE DU 5 rtîAI IÇjl'i. l3p3 suivre en ondulant sur des longueurs parfois considérables. Dans le cas que nous venons de citer, d'un mycélium dans l'albumen, nous avons pu nous rendre compte que la membrane en question était fissurée et qu'il y avait même des bactéries dans cette zone. Ce mycélium était intercellulaire, envahissant quelquefois l'intérieur des cellules, mais respectant toujours les grains d'amidon entre lesquels ilse faufilait. Ses caractères histologiques, l'existence de soresdans le péricarpe, nous autorisent à penser qu'il s'agissait bien là de mycélium d'Urédinée. Tout nous porte à croire que de telles graines ont conservé leur valeur germinative, car on sait qu'une simple lésion de l'albumen ne porte généralement pas préjudice à la germination. L'étude de la manière dont se comporte le mycélium de telles graines au cours de la germination eût été particulièrement intéressante; nous n'avons pu l'entreprendre, mais l'observation en question nous ouvre la voie d'une méthode expérimentale que nous allons mettre en œuvre : contamination directe des jeunes épis en même temps que lésion des grains jusqu'au delà de la membrane de défense recouvrant la couche à aleurone; ensuite, mise en germination des graines contaminées obtenues et étude de l'évolution du mycélium de la rouille. C'est par cette méthode, croyons-nous, qu'on pourra espérer résoudre la question de savoir si les grains de Graminées peuvent transmettre la rouille par les organes de ces champignons qu'ils peuvent renfermer. Le mycélium parait respecter l'embryon, mais il faudrait voir si l'on ne pourrait pas permettre artificiellement sa pénétration par la méthode des lésions. Ces lésions peuvent se produire d'ailleurs accidentellement dans la nature ('). Le mycélium est, par contre, généralement fort abondant dans les cavités qui se produisent par déchirement entre l'embryon et le péri- carpe. Lorsque les grains sont vêtus, le mycélium se trouve naturellement par- ticulièrement abondant dans le tissu des glumelles où les sores peuvent s'apercevoir à l'œil nu, mais ce mycélium s'étend encore vers l'intérieur jusque contre la zone protéique. Les espèces sur les graines desquelles nous avons fait ces observations sont, chez les Céréales cultivées : le Blé, des Avoines (A. blanche de Ligowo et A. noire de Hongrie), l'Orge (O. Chevalier); chez les Graminées sau- (') Nous avons observé l'envahissement d'un embryon d'une graine en germination par un mycélium; il était accompagné de bactéries. Nous ne pouvons dire s'il s'agis- sait d'un mycélium de rouille. I '^4 ACADÉMIE DES SCIENCES. vages : Hromus mollis, Brachypodium pintiatum, Agropyrum caninum et A. repens. Rien n'est plus facile que de trouver, à l'automne, des graines infestées chez Y Agropyrum caninum, par exemple. Nous avons fait germer un certain nombre de ces graines et nous avons examiné sous la loupe binoculaire à dissection, et ensuite au microscope, les plantules issues de ces germinations. Nous avons pu parfaitement observer, comme déjà l'avait fait Pritcbard, du mycélium entre les gaines foliaires (par conséquent, si ce mycélium est un mycélium de rouille, il contaminera les feuilles par l'extérieur, conformément au processus général chez les Rouilles) dans le cas de Y Agropyrum. Nous nous gardons cepen- dant de tirer aucune conclusion de ces faits, encore insuffisants. Eriksson dit, à propos du travail de Pritcbard, qu'il peut s'agir d'un mycélium de saprophyte ; cela peut être vrai, bien qu'on se rende difficilement compte de la présence d'un tel mycélium dans une station aussi abritée. Cette recherche du mycélium dans les germinations est longue et déli- cate, nous la poursuivons et nous ajouterons à l'observation directe la méthode expérimentale que nous avons esquissée plus haut. En résumé, la présence d'organes de conservation ou de reproduction des rouilles (mycélium, urédospores et téleulospores) dans l'intérieur des semences de Graminées cultivées ou sauvages est assez fréquente pour qu'il y ait lieu d'en tenir le plus grand compte dans l'étude de la quastion de la propagation des rouilles. Nos observations sont encore insuffisantes pour que nous puissions émettre une affirmation quelconque au sujet de l'effi- cacité de ces organes pour la transmission des rouilles par les semences; nous les poursuivons avec le dessein d'y adjoindre la méthode expéri- mentale. CHIMIE VÉGÉTALE. — Observations sur la préparation du Cacao. Note de M. E. Pekrot, présentée par M. Guignard. Le Cacao qui arrive des régions productives sur nos marchés a subi, dès sa récolte, une fermentation qui s'opère dans des conditions encore mal déterminées et dont le résultat est de fournir à l'industrie un produit de qualité extrêmement variable. Cette opération poursuit le double but de détruire la pulpe mucilagi- neuse et sucrée qui adhère fortement aux graines dans le fruit et d'amener dans l'amande des transformations chimiques utiles. SÉANCE DU 5 MAI I 9 I 3 . i3g5 Au cours de la fermentation pulpaire, qui n'est autre qu'une fermentation alcoo- lique occasionnée par une levure (Saccharomyces Theobromœ Preyer), la tempéra- ture s'élève vers 45°-5o° dans le centre de la masse, et le tissu cotylédonaire ne tarde pas à accuser par un changement de couleur, de violet au brun, la preuve des modi- fications intimes qui se produisent dans sa constitution. C'est seulement au cours de ces dernières années que les observateurs ont cru devoir dissocier les deux phénomènes et, parmi eux, il faut citer Preyer, Sack, Fickendey et Lambert. Il est incontestable que, pour rendre la préparation du Cacao plus rationnelle et plus aisée, il faudrait séparer les deux préparations, dépulpage et fermentation du grain, en les conduisant méthodiquement et scientitiquement. Ftant parvenu à nous procurer un certain nombre de cabosses fraîches de Cacao, nous en avons soumis les graines à différentes séries d'essais, desquels il résulte que, si la fermentation alcoolique en usage pour la préparation a pour but principal de permettre l'élimination aisée de la pulpe, elle ne doit pas être complètement sans action sur les transformations intimes des tissus de la graine. En effet, s'il paraît vraisemblable que ces dernières sont uniquement dues à des actions diastasiques, celles-ci apparaissent seulement aussitôt que le contact prolongé de la masse en fermentation a tué, avec la puissance germinative de l'embryon, la vie cellulaire elle-même. La chaleur développée est favorable à ces actions diastasiques qui se manifestent par l'attaque des combinaisons tanniques et l'apparition de la cou- leur brune. Fickendey proposait de dépulper à l'aide d'alcool à 900; mais c'est là un simple pro- cédé de laboratoire et l'on peut obtenir ce résultat, comme nous l'avons fait en lais- sant, pendant quelques heures et à la température de 4;*'° à 5o°, les graines fraîches macérer dans de l'eau additionnée de 1 pour 100 de carbonate de soude. Soumises ensuite à un brossage mécanique dans de l'eau, elles se débarrassent très suffisamment de leur pulpe. On peut ensuite les abandonner dans des caisses ou des chambres spé- ciales, dans des conditions telles que la dessiccation ne se fasse que très lentement; les transformations dues aux diastases se produisent alors sans autre intervention. On obtiendrait ainsi un Cacao de meilleure apparence et d'excellente qualité. Malheureusement la difficulté d'éviter les moisissures subsiste tout entière, c'est pourquoi nous avons pensé à recourir à d'autres procédés. Grâce à la complaisance de M. le Gouverneur Angoulvant, 1111 des inspecteurs de l'Agriculture, M. Bervas, a bien voulu se mettre à notre disposition pour de nouvelles recherches que nous avons orientées dans le sens de la stérilisation sur place des graines fraîches. Par simple action de la vapeur d'eau sous légère pression à l'autoclave, on obtient des graines qui, débarrassées mécaniquement de leur pulpe, ont bel aspect et cbez lesquelles la chair de l'amande conserve, après dessiccation, sa belle couleur violette, preuve qu'aucune transformation cbimique portant sur les composés tanniques ne s'est opérée. Ces graines stérilisées et réduites C. R., igil, 1" Semestre (T. 156, N° 18.) l7° l3ç/) ACADÉMIE DES SCIENCES. en poudre ont été soumises à deux séries d'essais, les uns d'ordre chimique, les autres d'ordre biologique. Sans entrer dans des détails que ne comporte pas cette Note, nous dirons seulement qu'il est parfaitement possible d'ob- tenir, in l'itro, sur cette poudre stérilisée, des transformations comparables à celles qui se produisent dans la graine au cours de la préparation actuel- lement en usage aux colonies. Les solutions alcalines faibles, la torréfaction bien conduite, le contact de pulpes fraîches de végétaux riches, en certaines diastases, amènent celle transformation des matières tanniques qui s'accompagne de mise en liberté de théobromine. Les conclusions de cette première série d'études sont surtout d'ordre économique et doivent attirer l'attention des colonies productrices; elles peuvent se résumer ainsi : i° La méthode actuelle de préparation du Cacao peut être sans doute avantageusement modifiée en utilisant d'abord un dépulpage mécanique après contact de la pulpe externe avec une solution alcaline faible, puis en abandonnant les graines en milieu humide et chaud jusqu'à transformation suffisante de la pulpe; 2° Il serait préférable de préparer à la plantation même du Cacao stérilisé à l'aide de la vapeur d'eau, puis séché, car l'industrie recevrait ainsi, comme elle le désire en vain, un produit inaltérable et constant pour une même plantation, qu'elle traiterait ensuite selon ses désirs. Les résultats obtenus sur notre demande et nos indications de l'emploi industriel de ce Cacao stérilisé sont assez encourageants pour attirer l'attention des colonies intéressées, qui retireraient des avantages considérables de l'usage de ce procédé. PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la sexualité dans les naissances . Note (') de MM. A. Pinard et A. Magnan, présentée par M. Ed. Terrier. Le problème du déterminisme du sexe chez l'homme et les animaux a attiré depuis longtemps l'attention des biologistes qui ont cherché les rela- tions qui pouvaient exister entre la sexualité et les causes physiologiques. Pour l'espèce humaine particulièrement, les auteurs se sont préoccupés tout d'abord de comparer le nombre des garçons à celui des filles et ils ont (') Présentée dans la séance du 28 avril 1 c> 1 3 . SÉANCE DU 5 MAI 1 9 1 3 . l3p7 recherché si cette comparaison ne leur permettrait pas d'expliquer, en partie, l'origine des sexes. Nous allons examiner, à notre tour, les documents relatifs aux accou- chements pratiqués à la Clinique Baudelocque, dirigée par l'un de nous. La statistique que nous allons donner mérite toute confiance, car elle est scien- tifiquement organisée. Chaque femme possède sa feuille, sur laquelle sont mentionnés, avec les observa- tions qu'on a pu faire à son sujet, le sexe, le poids et les mensurations concernant l'enfant mis au monde. Ces données très sérieuses constituent donc des documents d'étude aussi précieux que rares. Lorsqu'on dépouille les statistiques du Ministère de l'Intérieur, on est à même de faire une remarque très générale. En France, d'une façon presque invariable, le nombre des naissances masculines l'emporte sur le nombre des naissances féminines. Considérons les enfants sortis vivants de la Clinique Baudelocque et recherchons le taux de masculinité, c'est-à-dire le rapport du nombre des garçons à celui des filles. Appliquons ce procédé aux données que nous a fournies l'étude d'une période de 20 années, de 1891 à 1910 inclus : Nombre Nombre Nombre X ombre de garçons d'accouchemçnls. de garçons. de filles. pour 1DII filles Période de 1891 à 1910 . . '( > 1 83 19123 i863o 102 L'excédent des naissances masculines est donc caractéristique. Mais rst-ce là un phénomène général et le fait existe-t-il si l'on étudie les chiffres année par année? Nous allons donc examiner le rapport du nombre des garçons à celui des filles pour chacune des 20 années de 1891 à 1910 (voir le Tableau de la page 1 198). Le nombre des garçons est ici encore, d'une façon presque générale, supérieur à celui des filles. Le fait, loin d'être exceptionnel, est donc presque constant. Mais, à côté de ces enfants sortis vivants, il y a lieu de considérer ceux qui ont été engendrés morts : les morts-nés. Il peut exister des incertitudes quand il s'agit d'une statistique municipale, car on sait que de nombreuses causes d'erreurs peuvent être introduites. En particulier, bien des morts-nés en Fiance ne sont pas déclarés pour des raisons très diverses. Mais, dans notre cas, la statistique est impeccable : aucune critique ne peut être formulée. Tous les morts-nés sont comptés et les documents ont la même valeur que ceu\ concernant les enfants vivants. Nous y ajouterons les enfants qui, nés vivants, sont décédés pendant les quelques jours que la mère est obligée de rester à la clinique. l3g8 ACADÉMIE DES SCIENCES. Nombre d'acrou- fie Aimées. chemenls. garçons. 1891 i6.iy 767 1892 1836 83g 1893 1923 91 3 1894 21 37 985 1895 2077 961 1896 2270 1098 1897 23 1 3 993 1898 2299 10/S9 1899 ?.5o5 n48 1900 2443 n37 1901 2222 998 1902 2oi3 9i3 1903 2167 970 1904 i854 Soo 1905 1 986 889 1906 21/17 9^7 1907 2060 918 1908 2202 1012 1909 2io3 901 1910 19SS 874 Pour connaître le nombre exact des naissances masculines par rapport à celui des naissances féminines, il nous faut donc ajouter, aux enfants vivants les fœtus morts pendant la gestation cl le travail, et les enfants morts après la naissance. Ces fœtus et enfants ont été étudiés par nous dans une Note précédente ('). Nous aurons ainsi le nombre absolu des garçons et des fdles procréés, moins les embryons expulsés dans les avortements et pour lesquels les sexes n'ont pu être déterminés (voir Tableau, p. i3()g). Ces chiffres nous montrent que l'excès du nombre des garçons procréés sur celui des filles est beaucoup plus grand que lorsqu'on examine seule- ment les enfants nés et sortis vivants. La raison en est, comme nous l'avons mis en lumière, que le sexe mâle est plus éprouvé que le sexe féminin pen- dant l'accouchement. (') A. Pinard el A. Magnan, Sur la fragilité du sexe mâle (Comptes rendus, 3 février ig i3 ). de de narrons Mlles. pour 100 filli 72J loi 8l3 io3 859 10'i 1004 9S 969 99 995 1 10 1 1 1 5 89 .044 100 ] l32 101 1076 io5 1006 99 877 104 93 1 104 801 99 861 io3 9 ' 6 ■04 s77 1 0 1 go3 1 r ■>. gi5 98 8n 107 séance du 5 mai ip,i3. 1 3gg (l'.lCCOH- .Vnnées. chements. 1891 t65g 1892 1826 1893 1922 1894 2137 1895 2077 1896 2270 1897 a3i3 1898 2299 1899 2.5o5 1900 2443 1901 2222 1902 2oi3 1903 21D7 1904... i854 1905 1986 1906 2147 1907 2060 1908 2202 1909 2io3 1910 1988 42i83 médecine. — La pression cl la thermomèlrie en cryolhèrapie. Noie ( ' 1 de M. Henri Béclère, présentée par M. d'Arsonval. Nous voulons attirer l'attention sur la mesure des pressions d'application et sur l'emploi judicieux de mesures thormométriques en cryothérapie, dans le but de caractériser d'une façon aussi précise que possible les diverses variables. Au point de vue de la pression nous avons réalisé un appareil dans lequel un ressort transmet la pression à la surface froide appliquée sur la région à traiter. Un index montre directement la valeur en kilogrammes et fractions de kilogrammes de la force de contact, et il est par suite très facile de ramener cette lecture à l'évaluation de la pression (kilogrammes par centimètre ( ' ) Présentée dans la séance du 21 avril 191 3. Not libre de ^ _ de de garrons garçons. filles. pour 100 filles 855 797 "'7 9.5 87.") io4 973 921 10. > 1061 1062 99 1072 io53 101 1192 106 5 1 1 1 1076 1198 s9 1 IOI) n3o 1 00 1 1 4 ' > 1212 93 1229 n54 106 1 122 1086 io3 1000 95 1 îoa 1066 10.34 II). 5 895 890 IOO 1 006 929 IO8 1069 99' 106 1016 961 ic-4 , 1 ',<> 996 11 5 ioi3 996 101 986 < 1 < » > 108 21074 20206 104 I Ion ACADÉMIE DES SCIENCES. carré) en tenant compte, naturellement, de la surface d'application (en centimètres carrés ). Dans notre appareil, le contact ne se fait pas directement par un crayon de neige carbonique, mais le corps réfrigérant est place à l'intérieur d'un récipient métallique, par suite, stérilisable. Le Dv Bordas a montré, au point de vue hygiénique, les avantages de ce procédé décrit par lui dans le Compte rendu du G janvier 191 3. Ce récipient a été avantageusement réalisé par un tube cylindrique, d'un métal quelconque, peu conducteur et dont le fond, présentant la surface et la forme néces- saires à l'application est, au contraire, d'un métal très mince et très conducteur. En l'fiepêce, nous avons choisi le cuivre rouge. La transmission des frigories se fait donc très facilement à travers celte plaque tandis que l'apport des calories provenant du milieu extérieur est empêché, dans la plus large mesure, par l'emploi d'une enveloppe athermisante constituée par une double gaine d'ébonite ou de préférence de liège. Le récipient lui-même peut s'enlever de son enveloppe extérieure dans le but de faciliter le renouvellement de la surface réfrigérante ou le changement des surfaces d'appli- cation. L'emploi du récipient métallique, d'une seule pièce, qui supprime les raccords par filets, nous a paru préférable aux dispositifs jusqu'alors employés. L'utilisation de cet appareil nous a déjà conduit à des expériences inté- ressantes. Mais nous devons d'ailleurs dire que ces expériences doivent être complétées par des mesures thermométriques qui, quel que soit l'appareil- lage employé, nous paraissent être d'une nécessité absolue. Elles nous permettent de prévoir avec une certitude plus complète les réactions obte- nues en un temps déterminé. Ces mesures ne peuvent être faites utilement avec des thermomètres à toluène ou autre, à cause des difficultés de contact avec le corps froid, du volume trop considérable de l'appareil de mesure et, par suite, de sa capacité caloriiique importante. Les soudures thermo-élec- I tiques (fer, conslanlan) nous ont donné d'excellents résultats et elles nous ont permis, non seulement de mesurer la température à l'intérieur du mélange frigorifique, mais aussi à la surface d'application, à l'intérieur de la partie à traiter et -même dans une zone que nous appelons de protection et dans laquelle nous devons respecter l'intégrité des tissus. Ces mesures sont nécessaires pour vérifier à chaque instant si la transmission des frigories se l'ait d'une façon normale. Il arrive souvent, en effet, lorsqu'on emploie de la neige carbonique, par exemple, qu'un contact intime n'existe pas entre le fond du récipient et la neige. C'est même ce qui a pu faire croire que les SÉANCE DU 5 MAI IO,l3. I^OI mélanges : alcool, éther, acétone, essence et neige étaient des mélanges réfrigérants. Il n'en est rien, ces corps agissent simplement comme liquides incongelables, formant avec la neige carbonique une mixture ou une disso- lution et assurant un contact intime et, par suite, une parfaite transmission des frigories à la surface métallique servant à l'application. Nous n'avons jamais pu obtenir par ces procédés une température inférieure à celle de la neige carbonique elle-même, c'est-à-dire environ moins 8o°. Nous avons d'ailleurs pu contrôler par ces mesures thermométriques que la température intérieure du récipient n'était pas seule intéressante, car certains récipients, par suite d'un isolement calorifique insuffisant, relèvent notablement la température d'application et il n'est pas rare de constater de ce fait, pour des températures intérieures de moins 8oB, un déchet de 2b0. PHYSIOLOGIE. — Sur les relations osmotiques des globules rouges avec leur milieu; rôle de l'état électrique de la paroi. Note (') de M. Pierre Girard, présentée par M. Dastre. Dans un sang veineux: ou asphyxique riche en CO2 les globules se gonflent malgré l'augmentation du A du sérum (von LimbeCk). Cette action n'est d'ailleurs pas spécifique de cet acide; elle est liée d'une façon générale à la présence d'ions H+ dans le milieu intergranulaire; dans de tels milieux, même hypertoniques au sérum, les hématies se gonflent.. Ce n'est donc pas seulement de la pression osmotique du milieu inter- granulaire que dépend le volume de l'hématie comme le veut la loi d'Ham- burger. Nous avons envisagé l'intervention d'un facteur électrostatique; on sait que la paroi de l'hématie porte, dans le sérum et dans des solutions de diflé- rents sels neutres, une charge électrique négative; la présence d'ions H"1" dans la liqueur intergranulaire atténue considérablement la densité de celle charge et, pour une concentration suffisante, en inverse le signe. Il nous a paru qu'il pouvait se faire que des phénomènes d'osmose élec- trique conditionnés pour une part essentielle par l'étal électrique de la paroi globulaire entrassent en jeu, fournissant la clé de ce comportement osmotique anormal. (') Présentée dans la séance du 28 avril 191 2. l/|02 ACADÉMIE DES SCIENCES. S'il en était ainsi, il s'attachait un intérêt d'ordre général à l'étude d'un mécanisme intervenant à côté de celui déjà connu, et auquel président des différences de pression osmotique, dans les relations d'échanges entre la cellule et son milieu; et l'espérance s'entr'ouvrait de ramener à une inter- prétation physique un grand nombre de phénomènes biologiques (absorp- tion, sécrétion) qui paraissent s'y dérober, l'osmose s'y dessinant en sens inverse de ce qu'impliquent les rapports des pressions osmotiques. Nous pouvons, comme nous l'avons montré ('). l'aire varier à noire gré l'état élec- trique de la paroi globulaire sans endommager les globules, les lois de l'électrisation de contact formulées par M. Jean Perrin nous avaient fait prévoir que les ions H+ n'étaient pas les seuls actifs de ce point de vue; les ions positifs trivalenls comme les ions métalliques des sels neutres de terres rares permettent, même à de très faibles concentrations, d'annuler la charge négative des hématies; les ions OH- au contraire la renforcent, et les ions tétravalents négatifs paralysent l'action des ions H+. Nous avons choisi comme milieu de suspension des globules des solutions de saccharose de A déterminés différant entre elles par la présence ou l'ab- sence d'ions capables de modifier l'état électrique de la paroi globulaire; nous avons déterminé corrélativement le signe dt la densité électriques de cette paroi et le volume et la surface globulaires. Les variations de l'état électrique de la paroi, quant à son signe el la densité de sa charge, nous étaient révélées par l'élude du déplacement de l'hématie dans un champ de valeur et d'orientation définies. Dans une solution de saccharose d'un A — — o°,6o, la mobilité des hématies (c'est- à-dire leus vitesse de déplacement vers l'anode dans un champ de i volt-centimètre) est de \'y à la seconde. Le volume des globules contenus dans o""',o."i de sang de Mammifères dilués dans 2cm° de solution de saccharose fut trouvé par la méthode de l'Iiéinatocrile de o"""',02i; le diamètre globulaire de 5!J. Dans une solution de saccharose acidifiée par un acide organique quelconque portant son A à — o°,64 la charge des globules s'inverse; leur volume passe à o"""',o3i: le diamètre d'un certain nombre de globules atteint io^-; pour d'autres, l'accroissement du diamètre est moindre; pour un nombre notable il n'est pas sensible. Un acide quelconque agirait de même; parmi ces acides un intérêt (') Comptes rendus, 22 juillet 1912. Une erreur typographique nous y a fait dire que nous utilisions des champs de 0,7 volt par centimètre; c'est ?>- volts par centi- mètre qu'il faut lire. Dans un tel champ, nous avons enregistré une mobilité plus grande des globules dans les solutions de saccharose que dans les solutions de NaCl. Nous avons reconnu depuis que c'est une erreur due aux phénomènes d'électrolvse dont nous ne nous préservions pas suffisamment. I.a mobilité est plus grande dans NaCl. SÉANCE DU 5 MAI I(}l3. l4o3 physiologique particulier s'attache au GO2; sa concentration dans le plasma veineux ou asphyxique entraîne un gonflement très notable des hématies. La présence dans une solution de saccharose acidifiée d'ions FeCy qui entravent, conformément aux lois de l'électrisation de contact, l'action des ions H-1- sur la charge de la paroi de 1 hématie enraye corrélativement les effets osmotiques liés à la variation de la densité ou du signe de cette charge. Dans une solution de saccharose de A = — o°,64 contenant en outre des ions H+, des ions FeCv , les globules ne se gonflent pas, leur diamètre reste ce qu'il est dans une solution neutre de saccharose de A = — o°,6'i et l'agglutination déjà marquée dans la solution acide est nulle. Les différents sels hydrolysables dont les solutions sont acides se comportent abso- lument comme les acides; c'est l'ion H+ qui est actif. Dans une solution de saccharose additionnée d'une trace d'un sel de cérium ou de lanthane et dont le A = — o°,6S, la charge de la paroi globulaire s'annule et le volume des hématies contenues dans ocm3,o5 de sang passe à ott"a'.r»2g et oml"*,o3i (au lieu de on""',02i dans une solution neutre de saccharose de A = — o°,6oj. La présence de très petites quantités d'ions OU- dans une solution de saccharose contenant un sel de cérium ou de lanthane enraye en même temps l'action de ce sel sur la charge élec- trique de la paroi et son effet osmotique. Au lieu de solutions de saccharose nous avons aussi utilisé des solutions de NaCl à 9 pour iooo. Mais dans une telle solution à l'action sur la paroi globulaire des ions H+ et des ions positifs trivalents des terres rares, s'ajoute celle des ions du NaCl. Ln fait, la présence d'ions H dans de telles solutions de NaCl ou d'ions positifs trivalents pro- voque bien le même comportement osmotique anormal des globules; mais la concen- tration en ions Il+ qui suffirait, dans une solution de saccharose, à inverser le signe électrique des globules en abaisse tout au plus dans une solution de NaCl la densité électrique. Il est probable qu'il se passe alors quelque chose d'analogue à ce qu'observa M. Jean Perrin sur des parois de chlorure de chrome ou de gélatine : une sorte de mordançage d'ions; les ions H+ se fixeraient bien sur la paroi des globules la déchar- geant ou inversant son signe et provoquant ainsi un gonflement osmotique anormal, mais les ions CI- de la solution constitueraient autour des globules une gaine élec- trique négative. Conclusions. — Dans des solutions de saccharose hypertoniques à leur milieu habituel, les cellules accroissent notablemenl leur pression osmo- tique intérieure et leur volume chaque fois que figurent dans ces solutions des ions capables d'abaisser la densité de la charge de leurs parois norma- lement négative ou d'en inverser le signe. Inversement, si l'on ramène par l'action d'ions appropriés la charge électrique à sa valeur primitive, le gon- flement osmotique rétrograde aussitôt. Ces faits décèlent à travers la paroi globulaire l'existence de phénomènes d'osmose électrique conditionnés comme nous l'avons démontré (') par deux facteurs. Le champ correspon- (') Comptes rendus, juillet 1910 et août 1 9 1 1 . C. K., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 18.) '79 ■ 4o/| ACADÉMIE DES SCIENCES. dant à la différence de potentiel dont le septum (ici la membrane cellulaire) est le siège d'une face à l'autre et le signe électrique des veines liquides contenues dans les espaces capillaires; le sens du glissement de la veine étant déterminé, pour un signe donné de celle-ci, par l'orientation du champ actif indépendamment de la pression osmotique des milieux. Notons que par osmose électrique ce n'est pas seulement de l'eau qui pénètre dans l'intérieur du globule, mais toutes les molécules que la veine liquide contiendra, à moins que la paroi ne les arrête au passage. médkcine EXPÉRIMENTALE. — Action des oxydants en général et des per- suffates alcalins en particulier sur la toxine tétanique. Note de MM. Auguste Lumière et Jean Chevrotier, présentée par M. Roux. Dans une Note relative aux rapports entre l'anaphylaxie et l'immunité, présentée à l'Académie le 21 avril i()i3, M. Marcel Belin étudie l'action des oxydants sur les toxines in vivo. Cette méthode, de l'avis de l'auteur, n'aurait jusqu'ici fait l'objet que d'observations isolées et donné lieu qu'à des applications fortuites, le plus souvent mal interprétées. En réalité, ce point de physiologie et de clinique a été beaucoup plifs complètement étudié que ne l'indique M. Belin. Déjà en 1901, M. Sieber (') avait constaté l'effet neutralisant in vivo du peroxyde de calcium et des oxydases animales et végétales naturelles vis-à-vis des toxines téta- nique, diphtérique, ainsi que de l'intoxication par l'abrine. Nous avons nous-mêmes communiqué 'à l'Académie (*) un Mémoire concernant l'influence des oxydases artificielles sur la toxine tétanique et montré que ces prépa- rations assuraient une survie constante de 4 à 6 jours chez le cobaye recevant des doses de toxine suffisantes pour tuer cet animal en un temps variant de 4§ à 72 heures. Enfin, nous avons poursuivi pendant plusieurs années l'étude expéri- mentale de l'action des oxydants sur les toxines et principalement sur la toxine tétanique. Les oxydants auxquels nous nous sommes adressés sont les suivants : perborates, percarbonates, permolybdates, persulfates, periodates, per- chlorates, chlorates, iodates, nitrites et nitrates, ferricyanures, hypochlo- (') Hoppe Seyler's Zeitschrift fur physiologische C hernie, t. XXXII, juillet 1901, p. ô;3. (2) Comptes rendus, 7 mars 1904. SÉANCE DU 5 MAI I9l3. 1 4o5 rites, chlorure de chauv, vanadates, sels cériques, peroxydes organiques, chloranile, nitrobenzène, quinone, quinone sulfonique, etc. Nous avons reconnu que, parmi ces substances, les persulfates alcalins paraissent présenter le maximum d'activité. Les conclusions de notre expérimentation ont été publiées dans un travail du D1' Gélibert (' ) et peuvent se résumer de la façon suivante : Les cobayes qui reçoivent, quelques minutes après la toxine, en injection sous-cutanée et dans un autre membre, une solution de persulfate de soude pur et neutre, survivent toujours aux témoins; cette survie varie de quelques heures à plusieurs jours. Un chien de 2DkB qui a reçu 20rm* d'une toxine tuant le cobaye au -^ de centimètre cube a survécu i an et a guéri, alors que le témoin est mort en 10 jours. Le persulfate de soude a une action favorable constante sur les contrac- tures tétaniques; tandis que chez les témoins, les contractures gagnent rapidement tous les muscles, chez les sujets traités, au contraire, elles se limitent longtemps au membre qui a reçu la toxine; ce n'est que plus tard, quelques heures avant la mort, que les autres membres sont atteints. Chez les chiens, où la maladie évolue plus lentement, cette action favo- rable du persulfate sur les contractures est encore plus manifeste; les animaux traités continuent à se mouvoir et à s'alimenter, alors que les témoins sont paralysés depuis longtemps. Une chèvre apportée du dehors avec du trismus et des contractures généralisées dus à un tétanos accidentel, a pu, après deux injections de persulfate, marcher et s'alimenter. Ce n'est qu'au bout de 8 jours qu'on vit de nouveau apparaître les contractures qui entraînèrent une issue fatale. A la suite de ces observations, plusieurs médecins de Lyon, MM. les D1" Gélibert, Feuillade,lîeymond, Chamba, Calignonde Saint-Fons ont uti- lisé les solutions de persulfate de soude pur et neutre pour traiter des cas de tétanos confirmé. Ils ont pu vérifier de la sorte l'action bienfaisante des persulfates sur les accès spasmodiques si douloureux provoqués chez les tétaniques par les moindres excitations externes, et tous les malades soumis au traitement ont, en général, été guéris, quand on n'a pas eu affaire à des formes avec (l) De l'action du. persulfate de soude sur les contractures dans le tétanos (Lyon- Médical, i5 mars 1901 ). l'i ofS ACADÉMIE DES SCIENCES. hyperthermie exceptionnelle, durée d'incubation très courte, évolution extrêmement rapide et lorsque l'application du traitement n'a pas été trop tardive ('). PARASITOLOGIE. — La transmission du Ver macaque par un Moustique. Note de M. Jacques Surcouf, présentée par M. E.-L. Bouvier. Les larves de Dermatobia cyaniventris Macquart, connues dans l'Amérique tropicale sous les noms de Ver macaque, Berne et Torcel suivant leur état de développement, sont des parasites sous-cutanés de l'Homme et des Mam- mifères; malgré la fréquence des tumeurs que ces larves occasionnent, on ignorait encore leur mode d'arrivée à l'hôte. Vers 1900, le professeur Raphaël Blanchard avait observé la présence de paquets d'œufs de grande taille sous l'abdomen de certains Moustiques de l'Amérique centrale; en 1910, le D1' Morales, de Costa-Bica, déclara que la Dermatobia pondaitdirectementsous l'abdomen d'un Moustique et que, par phorésie, celui-ci transmettait les larves aux Vertébrés dont il suçait le sang; cette assertion expliquait le terme de Gusano de Zancudo, Ver de Moustique, donné par les Vénézuéliens au Ver macaque, mais il semblait incroyable que la Dermatobia, qui atteint la grosseur de la Mouche bleue (Calliphora vomito?-ia), pût pondre sur le Moustique lui-même. En 1912, le D1' Nunez Tovar, de Maturin (Venezuela), observa des Moustiques porteurs de ces œufs et obtint, en les plaçant sur des animaux, des tumeurs furoncu- leuses, qui, excisées après 11 jours, contenaient chacune un Ver macaque typique dont il fit l'élevage jusqu'à la Mouche adulte (2); les Moustiques vecteurs appartiennent à une espèce connue : Janthinosoma Lutzi Théobald. Le D1' Gonzalez Rincones, de Caracas, vient de me faire savoir que les œufs de Dermatobia sont pondus sur les feuilles, dans les lieux humides fré- quentés par les Janthinosoma; le même correspondant m'a envoyé en outre des Moustiques porteurs d'œufs. Il résulte de l'étude que nous avons faite de ces derniers qu'ils sont réu- (') Huit cas ont été traités avec deux décès; l'un de ces décès se rapporte à un malade traité in extremis et mort le soir même du début des injections; l'autre décès a été la conséquence d'une broncho-pneumonie survenue en pleine convalescence chez une jeune fille qui avait été guérie de son tétanos. (2) La, Dr Nun>iz Tovar m'a envoyé tous ces matériaux d'élevage; il s'agit bien de la Dermatobia cyaniventris. SÉANCE DU 5 MAI K)l3. 1407 nis en paquets, enduits d'une substance cémentaire fortement adhérente et lestés de façon telle que le pôle antérieur comprenant la tête de la larve, le micropyle et la zone d'éclatement soient placés en bas. La substance cémen- taire se ramollit dans l'eau et redevient visqueuse. Nous croyons dès lors (pie les œufs, faiblement collés sur les feuilles, s'attachent aux Janthinosoma qui se promènent sur ces dernières; ceux qui adhèrent à l'abdomen y restent fixés; le thorax est protégé par les hanches et les cuisses allongées, et les œufs qui restent collés aux pattes ou aux ailes se détachent pendant la marche ou le vol de l'insecte. L'oeuf mûrit, s'ouvre et la larve y séjourne, saillante à l'extérieur, jus- qu'à ce qu'elle se laisse tomber sur le Vertébré piqué par le Janthinosoma. Nous figurons ici {fig. 1) un de ces Moustiques; les œufs 1res allongés, agglomérés Kig. 1. — Janthinosoma Lutzi 9 porteur d'œufs de Dermatobia cyaniventris Macquart (x 8). en un faisceau serré, sont d'un jaune très pâle; près du micropvle on distiugue un petit volet, unciforme, qui donne issue à la jeune larve. Celle-ci porte, à sa partie inférieure, sur les deux derniers segments, de courtes épines pâles, dirigées vers la tête; c'est au moyen de ces épines que la larve se maintient, saillante au dehors, en attendant le moment propice pour abandonner le Moustique qui la porte et se fixer sur son nouvel liôte. A ce premier stade de développement, la larve {fig. 2), formée de 12 segments, porte des antennes pourvues chacune de deux points ocelliformes à leur base. Les l4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. pièces buccales sont constituées par deux lames chitineuses élargies, mullifides sur les bords latéraux, et appuyées à une autre lame armée de deux paires de crochets; les plus externes sont bifides, les seconds sont simples et s'articulent avec le pharynx. Cet organe, fortement chitinisé, se prolonge jusqu'au quatrième segment et n'est con- tinué à ce stade de développement par aucun appareil digestif différencié. Le tégument externe de la jeune larve est recouvert de nombreuses petites épines sur les sept premiers segments; les cinquième, sixième et septième segments portent, à leur bord antérieur, Fig. 2. — Larve de Dermalobia éclose d'un œuf porté par Janthinosoma Lutzi Théobald (x 100). une couronne de grosses épines noires en forme d'aiguillons de rosier. Sur le dernier segment s'ouvrent les deux stigmates postérieurs, chacun d'eux se compose de deux fentes; il n'y a pas encore de stigmates antérieurs. Dès que la larve s'est fixée sur le corps du Vertébré, elle pénètre sous la peau et s'y transforme; à la suite de cette mue, les épines postérieures qui maintenaient la larve dans la coque de l'œuf disparaissent, et les fentes stigmatiques postérieures sont au nombre de trois pour chacun des deux L'évolution de la Dermalobia est ensuite connue. Remarquons cependant qu'entre les larves appartenant déjà à la Collection du Muséum et celles récemment envovées du Venezuela, il y a d'importantes différences dans la spinulation; ceci nous porte à croire à l'existence de plusieurs espèces voisines qui ont été confondues; seuls des élevages complets éclaircironl le problème. SÉANCE DU 5 MAI 191 3. 'l<>9 CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Sur la rétention des chlorures dans le foie et le sang chez les cancéreux. Note de M. Albert Robix, présentée par M. Armand Gautier. L. Il n'y a pas de rétention des chlorures dans le foie d'un cancéreux à marche lente, mais cette rétention a lieu chez un cancéreux à marche rapide. Chlorures évalués en NaCl dans le foie cancéreux (pour 100 de tissu frais) : Foie cancéreux : marche lente. Parties très atteintes » » » relativement saines. » marche rapide. » très atteintes » » » relativement saines . Foie normal : » » ». 0,112 o,o58 o, i;5 0,186 o, 142 2. Cette rétention reconnaît probablement comme Tune de ses conditions l'hydratation plus grande du tissu cancéreux à marche rapide (820e d'eau pour 1000 de tissu frais, contre 70,3^, 20 dans le cancer du foie à marche lente). Mais elle peut entrer aussi en ligne de compte pour expliquer le taux si bas auquel tombent parfois les chlorures urinaires chez les cancé- reux à marche rapide qui ne s'alimentent plus (og, 3o de chlorures urinaires par 24 heures, dans le cas de cancer hépatique à marche rapide). 3. 11 paraît démontré que dans les cancers du tube digestif (intestin et estomac), il y a tendance à une rétention chlorurée dans le sang, rétention qui s'exprime surtout par l'élévation des rapports du chlore à l'azote total etau résidu inorganique du sang. Chlorures et leurs rapports dans le sang des cancéreux Uésignalion des cancers. Chlorures en NaCI. F. 29 ans. Sarcome des deux fémurs. 5,920 Cancer de l'estomac 5,832 » de l'intestin 4>754 » » 4 , 3o4 » du foie 3, 570 Sarcome de l'aisselle 4,7°o F. 5o H. 70 F. 56 F. 5a F. 24 Azote total. _e 35, 16 ■ 4,66 22 ,61 17,66 27,54 44, 3o Sang normal 4 ,4g3 35 , 95 Cl : AzT pour 100. 10,19 24,IO 12,74 l4,90 7,80 6 , 56 7>57 Cl : Résidu inorganique pour 100. 30,92 37,8o 36, io 36, 00 24 , 10 32,g3 3i ,60 Cl : AzT Cl : RI NaCI. pour 100. pour 100, 6,557 28,7 45,0 6,070 26,2 <*1- 5, r4o » 37>9 l4lO ACADÉMIE DES SCIENCES. 4. Les mêmes caractères se rencontrent également dans les cas de gas- trite chronique, ce qui leur enlève toute valeur de spécificité. Il est rationnel de les mettre en rapport avec la diminution ou avec la suppres- sion de la sécrétion chlorhydrique de l'estomac. Chlorures et leurs rapports dans le sang dans la gastrite chronique : Désignation des cas. F. 49 ans. Gaslrite chronique. Anémie pernicieuse. 6,557 F. 72 » » » grave (pre- mière analyse) F. 72 ans. Gaslrite chronique. Anémie grave (après 1 mois de traitement) 5, r4o 5. Comme l'a avancé Moraczewski, il est permis de supposer que l'anémie joue un rôle dans cette rétention chlorurée, puisqu'elle est encore plus mar- quée dans les cas de gastrite chronique s'accompagnant d'anémie à type pernicieux ou d'anémie grave. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Le ferment de V amertume des vins consomme-t-il la crème de tartre? Note de M. E. Voisenet, présentée par M. Armand Gautier. Dans une récente Communication ('), j'ai annoncé que le liacillus amaracrjlus, retiré d'un vin amer, ensemencé dans d'autres vins, peut reproduire avec certains d'entre eux, la maladie de l'amertume. Le Bacillus consomme-t-il la crème de tartre ? Cette question se pose naturellement à la suite des résultats contradic- toires observés à ce sujet par Pasteur (2), Glenard et Vergnette-Lamothe. Comme Pasteur et Glenard, j'ai eu l'occasion de doser l'acide tartrique dans un vin très amer et dans le même vin non altéré : parallèlement j'ai évalué la glycérine : Acide tartrique Analyse. — Juillet 10,12. total. Glycérine. Vin sain. Récolte 1 8g3 18, 26 78,65 Vin amer. Début de la maladie : 1902 >B, <4 3s, 92 (') Comptes rendus, t, 156, 1913, p. 1181. (J) Pasteur, Études sur le vin, ie édition, p. 272, 276, 32i. SÉANCE DU 5 MAI igi3. I^'I Quelle peut èlre la cause fie la différence, voisine du dixième de la quantité initiale totale, eu tic ces deux teneurs en acide lartrique? A ce sujet, on |»eul émettre plu- sieurs hypothèses. Klle peut provenir de la modification chimique du vin malade entraînant la précipitation et l'insolubilisation d'une quantité correspondante d'acide tartrique. Ce déficit peut être dû au changement de travail du ferment qui, après avoir épuisé son action sur les sucres et la glycérine, s'attaquerait à l'acide lartrique : mais, il est aussi vraisemblable de l'attribuer à l'action latérale d'un autre microbe, consommateur de crème de tartre, comme celui qui engendre lu tourne. Quoi qu'il en soit, ecl essai offre un résultat intéressant, en ce qu il montre qu'un vin très gravement atteint, et depuis 10 années, de la maladie de l'amertume, ne renfermant plus de sucre el ayanl perdu la moitié de sa glycérine, conserve la presque totalité de son acide tartrique : résultat sensiblement d'accord avec celui de Pasteur, et en opposition nette avec celui de Glenard, Des évaluations analogues effectuées sur les échantillons de vins précités, ensemencés depuis i5 mois avec le BacittuS amaracrylus, favorables à la culture du ferment, plus ou moins altérés par lui, et les échantillons témoins restés sains, n'ont accusé aucun changement dans la teneur initiale en acide tartrique total. Relativement à la question posée, aucun de ces résultats ne peut d ailleurs èlre absolument concluant, en raison de la multiplicité des ferments dans le vin, de la variété des substances fermenlescibles qu'il contient. Même en admettant l'unicité microbienne, en l'espèce, du bacille précédent, la con- servation de l'acide tartrique dans un vin amer, ne constitue pas une preuve de l'inac- tivité du fermenta l'égard de cette substance. Dans un tel milieu, en effet, le bacille consomme déjà ses aliments de prédilection, les sucres et la glycérine : s'il devait transformer l'acide tartrique ou son sel acide de potassium, ces deux substances ne pourraient être pour lui que des aliments de disette, attendu d'autre part, qu'elles agissent comme antiseptiques et que des doses respectives de is, 10 de l'un el de r", .jo de l'autre, par litre de culture, suffisent à arrêter son développement. I>e plus, en végétant dans un tel liquide, le ferment se crée un milieu de moins en moins nutritif el de plus en plus antiseptique : à i'inlluence para Usante primitive de l'alcool, de I acide tartrique et du lannin, s'ajoute celle des produits de transformation des sucres el de la glycérine, notamment i'acroléine. 11 est donc nécessaire d'éliminer ces influences étrangères et de recourir à l'expérimentation directe. Pour celle élude, j'ai effectué les osais suivants, le ferment adulte a été largement ensemencé dans ces solulions : a. Eau de levure glucosée ou maltosée, additionnée de crème détartre à i* et à 2K par litre. C. K., i9i3, i" Semestre. (T. 156, N" 18.) 1^° I 4 I 2 ACADÉMIE DES SCIENCES. h. Milieu minéral de Laurent, additionné de crème de tarlre à iB et à 2B par litre. c. Milieu de Laurent, peptoné à 2 pour 1000, additionné de crème de tartre k is et à 2e par litre. Dans les essais a et c. la culture s'est développée normalement, tandis que le liquide de l'essai h est demeuré limpide, malgré l'aptitude remarquable du bacille à végéter dans un milieu minéral ne renfermant d'autre azote que de l'azote ammoniacal : le ferment qui emprunte si facilement son carbone alimentaire à la glycérine et aux sucres, refuse celui qui lui est offert par la crème de tartre. 11 en est d'ailleurs de même dans les essais a et c, où la culture a pu se développer grâce à la présence d'un sucre et de la peptone : en effet, après un séjour de 3 mois à la température de ■'..")" à 3o°, les dosages comparatifs de la crème de tarlre dans ces liquides et leurs témoins conduisent rigoureusement au même résultat. .le suis arrivé à des conclusions identiques, en ensemençant le ferment clans les milieux précédents, contenant à la place de la crème de tartre, de l'acide tarlrique, du lai traie neutre de potasse, ou du tartrale de chaux. En résumé, le Hacillus amaracrylus , isolé d'un vin amer, capable de reproduire la maladie de l'amertume dans d'autres vins, consommant les sucres et la glycérine, reste inactif, au moins dans les conditions expéri- mentales précédentes, à l'égard de l'acide lartrique et de ses sels, en parti- culier, la crème de tartre. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. - • Pseudo-cristaux d'amidon et cristaux de glucose. Note de M. G. Malfitano et M"e A. Moschkoff, présentée par M. Roux. On a souvent parlé d'amidon cristallisé. Quelques auteurs prétendent même, qu'en général, le fait qu'une matière ait les propriétés des colloïdes n'exclut pas qu'elle puisse en même temps avoir la structure cristalline. Nous avons examiné des particules solides et parfois transparentes qu'on trouve dans les systèmes amidon-eau ayant été congelés. Ce sont elles qui ressemblent le plus à des cristaux, à ceux de glucose par exemple, auxquels nous les avons comparées. Nous avons constaté que cette ressemblance ne résiste pas à un examen attentif. Et, au contraire, nous avons mis en évi- dence une distinction vraiment essentielle entre cet amidon solide, dont la structure est variable par degrés, étant formée de granulations de moins en SÉANCE DU 5 MAI I9l3. l4l3 moins perceptibles et le glucose cristallisé qui n'a jamais de structure appa- rente. Congelons un système amidon-eau bien pur(') et peu concentré (à i pour 100 environ), ayant été chauffé jusqu'à ce qu'il soit devenu tout à fait transparent. Après fusion de la glace, il nous apparaîtra comme un liquide parfaitement limpide con- tenant de fins filaments soyeux (long, de imm à 3"""; larg. de omm,oi à omm.i) et de petits granules brillants (diam. de onim. i à o""",oi ). A l'œil nu on a vraiment l'impres- sion que ce sont des fines aiguilles cristallines accompagnées de débris ou de macles; pareilles en somme à celles qui se forment dans les solutions sursaturées de glucose. Mais déjà, si Ton regarde ces particules au microscope, une différence saute aux jeux. Celles d'amidon n'ont jamais la forme de polyèdres, mais sont des bâtonnets qui portent des renflements de place en place et se terminent en massue. Parfois, elles sont en forme de billes dont la surface est bien lisse, mais la courbure irrégulière. Par contre, parmi les particules de glucose, on rencontre souvent des prismes parfaits, d'autres plus ou moins détériorés; mais on ne saurait en dessiner toutes les formes, même les plus irrégulières, que par des droites brisées, jamais par des lignes courbes. Supposera-t-on que les particules d'amidon soient des cristaux mous, peut-être auparavant liquides, dont les arêtes se seraient oblitérées? La consistance de cette matière ne justifie pas pareille supposition. Il est vrai que les filaments s'infléchissent en se mouvant dans le liquide, mais ils sont aussi plus longs et plus minces que les aiguilles de glucose qui sont rigides. D'ailleurs, l'amidon en granules ne se déforme pas non plus. Si nous exerçons une faible pression sur la lame couvre-objet de la préparation microscopique, nous écraserons les cristaux de glucose aussi facilement que les particules d'amidon. Dans les deux préparations ainsi maltraitées, la ressem- blance entre les deux matières devient souvent frappante. Or, nous verrons une différence nouvelle se manifester si nous les regardons entre deux niçois croisés. Le passage de la lumière est rétabli par les particules de glucose et non par les parti- cules d'amidon. On sait que les grains naturels d'amidon, dans ces conditions, sont illuminés et coupés par une croix sombre. Ils doivent vraisemblablement cette pro- priété à leur structure en couches. C'est dire que la biréfringence n'est pas un carac- tère suffisant pour attribuer un réseau cristallin aux corps qui la manifestent. D'autre part, tous les cristaux connus, sauf ceux du premier système, sont biréfringents. Dès lors, si les particules d'amidon étaient des cristaux, ils devraient appartenir au pre- mier système, ce qui semble improbable. Ces particules d'amidon n'ont donc aucun des caractères des cristaux. Elles n'ont jamais ni de formes polyédriques, ni de biréfringence. Ce sont plutôt des particules d'une gelée durcie et transparente connue verre. Mais von Weimarn (2) pense qu'il peut exister des systèmes cristallins (') Comptes rendus, t. 151, p. 817. (2) Zeitschrift f. Kolloïdes, passim. T/|l/| académie des sciences. jusqu'ici non classés, et que les gelées les plus homogènes peuvent être des assemblages de cristaux ultramicroscopiques. 11 importe donc d'examiner soigneusement la structure de ces particules comparativement avec celle des cristaux. Le fait est remarquable que les particules d'amidon puissent être aussi transpa- rentes que les cristaux de glucose. -\ u microscope, tous ces petits objets ne sont visibles que grâce à la différence de leur indice de réfraction avec celui des liquides; à l'ullramicroscope, on les distingue ^ràce à la lumière diffraclée par leurs profils ou réfléchie par leurs surfaces, lit lorsque les particules de glucose, aussi bien (pie celles d'amidon, onl des formes assez étendues et régulières, lorsqu'elles se trouvent conve- nablement placées pour recevoir la lumière, les préparations ultramicroscopiques offrent vraiment l'aspecl de tableaux noirs où des ligures géométriques seraient dessinées par des traits éclatants de lumière, lit ces lignes, courbes et sinueuses pour l'amidon, droites et se rencontrant en angles définis pour le glucose, délimitent des espaces qui, dans un cas et dans l'autre, sont sombres, autant que le fond de la prépa- ration, (les particules d'amidon n'ont donc, pas plus que les cristaux du glucose, de -•I inclure perceptible. Mais il n'en est pas toujours ainsi. On rencontre aussi des particules d'amidon et de glucose, qui apparaissent comme des taches de lumière diffuse. Quant aux particules de glucose, ce fait ne dénote aucunement qu'elles aient une structure perceptible. En elfet. c'est par places et jamais uniformément que les particules de glucose diffusent la lumière. Aux plus forts grossissements les taches lumineuses ne se résolvent jamais en granules; on n'a pas de peine à se convaincre qu'elles sont dues à des aspérités de surface et que la matière est parfaitement transparente. Au contraire, on est bien en présence d'une structure plus ou moins évidente lorsqu'il s'agit des particules d'amidon qui diffusent la lumière. Car ce sont alors des aspects rappelant la nacre, ou la neige, ou des matières fibreuses. Ces particules sont alors des assemblages de granules de dimensions variées. Parfois ces granules sont individuellement perceptibles, parfois ils sont si menus qu'ils demeurent invisibles, et des degrés intermédiaires existent entre les plus gros et ceux qui sont à la limite de la visibilité; en sorte que nous devons admettre, même pour les particules tout à fait transparentes, une structure granuleuse, qui échappe à la vue tant elle est fine. Il \ a plus. Si nous examinons les diverses particules formées par congélation dans des systèmes plus ou moins purifiés, ayant été différemment chauffés, et à des concentrations variées, nous constaterons que c'est par ilapcs successives, en partant des particules grossièrement hétérogènes, que nous atteindrons celles parfaitement homogènes, à mesure que nous aurons mieux purifié et mieux subdivisé l'amidon avant de le congeler. C'est la graduation des variations de structure qui constitue la distinction essentielle entre ces particules d'amidon et les cristaux. Nous montrerons prochainement que les divers granules qui constituent ces particules et, en général, l'amidon en toutes ses tonnes, ne doivent pas être assimilés aux microcristaux, car ils sont de véritables micelles, se formant par voie tic SÉANCE DU "i MAI IÇ)l3. T 4 1 r» tloctilation et se désagrégeant par voie de défloculation; processus essen- tiellement distincts de ceux de cristallisation et de dissolution ('). CHIMIE BIOLOGIQUE. Contribution à l'étude des conditions de précipi- tation de V albumine par V acide picrique . Note (") de MM. H. Labre et K. DIaguin, présentée par M. Dastre. Le dosage précis de l'albumine dans ses divers milieux (blanc d'œuf, sérums, humeurs, etc. ) est malaisé. La méthode pondérale est longue et délicate. Les méthodes volumétriques sont d'application plus rapide. Mai-, le-- précipitants dus albumines mettent généralement enjeu des phénomènes d'adsorption, plutôt qu'ils ne donnent lieu a des combinaisons définies. Tout au plus, au sens de Werner, pourrait-on envisage'' ces composés parti- culiers comme des complexes très aisément dissociables. La loi des combinaisons définies ne peut s'appliquer à de semblables associations. Les rapports entre quantités de précipitants et d'albumine mis en jeu ne sont représentai îles que par une courbe plus ou moins compliquée. Dans cet ordre d'idées, Denigès a proposé la précipitation de l'albuminé par l'iodomercura-te de potassium, et \ allerv a assimilé la courbe de préci- pitation par ce réactif à une bianche d'hyperbole équilalère. lui pratique; l'emploi de l'iodomercurale mène à un procédé de dosage assez, délicat. Dans des conditions convenables (Vallery), le réactif d'Ksbarh paraît susceptible de précipiter intégra- lement l'albumine. Après avoir vérifié ce l'ait sur l'qvalbumine, nous avons étudié les conditions de précipitation de celle protéine (ovalbumine commerciale dite j)iire), afin de déterminer la nature des combinaisons contractées par l'albumine et| l'acide picrique, et de chercher à réaliser, à partir de ces données, un procédé d'estimation volumétrique simple. Pour obtenir une précipitation intégrale de l'ovalbumine par le réactif citro-picrique, en solution aqueuse, l'excès d'acide picrique doit toujours être assez grand. Si celle condition est réalisée, le filtrat limpide n'est plus albumineux. En partant d'une quantité d'acide picrique déterminée, la quantité d'acide restée dans le filtrat donne, par différence, la quantité d'acide fixée. Pour des poids croissants d'albumine, en présence d'une quantité fixe d'acide, on obtient une série de chiffres qui viennent se placer, non sur une droite, mais sur une courbe. (') Annales île Chimie et tic Physique, S1' série, t. XXIV, ]>. D02; t. \\\. p. i.jy. ( - i Présentée dans la séance du 28 avril 1910. l4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il suffit, pour caractériser cette courbe, de fixer les poids d'acide succes- sivement précipités par le mélange d'un volume l\\e d'unesolution picrique à titre déterminé, avec des volumes croissants d'une solution d'ovalbumine titrée pondéralement. Un dosage acidimétrique de la liqueur picrique et un dosage acidimé- trique du filtrat donnent, pour chaque poids d'albumine, un chiffre proportionnel à la quantité d'acide picrique fixé ou adsorbé : i° 5oC111' de liqueur citro-picrique (formule Esbacli) sont étendus à 100""' avec de l'eau distillée. Soit K l'acidité en centimètres cubes de soude -^ N (déterminée en présence de la phénolphtal. ; virage très net du jaune faible au jaune rougeàtre); 2° Des volumes croissants d'une solution d'ovalbumine à 10 pour 100 environ (par pesée) sont successivement mélangés à 5orma de liqueur citro-picrique, et le volume est complété à ioo1"1'. L'acidité en centimètres cubes de NaOM y^ N est déterminée sur 2.51'1"1 de filtrat : soit q, q', q" , . . . , Q. En général, Q — K est proportionnel aux quantités d'acide picrique adsorbées ou combinées. Si l'on représente par y ces valeurs, et par x les quantités correspondantes d'albumine mises en jeu, on peut construire une courbe dont la traduction mathématique est susceptible de donner la loi du phénomène. Pour des quantités d'ovalbumine comprises entre oR, 80 et 2s,6o, les poinls ainsi obtenus expérimentalement vont se placer sur une branche d'hyper- bole. Les valeurs de x exprimées en fonction de y, sont, en effet, représen- tables, à des différences près de l'ordre des erreurs d'expérience, par la formule / \ 76,08 C'est l'équation d'une hyperbole équilalère rapportée à des axes paral- lèles à ses asymptotes. Cette courbe est tout à fait analogue aux courbes dites iïadsorption. En tout cas, nous avons directement constaté qu'il s'agit d'un complexe albumine-acide picrique dissociable par lavage. A mesure que les quantités d'acide picrique enlevées à la combinaison par les lavages à l'eau bouillante appauvrissent celle-ci en acide picrique, la vitesse d'enlèvement devient plus lente, comme si l'albumine retenait plus énergi- quement les dernières traces d'acide picrique. Le premier lavage à l'eau bouillante enlève près delà moitié de l'acide, et le trentième lavage n'enlève plus qu'une acidité qui répond à peine au -^ du total acide adsorbé au début. SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l'3. l4l7 Pour utiliser ce dosage dans la pratique, nous avons construit une Table des valeurs de v en fonction de y qui, par ~ de centimètre cube, donne, sans calcul, le poids d'albumine correspondant. L'opération se réduit donc à deux titrages acidimétriques par la soude décinormale en présence de phénolphtaléine. géologie. — Sur l'origine du pétrole au Wyoming {Etals-Unis d'Amérique). Note de M. Jean Chautard, présentée par M. L. De Launay. Les expériences entreprises pour établir l'origine minérale ou organique des pétroles n'ont pas jusqu'ici, quels que soient leur importance et leur intérêt, permis de conclure dans un sens on clans l'autre, puisque des hydro- carburcs chimiquement analogues aux pétroles ont été obtenus par des réactions minérales comme par la distillation en vase clos de matières orga- niques. Sur ces bases expérimentales, on peut aussi bien juger que les pétroles sont tous d'origine minérale, tous d'origine organique, ou, pour se tenir en un juste milieu, partie (pétroles de Bakou) d'origine minérale, partie (pétroles américains) d'origine organique; ceci quelles que soient les différences et analogies chimiques de ces divers types de pétrole. M. De Launay a récemment attiré l'attention sur l'intérêt qu'il y aurait, pour résoudre ce problème, d'ajouter aux expériences de laboratoire des études géologiques détaillées des champs pétrolifères et des terrains avoi- sinanls. J'ai eu l'occasion, en 1912, d'étudier un certain nombre de régions pétrolifères du Wyoming (U.S. A.). Je me suis efforcé d'y reconnaître l'allure, l'âge et le faciès non seulement des couches perméables impré- gnées de pétrole et des couches imperméables à leur contact, mais encore de toute la série sédimentaire où elles se trouvent. Mes observations ont été faites sur des terrains du Crétacé supérieur non fracturés, formant des séries parfaitement concordantes où l'on peut établir que le pétrole impré- gnant n'est pas d'origine advenlive, mais bien localisé au contact des sédiments où il a été originairement formé ou apporté. Les localités étudiées sont, à partir du versant est des Montagnes Rocheuses jusqu'à 4ookm à l'Est : Lander, Sait Creek, Douglas, Moorcroft et Newcaslle. On observe une lagune du Crétacé inférieur reposant sur du Jurassique ; le Crétacé supérieur com- mence par les grès continentaux de Dakota; au-dessus se trouvent des argiles schis- teuses (shales) puissantes de 1000'" à 3ooom avec fréquents lits de charbon et i/jlK ACADÉMIE DES SCIENCES. nombreuses intercalalions du lentilles el bancs de grès dont un ou plusieurs peuvent rire imprégnés de pétrole; celte importante massé de « sliales » a été divisée en deux séries, la série du Colorado à la base, la série du Montana au sommet. En examinant dans chaque localité la succession des terrains crétacés supérieurs à partir du Dakota, j'ai constaté : A Newcastle, 20"1 grés de Dakota; 3m argiles lignileuses; 3m grès imprégné d'huile ; 5om shales à lentilles de limonite et nombreux lits de dents de poissons; 2000™ shales à faune marine avec intercalalions de grés; A Douglas, ?.m grés de Dakota; io"1 argiles magnésiennes; iom shales à dents de poissons el à lignites; :>."' grès imprégné d'huile; 5™ marne à bêle m ni telles ; y* shales à faune marine avec intercalalions de grès; A Moorcroft, iom conglomérat de Dakota; om.5o argile blanche; à'" grès de Dakota imprégné d'huile; 3o'" argiles gypseuses à petits lits de sable; i5,n grès imprégné d'huile; 6om sliales avec lignite et soufre; i5m gres imprégné d'huile; ioo'" shales a\ec lignite par places et très nombreuses empreintes d'écaillés de poissons; 3ooo"' shales à faune marine avec intercalalions de grès; A Lander, iora grès de Dakota; 20'" argiles; 100"1 shales à empreintes d'écaillés de poissons alternant avec petits lits de grès imprégnés d'huile (Mowry member); iooom shales à faune marine; A Sali Creek, le Dakota et la série du Colorado n'affleurent pas; les premiers affleurements appartiennent à la série de Montana; ce sont de bas en haut: 100"' shales à lits de dents de poissons; 3om grès de Shannon imprégné d'huile; 100'" shales sans fossiles; io'u grès; 600'" shales à faune marine avec intercalalions de grès; les forages faits au dôme de Sait Creek ont traversé 3oo'" à 4oom de shales à gypse, soufre el débris végétaux', avec poche d'huile el de gaz, puis 3om de grès avec huile sous pres- sion; ce dernier grès est assimilé par les auteurs américains au grès de Wall Creek affleurant à 2.jUm de Sali Creek, dans la série suivante : grès de Dakota imprégné d'huile; ioo"1 shales à dents de poissons; 2oom shales à faune marine; a.')'" grès de Wall Creek à faune marine; 6oom sliales à faune marine; 20™ grès (Shannon fusion); 700"1 shales à faune marine. A l'examen de ces renseignements 011 voit : in Que les niveaux, imprégnés de pétrole des localités considérées s échelonnent de la base au sommet du Crétacé supérieur sans qu'il soil possible d'établir entre eux un synchronisme de dépôt; 20 Que les niveaux de grés imprégnés d'huile sont en contact avec les shales à faciès lagunaire; i" Que, parmi les niveaux de grès en contact avec les seules formations à faciès franchement marin, il n'y en a pas qui soil imprégné d'huile. Nous sommes donc en droit de considérer qu'ici les argiles à faciès lacu- naire sorti les roches mères du pétrole; ce pétrole serait à? origine organique. L'abondance des traces et débris de poissons permet de conclure à l'inter- vention & organismes animaux dans la formation de ce pétrole, aucun fait SÉANCE DU 5 MAI IC)l3. l/jip, d'observation ne permettant d'ailleurs d'exclure la possibilité d'intervention d'organismes végétaux. C'est au début de la transgression du Crétacé supérieur que se sont formées, à l'est des Montagnes Rocbeuses, sur les grès de Dakota, les lagunes où l'on trouve les roches mères du pétrole recouvertes par de puissants dépôts marins; ces lagunes sont distribuées suivant le relief du continent ancien; la transgression se continuant, de nouvelles lagunes se sont échelonnées sur les nouvelles bordures continentales. La puissance des dépôts crétacés et tertiaires permet de penser que les animaux putréfiés accumulés au fond des lagunes, à l'abri de l'air parmi les vases, ont pu être portés en profondeur à une température assez élevée pour que leur distillation donne naissance au pétrole actuellement con- centré dans les roches perméables au contact des roches mères. La généralisation d'observations de l'ordre de celles consignées ci-dessus pourrait éclairer à la fois le problème de l'origine du pétrole et celui, non moins complexe, de la recherche de ses gisements. PHYSIQUE DU GLOBE. — Orages magnétiques et phénomènes d'hystérésis. Note de M. J. Bosler, présentée par M. H. Deslandres. Nous avons déjà montré, au cours de travaux antérieurs ('), comment l'installation très favorable de l'Observatoire du Parc Saint-Maur rendait presque évidente la relation des orages magnétiques avec les courants telluriques. Tout se passe comme si ces derniers constituaient le phéno- mène primitif et, agissant sur l'aiguille aimantée conformément à la loi d'Ampère, étaient la cause directe des perturbations magnétiques. Mais les circuits telluriques embrassent de vastes régions : on le voit aisément lorsqu'on examine, à un même instant, les perturbations observées en des lieux différents, ce qui permet de tracer approximati- vement les lignes de courant. Il est donc vraisemblable, a priori, que la matière interne du globe joue, par ses propriétés magnétiques, un rôle dans les variations du champ terrestre. Précisons. Soit à la surface de la Terre un courant tellurique C que, pour simplifier, nous supposerons circulaire. S'il existe au-dessous une couche magnétique G d'épaisseur quelconque, les tubes d'induction affecteront (') Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 342; et Thèse, Paris, Gauthier- Villars, 1912. C. R.. 1913, 1" Semestre. (T. 15G, N° 18.) l8l I/J20 ACADÉMIE DES SCIENCES. A une allure analogue à celle de la figure i ('). Le flux d'induction se con- servant le long d'un même tube, ses variations numériques à l'intérieur se feront sentir à l'extérieur en A, où les mots induction et force deviennent synonymes : les magnétomètres nous donneront ainsi une image plus ou moins fidèle de la perméabilité du globe (2). On doit alors s'attendre à 16^ 17^ 1BÏ1 191? 2Ql? Courent /eiis> £0 ^v A^j{ 1/ww- observer, sur les courbes magnétiques publiées, des phénomènes A' hystérésis. Il semble, croyons-nous, qu'il en est bien ainsi. i° Au début des orages magnétiques d'origine cosmique — et nous ne nous occu- pons que de ceux-là, laissant de côté les troubles locaux — le courant tellurique Est-Ouest (3) subit très généralement un accroissement brusque, après lequel il revient presque toujours près de sa valeur initiale. La force magnétique horizontale éprouve au même moment une brusque augmentation; mais, tout en continuant à suivie dans ses soubresauts le courant tellurique, elle ne reprend jamais de suite sa valeur moyenne primitive, il s'en faut souvent de plusieurs heures. Celte dépression de l'ordre de 5. io~ 4 C. G. S., s'observe à Greenwich et à Polsdam comme à Saint-Maur; elle n'étonne plus les spécialistes et sa généralité même en souligne l'intérêt. Or, il est facile de reconnaître là le phénomène le plus simple de l'hystérésis : quand le champ magnétisant croît, l'induction croît aussi, mais elle ne reprend plus sa valeur initiale lorsque le champ a repris la sienne; un magnétisme rémanent apparaît alors (') Le problème peut se traiter rigoureusement. Maxwell le résout pour une couche sphérique perméable et un champ extérieur quelconque supposé développé en série d'harmoniques sphériques {Traité d"1 électricité et de magnétisme, t. II, p. 63). Gomme le champ d'un courant circulaire se met aisément sous cette forme, la solu- tion du cas qui nous occupe s'en déduit aussitôt. (■) Tout au moins des matériaux traversés par les tubes d'induction voisins de A. (:t) Ce qui suit se vérifie également pour le courant Nord-Sud et la déclinaison, à cela près que les déclinomètres sont le plus souvent moins précis que les bifilaires mesurant la force horizontale. SÉANCE DU 5 MAI IÇ)l3. l42I et subsiste tant qu'une action démagnétisante (chocs, élévation de température, ren- versements successifs du courant, etc.) n'est pas intervenue. 2° A la fin d'un orage de quelque importance, le champ moyen du globe éprouve presque toujours un affaiblissement sensible de même ordre que tout à l'heure. Comme précédemment, il s'agit encore là d'un fait très général. Il est difficile de ne pas le rap- procher de l'action démagnétisante que produit à la longue, sur un corps aimanté, un champ alternativement croissant et décroissant. Ceci n'a lieu, à la vérité, que lorsque la valeur absolue du champ alternatif va elle-même en diminuant (') et lorsque ses oscillations sont suffisamment lentes, de l'ordre de quelques minutes par exemple (2). Mais ces conditions sont précisément remplies à la fin d'un orage magnétique, quand le courant tellurique, après maintes fluctuations, reprend peu à peu sa valeur moyenne très faible du temps normal. Les expériences de Lord Rayleigh ont, il est vrai, donné à penser que, pour des champs inférieurs à 0,04 C.G.S., la perméabilité du fer restait constante et, par suite, ne donnait lieu qu'à des changements réversibles (3). Mais il ne s'agissait que du fer doux et nullement de corps doués de magnétisme rémanent qui, eux, ont tou- jours de l'hystérésis. Et les roches de l'intérieur de la terre, la magnélite, les basaltes et les argiles ferrugineuses appartiennent à cette catégorie, comme l'ont notamment montré les belles expériences où Bernard Brunhes (4), grâce au magnétisme résiduel de certaines laves, a pu nous renseigner sur la direction du champ terrestre à l'époque des éruptions des volcans d'Auvergne. Ainsi donc, les caractères signalés ici des orages magnétiques permettent de relier, à de nouveaux faits d'expérience bien acquis, la théorie qui les attribue aux courants telltiriques : ils ne peuvent que prêter à celle-ci un surcroît d'appui. D'autres phénomènes, dans ces dernières années, sont venus fournir à l'homme certaines notions sur l'étal intérieur du globe, longtemps réputé inaccessible : l'étude du magnétisme terrestre est peut-être appelée à nous apporter là-dessus, à son tour, quelques données de plus. (') C'est le procédé employé par les horlogers pour corriger les montres acciden- tellement aimantées. (2) Les faibles variations du champ magnétisant donnent lieu à des effets de traî- nage ou de viscosité magnétiques [Maukain, Le magnétisme du fer (Collection Scientia, p. 52)] sensibles dans les premières secondes, négligeables passé 1 minute. Ceux-ci nous intéressent peu, les fluctuations des courbes magnétiques durant en général de 5 à 20 minutes; ils pourraient cependant, dans certains cas, avoir quelque influence. (3) Le fait est d'ailleurs discuté, même pour le fer doux. Voir Grimlich et Rouowski, Ann. der Physik, t. VYXIV, 191 1, p. 235. C") Journal de Physique, 4e série, t. V, 1906, p. yoS. 142'. ACADEMIE DES SCIENCES. M. Vasilesco Karpen adresse une Note intitulée : Le vola la voile. (Renvoi à la Commission d'Aéronautique.) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. COMITÉ SECRET. La Commission chargée de dresser une liste de candidats pour la place de Memhre libre, vacante par le décès de M. L. Cailletet, présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie, la liste suivante : En première ligne M. André Bloxdel En deuxième ligne M. A. de Gramoxt MM. Georges Claude „ , ■ • ,- , , , , , . Matrice Leblanc tn troisième ligne, par ordre alphabétique ...'>. n i Paui, Rexard \. Rosexs 111:111. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la séance du 19 mai prochain. La séance est levée à 6 heures un quart. G. D. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU MARDI 15 MAI 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. Gouy, à Lyon, pour remplir l'une des places de Membre non résident créées par le Décret du 17 mars 191 3. Il est donné lecture de ce Décret. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Les polynômes ' V „,tnd Hermite et leurs analogues rattachés aux fonctions sphériques dans l'espace à un nombre quelconque de dimensions. Note de M. Paul Appell. De nombreux géomètres, entre autres Green (Trans. Cambridge Philos. Soc, 5-III, i835, p. 395), Hill (Ibid., 13-111, 1 883, p. 273), Cayley (Journal de Liouville, 13,, 1848, p. 270, et Philos. Trans. London, 165-11, 1873, p. 675), C. Neumann (Z. Math. Phys., 12, 1867, p. 97), Heine (Journal de Crel/e, t. 02, p. no-i/ji;, Mebler (Ibid., t. 66, p. 161) ontgéné- ralisé la théorie des fonctions sphériques par la considération de fonctions harmoniques dans l'espace à n -+- 1 dimensions, c'est-à-dire de fonctions vérifiant l'équation u-T d*T d-T __Q d.c\ d.v'\ ' ' ' dxjl+i~ Mehler, en étudiant les développements en séries, suivant ces fonctions C. R , i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N- 19.) 182 l424 ACADÉMIE DES SCIENCES. sphériqucs, indique que, lorsque le nombre des variables augmente indéfi- niment, la fonction à développer ne dépendant que d'un nombre déterminé de variables, ses résultats rentrent dans ceux qu'Hermite a donnés relative- ment aux polynômes qui naissent de la dérivation d'une exponentielle dont l'exposant est une forme quadratique (Comptes rendus, t. ô8, 1864, p- 93 et 266). Je me propose d'attirer l'attention sur ce fait que les polynômes Vm „ qu'Hermite a déduits de la fonction génératrice 1 — 2 ax — 2 h y -+- a- -+■ b1 puis les polynômes analogues qu'il a étudiés (Comptes rendus, t. 60, i865, p. 370, 432, 461 et 5i2 ; Annales scientifiques de l'École normale supérieure, ire série, t. II, i865, p. 49? et Œuvres, t. II, p. 3og, 3i3, 3ic)) et que Didon a généralisés (Annales de l'Ecole normale supérieure, t. 5, 1868, t. 6, 1869, t. 7, 1870), sont des cas particuliers de fonctions sphériques, sur des hyper- sphères dans des espaces à plus de trois dimensions. Les points essentiels sont les suivants. On sait que la fonction (2) < T = (JC\ + jcl-i-... + J;uJ-r vérifie l'équation (1). Les dérivées de cette fonction, telles que II/h, Uni, ...Ilm„ d-z'?' dx™> . . . dx™- T. prises par rapport aux variables autres que xn+l, sont également des fonctions vérifiant l'équation (1), et, sur l'hypérsphère x\ ■+■ x\ ■+- . . . -+- xl+1 — 1 . elles deviennent, par l'élimination de xn+l, des polynômes V „, mn enx,, x2, ..., xn définis parla fonction génératrice 1 — n (3) (1 — 2a,x, — 2a2x, — . . .— 2a„x„-+- a\-tal-\-. . .h- al)-^ — ^.a'"9 Les écailles de ce même poisson avaient donné : Fluor pour 1008 48,8 09,9 1 43 , 6 c'est-à-dire presque les mêmes quantités de fluor. Cette grande analogie nous a engagés à faire l'analyse plus complète de ces deux parties du même animal : Cendres. Les écailles onl laissé pour 1008, sèches 4' i7 (P205 en 1008 de cendres : 46,0) Les arêtes ont laissé pour ioo?, sèches 4o,o (P205 en 100S de cendres : 44>37) SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l42Q ioos de cendres contenaient : Écailles. Arêtes. (PO)2Ca3 98, 38 93,93 (POl)2Mg3 i,79 2>48 CaF2 0,29 o,3o Carbonates traces traces Sulfates très petite quantité nul CaO (en excès) (*) nul 3, 02 Il y a donc, on le voit, très grande analogie, mais non identité complète, entre la composition du squelette de ce poisson et celle de ses écailles. D'après nos observations, l'écaillé contient des sulfates que ne contient pas l'arête; elle a pour support organique deux substances dont l'une gélatinisable répond à l'osséine; l'autre, résistant à l'action prolongée de l'eau bouillante, est une chitine ou une chondroitine. La présence de cette dernière substance et de l'acide sulfurique fait de l'écaillé un intermé- diaire entre l'os, le cartilage et peut-être la matière épidermique. B. — Cartilages. Tendons. De tous les tissus examinés jusqu'ici, les os et l'émail dentaire sont les plus riches en fluor; les cartilages et les tendons sont les plus pauvres. a. Cartilage. — Cartilage humain détaché de la tête du fémur d'un homme de 65 ans. Ce cartilage revêtant la tête articulaire de l'os, pesait 12VS à l'état frais. Cartilage Cartilage frais. sec. Fluor pour 1 00s i , 41 4 > "3 (P203 pour 100 de cartilage sec : o,56.) Cartilage non encore ossifié des épiphyses a" un jeune veau à ^a nais- sance (bien séparé du tissu osseux) o,5i 2,52 (P205 pour 100 de ce cartilage pesé à l'état sec : i,o3.) On remarquera la richesse extraordinaire de ce cartilage en acide phosphorique quoiqu'il ne fût pas encore ossifié. Trachée du mouton Fluor ... o , 4 1 » On voit combien par sa pauvreté en fluor le cartilage s'éloigne de l'os qui, à l'état frais, contient chez l'homme comme chez le veau 56 fois plus de fluor dans sa partie diaphysaire que dans les revêtements cartilagineux de ses extrémités osseuses. (') Chaux unie durant la vie soit à CO2, soit à la matière organique de l'os. l43o ACADÉMIE DES SCIENCES. B. Tendons. — Nous n'avons examiné que le tendon suspenseur de la te chez un veau de 2 à 3 mois. Cet orga élastique; il contenait 61,2.^ pour 100 d'eau. tête chez un veau de 2 à 3 mois. Cet organe est formé surtout de tissu Fluor. . P205 pour 100 de tendon Elal frais. Iilat sec. 0,35 0,90 0,09 0,23 Ainsi, comme le phosphore qu'il accompagne, le fluor se trouve dans tous les organes examinés par nous jusqu'ici. Mais il y existe à des doses très différentes : dans l'émail des dents, il forme les , ^*0 0 du poids de la matière fraîche; dans les os, les ,„*",,„ ; dans l'épiderme, les cheveux, les poils, de nr^ïïïï à 7^5-; dans les cornes, les tuyaux de plumes, de I II IMIOO à Tô^ôô' dans les cartilages, les tendons, de j^j^ à ^^ du tissu frais. Le fluor se localise donc d'une façon spécifique; il accompagne surtout les phosphates alcalino-terreux et augmente avec eux. Nous nous proposons de faire bientôt connaître nos recherches sur le fluor dans les autres orsanes et dans les humeurs de l'économie animale. CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de plusieurs dicyclohexylbutanes . Note de MM. Paul Sabatiek et M. Murât. Dans de précédentes Communications, nous avons montré que la méthode d'hydrogénation directe sur le nickel peut s'appliquer avec succès à divers carbures diphényliques : diphényle, diphénylméthane, diphénylélhanes, diphénylpropanes ('). La présente Note développe la généralisation de cette méthode en l'étendant à un certain nombre de diphénylbutanes. La théorie prévoit l'existence de neuf dicyclohexylbutanes isomères de formule commune (C6Hn)2C*H% qui étaient encore tous inconnus. Six se rattachent au butane normal CU3.CR2. CE.-. CR3, savoir : i./j; 1.3'; 1.2; 1. 1 ; 2.2 et 2.3. Trois se rattachent à Visobutane ou met hy /propane CtF.CH.CH3, CH3 savoir : i.3; 1.2 et 1.1. Nous avons préparé cinq de ces composés, dont trois issus du butane, savoir : 1.4; 1.1 et 1. 2, et deux issus de l'isobutane : 1 . 3 et 1 .1. (') Paul Sabatikr et M. Murât, Comptes rendus, t. loi, 1912, p. i3go et 1771 ; t. 155, 1912, p. 385. SÉANCE DU l3 MAI IÇ)l3. i /, 3 1 I. Dicyclohexylbutane-\.\. — L'un de nous, dans un travail antérieur, a indiqué que l'hydrogénation du phénylacétylêne, convenablement pra- tiquée sur le cuivre entre 1900 et 25o°, le transforme partiellement en diphénylbutane symétrique ou 1.4: Cf'H\CH^CH*.CrKaili.C,;H\ qui fond à 5a° et bout à 3 17° (' ). Nous avons soumis cet hydrocarbure à l'hydrogénation directe à 1700 en présence d'un nickel très actif : il est totalement transformé en dicyclo- hexylbulane-i . l\: C''Hll.CtKCH2.CHi.CH2.C6H'1. liquide incolore, inattaqué par le mélange sulfonitrique, qui se solidifie en cristaux blancs, fondant à 90, et qui bout à 'io'f-'io'ïï' (corr.). Nous avons trouvé à 2i°, d'î' = 0,8772, avec /iD= 1,4755 on en déduit, comme pou- voir réfringent, R„ =72,1 (calculé 71 , 5 ). II. Dicyclohexylbutane-1.1. Nous avons fait réagir le chlorure de benzylmagnésium sur Y éthylphénytcétone C'IP.CO. CH2.CrF, obtenue en catalysant à 45o° sur la thorine ou sur l'oxyde de cadmium, un mélange des acides benzoïque et propionique. On arrive ainsi à Véthylphénylbenzyl- carbinol, que la distillation sous pression ordinaire déshydrate complète- ment en diphênylbulène CHP.CH =C — CH-.CH3. C 1 1 Ce dernier est un liquide incolore qui bout à 29C)0 (corr.). On a trouvé à 18°, d'0s = 1,0124, avec nB== 1,593. Kl âges et Heilmann avaient déjà, par une voie un peu différente, atteint cet hydrocarbure (2). Hydrogéné sur un nickel peu actif (incapable d'hydrogéner le benzène), il fournit le diphénylbutane- 1 .2 C6H5.CH3.GH.CH2.ÇH3. C6 H' (') Paul Sabatier et Sendere.ns, Ann. de Chim. et de Phys., 8L' série, t. IV, igo5, p. 37o. (2) Klages et Heilmann, Mer. cheni. Ges., t. XXXVII, 1904, p. 1 454- C. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) x$3 l4^2 ACADÉMIE DES SCIEINCES. liquide incolore qui bout à 285°-287° (corr.). Nous avons trouvé, à i8°, d'„s = i ,0092, avec raD — 1,587, ce l1" donne R„ = 69,6 (calculé 69,1). Cet hydrocarbure soumis à l'hydrogénation au contact d'un nickel très actif, vers 1700, se change totalement en dicyclohexylbutane-\ .2 CUH".CH2.CH.CH2.CH3, CCH" liquide incolore, inattaqué à froid par le mélange sulfonitrique. 11 bout à 276°-278° (corr.). Nous avons trouvé 0^ = 0,9104 et, à 180, ^" = 0,9084, avec nD =* i,5oo; d'où Rn = 71,9 (calculé 71, 5). III. Dicyclohexylbutane- 1 . 1 . — Nous avons fait agir le bromure de phé- nylmagnésium sur le butyrate d'éthyle CH3.CH2.CH2.C02.C;!H5. L'al- cool tertiaire qui est ainsi engendré se déshydrate par distillation, même sous 35mm, et fournit le diphènylbutène C6H3.G = CH.CHS.CH3, C6H3 liquide incolore qui bout à 295°-297° (corr.). A 160, on a rf^" = 1,0039, avec nD= 1,595. Ce même hydrocarbure a été également préparé par une autre voie, en faisant réagir le chlorure de propylmagnésium sur la benzophénone, et déshydratant par distillation l'alcool produit. Mais le rendement utile est plus mauvais, parce que nous avons constaté qu'il y a en même temps for- mation de proportions importantes de tètraphènyléthane symétrique : c°H5Vh ph/C6H5 formation secondaire intéressante sur laquelle nous reviendrons ultérieure- ment. Le diphènylbutène, obtenu par l'une ou l'autre voie, a été soumis à l'hy- drogénation vers i5o° sur un nickel peu actif (incapable d'hydrogéner le benzène) : on obtient ainsi le diphénylbutane-i .1 ^"*^GH.CtP.CH2.CH3, ObH°/ liquide incolore qui bout à 286°-288° (corr.). Nous avons trouvé, à 1G0, d'Ba = o, 9748, avec nD = 1 , 554 ; d'où l'on déduit RD = 69, 4 (calculé 69, 1). SÉANCE DU Ij MAI I9l3. 1 433 Mais si l'hydrogénation précédente est réalisée à température trop haute (200° à 3oo°), il y a endettement partiel de la molécule et formation à peu près exclusive de dipkénylméthane, qui bout à 2620 et se solidifie à27°('). Le diphénylbutane-1.1, hydrogéné à 1700 sur un nickel très actif, se transforme intégralement en dicydohexylbutane- 1 . 1 : C6H"\ /-Bui. XH.CH-.CH*.CH3, LSH"/ liquide incolore, inattaqué à froid par le mélange sulfonitrique. Il bout à 28o°-282° (corr.). Nous avons trouvé d°Q = 0,8922 et, à 160, dl06 = 0,8842, avec nD = 1,485, ce qui donne RD = 71,5 (calculé 71, 5). IV. Dicyclohexylméthylpropane-1.1.1. — Nous avons fait réagir l'iodure d'isopropylmagnésium sur la benzophénone. Le diphènylisopropylcarbinol ainsi formé se déshydrate par distillation sous la pression ordinaire et fournit le diphénylméthylpropène CSH5\ /CH3 G6H5/C — C\CH» C'est un liquide qui bout à 293°. A 16", nous avons trouvé d1/' = 1 ,0240, avec nD= i,5g6. Nous avons aussi préparé ce carbure en faisant agir le bro- mure de phénylmagnésium sur Yisobulyrate d'éthyle, et déshydratant par distillation le carbinol obtenu. Ce carbure, soumis au-dessous de 1800 à l'hydrogénation sur un nickel peu actif, se transforme totalement en diphênytmêthylpropane-\.i.n: liquide incolore qui bout à 285°-286° (corr. ). Nous avons trouvé, à 160, d'0b = 0,9780, avec «D= i,56o; d'où R„ = 69, 3 (calculé 69,1). Si l'on réalise vers 25o° à 3oo° l'hydrogénation du diphénylméthylpro- pène, on a dislocation de la molécule, et l'on obtient à peu près exclusi- vement du diphènylméthane. (') (Test ce dernier carbure qui a été sans doute préparé par Klages et Heilmann (loco citato) dans l'hydrogénation par l'acide iodhydrique du diphénylbutène-i . 1 , et qui a été décrit par eux comme étant le diphénylbutane-1.1 (fondant à 270 et bouillant à 205°) . 1 43^ ACADÉMIE DES SCIENCES. Le diphénylméthylpropane-i.i.2, hydrogéné vers 1700 sur un nickel 1res actif, se change intégralement en dicyclohexyl-i .i-méthyl-i-propane : C'«H«'\ rfT/CH3 liquide incolore inattaqué par le mélange sulfonitrique. Il bout à i^^0-2r]cf (corr.)- On a trouvé r/" = 0,9017 et, à i5°, d'^ = 0,8906, avec nD = 1,492, d'où l'on tire R,>= 71, 5 (calculé 71, 5). V. Dicyclohexylméthylprapane-\ .3.2. - Nous avons fait réagir l'iodure de méthylmagnésinm sur la dibenzylcétonc, CcHs.CH2.CO.CH-.C° H5, préparée en catalysant l'acide phénylacétique. L'alcool tertiaire ainsi en- gendré se déshydrate totalement quand on le distille sous la pression ordi- naire et donne le diphénybnèthylpropène OH5.CH:=C — CH-.C6H\ CH3 liquide incolore qui bout à 3o4° (corr.). Nous avons trouvé, à 160, d"'' = 1,0181, avec rcD= 1 , 593. Soumis à l'hydrogénation sur un nickel très actif, à 1700, il fournit de suite le dicyclohc.ryl-i .3-mélhyl-2-propane G«H,I.GHÏ — GH.GH».C«H1J, GH3 liquide incolore qui n'est pas attaqué par le mélange sulfonitrique froid. Il bout à 29o°-292° (corr.). Nous avons trouvé ^" = 0,8916 et, à 19°, f/,'J = 0,8840, avec nlt— 1 ,484; d'où l'on déduit RD= 71,8 (calculé 7 1 ,5). Nous avons pu, par des voies analogues, préparer plusieurs dicyclohexyl- pentanes; c'est ce que nous aurons l'honneur d'exposer dans une prochaine Note. GÉOLOGIE. — Sur quelques roches écrasées du Plateau Central. Note de M. L. De Lauxay. Mon attention avait été depuis longtemps attirée, dans l'ouest du Plateau Central, par de nombreux lambeaux disséminés de roches bréchiformes présentant d'ordinaire l'aspect extérieur d'un granité ou d'un gneiss et SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l/j35 confondues par suite avec les granités ou gneiss voisins par les géologues antérieurs à moi. Sur toutes les feuilles successives de la Carte géologique que j'ai publiées depuis 1887, je me suis attaché à en noter les manifesta- tions les plus minces et les plus localisées comme un élément tectonique particulièrement intéressant et j'ai appelé l'attention sur ces affleurements avec insistance dans toutes mes publications relatives au Plateau Central, en particulier dans les légendes des feuilles de Montluçon, Confolens, Aubusson, Guéret, etc. Généralement, j'ai noté ces lambeaux, qui ont souvent à peine quelques mètres de largeur, d'après leur âge probable, comme carbonifères, en faisant remarquer leur mode de formation très spécial, sauf sur la feuille de Confolens où on les trouvera désignés par la notation xa. Cependant je n'étais pas arrivé à une explication satisfaisante de ces terrains qui se présentent ici dans des conditions stratigraphiques mal déterminées, comme des sortes d'éboulis ressoudés ou comme des remplissages de brèches. Quelques terrains très analogues de la même région, dont le plus caractéristique a été remarquablement décrit par M. Fayol sous le nom de Roche Sainte-Aline, se présentent, à leur voisi- nage, à l'état de véritables strates intercalées dans le terrain houiller sté- phanien, avec passage latéral à des poudingues formés de galets roulés. Je m'étais donc contenté de les envisager, suivant les cas, tantôt comme des éléments sédimentaires particuliers des terrains carbonifères, tantôt comme des remplissages locaux de zones fracturées. Mais, les beaux travaux de M. Termier sur les roches écrasées, ou mylo- nites, m'ayant suggéré l'idée qu'il pourrait y avoir, dans l'ouest du Plateau Central, des roches écrasées analogues à celles qu'il a décrites dans la région de Saint-Etienne, je suis retourné l'été dernier visiter une zone facilement accessible de ces affleurements au sud-est de Montluçon : vers Sainte- Agathe, Pérassier, Serclier, Landier, etc. J'y ai recueilli, en effet, de véritables mylonites. En tous ces points, ces roches, qu'il ne faut pas confondre avec les pou- dingues sédimentaires à gros galets roulés, abondants au voisinage dans la même région, se présentent sous la forme d'une sorte de granité fissuré et sans homogénéité, qui est, en réalité, formé de fragments granitiques de toutes dimensions, souvent énormes, salis et rouilles, que peut cimenter une pâte plus fine formée d'éléments granitiques plus complètement broyés. Il s'introduit parfois, dans les fissures, un peu de matière houillère. Sans entrer ici dans la description des autres points où l'on trouve des roches analogues, description que je donnerai ailleurs quand une nouvelle ! 436 ACADÉMIE DES SCIENCES. campagne de courses m'aura permis d'aller les revoir et les contrôler ('), je me contenterai de signaler, d'après mes souvenirs, quelques autres affleurements particulièrement typiques. C'est, par exemple, le cas pour toute une longue traînée qui prend en écharpe la feuille d'Aubusson sur les prolongements nord et sud du bassin d'Abun, depuis Glénie au nord jusqu'au sud d'Aubusson, où cette traînée bréchoïde vient recouper le gneiss à cordiérite. C'est également le cas pour les roches poudinguiformes que j'ai signalées sur la feuille de Confolens, près du Dorât, à l'ouest d'Ora- dour. C'est encore ce qu'on peut observer dans les environs de Bourga- neuf, où je signalais déjà, dans la légende de la feuille de Guéret (1906), l'abondance des remplissages de faille bréchiformes. Au sud-ouest de cette ville, vers la Reigeasse et le château de Rigour, on a des agglomérats confus d'éléments gneissiques souvent très volumineux etanguleux. Il est facile d'en suivre la traînée vers le Nord, sur la bordure ouest du granité et l'on en retrouve encore un lambeau près de Montarichard. Ces affleurements de Bourganeuf offrent un intérêt tout particulier comme représentant la conti- nuation probable vers le Nord d'une traînée remarquablement nette des mêmes roches que M. Mouret vient de découvrir dans la zone si bien décrite par lui des roches d'Argentat : traînée sur laquelle, d'après une obligeante communication, il se propose de publier prochainement un travail développé. Indiquons maintenant brièvement quel paraît être le rôle tectonique de ces brèches, autant que la nouveauté de la question permet encore de s'en rendre compte. On pourra suivre cette description sur la dernière édition de la Carte au II)III'IUIIU, malgré les fortes corrections qu'il conviendrait d'y apporter d'après mes explorations depuis cette époque. J'ajoute aussitôt qu'il ne s'agira ici que de la partie ouest du Plateau Central, dont on peut marquer la limite au grand sillon houiller de Saint-Eloy : région à plisse- ments armoricains, au delà de laquelle une bande fortement disloquée et brouillée marque le passage aux plis de direction varisque. Si l'on traverse cette région du Sud-Ouest au Nord-Est, on rencontre successivement une série de zones, qui ne ressortent pas suffisamment sur les Cartes de détail trop compliquées et encore moins sur la Carte au mil- ( ' ) Le cas des roches Sainle-Aline, dont l'équivalent existe, d'après M. Fayol, à Brassac et à Epinac, montre avec quelle prudence il faut aborder l'étude de ces roches écrasées pour ne pas les confondre avec des formes locales de la sédimentation lacustre stéphanienne. SÉANCE DU l3 MAI iqi3. l437 lionième, où l'on a eu le tort de ne pas mettre en évidence par le figuré quelques éléments d'une importance toute spéciale, tels que les zones à amphibolites, à diorites et à leptynites, ou les gneiss à cordiérite. Les prin- cipales de ces zones comprennent, du Sud-Ouest au Nord-Est : i° des schistes et phyllad.es peu métamorphisés; i° des terrains à amphibolites; 3° une traînée de sédiments primaires, à laquelle s'associent les roches écrasées d'Argentat; 4° un axe de schistes granulitisés où la granulite arrive à occuper des extensions remarquables, de Pontarion à Treignac et Corrèze; 5° une étroite zone de micaschistes accolée au gneiss à cordiérite d'Au- busson; 6° un groupe, sans doute plus profond, de gneiss avec granité. Si, à partir de ces granités francs qui sont ceux de Guéret, on oblique vers le Nord, on retrouve 70 une seconde chaîne granulitique particulièrement continue, puisque, de Montluçon, elle va sans interruption au delà de Mont- morillon pour reparaître, aussitôt après la coupure apparente du détroit de Poitiers, en Bretagne et s'y poursuivre jusqu'à la baie de Douarnenez. Puis revient 8° une traînée à amphibolites et à diorites étonnamment analogue à celle de Brive et Tulle et qui semble d'ailleurs aller se souder avec eelle-ci dans l'Ouest par la région de Confolens (tandis que, dans l'Est, il existe un grand secteur où ce genre de faciès fait complètement défaut, remplacé par des gneiss plus caractérisés). Enfin, 9° dans ce même sens Nord, on retrouve une large bande de micaschistes avec quelques quartzites et leptynites et, de nouveau, 10" une traînée d'amphibolites, au moment où le Plateau Central va disparaître définitivement sous son recouvrement secondaire. Du Sud au Nord, l'allure de ces terrains se modifie notablement. Après les phyllades de Donzenac et les schistes de Travassac qui plongent, avec une forte pente, vers le Sud, on trouve une série à amphibolites, dont la strati- fication presque horizontale m'avait, dès 1888, très vivement frappé, comme contrastant avec la disposition ordinaire des mêmes terrains plus au Nord. La coupe que j'ai donnée alors des environs de Roche-de-Vic (') pourrait aujourd'hui s'interpréter très aisément comme un pli couché dont la racine serait au Sud-Ouest et qui viendrait passer sur les roches écrasées d'Ar- gentat. Puis se développent des séries cristallophylliennes, dont les pen- dages moyens sont généralement très voisins de la verticale et, seulement quand on arrive tout à fait au Nord, par exemple dans la région de Sainte- Sévère, on retrouve beaucoup plus localement des strates horizontales de ( ' ) Roches primitives de la feuille de Brive ( Bull. Carte géol., n° k, p. 1 ~> ). l/|38 ACADÉMIE DES SCIENCES. micaschistes, avec des terrains présentant cette particularité que leur pente moyenne est en sens inverse du relief du terrain, dirigée vers le Sud, vers les roches granitiques et granulitiques qui les limitent de ce côté. Quand on examine ces diverses zones et leurs contacts respectifs, on est frappé de l'allure imbriquée qu'elles présentent dans leur ensemble. Il y a eu visiblement une grande pression venue du Sud-Ouest qui les a poussées plus ou moins loin vers le Nord-Est en leur donnant, d'une façon générale, une forme incurvée dont la concavité est tournée vers le Sud et qui les a fait glisser les unes sur les autres suivant des plans de rupture marqués par des écrasements ('). Leurs limites constituent une série de longs décroche- ments formant failles, ou plans de glissement, le long desquels on trouve fréquemment les roches écrasées dont il a été question plus haut et suivant lesquels se sont également, en bien des cas, incrustés des fdons de quartz très continus. Sans insister sur une question qui demandera à être reprise, je signalerai d'abord, à ce propos, le grand accident, si bien étudié par M. Mouret et suivi par lui depuis les environs de Decazeville, par Argentat jusqu'à Bourganeuf. Un accident de même valeur limite le bord est de l'axe granuli tique de Corrèze-Pontarion, comme celui d'Argenlat le bord ouest de ces granulites. Un accident encore plus important prolonge le bassin d'Ahun vers le Nord par Jarnages jusqu'au delà de la chaîne granulitique de Chàtelus et, en sens inverse, se continue par la Courtine jusqu'aux environs de Bort, où il va rejoindre le grand sillon houiller après i20km de course continue. La bordure nord de la traînée carbonifère de Chambon est marquée par une faille du même genre, que prolonge le grand décrochement quarlzeux d'Evaux, décrit autrefois par moi, et qui, lui aussi, se recourbe par Biollet pour aller rejoindre le sillon houiller, après go1"11 ou iookmde long. Enfin les granités écrasés qui ont été signalés à Montluçon au début de cette étude se placent sur le prolongement des failles du Sancerrois, par lesquelles est limité à l'Ouest le houiller de Cominentry, comme, plus au Nord, l'est aussi celui de Villefranche et Cosne et qui se prolongent si loin vers le Nord à travers les terrains secondaires. On assiste donc, dans tout ce sec- teur, à une inflexion progressive de ces accidents, qui les mène peu à peu de la direction NW-SE affectée par les grandes failles limites sur la (') On remarque de même, dans tous les plis du bassin de Paris, une dissymétrie qui accuse une pression venue de même du Sud-Ouest, perpendiculairement aux. plis armoricains. SÉANCE DU l3 MAI IÇ)l3. l43o, bordure sud-ouest du Plateau Central jusqu'à une direction NNE-SSW conforme à celle du sillon houiller, direction qui dominera ensuite vers l'Est jusqu'aux failles limites de la Limagne sur sa bordure ouest, de Mou- lins à Clermont. L'âge principal de tous ces phénomènes parait être carbonifère, intermé- diaire entre le Dinantien et le Stéphanien, à peu près contemporain par suite des manifestations éruptives que j'ai décrites dans la Creuse (').- Le Stéphanien est souvent à cheval sur les limites de ces accidents qui semblent lui avoir préparé des lignes de dépression lacustre. Mais des mouvements antérieurs avaient certainement préparé ce tracé, qui a été ensuite accentué, pendant le Tertiaire, avec de fortes dénivellations. C'est ainsi qu'à l'Ouest, une des failles principales de la feuille de Confolens se prolonge presque depuis Limoges vers Lusignan et Parthenay à travers le Secondaire. Je viens également de remarquer que les accidents situés à l'ouest du bassin de Commentry étaient continués au Nord dans le Secondaire par ceux du Sancerrois. De même j'ai montré autrefois que la vallée du Cher a subi, pendant et après l'Oligocène, une compression transversale Est- Ouest qui a enfoncé vers le Centre ses terrains lacustres et dont les accidents sont conformes à la direction moyenne d'une traînée stéphanienne allant de Montluçon à Estivareille et Maulne, etc. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la relation de Trouton. Note (2) de M. de Forcrand. C'est en 1884 que le physicien Trouton publia la relation empirique très simple qui porte son nom : L = = 22 environ. Cependant, en présence des données acquises, surtout depuis une dizaine d'années, il devient impossible de maintenir à la relation de Trouton cette grande simplicité qui a contribué à en faire le succès au début. La valeur d'un quotient qui peut varier depuis 4,5 pour l'hélium jusqu'à (') Les roches éruptives carbonifères de la Creuse (Bul. Serf. Carte géol.. n° 83). Voir également, dans le même Recueil : La vallée du Cher dans la région de Mont- luçon (n° 30). (-) Reçue dans la séance du 28 avril 1 g 1 3. C. R., igiî, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) I 84 l44° ACADÉMIE DES SCIENCES. 27 pour le cuivre (c'est-à-dire dans le rapport de 1 à 6) ne peut vraiment plus être considérée comme constante; et, bien que certains auteurs aient encore tout récemment admis la loi de Troulon, il n'est plus possible de croire qu'elle correspond à la réalité. D'autre part, les variations de la valeur du quotient ont lieu dans un sens qui indique qu'elle est à peu près fonction de la température (absolue), et qu'elle croît avec elle. Nernst le fait remarquer dans son Traité de Chimie générale ('), et il pro- pose, sous le nom de règle de Trouton revisée, la formule suivante : ^ =g,51ogT — 0,007 T. Cette formule est assurément meilleure que la relation trop simple de Trouton. L'introduction du logarithme de T donnera d'abord une aug- mentation rapide de la valeur du quotient, puis un accroissement plus lent. Le second terme, négatif, rendra cet accroissement plus lent encore. Et c'est bien ainsi que les choses se passent de 200 à 5oo°. On peut cependant adresser à cette formule deux critiques : i° lien résulterait que ™ s'annule à peu près à i° (exactement i°,ooi7). Or rien ne le prouve jusqu'ici. La température 0 pour laquelle L s'annule peut être o°, ou une température supérieure. Elle serait telle qu'un corps bouillant dans ces conditions, sous la pression atmosphérique, aurait une température d'ébullition égale à sa température critique, et sa pression critique serait de 760""". Au-dessous de 8, les mots point d'ébullition n'auraient plus de signification. Mais pour connaître, même à peu près, la valeur de 0, il faudrait des données relatives à des températures plus basses que 20", 4- 20 II résulte de recherches récentes, déjà nombreuses, que les substances qui bouillent à des températures très élevées, dépassant 10000 absolus, telles que le zinc, et, d'après les travaux de Greenwood, le bismuth, le plomb, l'argent, l'étain, le cuivre donnent un quotient dépassant notable- ment 22, et pouvant atteindre 24, 26 ou 27. Or la formule de Nernst est ainsi faite que la valeur qu'elle fournit, après avoir augmenté rapidement de o° à 400°> croît de plus en plus lentement au delà, passe par un maximum vers 6oo°, puis diminue graduellement, (') ire Partie, p. 3i 1 ( traduction Corvisy, 1911)- SÉANCE DU l3 mai io,i3. 1441 s'annule à 5ooo° et devient négative ensuite. Cela est manifestement contraire aux faits. J'ai cherché à corriger cette formule de Nernst en ajoutant d'abord un terme correctif positif en T2, permettant à la valeur de ~ de continuer à augmenter au delà de 5oo°. Les très nombreux calculs que j'ai effectués L T 30 20 10 y /' - s <* A B r c?*» / "*^* 1 ^^< il l_ "**> 1000° 2000° 3000° Relation de Trouton Formule de Nernst x „ „ Nouvelle Formule 4000° m'ont montré que le terme 4- 0,0000026 T2 convenait bien, à la condition d'augmenter un peu les deux premiers facteurs numériques. La formule =1 = 10, 1 logT — o,ooç)T -+- o, 0000026 T2 fournit des résultats qui sont tous un peu supérieurs aux nombres réels, ces nombres étant déduits soit des déterminations directes ou ébullioscopiques, soit du calcul Clapeyron au moyen des courbes des tensions, en ayant soin, l442 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans ce dernier cas, d'appliquer le mode de correction déduit parL.Gay(') des travaux récents d'Amagat. J'ai fait ce travail de comparaison aussi bien avec l'argent et le cuivre, d'après les données de Greenwood, qu'avec l'hydrogène et l'hélium (en utilisant pour ce dernier les déterminations de K. Onnes). Il m'a conduit à adopter, comme dernier terme correctif, négatif : 1,5 ; et je propose la formule suivante : = = io, i logT — i,5 — o, 009 T 4- 0,0000826 T2 . Voici quelles sont les valeurs obtenues par l'application de cette for- L r mule (2 ), soit pour ^. soit pour L. L T- T. avec la nouvelle avec la formule avec la nouvelle avec la formule formule. de Nernst. formule. de Nernst. o Cal Cal i,4uS... o i,4i3 o 0,002382 5o :5,2i6 '5,790 0,761 0,789 100 17,826 i8,3oo 1,783 i,83o 200 20,o44 20,460 4,009 4,092 3oo 2i,o53 2i,432 6,3i5 6,43o 4oo 21,597 21,919 8,638 8,768 5oo 21,910 22,i4o 10,935 11,070 600 22,096 22,192 13,257 i3,2i5 700 22,209 22,128 i5,546 i5,49o 800 22,285 21,979 17,828 17,583 900 22,344 21,765 20,109 19,588 1000 22,400 2i,5oo 22,400 2i,5oo i5oo 22,g58 19,673 34,437 29,509 2000 24,240 17,360 48,48i 34,720 2&oo 26,569 14,780 66,425 36,g5i 3ooo 30,019 i2,o32 90,057 36,098 4ooo 42,719 6,219 170,880 24,878 5ooo 55,859 o,i4o 279,298 0,701 (') Voir ci-dessous, p. 1 4^4 - (s) En regard, dans chacune des colonnes doubles, j'ai indiqué les valeurs qu'on obtiendrait avec la formule de Nernst. Quant à la relation de Trouton, elle donnerait L uniformément 22 environ pour =■ SÉANCE DU i3 mai 191 3. i443 Le graphique ci-joint représente les variations de „• On remarquera que, pour un intervalle de température compris entre 2do° et 9000, la courbe déduite de ma formule présente une sorte de palier et s'écarte peu de la droite horizontale AB, qui représente la relation de Trouton. Or c'est justement dans ces limites que se trouvaient les nombres connus en 1884. De là la relation de Trouton, qui n'est qu'une apparence, et un à peu près pour cet intervalle. Mais il est manifeste que ce n'est pas une loi. On sait que l'histoire de la relation de Dulong et Petit est toute pareille. La chaleur atomique varie en réalité, pour chaque élément, depuis o (vers le zéro absolu)jusqu'à des valeurs qui semblent croître sans limite. Mais là encore il se trouve que, pour des températures comprises entre 260° et 6oo° absolus, presque toutes les courbes présentent grossièrement un palier pour une valeur de l'ordonnée comprise entre 6 et (3,8. C'est ce qui a donné naissance à la remarque de Dulong et Petit. Dans l'un comme dans l'autre cas, il ne s'agit pas de lois scientifiques. CHIMIE ORGANIQUE. — Dégradation méthodique de divers acides saturés mono et bibasiques. Note de MM. Pu. Barbier et R. Locqlix. La présente Note est motivée par une récente publication de M. Bouvet qui a obtenu des combinaisons du même genre que celles qui nous servent de point de départ dans un travail que nous avons entrepris sur la recherche d'une méthode de dégradation des molécules acides. Tous les chimistes savent combien il est difficile de dégrader par voie d'oxydation les acides saturés et même les cétones de poids moléculaires élevés. Lorsqu'on parvient à réaliser l'oxydation, les débris moléculaires recueillis ne permettent pas de déduire une idée relative à la constitution du corps initial. Nous avons cherché une méthode qui permette de passer avec certitude d'un acide saturé à son homologue inférieur, et nous avons trouvé, dans l'emploi des combinaisons organo-magnésiennes découvertes par l'un de nous, un moyen d'atteindre ce but. Le principe de la méthode est le suivant : nous commençons par com- pliquer la molécule en transformant le carboxyle en un groupement alcool l444 ACADÉMIE DES SCIENCES. tertiaire par l'action de 2mo1 de CH:t Mgl sur l'éther méthylique, ou éthy- lique de l'acide K_CH2— CO-OCH3-t-2CH3MgI -> R - CfP- C(OH)<^^| + . . .. Puis, dans une seconde opération, nous soumettons à l'oxydation, soit les alcools tertiaires ainsi obtenus, soit les hydrocarbures non saturés qui en dérivent par déshydratation R_CH2-C(OH)^jj3+03 = R-COOH + CH3— CO-CH3+H*0 R-CH = C^+03 = R— COOH-hCH3-CO-CH3 Il est à remarquer que cette transformation peut être atteinte aussi bien en partant des cétones qu'en partant des éthers-sels. Ainsi la méthyl- nonylcétone conduit au même résultat que le caprate (ou décanoale) d'éthyle R — CH2— CO — CH3+CH3MgI -> R — CH2-C(OH)( ^„, -+-.... Pour déterminer le mécanisme de cette dégradation et établir la valeur du procédé, nous nous étions proposé d'opérer sur des corps de conden- sations moléculaires variées, mais nous avons été limités dans nos essais par la difliculté d'obtention de certaines molécules acides de structure spéciale. Nous relatons ci-dessous les expériences qui ont porté sur des corps de con- stitution connue : I. Acide isovalérique. — L'éther éthylique, Iraité par le CIPMgl suivant la méthode habituelle donne le 2 .4-diméthyIpentanol-4 ™;>CH_CH>-C(OH)<™; bouillant à i2o°-i3o°, ainsi qu'un peu de pseudoheptylène bouillant à 83°-84°. Le 2-4-dimélhjl-pentanol-4, chauffé à rébullition avec une solution de CrO3 dans l'acide sulfurique étendu à 10 pour 100, est transformé lentement en acide isobutyrique. L'oxydation du pseudoheptylène par MnOK donne ce dernier acide dans de meil- leures conditions. Ces résultats confirment ceux qui ont déjà été obtenus par d'autres auteurs. IL Acide dècanoïque ou, ce qui revient au même, méthylnonylcétone C9H19— CO — CH3. SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l445 L'action du CH3MgI conduit au diméthylnonylcarbinol C»H»-C(OH)<^[]3\ liquide bouillant de 123° à 1270 sous i3mm et dont l'acétate bout de 1/40° à i42" sous i7mm. Le diméthylnonylcarbinol n'est pas attaqué, même à chaud, par une solution aqueuse de MnO;K; mais, sous l'action du CrO3 en milieu sulfurique, il fournit de l'acide pélargonique et du pélargonate de l'alcool tertiaire lui-même dont on peut, par saponification, retirer une nouvelle quantité d'acide pélargonique. III. Acide 2 .5-diméthylhexanoïque (CH3)2 = CH — CH2 — CH2— CH — COOH. — Cet acide, dont il n'a pas encore été fait mention et que nous avons obtenu parl'action du bromure d'isoamyle sur le mélhylmalonate d'éthvle sodé, bout à 228°-23o° sous „50nim et à i27°-i3o° sous i8mm. Son éther méthylique bout à 1720-173° et son chlo- rure (par SOCI2) à 690 sous i6mm. Son amide fond à 99°-ioo° après cristallisation dans l'éther de pétrole ou par évaporation lente de H20 alcoolique; sa paratoluide, difficile à purifier à cause de sa grande solubilité dans tous les solvants organiques, fond vers 75° après cristallisation par évaporation lente de l'alcool étendu. L'action de CH3MgI sur l'éther méthylique ci-dessus décrit conduit intégralement au 2.3.6-triméthyl/ieptanol-2, liquide bouillant à 920-95° sous i8mm et possédant une odeur de jacinthe assez agréable. Cet alcool, oxydé par Cr03-t- SOl H2 étendu, fournit d'une part des portions neutres trèsabondan tes et d'autre part des portions acides. Ces dernières renferment surtout les acides acétique, isovalérique et isocaproïque, qui ont été caractérisés par le point de fusion (82°-i26° et 120°) des amides correspondantes après qu'on eut isolé les acides à l'état de sels de baryum et qu'on les eut séparés les uns des autres par leur transformation en éthers méthyliques bouillant respectivement vers 6o°-ii5° et i5o°. Les portions neutres sont constituées en majeure partie par de la méthylisoamylcé- /CH3 tone, CH3 — CO — CH2— CH2— CH^r„s. bouillant vers i4o°-i45°, isolable à l'état d'oxime bouillant vers 900 sous i2mm ou à l'état de semi-carbazone fondant à i42°-i43° comme l'ont indiqué différents auteurs. A côté de cette cétone, on recueille un peu d'hydrocarbure non saturé bouillant vers i6o°-i65° et des portions supérieures passant au-dessus de 85° sous i5mm, renfermant un mélange d'isovalérate et d'iso- caproate de l'alcool tertiaire primitif. IV. Acide $-mélhyladipique. — L'action de CH3MgI sur le (3-méthyladipate de CH3 donne intégralement le glycol ™3^C(OH) - CH2- CH - CH2 - CH2 - CCOH)^"' CH3 liquide bouillant à i37°-i4i° sous i5mm et se solidifiant à la longue. Par oxydation l446 ACADÉMIE DES SCIENCES. chromique de ce glycol, on obtient une certaine quantité de portions neutre?, entraî- nables par la vapeur d'eau, bouillant de i6o° à 200° et constituées en majeure partie par le carbure diélhylé nique souillé d'un peu de monoalcool élhylénique bouillant vers 20o°-2o5°. En agitant la solution chromique à l'éther, on extrait une certaine quantité d'acide méthylsuccinique caractérisable par le point d'ébullition de son éther diméthylique (ioo°-i io° sous i5mm) et par le point de fusion (i 12°) de l'acide régénéré de cet éther. Les conclusions qui se dégagent des expériences ci-dessus mentionnées sont simples : On voit que, lorsque le COOH est soudé à un CH2, le grou- pement ,,H3yOH s'élimine sous forme de CH3.CO.CH3 tandis que le CH2 voisin se transforme en COOH. On passe ainsi de l'acide initial à son homologue immédiatement inférieur. Lorsque le COOH est soudé à iat de C lui-même substitué (par exemple dans le cas d'un acide a-méthylé), les résultats, quoique un peu plus compli- qués, présentent la même netteté. Le produit principal de l'oxydation est alors une cétone, qui se fait en quantité telle que le procédé pourrait à la rigueur constituer un mode de préparation de certains composés céto- niques. Les acides bibasiques se comportent de la même manière que les acides monobasiques, mais la dégradation porte simultanément sur les deux car- boxyles terminaux. Ces essais nous ont paru suffisamment concluants pour que nous cherchions à appliquer le procédé à des molécules acides compli- quées et notamment aux acides pinonique et pinique dont la structure, en rapport étroit avec celle du pinène, présente une importance capitale. Nous publierons incessamment la suite de ces recherches. M. Mittag-Leffler fait hommage à l'Académie d'un Ouvrage intitulé : Henri Poincaré, Analyse de ses travaux scientifiques, et de la Table générale des Tomes I-XXXY (1882-1912) des Acta mathematica. A cette occasion, M. le Secrétaire perpétuel annonce la publication prochaine des Œuvres mathématiques d'Henri Poinearé, qui sera entre- prise par M. Gauthier-Villars, sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique et de l'Académie des Sciences. SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l^'] CORRESPONDANCE. M. II. Bazin, présenté pour la troisième place de Membre non résident, remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire. M. le Doyex de la Faculté des Sciences de Genève invite l'Académie à se faire représenter à l'érection d'un buste qui sera élevé à la mémoire de Pierre Prévost, le 5 juin prochain. M. E.-A. Martel prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des candidats à l'une des places vacantes dans la* Section des Académiciens libres. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Ministère de l'Agriculture. Direction générale des Eaux et Forêts. Statistique et Atlas des forêts de France, par Lucien D.vubrée. Tome I. 2° C. Julien. La Motoculture. (Présentée par M. Tisserand.) ASTRONOMIE. — Sur l'orbite provisoire de la nouvelle comète 191 3 a (Sc/iaumasse). Note de MM. Favet et Schaumasse, transmise par M. Bassot. Pour calculer cette première orbite parabolique, on a adopté comme base les positions suivantes qui résultent des observations effectuées par M. Schaumasse, avec l'équatorial coudé de l'Observatoire de Nice : Dates Temps moyen 1913. ,1e Paris. X 1913,0. ? 1913,0. h m s u / „ o / ,i Mai 6 i4.45.4o 319.17.25,5 +26.8.48,3 » 7 i4.35. 2 3 18. 44-4°i 5 -+-27.11.40,6 » 8 i3.43. 25 3i8. 9.59,5 +28. i5.3g,o C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N- 19.) l85 l448 ACADÉMIE DES SCIENCES. Voici les éléments conclus : T = 1913, ruai 25,4222 temps moyen Paris co =z 53.32 . 8 j Q =3i5.2i. 7 | 1913,0 i =: IÔ2 .3i .26 ) \ogq = o, 162920 cos(3 rfX — — o",5 Représentation du lieu moyen, O — C = tf(3 = o", 2 On a pu vérifier, en outre, que la parabole précédente satisfait également à une nouvelle observation obtenue le 9 mai par M. Scbaumasse. Il en résulte l'éphéméride suivante, calculée pour minuit moyen de Paris : Dates t 1913. m. Déclinaison. log. /•. log A. r'1 à- ' h m s o , Mai 8 20.48.29 h-ii.3i 0,1639 0,0261 0,42 » 16 20.io.38 +20. 9 0,1629 9>9373 o,63 » 24 19. 3.21 +3i.io o,i646 9,865o 0,87 Juin 1 17.15. 56 +4o. 6 0,1689 9,8476 0,93 » 9 i5.22. 2 +41- ! 0,1756 9,8993 0,71 « 17 i4.6.3 +36.54 0,1844 9,9848 0,46 De 9e grandeur lors de la découverte, cet astre va augmenter d'éclat jusqu'au début de juin. A cette époque, il passera au méridien vers minuit et comme, dans nos régions, il culminera au voisinage du zénitb, on peut espérer qu'il deviendra, sinon visible à l'œil nu, tout au moins perceptible à l'aide d'une simple jumelle. THÉORIE DES NOMBRES. — Sur la réduction des formes quadratiques binaires à coefficients entiers dans un corps quadratique réel. Note (') de Gaston Cotty, présentée par M. G. Humbert. 1. La réduction des formes binaires du second degré à coefficients entiers dans un corps quadratique réel n'a jamais été effectuée; on peut établir qu'elle est possible et se rattache soit à la théorie des fonctions abéliennes, soit à l'existence du domaine fondamental dans l'espace à quatre dimensions (') Présentée dans la séance du 5 mai 1913. SÉANCE DU l3 MAI Ï9l3. 14/19 du groupe modulaire d'un corps quadratique réel quelconque. Les deux points de vue sont également intéressants et font ressortir l'analogie des entiers d'un corps quadratique réel y/ et des entiers ordinaires. Nous dis- tinguerons deux types de formes binaires définies, une forme '(X', Y'), du corps y/ A qui sont conjuguées et ont respectivement même discriminant D = ac — b- et Y)'~a'c'—b'- que ç et est dite équivalente à '| est dit équivalent au couple fop, o), (Tf]io) ayant pour équation a (?;; -t- ^) -+- 2.lrq0-\- c = o; 2° le demi-cercle (c). Si (c) et ( | bn \ converge, mais même si l'on sait n=l seulement que /J—^ converge. II. Dans les hypothèses du théorème 11 de n = 1 M. Knopp, on a déplus dans cet angle (2) L(a) = o. III. Dans les hypothèses du théorème III de M. Knopp, ou même si qs= 0(X^_, ) [ au lieu de o(ks_.,s) \, on a, dans le même angle, (3) lim 1 — - L(.r)=ro. 1 ; 4 Démonstration. — Je suppose que ^ — — converge. Alors, pour \x\ < 1, n = l L(*)=,2^2*-=2«..-=2fl-«"(f)"=ie-(î séance du i3 mai io,i3. 1 453 On sait que, pour démontrer mes assertions (i) ou (2) ou (3) pour une série de puissances quelconque ^cn (jj , il suffit de prouver, y parcourant les valeurs positives entières, y C(7)=2C" = 0(J) °U °(-V ' °U °^T)- n = \ Or, dans le cas actuel (voir page 28 de la Thèse de M. Knopp, Berlin, 1907), y y L">J n = 1 m | n m~i q = 1 D'une part, on a évidemment d'autre part, 7 = 1 [£] v g.f 7=1 |™-| = F£]■ — pour tous les entiers m> i et tous les entiers g". Il s'ensuit l'existence d'une 1 454 ACADÉMIE DES SCIENCES. constante posil Donc, par (4), constante positive A telle que, pour tous les entiers m>i, |i — ?™|]> — |C(y)|<î2l*-l»+J' 2^ m 7/1—3+1 Je suppose maintenant avec M. Knopp que y \b,„\ converge et je ~ m = l pose z = [Vj]- J'obtiens \C{y)\ o), dont la distance à y est inférieure à , > est une réduite —-; il m ^ y' ' 2/»- /,:,' existe donc (en vertu de ^£ m) une constante positive y. telle que, pour tous les entiers m 5 i et tous les entiers g, \my — g\ > — -• On peut donc choisir À>o de façon que, pour tous les entiers iw^i,|i — £m|]> — j- Donc, d'après (4), 2l^'"l étant supposé convergent et .s étant posé = [vV], W!=l \C(.y)\ijJt\bm\m*+^ 2 IM = 0(i2) + 0(f) = 0Gf)- m = 1 /« = ; -f l CHRONOMÉTRIE. — Précision nouvelle de l'indépendance latérale du balancier des chronomètres marins. Atténuation de ta perturbation d'isochronisme due à l'inertie des ressorts réglants. Note de M. Jules Andrade. I. Dans la première Partie de ma Note du 21 avril, dont je conserve ici les notations, l'évaluation de la pression exercée par un spiral double sur la virole commune doit être rectifiée et complétée comme il suit : SÉANCE DU |3 MAI IQl3. 1^55 i° La résultante de translation des actions exercées sur le balancier par El El le spiral double sur sa virole a pour valeur 4ttm5 El 20 Sa composante radiale est 4p-«sin«; 3° Sa direction est fixe et coïncide avec la direction des deux rayons opposés aboutissant aux deux pitons. II. Subsistent sans modification les propriétés énoncées dans la seconde Partie de ma Note et relatives à la suppression complète de toute pression sur Taxe du balancier par l'emploi de deux spiraux doubles convenablement choisis. Il importe de signaler la précision nouvelle de cette indépendance latérale de l'axe du balancier : le calcul montre que le résultat est obtenu à une approximation qui est' au moins de l'ordre de — • Pour p = 20- -+- — , cette fraction est inférieure à — 7- Si nous rappelons que la vibration sinu- soïdale est réalisée par tout spiral double à une approximation de l'ordre de — > soit > on verra que la liberté latérale du balancier obtenue par /r 221000 ' r la nouvelle méthode est pratiquement complète. III. Enfin, montrons que, dans l'association de deux spiraux doubles et tout en respectant la condition d'ajustage, El _ ET (I) 17-77^' on peut considérablement atténuer les petites perturbations d'isochronisme produites par l'inertie des ressorts réglants, perturbations dont les coeffi- cients dépendent des moments d'inertie de ces ressorts par rapport à l'axe du balancier. Comparons, à ce point de vue, le spiral unique S„ approprié à un balan- cier donné et notre assemblage de deux spiraux doubles S, et S,, chaque spiral isolé ayant même étendue angulaire p. Le système (S,S2) sera équi- valent à S0 si, à la relation (1), on ajoute cette autre relation Adoptons par exemple pour les spiraux S,, So, S0 des sections semblables C. R., ig.3, 1" Semestre. (T. 156, N» 19.) ï86 l/p6 ACADÉMIE DES SCIENCES. dont les échelles linéaires respectives sont m, m' et i tandis que les échelles des rayons des spiraux sont respectivement X, X' et i. En employant des spiraux de même métal nous aurons : T- Adoptons par exemple X = o,i8, X' = o,32; le moment d'inertie du système (S, S») sera environ la vingt et unième partie du moment d'inertie deS0. IV. En adoptant les valeurs précédentes de X et X', on trouvera de même que la masse du système (S,S2) est environ le quart de la masse du spiral S0. La remarque III intéresse le réglage, la remarque IV intéresse le prix de revient d'un réglage surtout lorsque les ressorts employés sont en palla- dium. PHYSIQUE. — Biréfringence magnétique de mélanges liquides. Note de MM. A. Cotton et H. Mouton, présentée par M. J. Violle. Nos recherches sur les relations de la biréfringence magnétique des liquides purs avec leur composition chimique (') nous ont montré qu'il serait très intéressant de pouvoir étudier non seulement des corps purs, mais des solutions. Un grand nombre de composés ont un point de fusion trop élevé pour qu'on puisse les étudier à l'état liquide. Une question se pose alors : dans quelle mesure l'étude de la solution peut-elle renseigner sur la biréfringence spécifique du corps qu'on a dissous? Il était tout naturel de commencer ces recherches par l'étude de la biré- fringence magnétique des mélanges. Déjà, dans nos conditions expérimen- tales actuelles, sur certains liquides convenablement choisis, on peut mesurer avec une précision suffisante la biréfringence magnétique, même lorsque la dilution la réduit dans une proportion notable. L'hypothèse la plus simple que l'on puisse faire touchant la biréfringence d'un mélange de deux liquides est que la règle d'addilivité est applicable, c'est-à-dire (') Ann. de Chim. el de Pliys., 8U série, t. XXVIII, février 1913, p. 209. SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. 1 457 que tout se passe comme si les liquides considérés se trouvaient placés dans deux tubes séparés, traversés successivement par le rayon lumineux, ces deux tubes étant de même section que celui dans lequel on examine le mélange et de longueurs telles que les masses respectives y soient les mêmes que dans le mélange. Si cette règle est applicable, il existe une relation simple entre la biréfringence (3 du mélange et les biréfringences j3,„, (3,'„ des deux composants purs, mesurées toutes trois dans le même tube et dans le même champ magnétique. Si l'on sait en effet qu'un volume donné peut être rempli successivement : i° avec un mélange renfermant c grammes du premier corps et c' grammes du second; 2° avec une masse cm du premier corps pur; 3° avec une masse c'nl du second corps, on devra avoir c m c m Le second membre se réduit à son premier terme lorsque le deuxième corps n'a pas de biréfringence sensible; la droite représentant la variation de la biréfringence en Q fonction de la concentration en volume — passe alors par l'origine. Pour soumettre au contrôle de l'expérience la légitimité de cette hypo- thèse, nous avons d'abord étudié des mélanges de nitrobenzène avec du tétrachlorure de carbone, de l'alcool, de l'acétone, du dibromure d'éthy- lène. Voici les résultats obtenus avec les mélanges de tétrachlorure de car- bone, corps inactif : c Valeurs de — (nitrobenzène)... 0,199 0,398 o,5g6 0,790 1,000 Cm Biréfringences [3 observées 26', 6 65', o 1 1 4 ' -, 5 178', 7 272', 2 Biréfringences calculées 54', 2 108', 3 162', 2 2i5',o (272', 2) La règle d'additivité est donc nettement en défaut, les points représen- tant les valeurs de [3 observées se placent très régulièrement sur une courbe convexe vers l'axe des concentrations et, par suite, nettement au-dessous de la droite théorique. Quand on mélange de l'alcool au nitrobenzène, la biréfringence s'écarte de la valeur théorique dans le même sens que précédemment; l'écart est seulement un peu c moindre : un mélange pour lequel — =0, 5i4 donne une biréfringence de 101', alors ^ ru que la valeur calculée serait i3g'. Dans ce cas, comme dans le précédent, tout se passe comme si la biréfringence spécifique du nitrobenzène diminuait par l'addition d'un diluant inactif. Enfin, dans le cas des mélanges avec l'acétone ou le dibromure d'éthy- lène, corps faiblement actifs, les points représentatifs de la biréfringence se mettent encore tout aussi nettement au-dessous de la droite théorique. l458 ACADÉMIE DES SCIENCES. D'autre part, nous avons fait des mélanges de naphtaline monobromè a (corps à peu près aussi actif que le nitrobenzène lui-même) avec du tétra- chlorure de carbone. Cette fois, les écarts avec la loi d'additivité sont beaucoup moindres, mais ils sont cependant supérieurs aux erreurs d'expé- rience. Pour les fortes concentrations en corps actif, ces points sont nette- ment au-dessus de la droite théorique. L'addition du cyclohexane, corps également inactif, au naphtalène monobromè donne encore à la biréfrin- gence du mélange une valeur très nettement supérieure à la valeur calculée. Enfin, le mélange à volumes sensiblement égaux de nitrobenzène et de naphtalène monobromè, corps tous deux actifs, a donné une biréfringence de 262', 8, alors que la valeur calculée était 270', 7. Au point de vue pratique, ces résultais montrent qu'on ne peut pas appliquer rigoureusement à la biréfringence magnétique d'un mélange la règle d'additivité; ils montrent aisément comment et dans quelle mesure la biréfringence des solutions peut nous renseigner sur la biréfringence spécifique des corps dissous. Au point de vue théorique, comment ces faits s'expliquent-ils dans la théorie de l'orientation? On peut admettre ou bien que les éléments orien- tables eux-mêmes sont modifiés, ou bien qu'en présence d'un diluant ils ne s'orientent pas de la même façon que quand le corps est pur ( ' ). On retrouve ici les deux théories qui ont été proposées pour rendre compte des cas très nombreux où les propriétés des mélanges ne sont pas additives : la théorie qu'on peut appeler chimique (défendue, par exemple, par Dolezalek) et la théorie qui se rattache aux travaux de Van der Waals (Timmermans). Remarquons que l'étude de la biréfringence magnétique des mélanges pourra permettre, dans certains cas, de savoir si la première théorie suffit à expliquer les faits expérimentaux. On choisirait un liquide doué à la fois d'une biréfringence magnétique notable et du pouvoir rotatoire naturel ; on lui ajouterait en proportions variables un diluant inactif vis-à-vis de ces deux propriétés ; et l'on mesurerait parallèlement les deux phénomènes. On voit sans peine que, si la première théorie est suffisante, il y aura une relation simple entre les courbes représentant, (') Dans la première hypothèse, il y aurait formation de complexes mixtes de composition définie en proportion variable avec la concentration, ou destruction d'associations moléculaires préexistant dans les liquides purs; dans la seconde, l'orientation d'une molécule donnée dépendrait non seulement du champ extérieur, mais des diverses molécules voisines. SÉANCE DU i3 mai 1913. i45g avec des coordonnées convenablement choisies, les deux grandeurs mesu- rées. Le choix de la biréfringence magnétique et du pouvoir rotatoire dans l'étude de la constitution des mélanges liquides apporte ici une simplification évidente : dans l'un et l'autre cas, on connaît des diluants inactifs par eux- mêmes. PHYSIQUE. — Simplification des raies spectrales par le champ magnétique. Note de M. R. Fortrat, présentée par M. E. Bouty. L'action du champ magnétique sur l'émission de la lumière qu'on croyait, au début, remarquablement simple, a donné des résultats de plus en plus compliqués : tandis que le triplet normal se rencontrait rarement, les effets complexes devenaient de plus en plus nombreux. Il semble maintenant que l'emploi de champs très élevés nous conduise au contraire à une plus grande simplicité. D'une part, en elTet, le triplet normal a repris une importance fondamentale à la suite de la découverte récente de Pasclien et Back; d'autre part, des raies naturellement complexes sont ramassées par le champ magné- tique en une raie unique non décomposée. C'est de ce dernier effet que je vais donner un certain nombre d'exemples. Wendt (') a montré que, dans un champ magnétique élevé, le satellite — 0,232 de la raie 546i du mercure disparait. Wali-Mohammed ('-) a également trouvé de remar- quables simplifications sur les satellites des raies 4/22 du bismuth ei 5o86 du cad- mium, mais les simplifications les plus remarquables ont été décrites par Michelson (3). Les raies 5782,3 du cuivre et 534o du manganèse, toutes deux multiples, donnent une raie simple non polarisée dans un champ magnétique assez intense. J'ai étudié l'action du champ magnétique sur des spectres de bandes et j'y ai constaté la simplification d'un grand nombre de raies naturellement multiples. On sait que quelques spectres de bandes subissent dans le champ magnétique une décomposition accompagnée de polarisation plus ou moins complète, mais la plupart sont insensibles aux champs qu'on a employés jusqu'ici. J'ai pu opérer, au laboratoire de M. P. Weiss, avec des champs plus considérables qui ont déplacé la plupart des raies des bandes sans les décomposer ni les polariser. Cet effet reste néanmoins minime et son étude est pénible. Par contre, on observe aisément des simplifications; je vais en décrire quelques-unes que j'ai obtenues dans un champ de 40000 gauss. (1) Wendt, Ann. der Phvsik, t. XXXVII, 1912, p. 535. (2) Wali-Mohammed, Ann. der Physik, t. XXXIX, 1912, p. 225. (3) Michelson, Nature, t. LIX, 1899, P- ^°- l46o ACADÉMIE DES SCIENCES. La bande verte du carbone est une des mieux connues ( ' ), je ne rappel- lerai pas sa description, mais j'en donne seulement un dessin. Elle se com- pose d'une série de doublets nettement séparés seulement au voisinage de a Fréquence^ 193e ■1940 1950 1960 Cette figure représente la bande verte du carbone (>> = 5i6ô) dessinée dans l'échelle des fréquences, la partie supérieure est la bande sans champ magnétique, la partie inférieure la même bande émise dans un champ de 40000 gauss. La longueur des raies représente leur intensité. la tète, et d'une série de triplets qui se resserrent aussi en s'écartant de la tête. Le c/iamp magnétique fait de tous tes doublets des raies simples et les triplets sont aussi réduits à une raie simple quand ils sont assez étroits (fré- quence supérieure à 1949). Dans les triplets plus écartés, la composante centrale est renforcée tandis que les composantes latérales se rapprochent d'elle en devenant d'autant moins intenses et d'autant moins nettes que le triplet est plus serré. Il est certain qu'un champ plus intense les rendrait tout à fait simples. Dans la série de doublets il manque un terme, et j'ai déjà attiré l'atten- tion sur la perturbation qui se trouve précisément à cet endroit : au lieu du doublet on voit en a un grand nombre de raies que mon spectrographe ne sépare pas et dont j'ai essayé de représenter l'intensité par une courbe sur le dessin (n = 1930,3). Le champ magnétique rassemble toutes ces raies en trois dont une occupe à peu près la position de la raie absente mais avec une intensité trop faible qui deviendrait probablement normale dans un champ plus intense. (') Kayser et Runge, Abhandl. Berl. Akad., 1889. — Thiele, Aslroph. Journ., t. VIII, 1898, p. 1. — Leine.n, Zeitsch. fur wiss. Phot., t. III, 1905, p. i3j. — Fortrat, Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 1 1 53 . — Kudolf Komp, 'Zeitsch. fur wiss. Phot., t. X, 1911, p. 117. (2) Deslandres, Comptes rendus, t. 103, 1886, p. 370. SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l46l La bande bleue du spectre de Swan (A = 473~) a ses raies réparties comme celles de la bande verte, mais elles sont beaucoup moins nettes, la plupart sont floues ou multiples, le champ les rend 'toutes fines et simples, pourtant il ne déplace pas la raie ^3 1, 8 éloignée d'un demi-angstrôm de sa position régulière. J'ai étudié également le spectre du pôle négatif de l'azote. Il a été obtenu en faisant éclater une décharge électrique convenable entre deux tiges de cuivre. Le champ déplace une partie des raies, mais surtout les rend plus fines et produit un certain nombre de simplifications dont je citerai deux exemples typiques. La bande A = 3i5o, (deuxième groupe positif) contient plusieurs séries de raies simples ; dans l'une d'elles, la raie A = 3 1 4 1 , 7 est accidentellement double, ses deux composantes, moins intenses, à o,o5 angstrôm l'une de l'autre, sont ramenées en coïncidence par le champ et l'intensité devient normale. La bande A = 47°9 (groupe négatif) contient une série de doublets dont l'écart en fonction du numéro d'ordre varie plus régulièrement dans le champ que sans lui, mais cet effet est peu de chose à côté de ceux que j'ai cités précédemment. Ce phénomène de régularisation par le champ parait assez général dans les spectres de bandes. Il n'est pas certain qu'il résulte d'une action directe du champ; son existence est néanmoins remarquable et il peut faciliter l'étude théorique des spectres qu'il simplifie, mais on ne peut le produire que dans des cas spéciaux, lorsque les groupes de raies sur lesquels il agit sont assez resserrés; dès qu'ils sont un peu écartés, les moyens dont nous disposons cessent d'être assez puissants pour agir. ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur les phénomènes optiques présentés par les rayons de Rôntgen rencontrant des milieux cristallins. Note de MM. M. de Broglie et F.-A.Lindemanx, présentée par M. E. Bouty. En dirigeant sur un cristal un faisceau circulaire de rayons de Rôntgen sous une incidence de 700 à 85°, on obtient des images de réflexion qui sont souvent striées de franges ( ' ), les photographies publiées dans les Comptes rendus du 14 avril 191 3 en donnent des exemples très nets. (') Comptes rendus, 14 avril igi3. l462 ACADÉMIE DES SCIENCES. Nous nous sommes proposé de rechercher la cause de ce phénomène. Trois explications semblent pouvoir être mises en avant : 1. Les franges peuvent être les différentes lignes d'un spectre. Cette explication paraît devoir être rejetée; la tache de réflexion régu- lière qui devrait être blanche, c'est-à-dire non dispersée, présentant elle- même des franges. Sur une plaque photographique disposée perpendicu- lairement au plan d'incidence et au plan de réflexion un premier groupe intense d'images est disposé sur un cercle passant par la tache de réflexion régulière ; la disposition des franges dans les images de ce cercle n'est aucunement conforme à ce qu'elle devrait être dans l'hypothèse que nous examinons; nous verrons plus loin (§ 4) qu'un effet de dispersion peut exister mais que ce n'est pas là qu'il faut le chercher. 2. M. Hupka (') a proposé d'expliquer les franges par un phénomène d'interférence entre les rayons réfléchis successivement sur une série de plans réticulaires parallèles à la face réfléchissante; ces interférences ^e font, ou non, avec extinction, suivant la valeur de l'angle d'incidence et, comme pratiquement le faisceau est toujours un peu divergent, il en résul- terait des lignes brillantes ou obscures. On pourrait dire, d'une façon plus générale, que, dans la théorie de la diffraction par les réseaux à trois dimensions, donnée par M. Laue, les équations qui fournissent les cosinus directeurs d'un maximum principal sont, en général, incompatibles pour un angle d'incidence donné; elles peuvent devenir compatibles en faisant varier légèrement cet angle d'inci- dence, ce qui entraîne l'existence de franges dans les images fournies par un faisceau un peu divergent. Théoriquement, le phénomène d'interférence dont il s'agit doit en effet se produire; il ne semble pas cependant que les franges observées lui soient généralement attribuables; la difficulté d'obtenir des faisceaux rigoureuse- ment coniques, partant d'un foyer bien défini sur l'anticathode, rend incer- taine l'interprétation des résultats; nous avons souvent observé deux types différents de franges; l'un d'eux, présentant des lignes nombreuses et serrées, p-ourtait correspondre à ce phénomène. 3. Les franges peuvent être dues à des réflexions sur des plans de clivage, (') Vf.rh. d. d.phys. Ges., t. XV, 1910, p. 164. SÉANCE DU l3 mai 191 3. i4<33 plus ou moins amorcés, existant accidentellement dans le cristal. Si l'on fait la construction géométrique qui donne les dispositions relatives des franges dans cette hypothèse, on retrouve bien les résultats expérimentaux; la régularité, souvent observée dans l'espacement des franges, peut prove- nir de strates existant normalement dans les cristaux, forcément assez gros (fluorine, sel gemme), qui ont été employés. L'écartement des franges dans l'image de réflexion régulière doit être égale à deux fois la distance des plans réfléchissants; elle a donc, comme limite supérieure, le double de l'épaisseur du cristal employé. En fait, celte condition nous a toujours paru remplie. Nous inclinons à rapporter à cette dernière explication le second type de franges à raies larges et peu nom- breuses. 4. La condition de réalité, exprimant que la somme des carrés des cosinus directeurs d'un maximum principal est égale à l'unité s'écrit, pour un cristal cubique dont l'arête élémentaire est égale à a, - =/(Aii Aî,/i3, P en fonction de la pression réduite — > concordent sensiblement. Dans les cas où la r 7T concordance n'est qu'approchée, l'écart est dans le même sens pour chacune des deux branches (correspondant au liquide et à sa vapeur) des courbes considérées. Pu Pu La concordance des courbes donnant, pour les divers corps, -^- p=- sera donc meilleure que celle des courbes d'Amagat. J'ai calculé les valeurs de -^ ^ en fonction de — en me servant des ni K 1 71 déterminations de Young (6) sur le fluorobenzène. (') Présentée dans la séance du 28 avril 1910. (*) Comptes rendus, t. 150, igi3, p. 225. (3) Ann. de Chini. et de Phys., 8e série, t. XIX, 1910, p. 44' • ('•) Traité de Chimie générale, lre Partie, p. 3 1 1 . (5) Comptes rendus, t. 156, 191 3, p. 271 et 843. ('•) Se. proc. R. Pub. Soc., (n. s.), t. XII, p. 4 '4- SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. 1 465 J'ai obtenu le Tableau suivant que j'ai représenté par un graphique : i 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 Pu, Pu, ht"rt 0.4 0.3 0.2 0.1 0.1 0.2 0 3 04 0.5 0.6 Pressions réduites 0.7 08 0.9 p P». Pu. Pu, Pu, T. RT" RT RT RT 0,01902 0, 97483 0,00296 0,97187 0,03471 0,96448 o,oo526 0,95922 (') o,o5865 o,933io 0,00870 O.92440 0,09353,0 0,89814 0,01 364 o,8845o 0, 14240 o,86i58 0,02005 o,84i53 0 , 20659 0,81762 0,02961 0,78801 0,29190 0,76976 0,04198 0,72778 0,39956 0,71605 0,05822 o,65783 o,53553 0, 64836 0,08025 o,568i 1 0,70654 0,56427 O, 1 1225 O, '(5202 0,92052 1 0,42730 0,16924 o,258o6 0 (l) Cette valeur est trop forle; elle donne, sur le graphique, un point s'écartant légèrement de la courbe régulière représentant l'ensemble des résultats. l46(5 ACADÉMIE DES SCIENCES. P Lé ferme i de Nernst est représenté par une droite. Les deux gra- I' P pliiques se coupent pour — = 0,220. Pour les valeurs de — inférieures à 0,220 le terme de Nernst est donc trop fort sans que l'écart des deux gra- phiques soit grand. Cela explique que la correction de Nernst soit, en première approxima- P . , . tion, suffisante pour - inférieur (ou peu supérieur) à 0,22a. Au delà l'écart devient bientôt considérable. J'ai effectué les mêmes calculs pour l'isopentane, Su Cl4, CH'OH d'après les données de Young (/oc. cit.) et CO% d'après Amagat pour les densités, et Villard (' ) pour les tensions de vapeur. Sauf pour CH3OH, dont la courbe est sensiblement trop basse, les 1. , 1 P"i P«3 , , résultats concordent, pour le terme -5™ — -fp^> a 0,01 près. Je crois donc que, sauf pour les corps nettement polymérisés, la méthode de calcul précédente pourra avoir quelque utilité. CHIMIE MIXÉRALE. — Sur les plwsphures d'hydrogène solides. Note de M. Louis Hackspill, présentée par M. H. le Chatelier. La découverte du premier phosphure d'hydrogène solide date de i835 et est due à Le Verrier. Paul Thénard lui attribua la formule brute P2H qui lui a été conservée par les différents chimistes qui ont repris l'étude de ce corps (a). On le prépare généralement par la décomposition du phosphure liquide, très instable, P21P. MM. Stock, Bottcher et Lenger ( 3) ont beaucoup amélioré la technique de leurs prédécesseurs, en faisant passer sur un corps poreux soluble (chlorure de calcium desséché) le mélange de PU3 et de P2IP, obtenu par l'action de l'eau à 6o° sur le phosphure de calcium. Par dissolution du corps poreux, on obtient le phosphure solide très divisé, qu'on peut rassembler en centrifugeant, laver à l'alcool, à l'éther, (') Ann. de Chini. et de Phys.,-]" série, t. X. 1897, p. 387. (2) Rose, Ann. Chim. et P/iys. Pogg., 1828, p. 543. — Besson, Comptes rendus, t. 111, 1890, p. 972. — ■ Kudorfk, Ann. Chim. et Phys. Pogg., 1860, p. 4?3. — P. Joli- bois, Thèse, 1910. — ScHEitGK, Ber. , t. XXXVI, igo3, p. 979. (3) Stock, Bottcher et Lenuer, fier., t. XLIl, 2, 1909, p. 2809. SÉANCE DU l3 MAI 19l3. 1 4'»7 et sécher dans le vide. Il se présente alors sous l'aspect d'une "poudre jaune clair, amorphe, ayant au microscope un aspect spongieux. La moyenne de nombreuses analyses a donné une proportion d'hydrogène et de phosphore assez voisine de celle exigée par la formule P'2H. S'appuvant sur le travail de Schenck et Btick (') (crvoseopie dans le phosphore blanc) les auteurs de ce mode de préparation proposent d'adopter la formule PI2H6 qui a en outre l'avantage d'exprimer plus simplement la production à 170° d'un second phosphure solide P9 H2 (2) corps jaune orangé que l'ammoniac dissout sans décompo- sition tandis qu'il ramène P12H6 à l'état P9 1 12 avec dégagement de phosphure gazeux. La question en était là lorsque j'obtins, en collaboration avec M. R. Bos- suet (3), les quatre phosphures alcalins de formule P5\I-. Os corps, traités par l'acide clilorbydrique, ou mieux par l'acide acétique, très étendus, donnent, avec un faible dégagement gazeux, un phosphure d'hydrogène jaune clair dont la composition correspond à la formule P^tP, comme le montrent les trois analyses suivantes : Volume d'il à 0° et 760""". 'l'ise. R( isidu. Trouvé. Kxiyé p< mi' ; Pl- F p5 IIJ. H5. cin1 cm1 CQl3 0, 2I2D 0 ,0029 29. ,79 29 .78 ^7 ,12 O, 1 555 0, oo3i 20 >9 21 ,65 26 ■ 99 0, 201 5 0. oo45 28. ,4 27 .99 34 ,88 D'autre part, le phosphure préparé par la méthode de Stock, chauffé dans le vide à 8o°, fournit d'abord un rapide dégagement de phosphure gazeux, qui se ralentit au bout de quelques heures lorsque le corps restant dans la nacelle correspond sensiblement à la formule P5H-. Tous ces faits démontrent l'existence du phosphure P5 H1', sorte d'acide donnant les phosphures métalliques de formule correspondante P5K-, P5Rb2, etc. Par contre, l'existence de P2H ou, si l'on veut, de P'2H°, semble incer- taine. Cette formule a été établie par l'analyse du produit de la décomposi- tion de P2tP; or on sait que ce phosphure liquide dissout avec facilité le phosphure solide, il semble permis de considérer comme probable l'exis- tence du phénomène inverse. Une petite quantité de phosphure liquide, retenue par P5H-, serait de ce fait stabilisée comme la nitroglycérine fixée (') Schenck et Buck, Ber., t. XXXVII, 1, 190:4, p. 910. (-) Stock, Bôttchkr et Le.ngkr, Ber., t. XLI1, p. 2847. (3) HàCKSPIU, et BossUET, Comptes rendus, t. 154, 1912, p. ■:>.<«). l468 ACADÉMIE DES SCIENCES. sur un corps poreux, et l'ensemble donnerait à l'analyse un volume d'hydro- gène voisin de celui exigé par la formule P4Ha. Quant à la cryoscopie dans le phosphore blanc, ses résultats sont fort discutables, non seulement en raison des difficultés expérimentales qui sont grandes, mais surtout parce qu'il parait peu vraisemblable que PI2H6 existe en solution dans le phosphore ; il est plus naturel d'admettre qu'il se combine à son solvant pour former P9H2, corps plus stable, décrit par S tock . J'ajouterai que j'ai obtenu, en collaboration avec M. R. Bossuet, une série de phosphures métalliques correspondant à l'acide P5H2 et obtenus au moyen des phosphures alcalins. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l acide phènyi-'x-oxycr otonique; sa préparation; nouvelle isornèrisalion . Note de M. J. Bougault, présentée par M. A. Haller. Deux procédés ont été proposés jusqu'ici pour la préparation de l'acide phényl-a-oxycrotonique C6H5.CH = CH.CHOH.C02H : i° Le procédé de Fittig ('), consistant dans le traitement à froid de la solution éthérée du nitrile phényl-a-oxycrotonique par l'acide chlorhy- drique concentré. 2° Le procédé d'Erlenmeyer (2), où le point de départ est l'acide ben- zalpyruvique C'H5. CH = CH.CO.C02H qu'on hydrogène par l'amal- game de sodium. Du mélange des divers acides, formés simultanément dans cette hydrogénation, on peut retirer l'acide cherché par l'intermé- diaire de sa lactone iodée, ainsi que je l'ai indiqué (3). Ni l'un ni l'autre procédé ne donne de rendements très avantageux. Ayant besoin d'une grande quantité d'acide phényl-a-oxycrotonique pour un travail que je poursuis en ce moment, je me suis attaché à amé- liorer sa préparation. I. Comme matière première, j'ai choisi l'amide correspondant, qu'on obtient aisément en suivant les indications que j'ai données récemment(4). (l) Liebig's Annalen, t. CCX'CIX, 1898. ( -) Berichte d. d. chem. Gesell., l. XXXVI, 1903, p. 2028. (•') J. Bougault, l/i/i. de Chim. et de Phys., 8e série, 1. XIV, 1908, p. 179. (') J. Bougault, J. de Pliarm. et de Chim., -f série, t. VI, 1912, p. 337. SÉANCE DU l3 MAI lqi3. i/j'Jo, Cet amide se saponifie avec la plus grande facilité, aussi bien par les alcalis que par les acides. Toute la difficulté de la préparation de l'acide phényl- a-oxvcrotonique tient à sa facile isomérisation, soit en acide benzylpyru- vique C6H5.CH2.CH2.CO.C02H sous l'action des alcalis caustiques, soit en acide benzoylpropionique C6H5. CO.CH2.CH2. CO'2H sous l'action des acides forts. Mes recherches ont donc eu pour objet de trouver un alcali ou un acide assez énergique pour effectuer la saponification de L'amide, mais pas assez puissant pour produire l'isomérisation. Je suis arrivé au but dans les deux directions et avec un succès particulier au moyen des acides. Je résume brièvement l'es résultats obtenus. II. Lorsqu'on porte à l'ébullition L'amide phényl-a-oxycrotonique avec une solution aqueuse de carbonate ou de bicarbonate alcalin, le dégage- ment d'ammoniac commence aussitôt, mais persiste très longtemps. Si l'on attend que tout l'ammoniac soit dégagé, on ne trouve plus d'acide phényl-a-oxycrotonique, mais divers acides parmi lesquels domine l'acide benzylpyruvique. Si l'on arrête l'ébullition au bout de 3o à 4o minutes, on trouve une assez forte proportion d'acide phényl-a-oxycrotonique qu'on isole du mélange des divers acides présents en le convertissant en lactone iodée (voir plus haut). On peut ainsi obtenir, en acide cherché, 3o à 40 pour 100 de l'amide employé. III. Les acides conduisent plus aisément à de meilleurs résultats. Les acides oxalique et phosphorique, que j'ai particulièrement étudiés, saponifient rapidement l'amide phényl-a-oxycrotonique sans produire d'isomérisation importante dans le temps nécessaire à la saponification. Si, par exemple, on porte à l'ébullition, pendant une heure, 200™' d'eau, i5s d'acide oxalique et ioK d'amide phényl-a-oxycrotonique, on obtient par refroidissement un abondant précipité de l'acide cherché, qu'il suffit de séparer, par l'éther, de l'oxalale d'ammonium déposé en même temps. On le purifie par cristallisation dans un mélange d'éther et de benzine. Les rendements atteignent 80 pour 100. IV. Au cours de ces recherches, j'ai isolé un acide assez intéressant, de formule G,0H,0O3, qui résulte d'une nouvelle isomérisation de l'acide pliényl-x-oxycrotonique. 147O ACADÉMIE DES SCIENCES. D'après mes premières observations, il parait répondre à la constitution CH5.COH = CH.CH2.C02H. Il serait ainsi la forme énolique de l'acide benzoylpropionique C6H5.CO.CH2.CH2C02H. Il se transforme d'ailleurs aisément en ce dernier acide, sous l'action des alcalis caustiques et des acides forts. Le nouvel acide Cl0H,0O3est cristallisé; il fond à 910. Il est assez soluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool, l'acétone, l'éther, un peu soluble dans le chloroforme et le benzène chauds, insoluble dans l'éther de pétrole. Je continue l'étude de cet intéressant composé. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le i-benzoyl-i-phényl- A^-cyclopentêne . Note de M. Edouard IJauer, présentée par M. A. Haller. Dans une précédente Communication (') nous avons montré que le dibenzoylbutane-1.4 se cyclisait sous l'influence de l'alcoolate de sodium avec élimination de imo1 d'eau et formation de i-benzoyl-2-phényl-A,-cyclo- pentène fondant à 53° et de i-benzoyl-2-phényl-Aa-cyclopentène fondant à 980. Cette même réaction peut s'obtenir également sous l'influence con- densante de l'amidure de sodium. Quand on ajoute à une solution de dibenzoylbutane (i"5o1). dans le benzène anhydre, j.i.oi d'amidure de sodium finement pulvérisé et qu'on porte le mélange à l'ébullilion, on constate un dégagement d'ammoniac correspondant à f de molécule. On verse alors le produit de réaction sur de la glace, on décante la solution benzénique qu'on lave convenablement, on chasse le solvant au bain-marie et l'on distille le résidu sous pression réduite. La majorité du produit passe à 22o0-225° sous i6mm. A la fin de la distillation, le thermomètre atteint 25o°, température à laquelle passe une petite quantité de dicélone inaltérée. La fraction 22o°-225° ne tarde pas à cristalliser et l'on arrive par des cristallisations répétées à la séparer en les deux benzoylphénylcyclopenlènes isomères fondant respectivement à 53° et 980. Elude du \-benzoyl-i-phényl-A.1-cyclopentène fondant à 98". — Si la constitution que nous avons attribuée au produit fondant à 980 est exacte (formule I), nous pouvons comparer cette cétone à une acélophénone dialcoylée et, comme telle (2), elle doit pouvoir donner naissance en pré- sence d'amidure de sodium à un dérivé sodé susceptible de réagir à son lotir (') Comptes rendus, t. 155, 1912, p. ?S8. (2) A. Haller et Ed. Baurr, Comptes rendus, 1. 1 V8, 1909, p. 70. et A un. de Cltim. et de Phys., 8': série, t. XXVIII, U)i3, p. 3;3. SÉANCE DU l3 MAI I9l3. 1471 sur les iodures alcooliques (en particulier sur l'iodure de méthyle) avec formation d'un dérivé C alcoylé (formule II) C«H5 CGHS C6 H5 C6H3 CH l. C CH- -COC6H5 CH G c/cw \COC6H3 G H C Cil - . CH3 CH C /CH3 \CONH2 CH2 r,H'- CH2 CH2 CH2 ch2 c.w CH2 1. n. m. IV. Enfin cette nouvelle cétone alcoylée, ne possédant plus d'atomes d'hy- drogène substituables fixés sur les carbones situés en a du groupement cétonique, doit réagir sur l'amidure de sodium comme une trialcoylacéto- phénone ('). Il devra donc se produire dans cette réaction une rupture de la chaîne carbonée à côté du groupe CO, avec formation soit de i-méthyl- 2-phényl-A2-cyclopentène (formule III) et d'amide benzoïque, soit de benzène et d'amide de l'acide i-méthyl-2-phényl-A2-cyclopentène-i-carbo- nique (formule IV). L'expérience a entièrement confirmé ces prévisions. Méthylation du i-benzoyl-i-phényl-k.,-cyclopentène : Le benzoylphénylcyclopentène (5s), dissous dans du benzène anhydre (5os) et traité par imo1 d'amidure de sodium ( 1»), donne après 2 heures d'ébullition un dégagement correspondant à f de molécule d'ammoniac. L'amidure se dissout lentement et la solution devient parfaitement limpide et à peine colorée. En décomposant le dérivé sodé par de la glace, nous avons régénéré /Je, 7 de la cétone primitive fondant à 980. Dans ces conditions, l'amidure n'opère donc pas de transposition moléculaire ni de migration de double liaison. Dans une seconde expérience, i2fide cétone ont été sodés au sein de iooB de benzène par 2S d'amidure de sodium, puis nous avons ajouté iosd'iodure de méthyle. L'iodure de sodium se dépose rapidement. On verse le produit de réaction dans de l'eau, on lave convenablement la solution benzénique, on distille % benzène et l'on rectifie l'huile restante sous pression réduite. On obtient ainsi iog,7 d'un liquide passant de 223°-224° sous 23nilD, dont l'analyse conduit à la formule C,0Hl8O du i-métbyl-i-benzoyl-2-phényl- A2-cyclopentène (formule II). Il se présente sous la forme d'une huile épaisse, ne cristallisant pas, décolorant instantanément une solution cblo- roformique de brome et réduisant le permanganate de potasse à froid. Action de l'amidure de sodium sur le i-méthyl-i-benzoyl-i.-phényl-Ao-cyclo- (') A. Haller et Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 127. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 19.) 188 T472 ACADÉMIE DES SCIENCES. pentène. — iosde cette cétone ont été traités par 2K, 5 d'amidure de sodium au sein de 5os de benzène. On n'observe pas de dégagement appréciable d'ammoniac. Le liquide prend une teinte rouge brun et, au bout de 2 heures d'ébullilion, on voit des croûtes cristallines se déposer au fond du ballon. On décompose alors le produit de réaction en y ajoutant goutte à goutte de l'eau et on filtre le précipité cristallin qui se forme. La solution alcaline aqueuse, acidifiée, laisse déposer de petites quantités d'acide benzoïque fondant à 12 1°. Les cristaux séparés de la solution benzénique se déposent par cristallisation dans le benzène bouillant sous la forme de fines aiguilles fondant à i62°-i65°. A côté de ce produit nous avons réussi à isoler de petites quantités d'amide benzoïque fondant à 1270. La solution benzénique, séparée des cristaux, a été convenablement lavée, puis on a chassé le benzène au bain-marie et Ton a distillé le résidu sous pression réduite. Il passe de 1 1/|° à 1 180 sous 20mm un liquide limpide, très mobile, à forte odeur de carbure et il ne reste qu'un faible résidu au fond du ballon. L'analyse du produit fondantà i65" conduit à la formule C,3Hl5ON, qui est celle de Vamide-i-méthyl-2-phényl-A2-cjcloperitêne-i-carbomque (for- mule IV). Cette amide s'obtient par refroidissement de sa solution benzé- nique en fines aiguilles fondant à i65°, insolubles dans l'éllier, peu solubles dans le benzène à froid, solubles dans l'eau ammoniacale à cbaud, déco- lorant une solution cbloroformique de brome et réduisant le permanganate de potasse. Le liquide distillant de 1 14° à 1 180 sous 2omu' bout après recti- fication à n()0-ii7° sous iomm et répond à la formule CI2H14 du i-méthyl-2-phényl-A3-cyclopentêne (formule III). C'est un liquide très mobile, très volatil, à odeur pénétrante, décolorant instamment l'eau de brome et réduisant rapidement à froid une solution aqueuse de permanga- nate de potasse. Comme nous venons de le voir, l'amidure de sodium régissant sur le i-benzoyl-i-méthyl-i-phényl-Ao-cyclopentène au sein du benzène a scindé cette cétone en partie en i-méthyl-2-phényl-A2-cyclopentène et amide benzoïque par rupture de la cbaîne entre le groupe cétonique et le groupe cyclopentène, et en partie en benzène et amide i-méthyl-2-phényl-A2- cyclopentène-i -carbonique par rupture de la chaîne entre le groupe céto- nique et le groupe pbénylique. SÉANCE DU l3 MAI IC)l3. i4^3 MINÉRALOGIE. — Sur la présence de bandes calcaires dans la partie suisse du massif des Aiguilles- /longes. Note de M. Maurice Lur.Eox el M"*" Elisabeth Jérëminb, présentée par M. A. Lacroix. Le massif des Aiguilles-Rouges constitue une des unités hercyniennes de la chaîne alpine. Les schistes cristallins, en général très redressés, suppor- tent en discordance le Carbonifère stéphanien. Des venues granitiques coupent ici et là les vieilles roches d'aspect archéen. Il semble qu'un vaste batholite règne sous tout le massif. Une des apophyses considérables est connue depuis longtemps dans les environs de Vallorcine. Ailleurs se ren- contrent de nombreux filons aplitiques. Mais dans ce grand ensemble existe, çà et là, des calcaires signalés par quelques auteurs. De Saussure mentionne de ces roches au bas du sentier d'Alesse (rive droite du Rhône); Fournet découvre plus tard des calcaires à idocrase entre Martigny et Ver- nayaz; Gerlach indique un autre affleurement à Itroz, dans la profonde coupure trans- versale du Trient; enfin Renevier décrit un quatrième gisement au-dessus de Rranson (rive droite du Rhône ). Nous avons pu retrouver, souvent avec beaucoupde difficultés, ces quatre gisements, mais l'étude que nous avons entreprise nous a révélé d'une part d'autres affleurements, el d'autre part nous avons cherché à connaître quelle était l'inlluence que pouvait avoir eue les roches ignées sur ces roches sédimentaires. Les nouveaux affleurements reconnus s'alignent avec les anciens selon quatre bandes parallèles à la direction moyenne des schistes cristallins. 1. Un affleurement, situé sur le sentier de la Forclaz à Arpille, jalonne une bande méridionale. 2. Une longuebande, qui paraît ininterrompue et que nous avons suivie sur 4km commence à Itroz et parait devoir se joindre avec l'affleurement découvert par Fournet. 3. Deux affleurements alignés selon la direction des schistes cristallins, dans les hauteurs qui dominent la rive droite du Rhône, fixent la position d'une nouvelle bande. 4. Enfin l'affleurement du sentier d'Alesse serait l'amorce d'une bande septentrionale. Ces bandes calcaires sont d'épaisseur variable. La plupart ne forment que des lentilles très étirées; celle d'Alesse n'a que 3m d'épaisseur; celle qui 1474 ACADÉMIE DES SCIENCES. domine Branson 5m. Seule celle d'Itroz est moins laminée, sa puissance peut dépasser 26™. En général, ces affleurements sont constitués par une alternance de bancs calcaires et de roches cristallines. A Itroz, on peut compter quatre bancs calcaires, neuf sur le sentier d'Alesse. Ces calcaires sont en général laminés, marmorisés. Pour le moment nous nous sommes contentés d'examiner leur composition minéralogique, laissant pour une Note plus détaillée ce que nous montrera leur compo- sition chimique et les transformations endomorphiques des roches éruptives encaissantes. Dans ces gisements, du moins pour trois d'entre eux, la roche métamor- phosée sédimentaire est en contact avec une aplite très riche en quartz. Les minéraux métamorphiques de ces marbres sont en général peu abondants et avec quelques différences individuelles pour chaque gisement. Nous avons reconnu : diopside, phlogopite, graphite, quartz, idocrase, orthose, sphène, grenat. L'idocrase est incolore, négative. Elle se présente en grains arrondis très petits. Au- dessus du sentier d'Alesse elle est développée en grands cristaux de forme irrégulière, brisés et imprégnés de calcite. Ici elle a parfois une structure pœcilitique englobant les petits grains ronds de grenat. Ce grenat rose (grossulaire) se rencontre dans cette roche sous forme de grands cristaux irréguliers, également brisés et imprégnés de calcite. Le graphite forme de petits grains ou des lamelles hexagonales à bords arrondis. Le sphène est rouge, polychroïque, possédant très souvent la forme typique en toit. Plus rarement, on rencontre des plagioclases acides, des chlorites (pennine et délessile), trémolite et zoïsite. Tous ces minéraux sont répartis ordinairement sans aucun ordre apparent parmi les plages de calcile aux macles polysynthétiques, mais parfois ils forment des bandes, et si elles sont riches en graphite, le calcaire passe à une variété rubanée ( Itroz). Le fort écrasement des calcaires se traduit dans la structure cataclastique : les plages de calcite nagent dans les menus débris de ce même minéral, le quartz a une extinction onduleuse, et dans les calcaires étirés ils sont également étirés, allongés dans le sens de l'écoulement. De ces faits révélés par l'examen sur place et par l'étude au microscope, on peut conclure à une contemporanéité des marbres et des schistes cris- tallins qui séparent et accompagnent leurs bancs, sans que l'on puisse préciser l'âge autrement que de dire qu'ils sont ante-carbonifères. Mais un fait important paraît découler de l'alignement remarquable de ces bandes et lentilles sédimentaires. Jusqu'à ce jour les essais de subdi- vision tectonique de l'immense masse monoclinale de schistes cristallins du SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l4^5 massif des Aiguilles-Rouges ne pouvait se baser sur aucun argument plau- sible. La similitude de ces bancs calcaires, les uns avec les autres, nous autorise à croire qu'ils appartiennent à la même formation, et il y a des. probabilités pour que ces bandes représentent des noyaux synclinaux. Les quatre bandes découvertes à ce jour limiteraient cinq anticlinaux de ce tronçon de la vieille chaîne. Enfin, la présence de minéraux de contact dans ces marbres nous montre qu'ils sont plus anciens que la montée des roches ignées qui ont injecté le massif dans son ensemble. Ainsi, peu à peu, se précise la nature encore bien obscure de ces frag- ments de la chaîne hercynienne compris dans les Alpes. AGRONOMIE. — Sur les bouillies fongicides mouillantes. Note de MM. V. Vekmorei, et E. Daxtony, présentée par M. Miintz. Dans une précédente Note (') nous avons fait connaître que les solutions de grande viscosité superficielle étaient susceptibles de mouiller les végétaux au même titre que celles de faible tension superficielle. Le méca- nisme de la mouillabilité est bien connu pour les solutions de faible tension (loi de Clairaut); il l'est beaucoup moins pour celles de grande viscosité. Nous avons observé que les liquides jouissant d'une grande viscosité superficielle se comportent, dans la couche extrêmement mince qui les sépare de l'atmosphère ou des parois des récipients, comme des liquides très visqueux, bien qu'ils soient, dans leur ensemble, parfaitement fluides ; ils moussent facilement et donnent ainsi naissance à des lames liquides très minces et, par conséquent, très visqueuses. Ce sont ces propriétés qui per- mettent aux solutions de grande viscosité superficielle de mouiller les végétaux. Si, en effet, on plonge une feuille de vigne dans une solution de grande viscosité superficielle, elle n'est pas mouillée (surtout si elle est pubescente); mais, si l'on pulvérise cette solution sur la feuille, les gouttes projetées s'aplatissent, se réunissent et forment une lame liquide extrêmement mince qui sèche, sans former de solution de continuité, parce qu'elle est très visqueuse. La feuille est mouillée. Nous avons indiqué que la gélatine permettait d'obtenir des solutions de (') Comptes rendus, i3 mai 191 2. 1^7^ ACADÉMIE DES SCIENCES. grande viscosité superficielle et nous avons conseillé son addition aux bouillies cupriques pour les rendre mouillantes. Toutes les gélatines, à des doses variant entre 20B et 5o5 par hectolitre, peuvent être employées pour les verdets et pour les bouillies bordelaise ou bourguignonne acides. Par contre, nous avons reconnu que, dans les bouillies bourguignonnes basiques, le carbonate de soude insolubilisait la gélatine (confirmation des travaux de MM. Lumière et Seyewetz) et réduisait ainsi la viscosité superficielle. Dans les bouillies bordelaises alcalines, c'est la formation classique du biuret qui vient amoindrir la viscosité superficielle. Cependant pour ces bouillies, certaines gélatines, présentant une viscosité superficielle très grande, donnent un pouvoir mouillant suffisant; malheureusement, on ne connaît pas encore le moyen d'obtenir ces gélatines spéciales ; jusqu'ici, leur production semble dépendre du hasard ou des accidents de fabrication. En pratique, le viticulteur éprouve donc, à se les procurer, des diffi- cultés insurmontables; aussi avons-nous cherché une substance peu coûteuse capable de les remplacer. Parmi les produits que nous avons essayés, la caséine nous a donné les meilleurs résultats. Il suffit d'ajouter, à ihl de bouillie bordelaise alcaline, préparée à la façon ordinaire, de 20»' à 5oB de caséine préalablement dissoute dans un lait de chaux pour obtenir une bouillie très mouillante. Dans une bouillie acide, la caséine s'insolubiliserait et ne serait d'aucune utilité. En résumé, toutes les bouillies cupriques peuvent être facilement et écono- miquement rendues mouillantes (pour la vigne) par V addition : i ° De gélatine pour les bouillies à réaction acide ; i° De caséine pour les bouillies à réaction alcaline. AGRONOMIE. — Evolution du soufre dans le sol; élude sur son oxydation. Note de MM. Ch. Iîiuoux et M. Guerbkt, présentée par M. A. Miintz. L'action fertilisante du soufre et son évolution dans le sol sont actuelle- ment l'objet, de recherches de la part d'un certain nombre d'expérimenta- teurs, en particulier de MM. Boullanger et Dugardin (') et de M. Démo- lon('). ' (') Comptes rendus, 5 février et 22 juillet 1912. (2) Comptes rendus, 19 février 1912 et 3 mars igi 3. SÉANCE DU l3 MAI I9l3. l477 De notre côté, nous poursuivons depuis plusieurs mois des expériences ayant surtout pour but d'étudier l'évolution du soufre dans le sol. La Note que nous présentons aujourd'hui montre quelle est l'influence, sur l'oxyda- tion du soufre, de la nature du sol, et de certaines substances bydrocarbo- néesou azotées, ajoutées à la terre. Elle tend à prouver que cette oxydation est presque exclusivement d'ordre microbien. ■ I. Influence de la nature du sol et de l'addition de substances hydrocahbonées et azotées. — i° Terre de jardin, légère, silico-calcaire (6 pour 100 de C03Ca) et humifère. — La terre, additionnée de 4 pour iooo de soufre sublimé et de 5 pour iooo des substances indiquées ci-dessous, est placée, par lots de 5ooS\ dans des cuvettes plates de jo™x 20™; l'humidité est amenée à 20 pour 100 avec de l'eau distillée et les cuvettes, recouvertes d'une lame de verre pour modérer t'évaporation, sont maintenues à l'étuve à 25°. Tous les 5 jours, on prélève 5os de terre et l'on y dose l'acide sulfurique. La terre restante est remaniée à la main, et tous les 2 ou 3 jours, le taux d'humidité est ramené à 20 pour 100. Après 5 jours. 10 jours. 15 jours. 20 jours. 30 jours. so3 so2 so3 so3 ~sœ^ par kg par kg par kg par kg par kg Je S de S de S de S de S Nature des essais. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. terre. oxydé. terre, oxydé. g P. IOO £ P- m" g P. IOO g p. g p. IOO i° Témoin sans soufre .. . . o,ii3 »(') o,i54 » 0,200 » o,23o » o,253 » 20 Terre 1 ks -+- 48 soufre.. . . o,236 1,2 2,5ao 23,6 4,656 44*5 5, 204 49>7 6,420 59,9 3° Terre 1 ks — (- 5s saccharose + 4"'soufre 0,180 0,7 o,353 2,0 0,682 4)8 1,628 i),<> 3,o46 27,9 4° Terre iks -+- 5s amidon -H 4B soufre 0,257 i,4 0,485 3,3 o,838 6,3 1,294 10,6 2,680 24,3 5° Terre iks -+- 5s peplone -t- 4S soufre o,5i5 4,o 1,060 9,0 4>20o 4°i9 7,o83 68,5 8,45o 82,0 La teneur en sulfates du lot témoin triple presque pendant la durée de l'expé- rience, celte terre de jardin étant particulièrement riche en produits sulfurés, orga- niques ou minéraux. L'oxydation du soufre introduit dans les autres lots s'effectue lentement au début et devient rapide à partir du dixième jour. Les matières hydrocarbonées (saccharose et amidon) ont une influence très nettement retardatrice, que des expériences ulté- rieures nous permettront sans doute d'expliquer. La peptone, en tant que matière azotée, a une action favorisante très marquée à partir du quinzième jour, si bien que l'oxydation atteint 82 pour 100 du soufre introduit, après 3o jours. (') Déduction faite des sulfates trouvés dans le témoin sans soufre. 'N. lu libra r y :;' ^,^sS' ,çTy 1478 ACADÉMIE DES SCIENCES. 2° Terre de limon des plateaux du pays de Caua-, non calcaire. — L'expérience esl conduite dans les mêmes conditions que ci-dessus, mais L'humidité de la terre n'est portée qu'à 18 pour 100, à cause de la nature physique du sol. Sa teneur en chaux n'étant que de 2 pour 1000, l'un des lots est additionné de 20 pour 1000 de carbonate de chaux précipité. Après 8 jours. 15 jours. Î2 joursT" 1 mois- 40 jours. ~sœ ~~ 10= ~so^~ so3 so> par kg par kg par kg par kg par kg de S de S de S de S de S Nature des essais. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. terre, oxydé. g p. ico e P-— B P->"" B „ P-'°° 6 QQ P-,0° i" Témoin sans soufre o,o53 » o,o53 »> o,od6 » 0,069 » °>°88 B 2° Terre iks + 4e soufre.... 0,270 2,2 i,573 i5,2 2,727 26,7 3, 129 3o,6 3,ig3 3i,o 3- Terre iks + 20s C03Ca -H 4s soufre o,859 8,0 4,458 44, o 5, 690 56,4 6,i52 Co,8 6,785 67,0 4° Terre ike -+- 5s glucose H-4ssoufre o,344 2,9 0,444 3,9 1,098 10, 4 i,4i? i3,4 2,633 25,4 5° Terre iks 4- 5s peptone + 4s soufre o,562 5,. 3,523 34,7 4,33g 42,8 4,567 45, o 4,95o 48,6 Le carbonate de chaux ajouté à la terre du lot n° 3 joue un rôle essentiel en satu- rant l'acide sulfurique au fur et à mesure de sa production; ceci tend déjà à prouver que l'oxydation du soufre est due à un processus microbien, car un phénomène chi- mique de cet ordre ne serait pas entravé par un excès d'acidité. Le rôle respectif des matières hydrocarbonées et azotées est le même que dans l'expérience précédente. II. Influence des bactéries sur l'oxydation du soufre. — Des lots de 5os de terre sèche de limon des plateaux, additionnée de is de carbonate de chaux précipité et de 06,25 de peptone Collas ont été introduits dans des fioles d'Erlenmeyer de 5oocm\ bouchées au coton et passées au four à flamber à 1800 pendant 1 heure. Après refroidissement, on a introduit le soufre, ou du polysulfure de calcium, puis l'eau, et le tout fut passé à l'autoclave à 1020 pendant 1 heure. Certains lots furent ensemencés à l'aide de délayure de terre, et les fioles furent placées dans une éluve à 280; l'humidité de la terre était maintenue à 18 pour 100 par addition d'eau stérile. Oxydation après 16 jours. Nature des essais. SO3 dans SO3 Soufre les provenant oxydé Terres stérilisées. 5o* de terre, du soufre. pour 100. s i° Sans soufre 0,022 » » 20 Avec os, 2 de fleur de soufre 0,039 0^,017 3,4 3° Avec i™3 délayure de terre et os, 2 fleur de soufre. o,342 o,320 64,0 4° Avec 06, 2 de soufre précipité pur o,o3o 0,008 1,6 SÉANCE DU l3 MAI IC)l3. 1 479 Oxydation après 16 jours Nature des essais. SO1 dans SO3 Soufre — les provenant oxydé » Terres stérilisées. 5os de terre, du soufre. pour 100. ■ ■ e e 5" Avec icm3 délayure de terre et o^, 2 soufre précipité. 0,(493 0,^71 94>2 6° Avec os, 5 polysulfure de calcium Milo ( ' ) o,o45 o,oi3 i3,4 70 Avec tcm' délayure de terre et 08, 5 polysulfure .. . 0,102 0,070 72,5 Il apparaît très nettement que l'oxydation du soufre est due à un processus micro- bien; en effet, alors que les lots stérilisés nos 2 et k- donnent respectivement 3,4 et 1,6 de soufre oxydé pour 100, les lois cultivés nos 3 et 5 donnent une oxydation de 64,0 et 94,2 pour 100. Celle-ci est assez élevée pour que l'acide sulfurique formé puisse être considéré comme un facteur important de l'action fertilisante du soufre. Quant au polysulfure de calcium, nous voyons qu'il subit aussi l'influence de l'oxydation microbienne. Nous avons cherché à isoler les bactéries qui président aux phénomènes que nous avons observés; celte étude n'est qu'ébauchée, et tout ce que nous pouvons dire jusqu'ici, c'est que nous possédons déjà quelques bactéries oxydantes du soufre, dont l'une oxyde à 18,6 pour 100 alors que le témoin stérile ne donne que 3,6. Nous pensons d'ailleurs que le problème de l'oxydation microbienne du soufre est très compliqué, qu'un certain nombre de bactéries y concourent, peut-être par une voie moins directe que celle de l'oxydation pure et, dans certains cas, avec formation intermédiaire d'hydrogène sulfuré. PHYSIOLOGIE. — L'adaptation organique dans les états d'attention volontaires et brefs. Note (2) de M. J.-M. Lahy, présentée par M. Edmond Perrier. Méthode. — Les états d'attention sont difficiles à étudier de façon objec- tive, en raison de l'impossibilité où se trouve l'observateur pour les limiter dans le temps. Il faut, en effet, que par un signe le sujet avertisse l'expéri- mentateur du commencement et de la lin de son effort. Même si ce signe ( ' ) Le polysulfure Milo renferme 19,3 pour 100 de soufre à l'état de sulfures. (*) Présentée dans la séance du 17 mars 1 9 1 3. C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) '89 l/j8o ACADÉMIE DES SCIENCES. est réduit à un seul mot, il comporte un acte volontaire et un effort de réalisation qui ne doivent pas être confondus avec l'attention. Nous avons donc pensé à étudier dans sa totalité un acte, le tir par exemple, à en analyser tous les éléments psychologiques, et, ceci fait, à isoler tels éléments qui ne relèvent que du seul effort d'attention. Si dans cet acte (le tir), acte à la fois bref, intense et psychologiquement isolé, dont la valeur se constate par le résultat qu'obtient le tireur, nous mettons cà part tout ce qui est relatif à sa réalisation (problème de l'action), il nous reste, comme signe de l'attention, une adaptation organique du sujet. Impassibilité musculaire. -- Il est d'observation courante que l'attention se traduit par un signe extérieur: l'immobilité. Nous avons constaté nous- mème et inscrit, à l'aide de la méthode graphique, que, malgré une appa- rente immobilité, le mauvais tireur avait des mouvements parasites inaperçus chez le bon tireur. II s'ensuit que pour ce dernier le temps de visée est beaucoup plus court : 45{ pour 17stj, donc que l'attention est plus grande et plus efficace. Troubles physiologiques prof onds. — Le sujet étant placé dans la position ordinaire du tireur couché, on enregistrait en même temps la respiration, le pouls, le commencement et la fin de l'expérience et le temps. a. Respiration. — Nous constatons que, dans les cas où l'altenlion est efficace, la respiration s'arrête subitement et de façon complète. Le retour de la respiration à la normale n'a pas une durée proportionnelle à la durée de l'effort d'attention. Il mesure plutôt l'intensité de cet efibrt. Dans les cas où l'attention est faible, à l'inverse, la respiration n'est pas modifiée de façon apparente. b. Pouls. — Cependant, dans ces cas eux-mêmes, le sujet ne reste pas passif. Sa circulation est profondément troublée; le nombre des pulsations augmente. De plus, cette augmentation s'accroît et persiste longtemps après l'expérience. Les mêmes troubles se rencontrent lorsque l'attention est plus efficace, mais ils traduisent un certain nombre de caractères qui nous permettent de dégager le signe de cette efficacité, c'est-à-dire la valeur de l'attention. Voici, comme exemple, le tableau qui résume l'analyse très minutieuse des gra- phiques d'un sujet qui réalise un effort d'attention parfaitement dirigé et dont la valeur se confirme par le résultat qu'il obtient : SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l4^I Pulsations. Longueur ~™^ ~-__ ^ du Durée Nombre Longueur Hauteur graphique en Nombre par moyenne moyenne Ondulation Oscillations Phases de l'expérience. cm secondes, total, seconde. (mm). 'mml. Dicrolisme. secondaire, de la courbe d'ensemble. Prem ière expérience. Avant 9,0 " 12 1,10 0,7a 2 existe existe horizontale Visée 1 . • G t.ao 0,70 diminué manque s'élève légèrement Clioc » analyse impossible Rétablissement respiratoire. >.."> 3,5 1,16 " 0.71 augmenté manque s'élève légèrement Normal 8,0 10. 5 1,16 0-7'' 2 connu au début existe tombe à la normale après 7 pulsations: Deuxième expérience. oscille un peu Avant.... 6,2 8 1 0,78 2 existe rare borizonlale Visée 3,o -ç- \ i,o5 0,75 2 diminué id. s'élève Choc nul nulle Rétablissement respiratoire. 2,3 3 1 0,73 augmenté id. s'élève et baisse Normal 7,5 -,,1 m 1,06 o,-5 2 connu au début id. tombe à la normale Troisième expérience. Avant 9,0 1? i,o5 0,73 3 existe rare horizontale Visée 3,5 i . 5 1.07 0,77 diminué id. id. Choc : nul nulle Rétablissement respiratoire. 0,8 impossible à analyser mouvem. = traune Normal ... 7.) -'; 10 1 i °-7 ' 2 connu au début id. tombe en oscillant à la normale Quatrième expérience. Avant 10,0 >4 1,09 0.71 3 cxisle rare horizontale Visée '1,2 • ^ 5,8 1,11 0,72 3 id. id. id. Choc nul nulle impossible à analyser Rétablissement respiratoire. 0,9 î.i 1.0S 0,70 id. id. Normal 7,0 -f 10 1,08 0, 3 id. id. tombe viteàlanorm. Le signal du commencement de l'expérience détermine chez le sujet un déclenche- ment de modifications profondes, mais de courte durée. Elles sont réduites à la durée de l'effort, car, le coup parti, la respiration se rétablit instantanément et le nombre des pulsations décroît aussitôt pour tendre vers la normale. L'adaptation physiologique dans /'état d'attention volontaire et bref. — D'après ceci, la valeur de l'attention semble dépendre d'une adaptation physiologique plus ou moins grande. Chez l'homme attentif une image sensorielle, ou mentale, détermine l'attitude musculaire réflexe la plus simple : l'arrêt. En même temps, les troubles respiratoires et circulatoires s'accusent intenses, mais brefs. Ils ne durent, comme l'indiquent nos graphiques soigneusement chronométrés, que pendant la durée de l'effort d'attention. La plus ou moins grande rapidité avec laquelle s'opèrent les changements respiratoires et circulatoires, soit pour rompre leur rythme habituel,' soit 1482 ACADÉMIE DES SCIENCES. pour revenir à la normale, constitue le caractère somatique fondamental de l'attention. Nos expériences nous ont, en outre, permis de déceler la cause de la fâcheuse adaptation organique dans les états inférieurs d'attention. Elle réside dans la persistance d'images sensorielles. Tandis qu'au début de chaque expérience, alors que les sujets sont encore à l'état passif, nos inattentifs réagissaient avec une rapidité plus grande que les attentifs, à la fin des expériences les rôles étaient ren- versés. Les images (motrices, dans le cas de nos recherches) persistent chez les premiers, tandis que les seconds en sont instantanément débar- rassés. Des expériences relatives à la suggestibilité ont confirmé ces résultats. Il ressort de nos expériences que, au moment où un individu accomplit un effort d'attention, il se crée en lui une personnalité physiologique nouvelle, caractérisée par des troubles profonds et passagers. Le mot troubles lui-même doit être soumis à des réserves, car si l'activité que l'on observe est plus intense, elle est en même temps ordonnée. Les rap- ports restent constants entre l'activité respiratoire et circulatoire (sous ses divers aspects de nombre de pulsations et pression sanguine), et même entre celles-ci et l'activité mentale. C'est, en définitive, à une plus ou moins grande plasticité fonctionnelle de l'individu que l'on doit rattacher la plus ou moins grande puissance d'attention. « PHYSIOLOGIE. — Résistance comparative du Chien et du Lapin aux injections intraveineuses d'acide carbonique. Note de M. Haoul IJayeux, présentée par M. Roux. Dans une Note précédente (Comptes rendus, 28 avril i()i3) j'ai montré que P étant le poids d'un Chien ou d'un Lapin auquel on injecte de l'oxy- gène dans la veine fémorale, sous une vitesse constante, V le volume maximum que l'animal peut recevoir en 1 heure, l'expérimentation conduit aux formules suivantes : ( Chien V = ~ Oxygène (fémorale) ) ( Lapin V — tt- 00 La présente Note a pour but d'établir les modifications que subissent ces formules si l'on remplace l'oxygène par l'acide carbonique. SÉANCE DU l3 MAI 10,13. l483 Or, avec ce dernier gaz, les recherches que je viens de poursuivre pendant 5 mois m'ont donné : 5P l Chien V=X Acide carbonique ( fémorale) . . \ p f Lapin V = — 7 r 10 J'ai pu injecter, pendant i heure, 1 25cmI d'acide carbonique à des Lapins qui n'auraient supporté que 25cm3 d'oxygène. Cette dose n'a pu être dépassée sans tuer les animaux. De même, chez un Chien de gks qui n'aurait supporté que 31 d'oxygène, j'ai injecté i5' d'acide carbonique en i heure, et, ayant continué l'injection, j'ai vu l'animal mourir 12 minutes plus tard. Antérieurement, j'avais pu injectera un Chien de i7ks, pendant 2 heures, l'acide carbonique à la vitesse de 171 à l'heure. L'animal avait ainsi reçu 341 de ce gaz sans mourir. Enfin, ayant injecté l'acide carbonique, chez des Lapins, dans une veine de l'oreille, j'ai constaté que la dose-limite s'abaissait selon la formule suivante : p Acide carbonique (oreille) . . Lapin.... V = r- Pour l'oxygène j'avais obtenu : Oxygène (oreille) Lapin.... V = L'examen de ces diverses formules permet d'émettre les conclusions suivantes : i° Le rapport entre les doses-limites injectables par une veine de l'oreille et par la veine fémorale est plus grand pour l'acide carbonique que pour l'oxygène (r, pour l'acide carbonique; \ pour l'oxygène); ce qui fait une différence de \ pour l'acide carbonique, et de \ pour l'oxygène. 20 La différence entre les quantités injectables par l'une et l'autre veine résulte de ce fait que, le volume du sang contenu dans le territoire de la veine cave supérieure, où se répand le gaz injecté par la veine de l'oreille, étant moins grand que celui du sang contenu dans le territoire de la veine cave inférieure où se répand le gaz injecté par la veine fémorale, le premier territoire est plus vite saturé que le second. La différence entre les rapports de l'oxygène et de l'acide carbonique provient de ce que ce dernier gaz est plus soluble dans le sang que le premier. Je ne partage pas l'opinion des auteurs qui ont attribué la différence des 1 4^4 ACADÉMIE DES SCIENCES. quantités injectables par l'oreille et par la patte, à l'arrivée plus rapide au cœur par l'oreille cjue par la patte : en effet, l'auscultation du cœur des animaux en expérience m'a démontré que, dans L'un et l'autre cas, les bulles d'oxygène (par exemple) arrivent au cœur en quelques secondes ; et on les entend barboter pendant tout le temps de l'expérience. D'autre part, l'autopsie des animaux montre que les gaz ne franchissent pas la limite du territoire dans lequel ils ont été injectés; au confluent des Caves, le sang- pur de l'une se mélange au sang mousseux de l'autre, sans jamais empiéter l'un sur l'autre. 3° Le rapport entre la réceptivité du Chien et du Lapin est le même pour l'acide carbonique et pour l'oxygène : dans les deux cas, le volume du premier gaz est 5 fois plus grand que celui du second. On pourrait se demander si les différences constatées entre le Chien et le Lapin, lorsque les valeurs de la solubilité de ces deux gaz dans leur sang sont rapportées à leurs poids respectifs, ne disparaîtraient pas en rapportant ces valeurs au volume du sang total. Il n'en est rien : en effet, on sait que le volume du sang du Chien est le ^ du poids de cet animal, et les Tableaux récents publiés par Dreyer et Walker montrent cjue le sang du Lapin est le -^ de son poids. Si, dans mes formules, on remplace le poids par le volume du sang, on voit que le sang du Chien tolère un volume de gaz encore plus de 18 fois supérieur à celui que tolère le sang du Lapin. Tandis que les injections intraveineuses d'oxygène reproduisent certains accidents de la décompression, les injections d'acide carbonique déter- minent les accidents an mal des altitudes. En effet, chez des chiens arrivés à la limite de leur tolérance pour l'acide carbonique, j'ai constaté des nausées et des vomissements, phénomènes habituels du mal de montagne. Sur plu- sieurs lapins arrivés aux limites de l'asphyxie, j'ai vu cjue, en les débarras- sant de leurs liens, les premiers mouvements qu'ils effectuaient amenaient, la mort subite. Et cependant je m'étais assuré, par l'auscultation du cœur, qu'aucune bulle gazeuse ne barbotait plus dans leur cœur. Or, plusieurs ascensionnistes, atteints du mal de montagne, sont morts subitement après avoir résisté pendant de longues heures à l'asphyxie, et plusieurs aéronautes sont tombés foudroyés à l'occasion d'efforts muscu- laires de courte durée. Dans ce dernier cas, cependant, la mort subite n'avait été précédée d'aucun trouble apparent; on peut reproduire ces conditions en injectant l'acide carbonique progressivement, déterminant ainsi une asphyxie atténuée qu'on exagère peu à peu. L'autopsie des animaux tués par l'acide carbonique permet des consla- SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l485 talions différentes de celles qu'on trouve dans la mort par l'oxygène : le cœur est mon et Ilasque ; toutes ses cavités sont pleines de sang sombre, et les cavités droites contiennent de rares bulles gazeuses. Les grosses veines ne contiennent pas les grosses embolies gazeuses constatées avec l'oxygène; leur; section ne donne pas lieu à un jet de sang. Les veines pulmonaires contiennent du sang rougeàtre et les poumons sont rouges au lieu d'être pâles comme dans l'oxygénation. Ces constatations indiquent que l'acide carbonique s'est dissous plus complètement que l'oxygène et que le sang a plus aisément franchi le réseau capillaire du poumon dans lequel l'oxygé- nation a pu se faire d'une façon relative. La mort par l'oxygène est donc due à L'arrêt progressif de la circulation, et celle que produit l'acide carbonique, à une asphyxie véritable. MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Méthodes à employer pour réaliser la tuber- culose expérimentale par inhalation. Note (')de M. P. Chaussé, présentée par M. Roux. Les premiers expérimentateurs qui ont tuberculisé des animaux par inha- lation ont employé des doses considérables de virus et multiplié les épreuves; Tappeiner fit subir à ses animaux de 54 à i/|0 séances d'inha- lation, Bertheau de 2 à 10, Veraguth de 8 à i4, Tbaon 14. Nous ne pouvons rappeler ici les nombreuses expériences effectuées depuis cette époque; nous dirons seulement qu'elles ont donné des résul- tats très dissemblables selon les auteurs, parce que ces derniers n'ont pas attaché assez d'importance à certaines variations des conditions réalisées. La difficulté d'interprétation de documents contradictoires, et défectueux par ailleurs, a autorisé les promoteurs de la théorie digestive à dire que les voies respiratoires sont très bien défendues contre le bacille et que la tuber- culose est difficilement réalisable par inhalation. Ayant effectué depuis quelques années environ i5o expériences d'inha- lation sur 2000 animaux de diverses espèces, et dans des conditions variables, nous croyons pouvoir indiquer les raisons des divergences ci- dessus et donner quelques règles à suivre pour déterminer à coup sûr une tuberculose d'origine respiratoire, à un degré approximativement exact. Il est superflu d'ajouter que l'expérimentation est ici de la plus grande utilité, (') Présentée dans la séance du 5 mai 1913. i486 académie des sciences. pour comprendre la pathogénie, connaître les conditions de la contagion et éclairer la prophylaxie. Pulvérisation de virus frais par voie humide . — Les mucosités bronchiques donnent les meilleurs résultats, parce que la totalité des bacilles y sont viru- lents; la matière caséeuse se montre infectante à un degré moindre et cela est dû à la dégénérescence d'une partie des microbes. On peut réaliser l'infection aussi bien dans une caisse que dans un grand local; il suffit de faire varier en conséquence la quantité des bacilles. Il est complètement inutile d'assujettir les animaux, de les forcer à inhaler, de pratiquer la trachéotomie. Une numération des bacilles ayant été faite, on diluera le virus au mortier, avec un liquide stérile; nous avons généra- lement adopté le chiffre de i million de bacilles pour i""3 de dilution. Cette dernière pourra être pulvérisée de façon variable. I. Le procédé le plus simple consiste à diviser le liquide avec un pulvérisateur de Richardson dont le jet pénètre dans l'espace à inhalation, ce qui exige de quelques secondes à plusieurs minutes, selon la quantité. Le temps de suspension étant de 7 heures pour les particules fines, il faut attendre au moins ce délai pour retirer les animaux et observer au surplus certaines précautions. II. Comme nous avons constaté que la plupart des gouttelettes émises ne sont pas respirables, il y a intérêt à les éliminer, car le virus en excès souille le corps des animaux. Pour ce faire, le meilleur procédé consiste à employer un pulvérisateur perfec- tionné, ne donnant que des gouttelettes respirables, ce qui permet de réduire consi- dérablement la dose de virus. Cet appareil pourra être celui de Biichner (Zeitschr. f. Hyg., 1888). Nous en avons nous-même construit un plus simple : dans un tube flacon en verre de 3o'"m de diamètre sur 35onl* de hauteur, fermé par un bouchon à deux orifices, nous déposons la dilution, qui ne doit remplir que -~ à | de ce tube. Le dispositif pulvérisant est un simple tube de verre traversant le bouchon, en rap- port extérieurement avec une soufflerie, effilé à son extrémité inférieure, laquelle est recourbée de bas en haut et plonge dans le liquide; cette partie effilée doit avoir au plus imm de diamètre, et son extrémité dirigée vers le haut doit être à 5rom en dessous de la surface du liquide. Le second orifice du bouchon laisse passer le tube de sortie des particules bacillaires qui sont conduites dans l'espace à inhalation. Si l'on actionne la soufflerie, le jet d'air qui traverse le tube pulvérisant divise et projette les gouttelettes de bas en haut, mais tout ce qui n'est pas respirable retombe dans le iquide, tandis que les particules fines sont transportées. Un essai préalable avec une solution colorée a fait connaître le débit de l'appareil qui est de ioms à 2ome à la mi- nute, d'où l'on déduit le nombre de bacilles. III. D'après ce que nous avons acquis sur la transportabililé et le temps de suspen- SÉANCE DU l3 MAI IÇ)l3. 1487 sion des particules (Comptes rendus du i\ février igi3 ), il est possible d'exposer les animaux à inhaler seulement les particules fines quand on opère avec le pulvérisateur de Richardson : i° en les plaçant à distance du jet de l'appareil, de telle sorte que seules les gouttelettes fines les atteignent; 20 en les enfermant dans une caisse métal- lique qui sera ouverte de l'extérieur 2 minutes après la fin de la pulvérisation; 3° en faisant réfléchir le jet de gouttelettes sur plusieurs plans qui arrêtent toutes les grosses particules. Par la pulvérisation de virus frais l'infection est toujours obtenue en une seule fois, à moins qu'on ne soit trop près de la dose limite, et aucun des sujets réceptifs n'est épargné. A titre d'indication, la pulvérisation de 10 millions de bacilles (environ oK,-2o de crachats de richesse moyenne), avec l'appareil de Richardson, dans un local de i3mS, donne, chez le cobaye, environ i5 tubercules pulmonaires primitifs. Le nombre des lésions est sensiblement proportionnel à la capacité respiratoire des sujets et à la quantité de bacilles pulvérisée. Pulvérisation de virus desséché. — Avec les mucosités desséchées, à la température de io° à i5°, l'infection est obtenue en toute certitude pendant les premiers jours seulement, ainsi que le démontrent nos recherches sur la vitalité (Comptes rendus du 26 août 191 2). La division pourra être faite par brossage de tissus artificiellement souillés, en présence d'animaux renfermés dans une boîte étanche; il est aisé d'ima- giner un dispositif permettant d'exécuter cette opération de l'extérieur, la caisse étant fermée. La réussite sera également certaine si l'on procède par- agitation de linges bacillaires dans les mêmes conditions. II serait possible, enfin, de délayer le virus desséché et de le pulvériser par voie humide comme il a été indiqué plus haut. A partir du dixième jour de dessiccation, l'infection est plus ou moins difficilement obtenue, la perte de la vitalité étant d'autant plus rapide que la dessiccation est plus parfaite. Telle est la cause des résultats contradic- toires enregistrés avec la pulvérisation sèche. Nos recherches sur la tuberculose d'inhalation, en restant dans les con- ditions physiologiques, montrent que ce mode d'infection est extraordinai- rement efficace chez toutes les espèces réceptives; toutefois, ce n'est pas sur cette seule conclusion expérimentale qu'on peut se baser pour soutenir l'origine respiratoire de la phtisie chez l'homme et le bœuf, mais sur les données pathogéniques générales et nécropsiques. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) I°,0 l/|88 ACADÉMIE DES SCIENCES. ZOOLOGIE. — Sur un nouveau genre de Cenlrarchidès du Gabon. Note de M. Jacques Pellegrin, présentée par M. Edmond Perrier. Les Centrarchidés sont des Poissons percoïdes confinés dans les eaux douces de l'Amérique du Nord où l'on en. compte une dizaine de genres et une trentaine d'espèces. Plusieurs de celles-ci ont été récemment introduites en Europe et la Perche-Soleil (Eupomolis gibbosush.) se reproduit main- tenant librement dans plusieurs de nos cours d'eau. Un seul genre, le genre Kuhlia (ou Dules), possède une distribution géo- grapliique très vaste qui s'explique par ses tendances marquées à vivre en milieu marin; il se rencontre, en effet, dans les eaux douces ou saumâtres des estuaires de l'est de l'Afrique, des îles de l'océan Indien et du Pacifique et du nord de l'Australie. On ne le connaît point dans l'Atlantique. Or M. Gruvel a rapporté au Muséum de Paris, de la baie de Libreville (Gabon), deux échantillons d'un Poisson qui me paraît présenter des affi- nitées marquées avec les Kuhlia, tout en méritant de former un genre spécial dans la famille des Centrarchidés. C'est également l'avis de mon éminent collègue du British Muséum, M. G. A. Boulenger, auquel j'ai montré ces spécimens. Il n'est pas besoin de faire ressortir l'intérêt que présente le fait d'avoir trouvé un représentant nouveau des Centrarchidés sur un point du littoral africain de l'Atlantique où la famille n'avait jamais été signalée. Parakuhlia nov . gen. — Corps assez élevé, fortement comprimé. Ecailles ciliées. Ligne latérale complète prolongée jusque sur la nageoire caudale. Tête presqu'entièrement recouverte d'écaillés. Bouche grande, protractile. Maxillaire visible, sans os supplémentaire. Dents villiformes en plusieurs rangées à chaque mâchoire; dents sur le vomer; pas de dentition palatine distincte. Préorbitaire sans denticulations, mais bord du préopercule nette- ment dentieulé. Deux narines de chaque côté. Membranes branchiales séparées; 6 rayons branchiostèges; 4 branchies; pseudobranchie déve- loppée; branchiospines longues et étroites. Première dorsale réunie par sa base à la seconde. Anale à 3 épines, à portion molle aussi développée que celle de la dorsale. Dorsale et anale reçues antérieurement dans un fourreau écailleux assez peu marqué. Pectorales pointues. Ventrales formées d'une épine et de 5 rayons mous, commençant en arrière de la base des pectorales. séance du i3 mai ic)i3. 1489 Caudale émarginée. De petites écailles sur les nageoires molles impaires. Type : Parakuhlia Boulengeri. Parakuhlia Boulengeri nov . sp. — L'aspect général rappelle assez celui de Kuhlia caudovillata C. V. La hauteur du corps est contenue 2 fois à 2 fois \ dans la longueur sans la caudale; la longueur de la tête 3 fois envi- ron. L'œil est compris 2 fois § à 2 fois f dans la longueur de la tête. La mâchoire inférieure est proéminente, le maxillaire supérieur étendu jus- qu'au-dessous du tiers antérieur à l'œil. La joue et l'opercule sont couverts de petites écailles ainsi que l'espace interorhitaire qui mesure les \ de l'œil. On compte 17 branchiospines à la hase du premier arc branchial. Il existe 5o ou 5i écailles en ligne longitudinale, - °" en ligne transversale. La première dorsale commence à peine en arrière delà base de la pectorale; elle comprend 11 épines, la seconde une épine et i5 ou 16 rayons mous; la quatrième épine la plus longue fait les f de la longueur de la tête. L'anale est composée de 3 épines fortes, la deuxième et la troisième à peu près égales et de 16 rayons mous. La pectorale presque aussi longue que la tête arrive à l'anus; la ventrale également. La coloration semble avoir été argentée. Longueur des types i43mm et iiS™™. Ce curieux Poisson, en dehors de l'aspect général extérieur, se rapproche des Kuhlia par la présence d'une pseudohranchie très développée. Bien des caractères cependant permettent de distinguer les deux genres : l'existence chez Parakuhlia de petites écailles sur l'espace interorhitaire et les nageoires molles impaires, l'absence de denticulations au bord libre du préorbitaire, le nombre plus élevé des rayons épineux et des rayons mous aux nageoires dorsale et anale, enfin l'absence de dentition palatine distincte. Ce dernier caractère rapprocherait les Parakuhlia de certaines formes nord-améri- caines comme les iïupomolis. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Bemplacement du zinc par le cuivre dans la culture de /'Aspergillus niger. Note de M. Cuarles Lepierre, présentée par M. A. Gautier. J'ai montré récemment que le cadmium, le glucinium, l'uranium peuvent remplacer le zinc dans le liquide Raulin en donnant des cultures de même poids que celles que fournit le milieu zincique. 1^9° ACADÉMIE DES SCIENCES. Le cuivre jouit des mêmes propriétés. La technique suivie a déjà été décrite par moi. J'emploie le sulfate de cuivre Cu SO'.5 H20, privé de zinc, de cadmium, etc., en solution titrée (3,t)3 parties de ce sel correspondent à i partie de cuivre métallique). Le Tableau ci-dessous résume mes essais ; les doses sont toujours calculées en métal actif : Cuivre. — Poids des récoltes. — 5oocm* de liquide. — Température 34". — Hauteur du liquide 2cm. Cristal lisoirs en porcelaine. Flacon d'Erlenmeyer. G jours. 6 jours. (j jours. 5 jours. 10 jours. 15 jours. 6 jours. 8 jours. 15 jours. . Kg. g g g g g g g Témoins 4,77 6,8o(ioj.) /j,3o, q>25 4,96 G, 33 5,54 3,6o(4j.) 6,70 zinc louûuoi) 7>36 6»85 7>5'4 7>85 7>*7° 6>4o 6,39 6,25(4j.) 6,76 Cuivre 5^5 » o » » » » o » ». » i^jj » o o » » » o » » » 20V0 " 3 , 75 ( 1 2 j.) » presque rien 1,90 i,g5 5,47 3, 06 3, 26 » 3ôVô » 5,70 » » » » 5,78 » » » foVïï * 4j45 » » » » 6,26 » » i sooo » 5,3o » 2,1 4 » 4, 45 5,67 3,35 3,75 " iïhjoT) 5,67 5,o5 '1,70 3,9.5 5,i 3 5,20 6,20 3,85 4,26 " sahn> 5>34 » » 4.3o 5,68 6,27 » 3, 90 4 , «4 » riHMïoo--- 5 , i3 » 4,i5 4,i6 5,26 5,70 » 5,i3 5,68 » » » 5 0 0 0 0 0 ■ ■ I 000 000 • • • J 5 000 000 • • • I I 11 11 II II 0 00" • ( 5000 0 000"' 1 100 000 000 ' I 000 000 000 5,22 » 5,82 4)35 6,o5 6,73 » 3,27 3,8i 5,46 » » 3,00 6,38 7,83 » 4>°o 4>5i 5,72 » » 3,55 6,22 8,22 » 4)" 4>6i 6 , o5 » » 3,76 7 , o4 7 , 69 0 4 i ■ 1 4 1 63 » 3,57 6,45 7,06 » 4i 09 5,o5 » 3,27 6,10 7,42 » » » '• 1,86 4,27 7,16 » 3,92 4,94 » » » m Cultures en cristal lisoirs. — En crislallisoirs, on voit que si la dose de cuivre est nférieure à xôjVoo et jusqu'à 10000^000001 ie poids des récolles est normal, mais le aximum n'est atteint qu'après 12 à i5 jours. Il y a donc relard, comme dans le cas du glucinium et de l'uranium. Les cultures normales ont un aspect qui rappelle les cultures sur zinc. Si la dose de cuivre est supérieure à jtôo'ooo 'e poids des récoltes est d'autant plus petit que le liquide renferme plus de cuivre; à la dose de -^g à —g-^ VAspergillus ne pousse plus. Les cultures sporulent si la dose de cuivre ne dépasse pas rrôôTi! 'a sporulation a lieu dès les premiers jours aux doses, encore très toxiques, de tô'oôô * rôoVôo' Si la dose de cuivre est moindre, la sporulation n'apparaît que plus tard (12 à i5 jours). Celle sporulation hâtive, dans le cas des doses élevées, indique donc une toxicité qui se poursuit jusqu'à toô'ôôïï' Les mêmes faits s'observent du reste pour le zinc et les autres métaux étudiés. Cultures en flacons d ' Erlenmeyer. — Dans ces flacons (dont j'ai donné les dimen- séance du i3 mai 1913. i/Jgt sions), bouchés à l'ouate et recouverts d'un capuchon de papier serré, l'influence du cuivre est moins nette et sujette à des variations qui dépendent essentiellement de l'accès plus ou moins facile de l'oxygène de l'air. J'ai observé quelquefois des récoltes se rapprochant de la normale, mais le plus souvent, avec des flacons bien bouchés, comme le Tableau le montre, les poids sont inférieurs à ceux obtenus, toutes autres conditions égales d'ailleurs, dans les cris- tallisoirs dont les couvercles sont soulevés, où l'air pénètre sans cesse, et où l'assimi- lation des aliments dans l'unité de temps est plus rapide. Les cultures en Erlenmeyer sporulent du reste parfaitement aux doses ci-dessus indiquées. L'analyse démontre que le cuivre est absorbé par la plante. En résumé, le cuivre, dans les conditions relatées ci-dessus, peut rem- placer le zinc dans le milieu Raulin, comme le cadmium, le glucinium, l'ura- nium; il joue, comme ces métaux, le même rôle dans la rapide croissance de l' Aspergillus. Ce rôle est toutefois moins intense cpie dans le cas du zinc, du cadmium, du glucinium et se rapproche du rôle de l'uranium. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Dosage du glycogéne dans les muscles. Note de M. H. Riekry et M"K' Z. Gkuzewska, présentée par M. Dastre. Dans une Communication antérieure (') nous avons donné une nouvelle méthode de dosage du glycogéne dans le foie des Mammifères. Cette mé- thode très rapide permet également de doser avec exactitude le glycogéne dans les muscles. Elle comprend trois temps : i° le tissu subit une dissolu- tion complète dans la potasse à chaud ; 2° puis, le glycogéne dissous dans le magma de l'organe est soumis à l'action de HC1; 3° enfin, le glucose prove- nant de l'hydrolyse du glycogéne est séparé des albuminoïdes au moyen du nitrate mercurique et évalué par le procédé de Gab. Bertrand. La différence essentielle entre notre méthode et les méthodes antérieures consiste en ce que le glycogéne est dosé dans l'organe même sans extraction préalable. Ceci évite les pertes, abrège sensiblement le temps des manipulations et permet les dosages en séries. En outre, notre technique n'exige que 10e ou 25s de tissu pour l'analyse. Mode opératoire. — 2.5s de viande finement hachée sont introduits avec précaution dans un ballon renfermant a5om' de solution de potasse à 35 pour ioo. Le mélangé est d'abord chauffé ( pendant environ i5 minutes) jusqu'à dissolution complète du tissu, puis porté à l'autoclave à i • r pendant 3o minutes. Après refroidissement, la liqueur (') H. Bierry et Z. Gruzewska, Nouvelle méthode de dosage du glycogéne dans le foie (Comptes rendus, t. 155, 1912, p. i55o,). .'492 ACADÉMIE DES SCIENCES. est neutralisée au tournesol par l'acide chlorhydrique, additionnée de 5ctnS de solution de HCI (D= i, 18), amenée à ioo™s et chaulTée ensuite à l'autoclave à 1200 pendant 3o minutes. La liqueur acide refroidie est versée, ainsi que l'eau distillée (6ocm> environ ) ayant servi au lavage du ballon, dans un verre à pied. On neutralise avec de la soude et l'on élimine les albuminoïdes par le nitrate mercurique qu'on ajoute peu à peu et en agitant jusqu'à cessation de précipité (par exemple pour 25s de viande suivant la richesse en substances protéiques il faut de 70c'", à go0™" de réactif mercurique). La liqueur neutralisée au tournesol est introduite dans un ballon jaugé et amenée avec les eaux de lavage à 3oocm'. Le filtrat obtenu est complètement limpide, on l'addi- tionne de poudre de zinc afin de se débarrasser du mercure en excès. Après un con- tact de quelques heures avec le zinc, on obtient un liquide incolore dont on prélève, suivant la teneur en sucre, S0"''' ou iocm' pour y doser le glucose au Gab. Bertrand. Le poids de glucose trouvé, dans iocn'3 par exemple, multiplié par 3o donnera le poids de glucose contenu dans 3oocmI et par conséquent le poids du glucose correspondant aux 25s de viande employée. Le poids du glycogène se déduit du poids du glucose trouvé qu'on multiplie par le coefficient 0,927. Les poids de glycogène obtenus par cette méthode sont très voisins de ceux obtenus parla méthode dePfliiger employée parallèlement. Ici encore, comme dans le cas du tissu hépatique, les chiffres obtenus par les deux méthodes diffèrent d'autant plus que le tissu musculaire employé est plus pauvre en glycogène. Méthode de Pflugcr. Nouvelle méthode. Poids de viande Glycogène Poids de viande Glycogène analysée en glucose analysée en glucose en et en pour 100 en et en pour 100 Expériences. Tissu employé. grammes. du poids frais. grammes. du poids frais. 1 Viande de cheval. 25 o,336 25 o,333 2 Viande de cheval. 25 0,270 25 o,3ii — — — 10 o,3io 3 Viande de cheval. 20 o,i63 2.5 0,181 — — — 10 0,180 k Viande de cheval. 25 o,474 lo 0,^73 Nous avons précédemment montré que le tissu hépatique, débarrassé de son glycogène in vitro, puis soumis à l'hydrolyse dans les conditions que nous avons précisées, ne donnait pas de substances réductrices pouvant fausser le dosage. Nous avons tenu à compléter les expériences faites in vitro par des expériences réalisées in vivo. Un chien a été soumis à un jeûne pro- longé, un temps suffisant pour qu'on puisse envisager sa complète déglyco- génation, puis sacrifié. Du foie entièrement haché on a prélevé 25g, on a pris également 25b' de tissu provenant d'une masse musculaire considérable finement broyée, et on les a soumis aux divers traitements que nous pré- SÉANCE DU l3 MAI IQI3. i4p,3 conisons pour le dosage du glycogène. Ici encore nous n'avons pas constaté la présence de sucre réducteur. La démonstration est donc complète. Conclusions. — La méthode que nous proposons permet, avec une exacti- tude au moins égale à celle qu'on obtient avec la méthode réputée comme la meilleure, de doser le glycogène dans le foie et les muscles des animaux supérieurs. La rapidité et la facilité avec laquelle on la manie la recom- mandent tout spécialement aux physiologistes et aux médecins. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (gluco- sides a) à l'aide cVun ferment (glucosidasea.) contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air : propylglucoside a et allyl glucoside a. Note de MM. En. Boukoi'elot, H. Hérissey et M. Bridel, présentée par M. E. Jungfleisch. Nous avons montré (') qu'il était possible, au moyen de la glucosidase a contenue dans la levure de bière basse séchée à l'air, de réaliser des pro- cessus de synthèses biochimiques tendant à la formation d'alcoolgluco- sides a ; nous avons déjà préparé ainsi, synthéliquement, le méthylgluco- side a et l'éthylglucoside a. Dans ce présent travail, nous décrirons l'obtention, par le même procédé, de deux glucosides a non encore pré- parés par voie chimique : le propylglucoside a et l'allylglucoside a. Nous avions constaté, avec les alcools méthylique et élhylique, qu'il était nécessaire, pour obtenir des résultats positifs, d'utiliser des liquides alcooliques d'un titre relativement bas (en volume : 20e pour l'alcool méthylique et 3oc pour l'alcool éthylique) et nous laissions pressentir que ces titres, avec certains alcools, devraient encore être abaissés; on verra, en effet, que les synthèses biochimiques du propylglucoside a et de l'allylglucoside a ont été effectuées avec des alcools du titre de i5c (en volume). Propylglucoside en. Préparation. — Des essais préliminaires ont montré qu'en présence de is de glu- cose pour ioocm!1, le titre de l'alcool propylique le plus favorable à la synthèse bioclii- (') Comptes rendus, t. 156, 191 3, p. 168 et 491. l4g4 ACADÉMIE DES SCIENCES. mique était de i5C0'° pour ioo™', la rotation passant, dans ce cas, de -+- i°6 à i°24' (/=2). On a préparé, alors, 4ooocm' du mélange suivant : CDla Macéré de levure desséchée (is pour 20™') 200 Solution de glucose (is pour 10™') 100 Eau distillée 5oo Alcool propylique i5o Eau distillée, q. s. pour 1000 La réaction était terminée, en 5 jours, à la température ordinaire. On a filtré le liquide, on l'a fait bouillir et on l'a distillé à sec; on a repris le résidu par l'eau distillée et l'on a soumis le liquide à la fermentation par la levure des boulangers qui a détruit le glucose en excès. La liqueur a été filtrée, portée à l'ébullition et évaporée à sec. On a épuisé l'extrait par l'étlier acétique; les liqueurs éthéro-acétiques ont fourni, par distillation, un extrait qui s'est pris en cristaux après environ 2 mois. On a fait recristalliser le produit dans l'acétone anhydre et on l'a fait sécher, jusqu'à poids constant, dans le vide sulfurique (poids : 0^,90 environ). Propriétés. — Le propylglucoside a se présente sous forme de longues aiguilles souples. Il est inodore et possède une saveur légèrement amère; il n'est pas hygroscopiquc. Il est très soluble dans l'eau, assez soluble dans l'acétone et dans l'éther acétique. Le pouvoir rotatoire du corps séché dans le vide sulfurique, pour une concentration de is,i3Go pour ion™1, est an= + i/io",8. Il ne réduit pas la liqueur cupropotassique. En solution aqueuse, il est facilement hydrolyse par la glucosidase a; l'indice de réduction enzymolytique trouvé au cours de ce dédoublement a été de l\oi\ (calculé 41 •)• Allylglucoside a. Préparation. — Des expériences préliminaires ayant montré que c'était également dans l'alcool allylique à i5c que la synthèse se faisait le mieux, on a préparé le mélange suivant : Macéré de levure (is pour ioocm') 3oocmS Glucose 606 Eau distillée 225ocm' Alcool allylique 45ocm' Le mélange renfermait donc, pour ioocmS, i5c'"a d'alcool allylique et 1" de glucose. La rotation du mélange a passé, eu i5 jours, de -H i" à -+- 2°3S' (/= 2). La réaction terminée, on a conduit l'opération comme il vient d'être dit pour le propylglucoside a. Toutefois, on n'a pas évaporé complètement la solution élhéro- séance du i3 mai io,i3. i4g5 acétique; on l'a concentrée à un petit volume : il s'est fait un dépôt sirupeux, peu coloré, que surmontait la liqueur éthéro-acétique. Celle-ci, décantée puis additionnée d'élher ordinaire, a donné des cristaux qui ont servi à amorcer le sirop. Celui-ci s'est pris en masse en quelques jours. Le produit cristallisé a été purifié par recristallisa- tion dans l'acétone anhydre. On l'a séché dans le vide sulfurique (poids : 06,75 environ ). Propriétés. — L'allylglucoside a se présente, au microscope, sous forme de longues aiguilles incolores, flexibles, très déliées. Il est inodore et pos- sède une saveur douceâtre, désagréable; il n'est pas hygroscopique; il fond peu nettement en un liquide épais entre 85° et 900. Il est très soluble dans l'eau. Le pouvoir rotatoire du corps sêcbé dans le vide sulfurique, pour une concentration de 1^1766 pour ioocm", est aD = -f- i3i°,72. L'allylgluco- side a ne réduit pas la liqueur cupropotassique. En solution aqueuse, il est rapidement dédoublé par la glucosidase a : le macéré de levure au centième a hydrolyse totalement en moins de il\ heures une solution d'allylglucoside à oB,588 pour ioocm' {t = 170). GÉOLOGIE. — Sur la genèse des minerais de fer sèdimentaires. Note de M. L. Cayeux, présentée par M. H. Douvillé. M. A. Leclère a publié sous ce titre, dans les Comptes rendus du 7 avril dernier, une Note dont les conclusions sont en complet désaccord avec les données que je réunis depuis longtemps sur l'origine des minerais de fer sèdimentaires. Sans vouloir aborder ici la discussion des différentes vues de l'auteur auxquelles je ne puis souscrire, je limiterai mon étude critique aux faits d'observation. M. Leclère déclare notamment qu'on retrouve toujours dans les gise- ments de minerais de fer sèdimentaires, non métamorphiques, « l'assorti- ment complexe de débris, siliceux ou silicifiés, des organismes inférieurs qui vivaient dans les bassins de dépôt, et dont l'ensemble donne au minerai des teneurs en silice localement variables (') ». Ces matériaux isolés du minerai par une attaque à l'acide chlorhydrique suivie d'un lavage métho- dique « renferment principalement des bactéries silicifiées, des Diatomées, des débris de Spongiaires, d'Échinides et probablement de Crustacés micro- scopiques (2) ». (') A. Leclère, Comptes rendus, t. 156, 191 3, p. 11 16. (-) Ibid., p. 1 1 17. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 19.) X9X l4g^ ACADÉMIE DES SCIENCES. Or, plusieurs de ces éléments qui, au dire de M. Leclère, figurent toujours dans les minerais non modifies, font absolument défaut dans les centaines d'échantillons de minerais paléozoïques que j'ai soumis à une analyse approfondie. Les mille et quelques préparations que j'ai étudiées ne m'ont fourni ni une frustule de Diatomée, ni un spicule de Spongiaire, ni le plus petit débris de Crustacé. Ajouterai-jc que l'existence des Diatomées à l'époque primaire est des plus incertaines, que des « bactéries silicifiées » ne se distinguent en rien de petites concrétions siliceuses et que leur dia- gnostic est véritablement impossible. Quant aux Écbinides, j'en ai signalé la présence sous la forme d'articles d'Encrines, faciles à identifier aux plus faibles grossissements, et visibles dans la roche, non soumise à l'action des acides; mais, sauf dans les minerais eifeliens de l'Ardenne franco-belge, ce sont des organismes d'une grande rareté dans nos gîtes paléozoïques. En présence de ces données, je me vois obligé de conclure que la composition des résidus, indiquée par M. Leclère, vise tout au plus une exception, et ne saurait être a fortiori l'expression d'une règle générale. L'origine des oolithes ferrugineuses, telle que la conçoit M. Leclère, ne tient pas suffisamment compte des faits acquis, et elle présente, par surcroit, tous les caractères d'une hypothèse. Pour l'auteur, les oolithes ferrugi- neuses seraient engendrées par du sesquioxyde de fer, d'abord fixé par des Algues, et qui réaliserait plus tard la forme oolilhique sous l'influence de la fossilisation. A l'appui de sa thèse, M. Leclère signale la présence de « filaments algaires... parfois en assez grande quantité, notamment dans certains minerais terreux de Bretagne d'âge gothlandien ou dévonien ». A la vérité, ces filaments font défaut dans tous les minerais que j'ai exa- minés, et les seules algues observées sont des Girvanel/a ('), c'est-à-dire des végétaux parasites qui, loin de concourir à la genèse des concrétions ooli- thiques en fixant le fer oxydé, travaillent à les détruire. Comment de l'oxyde de fer incrustant des algues filamenteuses forme-t-il avec le temps des oolithes constituées par un grand nombre d'enveloppes concentriques d'une extrême finesse et de la plus grande régularité? Le phénomène nous échappe. Mais par contre, on voit dans les minerais mésozoiques une foule d'oolithes indubitablement calcaires subir une miné- ralisation progressive et passer à des oolithes exclusivement ferrugineuses; on voit dans les minerais, tant primaires que secondaires, une multitude (') L. Cayeux, Les minerais de fer oolithiques de France {Éludes des gîtes miné- raux de la France), fasc. I, 1909, p. 257. SÉANCE DU l3 MAI IO,l3. l497 d'organismes calcaires devenir ferrugineux. Dans lecasdesoolithes, comme dans celui des organismes, il y a substitution d'un composé ferrugineux- à des corps de nature calcaire et préexistants dont ils épousent la forme et la struc- ture. Ces faits, passés sous silence par M. Leclère, n'ont rien perdu de leur valeur depuis qu'ils ont été révélés. En nous imposant la conclusion que les oolithes ferrugineuses sont d'anciennes oolithes calcaires, ils offrent l'avan- tage inappréciable à nos yeux de ne point nous faire sortir du domaine de l'observation. GÉOLOGIE. — Structure des chaînes entre le lac Gœktchaï et VAraxe. Note de M. Pieriie Bo.mxet, présentée par M. H. Douvillé. Les cbaînes qui s'étendent entre le lac Gœktcbaï et l'Araxe se trouvent au voisinage immédiat du raccordement de l'arc taurique avec l'arc iranien septentrional, et font partie des faisceaux terminaux de ce dernier. Ces cliaines présentent une orientation générale SE-NW; mais, dans le détail, les plis qui les constituent montrent une disposition particulière, et leur structure est en rapport avec cette disposition. J'ai distingué dans cette région, depuis le nord-est du Petit Ararat jus- qu'au méridien de Djoulfa, un ensemble de cinq plis anticlinaux, poussés vers le Sud-Ouest, dont cbacun se décompose en deux arcs à concavité ouverte au Nord-Est. Ces plis en double feston sont sensiblement parallèles entre eux, et les points de rebroussement des deux arcs de chaque pli se présentent alignés suivant la direction NE-SW. Chacun des plis est d'autant moins affecté par la poussée qu'il est plus éloigné du Nord-Est d'où est venue celle-ci : considérés du Nord-Est au Sud-Ouest, ils sont déversés d'abord, déjetés ensuite, et s'abaissent peu à peu vers la plaine de l'Araxe pour n'y plus constituer que de simples ondu- lations. De plus, les effets de la poussée se montrent plus considérables dans le groupe d'arcs oriental, caractérisé par les faciès profonds de ses formations, que dans le groupe occidental, dont l'ensemble s'abaisse dou- cement et progressivement pour s'ennoyer vers le Nord-Ouest. Enfin, chacun de ces arcs étant envisagé séparément, la partie centrale d'un arc apparaît plus influencée par la poussée (Kazan-Iaïla en particulier) que les parties situées au voisinage du rebroussement. Les phénomènes volcaniques sont également en corrélation avec l'intensité de la poussée et avec cette allure des plis. De nombreux volcans s'élèvent sur le pli le plus 1498 ACADÉMIE DES SCIENCES. septentrional, présentant la même disposition festonnée que le plissement. Le pli sui- vant montre un centre volcanique considérable en son angle de rebroussement et quelques autres, moindres, sur le parcours de ses arcs. Dans le troisième pli un volcan unique se dresse au point exact du rebroussement. Enfin, les deux plis les plus rappro- chés de l'Araxe paraissent se raccorder suivant une simple courbe. Il semble y avoir, indiqué dans la plaine de l'Araxe par les quelques îlots paléozoïques qui y pointent à travers les alluvions, un sixième pli qui présenterait la même allure et dont ferait -0- Alapnz Plateau volcanique •srmen/e/7 Turquie "^ D/rertion rf„ fi/issemenk X\ Y^v-o **■» zntr* fa L Gœktchji i/'tirdxe ^ \ *0 flfc / j/y Iramr.n sefiftritrtonâl j S avala 0 partie l'anticlinal de Djoulfa. Du Nord-Est au Sud-Ouest, c'est-à-dire en s'éloignant de l'origine de la poussée, l'intensité des phénomènes volcaniques diminue donc gra- duellement et les volcans qui jalonnent le rebroussement offrent des altitudes décrois- santes, la jonction semblant s'effectuer, pour les arcs les plus méridionaux, de façon tranquille et sans fracture. Cette disposition en arcs paraît se poursuivre de part et d'autre de la région considérée. Au Nord-Ouest, tous les plis disparaissent sous les SÉANCE DU l3 MAI IÇJI3. 1^99 coulées volcaniques du plateau arménien après un rebroussement probable au nord-est de l'Ararat. Au Sud-Est, les plis en arcs, plus longs que ceux du groupe occidental, semblent se raccorder avec ceux du Zanguézour suivant une ligne de rebroussement volcanisée ici d'un bout à l'autre, du Karabagh à l'Araxe, avec diminution suivant cette direction de l'impor- tance et de l'altitude des appareils volcaniques comme dans le rebrous- sement précédent. Un nouvel arc, de longueur encore plus considérable, parait s'étendre au sud-est de cette arête volcanisée, comprenant le Zan- guézour sur la rive gauche de l'Araxe et le Karadagh sur sa rive droite; la branche orientale de cet arc aboutirait à la région où se dresse le grand volcan du Savalan, au delà duquel les montagnes du Ghilan commencent le grand arc de l'Elbourz proprement dit. Le prolongement de la branche nord-ouest de celui-ci serait donc formé d'une suite de quatre ou cinq arcs affectant des longueurs de plus en plus faibles jusqu'à la hauteur de l'Ararat et présenterait ainsi une continuation affaiblie du dessin des grands festons asiatiques. Il est possible qu'une disposition analogue, avec festons poussés dans le même sens, soit ultérieurement reconnue en d'autres chaînes de la région caiicasique, en particulier dans les chaînes du Gcektchaï et du Karabagh, et peut-être dans le grand Caucase lui-même. La séance est levée à 4 heures un quart. G. D. l5oo ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 5 mai igi3. Rapport annuel sur l'état de l'Observatoire de Paris pour l'année 191 2, pré- senté au Conseil du 16 janvier i g 1 3 par M. B. Baillaud, Directeur de l'Observatoire. Paris, Imprimerie nationale, 1 g 1 3 ; 1 fasc. in-4°. (Hommage de M. Baillaud.) L'Œuvre de Henri Douxami, par Charles Barrois. (Extr. des Annales de la Société géologique du Nord; t. XVII, p. 1 36, séance du 16 avril 1 g 1 3.) Lille; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Sur l'intégration logique des équations différentielles ordinaires, par Jules Drach. (International Congress 0/ Mathematicians. Cambridge, août 1912.) S. I. n. d. ; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux, dans la séance du 28 avril ig 1 3.) Flore de France ou description des plantes qui croissent spontanément en France, en Corse et en Alsace- Lorraine, par Georges Rouy; t. XIV et dernier. Paris, les fils d'Emile Deyrolle, 1918; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Guignard.) Eugénique, organe de la Société française d' Eugénique; ire année, nos 1 à 4, janvier-avril 1918. Paris, J.-B. Baillière et fils; i fasc. in-8°. Annales de l'Ecole nationale d' Agriculture de Montpellier ; nouvelle série, t. XII, fasc. 3 et k, janvier-avril 1918. Sommaire : F. Lambert : Etude sur les moyens à employer pour augmenter la production des cocons. — Victor Mosseri : Nouveau système de drainage et de dessalement des terres. — J. Bolle : La sériciculture au Japon. Montpellier, Coulet et fils; 1 fasc. in-8°. Annals 0/ the Royal Botanic Garden, Calcutta ; t. XII, part I : Asiatic Palms- Lepidocaryeœ, by Odorado Beccari; part 2 : The species 0/ Daemonorops, with 109 plates and 2 plates of analytical figures. Calcutta, 1911; 2 vol. in-f°. (Transmis par M. le Ministre des Affaires étrangères, ainsi que les deux Ouvrages suivants.) Echinoderma of the Indian Muséum ; pari. VIL Crinoidœ : The Crinoids of the Indian Océan, by Austin Hobart Clark. Calcutta, 1912; 1 vol. in-4°. Records of the Indian Muséum (a Journal of indian Zoology); t. IV, n° 10, and Index 1910-1912; t. VII, part 1-4-, 1912; t. VIII : Zoological results of the Abor expédition 1911-1912, part 1, october 1912. Calcutta; 8 fasc. in-8°. Indice alfabetico del Bollettino délie pubblicazioni italiane recevute per dirito di stampa délia Biblioleca nazionale centrale di Firenze, nel 1912. Florence, 1 g 1 3 ; 1 fasc. in-8°. Catalogue des Ecrits académiques suisses, 1911-1912. Bàle, 1912; 1 fasc. in-8°. Revista technica del Ministerio de Obras publicas; aiïo III, n° 26. Caracas, février 1918; 1 fasc. in~4°. SÉANCE DU l3 mai iyi3. i5oi Ouvrages reçus dans la séance du i3 mai j 91 3. Ministère de l'Agriculture. Direction générale des Eaux et Forêts. Statistique et Atlas des forêts de France, par M. Lucien Daubrée, d'après les renseignements fournis par les Agents des Eaux et Forêts ; t. I. Paris. Imprimerie nationale, 1912 ; 1 vol. in-f°. (2 exemplaires.) Henri F'oincaré. Analyse de ses travaux scientifiques. Upsal, Almqvist et Wiksells. 1 9 1 3 ; 1 vol. in-4°. Reliure maroquin du Levant. (Hommage de M. Mittag-Leffler.) Acta mathcmatica, 1882-1912. Table générale des Tomes 1-35, rédigée par Marcel Biesz. Upsal et Stockholm, Almqvist et Wiksells, 1913; 1 vol. in-4°. Reliure maroquin du Levant. (Hommage de M. Mittag-Lefller.) La Motoculture, travail mécanique du sol : Principes agrologiques, outillage, pratique agricole, par C. Julien. Paris, Hachette et C'c, s. d. ; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Tisserand.) Observation des orages de 1912 dans le département de la Gironde. Essai de paragrêles électriques, par M. F. Courtï. (Extr. du Bulletin de la Commission météorologique de la Gironde, année 1912.) Bordeaux, imp. Gounouilliou, 1 91 3 ; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darbonx.) XXXIXe Bulletin météorologique annuel du département des I'yrénées~Orien- tales, publié par M. O. Mengel, Directeur de l'Observatoire; année 1910. Perpignan, imp. de Charles Lalrobe, s. d.; 1 fasc. in-4°. The Danish lngolf-Expcdition ; t. III, part 3, contents : Crustacea Malacoslraca, II, by 11. -J. Hansen, wilh 12 plates and a list of the Stations. Copenhague, Bianco Luno, igi3; 1 vol. in-4°. Untersuchungen iïber den Blùtenbau der Papaveraceen, von Sv. Murbeck, mil 28 Tafeln und 3g Texlfîguren. (A'. Sv. Vet. Akad. HandL, t. L, n° 1.) Upsal et Stockholm, 1912; 1 fasc. in-4°. Die Insekten des Antarkto-Archiplala-Gebietes (Feuerland, Falklands Insein, Sud Géorgien). 20. Beilrag zur Kenntnis der Antarktischen Fauna, von Gùnther Enderlein; mit 4 Tafeln und 35 Textfiguren. (AT. Sv. Vet. Akad. HandL; t. XLV11I, n° 3.) Upsal et Stockholm, 1912; 1 fasc. in-4°. Boletin geologico de Mexico, n° *29; Faunes jurassiques et crétaciqties de San Pedro del Gallo, par Carlos Burckhard; texte. Mexico, 1912; 1 vol. in-4°. loiva geological Survey; t. XXI : Animal reports, 1910 and 191 1, wilh accom- panying papers. Des Moines, 1912; 1 vol. in-4°. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 19 MAI 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMxMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. Bazin, à Chenôve, pour occuper la troisième place de Membre non résident, créée par le Décret du 17 mars i()i3. Il est donné lecture de ce Décret. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la monôme thylcamphoroxime, le nitrile mét/iyl- campholénique el V acide méthylcampholénique. Note de MM. A. H aller et Edouard Bauer. Le monométhylcampbre a été obtenu pour la première fois, à l'état pur, par M. Minguin (') en partant du métbylcamphocarbonate de mélbyle. M. W.-H. Glover en reprit l'étude (2) pour préparer certains dérivés parmi lesquels se trouve la mélliylcampboroxime. Dans une Note parue en 1909 (3) nous avons montré que ce composé peut s'obtenir, en même temps que le dimétliylcamphre, par l'action de l'iodure de méthyle sur le campbre préalablement sodé au moyen de l'ami- dure de sodium. Pour séparer les deux dérivés l'un de l'autre nous avons (') Mi.nguin, Comptes rendus, t. 112, p. i 36g. (2) W.-H. Glover, Journ. of chem. Soc, t. XCIII, p. 1285-1299. (3) A. Haller et Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 148, p. 1 645- C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 15G, N» 20.) 192 l5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. traité le mélange par du chlorozincate d'hydroxylamine, dans le but de transformer le monométhylcamphre en oxime et nous avons ensuite soumis le produit de la réaction à une rectification méthodique. Le dimé- thylcamphre non atteint par l'hydroxylamine passe à ioi° sous nmm, tandis que la méthylcamphoroxime ne distille qu'à i34°-i35° sous la même pression. /CHCH3 La méthylcamphoroxime C*H"0 _ a déjà été signalée par M. Glover (') qui attribue, aux cristaux déposés au sein d'une solution alcoolique étendue, le point de fusion de 55° et le pouvoir rotatoire [a]f= + 3o<\3. Le produit obtenu par nous se présente sous la forme d'une masse rap- pelant assez l'aspect du camphre fondu. Il est très soluble dans tous les solvants organiques dans lesquels il ne cristallise qu'après leur évaporation presque totale. Ces cristaux fondent à Go°, distillent à i34°-i35° sous i imm et possèdent une odeur très forte de camphoroxime. Pour une concentration de oB, 488 dans iocm* d'alcool absolu, cette oxime possède le pouvoir rota- taloire [a|;f= + 25°, 1 5. _ fl /CHCH3 La phénylurélhane de celte oxime C8H'''( i préparée 1 J \C = N0.C0NIIC6II5 l r en additionnant une solution de l'oxime dans l'éther de pétrole par de l'isocyanate de phényle, cristallise au sein d'un mélange d'éther et d'éther de pétrole en cristaux prismatiques, brillants et très nets. Ces cristaux fondent à i i2°-ii3°. A côté de ces cristaux, et plus solubles qu'eux, il se dépose, dans les eaux mères, de fines aiguilles, très ténues fondant à une température légèrement supérieure. Le mélange de ces deux produits, qui ont exactement la même composition, provoque un abaissement du point de fusion de 2° à 3°. La phényluréthane de l'oxime du méthyl camphre, dérivé du méthyl- camphocarbonate de méthyle, fond à la même température de 1 13°. Le pouvoir rotatoire des deux carbanilidoximes sont les suivants : Produit préparé avec le méthylcamphre provenant du méthylcampho- carbonate de méthyle [a]';?" = 25°, 3 pour une solution de 0,367 dans ior'"a d'alcool absolu. Produit préparé avec le méthylcamphre obtenu par méthylation directe : [«#• = + 24°, 8. ( ' ) Loc, cit. SÉANCE DU 19 mai igi3. i5o5 Quant à la phényluréthane cristallisée en fines aiguilles, son pouvoir rotatoire est nul. Il est probable que, dans la préparation de l'oxime du méthylcamphre au moyen du sel de Crismer, le chlorure de zinc mis en liberté à un moment, donné de l'opération réagit sur l'oxime formée et détermine sa racémi- sation. Nilrile campholënique C"H,7N. — Entrevu seulement par M. Glover (loc. cit.), ce composé prend facilement naissance quand on chauffe à 5o°-6o° une solution de méthyleamphoroxime dans l'acide chlorhydrique concentré, pendant 3o minutes à 1 heure. On étend d'eau et l'on dissout l'huile formée dans l'éther. Après élimination du dissolvant et rectification on obtient un liquide passant de io5" à 1060 sous i5mm sans laisser de résidu appréciable dans le ballon. 5os d'oxime ont fourni 36s de nitrile. C'est un liquide mobile, à odeur très pénétrante et assez agréable. A l'état pur, le pouvoir rotatoire de ce nitrile [a]^ = + /j5n, tandis qu'en solution clans l'alcool absolu (og,4b\'i dans ioCD,J de C-'H°0), ce pouvoir est exalté et atteint [a]"" = + 53°, 9. Amicle mèlhylcampholènique C ' H19 ON. — Ce composé prend naissance quand on chauffe à l'ébullition, pendant 12 heures, une solution du nilrile dans la potasse alcoolique à 10 pour 100. Après élimination de l'alcool, on traite le résidu par de l'eau et l'on épuise avec de l'éther. La solution éthérée fournit par évaporatiou des cristaux de l'amide cherchée. Les eaux mères renferment parfois encore du nitrile non transformé. Quant à la solution alcaline, elle peut contenir de l'acide mèlhylcampholènique pro- venant de la saponification de l'amide. Cette amide, purifiée par cristallisation dans l'alcool ou dans l'éther, fond à 8o"-82°, puis se solidifie immédiatement, pour refondre à 9i°-92°. L'analyse montre que le produit fondant à 8o°-82° est constitué par de l'amide plus i"1"1 d'eau, qui peut être éliminée par dessiccation des cristaux dans le vide, sur l'acide sulfurique. Le produit débarrassé de cette eau de cristallisation fond alors à gi°-92°. Une solution alcoolique de ce produit (à 4, 5o pour 100) s'est montrée complètement inactive. Acide méthyleampholénique CMH,802. — Cet acide prend naissance quand on chauffe le nitrile ou l'amide campholënique avec une solution de potasse plus concentrée et qu'on prolonge la durée de l'ébullition. Même iàofi ACADÉMIE DES SCIENCES. au bout de 36 heures de traitement, on n'arrive à saponifier que 60 pour 100 du composé azoté. L'acide isolé de son sel au moyen de l'acide sulfurique étendu se présente, après purification, sous la forme d'une masse cristalline fondant à 3o° et distillant intégralement à i53° sous 20"™. Il est complètement inactif vis-à-vis de la lumière polarisée. Les recherches que nous venons d'exposer montrent : i° que dans la préparation de la méthylcamphoroxime au moyen du chlorozincale d'hydroxylamine il se forme, probablement, deux oximes, dont l'une est active et l'autre inactive. En effet, l'oxime brut donne deux phényluré- thanes déviant, la première, la lumière polarisée à droite, tandis que l'autre est racémique; 20 Que l'oxime droite donne naissance à un nilrile méthylcampholé- nique droit, lequel fournit par hydratation de l'amidc méthylcampholénique inactive et par hydrolyse de l'acide méthylcampholénique inactif. Il est probable que le nitrile méthylcampholénique, grâce à son activité optique, est l'analogue de l'a-nilrile campholénique, et qu'au cours de son hydratation et de son hydrolyse il subit une transposition moléculaire qui assigne à ses dérivés la forme des dérivés (3-campholéniques. Des nouvelles recherches sont nécessaires pour élucider le mécanisme et les conditions de cette transformation. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'état dissimulé dans les hydrates. Note de M. de Porckand. L'attention paraît se porter de nouveau, depuis peu d'années, sur la constitution des hydrates, en particulier des hydrates cristallisés formés par un grand nombre de sels. Dans beaucoup de travaux de cet ordre, les. auteurs sont conduits à remarquer que pour certains hydrates l'eau semble jouer à peu près le même rôle que si elle n'était pas combinée, tandis que pour d'autres elle paraît donner au sel des propriétés spéciales ('). (') Je citerai notamment les recherches de Mlle Feytis {Comptes rendus, t. 153, 1911, p. 668, et t. 156, 1918, p. 886); de M. Lebeau {Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 439); de M. Florentin {Bull. Soc. chim., t. XIII, 1918, p. 362). Tout récemment, MM. Chauvenet et Urbain ont développé des considérations analogues {Comptes rendus, t. 156, 1918, p. i3ao). séance du ig mai igi3. i5o7 Implicitement ou explicitement, ces auteurs admettent que, dans ces derniers cas, les sels hydratés sont des complexes, dans lesquels l'eau et le sel sont dissimulés, tandis que dans les autres hydrates l'eau serait seulement juxtaposée. Quelques-uns précisent, et proposent d'écrire par exemple : (N03)2= U=(OH)\ SO*=rFe = (OH)S SO = Cu = (OH)2+ 4H*0. Des travaux de ce genre sont assurément fort intéressants par les faits nouveaux qu'ils apportent. Beaucoup d'autres viendront sans doute, qui paraîtront confirmer ces conclusions, et l'on en pourrait citer parmi les recherches plus anciennes, ou celles qui se poursuivent. Ainsi l'étude de la tension d'efflorescence, de la vitesse d'efflorescence, de la densité, de l'indice de réfraction, des propriétés magnétiques, de la température de fusion, ont conduit on conduiront à des conclusions en général concordantes. Il n'est pas douteux qu'au point de vue cryoscopique certaines molécules d'eau ne se comporteront pas comme la glace (eau de constitution, dira-t-on), tandis que d'autres sembleront juxtaposées. La raison en est que, sous des formes nouvelles, mais qui ne nous apportent pas plus de lumière, ces constatations reviennent à dire que certaines molécules d'eau sont soudées au sel anhydre avec une énergie très grande, alors que d'autres sont fixées avec une énergie moindre. Le premier cas correspond à la notion de complexe; le second aux mots : combinaison d'addition. Je remarque seulement que nous connaissons depuis plus d'un demi- siècle une méthode générale et très simple qui nous permet d'exprimer et de comparer les mêmes faits avec une précision autrement grande. Elle consiste à dissoudre séparément, dans un grand excès d'eau, le sel anhydre et ses différents hydrates, et de faire la différence des chaleurs de dissolu- tion, en la rapportant à imo1 d'eau. Ces différences expriment la chaleur de fixation des molécules d'eau liquide qui s'ajoutent au sel anhydre pour former ses hydrates successifs. Elles expriment par suite la stabilité relative de ces hydrates. Ces nombres sont tous positifs. En fait ils varient de + iCal,43 (qui est la chaleur de solidification de imo1 d'eau libre) jusqu'à plus de 5i' •''. On peut donc dire que, rapportés à imo1 d'eau solide, ils varient de o avec k = T ■ sin A 7r a ■+■ b Exacte pour b = a et pour b = o, cette expression est approchée par défaut pour les valeurs intermédiaires, avec une erreur relative très faible, et dont le maximum, qui se produit sensiblement pour b = -=, est de7iïïïïenviron- La qualité d'une formule approchée ne dépend pas seulement du degré d'approximation qu'elle comporte dans les évaluations numériques. En vue des substitutions auxquelles on peut être conduit dans les développements mathématiques, il est important qu'elle ait la même allure générale que la fonction exacte. Celle que je présente a cet avantage. En effet, portons p = - en abscisses ety= — en ordonnées; la courbe rigoureuse et la courbe approchée ont non seulement les mêmes extrémités (p = o, y ^= 4), ('f> = ' >.">'= '27Z)i mais encore mêmes tangentes à ces extrémités, les coefficients angulaires de ces tangentes étant o el 1; en outre, pour les deux courbes, les ordonnées croissent de 4 à 271. Il n'en est pas de même des formules, d'ailleurs très approchées dans une région fort étendue, qui sont tirées de l'expression générale de Landen, comme celle de M. Boussinesq et celles de M. Williot, où l'erreur croit avec l'excentricité e. A partir d'une certaine excentricité, elles donnent des écarts inacceptables, et suivent une loi tout autre que la fonction exacte. Ainsi la formule bien connue de M. Boussinesq L = 7r-(a+6) — \fâb est excellente depuis e = o jusqu'à ^ = 0,9; mais, au delà de e = 0,95 (p = o,3i2), elle s'écarte notablement de la fonction exacte; alors que I3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. celle-ci continue à décroître, elle passe par un minimum correspondant à p = -, et l'erreur relative atteint 18 pour 100 avec e= i. La Table ci-dessous indique pour -, à 0,0001 près : i° les valeurs exactes ; 2° les valeurs de la formule de M. Boussinesq; 3° les valeurs de ma formule puis avec une expression un peu moins simple de k, à savoir avec k P i + p k_ . i + o,o3p °>97 ,°9P Valeur exacte. Formule Boussinesq. 4 Valeur. 4,7124 Différence. + 0,7124 0 1 0,1 0,990 4,o63g 4,<902 0,2 0,980 4 i 2020 4,2499 o,3 0,954 4,3855 4,4°54 0,4 0,917 4,6024 4,6104 -t-0,0080 o,5 0,866 4,8442 4 , 8475 +o,oo33 0,6 0,800 5,io55 5,io63 °>7 0,714 5,3823 5,3826 0,8 0,600 5,6723 5,6724 0,9 o,436 5,9731 5,9732 1 o 6,2832 6,2832 +0, 1263 4-0,0479 +0,0199 0,0008 o,ooo3 0,0001 0,0001 o Formule Soreau avec k = Valeur. avec k -o,o3p ? 0,97-1-1,09.3 Différence. Valeur. Différence. 4 04 O 4,o549 — 0,0090 4,0074 — o,oo65 4,i888 — 0,01 32 4 > « 95 1 — 0,0069 4,37.31 — 0,0124 4 » 384 ' — o,ooi4 4,5923 — 0,0101 4,6025 +0,0001 4,8368 —0,00-4 4,8466 +0,0024 5,1007 — o,oo48 5,io84 +0,0029 5,3798 — 0,0025 5 , 385 1 +0,0028 5,6712 —0,0011 5,6741 +0,0018 5,9729 — 0,0002 5,9737 +0,0006 6,2832 o- 6,2832 o II. J'ai établi la deuxième valeur de k par les considérations suivantes. Au lieu de k — - "" ™>nt i-^^,. ^i„c ^a.^a^i^^^.,1 avec (A'+B'+C I + p A + Bp + Cp2+. . . PA' + B'p + C'p=+... A + B + C+... 1 A'+B'+C' + ... " 2' ...)(B + 2C+...)-(A + B + C + .)(B'+2C- • ) (A'+B' ■■■)- La courbe représentative a encore mêmes extrémités et mêmes tangentes en ces extrémités que la courbe vraie; on peut disposer des paramètres arbitraires de façon à réduire, dans certaines régions, les écarts, d'ailleurs faibles, obtenus avec k la formule approchée. -; mais c'est au détriment de la simplicité de SÉANCE DU 19 MAI ipi3. l5l5 A titre d'exemple, j'ai déterminé la deuxième expression de k en me contentant d'un seul paramètre arbitraire, que j'ai choisi de façon à obtenir la valeur exacte pour une valeur p, voisine de 0,4 ; en deçà de p,, la formule est approchée par défaut; au delà, elle est approchée par excès. L'écart maximum est ainsi réduit de moitié environ. III. Ma formule peut aussi s'écrire L 2 arc 2/'7T la corde 2 /.tt Si donc on décrit sur le grand axe de l'ellipse un arc de cercle d'angle au centre 2A1Ï, cet arc est très sensihlement égal à la demi-longueur de l'ellipse. Suivant la valeur de p, les nombres de la Table, multipliés par - , donnent l'erreur commise. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration des équations aux dérivées fonctionnelles partielles. Note de M. Paul Lévv, présentée par M. Hadamard. Considérons une ligne plane fermée C, une fonction u(s) définie en chaque point de C, s étant la longueur d'arc, et une fonctionnelle $ dépendant de C et de u(s). Sa variation, si l'on définit la déformation de C par le déplacement on de chacun de ses points, supposé normal à la courbe, sera supposée de la forme (1 ) ô* = f[Vu(s) du + ®'a(s) Sn] ds. Les fonctions par sa valeur (i), la relation obtenue prend la forme (3) dVn(s) = lî(§Vu) + L(du) + Ll(3n), H, L et L, étant des fonctionnelles linéaires, dont la forme dépend de $, s, de la ligne C, et des fonctions u et <&'u. Nous dirons que deux fonctionnelles linéaires E(m) et C (u), dont la forme dépend de s, sont adjointes l'une à l'autre si l'on a fr{s)E(i,)ds= fu{s)C'v)ds, les fonctions «(5) et v(s) étant quelconques, ou du moins étant seulement soumises à certaines restrictions relatives à leur continuité et l'existence de leurs dérivées successives. Une fonctionnelle linéaire donnée, en debors de certains cas singuliers que nous supposerons écartés, a une adjointe et une seule qu'on peut toujours former aisément. A l'aide de cette définition, nous pouvons énoncer le résultat suivant : La condition nécessaire et suffisante pour que l'équation (2) soit complètement intégrable est que l'expression H KC*»)] + H [* K °n] + L, ( on ) - 0= 'u et $^ sont déterminées, pour u = c, par l'équation (2) et l'équation (4) ?(*)=•;(*) +ac(»i), 3t étant la fonctionnelle adjointe de K. (5) SÉANCE DU 19 MAI I9l3. l5l7 Si l'élimination de $<&'„ entre l'équation (/j) différentiée et l'équation (3) conduit à une équation en o<$'u qui se ramène à une équation intégrale de deuxième espèce, il est facile de définir le déterminant fonctionnel des équations (2) et (4) par rapport à <ï>^ et $,',. S'il n'est pas nul, moyennant certaines restrictions sur la nature analytique des données, il existe une détermination de $ et une seule vérifiant les conditions données. S'il est nul, on peut dire que les données constituent une caractéristique. Il n'existe pas alors en général d'intégrale régulière, c'est-à-dire représentable par une série analogue à celle de Taylor, vérifiant les conditions données, et s'il en existe, il en existe une infinité. Les équations en o'u et £,', peuvent même se réduire à une seule. Dans ce cas, la caractéristique considérée sera ài[ede première espèce. Une pareille caractéristique est définie par les équations SU — — 3t(8rt), = f[Q'n (s) - II (4>;, )]8n§s, <3*'„ = >l{on) -+- k'u on, Ô4»'„ = £ , ( on ) + /,' «', §«' étant des dérivées par rapport à s, et 3C, Cet£, étant les adjointes de H, L et L,. Ces équations ne sont pas, en général, complètement intégrables. Mais, à chaque détermination initiale de C, ;/, $, S>„, <&'n vérifiant l'équation (2) correspond, moyennant certaines restrictions sur la nature analytique de ces quantités, une intégrale et une seule des équations (5). Si l'on appelle élément un ensemble de déterminations de C, u, $, 'U, $'„, on peut dire qu'un élément vérifiant l'équation (2) définit une caractéristique de pre- mière espèce. Les principaux théorèmes de Cauchy s'étendent à ces caractéristiques : une intégrale de V équation (2), si elle, contient un élément d'une caractéris- tique de première espèce, les contient nécessairement tous. L'intégration de l'équation (2) se ramène à celle des équations (5). Donc l'intégration d'une équation aux dérivées fonctionnelles partielles (du premier ordre), complè- tement intégrable, se ramène à celle d'un système d'équations aux dérivées fonctionnelles ordinaires. l5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHKONOMétkie. — Sur la loi de dé formation du spiral plat des chronomètres. Note de M. M. Mouli.v. I. Les spiraux des chronomètres de poche s'obtiennent en enroulant ensemble autour d'un même axe trois ou quatre lames. La dislance de deux spires consécutives est donc rigoureusement constante par construc- tion. Parmi les différentes courbes en spirale, la développante du cercle est celle qui satisfait à cette condition, et nous admettrons que le spiral possède cette forme. Nous supposerons, pour le moment, que le spiral est réduit à sa fibre neutre, c'est-à-dire que son épaisseur est nulle. Soit i la distance de deux spires consécutives; le rayon a du cercle générateur est tel que i~a = t. (En général i = omm,2 à omm,3; a = omra,o3 à omm,o5.) Soit (3, l'angle que fait le rayon Oa perpendiculaire à la normale au point M (tangente au cercle) avec une direction d'origine. Le rayon de courbure en M est évidemment Quant à la longueur £ du spiral, on l'obtient immédiatement : soit ds la longueur d'une portion infiniment petite du spiral : ds0 = p0 dfio— a(30 rf(30 a pi _ m >0i d'où (0 41= 2rt R étant le rayon de l'extrémité extérieure du spiral. S'il manque quelques spires au centre, comme c'est toujours le cas, puisqu'il faut y loger l'axe et la virole, on a, en appelant /' le rayon de l'extrémité intérieure : . . p IV- -r' R + r (2) 4^= = 211/1 , 2a 2 // étant le nombre de tours (ne = R — r). C'est n fois la longueur de la spire moyenne. On retrouve ainsi la valeur limite (pour n grand) trouvée par Grossmann pour une spirale d'Archimède. La formule complète de Grossmann n'estpasplus exacte que celle-ci, que j'ai vérifiée non seulement pour des spiraux complets de i5 à 20 tours, mais aussi pour quelques spires prises à l'intérieur ou à l'extérieur d'un spiral. SÉANCE DU 19 MAI I9l3. 1019 II. Supposons maintenant que nous fassions agir sur la développante (complète au centre) un couple C tel que la normale à l'extrémité exté- rieure tourne d'un angle a dans le sens de l'enroulement du spiral, le centre restant fixe. Le rayon de courbure au point M, qui initialement était p0, va devenir p et sera donné par la formule bien connue 1 1 _ C a P Po ~~ ? ~~ -C.' a étant le coefficient de flexion de la lame. Mais la normale au point M a tourné de y- (s étant la longueur de la courbe comprise entre M et le cercle générateur) et la perpendiculaire Qz à cette normale fait maintenant avec l'origine un angle Exprimant / en fonction de [3, et posant b = — r> il vient (4) p = ap(l- bp + b*p), en négligeant les termes plus petits que b2 (3a, qui est de l'ordre de 0,01 ; a = 4, .(^=25omni, [3 = 100; d'où b = io~3; b$ = o,i. Quant au nouveau centre de courbure, on trouve qu'il s'écarte extrême- ment peu de Os, et que sa distance à l'axe est devenue (5) z = a — iab$.% La nouvelle courbe n'est donc plus une développante de cercle. C'est une développante de développante de pas variable avec a. Le spiral reste concentrique à la condition qu'on permette à son extré- mité de se placer convenablement. On sait qu'on peut y parvenir au moyen d'une courbe terminale qui diffère peu d'une courbe Phillips (spiral Bré- guet). De même, on remplacera les spires intérieures qui manquent par une courbe analogue. III. Dans les spiraux tels qu'on les réalise, la formule (3) n'est pas applicable en toute rigueur aux spires intérieures dont l'épaisseur n'est pas négligeable par rapport au rayon de courbure. Mais, si l'on remarque que la variation de ce rayon de courbure est de l'ordre du centième de milli- mètre (pour p0= i™ et pour les valeurs de a et ^adoptées ci-dessus), on voit qu'une erreur, même de 10 pour 100, ne donnera qu'une variation C. R., 1 ., 1 3 , 1" Semestre. (T. 156, N« 20.) I 94 I02O ACADEMIE DES SCIENCES. de l'ordre du millième de millimètre. L'erreur est d'ailleurs bien plus petite que iopour ioo, et la formule (3) est toujours applicable. IV. Nous avons supposé jusqu'ici que le centre était fixe. En réalité c'est l'extrémité extérieure qui est fixe. Il suffit de faire tourner l'ensemble d'un angle — a. Quand le balancier tourne d'un angle a dans le sens de l'enroulement du spiral, les spires extérieures tournent avec lui, et leur rayon varie peu, de sorte qu'elles semblent s'écarter du centre si on les regarde dans une direction fixe. Les spires extérieures au contraire tournent peu et, leur rayon variant beaucoup, elles se rapprochent du centre. Il y a une spire intermédiaire qui paraît rester en repos pendant le mouvement (' ). Considérons une direction Ox' fixe par rapport au piton. Soit M'0 un point pris sur l'une des spires et dans cette direction. Après rotation, le point M'0 sera remplacé par un point M' et le rayon de courbure, qui était p'0 pour M'0, devient p' (rayon de courbure en M' après déformation). On trouve finalement pour le changement apparent du rayon de courbure (qui est égal à la distance de l'axe à la tangente au point du spiral consi- déré) : _ 3 p£ _ 3ap'0a 2 L L Dans les limites habituelles de l'amplitude, le troisième terme est petit et p — p'0 est nul pour la spire de rayon p'0 telle que 2 L 2 R„2 L est ici la longueur totale du spiral, courbe terminale comprise, R0 le rayon total du spiral avant que cette courbe soit formée. Finalement, on a 3o = \/jRô = 0,577 r;. J'ai vérifié cette formule sur plusieurs spiraux, soit en repérant la spire immobile par rapport aux goupilles de raquette, ou par des mesures faites (') Ce fait est bien connu des régleurs qui en font un critérium de bon centrage du spiral. Il n'en est pas fait mention dans les ouvrages de Chronomélrie. C'est M. Tissot, chargé des travaux pratiques de réglage à l'Université de Besançon, qui me l'a signalé pour la première fois. SÉANCE DU 19 MAI IC)l3. l52Ï sur des photographies d'un spiral au repos ou déformé par des rotations du balancier variant entre •+- 36o° et — 36o°. J'ai trouvé un accord aussi bon qu'on pouvait l'espérer entre la théorie et l'expérience. HYDRAULIQUE. — Sur les coups de bélier dans les conduites formées de sections de diamètres différents. Note de M. de Sparre, présentée par M. H. Léauté. Dans les hautes chutes, on est souvent amené à former la conduite de sections dont le diamètre va en diminuant à mesure que l'on s'éloigne de la prise d'eau et que par suite la pression augmente. On pourrait croire que le coup de bélier ne saurait en aucun cas dépasser la valeur qu'il aurait si la conduite avait partout le diamètre de la partie inférieure, où la vitesse de l'eau est la plus grande. L'élargissement de la partie supérieure diminuant, en définitive, la force vive totale de l'eau emmagasinée dans la conduite. Il n'en est toutefois rien, pour une ferme- ture brusque, ainsi que nous allons le montrer par un exemple simple. On sait que lorsque la conduite a partout le même diamètre on a, dans le cas d'une fermeture brusque, d'après la théorie de M. Allièvi, pour la valeur du coup de bélier, où va est la vitesse de régime, g la gravité et a la vitesse de propagation ('); de plus, si /désigne la longueur de la conduite, ce coup de bélier se main- tient pendant une durée T — — • a Il est ensuite suivi d'un coup de bélier négatif de même valeur absolue et de même durée. Le phénomène présente une série d'oscillations semblables, la durée d'une oscillation complète étant 2T. (') Donnée d'après M. Allièvi par la formule 99°° y/ ,3 + K- oùe?etesont le diamètre et l'épaisseur de la conduite et où K = o, 5 pour le fer et l'acier et K = 1 pour la fonte. i5 ID22 ACADEMIE DES SCIENCES. Supposons maintenant une conduite formée de trois sections, la dernière à la partie inférieure de longueur /, de diamètre d et où la vitesse de pro- pagation est a, les longueurs, diamètres et vitesses de propagation pour les suivantes étant /', d', a' et /", d", a", et supposons de plus qu'on ait l_ a l_ a? V a" Considérons alors des périodes élémentaires de durée T, et désignons par tn la valeur du coup de bélier, pour le cas d' une fermeture totale brusque, pendant la nieme période élémentaire, où l'on a, / désignant le temps, Si l'on pose alors a'dn- on aura a ci - Ç» = (-0* 2 ( n — i ) l 2 ni a a p a"d'* i 4). Dans les expériences d'Allevard, où la partie supérieure de la conduite était plus large, on reconnaît, en soumettant le phénomène au calcul, qu'on aurait dû enregistrer un résultat semblable. Cela a bien eu lieu pour cer- taines expériences, mais pas dans le plus grand nombre; cette anomalie s'explique par ce fait, que, vu le peu de longueur de la partie élargie, la surpression n'aurait dû se produire que pendant 0,16 seconde environ et que le manomètre employé n'était pas en état d'enregistrer d'une façon rigoureuse des phénomènes d'une durée aussi courte. ÉLECTRICITÉ. — Influence des oscillations électriques sur la conductibilité de certains se/s métalliques fondus. ÎNote de M. C. Tissot, présentée par M. Lippmann. En cherchant à réaliser à l'aide de composés homogènes des détecteurs d'oscillations électriques susceptibles de se comporter comme les détec- teurs rectifiants dits à cristaux, j'ai été conduit à faire agir les oscillations sur différents sels métalliques préalablement fondus. J'ai fait ainsi certaines observations que je crois intéressantes à signaler. Tout d'abord, on observe que certains sels fondus se comportent d'une manière singulière quand on leur applique une différence de potentiel continue de valeur convenable. Pour faire l'expérience, on fait fondre le sel dans une petite nacelle de porcelaine dans laquelle sont maintenues parallèlement, et à une distance de imm à 2mm l'une de l'autre, deux lames de platine, d'or ou d'argent de 4mm à 5mi" de largeur. On peut aussi, plus simplement, coller les extrémités des lames métalliques l'une sur l'autre, à l'aide d'une goutte de sel fondu qu'on écrase entre les lames qu'on a chauffées au préalable, afin d'obtenir une adhérence convenable. (') Cette remarque est importante, car si les expériences d'Allevard ont montré que, pendant les premières oscillations, le phénomène se conforme à la théorie de M. Allièvi, il tend ensuite à se produire un mouvement d'ensemble. 1024 ACADÉMIE DES SCIENCES. Après solidification et refroidissement du sel, on intercale les lames comme électrodes dans un circuit qui comprend quelques éléments d'accu- mulateurs, un réducteur de potentiel, et un galvanomètre muni de shunts convenables. Pour tous les sels essayés, et que j'indiquerai plus loin, l'allure générale du phénomène est le même. Dans les conditions indiquées, et à la température ordinaire, ces diffé- rents sels présentent une résistance de l'ordre du mégohm. Cette résistance ne change pas tant que la différence de potentiel appliquée demeure au-dessous d'une certaine valeur (de l'ordre du volt environ). Mais si l'on donne à cette différence du potentiel une valeur légèrement supérieure, le système devient progressivement de plus en plus conducteur, l'accroisse- ment de la conduclivité étant d'autant plus rapide que la différence de potentiel appliquée est plus grande. La résistance passe ainsi d'une valeur de l'ordre du mégohm à une valeur de l'ordre de quelques milliers d'ohms, par exemple. Dans l'un des cas étudiés (chlorure de plomb), cette conducti- bilité s'établit au bout de 12 minutes sous l'application d'une force électro- motrice de 1,4 volt, au bout de 2 minutes solis l'application d'une force électromotrice de 6 volts, et au bout de 10 à i5 secondes sous l'application d'une force électromotrice de 10 volts. Au lieu de laisser le système soumis à une différence de potentiel con- stante, on peut faire croître progressivement la différence du potentiel appliquée : on atteint ainsi très vite une valeur pour laquelle la conductibi- lité paraît s'établir brusquement. Lorsque la conductibilité est établie, d'une manière ou de l'autre, par application d'une certaine différence de potentiel, on peut réduire cette différence de potentiel sans la faire disparaître. En opérant progressive- ment cette réduction, on peut ainsi la réduire à une fraction de quelques dixièmes de volt. Dans tous les cas, et quelle que soit la valeur de la différence de potentiel appliquée au système lorsqu'il est devenu conducteur, si l'on fait alors agir sur lui des oscillations électriques d'intensité suffisante, la conductibilité dis- paraît immédiatement. On peut disposer l'expérience de la même façon que les expériences classiques sur les cohéreurs en excitant le système à distance par l'étincelle d'une petite bobine d'induction ou simplement par l'étincelle de rupture d'un trembleur. A chaque étincelle il se produit alors, pour employer le SÉANCE DU ig MAI igi3. 1325 langage consacré par la technique de la T. S. F., une décohération du système. Cette décohération se produit d'ailleurs pour une intensité d'autant plus faible des oscillations que la différence de potentiel appliquée au système est elle-même plus petite. Quand la décohération s'est produite sous l'action d'oscillations, et qu'on laisse appliquée la différence de potentiel continue, le système rede- vient conducteur. Cette chute de résistance ou recohèration se produit en général progressivement comme le phénomène initial, mais d'une manière beaucoup plus rapide. Elle met également à se produire un temps d'autant plus court que la différence de potentiel appliquée est plus grande. En réglant convenablement, pour des oscillations d'intensité donnée, la valeur de cette différence de potentiel, on peut faire en sorte que, la décohération ayant lieu sous l'effet des oscillations, la cohération se produise sponta- nément aussitôt qu'elles cessent, d'une manière à peu près instantanée. L'existence de la durée de recohèration, si courte soit-elle, semble con- stituer un certain obstacle à l'utilisation de ce nouveau détecteur d'oscil- lations électriques à la réception des signaux au son. En revanche, il paraît devoir se prêter à l'enregistrement direct des signaux, car il fonctionne aisément avec un courant local de l'ordre du milliampère : c'est ce que j'ai pu constater en utilisant effectivement ce détecteur à la réception de signaux de T. S. F. Quoi qu'il en soit, et en dehors de toute question d'application possible à la technique, je crois que le phénomène mérite d'attirer l'attention, car il me parait assez nouveau et présente un certain caractère de généralité. Je l'ai en effet reproduit jusqu'ici avec les sels suivants : chlorure de plomb, chlorure de thallium, bromure de cadmium, selshaloïdes d'argent, azotate d'argent. Ce choix de sels peut paraître assez arbitraire. On observera qu'il se trouvait imposé, dans le mode opératoire que j'ai adopté, par la nécessité de fajre usage de sels suffisamment inaltérables et capables d'être fondus à l'air sans décomposition. l526 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE. — Déduction de la loi de Planck de la distribution de l'énergie par V hypothèse d'agglomération. Note (() de M. Carl Benedicks, présentée par M. H. Le Chatelier. 1. Il est naturel de se demander [F. Richarz(2), dès 1893, J. Duclaux(3)], si des variations moléculaires ne peuvent pas expliquer les variations de la chaleur atomique des solides. Je me propose de montrer ici brièvement que l'hypothèse de Y agglomé- ration (4) progressive des atomes des solides à température absolue T décroissante, jusqu'à ce que pour T = o il ne reste plus de liberté d'agi- tation thermique, peut conduire à la loi de Planck, base de la théorie moderne de la chaleur atomique (Einstein et d'autres). 2. Considérons une molécule d'un solide cristallisé; son énergie W à T = o étant désignée par le point A0. Si tous ses atomes étaient encore libres à T=o, W augmenterait avec T d'une manière linéaire: W == 3RT (droite A0B0). Si les atomes sont agglomérés, W augmentera bien plus lentement, ayant -rs- = o pour T=o (il n'y aura absorption d'énergie thermique qu'à mesure que les atomes se seront désagglomérés ; pour des T élevées ils le seront complètement). W suivra donc une courbe A0B, ayant l'asymptote AB parallèle à A„B0 (voir la figure). Pour des T élevées on aura W = 3RT — W0, en indiquant par W0 l'énergie (encore complètement inconnue, mais constante) A0A. Une expression exacte à toutes les T s'obtient en écrivant (1) W = 3RT-W,+ F(T), (') Présentée clans la séance du 5 mai iç)i3. (2) F. Richarz, Zeit.sc/ir./. anorg. C/iem., l. LVIII, 1908, p.' 356; t. L1X, 1908, p. i46. (3) J. Duclaux, Comptes rendus, t. lo.'i, 1912, p. 1 01 5, 1509. (*) Nous employons le terme d'agglomération (au lieu de polymérisation, association, etc.) afin d'indiquer qu'il n'est pas nécessaire d'iuvoquer des forces chimiques. SÉANCE DU ig MAI IO,l3. 132J où F(T) est une fonction qui représente l'énergie de l'agglomération. Tout revient à la détermination de F(T). 3. Il y a deux facteurs qui doivent avoir une influence prépondérante sur F(T) : i° la cohésion qui dans les cristaux est de nature vectorielle; elle a la tendance de rapprocher les atomes en les orientant ; 2° Vagitation thermique, dont l'influence sera d'écarter, de désorienter les atomes agglo- mérés. Ce problème est étroitement lié au cas calculé par M. Langevin (') w t d'un gaz paramagnétiquedans un champ magnétique orientant. Admettons que l'énergie d'agglomération obéit à la loi de Langevin, comme M. Weiss (2) admet qu'est le cas du ferromagnétisme, on arrive à trouver plus ou moins plausible la formule (2) F(T)=W0(/colI. Wl 3 RT Wt où W, est une constante individuelle. On obtient de (i) W. w (3) W = 3RT - W0+ W„ cot h ^1 _3RT^. Dans le cas spécial où W, = W0, (3) se simplifie considérablement : (4) W = W.(coth^-: (') lJ. Langevin, Ann. de Chini. et de Phys., 8e série, t. V, 190a, p. 70. (-) P. Weiss, Bull. Soc. franc. Phys., 1907, fasc. 1 et 2, et d'autre part. C. R., 19.3, 1" Semestre. (T. 156, N° 20.) 195 l528 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ecrivant explicitement la fonction hyperbolique, on trouve, après quelques transformations faciles, que (4 ) se transforme en (5) Wz=3Rl^_=3R ^£L_ en posant 2W0 La formule (4) est identique à la loi de Planck, pour ce qui est de la forme générale. 4. Il paraît assez plausible que F(T), qui mesure l'agglomération, soit proportionnelle à la cohésion H et inversement proportionnelle au poids atomique A (plus l'attraction est grande et la niasse petite, moindre sera la probabilité que l'agitation thermique causera la désagglomération d'un ri atome), c'est-à-dire F(T) = const. -r-- Développant (2) en série, on obtient, en première approximation, W F(T) ce qui permet d'écrire 9RT' II W2 — C2 ° A ou (6) w^. (5) se transforme en (9) W = 3R- W Celle formule est identique à la loi de Planck (Energieverteilungsgesetz); elle a été obtenue sans le moindre secours de i hypothèse des quanta. 5. Il va sans dire que ces considérations n'ont pas la prétention d'être définitives; elles font voir cependant, me semble-t-il, que l'hypothèse des quanta n'est pas « la seule qui conduise à la loi de Planck », ce qui a été prétendu. Pour que l'hypothèse des quanta, contraire à la Mécanique, con- tinue à avoir sa raison d'être, il me semble absolument nécessaire qu'on fasse la démonstration, ou qu'il est absurde d'admettre l'existence d'une agglomération, ou bien que cette agglomération, dont on admettra la pos- sibilité, ne pourra pas obéira la formule de Langevin. PHYSIQUE. — Sur les variations du pouvoir rotatoire magnétique dans les changements d'état. Note de M. J. Ciiaudier, présentée par M. E. Bouty. Les expériences de H. Becquerel sur le sulfure de carbone et de Bichat sur l'anhydride sulfureux ont montré que le pouvoir rotatoire magnétique de ces corps à l'état gazeux était inférieur au pouvoir rotatoire magnétique calculé, en supposant que le pouvoir rotatoire moléculaire magnétique se conservait dans le phénomène de la vaporisation. A la suite de mes expériences sur la polarisation rotatoire magnétique des gaz liquéfiés, oxygène, azote ('), anhydride carbonique et anhydride sulfureux, j'ai été amené à comparer les valeurs des pouvoirs rotatoires magnétiques de ces corps à l'état liquide et à l'état gazeux. J'ai complété ces recherches sur les variations du pouvoir rotatoire magnétique dans les changements d'état, en mesurant les pouvoirs rota- (') J. Chaudier, Comptes rendus, t. 156, p. 1008. Dans cette Note, page 1009, lignes 27 et 32, au lieu de « à 180 », on est prié de lire « à leur température d'ébullition sous la pression atmosphérique ». l53o ACADÉMIE DES SCIENCES. toires magnétiques des liquides actifs et celui des solides auxquels ils donnent naissance par congélation. i° Pouvoirs rotatoires magnétiques des liquides actifs vaporisés. — J'ai sup- posé le pouvoir rotatoire moléculaire magnétique invariable, et, grâce à cette hypothèse, j'ai pu calculer le pouvoir rotatoire magnétique des gaz O, Az, CO2, S02,-à l'aide des pouvoirs rotatoires magnétiques de ces corps à l'état liquide. J'ai ramené à o° ces déterminations, faites aux tem- pératures d'ébullition de ces liquides, sous la pression atmosphérique (— 182°, 5 pour l'oxygène; — 195°, 5 pour l'azote, etc.), en admettant, avec H. Becquerel, que le phénomène variait comme la densité des gaz étudiés. Sauf pour CO2, qui était contenu dans un tube de Natterer, les pouvoirs rotatoires magnétiques ont été déterminés sous la pression atmosphérique. Les données numériques ont été empruntées au Recueil des Constantes physiques récemment publié par la Société française de Physique. J'ai réuni dans le Tableau suivant les résultats de mes recherches, et les valeurs correspondantes des pouvoirs rotatoires magnétiques obtenues expérimentalement par divers observateurs. Je désigne par / la température du liquide actif pendant la détermination du pouvoir rotatoire magnétique p, par p" et p" les pouvoirs rotatoires magnétiques à l'état gazeux, calculés et observés ('). p'x 106 calculé p" X 10G observé à 0° et 7G™. | 6,28 (Becquerel) ) 5,55 (Siertsema) ( 6,92 (Becquerel) \ 5,/)9 (Siertsema) j 3 1 , 39 (Becquerel) \ 12,82 (Bichal) \ i3,o (Becquerel) | 8,61 (Siertsema) Pour compléter ce Tableau, je rappellerai que Bichat, à l'aide des résultats numériques de Becquerel, a calculé le pouvoir rotatoire magnétique de CS2 à l'état gazeux, et qu'il a obtenu un nombre sensiblement double de celui que fournit l'expérience. (') Les résultats de Siertsema ont été calculés avec les formules qui résument ses expériences, et ramenés à o° et à la pression atmosphérique; ceux de Bicliat ont subi une transformation analogue (voir Recueil des Constantes physiques, p. 687, et Mémoires déjà mentionnés dans la Note précitée). Température t. p x 102 observé à t°. à f. à 0». 0 ... . -i82°,5 0,782 3i,6 10,5 Az .. . -.95,5 o,4 1 5 22,9 6,5 SO2.. — 10 .,8 36,98 35,5 CO2. + 26 0,207 n, 6 12,8 SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1 53 1 De l'examen de ce Tableau et de la remarque précédente, il résulte : a. Que p' est supérieur à p"pour les gaz O, CO2 (nombre de Siertsema) et CS2, dont la dispersion rolatoire magnétique s'écarte nettement de la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde ('); b. Que p' est voisin de p" pour les gaz Az, SO2 (et aussi Cil3 Cl, d'après les expériences de Siertsema), dont la dispersion rotaloire magnétique obéit sensiblement à la loi de l'inverse du carré de la longueur d'onde. Il semble donc exister une relation entre la variation du pouvoir rota- toire magnétique, dans le passage de l'état liquide à l'état gazeux, et la loi de dispersion rotatoire magnétique. i° Pouvoirs rotatoire.s magnétiques des liquides actif s solidifiés . — Le dispo- sitif déjà décrit m'a permis d'observer, soit successivement, soit simulta- nément, une même substance active, à l'état liquide et à l'état solide. Les résultats obtenus peuvent se classer dans deux catégories bien distinctes. a. Le liquide actif congelé se présente sous la forme cristalline; alors le pouvoir rotatoire magnétique disparaît complètement. Dans cette caté- gorie se placent l'aniline, la nitrobenzine, la benzine, le cbloroforme, le sulfure de carbone, l'alcool éthylique, etc. b. Le liquide congelé se présente sous l'état amorphe, son aspect est vitreux; le pouvoir rotatoire magnétique se conserve alors intégralement sous les deux états. L'essence de térébenthine, l'alcool amylique, la glycé- rine, se placent dans cette catégorie. Les expériences sont particulièrement faciles avec la glycérine, qui se maintient longtemps à l'état solide. Avec l'essence de térébenthine, le phénomène est complexe : on doit tenir compte de la polarisation rotatoire ordinaire. Conclusions. — 1. Dans le passage de l'état liquide à l'état solide, le pou- voir rotatoire magnétique des substances actives se conserve intégralement, si le liquide donne naissance par congélation, à un corps amorphe, d'aspect vitreux; au contraire, il disparaît en totalité, si le liquide congelé se pré- sente sous la forme -d'un corps à structure cristalline. Des observations analogues ont été faites par Biot et Cernez dans l'étude des variations du pouvoir rotatoire ordinaire par fusion ou solidification. (') Les dispersions rotatoires de CO'2, SO'2, CH'CI, ainsi que les calculs et les détails d'expériences, seront publiés dans un Mémoire spécial. l532 ACADÉMIE DES SCIENCES. '2. Le pouvoir rotatoire magnétique des substances actives, à l'état gazeux, calculé en supposant que le phénomène varie comme la densité (et cette hypothèse permet d'obtenir des résultats assez approchés pour établir une comparaison) est toujours supérieur, dans certains cas presque égal, au pouvoir rotatoire magnétique directement observé. Ainsi, tandis que le pouvoir rotatoire ordinaire se conserve dans le pas- sage de l'état liquide à l'état gazeux, le pouvoir rotatoire magnétique dimi- nue généralement dans ce changement d'état et peut, pour certains corps, devenir moitié moindre. De plus, il semble exister une relation entre cette variation et la loi de dispersion rotatoire magnétique des substances actives. ÉLECTRICITÉ. — Sur les précautions à prendre p>our T emploi de la résonance dans les essais de câbles électriques destinés à de hautes tensions. Note de M. André Léauté, présentée par M. P. Villard. Les expériences que je poursuis depuis un an sur l'emploi de la résonance pour l'essai des câbles à baute tension m'ont montré que la méthode indi- quée précédemment (') peut être appliquée sans danger, à condition qu'on prenne certaines précautions pour ne pas déséquilibrer la phase du réseau sur lequel on opère. Appelons C la capacité du câble dont on veut essayer un conducteur par rapport à la terre; soit L le coefficient de self de la bobine utilisée et w la pulsation du fondamental. Les résistances sont négligeables, malgré qu'il faille, comme l'a montré M. Blondel (2) tenir compte de l'hystérésis et des courants de Foucault dans leur évaluation; on doit donc, pour un essai au double de la tension normale, réaliser très sensiblement l'une des relations Lco ~ ou Lijj — -— =; — • Il est facile de voir que la seconde seule est compatible avec le maintien de l'équilibre sur le réseau. (') André Léauté, Bulletin de la Société internationale des Electriciens, t. II, 3e série, p. 45- (2) André Blondel, Eclairage électrique, l. LI, 1907. SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1 533 Encore doit-on éviter d'appliquer brusquement sur le câble le double de la tension de service. On constitue donc L de deux parties /, et /2 placées de part et d'autre du câble, /, du côté du plomb, l2 de l'autre côté, et, au moyen d'un commutateur spécial adjoint à l'appareil, on fait varier progressivement L de — = — ; à 7-7= — - et i2 de — 7-; — ; J rr r o 2 GCO'2 LfLb)2 2 Cor 5 -; la phase peut ainsi rester équilibrée, comme le montre le schéma ci-dessous : potentiels Distribution finale Distribution initiale Cette manœuvre n'est possibleque si l'on dispose au départ d'une self-induction double de la self de résonance, c'est-à-dire si le câble a une très grande longueur. Quand il n'en est pas ainsi, on fait fonctionner l'appareil comme un transformateur à résonance en divisant la bobine en deux parties, qui agissent l'une sur l'autre par induction. L'équilibre du réseau est, dans ce cas, assuré; mais, en revanche, si l'on ne prédétermine pas quel doit être le rapport des nombres de spires primaires et secondaires, ou court le risque d'appliquer sur le câble une différence de potentiel supérieure à celle qui est prescrite. Or, cette prédétermination est rendue difficile par le fait que, pour appliquer ici la théorie du transformateur à résonance ('), il faut considérer les coefficients d'induction L,, L2, M comme dépendant du flux d'induction, ce qui crée une grande, complication. L'appareil travaille, en efl'et, en pleine satu- ration, les ampères-tours primaires étant très petits vis-à-vis des secondaires. J'ai constaté qu'on arrivait à de très bons résultats en donnant au secon- daire le nombre de spires qui, à elles seules, montées en simple bobine de self-induction, feraient résonner le câble. Dans ce cas, on a le droit, puisque les ampères-tours primaires sont négligeables, de simplifier les équations du transformateur au moyen de la relation (E) L,w2C = i. J'ai d'ailleurs observé que si le courant est fourni, non par un réseau à voltage fixe, mais par un transformateur à forte chute de tension, la diflè- (') A. Blondel, Éclairage électrique, t. LI, 1907. — Béthk.nod, Ibid, t. LUI. Voir aussi l'étude de Fleming et celle de Seibt, E. T. Z., 7 avril 1904. l534 ACADÉMIE DES SCIENCES. rence de potentiel primaire prend spontanément une valeur telle que la relation (E) soit vérifiée. Par suite de cette simplification, le rapport^ des différences de potentiel aux bornes du secondaire et du primaire revêt la forme simple U, ~ Mu!C' et les trois relations L, w2 C = i , 77- = -ri — T7=; » Ij^CmU, U, Mw-d m'ont toujours permis de déterminer avec exactitude, au moyen de courbes tracées à l'avance, les nombres de spires produisant aux bornes du câble la tension voulue. Grâce aux précautions que je viens d'énumérer et en me servant de l'ap- pareil que j'ai construit dans ce but et qui vient de figurer à l'exposition de la Société de Physique ((), j'ai pu réaliser un nombre déjà assez considé- rable d'expériences, dont les principales ont été les suivantes : Câble à essayer. Alimentation. Essai. Dési- Lon- Fié- Puissance gnalion. giieur. Capacité. quence. Voltage. Voltage, apparente. Montage, m rat k.v.a. Diphasé 750 0,180 5o 10000 21000 23 Bobine Triphasé.... 9^0 0,137 ^o 9000 20000 18 Transformateur Triphasé.... g\o 0,137 5o 6000 28000 35 Id. Triphasé.... 1000 o,i5o 5o 5ooo 12200 8 Bobine Diphasé... . 1000 0,2^0 5o ii5oo 20000 3o ld. Diphasé 1289 0,160 t\i i23oo 26900 27 Id. Triphasé.... 2000 o,3oo 5o 5ooo 10800 12 Id. Triphasé.... 2800 o,i84 l\i 11800 23ooo 26 Id. Triphasé.... S^oo 1,228 53,3 7500 2o5oo 180 ld. Triphasé.... 12^00 1,812 53,3 7600 2o5oo 25o Id. On voit pur cette liste qu'on peut atteindre, pour des longueurs de ioKm, des tensions de 20000 à 3oooo volts. Ces valeurs suffisent aux besoins actuels de l'Électrotechnique, de sorte que, pour le moment, le problème de l'essai des canalisations souterraines à une tension alternative double de la normale est résolu. Toutefois, l'appareil devrait être modilié si un nouveau progrès dans la fabrication des câbles rendait possible une élévation notable des différences de potentiel auxquels ils sont soumis. (') Cet appareil a été construit de façon que le rendement y fût sacrifié aux consi- dérations d'encombrement. SÉANCE DU 19 MAI IÇ)l3. 1 535 ÉLECTRICITÉ. — Sur les machines dynamo-électriques à excitation interne. Note de M. R.-V. Picoit, présentée par M. P. Villard. Les machines dynamo-électriques sont construites en général jusqu'à présent en affectant à chacune des parties qui les constituent mécaniquement les fonctions respectives d'inducteur et d'induit. Ce n'est cependant pas une nécessité d'ordre physique, car il suffit, pour qu'une machine soit transfor- matrice d'énergie, qu'un bobinage soit en mouvement relatif dans un champ magnétique dont la direction diffère de celle de son champ propre. On peut donc faire porter par la même partie, fixe ou mobile, les bobinages induc- teur et induit, »et même superposer, dans les mêmes fils, les courants inducteur et induit. C'est Ycxcitation interne. Dans un anneau du genre Gramme, par exemple, on peut introduire le courant magnétisant par des balais auxiliaires calés à mi-distance des balais principaux et reliés à une' source indépendante. La partie fixe reçoit alors simplement un enroulement de compensation du champ du courant induit. On peut encore rendre une telle machine auto-excitatrice, en mettant en court circuit les balais auxiliaires et en faisant le bobinage de compensation légèrement surabondant. On peut aussi introduire dans le fil induit, au moyen de bagues reliées à des points équidistants, des courants polyphasés, de phase et de fréquences appropriées pour produire le champ fixe d'excitation. Ce dernier mode d'excitation, en particulier, confère à la dynamo des propriétés spéciales dont les principales sont les suivantes : l'entrefer n'est déterminé que par les conditions mécaniques de la construction, et plus du tout par les conditions de bonne commutation; l'excitation en est réduite en proportion; la dispersion magnétique est réduite pratiquement à rien, d'où des conditions d'auto-régulation extrêmement favorables. Ces propriétés trouvent leurs applications les plus intéressantes dans quelques cas particuliers : ainsi l'excitation des alternateurs, pour laquelle la machine principale fournit elle-même à son excitatrice le courant magné- tisant. La compensation des chutes de tension (compoundage) devient alors très facile à réaliser au moyen d'un simple transformateur qui ren- force l'excitation en proportion du courant principal. Pour les machines à courant continu de très grand débit affectées aux grandes applications de l'électrolyse, lès difficultés considérables auxquelles a donné lieu la commutation sont évitées sûrement par l'emploi de l'excitation alternative interne. Leur origine est l'impossibilité pratique de maintenir, avec la construction usuelle, C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N"20.) IG-^ l536 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'égalité des champs magnétiques partiels de ces machines à nombre de pôles nécessai- rement élevé. Les moindres différences créent entre les forces électromotrices mises en parallèle des écarts d'où résultent d'énormes courants de circulation. Les connexions équipotentielles, d'emploi courant, ne peuvent suffire à corriger ces défauts, ainsi qu'on le démontre facilement. Au moyen de l'excitation alternative, l'égalité des divers champs est assurée rigoureusement et reste telle malgré toutes les variations accidentelles de centrage. Ce sont, en effet, des réluctances et non des résistances qui déterminent le partage des courants magnétisants, et les réluctances tiennent compte automatiquement de toutes les différences d'entrefer. L'excitatrice, génératrice de courants déphasés, montée en bout d'arbre, est d'une grande simplicité. On peut disposer les choses de manière qu'elle ne comporte ni bagues, ni balais, et que la machine principale elle-même n'ait pas besoin de bagues; il suffit d'établir les jonctions permanentes appropriées entre points homologues des deux bobinages. L'excitatrice n'est alors pas une complication. CHIMIE PHYSIQUE. — La loi de volatilité dans les réactions chimiques. Note de M. Camille Matignon, présentée par M. Le Chalelier. Dans son remarquable Traité La Statique chimique, Berlhollet a établi que les acides, les bases et les sels non volatils peuvent réagir complètement sur les sels non volatils, quand l'un des deux produits susceptibles de prendre naissance est volatil dans les conditions de l'expérience. Cette loi de Berthollet n'est qu'un cas particulier d'une loi générale qui s'étend à toutes les réactions chimiques. J'ai établi (') que les réactions cbimiques dans lesquelles interviennent un seul gaz et des corps solides peuvent se classer en trois catégories: celles qui sont théoriquement réversibles dans toute l'échelle des températures, celles qui ne sont réversibles que dans une certaine zone detempérature, et celles qui sont totalement irréversibles. Si les relations que j'ai données entre la quantité de chaleur mise en jeu et les conditions de réversibilité ou d'irréversibilité ne sont qu'ajqirochées, la classification précédente n'en subsiste pas moins en toute rigueur ainsi que les conséquences que j'en ai déduites. En particulier, la réaction est toujours possible théoriquement dans le sens de la production du système final contenant le terme gazeux. Bien entendu, pour manifester pratiquement la réaction, il sera néces- saire qu'aucun des constituants des systèmes initial et final ne se détruise avant d'atteindre la température nécessaire à la réaction; par conséquent, (') Annales de Chimie, 8° série, t. \l\, 1908, p. 3i. SÉANCE DU Ip MAI I()l3. l537 on aura d'autant plus de chances de réaliser effectivement la réaction que tous les constituants seront plus stables. S'il y a plusieurs gciz dans le système final, ou bien s'il existe des liquides (sans tension de vapeur sensible) à côté des solides dans le système initial, la réaction avec production de corps gazeux dans les conditions de l'expé- rience est toujours théoriquement possible. On retrouve donc ici la loi de Berthollet généralisée. Tout système de corps solides ou liquides non volatils, susceptibles de donner naissance, par un nouveau groupement des atomes, à un système contenant des corps volatils, doit entrer en réaction à une température convenable. J'en ai fait récemment diverses applications. J'ai montré que l'aluminium réduisait la magnésie à une température peu élevée (' ), la réduction était dans le domaine des possibilités, car le magnésium e>t un métal volatil et d'autre part, la magnésie, comme l'aluminium liquide, n'émettent des vapeurs qu'à des températures fort élevées Al* 4- 3MgO = 3MggM. -+- A1*03. Toutefois, si l'endothermicité de la réaction eût été tellement grande qu'elle eût entraîné, pour rendre la réaction possible, une température 0(1 la magnésie et l'alu- minium deviennent volatils, le raisonnement précédent eût été en défaut; mais la considération de la chaleur mise en jeu rendait possible cette réaction à des tempé- ratures inférieures. Le même raisonnement conduisait à considérer comme très probable, dans une région de température où la réalisation est facile, la réduction de la baryte par le silicium (2). Ces deux corps sont peu volatils, tandis que le baryum, comme l'a montré M. Guntz, est un élément volatil. Les propriétés réductrices si curieuses du carbone s'expliquent immédia- tement par la loi de volatilité. Le carbone est un corps qui reste solide jusqu'au delà de 3ooo° sans émettre de vapeurs sensibles; son produit d'oxydation, l'oxyde de carbone, est au contraire un corps volatil stable; aussi les propriétés réductrices du charbon vont-elles en augmentant pro- gressivement, quand la tempérai lire s'élève, par rapport aux propriétés réductrices des métaux qui forment des oxydes non volatils. Aussi le car- bone, malgré la très faible chaleur de formation de son oxyde, reste-t-il l'un des réducteurs les plus puissants dont nous puissions disposer aux hautes températures. (') Comptes rendus, t. 156, 1 9 1 3 , p. 11.57. (*) Ibid., p. i378. l538 ACADÉMIE DES SCIENCES. La loi de volatilité peut s'étendre davantage. Une réaction qui contient des corps volatils dans son système initial et des corps volatils dans son système final est facilitée, à endothermicité comparable, quand les molé- cules volatiles sont plus nombreuses dans le système final que dans le sys- tème initial. Quand je dis que la réaction est facilitée, je veux dire qu'elle exigera une température moins élevée pour sa réalisation. Plus grand sera l'écart entre le nombre de molécules volatiles du système final et le nombre des molécules volatiles du système initial, plus facilement se produira la réaction, pour une même quantité de chaleur absorbée. L'examen d'un grand nombre de réactions connues montre l'exactitude de l'énoncé précédent. La formule de l'équilibre sous la forme que lui a donnée Nernst (') permet d'en faire rapidement la vérification. Soient Q la chaleur absorbée dans une réaction, n et n' le nombre de molécules volatiles dans le système initial et dans le système final, K l'expression des pressions qui reste constante à une même température; nous avons loSK= , 5 rf— («'— /t)i,75logT — (n'— «)3, en négligeant le terme en T dont le coeflicient est très faible dans la plupart des cas et admettant, pour la constante de Nernst, la valeur moyenne de 3, la même pour toutes les molécules volatiles. Le premier terme est positif et sa valeur absolue, qui peut être grande à basse température (Q est exprimé en petites calories), diminue rapidement quand la température s'élève; le deuxième terme est négatif, il augmente avec T et sa valeur absolue est d'autant plus grande pour une température donnée que n' — n est lui-même plus grand. On conçoit donc, pourvu que Q n'atteigne pas une valeur par trop grande, qu'on puisse trouver une valeur de T qui soit dans une zone de travail pratique et pour laquelle la valeur de logK devienne petite ou négative, ce qui correspond à l'existence de pressions non négligeables pour les termes gazeux de l'état final, c'est- à-dire en fait à la réalisation pratique de la réaction. La loi de volatilité, qui peut être considérée comme une loi empirique, est, comme la loi de Berthollet, d'une application extrêmement simple, elle peut rendre des services précieux en Chimie minérale, là où les corps ont souvent une zone de stabilité fort étendue dans l'échelle des températures. (') Nachrichlen der Gcsellschaft der Wissenchaften su Gotlingen, 1906. SÉANCE DU 19 MAI I9l3. 153g chimie physique. — Étude du système manganèse-argent. Note de M. (i. Aruivaut, présentée par M. Le Cliatelier. L'étude thermique des alliages de manganèse et d'argent a été effectuée par (i. Hindrichs(') qui conclut à une non-miscibilité partielle à l'état liquide et à l'absence de combinaison. Une étude antérieure de la question par des voies différentes (-) m'ayant conduit à d'autres résultats, j'ai tenu à la reprendre en faisant appel au concours de plusieurs méthodes. I. Étude thermique. Le manganèse pur fond à 1235°. L'addition de petites quantités d'argent abaisse son point de fusion jusqu'à 11800; la concentration du point D de la solution manganoargentique saturée d'argent est d'environ 94 pour 100 de manganèse. A partir de cette concentration, les courbes de refroidissement présentent deux points singuliers aux températures constantes de 11800 et 9800, ce qui indique la présence de deux couches liquides. Mais à partir de 3i pour 100 de manganèse, le palier supérieur disparaît et les courbes ne présentent plus que le point inférieur, toujours a98o°, jusqu'à la teneur de 20 pour 100 de manganèse au delà de laquelle sa température commence à s'abaisser jusqu'à g55° pour une richesse de 4 pour 100 de manganèse, pour remonter ensuite jusqu'au point de fusion de l'argent. La température de 9800 à laquelle se trouve placée dans le diagramme l'horizon- tale CF, supérieure de 190 au point de fusion de l'argent, ainsi que la concordance du point C avec la concentration de 20 pour 100 de manganèse, caractérisent l'existence de la combinaison MnAg2à 20 pour 100 de manganèse, formant avec l'argent une suite continue de cristaux mixtes dont la courbe d'équilibre serait représentée par la ligne ABC. IL Examen microscospique. — Les régules à faible teneur en manga- nèse apparaissent homogènes au microscope. L'acide chlorhydrique étendu ou concentré est sans action et il n'est pas possible de mettre le manganèse (') G. HindrICHS, Ueber ei'nige C liront and Mangan Legirungen (Zei/s. fur anorganische Chem., t. XXXIX, juillet 1908, p. f\3-j). (2) G. Arrivait, Sur les alliages de manganèse et d'argent ( Procès-verbaux de la Soc. des Se. pliys. et nit. de Bordeaux, 1908-1904, p- 9)- l54o ACADÉMIE DES SCIENCES. en évidence. Attaqués à l'acide azotique, ils montrent une surface réguliè- rement rongée comme le serait de l'argent pur. Il en est ainsi jusqu'à la teneur de 20 pour 100 en manganèse, à partir de laquelle -lion 4ooo w Joo' t< ~*~ V r»'ï •• "~ - . -I-U -lij ■ ! \ M' h** ■' 1 X 3 ^^U^l y - .11 -U--: 1 J _ J la 30 io 60 ?" S" s» ce dernier métal commence à apparaître par attaque à l'acide chlorhydrique ou acé- tique même très étendus, sous la forme de dendrites, de houppes ou de gouttes. La ■Al CVwûaw^L p,ji* t twL V »A (Tl ( Mu V 1 . j j \ — ~~. 1 1 .' -i 0 j J a i J c » i 0 1 U f a quantité de manganèse que l'on peut aussi mettre en évidence augmente avec la con- centration avec une tendance marquée à se localiser à la partie supérieure jusqu'à ce que l'on arrive à distinguer deux couches nettement séparées, ce qui se produit déjà pour la teneur de 35 pour 100 en manganèse. Au-dessus de cette concentration, la SÉANCE DU 19 mai igi3. i54i couche supérieure riche en manganèse s'attaque violemment sous l'action des acides les plus dilués en laissant apparaître des plages plus ou moins arrondies et dentelées, légèrement colorées en jaune, qui sont constituées par la combinaison MnAg* non attaquée. La couche inférieure riche en argent fait encore légèrement effervescence sous l'action des acides étendus en laissant apercevoir au microscope des dendritesde manganèse se détachant en noir sur le fond clair de la combinaison non attaquée. III. Forces électromotrices. — Elles ont été prises par rapport à une électrode d'argent dépolarisée avec du bioxyde de manganèse et baignant dans une solution à 10 pour 100 de sulfate de manganèse. La chute brusque que l'on constate dans la valeur des forces électromotrices entre les concentrations 20 pour 100 et 23 pour 100 de manganèse caractérise bien la présence d'une combinaison, en même temps que leur décroissance graduée, de 20 pour 100 à o pour 100 de manganèse indique la for- mation de cristaux mixtes entre cette combinaison et l'argent. IV. Étude chimique. — En attaquant par les acides étendus les alliages riches en manganèse, ce dernier métal se dissout seul, et, si l'on a soin de porphyriser et de réaltaquer plusieurs fois le résidu, on obtient une poudre brillante retenant une pro- portion constante de manganèse voisine de 20 pour 100. C'est la combinaison MnAg!. Densité à o° : 8,81 ; densité calculée 10, 3g. Sa composition n'est pas modifiée par une dissolution partielle dans l'acide azotique ou l'acide sulfnrique concentré et chaud, ce qui est caractéristique d'une combinaison. Résumé et conclusions . — Ces divers modes d'investigation concordent pour permettre de conclure que le manganèse et l'argent sont susceptibles de former la combinaison MnAg2, dont j'ai signalé l'existence dès 190/1- Cette combinaison donne avec l'argent une série continue de cristaux mixtes et sa limite de miscibilité à l'état liquide avec le manganèse est voisine de 3o pour 100 de manganèse. chimie PHYSIQUE. — Étude quantitative de i 'absorption des rayons ultra- violets par les alcaloïdes du groupe de l atropine. Note de MM. Marcel Gompel et Victor Henri, présentée par M. Dastre. La recherche et le dosage des alcaloïdes dans les liquides et tissus de l'organisme présentent en général de grandes difficultés. Nous avons pensé qu'on pouvait élaborer une méthode nouvelle en se servant de la déter- mination quantitative des spectres d'absorption dans l'ultraviolet. Nous présentons maintenant les résultats relatifs à trois alcaloïdes du groupe de l'atropine (noyau pipéridine-pyrrolidinique), ce sont l'atropine, l'apoatropine et la cocaïne. l5/|2 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'absorption des rayons ultraviolets parles solutions alcooliques a été mesurée par la méthode de pholométrie des spectrogrammes. Les cons- tantes d'absorptions moléculaires s sont calculées par la formule 3 = z0.io~ecd (c concentration moléculaire, d épaisseur en centimètres). Nous donnons dans les Tableaux seulement quelques résultats numé- riques correspondant surtout aux maximum et minimum d'absorption des solutions alcooliques. i° Atropine. — Éther de l'acide tropique CH5 - CH - COOH et de la i CIPOH tropine CH2-CH CH2 I I /H 7 - cip v20ooo i4ooo 9600 565o Nous avons comparé ce spectre d'absorption avec celui de l'acide ben- C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 20.) 197 l54/| ACADÉMIE DES SCIENCES. zoïque ; nous trouvons que ce spectre présen te les mêmes bandes d'absorption , ainsi que le montrent les nombres suivants : m. Max. Min. Max. Min. Max. Min. >. .. . 2852 2790 27.52 2700 2690 2480 24 1 I 2325 2300 2265 223o 2195 E. . . 2 I 0 75o 540 > 810 < 54o 700 35oo 10800 27000 ioSou cristaux blancs fondant à 36°-37° (rendement /\o pour ioo). En dissolvant à chaud ces cristaux dans l'acide sulfurique étendue d'un demi-volume d'eau et en versant la solution dans un grand excès d'eau, l'amide (CH3)2— Cx r(~. N,.2 se précipite sous forme de cristaux blancs fusibles à i42°-i43°. Chauffée avec de la soude étendue, cette amide se scinde en acide benzoïque et en acide diméthyl- oxalique cH3/C\p/-)2u fondant à 790. On sépare ces deux acides par diffé- rence de solubilité dans l'eau. Dans les mêmes conditions, la méthylpropylcétone donne une cyanhy- CH3 \ /OCOC6H5 drine p3rp/C\ „„ » liquide sirupeux, que nous avons transforméeen ., CH3 \^/OCOC6H5 , , , Cn ., ,,, , , amide (-3u7/C( „„„H2 fondant a 12b0 et en acide metnylpropyl- oxalique psoï/^C „„2„ tondant a /|0°-47 . /ococ6nr' La propione donne la cyanhydrine (C2 H5 )2 — C'f r[VJ liquide, mais avec un faible rendement. Nous avons pu cependant obtenir l'amide (C2H5)2C<^roN..2 fondant à i49°-i5o°. Au contraire, la méthode s'applique bien à la cyclohexanone qui donne la cyanhydrine rH2/CH*-CH*\,,/OCOC6H5 UH \CH*-CH*/U\CN très bien cristallisée fondant à 710, et l'amide /CH*— CH*\ /OCOOH» un \CH2-CH2/ \CONH2 fondant à 1 180, puis l'acide cyclohexanol-i-méthyloïque-i /CH*-CH*\ /OH ^" \CH2— CH2/ \C02H fondant à 1080. La métamélhylcyclohexanone a fourni la cyanhydrine r„2/CHs-CH! \p/OCOC6H5 UH"\CH - CH'/°\CN CH3 SÉANCE du 19 mai igi3. 1 549 fondant à i25°-£26", qui présente la particularité d'être assez peu soluble dans l'éther, l'amide /CH!-CH*\ /OCOC6Hs ^H \GII — CH*/ \CONH* CH' fondant à i35°-i36p, et un acide métamélhylcyclohexanol-i-méthyloïque-i /CH*-CH*\ /OH ^n \CH -CH*/ \CO*H CH3 indiqué par Markonikoff. La paraméthylcyclohexanone donne également la cyanhydrine nn ni CH*-CH«\ /OCOC«H« fondant à 8(5", l'amide PH3 rH/CH'-CH*\ /OCOC'H* CH -<-H\CH*-CIP/U\CONH^ fondant à 122°, et l'acide paraméthylcyclohexanol-i-mélhyloïquc-i C1I3 CH/fiH*-CH»\ /OH fondant à 8o°-8i°. Nous avons préparé les sels d'argent de ces derniers acides. Ces recherches vont être poursuivies sur d'autres cétones. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la caractérîsalion des cêtones chlorées. Note de M. E.-E. Blaise, présentée par M. Haller. Au cours de mes recherches antérieures sur les cétones halogénées, j'ai eu à résoudre le problème délicat de l'identification de ces cétones. On ren- contre en général, dans la transformation des cétones chlorées en dérivés solides, des difficultés assez considérables, et qui tiennent à la grande ten- dance des atomes d'halogène à entreren réaction. L'expérience m'a montré qu'en employant la semicarbazide, dans des conditions convenables, on peut arriver, dans presque tous les cas, à surmonter ces difficultés. Il était d'autre part intéressant de rechercher si les semicarbazones des cétones halogénées ne seraient pas susceptibles de se transformer, par perte d'hy- dracide, en combinaisons cycliques renfermant trois atomes d'azote dans la chaîne fermée. Mais, dans aucun cas, je n'ai observé la formation de l55o ACADÉMIE DES SCIENCES. combinaisons de cette nature ou, du moins, je n'aj pas réussi à les isoler avec certitude. En principe, seules les semicarbozones normales possèdent des points de fusion assez peu élevés pour qu'ils soient propres à une identification. 11 en résulte qu'à ce point de vue spécial, ce sont toujours les semicarbazones normales qu'on doit s'efforcer d'obtenir. Encore faut-il noter que, ces com- posés étant peu stables, le point de fusion n'est pas toujours très net. 11 convient de prendre, comme point de fusion, la température d'un bain de mercure au moment où la substance, projetée à sa surface, fond instan- tanément. En ce qui concerne la préparation des semicarbazones des cétones cblorées, il convient, dans les cas où cela est possible, d'employer iino1 à i'"ol,5 de cblorbydrate de semicarbazide simplement dissous dans l'eau. Presque toutes les cétones chlorées se transforment rapidement en semi- carbazones, dans ces conditions; la seule exception que j'aie constatée est relative à la trichlorométbyl-métbylcétone. L'emploi du cblorbydrate de semicarbazide en présence d'acétate de sodium est toujours à déconseiller, car il ne conduit en général qu'à des mélanges de dérivés inséparables. Au cas où la semicarbazone ne le forme pas par action du chlorhydrate de semi- carbazide, le mieux est d'employer la semicarbazide libre (une seule molé- cule) en solution alcoolique, à froid. La purification des semicarbazones des cétones cblorées par cristallisation présente souvent de grandes difficultés, car il s'agit de corps très altérables, et l'altération est beaucoup plus mar- quée quand on emploie des solvants ionisants. Il convient d'opérer de la manière suivante : la semicarbazone étant essorée, on la lave à l'eau, puis au benzène ou au chloroforme. On la chauffe alors au bain-marie, sans l'avoir séchée au préalable, avec une grande quantité de benzène ou de chloroforme, en ayant soin que la température ne dépasse pas 5o°. La solu- tion est additionnée d'un peu de sulfate de sodium sec puis filtrée. Le semi- carbazone cristallise lentement par refroidissement. Dans le cas des semicarbazones de cétones a monochlorées, on peut passer très aisément aux semicarbazones des cétones-alcools correspondants; il suffit de laisser en contact, pendant quelques heures, avec une solution aqueuse de carbonate de potassium. De même, en cbauffanl au bain-marie pendant quelques minutes, avec une solution alcoolique d'acétate de sodium sec, on obtient les semicarbazones des éthers acétiques des cétones- alcoolsa. On dispose alors de trois points de fusion pour idenlifier la célone halogénée primitive. SÉANCE DU 19 MAI I9l3. l5/>l Dans le cas des cétones diclilorées CHC12 — CO — R, la semicarbazone normale peut être obtenue ; mais, avec celles qui renferment le groupement r_CCI5— CO — R\ c'est la disemicarbazone R_ C(.= N— CONsH3) — C(=N — CON-H3) — H' qui prend directement naissance. Les disemicarbazones CH( = N — CONsH») -C(= N — COX!H3) — R se forment également à partir des cétones du type CHCls — CO — li quand on emploie un excès de semicarbazide libre et sont aussi un des produits d'altération des semicarbazones normales correspondantes. Elles se dis- tinguent facilement par leur presque insolubilité dans les solvants orga- niques, sauf l'acide acétique et l'acide formique GCI'(CH3)C = N - Nil — GO — MI-, fines aiguilles (F. i4o°). (CHCI2)(C2H3)C=CON3H3, petits cristaux brillants (F. 1420). Disemicarbazone de l'étbylglyoxal CH(CON3H3)C(CON3H3)CsH» (F.>23ô°). Disemicarbazone du diacétyle CH3-C(CON3H3)C(CON3H3)CH3, poudre cristalline blanche, presque insoluble, sauf dans l'acide formique (F.>23o°). CH'CI — C(CON3H3)-CHCI - CH3, lamelles fondant à i^o" en un liquide rouge. CH3 - GHC! — C(CON3HJ) — CH3, lamelles micacées (F. 1 ï8°). Traitée par CO'H2, donne la semicarbazone de la cétone-alco*ol correspondante (F. 2020). Avec CrPCO'Na, on obtient CH3— CH(0 — CO — CH3)-C(CON3H3)CH3(F. 161°); CH2Cl - C(CON3H3)— CH2 — CH2— CH3, aiguilles (F. i57°). C. R., 1913, i" Semestre. (T. 156, N» 20.) '9^ [552 ACADÉMIE DES SCIENCES: PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Nature de l'optimum osmoli que dans les processus biologie/ ues: Noie (') de M. Alfred Guilxemard, présentée par M. Gaston Bonnier. La méthode des cultures synthétiques, telle que l'a présentée Raulin, fait connaître l'utilité des substances chimiques sur le développement des orga- nismes sans expliquer le mécanisme de leur action : aussi avons-nous étudié différemment le rôle de ces substances en comparant leur pouvoir osmo- tique vis-à-vis des bactéries. Nous avons montré alors qu'il fallait séparer deux actions : concentration moléculaire (2)et affinité des ions (3). On explique les effets déterminés par la concentration moléculaire à l'aide de la théorie isoionique, mais quelle interprétation donner aux pou- voirs des ions? Reprenons, en la perfectionnant, une ancienne expérience de Raulin qui consiste à faire végéter Y Aspergiilus niger dans un vase d'argent. On peut provoquer le développement de cette Mucédinée suivant la façon dont on l'ensemence : ioocm" de la solution de Raulin étant placés dans un gobelet d'argent, si l'on pro- mène une boucle de platine cliargée de spores à la surface du liquide, on obtient quelquefois un mycélium, mais souvent il n'y a pas de culture; si l'ensemencement se fait avec un fragment de mycélium (de la grosseur d'un grain de millet) déposé sur la surface du liquide, on constate presque toujours le développement de la plante; si enfin on ajoute avec une pipette une suspension de spores dans de l'eau stérilisée et rendue bien liomogène par agitation, jamais il n'y a trace de végétation et cependant les spores germent et constituent un mycélium si, recommençant l'expérience, on introduit dans le gobelet une lame de verre, pourvu que celle-ci émerge quelque peu hors la solution. La diversité de ces résultats s'expliquent, comme nous allons le voir, en tenant compte de la nature des contacts et des rapports entre la masse, ensemencée et la masse active de la solution. Mais auparavant constatons ce fait très important : que les mycéliums qui se sont développés dans le gobelet contiennent des quantités notables d'argent facilement décelables dans les cendres résiduaires. (') Présentée dans la séance du i3 mai i g 1 3. (2) A. Guillemaru, Comptes rendus de la Société de Biologie, 20 novembre 1909. (3) Ibid., 16 juillet 1910. SÉANCE DU 19 mai igi.3. 1 553 Maintenant examinons de près les phases qui se sont succédé dans nos expériences. Tout d'abord au contact des parois du vase d'argent la solution de Raulin s'électrolyse fortement : il se fait, d'une part, une concentration très élevée d'électrons positifs qui se portent sur le métal, tandis que les ions négatifs s'accumulent dans le liquide. Donc deux actions se mani- festent en présence du micro-organisme : la première indirecte occasionnée par Ag+; la seconde directe due aux ions SO* , NO3-, etc., et particuliè- rement HO-; c'est l'excès de cette charge négative qui met obstacle à la germination des spores. Mais si les spores sont en partie soustraites à cette action au contact de la lame de verre, elles peuvent alors germer et consti- tuer un mycélium doué de nouvelles propriétés physiques. En effet ce mycélium, de signe électro-négatif, diminue sa charge électrique (') en attirant les ions positifs A g+, et c'est ce métal, absorbé par les tissus, qui rend la plante capable de lutter et croître dans le milieu toxique. Somme toute, nous sommes en présence d'un processus électrostatique qui tend vers l'établissement d'un équilibre osmotique (qu'on ne doit pas comparer à un équilibre chimique) et cette conception est en concordance avec les conclusions de P. Girard qui assigne, après une série d'études sur la mem- brane cellulaire, un mécanisme électrostatique aux actions osmotiques (2). Cette théorie peut recevoir de nombreuses applications; elle permet, par exemple, d'expliquer le pouvoir antiseptique de certains médicaments : ce n'est pas le mercure qu'on administre dans quelques affections parasitaires qui est toxique pour les microbes, mais c'est parce que sa présence modifie les propriétés osmotiques des humeurs, en élevant leur tension électrosta- tique, que l'organisme résiste à l'infection et, si l'on constate dans certains cas l'échec de ce médicament, c'est que le parasite a lui-même absorbé les ions Hg^ qui relèvent sa pression au niveau du milieu vital. Pour en revenir à notre sujet, nous pouvons maintenant expliquer l'ac- tion des électrolytes dissociés : les cellules ont une affinité spécifique qui leur permet d'absorber les ions nécessaires à leur équilibre osmotique; mais avant que cet équilibre soit atteint il existe un état électrostatique où la différence de potentiel entre le milieu ambiant et les sucs cellulaires est optimum pour accélérer les échanges nutritifs : lorsque cet optimum est atteint, le développement des organismes se poursuit avec le maximum de vitesse. On comprend alors qu'il puisse exister dans la nature des éléments (') Victor Henri, Comptes rendus de la Société de Biologie, 28 juillet 1906. (2) Pierre Girard. Comptes rendus, '(juillet '9'0- I 554 ACADÉMIE DES SCIENCES. capables de réaliser d'emblée cet optimum osmotique. Il semble bien que ce rôle appartient aux éléments comme le fer, le zinc, le manganèse, etc., dont les composés ont une dissociation moyenne qui les place entre les sels des métaux lourds (Ag, Cu, Hg) et les sels de9 métaux alcalins et alcalino- terreux. On a cherché à expliquer leur action favorisante sur le développe- ment des végétaux en faisant intervenir la catalyse; on a dit que le fer, le zinc et le manganèse étaient des catalyseurs : nous ne croyons pas qu'on puisse soutenir cette conception, très vague d'ailleurs, en face des théories osrao- tiques. Contrairement à ce qu'on observe dans la catalyse, la matière vivante absorbe les composés métalliques nécessaires à sa constitution physico- chimique et en appauvrit le milieu extérieur : la vitesse de formation des tissus se produit alors suivant une courbe qui comporte un optimum pour une certaine densité en rapport avec les propriétés du métal, tandis que l'accélération des réactions catalytiques se traduit par une droite continue dont l'inclinaison sur l'axe des x est en relation avec la nature et la concen- tration du catalyseur. L'optimum osmotique s'observe avec la plupart des substances chimiques, sinon avec toutes, dans les réactions biologiques. La dose de substance qui le favorise est connue sous le nom de dose à? excitation qui précède la dose de toxicité. BOTANIQUE. — Sur les relations existant entre l'âge des Dicotylédones et le nombre des couches successives de leurs bois secondaires. Note de M. Jka\ I)a.\iei., présentée par M. Gaston Bonnier. J'ai montré que, chez certains végétaux ligneux dicotylédones de nos pays, il est facile de déterminer l'âge de la tige ou de la racine ayant poussé normalement quand la vigueur est suffisante, mais que, à partir d'un certain moment, il est difficile, puis impossible, de déterminer, par le nombre des cernes ou couches annuelles, l'âge des petites branches, des branches mixtes et même du tronc ou de la racine, quand l'arbre décrépit et pousse à peine chaque année ('). Poursuivant ces recherches, (') Jean Daniel, Sur la structure des branches courtes et âgées de quelques arbres (Comptes rendu*, juin iyjo); Elude sur les branches longues et les branches courtes de quelques arbres (Revue bretonne de Botanique, 1912). SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. l555 j'ai étudié, à ce point de vue, la structure des plantes dont les pousses annuelles sont très réduites et les bois peu développes, soit par leur nature spécifique, soit par les adaptations naturelles ou accidentelles qu'elles viennent à subir. Telles sont les plantes parasites à tiges souterraines vivaces, les plantes herbacées vivaces, les plantes grasses, etc. Quelques-unes de ces plantes possèdent des organes à bois secondaires nuls ou peu marqués et formés d'éléments presque semblables. Dans ces conditions, on ne saurait distinguer des couches concentriques; il en est ainsi dans les rhizomes de diverses Renonculacées {Anémone nemorosa, Isopyrum, Thalictrum, etc.), des Nymphaeacées (Nup/iar, Nymphœa), des Primula officinalis et P. grandijlora ; de VHelleborus viridis, etc., comme dans les tiges du Lathnva Clandestine/. On trouve, dans les autres rhizomes des plantes herbacées vivaces, des tissus secondaires ligneux formés d'éléments plus dissemblables; beaucoup de ceux-ci, quoique âgés, n'ont pas de cernes bien marqués; la plupart des rhizomes nettement tuberculeux sont dans ce cas (Circeea, Tussi/ago, Con- volvulus, etc.); le plus souvent, on trouve des cernes concentriques plus ou moins nets. Mais si l'âge coïncide quelquefois avec le nombre de cernes (Lettcant/itt/tttin lacustre, Spircea Ulmaria, etc.), le plus souvent il n'y a pas concordance, et, dans les rhizomes qui dépassent une durée de 4 à 5 ans, le nombre des cernes est plus ou moins inférieur au nombre des années pendant lesquelles a vécu la plante; cela s'observe aussi bien chez les rhizomes à racines peu développées (Sapo/iaria o/Jici- /talis, etc.) que chez des rhizomes fortement radicanls (Alchimilla et Kosacées diverses) et dans des racines âgées. Quelquefois on observe des rhizomes reliant pendant un nombre variable d'années les nouveaux pieds au pied mère. Des racines adventives se développent près des nouvelles pousses et les nourrissent, mais le drageon d'union ne reçoit plus de nourriture ou en reçoit exclusivement pour son entretien; il ne forme plus de couches ligneuses, ce drageon étant alors à l'état de vie ralentie, presque léthargique (Teucriti/n Scoroclonia, etc.). Les tiges rampantes, plus ou moins radicantes, quand elles persistent plusieurs années, sont encore un exemple remarquable des mêmes phé- nomènes. Tels sont divers végétaux des haies ou des bois qui poussent convenablement quand la lumière est suffisante, mais qui se maintiennent à l'état léthargique à l'ombre épaisse des bois pour pousser à nouveau quand ceux-ci sont coupés ( Viola canina et Viola silvestris, Potentilla Fragariastrum, etc.); des plantes à tiges faibles et ram- pantes {Saxifraga umbrosa, Oxycoccos palustris et Oxycoccos macrocarpus, etc.); des plantes à stolons qui se marcottent en plusieurs années ( Vinca major et Vinca minor, Hieracium Pilosella, etc.). l556 ACADÉMIE DES SCIENCES. Beaucoup de plantes grasses sont remarquables par la réduction de leurs bois secondaires. Tantôt les cernes n'existent pas pour ainsi dire (Seilu/ti divers); tantôt les tiges en présentent, niais alors il est rare d'observer la concordance de leur nombre avec l'âge (Senecio scanc/ens). Le plus souvent le nombre des couches est inférieur à l'âge; en outre, la structure est quelquefois asymétrique et dorsiventrale chez diverses plantes grasses cultivées dans nos serres (Crassuta, Euphorbia, Porlulaca, etc.). Dans tous les végétaux précédents, le nombre des cernes est inférieur à celui des années pendant lesquelles la plante a vécu. Mais on trouve des cas où ce nombre est supérieur. C'est le cas de la racine de certaines plantes acaules la première année (Verbascum divers) ou à tiges s'allongeant tar- divement (Ma/va rotundifolia et Ma/va silvesliïs). Leur racine présente, à sa première année, des séparations clans les bois secondaires telles qu'on croirait être en présence d'une racine âgée de 4 à 5 années. Les plantes remontantes donnent aussi des tiges avec des couches concentriques surnu- méraires (Brassica Cheiranlhus, Tragopognon, Alonzoa, Helichrysum, etc.). De ces faits on doit conclure qu'on ne peut pas toujours s'appuyer sur la structure anatomique ligneuse de diverses Dicotylédones, même dans les contrées tempérées, pour déterminer leur âge d'une façon exacte, car le nombre de leurs cernes ou couches concentriques, quand il en existe, est souvent inférieur et quelquefois supérieur au nombre d'années que la plante a vécues. GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. - Peuplement végétal de la Chaouïa, Maroc. Note de M. C.-J. Pitard, présentée par le Prince Bonaparte. Au cours de la mission au Maroc, dont la Société de Géographie nous a fait l'honneurde nous charger, nous avons parcouru d'avril à juillet 1912 toute la Chaouïa. Cette immense région, d'une très grande richesse agricole, devait autre- fois être recouverte dans sa partie sablonneuse septentrionale par des forêts broussailleuses très denses de chênes-lièges et dans ses parties argileuses centrale et méridionale par des steppes à palmiers nains. Ces deux faciès, le second surtout, ont été profondément modifiés et réduits par l'extension considérable des cultures, surtout des céréales. Actuellement il nous est facile de reconnaître en Chaouïa trois zones de SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1 557 végétation assez distinctes avec deux marges profondément différentes formée par 1 es deux oueds frontières. En effet, en pénétrant dans la Chaouïa depuis le rivage jusqu'aux champs rocailleux du Tadla, nous rencontrons trois zones bien distinctes, parallèles à la mer, la basse, la moyenne et la haute Chaouïa, que l'on peut facilement étudier la première aux environs de Casablanca et de Bon Skoura, la seconde dans la plaine de Ber Bechid, la troisième sur le plateau de Settat. La basse Chaouïa présente une zone littorale de minime largeur, sablon- neuse ou rocheuse, et une zone subliltorale ou sahel de 1 5km à 20km d'étendue, toujours très sablonneuse. La zone littorale, représentée par des sables et de petites dunes ou par des falaises rocheuses peu élevées, a une flore peu variée et sans caractère bien spécial. Le sahel, au contraire, riche en stations botaniques plus variées, nous offre un tapis végétal plus intéressant. On y rencontre toutes les espèces des décombres, des terrains vagues et des bords de chemins africains, de nombreuses ségélales, auprès des dayas et des sources d'abondantes et d'intéressantes hygrophiles, enfin dans la steppe sablonneuse à palmiers nains un peuplement assez particulier. Toutes ces espèces, à affinités méditerranéennes, sont assez généralement calcifuges par suite de la nature très sablonneuse du sol, dû soit aux dépots pliocènes, aux grès décom- posés ou au sable marin étalé par le vent. La moyenne Chaouïa, avec la plaine de Ber Bechid, est caractérisée par ses terres fortes, argilo-calcaires, l'extrême développement de ses moissons, l'absence d'arbres quelconques. Elle est caractérisée surtout par Nigella arvensis L. var. Cossoniana Bail, N. damascena L., Reseda tricuspis Coss., Silène tridentata Desf. , Eryngium Iriquelrum Vahl, Caucalis leplophylla L., Calendula maroccana Bail, Onopordon rnacracanthum Bail, Rhaponticum acaule DC, Cenlaurea algeriensis Coss. et DB., C. diluta Ait., Sakia argentea L., etc. Enfin la haute Chaouïa, avec le plateau calcaire de Settat, s'élève de 4oom à 75om d'altitude. Les vallées, toujours fertiles, sont remarquables par leurs cultures et leurs moissons; les pentes sont plus arides, et la partie supérieure du plateau offre une abondance extraordinaire de palmiers nains, associés à des Labiées ligneuses {Nepela, l'hlomis, Ballota, Thymus, Lavanduta, Teucrium, etc.) et à des Graminées (Slipa, Vulpia, Avena, etc.). Puis, peu à peu, la végétation se raréfie; vers le Sud-Est, dès Dar Chafaï, les champs deviennent de plus en plus pierreux, et la rive gauche de l'oued Oum er Bbia, en Tadla, étale à perte de vue ses rocailles arides et desséchées dès les derniers jours de mai. 1 558 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les deux marges de la Chaouïa sont formées au Nord par la vallée de l'oued Cherrat, au Sud par celle de l'oued Oum er Rbia. La vallée de l'oued Cherrat, souvent très encaissée par les montagnes voisines, est couverte d'une vaste forêt de chênes-lièges, parfois de thuyas, malheureusement décimée par les indigènes pour la fabrication du charbon, la récolte'des écorces tannantes, enfin pour l'installation de pâturages des- tinés à assurer l'existence des troupeaux. Bien que l'oued ne soit représenté pendant l'été que par un chapelet de vasques remplies d'eau, la vallée demeure très humide et l'abondance des hygrophiles qui l'habitent est particulièrement frappante pour cette lati- tude. Signalons par exemple : Ranunculus spicatus Desf. , Géranium Rober- lianum L., G. lucidum L., Radiula linoides Ginel., Elaline Alsinastrum L., E. campy/ospermaSeuh., Lavatera olbia L., Helosciadium inundatumlvoch, Laurentia iJichéliiUC, Microcola Jiliformis L. et Hoffm., Cicendia pusilla Gris., Myosotis sicula Guss., Orchis latifolia L., Serapias cordigera L., Gymnogramme leptophylla Desv., Marsilia slrigosa Willd., M. puhescens Ten., I socles velala A. Br., etc. Au contraire, la vallée de l'oued Oum er Rbia, bien que parfois profon- dément encaissée, demeure très aride, malgré l'abondance des eaux que le fleuve roule en toute saison. Sur ses bords immédiats on ne rencontre pas d'hygrophyles, mais, au contraire, toute une série d'espèces très volontiers désertiques. Nous remarquons un ensemble particulièrement xérophile qui nous annonce l'approche de la région saharienne. On rencontre, pour la première fois, à Mechra ben Abou par exemple : Carrichtera Veltœ DC., Eruca slenocarpa Boiss. et Reul., Fagonia cretica L., Erodium guttatum L'Hér., Cladanihus arabicas Cass., Calendala œgyptiaca Pers., Salvia œgyptiaca L., Planlago ovala Forsk., P. ample.vicaulis Cav., Schismus caly- cinus Coss. et DR,, Pennùetum ciliare Link, Arislida adscensionish., etc. Cette flore est donc essentiellement différente de celle de la vallée de l'oued Cherrat. De ces quelques observations, nous pouvons déduire que la Chaouïa établit La transition entre le Maroc septentrional, à flore nettement médi- terranéenne, et le Maroc méridional, saharien, probablement très xéro- phyle. Sa situation géographique laissait prévoir cette conclusion. Cepen- dant, très heureusement pour l'avenir de ses cultures, la Chaouïa se trouve comprise presque en totalité dans la province botanique marocaine à flore septentrionale, nettement méditerranéenne. Ce n'est que dans l'extrême sud de la Chaouïa, à quelques kilomètres au nord de Mechra ben Abou, que le sol devient plus aride. La limite atteinte par la végéta- SÉANCE DU 19 MAI IÇ)l3. i55g tion xérophile s'écarte peu de la vallée de l'Oum er Rbia, vers l'ouest de ce poste, pour acquérir peut-être vers l'Est, au Tadla, une importance plus grande, mais que nous ne pouvons actuellement préciser. En résumé, dans aucune autre partie de l'Afrique du Nord, la flore méditerranéenne n'atteint un aussi puissant développement et une marge aussi méridionale. MÉDECINE. — La galvanolhèrapie intensive à faible densité de courant. Note de M. Himz, présentée par M. d'Arsonval. Les applications du courant galvanique sur le corps humain sont actuel- lement l'objet d'une technique spéciale bien définie adoptée par la grande majorité des éleclrothérapeules. Les règles admises sont les suivantes : Le courant continu, à une tension appropriée, généralement 60 volts, est amené à deux électrodes servant de contacts avec les téguments du malade, de point d'entrée et de sortie du (lux électrique. Ces électrodes sont formées d'une feuille de métal mince, modelable, reposant sur une couche d'un corps ou tissu spongieux imbibé d'eau simple ou de certaines solutions médicamenteuses (ionisation) dont l'épaisseur est de tcm,5 en général. Très souvent, on remplace une des éleclrodes par un bain d'eau dans lequel plongent les extrémités des membres. La surface des tampons électrodes est variable selon les régions et les applications; toutefois, les plus grandes surfaces couramment utilisées ne dépassent pas 5oocm! environ, mais elle est très souvent moindre. Dans de telles conditions, l'intensité du courant peut être poussée jusqu'à 5o ou 60 milliampères, très exceptionnellement jusqu'à 100 milliampères. De telles applications sont très pénibles en raison des effets irritants pour la peau dus à l'électrolyse et de la sensation de cuisson rapidement insupportable lorsque la densité du courant par unité de surface s'accroît au delà de certaines limites. Elle ne peut dépasser pratiquement o,5 ou 0,76 milliampère et c'est là un maximum rarement toléré. Le sens du courant est l'objet de certaines règles : il doit suivre l'axe des nerfs dans la direction soit centripète, soit centrifuge. Cette technique brièvement exposée est devenue tout à fait classique; c'est elle qui est appliquée dans tous les services d'électrothérapie ; elle est décrite et précisée dans les traités spéciaux les plus récents, tous concordants sur ce sujet. Elle peut être nommée galvanothérapie à forte densité et à faible intensité de courant. J'ai été amené à modifier cette manière de procéder. J'ai eu surtout en vue le traitement des affections des nerfs, névralgies, et principalement névrites qui, systématiquement recherchées par électrodiagnostic, se montrent très nombreuses et causent des impotences variées, souvent des C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 20.) '99 l56o ACADÉMIE DES SCIENCES. plus graves. Leur guérison complète présente, en outre de la question humanitaire, un intérêt tout spécial en raison des responsabilités mises en jeu, spécialement à la suite des accidents du travail, survenus dans le milieu civil ou militaire. Ces lésions sont curables par l'électrothérapie et, en particulier, par la galvanolhérapie, à laquelle leur fréquence donne une importance prépondérante dans les services de Physiothérapie. Ayant installé et dirigé, pendant plus de cinq années, un important service de Physiothérapie à l'hôpital militaire du I >ey, à Alger, et orga- nisant actuellement un tel service à l'hôpital militaire d'instruction du Val-de-Gràce, à Paris, j'ai été amené à instituer ma méthode en pratiquant l'électrodiagnostic systématique de nombreux cas de névrite. J'ai ainsi constaté que l'altération neuro-musculaire n'est jamais localisée, qu'elle est essentiellement extensive; que les lésions, même celles qui ont un point de départ nettement périphérique unilatéral, deviennent toujours bilatérales, et que les centres nerveux, la moelle surtout, sont toujours intéressés. Voici en quoi consiste cette méthode : Les électrodes, en coton hydrophile enveloppé de gajj^, d'une épaisseur de 3cm ou 4cm, ont la forme de larges bandes allongées. Leur longueur varie selon les applica- tions; elle atteint facilement im,20 pour les membres inférieurs. Après avoir occupé toute la longueur d'un membre, ces électrodes remontent largement le long de l'axe spinal. Llles sont placées parallèlement par couples le long des membres ou de la colonne vertébrale, reçoivent le courant par des bandes métalliques de longueur appropriée et sont maintenues par une série de lacs. Les surfaces varient depuis 6oo ans, l'auteur a obtenu en règle formelle la guérison complète vérifiée par électrodiagnostic, lorsque les malades ont pu consacrer à leur traitement le temps nécessaire. Certaines myélites (en particulier traumatiques ) ont même considérablement bénéficié du traitement. En résumé, la galvanothérapie intensive à faible densité de courant cons- titue un progrès réel dans une des branches les plus importantes de l'électro- thérapie dont elle augmente l'efficacité, tout en étendant le champ de ses applications. biologie. -- Contribution à V étude île la biologie du Saumon. Note de M. Louis Houi.k, présentée par M. Edmond Perricr. J'ai eu l'occasion d'étudier, pendant ces dernières années, la biologie du Saumon commun (Salmo salarh.) des rivières de la Bretagne. Mon attention y fut attirée, tout d'abord, ainsi que j'y avais été convié par le Ministère de l'Agriculture et par le déparlement du Finistère, sur la recherche des moyens capables de remédier au dépeuplement progressif de ces cours d'eau, et de préparer un repeuplement possible. Je me suis bientôt con- vaincu, au cours de ce travail, que, si certains de ces moyens pouvaient donner immédiatement des résultats efficaces, il était pourtant nécessaire, afin d'obtenir une solution complète du problème, d'élucider toutes les questions relatives à la biologie du Saumon, et notamment celles qui concernent les passages de la mer en eau douce. J'ai donc entrepris ces recherches, en commençant par une enquête préliminaire sur l'état des individus pris au début de leur montée. J'ai pu procéder à cet examen, grâce à l'aide obligeante que m'a prêtée M. Fatou, Inspecteur des Eaux et Forêts à Lorient, qui m'a fait envoyer, par intervalles, depuis la fin de l'automne dernier, un certain nombre de pièces capturées dans la rivière l5Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'Ellé, auprès de Quimperlé. Je résume ici quelques-uns des principaux résultats de mes investigations. Ces exemplaires, au nombre de 10, ont été péchés aux dates ci-après : 5 décembre 191 2 (2 exemplaires), 18 décembre, 24 décembre (2 exemplaires), a5 janvier 1913, 6 févrieu (2 exemplaires), 2/j février, 12 avril. Le plus pelit, de sexualilé mâle, mesurait om,52 de longueur; les deux plus grands, l'un mâle et l'autre femelle, mesuraient om, 82 et om,83. Tous étaient matines, ayant achevé leur élaboration génitale. Les individus mâles, au nombre de 5, ont été pris le 5 décembre, le 2:4 décembre et le 6 février; les individus femelles, également au nombre de 5, ont été pris aux autres dates, et par conséquent, dans la moyenne, de façon plus tardive. Le mâle de om,83 était hécaid; les autres ne molliraient aucune trace de malformation maxillaire trop accentuée. L'examen des écailles et de leurs lignes de croissance a donné d'impor- tantes indications complémentaires. Sur les 10 individus, 3 seulement montraient avec netteté que leurs phases d'alevinage en eau douce avaient duré une seule année (2 mâles et 1 femelle); chez les 7 autres, elles accu- saient deux années. La période de croissance en mer avait pris deux années chez G individus (3 mâles et 3 femelles), et trois années chez les L\ autres. La plupart n'offraient aucune éraillure marginale et venaient pondre en eau douce pour la première fois. Seuls, !\ individus, dont 3 mâles, montraient quelques irrégularités qui décelaient une interruption de croissance, et peut-être une ponte ancienne. Il est à remarquer que le grand mâle bécard de on,,83 ne présentait rien de tel, et qu'il est permis de présumer à son égard qu'il accomplissait alors sa première montée. Ces résultats, obtenus sur les Saumons qui fréquentent l'un des nombreux petits fleuves côtiers de la Bretagne, s'accordent de près avec ceux que mentionnent les auteurs récents, et notamment Dahl(iç)o5). Ils s'accordent surtout avec ceux que Miss P.-C. Esdaile a signalés dernièrement (191 2), après avoir étudié des Saumons pris dans la Vienne et la Creuse. Ces derniers individus, au nombre de G, qui provenaient d'un grand bassin hydrographique et non de bassins d'étendue restreinte, montraient cepen- dant qu'ils effectuaient pour la première fois leur remonte reproductrice. Les conditions d'âge, décelées par leurs écailles, rappelaient celles de leurs similaires de la Bretagne. La durée des phases d'alevinage en eau douce avait été d'une année pour 3 d'entre eux, et de deux années pour les 3 autres, celle des phases de croissance en mer de trois années pour tous. Les conclusions de ces recherches ont une extrême valeur au sujet de la biologie des Saunions de nos pays, et de son application à la réglementation des pêches, ainsi qu'au repeuplement tenté pour conserver et accroître dans SÉANCE DU 19 MAI 10,13. l563 nos rivières une espèce aussi précieuse. Selon elles, les phases d'alevinage en eau douce ne se bornent pas à quelques mois, contrairement à ce que l'on admet trop souvent, mais s'étendent sur une ou deux années. La crois- sance en mer prend, en ce qui la concerne, deux ou trois années complé- mentaires; les jeunes alevins de descente ne reviennent qu'après ce délai accompli. Les reproducteurs, ou du moins la majorité d'entre eux, n'accom- plissent pas à plusieurs reprises, année par année, des remontes qui, ayant la ponte pour objet, seraient suivies d'un retour à la mer destiné à préparer une nouvelle montée; ils ne pondent, en réalité, qu'une -seule fois dans leur existence et, sans doute, disparaissent ensuite. J'ai l'intention de continuer ces études, afin de conclure après des consta- tations encore plus nombreuses. Je compte, en surplus, rechercher les influences qui, d'après les états variables du milieu aquatique, dirigent les individus dans leurs déplacements, et les entraînent en plus grand nombre vers certaines rivières plutôt que vers d'autres. ZOOLOGIE. — Sur un cas de bourgeonnement latéral chez an Lombric (Lumbricus herculeus Savignv). Note de M. L. Boudas, présentée par M. Edmond Perrier. Le bourgeonnement latéral ne se rencontre normalement, dans le groupe des Annélides, que chez les Syllis (Syllis ramosa). Ch»z les Lombrics, les ramifications caudales, quoique rares, sont plus fréquentes que les bifurca- tions céphaliques. Quelques zoologistes, B. Benham, Breese, Collin, Foster, Friend, Thomson, A. Michel etc. ont cité quelques exemples de ramifications* postérieures dues, selon toute probabilité, à un phénomène de régénération accidentel ou provoqué. Le Lombric qui a servi à notre étude présentait un rameau caudal gauche et affectait, dans son ensemble, la forme d'un À renversé. La branche antérieure avait gcm, la postérieure droite 38mm et le rameau gauche. dû au bourgeonnement, mesurait 27™™. La face dorsale présentait, au point de bifurcation, une surface médiane lisse et sans trace de segmentation apparente. Sur le côté droit du corps, les slriations font leur apparition vers les \ environ du diamètre et sont d'autant plus régulières et plusapparentes qu'elles s'éloignent de la région centrale. Du côté gauche, les slriations latérales sont également régulières, parallèles, mais plus courtes que les précédentes. Ce n'est qu'à partir de celte zone angulaire que la mélamérisation devient normale sur les deux branches postérieures. A la face ventrale de la région qui a servi de point de dépari au bourgeonnement, la segmentation est beaucoup plus régulière que dorsalemenl, et les sillons rappellent l564 ACADÉMIE DES SCIENCES. assez bien la disposition que nous offrent les anneaux spirales au niveau d'une ramifi- cation trachéenne. Les organes internes avaient de même subi certaines modifica lions anato- miqties que nous allons résumer succinctement. Au point île bifurcation, l'intestin est large, aplati et affecte la forme d'une poche triangulaire à parois dorsale et ventrale à peu près lisses. Sa cavité se continue, en avant et en arrière, sans ligne de démarcation bien nette, avec celle de l'appareil digestif. Elle se prolonge, de même, dans la branche intestinale latérale. Celte dernière e^t marquée, à son origine, par un bourrelet annulaire interne. Le diamètre de la branche du tube digestif du bourgeon est à peu près égal à celui de l'organe normal antérieur. Sa cavité est irrégulière et contient une grande quantité de matières excrémentitielles. L'anus est large dans les deux branches et limité par un puissant sphincter. Le système nerveux Au bourgeon latéral a un diamètre moitié moindre que celui de la branche normale opposée. 11 est en rapport avec ce dernier par un double fila- ment qui prend naissance dans un ganglion, en face de la double racine opposée. Ces deux cordons parallèles qui rattachent la chaîne nerveuse du bourgeon latéral à celle du prolongement normal du corps du Ver, n'ont pas de renflement ganglionnaire. Ils ont donc la valeur morphologique de deux racines nerveuses. La chaîne émet, dans la branche latérale gauche, des filets nerveux correspondant à chaque segment. Pour- tant, les premiers ramuscules sont très courts, irréguliers et ne deviennent normaux qu'à partir de la cinquième annulation. Les renflements ganglionnaires apparaissent dans chaque métamère et émettent, de chaque côté, une paire de ramuscules nerveux. Pourtant, vers l'extrémité postérieure, les ganglions deviennent plus allongés et prennent une forme ov»le. Les cinq derniers sont nettement caractérisés, ainsi que les divers rameaux qui partent de chacun d'eux. Quant au ganglion postérieur de la chaîne, il est localisé sur le sphincter anal, tout près de l'orifice intestinal. Le bourgeon latéral possédait également les principaux troncs vasculaires qu'on rencontre normalement cbez les Lombrics. Nous avons constaté l'existence et noté les particularités anatomiques des vaisseaux suivants : i° Vaisseau dorsal, situé sur la ligne médiane de la face dorsale de l'in- testin; 2° Vaisseau ventral, placé au-dessous du tube digestif, dans la cavité générale; 3° Vaisseau sous-nervien, mince, grêle et peu apparent, appliqué contre la face ventrale de la chaîne nerveuse. Quant aux vaisseaux nerviens latéraux, ils sont dans un état d'atrophie manifeste. Tous ces canaux proviennent de ramifications directes de leurs congénères delà branche normale du Ver; le tronçon de raccord est seul un peu plus étroit que le reste de chaque conduit. SÉANCE DU 19 MAI I9l3. 1 565 ZOOLOGIE. — Sur fa reproduction de la Sardine algérienne. Note de M. il. Bouxhiol, présentée par M. Daslre. Les recherches biologiques concernant les poissons pélagiques sont longues. Sept années consacrées à ces recherches sur les côtes de l'Algérie, encore loin d'être terminées, m'ont fourni cependant quelques résultais intéressants. A. Période générale de ponte ; sa durée annuelle. - De 1907 à 1913, je n'ai jamais observé d'animaux mûrs génitalement pendant les mois de juin, juillet, août, septembre, octobre. Une seule fois, en 1910, j'ai trouvé •2. à 3 pour 100 d'individus mûrs en mai. La période annuelle de la ponte est délimitée très nettement par la proportion d'individus complètement mûrs, trouvée dans les prélèvements régulièrement faits, deux fois par semaine, sur les pèches des principaux centres maritimes, d'Oran à La Calle. Pour 100. 1907. 1908. 191)9. 1910. 1911. 1912. Novembre.... it 6 à 7 12 i5 01 21 Décembre .... 45 3g 80 72 87 78 Janvier » 60 62 87 90 82 Février » 78 71 70 78 79 Mars » 56 4° 43 3g 32 Avril » i4 9 à 11 21 i3 4 à 5 Ces chiffres, établis par l'observation de plusieurs milliers de sardines, concernent surtout l'ouest et le centre de l'Algérie. La région orientale, principalement le golfe de Bougie, présente un retard manifeste, de i5 jours à 1 mois, sur cette répartition. Le maximum du nombre des pontes s'y observe généralement vers la fin de février et la proportion, rela- tive au mois d'avril, y est un peu plus élevée. La reproduction ne s'y continue pas cependant, sauf des cas isolés et rarissimes, en mai. Deux facteurs m'ont paru déterminer périodiquement l'activité des glandes générales : i° La thermalité du milieu; 20 L'appauvrissement relatif du plankton côtier superficiel, à la suite des premières pluies orageuses dç l'automne et de l'hiver algériens. lT>66 ACADÉMIE DES SCIENCES, Les sardines, très adipeuses de mai à octobre, maigrissent énormément, même les jeunes, de novembre à avril. Je me réserve de développer et de préciser un peu plus tard, le rôle capital de ces facteurs. B. Durée individuelle de la maturation génitale. — Le début de l'activité génitale se manifeste, au microscope, par une modification très nette du parenchyme ovarien. Au repos, celui-ci est constitué par des franges épithé- liales dont les cellules sont toutes transparentes, polyédriques, à gros noyau réfringent. Depuis l'apparition du premier bourrelet péritonéal ovarien chez le tout jeune individu de 7 à 8 mois, la glande grossit, sans modifi- cations histologiques. Elle débute dorsalement, de chaque côté de l'axe squelettique, par une sorte d'épaississement •péritonéal linéaire. Elle acquiert ensuite une forme variable, remplissant, peu à peu, dans le sens longitudinal comme dans le sens transversal, l'espace laissé libre entre la paroi du corps et le tube digestif. .l'ai constaté une dissymétrie constante de l'appareil ovarien ou testiculaire, la glande du côté gauche de l'animal prenant toujours un développement beaucoup plus grand que celle du côté droit. Toutes mes mesures anatomiques et histologiques ont été prises, pour chaque animal, sur sa glande gauche. Au moment où commence la germination des ovules, les plus gros éléments de l'épi ihélium ovarien ont omm,o3 à om,",4 de diamètre moyen. Parmi ces éléments, entièrement transparents, apparaissent alors rapidement d'autres éléments, encore polyédriques, un peu plus gros, jaunissants, dont le proloplasma devient de plus en plus granuleux. Un peu plus tard, grossissant et s'arrondissanl, les ovules foncent et s'opacifient, tandis que de nouvelles cellules jeunes commencent, à leur tour, la même évolution. La proportion de petites cellule^ transparentes parmi les amas et les chapelets d'ovules en germination d'une pari, la dimension des plus gros de ces mêmes ovules d'autre part, indiquent, à chaque instant, le stade de la maturation générale de la glande. Les plus gros ovules arrivent ainsi à acquérir omm,5 à omm,8en trois mois environ. L'examen patient de milliers d'ovaires m'a révélé, avec une grande con- stance chaque année, l'existence de cet intervalle entre l'apparition des premiers élé- ments granuleux de o",m,o."> et celle des premiers ovules opaques de omm,8 à espace périvitellin très net. A partir de ce stade, l'évolution se précipite. Les ovules s'arrondissent de plus en plus. Le proloplasma s'éclaircit en même temps que plusieurs petites gouttelettes huileuses apparaissent. Ces gouttelettes se fusionnent un peu plus tard en une seule, plus grosse. Le noyau n'est plus visible parmi les granulations vitellines translucides, l'espace périvitellin reste toujours très net et l'ovule est subsphérique. Il a alors, dans SÉANCE DU 19 MAI IÇ)l3. 1 56j l'ovule mùr, avant la fécondation i"'ra,i à im"'.'2 de diamètre. Cette dernière partie de l'évolution ovulaire s'accomplit en quelques jours. Après la ponte et la fécondation, l'œuf, rigoureusement sphérique, très transparent, possède une gouttelette huileuse unique de omm, 18 et atteint imm,3de diamètre. La ponte est progressive. Un ovaire met 8 à 10 jours à se vider. Il reste plat et flasque pendant a à 3 semaines, présentant encore, dans son parenchyme lâche, quelques éléments ovulaires de <>""", 06 à omm, i5. Ces éléments attardés achèvent-ils leur évolution individuelle ou se résorbent-ils? 11 m'a été impossible de m'en assurer. Toujours est-il qu'au bout de ce temps l'épilhélium est redevenu entièrement trans- parent, à cellules polyédriques dont les plus grandes ne dépassent jamais omm,3 de diamètre moyen. La glande s'est contractée; sa vascularisation, qui était très riche pendant la germination ovulaire, s'est réduite considérablement. Jusqu'à l'automne suivant, vers la fin de septembre ou le commencement d'octobre, c'est le repos génital complet, qui s'accompagne généralement d'une adiposité marquée. Je me suis efforcé de confirmer les résultais qui précèdent par l'examen de pêches pélagiques aussi nombreuses que possible. J'ai trouvé dans ces pèches des œufs fécondés de sardine dont la plus grande abondance se manifestait du i5 décembre au i5 février. Mais l'insuffisance de mon outil- lage d'une part, les empêchements dus aux intempéries d'autre part, ne m'ont pas permis de donner à celte partie de mes recherches toute l'ampleur et la régularité que j'eusse souhaitées. J'ai pu acquérir cependant la con- viction que l'œuf fécondé de sardine, s'il est flottant et surnageant à l'origine, ne larde pas à s'équilibrer entre deux eaux, où s'accomplit, certainement, la plus grande partie du développement embryonnaire. MICROBIOLOGIE. — Recherches sur la flore intestinale. Sur l'action pathogène d'une association microbienne : Proteus vulgaris et Bacillus aminophilus intestinalis. Note de M. Albekt Iîekthulot, présentée par M E. Roux. Dans les éludes snr la flore intestinale, il est indispensable de ne pas s'en tenir au rôle individuel des diverses espèces microbiennes, et il faut éga- lement considérer les nombreuses symbioses qu'elles permettent de réaliser. Bien que l'évidence de cette proposition soit indiscutable, il ne me paraît pas inutile d'en donner comme preuve les faits que je viens d'observer au cours de mes recherches sur le Proteus vulgaris et le Bacillus aminophilus intestinalis (' ). Après avoir étudié isolément ces deux microbes, je les ai associés et j'ai (') Les considérations théoriques qui m'ont guidé et le détail de mes expériences seront exposés dans un autre Recueil. G. R.. i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 20.) 200 l568 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'abord examiné in vilro les propriétés de leur symbiose. Si je m'en étais tenu aux résultats de ces premières expériences, j'aurais dû attribuer au Bacillus aminophilus une action empêchante, à l'égard du Proleus, et le considérer par conséquent comme un microbe bienfaisant; mais, en expé- rimentant in vivo, j'ai pu rapidement me convaincre de l'inexactitude de ces conclusions. En effet, si l'on nourrit de gros rats blancs exclusivement avec du lait stérilisé, partiellement coagulé par la présure, et qu'avec cet unique aliment on administre chaque jour, à certains d'entre eux, une quantité de Pro- leus (') ou de B. aminophilus correspondant à une demi-culture sur gélose, à d'autres la quantité équivalente d'un mélange à parties égales des deux microbes, on peut faire une série de constatations assez intéressantes et dont voici les principales : i° Le Proleus seul, même à ces fortes doses, est sans influence apparente sur les rats, ce qui n'est guère étonnant d'ailleurs puisque ce microbe est l'hôte habituel de leur intestin; 2° la plupart des animaux qui ne reçoivent que du B. aminophilus n'en souffrent pas et se maintiennent à peu près à leur poids primitif; cependant quelques-uns d'entre eux, et ce sont tou- jours les plus jeunes, succombent après un délai de 8 à io jours; 3° tous les rats qui absorbent à la fois les deux microbes présentent, au bout de G à 8 jours, une diarrhée très accentuée; les matières qu'ils expulsent sont riches en mucus filant et très acides. Ces animaux maigrissent rapidement et presque tous finissent par succomber du dixième au vingtième jour; 4° si l'on donne à des rats du lait auquel on ajoute une assez forte propor- tion de caséine sèche ou, mieux encore, si l'on augmente la dose journa- lière du mélange de microbes, on observe que les animaux meurent très vite, en 4 à 8 jours. La phase de diarrhée muqueuse et acide est alors extrê- mement réduite et la mort est déterminée par une entérite aiguë à forme hémorragique. En un mot, si l'on soumet des rats au régime lacté exclusif et à l'inges- tion répétée d'un mélange de Proteus vulgaris et de Bacillus aminophilus intestinalis, on provoque chez eux une entérite qui peut revêtir soit une forme subaiguë caractérisée par une diarrhée muqueuse et acide, soit une forme aiguë hémorragique rapidement mortelle. (') Je" dois le Proleus vulgaris que j'ai utilisé à la bienveillance de M. Metchnikoff qui l'a isolé des matières fécales d'un nourrisson atteint d'une gastro-entérite mortelle; ces matières étaient acides et contenaient un microbe du groupe Lactis aerogenes. séance du 19 mai 1913. 1 56g D'autre part, j'ai constate- que, si Ton supprime le lait et les microbes à des rats ayant une diarrhée très légère depuis 1 ou 2 jours et si on leur donne leur alimentation habituelle (carottes, pain et blé), la plupart sur- vivent; mais, sans modifier le régime, il est possible d'obtenir plus certai- nement la guérison en injectant à trois reprises, sous la peau des animaux, des doses croissantes et convenablement choisies d'un vaccin préparé avec un mélange des deux microbes tués par l'éther. Si l'on a soin d'inter- venir, pour la première fois, au plus tard le deuxième jour après le début d'une diarrhée légère, les animaux se rétablissent complètement tout en continuant à absorber du lait, du Proteus et du B. aminophilus. J'ai con- servé, pendant 2 mois, des rats ainsi traités, alors que les dix animaux d'un lot témoin étaient tous morts avant le vingtième jour. Cet effet curatif du vaccin ne se manifeste pas dans la forme aiguë ou lorsqu'on intervient trop tard dans la forme simplement diarrhéique; tou- tefois, un certain nombre des rats traités succombent i5 à 25 jours plus tard que les témoins. Enfin, si l'on traite préventivement des rats par trois injections du même vaccin mixte, on peut, [\ jours après la dernière injection, les soumettre impunément au régime qui donne à coup sûr l'en- térite muqueuse et qui fait mourir les animaux témoins dans un délai variantde 10 à 2ojours. J'ai prolongé, pendant 2 mois, une expérience por- tant sur des rats vaccinés de cette façon; leur état général m'a toujours paru excellent et leurs matières n'ont pas cessé de présenter leur aspect normal. Les faits que je viens d'exposer montrent combien il est utile d'étudier inintroel in vivo l'action symbiotique des microbes intestinaux; mais à d'autres points de vue il est également possible d'en tirer quelques con- clusions qui me semblent intéressantes et que je tiens à signaler. Les recherches de M. Metchnikoff (' ) ont montré que le Proteus joue un rôle très important dans l'étiologie des gastro-entérites aiguës des nour- rissons; or, au cours de ces entérites, la flore intestinale renferme très fréquemment, à côté du Proteus, une forte proportion de microbes voisins du B. aminophilus (groupe de B. laetis aerogenes). On sait d'autre part que dans ces affections, qui présentent des formes aiguës et subaiguës, les matières sont souvent riches en mucus et très acides; on connaît également la nocivité du lait au cours de certaines diarrhées et l'influence favorable de la suppression de cet aliment. (') E. Metchnikoff, Recherches sur les diarrhées des nourrissons (Bull. Acad. de Médecine, 23 novembre 1909). l570 ACADÉMIE DES SCIENCES. Comme on le voit certaines gastro-entérites des nourrissons présentent quelques analogies avec l'affection intestinale que détermine, chez le rat, le régime lacté exclusif et l'infection mixte du tube digestif par le Proteus et le B. aminophilus inteslinalis . Je me trouve donc conduit à rechercher si ces formes d'entérites ne sont pas déterminées, elles aussi, par la sym- biose du Proteus avec le B. am.inoph.ilus ou une espèce voisine et s'il ne serait pas possible d'y trouver une application de ce que j'ai observé sur l'action préventive et curative des injections vaccinantes. MICROBIOLOGIE. -- Sur les microzyma cretœ. Note de M. G. Béchamp, présentée par M. Henneguy. Dans une récente Communication à l'Académie des Sciences, présentée dans la séance du \l\ avril i<)i3 ('), M. Raphaël Dubois décrit de nouveau les microzyma cretœ dont l'étude a été faite d'une façon très complète par mon grand'père A. Béchamp. Ces microzyma cretœ, parfaitement décrits morphologiquement, étudiés au point de vue de leur composition chimique, de leur action comme fer- ments et de leur origine, reproduits expérimentalement par A. Béchamp, ont été l'objet de diverses Notes de sa part (-). Il en est également longue- ment question dans son Ouvrage les Microzymas. Or, dans la récente Communication de M. II. Dubois, A. Béchamp est bien cité comme ayant reconnu l'absence de microzyma dans le carbonate de chaux précipité; mais on pourrait croire que c'est M. R. Dubois lui- même qui vient de les signaler, le premier, dans la craie. Suit une des- cription du mode opératoire (en petits caractères), calquée sur celle de Béchamp (;1 ), sauf une tentative de coloration qui n'a rien donné. MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. — Myocardite èpizootique du mouton. Note de M. J. Lesage, présentée par M. A. Laveran. Nous désignons sous ce nom une maladie à caractère infectieux, qui a sévi, au commencement de l'année 1913, sur plusieurs troupeaux de mour (') Comptes rendus, t. 156, p. 1170. (2) Comptes rendus, t. 63, p. t\bi ; l. 70, p. 91 4 ; t. 1k, P- 629. (3) Comptes rendus, l. 63, p. (\T> i. SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. 1671 tons, croisés southdown, du département de la Côte-d'Or, causant une grande mortalité. Dans l'un des troupeaux, la maladie, apparue fin janvier, a fait dispa- raître en moins de 3 mois Go agneaux de l'année, sur i3o composant l'ef- fectif. Les mères brebis allaitant les agneaux malades n'ont pas contracté l'affection. Par contre, le bélier, père de ces agneaux, a été atteint, et l'on peut l'accuser d'être la cause de la maladie des produits. Cet animal, âgé de 0 ans, introduit dans l'exploitalion l'année précédente, a en effet tou- jours fait preuve d'un état général mauvais et a présenté, à différentes reprises, une éruption vésiculeuse des lèvres, de l'oedème de la région sous- glossienne, du larmoiement et des signes évidents de faiblesse. Sacrifié, au cours de l'épizootie, il montra, à l'autopsie, les mêmes lésions que les agneaux. Des symptômes très apparents s'observent au cours de la maladie des agneaux : une stomatite ulcéro-membraneuse et des troubles de la locomor tion. L'un et l'autre de ces symptômes peuvent faire défaut, mais il est une lésion qu'on retrouve d'une façon constante à l'autopsie, c'est l'inflamma- tion dégénérative du muscle cardiaque. La constance de cette lésion justifie la désignation que nous employons, jusqu'à ce qu'on soit définitivement fixé sur le rôle étiologique des pro- tozoaires que nous avons mis en évidence et que nous décrirons d'une manière sommaire. La stomatite ulcéreuse, qui précède généralement les troubles locomoteurs, se confond dans sa symplomatologie avec l'affection désignée communément sous les noms de brouton ou de muguet des agneaux, et dont le microbe n'a pas encore été découvert. C'est une inflammation ulcéralive de la muqueuse buccale, avec produc- tion d'un dépôt pultacé blanchâtre. Les lésions initiales sont de petites vésicules parfaitement rondes, de 2mm à 3mm de diamètre, isolées ou confluentes. Les troubles de la locomotion consistent en une sorte de parésie qui oblige les animaux malades, après quelques pas de marche, à se coucher et les met dans l'im- possibilité de se relever par leurs propres moyens. Les agneaux ainsi cloués au spl ne manifestent aucune douleur aiguë; ils bêlent pour appeler leurs mères et, si on les aide à se soulever, ils tettenl et mangent avec appétit. Ils ont tous de la constipation. Dans les cas à marche rapide, la mort arrive en 2 ou 3 jours; dans d'autres, seule- ment au bout d'un mois ou deux, avec rechutes. Enfui, il est des cas où elle se produit subitement chez des animaux qu'on croyait complètement guéris. A l'autopsie, le foie est, dans nombre de cas, hypertrophié et décoloré; la rate et les autres organes, sauf le cœur, ont une apparence normale. L'altération du cœur ne porte ni sur le péricarde, ni sur la sérosité péricardique, mais le myocarde est invariablement le siège d'importantes lésions de dégénérescence. l572 ACADÉMIE DES SCIENCES. Déjà, sur sa face externe, le muscle cardiaque présente un aspect tacheté, particuliè- rement à la pointe de l'organe et au voisinage des artères coronaires. Les taches sont de couleur jaunâtre et contrastent avec des zones noirâtres hémorragiques; elles sont ponctiformes ou étendues et distribuées irrégulièrement sur une surface de quelques centimètres. Sur une coupe macroscopique de la paroi du cœur, on se rend compte que ces taches correspondent à des îlots jaunâtres intéressant le quart et même le tiers de l'épaisseur de la paroi. La pointe du cteur est souvent très amincie et comme rongée intérieurement. A l'intérieur, les valvules auriculo-ventriculaires et sigmoïdes sont fortement œdématiées et de couleur rouge vif; les taches de dégénérescence sont plus nom- breuses et plus étendues. A leur niveau, l'endocarde est détruit. Examinées à un fort grossissement, les coupes microscopiques du myocarde per- mettent de constater que la fibre cardiaque en voie de dégénérescence s'hypertrophie, puis perd sa striation transversale, en même temps que la plupart de ses noyaux se segmentent par division directe. Ces noyaux, simples ou divisés, s'entourent alors, aux dépens de la fibre elle-même, d'une substance transparente qui est le produit de la dégénérescence. C'est donc, en réalité, un processus de résorption plutôt qu'un processus réellement inflammatoire qu'il est donné d'observer. L'ensemencement du sang, même en grande quantité, de la pulpe de foie et de rate, et aussi de la substance de dégénérescence du comr, dans les milieux ordinaires, ne donne aucune culture microbienne. Par contre, les frottis des lésions buccales et du parencbyme hépatique nous ont permis de mettre en évidence deux protozoaires intéressants. Le premier est un Spirochèle, qui se rencontre dans les lésions de stoma- tite ulcéro-membraneuse de tous les animaux malades; le second est un Flagellé, qui existe dans le foie hypertrophié. Sans préjuger des relations qui peuvent être établies entre ces deux germes et sans pouvoir affirmer encore qu'ils sont bien les véritables agents de la maladie, nous les caractérisons ainsi qu'il suit : Le Spirocbète de la stomatite ulcéreuse du mouton se présente sous la forme de longs filaments ondulés, très minces, effilés aux extrémités et for- mant une spirale dont la longueur varie de i2,x à 3o^, avec une épaisseur de 0^,5 à o^, 10. Le nombre ordinaire des tours de spire est de 3 à l\ pour les éléments les plus communs, de 1 VJ de longueur; il est de 8 à io pour les éléments plus longs et en voie de division. Ce spirille prend difficilement la couleur et reste très pâle dans les préparations faites par le procédé de Giemsa. Le Flagellé du foie hypertrophié doit être rapproché du parasite décrit en 1881 par Rivolta sous le nom de Monocercomonas /ie/>atica et découvert SÉANCE DU 19 MAI IO,l3. ID73 dans le foie des pigeonneaux. Il se colore facilement par le Giemsa; il est dépourvu de membrane ondulante. Certains de ses éléments sont fusiformes et munis de deux flagellums situés aux deux extrémités du corps protoplas- mique. D'autres sont de forme ronde et sans prolongements. Les éléments fusiformes ont une longueur de 2^ à 4^) sans compter les flagelles qui ont chacun 3^ à ^ de long; leur protoplasma est granuleux et le noyau diffus. Les éléments ronds ont à peu près les dimensions des hématies; leurs noyaux sont mieux dessinés et forment des figures variables. Ces éléments ronds sont souvent en amas comparables à ceux qu'on a décrits, à propos du trypanosome du rat, sous le nom de pseudoleucocyles. chimie biologique. — Comparaison des diaslases hydrolysantes du latex de Maclura aurantiaca avec celles de Ficus Çarica et de Broussonetia papyV ri fera. Note de M. C Gekbek, présentée par M. L. Guignard. a. Lipodiastase. — L'activité Hpolytique du latex de Maclura est ■;,,"> fois plus forte que celle du Figuier et i,5 fois moins forte que celle du Mûrier à papier. Moins thermolabile que celle de Ficus Car ica, la lipase de Maclura l'est plus que celle de Broussonetia. Pour détruire presque complètement ces trois diastases, il faut en effel chauffer les latex 3o minutes à(io" (Ficus), à 65° (Mac/ara), à j5° ( Broussonetia •). Comme celle de Broussonetia, la lipase de Maclura n'est qu'un peu plus active en milieu acide qu'en milieu neutre, alors que celle de Ficus l'est beaucoup plus (rapport des pouvoirs protéolyliques, à l'optimum d'acidité et en absence de cet élcctrolyte : Broussonetia 1 , 1 j ; Maclura 1,20; Ficus 3). b. Amylase. — Le pouvoir amyloly tique du latex de Maclura est environ 5 fois plus fort que celui du Figuier et i5 fois plus faible que celui de Brous- sonetia. Moins thermolabile que la lipase correspondante, l'amylase de Maclura est, de toutes celles du latex, la plus thermostabile. Il faut, en effet, 10 minutes à 8o° et 5 minutes à 85° (Maclura), 5 minutes à 8o° (Broussonetia), 2 minutes à 700 (Ficus) pour faire disparaître tout pouvoir amylolytique. Comme pour toutes les amylases végétales et animales, la neutralité et même une légère acidité au méthylorange constitue la condi- tion de milieu la plus favorable à la saccharification de l'empois d'amidon par celle de Maclura. Enfin, de même que pour les amylases des latex de Figuier et de Broussonetia, les halogènes, les sels d'argent, de zinc, de cad- l574 ACADÉMIE DES SCIENCES. mium, de cuivre, de mercure, d1or, de platine, elc, el l'eau oxygénée agissent défavorablement sur la saccharification de l'empois d'amidon par l'amylase de Maclura. C'est ainsi que : i° dans le cas de HgCl2, il suffit de 0,002 mol-mg (Maclura, Figuier) et de 0,0 iG mol-mg (Broussonetia) par litre d'empois pour empêcher toute formation de maltose; 2" dans celui de l'iode, il faut o, 5 mol-mg (Figuier), 1 mol-mg (Broussonetia) et 4 mol-mg (Maclura) pour atteindre le même résultat; 3° dans celui de l'eau oxygénée qui, ainsi que nous l'avons établi autrefois, hydrolyse, à doses moyennes, l'amidon en maltose, il faut o""', 62 (Figuier), icm" (Maclura) et 32cm° (Brous- sonetia) de perhydrol Merck à iooTo1 pour rendre deux fois moins active la saccharification diastasique. c. Ferment protéoly tique. — L'activité protéoly tique du latex de Maclura, mesurée d'après son action coagulante sur le lait, est à peu près 4 fois plus forte que celle de Broussonetia et 2j fois moins forte que celle de Ficus. Gomme la présure de Broussonetia, celle de Maclura coagule mieux le lait cru que le lait bouilli et s'oppose ainsi à celle du Figuier qui coagule mieux le second liquide que le premier. Aussi thermolabile que celle du Figuier, la présure de Maclura est bien moins thermoslabile que celle de Brousso- netia. Pour détruire ces trois diastases, il suffit en effet de ro minutes à 8o° dans le cas du Figuier et de Maclura, alors qu'il faut le même temps à 95° dans celui de Broussonetia. Enfin les halogènes, les sels d'argent, de zinc, de cadmium, de cuivre, de mercure, de platine, etc., et l'eau oxygénée qui sont de puissants retardateurs de la caséification par le latex de Figuier, agissent comme favorisants ou sont sans action sur la coagulation du lait par le latex de Maclura, qui ressemble ainsi au latex de Broussonetia. C'est ainsi que : 1" l\ mol-mg d'iode par litre de lait ont provoqué sa coagulation en i4 minutes (Maclura) et en 9 minutes (Broussonetia), par une dose de ces deux latex incapable par elle seule d'agir sur ce liquide et ont rendu cette caséification impossible, par une dose de latex de Figuier qui coagule le lait bouilli pur en 2 minutes i5 secondes; 20 o,32 mol-mg HgCF ont fait passer le temps de coagulation du lait bouilli sensibilisé de 7 minutes 3o se- condes à 6 minutes i5 secondés (Maclura), de 8 minutes i5 secondes à 7 minutes 20 secondes (Broussonetia) et de 3 minutes 20 secondes à un nombre de minutes supérieur à i44 ! (Figuier); 3° oc",a, iG de perhydrol par litre de lait bouilli sensibilisé n'ont aucunement modifié la durée de la coagulation de ce liquide par les latex de Maclura (7 minutes 3o secondes) et de Broussonetia (5 minutes i5 secondes) alors qu'elle s'élevait de G mi- nutes à plus de i44° ûlinutes dans le cas du Figuier. SÉANCE DU 19 MAI 10,13. 1675 d. L'activité diastasique du latex de Maclura passe, comme celle de Broussonetia, par un maximum, au moment de la poussée des feuilles (avril) et par un minimum en hiver, après leur chute. Néanmoins, l'écart entre les activités maximum et minimum est beaucoup plus fort et le maximum est déplacé vers mars chez Broussonetia, par suite de l'abondante et hâtive apparition des chatons qui précède chez cet arbre la poussée des feuilles. Nous sommes loin ici de la courbe sinusoïdale des activités diastasiques du latex de Figuier, avec ses deux maxima correspondant aux poussées des Figues fleurs et des Figues d'automne et ses deux minima, l'un estival, entre les deux poussées de Figues, l'autre hivernal, après la chute des feuilles. En résumé, le latex de Maclura aurantiaca mérite, comme ceux de Brous- sonetia papyrifera et de Ficus Carica, le nom de « suc pancréatique végétal ». Ainsi qu'eux, en effet, et de même que le suc pancréatique animal, il hydro- lyse et solubilise les hydrates de carbone, les corps gras et les substances pro- téiques et joue, par suite, un rôle de premier ordre dans la nutrition de la plante. Il doit ces remarquables propriétés à l'existence de diastases dont les caractères, intermédiaires à ceux des diastases de Broussonetia et de Ficus, placent ce suc propre entre les deux précédents, plus près du premier que du second. PHYSIQUE DU GLOBE. — Valeur et variation de la température profonde du glacier, au mont Blanc. Note de M. J. Vallot, présentée par le Prince Bonaparte. La valeur et la variation de la température en profondeur des glaciers d'altitude élevée sont à peu près inconnues. J'ai entrepris, à l'Observatoire du mont Blanc, une série d'études destinées à recueillir des données sur ce sujet. En 1898. onze thermomètres ont été enfoncés dans la neige à des profondeurs variant entre icm et 70cm. Ils ont été observés à intervalles réguliers, mais pen- dant 24 heures seulement, le vent les ayant brisés. En 1900, une seule détermi- nation a été faite aux diverses profondeurs. En 191 1, sept thermomètres ont été installés de même et observés pendant 4 jours. Ces expériences ont été faites sur le glacier, dans le voisinage de l'Observatoire; celles de 1898 et de 1900 à 4357m et celles de 191 1 à 424om d'altitude. Des nombreux chiffres recueillis j'extrais seulement les plus saillants. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 20.) 2GI iB'jG ACADÉMIE DES SCIENCES. La température de la neige subit une variation diurne parfois considé- rable près de la surface, et qui s'affaiblit rapidement lorsque la profondeur augmente. Profondeur. Amplitude maxima observée, cm o i i3 10 8 25 5 45 2 70 o,3 -.cm La variation diurne devient nulle au-dessous de 70e Il est intéressant de connaître la température maxima de chaque journée à cette profondeur. Neige. Air. Température Température à 70™. maxima. o o 22 juillet 1898 — 7,5 + 0,8 19 adûl 1900 — 6,4 — 2,5 3iaoùtign 0,0 +5,8 Les chiffres sont très différents selon l'état météorologique général de la saison. En 1898 et en 1900, la saison était moyenne et la température, à 70e"1, était de — 6° à — 70. En 191 1, la saison a été exceptionnellement chaude, comme le montre la température de l'air, et le glacier s'est échauffé d'une manière exceptionnelle. Le Tableau suivant permet de suivre, en profondeur, la température de la neige au milieu du jour. 22 juillet 19 août 1er septembre 1898. 1900. 1911. O 0 o Profondeur 2cm — o,3 o,o o,o » 25L'm — 7,1 — 2,8 — 0,9 » 7ocm — 7,5 —6,4 —o,4 Le 1e1' septembre 1911, la température profonde était encore influencée par les journées très chaudes qui avaient précédé. En résumé, la variation diurne ne dépasse pas im de profondeur et la température de zéro n'atteint cette profondeur que dans des cas tout à fait exceptionnels. Dans le but d'étudier la température du glacier jusqu'à une grande profondeur, j'ai entrepris, en 1900, de faire creuser un puits vertical pour mesurer les températures. Ce puits, dont la section était de 21" sur im, a été foncé auprès de l'Observatoire, à 4357m. Le travail a été arrêté à une séance du 19 mai igi3. 1077 profondeur de 4n\t)o par la rencontre d'une couche de glace provenant d'infiltrations du rocher voisin, l'expérience exigeant un névé homogène et sans fusions parasites. En 191 1, le travail a été repris, au col du Dôme, à 424°m d'altitude, et le foncage du puits a pu être mené jusqu'à i5m de profondeur. Voici le résumé des résultats de ces deux expériences : ■ Température. Profondeur. Premier puits. Deuxième puits. m 00 1 — 6,3 — 0,1 2 — 9>> — 0,8 4 — >'.9 — 7.3 6 » — 12,0 8 » — 12,6 10 » — 1 3 , 2 12 » —12,9 i5 » — 12,8 On remarquera que le deuxième puits, creusé au cours de l'été si chaud de 1911, présente près de la surface des températures exceptionnellement élevées, mais pourtant inférieures à zéro. La température descend rapidement, à mesure que la profondeur aug- mente; mais, à partir de 7m,5o, elle devient tout d'un coup stationnaire. C'est qu'on est arrivé à la couche que ne dépasse pas la variation annuelle causée par les saisons. Si l'on construit les courbes graphiques représentant la température des deux puits, on voit que la courbe du premier, légère- ment prolongée, atteint celle du second vers 6m,5o. L'influence de l'été est donc limitée à cette profondeur. La mesure du grain du glacier montre qu'il passe graduellement de omm,5 à imm,2. Il peut donc s'accroître sans fusion, puisque la température est toujours au-dessous de zéro, et une solution d'aniline montre qu'il est imperméable, comme je l'avais déjà constaté dans le tunnel du mont Blanc. L'observation a démontré que les glaciers de grande altitude sont en mouvement comme les glaciers inférieurs. On peut conclure de leur basse température et de leur imperméabilité que toute théorie basée sur l'intro- duction et le regel dans des fissures capillaires de l'eau de fusion de la sur- face est une théorie radicalement fausse, s'appuyant sur des hypothèses contredites par l'expérience. L'eau ne peut pas s'introduire dans des fissures qui n'existent pas. Quant 1578 ACADÉMIE DES SCIENCES. à la chaleur, on sait maintenant jusqu'où elle pénètre. Ce n'est pas une couche superficielle de 6m,5o, impressionnée par la variation annuelle, qui peut faire mouvoir des glaciers de ioom d'épaisseur. Quant à la varia- tion diurne, qui ne pénètre pas au delà de im, elle est insignifiante et ne peut être d'aucun effet pour la progression des glaciers. M. P.-E. Dubalen adresse une Note intitulée : Un nouveau poisson d'eau douce de la faune de France. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 6 heures. G. D. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 2G MAI 1913. PRÉSIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. André Blondel pour occuper, dans la Section des Académiciens libres, la place vacante par le décès de M. L. Cailletet. Il est donné lecture de ce Décret. M. le Président donne également lecture de la lettre rie remerciments (pie M. A. Blondel adresse à ses confrères. Note au sujet de la récente session de /' Association internationale des . icadé/mes, par M. Emile Picard. L'Académie nous avait chargés, MM. Baillaud, Bigourdan, Deslandres, Lallemand et moi, de la représenter à la session de l'Association inter- nationale des Académies, qui vient d'avoir lieu à Saint-Pétersbourg. Le nombre des questions à examiner en irji3 étant assez restreint, le Comité de l'Association ne s'est réunique deux jours avant la session, pour discuter les propositions à soumettre à l'Assemblée générale. Parmi les questions à l'ordre du jour, quelques-unes nous intéressaient particulièrement. C'était d'abord la création d'une Commission interna- tionale de l'heure, dont le projet de statuts a été élaboré par la Conférence internationale de l'heure réunie à Paris au mois d'octobre dernier. Nous C. R , 1918, i" Semestre. (T. 156, N° 21.) 2°2 l58o ACADÉMIE DES SCIENCES. proposions que l'Association des Académies émît le v = fi2)3)) \/ap+bp-hcp+dl «ifl,+ &, b-2 -+- C] c2 -t- d, d-i = o, "i"i + btba + CoC3+ e?2d3 = o, o3a, + bibx+ f3c, -t- d3dx = o les distances du point .t, y, s, £, à trois hyperplans rectangulaires fixes, on a les trois fonctions types Tt>4= [(a; -«)*+(/— b)'-.+ (z-c)"-+(t-dy]-\ t*.» = < *ï -1- a; -h a; >"*, Ttfl=log(3ïH-3ï). II. Ces faits étant rappelés, nous avons montré que les polynômes V„,„ d'Hermite sont, sur l'hypersphère des fonctions sphériques déduites de T4 4 ; nous allons montrer que les polynômes adjoints U„,„ d'Hermite sont, sur la même hypersplière, des fonctions sphériques déduites de T4)3. En effet, considérons les trois hyperplans rectangulaires, dans l'espace à I 584 ACADÉMIE DES SCIENCES. quatre dimensions x, y, z, t, n.r -t- by — i — i), z =o, / = o. Si l'on appelle o,, S2, o3 les distances d'un point x, y, z, / à ces trois hyperplans, la fonction T4j3 devient, à un facteur constant près, T4,3=[(«.r + 4/-i)'+((i'+ b*}{s*+P)] '. En développant cette fonction harmonique suivant les puissances posi- tives de a et b on voit que les U^!*' sont des polynômes homogènes et de degrés m -+- n en x,y, z, t; l'homogénéité devient évidente si l'on remarque que le déve- loppement ne change pas quand on remplace x, y, z, i par ~kx, "ky, As, \l et a, b par =-> *•■ Ces polynômes U^j*1 vérifient, comme T., 3, l'équation d*T d!T d*-T d2T __ ce sont donc des polynômes harmoniques; ce sont d'ailleurs des polynômes spéciaux puisqu'ils ne dépendent de s et de / que par la combinaison z- + t'1. Mais alors, si l'on prend les valeurs de ces polynômes sur rhypersphère(4), en éliminant z- -h t'2 par l'équation sI+f=i — a:i — ys, ces polynômes deviennent précisément les polynômes Umi„(a?, y) d'Uermile. En effet, la fonction génératrice T4 3 devient, par cette élimination, la fonction i [{a.r + by — i)2-f- («*-+- //2)(i — X'—y'1)) '. qui est la fonction génératrice des polynômes U ,„„(#, y) d'Hermite. Ees polynômes 11,„,„ et 1U,„.„ d'Hermite (') se rattachent de même aux fonctions T55 et T51. Il s'ouvre ainsi une voie nouvelle pour l'extension systématique des résultais d'Hermite. (') Œuvres, t. Il, p. 335. SÉANCE DU 26 MAI H-)l3. I 585 En épuisant la question pour l'espace à quatre dimensions, on pourra encore prendre deux hyperplans rectangulaires ax ■+- by + cs — 1 = o, t = 0, et considérer le potentiel Tii2 formé avec les dislances o, et S2 d'un point à ces deux plans; ce potentiel est, à une constante près, T4,,= Iog[(aaj + by -4- cz — i)2 -+- (n2-+- b- + c2)f- 1. En le développant suivant les puissances positives de a, b, c, Ti^=la'"b"cPU',-:fl]ll[.r,y,z.ll on obtient des polynômes harmoniques homogènes de degrés m -+- « + p, contenant uniquement des puissances paires de /. Par l'élimination de l2, à l'aide de l'équation de l'hypersphère (4)5 on transforme ces polynômes en fonctions sphériquëS ayant pour fonction génératrice log[(fl.r + by -hcz — i)24- («2 + b1 + c2) (1 - .r2— /2 — s») ]. L'application du théorème de Grecn, dans l'espace à quatre dimensions, au volume compris entre deux hypersphères de centre O, conduit, pour deux de ces polynômes Y„,„, U,„„, Y,,;,', /(, I ','„'„ p, associés entre eux ou les uns avec les autres, à la formule I dd/ dvdydz l'V -= n (1 — x* — y quand les deux polynômes P et P' sont de degrés différents. Je n'insiste pas ici sur la façon dont ces résultats peuvent être étendus aux n types de fonctions sphériques ([non peut déduire des n fonctions Tni^ls (s = 2, 3, 4, ..., n -h 1), dans l'espace à n -+- 1 dimensions. M. Ch. Lallbhand fait hommage à l'Académie du Compte rendu des travaux effectués en 1912 par le Service du Nivellement général de la France. M. P.-C. Grand'Edry adresse les premières livraisons d'un Mémoire intitulé : Recherches géobotaniques sur les forêts et sols fossiles et sur la végé- tation et la flore houillères. IÔ86 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. Emile Wauters, Correspondant de l'Institut, fait hommage à l'Aca- démie, par l'organe de M. Lippmann, d'une brochure intitulée : Une œuvre inconnue de Raphaël. NOMINATIONS. Le Prince I$o.\aparte, président de la Société de Géographie, demande à l'Académie de se faire représenter à la cérémonie qui aura lieu, le vendredi G juin prochain à la Sorbonne, en l'honneur de l'amiral Peary. ■ M. Appei.l est désigné pour représenter l'Académie. ELECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'une Commis- sion qui devra présenter une liste de candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Alfred Picard. Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président de l'Académie, doit comprendre : deux membres de la Division des Sciences mathématiques; deux membres de la Division des Sciences phy- siques; deux membres de la Section des Académiciens libres. MM. Lii'i'MAw, Appeli., pour les Sciences mathématiques; MM. AIuktx, Haller, pour les Sciences physiques; MM. A. Carxot, Tisseraxd, pour la Section des Académiciens libres, réunissent la majorité des suffrages. CORRESPONDANCE. M. W.-M. Davis, élu Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation, adresse des reinerciments à l'Académie. SÉANCE DU 26 mai igi3. i58t ASTRONOMIE. — Observations de la comète iç)i3a (Scbaumasse), faites à l'Observatoire de Besançon, avec l'équat or ial coudé. Note de M. P. Cho- fardet, présentée par M. B. Baillaud. Nombre Dates. Temps moyen de Asc. droilc Log. facl. Dist. polaire Log. fact. 1913. de Besanrun. IX. S'S. compar. apparente. parall. apparente. parai!. * h m s m s 1 11 11 ni s o 1 „ Mai 21.... 9.44-40 —2,18,73 + 3.44>6 12:12 19.34.22,63 9,652„ 63.i6.23,2 0,756,, a » 24.... 9-58.23 +0. 9,34 — 2.29,3 12: 9 19. 4-53,77 9,655,, 59. 0.28,7 Oj'T-I/i b » 24.... g.58.23 —2.31,73 — 3. 7,8 12: 9 19. 4.53,76 9,655,, 5g. 0.27,8 0,674,, c Position des étoiles de comparaison pour igi3,o. Asc. droite Réduction Dist. polaire Réduction * Gr. moyenne. au jour. moyenne. au jour. Autorités. Il ni s s 0 r a ... 7,0 19.36.39,66 +1,70 63.12.22,8 +15,8 A. G. Cambridge (Engl.), 10253 a. b 8,7 19. 4.42,49 +',94 59. 2.41,6 +16,4 A. G. Leide, c 8,2 19. 7.23,56 +i,9B 09. 3.19,3 +i6,3 A. G. Leide, 71.55 Remarques. — Le 24 mai, cette comète, dont l'éclat peut être compris entre la 8e et la 9e grandeur, a la forme d'une nébulosité circulaire de i',5 de diamètre avec, au centre, une condensation bien prononcée mais diffuse. Absence de queue. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques propriétés des équations inté- grales à noyau non symétrique. Note de M. Nicolas Kryloff, présentée par M. Emile Picard. M. Hilbert(') a divisé, comme on sait, les fonctions continues symé- triques de deux variables K(s, t) en trois types : positif, négatif, ambigu, selon que l'intégrale double / / K(s, t) 0(5)0 (t)dsdt est >o, ,.>o; - si ^(*), (') Communications de la Société mathématique de Kharkoll", 2e série, l. XII-XHI, 1.910-1911. — L'existence des fonctions V.5(.r) est établie par M. W. Slekloll", dans son Mémoire Sur l'existence des fonctions fondamentales, etc. {Mem. d. /t. Ace. dei Lincei, 1910). SÉANCE DU 26 MAI IÇ)l3. l5gi on trouve / / / / ~n f &»)*d*'+f qKldx=C fd.r+f */»/f*-2|X,|A», ce qui nous affirme la convergence de la série 7 | \s\ A,. Posons maintenant U,(*-)=-==VJt*)î B,= / 9(t)Vs(i)dt. ô(/) étant une fonction quelconque, sornmable et de carré sommable. On trouve sans peine S=±1 •" \,=±l y a. au lieu de '} el l'on aura 1 <\ix J \<])i a,' de sorte que 00 et o, pourront encore représenter un même produit pq de deux nombres premiers L\n -f- 3. e — 1 a Si au contraire (•— ) = — 1, l'un des nombres premiers y.» et q est congru à 1 et l'autre à3, (mod4); cela suffît pour que l'équation ( i)soitimpossible; mais comme les formes de discriminants l\n-\-i ou 8/1 + 4 n'ont pas de caractères particuliers (— )> ni (- -j, on pourra déterminer// et q de manière à rendre également les équations (2) impossibles. Dans un cas comme dans l'autre la transformation S pourra donc encore Lre employée. Mais s'il n'y a pas de forme ambiguë a, pour laquelle : — 1, elle ne pourra l'être en général, sauf, bien entendu, si le genre de cp et de cp, peut représenter des nombres !\n ■+- 3, cas où notre rai- sonnement ne fait pas intervenir les formes ambiguës. Enfin la démonstration s'applique également aux formes x- — o, x- — cp,, où cp el cp, sont des formes indéfinies. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la viscosité de l' atome . Note de M. L. Décombe, présentée par M. Appell. Comme ceux d'absorption lumineuse, les phénomènes diélectriques anormaux (résidus, chaleur de Siemens, etc.) trouvent leur explication dans l'existence d'un terme de viscosité, proportionnel à la vitesse, qui affecterait le mouvement des particules soumises au rayonnement lumineux ou au champ électrique extérieur ( '). Ce terme, considéré jusqu'ici connue empirique, parait cependant pouvoir être rattaché aux principes fonda- (') Comptes rendus, L lo2, p. 1755; t. 15IS, p. 1469; '• 154, p. 191, et Journal de Physique, mars 1912. SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. 1,699 mentaux de la Mécanique rationnelle par un mécanisme que nous avons précédemment esquissé (' ), mais qu'on peut chercher à approfondir. I. Assimilons l'atome à un assemblage de spectrons, c'est-à-dire petits systèmes dynamiques formés chacun par un certain nombre d'électrons gravitant sur une même orbite sous l'action d'une force centrale attirante proportionnelle à la distance. Soient : ;■ le vecteur instantané d'un électron évoluant sur une orbite spectronique; ■r,y, z ses coordonnées relatives à trois axes rectangulaires ayant le centre attirant O pour origine; e la charge d'un électron, --K.\er la force attirante et enfin \{t), f](t), 'Ç(l) les com- posantes du champ électrique suivantles trois axes Oa-, Qy, Oz. Les équa- tions du mouvement sont les suivantes : d'-x d'y d^z (1) m——-—— K, ex — et{t), m-jj^=—K\ey — e-n{t), rn-j-T^=—K'ie3—eÇ(t). Leur intégrale se compose de l'intégrale générale des équations sans second membre / x ,/; ■'■ v> dly vi (l'z ,-■ (2) m'dF=~ '''■''' m ~d1*~~ iey' mdF=~,e::' à laquelle on doit ajouter une solution particulière des équations com- plètes. Elle représente donc un mouvement elliptique de l'électron autour d'un point ( .)' dont les coordonnées u, c, w satisfont à chaque instant aux relations (3) 771-^5-=— K\eu — eï,{t), m . — =— K', ev — en(t), m~=z-K\w — e^(t). Le vecteur 00' (w, v, w) peut servir de mesure à la déformation instan- tanée du spectron sous l'action du champ extérieur. Si nous admettons que le mouvement orbital de l'électron d'une part, et le déplacement du'point 0< >' d'autre part, sont affectés par de très petites discontinuités, il y aura lieu, conformément au mécanisme que nous avons précédemment développé ( - ), de remplacer dans les équations (2) ce, v, ; dx t/v dz , , . ,„ par a? -i-T, -7-, v + t( -7- > s -+- ~, -7- et, dans les équations (3) //, e, w du dv dw . 1 • . 1 . • , ,\ ■•> \ par u -+- - -—, v -+- t -r , w -t- z -7- > ce IÔI2 ACADÉMIE DES SCIENCES. tionaux s'arrête à la longueur d'onde 65oo. J'ai pu, en utilisant les procédés actuels de sensibilisation des plaques photographiques, étendre les mesures interférentielles dans le spectre du fer jusqu'à la longueur d'onde 8824, c'est-à-dire dans tout l'extrême rouge et le commencement de l'infra- rouge. 20 Dans la région jaune et orangée, où les fortes raies du fer sont peu nombreuses et manquent de netteté, j'ai pu mesurer un grand nombre de raies fines et faibles. Les mesures ont été faites selon la méthode de MM. Buisson etFabry('). Les étalons interférenliels employés avaient des épaisseurs de 2inm,5, 5mm et 7'mn,5. L'appareil dispersif, nécessaire pour séparer les interférences produites parles diverses raies, était le spectroscope autocollimateur à deux prismes de llint et lentille de im de foyer, de MM. Fabry et Jobin (-). L'arc, produit entre deux tiges de fer de 6mm de diamètre, était alimenté par une distribution de courant continu à 220 volts, avec une intensité de courant d'environ 6,5 ampères. Toutes les mesures ont été faites photographiquement, par comparaison avec les étalons internationaux du même spectre. L'emploi d'interférences obtenues avec plusieurs valeurs différentes de la différence de marché permet d'éliminer l'influence des changements de phase par réflexion sur l'argent. Le Tableau suivant donne le résuli Lat des mesures : 5434,529 5638, 276 5S62 ,347 6055,990 6246,339 6408,042 543*5,597 564i ,458 5883,842 607S, 185 62.52 ,567 643o.8.-i7 •''146,922 5655, 5o5 5go5,682 6089 , 070 6254,268 646 i .7.17 5473,912 5693,63S 5gi6,254 6102,1s.-, 62.56,372 G 48 1,882 5483, 118 5701 ,553 5934,682 6127,919 6265, i43 6494,99' 5497,520 5709,395 5952,742 6157 ,736 6280,620 65i8,378 552.5,558 5717,832 5956,695 6165,072 6297,801 6546,247 5543,i84 5731,773 5g84,8o8 6170,495 6322,697 656g, 2 38 5543,953 574 i,865 6oo3 ,o36 6 173,.;.! 7 6335,343 657.5,032 5563, 608 5753, 1 4 2 6008, 584 6200, 3a3 6336,842 6.092,925 5567,399 5770, 101 601 3, 5 17 6213,439 6344,i 58 6C09, 123 5598,293 5791,046 6020, 177 Ô2l5, 1.54 6355 ,o4o 6663, \:> 1 5602,962 5793,938 6021 ,824 6219,289 6358,683 6678,000 56i8,6i6 5809,200 6042,092 624o,65g 638o,752 6750, i64 (') Joui nal (le Physique, mars igo8. (s) Journal de Physique, mars 1904. SÉANCE DU 26 MAI I9l3. l6l3 6828,617 7016,082 7207,431 7%5 , 106 7832,243 8327,080 68 ',3. C.S, 7088,237 7223,677 75.1 ,o54 7937,182 8387,780 6855, j 84 7068 , '1 2 1 7239-9'4 753 1, 192 7945,889 8468,427 6916,712 7090, :, 16 7293,091 7568 ■ 929 7998.986 S661 .920 6945,215 7130,958 7389,437 7664 ,3o4 8046,087 86.88,64o 6978,861 7164,48. 74.1,192 7748 ,285 8o85, 219 8824,204 6999>93a 7187,348 7445,78' 7780 . 597 8220,422 chimie PHYSIQUE. — Déplacement limité dt '.la monoéthylamine par le gaz- ammoniac. Note de M. Félix Ridet, présentée par M. Haller. Ayant montré, dans des Notes antérieures ('), que la réaction de l'ammo- niac sur les chlorhydrates d'amylamine et d'éthylène-diamine constitue un équilibre chimique, je me suis proposé d'étudier l'action de ce même gaz sur le chlorhydrate de monoéthylamine. La réaction directe et la réaction inverse ont été opérées, en même temps, dans des conditions semblables, et les pressions ont été mesurées, avec la même approximation, sur une seule règle divisée en millimètres. Réaction directe (AzH3 gaz sur C2 H5 Az'H2 . II Cl solide et anhydre). — Le gaz a été mis en présence d'un excès de sel neutre, soit environ Tmoi d'ammoniac pour 5"10' de chlorhydrate. Le contact une fois déterminé entre le gaz et le solide, j'ai observé, à la température ordinaire, une absorption immédiate et rapide et une agglo- mération très nette. Influence de la température. — Les valeurs suivantes, exprimées en millimètres de mercure, montrent que la pression d'équilibre augmente avec la température. Température- Pression. n 0 3.2 i5 48i 16,4 5oo 17,2 5oG 23,2 577 A cette dernière température, aucune gouttelette ne se condense dans les parties froides de l'appareil: il n'y a donc pas d'élliylamine à l'état libre puisque cette base bout à -(-19°. (') Comptes rendus, t. 141, p. 264; t, 155, p. 279; t. 156, p. 3i5. l(îl4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Influence de la pression. — L'accroissement de pression obtenu, soit en élevant le réservoir mobile, soit en ajoutant de nouvelles masses d'ammoniac, donne à o° plusieurs valeurs distinctes qu'on retrouve dans la réaction inverse: 3 t 2ranl;328n"";68imm. Cette discontinuité dans les variations de pression correspond à l'existence de trois composés intermédiaires dont l'état d'équilibre est une fonction de la concentration en ammoniac. Inversement, lorsqu'on fait décroître la pression soit en abaissant le réservoir mobile, soit en retirant du gaz ammoniac avec la trompe, on retrouve les nombres inférieurs. Vitesse de réaction. — Celte grandeur, exprimée par la hauteur de la colonne mercurielle, croît rapidement pendant les premières minutes, d'après les nombres suivants, observés à o° : Temps. Hauteur du mercure. Ii m o . 1 5 4^9 o.3o 444 1 .00 454 2 . 00 456 4 . 00 4 '8 8.00 458 Les chiffres précédents font voir que l'équilibre est atteint au bout de 4 heures et que, par suite, la vitesse de réaction est supérieure à celle que j'ai mesurée entre l'ammoniac et le chlorhydrate d'isoainylamine. Dans ce dernier système, en effet, l'équilibre n'est réalisé qu'au bout de 22 heures. Comme je l'ai remarqué dans mes recherches antérieures, la vitesse de réaction décroit très sensiblement lorsque la pression de l'ammoniac diminue; elle tend même à s'annuler. En général, l'agitation du solide ne permet pas de détruire les résistances passives, et il faut avoir recours à une très légère élévation de température (4o°-45°) qu'on maintient seu- lement quelques instants. Réaction inverse (G'H5AzII- liquide sur AzH' Cl solide et anhydre). — J'ai fait réagir i"10' de la base sur imo1 du sel et j'ai constaté que, grâce aux proportions choisies, le liquide baigne totalement le solide. Il en résulte que les surfaces de contact entre les deux corps sont étendues, condition très importante pour assurer l'homogénéité du système. Influence de la température. — Aucune gouttelette ne s'étant condensée, après avoir chauffé a 23°, 2, il n'y a donc pas d'éthylamine à l'état libre. SÉANCE DU 26 MAI IO,l3. lGl5 Température. Pression. o o 3 16 i5 '. 568 16,4 582 17,2 588 23,2 682 Ces nombres font voir que les pressions d'équilibre, sensiblement égales à o", poul- ies deux, réactions opposées, ne concordent plus entre i5° et a3°,2. Pour expliquer celte différence, on peut admettre qu'un chlorhydrate basique, formé dans la réaction inverse, est tellement instable qu'il donne naissance aussitôt à un autre sel plus basique et qui, par suite, correspond à une tension plus élevée. Influence de la pression. — Si Ton fait varier la pression on obtient, à on, trois valeurs distinctes : 3i6mm, 33on,m et 679mm qui confirment l'existence des trois com- binaisons moléculaires prévues par l'élude de la réaction directe. Vitesse de réaction. — Elle est plus élevée que pour la réaction directe, car les surfaces de contact sont plus grandes et l'équilibre est toujours obtenu au bout de 1 heure, dans la glace fondante. Ces résultats montrent que le système ammoniac + chlorbydrate d'éthylamine est tout à fait assimilable, par le mécanisme de la réaction, aux systèmes déjà étudiés et relatifs à l'amylamine normale, à l'isoamyl- amine et à réthylène-diamine. La théorie que j'ai proposée (') est donc applicable, et Ton doit admettre l'existence de plusieurs sels basiques dus à la réaction de l'aminé déplacée par l'ammoniac, soit sur le chlorhydrate neutre initial, soit sur un autre chlorhydrate basique déjà formé. Ces composés à fonction mixte répondent à la formule générale (C2II5AzH2)«(C2H3AzH2.HCI). La représentation graphique des résultats précédents consiste, pour une température donnée, en une série de paliers qui correspondent à un sel défini, d'autant plus basique que la concentration en ammoniac est plus élevée. (') Comptes rendus, t. loG, p. 3i5. l()l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. chimie PHYSIQUE. — Sur la séparation du graphite dans les alliages de fer et de silicium. Noie de MM. Georges Charpy et André Cornu, présentée par M. H. Le Chatelier. On sait que le carbone combiné au fer tend à se séparer sous forme de graphite quand on soumet le métal à un recuit à température convenable et que cette séparation est grandement facilitée par la présence dans l'alliage d'une certaine quantité de silicium qui semble jouer le rôle de catalyseur. Les observations relatives à ce phénomène ont surtout porté jusqu'ici sur les alliages fortement carbures ou fontes au silicium. Nous avons effectué récemment de nombreuses déterminations sur des alliages faiblement car- bures, ou aciers au silicium, et observé certaines particularités qui semblent mériter d'être précisées. Nous avons d'abord observé que, dans les alliages très peu carbures, le carbone peut être précipité entièrement à l'état de graphite par recuit, pourvu que la teneur en silicium dépasse 3,5 pour ioo et que le recuit soit effectué à une température supérieure à 7.5o° el inférieure à une certaine limite qui est fonction de la teneur en carbone total. Voici, par exemple, les résultats obtenus sur un acier doux au silicium, du type qui est fréquemment employé aujourd'hui pour la fabrication des tôles destinées à la construction des machines dynamoélectriques et des transformateurs. La composition de cet acier était la suivante : C. Si. Mb, Pli. S. 0,1/4-0,1 5 3, 80 o,35 o,o3 0,018 Le Tableau ci-dessous donne les proportions de graphite obtenues dans cet acier après divers recuit : !Vni|.rralure 1 lurée Mode Proportion pour 100 du recuit. du recuit. de refroidissement. rie graphite. 0 700 i heure lent ( 5" par minute) 0,00 7.5o 1 » » 0,08 800 1 » » 0, i3 800 3 heures » 0,14 800 10 » » 0,1.1 800 1 heure trempe à l'air 0,11 85o 1 » lent 0,01 900 1 » » 0,00 SÉANCE DU 26 MAI I9l3. 1617 Nous avons effectué plusieurs séries d'expériences du même genre dont le détail ne peut trouver place ici et obtenu des résultats analogues, l'inter- valle de température dans lequel on peut observer1 la séparation du graphite variant avec les teneurs en carbone et en silicium. Si, par exemple, la teneur en silicium diminue au-dessous de 3, la proportion de carbone restant très faible, cet intervalle est nul, c'est-à-dire qu'on n'observe jamais dans de tels alliages la formation de graphite, quelles que soient la température et la durée du recuit auquel on les soumet, depuis 7000 jusqu'à 1 ioo°. Si, au contraire, la teneur en silicium restant supérieure à 3,. 5o, la teneur en carbone atteint o,4o, la formation de graphite se produit à partir de 75o°, comme dans le pre- mier exemple cité, mais reste encore notable à 85o°, pour disparaître vers 9000. Ces résultats ont été observés par les méthodes de l'analyse chimique, en séparant le graphite par ébullition dans l'acide azotique. L'exanieti micrographique les corrobore nettement. Le premier alliage cité, par exemple, est entièrement formé après recuit à 8oo°, de grains de ferrite jointifs sans interposition de parlile. Après recuit à 900", il présente de larges plages de perlite parfaitement nettes, en proportion beaucoup plus grande que dans les aciers sans silicium contenant la même quantité de carbone. Ce dernier fait semble indiquer que le mélange eutectoïde, dans les aciers au silicium, correspond à une teneur en carbone inférieure à o,iS. Les faits résumés ci-dessus s'accordent parfaitement avec les observa- tions antérieurement faites sur les fontes au silicium, si l'on tient compte d'une condition qui n'intervient pas dans le cas des fontes, à savoir que le métal peut dissoudre une proportion de carbone qui croit quand la tempé- rature s'élève et que la séparation de graphite ne peut, par conséquent, s'observer lorsque la température est suffisamment élevée pour que le car- bone soit totalement dissous. L'intervalle de température dans lequel on peut observer, pour un alliage donné, la formation du graphite, présente donc, comme limite inférieure, la température T à laquelle s'amorce la transformation de la cémentite en graphite et, comme limite supérieure, la température T', pour laquelle la solubilité du graphite dans l'alliage corres- pond à la teneur de cet alliage en carbone total. La température T s'abaisse quand la teneur en silicium augmente ('), tandis que T' s'élève quand la teneur en silicium croit et aussi quand la teneur en carbone aug- mente. Si T' est plus petit que T, ce qui arrivera pour les alliages peu (') CiiARPY et Gkenkt, Sur l'équilibre des systèmes fer-carbone {Comptes rendus, t. 134, 1902, p. io3 ). 1618 ACADÉMIE DES SCIENCES. carbures à faible teneur en silicium, on ne peut observer la formation du graphite. Si, au contraire, T' est supérieur à T, on observe la séparation du graphite dans un intervalle d'autant plus étendu que les teneurs en car- bone et en silicium sont plus fortes. CHIMIE MINÉRALE. — Sur V inslabilititë du fluosilicate ferrique el sa transfor- mation spontanée en un autre fluorure double de silicium et de fer. Note de M. A. Recoura, présentée par M. A. Haller. Dans un Mémoire antérieur (Comptes rendus, t. 154, p. 665) j'ai étudié le fluorure ferrique bydraté. J'ai fait voir que ce sel, en dissolution dans l'eau, se comporte comme un complexe, en ce sens que le tiers seulement du fluor se prête aux doubles décompositions et j'ai établi la constitution de ce complexe. Cette étude m'a conduit à entreprendre celle du fluosilicate fer- rique, qui, comme je vaisle montrer, présente une particularité intéressante, qui paraît être une conséquence de ce que le fluorure ferrique n'est pas un sel normal. Tout ce qu'on sait du fluosilicate ferrique se réduit à ceci. Berzélius dit l'avoir obtenu en saturant l'acide fluosilicique par l'hydrate ferrique, la dissolution ainsi obtenue donnant par évapora tion el dessiccation une niasse gommeuse demi-transparente ('). Or il résulte des expériences que je rais exposer que le fluosilicate ferrique n'existe pas, c'est-à-dire que, quand on provoque sa formation en dissolution, soit par le procédé de Berzélius, soit par double décomposition, il se dédouble immédiatement de la façon suivante : (Si F4)3, Fe-Fc=SiF4+(SiF4)%Fe2F6, c'est-à-dire qu'il perd le tiers de son fluorure de silicium, en se transformant en un autre fluorure double plus stable, et le fluorure de silicium, décomposé par l'eau, donne, comme à l'ordinaire, de la silice et de l'acide fluosilicique libre. Ce fait, qui, à ma connaissance, n'a pas été signalé cbez d'autres fluosi • licates, à savoir que, dans le fluosilicate ferrique, le fluorure ferrique ne peu! retenir que les deux tiers du fluorure de silicium nécessaire pour constituer un fluosilicate, parait bien être en relation avec le fait que je rappelais plus (') Berzélius, Traite de Chimie. SÉANCE DU 26 MAI 1913. 1619 haut, que, dans le fluorure ferrique, un tiers du fluor est dans une condi- tion particulière. Cette interprétation est d'ailleurs confirmée par l'étude que je fais en ce moment du fluosilicate chromique. J'ai reconnu cpie ce sel, au contraire du sel ferrique, existe, mais il a en dissolution une existence éphémère; il se transforme spontanément, mais lentement, en composé vert, c'est-à-dire en complexe, et cette transformation est accompagnée d'une perte de fluo- rure de silicium, c'est-à-dire de la formation d'un nouveau fluorure double de silicium et de chrome différent du fluosilicate. Ici donc, encore, comme dans le cas du fluorure ferrique, l'entrée d'une fraction du fluor du fluorure métallique dans un complexe a pour conséquence une modification corres- pondante dans la capacité de combinaison de ce fluorure avec le fluorure de silicium. Mais ici la relation de cause à effet peut être saisie sur le vif. ■ Voici les faits cpie j'ai constatés : J'ai préparé la dissolution de fluosilicate ferrique de, deux façons différentes, qui m'ont conduit au même résultat, soit en dissolvant l'hydrate ferrique dans une quan- tité équivalente d'acide fluosilicique, soit par double décomposition entre le sulfate ferrique et le fluosilicate de baryum. Je décrirai ce dernier mode de préparation qui est assez curieux. Si, à du fluosilicate de baryum insoluble employé en excès, on ajoute une dissolution de sulfate ferrique, on voit au bout de quelques instants d'agi- tation la couleur brune du sulfate ferrique disparaître complètement, et l'on obtient par filtration une liqueur incolore très légèrement rosée. Ainsi, malgré l'insolubilité presque complète du fluosilicate de baryum, sa double décomposition avec le sulfate ferrique est presque instantanée. Cette dissolution incolore renferme le nouveau fluorure double (SiF1)2, Fe!Fe ou (SiF1, FeF3), plus les produits de décomposition par l'eau du fluorure de silicium abandonné par le fluosilicate ferrique primitivement formé, c'est-à-dire de l'acide fluosilicique libre et de la silice. Cette silice est à l'état soluble, et, si la liqueur est étendue, elle reste en solution très longtemps, mais, si la liqueur est suffisamment concentrée ( r" de fer dans 31), au bout de 2 ou 3 jours la silice se précipite et l'on peut la recueillir et la doser. Toutefois ce dosage, en raison des lavages prolongés qu'exige la silice gélatineuse, n'est pas susceptible d'une grande précision. J'ai néanmoins trouvé à pj- près la quantité de silice correspondant au dédoublement indiqué ci-dessus, c'est-à-dire à la séparation du tiers du fluorure de silicium du fluosilicate de fer formé dans la double décomposition. Mais il y a un autre moyen de contrôle beaucoup plus précis. Si l'on ajoute à la dissolution un sel de potassium, tout le silicium qu'elle ren- ferme, aussi bien celui de l'acide fluosilicique libre que celui du fluorure double, est précipité à L'état de fluosilicate de potassium, qu'on peut doser et l'on trouve ainsi, par différence, que le silicium disparu de la liqueur à l'état de silice correspond exactement au mode de dédoublement indiqué. C. R., i9i3, [•' Semestre. (T. 15G, N° 21.) 207 1620 ACADÉMIE DES SCIENCES. J'ai d'ailleurs cherché à isoler à l'état solide le nouveau fluorure double de fer et de silicium et voici ce que j'ai observé : Si on laisse la dissolution s'évaporer à l'air libre, c'est-à-dire en présence de l'humidité atmosphérique, on obtient comme résultat final un sirop épais, sensible- ment incolore, qui a perdu, pendant l'évaporalion, i'acide fluosilicique libre de la liqueur, et dont la composition correspond exactement à la formule (Si F4)2, Fe2FG, Aq. Mais si l'on achève l'évaporalion dans un exsiccateur, on conslate que, quand la richesse en eau du produit devient voisine de 10II-O, il dégage alors lentement du lluorure de silicium, en même temps qu'il perd de l'eau et tend à se transformer en lluorure ferrique hydraté. Mais cette transformation est très lente. Elle est naturelle- ment plus rapide dans le vide. Néanmoins un échantillon, conservé dans le vide, déga- geait encore du fluorure de silicium au bout de 3 mois et il contenait encore { de molécule de lluorure de silicium, pour imo1 de fluorure ferrique. Comme le lluorure ferrique retient 6mo1 "d'eau, il semble vraisemblable que les quatre autres molécules d'eau sont nécessaires pour effectuer la soudure du fluorure de silicium au fluorure ferrique, et que. c'est le départ de ces molécules d'eau dans une atmosphère sèclie qui détermine la séparation des deux fluorures. CHIMIE ORGANIQUE. — Éthers-sels dérivés de ïoctano/2 par la méthode des auteurs; observations sur le principe de cette méthode. Note de MM. J.-1Î. Senderexs et J. Aboulexc, présentée par M. G. Lernoine. Si l'on en excepte l'acétate ('), les éthers-sels dérivés de l'oclanol2 CH3 — (CH2); — CHOH — CH3 ne paraissent pas avoir été décrits, et cela peut tenir à la facilité avec laquelle l'oclène tend à se produire durant leur préparation. Nous avons éliminé à peu près totalement ce carbure en opérant comme pour les éthers hydrocycliques (2), c'est-à-dire en addi- tionnant de 2 à 3 pour ioo de S04H- le mélange d'octanol2(i'"01) et d'acide organique (im"',o5), et en maintenant, durant i heure, ce mélange à une température qui ne dépassait pas ioo". Nous avons ainsi obtenu, avec des rendements voisins de la théorie, les éthers suivants de l'octanob : Formiate Acétate Propionate Butyrate Isobutyrate lsovalérate (') Bonis, A/m. de Cldni. et de Phys., 3° série, t. XLIV, p. j 35. (-) Sendehens et Aboulknc, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 168 et 1254. Ebullition correspondante Densités H = 74 i""". D>\ 0 184 0,8642 194,5 0,8626 211,5 0,8611 227,5 o,85g2 220 o,8554 236,5 o,854o SÉANCE DU 26 MAI I()l3. 162I Nous avons également préparé le phénylacétale, qui s'altère lorsqu'on le distille à la pression ordinaire, et qui bout à ip,5° sous une pression de 35,m".D,;'' = o,95o3. La préparation des éthers-sels de l'octanoU est donc une simple appli- cation de la méthode catalytique que nous avons proposée ('), sur laquelle nous n'aurions pas à revenir si, assez récemment, il n'avait pas semblé que le principe en était attribué à E. Fischer. Les expériences auxquelles on a voulu faire allusion sont apparemment celles de E. Fischer et A. Speier sur l'éthérification des alcools méthy- lique et éthylique par un certain nombre d'acides gras et aromatiques, en prenant, comme acide auxiliaire, l'acide chlorhydrique et, dans quelques cas, l'acide sulfurique (2). Pour nous borner à ce dernier acide, qui est celui que nous employons, ces deux savants ont cru pouvoir conclure de leurs expériences que, dans beaucoup de cas, il y avait avantage, soit au point de vue des rendements, soit pour éviter la destruction du produit final, non pas précisément à di- minuer les doses généralement adoptées de SO'H2, lesquelles s'élèvent aux 3o, 4o et même 60 pour 100 du poids de l'acide organique à éthérifier, mais à diluer ces doses de S04H- dans un grand excès d'alcool (5mo1 à iomnl d'alcool pour imo' d'acide organique). Tout autre est le procédé catalytique auquel nous a conduits une obser- vation qui ne paraît pas avoir été faite avant nous. Alors que dans le Mémoire de Fischer et de Speier, comme d'ailleurs dans tous les Traités, il n'est pas fait de distinction entre les divers acides organiques en ce qui concerne leur éthérification sous l'influence de SO'H2, nous avons reconnu, au contraire, que ces acides se divisaient en deux classes (*) : Une première classe est constituée par les acides aromatiques qui ont leur carboxyle uni directement au noyau et pour lesquels la proportion d'éther et la rapidité de sa formation augmentent avec la dose de SO'H2 cjui agirait, selon Berthelot, comme simple déshydratant, d'après l'équa- tion C6H5.C02H-t-ROH-i-S(>H2 = SOH'.H'O + C6H5.C02R. Acide benzoïque. Alcool. Ether-sel. Notre méthode catalytique ne s'applique pas à ces acides dont l'éthéri- (1) Senderens et Aboulenc, loc. cit., et Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 1671 et i855; t. 153, p. 881. (2) E. FrsciiER et A. Speier, D. ch. G., t. XXY1II, i8q5, p. 3a52. (3) Senderens et Aboulenc, Comptes rendus, t. 152, 191 1, p. i855. IÔ22 ACADÉMIE DES SCIENCES. fication se fera, comme par le passé, en employant les fortes doses de S04H2, dont il a été parlé plus haut et pour lesquelles Fischer et Speier conseillent la dilution clans un grand excès d'alcool. Une seconde classe comprend les acides gras et les acides aromatiques dans lesquels le carboxyle est séparé du noyau par des chaînons formé- niques, tels que l'acide phénylacétique, C'H5.CH2. C02H. Nous avons reconnu qu'avec de très petites doses de SO'H2 (2 et même 1 pour 100 par rapport au poids de l'acide organique), cette classe d'acides s'élhérifiait tout aussi bien qu'avec de grandes doses, ce qui nous a amenés à conclure que, dans ce cas, l'acide sulfurique intervenait, non pas simplement en absorbant l'eau, comme pour la première classe d'acides, mais en jouant le rôle de catalyseur. Il se formerait tout d'abord, comme nous l'avons mon- tré (' ), un composé SO'HR qui servirait de pivot aux réactions suivantes : (0 SOMIR + ROH = SOvR2-t-HsO, Alcool. (2) SOJR2 -4- R'C02H = R'C02R + SO'HR. Acide gras. Ether-sel. De même pour l'acide phénylacétique C°H5. CH2.C02H, on aurait : (3) SO*Ra-i-C6Hs.CHî.COsH = C6H5.CH!.CO!R-t-SO*HR. Avec l'acide alcoylsulfurique, SO'HR, régénéré, le cycle des combi- naisons temporaires recommence. Ainsi, tandis que pour l'étliérification des acides organiques de la pre- mière classe, l'acide sulfurique ne semble guère intervenir que pour former des combinaisons hydratées stables, sans qu'il y ait catalyse, pour les acides de la seconde classe, au contraire, ce même acide sulfurique jouerait uniquement le rôle de catalyseur. C'est précisément parce que nous lui avons reconnu ce rôle que nous sommes arrivés à instituer, pour cette seconde classe d'acides, notre méthode de préparation catalytique des éthers, dans laquelle, au lieu d'employer, comme cela se pratiquait, 3o, 4o et même 60 pour 100 de SO'' H2 par rapport au poids de l'acide orga- nique mis en réaction, nous avons réduit ces doses d'acide sulfurique à 2 et même à 1 pour 100. Avec d'aussi faibles quantités de SO'H2, l'alcool et l'acide organique peuvent être pris en proportions à peu près équimolécu- laires, sans qu'on ait à craindre la destruction du produit final, ce qui (') Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 1672. SÉANCE DU 26 MAI I()l3. l623 achève de montrer la différence qui existe entre le mode opératoire de Fischer et Speier et notre procédé. Ce rôle de SO'H2, comme catalyseur d'éthérilication pour les acides de la seconde classe, s'est trouvé récemment confirmé par les intéressantes recherches de M. Bodroux qui a obtenu des rendements en acétate d'éthyle, allant jusqu'aux 88 et 92 pour 100 de la théorie, en éthérifiant le mélange d'éthanol (7ocm') et d'acide acétique (5orm3) avec 2r'"s et 5cm' des acides sul- furique, chlorhydrique et azotique, dilués dans 5ocm' d'eau (' ). 11 est évident que des acides aussi dilués ne sauraient intervenir en absorbant l'eau pour former des hydrates, et que, dès lors, c'est à une action catalytique qu'il faut attribuer leur influence dans l'éthérification. CHIMIE ORGANIQUE. — Hydrogénation catalytique des y-glycols acétyléniques en présence de noir de palladium. Note de M. Georues Dupont, présentée par M. A. Haller. J'ai, dans ma Thèse de Doctorat (Paris, 191 2), indiqué la possibilité de fixer, par agitation en présence de noir de platine, l'hydrogène sur les y -glycols acétyléniques et d'obtenir, par ce moyen, les glycols saturés cor- respondants. Mais, dans cette hydrogénation, j'ai pu vérifier la remarque déjà faite par M. Lespieau (2) sur des glycols acétyléniques analogues, à savoir que l'hydrogénation, en présence de noir de platine, ne s'arrête pas à la simple saturation de la triple liaison, mais attaque partiellement les fonctions alcooliques. C'est ainsi que, dans la plupart des cas, j'ai obtenu, à côté du glycol saturé (I), l'alcool (II). R ^COH - ( CH2 )2 - COH^ R ^COH - ( CH2 y - C\\(K , R'/ v ' \IV R'/ \R' I. H. RN>CH- (GH2)--CH/R R'/ v ; \R' m. Jamais toutefois l'hydrogénation n'a dépassé notablement ce terme et jamais je n'ai pu isoler de carbure (III). L'étude des glycols saturés présentant un intérêt assez grand, j'ai tenlé d'améliorer les rendements en glycol en remplaçant le noir de platine par (') Bodrolx, Comptes rendus, t. 15G, avril 1 9 1 3, p. 1079. (2) Lespieau, Comptes rendus, t. 150, p. 1761. IÔ24 ACADÉMIE DES SCIENCES. le noir de palladium qui, d'après Fokin ('), serait un catalyseur d'hydrogé- nation moins actif que le platine. Le résultat a été tout le contraire de celui que j'attendais : dans la plupart des cas il n'existe, dans le produit d'hydro- génation obtenu, que des traces de glycol saturé, mais au contraire un peu de l'alcool (II) et beaucoup du carbure (III); dans certains cas on obtient même uniquement ce dernier. Résultats expérimentaux. — J'ai toujours opéré en solution dans l'éther; les résultats se classent nettement en deux groupes : I. Glycols gras. — L'hydrogénation est ici limitée et donne un mélange des trois produits possibles : i° Le diméthylbutinediol sym. donne une forte proportion d'hexane, puis une fraction moindre d'Iie\anol et, enfin, Une petite quantité d'un liquide bouillant vers 2i5°, point d'ébullition du glycol saturé. 2° Le télraméthylbutinediol sym. (pinacone acétylénique) m'a donné des frac- tions, à peu près égales, de diméthyl-2 .S-keœane (ébull. ioo,°-i io°; rij, = i,3p,36(2) et de dimèthyl-i .5-hexanol-2 (ébull. i52°-i54°; nD = 1,4206) (-). 3° Le dimétliyltlwthylbulinediol sym. donne, presque uniquement, du diméthyl- 3.6-octa/ie (ébull. i59°-i6o°; nD — \,fati&; Dl3 = 0,7402) ( 2). Une petite fraction distille toutefois vers 1900, point d'ébullition de l'alcool saturé. 4° Le Létraélhylbutinediol ainsi que le diisobutylbutinediol sym. donnent des mélanges qui, d'après la quantité d'hydrogène fixée et l'allure de la distillation, con- tiennent indubitablement les trois termes d'hydrogénation; la faible quantité des produits traités ne m'a pas permis d'isoler ces corps dans un état de pureté suffi- sante. 5° Enfin le télrapropylbutinediol sym. donne, presque uniquement, du tétraprn- pylbutanediol fondant à 43° (3). Ce fait est à rapprocher de la difficulté de déshy- dratation de ce glycol. IL Glycols aromatiques. — Fait surprenant ici, tandis que le platine donnait uniquement les glycols saturés, le palladium donne, uniquement, le carbure saturé : i° Le diphénylbutinediol sym. donne, quantitativement, le diphénylbulane fon- dant à 32° (4). (') Fokin, Zeits.-fùr ang. Ch., t. XXXII, p. i45i-i45g. (*) Ces divers produits ont été identifiés, par leurs constantes, avec les corps décrits dans ma Thèse, p. 29, 3i, 32, (s) Thèse de Doctorat, p. 44- (*) Freund et Immerwaur, Ber. d. D. Ch. Ges., t. XXIII, p. 2858. SÉANCE DU 26 MAI IO,l3. IÔ25 20 Le dimétkyldiphénylbulinediol donne, quantitativement encore, le diplié- nyl-i.^-hexane, liquide incolore, bouillant à i85° sous 12""°; D15 = 0,9634; »D = i,544o; Rji = 78,0 (cale. j8,38). Conclusions. — Le mécanisme de l'hydrogénation est différent, je le crois, dans ces deux groupes de glycols. Dans le premier groupe (glycols gras), l'hydrogénation des fonctions alcooliques ne peut se produire que sur le glycol acétylénique, aisément déshydratable; le glycol ou, du moins, l'alcool saturés ne sont pas réduc- tibles, eux, dans ces conditions : j'ai pu vérifier, dans quelques cas, ce dernier fait; on conçoit donc aisément pourquoi, pour ce groupe de gly- cols, l'hydrogénation est limitée. Il est à remarquer que, malgré les apparences, les résultats sont d'accord avec une aptitude lndrogénante moindre chez le palladium que chez le platine ; ce n'est que parce que le palladium hydrogène difficilement la triple liaison que la déshydratation des fonctions alcooliques, suivie d'une hydrogénation, est possible. Dans le second groupe, au contraire, les glycols salures, eux-mêmes, son/ réduits en présence de palladium; j'ai pu, en effet, hydrogéner totalement du diphénylhutanediol dans ces conditions et obtenir, quantitativement, le carbure. Dans ces cas, l'hydrogénation doit donc être totale, ce qui s'est vérifié. CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation des aminés aromatiques primaires et secondaires avec les éthers mésoxaliques. Synthèse dans la série de Vindol. Note de MM. A. Guyot et J. Martinet, présentée par M. A. Haller. L'action des amitiés aromatiques primaires sur les éthers mésoxaliques a déjà fait l'objet de quelques recherches de la part de MM. SchmittC), Curtiss, Hill et Lewis (2). Dans tous les cas étudiés, ces auteurs ont observé la fixation de imo1 ou de imoi d'aminé et la formation de dérivés anilidés des types suivants : C6H5-NH-C— OH C6H5-N = C<^" C6H5-HN- C- NH - C'H' \rn,R \LU-K 1 UJ-R C02R (') Schmitt, Comptes rendus, t. 141, 3 juillet io,o5, p. 48. (2) Curtiss, Hill, Lewis. Journ. Americ. Client. Soc, t. XXXIII, p. 4oo. 1626 ACADEMIE DES SCIENCES. A la suite de nos recherches sur la condensation des éthers mésoxaliques avec les aminés aromatiques tertiaires (' ), il nous a paru intéressant de reprendre cette étude en nous plaçant dans des conditions analogues à celles qui nous avaient permis de préparer avec les aminés tertiaires des éthers amidophényllartroniques /CO'R CO'R CIPNRs+aX ^,^=NR2C6H4-C< OH \COR \œsR Les produits ohtenus dans ces conditions sont totalement différents de ceux isolés par MM. Schmitt, Curtiss, Hill et Lewis : à côté d'une petite quantité d'un éther phényltartronique, formé en vertu de l'équation précé- dente, le produit principal de la réaction est constitué par un éther dioxindol-3-carhonique qui a pris naissance conformément à l'équation : \/\\H2 C0le une huile constituée par un mélange de N-ëthyldloxindol-3-cai ljonate d'éthyle et de roonoéthylparamidophényllartronale d'éthyle. Le contenu du ballon est traité par 10""' de MCI à 5o pour 100 qui dissout l'éther phényltartronique; le dérivé indolique re>te insoluble et se purifie facilement par cristallisation dans l'étlier. La solution chloi h\ drique. neutralisée par le carbonate de sodium, laisse déposer l'étlier tartronique sous forme d'une huile qui cristallise len- tement. Nous avons ainsi préparé : Avec la para toi uidiue : le méthyl-5-dioxindol-3-carboriatc de mélhyle (F. 2.5i°), le métliyl-^-dioxindol-^-carbonate d'éthyle (F. 2120), le mélhyl-^- dioccindol (F '. 2100) et l'isatine correspondante déjà connue. Avec la (ï-naplitylaminc : le fi-naphtodioxindol-'î carbonate de mélhyle (F. au-dessus de 3oo°), le fi-naph/odioxindol-3-carbonate d\!lhyle (F. 210"), le dioxindol et l'isatine correspondants déjà connus. Avec la monomélhylaniline : le méthyl-\-diojindol-'> -carbonate de /néthyle(F.2ijn), le monométhylparamidoplicnyllartronate de méthyle(V .86°), le méthyl-i-dioxindol-3-carbonale d'éthyle (F.i3o°), le dioxindol cl l'isaline correspondants déjà connus. Avec la monoéthylaniline : Véthyl-x-dioxindol-Z- carbonate d'éthyle (F. i4i)'\ le monoëthylparamidophényltartronate d'éthyle (F. (3)°), le dioxindol et l'isatine correspondants déjà connus. Avec la monoéthyl-(3-naphthylamine : le N-éthyl-fi-naphtodioxindol-3- carbonate d'éthyle (F. 1810), le N-élhylnaphtodioxindol (F. 172°), la 'S-éthyl- fi-naphtisatine, fines aiguilles d'un rouge grenat, fondant à 173°. La tétrahydroipiinolétne, en sa qualité d'aminé secondaire, se comporte de même et nous a permis de préparer : Le triméthylëne-i . -j-dioxindol-3-carbonate de mêthyle\(¥ . 188") [form. (1)] CXY- H 1 -COH 1 GO 7\'_ H 1! -COH I co -GO II2. lC\V G IV- CUK yGH GIP (■)• (2)- C R., içii3, 1" Semestre. (T. 156, N° 21.) yw H2 G, ,C\V CH2 (3). . GO 208 1G28 ACADÉMIE DES SCIENCES. le trimëthylène-i .7 -dioxindol-'i -carbonate d'éthyle (F. 1 74°) î 'c trimèthy- lêne-j.'j-dioxindol (F. 1600) [form. (2)] et la Irimélhylêne-i.j-ùatine, prismes d'un rouge vif, fondant à 195° [form. (3)]. CHIMIE ORGANIQUE. — Action de Vu.-monochlorhyd.rine et de l'épichlorhy- drine, sur la glycérine monosodèe. Note de M. «Iran Nivière, présentée par M. A. Hallcr. Dans le but de préparer l'alcool diglycérique CHa— OH — Cil — 011 — Cil2- O - Cil5- Cil - 011 - Cil2— < >H, j'ai fait réagir l'a-monochlorhydrine sur la glycérine monosodée. J'indiquerai auparavant une nouvelle méthode de préparation de l'a-mo- nochlorhydrine. File consiste essentiellement à saturer, par l'acide chl or- hydrique gazeux, la glycérine (glycérine industrielle dite de saponifica- tion, par exemple), maintenue à i2o"-i3o° dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant. Les rendements sont satisfaisants, pour iks de glycérine on obtient 8oos d'a-monochlorhydrine brute et 660e passant entièrement entre i2i°,5- 122", 5 sous i.V""1. Je rappelle que le procédé de M. Fauconnier (') ne donnait que 16,6 pour 100. La glycérine monosodée réagissant sur l'a-monochlorhydrinc donne comme réaction principale du glycide. Le glycérylate monosodique agit comme un alcalin, enlève HC1 à la monochlorhydrine; il y a en même temps formation de chlorure de sodium et régénération de glycérine. On obtient accessoirement un peu d'alcool diglycérique, 2 à 3 pour 100. Devant ce résultat j'ai pensé que la glycérine monosodéc réagissant sur l'épichlorhydrine conduirait au monoanhydride interne, de l'alcool digly- cérique, qui par hydrolyse donnerait l'alcool cherché. Avant de décrire cette réaction, j'exposerai une nouvelle préparation de l'épichlorhydrine, basée comme la préparation classique, sur l'action des alcalis sur la dichlorhydrine-i.3. • On place dans un ballon muni d'un tube à distiller dans le vide, de Vigreux, par ( ' ) Thèse, Paris, 1910. SÉANCE DU 26 MAI IO,l3. 162g exemple i,5 à 2 fois la quantité théorique de potasse dissoute dans le plus petit volume d'eau possible. Le tube de Vitreux porte une ampoule à brome qui contient la diclilorlivdrine. Il est relié à un réfrigérant descendant. Le ballon plonge dans un bain-marie. Ou fait dans l'ensemble des appareils un vide d'environ i?.omm, de façon que sous cette pres- sion et à cetUj température la diclilorhydrine ne puisse pas distiller, tandis que l'épi— chlorhydrine passera entraînant l'eau. Le bain-marie étant chaud, on fait tomber goutte à goutte la dichlorliydrine sur la potasse. L'épichlorhydrine au fur et à mesure de sa formation distille. Elle est sumagée par un peu d'eau qu'on sépare à l'entonnoir à robinet, on sèche sur K'GO3. Les rende- ments sont très satisfaisants : g5 pour 100 de la théorie (E = 1 i60-ii8°). Ou peut substituer la chaux à la potasse. L'épichlorhydrine réagissant sur la glycérine monosodée fournit un poly- mère de l'anhydride interne de l'alcool diglycérique. C'est un corps blanc, amorphe, légèrement élastique; insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, la pyridine, le nitrobenzène. Par ébullition avec l'anhydride acétique (en présence d'acélale de sodium fondu) il donne un dérivé diacétylé, légèrement soluble dans la pyridine bouillante. Il rappelle comme aspect physique le corps générateur. Ces deux substances, sous l'action de la chaleur, se décomposent sans fondre. CHIMIE ORGANIQUE. — ■ Sur quelques propriétés nouvelles du tétraiodure de carbone et son dosage en présence d'iodoforme. Note de M. Makcui, Lantenois, présentée par M. Ch. Moureu. Nous avons fait, dans une Note précédente ('), l'examen critique des procédés de préparation du tétraiodure de carbone et indiqué un moyen de purification permettant d'obtenir ce composé très pur. Nous nous proposons aujourd'hui d'en donner quelques propriétés nouvelles. L'hydrogène réagit déjà vers ioo°; il donne bien naissance, ainsi que l'avait montré Moissan, à de Fiodoforme et de l'acide iodhydrique, mais nous avons reconnu que ce dernier provoquait ensuite une hydrogénation progressive avec formation d'iodure de méthylène et d'iodure de méthyle. Un autre exemple d'hydrogénation est fourni par la potasse alcoolique, dont l'action est déjà rapide vers 3o0-/|o°; elle s'accompagne ici de la for- (') M. Lantenois, Comptes rendus, t. 156, ro,i3, p. 1 385. l()3o ACADÉMIE DES SCIENCES. nialion d'une petite quantité de méthane, qu'il nous a été possible de carac- tériser d'une façon absolue en employant la méthode de séparation des gaz de MM. Lebeau et Damions (' ): Nous avons également étudié l'hydrogénation par le sodainmonium. On s;i il ([ne les iodures alcooliques sont liés facilement transformés par ce réactif en carbures c;ui rcs| m >n c] an Is (-). Nous avons reconnu, (oui d'abord, (|ue l'ammoniac, liquéfié était sans action sur l'iodure de carbone, et donnail simplement une eombi- naison à molécules égales facilement dissociable. Lorsqu'on fait réagir une Miluliou de létraiodure de carbone dans rammoniac liquide sur du sodanimonium en e\i -es. on recueille du méthane : le volume de ce gaz est environ le tiers de celui qui corres- pondrait à une transformation intégrale. Nous n'avons pu retrouver ni élh)lène, ni acétylène, composés signalés par M. Chablay (') dans des réactions parallèles effectuées sur l'iodoforme, le chloroforme et le tétrachlorure de carbone. Un sixième environ du carbone se retrouve à l'état de cyanure de Midium. Mous avons pu isoler, en outre, de la inélhylaniine et une très petite qu uitilé d'une base dont les caractères rappelaient ceux de la guanidinr. L'action, de l'oxygène est particulièrement intéressante, parce qu'elle renseigne exactement sur les conditions de stabilité du télraiodui e de car- bone. Ce dernier est décomposé intégralement, même à l'obscurité, par l'oxygène pur, en doniiani de l'iode et de l'oxyiodurc de carbone; l'oxyiodure est instable et les gaz fournis dans la réaction renferment surtout de l'oxyde de carbone, avec une petile proportion d'anhydride carbonique. Cette action est facilitée par la lumière. Dans l'air atmosphérique, la transformation est moins rapide ; cependant, même à l'obscurité, l'iodure de carbone se décompose lentement, en donnant de l'iode et de l'oxyde de carbone, de sorte que si on l'abandonne à l'air, il disparaît lentement sans changcinentd'aspecl. A ioo°, celte action de l'oxygène est très rapide. Enfin, les solutions de létraiodure s'allèrent J o I exaclemenl dans les mêmes comblions au contact de l'air. Nous avons vérifié au contraire que l'anhydride carbonique est absolument sans action sur le produit sec ou sur ses solutions. L'iodure de carbone réagit sur un certain nombre de composés chlorés métalloïdnpies en donnant l'iodure correspondant el un chloroiodure de carbone. L'azolale d'argenl, en solution aqueuse à ,«, pour too, agil sur l'iodo | | r | ,_ r— — (') I'. l.lilIKAU el \. Duill.NS, Cfllip/rs niuhis. I. 166, I,,l3, p. lV|. (") I*. Lebeau, Comptes rendus, t. I'iO, \qq5, p. i"i ■>■■ (3) CllABLA-Y, 11)1(1.. p. I 264, SÉANCE DU 2() MAI IÇ)l3. l()'3l forme, on donnant naissance quantitativement à de l'oxyde de carbone et de Tiodure d'argent ('). L'iodure de carbone étant attaqué dans les mêmes conditions, nous avons reconnu qu'il se formait : d'un côté de l'oxyde de carbone et de l'anbydride carbonique, et d'un aulre eôlé de l'iodure et de l'iodale d'argent. Les deux équations suivanlcs paraissent s'ellecliMi simultanément : Cl' h- 4 NO1 Ag' -+- 2 1I-U = 00^ + 4 NO3 Jl + .', Agi, 3t:i4+i2MJ3Ag-i-olPO = 3C0 -i-IO'Ag-Mi Agl + i a iN O 1 1 Le dosage du tétraiodure par pesée nécessite donc la réduction de l'iodalc formé. < >n voit, d'un autre côté, que ebacune des deux équations conduit à la formation d'une molécule de gaz pour une molécule de tétra- iodure; c'est-à-dire que, tbéoriquement, quelles que soiciil les proportions relatives de l'oxyde de carbone el de l'anbydride carbonique, le volume de leur mélange doit être en rapport avec le poids d'iodure entré en réaction. Nos expériences ont bien contrôlé l'exaclilude de ce fait. Nous avons appliqué cette réaction au dosage du tétraiodure de carbone en présence d'iodoforme; la proportion d'iode dans ces deux composé* eél de (-)7,G(j pour ioo pour le tétraiodure, et. de (")(>,"(> pour ioo pour l'iodo- forme. Le dosage de l'iode ne renseigne donc que d'une façon peu précise; d'autre part, la combustion est pénible lorsqu'on la réalise dans les condi- tions ordinaires. Or, le volume recueilli dans l'action de l'azotate d'argent est de 4'2cm',<) pour iy de tétraiodure el 5()1'"'', 6 pour iK d'iodoforme ; ces gaz peuvent être mesurés avec une très grande exactitude : l'opération constitue donc un dosage précis et rigoureux du carbone. Diverses expériences, réalisées sur des mélanges en proportions connues de tétraiodure et d'iodoforme, nous ont démontré la parfaite sensibilité du procédé qui nous a rendu de grands services dans l'étude de la réaction de llobineau cl llollin. MICROBIOLOGIE. — Toxine cl antitoxine cholériques. Note {-) de M. ili.viii Poitevin, présentée par M. Uoux. La diversité des caractères attribués successivement à la toxine ebolérique - toxine endocellulaire, lliermoslabile el dépourvue de la qualité d'anli- (') URKSiiOFF, Recueil Tràv. ctiim. Pays-Bas, t. VII, i888, p. 342. (!) Présentée dà'ris la séance du i.'i mai 1 9 1 3. l(J32 ACADÉMIE DES SCIENCES. gène (Pfeiffer, Wassermann), ou thermolabile et antigène (Macfadyan); toxine soluble, thermoslabilc (Roux, Metchnikoff et Salimbeni, Bran et Denier) ou thermolabile (Kraus, Huntemuller) — témoigne que les divers savants travaillant clans des conditions et sur des races vibrioniennes dill'é- renles, n'ont pas eu entre les mains une seule et même substance active. Toutes leurs observations sont valables, au même litre. Mais si elles doivent servir de base à une classification rationnelle des vibrions, et à des induc- tions thérapeutiques, elles appellent de nouvelles recherches qui permettent d'en préciser la signification et d'en faire disparaître les contradictions apparentes. En vue de recueillir des données pouvant être utilisées dans ce but, j'ai examiné un certain nombre de races vibrioniennes, isolées de cas de choléra typiques, au cours des épidémies européennes de ces dernières années. J'en ai retenu, pour une étude plus approfondie, deux qui présentant tous les caractères classiques du vibrion de Koch donnent, dans les cultures en bouillon, des toxines solubles se rattachante l'un ou à l'autre des deux types visés ci-dessus. La race A a été isolée au cours de l'épidémie italienne de 1910; je l'ai étudiée comparativement avec une autre déjà connue, la race 70 de la < lnl- lection de l'Institut pour les maladies infectieuses de Berlin. Les deux races se comportent en toutes circonstances de façon sensi- blement identique. Ensemencées en bouillon Martin, elles donnent, après 3-4 jours d'étuve à 370, des cultures qui, filtrées sur bougie de porce- laine, contiennent une toxine fortement hémoly tique; thermolabile détruite par un chauffage de 3o minutes à 5o° ou de quelques minutes à ioo°. Les cobayes de 2ooB succombent en moins de 24 heures à l'injection inlrapéri- lonéale de oem\ 5. Les jeunes lapins (8oos-iooos) et les pigeons succombent dans les marnes conditions à l'injection intraveineuse; avec des doses plus élevées (icm", 5-3cm'), la mort survient en quelques minutes. Le chauffage fait disparaître tout pouvoir hémoly tique, mais non pas tout pouvoir toxique. Celui-ci baisse considérablement dès lespremières minutes de séjour à ioo°, mais il n'est plus ensuite modifié par une action même prolongée de la chaleur. La toxicité du liquide chauffé représente selon les essais le \ on le { de celle du liquide primitif : elle s'en dislingue en oulrc par divers carac- tères, notamment par sou inactivité pour le pigeon. La race B a été isolée au cours de l'épidémie de Conslàntinople, en 11)1). Elle donne dans les cultures en bouillon filtrées sur porcelaine une toxine, dépourvue de pouvoir hémolytique, tuant, à la dose de icm', le cobaye SÉANCE DU 26 MAI I9l3. 1 633 dans les mêmes conditions que la précédente; tuant le lapin en injection intra-veineuse, sans qu'on puisse, en élevant les doses, amener la mort brusque, en quelques minutes; à peu près inactive pour le pigeon. Chauffée quelques minutes à ioo° elle perd une partie de son activité, mais celle qui persiste reste inaltérée même après un chauffage prolongé. Cette perte variable d'un essai à l'autre estparfois à peine appréciable, d'autres fois elle atteint jusqu'au tiers de l'activité primitive. Avec chacune des deux races A et B, j'ai vacciné un âne, par injections sous-cutanées de cultures en bouillon filtrées sur papier, après addition d'un peu de laclate de chaux qui produit un précipité floconneux facilitant beaucoup la filtration. Le sérum d'âne normal est dépourvu de pouvoir antitoxique. Celui-ci apparaît et s'accroît régulièrement au cours de l'im- munisation, sans qu'il soit possible de lui faire dépasser un certain taux (2 doses mortelles de toxine, saturées, in vitro, par ocm*,02 de sérum); les animaux ne tolèrent pas les injections répétées de fortes doses de toxine. Le sérum préparé avec l'une ou l'autre des deux races agit également sur l'une et l'autre des deux toxines, saturant sa portion thermolabile, mais non pas sa portion thermostabile. Cette particularité de leur action anti- toxique est surtout nette avec la toxine A, pour laquelle l'écart est grand entre les activités avant et après chauffage. Tant que la quantité de toxine mise en œuvre reste inférieure à celle qui contient une dose mortelle après chauffage, la saturation par le sérum se fait régulièrement en suivant la loi proportionnelle; mais, dès que cette limite de la dose mortelle après chauf- fage se trouve notablement dépassée, les animaux succombent, quelle que soit la quantité de sérum employée. Je n'ai jamais pu neutraliser une quan- tité de toxine, chauffée ou non, contenant deux doses mortelles après chauffage. Il résulte de ces observations que chacun des deux vibrions étudiés sécrète à la fois une toxine thermolabile et un poison thermostabile. Le sérum des animaux vaccinés renferme une antitoxine qui neutralise la toxine thermolabile ; mais je n'ai pu mettre en évidence l'existence d'un anticorps neutralisant le poison thermostabile. BACTÉRIOLOGIE. — Étude sur le bacille tuberculeux. Note de M. A. Besrkdka, présentée par M. Roux. En abordant cette étude, il y a 3 ans, notre but était seulement de trouver un bon milieu liquide pour la culture du bacille tuberculeux. Nous épargnerons au lecteur la description de combinaisons multiples (634 ACADÉMIE DES SCIENCES. que nous avons essayées avant d'arriver an milieu définitif qui est une macération de viande additionnée de 20 pour 100 de jaune d'œuf et de 20 pour 100 de blanc d'œuf solubilisés. |\ous exposerons la technique exacte' dans un article qui paraîtra procbaineinent dans un autre licrueil. Pour le moment, nous ferons remarquer qu'à ce milieu il n'est ajouté ni peptone, ni sel, ni glycérine et que, après 2a4j beures d'éluve, on obtient une culture poussant en profondeur, ne le cédant en rien, quant à l'abon- dance, à celle d'un microbe ordinaire tel que le streptocoque. Le bacille tuberculeux provenant d'une culture obtenue sur pomme de terre pullule rapidement dans ce milieu. Au bout de 2 ou 3 semaines, elle forme une membrane blancbàtre tapissant complètement le fond de la boite de Roux. Quelques secousses imprimées à la boite suffisent pour transformer cette membrane en une poussière d'une extrême finesse, laissés au repos pendant quelques instants, les bacilles se réunissent à nouveau en amas, de plus en plus gros, puis reprennent leur aspect mem- braneux. Le milieu en question présente l'avantage de conférer aux cultures de bacilles bovins un aspect particulier distinct de celui de bacilles d'origine bumaine. Ces expériences faites en collaboration avec F. Jupille ne portent, il est vrai, que sur onze origines bovines et dix origines buinaines (' ); mais elles ont été toutes concordantes : tandis que les bacilles bumains donnent, au bout d'environ l\ à G semaines, de petites écailles sècbes, se détachant facilement du verre, les bacilles bovins forment des filaments glaireux, collant au verre, de consistance muco-membraneuse. Si âgées que soieut nos cultures de tuberculose, même après plus d'un an de séjour à l'étuve, elles n'exhalent jamais la moindre odeur. Elles renferment une tuberculine : une culture de trois semaines, chauffée à 1 i:>° et débarrassée de corps microbiens, tue le cobaye tuberculeux à la dose de il'"',;"> à 2e'"' en moins de i!\ heures. Cette tuberculine présente l'avantage de fixer spécifiquement l'alexine en présence du sérum des sujets tuberculeux. Comme il ressort des expé- riences faites en collaboration avec J. Manoukhine, les cobayes inoculés avec des bacilles tuberculeux donnent une réaction de fixation positive, dès le quatrième jour de l'infection, alors qu'il n'existe pas la moindre lésion macroscopique. Chez l'homme aussi, notre tuberculine permet de reconnaître des lésions (') Nous les devons à l'obligeance de MM. Calmette, Eber, Kossel et Vallée, ainsi qu'à nos collègues de l'Institut Pasteur, Burnet, Charpentier et Fernbach. SÉANCE DU 26 mai igi3. l635 latentes ou à peine ébauchées, alors que les signes cliniques sont encore muets ou très indécis. Cette séroréaclion est moins sensible que la cutiréac- tion; d'après les recherches de Calmetteetses collaborateurs, la cutiréaction est positive, chez les personnes réputées saines, dans près de 90 pour 100 des cas. Dans le.; conditions analogues, notre tuberculine donne une réac- tion positive dans moins de 10 pour 100 des cas. Grâce à l'obligeance de MM. Levaditi et Latapie, nous avons pu examiner, en collaboration avec J. Manoukhine, -]5o personnes s'étant présentées à l'Institut Pasteur pour le sérodiagnostic de la syphilis. Sur ce nombre, notre antigène tuberculeux a fixé l'alexine avec le sérum de 69 personnes. On trouvera ailleurs les détails relatifs à cette réaction chez le cobaye et chez l'homme. La séroréaction en question est-elle spécifique au point de permettre de voir si l'on a affaire à une tuberculose d'origine bovine ou humaine? En collaboration avec F. Jupille, nous avons inoculé, à une série de lapins, des bacilles bovins et à une autre série des bacilles humains, sous la peau, dans le péritoine et dans les veines; puis nous avons examiné le sérum de ces lapins, à différents moments de l'infection, à la fois avec l'antigène tuber- culeux humain et bovin. 11 résulte, des expériences croisées faites avec ces deux antigènes, que les sérums des lapins réagissent de même quelle que soit la tuberculine employée. Ces expériences ont montré, de plus, que les lapins inoculés avec du virus humain donnent une séroréaclion dès le vingtième jour et que celle-ci est fortement positive; par contre, les lapins inoculés avec du virus bovin auquel ils sont, comme on le sait, très sensibles, ne montrent qu'une réaction de fixation partielle, et cela pendant une période très courte. Il en est à peu près de même des lapins auxquels on injecte des bacilles bovins dans la cavité rachidienne, suivant le procédé de Louis Martin. Ces lapins qui sont devenus, dans nos expériences, paralysés au bout de 2 mois environ et cjui ont succombé dans les i5 jours qui ont suivi la paralysie, n'ont fixé l'alexine à aucun moment de leur maladie. Cette ahsence de réaction est à rapprocher des observations que nous avons faites avec A. Nelter sur 12 enfants de son service, atteints de méningite tuberculeuse : leurs sérums, mis en présence de notre antigène tuberculeux, ont toujours donné une séroréaction négative. Nous dirons plus : les sérums des enfants atteints de méningite tuberculeuse, montre une hémolyse même plus tôt que les sérums des sujets sains : il y a là un phénomène qui peut être utilisé pour le diagnostic différentiel et qui est à rapprocher de ce que nous avons vu avec M. Manoukhine chez les cobayes C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 21.) 209 I 636 ACADÉMIE DES SCIENCES. tuberculeux injectés avec la tuberculine; chez ces derniers, non seulement il n'y a aucune fixation d'alexine, mais l'hémolyse est plus accusée que dans les tubes témoins renfermant du sérum de cobaye normal. Faisons remarquer que les tuberculeux avancés, enfants ou adultes, donnent une séroréaction partiellement positive ou même franchement négative, tout comme des personnes normales. MORPHOLOGIE. — Sur un organe pèriœsophagien énigmatique des Tinëides et sur son développement. Note de Mme A. Hupnagel, présentée par M. Henneguy. J'ai observé chez deux Lépidoptères, Gracilaria syringella F. et Hypono- meula padella L. un organe particulier qui me paraît avoir jusqu'ici échappé aux observateurs. Cet organe est situé au voisinage immédiat de l'œsophage, à la hauteur de la limite entre la tête et le premier segment thoracique. Chez l'imago, il se présente, en coupe transversale, comme un anneau entourant la section de l'intestin antérieur. Cet anneau est consti- tué, sans limites cellulaires bien nettes, par un cytoplasme chromatique où sont plongés des noyaux irréguliers, parfois digités. J'ai pu suivre le développement de cet organe chez Hyponomeuta padella. Chez la larve âgée, les cellules épilhéliales de l'œsophage présentent du côté basai des expansions irrégulières faisant saillie vers la cavité générale et s'insinuant entre les fibres de la tunique musculaire. Au début de la nymphose les cellules épithéliales passent à un état moins différencié et en particulier rétractent leurs expansions. A ce moment, on voit assez brus- quement apparaître dans le co-lomc, dans le voisinage de l'œsophage, un assez grand nombre d'éléments nouveaux, qui, par tous leurs caractères, structure et colorabilité de leur cytoplasme, appareil chromatique de leur noyau, nucléole etc., sont identiques aux cellules épithéliales mêmes de l'œsophage. En l'absence de toute indication précise qui permettrait de leur attribuer une autre origine, je pense qu'on peut interpréter ces cellules comme étant véritablement d'anciennes cellules œsophagiennes, qui ont quitté leur rang épithélial et ont émigré dans le cœlome. Ce processus est d'autant plus admissible que, précisément à ce moment, il y a dans l'in- testin antérieur une diminution notable du nombre des cellules du manchon SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. lG37 êpithélial contracté. Ces éléments tendent à se réunir, à droite et à gauche de l'œsophage, en deux amas (A, fig. 2) situés précisément au niveau indiqué, limite de la tête et du premier segment thoracique. Autour de la région postérieure de l'oesophage on retrouve sporadi- quement des éléments semblables (C, fig. 3), deux ou trois par coupe I x 900. — Amas cellulaire qui donnera l'anneau përi-œsopbagien. Nymphe de 7 jours. IIX700. — Épithélium de la portion antérieure de l'œsophage O, avec les deux amas cellulaires A et quelques cellules eparses. Nymphe de 36 heures. III. — Épilhélium de la portion postérieure de l'œsophage £', avec une cellule de la couche externe C. Nymphe de 00 heures. IV. — Anneau A entourant l'oesophage O. Imago prêt à éclore. transversale, rappelant aussi tout à fait, par leur aspect, l'épithélium voisin, et se présentant comme des ménisques, convexes vers l'extérieur et touchant par leur bord la surface basale de répitltélium. Deegener a brièvement signalé chez un autre Lépidoptère, Malacosoma castrensis L., un processus peut-être analogue; il signale en effet, chez la nymphe, l'existence autour de l'œsophage d'une deuxième couche formée par un nombre moindre de cellules plus aplaties et qu'il interprète aussi comme émi grées à partir de l'épithélium ; mais il ne s'est pas préoccupé de leur sort ultérieur. Les éléments environnant la portion postérieure de l'œsophage ne pa- raissent pas jouer de rôle particulier. Ceux: qu'on rencontre enveloppant l'œsophage juste en arrière du cerveau ont, au contraire, une signification bien précise : ce sont eux qui édifient l'organe qui nous occupe. l638 ACADÉMIE DES SCIENCES. Pendant une première période, qui succède à leur apparition, ces éléments commencent à se multiplier par voie caryocinétique. Puis ces divisions indirectes cessent, vers le commencement du troisième jour de la vie nymphale; et, à partir de ce moment, les noyaux qui se sont beaucoup accrus prennent des aspects lobés et ne présentent plus que des divisions directes, par clivage dans des plans différents (Jïg. i). Par suite de celte prolifération, les deux amas latéraux se développent d'une façon consi- dérable et, progressant l'un vers l'autre, ils se rejoignent en un anneau qui entoure le tube œsophagien, devenu maintenant très étroit (fig. 4)> Les limites cellulaires se sont presque entièrement évanouies et les noyaux présentent des contours très irréguliers. L'organe arrive ainsi à sa consti- tution imaginale. Par son aspect bistologique et par sa situation au niveau du cou, cet organe énigmalique rappelle jusqu'à un certain point la forma lion connue chez les Diptères sous le nom d'anneau de soutien du cœur. Mais il ne faut pas perdre de vue que, chez les Lépidoptères que j'ai éludiés, cet organe forme un anneau autour de l'œsophage et non autour du cœur : c'est un organe dont la fonction reste encore à découvrir. CHIMIE BIOLOGIQUE. — De l'emploi de proportions croissantes de glucose dans la synthèse biochimique du mèthylglucoside p. influence du gtucoside formé sur l'arrêt de la réaction. Note de MM. En. Bourquelot et Lui. Vekdox, présentée par M. Jungfleisch. Les facteurs qu'on peut faire varier dans la synthèse biochimique du mèthylglucoside [3 sont : la proportion d'émulsine, la température de la réaction, le titre de l'alcool mélhylique et la proportion de glucose. On a vu que l'état d'équilibre auquel aboutit la réaction est indépendant des deux premiers facteurs ('), tandis que la quantité de glucose qui se com- bine à l'alcool croît avec le titre alcoolique jusqu'à atteindre, dans de l'alcool méthylique à çj5c, en poids, de 91 à 96 pour 100 du glucose mis en œuvre (2). Restait à rechercher si l'emploi de proportions variées de glucose influerait sur t'étal d'équilibre final. (') Comptes rendus, t. I06, \>. 643 et 9J7. (2) Comptes rendus, t. 156, |>. 957. séance du 26 MAI 1913. i63g Ces recherches ont été effectuées avec de l'alcool méthylique à 70 pour 100 en poids. On a fait des solutions mélhyliques glucosécs renfermant, pour ioo0"1' de solution, 1, 2, 4, G, 8, 10, 12, 14, i<3, 18, 20 et 3os de glucose. Pour cela, on a dissous chaque poids de sucre, à l'éhullition, dans Go""' à 75e'"' d'alcool à 70e, et, après refroidissement, on a complété le volume de ioo'm' avec de l'alcool méthylique de même titre. Après avoir relevé la rotation (/= 2) de chacune des solutions, on les a additionnées de oK,Go d'émulsine et on les a abandonnées à la température du laboratoire (+ 160 à -+- 200). Les observations polarimétriques ont été faites d'abord tous les 4 jours, puis tous les 8 jours; à l'arrêt de la réaction, on a dosé le glucose restant et calculé par différence la quantité de glucose passé à l'état de glucoside. Le 71° jour, la réaction étant devenue très lente, on a ajouté, ce qui ne pouvait influer sur l'état d'équilibre final, os,5o d'émulsine dans chaque flacon. Pour les quatre mélanges les moins riches en glucose, dans lesquels l'équilibre était atteint, celle addition n'a rien changé, tandis que pour les autres la réaction s'est poursuivie plus rapidement. Dans le Tableau suivant, nous donnons, en regard des rotations initiale et finale de chaque mélange, la rotation observée le 29e jour, afin de montrer quel était à celte date l'état de la réaction. Nous donnons également, à côté des quantités de glucose combiné au moment de l'arrêt, le rapport de ces quantités au poids de glucose existant primitivement dans la liqueur. Glucose Rotation Glucose pour 100. initiale. le 29" jour. à l'arrêt. combiné. combine pour 100. g 0 t 0 1 c g 1 + 1 8 — 0 26 — O 26 0,826 82,60 2 + 218 -0 44 — 0 5o 1 ,662 82,60 4 4- 4 4o — 1 34 — I 4o 3,3o4 82,62 6 + 7 4 — 2 10 — 2 3o 4,97° 82,83 S -+- 9 28 — 2 40 -3 20 6,620 82,-5 10 + J l ,54 —2 56 -4 8 8,270 82,70 1 2 -m4 10 -3 4 -4 5o 9>87° 82,25 >4 -1- 16 42 -3 4 — 5 34 1 1 ,420 8i,57 16 + '9 — 1 42 —6 ■ 4 12,990 81,18 iS + 21 3o -2 28 -7 i 4 , 602 81,12 20 + 23 5 — 2 -7 4o 16,186 80,90 (84 jours) 3o +36 14 +8 6 l6/jO ACADÉMIE DES SCIENCES. Ces chiffres montrent nettement que, dans un alcool méthylique à 70e, la quantité de glucoside formé croît proportionnellement à la quantité de glucose ajouté jusqu'à 12 pour 100; pour des proportions plus élevées de glucose, le rapport va ensuite en diminuant. Ces faits sont du même ordre que ceux qu'on a observés, depuis long- temps, relativement à l'hydrolyse fermenlaire des glucosides dans feau, et cela nous a incités à rechercher si, comme on l'a établi pour les phénomènes hydrolytiques provoqués par les ferments, l'arrêt de la réaction synthéti- sante est dû aux produits formés. Nous n'avons fait sur ce sujet que deux expériences, mais elles sont suffi- samment démonstratives. Après avoir préparé les deux solutions suivantes : A. Glucose is Méthylglucoside (3 16 Alcool méthylique à 70e en poids, q. s. pour ioo00'1 15. Glucose 1» Méthylglucoside (3 3° Alcool méth ylique à 70° en poids, q. s. pour 100e .nu* et avoir relevé leur rotation (/= 2), on les a additionnées chacune de os,qo d'émulsine,et on les a abandonnées à la température du laboratoire jusqu'à l'anèt de la réaction. Voici les résultats obtenus : Rotation Glucose iuitiale. finale. restant. combiné. A -+- 3o' — o°48' os, 291 0,709 13 — 4S' — i°36' o-,6o8 o,392 Dans les mêmes conditions, sans addition de méthylglucoside, on aboutit à la combinaison de 0^,826 de glucose. Il n'est donc pas douteux que l'arrêt de la réaction synthétisante est dû à l'accumulation, dans le liquide, d'une certaine quantité de glucoside formé. Cette quantité n'est pas fixe pour un volume de liquide donné, niais, comme l'indiquent les résultats de la pre- mière partie de cette Note, proportionnelle au glucose mis en œuvre. M. Eugksje Fabry adresse une Note relative à la démonstration du théorème de. Fermai. (Renvoi à l'examen de M. Jordan.) SÉANCE DU 26 MAI IC)l3. l64l M. Pozzi-Escot adresse des Considérations sur la formation de la cocaïne chez /' Erytroxylon coca peruvianum. M. P. Fii.ippi adresse un Mémoire sur L'utilisation de la dépression atmosphérique. MM. Lkvavasseur et Gastambide adressent une Note intitulée : Sur un aéroparachute. M. H. Magvan adresse une Note intitulée : Données pour la construction d'un monoplan idéal, tirées des caractéristiques des Oiseaux. (Ces trois Notes sont renvoyées à l'examen de la Commission d'Aéronautique.) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures. G. D. l6/|2 ACADÉMIE DES SCIENCRS. lill HAT A. (Séance du 5 mai 1913.) Note de M. Em. Vigouroux, Sur les transformations des alliages de fer et de silicium : Page 1 3-6, ligne 24, au lieu de afi'ecle la forme d'une double inflexion. On conçoit..., lire affecte la forme d'une courbe à double inflexion si, pour son tracé, on utilise systématiquement les courbes de refroidissement qui marquent les températures les plus élevées de celte fin de transformation. On conçoit (Séance du i3 mai ic)i3.) Note de M. de Forcrand, Sur la relation de Trouton : Page j44'> dans la figure, la droite AB doit passer par Foi-donnée 22. Note de MM. de Hroglie et Lindemann, Sur les phénomènes optiques présentés par les rayons de Rôntgen, etc. : Page 1 463, ligne 23, au lieu de franges de dépression, tire franges de dispersion. (Séance du 19 mai 19 13.) Note de M. de Forcrand, Sur l'état dissimulé dans les hydrates : Page 1507, ligne 6, au lieu de SO»=Fe = (OH)a et SO*=Cu = (OH)* + 4H*0 lire S03=Ferr(OH)2 et SO3 - Cu = (OH )! -+- 4 IPO Note de M. M. Moulin, Sur la loi de déformation du spiral plat des chro- nomètres : Page i5îo, ligne 7, au lieu de spires extérieures, lire spires intérieures. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 JUIN 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel présente, de la part de M. Flourens, Con- seiller d'Etat, Président actuel du Conseil d'administration de la Caisse des Recherches scientifiques, le Rapport annuel, pour 1912, adressé au Président de la République, et qui porte encore la signature de M. Alfred Picard. ZOOLOGIE. — Sur les genres Pseudibacus et Nisto, et le stade nalanl des Crustacés décapodes macroures de la famille des Scyllaridés. Note de M. E.-L. Bouvier. On sait depuis longtemps que les Scyllaridés se rapprochent étroitement des Palinuridés ou Langoustes, et qu'ils naissent, comme ces derniers, sous une forme étrange, le phyllosome, qui est translucide, aplati en feuille, et franchement pélagique; on sait aussi, grâce aux belles recherches trop ignorées de M. Boas ('), qu'avant d'acquérir leur état définitif, ils tra- versent un stade nalant, où leurs fausses pattes abdominales fonctionnent en couples pour la natation et où ils revêtent déjà la forme des Crustacés macroures. En 1909, M. Caïman (2) a montré que les Macroures rangés (') J.-E.-V. Boas, Sludier over Decapodernes Slaegtskabsforhold ( Vid. Sels/,. Skr\, 6 /?., nat. og mat. A/d. 1 et 2, 1SS0, p. 83-85, 87, 88). (*) W.-T. Galman, The genus Puerulus, Orlmann, and the Post-larval Develop- ment of the Spiny Lobsters (Palinuridœ) (Ann. nat. Hifst., 8e série, t. VIII, 1909, P. 44i-446). C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 2IO l644 ACADÉMIE DES SCIENCES. dans le genre Puerulus Ortmann, sont de jeunes Palinuridés au stade natant, sauf toutefois deux espèces, Puerulus angulatus S. B. et carinatus Boit., qui grandissent et acquièrent la maturité sexuelle en conservant la forme et certains caractères du stade natant. Dans une étude récente ('), j'ai fait connaître plusieurs sortes de puerulus, et j'ai pu les rapporter presque toutes aux diverses espèces de Langoustes dont elles représentent le stade natant; il est remarquable de constater, à ce propos, que le pue- rulus de notre Langouste commune (Palinurus vulgaris Latr.) n'a pas été trouvé jusqu'ici, alors qu'on le connaît chez neuf espèces de Langoustes exotiques (2). A vrai dire, les puerulus sont toujours d'une rareté extrême et l'on compte par unités ceux qui se trouvent dans les collections; d'où l'on peut conclure que leur éthologie est insuffisamment connue, car les Langoustes sont très prolifiques et leurs puerulus doivent abonder aux lieux où ils se tiennent. A ces divers points de vue, l'histoire des Scyllaridés n'est pas sans de grandes analogies avec celle des Langoustes, c'est du moins ce que j'ai pu constater en étudiant des matériaux singulièrement précieux qui se trouvent dans les collections du Muséum. Les Scyllaridés qui habitent les mers d'Europe sont représentés par deux espèces comestibles, très délicates et riches en chair; l'une fort grande, mais assez rare, le Scyllaridés latus Latr., qui fréquente la Méditerranée, les Açores et les parties septentrionales de l'Atlantique africain depuis le Sénégal; l'autre, bien plus commune, le Scyllarus ardus L. ou « cigale de mer », qui est à peu près de la taille de l'Ecrevisse et se rencontre jusqu'à la pointe anglaise de Cornouailles. On a bien décrit deux autres espèces, le Pseudibacus Veranyi Guérin et le Nisto lœvis Sarato, mais je vais établir que la première de ces formes représente le stade « natant » du Scyllaridés latus et la seconde celui du Scyllarus a/clus. I. Le Pseudibacus Veranyi ne le cède en rien, pour la rareté, aux puerulus ; (') lï.-L. Bouvier, Le stade natant on puerulus des Palinuridés (Congrès ento- niologique d'Oxford, 1912). (2) Je viens de reconnaître [e, puerulus d'une Langouste trouvée par M. Diguet dans le golfe de Californie, le Panulirus injlatus Bouvier; il ressemble beaucoup à celui de la Langouste royale, Panulirus regius Brito Capello, mais présente deux pointes sur l'arceau antennulaire. SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. iG/p il fut décrit et figuré par Guérin-Méncville (') en i855, d'après un exem- plaire type qui semble perdu et qui fut trouvé par Verany « accroché à un gros poisson de mer pêche dans les environs de Nice » ; un autre représentant de cette forme a été capturé dans les mêmes eaux par le Travailleur et fait actuellement partie des collections du Muséum. L'examen de cet individu m'a permis de faire les observations suivantes : Comme tous les Pseudibacus, le spécimen diffère des Scyllarides : par son cépbalolborax démesurément élargi, à peine convexe du côté dorsal, où il présente à droite et à gauche un bord denticulé et tranchant; par sa surface lisse et dépourvue de tubercules; par ses pédoncules oculaires dont la cornée est dilatée; par le bord frontal qui laisse subsister une fissure pour les orbites, qui ne forme pas encore de saillie médiane et qui touche simplement l'arceau antennulaire sans entraver sa mobilité; par la dispo- sition du premier article des pédoncules antennaires dont les lignes d'arti- culation avec la carapace et l'épistome sont encore un peu distinctes; par les maxillipèdes externes qui ne présentent pas encore de carène, et dont l'exopodite n'a pas encore de fouet; par ses pléopodcs dont les deux rames sont bien développées avec un appendice interne armé de rétinacles; enfin par ses appendices thoraciques locomoteurs qui présentent encore des bourgeons exopodiaux. Tous ces caractères indiquent un développement inachevé; on observe sur les coxte des pattes postérieures un prolongement spiniforme qui rappelle, par sa disposition, l'épine sternale de certains puerulus. Les caractères spécifiques sont à très peu près les mêmes que ceux du Scyllarides latus : comme dans cette dernière espèce, il y a sur la carapace une saillie en pointe sur la région gastrique, une paire de saillies analogues sur la partie antérieure de la région cardiaque, sur les côtés de cette région et en arrière un bourrelet en co où s'élève une série de saillies plus faibles, mais également en pointe. Les bords latéraux du Se. latus ne sont plus dilatés et tranchants, il est vrai, mais restent néanmoins fort nets et, en avant de l'échancrure branchio-hépatique, présentent une série de 7 ou 8 pointes qui sont remplacées par des dents chez notre Pseuddtacus. En arrière de l'échancrure les dents de ce dernier sont au nombre de i i-i:> et doublées dorsalement par un bourrelet armé de saillies aiguës; chez le (') F.-E. Guérw-Méneville, Notice sur un nouveau genre de Crustacés de la tribu des Scyllariens, découvert par M. Verany. aux environs de Nice (fiev. et Mag. de Zoologie, 2e série, t. VII, 1 855, p. 187. PL V). l6/|6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Se. lalus, le bourrelet existe sans saillies prédominantes, mais il se distingue à peine du bord latéral qui présente d'ailleurs un nombre assez considé- rable de tubercules longitudinàlement sériés. Les carènes dorsales des segments abdominaux sont en même nombre dans les deux formes, avec des saillies spiniformes dans le Pseudibacus, des tubercules un peu plus forts que les autres dans le Sic. lattis; les épimères de ces segments sont du même type et armés presque semblablement dans les deux formes, et l'on peut en dire autant de l'article trilobé qui sert de base aux uropodes. Les fouets antennulaires sont semblables et les articles des antennes à peu près identiques; le carpe des maxillipèdes externes est, dans l'un et l'autre cas, très convexe en dehors; les pattes, enfin, présentent les mêmes dimen- sions relatives et sont ornées des mêmes fortes carènes. Somme toute, le Pseudibacus Veranyi doit être regardé sans conteste comme le stade « natant » du Scyllarides latus et, dès lors, il y aura lieu de considérer le nom de pseudibacus comme un terme propre à désigner ce stade, sans valeur générique. On dira des Scyllarides qu'à la suite du stade phyllosomc, ils traversent le stade natant de pseudibacus avant d'atteindre leur forme définitive. Deux autres pseudibacus sont actuellement connus: le Pfefferi Miers des îles Maurice et Clipperlon, et le Gerstœckeri Pfeffer, de l'Atlantique; la première représente peut-être le stade natant du Se yllarides squamosus Edw. et la seconde celui du 5c. œquinoctialis Lund. Il faut égale- ment rapporter à la forme pseudibacus, bien qu'on ne les ait pas désignés sous ce nom, deux exemplaires qui ont eu les honneurs de publications scientifiques : l'un provenait des eaux brésiliennes et fournit à M. Boas les éléments de sa découverte relative au stade natant des Scyllarides ; l'autre, de provenance inconnue, fut représenté par Ferd. Richters ('), qui le con- sidérait comme un « jeune Ibacus ». Ce dernier diffère assez peu du Ps. Veranyi, mais présente des bourgeons exopodiaux bien plus allongés, et une armature céphalothoracique légèrement différente; M. Boas a observé que sa ressemblance avec les Ibacus est trompeuse, et qu'il faut le considérer comme un Scyllarides au stade natant. J'ajoute, pour ter- miner cette revue, que M. Ortmann (-) considère justement les pseudibacus comme la forme jeune de Scyllarides dont il ne fixe pas la nature générique. (')Ferd. Richters, Die Phyllosomen. Ein Beitrag zur Enhricklungsgescliichle der Loricalen {Zeit. veiss. Zoot., B. XXIII, iS73, p. 642, Taf. XXXIV, fig. 7 et 7'). (*) A. E. Ortmann, Crtislacra (Klassen i/nd Ordnungen der Arlhropoden, B. V, Ablli. II, 1901, p. n38). SÉANCE DU 2 JUIN IQlJ. 1 654 ACADÉMIE DES SCIENCES. nettes y sont visibles : la bande bleue habituelle du spectre de Swan, attribué au carbone (vers A 473), celle du cyanogène X 388, qui est d'ailleurs la plus intense, enfin une bande large allant de À4°° à A 407, avec maximum vers X404. ASTRONOMIE. — Observations de la comète 191 3 a {Scha u masse), faites à l'Observatoire, de Marseille, au chercheur de comètes. Note de M. Borrellv, présentée par M. B. Baillaud. Comète 1913 « (Schaumasse). Dates. 1913. Ma 1 9- 10. i5. 22. 29. 3o. Temps moyen de Marseille. h m s i3.35.5j ■3.43. 7 12.45. i5 1 1 .24 . 1 1 10. 36. 49 9. 3a. 58 A en M. m s •4- 1 . 7 , o4 -4-0. 8,5o +0. 9,22 — o.33 ,00 — o.36, 12 H-o. i4 , 1/4 en déclin. — 10. l8,5 -Hi3.o2,3 — 7-a4,7 — 3.21,2 - 3. 6,9 — 6.29,5 Niimbrc de compar. M Log. fact. apparente. parall. h m b 20.44.38,18 —ï,579 2O.40.4l,64 T,5Ô2 20.16.37,26 — ^,592 19.24.33,81 — T,6a3 18. 2. 6,78 — T,576 17.48.29,07 — T,656 Déclinaison Log. fact. apparente. parall. -12.29.20,8 +0,Il3 I -i3. 28.14, 3 +0,700 2 -18.06. 3,6 +0,672 3 -28.14.45,2 +0,580 4 -37.23.11,9 +o,3oo 5 -38.21. 6,1 +o,3g6 6 Position des étoiles de comparaison. *. Gr. 1 S 2 7,5 3 8,4 4 8, 7 5 8,8 6 7,2 jR moyenne 1013,0. Ii m s 20.43.3o,o6 20.40.32,02 20. l6. 26,69 19.25. 5,o3 18. 2.40, 5i 17.4S. 12,46 Réduction Déclin, moyenne 1913,0. au jour. + ib,o8 + 1 , 12 + 1 ,35 + 1,78 + 2,39 + 2,47 + i2.39.5i,4 + i3. i4.34,2 + 19. 3.42,3 + 28.18.22,5 -1-37.26.34,3 +38.27 -5o,6 Réduction au jour. — 12% — 12,2 — 14,0 -16,1 -i5,5 — i5,o Autorités. 81 35 Leipzig I, A. G. 8107 Leipzig 1, A. G. 8118 Berlin A, A. G. 10020 Cambridge (Engl. 7479 Lund, A .G. 733i Lund, A. G. A. G. Le 9 mai, la comète est faible, 11e gr., le ciel est mauvais. Le 10, la comète a sen- siblement l'aspect de la veille. Le i5, la comète est de ioe-i Ie gr. Le 22, la comète a sensiblement l'aspect de la veille. Le 29, la comète présente une légère condensation au centre; gr. 10e, 5. Le 3o, la comète a l'éclat d'une faible 10e, elle est ronde avec légère condensation au centre. séance du 2 juin 1913. l655 ASTRONOMIE. — Observations de la comète 191 3 a (Scha amasse), faites à l'Observatoire de Marseille (équatorial d'Eichens, de om,2G d'ouverture). Note de M. Coggia, présentée par M. B. Baillaud. Nombre Dates. Temps moyen de Log. fact. cO'jP Log. fact. 1913. de Marseille. Am. bf%. comp. M apparente. parai I, apparente. parall. * . hms m s tu h m s o , „ Mai 26 11.37.13,6 — 0.19,56 -4-4 - 44 1 r 12:12 18. 4.1. 2,69 — ï,537 56. 10.37,3 — o,368 1 » 27 1 1 . 49 . 4 ! > ° -Ho. 14,78 — 8.17,5 12: 7 18.28.22,04 — T,474 54-52.58,9 — 0,274 2 » 28 ii.46.49,5 4-1.29,95 +0.59,6 i5;io 18. i5. 12,21 — T,437 53.4o.34,6 — 0,199 3 » 29 11.28.13,7 — ' • 6,44 -f-o.45,4 i5; 7 18. 1.36,47 — T , 449 52.34-26,5 — 0,160 4 Positions moyennes des étoiles de comparaison. M, Réduction cO(C, Réduction *. Gr. 1913,0. au jour. 1913,0. au jour. Autorités. hms s o / a a i 8,0 17.41-20,13 -r-2,12 56. 5.36,9 +16, 3 6833 Leyde 2 7,3 18.28. 5,o5 4-2,21 55. 1. o,3 4-16,1 7723 Lund 3 8,g 18.13.39,90 4-2, 3i 53.39.19,2 4-i5,8 7591 Lund 4 8,8 18. 2.40,52 4-2,39 52.33.20,6 -f-io,5 7479 Lund Le 26, la comète est brillante, irrégulière et d'apparence résoluble. Diamètre : 2' environ. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence des séries trigonomèlriques de Fourier. Note de M. N. Lusi.v, présentée par M. Appell. i° Dans la Note présente je me propose de déduire une condition néces- saire et suffisante pour la convergence presque partout de toute série tri go - nométrique de Fourier d'une fonction à carré sommable. Considérons deux séries trigonométriques conjuguées (1) 2, an cosnx 4- bn s\nnx et (2) 2, — bncosnx 4- an sinnx, n=i où la série Va;; -t- b2n est convergente. D'après un théorème de MM. Fischer i656 ACADEMIE DES SCIENCES. et Riesz, ces séries trigonométriques sont les séries de Fourier de deux fonctions à carré sommable/*(ar) et g(&), ce qui donne lieu aux égalités (3) I i r2TC i r'2K l a„=- / ./(#) cos «oc dy. = — / i; ((x + tx) — g(x — oc) la.. En général, existence de (.r H- une fonctionnelle dépendant d'un contour plan C, d'une fonction a (s) définie en chaque point de C, s étant la longueur d'arc, et en outre de p paramètres À,, A,, ..., A^,. Pour chaque système de valeurs de ces para- mètres, supposons sa variation de la forme (i) <3)> on obtient une nouvelle fonctionnelle dont la variation est encore donnée par la formule (i), les valeurs de $,', et 4>,', restant les mêmes. Tous les éléments de cette fonctionnelle appartiennent à une des fonctionnelles considérées d'abord. On peut dire qu'elle est X enveloppe de ces fonction- nelles. ( ') Celte Note fait suite à ma Note du 19 mai, dont je conserve les définitions et les notations. (2) l'résentée dans la séance du 26 mai 1 9 1 3. séance du 2 juin io,i3. 1659 Cette notion d'enveloppe s'étend au cas de fonctionnelles dépendant d'une fonction arbitraire; le système (2) est alors remplacé par une équa- tion fonctionnelle. On peut de même définir l'enveloppe de fonctionnelles dépendant d'une fonction arbitraire et d'un certain nombre de paramètres, ou bien d'une fonction soumise à des conditions restrictives. Si une infinité de fonctionnelles vérifient une équation aux dérivées fonctionnelles partielles (3) •!,{i) = F|(Ciii,*.;M|1 il en est de même de leur enveloppe. Une famille de fonctionnelles dépen- dant d'une fonction arbitraire /(() et d'un paramètre X, vérifient toujours une équation de la forme (3) et en général une seule. Dans ce cas, on peut dire qu'elle constitue une intégrale complète de l'équation (3), qui est certainement complètement intégrable. Son enveloppe constitue Yintcgrale singulière. On définit Vintégrale générale comme enveloppe d'intégrales eboisies parmi celles qui constituent l'intégrale complète. Le cas le plus général est celui où ces intégrales dépendent de la fonction arbitraire /(/), X étant une fonctionnelle dcf(t)', l'ensemble des éléments communs à ces intégrales et à leur enveloppe constitue une caractéristique de première espèce. On voit que l'intégrale générale dépend d'une fonction- nelle arbitraire. Ces notions s'étendent aisément aux fonctionnelles dépendant de la ligne C et de plusieurs fonctions arbitraires. Application. — Considérons une fonction z de x et y et une intégrale définie de la forme S désignant la région intérieure au contour C. Supposons que, pour toutes les fonctions : vérifiant sur le contour les conditions ,=«(,), ^ =«.(*), b ,.., a^=ï = "'-(5)' — désignant une dérivée normale, I ait un minimum déterminé 4>. On sait que la détermination correspondante de z vérifie une équation aux dérivées partielles d'ordre -ip (4) nia-, y, - dx dy df, C R., 1918, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 212 1660 ACADÉMIE DES SCIENCES. est une fonctionnelle dépendant de C, u, un ..., w/;_,. J'ai obtenu sur celle fonctionnelle les résultats suivants : i" vérifie une équation aux dérivées fonctionnelles qu'on peut former sans avoir intégré l'équation (4). Cette équation donne en chaque point de la courbe C la valeur de $,', (*) en fonction des valeurs en ce point de x, y, u[s), u,(s), ..., 11,,-^s), ;,(5), «*>;,,(*), ..., *;,,,_,(*) et des dérivées de ces quantités par rapport à s. Un exemple d'une telle équation, vérifiée par l'intégrale de Dirichlet, a été donné par M. Volterra. Comme autre exemple, citons l'équation que vérifie l'aire de la surface minima limitée à une courbe gauche, cette courbe étant définie par sa projection C sur un plan et la distance ; de chacun de ses points à ce plan. En adoptant les notations de M. Volterra pour repré- senter les dérivées d'une fonction de courbe gauche, celte équation s'écrit (•iV + 'W1^ (•£)»=*■•. 2° Toutes les équations aux dérivées fonctionnelles partielles ainsi obte- nues sont complètement intégrables, 3° Si l'on remplace dans la définition de $ l'aire S par l'aire comprise entre C et un autre contour C,, on obtient de nouvelles intégrales de la même équation; on peut même ajouter à $ une constante A. En faisant varier A et les déterminations de u, ult . . ., up_ , relatives au contour C,, on obtient une famille d'intégrales de l'équation étudiée ne vérifiant aucune autre équation de même nature, c'est-à-dire une intégrale complète. 4° Les caractéristiques de première espèce de cette équation se défi- nissent de la manière suivante : on choisit une intégrale z de l'équation (4) et une valeur de A. Pour chaque contour C, et les déterminations de u, u,, ..., Up_, correspondant à ce contour et à la détermination considérée de z, tp est égal à l'intégrale I, relative à cette fonction z et à l'aire com- prise entre C et un autre contour fixe, et augmentée de la constante X. SÉANCE DU 2 JUIN igi3. l66l THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les nombres de classes des formes quadratiques binaires positives et à déterminant négatif. Note de \l. Jacques Ciiapelon, présentée par M. G. Humbert. J'ai dernièrement indiqué le principe d'une méthode permettant d'obtenir des sommes telles que 2jF(N-««) et Vf,(N-^), où F et F, sont respectivement les nombres de classes des formes quadra- tiques de déterminant ar — N, positives, de l'ordre propre et de l'ordre impropre, et x un entier de signe quelconque, congru à o, ± 1 ou ± 2 (mod 5). J'ai donné quelques formules se rapportant au cas où N est multiple de 10. Voici des formules analogues pour les autres cas où N est pair. Je rappelle que d' est un diviseur quelconque de N ; de plus, on pose N = di d avec dtç.d. Alors : i° Si N = 2 (mod 10), 3 I nioil 5) ( mod 5 ) 2 F(N-*») = ^d'-l^-xy'd'+^i-iy'^-d), ■-±\ UOd5) 2 f,(N-*»)= -l^d'-l^i-tyd'+^i-iy'^-d), ^ F(N-x>)+ 2 F(N — *»)=.|2<''d'î a=±2 1= 0 I modo) | Hiodôl ( mo X=±l IE±1 1662 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3° Si N = 4 (mod 10), ^ F(N — x*+ ^ F(N— x-) ,T=±t ( modo) ( modo ) + |2<->^ <,+ i2(-,)'.(^)"(*-* ( mod S ) 2f,(n— .)= -é2*-*-'£2<-o-* TS±! I mod ô i d1 [DOd 5 ) -i2(-r<ïhJ2(-^[-(^)']c.-^ 2F.c— )=-^2rf-^2<-",'v .1 =0 I mod ô 1 ;2<->-(ïK2<-H-(^y] 2 F(N-^) + 5 V F N — ;r* r-±ï i mod i ) ! niuil 5 ) î2*-ï2(-^-*-i2(-"^(î-)*2(-o iljd1±d_Y (rf,-rf), a=±2 imuil 10) N — .T! «• V J( 3 ^■ + rfV(rf,„rf), 'i0 Si Ne=- 4 (mod io), on a les mêmes formules en permutant V plaçant (f ) par - (£). et V et en rei SÉANCE DU 2 JUIN IC)l3. l663 * représente le symbole de Legendre, nul si A est multiple de 5 et F(D) ou F,(D) est nul si D n'est pas entier. Les formules précédentes contiennent celles que M. Gierster a déduites de la multiplication complexe des fonctions elliptiques ('). AÉRONAUTIQUE. — Le vol à la voile. Note (2) de M. Vasilesco Kari»ex, présentée par M. G. Lippmann. J'ai montré antérieurement (3) comment les oiseaux voiliers pouvaient voler sans travail par vent variable dans le temps. Ces oiseaux peuvent aussi voler à la voile par vent horizontal constant par rapport au temps, mais variable d'un point à l'autre de /' espace. Dans ce cas on pourra encore appeler accélération totale du vent le vecteur [dv\ étant la variation géométrique du vent entre les positions occupées par l'oiseau au commencement et à la fin du temps dt\ de sorte que c'est l'oiseau lui-même qui, par le choix de la trajectoire, crée, pour ainsi dire, l'accélé- ration du vent nécessaire au vol. L'accélération ainsi définie joue, au point de vue du vol à la voile, le même rôle que l'accélération vraie du vent ; il suffit de l'introduire dans les formules déjà établies pour étudier les différents cas qui peuvent se pré- senter, mais les conclusions concernant la meilleure vitesse relative (3 et le meilleur angle y que doit faire [3 avec v ', ainsi qu'en ce qui concerne la vitesse verticale -r-> seront différentes de ce qu'elles étaient dans le cas du vent variable dans le temps car, cette fois-ci c', agent du vol à la voile, ne dépend plus de t mais précisément de [i, y et -r • Je me bornerai à donner les résultats du calcul dans les deux cas suivants : a. Vol par vent dont la vitesse, ayant partout la même direction, est constante dans un plan vertical parallèle au vent et varie uniformément (') Mathematische Annalen, t. XVII, 1880, p. 71. (-) Présentée dans la séance du 12 mai igi3. (3) Comptes rendus du 20 janvier et du 10 mars 191 3 . l664 ACADÉMIE DES SCIENCES. de v\ m : s par mètre de distance mesurée suivant une horizontale normale au vent. L'oiseau dirigera sa vitesse relative (3 de façon à faire constamment, en projection horizontale, un même angle y avec v\ il volera contre le vent, s'il se dirige du côté où le vent augmente et suivant le vent, dans le cas contraire. On a c'=(3c', siny, et le calcul montre que la plus petite valeur de v\ permettant le vol à la voile est . , 0,025 , _, . (<'i)min.= <■ f- m : s (aomm par seconde pour F = i), elle correspond à y = y et à (3 = 26 y/F m : s. b. Vol par vent dont la vitesse, constante dans un même plan horizontal, varie en grandeur et direction suivant une verticale. Soit e'2 m : s le vecteur représentant en grandeur et direction la variation géométrique du vent par mètre de hauteur. On a , , dh 2 dt Les vitesses (3 et -=- étant choisies, la projection horizontale de la trajectoire rela- tive optimum se détermine, comme dans le cas de l'accélération vraie du vent, en prenant y = o. Le calcul montre que le minimum de v't, permettant le vol à la voile, est d'environ r-^r m : s, mais il correspond à de trop grandes vitesses S et -r- • Pour 3 = 3o P6 m : s Jp dt et dh «pi — - = 6P 111 : s, (// l'on a , 0,4 C, = 7-= ni : s. Par exemple, deux couches d'air superposées, animées de vitesses paral- lèles, mais différant l'une de l'autre de 8 m : s, et séparées par une couche de 20"1 de hauteur dans laquelle se produit le changement de vitesse, permet- traient à un oiseau pesant iVe de passer indéfiniment d'une couche à l'autre. La montée se ferait en 3,3 secondes, tandis que la durée de la descente pourrait atteindre 5 minutes. J'ai eu l'occasion de voir pratiquer ce genre de vol par une hirondelle qui profitait de couches d'air de vitesses différentes, dues à l'obstacle opposé au vent par une grande bâtisse. SÉANCE DU 2 JUIN 1 9 1 3 . 1 665 PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Complément à deux Notes récentes sur le mou- vement des milieux visqueux indéfinis. Note de M. Louis Roy, présentée par M. Boussinesq. Dans l'étude récente (') que nous avons faite de l'équation fondamentale du mouvement des milieux visqueux . . à3® ,d'lo d'-o nous avons imposé une restriction à l'une des fonctions d'état initial , en les supposant de la forme (0 >o, ïj'îo). Nous nous proposons aujourd'hui de nous affranchir de cette restriction et d'étudier les propriétés analytiques essentielles de l'intégrale correspon- dante. Afin de simplifier l'écriture, nous supposerons les unités choisies de telle sorte que A = 2 et que a = 1; la fonction o-/(.r), -rL -=g(a>); pour 'o =± 00, 9 = 0. L'intégrale des équations (2) s'obtient comme celle de notre Note du 21 avril iç)i3; si l'on pose 2TT./ _ 2i.J _ (') Comptes rendus, t. 156. 21 avril 1 g 1 3 , p. 1221, et 28 avril 1913, p. i3oc|. 1666 ACADÉMIE DES SCIENCES on Irouve, par l'emploi de l'intégrale de Fourier, '3> - -h c\\x/\ y.- — \ J-" L \ s/a1— i G (a) v e-'a,+"at/a. « i/a2 — ' J Pour que cette intégrale ait un sens, il suffit que la fonction F(a) soit de l'ordre de — pour | a | très grand et que la fonction G(a) reste finie ; pour qu'il en soit ainsi et aussi pour que l'intégrale (3) s'annule à l'infini, on reconnaît qu'il suffit que les fonctions d'état initial satisfassent aux condi- tions suivantes : i° Les fonctions f(x), g(x), nécessairement finies, satisfont aux condi- tions de Dirichlet et sont telles que les produits x/(x), xg(x) tendent vers zéro quand |.r| augmente indéfiniment; 2° A partir d'une valeur suffisamment grande, mais finie de |.r|, les fonc- tions f(x), g(x) varient toujours dans le même sens et la seconde ne pré- sente plus de discontinuités; 3° La fonction f(x), nécessairement continue, puisqu'elle représente le déplacement en chaque point d'un milieu continu, admet une dérivée ./'(x) satisfaisant aux mêmes conditions que la fonction g(x). Si maintenant on s'appuie sur deux théorèmes connus de la théorie des fonctions ('), on peut démontrer les propositions suivantes : I. L'intégrale y(x, /), définie par l'égalité (3) et où la variable t est regardée comme une variable complexe, la variable x ayant une valeur réelle quelconque, est une fonction holomorphe de l en tout point du plan situé à droite de l'axe imaginaire; l'intégrale ç(a?, () cesse d'être holo- morphe sur cet axe, mais elle reste continue par rapport à t ainsi que sa i , • ■ ' d® dérivée -f-- dt IL L'intégrale cp(;r, /), définie par l'égalité (3) et où la variable / a une valeur quelconque située à droite de l'axe imaginaire, est une fonction continue de la variable réelle x\ si les fonctions d'état initial /(x), g(-r) sont formées par une succession d'arcs analytiques, l'intégrale o(x, l) est ( ' ) H. Poi.Nf.AiiÊ, Théorie analytique de la propagation de la chaleur. Cliap. VII, p. i i 8 et 123. SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1667 une fonction analytique de la variable réelle x pour toutes les valeurs de x, sauf pour celles où les fonctions /(x), g{x) cessent elles-mêmes d'être ana- lytiques. Par la propriété I, l1 équation (1) se rapproche de l'équation de la chaleur (4) do ,d2o = a dt dx- dont l'intégrale jouit, comme on sait, de la même propriété, mais elle s'en distingue essentiellement par la propriété II. Lorsqu'on attribue à / une valeur quelconque située à droite de l'axe imaginaire, on sait en effet que l'intégrale de l'équation (4) est une fonction de «r holomorphe dans tout le plan, quelle que soit la nature de la fonction d'état initial, même, par conséquent, si celle-ci n'est analytique en aucun point. Par la pro- priété II, l'équation (1) se rapproche plutôt de l'équation des cordes vibrantes (5) « -t-t rr = o, dx2 dt1 ou de l'équation des télégraphistes-, mais il y a encore ici une différence capitale. Si l'une des fonctions d'état initial cesse d'être analytique en un point x = x0, nous savons que l'intégrale (3) cessera elle-même d'être ana- lytique au point x = x0, quel que soit t; au contraire, l'intégrale de l'équation (5) cessera d'être analytique aux deux points x = x9 ± al. Ainsi, les points de discontinuité de l'intégrale de (1) restent stationnaires, tandis que ceux de l'intégrale de (5) se propagent en sens inverse avec une vitesse constante. Ces conclusions sont entièrement d'acord avec celles que M. Duhem (') a déduites de la méthode d'Hugoniot. PHYSIQUE. — Sur un régulateur de température. Note (2) de M. Ernest Esclangox, présentée par M. G. Lippmann. Dans une Note antérieure (3), j'ai montré que les régulateurs à équilibre indifférent sous le régime normal et instable par rapport aux écarts infini- (') P. Duhem, Recherches sur l'élasticité {Annales de l'Ecole ISormale supérieure, 3e série, t. XXI, 1904. p. 388). ('■) Présentée dans la séance du i3 mai 1 g 1 3 . (') Comptes rendus, 19 février 191a. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, K«22.) 2I3 i668 ACADEMIE DES SCIENCES. ment petitsàce régime, présentaient, outre l'avantage d'une sensibilité théo- riquement infinie, celui de n'être pas influencés par les variations des éléments secondaires qui interviennent dans le phénomène à régler (par exemple, dans la régulation thermique : pression du gaz chauffant, tempé- rature extérieure, rayonnement, etc.). J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un nouveau régulateur ther- mique, simple, basé sur ce principe, dont le fonctionnement est d'une très grande précision en même temps que d'une très grande régularité. II se compose d'un tube circulaire ACB {Jig. i) fermé en A, ouvert en B, tour- Fig. i. nant autour de son centre O. Il contient en A une vapeur saturante avec un petit excès de liquide D, la portion DCE étant occupée par du mercure. Le centre de gravité de l'appareil (abstraction faite du mercure) est sur l'axe de rotation O; en V est une poulie à laquelle est suspendu un poids Q ('). Il est facile de voir que si l'équilibre existe sous une température 9, il est indifférent; il n'est pas détruit par une rotation de l'appareil autour du point O. Au contraire tout écart de température, aussi petit soit-il, fera basculer entièrement l'appareil, dont on limite toutefois prati- quement les mouvements par les arrêts œ, y. Il suffit alors de relier ses mouvements à l'appareil chauffant (ou refroidisseui), dans un sens convenable, pour réaliser la régulation. (') Pratiquement, en raison des faibles mouvements permis à l'appareil, la cons- truction est un peu différente. SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1669 En vertu de l'équilibre indifférent, la puissance de l'appareil chauffant commandée par le régulateur#est donc indéterminée sous la température 0; il en résulte pratique- ment, que cette puissance s'harmonise à chaque instant avec les autres variables dont dépend le phénomène (pression du gaz, température extérieure, etc.), pour pro- duire exactement la température 0. En modifiant le poids Q, on fait varier la tempé- rature de régime 6. Pour plus de simplicité pratique, nous avons substitué une liaison élec- trique discontinue à une liaison continue avec l'appareil chauffant. La figure 2 montre la régulation obtenue, dans l'air et pendant une semaine, avec 4 Avril 1913 1 Fig. 1. — Régulation thermique obtenue avec l'appareil représenté figura 1 (chauffage électrique). cet appareil, comparativement avec celle que donne, dans la même étuve (Jig.3) avec le même mode de chauffage, un régulateur bimétallique à dilatation. t V 0» 12" r » \V 0" 12" (T 12" 0' 12" ; M M M 1 LLUUUJj j II Ij-j-lljl j- oh tzh 0" wfem 35° F#; Œ: — __ 1 M H M Ml 1 II 11 1 11 M 1 1 Ml ff = - ; -, t i - Fig. 3. Théoriquement la température de régime 6 dépend légèrement de la pression baro- métrique, si l'appareil est entièrement abandonné à lui-même ('); mais d'une part (') Pour le rendre indépendant de la pression barométrique, il faudrait fermer le tube en B et substituer le vide, ou une autre vapeur saturante, à la pression atmo- sphérique, ou enfin adopter un mode quelconque de compensation, ce qui compli- querait la construction ou augmenterait les dimensions de l'appareil. 1670 ACADÉMIE DES SCIENCES. celte dépendance est presque négligeable, comme le montre la figure 2 ; d'autre part rien n'est plus facile que d'en corriger l'effet au moyen du poids Q, si l'on désire une précision extrême. Ce modèle de régulateur présente, outre sa grande précision et sa sim- plicité, l'avantage de n'être délicat, ni dans sa construction, ni dans son fonctionnement. Le contact électrique en m et n se produisant par une plongée très franche et très profonde, dans le mercure, d'une tige de platine ne nécessite aucune surveillance spéciale. C'est ainsi que la courbe de la figure 2 a été obtenue avec un chauffage électrique ('), un courant à 110 volts passant aux bornes m, n, sans que les étincelles troublent d'une manière sensible le fonctionnement de l'appareil. Les dimensions de l'appareil pourront être petites (par exemple ioem de diamètre) si la température à régler est voisine de la température d'ébullition du liquide dont la vapeur saturante est utilisée en A. C'est ainsi que l'éther convient pour les réglages entre 35° et 4o° ( étuves de bac- tériologie); l'acétone au voisinage de 55° (étuves à inclusion); l'eau au voisinage de ioo°; le chlorure d'éthyle au voisinage de i5°, etc. PHYSIQUE. — Sur le glissement des liquides à la paroi. Note de M. R. Distrait, présentée par M. Lippmann. Les expérriences de Poiseuille sur l'écoulement de l'eau dans les tubes capillaires ont montré que lorsqu'un liquide mouille le tube, il n'y a aucun glissement de la couche de liquide au contact immédiat de la paroi. Depuis Coulomb, l'existence d'un glissement lorsque la paroi n'est pas mouillée a été souvent cherchée. Plusieurs expérimentateurs, dont récemment M. Bénard (2), en étudiant l'écoulement du mercure dans des lubes de verre, ont montré que s'il existe un glissement à la paroi, celui-ci ne peut être constaté que par des mesures directes; le diamètre des tubes capillaires n'est pas mesurable avec une précision suffisante. (') Avec le chauffage à gaz, il suffit d'utiliser un clapet, actionné par le courant qui s'établit en m et n; avec un électro-aimant de grande résistance, ce courant peut être emprunté directement aux distributions ordinaires à haut voltage sans dépense appré- ciable, et sans qu'on ait à s'inquiéter des étincelles. (2) BniLLOUiN, Leçons sur la viscosité ries liquides et des gaz, 1907. SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 1671 Afin d'éviter cette dernière mesure, sur les conseils de M. Gutton, j'ai comparé les écoulements de deux liquides dans des tubes de verre et de soufre; l'un des liquides, l'essence de pétrole ou l'alcool, mouille à la fois le verre et le soufre; l'autre liquide, l'eau, ne mouille pas le soufre. J'ai obtenu des tubes capillaires en soufre en coulant le soufre dans un tube de verre suivant Taxe duquel était tendu un fil de verre. Au bout de i5 jours environ, il est possible de retirer le fil de verre et d'obtenir des tubes atteignant 2cm à 4CIU de longueur. La paroi du conduit capillaire est parfaitement polie et n'est pas mouillée par l'eau. Bien qu'après un long séjour du soufre dans l'essence de pétrole on puisse constater une légère dissolution, celle-ci est très faible et n'intervient pas dans les expériences. J'ai constaté, en effet, sur les tubes qui ont servi, que la durée de l'écoulement de l'eau n'était*en rien modifiée après plusieurs expériences d'écoule- ment d'essence de pétrole. La dissolution du soufre par l'alcool n'a pu être constatée. En appelant P la pression d'écoulement suivant le régime de Poiseuille, d'un volume V de liquide pendant le temps T, au travers d'un tube cylin- drique de rayon R et de longueur L, le coefficient de viscosité du liquide, lorsque celui-ci adbère complètement à la paroi, est donné par la relation TtR4 PT "^SLV11^ En faisant écouler successivement dans un tube de verre de l'eau et de l'essence de pétrole, le rapport des produits des durées d'écoulement par les pressions est égal au rapport des coefficients de viscosité des deux liquides. 0 PT n' _ PT' Les mêmes expériences, reprises dans un tube de soufre, donneraient encore le rapport — si l'eau qui ne mouille pas le soufre était immobile à la paroi. Si, au contraire, la vitesse le long de la paroi n'est pas nulle, le rapport des produits de la pression par les durées de l'écoulement n'est plus égal au rapport des viscosités. Comme les viscosités dépendent, dans de larges limites, de la tempé- rature et que les quatre expériences ne sont comparables que pour une tem- pérature déterminée, j'ai étudié et représenté par des courbes représentant les variations des produits PT avec la température. S'il n'y a pas de glis- sement à la paroi ces courbes sont confondues; or l'expérience me les donne distinctes. Il a été vérifié que si l'on compare les résultats fournis par l'essence de 1672 ACADÉMIE DES SCIENCES. pétrole et l'alcool, qui tous deux mouillent le verre et le soufre, les courbes obtenues sont confondues. On peut donc conclure à l'existence d'un glis- sement de l'eau contre une paroi de soufre. Le dispositif expérimental est analogue à celui de Poiseuille. L'ampoule d'où s'écoule le liquide et le tube capillaire plongent dans un récipient en verre rempli du liquide en expérience. Le remplissage se fait par aspiration directe du liquide au travers du tube capillaire. Les durées des écoulements sont mesurées au { de seconde par un chronomètre. Un manomètre à eau donne la pression d'écou- lement qui a été corrigée de la pression des colonnes d'air dues aux différences des niveaux. La correction capillaire a été faite selon la méthode de M. Bénard ('), et la correction de force vive selon le procédé de M. Couette (2). Cette dernière correction exige la connaissance du volume V de l'ampoule, mesuré par des pesées d'eau, et du rayon R des tubes; ce rayon est obtenu avec une précision suffisante au moyen d'une machine à diviser. Quoique non rigoureusement certaines, les corrections effectuées sont tellement faibles que l'incertitude qui en résulte ne peut expliquer l'écart qui permet de conclure à l'existence d'un glissement à la paroi. Je me suis servi de deux tubes de verre de dimensions différentes; ils ont donné le même rapport de viscosité des liquides. Des expériences relatives aux écoulements d'eau et d'essence de pétrole ont été faites avec quatre tubes de soufre, de diamètre et de longueur différents, enfin des compa- raisons relatives à la fois à l'eau, à l'essence de pétrole et à l'alcool ont porté sur trois nouveaux tubes de soufre. Ces expériences ont montré que lors des écoulements d'eau et d'essence PT de pétrole ou d'alcool, les valeurs obtenues pour les rapports p^ étaient différentes, et qu'au contraire, lorsque les liquides mouillent la paroi, ce qui est le cas de l'essence de pétrole et de l'alcool, elles sont sensiblement égales. Voilà à titre d'exemple les résultats obtenus avec un tube de verre el un tube de soufre pour la température de i7°C. Les pressions d'écoulement étaient pour les diverses expériences comprises entre 5ocm et 8oora d'eau. (') Brillouix, Leçons sur la viscosité des liquides et des gaz, ire Partie, p. 1 54 - (2) Couette, Thèse de Physique, 1890. Eau-essence Alcool-essence ^ de pétrole. Alcool-eau. de pétrole. 1 » 1,9.592 i,i534 2,2098 SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 1673 Rapports des produits des pressions par les temps PT d'écoulement = „• Tube de verre : Rayon : orm,oi3: Longueur: 3cm, 3 env. Tube de soufre : j Rayon : oim, 0009 ; \ 1,8724 1,2017 2,2507 Longueur: 2cm,3 env. ) Lorsqu'un liquide ne mouille pas la paroi du tube de rayon R et glisse le long de celle-ci, l'écoulement se fait comme si le tube avait un rayon plus grand, soit R -+- z. La formule de Poiseuille permet de déduire z. En parti- culier, du Tableau précédent on tire : R -+- s\* 1 ,9592 _ Cas eau-essence de pétrole ( — =; — ) = '„' . = 1 ,o46i 1 \ R / 1,8724 n 1 1 /R_t-£Y 1,2017 , Las eau-alcool I — rr — I — =wj = 1 ,0419 R / 1 , i534 Pour l'essence de pétrole et l'alcool, le rapport correspondant 2,2698 , 0040 est sensiblement égal à l'unité. Des deux premiers rapports on tire pour z une valeur moyenne qui est 6 = 0^,9- /• L'existence d'un glissement de l'eau contre une paroi de soufre que les expériences précédentes permettent de constater donne la raison de la grande force électromotrice de filtration de l'eau dans le soufre. PHOTOGRAPHIE. — Sur la reconstitution, par cliché photographique, de cer- tains détails invisibles des tableaux anciens. Note de M. H. Parexty, présentée par M. Lippmann. Ainsi que M. E. Waulers l'a récemment obtenu pour les retouches à la sépia de plusieurs dessins de Raphaël, j'ai réussi à faire paraître sur un cliché photographique certains détails invisibles à l'œil nu des tableaux anciens. En .éclairant de diverses façons une Décollation de Saint Jean- 1674 ACADÉMIE DES SCIENCES. Baptiste attribuée à Rubens, j'ai révélé la signature du maître Rubês dont les deux premières lettres apparaissent nettement dans tous les clichés, dont les trois dernières moins visibles peuvent être reconstituées par la com- paraison de l'ensemble des clichés. Un estampage sur papier mince permet de constater après coup que le phénomène doit être ici attribué à un relief de la toile. PHYSIQUE. — Sur la théorie cinétique du paramagnétismc des cristaux. Note (') de M. Piekre Weiss, présentée par M. J. Violle. I. Je suppose que les molécules soient disposées suivant les nœuds d'un réseau et soumises quant à leur orientation à l'agitation thermique. A chaque orientation d'un aimant moléculaire correspond aussi une énergie poten- tielle W. La distribution de ces aimants sera représentée par les points que les pôles nord occupent sur une sphère, les pôles sud étant au centre. En l'absence d'un champ magnétique, la substance est à l'état neutre ; le centre de gravité des pôles nord coïncide donc avec le centre de la sphère. J'applique au cristal ainsi schématisé un raisonnement analogue à celui qui a conduit Langevin à la théorie du paramagnétismc des gaz. Soient : N le nombre de molécules dans la molécule-gramme, /• la constante de l'équation des gaz, rapportée à 1 molécule, c une constante, on a pour le nombre de molécules contenues dans l'angle solide d'x> (1) dN = ce~ '''du. Un champ magnétique II, faisant un angle a avec le moment moléculaire p. augmente l'énergie potentielle de — 11//. coscc. Le nombre des aimants contenus dans l'angle solide du devient w-U|j.cosa (1') tfN = ce ~l du et leur moment magnétique W — Il \>. cos a dam =z cp.e cos En posant Np. = <7,„o, saturation moléculaire absolue, Nr-R, constante de l'équa- tion des gaz pour la molécule-gramme, il vient (3) r -- .. le ''rcos,arfw ,H J RT r — £ /•"" expression qui montre qu'en général le coefficient d'aimantation n'est pas inversement proportionnel à la température absolue, mais une fonction plus compliquée de celle-ci. Si l'on suppose W constant, on retombe sur les formules W) CT"1— 3RT ' "Lm~ 3RT' '"— 3ÏÏ (}£„, coefficient d'aimantation, C„, constante de Curie moléculaires), applicables aux gaz, aux solutions, aux corps amorphes. On déduit immédiatement de (3) que, dans le cas général, la moyenne des coefficients d'aimantation observés dans trois directions rectangulaires obéit à loi de Curie, avec un coefficient d'aimantation et une constante de Curie donnés par les formules (4). Quand on mesure le coefficient d'aimantation d'une substance pulvé- risée, isotrope par compensation, cela revient à prendre la moyenne pour un grand nombre de systèmes de trois directions rectangulaires. Le coeffi- cient moyen obéit donc à la loi de Curie et la constante de Curie est la même que si la rotation des molécules était devenue aussi libre que dans un gaz parfait. Ainsi se trouve justifié, pour les corps répondant au schéma C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 2l4 1676 ACADÉMIE DES SCIENCES. ci-dessus, l'usage que j'ai fait antérieurement des coefficients d'aiman- tation pour la détermination des moments moléculaires. Revenant à la formule (3), on peut remarquer que, puisque e rT est la densité en direction des aimants moléculaires, le facteur r -- fr rTd<ù est la valeur moyenne de cos2 pour que la direction D fournisse un rayon diffracté comportant cette longueur d'onde. En second lieu, je dis que cette règle donne tous les rayons diffractés possibles. Soient, en effet, D un rayon diffracté; OA,, OA5, OA3 les trois rangées conjuguées définissant le réseau et alt a,, a3 leurs paramètres; a1D, <72Di asi> 'es projections de ces paramètres sur D; <7,|, aa, a.\ les projections des mêmes vecteurs sur I. Pour que D puisse être un rayon diffracté, il faut que, si /», n, p sont les coordon- nées numériques d'un nœud du réseau, on ait, quels que soient m, n, p, ni («un- or]D) -+- n (a±x-) = o, »«"(«,,+ a,„) +n"(ail+ a,h) + p"{a3l + «3i.) = °> ou, en vertu des relations (1), (2) m'K, 4-/i'K2-)-/)'K3 = o, m"Ki + n"Kt+ p"K3=o. L'équation du plan est alors ?L(n'pi' — pin'>) + L^p'm'—mY) + —{m'n"—n'm") = o; Q-\ «2 «3 c'est-à-dire, en vertu des relations (2), — K,4- ^-K2h Iv3 — o. «1 «2 a3 Ce plan réticulaire existe donc; c'est celui dont les caractéristiques sont (K^KsKj). On peut donc poser en règle générale : Chaque rayon diffraclé suit la loi de la réflexion sur un des systèmes de plans réticulaires du cristal. Il comporte une longueur d'onde fondamentale et toutes ses harmoniques (pour autant que ces longueurs d'onde existent dans le rayon incident). Et la longueur d'onde fondamentale est le double de la projection de l ' équidislance des plans du système sur le rayon incident. On voit que les phénomènes de réflexion observés par de Broglie ne diffèrent pas du phénomène de Laue. Au surplus, la forme extérieure du fragment de cristal n'intervient en rien dans l'orientation des rayons diffractés. La règle énoncée ci-dessus permet de transformer très rapidement les photogrammes en une projection stéréographique des pôles des plans réflecteurs, c'est-à-dire des plans réticulaires du cristal mis en évidence par la diffraction. Dans le cas (seul utile à considérer en pratique) où le rayon incident est normal à la plaque photographique, la construction est des plus simples. Il suffit, en se servant par exemple du diagramme stéréographique de Wulff, de reporter sur ce diagramme les azimuts des taches de diffraction, puis de mesurer les distances de ces taches au centre de la tache centrale. Le rapport de cette distance à l'écartement du cristal et de la plaque photo- graphique donne la tangente de l'angle que fait le rayon diffraclé avec le rayon incident. La moitié de cet angle représente l'angle du plan réflecteur SÉANCE DU -1 JUIN IO,l3. 1679 avec le rayon incident, c'est-à-dire l'angle du pôle de ce plan avec le plan de la projection stéréographique. Il est donc aisé de reporter ce pôle sur le diagramme PHYSIQUE. — Sur le mouvement des centres lumineux clans les décharges électriques. Note de M. A. Perot, transmise par M. Villard. Dans des Notes antérieures ('), j'ai indiqué les résultats de la recherche des mouvements des centres lumineux dans les tubes à hydrogène excités par un courant continu; il était nécessaire, pour développer cette étude, de comparer les vitesses des centres dans des gaz différents. L'expérience a été réalisée avec l'hélium et l'hydrogène d'une part, le sodium et le lithium de l'autre. Dans un même tube, contenant un mélange d'hélium et d'hydrogène, j'ai déterminé les vitesses de la raie D3(587(ïA) de l'hélium, et de la raie C(6563 A) de l'hydrogène; les vitesses mesurées ont été relativement faibles, 5oom par seconde au maximum, et j'ai véritié que dans les mêmes conditions de pression et de courant la vitesse de l'hydrogène était la même, que de l'hélium fût en présence ou non. D'autre part j'ai, dans des expériences séparées, déterminé pour des conditions de pression et de courant identiques les vitesses de l'hélium et de l'hydrogène; la moyenne des résultats obtenus pour le rapport — est 2,3. Il faut remarquer que dans les conditions où je m'étais placé, c'est-à-dire assez loin du maximum de la courbe indiquée anlérieurement(2), l'influence de la longueur d'onde est très faible, la vitesse mesurée étant très voisine de celle du centre immédiatement après le choc; le rapport des vitesses ne doit pas s'écarter beaucoup du rapport des masses des centres et lui être supérieur, la longueur d'onde de D3 étant plus petite que celle de C. Expérimentalement, ce rapport 2,3 est très voisin du rapport 2 des poids moléculaires de l'hydrogène et de l'hélium qui sont, l'un diatomique, l'autre monoatomique. La comparaison du sodium et du lithium n'a pu être faite dans un tube; j'ai dû utiliser la décharge de la machine à courant continu dans l'air atmo- sphérique sous forme d'une flamme d'environ i5mm de longueur. (') Comptes rendus, t. 156, i3 janvier 1 9 1 3, p. 1 3.2 et 27 janvier 1913, p. 3io. (2) Comptes rendus, t. loi, 18 juillet 1910. l68o ACADÉMIE DES SCIENCES. Les électrodes, en fer, étaient recouvertes de fils d'amianle imprégnés de solution de chlorures de sodium et de lithium. Dans ces conditions, on obtient des anneaux encore très beaux avec une différence de marche de 20mm. Au lieu de renverser le courant comme dans les expériences précédentes, j'ai disposé un système de miroirs permettant d'envoyer sur l'étalon la lumière émise par la partie supérieure de la flamme, dans le sens du courant et en sens inverse. L'expérience montre que les centres lumineux se meuvent comme dans les tubes à gaz, de la cathode vers l'anode; le courant serait comme dans les tubes propagé par des électrons négatifs; les vitesses se sont élevées o à 4°°m pour le lithium (raie rouge 6708 A), dans la flamme produite par le courant de GG milliampères, et le rapport de la vitesse donnée par la raie rouge du lithium à celle que donne la raie D, du sodium a été trouvé égal à 3,i, c'est-à-dire très voisin du rapport des poids moléculaires qui est 3,3. Les mesures dans la flamme de la machine sont d'ailleurs plus délicates qu'avec les gaz renfermés dans des tubes, à cause de la mobilité de la flamme qu'on est obligé de protéger avec des écrans. Il peut d'ailleurs paraître surprenant de rencontrer, dans ce mode de décharge, des vitesses de l'ordre de celles qu'on trouve dans les tubes, à pression réduite; mais il faut remarquer que la densité du milieu où se propage le courant peut être très petite, quoique la pression soit élevée, étant donnée la température très haute de la flamme. Du fait que, dans le cas où l'influence de la longueur d'onde est faible, les vitesses trouvées sont à peu près proportionnelles aux poids atomiques, on peut, semble-t-il, déduire que les vitesses communiquées aux centres lumineux sont, au début de leur mouvement, proportionnelles aux poids moléculaires des corps auxquels ils appartiennent et que la luminosité, réellement due aux centres matériels, prend naissance lors des rencontres des molécules et des électrons en mouvement; ces chocs dissociant proba- blement la molécule, en tous cas conférant aux centres la faculté de vibrer et, dans le cas actuel, d'émettre de la lumière. Les tubes contenant une vapeur à poids moléculaire élevé, illuminée par une décharge, donnent des vitesses à peine mesurables; ainsi dans un tube à vapeur de cadmium du modèle de ceux de M. Michelson, pour un courant de 20 milliampères, la vitesse est certainement inférieure à ym à la seconde, c'est-à-dire que les variations de la longueur d'onde dues au phé- nomène étudié doivent être inférieures à une unité du dernier ordre décimal du nombre 6438,4696, longueur d'onde de la raie rouge du cadmium. SÉANCE UU 2 JUIN IC)l3. l68l Cette conclusion est intéressante au point de vue métrologique : clans les mesures du mètre aucune variation avec l'intensité du courant n'est à craindre sur la longueur d'onde, si comme nous l'avons fait, MM. Benoît, Fabry et moi-même, le tube est alimenté par du courant alternatif; la courbe du courant étant symétrique, il ne peut se produire que des variations de finesse des anneaux; si l'alimentation est faite avec une bobine, parle fait de la dissymétric de la décharge, on pourra avoir des longueurs d'onde très légèrement variables avec la valeur du courant et surtout avec le sens de celui-ci; mais ces écarts seront en général bien inférieurs aux erreurs expérimentales. CHIMIE PHYSIQUE. — Déjloculation de l'amidon et dissolution du glucose. Note de M. G. Malfita.vo et M"e A. Mosciikoff, pré- sentée par M. Roux. Les formes pseudo-cristallines de l'amidon ( ' ) nous intéressent au premier chef, parce qu'elles montrent en toute évidence que le mode de désagréga- tion de ce colloïde typique, la déjloculation, diffère essentiellement de celui de dissolution qui caractérise les cristalloïdes. Nous pouvons, en effet, choisir deux préparations, une de ces pseudo- cristaux et une de glucose cristallisé, qui sont, toutes les deux, constituées de particules également consistantes et transparentes, entourées de liquide limpide. Nous assisterons à la désagrégation de ces particules qui est visi- blement différente. A la fin, les préparations nous paraîtront également homogènes. Ces systèmes, étant comparables au point de départ, se modi- fient différemment pour devenir de nouveau pareils. La différence du mode de changement, constatée dans ces conditions, a la valeur de distinc- tion essentielle. Chauffons légèrement au-dessus d'une flamme les deu\ préparations que nous venons d'examiner à l'ullramicroscope. Quand aucun changement n'est apparu à l'œil nu dans celle du glucose, déjà on ne voit plus les filaments soyeux et les globules brillants de l'amidon, sinon comme des taches bleuâtres. En regardant alors à l'ullramicroscope, nous verrons que seules les lignes lumineuses qui dessinent le contour des cristaux sont détériorées, les surfaces qu'elles délimitent restent sombres, si elles ne sont pas miroi- tantes. Ceci prouve que le glucose, attaqué par le liquide, reste homogène. Le chan- gement est plus frappant pour les pseudo-cristaux ; ceux-ci élaient, avant le chaullage, (') Comptes rendus, t. 156, p. 1 4 1 2 . 1682 ACADÉMIE DES SCIENCES. comme des baguettes ou des billes transparentes et lisses. Ce sont maintenant les mêmes objets dont la surface aurait été dépolie. En réalité on voit à présent la matière qui les constitue devenue granuleuse, taudis que le trait lumineux qui en dessinait le profil s'est effacé. Chauffons davantage nos préparations. Nous verrons les cristaux en débris, entraînés par les remous du liquide, parfois s'entasser, mais ils n'ont aucune ten- dance à s'agglomérer; nous pourrons fixer chaque fragment et le voir disparaître simplement, parce que son contour se rétrécit jusqu'à s'annuler. Ceci est à noter : L'éclat lumineux de ce contour ne se ternit jamais, l'image réduite à un point lumi- neux dans un champ sombre s'éteint tout à coup. Il en est bien autrement de l'amidon. Les globules et les filaments ont augmenté notablement de volume, leur structure gra- nuleuse est plus apparente. Ce sont désormais des assemblages de points lumineux, ou plutôt de petites taches toutes pareilles de lumière diffuse. Entraînées par le mouve- ment du liquide, ces assemblages se déforment, se brisent et surtout s'agglomèrent en amas. Ceci est remarquable : ce n'est que par des impulsions venant de l'extérieur que les amas s'égrènent en points isolés, dont l'existence est d'ailleurs éphémère. En opérant avec soin, ces amas ne se disloquent pas, ils paraissent comme des taches dont la surface, d'abord régulièrement et finement accidentée, devient ensuite de plus en plus unie. Le contour de ces taches, avant visible, se confond maintenant dans le champ faiblement lumineux. Ce n'est pas cependant la luminosité du milieu qui couvre celle des amas. Car, lorsque nous avons mis peu de pseudo-cristaux dans la préparation, le brouillard est très faible, et vraiment nous voyons que les amas disparaissent par extinction graduelle de la lumière qu'ils diffractent d'une manière toujours plus uni- forme et de moins en moins intense. Enfin, chauffée encore plus, la préparation d'amidon devient aussi sombre que celle de glucose complètement liquide. La différence entre les deux sortes de modifications est évidente. Le cris- tal ne fait que diminuer de volume, et l'on n'aperçoit rien des fragments qui doivent pourtant s'en détacher, seulement à la surface. C'est la dissolu- tion. Le pseudo-cristal, au contraire, se désagrège entièrement et à la fois en granules perceptibles et uniformes, qui restent cohérents. Lorsque ces granules ou micettes sont très serrées comme dans le pseudo-cristal avant le chauffage, la matière est compacte, transparente et très réfringente. Ces micelles s'étant écartées, la matière est devenue friable et opaque, son éclat lumineux s'est terni. Ensuite nous ne voyons plus individuellement les micelles, la lumière est diffusée d'une manière plus uniforme et moins intensément. C'est que les micelles ont dû subir le même sort que le pseudo-cristal tout entier. Elles aussi se sont désagrégées en granules, en micelles de deuxième grandeur. La matière ainsi raréfiée nous envoie moins de lumière par unité de surface. Le contour des images est effacé, parce que l'indice de réfraction de cette matière est voisin de celui du milieu. Enfin SÉANCE UU 2 JUIN IO,l3. l683 le brouillard s'est dissipé. Il faut alors que les micelles de deuxième gran- deur à leur tour se soient désagrégées. Mais alors les phénomènes ne sont plus saisissables à l'ultramicroscope, nous pourrons les suivre encore à l'ultrafiltration. Voilà en quoi consiste le processus de défloculation. Nous allons montrer la généralité de ces faits, et nous en justifierons mieux l'in- terprétation. Le glucose en toutes ses formes se dissout comme les cristaux. Fondu ou massé il n'est attaqué que par la surface ; ce dernier cependant est un agglomérat de parti- cules. Ecrasons du glucose entre lame et lamelle d'une préparation microscopique, et tt'ichons que l'eau pénètre dans l'amas de débris, nous verrons aussitôt des espaces vides s'élargir entre ces débris. Rien de pareil ne se voit dans les particules d'amidon. Cherchons dans un vieil empois des flocons qui aient une forme irrégulière, l'on y voit des espaces entre 1rs granules; en chauffant, les vides se comblent, et l'aspect du flocon devient de plus en plus homogène. Expérimentons avec des grains naturels; ils sont transparents et, attaqués par l'eau chaude, ils deviennent opaques, ils se gonflent démesurément, se crèvent, et il ne reste de visible que les enveloppes. Fixons celles-ci, en poussant le chauffage. Elles sont granuleuses puis elles deviennent homogènes et s'illuminent de moins en moins. Lorsqu'elles sont disparues, elles ne sont pas détruites, car, si nous abandonnons la préparation au froid, elles réapparaissent. Voici deux faits qui confirment nos observations : Dans des empois tout à fait limpides se trouvent des particules si volumineuses, qu'elles sont retenues par les filtres en papier, cependant elles ne sont pas visibles à l'ultramicroscope, tant leur texture est fine. Si chaque micelle pouvait se dissoudre comme un cristal, cela ne serait pas possible. Voilà pourquoi on ne voit pas les micelles isolément. Nous allons cependant les rendre per- ceptibles. Chantions les grains ou les pseudo-cristaux dans l'eau alcoolisée à 25"-5o°. L'amidon se désagrège alors sans se gonfler, et l'on obtient des liquides dont le trouble est persistant. A l'ultramicroscope, c'est l'aspect des colloïdes d'argent, on y voit des points scintillants et vacillants. Ce sont les micelles isolées, et il nous semble bien d'en avoir aperçu de deux tailles distinctes. Pour préciser les distinctions, nous représenterons le cristal parla for- mule n\l e! la dissolution par la soustraction //M — M —M Tandis que la micelle doit être représentée par n'" )/i"\/t'( //M )\[ et la défioculation sera une division telle qu'on l'obtient en ouvrant successivement les parenthèses. C B., iç)i3, i" Semestre. (T. 156, N" 22.) 21 5 l684 ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le i-benzoyl-i-phényl-b.rcyclopentëne. Note de M. Edouard Bauer, présentée par M. A. Haller. r Le i-benzoyl-2-phényl-A,-cyclopentène (formule I), qu'on peut facilement obtenir par cyclisation du 1.4-dibenzoylbutane au moyen de l'alcoolate (') ou de l'amidure de sodium (2), présente quelque analogie de constitution avec la benzophénone; nous trouvons en effet dans ces deux molécules le même groupement — C = C — CO — C°H5. i Il nous a paru intéressant de voir si ce phénjdbenzoylcyclopentène se comportait vis-à-vis de l'amidure de sodium comme la benzophénone qui, ainsi que nous l'avons montré (3), se dédouble sous l'influence de cet agent en benzamide et benzène. En faisant bouillir une solution benzénique de l-benzoyl-2-phényl-Aj-cyclopentène avec imol,5 d'amidure de sodium finement pulvérisé, on ne remarque pas de dégage- ment d'ammoniac. Le liquide, qui prend rapidement unecoloration rouge, laisse dépo- ser, au boni d'une heure d'ébullilion, un précipité rouge brique. En décomposant alors lentement le produit de la réaction par de l'eau, il se décolore, et le précipité entre en solution. Dans les eaux alcalines on trouve de petites quantités d'acide benzoïque. D'autre part, la solution benzénique laisse déposer des petites aiguilles présentant un point de fusion peu net vers io50-ii5°. En éliminant la ma- jeure partie du benzène au bain-marie et en additionnant le résidu d'éther de pétrole, on obtient une nouvelle quantité de cristaux. Par une série de cristallisations dans L'éther bouillant on arrive à dédoubler le produit fon- dant primitivement à io5°-i i5°, en un composé fondant à i35°, peu soluble dans l'éther, et en benzamide fondant à i27°-i28°. La solution benzénique, séparée de ces deux produits cristallisés, a été ensuite distillée sous pression réduite. On obtient ainsi un liquide bouillant très régulièrement de i20°-i2i° sous 20mm sans résidu appréciable, et qui, par refroidissement, s'est pris en une masse cristalline fondant à 23°. Étude du produit fondant à i3.j°. — L'analyse assigne à ce produit la formule C,2H,:,ON, correspondant à l'amide de l'acide 2-phényl-Al-cyelo- (') En. Bauer, Comptes rendus, t. 15S, 191 2, p. 288. (-) Ed. Bauer, Comptes rendus, t. 156, 1 q 1 3 . p. 1470. (3) A. Haller et Ed. Bauer; Comptes rendus, t. Ii7, 1908, p. 824; Ann. de Cliim. et de Phys., 8e série, t. XVI, p. i4~>. SÉANCE DU 2 JUIN Ip,l3. l685 pentène-i-carbonique. Cette amide cristallise au sein de l'éther en belles aiguilles fondant à i35°-i3G°, insolubles dans l'éther de pétrole, peu solubles à froid dans l'éther, le benzène et l'alcool, plus solubles à chaud dnns ces solvants. Par cristallisation dans de l'eau légèrement ammoniacale à l'ébullition, on obtient, par refroidissement, des paillettes nacrées res- semblant à de l'amide benzoique. L'amide phénylcyclopentène carbonique réduit rapidement une solu- tion alcaline de permanganate de potasse et décolore instantanément une solution chloroformique de brome. Chauffée à reflux avec une solution hydroalcoolique de potasse à l\o pour 100, elle ne se saponifie qu'au bout d'environ 3o heures. Le liquide alcalin, sursaturé par de l'acide sulfurique étendu, fournit un acide, soluble dans une solution de bicarbonate de soude, dans l'alcool et l'éther. Sa solution éthérée, évaporée lentement, laisse déposer de gros prismes fondant à 12.5° à côté de tables parallélépipédiques fondant à iD7°. Ces deux acides, qu'on peut facilement séparer à la pince, sont isomères, répondent à ia formule C'^H'-'O2, décolorent le brome et réduisent à froid le permanganate de potasse. L'acide fondant à i5;°, traité avec précaution par du chlorure de thio- nyle, vers 5o° fournit un chlorure dont la solution éthérée donne avec de l'ammoniac sec une amide fondant à i35°, que nous avons identifiée avec l'amide de l'acide 2q}hényl-A,-cyclopentène-i -carbonique. Oxydé par KMnO' en milieu alcalin, l'acide fondant à 107° nous a donné de l'acide y-benzoylbutyrique fondant à 12D0, ce qui assigne à ce composé la constitution de l'acide 2-phényl-A,-cyclopentène-i-carbonique (formule III) et au corps fondant à i3.î° celle de l'amide correspondante (formule II). OH5 C6H5 CH-/^C-COC6H5 <;ip~ Cti2 I. CH y%. cil C — ÇONH* CH2 11. C"H> G6 H5 CH* CH2 C C _ COOH CH* m. CHs/'V-H CH' JCH3 IV. l686 ACADÉMIE DES SCIENCES. L'acide fondant à i24°-i'-i"), traité dans les mêmes conditions que son isomère par du chlorure de thionyle et de l'ammoniac, nous a conduit à une amide fondant à i78°-i7g°, isomère de l'amide fondant à i35", très peu soluble dans l'éther et cristallisant par refroidissement de sa solution dans de l'eau ammoniacale en fines aiguilles microscopiques. Dans l'oxydation permanganique de l'acide fondant à ii>4°-i25" nous n'avons réussi à carac- tériser que de l'acide benzoïque et n'avons pas trouvé trace d'acide y-ben- zoylbutyrique. Le peu de matière que nous possédions ne nous a pas permis de pousser plus loin l'étude de ces produits d'oxydation. L'acide fondant à I24°-I25° et son amide fondant à i78"-i79° ne diffèrent de l'acide 2-phényl-A,-cyclo- pentène-i -carbonique que par la position de la double liaison dans le noyau qui y occupe peut-être la position A.,. Elude du produit fondant à 23°. — L'analyse lui assigne la formule C"H12. C'est un produit très volatil, à odeur assez pénétrante et doué d'une facilité de cristallisation remarquable. Il décolore le brome et réduit à froid une solution aqueuse de permanganate de potasse en donnant de l'acide y-benzoylbutyrique, ce qui permet d'attribuer à ce carbure la constitution du i-phényl-Ai-cyclopentène (formule IV). Ces constantes physiques à 25° sont les suivantes : rf2^ = 0,981)17; «a=i,56723; «D = 1 ,37340; «13 = 1 ,59017; d'où l'on calcule les réfractions moléculaires : Ma= 47,71; MI) = 48,i'i; Ma = 49>20,; Ma — Ma = 1 ,58. Théorie pour CiJH12R: Ma = 46 ,3g ; Mu = 46,73; Ma =47,49; Ma — Ma=i,io. L'exaltation que nous montrent ces résultats provient de la position de la double liaison qui est en conjugaison avec le groupe phénjlique. Le i-phényl-A,-cyclopentène donne un picrate Cn H12. C6 H3 O'N3 pré- sentant sur le bain de mercure un point de fusion instantané de G.V',5. Il cristallise facilement dans les solvants hydratés, tels que l'éther humide ou l'alcool, mais se dissocie dans les solvants anhydres tels que l'éther de pétrole, l'éther anbydre ou le benzène. Traité par de l'alcool absolu et du sodium, le i-phényl-A,-cyclopeBtène se réduit quantitativement en pbényl- cyclopropane (éb. 2i4°-2i5°) déjà obtenu par MM. Borsche et Menz ( ' ). En résumé, nous avons montré que l'amidure de sodium réagissail sur le i-benzoyl-2-phényl-A,-cyclopentène de la même façon que sur le benzophé- none en le scindant partiellement en amide 2-phényl-A,-cyclopentène-i- curbonique et benzène et en i-phényl-A,-cyclopentène et amide benzoïque. (') lier. cl. C. Ges., t. XLI, p. t9o. SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1 687 chimie ORGANIQUE. — Contribution à l'étude de la carpiline ou pilosine. Note de MM. E. Lkc.er et Ferdinand Koques, présentée par M. E. Jung- fleisch. En chauffant la carpiline, pendant 10 heures, en tubes scellés, à i4o° avec de l'eau, nous avons constaté la formation de deux bases nouvelles : l'une très soluble dans l'eau froide, l'autre insoluble ou peu soluble; cette dernière se dépose, en partie, au fond des tubes refroidis, en solution dans l'aldéhyde benzoïque qui se forme simultanément ('). Nous décrirons ailleurs la méthode employée pour séparer ces divers composés. La base soluble dans l'eau fut transformée en azotate. La faible solubilité de ce sel dans l'alcool, sa grande solubilité dans l'eau, son point de fusion, son pouvoir rotatoire, son analyse permettent de l'identifier avec l'azotate de pilosinine de Pyman (2). Analyse. — NO3 H dosé volumétriquement, en présence de phénolphtaléine. Trouvé : 25, 61. Calculé pour C9H12N202, N03H : 25,92. Fusion : i65°,5-i66°,5- Pyman indique i65°-i67° (corrigé). Pouvoir rotatoire : otD = -H 4°, 3 ; p = 8,465. Pyman indique, pour la même con- centration, «D = -t- 4°, 3. Rappelons que, dans notre première Note, nous avons signalé un chloro- platinale cristallisé en lamelles, obtenu avec la base soluble dans l'eau. Les analyses montrent que ce sel est le chloroplatinate de pilosinine. Analyse. — Trouvé : Pt — 25,07 i 25, 3o ; Cl = 27, 12. Calculé pour (C9 H,2N202)2PtCl6H2 : Pt = 24,12; Cl = 27, 67. La base insoluble dans l'eau froide nous a fourni un azotate cristallisable, dans l'alcool méthylique en grandes tables très solubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool froid. Cet azotate a été identifié avec l'azotate d'an- bydro-pilosine de Pyman. Analyse. — ■ N03H dosé volumétriquement, en présence de phénolphtaléine. Trouvé : 19.30. Calculé pour C16HlliN202, NO3 H : 19.04. Fusion : i5i°, 7-1 53°, 7. Pyman indique i53°-i54° (corrigé). Pouvoir rotatoire : «D = — 1 70, 99 ; /> = 3,617. Pyman a trouvé pour la même con- centration 3iD= — 180, 1 . (') Comptes rendus, t. 155, p. 1088. (2) Cliem. Society, t. CI, p. 2260. l688 ACADÉMIE DBS SCIENCES. Des eaux mères alcooliques de cet azotate, nous avons pu isoler une nou- velle quantité d'anhydro-pilosine sous forme d'oxalate acidejfusible à i53°, '\, alors que Pyman indique, pour ce sel, i53°-i54° (corrigé). Les eaux mères alcooliques de cet o.valate renferment les oxalates de bases amorphes dont il sera question plus loin. Si, dans l'expérience qu'on vient de relater, on remplace l'eau par une solution de potasse caustique au tiers environ, on obtient encore de la pilo- sinine, mais nous n'avons pu déceler la présence de l'anhydro-pilosine. En outre, la production d'aldéhyde benzoïque est extrêmement faible; ce com- posé est remplacé par un mélange d'acide benzoïque et d'alcool benzylique, engendrés dans une réaction secondaire, par l'action de KOH sur la benzal- déhyde primitivement formée. La pilosinine a été caractérisée par son azotate fusible à 1660, 4-i6^°,.|, renfermant 26, 55 pour roo de N03H. Calculé 25,92. Il résulte de ce qui précède que la potasse ne joue aucun rôle dans la transformation de la carpiline en pilosinine. Il y a lieu également de remarquer que l'anhydro-pilosine qui se forme en présence de l'eau seule ne semble pas prendre naissance si l'on opère en milieu alcalin. Dans le but d'étudier l'influence du temps sur la marche de la réaction, nous avons répété l'expérience avec l'eau seule, mais en limitant sa durée à 4 heures. Nous avons pu isoler deux bases : l'une soluble dans l'eau, l'autre insoluble ainsi que de l'aldéhyde benzoïque en quantité telle qu'on peut admettre que plus de la moitié de la carpiline s'était transformée en pilosinine. Ce qui fait l'originalité de cette réaction, c'est qu'elle donne naissance à un mélange de bases insolubles dans l'eau froide susceptible d'enlever à sa solution aqueuse une quantité importante de pilosinine, comme le ferait un dissolvant. Le mélange des bases insolubles, transformé en azotates, nous a donné, en effet, non pas de l'azotate d'anhydropilosine, comme nous étions en droit de l'espérer, mais bien de l'azotate de pilosinine fusible à i65°-i6j°, ayant un pouvoir rotatoire aD = -+- 3°, 9. L'azotate d'anhydro-pilosine, formé en même temps, se trouvant en trop faible quantité, resta dans l'eau-mère. L'anhydro-pilosine put, cependant, être retirée de cette eau-mère à l'état d'oxalate acide fusible à i53°,5- i55°,5 (corrigé). Enfin les eaux-mères alcooliques de l'oxalate acide ^'anhydro-pilosine SÉANCE DU 2 JUIN 1913. 1689 renfermaient, à L'état d'oxalates, un mélange de bases amorphes qui furent réunies aux bases amorphes provenant de la première opération effectuée avec l'eau seule ( voir plus haut). Ces bases amorphes représentent des produits de transformation incom- plète de la carpiline. En effet, chauffées de nouveau avec de l'eau, à i/|0°, pendant 18 heures, elles fournissent des quantités relativement importantes d'aldéhyde benzoïque, de pilosinine et d'anhydro-pilosine; ces trois com- posés étant, pour ainsi dire, les seuls qui se forment dans cette réaction. Nous nous sommes demandé si l'anhydro-pilosine ne serait pas, elle aussi, un composé intermédiaire dont la production précéderait celle de la pilosinine. Par fixation d'eau, l'anhydro-pilosine, qui renfermerait, selon Pyman, le groupe C6H5 — CH =, pourrait donner lieu à la production de pilosinine, avec départ de CCH" — COH, selon l'équation C16H,6N!Os + H20 = C9H,2N202+ C7H60. Anhydro-pilosine Pilosinine Or, qu'on chauffe, à i4o°, l'anhydro-pilosine avec de l'eau seule ou addi- tionnée de KOH, cette base reste inaltérée. Le point de fusion de l'azotate de la base régénérée : 1 j2°,5-i53°, 5, était celui de l'azotate d'anhydro-pilosine. Le pouvoir rolatoire de ce sel fut à peine modifié aD = ig°, 1 au lieu de — 18°, 1. M. Pyman suppose que la carpiline ou pilosine possède une constitution analogue à celle de la pilocarpine; que ce qui différencierait les deux alca- loïdes c'est que, dans la carpiline, le groupe C°H5 — CHOH — remplacerait le groupe C2H5 — de la pilocarpine. En conséquence, la carpiline ou pilo- sine renfermerait le groupe C°H5 — CHOH — CH — qui, sous l'influence 1 de la chaleur, se scinderait en C°H5 — COH et CH2. En même temps, par perte d'eau, le même groupe donnerait C6H5— CH = C — qui se retrou- 1 verait dans l'anhydro-pilosine. Cependant, la facile déshydratation de la carpiline, dans notre réac- tion, sans l'intervention d'un déshydratant, permettrait plutôt de supposer l'existence, clans cet alcaloïde, d'un groupe COH. Sous ce rapport la carpi- line se comporte, en effet, plutôt comme un alcool tertiaire que comme un alcool secondaire. 690 ACADÉMIE DES SCIENCES. BOTANIQUE. — Recherches sur la morphologie du bourgeon chez les Labiées à stolons souterrains. Note de M. M. Cuaim.ot, présentée par M. Gaston Bonnier. Dans une Note précédente (' ), j'ai exposé les premiers résullats de mes observations sur les Labiées à stolons souterrains. Poursuivant mes travaux sur ce groupe biologique, je me suis attacbé à rechereber si les stolons pro- venaient du développement de bourgeons spéciaux et, généralisant la question, comment se comportaient les divers bourgeons de la plante lorsqu'ils évoluent dans le milieu où ils se développent babituellement ou lorsqu'on les transporte dans un milieu différent, aérien pour les bourgeons souterrains et vice versa. J'ai pris comme sujets d'étude, soit des Labiées à stolons vivaces (Teu- crium Scorodonia et Teucrium Chamœd/ys), soit des Labiées à stolons ne persistant qu'un an (Lycopus européens, Mentha rotundifolip,). Le mode d'apparition des stolous est le même dans les quatre espèces précédentes. Le premier bourgeon qui se développe en stolon se trouve dans le sol, à la base de la tige aérienne, au nœud le plus rapproché de la surface. Les bourgeons des nœuds situés plus profondément donnent aussi quelquefois des stolons, mais toujours moins développés que le premier; tous sont ramifiés en général. A la fin de l'automne leur extrémité se redresse, de façon à amener le bourgeon terminal au niveau du sol. A partir du point où s'effectue cette courbure on observe un renflement nettement caractérisé, c'est l'ébauche de la tige aérienne qui se développera au prin- temps suivant. Cette différenciation est très accentuée dans le Lycopus europœus où le diamètre de la partie verticale est deux à trois fois plus grand que celui de la partie horizontale. Si, sur un pied de Teucrium Scorodonia ou de Teucrium Chamœdrys, nous détruisons les bourgeons situés sur la partie souterraine la plus jeune, nous provoquons le développement des bourgeons portés par les parties souter- raines âgées, mais ces nouvelles formations ne présentent pas la même vigueur que les premières. Dans le cas où l'ablation de la partie jeune est faite à l'automne, les bourgeons axillaires s'accroissent en tiges souterraines horizontales plus ou moins longues; mais si l'ablation est faite au printemps (') Comptes rendus, t. 155. p. 589. SÉANCE DU 2 JUIN I<)l3. 1691 les bourgeons se développent directement en tiges aériennes. La différen- ciation de ces bourgeons dépend donc essentiellement de l'époque à laquelle ifs se développent. Pour reconnaître quelle peut être sur leur évolution l'influence du milieu, j'ai déterré et exposé à la lumière de jeunes stolons soit pendant leur crois- sance en longueur, soit à la fin de l'automne; dans ces conditions, l'extré- mité des stolons se flétrit et les bourgeons de la partie qui reste vivante, près de la tige aérienne, se développent toujours en tiges dressées. Si l'on considère, d'autre part, que les bourgeons de la partie aérienne évoluent toujours en tiges feuillées, on voit que la différenciation de tout bourgeon maintenu à la lumière est toujours la même et indépendante de l'époque à laquelle il se développe. Si l'on examine la tige aérienne on constate que, parmi ses bourgeons axillaires, quelques-uns se développent en rameaux florifères ou en rameaux stériles, d'autres restent à l'état dormant. Il est possible de faire développer ces derniers dans le sol en enterrant une lige aérienne débarrassée au préa- lable des bourgeons qui devaient évoluer en stolons. On constate alors que les bourgeons primitivement aériens se développent en stolons souterrains, moins longs, en général, que ceux qu'on trouve à la base d'une tige ordi- naire, mais se comportant de la même façon; le bourgeon qui se développe le premier est le plus rapproché de la base primitive de la tige, ceux qui se trouvent au-dessus se développeront ensuite, mais de moins en moins; quelques-uns même près de la surface du sol peuvent donner directement une tige feuillée. L'ordre d'apparition de ces stolons est donc inverse de celui qu'on trouve lorsque la plante croît dans des conditions normales. La différenciation des bourgeons de la tige aérienne peut donc être modifiée quand on change le milieu dans lequel ils se développent. Dans les deux autres types, nous n'avons à nous occuper seulement de la partie souterraine jeune, la partie âgée ne persistant pas. Si l'on répète sur le Lycopus europœus les expériences déjà faites, on con- state que l'ablation des bourgeons terminaux souterrains provoque le déve- loppement de quelques bourgeons axillaires les plus rapprochés de l'extré- mité du stolon. Ces bourgeons produisent des axes souterrains très courts à bourgeon terminal renflé, la partie mince peut même ne pas exister et la différenciation en tige aérienne apparaît immédiatement. L'ablation du bourgeon terminal ne peut se faire qu'à l'automne, car, au printemps sui- vant, le stolon est presque complètement desséché et les bourgeons axil- laires ne peuvent plus se développer. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22.) 21 G 1692 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les stolons exposés à la lumière se flétrissent rapidement et l'expérience ne donne aucun résultat. Les bourgeons de la partie aérienne, comme ceux des Teucriitm, ont la propriété de se développer en stolons souterrains courts lorsque la tige est enfoncée dans te sol. Dans le Mentha rotundifolia l'ablation du bourgeon terminal de chacun des stolons amène rapidement le développement des bourgeons axillaires en stolons souterrains; mais si l'on enterre la tige aérienne après l'avoir débarrassée des pousses souterraines, elle se flétrit rapidement, ses bour- geons latéraux s'allongent de quelques centimètres seulemenf, puis dispa- raissent bientôt et la plante meurt. Les tiges souterraines mises hors de terre se flétrissent aussi complètement et l'expérience ne donne aucun résultat. En résumé, on peut dégager de ces recherches les conclusions sui- vantes : i° les bourgeons qui donnent naissance aux stolons présentent, chez les espèces étudiées, la même disposition morphologique sur la partie souterraine de la tige, mais on ne peut pas les considérer comme possédant une différenciation spéciale, puisque les bourgeons de la partie aérienne placés dans les mêmes conditions peuvent offrir un développement sem- blable; 2° l'évolution des bourgeons de la partie souterraine dépend essen- liellement de l'époque à laquelle ils se développent; ils produisent au prin- temps des tiges aériennes, à l'automne des stolons; 3° tout bourgeon exposé à la lumière, quelle que soit sa position sur la plante et l'époque de son développement, s'accroît en tige dressée feuillée; l\° exposés à la lumière, les bourgeons souterrains ne s'accroissent en tiges feuillées que si la partie qui les porte est assez lignifiée pour résister à l'influence du nou- veau milieu. BOTANIQUE. — Les phénomènes cvtologiqttes de Ut sporogenèse chez le Bar- bula muralis. Note de M. E. Iîoucherie, présentée par M. (iaston Bonnier. Les phénomènes cytologiques de la sporogenèse chez les Mousses n'ont, jusqu'ici, fait l'objet que de très rares observations, sans doute en raison des difficultés de leur étude. Les noyaux sont, en effet, excessivement petits et leur fixation assez délicate; aussi, sauf le Mémoire de Wilson, qui présente bien des lacunes, il n'existe aucun travail sur ce sujet. J'ai entre- SÉANCE DU 2 JUIN I g 1 3 . i6g3 pris des recherches sur diverses espèces et j'exposerai ici mes premiers résultats obtenus sur le Barbu/a muralis. Les cellules mères des spores se distinguent de leurs voisines par leur disposition plus régulière et par leur petitesse; elles mesurent 12^ au maximum dans le sens de la plus grande longueur. Le noyau, relativement volumineux par rapport à la cellule, atteint au plus &■ à 7^ de dia- mètre. Pendant les premiers stades, qui sont très lents, la division marche presque simultanément dans toutes les cellules : sur les coupes transver- sales, on ne trouve que des cellules au même état; sur les coupes longitudi- nales, on remarque cependant que les stades sont un peu plus avancés lorsqu'on remonte vers la coi fie. Au stade prosynapsis, le noyau possède un nucléole arrondi très apparent, un peu excentrique, ne montrant aucune connexion avec la substance chromatique; celle-ci est refoulée à la périphérie, formant un anneau de coloration plits foncée et d'appa- rence finement granuleuse. D'après Wilson, chez le Mniitm hornurn, le nucléole forme, à ce stade, par bour- geonnement, un petit corps qui, plus tard, passerait dans le cytoplasme. Je n'ai observé aucun phénomène de ce genre chez le Barbu/a muralis, mais très souvent, dans cette espèce, le nucléole prend un contour irrégulier, mamelonné, devient vacuo- laire et se fragmente en deux ou trois nucléoles plus petits qui se disséminent dans le noyau. En même temps, la substance chromatique devient plus apparente, prend un aspect filamenteux en formant un réseau périphérique à cordons très fins et très irréguliè- rement ramifiés, mais où l'on ne distingue aucun appariement. Puis ce réseau, peu à peu, abandonne la périphérie et se resserre vers le centre englobant le ou les nucléoles dans ses mailles. Le peloton continue sa contraction, les mailles se rétrécissent de manière à former une masse de plus en plus compacte où les nucléoles sont difficiles à distinguer, et Ton arrive au stade synopsis. La masse synaptique, irrégulièrement ovale et hérissée sur ses bords, est située transversalement au milieu du noyau et entourée de chaque côté par un espace clair qui la sépare du cytoplasme. Ce dernier, à celte période, est concentré en deux parties opposées de la cellule sous forme de deux calottes hémisphériques reliées latéralement par des portions amincies. Cette disposition, qui existe aussi bien sur les coupes lon- gitudinales que sur les coupes transversales, peut être considérée comme caractéris- tique de ce stade. Le grumeau synaptique, très coloré, est compact et d'apparence homogène; cependant on voit quelquefois sur les bords un ou deux filaments émer- gents dans lesquels on ne peut observer aucune dualité. A la fin du synapsis, le peloton s'arrondit et se rapproche d'un des côtés de la mem- brane nucléaire; en même temps il se desserre, devient moins compact et prend une apparence granuleuse; bientôt quelques filaments commencent à émerger et suivent le contour de la membrane ou plus rarement traversent l'intérieur de la cavité. Sur leur trajet 011 distingue des amas de chromatine : c'est le début du spirème. 1694 ACADÉMIE DES SCIENCES. A partir de ce stade 011 ne trouve plus de nucléoles. Le spirème continue à envahir la cavité nucléaire en même temps que les amas de chromatine tendent à disparaître. Finalement le cordon spirématique est constitué par des filaments simples qui sem- blent former de tronçons sinueux d'égale épaisseur, reliés les uns aux autres par de fins tractus. Ces tronçons représentent des chromosomes doubles; ils s'individualisent peu à peu par étirement et bientôt rupture de la partie intermédiaire, puis chacun d'eux subit une scission longitudinale. Ce dédoublement apparaît soit à l'une des extrémités qui prend la forme d'un Y, soit au milieu où l'on dislingue un espace clair par écartement des deux parties. Après le dédoublement, il se produit un raccourcissement par tassement de la chro- matine et l'on arrive au stade de la diakinèse qui est très rapide : les chromosomes, répartis tout autour du noyau, près de la membrane, présentent souvent la forme d'O, d'U ou de V à branches très courtes. La rapidité de ce stade fait comprendre pour- quoi il n'a pas été observé, jusqu'à présent, chez les mousses. En résumé, les caractères principaux de la formation des chromosomes hétérotypiques chez le Barbu/a muralis sont les suivants : i° Non appariement des filaments au' prosynapsis et fragmentation du nucléole ; 20 Disparition du nucléole à la fin du synapsis; 3° Division transversale du spirème précédant la division longitudi- nale ; 4° Formation des chromosomes suivant le mode parasyndélique de Gré- goire (dédouhlement longitudinal) et non suivant le mode métasyndélique (formation par boucles). PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Le Lepidium sativum rendu semi-parasite expérimentalement. Note de M. JUoi.i.iard, présentée par M. Gaston Bonnier. Le nombre des plantes supérieures qui se comportent en parasites est assez restreint et ce fait peut, a priori, s'expliquer de deux manières : ou bien on est en présence des plantes qui, seules, sont capables de digérer les tissus d'autres espèces; ou bien le parasitisme n'a pu être établi qu'excep- tionnellement, par suite de la réalisation d'un ensemble de conditions per- mettant la pénétration de la racine dans le corps des plantes hospitalières. Or on sait aujourd'hui que les racines de toutes les plantes vasculaires sont capables de sécréter diverses diastases, les mettant à même de digérer les substances organiques correspondantes; on est donc en droit de se SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1695 demander si la rareté des plantes supérieures parasites ne relève pas plutôt de la seconde explication que de la première. Pour m'en rendre compte, j'ai tenté le développement d'une Phanéro- game non parasite (le Cresson alénois, Lepidium sativwn) sur une autre (le Haricot, Phaseolus vulgaris) en réalisant artificiellement la pénétration de la radicule de la première dans le corps de la seconde. Des graines de Cresson alénois ont été mises à germer sur du papier-filtre humide et, lorsque la radicule avait atteint une longueur de 3mm-4mm, je l'introduisais dans un petit trou, pratiqué à l'aide d'une aiguille dans l'axe hypocotylé d'un Haricot dont les cotylédons étaient étalés; le tout était placé sous une cloche de manière à maintenir la saturation de l'atmosphère en vapeur d'eau; le Cresson alénois se développait alors d'une manière très normale cl l'association établie a pu se maintenir pendant /|o jours; d'ailleurs, si j'ai arrêté au bout de ce temps les premières expériences dont je relate ici les résultats, c'est que les Haricots commençaient à souffrir; leurs feuilles jaunissaient dans les conditions où elles se développaient, alors que le Cresson alénois subsistait avec des feuilles bien vertes; ce dernier présentait alors, en outre de ses cotylédons flétris, six feuilles définitives complète- ment étalées. Il y a lieu tout d'abord de remarquer que je n'ai pu réussir à obtenir le développement du Cresson alénois sur le Haricot lorsque celui-ci restait à l'air libre; la plantule se desséchait rapidement et le fait que l'association dont il est question ne s'établissait qu'en atmosphère humide pouvait donner à penser que le Lepidium végétait sur le Haricot comme il l'aurait fait sur un support inerte quelconque; mais l'examen de l'appareil radicu- laire nous montre qu'il y a quelque chose de plus; la racine principale du Cresson se développe rapidement dans la cavité qui lui a été ménagée et garde ses caractères normaux tant que son cheminement a lieu dans les tissus blessés par l'aiguille; arrivée au fond de la piqûre, elle continue son chemin dans le parenchyme de l'axe hypocotylé en digérant devant elle les tissus qui s'opposent à son passage. Il se constitue, d'autre part, des radicelles; mais celles-ci, au lieu de devenir grêles et longues, comme il arrive dans les conditions ordinaires, restent courtes et se renflent, et il est aisé d'observer au microscope la digestion des cellules du Haricot par ces radicelles qui, physiologiquement et morphologiquement, se comportent comme de véritables suçoirs. Que les substances résultant de la digestion des cellules de l'hôte soient absorbées par les radicelles du Cresson alénois, tout ce que nous savons sur 1696 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'absorption des matières organiques par les racines des végétaux supérieurs nous porte à l'admettre et nous sommes ainsi amenés à regarder les plan- tules du Lepidium comme présentant, dans nos expériences, une vie mixte analogue à celle du Gui, mais qui ne peut être réalisée, dans ce cas particu- lier, qu'en présence d'une atmosphère humide, le Cresson ne pouvant puiser dans le Haricot une quantité d'eau correspondant à ses besoins. La digestion de tissus vivants par les racines du Cresson alénois n'est d'ailleurs pas nécessaire au développement de cette plante dans les condi- tions très spéciales où nous l'avons placée \ c'est ainsi que, si nous implan- tons de jeunes plantules dans l'axe épicotylé du Haricot, on observe une association semblable à celle que nous avons obtenue avec l'axe hypocotylé, mais cette fois les racines du Lepidium gagnent rapidement la cavité cen- trale formée dans l'axe épicotylé, par suite de la résorption précoce de la moelle, résorption qui'n'apas lieu pour l'axe hypocotylé; la radicule garde alors des caractères absolument normaux et développe des radicelles allon- gées et de très faible diamètre; tout se passe dans ce second cas comme si le Lepidium avait été mis à se développer sur de l'ouate humide. Ces premières expériences nous montrent donc que les racines de n'im- porte quel végétal vasculaire sont capables de digérer les tissus d'une autre plante, c'est-à-dire de se comporter en parasites, pourvu que la mise en pré- sence soit réalisée. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la pénétration des différentes formes d'azote dans les plantes ; phénomènes d'adsorplion. Note de M. D. Ciiouchak, présentée par M. Schlœsing fils. Nous avons montré, M. Pouget et moi ('), que l'absorption des sub- stances nutritives par les végétaux était sous la dépendance immédiate de la solution où plongent leurs racines. Leur absorption est, dans certaines limites, exactement proportionnelle à la con- centration de la solution. Dès que les substances commencent à s'accumuler dans la plante, la proportionnalité est rompue. Ces faits étaient attribués à la pression osmo- lique qui force ces substances à dill'user dans les racines. D'autre part, on sait que, dans les phénomènes de diffusion, la nature de la paroi, (') Comptes rendus, t. 154., p. 1709; t. 158, p. 3o3. SÉANCE DU 2 JUIN IO,l3. 1697 ainsi que son affinité pour la substance qui diffuse à travers elle, jouent un grand rôle. En me basant sur ces considérations, j'ai appliqué les méthodes que nous avions utilisées, clans ces expériences, à l'étude de l'influence de la composition du milieu nutritif sur l'absorption des différentes formes d'azote. J'ai été amené ainsi à faire les constatations suivantes : De jeunes plants de blé, dont les racines étaient restées pendant longtemps en contact avec une solution de sulfate de magnésie suffisamment concentrée pour en amener la mort, avaient cependant conservé la propriété de fixer une certaine quantité d'ammoniaque lorsqu'on les portait dans une solu- tion d'un de ces sels. Cette fixation semblait donc indépendante du phénomène vital et propre aux matières constituantes des racines elles-mêmes. Les expériences suivantes montrent qu'il en est bien ainsi : Les racines de 125 jeunes plants de blé, âgés de 3 à 4 semaines, sont séparées des tiges et, après un lavage soigneusement fait à l'eau distillée, plongées dans ioocm! des solutions, de concentration connue, des substances suivantes : chlorhydrate d'am- moniaque, azotate de soude, glycocolle, tyrosine, chlorhydrate d'hydroxylamine. Les mêmes expériences ont été effectuées avec des racines dont toute activité vitale a été anéantie par un séjour de 3o minutes dans l'eau en ébullition. Le contact des racines avec la solution de diverses substances azotées ne durait que 10 minutes : on a constaté que l'équilibre était atteint presque instantanément. Les résultats sont représentés dans ce Tableau : Chlorhyd . Substance. NH'Cl. NaNO3. Glycocolle. d'hydrowl- — ■» — - — — ■ — » — — — ~- — - — Tyrosine. aminé. Milligrammes de N donnés. 0,5. 1,0. 0.5. 1,0. 0.5. 1.0. 0.5. 0,5. Mg de N ( les racines vivantes.. 0,091 0,182 o,o53 o,io.5 0,042 0,076 n » absorbé par | les racines mortes. . . 0,10 0,20 o,o55 0,108 0,075 o,i53 o,i46 o,o43 Concentration de N absorbé par kilogr. de racines mortes 11,7 23,4 6,45 12,7 8,8 18,0 17,2 5, 1 Concentr. par litre dans le liquide restant à la fin de l'expérience avec les racines mortes 4;38 8,76 4i§ 9,7 Â.G 9,2 3,9 5.o Coefficient ) Concent. dans racines , \ —7-, : n 2>68 2,68 i,34 i,32 1,02 i,o5 ^,00 1,02 départage ) Concent. dans 1 eau On voit d'abord que les quantités d'azote fixées dépendent de la nature 1G98 ACADÉMIE DES SCIENCES. de la substance; ces quantités sont variables, la concentration moléculaire des différentes substances étant la même. Ue plus, avec le chlorhydrate d'ammoniaque, les racines mortes ou vivantes fixent les mêmes quantités d'azote; il en est de même avec l'azotate de soude; il n'en est plus ainsi avec le glycocolle. Enfin, les concentrations dans les racines mortes d'azote absorbé (milli- grammes de N par kilogramme de racines) sont beaucoup plus grandes que celles du milieu extérieur à la fin d'expérience; les coefficients de partage des substances azotées entre les racines et le milieu extérieur sont plus grands que l'unité. On se trouve donc en face d'un phénomène d'adsorption, les matières dissoutes étant fixées directement par les substances qui sont contenues dans les racines. Les racines, par un séjour prolongé dans l'eau distillée fréquemment renouvelée, perdent peu à peu les substances qu'elles avaient adsorbées. Leur pouvoir adsorbant, vis-à-vis de l'azote nitrique ou ammoniacal, n'est pas sensiblement diminué par ce traitement, même souvent répété. Pour le glycocolle et la tyrosine, il est, au contraire, considérablement diminué : il n'est plus que le tiers de ce qu'il était au début, après un séjour de 3 jours dans l'eau distillée. L'eau a sans doute dissous peu à peu les substances adsorbantes. On a des résultats semblables en traitant les racines par l'alcool bouil- lant : l'absorption de l'azote nitrique n'est pas modifiée, tandis que celle de l'azote ammoniacal est fortement diminuée. Mais on peut rétablir le pouvoir adsorbant des racines ainsi traitées en les faisant macérer dans un extrait alcoolique de racines fraîches (cet extrait précipite par l'eau) : ainsi, un lot de racines, plongé dans une solution de chlorhydrate d'ammoniaque contenant ioras par litre, absorbait olns, 1 65 d'azote, et seulement oms,o85 après un traitement par l'alcool bouillant; après une première macération dans l'extrait alcoolique, l'azote adsorbé s'élevait à o'"s,i36 et à C'^iyo après une seconde macé- ration. Ici, c'est certainement l'alcool qui enlève les substances adsorbantes. L'adsorption varie aussi avec la concentration de la solution en contact avec les racines, comme le montrent les résultats suivants : Concentration initiale en milligrammes par litre. 5. 25. 50. 100. 200. 250. Azote adsorbé en milligrammes... . 0,074 0,06 0,74 1 ,48 2,5 2,75 SÉANCE DU 2 JUIN If)l3. 169g L'adsorption est d'abord proportionnelle à la concentration, à partir d'une certaine limite elle croît moins vite qu'elle. La courbe qui représenterait ces résultais, est ana- logue à celle qui relie l'absorption des substances nutritives par les plantes vivantes à la concentration des solutions où baignent leurs racines (loc. cit.). En résumé, les racines des végétaux ont la propriété d'adsorber, de fixer les diverses formes d'azote minéral et organique. Cette propriété est due à la présence de certaines substances que l'eau bouillante n'enlève pas. Ce pouvoir adsorbant pour différentes substances, de même concentration moléculaire, varie selon la nature de ces substances. Pour la même forme d'azote, toutes autres conditions égales, la quantité d'azote adsorbé est en rapport étroit avec la concentration de la substance dans le milieu ambiant. Cette faculté d'adsorption ('), ainsi que les phénomènes d'osmose, doivent jouer un grand rôle dans l'absorption des matières nutritives par les plantes. mycologie. — Sur un Septobasidium conidifère. Note de M. IV. Patouili.ard, présentée par M. L. Mangin. Nous avons décrit (2),sous le nom de Septobasidium albidum, un cham- pignon de l'Equateur croissant sur les rameaux vivants d'un certain nombre de pbanérogames, tels que Prunus salicifolia, Piper Kunthiî, Sakia tortuosa, Melastoma, etc. Plus récemment, il a été retrouvé au Brésil (Rick, Pullc- mans) et au Tonkin (Duport), aux environs d'Hanoi, envahissant les rameaux et les feuilles des Citrus cultivés. Comme toutes les espèces du genre, il n'est point parasite de la plante support, mais vit en association symbiotique avec des Coccides. Il est constitué par une membrane mince, tenace, de consistance de cuir, sorte de gaine facilement séparable, en dessous de laquelle on observe des (') Le pouvoir adsorbant peut être attribué à des actions purement chimiques et aussi à des actions physico-chimiques donnant lieu à la formation de solutions solidi s dans les substances colloïdales des racines. ('*) N. PATOLiLLAnD et G. Dt Lagehheih, Champignons de l'Erjuateur (Bull. Soc , Myc. Fr.. t. CXXXVL i893, PI. VIII, fig. 1). C. H., t9i3, 1" Semestre. (T. 15C, N" 22.) 217 1700 ACADEMIE DES SCIENCES. colonies de Cochenilles vivantes. Dans son épaisseur, on rencontre souvent des cadavres de Cochenilles envahis par le mycélium du champignon. Les filaments de cette gaine sont fortement colorés en hrun, à peu près opaques, rameux, serrés, çà et là septés et rarement pourvus de houcles. Fig. 1. — Fragment d'un coussinet développant les conidies. a, gaine mycéliehne adhérente au support; fi, filaments conidiophores dressés; c, conidies. Fig. Détails de la formation des conidies. Ils se laissent difficilement dissocier. Leur direction est parallèle à Taxe du support. Dans quelques cas, la partie moyenne de la membrane est plus làclie et lacuneuse. La périphérie est fimbriée par une bordure blanche, de filaments jeunes et encore incolores, qui s'étendent graduellement sur l'écorce. Lorsque le champignon va fructifier, on voit paraître, au pourtour de la membrane, au voisinage de la bordure blanche, de petits coussinets hémi- sphériques, d'aspect villeux, qui sont formés de touffes de filaments dressés, cylindracés, peu colorés, septés et peu rameux. Ces coussinets finissent par SÉANCE DU 2 JUIN ic)l3. 1701 devenir confluents et par recouvrir toute la surface d'une assise floconneuse blanchâtre ou jaune brunâtre. Bientôt, vers l'extrémité supérieure des filaments dressés, se forment de nombreuses ramifications courtes, qui se contextent en une pellicule super- ficielle, fragile, continue ou brisée en petits fragments. C'est sur ces ramifications que se développent les basidcs que nous avons fait connaître (/oc. cit.); Tous les spécimens sud- américains examinés ne nous ont jamais présenté que ce mode normal de fructification (fig. 1). Dans les exemplaires tonkinois, au contraire, les basides font défaut et le champignon s'est toujours montré exclusivement conidifère. Son aspect est légèrement modifié : la pellicule superficielle manque, et la surface a un aspect pulvérulent causé par une couche épaisse de conidies jaunâtres. L'extrémité des ramifications terminales, au lieu de bourgeonner desbasides, devient légèrement toruleuse et se divise, par un grand nombre de cloisons transversales, en une file d'articles, qui ne tardent pas à se disjoindre, pour donner des conidies arrondies ou ovoïdes, d'abord hyalines, puis colorées, à parois lisses et à contenu homogène, ou présentant une gouttelette bril- lante. Ces conidies sont de dimensions variables et ont en moyenne 4-5 x Sji La connaissance d'un Septbbasidium pouvant ne posséder que la fructifi- cation conidienne est intéressante, non seulement parce qu'elle complète l'histoire du cycle de l'espèce, mais surtout parce qu'elle permet d'établir un rapprochement avec une autre forme fongique, dont les affinités sont encore obscures. Dans leur Mémoire sur la Phthiriose de la Vigne ('), MM. L. Mangin et P. Viala décrivent, sous le nom de Bornelina Coriûm, un champignon dont les caractères sont comparables à ceux de notre Septobasidium albidum : même association symbiotique avec des Cochenilles, même réceptacle en membrane coriace entourant le support et même mode de dissémination par conidies. Il est donc vraisemblable de considérer le Bornelina comme une Septo- basidiée, voisine du genre Septobasidium, dont on ne connaît encore que la forme conidienne. (') L. Mangin et P. Viala, La Phthiriose de la Vigne, Paris, 1903. 1702 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIOLOGIE. — Les signes physiques de la supériorité professionnelle chez les dactylographes. Note de M. J.-M. Lahy, présentée par M. d'Arsonval. En étudiant le travail des dactylographes, nous nous sommes proposé de rechercher les signes psycho-physiologiques qui caractérisent la supé- riorité professionnelle. Trois qualités sont nécessaires aux bons dactylographes : la rapidité, l'exactitude et le goût. Cette dernière, laissée de côté, comme jouant un i'ôle moins important, nous avons classé nos sujets d'après la rapidité et l'exactitude, en leur faisant copier un texte de 1702 signes, qui fut jugé ensuite par le chef d'un service dactylographique et plusieurs professionnels étrangers à nos recherches. Ceci fait, nous avons mesuré pour chaque sujet la mémoire des chiffres et des phrases, l'attention et quelques processus supérieurs de l'intelli- gence : imagination, abstraction, jugement, raisonnement, à l'aide de lests appropriés; la sensibilité tactile à l'aide du compas esthésimétrique, la sensibilité musculaire à l'aide du myoesthésimètre, les temps de réaction auditifs avec le chronomètre de d'Arsonval, la force dynamométrique avec le dynamomètre de Régnier. Ce que nous cherchions dans cette dernière expérience, c'était moins à fixer la force musculaire des sujets qu'à déter- miner le rapport existant entre la force de la main droite et celle de la main gauche, afin d'établir par là un équilibre musculaire qui paraît être utile au bon travail dactylographique. Malgré le parallélisme relevé entre les résultats fournis par les hommes et les femmes, ces résultats ne sont pas juxtaposables dans leur détail. Nous avons relevé entre les deux sexes des différences psycho-physiologiques qui s'expriment par des différences de valeur observées dans les mêmes réac- tions. C'est pourquoi nous avons séparé nos sujets en deux groupes et confronté ensuite la double série des résultats. Les conclusions suivantes se dégagent de nos expériences : L'abstraction, le jugement, l'imagination ne semblent pas jouer de rôle dans la supériorité des dactylographes, bien que nous les ayons rencontrés chez tous nos sujets. Parmi les autres fonctions, aucune n'est capable de déterminer, isolément, cette supériorité qui résulte, au contraire, d'un ensemble de signes, variables pour chaque individu, mais représentés chez tous quel que soit leur mode de combinaison. SÉANCE DU 2 JUIN !C)l3. I?ô3 D'une manière générale, les signes observés de façon constante chez les bons dactylographes sont : une bonne mémoire des phrases concrètes, une tendance à l'équivalence musculaire des deux mains, une sensibilité tactile et musculaire affinée, une attention soutenue. Ces signes ne sont pas ou sont peu représentés chez les mauvais dacty- lographes, et ils varient, en intensité et en perfection, des moyens aux très bons travailleurs. Un des résultats les plus curieux de nos expériences, c'est d'avoir affirmé chez tous les bons sujets la lenteur relative des temps de réaction auditifs. Ceci est de nature à indiquer qu'une action relativement lente, mais bien adaptée, est préférable à une action rapide et peu coordonnée. Ainsi, après des expériences portant sur un grand nombre de fonctions, nous sommes parvenu à déterminer celles qui sont caractéristiques de la supériorité dans la profession étudiée. En faisant porter l'examen des sujets sur ces seuls signes, il devient donc pratique de déterminer, avant l'appren- tissage, la valeur éventuelle d'un dactylographe. ANATOMIE. — Le gésier des Dytiscides. Note de M. L. Iîordas, présentée par M. Edmond Perrier. Le gésier constitue une des régions les plus importantes et les plus carac- téristiques de l'appareil digestif de certains Insectes. Nous avons déjà étudié cet organe chez la plupart des Hexapodes ('). Il forme, chez les Coléoptères, une poche, plus ou moins volumineuse, située en arrière de l'œsophage et en avant de l'intestin moyen. Nous avons étudié cet organe, aux points de vue anatomique et histolo- gique, chez un grand nombre de Coléoptères et avons pu diviser ces insectes en deux grands groupes, réunis entre eux par de nombreuses formes inter- médiaires : i° Les Coléoptères à gésier bien développé, et i° les Coléoptères à gésier atrophié ou nul. Chez les premiers, qui comprennent les Silphidœ, les Carabidœ, les Dytis- cidœ, les Staphy/inidœ, les Hydrophi/idœ, la plupart des Longicorncs, etc., (') V.-L. Bordas, L appareil glandulaire des Hyménoptères et l'appareil digestif des Orthoptères {Annales des Sciences naturelles zoologiques, i8g4 et 1S9S; Comptes rendus, Ier décembre 1902; Congrès A. F. A. S., Tunis, mars 1918; etc.). 170^ ACADÉMIE DES SCIENCES. le gésier est volumineux et tapissé intérieurement de bourrelets chitineux, de denticules, de pointes, de crêtes ou de soies cornées, le tout admirable- ment conformé pour la mastication et la trituration des matières alimen- taires avant leur passage dans l'intestin moyen. Dans le second groupe, comprenant surtout les familles des Celonidœ, Lucanidœ, Telephoridcv, Elalcridœ, Chrysomelidw, Tenebrionhhv, etc., le gésier est rudimentaire et très atrophié. Ses dimensions sont à peine dis- tinctes de celles de la partie terminale de l'œsophage et sa structure diffère à peine de celle de ce dernier. Disons encore que le gésier est dans un étroit rapport avec le genre de vie de l'insecte. j Nous avons soumis à notre étude les Dytiscides suivants : Cybister rœselii Fabr., Dytiscus marginalis L., Agabus agilis Fabr., Agabus chalconotus Panz., Acilius sulcalus L., et Colymbetes coriaceus Lap. Le gésier des Dytiques mesure de 3mm à 3mm,5 de longueur el alïecte une forme conique, à large base tournée en avant. Une légère dépression circulaire Je sépare du jabot. Il se prolonge intérieurement, dans ce dernier, sous forme d'expansion circu- laire présentant une ressemblance frappante avec la partie libre de la corolle d'un liseron. Les bords de celte expansion sont parcourus par huit bandelettes chitineuses, de teinte jaune foncé, laissant entre elles un étroit orifice qui conduit dans le gésier. Les parois internes de ce dernier portent, en avant, huit dents chitineuses, quatre grandes et quatre petites, formées par des replis cornés. Les dents principales sont allongées et terminées par une pointe mousse et spatuliforme. Les autres, un peu plus courtes, sont encastrées entre les premières et se prolongent par une petite pointe triangulaire. Les parois latérales des dents principales sont recouvertes de loulfes de fortes soies disposées en brosse, et qui se prolongent même, en massifs serrés, jusqu'à l'extrémité libre et émoussée du tubercule dentaire. La cavité de la seconde partie du gésier est tapissée d'une membrane chilineuse interne plissée, qui s'arrête à un bour- relet postérieur, marquant l'origine de l'intestin moyen. La forme, la disposition et la structure des dents, leurs nombreuses soies latérales et antérieures doivent nous faire considérer le gésier des Dytiques comme une sorte de fdtre plutôt qu'un appareil masticateur ou broyeur. Il doit avoir pour fonction principale de ne laisser passer dans l'intestin moyen que les aliments suffisamment triturés et d'arrêter les grosses parti- cules alimentaires qui sont soumises de nouveau a l'action mécanique des tubercules chitineux dentaires. L'épaisse musculature latérale permet également d'admettre cette hypo- thèse. Mais c'est surtout chez les Agabus et les Acilius que le gésier constitue un organe à structure complexe, à épaississements chitineux internes, puis- SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 170$ sants, servant surtout à compléter l'action triturante des mandibules et des mâchoires. L'intérieur du gésier de YAgabus §Ag. chalconolus) présente huit épaississemenls digitiformes, de longueur différente : dents et denticules. Il y a alternance entre les dents et denticules. Ces organes, dus à des proliférations locales de la lamelle chiti- neuse interne, se recourbent en avant et forment, au fond du jabot, un bourrelet corolliforme, divisé en huit lamelles pétaloïdes séparées par des bandelettes cliitineuses sétigères, de couleur brun l'once. Les dents diffèrent sensiblement de celles du gésier du Dytique et du Cybister. Elles sont triangulaires, allongées et présentent une dépression médio-dorsale. Leur bord postérieur (inférieur) est émoussé; sa face supé- rieure est convexe, recouverte de petites pointes ou soies cliitineuses et se continue par une membrane cornée et plissée, qui s'étend jusqu'à l'orifice de l'intestin moyen. Les parois de chaque dent sont recouvertes de soies, dont les unes sont aplaties, à large base, de forme triangulaire et les autres coniques ou filiformes. La dépression dorsale est également bordée par de longues et nombreuses soies chitineuses dirigées en arrière. Les denticules sont plus courts que les dents proprement dites. Ils se ter- minent, en arrière, par une pointe triangulaire médiane, au-dessous et en avant de laquelle se trouve un tubercule allongé. Le tout est recouvert de soies cliitineuses, particulièrement abondantes sur les côtés. Le gésier des Acilius présente un plus grand développement et une struc- ture plus complète cpie celui des espèces précédentes. La membrane chitineuse qui le tapisse intérieurement se prolonge jusqu'au fond du jabot où elle dessine, grâce à la présence de huit bandelettes chilineuses (formées par des soies cornées agglutinées), une sorte d'entonnoir campanuliforme, au centre duquel existe un orifice étroit et irrégulier, dans lequel s entrecroisent de nombreuses soies cornées, jouant le rôle de filtre. Enfin, la cavité interne porte latéralement huit dents longitudinales, de couleur bru nàtre, qui ne sont, en réalilé, que des plages sétigères à structure spéciale. Sur chaque plage longitudinale, la lamelle chitineuse s'épaissit et porte, soit de petites dents coniques et à pointe acérée, soit des filaments cornés, disposés en forme de brosse. La structure histologique du gésier des Coléoptères a été également, de notre part, l'objet d'une étude spéciale. ZOOLOGIE. — La pêche aux grands Cétacés sur la cote occidentale d' Afrique. Note de M. A. Gruvel, présentée par M. Edmond Perrier. L'industrie de la pèche à la baleine et aux grands cétacés est en train de prendre, sur la côte occidentale d'Afrique et, en particulier, dans notre colonie du Gabon, une importance telle qu'il y a lieu de s'en émouvoir. 1706 ACADÉMIE DES SCIENCES. Au retour de mon voyage sur la côte d'Afrique, en 1910, je signalais à l'attention de nos compatriotes, dans diverses conférences, la présence sur les côtes du Gabon, de nombreuses bandes de Cétacés, parmi lesquels : la Baleine australe (li. auslralis, Desm.)assez rare, de nombreux mégaptères (Megaplera longimana, Rudolf.) et baleinoptères, parmi lesquels les énor- mes Balœnoptcra musculus, L. et les intéressants B. borealis, Lesson, qui, ebassés de la région antarctique par l'immense développement de la ban- quise, remontent le long des côtes de l'ouest africain, en suivant le grand courant froid, dit de Benguela, qui se fait sentir très énergiquement jusqu'à l'embouebure du Congo et même jusque sur les côtes du Gabon français. Si ma Communication resta lettre morte pour nos industriels français, il n'en fut pas de même des Norvégiens et, dès l'année suivante, s'installait, à Cap Lopez, à l'embouebure de l'Ogooué, un navire usine norwégien de de 6oool accompagné de deux bateaux-chasseurs de 180* environ ebacun, appartenant;! la Dominion Wbaling C°, de Saudefjord. J'avais déjà rencontré, au cours de cette même campagne, une autre Compagnie norvégienne installée dans la baie de Port-Alexandre (Angola). Les résultats financiers ont été si intéressants que les Portugais ont consti- tué une Compagnie mixte qui est actuellement installée dans le petit port de Praya-Amelia, près de Mossamédès. La dernière campagne de pêche aux Cétacés sur la côte d'Afrique a été particulièrement rémunératrice. Les bénéfices n'ont jamais été inférieurs à 20 pour 100 du capital-exploi- tation, certains ont atteint 100 pour 100, et l'on cite une Société (Socièla argentina de Pesai) qui a réalisé 4«o pour 100 de bénéfices nets. Si l'on sait maintenant que, pour couvrir simplement les frais d'exploitation d'un bateau-chasseur et de sa part du navire-usine, il faut entre 80 et 100 baleines ou grands baleinoptères, soit 160 à 200 par Société industrielle, on comprendra quelles ell'royables hécatombes il faut faire de ces animaux pour pouvoir réaliser /Joopour 100 de bénéfices! Les produits qu'on en retire sont tout d'abord l'huile de différentes qua- lités, dont la meilleure se vend actuellement 6oor' la tonne. Puis les poudres de viande qui, après déshuilage aussi complet que possible, donnent la poudre alimentaire dont l'utilisation devient considérable et qui coûte 2oofr à 2iofr les ioookg. Enfin, la poudre d'os et les fanons, dont le prix, pour les belles qualités, est tombé de 35fr à 121*'' le kilogramme. Les' produits industriels : huile et guanos ou poudres alimentaires, ont tellement augmenté de valeur dans ces dernières années que les bénéfices SÉANCE DU 3 JUIN IQI3. I707 ont été extrêmement considérables ; aussi, toutes les Sociétés qui travaillaient dans les mers du Nord, dans l'Antarctique et en Australie, qui n'ont pas fait de bonnes affaires l'an dernier, se ruent cette année vers la côte occiden- tale d'Afrique, à telle enseigne que trente Sociétés, avec environ 90 bateaux- cbasseurs, appartenant surtout aux ports norwégiens de Saudefjord, Larwick et Christiania, sont parties ou vont le faire, pour exploiter cette région. La destruction de tous les Cétacés, grands et petits, va être effroyable et ce sera un véritable désastre, scientifique d'abord, industriel ensuite, car, au bout de 2 ans, la destruction sera totale. Avec le Dr Charcot, nous avons attiré l'attention du Gouvernement français sur cette importante question et demandé, tout d'abord, une réglementation locale dans nos colonies. Mais elle sera inefficace si elle n'est pas généralisée à toutes les colonies de la côte d'Afrique. Aussi proposons-nous une réglementation internationale pour obtenir : i° la protection des jeunes 'en en interdisant la capture au-dessous d'une certaine taille ; 20 la protection d'un certain nombre d'adultes par la création de zones de réserves internationales ; 3° la limitation du nombre des Sociétés industrielles de pêche proportionnellement à la longueur des côtes des colonies envisagées; enfin 4° l'obligation d'utiliser la totalité de la masse des Cétacés capturés, pour éviter le gaspillage actuel. Des vœux dans ce sens ont été émis par la Société nationale d'accli- matation et par la Société des Etudes maritimes et coloniales. L'Académie des Sciences pourrait, peut-être, intervenir de son côté, auprès du Gouvernement pour obtenir qu'une réglementation internationale intervienne... avant la disparition totale des Cétacés africains ('). BACTÉRIOLOGIE. — Septicémies spontanées à coccobacilles chez le Hanneton et le Ver à soie. Note de M. Edouakd Chatton, pré- sentée par M. Roux. D'Hérelle a fait connaître en 191 1 (2) l'existence, sur les Sauterelles du Mexique, d'une épizootie due à la pullulation d'un coccobacille dans le tube (l) Le Comité colonial du Deutschen Fischerei-Vereins fera, de son côté, part du projet au Gouvernement et au Reiclislag allemands. (*) Comptes rendus, t. 132, p. i4i3. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 22. ) 2I8 1708 ACADÉMIE DES SCIENCES. digestif et dans la cavité générale. L'auteur a réussi, au moyen du virus renforcé par passages et cultivé en bouillon, à infecter dans la nature et à décimer les essaims de sauterelles. Au mois de mai 1912, j'ai, à l'instigation de M. le Dr Roux, éprouvé l'action pathogène du bacille de d'Hérelle, Bacillus acridiorum sur le Hanneton. Cet insecte se montre d'emblée sensible au virus inoculé par piqûre dans la cavité générale. La mort survient entre il\ et 48 heures. Après une série de dix passages sans culture interposée, le virus étant resté pur, tue le Hanneton entre 12 et il\ heures. La survie des femelles est en moyenne supérieure à celle des mâles. Mais alors qu'un tel virus renforcé chez la Sauterelle tue celle-ci (d'Hérelle 191 r) à peu près aussi vite que par injection, il ne tue point le Hanneton, ni même ne l'infecte, par la voie buccale, quelle que soit sa virulence pour cet animal. Dès le début de ces expériences j'ai constaté l'existence d'une septicémie spontanée du Hanneton, due à un coccobacille B. meiolonthce voisin de celui de d'Hérelle, qui en diffère, d'une manière constante, au point de vue mor- phologique par la longueur un peu plus grande des éléments, et, au point vue cultural, par la fluorescence de la gélose, après 5 à 6 jours. Il s'en dis- tingue aussi, on le verra par son action pathogène, sur le Ver à soie. Injecté dans la cavité générale, ce virus, d'origine sauvage, tue le Hanneton entre 12 et 36 heures, et lorsque renforcé par passages, toujours en moins de i\ heures. Mais per os, il est aussi inactif que B. acridiorum. Les quelques infections constatées dans les expériences par ingestion n'ont pas été reproduites en série, et leur pourcentage n'est pas supérieur à celui des cas spontanés, qui est de 5 en moyenne par jour. D'ailleurs, les hannetons sains présentent, dans la proportion de 75 pour 100, dans leur tube digestif, le B. meiolonthce, quelquefois en culture massive. C'est toujours le cas pour les hannetons à septicémie. La maladie sanguine semble donc bien être d'origine intestinale, comme chez la Sauterelle. Le microbe, parasite banal de l'intestin du Hanneton, ne passe dans la cavité générale qu'à la faveur de conditions spéciales encore inconnues. Prélevé dans l'intestin et inoculé directement ou après culture, clans la cavité générale, il reproduit la septicémie. Il y avait intérêt à éprouver la virulence du bacille de d'Hérelle chez le Ver à soie, avant de le répandre en masse dans les régions séricicoles. Nous avons constaté, M. d'Hérelle et moi, que la chenille est douée d'une immunité naturelle complète pour le Bacillus acridiorum. Injecté jusqu'à la dose de ocln,,5 dans la cavité générale, le bacille est détruit. Par contre, B. meiolonthce est aussi virulent par injection pour le Ver à soie que pour le Hanneton, aussi inactif par ingestion. Chez le Ver à soie aussi j'ai rencontré un coccobacille, B. bombycis, agent SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. 1709 d'une septicémie qui, dans un élevage de plus de 2000 vers, faisait mourir de 5 à 10 individus par jour. Ce microbe a les caractères morphologiques de B. melolonthœ, mais il ne communique pas de fluorescence à la gélose des cultures. 11 diffère nette- ment par sa virulence de B. acridiorum. 11 tue, en effet, le Ver à soie comme B. melolonthœ, entre 12 et 24 heures, par inoculation dans la cavité générale. Par ingestion, j'ai pu infecter 4 individus sur 27. Il semble donc qu'il soit plus virulent que les deux microbes précédents. Il est d'ailleurs beaucoup moins répandu et abondant dans le tube digestif des vers sains que B. melolonthœ chez le Hanneton. La maladie causée par B. bombycis ne parait pas encore avoir été comptée au nombre de celles qui déciment le Ver à soie. Elle ne se traduit extérieurement par aucun signe particulier, avant la mort. Elle ne corres- pond certainement pas à la grasserie. Les vers atteints ne contiennent pas de polyèdres. Elle ne parait pas correspondre à la flacherie qui, pas plus que la grasserie, n'est une entité microbiologique ni même patholo- gique précise. Je propose de nommer coccobacillose la maladie du Ver à soie déterminée par B. bombycis. Ces recherches, faites en mai et juin 191 2, font l'objet d'un Mémoire déposé depuis février 1913 aux Annales des Épiphyties. Tout récemment, Picard et Blanc (') ont fait connaître un coccobacillc des chenilles àWrctia caj'a L., qui tue son hôte par injection en 3 jours à i5°, entre 12 et -if\ heures à 25°. Les auteurs ont obtenu une infection sanguine par ingestion « au moyen d'une pipette introduite dans le pha- rynx (2) ». La fluorescence des cultures rapproche B. caj'œ de B. melo- lonthœ. BACTÉRIOLOGIE. — Sur la toxicité des vaccins antilyphiques. Note de MM. Auguste Lumière et Jean Chevrotier, présentée par M. Roux. L'importance de la vaccination antityphique s'affirmant chaque jour davantage, il nous a paru intéressant d'étudier la toxicité des vaccins admi- (') Comptes rendus, t. 156, igi3, p. 1 334 - (*) Mes expériences ont été effectuées à la température du laboratoire (i7°-2o°). Les expériences par ingestion ont été faites en faisant avaler par l'insecte la goutte virulente, simplement déposée sur l'aire buccale. 1710 ACADÉMIE DES SCIENCES. lustrés par différentes voies : sous-cutanée, intrapéritonéale, intraveineuse et gastrique et de comparer aussi les propriétés toxiques des produits vac- cinaux obtenus à partir des bacilles d'Eberth, paratyphiques et coli. De même que nous avions préparé un sérum antityphocolique polyva- lent ( ' ), dans lequel nous avions retrouvé rigoureusement additionnées les propriétés antitoxiques des sérums élémentaires, de même nous nous sommes appliqués à obtenir un vaccin polyvalent à la fois antityphique, antipara typhique et anticolique et à comparer tout d'abord sa toxicité aux toxicités des composants. Nous avons préparé nos vaccins au moyen de cultures sur agar mainte- nues à l'étuve à 370 pendant 48 heures ; chaque culture, émulsionnée dans i5cral d'eau salée à 9 pour 1000, a été additionnée de 20 pour 100 d'éther qui était éliminé ensuite par évaporation dans le vide après 48 heures" de contact, à la température de 200. Le contrôle de la stérilité du vaccin par tentative de cultures sur agar et en bouillon a toujours été négatif. La numération des bacilles dans nos vaccins, faite par le procédé Gal- lison, nous a fourni des chiffres variant, pour nos différentes opérations, de 5qo millions à 770 millions de micro-organismes par centimètre cube. Pour l'étude de leurs propriétés, on a ramené toutes les préparations sensi- blement à 600 millions, autant qu'on en peut juger, étant données les causes d'erreurs de la méthode. Pour le cobaye (poids moyen 4°°B)' les doses toxiques de ces différents vaccins sont les suivantes : i° Vaccin anlilyphique : par voie sous-cutanée, 7e1"3; par voie intrapéritonéale et intraveineuse, 3cml; par ingestion, deux closes de iocn's paraissent inoffensives. 2° Vaccin antiparatyphique : par voie sous-cutanée, 7°m\ Les doses maxima prati- quement injectables, soit iocm3 par voie intrapéritonéale et 3CI":' par voie intraveineuse (directement dans le cœur), ne tuent pas. Deux ingestions de iocml n'amènent aucun trouble. 3° Vaccin anticolique : par voie sous-cutanée, iocn|ï; par voie intrapéritonéale, iocn's ne tuent pas les animaux soumis à l'expérience; mais, par contre, l'injection directe dans le sang permet de tuer le cobaye à la dose de 2'"1'; par voie gastrique, 20e"1'' ne déterminent aucun trouble. 4° Nous, avons préparé un vaccin polyvalent en mélangeant par parties égales les trois vaccins; donné à dose aussi élevée que possible, c'est-à-dire 20™' par injection sous-cutanée ou intrapéritonéale, ou encore par voie gastrique, et 4cm' en injection (') Sur la polyvalence des sérums antityphiques (Comptes rendus, 18 novembre 1912). SÉANCE DU 2 JUIN IQl3. I711 dans le coeur, ce vaccin n'a jamais été mortel pour les cobayes auqnels on I a admi- nistré. Il est à remarquer que les phénomènes agoniques qui terminent l'intoxi- cation ainsi que les altérations fonctionnelles et organiques que révèlent les autopsies sont les mêmes, qu'il s'agisse de •vaccins lyphique, paralyphique ou colique. Tous les animaux meurent en hypothermie, avec ralentissement pro- gressif de la respiration et de la circulation; ils présentent tout d'abord de l'abattement, puis de la parésie du train postérieur; des convulsions cloniques assez violentes précèdent l'arrêt respiratoire, qui survient lui- même avant l'arrêt du cœur. La phase agonique se déroule en une demi-heure dans le cas de l'intoxi- cation par le vaccin antiparatyphique, tandis qu'elle se prolonge pendant 2 heures environ dans le cas du vaccin antityphique; elle est plus longue encore avec le vaccin anticolique. A l'autopsie, on constate dans tous les cas une hyperémie considérable de l'intestin, avec hypersécrétion et lésions ecchymotiques du bout infé- rieur de la muqueuse intestinale; quelquefois ascite hémorragique, vive réaction du côté des ganglions mésentériques, congestion des capsules surrénales, des reins, du foie et du poumon. La rate ne semble pas touchée dans ces intoxications aiguës; la vessie est généralement vide. On peut, de ces expériences, tirer les conclusions principales suivantes : i° Les vaccins étudiés sont fort peu toxiques pour le cobaye; 20 II n'y a pas de relation entre la toxicité des cultures virulentes que nous avions déterminées dans une précédente étude (') et la toxicité des vaccins correspondants; 3° Les toxicités des vaccins ne s'ajoutent pas, alors que celles des cultures s'additionnent intégralement. GÉOLOGIE. — L'Oligocène marin et sa faune en Algérie. Note de M. Dalloni, présentée par M. Pierre Termier. Les terrains nummulitiques sont plus développés que ne le figure la Carte géologique de l'Algérie au „„„'„„„ entre le massif de l'Ouarsenis et le (') Sur la polyvalence des sérums anlityphiques (Comptes rendus, 18 no- vembre 1912). 1712 ACADÉMIE DES SCIENCES. bassin de la Tafna. L'Eocène y comprend plusieurs divisions, caractérisées par des fossiles ; il y est surmonté par une formation très importante de grès et de marnes, jusqu'ici confondue avec lui, mais que l'examen de sa faune, d'une richesse insoupçonnée, m'a amené à classer dans l'Oligocène. En dressant la carte détaillée pour le Service géologique de l'Algérie, j'ai pul'étudieraux environs de Bel Abbèsetd'Arlal, dans la vallée de l'Oued el Hammam entre Dublineau et Mascara, et dans celle de la Mina, au sud de Relizane, jusqu'auprès de Zemmora, et y recueillir de nombreux fossiles. Les Fora m in itères pullulent et sont très variés, notamment les Orbitoïdés, qui appartiennent au genre Lepidocyclina : une grande forme assimilable à L. dilatata Micht. est associée à d'abondantes L. marginalaMlchl. Au nord de la Méditerranée, le premier type serait plus ancien que le second et tous deux se rencontreraient, d'après P. Lemoine et R. Douvillé, dans l'Aqui- tanien ('); ici, ils sont réunis et la présence de Nummulites ne permet pas de les placer au-dessus du Slampien : ce sont d'ailleurs des formes ton- griennes, N. liouillei-Tournoueri, N. vascus-Boucheri, du niveau des couches supérieures de Biarritz. D'autres foraminifères moins importants au point de vuestratigrapliique, Operculina, Nodosaria, Amphistegina, etc., accompagnent les précédents sur les plaquettesgréseuses, quisontégalementcouvertesde/-i///0//mmm7//«. Les Polypiers sont rares (Ceratotrochu s, Montlivaultia), mais les Echinides très nombreux; j'ai retrouvé dans les grès à lépidocyclines la plupart des formes du Kef Iroud, décrites par Pomel, puis par Colteau, Péron et Gauthier en i885, associées à des radioles de Cidaridés du Nummulitique supérieur de l'Aquitaine : Cidaris subularis d'Arch., C. slriatogranosa d'Arch., C. Oosteri Laube, Clypcaslcr atavus Pomel, Scutella, Echinocardium nummulilîcum Péron-Gauth., Sarsella mauritanica Pomel, Etispalangus crucial us Péron-Gauth., Schîzaster sp., Echinant hus Uadinskii Pomel, Echinolampas dilalalus Péron-Gauth., E..Nicaisei, Péron-Gauth., E. sul- catus Pomel, E. florescens Pomel extrêmement commun, Echinocyamussp. Avec des Bryozoaires et des Bracliiopodes variés (Lyolhyrina, Tercbra- tulina), on observe beaucoup de Mollusques. Les Lamellibranches four- nissent des points intéressants de rapprochement avec les autres régions méditerranéennes, notamment les Peclinidés, qui sont ceux du Tongrien descollines de Turin : Chlamys biarrilzensis d'Arch. , avec la variété bellicosla (') GependantF. Sacco, qui admet également que L. marginala est aquitanienne, pense que L, dilatata caractérise le Slampien et le Tongrien piémontais. SÉANCE DU 2 JUIN I9l3. I7l3 Wood, C. Thorenti d'Arch, C. Bormidiana Rovr., Mquipecten apenni- nicus Rovr., E. deletus Micht., Peclen arcuatus Broch., Nodipecten calli- ferusWovr., Amussium corneum Sovv., associés à Spondylus bifrons Munst., et à des Ostracées caractéristiques : Pycnodonta Brongniarti Brn. type, avec la variété rostrata Rovr., Oslrea eversa Meller., 0. gigantica Sol., Ostrea cyathula Lamk., etc. D'assez rares Gastropodes (Turritel/a, Scalaria, etc.), des balanes, des pinces de Callianassa ainsi que des dents d'Odontaspis elegans Ag., se ren- contrent dans cette faune qui est, en somme, essentiellement néritique; elle a vécu dans un golfe assez largement ouvert vers l'Ouest, et se pour- suivant entre les ridements de l'Atlas tellien et les contreforts' du massif jurassique de Tlemcen-Saïda-Frenda, sur l'emplacement qu'occupait le bras de mer éocène, car cette formation n'est que localement transgressive. Vers l'Est, l'Oligocène marin se prolonge sur le revers méridional du massif de l'Ouarsenis en une large bande qui comprend, à l'ouest deTeniet el Haad, les grès à Echinides du Kef Iroud, passant à une lumachelle de Lepidocyclina marginal a Micht., et vraisemblablement, au delà, une partie des grès de Boghari, à Pecten arcuatusBvoch., Pycnodonta Brongniarti Brn., intercalés entre l'Éocène et le Miocène inférieur. M. Ficbeur a attribué à l'Oligocène des poudingues et des grès qui affleurent sur le littoral de IaKabylie; cet étage Dellysien n'a fourni que des fossiles rares et mal conservés, mais néanmoins des foraminifères de l'Oligocène piémontais (Rhabdamina annulata), et des Mollusques, parmi lesquels on reconnaît Chlamys biarritzensis d'Arch. Le Dellysien est sans doute un faciès très détritique et littoral du Tongrien que je viens de faire connaître dans la région tellienne. En dehors de ce dernier et des grès dellysiens, l'Oligocène paraît être exclusivement continental et comprend des marnes gypseuses à hélices dentées surmontées par des couches rouges aquitaniennes. Ce n'est qu'en Tunisie qu'on retrouve des dépôts marins du même âge dans les grès roux du Cherichira à Nummulites Bouillei, Chlamys biarritzensis d'Arch., Pecten arcuatus Broch., Pholadomya Puschi Goldf. , Scutella slriatula M. de Serres, etc. 1 7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur la position exacte du pôle continental de la Terre. Note de M. Alphonse Rerget, présentée par S. A. S. le Prince de Monaco. Le simple examen d'une mappemonde nous fait voir, d'abord, l'inégalité des domaines continental et marin, ensuite l'irrégularité avec laquelle les terres et les mers sont distribuées. Les mers occupent 3G5o,8i r^o1""' à la surface, du globe, alors que les terres émergées n'en recouvrent que i44 ' i85ookm', sur les 5 10 1008001"11'" qui constituent la superficie totale de la Terre. L'eau recouvre donc 0,717 de la surface de notre planète et le rapport de la surface océanique à la surface continentale est 2,54. Au point de vue de la répartition des terres et des mers, les deux hémi- spbères séparés par l'équateur ne sont pas traités de la même manière. Dans l'hémisphère Nord, le rapport de la surface d'eau à la surface de terre est 1 ,07, alors qu'il est de 4>8o dans l'hémisphère Sud. Ce dernier est donc plus riche en océans que le premier, qui, inversement, est plus riche en continents. Les géographes se sont demandé depuis longtemps s'il ne serait pas pos- sible de tracer sur la Terre un grand cercle qui partagerait le globe en deux hémisphères tels que l'un contint la proportion maximade terres par rapport à l'eau, tandis que l'autre, inversement, contiendrait la proportion maxima d'eau par rapport aux terres. Le pôle de ce grand cercle, situé du côté du maximum de terres, serait donc le pôle continental fde la Terre, son antipode en serait le pôle océanique. C'est au géographe français Buache qu'on doit cette idée, émise dès le xvme siècle. L'insuffisance des connaissances géographiques à cette époque ne permettait pas de résoudre le problème avec précision. Au xix'' siècle, quand les découvertes furent assez nombreuses, on chercha la place du pôle continental. Londres, Paris, Amsterdam lurent successivement choisis. Des géographes allemands le placèrent dans la Manche, sur le méridien de Greenwich; de Lapparent le situait à Cloyes (Eure-et-Loir), et Penck en indiquait la position à iaokm au sud-ouest de Paris. Le Dr Kriimmel, à l'aide d'une méthode de calcul simple, a indiqué le moyen de déterminer les interjections du grand cercle de séparation de l'hémisphère conti- nental et de l'hémisphère océanique avec les divers méridiens, une fois choisi le point qui doit servir de pôle continental, et le Dr Beythien, il y a i5 ans, en 1898, a pu, en appliquant cette méthode, annoncer que le pôle continental devait se Irouver sur la côte française de l'Atlantique, non loin de l'embouchure de la Loire. SÉANCE DU 2 JUIN IÇ)l3. lyiS J'ai cherché à en préciser la position par une construction directe faite sur une mappemonde, sur laquelle, à l'aide d'un arc en cuivre ayant exac- tement un quadrant, on peut tracer le grand cercle de séparation. L'une des extrémités de l'arc est, à cet effet, fixée par une pointe au point choisi comme pôle provisoire, l'autre porte un style qui trace le grand cercle. Après différents essais, faits sur de petits globes, j'ai été amené à choisir comme pôle le plus probable Y île Dumet, située dans les eaux françaises, au large de l'embouchure de la Vilaine, par 47°24'42" de latitude nord et 2°37'i3"de longitude ouest de Greenwich. J'ai alors, à l'aide de l'arc de cuivre construit spécialement pour la grande mappemonde de Dietrich Reimer, placé la pointe de l'arc sur l'île Dumet, et j'ai tracé le cercle de séparation, ce qui m'a donné les latitudes de ses intersections avec les divers méridiens. Comme vérification, j'ai recommencé le tracé en prenant comme pôle celui de l'hémisphère océanique, antipode de l'île Dumet, et j'ai obtenu un cercle coïncidant exactement avec le premier. En reportant sur des cartes en projections equi dentés les points ains déterminés sur les divers méridiens, on limitait 1.- parties de territoires que le grand cercle de séparation détache des divei i continents. Le cercle de séparation laisse au-dessus de li i toute l'Europe, toute l'Afrique, toute l'Amérique du Nord et les trois quarts de l'Amérique du Sud : ce sont les terres de l'hémisphère continental. L'hémisphère océa- nique comprend l'Antarctique, l'Australie et Les îles Océaniques, l'archipel Malais et les petites parties détachées de l'Amérique du Sud, de l'Indo- Chine, de la Chine et du Japon. Pour évaluer les aires de ces portions détachées, je les ai reportées sur une feuille de laiton mince et homogène, j'en ai découpé les contours au burin et je les ai pesées sur une balance de précision. J'ai pesé ensuite un carré de même laiton figurant, à l'échelle de la carte, i million de kilo- mètres carrés : le rapport des poids donnait le rapport des surfaces. J'ai trouvé de la sorte : Hémisphère continental Hémisphère océanique. Eau i3o,64683o.km\ soit 54,5 pour ioo Terres... m54o356i » » 45,5 » Eau 2 26335iii » » 88.7 » Terres... 287153S9 » » II, 3 » On peut donc dire, en chiffres ronds, que l'hémisphère continental con- tient autant de terres que d'eau, alors que l'hémisphère océanique renferme neuf fois plus d'eau que de terres. C. R.. i9i3., 1" Semestre. (T. 156, N" 22.) 2iq 171b ACADEMIE DES SCIENCES. Il est à remarquer que, en prenant l'île Dumet comme pôle continental, on a un pôle dont les découvertes géographiques ultérieures changeront peu la position, car dans l'hémisphère nord, tout est à peu près découvert. Les précisions à faire sont dans l'Antarctique, mais elles ne changeront en rien le rapport des terres et des mers dans l'hémisphère continental. On peut donc justement considérer l'île Dumet comme pôle continental de la Terre. Un Mémoire complet donnera le détail des opérations et l'historique de la question. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. COMITE SECltET. La Commission chargée de dresser une liste de candidats à la place vacante, dans la Section des Académiciens libres, par le décès de M. Alfred Picard, présente, par l'organe de M. F. Guyon, Président de l'Académie, la liste suivante : En première ligne M. Arnaud de Gramont l MM. Paul Jaset En deuxième ligne, par ordre alphabétique, i Maurice Leblanc ( A. ROSENSTIEUI, ,. 7/7i- ( MM. Georges Claude bn troisième ligne, par ordre alphabétique. \ __ ,~ 0 r r i 1 Maurice d Ocagne Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à j heures un quart. G. D. SÉANCE DU 2 JUIN IC)l3. 1717 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 19 haï igi3. Jubilé scientifique de M. Albin Haller, 2 février 1913. Paris, Lahure, tg 1 3 ; 1 fasc. in-8°. (Hommage de M. Haller.) Les aspects de la végétation en Belgique, par Charles Bojimer et Jean Massart. — Les districts flandrien et campinien, par Jean Massart. Bruxelles, Jardin botanique de l'Etat, 1912; 6 pages de texte et 80 planches in-f°, dans un carton formant étui. (Adressé par le Ministère de l'Agriculture et des Travaux publics de Belgique.) Revision des Mélobésiées antarctiques, par Mme Paul Lemoine. (Extr. de l'Ouvrage : Deuxième Expédition antarctique française, 1908-1910, commandée par le Dr Jean Charcot; Sciences naturelles : Documents scientifiques. Mélobésiées.) Paris, Masson et Cie, 1913; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. Mangin.) Annales de l'Institut océanographique (Fondation Albert Ier, Prince de Monaco), publiées sous la direction de M. L. Jourin. Tome V, fasc. 7 : Flore algologique de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque, par G.-B. de Toni et Ach. Forti. — Fasc. 8 : Opistobranches nus des côtes de la Nouvelle-Zemble (Mission Ch. Bénard, 1908), par A. Yayssière. P-aris, Masson et Cia, 1 9 1 3 ; 2 fasc. in-4°. Proof of Fermât' s theorern, by Michael Angelo Me Ginnis. Washington, L.-C. Hjorth et (ils, s. d. ; 1 fasc. in-12. Observatoire royal de Belgique. Annuaire météorologique pour igi3, publié par les soins de J. Vincent. Directeur scientifique du Service météorologique. Bruxelles, Havez. 1912; i vol. in-12. Annalen der Sc/meizerischen meteorologischen Zentral- Anstalt, 1911; Jalir- gang 48. Zurich, Zurcher et Furrer, s. d.; 1 vol. in-4°. Librarv of Congress. Report of the Librarian Congress and Report of the Supe- rintendent of the Library building and grounds, for the fiscal year ending june 3o 1912. Washington, 1912; 1 vol. in-8°. List of IS'orth American land Marnmals in the United States national Muséum, ■ 1912, by Gerrit S. Miller j'' (Smithsonian Institution. United States national Muséum. Bulletin 7Ï).) Washington, 1912; 1 vol. in-8°. Bulletin of the Bureau of Fishertes : t. XXX, 1910. Washington, 1912 ; 1 vol. in-4°. Jndian fish of prored utility as mosquito destroyers, by R.-B. Seymour Sewell and B.-L. Chaudhuri. Calcutta, 1912; 1 fasc. in-8°. Bevista da Universidad de Coimbra; t. II, n° 1, marco de 1 9 13. Coïmbre, 1 fasc. in-4°. 17 lS ACADÉMIE DES SCIENCES. Ouvrages reçus dans la séance du 2(5 mai 191 3. Ministère des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes. Nivellement général de la France : Compte rendu des travaux exécutés en 1912. (Hommage de M. < ih. Lallemand.) Recherches géobotaniques sur les forêts et sols fossiles et sur la végétation et la flore houillères, en deux parties et dix livraisons, par F. -Cyrille Grand'Eury, Cor- respondant de l'Institut: ire Partie. iro et 2e livraisons. Paris et Liège, Ch. Béranger, 1912-1910; 2 fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.) Un Carton inconnu de Raphaël, par Emile Wauters, Correspondant de l'Institut. Paris, imp. Herbert Clarke, 191 1 ; 1 fasc. in-8° oblong. (Présenté par M. Lippmann. Hommage de l'auteur.) ■ Sur l'origine de la division de l'Orthophyte en un Sporophyte et un Gaméto- phyte, par Charles JaiNet. Limoges, Ducourcieux et Goût, 1918; 1 fasc. in-8°. Le rôle de l expérimentation en Géographie botanique, par Jean Massart. (Extr. du Recueil de l'Institut botanique Léo Errera; t. IX, p. 68-80.) Bruxelles, H. Lamertin, 1912; 1 fasc. in-4°. Mémoires de la Société zoologique de France; t. XXV. Paris, au siège de la Société, 1912; 1 vol. in-8°. Emanuel Swedenborg as a Scientist. Miscellaneous contributions, edited li\ Alfred-H. Stroh : t. I, section 1. Emanuel Swedenborg as a Geologisl, by A. -G. Nathorst. — Section 3. Emanuel Swedenborg as a Cosmologist, by Svante Arrhe- nius. — Section k. The sources of Swedenborg's early philosophy of Nature, by Alfred-H. Stroh. Stockholm, 1908-1911; 3 fasc. in-4°. An abridged chronological list of the works of Emanuel Swedenborg, including manuscrits, original éditions and translations prior to 1772, compiled by Alfreu- H. Stroh and Greta Ekelôf. Upsal et Stockholm, Almqvist et Wiksells, s. d.; 1 fasc. 111-4". Participation au Xe Congrès international de Géographie, Rome, 191 3. Notices sur le Bureau hydrographique du Magistrato aile Acque et sur quelques-unes des principales systémations fluviales en cours dans la Vénétie, traduction française de H. Gamrier. Venise, igi3; 1 fasc. in-4°. ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 9 JUIN 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE MINÉRALE. — Réactions entre l'eau et l'acide sulfureux à diverses températures. Formation d'acide hydrosulfureux. Note de MM. E. Juxc- FLEISCH et L. IÎRCXEL. C. Geitner et M. Berthelot ont établi que le gaz sulfureux et l'eau réagissent, à partir de 1G0", en donnant du soufre et de l'acide sulfurique. Celte transformation n'ayant jamais été observée à des températures moins élevées, notre attention a été fixée lorsque nous avons constaté fortuitement la production de cette même réaction, ou d'une autre très voisine, effectuée à la température normale. Nous avons été ainsi conduits à préciser les faits et à rechercher si la transformation observée à froid est la même que celle réalisée au-dessus de i6o°. Nous avons, en outre, voulu savoir si des phéno- mènes semblables se produisent à des températures intermédiaires. Méthodes suivies. — Pour éviter l'intervention de l'oxygène de l'air et aussi toute variation dans la proportion des réactifs, nous avons opéré sur des dissolutions aqueuses d'acide sulfureux, enfermées dans des tubes de verre scellés. Des essais préalables nous ayant montré que la concentration de la solution indue sur les résultats, nous avons, le plus souvent, opéré sur une solution qui correspond à un même hydrate cristallisable, auquel les auteurs attribuent, il est vrai, des compo- sitions diverses: S02-t"6HsO ou S02-t-7H20. Nous avons préparé cet hydrate dans l'appareil même où il devait être employé : dans un tube à sceller, fermé à une extré- mité et étiré à l'autre, on place 20™' d'eau distillée bouillie, et, au moyen d'un tube C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N" 23.) 2-° 1720 ACADEMIE DES SCIENCES. étroit, pénétrant jusqu'au fond, on f;iit arriver dans le liquide un courant de gaz SO- provenanl de la détente d'anhydride sulfureux liquide. Le tube à sceller contenant le liquide étant entouré de glace, on continue le courant gazeux jusqu'à saturation. La solution reste d'ordinaire liquide pendant quelque temps, mais, maintenue à o°, elle ne tarde guère à cristalliser * elle se solidifie instantanément au contact d'un petit fragment de glace. On termine en scellant le tube à la lampe. Nous reviendrons sur la nature de l'hydrate dont il s'agit; il suffit ici de dire que le produit contient de 20 à 2 1 pour 100 de SO2. Nous avons aussi utilisé, pour le changement des tubes à l'abri de l'air, le moyen indiqué par M. Villard dans son Mémoire sur l'hydrate sulfureux. L'action de la chaleur sur le contenu des tubes ainsi disposés a été observée à des températures diverses. Action vers i5o°. — On a déjà dit qu'au-dessus de i5o° l'acide sulfu- reux et l'eau donnent du soufre et de l'acide sulfurique. Berthelot a observé qu'à iGo°-i8o°, la réaction exige 54 heures avec une solution contenant 5, 73 de SO2 pour ioorm:i; encore la transformation n'était-elle pas complète. Avec la solution cristallisablc, la réaction est beaucoup plus rapide; nous citerons en premier lieu une expérience dans laquelle l'action de la chaleur a été poussée jusqu'à ce que le soufre séparé ne paraisse plus augmenter de quantité. La solution initiale, contenant 2os, 87 de SO2 sur ioos, a été chauffée au bloc, à i5o°-]6o", pendant 20 jours, soit 480 heures; du soufre s'était déjà séparé après 2 heures de chauffage; la quantité avait ensuite augmenté avec le temps; à partir du quinzième jour, le dépôt de soufre ne paraissant plus s'accroître, on a, après 20 jours, considéré l'expérience comme terminée. Le liquide contenait cependant encore de l'anhydride sulfureux en abondance; on y a dosé le soufre et l'acide sulfurique; le soufre, lavé et séché, pesait 0^,6690; les liqueurs réunies contenaient/|K,o/|3o de SO' H2. Le rapport entre le soufre et l'acide sulfurique était ainsi 16, 54 de soufre pour 100 de SO'H2; or, l'équation 3S02+2ll*0 = S + 2S04H-'. qui représente la réaction telle qu'elle a été comprise jusqu'ici, conduit au rapport 16, 32 de soufre pour 100 de SO'H2. La concordance est satisfai- sante. D'après les chiffres précédents, on calcule que la liqueur contenait encore, après 480 heures de chauffage, le tiers environ de l'acide sulfureux initial. Nous reviendrons sur les causes de l'arrêt apparent de la réaction : SÉANCE DU 9 JUIN igi3. 1721 on établira plus loin, en effet, que celle-ci est beaucoup moins rapide à mesure que la liqueur s'appauvrit en acide sulfureux; en outre, l'acide sulfurique formé entrave la réaction. La solution chauffée était donc vrai- semblablement susceptible de donner encore du soufre, mais avec lenteur. Dans le liquide, chauffé un peu avant qu'il dépose du soufre, il est possible, si l'on est averti, de reconnaître le développement d'une très faible coloration jaune, que l'on observe plus intense dans les expériences effectuées à des températures moins élevées. Action vers i3o°. — A i3o°, les mêmes transformations se produisent, mais plus lentement; le liquide commence à déposer du soufre après 12 heures de chauffage; un peu auparavant, après 5 heures, il a acquis une faible coloration jaune, qui disparaît lorsque le soufre s'est déposé. Il en est de même à i2o0-i3o°. Action vers ioo°. — Le liquide sulfureux cristallisable a été chauffé vers ioo° en tubes scellés, dans de nombreuses circonstances. En général, la température a été maintenue régulière entre 980 et ioo° dans un bloc. Dans les tubes ainsi chauffés, si l'on observe de temps en temps le liquide, on constate qu'il commence, après 72 heures, à prendre une teinte jaune dont l'intensité augmente avec le temps; après 98 heures, la coloration ambrée est très accentuée, mais la solution reste limpide; plus tard, la teinte jaune diminue d'intensité, puis elle disparaît rapidement, en même temps que le soufre se dépose : le produit contient alors, avec de l'acide sulfureux, du soufre et de l'acide sulfurique, dans des proportions que l'analyse a montrées semblables à celles trouvées dans les expériences à i5o°. La liqueur jaune formée par l'action prolongée de la chaleur est assez stable; si on laisse refroidir le tube et qu'on ouvre sa pointe, du gaz sul- fureux s'échappe en abondance; la transformation de l'anhydride sulfureux n'a donc été que partielle. La coloration jaune subsiste après le départ du gaz sulfureux. L'acide hydrosulfureux étant le seul composé oxygéné du soufre dont la coloration puisse dénoncer ici l'existence, nous avons recherché s'il ne cons- tituerait pas le produit coloré. Il a été constaté que la liqueur jaune décolore instantanément le sulfate d'indigo, comme le fait l'acide hydrosulfureux, ou une solution d'hydro- sulfite additionnée d'acide sulfureux; or, si les solutions d'acide sulfureux ont été tenues à l'abri de la lumière, leur action sur le même réactif est 1722 ACADÉMIE DES SCIENCES. faible et lente. La liqueur jaune décolore aussi le tournesol avec rapidité. Elle présente, en outre, d'autres réactions propres à l'acide hydrosul- fureux. Tout d'abord, sous l'action prolongée de la chaleur, la liqueur jaune dépose du soufre et se charge d'acide sulfurique. Une solution étendue d'acide lrydrosulfurcux se conduit de même dans des circonstances sem- blables. La solution jaune, traitée par les sels d'argent, donne instantanément du métal. Elle réduit de même le chlorure mercurique, le chlorure d'or et le chlorure de platine, dans des conditions identiques à celles où une solution d'acide hydrosulfureux les réduit. Avec le sulfate de cuivre, il se produit un précipité brun; lorsque le mélange est très dilué, il prend une coloration rouge, due au cuivre col- loïdal, dans une réaction donnée comme caractéristique pour l'acide hydro- sulfureux. La coloration jaune prise à chaud par la solution cristallisable d'acide sulfureux est donc bien due à l'acide hydrosulfureux. La liqueur décolorée par dépôt de soufre et formation d'acide sulfurique reste, avons-nous dit, fortement chargée d'acide sulfureux. Chauffée de nouveau vers ioo°, dans les conditions précédentes, elle ne reprend pas la coloration jaune, mais elle continue à déposer lentement du soufre. La transformation qui donne naissance à l'acide hydrosulfureux peut cependant se poursuivre lorsque l'acide hydrosulfureux formé d'abord a été détruit. Elle se poursuit notamment, mais avec lenteur, sous l'action de la lumière, quand le liquide décoloré par la réaction est abandonné à lui-même, dans le tube scellé, sur la table du laboratoire. Nous verrons, en effet, que la lumière intervient dans le même sens que la chaleur pour produire l'acide hydrosulfureux aux dépens de l'acide sulfureux et de l'eau. Nous avons cherché à doser l'acide hydrosulfureux dans le liquide devenu jaune sous l'action de la chaleur. Les modes de dosage habituels ne nous ont pas donné de résultats satisfaisants, à cause de la présence du grand excès de SO2. En opérant sur des mélanges d'hydrosulfite et d'acide sul- fureux, on rencontre d'ailleurs les mêmes obstacles. A ce sujet, nous avons reconnu que les solutions d'acide hydrosulfureux prennent une plus grande stabilité lorsqu'elles sont chargées d'acide sulfureux. Par quelles réactions l'acide hydrosulfureux prend-il naissance dans ces circonstances? Nos expériences nous conduisent à admettre que sa for- mation résulte d'une combinaison qui donne l'acide hydrosulfureux et séance du 9 juin jo,i3. 1723 l'acide sulfurique, à molécules égales : 3S02-h 2H20 = S2 OH2 -h SOH2. Une seconde réaction détruirait ensuite l'acide hydrosulfureu.v en donnant du soufre et de l'acide sulfurique : S!0*H! = S-+-S04H2; de telle sorte que la réaction totale serait : 3S02-f-2H2On=S + aSOlH2. Nous avons constaté maintes fois que le rapport du soufre à l'acide sul- furique correspond finalement à celui indiqué par cette relation : iG,3 de soufre pour 100 de SO'' H2. Dans les dosages ainsi pratiqués, l'acide sulfurique provenant de la première réaction a été pesé en même temps que celui qui résulte de la seconde. Il semble que l'accroissement de la proportion d'acide sulfurique, dû à la première réaction, intervienne à partir d'une certaine limite pour pro- voquer la destruction de l'acide hydrosulfureux conformément à la seconde réaction. L'acide hydrosulfureux et l'acide sulfurique s'accumulant dans la liqueur, il arrive un moment où la destruction de l'acide hydrosulfureux commence. Action vers 6 35m, 8 avec le sondeur Léger jusqu'à i883m et 18 avec lest seul jusqu'à 53oonl. 1 prélèvement d'eau avec température à 4'35m. 3 opérations de chalut à étriers jusqu'à la profondeur de53oomqui, tout en rappor- tant de précieuses récoltes, n'ont rien fourni de nouveau, parce que les êtres qui vivent sur le fond même et qui sont accessibles à l'engin susdit nous sont à peu près tous connus, au moins en ce qui concerne cette région de l'Atlantique. 5 descentes de palancres à gros hameçons jusqu'à i5oom et qui ont donné, comme précédemment, plusieurs espèces de Squales; un Centrophorus sqitamosus portait un Copépode parasite sans doute nouveau, d'après le Dr Brian, et appartenant à la famille des Lernœopodidés. 3 nasses en eau profonde et qui ont été perdues. 2 pèches au large, avec projecteur électrique, ayant procuré des Poissons, des Calmars et des Crustacés. 6 opérations jusqu'à aSoo'" avec le filet Richard à grande ouverture, pour la recherche des petits organismes de la faune balhypélagique. On ne peut leur attri- buer jusqu'ici qu'un résultat digne d'être signalé : la présence d'une petite larve de poisson, porteur d'yeux lélescopiques et voisine àaAulastoma longipes. 21 opérations avec le filet Bourée en vitesse, jusqu'à 4ooom. Comme pendant les dernières campagnes, les filets de ce groupe, plus ou moins modifiés pour permettre la capture des animaux de taille moyenne appartenant à la faune balhypélagique, ont servi pour la continuation des recherches qui formaient le but principal de ces campagnes. Le filet en question a rapporté de nombreux Poissons parmi lesquels M. Zugmayer estime que la Science gagnera six espèces nouvelles et un genre nouveau : 1 Aleposomus, 2 Kustoinias, 1 Astronesthes myriaster, i Melanostomias, 1 Arcitostomias. Ces opérations ont également fourni des larves extrêmement rares pour lesquelles M. Roule n'a pu encore déterminer les Poissons auxquels elles 1726 ACADÉMIE DES SCIENCES. appartiennent. Ce savant établit, néanmoins, la nouveauté de Tune d'elles qui est longue d'environ ncm et caractérisée par de grands yeux télesco- piques, ainsi que par une abondante pigmentation en taches irrégulièrement disséminées. Elle ne provient pas d'une profondeur plus grande que iooo'". Le résultat le plus intéressant de ces opérations est la confirmation du fait signalé par moi voici déjà bien des années et récemment encore par Murray et Hjort, concernant la migration verticale diurne et nocturne de certains organismes. Seulement nous trouvons aujourd'hui beaucoup plus d'ampleur à ces oscillations qui semblent amener, pendant la nuit, vers 2oom de la surface des animaux que, le jour, on ne retrouve plus que vers /|5oo'n. Les opérations du filet Bourée permettent la même observation en ce qui concerne des Crevettes et des Céphalopodes. Ces derniers animaux, pris en grand nombre et examinés par M. Joubin, ont été reconnus très intéressants, bien qu'ils ne nous apportent aucune nouveauté remarquable. Tous proviennent d'opérations atteignant /j5oom, représentent la faune pélagique, sont adaptés à la natation et habitent les niveaux éloignés du 'fond, sans jamais ramper sur le sol. La plupart sont à peine connus et beaucoup sont porteurs d'organes producteurs de lumière. Je citerai un exemplaire de Meleagroteuthis Hoyli Pfeffer dont la peau renferme des plaques cornées hérissées d'épines; il est muni de plusieurs centaines d'appareils lumineux qui en font un des Céphalopodes les plus étincelants. Plusieurs exemplaires des Histioteulhidœ. Cinq Pyroteuthis Mar gariti fera Rtippell dont les yeux portent des perles du plus bel orient et lumineuses. Un Teuthonenia Joubini dont le jeune seul était connu. Cinq Galileuthis annota aux yeux noirs énormes, tandis que leur corps est presque incolore et transparent. Une Liocranchia nouvelle. Plusieurs espèces de Céphalopodes octopodes, notamment Eledonella diaphana très mal adaptée à la natation, mais qui se défend contre ses ennemis par une extrême trans- parence. Le petit filet Bourée, en vitesse, a servi une fois jusqu'à 5oom pour aider aux observations ci-dessus mentionnées. 197 opérations, pour la recherche du plankton, ont été effectuées avec le filet fin étroit de Richard sur tout le parcours de la campagne. Dix séries d'opérations permettant de doser le plankton microscopique d'après le niveau et le moment de la journée, afin d'établir le rapport qui existe entre ces deux éléments, ont été exécutées par M. Gain. Dans ce but un tuyau en caoutchouc était descendu successivement à plusieurs niveaux jusqu'à celui de ioo1" et chaque fois ivo1 d'eau fixe était aspiré par une SÉANCE DU 9 JUIN IÇ)l3. 1727 pompe. On tamisait ensuite ce volume d'eau pour en extraire les produits recherchés. Enfin M. Albert Ranc a entrepris une étude complète de la glycémie chez les animaux marins dans le but de vérifier la loi physiologique du parallélisme des niveaux thermométrique et glycémique et d'apporter une contribution à l'étude de la fonction glycogénique chez les animaux à forte réserve de graisse hépatique. Un certain nombre d'expériences furent faites sur le sang de la tortue de mer (T/ialassoc/ie/ys carelta). Elles ont donné les résultats suivants: Sucre libre pour 1000 Sucre combiné pour 1000 de sang. de sang. g . g Tortue 11° 1 o,85 1 , •>.."> » n° 2 0,82 1 , i3 >> n° 3 °j97 ■ > ' ' PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Remarque élémentaire sur le problème des ondes sphériques. Note de M. Pierke Duiiem. Tout le monde sait que Dalembert a intégré l'équation des petits mou- vements dans le cas où, à chaque instant, la valeur de la fonction inconnue ne dépend que de la distance à un plan fixe. On sait aussi comment, de ce premier résultat, Euler a déduit l'intégrale de la même équation dans le cas où, à chaque instant, la valeur de la fonction inconnue ne dépend que de la distance à un point fixe. Le procédé qui a permis à Euler de déduire la solution du second problème de la solution du premier problème est susceptihle de s'étendre à un grand nombre d'équations autres cjue l'équa- tion des petits mouvements; nous ne savons si l'on en a fait la remarque, qui est tout élémentaire. Un lemme nous servira de point de départ. Soit U(x,v, :■) une fonction des coordonnées rectangulaires x,y, z, d'un point variable dans l'espace; cette fonction peut dépendre aussi du temps /. Désignons par A* le résultat f)ï J2 J2 de l'opération -r- - -+- ^ -+- — répétée k fois de suite. Si la fonction U ne dépend de x, y, z que par l'intermédiaire de la dis- tance r à l'origine O des coordonnées, on a (1) A/'U = 7^'-U>- C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 221 1728 ACADÉMIE DES SCIENCES. Pour établir ce lemme, on justifie l'égalité (1), par un calcul direct, en supposant A- égal à l'unité. On démontre ensuite que si l'égalité (1) est vraie jusqu'à une certaine valeur de k, elle l'est encore pour la valeur (k -+- 1). En effet, en vertu de l'égalité (1), on a 4WDi=A[^(rI1 Mais la formule (1) étant vraie lorsque è = i, le second membre de l'égalité précédente se réduit à 1 rf2<*+" /■ f/r2"'^" (rU). Ce lemme posé, considérons une fonction U (x,y,z, t) qui soit assujettie à vérifier cette équation aux dérivées partielles t t, . àU . d2U . d'U (2) LoU + L,— + L2_+... + L/w- + M0AU+MIA^U...+ MMA^ • „ ,,., ., .,()ll -. . , à" U -H N0A2U -+- N, A2— -t-. . .+ N,,A2 — + P0A*U + P,A*^+...+ P„A*^ où les L, M, N, . . . , P sont des constantes. Imaginons qu'à chaque instant t, la valeur de la fonction U ne dépende que de la distance r à l'origine des coordonnées. Dans l'équation (2), remplaçons tous les A par leurs valeurs tirées de la formule (ij, et posons (3) rU = V(r,f). Après multiplication par r, l'équation (2) deviendra dV d2V (4) UV-hL.^L,— + .. d2V .. Ô-- dV N *V ^dV d/" d/" d< , d'V h'-w à'" V di"1 N ^- Or' d"V dJ" d2AV d!* dV d!* dfV d/-8'" dt " /J d/-!/ df séance du 9 juin igi3. 1729 Or cette équation (4), c'est ce que devient l'équation (2) lorsqu'à la fonction U on substitue une fonction V qui ne dépende que de t et de la distance r à un plan fixe. On voit qu'en tout problême qui dépendra d'une équation du type (2), on obtiendra l'intégrale générale U(/*, l) du problème particulier des ondes sphèriques en prenant V intégrale générale V(r, t) du problème particulier des ondes planes et en la divisant par r. L'intérêt de cette remarque est accru par cette autre remarque qui se démontre sans peine : Le type (2) est le type le plus général d'équation aux dérivées partielles linéaire, à coefficients constants et sans second membre à laquelle puisse satisfaire une fonction U(a>, y, z, t), si cette équation doit garder sa forme par tout changement de coordonnées rectangulaires. Or cette invariance sera requise toutes les fois que U (x, y, :■, t) repré- sentera, à chaque instant, la valeur d'une certaine propriété physique au point (&,y, s) d'un milieu isotrope et homogène. Dès lors, il est naturel que le type (2) renferme, à titre de cas particu- liers, diverses équations aux dérivées partielles, linéaires et à coefficients constants, qu'on rencontre en Physique mathématique. Telles sont : i° L'équation des petits mouvements : dt1 20 L'équation de la conductibilité de la chaleur : a- AU r- =0. dt 3° L'équation des télégraphistes généralisée : 2ATT àU à*U a* AU — 6- -p- — -— r = o. dt àt'- Cette équation, dont M. Boussinesq a fait connaître l'intégrale générale, régit le champ électrique transversal dans un milieu à la fois conducteur et diélectrique. 4° L'équation ,.àU ,,.r. d*V a2 A — -t- b* AU — = o. dt dt2 I73o ACADÉMIE DES SCIENCES. Cetle équation régit les petits mouvements des fluides visqueux, ceux des solides isotropes visqueux, et le champ électrique longitudinal au sein des milieux conducteurs. Le problème des ondes planes dépendant d'une telle équation a fait l'objet des récents travaux de M. Louis Roy. 5° L'équation ,,r)U d3V ,/,,AT1 <)2IA a% A — — - + c- [ b1 AU v^- =o, dt dt3 \ dt* ) qui régit le champ électrique longitudinal dans un milieu à la fois conduc- teur et diélectrique. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur 1 emploi du carbonate de calcium connue catalyseur des acides organiques et de leurs anhydrides. Note de MM. Paul Sabatiek et A. Maii.ue. T. La calcination des sels de calcium fournis par les acides organiques monobasiques a procuré depuis longtemps une méthode générale de prépa- ration des acétones : l'emploi d'un sel unique conduit aux acétones symé- triques; celui du mélange des sels de deux acides conduit aux acétones mixtes. La formule générale de la réaction est (RC02)2Ca -+- (R'C02)2Ca = i CaC03 + 2(R COR'). Si le carbonate de calcium ainsi engendré est mis en présence de nouvelles molécules des mêmes acides, il régénère les sels de calcium ^(KC02ll) + 2(R'C02H)-+-2CaC03=(RG02)2Ca^-(R'C02)2Ca-^-2l^20-t-aC(>,. Ces derniers pourront de nouveau par calcination être transformés en acétones. Par conséquent une dose limitée de carbonate de calcium suffira, par une série d'opérations successives alternées, à transformer des quantités illimitées d'acides; la réaction totale étant en réalité représentée par la formule 2(RC02H) + 2(R'C02H) = 2 (RCOR') -+- alPO -t- 2 GO2. Il est naturel qu'on ait songé à superposer les deux réactions, en faisant agir les acides sur le carbonate de calcium à la température où leurs sels de calcium se détruisent selon le premier stade. On est ainsi conduit à une transformation catalytique des acides en acétones, et Conroy a cité, comme SÉANCE DU 9 JUIN IÇ)l3. Ij3l exemple classique de catalyse pratique, cette réaction effectuée par Squibb sur les vapeurs d'acide acétique pour préparer l'acétone ordinaire ('). L'emploi comme catalyseur, dans cette réaction, de V oxyde de thorium, dont nous avons signalé les premiers la remarquable valeur catalytique vis-à-vis des alcools (2), a conduit M. Senderens à des résultats très avan- tageux pour la préparation des acétones symétriques ou mixtes; mais ce dernier a, au contraire, indiqué que les résultats fournis par le carbonate de calcium sont très mauvais, sauf pour l'acide acétique (3). Ayant été amenés, au cours d'autres essais, à reprendre l'étude de cette question, nous avons employé comme catalyseur, non pas le marbre pul- vérisé, qui est visiblement de surface médiocre, mais le carbonate de cal- cium précipité, dont une traînée longue de i5cm à 4ocm était chauffée vers /|5o° à 5oo° et soumise aux vapeurs de l'acide ou du mélange de deux acides. Comme l'avait vérifié Conroy, Y acide acétique donne sans perturbations un rendement à peu près total en propanone pure, dans laquelle on ne trouve pas à dose appréciable les produits accessoires que Fittig avait signalés dans les produits de lacalcination de l'acétate de calcium, acétones en C4, en C5, et cyclopentanone ('). h' 'acide propionique donne, avec un rendement de 86 pour ioo, la diéihyl- cëlone, accompagnée d'un peu de propanai . 12 pour 100 de l'acide ont traversé sans être dédoublés : 2 pour 100 ont donné lieu à un endettement de l'acétone en gaz inflammables, élbylène, hydrogène et oxyde de carbone. Ces actions destructives, manifestées par la présence dans l'anhydride carbonique dégagé de gaz inflammables réducteurs, deviennent plus impor- tantes quand on complique la molécule de l'acide. Une portion de ce dernier peut être réduite en aldéhyde correspondant. Toutefois la catalyse demeure satisfaisante avec Y acide butyrique normal. Sur 100 parties de cet acide, 77 ont fourni la dipropylcètone, 5 ont donné du butanal, 5 ont survécu, i3 ont été dédoublées en produits gazeux. [.'acide isobutyrique a donné un rendement de 35 pour 100 en diisopro- pylcétone. Uacide valérique normal fournit un rendement de 32 pour 100 en (libutylcétone, mais avec une dose de voterai qui correspond au dixième de l'acide. Le rendement en diisobutylcélone fournie par Y acide isovalèrique ne (') Conroy, Revue générale des Sciences, t. XIII, 1902, p. 503. (-) P. Sabatif.r et Mailiie, Comptes rendus, t. 147, 190;). p. 106. (') J.-I5. Senderens, Comptes rendus, t. 154, 19Î2, p. i5i8. (4) Fittig, Ann. Chem. Pharm., t. CX, p. 17. 1732 ACADÉMIE DES SCIENCES. dépasse guère 25 pour 100, avec une formation latérale, atteignant 12 pour 100, d'aldéhyde isovalérique qu'on peut isoler facilement et purifier par sa combinaison bisullitique. Il convient de rappeler à ce sujet que Sclimidt avait indiqué que la calcination du valérate de calcium donne surtout de l'aldéhyde valérique et seulement de petites proportions de l'acétone ('). Le carbonate de calcium conserve d'ailleurs, sans affaiblissement notable, son activité catalytique et, quoique noirci par un dépôt de quelques produits charbonneux, il peut servir à réaliser un grand nombre d'opé- rations successives. Son emploi, très commode pour la préparation de la propanone et de la diéthylcétone, est certainement, pour la production des autres acétones forméniques symétriques, bien moins avantageux que celui de la thorine indiqué par M. Senderens et que celui de l'oxyde de cadmium ou de l'oxyde ferreux indiqués par l'un de nous : mais néanmoins, il conduit à des résultats positifs importants qu'il était intéressant de rapprocher de l'ancienne méthode de formation par la calcination des sels de calcium. II. La calcination du benzoate de calcium est pratiquement employée dans les laboratoires pour préparer la benzophènone : on aurait pu prévoir que le carbonate de calcium pourrait servir à catalyser Yacide benzoïque en benzophènone. En réalité, il n'en est rien, pas plus d'ailleurs qu'avec la thorine et les autres oxydes catalyseurs. Le dédoublement du benzoate de calcium exige une température voisine de 55o° : à cette température les vapeurs d'acide benzoïque tendent, en vertu d'une réaction classique bien connue, à se scinder en benzène et anhydride carbonique, qui sont effecti- vement les seuls produits du dédoublement. Au contraire, de même qu'avec la thorine ( Senderens) ou avec les oxydes de cadmium ou de fer (Mailhe), on peut avantageusement catalyser sur le carbonate de calcium un mélange d'acide benzoïque et d'un acide formé- nique et obtenir l'acétone mixte correspondante. En opérant avec 2mo1 d'acide acétique mélangées à imo1 d'acide benzoïque, on obtient transformation totale de l'acide acétique et l'on isole omo1, 65 cVacélophénone pure et imo',3 d'acétone ordinaire. Un mélange d'acide benzoïque et d'acide propionique a fourni Yèthylphè- nylcétone avec un rendement de ^5 pour 100. (') Schmidt, Ber. c/tem. Ges., I. V, p. 600. séance du 9 juin 1913. 1733 III. Les anhydrides d'acides devant réagir sur le carbonate de calcium pour donner les sels correspondant aux acides, on pouvait prévoir que si l'on dirige sur ce carbonate maintenu à une température convenable les vapeurs d'un anbydride d'acide organique monobasique, le sel engendré se détruira de suite en acétone symétrique et carbonate de calcium régénéré qui peut reproduire indéfiniment la même réaction. Nous avons vérifié qu'il en est bien ainsi pour les divers anhydrides des acides forméniques entre 45o° et 5oo°. L anhydride acétique fournit la propanone ; Y anhydride propionique fournit la diélhylcélone avec d'excellents rendements. \J anhydride isovalérique donne 52 pour ioo de diisobulylcétone, accom- pagnée de 17 pour 100 d'aldéhyde isovalérique, dont la formation est corré- lative d'un certain émiettement de la molécule en gaz combustibles. Les acétones mixtes peuvent être, de la même manière, engendrées en catalysant sur le carbonate de calcium les vapeurs du mélange de deux anhydrides. En opérant à 5oo° sur volumes égaux des anhydrides propio- nique et butyrique, nous avons obtenu un produit, qui par distillation fractionnée a fourni, à côté d'un peu de bulanal, des volumes à peu près égaux de diélhylcélone (b. io3°) et d'éthylpropylcétone (b. 123°), avec un volume moindre de dipropylcélone (b. i42°)- Avec ïanhydride benzoïque, on n'observe au-dessous de 5oo° qu'une simple formation de benzoate de calcium encore indécomposé à cette température. Mais si l'on chauffe au-dessus de 55o°, le benzoate ne peut subsister, et l'on obtient une catalyse, assez complexe à cause d'une destruc- tion pyrogénée qui commence à s'introduire. L'anhydride carbonique dégagé renferme de l'oxyde de carbone, et l'on recueille un liquide rougeâtre qui contient du benzène, de l'acide benzoïque et des produits supé- rieurs. La portion qui distille entre 25o° et 35o°, bouillie avec de la soude diluée pour éliminer l'acide benzoïque et l'anhydride qui aurait pu survivre, fournit un liquide jaunâtre, qui cristallise au contact d'un cristal de benzo- phénone et abandonne ainsi une dose assez importante de benzophénone. Celle-ci a été caractérisée aisément par sa forme et son point de fusion de 48°. Nous avons préparé son oxime, qui fond à \l\o° et fuse par sur- chauffe : l'oxime a été réduite, par l'amalgame de sodium et l'alcool, en benzhydrylamine huileuse qui attire l'anhydride carbonique de l'air en cristaux fondant 891°. Les divers oxydes catalyseurs, thorine, oxydes de fer, de cadmium, etc., 1734 ACADÉMIE DES SCIENCES. ne donnent dans les conditions qui précèdent aucune formation de benzo- phénone. Nous avons également constaté, dans la réaction qui précède, la produc- tion de quantités notables d'anthraquinone facile à caractériser. Il convient de rappeler que ce produit existe toujours dans les produits issus de la calcination du benzoate de calcium ('). ELECTIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre de la Section des Académiciens libres, en remplacement de M. Alfred Picard, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 60, M. Arnaud de Gramont obtient 3o, suffrages M. M. Leblanc » 10 » M. Paul Janet . » G » M. d'Ocagne » 4 » M. Paul Renard » 1 suffrage M. A. de Gramont, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la République. COMMISSIONS. M. Charles Marie demande à l'Académie de vouloir bien accorder son appui à l'œuvre de la publication des Tables annuelles de constantes et données numériques de Chimie, de Physique et de Technologie. L'Académie nomme, pour s'occuper de cette question, une Commission composée de MM. Darrocx, Lippmax.v, A. Gautier, I'icard, Appelé, Il \l 1 ! li. BOUTY. (') Kekulé el Franchimont, Bar. Chem. Ges., t. V, p. 908. SÉANCE DU 9 JUIN I<)l3. ^35 CORRESPONDANCE. M. G. Ciahician, élu Correspondant pour la Section de Chimie, adresse des rcmercîments à l'Académie. MM. Eugèxe et Léon Rlocii, F. Rodroux, Rressox, Desgrez, Ernest Fourneau, E. Léger, A. Mailhe, E. Rotiié, Swingedauw, Aman» Valeur adressent des remercîments pour les distinctions que l'Académie a accor- dées à leurs travaux. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Observatoire central i»e l'Indo-Chine. Bulletin pluviomètrique , année 1912, publié par G. Le Cadet, Directeur. 2'1 Dacia preîslorica, de Nicolae Densusianu, eu o prefata deD'C.-I. Istrati. 3° Calcul des orbites et des éphémérides, par Luc Picart. (Présenté par M. B. Baillaud.) 4° Le vingt-cinquième Bulletin de la Société d'Histoire naturelle d'Autun. (Présenté par M. A. Lacroix.) ASTRONOMIE. — Observation de V occultation d'une étoile de 8e grandeur par Jupiter, faite à l'Observatoire de Lyon. Note de M. J. Guillaume, pré- sentée par M. B. Baillaud. Ce phénomène très rare, dont l'immersion seule était observable ici, s'est produit le 25 mai igi3; l'étoile occultée est BD — 220, 5o5G (8e, 3). L'observation, faite à l'équatorial coudé de om,32 d'ouverture avec un grossissement de 4 35, a été très gênée par l'état généralement médiocre de la définition. Dans les rares instants où les images étaient calmes, i5 minutes avant C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 222 1736 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'immersion, l'étoile était bien visible quoique très affaiblie (de deux grandeurs au moins) par le voisinage de Jupiter. Temps moyen de Lyon. ti m s i3.3o. 17 L'étoile devient difficile à suivre, elle semble plus faible encore; i3.3a. 6 Etoile très difficile, très faible; i3. 33./jS J'estime à l'épaisseur d'un fil de micromètre, soit o",3, l'intervalle qui sé- pare l'étoilerdu limbe de Jupiter; 1 3. 34. 26 Contact? Le flou du limbe est très gênant; i3.35.26 L'étoile semble décidément être en contact; 1 3 . 36. 16 Dans un instant de calme, l'étoile paraît dans le limbe, et pendant la durée de 1 ou 2 secondes elle a donné l'impression d'une augmentation d'éclat. Puis le limbe redevient flou; 1 3. 36. 45 Par la sensation d'une modification lumineuse au point d'entrée en contact, j'estime que V immersion s'est produite à ce moment; i3. 37.4o Je crois l'étoile disparue, et dans un instant de calme, à i3''4omi58, elle n'était sûrement plus visible. L'immersion à i3h36m45s serait en écart de -+- 3 minutes seulement sur la prédiction que M. Th. Banachiewicz avait faite, en indiquant une erreur moyenne de ±10 minutes ('). ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur un aspect curieux du troisième satellite de Jupiter. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud. J'ai l'honneur de signaler à l'Académie l'aspect curieux présenté par Ganymède, le il\ mai 1913, à la fin d'un passage sur le disque de Jupiter. Au lieu d'un petit disque rond qu'il présente habituellement, ce satellite avait une forme gibbeuse rappelant Mars à l'époque des quadratures, et, pour compléter la ressemblance avec cette planète vue dans une lunette de faible ouverture, on distinguait une tache polaire boréale très blanche, avec, en dessous, une zone grise moins large dans la partie orientale que dans la partie occidentale. Ces détails, reproduits dans les deux figures suivantes, étaient plus visibles pendant que le satellite se projetait sur la planète que lorsqu'il a été en dehors, surtout en ce qui concerne la zone grise. J'avais vu plusieurs fois déjà cette apparence ou des taches sur le troisième (') Voir Astronomische Nacluichten . n° 3642. SÉANCE DU 9 JUIN IÇ)l3. 1787 satellite de Jupiter, notamment en 1893, et, antérieurement (1890) à mon petit observatoire de Péronnas, près de Bourg-en-Bresse, avec un réflec- teur de om, 2 1 6 d'ouverture, mais elle s'est montrée d'une façon particulière- ment nette, le 24 mai dernier, à l'équatorial coudé (om,320 d'ouverture) de Fig. 1. rig- '■!• l'Observatoire de Lyon, avec un grossissement de 365, et c'est ce qui m'engage à faire cette Communication. Les contacts du satellite avec le limbe de Jupiter ont été notés, respec- tivement, à i4l,27'"52s et i4h34mi6s de T. m. Lyon. Après la fin de ce passage, j'ai observé que les autres satellites présen- taient des disques circulaires; II avait sensiblement la même luminosité quel, malgré son disque un peu moins grand, et 111 n'était pas plus lumi- neux que I. GÉOMÉTRIE. — Classification des invalidions de genres 1 appartenant à une surface de genres 1. Note de M. L. CJodeaux, présentée par M. Emile Picard. J'ai établi récemment {Comptes rendus, août 1912) qu'une involution de genres /?„ = P4 = 1 , existant sur une surface F de genres/>„= P., = 1 égale- ment, a nécessairement l'ordre 2".3P. J'ai pu acbever la classification de ces involulions et démontrer ainsi que a est au plus égal à trois, [3 au plus égal à un. Précisément, on a les théorèmes suivants : I. Les involutions de genres 1 existant sur une surface de genres l ont l'ordre 2, 3, 4, 6, 8 ou 12. Une involution d'ordre 2 possède huit points de coïncidence. Une involution d'ordre 3 est cyclique et possède six points de coïnci- dence. /. -f, 1 1738 ACADÉMIE DES SCIENCES. Une involution d'ordre 4 est cyclique et possède quatre points de coïncidence quadruple et deux groupes de deux points de coïncidence double. Une involution d'ordre 6 est cyclique et possède deux points de coïnci- dence sextuple, deux groupes de deux points de coïncidence triple et deux groupes de trois points de coïncidence double. Une involution d'ordre 8 est engendrée par deux transformations biratiounelles 0,, 02 de période 4, telles que ©7^0, = ©2'. Une pareille involution possède soit quatre points de coïncidence octuple et un groupe de quatre points de coïncidence double, soit deux points de coïncidence octuple et trois groupes de deux points de coïncidence qua- druple. Une involution d'ordre 12 est engendrée par une transformation Irrationnelle 0, de période 4 et par une transformation birationnelle 02 de période 3, telles que ©7' 0,0,1=0:;. Une telle involution possède deux points de coïncidence 12-uple, deux groupes de deux points de coïncidence sextuple et un groupe de quatre points de coïncidence triple. II. Il faut, pour qu'une surface d'ordre 2- — 2, à sections hyperplanes de genre Tt, située dans un espace linéaire à % dimensions, représente une invo- lution d'ordre : 2, qu'elle possède huit points doubles coniques; 3, qu'elle possède six points doubles biplanaires ordinaires; 4, qu'elle possède deux points doubles coniques et quatre points doubles biplanaires dont chacun a, dans son domaine du premier ordre, un point double conique ; 6, qu'elle possède deux points doubles c< niques, deux points doubles biplanaires ordinaires et deux points double:; biplanaires dont, chacun a, dans son domaine du premier ordre, un point louble biplanaire et, dans son domaine du second ordre, un point double conique ; 8, qu'elle possède soit quatre points doubles uniplanaircs ordinaires et un point double conique, soit deux points doubles uniplanaires ordinaires et trois points doubles biplanaires dont chacun a, dans son domaine du premier ordre, un point double conique; SÉANCE DU 9 JUIN !C)l3. I 73o, 12, qu'elle possède un point double blplanaire ordinaire, deux points doubles biplanaires dont chacun a, dans son domaine du premier ordre, un point double conique, et deux points doubles uniplanaires pour chacun desquels deux des trois tangentes singulières sont infiniment voisines. Ces conditions ne sont en général pas suffisantes. Ainsi, dans le cas d'une surface du quatrième ordre représentant une involution d'ordre 2, les huit points doubles doivent être communs à une double infinité de quadriques (réseau). Or il existe des surfaces d'ordre 4 à huit points doubles ne satisfaisant pas à cette condition, ce sont les surfaces asyzygé- tiques de Cayley (voir Roiin, Berichle der Gesell. zu Leipzig, i88Zj). ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les formules analogues à la formule deStokes. Note de M. A. Iîuiil, présentée par M. ÉmilePicard. lui poursuivant mes recherches sur les formules analogues à la formule de Stokes (lesquelles peuvent d'ailleurs rentrer dans l'importante théorie des invariants intégraux), j'ai été amené à considérer un problème remar- quable par son énoncé simple et intuitif. N'y a-t-il pas une intégrale de surface spécialement invariante pour toutes les cloisons T [tassant par un contour fermé y et toutes tangentes, le long de y, à une cloison fixe préala- blement jetée sur ce contour? J'ai été amené ainsi à construire la formule a r s 0 — i 0 s t o o — i -P ->j I o 0 0 0 à à ,) d.c ày dz à/' àq V 1 1 R S T dx dy - - I V dx + Q dy + K ,Iz -+- S dp + T ,/,/, où P, (), \{, S, T sonl des fonctions quelconques de .r, y, z-, p, q. D'après le second membre il est clair que le premier ne change pas si la cloison Tse modifie sans modification des valeurs de x, y, z, p, q sur son contour y. Si l'on suppose que P, Q, R ne contiennent que x,.y, z et que S et T soient nuls, on voit aisément que cela revient à supprimer les deux premières lignes et les deux dernières colonnes du pseudo-déterminant ; on retrouve ainsi l'ordinaire formule de Stokes. Si l'on développe le premier membre de la formule précédente, on trouve I74o ACADÉMIE DES SCIENCES, qu'il esl de la forme (0 Ç f[K(rt - s2) + A/- + \îs -+- Gt + D] dx dy, K, A, B, G, D étant fonctions de x, y, z, />, çr. Or cela fait immédiatement naître une question analogue à celle qui consiste à demander la condition pour laquelle l'intégrale classique ff> ( — p F — q G + II ) <7.r f/j ne dépend que du contour de la cloison d'intégration. A quelles conditions une intégrale (i) pourra-l-elle se mettre sous la forme IJ) P dx + Qdy + Rdz + Sdp + T dq et ne dépcndra-l-elle ainsi que des valeurs de x, y, z, p, a sur le contour y de la cloison d'intégration? Il faut ici quatre conditions. Si l'on pose v d d v d d ax dz vy àz M = B - -£- fk dp — j-fc dq, N = D - X Ç\ dp — Y Çc dq, ces quatre conditions sont -<*> + *(f)-f d1 rYV.„. d2N dMl - — j- X Y(K -i- -r — : — = o, àp dq y dp dq dz J v./n vfàM\ d2N Y-(K) + Y(^)-^==0' d.X(K) + 4-Y{K) *M dp ' dq dz dp dq Je ne puis indiquer ici tous les résultats qui me semblent susceptibles d'être syntliétiquement réunis par ces préliminaires. En voici seulement une légère esquisse. D'abord le crochet situé dans (i), multiplié par un facteur \i.(x,y, z,/;, q) et égalé à zéro, donne une équation de Monge-Ampère pour laquelle l'inté- grale (i) est nulle; on trouve ainsi une classe très étendue de ces équations sur les surfaces intégrales desquelles la forme dillérenticllc P dx -+- Q dy -+- R dz + S dp + T dq SÉANCE DU 9 JUIN If)l3. 1 74' est une différentielle exacte. Le facteur [j. est comparable au multiplicateur de Jacobi pour l'équation linéaire du premier ordre. Dans un autre ordre d'idées, les géomètres ont cherché, de manières diverses, à définir la courbure d'une cloison d'étendue finie par une intégrale de surface restant justement invariante pour toutes les cloisons ayant même contour et mêmes plans tangents le long de ce contour. Toutes ces théories me semblent rentrer dans la formule écrite au début de cette Note. D'autre part encore, cette formule définit des fonctions analogues aux fonctions de lignes de M. Volterra ; s'il ne s'agit pas de simples contours ou ensembles fermés de points {x, y, s), il s'agit d'ensembles fermés d'éléments (x, y, z, p, q) ; l'extension est aisée. Enfin on peut construire des formules du même type pour les cloisons ayant toutes entre elles au contour les mêmes valeurs de x,y, z,p, g, r, s, /; et ainsi de suite pour les contacts d'ordre quelconque. Dans un Mémoire qui paraîtra prochainement clans un autre Recueil, je développerai ces points en montrant les liens qui les unissent aux travaux de MM. Darboux, Picard et Volterra. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les domaines fondamentaux de certains groupes fuchsiens. Note de M. Tii.Got, présentée par M. G. Humbert. La méthode du rayonnement permet de déterminer facilement et dans tous les cas le domaine fondamental du groupe fuchsien dérivé du groupe reproductif des formes quadratiques ternaires indéfinies/, du type où

< .),■ de ^minima. Or le minimum de la £ correspond ici à celui de a,-. 11 suffit donc, pour obtenir le domaine fondamental, de calculer, ce qui est facile, les premières solutions de l'équation (1) par ordre de grandeur croissante des a,-; on conserve seulement les a,-, (3,-, yt qui correspondent à des points équivalents à O. On s'arrêtera au plus tard lorsque, désignant par ABC... le premier polygone convexe ainsi obtenu, on arrivera au premier O, pour lequel £00; sera supérieur au double de la ^maxima (') des rayons OA, OB, etc. Pour distinguer celles des solutions a,, (3,-, y,- de l'équation (1) qui corres- pondent à des points équivalents à O, il n'y a pas de difficulté théorique. On peut employer, par exemple, l'un ou l'autre des deux procédés suivants : Premier procédé. — On réduira la forme 7= \ ( *A + y fi + -/t.)2 - / associée kf pour la réduction continuelle. Pour que le point 0(- soit équi- valent à O, il faut et il suffit que la réduite en laquelle se cbange f lui soit identique. On peut employer, pour celte réduction, les conditions de M. Selling, et les substitutions (x, x — z, y), (z,x,y) suffisantes pour cela, comme l'a montré M. Cbarve. Deuxième procédé. — On utilisera les expressions, données par Hermite et étudiées par M. Bacbmann, pour les substitutions semblables, S, d'une forme /"en fonction de quatre entiers p, q, de sec°nde environ, et donne, par suite, une coïncidence à peu près toutes les 70 secondes avec un chronomètre battant la demi- seconde de temps moyen. Les envois de signaux sont faits dans l'ordre suivant : de 9h5m à 9h iora envoi de battements, la minute ronde de la pendule étant marquée par un trait long de 2 secondes (premier trait long à gh6mos). C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N-23.) 223 ^/j/j ACADÉMIE DES SCIENCES. g1' iom à 9h i5m silence. q'1 15"' à qh20m deuxième série designaux dans les mêmes conditions que la première. Les chronomètres des deux stations sont comparés aux signaux hert- ziens envoyés par la pendule. A Kissidougou était installé le poste récepteur dont la composition était : à. Une antenne coudée orientée de cinq brins de 5om de long chaque (câble bronze téléphonique élamé de 2mm, supportée par un mât de 20m et une perche de i iro sur un arbre. L'isolement était obtenu par rapport à deux mâts et à la terre par deux bâtons d'ébonite armée deon,,3o en série. />. A cette antenne était rattachée la boîte pour longitudes dont le dispositif permet d'entendre en même temps les battements du chronomètre et ceux de la station d'émission. La durée de chaque battement avait été légèrement allongée pour bien permettre d'être reçu très nettement au milieu des bruits parasitaires. Pour la même raison, les tops des minutes rondes, au lieu d'être supprimés, avaient une durée de 2 secondes, ce qui permettait très aisément leur repérage. Depuis la détermination de cette première différence de longitude, il a été établi, par les soins de MM. Schwartz et Villalte, une dizaine de posi- tions tout le long de la frontière libérienne et où l'on a procédé de même. Ces points répartis sur une longueur de frontières de /jookm environ ont été établis en moins de 3 mois. Les procédés employés ont été sensiblement les mêmes, sauf en ce qui concerne les antennes de réception, auxquelles on a substitué, dans la plupart des cas, les antennes couchées. La rapidité d'éta- blissement des communications était telle qu'on est ainsi parvenu à effec- tuer en 7 jours trois déterminations de différences de longitudes concernant trois positions réparties sur une distance de ioo'"". SÉANCE DU 9 JUIN I()l3. iy45 Différence de longitude par T, S. F . entre Conakry et Kissidougou. Des envois de signaux effectués par Conakry, le 22 octobre 191 2, et reçus par Kissidougou, résulte le Tableau suivant : Chronomètre de Kissidougou. Pendule de Conakry. Indication du chrono Indication du chrono Heure de la pendule Différence N" N" au moment au moment Heure au moment entre pendule de des coïnci- des du Différence des tops longs des et chrono Chrono. série. dences. coïncidences. top long. (5-4). à la pendule. coïncidences. (8-4). 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Il m s h m s h m Il m s h m s » 1 1 9.08.49,0 g. 09. 20 3i 12 . 5o départ 12.5o.2g 3.4 1 .4° » )) 2 9 . 09 . 56 , 5 9. 10. 19,5 23 12. 5i Ier top long 12. 5i .37 3.4i -4o, 5 » )) 3 9 . 1 1 . o3 , 0 9. II. 19 16 I 2.52 12.52.44 3.41.4. » )) 4 9.12.09,5 9. 12 . |8,5 °9 12.53 i2.53.5i 3 . 4 ' ■ 4 ' 1 5 )> J) 5 9. 12. 18 9.l3.l8 00 12.54 1 2 . 55 . 00 3.41.42 » » )> » » 12.55 dernier top long (fin) « » » 2 6 9.19.12,5 9.19. iô,5 2 00 i3.oo départ » » » » 7 20. 3 1 9.20. i5 06 12 .01 ior top long 1 3. 00. 57 3.4t. 44,5 )> » 8 2i .3i ,5 9.21.14,5 17 12 .02 1 3. 02. 06 3.41.45 « » 9 22 .42 ,0 9.22.14 28 12. o3 i3.o3. 17 3.4i.45,5 » » » » 9.23. [3,5 » 1 2 .04 13.04.28 3.41.46 12. o5 dernier top long (fin) Tableau des comparaisons. K corrigée de la marche. K l>,n -/',.• T,„ — T„. h m s tl 111 s II m s h m 9 1 2.5o.24 ,90 9.08.49 3.4, .35,90 —3.55.58,75 12. 5 1 .32 ,42 g.og.56,5 35,92 i2.52.38,g.5 g. 11 .o3,o 35,95 12.53.45,47 g . 1 2 . og , 5 35,97 12.54.53,99 g . 1 3 . 1 8 , 0 35,9g i3.oo.48,47 g.ig.i2,5 35, g7 1 3. 01 .56,97 9.20. 21 35, g7 1 3 .o3 .07 ,48 g . 2 1 . 3 1 , 5 35,98 13.04.17,98 g. 22 .42 35, g8 Kèsidus par rapport L—L- à la moyenne h m s — 0. (4 .22,85 s — 0,06 22,83 — o,o4 80 -Ho, Ol 78 +0,01 76 -)-o,o3 78 + 0,01 78 -t-0,01 77 +0,02 77 + 0,02 Moyenne. — 0.14.22,79 Notation. — hm indication t. moy. de la pendule de Conakry, corrigé de la marche aux instants des coïncidences; /(„ indication t. moy. du chronomètre de Kissidougou, aux mêmes instants; t„, états de la pendule et du chronomètre sur le temps moyen; ?„ longitude de Conakry = lm, longitude de Kissidougou = /„. f][\Ç> ACADÉMIE DES SCIENCES. AVIATION. -- Données pour la construction d'un monoplan idéal tirées des caractéristiques des Oiseaux. Note (') de M. A. Magnan, présentée par M. Edmond Perrier. Pour la construction des aéroplanes, on n'a pas eu recours jusqu'ici aux données fournies par l'étude des Oiseaux en raison surtout de l'insuccès des recherches tentées à ce sujet par Mouillard. Cependant les comparaisons étendues que nous avons faites entre les divers groupes d'Oiseaux nous ont montré qu'il était possible d'utiliser à cet effet les chiffres donnés par la nature malgré les différences de poids considérables qui séparent un oiseau d'un aéroplane. Dans les études que nous avons poursuivies sur cet intéressant problème, nous avons mis en évidence que les caractéristiques de l'Oiseau variaient suivant qu'il pratiquait le vol plané, le vol à voile ou le vol ramé. Par contre ces caractéristiques sont tellement voisines pour les individus d'un même groupe, quel que soit leur poids, qu'il y a pour ainsi dire une con- stante pour chaque dimension. Nous sommes ainsi arrivés aux conclusions suivantes (2) : i° Les Rapacesqui pratiquent de préférence le vol plané ont une grande surface alaire, un petit moteur représenté par des muscles grands pectoraux réduits, une grande envergure, une aile assez large et une longue queue. 2° Les Palmipèdes marins qui se servent du vol à voile possèdent une surface alaire moins étendue que les planeurs. Leur envergure cependant est la plus grande, tandis que l'aile est très étroite; la queue est presque atrophiée. Le moteur est petit. 3° Les Oiseaux rameurs, tels que les Passereaux, les Gallinacés, les Colombins, offrent une surface alaire très réduite avec des muscles pectoraux très puissants par suite des violents coups d'aile que frappe l'oiseau. L'envergure est petite, l'aile est large, ce qui lui donne une forme arrondie. La queue est assez longue. Or le vol des Oiseaux planeurs est celui qui se rapproche le plus du vol des monoplans. Il était intéressant de rechercher quelles seraient les dimen- sions d'un aéroplane de ce type copiant les caractéristiques d'un Oiseau planeur, car il est logique de penser que, puisqu'un Rapacc du poids de iooK (') Présentée dans la séance du 2 juin igi3. (2) Voir les travaux que j'ai publiés sur le vol des Oiseaux en 191 1, 1912 et 1910 dans le Bulletin du Muséum, les Comptes rendus de I Académie des Sciences, des Congrès des Sociétés savantes et de VAss.fr. pour l'Avancement des Sciences. séance du 9 juin 191 3. 1747 possède des caractéristiques identiques à celles d'un Rapace pesant ioooo6, il en serait de même s'il existait des Oiseaux de iookg, 5ooks, ioooke. Dans l'étude que nous avons consacrée aux Oiseaux, nous avons, pour obtenir des rapports homogènes et établir des comparaisons utiles, comparé le poids des ailes au poids du corps, les longueurs ou largeurs de l'aile ou de la queue à la longueur du corps, la surface des ailes à la surface du corps, suivant la formule A A représente la dimension étudiée; a est le rapport cherché ; B est le poids de l'oiseau, sa longueur calculée par la formule /= VP, ou sa surface calculée par la formule S = \ P-, P étant exprimé en grammes. Ces deux dernières formules n'ont de valeur que si les Oiseaux considérés ont la même densité, ce qui est probable et s'ils ont la même forme, ce qui n'est vrai qu'approximativement. Cependant nous ferons remarquer que les rapports trouvés de cette façon coïncident avec ceux qu'on obtient en utilisant la longueur réelle du corps ou la surface du corps cherchée à l'aide d'une peinture lourde. Voici les rapports trouvés pour les Rapaces diurnes ; les chiffres indiquent les moyennes : Rapport de la surface alaire, en centimètres carrés, à la surface du corps S^yVP* 23,2 Rapport du poids des ailes, en grammes, au poids du corps P 197 Rapport de l'envergure, en centimètres, à la longueur du corps l =s y/F 1 3 , 3 Rapport de la largeur de l'aile, au milieu, en centimètres, à la longueur du corps /= y/F 2,36 Rapport de la longueur de la queue, en centimètres, à la longueur du corps /rryVp 2,6o Rapport de la longueur réelle du corps, en centimètres, à la longueur du corps 1= \/P 5,g Or la recherche des caractéristiques d'un monoplan devient dans ces conditions très facile. Si cet appareil doit ressembler à un Oiseau planeur, le rapport a doit être voisin du rapport moyen que nous avons trouvé pour ce dernier. De plus B nous est connu. C'est ie poids du monoplan en ordre de marche. Par conséquent nous obtiendrons facilement A de la façon suivante : A = R x a. 1748 ACADÉMIE DES SCIENCES. Recherchons, par exemple, les dimensions d'un monoplan idéal dont le poids pendant la marche est de 5ookg, ce qui est courant; nous obtien- drons : Surface alaire i4m',70 Poids des ailes 98kf:> 5oo Envergure iom,5o Largeur de l'aile 1 m, 87 Longueur de la queue 2m,o6 Longueur de l'appareil 4m> 67 Il ressort des chiffres ci-dessus que le monoplan construit dans ces condi- tions serait beaucoup moins long que ceux qui sont en usage actuellement. Pour les autres caractéristiques, il ne différerait pas autant qu'on pourrait le penser des autres monoplans. Déplus, la méthode que nous indiquons présente l'avantage de permettre le calcul exact des dimensions d'un monoplan d'après le poids qu'il doit porter en ordre de inarche. Il y a lieu de préciser que les données que nous venons de publier se rap- portent à un monoplan destiné à voler au-dessus des terres. AÉRONAUTIQUE. -- Sur un aéroparachute. Note (') de MM. Levavasseur et Gastambide, présentée par M. L. Lecornu. L'appareil dont il s'agit est un aéroplane à surface et incidences variables, pouvant voler sur toutes les trajectoires descendantes avec le plus grand écart de vitesse et se transformant en parachute. Il se compose de deux ailes et d'un corps empenné symétriquement. Les deux ailes peuvent varier de surface : elles se composent chacune de trois parties : une partie fixe ayant la forme d'un trapèze, par exemple de o _i_ 1 X 5, soit 7m,,5o de surface, et deux parties mobiles formées de deux groupes de rémiges. L'aile entière développée a la forme d'un demi-cercle de 5m de rayon : la surface est alors de 37™', 5 et la surface totale de 75m\ Ces deux ailes sont articulées sur un cadre et peuvent prendre toutes les positions, depuis l'horizontalité jusqu'à 900, en changeant la valeur du V de la plus grande valeur à la plus petite. Le cadre qui porte les deux ailes est articulé sur le corps, ce qui permet de varier l'angle du corps par rapport aux ailes de o° à 900. ( ') Présentée dans la séance du 2 juin 191 3. SÉANCE DU 9 juin 1913. 1749 La manœuvre des quatre groupes de rémiges se fait à volonté, ainsi que la variation de l'incidence et celle du Y ; mais un mécanisme spécial rend solidaires les manœuvres de l'incidence des ailes et du V, et celle du déploiement des quatre groupes de rémiges, cela en vue de produire le vol parachuté et Y état parachute. Les gouvernails sont supprimés sur cet appareil. On le gouverne en déplaçant la résultante au moyen des quatre groupes de rémiges, au moyen de l'incidence et du V (voir fig. I et II). Dans ce qui suit, nous étudions l'état parachutable, c'est-à-dire que les commandes sont solidaires et que, l'incidence variant de io° à 3o°, les ailes varient de i5m'à 'j^' de surface, le V diminue de 4°- L'incidence variant de 3o° à 900, la surface des ailes reste constante à 75m', le V diminue de 200. De l'examen des courbes traînée et poussée de cet appareil (la surface et l'incidence des ailes variant seules, le corps étant toujours dirigé suivant la direction des filets d'air), il résulte que l'angle d'incidence variant de io° à 900, l'angle y que fait la résultante avec la verticale varie dans le même sens et prend sensiblement les mêmes valeurs. On voit de plus qu'à cbaque valeur de y correspondent deux valeurs du rapport de - (traînée à poussée), l'une pour un angle d'incidence plus petit que l'angle optimum, et l'autre pour un angle plus grand. Nous en tirons la conclusion qu'il y a deux façons de descendre : l'une en vol plané, l'incidence des ailes étant sensiblement celle de la trajectoire, c'est la descente des aéroplanes actuels; la seconde en roi parachuté, les ailes restant toujours horizontales, c'est la descente de notre aéroparachute. Les figures III indiquent les deux modes différents de descente. I75o ACADÉMIE DES SCIENCES. De nos essais il résulte aussi que la résultante coupe la corde de l'aile en un point qui varie en fonction de l'angle d'incidence. Le déplacement de ce point d'intersection de la résultante et de la corde varie de -^ à -— de l'avant de la largeur de l'aile, quand l'angle d'incidence varie de io° à 900. Ce déplacement rétablit l'attaque et les ailes considérées seules seront stables. Mais de io° à — 5°, 5 le centre de poussée va vers l'arrière de l'aile quand l'angle diminue, c'est l'instabilité, et l'on sait que sans les empen- nages arrières et les gouvernails, l'appareil capoterait immédiatement. Nous pouvons en conclure que considérées seules les ailes ne donnent un équilibre stable que de io° à 900; la stabilité est intégrale; que de io° -10 UK | / \ / J» \ /] .-•■> ri i / ..■■■ \ / hfl 1 y \ / '. / \ \ /.. ■' ■/... X 0 5 10 , \<> 1 5 i.'i 72 o, îçii 11 20 24 7a 0,820 iS 3o 4° 73 o,58o 29 4o 55 66 o,83o 39,3o 5o 68 55 1 . 2 •, 5o 60 72 .(i 1 . 7 "1 60 7° ::- 27 ■■:; 80 75,5 I.'| 5,22 80 90 76 o 00 go On remarque que la courbe de poussée est plus régulière dans l'aéro- plane à surface variable que dans les autres aéroplanes ; la fluctuation brusque de la poussée qui se produit pour un angle un peu plus grand que l'angle optimum et qui déséquilibre l'appareil, ne se produit pas dans l'aéroparacbute. électricité. Principe d' un moteur électrostatique. Note de M. Eugène Bi.ocii, présentée par M. J. Yiolle. ( )n a souvent comparé un galvanomètre à un moteur dynamoélectrique : l'aimant et le cadre d'un galvanomètre à cadre mobile jouent le rôle de l'inducteur et de l'induit d'une dynamo. Une comparaison analogue peut être faite entre un électromètre et un moteur électrostatique, et c'est ce qui m'a conduit à essayer de transformer l'éleclromètre classique à quadrants en un moteur. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 2^4 I7Ô2 ACADÉMIE DES SCIENCES. Si l'on supprime la suspension de l'aiguille d'un électromètre, en suppor- tant simplement celle-ci par un axe très mobile, le couple électrique, qui n'est plus contrebalancé par un couple de torsion antagoniste, entraîne l'aiguille à l'intérieur de l'une des paires de quadrants Q. Si, à ce moment, on renverse le signe de la charge de l'aiguille, ou, ce qui revient au même, le signe de la charge des quadrants, l'aiguille continuera à tourner et ira se loger dans l'autre paire de quadrants Q'. Un nouveau changement de signe fera continuer le mouvement, et ainsi de suite, de sorte que l'aiguille prendra un mouvement de rotation continu. J'ai d'abord réalisé l'expérience en montant, sur l'axe qui supporte l'aiguille, un commutateur qui, par contact avec des balais fixes, effectuait les inversions de charges aux instants opportuns : l'appareil fonctionne, mais irrégulièrement, à cause des étincelles qui accompagnent chaque com- mutation. Les résultats deviennent au contraire très satisfaisants si l'on fait appel, pour inverser les potentiels, au courant alternatif. On peut alors employer deux montages différents : i° l'aiguille restant à un potentiel fixe, les quadrants sont portés à des potentiels opposés alternatifs; 20 les quadrants étant portés à des potentiels fixes et opposés, l'aiguille est reliée à un pôle de la source alternative dont l'autre pôle est au potentiel zéro. Dans l'un et l'autre cas, on obtient une rotation continue de l'aiguille sans aucune étincelle et avec une période qui, comme on le voit aisément, est la moitié de celle du courant alternatif. Ainsi dans une expérience, l'aiguille est maintenue à 25oo volts environ par une batterie d'accumulateurs. Les quadrants sont portés à des potentiels alternatifs maxima de i5oo volts environ au moyen d'un transformateur alimenté par le secteur de la rive gauche (4a périodes) : le secondaire est fermé sur une forte résistance dont le milieu est au potentiel zéro et les extrémités en relation avec les deux paires de quadrants. On obtient une période de rotation de 21 tours par seconde. Une des principales difficultés de l'expérience est la suivante : la rota- tion continue de l'aiguille ne peut se maintenir que si l'aiguille a été préala- blement lancée avec la période même de sa rotation définitive et, de plus, abandonnée à elle-même dans une phase convenable de son mouvement. En d'autres termes le moteur actuel a les propriétés d'un moteur synchrone ordinaire; on peut le qualifier de moteur synchrone électrostatique à courants alternatifs. La puissance du moteur étant très faible, il faut non seulement réaliser, au moment de l'accrocbage, un synchronisme et une concordance de phase très rigoureux, mais encore obtenir ce résultat avec un frottement minime et abandonner l'aiguille sans choc, sans quoi le moteur se décroche. SÉANCE DU 9 JUIN I()l3. I7o3 J'ai pu y réussir en effectuant le lancement par l'air comprimé et en utili- sant, comme d'habitude, la stroboscopie. L'axe qui supporte l'aiguille porte en même temps une petite hélice d'aluminium à quatre bras sur laquelle on envoie le jet d'air comprimé. On s'éclaire avec une lampe alimentée par le secteur à [\i périodes. Au moment où l'hélice paraît immobile, le synchronisme (21 tours par seconde) est atteint; la concordance de phase s'obtient alors par un tâtonnement facile. Dans le petit appareil que j'ai fait fonctionner, la rotation, une fois amorcée, se maintient facilement pendant plusieurs heures avec une dé- pense évidemment insignifiante. Les applications pratiques sont restreintes par la petitesse de la puissance réalisée, mais nullement exclues. Par exemple, en mettant le potentiel alternatif sur l'aiguille et en utilisant des contacts à étincelle ou à frottement, on peut prélever une partie de la phase totale du courant alternatif, et par suite redresser un courant de haut potentiel. L'intensité du courant que j'ai pu redresser dans mes essais est malheureusement limitée pour l'instant à une très petite fraction d'ampère; car la résistance occasionnée par les étincelles provoque trop facilement le décrochage du moteur. Mais s'il s'agit seulement, comme dans certaines expériences sur l'ionisation des gaz, d'obtenir un potentiel redressé assez élevé, l'appareil précédent résout le problème d'une manière satisfaisante. ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur la diffraction el la réflexion des rayons de Rôntgen. Note de M. M. de Bkogi.ie, présentée par M. E. Bouty. î. Je voudrais, pour éviter toute équivoque, insister sur le sens que j'ai voulu donner au mot de réflexion, employé au cours de quelques Notes sur les rayons de Rontgen. A la fin de 1912, M. W. H. Bragg- a émis l'opi- nion que l'on pouvait considérer les images des diagrammes de M. Laue comme résultant de véritables réflexions sur certains plans remarquables liés au réseau cristallin. M. W.L. Bragg, M. Wulff et M. Laue ont montré qu'en réalité la théorie de la diffraction équivalait au point de vue formel à la réflexion sur des plans réticulaires convenablement choisis. M. Friedel(') a récemment donné de cette propriété des réseaux une démonstration simple et générale. (') Comptes rendus, 3 juin igt3. 1754 ACADÉMIE DES SCIENCES. Mais le choix du miroir dépendant de l'angle d'incidence du faisceau sur le réseau, on ne peut pas considérer un faisceau divergent comme se réflé- chissant sur un miroir unique et la considération des plans de réflexion n'est qu'une autre manière de présenter la théorie de la diffraction. Ce point de vue est, je crois, un peu différent des idées primitivement émises par M. W. H. Bragg. Lorsque des taches de réflexion sous incidence rasante furent signalées par divers expérimentateurs, on n'observa d'abord que les taches particu- lièrement intenses dues à la réflexion régulière sur la face libre du cristal. Avec des poses plus longues et clés clichés plus détaillés, le rôle de la dif- fraction apparut nettement, ainsi que je l'ai indiqué ici même ('), et l'expé- rience directe confirme bien que la réflexion sous incidence rasante n'est qu'un procédé d'étude des phénomènes de Laue. Ce dispositif a souvent ses avantages; il réduit l'absorption et, par suite, le temps de pose, clans des limites qui peuvent être très considérables pour des cristaux opaques; il fait ressortir l'origine et l'importance des taches intenses cpie l'on observe par transmission à travers des cristaux imparfaitement orientés; il permet d'utiliser des échantillons dont une seule face est dégagée et se prête bien à l'élude des stries et des franges qui viennent compliquer la structure des 1T. Si tout, jusqu'à présent, dans plus de 100 diagrammes recueillis dans diverses conditions, m'a paru confirmer dans ses grandes lignes la théorie de la diffraction, il reste des points obscurs. Les diagrammes de l'iodure de potassium et du chlorure de sodium, par exemple, tous deux cubiques mais sans aucun élément commun, sont identiques au point de vue de la position géométrique des images (pas de l'intensité et de la dureté de ces images), il faut en conclure que le rapport - de la longueur d'onde fondamentale d'une tache au paramètre du réseau est la même clans les deux cas; comme a est probablement différent, il reste à expliquer pourquoi X a varié dans le même rapport. M. Laue a également fait remarquer que le nombre des images obtenues est très inférieur à ce que la théorie fait prévoir; il m'a semblé cependant qu'en prolongeant les poses, les vides tendaient à se combler en donnant pour le système cubique une valeur de - égale à 0,008; je crois qu'on peut Comptes rendus, i4 avril igi3. séance du 9 juix if)i3. v 1755 affirmer qu'il existe des longueurs d'onde dont le rapport à l'équidistance des molécules ne dépasse pas -~. \\\. J'avais, il y a quelques mois, remarqué qu'en recevant les rayons difl'ractés sur plusieurs plaques superposées, certaines taches étaient moins apparentes sur la première plaque que sur les autres; il s'agit peut-être là d'un effet secondaire dû au verre ou à l'émulsion; mais ce qui est toujours apparu nettement, c'est que les taches sont loin d'avoir la même dureté ('), des taches voisines se comportant, à ce point de vue, d'une manière très différente; Lorsque dans le dispositif de réflexion les taches sont élargies et allongées pour diverses causes, l'absorption semble s'exercer unifor- mément comme si toute la tache avait la même longueur d'onde. IV. Voici encore quelques résultats expérimentaux. Certains cristaux peuvent réfléchir avec intensité les rayons sous une incidence éloignée de 900 : une lame hexagonale de carborundum a fourni un beau diagramme sous une incidence de 55°. Les cristaux organiques ne renfermant que des corps à faible poids ato- mique et privés de radiation caractéristique au sens de Barkla fournissent de beaux diagrammes : par exemple les tables monocliniques de saccharose. On connaît la sensibilité du xénotime au champ magnétique au point de vue du déplacement des bandes d'absorption (J. Becquerel) : un échan- tillon de ce cristal a fourni le même diagramme avec ou sans application d'un champ de l'ordre de 8000 unités. Enfin il m'a été, jusqu'à présent, impossible de déceler les mêmes phé- nomènes avec les rayons y des préparations de radium ou de mésolho- riura; une plaque obtenue avec le mésothorium a présenté, après une pose, une faible impression correspondant à la réflexion régulière, mais avec trop peu de netteté pour permettre aucune conclusion. ÉLECTRICITÉ. — Conductibilité électric/ue de quelques liquides purs : ammo- niac, acétone, alcools élhylique et mét/iylique. Note de M. Jacques Carvam.o, présentée par M. E. Bouty. Différents auteurs ont signalé qu'il est possible de purifier notablement certains liquides déjà très propres en les soumettant à l'action d'un courant (') Voir aussi le travail primitif de MM. Friedrich et Knipping. 1756 ACADÉMIE DES SCIENCES. continu prolongé, et j'ai moi-même précédemment donné des exemples d'épuration électrique de l'anhydride sulfureux et de l'éther éthylique ('). .le montrerai, dans cette Note, comment se comportent, à ce point de vue, quelques autres liquides. Les expériences ont consisté à préparer des liquides aussi purs que pos- sible dans des tubes scellés en verre, et à suivre en fonction du temps le courant qu'y crée une tension constante appliquée entre deux électrodes fixes (2). i" Ammoniac. — Les observations ont porté sur deux préparations diffé- rentes obtenues successivement dans le même appareil de mesure. Dans les deux cas, une tension constante, assez grande pour qu'on puisse négliger devant elle la polarisation des électrodes, donne lieu à un courant qui diminue avec le temps. Premier échantillon. Deuxième échantillon. Conductance spécifique du liquide ^ ( „ .. ~ . .... '. , . , , , / , « ,, r. ■ / \ 6,7. io-8U.P. a -H 20° initial mesure par la méthode de > 4-io~8 U.P. a i4° < . , . , , \ ) 2,7. 10-8 » a— 62° Kolilrausch } { _ • • • , I Sous87và 170 Sous 1 74T à 200 Courant initial , „ ' ' „ ' I l\n ,0. io-6 amp. oïd. 10'"6 amp. Courant après , 44'' sous 87'' (170) 481' sous 174* (20°) 4,8. io-1' amp. 3,39 . io-6 amp. Le courant ne cesse de diminuer qu'après une dizaine de jours. En recherchant les valeurs limites du courant pour diverses tensions, j'ai obtenu : Tension en volts. 87. 174. 3G1. 348. 52.2: 097. 870. 1044. 1220. Gourant limite l iel' échant. 2,48 3,56 4-5 5 4.8 4,8 4>' 4,9 ('5°) en io_camp. | 2e échant. o,55 1,12 1,8 2,4 3,85 5,9 8,4 11, 1 1 3,8 (200) Les courants limites sont du même ordre de grandeur dans les deux cas, mais ils s'élèvent constamment avec la tension dans le second au lieu de restera peu près indépendants de la tension au delà de 3/|8 volts, comme cela a lieu pour la première série. Aux basses tensions, le premier échan- tillon est plus conducteur que le second; l'inverse se produit aux tensions élevées. La température agit sur les deux échantillons de façon bien diffé- rente, tandis que dans le premier cas une brusque variation de température provoque, quel que soit son signe, une augmentation temporaire du courant; (') J. Carvallo, Comptes rendus, t. 151, 1910, p. 717; t. 153, 191 1, p. 1 1 44 • (2) 11 est utile de mentionner que, pour tous les liquides dont s'occupe cette Note, le passage du courant n'est accompagné d'aucun phénomène visible d'électrolyse. SÉANCE DU 9 JUIN IQI3. 1757 celui-ci est, dans le second, 'régulièrement fonction de la température. J'ai trouvé par exemple sur le deuxième échantillon Sous 87 volts à 4- 200 ? =0,55. io— 6 amp. à — 8o° i — o,o53. io~6 amp. Aucun des régimes limites ci-dessus ne saurait être vraisemblablement considéré comme caractéristique de l'ammoniac pur. Si l'on déduisait des deux derniers nombres la conductance spécifique apparente du deuxième échantillon sous 87 volts, on trouverait 5. io— 10 unités pratiques à -t- 200, 3,7. 10-11 » à — 8o°. Ces nombres ne fournissent qu'une limite supérieure de la conductibilité de Nil3 pure, si tant est que ce liquide possède une conductibilité définie. Il est intéressant de rappeler que Frenzel (') attribuait à cette conductibilité la valeur i,33. io-7 à — 70° quatre mille fois plus grande que celle que je viens d'indiquer. 20 Acétone. — Je n'ai étudié qu'un échantillon. Il m'a donné les résultats suivants : Tension appliquée : 88 votts. Température i5°. Epoque. 1™. 2». 6". 13m. 29». lb12"\ 31' 17-. 50h. Courant en io~6 ampères 0,28 0,20 0,16 o,i5 0,16 o,32 5,6 20 Conductance spécifique appa - rente en io~10 unités pratiques. 2,2 1 ,6 1,28 1,2 1,28 2,56 4,5 160 Le courant diminue d'abord légèrement pour tendre ensuite vers une limite environ 100 fois supérieure à la valeur minima. Dans l'état limite le liquide suit assez exactement la loi d'Ohm. Une étude analogue a été faite, autrefois par tïeich (2) sur l'acétone. Cet auteur vit la conductance spéci- fique apparente de l'échantillon qu'il observait tomber régulièrement de 407 à 9,8. io-'" unités pratiques (à la température ordinaire). Si l'on compare les états initial et final de ces deux échantillons, on conclura qu'aucun d'eux n'était parfaitement pur, et que si l'acétone possède une (') Fkenzel, Zeitschr. fur Electrocliemie, t. VI, 1900, p. 477- (2) Reich, lnaug. Diss., Berlin, 1900. I y58 ACADÉMIE DES SCIENCES. conductibilité propre, celle-ci doit être inférieure à 1,2.10' '" l . l'.à i5°, valeur minima trouvée dans mon expérience. H0 Alcool éthy ligue. — Un seul échantillon étudié a conduit aux résultats suivants : Tension appliquée: 88 volls. Température: 17°. Epoque. 30". 2". 5". H''. -il1'. Conductance spécifique apparente en i'o-9 U.P .. . 9 12 i5 18 25 Le régime limite est conforme à la loi d'Ohm. 4° Alcool mèlliylique. — Un échantillon donne dans les mêmes conditions une conductance spécifique indépendante du temps, qui satisfait à la loi d'Ohm et dont la valeur est 80. 10 8 U.P. à i5°. La méthode d'épuration électrique ne s'applique donc pas à ces deux derniers liquides. De cet ensemble de recherches se dégage une conclusion importante : un courant prolongé, à travers un liquide mauvais conducteur, amène à un régime de conductibilité limite qui peut, suivant les cas, et pour un même liquide, être inférieure ou supérieure à la conductibilité initiale; contrai- rement à une opinion fréquemment admise, rien ne permet de considérer a priori comme une propriété spécifique du liquide pur celte conductibilité limite, même lorsqu'elle constitue une limite inférieure et qu'elle satisfait à la loi d'Ohm. PHOTOCHIMIE. Détermination de l'ordre d'une réaction photochimique. Note (') de M. A. Tian, présentée par M. G. Lippmann. Dans le cas des phénomènes photochimiques, l'élude de la vitesse de réaction en fonction de la dilution se complique du fait que l'absorption de la lumière, et par suite l'éclairement des molécules réagissantes, varient avec la concentration. On a même pu dire que l'ordre des réactions photo- chimiques dépendait de la concentration et que, par conséquent, celte notion étail illusoire pour de tels phénomènes. Je me propose de montrer (') Présentée dans la séance du i3 mai 1913. SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1769 comment il est possible de déterminer correctement, dans la plupart des cas, l'ordre d'une réaction photochimique. i° Absorption négligeable. — Supposons d'abord qu'on puisse rendre négligeable l'absorption de la lumière active, en opérant avec des solutions diluées et en couche mince. Le problème à résoudre est alors identique à celui qui se pose en cinétique chimique ordinaire, à seule condition que l'éclairement incident reste le même durant toutes les expériences : C,, C2, ..., C étant les concentrations des substances réagissantes, et dQ:dt la vitesse de réaction, il faudra chercher les exposants a, j3, ..., u. tels que dQ : dl Cï,cg,...,CE = cons'-=K- L'ordre total de la réaction sera « -H (3 -+- : . . 4- fx = u. 20 Absorption totale. — Supposons au contraire qu'on puisse pro- voquer l'absorption totale des radiations actives en opérant avec des solutions peu diluées et en couche épaisses. Admettons, puisque cela se présente presque toujours, la validité de la loi de Béer pour le système en réaction. L'équation donnant la vitesse de réaction par centimètre carré exposé, établie dans une Note précédente {'), (■) S=2Ϋ(— -) (/ épaisseur de la couche et, pour une quelconque des radiations inci- dentes, cp vitesse par centimètre cube pour l'éclairement 1; 1 éclairement et a constante d'absorption), deviendra f^ — y i e dt £* a * Diluons le système N fois, sans changer les proportions relatives des corps en présence (autre que le diluant s'il s'agit d'une solution), on aura rt'=«:N (loi de Béer), cp'=: cp ; Nw (co, ordre total de la réaction), (') Comptes rendus, 26 mai 19 1 3. C. R., i9i3, i« Semestre. (T. 156, N° 23.) 225 1760 ACADÉMIE DES SCIENCES. et par suite Le rapport des vitesses mesurées expérimentalement permettra donc de déterminer a>. Ainsi dans le cas d'une réaction du premier ordre la quantité décomposée par seconde sera la même quelle que soit la dilution. Dans ce cas, assez fréquent, la concentration du système décroîtra avec le temps suivant une loi linéaire. C'est celle de la décomposition photochimique d'une solution de H202 renfermant au moins quelques milligrammes par centimètre carré, exposée à la lumière, relativement peu pénétrante, d'une étincelle d'alu- minium. Au contraire, dans le cas d'une réaction plurimoléculaire, la lumière active, entièrement absorbée, fournie au système produira d'autant moins d'effet que la dilution sera plus grande (hydrolyse de l'acide chloropla- tinique). Dans ces expériences, si les produits formés ne sont pas transparents ou catalysent la réaction, on devra déterminer, pour chaque dilution, la vitesse initiale. 3° Absorption quelconque. — En lumière monochromatique, dans certains cas, on peut tenir compte de l'absorption (formule de Goldberg et Luther par exemple). Comme on ne dispose pas facilement d'éclairements mono- chromatiques suffisamment intenses, on est amené, en pratique, à opérer presque toujours en lumière complexe; il sera très difficile, en général, de ramener la vitesse de réaction à sa véritable valeur. La méthode suivante permet de vérifier très simplement en lumière complexe si une réaction est ou n'est pas du premier ordre, quelle que soit l'absorption lumineuse, à seules conditions que la loi de Béer soit applicable et que les substances formées ne puissent troubler le phénomène chimique ou l'absorption lumineuse. Exposons à la même lumière des couches de concentrations diverses, mais renfermant par unité de surface la même quantité de substance (épais- seur en raison inverse de la concentration). Dans l'expression de la vitesse de réaction, équation (1), les exponentielles conserveront, dans tous les cas, la même valeur. Soient alors deux expériences pour lesquelles les concen- trations sont dans le rapport de 1 à N, si la vitesse de réaction par centi- SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1761 mètre carré est la même, c'est que fc a- £-*:>» Cette relation étant vérifiée pour un éclairement quelconque, c'est-à-dire quelles que soient les constantes A, B, . . ., on devra avoir une série d'égalités telles que où — figure le rapport des densités de vapeur réelle et théorique de l'eau, et M son poids moléculaire physique, à l'état liquide (3). I. Ce diviseur commun 0,183 n'a de raison d'être qu'à ioo°, car ses d' deux facteurs composants, -7 et M, varient avec la température. Ainsi, il est admis que l'eau est un liquide polymérisé (') contenant, à o°, de 200e à 3oosd'agrégals moléculaires, proportion qui s'abaisse par l'action de la cha- leur; de là résulterait un poids moléculaire physique moyen de l'eau liquide (') Comptes rendus, 10 avril 191 1. (2) Présentée dans la séance du 2 juin 1 91 3. (3) Raoult, Tonomèlrie, p. 79 et 85. (4) Duclaux, Revue générale des Sciences, 1912, p. 886. 1762 ACADÉMIE DES SCIENCES. M0 = 22,5, ào°, à partir duquel décroîtrait MT, toujours supérieur à la valeur chimique. Dans cette conception, l'application de la méthode d'Arrhenius au calcul des degrés a, à la température T, exige la substitution à o,i85 du diviseur commun &.r = ( -r ) X 'rf'\ . Mt 100 II. On peut déduire, des recherches de Raoull sur les solvants usuels, l'énoncé d'une loi générale, en exprimant la loi de Raoult et Recoura sous la forme suivante : , = ( — ) x — -; or, c'est seulement lorsque la fn \«/t 100 1 solution est infiniment étendue que cette égalité est rigoureusement véri- cV fiée avec la valeur exacte de MT; comme, entre o° et 25°, -? devient égal à l'unité, on a lim- — — = MT = 100 oT; d'où : pour chaque solvant, à une f— J 100 température T, comprise entre o° et 25°, la diminution moléculaire des ten- sions de vapeur de ses solutions tend, lorsque la dilution augmente indéfini- ment, vers une valeur limite, représentée par le poids moléculaire physique MT du solvant liquide. Dans le cas de l'eau, le — de MT figure le diviseur ôT, base du calcul des degrés de dissociation oc. III. La limite MT, rattachée uniquement à une propriété fondamentale de structure du dissolvant, se rapporte à une molécule-gramme quelconque dis- soute. Donc, si un ion est cinétiquement équivalent à une molécule, MTdoil mesurer identiquement, dans la solution infiniment étendue d'une molé- cule-gramme d'un électrolyte, intégralement dissocié, l'abaissement partiel dû à chacun de ses x ions-grammes. La diminution moléculaire limite serait alors xx Mr, ou, à ioo° : x x 18, 5, soit, pour un sel à 2 ions : 37; pour un sel à 3 ions : 55, 5 ; on a ainsi la valeur des ordonnées d'origine des courbes tonométriques à ioo°. Cependant, les expériences de Raoult montrent la tendance générale des ordonnées ■. à décroître vers des limites ° fn extrêmement inférieures, voisines même, pour les électrolytes à 3 ions, du nombre 18, 5 relatif aux substances organiques. Faut-il donc supposer que ces courbes, au point où s'arrêtent les expériences, présentent toutes un minimum et doivent se relever, dans la région des grandes dilutions, qui nous est actuellement inconnue; ou bien faut-il admettre que rien ne fait prévoir ce changement d'allure et qu'elles convergent vers le même point, avec celles des substances organiques? Il en découlerait l'équivalence ciné- SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1 763 tique de toutes les molécules-grammes, organiques ou électrolytiques, en solution infiniment étendue, ce que suggéraient d'ailleurs mes expériences antérieures en osmométrie. f fi IV. La vérification, pour un électrolyte, de rabaissement de • . • vers des valeurs identiques à celles des solutions organiques, peut être tentée par une autre voie, par l'action des températures décroissantes. En effet, contrairement à l'affirmation classique, Raoult a établi, en dernier examen, f — f ■ 1 ... que j pour une solution donnée de substance organique, diminue len- tement avec la température ('). Comment, à cet égard, se comporte un électrolyte ? Comparons, pour une solution normale de chlorure de potas- f fi sium, les valeurs dey à des températures différentes, provenant des expériences indépendantes de Raoult, à ioo°, (R); de Krauskopf, à 4o°, (K); et des miennes, à 220, (F) (2); on obtient, conformément aux pré- visions, les nombres décroissants : (R), o,33o ; (K), 0,298; (F), 0,276; ce qui engage à étendre la vérification jusqu'à o° : la méthode tonomé- trique, établie par M. deTonnay-Charente et moi, nous a donné, à cette der- nière température, une différence/"— f'= imm,7 en huile de vaseline de den- site d0 = 0,870, d'où ' — ■—— = o,'z3i, valeur venant se placer à la suite des précédentes, et voisine de celles citées couramment pour les substances organiques. Mais il y a plus : calculons les degrés de dissociation a pour chacune de ces diminutions moléculaires o,33o; 0,298; 0,276; o,23i, en les divisant, comme on l'a vu, par les diviseurs §T correspondants. Ceux-ci, au contraire, augmentant de oloo = o,i85 à o0=:o,225, fourniront une suite de quotients 1 4- a, et de degrés a, présentant une variation décroissante considérable, de 0,73 à ioo°, jusqu'à o,025 à o°, où a devient presque nul. Le degré de dissociation électrolytique de la solution normale de chlorure de potassium, évalué selon le mode tonométrique de Raoult-Arrhenius, varie donc, avec la température, d'une façon absolument discordante, imprévue par les mesures de conductivité électrique. (') Raoult, Tonomélrie, p. 26. (!) Raoult, Tonomélrie, p. 33. — Khauskopf, J. Ph. Ch., t. XIV, 1910. — E. Fouard, Comptes rendus, t. 156, p. 622. 1764 ACADEMIE DES SCIENCES. CHIMIE PHYSIQUE. — Étude magnétique de la constitution de quelques alliages d' antimoine. Noie de M. P. Leroux, présentée par M. E. Bouty. J'ai étudié, à l'aide de la balance magnétique de Curie et Cheneveau ( ' ), les alliages plomb-antimoine et étain-antimoine. Les mesures ont été faites sur de petits lingots de 28mm de longueur et de 5mm de diamètre, obtenus par fusion des alliages dans un moule en alu- minium et grattés avec des morceaux de verre. Les valeurs relatives qui ont servi pour construire les courbes sont probablement exactes au centième. La composition des alliages est connue par les masses des métaux fondus ensemble, mais elle a été vérifiée par l'analyse. I. Alliages étain-antimoine. — On admet l'existence du composé Sb-Sn et de plusieurs solutions solides. La courbe obtenue dans ce cas (Jîg. 1) présente un point anguleux 002 - Compositions : S b pour tOO l\ 0 20 30 40 SD 60 70 80 90 /| 100 002 0 04 / 0.06 0.08 .01- 012 \ 011 018 0.22 0.24 026 -0.3 0 34 - 0.38 .0.4 Fis. pour Sb = 5o, ce qui confirme l'existence du composé Sb-Sn et s'accorde (') Œuvres de Pierre Curie, p. 598. Pour la préparation de ces alliages, je me suis servi de produits commerciaux préparés spécialement parla maison Poulenc, de façon à être exempts de fer. SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. I ^65 bien avec le résultat des mesures des forces électromotrices de Pouchine ( ' ), mais elle possède en outre un deuxième point anguleux pour Sb = o,5, ce qui correspond peut-être à une solution solide limite (a). II'. Alliages plomb-antimoine. — On admet généralement l'existence d'un eutectique en se basant sur le diagramme de solidification et sur l'étude micrographique; cependant la courbe des forces électromotrices r We Compositions :Sb pour t OO 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 0.02 004 006 008 -0.1 012 0.14 - 016 oie .02 0 22 0 24 0 26 Q 28 0.3- 032 0 34 0 36 0 38 0 .04 / / V i y Fig. 7.. de dissolution (3) ne s'accorde pas avec ce fait; elle reste horizontale et 85 s'abaisse brusquement pour Sb = — > puis s'incurve. D'autre part la courbe des conductibilités électriques de Matthiesen (') n'est pas rectiligne. S'il existait seulement un eutectique nous devions nous attendre à ce que la courbe représentant le coefficient spécifique d'aimantation en fonction de la composition se réduisit à une droite (5). Au contraire cette courbe (Jig- 2) (') Revue de Métallurgie, t. IV, 1907, p. g33. (2) Je signalerai en passant que j'ai retrouvé, pour l'antimoine pur, les anomalies déjà signalées par Curie (Thèse, p. 4') et (]uei de plus, j'ai constaté que l'état de division de l'antimoine semble influer sur son diamagnétisme. (3) Pouchine, Revue de Métallurgie, t. IV, 1907, p. 933. (v) Pogg. Annalen, t. CX, 1860, p. 210. (') C'est bien le résultat qu'on obtient, ainsi que je m'en suis assuré, pour les alliages Pb-Sn où l'existence d'un eutectique est certaine. I766 ACADÉMIE DES SCIENCES, présente un maximum, puis un point anguleux pour les alliages voisins de — > ce qui concorde très bien avec le résultat trouvé par Pouchine. 100 ^ L Les alliages plomb-antimoine sont donc plus compliqués qu'on ne l'admet généralement. L'existence d'un composé à — ou — - de Sb est 0 L 100 100 probable. PHOTOCHIMIE. — Synthèse photocliimique d 'un composé nouveau, Voxycya- nure de carbone, au moyen des rayons ultraviolets. Note de MM. Daniel Bertiielot et Henry Gaudechox, présentée par M. E. Jungfleisch. L'oxyde de carbone est un composé non saturé, très apte à donner sous l'influence de la lumière des produits d'addition. Le plus anciennement connu est l'oxyclilorure de carbone C1COC1 qui se forme dans l'action des rayons solaires directs sur le mélange de chlore et d'oxyde de carbone. Les analogies chimiques du radical cyanogène CN avec le chlore Cl nous ont engagé à essayer d'obtenir par l'action des rayons ultraviolets sur le mélange de cyanogène et d'oxyde de carbone, le composé analogue, l'oxy- cyanure de carbone CNCOCN, et nous y avons réussi. Ce composé nouveau est intéressant par sa simplicité; les corps ternaires connus jus- qn'ici, formés de carbone, d'azote et d'oxygène, étant relativement rares et de structure plus compliquée. Nous avons constaté autrefois que les rayons ultraviolets ne modifient pas l'oxyde de carbone seul : ce gaz n'est ni polymérisé, comme il l'est par l'effluve, ni dissocié en carbone et anhydride carbonique, comme il l'est par la chaleur; quant au cyanogène, il est rapidement polymérisé en para- cyanogène solide de couleur brune. Il en va tout autrement quand CO et C2N2 sont mélangés. Suivant une constatation déjà faite par nous sur divers gaz polymérisables, mis en pré- sence d'un excès d'autres gaz sur lesquels ils réagissent, C2N2 ne se poly- mérisé-plus, mais se combine à CO, et les deux gaz disparaissent simulta- nément. Les mélanges de CO et C2N2 étaient exposés en tubes ou ballons de quartz devant la lampe à mercure durant une douzaine d'heures ('). Au (') L'action est due surtout aux rayons de courte longueur d'onde \7' 76»57 23,29 2.3,11 5 79:46 79.42 20,54 20,76 6 79-46 79, 3o 20,54 20,59 7 95'68 95>49 4,32 4,5i 8 95,68 . 95,32 4,32 4,48 SÉANCE DU 9 JUIN IO,l3. I77I L'entraînement d'un peu de chrome par le fer dans les dosages 7 et 8, affecte d'une façon faible, mais évidente, les teneurs en oxyde de fer. Dans les deux cas, la masse du mélange d'oxydes pulvérisé, corrigée de la perte au feu, est voisine de os, 3, sauf pour les mélanges pauvres en chrome où elle est de os, 4 à os,5. Etalée dans une nacelle sur une longueur de 5cm à 6cnl, on chauffe dans celte région le tube sur une longueur d'environ iorm: on déduit le poids d'oxyde chromique du poids de chlorure chromique obtenu en ajoutant à celui qui reste dans la nacelle celui qu'on recueille dans un creuset de Gooch taré, après l'avoir porté a ioo°, avant les deux pesées. Pour le lavage du tube, qui se fait à l'eau froide, on doit le sectionner, afin de retirer la nacelle sans entraîner le chlorure ferrique qui s'est partiellement déposé en avant du tube, à cause de la lenteur du courant gazeux; on a le poids d'oxyde de fer en précipi- tant cet oxyde par l'ammoniaque dans les eaux de lavage oxydées par l'eau de brome ou i'acide nitrique, auxquelles on a ajouté celles qui sont contenues dans le laveur dis- posé à la suite du tube où se fait l'opération. Dans les mélanges pauvres en fer, l'oxyde ferrique, recueilli dans un creuset de pla- tine, doit être traité par l'acide fluorhydrique pour être débarrassé de la petite quantité de silice qu'il contient. En résumé, cette méthode nous semble recominandable : i° Pour des mélanges pauvres en chrome, à cause de son exactitude ; 20 Pour des mélanges de teneur quelconque lorsque, au cours d'une analyse, les deux oxydes ont été amenés à l'état d'oxydes calcinés. Nous appliquons cette méthode à la séparation de l'aluminium et du chrome, et à l'analyse de la chromite qui renferme, notamment, des oxydes de chrome, de fer et d'aluminium. CHIMIE MINÉRALE. — Sur la constitutioii des par amolyb dates et des paratungstates. Note de M. II. Copaux, présentée par M. Haller. On a coutume d'appeler /wamolybdates et /j«ratungstates deux groupes de sels qui ont entre eux quelques ressemblances, mais qui sont au fond bien distincts. Ils diffèrent d'abord par la composition brute. Ainsi le paramolybdale d'ammoniaque, le réactif ordinaire de l'acide phosphorique, a pour formule 7.Mo03.3(NlP)20-t-4H20; le paratungstate d'ammoniaque : i2Tu03.5(NHt)-0 + nH20. I772 ACADÉMIE DES SCIENCES. Et même ils diffèrent parla constitution, si les considérations suivantes sont exactes. 1. Celte constitution, inconnue jusqu'ici, est certainement du type com- plexe, en raison même de l'aspect anormal des formules empiriques et aussi de l'abondance des sels complexes parmi les composés du molybdène et du tungstène. Or on simplifie beaucoup la manière de représenter ces complexes molybdiques et tungstiques, en les considérant, avec M. Miolati, comme des produits de substitution. Par exemple, le molybdoaluminate de sodium A.ls08.i2Mo03.3NasO +aq. s'exprime d'une façon plus satisfaisante par [AI(Mo:i07):)JNa34-aq. qui dérive de l'orllioaluminate AlO'Na3, par substitution de trois radicaux bivalents Mo2(_)7 à 3at d'oxygène. De même, le molybdoperiodate PO',i2Mo03.5Nas0 4-aq. dérive du periodale type 1UGM5, par remplacement de 3:,t d'oxygène sur G ri(Mo20")3" O3 Na5-t-aq. D'après cette manière de voir, les nombreux sels complexes qui encom- brent la chimie du molybdène et du tungstène seraient mieux placés auprès de leurs acides générateurs, acides polybasiques ou peu énergiques, de l'aluminium, du bore, du silicium, acides organiques, etc. Mais l'anhydride molybdique lui-même, MoO3, correspond à un acide o/7/jo-molybdique MoOGH", dont les sels, inconnus à l'état libre, doivent acquérir de la stabilité par introduction des radicaux Mo207, ainsi qu'on l'observe dans tous les autres cas. Et si l'on remplace dans la molécule MoO°M°, 3at d'oxygène sur G, comme dans les molybdoperiodates, on obtient la formule O3 JMG + ac qui est bien celle des paramolybdates, mise sous une forme plus rationnelle \ M étant un métal monovalent ). séance du 9 juin igiS. 1773 Dans cette hypothèse, les paramolybdates sont des orthomolybdates substitués, où le molybdène joue deux rôles, l'un, générateur de l'acide; l'autre, substituant. 2. Quant aux paratungstates, ils sont, à mon avis, d'une autre nature. ,Ic les considère comme des /y^rotungstates, parce que leur mode de formation ressemble à celui des métatungstates, qui sont assurément des bydrotungstates. En effet, quand on traite le tungstate neutre de soude en solution diluée, chaude, par un excès d'acide fort, il se fait du méta- lungstate; quand on traite le même tungstate neutre en solution concentrée, froide, par un excès d'acide carbonique, il se dépose des cristaux de para- tungstate de sodium : les deux réactions ne diffèrent que par l'intensité. Aussi, rappelant pour mémoire la formule de constitution des méta- tungstates : [H2(Tir-0")f']M';JI1+aq., je représenterai les paratungstates par [H(Tu!07)3]M54-aq., formule qui n'est pas la seule possible, mais la plus simple qui soit compa- tible avec la composition des paratungstates, avec la nature d'bydro- tungstates que je leur attribue et avec la notation coordonnée. L'acide hydrique générateur qui, pour les métalungstates, est [H206]H6IF ou (H20)", serait, pour les paratungstates, [H03JH5 ou (H-O)3, soit justement le trihydrol, qui passe pour être l'un des consti- tuants de l'eau liquide. 3. La meilleure manière de prouver l'exactitude de ces formules serait de les appuyer sur des rapproebements isomorpbiques, comme ceux qui m'ont servi dans l'étude des métatungstates. Mais aucun sel actuellement connu ne se prêtant à une telle comparaison, il faut y renoncer, au moins provisoirement. Par contre, je puis ajouter deux sortes d'arguments qualitatifs à l'appui de mes formules. Absorption de la lumière . -- Le premier est fondé sur l'absorption. J'ai observé précédemment que les tungstates complexes absorbent énergiquement la lumière ultra-violette, fait d'autant plus notable que les 1774 ACADÉMIE DES SCIENCES. tungstates simples sont à peine absorbants ('). La différence est moins grande entre molybdates simples et molybdates complexes, mais dans les deux cas elle est amplement suffisante pour servir de réactif de la com- plexité. On placera donc la substance, dissoute ou mise sous forme de lamelle cristalline, sur le trajet du faisceau lumineux d'un arc au fer, et l'on déter- minera la limite d'absorption par photographie du spectre. Les paratungstates, ainsi essayés, se montrent moins absorbants que les métatungstates, mais beaucoup plus que les tungstates simples; les para- molybdates absorbent moins que les silicomolybdates, mais plus que les molybdates simples, plus même que les molybdoperiodates, qui sont évi- demment des complexes. Ainsi se trouve justifiée la présence des groupes caractéristiques, Mo207 et Tu-O7, dans les sels para. Déshydratation. — De plus, j'ai déshydraté par la chaleur les quatre sels suivants, choisis comme types, et mesuré les quantités d'eau qu'ils retiennent, à températures croissantes : Paramolybdntc Molybdopcriodale ParatungstaLe Pa •atungslatc de sodium de sodium de [IKT sodium r<> )'| Nas de [H potassium Tu'O1)3^] rMo(Mo-0 )< Nac [I(M03°,)J]Na' T. -n3,.r> H-O. +5 H-O. +22IPO. -M/jH-O. 0 H»0 11-0 H' 0 H'O I IO. 2,5 2.7 1 0,3 i5o. 2 2,2 0,5 0,1 200. 1,2 .,2 O O a5o. °>7 °>7 O départ d'iode. Les deux premiers sels, hydratés par constitution, se sont déshydratés plus difficilement que les deux derniers, conformément aux formules admises. chimie MINÉRALE. — Sur les points de transformation et la structure des aciers nickel-chrome. Note de M. Lïoon Guii.let, présentée par M. Le Chatelier. J'ai eu l'honneur d'indiquer à l'Académie les diagrammes qui relient la structure et la composition chimique des aciers-nickel d'une part(2), des (') H. Copaux, Ann. de Cliim. et de Phys., 8'' série, t. XXV, 1912, p. 3g. (-) Comptes rendus, igo3, 2e semestre, p. /|'i. séance du 9 juin igi3. 1775 aciers au chrome ('), d'autre part. Au contraire de ce qui se passe poul- ies aciers nickel-manganèse, le diagramme des alliages quaternaires fer- carbone-nickel-chrome ne paraît pas se déduire de ceux des alliages ter- naires fer-carbone-nickel et fer-carbone-chrome. Il est, d'ailleurs, bien à noter que les diagrammes que j'ai déterminés ne sont pas des diagrammes d'équilibre. Différents auteurs ont déjà indiqué quelques résultats obtenus avec les aciers nickel-chrome(-) et M. ( irenet(3) a fait des remarques d'ordre général sur l'influence de divers éléments tels que chrome et tungstène qui, ajoutés au fer, n'abaissent les températures de transformation au refroidissement qu'en présence du nickel. J'ai cherché à préciser l'influence du chrome sur la position des points de transformation d'aciers au nickel afin d'établir les conditions de compo- sition que doivent remplir les aciers nickel-chrome trempant à l'air, qui acquièrent actuellement une si grande importance industrielle. Mes obser- vations ont porté sur une cinquantaine d'échantillons; je résumerai dans le Tableau suivant les résultats caractéristiques : ils ont été obtenus avec l'appareil Saladin-Le Chatelier en chauffant les échantillons jusqu'à iooo°, la vitesse d'échauflement étant de 4oo° à l'heure et la vitesse de refroidisse- ment de 35o° à l'heure. Points de transformation Compo sition chi mique. au refroi- C. Ni. Cr. à réchauffement. dissement. Strucl m e. 0,o; 3,4o 0 670- 690 et -5o 645 et 55o Perlile o,o5 0 0,60 ;'■"' 700 et 660 » 0,08 3,44 o,6t 680 et 740 63o et 570 » 0,08 6,5o 0 635- 680 5 1 5 Perlile et Martensile 0,08 0 i,45 7 >."> 72J à 670 Perlite 0, 10 6,24 1,26 680 345 Martensile 0,18 5,25 0 64o et 675 53ô Perlile orientée 0,19 0 i,33 700 04 5 Perlite 0,22 5,23 1,18 655 4io Martensile et Perlite 0.32 2,32 0 680 645-6oo Perlile o,3o 0 0,78 67 5 635-5g5 » 0,2a 2,4o 0,66 685 585 » 0,27 4,2 0 64o 53o » 0,28 0 2,19 710 640 » o,3i 4.5 i,93 670 Rien Martensile et Fer y 0,57 2,57 1,60 685 Rien Fer y et 1111 peu de Martensite (1) Comptes rendus, 1904, 2e semestre, p. 426. (2) Dumas, Recherches sur les aciers au nickel, p. 108. Dunod et Pinal, éditeurs. (3) GitENiir, Trempe, recuit, cémentation des aciers, p, io5. C. R., 19.0, 1" Semestre. (T. 15G, N» 23.) 227 1 77^ ACADÉMIE DES SCIENCES. L'examen métallographique met nettement en vue ce fait fort remar- quable, à savoir qu'à même teneur en carbone et en chrome un acier perli- tique renfermant du nickel a une tendance plus grande à la structure eutectoïde : c'est ainsi que l'acier à o,25 pour ioo C, 2,40 pour 100 Ni et 0,66 pour 100 Cr a l'aspect d'un acier ordinaire à 0,75 pour 100 C, tandis que l'acier à o,3o pour 100 Cet 0,78 pour iooCr correspond à l'acier ordinaire à o,35 pour 100 G. Toutefois la structure tend vers l'os- mondite. D'autre part, ces résultats montrent que l'addition de chrome cà un acier au nickel agit différemment suivant la teneur en nickel et la teneur en car- bone de l'alliage : alors que 0,60 pour 100 environ de chrome n'abaisse pas les points de transformation des aciers à 2,5 ou 3,4 pour 100 de nickel renfermant 0,08 ou o,a5 pour 100 de carbone, une addition de 1,2 pour 100 de chrome, soit le double, produit un effet extrêmement net sur la position des points de transformation d'aciers renfermant 4 à 6,25 pour 100 de nickel augmentant l'hystérésis dans'des proportions notables. Je cherche actuellement à m'assurer si, dans de tels aciers, l'influence du chrome est proportionnelle à la teneur en cet élément. CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de l'alcool diglycérique. Note ( ' ) de M. Jea\ IVivière, présentée par M. A. Haller. Dans une Note précédente j'ai exposé les recherches que j'ai effectuées dans le but d'obtenir l'alcool diglycérique. J'ai montré que l'a-monochlor- hydrine, réagissant sur la glycérine monosodée, donnait comme réaction principale du glycide et accessoirement (2 à 3 pour 100) l'alcool diglycé- rique. J'ai établi, de même, que l'épichlorhydrine au contact de la glycérine monosodée conduisait bien par élimination de chlorure de sodium au monoanhydride interne de l'alcool cherché, mais que celui-ci se polyméri- sait au fur et à mesure de sa formation. Devant ces résultats je pouvais supposer qu'en bloquant les fonctions alcools dans la monochlorhydrine, par des radicaux acétyles par exemple, et faisant réagir cette chlorodiacétine dissymétrique sur la glycérine mono- sodée, j'obtiendrais par élimination de chlorure de sodium la diacétine (') Présentée dans la séance du 26 mai 191 3. SÉANCE DU 9 JUIN IO,l3. 1777 dissymétrique de l'alcool diglycérique. Cette diacétine saponifiée condui- rait à l'alcool cherché. J'ai préparé la chlorodiacétine dissymétrique par un nouveau procédé consistant à faire réagir l'anhydride acétique sur l'a-monochlorhydrine ohtenue comme je l'ai déjà indiquée ( voir Note précédente). Après ébullition au réfrigérant ascendant (3 heures) avec un excès d'anhydride (2 à 2.5 la quantité théorique), on chasse l'acide et l'excès d'anhydride acétique par distillation à la pression ordinaire. On lave ensuite à l'eau pour dissoudre l'a-monochlorhydrine qui n'aurait pas réagi. On distille dans le vide [E (9mm) = 1 i3°-i i£°]. Le rendement est satisfaisant : ^5 pour 100 de la théorie. Je rappelle que le procédé de M. de la Acefia (') donnait 5o pour 100 de la théorie et nécessitait 8 jours. Il consistait à faire réagir l'acide acétique saturé de HO sur la triacétine en milieu êthéré. La chlorodiacétine dissymétrique, réagissant sur la glycérine monosodée, donne une réaction complexe et, accessoirement, la diacétine dissymétrique de l'alcool diglycérique. On obtient dans cette réaction, comme résidu de distillation, un corps qui gonfle sous l'action de l'eau, analogue aux mucilages végétaux. Pour préparer l'alcool diglycérique, j'ai été amené à faire réagir en proportions équimoléculaires le glycide sur la glycérine : CHS\ CH2 — OH CH2— O — CH2 1 >0 l 1 1 GH/ + CH — Oïl = CH — OH CH — OH Cil2— 011 CH2— OH CH2— OH CH2— 011 Pour préparer le glycide, j'ai modifié légèrement le mode opératoire de M. Bigot (-). Cette modification consiste à faire réagir le sodium, par trois ou quatre morceaux à la fois d'environ 2&, sur la monochlorhydrine dissoute dans trois fois son volume d'élher absolu. On porte le ballon muni d'un réfrigérant ascendant dans un bain-marie. 11 faut s'attacher à ne pas dépasser 4o°. La modification consiste donc essentiellement à faire agir le sodium en plus petits morceaux pour augmenter la rapidité de la réaction et éviter ainsi le contact nuisible du métal alcalin avec le glycide. Car cet alcool au contact du sodium se polymérise et comme conséquence le rendement diminue. (') Comptes rendus, t. 139, p. 867. (2) Arin. de Chim. et de Phys., 6e série, t. XXII, p. 481. 1778 ACADÉMIE DES SCIENCES. En opérant comme je viens de l'indiquer, j'ai augmenté le rendement de 29 à 55 pour 100 de la théorie. Pour préparer l'alcool diglycérique, on chauffe au bain-marie, durant 6 à 7 heures, le glycide et la glycérine anhydre en proportions équimoléculaires. Le produit de la réaction, soumis à la distillation dans le vide, se décompose partiellement. On évite cet inconvénient en acétylant directement le mélange par ébullition avec l'anhydride acétique. On recueille au début de la triacéline et, entre io,5°-2o5° sous imm à 2mro, la tétra- acéline de l'alcool diglycérique avec un rendement qui est environ le poids du glycide employé. La tétraacétine de l'alcool diglycérique se présente sous l'aspect d'un liquide oléagineux, soluble en toute proportion dansl'éther, l'alcool, l'acide acétique même fortement dilué; insoluble dans l'eau. Elle bout à i96°-i97° sous 3mm. Sa densité par rapport à l'eau à 170 est de 1, 1 8 3 5 . Elle a été caractérisée par l'analyse et le poids moléculaire. Pour obtenir l'alcool diglycérique on saponifie la tétraacétine par la quantité juste nécessaire d'une liqueur alcoolique de soude, en la maintenant 3 heures au réfrigérant ascendant. On ajoute ensuite la quantité légèrement inférieure d'acide sulfurique nécessaire à la transformation totale de l'acétate en sulfate de sodium. On lave à l'alcool le sel alcalin. On distille à la pression ordinaire le dissolvant et l'on termine dans le vide. On recueille l'alcool diglycérique à 235°-24o° sous 6mm. On obtient un liquide légèrement jaunâtre (provenant d'un commence- ment de décomposition), extrêmement visqueux, coulant avec difficulté à froid, fluide à chaud. Insoluble dans l'éther, soluble dans l'eau et l'alcool; il est hygrosco- pique comme la glycérine. Il a été caractérisé par sa composition centésimale et la détermination du poids moléculaire. J'ajouterai qu'en acétylant au préalable des résidus de la distillation des glycérines industrielles, j'ai pu en retirer par distillation fractionnée, sous pression réduite, la tétraacétine de l'alcool diglycérique qui y est contenue dans la proportion de i pour ioo environ. séance du 9 juin igi3. 1779 CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérives de lu $-mëthylcyclopentanone. Note de MM. Marcel Godciiot et Félix Taboury, présentée par M. Jungfleisch. Dans une précédente Communication ('), nous avons indiqué les résultats obtenus par nous dans l'action du chlore sur la cyclopentanone et nous avons montré que le dérivé monochloré qu'elle fournit peut servir de matière première pour l'obtention d'une cyclopentanolone et d'une cyclo- penténone. La présente Note a pour but de faire connaître les recherches analogues effectuées sur la (3-méthylcyclopentanone (2). fi-me'thyl-'x-c/ilorocyclopenlanone CH'OCl : Ce composé s'oblient quanti on fait passer du chlore sec sur la [3-mélhvIcYclopenta- none, maintenue à la lumière diffuse, en évitant de dépasser une température de a5° et en s'arrêtant lorsqu'on a fait réagir un peu plus -de 2at de chlore pour 1 luo1 de célone. On traite alors le produit de la réaction par un grand excès d'eau, on extrait l'huile à l'éther, on lave la solution éthérée plusieurs fois à l'eau et l'on chasse l'éther par distillation après avoir desséché à l'aide du sulfate de sodium anhydre. Par fraction- nements répétés dans le vide du résidu, on arrive à isoler un composé, bouillant vers 8o°-82° sous 8mm, qui est constitué par de la chlorométhylcyclopentanone; les rendements sont voisins de 5o pour 100. Cette cétone chlorée, qui est liquide, a pour densité, à 220, 1,128 et pour indice de réfraction, à 220 et par rapport à la raie D, i,465o, ce qui donne pour la réfraction moléculaire 32,45, alors que la réfraction molé- culaire théorique est égale à 32,75. Nous montrerons un peu plus loin que sa formule de constitution est Cil3 IPC rPC.IIC S a co CH Cl $-méthyl-ct.-oxycyclopentanone C'H,0O2. — La chlorométhylcyclopen- tanone présente les mêmes propriétés que celles que nous avons indiquées pour la chlorocyclopentanone; c'est ainsi que l'eau, à ioo°, l'hydrolyse en (') Comptes rendus, t. 156, p. 332. (2) Cette célone nous a été fournie gracieusement par les Farbenfabriken vorm. Friedr. Bayer et Cie. Préparée en partant de l'acide (3-méthyladipique, obtenu lui-même par oxydation du paraméthylcyclohexanol, la [3-méthylcyclopentanone bout à i!\i° et est inaclive sur la lumière polarisée. 1780 ACADÉMIE DES SCIENCES. donnant la cétone-alcool correspondante; mais cette formation est toujours accompagnée d'une production importante de méthylcyclopenténone. 708 de cétone chlorée et 5oos d'eau sont placés dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant et chauffé au bain-marie bouillant. Peu à peu, la méthylchlorocyclo- pentanone disparaît, tandis que la solution devient fortement acide en même temps qu'elle se colore; on neutralise par du carbonate de soude solide et l'on agite la liqueur neutre un grand nombre de fois à l'élher; la solution éthérée, desséchée sur du sulfate de sodium anhydre, abandonne par évaporation un résidu huileux qui, par distilla- tions fractionnées dans le vide, sous I2mm, fournit deux composés : l'un, bouillant vers 5o°, constitué par une méthylcyclopenténone, et l'autre, bouillant vers 83°-85°, qui n'est autre chose qu'une méthylcyclopentanolone. Cette méthylcyclopentanolone constitue un liquide sirupeux, légèrement jaunâtre, très soluble dans les dissolvants usuels; elle donne, en solution, une coloration brun rougeâtre avec la potasse, et une coloration rouge violacé avec le perchlorure de fer. Elle possède une certaine acidité cpii fait virer au rouge le Iackmoïde. Avec l'acétate de phénylhydrazine, elle donne une phénylhydrazone, mais cette dernière s'altère très rapidement. Lorsqu'on soumet cette cétone-alcool à l'action oxydante du permanganate de potassium, on obtient un acide cristallisé, fusible à 77°-78°, identique à l'acide a-méthylglntarique. Ce résultat établit nettement la constitution de ce nouveau composé, qui est dès lors de la (3-méthyl-a-oxycyclo- pentanone, et par suite celle de la méthylchlorocyclopentanone dont il dérive : HSC CtFHC CH2 /\co CH2 tpc/^co CH2 GH3HC CH2 n-c/\x> CHCI Cll'IIC CH2 Hsc/NxtOH CHOH GH'HC -COOH ^-méthylcyclopenténone C6 H8 O. — Cette cétone prend naissance en même temps que la méthycyclopentanolone décrite plus haut; elle dérive de la méthylchlorocyclopentanone par perte d'une molécule d'acide chlorhy- drique : CH2 GH8 ll-C, cipiid U CO CMGI H2 G CIPC CO CH Cette constitution est du reste vérifiée par les résultats obtenus en oxydant cette cétone par le permanganate de potassium; on obtient en effet un mélange d'acide formique et d'acide succinique. SÉANCE DU 9 JUIN I()l3. 1781 Cette (3-métbylcyclopenténone constitue un liquide incolore, à odeur agréable, bouillant vers ir>7°-i58° à la pression ordinaire. Sa densité à 260 est égale à 0,9712 et son indice de réfraction à la même température et par rapport à la raie D est égale à i,47i4> ce qui donne comme réfraction moléculaire 27,(54, alors que la théorie exige 27,408. Elle est très soluble dans l'eau et les autres dissolvants usuels. Sa semicarbazone forme de belles feuilles incolores, fusibles vers 23o°; son oxime est constituée par des tables, solubles dans l'eau et fusibles à 1270. L'étude de ces corps nous a paru intéressante, car différents auteurs ont retiré des huiles de bois des produits très voisins de ceux que nous décri- vons aujourd'hui. En particulier, Looft (') a isolé une a-mélhylcyclo- penténone, isomère, par conséquent, de celle que nous avons préparée synthéliquement; très récemment, Meyerfeld (2) a pu également extraire de ces huiles une mélhylcyclopenténolone. Aussi poursuivons-nous ces recherches. BOTANIQUE. — Nouvelles observations sur le chondriome des Champignons. Note de M. A.. Guilliermo.vd, présentée par M. Gaston Bonnier. A. Dans deux Notes antérieures (3) nous avons signalé l'existence d'un chondriome dans les asques de Pustularia vesiculosa et de plusieurs autres Ascomycètes. C'était la première fois qu'on constatait la présence de mito- chondries dans les Champignons. Au contraire, dans les levures et dans les diverses moisissures, il ne nous avait pas été possible jusqu'ici de mettre en évidence un chondriome. Les observations que nous avons poursuivies depuis nous ont permis de constater au contraire que la présence d'un chondriome paraît générale chez tous les Champignons. B. Nous l'avons retrouvé dans les organes de fructification de plusieurs Autobasi- diomycètes. dans les cellules pseudoparenchymateuses du cliapeau, et surtout dans les basides qui montrent une grande abondance de chondriocontes dont quelques-uns forment des vésicules de sécrétion (fig. 1). (') Liebig's Annalen, t. 273, p. 3-2. (2) Chemiker Zeilung, n° 59, 1912. (3) Comptes rendus, juillet 191 1 èl Comptes rendus de la Société de Biologie, mars 1 9 r 3 . I782 ACADÉMIE DES SCIENCES. Enfin nous avons pu mettre en évidence un chondriome dans un certain nombre de Champignons filamenteux et de levures. C'est dans le Pénicillium glaucum que ce chondriome a été observé avec le plus de facilité. Dans les extrémités des filaments en voie de croissance, où les articles n'offrent généralement pas de vacuoles, le chondriome est constitué par de nombreux chondriocontes, très minces et très allongés, à formes sinueuses et le plus souvent disposés parallèlement les uns aux autres dans le sens de l'axe longitudinal du filament Chondriome des Champignons (méthode de Regaud; grossissement = 1000). (Jig. 4). Dans les articles un peu plus âgés, le cytoplasme se creuse de nombreuses vacuoles et les chondriocontes se répartissent dans toute la trame cytoplasmique qui limite les vacuoles {Jig. 5 à 7). Il n'est pas rare de rencontrer des accumulations de chondriocontes au voisinage des noyaux. Le chondriome participe à la ramification et, lorsqu'un article produit une ébauche de rameau latéral, on voit une partie du chondriome s'introduire avec quelques-uns des noyaux dans le jeune rameau. Enfin, on retrouve un chondriome toujours très abondamment représenté dans toutes les cellules des conidiophores et dans les conidies (fig. 2 et 3). Ce chondriome se différencie avec la plus grande netteté avec les méthodes de Regaud et de Benda et même avec celle de Altmann. Seulement sa différenciation est SÉANCE DU 9 JUIN 191 3. 1^83 très délicate et ne peut être bien effectuée que sur des coupes à la paraffine, difficiles à réaliser lorsqu'il s'agit d'un mycélium. C'est ce qui explique nos premiers insuccès. Nous avons observé un chondriome analogue dans plusieurs Champignons fila- menteux (Endomyces Magnusii, Endomyces Jibuliger, Botrylis cine/'ea). Dans les oïdies de VEnd. Magnusii et surtout dans celles qui sont en voie d'enkystement, il est fréquent de rencontrer des vésicules de sécrétion formées aux extrémités ou an milieu du trajet des chondriocontes (fig. 9 a 11). Enfin dans V Endomyces Jibuliger, une partie des chondriocontes forment sur leur trajet de petits renflements qui finissent par s'isoler en grains sphériques qui grossissent sensiblement et peuvent être identifiés aux grains basophiles dont nous parlerons plus loin à propos des levures {fig- §)• Dans les Champignons où le mycélium est très réduit el où les formes levures dominent, de même que dans les véritables levures, le chondriome est beaucoup plus difficile à différencier parce qu'il est encore plus malaisé d'obtenir des coupes de ces Champignons. Cependant, il nous a été possible d'observer un chondriome dans V Endomyces albicans el dans plusieurs levures. Dans les formes mycéliennes de VEnd. albicans, le chondriome se présente sous forme de chondriocontes allongés {fig- 12). Il e>l formé au contraire par de courts bâtonnets et surtout par des mitochondries granuleuses dans les formes levures du même Champignon (fig. i3). Le noyau est souvent entouré de nombreuses mito- chondries qui gênent sa différenciation. Les levures que nous avons examinées (S. cerevisice) (Jig. 16 el 17) et S. Ludwigii (fig. i5) présentent aussi un chondriome où dominent les mitochondries granuleuses. En outre, on rencontre des grains sensiblement plus gros que les mitochondries qui présentent les mêmes caractères de coloration que ces dernières, mais plus résistants vis-à-vis des fixateurs ordinaires (fig. 17). Ces éléments, qui correspondent en partie aux grains basophiles signalés par Kohi, par nous et par Pénau, et dont la signification n'a pas été précisée, résultent de la transformation de mitochondries comme on peut facilement le constater dans VEnd. Jibuliger. C. Ces résultats permettent d'expliquer beaucoup de détails de la struc- ture des Champignons qui étaient restés jusqu'ici obscurs. Tout d'abord, le chondriome que nous avons décrit dans les Champignons filamen- teux rappelle beaucoup la structure canaliculaire observée il v a quelques années par Matruchot dans les Mortiérellées, à l'aide de colorations vitales. En outre, les éléments du chondriome sont, comme on le sait, fortement altérés par les agents ordinaires de fixation qui renferment de l'alcool ou de l'acide acétique; néanmoins, ils persistent à l'état de débris et après coloration à l'hématojyline ferrique donnent au cytoplasme une apparence confusément granuleuse. Cet aspect granuleux et les grains basophiles qui résultent de la transformation d'une partie des mitochondries ont frappé tous les auteurs qui ont observé la cytologie des levures; c'est ainsi que Wager et Peniston ont été conduits à admettre l'existence dans le cytoplasme des levures de chromatine diffusé. De même, Pénau a décrit dans C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 23.) 228 1784 ACADÉMIE DES SCIENCES. YEnd. albicans, où le chondriome esl spécialement riche, un réticulum chro- matique occupant tout le cytoplasme (formation basophile) el qu'il rapproche des formations chromidiales. La présence de mitochondries dans les Champignonsoù jusqu'ici on n'avait pu les mettre en évidence apporte donc un appui de plus à la théorie qui considère le chondriome comme un élément constant et indispensable de la cellule, au même titre que le noyau. Le chondriome des Champignons paraît jouer un rôle important dans les sécrétions, comme le témoignent la formation aux dépens de ses éléments des grains basophiles et la production fréquente de vésicules de sécrétion. Peut-être ces vésicules, qui sont analogues à celles où se dépose l'amidon dans beaucoup de végétaux supérieurs, jouent-elles un rôle dans l'élabo- ration des corpuscules métachromatiques, du glycogène et des graisses, produits si abondants dans les Champignons. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur- l'absorption de différentes formes d'azote par les plantes; influence du milieu. Note de M. D. Cuoucuak, présentée par M. Schlœsing fris. Dans une récente Communication ('), j'ai montré que les racines des végétaux ont la propriété d'adsorber les différentes formes d'azote; cette adsorption est en relation étroite avec la concentration de la solution. J'ai cherché à me rendre compte de l'influence que peut exercer sur ce pouvoir adsorbant, et aussi sur l'absorption de l'azote par les plantes vivantes, les modifications du milieu extérieur. Ces modifications étaient réalisées en ajoutant à ce milieu différents sels : SO'Mg, SO'Na2, CaCP, MgCI2, SO'Ca, C03Na2, NaCI. Les expériences étaient conduites comme celles que j'ai indiquées dans la Note précédente, mais les racines mortes (de 75 plantes) étaient plongées dans une solution de N 11 v CI à 5™e de i\ par litre, additionnées de 0^,4 de chaque sel par litre; aux plantes vivantes (il\5) 011 donnait une solution à oms, 25 de N et à is de sel par litre. On a d'abord constaté qu'en présence de ces sels, pour les racines mortes, l'équilibre n'est atteint qu'après un temps variable avec la nature et la concentration du sel; afin d'avoir les résultats comparables, on a limité toujours la durée de contact à 10 minutes. Pour les plantes vivantes on a constaté qu'après 10 ou i5 minutes (à la (') Comptes rendus, 1. 156, p. 1696. SÉANCE DU 9 JUIN IC)l3. 1785 condition d'agiter régulièrement la solution) l'absorption devient propor- tionnelle au temps, la vitesse d'absorption ou de diffusion à travers les parois des racines est constante ('). La durée des expériences avec les plantes vivantes était de 1 heure 10 mi- nutes. - Dans le Tableau suivant sont rapportés*ies résultats des expériences avec les divers sels, en représentant par 100 les quantités de N absorbé par les racines dans les solutions de NH'Cl pur; les mortes ont fixé o,bs,oG; les vivantes, oIllg, 127 : Sel ajouté à la solution deNH4CI 0 SO'Mg SO'-Na2 MgCL2 CaCl2 SO*Ca C03Na2 NaCl IV adsorbé par les racines mortes 100 . o 7,5 23,2 3 1 , 5 07,0 f\2 , o 82,0 N adsorbé par les plantes vivantes 100 8,2 28,0 32, o 48, o 55, o » 6.4, 5 On voit que le pouvoir adsorbant par les couches extérieures des racines mortes, la vitesse d'absorption ou de diffusion dans les plantes vivantes (pour la même concentration en N) sont fortement modifiés par la présence des sels. Ils n'agissent pas de la même façon, mais par leur action sur les racines mortes et les plantes vivantes ils se rangent dans le même ordre : les vitesses de diffusion sont, par conséquent, étroitement liées au phéno- mène d'adsorption. On a obtenu des résultats analogues avec le NaNO3, mais ici le SO'Mg et NaCl augmentaient de 5o à 60 pour 100 la vitesse d'absorption, tandis que le CO'Na2 la diminuait. D'autres expériences faites avec des solutions de deux ou de plusieurs sels ont montré qu'ils pouvaient avoir une action antagoniste. Voici quelques résultats obtenus en ajoutant de petites quantités de NaCl, SO*Ca, SO*Mn à des solutions de iolus par litre de N, de NH'Cl et des quantités relativement grandes de SO'Na2 : mS me mg me NII'CI -+- 3ooms p. 1. de SO'NV-t- NaCl mg p. 1. . . . o l\o 80 120 N adsorbé 100 io4 ia3 m NH'Cl + 2ooms p. 1. de SO*iNai-r-SO*Mn mg p. I.. . o 4o 80 » N adsorbé.* 1 00 1 1 1 120 » NH'CI-r-4oo"*p. 1. deSO*Na2+S04Ca mg p. 1.... o 4o 80 120 N adsorbé 100 127 n5 110 (') Il n'en serait certainement pas ainsi avec des concentrations plus grandes ou un nombre de plantes plus petit, ou encore si l'on prolongeait très longtemps l'expérience; les plantes finiraient par se saturer. 1786 ACADÉMIE DES SCIENCES. On voit que l'adsorption a été augmentée de 20-27 Pour IO° el qu'il existe pour les différents sels des proportions qui donnent à l'adsorption une valeur maxima. On a vu plus haut que le pouvoir adsorbant était intimement lié à la vitesse de diffusion ou d'absorption; celle-ci doit, elle aussi, dans des con- ditions analogues, être augmentée* en effet, on a constaté une augmentation - de 5o pour 100 de cette vitesse par l'addition de NaCI à une solution de SO'Na'etdeNH'Cl. Ces faits permettent d'expliquer, au moins partiellement, les bons effets que produisent souvent sur la végétation l'addition de certains sels, le sel marin, le plâtre, le sulfate de manganèse. On vient de voir qu'ils peuvent augmenter la vitesse de diffusion de N ammoniacal (et de nitrate par NaCI) et, par suite, assurer une meilleure ali- mentation en azote cl un rendement plus grand de récolte. En résume, l'absorption de l'azote minéral ou organique par les jeunes plants de blé ne dépend pas immédiatement de la matière vivante; elle est déterminée par des substances qui sont contenues dans les racines et que l'eau bouillante n'enlève pas; toutes autres conditions égales, le pouvoir adsorbant, la vitesse de diffusion, sont proportionnels aux concentrations jusqu'à une certaine limite à partir de laquelle ils croissent moins vite qu'elle. Dans des solutions d'égale concentration, ce pouvoir adsorbant, cette vitesse de diffusion sont modifies par le changement de la composition du milieu extérieur. Ce pouvoir et cette vitesse sont étroitement liés. On peut s'en rendre compte par les considérations suivantes : dans deux milieux qui se touchent et qui ne se mélangent pas, une substance qui peut être dissoute par chacun d'eux se répartit avec des concentrations qui sont entre elles dans un certain rapport (coefficient de partage); d'autre part, dans chaque milieu, la vitesse de diffusion de celle substance (avec son coefficient de diffusion) est proportionnelle, selon la loi d'osmose, à la différence de ses concentrations dans les diverses couches du même milieu; la même loi s'applique aux solutions solides (Van 'tHoff). Ici, on est en présence d'eau, de la racine et d'une substance azotée : celle-ci est dissoute dans l'eau, elle se répartit entre l'eau et la couche superficielle de la racine (peut-être l'épaisseur de quelques couches de molécules) avec les concentrai ions qui sont entre elles dans un certain rapport (coefficient départage) très facilement modifié par les changements dans le milieu extérieur (par exemple addition des sels dans l'eau); ce coefficient peut être, selon les conditions du milieu, plus grand ou plus séance du 9 juin io,i3. 1787 petit que l'unité pour la même concentration de la substance azotée. Après l'établissement de cet équilibre la vitesse de diffusion dans la racine sera proportionnelle à la différence de la concentration dans cette couche super- ficielle et les couches plus profondes ('). Ainsi, la vitesse de diffusion d'une substance nutritive dans la racine dépend de l'ensemble des actions physico-chimiques et chimiques qui déterminent le coefficient de partage de celte substance entre le milieu ambiant et la racine, ainsi que de sa concentration et des pressions osmo- tiques qui s'établissent dans les deux milieux. Cela influe sur les quantités totales des matières nutritives absorbées et, par conséquent, sur toute la vie de la plante. PHYSIOLOGIE. — Sur une région endocardique directement excitable. Note de M. K. Akgaud, transmise par M. Bouchard. Le corps d'un supplicié de 20 ans, transporté à la Faculté de Médecine d'Alger immédiatement après l'exécution, nous a permis de faire toute une série de constatations sur les contractions posthumes du cœur humain. Nous nousétions demandé, a priori, si la dissociation agonique auriculo- venlriculaire, remarquablement bien indiquée chez certains animaux, était décelable chez l'homme, et quelle était la durée de la survie du cœur exsangue. Tel était le but de nos recherches. Dès que le corps est sur la table de dissection, nous enlevons un volet sterno-costal, lendons le péricarde, et le cœur est ainsi mis directement à nu. Immédiatement après, c'est-à-dire 4^ minutes après la décollation, nous observons une contraction cardiaque spontanée. A partir de ce moment, le cœur ne se contracte plus que sollicité par un clioc, surtout si ce dernier est porté sur l'oreillette droite. Ces contractions se produisent toutes les 10 secondes environ (période réfractaire) jusqu'à la 52e minute. Elles vont ensuite en s'amoindrissanl, deviennent de plus en plus capricieuses, tantôt auriculaires, tantôt ventriculaires, souvent même c'est une légère fibrillalion incoordonnée (délire du cœur). A la 63e minute, le cœur ne répond plus au clioc mécanique. Nous employons alors, comme excitant, le courant induit d'un chariot de du Bois- (') La concentration dans les couches extérieures correspond à la quantité de N adsorbé dans les expériences décrites plus haut; on trouve des exemples de coefficients de partage dans le Tableau de la Note précédente. I788 ACADÉMIE DES SCIENCES. Reymond alimenté par une pile au bichromate. L'excitateur promené à la surface du cœur n'amène ni contraction ni fibrillation. Le cœur paraît inexcitable. Nous songeons alors à explorer la surface interne du cœur. Dès que l'artère pulmonaire est ouverte, les parois du ventricule droit s'affaissent brusquement. L'excitation de l'endocarde ventricujaire droit par le courant induit ne détermine aucune contraction; il eu est de même pour l'endocarde du cœur gauche. Par contre, les électrodes placés à la surface de l'endocarde de l'oreillette droite déterminent des contractions du cœur tout entier. De la 72e à la 75e minute, trois chocs d'induction sont nécessaires pour provoquer une contraction. Enfin, à la 83e minute après l'exé- cution, le cœur ne réagit plus. Considérations générales. — Dans les conditions de nos expériences, l'endocarde de l'oreillette droite est donc la seule partie du cœur dont l'excitation par les courants induits détermine la contraction de l'organe. Il est intéressant d'ajouter ici que la zone qui nous parait de beaucoup la plus excitable répond au tœnia de His, au nœud de Keitb et Flack et à la valvule de Thébésius, c'est-à-dire précisément aux territoires les plus riches en ganglions nerveux. Nous avons récemment signalé, dans l'épais- seur de la valvule de Thébésius cbez l'homme et quelques mammifères, l'existence fréquente de ganglions nerveux. Nos observations peuvent en outre nous offrir un enseignement pra- tique. Au cours du massage du cœur, les ventricules sont habituellement saisis d'une façon plus ou moins médiate par la main du chirurgien qui ne tient guère compte du phénomène de l'inexcitabilité périodique ou tout au moins des modifications survenues dans sa durée. Nous proposerions, au lieu du massage continu des ventricules, d'aller à la rencontre de l'oreille droite, et de l'exciter par de petits chocs, avec le bout des doigts, en espaçant ces excitations et en attendant, autant «pie possible, la réponse myocardique. HISTO-PHYSIOLOGIE. Action de la traction de la zonule sur la configu- ration générale du cristallin humain. De la possibilité de l'aplatissement de la périphérie du cristallin pendant l'accommodation. Note de M. Jacques Mawas, présentée par M. Henneguy. L'étude anatomique du muscle ciliaire de l'Homme et des Mammifères nous a permis de conclure que, étant donnée la direction de la majorité des fibres musculaires, il se produisait, au moment de la contraction du muscle, un raccourcissement de toute la région ciliaire. Ce raccourcissement, séance du 9 juin 1913. 1789 comme nous l'avons montré, a comme conséquence fatale, et en ce qui concerne spécialement la zonule, le relâchement de ses fibres les plus pos- térieures et la traction, en arrière et en dehors, des fibres antérieures. Celles-ci, comme on le sait, sont les plus puissantes et les plus nombreuses. Quel est l'effet de cette traction sur le cristallin? Tout le monde admet aujourd'hui que, pendant l'accommodation, le cristallin change de forme. Ce changement porte surtout sur la courbure de sa face antérieure, qui augmente sensiblement. Cet accord cesse d'exister lorsqu'on envisage séparément les modifications de forme que présentent, pendant le même temps, le centre du cristallin et sa périphérie. Dans l'hypothèse classique de Helmholtz, l'accommodation se produit par le relâchement de la zonule, d'où l'augmentation d'épaisseur du cristallin, et sa forme généralement arrondie. Les travaux de M. Tscherning et de ses collaborateurs ont montré que, pendant l'accommodation, il y a aplatissement de la péri- phérie du cristallin en même temps qu'augmentation de courbure du centre. Cet aplatissement serait dû à une traction de la zonule, comme cela se passe lorsqu'on produit artificiellement cette traction sur un cris- tallin isolé avec son ligament suspenseur. Mais l'interprétation anatomique proposée par M. Tscherning pour expliquer le phénomène de l'accommo- dation ne nous semble pas exacte, car l'auteur y fait intervenir des dispo- sitions structurales manifestement erronées. Si le fait observé est réel, il est facile de le constater sur des coupes histologiques, où la zonule se trouverait naturellement ou artificiellement tendue. C'est précisément l'objet de cette Note que de faire cette démonstration. Certaines affections de l'œil produisent plus ou moins lentement, mais sûrement, une distension parfois considérable du globe oculaire. Celui-ci s'agrandit et s'élargit de telle façon qu'il modifie considérablement le cercle ciliaire qui tend à s'éloigner du cristallin. Ce mouvement a pour conséquence la distension des fibres zonulaires, qui modifient alors la forme du cristallin. Ces modifications de forme du cristallin se produisent dans les glaucomes chroniques, l'hydrophlalmie, les tumeurs intra-oculaires, certaines formes d'iridocyclites, etc. L'étude d'un grand nombre de ces cas nous permet de tirer les conclu- sions suivantes : i° Lorsqu'il existe une traction généralisée de la zonule, la périphérie du cristallin s'aplatit, son centre bombe. 1790 ACADÉMIE DES SCIENCES. 20 Jl semble exister un rapport direct entre l'aplatissement des bords du cristallin et la traction des fibres zonulaircs. 3° Il ne semble pas exister une corrélation étroite entre L'aplatissement des bords et l'augmentation de courbure du centre du cristallin. Cependant, dans certains cas, et ceci est exceptionnel, la traction zonu- laire est telle, que le cristallin tout entier s'aplatit et s'étire en ruban. 4° Le centre anatomiquedu cristallin (le noyau lenticulaire) résiste par- faitement bien à la déformation zonulairc, mais dans une certaine mesure seulement. La région nucléaire du cristallin est donc susceptible de se modifier pen- dant l'accommodation. 5° La face postérieure du cristallin varie parallèlement à la face anté- rieure. Son augmentation de courbure est, dans certains cas, aussi grande que celle de la face antérieure. Nous tenons à faire remarquer (pie nous n'avons pas eu la prétention dans cette Note, comme d'ailleurs dans les précédentes, de résoudre le pro- blème de l'accommodation. Nous connaissons trop combien ce problème est compliqué pour songer à l'étudier ici, même d'une façon incomplète. En tout cas nous ne croyons pas que l'étude anatomique seule puisse prétendre à le résoudre; si les recberebes histologiques sont indispensables, elles ne doivent servir qu'à préparer le terrain à l'expérimentation physio- logique, et aux recherches plus précises d'ophtalmométrie, voilà l'ordre à suivre. C'est pour avoir fait précisément le contraire que les auteurs n'arrivent pas à s'entendre sur la façon dont le corps ciliaire agit sur le cristallin. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Synthèse biochimique, à l'aide de l'ému/sine, d^un glucoside isomère de la salicine, le salicylglucoside (3. Note de MM. Em. Iîourquelot et H. Hérissky, présentée par M. Jungfleisch. Le fait que l'émulsine en poudre peut agir hydrolytiquement (') ou synthétiquement (2) dans de l'acétone plus ou moins hydraté, a fait entre- (') Em. BoimyuELOT et M. Bridel, Action de l'émulsine sur la gentiopicrine en solution dans divers liquides organiques neutres {Comptes rendus, t. ]5'i, 6 mai 1912, p. 125g). (2) Em. Bourquelot et Em. Verdon, Recherches sur la synthèse biochimique du méthylglucosidefi dans un liquide neutre, étranger à la réaction (Comptes rendus, t. 156, 21 avril igi3, p. 1264). SÉANCE DU 9 JUIN I9l3. 1791 voir la possibilité de l'application pratique du procédé biochimique de synthèse des glucosides à des alcools solides ou peu solubles dans l'eau, mais solubles dans l'acétone. Nous avons obtenu ainsi, à partir de la saligénine (alcool salicylique ou orthoxybenzylique) et du glucose d, un glucoside cristallisé, différent de la salicine, glucoside naturel dérivé également de la saligénine et du glucose cl. Les propriétés de ce nouveau glucoside tendent à le faire consi- dérer comme le salicylglucoside (3, la saligénine ayant réagi synthétique- ment avec le glucose par sa fonction alcoolique. Des essais préliminaires nous ont montré que si, dans l'acétone addi- tionnée d'eau, en quantité variable d'ailleurs, et tenant en dissolution de la saligénine et du glucose, on introduit de l'émulsine, il se produit une réaction synthétisante facile à constater par l'abaissement graduel de la rotation droite de la solution; la limite atteinte diffère suivant la dilution de l'acétone et les quantités de saligénine et de glucose respectivement dissoutes, la réaction étant, comme on devait s'y attendre, favorisée par la présence d'un grand excès de saligénine. Nous nous contenterons ici d'exposer brièvement le procédé qui nous a permis d'isoler le glucoside formé. 3oo(T"' d'une solution contenant, pour iooc,"s, 2s de glucose, a5s de saligénine, 20cm d'eau distillée et quantité suffisante d'acétone du bisulfite, ont été additionnés de 3s d'émulsine et conservés à i5°-20°, en agitant deux, ou trois fois par jour. Après 19 jours, la rotation, qui était à l'origine un peu supérieure à -H 2°(/rr 2), était devenue -+-4^') bien qu'il ne se fût produit dans la liqueur aucune cristallisation de glucose. On a filtré alors le liquide, ou l'a distillé, et le résidu, additionné d'un peu d'eau, a été traité à maintes reprises par l'étlier, de façon à enlever entièrement la saligénine qui n'avait pas réagi. Le liquide résiduel, renfermant le glucose en excès et le glu- coside éventuellement formé, a été étendu d'eau, puis la solution, qui était dexlrogyre, a été additionnée de levure haute qui a détruit le glucose par fermentation. La liqueur, devenue alors lévogyre, a été filtrée, portée à l'ébulli lion en présence de carbonate de calcium et finalement évaporée à sec. On a repris l'extrait à rellux par ^ocm* d'alcool à 96e. Comme la solution alcoolique ne fournissait pas de cristaux, même après addition de iocn,a d'étlier, on l'a laissée s'évaporer spontanément à l'air. Bientôt quelques cristaux se sont déposés sur les parois du vase. On a décanté et ajouté au liquide de 10 à 1 5 gouttes d'eau ; la cristal- lisation s'est rapidement effectuée dès que le liquide eut été réduit à quelques centi- mètres cubes. Le produit a été essoré et séché à l'air jusqu'à poids constant (/> = ob,86). C'est à ce dernier produit que se rapportent toutes les propriétés ci-dessous : Le glucoside ainsi obtenu se présente au microscope sous forme de C. R., igi3., 1" Semestre. (T. 156. N° 23.) 229 1792 ACADÉMIE DES SCIENCES. longues aiguilles, fines, incolores; en cristallisation tranquille, ces aiguilles peuvent atteindre une longueur de i"n. Il est inodore et possède une saveur amère. Il n'est pas hygroscopique. 11 est assez soluble dans l'eau. Son point de fusion est très variable suivant la rapidité de la chauffe, ce qui s'explique très bien par les observations suivantes : chauffé graduelle- ment à l'étuve, il commence à se ramollir et à s'agglomérer vers 5o°-6o°, puis fond en une masse vitreuse, visqueuse, qui diminue peu à peu de poids. Même après quelques heures de séjour à 1200, le produit recristallise par addition de quelques gouttes d'eau. 0^,3287 du corps cristallisé, séché à l'air, ont perdu os,o6iq, soit 18, 83 pour 100 (théorie pour C"H,807-4- 4H20 : 20,1 1). Il semble donc que le corps cristallise avec 4ino1 d'eau. Le pouvoir rotatoire du corps séché à l'air (à 4 H20) pour une concen- tration de is.60 pour ioocma est : a„ = — 37°,5 [/> = os, 4 °°° î f=25c'"1; /= 2; a = — i°i2']. Ce glucoside réduit la liqueur cupro-potassique ; son pouvoir réducteur est sensiblement égal au tiers de celui du glucose. Soigneusement débarrassé de toute trace de saligénine, il donne en solution aqueuse, avec le perchlorure de fer, une belle coloration violet mauve peu intense; cette coloration ne disparaît pas par agitation avec l'éther. Ces propriétés indiquent que la fonction phénolique de la saligénine est restée libre. En solution aqueuse, le glucoside est rapidement dédoublé par l'émul- sine. La solution renfermant is,6o de produit hydraté pour ioocm',dont la rotation était de — i°i2', contenait, après hydrolyse, oe,8o38 de glucose (calculé pour C,3H'807 + 4 H20 :o«,8o4) et accusait une rotation de -+- 5o à -1- 02' (théorie : + 5o',4)- On a isolé des produits de la réaction de la saligénine à l'état cristallisé. Nous avons donc obtenu, au moyen de l'émulsine, un glucoside de la saligénine et du glucose d. Les propriétés décrites montrent que ce gluco- side, différent de la salicine, est le salicylglucoside (3. Ces recherches permettent, en outre, de penser qu'on pourra préparer, par voie biochimique, d'autres glucosides isomères (métaoxybenzylgluco- side (3, paraoxybenzylglucoside (3) et analogues. SÉANCE DU 9 JUIN igi3. 179,3 GÉOLOGIE. — Signification des galets de minerais, inclus dans les minerais de fer hettangiens de Bourgogne. Note de M. L. Cayeux, présentée ' par M. Ch. Barrois. La Société Schneider et C'e exploite depuis longtemps en Bourgogne, aux environs de Nolay, des minerais hettangiens, appartenant à l'assise à Sch. angulala. A Change, où se trouve la seule partie du gîte qui ne soit pas encore épuisée, le minerai est une très belle roche oolithique, de cohérence assez faible pour se réduire en poussière après quelques mois d'exposition aux intempéries. Au microscope, ou constate immédiatement que les corps ferrugineux, rapportés aux oolitbes, appartiennent en réalité à deux catégories d'élé- ments. Les uns sont à proprement parler des oolitbes, pourvues ou non d'inclusions organiques reconnaissables, formées d'une enveloppe corticale en totalité ferrugineuse et d'un noyau calcaréo-ferrugineux ou exclusivement hématisé. Les autres, beaucoup moins répandus que les premiers, sont des restes organiques, le plus souvent des articles d'Encrines usés et arrondis par les flots, et, pour cette raison, non séparablesdesoolilhes à l'œil nu. Ces matériaux, auxquels s'ajoutent quelques débris d'Oursins et de rares Fora- minifères, sont plongés dans un ciment où lacalciteet l'hématite s'associent en toutes proportions. Loin d'être homogène dans toute son épaisseur, le minerai renferme nolammentdes nodules et de véritables galets. Ceux-ci, d'un diamètre qui n'excède pas 12e"1 à i5cm, à ma connaissance, sont criblés de perforations de Mollusques lithophages sur toute 1» surface. A ce dernier caractère on reconnaît que les galets ont été perforés dans une eau très agitée, condition qui exclut toute idée de perforation sur place, en raison des caractères du minerai enveloppant. Il importe de noter à ce sujet que les galets se rencontrent isolément, et non par groupes comme les pierres transportées par les cou- rants, les vagues et les marées, en sorte que leur existence dans le minerai ne saurait être invoquée comme une preuve de grande agitation des eaux. Examinés à la loupe, ces galets accusent une structure oolitliique plus ou moins apparente. Au microscope, on y retrouve d'ailleurs tous les éléments du minerai, avec cette différence qu'ils sont clairsemés, très inégalement répartis et, en général, à des états de minéralisation moins avancée. Plutôt raies en moyenne, les vraies oolitbes ne se différencient en rien de celles du minerai. Par contre, les débris organisés, comme les articles d'Encrines, les vestiges de Mollusques, sont restés essentiellement calcaires pour la plupart ; il en est même dans lesquels on chercherait vainement la plus petite trace d'hématite. Il existe à cet égard de grandes différences suivant les points considérés : telle plage est restée calcaire à côté de telle autre montrant le ciment et 1794 ACADÉMIE DES SCIENCES. les organismes plus ou moins chargés de fer oxydé. Lors même que la minéralisation est maxima, il est rare qu'elle atteigne le degré que nous pouvons considérer comme normal dans le minerai. La présence de ces galets, non moins que la différence de minéralisation qui les distingue du minerai, nous paraissent d'une importance capitale, au point de vue de la genèse des minerais de fer sédimentaires. Trois faits sont hors de discussion, en ce qui concerne le gîte considéré : 1. Tandis que le minerai continuait à s'accumuler dans la région de Nolay, le bord du bassin se relevait quelque part, et le dépôt en voie de formation était immédiatement remanié et partiellement réintroduit dans le bassin, à l'état de galets déjà perforés. 2. Lorsqu'il a été remanié, le minerai avait déjà acquis, sinon tous ses caractères physiques actuels, tout au moins ses propriétés essentielles, et en particulier sa cohérence. En cela, il rappelle le charbon des bassins de Commcntry, Blanzy, etc., qui, transformé en galets dans des conditions analogues, réalise d'emblée sa dureté et son volume définitifs. )}. La minéralisation des organismes, et probablement celle des oolithes, est antérieure à l'arrivée des galets dans le milieu où s'accumulaient les éléments du minerai qui les englobe. Si l'on suppose en effet qu'elle s'est faite in situ, il devient impossible d'expliquer pourquoi elle est toujours moindre dans les galets que dans le minerai. Autrement dit, il en est des galets de minerai comme des galets de houille : le stade d'évolution auquel ils sont arrivés, au moment de leur remaniement, est définitif, même s'ils sont transportés dans un milieu où un dépôt de même nature en voie de formation doit atteindre une phase de minéralisation beaucoup plus avancée. De plus en plus la question de l'origine des minerais de fer sédimen- taires revêt une extrême complication, et cependant elle est loin d'être posée dans toute son ampleur. La connaissance des nombreux faits qu'il me reste à exposer est nécessaire pour en juger. GÉOLOGIE. — Sur la bordure méridionale de la Meseta Ibérique. Note de M. Jean Grotii, présentée par M. H. Douvillé. La grande pénéplaine de la Sierra Morena constitue la région méridio- nale de la Meseta Ibérique. Cette région de plis hercyniens est limitée au séance du 9 juin igi3. 1795 Sud par la vallée du Guadalquivir, dépression importante où affleurent les terrains tertiaires horizontaux qui la séparent des chaînes subbétiques. Cette bordure sensiblement rectiligne sur une grande longueur, l'abaissement assez rapide des reliefs de la Meseta, avaient frappé Macpherson qui en avait conclu à l'existence, dans toute la longueur de la vallée, d'un accident important : la faille du Guadalquivir admise depuis par Suess. Cependant l'aspect topographique des environs de Cordoue avait inspiré à mon maître M. E. Haug des doutes sur l'existence de cet accident. C'est sur son conseil que j'ai étudié la bordure sud de la Sierra Morena, dans la région d'Adamuz, à environ iSkm nord-est de Cordoue. L'anticlinal du lietamalejo-Calvario de Villafranca sépare le synclinal carbonifère de Belmez-Adamuz de celui de Villafranca de Cordoba, situé à quelques kilo- mètres au Sud-Ouest. Ces plis hercyniens ont une direction NW-SE du Z 11 j a r au Guadalquivir avec cependant une inflexion vers l'ESE, de Villa- harta à Adamuz. Les synclinaux carbonifères formés de roches tendres des- sinent des vallées où apparaissent en relief les masses compactes des cal- caires à Productus. Au contraire, les quartziles de l'anticlinal du Retama- lejo, mieux respectés par l'érosion, forment une crête qui dans les Umbrias domine de /joom la vallée synclinale. Le calvaire de Villafranca se trouve sur l'axe de l'anticlinal, à 2kin nord du Guadalquivir. De ce point on voit la crèle de l'anticlinal, qui atteignait G/jom aux Puntales, descendre à 4oom au Madronal, s'abaisser lentement jusqu'au calvaire de Villafranca (3oom) et se prolonger même au sud du Guadalquivir où les quartzites verticaux de l'Alcurrucen (200'") forment à peine un léger relief dans la grande plaine tertiaire. Au SW, vers Alcolea, les crêtes qui marquent la limite du bassin de Villafranca descendent aussi lentement vers la vallée et au Nord-Est, dans la direction de Montoro, on voit le léger relief de l'Atalayuela passer sur la rive gauche du Guadalquivir où rien dans la topographie ne le distingue des collines tertiaires. Des conglomérats à galets de quartzite, des grès ferrugineux, des sables et grès tertiaires horizontaux envahissent le synclinal carbonifère où ils recouvrent les terrains anciens jusqu'à Adamuz et même au delà. Les anti- clinaux, au contraire, ne disparaissent définitivement sous le Tertiaire que sur la rive gauche du Guadalquivir. C'est ainsi que le rio, pénétrant dans le bassin houiller à quelques kilomètres en aval de Montoro, coule d'abord dans une gorge de quartzites paléozoïques verticales recouvertes en discor- dance angulaire par des conglomérats horizontaux attribués au Trias. Puis, clans le prolongement de l'axe du synclinal, sa berge peu encaissée est 179^ ACADÉMIE DES SCIENCES. taillée entièrement dans les poudingues récents. C'est seulement en aval, dans la traversée de l'anticlinal, que le Guadalquivir coupe de nouveau les quartzites primaires à hauteur du calvaire de Villafranca. Au nord de Cordoue, les reliefs de la Meseta s'abaissent assez rapidement vers la plaine. Mais bien au sud du changement de pente, à îSoo"1 au nord de la ville, on trouve encore les terrains primaires recouverts par du Ter- tiaire horizontal. D'après M. Louis Gentil, des observations analogues peuvent être faites plus à l'Ouest dans la région de Séville. On voit de ce côté les rides anciennes de la Meseta s'enfoncer avec abaissement d'axe sous les dépôts néogènes de la vallée du Guadalquivir. Le bassin houiller de Villanueva delRio, situé à 3okm au nord-est de Séville, est particulièrement instructif à cet égard. On y peut voir, d'après les sondages effectués pour des recherches de houille, les plis hercyniens s'enfoncer sous le Miocène et le Pliocène transgressifs. Pour M. Gentil il ne peut être question de ce côté de la prétendue faille du Guadalquivir mettant en contact les dépôts néo- gènes avec le bord méridional de la Meseta et il y a manifestement ennoyage des plis carbonifères sous les dépôts du détroit i\ord-Bélique. D'ailleurs ce savant voit, dans cette région de l'ancien détroit andalou, des faits ana- logues à ceux qu'il a observés au voisinage du détroit Sud-Rifain où très vraisemblablement les plis du Moyen-Atlas et du massif des Beni-Snassen s'ennoient sous les dépôts miocènes de l'ancienne communication entre la Méditerranée et l'océan Atlantique par Taza et Fez. Les coupes données autrefois par Pellico et Macphcrson, les contours de la Carte géologique au J.UII'IIUI, semblent indiquer que les choses se passent d'une façon analogue sur la bordure de la Meseta, d'Andujar à Séville. En résumé, comme l'avait pressenti M. E. Haug, l'abaissement lent des reliefs, la transgression tertiaire dans les synclinaux anciens montrent bien que les plis hercyniens, au lieu d'être coupés brusquement par une grande faille, s'ennoient lentement sous la vallée du Guadalquivir dans la région d'Adamuzet à Villanueva del Rio, probablement aussi dans toute la pro- vince de Séville. Dans cette région la faille du Guadalquivir, si elle existe, ne pourrait passer que sous la grande plaine tertiaire où rien ne permet d'en soupçonner la présence. Il semble plus probable que la Meseta Ibérique se termine au Sud par un ennoyage accompagné peut-être de fractures secondaires. SÉANCE DU 9 JUIN I9l3. I 797 PRÉHISTOIRE. — Découverte d'une grotte préhistorique d'âge aurignacien à Brancion (Saàne-et-Loire). Note (') de MM. Lucien. Mayet et Joseph Mazenot, présentée par M. H. Douvillé. Au mois de mars de cette année, l'un de nous avait la curiosité de creuser un peu le sol d'une excavation peu profonde et très surbaissée s'ouvrant à mi-côte de la pente nord d'un étroit vallon situé au bas du village de Brancion (commune de Martailly-lès-Brancion) et connue des bergers de la région sous le nom de Four-de-la- Baume. Ce nom répondait bien à l'as- pect de la grotte avant son déblaiement. Elle s'ouvrait au-dessus d'un petit plateau rocheux, sorte de terrasse large de 7™ environ et de longueur égale, par un étroit orifice donnant accès à une petite salle profonde de 8m, large irrégulièrement de 2m à 4m et haute, suivant les endroits, de im à 2"1. Cette cavité, creusée dans le calcaire jurassique delà région, ne paraissait pas, au premier abord, très intéressante. Cependant, dès les premiers coups de pioche, des documents archéologiques dignes d'attention furent amenés au jour et, avec le précieux concours de MM. Martin et Ray, conservateurs du musée deTournus, une fouille méthodique fut entreprise. L'abaissement progressif du sol au fur et à mesure du déblaiement de la grotte fit découvrir au fond de celle-ci un couloir étroit, sinueux, à déclivité très prononcée, actuellement vide sur une longueur de 25m, jusqu'en un point où le rapprochement de ses parois le rend à peu près infranchis- sable. Le Four- de-la- Baume présentait trois niveaux archéologiques différents et une faune assez homogène du Quaternaire moyen. i° A la surface du sol et à quelques centimètres au-dessous furent recueillis des tessons de poterie vernissée, de poterie noire assez fine et très cuite, une pièce de monnaie du moyen âge, etc. Ce niveau récent n'offre aucun intérêt. 20 A om, 80 environ de profondeur, existait un niveau probablement néolithique représenté par des tessons assez nombreux de poterie grossière; par un crâne humain bien conservé, par quelques débris squeletliques (mendibule de vieillard, débris d'os longs, vertèbres, omoplate...) se rapportant à au moins trois individus; par des osse- ments de blaireaux venus probablement creuser leur terrier dans la masse de limon argileux qui avait recouvert la sépulture néolithique. 11 convient de remarquer l'extrême ressemblance du crâne brachycéphale du Four-de-la-Baume avec le crâne de La Truchère. 3° Au-dessous du niveau néolithique et à une profondeur plus ou moins grande selon la pente du sol de la grotte, fut abordé le niveau paléolithique, disséminé sans (') Présentée dans la séance du 2 juin igi3. 1798 ACADÉMIE DES SCIENCES. aucune stratification dans le limon qui la remplissait. (Je remaniement naturel des foyers primitifs tient à ce que les eaux, coulant sur la pente du vallon venaient s'en- gouffrer dans la grotte et entraînaient au fond de celle-ci, puis dans le couloir lui fai- sant suite, terre, débris de cuisine,- ossements, silex, os travaillés, etc. La faune comprend : Rhinocéros lichorhinus, Elephas primigenius, Equus caballus fossilis, Cervidés de diverse taille, Cervus (arandus, Dos primigenius, Ifyœna spefœa, Ursus spelœus, Mêles taxas, Canis lupus, Canis rulpes, etc. Le Cheval est ici de beaucoup le plus abondant et il n'a pas été recueilli moins de 3oo molaires de cet animal ; le Renne n'est, au contraire, repré- senté que par quelques rares débris. L'ancienneté de cette faune n'est pas douteuse : c'est la faune à Cheval prédominant précédant la faune du Renne. L'industrie humaine est pauvrement représentée. Les silex rappellent, pour quelques-uns, les formes du Moustérien supérieur, mais le plus grand nombre présentent une technique plus évoluée et sont à rapprocher des pièces trouvées dans le niveau aurignacien de Solutré. Une rondelle crânienne humaine percée d'un trou de suspension, quelques fragments d'os polis et percés pour servir de pendeloques, un fragment d'os poli et décoré de coches régulièrement et symétriquement disposées; un certain nombre d'os utilisés sans avoir été travaillés avec l'habileté que dénotent les pièces solutréennes, s'ajoutent aux documents lilhiques et à la faune pour dater comme aurignacien le Four-de-la- Baume. L'ancienneté relative de ce gisement n'est pas faite pour surprendre si l'on veut bien remarquer que la moyenne vallée de la Saône fut habitée à l'époque moustérienne par des hommes ayant donné à la technique de la taille moustérienne du silex un haut degré de perfection (gisement de la Terrasse de Ville franche"), et qu'à ces hommes ont succédé les peuplades qui ont laissé comme preuve de leur existence les importants gisements de Germolles (3okm au nord de Brancion) et de Solutré inférieur (3okin au sud de Brancion). La grotte du Four-de-la-Baume vient s'ajouter aux rares documents aurignaciens déjà connus dans le département de Saône-et-Loire, et c'est pourquoi il nous a semblé utile d'attirer l'attention sur ce gisement récem- ment découvert. A 4 heures el quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. Ph. v. T. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 JUIN 1915. PRESIDENCE DE M. F. GUYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Lippmasn, délégué par l'Académie pour la représenter à la cérémonie commémorative de P. Prévost, rend compte de sa mission en ces termes : Le 5 juin dernier a eu lieu, à Genève, une cérémonie commémorative en Thonneur de Pierre Prévost. Un buste en bronze de réminent physicien a été inauguré dans l'Aula de l'Université, en présence d'un public nombreux, des autorités de Genève et de délégués des principales Sociétés savantes d'Europe. Pierre Prévost a été « Associé non résident » de notre Académie des Sciences morales et politiques, et plus tard Correspondant de l'Académie des Sciences. Son nom demeure dans les sciences attacbé, comme on le sait, à la théorie de l'équilibre mobile des températures. Par cette théorie, Prévost n'expliquait pas seulement nombre de faits qui embarrassaient les chercheurs de son temps; il donnait, en outre, les premiers exemples d'un mode de raisonnement plus d'une fois appliqué dans la suite : d'une théorie purement statistique. On considère chaque élément d'un système comme indépendant de tous les autres : il donne et reçoit, et l'on écrit pour l'équi- libre que la recette est égale à la dépense : c'est ainsi que l'on analyse au- jourd'hui nombre de phénomènes en Physico-Chimie. Le nom de Pierre Prévost restera donc au premier rang dans cette pléiade de savants à laquelle Genève a donné naissance. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 24.) 23o l8oo ACADÉMIE DES SCIENCES. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur une transformation du mouvement d'un système holonome conservatif donné dans le mouvement d'un autre système donné de même liberté. Note de MM. P. Appell et H. Vergne. Étant donné un système d'équations canoniques dt OYi (If OJ'i oùF(ir,,a;2, . . ., &n; y,, y.,, ...,yH) est une fonction donnée ne dépendant pas de t, on peut toujours définir des changements de variables qui trans- forment ce système en un autre système canonique (2) 777 = ^' -37=--^ ('=l'2 '°' où $'(!;,, !;2, ...,!;„; Y)t, Y)2, .. ., Y)„) est également une fonction donnée ne dépendant pas de /. Il suffit, pour le montrer, d'employer pour chacun des deux systèmes (i) et (2) le changement de variables indiqué par H. Poincaré (Méthodes nou- velles de la Mécanique céleste, t. III, p. 7) et employé par M. H. Vergue (Annales de l'École Normale, 1910), pour ramener les équations du système à la l'orme rf(3, _ 40, _ d% _ dt _l' dt ~0' "" dt ' rfa, _ da« _ da„ ~~dï ~ °' ~dt ~ °' ~dt ' En égalant les (3;, a, exprimés en fonction des #i,j',à ces mêmes quantités exprimées en fonction des \t, rj(, on obtient une transformation répondant à la question. On peut aussi, mais sous certaines restrictions, réaliser directement la transformation du système (1) dans le système (2), au moyen d'une inté- grale particulière quelconque V(«cn ■'•.,, . . -, xn\ 2;,, Êj2, . . ., £jn) de l'équation aux dérivées partielles „/ d\ d\ dY\ -A. .. .. dV ,)\ ô\ \ oxt 0x% ox,J \ at,t oiî «t« SÉANCE DU l6 JUIN IO,l3. 1801 les formules du changement de variables étant alors dV âV j/=-r— ' m— — tïf {t= 1, 2, . . ., n). ()■<■, ati M. Vergne développera cette théorie d'une façon plus détaillée et donnera quelques exemples dans un article qui paraîtra prochainement dans un autre Recueil. CHIMIE ORGANIQUE. — Les cètimines. Note de MM. Chaki.es Moikeu et Georges Mignoxac. I. — a. Le terme imine, suivant les auteurs, a été employé pour désigner plusieurs sortes bien distinctes de composés, qui ont pour caractère commun de posséder dans leur molécule le résidu bivalent == NH : i° Les corps dérivant des aldéhydes ou des cétones par substitution, à l'oxygène fonctionnel, du résidu = NH ; 20 Les aminés secondaires R — NH — Et', plus particulièrement les aminés hélérocycliques ; 3° Lesimides NH< /CO — K \CO-R'" Observons cependant que le nom à imine est, le plus souvent, réservé aux dérivés aldéhydiques ou cétoniques. El y aurait lieu, pour éviter des confusions regrettables, d'en faire une règle absolue, et de convenir que les imines seront toujours et exclusivement les composés à groupement fonc- tionnel R — CEE — NEE ou R — C — R' fou leurs dérivés de substitution 11 NH (= Nil") j. Les imines aldéhydiques pourraient s'appeler aldimines, et les imines cétoniques cètimines. I3our ne parler que des cètimines, qui font l'objet de la présente Commu- nication, nous rappellerons que diverses séries de matières colorantes appartiennent à cette classe de composés. Citons les auramines (Kern et Caro, Grœbe, etc.), dont la plus simple /pn^xr6!!1/^ = ^^ résulte de l'action de l'ammoniaque sur la tétraméthyldiaminobenzophénone. Aux cètimines se rattachent également les imines des quinones ou quini- mines ( Willstâter, Meyer, Pfannensthiel, Erdmann, etc.). 1802 ACADÉMIE DES SCIENCES. *0n a obtenu, en outre, quelques cétimines substituées R,/C = NU" (qu'on a souvent appelées, à tort, imides), en faisant réagir les cétones aromatiques ou leurs dicblorures sur les aminés aromatiques (Pauly, Hantsch, Kraft, Nœgeli, etc.). Ajoutons, enfin, qu'on a préparé de nombreux composés, parfois très compliqués, qui possèdent, en même temps que la fonction cétimine, d'autres fonctions (E. Meyer, Burns, Hanriot et Bouveault, Thorpe, etc.). Ces différents corps jouissent d'une propriété commune caractéristique : sous l'action des acides en solution aqueuse, la fonction cétimine est plus ou moins facilement transformée, par hydratation, en fonction cétone, avec mise en liberté d'ammoniaque (ou d'une aminé primaire, dans le cas d'une cétimine substituée). C'est, à peu près, tout ce que l'on sait sur la fonction cétimine. Nous avons été amenés à nous occuper du sujet à la suite d'essais entre- pris dans une tout autre direction. Nous cherchions à obtenir des cétones acétyléniques en condensant les nitriles avec l'acétylène dibromomagnésien, conformément à la méthode générale de préparation des cétones décou- verte par E.-E. Biaise. La combinaison du nitrile avec l'acétylène dibromo- magnésien s'effectuait très aisément, mais ensuite, à la décomposition par l'eau, l'acétylène était régénéré, sans formation de cétone en quantité appré- ciable. C'est pour tâcher de trouver la raison de cet insuccès que nous avons repris l'étude de la réaction de condensation des nitriles avec les composés organohalogénomagnésiens, et nous nous sommes naturellement adressés, tout d'abord, aux cas les plus simples. b. Soit la combinaison CCH5 — C — C2H5, résultant de la condensation il NMgBr du benzonitrile C°H5 — CN avec le bromure d'éthylmagnésium C2H5MgBr. Traitée par les acides étendus, elle se décompose avec production de phé- nyléthylcétone, selon l'équation suivante (Biaise) : OH5 — C — C2H5+2H20 = C6H5-GO — C2H5+ NH34- MgBrOH. ■6 ' NMgBr Remarquons que le composé azotobromomagnésien C°H5 — C — C2H5 il NMgBr n'est autre que le dérivé bromomagnésien de la cétimine encore inconnue C° H5 — C — C2 H'. Celle-ci doit donc être le premier produit de n Nil SÉANCE DU 16 JUIN igi3. l8t>3 la destruction du composé azotobromomagnésien par l'eau : C6H^—C — CsH5-f-H20 = CH'-C-OrP+MgBrOII; il il NMgBr NH et l'on pouvait avoir l'espoir d'isoler la cétimine en prenant des précautions spéciales. En fait, si l'on décompose la combinaison azotobromomagnésienne par la glace, qu'on agite rapidement à l'étber, .et que, dans la liqueur éthérée, préalablement desséchée à basse température, on dirige un courant de gaz chlorbydrique sec, on obtient un sel blanc, présentant sensiblement lacompo- sition du chlorhydrate de la cétimine attendue CHS — C — C2H5. Ce sel NH.HCI donne avec l'eau une liqueur qui, d'abord limpide, se trouble au bout de quelques instants, avec formation de phényléthylcétone et de chlorhydrate d'ammoniaque. Il y avait dans cette observation le principe d'une méthode d'obtention des cétimines simples (non substituées). Nous avons effectivement réussi à établir un procédé régulier et général de préparation de ces substances. IL Préparation'. — a. Proposons-nous de préparer, par exemple, la diphénylcétimine C°H5 — C — C8H5. h NH On combine d'abord le benzonitrile C6H5 — CN avec le bromure de phénvlmagné- sium C6II\ MgBr. La combinaison azotobromomagnésienne obtenue est une ma»se cristalline à peine colorée. On la lave à l'éther sec par décantation et on la projette, peu à peu, sur un mélange de glace pilée et de chlorhydrate d'ammoniaque. La décomposition s'effectue ainsi à une température très basse (voisine de — i5°), et toute la magnésie entre en solution. On agile le tout avec de l'éther, et la liqueur éthérée, qui contient la cétimine avec de petites quantités de cétone, est, après dessiccation sur du sulfate de soude anhydre, saturée de gaz chlorbydrique sec. La cétimine se précipite à l'état de chlorhydrate, tandis que la cétone qui a pu se produire reste en solution. Le sel est isolépar filtration et essorage dans l'air sec. On le soumet, en suspension dans l'éther anhvdre, à l'action d'un courant de gaz ammoniac sec, qui déplace la base. On favorise la réaction par une agitation mécanique continue. Lorsque le gaz ammoniac ne s'absorbe plus, on sépare par filtration le chlorhydrate d'ammoniaque formé, on le lave à l'éther sec, et Ton évapore la liqueur éthérée. Le résidu constitue la cétimine pure, qui se présente sous la forme d'une huile incolore, distillant dans le vide à point fixe. Lesrendements atteignent 70 pour 100 du rendement théorique. l8o4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le procédé que nous venons de décrire permet de préparer très aisément les cétimines dont les résidus unis au groupement fonctionnel sont aroma- tiques. Nos rendements ont varié, suivant les cas, de 60 à 92 pour 100. b. Le même mode opératoire peut être appliqué à la préparation des cétimines mixtes grasses-aromatiques ('). Cependant, comme celles-ci sont plus aisément décomposables par l'eau, il est avantageux de modifier la technique de la manière suivante : La combinaison azotobromomagnésienne, bien lavée à Cellier sec, est mise en sus- pension dans le même véhicule et trailée, avec agitation continue, par un courant de gaz chloi'hydrique sec, qui décompose la combinaison en donnant le chlorhydrate de cétimine (*). Lorsque toute la masse a été bien attaquée par le gaz et que l'absorp- tion ne se fait plus, on décante l'éther, on lave par décantation la niasse solide avec de l'éllier sec, on la met en suspension dans le même véhicule, et l'on soumet le tout à l'action du gaz ammoniac sec, avec agitation continue, jusqu'à refus. Finalement, après filtration et lavage de la niasse à l'éther sec, la liqueur éthérée est évaporée. Elle abandonne une huile légèrement jaunâtre, qu'on rectifie par distillation dans le vide. On isole ainsi, le plus souvent, deux produits : d'abord, en quantité généralement prépondérante, l'imine, puis, à une température notablement plus élevée, une substance moins riche en azote, qui parait résulter de la condensation de l'imine avec perle d'ammoniac. Les rendements (rappor- tés au mélange) sont généralement voisins de Go pour 100. III. Propriétés générales. — Les cétimines sont le plus souvent des huiles, ou des solides à point de fusion peu élevé, incolores, à odeur légèrement vireuse. Elles sont très fortement réfringentes. Ce sont des corps basiques, donnant des sels cristallisés : chlorhydrates, acétates, benzoates, etc. Nous avons étudié spécialement les chlorhydrates. Ils sont facilement solubles dans l'eau. Les solutions, limpides au début, se troublent peu à peu (en quelques secondes dans le cas des cétimines grasses-aromatiques), avec formation de cétone et de chlorhydrate d'ammoniaque : R — G — R'+H20 = R— CO — R'+NH'CJ. li Ml (' J Nous ne nous sommes pas encore occupés des cétimines exclusivement grasses, (s) R_ C — R'+aHCl = R — G — R'+MgBrCI. rÏMgBr NH.1IG1 séance du 16 juin 1913. l8o5 D'abord nettement acides au tournesol, les liqueurs, quand la réaction est complète, sont neutres. Tout l'azote se retrouve alors sous la forme de chlorhydrate d'ammoniaque, et l'on peut le doser très exactement à cet état par évaporation en liqueur chlorhydrique. De même, par agitation à l'élher, on peut extraire du mélange la cétone très pure en quantité théo- rique. Si l'on désire effectuer rapidement une décomposition intégrale du sel, il suffit de le chauffer au bain-marie avec de l'acide chlorhydrique au dixième. Les chlorhydrates sont très solubles dans le chloroforme, et l'on peut ensuite les précipiter de leur solution par addition d'éther ou d'éther de pétrole. Leur solubilité dans le chloroforme permet de les séparer complè- tement du chlorhydrate d'ammoniaque, dont ils sont souillés quand on n'a pas mis en œuvre, pour les préparer, des réactifs suffisamment secs. Les cétimines libres sont beaucoup moins sensibles que leurs sels à l'action de l'eau. Ce réactif ne les attaque que lentement, avec production d'ammoniaque et de cétone. Les cétimines sont des substances non saturées, qui fixent énergiquement le brome. Leurs dérivés acidylés R — C — R' sont quantitativement décomposés N — CO — R" par l'acide chlorhydrique étendu, à chaud, d'après l'équation suivante : R-C — R + HCI-t-2H20 = R — CO — R'-h NH*Cl-+- R"- C021I. N — CO — R" IV. Description de quelques cktimines. — Nous avons préparé huit céti- mines : quatre aromatiques et quatre grasses- aromatiques. PhènyléthykétimineÇPW — C— C2H5 . — Éb. ioi°,5-io2°,5 sous i3mm,5 ; I! Nil DJf= 0,9902 ; «0°= 1,5476; RM. = 42, 63 (cale. 42,34); le chlorhydrate fond à i45° (fus. instant, au bloc Maquenne); le dérivé acétylé CfiHs-C — C!H3 N — CO — Cil3 fond à 1260. Phénylpropylcétimine C° H5 - C - CH2 - CH2 -OP. — Éb. 990 sous 8mm ; 11 Nil Dlî" = 0,975 1 ; n» = 1 ,5353 ; RM. = 46,95 (cale. 46,94). 1806 ACADÉMIE DES SCIENCES. Phènylisobulylcètimine C°H5 - C - CH2 - CH^J^. - Éb, i i3°-ii4° NU sous ii>""»,5; D»T= 0,9489; 7#'=i;527o; RM. = 52, 18 (cale. 5i,55). Phénylcyclohexylcétimine C*Hé — C — CH1'. — Éb. i35°-i38° sous 5""". NH Dip/iëny/cétimine C°H5 — C — CH5. Éb. 1270 sous 3,nm,5; ii NH DJ!"= 1,0847; <"= 1,6191; RM. = 58, .4 (cale. 57,47) ('). Phènylorthotolylcélimine CH5— C - C°H4CH3. — Éb. i36°-i37° Il (2) (Il NH sous4mm; D}.8"'3=i,o6i4; n^:' = i,6o65; RM. = 63,4 (cale. 62,07). Phènylparatolylcètimine CCH5 — C — CH'CH3. — Fusion à 370 ; 11 m m NH éb. .47° sous 5"""; Df =1,0617; <'= 1,6097; RM. = 63,64 (cale. 62,07). Phënyl-y.-naphtylcélimine C°H5 — C — C'°H7a. — Fusion à 68°-69°; NH éb. à i8i°,5 sous4mm,5. Notre intention est de poursuivre ce travail. La fonction cétimine appa- raît comme très active et susceptible de se prêter à des réactions variées. Nous espérons qu'on voudra bien nous accorder le temps nécessaire pour en faire une étude méthodique. En présentant à l'Académie le premier fascicule du Tome VI du Bulletin du Comité international de la Carte du Ciel, M. B. Raillaud, directeur de l'Observatoire, s'exprime en ces termes : Ce fascicule contient trois articles très différents, dont je dois rendre sommairement compte. (') Hantsch et Kraft ont dhlenu le chlorhydrate en chauffant le dichlorure Cil3. CCI2— CH3 avec de l'urélhane à i3o° {lier, der deutsch. Chem. Ges., t. XXIV, p. 35i6). SÉANCE DU 16 JUIN I<)l3. 1807 Le dernier est un Rapport de la Commission des grandeurs stellaires photographiques désignée dans la session de 1909. Plusieurs membres de cette Commission, MM. Backlund, Kapteyn, E.-C. Pickering, Turner, curent occasion de se réunir en Amérique à l'occasion de la session de l'Union internationale solaire, en 1910; MM. Schwarzschild et Seares représentaient MM. Scheiner et G. Haie à cette réunion. Le Rapport ren- seigne sur l'état des recherches faites à Harvard à cette date. Une nouvelle réunion aura lieu à Bonn le 3i juillet prochain, dans laquelle sera proba- blement rédigé un second Rapport. Le second article est un Mémoire de M. E. Esclangon sur la Réfraction astronomique. L'auteur envisage dans son ensemble la déformation que la réfraction engendre relativement à un élément de surface entourant un point donné. Il trouve qu'il existe pour l'axe horaire de l'instrument une infinité d'orientations telles que, dans la déformation continue qui s'opère dans la distribution des images du cliché, la rotation qui accompagne la déformation pure soit nulle; parmi elles il en est une pour laquelle la donnée première de cette rotation est également nulle. M. Esclangon pense qu'il convient d'adopter cette direction pour celle de l'axe horaire. On peut regretter que son Mémoire ne renferme pas d'application numérique. Dans les épreuves de la Carte du Ciel à trois poses, on trouve des déformations des triangles correspondant aux trois poses; mais, au moins jusqu'à présent, il ne semble pas qu'on en ait trouvé dans les images en elles-mêmes. M. Esclangon étudie aussi les déformations dues à des causes étrangères à la réfraction. R exprime le regret que, dans les publications de la Garte du Ciel, on n'indique pas l'étoile guide de chaque cliché et l'ordre dans lequel les trois poses ont été effectuées; sans doute, dans chaque observa- toire, on sera conduit, à l'achèvement du travail, plus tôt peut-être, à publier un grand nombre de renseignements recueillis au jour le jour. A propos des imperfections du suivage, il préconise un dispositif tel que dans les périodes d'entraînement, et alors seulement, l'instrument présente une résistance à l'entraînement, supprimant ainsi les inconvénients du jeu des divers organes. La plus grande partie du fascicule est remplie par un Mémoire de 3a6 pages, dû à M. A.-R. Hinks, et intitulé : Catalogue photographique des étoiles observées avec la planète Êros. Cet important travail est l'achè- vement de l'entreprise à laquelle, en 1900-1901 ont collaboré, par des pro- cédés photographiques ou visuels, un très grand nombre d'observatoires. M. Hinks a discuté et combiné ici les positions déduites des clichés obtenus C. R.. ii)i3. 1" Semestre. (T. 156, N° 24.) 2,3 1 l8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES. à Alger, Bordeaux, Calane, Cambridge, Greenwich, Helsingfors, Lick Observatory, Minneapolis, Northfield, Paris, Poulkovo, San Fernando, Toulouse, Upsal. Il a dû préalablement se livrer à une discussion minu- tieuse de divers systèmes de valeurs proposées pour les étoiles de repère. Lœwy avait publié dans les circulaires 8 et 9 les observations méridiennes faites dans i3 observatoires et il était aisé d'en déduire un système L formé de deux listes de 3 19 et de 3j2 étoiles ; la plupart des observatoires avaient réduit leurs clichés à ce système ou à un système voisin. Tucker et F. Cobn en avaient publié d'autres. A.-R. Hinks a adopté le système L, dans lecpiel il a mis en évidence une équation de grandeur -+- o%o2o (m — tn0) pour la première liste, -4- os,oi5(/« — m0) pour la seconde. Il a formé aussi un catalogue photographique provisoire PP et, par une discussion minutieuse, il a déduit un système standard. Aux pages 67 à 75, M. Hinks donne d'abord un catalogue standard des 334 étoiles de repère ayant servi jusqu'à la fin de 1900. Dans ce catalogue, il a indiqué, pour chaque étoile, sa position; i° d'après le système de Lœwy; 1" d'après le système F. Cohn; 3° d'après le catalogue photographique provisoire; 4° d'après le système standard de Hinks. Les pages 79 à 3o6 sont pour 3718 étoiles de comparaison d'Eros, les positions individuelles et leurs moyennes pondérées. M. A.-R. Hinks pense que ce catalogue, qui a servi à la discussion des positions d'Eros et par elles à la détermination de la parallaxe du Soleil et de la niasse de la Lune, pourra rendre encore beaucoup de services. Les étoiles qu'il renferme s'étendent dans le voisinage d'une bande allant d'un point de cordonnées a = ih23m et 0 = 5i° à un point situé en a = 5h56m, 6 = 1 1°; 4ooo de ces étoiles sont sur la partie de cette bande qui va de l'origine à a = 2l,43œ, 0 =43°. Il peut être utile, en maintes circonstances, d'avoir des positions très précises d'un grand nombre d'étoiles dans un champ peu étendu. Mais M. Hinks estime que le catalogue offre une mine dans laquelle on pourra creuser longtemps encore au point de vue de connaître jusqu'à quelles limites on peut pousser l'exactitude des procédés photographiques. Ses travaux ont appris aux astronomes, à mesure qu'ils ont été publiés, ce qu'ils auraient dû faire pour obtenir les résultats les plus précis. Il serait bien utile qu'une publication d'ensemble les mît à la dispo- sition de tous. Après le catalogue photographique de Hinks, elle clôture- rait de la façon la plus brillante et la plus utile l'entreprise des observations d'Eros en 1900. SÉANCE DU l6 JUIN 191 3. 1809 CHIMIE PHYSIQUE. — Le quotient Trouton et là chaleur de vaporisation des corps purs bouillant aux températures basses. Données relatives à l'hélium. Note de M. de Forcrand. J'ai montré précédemment (') dans quelle mesure la formule empirique que j'ai proposée récemment (2) s'accorde avec les faits connus pour les corps purs bouillant aux températures élevées, depuis 63o° (mercure) jus- qu'à 2583° (cuivre). Il n'y a rien à relever de particulier pour la région des températures moyennes (entre 3oo° et 63o° absolus), attendu que. dans cet intervalle, ma courbe se confond presque avec celle de Nernst et même avec la droite de Trouton. Les différences entre les trois courbes et avec les données expérimentales atteignent tout au plus 2 pour 100, et c'est à peine si l'on peut en répondre dans les cas les mieux connus. Mais il y a lieu d'insister pour la région des températures basses. Ici la courbe de Nernst et la mienne s'écartent absolument de la droite de Trou- ton, puisqu'elles partent de zéro vers le zéro absolu pour atteindre plus de 21 vers 3oo°. Elles sont d'ailleurs assez voisines, car elles donnent respective- ment : Formule de Nernst. Ma formule. A 5o degrés absolus '-^-TP 13,22 A 1 00 » 1 8 , 3o 1 j , 83 A 200 » 20,^6 20, o4 c'est-à-dire des différences de [\ à 2 pour 100. J'indiquerai ici quelques vérifications particulières : Valeurs île L Calculé déduites Déterminations avec ma formule. des tensions de vapeur. directes de L. Valeurs Valeurs de L L (en grandes Johnson Estreicher T calories). Knietsch. et Mclntosch. et Mclntosch. Chlore («=239°,3). 20,522 4,9' 4,8g 4>9^ 4,372 Emanation du ra- Kamsay et Gra». Chaumat. dium (< = 2i 1").. 20,192 4,26 4,'35 4,i53 (') Comptes rendus, t. 156, I9i3, p. 1648. ('-') Comptes rendus, t. 156, 1913. p. i43g. -X uj L I S R A R Yj-d A? A3î vQo liHlO ACADÉMIE DES SCIENCES. Valeurs tic L Calculé déduites Déterminations avec ma formule. des tensions de vapeur. directes de L. Valeurs Valeuis de L L (en grandes Travers, Scater T calories). et Jaquerod. Alt. Kresom. Oxygène (/:= 90°,!) 17, 453 1,572 1 ,636 i,63o 1,621 Baly. Plank. Vit. Azote (t = 770, 4). ■ 16,89.5 i,3o~ ',296 1 , 336 1 , 335 Travers et Jaquerod. Dewar. Kresom. Hydrogène(/=2o°,4) ii,54o o,235 0.226 0,201 0,219 K. Onncs. Hélium (£ = 4°, 2.5). '1,820 0,020.17 o,oiqi8 o L'accord est encore très satisfaisant pour celte région des températures basses, assurément mieux connue aujourd'hui que celle des températures élevées ( '). Ces vérifications autorisent un essai d'extrapolation vers le zéro absolu. La valeur de ™> calculée avec ma formule, s'annule pour i°,4n8. C'est à ce point, et non exactement au zéro absolu ou à i°, que notre courbe s'arrête. Au-dessous de celte température 0, les mots : température d'ébullilion (sous-entendu : sous une pression de ^Go1""1) n'ont plus de sens. Un corps pur bouillant à i°,4II°' sous la pression de 7Go""u aurait pour données cri- tiques : Tt.=:i°,4iiS=T et Pc=76omm=P. Aucune substance ne peut donc avoir une température d'ébullitiou infé- rieure à i°,4ntf- C'est la signification du terme négatif constant : — i,5 introduit dans ma formule. En résumé on voit que la règle de Trouton n'esta peu près exacte qu'aux températures moyennes (de 3oo° à 9000 absolus environ), et elle ne se vérifie sensiblement que parce que la véritable courbe : ^ — T est en S et présente un pseudo-palier pour cette région. Si l'on opérait habituellement aux températures très élevées, L ne serait ( ' ) La formule de Nernst donnerait des nombres constamment un peu plus élevé-, par exemple ^ = 5,94 pour l'hélium. SÉANCE DU 16 JUIN igi3. I.SlI plus du tout proportionnelle à T, mais plutôt à T3, parce que le dernier terme (en T2) de ma formule devient alors prépondérant. Si, au contraire, on toperait aux températures très basses, le premier ternie resterait seul important, et par suite ^ serait très sensiblement pro- portionnel au logarithme de T. En terminant, je dois indiquer le mode de calcul adopté pour déduire L des mesures de tensions de vapeur. On commence par construire la courbe, à grande échelle, sur un qua- drillé, avec les valeurs expérimentales de L ( ' ). Pour l'hélium, que je vais prendre comme exemple, j'ai pu tracer la courbe de 3° à 5°, 20 (température critique) avec les données récentes de K. Onnes. J'ai obtenu ainsi les nombres qui suivent, auxquels je joindrai les valeurs de — et celles de 10 log/?, qui leur correspondent : mu /. p. t 10 \o%p. o mm 3 1 7.5 33 , 33 22 , 43o4 3,25 260 3o,77 24,i497 3,5o 35o 28,57 a5,4 4°7 3,75 47° 26,26 26,7210 4 600 25,00 27,781a 4,25 760 23,53 28,8081 4,5o 925 22,22 29,6614 4,75 11 35 2i,o5 3o,55oo 5 1 385 20,00 3 1,4 '45 5,25 1718 J9)05 32,35o2 Puis, sur un autre quadrillé, on trace la courbe io\ogp > et l'on choisit sur cette seconde courbe les valeurs de \o\ogp, qui correspondent à des intervalles égaux de J'ai obtenu ainsi : (') On est toujours obligé d'éliminer un certain nombre de données tout à fait irrégulières et manifestement erronées, surtout lorsqu'on veut construire la courbe mit une assez grande étendue. Mais en général les mesures faites au voisinage de T sont assez, bonnes, et elles suffisent pour ce travail. 1812 ACADÉMIE DES SCIENCES. ioo t. 10 log/>. p. o mm 33, o5 3,026 22.65o t '84,1 3i,o5 3.226 23,g5o 248,3 29, o5 3,442 25,i85 33o >7,o5 3,696 26,460 442,6 î5, o5 3,992 27,767 598 23, o5 4)338 29,100 812,8 2i,o5 4: 7^0 3o,55o 11 35 19,05 5,25o 32,35o '1718 C'est avec ces valeurs de t et de p qu'on fait les calculs avec la formule de Clapeyron, mise sous la forme commode qu'on sait : , 1,98 . p tx 1' I 0O0 j> l t laquelle donne immédiatement les valeurs de L, en grandes calories, pour imo1. On calcule de proche en proche. Enfin on fait subir à chacune des valeurs ainsi obtenues la correction (importante pour l'hélium qui, à '|°, 20, est très près du point critique) due à ce que les vapeurs ne sont pas des gaz parfaits. La correction de M. Leduc n'étant généralement pas calculable pour les cas qui nous occupent, j'ai employé la correction indiquée par M. Gay ('). Finalement j'ai obtenu les résultats qui suivent, pour l'hélium : = (siT=4',25). t moyenne. p moyenne. I-. T o inm Cal 3,126 21 3, 80 o.o24333 5,72") 3,334 286,25 o,o23566 5,545 3,569 38o.. i'i o,o22536 5.3o3 3,884 5 10,20 o, 021 362 5,026 4,i65 695,93 0,019749 4,647 4,544 960,50 0,018122 4 , 264 54 5,ooo 1396,50 0,01 5i2g 3,56o On construit alors une dernière courbe, soit de = — t moyenne, soit de 7f,—p moyenne, et l'on trouve que, pour 4°,25 = T ou 760"""= P, ^ — 4,56o. (') Comptes rendus, t. 156, igi 3, p. >464. SÉANCE DU 16 JUIN IC)l3. l8l3 Donc, pour l'hélium, L==— — > soit o , 01938, soit à la tem- pérature d'ébullition T = 4°)25. Ma formule donne o(al, 02047- S'il est vrai que la chaleur moléculaire de vaporisation du carbone est voisine de 1 4 4e", celle de l'hélium est sept mille cinq cents fois plus petite. M. A. Verschaffel, en présentant des Tables pour le calcul de la pré- cession en A. R. et D., èquinoxe de 1900, imprimées à l'Observatoire d'Âbbadia, s'exprime en ces termes : J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie des Sciences de deux Tables, établies spécialement pour le calcul de l'ascension droite et delà déclinaison des étoiles de repère des nombreux Catalogues photographiques du Ciel, dont la date est 1900, o. Ces Tables, spéciales à cet usage, ont l'avantage de pouvoir être employées sans interpolation. Le travail en est sensiblement abrégé et faci- lité sans rien perdre de la précision des résultats. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique invile l'Académie à lui pré- senter une liste de candidats au cours complémentaire d'Etudes coloniales : Protislologie pathologique, créé au Collège de France par Décret du 28 mars 1913. (Renvoi à une Commission composée de MM. les Membres de la Section de Médecine et Chirurgie, de MM. Chauveau et Roux.) M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Le trente et unième Volume (191 1) de Y Annuaire statistique, publié par le Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale. 2° Le fascicule III du Bulletin de I'Institut aérotechnique de l'Univer- >ité de Paris. I 8 1 4 ACADÉMIE DES SCIENCES. 3° La faune paléocène de Landana, par Km. Vincent, Louis Dollo et Maurice Leriche. 4° Société française de Physique. Les idées modernes sur la constitution de la matière, Conférences faites en 191 2. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Un essai de démonstration du théorème de Fermât. i\ote(' ) de M. Eugène Fabry. Soient X un nombre premier impair, •*,)', s trois nombres entiers, positifs ou négatifs, premiers entre eux, non divisibles par X. Si l'on a on en déduit {— z-y= (x -\- y) (x -\- ot. y) (.r + a- y) . . . (.r -+- x'-ly). X étant une racine imaginaire de l'équation y.' = 1. Ges À facteurs sont pre- miers entre eux, et Ton devra avoir ar + aj = «'JE(a)Px(at), où E(oc) = E(a-'), et P(a) est un nombre complexe qui peut être idéal. Soient h et k deux entiers positifs inférieurs à X ; I; fixe, et h tel que la somme de h et du reste de h h (mod X) soit supérieur à X; on aura 7—— A < /' < J—j— l 'I = O. 1,2 /. - I . Soil mh tel que hmh^= 1 ( mod X), et»,, n.,, ..., n^, les pi = — ■ — nombres m ainsi déterminés. Kunimer a démontré (./. de ('relie, t. 35), que, si P(a)est un idéal, P(a">')P(a"i) ... P(a'V) est un nombre complexe exis- tant. On a donc (1) {x+a'Uy) (x + x"~.y) . . . (x + «">/) = a'Q' («) = ar(a0-4- a,z + rt,s(! + ...+ ny_,z' ~2)'\ car E(a».)E(an>). . ■ E(txnr.)= lï(«-".)E(«-"0 . . . E( «-»!») = ±r, Q(oc)=± P(«".)P(a»»).. . I'(;<"0 est un nombre existant. En développant suivant les puissances de 1— a, (') Reçue dans la séance du 26 mai. gruence SÉANCE DU 16 JUIN I9l3. l8l5 facteur de A, on a les congruences (a? + /)l1={a0-H«, + ...-l- tf-/._2)\ j("i + «?-+-...-(- «,*) = ( j? 4- /)/• (modX). Soit somme de p quelconques des [x nombres rc. L'égalité (i) conduit à la con- ZxV-~i'yi'ïxyi' = {x + y)'' o>.'s-.l (modX), a.r^^[,-^(-«)+w'-(^-')(,-«y — .] on en déduit ( 2 ) SU* (i _ i )n-/> 2 N* = 2 BÇ. «Ç; . . . «Ç; ^j'^, ^ = <'/ N » ( mod À ) , où (3, -t- [32 H- $s = y)...(x + oc'Vy) = [60-r 6, (i — a) +. . . -+- />),_8(i — a)x-2]\ qui conduit aux congruences .rH-H^-'y^HS &* (modX2), b0=xV-=±i (mod?,), b\ = x^V- (modi"), on aura de même i+ ■-ji. = xf»-Vlx (mod>2), Y = U(l — X^'), y=2z(l-9*P) (modA»), et comme .r -+- s doit être divisible par A>_l, on a y= 2j(i-.i'¥) = -2x(i-.i;V,)so (modA8). Le tbéorème de Fermât est ainsi démontré : i° si aucun nombre n'est divisible par À; 2° si l'un est divisible une seule fois par À. GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une transformation qui dépend d'une équation aux dérivées partielles du troisième ordre. Note de M. H. Jonas. Je désignerai sous le nom de couple de Ribaucour deux surfaces, se correspondant point par point avec ortbogonalité des normales, s'il y a, SÉANCE DU l6 JUIN IO,l3. 1817 de plus, correspondance de leurs lignes asymptotiques et de leurs réseaux conjugués. C'est de cette propriété que jouissent notamment, d'après un théorème bien connu de Ribaucour, les deux nappes delà développée d'une surface W ou, ce qui revient au même, une surface admettant un ds2 de révolution et sa surface complémentaire. Proposons-nous, d'une manière générale, de rechercher la transformation au moyen de laquelle on passe d'une surface donnée (S) à une autre (S,), formant avec (S) un couple de Ribaucour. Voici d'abord une remarque préliminaire. Associons à deux surfaces, assujetties à l'unique condition d'avoir leurs normales correspondantes rectangulaires, deux congruences (Y) et (T,), en menant par chaque point de l'une la tangente parallèle à la normale à l'autre. Je dis qu'entre (T) et (r,) il y a correspondance des secondes développables. Or les développables d'une congruence découpent un réseau conjugué sur la nappe focale. Par suite, si, maintenant, (S) et (S,) constituent un couple de Ribaucour, les premières développables de (T)et de (T,) vont se correspondre également; il en sera de même de leurs arêtes de rehausse- ment tracées sur (S) et (S, ). Si m = const. est l'équation de ces courbes, les coordonnées et les cosinus directeurs de la normale à (S,) doivent être définis par les formules suivantes (') : , dx% = ( m du -+- n dv)y + h dia Y (.<•, g>), . . . , doc à'j) d.T dm du dv dv du ,A ~~ v/(EG-F2)Ï7J~r Pour déterminer co, /;, m, n, on écrira les conditions d'intégrabilité pour dxt, dyn dzK ; on exigera en outre que D,, D,, T)"t soient proportion- nels à D, D', D". Cette condition, jointe aux précédentes, se réduit à la seule relation dit ()r>> ôli ô'xi _ du dv dv du qui permet de faire h = i("). Après quelques réductions, on trouve les (') Quant aux notations, je me rapporte à l'Ouvrage de M. Bianchi, Lezioni di Geometria differenziale. (2) Pour éviter les imaginaires, on fera h — — 1 pour la (S,) symétrique. i8i8 formules ACADÉMIE DES SCIENCES. dut àu>s 12^ D ( w,s^ — Wis-r- ) +- D' ( &>, , — ■ — Wt*-r- ' du K(EG— F2) du 0m\ .-.„/ Jf.j dw I) m», -j W12-5- I + L> rj)n-i Wis-j— (2) dm dn ai- du EG K(EG — F2) d'o\- d'ii du du) du dv E F D D' àr) G D'' En portant les expressions (1) dans la relation (2), on aura pour w une équation aux dérivées partielles du troisième ordre qui, au moyen des for- mules de Codazzi, peut être ramenée à la forme. (3) PD + OD'+RD"=o, où P, Q, R ne dépendent plus de D, D', D" ni de leurs dérivées. Etant donnée une solution co, les coordonnées de (S,) se déterminent par des qua- dratures. Notons que les courbures principales de (S) et de (S,) satisfont à la relation A = (A,,o)i. Si l'on choisit comme variables les paramètres a et (3 des asymptotiques, l'équation (3) prend la forme assez simple dp dÇ> de d» Dans le cas où (S) est une quadrique, cette équation admet une inté- grale intermédiaire, contenant une fonction arbitraire de co. La quadrique étant à centre, on a à) et 'l> = vfi - \ -+- 9(<>), on ramène le troisième et le quatrième type à la forme ds2 = du- -+- 2 dtydp, qui permet l'application immédiate de la méthode de Weingarten. Dans le troisième cas, (S,) est (2), surface intégrale de l'équation d'Ampère ; dans le quatrième, (S,) se trouve être identique avec la (S') de (') Nous faisons coïncider les courbes p et co. 1820 ACADÉMIE DES SCIENCES. M. Darboux ('). Si l'on fait K, = const., on est conduit aux classes de sur- faces applicables dont M. Bianchi (2) a rattaché l'étude à la déformation des congruences selon le mode indiqué par Ribaucour (3). ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les différentielles totales et les fonctions monogènes. Note de M. Paul Moxtel, présentée par M. Emile Picard. 1 . La recherche des conditions permettant d'affirmer que l'expres- sion p(x, y)dx -h q(x, y)dy est la différentielle totale d'une fonc- tion z(x,y) dans un domaine D des variables x, y, a fait l'objet d'un grand nombre de travaux, notamment de MM. Schwarz, Thomae, Dini, W.-H. Young. En faisant l'hypothèse que p et q admettent des dérivées -~ et.-p- bor- nées dans D, j'ai démontré que la condition nécessaire et suffisante pour que pdx-hqdy soit une différentielle totale est que la relation -y- = y- soit vérifiée presque partout dans D (4). Je me placerai maintenant dans le cas où p et q sont des fonctions conti- nues du point (x, y) et admettent des dérivées -y- et —- finies dans le domaine D (5). On établit alors la proposition suivante : La condition nécessaire et suffisante pour que l'expression pdx-hqdy, dans laquelle p et q sont des fonctions continues du point (a?, y) dans un domaine D où elles admettent les dérivées partielles finies -y- et -y- > soit une (') Leçons sur ta théorie générale, des surfaces, t. IV, p. 3m. (2) Annali di Mat., 3'' série, t. VI, 1901 ; voir aussi Lezioni, t. II, Chap. XX. (3) Remarquons que, pour toute surface du deuxième et du quatrième type, (S,) est le lieu des extrémités de oo2 segments tangentiels, entraînés dans les déformations de (S). (4) Annales de l'École Normale, 3e série, l. XXIV, 1907, p. 285. — M. de La Vallée- Poussin a étendu ce résultat au cas où les nombres dérivés de q par rapport à x et de p par rapport à y sont finis et sommables superficiellement (Acad. Belgique, Fiull. classe Se., t. XII, 1910, p. 79a). (5) On peut supposer seulement que les nombres dérivés de q par rapport à ,/ et de p par rapport à y sont finis. J'ai montré récemment que les dérivées existent alors presque partout {Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1^78). SÉANCE DU 16 juin io,i3. 1821 différentielle totale, est que la relation —■ = ~ soit vérifiée presque partout dans le domaine 1 > . ( )n peut remplacer, dans cet énoncé, l'hypothèse de la continuité de p et q en {oc, y) par l'hypothèse que ces fonctions soient bornées dans D, mais le résultat ne subsiste plus si l'on ne fait, sur les fonctions p et q, d'autre supposition que celle de leur continuité par rapport à chaque variable et de l'existence des dérivées ■§- et -f-i la condition demeure néces- dx dy saire, mais elle n'est plus toujours suffisante. 2. Le théorème précédent trouve une application immédiate dans la recherche des conditions de monogénéité des fonctions de la variable com- plexe x + iy. Soient u et v deux fonctions continues du point {oc, y) dans un domaine D où elles possèdent des dérivées partielles du premier ordre finies : la condition nécessaire et suffisante pour que u -+- iv soit une fonction holomorphe de x -+- iy dans le domaine D est que les relations â.u 0\- dv _ du dx dy àx dy soient vérifiées presque partout dans D. Ainsi les conditions de Cauchy- Riemann, jointes à la condition de continuité, suffisent à assurer l'holomor- phie de u -+- iv\ en particulier, si l'on suppose que u -+- iv à une dérivée en chaque point de D, on retrouve le théorème de M. Coursai. Il importe de remarquer que notre proposition peut tomber en défaut, si l'on abandonne l'hypothèse que les fonctions u et v soient continues ou bornées dans D. 3. Les résultats du paragraphe 1 s'étendent aux différentielles d'un nombre quelconque de variables ou aux expressions de la forme adydz -f- bdzdx -y- cdxdy. Supposons, par exemple, que a, />, c soient des fonctions continues du point {oc, y, s) dans un domaine D de l'espace à trois dimensions et admet- tent dans ce domaine les dérivées partielles finies -r-> -r- et -r-; la condition 1 dx dy dz nécessaire et suffisante pour que l'intégrale ff a dy dz -+- b dz dx + c dx dy 1822 ACADÉMIE DES SCIENCES. étendue à une surface fermée quelconque contenue dans le domaine D soit nulle est que la relation ôa db de -j- + -j- -t- -p =o o.ï uy oz soit l'érifiée presque partout dans le domaine D . Soient alors u et v des fonctions continues du point (ce, y, z, t) dans un domaine D à quatre dimensions, dans lequel elles admettent des dérivées partielles du premier ordre finies : la condition nécessaire et suffisante pour que u + iv soit une fonction holomorphe des variables x -t- iyetz -+- it dansl) est que les conditions de Cauchy soient vérifiées presque partout dans D. On déduit aussi de ce qui précède qu'une fonction de plusieurs variables com- plexes, continue par rapport à chacune d'elles et satisfaisant aux conditions de Cauchy, est une fonction holomorphe de l'ensemble de ces variables. 4. On peut l'attacher a l'étude des différentielles totales un problème posé par M. Baire (' '). Considérons, par exemple, l'équation aux dérivées partielles dz , dz (l.r ày dans laquelle a et b sont des fonctions continues du point (os, y) admettant des dérivées partielles du premier ordre bornées. Les raisonnements clas- siques relatifs à l'intégration de cette équation supposent la continuité des dérivées — et '-^■■, mais ne sont plus valables si l'on ne fait que l'hypothèse de l'existence de ces dérivées. M. Baire a montré que toute intégrale s, fonction continue du point (x,y), est nécessairement constante sur chaque caractéristique (2). Ce résultat peut être étendue au cas où l'on abandonne l'hypothèse de la continuité de z. Soient =, une intégrale quelconque de l'équation proposée et ;/, une intégrale de l'équation adjointe, on a la relation on déduit alors de cette relation que la fonction s est constante sur chaque caractéristique. (') Anna IL di Maternât ica , 3e série, 1899, p. 101. (2) Loc. cit., p. 1 1 s. SÉANCE DU 16 JUIN 1 91 3. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Séries hypertrigonométrigues . Note de M. Michel Pbtrovitch, présentée par M. Emile Picard. Dans ma dernière Note {Comptes rendus, 21 avril 1918', p. I2i3) j'ai signalé les analogies entre la classe étendue de fonctions entières \'') en nombre limité, tels que clans chacun d'eux cette branche varie toujours dans un même sens. Appliquons à chaque intégrale, étendue à un tel intervalle partiel, le théorème de la moyenne sous la forme d'Ossian Bonnet. On obtient pour chacune d'elles une expression où n figure au dénominateur, tandis que le multiplicateur de - reste fini. En groupant ces intégrales et en remarquant qu'on a 1 / 11 cosrx dt = I,( x) I uc/t, <*> ; . " . ! / u sinrx dt — l-,{x) / u dt, \ Ja J a on trouve qu'en valeur absolue Ij(a;) - — — \,(njc) = : \.,(pjc), — ni~pï "v ' 2 suivît -Xl ' généralisant les développements tri gonomé triques de x, cospx et sinpx, et dont la première est valable pour o < œ < -rr et les deux autres pour toute valeur réelle de x. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des solutions holomorphes de certaines équations intégrales linéaires de troisième espèce. Note (') de M. Cn. Plâtrier, présentée par M. Emile Picard. 1. Soient a <^ o <[ p et '\*(x), K.(x,s) fonctions holomorphes pour a.lix'Sfi, a(x) est une véritable solution de l'équation (1) quand G(X) = o et elle nous permettra d'étudier, parallèlement au cas de p = 1, le cas de p entier plus grand que un. 2. Supposons p = 1 et considérons l'équation (1). Soit (-r)-o(o) /*PK(a?,s) — K(o,s) , s , / (3)" C9(.r) = -L^ — : lJ^_!+X/ v — — iq>(s)efe. I x •'« x obtenu en égalant séparément les termes en - et les termes finis pour x= o. Or l'équation (3)" est une équation de seconde espèce qui admet une solution lT(g) = *(«)-W+i/*K(^)-K(o,Q i Si "A annule la première équation (4), il existe donc une véritable solution o(x) de(i) donnée par la seconde équation (4) et cette solution sera holo- morphe dans l'intervalle (a, (3). 3. On montrerait de même que la recherche des fonctions *}(.r) holo- SÉANCE DU 16 JUIN I ') 1 3 . 1827 naorphespour a(a?) sont indépendants de £ et ïj. 4. On vérifiera d'ailleurs facilement que les conditions T(X) = o et G(A) = o sont équivalentes. Ecrivons pour cela K(;r, i) = K(o, \)-\-xil(x,s) et désignons par H (a?, s, A) la résolvante de H (x, s) dans le champ (a — p) Employons la notation de M. E. Picard (Mémoire cité). L'égalité T (X) = o peut s'écrire en multipliant les deux membres par la déterminante du noyau R(x,s): ,km s ( .) = o. c. Q. F. D. 5. Supposons maintenant p entier plus grand que un. Exislera-t-il 1828 ACADÉMIE DES SCIENCES. encore des valeurs de A pour lesquelles l'équation (1) admettra des solu- tions çp (a?) holomorphes pour a S x < (3 ? Posons : | K (.r, .v) = i0(s) -+. &,(«)# -+- . i . + Vi('0^' + «* II (a-, s). Dans nos hypothèses, l'équation (1) est équivalente au système (S') oro-t-M 6û(*)?(s)^=° (9 = 0, i, 2, .. ., /-) — i), (8") ?(*)=/(*) + */ U(x,s)(x) telles qu'il existe une solution ; * 1 - rapport à r/.r et rfy. SÉANCE DU l6 JUIN IÇ)l3. 1829 Mais on peut se proposer de déterminer la surface S de telle sorte que les courbes de ce réseau remplissent une condition donnée à l'avance, par exemple qu'elles soient conjuguées. Dans ce cas le problème se traduit par une équation aux dérivées partielles du second ordre. S'il s'agit, en parti- culier, du complexe dont toute droite porte, en un de ses points, le moment vectoriel d'un système de vecteurs donné, cette équation est la suivante : q d~v (/'x ~t~ g^ ~ p Ty (p -^ + '//)+ ^ r + 0 = o ; j'ai démontré qu'elle est réductible a la tonne : dH à9 <>:* (a — p ; - Jô + r^ — o. ' àct dp dix dp et l'on connaît aisément l'intégrale générale de celle-ci. L'intégration étant effectuée, on s'aperçoit que, sur les surfaces obtenues, la recherche des lignes asymptotiques est réductible aux quadratures. MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur les équations canoniques des systèmes non holonomes . Note de M. Tueodok Posciil, présentée par M. Appell. Soient qt, qit ■ ■■ , qa les n vraies coordonnées d'un système et (1) toi=ctilq1 + ,- dpi en supposant K exprimé aussi à l'aide des d'eau légèrement acidulée par l'acide sulfurique se dissout en dégageant de l'acide carbonique et en donnant un petit précipité brunâtre. Cette solution aqueuse, examinée au polarimètre, permet de constater l844 ACADÉMIE DES SCIENCES. une déviation dexlrogyre de 4 minutes (dans un tube de iocm de long à une température de -4-160), preuve qu'il s'est formé par l'hydrolyse du sucre dextrogyre. Ce colorant, soumis à l'analyse élémentaire, nous a donné des nombres correspondant à la formule C10H60N()-7. Ce corps est dénommé rouge de cacao. c. Nous avons dit que par l'hydrolyse de ce colorant nous obtenions une solution aqueuse renfermant du sucre et un précipité brunâtre, l'eau étant toutefois colorée en jaune brunâtre. Cette solution aqueuse fournit un précipité brun verdâlre par addition de perchlorure de fer, jaune brunâtre par celle de bichromate de potasse, blanc par celle d'extrait de saturne (le liquide surnageant au-dessus de ce précipité se colorant en rose), rouge brunâtre par celle d'ammoniaque, brun par celle de nitrate d'argent ammoniacal, blanc par celle d'eau de chaux. Soumis à l'analyse élémentaire, ce produit brun a donné des chiffres qui conduisent à la formule C7CHT8N03i. Ce corps est dénommé brun de cacao. PHYSIQUE VÉGÉTALE. — Sur V action de la radiation dans un mélange de substances colorantes. Note de M. P. -A. Dangeard, présentée par M. L. Mangin. J'ai montré précédemment que le spectre de décoloration de la chloro- phylle était semblable à son spectre d'absorption dans la partie la plus réfrangible du spectre : autrement dit, les rayons absorbés agissent seuls sur la décoloration de la chlorophylle. Pour le démontrer, j'incorporais cette substance à du collodion qui était ensuite étendu sur une plaque, et cette plaque était soumise à l'action des diverses radiations du spectre. En mélangeant cette chlorophylle avec diverses substances colorantes, et en particulier avec le pinaverdol qui est d'une belle couleur rouge, j'ai observé une réaction photochimique des plus intéressantes. S'il s'agit d'un mélange de chlorophylle et de pinaverdol, celui-ci se trouve rapidement décoloré en face de la bande I de la chlorophylle, c'est- à-dire par les radiations de longueur d'onde À(j;?o-65o. Le pinaverdol es/ donc transformé et finalement détruit par Vènergie absorbée par la chlorophylle et non par la sienne propre . séance du i(5 juin 191 3. 1 845 Pour rendre l'expérience tout à fait démonstrative, une première moitié de la plaque est recouverte par le mélange chlorophylle et pinaverdol; le collodion qui recouvre la seconde moitié ne renferme que du pinaverdol. Dans la première moitié, le pinaverdol se trouve détruit d'abord en face la bande d'absorption de la chlorophylle et, un peu plus tard, en face sa propre bande d'absorption; dans la seconde moitié, le pinaverdol ne subit aucune modification, sauf en face son spectre propre d'absorption. Il était tout indiqué de répéter cette expérience en remplaçant la chlo- rophylle par d'autres pigments végétaux et d'autres substances colorantes. Avec le pigment des Snlfuraires, en mélange avec le pinaverdol, ce sont les radiations du spectre d'absorption de la Bactériochlorine A 790-780 et A 820-800 qui décolorent rapidement le pinaverdol; celui-ci se trouve donc détruit par des radiations obscures du spectre qui, dans les conditions ordi- naires, sont sans action sur lui. Mes expériences ont porté, avec le même succès, sur d'autres mélanges de substances colorantes : pinacyanol, pinachrome, vert d'iode, vert de méthyle, etc.; des radiations complètement inactives sur une substance colorante isolée sont devenues actives par suite de la présence d'un second pigment. Revenons maintenant à l'expérience de décoloration de la chlorophylle : nous la comprendrons mieux. La chlorophylle, telle qu'elle est extraite de la plante par l'alcool, est en mélange avec plusieurs pigments jaunes, parmi lesquels se trouvent en proportion variable la carotine et la xanthophylle; comme dans le spectre, la décoloration est complète en face les bandes I, II, III, IV; il en résulte que la xanthophylle et les autres pigments jaunes ont été transformés et détruits par l'énergie absorbée par la chlorophylle. Le phénomène s'applique sans doute, non seulement aux pigments qui accompagnent la chlorophylle, mais aussi aux diverses substances incluses dans les chloroleucites de la plante ou en contact aveceux. Comme l'action de la chlorophylle peut être observée en dehors de la plante, il sera probablement possible de provoquer et de suivre ces diverses transformations. La sensibilisation des plaques photographiques se présente elle-même, ainsi qu'il résulte des anciennes expériences de Voget et de Becquerel, comme un cas particulier de ce mode d'utilisation de l'énergie par l'inter- médiaire d'une substance absorbant de l'énergie radiante au profit de celles qui l'accompagnent ou sont en contact avec elles. l846 ACADÉMIE DES SCIENCES. ANATOMIE. — Recherches sur le plexus cardiaque et sur V innervation de l'aorte. Note de M. Y. Maxouki.ian, présentée par M. Roux. A la suite de nos recherches sur la pathogénie des altérations artério- scléreuses, nous avons entrepris l'étude histologique du système nerveux à l'état normal et pathologique. Dans cette Note, nous relatons nos résultats sur l'innervation de la crosse de l'aorte du chien normal. Pour cette étude, nous nous sommes servi de la méthode d'imprégnation au nitrate d'argent, précédée de la fixation des pièces par l'alcool ammo- niacal. Ce qui nous a frappé d'abord, c'est l'existence de nombreux centres nerveux dans le plexus cardiaque postérieur. Comme on le sait, ce plexus, situé derrière l'aorte et en avant de la trachée, est composé de filets nerveux richement anastomosés. Or nous y avons observé des ganglions nerveux contenant des cellules à type sympathique, ganglions dont la plupart sont microscopiques; on en trouve pourtant qui sont visibles à l'œil nu sur les coupes imprégnées, mais ils sont toujours fort petits. Leur nombre est plus ou moins considérable suivant les régions; sur une seule coupe nous en avons compté jusqu'à sept et parfois même davantage. De plus, il n'est pas rare de rencontrer dans le tissu interstitiel du plexus,, des cellules nerveuses solitaires. On peut en rencontrer aussi dans les troncs nerveux où, maintes fois, on constate l'existence de ganglions nerveux minuscules. On sait que le plexus cardiaque postérieur est formé de la plupart des nerfs cardiaques sympathiques ainsi que de la plupart des nerfs cardiaques du pneumogastrique. Etant donnée la part prépondérante que prend ce plexus (appelé à juste titre grand plexus cardiaque par Haller) à la constitution du plexus cardiaque, et, consécutivement, à l'innervation du cœur et des gros vaisseaux, l'existence de nombreux centres nerveux dans son intérieur nous paraît un fait très important. Ce qu'il y a de remarquable encore, c'est la présence de cellules ner- veuses dans le tissu propre de l'aorte, en pleine mésartère. Il s'agit de cellules solitaires, à type sympathique, siégeant dans le tissu conjonctif de la mésartère. Dans, nos imprégnations elles sont en nombre restreint. Terminaisons nerveuses au niveau des fibres élastiques et des cellules muscu- laires lisses. — De calibre variable et plus ou moins onduleuses, les fibres SÉANCE DU 16 JUIN I()l3. t847 nerveuses quittent le tissu conjonctif de la mésartère et se dirigent vers les fibres élastiques et les cellules musculaires lisses ; après un certain parcours, elles se terminent à leur niveau soit par un renflement qui peut affecter la forme d'un bouton, soit par une extrémité plus ou moins effilée. Au niveau des cellules musculaires lisses, il existe des arborisations ana- logues aux plaques motrices des muscles striés. Terminaisons nerveuses dans le tissu conjonctif de la mésartère. — Ce tissu est richement innervé; à part les fibres nerveuses destinées aux fibres élas- tiques et aux cellules musculaires lisses, il en existe un grand nombre qui s'y terminent. Nous avons découvert des modes de terminaisons nerveuses dont voici les plus intéressants : Des grosses fibres nerveuses se terminant par un renflement considérable en forme de hache ou de massue. Souvent disposées sans ordre, quelque- fois ces massues se groupent ensemble en nombre variable. Sur de bonnes imprégnations, on voit nettement les fibrilles de la fibre nerveuse d'origine s'étaler en un réticulum très fin à leur niveau. D'autres fibres nerveuses se terminent par un renflement moins considé- rable que les précédentes sous la forme de gros boulons. Il y en a aussi qui, au niveau de leur renflement terminal, présentent de petites excrois- sances. Enfin il existe un autre mode de terminaison nerveuse; les fibres ner- veuses se résolvent en fibrilles fines, formant une élégante pelote. Comme toutes ces fibres nerveuses ne sont pas en rapport avec les élé- ments moteurs (les cellules musculaires lisses), mais qu'elles se terminent dans le tissu conjonctif, force nous est donc d'admettre qu'elles sont de nature sensitive. On n'avait jamais signalé l'existence de terminaisons sensitives dans la mésartère. Nos recherches montrent qu'il en existe de nombreuses, poly- morphes. Le rôle des terminaisons sensitives doit être très important dans le mécanisme de la dilatation et de la constriction des artères. Ce sont les fibres sensitives vasculaires qui apportent l'excitation à leurs cellules, les- quelles, par leur prolongement central, la réfléchissent directement ou indi- rectement sur les neurones sympathiques vaso-moteurs, neurones dont le prolongement périphérique transporte l'excitation à la cellule musculaire de l'artère. Il s'agit, en somme, d'un réflexe dont le point de départ est l'arborisation sensitive et le point terminal, la terminaison nerveuse motrice au niveau de la cellule musculaire lisse. C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N° 24.) 2^b l848 ACADÉMIE DES SCIENCES. MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — De /'action des substances oxydantes sur les toxines in vivo. Note de M. Marcel Iïemx, présentée par M. A. Chauveau. Nous avons montré, dans notre précédente Note, les résultats excellents obtenus dans le traitement du tétanos et surtout de la coli-bacillose par l'emploi des substances oxydantes; ces faits ont été confirmés d'ailleurs peu après par MM. A. Lumière et J. Cbevrotier (') qui emploient pour traiter le tétanos les persulfates alcalins. Nous étudierons brièvement, dans celte Note, l'action de ces substances sur l'évolution de la fièvre typhoïde expérimentale, de la strcplococcie et de la rage. Fièvre typhoïde. — Les injections microbiennes ont été faites à des cobayes dans le péritoine à la dose de icm3 par kilogramme en se servant de cultures de 2/4 heures en bouillon peptoné. La substance oxydante employée pour le traitement est le chlo- rate de sodium injecté à la dose de 08,08 par kilogramme (solutions oE,o4 par centi- mètre cube d'eau distillée). Les témoins succombent eu 18 à 20 heures. Quand l'inoculation microbienne est faite le soir et que le traitement n'est commencé que le lendemain matin, soit une dizaine d'heures après, on obtient généralement une survie pouvant atteindre 3 jours, nous n'avons jamais eu de guérison. Il n'en est plus de même si le traitement est commencé quelques heures après l'in- jection microbienne, comme il est rationnel de le faire étant donnée l'extrême sévérité de l'infection ainsi produite : nous avons obtenu le plus souvent soit des guérisons complètes, soit la transformation de cette affection suraiguë en une affection chro- nique ne tuant l'animal qu'au bout de plusieurs jouis, le nombre des injections salines étant de cinq le premier jour et une, deux ou trois le second jour. Streptococcie. — L'animal d'expérience employé ici est le lapin. Les injections de cultures, en bouillon peptoné de 2 JUIN I9l3. lH5l Résultats suivant la période de la maladie à laquelle a été institué le traitement. Coqueluche datant de : Moins de 1 '2 3 4 Plus de 1 semaine, semaine, semaines, semaines, semaines. 5 semaines. Guéris 3 1 11 10 5 7 Améliorés ... 8 10 5 l\ 11 2 Slationnaires. uj k 3 763 Pour qui connaît la durée souvent désespérante de la coqueluche, ces résultats sont encourageants. La méthode, d'autre part, est facile et inof- fensive. Cependant, nous ne voulons pas porter encore d'autres conclusions. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches sur le mécanisme de i acclimatation des levures à l'aldéhyde formique. Note de M. M.-Emm. Pozzi-Escot. M. Sorel a montré il y a longtemps (1895) qu'il est possible d'effectuer des fermentations alcooliques en présence d'aldéhyde formique ajouté au liquide fermen- tescible: j'ai étudié le phénomène en 1903 et mes recherches me conduisirent à reconnaître que l'aldéhyde formique ne peut être utilisé industriellement pour l'obtention de fermentations pures, comme l'a été et l'est encore l'acide fluorhy- drique; dans un brevet qui me fut concédé à cette époque j'ai montré d'aulre part les avantages que présente l'acide formique, antiseptique microbien bien plus puissant que l'aldéhyde au sein d'un milieu aussi complexe que le sont les liquides de fer- mentation industriels. Des recherches ultérieures de M. Effront sont venues confirmer, en les précisant considérablement, les recherches précédentes et suivant ce savant, le mécanisme de l'acclimatation des levures à l'aldéhyde formique serait essentiellement analogue aux phénomènes qui se déclarent dans les organismes animaux par l'introduction des substances immunogènes. L'acclimatation serait due à la destruction de l'aldéhyde par un principe oxvdant qui se développe chez la levure et joue le rôle d'anticorps. L'oxydation qui intervient dans cette réaction se ferait soit par l'intermédiaire de l'air atmosphérique, soit de l'oxygène des substances contenues dans le milieu : la substance active produite par l'acclimatation jouerait le rôle de la sensibilisatrice élective sans laquelle l'oxydation ne se produit pas. L'existence d'une fonction oxydante chez la levure, au sens diastasique propre, m'a toujours paru problématique et, malgré de nombreuses études sur le sujet, une démonstration évidente est encore à venir, malgré bien des affirmations. l852 ACADÉMIE DES SCIENCES. Nous savons au contraire, par les recherches de Nastukoff et celles assez nombreuses que nous avons nous-même publiées, que la levure a des fonc- tions essentiellement réductrices. Les conclusions de M.Efl'ront nous ont donc paru fortement prématurées, et les expériences suivantes montrent bien que la disparition de l'aldéhyde formique doit s'effectuer par un mécanisme bien différent, et qu'il n'y a pas acclimatation au sens propre. Nous avons recherché : a. La réalité de la disparition de l'aldéhyde ; b. Les conditions favorisantes ; c. S'il y a réellement formation de produits d'oxydation de l'aldéhyde formique et particulièrement de l'acide formique; d. Le mécanisme de la consommation de l'aldéhyde. a. De nouvelles expériences de fermentation, conduites comme l'indique M. EflYont, confirment la disparition de l'aldéhyde. b. La disparition est d'autant plus facile que l'on considère un milieu de culture plus riche en matières azotées complexes; si l'on a soin de prendre un moût d'orge pauvre et d'en précipiter, par le tanin, la matière azotée, la fermentation devient de plus en plus difficile en présence d'une dose constante d'aldéhyde, le témoin fermentant facile- ment; la fermentation est d'autant plus facile qu'on ajoute une plus grande masse initiale de levure. Cette dernière conclusion est tout à fait conforme à l'influence des masses actives de microbes dans les phénomènes de ce genre, influence mise en évidence dans mes Leçons de microbiologie générale. c. Si la disparition de l'aldéhyde formique est bien due à un phénomène d'oxyda- tion diastasique, il devrait se former de l'acide formique; or cela n'a pas lieu. On ne retrouve, en faisant le bilan de la fermentation, aucun antre produit d'oxydation caractéristique; la combustion de l'aldéhyde doit donc être totale. d. Si l'on ajoute de l'aldéhyde formique à un moût de grain, riche en azote, l'aldé- hyde entre en combinaison, presque en totalité; la combinaison est labile et par un traitement violent tel que la distillation, en présence d'acide, redonne de l'aldéhyde. La fermentation et par suite l'acclimatation de la levure sont d'autant plus difficiles que le moût est plus pauvre en azole organique et, avec un moût artificiel ne renfer- mant que du phosphate d'ammonium, la fermentation devient très pénible. Il semble logique de conclure de ce qui précède que l'aldéhyde formique perd ses propriétés antiseptiques dans les bouillons de culture, grâce à l'extrême facilité avec laquelle il se combine avec les fonctions amidogènes et que la disparition de l'aldéhyde du milieu de culture corres- pond simplement à une consommation alimentaire du complexe amido- carboné formé, par la levure. SÉANCE DU iG JUIN igi3. 1 >S53 chimie biologique. — Sur un diatyseur analytique. Note de M. \V. Kopaczewski, présentée par M. Roux. Dans certains cas la dialyse est le seul moyen de purifier ou d'isoler un assez grand nombre de corps organiques; c'est le cas des toxines, ferments, bases organiques cristallisables, etc. La dialyse est souvent, dans les recherches précises, d'une application assez délicate. Elle sert surtout à purifier les colloïdes; la partie dialysable se trouve alors disséminée dans une si grande quantité d'eau qu'il estpresque impossible de l'isoler. D'autre part, dans les cas où il s'agit d'une déminéralisation aussi complète quepos- sible de colloïdes organiques ou d'une substance facilement décomposable, il faut effectuer la dialyse avec de l'eau courante et très pure; on doit alors employer une quantité d'eau souvent difficile à avoir. Au cours de nos recherches sur la dialyse des ferments, nous nous sommes proposé de construire un appareil dans lequel on effectue : i° la dialyse rapide dans l'eau pure et courante; i" la distillation de l'eau; 3" la conden- sation de la partie diatysable. Après maintes difficultés, nous avons réussi à construire un appareil dont voici les détails (voir la figure i). L'appareil se compose de trois parties A, B et C, stérilisables à l'auto- clave (B et C sont aussi stérilisables au four Pasteur). La partie A est un dialvseur modifié, muni d'un tube en verre; dans ce tube se trouve un robinet R à deux voies qui peut communiquer soit avec le ballon B el régler ainsi la sortie de l'eau du dialyseur, soit avec un tube latéral, permettant alors de prélever de l'eau pour rechercher sa pureté et constater la fin de la dialyse. La partie B est un ballon en verre d'Iéna, bouché avec un bouchon de liège ou en caoutchouc, traversé par trois tubes : le premier est en verre et communique avec le dialvseur, le second en verre communique avec la trompe, le troisième en étain com- munique avec les réfrigérants. La partie C présente deux réfrigérants, genre Soxhlet, à double circulation d'eau, en étain, réunis par un tube, également en étain, en forme de Y. Le fonctionnement de l'appareil est très simple: on remplit le ballon avec une quant ilé d'eau égale au volume auquel on veut ramener la partie dial \ sable ; on bouche ; on met le sac de collodion, rempli de la liqueur à diulvser; on ferme le dialvseur, on courbe le tube eu étain en X et Y de façon que les ouvertures a et b entrent dans deux branches latérales de dialyseur; on ferme le robinet R; on ouvre le robinet r;on fait le vide, on ferme le robinet /•, on allume le bec de gaz et l'on amène le liquide à I ébullition. Puis on maintient la température vers -t- '|0"C. L'appareil, fonctionnant dans les conditions ordinaires de la pression, 1 854 ACADÉMIE DES SCIENCES. produit 71 à 81 d'eau deconductivité 1,2 à 1,6 X io~° par jour; fonctionnant dans le vide, à une température de ■+- 4o°C. à -h 45° C, il produit 31 à 4! de conductivité 0,6 à 0,7 X io~c par jour. Etant donné que l'espace com- pris entre le sac de collodion et les parois du dialyseur est d'une contenance de 3oocm" à 4oocm', on peut en déduire que l'eau se renouvelle de 10 à 20 fois par jour. Grâce à cet appareil la dialyse s'effectue beaucoup plus rapidement. Nous avons, par exemple, dialyse la pectase de la luzerne et la pectine des carottes d'une pari dans un dialyseur ordinaire (en changeant l'eau dans ce dernier cas trois fois par jour) et dans le nôtre d'autre part; pour obtenir de la pectase d'une conductivité de 2,9 Xio_c et de la pectine d'une con- ductivité de 2,8 io~n, nous avons dialyse dans le premier cas 2 à 3 jours, dans le second 3 à 5 jouis. séance du 16 juin 1913. l855 L'appareil présente encore un avantage considérable; il peut être employé, en dehors de la dialyse, comme appareil à distillation dans le vide et fournir de l'eau d'une très grande pureté. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de l'acide borique sur la zymase ; comparaison avec l'action des phosphates. Note de M. Henri Agumiox, présentée par M. Roux. Dans un travail antérieur ('), j'ai montré la remarquable inactivité de l'acide borique vis-à-vis des diastases; seule, sur douze diastases différentes examinées, la lipodiastase du ricin est sensible à la présence d'une petite quantité de cet acide, et cela, même en présence des doses optimœ d'acides forts. A la suite de nouvelles recherches, je crois devoir signaler le cas de la zymase alcoolique, sensible elle aussi à l'action de l'acide borique. Les levures vivantes sont encore susceptibles de fermenter le glucose en présence de 3os par litre de cet acide (2); Rosenblatt et M"e Rozenband, dans un travail portant sur un grand nombre d'acides, supposent que la membrane cellulaire de la levure est peu perméable aux acides, pour expliquer les différences profondes existant entre leurs résultats obtenus avec la levure vivante et ceux de Biichner et de ses élèves obtenus avec le suc actif séparé de la cellule. Biichner et ses élèves n'ont pas étudié l'action de l'acide borique sur le suc de levure; ils notent simplement l'action empêchante du borax en même temps que celle des sels de calcium, de barvum, etc. (3). La source de zymase que j'ai employée est le suc de levure préparé, selon la méthode de Lebedeff, à partir de levure de brasserie qui m'a été aima- blement fournie par la maison Moritz. Dans chaque essai, 4e de saccharose ou de glucose sont mis en solution dans 2ocm' de macération de levure addi- tionnée ou non de doses variées d'acide borique; le tout est abandonné à la température ordinaire dans une fiole conique munie d'une soupape de (1) Comptes rendus, t. 118, 1909, p. i34o, et Annales de l'Institut Pasteur, t. XXIV, 1910, p. 49J-5iS. (2) H. Agilhon, Recherches sur la présence et le râle du bore chez les végétaux {Thèse Doct. Se. nat., Paris. 1910, p. 65). — M. Rosenblatt et Mlle Rozexbaxd, Sur l'influence paralysante exercée par certains acides sur la fermentation, alcoolique (Comptes rendus, t. 14-9, 1909, p. 809). (3) Ed. et Haxs Bughnbr et Martin Hahn, Die Zymasegârttng, Munich, 1908 p. 1 65 . C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 15G, N» 24.) "^1 l856 ACADÉMIE DES SCIENCES. Meissl; on détermine par pesées successives la perte d'acide carbonique aux différents moments de l'expérience. Perte en CO- exprimée en milligrammes après Acide borique — — — — - _— ^-"— pour 100. 2 heures. 24 heures. 'iS heures. 3 jours. Première expérience. Témoin 0 5o 387 648 685 N 0,01 = -; — A7 36y 621 64? 620 N 0,1 == — Aà 3o7 5 16 538 62 N 1,0 = - — o o o o ",2 Deuxième expérience. Témoin 0 71 622 0,36 960 Témoin 0 75 62.5 944 9^3 0,05=-^ 73 56i S18 83a 124 N o,a5 = . 56 4 '4 52.5 535 24,8 Troisième expérience. Témoin 0 73 53g 833 N O.D — 7 27 227 271 '2,4 A l'examen de ce Tableau, on se rend compte de l'influence empêcbante de l'acide borique sur la fermentation dès la dose faible de ioul(î pour ioo""5 (solution^ — )• Avec iB pour ioo, aucune fermentation n'est plus possible. La levure vivante, de même provenance, est cependant sus- ceptible de fermenter une partie du sucre qui lui est fourni en présence de 2 pour 100 d'acide borique. Il semble donc bien que la membrane empêcbe le contact direct de la zymase et de l'acide borique. On sait que la zymase est favorisée par une certaine alcalinité du milieu; on peut se demander si la faible acidité de l'acide borique n'est pas suffi- sante pour être la cause de son action empêcbante. Le Tableau suivant donne les chiffres obtenus dans une série d'essais où j'ai fait agir compara- tivement, d'une part le pbospbate monosodique et l'acide borique, de ti,s SX(, tfâ "'-- 3g|8 4^4 369 •,-s 6"2 65 1 g >.. ,,',.; 66- [ niHi 1 r 1 /, ',,,:, 7'M ;33 2o5 .;.n :>4i 521 9<»6 «)î 365 734 828 488 812 S.V. SÉANCE DU 16 JUIN igi3. 1 85^ même acidité vis-à-vis des réactifs colorés, d'autre part le borax et divers sels d'alcalinité différente : Perte en CO' exprimée en milligrammes après "2lr. i\' . 48h 3 jours. Première expérience. Témoin 5g 0,5 pour 100 d'acide borique 42 » de borax 49 » de phosphate mono 72 » de phosphate bi &] Deuxième expérience. Témoin 3g r pour 100 de borax 21 » de phosphate tri 56 » de citrate trisodique 36 » de carbonate de Na 56 Nous voyons tout d'abord que le phosphate mono, de même acidité vis-à-vis des réactifs colorés que l'acide borique, loin d'avoir une action empêchante, est légèrement favorisant. Il semble donc que l'acidité propre de l'acide borique ne suffit pas à expliquer son action empêchante sur la zymase. L'importance de la nature du radical électronégalif en dehors de la réaction est indéniable; elle apparaît aussi, nettement, si l'on compare l'action sur la zymase du phosphate disodique et du citrate trisodique (' ). Le borax est nettement défavorable, alors que les sels alcalins sont favo- risants; il est cependant moins «mpêchant que l'acide borique, ce qui tendrait à faire penser que son alcalinité compense un peu l'influence défa- vorable du radical électronégatif (2). Au sujet des phosphates, on peut remarquer que leur action favorable croit avec leur alcalinité; l'action favorisante de l'alcali s'ajoute à celle du radical P205 agissant comme coenzyme. ( ') Voir au sujet de l'importance du radical électronégatif des acides les travaux de G. Bertrand et M. et Mme Rosenblatt sur l'action des acides sur la sucrase : Annales de l'Institut Pasteur, t. XXVI, 1912, p. 32i et 932. (-) Il y a lieu de tenir compte qu'en présence de sucre le borax perd son alcalinité à la phtaléine. l858 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il est intéressant de noter que de toutes les diastases que j'ai étudiées, les deux seules sensibles à l'acide borique sont deux endodiastases, la zymase et la lipodiastase, agissant normalement à l'abri de la membrane cellulaire. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Étude quantitative de V action des rayons ultraviolets monochromatiques sur l'amylase. Note de Mme et M. A. Chauciiard, pré- sentée par M. Dastre. Dans une Note précédente, nous avons montré que les rayons ultraviolets détruisent l'amylase et l'invertine. Nous avons continué nos expériences dans le but de déterminer d'abord comment varie l'action des rayons ultra- violets sur l'amylase avec la longueur d'onde. Il est en effet important de comparer la vitesse d'action des radiations des différentes longueurs d'onde entre elles et de juxtaposer ces résultats aux valeurs d'absorption des mêmes rayons. De plus, il est nécessaire de déterminer en valeur absolue l'énergie absorbée et la proportion d'amylase détruite par cette énergie. Pour étudier celte question, nous avons employé deux méthodes diffé- rentes : i° Méthode des écrans. — La source utilisée était une étincelle condensée entre des électrodes de cadmium ; l'intensité dans le primaire était de 10 ampères, le voltage de 1 10 volts, le nombre des interruptions de 8000 à 10000 par minute; l'intensité dans le secondaire de 6 ou 7 ampères. (Pour plus de détails, voir Victor Henri et Wurmser, Journal de Physique, avril i9i3.) Nous avons interposé une série d'écrans, à savoir : lamelle de verre omm,i/i; lame de verre omm,7; -solution d'acétone à 5 pour 100, épaisseur 5ram (entre deux lames de quartz); solution d'albumine d'œuf à 2 pour 100, épaisseur 5mra. Ces écrans permettent d'isoler différentes régions du spectre ultraviolet. L'épaisseur de la solution diastasique était de ymm, la distance à la source de 4cm. L'énergie de cette source a été mesurée en valeur absolue pour chaque raie par MM. Victor Henri et Wurmser. Nous donnons dans le Tableau I les proportions de diastase détruites en i5 minutes à travers ces différents écrans; ainsi que les longueurs d'onde des rayons qui traversent et les énergies correspondantes : SÉANCE DU 16 juin igi3. 1859 Tableau 1. Énergie Energie transmise : des raies : — ^— — ^ a. Eau distillée. Acétone. Albumine. Lamelle. Lame. 21 44, 5 0,069 0,017 O o O 219.5 0,091 0,0182 o O o 2266 0,107 o,oi23 o o o 23oo 0,210 o,oio5 0,0000084 o o 2469 0,007 o,ooooo35 0,00112 o o 2372 0,022 o o,oo55 o o 2748 o,o3o o o,oo3i5 o,oo3 o 2880 ) n. „ . „ 0r c '> 0.O2I 0,001780 0,000340 0,0070.J 0,00120 2980 s ■ 0,087 0,087 0,087 0,0783 0,0696 Énergie totale.. . 0,644 o,i468 0,1061 0,0886 0,0708 Atténuation pour ioo 54 21 19 17 4 Atténuation rap- portée au té- moin 11*0.... 100 4° 35 3i,4 7>4 On voit, en comparant l'atténuation à travers l'acétone avec celle obtenue à travers le verre, que les rayons A = 2469, 23oo et2i95 sont plus actifs que les rayons de longueur d'onde plus grande. 20 Action des rayons monoc/iromaliques . — Pour étudier l'action de radiations ultraviolettes monochromatiques sur la diastase, il faut avoir une source lumineuse très intense. Nous nous sommes servis de l'installation réalisée par MM. Victor Henri et Wurmser. Un grand transformateur de résonance, combiné avec un condensateur de yô °"e micro- farad, est branché sur le courant alternatif de 110 volts; l'intensité du primaire est égale à 20-20 ampères. On produit ainsi une étincelle condensée très intense entre des électrodes (de i.5mm de diamètre) de magnésium, de cadmium et de zinc. La lumière est décomposée par deux prismes de quartz et l'on fait agir les différentes raies isolément sur la solution placée dans une petite nacelle très étroite sous une épaisseur de jmm. L'énergie de chaque raie est mesurée en valeur absolue par une pile de Rubens étalonnée avec une lampe Hefner. Les résultats obtenus pour l'exposition pendant i5 minutes aux trois groupes de raies : Mg = 2800, Cd = 23oo, Zn =r 2100, sont donnés dans le Tableau II : 1860 ACADÉMIE DES SCIENCES. Tableau II. Proportion détruite Proportion détruite Proportion détruite pour io'ergs en i5 minutes Énergie des raies par unité absorbés a. (pour 100). (ergs : sec-cni- ). d'énergie incidente. par la solution. î l OO ) ~ t >4 [2QO I08.5 — 2060 ) u 2800 it\ 69.36 34,6 o,3g 2800 22,7 7780 29,1 o,43 Les nombres de la quatrième colonne montrent que l'action est d'autant plus forte que les rayons sont plus courts. Il est nécessaire de comparer ces résultats avec l'absorption de ces diffé- rents rayons par la solution contenant la diastase. Les mesures quantitatives faites par M. Victor Henri donnent les valeurs suivantes pour les propor- tions d'énergie absorbée par une couche de 7""" d'épaisseur de la solution d'amylase : X -2307. 2389. 2535. 2875. 2944. 3126. 3306. Proportion d'énergie absorbée pour ioo. 99,96 96 88,5 72,97 58,33 3g, 7.') 28,37 Si l'on calcule la proportion de diastase détruite pour l'unité d'énergie absorbée que nous choisissons égale à 10' ergs, c'est-à-dire environ £ de calorie, on trouve pour 23oo et 2800 presque les mêmes valeurs, contenues dans la cinquième colonne du Tableau IL Par conséquent : i° L'action pholochimique des rayons ultraviolets sur l ' amylase est proportionnelle à l absorption de ces rayons par la solution conte- nant le ferment . i° Une quantité, d'énergie de rayonnement qui serait capable d'élever la température de la solution seulement d'environ \ de degré décompose les -^ de la diastase. PHOTOCHIMIE. — Etude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les monamines, diamines, nilriles, carbylamines, amides et oximes de la série grasse. Note de MM. Jea\Bielecki et Victor Henri, présentée par M. Dastre. Nous avons étudié l'influence exercée sur l'absorption des rayons ultra- violets par les différents groupes azotés dans les corps suivants de la série SÉANCE DU l6 JUIN I9l3. l86l grasse : aminés primaires R — NH2, secondaires R2 = NH, tertiaires R3 = N; diaminesNH2 — R"— NH2; nitriles R — C = N; earbylamines R — N = C; amides R - CO - NH2 ; cétoximes R2=C = NOH et aldoximes R - CH = N - OH. Les valeurs des constantes d'absorption moléculaire 1 des solutions alcooliques (3 = 3, 10 ~u''1 ) sont données dans le Tableau suivant : Longueurs d'ondfi. Méthylamine. » Ktlivlamine. . » Propy lamine. » D i m é t li y 1 - aminé 0 Diéthylamine » Di propy I - aminé » ïriniélhvl- amine » T r i é t h y 1 - aminé » Tripropyl- amine » Éthylène-di- amine Si Acétonitrile.. o,54 Méthylcarbyl- amine Acélamide. . . Propiona- mide Acétoxime. . . Acétaldoxime 0, i" » >70 » u,3 7,0 1,84 3,a ; 2,56 '•s7 19,4 '5,6 10,4 7,6 7.1 i Aminés tertiaires. » » » u 1 1,8 » n3 65,7 48,4 !6,g )) » » » » Diam.in.es. 3,7 M1' '».<)Ô » » Nitriles et Carbylamines. o,i34 » » " " 5,6 o,33 0,64 l.'l 1,19 0, (g 0,87 » » ,08 0,88 "-'i 6,7 i9,4 97 10. S! 48,4 s,, ■■■■- 3,g o,8g g,36 6,33 1,98 1,2 700 484 i"-ï 270 a65,' 3 2, 8 35 220,9 >94 26,5 Amides. 16, a ia, 30,9 17,7 10,8 8,6 i Oximes. 101,4 ''ii1 4°, 4 162 166,2 66,8 8,1 4,79 3,04 2, a 1.22 0,78 6,6 3,9 1,35 1,01 0,7.) o.i,/. 27 ia,3 8,12 4.77 o,6S o,36 3. ,4 20,3 8,9 3,i8 0, "1 » » » Résultats. — i° L'absorption de tous les corps azotés étudiés par nous se fait d'une façon continue, la valeur de t croît régulièrement lorsque A diminue jusqu'à 21 44. 1862 ACADÉMIE DES SCIENCES. 2° L'absorption des rayons ultraviolets par les aminés primaires de for- mule C"H-'Î+I NH2 augmente avec la valeur de n. Il est intéressant de com- parer cette absorption avec celle des alcools correspondants : )> 2144. 2195. 2240. 2307. 2338. 2405. 2452. 2550. 2G65. 2900. Alcool méthylique .. . 0,029 0,018 0,017 o,oi3 0,010 0,007 0,006 o,oo5 o,oo4 o,oo3 « éthylique 0,08 o,o5o o,o38 0,028 0,025 o,oi3 0,008 o,oo5 » » » propylique n . . 0,201 0,104 0.096 o,o83 0,080 0,0^0 » » » » On voit que la substitution du groupe NHa à la place de OH augmente très fortement l'absorption. Toutefois cette exaltation de l'absorption ne se fait pas dans la même proportion pour les trois alcools. On peut admettre que le groupe OH est très peu absorbant, de sorte que pour les alcools l'absorption du radical alcoolique possède une valeur prédominante. L'ab- sorption des alcools de formule C"H2"+,OH augmente avec la valeur de n suivant une loi exponentielle. Au contraire, pour les aminés primaires, la part de l'absorption qu'apporte le groupe NH2 est très grande et elle masque l'absorption due à l'alkyl, de sorte que les variations relatives de l'absorp- tion avec la valeur de n deviennent faibles. 3° Les aminés secondaires se comportent entre elles comme les aminés primaires. Il en est de même pour les aminés tertiaires. 4° Lorsque, dans la molécule d'ammoniaque, on remplace successi- vement les atomes d'hydrogène par 1, 2 ou 3 radicaux de formule C"IP"+I, l'absorption augmente d'une façon très intense. Ainsi pour A = 2193 elle est égale à o,o85pour NH3; 10,8 pour CH3NH2; > 19,4 pour (CH3)2NH; de même pour A = 2389 t est = 0,66 pour CH3NH2, 1,8 pour (CH3)2NH et 1 5, 8 pour (CH3)3 N. C'est une augmentation qui se fait suivant une loi exponentielle. 5° L'absorption par l'éthylène-diamine fait ressortir nettement l'in- fluence des deux groupes NH2; en effet, la courbe d'absorption monte . d'abord lentement jusqu'à 2265 et puis s'élève brusquement très vite. La même allure de la courbe d'absorption se trouve pour l'ammoniaque. 6° Les corps où l'azote possède une triple liaison avec un carbone (nitriles R — G = N), de même que ceux où l'azote est pentavalent (car- bylamines R — N = C) absorbent excessivement peu. 70 Les amides R — CO — NH2 absorbent d'une façon analogue aux acides correspondants; la substitution du groupe NH2 à l'hydroxyle pro- voque ici une exaltation de l'absorption. Mais cette exaltation est relati- vement moins importante que dans le cas des alcools et aminés primaires, puisque l'absorption par le reste R — CO est déjà forte. séance du 16 juin io,i3. i863 8° L'absorption par les oximes est bien plus intense que par les aminés; elle doit être comparée à l'absorption par l'hydroxylamine. X. 2144. 2195. 2265. Absorption par NHsOH.HCI (sol. aqueuse) o,4o5 o,io5 o,o54 » (CH3)2 = C = NOH (sol. alcool.)... » ;<»> 270 CII'.CH = NOM (sol. alcool.) 810 484 260,7 On voit que la substitution des deux atomes d'hydrogène dans l'hy- droxylamine par les groupements ]\- = C = et R. CH = produit une exal- tation très forte de l'absorption; ce résultat est donc à rapprocher de celui des aminés secondaires comparées à l'ammoniaque. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Transformation du calomel en sels solubles de mercure dans les milieux digestifs. Note de M. II. Zilgien, présentée par M. L. Landouzy. I. De mes recherches chimiques sur la transformation du calomel en sels solubles de mercure, il résulte que : i° 5ocs de calomel, avec 10""' d'eau et trois gouttes d'acide lactique, ne fournissent pas de sels solubles de mercure; 20 ils n'en fournissent que des traces impondérables si, au lieu d'acide lactique, on ajoute 25™' d'ammoniaque ; 3° le résultat est complètement négatif si, aux mêmes quantités de calomel et d'eau, on ajoute i"n' de laclate d'ammoniaque préparé à l'avance. 4° Au contraire, le lactate d'ammoniaque, a l'état naissant, donne une quantité abondante de sels de mercure, et cela sur le champ, sans que cette quantité ainsi fournie de suite n'augmente ultérieurement. C'est ainsi que 5ocs de calomel avec iocmS d'eau, trois gouttes d'acide lactique et 25cm» d'ammoniaque, donnent, aimiès filtration immédiate ou 24 heures plus tard, 0,008 de sels solubles de mercure. 5° Si, au lieu d'eau ordinaire, on emploie de l'eau distillée on obtient un abondant précipité blanc par le nitrate d'argent. 11 semble donc que le sel soluhle formé soit du bichlorure de mercure. 6° Les mêmes résultats positifs sont obtenus par le chlorure d'ammonium a l'état naissant, alors qu'ils sont négatifs avec le chlorure d'ammonium préparé d'avance; C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 24.) 238 l86/| ACADÉMIE DES SCIENCES. 70 Le chlorure de sohiuM donne des résultats négatifs, soil à l'état naissant, soil à l'état ancien ; (S" Ces résultats ne s'appliquenl pas qu'au calomel, mais encore au bis- muth, elc. ; il s'agit donc d'un principe gênerai. II. De mes recherches physiologiques, sur le chien, il résulte que : i° c'est dans l'estomac seulement que le calomel se transforme en sels solubles de mercure. Aussitôt arrivé dans l'intestin, il se transforme en sulfure de mercure absolument inattaquable. 2° L'inhalation d'ammoniaque, mettant l'animal expérimenté dans des conditions semblables à celles où il se trouverait si son foie était insuffisant pour transformer en urée les produits ammoniacaux charriés par la veine porte, donne une augmentation considérable dans la transformation du calomel en sels solubles de mercure. L'ammoniaque contenu dans le sang et éliminé par les divers émonc- toires, l'estomac en particulier, trouve là, soit de l'acide chlorhydrique, soit de l'acide lactique en cas de fermentations bactériennes. Il va donc se former un sel d'ammoniaque de façon ininterrompue et en quantité variable, mais, en tous cas, propre à transformer le calomel. GÉOLOGIE. Sur la terminaison occidentale, de la Sainte-Baume. Note de M. Emile Haug, présentée par M. Pierre ïermier. La chaîne de la Sainte-Baume, bien connue des pèlerins et des touristes, est également pour les géologues un lieu classique. C'est en effet ici cpie Marcel Bertrand signala, il y a près de 3o ans, les premiers plis couchés de la Provence. La chaîne s'étend, sur une longueur d'environ i2Iu", avec une direction WSW-ENE, du Baou de Bretagne au Pic de Saint-Cassien. Son front nord forme une falaise abrupte, qui domine le plateau du Plan- d'Aups, tandis que son flanc méridional descend en pente douce vers le Sud. Marcel Bertrand a montré, dès i88/j, qu'elle est constituée par une série renversée, allant de l'Aptien au Jurassique supérieur, comprise entre deux séries normales. La série normale inférieure, forme en quelque sorte le socle de la Sainte-Baume; elle comprend, au-dessus du Jurassique et séparé souvent des calcaires blancs par une couche de bauxite, un Crétacé, réduit à ses termes les plus élevés, qui forme le plateau du Plan-d'Aups. La série normale supérieure comprend les lames triasiques et jurassiques de SÉANCE DU l6 JUIN ICJI3. 1 865 Signes, de Riboux et de Cuges. Les relations tectoniques de ces trois séries dans le ravin de Saint-Pons, qui marque la limite occidentale de la chaîne, ont attiré particulièrement mon attention. Leur étude est grandement faci- litée par les coupures profondes dues à l'érosion et par le tracé de la nou- velle route, dont les nombreux lacets escaladent les pentes de Roque Forcade ('). La série normale inférieure, qui, à l'Est de l'Hôtellerie de la Sai nie-Baume, plonge régulièrement au Sud, en s'enfonçant sous la série renversée, se replie, à partir du Plan-d'Aups, en anticlinal. Les calcaires à Ilippui ites forment un dos d'âne, dont les flancs sont constitués par les couches saumâlres campaniennes et par les argiles bariolées garumniennes. Entre le col de l'Espigoulette et celui de la Machine, qui conduisent du Plan-d'Aups au vallon de Saint-Pons, cet anticlinal possède une direc- tion à peu près SVV-NE, qu'il conserve jusqu'au point de convergence des principales branches du ravin, où il s'enfonce sous des séries plus élevées. La série renversée du Baou de Bretagne est charriée, comme l'a montré Marcel Bertrand dans sa Note de 1900, sur un anticlinal parallèle au précédent, qui appar- tient également à la série normale du Plan-d'Aups. L'Aptien s'enfonce sous l'Urgonien et les calcaires de cet étage, après avoir subi un étiremenl momentané, bien figuré sur la coupe de Marcel Bertrand, reprennent leur épaisseur habituelle et forment, plus au Sud, une immense croupe rocheuse, exemple grandiose de terminaison péricli- nale. Ils s'enfoncent, à l'Ouest, au Sud et au Sud-Est, sous les terrains de la série normale supérieure. Ici ce terme de série normale supérieure n'est plus 1res exact, car des lames de Jurassique renversé s'intercalent entre l'Urgonien renversé et le Jurassique normal de la série supérieure. Le long du chemin qui conduit des sources de Saint-Pons à Cuges, l'Urgonien s'enfonce soit sous des dolomies du groupe Oolilhique moyen, soit sous les calcaires du Bathonien supérieur. Ces calcaires appartiennent au flanc inverse d'un anticlinal couché, car ils sont séparés d'une seconde barre de Bathonien supé- rieur par une bande de calcaires marneux du Bathonien inférieur. Les deux barres de Bathonien supérieur se retrouvent au Nord des moulins de Saint-Pons, et le noyau liasique de l'anticlinal apparaît le long de la route. La barre supérieure se poursuit sans interruption vers le Nord jusqu'au col de Roque Forcade. La barre inférieure est, par contre, coupée brusquement par une petite faille transversale, au delà de laquelle apparaît le noyau triasique de l'anticlinal, surmonté de toute la série nor- male, de l'Heltangien au Bathonien supérieur. Le flanc inverse a entièrement disparu et l'Urgonien renversé est en contact direct avec le Trias supérieur. Plus haut, ITlet- tangien apparaît seul et forme une voûte qui s'appuie contre l'Aplien vertical de la série renversée. C'est la charnière du pli. Le Lias moyen et supérieur du flanc normal (') Les courses que j'ai entreprises dans le massif de la Sainte-Baume ont été entreprises en vue de la révision des feuilles d'Aix et de Marseille de la Carte géolo- gique. J'ai été secondé dans quelques-unes de ces courses par mon collaborateur, M. A. Lanquihe. l866 AC.VDÉM1E DES SCIENCES. constitue une barre rocheuse, orientée N-S, qui coupe successivement tous les lacets de la nouvelle route et qui, après avoir traversé le dernier, prend la direction E-W, pour décrire ensuite une grande boucle, enveloppant presque complètement l'affleu- rement de l'Heltangien. On est en présence de la charnière d'un grand pli couché dont la convexité est tournée vers l'Est. Le Lias du flanc inverse entame lui aussi les deux derniers lacets. Mais il v a plus. Les calcaires balhoniens à peu près horizon- taux qui forment la crête déchiquetée de Roque Forcade et qui appartiennent au flanc normal du pli sont en continuité parfaite avec une ban e rocheuse, dirigée NE-SW, qui descend du col de l'Espigoulette vers le fond du ravin, en décrivant une boucle semblable à celle du Lias, mais la charnière du pli couché prend ici une ampleur plus grande. Les calcaires constituant le flanc inverse peuvent être suivis vers le Sud- Ouest jusqu'au point où se réunissent les trois ramifications principales du ravin. Leur épaisseur est très variable, ce qui lient au laminage intense qu'ils ont subi et qui se traduit par la présence d'innombrables veines spathiques. En reliant entre elles les charnières de l'Hettangien, du Lias moyen et du Bathonien, on constate que la trace de la surface axiale du pli couché est une ligne sinueuse : SE-NW au sud de la source de Saint-Pons, elle devient SSW-NNE cl SW-NE dans la parlie inférieure du ravin, puis S-N etWSW-ENE dans la partie supérieure. C'est avec cetle dernière direc- tion que le pli passe sur le versant du Plan-d'Aups, mais ici l'érosion n'a plus rien laissé subsister des charnières, et le flanc inverse, très étiré, n'apparaît que dans deux petites fenêtres, sous le Lias charrié qui sépare le massif autochtone de la Lare du socle de la Sainte-Baume. Le pli couché que je viens de décrire est en continuité avec un pli du versant sud de la chaîne, qui vient de Biboux et passe au Nord de Cuges, pour contourner ensuite la terminaison périclinale de l'Urgonien renversé. Sur le versant ouest du ravin de Saint-Pons ce même pli couché est déversé vers l'Est et vers le Sud-Est; il recouvre d'abord le bord occidental de la série renversée, puis la terminaison de la série normale inférieure. B a subi une conversion d'environ i8o° et s'est moulé en quelque sorte autour de l'extrémité sud-ouest de la Sainte-Baume, ainsi que l'avait admis tout d'abord Marcel Bertrand. Il convient dès lors d'écarter l'hypothèse d'une nappe unique, originaire du Sud, qui aurait primitivement recouvert toute la chaîne, hypothèse que Marcel Bertrand avait émise plus lard et à laquelle s'est rallié récemment M. Repelin. SÉANCE DU 16 JUIN ip,l3. 1867 GÉOLOGIE. — Observations tectoniques aux environs de Grasse. Note de MM. Léon Bertrand et Antomn Lanqwne, présentée par M. Pierre Termier. De nouvelles observations faites dans l'angle SW de la feuille « Nice » de la Carte géologique détaillée au g „,'„„■, en particulier dans la partie com- prise entre le plateau de Roquevignon, au nord immédiat de Grasse, et les gorges du Loup, au nord de Gourdon, nous ont permis de constater quelques faits qui viennent à l'appui de l'hypothèse que l'un de nous a récemment émise au sujet de la tectonique de cette région ('). Une coupe de détail, relevée dans le Jurassique, depuis la partie haute de la ville de Grasse jusqu'au bord du plateau élevé qui la domine au nord, met en évidence des répétitions de couches bathoniennes, bajociennes, hettangiennes et rhétiennes dont l'ensemble a le même plongement N-NW et présente de larges ondulations. Voici les termes stratigraphiques qui se superposent, dans la coupe en question, de haut en bas : Bajocien (lame du sommet du plateau); Ballionien ( masses exploitées du plateau de Roquevignon); Bajocien ; llettnngien ; Bathonien (sans Bajocien siliceux); Ilettangien (réduit) ; Rhétien (plusieurs lits argileux très nets); Heltangien; Rhétien. C'est là une succession d'assises en apparence toutes concordantes, mais qui sont manifestement répétées par des plis couchés isoclinaux. De notables réductions affectent les flancs inverses de ces plis dont les charnières du côté sud ont été profondément érodées et ne semblent pas subsister. Vers le nord, au contraire, la constance de direction des mêmes plis depuis le village de Cabris jusqu'au delà du Bar permet de suivre leurs intersections avec une surface topographique assez complexe et coupée de plusieurs ravins. Quelques-unes de ces intersections paraissent établir le sens nette- ment provençal de la poussée. Si l'on continue la montée vers le hameau de Gourdon, on franchit une nouvelle masse balhonienne, celle du plateau de la Sarée, dans laquelle (') Comptes rendus soin m. Soc. géot . de France, n° 2, igi 3, p. i5. 1868 ACADÉMIE DES SCIENCES. nous avons noté d'importantes répétitions, analogues aux précédentes. Nous avons constaté, en outre, en coupant ces bancs bathoniens, des phé- nomènes de laminage très nets, qu'une dolomitisalion assez inégalement répartie dans les termes de la série oolilliique inférieure ne dissimule que rarement. Au-dessus, se place l'ensemble formé par les calcaires jaune clair, les calcaires sublithographiques et les dolomies du groupe oolilhiquc moyen. On peut suivre la continuité de cet ensemble de l'autre côté du ravin du Loup, vers l'est. Le Jurassique supérieur surplombe toute cette série et s'aligne comme elle dans une direction WSW-ENE. Il forme une succession de bancs résistants et compacts, sur une des avancées des- quels est perché le petit village de Gourdon. Or; en dépassant ce village vers le nord pour s'engager dans la profonde entaille de la gorge du Loup, on constate, à l'est, l'existence très nette du chevauchement de la montagne de Courmettes sur ce substralum juras- sique précédemment considéré. Un accident, photographié par l'un de nous, replie en Z le front des calcaires jurassiques chevauchants, au-dessus des bancs rigides du Jurassique supérieur, qui forment la partie élevée de la série chevauchée et qui ne montrent aucune trace de ce reploiement. Mais le sens de la poussée se montre ici totalement indépendant de celui de l'ensemble sous-jacent et paraît lui être presque opposé. On acquiert avec certitude, en analysant cet accident du sommet de Courmelles, la notion d'une répercussion alpine sur un complexe jurassique, de direction provençale et plongeant habituellement vers le N-NW. En traversant les gorges, vers la rive gauche du torrent, l'ampleur du phénomène tectonique se précise. Et, vers l'ouest, celte fois, on aperçoit la continuité de la série chevauchante, qu'un long replat crétacé sépare du Jurassique supérieur de Gourdon. Il parait résulter, dès maintenant, des observations effectuées par nous en ces différents points, qu'on se trouve en présence d'une partie de la nappe provençale dont le bord supérieur a été repris par un mouvement ultérieur, d'origine alpine et de sens légèrement dévié. PALÉONTOLOGIE. — Mammifères miocènes de Palencia, dans la Meseta espagnole Note de M. E. Hernandez-Paciieco, présentée par M. Edmond Perrier. A ikl" de Palencia, juste au centre de la grande Meseta tertiaire de la Vieille-Castille, j'ai fait des fouilles, en compagnie de M. Juan Danlin, SÉANCE DU 16 JUIN Io,l3. ltf6r) attaché au Laboratoife de Géologie du Muséum de Madrid, dans un gise- ment récemment découvert, où nous avons trouvé une faune riche en Vertébrés fossiles qui permettent d'établir l'âge des vastes dépôts tertiaires de la Meseta espagnole. Voici la liste provisoire des espèces que nous y avons recueillies : Trochiclis toxodon Lart. ; Prolagus af. Meyeri ; Listriodon splendens H. von Meycr var. major Roman; Dorcatherium af. Naui Palœoplalyceros hispanicus sp. nov. ; Palœoplalyceros palentinus sp. nov. ; Anchitherium aurelianense Cuv. ; Anchitherium af. aurelianense ; Acerotherium sp.; Rhinocéros sansa- niensis Lart. ; Rhinocéros sp. ( taille ft. minutus Cuv .); Dinotherium gi'ganteum Ivan p. ; Mastodon pyrenaicus Lart. ; Anas sp. ; Tesludo af. perpiniana. ( lettè faune est celle qui caractérise le Miocène moyen de l'Europe, et la plupart des espèces découvertes sont nouvelles pour la faune miocène de l'Espagne. Il est possible que quelques-unes des espèces qui figurent comme voisines soient des espèces nouvelles ; pour en décider, il faudrait une étude plus minutieuse et plus approfondie que l'examen rapide et préliminaire que nous avons pu en faire. Avec les Mammifères se trouve un Oiseau que nous avons pu déterminer par un os furculaire comme appartenant au genre Anas, dont les espèces seraient très abondantes dans le Miocène espagnol. Avant cette récente découverte, on avait trouvé à Cevico de la Torre, près de Palencia, dans la couche des marnes gypseuses, des œufs fossiles qui appartiennent au genre précité. Nous avons également recueilli un humérus de Tortue, avec quelques fragments de carapace dont la forme et la grandeur se rapprochent de la Testudo perpiniana du Pliocène; l'espèce de Palencia en est cependant différente. Mais ce qui donne un caractère tout spécial à la faune miocène de Palencia, c'est l'apparition d'un groupe nouveau de Cervidés que nous désignons sous le nom générique de Palœoplalyceros, eu égard à ce qu'ils représentent les plus anciennes espèces de Cervicornes avec bois aplatis, qu'on supposait n'apparaître que dans le Pliocène. Par leur taille, ces ruminants coïncident avec les Munljacks vivants et avec les Dicroceros du Miocène moyen. Les quatre bois que nous avons recueillis presque entiers, ainsi que cinq fragments d'autres bois, nous ont servi de base pour établir notre détermination. Les Palœoplalyceros étaient des Cervulinœ avec un long pédoncule ou tige 1870 ACADÉMIE DES SCIENCES. frontale, de contour cylindrique et de 3i3, approuvant le Règlement proposé par l'Académie en ce qui concerne le mode de nomination des Membres non résidents. RÈGLEMENT RELATIF AUX MEMBRES NON RÉSIDENTS DE l'aCADEMIE DES SCIENCES, ADOPTÉ DANS LES COMITÉS SECRETS DES IO FEVRIER ET 3l MARS IO,l3. « Les places de Membres non résidents sont réservées aux savants fran- » çais qui résident hors des départements de la Seine et de Seine-et-Oise. Comptes rendus, t. 156. Noie de M. Carl Stôrmeu. PL I. I'i,h|.._i . i ; . 1 1 i ■ - cl'' l'.cc--c k c|l. Photographié tle Store Korsnes. Aurore boréale du 3 mars i . ( t .7". . i.ch36"\ temps moj-en île l'Europe centrale. Comptes rendus, i. 156. Note île M. Cari. Sturmer. PI. 11. ( i >* ~ \ \ \ \ 1 ^fc \ L _ J L: li Séries cinématographiques d'une aurore boréale vers l'ouest observée à BosseUop, le 8 avril, entre minuit et minuit ni! quart. Les négatifs sont numérotés dans l'ordre chronologique. On remarque sur la dernière série, les plis intéressants que fait le bord inférieur de la draperie, alors au zénith. Les étoiles appartiennent à la Grande Ourse. SÉANCE DU l6 JUIN ICjl3. 1873 » Nul ne peut être nommé Membre non résident s'il n'est déjà Corres- » pondant de l'Académie. » Les Membres non résidents peuvent prendre part aux travaux de » l'Académie dans les mêmes conditions que les Académiciens libres » actuels, mais n'ont droit de suffrage que dans le cas où il s'agit de rem- » placer l'un d'eux. » Pour l'élection à une place vacante de Membre non résident, les mêmes » règles seront suivies que pour l'élection d'un Académicien libre, avec » cette seule différence que la Commission chargée de dresser une liste de » présentation sera composée de deux Membres pris dans les Sections » mathématiques, de deux Membres pris dans les Sections physiques, » de deux Membres non résidents et du Président de l'Académie. » Après lecture de ce Règlement, l'Académie décide que la nomination de la Commission chargée de présenter une liste de candidats à la première des trois places vacantes de Membres non résidents aura lieu dans la séance publique du i3 octobre. La séance est levée à 4 heures et demie. G. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 2 juin 191 3. Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Caisse des Recherches scientifiques, année 191 2. Rapport annuel adressé au Président de la République française, par M. Alfred Picard. Melun, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Dar- boux, de la part de M. Flourens, Conseiller d'Etal, Président actuel du Conseil d'ad- ministration de la Caisse des Recherches scientifiques.) Introduction à la Chirurgie utérine obstétricale, par A. Couvelaire, Paris, G. Steinheil, 1 6 1 3 ; 1 vol. in-4°. (Présenté par M. Guyon.) La sécrétion pancréatique, par Emile-F. Terroine. Paris, A. Hermann et fils, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Dastre. Hommage de l'auteur.) Mise en valeur des moyennes et basses chutes d'eau en France, par Henri Bresson ; préface de M. Max de Nansouty; 2e édition augmentée d'un supplément. 1874 ACADÉMIE DES SCIENCES. La répartition géographique des Océans et la détermination du Pâte continental, par M. Alphonse Berget. (Annales de V Institut océanographique: t. V, fasc. 9, p. i-12.) Corbeil, imp. Grété, 1 g 1 3 ; 2 feuilles in-40. Mémorial de l'Artillerie, navale, 3e série, t. VII, irc livraison de 1 g 1 3. Paris, Imprimerie nationale, ig 1 3 ; 1 vol. in-8°. Recueil des travaux du Conseil départemental d'Hygiène de la Gironde, année 1912, publié par les soins de M. L. Barthe; t. VI. Bordeaux, imp. Bagot, 1 g 1 3 ; 1 vol. in-8°. Contribution à l'étude des oxydes anhydres des métaux alcalins, par M. E. BenGADE. Paris, Gauthier-Villars, 1907; 1 fasc. in-8°. M. E. Bengade adresse en outre les quatre opuscules suivants : Recherches sur les chaleurs de formation des proloxydes alcalins. Sur la forme théorique des courbes de refroidissement des mélanges binaires. Recherches sur les sous-oxydes de cœsium. Les méthodes chimiques pour l'étude des alliages. Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Relies-Lettres de Toulouse, ioB série, t. XII. Toulouse, Douladoure-Privat, 1912; 1 vol. in-8°. Chronique illustrée du Concours international de Télégraphie pratique, Turin, 191 1, par Ferdinando Geronimi. Milan, chez l'auteur, s. d.; 1 vol. in-4°. Revista technica del Ministerio de Obras publicas, Caracas, Venezuela; aïïo 3°, numéro 27, mîrzo 1 g 1 3 . Caracas; 1 fasc. in-4°- Annual report of the board of régents of the Smithsonian Institution, 191 1. Washington, 1912; 1 vol. in-8°. Memoirs of the National Academy of Sciences', t. X, 1905-1910. Washington, 191 1 ; 1 vol. in-4°. ERRATA. (Séance du 9 juin igi3.) Note de MM. E. Jungfleisch et L. Brune/, Réactions entre l'eau et l'acide sulfureux à diverses températures : Page 1720, ligne 9, au lieu de pour le changement des tubes, lire pour le charge- ment des tubes. Page 172/4, ligne 4, au lieu de du gaz sulfurique liquéfié, lire du gaz sulfureux liquéfié. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 JUIN 1915. PRESIDENCE DE M. F. GOYON. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse ampliation du Décret qui porte approbation de l'élection que l'Académie a faite de M. Antoine-Alfred-Arnaud-Xavier-Louis, comte de. Gramonl, pour occuper, dans la Section des Académiciens libres, la place vacante parle décès de M. Alfred Picard. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Arnaud de Gramont prend place parmi ses Confrères. M. d'Arsonval s'exprime en ces termes : Les Comptes rendus du deuxième Congrès national du Froid qui fut tenu dernièrement à Toulouse, en septembre dernier, viennent d'être publiés par I'Association française du Fkoih. Les deux Volumes qu'ils constituent sont la preuve palpable ilii succès de cette manifestation; les organisateurs eux-mêmes l'avaient espérée belle, mais ils n'avaient pas osé croire qu'elle attesterait aussi nettement les heureux résultats de la propagande menée en France depuis quelques années à ce sujet. Rarement le bureau d'un Congrès, uniquement national, eut à classer autant de Rapports et de Communications; ceux-ci présentaient une infinie variété, et si certains d'entre eux ont traita des sujets purement scientifiques, C. R., îgi.S, 1" Semestre. (T. 156, N° £5.) 24° 1S76 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'autres, les plus nombreux, se rapportant à l'industrie, à l'agriculture, au commerce, ont un caractère essentiellement pratique. Ces Rapports ont été répartis entre six sections. Le froid, en effet, à peine domestiqué, a envahi à peu près toutes les branches de l'activité humaine. La première Section du Congrès, présidée par M. d'Arsonval, a discuté les progrès accomplis dans la construction et dans la conduite des divers géné- rateurs de froid. D'ailleurs, si ces questions y furent traitées par des savants et professeurs, comme MM. Sabatier, Mathias et Marchis, les construc- teurs et les ingénieurs ne dédaignèrent pas y apporter une vaste documen- tation; des nombreux Rapports ont été présentés par MM. Maurice Leblanc, Juppont et Castéra. Parmi les Communications les plus intéressantes se trouvent : 1. Une Communication de MM. Mathias, Kamerlingh Onnes et Crommelin, donnant le résultat de leurs recherches sur le diamètre de la courbe et la densité de l'argon. L'intérêt de cette étude était de constater que l'argon, premier corps monoatomique étudié en détail, obéissait à la loi du diamètre rectiligne comme les corps à molécules polyatomiques. Les recherches entreprises pour cette vérification ont été faites à des températures comprises entre — I25°C. et — i9i0C. 2. M. Mathias a présenté quelques réflexions sur les étals correspondants où il insistait sur la nécessité de fixer la terminologie en cours; a cet égard ce travail constitue un excellent Mémoire d'exposition et d'enseignement. 3. M. Moulin. Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Besançon, et M. Vandoni ont donné la discussion d'un dispositif nouveau préconisé pour réduire le prix de revient de l'anhydride sulfureux liquide. Ce dispositif consiste : i° à compri- mer sous une pression suffisante le gaz sulfureux; 2° à le refroidir à une température convenable; 3° à consentir une perte sensible du gaz sulfureux dont on peut se débar- rasser pardissolulion dansl'eau ou par réaction sur le carbonate de soude pour obtenir du sulfite. k. M. Paul Sabatier a présenté une Note dans laquelle il montrait le perfectionne- ment que l'emploi du froid permettait d'apporter à la méthode générale d'hydro- génation par catalyse et en a donné l'application industrielle en vue de la préparation du gaz méthane. 5. M. Maurice Leblanc a exposé, dans deux Notes successives, les raisons pour lesquelles il lui parait que l'air ne peut être un agent frigorifique intéressant qu'aux très basses températures, et les résultats actuels de ses travaux sur l'emploi delà vapeur d'eau comme agent frigorifique. 6. M. Marchis, professeur à la Faculté des Sciences de Paris, a proposé d'unifier le mode d'évaluation et les définitions de puissance et rendement de machines frigori- SÉANCE DU l3 JUIN I9l3. 1877 fiques eu proposant de soumettre les définitions adoptées par la France à l'approbation du troisième Congrès international du Froid, qui doit se réunir en septembre prochain à Chicago. La Section de beaucoup la plus importante a étéla deuxième, placée sous la haute présidence de M. Armand Gautier, et qui a étudié les multiples applications du froid en agriculture. Si le froid est employé directement ou indirectement, aujourd'hui, à peu près dans tous les genres d'industrie, cependant nulle part comme en agri- culture ses applications ne sont aussi variées. Les très nombreux rapports soumis à l'examen de la deuxième Section concernent, en effet, soit la culture proprement dite, soit la préparation et la conservation des différents produits de nos industries agricoles. La nouvelle organisation du commerce de la viande par les abattoirs régionaux a fait l'objet de nouvelles Communications de la part de MM. de Goer de Hervé, J.-E. Lucas et de Marcillac. la question restant toujours à l'ordre du jour, tant au point de vue économique qu à celui de la défense nationale. D'ailleurs les services que peut rendre le froid à la technique militaire, services qui avaient été seulement mentionnés, lors du dernier Congrès, ont attiré l'attention des nombreux et brillants rapporteurs. Une terminologie concernant les différentes viandes frigorifiées a été adoptée, ce qui est fort utile étant donnée la différence de valeur marchande des viandes réfrigérées et des viandes congelées. A côté de ces principales questions, d'autres ont été soulevées qui ne présentent pas moins d'intérêt pour la vie économique de notre pays, et des spécialistes ont indiqué toutes les améliorations qu'on peut apporter, par l'emploi du froid, en horticulture, en laiterie, en beurrerie, dans toutes les industries de fermentation, agricoles, et en œnologie, en particulier. L'Association française du Froid a décidé, à la suite du Congrès, de créer une sous-section spéciale des applications du froid en œnologie, pla- cée sous la haute présidence de M. le professeur ( iayon, dans le but d'activer les études commencées dans cette voie. De même, l'importance du rôle du froid, pour le développement écono- mique de nos colonies, a été mise en lumière par des Communications de MM. Pégard et Rondet-Saint. Un fait très marquant de ces Congrès a été l'inauguration d'une section des applications du froid à la médecine, dont M. le professeur Gariel avait accepté la présidence. Depuis quelques années on a introduit l'emploi des agents physiques en 1878 ACADÉMIE DES SCIENCES. thérapeutique; le froid a donc été étudié dansce but, et les résultats connus à ce jour ont été exposés, à Toulouse, dans plus de 20 Communications très intéressantes. Les questions de transport, de législation et enseignement, soulevées par l'emploi du froid, ont été étudiées dans deux Sections spéciales qui ont entendu chacune environ i5 Communications. En partie, M. Marchis a esquissé un programme très complet des notions frigorifiques qu'il serait utile d'enseigner dans les diverses écoles agricoles. Le Congrès s'est terminé par une brillante conférence de M. Georges Claude sur l'air liquide et l'air solide. En résumé, par le nombre et la valeur des Communications, par l'impor- tance et la fécondité des discussions qu'elles ont provoquées, par l'éclat scientifique et la renommée mondiale des savants qui s'y sont rencontrés, ce Congrès a marqué une glorieuse étape dans le développement de la Science française du Froid. M. Fraxcotte fait hommage à l'Académie d'une Conférence intitulée : Le troisième œil des Vertèbres. CORRESPONDANCE. M. Maurice Leblanc adresse des remercîments pour la distinction que l'Académie a accordée à ses travaux. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : La deuxième édition de : Savants du jour. Gaston Darboux. Biographie, bibliographie analytique des écrits, par Ernest Lebon. (Présenté par M. Emile Picard.) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le minimum actuel des taches du Soleil. Note de M. J. Guillaume, présentée par M. B. Baillaud. Les phénomènes solaires enregistrés à l'Observatoire de Lyon présentent actuellement un calme remarquable. Depuis le 12 avril dernier et jusqu'à SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1879 présent (23 juin), soit pendant 73 jours, nous n'avons noté, au moment des observations, aucune tache sur le disque du Soleil. Ainsi cette période sans taches dépasse en durée celle de 67 jours (3i décembre 191 1-6 mars 1912) signalée antérieurement ('). Malgré les signes habituels du commencement d'un nouveau cycle d'ac- tivité qui se sont manifestés à la fin de 1912 ('-) et au commencement de 1913 (3), la conclusion donnée dans les résultats de nos observations du premier trimestre de 1912 (') se justifie davantage : les observations ulté- rieures sont nécessaires pour fixer Vépoque du minimum actuel des taches du Soleil. D'autre part, en ce qui concerne les régions d'activité, les jours où le disque solaire se montre dépourvu de facules sont fréquents. OPTIQUE. — Sur la détermination expérimentale de V énergie lumineuse absorbée dans une réaction photochimique. Note de M. A. Tian, pré- sentée par M. Lippmann. L'évaluation de l'énergie lumineuse absorbée pour effectuer une transfor- mation pholochimique présente un grand intérêt. Elle est nécessaire, par exemple, lorsqu'on veut rapporter l'effet chimique de la lumière au travail fourni et en particulier quand, cet effet correspondant à un accroissement de l'énergie interne du système chimique, on désire mesurer le rendement de la transformation. La puissance lumineuse absorbée peut être évaluée par le calcul en déter- minant, au préalable, la composition de l'éclairement incident, l'intensité de chaque radiation et le coefficient d'absorption de la substance réagissante pour chacune d'elles (4). Il paraît préférable d'utiliser une méthode de mesure donnant directement l'énergie absorbée par seconde. Le dispositif expérimental très simple qu'on va décrire répond à ce but. Une pile thermoélectrique dont les deux faces sont noircies est reliée à un galvanomètre. La face antérieure de la pile est éclairée par la source utilisée plus tard dans les expériences chimiques; l'autre face peut recevoir (') Comptes rendus, t. 155, p. 810. 1'2) Comptes rendus. I. 156. p. 11 3a. (3) Comptes rendus, t. 150, p. 1357. {'*) Cette méthode d'évaluation de l'énergie absorbée a été utilisée par MM. V. Henri et R. Wurmser (Comptes rendus, t. 150. 1918, p. ioi3, et Journ. de Phys., 5e série, t. III, 1 9 1 3, p. 3o5). 1880 ACADÉMIE DES SCIENCES. également un éclairement, de préférence de la même source lumineuse, réglable par un diaphragme. On procède, dans une expérience préliminaire, à une sorte de tare de l'appareil. On place^ devant une des faces de la pile, par exemple celle qui est directement éclairée par la source, lacuve qui servira plus tard de vase à réaction, cette cuve étant vide ou pleine d'un solvant, sui- vant qu'on opérera avec un gaz ou une solution. On règle ensuite le rap- port des éclairements reçus par la pile, en agissant sur le diaphragme, de manière à ramener le galvanomètre au zéro ; cette position d'équilibre est indépendante des variations accidentelles de la source lumineuse, si les deux faces de la pile reçoivent le même rayonnement. La tare faite, le système à étudier (gaz, solution étendue) est placé dans la cuve : du fait de l'absorption déterminée par la substance sensible à la lumière, le galvanomètre dévie d'un angle proportionne/ à la quantité à mesurer. Il est possible de faire ainsi des déterminations absolues : il suffit d'éclairer, dans une troisième expérience, la face antérieure seule de la pile par une source dont le rayonnement lolal est connu (corps noir, lampe Heffner), placée à une distance déterminée, et de lire la déviation du galva- nomètre pour savoir à combien d'énergie absorbée par seconde correspond une déviation de imm de l'échelle du galvanomètre. Application ci l'étude de la décomposition photochimique de ieau oxy- génée. — Il était intéressant de voir si, pour cette réaction particulière, il y aurait proportionnalité entre la quantité de matière modifiée et l'énergie lumineuse absorbée indépendamment de toute condition expérimentale, pareille relation devant déjà exister, ainsi que je l'ai montré, en lumière monochromatique ('). Toutefois, l'eau oxygénée étant absorbante dans l'infrarouge (2) sans être décomposée, on ne peut espérer trouver un rapport constant entre la cause et l'effet quelle que soit la longueur d'onde: mais il se pourrait a priori qu'elle se vérifie dans l'ultraviolet, où, à partir de 35oo angslroms, l'eau oxygénée est à la fois opaque et sensible à la lumière. Cette hypothèse paraît d'autant plus naturelle qu'avec le coefficient d'absorption a, le pouvoir pholochimique à (vitesse de réaction pour l'éclairement i) semble croître avec la fréquence de la radiation, en sorte que le rapport o : a pourrait être constant et il y aurait alors nécessairement proportionnalité entre l'action chimique et l'énergie absorbée (3). (l) A. Tian, ('amples rendus, t. loti, 1910, p. îtioi. (-) Frikoul, Wied. Anna/en, t. LV, 1895, p. 433. :') A. Tian, toc. cil. SÉANCE DU 23 JUIN I9l3. l4 5,8 0,976 0,190 0,0602 0,0216 V 3,69 0,887 o,254 0,0762 o,o2.58 o, 00802 W .... 119 68 39 16 7 3 p. o,o3io o,oi3o o,oo6Ô 0,0047 0,0037 o,oo3 Il s'en faut donc de beaucoup que la quantité p soit constante. Dans la décomposition photochimique de F eau oxygénée, il ny a donc pas proportion- nalité entre l'action chimique et l'énergie absorbée, même lorsqu'on opère en lumière ne renfermant pas de radiation infrarouges. Si Ton remarque que dans les réactions photochimiques endolhermiques le rendement croît, en général, avec la fréquence de la lumière, et que même dans un cas tel que celui de l'eau oxygénée il n'y a pas rapport constant entre la cause et l'effet, il semble qu'à moins d'opérer dans une région très limitée du spectre (2), la prétendue loi de proportionnalité soit tout à fait exception- nelle (3). (') Fabky et Buisson, Comptes rendus, t. 152. 1911, p. 1 838. (2) Lasareff, Annalen der Physil;., 'y série, t. WIN , p. 661 et 812. (3) MM. Y. Henri et IL Wurmser (Journ. de Pkys., 5e série, t. III, 1918, p. 3oo) ayant constaté, dans un certain nombre de transformations pliotochimiques, que la quantité de matière modifiée, rapportée à l'unité d'énergie lumineuse absorbée, variait avec la radiation incidente comme le coefficient d'absorption en ont déduit à tort une proportionnalité entre l'action chimique et la puissance lumineuse fournie. Cette conclusion eût été valable si les auteurs avaient observé, dans ces conditions, la constance de la quantité de matière transformée. i88a ACADEMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE. — Sur un phénomène photo-électrique présenté par i 'anhydride sulfureux liquéfié. Note de M. Jacques Carvallo, présentée par M. E. Bouty. Dans une Communication précédente (') j'ai montré que l'anhydride sulfureux liquide, soumis entre deux électrodes de platine à une différence de potentiel constante, est traversé par un courant qui diminue et tend vers une valeur limite. L'expérience était faite dans l'obscurité: or le phénomène est sensible à l'action de la lumière, ainsi que le montrent les expériences suivantes : Un tube scellé en verre conlienl de l'anhydride sulfureux liquéfié; deux lames de platine forment électrodes; le liquide peut être éclairé au moyen d'un fai:ceau de lumière perpendiculaire à la direction du champ et fourni par un arc électrique. On établit, dans l'obscurité, une différence de potentiel constante entre les deux électrodes; lorsque le courant a atteint sa valeur limite, on soumet le liquide à des alternatives de lumière et d'obscurité et l'on observe en même temps l'intensité du I ^ 50 5 J 40 ta •8 • 30 'a eh 1 Î1 \ hD b r i n f i : -V \Sa B' D Temps en heures courant. La courbe Aaa'BB'bb' ... représente l'intensité en fonction du temps dans une expérience où la tension constante avait pour valeur 44° volts. Le courant limite avant l'expérience était égal à 0,3^ . io— 6 ampère. Les points A, B, C, . . . correspondent aux allumages, les points a.b.c,... correspondent aux extinctions de la source. Après la sixième extinction f, la courbe passe par un maximum f correspondant à 6o. io~6 ampère. Enfin, 48 heures après celle dernière extinction, l'intensité était, dans l'obscurité, retombée à la valeur 0,67. io-6 ampère, voisine de la valeur initiale. Chaque allumage provoque une brusque diminution de courant; chaque extinc- tion, une brusque augmentation. La grandeur de ces variations brusques dépend de la (') J. Cakvallo, Comptes rendus, 24 octobre 1910. SÉANCE DU 2,3 JUIN IC)l3. lH83 constitution et de l'intensité de Ja source; elle augmente avec l'intensité du courant qui traverse le liquide au moment où Ton fait l'expérience : nul au premier allumage A, cet effet augmente à chaque alternative de lumière et d'obscurité, le dernier allumage faisant tomber l'intensité de 5i à i3,ç;.io_6 ampère; au contraire, l'effet diminue et tend vers zéro si on laisse le courant traverser le liquide dans l'obscurité assez long- temps. Enfin, l'augmentation brusque due à une extinction est supérieure à la dimi- nution due à l'allumage immédiatement antérieur; toutefois, la différence de ces deux changements diminue et tend vers zéro avec l'intervalle de temps qui les sépare. J'appelle effet négatif \e changement brusque qui accompagne un allumage ou une extinction. J'appelle, au contraire, effet positif l'effet lent de signe contraire qui succède à l'effet négatif et qu'on reconnaît sur les fragments de la courbe tels que «'B, B'b, b'C J'ai établi expérimentalement les points suivants : i° Les deux effets, positif et négatif, ont leur siège dans la masse même du liquide et non à la surface des électrodes; 2° Us sont dus aux radiations ultraviolettes (absorbables parla quinine) que laissent encore passer les parois de verre du récipient; 3° Ils sont produits simultanément par les niâmes radiations. La séparation du phénomène en deux effets, loin d'être purement for- melle, représente la réalité des choses : une étude minutieuse, dans les détails de laquelle il m'est impossible d'entrer ici, prouve qu'il s'agit bien de la superposition de deux phénomènes distincts. i° L'effet positif résulte de la réaction 3 SOs = S -+- 2 SO3. Cette réaction se produit sous l'action de la lumière; les produits de cette réaction restent en solution dans SO- et augmentent la conductibilité du liquide ; à l'obscurité, au contraire, ces produits sont entraînés par le courant en dehors du champ par un mécanisme analogue à celui des épura- tions électriques que j'ai signalées dans des Notes précédentes. 2° Loin d'être dû à une réaction chimique, l'effet négatif parait de nature purement physique : son existence, en effet, est liée non seulement à la présence des impuretés produites par l'action de la lumière, mais encore au passage prolongé d'un courant continu, comme le montre la nouvelle expérience suivante : On fait passer un courant alternatif à travers un échantillon de SO2 exposé au préalable, assez longtemps, à la lumière; l'effet négatif n'existe pas. Il réapparaît au contraire progressi- vement si l'on soumet le liquide à un courant continu, même dans l'obs- curité. C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N* 25.) 24 1 lH84 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les chiffres suivants illustrent cette proposition. Li(|viide exposé plusieurs jours, sans courant, à la lumière solaire; puis soumis à 176 volts à partir d'un instant qui sert d'origine des temps : Époques 1™. 2"30\ 6». 17". 3h30°. 7''3U'". 301'. Courant dans l'obscurité I0 0 D /■ rt =: — ... I I I.07 1.01 1,72 2,08 t.96 Gourant en présence de la lumière 1/ L'effet négatif ne devient sensible qu'après la sixième minute, le rôle du courant continu est manifeste; il n'y a pas d'effet négatif en son absence. PHYSIQUE. — Relation entre la loi de compressibilitè des gaz et les Coefficients de dilatation. Note de M. Thaddée Pficz.u.SKi, présentée par M. E. Bouty. Considérons l'équation différentielle de transformation des gaz dv dp (1) dt- h-£) X ' VOL />\1 où / est la température, v le volume, p la pression du gaz considéré, x et S les deux coefficients de dilatation à pression et à volume constant, ! dv r 1 l)p a el [3 sont des fonctions dep, v, t. Four trouver les minime et maxima de la fonction vp ==/à température constante, égalons sa différentielle à zéro, (2) p dv + v dp = o. Mais v Gtp à température constante sont liés par la relation de (2) et (3) on tire « — §■ Donc les niinirna ou maxima des isothermes ont lieu alors que les deux coefficients de dilatation, à volume constant et à pression constante, sont égaux entre eux. Pour trouver la loi de compressibililé des gaz à température constante, considérons l'équation (3) où v est une certaine fonction de p. On peut séance du a3 juin 1913. l885 mettre (3) sous la forme (4) ^l=—-cIt. Le quotient g est une fonction de p : (5) 4- = a - ùp — cp- — .... où a, b, c, ... sont des fonctions de la température seule. En portant l'expression de -r dans (4) et intégrant on a (6) logf -f- const.= — ûtlogjo -+- bp -t- c — — 1- d^ 4- . . . , d'où (7) i' = A/)'-«e (8) vp — \ /•'■, ■ 1 i .i Lorscjue la pression tend vers zéro, e tend vers l'unité; donc- la valeur limite de pv ne dépend que de p'". Il y a trois cas à examiner : a > i ; a < i ; a = i . On peut mettre ( 8 ) sous la forme (9) vp — Bps, où B est une fonction qui reste finie et différente de zéro quand p tend vers zéro et où t = i — a. Dans le cas où a>i, t est négatif et le produit pv tend verri l'infini quand/? tend vers zéro. Dans le cas où a < i , z est positif, vp tend vers zéro avec p. Comme ces deux conclusions ne sont pas admissibles, la seule valeur possible de a est a = i . On a donc : ( i o ) —l — bp — cpi— où A représente la valeur de vp quand p =■ o. Pour appliquer l'équation (i i), supposons que 5 soit une fonction para- bolique de p, c'est-à-din/ (12) yu — \e''l'+c'l'\ i886 ( )n trouve ACADEMIE DES SCIENCES. ll\ drogéne à 0". pv observé pv calculé. (x). 1 . 10 . 20. 30 . 40 . .HO. 00. 80. 90 ., 100 . . 130. i ,oo55 i ,0086 » i ,0245 1 ,o3o5 1 ,0373 i , 0690 (y). 1 , 0000 1 ,0086 » i ,020 1 ,o3i9 i,o39 ,0697 Azote à 16' pv observé pv calculé. 0-997 0,9945 » o.99°7 » 0,9896 0,9908 » o,994> °>99°9 0,99^2 » o>99°7 » 0,9900 0,9920 » 0.9971 pv observe 0,99.31 0>9897 0,9842 » 0,9754 » 0,9688 o , 968 1 o , 968 I 0,9949 0,9901 0,985.") » 0.9773 o,9729 0,9722 0,9722 0,9738 0,9756 Les observations (.r) sont empruntées aux expériences de Witkowski, et les observations (y) à celles de M. Amagat. Les coefficients de vp sont calculés d'après les expériences faites : Sur l'hydrogène à i-io-20alm; Sur l'azote à i-io-2oa,lu (corrigés d'après la valeur de vp à .{oa,m); Sur l'air à i-io-20a,m (corrigé d'après la valeur du minimum de vp). PHYSIQUE. — Sur les oscillations à grande fréquence dans les arcs électriques très courts et sur les limileurs de tension à intervalles multiples. Note de M. André Léauté, transmise par M. Blondel. J'ai étudié les oscillations du courant dans les arcs électriques très courts, avec l'intention d'appliquer ensuite les résultats aux limiteurs de tension à intervalles multiples, dans lesquels l'écartement des électrodes est généralement très faible. On sait que l'emploi de ces appareils est aujourd'hui extrêmement répandu. Les oscillations de l'arc dans le cas de l'éclateur à intervalle unique et pour des longueurs presque toujours supérieures à 1""", ont donné lieu à un grand nombre de travaux antérieurs ('), en particulier de la part de M. P>londel(2), qui s'est servi de l'oscillographe pour déceler leur existence (') Cf. : El. Thomson, 1892; N. Tesla, 1895; Fessenden. 1899; Duddell, igo3; Janet, 1902; Tissot, 1902: Hanti, 1902; Barkhausen, etc. {-) André Blondel, Éclairage électrique, i5 et 22 juillet 1905. SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1887 et leur forme. Mais cette méthode n'esl, en général, pas applicable pour les arcs très courts, à cause de la trop grande fréquence des oscillations; en effet, dans ce cas, les électrodes doivent être métalliques, sans quoi leur usure trop rapide fait subir à la longueur d'arc des variations relatives trop fortes et, par suite, la fréquence est très élevée. J'ai tourné la difficulté en faisant jouer à l'oscillographe un rôle en quelque sorte négatif et en utilisant le montage figuré ci-dessous. ô E ■Q a 6 ;.AO-0- Fig. 1. T. transformateur; «, galvanomètre de l'oscillographe; b. milliampèremètre thermique; E, éclateur; R, résistance liquide", t, terre. Quand les oscillations sont très rapides, le galvanomètre a n'enregistre que le fondamental à basse fréquence, tandis que le thermique b est influencé parle courant total; on en déduit donc par différence l'intensilé efficace des oscillations. Cette méthode m'a permis d'observer, dans certaines conditions d'expérience, des oscillations dont l'intensité efficace est extraordinairement grande par rapport à celle du fondamental., J'opérais à intensité fondamentale coustante dans chaque série d'ex- périences, grâce à la forte chute de tension du transformateur et je faisais progressi- vement croître à partir de zéro l'écartement des électrodes; on sait(') qu'en procédant ainsi on constate, pour une certaine valeur de l'écartement, un maximum de l'intensité eflicace totale, maximum que la méthode ci-dessus m'a permis d'attribuer à un chan- gement brusque de régime du fondamental et pour lequel j'ai pu déterminer le rapport H entre l'intensité efficace des oscillations et celle du fondamental. Valeurs du rapport 1\. — (Réseau à 110 volts, 4- périodes; un pôle du secondaire de T à la terre; les chiffres entre parenthèses indiquent la diffé- rence de potentiel aux bornes du secondaire.) (') André Lêauté, Comptes rendus, 1909. — Cf. aussi Duddell, Pliil. Mag., 1908. M. G. Claude a récemment (S. I. E., 1913) signalé un fait analogue sur tube à néon. lS88 ACADÉMIE DES SCIENCES. i° Pas de résistance dans le circuit d'alimentation île l'arc. Valeurs de R. Intervalle unique. Intervalle double. Intervalle triple. 2 cylindres 3 cylindres i cylindres e. de 2e'», 5 x 3e", 5. de 2' ',5 3"", 5. de 2e'", 5 x 3' '", 5. 18 S VoltS pas d'arc P as d'arc 5,5 (700) 5,3 8,2 3,5 (65o) 4,9 6 2,0 (4oo) 3,8 4,3 2 (200) 3,6 4,2 Intensité Intervalle unique, efficace 2 sphères du fondamental, de 2"" de diamètre, amp 0,010 6 volt o,o4o 5,8 (3oo) 0,080 2,5 (200) o, 120 2, 1 ( i5o) o, i4o 2 , 1 ( 100) 2° Résistance de 38oo ohms dans le circuit d'alimentation de l'arc. ( Les oscillations sont mesurées entre la résistance et l'éclateur. ) Valeur de R. Intervalle multiple, Intensité efficace 10 cylindres du fondamental. de 2°™,5 x 3"", 5. amp volts 0,080 2,7 (2800) O, I20 2 (29V1 ) 3° Résistance de i5ooo ohms dans le circuit d'alimentation. (Les oscillations mesurées comme ci-dessus. ) Intervalle unique. Intensité efficace 2 cylindres du fondamental, de 2e™, 5 x3"",5. ai"p volls 0,010 I , l5 ( J20) o,°4° > , 14 (900) Il resterait à expliquer le mécanisme exact de ces expériences; mais, dès à présent, on peut en tirer une conclusion intéressante pour les limi- teurs de tension. Elles montrent que les fusibles qu'on place souvent en série avec ces appareils sont exposés à être parcourus par des oscillations ayant une grande fréquence et un rapport 11 élevé. Or j'ai montré anté- rieurement (') que les surinlensités de haute fréquence produisent des effets destructifs extrêmement violents; on comprend donc la cause des (') Cf. André Léaité, Comptes rendus, i5 novembre 1909; la Lumière électrique, 8 octobre 191 o. SÉANCE DU 23 JUIN IO,l3. 1889 explosions fréquentes et jusqu'ici inexpliquées des fusibles de limiteurs. Il ressort de cette étude que les fusibles sont actuellement mal placés et que, pour éviter leurs fusions intempestives qui non seulement diminuent l'effi- ::/■ ■F k f : fusible Fig. Mauvaise position Bonne position des des fUsibles. fusibles. cacité de la protection, mais encore sont quelquefois l'origine d'accidents graves, il faudrait les brancher entre les résistances et la terre. Ils seront là, et là seulement, à l'abri des oscillations. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la dissociation, électrolytique d'un sel, régie par la loi des masses. Note de MM. P. -Tu. Muller et R. Romaxn, présentée par M. Haller. On sait que les électrolytes médiocres (acide acétique, ammoniaque) suivent bien la loi des masses (formule d'Ostwald), alors qu'il n'en est pas de même des sels et en général des bons électrolytes. Si les causes de cette divergence ont donné lieu à de nombreuses discussions, les raisons cer- taines n'en sont pas encore bien connues. Dans ces dernières années on a invoqué plus spécialement l'hydratation des ions, laquelle augmente avec la dilution jusqu'à ce que l'ion soil saturé. I ne fois que celui-ci a acquis son hydratation définitive, sa mobilité devient invariable, indépendante d'une dilution ultérieure; la conductibilité de la solution ne dépend alors plus que de l'ionisation et celle-ci est égale au rapport de la conductibilité actuelle A à la conductibilité limite A„. Il y a des chances pour que clans cette région d'hydratation constante l'électro- lyte soit régi par la loi des masses. (iuidés par ce raisonnement, nous avons fait choix d'un sel provenant 1890 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'un acide el d'une base de force moyenne. Les générateurs suivront la loi des masses, jusqu'à un degré d'ionisation très avancé qui ne sera guère dépassé par le sel. L'hydratation définitive, atteinte par les ions de la base et de l'acide, se conservera ainsi dans le sel. L'acide cyanacétique et la pipéridine réalisent ces conditions. Leurs constantes d'affinité sont respec- tivement 0,00370 et o,ooi58 (l'acide acétique donnant 0,000018). L'ioni- sation du premier passe de 49 à 82 pour 100 entre les dilutions molé- culaires de r2cS' et f02_V (')• Quant à la pipéridine sa dissociation est de 46 pour 100 dès la dilution 2.56 ("). Etant donnée la force des générateurs, l'hydrolyse du sel est imperceptible et ne retentit pas sur la conductibilité. Les solutions de cyanacétate de pipéridine ont été préparées en ajoutant la base dissoute à une solution de titre connu de l'acide, en présence d'une goutte de phtaléine; le virage est net. La conductibilité a été prise, à 20°, dans un appareil bien clos, à élec- trodes non platinées. On a tenu compte de la conductivité de l'eau, d'ail- leurs inférieure à 10". Voici la moyenne de deux mesures indépendantes el concordantes : V. A. 128 78, IO a56 75,03 5i2 76,44 1024 77)35 v représente le nombre de litres qui contiennent la molécule-gramme du sel; A est la conductibilité moléculaire, exprimée en inverses d'ohm; y le coefficient d'ionisation égal à -j— ; enfin K est la constante de la loi de dilu- tion K = '—— ■ (i -v)r Nous avons pris la conductivité limite Aœ égale à 78,10. On obtiendrait 77,3 en faisant la somme des mobilités de l'ion cyanacétique [39,0 d'après Kendall (3)J et de l'ion pipéridinium (38,3 d'après Bredig). On trouverait 80,2 en se servant de la règle Ostwald-Bredig qui consiste à ajouter des modules spéciaux aux conductibilités expérimentales ('). (') Ostwald, Zcits. ph. Ch., t. III, 1889, p. 178. ( '■) Bhedic;, Zeils. ph. Ch., t. XIII, 1894, p. 3o6. (3) Kenuall, ./. o/chem. Soc, t. Cl, 1912, p. (285. (4) Voir I'.-Th. Mulleh et Ed. Baued, J. de Ch. ph., t. Il, iyo4- p. 4m'»- 7. K. 0,936 0,107 0,961 0,092 o,979 0,088 o,99° 0, 100 K moy. . . • «-N097 SÉANCE DU 23 JUIN I()l3. 1891 On voit que notre A, est compris entre les deux nombres précédents. Avec les données de Kohlrausch, on calcule, pour le chlorure de potas- sium à 180, les valeurs suivantes de K : « 100. '200. 500. 1000. K o,i5 o,io 0,06 o,o3 Les variations sont énormes comparativement à celles du cyanacétate de pipéridine. Ce corps fait donc partie du très petit nombre de sels dont l'ionisation, mesurée par la conductibilité, est gouvernée par la loi des masses. Nous ne voyons guère à citer, à ce point de vue, que le bromure de tribenzylméthylammonium qui a fourni à Drucker (') la constante K = 0,139 du même ordre de grandeur que celle du cyanacétate de pipé- ridine (2). En résumé, en nous laissant guider par l'idée de l'hydratation ionique, nous avons été amenés, du premier coup, à faire un sel qui obéit à la loi des masses. Des expériences nouvelles pourront seules montrer si notre idée directrice est générale. Le choix de l'acide et de la base nécessaires n'est pas chose aisée, car ces deux électrolytes doivent suivre eux-mêmes la loi de dilution et avoir un degré d'ionisation du même ordre que celui de leur sel, ce qui suppose que l'hydrolyse de celui-ci est négligeable. CHIMIE PHYSIQUE. — Décomposition photochimique des solutions d'acide oxalique en présence de nitrate d'uranyle. Note de M. Marcel lîoi.i.. présentée par M. A. Haller. I. Cette décomposition a été étudiée par plusieurs auteurs, notamment par Seekamp (•1) et Fay (') ; il semble résulter de ces expériences que le (') Zeits.f. Elcktroch., t. XVIII, 1912, p. 563. {■) Pendant que nous achevions nos expériences, Drucker, Tarie et Gomez ont fait paraître un article {Zeits.f. Elektroch., t. XIX, 191 3, p. 8) sur une nouvelle déter- mination de la mobilité de l'ion Br, basée sur l'étude du bromure de tribenzylmélKyl- ammonium. Il en résulterait que le bromure de potassium obéirait aussi à la loi des masses. (3) Ann. d. C hernie, t. CXXII, p. 1 1 3 . (v) Amevic. Chemic. Journ., t. XVIII, p. 269. Cette étude est reprise en ce moment même, à un autre point de vue, par M. Landau {Comptes rendus, séance du 23 juin 1 9 1 3, p. 189/4). C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N» 25.) 242 1892 ACADÉMIE DES SCIENCES. nitrate d'uranyle se retrouve à la fin de la réaction. En opérant au contact de l'air et en solution très étendue, mes mesures conduisent à admettre que l'acide oxalique est oxydé sous forme d'acide carbonique. II. J'ai appliqué la méthode précédemment décrite (') : la réaction chimique se suit en mesurant, à l'électromètre, la conductivité f/. d'une solu- tion éclairée par une radiation monochromatique (raie 2536 U. A. du mercure). La solution était millimoléculaire par rapport à l'acide oxalique et au nitrate d'uranyle. Dans le Tableau suivant, les temps t sont exprimés en heures; K, et K, sont les coefficients de vitesse de la réaction, supposée uni- et bimolé- culaire. t. l^i K,. K2. /. ;x. K,. K,. 1 . ;x. K,. K,. 0 590 » » 1 2 263 7.5 6 24 223 6,9 20 2 44o jo,8 3 i4 2D2 7.2 7 26 221 / > ' 26 4 358 9>4 4 16 243 7-' 8 28 219 7,4 4i 6. 3a3 9»° 4 18 237 7>° 10 3o 2l8 7-5 60 8 294 8,5 5 20 232 7.° 12 *^c 2l6 » » 0 276 8,0 5 22 227 7>° ■ 4 Tandis que le coefficient K2 varie depuis 3 jusqu'à Go, le coefficient K, reste à peu près constant. La réaction est sensiblement uni moléculaire; si le nitrate d'uranyle intervient chimiquement, il est probable qu'il se reforme au fur et à mesure, de sorte que sa concentration reste constante. La conductivité finale 21G montre qu'il ne peut y avoir d'acide formique en quantité notable dans la solution, car la conductivité serait alors plus considérable (2). III. On retrouve le même ordre, en déterminant la vitesse initiale de cette réaction pour différentes concentrations. Un calcul développé précé- demment (3,) montre que la masse m formée au bout d'une seconde est proportionnelle à la puissance rayonnante absorbée <£a et qu'elle n'est pas fonction de la concentration c : c'est ce que vérifie l'expérience. La puissance rayonnante incidente <î0 était de 6,5 — — • (') Comptes rendus, t. 156, p. i38 et 691. (-) S'il se formait uniquement de l'acide formique elle serait de 38o (nitrate d'ura- nyle 200 -I- acide formique 180). La conductivité moléculaire de l'acide carbonique est 12 à cette concentration. (') Comptes rendus, t. 156, p. 691. SÉANCE DU 23 JUIN I()l3. i8g3 mol. -g g , cigs m c en £■ »tcn— • iP en— 2-- r^-- cm3 sec sec Çf io~6 5o.io^'° 5,2 9,6. ro~10 5 . io-7 32 3,5 9,2 i.25.io~7 8,3 i,o 8,3 3,i .i o~8 2,7 o,3 9 , o IV. J'ai mesuré (') les coefficients d'absorption x de chacun des consti- tuants, ainsi que celui du mélange. A. C20'H2 m illi moléculaire 2,5. ioG C.G.S. (N03)2U02 millimoléculaire 3,o Mélange millimoléculaire 5,3 Le coefficient d'absorption du mélange est très sensiblement égal à la somme des coefficients partiels; /'absorption est donc la même, qu'il y ait ou quil n'y ail pas réaction chimique (2). V. On pouvait prévoir que la loi de l'équivalent pbotocliimique d'Einstein (*) ne s'appliquerait pas. Les valeurs . „ „ 3 xio10 .. /iV = Il X = =z 6,D X IO^26 X ±ttz ; =7,7X IO_" erg, >. 2,.l3o X I0~J ' ' (') Par la vitesse d'hydrolyse de l'acide tétrachloroplatinique (Comptes rendus, t. 136, p. i38). (!) Contrairement à ce qui se passe pour le mélange chlore 4- hydrogène, d'après Bunsen et Roscoë (Pogg. Ann., t. CI, p. 270). (3) Journ. de Phys., 5e série, t. III, p. 277. I1S94 ACADÉMIE DES SCIENCES. d'où l'on tire e = 0,002 II y ; V énergie absorbée pendant la réaction est très inférieure au quantum. Ce résultat est à rapprocher de ceux obtenus récemment par MM. Victor, Henri et René Wurmser (') relativement à l'eau oxygénée et à l'acétone : dans tous ces cas, il s'agit de systèmes en faux équilibre, qui évoluent spontanément avec une vitesse très faible et où la lumière se borne à accé- lérer la réaction. VI. On peut comparer cette énergie absorbée e à l'énergie cinétique moyenne w d'une molécule, correspondant à un degré de liberté à la tempé- rature considérée et qui est égale à w> — a X 10^"' erg. Dans les conditions de l'expérience, e est dix fois plus grand que 9° 63, 5o 39,00 28,45 ,y 1 , 69 1 , 70 1,68 1 , 66 Ces nombres montrent la grande ressemblance des métaux alcalins, et la variation régulière de leurs propriétés avec les poids atomiques. Si l'on considère en particulier les quatre dernières lignes du Tableau, on voit que : i° Les chaleurs spécifiques atomiques croissent légèrement et réguliè- rement avec les poids atomiques ; 20 Les chaleurs atomiques de fusion décroissent régulièrement ; 3° Le rapport = de la chaleur atomique de fusion à la température absolue de fusion est presque rigoureusement constant. séance du 23 juin igi3. 1899 Les points de fusion indiqués, qui ont été pris sur les ampoules mêmes, sont supérieurs de i°à 20 aux températures admises jusqu'à aujourd'hui, ce qui tient à la pureté absolue des échantillons étudiés. Pour le caesium lui-même, le point de fusion surpasse de o°, 20 celui que j'avais déterminé antérieurement (') avec le métal fondu dans l'huile de vaseline. Les détails des expériences, ainsi qu'une discussion plus approfondie des résultats, seront publiés dans un autre Recueil. CHIMIE PHYSIQUE. — Variations de la résilience du cuivre et de quelques-uns de ses alliages en fonction de la température. Note (2) de MM. Léon Guim.et et Victor Bernard, présentée par M. H. Le Chatelier. Nos connaissances sur la variation de la résistance au choc du cuivre et de ses alliages en fonction de la température sont peu développées. Dans les essais effectués par les anciennes méthodes, on n'a pas dépassé la tempé- rature de 4oo" (3). Nous nous sommes proposé de déterminer l;i variation de résilience du cuivre el de quelques-uns de ses alliages de la température ordinaire jusqu'au voisinage du point de fusion, et d'examiner la concordance qu'il pourrait y avoir entre cette variation et les procédés de travail utilisés dans l'industrie. Le mode opératoire adopté est, dans ses grandes lignes, celui qui a été déjà employé par l'un de nous au cours d'une étude analogue (4). Les produits étudiés étaient laminés et recuits; leur composition est la suivante : Cu. Zn. Ni. M Fe. Sn. Pb. Mn. Cuivre 99)9^ o » » 0,09. (+Sb)o,oi o » Laiton n° 1 90,6 9,3 » 0 traces traces o » » 11" 2 90,3 8,2 » n 0,1 0,1 i,3 » » n° 3 80 , 9 i8,3 n » 0,1 o,3 o,3 » » n° k 70,3 28,3 » » 0,2 0,2 0,8 » » n° 5 61,6 37,9 » » 0,1 0,2 0,1 » (') E. Rengade, Comptes rendus, t. 148, 1910, p. 1199. (-) Présentée dans la séance du 5 mai 1 9 1 3. (3) Chaupy, Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale, février 1899. (4) Guillet et Révillon, Expériences sur l'essai au choc à température variable {Revue de Métallurgie, t. VI, 1909, p. g4). C R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N-25.) 243 iqOO ACADEMIE DES SCIENCE?. Cu. Zn. Ni. .VI. Fe. Sn. Pb. M». Laiton n° 6 61 ,3 36,2 » » 0,7 0,2 1 ,(> » Cupro-nickel 77»9 ' >7 20,2 » <>,i o o » Maillechorl 54, 1 '»'i 19,7 » °>4 traces 0,1 » Bronze d'aluminium. 90,0 » » 9,8 0,2 » » » Bronze d'aluminium spécial 88,5 » » 7,5 3,7 0,1 » 0,2 Les résultais obtenus sont résumés dans les courbes des figures 1 et 2, dans lesquelles le travail de rupture, ou résilience, est exprimé en kilo- M««./ JjêgetiJe 11 Lsilott *•/ a . t ir . j y * VI . i Kl . t u /'- * '.' \ l* 1 * V n \ \ '/ \a \ \ r Vv , *v *,, „ ^J V 1 [ V t \ / 1 \ — ^v s \ ~\ — * \ \ \\ \ -^ t 1 1 \ N "" ^ ■ ï Ay \ v* ■^ > u\*\ V * ^"v 1 V X T t \ x t V \ — w i s^ \ \ ~m ~TT~, '. Tdl MU H !" \ Jj étende . Wlf Cunro Mckd IX Al&dltrherl, XI , . j/Mj/ : \ i \ [M V 1 \ \ . \ yH », \ \ \ . II N II s\ N // \ ..- , m, / s, ,* w r S, Vn V*_ * \ / \ \ / \ X Lx / y~- VBT y ■^JX_ Fie. Fie. i- grammes par centimètre carré. Dans ces courbes, les parties pointillées se rapportent aux éprouvettes pliées, les parties pleines aux éprouvettes cassées, et les zones dans lesquelles les déterminations n'ont pu être faites sont représentées par des croix. Conclusions. — i° A l'exception du cupro-nickel, tous les alliages pré- sentent un maximum de fragilité qui se fait sentir à partir de 3oo° à l\oo", SÉANCE DU a3 JUIN I()l3. 1901 et qui, suivant la composition, se maintient jusque dans le voisinage du solidus ou disparait vers 7000, et, souvent, un maximum de résilience aux environs de ioo°. Quant au cuivre, dont la courbe présente une décroissance à peu près régulière en .fonction de la température, il ne présente jamais de fragilité; les éprouvettes se plient et, tout naturellement, le travail de pliage diminue avec la température. 20 Au point de vue de l'influence de la composition , nous notons que le laiton à 90 pour 100 de cuivre, ne renfermant pas de plomb, voit sa fragi- lité diminuer considérablement entre 700" et 900", tandis qu'il suffit de i,3 pour 100 de plomb pour que la fragilité maximum se maintienne jusqu'à cette température. Les laitons à 80,9 et 70 pour 100 de cuivre restent fragiles de 7000 à 85o°, tandis que ceux à (>i,8 et 61, 3 pour 100 de cuivre voient leurs résiliences, très faibles entre 3oo° et Goo°, se relever aux environs de 7000. Le cupro-nickel, qui présente de la fragilité à partir de u'oo°, la voit diminuer aux environs de 10000, tandis que le maillechort renfermant 25,4 pour 100 de*zinc est fragile dès 3oo° et le reste jusque dans le voisinage du solidus, d'ailleurs beaucoup plus bas que celui du cupro-nickel. Enfin, dans les bronzes d'aluminium essayés, celui ne renfermant pas de fer présente, dans la variation de la résilience, une discontinuité tout à fait remarquable, et il nous a été absolument impossible d'obtenir des chiffres précis entre 6oo° et 800", l'éprouvelte calant le mouton en se déformant; le bronze d'aluminium au fer indique, à 7000, une cessation de fragilité très nette. 3° Au point de vue des méthodes de travail industrielles, on voit de suite les métaux susceptibles d'être forgés ou laminés à température élevée, celle-ci correspondant à la disparition de la fragilité. Toutefois, nous noterons que le laiton à 61, 3 pour 100 de cuivre qui renferme i,G pour 100 de plomb ne donne que 2 à 3 kilogrammètresà la température de laminage. La fragilité ne renseigne donc qu'imparfaitement sur celle température, qui correspond aussi au maximum de ductilité; d'ailleurs, les nouvelles méthodes de travail des alliages de cuivre, procédés par écoulement à température élevée, permettent de négliger la fragilité dans certaine mesure. I902 ACADEMIE DES SCIENCES. CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la neutralisation de l'acide chromique. Noie de M. René Dubrisav, présentée par M. H. Le Chalelier. J'ai appliqué à l'étude de la neutralisation de l'acide chromique le procédé acidimélrique décrit dans une Note précédente, c'est-à-dire que je suivais par la méthode du poids de la goutte les variations de la tension super- ficielle d'huile de vaseline additionnée d'acide stéarique au contact d'une solution d'acide chromique dans laquelle j'ajoutais des proportions crois- santes de liqueur alcaline titrée. Dans le cas actuel,. on pouvait redouter une action secondaire de l'acide chromique, soit sur l'huile de vaseline, soit sur l'acide stéarique. J'ai rempli une même pipette de 2cm' successivement de liquide gras employé dans mes expériences, et du même liquide resté i(\ heures au contact d'acide chronjique. Dans ces conditions j'obtenais pour la première portion 33 gouttes dans l'eau distillée, 52 gouttes dans de l'eau addi- tionnée de - mol-» de soude par litre. Pour l'huile restée au contact de l'acide 2 X i o3 l j'obtenais 33 gouttes pour la première liqueur, 53 pour la seconde. Les propriétés capillaires de la solution stéarique ne sont donc pas modifiées par l'acide chromique et la méthode reste applicable. Voici maintenant les résultats de l'étude de la neutralisation de l'acide chromique soit par la soude, soit par l'ammoniaque. Tableau I. Solution d'acide chromique exigeant pour sa neutralisation complète 22""' de soucie normale pour iuclu' de solution acide. Titre déterminé au moyen d'une solution de baryte titrée en présence de pliénolphtaléine. Nombre de centimètres cubes de soude N ombre ajoutés à io<™' d'acide de S'Hiltes 0 53 4,i5 5o 8,7 I!) 1 5 . 1 52 ';■■> 56 Nombre de centimètres cubes de soude Nombre ajoutés à iocm" d'acide, de gouttes. 20,0 60 2 1,5 ().') 22,7 68 24,2 1 '1 1 SÉANCE DU 23 JUIN ltjl.3. 10,03 N un ibre de centime 1res cubes de soude ajoutés à 2.5 i-nr* d'acide 0 5 .5 / ,0 1 2 .0 •4 .4 Tableau II. Solution exigeant pour sa neutralisation complète i5c,"J de soude normale pour 25cm' d'acide. Nombre de gouttes. 3-7 37 36,5 li, 5 46 i5,o (02 Tableau 111. Solution exigeant 38""1, 8 d'ammoniaque -^ pour la neutralisation de iocm de solution acide. Nombre n de centimètres cubes d'ammoniaque rr » ajoutés à io<=m" d'une solution d'acide sléarique. N bre de gouttes. O 24 S, 5 24 20,3 23 33,2 3o 30,6 4' 39,6 *» 4-5,6 4-jo Tableau IV. Solution acide obtenue en diluant trois fois la précédente. Nombre n de centimètres cube- d ammoniaque -r ajoutés à iocm8 de solution acide. Nombre de gouttes. 0 '9 6,7 20 10,0 ,(< u,3 3. i3,o 66 Ces chiffres montrent tout d'abord la possibilité de doser alcalimétri- 190/4 ACADÉMIE DES SCIENCES. quement par la soude l'acide chromique ou le bichromate en solution même concentrée. Ces résultats présentent déjà un certain intérêt, les réactifs colorés ne pouvant dans ces conditions fournir aucune indication précise. Au point de vue théorique, il importe de noter la différence qui existe entre l'acide chromique et un acide bibasique fort comme l'acide sulfurique. Pour ce dernier acide, aussi bien avec la soude qu'avec l'ammoniaque, la tension superficielle reste invariable jusqu'au point de neutralisation complète et décroît nettement à ce moment-là : aucune discontinuité dans la courbe obtenue ne permet de distinguer les deux basicités. Ici, au con- traire, dès qu'on a dépassé la quantité d'alcali correspondant à la formation du bichromate, une certaine quantité de soude ou d'ammoniaque reste à l'état libre dans la solution : en d'autres termes, la formation du chromate neutre à partir du bichromate et de la base est incomplète. Ces faits concordent avec les déterminations thermochimiques de Ber- thelot (') et avec les expériences de M. Sabalier (2). Ce dernier auteur avait montré par colorimétrie que les chromâtes neutres étaient partiel- lement décomposés par des acides faibles ou moyens comme l'acide acé- tique, la deuxième fonction de l'acide phosphorique et la première fonction de l'acide carbonique. Plus récemment, M. Groger (3) avait été amené à admettre l'existence d'ammoniaque libre dans les solutions de chromate neutre d'ammoniaque. Mes expériences confirment cette hypothèse. CHIMIE PHYSIQUE. — Remarques sur l'additivité des propriétés physiques dans la série organométa/lique. Note de M. Paul Pascal, présentée par M. E. Bouty. L'additivité des propriétés physiques, qui se manifeste souvent de façon satisfaisante dans le cas des composés organiques, ne peut plus être pour- suivie dans les corps minéraux; la question s'est alors posée de savoir s'il en était de même dans la série organomélallique. Nous avons montré récemment qu'on pouvait mettre en évidence, sous forme de loi limite, la conservation en combinaison des propriétés diama- (') Beiithelot, Comptes ravins. 1. 96, p. ^99. ( ') Sabatikk, Bull. Soc. chim., t. MAI, 1886, p. 29^. (3) Z. An. CI,, -m., 1. LVII1, 1908, p. 4«3. SÉANCfi DU 23 JUIN I9l3. I9o5 gnétiques des métaux et métalloïdes engagés dans un composé organo- métallique de la série grasse, mais nous avons dû réserver le cas des dérivés aromatiques, qui présentent des anomalies inattendues. L'examen détaillé de cette perturbation, tant au point de vue magné- tique qu'au point de vue optique, fait l'objet de la présente Note. Tout d'abord nous avons revu et complété les déterminations de Gladstone et Dale, de Gbira et Zeccbini, en opérant toujours sur des liquides purs, et non sur des solutions. Les résultats nouveaux sont consignés dans le Tableau suivant Composés. Se(C'H5)5 (à 20") Se(G6H5)2 (à 16°) Te(CsH5)2 (à i5°) Te(C6H5)2 (à r5°) P(CJH5)3 (à i5°) P(OH3)3 (de 700 à 9.3"). As(C2H3)3 (à 20°) As(C6H3)3 (de 48° à 82°). Sb(Cll3)3 (à i5°) Masse spécifique ;'i t". 1 , 23o i,338 1 . 599 ',572 0,800 0,8825 -+- 54. i»-44— 37. io^c(! 1 , i5o 1,225 -+- 9.IO '' t — IO_5£2 Indice (raie D ) à t°. 1,4768 1,6478 1,5182 1,6911 1 ,458o , 57 1 8 -f- 280 . 1 o-3 1 — 25 . 1 o-6 C- 1,4670 ... I ,52 Sb(C6H3)3 (de 420 à 80"). 1/(89 — 27. io~*< -h 17. io-°<2 Bi(CH3)3 (à i5°) 2,3o I ,6l39 -1- 1,6948 — Ri(CBll5)3 (à 75°). ,7»5(*) 76. io_5£ - i,48 5.10— '< - 1 , 56 1,7040 20. IO" io-6<- On peut donc, pour un grand nombre de composés du type MX", déter- miner la valeur moyenne du pouvoir réfringent ARH9 de l'élément poly- valent central M (pour la raie D, formule en ri-') en utilisant les modules récemment recalculés par Eisenlobr. On constate aussitôt que ce pouvoir réfringent, déjà très élevé dans les organométalliques gras, est encore plus considérable dans les composés aromatiques, comme en fait foi le Tableau suivant : Éléments o. .. s.... Se.. Te. . - Az. . Série grasse. Série aromatique ARlVr= i,64 ARN 7,60 10,80 i5,5o 3,5o atique. El jments. Série grasse. Série aromatique. 2,5; P . . . . ARN,: = 9,23 AR s» = 11,4 9,°5 As. .. 8,02 12,33 l3,I9 Sb... .4,5 ■8,75 18,47 Bi. .. 18,4 20, 56 9>5 Hg... 12 ,75 •3,97 On ne peut donc pas parler d'additivité des propriétés optiques pour (') Nous avons constaté incidemment qu'à i5°, la masse spécifique de Ri(C6H5)3 solide est égale à 1,952 et non à 1 ,585 comme l'indiquent, tous les Traités de Chimie. 1906 ACADÉMIE DES SCIENCES. l'ensemble des organométalliques; et si, dans les corps de la série grasse, les métaux semblent garder un pouvoir réfringent constant, celui-ci suliit une exaltation marquée quand on passe à la série aromatique. Des singularités comparables s'observent dans l'étude magnétique des mêmes corps, car le diamagnétisme moléculaire est toujours exceptionnel- lement faible pour les organométalliques aromatiques. Nous en donnons la preuve dans le Tableau suivant, où sont rassemblés des coefficients d'aimantation atomiques déduits de l'étude des corps du type M(G°H5)" et M(CpH-p+,)n; pour ces derniers, et ceci ne peut que renforcer nos conclusions, le diamagnétisme limite indiqué peutêtre légère- ment inférieur à celui des premiers termes de chaque série homologue. énienl M. Série grasse. Série aromaliq ue. El ément M. Série grasse. Série aromatique 0.... - 46, 0, , lu"7 — 46, 0. TO" .7 Sb. .. — 370. I0~7 — 261 . IO-7 s.... — i5o -i3g C. ... — 60,0 — 60,0 Se. .. -241 — 227 m Si.... 202 -96 Te... —384 — 33 1 Sn . ... — 3o3 -+- i3 P.... — n3 -,95 Pb . . . —295 4- 66 As. .. — 223 — 177 Hg. •• -334 - 40 Il n'y a donc pas non plus d'additivité générale des propriétés magné- tiques dans le groupe des organométalliques. Si l'on peut mettre en évi- dence une sorte d'additivité limite dans la série grasse, on doit y renoncer pour le moment dans la série aromatique, où s'observe toujours une dépré- ciation du diamagnétisme, d'autant plus marquée que l'élément polyvalent central est plus lourd, on possède une valence plus élevée ou plus facilement variable. En résumé, l'étude comparative des organométalliques doit nous les faire regarder comme tout à fait exceptionnels au point de vue physico- chimique, mais elle nous permet peut-être, en échange, de soupçonner la raison des relations d'additivité qu'on observe souvent dans les séries pure- ment organiques. Il faudrait en faire remonter la cause, non seulement à l'indépendance relative des atomes constituants de la molécule, mais encore à la faiblesse de leur poids atomique et à l'invariabilité habituelle de leur valence. SÉANCE DU 23 JUIN I0,l3. 1907 CHIMIE MINÉRALE. — Étude du chloro-oxalate de thorium. Note (') de M. A. Coi.ani, présentée par M. A. Haller. Le chloro-oxalate de thorium 3Th(G20*)2, ThCP, 20 H- O a été pré- paré par MM. Wyrouboff et Verneuil (2) en évaporant par la chaleur une solution d'oxalate de thorium dans l'acide chlorhydrique concentré. Kohlschùtter (3) le prépara ensuite d'une manière analogue et lui attribua une formule à 18H-O. Hauser et Wirlh (') indiquèrent plus tard que l'oxalate de thorium mis en digestion avec de l'acide chlorhydrique de con- centration supérieure à 20 pour 100 se transforme en chloro-oxalate à 2oH20. C'est la manière la plus commode d'obtenir ce composé. J'ai indiqué sommairement (5) le mécanisme de cetle réaction : l'acide chlorhy- drique étendu dissout l'oxalate sans décomposer l'oxalate en excès; l'acide concentré décompose au contraire l'oxalate en chloro-oxalale qui se dissout en partie et en acide oxalique, celui-ci diminue beaucoup la solubilité du chloro-oxalale formé. Pour une concentration en acide chlorhydrique intermédiaire, l'oxalate n'est que partiellement décomposé. Ces faits sont établis par le Tableau suivant dans lequel la première colonne indique la quantité d'oxalate de thorium à 2ll20 (séché à 1000) mise eu pré- sence de ioocm3 de liqueur, les deuxièmes et troisièmes les quantités totales de HCI et de C2OH-. i3°. 5o°. IOOK ioos l_ Oxalate de liq uide contiennent Cl Oxalate de liquide contiennent Cl de — ■ dans 1ÙO de dans 100» thorium. HCI. C-O'H2. Th:. du résidu. thorium. HCI. C'O'H*. Th. du résidu. 0,22 21,8 o,o35 o,o46 0,10 0,5 20,7 0,08 0,11 0,06 0,44 21,7 o,o36 0,047 0,06 I 20,6 0,09 0,12 0,07 0,22 22,7 0 , o5o o,o55 4,6o 1 21 ,6 O, 10 0, i3 0,6 0,44 22,6 0,057 o,o44 4,9J 0,5 22,1 0,11 0, i3 7,2 0,22 2.3,3 o,o53 0,060 7>> 1,0 22,0 0, i3 0,094 7,3 0,44 23,3 0,059 o,o43 6,9 3,0 3 >.,5 o,53 o,5i >>49 34,7 o,33 o,34 4,3 0 i 02,4 o,59 o,4o ',99 34,0 o,35 o,3o 6.5 32,5 0,72 0,32 7,3 3,97 34,4 o,46 0,19 8,23 9 / 34,7 0,76 0,11 7, ' (') Présentée dans la séance du 16 juin 1 91 3. (2) Comptes rendus, t. 128, 1899, p. 1 573 ; Ann. Chim. Phys., 8e série, t. VI, igo5, p. 492. (3) Berichte, t. XXXIV, 1901, p. 3633. (4) Zeitsch. anorg. Cheni., t. LXXVTI1, 1912, p. 73. (5) Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1075. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N" 25.) 244 1908 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le résidu solide a été simplement essoré sur plaque poreuse et séché à l'air. Chlore calculé pour 100 de chloro-oxalate: 7,2. On voit que, avec de faibles quantités de matière, la transformation a lieu à i3° pour une teneur en acide chlorhydrique comprise entre 21,8 et 23,3, et à 5o°, entre 20,7 et 22,0. Toutefois un excès d'acide oxalique libre peut modifier cette limite. C'est ainsi qu'à 5o°, pour 22,9 de HCI, il suflit de i,3 de C20*H2 pour 100 pour empêcher la formation de chloro-oxalate. De quelque manière que j'aie préparé le chloro-oxalate, j'ai toujours obtenu l'hydrate à 2oH20. Calciné rapidement il perd de o,5 à 1 pour 100 de thorium par volatilisation de chlorure. Au contraire, chauffé progressive- ment au rouge, les pertes en thorium sont nulles et la thorine obtenue ne retient que des traces de chlore (o, 1 à 0,2 pour 100 de ThO2). On sait que les terres rares dans ces conditions donnent des oxychlorures ('). Une autre différence importante au point de vue analytique entre le thorium et les terres rares est que l'oxalate de thorium, précipité d'une solution forte- ment chlorhydrique, n'entraîne que des traces de chlore (à l'état de chloro- oxalate) : ainsi de l'oxalate de thorium précipité d'une solution à 18 pour 100 de HCI, non lavé, mais essoré sur plaque poreuse et séché à l'air, ne contenait que 0,2/1 pour 100 de chlore. La solubilité du chloro-oxalate de thorium dans les solutions d'acide chlorhydrique est donnée par le Tableau suivant, les résultats étant rap- portés à ioos de solution : «Cl1. Température 12 20,0 0,072 0,12 00. i5 26,3 0,10 0,17 5o. 12 29,9 0,16 0,27 5o. i5 32,5 0,28 0,48 5o. 12 33,i o,3i o,53 5o. i5 35,o 0,60 i,o3 5o. Cl total. Th. Th '(C!0')«C11 21,2 0,17 0,29 23,0 0,20 0,34 26,8 0,27 0,46 29,8 0,44 0,75 32,3 0,88 1 ,5r O t f 34,6 i,5i 2,5g Pour des teneurs plus faibles en acide chlorhydrique on observe une décomposition très rapidement complète en oxalate et chlorure. A 5o° on a, la première colonne indiquant la quantité de chloro-oxalate mise en présence de ioocm' de liquide : Dans iook de liquide. Chloro-oxalate. II Cl total. 4 21,2 4 '9.7 8 '9,7 8 '7.9 - Cl pour 100 Th. d u résidu. 0,17 7-3 o,48 o,o5 0,61 3,3 0,92 o,o5 (') Job, Comptes rendus, t. 1-26, 1898, p. 246. SÉANCE DU 23 juin igi3. 1909 La présence de l'acide oxalique diminue beaucoup la solubilité du chloro-oxalate dans l'acide chlorhydrique et les nombres obtenus se placent sur les mêmes courbes que celles définies par la deuxième partie du premier Tableau. Température. H Cl tolal. C'J0'H- tola i3... 34,8 i3... i3... 34,9 35,o i3... i3... 34,9 35,o •H- total. Th. Température. H Cl lot o,3i o,3o 0 5o... 3a,6 o,56 0,18 5o... 32,8 0:79 0, 11 5o... 32,6 I ,52 o,o5 5o... 32,9 1,81 o,o4 5o... 32 , 5 5o... 32,o 0,43 0,82 1,34 2,3o 4,46 6,64 Th. 0,63 0,37 0,26 0,14 0,086 0,070 Avec les plus fortes concentrations de ce Tableau, en acide oxalique, le cbloro-oxalate en excès n'est pas altéré (CI trouvé à i3° : 7,0 pour 100; à 5o°: 7,2 pour 100). CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation des alcools sous V influence de la chaleur seule. Note de M. J.-B. Sexdehens, présentée par M. G. Lemoine. Les recherches qui seront publiées à la suite de cette Note sur l'oxyda- tion des alcools en présence de divers corps, oxydes et métaux divisés, essayés comme catalyseurs, ont, comme introduction obligée, les observa- tions relatées dans la présente Communication. Pour bien apprécier, en effet, le rôle des corps en question comme catalyseurs oxydants des alcools, il était nécessaire de préciser la part qui revenait à la chaleur seule dans cette oxydation. Les renseignements que l'on possédait à cet égard étaient assez vagues et tendaient à faire croire que l'oxydation des alcools parla simple action de la chaleur ne se produisait guère qu'au rouge. On verra qu'elle s'opère à des températures beaucoup plus basses. I. Les expériences ont été faites en dirigeant un mélange d'air sec et de vapeurs de divers alcools dans un tube de verre vide, chauffé par une grille à analyse, et dont un thermomètre, couché le long du tube, marquait la température. Avec l'alcool éthylique et un courant d'air sec de toocmJ à la minute, j'ai constaté} que l'oxydation de l'alcool commençait vers 4oo°. En élevant la température à 45o°, tout l'oxygène de l'air avait disparu, comme le montre l'analyse suivante des gaz recueillis : ■ • 1910 ACADEMIE DES SCIENCES. Gaz carbonique i ,6 Oxygène 0,0 Oxyde de carbone 12,8 Ethylène 2,/j Méthane 2,7 Hydrogène ... 5,4 Azote 7.5, 1 Avec les alcools isobutylique J^NcH-CrPOH et isoamvlique (;(i CH — CH!-CHsOH, l'oxydation par un courant d'air s'est produite à des températures plus basses que pour l'élhanol, ainsi qu'on peut le voir par le Tableau ci-après, où le degré d'oxy- dation de chacun de ces alcools s'appréciera d'après la quantité d'oxygène qui reste dans le gaz analysé, en même temps que par la teneur de ce gaz en CO et CO'2, le débit de l'air étant toujours de ioocm3 à la minute : Mélange d'air sec et des alcools: Etliylique Température 405*. 450". CO2 pour 100 0,6 1,6 Oxygène 18,8 0,0 Oxyde de carbone. 0,0 12,8 Isobi ity] ique Isoair >yi ique 400°. 435°. 380°. 410°. 0,8 2 1,2 .,6 ,7,6 0,0 18,4 0,0 o,4 11,2 0,0 12,4 Il résulte des données inscrites dans ce Tableau qu'aux températures de 38o° pour l'alcool isoamylique, et de /4000 et Zjo5° pour les alcools iso- butylique et élhylique, il y a déjà un commencement d'oxydation, et que tout l'oxygène de l'air, pour un débit de ioocn|J à la minute, est absorbé par ces alcools à 4to0, 430°, 45°°- On vo't aussi qu'il se forme, en majeure partie, de l'oxyde de carbone, lequel, avec la petite quantité de gaz carbo- nique, correspondrait aux réactions : (1) C"H2"+'OII + 211Ô = / 2 Azote 83,7 79,2 82,4 80,6 cm" cm' Par où Ton voit qu'avec V205, et pour un dégagement gazeux de i5o à la minute, tout l'oxygène de l'air est absorbé à 32o°, tandis qu'avec la silice, pour une vitesse moindre du gaz, il reste 5,2 pour 100 d'oxygène non absorbé, à 4IO°) c'est-à-dire à une température ou l'éthanol est oxydé par l'air sous la seule influence de la chaleur. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle série dHsopyrazolones. Note de M. G. Favrei., présentée par M. A. Haller. Dans un travail antérieur ('), j'ai établi qu'en faisant réagir les éthers acétylacétiques y-chlorés sur les chlorures diazoïques, on obtenait les hydrazones-3 de ces mêmes éthers y-chlorés. En poursuivant l'étude des propriétés de ces hydrazones, j'ai été conduit à la préparation d'une nouvelle série de corps que l'on obtient ainsi qu'il suit : 10S de phénylhydrazone-3 de l'acétylacétate d'éthyle y-chloré sont pulvérisés fine- ment et mélangés à 200cm> d'eau distillée tenant en dissolution 28 de soude. Le mélange agité fréquemment donne, au bout de 12 heures, une solution jaune clair dont on ne sépare par filtration qu'un faible résidu d'hydrazone non décom- posée. Si l'on ajoute alors au liquide filtré 2'"1' d'acide chlorhydrique pur étendu de i(fm' d'eau distillée, on obtient un précipité blanchâtre qui ne tarde pas à devenir cristallin. Cependant, quelquefois le précipité formé d'abord se rassemble en une huile jaunâtre qui ne se solidilie que plusieurs jours après en une masse de cristaux. Quoi qu'il en soit, le précipité, après lavage et dessiccation, est dissous dans l'alcool bouillant, d'où il se sépare, par refroidissement et évaporalion à l'air libre, de longues aiguilles brillantes à peine colorées en jaune, fon- dant à 258°-26o°. (') Pavrel, Comptes rendus, t. lia, 1907, p. iq4. SÉANCE DU 23 JUIN IÇ)l3. IO,l3 Ces cristaux ont la composition d'une phénylisopyrazolone qui se serait produite d'après l'équation suivante : csn5co2— Cf Az CO C2H5C02— C CO + NaOH = NaGI + H20-(- CHSCI Az. .GH2 \/H Az G6 H» Az — C6H5 Az ^ M Du reste, la détermination du poids moléculaire de ce corps, par cryos- copie dans l'acide acétique, montre qu'il s'agit bien d'un corps ayant cette constitution (ou la forme tautomère correspondante) et non de celui de formule double, qui résulterait de la soudure de 2molde l'hydrazone primi- tive avec élimination de 2mi11 de chlorure de sodium et de 2mo1 d'eau. En opérant exactement de la même manière avec l'orthotoluilhydra- zone-3 de l'acétylacétate d'éthyle y-chloré, j'ai pu obtenir : l'orthotoluil- isopyrazolone carbonate d'éthy le, cristaux faiblement jaunes, très solubles dans l'alcool éthylique d'où elle cristallise difficilement. Ces cristaux, après purification, fondent à 6G°-G8°. La paratoluilhydrazone-3 de l'acétylacétate d'éthyle y-chloré est trans- formée de même en : Paratoluilisoj>yrazolone carbonate d'éthyle qui se présente en beaux cristaux aiguillés à peine jaunes, solubles dans l'alcool, fondant à iii°-ii2°. Enfin, dans les mêmes circonstances, les hydrazonesde l'acétylacétate de méthyle y-chloré ont fourni les corps suivants : i° La phénylisopyrazo/one carbonate de méthyle, petites aiguilles blanches solubles dans l'alcool méthylique, fondant à 85°-87°; 2° h'orthotoly/isopyrazolone carbonate de méthyle fondant à 1 780, cristaux blanchâtres, très solubles dans l'alcool méthylique; 3° La paralolylisopyrazolone carbonate de méthyle, poudre cristalline jaune fondant à 2i8°-22o°. Tous ces corps se dissolvent dans l'alcool et donnent, par addition d'une goutte de chlorure ferrique dilué et neutre, une coloration bleue intense qui disparaît par les acides. Us se dissolvent également tous dans les solu- tions alcalines faibles et dans les acides concentrés chauds, mais moins bien dans les acides dilués. En résumé, les hydrazones des éthers acétylacétiques y-chlorés se transforment, sous l'influence des solutions de soude diluées, en isopyrazo- lones d'un nouveau type qui doivent être désignées comme des isopyra- zolones-4- IÇ)l4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Les éthers acétylacétiques y-bromés conduisent aux mêmes résultais, mais plus difficilement. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le rapport, dans les tissus végétaux, des bases et des acides minéraux. Note de M. G. Axdké, présentée par M. A. Gautier. La nutrition minérale des végétaux s'effectue aux dépens des substances salines que leurs racines puisent dans le sol : phosphates, sulfates, chlo- rures, nitrates; en laissant de côté les légumineuses, capables d'emprunter directement l'azote à l'atmosphère. Si, pendant toute la durée de l'exis- tence d'une plante, on suppose qu'il ne se produise d'élimination de bases, ni par excrétions radicales, ni par les organes aériens que lave l'eau de pluie, on doit retrouver, à tous moments de la végétation, une quantité de bases strictement équivalente à celle des acides qui ont pénétré, à l'état de sels, dans cette plante. Or Wàringtoh (Ann. agron., t. XXVI, 1900, p. 246) a montré, par de nombreux calculs effectués sur des végétaux très variés, que la proportion des bases est ldin d'être suffisante pour saturer les acides minéraux proprement dits, ainsi que l'azote, si l'on admet que ce dernier élément n'a pénétré que sous forme de nitrates. D'où cette conclu- sion : que, dans le cours de la végétation, et surtout à partir de l'époque de la maturation, une partie des bases retournerait au sol par voie d'exosmose, à moins (pie tout l'azote de la plante ne provienne pas exclusivement de la forme nitrique. I. — Voici, dans cet ordre d'idées, les résultats que fournit l'orge (Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 1G27 et 1817), dont j'ai étudié l'évolution saline. (I, 10 juin 191 1, épis apparents; II, 23 juin, épis en (leurs; III, 7 juillet, début de la maturation; IV, 20 juillet, maturation complète; V, 2 août, maturation dépassée.) Dans 100 plantes séchées à 1100 on a : I. II. m. 1\. V. k s e s s Azote total 7,028 8,6g3 10,422 12,389 io,36i P04H3.. 4,676 6,129 6,880 7,142 7,141 SO3 3,682 3,45i 4,983 5,227 5,089 CI 1,116 i,238 ',i48 0,967 0,877 CaO 3,749 4,468 4,584 4,982 3,892 Mjj-0 .. i,585 2,o52 2,294 2,5i6 2,252 K20 9,641 io,8o4 9,855 8,906 6,656 Na20 3,869 2,952 1,792 1,948 1,289 SÉANCE DU 23 JUIN IÇ)l3. 191e) Le calcul de la saturation des bases par les acides peut être effectué de la façon suivante : l'acide phosphorique, que nous supposerons saturé, répond à 3at d'azote (N3 = 42); l'acide sulfurique, à 2at (N2=a8); le chlore, à iat(N = i4). Chacune des bases GaO, MgO, K20, Na20 répond à 2at d'azote (N2=28). La silice a été supposée libre, ainsi que la chose est admise généralement. On obtient alors les chiffres suivants : 1. 11. m. IV. v. e s g b e Bases totales exprimées en azote 7>5q5 8,214 7,636 7 ,778 6,082 Bases saturées par PO4 H3, SO3 et Cl .. . 3,733 4,322 5,i44 5,270 5, 186 Bases atlribuables à l'azote 3,862 3,892 2,492 2,008 0.896 Azote total dans les plantes. . 7,028 8,693 10,422 12,389 'o,36i Azole non représenté par des base- 3, 166 4. Soi 7,g3o 9,881 g , 465 Azole pour 100 de l'azote total 45. o4 55,22 76,08 79)75 91, 35 L'examen des chiffres inscrits dans la colonne I, par exemple, comporte les conclusions suivantes : ou bien il existe une proportion de 45, 04 pour 100 de l'azote qui a pénétré dans la plante sous une forme autre que celle d'azote nitrique, ou bien une certaine quantité des bases absorbées a disparu. On remarquera que la quantité de l'azote non représenté par des bases, pour 100 de l'azote total, augmente à mesure qu'on se rapproche de la fin de la végétation, ainsi que l'avait déjà énoncé Warington. Cet excédent d'azote ne saurait être mis exclusivement sur le compte de la perte des alcalis à partir de la troisième prise d'échantillon, puisqu'on observe un fort excédent avant cette période, c'est-à-dire à un moment où il y a absorption continue des bases venues du sol. Il semble donc que l'hypothèse de l'absorption de l'azote sous une forme autre que celle de nitrates présente ici, comme dans les cas analogues, un certain degré de vraisemhlance. Le lin {Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1 164) se conduit d'une façon identique. II. Cependant, à côté des plantes très nombreuses qui se comportent comme l'orge et le lin, on rencontre d'autres végétaux chez lesquels on observe le phénomène inverse d'un excédent de bases par rapport à la quan- tité susceptible de fournir des sels avec les acides phosphorique, sulfurique, nitrique et avec le chlore. Voici, en effet, ce que donne la spergule (loc. cit.) : (I, 29 mal 1912, début de la floraison; II, i4 juin, floraison générale; III, 28 juin, début de la fructification ; IV, i5 juillet, fructification; V, 29 juillet, fructification complète.) Dans 100 plantes séchées à 1100 on a : C. P.., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 25.) 24-5 1916 ACADÉMIE DES SCIENCES. I. II. III. IV. V. 1 s s g s Azote total 1,307 1 ,970 2,862 5,244 8,525 PO'H3 o,45o 1,-61 3 1,789 2,346 2,586 SO3 0,109 °>9'4 ','46 i,638 i,834 CI 0,124 o,363 0,579 0,996 1,299 GaO o,8i4 2,i5o 2,g53 5,46g 8,4i4 MgO o,4i5 i,4i3 2,346 2,777 4,974 K20 2,o55 5,853 7,9^3 12,204 i4,a83 Na2(J 0,182 0,687 ',,57 '''8l !>652 En effectuant le calcul de la saturation des bases par les acides, comme il a été fait pour l'orge, on a les résultats suivants : 1. 11. m. iv. v. g s s s s Bases totales exprimées en azote . . i,3go 4,i>3 5, 995 8,838 12,680 Bases saturées par PO4 H3, SO3 et Cl 0,296 1,1 53 i,3;i", i,97° 2,262 Bases attribuables à l'azote i,og4 2,960 4, 6°° 6,868 10. /| 1 S Azote total dans les plantes i,3o7 1 ,973 2,862 5,244 8,52.5 Azote en excès (-t-) ou en défaut ( — ) par rapport aux bases +o,2i3 — o,g87 — 1 , 738 — 1,624 — i>Sg3 Azote pour 100 d'azote total 16,29 5o,02 60,72 3o,g6 22,20 Dans le cas de la spergule, dont les éléments minéraux n'avaient pas subi de pertes au cours de la végétation, la première prise d'échantillon fournit seule une certaine quantité d'azote non saturé par les bases, s'élevant à 16,29 pour 100 de l'azote total. Dans les quatre autres prises, il y a excèdent de bases. On peut expliquer la chose en admettant que, vraisemblablement, la chaux et la magnésie, d'une manière partielle sans doute, ont été empruntées au sol par les racines sous forme de bicarbonates. Cette absorption a été maxima au moment de la fin de la floraison du végétal ; elle s'est ralentie dans la suite. Il en résulte que la spergule, plante annuelle, arrivée à son complet état de maturité, au lieu de présenter un déficit de bases par rapport à l'azote, ainsi que les nombreux végétaux examinés par différents auteurs, par Warington en particulier et par moi-même pour l'orge et le lin, renferme, au contraire, un excès de bases par rapport à l'azote total. C'est au moins ce qui s'est passé dans l'année ici consi- dérée (191 2). SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1917 CHIMIE VÉGÉTALE. — Le latex de Ficus coronata, suc pancréatique, végétal incomplet, sans amylase et à diastase protéolytique prédominante. Com- paraison avec celui du Ficus Carica. Note de M. C. Gerber, présentée par M. L. Guignard. Ce latex, que nous devons à l'obligeance de M. Rivière, le savant direc- teur du Jardin d'essai du Hamma, près d'Alger, est remarquable par l'ab- sence presque complète de caoutcbouc. Aussi est-il incolore au moment où il sort de l'arbre; mais il devient rapidement rouge brun, tout en restant transparent. a. Absence d' amylase. — Mélangé à la dose de icm" à ioocm' d'empois d'amidon ou d'une solution d'amidon soluble, soit de Zulkowskj', soit de Ferubach- Wolir à 5 pour 100 dans l'eau distillée, nous n'avons pas pu constater, même après 72 heures d'action à 5o°, la formation de sucres réducteurs, alors que des expériences, faites le même jour, à la même température et avec les mêmes quantités de latex de Ficus Carica et de solutions amylacées, ont donné, en 1 heure, les quantités de mallose suivantes : Empois. Zulkowsky. Fcrnbach-Wolff. 0^,60 I», 3o lg,4o Le latex de Ficus coronata diffère donc de celui de Ficus Carica pa\ l'absence d'amy- Iase. En cela, il se rapproche de celui de Morus alba qui, comme nous l'avons montré, se distingue de celui de Morus nigra par l'absence de la même diastase. b. Existence d'une lipocliastase moyennement active. — L'activité lipolytique du latex de Ficus coronata, mesurée d'après son action sur le jaune d'œuf, est deux fois plus forte que celle de Ficus Carica. Un peu plus thermostabile que la lipase de ce dernier (il faut chauffer le latex de Ficus coronata 3o minutes à 65°, et il suffit de chauffer celui de Ficus Carica le même temps à 60e pour détruire leurs propriétés saponifiantes), la lipase de Ficus coronata est, par contre, moins sensible aux acides que celle-ci. Le rapport des pouvoirs lipolytiques à l'optimum d'acidité, et en absence de cet électrolyte. est : Ficus coronata i,5o; Ficus Carica 3. c. Existence d'un ferment protéolytique très actif. — Le pouvoir protéolytique du latex de Ficus coronata, mesuré d'après son action coagulante sur le lait, est à peu près quatre fois plus forte que celle du latex de Ficus Carica. C'est, de tous les latex que nous avons étudiés jusqu'ici, le plus actif sur le lait. Sa présure est plus thermostabile que celle de F. Carica. Un séjour de 3o minutes à 700, qui la rend seulement trois fois moins active, rend celle du Figuier commun huit fois moins coagulante; il faut 10 minutes de chauffe à 85° pour la détruire, alors qu'il suffit de 2 minutes à la même température pour faire perdre à la présure de F. Carica toute activité. Comme le latex de Ficus Carica, celui de F. coronata, à doses faibles, coagule, à I<)l8 ACADÉMIE DES SCIENCES. toutes températures, le lait bouilli mieux que le lait cru, et à doses minimes il ne coagule que le lait bouilli. Sa diastase, néanmoins, est moins strictement une présure du lait bouilli que celle du premier latex. A 5o°, en effet, avec des latex dilués à -çfe : dans le cas du lait cru, il a élé impossible d'obtenir de coagulation dans les limites de l'expérience (36o minutes) avec omS,02 (F. coronata) et avec une dose huit fois plus forte (F. Carica) pour 5cmS de lait, tandis que dans le cas du lail bouilli, nous avons observé de très belles coagulations avec ocmS,oo5 (F. coronata) au bout de 100 minutes et avec une dose seulement quatre fois plus forte {F. Carica) au bout de 80 minutes. La présuie de F. coronata se comporte absolument de la même façon que celle de F. Carica en présence des divers électrolytes qui peuvent se diviser en trois groupes. Les uns sont accélérateurs à toute dose et d'autant plus accélérateurs que la dose est plus élevée. Tels sont : les acides, sauf l'acide chromique ; les sels acides, sauf les bichromates; les sels neutres des métaux alcalins ne précipitant pas la chaux, sauf les chromâtes et les citrates, les sels neutres des métaux alcalino-terreux, ceux des métaux du groupe du fer et du manganèse, etc. Nous donnerons ici comme exemple l'acide borique. D'autres sont retardateurs à faibles doses, parfois empêchants à doses moyennes, accélérateurs à doses plus élevées. Tels sont les éléments halogènes (chlore, brome, iode), l'acide chromique, les chromâtes neutres, les sels neutres de zinc, de cadmium, de nickel, de cobalt, etc. Nous donnerons ici comme exemple le chlorure de cadmium. Les derniers, enfin, sont retardateurs à doses infimes ou faibles, empêchants à doses faibles ou moyennes et fortes. Tels sont l'eau oxygénée, les sels neutres d'argent, de cuivre, de mercure, d'or, de platine, les alcalis, les dichromates, les citrates et les sels neutres des métaux alcalins précipitant la chaux (fluorures, oxalates, etc.). Nous donnerons ici comme exemple le chlorure de cuivre. Acide borique. — Lait bouilli 5cm"; — — - ocm',o5 ; 5o°. 000 Mol.-milligr. par litre. o 10 2.5 5o 100 25o Min. pour coag 4o 36 3o 22 16 10 Chlorure de cadmium. — Lait bouilli 5'"1'; — r— oCB\o5: 5o°. 2ÔO Mol.-milligr. par litre. 0,00 0,2.5 o,5o 1,25 2,5o 5 Min. pour coag 6 18 23 25 18 coagule sans présure Chlorure de cuivre. — Lait bouilli 5CI"S ; ocl"',o5: 5o°. 100 Mol.-milligr. par litre. 0,00 o,o3 0,06 0,12 o,25 o,5o Min. pour coag 2,30 6 19 35 195 00 En résumé, le latex de Ficus coronata contient une lipase moyennement active, une diastase protéolytique extrêmement forte et pas d'amylase. Il SÉANCE DU 23 JUIN IC)l3. 1919 entre, avec celui de Morus nigra que nous avons éludié antérieurement (' ), dans le groupe des sucs pancréatiques végétaux incomplets et y constitue le type à ferment protéoly tique du lait bouilli, très sensible aux sels d'argent, de cuivre, de mercure, d'or, de platine, aux halogènes et à l'eau oxygénée qui exercent sur ses actions diaslasiques une influence éminemment défa- vorable; le latex de Morus nigra constituant, au contraire, le type à ferment protéoly tique du lait cru, sur les actions diastasiques duquel ces électrolytes agissent d'une façon favorable, quelquefois indifférente, rarement faiblement défavorable. Le latex de Ficus coronala occupe donc, dans ce premier groupe, la place qu'occupe, clans le groupe des sucs pancréatiques végétaux complets, celui de Ficus Carica, deux fois moins lipoly tique, quatre fois moins protéoly tique, mais possédant une amylase, alors que le latex de Morus nigra y occupe la place qu'occupe dans le second groupe les latex du Hroussonetia, de Maclura, de Morus alba, etc. BOTANIQUE. — Mission de Gironcourl , 1908-1909. Résultats botaniques. Note de M. de Gironcourt, présentée par M. Edmond Perrier. Au cours de ma mission de 1908-1909 en Afrique occidentale française et étrangère, des échantillons botaniques ont été recueillis en conserve sèche, doublés d'inflorescences conservées au formol. Les récoltes ont commencé au sommet de la boucle du Niger dans la région dite des Mares où elles ont eu lieu (novembre-décembre) 3 mois après l'époque pluvieuse; elles se sont ensuite poursuivies au Dahomey (mars-mai), en Nigeria (avril), au Togo (juin) eten Côte de l'Or (juillet). Le plus grand nombre des plantes rapportées provient du Haut Dahomey dont la flore n'avait pas encore été déterminée. Mon arrivée en ce pays coïncidant avec les premières précipitations d'eau de la saison des pluies (avril) faisant épanouir les enveloppes florales, la saison était la plus favorable ; la récolle botanique s'est effectuée principalement vers le io° Nord. Aux herbiers correspond un répertoire détaillé et une carte d'ensemble. Le répertoire donne, pour chaque numéro, les indications de date, de lieu, d'habitat, de nature du sol, les dénominations diverses en dialectes bam- (l) Réunion biologique de Marseille, t. LXXIV, p. 1109. V ^ .os «r: L,*RARy IC)20 ACADÉMIE DES SCIENCES. hara, tamachèque, songhoy (boucle du Niger), dendi, djerma (Niger), cotocoli (Haut Dahomey), kabbré (Haut Togo), bariba (Moyen Dahomey), ou dahoméen d'Abomey, puis divers renseignements de source indigène concernant les propriétés, usages, utilisations de ces plantes. Afin de restreindre autant que possible les écarts d'appréciation inévi- tables en matière de documentation locale, aucune indication indigène n'a été admise à figurer au répertoire si elle n'a pu être obtenue d'au moins deux sources indépendantes. Un ensemble de déterminations a été mené à bien, et comprend entre autres : Acanthacées : Asyzlasia gangetica Nées; J uslicia flava Vahl; Nelsonia bvunel- loïdes C. R. Amaraulacées : Celosia argentea L. ; Trigyna L. Anacardiacées : Lan- nea sp. Anonacées : Anona senegalensis Pers. Asclépiadées : Raphionacmc, cf. B roe rcacia Scott. Bignonacées : Stereospermum kunt/iianumCh. Buxacées : Cochlo- spermum tinctoi^um A. Rich. Borraginées : fleliotropium indicum L., nudulatuni Vahl., stigosum Wild.; Trichodesma africanum R. Br. Capparidacées : Cadaba farinosa Forsk ; Cralœva religiosa L. ; Hibiscus furcatus Roxb., glaber Gi'irk. Caryo- phyllées : Polycarpœa corymbosa Lani. Célastomacées : Gymnosporia senegalensis, var. spinosaEngl. Combrétacées : Combretum argyrostrichum Wehr, cf. omalzecas S. D. ; Indigofera af/înisl-,.; Terminalia, cf. seifonop/iyllitmDies. Commélinacées : Aneilema, cf. lanceolatum Benth.; Buforestia imperforata C.-B. Clarke; Conune- lina Vogelii C. B.; Cyanolis, aff. C. angustuœ Clarke; Pollia sp. Composées : Ageratum conyzoïdes; Bidens chilensis D. C. ; Centaurea prœcox O. H.; Cohiza segyptiaca D.; Chrysantellum indicum D. C; Januaca arborescens; Plecotaxis rugosa D. C. ; Senecio vulgaris L. Convolvulacées : Ipomœa convolvulifolia Hall. Crassulacées : Cussonia, cf. Barteri Seem. Cucurbitacées : Physedra elegans Harms et Gilg. Graminées (dét. llackel) : Aristida nigritiana Hack.; Cenchrus catharticus Del.; Chloris punctulata Hochst; Elionorus elegans Kimth ; Panicum bomense Hack., seinialatum R. Br., turgidum Forsk. Euphorbiacées : Bridelia ferruginea Benth. in Hook; Chrozophora Brocchiana Vis. Sel).; forma nova (Engler : in Pflanzen- reich) : Euphorbia convulvoïdcs Hochst; Excœcaria grahami Stopf. ; Phyllaulhus pentandrus Schum et Thorm. Labiées : Ocimuin canum L. Légumineuses (dél. Harms) : Acacia a/bida Def., pennata Wild ; Aeschynomene indica L.; Bauhinia rufescens Lam.; Cassia Libe- riana D. C, mimusoïdes L., nigricans Vahl.; Crotalaria striata: Desmodium gan- gelicum D. C, mauritianum ; Dolichos argenteus Wild.; Eriosema cajanoïdes Hook; Glycine liolophylla Taub.; Indigofera bracteola D. C, diphylla Veut., hirsuta L.; Leptadenia spartum; Lonchocarpus cyanescens Benk; Mucuna, aff'. flagellipes Vogel; Strartzia madagascariensis Des.; Tephrosia obeordata Bak. Liliacées : Anlhericum sp. ; Eriospennum sp. ; Urginia sp. Lythracées : Amrhania senegalensis Lam. Malvacées : Abutilon, cf. indicum L. Swett; Hibiscus canna- SÉANCE DU 2.3 JUIN io,i3. 1921 binas L. ; Malachra radiala L.; Sida linifolia, rhombifolia L., spinosa L.; Urena lobata L. Mélastomacées : Dissotis froingiana Hook, rotundifolia Triane. Xycta- ginées : Bœrhadivia paniculata Hich. Nymphasacées : Nymphœa micrantha Guill. et Per. Orobanchées : Cistanohe lutea Linli. et Hoff. Papavéracées : Argemone mexicana L. Pédalinées : Sesainuin indicum L. Polygalées : Securidaca longepedunculata Fres. Portulacées : Talinum cuneifo/iitniW'ûd. Rubiacéas : Crossopterix aj ricana K. Sels; Fadogia Cunkowskyi Schuf. ; Feretia apodanthera Schw. ; Gardénia Thunbergia L. ; Mitracarpum séné- galaise D. C. ; Sabicea sp.; Oldenlandia sp. Sapindacées : Boscia nova species, aff. B. oclandra Hochst; Cardiospermum halicacabum ; Paullinia pinnata L. Sci ta minées : Kœrnpfera œthiopica Benth. Scrofulariées : Cycnium camporum Engl. ; Scoparia dulcis L.; Sopubia ramosa Iloclist. Solanées : Physalis angulatus L. Tliyméléacées : Guidia chrysantha Solm.; Kraussiana Meiss. Tiliacées : Grenia, ex ail*. voodianaK. Sil., cf. mollis Juss. Urticacées : Pilea sp. Verbénacées : Lanterna ualvifolia Jacq. ; Slachytarpheta anguslifolia \alh.; Vilex etineata Schum. Viola- cées : Fossidium enneaspernium Vent. Vitacées : Cissus, cf. juncea Webb., popul- nea Guil. et Perr. Vitées : Ampelocissus cinnarnochroa Planch., salrnonea Planch. Le répertoire de ces herbiers distingue et décrit un grand nombre de plantes à feuilles ou graines alimentaires servant parfois de base alimentaire aux indigènes (Cenchrus, Nymphrea, etc.), à fruits comestibles; il apprécie en valeur pastorale les divers éléments des herbages (plantes consommables ou non, recherchées ou non des chameaux, bœufs, chevaux, ânes, moutons ou chèvres); il indique les utilisations tinctoriales, de tannage ou médici- nales (aphrodisiaques, remèdes, poisons de pêcbe, etc.). Certains échantillons ont fait l'objet d'une étude spéciale à cause de leur intérêt spécifique (formes nouvelles) ou de leur valeur d'utilisation. Il en est ainsi, par exemple, du Bridelia ferruginea Bentb. qui, au Haut Togo, permet, par le broyage de son écorce avec de l'argile, la fabrication de terrasses imperméables et lavables (caslels des indigènes Sombas, etc.). Enfin, un ensemble de photographies de stations botaniques reproduit l'aspect des échantillons en leurs peuplements spontanés, par exemple Aristida pan gens, Cratœvareligiosa L., Bridelia ferruginea Benth., Cochlos- permum tinctorum Rich., etc., etc. Ces récoltes botaniques (') sont les premières qui aient été effectuées au Haut Dahomey. (') Les récoltes botaniques (herbiers) de la mission de Gironcourt, 1911-1912, ont été relatives à la flore du grand cratère du Manengouba (j^oo111), au Cameroun, etau\ fougères de la grande forêt de ce même pays. 1922 ACADEMIE DES SCIENCES. botanique. — Sur la cytologie des suçoirs mîcropylaires de l'albumen de Veronica persica. Note de M. Paul Dop, présentée par M. Gaston Bonnier. On sait, à la suite des travaux d'un grand nombre d'hislologistes, que le noyau joue un rôle actif dans l'élaboration des produits de sécrétion cellu- laire. J'ai cherché à préciser ce rôle dans les cellules baustorielles de l'albumen de quelques Angiospermes. Cette Note se rapporte aux résul tats fournis par l'étude du suçoir micropylaire de l'albumen de Veronica persica Poir. Ce suçoir est une énergide 4-nucléée (je l'ai observée une fois cependant 6-nucléée)dont l'origine et l'évolution sont tout à fait comparables aux faits décrits par Buscalioni sur V. hederœfolia L. et par Schmid sur la même espèce et sur V. Chamœdrys L. Au début cette cellule 4-nucléée est localisée dans la cavité micropylaire; puis elle se développe en détruisant les tissus de la base du funicule. Elle se comporte comme un véritable parasite et, par ses ramifications, elle finit par envelopper complètement la base du faisceau conducteur du funicule. Quand son développement est terminé, les diverses régions de ce suçoir sont le siège d'une abondante formation de poutrelles de cellulose enchevêtrées. L'évolution des noyaux de ce suçoir est la suivante : Au début, ces noyaux sont semblables à ceux de l'albumen. Leur forme est ovoïde ou spbérique. Leur cliromaline ne forme pas de réseau bien défini, mais se présente sous la forme de granulations de petite taille, sphériques ou irrégulières, quelquefois réunies par de lins filaments. A. ce stade, la chromatine est fortement basophile. Le nucléole est unique, à contour régulièrement ovoïde ou spbérique, et présente fré- quemment une zone claire centrale. (Quoique fixant bien la safranine et l'hémaloxyline, ferrique, cet élément n'est pourtant pas chromatique, car par les teintures véritable- ment électives comme le triacide d'Erlich ou par des régressions suffisantes, il appa- raît nettement acidopbile. Dès que le suçoir se développe en digérant les tissus voisins, la structure des noyaux se modifie. La cliromaline s'isole du nucléole par une vacuole claire, concentrique à ce dernier, et elle montre, en même temps, une déchromalisa- tion nette de la plupart de ses granulations. Au môme stade, le nucléole se déforme légèrement; il émet des fragments de taille et de forme variables, mais toujours en petit nombre, qui viennent souvent s'appliquer à l'intérieur de la membrane nucléaire; en même temps, quelques zones claires apparaissent dans sa masse et correspondent sans doute aux régions d'émission des éléments précédents. Cependant le nucléole et les éléments qui en dérivent ne paraissent encore subir aucun phénomène de désorga- nisation, car des aspects analogues se rencontrent dans les cellules de l'endosperme. séance du 23 juin io,i3. 1923 Le phénomène essentiel présenté par le noyau à ce stade est donc l'appa- rition, dans sa chromatine, de granulations acidophiles. Ce fait est bien connu dans les cellules sécrétives, comme Zacharias, Huie, Schniewind- Thiess, Rosenberg, Nemec, Tischler, Maziarski, Mcolosi-Roncati, etc., l'ont montré. Il est, dans le cas actuel, en relation avec l'existence d'un chondriome très net dans le cytoplasma. Ce chondriome, formé de chon- driocontes courts et flexueux, de grains mitocliondriaux isolés ou souvent groupés en chondriomites, de gros grains de'sécrétion pleins ou vacuolisés, est comparable au chondriome que Guilliermond a décrit dans quelques ovules. Il est probable, comme l'admet Maziarski dans les cellules sécré- trices animales, que la chromatine échappée du noyau imprègne les forma- tions mitochondriales qui sont comme on le sait d'origine cytoplasmique. Peut-être cette chromatine joue-t-elle un rôle dans l'élaboration des dias- tases aux dépens des pains de sécrétion. Et cela est conforme aux idées de Torrey et de Reed qui voient dans le noyau l'agent essentiel des processus diastasogènes, dans l'épidémie du cotylédon des Graminées par exemple. Quand le suçoir a terminé son développement, à la période d'activité zymogène, succède la sénilité, caractérisée par l'apparition dans le cyto- plasma de nombreuses vacuoles et de poutrelles cellulosiques. Ces der- nières apparaissent sous formes de granulations qui se fusionnent ensuite, suivant le processus bien établi par Tischler dans les cellules haustorielles analogues des Pedicularis. Il m'a même paru que ces granulations se for- maient à l'intérieur de grains de sécrétions d'origine mitochondriale, qui constitueraient ainsi des plastes formateurs de cellulose, analogues aux chloro- et aux leucoplastes. En même temps, les noyaux ont subi des modi- fications importantes. Leur taille est devenue géante et leurs-contours irré- guliers à aspect amihoïde. La chromatine se présente en granules de dégé- nérescence qui fixent d'abord nettement la laque ferrique d'hématoxyline. puis disparaissent peu à peu. Quant aux nucléoles, leurs dimensions ont considérablement augmenté; leur aspect devient lobé, amihoïde, et ils finissent par se fragmenter. En même temps, leur masse se creuse d'un réseau de vacuoles qui les transforment en un véritable tissu spongieux. Ils perdent leur substance nucléolaire qui diffuse probablement dans les rami- fications des suçoirs. Conformément à l'opinion de Strasburger qui a montré que la formation des membranes cellulosiques dépendait surtout des substances contenues dans le noyau et en particulier dans le nucléole, iLest possible d'admettre que la substance nucléolaire diffusée joue le rôle essentiel dans l'élaboration des grains de cellulose. Cette manière de voir C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 25.) ^46" 1924 ACADÉMIE DES SCIENCES. est d'autant plus vraisemblable que Maziarski a montré que le nucléole fournissait directement le matériel de sécrétion dans les glandes libères des 1 lires des Lépidoptères. En résumé, il est possible de diviser l'évolution du suçoir micropylaire de Veronica pcrsica en deux périodes : i° Une période d'activité zymogène, où seule la cbromaline semble jouer un rôle actif; 20 Une période de sénilité, caractérisée par la dégénérescence de la cbromatine et le maximum d'activité du nucléole dont la substance servi- rait à l'élaboration de granulations cellulosiques. Dans ces deux périodes, l'élaboration des produits sécrétés, diastases et cellulose, se ferait par l'intermédiaire de grains.de sécrétion dérivés du cbondriome. physiologie végétale. — Sur la formation de V anthocyane au sein des milochondries. Mo te de M. Guilmer.mo.nd, présentée par M. Gaston Bonnier. Nos observations ont porté presque exclusivement sur de jeunes bour- geons en voie de développement de Noyer et de Rosier. II est facile de constater l'origine mitochondriale de l'antbocyane dans les tissus vivants. Les feuilles de Rosier offrent, à ce point de vue, un objet d'étude exception- nellement favorable. 11 suffit pour cela d'observer dans l'eau à un fort grossissement les dents d'un fragment d'uue feuille très jeune renfermant encore très peu d'anlho- cyane et appartenant à un bourgeon qui n'est pas encore ouvert. On peut ainsi suivre tous les stades successifs de la formation de l'anlhocyane dans IVpiderme où ce pig- ment est presque exclusivement localisé. On constate d'abord des cellules incolores où le cbondriome est peu visible, puis des cellules pourvues de nombreux cbondriocontes allongés et uniformément colorés en rouge cerise par l'antbocyane. Plus loin, ces cbondriocontes épaississent et forment cbacun un renflement à leurs deux extrémités, ce qui leur donne l'aspect d'un haltère. La couleur du pigment s'accentue dans les rendements ainsi formés qui finissent par s'isoler par suite de la résorption de la partie effilée du chondrioconte qui les unit. Ainsi se trouvent formées, dans le cyto- plasme, des sphérules imprégnées de pigment anthocyanique qui correspondent aux cya/toplastes décrits récemment par l'oluis. Ces corps grossissent, se placent sur le bord de la vacuole, puis s'introduisent dans cette dernière où ils subsistent quelque temps pour finalement se dissoudre dans le suc vacuolaire auquel ils donnent une coloration uniformément rouge. Tout cela est tellement net qu'on croirait être en présence d'une préparation colorée artificiellement. On constate les mêmes phéno- SÉANCE DU 23 Jl IX I9l3. 192J mènes dans les feuilles de Noyer, mais avec moins de facilité par suite de l'épaisseur plus grande des feuilles. La méthode de Regaud permet de suivre tous ces processus sur des préparations colorées. Prenons, comme exemple, la coupe d'une très jeune feuille de Noyer. Ici encore l'anthocyane est localisée uniquement dans Pèpîderme. On observe dans les cellules épidermiques qui vont former de l'anthocvane un chondriome constitué par de nombreux chondriocontes. Une grande partie de ces éléments produisent bientôt sur chacune de leur extrémité un petit rendement et prennent ainsi la forme d'haltères. Dans chacun de ces renflements, on voit apparaître, une vésicule analogue à celle où se dépose l'amidon dans beaucoup de plantules. Cette vésicule ne se colore pas par l'hématoxyline ferrique, mais offre une teinte jaune brillante qui correspond au pig- ment anthocyanique fixé et coloré en jaune par le bichromate de potassium. A un stade ultérieur, ces renflements s'isolent par résorption de la partie effilée du chon- drioconte qui les unit et apparaissent dans le cvtoplasme sous forme de sphérules. La masse pigmentaire contenue dans chacune de ces sphérules grossit beaucoup tout en conservant son écorce mitochondriale. Ces sphérules se disposent sur le bord de la vacuole et continuent à grossir, tandis que leur écorce mitochondriale devient de plus en plus mince et finit par disparaître totalement. Bientôt, elles s'introduisent dans la vacuole où peu à peu elles se dissolvent. La vacuole apparaît alors remplie d'un contenu finement granuleux, coloré en jaune, qui est dû à la précipitation du pigment par le bichromate de potassium. Par sa fixation et sa coloration en jaune à l'aide du bichromate de potassium (méthode de fixation au bichromate-formol de Regaud), le pigment anthocyanique se comporte comme le tanin qui se trouve localisé dans le suc vacuolaire d'un grand nombre de cellules parenchymateuses de feuilles de Noyer et de Rosier. Frappés par cette analogie, nous avons essayé l'action des sels ferriques sur des dents de jeunes feuilles de Rosier qui montraient sur le frais tous les passages entre les chondriocontes pigmentés et l'antliocyane dissoute dans la vacuole. La réaction est facile à effectuer sous le microscope. En faisant passer un courant d'une solution de perchlorure de fer dans une préparation montée dans l'eau et en l'observant pendant un certain temps, nous avons pu constater que, à la coloration rouge primitive du pigment anthocyanique. se substitue peu à peu la teinte noire caractéristique du tanin. Cette teinte est loca- lisée, non seulement dans les vacuoles à anthocyane, mais aussi sur Je trajet des chon- driocontes pigmentés et dans les sphérules formées aux dépens de ces derniers. Ces faits démontrent donc que. dans les plantes que nous avons examinées, l'antliocyane est un composé tannique. Il est très curieux de constater que le tanin qui se forme dans les cellules qui ne renferment pas d'anthocvane et qui n'a pas. par conséquent, le caractère d'un pig- ment, est aussi le résultat de l'activité des mitochondries. Dans les feuilles de Noyer que nous avons observées à ce point de vue. le tanin des cellules parenchymateuses apparaît de très bonne heure à l'étal de dissolution dans les vacuoles et il ne nous a pas été possible d'observer sa naissance. Par contre, on observe facilement dans les jeunes poils sécréteurs tous les stades de la formation d'un composé tannique précipi- table et colorable en jaune par le bichromate et qui noircit par les sels de fer. Ce composé, qui se forme aux dépens des chondriocontes et de la même manière que l'an- 1926 ACADÉMIE DES SCIENCES. lliocyane, n'est cependant pas de l'anthocyane, car les poils sécréteurs de Noyer ne renferment jamais de pigments à aucun moment de leur développement. Le tanin a donc aussi une origine mitochondriale. Ces résultats sont intéressants non seulement parce qu'ils montrent le rôle de plus en plus important que paraissent jouer les mitochondries dans la vie cellulaire, mais encore parce qu'ils contribuent à éclaircir certaines questions physiologiques relatives à l'anthocyane. Ils semblent confirmer l'opinion récemment soutenue par Raoul Combes et V. Crafe que l'antho- cyane n'est pas le résultat de l'oxydation de glucosides préexistants dans la cellule, mais est pour ainsi dire formé de toutes pièces, puisqu'elle est le produit de l'activité des mitochondries. Sans insister davantage sur cette question très intéressante, bornons-nous pour le moment à conclure que l'anthocyane a comme les autres pigments des végétaux supérieurs (chlorophylle, xanthophylle, carotine) une origine mitochondriale. Seulement, tandis que ces pigments'restent fixés dans leur plasle, l'anthocyane, une fois formée et après la résorption de son plaste, se localise dans la vacuole. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Variations des substances hydrocarbonèes des feudles au cours du développement. Note de M. E. Michel-Durand, présentée par M. (laston Bonnier. Sachs pensait que les feuilles, avant leur chute, se vident entièrement de tous les principes utiles au végétal, qui passeraient alors dans les parties \ ivaces de la plante. En 1908, Raoul Combes (') établit que les feuilles tombées sont géné- ralement plus riches en principes hydrocarbonés solubles que les feuilles encore adhérentes à la plante; c'est l'inverse pour les hydrates de carbone insolubles. Plus tard (2), dans une mise au point très documentée du problème de l'évacuation automnale, ce physiologiste constate l'insuffisance de nos connaissances à ce sujet, surtout en ce qui concerne les hydrates de carbone; ce sont les variations de ces principes que je me suis proposé d'étudier. (') H. Combes, Variations subies par les composés hydrocarbonés dans les feuilles à l'époque de la chute de ces organes (Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des Sciences. Congrès de Lille, 1909. p. 52Ô-53i). (2) R. Combes, Les opinions actuelles sur les phénomènes physiologiques qui accompagnent la chute des feuilles (Revue générale de Botanique, t. XXIII, 191 1). SÉANCE DU 2/5 JUIN I9l3. 1927 Le but de mes recherches a été : i° D'étudier les variations des hydrates de carbone en cours d'année, surtout sur la fin de la végétation ; 2" De rechercher le rôle possible des agents atmosphériques supposé efficace par certains auteurs, et en particulier par Raoul Combes, mais qu'aucun fait précis n'avait encore confirmé; 3° En partant des faits acquis et des résultats obtenus, de donner une explication rationnelle de l'épuisement des feuilles en dehors de l'hypo- thèse finaliste de l'émigration. Les analyses ont porté : i° Sur différents lots de feuilles de Fagus silvatica, cueillies à des époques déter- minées de l'année, et sur des feuilles mortes; 20 Sur des feuilles vertes, jaunes, brunes et rouges d'Ampélopsis hederacea, récol- tées avant, pendant et après leur chute; 3° Sur des feuilles de Betula a/Oa. cueillies dans les mêmes conditions que celles d'Ampélopsis; 4° Enfin, sur des feuilles abritées de Fagus, soustraites par conséquent à l'influence des précipitations atmosphériques; les eaux de rosée, condensées sur les feuilles abritées, ont été soigneusement recueillies, puis analysées. Dans les feuilles considérées, j'ai dosé les hydrates de carbone suivants : les sucres réducteurs, non réducteurs, les glucosides, les dextrines, l'ami- don, les matières extractives donnant des sucres à l'hydrolyse et solubles dans l'eau sous pression, les amyloïdes, les hémi-celluloses et les celluloses proprement dites. Voici à titre d'exemple un des Tableaux résumant les analyses effectuées sur les feuilles de Betula (les résultats sont rapportés à 1000 feuilles) : Feuilles de Betula alba (les nombres expriment des milligrammes). H \ (Ira tes Total Sucres de des Sucres non carbone hydrates Poids réduc- réduc- Gluco- Dex- extrac- Amy- .le Date de récolte. sec total. teurs. tours. sides. Irincs. Amidon. lifs. loïdes. Celluloses, carbone. 9 mai 448y5 1810 83o 2216 281 290 3971 io45 1649 12042 (feuilles vertes ) 11 septembre. 90900 36oo i3io 5i2o 3io 3gS 536o 2716 1800 20614 (feuilles vertes) 28 octobre... 75700 3765 12^4 2484 166 traces 5422 2800 1868 '7749 (feuilles jaunes) 3o octobre .. . 64400 2760 1120 190S i3o o 4771- 2600 2372 i56Ô2 (feuilles tombées) 1928 ACADÉMIE DES SCIENCE.1-. Remarques. — Les feuilles récoltées les 28 et 3o octobre ont supporté des tempé- ratures inférieures à o°. Les analyses mettent en évidence les faits suivants : i° Les feuilles analysées indiquent une diminution générale des hydrates de carbone à la lin de la végétation. 20 Après avoir atteint un maximum en poids sec vers août-septembre, ces organes perdent ensuite de leur poids jusqu'au moment de leur chute et cette déperdition de poids se continue même après leur séparation. 3° Les feuilles de Fagus, de Betula présentent leur teneur maximum en sucres réducteurs dans les feuilles jaunes ; les feuilles à? Ampélopsis présen- tent ce même maximum à l'époque qui précède immédiatement le rougis- sement des feuilles et qui est l'homologue du stade de jaunissement des feuilles ordinaires. Dans tous les cas, les sucresdisparaissentensuite rapide- ment. 4" Les sucres non réducteurs et les glucosides ne paraissent pas suivre une loi aussi générale. Ils présentent leur maximum dans les feuilles vertes de Betula et de Fagus; ils sont surtout abondants dans V Ampélopsis à l'époque où le rougissement commence. Ces substances disparaissent ensuite. 5° L'amidon, quand il existe, est toujours maximum dans les feuilles vertes; il diminue ensuite graduellement; les feuilles jaunes n'en contien- nent déjà plus que des traces. Les feuilles mortes de Fagus en contiennent des quantités qui sont loin d'être négligeables, et ce polysaccharide persiste jusqu'au dessèchement complet de la feuille. 6° Les amyloïdes se comportent différemment dans les feuilles de Betula et d' Ampélopsis. Ils sont au maximum dans les feuilles jaunes de Betula; ce maximum est réalisé dans les feuilles vertes d'Ampélopsis. 70 Les celluloses diminuent constamment dans les feuilles d Ampélopsis; c'est l'inverse dans les feuilles de Betula. 8° Le départ des principes hydrocarbonés se continue dans les feuilles détachées des arbres. Les feuilles abritées sont toujours plus riches en hydrates de carbone que les feuilles correspondantes exposées aux précipi- tations atmosphériques. Les eaux météoriques peuvent entraîner des hydrates de carbone solubles, comme le montre la présence de sucres dans les eaux de rosée. Il est très vraisemblable que la plus grande partie des principes hydro- carbonés perdus par la feuille vers la fin de la végétation correspond à une émigration de ces substances vers la tige. A ce moment, la sève élaborée SÉANCE DU z3 JUIN IO,l3. 1929 entraînerait vers les parties vivaces plus de sucres que n'en fournirait la synthèse chlorophyllienne. Mais cette émigration n'est jamais totale, et si les feuilles étudiées continuent à s'épuiser en hydrates de carbone lors- qu'elles sont physiologiquement séparées de la plante par une assise sépa- ratrice ou qu'elles sont détachées de leur tige, ce phénomène doit être rapporté en partie à leur respiration, comme Deleano (') vient de le mon- trer en expérimentant sur des feuilles de Vigne séparées de la tige, en partie aussi aux eaux météoriques comme le montre la présence de sucres dans les eaux de rosée condensées au contact des feuilles abritées, adhérentes à l'arbre. Que les substances sucrées solubles soient destinées à passer de la feuille dans la tige, servent à la respiration de la feuille ou soient entraînées par- les précipitations atmosphériques, il apparaît que leur formation à partir des sucres complexes est favorisée à cette époque par l'abaissement de tem- pérature. On sait en effet, depuis les travaux de Muller-Thiirgau, de Fischer, etc., que les végétaux contenant de l'amidon, transforment ce polysaccharide en sucre, aux basses températures (entre o° et -4-6°). J'ai observé le même phénomène sur des morceaux de tubercules de pommes de terre placés pendant quelques jours dans un milieu dont la température oscillait entre 4- 1° et -+- 6°. il est clair d'autre part qu'une fois les feuilles tombées à terre, la respi- ration ayant cessé, l'entraînement des sucres parles précipitations atmo- sphériques se continue et que la digestion et la disparition de ces substances qui persistent encore dans ces organes deviennent en partie l'œuvre des microorganismes. AXATOM1E. — Considérations analomiques et histologiques sur les tubes de Malpighi de quelques Orthoptères. Note de M. L. Iîordas, présentée par M. Edmond Perrier. Les tubes de Malpighi de presque tous les Orthoptères sont très nom- breux, longs, cylindriques et vont déboucher à l'origine de l'intestin pos- térieur, soit circulairement, soit au sommet de petits tubercules coniques provenant d'évaginations intestinales (2). 11 n'y a d'exception à ce mode de (') M. Delkano, Studien iiber den Atmungsstoffwechsel abgescknittener Laub- blàtter (Jahrbùcher fur wissenschaft. Bot.. Bd. LI, 1912). (-) Voir L. Bordas, I? appareil digestif des Orthoptères (Annales des Sciences J\at. Zoo/.. 8e série, t. V, 1897. p. 1-208). ig3o ACADÉMIE DES SCIENCES. terminaison que pour quelques espèces appartenant à la famille des Locus- tidœ et pour les Gryllidce. Dans la tribu des GryUacrinœ ( Gryllacris auranliaca Brunn . ), les vaisseaux de Malpighi, au nombre de 80 à 100, sont quelquefois groupés en deux touffes s'ouvrant au sommet de deux bourrelets arqués, fixés à l'origine de L'intestin terminal. Chez la plupart des espèces, cependant, ces organes débouchent au sommet d'un tubercule hémisphérique unique. Ce tuber- cule, qui n'est qu'un simple caecum de l'intestin, nous conduit directement au canal efférent commun ou urètre, élargi à son sommet, caractéristique des Gryltidœ. Supposons, en effet, que l'évagination conique des Gryllacris s'allonge progressivement, qu'elle se dilate ou se bifurque à son extrémité, et nous arriverons à la disposition que nous allons décrire chez les Grillons et les Courtilières. Les GryUacrinœ forment donc un trait d'union entre les Gryllides et les autres Orthoptères. Chez le Gryllus domesticus Latr., les tubes de Malpighi sont nombreux (100 à i3o)etvont s'ouvrir dans une volumineuse ampoule collectrice ou réservoir urinaire. Cette vessie est à peu près régulièrement cylindrique, à extrémités arrondies, légèrement recourbée en arc. L'urètre, qui prend naissance vers le milieu de la concavité interne, donne à l'ensemble la forme d'un T. La disposition est à peu près la même chez le Gryllus carn- pestris Latr. Le réceptacle urinaire de la Gryllolalpa rulgaris Latr . est ovoïde ou piri- forme, cylindrique dans sa partie médiane et conique à son bord distal. Son côté interne, également conique, se continue insensiblement avec l'urètre. L'ensemble de ces deux parties présente l'apparence d'une massue. Chez le lirachytrupes achatinus Stoll, la vessie est disposée, comme chez les Grillons, perpendiculairement à l'urètre et comprend deux parties très dis- tinctes : une région centrale, large, boursouflée et irrégulièrement cylin- drique et deux extrémités filiformes, renflées à leur partie caecale et à dia- mètre double de celui des vaisseaux malpighiens. Les tubes urinaires, insérés circulairement sur le réservoir et ses deux prolongements, présentent une disposition qui rappelle l'apparence d'une brosse à bouteille. L'urètre se détache de la partie médio-inlerne du réservoir. Le conduit excréteur ou urètre présente à peu près la même forme chez tous les Gryllidce. C'est un tube cylindrique, plus ou moins long suivant les espèces, peu sinueux, qui perfore l'extrémité postérieure de l'intestin moyen. Mais ce n'est là qu'une terminaison apparente. Chez la Gryllolalpa, la direction du conduit est tout d'abord perpendiculaire à la paroi intesti- séance du 23 juin i9i3. 1981 nale, puis elle change brusquement et devient oblique au moment de son insertion sur l'intestin. L'extrémité terminale de l'urètre traverse les parois musculaires du tube digestif, s'y dilate en forme de vésicule ovoïde, entourée par la musculature circulaire, et débouche finalement à l'origine de l'intestin terminal par un orifice irrégulier, à bords profondément découpés et frangés. Bien que, chez les Gryl/idœ, l'urètre perfore l'extrémité postérieure de l'intestin moyen, il ne faut pas en conclure qu'il dépend de cette région du canal alimentaire. Le point de pénétration externe ne coïncide pas avec l'orifice terminal de l'urètre. L'ouverture, par suite de la direction oblique du conduit dans l'intestin et de son trajet à travers ses parois, est reportée à environ imm,5 en arrière, c'est-à-dire à l'origine de l'intestin postérieur. Des séries de coupes, faites longitudinalement et transversalement, per- mettent de constater cette remarquable disposition. Nous voyons donc que les tubes de Malpighi des Gryllides (Gryllus cam- pestris Latr., Gryllus domesticus Latr., Gryllotalpa vulgaris Latr., lirachy- trupes achatînus Stoll, lirachytrupes membranaceus Drury, Nemobius Sylvestris Fabr., etc.) sont très nombreux et vont déboucher dans un réservoir collecteur impair (vessie urinaire), de forme très variable suivant les espèces. Au point de vue lùstologique, les vaisseaux uriques sont tapissés inté- rieurement par un épithélium formé de grosses cellules irrégulières, se prolongeant parfois dans la lumière du tube. Les bourrelets épithéliaux, hémisphériques ou coniques, sont plus ou moins saillants. Les noyaux sont volumineux, très apparents et entourés de concrétions granuleuses. Toutes les cellules sont recouvertes d'une bordure ciliée, très caractéristique. Sur les parties émergentes, les cils sont longs, immobiles, rectiligneset disposés en touffes; au contraire, dans la région épithéliale intermédiaire, ils sont plus courts, serrés, réguliers et forment un revêtement en brosse. La lon- gueur et la disposition de ces productions ciliformes varient suivant les régions du tube de Malpighi où on les observe. La structure du reste de la paroi n'offre aucune particularité remarquable. Le réservoir collecteur (vessie urinaire) nous présente à considérer : i° une enveloppe externe mince, constituée par quelques fibres muscu- laires; 20 une membrane basale, très ténue et à teinte claire; 3° une assise épithéliale formée par de longues cellules cylindriques, à parois latérales très nettes. Les noyaux sont volumineux, ovales et occupent la région médiane de l'élément. Enfin, la limite interne de l'épithélium est à C. R., igi3, i" Semestre. (T. 156, N° 25.) 247 I(/32 ACADÉMIE DES SCIENCES. peu près régulière et porte une bordure ciliée en brosse. Les cils sont courts et forment un revêtement rubané, caractéristique par sa teinte claire. L'épithélium cilié du réservoir urinaire est surtout apparent et bien déve- loppé chez les Brachytrupes . V urètre est un tube cylindrique et court, à cavité interne irrégulière et sinueuse. Les sinuosités sont dues à six replis formés par l'épithélium interne. Ces replis conservent à peu près la même forme sur toute la lon- gueur du canal et ne disparaissent qu'à son orifice postérieur. Le conduit excréteur urinaire est recouvert extérieurement par une épaisse membrane musculaire, comprenant une mince assise de fibres longitudinales externes et une puissante couche de faisceaux circulaires internes. Viennent ensuite une membrane basilaire très ténue, une assise épithéliale chitinogène, el enfin une lamelle chitineuse (intima) interne. Cette dernière atteint son épaisseur maxima au sommet des replis. L'épithélium chitinogène est constitué par de petites cellules rectangu- laires, à limites latérales indistinctes, à noyaux spbériquesel à protoplasma strié dans sa région interne. Enfin, V intima chitineuse est très irrégulière. Elle présente parfois de fines denticulations et s'épaissit sur les plissements anguleux internes. ZOOLOGIE. — Le cycle évolutif de Porospora portunidarum Frenzel. Noie de MM. L. Léger et O. Duboscq, présentée par M. Yves Delage. Nous avons montré antérieurement (1906-1909) que Porospora gigantea E. v. Bened. n'a chez le Homard qu'une évolution schizogonique. Tous les kystes, qu'ils soient doubles ou solitaires, donnent des gymnospores sans phénomène de sexualité. Et il en est de même chez Porospora Legeri de Beauch. (P. de Beauchamp, 1910) et chez Porospora portunidarum Frenzel (Léger et Duboscq, 191 1 ). Beslait à trouver la gamogonie de ces Gréga- rines si particulières. Nous pouvons affirmer aujourd'hui qu'elle se passe chez les Lamellibranches. Les Nematopsis découverts par Schneider (1892) chez le Solen, retrouvés et étudiés par l'un de nous (Léger, 1903, 1905, 191 1) chez les Moules, les Mactres, les Cardium, etc., ne sont pas autre chose que les termes de l'évolution sexuée des Porospora aboutissant à une spore monozoïque qui est la véritable spore de ces Grégarines. Nous avons étudié particulièrement Porospora portunidarum Frenzel. Sa schizogonie paraît se passer indifféremment chez le Carcinus mœnas ou les Portunus. On trouve sa gamogonie dans le Cardium edule. séance du 23 juin 1913. iq33 Les spores du Nematopsis de Cardium edule se rencontrent, groupées en nombre variable, dans les canaux vasculaires des branchies. Elles mesurent \~iV- à 1 5M- dans leur plus grand diamètre et ont la structure caractéristique. Une épaisse épispore recouvre l'endospore oviforme qui contient un unique sporozoïte replié sur lui-même. Au petit bout de l'endospore est un micropyle. Fait-on manger à un Portunus depuralor les branchies infestées d'un Cardiain edule, 6 heures après on distinguera facilement dans l'intestin moyen les spores de Nematopsis. L'épispore est disparue. L'endospore est elle-même déjà vide, ou bien contient encore le sporozoïte. On peut alors assister à la sortie du vermicide. Elle est assez lente. Comme le micropyle est beaucoup plus étroit que le diamètre du sporo- zoïte, celui-ci doit s'effiler pour faire saillie au dehors et il ne sort qu'en s'étranglant successivement. Le sporozoïte, sorti de la spore, mesure de iS^ à 22C-. C'est un vermicule assez trapu en avant et s'effilant progressivement en arrière. L'extrémité antérieure conique est très contractile. Un peu en arrière d'elle est une zone claire qui représente le noyau. Au repos, le vermicule est généralement courbé en arc. Parfois il progresse d'un bloc en tournant sans changer sa courbure. Plus souvent il se contracte en S et la détente brusque le fait glisser rapidement. Après coloration, le noyau ovoïde montre des caractères grégariniens. 11 est bien limité par une mince membrane sur laquelle s'applique la chromatine très réduite. Un petit nucléole excentrique est le seul élément figuré de l'intérieur du noyau. Le cyto- plasme est rempli par de grosses sphérules sidérophiles, sauf à l'extrémité antérieure où une area claire contient un grain simple ou double. Le sporozoïte ne tarde pas à se fixer sur l'épithélium de l'intestin moyen, ou même à pénétrer à l'intérieur d'une cellule épithéliale. Considérons les stades extracellulaires qui sont les plus communs. Le sporozoïte qui s'est piqué sur une cellule se tasse, puis s'effondre pour ainsi dire sur le plateau cellulaire en s'appliquant sur lui par une grande surface, comme cela se passe chez les Dactylophorides. On a ainsi (stades de 24 à 4o heures) déjeunes stades massifs, en cône ou en dôme, rappelant les Ophryocystis ou les Eleutlieroschizon ou encore mieux, et cela se com- prend, les stades de Nemalopsis décrits par l'un de nous (Léger, 191 1 )dans le rein de la Moule. Parfois le sporozoïte semble prendre d'emblée celte position couchée, en particulier sur les flancs des cellules saillantes des grandes villosités. En s'accroissanl, la jeune Porospora devient une petite Grégarine trapue, cylindrique ou ovoïde. Au quatrième jour une cloison transversale sépare un protoméiïte très court du deutomérile contenant le noyau, et le parasite n'adhère à l'épithélium que par un court mucron suceur. Ce sera la fin du stade de céphalin. Parallèlement à cette évolution extracellulaire, qui est la plus commune, on observe de jeunes Porospora se développant à l'intérieur des cellules épithéliales et restant globuleuses. iNous sommes mal fixés sur la signillcn- I()34 ACADÉMIE DES SCIENCES. tion de ce développement intracellulaire. Est-il anormal ? ou bien les stades extracellulaires donnent-ils tous des primiles et les stades intracellu- laires les premiers satellites, le sexe étant déterminé par le mode de nutri- tion? Nous ne pouvons encore répondre à cette question intéressante. Dans tous ces stades de début, le cytoplasme est chargé de la substance chromidiale qui rend si vivement colorable le plasma des jeunes Sporo- zoaires. Quant au noyau, il est limité par une membrane plus différenciée et moins chromatique que chez le sporozoïle. Son nucléole grossit tout en restant excentrique et dans le suc nucléaire on distingue 2 ou 3 grains de chromatine. Dès le cinquième jour, la jeune Grégaiïne, qui a généralement 12^ à i3!1 de long sur ^ à 8^ de large, se détache définitivement de l'épithélium. Ces très petits sporadins grossissent encore solitaires, cependant ils ne tardent guère à s'accoupler. On trouve des couples chez lesquels le satel- lite ne dépasse pas la taille des plus grands céphalins ( l'P- à 18^). Mais le primite est toujours plus long que le satellite. L'évolution se poursuit ensuite telle que nous l'avons décrite ( i()i 1) dans une Note précédente. Il est certain que les kystes mûrs sont rejetés dans la mer et que les Gymnosporcs sont entraînées dans les Cardium par le courant d'eau qui amène les particules alimentaires. Nous ne sommes pas encore en mesure de décrire le début de l'évolution chez le Mollusque, mais nous avons revu dans le rein du Cardium certains stades pareils à ceux du Nematopsis Sclinei- den Léger, dans le rein de la Moule. Tout porte à croire que les schizozoïtes, issus des kystes rectaux du Crabe, sont déjà des gamétocyles qui vont croître dans le nouvel hôte et subiront tout au plus les divisions de réduction pour se transformer en gamètes. La spore dérive directement de la copula. Les Porospora sont donc des Grégarines à changement d'hôte et à spores monozoïques. MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. - Sur la vaccination anticlaveleuse, par virus sensibilisé. Durée de l'immunité. Applications de la vaccination. Note de MM. J. IÎ111DRÉ et A. Iîoquet, présentée par M. Roux. L'expérience qui nous a permis d'apprécier la durée de l'immunité conférée par la vaccination anticlaveleuse (') a été conduite de la façon suivante : (') Voir Comptes rendus, l. loi, p. 1 44 et ia56; t. 155, p. 366. SÉANCE DU 23 JUIN IQI3. 1935 Un troupeau de 10S agneaux de 8 à io mois ayant été isolé, 54 sujets furent vaccinés le 22 décembre 1911. Une réaction locale sous-cutanée fut constatée sur 38 agneaux. A partir du 4 janvier 1912. on soumit, chaque mois, à l'épreuve de la clavelisalion un lot nouveau d'animaux vaccinés, pris tant parmi ceux qui avaient présenté une réaction locale que parmi ceux qui n'avaient pas réagi. Un nombre égal de témoins étaient clavelisés en même temps. Jusqu'au douzième mois, tous les animaux vaccinés ont manifesté, à l'épreuve, une immunité absolue. Après douze mois et demi, les moulons qui avaient fait une réaction locale nette à la suite de la vaccination ont encore montré l'immunité com- plète vis-à-vis de l'inoculation virulente. Mais ceux qui n'avaient pas réagi d'une façon apparente à la vaccination n'ont montré à la clavelisalion qu'une résistance relative. Certains ont fait une petite pustule. Il ressort de cette expérience : que les animaux qui présentent à la suite de la vaccination une réaction locale nette acquièrent une immunité de longue durée, au moins supérieure à 12 mois et demi; que ceux qui ne présentent pas de réaction visible acquièrent une immunité qui tend à disparaître vers le douzième mois. Pratiquement, on peut considérer que tout animal vacciné est à l'abri de la clavelée pour une période d'un aiî au minimum. Sur la demande du Gouvernement général, l'application de la vaccina- tion anticlaveleuse a été autorisée en Algérie sur les moutons destinés à l'exportation. Un décret présidentiel en date du 29 avril dernier prescrit en outre la vaccination obligatoire dans un certain périmètre lorsque la cla- velée est constatée et autorise la vaccination en tout temps (sauf du 1 5 juin au ij septembre) sur la simple demande des propriétaires, même en l'absence de cas de clavelée officiellement constatés. Une vaste application de la nouvelle méthode d'immunisation vient ainsi d'être faite en Algérie. Du Ier janvier au 1 5 juin 191 3, 1 245 000 ovins ont été vaccinés, sans qu'aucun accident ait été signalé. L'innocuité de la méthode ne saurait être mieux attestée que par ce chiffre imposant de vaccinations. Enfin, des expériences entreprises dernièrement dans le midi de la France, à la suite d'un désir exprimé par M. Leclaincbe, inspecteur général des services sanitaires vétérinaires, ont porté sur quelques centaines de brebis pleines ou en lactation. Elles ont établi la possibilité d'appliquer la vacci- nation anticlaveleuse sur nos moutons de races françaises pour lesquels la clavelée se montre particulièrement meurtrière. ig36 ACADÉMIE DES SCIENCES. BACTÉRIOLOGIE. — Sur la contamination du lait par le bacille typhique par r intermédiaire de l'eau. Note de MM. A. Trili.at et M. Fouassier, présentée par M. Roux. Partant de l'idée que la contamination du lait par le bacille typhique devait être souvent réalisée par l'intermédiaire de l'eau, nous avons recherché jusqu'à quelles limites et sous quelles conditions, de très petites doses de bacilles typhiques diluées dans l'eau étaient encore capables de cul- tiver dans le lait : le présent travail donne le résumé des essais que nous avons entrepris sur ce sujet. Tout d'abord, nous avons cherché à nous rendre compte de la marche du développement de la culture du bacille typhique dans le lait ensemencé à des doses infinitésimales. Le Tableau suivant indique à titre d'exemple le cas de trois échantillons de 20cm3 de lait, ensemencés seulement au fil de platine plongé dans un bouillon de culture très étendu et fournissant à la numéra- tion 36oo colonies par centimètre cube.. Numération des colonies de suite après ensemencement et après un nombre d'heures variables. Essais. Immédiatement. Après 2 heures! Après 4 heures. Apres 12 heures. Après 48 .heures. 1... col. 66 cul. 6 cul. 72 col. 3440 ( 00 2... 120 9° 102 4008 ce 3... 120 i38 60 4200 00 Le développement du bacille typhique n'a commencé à se produire qu'après la douzième heure; après 48 heures, la culture est en pleine acti- vité. Pour avoir une notion de la facilité avec laquelle le lait peut être ense- mencé par l'eau contenant un nombre très restreint de bacilles typhiques, nous avons institué une série d'expériences dans lesquelles un certain nombre d'échantillons de lait étaient ensemencés par des doses d'émulsions de bacilles typhiques de plus en plus minimes. A cet ell'et, rs de raclage delà partie superficielle d'une culture de bacille typhique sur gélose a été d'abord dilué dans iocl"' d'eau stérile : on prélevait une goutte de cette émulsion qu'on mélangeait avec 10 nouveaux centimètres cubes d'eau, et ainsi de suite jusqu'à l'obtention d'une émulsion étendue au cent-milliardième par rapport à l'émul- sion du départ. SÉANCE DU 2.3 JUIN IÇ)ï3. 10^7 On ensemençait 20cm3 de lait avec 5cs de chacune de ces dilutions dont on mimerait séparément les colonies : on faisait également la numération des colonies sur chaque échantillon de lait immédiatement après l'ensemencement. De nouveaux prélèvements étaient ensuite pratiqués après des espaces de temps variables : cette façon de pro- céder permettait bien de suivre la marche du développement de la culture. Le Tableau suivant montre comment se comporte le développement de cultures obtenues par l'ensemencement de quelques dilutions très étendues par rapport à l'émulsion première. .. . i 1 i i 81)000" lôOOOUO' 3-iOUUOuu' 500000000" col col col col De suite après l'ensemencement. 4000 '-° ° ° Après 2/j heures 44°o 200 o o Après 3o heures ce oc oc o Après 4§ heures co 00 00 oc A partir de la dose de .,., O0'() ([|)ll on a constaté que, dans les mêmes condi- tions de largeur d'ensemencement, le bacille typliique ne poussait plus dans les bouillons classiques, et encore moins sur les milieux solides les mieux appropriés. Les courbes que nous avons établies et qui montrent le développement du bacille typliique dans le lait sont remarquables : elles seront exposées dans une Revue spéciale. Après une période d'incubation variable pendant laquelle le microbe n'est pas décelable comme on l'a vu plus haut, par les procédés analytiques courants, le développement de la culture éclate en quelque sorte brusquement, passant en quelques instants, par exemple en moins d'une heure, de zéro ou de quelques colonies, à l'infini. Une fois ensemencé, le bacille typhique semble se conserver indéfiniment dans le lait sans que la composition et même les propriétés organoleptiques de celui-ci aient notablement varié, ainsi que nous avons pu le constater dans des laits cultivant depuis 5 mois. Ces expériences ont été faites sur des liquides stérilisés : en présence de germes étrangers, c'est-à-dire en opérant sur des milieux non stérilisés, il y aurait lieu de tenir compte de l'influence de la concurrence vitale des microbes qui modifierait plus ou moins les conditions de réussite de l'expé- rience. Malgré cette restriction, nos essais permettent cependant de tirer des conclusions intéressantes. Ils font ressortir une fois de plus que le lait frais, grâce à sa composition et surtout à son degré de neutralité approprié, qui ne varie que dans d'étroites limites, offre un milieu extraordinairement favorable au déve- 10,38 ACADÉMIE DES SCIENCES. loppcment du bacille typhique. Ils montrent que le lait peut être ensemencé par lui dans nombre de cas insoupçonnés et notamment dans celui du mélange avec quelques gouttes d'une eau considérée comme indemne. Si l'on songe, d'autre part, qu'à son tour, le lait peut devenir une cause fréquente de contamination de l'eau dans une foule de circonstances (par l'intermédiaire de récipients, par des infiltrations, etc.), cette remarque fait ressortir en outre l'influence réciproque de l'eau et du lait concourant ainsi, par leur ensemencement mutuel, à assurer la conservation du bacille typhique. Sans rien diminuer de la valeur de la théorie hydrique, l'interprétation de nos résultats fait ressortir une fois de plus l'importance que l'on doit attribuer au rùle du lait contaminé dans la propagation de la lièvre typhoïde. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherche de l'urée dans les végétaux. Note de M. R. Fosse, présentée par M. E. Roux. Nous avons déjà fait connaître que ce corps, considéré comme un produit d'origine et d'excrétion purement animales, existe aussi dans le règne végétal ('). Si sa provenance dans les plantes alimentaires, où nous l'avons d'abord décelé, est incertaine et attribuable, dans l'état actuel de nos recherches, aussi bien à la cellule qu'au sol, il n'en va pas de même pour les moisissures et les plant ides qui en réalisent la formation en se développant soit sur le liquide de Raulin, soit sur l'eau pure (2). La méthode suivie pour établir ces faits insoupçonnés comportait les opérations suivantes : concentration au bain-marie, dans le vide, d'un suc d'expression acèlifié ; épuisement acétique de l'extrait; traitement de la solution par le xanthydrol; cristallisation de l'urée dixanthylée. Le danger de scinder les albuminoïdes en urée, en vertu d'une réaction que nous avons découverte ('), était rigoureusement exclu de nos expé- riences, grâce à la nature acide du liquide soumis à la distillation. (') Comptes rendus, t. 153, |>. 85 1. (-) Comptes rendus, t. 156, p. 263 et 067. (3) Comptes rendus, t. 15i, p. 1819. SÉANCE DU 23 JUIN iç)l3. 10,30, Mais, objectera-t-on, même dans ces circonstances, d'autres principes naturels, connus ou encore inconnus, ne sont-ils pas capables d'engendrer des traces de carbamide? Dans l'espoir de dissiper le moindre doute sur l'existence réelle de l'urée libre dans divers végétaux, nous avons été conduit à chercher la possibilité de retrancher du mode opératoire le chauffage et la distillation. Le but visé a été atteint : Le xanthydrol permet de précipiter l'urée sous la forme de sa combinaison dixanlhylée 0\C«H4)CH-lNH-CO-NH-CH\C«H4>0 directement à partir de sucs ou de macérations de plantes, n'ayant pas subi l'action de la chaleur, non concentrés et refroidis. Cette méthode, d'une très grande sensibilité, a été appliquée avec plein succès à des végétaux déjà examinés ainsi qu'à de nouveaux individus. Leur ensemble figure dans le Tableau suivant. Nom-. Milieux de culture. Partie examinée. Moisissures. Aspergillus niger Liquide de Kaulin Mycélium Pénicillium glaucum » » Végétaux supérieurs adultes. Carotte (Daucus carotta, Omb.) Terre maraîchère Pivot Pomme de terre (So/anum tuberosum, Sol.) Terre arable Tubercule Epinard {Spinacia oleracea, Comp. ) Terre maraîchère Feuille Endive (Cichorium endùia, Comp. ) Fumier Feuille Chicorée frisée Terre maraîchère Feuille Navel (Brassica napus. Crue.) Terre maraîchère Pivot Haricot vert (Phaseo/t/s vt/lgaris, Lég. ) Terre arable Gousse fraîche Petit pois (Pisittn sativum, Lég.) » Graine fraîche Pourpier (Porlulaca oleracea, Lég.) Terre maraîchère Feuille Lactuca virosa Terre non fumée Feuille el tige Potiron (Cucurbita maxima, Cucurb. ) Terre arable Fruit Graine a l'état de repos. Maïs jaune (Zea Mays, Gram.) » ( iraine entière C R., i9i3, i" Semestre. (T. 15G, N° 25.) 248 194° ACADEMIE DES SCIENCES. Noms. Milieux de culture. Partie examinée. Plantules. Blé ( Trliicum, Grain.) lïau de la Ville Seigle (Seca le. Grain.) » Soleil de Russie (Helianthus annuus, Comp.) » Betterave demi-sucrière (Bêla vulgaris, Chèn.) » Fève des Marais ( Vicia Faba, Lég. ) » Fève naine » Féverolle » Trèfle incarnat ( Trifolium incarnatum, Lég.) » Luzerne ( Mèdicago saliva, Lég.) » Lentille (Ervum Icns, Lég.) » Haricot à rames ( Phaseolus vulgaris, Lég. ) Sable humide Gesse ( Lathyrus, Lég. ) Eau de la ville Gazon (Grain. ) » Potiron (Ciicurbita maseima, Cucurb.) » Plan iule et cotylédon; plantule seule Plante complète âgée de i mois; partie verte âgée de 12 j. Plante complète âgée de 1 mois Plantule et cotylédon Plantule seule Plantule et cotylédon Plantule seule » Pousses vertes seules Plante complète âgée de 1 mois Expériences. — Précipita/ion de l'urée du suc de potiron. — Du xanthydrol (is), en solution acétique, est introduit dans le suc d'expression de ce fruit, additionné de ^û d'acide acétique crislallisable (5o6ocmI), rendu limpide par fîltration. Après 24 heures de séjour à la glacière, le dépôt, rassemblé par centrifugation, chauffé avec une lessive alcaline, lavé à l'eau et à l'alcool, est épuisé par la pyridine bouillante. Poids d'urée dixanlhylée ainsi obtenue, pure à l'analyse : o£, 2.5. Dosage de l'azote (Dumas) : trouvé N pour 100, 6,85; calculé pour la formule coJnh /C«H-\ CH\C61P/U : N pour ioo, 6,66. Des eaux mères acétiques, une nouvelle dose d'uréine, pesant environ o«,io après cristallisation, est recueillie le lendemain. Précipitation de l'urée de la macération aqueuse du maïs à l'étal de repos. — On place en macération, durant 5 heures, avec le double de son poids d'acide acétique aqueux a ,',,. celte semence (4oos), réduite en farine après lavages préalables à l'eau, à l'alcool et dessiccation. Le liquide d'expression filtré (58ocm'), additionné de xanthydrol (o6, 18), est conservé 2 jours à la glacière. Le dépôt, épuisé par une lessive alcaline bouillante, lavée à l'eau, à l'alcool, est traité par ce dernier dissolvant, à l'ébullition, pendant 5 minutes. La solution filtrée dépose par refroidissement l'urée dixanthvlée SÉAXCE DU 23 JUIN 19I 3. I94l en petits cristaux, fondant en un liquide coloré après quelques minutes de séjour clans la vapeur d'oxyde de phényle à l'ébullition (2610 corrigé . Précipitation de l'urée du suc pianluietire de Fève des marais. — Le liquide Un peu trouble (~J'm '), provenant de la centrifugation de ce végétal, broyé avec -,-,,-d'acide acétique, reçoit du xanlhydrol (o%o3) en solution acétique. Après 2 jours à la gl#- cière, traitement à la potasse et à l'alcool froid, on isole de l'urée dixanthylée impure. L'addition d'une nouvelle dose de réactif provoque la formation d'un nouveau dépôt. Par cristallisation dans la pyridine, on transforme cette matière brute en uréine pure. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Action de Veau oxygénée sur l'amylase du lait de femme. Note de M. L. Lagaxe, présentée par M. Roux. L'addition au lait de femme de petites doses d'eau oxygénée accélère d'une façon très nette la liquéfaction et, à un moindre degré, la saccharifi- cation de l'empois d'amidon. Cette addition faite à d'autres laits n'entrame aucune modification comparable. Pour le mettre en évidence, nous nous sommes servi île couches d'empois d'amidon épaisses de 3,11IU à 4""" environ. Cet empois, très consistant, était composé de log de farine de riz. dans une série d 'expériences, de fécule de pomme de terre purifiée dans une autre série, et de 5ocl"' d'eau. Les couches d'empois étaient disposées dans le fond de grandes fioles d'Kliilemneyer de 100""'. Nous faisions agir sur cet empois 20'""' île lait, additionné de trois gouttes d'eau oxygénée officinale neutralisée par centimètre cube de lait. Nous mettions à l'étuve à 370 et observions les résultats de demi-heure en demi-heure. Nous avons constaté que, sous l'influence du lait cru de femme seul, l'empois d'amidon ne se liquéfie qu'incomplètement et seulement après i à 4 heures d'action. Sous l'influence du lait de femme bouilli, l'empois ne présente aucune liquéfaction après 3 heures; il en est de même après 3 et 4 heures sous l'influence du lait cru de vache, du lait cru de chèvre, de ces mêmes laits pasteurisés commercialement ou bouillis; mais par contre, nous avons vu que si l'on ajoute au lait cru de femme de l'eau oxygénée dans les conditions indiquées, la liquéfaction de l'empois d'amidon commence après i5 ou 3o minutes et est complète en (jo minutes. L'addition d'eau oxygénée au lait cru de vache et au lait cru de chèv ré ou à ces laits pasteurisés (') ne détermine qu'une liquéfaction minime et ( ' ) La liquéfaction du lait de chèvre est un peu plus marquée cependant que celle du lait de vache. 19^2 ACADÉMIE DES SCIENCES. tardive de l'empois; l'addition d'eau oxygénée dans ces mêmes laits bouillis ne détermine aucune liquéfaction. Toutes ces expériences ont été répétées avec au moins six échantillons de laits de provenance différente. Nous avons, d'autre part, fait agir sur le même empois d'amidon dans les mêmes conditions: i° de l'eau oxygénée seule; nous n'avons obtenu qu'une liquéfaction très tardive et extrêmement minime; 2° une solution d'extrait de jeunes pousses d'orge, mise très obligeamment à notre dispo- sition par M. Jules Wolff, solution riche en peroxydases et exempte d'amylase : nous avons eu une liquéfaction très minime et tardive; 3° la solution précédente additionnée de traces d'amylase et d'eau oxygénée, toujours dans les mêmes proportions : la liquéfaction a été complète en une demi-heure. De ces expériences nous pouvons conclure que l'addition d'eau oxygé- née, en faible proportion, au lait cru de femme, augmente notablement l'activité de l'amylase qu'il contient. Les laits de vache et de chèvre, qui sont dépourvus de celte amylase, n'ont, en effet, qu'une action minime sur l'empois d'amidon; les laits bouillis, où elle a été détruite, n'en possèdent aucune. De plus, outre l'accélération de la liquéfaction de l'empois d'amidon, l'addition d'eau oxygénée au lait cru accélère sa saccharilication. Mais, ici, l'action semble bien moins marquée. Elle est d'ailleurs plus difficile à mesurer. Pour le faire, nous avons procédé à des essais, répétés à proches inter- valles, d'échantillons de nos ballons avec le réactif iodo-ioduré et avec la liqueur de Fehling à l'ébullition et, d'autre part, à des titrages des produits polarisables et des substances réductrices. Nous faisions ces mêmes titrages sur des quantités égales des mêmes échantillons soumis au préalable à une ébullition prolongée en présence de quelques gouttes d'acide sulfurique. Nous avons constaté que, à la suite de l'addition de quelques gouttes d'eau oxygénée, le lait cru de femme transformait plus rapidement l'empois d'amidon, en ce sens que la durée d'action nécessaire à l'apparition des réactions colorées caractéristiques était plus courte qu'en l'absence d'eau oxygénée (3o minutes au lieu de i heure 3o minutes), et la quantité de substances réductrices formées était plus grandes. A ce dernier point de vue, nous avons trouvé, après 3 heures, 48, 7° au lieu de 2g, 10. Après un plus long intervalle de temps, les chiffres tendent à être semblables. La comparaison des chiffres des dosages polarimétriques (insuffisants par eux-mêmes à donner des renseignements précis par suite de la complexité SÉAKCE DU 23 juin ip,i3. 1943 des substances contenues dans les solutions) et de ceux des dosages de subs- tances réductrices avec les chiffres de ces mêmes dosages pratiqués sur les produits longtemps soumis à rébullition, montre que c'est vraisemblable- ment en activant la formation du maltose que se manifeste l'action de l'eau oxygénée. Il semble légitime d'attribuer ces résultats à l'augmentation de l'activité de l'amylase du lait de femme. Nous avons eu, en effet, des résultats posi- tifs seulement avec ce dernier lait, et des résultats à peu près négatifs avec des laits de vacbe et de cbèvre, où l'amylase manque. Les diverses expé- riences de contrôle que nous avons pratiquées nous permettent, par ailleurs, d'éliminer complètement l'action bydrolysante propre de l'eau oxygénée aux doses et dans les conditions où nous l'avons employée. L'agent de cette activation de l'amylase semble être l'eau oxygénée. C'est du moins l'bypotbèse qui paraît la plus plausible. Toutefois cette action pourrait être due aux peroxydases du lait de femme, mises en jeu par la présence d'eau oxygénée. Les expériences qui nous ont montré que l'addition d'eau oxygénée rend très active, vis-à-vis de l'empois d'amidon, une solution peu active de jeunes pousses d'orge, ricbe en peroxydases et contenant des traces d'amylase, serait en faveur de cette bypotbèse. Nous pouvons donc conclure que l'eau oxygénée à petites doses accélère considérablement le pouvoir liquéfiant et, à moindre degré, le pouvoir saccharifiant de l'amylase du lait de femme vis-à-vis de l'empois d'amidon. Ce pouvoir, que nous attribuons à l'eau oxygénée, est peut-être le fait des peroxydases de ce même lait, et l'intensité de la peroxydation du gaïacol (réaction de Bourquelot) pourrait renseigner à son sujet. PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur la loi d 'action biologique des rayons X filtrés et non filtrés. Note de M. H. Guim.emixot, présentée par M. Villard. Les expériences que j'ai faites antérieurement sur l'action biologique des rayons X m'ont amené à cette conclusion que les effets produits sont pro- portionnels à la dose d'énergie radiante fixée par l'élément considéré, quelle que soit la qualité du rayonnement X agissant. Les nombreux travaux parus récemment sur les actions biologiques et thérapeutiques des rayons X, et les discussions auxquelles a donné lieu l'emploi des rayons filtrés et non filtrés m'ont engagé à compléter mes 1944 ACADÉMIE DES SCIENCES. résultats antérieurs et à préciser les conditions physiques qui doivent servir de base à la comparaison des résultats. J'ai étudié les rayons nos 4, 5, 6, 7 et 8 de Benoist, non filtrés et les rayons n° 8 filtrée par i""u, 2mm, 3""u, 4mm, 5""" d'aluminium; j'ai dressé les courbes des fractions transmises par la gélatine hydratée (\) d'épaisseur croissante, et celles des doses absorbées par les couches millimétriques successives. Le Tableau numérique suivant donne les résultats de centimètre en cen- timètre. On voit, par exemple, que ioo unités de n° 0 abandonnent 5,7 unités au premier millimètre rencontré, et 0,4.7 à une couche milli- métrique située à 5'm; tandis que 100 unités de n" 8 filtré par 5mm d'alu- minium abandonnent i,5

l"'| o,o35o o,o s8o 0,0 1Î0 n, 0.0173 0,0157 0,0143 ■LUI ':- 4,3a 3, 18 »,45 i,48 0,97 0,67 0 . ."> 1 i'. (0 0,32 0,27 100 86,5 76,2 61,1 "io.fi '1 3,o .Î7.3 12,6 28,5 «5 o,o332 o,o3o'( 0,0270 0,0217 O.OlSS 0 , 0169 n.iii "1 ■ 0,01 '| ' 0.0137 0,01 ' ■ 3,3a ,.,, ; 2,07 i,33 0,95 0,7:; o,">7 ".'17 o,3g n . 135 1 00 89,2 So,4 67... 57, 1 î'i. i i3,3 18, 33,8 3o, 1 o,o258 0,023g 0 , 02 1 1 o,oiS5 0.0164 0.ni52 0 . 0 1 \ ? 0,01 ; 1 11. Ht. in 0,0126 2,58 ■' • ' 1 i ~ i ■••i î 0 .7.1 0 . 1 i 1 '| (..:>, s 0, ii 1 ... î 8 2 100 9' 83 , 5 71. s 61,8 :,;.-, }8,o U,5 37,8 34,8 0,021 1 0,0200 0,0182 0,016 ■ 1 1 . • . 1 "■ 1 0,01^0 0,01 '■ i o,oi3o 0,0126 11.01 ' î 2,11 i,8a c ,5s 1 , [65 0,935 0,707 o,646 6 . >53 <>■'.:* 0,424 100 92,8 86,0 74,5 65,4 57, s 5i ,3 15,7 4i,o 37,o 0,0180 0,0170 11,11162 o.oi'i9 0 , 0 1 '| 1 o,oi35 0,0128 o,oi i55 II,M1.!.| ii.m i3 »,8 i,58 t,39 1 . 1 1 0,92.". «■77s 0,66 n. > "1 0 , 5 1 0 o,45 ' 100 9"> 87 76, > 67,2 60 53,8 (8,5 14 i ' ■ ' o,oi5g5 0,01 5 i 0,01470 0.0139 0 , 0 1 335 0,0128 0,0125 0,01 ! 4 0,0123 0,01 ■ • 1 , ">i| 5 1,445 1 , 285 1 .06 0,90 "•77 0,67 ll.iil» 0,54 o,4g (') L'efficacité est exprimée par un coefficient numérique. En multipliant la dose transmise, tombant sur l'élément anatomique considéré à la profondeur indiquée, par ce coefficient, on a la dose efficace. C2) Les doses sont exprimées en unités fluoroscopiques (unités M). On peut employer toute autre unité. 19/J6 ACADÉMIE DES SCIENCES. Appliquons ces données à un exemple : MM. Regaud et Nogier, au cours de leurs remarquables travaux sur les rayons filtrés et non filtrés, ont observé que i4 H incidents de rayons n°7-8 filtrés par4mm d'Al donnent à peu près la même réaction cutanée que 5 H du n°6 non filtré. Or, le coefficient d'efficacité du premier de ces rayon- nements est, à l'abordage, de 0,018 et celui du second de 0,037 environ; la dose efficace dans le deuxième cas est de 5 x 0,057 = 0,285, et dans le premier cas de 14 X 0,018 = o,25o, nombres sensiblement égaux. Toutes mes expériences personnelles, qu'il s'agisse de rayons filtrés ou non filtrés, tendent à établir, jusqu'ici tout au moins, que, à dose absorbée égale, les effets des rayons X de qualités variées sont égaux. GÉOLOGIE. — La découverte du Trias et du Jurassique dans les montagnes de Kopaïs (Grèce moyenne). ÎNote de M. Cari. Rexz, présentée par M. H. Douvillé. Les calcaires, les schistes et les serpentines composant les montagnes au nord et à l'est de Kopaïs étaient rapportés jusqu'à présent sans excep-' tion par M. Bittner (M au Crétacé. L'auteur, qui vient d'analyser ces dépôts, y a distingué le Trias, le Jurassique et le Crétacé. La route de Larymna par la baie de Skroponeri au monastère de Hagia Pelagia (Monts Ptoon) donne une coupe et une idée très claire de la série sédimentaire. Les formations du Trias, du Jurassique et du Crétacé com- prennent les termes suivants : Le Trias est représenté par des dolomies claires ou blanchâtres, ren- fermant à leur partie supérieure des Gyroporelles et des Mégalodontes. Ces dolomies, formant les montagnes au sud et au sud-ouest de Larymna, sont surmontées en concordance par un système complexe et très puissant de calcaires noirs ou gris foncés, très pauvres en fossiles. Au niveau infé- rieur de ces calcaires il existe des Mégalodontes. Dans les horizons plus élevés apparaissent des Spongiomorphides, c'est-à-dire Cladocoropsis mira- bilis Félix. Ce fossile était connu jusqu'à présent en Dalmatie dans des calcaires suprajurassiques, mais prétithoniques. La différence d'altitude entre le niveau à Megalodon et les couches à Cladocoropsis mirabilis est dans cette coupe, à peine inférieure à 3oo"'-4oom. Les calcaires à Cladoco- (') Denkschr. Akad. Wiss., Wien, 1880, Bd. 40. SÉANCE DU 23 JUIN I()l3. 1947 ropsis helléniques ont donc le même âge que les couches à faciès iden- tique de Dalmatie, c'est-à-dire qu'ils appartiendraient au Jurassique supérieur. Les calcaires noirs à Megaloclon de cette coupe sont situés sur la crête au nord-ouest de la baie de Skroponeri, tandis que les calcaires suprajuras- siques à Cladocoropsis mirabilis contournent cette baie du Sud au Sud-Ouest. Entre cette niasse de calcaires foncés et les calcaires gris à Rudistes (Hip- purites, Badiolites, Biradiolites) dans les environs du monastère de Hagia Pelagia affleure le groupe des silex et des serpentines. Cette série sédimen- taire se continue vers l'Ouest. Les calcaires suprajurassiques à Cladocoropsis mirabilis furent rencontrés par exemple à l'est-nord-est du village Pavlu, et les calcaires noirs à Megalodon au sud-ouest du village Martini. La même série de calcaires foncés montre en outre un grand développement dans les montagnes des Lykovuni et de Ktypa (Messapus), surmontée à l'Ouest également par le système complexe de serpentines et de silex. La même disposition des couches s'observe aux monts Chlomos. Le massif de Chlomos consiste en dolomies blanchâtres, surmontées sur les pentes méridionales de la chaîne des monts Chlomos, vers la vallée longi- tudinale d'Exarchos, par des calcaires noirs à Mégalodontes, en lianes épais. A la partie supérieure de la masse des calcaires foncés s'observent, au bord septentrional de la vallée d'Exarchos, les calcaires suprajurassiques à Cladocoropsis mirabilis. La vallée d'Exarchos est remplie de couches plus élevées, siliceuses en connexion avec des serpentines, qui représentent le soubassement des calcaires à Rudistes du versant opposé de la vallée d'Exarchos. Les calcaires noirs à Megalodon sont vraisemblablement supratriasiques, peut-être aussi infraliasiques. Le mauvais état de conservation des Méga- lodontes ne permet pas une détermination exacte. Un autre gisement de calcaires noirs à Megalodon se trouve dans la gorge à l'ouest d'Agnaudi, c'est-à-dire dans les montagnes de Karya (Spartias) et de Golemi. Les calcaires à Cladocoropsis mirabilis furent rencontrés également dans ces montagnes, par exemple à l'est de Karya, entre ce village et Guvali et au nord de Golemi. Ils paraissent de même dans les monts Saromata, comme entre Rraulo et Glunista et entre Dernitza et Rudonitza. J'ai reconnu les mêmes calcaires à Cladocoropsis mirabilis Félix, il y a 2 ans, dans les monts Oeta (Xerovunihorst). M. Félix, l'auteur qui a C. R., i9i3., 1" Semestre. (T. 156, N° 25.) ^9 ig4B ACADÉMIE DES SCIENCES. créé cette espèce, a eu l'obligeance de comparer mes échantillons du mont Oeta avec ses types originaux de Dalmatie. Tous les affleurements mentionnés sont situés au nord du fossé de Kopaïs. Dans les montagnes au sud du fossé de Kopaïs se trouvent de même des calcaires suprajurassiques à Polypiers, c'est-à-dire les calcaires tithoniques de la crête culminante de Vardussia et du massif de Parnasse (Likeri). Ces calcaires gris contiennent en outre Sphœractinia diceralina Steinmann, EUipsactinia ellipsoidea Steinmann et des Gastropodes, comme des Nérinées et Actyeonines. Les mêmes calcaires tithoniques à Gastropodes, c'est-à-dire à Nérinées et à Actœonines (Actœonina acuta Orb.) constituent les calcaires culminants de Kiona. Il s'ensuit que des calcaires suprajurassiques sont très répandus dans les montagnes de la Grèce moyenne, centrale et orientale. Le développe- ment du faciès de Dalmatie se rencontre donc à l'est de la Grèce; celui du Jurassique de la zone ionienne remonte vers l'Italie. Dans l'Argolide le Lias possède le faciès ionien, les horizons jurassiques plus élevés présentant le faciès jurassique de la Grèce orientale. PHYSIQUE DU GLOBE. — La vitesse des glaciers en hiver et V inanité de la théorie thermique de leur progression. Note de M. ,1. Vallot, présentée par le Prince Roland Bonaparte. La vitesse annuelle de progression des glaciers a fait l'objet de nombreuses études ; mais le rapport entre la vitesse d'été et la vitesse d'hiver est totale- ment inconnu, les expériences qui ont été faites ayant été toutes viciées par des erreurs de technique. La plupart du temps, on s'est contenté de suivre et de mesurer la marche d'un bloc erratique pendant une longue période; mais j'ai démontré que les changements de pente rencontrés par le bloc dans son excursion produisent des changements de vitesse correspondants qu'on a pris pour l'influence des saisons. Le seul procédé légitime consiste à mesurer successivement pendant l'été, et ensuite pendant l'hiver, la vitesse de la même région du glacier, en ayant soin de rétablir les jalons rigoureusement sur la même ligne. Ce procédé a été employé par Tyndall, il y a cinquante ans ; mais son expérience a été viciée par celte circonstance que les deux mesures ont été faites à plusieurs années d'intervalle, au cours de la décroissance rapide du glacier. Or j'ai démontré que la vitesse varie avec les crues et que chaque diminution de im dans le niveau de la Mer de Glace amène une diminution de 2cm par jour dans la vitesse, de sorte que les expé- riences de Tyndall ne sont pas comparables entre elles. séance du 23 juin igi3. 1949 J'ai entrepris de nouvelles mesures, pour lesquelles je me suis efforcé d'éviter les causes d'erreurs qui affectaient les expériences de mes devan- ciers. En été 1912, j'ai établi en travers de la Mer de Glace, au Montanvert, une ligne droite formée d'une vingtaine de pierres numérotées, distantes entre elles de 2om environ. Ces repères mobiles ont été alignés au théodolite, et leurs dislances ont été chaînées. La ligne avait une longueur de 35om et occupait la partie médiane du glacier, partie dont les divers points ont des vitesses peu différentes. L'expérience a duré du 6 août au 7 septembre, soit 32 jours, au bout desquels de nouvelles mesures ont permis de connaître l'espace parcouru par chacun des repères mobiles. L'expérience a été reprise au cours de la saison froide qui a suivi immédiatement. Une ligne de piquets en bambous plantés dans la neige a été établie rigoureusement au même point le 29 décembre 1912. La position des repères mobiles a été mesurée le même jour et les mesures ont été reprises le 4 février, 37 jours après. Le Tableau suivant donne la position des repères mobiles au commencement de chaque expérience et la vitesse de chacun d'eux en centimètres par jour. Les deux séries de repère étaient indépendantes, car les premiers étaient couverts de neige lorsque les seconds ont été établis. Eté. Hiver. Été. Hiver. Vitesse Vitesse Vitesse Vitesse )istance en centi- Distance en centi- Distance en centi- Distance en centi- à la mètres à la mètres à la mètres à la mi 1 res station. par jour. station. par jour. station. par jour. station. par jour, 190 21,2 193 2 1,5 397 25,2 382 25,3 210 21,7 212 22 ,3 4" 27,2 402 26,8 232 22,3 23o 2 2,5 43. 25,7 4«9 24,8 253 23,3 25l 23,3 45 1 25,3 439 26,2 273 22,7 268 23,5 47' 24,6 J58 24,3 294 23,6 287 24,0 482 25,9 478 24,4 3i5 24,3 307 24,0 DOO >.:,, 1 497 24,5 335 24,7 32.5 24,5 S.g 26,4 5i4 24,5 356 20, 1 345 24,9 539 28,4 534 25,3 376 25,0 363 25,5 Moyenne.... 24,6 Moyenne. 24,3 La moyenne donne 24,6 pour l'été et 24,3 pour l'hiver, en centimètres de vitesse par jour. L'erreur à craindre étant de icm, la concordance est remarquable. Le détail des chiffres montre qu'il ne s'agit pas d'un hasard de moyennes, mais bien de chiffres semblables sur tous les points de la lig-ne. On peut dire que la vitesse du glacier n'est pas sensiblement diffé- rente en été et en hiver. Depuis trois siècles (Scheuchzer, 1708) le sujet est à l'étude et les glacio- logues sont divisés sur la question de savoir si le glacier descend sur la iq5o ACADÉMIE DES SCIENCES. pente uniquement par son poids ou s'il progresse par dégel, avec introduc- tion d'eau suivie de regel dans ses fissures. Mes expériences à la Mer de Glace ont établi divers caractères qui assimilent le glacier à un fleuve cou- lant dans son lit : le glacier coule parallèlement à ses rives et non en éven- tail; la vitesse de chaque point varie en raison de la pente; la vitesse augmente avec les crues, etc. D'un autre côté, Forel et Hagenbach ont établi que l'existence des fissures capillaires était limitée à l'écorce du glacier et que la masse était imperméable. J'ai signalé le même fait dans le tunnel du sommet du mont Blanc. J'ai démontré que la partie du glacier couverte de moraines progresse avec la même rapidité que la partie découverte, bien que beaucoup moins échauffée. J'ai démontré aussi que les glaciers supérieurs, qui pourtant ont un mouvement très caractérisé, ne peuvent pas avoir des alternatives de dégel et regel, puisque la variation diurne ne pénètre pas à plus de im de profondeur et que plus bas le glacier demeure au-dessous de zéro. J'ai fait voir ensuite que la variation annuelle ne pénètre pas au delà de 6m à 7™ de profondeur, et que la masse des glaciers de grande altitude se trouve à des températures uniformes trop basses (jusqu'à — i3° et — 15°) poj.ir laisser supposer l'introduction de l'eau, même s'il existait des fissures capillaires. Un seul indice de l'action de la chaleur restait encore, c'était l'augmen- tation de la vitesse en été. D'après les chiffres donnés ci-dessus, il parait devenu certain que cette augmentation de vitesse n'existe pas. Toutes les objections sont tombées une à une. La théorie thermique s'écroule et parait définitivement ruinée. Aucune variation calorifique, soit diurne, soit annuelle, ne peut pénétrer la masse interne du glacier, et celui-ci peut être considéré comme un fleuve qui s'écoule dans son lit sous la seule influence de la pesanteur. M. Rarbieri adresse une Note intitulée : Élude anatomique sur la termi- naison rétinienne du nerf optique dans la série des Vertébrés. (Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.) A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures trois quarts. Ph. v. T. ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 JUIN 1915. PRÉSIDENCE DE M. P. APPELL. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de plusieurs diphénylpentanes et des dicycloheccylpentan.es correspondants. Note de MM. Paul Sabatier et M. Mur at. Dans plusieurs Notes antérieures ('.), nous avons indiqué qu'on peut facilement transformer, par hydrogénation directe sur le nickel, les divers carbures diphényliques issus de l'éthane, du propane et des butanes en carbures dicyclohexyliques correspondants. Pour réaliser une généralisation plus complète de la méthode, nous avons voulu l'appliquer à quelques diphénylpentanes . La théorie permet de prévoir l'existence de 18 hydrocarbures diphèny- liques issus du pentane ou de ses isomères, savoir : g issus du pentane normal, 7 du méthylbutane et 2 du dimêlhylpropane quaternaire. Parmi ces 18 hydrocarbures, nous en avons préparé trois, l'un, le diphènylpen- lane-i.5, issu du pentane normal, les deux autres provenant du méthyl-o.- bulane. Tous les trois ont été transformés, par hydrogénation directe sur le nickel, en carbures dicyclohexyliques correspondants. I. Dicyclohexylpenlane-i.5. — Nous avons pris, comme point de départ de la synthèse, la diphényl-i .5-pentanone-3, C^P.CH^CH-.CO.CIKCtP.CHP, (') Paix Sabatier et M. Murât, Comptes rendus, t. 1.%, 1912, p. 1771 ; t. 15o, 1912, p. 385, et t. 156, 191 3, p. i43o. C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 230 ig52 ACADÉMIE DES SCIENCES. qui est facilement préparée en catalysant, sur la thorine ou sur l'oxyde ferreux, X acide hydrocinnamique CC'H5.CH2. CH-. C02H. Cette acétone, soumise à l'hydrogénation vers i8o°au contact d'un nickel affaibli inca- pable d'hydrogéner le benzène, est totalement changée en diphénylpen- tane- 1 . 5 CcH3.CH2.CH-.GH2.CH2.CH2.CrII\ C'est un liquide incolore, doué d'une belle fluorescence, qui bout à 324° (corr.). Nous avons trouvé d\ = 0,9924, età 190, ^'' = 0,9814 et rd=i,5 59; on en déduit RD= 73,72 (calculé 73,77). Cet hydrocarbure, hydrogéné vers 1600 sur un nickel très actif, est tota- lement transformé en dicyclohexylpentane-i .5 C6H" . CH!. CHS . CH2 . CH2 . CH2 . C,; II" , liquide incolore non fluorescent, qui est inattaqué à froid par le mélange sulfonitrique. Il bout à 3ii°(corr.). Nous avons trouvé da0 = o,8832, et à 2i°, d'~0' = 0,871901 rcD= 1,479; d'où l'on déduit RD= 76,6 (calculé 76,1 4). II. Dicyc]ohexyl-[\.[\-mèlhyl-i-butan<>. — Nous avons fait réagir l'éther îuélhylique de V acide isovaMrique (CrP^.CH.CIP.CCP.CH3 sur le bro- mure de phénylmagnésium. On est ainsi conduit au diphënylmëthylbulanol (CH3)2CH.CH2.COH(GrH5)2, que la distillation sous pression ordinaire déshydrate totalement en diphènyl-!\ . [\-mèthyl- 1 -butêne-3 (CH3)SCH.GH = C.(G6H5)S. Ce dernier, ainsi préparé avec un bon rendement, se présente sous la forme d'un liquide jaunâtre qui bout à 298°-299° (corr.). Nous avons trouvé, à 210, d^' = 0,9792 et /?„ = 1 ,58 1 ; d'où l'on déduit RD=74?3 (cal- culé 73,7). Cet hydrocarbure, hydrogéné vers 1800 sur un nickel peu actif, fournil exclusivement le diphènyl-L\.l\-inèlhyl-i-butane (CM:i)2GH.CH2.ClI.(C6H»)2, liquide incolore un peu fluorescent, qui bout à 2970 (corr.). Nous avons trouvé d\ = 0,9756 et, à 21", d'ul = 0,09641 et raD= i,55i ; d'où l'on déduit RD= 73,9 (calculé 73,8). Par hydrogénation à i6o°-i65° sur un nickel très actif, il est transformé SÉANCE DU 3o juin 191 3. 1953 complètement en hydrocarbure inattaqué à froid par le mélange sulfo- nitrique; c'est le dicycloliexyi-\. \-mèlhyl-i-butane (CH3)Ï.CH.CH2.CH(CMI11)!!, liquide incolore, dépourvu de fluorescence, qui bout à 2f)0"-2<)i° (corr.). Nous avons trouvé d\ = 0,9008 et, à 210, d\K = 0,8940, avec /in= 1,489 : on en déduit RI(= 76,28 (calculé 76,14). 111. Dicyclohe.vyl-i.3-éthyl-'2-propane. — Nous avons fait réagir sur l'iodure d'étliylmagnésium, la diphénylpropanone C6Hs.CHs.CO.CH2.C6H5, à laquelle on arrive facilement par catalyse de l'acide phénylacétique sur l'oxyde ferreux ; nous avons ainsi préparé le dibenzyléthylcarbînol C6H5.CH2.COH.CH2.C6H», C2ll3 cpue la distillation sous pression ordinaire déshydrate immédiatement en diphènyl- 1 . 3 -élhyl- 1 -propêne- 1 C6H5.CH = C.CH2.CCII5, CaH* hydrocarbure qui bout à 3o6°-3o7° (corr.). Nous avons trouvé, à 210. d\{ = t,oi59, avec «D= 1,589, d'où l'on tire RD= 73,6) (calculé 73,7). Par hydrogénation à 23o° sur un nickel affaibli, incapable d'hydro- géner le benzène, il fournit le diphényl-ï.Z-étkyl-i-propane C6H5.CH2.CH.CH2.C6H5. C2HS C'est un liquide incolore, dont la lluorescence surpasse celle du précé- dent, mais est moindre que celle du diphénylpenlane-i.5. Il bout à 3o4°- 3o5° (corr.). Nous avons trouvé d"a = 0,9855 et, à 210, c?*' = 0,9736 et«D= i,553; d'où l'on déduit RD= 74*0 (calculé 73,7). Soumis à l'hydrogénation directe sur un nickel très actif, au-dessous de 1800, il se change intégralement en diçyclohexyl-i.3-éthyl-2-propane C6H".CH2.CH.CH2.C6H11, CH2 CH3 1954 ACADÉMIE DES SCIENCES. liquide incolore non fluorescent, qui n'est pas attaqué à froid par le réactif sulfonitrique. 11 bout à 2960 (corr.). Nous avons trouvé da0 = 0,8966 et, à 2i°, d~0' = 0,8846, avec nh = 1 ,843, ce qui conduit à RD= 76,23 (calculé 76,14). IV. Aucun des hydrocarbures qui précèdent n'avait jusqu'à présent été décrit. Il y a quelque intérêt à comparer les constantes physiques des divers carbures diphènyliques normaux, c'est-à-dire à chaîne droite et à deux substi- tutions terminales : Points Points de fusion. d'ébullition. o o Diphényle 70,5 254 Diphénylmélhane 27 262 Diphénylélhane-i .2 52,5 284 Diphénylpropane-i .3 < o 3oo Diphénylbutane-i .4 52 3(7 Diphénylpentane-i .5 < O 324 On remarque que les points de fusion sont plus élevés pour les hydro- carbures qui contiennent une chaîne forménique à nombre pair d'atomes de carbone, et ce fait mérite d'être rapproché de la relation analogue que fournissent les acides forméniques à chaîne normale, où un nombre pair d'atomes de carbone procure également des points de fusion plus élevés. Il convient aussi de signaler que tous les carbures diphènyliques sont fluorescents et que cette propriété appartient surtout à ceux que nous avons appelés normaux, possédant une chaîne forménique droite avec une substitution phénylique à chaque extrémité. Les carbures dicyclohexyliques ne sont pas fluorescents. CHIMIE MINÉRALE. — Hydrates de l'anhydride uranique et chaleur de formation de l'azotate d'uranyle. Note de M. de Forcrand. Gomme suite à mes recherches sur la déshydratation et la décomposition des hydrates du nitrate d'uranyle, je me suis proposé de déterminer la chaleur de formation du nitrate d'uranyle anhydre. Le problème nécessitait la connaissance de la chaleur d'oxydation de l'uranium, de la chaleur de formation des hydrates de l'acide uranique, et SÉANCE DU 3o JUIN I(}l3. 1955 de la chaleur de neutralisation de cet acide et de ses hydrates par l'acide azotique. Cette étude a été facilitée par ce fait qu'au moment où je l'entreprenais, M. W.-G. Mixter (') a publié les données utiles relatives à l'oxydation de l'uranium, savoir : 3U +402=U:i08+845Cal,3 3U024- 02=^U308-t- 7oCal,3 (soil + 37Cal,65 pour O). On en tire très facilement 3 U + 0B = 3 UO2 -t- 769e"1, 9 et U-4-0-'= U02+256Ca,,6 (soit +i28Cal,3 pour O). En réalité le nombre -+- 37e"1, 65 représente le passage de UO2 à U308; mais les deux oxydes U308 et UO3 sont si voisins qu'on peut, sans crainte d'erreur notable, adopter la même valeur pour le passage de UO2 à UO3, et écrire : UO2 + O = UO3 4- 37c-i, 65 ( 2 ). Ce résultat étant acquis, je me suis occupé de l'anhydride uranique et de ses hydrates. Si l'on ne craignait pas la polymérisation à haute température, le meilleur moyen d'obtenir UO3 serait le chauffage du nitrate d'uranylc (déjà partiellement déshydratée froid), jusqu'à poids constant, à 55o°-6oo°, dans un courant d'oxygène sec. Mais on obtient alors un produit fondu, rouge foncé, qui représente évidemment un état polymérisé inconnu. On peut arriver au même résultat, au point de vue de la pureté du pro- duit, en chauffant seulement à 2o,o0-3oo0, et évitant toute fusion par un chauffage progressif très lent. Il faut aussi prolonger l'expérience beaucoup plus longtemps. Dans ces conditions le résidu est bien encore UO1, ne retenant que des traces insignifiantes des composés nitriques. Il forme (') Z. anorg. Chem., t. LXXVIII, novembre 1912. (2) Ce nombre est pratiquement le même que celui que donne le cuivre en se trans- formant en CuO (37Cal, 16). Il est relativement faible et explique bien la réduction facile de UO3 en UO2 par l'hydrogène. Au contraire le nombre h- 128,3 est très élevé, voisin de celui que fournit l'oxy- dation du baryum. C'est pourquoi UO2 a été considéré, au début comme un corps simple. En fait, il joue à peu près le même rôle que Cu. 1936 ACADÉMIE DES SCIENCES. alors une poudre jaune (à peine orangé) présentant bien l'aspect indiqué par M. Lebeau, et vraisemblablement moins condensé que le produit pré- cédent. Mais cet anbydride est extrêmement bygroscopique. Il faut donc prendre, à partir de ce moment, les précautions les plus minutieuses pour le sous- traire à l'action de l'air bumide. Pour préparer les deux bydrates qui ont été décrits UO3, H-0 et U03,aHsO j'ai employé divers procédés. Le plus simple consiste à abandonner l'anhydride en poudre à l'action de l'air humide. La première molécule d'eau se fixe très vite. On obtient le dihydrate au bout de quelques jours à la température ordinaire. J'ai employé aussi la méthode de M. Lebeau : action d'un excès d'eau froide sur l'anhydride. C'est encore le dihydrate qui se forme finalement. Enfin, j'ai eu recours au procédé donné par M. Mailhe ('): action de CU(OH)2, ou hydrate bleu du ciel de Péligot, sur une dissolution d'azotate d'uranyle. C'est encore le dihydrate que l'on prépare ainsi. C'est une poudre jaune clair. Il a été plusieurs fois décrit, notamment par M. Iviban (2). Pour avoir l'acide uranique normal, UO',H20, on doit déshydrater partiellement le dihydrate. On peut le faire le plus commodément en le chauffant à 8o° jusqu'à poids constant dans un courant d'air sec, ce qui demande 2 ou 3 heures. J'ai alors dissous séparément ces l^ois substances: UO3, U03-hH*0 et UO'+ 'jIPO dans la quantité d'acide azotique (étendu) nécessaire pour obtenir l'azotate d'uranyle dissous ( 3). J'ai obtenu ainsi, vers 180 : Différences. Cal. UO3 anhydre, préparé vers 290°-3oo° +19,803 ) r Q^„ U03,lt-0 +i4,S46(l)j "' U03,2H20 +i25375 { 2'47' (') Thèse de doctorat es sciences, Toulouse, 1902, p. 60. (-) Comptes rendus, t. 93, 1881, p. n4o. (3) En réalité, surtout pour l'oxyde anhydre, il est nécessaire, pour avoir une dissolution complète en quelques minutes, d'employer une dose d'acide double; mais on en a tenu compte en dissolvant ensuite comparativement le nitrate d'uranyle dans l'eau et dans un excès d'acide. ( ' ) M. Aloy ( Thèse de doctorat es sciences, Toulouse, 1 901, p. 36) a donné 4- S'-'1, 40, séance du 3o juin igi3. 1957 Tout de suite on peut en conclure que la première molécule d'eau liquide fixée dégage + 4Cal,957, soit pour l'eau solide, + 3Ca,,527; et la seconde, _l_ 2Ca,,/J7i, soit pour l'eau solide, -+- iCal,o4i . L'acide uranique U03,tLO est donc un hydrate assez stable, dont le point d'ébullition serait 220°C. environ; en fait, j'ai expliqué plus haut qu'il résiste à 8o°. Le dihydrate, au contraire, bout à -+-i35°, et doit s'ef'lleurir assez vite à 8o°. Il perd même une molécule d'eau (mais assez lentement) sous cloche sulfurique. On peut encore déduire de ces nombres : ,.,,, . __ ... ( N206U02 solide 4-67^1,35 l O-sol. -+- U" gaz 4- N2 gaz \ .„...,„, ,. ' . ., ( N-O1 I O- dissous -l- 86lal, 20 Ces données achèvent de fixer la place de UO2, considéré comme métal, parmi les métaux voisins. Ces valeurs sont plus faibles que celles fournies par des métaux plus oxydables telsquelemanganèse(-f-i33,77 et 4- 146,70), et même le nickel ( -H 100,12 et + 1 1 1 ,94); elles se rapprochent de celles que donnent le cuivre, 4- 71,49 et + 81,96. Enfin, ces résultats permettent de préciser ce qui se passe lorsqu'on chauffe le dihydrate de nitrate d'uranyle. En effet, il permettent de cal- culer immédiatement : N206.UO:!sol. = N203gaz + UO:iso].— 3oCal,6o, U03sol. + rPOgaz = UOvH-sol. 4- i4CaI,6a. D'autre part, mes recherches précédentes conduisent à N206. U02,2HsO sol. = Ns06.UOs sol. + 2H20 gaz — 33^,27, et, en raisonnant par analogie, d'après les expériences de M. Sabatier sur le nitrate basique de cuivre, on pourra admettre que l'union de UO'H2 avec le nitrate d'uranyle dégage 4- 4Ca\o3. Dès lors, on peut comparer les deux réactions qui sont possibles lors- qu'on chauffe le dihydrate de nitrate d'uranyle au-dessus de ioo°. Première réaction, simple déshydratation — 33Cal,27. Deuxième réaction, les produits de la déshydratation, soit ÏVO'.UO- et 2H20, fournissent : mais en employant seulement N03H pour UO3, H20, ce qui correspond à 4-i6':al,8o pour aN03H et 2(U03,HsO). La différence 4-iCal,2 sol. = N203 gaz + U03sol — 3o,6o N205gaz + H20gaz=r2N03H gaz +10,80 U03sol.+ H20gaz = UOMPsol +14,62 UO*Hssol. + Nî06UOî = niirate basique + 4,o3 La somme de ces quatre dernières équations donne seulement — iCa,,i5, c'est-à-dire une quantité presque négligeable à côté de — 33Cal,27, et dont on peut à peine répondre. De sorte que les deux réactions envisagées (déshydratation simple et déshydratation accompagnée de décomposition) absorbent à très peu près la même quantité de chaleur, soit — 33Cal et — 3/|Cal. Elles seront donc possibles à la même température limite, en fait ioo° à 125° environ. Dans des cas pareils : azotate d'uranyle, azotate de cuivre, chlorure de magnésium, chlorure de lithium, etc., on ne peut éviter absolument la seconde réaction (décomposition du sel). Il est possible seulement de la retarder et d'en diminuer l'importance soit en balayant rapidement l'eau éliminée par un courant de gaz inerte, soit, mieux encore, en chargeant ce gaz inerte de vapeurs de l'acide produit par la décomposition. L'intelligence complète de ces phénomènes gagne évidemment à la con- naissance des données thermochiiniques correspondantes. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la diminution des chlorures dans Vitrine sécrétée sous pression. Note de MM. R. Lépine et Boulud. L'un de nous a autrefois étudié la sécrétion qui se fait dans un rein soumis à une contre-pression (s'exerçant par l'uretère) de 4ocmï à 5om' d'eau, comparativement à la sécrétion libre de l'autre côté ('). Un des résultats les plus constants de ces expériences était, dans le cas de contre- pression suffisante, la diminution considérable des chlorures du côté com- primé. Ce fait, malgré sa netteté, n'ayant pas été constaté par quelques expérimentateurs, nous avons cru de quelque intérêt de reprendre la question. Une canule étant fixée dans chaque uretère, près de la vessie, et l'écou- lement de l'urine observé pendant une heure ou deux (voir Comptes rendus, (') Lépine et Porteret, Comptes rendus, 9 juillet 1888. séance du 3o juin igi3. 1959 10 mars 1913), nous continuons à laisser couler librement l'urine d'un côté, et nous mettons la canule de l'autre côté en rapport avec un tube rempli d'éther jusqu'à une bauteur dépassant 4ocm. Dès ce moment l'urine de ce côté est sécrétée sous pression, et nous la recueillons pendant 2 heures au moins pour la comparer quantitativement et qualitativement à celle du côté libre. Nos expériences sont au nombre de plus de vingt. Elles diffèrent peu entre elles. En voici une prise au hasard, qui peut servir d'exemple : Chien 2921 B. — Contre-pression de /40e"1', injection à plusieurs reprises d'eau ren- fermant par litre 7* de chlorure de sodium et quelques grammes de glucose, pour favoriser la diurèse; petite saignée pendant le cours de l'expérience qui dure 2 heures. A du sérum — 0,6 NaCl du sérum 6 pour 1000 Urine. Du côté libre. Du coté comprimé. A — 0,9 — 1,03 Pour 1000 eau : Urée 6,6 10, "> Sucre 1.4 39 NaCl 8,4 6,4 Quantités absolues calculées pour 1 heure. Valeurs . delà dernière colonne. celles de la première - 100. Eau 83 3o 36 Urée o,547 o,3 1 5 57 Sucre 2 1,167 55 NaCl 0,697 0,192 27 Dans toutes nos expériences l'eau est toujours moins abondante du côté comprimé; mais souvent la différence n'est pas si forte qu'ici, où, du coté comprimé, l'eau n'atteint que 36 pour 100 du côté libre. L'urée est toujours moins diminuée que l'eau. Le sucre est ici 55 pour 100. Il a été sécrété presque aussi bien que l'urée. Quaud on en injecte beaucoup et qu'en conséquence sa proportion est forte dans le sang, il est très souvent mieux sécrété que l'urée. Quant aux chlorures (ici 27 pour 100), ils sont toujours, par rapport au côté libre, à un chiffre beaucoup plus bas que l'urée et que l'eau. Il serait intéressant de savoir si cette diminution considérable des chlo- C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N» 26.) 25 I i960 ACADÉMIE DES SCIENCES. rures du côté comprimé tient uniquement à ce qu'ils passent de ce côté moins bien que du côté sain, ou si elle est due, pour une part, à ce qu'ils sont mieux résorbés. Le problème, au premier abord, parait insoluble. On peut cependant l'aborder et lui donner même une solution probable si l'on veut bien, provisoirement, admettre quelques propositions que Frey s'est attaché à démontrer (Pjluegers Atvki?, t. CXII, CXX, CXXIX) et que je résume de la manière suivante, en modifiant la première : i° Tant que l'eau et NaCl ne sont pas en forte proportion dans le sang ('), loute l'eau et tout le NaCl de l'urine sortent exclusivement du sang par transsudation glo- mérulaire ; 20 Le transsudat glomérulaire a sensiblement la même concentration moléculaire que le plasma (et que le sérum) ; 3° Le volume du transsudat glomérulaire, et celui de l'urine qui, pendant le même temps, coule par l'uretère, sont inversement proportionnels à leur concentration. Si l'on accepte ces propositions dont quelques-unes, je le reconnais, pourraient être discutées à certains égards, il suffit, pour connaître la quan- tité de NaCl transsudé par le glomérule, de savoir en quelle proportion ce sel se trouve dans le sérum sanguin pendant l'expérience (le dosage nous donne ce chiffre), et quel est le volume du transsudat glomérulaire pendant un temps déterminé. En vertu de la proposition 3°, ce volume nous sera donné par l'équation suivante : volume du transsudat glomérulaire A de l'urine volume du l'urine de l'uretère A du sérum Introduisons les valeurs numériques de l'expérience précédente; appelons x le transsudat du côté libre et x' celui du côté comprimé, nous avons d'où l'on tire En multipliant x et x' par la teneur du sérum en NaCl, que nous savons être dans ce cas 6g pour 1000, nous obtenons les quantités y et y' de NaCl transsudé du côté libre et du côté comprimé J = o,747> /=o,3i. (') Frey ne lait pas cette restriction; mais les travaux de Schlayer paraissent la rendre nécessaire. x —0,9 S3 — —0,6' x' — 1 ,o5 3o — 0,6 X — I24cml,5, X: = 52cm\5. SÉANCE DU 3o JUIN I<)l3. I961 Si l'on soustrait de ces chiffres ceux de NaCI trouvés dans l'urine, à savoir 0,697 pour le côté libre et o, 192 pour le côté comprimé, on a pour NaCI résorbé : Du côté libre. Du côté comprimé. 0,OJ 0,12 Relativement à la quantité de NaCI transsudé, l'écart est encore plus consi- dérable; car, du côté libre, G, G pour 100 seulement a été résorbé, tandis que du côté comprimé il en est résorbé '{9 pour 100. En résumé, la diminution considérable des chlorures dans l'urine dû côté comprimé résulte à la fois de ce qu'ils transsudent en moindre quan- tité, et de ce qu'ils sont mieux résorbés ( ' >. En terminant, nous ferons remarquer que lorsque l'écoulement est libre des deux côtés, malgré les différences de volume et de composition que ces deux urines peuvent présenter et que nous avons signalées dans notre der- nière Note {Comptes rendus, 10 mars 191V), la résorption des chlorures, appréciée par la méthode que nous venons d'employer, est sensiblement la même des deux côtés. PRÉSENTATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste de deux candidats, qui sera présentée à M. le Ministre de l'Instruction publique, pour le Cours complémentaire d'Etudes coloniales : Protislologie* pathologique, créé au Collège de France par Décret du 28 mars 1913. Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de première ligne, le nombre de votants étant 42, M. Nattan-Larrier obtient 4* suffrages M. Tanon » 1 suffrage Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de seconde ligne, le nombre de votants étant 36, M. Tanon réunit l'unanimité des suffrages. (') L'eau, dans cette expérience, a été absolument résorbée en quantité moindre que du côté libre. En effet, 02, 5 — 3o = 22,5, qui est < que 124 ,5 — SS^/J'i^i mais, relativement au côté libre, elle l'a été en quantité plus grande; car 22,5 font 43 pour 100 de 02,5, volume transsudé du côté comprimé, tandis que [\i ,o ne font que 33 pour 100 de 12^, 5, volume transsudé du côté libre. 1962 ACADÉMIE DES SCIENCES. En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction publique comprendra : En première ligne M. IVattan-Larrier. En seconde ligne M. Tanon. CORRESPONDANCE. M. P. Pascal adresse un Rapport relatif à l'emploi qu'il a fait et des expériences qu'il a exécutées à l'aide delà subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bonaparte, en 191 2. MM. Custave A.vdré et Albert Quiquet adressent des remerciments pour les distinctions que l'Académie a accordées à leurs travaux. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i° Notices sur les ports des Lèques, du Flrusq, de la Coudourière, du Mou ni/on, du Niel, du Lavandou et de Cavalaire, par MM. Cottalorda, Moreau et Chauve. Notices complémentaires sur les ports de Sanary, Toulon, Saint- Tropez, Sainte-Maxime et Saint- Raphaël ; modifications survenues de 1893 à 191 1, par MM. Cottalorda, Moreau, Chauve, Cassier, Mathieu. (Envoi du Ministère des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes.) 20 CommissÀo geographica e geologica do Estado de S. Paulo. Explo- raçào do Rio Grande e de sens afjluentes. ASTRONOMIE. — Sur la réfraction astronomique sous un angle quelconque. Note de M. Arnaud, présentée par M. Bigourdan. Dans un Mémoire antérieur ('), nous avons obtenu, pour déterminer la valeur de la réfraction astronomique, la formule ' — 7o / (1— -cot'V — ) dx, (') Comptes rendus. 28 septembre 1912. séance du 3o juin io,i3. 196.3 où la valeur de L est donnée par la relation L = 9>cotV( i / 1 -+- — tang'V — 1 ), qui peut se transformer en celle-ci : . _ in tangV v/- 2V-, — tant;- \ <] et nous avons résolu le problème de l'intégration pour le cas particulier où V = -, c'est-à-dire pour la réfraction horizontale. En poursuivant le problème de l'intégration pour le cas général où V est quelconque, nous obtenons aujourd hui les conclusions suivantes : En se limitant, pour la réfraction pratique, à la précision de o", 1, ou de 0,001 de sa valeur, on peut distinguer dans le ciel quatre régions : Évaluant T ff = / tang V — accompagnée de y • tang3 V — '■ <-o"ç, 34<7i I Mi ~ 1 56,8 — 1 b _ _P_, U = 27a -t- / 5o 280 La correction =r-, n'est plus complètement exacte, et il y aura avantage à construire pour chaque observatoire une Table des réfractions moyennes basée sur les condi- tions atmosphériques moyennes du lieu. La formule ci-dessus peut d'ailleurs être remplacée par une autre, à peu près équi- valente, U2 1964 ACADÉMIE DES SCIENCES s peut d'ailleurs être remplai a = /. tarie V — — Une3 \ ( 0,2 —. >. 0 Troisième région : 76°.'/. lang V o- - 1 + y 1 -+- 2 p. T <^ 'ang*\ b tangV fx =-. io~6 et 'li = 10 U2 17 Chaque Observatoire ayant sa Table spéciale de réfractions moyennes construite d'après la formule ci-dessus, les corrections, pour des circonstances atmosphériques quelconques, seront obtenues au moyen de Tables ou d'Abaques, pour la construction desquelles on utilisera les Tables de réfractions moyennes des autres Observatoires. , À ... car la correction ^ serait très sensiblement inexacte. A < hutlrième région 8;° < V < 900. Il' faudrait faire entrer dans les formules une variable nouvelle 0, valeur moyenne de ( — -y- )• Les Tables deviendraient ainsi très compliquées et sans utilisation pra- tique, étant donné que les observations sont rendues incertaines par les phénomènes de diffraction. Celte région doit être considérée comme interdite aux observations de précision. La correction yy est, d'ailleurs, de plus en plus inexacte, à mesure qu'on se rap- proche de l'horizon, où il est moins inexact de la remplacer par — • A noter que, pour adapter nos formules à des Observatoires situés à des latitudes très différentes de 45°, il y aurait lieu de modifier légèrement les constantes, soit en ce qui concerne le rayon de courbure de l'ellipse ter- restre, soit en ce qui concerne la constante d'où dépend A : , A =r 180 [J. — , et qui est liée à la valeur de l'intensité locale de la pesanteur. SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1960 ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations intégrales à noyau asymétrique. Note ( ' ) de M. A. Korn, présentée par M. Emile Picard. Supposons, en reprenant les notations d'une Note antérieure {Comptes rendus, 17 juillet 1911), l'existence de deux noyaux k(x,y) et k'(x,y) symétriques et réci- proques par rapport au noyau asymétrique K (x,y) de l'équation intégrale (1) ?(x)-lf o(r)K(,v.y)dr=f(x), •Ai qui satisfont à la condition (2) f f(x)/(x)dx>o, si/( ;v) est une fonction quelconque de x continue dans l'intervalle o = x = 1 , et si nous posons (3) /(*) = /" J\y)k\*,y)dy. Soit (4) k\(x,r)= f k'(x,z)K(z,y)d:.; /,l(x.y)=f k(z, y) K(x, s) dz; alors, on peut démontrer (2), si la condition (5) t,\(.r,y) = /,\(y, .1); *t(a^ y)~ kt(y, M) de la pseudosymétrie est remplie, que tous les pôles /.y (/' = 1, 2, ..., | P., | = | )., | = ... ' de la solution de l'équation (1) par rapport à A sont simples et réels; si la condition (6) / kl(.-v,z)k'l(y,z)dz=f kt(z, x)k\(z. y) de la pseudosymétrie généralisée est remplie, tous les pôles sont simples, mais ils peuvent être complexes. Envisageons maintenant le cas général des pôles multiples et partons au lieu de l'équation (1) de l'équation (7) (p(*)-X/ ) (p = i,2, .... fij; k = o, 1, 2, . ... sjp) satisfaisant à des équations un peu plus compliquées (') qu'au cas des pôles simples. J'ai démontré (loc. cit., p. 1 19) le développement (8) /(aO=2/2P2*C*,'*P-*=J f(as)9Ï?*ir*Wda? 1 1 0 d'une fonction /(.r) quelconque continue dans l'intervalle o<#< 1, pourvu que nous ayons démontré préalablement que cette série converge absolu- ment et uniformément dans l'intervalle, et le développement (2) (loc. cit., p. 126) (9) cK(.r,7) =2'2P2* Typ./. (*')l x~ ?/?.■>,--'• (/) - p ?ip.^f-*-i(y) +• ■ •)> 1 1 0 pourvu que cette série converge absolument et uniformément dans le domaine Supposons, pour éviter d'abord les questions de convergence, que le nombre des pôles Xy soit fini ( = m) et posons (10), ch O, y) =2'3jp2*X~ '-J?J' ' 'r> V*->it-*W- 1 1 0 ( * (#, r) =2'2P2' Wp.*^) l>yp,*0-)] ; 11) / m 71, ,v,f 1 1 0 en désignant par [ — ] le changement de (+ /) en (— /). Alors /t(x,y) représente un noyau satisfaisant à la condition de la pseudosymétrie géné- (') Cf. A. Korn, Ueber freie und erzwungene Schwingungen. Leipzig (éd. B.-G. Teubner), 1910, p. 117. (*) Nous pouvons toujours choisir les fonctions <*,&,*; 9/p,* de manière que les ï ti lé— giiiles Ayp {loc. cit.. p. 117) deviennent égales à 1. SÉANCE DU 3o JUIN ICjl3. 1967 ralisée; je veux démonlrer que si l'on pose (,2) F(x)=f f(y)KÇxry)dy; ( x | (en supprimant pour le moment les indices/p des C), alors on aura (.7) / FJ?(.r)Fj9(.r)d.r < ' + TTTY1 / *'p ( * } *H ( 'r } dx + ■>) H 1 / F'P ( r } F'P ( r ] ''•''• et en conséquence (18) f F(*)F(*)rf* = |'i + ÏI-p-jJj *(./■) *(* )rf* + ^j-p-j / Ffcr)F(*)tf*. En choisissante assez petit, nous pourrons faire | A, | aussi grand que nous voudrons, et nous trouverons ainsi notre proposition démontrée. Elle est importante pour l'application de la méthode des approximations suc- cessives à la théorie des approximations intégrales dont les noyaux sont asymétriques et ne satisfont pas à la condition de la pseudosymélrie géné- ralisée. C. R., iç)i3, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 2D2 1968 ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE. — Sur une nouvelle élude de /'effet Volta, faite à l'aide de la radioactivité induite. Note de MM. Ed. Sarasin et Th. Tommasina. Nous avons déjà communiqué plusieurs résultats des recherches que nous poursuivons depuis quelques années sur toute une série de phéno- mènes qui sont liés par leur origine ou par leurs modifications à celui de la radioactivité induite ('). Nous ne nous arrêterons pas à décrire les diffé- rents appareils et dispositifs et n'indiquerons ici que les changements essen- tiels qui nous ont fourni les faits nouveaux que nous avons l'honneur de signaler à l'Académie. Dans l'électromètre connu d'Elsler el Geilel, la capacité cylindrique creuse, en mêlai noirci, a été remplacée par une simple lige métallique. Une série de tiges de différente longueur el de divers métaux pouvant se remplacer sur rélectromèlre étaient à notre disposition, ainsi que quatre grandes cloclies cylindriques, deux en laiton, une en zinc el une en aluminium, de mêmes dimensions (18e1" île diamètre pour 36cln de hauteur) et de même épaisseur, pouvant aussi se substituer l'une à l'autre sur le pla- teau de l'appareil de mesure. Quant aux écrans-grilles que nous avions déjà utilisés dans nos précédentes expériences, ils ont subi les modifications successives suivantes : écrans cylindriques en toile métallique à mailles depuis 25mra à 2cm, en fer zingué, en laiton et en cuivre; les mêmes, mais fermés en haut, donc des cloches-grilles; enfin des écrans-cloches troués, cylindriques fermés en haut, lous de mêmes dimensions (i2cm d, i8cm h) et de même épaisseur, avec le même nombre de trous circulaires de même diamètre, faits à l'emporle-pièce avec bavures soigneusement limées, en alumi- nium, en zinc et en cuivre. Ces perfectionnements successifs apportés aux appareils dans le but d'éviter toute cause d'erreur altribuable à ce qui n'était pas exclusivement la différence du métal, n'ont fait que confirmer les premières constatations, de façon que nous pouvons désormais les présenter comme absolument sûres. Pour étudier d'autres métaux, au lieu d'en faire de nouvelles cloches, nous avons simplement doublé l'intérieur d'une cloche à l'aide de grandes feuilles mobiles rem- plaçâmes facilement, ce qui nous a permis de constater que l'effet Volta se manifeste sur l'appareil de mesure même, par l'intervention de l'écran-grille qui doit être con- ducteur et relié au sol, ainsi que la cloche constituant l'enceinte close. Voici maintenant les faits nouveaux que nous venons de constater : 1. Quand l'écran cloche-grille, écran troué, séparant complètement le champ de l'électroscope de celui de la cloche-enceinte radioactivée, est du (') Comptes rendus, 28 novembre 1904, 19 août 1907, 2 septembre 1907, 9 juin 1908 et 20 février 1911. SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. ip/>() même métal que la paroi interne de cette dernière et l'état des surfaces absolument identique, la vitesse de la décharge, due à l'ionisation produite par le rayonnement de radioactivité induite, a la même valeur quel que soit le signe de la charge de l'électroscope. On a une seule courbe de désac- tivation si l'on alterne le changement de signe des charges successives. 11 faut faire deux ou mieux trois charges de même signe alternativement, parce que la première donne toujours des résultats irréguliers dus à l'in- tervention du résidu de la charge précédente de signe opposé. 2. Quand l'écran cloche-grille n'est pas du même métal que la paroi interne de la cloche-enceinte radioactivée, en procédant comme ci-dessus on a toujours deux courbes, c'est-à-dire que la valeur de la vitesse de la décharge change suivant le signe de la charge qu'on donne à l'électroscope. a. Si le métal de la paroi interne de la cloche-enceinte activée est du cuivre ou du laiton et celui de l'écran cloche-grille du zinc ou de l'alumi- nium, la vitesse "de la décharge des charges positives de l'électroscope augmente de valeur et celle de la décharge des charges négatives diminue. b. Si le métal de la paroi interne de la cloche-enceinte activée est du zinc ou de l'aluminium et celui de l'écran cloche-grille du cuivre ou du laiton, c'est, au contraire, la vitesse de la décharge des charges négatives de l'électroscope qui augmente et celle de la décharge des charges positives qui diminue. Si l'on considère ces résultats à côté des anciennes séries électrospéci- fiques de Volta, de Seebeck et de Péclet, dans lesquelles, comme on sait, le zinc se trouve à l'extrémité électropositive suivi par Pb, Sn et Cd, qui sont tous des métaux à surface rapidement oxydable, tandis que le cuivre se trouve à l'autre extrémité, celle électronégative, suivi par Pt, Ag et Au, qui sont très lentement oxydables dans les mêmes conditions, on est porté à donner, au sujet de l'explication de Y effet Vo/ta, une importance très grande sinon exclusive à cette modification de la couche conductrice super- ficielle en une couche diélectrique. Mous avons un fait à l'appui d'une telle conclusion, qui est notre ancienne constatation (') que l'effet b, indiqué ci-dessus, a toujours lieu lorsqu'on radioactive un métal recouvert d'une couche de substance isolante et qu'il est d'autant plus marqué que la couche est plus épaisse. (l) Comptes rendus du premier Congrès international pour l'étude de la Radio- graphie et de l' Ionisation à Liège, 1 2- 1 4 septembre 1900, p. 25-36. 1970 ACADÉMIE DES SCIENCES. La série électrospécifique d'Auerbach place l'Ai avant leZn; ce fait est confirmé par les résultats de nos recherches actuelles. Or l'aluminium est un métal dont la couche d'oxyde est [dus isolante que celle des autres métaux, et elle se reforme immédiatement dès qu'on l'enlève. Dans nos expériences il faut un écran pour qu'il y ait dédoublement de la courbe de désactivation; cela semble démontrer que la vitesse de dépla- cement des ions, et probablement aussi des électrons, joue un rôle dans le phénomène que nous avons étudié. Il faut donc que la couche superficielle modifie les vitesses et par son absorption aussi la quantité des ions et des électrons émis. Nous pensons que cette modification intervient également, autant lorsqu'un métal se trouve immergé dans un liquide, dans un gaz ou dans l'air ordinaire, ionisés par une action quelconque, que lorsqu'un champ électrostatique se produit par la simple mise en contact instantané de deux métaux isolés, comme, par exemple, le zinc et le cuivre. Notre hypothèse explique pourquoi deux métaux qui se trouvent aux extrémités opposées de la série de Volta produisent un effet plus sensible que celui d'un quelconque des couples intermédiaires. PHYSIQUE. — Sur les champs magnétiques obtenus avec un électro-aimant (') muni de pièces polaires en ferrocobalt . Note (2) de M. Pierre Weiss, transmise par M. J. Yiolle. L'étude des ferrocobalts, faite sous ma direction par M. A. Preuss (Thèse, Zurich, 1912), a montré que le fer, qui possède 1 1 magnétons par atome, forme avec le cobalt, qui en a 9, un composé défini Fe2Co de 12 magnétons par atome. Si l'on tient comjote de la différence des poids atomiques, de celle des températures de perte du ferromagnétisme et de celle des densités, on trouve que le ferrocobalt a une aimantation à satura- lion de 10 pour 100 supérieure à celle du fer, à la température ordinaire. En attendant que l'industrie fournisse le ferrocobalt, M. de Freudenreich a réalisé par les moyens du laboratoire cette préparation, assez délicate lorsqu'il s'agit d'obtenir des pièces de dimensions notables sans trop de soufflures. Avec les matières premières : fer de Suède et cobalt industriel (') Gel électro-aimant, destiné au Laboratoire de physique du Muséum, a été obli- geamment laissé à notre disposition par M. Jean Becquerel pour la durée de la pré- sente étude. (2) Transmise dans la séance du 28 juin 1913. SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. 1971 à f)8,5 pour 100, nous avons obtenu clans différentes fontes un gain de 9 pour 100 et de 9,7 pour 100, au lieu des 10 pour 100 de l'alliage de com- position exacte. Le lingot qui donnait 9 pour 100 était le plus compact et a servi pour la taille des pierres polaires. Faute de matière suffisante pour les faire tout entière en ferrocobalt, on s'est borné à les munir Ac pointes Aq ferrocobalt comme il est indiqué sur la figure ci-dessous. Les champs obtenus avec ces pièces polaires et avec d'autres, exactement de même forme, en fer de Suède, ont été mesurées au moyen de la méthode d'ascension, modifiée par A. Piccard et dont le caractère principal est la purification du ménisque par déversement. Le liquide employé est l'eau dont le coefficient d'aimantation est actuellement bien connu. L'ascension a dépassé 1 imi". Les mesures ont été faites avec grand soin par MM. Piccard et Fortrat. Champs. Entrefer. Ampères- tours. Fer. ^ surf, front. Ferrocobalt. Puissance. mai mm K s kw 3,O0 2,00 20 OOO 3g 800 41840 0,34 » » 5oooo 43 54o 45790 i,37 » » 1 OO OOO 45780 48020 5,5 » » 200 OOO 47 070 4999° 32 3,0O I ,00 2OOO0O 52 58o 55 1 70 11 Dans tous les cas le gain par le ferrocobalt a été voisin de 5 pour 100. Même le remplacement partiel du fer par le ferrocobalt est aussi efficace que l'augmentation de la puissance dépensée dans le rapport de 1 à l\. La dernière ligne donne la mesure faite dans un entrefer très étroit, juste suffisant pour recevoir le tube à ascension. On voit que la méthode ne cesse pas d'y être applicable. Les mesures des quatre premières lignes se rapportent à un entrefer I972 ACADÉMIE DES SCIENCES. de i4mm3 dans lequel on peut placer une étincelle, une petite flamme ou un milieu absorbant. Dans un espace de omm", 5, suffisant pour loger un grain de radium, on eût obtenu ^Sooo15. L'électro-aimantest bobiné avec iooo tours de tube de cuivre parcouru par un courant d'eau, le métal servant de conducteur électrique. Pour pouvoir faire passer la quantité d'eau nécessaire à la réfrigération, le tube est divisé en 10 sections, en dérivation pour le courant d'eau et en série pour le courant électrique. Le débit d'eau est G1 par minute et réchauffement maximum 5o°. L'eau froide étant amenée dans la première couche de chaque bobine, le noyau reste froid. L'appareil atteint sa température de régime en -i minutes et la garde indéfiniment. PHYSIQUE. — Sur les propriétés optiques de Veau et sa constitution physique. Note de M. C. Chéneveau, présentée par M. E. Bouly. Une hypothèse émise par Rôntgen et développée par MM. J. Duclaux et A. Piccard, pour expliquer les variations de quelques propriétés physiques de l'eau avec la température, attribue à l'eau une constitution physique complexe : l'eau serait, en réalité, formée par l'association ou le mélange de deux* substances différentes, dont l'une serait analogue à la glace; la quantité de glace irait en diminuant, à mesure que croîtrait la tempé- rature. J'ai cherché si celte hypothèse s'accordait avec les variations des pro- priétés optiques de l'eau ('). On peut admettre, d'après M. Piccard, qu'à o° la proportion de glace dans l'eau serait de 29,1 pour 100, tandis qu'à ioo° cette proportion serait réduite à 1 pour 100. L'indice ordinaire de la glace étant très voisin de son indice extra- ordinaire, nous adopterons un indice moyen n de 1,3095 (-'). D'autre part, à o°, la densité de la glace égale 0,9176 (Leduc). Il en résulte que (') L'idée de cette recherche m'a été suggérée par M. Brillouin. (2) Calculé d'après la règle de Tulton, pour le système hexagonal, " — - , dans laquelle n0:=i, 3091, «e=i,3io4 (Pulfrich). Les données numériques utilisées dans celte Noie sont extraites du Recueil de Constantes de la Société française de Physique. /(- — I ou SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. IQ73 le pouvoir réfringent spécifique est — y- = r„ = 0,33^3 (Gladstone) i—, z-j = rn-- = 0,2007 (Lorentz). L'eau, considérée à o° et à ioo°, a les constantes physiques suivantes : 9. D. N. R„. R„>. A o° 0,99987 i,334i o,334i o,2o63 A ioo° o, 9.IS38 1 , 3 182 o,3320 0,2059 Calculons le pouvoir réfringent spécifique, xn ou .r„=, de l'autre substance constituant, avec la glace, l'eau ordinaire, et que Sutherland appelle Vhydrol; on a (') : A o° 0,3328 0,2049 A 1 oo" o,33i9 ° > 2°58 ce qui fait entre ces deux valeurs une différence de — o,3 pour 100 environ pour la loi de Gladstone et de +0,4 pour 100 pour la loi de Lorentz (2), écarts peu éloignés de la limite des erreurs expérimentales. Ces résultats sont en accord avec l'hypothèse ci-dessus énoncée d'après laquelle l'eau serait le mélange en proportion variable avec la température de deux substances de propriétés peu ou point variables avec cet élément. Cette hypothèse suffit à expliquer les variations des constantes optiques de l'eau avec la température. Il y a d'ailleurs lieu de remarquer tout d'abord, bien qu'il s'agisse de la même matière, la différence assez notable (2 pour 100) entre les pouvoirs réfringents des deux substances solide et liquide. Un autre point très important est que l'hypothèse précédente ne modifie pas les propriétés optiques des solutions aqueuses, même en admettant que, pour une température donnée, la proportion de glace diminue avec la quantité de sel dissous dans l'eau (M. J. Duclaux et Mme E. Wollmann). Si l'on suppose, par exemple, une solution aqueuse de sel, contenant PB de (') Ces valeurs sont déduites des formules de Gladstone ou de Lorenlz appliquées aux mélanges ou solutions (1) 100 x R„ on R„» =/; x /„ ou r„> ■+- (100 — p)xn ou xn' dans lesquelles p esl le poids de ;;lace pour ioo? d'eau. (2) Alors que la loi de Newton ( — - — = const. ) donne une différence de 1 ,4 pour 100. 1974 ACADÉMIE DES SCIENCES. sel pour iooB de solution, à la température 0 pour laquelle la proportion de glace pour ioos d'eau est p, la quantité de glace est - , la quantité d'hydrol (100 — P) — ^ — 'j et si R„= est le pouvoir réfringent spéci- fique de l'eau, on a »(lOO — P) : — o , 209- . . /'(iQQ-P) (100 — I ' ) — o,2o54 = (100 — P) R„« On obtient ainsi, pour quelques solutions aqueuses de IvCl(0 = 1 5°C.) : P- /'(■■" -P)( lace) R 100 ls ' o i6,3 0,2061 5,49 '5.4 0,2061 i3,o6 14,17 0,2061 24,26 12,34 0,2061 Ainsi, la valeur du pouvoir réfringent spécifique de l'eau dans la solution ne varie pas, bien que la quantité de glace varie avec la concentration. Ce résultat ne modifie donc pas la loi de Lorentz [formule (1) précédente] pour les solutions et mène, comme je l'ai déjà montré ('), à une valeur moyenne de 0,1491 pour le pouvoir réfringent spécifique de KG1 dissous, alors que ce pouvoir réfringent serait o,i/j58 pour KC1 non dissous. Il me parait d'un grand intérêt de rechercher, par de nouvelles expériences, si cette différence de 2 pour 100 environ entre ces deux nombres est réelle. PHYSIQUE. — Sur un manoscope thermo-électrique de grande sensibilité. Note de M. Guéritot, présentée par M. E. Bouty. On peut, au moyen de soudures thermo-électriques, observer les plus légers déplacements de l'air contenu dans un tube réunissant deux réser- voirs, si une petite partie de cet air a été préalablement chauffée. Comme l'air se déplace pour la moindre différence de pression établie entre les réservoirs, on peul construire ainsi un appareil manomélrique de grande sensibilité. Le tube qui réunit les réservoirs est coudé en son milieu et disposé de telle façon que le coude soit son point le plus élevé. On chauffe régulière- (') C. Chêne veau, Les propriétés optiques des solutions, 1913, p. ao5. SÉANCE DU 3o JUIN iç)l3. 1976 ment l'air contenu dans le tube au voisinage du coude à l'aide d'un circuit parcouru par un courant. L'air chaud ne se répand pas dans le tube, mais reste au point le plus élevé, dans la partie coudée. C'est dans l'axe du tube, de part et d'autre de la région chauffée, que sont disposées les deux soudures d'un couple thermo-électrique relié à un galva- nomètre. Si l'air contenu dans le tube est immobile, les deux soudures, environnées d'air non chauffé, sont à la même température, et le galvano- mètre n'accuse aucun courant. Mais si cet air se déplace, il entraine le gaz chaud vers une des soudures, et il naît un courant thermo-électrique décelé par le galvanomètre. L'expérience a montré que le manoscope ainsi construit donne des indi- cations très régulières. Le galvanomètre revient bien au zéro, après chaque déplacement; ses indications changent de sens avec le sens du courant gazeux. De plus, les indications du galvanomètre sont proportionnelles au volume du gaz déplacé. L'appareil permet d'apprécier un déplacement de gaz d un dixième de millimètre cube. La sensibilité de ce manoscope peut être accrue en multipliant le nombre des soudures. Enfin, il est possible d'obtenir une inscription graphique avec un galvanomètre inscripteur. Ce manoscope convient surtout pour déceler de brusques déplacements de gaz produits par une très faible variation de la pression du gaz renfermé dans un réservoir. Il nous a permis de réaliser les expériences suivantes : l° Le manoscope est relié d'une part à un réservoir rempli d'air et d'autre part à un tube ouvert dans l'atmosphère. Il indique les variations de la pression atmosphérique parle déplacement de l'air qui entre ou sort du réservoir à chaque variation de pression ; il peut rendre visible ainsi une variation de pression d'an millionième de millimètre de mercure. Par exemple, il décèle les variations de pression atmosphérique duesaux coups de vent, à l'ouverture d'une porte, au déplacement d'une personne dans le voi- sinage de l'appareil. 2° Grâce à l'absence complète d'inertie, il permet, relié à un tube de Pitot. de suivre les brusques variations de la vitesse du vent et d'observer des irrégularité-, qui seraient cachées par les oscillations d'un appareil présentant de l'inertie. 3° Enfin, grâce à sa grande sensibilité, ce manoscope, relié à un thermomètre de Riess, permet de mesurer l'énergie de très faibles décharges électriques. C'est ainsi qu'il peut mesurer l'énergie recueillie par un résonateur de Hertz, placé dans le thermomètre de Riess ; le résonateur se trouve alors dans des conditions particulière- ment avantageuses, parce qu'il est éloigné de toute pièce métallique pouvant troubler son fonctionnement. C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N-26.) 2Ô3 I ACADÉMIE DES SCIENCES. PHYSIQUE. — Sur un déplacement des lignes spectrales de certains métaux produit par la présence d'une autre vapeur métallique. Note de M. Keivix iîuitxs, présentée par M. Villard. Dans mes déterminations sur le spectre de Tare au fer ( '), j'ai mesuré quelques raies appartenant à d'autres métaux existant, comme impuretés, dans les électrodes en fer. Les mêmes raies ont été mesurées par d'autres observateurs en prenant comme source de lumière un arc entre électrodes de charbon contenant, en grande quantité, le métal à étudier ou un de ses sels. En comparant les nombres obtenus dans les deux séries de mesures, on trouve une différence systématique, bien supérieure aux erreurs d'ob- ■servation : la présence d'une grande quantité de vapeur de fer a pour effet de déplacer légèrement les lignes des métaux contenus à l'état de traces dans les électrodes. Un effet analogue est produit par la vapeur lumineuse de mercure sur la raie rouge du cadmium, sans que le déplacement puisse être expliqué par un effet de pression. Voici le résumé des faits qui m'ont conduit à ces conclusions : Baryum dans l'arc au fer. — En plaçant un peu de chlorure de baryum sur les électrodes de fer on obtient, pendant très longtemps, les principales raies du baryum au milieu du spectre du fer. .le pensais ainsi pouvoir prendre les raies du baryum comme étalons, et les mesurer par interférence. Il se trouve que, d'une mesure à une autre, les lignes du baryum ainsi obtenues montrent de légers déplacements. De plus, les longueurs d'onde obtenues dans ces conditions sont toujours plus petites d'environ o,oi5 angslrôm que celles trouvées par Schmilz (-), en mesurant le spectre produit par un arc au charbon contenant un sel de baryum. La même différence existe entre mes nombres et les déterminations in terférentielles de Lversheim (s). Manganèse dans l'arc au fer. — On trouve un écart en sens inverse en comparant les excellentes mesures de kilby (*) sur le spectre du manganèse avec mes détermina- tions des raies de ce métal, qui apparaissent comme lignes d'impureté dans le spectre du fer. L'arc au fer donne toujours une longueur d'onde plus grande, avec un dépla- cement qui est, en moyenne, d'environ 0,006 angstrom, mais qui est beaucoup plus (') Mesure$ faites au moyen d'un réseau : région 2073-5434 {Zeitschrift fur wiss. Phol., t. XII, 1910, p. 207); région 5434-8824 non encore publiée. Mesures interférentielèes (Comptes rendus. 26 mai 1910, et Journal de Physique, juin 1 9 1 3 ) . 1 ) Zeitschrift fur wiss. Phot.. t. XL p. 20g. (3) Annale.n der Physik, V série, t. XXX, p. 81 5. ('*) Aslrop/iysical Journal, t. XXX, 1909, p. a43. SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1977 grand pour certaines raies. Le cas le plus net est celui du triplet 6oi3, 6016, 6021 : Mes mesures de ces lignes faites dans l'arc au fer, soit au moyen d'un réseau à Bonn, soit par interférence à Marseille, donnent une longueur d'onde qui est de 0,o3oang- striim plus grande que les valeurs trouvées par Kilby dans l'arc au charbon contenant du manganèse. L'existence du déplacement ne peut faire aucun doute. Cadmium dans l'arc au mercure. — Une lampe en quartz à vapeur de mercure dans le vide, du modèle imaginé par M. Tian ('), contenait un amalgame à 7 pour 100 de cadmium. La raie rouge 6438 était émise avec une grande intensité; elle était moins fine que dans le tube de Michelson à vapeur de cadmium. En comparant la ligne émise par la lampe à amalgame avec celle que donne le tube de Michelson, j'ai trouvé que, dans le premier cas. la longueur d'onde était plus grande d'environ 0.012 angstrom. Ce déplacement ne peut être attribué à un effet de pression, car la pression de la vapeur de mercure dans la lampe n'atteignait probablement pas icm, et le déplacement dû à une aussi faible pression est absolument insensible. On pourrait attribuer l'écart à la différence de conditions électriques des deux sources (arc à faible tension dans un cas, décharge à haute tension dans l'autre); celte explication n'est pas acceptable, car Eversheim a trouvé que I arc au cadmium pur dans le vide donne la même longueur d'onde que le tube de Michelson. C'est donc bien la présence de la vapeur lumineuse de mercure qui produit l'effet observé. En résumé : la présence d'une forte proportion de vapeur Lumineuse (Fe, Hg) déplace les lignes de métaux contenus dans l'arc en faible pro- portion (Ba, Mn, Cd) par rapport aux: positions qu'occupent ces raies lorsque le métal qui les produit est prédominant. Il se peut que ce déplacement soit la conséquence de la présence de nombreuses particules dans l'état spécial où elles émettent de la lumière, et non des molécules ou atomes ordinaires. J'indiquerai en terminant quelques conséquences possibles du phéno- mène que je viens de décrire. On sait que certaines lignes de l'arc au fer montrent de petits déplace- ments selon la partie qui les émet. Goos, qui a étudié ce phénomène, a essayé de l'expliquer par des différences de pression à l'intérieur de l'arc. Tl se peut que ces écarts se produisent, sans différences de pression, par des variations dans la proportion de vapeur de fer contenue dans les diverses parties de l'arc, ou même par des différences dans le nombre de particules lumineuses dans cbaque unité de volume. Le même effet peut intervenir pour une part dans les expériences sur le déplacement des raies par la pression, un accroissement de pression pouvant produire un accroissement delà densité des particules lumineuses. (') Comptes rendus. 7 avril 1910, et Journal de Physique, juin 1 g 1 3. 1978 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il peut aussi se produire dans l'atmosphère solaire, et contribuer à produire les écarts constatés entre les longueurs d'onde des lignes dans l'arc et dans le spectre solaire. Enfin, l'existence de cet effet montre qu'il n'est pas prudent de prendre comme étalons des lignes d'impuretés, en leur attribuant les longueurs d'onde trouvées dans des mesures faites dans d'autres conditions. chimie physique. — La détente adiabatique des liquides. Note de M. L. Gay, présentée par M. Haller. J'ai déterminé, expérimentalement, à l'aide de l'appareil décrit dans une Note précédente ('), les coefficients de compressibilité adiabatique de divers liquides, soit à la température du laboratoire, soit à o°. Pour effectuer ces dernières déterminations, il suffit de placer l'appareil dans de la glace fondante. Après 1 heure et demie environ (quoique l'équilibre thermique ne soit pas atteint » le liquide du ballon a une température de quelques dixièmes de degré au-dessus de o°), le déplacement du ménisque, dans le tube gradué, est d'une extrême lenteur et ne gène en rien les déterminations. Je me suis assuré, d'autre part, que le contact direct entre la glace et l'appareil n'apporte aucune perturbation dans les résultats. J'ai, en effet, déterminé le coefficient de compressibilité adiabatique y du bromure d'éthyle, d'abord en plaçant l'appareil dans un récipient de cuivre entouré lui-même de glace fondante (l'appareil était donc dans une atmosphère à o°), puis en mettant directement l'appareil dans la glace. J'ai obtenu les résultats suivants : ire détermination : température du liquide i°; yxio°= 7^,3 ± 1,8 (-); 2' détermination : température du liquide o",4; y xio°= 74»9 — i- Du coefficient de compressibilité adiabatique expérimental y, j'ai déduit, par le calcul, le coefficient de compressibilité isothermique fil. Voici les résultats obtenus : (') Comptes rendus, t. 150, 191 3 , p. 1070. (2) L'unité choisie est l'atmosphère, les déterminations sont faites pour une délente de 2a,m environ à ia"". séance du 3o juin igi3. 1979 Corps. G-H*Br .... » .... Isopentane . . » . . Gvclohexane CS2 )) C6H3CH3 ... » ... CCI4 » CHCI! » CH3C*02G*H» Déterminations antérieures (') Température. ï x 10-6. ? x 10-6. de p x 10"G. 0 o,4 74,9 ± r ui,4 23 90,3 ± 2 1 35, 1 0,4 i35,2 ± 3,5 178.8 0 9 ■>.-> ,ô '7°. 7 ± 2,5 224,7 20 84, . -+- 0, 1 10,8 0,4 5o,3 ± .,3 78,6 78(»);8o(3) 3 3 , 5 62,9 ±i,5 97-7 o,5 58 , 5 ± .,8 77-8 77 (4) 23 , 8 69 ± ',8 92,8 89.3 (*) o,4 62 ± o,S 90, 2 a3,8 ;5,6 ± 2,2 108,5 o,3 5g, 2 ± 1,8 82,1 .01 n !3,8 70,2 ± 1 I03,2 0,2 70 ± 0,8 84,4 22,9 80,2 ± i,3 ii6,5 1 3 , 3 io3 (par interpol •) 'o4(6) Conclusiojis. — La concordance enlrc les résultats d'autres auteurs et les valeurs de S, tirées de nies déterminations expérimentales de y, est une vérification de l'exactitude de ma méthode. C'est encore une confirmation expérimentale de la formule de Clapeyron généralisée El-l\Tr)t. -y a. coefficient de dilatation cubique. CHIMIE PHYSIQUE. — Lobilité chimique et absorption des rayons ultraviolets. Note de M. Victor Henri, présentée par M. Dastre. J'ai étudié, en collaboration avec MM. Bielecki, Gompel, Inoye, Landau et Wurmser l'absorption des rayons ultraviolets par un grand 1 ' ) Tuées des Tables de Landoll. 2 1 Golladon et Sturm. 1 :i) Kontgen à 3°, 3. ' ) Paggliano et Palazzo. 1 ■ 1 Griinaldi. 1 ' 1 Amagat. 1980 ACADÉMIE DES SCIENCES. nombre de corps différents (Comptes rendus, 1912 et 1918; Journal de Physique, I9i3; Berichted. deutsch. chem. Ges., I9i2eti9i3; Phvsikalisrhe Zei/., 191 3 ; C. R. Soc. de iïiof., 1912 et 1913). Cet ensemble de recherches m'a conduit à chercher si l'intensité avec laquelle un corps absorbe les rayons ultraviolets ne se trouve pas en rap- port avec d'autres propriétés physiques et chimiques. 1. Comparaison avec les propriétés magnéto-optiques. — Si l'on compare le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets avec des propriétés phy- siques semblantes, telles que le pouvoir réfringent moléculaire, le pouvoir rotatoire magnétique, la susceptibilité magnétique et la biréfringence magnétique, on trouve, dans un grand nombre de cas, un parallélisme entre ces diverses propriétés, qui sont toutes expliquées dans les théories modernes par des actions électromagnétiques sur les électrons des atomes. Toutefois, il est important de signaler que le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets est une propriété qui présente des variations bien plus fortes que celles des autres propriétés optiques et magnétiques. Ainsi, par exemple pour A = 2000, la constante d'absorption moléculaire e n'est égale pour l'alcool méthylique qu'à 0,004 et tandis que pour l'anthracène elle est égale à 335 000. L'étude de l'absorption permet de trouver des différences pour des cas dans lesquels les autres propriétés optiques et magnétiques font défaut. 2. Comparaison avec la constitution chimique. — L'étude des relations entre le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets et la constitution chimique a été faite depuis Hartley (1872) par un grand nombre d'auteurs. On trouve d'une façon générale que si l'on compare des corps appartenant à une même série chimique, le pouvoir d'absorption augmente au fur et à mesure que la molécule devient déplus en plus complexe ; de plus, la substi- tution de certains groupements moléculaires à d'autres (par exemple Ml- à OH) produit une exaltation de l'absorption. Enfin, très souvent, la struc- ture stéréochimique de la molécule influe sur l'absorption des rayons ultra- violets (acides maléique et fumarique; citraconique, mésaconique et itaco- nique). .'!. Comparaison avec la labilité chimique. -- Il existe encore une autre relation entre le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets et une propriété chimique fondamentale que l'on pourrait désigner par le nom de SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1 98 1 labilitè chimique. Le fait que certains corps réagissent facilement, lorsqu'on les mélange avec d'autres corps, ou qu'ils se décomposent ou se polymé- risent facilement, tandis que d'autres corps sont stables ou ne donnent lieu qu'à des réactions extrêmement lentes, constitue une propriété moléculaire particulière. On peut dire, avec M. Job, que dans le premier cas le corps contient un grand nombe de molécules prédisposées à la réaction, tandis (pie, dans le deuxième cas, le nombre de ces molécules prédisposées serait très faible. Il y a donc lieu de parler pour chaque corps de la grandeur de sa labilitè chimique: cette labilitè se mesure par les rilesses des diverses réactions chi- miques auxquelles donne lieu le corps considéré. Les théories modernes de la Chimie introduisent de plus en plus la notion d'électrons dans la représentation du mécanisme des actions chimiques. Il suffit de rappeler les expériencesdeHaber et Just(i9i 1) sur l'émission d'élec- trons pendant la réaction entre les métaux alcalins et le phosgène ; les études de J.-J. Thomson (191 1) sur les rayons positifs; les relations entre l'effet photoélectrique des rayons ultraviolets, la fluorescence et l'absorption de ces rayons; le fait que les rayons oc sont constitués par des molécules d'hélium chargées négativement; les études de Soddy (1913) d'après lesquelles à l'émission de rayons a correspond une baisse de la valence de deux unités et à l'émission de rayons (3 une augmentation de la valence du corps; tout cet ensemble converge vers la théorie électronique des réac- tions chimiques : un corps qui réagit facilement contient des molécules qui peuvent libérer ou échanger facilement des électrons; les liaisons entre les atomes dans une molécule sont produites par des électrons. L'absorption des rayons ultraviolets étant une propriété électronique, on est amené à se demander si le pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets n'est pas lié à la labilitè chimique du corps. Pour étudier cette question, on doit comparer entre eux des corps aussi semblables que possible, appartenant aux mêmes séries chimiques, les uns stables, les autres, au contraire, se décomposant facilement ou entrant facilement en réaction avec d'autres corps. Nous donnons, dans le Tableau suivant, quelques exemples qui doivent être comparés deux à deux; les valeurs des constantes d'absorption moléculaires s(3 = -\.io etd) se rap- portent aux mêmes valeurs de X. 1982 ACADÉMIE DES SCIENCES. Corps à labilité chimique faible. 1° Eau H20 o 2° Oxygène O- très faible 3" Acide malonique COOH — Cil2— GOOH ,9 4° Acide succinique COOH — CH2 — CHS— COOH i4 5° Acide butyrique CH3.CH!.CHa.COOH 19 6° Acide tricarballylique COOH. CH2. CHCOOH .CH2. COOH 54 ^o ( Diacétyl CH3.CO.CO.CH3 28 7 j Acétonylacètone CH3 . CO . CH2 . CH2 . CO . CH3 1 24 8° Atropine C6H3— CH- GO. OC8H14N 1-5 1 CH2OH 90 Phénanthrène <^ \ <^ ^> 54o Corps à labilité chimique grande. s. i° Eau oxygénée H202 i5 2° Ozone 0:< 2733 3° Acide oxalique COOH — COOH i3o 4° Acide maléique GOOH — CH = CH — GOOH 1940 5° Acide «-crotonique CH3— CH = CH — COOH 700 6° Acide aconitique COOH .CH = C. COOH .CH2. COOH 8100 7» Acétylacétone CH3.CO.CH2.CO.CH3 ioSco 8° Apoatropine C6H5— CH — CO.OC8HuN 78o II CH2 9" Anthracène 834o Il semble donc que l'on puisse énoncer la loi générale suivante : Les corps dont les molécules sont labiles, c'est-à-dire qui réagissent facile- ment, absorbent fortement les rayons ultraviolets. Par conséquent, à coté des effets produits par les' différents groupements chimiques et par la constitution moléculaire, la prédisposition des molécules à entrer en réaction provoque une exaltation très forte du pouvoir d'absorption des rayons ultraviolets. SÉANCE DU 3o JUIN I()l3. IQ83 CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la thermo-électricité des aciers. Note (') de M. Witoi.d Bro.viewski, présentée par M. H. Le Chatelier. Dans une Note précédente (2) nous avons pu déterminer, par l'enregistre- ment photographique, les points critiques du fer électrolytiquc. J'ai cru utile d'entreprendre par la même méthode des recherches sur les propriétés thermo-électriques des aciers au carbone, vu que l'élude par points n'y avait donné que des résultats peu concluants (Harrison, 1902 ; Belloc, 1903 ; Picheux, 1909). Les aciers provenaient des usines Holtzer et avaient la composition sui- vante (3) : c. Mn. Si. s. Ph. 0,07 o,o3 indosable o,oi3 0 , oo5 0,24 o,o3 o,o4 0 , 0 1 5 trace 0,44 0,08 0,nj 0,016 trace °.79 0,09 indosable 0 , 009 0 , 006 1,12 0,06 0,02 0,022 indosable L'échauffement se faisait au four à résislance électrique soigneusement bouché avec des tampons d'amiante. Dans les mêmes conditions a été reprise, à titre de compa- raison, l'étude du fer électrolytiquc. Les courbes de la force thermo-électrique du fer et des aciers par rapport au cuivre, obtenues pendant réchauffement, sont reproduites sur la ligure suivante, décalées l'une sur l'autre de 1 millivoll. Nous voyons que les trois points critiques des aciers («,, a,. a3) peuvent y être remarqués. Pour le fer électrolvtique (E), les points a-, et a3 se mani- festent aux environs de 73o° et de 95o° par un changement dans la direc- tion de la courbe. Le dernier de ces points n'avait pas été aperçu dans l'étude précéden le du fer électrolytiquc, les courbes de la force thermo- électrique par rapport au cuivre ne dépassant pas 960° et celles par rapport au platine ayant une sensibilité trop petite. Dans l'acier extra-doux (0,07 pour 100 de carbone ), le premier point critique, observé déjà par M. H. Le Chatelier (188G), conserve sa position ( ' ) Présentée dans la séance du 23 juin 191 3. (,'-) Comptes rendus, t. 15C, 1918, p. 699. (3) Ces analyses, effectuées aux. usines de Dion, ont été mises à ma disposition par M. Portevin. C. H., 1910, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 2^4 ICj84 ACADÉMIE DES SCIENCES. aux environs de 73o°, alors que le deuxième point descend vers 85o°. Dans l'acier à 0,24 pour 100 de carbone, nous voyons apparaître la recales- cence («,) sur l'emplacement du premier point critique (a2), ce qui diffère 1000" quelque peu des résultats obtenus par la méthode thermique. Le point a% apparaît faiblement au-dessous de 8oo°. Dans les aciers plus riches en carbone (o,44j 0,79 et 1,12 pour 100 de carbone), les points critiques a., et a3 sont confondus avec le point de reca- lescence, qui se manifeste très nettement par une discontinuité d'environ j4o microvolts sur la courbe de la force thermo-électrique. Cette disconti- SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. IÇ)S5 nuité est probablement la cause des courants électriques parasites observés par M. H. Le Chatelier (1904) et par M. Bondouard (1904) aux points cri- tiques des aciers. Le pouvoir thermo-électrique des aciers au carbone peut être représenté assez exactement entre o° et 7000 par une fonction parabolique. Pour 100 de carbone. Pouvoir ihermo- électrique. Fer électrolvtique i3," — 0,0780^ -t- 0, 606066 11 0,07 18,1 — < 1 . Oj (86 1 -t- 0 . 000090 t'1 0,24 i(i,<:"> — o,t>go6t -+■ 0.0000S1 1- o . 4 \ ! 4 . 8 — o , 08 1 2 t -+- o , 00007 >.f: o, 79 i3, 4 — 0,079s £ -+- o,ooooti()/: 1,12 12,2 — 0,0720^ -+- o,oooo63/- La position du point neutre varie relativement peu avec la teneur en carbone et nous pouvons, en première approximation, représenter le pouvoir thermo-électrique du fer et des aciers au carbone par la formule dE ,, . _ ., — = F0 ( 1 — 0,0007 ' + O.0O0O0D t-), où P0 est le pouvoir thermo-électrique à o". Au-dessus du point o2 La teneur en carbone influe peu sur le pouvoir thermo-électrique des aciers et nous pouvons le représenter par des formules communes, dE entre a, et a3 -7- = — J.y — o.oo38 (( — l2) microvolts, dE enire a3 et 10000 -7- = — ro,5 -- 0,028 (/ — t6) microvolts, où l., et t3 sont les températures respectives des points critiques a2 et a ,. Nous voyons donc que la force thermo-électrique peut donner des indi- cations sur les points critiques des aciers avec autant ou même plus de précision que les autres méthodes employées jusqu'à présent dans ce but. CHIMIE MINÉRALE. — De Faction du gaz CO'2 sur les sulfures minéraux. INote de M. J\.-D. Costeanu, présentée par M. H. Le Chatelier. On sait que le gaz CO- chauffé, à l'abri de l'air, à des températures élevées, se dissocie en oxyde de carbone et oxygène; en sorte que si, à cette température, un sulfure métallique se trouvait en présence du gaz carbonique, il pourrait subir une certaine transformation. 1986 ACADÉMIE DES SCIENCES. Il importe donc de savoir si le gaz CO2 réagit sur les sulfures à des tem- pératures inférieures à celle de sa dissociation, et de connaître ce qui produit cette réaction. Pour effectuer mes recherches, je me suis servi d'un four électrique à résistance, construit selon les indications données par M. Guntz (') avec quelques modifications, et gradué à l'aide d'une pince thermo-électrique. Une certaine quantité de substance pesée dans une nacelle était introduite dans le fcur. qui communiquait par une de ses extrémités avec une trompe à mercure, par l'intermédiaire d'un tuyau de plomb mastiqué au golaz et qui, à l'autre extrémité, était mis en communication avec la source de gaz CO2, consistant dans un tube de verre qui contenait du carbonate de manganèse pur. Une fois le vide fait dans l'appa- reil, on réalisait un dégagement de gaz CO2 en chauffant le carbonate de manganèse. On refaisait encore une fois le vide et on laissait échapper une nouvelle quantité de gaz CO2, qui était mesurée dans un appareil facile à manier, avant de l'introduire dans le four. On notait le niveau du mercure d'un manomètre mis en communication avec l'appareil (la variation du niveau du mercure, à la fin de l'opération, indiquant l'existence possible d'une réaction du gaz CO2 sur le sulfure), et l'on chauffait ensuite le four à une température déterminée. A la fin de l'opération, les gaz étaient pompés par la trompe et conduits dans un tube refroidi dans de la neige carbonique et de l'acétone, pour les gaz capables de se liquéfier, et ensuite analysés. Avec les sulfures d'argent, de cuivre, de cadmium, de bismuth et d'anli- moine, je n'ai obtenu que des résultats entièrement négatifs, le gaz CO2 n'ayant aucune autre action que celle de remplacer le vide. A ce point de vue, on pourrait utiliser une atmosphère de gaz carbonique pour transfor- mer certains sulfures amorphes en sulfures cristallisés, par voie de fusion. Le gaz CO2 se comporte tout à fait autrement, en ce qui concerne le sulfure de silicium. Ce sulfure a été préparé par l'action du gaz hydrogène sulfuré sur du silicium cristallisé, suivant les indications données par M. P. Sabatier (2). Ce sulfure, ainsi préparé, a fourni à l'analyse des chiffres sensiblement théoriques. Le sulfure de silicium, chauffé dans une atmosphère de gaz carbonique , se transforme en silice, avec formation de gaz oxyde de carbone et dépôt de soufre. La quantité de gaz CO qui a pris naissance et la quantité de soufre déposée prouvent que la réaction a lieu d'après l'équation 2C02-f-SiS2=2CO-f- aS-i-SiO2. ('; LJuntz, Bull. Soc. chini., 3' série, t. XXVII, 1902, p. 1 53. (-) P. Sabatier, Comptes rendus, t. 90, 1880. p. 819, et Thèse. SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 1 987 Ainsi, en opérant à la température de 1 ioo°, j'ai trouvé à la fin de l'ex- périence : i2icm,,2 de gaz CO et 08,170 de soufre, dosé à l'état de sulfate de baryte. Cette quantité de soufre est sensiblement approchée de la quantité théorique, qui est 0^,174 selon l'équation ci-dessus. Le gaz CO2 a une action très lente, et il semble qu'elle soit contrariée par une faible couche de silice qui se forme à la surface du sulfure et qui empêche la transformation du reste; car, si l'on prolonge le temps de chauffage, elle augmente. Ayant opéré à des températures moins élevées, j'ai pu constater que la réaction a lieu même à 45o'\ Dans aucune expérience, je n'ai trouvé la moindre trace de gaz sulfu- reux, ce qui prouve que le gaz CO3 ne réagit pas sur le soufre à une tem- pérature élevée. Ce résultat concorde, d'ailleurs, avec le fait que le gaz CO réagit sur le gaz sulfureux, en donnant du gaz CO2 et un dépôt de soufre, comme l'a montré Bcrthelot ('). .le me propose d'examiner ce que donnerait la même réaction du gaz carbonique avec le sulfure de bore, puis d'étendre mes recherches aux sulfures solubles dans l'eau. CHIMIE MINÉRALE. — Sur la composition des mélanges gazeux résultant de Faction de l'eau sur les carbures d' uranium et de thorium. Note de MM. P. Lebeau et A. Damie.ns, présentée par M. H. Le Chatelier. • Dans son étude des carbures métalliques, Henri Moissan a montré que certains de ces composés donnaient sous l'action de l'eau des mélanges très complexes d'hydrocarbures. Les carbures des métaux du groupe cérique et du groupe yttrique, ainsi que ceux d'uranium et de thorium, fournissent en effet, outre des carbures d'hydrogène liquides et solides, des produits gazeux dans lesquels ce savant a reconnu et dosé : l'hydrogène, le méthane, l'éthylène et l'acétylène. Dans les gaz provenant du carbure de thorium, il a, de plus, signalé la présence, à côté de l'éthylène, d'homologues supé- rieurs immédiatement absorbables par l'acide sulfurique concentré. (') Berthklot, Comptes rendus, t. 96, 1 883, p. ai8; Bull. Soc. chini., t. XL, i883, p. 36a. 1988 ACADÉMIE DES SCIENCES. Nous avons pensé qu'il était intéressant de faire de nouvelles analyses de ces mélangea gazeux, en appliquant la méthode que nous avons décrite antérieurement ( ' ), afin de rechercher si, en dehors des carbures déjà trouvés, il existait d'autres termes appartenant aux mêmes séries. La pré- sence de ces carbures supérieurs constituant une cause d'erreur importante clans les procédés d'analyse utilisés jusqu'ici, nos expériences devenaient indispensables pour établir la composition réelle de ces gaz complexes. Pour recueillir les gaz résultant de l'action de l'eau, nous plaçons un poids connu du carbure dans un tube à essais d'un diamètre de 3e"' dont le bouchon en verre rodé porte une tubulure centrale surmontée d'un entonnoir à robinet et une tubulure latérale le mettant en communication avec un condenseur refroidi à — 23° par du chlorure de mélhyle. Ce condenseur, destiné à arrêter la vapeur d'eau et les carbures lourds, est relié lui-même à une trompe à mercure. Le carbure d'uranium était préalablement pulvérisé sous le xylène, puis lavé à l'éther anhydre. L'éther était ensuite éliminé par un courant d'hydro- gène sec. Le carbure de thorium pouvait être employé sous forme de petits fragments. La décomposition du carbure d'uranium par l'eau est assez lente; sa durée varie selon que l'échantillon renferme plus ou moins de graphite, ce qui correspond à une division plus ou moins grande de la masse; elle se produit dans un délai qui peut aller de 5 à 2 "> jours et même plus. L'oxyde hydraté qui résulte de cette action de l'eau possède une couleur verte qu'il conserve après dessiccation dans le vide. 11 fixe à froid l'oxygène avec dégagement de chaleur eu se transformant en une poudre de couleur foncée. La quantité d'oxygène absorbée correspond à celle qui résulterait de la transformation d'un hydrate uraneux en hydrate d'oxyde U'Ob. En présence d'un excès d'eau, f'oxydation se fait plus lentement et le terme final est l'hydrate uranique. L'hydrate uraneux se dissout dans les acides en donnant des solutions vertes. Pour le carbure de thorium, l'action de l'eau est terminée après 3 ou 4 jours. L'hydrate d'oxyde, après dessiccation, ne fixe pas l'oxygène. Malgré les lavages à l'al- cool et à l'éther, il possède une légère teinte jaune sale due à des produits carbonés qu'il retient énergiquement. Sa composition est celle de l'hydrate ïhO2. 2ll20. Les résultais des analyses des produits gazeux sont consignés dans le Tableau ci-après : (') P. I.iiu u el \. Damiens, Comptes rendus, t. 150, p. 1 44? ^25 et 557. SÉANCE DU 3o JUIX IQI3. 1989 Carbure d'uranium. Carbure de thorium. Numéro de l'échantillon I 12 3 3 Durée de la réaction 6 jours \ i5 jours a3 jours 3 jours 3 jours { Volume gazeux par gramme de carbure 35cm',65 34om% 97 32cn,\oo, 55cn,1.3o 56cm',20 Hydrogène ■ 49,70 49,53 28,91 59,77 59:'l6 Méthane i'i,i5 11,81 1 9 , 79 3,09 3, 16 Elhane 23, 43 24,89 22,68 10.66 10,72 Propane 2)97 2,5i 5,55 1,66 1 , 36 Butane °>9° 0,62 4 O' o,83 0,86 Ethylène 2,18 2,34 !>36 2.71 2,85 Propylène et homologues 5,34 5 , 79 i4>43 6,72 6,87 Carbures acétyléniques. ..... . i,33 2,5i 2,55 i5,i6 10,22 L'échantillon n° 1 du carbure d'uranium contenait 1,47 pour 100 de graphite; l'échantillon n" 2, exempt de graphite, titrait 91,6 pour 100 d'uranium, la teneur en uranium du carbure pur étant 90,80. Le carbure de thorium présentait la composition suivante : thorium 88, 11 pour 100; carbone combiné 9,21 pour 100; graphite 3,og pour 100, total 100, 4i. Le rapport du thorium au carbone combiné correspond bien à la formule C2Th. De l'examen des résultats de nos analyses on peut tirer les conclusions suivantes : Pour un même échantillon, l'action de l'eau a fourni dans deux essais différents des quantités comparables de mélanges gazeux de composition très voisines. Les résultats sont au contraire différents pour un carbure d'uranium graphitique et un carbure d'uranium non graphitique. Il est à remarquer que, pour ce dernier, la réaction s'effectuant beaucoup plus lentement, il parait en résulter une hydrogénation plus complète des hydrocarbures. Ce fait est établi par la diminution de l'hydrogène libre et par l'augmen- tation notable de la proportion de la plupart des carbures d'hydrogène et plus particulièrement celle du méthane, du propane, du butane et du pro- pylène. Enfin, ainsi que nous le supposions, l'application de notre méthode ana- lytique nous a conduits à des résultats présentant une grande divergence avec ceux qui avaient été donnés antérieurement. I99O ACADÉMIE DES SCIENCES. CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la préparation de l'oxycyanure de carbone. Note de MM. Daniel Berthelot et Henry Gaudechox, présentée par M. E. Jungfleisch. Quand on irradie, au moyen des rayons ultraviolets, un mélange d'oxyde de carbone et de cyanogène, ces deux gaz s'unissent pour former un com- posé nouveau, l'oxycyanure de carbone, CN.CO.CN (Comptes rendus, 9 juin I9i3). Cette réaction est analogue à celles par lesquelles on obtient l'oxychlorure de carbone Cl. GO. Cl en partant du mélange de CO et Cl2; la formaldéhyde H.CO.H, en partant de GO et H2; la formi- ainide H.CO.NH2, en partant de CO et NH3. Dans tous ces cas l'oxyde de carbone et le gaz qui lui est mélangé se combinent à volumes égaux, dans le rayonnement ultraviolet, pour former le produit d'addition. Nous avons cherché à préparer l'oxycyanure de carbone par d'autres voies; nous y sommes arrivés par l'effluve électrique. Les réactions de l'effluve, qui est riche en rayons ultraviolets, sont souvent analogues à celles de la lampe à mercure; cependant, elles ne se confondent pas avec elles : ainsi l'effluve combine l'azote avec l'oxygène, l'hydrogène, le sulfure de carbone, la benzine et de nombreuses matières organiques (M. Ber- thelot, Mécanique chimique, t. II, p. 362), tandis que les rayons ultra- violets nous ont donné des résultats négatifs dans tous ces cas; l'effluve condense, avec élimination d'oxygène, l'oxyde de carbone sur lequel le rayonnement de la lampe à mercure est sans action, etc. Nous avons employé l'appareil à tirées concentriques sur cuve à mercure de M. Berthelot (Traité pratique de l'analyse, des gaz, p. 129-130); l'effluve était produit par un courant alternatif à jo périodes et un trans- formateur statique donnant à volonté 3ooo, 6000, 9000, ou 12000 volts. En principe il vaut mieux, dans ces expériences, employer la tension la plus faible, car avec les tensions les plus fortes on voit parfois jaillir, en lie les dépôts solides qui se forment sur les parois internes des tubes, de petites étincelles, formant pluie de feu, qui, en raison de leur haute température, produisent des effets autres que l'effluve. La tension de 3ooo volts s'est montrée insuffisante, car, au bout de 45 minutes, la contraction des gaz était encore faible; en revanche, la ten- sion de 6000 volts convient bien et combine les gaz CO et C2N2 beaucoup plus rapidement que l'irradiation de la lampe à mercure, comme cela résulte des expériences suivantes. SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 1991 Un mélange de 3nQ,J,6o CO et 7cm',6o C2N2 étant effluve durant i3 minutes, il dis- parait ocmI,o,o CO et ocm3,ç)0 C2N2, et il se forme un dépôt jaune d'oxycyanure solide. L'action est encore plus rapide quand le rapport initial des gaz se rapproche de l'éga- lité; un mélange de 5cm3,oo CO et 5cmI,8o C- \-, effluve dînant 10 minutes, se con- tracte de 3cmJ,8o par disparition de volumes égaux de CO et C-N'2. D'autres expériences avec des mélanges contenant CO en excès ont montré de même une disparition de volumes sensiblement égaux de CO et C2N2 (parfois il disparaît un léger excès de CO suivant une remarque déjà faite pour les rayons ultraviolets), mais il faut éviter de poursuivre l'expérience jusqu'à ce que le mélange soit trop appauvri en l'un des constituants. Ainsi lorsqu'on prolonge l'effluvage jusqu'à dispa- rition totale de l'oxyde de carbone, le cyanogène est attaqué à son tour et se condense avec dégagement d'azote libre. Le dépôt obtenu sur les parois est brun marron et notablement plus foncé que l'oxycyanure qui est jaune fauve. Le dépôt est partielle- ment soluble dans l'eau et totalement soluble dans les alcalis, ce qui exclut la pré- sence du charbon qui est insoluble dans les alcalis. La mise en liberté d'azote ne s'explique donc pas par une simple décomposition eu C2 et i\'3. mais implique la formation de produits condensés C'"H" (avec m > n). L'oxycyanure de carbone tel qu'il résulte de l'action des rayons ultra- violets est, comme nous l'avons indiqué, à l'état de polymérisation; l'oxy- cyanure obtenu par l'effluve est à un stade de condensai ion encore plus avancé. Gela résulte notamment de la lenteur extrême de son hydrolyse selon le schéma CN. C< ». C.\ + H OH = CO2 -t- 2 H C\ . i5'"s d'oxycyanure préparé par l'effluve, hydrolyses par SO'H- dilué suivant la méthode décrite dans notre Note précédente, ont fourni, au bout de 4 heures (1 heure à 6o°; 2 heures à 8o°; iheurevers roo°), ime,2rICN et img,o CO2. Ces quantités correspondent à peu près à 2vo1 HCN pour ivolC02, mais représentent à peine - du produit, tandis qu'en 2 heures à Go°, on avait hydrolyse la totalité du produit fourni par les rayons ultra- violets. Nous avons fait remarquer précédemment que l'oxycyanure prend nais- sance dans l'irradiation ultraviolette du mélange de CO el C2N2 à l'état de corps gazeux au-dessous de ioo° (et vraisemblablement liquide à la tempé- rature ordinaire), mais se polymérise presque aussitôt. Nous avons cherche si l'on pourrait l'obtenir par des procédéspurement chimiques à un état non polymérise. A cet effet, nous avons essayé les doubles décompositions entre l'oxy- chlorure de carbone et les cyanures métalliques. Du cyanure d'argent ou du cyanure de mercure ont été placés, en longs tubes scellés, en présence de C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 255 1992 ACADÉMIE DES SCIENCES. gaz phosgène; une des extrémités des tubes était portée à des températures de 96°-97°; puis i4o°-i 45°; puis i(i50-i70°pendantplusieursheures; l'autre extrémité était refroidie. Il n'y a eu aucune condensation. On a fait passer ensuite durant 7 heures un courant de' gaz phosgène sur du cyanure d'argent chauffé vers 1700 à l'abri de la lumière; le courant gazeux traversait ensuite un premier vase à condensation à température ordinaire, puis un second vase plongé dans un tube Dewar refroidi à — 23°. Le résultat a été négatif. Nous avons cherché enfin si l'oxycyanure se formerait par l'action de la chaleur; des mélanges de CO et C2N2 ont été chauffés en cloches courbes sur cuve à mercure (cloche de verre chauffée durant 1 heure vers 5oo°, cloche de quartz chauffée durant 4 heures vers 9000). Il ne s'est produit aucune variation de volume; et l'analyse du mélange a redonné exactement les gaz initiais. L'oxycyanure ne prend donc pas naissance dans l'action de la chaleur sur le mélange d'oxyde de carbone et de cyanogène, mais uniquement dans celle de la lumière qui manifeste ici une spécificité bien nette. CHIMIE tinctoriale. — Sur les matières colorantes azoïques de la phénylîso- xazolone. Note de M. André Meyer, présentée par M. E. Jungfleisch. Les dérivés azoïques de la phénylisoxazolone que j'ai fait connaître précédemment ('), ne contenant aucun groupe salifiable, sont par suite inaptes à la teinture. Une étude de ces composés au point de vue de leurs affinités pour les fibres textiles devait présenter quelque intérêt. Les dérivés azoïques des pyrazolqnes, dont la constitution se rapproche de celle des azoïques de l'isoxazoloné, sont en effet utilisés dans la technique, à cause de leurs remarquables qualités de solidité à la lumière : la tartrazine en est le représentant le plus anciennement connu. J'ai préparé quelques matières colorantes azoïques de la phénylisoxazolone afin de comparer leurs propriétés tinctoriales avec celles des colorants du |i\ 1 azol. Ce sont les suivantes : I. Colorants acides. — Benzène-p-sulfonate de sodium-azopkénylisoxa- solone, NaSO'-CH'-NiN-C'H'O'N, aH20. - Obtenu à l'aide de (') André Meyer, Comptes rendus, t. 152. p. 610. séance du 3o juin io,i3. 199,3 l'acide diazosulfanilique, ce sel de sodium constitue de belles paillettes brillantes, jaune d'or. En bain acétique, ce colorant teint la soie en belles nuances jaune d'or. Avec la laine, avec addition de bisulfate alcalin, il fournit des teintures d'un ton très uni. — m-xylène-o-sulfonale de sodium-azophénylisoxazolone , NaSO3— C6H2(CH:i)'-- N : N — C»H60!N, 2H20. Sécbé à l'air, ce composé est formé par une poudre cristalline orangée, assez soluble dans l'eau. En bain acide, il teint la laine et la soie en belles nuances jaune orangé foncé. — 'x-naphtalêne-OL-sulfonate de sodùim-azopliényhsoxazolone, (4)NaSOî— C,0HS— N : N — C9H6Oi\T,2 tPO. Il dérive de l'acide napblionique. Il se présente en petits cristaux ou en paillettes brillantes, brun orangé foncé, et teint la laine et la soie en rouge marron. — Q-naphlalène-disulfonaLe de sodium-( ■2A).S)-azop/iény/iso,razolone, (i\aSO3):î=GI0H3— N : N— G9HS02N,2H20. Préparé avec l'acide amido G, il constitue de lins cristaux orangés teignant la soie et la laine en belles nuances jaune orangé. II. Colorants substantifs. — A l'aide de la benzidine et de ses dérivés, j'ai obtenu quelques colorants substantifs de la pbénylisoxazolone. Le dérivé tétrazoïque de la base est combiné, en milieu alcalin ou acétique, avec i"10' de pbénylisoxazolone; au bout de quelques heures, on ajoute, au produit rouge intermédiaire résultant, imo1 d'une aminé ou d'un phénol sulfonique, dans les conditions convenables pour la condensation. Il se produit un virage de la couleur et, après un chauffage modéré, on précipite le colorant par addition de sel. La formule générale de ces composés est la suivante, X désignant un noyau benzénique et Y un reste d'aminé ou de pbénol : Y _"N ; N— X — X — N: N — C9H60'-N. — Diphéiiyle-disazo-phénylisoxazolone-naphtionate de sodium C9H602N - N : N — Cn* — G6 H4 — N : N - Cl»H.s(NHi)(SQ»N»). 1994 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ce colorant rouge foncé vire au bleu sous l'influence des acides, comme le rouge Congo. Il teint directement le coton en rouge écarlate. — Ditolfie-disazo-phënylisoxazolone-anùnonaphtoldisulfonate de sodium (1.8.3.6) C»H6O2N-N:N-CfiIP(CH:i)-C6II»(CH3)-N:N-((3)C10H3(NH2)(OH)(SO3INa)2. Il dérive de l'ortho-tolidine et de l'acide H (combiné en milieu acide). C'est une poudre violet rougeâtre, virant au bleu violet sous l'action de SO'H2. Ses teintures sont d'un beau violet foncé. — Dimélhoxydipliényle - disazo - phénylisoxazolone - aminonaphtoldisulfo- nate de sodium (8.1.3.5) C9H«02N — IN :N — C6H3(OCH3)— CGH3(OCH3) — N:N — G10H3(NH-)(OH)(SO3Na)2. On l'obtient à partir de la dianisidine tétrazotée et combinée avec la phé- nylisoxazolone et l'acide K (en milieu acide). Il teint en violet les fibres textiles. — Diphènyle-disazo-j)hènylisoxazolone-salicylale de sodium. — Constitué par une poudre brun foncé peu soluble, il teint le coton en orangé clair. III. Action de la lumière sur les colorants isoxazoloniques. — Ces colorants possèdent des nuances peu différentes de celles des dérivés cor- respondants du pyrazol. Ils s'en distinguent nettement par une bien moindre résistance à l'action de la lumière. J'ai effectué des essais comparatifs avec des colorants du pyrazol de constitution bien connue (tarlrazine, jlavazineh, jaunes xylènes lumières, jaune dianile R, jaune normal 3GL, jaune solide de Guinée R, orangés pyrazol '(«). Des tissus teints dans des conditions identiques, avec les colorants des deux séries, ont été exposés à la lumière, sous verre. Au bout d'un mois, les colorants du pyrazol n'avaient subi qu'une modification à peine sensible, ceux de l'isoxazolone étaient notablement dégradés. Les teintures directes sur coton montraient déjà une importante altération au bout de i5 jours. Les colorants acides sur soie résistent mieux, mais leur solidité est bien inférieure à celle des mêmes dérivés sur laine. (') G. Schultz, Farbstofftabellen, 5e éd., 191 1, p. 12-16. — G. Cohn, Die Pyrazol- farbstoffe, Stuttgart, 1910. SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. 1993 Les mêmes échantillons ont été soumis à Faction des radiations ultra- violettes produites par une lampe à mercure Westinghouse-CooperHewitt, placée à environ 3o"" de distance. Une partie du tissu, protégée par un écran, servait de témoin; une autre partie, recouverte d'une lame de verre, recevait uniquement l'ultraviolet moyen; la partie médiane seule était exposée à l'irradiation totale. Les colorants acides isoxazoloniques sur laine ont manifesté la résistance la meilleure : au bout de 20 jours, l'attaque était à peine perceptible. Avec la soie, l'action décolorante devient visible dès le troisième jour (exposi- tion directe) et vers le douzième pour la portion placée sous verre. Les couleurs directes se décolorent dès le second jour. Les colorants pyrazo- loniques ne sont pas altérés, même en prolongeant l'expérience pendant un mois. Il y a ainsi une grande différence d'action entre l'ultraviolet total et l'ultraviolet moyen. L'influence des rayons ultraviolets moyens n'est cepen- dant pas comparable à celle de la lumière naturelle. Le remplacement, dans ces azoïques, du groupe iminé par l'oxygène, dans le noyau hétérocyclique, provoque ainsi une diminution de la résis- tance aux influences photochimiques. Ce résultat est en accord avec la stabilité respective des deux noyaux vis-à-vis des agents chimiques. CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la composition du gaz d'eau. Note de M. Léo Vigxox, présentée par M. A. Carnol. La vapeur d'eau agissant au rouge sur le carbone donne un gaz combus- tible (Fontana, 1780). Cette réaction a été l'objet de plusieurs Communi- cations à l'Académie des Sciences (Comptes rendus, t. VI, i838, p. 178, 180, 207) et de publications dans les Annales de Chimie et de Physique (t. XXXVIII, i853, p. 356; t. II, 1857, p. 322; 3e série, t. V, p. 239). Le gaz d'eau se forme essentiellement par la réaction C-+-II-0 = CO+ II-. Il est composé d'oxyde de carbone et d'hydrogène à volumes à peu près égaux; accessoirement il contient de l'anhydride carbonique. J'ai constaté que le gaz d'eau renfermait toujours, en outre, une petite proportion de méthane (fait déjà mentionné par Clément et Désormes et par Langlois). D'autre part, M. Armand Gautier (Comptes rendus, 1910, p. 1 383 et 1:364 ) a montré que l'hydrogène réagissait sur l'oxyde de car- bone, de 4oo° à 12000, pour former de très petites quantités de méthane. I99(» ACADÉMIE DES SCIENCES. Les expériences que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ont pour but de préciser l'origine du méthane dans le gaz d'eau et d'étudier les con- ditions de sa formation. Expériences. — J'ai préparé d'abord du gaz d'eau en faisant agir de la vapeur d'eau sur deux échantillons de coke de gaz A et B, et sur un échantillon de charbon de sucre C; j'ai déterminé les cendres de ces trois échantillons et j'ai dosé la chaux contenue dans ces cendres. Chaux Cendres. (soluble dans les acides). Coke de gaz A 10,60 pour 1 oo de coke 7,33 pour ioo des cendres ld. B S, 70 ». s, ,7 Charbon de sucre C... 1,22 » 0,80 » Avec les cokes A et B j'ai obtenu des gaz d'eau contenant en inoverine (C< » et GO1 déduits) : Pour 100. 1 1 yd rogèn e 96,55 Méthane 3,4-5 Dans les mêmes conditions le charbon de sucre a donné : l'our roo. Hydrogène, plus de 98 Méthane, moins de 2 M. Armand Gautier avait obtenu, par réaction de l'hydrogène sur l'oxyde de car- bone (CO et CO2 déduits) (Comptes rendus, 1910, p. i564) : A 100°. A 1300". Hydrogène 99, 80 98,6a Méthane 0,211 1 ,35 En préparant du gaz d'eau avec du carbone très pauvre en chaux, j'ai obtenu, en somme, un gaz d'eau contenant moins de méthane que celui qui est formé avec le coke de gaz; les proportions de méthane de ce gaz se rapprochent de celles qui ont été trouvées; par Armand Gautier. J'ai été conduit, par suite, à examiner l'influence de la chaux sur la composition du gaz d'eau. Gaz (Veau formé en présence de chaux. — Les résultats qui précèdent doivent être reliés à ceux que j'ai obtenus en étudiant la décomposition de la vapeur d'eau par le carbone en présence de la chaux (Comptes rendus, 27 mars 191 1). Dans ces conditions, on obtient d'importantes proportions de méthane qui se forme aux dépens de l'oxyde de carbone. Ces expériences avaient été faites à des températures comprises entre (>oo° et 800", au-dessous du point de décomposition du carbonate de calcium; à ces températures le gaz d'eau se forme, mais plus lentement qu'aux tempé- ratures plus élevées; il contient, en outre, beaucoup de COJ. Dans les expériences que je communique aujourd'hui, j'ai opéré au- SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 1997 dessus du point de décomposition du carbonate de calcium, c'est-à-dire à la température normale de formation du gaz d'eau. Première série : Coke avec 10 pour 100 CaO. — La vapeur d'eau passant, en léger excès, sur un mélange de 100S coke et 10= CaO. vers iooù°, a donné un mélange gazeux renfermant en moyenne (CO et CO! déduits) : Pour 100 Hydrogène s-s Méthane 12 Deuxième série: Coke avec iô pour 100 CaO (ioo« coke, i5s CaO vers 10000). — Les g,i/. obtenus renferment en moyenne (CO et CO2 déduits) : Pour [nu. Hyd rogène 81 Méthane 19 Troisième série : Coke avec 5o pour 100 CaO (100s coke, 5os CaO). — Composi- tion moyenne des gaz obtenus (CO et CO2 déduits) : Pour 100. Hydrogène 77 Méthane là Pour éclaircir le mécanisme de la formation du méthane, j'ai fait agir sur CaO, vers iooo0, les éléments composants du gaz d'eau en présence de vapeur d'eau. Réactions de I ■* ». 1 10*, H2, CH4, humides, purs ou mélangés, sur CaO vers 10000: i° L'oxyde de carbone pur, humide, après réaction sur Ca O, a donné (CO2 déduit 1 : Pour 100. Oxj de de carbone 10, 3 .Méthane 1 1 . 1 Hydrogène 78,6 Il s'est donc produit au contact de CaO : CO + H20 = CO2^- H'2, CO-i-3(H2) = CH4 + H20. 2° Gaz d'eau (CO -+- H2) passant humide sur CaO à ioooj : Pour 100. Oxyde de carbone 10,4 Méthane 10, 3 Hydrogène 79, 3 3° Un mélange de CO, CO2, CH1, H2 humides : Avant passage. Vprès passage sur CaO. Acide carbonique 4>5 absorbé avant analyse Oxyde de carbone 8,1 5,8 Méthane 10,1 12,6 Hydrogène 77 , 3 79 , 6 199^ ACADÉMIE DES SCIENCES. 4° Un mélange de CO2 et H2 humides : Avant passage. Après passage sur CaO. Acide carbonique 26 absorbé avant analyse Oxyde de carbone o y 10,1 Méthane o 12,2 Hydrogène 7 4 77,7 On déduit de là l'existence des réactions C02-hH2=C0-t-H20, C02 + 4(H2)=CH*-r-2(H20). Conclusions. — L'origine du méthane dans le gaz d'eau provient des réactions (1) 4(C0)H-2(H20) = 3(C02) + (JH1; (2) 2(CO) + 2(H2) = C0!+CH4; (3) CO!+4(H2) = CH4+2(H!0). La réaction (2) s'effectue directement, en très petites proportions, ainsi que l'a montré M. Armand Gautier. Dans la préparation du gaz d'eau obtenu avec le coke, la chaux du coke intervient et la quantité de méthane produite augmente dans de grandes proportions. Au-dessous de 8oo°, la formation de CO'Ca est certainement'un facteur important de la production de Cil1. Au-dessus de la température de décomposition de CO'Ca, c'est-à-dire au-dessus de 9000, CaO agit comme catalyseur, en favorisant les réactions (1), (2) et (3). CHIMIE MINÉRALE. — Sur i existence des bromites. Note de M. J. Clarexs, transmise par M. Paul Sabatier. D'une solution ft hyoobromile récemment préparée par dissolution lente de vapeurs de brome dans une solution de potasse ou de soude, on fait deux parts: l'une est traitée par un excès de sel ammoniacal, l'autre est préalable- ment portée aux environs de 80" pendant quelques minutes, puis traitée à son tour par un excès de sel ammoniacal. Les deux solutions ainsi obtenues ne se comportent pa,s de la même façon vis-à-\i^ de Vacide arsènieux en solution alcaline et à froid : tandis que la première est sensiblement sans action sur ce réactif, on constate que la seconde a conservé vis-à-vis de l'acide arsènieux, dans les conditions pré- SÉANCE DU 3o JUIN 191 3. 1999 cisées plus haut, un pouvoir oxydant qui peut atteindre le -^ du pouvoir oxydant de la solution initiale d'hypobromite. Il subsiste donc dans la deuxième liqueur un composé qui n'est pas l'hypo- bromite, puisqu'il ne réagit pas sur le sel ammoniacal, qui n'est pas non plus du bromate puisqu'il réagit à froid sur l'acide arsénieux en milieu alcalin, et qui provient évidemment de la transformation de l'hypobromile sous l'influence de l'élévation de température qu'on lui a fait subir : très vrai- semblablement ce composé est un bromite. Pour la détermination de sa formule, j'ai suivi le mode opératoire suivant : Je pars, naturellement, d'un hypobromite renfermant une quantité notable du corps en question; je prélève un échantillon de 3ocm' ou /JocmS que je traite par un léger excès d'un sel ammoniacal ou d'urée. Je détruis ainsi rhypobromite. Le liquide obtenu est additionné alors de nitrate d'argent jusqu'à apparition d'un précipité brun permanent, ce qui ne se produit que lorsque tout le bromure de la solution a été pré- cipité à l'état de bromure d'argent jaune (Journal of Am. Soc, t. XXXI, 1909, p. 5). Je filtre alors: la solution ne renferme plus que le bromate et le composé étudié, bro- mite probable. De cette solution, je prélève trois échantillons de même volume. Je détermine le pouvoir oxydant de l'un vis-à-vis de l'acide arsénieux en milieu alcalin et à froid : j'ai ainsi la quantité d'oxygène cédée par le bromite r) qu'il renfermait. Sur le second, je détermine le pouvoir oxydant de la somme bromate ■+■ bromite (?) en mesurant le pouvoir oxydant vis-à-vis de l'acide arsénieux, à chaud et en milieu fortement acide. La comparaison des deux résultats ci-dessus donne la part qui revient au bromate et celle qui revient au bromite (?) dans le pouvoir oxydant total. Sur ce troisième échantillon évaporé au bain-marie, puis calciné pour transformer bromite (?) et bromate en bromure, je dose le brome par la méthode de Volhard. De la quantité d'oxygène cédée par le bromate je puis déduire la quantité de brome attribuable à ce bromate. Par différence j'ai la quantité de brome due au bromite (?). J'ai vérifié par plusieurs déterminations toutes concordantes que cette quantité de brome est à la quantité d'oxygène cédée par le bromate, déter- minée sur l'échantillon 1, comme 80 est à 32. La formule du composé étudié est donc bien Br02M : c'est bien un bromite. La méthode de dosage à employer dans le cas de mélanges : hypobrumite- bromile-bromate , résulte de tout ce qui précède : Sur un premier échantillon on déterminera, à l'aide d'une solution titrée d'arsénite de sodium, la somme hypobromite -+- bromite. Sur un deuxième échantillon préalablement traité par un excès de sel ammoniacal C. R., igi3, 1" Semestre. (T. 156, N°; 36.) ^56 2000 ACADEMIE DES SCIENCES. ou d'urée, la mesure du pouvoir oxvdant vis-à-vis del'arsénite de sodium à froid don- aera le terme bromite. Enfin sur un troisième échantillon, on déterminera la somme hypobromite -+- bro- mite -+- bromale par la détermination du pouvoir oxydant vis-à-vis de l'acide arsénieux, à chaud, et en milieu fortement acide. La comparaison des trois résultais ainsi obtenus donne facilement chacun des terme* : hypobromite, bromite et bromate. Dans l'application de cette méthode de dosage, quelques précautions sont, cepen- dant, nécessaires pour arriver à des résultats absolu ments corrects. Dans une discussion dont les détails et les conclusions sont publiés ailleurs (Thèse de doctorat, Toulouse. igi3), j'ai étudié successivement les diverses causes possibles de perturbations. J'ai ainsi montré que, dans les conditions habituelles, on pouvait considérer comme négli- geable l'action des bromites sur les sels ammoniacaux; j'ai donné un procédé très simple permettant d'évaluer la quantité d'hvpobromite subsistant dans les mélanges après l'action du sel ammoniacal ; j'ai déterminé dans quelles conditions de dilution des solutions ammoniacales employées, on devait se placer, pour que l'addition de ees solutions ne détermine pas une élévation de température suffisante pour amener la transformation d'une partie de l 'hypobromite en bromite, faussant ainsi la composition du liquide à titrer. La parfaite régularité des résultats obtenus par l'application de ce mode opératoire, ainsi réglementé, dans l'étude de l'évolution de nombreuses solutions d'hypobromiles, m'a surabondamment démontré sa correction. BOTANIQUE. — Sur un hybride de greffe entre Pêcher et Amandier. Note de MM. L. Daniel et J. Df.i.pon, présentée par M. Gaston Bonnier. Il y a quelques années, en 1905, à Mas-Grenier (Tarn-et-Garonne), un Amandier vigoureux fut recépé à une petite distance du collet. 11 fournit un certain nombre de pousses de remplacement qui furent écussonnées en août, à œil donnant, avec des bourgeons provenant d'un Pêcher à fruits jaunes, habituellement cultivé dans le pays et n'ayant jusqu'alors mani- festé aucune variation. Au printemps suivant, tous les écussons se dévelop- pèrent vigoureusement, et à l'automne, ils portaient déjà quelques bour- geons à fruits. L'année d'après, ceux-ci fleurirent à l'époque normale et donnèrent des pèches à chair jaune, absolument identiques à celles de la variété choisie comme greffon. La troisième année de greffe, tous les écussons commencèrent à se modi- fier d'une façon singulière. Les fleurs, semblables à celles du Pêcher, four- nirent des fruits plus ou moins intermédiaires entre ceux du Pêcher et de SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. P.OOI l'Amandier. Leur chair était assez mince, molle, tendre et colorée comme celle de la pèche, mais de qualité très médiocre. Les noyaux étaient, à des degrés divers, intermédiaires comme taille, forme, nature des sculptures,, entre les noyaux normaux du Pêcher et de l'Amandier. s, Fait théoriquement intéressant, les pousses hybrides de greffe ne par- taient pas du bourrelet même, comme cela se produit le plus souvent pour ces formations ( Cytùus Adami, Cratcegomespilus Dardari, Pyrocydonia Dameli). Le greffon n'en présentait qu'à des distances du bourrelet supé- rieures à 3o'm. Vers le milieu de la charpente, se trouvaient isolément des pousses pures de Pêcher et d'Amandier. On rencontrait aussi, ça et là, sur la charpente du greffon, des pousses fruitières de trois sortes : Amandier pur, Pêcher pur, et des pousses intermédiaires entre les deux espèces. Quelquefois un même rameau portait à la fois des feuilles de Pécher et des feuilles d'Amandier. Le port des greffons différait à la fois de celui du Pêcher et de celui de l'Amandier; les tiges étaient plus érigées, plus régu- lières et formaient une tète presque hémisphérique. Les années suivantes, ces phénomènes se reproduisirent et la variation était iixée. Mais le pro- priétaire de cet arbre singulier, ne lui trouvant aucun intérêt pratique, l'a sacrifié. Deux noyaux provenant du greffon ont germé et donné deux jeunes arbres, dont l'un est vigoureux et l'autre chétif. Aucun d'eux n'a encore fleuri. D'après leurs feuilles, on constate qu'ils offrent à la fois quelques ressemblances avec le Pêcher et l'Amandier. Les stipules du premier sont grandes et tombent tardivement comme dans le Pêcher, mais les dents de la feuille sont grandes et régulières comme dans l'Amandier. De nombreux nectaires foliaires sont disposés comme dans le Pêcher, et il en est de même delà nervation. La structure anatomique du pétiole et du limbe rappelle celle de l'Amandier. Les stipules du second sont caduques et petites comme dans l'Amandier, mais la disposition des nectaires et des dents de la feuille rappelle celle du Pêcher; la nervation est plus serrée comme dans l'Aman- dier. La structure anatomique du pétiole et du limbe est voisine de celle du Pêcher. Les caractères de l'hybride de greffe ci-dessus décrit, avec ses feuilles, ses fruits et ses noyaux intermédiaires entre le sujet et le greffon, offrent beaucoup de rapports avec ceux de VAmygda/us commuais persicoides Ser. des horticulteurs qui est considéré comme un hybride sexuel, mais dont l'origine est inconnue en réalité. D'après les résultats signalés ici, on peut plus rationnellement supposer qu'il s'agit d'un hybride de greffe multiplié 2002 ACADEMIE DES SCIENCES. sans état civil. Sa formation, à une assez grande distance du bourrelet, montre que l'hybridation par greffe peut s'effectuer sur le greffon à une distance variable des tissus de soudure et ce fait confirme, à ce point de vue, les phénomènes signalés, par l'un de nous, dans les Aubergines et Piments greffés sur Tomates et dans les Vignes greffées. Il rappelle aussi le cas des pousses d'Amandier pur signalées par des horticulteurs sur des Pêchers greffés sur Amandier, il y a quelques années; mais dans notre hybride de greffe, la réaction a été beaucoup plus complète, puisque non seulement coexistent sur le greffon des pousses pures du sujet et du greffon, mais encore des organes nettement intermédiaires à des degrés divers (feuilles, fruits et noyaux) entre les deux associés; en un mot, il réalise une mosaïque de caractères pœcilodynames quand ceux qu'on a signalés, jusqu'ici dans le Pêcher, représentent une mosaïque de caractères dicho- dynames. BOTANIQUE. — Le genre Baseonema à Madagascar. Note de M. P. Choux, présentée par M. Gaston Bonnier. Le genre Baseonema a été créé en 1896 par MM. Schlechter et Rendle(') pour une Asclépiadée de la tribu des Périplocées (le Baseonema Gregorii, de l'Afrique orientale), qui se distinguerait de toutes les autres Périplocées connues : i° par l'absence de couronne; 2° par ses filets staminaux dilatés à la base puis filiformes; 3° par la présence de petits lobules adhérents à la corolle et alternes avec les étamines. Depuis lors, d'ailleurs, aucune autre espèce n'a été signalée. Or, au cours d'une étude que nous poursuivons actuellement sur les Asclépiadacées de Madagascar avec des matériaux recueillis par M. Perrier de la Bàthie et que M. le professeur Jumelle a bien voulu nous confier, nous avons trouvé trois plantes qui appartiendraient également à ce genre Baseonema tel qu'il a été établi par MM. Schlechter et Rendle. < les trois Périplocées ne présentent, en effet, aucune trace de couronne, et montrent nettement, entre les étamines, de petits lobules quadrangulaires; quant aux formations que MM. Schlechter et Bendle considèrent comme la dilatation basilaire des fdets staminaux, elles existent bien dans nos trois (') li. Schlechter et A.-B. Rendle, New African Asc/epiads i The Journal of Bot., i. \\\1\ . 1896, p. 97, Tab. :î.ïC). SÉANCE DU 3o JUIN IÇ)l3. 20o3 espèces, mais nous ne serions pas tout à fait de l'avis de ces auteurs en ce qui concerne leur interprétation, du moins d'après ce que nous avons pu constater dans nos échantillons. Si, en effet, sur des spécimens desséchés, on peut croire que la partie charnue qui se trouve à la base de la corolle appartient aux filets staminaux, sur des exemplaires conservés dans le formol, comme nous en avons eus pour deux de ces espèces, il nous semble bien que cette partie charnue appartient en réalité à la corolle; et c'est sur la face interne de cette sorte d'anneau qui entoure l'ovaire que prennent naissance les filets staminaux grêles; quant aux lobules interstaminaux, ils sont à la partie supérieure de cet anneau auquel ils adhèrent par leur base. C'est bien d'ailleurs ce qui paraît avoir lieu dans le Baseonema Gregorii d'après la figure donnée par MM. Schlechter et Rendle. Nos trois Baseonema ont été récoltés l'un en 191 1 dans les bois secs du mont Vatovavy vers 4oom d'altitude, les deux autres en 191 2 dans les bois de l'AnoIamazoatra vers 8oom. Ce sont des lianes grêles dont les deux dernières renferment, en outre, un latex poisseux. L'appareil foliaire permet de les distinguer facilement : les feuilles sont en effet ovales ou obovales avec un sommet tantôt aigu, tantôt obtus, tronqué ou minuscu- lement émarginé clans le Baseonema multiflorum, ovales ou ovales-lancéolées, mais à sommet acuminé dans le Baseonema acuminatum et linéaires dans le Baseonema lineare. Les inflorescences offrent quelque ressemblance avec celles du Baseonema. Gregorii. Ce sont en effet des cymes bipares ou tripares assez allongées, pauciflores dans le B .acuminatum et surtout le B .lineare, mais renfermant au contraire un assez grand nombre de fleurs dans le B. multiflorum. Le calice est toujours de petite taille et muni de cinq glandes volumineuses rappelant celles des Camptocarpus ou des Symphytonema. La corolle, dont nous avons déjà signalé les particularités, est à pétales peu soudés à la base et de dimensions à peu près égales dans le B .acuminatum et dans le B . lineare (4mm,5), mais beaucoup plus petits dans le B .multiflorum (imm,-). Les élamines sont entièrement glabres et les anthères sont surmontées d'un appen- dice triangulaire. Les translateurs sont toujours de petite taille et offrent la forme diine bouteille. .Nous ne connaissons pas les fruits. Nos trois espèces, dont une a été communiquée par nous à M. Schlechter qui a confirmé notre détermination, sont d'ailleurs bien distinctes du Baseonema Gregorii. Elles ne peuvent non plus être confondues avec une autre plante que nous croyons aussi devoir faire rentrer dans le même genre Baseonema; il s'agit de la Périplocée pour laquelle MM. Costantin l>00/| ACADÉMIE DES SCIENCES. et Gallaud (') ont cru devoir, dans leur Révision des Asclëpiadacèes de Mada- gascar, créer le nom générique de BaronieUa en la nommant Baroniella ciimptocarpoides. Nous avons pu, en effet, examiner dans l'herbier du Muséum de Paris les fleurs de ce BaronieUa et nous avons constaté que, contrairement à ce que pensaient MM. Coslantin et Gallaud, il n'y a pas de couronne à proprement parler, mais un anneau charnu à la base de la corolle, portant comme toujours de petits lobules interslaminaux et offrant par conséquent la structure typique du genre Baseonema. MM. Costantin et Gallaud avaient eu raison, en somme, d'admettre un genre nouveau, mais ils ignoraient que ce genre avait déjà été créé quelques années aupa- ravant par M. Schlechter pour une plante de l'Afrique orientale. On connaîtrait donc dès lors à Madagascar quatre espèces de Baseonema: Baseonema multijlorum, Baseonema acuminatum, Baseonema lineare et Baseonema ( Baroniella ) camplocarpoides . Il est intéressant de retrouver à Madagascar, et même assez largement représenté, un genre dont la seule espèce antérieurement connue apparte- nait à l'Est-Africain anglais. physiologie VÉGÉTALE. — La pression de l'air dans les lacunes des plantes aquatiques. Note de M. II. Devaux, présentée par M. Gaston Bonnier. On sait que toutes les phanérogames aquatiques possèdent des espaces intercellulaires remplis d'air à l'état gazeux et que l'atmosphère interne ainsi confinée ne peut se renouveler dans l'eau qui l'environne que par des échanges purement osmotiques. Aucune mesure ne semble avoir été faite par les auteurs sur la pression totale que peuvent acquérir les gaz constituant cette atmosphère interne, et il m'a paru intéressant de faire des recherches à ce sujet. Or, comme je l'ai montré ailleurs (a) pour une plante aquatique plongée dans l'eau aérée, il existe à l'extérieur deux sortes de pressions : la pression totale ou pression barométrique, mesurable directement, et la pression spé- ciale des gaz- dissous. (') Costantin et Gallaud, Révision des Asclëpiadacèes de Madagascar {A nu. d. Se. nal. : /tôt., gc série, t. VI, 1907, p. 354). 1 1 H. Devaux, Du mécanisme des échanges gazeux chez les plantes aquatiques submergées (Ami. des Sciences naturelles, 7e série, Bot., t. IX, 1889, p. 100 du tirage a part). SÉANCK DU 3o JUIN 1913. '-20o5 La rigidité des parois empêche absolument la pression barométrique de se faire sentir à l'atmosphère interne (tellement même que l'on peut faire le vide à l'intérieur) ('). Au contraire, la perméabilité de ces mêmes parois aux gaz dissous tend à permettre l'égalisation des pressions gazeuses de part et d'autre. Si donc la plante est plongée dans l'air libre, la pression dans l'atmo- sphère interne tendra à être la pression atmosphérique. Mais si elle est plongée dans de l'eau aérée, cette pression de l'atmosphère interne tendra à être la pression de dissolution de l'air, non la pression barométrique exis- tant dans Le liquide. En un mot, dans tous les cas, l'atmosphère interne de la plante ne tendra à avoir que la pression gazeuse extérieure. « Si bien qu'un manomètre adapté directement à la plante donnerait à peu près la pression des gaz dissous (somme des pressions propres à chaque gaz dissous); tandis qu'un deuxième manomètre placé à côté, mais dans l'eau, donnerait la pression baromé- trique (somme des pressions données par l'atmosphère et par la colonne d'eau surmontant la plante). » J'ai tenté (2) de réaliser expérimentalement la vue théorique exprimée ici. c'est-à-dire de mettre un manomètre en communication réelle avec une plante aquatique. A cet effet je me suis servi d'un simple tube capillaire, clos à une extrémité et contenant un index mobile. La partie sectionnée de la plante est adoptée à l'autre exlrémitéau moyen d'une solution de gélatine à 20 ou 25 pour 100. Cette solution se coagule vers3o° et donne par refroidissement un joint hermétique très solide. Dans ces conditions, le tube capillaire est fermé vers l'extérieur, mais il est en libre communication avec l'air confiné dans la plante et la pression de cet air est marquée à tout instant par la position de l'index dans le tube. Dès le début on constate que cet index se maintient au o quand la plante est plongée soit dans l'air, soit dans l'eau normalement aérée, c'est-à-dire à la pression atmosphérique. Mais que va-t-il se produire dans l'eau sursaturée? • Plante dans l'eau sursaturée d'air. — Préparons de l'eau sursaturée d'air par une forte agitation en vase clos avec de l'air comprimé à 2alm environ. Cette eau est versée dans une éprouvette et nous y plongeons la plante. Immédiatement l'index se déplace dans le tube manométrique, il monte assez rapi- dement, indiquant qu'une pression croissante s'établit dans les lacunes de la plante. En -quelques minutes la longueur de la colonne gazeuse est réduite à 1s"„", c'est-à-dire (') l'KVAL'X. /OC. Cit.. p. li*. (-) Les expériences relatées ici ont été faites pour la plupart en juin 1908. J'ai tardé à les publier, parce que je comptais les multiplier. 2006 ACADÉMIE DES SCIENCES. que la pression est devenue -^^Ji; elle s'est donc accrue de oatra,2o. Mais elle s'élève encore et l'excès arrive à être voisin d'une oalm,5 si la saturation est forte et qu'aucun accident secondaire ne se produise. Avec un rameau iïElodea de i4cm. et une colonne gazeuse de ioomm de long et de omm,7 de diamètre, l'équilibre se produit en i5 minutes environ. Mais dans une solution saturée d'acide carbonique il suffit de 2 ou 3 minutes. Au contraire, dans un manomètre semblable, mais dépourvu de plante, l'index ne bouge pas ; il indique à très peu près la pression barométrique, quoique plongé au même niveau. La démonslration expérimentale de nos prévisions est donc faite : La pression de V atmosphère interne d'une plante aquatique submergée tend à être uniquement celle des gaz dissous. On peut même dire qu'une plante, munie d'un manomètre capillaire, constitue un petit appareil utile aux physiciens : c'est un instrument per- mettant de reconnaître et de mesurer la pression propre des gaz dissous dans l'eau. On pourrait l'appeler un manomètre hydropneumatique. Rupture des parois. — Un fait très frappant ici est de voir les parois de la plante, malgré leur délicatesse apparente, résister à une pression interne considérable pouvant atteindre et dépasser oat,u,5. Cependant leur résis- tance est limitée, et il est fréquent de voir apparaître tout à coup un filet de bulles d'un point quelconque de la plante. Cette sortie se produit soit par une rupture locale d'un point faible de la paroi ('), soit par une blessure préexistante fermée par simple capillarité. On sait en effet que la sortie des bulles par une très petite ouverture sous un liquide nécessite une pression d'autant plus forte que les bulles formées sont plus fines. Notre petit manomètre hydropneumatique ne peut donc servir pour les sursaturations un peu fortes; mais pour les variations normales de la pression de l'air dissous dans les eaux naturelles il donne des indications précieuses. zoologie. — L'Okapi. Note de M. Wilmet. L'Okapi, en latin Okapia Jo/mstoni, fut découvert il y a une dizaine d'années dans les forêts de l'Ituri et de l'Uellé (Congo belge). Ruminant de la famille des Giraffidés, il constitue l'intermédiaire entre les Giraffidés tertiaires et les Girafes actuelles. (') L'éclatement de la paroi sous l'influence d'un excès de pression intérieure est probablement rare, en dehors des conditions extrêmes réalisées par l'expérience (Dkvaux, loc. cit., p. 109 du tirage à part). SÉANCE DU 3o JUIN I()l3. 2007 Okapi est le nom indigène que lui. donnent les populations Walésé et Mamvu de l'Ituri; Dumba disent les Mabudus et Mangbetus et Kengé les Arabisés. Jusqu'à ce jour aucun Okapi n'a pu être l'amené vivant en Europe. Il y a quelques années on en garda un en captivité pendant quelques jours à Api et récemment je réussis à en conserver un vivant pendant 1 mois à Wamba. D'autres circonstances ont jusqu'aujourd'hui rendu très difficile l'étude de cette race. Tout d'abord l'animal est très rare et son caractère farouche lui fait fuir le voi- sinage des centres peuplés. Ensuite sa peau a, aux yeux des indigènes, une très grande valeur, car ils s'en font des ceintures, des gaines de couteaux et des ornements qui sont des insignes de chefs. Les indigènes Mabudus, Mangbetus et Balikas considèrent même l'Okapi comme Emba (tabou), c'est-à-dire que seuls les chefs peuvent le loucher, en manger et se parer de ses dépouilles. Pour eux, la valeur d'une peau varie entre 5o et 70 malies, c'est-à-dire de 75fr à ioofr. En Europe, une belle dépouille d'Okapi est estimée à plus de 6ooofr, voire même ioooor'. Seuls les Mambutis, race de pygmées chasseurs, voient les Okapis vivants et les tuent dans la forêt. En effet ['Okapi ne vit jamais en plaine, ni en forêt marécageuse, mais dans les forêts montagneuses. Le centre de l'habitat se trouve aux environs de Medge, vers les sources de la Gayo et dans les forêts montagueuses des Walésés où il y a d'immenses territoires non peuplés. Le pelage de la bête est très velouté, noir et blanc ou brun et blanc. La couleur n'est particulière ni à une race, ni au sexe, ni à l'âge : un -jeune Okapi au pelage noir peut accompagner une femelle au pelage brun et vice versa. L'Okapi est d'une extrême propreté et se lèche, comme les chats, pour se nettoyer. Il veille sans cesse à éviter la boue et tout ce qui pourrait ternir la blancheur de ses pattes blanches musclées. L'animal a les lèvres noires et la langue bleue et très longue. Les oreilles, très grandes et très mobiles, sont remplies de poils. L'ouïe et l'odorat sont très déve- loppés. Fort craintive, la bête se défend par des ruades très vigoureuses. Le sabot est divisé à la façon des chamois. Vers l'âge de 1 mois, l'Okapi mesure im,o5 au garot; un mois après, il a im, 1- environ et, adulte, il atteint même la taille du cheval. Les mâles ont de très petites cornes et les femelles n'en ont aucune trace. L'Okapi voyage et mange la nuit. Il fuit la grande lumière et en semble ébloui. 11 ne broute pas les herbes, mais mange les feuilles des arbres et des arbustes, du mangier entre autres et particulièrement les jeunes tiges dont il est très friand. Pour boire, il est obligé d'écarter fortement les pattes de devant, vu la hauteur de l'avant-train. La démarche est absolument celle de la girafe, c'est-à-dire qu'il avance à la fois les deux membres du même côté. Ses allures sont le pas et le galop. C. R., 1 9 1 3 , 1" Semestre. (T. 156, N° 26.) 207 2008 ACADÉMIE DES SCIENCES. La bète dort le jour, debout le plus souvent; quand elle se couche elle se pose la tète sur une grosse branche, un tronc d'arbre renversé ou un autre support. L'Okapi ne vil pas en troupeau, au plus peut-on rencontrer un couple et un jeune. La femelle n'a qu'un jeune par portée, au dire des indigènes. Les bêles ne s'accouplent que pendant la saison des pluies; séparés pendant la saison sèche, aux premières pluies le mâle cherche et suit la piste de sa femrlle et la rejoint si loin soit-elle. Aus-i les indigènes prétendent que s'ils tuent au piège une femelle, à la saison des pluies, le mâle sera pris dans la même fosse. Le jeune Okapi de \\ amba fut pris de la façon suivante : les indigènes à la récolte du caoutchouc chassaient pour leur subsistance lorsque par hasard ils rencontrèrent une femelle okapi accompagnée de son jeune. L'adulte parvint à.fuir, mais le petit fut capturé; delà taille d'un poulain, la bète se laissa prendre et porter à bras pendant L\ jours, refusant toute- fois toute nourriture. Arrivée à Wamba fort fatiguée, elle se remit peu à peu et vécut près d'un mois gardée dans un enclos de ioora sur 5om construit en forêt pour lui donner l'illusion de la liberté. (Elle fut nourrie par vingt chèvres laitières et on lui donna du lait condensé délayé dans de l'eau tiède avec un peu de riz; en fait de feuillages, trop jeune, elle les refusa tous sauf quelques jeunes tiges de mangicr dont elle se montra friande.) Peu à peu le jeune Okapi se familiarisa, venant à l'appel de son nom et reconnaissant très bien ceuv qui le soignaient, allant même jusqu'à leur lécher les m lins. L'espoir de le ramener vivant en Europe naissait déplus en plus, lorsque le vingt-quatrième jour de sa captivité l'animal, sans motif apparent, refusa toute nourriture. Trois jours après il mourait. 11 ne me resta que la consolation d'envoyer son squelette et sa peau au Musée colonial de Tervueren ainsi que les dépouilles de cinq autres Okapi. I3IOLOGIE. — Nouvelles observations sur la reproduction de la sardine algérienne ('). Note de M. J. IJoixhioi., présentée par M. Dastre. Poursuivant l'exposé succinct des résultats de recherches déjà longues, j'aborderai, dans cette Note, les faits relatifs à la précocité et à la fécondité de la sardine algérienne. (') J. Bounhiol, Sur la reproduction delà sardine algérienne (Comptes rendus, mai 1913). SÉANCE DU 3o JUIN Ip,l3. 2O0O, A. A QUEL AGE LA SARDINE SE REPRODUIT-ELLE POUR LA PREMIÈRE FOIS? — Cette importante question n'a jamais reçu, à ma connaissance, de réponse nette pour aucune race ou variété de sardine, sur aucun rivage particulier. En utilisant la méthode anatomique que j'ai déjà signalée l'année der- nière (') je crois être arrivé à lui donner, en ce qui concerne les côtes de l'Algérie, une réponse précise. La sardine algérienne paraît être de taille plutôt petite. Sa longueur totale (moins la nageoire caudale) n'atteint ici que très exceptionnelle- ment i4tm,5. C'est un maximum qu'en 7 ans je n'ai pas vu dépassé. A âge égal, les mâles sont toujours plus petits que les femelles. Les plus jeunes individus que j'ai observés porteurs de glandes génitales complètements mûres, en imminence ou en cours d'expulsion de leurs produits, avaient une taille de io'"1 à io"n,'> et une valeur de -. comprise entre 8,3 et 8, \. Ils étaient âgés de 1 > mois, à deux semaines près. Toutes les années n'offrent pas, du reste, la même précocité des jeunes. La saison comprise entre décembre ic)ioet mars 1 « > t i fut particulièrement remarquable à ce point de vue. Au cours d'une période donnée, on ne trouve pas indifféremment des jeunes trèsprécoces à tous les moments. C'est ainsi que je n'ai jamais ren- contré des reproducteurs de i3 mois dans le courant de novembre; j'en ai vu tout-à-fait exceptionnellement fin décembre, très rarement au commen- cement de janvier, rarement en avril. C'est surtout du i5 janvier au ij mars qu'on a le plus de chances d'observer les plus jeunes sardines génitalement mûres. Cette particularité s'explique assez facilement. En se reportant aux faits exposés dans ma précédente Communication (2) on ne perdra pas de vue, en effet, que, d'une part, la période générale de ponte annuelle s'étend (') J. Boi.nhiol. Sur la détermination de l'âgede la sardine algérienne (Comptes rendus, 17 juin 1912). — Quelque temps après la publication de cette Note, j'ai eu le plaisir de trouver dans un travail du Dr Massimo Sella, de l'Institut d'Anatoinie com- parée de l'Université de Home : Sullo si'iluppo del/o scheletro assiale dei Murenoïdi (juillet 1912), une parallèle application de cette méthode anatomique (variation de la position de l'anus avec l'âge) chez les Congres. J'y ai lu, excellemment exprimé, le souhait de voir utiliser, d'une manière générale, la variation des proportions relatives des organes pendant la croissance, pour la détermination précise de l'âge de certaines larves, peu connues biologiquement, telles que les Leptocéphales. (2) J. Hoi'nhiol, Sur la reproduction de la sardine algérienne (Comptes rendus, mai 1 y 1 3 ). 20I0 " ACADÉMIE DES SCIENCES. de novembre à avril et que, d'autre part, la durée individuelle de la germi- nation ovulaire ne dépasse pas 3 mois. Il en résulte que : Les animaux ayant plus d'un an, mûrs fin novembre de l'année n ne peuvent être nés qu'en avril, mars, février, janvier de l'année n~\ ; décembre et novembre de l'année n-i\ ou bien en avril, mars, février, janvier n-2 et décembre-novembre «-3; ils peuvent être âgés respectivement de : 19 à 20 mois, 20 à 21 mois, 21 à 22 mois, 22 à 23 mois, q3 à 24 mois, 24 à 23 mois; puis de 3i à 36 mois, etc. Dans les mêmes conditions, ceux qui arrivent à maturité fin décembre de l'année n ne peuvent avoirque : 20 à 21 mois, 21 à 22 mois, i[\ à 25 mois; puis 32 à 37 mois; 44 à 49 mois; et provenir des éclosions d'avril, mars, février, janvier de l'année «-1; décembre de l'année n-2; puis d'avril n-2 à décembre n-3; d'avril n-3k décembre n-[\, et ainsi de suite pour ceux trouvés mûrs fiu janvier, fin février, fin mars, fin avril. Les âges déterminés d'après ma méthode ont toujours été trouvés en concordance générale avec ces prévisions. La proportion de femelles jeunes et de femelles âgées, parmi les animaux mûrs d'une même année est très variable. Toutefois, les âgées prédominent assez nettement en novembre et décembre, au cours des années ordinaires. Dans certaines années exceptionnelles (191 1, notamment), j'ai observé une extraordinaire abondance déjeunes dès le mois de décembre. B. Fkcondité. — Les ovaires mûrs ont, par paires, un volume de aSoo"""1 à 3Goo"""\ En admettant que les ovules bien caractérisés (dimension moyenne : o"im,52 de diamètre) arrivent tous à maturité et soient pondus, on obtient le chiffre minimum de 29000 à l\i 000 œufs par femelle. Dans le calcul de ces nombres, il est, d'ailleurs, tenu compte du volume de la glande vidée. Il convient d'ajouter que les petits ovules, très nombreux, dont la plus grande partie arrive certainement à grossir et à mûrir, n'inter- viennent dans ce calcul que pour une part grossièrement approchée et évidemment insuffisante. En réalité, la fécondité de la sardine algérienne, dans les conditions normales, est, le plus souvent, supérieure à celle que j'indique ci-dessus. Le chiffre de /jSooo peut être admis, chez notre sardine de petite taille, comme une moyenne très vraisemblable. CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Variations de la glycémie pendant V inanition . Note de M. II. Hierrv et M"e Lucie Fandakd, présentée par M. Dastre. La teneur en sucre du sang artériel qui, à l'état normal, est sensiblement fixe pour une espèce animale donnée, peut subir des variations importantes SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 201 t à la suite de troubles apportés dans l'équilibre de la nutrition. Nous avons précédemment montré que l'injection d'adrénaline pouvait amener des per- turbations de la glycémie chez l'animal (Comptes rendus, 10 février iç)i3); nous montrerons maintenant que l'inanition est également capable d'exercer une grande influence sur la teneur en sucre du sang. Nous avons étudié la glycémie totale, c'est-à-dire à la fois le sucre libre, directement réducteur, et le sucre engagé en combinaison, sucre dont la pré- sence ne peut être manifestée qu'après scission de la molécule complexe qui le renferme, et rupture de la liaison qui dissimule sa fonction aldéhydique. Nous avons pu établir que, dans le sang total, dans le plasma, dans le sérum, dans divers constituants protéiques de ces liquides, il existe des substances qui donnent du sucre réducteur après hydrolyse. Nous aurons à revenir sur l'origine et la nature de ces corps qui ne sont ni des composés glycuroniques, ni du glycogène, ni des glucosides, comme on l'a successivement prétendu. Ces combinaisons hydrocarbonées du sang résistent, in vitro, à l'action de la glycolyse (') et de la potasse étendue et chaude qui font disparaître le sucre libre; elles sont toutefois rompues à chaud par les acides minéraux (2), et le sucre réducteur libéré devient ainsi dosable parles procédés ordinaires. Nous avons hydrolyse le sang en le chauffant à l'autoclave à 1200 avec de l'acide chlorhydrique (3); après neutralisation, les matières albuminoïdes sont précipitées par le nitrate mercurique (méthode Bierry-Portier). Nous avons recherché si, dans l'inanition, le sucre engagé en combinaison restait dans le sang en quantité fixe, ou bien subissait certaines varia- tions comme le sucre libre, et pouvait, ainsi que ce dernier, jouer un rôle dans l'équilibre de la nutrition. Il nous a semblé que cette question présen- tait un grand intérêt physiologique. Nous avons fait ces recherches sur des chiens. Un échantillon de sang artériel fut prélevé à chaque animal, immédiatement avant le début de l'expérience, pour le dosage (') Il n'y a donc pas de glycolyse apparente comme certains auteurs l'ont affirmé ; nous sommes entièrement d'accord avec M. Arthus sur ce point. (-) La première démonstration de l'existence de substances hydrocarbonées en com- binaison dans le sang revient à Pavy. L'idée « qu'il pouvait, in vitro, se dégager du sucre dans le sang après chauffage à 56° » doit être rejelée à la suite des expériences de M. Arthus et des nôtres ; il en est de même de l'existence dans le sang d'un sucre virtuel qui serait une sorte de glycoside, dédoublable à la fois par l'invertine et l'émulsine. (3) Le temps de chauffe et la quantité de H Cl varient un peu avec les sangs ou les sérums, plus ou inoins riches en protéiques, provenant d'animaux différents. 2012 ACADEMIE DES SCIENCES. du sucre libre et celui du sucre total après hydrolyse (le poids du sucre total, dimi- nué du poids du sucre libre, donne la quantité de sucre réducteur provenant des diverses combinaisons génératrices d'hydrates de carbone). Ces chiens furent mis à l'inanition ; on leur donna toutefois de l'eau. Nous prîmes à chacun, tous les huit ou dix jours seulement, de façon à éviter le retentissement des saignées sur la glycémie, la quantité de sang artériel nécessaire pour faire les deux dosages. Une injection d'adré- naline fut faite à certains animaux après le troisième jour, afin de mobiliser une partie de leur glycogène. Sucre libre. — Le sucre libre reste sensiblement constant dans la première période de l'inanition (du premier au douzième jour) qui semble corres- pondre à la période où la réserve en glycogène du foie et des muscles est encore importante. Le sucre libre diminue dans la période agonique qui dure 4 ou 5 jours. C'est la confirmation des travaux de Cbauveau et de Claude Bernard. Nous avons remarqué en outre que, pendant la période comprise entre les deux précédentes, le sucre libre augmente quelquefois de façon considérable, pouvant par exemple passer de iB à iB, 8o par litre. Sucre engagé en combinaison. — Ce sucre subit aussi des variations très nettes pendant l'inanition. Il augmente généralement, en même temps que le sucre libre, dans la seconde période. Dans la période agonique, loin de diminuer, comme le sucre libre, il est au contraire au maximum. Nous avons constaté ce fait intéressant, même dans certains cas où la déshydra- talion de l'organisme ne pouvait entrer en jeu. Glycogène. — A la fin de nos expériences, nous avons dosé le glycogène du foie et des muscles (métbode lhcrry-Gruzewska). Deux fois seulement, au bout de 24 jours et de 3i jours d'inanition, nous n'avons trouvé que des traces de glycogène dans le foie et les muscles, alors que la quantité de sucre libre était très faible et que celle du sucre combiné était maxima. Dans les autres cas, même après 28 jours de jeune, nous avons trouvé du glycogène en quantité notable dans le foie et les muscles (1^,48 pour 100 de glycogène dans le foie et oe, i5 pour 100 dans les muscles au bout de 28 jours, par exemple). Ces faits viennent justifier les critiques de Pfluger touchant les recherches sur le glycogène dans lesquelles on a essayé d'utiliser des animaux prétendus témoins. Nous donnerons seulement, à titre d'exemple, quelques chiffres obtenus dans deux de nos expériences : SÉANCE DU 3o JUIN io,i3. 20l3 Sucre libre Sucre combiné pour 1000™'. pour 1000™'. g I . Chien, 2gk6,/(O0, avant expérience 0,81 0,88 a'3à*j au bout de if\ jours de jeûne. . . 1 ,32 0,90 1 7k".4oo, au bout de 24 jours de jeune. . . o,4i > > V> 11. Chienne, 24kg, 200, avant expérience 1 0)82 (injection de OS, oi5 d'adrénaline dans le péri- toine après le troisième jour déjeune.) 18*8,700, au bout de 6 jours de jeûne, i 1 ,26 i5ks,3oo, au bout de 1 2 jours de jeûne . 1,88 1,28 Conclusions. — Le sucre engagé en combinaison subil donc, ainsi que le sucre libre, d'importantes variations pendant l'inanition. A ce sujet se pose la question du passage des protéiques aux hydrates de carbone. 11 importe en particulier de savoir si le sucre engagé en combinaison doit être considéré comme un terme de passage entre le sucre et les protéiques (' ). PHYSIOLOGIE. — Action de Vendredi thyroïdien sur la sécrétion surrénale. Note de MM. E. Gley et Alf. Quinquaud, présentée par M. Henn.eg.uy. La thèse a été soutenue des rapports fonctionnels réciproques enlre diverses glandes à sécrétion interne, en particulier la thyroïde et les surré- nales (*); le produit de sécrétion de la première de ces glandes consigne- rait un excitant pour la seconde et réciproquement l'adrénaline serait un excitant de la fonction thyroïdienne. Il est possible de voir par des expériences directes si la thyroïde exerce une telle influence sur les surrénales. On peut, en effet, recueillir le sang veineux de ces dernières, qui contient toujours des quantités minimes, mais parfaitement décelables, d'adrénaline; on sait, d'autre part, que l'extrait de glande thyroïde contient le principe actif de la sécrétion; là question est de savoir si des injections d'extrait thyroïdien augmenteront la quantité d'adrénaline déversée dans le sang veineux des surrénales. Ce sont ces expériences que nous avons faites. (') Des expériences en cours, entreprises par l'un de nous avec Albert Jtanc, per- mettront de donner une réponse à cette question. (-) H. Eppinger, W. Falta et C. Rudingkr, Ueber die Wechsélwirkungen der Drii- sen mit innerer Sekretion (Z. fur klin. Med., l. LXV1, 1908, p. i-52 et t. LXVII, 1909. p. 38o). 201'4 ACADÉMIE DES SCIENCES. Le sang de la surrénale gauche élait recueilli sur des animaux préalablement chlo- ralosés et dont le sang avait été rendu incoagulable par une injection d'albumoses ou Eig. i. — Action du sang veineux surrénal sur la pression artérielle. Vieux chien bâtarde, de la1', chloralosé à 3h5o". Pression dans le bout central de l'artère fémorale droite. En + + injection de 7cm» de sang surrénal normal, provenant d'un autre chien (vieux, de 30ke,4)> dont le sang avait été rendu incoagulable par une injection de o*,25 par kilogramme de peptone de Wilte. d'extrait de tètes de sangsues; ces animaux recevaient ensuite des injeclions d'extrait thyroïdien et, par comparaison, de diverses autres glandes, foie, pancréas, testicules ffiPli ,1^00^^:, ?{i7 •ftC«A,"à «V/ En Fig. 2. — Même chien et mêmes indications que pour la ligure 1. injection de iocm' de sang surrénal recueilli après que l'animal fournisseur du sang avait reçu une injection de o»,o3 par kilogramme d'extrait thyroïdien. On voit que l'effet vaso-constricteur n'est pas plus marqué qu'après l'injection de sang normal. L'effet cardiaque est plus marqué, mais il faut noter que la quantité de sang normal injecté a été plus faible (-cm' au lieu de 10). ou reins ('). Les divers échantillons de sang recueilli étaient injectés à un autre (') L'extrait thyroïdien provenait du bœuf; les extraits de foie, du pancréas et de reins, du porc, et l'extrait lesliculaire, du taureau. SÉANCE DU 3o JUIN IC)l3. 20 1 5 et — es C O u c te "™ O - « ~ — z C 0 "i; u ■~ V « te 4) "O JS c ÇJ — J2 s 1> O. _ « i. ■ro ai" 0 « O = S V >* - — -S « RS e C. R., 1913, 1" Semestre. (T. 156, N° 26. ) s58 20l6 ACADÉMIE DES SCIENCES. animal (chien cliloralosé) sur lequel on mesurait les variations de la pression arté- rielle, l'épreuve de la pression étant une des meilleures que l'on puisse instituer pour évaluer la teneur en adrénaline d'un liquide organique ou d'un extrait. Or, les doses faibles d'extrait thyroïdien n'augmentent pas la quantité d'adrénaline du sang surrénal, comme on peut le voir sur les tracés ci-joinls( fig, 1 et >), choisis entre bien d'autres. A dose plus forte, os,o5 et os, 10 d'extrait sec par kilogramme d'animal, la sécrétion surrénale augmente, mais de telles doses ne sont plus physiologiques, puisqu'elles correspondent à des quantités de tissu frais variant de .')» à 8», c'est-à-dire dépassant de beaucoup le poids de toute la thyroïde d'un fort chien. D'autre part, les autres extraits d'organes exercent la même action sur la surrénale; nous donnons de ce fait un exemple dans la figure 3, et ce que l'on voit ici avec l'extrait hépatique, nous l'avons obtenu avec les autres extraits que nous avons employés. L'action de l'extrait thyroïdien n'est donc point spécifique. Les expériences de ce genre ne sont donc pas favorables à la théorie des i nier relations humorales, telle du moins qu'elle se présente actuellement. PHYSIOLOGIE. — Les glandes génitales et le système dentaire. Note de M. R. Robinsox, présentée par M. Léon Labbé. On connaît l'action des facteurs chimiques (acides) et des agents méca- niques sur la décalcification et l'usure des dents; on sait aussi que le manque d'hygiène entretient et favorise l'éclosion des microbes pathogènes dans la bouche et provoque l'inflammation des gencives et la dénutrition du système dentaire. Mais cette pathogénie simpliste n'explique guère les modifications intimes du métabolisme de ce système, car, dans un même groupe d'individus soumis au régime et aux soins identiques, les uns conti- nuent à avoir une dentition satisfaisante, les autres non. Nous nous sommes demandé si le vieil adage des accoucheurs, qui dit : chaque grossesse coûte une dent à la femme, contenait une part de vérité. Autrement dit, si la sécrétion endocrine des glandes génitales pouvait inlluencer tant soit peu la nutrition du système dentaire. Un fait en quelque sorte expérimental nous a frappé d'abord. Dans le laboratoire de notre regretté maître, M. Lannelongue, vivaient depuis 8 ou () ans sept ânes, dont trois étaient châtrés et les quatre autres non. Ils étaient nourris exclusivement de foin et avaient servi aux expériences de sérothérapie antituberculeuse. Ces animaux étaient donc plus ou moins tubeiculinisés, et ceci est important, vu la fréquence des altérations den- taires chez les tuberculeux. Nos sept solipèdes ont été envoyés à l'Institut Pasteur, où M. Frasey, SÉANCE DU 3o JUIX I9l3. 2017 vétérinaire distingué de cet établissement, les a examinés. La dentition était dans un état de perfection que l'on n'est pas habitué à voir chez des ânes de 10 à i/j ans, -tous du sexe masculin. La géophagie que l'on a invoquée comme cause de l'usure des dents {Comptes rendus, 1912, séance du 28 janvier) ne pouvait être supposée ici, puisque le foin contient autant de terre, sinon plus, que l'avoine par exemple. Le fait saillant à retenir dans cette observation est la suppression de la fonction sexuelle par défaut d'individus femelles. Autre exemple tiré de la pathologie comparée. Nous avons fait l'autopsie d'un chien griffon dont toutes les dents étaient noires, friables. Nous avons trouvé une cryplorchidie bilatérale avec atrophie glandulaire. D'ailleurs, on connaît la calvitie et l'usure des dents des chiens cryptorchides. Les eunuques, dont la castration est précoce et complète, ont cependant une chevelure et une dentition parfaite. Ces deux faits à l'apparence paradoxale se corroborent au contraire. Chez les cryptorchides, les glandes spécifiques sont longtemps comprimées et irritées, d'où une exagération de la sécrétion endocrine. Chez les hommes castrés en bas âge et d'une façon radicale, cette sécrétion n'a jamais existé. Expérimentalement, nous avons détruit chez un jeune chien les glandes sexuelles par l'injection interstitielle d'une substance caustique (periodate dépotasse). En même temps, nous avons provoqué pendant plusieurs mois une glycosurie phloridzinique. Les dents examinées par le professeur Mendel (de l'École dentaire) ont été trouvées intactes. Ainsi chez les diabétiques et les tabétiques, si la fonction sexuelle est supprimée de bonne heure, les dents peuvent rester en assez bon état. Cette notion nous paraît fort importante, car les troubles nutritifs observés dans certains organes des tuberculeux, des cancéreux et plus particulièrement des syphilitiques, ne doivent plus être considérés comme une action directe des microbes et de leurs toxines ; un intermédiaire entre ceux-ci et les troubles en question semble être obligatoire : ce sera l'inter- vention d'une glande endocrine. Le métabolisme du calcium, du fluor, du manganèse, etc., sera ainsi altéré par les lésions ouïes troubles fonctionnels des glandes endocrines. Existe-t-il une action réciproque de la part du système dentaire sur la fonction génitale? Deux observations qu'il nous a été donné de connaître sont en faveur de cette hypothèse. 2018 ACADÉMIE DES SCIENCES. I. Un Arménien, domestique, d'une quarantaine d'années, était au service d'une grande dame parisienne. Un jour le dentiste de cette personne étant en visite chez elle, celle-ci demanda au praticien, sur le désir de l'Arménien, d'arracher les quelques dents de celui-ci. Séance tenante, on fît l'ablation de 18 dents. La victime inconsciente a eu pour récompense un bon appareil, mais perdit toute fonction sexuelle. Les glandes de génération, examinées par nous au bout de 3 mois, étaient complètement atrophiées. IL Un ouvrier russe de 3o ans environ travaillait depuis quelque temps dans une fabrique de caramel russe, à Saint-Ouen. Il a perdu en très peu de temps la totalité de ses dents devenues noires et friables. Cet homme fut atteint par la suite d'une stérilité complète et de l'atrophie glandulaire. Ces faits, que nous pourrions multiplier par de nombreuses observations suivies personnellement dans les hôpitaux de Paris, démontrent la synergie des glandes sexuelles avec le système dentaire. Il semble de plus en plus prouvé que l'irritation des glandes génitales produit une action fâcheuse sur le métabolisme calcaire des os et des dents. On pourrait donc logiquement, chez les personnes atteintes d'une cadu- cité précoce des dents, combattre cette action funeste des glandes sexuelles par l'opothérapie et même, le cas échéant, par une intervention chirurgicale appropriée à chaque cas (ablation des glandes lésées). CHIMIE PATHOLOGIQUE. — Recherches sur les variations de l 'acide phosphorique dans farine et le foie des cancéreux. Note de M. Albert Robin, présentée par M. Armand Gautier. 1. Les variations de l'acide phosphorique urinaire chez les cancéreux sont si étendues que, considérées en bloc, elles semblent échappera toute systématisation. En tout cas, elles ne présentent rien qui soit caractéris- tique du cancer. 2. Les variations de l'alimentation figurent au premier rang parmi les conditions susceptibles d'influencer le taux de l'acide phosphorique urinaire. 3. Toutefois, en classant les cancéreux en trois groupes (I. Cancéreux à marche lente, s'alimentant suffisamment; 11. A marche rapide, mal ali- mentés; III. Cachectiques et inanitiés), on conslate : a. Que dans les cas du premier groupe, où les pertes sont à peu près séance du 3o juin io,i3. 2019 compensées par l'apport alimentaire, le rapport de l'azote phosphorique à l'azote total tend à dépasser la normale, ce qui paraît correspondre à une activité nutritive plus grande dans les tissus riches en nucléine : Premier groupe: Sujets s' alimentant suffisamment. — Marche lente. PhsO°. l'h-o': AzT('). Pir-o- ui ( = ). 2?.o4o 19, o5 pour 100 12,70 pour 100 h. Que dans les cas du deuxième groupe, où Ph-O" s'abaisse notable- ment, alors que l'azote total se maintient au chiffre des cas du premier groupe, le processus cancéreux retentit sur tous les albuminoïdes de l'orga- nisme qui tendent à se désintégrer davantage,' alors que la réfection alimentaire décroit: Deuxième groupe: Sujets s'a/imentant mal. — Marche rapide. Ph'O5. Ph3Os:AzT. Ph-0 : IU. if, 072 1 5 , 5 pour 100 17,6 pour 100 c. Que dans les cas du troisième groupe, où l'acide phosphorique, l'azote total et le résidu inorganique décroissent de concert avec élévation du rap- port de PlrO5 à l'azote total, la plus grande destruction des tissus riches en nucléine domine la désintégration : Troisième groupe : Sujets cachectiques et inanitiés. l'h-O. I'IiO :AzT. l'h O- : Kl. it',079 22,37 pour 100 22,9 pour 100 4. La diminution de l'acide phosphorique dans le foie cancéreux et chez les cancéreux cachectiques vient à l'encontre de l'hypothèse émise de réten- tion des phosphates, car elle exclut toute idée de rétention. 5. La diminution du rapport du Ph-O5 au résidu inorganique dans les régions les plus atteintes du foie cancéreux, alors que ce rapport reste normal dans les régions relativement saines, vient à l'appui de la précé- dente conclusion. (' ) Azote total. 1 ') Késidu inorganique. 2020 ACADEMIE DES SCIENCES. Acide phosphorique dans te cancer du foie (pour 1000 de tissu frais). Ph-CV. AzI. I!. tnorg. . , . t B t Foie cancéreux. Marche lente. Parties 1res atteintes ... . 5,46 26,27 44 > ^g » Marche lente. Parties relativ. saines .. . 6,i5 24,62 47>'38 » Marche rapide. Parties très atteintes .. . 4-3- 16,12 36,73 » Marche rapide. Parties relativ. saines . . 6,85 21,92 4$, 58 Foie normal 7/ , 1 ti 21,. 56 i7.3o 6. L'acide phosphorique lié aux bases terreuses augmente relativement dans l'urine des cancéreux cachectiques, ce qui est en rapport avec une diminution parallèle des réserves calciques dans les tissus; mais c'est aussi le cas dans le foie graisseux alcoolique et dans quelques cas de phtisie pulmonaire. 7. La localisation osseuse du cancer s'accompagne aussi d'une déminé- ralisation terreuse qui croit avec l'étendue de la surface envahie. Acide phosphorique dans les cancers osseux. Ph-Os Iota! alcalin terreux Ph-0 : AzT (A). (B), (C). total. C:A. II. 62 ans. Période de début, diagnostic g g g P- ro° P loti encore incertain 2,700 2,3oo o,4oo 16, 4 i4-s F. 60 » Huit mois avant la mort .. . 1,764 1,218 o,546 16,0 3o,o, F. 65 » Quinze jours avant la mort. 0,720 0,280 o,44° 18,0 61,0 F. 28 » Sarcome du fémur 1,690 0,910 0,780 17, 3 46, 1 8. Les variations de l'acide phosphorique en combinaison organique (Ph803 produit) n'ont rien de caractéristique en ce qui concerne le fait du cancer. Phosphore en combinaison organique dans le cancer. Cancer de l'estomac (H. 60 ans) » du foie (H. 5o ans) » du foie (H. 60 ans] Ph: O5 Ph C : Pli PhC: \y total. combiné. total. total. s 2,673 0,077 p. I.." 2,88 p. roo 0,6o 2,018 0,025 I ,23 0,19 2,8l4 0,141 5,01 0,93 SÉANCE DU 3o JUIN I0,l3. 2021 CHIMIE BIOLOGIQUE. — Catalyse biochimique d'une oxydation luminescente. Note de MM. J. Ville et E. Derrien, présentée par M. A. Gautier. Les propriétés peroxydasiques (') de la matière colorante du sang et de ses dérivés ferrugineux (hématine, hémine, etc.) ont été peu utilisées en dehors des réactions colorées dites réactions du sang, résultant de l'oxyda- tion d'un grand nombre de composés divers sans intérêt biologique. L'un de nous (- ) a montré que l'indol pouvait être oxydé par l'eau oxygénée très diluée en présence d'hématine et donner ainsi de l'indigotine (en passant, sans doute, par le stade indoxyle), par un mécanisme se rapprochant beau- coup plus de ce qui doit se passer chez les êtres vivants que dans les autres procédés d'oxydation : ozone ( Nencki), eau oxyénée à ioovo1 (Porcher). Les travaux bien connus de Raphaël Dubois (3), sur la biophotogenèse nous ont incités à rechercher s'il n'était pas possible, en utilisant les pro- priétés peroxydasiques de la matière colorante du sang, de rapprocher de la même façon les phénomènes d'oxyluminescencede la production de lumière par les êtres vivants. JNos premiers essais ont été faits avec la lophine (triphénylimidazol), dont l'oxydation luminescente par l'air en présence de potasse alcoolique concentrée a été étudiée par Radziszewski en 1 87 1 (*). Nous avons con- staté que l'oxyluminescence de la lophine est nettement catalysée par le système hématine-H202, ainsi qu'il résulte des faits suivants : Dans un tube à essais (de i8,umà3o""" de diamètre) on introduit .V"1' d'une solution à os,4 de lophine pour ioocm' d'alcool absolu, 6 gouttes de solution de soude au dixième et 10 à ia gouttes d'eau oxygénée à iovo'. En se plaçant dans l'obscurité, on n'observe aucune luminescence sensible. Une belle luminescence se manifeste dès qu'on ajoute à la préparation précédente 8 à 10 gouttes d'une solution d'hématine (obtenue en versant goutte à goutte du sang défibriné dans une solution de 2s d'acide tartrique pour roocm' d'alcool à 85°, à raison (') Ou pseudoperoxydasiq ues si l'on admet qu'il existe deux sortes de substances activantes des peroxydes : des pseudoperoxydases comme l'hématine et des peroxydases vraies de nature diastasique. (2) E. Derrien, A propos des oxydations par le système sang- peroxyde d'hydro- gène (Bull. Soc. ckim. de France, 4e série, t. IX, 1 91 1 , p. 808). (3) R. Dubois, Bull. Soc. zool. de France, 1887; Soc. Biol., t. LUI, 1901, p. 702; Assoc. franc, pour l'avancement des Sciences, Toulouse, 1910, p. io,4; Comptes rendus, t. L53, 1911, p. 690. (4) Radziszewski, D. ch. GeselL. t. \. p. 70. 2022 ACADEMIE DES SCIENCES. de i goutle de sang par centimètre cube d'alcool tarlrique, et filtrant pour séparer le précipité proléique). La luminescence se produit également quand on remplace la solution d'hématine par quelques cristaux d'Iiémine ou par une dilution sanguine. Nous avons aussi opéré avec de la lophine en solution dans la pyridine. Dans ce cas, la présence d'acide tarlrique, seulement favorisante en milieu alcoolique, devient nécessaire, et l'oxyluminescence n'est obtenue qu'avec l'hémaline ou l'hémine. En préparant à part deux liquides, l'un avec la solution alcoolique de lophine et la solution d'hématine, l'autre avec la soude et Peau oxygénée, on obtient, par leur mé- lange, une luminescence bien plus belle et plus intense que celle observée dans les conditions précédentes. Si, alors que la luminescence perd de son intensité, on ajoute un peu d'eau oxygénée et de solution d'hématine, la lumière reprend son intensité primitive, et cela tant que la préparation renferme de la lophine non modifiée. Nous avons comparé nos essais d'oxyluminescence par catalyse biochimique avec les expériences de Radziszewski par simple action chimique, oxydation de la lophine par l'air en présence de potasse alcoolique. 06,02.5 de lophine avec os, 10 de potasse dans 5cmI d'alcool absolu ne donne aucune luminescence sensible, alors que notre essai, précédemment décrit (avec 0^,02 de lophine), manifeste une belle lumines- cence. Le phénomène continue à s'observer, dans notre cas, même si l'on emploie des quantités bien moindres de lophine; il est bien apparent avec 08,002 et encore sensible avec 0^,0002 de lophine. En employant de fortes quantités de lophine, la comparaison est toujours en faveur de la catalyse hématique. Dans un ballon, iS de lophine, 4S de potasse et 25c,u' d'alcool absolu (proportions indiquées par Radziszewski) donnent bien une luminescence nette par agitation à l'air, mais dans un ballon de mêmes dimensions ig de lophine, 25cmJ d'alcool ab- solu, 3o gouttes seulement de soude au dixième, 5o gouttes d'eau oxygénée à iovo1 et 3o gouttes de solution d'hématine produisent une luminescence plus belle, permet- tant d'apercevoir le visage de l'opérateur et de lire l'heure à une montre. Si, à l'essai fait d'après Radziszewski, et après un certain temps de mise en expé- rience, on ajoute de l'eau oxygénée, on n'observe rien de particulier; mais si l'on y verse ensuite quelques gouttes de solution d'hématine, on constate que la luminescence acquiert alors une bien plus grande intensité. Nous nous proposons de revenir sur l'intérêt que les faits qui précèdent présentent à divers points de vue (rôle des peroxydes et des activeurs de peroxydes dans les phénomènes d'oxyluminescence, action de la lophine sur la matière colorante du sang, rôle de l'acide tartrique, etc.). Nous sou- lignerons simplement, pour le moment, les analogies frappantes en ire l'action de l'association catalytique, à allures oxydasiques, hématinerH-'O-, sur la lophine, et le mécanisme physiologique découvert par R. Duhois chez des animaux luisants (Pyrophorus nocti/tœus, Pholas dactylus) : action d'une luciférase sur une luciférine. SÉANCE DU 3o JUIN igi3. 2023 CHIMIE BIOLOGIQUE. — L'arsenic et le manganèse dans les feuilles jeunes et âgées. Note de MM. F. Jadi.v et A. Astruc, présentée par M. L. Guignard. Lors de nos précédentes recherches sur la présence de l'arsenic et du manganèse dans les végétaux ('), notre attention avait été attirée par le fait que certains organes jeunes, en voie de cuoissance active, se montraient pauvres en ces deux éléments. D'autre part, Pichard (2), dans ses travaux sur le manganèse avait écrit : «Le manganèse paraît se concentrer dans les parties de la plante en activité végétative, dans les feuilles, les jeunes pousses. » Il nous semblait que de nouvelles recherches s'imposaient sur ce point. Nous avons, dès lors, institué des dosages comparatifs d'arsenic et de man- ganèse sur des feuilles jeunes et âgées d'un même végétal à feuilles persis- tantes. Mais comme, suivant leur âge, les divers organes végétaux contiennent des proportions variables d'eau et de matières minérales, il était indispen- sable, dans l'expression des résultats, de tenir compte de ces données; c'est pourquoi nous les avons retenues; elles nous permettront d'envisager sous diverses faces le problème complexe de biologie végétale relatif à la présence, dans les végétaux, des deux éléments considérés et de préciser les observations déjà faites par Pichard. Les deux Tableaux ci-dessous portent les chiffres obtenus en employant les méthodes déjà indiquées dans nos publications antérieures et sur lesquelles il est inutile de revenir. I. — Arsenic contenu dans ioos de substance {en milligrammes). Organe frais. Organe sec. Cendres. Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles jeunes. âgées. jeunes. âgées. jeunes. âgées. Cratœgus glabra Tliunb. (Rosacées) 0,010 0,020 o,o36 o,o5i 0,714 0,729 Eriobothrya japonica Lindl. (Rosacées). . 0,012 0,022 o,o43 0,046 o,533 0/173 Prunus Laurocerasus L. (Rosacées) 0.020 o,o3o 0,080 0,077 1 ,ia3 0,7(48 Pittosporum sinense Desf. (Pittosporées) . 0,008 0,012 0,029 o,o33 o,38/j 0,309 Evonymus europœus L. (Célastrinées) . . . 0,008 0.018 0,022 o,o4i 0,208 0,214 Ligustrum vulgare L. (Oléacées) 0,018 0.020 0,007 o,o63 0,837 o,4i8 Laurus nobilis L. (Laurinées) o,o33 o,o4o 0,124 0,106 2,869 ' >9°5 (') Comptes rendus, t. 15'+, p. 8g3; t. loo, p. 291 et 406. C) Comptes rendus, t. 126, p. 1882. C. B.,i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 26.) 25p, 2024 ACADÉMIE DES SCIENCES. II. — Manganèse contenu dans ioos de substance {en milligrammes). Organe frais. Organe sec. Cendres. Feuilles Fouilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles jeunes. âgées. jeunes. âgées. jeunes. âgées. C ratœgus glabra Thunb. (Rosacées) 0,80 i,4o 2,93 3,58 57 , 1 4 5i,o9 Eriobothryajaponica Lincll. (Rosacées) 1,20 i,4° 4 1 3j 2,g5 53,33 3o,io Prunus Laurocerasus (Rosacées) 0,80 i,5a 3,23 3,91 4 4 > 94 ^7,92 Pittosporurn sinense Desf. ( Pittosporées1) 1,20 !,8o 5i29 /i>97 &j'ity 53,89 Evonymus européens L. (Célastrinées) 0,60 1,20 1,71 2,92 1 5 , 58 14,28 Ligustrum vu/gare L. (Oléacées) i,5o 4i5o 4)77 i4>2-8 69,77 94 > 24 Laurus nobilis L. (Laurinées) 1,20 2,00 4,34 5,33 io4,34 95,23 De l'examen de ces deux Tableaux il résulte que : 1" L'âge d'un même organe végétal influe très sensiblement sur sa teneur en manganèse et en arsenic; il s'ensuit que les nombres trouvés par l'analyse doivent être considérés comme ayant une valeur relative et non absolue; 2° Les différences en arsenic et en manganèse observées entre les feuilles jeunes et âgées d'un même végétal sontsurtout sensibles lorsqu'on rapporte les résultats au poids frais : les feuilles jeunes sont moins ricbes que les feuilles âgées. Rapportées au poids sec, ces différences, bien que restant du même ordre, sont toutefois moins sensibles. Rapportées aux cendres, ces différences deviennent d'ordre inverse et corroborent, en ce qui concerne Je manganèse, la conclusion de Picbard. (Observons, cependant, que les cbiffres ayant trait au poids sec et aux cendres présentent quelques exceptions que nous signalonsfidèlemenl, mais qui ne paraissent pas cbanger l'allure générale de nos conclusions.) Les résultats de cette Note et ceux publiés précédemment {J011rn.de Pharm. et Chim., 7e série, t. VI, p. 329; t. VU, p. i55 ) montrent, une lois déplus, la nécessité, dans les recherches de Chimie végétale, de bien établir le point de départ, c'est-à-dire le poids frais, le poids sec ou les cendres de l'organe mis en œuvre. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les substances protèiques de la levure. Note de M. Pierre Thomas, présentée par M. Roux. Les substances protéiques de la levure ont été peu étudiées jusqu'à présent. Les seuls travaux renfermant quelques résultats précis sont ceux SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 2023 de Kossel ('), qui a réussi à en extraire, par l'action de la soude 1res diluée, une substance appartenant vraisemblablement au groupe des nucléines, et celui de Sclirôder (2 ), qui a obtenu, par autolyse en présence d'étber, un produit coagulable mal défini. J'ai réussi à obtenir, en partant de levure partiellement autolysée, deux substances bien différentes l'une de l'antre, dont voici les principales pro- priétés : La première est insoluble dans l'eau, peu soluble dans les solutions de sel marin à 10 pour ioo, et cette solution est incoagulable par la chaleur. Elle se dissout dans les solutions étendues de soude, dans l'eau de chaux et dans les carbonates alcalins; les acides minéraux et l'acide acétique la pré- cipitent de ces solutions. Dans la solution alcaline, l'acide phospliorique t'ait naître un précipité qui se redissout par un léger chauffage et reparaît par refroidissement. Cette substance contient de iG, 10 à îG, 18 pour ioo d'azote, 1,70 à i,83 pour 100 de phosphore et o,38 pour 100 de soufre; elle donne toutes les réactions colorées des substances albuminoïdes. Par ses propriétés, elle parait se ranger assez près de la caséine, dans le groupe des corps impro- prement désignés sous le nom de paranucléoprotéides . Pour cette raison, je l'ai soumise à une étude comparative avec la caséine et l'ovovitelline; cette étude est résumée dans le Tableau suivant : l'intente Caséine. de levure. Vitelline. Solubilité dans Na Cl à 10 p. 100. presque insoluble peu soluble très soluble Solubilité dans l'eau de chaux.. . . très soluble assez soluble très peu soluble Valeur de pfl au début de la pré- cipitation (3 ) 4)2 — 6,3 6,3 — 6,8 8,3 — 8.1 Coagulation par la présure presque complète incomplète nulle La concentration en ions H nécessaire pour produire le début de la préci- pitation des protéides a été déterminée en ajoutant des quantités crois- santes d'acide phospliorique à leurs solutions sodiques, en présence d'une série convenablement choisie d'indicateurs (hélianthine, rouge de méthyle, rouge neutre, naphtol-phtaléine, phénol-phtaléine). La coagulation par la présure (présure commerciale Hansen) est un (') ZeiiSehrèfï /. pAysi&iog. ('henné, t. III. 1879, p. 284, et t. IV, 1880, p. 290. (-) Reitsdge z. ehetn. Physiologie u. Pathologie, t. Il, 1902. p. 388. (3) En appelant c la concentration en ions H, on a, d'après Sôrensen : c =io-''n 2026 ACADÉMIE DES SCIENCES. caractère intéressant du protéide de levure; sans être aussi bonne qu'avec la caséine, elle donne lieu à la formation de grumeaux, qui s'agglomèrent peu à peu en une masse solide. Il est à noter que la vitelline du jaune d'œuf ne coagule pas du tout avec la présure animale; Gerbera montré récem- ment (') que le jaune d'œuf coagule sous l'action de certaines présures végétales. Lorsque l'on abandonne à l'étuve à 37° une solution de protéide de levure dans la soude à i pour ioo, on constate que le phosphore passe peu à peu à l'état minéral. Après 48 heures, 37 pour 100 du phosphore sont détachés de la molécule; après 5 jours, ce chiffre atteint 58 pour 100. Ce phénomène, étudié par Plimmer et Scott (2) pour la caséine et la vitelline, se retrouve par conséquent avec le protéide de levure; il vient à l'appui de la conclusion énoncée plus haut. Le protéide de levure paraît donc avoir sa place entre la caséine et la vitelline, mais plus près de la première. La seconde substance protéique que j'ai pu extraire de la levure présente les caractères d'une albumine. Elle est soluble dans l'eau, coagulable par la chaleur; l'acide acétique ne la précipite pas. Il en est de même si l'on sature sa solution aqueuse de sulfate de magnésium ou si on lui ajoute un volume de solution saturée de sulfate d'ammonium. La solution neutre ou légèrement acide commence à se troubler vers 4o°-, elle donne à 4i° un léger coagulum très net. Le liquide filtré et chauffé de nouveau reste limpide jusqu'à 49°, puis donne un nouveau coagulum à 5o°. On obtient une nouvelle précipitation, très abondante cette fois, entre 55° et 58°, mais ce n'est pas tout : le liquide continue en effet à coaguler, pour ainsi dire d'une façon ininterrompue, jusqu'à 700. L'albumine de levure renferme de i0,3 à 16, 4 pour 100 d'azote et 0,89 à 0,94 pour 100 de soufre. On peut y trouver de petites quantités de phos- phore, variant depuis des traces à peine dosables jusqu'à 0,07 pour 100 dans un échantillon. Cet élément est vraisemblablement accidentel et résulte des difficultés d'une purification complète. Cette albumine donne les réactions de précipitation habituelles avec les réactifs alcaloïdiques et les acides minéraux, y compris l'acide métaphosphorique. Elle donne éga- lement les réactions colorées usuelles; la réaction glyoxylique est particu- lièrement nette (tryptophane). Il me paraît, dès à présent, que la présence en quantité importante d'une (' ) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXX1V, igi3, p. 53. (-) Journal of ckemical Society, t. XGIII, 1908. p. 1699. SÉANCE DU 3o JUIN I()l3. 2027 albumine typique dans la levure est d'un grand intérêt. On sait que de tels corps sont plutôt rares dans le règne végétal, où se trouvent presque toujours des globulines d'un caractère spécial. Par analogie avec la nomen- clature actuelle des substances protéiques végétales, je désignerai l'albu- mine de levure sous le nom de cerevisine. Je poursuis des recbercbes sur la constitution de ces nouvelles matières protéiques. CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence du bore dans le lait et dans les œufs. Note de MM. Gabriel Bertrand et H. Agulhox, présentée par M. Roux. Les recherches que nous avons publiées sur la présence du bore dans l'organisme animal ont montré que non seulement ce métalloïde existe, contrairement à ce qu'on pouvait soutenir jusque-là, chez les animaux comme chez les végétaux, mais, bien plus, qu'il y a lieu d'admettre sa pré- sence normale à tous les degrés de l'échelle zoologique ('). Nous nous sommes demandé, à la suite de ces résultats, si le bore est un élément fondamental de la cellule vivante, s'il remplit, comme le fer et le- manganèse, un rôle indispensable dans les échanges nutritifs. Cette ques- tion nous a conduits à compléter nos recherches statiques par l'examen du lait et de l'œuf des oiseaux. On est fondé à supposer, en effet, que si le bore possède réellement une importance cellulaire, il doit exister déjà aux premiers temps de la vie; qu'il doit se trouver, en conséquence dans le lait, liquide chargé de subvenir à lui seul, durant une période notable, aux besoins alimentaires du jeune mammifère, et même dans l'œuf, c'est-à-dire à une étape du développement où il n'y a pas à se préoccuper de la conta- mination de l'organisme par les apports extérieurs. Nous avons opéré sur quatre espèces de laits, recueillis en notre pré- sence, directement dans les vases nettoyés par nous. La recherche du bore, effectuée par la méthode déjà décrite ( -'), a donné chaque fois un résultat nettement positif (3) : (') Comptes rendus, t. 155. 1912, p. 2^8, et t. 156, igi3, p. 7.13. (2) Bull. Soc. chim., 4e série, t. VII, 19 10, p. go et r 1 5, et t. XIII, 191a, p. 3g6, note. (3) Dans une publication récente (Bull. Soc. cliim., 2g juin ig 1 3), M. Robin signale que : « il a été possible de caractériser la présence de traces de bore dans plusieurs échantillons de lait pur » sans indiquer l'origine de ceux-ci, ni les précautions prises pour s'assurer de leur pureté. Dans un lait pur commercial, nous avons trouvé environ oe,oo3 d'acide borique par litre; on sait qu'on utilise parfois, pour le nettoyage du matériel de laiterie, des substances qui renferment de l'acide borique. 1028 ACADÉMIE DES SCIENCES. Poids Longueur de la bao.de aorr* ii analysé. 18 heures1. 48 heures. mm 2 mm Femme i3 Moufle (') Anesse 5o » 6 - Chèvre 2i5 » 9 11 Vache 200 » 5 g » • 4°° " réaction spectrale très nelle Lorsqu'on coagule la caséine (avec de l'acide phosphorique pur), le bore reste en entier dans le sérum, même débarrassé de l'albumine par la chaleur. Peut-être existe- t-il dans le lait à l'état de borate. Sa quantité est très petite. Mous l'avons dosé à l'aide d'une méthode que nous ferons connaître prochainement ; nous avons trouvé dans 1 litre de liquide : Femme 0,08 de bore, correspondant à o,5 environ de B(OH)3 Anesse 0,1 » 0,6 » Vache 0,2 » 1,1 » Le bore est aussi présent dans l'œuf des oiseaux comme le montrent les résultats rapportés dans le Tableau suivant : Poule Longueur de la bande après Poids sec. Poids frais. 18 heures. '18 heures. mm mm Coquille et membrane. .. . Moufle ag B 3 5 Jaune (-) » 84 70 1 2 Blanc » 2.3 1-0 4 5 » (autre origine) » 20 » 4 •"> » » » 00 » réaction spectrale très nette Membrane coquillère . . . . » 0,9 » 2,5 3 Coquille sans membrane.. » 3o 2 2 Pigeon : Coquille et membrane. .. . » i3 » 1 3 Jaune » 19 48 2 3 Blanc » i4 119 4 5 Canard sauvage : Coquille et membrane. .. . » i5 » 2 3 Jaune » 20 36.") 1 a Blanc » 12 io5 5 7 t1) Le lait ayant été additionné, avant d'être desséché et calciné, de a-™' de soude normale (du sodium) pour iooCIU' de liquide. (2) Le jaune d'œuf donne des cendres acides ; il est nécessaire de l'additionner d'en- viron 20tm' de soude normale par 3os de matière sèche. SÉANCE DU 3o JUIN IO,l3. 2020, Longueur de ia bande après Poids sec. Pni.ls frais. 18 heares. 4S heure-. Dinde : Coquille et membrane . . . Moutle i5 Jaune » 20 Blanc » 1 » » 5 Oie : Coquille sans membrane . » Membrane coquillère .... Jaune Bombe Rlanc Moulle mm 2 mm 3 I 2 2 3 4 5 20 » 1 2 3 » 3 t 1 20 3i 2 3 i5 i3o S < m peut déjà remarquer, en comparant ces résultats entre eux, que, à l'inverse de ce qui a été observé pour le fer et pour le manganèse, le bore est surtout localisé dans le blanc. Les chiffres ci-dessous donnent une mesure de la différence de teneur en bore du jaune et du blanc : rag mg Punie: Jaune.... 0,016 par kilo sec; soit 0,008 par kilo frais » Blanc. ... 1 » o, i36 » Dinde : Blanc. . . . 1 » » Oie : Blanc... 1 » 0,116 » Il est vraisemblable, d'après tous ces résultats et ceux que nous avons publiés antérieurement, que le bore se range à côté des autres éléments calalytiques de la cellule vivante. BACTÉRIOLOGIE. — Sur les vibrions et leurs toxines. Note de MM. H. Pottevin el II. Yiolle, présentée par M. Houx. On convient généralement aujourd'hui de considérer comme cholé- rique tout vibrion cholériforme auquel on a reconnu l'un ou l'autre des deux caractères suivants : être agglutinable ( à y^au moins) par le choléra- sérum, donner la réaction de Pfeifier. Cette délinition permet, l'expérience l'a prouvé, d'assurer le diagnostic bactériologique du choléra dans des conditions de sécurité suffisantes, pratiquement, pour les besoins de la prophylaxie. Mais elle comporte des réserves. 2o3o ACADÉMIE DES SCIENCES. D'une part, assez souvent les vibrions isolés de cas typiques de choléra ne sont pas agglutinables, et les recherches faites cette année même, au lazaret de Tor, ont permis de constater que, chez un individu mort du choléra, diverses régions de l'intestin pouvaient renfermer, en cultures pures, l'une des vibrions agglutinables, l'autre des vibrions non agglu- tinables. D'autre part, nous apportons la preuve que les vibrions agglutinables existent dans les eaux superficielles, en dehors de toute contamination récente, supposable, par des produits cholériques. Nous avons isolé de l'eau de la Seine, puisée à Saint-Cloud, au mois d'avril rc)i3, un vibrion présentant tous les caractères morphologiques et culturaux du vibrion de Koch, monocilié; pathogène pour le cobaye, le pigeon, le lapin, et pour les petits lapins en ingestion d'après la méthode de Metchnikoff. ïl est agglutiné par le choléra-sérum jusqu'à la dilu- tion (t„ôoo) cIui correspond à la limite d'activité vis-à-vis des races cholé- riques types ; donnant la réaction de Pfeiffer. Son sérum homologue, obtenu par immunisation du lapin, agglutine au même type (757-j) et bactériolyse ses cultures et celles des vibrions types. Notre vibrion de Saint-Cloud et la race prise pour terme de comparaison fixent le complément en présence de l'un ou de l'autre de leurs sérums homologues, et ne le fixent pas avec les sérums correspondants d'animaux neufs. Dans les cultures en bouillon, le vibrion de Saint-Cloud sécrète une toxine et une hémolysine thermolabiles, neutralisées l'une et l'autre, in vitro, par le choléra-sérum antihémolytique et antitoxique décrit anté- rieurement par l'un de nous. Pour chacune des races de vibrions, classées ou non dans le groupe cho- lérique, dont les produits de sécrétion se montrent à la fois hémolytiques et toxiques, se pose la question de savoir si les deux propriétés sont fonc- tion d'une seule et même substance active ou de deux substances distinctes. Les savants qui l'ont envisagée se sont prononcés en sens inverses. Les observations suivantes nous semblent devoir faire conclure, au moins poul- ies cas étudiés, en faveur de la dualité : a. La toxine filtrée du vibrion de Saint-Cloud est mise au contact de globules rouges de mouton (la quantité de globules provenant de 3cm* de sang pour 6cm° de toxine); après 20 minutes de contact à — 370, l'hémolyse n'étant pas encore commencée, on (') PoTTiivm, Toxine et antitoxine cholériques (Comptes rendus, t. lof», p. i63i ): SÉANCE DU 3o JUIN IC;l3. 2o3l centrifuge. Les globules ont déjà fixé l'hémolysine, car, dilués dans l'eau physiologique et mis à l'étuve, ils s'hémolysent complètement en quelques heures. En recommençant l'opération sur la même toxine, on constate qu'après deux traitements les globules du troisième ne s'hémolysent pas et que le liquide surnageant a perdu tout pouvoir hémo- lytique. Son pouvoir toxique, thermolabile, n'a pourtant que faiblement diminué, le cobaye succombe en moins de 12 heures à l'injection intra-péritonéale d'une dose représentant deux fois la dose mortelle avant traitement. Les deux autres expériences ont été faites avec la toxine hémolvtique décrite par l'un de nous, dans la Note déjà visée. b. La fixation de l'hémolysine sur les globules de mouton est réalisée d'après la technique indiquée ci-dessus. Avant traitement, la toxine tuait le cobaye à la dose de icu|S dans le péritoine. Après traitement, tout pouvoir hémolytique ayant disparu, elle lue le cobaye à la dose de 2cm', et tue également le pigeon par injection intra-veineuse. c. En concentrant la toxine par distillation sous pression réduite jusqu'au ! de son volume environ, on obtient un liquide qui, injecté dans la cavité céphalo-rachidienne du lapin à la dose deocm,,6, provoque la mort dans un délai qui varie de quelques mi- nutes à une heure ou deux. La même injection de toxine, chauffée ou saturée par le sérum, reste sans effet. Quand les animaux succombent à l'injection intra-racliidienne, le sang prélevé aussitôt après la mort ne présente aucune altération. Il n'y a pas trace d'hémolyse, et l'on ne peut mettre en évidence l'existence dhémo- lysine, soit en solution dans le plasma, soit fixée sur les globules, comme il arrive pour les animaux qui succombent à l'injection intra-veineuse. PHYSIQUE DU GLOBE. — Formule barométrique simplifiée pour la mesure des altitudes. Note de M. Alphonse Berget, présentée par M. Cb. Lallemand. La mesure des hauteurs à l'aide du baromètre est, le plus souvent, le seul moyen qui soit à la portée des géographes voyageurs. Pour faciliter cette mesure, les constructeurs ont réalisé des baromètres anéroïdes dont le cadran porte des divisions égales devant donner directement les altitudes atteintes; ces instruments (à l'exception de ceux du colonel Goulier), quand on y lit directement les altitudes, peuvent conduire à des erreurs notables, dès que les différences de niveau sont un peu fortes. La meilleure manière d'utiliser le baromètre à la mesure des altitudes C. R„ i9i3, 1" Semestre. (T. 156, N« 26.) 260 2032 ACADÉMIE DES SCIENCES. consiste à observer la hauteur de mercure aux deux stations dont on veut connaître la différence de niveau, ou, si Ton dispose d'un baromètre ané- roïde, les chiffres du cadran qui indiquent cette hauteur. Il faut connaître également les nombres qui indiquent les températures de l'air aux deux stations, les tensions de la vapeur d'eau et, si l'on se sert d'un baromètre à mercure, les températures qu'indique le thermomètre lixé à l'instrument ( avec les baromètres anéroïdes compensés ces derniers nombres ne sont pas nécessaires). Les lectures des hauteurs H0 et II de la colonne de mercure aux deux stations, ainsi que les autres observations, doivent être faites, autant que possible, simulta- n'ëmenl. A l'aide des nombres observés, on calcule la différence de niveau Z de deux stations à l'aide de la formule suivante que donnent les Tables météorologiques internationales : Z = 1 8 4oo ( i ,oo 1 r-i-j 4- 0,00 867 1 ) -o,378f / "/ X (. + 0,00259 COS2Â) ^l + ë^lT^J l bien suffisante quand on 1 1 aoo 1 emploie le baromètre anéroïde, qui n'en comporte pas de plus grande, on peut se servir d'une formule plus simple, dont j'ai déterminé le coefficient numérique, pour toutes les différences de niveau comprises entre zéro et 2S00"1 environ. Cette formule ne demande ni l'emploi des Tables de loga- rithmes, ni celui des Tables spéciales, et n'exige que des opérations simples d'arithmétique. La formule que je propose est la suivante : (1) Z = Bo~(t + 26g), dans laquelle Z est la différence de niveau cherchée, D la différence des pressions lues sur le baromètre aux deux stations, h la valeur moyenne de la pression à ces deux endroits et t la température moyenne. SÉANCE DU 3o JUIN 10,13. 2o33 Les calculs sont, on le voit, fort simples. Malgré cela, la précision donnée par la formule est amplement suffisante, comme le montrent les exemples suivants, où les résultats de la formule (i ) sont comparés à ceux que donne le long calcul de la formule logarithmique. a. Altitude du Guanaxuato, déterminée par de Humboldt. — Les données sont : H0= -63n,m, i."), l( = 6ooram,9.5, 9„— 25°. i, 0,,= 2i°,3. La formule (i) donne Z = 2o). c. Exemple tiré des Tables météorologiques internationales, p. A..|2. — Les données sont : H0==939,âB,?3, H, = 583'"M, |i. t (ffiôyëfl)==4-8B. La formule (i) 'donne Z = i<)ti3"' (la formule logarithmique donne Z = if)6V" k d. Exemple tiré des Instructions météorologiques. - I .'s données sont : llu"7'9mm'i1 H, = .Y'i3,"m,2, Ô0~i7°,.'>» ôi=2°, i. La formule (i) donne Z = 2339™,6 (la formule logarithmique donne Z = a338m). On voit donc que la précision de la formule (i) justifie son emploi; elle a pour elle sa très grande simplicité et la facilité des calculs qu'elle comporte et qui la rendront précieuse, j'espère, pour les voyageurs. Elle ne doit pas, je le répète, être employée au calcul de différences de niveau supérieures à 3oopm, A 4 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 6 heures. G. 1). 2034 ACADÉMIE DES SCIENCES. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE . Ouvrages reçus dans la séance du 9 juin 191 3. Observatoire central de l'Indo-Cliine. Service météorologique. Bulletin pluviomé- trique, publié par G. Le Cadet, Directeur : Tableaux mensuels, annuels et carte: année 1912. Pliu-Lien, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-f°. Calcul des orbites et des éphémérides, par Luc Picart, Directeur de l'Observatoire de Bordeaux; avec 23 figures dans le texte. Paris, Octave Doin, 1 9 1 3 ; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Baillaud.) Dacia preistorica, de Nicolae Densisiaxu, eu o prefata de D1' C.-I. Istrati. Buca- rest, f gi3 ; ' vol. in-8°. (Hommage de M. Istrati.) Société d'Histoire nature/le d'Autun: 25e Bulletin. Autun, Dejussieu et Demasy ; Paris, P. Masson, 1912; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Lacroix.) Katalog der im Jahre 1908 registrierten seismischen Stôrungen, von Siegmund Szirtes. (Publications du Bureau central de l'Association internationale de Sismo- logie. Série B. Catalogues.) Strasbourg, 1912; 1 fasc. in-8°. Milteilungen des Zentralbureaus der Internationa len Seismologischen Associa- tion, 1913. Nr 1. Die internationale Zeitkonferenz zu Paris im Oktober 1912. Leipzig, imp. Breilkopf et Hartel, s. d.; 1 fasc. in-8°. The date sugar industry in Bengal, an investigation into ist chemistry and agriculture, by Hahold-E. Annett, assisled by G.-K. Lele and Biuilal-M. Amin. (Memoirs 0/ the Department of Agriculture in lndia. Chemical séries; t. II, n° 6.) Calcutta, s. d.; 1 fasc. in-8°. The dispersion of the gipsy moth, by A. -F. Burgess. (U. S. Department of Agri- culture. Bureau of Entomology; Bulletin n° 109; february 11, 1913.) Washington; 1 fasc. in-8°. Alti délia R. Accademia délie Scienze di Torino; t. XLVIII, disp. ia-3a, 1912- 1913. Turin, 1913; 3 fasc. in-8°. Memorie délia Reale Accademia délie Scienze di Torino: série secunda, t. LX1II. Turin, 19 1 3 ; 1 vol. in-4°. Memoirs of the National Academy of Sciences; t. \, Washington, 191 1; 1 vol. in-4°. SÉANCE DU 3o JUIN IQI3. 2o35 Ouvrages reçus dans la séance du 16 juin igi3. Institut de France. Académie des Sciences. Bulletin du Comité international permanent pour l'exécution photographique de la Carte du ciel; t. VI, fasc. 1. Paris, Gauthier-Villars, 191 3 ; 1 vol. in-4°. Institut de France. Académie des Sciences. Observatoire d'Abbadia : Tables pour le calcul de la précession en A, R. et D., équinoxe de 1900. Observatoire d'Abbadia, Hendaye (B.-P.), igi3; 1 fasc. in-4°. (Présenté par M. A. Verschaffel.) Société française de Physique. Les idées modernes sur la constitution de la matière. Conférences faites en 1912, par E. Bauer, A. Blanc, E. Bloch, Mme P. Curie, A. Derierne, L. Dunoyer, P. Langevin, J. Perrin, H. Poincarê, P. Weiss. Paris, Gau- thier-Villars, 19 1 3 ; 1 vol. in-8°. Statistique générale de la France. Annuaire statistique, trente et unième Volume. 191 1, publié par le Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale. Paris, Impri- merie nationale, 1918; 1 vol. in-4°. Bulletin de l'Institut aérotechnique de l'Université de Paris. — Fasc. III. Etudes sur les hélices et les surfaces d'aviation. Mesures sur les aéroplanes en plein vol. Etudes aérodynamiques au ventilateur, variations du vent, coefficient de sécurité d'une voilure. Paris, H. Dunod et Pinat, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-4°. Congrès géologique international: XIIe session, Canada, août 1 9 1 3 ; 3e circu- laire. Ottawa, publié par le Victoria Mémorial Muséum, igi3; 1 fasc. in-8°. Travaux de la Commission lyonnaise d'Études hydroscopiques. — Fasc. 1. Ilydroscopie et rabdomancie : Généralités, bibliographie, par MM. Emile Birot et Glaudius Roux; avec des Notes et Hypothèses, par Camille Hémon. — Fasc. II. Expé- riences de rabdomancie, faites ou à faire, à Lyon, en iqiieten igi3, par MM. Emile Birot et Claudius Roux. Lyon, imp. A. Rey, 1 9 1 3 ; 2 fasc. in-S°. (Adressé, par les auteurs, pour la Commission des Sourciers.) La faune paléocène de Landana, par Em. Vincent, Louis Dollo et Maurice Leriche. (Annales du Musée du Congo belge : Géologie, Paléontologie, Minéralogie ; série III. Bas et moyen Congo. Tome I, fasc. 1 : Matériaux pour la Paléontologie du bas et du moyen Congo.) Bruxelles, mars i8i3; 1 fasc. in-f°. Annales de la Société géologique de Lielgique; t. XL, irc livraison. Liège, H. Vail- lant-Carmanne, 1912-1918; 1 fasc. in-8°. 0 i\ r J i^- 2o36 ACADÉMIE DES SCIENCES. Ouvrages reçus dam« la séance du 23 juin 191 3. Savants du jour. Gaston haiboux. biographie, bibliographie analytique des écrits, par Ernest Lebon. Le troisième œil des Vertébrés, par Ch. Francotte; Conférence, accompagnée de projections lumineuses, faite à la séance publique des Sciences, le 17 décembre 1912. Bruxelles, llayez, 1918; 1 fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.) Deuxième Congrès français du Froid. Toulouse, 23-25 septembre 1912. Comptes rendus, /apports et communications du Congrès, publiés par ('Association française nu Froid; t. I. et II. Paris, s. d.; 2 vol. in"8°. (Présenté par M. d'Arsonval.) Titres et travaux scientifiques du Dr L. Tanon. Paris, Vigot frères, s. d.; 1 faso. in-8". Les richesses des contrées tropicales mises par le soleil à la disposition de tous, quel/es que soient leurs provenances ou leur emploi, par Ch. Tellier. Paris, F. Blétit, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°. La conservation de la viande et des inaltérés organiques alimentaires par des moyens naturels, par Ch. Tei.lier. Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1 g 1 3 ; 1 fasc. in-N". Compagnie des Chemins de fer du Midi, Assemblées générales ordinaire et extraordinaire des Actionnaires du 28 avril 191 3, présidence de M. Georges Teissier. Rapports du Conseil d'administration. "Résolutions des Assemblées. Paris, Société générale d'impression, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-^°. Annales de la /■'acuité des Sciences de Marseille; t. XXI, fasc. l-o. Marseille. P. Ruât; Paris, A. Ilermann et fils, 1912; 3 fasc. in-40. Bulletin de la Société industrie/le de liouen, publication paraissant tous les deux mois; 4'e année, n° 1, janvier-février 191 3. Rouen, J. Girieud; 1 fasc. in-8°. Royal Observatory, Hongkong: Monthly meteorological Bulletin, april igi3. Hongkong, 191 3 ; 1 fasc. in-4°. A dry rot of the irish polatotuber, by E. Meaii Wilcox, George-K.-K. Li.nk and \ems-W. Pool. {Bull, of the Agriculturul Station of Nebraska. Research Bul- letin, n° 1.) Lincoln, Nebraska, mars igi3; 1 fasc. in-8". Fusiform bacilli. Isolation and cultivation, by Charles Ivrumwiede and José- phine Pratt. (Ex.tr.de The Journal of infections ihseases: t. XII, n° 2, mars 1 g 1 3, p. 199-201.) Chicago; 1 fasc. in-8°. Ley organica estatutos y reg/amento de la Academia de Medicina ; edicion ofi- cial. Caracas, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°. Annales de la Société géologique de Belgique. Publications relatives au Congo belge cl oiee régions cuisines; année 1912-1913; annexe au Tome XL des Annales; fascicule 1. Liège, IL Vaillant-Carmanne, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°. Bulletin de la Section scientifique de l'Académie roumaine; 11e année, n° 1, Bucarest, 191 3; 1 fasc. in-8°. SÉANCE DU 3o JUIN I9l3. 203; Outrages reçus dans la séance du 3o juin 191 3. Ports ma ri Cimes de la France. Déparlement du Var : Notices sur les ports e/< \ Lèques, du Brusq, de la Coudourière, du Mourillon, du Niel, du Lavandou et de Cavalaire, par M. Cottalorda et M. Moreau; mises à jour par M. Chauve. — Notices complémentaires sur les ports de Sanary, Toulon, Sainl-Tro/iez, Sainte-Maxime et Saint-Raphaël : modifications survenues de 1 8g3 ci 191 1. par M. Cottalorda et MM. Moreau, Chauve, Cassieh, Mathieu; publiées par le Ministère des Travaux publics, des Postes et des Télégraphes. Paris, Imprimerie nationale, 1912; 2 fasc. in-40. Essai théorique sur la mécanique de la magnétochimie, par Emile Staïco. Paris, Gauthier-Villars, 1 9 1 3 ; 1 fasc. in-8°. Malirea y fuerza, apunles para una teoria nueca, por Augustin Bravo. Madrid. J. Pueyo, 191 2; 1 vol. in-S°. Tables for the computation nf (Ue Jupiter perturbations of t/ie group of small planets vehose mean daily motions are in the Neighbourhood of 760, bv D.-T. Wilson. Upsal et Stockholm. 1912; 1 fasc. in-40. Commissào geographica e geologica do Estado de S. Paulo. Exploraçào do /lin Grande e de sens affluentes, / 9 1 3 . Sao Paulo. igi3; 1 fasc. in-f°. Geosynklinale und Rahmenfallang. Zcrrungsgebiege und Vulkanismus im afts- tralasialischen Archipel, von .1. Eluert. (Extr. de Zeilschrift der Qesellschaft fin Erdkunde zu Berlin; 1912, n° 3.) 1 fasc. in-S°. Die hrdrodynamische Aethertheorie, von H. Rudolph. Coblenz. W. Groos, 19 1 3 ; 1 fasc. in-8". I eber vergleichende Temperaturmessungen und deren klinische liewertung , von Carl Staubli. (Ex.tr. de Milnchener medizinischen Woche/ischiift ; nos 19 et 20, 191 3.) Munich, J.-F. Lehmann; 1 fasc. in-8°. A monograph of the genus Dryopteris ; part I. — The tropical american pinna- tiful-bipinnati fid species, by Carl Christensen. Copenhague, 191 3 ; 1 vol. in-40. Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de Méde- cine de Belgique: collection in-8°, t. XXI, fasc. 1. Bruxelles, J. Goemaere, 19 1 3 ; 1 fasc. in-8°. 2o38 ACADÉMIE DES SCIENCES. ERRATA. (Séance du 26 mai 1913.) Note de MM. J.-R. Senderens eiJ. Aboulenc, Élhers-sels dérivés de l'oc- tanol-j, etc. : Page 1622, lignes 3, 4 et 26 en remontant, au lieu de 2 et même 1 pour 100, lire 4 et même 2 pour 100. (Séance du 16 juin 1913.) Note de M. Cari Stôrmer, Sur une expédition pour l'observation des aurores boréales à Bossekop, au printemps de 191 3 : Page 1871, ligne 10, au lieu de Store Korones, lire Store korsnes. Dans la planche 1, au lieu de Bossekop, lire Store Korsnes; au lieu de Store Korsnes, lire Bossekop. Note de M. H. Zilgien, Transformation du calomel en sels solubles de mercure dans les milieux digestifs : Page 1860, lignes 6 et i3, au lieu de 25c,a' d'ammoniaque, lire ocm3,25. FIN DU TOME CENT-CINQUANTE-SIXIÈME. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES TABLES ALPHABETIOUES. I VWIEK — JUIN 1913. TABLE DES MATIERES DU TOME lo6. A Pages. Absorption des radiations. — Etude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les acides gras et leurs éthers en solutions aqueuses et alcooliques ; par MM. Jean Bielecki et Victor Henri. 55o — Etude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acé- tone; par MM. Jean Bielecki et Vic- tor Henri 884 — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les cé- tones, les dicétones et les acides cé- toniques; par MM. Jean Bielecki et Victor Henri 1 322 — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les alca- loïdes du groupe de l'atropine; par MM. Marcel Gompel et Victor Henri. i54i — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les mo- namines, diamines, nitriles, carbyla- mines, amides et oximes de la série grasse; par MM. Jean Bielecki et Victor Henri 1860 — Sur l'absorption de l'ultraviolet par C. lï., igi3, i" Semestre. (T. 15G.) Pages. l'ozone et l'extrémité du spectre so- laire; par MM. Ch. Fabry et //. Buisson 782 — Sur une relation entre l'absorption atmosphérique et la polarisation de la lumière diffusée par le ciel; par M. A. Boutaric 1 289 Voir Actinomètne. Emission, Energé- tique, Photochimie, Ultraviolet. Académie. — ■ État de l'Académie au Ier janvier 191 3 5 — M. Gabriel Lippmann, Président sor- tant, fait connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les change- ments survenus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année 1912 i3 — Discours prononcé par M. F. Guyon en prenant place au fauteuil de la Présidence 17 — M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de Pâques la séance du lundi 24 mars est re- mise au mardi 2J mars 843 — M. le Président annonce à l'Académie 2o5i Pages, sault : MM. Lippmann, Violle, Arnagat, Bouty, Villard, Branly, Boussinesq, Emile Pkard, Carpeniier . 432 Prix Jecker, Cahours, Montyon(Arts insalubres), Berthelot, Vaillant : MM. Gautier, Lemoine, Ilaller, Le Chatelier, Jungfleisch, Moureu, Schlœsing, Carnot, Maquenne 43î Prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin : MM. Lacroix, Barrois, Douvillé, Wallerant, Termier, De Launaij, Perrier, Zeiller, Bouvier... 432 Prix Desmazières, Montagne, De Coincy, Grand Prix des Sciences physiques, Thore, De la Fons-Meli- cocq : MM. Guignard, Bonnier, Prillieux, Zeiller, Mangin, Coslantin, PU. van Tieghem, Perrier, Bouvier. 433 Prix Bigot de Morogues : MM. Schlœ- sing père, Chauveau, Munlz, Emile Boux, Schlœsing fils, Maquenne, Guignard, Prillieux, Tisserand 526 Prix Savigny, Cuvier : MM. Banvier, Perrier, Delage, Bouvier, Henneguy, Marchai, Grandidier, Munlz, le prince Roland Bonaparte 526 ■ Prix Montyon, Barbier, Bréant, Go- dard, du baron Larrey, BelUon, Mège, Argut : MM. Bouchard, Guyon, d Arsonval, Laveran, Dastre, Lucas- Championnière, Chauveau, Perrier, Roux, Labbé, Henneguy 5ï6 Prix Montyon ( Physiologie expéri- mentale ), Philipeaux, Lallemand, Pourat : MM. Chauveau, Bouchard, d' Arsonval, Boux, Laveran, Dastre, Henneguy. Cette Commission est également chargé de présenter une Questiondeprix Pourat pour l'année io,i5 527 - Prix Montyon ( Statistique ) : MM. de Freycinel, Halon de la Goupillière, Darboux, Carnot, Alfred Picard, Labbé, le prince Roland Bonaparte.. 527 - Prix Binoux, Histoire des Sciences : MM. Ph. van Tieghem, Darboux, Grandidier, Emile Picard, Guyon, Alfred Picard, Bouvier 527 - Médaille Arago, Médaille Lavoisier, Médaille Berthelot : MM. Guyon, Appell, Darboux, Ph. van Tieghem.. - Prix Henri Becquerel, Gegner, Lanne- longue, Gustave Roux, Trémont : MM. Guyon . Appell, Darboux, Pli. van Pages. Tieghem, Emile Picard, Zeiller 527 — Prix Wilde : MM. Ph. van Tieghem, Darboux, Lippmann, Emile Picard, Violle, Lemoine, Baillaud 527 — Prix Lonchampt : MM. Chauveau, Guignard, Boux, Prillieux, Laveran, Dastre, Mangin 527 — Prix Saintour ( Sciences mathéma- tiques ) : MM. Jordan, Darboux, Boussinesq, Lippmann, Emile Picard, Léauté, Appell 648 — Prix Henri de Parville ( Ouvrage de Science) : MM. Guyon, P. Appell, Darboux, Ph. van Tieghem, Emile Picard, Gautier, Alfred Picard 648 — Prix Fanny Emden : MM. Bouchard, Guyon, Perrier, d'Arsonval, Emile Boux, Laveran, Dastre 648 — Prix Petit d'Ormoy ( Sciences mathé- matiques pures ou appliquées) : MM. Jordan, Darboux, Boussinesq, Emile Picard, Appell, Painlevé, Humbert 649 — Prix Petit d'Ormoy (Sciences natu- relles) : MM. Ph. van Tieghem, Gui- gnard, Emile Boux, Bouvier, Dastre, Douvillé, Termier 649 — Prix Pierson-Perrin : MM. Boussi- nesq, Lippmann, Violle, Amagat, Vieille, Villard, Lecornu , . 649 — Prix Parkin : MM. Bouchard, Guyon, Emile Roux, Guignard, Lacroix, Dastre, Termier 649 — Prix Estrade-Delcros : MM. Darboux, Lippmann, Armand Gautier, Emile Picard, Guignard, Haller,Deslandres. 649 — Prix Danton : MM. Lippmann, Violle, Amagat, Bouty, Villard, Branly, Moureu 649 — Commission chargée de présenter une Question de prix Bordin ( Sciences physiques), pour l'année 1916 : MM. Ph. van Tieghem, Schlœsing père, Bouchard, Gautier, Perrier, Guignard, Lacroix 649 Conductibilité calorifique. — Voir Équations intégrales. Conductibilité électrique. — Sur la conductibilité électrique du tellure; par Mlle Paule Collet [943 — Conductibilité électrique de l'éther pur; par M. Jacques Carvallo 1609 — Conductibilité électrique de quelques liquides purs : ammoniac, acétone, 2032 TABLE DES MATIERES. Pages. alcools éthylique et méthylique; par M. Jacques Carvallo 1755 — Influence des oscillations électriques sur la conductibilité de certains sels métalliques fondus; par M. C. Tissot i523 Voir Tonométrie. Congrès. — L'Académie britannique invite l'Académie à se faire repré- senter au Congrès international d'é- tudes historiques, qui se tiendra à Londres du 3 au 8 ou 9 avril 191 3.. 529 — Le Président et le Comité exécutif du douzième Congrès géologique in- ternational prient l'Académie des Sciences de leur faire l'honneur d'envoyer une délégation à la Ses- sion qui se tiendra au Canada au mois d'août igi3 757 ■ — MM. Barrois et Termier sont dési- gnés à M. le Ministre de l'Instruc- tion publique pour représenter son Département au Congrès de Géologie de Toronto i5io Conservatoire des Arts et Métiers. — M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie invite l'Académie à lui présenter une liste de deux ou trois candidats à la chaire de Construc- tions civiles, vacante au Conserva- toire des Arts et Métiers par le décès de M. Pillet l5l2 — Liste de candidats présentée à M. le Ministre du Commerce et de l'In- dustrie pour la chaire de Construc- tions civiles :. i° M. Mesnager ; 2° M. Espitallier l652 Courant alternatif. — Piagramme bipolaire des alternateurs synchrones travaillant, en générateurs ou en récepteurs, sur un réseau à potentiel constant, dans la théorie des deux réactions) par M. André Blondel. ■ . 545 — Puissance intérieure et couple syn- chronisant des alternateurs syn- chrones travaillant sur réseau à po- tentiel constant ou en parallèle; par M. André Blondel 680 — Errata relatifs à cette Communica- tion 926 — Sur les précautions à prendre pour l'emploi de la résonance dans les essais de câbles électriques destinés à de hautes tensions ; par M. André Pages. Léauté i532 — Sur un oscillographe inlerférentiel; par M. A. Guyau 777 Voir Télégraphie sans fil, Téléphonie. CRISTALLOGRAPHIE. - Sur la miscibihté partielle des li- quides; par M. Emile Baud 3i7 - Sur une nouvelle forme du bichro- mate de potassium; par M. A. Duj- four 1022 - Sur le polymorphisme de la codéine, de la thébaïne, de la narcotine et sur un nouveau type de sphérolite; par M. Paul Gaubert 1 161 - Sur les figures de déshydratation; par M. C. Gaudefroy 1 387 - Loi générale de la diffraction des rayons Rontgen par les cristaux; par M. G. Friedel 1676 - Sur la théorie cinétique du para- magnétisme des cristaux ; par M. Pierre Weiss 1674 - L'aimantation des cristaux et l'hypo- thèse du champ moléculaire; par M. Pierre Weiss 1 836 - Sur quelques composés de la choles- térine donnant des cristaux liquides; par M. Paul Gaubert 1 49 - Orientation des cristaux liquides par les lames de mica; par M. Ch. Mauguin 1 246 Voir Bayons de Bôntgen. Crustacés. — Sur les genres Pseudiba- cus et Nisto, et le stade natant des Crustacés décapodes macroures de la famille des Scyllaridés; par M. E.- L. Bouvier 1643 Cycles mixtes. — Condensation des amides aromatiques primaires et secondaires avec les éthers méso- xaliques. Synthèse dans la série de l'indol; par MM. A. GuyotetJ. Mar- tinet Cytologie. — Variations de volume du noyau et de la cellule chez quelques Fougères durant la prophase hété- rotypiquej par M. B. de Lilardière . . — La télophase et la prophase dans la caryoeinèse somatique; par M. V. i625 362 TABLE DES MATIERES. 2o53 Grégoire Les phénomènes cinétiques de la prophase hétéro typique chez le Lobelia Erinus ; par M. L. Armand. Pages. 63 1 1089 Pages. — Les phénomènes cyto logiques de la sporogenèse chez le Barbula mu- ralis; par M. E. Boucherie 1692 D Dactylographie. — Les signes phy- siques de la supériorité profession- nelle chez les dactylographes; par M. J.-M. Laliy 1702 Décès de Membres et de Corres- pondants. — M. le Président an- nonce la mort de M. Teisserenc de Bort et de M. Cailletet 18 — M. Appell annonce la mort de M. Al- fred Picard 747 — M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. Louis Henry, Corres- pondant pour la Section de Chimie. g36 — M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. V. Dwelshauvers-Dery, Correspondant de l'Académie pour la Section de Mécanique 991 Décharges. — La polarisation diélec- trique de la paroi et les mesures de cohésion diélectrique ; le retard d'effluve; par M. E. Bouly 25 - — Sur le mouvement des centres lumi- neux dans les tubes à hydrogène; par M. A. Perot i32 — Sur certaines particularités de la vitesse des centres lumineux dans les tubes à hydrogène ; par M. A. Perot. 3io — Sur le mouvement des centres lumi- neux dans les décharges électriques; par M. A. Perot , 1679 — Oscillations hertziennes produites par des décharges intermittentes partant des taches isolées d'une ca- thode dans un tube de Crookes; par M. Kr. Birkeland 879 — Sur l'absorption du néon par les électrodes des tubes luminescents; par M. Georges Claude i3l 7 Voir Arc, Conductibilité, Télégraphie sans fil. Densités. — Méthode simple pour dé- terminer la densité des poudres mi- nérales; par M. Maurice Billy io65 — Sur la densité des sels doubles. Cas des chlorures de cuivre et d'ammo- nium; par MM. Ed. Chauvenet et G. Urbain i320 Voir Densités, Etats correspondants. Dialyse. — Sur la dialyse delà maltase; par M. W. Kopaczewski 918 — Sur un dialyseur analytique; par M. W. Kopaczewski i853 Diastases. — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides y) à l'aide d'un ferment (glucosidase y) contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air; éthylgluco- side y. ; par MM. Em. Bourquelot, H. Hérissey et M. Bridel 168 — Synthèse des glucosides d'alcools à l'aide de l'émulsine : phényléthylglu- coside [3 et cinnamylglucoside [3; par MM. Em. Bourquelot et M. Bri- del 827 — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides 7.) à l'aide de la glucosidase a : méthylglucoside y.. Destruction de la glucoside y. en milieu fortement alcoolique; par MM. Em. Bourquelot, H. Hérissey et M. Bridel 491 — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides 2) à l'aide d'un ferment (glucosidase a) conte- nu dans la levure de bière basse séchée à l'air r propylglucoside a et allylglucoside y; par MM. Em. Bourquelot, H. Hérissey et M. Bri- del 1493 — Recherches sur la synthèse biochi- mique du méthylglucoside Js dans un liquide neutre, étranger à la réac- tion; par MM. Em. Bourquelot et Em. Verdon 1 264 — De l'emploi de proportions crois- santes, de glucose dans la synthèse biochimique du méthylglucoside 3. Influence du glucoside formé sur l'arrêt de la réaction; par MM. Em. Bourquelot et Em. Verdon i638 2o54 TABLE DES MATIERES. Pages. — Synthèse biochimique, à l'aide de l'émulsine, d'un glucoside isomère de la salicine, le salicylglueoside (Ï; par MM Em. Bourquelot et H. Héris- se;/ 1790 — Synthèse de galactosides d'alcools à l'aide de l'émulsine : méthylgalac- toside jî et allylgalactoside [i; par MM. Em. Bourquelot et M. Bridel. . Il 04 — Comparaison des diastases hydro- lysantes du latex de Maclura auran- tiaca avec celles de Ficus Carica et de Broussonelia papyrifera; par M. C. Gerber i573 — Dédoublement diastasique des glu- cosides et des galactosides; par M. H. Bierry 2Ô5 — Action des températures élevées sur les nucléases desséchées d'origines végétales; par M. E.-C. Theodo- resco. . . 1081 — Action de l'acide borique sur la zymase; comparaison avec l'action des phosphates ; par M . Henri Agulhon i855 — Etude quantitative de l'action des rayons ultraviolets monochroma- tiques sur l'amylase; par Mme et M. A. Chauchard i858 Voir Aspergillus niger, Dialyse, Fer- ments. Diélectriques. — La polarisation diélectrique de la paroi et les me- sures de cohésion diélectrique; le retard d'effluve; par M. E. Bouty . . iS Différence de potentiel. — Sur les différences de potentiel de contact apparentes entre un métal et des solutions électroly tiques; par M. J. Guyot 220 Voir Capillarité, Sang. Diffraction. ■ — Loi générale de la diffraction des rayons Rbntgen par les cristaux; par M. G. Friedel. . 1676 Voir Rayons de Rùntgen. ' Diffusion. — Sur quelques mélanges liquides se prêtant tout particu- lièrement à l'observation du phé- nomène de Christiansen; par M. jF. Bodroux Digestion. — Transformation du ca- lomel en sels solubles de mercure dans les milieux digestifs; par M. H. Zilgien — Errata relatifs à cette Communica- tion Dilatation. — Sur les transforma- tions des alliages de fer et de sili- cium; par M. Em. Vigouroux Dissociation. — Sur l'équilibre d'un gaz en état de dissociation binaire; par M. J. de Boisoudy — La tonométrie différentielle des so- lutions et la théorie d'Arrhenius; par M. E. Fouard — Sur une loi de tonométrie et ses con- séquences relatives à la théorie des ions; par M. Eugène Fouard — Sur la dissociation des composés gazeux par la lumière : gaz hydro- génés des familles du chlore et de l'oxygène; par MM. Daniel Ber- thclot et Henry Gaudechon — Sur la dissociation des composés ga- zeux par la lumière; gaz hydrogénés des familles de l'azote et du carbone, gaz divers; par MM. Daniel Ber- thelot et Henry Gaudechon — Combinaisons du chlorure de cérium avec le gaz ammoniac; par M. Barre. — La loi de volatilité dans les réactions chimiques; par M. Camille Mati- gnon Voir E/llorescence. Dynamique des fluides. — Sur la propagation et l'altération des ondes de choc; par M. L. Crussard — Nouvelle méthode de mesure de la vitesse des fluides; parM.Z. Carrière. Dynamos. — Prédétermination des ca- ractéristiques des dynamos à cou- rant continu; par. M. E.-J. Bruns- wick — Sur les machines dynamo-électriques à excitation interne; par M. R.-V. Picou Pages. 772 i863 2038 i374 61 622 1761 1243 1017 i536 611 i83i 223 i535 Eau. — Sur l'étude des températures des eaux souterraines dans les cap- tages pour l'alimentation publique; par M. F. Dienert 83l TABLE DES MATIERES. 20 55 Pages. Voir Hygiène, Hydrates, Hydrologie. Ébullition. — La loi de Guldberg et les états correspondants; par M. A. Leduc 65 Voir États correspondants. Éclipses. — Voir Soleil. Économie rurale. — Voir Agronomie, Hérédité, Hybrides. Efflorescence. — Théorie de l'efflo- rescence des hydrates salins . In- fluence de la température ; par MM. Ch. Boulanger et G. Urbain.. l35 Élasticité. — Recherches expérimen- tales sur le spiral cylindrique double; par M. Jules Andrade 56 — Errata relatifs à cette Communica- tion 4l8 Voir Alliages, Chronomélrie. Élections de Membres et de Corres- pondants. — M. Sabatier est élu Membre non résident 1210 — M. Gouy est élu Membre non résident. l3o2 — M. Bazin est élu Membre non résident. l354 — M. Landouzy est élu Membre libre, en remplacement de M. Teisserenc de Bort n3o — M. André Blondel est élu Membre libre en remplacement de M. L. Cail- letet i5io — M. Arnaud de Gramont est élu Membre libre en remplacement de M. Alfred Picard 1 734 — M. Graebe est élu Correspondant pour la Section de Chimie, en remplace- ment de Sir William Bamsay, élu Associé étranger 286 — M. Hugo de Vries est élu Correspon- dant pour la Section de Botanique, en remplacement de M. Scluvende- ner, élu Associé étranger 43 ! — M. Vuillemin est élu Correspondant pour la Section de Botanique, en remplacement de M. Slrasburger. . 526 — M. Barbier est élu Correspondant pour la Section de Chimie, en rem- placement de M. Ladenburg 663 — M. Lebeuj est élu Correspondant pour la Section d'Astronomie, en rempla- cement de M. Charles André 936 — M. BouWin est élu Correspondant pour la Section de Mécanique, en remplacement de M. Amsler 121 1 — M. Schwœrer est élu Correspondant pour la Section de Mécanique, en C. R., i9i3, 1" Semestre. (T. 156.) Pages, remplacement de M. Dwelshauvers- Dery i3o3 M. Moris Davis est élu Correspon- dant pour la Section de Géographie et de Navigation i3o3 M. Ciamician est élu Correspondant pour la Section de Chimie, en rempla- cement de M. Lecoq de Boisbaudran. i65a ÉLECTRICITÉ. Electricité physiologique. — Mesure de l'excitabilité réflexe de la moelle épinière, ses variations sous l'in- fluence d'injections de solutions de chlorure de calcium; par M. Pézard ■ — La galvanothérapie intensive à faible densité de courant; par M. Hirtz. . Électrodynamique. — Voir Physique cosmique. Électholytes. — Sur les différences de potentiel de contact apparentes entre un métal et des solutions électroly tiques; par M. J. Guyot. . . . — Retard de l'électrolyse sur la force électromotrice polarisante ; par M. A. Grumbach — Sur quelques propriétés d'un fer élec- troly tique industriel; par MM. L. Guillet et A. Porlevin — Phénomènes mis en jeu dans le dé- tecteur électrolytique. sans force électromotrice auxiliaire et consi- dération théorique sur le fonction- nement des détecteurs élcctroly- tiques; par M. Paul Jégou Voir Dissociation, Bésistance, Télégra- phie sans fil. Électrons. — - Sur l'application de la loi de Stokes à la chute de très petites gouttes et à la détermination de la charge de l'électron; par M. A. Schidlof et Mlle J. Marzynowska.. . — Sur l'extension des équations méca- niques de M. Appell à la Physique des milieux continus. Application à la théorie des électrons ; par M. Edouard Guillaume — Théorie électronique de la gravita- tion; par M. L. Décombe — Sur la théorie électronique de la gra- vitation; par M. L. Décombe Électro-optique. — ■ Sur la durée d'éta- 263 a5o 1559 54a 702 385 3o4 875 94o 1222 20Jt TABLE DES MATIERES. Pages, blissement de la biréfringence élec- trique; par M. C. Gutton 387 - Détermination de la durée d'établis- sement de la biréfringence élec- trique; par M. G. Gutton 1370 Electrostatique. — Sur un électro- mètre à spiral; par M. B. Szikird . . 779 - Principed'unrnoteur é'ectrostatique ; par M. Eugène liloch 1761 Voir Conductibilité, Capillarité, Cou- rant alternatif, Décharges, Diélectri- ques, Différence de potentiel, Dynu- nios, Force < lectromotrice, Galvano- mètre, Paratonnerre, Photo-électricité, Résistance, Résonateurs. Embryologie. — Sur la nature et le dé- veloppement de l'organe lumineux du Lampyre noctiluque; par M. Ra- phaël Dubois — Étude cinématographique des phé- nomènes cyloplasmiques de la di- vision de l'œuf d'Ascaris; par MUe Chevroton et M. Faurè-Fremiel. Voir Hybrides. Émission. — Un cas' remarquable de résonance optique; par M. Louis Dunoyer Voir Energétique, Rayonnement. Énergétique. — Sur les éléments d'é- nergie; par M. Jacques Duclau.r. . . . — Sur la loi du rayonnement noir et la théorie des quanta; par M. J. de Boissoudy — Energie absorbée dans les réactions photochimiques; par MM. Victor Henri et René Wurmser — Sur la relation entre l'énergie lumi- neuse et l'action photochimique; paT M. A. Tian — Sur la détermination expérimentale de l'énergie lumineuse absorbée dans une réaction photochimique j par M. A. Tian — Déduction de la loi de Planck de la distribution de l'énergie par l'hypo- thèse d'agglomération; par M. Cari Benedicks Voir Rayonnement. ÉQUATIONS AUX DIFFÉRENCES FINIES. Sur les équations linéaires aux diffé- rences finies ; par M. Nèrlund — Sur le problème de Riemann dans la 73o 8i5 1067 142 765 1DI2 l60I ^79 l52Ô 5i théorie des équations aux diffé- rences finies; par M. Xarlund - Sur la détermination des fonctions harmoniques. Application au cane; par M. J. Le Roux Voir Formes. Équations diffère ntieixe = . — Sur les fonctions fondamentales des équa- tions différentielles linéaires du second ordre et sur le développe- ment d'une fonction arbitraire. Application de la théorie des formes quadratiques à une infinité de va- riables; par M. Léon Lichtenstein . . — Sur un théorème de Jacobi; par M. Th. de Donder — Sur le théorème d'indépendance de Hilbert; par M. Th. de Donder - Sur le théorème d'indépendance de Hilbert; par M. Th. de Donder. . . . — Sur les caractéristiques des systèmes d équations aux dérivées partielles; par M. Maurice Janet - Sur les caractéristiques des sys- tèmes d'équations aux dérivées partielles; par M. Gunther — Propriétés nouvelles des caractéris- tiques des équations partielles li- néaires du premier ordre en deux variables; par M. Gustave Sannia. . - Sur les transformations les plus gé- nérales des équations aux dérivées partielles du second ordre; par M. P.-E. Gau - Sur les invariants des caractéris- tiques des équations aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes; par M. J. Clairin — Sur une elasse particulière d'équa- tions de M. Moutard; par M. C. Guichard — Sur le mouvement des milieux vie- queux indéfinis; par M. Louis Roy. — Sur le mouvement des milieux vis- queux et les quasi-ondes ; par M. Louis Roy — Complément à deux Notes récentes sur le mouvement des milieux vis- queux indéfinis; par M. L. Roy... . — Remarque élémentaire sur le pro- blème des ondes sphériques; par M. Pierre Uuhem — Sur une transformation qui dépend Pages. 200 670 993 44o 609 868 118 1147 6o5 116 760 748 1219 i3og i665 1727 TABLE DES MATIERES. lOJ-j Pages, d'une équation aux dérivées par- tielles du troisième ordre; par M. H. Jonas 1 8 1 6 Voir Géométrie infinitésimale. Équations fonctionnelles. — Sur une classe de transcendantes ayant un théorème de multiplication; par M. Georges Giraud ly — Sur certaines équations fonction- nelles, et sur les transformations permutables; par M. Georges Gi- raud H)7 — Equation fonctionnelle pour l'équi- libr ■ relatif d'un liquide homogène en rotation sous l'attraction new- tonienne de ses parties; par M. Paul Appell 587 — Sur l'intégration des équations aux dérivées fonctionnelles partielles; par M. Paul Lévij 1 â 1 5 — Sur l'intégration des équations aux dérivées fonctionnelles partielles; par M. Paul Lévij . . .'. [658 Équations intéghali s. — Sur la solu- tion des équations séculaires et des équations intégrales; par M. Ch. Mitntz 860 — Application de la théorie des équa- tions intégrales à certains problè- mes de la théorie analytique de la chaleur, dans l'hypothèse d'un saul brusque de température à la sur- face de séparation des corps en con- tact; par M. Emile Picard 1 1 19 — Sur quelques propriétés des équa- tions intégrales à noyau non symé- trique; par M. Nicolas Krylojj 1 58j — Sur des solutions holomorphes de certaines équations intégrales li- néaires de troisième espèce; par M. Ch. Plâtrier i8î5 Équilibres chimiques. — Déplacement des amylamincs primaires par le gaz ammoniac; par M. Félix Bidet.... 3i5 — Déplacement limité de la monoéthyl- amine par le gaz ammoniac; par M. Félix Bidet i6i3 — Étude de l'équilibre entre le chlo- rure de plomb et le chlorhydrate d'ammoniac en solution aqueuse; par Mme N. Demassieux 892 — Réactions chimiques dans les gaz comprimés : étude de la décom- position de l'oxyde d'azote; par Pages. MM. E. Briner et Boubnofj 228 — Equilibre chimique de l'action du gaz chlorhydrique sur le sulfate de zinc; par M. Camille Matignon . . . . 788 Errata. — 104, 270, 366, 418, 586, 923, 1198, 16 J2, 1 8 7 1 , 2038 États 'correspondants. — La loi de I iuldberg et les états correspon- dants; par M. .4. Leduc 65 — Sur les lois des états correspondants; par M. E.-H. Amagat 271 — Sur les courbes de saturation et la loi des états, correspondants; par M. E.-H. Amagat 843 Ethers. — Hydrogénation directe des éthers phénylaeétiques : prépara- tion de l'acide eyclohexy lacé tique; par MM. Paul Sabotier et M. Mural. ] > j — Éthérification eatalytique en solu- tion étendue : préparation de l'acé- tate d'éthyle; par M. F. Bodroitic.. . 1079 — Action de l'a-monochlorhydrine et de l'épichlorhydiine. sur la glycérine monosodée; par M. Jean Nivière-, 1628 Voir Carbures. Étoiles. — Etoiles doubles nouvelles découvertes à l'Observatoire de Lille; par M. R. Jonckheere 9 '<~ — Sur le rendement lumineux du corps noir aux températures élevées et sur celui des étoiles. Première appli- cation à Arcturus et Véga; par M. Charles Nordmann 664 — Sur les températures effectives des étoiles; par M. Charles Nordmann. . [355 — Opacimètre intégrateur pour pho- tographies stellaires; par M. Jules Baillaud 1 1 3 — Distribution des étoiles doubles spectroscopiques sur la sphère cé- leste; par M. P. Slroobant 37 Voir Occultations. Exploration. — Sur les Méduses re- cueillies dans le plankton pendant la croisière d'été 1912 du « Pourquoi Pas ? » dans les mers du Nord, sous le commandement du Dr J.-B. Charcot; par M. Ed. Le Danois 35 1 Voir Océanographie, Poissons. Explosifs. — Action des basses tem- pératures sur les explosifs ; par MM. André Kling et D. Florentin. . 694 ao58 TABLE DES MATIERES. Pages. Farines. — Les matières azotées so- lubles comme facteur d'appréciation des farines ; par MM. Eug. Rousseaux et Maurice Sirol 723 Ferments. — Données nouvelles sur la réversibilité de l'action fermentaire de l'émulsine; par MM. Em. Bour- quelot et J. Coirre 643 — La réversibilité des actions fermen- taires : Émulsinc et méthylgluco- side (3; par MM. Em. Bourquelot et Em. Verdon 957 — L'acidification des moûts par la le- vure au cours de la fermentation alcoolique; par M. A. Fernbach. ... 7.7 — Fermentation alcoolique de l'acide lactique! par M. Mazé 1101 Voir Dialyse, Diastases, Vin. Foie. — Sur la minéralisation comparée des régions cancérisées du foie et des régions relativement saines; par M. Albert Robin 33 /J — Recherches sur les variations de l'acide phosphorique dans l'urine et le foie des cancéreux; par M. Albert Robin 2018 Voir Chimie pathologique. Fonctions. — Sur une classe de trans- cendantes généralisant les fonctions elliptiques et les fonctions abéliennes; par M. Emile Picard 978 — Un théorème sur la fonction gamma; par M. //. Burkhardl 1212 — Lespolynomes V„,,„ d'Hermite et leurs analogues rattachés aux fonctions sphériques dans l'espace à un nom- bre quelconque de dimensions; par M. Paul Appetl i423 — Les polynômes U,„,„ d'Hermite et leurs analogues rattachés aux fonctions sphériques dans l'hyperespace; par M. Paul Appell. i582 — Quelques remarques sur les systèmes complets de fonctions orthogo- nales; par M. V. Koslilzin 292 — Sur des transcendantes entières géné- ralisant les fonctions exponentielles et trigonométriques; par M. Michel Petrofilch 1 2 1 3 Pages. — Sur quelques polynômes qui s'écar- tent le moins possible de zéro dans un intervalle donné; par M. A. Pchéborski 53i — Sur la meilleure approximation de | x \is+l par des polynômes de degrés indéfiniment croissants; parMlle Th. Tarnarider . 672 — Sur la détermination de la croissance des fonctions entières définies par une série de Taylor; par Mlle S. TiUinger 434 — Sur les fonctions entières d'ordre nul; par M. Valiron 534 — Sur les fonctions entières d'ordre fini; par M. G. Valiron 1 138 — Sur un théorème de Laguerre; par M. Georges Pùlijâ 996 — Sur les familles de fonctions algé- broïdes; par M. Georges Rémoundos. 862 — Sur les séries et les familles de fonc- tions algébroïdes dans un domaine; par M. Georges Rémoundos 1 r4l — Sur une classe de transcendantes ayant un théorème de multipli- cation; par M. Georges Giraud 49 — Sur une application du calcul fonc- tionnel à la théorie des fonctions; par M. D. Pompéiu 376 — Détermination de toutes les fonctions permutables de première espèce avec une fonction donnée; par M. Joseph Pérès 378 — Sur une extension d'un théorème de Weierstrass et sur une restriction d'un autre théorème du même au- teur; par M. W.-F. Osgood 1591 — Sur les différentielles totales et les fonctions monogènes; par M. Paul Montel 1820 — Sur une question concernant les fonctions de deux variables réelles; par M. Emile Col ton io54 Voir Séries. Fonds Bonaparte. — MM. Ch. Fabry et H. Buisson adressent un Rap- port sur l'emploi qu'ils ont fait et les expériences qu'ils ont exécutées à l'aide de la subvention qui leur a TABLE DES Pages, été accordée sur le Fonds Bona- parte en 191 1 434 — M. Jules Welsch adresse un Rapport sur l'emploi de la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bona- parte en 1 9 12 664 — M. Paul Pallary adresse un Rapport sur l'emploi de la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bona- parte en 1912 757 — Commission du Fonds Bonaparte pour 1913 : MM. Lippmann, Emile Picard et Villard; MM. A. Gautier, Perrier, Guignard; M. Adolphe Car- not i5ii Force éi.ectromotrice. — Force élec- tromotrice produite par l'écoulement des solutions d'électrolytes dans les tubes capillaires; par M. Louis Biéty.. 1 368 Formes. — Sur la détermination des fonctions harmoniques ; par M. J. Lejtoiu 437 Voir Equations aux différences finies. — Sur les fonctions fondamentales des équations différentielles linéaires MATIERES. 2039 Pages. du second ordre et sur le développe- ment d'une fonction arbitraire. Ap- plication de la théorie des formes quadratiques à une infinité de va- riables) par M. Léon Lichtenstein. . 993 — Sur la réduction des formes quadra- tiques binaires à coefficients entiers dans un corps quadratique réel| par M. Gaston Cotty 1448 Voir Groupes, Théorie des nombres. Froid. — M. d'Arsonval présente les Comptes rendus du deuxième Congrès national du Froid, tenu à Toulouse, en septembre 1912 1875 — De l'emploi des basses températures en cryothérapie j par M. F. Bordas. 84 — La pression et la thermométrie en cryothérapie) par M. Henri Bèclère. 1399 Voir Explosifs. Fusion. — Sur les tourbillons cellu- laires isolés; par M. C. Dauzère. ... 218 Voir Tourbillons. — Fusibilité des corps gras naturels) par M. H. Le Chalelier et Mlle Ca- vaignac 089 G Galactosides. — Synthèses de galac- tosides d'alcools à l'aide de l'émul- sine. Propylgalactoside [i et benzyl- galactoside fi; par MM. Em. Bour- quelot, H. Hérisssy et M. Bridel. . . . 33o Voir Diastases. Galvanomètre. — L'inscription des si- gnaux horaires et des télégrammes hertziens à l'aide d'un appareil Morse; par M. Albert Turpain 61 5 Voir Télégraphie sans fil. Gastéropodes. — Contribution à l'étude des fonctions des grands ten- tacules des limaces rouges [Arion rujus); par M. Pierre Kennel 87 Gaz. — M. Charles Moureu présent.' à l'Académie un Mémoire intitulé : Beeherches sur les gaz rares des sources thermales: leurs enseigne- ments concernant la Radioactivité et la Physique du globe 1O4O — Phénomènes capillaires dans les gaz; extension de la formule de Laplace au contact solide-gaz; par M. G. Reboul 688 — Sur la composition du gaz d'éclai- rage) par MM. P. Lebeau et A. Da- miens 797 — Sur l'équilibre d'un gaz en état de dissociation binaire) par M. J. de Boissoudy 61 Géodésie. — Sur des formules dérivées de celles des Ingénieurs-Géographes et appropriées au calcul des coor- données des sommets d'une chaîne géodésique primordiale; par M. E. Benoit 297 Géographie. — Sur la position exacte du pôle continental de la Terre; par M. Alphonse Berget 1 714 - Les niveaux du Plateau lyonnais. Essai de raccordement avec les hautes terrasses du mont Cindre; par M. /. Assada 1 1 87 Géographie botanique. — Peuplement végétal de la Chaouïa, Maroc; par C.-J.Pitard i556 Voir Géodésie, Navigation, Océanogra- phie. 20Ô0 TABLE DES MATIERES. GÉOLOGIE. Pages. Efficacité des puits absorbants; par M. Gustave-F. Doll/us IOÎ2 Sur l'efficacité des puits absorbants; par M. F. Dienert 1288 Sur des phénomènes de capture dans la région occidentale du Bassin de Paris; par M. François Bochin I277 Signification des galets de minerais in- clus dans les minerais de fer hettan- giens de Bourgogne; par MX. Cayeux. 1793 Essai de synchronisation des allu- vions anciennes de la Loire et de ses affluents; par M. E. Chaput 358 Les huit phases éruptives du volcan de Corne (Chaîne des Puys). Un puits profond à travers les coulées de lave de ce volcan; par M. Ph. Glangeaud 1 3/|0 Sur quelques roches écrasées du Pla- teau central; par M. L. De Launay. . i434 Recherches relatives à l'extension de la mer nummulitique sur la rive droite de la Gironde; par M. Edmond Bordage 1 1 12 Sur le golfe éocène de Roy an; par M. Edmond Bordage 1281 Le terrain éocène de Bos d'Arros; par MM. Stuart Menteath et H. Dou fille. 5o,'( Sur la terminaison occidentale de la Sainte-Baume;, par M. Emile Haug. 1864 Le Stéphanien inférieur (zone des Cévennes) dans la zone axiale alpine. Essai de coordination des divera niveaux du terrain houiller des Alpes occidentales; par M. Ch. Pussenot. 97 Nouvelles données relatives à la tec- tonique des environs de Briançon; par MM. W. Kilian et Ch. Pussenot. 5i5 Analyse détaillée des dislocations du Brianeonnais oriental; par MM. W. Kilian et Ch. Pussenol 599 • Observations tectoniques aux envi- rons de Grasse; par MM. Léon Ber- trand et Antonin Lanquine 1867 M. Pierre Termier présente l'Ouvrage de M. le professeur Franz Eduard Suess, intitulé Die moravischen Fens- ter und ihre Beziehung znm Grundge- birge des hohen Gesenke 4 '9 - Contribution à l'étude du Wealdien de la province de Santander; par M. Louis Mengaud 1 279 Pages. Sur la bordure méridionale de la Meseta Ibérique; par M. Jean Groth. 1794 ■ Observations sur l'histoire géolo- gique pliocène et quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe; par M. Charles Depéret 427 ■ Observations sur l'histoire géolo- gique pliocène et quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe; par M. Charles Depéret 65g • Observations sur l'histoire géologique pliocène et quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe; par M. Charles Depéret 1048 - Sur l'âge de la série cristallophyl- lienne des Cyclades et sur l'époque des plissements qui l'ont affectée; par M. Ph. Négris 829 - Contribution à la géologie de l'Atti- que; par M. Ph. Négris 1286 - Sur la structure de la zone littoral'' de l'Algérie occidentale ; par M. Louis Gentil 963 L'Oligocène marin et sa faune en Al- gérie ; par M. Dalloni 171 1 - Structure des chaînes entre le lac Gaktehaï et l'Araxe; par M. Pierre Bonnet i497 - Sur les terrains paléozoïques de la rivière Noire (région entre la fron- tière laotienne et le fleuve Rouge, Tonkin) ; par M. Jacques Deprat. . . . 679 - Les terrains triasiques dans la région de la rivière Noire moyenne (Ton- kin) ; par M. Jacques Deprat 921 - Sur la succession des étages carboni- fères et permiens en Indo-Chine; par M. Jacques Depral 1 109 - Sur l'existence de charriages impor- tants au Tonkin entre le fleuve Rouge et la rivière Noire ; par M. Jacques Depral 1284 - Les calcaires à Produclus de l' Indo- Chine; par M. Mansuy ioio - Sur l'origine du pétrole au Wyo- ming (États-Unis d'Amérique); par M. Jean Chaulard 1 4 * 7 Voir Archéologie, Géographie, Hydro- logie, Mètallogênie, Minéralogie, Paléontologie. Géométrie. — Nouvelle formule appro- chée de la longueur de l'ellipse; par TABLE DES MATIERES. 2061 Pages. M. Rodolphe Sorcau i5i3 — Sur les involutions appartenant à une surface de genres zéro et de bigenre un; par M. L. Godeau.r i3t>6 — Classification des involutions de genres 1 appartenant à une sur- face de genres 1 ; par M. L. Go~ deaux 1737 — Sur les surfaces irrégulières dont les genres satisfont à l'inégalité Pç ~ 1 (p„ + 2); par M. A. Rosen- blatt 42 — Sur les surfaces algébriques qui pos- sèdent un faisceau irrationnel de courbes de genre 2; par M. .1. Ro- senbl/til 290 — Les correspondances algébriques exis- tant sur les courbes d'un système linéaire tracées sur une surface-; par M. Franeesco Severi 287 GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. Une propriété générale des lignes tracées sur une surface; par M. A. Demoulin. 4° — Sur une classe particulière d'équa- tions de M. Moutard; par M. C. Guichard 748 — Sur les réseaux dérivés; par M. G. Tzitzéica 374 — Sur les réseaux réciproquement dé- rivés; par M. Tzitzéica €66 — Sur une généralisation de6 surfaces minima non euclidiennes; par M. Tzitzéica 1 136 — Sur les configurations de Laplaee; par M. E. Bompiani 6o3 Pages. — Sur les surfaces minima engendrées par un cercle variable; par M. Gas- ton Darheux 928 - Sur les surfaces minima engendrées par un cercle variable; par M. Gas- ton Darboux 971 — Sur une série de surfaces dont une famille de lignes de courbure est constituée par des hélices indéfor- mables; par M. Barré 999 — Sur une transformation qui dépend d'une équation aux dérivées par- tielles du troisième ordre; par M. H. Jonas 1816 — Sur le complexe des moments vec- toriels; par M. V. .larnet 1828 Glaciers. — Valeur et variation de la température profonde du glacier, au mont lilanc; par M. J. Vallol.. . . 1 575 Glucosides. — Dédoublement diasta- sique des glucosides et des galae- tosides; par M. //. Bierry 265 Voir Diastases, Galactosides. Graines. — Sur la courbe des limites de la germination des gra nés après séjour dan6 les solutions salines; par M. Pierre Lesage 55g Gravitation. — Voir Electrons. Greffe. — Nouvelles recherches sur la greffe des Bra-ssica; par M. Lucien Daniel i5l Groupes. — Sur les domaines fonda- mentaux de certains groupes t'uch- siens; par M. Th Got 1741 H Hérédité. — Cas remarquable d'héré- dité en mosaïque chez des hybrides d'Orges (Hordeum distichum nutans Schùbl. X H. distichum nudum L.)| par M. L. Blaringhem 1025 Voir Hybrides. Histoire des Sciences. — M. G. Le- moine fait hommage à l'Académie, de la part de M. Colin, d'une lettre autographe de Berzélius à M. Jul- lien, relativement à un projet de nomenclature c himique 602 — Sur l'identification du crâne sup- posé de Descarte6 par sa compa- raison avec les portraits du philo- sophe; par M. Paul Richer 188 Voir Nécrologie. Histologie. — Forme, direction et mode d'action du muselé ciliaire chez quel- ques Mammifères ; par M. J. Mawais. i58 — Du rôle du tissu conjonctif du corps ciliaire dans la transmission de la contraction du muscle ciliaire et de l'importance de la zonule dan6 l'accommodation de l'œil; par M. Jacques Mawas 349 — Sur l'asymétrie du corps ciliaire et sur son importance dans l'acconimo- 2062 TABLE DES MATIERES. Pages, dation astigmique et les mouve- ments du cristallin) par M. Jacques Mawas 570 — Action de la traction de la zonule sur la configuration générale du cris- tallin humain. De la possibilité de l'aplatissement de la périphérie du cristallin pendant l'accommodation; par M. Jacques Mawas 1788 — Sur une formation fibrillaire intra- cellulaire dans la tunique de la glande salivaire chez les larves de Syrphinae; par M. D. Keilin 908 — Sur quelques modifications du tissu musculaire au moment de la matu- rité sexuelle chez la Nereis fucala (Sav.)j par M. H. Charrier i33i — Recherches sur le plexus cardiaque et sur l'innervation de l'aorte; par M. Y. Manouélian 1846 Hybrides. — Phénomènes de xénie chez le Blé; par M. L. Blaringhem . . 802 Voir Hérédité. Hydrates. — Sur l'état dissimulé dans les hydrates; par M. de Forcrand. . . i5o6 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1642 Voir E/jluoiescence, Magnétisme. Hydraulique. — Sur les coups de bélier dans les conduites formées de sec- tions de diamètres différents; par M. de Sparre i52l Hydrodynamique. — Sur l'écoulement des fluides pesants; par M. Henri Villat 58 — ■ Sur la détermination des problèmes Pages. d'Hydrodynamique relatifs à la résistance des fluides; par M. Henri Villat 442 — Sur la production des marées statiques de la deuxième sorte dans un océan répondant à une loi quelconque de profondeur; par M. E. Fichot 211 — Sur la zone de formation des tour- billons alternés derrière un obstacle; par M. Henri Bénard ioo3 — Sur la marche des tourbillons alternés derrière un obstacle; par M. Henri Bénard 1225 Voir Aérodynamique, Dynamique des fluides, Équations fonctionnelles, Hydraulique, Navigation, Tour- billons. Hydrologie. — Sur l'étude des tempé- ratures des eaux souterraines dans les captages pour l'alimentation pu- blique; par M. E.-A. Martel 741 — - Sur L'étude des températures des eaux souterraines dans les captages pour l'alimentation publique; par M. F. Dienert 83 1 — Efficacité des puits absorbants; par M. Gustave- F. Dollfus io3a — Sur l'efficacité des puits absorbants; par M. F. Dienert 1288 Voir Gaz, Géologie. Hygiène. — Sur le soufre et ses varia- tions dans le traitement biologique des eaux d'égout; par M. Lucien Cavel 1 099 Voir Eau, Hydrologie. Immunité. — De l'immunité vaccinale passive conférée par les injections intra-veineuses de sérum variolique; par MM. Pierre Teissier, Pierre Gas- tinel et P.-L. Marie 82 — De l'immunisation contre le staphy- locoque pyogène par voie intesti- nale; par MM. Jules Courmont et A. Rochaix 572 — Des rapports entre l'anaphylaxie, l'immunité et l'autoprotéolyse des centres nerveux; par M. L.-C. Soula 1 258 — Des rapports existant entre l'ana- phylaxie et l'immunité; par M. Mar- cel Belin 1260 Voir Vaccin. Indigo. — Synthèses dans le groupe des indigoïdes; par MM. A. Wahl et P. Bagard 898 — Synthèses dans le groupe des indi- goïdes; par MM. A. Wahl et P. Bagard 1 382 Industrie. — La pêche aux grands Cétacés sur la côte occidentale d'Afrique; par M. A. Gruvel 1705 TABLE DES MATIERES. 2o63 Pages. Insectes. — Sur le rôle de la spatule de la Cécidomyie parasite du Buis; par M. J. Chaîne 336 — Observations sur l'évolution post- embryonnaire du Dytique bordé; par M. L. Bounoure 633 — Les corps figurés du protoplasme des œnocytes des Insectes; par M. A.- Ch. Hollande 636 — Sur la nature et le développement de l'organe lumineux du Lampyre noctiluque; par M. Raphaël Dubois. 73o — Sur un organe périœsophagien énig- matique des Tinéides et sur son dé- veloppement; par Mme A. Huj- nagel 1 636 — Le gésier des Dytiscides; par M. L. Bordas 1 703 Pages. — Sur les effets comparés de l'arsenic et du plomb dans les traitements appliqués contre les larves de Co- chylis; par MM. L. Moreau et E. Vinet 906 — La transmission du Ver macaque par un Moustique; par M. Jacques Sur- couf 1406 — Septicémies spontanées à coccoba- cilles chez le Hanneton et le Ver à soie; par M. Edouard Chatton 1707 Voir Histologie, Parthénogenèse. Interférences. — Strioscopes inter- férentiels et interféromètres simpli- fiés à circuits inverses. Vibrations stationnaires sur une argenture transparente; par M. G. Sagnac. . . . i838 Voir Longueurs d'onde. Levures. — Recherches sur le méca- nisme de l'acclimatation des le- vures à l'aldéhyde formiquc; par M. M.-Emm. Pozzi-Escot i85l Liquéfaction. — Voir Pouvoir rotatoire. Longitude. — Résultats de la discussion des observations faites par MM. Del- porte et Viennet, pour déterminer par la télégraphie sans fil la différence de longitude entre l'Observatoire royal de Belgique et l'Observatoire de Paris; par M. Henri Renan. . . . 758 — Sur la première détermination de différence de longitude par télé- graphie sans fil en Afrique occi- dentale française; par MM. Schwartz et Villatle 1743 Longueurs d'onde. — Mesures inter- férentielles de longueurs d'onde dans le spectre du fer; par M. Keivin Burns 161 1 — Sur les longueurs d'onde des raies du krypton; par MM. H. Buisson et Ch. Fabrij 945 Lune. — Mégaséismes et phases de la lune ; par M. de Montessus de Ballore. 100 Voir Occultations. M Machine a vapeur. -- Voir Thermo- dynamique. MAGNÉTISMK. — Remarques sur l'additivité du dia- magnétisme en combinaison; par M. Paul Pascal 323 — Errata relatifs à cette Communica- tion 586 — Sur les propriétés magnétiques de C. H., 1913, 1" Semestre. (T. 156.1 quelques hydrates solides de cuivre et de chrome; par Mlle E. Feytis. . . . 886 Quelques observations à propos de la Note de Mlle Feytis sur le ma- gnétisme des sels anhydres et hy- dratés; par M. G. Wyrouboff 1072 Sur la théorie cinétique du parama- gnétisme des cristaux; par M. Pierre Weiss 1 674 L'aimantation des cristaux et l'hypo- thèse du champ moléculaire; par M. Pierre Weiss 1 836 264 2o64 TABLE DES MATIERES. Page». — Etude magnétique de la constitution de quelques alliages d'antimoine; par M. P. Leroux 17O ; Magnétisme solaire. — Sur le champ magnétique général du Soleil; par M. Henri Chrétien 192 — Sur la production de champs magné- tiques intenses à la surface du So- leil ; par M. Gouy 5 1 2 — Valeur des éléments magnétiques à l'Observatoire du Val Joyeux au Ier janvier 191 3; par M. Alfreil Angot 173 — Orages magnétiques et phénomènes d 'hystérésis j par M. J. Bosler l4i9 Magnéto-optiquf. — Biréfringence ma- gnétique de mélanges liquides; par MM. A. Cotton et H. Mouton i456 — Simplification des raies spectrales par le champ magnétique; par M. R. Fortrat 1459 — Le triplet magnétique normal et la règle de Preston; par M. R. Fortrat. 1607 Voir Pouvoir rotatoire. Marée. — Voir Hydrodynamique. MATHÉMATIQUES. Voir Algèbre, Analyse mathématique, Calcul des probabilités, Géométrie, Géométrie infinitésimale, Xomo- graphie, Théorie des nombres. MÉCANIQUE. Mécanique analytique. — Les diverses formes du principe de Dalembert et les équations générales du mouve- ment des systèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque; par M. Et. Delassws ao5 — Sur l'équilibre et les petits mouve- ments des systèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque; par M. Et. Delassus 677 — Sur les équations du mouvement des systèmes conservatifs non holo- nomes; par M. A. Bilimovitch 38 1 — Sur les systèmes conservatifs non holonomes avec des liaisons dépen- dantes du temps; par M. A. Bili- movitch 1 2 1 6 Pages. — Sur les équations canoniques des sys- tèmes non holonomes j par M. Theo- dor Puschl 1 829 — Sur une transformation du mouve- ment d'un système holonome con- servatif donné dans le mouvement d'un autre système donné de même liberté; par MM. P. AppeU et H. Vergne 1800 Voir Cinématique, Electrons. Mécanique rationnelle. — Sur l'équi- libre de fils dont les éléments s'at- tirent ou se repoussent en fonction de la distance; par M. Paul AppeU . 5oo — Équation fonctionnelle pour l'équi- libre relatif d'un liquide homogène en rotation sous l'attraction new- tonienne de ses parties; par M. Paul AppeU 587 Mécanique appliquée. — Appareil de mesure des vibrations de corps solides en mouvement; par M. Carlo Bourlet. 870 — De la stabilité d'équilibre dans un cas particulier de pièce courbe; par M. Stanislas Belsetsky io56 Voir Cinématique, Élasticité, Pen- dule, Sismologie. MEDECINE. — La vaccination préventive contre la fièvre typhoïde dans les équipages de la flotte; par M. Chantemesse. .. — Quelques propriétés du virus tra- chomateux. L'immunité dans le trachome; par MM. Charles Nicolle, A. Cuénod et L. Blousât — La pression et la thermométrie en cryo thérapie; par M. Henri Béclère. Voir Électricité physiologique, Froid, Immunité, Pathologie, Radiumlhéra- pie. Syphilis, Tuberculose, Vaccin. 244 [177 "99 Mélanges binaires. — Sur la misei- bilité partielle des liquides; par M. Emile Baud Voir Diffusion. Métallogénie. — Sur l'origine du pla- tine contenu dans les alluvions de certains affluents latéraux de la Koewa ( Oural du Nord ) ; par M. Louis Duparc 3i7 in TABLE DES MATIERES. 2 06 5 Pages. — Sur la genèse des minerais de fer sédi- mentaires; par M. A. Leclère iii5 MÉTÉOaOLOGlE. - Sur le trouble du ciel et l'affaiblisse- ment du rayonnement solaire, ob- servés pendant l'année 1912; par M. D. Eginitis - La loi des crochets barométriques de grain; par M. Durand- Gréville. . . Voir Absorption, Paratonnerres, Phy- sique du Globe, Tourbillons. Michoscopie. — Nouveau montage des préparations microscopiques per- mettant l'étude des deux faces aux plus forts grossissements et sup- primant les procédés spéciaux d'em- ballage; par M. Casimir Cépède. . . . Voir Radiographie. 855 1190 68; MICROBIOLOGIE. Sur les microzyma crelse ; par M. G. Béehamp 1570 Recherches sur la flore intestinale. P,i^e< . Sur l'action pathogène d'une asso- ciation microbienne : Proteus vul- garis et Bacillus aminophilus intes- tinalis; par M. Albert Berthelot . . . . Voir Antigènes, Bactériologie, Immu- nité, Syphilis. i567 MINÉRALOGIE. - Sur des coquilles fossiles en inclu- sions dans des cristaux de gypse limpide de l'Oligocène de Narbonne; par M. J . Durand 1841 - La célestine des terrains sédimen- taires; par M. L. Collot 1 1 63 - Sur la présence de bandes calcaires dans la partie suisse du massif des Aiguilles-Piouges; par M. Maurice Lugeon et MUe Elisabeth Jérémine. 1J73 - La constitution minéralogique de l'archip»l de Los (Guinée) ; par M. A. Lacroix 653 - Sur la constitution minéralogique et chimique des laves des volcans du centre de Madagascar; par M. A. Lacroix 1 75 - Errata relatifs à cette Communica- tion 925 Voir Cristallographie. Pétrographie. N Navigation. — Calcul de l'augmenta- tion du chargement ou de la vitesse, obtenue par l'accroissement des di- mensions d'un paquebot; par M. L.- E. Berlin 19 — Tracé et usage des cartes pour la na- vigation orthodromique construites sur les plans tangents aux pôles; par M. Gêniez 445 Nébuleuses. — Sur les spectres des né- buleuses et sur les analogies qu'on en peut tirer; par M. Jean Meunier. 391 — Observations de nébuleuses, faites à l'Observatoire de Paris; par M. G. Bigourdan 499 Nécrologie. — M. Appell présente à l'Académie une Notice de M. Buhl sur la vie et l'œuvre de Henri Poin- caré 367 Voir Décès. Nerfs. — Activité des centres nerveux et catabolisme azoté de la subs- tance nerveuse; par M. L.-C. Soula. 728 Voir Histologie. Nomographie. — Sur la disjonction des variables dans les équations repré- sentables par des nomogrammes à points alignés ; par M. Farid Boulad Bey 86* — Sur l'application générale de la mé- thode des points alignés aux pro- blèmes qui se ramènent à des réso- lutions de triangles sphériques; par M. M. d'Ocagne i5g3 2o66 TABLE DES MATIERES. o Pages. Observatoires. — Sur les publications de certains travaux de l'Observatoire de Paris jpar M. B. Baillaud 65 1 — M. A. Verschajfel présente des Tables pour le calcul de la précession en .H et D, équinoxe de 1900, imprimées à l'Observatoire d'Abbadia l8l3 Voir Longitudes. Obstétrique. — Sur la fragilité du sexe mâlej par MM. A. Pinard et A. Magnan 4°i Voir Physiologie. Occultations. — Observation de l'oc- cultation des Pléiades par la Lune, faite le i3 mars io,i3, à l'Observa- toire de Lyon) par MM. Luizel et J. Guillaume 857 Océanographie. — Vingt-cinquième campagne scientifique ( Hiron- delle Il ) j par S. A. S. le Prince Albert de Monaco 17^4 Voir Géographie, Hydrodynamique. Œil. — Contribution à l'étude des fonc- tions des grands tentacules des li- maces rouges [Arion rufus) j pa r M. Pierre Kennel 78 — Errata relatifs à cette Communica- tion 270 Voir Gastéropodes, Histologie, Opliqu e physiologique. Oiseaux. — Données pour la construc- tion d'un monoplan idéal tirées des Pages, caractéristiques des Oiseaux; par M. A. Magnan 1746 Voir Aviation. Ondes hertziennes. — Voir Décharges, Télégraphie sans fil. Optique. — Sur la possibilité théo- rique d'un dispositif réversible pour la reconstitution automatique des couleurs naturelles en projection; par M. Adrien Guébhard 127 — Séparation des effets lumineux et ca- lorifiques produits par une source de lumière; par M. Dussaud 948 y oir Absorption, Diffraction, Diffusion, Électro-optique, Émission, Longueurs d'onde, Magnéto-optique, Microsco- pie, Photographie, Photométrie, Pola- risation, Rayonnement, Rayons de Rontgen, Résonateurs. — Une théorie de la vision ; par M. Tscherning 56g Organo-métalliques. — Sur l'iodure de magnésium méthyle ; par M. Pierre Jolibois 712 Osmose. — Sur les réactions qui accom- pagnent l'osmose de l'hydrogène à travers le fer; par MM. G. Charpy et S . Bonnerot 3g4 — Nature de l'optimum osmotique dans les processus biologiques; par M. Al- fred Guillemard 1 552 Voir Sang. PALÉONTOLOGIE. Influence du mode de vie sur la ligne suturale des Ammonites appartenant à la famille des Cosmocératidés; par M. Robert Douvillé 170 Individualité de la faune d'Ammo- nites des couches à Pelloceras athleta : par M. Robert Douvillé 36i Sur le prosiphon des Spirules; par M. Painvin 355 Sur le siphon des Spirules; par M. G.- J. Painvin 818 — Sur des coquilles fossiles en inclusions dans des cristaux de gypse limpide de l'Oligocène de Narbonne; par M. J. Durand 1841 — Mammifères miocènes de Palencia, dans la meseta espagnole; par M. E. Hernandez-Pacheco 1868 Voir Géologie. Parasites. — Recherches expérimen- tales sur le développement de la Douve hépatique (Fasciola hepa- TABLE DES MATIERES. 2067 Pages. tica L.) ; par MM. A. Railliet, G. Moussu et A. Henry g5 — Sur Lamarckina caligusa Ç n. g. n. s. et l'évolution des Lernseidse ; par M. A. Quidor 1096 — La typhlite parasitaire du Nandous par M. G.-R. Blanc 1272 — Au sujet des toxoplasmes du lapin et du gondi) par MM. A. Laveran et M. Marullaz 9,33 — Contribution à l'étude morpholo- gique du Toxoplasma gondii et du T. cuniculi\ par MM. A. Laveran et M. Marullaz 1298 — Sur un Ellobiopsidé nouveau, para- site des Nébalies (Parallobiopsis Coutieri n. g., n. sp.) ; par M. Ber- nard Collin l332 — Sur le rôle de la spatule de la Cécido- myie parasite du Buis; par M. J. Chaîne 336 Voir Champignons, Parthénogenèse, Pathologie végétale, Physiologie végé- tale, Protozoaires. Paratonnerres. — M. J. Violle, au nom de la Commission des Paraton- nerres, donne lecture du Rapport « Sur les inconvénients que pourrait causer aux appareils desP os tes et Télégraphes le voisinage de certains paratonnerres spéciaux dits nia- garas » 520 Parthé nogenese. — Sur la parthéno- genèse et le déterminisme de la ponte chez la Teigne des Pommes de terre [Phthorimœa operculella Zell.) ; par M. F. Picard 1097 — Démonstration définitive de l'inocu- lation superposée à la piqûre en parthénogenèse traumatique) par M. E. Bataillon 812 PATHOLOGIE. — Les anaérobies dans la fièvre ty- phoïde; par M. J. Loris- Mélikov . . . Voir Chimie pathologique, Médecine, Parasitologie, Toxines, Tubercu- lose, Vaccin. Pathologie végétale. — La cryptocé- cidie du ver des noisettes (Balaninus nucum L.) et la signification biolo- gique des gallesj par M. Etienne 345 Pages. Rabaud 253 - Sur la question de la propagation des rouilles chez les ( Iraminées) par M. J. Beauverie 1 3gi Voir Champignous. Peinture. — Sur la reconstitution, par cliché photographique, de certains détails invisibles des tableaux an- ciens j par M. H. Parenty 1 673 Pendule. — Sur l'entraînement du sup- port dans les observations du pen- dule; par M. Ernest Esclangon ioo5 Pétrographie. — Sur les roches érup- tives du Lyonnais. Granités en place et granités charriés. Évolution des magmas aux temps hercyniens; par M. Albert Michel-Lévy 717 Voir Minéralogie, Tourbillons. Photochimie. — Relation entre la vitesse d'une réaction photochimique et l'énergie rayonnante incidente; par M. Marcel Boll i38 — Mesure de l'énergie d'une radiation ultraviolette émise par un arc au mercure sous différents régimes; j>ar M. Marcel Boll 3l3 — Energie absorbée et masse formée dans une réaction photochimique; par M. Marcel Boll 691 — Loi d'absorption photochimique élé- mentaire; par MM. Victor Henri et René Wurmser 23o — Energie absorbée dans les réactions photochimiques) par MM. Victor Henri et René Wurmser 1012 — Sur la relation entre l'énergie lumi- neuse et l'action photochimique; par M. A. Tian 1601 — Détermination de l'ordre d'une réac- tion photochimique; par M. .4. Tian 1758 — Sur la détermination expérimentale de l'énergie lumineuse absorbée dans une réaction photochimique; par M. A Tian 1 879 — Synthèse photochimique d'un com- posé nouveau, l'oxycyanure de car- bone, au moyen des rayons ultra- violets; par MM. Daniel Berthelot et Henry Gaudechon 1 766 — Sur la préparation de l'oxycyanure de carbone ; par MM. Daniel Ber- 2o68 TABLE DES Pages. tlwlot et Henry Gaudechon 1990 Voir Photolyse, Ultraviolet. — Sur l'action de la radiation dans un mélange de substances colorantes; par M. P.-A. Dangeard 1-844 Photo-électricité. — Sur un phéno- mène photoélectrique présenté par l'anhydride sulfureux liquéfié; par M. Jacques Carvallo 1882 — Influence de la valence du métal sur l'effet photo-électrique des composés métalliques; par M. G.-A. D'una.. . . i366 Photolyse. — Sur les débuts de la photolyse de l'alcool élhylique, de l'aldéhyde éthylique et de l'acide acétique; par MM. Daniel Rerthelot et Henry Gaudechon 68 Photographie. — Sur la possibilité théorique d'un dispositif réversible pour la reconstitution automatique des couleurs naturelles en projec- tion; par M. Adrien Guèhhard 127 Voir Peinture, Radiographie. Photométrie, — Sur un microphoto- mètre destiné à la mesure de l'opa- cité des plaques photographiques; par MM. H. Buisson et Ch. Fabry . . 389 — Nitomètre, ou appareil pour la me- sure rapide de la brillance d'une surface lumineuse; par M. ^4. Blon- del.. 1232 Voir Etoiles. PHYSIOLOGIE. - Sur la nature et le développement de l'organe lumineux du Lampyre noctiluque; par M. Raphaël Dubois. 73o - Recherches sur la sexualité dans les naissances; par MM. A. Pinard et A. Magnan 1 396 Voir Obstétrique. - L'adaptation organique dans les états d'attention volontaires et brefs; par M. J.-M. Lahy 1479 - Les signes physiques de la supériorité professionnelle chez les dactylogra- phes; par M. J.-M. Lahy 1702 - Sur la consommation des graisses dans l'organisme animal; par M. G. Lajon 1248 - Coefficients lipocy tiques et imbibi- tion des cellules vivantes par l'eau; MATIERES. Pages, par MM. André Mayer et Georges Schaefjer 1 253 — Sur le mécanisme de la sécrétion sali- vaire provoquée par l'injection d'eau salée dans les vaisseaux; par MM. E. Wertheimer et G. Battez. . . . i25o — Résistance comparative du Chien et du Lapin aux injections intravei- neuses d'oxygène; par M. Raoul Bayeiur 1 329 — Résistance comparative du Chien et du Lapin aux injections intravei- neuses d'acide carbonique; par M. Raoul Bayeux 1482 Voir Acoustique physiologique, Ana- phylaxie, Aneslhésie, Antigènes, Chi- mie physiologique, Cœur, Cytologie, Digestion, Electricité physiologique. Froid, Histologie, Œil, Respiration, Sang, Venins. Physiologie végétale. — Influence des conditions antériiuies sur la valeur du quotient respiratoire chez les feuilles vertes; par MM.L. Maquenne et E. Demoussy 28 — Sur la valeur et un nouveau mode d'appréciation du quotient respi- ratoire des plantes vertes; par MM. L. Maquenne et E. Demoussy. . 278 — Sur la valeur des coefficients chloro- phylliens et leurs rapports avec les quotients respiratoires réels; par MM. L. Maquenne et E. Demoussy. 5o6 — De l'influence de l'uranium et du plomb sur la végétation; par M. J. Stoklasa i53 — De l'influence de la radioactivité sur la germination; par MM. G. Petit et R. Ancelin 903 — Sur la relation qui existe entre l'eau évaporée et le poids de matière végé- tale élaborée par le maïs; par M. Mcizé 720 - Le Lepidium sativum rendu semi- parasite expérimentalement; par M. Molliard 1694 Voir Graine. PHYSIQUE. M. Amagat présente le Recueil de Constantes physiques, publié par la Société française de Physique 283 TABLE DES MATIERES. Pages. — Rectification des tracés déformés par les mouvements circulaires du style : l'orthophotographie ; par M. J.-M. Lahy r 3 1 4 Voir Acoustique, Atome, Capillarité, Chaleur, Chimie physique, Chronomé- trie, Densités, Diffusion, Electricité, Energétique, Etats correspondants, Froid, Magnétisme, Optique. Physique cosmique. Sur un pro- blème important dans la Physique cosmique; par M. Cari Stôrmer. . . . 45° — Errata relatifs à cette Communica- tion 925 — Sur un problème mécanique et ses applications à la Physique cos- mique; par M. Cari Stôrmer 536 — Errata relatifs à celte communica- tion 92G Physique du ulobe. — Sur l'étude de la constitution du Globe, au moyen des rayons sismiques; par M. R. de Kôvesligetliy 363 — ■ Sur les résultats donnés par les bal- lons-sondes au nord du cercle po- laire; par M. H. Maurice 738 — Sur une expédition pour l'observa- tion des aurores boréales à Bossekop, au printemps de 191 3; par M. Cari Stôrmer 1871 — Errata relatifs à cette Communica- tion 2o38 Voir Géographie, Glaciers, Magnétisme terrestre, Sismologie. Physique mathématique. — Sur l'écou- lement des fluides pesants; par M. Henri Villal 58 — Sur l'existence d'une viscosité su- perficielle, dans la mince couche de transition séparant un liquide d'un autre fluide contigu; par M. J. Bous- sinesq 983 — Remarque élémentaire sur le pro- blème des ondes sphériques; par M. Pierre Duhem 1727 Voir Equations différentielles. Hydro- dynamique, Potentiel, Rayonnement, Relativité, Viscosité. Phy'sique solaire. — Voir Tourbillons, Soleil. Physique végétale. — Sur l'action de la radiation dans un mélange de substances colorantes; par M. A.-P. Dangeard i844 Planètes. — Observations d'occulta- tions mutuelles des satellites de Jupiter; par M. M. Amann — - Sur un aspect curieux du troisième satellite de Jupiter; par M. J. Guil- laume — Nouvelle méthode pour la recherche visuelle rapide des petites planètes : Comparateur photo-visuel; par M. .7. Lagrula Plis cachetés. — Sur l'origine de la té- légraphie sans fil par étincelles musicales; par M. A. Blondel Poissons. — Sur le polymorphisme d'un Delphinidé des mers australes : Del- phinus Cruciger Quoy et Gaymard; par M. Jacques Lioiwille — Sur un nouveau genre de Centrar- chidés du Gabon; par M. Jacques Pellegrin — Contribution à l'étude de la biologie du Saumon; par M. Louis Roide. . . . — Sur la reproduction de la sardine algérienne; par M. ./. Bounhiol Polarisation. — Sur la théorie des appareils servant à l'étude de la lumière polarisée elliptiquement; par M. L. Chaumont Voir Absorption . Potentiel. — Sur le potentiel d'une ligne analytique) par M. Angelo Tonolo Pouvoir rotatoire. — Polarisation rotatoire magnétique de l'azote et de l'oxygène liquéfiés; par M. J. Chaudier — Sur les variations du pouvoir rota- toire magnétique dans les change- ments d'état; par M. J. Chau- dier Voir Sucres. Préhistorique. — Découverte d'une grotte préhistorique d'âge aurigna- cien à Briançon; par MM. Lucien Mayet et Joseph Mazenol Voir Anthropologie, Archéologie. Pression artérielle. — Influence de la constitution des corps puriques sur leur action vis-à-vis de la pres- sion artérielle; par MM. Desgrez et Dorléans Voir Venins. Protozoaires. — ■ Au sujet des toxo- plasmes du lapin et du gondi; 2069 Pages 992 1736 u34 37I 90 i488 i56i i565 1604 295 1008 1592 1797 93 2070 TABLE DES MATIERES. Pages. par MM. A. Laveran et M. Ma- rullaz 933 Voir Parasites. — Les « Cytopleurosporés » (Cytopleu- Pages. rosporea), embranchement nouveau du règne des Protistes) par M. Ca- simir Cépède 574 Quinones. — Action de l'acide chlorhy- drique sur la quinone sulfoniquej par M. A. Seyewelz 901 R Radioactivité. — Sur l'occlusion des produits du radium; par M. Cos- tanzo 126 — Sur le rayonnement secondaire pro- duit par les rayons a; par M. B. Bianu 785 — Sur la synthèse des sucres par les émanations radioactives) par MM. J. Stoklasa, J. Sebor et V. Zdobnicki . . 646 Voir Gaz, Bésistance, Tuberculose. Radiographie. — Une application nou- velle des rayons X : La microradio- graphie; par M. Pierre Goby 686 Radiuiuthérapie. — Étude sur les injections de sels de radium; par M. Henri Dominici, Mrae Simone Laborde et M. Albert Laborde 1 107 Rayonnement. — Sur la théorie du rayonnement noirj par M. Marcel Brillouin 124 — Sur la théorie du rayonnement noir; par M. Marcel Brillouin 3oi — Sur la loi du rayonnement noir et la théorie des quanta; par M. J. de Boissoudy 765 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1 1 98 — Sur la constante de la loi du rayon- nement) par M. J. de Boissoudy . . . . 1 364 Voir Émission, Étoiles, Photochimie, Soleil. Rayons de Rôntgen. — Sur les images multiples que présentent les rayons de Rôntgen après avoir traversé des cristaux; par M. M. de Broglie 101 1 — Sur la réflexion des rayons de Rônt- gen; par M. M. de Broglie n53 — Sur les phénomènes optiques pré- sentés par les rayons de Rôntgen rencontrant des milieux cristallins) par MM. M. de Broglie et F. -A. Lin- demann 1461 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1642 — Sur la diffraction et la réflexion des rayons de Rôntgen; par M. M. de Broglie 1753 Voir Radiographie, Résistance. Rein. — Sur la sécrétion des deux reins comparée) par MM. R. Lépine et Boulud 754 Relativité. — La théorie de la relati- vité et la cinématique) par M. Emile Borel 2i5 Résistance électrique. — Sur la va- riation de résistance électrique du sélénium irradié par les rayons X et les rayons du radium j par M. //. Guilleminot 1 1 55 — Sur un procédé do mesure des grandes résistances polarisables et son appli- cation à la mesure de la résistance de bulles dans un liquide; par M. P. Vaillant 307 Résonateurs. — Sur la théorie du rayon- nement noir) par M. Marcel Bril- louin 124 — Sur la théorie du rayonnement noir; par M. Marcel Brillouin 3oi Voir Rayonnement. Respiration. — Inscription des mou- vements respiratoires au moyen de la main; par M. Marage 1091 Voir Tuberculose. TABLE DES MATIERES. ÎO^I PilgCS. Sang. — Sur le sucre faiblement combiné dans le sang; par MM. R. Lépine et Boulud i io — Préparation du iibrinogène par dia- lyse sur sirop de saccharose; par MM. Piettre et A. Vila 1182 — Sur les relations osmotiques des glo- bules rouges avec leur milieu; rôle de l'état électrique de la paroi; par M. Pierre Girard 1401 — Action des combinaisons arséno- aroma tiques (606 et néo-salvarsari) sur l'hémoglobine du sang; par M. R. Dalimier 629 Voir Circulation, Pression artérielle. Séries. — La convergence sur son cercle de convergence d'une série de puis- sances-effectuant une représentation conforme du cercle sur le plan simple ; par M. Lèopold Fejér 46 — Sur la détermination de la croissance des fonctions entières définies par une série de Taylor; par MUe 5. Tillinger 434 — Sur la série de Fourier d'une fonction à carré sommable; par MM. G. -H. Hardy et J.-E. Littletvood 1307 — Sur la convergence des séries trigo- nométriques de Fourier; par M. N. Lusin i655 — Sur les séries de Lambert; par M. E. Landau l45l — Problème du développement d'une fonction arbitraire en séries de Sturm-Liouville ; par M. J. Tamar- kine 1 589 Serpents. — Voir Venins. Sismologie. — Mégaséismes et phases de la Lune; par M. de Montessus de Ballore 100 — Mégaséismes et saisons; par M. de Montessus de Ballore 4 1 4 — Tremblements de terre destructeurs et précipitations atmosphériques; par M. de Montessus de Ballore. . . . 1194 — Sur l'étude de la constitution du Globe, au moyen des rayons sis- miques; par M. R. de K'ivesligethy. . 363 — Séismographes donnant directement les trois composantes d'un séisme C. R., 191 3, 1" Semestre. (T. 156.) Pages, et les variations lentes de la ver- ticale; par M. V. Crémieu 832 Soleil. — ■ Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon, pendant le troisième trimestre de 1912; par M. J. Guillaume io53 — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon, pendant le quatrième trimestre de 1912; par M. J. Guillaume Il 3a — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon, pendant le premier trimestre de 191 3; par M. J. Guillaume i357 — Sur le minimum actuel des taches du Soleil; par M. J. Guillaume.. 1878 — Résultats de la discussion des obser- vations faites pendant l'éclipsé du Soleil des 16-17 avril 191 2; par M. Simonin 1 3o4 — Sur le trouble du ciel et l'affaiblis- sement du rayonnement solaire, observés pendant l'année 19 12; par M. D. Eginilis 855 — Sur le champ magnétique général du Soleil; par M. Henri Chrétien.. . . 192 — - Sur la théorie de la photosphère gazeuse; par M. Gouy 852 Voir Magnétisme solaire, Tourbillons. Solennités scientifiques. — M. le Se- crétaire du Comité invite l'Académie à se faire représenter aux fêtes qui seront données à l'occasion de l'inau- guration du monument élevé à Tunis, à Philippe Tlwmas, le 24 mars 1 913. 370 — M. le Doyen de la Faculté des Science,- de Genève invite l'Académie à se faire représenter à l'érection d'un buste qui sera élevé à la Mémoire de Pierre Prévost, le 5 juin 1913 ... 1 4 V) — ■ M. Lippmann est délégué par l'Acadé- mie pour la représenter à la cérémonie commémora tive de Pierre Prévost. i5io — M. Lippmann rend compte de l'inau- guration du buste de Pierre Prévost . 1 799 Solutions. — Voir Magnéto -optique, Tonomètrie. Sourciers. — Voir Respiration. Spectroscopie. — Sur le mouvement des centres lumineux dans les décharges 265 207: TABLE DES MATIERES. Pages, électriques; par M. A. Perot 1679 — Sur le mouvement des centres lumi- neux dans les tubes à hydrogène; par M. A. Perot i32 — Sur certaines particularités de la vi- tesse des centres lumineux dans les tubes à hydrogène; par M. A. Perot. 3lO Voir Longueurs d'onde, Magnéto- optique. Sucres. — Sur l'inversion du saccharose par les rayons ultraviolets; par MM. D. Berthelot et H. Gaudechon. 468 — Formation de matières humiques par Pages, action de polypeptides sur les sucres; par M. L.-C. Maillard 1 i5o, — Action des réducteurs sur les chlora- loses; par MM. M. Hanriot et A. Kling i38o Voir Chimie végétale, Radioactivité, Sang, Ultraviolet. Syphilis. — L'antigène dans la réaction de Wassermann; par M. A. Des- moulière 338 — Emploi d'extraits végétaux dans la réaction de Wassermann; par M. L. Tribondeau 34o Télégraphie sans fil. — Sur l'origine de la télégraphie sans fil par étin- celles musicales; par M. A. Blondel. 371 — Phénomènes mis en jeu dans le dé- tecteur électrolytique sans force électromotrice auxiliaire et consi- dération théorique sur le fonction- nement des détecteurs électroly— tiques; par M. Paul Jégou 385 — Influence réciproque des antennes parallèles sur les conditions de ré- ception des ondes hertziennes; par M. Georges Meslin 543 — Sur l'influence réciproque de deux antennes voisines; par M. C. Tissot. 770 ■ — L'inscription des signaux hertziens de l'heure. Possibilité d'inscrire directement et de déterminer sans calcul et au centième de seconde près l'heure envoyée par la Tour Eiffel; par M. Albert Turpain 454 ■ — L'inscription des signaux horaires et des télégrammes hertziens à l'aide d'un appareil Morse; par M. Albert Turpain 6l5 — Relais extra-sensibles pour télé- graphie sans fil; par M. Albert Tur- pain 768 — Réception au morse de radiotélé- grammes et inscription photogra- phique simultanée; par M. Albert Turpain 1 i5o — Application des galvanomètres à cadre extra-sensibles aux relevés géodésiques de haute précision; par M. Albert Turpain i3ï2 — Sur la réception des radiotélégram- mes par des antennes multiples avec ou sans mise au sol; par M. E. Ro- thé 774 — Sur la première détermination de différence de longitude par télégra- phie sans fil en Afrique occidentale française; par MM. Schwartz et Vil- latte 1743 Voir Longitude. Téléphone. — Téléphone physiolo- gique intensif; par M. Jules Glover. 1169 Tension superficielle. — Sur une nouvelle méthode de volumétrie physico-chimique ; par M. René Du- brisay 894 Voir Viscosité. Tension de vapeur. — Sur un .régula- teur de température; par M. Ernest Esclangon 1667 — Chaleurs latentes de vaporisation et pressions maxima; par M. A. Leduc 225 Voir Etals correspondants, Tonométrie. Théorie des nombres — ■ Un essai de démonstration du théorème de Fermât; par M. Eugène Fabry. .. 1 8 1 4 — Sur les nombres de classes des formes quadratiques binaires positives; par M. Jacques Chapelon 675 — Sur l'équivalence de certaines formes quadratiques ternaires indéfinies de même genre; par M. Th. Got. . . . i5g6 — Sur les nombres de classes de formes quadratiques binaires positives et à déterminant négatif; par M. Jac- TABLE DES MATIERES. 2073 Pages. ques Chapelon 1661 Thermochimie. — Voir Chimie inorga- nique ( U ). Thermodynamique. — Sur la stabilité adiabatique de l'équilibre; par M. Pierre Duhem 181 — Sur la croissance adiabatique de l'entropie; par M. Pierre Duhem. . . . 284 — Sur deux inégalités fondamentales de la Thermodynamique; par M. Pierre Duhem 421 — Sur la stabilité de l'équilibre ther- mique; par M. Pierre Duhem 597 — Sur une cause d'explosion de chau- dière; par M. L. Lecornu 5o4 — La tension d'expansibilité des fluides normaux; par M. L. Gay IOID — La détente adiabatique dans les liquides; par M. L. Gay 1070 — La loi de volatilité dans les réactions chimiques; par M. Camille Matignon. l536 Voir Dissociation, Dynamique des fluides, Efflorescence, Tension de vapeur. Tonométrie. — La tonométrie différen- tielle des solutions et la théorie d'Arrhenius ; par M. E. Fouard .... 622 — Sur une loi de tonométrie et ses conséquences relatives à la théorie des ions; par M. Eugène Fouard . . . 1761 Voir Dissociation, Thermodynamique. Tourbillons. — Sur les tourbillons cellulaires isolés; par M. C. Dauzére. 218 — Sur une nouvelle espèce de tourbil- lons cellulaires; par M. C. Dauzère. . 1228 — Remarques sur la Communication de M. Dauzère : « Sur une nouvelle es- pèce de tourbillons cellulaires »; par M. Deslandres I23l — Sur le clivage prismatique dû aux tourbillons cellulaires (amidon, ba- saltes, etc.) ; par M. Henri Bénard. . 882 — Sur la zone de formation des tour- billons alternés derrière un obstacle; Pages, par M. Henri Bénard ioo3 — Sur la marche des tourbillons alternés derrière un obstacle; par M. Henri Bénard 1 225 — Sur les mouvements rigides d'une sur- face de tourbillon; par M. U. Cisotti. 539 Toxines. — Toxine et antitoxine cho- lériques; par M. Henri Poitevin. . . . l63l — Action des oxydants en général et des persulfates alcalins en particulier sur la toxine tétanique ; par MM. Auguste Lumière et Jean Chevrotier 1 4°4 — De l'action des substances oxydantes sur les toxines in vivo; par M. Marcel Belin 1848 Tuberculose. — Nouvelle contribution à l'étude de la pathogénie de l'infec- tion tuberculeuse; par MM. A. Cal- mette et C . Guérin 34 — Suspension dans l'air des particules virulentes obtenues par la pulvéri- sation liquide; par M. P. Cliaussi . . 638 — Conditions de respirabilité des par- ticules virulentes obtenues par la pulvérisation liquide; par M. P. Chaussé g54 — Méthodes à employer pour réaliser la tuberculose expérimentale par inhalation; par M. P. Chaussé 1 485 — Vaccination antituberculeuse chez le cobaye; par M. Rappin. 246 — Sur le traitement de la tuberculose par les microorganismes marins; par M. Rapliaèl Dubois 911 - Sur un microcoque des concrétions calcaires d'origine tuberculeuse; par M. Raphaël Dubois 1274 - Influence des sels d'uranium et de thorium sur le développement du bacille de la tuberculose; par M. P. Becquerel 164 - Etude sur le bacille tuberculeux; par M. A. Besredka i633 U Ultraviolet. — ■ Action des rayons ultraviolets moyens et extrêmes sur l'aldéhyde éthylique : acidification, polymérisation, résinification; par MM. Daniel Berthelot et Henry Gau- dechon — Sur un actinomètre à lévulose pour les rayons ultraviolets; influence de la concentration sur la vitesse de réaction photochimique ; par 233 2074 TABLE DES MATIERES. Pages. MM. Daniel Berthelot et Henry Gau- declion 707 Étude de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acétylène; par MM. Victor Henri et Marc Landau. 697 Etude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acé- tone; par MM. Jean Bielecki et Vic- tor Henri 884 Pages. Voir Chimie physique biologique, Dis- sociation, Diastases, Photochimie, Photolyse, Sucres. Urée. — Formation de l'urée par les végétaux supérieurs ; par M. B. Fosse 567 Voir Champignons. Urine. — Voir Chimie pathologique, Chi- mie physiologique, Foie. V Vaccins. — La vaccination préventive contre la fièvre typhoïde dans les équipages de la flotte; par M. Chan- temesse 244 — Action du vaccin antityphoïdique polyvalent, chez les sujets en incu- bation de fièvre typhoïde ou in- fectés au cours de l'immunisation; par M. H. Vincent 821 — Sur la toxicité des vaccins antity- phiques; par MM. Auguste Lumière et Jean Chevrolier 1 709 — Vaccination antituberculeuse chez le cobaye; par M. Bappin 246 — Sur la vaccination contre le charbon symptomatique; par MM. Leclainche et Vallée 989 — Vaccinothérapie dans la coqueluche; par MM. Charles Nicolle et A. Co- nor 1849 Voir Immunité. Venins. — Recherches expérimentales sur le venin de Buthus quinque- striatus; par M. Maurice Arthus. . . . 1256 Vers. — Sur un cas de bourgeonnement latéral chez un Lombric (Lumbricus herculeus Savigny) ; par M. L . Bordas 1 563 Viscosité. — Sur la résistance des sphères dans l'air en mouvement; par Lord Bayleigh 109 — Sur l'application de la loi de Stokes à la chute de très petites gouttes et à la détermination de la charge de l'électron; par M. A. Schidlof et Mlle J. Marzynowska 3o4 • — Sur l'existence d'une viscosité super- ficielle, dans la mince couche de transition séparant un liquide d'un autre fluide contigu; par M. J. Boussinesq g83 — Application des formules de visco- sité superficielle à la surface d'une goutte liquide sphérique, tombant lentement, d'un mouvement de- venu uniforme, au sein d'une masse fluide indéfinie en repos, d'un poids spécifique moindre; par M. J. Boussinesq io35 — Vitesse de la chute lente, devenue uniforme, d'une goutte liquide sphé- rique, dans un fluide visqueux de poids spécifique moindre; par M. J. Boussinesq 1 1 24 — Suspension dans l'air des particules virulentes obtenues par la pulvé- risation liquide; par M. P. Chaussé. 638 — ■ Sur les bouillies fongicides mouillantes; par MM. V. Vermorelet E. Dantony \lf}*> Voir Atome. Vigne. — Bouturage comparé de vignes greffées et franches de pied; par M. F.Baco 1167 Voir Agronomie, Champignons. Vins. — Sur l'emploi des sels ammo- niacaux en vinification; par M. jR. Marcille 1 336 — Nouvelles recherches sur un ferment des vins amers; par M. E. Voisenet. 1181 — Le ferment de l'amertume des vins consomme-t-il la crème de tartre ? par M. E. Voisenet i4rO Vision. — Voir Histologie, Optique phy- siologique. Voix. — Cinématographie des cordes vocales et de leurs annexes laryn- giennes; par Mlle L. Chevroton et M. F. Vlès 949 Volcans. — Sur la constitution miné- ralogique et chimique des laves des volcans du centre de Madagascar; par M. A. Lacroix 17$ TABLE DES MATIÈRES. 2075 ZOOLOGIE. Sur une nouvelle observation de Crabes habitant les coquilles vides des Balanes; par M. J.-G. de Man. Sur les Méduses recueillies dans le plankton pendant la croisière d'été 191 2 du « Pourquoi-Pas ? » dans les mers du Nord, sous le commande- ment du Dr J.-B Charcot; par M. Ed. Le Danois Pages. 4o4 35i Pages. - Relations entre la dépression et la formation de pseudoplanula tenta- culaires chez le Scyphistomej par M. Edgard Hérouard 1093 Voir Anthropologie, Biologie, Crustacés, Embryologie, Exploration, Gastéro- podes, Histologie, Industrie, Océano- graphie, Œil, Oiseaux, Paléontologie, Parasitologie, Parthénogenèse, Pois- sons, Protozoaires, l'ers. TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. ABOULENC (J.) et SENDERENS (J.-B.). — Éthers-sels dérivés de l'octanolj par la méthode des au- teurs; observations sur le principe de cette méthode 1620 — Errata relatifs à cette Communica- tion 2o38 ACADÉMIE BRITANNIQUE (L') in- vite l'Académie à se faire représenter au Congrès international d'études his- toriques, qui se tiendra à Londres du 3 au 8 ou 9 avril 1913 527 ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE SAINT-PÉTERS- BOUBG (M. le Secrétaire perpétuel de 1') fait savoir la date de l'As- semblée générale de l'Association internationale des Académies 757 AGULHON (Henri). Action de l'acide borique sur la zymase; com- paraison avec l'action des phos- phates i855 AGULHON (H.) et BERTRAND (Ga- briel). — Sur la présence du bore dans la série animale 732 1 — Sur la présence du bore dans le lait et dans les œufs 2027 AGULHON (H.) et SAZERAC (R.). — Action des sels d'uranium et de l'uranium métallique sur le bacille pyocyanique 162 ALBERT DE MONACO. — Vingt- cinquième campagne scientifique (Hirondelle II) 1724 ALOY (J.) et RABAUT (Ch.). — Sur les cyanhydrines benzoylées des cé- tones, les amides et les acides alcools qui en dérivent 1 547 AMAGAT(E.-H.). — Sur les lois des états MM. Pages. correspondants 271 ■ — Sur les courbes de saturation et la loi des états correspondants 843 — Présente à l'Académie le Recueil de Constantes physiques, publié par la Société française de Physique 283 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Hébert, Hughes, Henri de Par- ville, Gaston Planté, Kastner-Bour- sault 432 AMANN (M.). — Observations d'occul- tations mutuelles des satellites de Jupiter 99* ANCELIN (R.) et PETIT (G.). — De l'influence de la radioactivité sur la germination 9°^ ANDRADE (Jules). — Recherches ex- périmentales sur le spiral cylindrique double 56 — Errata relatifs à cette Communica- tion 4 1 8 — Nouvelles recherches expérimentales sur le spiral double 9^9 — Le frottement et l'isochronisme du spiral double. Propriété remar- quable d'un groupe de spiraux doubles convenablement choisi.... 121 8 — Précision nouvelle de l'indépendance latérale du balancier des chrono- mètres marins. Atténuation de la perturbation d'isochronisme due à l'inertie des ressorts réglants i454 ANDRÉ (Désiré) pose sa candidature à une place de Membre libre 373 — Est classé en troisième ligne 1 1 18 ANDRÉ (G.). — Sur la migration des éléments minéraux et sur le dépla- cement de ces éléments chez les 207 8 TABLE MM. P feuilles immergées dans l'eau — Sur l'évolution des principes minéraux et de l'azote chez quelques plantes annuelles — Sur la saturation, dans les tissus végé- taux, des bases par les acides miné- raux ANGHELUTZA (Th.). — Quelques remarques sur le développement exponentiel de Cauchy ANGOT (Alfred). — Valeur des élé- ments magnétiques à l'Observatoire du Val Joyeux au Ier janvier igi3 . . ANTHONY (R.) et BORTNOWSKY (I.). — Un appareil aérien de type particulier chez un Lémurien [Micro- cebus minor minor E. Geofïr.) ANTHONY (R.) et GAIN (L.). — Sur le développement du squelette de l'ex- trémité postérieure chez le Pingouin. APPELL (Paul). — Sur l'équilibre de fils dont les éléments s'attirent ou se repoussent en fonction de la dis- tance — Équation fonctionnelle pour l'équi- libre relatif d'un liquide homogène en rotation sous l'attraction newto- nienne de ses parties — Les polynômes V,,,,,, d'Hermite et leurs analogues rattachés aux fonc- tions sphériques dans l'espace à un nombre quelconque de dimensions. — Les polynômes Um,« d'Hermite et leurs analogues rattachés aux fonc- tions sphériques dans l'hyperespace. — ■ Présente à l'Académie une Notice de M. Buhl sur la vie et l'œuvre de Henri Poincaré — Prononce l'éloge funèbre de M. Alfred Picard — Est désigné pour représenter l'Aca- démie à la cérémonie qui aura lieu le 6 juin tg 1 3, à la Sorbonne. en l'honneur de l'amiral Peary — Est élu membre des Commissions char- gées de juger les Concours : des prix Francœur, Bordin — Des médailles Arago, Lavoisier, Ber- thelot — Des prix Henri Becquerel, Gegner, Lannelongue, Gustave Roux, Tré- mont — Du prix Sainlour — Du prix Henri de Parville DES AUTEURS. âges. 564 il 64 191 4 i358 i73 160 482 5oo 587 1423 i582 367 747 i586 432 627 527 648 648 MM. Pages. — Du prix Petit d'Ormoy (Sciences ma- thématiques) 649 — De la Commission chargée de présen- ter une question de Grand Prix des Sciences mathématiques pour 1916. 432 — De la Commission des Tables an- nuelles de constantes 1734 — D'une Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. Teisserenc de Boit . 663 — Et d'une Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. Alfred Picard. . . . i586 — M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de Pâques, la séance du lundi 24 est remise au mardi 25 mars 843 APPELL (P.) et VERGNE (H.). — Sur une transformation du mouvement d'un système holonome conservatif donné dans le mouvement d'un autre système donné de même liberté. . . . 1800 ARGAUD (R.). — Sur une région endo- cardique directement excitable. . . . 1787 ARMAND (L.). — Les phénomènes ciné- tiques de la prophase hétérotypique chez le Lobelia Erinus 1089 ARNAUD. — Sur la réfraction astrono- mique sous un angle quelconque. . 1962 ARRIVAUT (G.). — Étude du système manganèse-argent i539 ARSONVAL (d') présente les Comp- tes rendus du deuxième Congrès natio- nal du Froid 1875 — Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Montyon (Médecine et Chirur- gie), Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut. 526 — Des prix Montyon (Physiologie), Philipeaux, Lallemand, Pourat. . . . 527 — -Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question du prix Pourat pour 191 5 527 ARTHUS (Maurice). — Recherches expérimentales sur le venin de Batlius quinquestriatus 1256 ASSADA (L). — Les niveaux du Plateau lyonnais. Essai de raccordement avec les hautes terrasses du mont Cindre 1187 ASTRUC (A.) et JADIN (F.). — L'arse- nic et le manganèse dans les feuilles jeunes et âgées 2023 MM. AUBEL (Edm. van). — Sur la chaleur latente de vaporisation des métaux . AUBERT (M.) et GUILLET (A.). — Déperdition électrique dans le sys- tème plan-sphère air atmosphérique. Coefficient de dissymétrie, sa me- TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. 456 2079 Pages. 458 sure AUBERT (Victor). - Beynes aux temps préhistoriques 1292, i342 AUTONNE (Léon). — Sur les matrices hypohermitiennes et les unitaires. . 858 B BACHELIER (Louis). — Les probabi- lités semi-uniformes 2o3 BACO (F.). — Bouturage comparé de vignes greffées et franches de pied. 1167 BAGARD (P.) et WAHL (A.). — Syn- thèses dans le groupe des indigoïdes. 898 — Synthèses dans le groupe des indi- goïdes i382 BAILLAUD (B.). — Sur les publica- tions de certains travaux de l'Obser- vatoire de Paris 65 1 — Présente le premier fascicule du Tome VI du Bulletin du Comité inter- national de la Carte du Ciel 1806 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de Pontécoulant 432 — Et d'une Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. Teisserenc de Bort. 663 BAILLAUD (Jules). — Opacimètre intégrateur pour photographies stellaires n3 BALLAND (A.) fait hommage à l'Aca- démie d'un Ouvrage intitulé : Les pharmaciens militaires français. . . . 43l BARBIER (Ph.) est élu Correspondant pour la Section de Chimie 663 BARBIER (Ph.) et LOCQUIN (R.). — Dégradation méthodique de divers acides saturés mono et bibasiques . . 1 443 BARBIERI adresse une Note intitulée : Étude anatomique sur la terminaison rétinienne du nerf optique dans la série des Vertébrés i95o BARRE. — Combinaisons du chlorure de cérium avec le gaz ammoniac. . . 1017 BARRE. — Sur une série de surfaces dont une famille de lignes de cour- bure est constituée par des hélices indéformables 999 BARROIS est élu membre de la Com- C. R., 1 rj 1 3 , 1" Semestre. (T. 156.) mission chargée de juger le Concours des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raubin 432 — Est désigné pour représenter le Mi- nistère de l'Instruction publique au Congrès géologique de Toronto l5io BASSOT est élu membre de la Com- mission chargée de juger le Con- cours: du prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — Des prix Tchihatchef, Gay 43a — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Gay pour 19 16 432 BATAILLON (E.). — Démonstration définitive de l'inoculation super- posée à la piqûre en parthénoge- nèse traumatique 812 BATTEZ (G.) et WERTHEIMER (E.). — Sur le mécanisme de la sécrétion salivaire provoquée par l'injection d'eau salée dans les vaisseaux i25o BAUD (Emile). — Sur la miscibilité par- tielle des liquides 317 BAUDOUIN (Marcel). — Le canal ver- tébral lombaire chez les Anthro- poïdes et chez les Hommes préhis- toriques 79 BAUER (Edouard). — Sur le i-benzoyl 2-phényl-Ai-cyclopentène i47° — Sur le l-benzoyl-2-phényl-A^cyclo- pentène 1684 BAUER (Edouard) et HALLER (A.). — Méthylat.ion de l'isovalérone au moyen de l'amidure de sodium et de l'iodure de méthyle. Tétramé- thylisovalérone ou hexaméthyl-2 . 3 .3 .5 .5.6-heptanone 1295 BAYEUX (Raoul). — Résistance com- parative du Chien et du Lapin aux injections intraveineuses d'oxygène. i32g — Résistance comparative du Chien et du Lapin aux injections intravei- 266 so8o TABLE DES AUTEURS. MM. Pages, neuses d'acide carbonique 1482 BAUER (Edouard) et HALLER (A.). — ■ Sur la monométhylcamphoro- xime, le nitrile méthylcampholé- nique et l'acide méthylcampholé- nique l5o3 BAZIN est présenté en seconde ligne pour une place d'Académicien non résident 1 196, 1293 — Est présenté en première ligne l343 ■ — Est élu Membre non résident i354 — ■ 'Présenté pour la troisième place de Membre non résident, remercie l'Académie de l'honneur qu'elle a bien voulu lui faire 1 447 BEAUVERIE (J.). — Sur la question de la propagation des rouilles chez les Graminées 1 391 BËCHAMP (G.). — Sur les microzymas cretse 1 570 BÉCLÈRE (Henri). — La pression et la thermométrie en cryothérapie. . . l399 BECQUEREL (Jean), MATOUT (L.) et WRIGHT (W.). — Sur le phéno- mène de Hall dans l'antimoine 463 BECQUEREL (Paul). — Influence des sels d'uranium et de thorium sur le développement du bacille de la tu- berculose 164 — L'ontogénie vasculaire de la plantule du Lupin et ses conséquences pour certaines théories de l'Anatomie classique 807 BELIN (Marcel). — Des rapports exis- tant entre l'anaphylaxie et l'immu- nité 1 260 — De l'action des substances oxydantes sur les toxines in vivo 1848 BELSETSKY (Stanislas). — De la stabilité d'équilibre dans un cas particulier de pièce courbe io56 BÉNARD (Henri). — Sur le clivage prismatique dû aux tourbillons cellulaires (amidon, basaltes, etc.). 882 — Sur la zone de formation des tour- billons alternés derrière un obstacle, iooî — Sur la marche des tourbillons alternés derrière un obstacle 122 5 BENEDICKS (Carl). — Déduction de la loi de Planck de la distribution de l'énergie par l'hypothèse d'agglo- mération 1 52C BENOIT (E.). — Sur des formules déri- vées de celles des Ingénieurs- MM. Pages. Géographes et appropriées au calcul des coordonnées des sommets d'une chaîne géodésique primordiale 297 BERGET (Alphonse). — Surla position exacte du pôle continental de la Terre 1714 — Formule barométrique simplifiée pour la mesure des altitudes 2o3 1 BERNARD (Victor) et GUILLET (Léon) . — Variations de la résilience du cuivre et de quelques-uns de ses alliages en fonction de la tempé- rature 1 899 BERTIN (L.-E.). — Calcul de l'augmen- tation du chargement ou de la vi- tesse, obtenue par l'accroissement des dimensions d'un paquebot 19 BERTHELOT (Albert). — Recherches sur le Proteus vulgaris considéré comme producteur d'indol 64l — Recherches sur la flore intestinale. Sur l'action pathogène d'une asso- ciation microbienne : Proleus vul- garis et Bacillus aminophilus intes- tinalis 1 567 BERTHELOT (Albert) et BER- TRAND (D.-M.). — Recherches sur la flore intestinale. Sur la pro- duction possible de ptomaïnes en milieu acide 1027 BERTHELOT (Daniel) et GAUDE- CHON (Henry). — Sur les débuts de la photolyse de l'alcool éthylique, de l'aldéhyde éthylique et de l'acide acétique 68 — Action des rayons ultraviolets moyens et extrêmes sur l'aldéhyde éthylique : acidification, polymé- risation, résinification. 233 — Sur l'inversion du saccharose par les rayons ultraviolets 468 — Sur un actinomètre à lévulose pour les rayons ultraviolets; influence de la concentration sur la vitesse de réaction photochimique 707 — Sur la dissociation des composés gazeux par la lumière : gaz hydro- génés des familles du chlore et de l'oxygène 889 — ■ Sur la dissociation des composés gazeux par la lumière; gaz hydro- génés des familles de l'azote et du carbone 1 243 — Synthèse photochimique d'un com- TABLE DES AUTEURS. 2081 MM. Pages, posé nouveau, l'oxycyanure de car- bone, au moyen des rayons ultra- violets 1766 — Sur la préparation de l'oxycyanure de carbone '99° BERTIN (L.-E.) est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix extraordinaire de la Marine, prix Plumey 432 — Des prix Montyon (Mécanique), Pon- celet 432 — Est élu membre des Commissions chargées de présenter : une question de prix Fourneyron pour 1916 432 — Une question de prix Gay pour 1916. 432 BERTRAND (D.-M.) et BERTHELOT (Albert). — Recherches sur la flore intestinale. Sur la production pos- sible de ptomaïnes en milieu acide. 1027 BERTRAND (Gabriel) et AGULHON (H.). — Sur la présence du bore dans la série animale 732 — Sur la présence du bore dans le lait et dans les œufs 2027 BERTRAND (Gabriel) et ROSEN- BLATT (M. et Mme). — Activité de la sucrase de Kôji en présence de divers acides 261 BERTRAND (Léon) et LANQUINE (Antonin). — Observations tecto- niques aux environs de Grasse 1867 BESREDKA (A.). — Étude sur le ba- cille tuberculeux i633 BIANU (R). — Sur le rayonnement se- condaire produit par les rayons a . . 786 BIDET (Félix). — Déplacement des amylamines primaires par le gaz ammoniac 3l5 ■ — Déplacement limité de la monoéthyla- mine par le gaz ammoniac 161 3 BIELECKI (Jean) et HENRI (Victor). — Etude quantitative de l'absorp- tion des rayons ultraviolets par les acides gras et leurs éthers en solu- tion aqueuse et alcoolique 55o — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultravioletspar l'acétone. 884 — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les cé- tones, les dicétones et les acides cétoniques 1 322 — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les mo- namines, diamines, nitriles, carby- MM. Pages. lamines, amides et oximes de la série grasse 1 860 BIERRY (H.). — Dédoublement diasta- sique des glucosides et des galacto- sides 265 BIERRY (H.) et FANDARD (M"e Lu- cie). — Adrénaline et glycémie. . . . 48o — Variations de la glycémie pendant l'inanition 2010 BIERRY (H.) et GRUZEWSKA (Mme Z.j. — ■ Dosage du glycogène dans les muscles I491 BIGOURDAN (G.). — Description d'un appareil pour l'envoi automatique des signaux horaires io5 — Observations de nébuleuses, faites à l'Observatoire de Paris 499 — Remplace M. H. Poincaré dans la Commission du prix Volney 43i — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Pierre Guzmann, Lalande, Valz, J. de Pontécoulant 432 BILIMOVITCH (A.). — Sur les équa- tions du mouvement des systèmes conservatifs non honolomes 38l — Sur les systèmes conservatifs non holonomes avec lesjiaisons dépen- dantes du temps 1 2 1 6 BILLY (Maurice). — Nouvelle méthode pour déterminer la densité des corps pulvérulents lo65 BIRKELAND (Kr.). - - Oscillations hertziennes produites par des dé- charges intermittentes partant des taches isolées d'une cathode dans un tube de Crookes 879 BLAISE (E.-E.). — Migration du chlore dans les cétones halogénées 79! — Sur la caractérisation des cétones chlorées 1 549 BLAISE (E.-E.) et CARRIÈRE (E.). - Sur l'acide aldéhyde succinique. . . . 239 BLAIZOT(L.),NICOLLE (Charles) et CUÉNOD (A.). — Quelques pro- priétés du virus trachomateux. L'immunité dans le trachome 1 177 BLANC (G.-R.). — La typhlite para- sitaire du Nandou 1 272 BLANC (G.-R.) et PICARD (F.). - Sur une septicémie bacillaire des chenilles à'Artia caja L i334 BLARINGHEM (L.). - - Phénomènes de Xénie chez le Blé 802 2082 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. — Cas remarquable d'hérédité en mo- saïque chez des hybrides d'Orges (Hordeum distichum nutans Schùbl. X H. distichum nudum L.) 1025 BLOCH (Eugène). — Principe d'un moteur électrostatique 1751 BLONDEL (André) demande l'ouver- ture d'un pli cacheté qui contienl une Note intitulée : Perfectionne- ments à la télégraphie sans fil 37 — Sur l'origine de la télégraphie sans fil par étincelles musicales 371 — ■ Diagramme bipolaire des alterna- teurs synchrones travaillant, en générateurs ou en récepteurs, sur un réseau à potentiel constant, dans la théorie des deux réactions 545 — Puissance intérieure et couple syn- chronisant des alternateurs syn- chrones travaillant sur réseau à potentiel constant ou en parallèle. 680 — Errata relatifs à cette Communication. 1198 — Nitomètre, ou appareil pour la me- sure rapide de la brillance d'une surface lumineuse 1232 — ■ Pose sa candidature à la succession de M. Teisserenc de Boit 373 — - Est présenté en seconde ligne 1 1 18 — Pose sa candidature à la succession de M. L. Cailletet 1212 — Est présenté en première ligne 1422 — ■ Est élu Membre libre i5io — ■ Adresse des remerciments à l'Aca- démie J 579 BOCHIN (François). — Sur des phéno- mènes de capture dans la région occidentale du Bassin do Paris 1277 BODIN (E.) et CHEVREL (F.). — Sur la purification bactérienne des huîtres en eau de mer filtrée 342 BODROUX (F.). — Sur quelques mé- langes liquides se prêtant tout par- ticulièrement à l'observation du phénomène de Christiansen 772 — Éthérification catalytique en solu- tion étendue : préparation de l'acé- tate d'éthyle 1079 BODROUX (F.) et TABOURY (F.). — Bromuration de quelques cétones et de quelques alcools secondaires hydroaromatiques l8/|0 BOHN (Georges) et DBZEWINA (Mme Anna). — Anoxybiose et po- larité chimique 810 MM. Pages. BOISSOUDY (J. de). — Sur l'équilibre d'un gaz en état de dissociation binaire 61 — Sur la loi du rayonnement noir et la théorie des quanta 765 — Sur la constante de la loi du rayon- nement [923]. 1 364 BOLL (Marcel). — Relation entre la vi- tesse d'une réaction photochimique et l'énergie rayonnante incidente. . i38 — Mesure de l'énergie d'une radiation ultraviolette émise par un arc au mercure sous différents régimes. ... 3i3 — Energie absorbée et masse formée dans une réaction photochimique. . 691 — Décomposition photochimique des solutions d'acide oxalique en pré- sence de nitrate d'uranyle 1891 BOMPIANI (E.). — Sur les configura- tions de Laplace 6o3 BONAPARTE (Le prince) demande à l'Académie de se faire représenter à la cérémonie qui aura lieu le 6 juin 1913, à la Sorbonne, en l'honneur de l'amiral Peari/ i586 — ■ Est élu membre de la Commission chargée de juger les Concours : des prix Savigny, Cuvier 526 BONNEROT (S.) et CHARPY (G.). - Sur les réactions qui accompagnent l'osmose de l'hydrogène à travers le fer 394 BONNET (Pierre). — Structure des chaînes entre le lac Gœktchaï et l'Araxe i497 BONNIEB est élu membre des Com- missions chargées de juger les Con- cours des prix Desmazières, Mon- tagne, De Coincy, du Grand Prix des Sciences physiques, Thore, De la Fons-Mélicocq 433 — Fait hommage à l'Académie des fas- cicules 7 à 10 de la Flore complète, illustrée en couleurs, de France, Suisse et Belgique g36 BOQUET (A.) et BRIDRÉ (J.). — Sur la vaccination anticlaveleuse par virus sensibilisé. Durée de l'immu- nité. Applications de la vaccination. 1934 BORDAGE (Edmond). — Recherches relatives à l'extension de la mer nummulitique sur la rive droite de la ( lironde III2 Sur le golfe éocène de Rovan 1281 TABLE DES AUTEURS. to83 MM. Pages. BORDAS (F.). — De l'emploi des basses températures en Cryothérapie 84 BORDAS (L.). — Sur un cas de bourgeon- nement latéral chez un Lombric [Lumbricus herculeus Savigny).... i563 — ■ Le gésier des Dytiscides 1703 — ■ Considérations anatomiques et his- tologiques sur les tubes de Malpighi de quelques Orthoptères 1929 BOREL (Emile). — La théorie de la relativité et la cinématique 2l5 BORRELLY. — Observations de la comète igi3a (Schaumasse), faites à l'Observatoire de Marseille, au chercheur de comètes l654 BORTNOWSKY (I.) et ANTHONY (R.). — Un appareil aérien de type particulier chez un Lémurien (Mi- crocebus minor minor, E. Oeoffr.). . 160 BOSLER (J.). — Orages magnétiques et phénomènes d'hystérésis i4!9 — Sur le spectre de la comète Schau- masse Ï9i3 a i653 BOUBNOFF et BRINER (E.). Réactions chimiques dans les gaz comprimés : étude de la décompo- sition de l'oxyde d'azote 1228 BOUCHARD est élu membre des Com- missions chargées de juger les Con- cours : des prix Montyon (Physio- logie), Philipeaux. Lallemand, Pourat 527 — Des prix Montyon (Médecine et Chi- rurgie), Barbier, Bréant, Jodard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut 526 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour 1913 527 BOUCHERIE (E.). — Les phéno- mènes cytologiques de la sporo- génèse chez le Barbula muralis 1692 BOUGAULT (J.). — Sur l'acide phé- nyl-a-oxycrotonique. Un exemple d'éther-oxyde d'hydrate de cétone. 236 — Sur l'acide phényl-x-oxycrotonique. Un exemple d'éther-oxyde d'hy- drate de cétone 555 — Sur l'acide phényl-x-oxycrotonique; sa préparation; nouvelle isoméri- sation 1468 BOUGAULT (J.) et MOUCHEL-LA- FOSSE. — Action des sulfites alca- lins sur les acides éthyl'éniques 3g6 MM. BOULANGER (Ch.) et URBAIN (G.). — Théorie de l'efflorescence des hydrates salins. Influence de la température BOULIGAND (G.). — Sur la fonction de Green du cylindre indéfini BOULUD et LËPINE (R.). — Sur le sucre faiblement combiné dans le sang. . Sur la leux reins, sécrétion des comparée ' . — Sur la diminution des chlorures dans l'urine sécrétée sous pression . . BOULVIN est élu Correspondant pour la Section de Mécanique BOUNHIOL (J.). — Sur la reproduc- tion de la sardine algérienne — Nouvelles observations sur la repro- duction de la sardine algérienne .... BOUNOUBE (L.). — Observations sur l'évolution postembryonnaire du Dytique bordé BOURION (F.) et DESHAYES (A.). — Sur la séparation quantitative du fer et du chrome BOURLET (Carlo). — Appareil de me- sure des vibrations de corps solides en mouvement BOURQUELOT (Ém.), HÉRISSEY (H.) et BRIDEL (M.). — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides 1) à l'aide d'un ferment' (glucosidase a) contenu dans la levure, de bière basse séchée à l'air : éthylglucoside « — Synthèses de galactosides d'alcool à l'aide de l'émulsine. Propylga- lactoside (3 et benzylgalactoside (3 . . — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides a) à l'aide de la glucosidase a : méthylglucoside oc. Destruction de la glucosidase a en milieu fortement alcoolique — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides 2) à l'aide d'un ferment (glucosidase a) contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air : propylglucoside 1 et allyl- glucoside « BOURQUELOT (Ém.) et BRIDEL (M.). — Synthèse des glucosides d'alcool à l'aide de l'émulsine : phényléthyl- glucoside [3 et cinnamylglucoside p. — Synthèse de galactosides d'alcools Pages. i35 i36i 110 754 1958 1211 i565 2008 633 1769 870 168 33o 49i 1493 827 2084 MM. TABLE DES Pages à l'aide de l'émulsine : Méthylgalae- toside [i et Allylgalactoside jï 1 104 BOURQUÉLOT (Ém.) et COIRRE (J.). — Données nouvelles sur la réver- sibilité de l'action fermentaire de Pémulsine 643 BOURQUELOT (Ém.) et HÉRISSEY (H.). — Synthèse biochimique, à l'aide de l'émulsine, d'un glucoside isomère de la salicine, le salicylglu- coside (3 1 790 BOURQUELOT (Ém.) et VERDON (Ém.). — La réversibilité des actions fermentaires : Émulsine et méthyl- glucoside fi 957 — Recherches sur la synthèse biochi- mique du méthylglucoside [i dans un liquide neutre, étranger à la réac- tion 1 264 — De l'emploi de proportions crois- santes de glucose dans la synthèse biochimique du méthylglucoside !3. Influence du glucoside formé sur l'arrêt de la réaction i638 BOUSSINESQ (J.). — Sur l'existence d'une viscosité superficielle dans la mince couche de transition séparant un liquide d'un autre fluide con- tigu 983 — Application des formules de visco- sité superficielle à la surface d'une goutte liquide sphérique, tombant lentement, d'un mouvement devenu uniforme, au sein d'une masse fluide indéfinie en repos, d'un poids spéci- fique moindre io35 — Vitesse de la chute lente, devenue uniforme, d'une goutte liquide sphérique, dans un fluide visqueux de poids spécifique moindre n 24 — Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Montyon (Mécanique), Poncelet 432 — Du prix extraordinaire de la Marine, prix Plumey 432 — Du prix Saintour 648 — Du prix Petit d'Ormoy (Sciences mathématiques) 649 — Du prix Pierson-Perrin 649 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 1916 432 BOUTARIC (A.). — Sur une relation AUTEURS. MM. Pages, entre l'absorption atmosphérique et la polarisation de la lumière diffu- sée par le ciel 1289 BOUTY (E.). 1 — La polarisation diélec- trique de la paroi et les mesures de cohésion diélectrique; le retard d'effluve 25 — Est élu membre de la Commission chargée de juger les Concours des prix Hébert, Hughes, Henri de Parville, Gaston Planté, Kastner- Boursault 432 — Et de la Commission des Tables annuelles des constantes 1 734 BOUVIER (E.-L.). -- Sur les genres Pseudibacus et Nisto, et le stade natant des Crustacés décapodes macroures de la famille des Scylla- ridés i643 — Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin 432 — Des prix Desmazières, Montagne, De Coincy, du Grand Prix des Sciences physiques, des prix Thore, De la Fons-Mélicocq 433 BRANLY est élu membre de la Com- mission chargée de juger le Con- cours des prix Hébert, Hughes, Henri de Parville, Gaston Planté, Kastner-Boursault 432 BRESCH et LESPIEAU. — Action de l'oxyde d'éthyle a (1 dichloré sur les dérivés magnésiens mixtes 710 BRET (C.-M.). — Sur l'existence en Afrique occidentale de deux formes stables i'Hevea brasiliensis Mull. Arg. présentant une aptitude diffé- rente à la production du latex Î7S BRET (C.-M.) et GATIN (C.-L.). — Les variétés d'Elœis guineesis Jacq. de la Côte d'Ivoire et leurs fruits par- thénocarpiques 8o5 BRIDEL (Marc). — Sur la présence de la gentiopicrine, du gentianose et du saccharose dans les racines fraîches de la gentiane ponctuée 627 BRIDEL (M.) et BOURQUELOT (Ém.). — Synthèse des glucosides d'alcools à l'aide de l'émulsine : phényléthyl- glucoside jî et cinnamylglucoside fl. 827 — Synthèse de galactosides d'alcools à l'aide de l'émulsine : méthylgalac- TABLE DES AUTEURS. 2o85 MM. Pases. toside f3 et allylgalactoside (3 i io4 BRIDEL (M.), BOURQUELOT (Ém.) et HÉRISSEY (H.). — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides a) à l'aide d'un ferment (glucosidase a) contenu dans la levure basse séchée à l'air : éthyl- glucoside a -. 1 68 — Synthèse de galactosides d'alcools à l'aide de l'émulsine. Propylgalac- toside ($ et benzylgalactoside fi 33o — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides x) à l'aide de la glucosidase a : méthylglucoside a. Destruction de la glucosidase a en milieu fortement alcoolique 491 — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides a) à l'aide d'un ferment (glucosidase a) contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air : propylglucoside a et allyl- glucoside a l493 BRIDRÉ (J.) et BOQUET (A.). — Sur la vaccination antielaveleuse par virus sensibilisé. Durée de l'immu- nité. Applications de la vaccination. 1934 BRILLOUIN (Marcel). — Sur la théo- rie du rayonnement noir 124 — Sur la théorie du rayonnement noir. 3oi BRINER (E.) et BOURNOFF. — Réac- tions chimiques dans les gaz com- primés. Étude de la décomposition de l'oxyde d'azote 228 BRINER (E.) et KUHNE (A.). — Sur la transformation subie par le car- bure de calcium chauffé 620 BRIOUX (Ch.) et GUERBET (M.). — Évolution du soufre dans le sol ; étude sur son oxydation 1476 BBOGLIE (M. de). — - Sur les images multiples que présentent les rayons de Rdntgen après avoir traversé des MM. Pages. cristaux ion — ■ Sur la réflexion des rayons de Riint- gen n53 — Sur la diffraction et la réflexion des rayons de Rdntgen 1753 BROGLIE (M. de) et LINDEMANN (F. -A.). — Sur les phénomènes optiques présentés par les rayons de Rdntgen rencontrant des milieux cristallins 1461 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1642 BROMEWSKI (Witold). — Sur les points critiques du fer 699 — Sur la thermo-électricité des aciers. . 1983 BRUNEL (L.) et JUNGFLEISCH (E.). — ■ Réactions entre l'eau et l'acide sulfureux à diverses températures. Formation d'acide hydrosulfureux. 1719 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1 874 BRUNSWICK (E.-J.). Prédéter- mination des caractéristiques des dynamos à courant continu 223 BUHL (A.). — Sur les formules ana- logues à la formule de Stokes l7%9 BUISSON (H.) et FABRY (Ch.). — Sur un microphotomètre destiné à la mesure de l'opacité des plaques photographiques 38g — Sur l'absorption de l'ultraviolet par l'ozone et l'extrémité du spectre solaire 782 — Sur les longueurs d'onde des raies du krypton g45 — Adressent un Rapport sur l'emploi qu'ils ont fait et les expériences qu'ils ont exécutées à l'aide de la subvention qui leur a été accordée sur le Fonds Bonaparte en 191 1 ... . 434 BURKHARDT (H.). — Un théorème sur la fonction gamma 1212 c CALMETTE (A.) et GUERIN (C). — Nouvelle contribution à l'étude de la pathogénie de l'infection tuber- culeuse CARNOT (Adolphe) est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Jeeker, Cahours, 3-1 Montyon (Arts insalubres), Vaillant. 432 — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. E. Cailletet 121 1 — Et de la Commission du Fonds Bona- parte 1 5 1 1 — EtdelaCommission chargée deprésen- 2o86 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages, ter une liste de candidats à la suc- cession de M. Alfred Picard i586 CARPENTIER est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Hébert, Hughes, Henri de Parville, Gaston Planté, Kastner-Boursault 432 CARRIÈRE (E.) et BLAISE (E.-E.). — Sur l'acide aldéhyde succinique. . . . 23o, CARRIÈRE (Z.). — Nouvelle méthode de mesure de la vitesse des fluides. . l83i CARVALLO (Jacques). — Conducti- bilité électrique de l'éther pur. . . . 1609 — Conductibilité électrique de quelques liquides purs : ammoniac, acétone, alcools éthylique et méthylique. . . . 1755 — Sur un phénomène photo-électrique présenté par l'anhydride sulfureux liquéfié 1882 CAVAIGNAC (M11-) et LE CHATELIER (H.). — Fusibilité des corps gras naturels 589 CAVEL (Lucien). — Sur le soufre et ses variations dans le traitement biolo- gique des eaux d'égouts !099 CAYEUX (L.). — Les minerais de fer sédimentaires considérés dans leurs rapports avec la destruction des chaînes de montagnes Il85 — Sur la genèse des minerais de fer sédi- mentaires l495 — Signification des galets de minerais, inclus dans les minerais de fer het- tangiens de Bourgogne J793 CÉPÈDE (Casimir). — Les « Cytopleu- rosporés » (Cylopleurosporea), em- branchement nouveau du règne des Protistes 574 — Nouveau montage des préparations microscopiques permettant l'étude des deux faces aux plus forts gros- sissements et supprimant les pro- cédés spéciaux d'emballage 683 CIAMICIAN est élu Correspondant pour la Section de Chimie, en remplace- ment de M. Lecoq de Boisbaudran . . i652 CISOTTI (U.). — Sur les mouvements rigides d'une surface de tourbillon. 539 CLAIRIN (J.) . — Sur les invariants des caractéristiques des équations aux dérivées partielles du second ordre à deux variables indépendantes. . . . 7G0 CLARE1NS (J.). — Sur l'existence des bromites 1998 MM. Pages. CLAUDE (Georges). — Sur l'absorp- tion du néon par les électrodes des tubes luminescents 1 3 1 7 CLAUSMANN (Paul) et GAUTIER (Armand). — Le fluor dans l'orga- nisme animal. — A. Peau et ses appendices 1 347 — Le fluor dans l'organisme animal. — B. Squelette, cartilages, tendons . . . i425 CHABLAY (E.). — Sur quelques réac- tions de l'amidure de sodium en présence d'ammoniac liquide. For- mation des carbures éthyléniques. . 327 — Préparation des alcools primaires par réduction des éthers-sels au moyen de l'alcool absolu et du sodammonium 1020 CHABRIÉ (Camille) pose sa candida- ture à la succession de M. Teisse- renc de Bort 433 CHAILLOT (M.). — Recherches sur la morphologie du bourgeon chez les Labiées à stolons souterrains 1690 CHAINE (J.). — Sur le rôle de la spatule de la Cécidomyie parasite du Buis . . 336 CHANTEMESSE. — La vaccination préventive contre la fièvre typhoïde dans les équipages de la flotte .... 244 — Prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des candidats à la place vacante, dans la section des Académiciens libres, par le dé- cès de M. Teisserenc de Bort 664 CHAPELON (Jacques). — Sur les nom- bres de classes des formes quadrati- ques binaires positives 675 — Sur les nombres de classes des formes quadratiques binaires positives et à déterminant négatif 1661 CHAPUT (E.). — Essai de synchroni- sation des alluvions anciennes de la Loire et de ses affluents 358 CHARPY (G.) et BONNEROT (S.). - Sur les réactions qui accompagnent l'osmose de l'hydrogène à travers le fer 3g4 CHARPY (Georges) et CORNU (André). — Surles transformations des alliages de fer et de silicium. . 1240 — Sur la séparation du graphite dans les alliages de fer et de silicium 1616 CHJ! ilRIER (H.). — Sur quelques mo- difications du tissu musculaire au moment de la maturité sexuelle chez TABLE DES MM. Pages, la Nereis fucata (Sav.) l33l CHATTON (Edouard). — Septicémies spontanées à coccobacilles chez le Hanneton et le Ver à soie 1707 CHAUCHARD (A.). — Étude quantita- tive de l'action des rayons ultravio- lets monochromatiques sur l'amy- lase i858 CHAUDIER (J.). — Polarisation rota- toire magnétique de l'azote et de l'oxygène liquéfiés 1008 — Sur les variations du pouvoir rota- toire magnétique dans les change- ments d'état 1329 CHAUMONT (L.). — Sur la théorie des appareils servant à l'étude de la lu- mière polarisée elliptiquement.... 1604 CHAUSSE (P.). — Suspension dans l'air des particules virulentes obtenues par la pulvérisation liquide 638 — Conditions de respirabilité des parti- cules virulentes obtenues par la pul- vérisation liquide 954 — Méthodes à employer pour réaliser la tuberculose expérimentale par inhalation 1 485 CHAUTARD (Jean). — Sur l'origine du pétrole au Wyoming (Etats-Unis d'Amérique ) l4l7 CHAUVEAU est élu membre des Com- missions chargées de juger les Con- cours : du prix Bigot de Morogues. 526 — Des prix Montyon (Physiologie), Phili- peaux, Lallcmand, Pourat 527 ■ — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour 191 5 527 CHAUVEAUD (Gustave). — Sur l'évo- lution de l'appareil conducteur dans les Veronica [I292], 1 327 CHAUVENET (Ed.) et URBAIN (G.). — Sur la densité des sels doubles. Cas des chlorures de cuivre et d'am- monium l320 CHÉNEVEAU (C). — Sur les propriétés optiques de l'eau et sa constitution physique 1972 CHEVALLIER (Abc). — Sur l'origine botanique des bois commerciaux du Gabon 1 38g CHEVREL (F.) et BODIN (E.). — Sur la purification bactérienne des huîtres en eau de mer filtrée 342 CHEVROTIER (Jean) et LUMIÈRE C. K., iç)i3, 1" Semestre. (T. 156.) AUTEURS. 2087 MM. Pages. (Auguste). — Sur la toxicité des vaccins antityphiques î7°9 — Action des oxydants en général et des persulfates alcalins en parti- culier sur la toxine tétanique l4o4 CHEVROTON (M"°) et FAURÉ-FRÉ- MIET. — -Étude cinématographique des phénomènes cytoplasmiques de la division de l'œuf d'Ascaris. . 8l5 CHEVROTON (L.) et VLÈS (F.). — Cinématographie des cordes vocales et de leurs annexes laryngiennes. . 949 CHOFARDET (P.). — Observations de la comète igi3 a (Schaumasse), faites à l'Observatoire de Resançon, avec l'équatorial coudé 1687 CHOUCHAK (D.). — Sur la pénétration des différentes formes d'azote dans les plantes; phénomènes d'absorp- tion 1696 — Sur l'absorption de différentes formes d'azote par les plantes; influence du milieu 1784 CHOUX (P.). — Le genre Basconema à Madagascar 2002 CHBÉTIEN (Henri). — Sur le champ magnétique général du Soleil 192 — Sur une variante de la méthode des coïncidences 1061 CLAUDE (Georges) pose sa candidature à une place d'Académicien libre. . 433 — Est présenté en troisième ligne pour une place de Membre libre. . 1422, 1716 COGGIA. — Observations de la comète a igi3 (Schaumasse), faites à l'Ob- servatoire de Marseille (équatorial d'Eichens, de om,26 d'ouverture) . . i655 COIRRE (J.) etBOURQUELOT (Em.). — Données nouvelles sur la réver- sibilité de l'action fermentaire de l'émulsine 643 COLANI (A.). — Sur la solubilité de l'oxalate de thorium 1075 — Étude du chloro-oxalatc de thorium. 1907 COLIN (H.) et SÉNÉCHAL (A.). — Sur l'oxydation des complexes cobalto- organiques 625 COLLET (Paule M"c). — Sur la con- ductibilité électrique du tellure .... 943 COLLIN (Bernard). — Sur un Ello- biopsidé nouveau, parasite des Nébalies (Parallobiopsis Coutieri n. g., n. sp.) i i332 COLLOT (L.). — La célestine des ter- 267 2o88 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages, rains sédiment aires 1 1 63 C( )M ;HÈS GÉOLOGIQUE INTERNA- TIONAL (Le) prie l'Académie d'en- voyer une délégation à la Session qui se tiendra au Canada au mois d'août 19 1 3 757 CONOH (A.) et NICOLLE (Cil). - Vaccinothérapie dans la coqueluche. l849 COPAUX (H.). — Sur la basicité des tungsto-acides 71 - Sur la constitution des paramolyb- dales et des paratungstates '771 CORNU (André) et CHARPY (Geor- ges). — Sur les transformations des alliages de fer et de silicium 1240 — Sur la séparation du graphite dans les alliages de fer et de silicium. . . . 1616 COSSERAT (Eugène) est présenté en troisième ligne pour la troisième place de Membre non résident. . . . l343 COSTANTIN est élu membre de la Commission chargée de juger le Con- cours des prix Desmazières, Mon- tagne, De Coincy, du Grand Prix des Sciences physiques, des prix Thore, De la Pons-Mélicocq f 33 COSTANZO. — Sur l'occlusion des produits du radium 126 COSTEANU (N.-D). — De l'action du gaz CO2 sur les sulfures minéraux. . 1985 COSTEANU (N.) et RENGADE (E.). — Sur les protosuli'ures anhydres des métaux alcalins 791 COTTON (A.) et MOUTON (H.). — Biré- fringence magnétique de mélanges MM. Pages, liquides 1 456 COTTON (Emile). — Sur une question concernant les fonctions de deux variables réelles io54 COTTY (Gaston). — Sur la réduction des formes quadratiques binaires à coefficients entiers dans un corps quadratique réel 1 448 COURMONT (Jules) et ROCHAIX (A.) . — De l'immunisation contre le staphylocoque pyogéne par voie intestinale 572 CRÉMIEU (V.). — Nouvel électromètre idiostatique 46o - Effets de la flexion aux points d'at- tache du fil d'une balance de tor- sion 617 — Séismographes donnant directement les trois composantes d'un séisme et les variations lentes de la verti- cale 832 CROMMELIN (C.-A.), KAMERLINGH ONNES (H.) et MATIIIAS (E.). — Le diamètre rectiligne de l'argon. . 129 CRUSSARD (L.). — Déformations des ondes dans les gaz et sur les inter- férences finies 447 — Sur la propagation et les altérations des ondes de choc 611 CUÉNOD (A.), BLAIZOT (L.) et NI- COLLE (Charles). — Quelques propriétés du virus trachomateux. L'immunité dans le trachome.... 1 177 CZAKO (Nicolas). — Sur les alliages d'aluminium avec le vanadium. . . . 140 D DALIMIER (R.). — Action des com- binaisons arséno-aromatiques (606 et néo-salvarsan) 629 DALLONI. — L'Oligocène marin et sa faune en Algérie 171 1 DAMIENS (A.) et LEBEAU (P.). — Sur une méthode d'analyse des mélanges d'hydrocarbures saturés gazeux l44 — Sur une méthode d'analyse des mé- langes d'hydrogène et d'hydrocar- bures saturés gazeux : mélanges complexes 325 — Sur le dosage des carbures acétylé- niques et des carbures éthyléniques dans les mélanges d'hydrocarbures gazeux 557 — Sur la composition du gaz d'éclai- rage 797 — Sur la composition des mélanges ga- zeux résultant de l'action de l'eau sur les carbures d'uranium et de thorium 1987 DANGEARD (P.-A.). — Surl'action de la radiation dans un mélange de substances colorantes i844 DANIEL (Jean). — Sur les relations existant entre l'âge des Dicotylé- TABLE DES AUTEURS. 2089 MM. Pages, dones et le nombre des cercles de leurs bois secondaires 1 554 DANIEL (Lucien). — Nouvelles recherches sur la greffe desBrassica. 1 5 1 DANIEL (L.) et DELPON (J.). — Sur un hybride de greffe entre Pêcher et Amandier 2000 DANTONY (E.) et VERMOREL (V.). — Sur les bouillies fongicides mouil- lantes 1475 DARBOUX (Gaston). — Sur les sur- faces minima engendrées par un cercle variable 928 — ■ Sur les surfaces minima engendrées par un cercle variable 971 — Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours des Prix : Pierre Guzman, Lalande, Valz, J. de Pontécoulant 432 — Prix Montyon (Statistique) 527 — Prix Binoux (Histoire des Sciences). 527 — Médailles Arago, Lavoisier, Ber- thelot 527 — ■ Prix Henri Becquerel, Gegner, Lan- nelongue, Gustave Roux, Trémont. 527 — '-.Prix Saintour 648 — Prix Henri de Parville 648 — - Prix Petit d'Ormoy (Sciences mathé- matiques) 649 — Prix Estrade Delcros 649 — Et d'une Commission chargée de présenter une liste de candidats aux trois premières places de Mem- bres non résidents io52 — ■ Est élu membre de la Commission des Tables annuelles de constantes '734 — M. le Secrétaire perpétuel adresse une invitation aux personnes désirant occuper un poste d'étude au Labo- ratoire international du Mont-Rose. 433 — Rapport sur la pétition adressée au Président de l'Académie, par la plupart de ses correspondants na- tionaux 836 — • M. le Secrétaire perpétuel donne lec- ture du Décret présidentiel approu- vant le Règlement concernant le mode de nomination des Membres non résidents 1872 — ■ M. le Secrétaire perpétuel fait hom- mage à l'Académie, au nom de M. G.-B. Guccia, de la photogra- phie d'une lettre écrite par Henri Poincaré lo5 MM. P — M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie un Volume des « Mé- moires sur 1 électricité et l'optique », par A. Potier — M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie le Tome VI de la « Mis- sion du Service géographique de l'Armée, pour la mesure d'un arc du méridien équatorial en Amé- rique du Sud » — M. le Secrétaire perpétuel informe l'Académie de la publication pro- chaine des Œuvres mathématiques d'Henri Poincaré - M. le Secrétaire perpétuel présente le Rapport annuel, pour 1912, du Con- seil d'administration de la Caisse des Recherches scientifiques — M. le Secrétaire perpétuel annonce Le décès de M. Louis Henry, Cor- respondant pour la Section de Chimie - M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. V . Dwelshauvers-Dery, Correspondant de l'Académie pour la Section de Mécanique — M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de Lord Avebury (Sir Joint Lubbock ) DARGET adresse une réclamation de priorité concernant une Note de M. de Fontenay - Adresse une lettre relative aux rayons vitaux DASTRE est élu membre de la Com- mission de vérification des comptes. . — Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Montyon (Médecine et Chi- rurgie), Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut — Des prix Montyon (Physiologie), Philipeaux, Lallemand, Pourat. . . . — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question du prix Pourat pour 191 5 DAUZÈRE (C). — Sur les tourbillons cellulaires isolés - Sur une nouvelle espèce de tourbil- lons cellulaires DAVIS (Moris) est élu Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de âges. io5 n3 ■ iil, 1643 936 99 1 i653 i;i 366 526 526 327 527 218 1228 2oqo TABLE DES AUTEUKS. MM. Page*. Sir George Darwin, décédé i3o3 DÉCOMBE (L.). — Théorie électronique de la gravitation 940 — Sur la théorie électronique de la gra- vitation 1222 — Sur la viscosité de l'atome 1 598 DEHORNE (Armand). — Nouvelles re- cherches sur les mitoses de matura- tion de Sabellaria spinulosa Lenck. 485 DELAGE est élu membre de la Commis- sion chargée de juger le Concours des prix Savigny, Cuvier 526 DELASSUS (Et.). — Les diverses formes du principe de Dalembert et les équations générales du mou- vement des systèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque 205 — Sur l'équilibre et les petits mouve- ments des systèmes soumis à des liaisons d'ordre quelconque 677 DE LAUNAY (L.). — Sur quelques roches écrasées du Plateau Central. 1 434 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin 43a DELPON (J.) et DANIEL (L.) — Sur un hybride de greffe entre Pêcher et Amandier 2000 DEMASSIEUX (N.). — Étude de l'équilibre entre le chlorure de plomb et le chlorhydrate d'ammo- niac en solution aqueuse 892 DEMÛLON (A.). — Recherches sur l'action fertilisante du soufre 725 DEMOULIN (A.). - - Une propriété générale des lignes tracées sur une surface 4° DEMOUSSY (E.) et MAQUENNE (L.). — Influence des conditions anté- rieures sur la valeur du quotient res- piratoire chez les feuilles vertes. ... 28 — Sur la valeur et un nouveau mode d'appréciation du quotient respira- toire des plantes vertes 278 — Sur la valeur des coefficients chloro- phylliens et leurs rapports avec les quotients respiratoires réels 5o6 DEPÉRET (Charles). — Observations sur l'histoire géologique pliocène et quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe 427 — - Observations sur l'histoire géologique pliocène et quaternaire du golfe et MM. Pages, de l'isthme de Corinthe 65g - Observations sur l'histoire géologique pliocène et quaternaire du golfe et de l'isthme de Corinthe 1048 — Pose sa candidature à une place d'Académicien non résident 1 132 - Est présenté en troisième ligne 1196 - Est présenté en troisième ligne 1293 — Est présenté en seconde ligne 1 343 DEPRAT (Jacques). -- Sur les ter- rains paléozoïques de la rivière Noire (région entre la frontière laotienne et le fleuve Rouge, (Tonkin) 579 — Les terrains triasiques dans la région de la rivière Noire moyenne (Ton- kin) 921 — Sur la succession des étages carbo- nifères et permiens en Indo-Chine. . 1 109 — Sur l'existence de charriages impor- tants au Tonkin entre le fleuve Rouge et la rivière Noire 1284 D EPREZ ( Marcel ) est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours des prix Montyon (Méca- nique), Poncelet et du prix extra- ordinaire de la Marine, prix Plumey. 432 — lit de la Commission chargée de pré- senter une question de prix Four- neyron pour 1916 432 DERRIEN (E.) et VILLE (J.). — Cata- lyse biochimique d'une oxydation luminescente 202 1 DESGREZ et DORLÉANS. — Influence de la constitution des corps pu- riques sur leur action vis-à-vis de la pression artérielle g3 — Influence du groupement aminé sur la pression artérielle 823 DESHAYES (A.) et BOURION (F.). — Sur la séparation quantitative du fer et du chrome 1 769 DESLANDRES (Henri). — Sur une nouvelle espèce de tourbillons cel- lulaires 12 3 1 - Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de Pontécoulant 432 - Est élu membre de la Commission de vérification des comptes 526 — Est adjoint à la Commission chargée d'examiner les Communications re- latives à la baguette divinatoire. ... 1 i3l TABLE DES MM. Pages. DESMOULIÈRE (A.). — L'antigène dans la réaction de Wassermann. . . 338 DESPIS (Jean) adresse un Mémoire relatif à une hélice aérienne 743 DÉTRAIT (R.). — Sur le glissement des liquides à la paroi 1670 DEVAUX (H.). — La pression de l'air dans les lacunes des plantes aqua- tiques 2004 DIENERT (F.). — Sur l'étude des tem- pératures des eaux souterraines dans les captages pour l'alimenta- tion publique 83l — Sur l'efficacité des puits absorbants. 1288 DIMA (G. -A.).- — Influence de la valence du métal sur l'effet photo-électrique des composés métalliques l366 DOLLFUS (Gustave-F.). — Efficacité des puits absorbants io32 DOMINICI(HENRi),LABORl)i:iMn«Si- mone) et LABORDE (Albert). - Etude sur les injections de sels de radium 1 107 DONDER (Th. de). — Sur un théorème de Jacobi 44° - Sur le théorème d'indépendance de Hilbert 609 — Sur le théorème d'indépendance de Hilbert 868 DONY-HENAULT (O.). — Sur l'emploi de résistances de chrome métal- lique granulaire pour le chauffage électrique. '. 66 DOP (Paul). — Sur la cytologie des suçoirs micropylaires de l'albumen de Veronica persica 1922 DORLÉANS et DESGREZ. - - In- fluence de la constitution des corps puriques sur leur action vis-à-vis de la pression artérielle g3 — Influence du groupement aminé sur la pression artérielle 823 DORLENCOURT (IL). - Étude sur l'élimination Orinaire de la mor- phine injectée à l'animal neuf i338 DOUVILLÉ [H.) est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin pi — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats aux trois premières places de Membres non résidents 1032 DOUVILLÉ (Henri) et MENTEATH AUTEURS. 2091 MM. Pages. (Stuart). — Le terrain éocène de Bos d'Arros 594 DOUVILLÉ (Robert) . — Influence du mode de vie sur la ligne suturale des Ammonites appartenant à la famille des Cosmocératidés 170 — Individualité de la faune d'Ammo- nites des couches à Pelloceras athlela. 36i DRZEWINA (Anna) et BOHN (Geor- ges). — Anoxybiose et polarité chimique 810 DUANE (William) et SCHEUER (Otto). — Décomposition de l'eau par les rayons 2 466 DUBALE (P.-E.) adresse une Note intitulée : Un nouveau poisson d'eau douce de la faune de France. . . 1 378 DUBARD (Marcel) et URBAIN ( J.-A.) . — De l'influence de l'albumen sur le développement de l'embryon. . . . 1086 DUBOIS (Raphaël). ■ — Sur l'anesthésie par les voies digestives 248 — Sur la nature et le développement de l'organe lumineux du Lampyre noc- tiluque 73o — Sur le traitement de la tuberculose parles microorganismes marins. ... 911 Microzymas, coccolithes, vacuolides. 1175 — Sur un microcoque des concrétions calcaires d'origine tuberculeuse. . . . 1274 DUBOSCQ (O.) et LÉGER (L.). — Le cycle évolutif de Porospora porlu- nidarum Frenzel !932 DUBRISAY (René). — Sur une nou- velle méthode de volumétrie physico- chimique 894 — Sur la neutralisation de l'acide chro- mique !9o3 DUCLAUX (Jacques). — Sur les élé- ments d'énergie 142 DUFFOUR (A.). — Sur un cas inté- ressant de dimorphisme 473 — Sur une nouvelle forme du bichro- mate de potassium 1022 DUHEM (Pierre). — Sur la stabilité adiabatique de l'équilibre 181 — Sur la croissance adiabatique de l'entropie 284 — Sur deux inégalités fondamentales de la Thermodynamique 42ï — Sur la stabilité de L'équilibre ther- mique 597 Remarque élémentaire sur le pro- blème des ondes sphériques 1727 2092 TABLE DES MM. Pages. — Est présenté en troisième ligne pour une place de Membre non résident. 1196, 1293 — Est présenté en seconde ligne pour la troisième place de Membre non ré- sident 1 343 DUNOYER (Louis). — Un cas remar- quable de résonance optique 1067 DUPARC (Louis). — Sur l'origine du platine contenu dans les alluvions de certains affluents latéraux de la Koswa (Oural du Nord) 41 1 DUPONT (Georges). — Hydrogéna- AUTEURS. MM. Pages, tion catalytique des -f-glycols acé- tyléniques en présence de noir de palladium i6a3 DURAND (J.). — Sur des coquilles fos- siles en inclusions dans des cristaux de gypse limpide de l'Oligocène de Narbonne 1 8 ', 1 DURAND-GRÉVILLE. — La loi des crochets barométriques de grain. ... 1 1 90 DUSSAUD. - - Séparation des effets lumineux et calorifiques produits par une source de lumière 948 EGINITIS (D.). — Sur le trouble du ciel et l'affaiblissement du rayonnement solaire, observés pendant l'année 1912 ESCLANGON (Ernest). — Sur l'entraî- nement du support dans les observa- 855 tions du pendule ioo5 — Sur un régulateur de température. . . 1667 ESPITALLIER est présenté en seconde ligne pour la Chaire de Construc- tions civiles du Conservatoire des ArtB et Métiers l65?- FABRE (H.) est présenté en troisième ligne pour une place de Membre non résident 1196, 1293, i343 FABRY (Ch.) et BUISSON (H.). — Sur un microphotomètre destiné à la mesure de l'opacité des plaques photographiques 38g — Sur l'absorption de l'ultraviolet par l'ozone et l'extrémité du spectre so- laire 782 — Sur les longueurs d'onde des raies du krypton 945 — - Adressent un Rapport sur l'emploi qu'ils ont fait et des expériences qu'ils ont exécutées à l'aide de la subvention qui leur a été accordée sur le Fonds Bonaparte en 191 1 ... . 434 FABRY (Eugène). — Un essai de dé- monstration du théorème de Fermât. [1640], 1814 FANDARD (Mlle Lucie) et BIERRY (H.) — Adrénaline et glycémie. . . 480 — Variations de la glycémie pendant l'inanition 2010 FARID BOULAD BEY. — Sur la dis- jonction des variables dans les nomogrammes à points alignés .... 865 FAURÉ-FREMIET et CHEVROTON (MIle). — Etude cinématographique des phénomènes cyeloplasmiques de la division de l'œuf d'Ascaris 8i5 FAVREL (G.). — Sur une nouvelle série d'isopyrazolones 1912 FAYET (G.). — Sur le prochain retour de la comète Finlay; perturbations de l'orbite dues à l'action de Jupiter. 194 FAYET et SCHAUMASSE. — Sur l'or- bite provisoire delà nouvelle comète igi3 a (Schaumasse) 1 4 4 7 FEHR (H.) fait hommage à l'Académie d'un tirage spécial du portrait de IL Poincaré, publié par V Enseigne- ment mathématique 434 FEJÉR (Léopold). — La convergence sur son cercle de convergence d'une série de puissance effectuant une représentation conforme du cercle sur le plan simple 46 FERNBACH (A.). - ■ L'acidification des moûts par la levure au cours de TABLE DES AUTEURS. 20()3 MM. Pages, la fermentation alcoolique 77 FEYTIS (M"« £.). — Sur les propriétés magnétiques de quelques hydrates solides de cuivre et de chrome 886 FICHOT (E.). — Sur la production des marées statiques de la deuxième sorte dans un océan répondant à une toi quelconque de profondeur 211 FLEURY (E.) adresse une Note intitu- lée \Un nouvel antiseptique urinaire. 366 FLORENTIN (D.j et KLING (André). — Action des basses températures sur les explosifs 694 FONTENAY (G. de) adresse une lettre relative à une réclamation de priorité de M. Darget 268 FORCRAND (de). — Déshydratation et décomposition des hydrates du nitrate d'uranyle. — Formation d'un monohydrate io44 — Etude thermochimique du nitratr d'uranyle et de ses hydrates 1207 — Sur la relation de Trouton i43g — Errata relatifs à cette Communica- tion 1642 — Sur l'état dissimulé danslcs hydrates. i5ii — Errata relatifs à cette Communica- tion 1642 — - Le quotient Trouton et la chaleur moléculaire de vaporisation des corps purs bouillant aux tempéra- tures élevées 1648 — Le quotient Trouton et la chaleur de vaporisation des corps purs bouil- lant aux températures basses. Don- nées relatives à l'hélium 1809 — Hydrates de l'anhydride uranique JIM. Pages, et chaleur de formation de l'azotate d'uranyle ig54 FORTRAT (R.). — Simplification des raies spectrales par le ehamp ma- gnétique 1 459 - Le triplet magnétique normal et la règle de Preston. . . 1607 FOSSE (R.). -- Formation de l'urée par deux moisissures 263 - Formation de l'urée par les végé- taux supérieurs 567 — Recherche de l'urée dans les végé- taux 1938 FOUARD (Eugène). — La tonométrie différentielle des solutions et la théorie d'Arrhenius 622 — Sur une loi de tonométrie et ses con- séquences relatives à la théorie des ions 1 76 1 FRANCOTTE fait hommage d'une Conférence intitulée : Le troisième œil des Vertébrés 1 878 FRIEDEL (G.). — Loi générale de la diffraction des rayons Riintgen par les cristaux 1 676 FOUASSIER (M.) et TRILLAT (A.). — Sur la contamination du lait par le bacille typhique par l'intermé- diaire de l'eau 1936 FREYCINET (de) est élu membre de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la suc- cession de M. Teisserenc de Bort. . . . 663 FROIS est pTésenté en seconde ligne pour la Chaire d'Hygiène indus- trielle du Conservatoire des Arts et Métiers 1 r2 GAIN (L.) et ANTHONY (R.). — Sur le développement du squelette de l'extrémité postérieure chez le Pingouin 482 GAMBIER adresse une Note intitulée : ■Sur les courbes à torsion constante. . 835 OANDILLOT adresse une Note Sur la sécurité en aéroplane (virages) 1 117 GARRIGOU (F.) adresse une Note intitulée : Étude sur Veau du Verdet près de Castres (Tarn); indications générales pour la région 836 GASTAMBIDE et LEVAVASSEUR. — Sur un aéroparachute 1748 GASTINEL (Pierre), MARIE (P.-L.) et TEISSIER (Pierre). — De l'im- munité vax-cinale passive conférée par les injections intraveineuses- de sérum variolique 82 GATIN (C.-L.) et BRET (C.-M.). — Les variétés d'Elaeis guineensis Jacq. de la Côte d'Ivoire, et leurs fruits parthénocarpiques' 8o5 GAI (P.-E). — Sur les transformations 2094 TABLE DES MM. Pages, les plus générales des équations aux dérivées partielles du second ordre. 116 GAUBERT (Paul). — Sur quelques composés de la cholestérine donnant des cristaux liquides 149 — Sur la polymorphisme de la codéine, de la thébaïne, de la narcotine et et sur un nouveau type de sphéro- lite 116 GAUDECHÛN (Henry) et BERTHE- LOT (Daniel). — Sur les débuts de la photolyse de l'alcool éthy- lique, de l'aldéhyde éthylénique et de l'acide acétique 68 Action des rayons ultraviolets moyens et extrêmes surl'aldéhyde éthylique : acidification, polymérisation, rési- nification 233 — Sur l'inversion du saccharose par les rayons ultraviolets 468 — Sur un actinomètre à lévulose pour les rayons ullraviolels; influence de la concentration sur la vitesse de réaction protochimique 707 — Sur la dissociation des composés ga- zeux par la lumière : gaz hydro- génés des familles du chlore et de l'oxygène 889 — Sur la dissociation des composés ga- zeux par la lumière; gaz hydro- génés des familles de l'azote et du carbone; gaz divers 1243 — Synthèse photochimique d'un com- posé nouveau, l'oxycyanure de carbone, au moyen des rayons ultraviolets 1 766 — Sur la préparation de l'oxycyanure de carbone 1 990 GAUDEFROY (G). — Sur les figures de déshydratation 1387 GAUTIER (Armand) présente à l'Aca- démie une plaquette à l'effigie de M. Haller, qui lui a été offerte pour célé- brer son Jubilé universitaire 367 — Est désigné pour représenter l'Acadé- mie aux fêtes' qui seront données à l'occasion de l'inauguration du monument élevé, à Tunis, à Phi- lippe Thomas, le 24 mars 191 3. . . . 370 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le concours des prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts insalubres), Berthelot, Vail- lant 432 AUTEURS. MM. Pages. — • Est élu membre de la Commission chargée de présenter une liste de candidats à la succession de M. Teisserenc de Bort 663 — Est élu membre de la Commission des Tables annuelles de constantes 1 734 — Est élu membre de la Commission du Fonds Bonaparte 1 5l I GAUTIER (Armand) et CLAUSMANN (Paul). — Le fluor dans l'organisme animal A. Peau et ses appendices. i347 — Le fluor dans l'organisme animal. B. Squelette, cartilages, tendons.. . . 1425 GAY (L.). — La tension d'expansibilité des fluides normaux ioi5 — La détente adiahatique dans les liquides 1070 — La détente adiahatique des liquides. 1978 — Sur le calcul des chaleurs latentes de vaporisation 1464 GENTIL (Louis). — Sur la structure de la zone littorale de l'Algérie occidentale 965 GERBER (C). — Comparaison des diastases hydrolysantes du latex de Mactura aurantiaca à celles de Ficus Carica et de Broussonetia papyrifera. 1573 — Le latex de Ficus coronala, suc pan- créatique végétal incomplet, sans diastase et à amylase protéolytique prédominante. Comparaison avec celui du Ficus Carica 1917 GERNEZ . — Tracé et usage des cartes pour la navigation orthodromique construites sur les plans tangents aux pôles 445 GEVREY (Maurice). — Sur la nature des solutions de certaines équations aux dérivées partielles 5a8 GIRARD (Pierre). — Sur les relations osmotiques des globules rouges avec leur milieu; rôle de l'état élec- trique de la paroi 1 401 GIRAUD (Georges). — ■ Sur une classe de transcendantes ayant un théo- rème de multiplication 49 — Sur certaines équations fonction- nelles et sur les transformations permutables ' 197 GIRONCOURT (de). — Mission de Gi- roncourt, 1908-1909. Résultats bo- taniques !9!9 GLANGEAUD (Pu.). — Les huit phases éruptives du volcan de Côme ((haine TABLE DES AUTEURS. 2095 MM. Pages, des Puys). Un puits profond à tra- vers les coulées de lave de ce volcan . 1 34o GLEY (E.) et QUINQUAND (Alf.). — Action de l'extrait thyroïdien sur la sécrétion surrénale 201 3 GLOVER (Jules). — Téléphone physio- logique intensif H 69 GOBY (Pierre). — Une application nouvelle des rayons X : La Micro- radiographie 686 GODARD (H.). — Observations de la comète 191 3 a (Schaumasse), faites à l'équatorial de om,38 de l'Obser- servatoire de Bordeaux l5l2 GODCHOT (Marcel) et TABOURY (Félix). — Sur l'r-chlorocyclo- pentanone et ses dérivés 332 — Sur l'hydrogénation catalytique de la camphorone et sur quelques nou- veaux carbures cyclopentaniques. . 47° — Sur quelques dérivés de la [b-rnéthyl- cyclopentanone '779 GODEAUX (L.). — Sur les involutions appartenant à une surface de genres zéro et de bigenre un i3o6 — Classification des involutions de genres I appartenant à une surface de genres I 1737 GOMPEL (Marcel) et HENRI (Victor). — Étude quantitative de l'absorp- tion des rayons ultraviolets par les alcaloïdes du groupe de l'atropine. . i54l GOSSELET est présenté en troisième ligne pour une place de Membre non résident 1293, 1243 GOT (Th.). — ■ Sur l'équivalence de cer- taines formes quadratiques ternaires indéfinies de même genre 1596 — Sur les domaines fondamentaux de certains groupes fuchsiens 1741 GOUPIL (R.). — Recherches sur les composés phosphores formés par VAmylomyces Rouxii 959 GOUY. — Sur la production de champs magnétiques intenses à la surface du Soleil 5i2 — Sur la théorie de la photosphère ga- zeuse 852 — Pose sa candidature à une place de Membre non résident 1 132 - Est classé en seconde ligne 1196 — Est classé en première ligne 1293 — Est élu Membre non résident i3o2 — Adresse des remereiments à l'Aca- C. H., ioi3, 1 " Semestre. (T. 156.) MM. Pages, demie i354 GRAEBE est élu Correspondant pour la Section de Chimie 286 GRAMONT (Arnaud de) pose sa candi- dature à une place de Membre libre. 528 — Est présenté en seconde ligne pour une place de Membre libre. . 11 18, 1422 — Est présenté en première ligne pour une place de Membre libre 171er — Est élu Membre libre, en remplace- ment de M. Alfred Picard 1734 GRAND'EURY pose sa candidature à une place de Membre non résident. . 1 5l I — Adresse les premières livraisons d'un Mémoire intitulé : Recherches géobo- taniques sur les forêts et sols fossiles et sur la végétation et la flore houil- lères ' 585 GRANDIDIER est élu membre de la Commission chargée de juger les Con- cours : des prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — des Prix Tchihatchef, Gay 432 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Gay pour 1916 43a GRÉGOIRE (V.). — La télophase et la prophase dans la caryocinèse soma- tique 63l GRIALOU (J.) adresse un Mémoire in- titulé : Déversoir en mince paroi. . . . l343 GROTH (Jean). — Sur la bordure mé- ridionale de la Meseta ibérique .... 1 794 GRUMBACH (A.). — Retard de l'élec- trolyse sur la force électromotrice polarisante J i2 GRUVEL (A.). — La pèche aux grands Cétacés sur la côte occidentale d'Afrique '7o5 GRUZE WSKA (MmeZ.) etBIERRY (H.). — Dosage du glycogène dans les muscles '49' GUÉBHARD (Adrien). — Sur la pos- sibilité théorique d'un dispositif réversible pour la reconstitution au- tomatique des couleurs naturelles en projection 127 GUERBET (M.) et BRIOUX (Ch.). — Évolution du soufre dans le sol; étude sur son oxydation '47° GUÉRIN (C.) et CALMETTE (A.). — — Nouvelle contribution à l'étude de la pathogénie de l'infection tu- berculeuse 34 268 2096 TABLE DES MM. Pages. GUÉRIN (Paul). — Le tégument séminal et les trachées nucellaires des Thyméléacées 3g8 GUÉRITOT. — Sur un manoscope ther- mo-électrique de grande sensibilité. 1974 GUICHARD (C). -- Sur une classe particulière d'équations de M. Mou- tard 748 GUIGNARD est élu membre des Com- missions chargées de juger les con- cours : des prix Desmazières, Mon- tagne, De Coincy, du Grand prix des Sciences physiques, des prix Thore, De la Fons-Mélicocq 433 — - Du prix Bigot de Morogues 526 — ■ Est élu membre d'une Commission chargée de présenter une liste de candidats à la succession de M. Teis- serenc de Borl 663 — Est élu membre de la Commission du Fonds Bonaparte i5ii GUILLAUME (Edouard). — Sur l'ex- tension des équations mécaniques de M. Appell à la Physique des mi- lieux continus. Application à la théorie des électrons 875 GUILLAUME (J.). — Observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon, pendant le troisième tri- mestre de 1912 io53 — Observations du Soleil, faites à l'Ob- servatoire de Lyon, pendant le qua- trième trimestre de 1912 1 132 — Observations du Soleil, faites à l'Ob- servatoire de Lyon, pendant le pre- mier trimestre de 1913 1 357 — ■ Observationsdelacomète Schaumasse (1913 à), faites à l'équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon i5i2 — Observation de l'occultation d'une étoile de 8e grandeur par Jupiter, faite à l'Observatoire de Lyon. . . . 1735 — Sur un aspect curieux du troisième satellite de Jupiter 1736 — ■ Sur le minimum actuel des taches du Soleil 1878 GUILLAUME (J.) et LUIZET. — Observation de l'occultation des Pléiades par la Lune, faite le 1 3 mars I9l3, à l'Observatoire de Lyon. . . . 857 GUILLEMARD (Alfred). — Nature de l'optimum osmotique dans les processus biologiques l552 GUILLEMINOT (H.). — Sur la varia- AUTEURS. MM. Pages, tion de résistance électrique du sé- lénium irradié par les rayons X et les rayons du radium 1 1 55 — Sur la loi d'action biologique des rayons X filtrés et non filtrés 1943 GUILLET (A.) et AUBERT (M.). - Déperdition électrique dans le sys- tème plan-sphère air atmosphé- rique. Coefficient de dissymétrie, sa mesure 458 GUILLET (Léon). — Sur les points de transformation et la structure des aciers nickel-chrome '774 GUILLET (Léon) et BERNARD (Vic- tor). — Variations de la résilience du cuivre et de quelques-uns de ses alliages en fonction de la tempéra- ture 1899 GUILLET (L.) et PORTEVIN (A.). - Sur quelques propriétés d'un fer électrolytique industriel 702 GUILLIERMOND (A.). -- Nouvelles observations sur le chondriome des Champignons 1781 — Sur la formation de l'anthocyane au sein des mitochondries 1924 GUIRAUD (E.) adresse une Note rela- tive aux résultats qu'il a obtenus dans la cure de diverses maladies par la laclobacilline 836 GUNTHER. — Sur les caractéristiques des systèmes d'équations aux déri- vés partielles 1 147 GUTTON (C). — Sur la durée d'établis- sement de la biréfringence élec- trique 387 — Détermination de la durée d'établis- sement de la biréfringence élec- trique 1 570 GUYAU (A.). — Sur un oscillographe interf érentiel 777 GUYON (F.). — Discours prononcé en prenant place au fauteuil de la Pré- sidence 17 — M. le Président donne lecture d'un Dé- cret autorisant la création de six places de Membres non résidents à l'Académie des Sciences 927 — M. le Président annonce à l'Académie qu'en raison des fêtes de la Pente- côte, la séance du lundi 12 mai est iviivoyée au mardi i3 i347 — M. le Président donne lecture d'une lettre de remerciements que M. A. MM. TABLE DES Pages. • !579 Blondel adresse à ses confrères ... — Est élu membre de la Commis- sion chargée de juger le concours des prix Montyon (Médecine et Chi- rurgie), Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut 5±6 GUYOT (A.) et KOVACHE (A.). — Ac- tion de l'acide formique sur les colo- rants du triphénylméthane i3î4 GUYOT (A.) et MARTINET (J.j. — Condeusaton des aminés aromati- ques primaires et secondaires avec les étliers rnésoxaliques. Synthèse AUTEURS. 2097 MM. Pages. dans la série de l'indo) 1Ô25 GUYOT (J.). — Sur les différences de potentiels de contaet apparentes ■ litre nu métal et des solutions élec- troly tiques 220 GUYO L'est élumembre des Commissions chargées de juger le concours : des Prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 4 J2 — Des prix Tchihatchef, Gay 432 — Est élu membre de Commission char- gée de présenter une question de prix Gay pour 19 16 432 •H HACKSPILL (Louis). — Sur les phos- phures d'hydrogène solides I466 HADAMARD. — Observation à propos d'une Noie du M. Bouligaud (Sur la fonction de Green du cylindre in- défini] l364 — Est élu membre de la Commission chargée do juger le concours des Prix Francœur, Bordin fil — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de Grand prix des Sciences mathé- matiques pour 1916 432 HALLER (A.). — Tétraalcoylation des eyclohexanone et [ï-niéthylcyclohe- xanone, et trialcoylation de la men- thone ! ! 99 — Fait hommage à l'Académie d'une mé- daille de Schiitzenberger 4*9 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le concours des prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts insalubres), Berthelot, Vail- lant 432 — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats aux trois premières places de Membres non résidents Io52 — Et d'une Commission chargée de présenter une liste de candidats à la succession de M. Alfred Picard .... 1 586 — Et de la Commission des Tables an- nuelles de Constantes 1734 HALLER 1A.1 et BAUER (Edouard) - Méthylation de l'isovalérone au moyen de l'amidure de sodium et de l'iodure de méthyle. Tétraméthyliso- valérone ou hexaméthyl-2.3.3.5.5. 6-heptanone-4 120,5 — Sur la iiionoiiiLtlivk .iiuphoroxime, le nitrile méthyleampholénique et l'acide méthyleampholénique l5o3 HANRIOT (M.) et KLING (A.). — Ac- tion des réducteurs sur les chlora- loses 1 38o HAMY est élu membre de la Commis- sion chargée de juger le concours des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de Pontéeoulant 4 >2 HARDY (G.-H. ) et LITTLEWOOD (J.-E.). — Sur la série de Fourier d'une fonction à carré sommable . . 1 '>o~ HATON DE LA GOUPILLIÈRE est élu membre des Commissions char- gées de juger les concours : des Prix Montyon (Mécanique), Poncelet.. . . 432 — Du Prix Montyon (statistique) 327 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 1916 .... 432 HATT est élu 1 membre des Commis- sions chargées do juger les con- cours : du prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — Des prix Tchihatchef, Gay 432 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Gay pour 19 iG 432 HAUG (Emile). — Sur' la terminai- son occidentale de la Sainte -Baume. 1864 HECKEL (Edouard) fait hommage à l'Académie du io° Volume, 2e série 2098 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. 5i9 (191 2), des Annales du M usée colonial de Marseille, publiées sous sa di- rection HEIM est présenté en première ligne pour la Chaire d'Hygiène industrielle du Conservatoire des Arts et Métiers. 1 12 HENNEGUY est élu membre des Com- missions chargées de juger les con- cours des prix Savigny, Cuvier. . . 526 — Des prix Montyon (Médecine et Chirurgie), Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Angut 526 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour 191 5 527 HENRI (Victor). — Labilité chimique et absorption des rayons ultravio- lets !979 HENRI (Victor) etBIELECKI (Jean). — - Étude quantitative de l'absorp- tion des rayons ultraviolets par les acides gras et leurs éthers en solu- tions aqueuses et alcooliques 55o — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acétone. 884 — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les céto- nes, les dicétones et les acides céto- niques l322 — Étude quantitative de l'absorption des rayons ultraviolets par les mo- namines, diamines, nitriles, carby- lamines, amides et oximes de la série grasse 1 860 HENRI (Victor) et LANDAU (Marc). — ■ Étude de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acétylène 697 HENRI (Victor) et GOMPEL (Marcel) — Étude quantitative de l'absorp- tion des rayons ultraviolets par les ajcaloïdes du groupe de l'atropine. . i54l HENRI (Victor) et WURMSERfR.). — Loi d'absorption photochimique élémentaire 23o — Énergie absorbée dans les réactions photochimiques 1012 HENRY (A.), MOUSSU (G.) et RAIL- LIET (A.). — Recherches expéri- mentales sur le développement de la Douve hépatique [Fasciola hepa- tica L.) g5 HÉRISSEY (H.), BOURQUELOT(Em.) et BRIDEL (M.). — Synthèse bio- MM. Pages, chimique de glucosides d'alcools (glucosides a) à l'aide d'un ferment (glucosidase a) contenu dans la le- vure de bière basse séchée à l'air : éthylglucoside a 168 — Synthèses de galactosides d'alcools à l'aide de l'émulsine. Propylgalac- toside rp et benzylgalactoside (J. . . . 33o — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides a) à l'aide de la glucosidase a : méthylglucoside a. Destruction de la glucosidase a en milieu fortement alcoolique 491 — Synthèse biochimique de glucosides d'alcools (glucosides a) à l'aide d'un ferment (glucosidase a) contenu dans la levure de bière basse séchée à l'air : propylglucoside a et allyl- glucoside a l493 HÉRISSEY (H.) et BOURQUELOT (Em.). — Synthèse biochimique, à l'aide de l'émulsine, d'un glucoside isomère de la salicine, le salicylglu- coside [j 1 790 HERNANDEZ-PACHECO (E.). — Mammifères miocènes de Palencia, dans la meseta espagnole 1868 IIÉROUARD (Edgard). — Relations entre la dépression et la formation de pseudoplanula tcntaculaires chez le Scyphistome 1090 HIRTZ. — La galvanothérapie inten- sive à faible densité de courant. . . . l559 HOLLANDE (A.-Ch.). — Les corps figurés du protoplasme des ceno- cytes des Insectes 636 HOUDAS (J.). — De la présence de la choline ou de bases voisines dans la salive du Cheval 824 HUFNAGEL (M>»e A.) . — Sur un organe périœsophagien énigmatique des Tinéides et sur son développement. i636 HUMBERT est élu membre des Commis- sions chargées de juger les concours : des Prix Francœur, Bordin 43s — ■ Du prix Petit d'Ormoy (Sciences ma- thématiques) 649 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de Grand Prix des Sciences mathé- matiques pour 1916 43a HUTTERN (Jean) adresse un Mémoire intitulé : Hydrodynamique (théorie nouvelle) 1 343 TABLE DES AUTEURS. 2099 MM. IDRAC (Pierre) adresse une Note intitulée : Recherches expérimen- Pages. MM. taies sur le vol plané. Pages. 1872 JADIN (F.) et ASTRUC (A.). — L'arse- nic et le manganèse dans les feuilles jeunes et âgées 2023 JAMET (V.). — Sur le complexe des moments vectoriels 1828 JANET (Maurice). — Sur les caracté- ristiques des systèmes d'équations aux dérivées partielles 118 JANET (Paul) pose sa candidature à une place de Membre libre 433 — Est présenté en seconde ligne pour une place de Membre libre. 1118, 1716 JAVILLIER (M.). — Essais de substi- tution du glucinium au magnésium et au zinc pour la culture du Sterig- matocystis nigra V. Tgh. (Asper- gillus niger V. Tgh.) 406 JÉGOU (Paul). — ■ Phénomènes mis en jeu dans le détecteur électrolytique sans force électromotrice auxiliaire et considération théorique sur le fonctionnement des détecteurs élec- trolytiques 385 JÉRÉMINE (M1 e Elisabeth) et LU- GEON (Maurice). — Sur la pré- sence de bandes calcaires dans la partie suisse du massif des Aiguilles- Rouges i473 JOLIBOTS (Pierre). — Sur l'iodure de magnésium méthyle 712 JONAS (H.). — Sur une transformation qui dépend d'une équation aux dé- rivées partielles du troisième ordre. 18 19 JONCKEERE (R.): — Étoiles doubla nouvelles découvertes à l'Observa- toire de Lille 937 JORDAN est élu membre des Commis- sions chargées de juger les Con- cours : des prix Francoeur, Bordin . . 432 — Du prix Saintour 648 — Du prix Petit d'Ormoy (Sciences mathématiques) 649 — Et de la Commission chargée de pré- senter une question de Grand Prix des Sciences mathématiques pour 1916 432 JOUGUET (Emile). — ■ Sur la propaga- tion des déflagrations dans les mé- langes gazeux 872 — ■ Sur la propagation des déflagrations et sur les limites d'inflammabilité. io58 JUNGFLEISCH est élu membre de la Commission chargée de juger le Con- cours des prix Jecker, Cahours, Montyon, (Arts insalubres), Ber- thelot, Vaillant 432 — Fait hommage à l'Académie d'une Notice sur la vie et les travaux de Marcellin Berlhelot 1 1 3o JUNGFLEISCH (E.) et BRUNEL (L.). — Réactions entre l'eau et l'acide sulfureux à diverses températures. Formation d'acide hydrosulfureux. 1 719 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1874 K KARPEN (Vasilesco). — Sur le vol des 1 — Sur le vol des oiseaux dit « vol à la oiseaux dit « vol à la voile » 2i3 voile » [366], 762 — Errata relatifs à cette Communica- — ■ Le vol à la voile [1422], i663 tion 366 I KAYSER (E.). — Contribution à l'étude 2 IOO TABLE DES AUTEURS. MM. Pages, de la bière visqueuse 1266 KEILIN (D.). — Sur une formation fibrillaire intracellulaire dans la tunique de la glande salivaire chez les larves de Syrphinae 908 KEIVIN BURNS. — Mesures interfé- rentielles de longueur d'onde dans le spectre du fer 161 1 — Sur un déplacement des lignes spec- trales de certains métaux produit par la présence d'une autre vapeur métallique '976 KKNNEL (Pierre). — Contribution à l'étude des fonctions des grands ten- tacules des limaces rouges (Arion rufus) 87 — Errata relatifs à cette Communica- tion. 270 KILIAN (W.) l'ait hommage d'un fas- cicule relatif au Paléocrélacé, publié dans les Lethsea geognostica 756 KILIAN (W.) et PUSSENOT (Ch.). — Nouvelles données relatives à la tec- tonique des environs de Briançon. 5l5 — Analyse détaillée des dislocations du Briançonnais oriental 599 KLING (André) et FLORENTIN (D.). — Action des basses températures sur les explosifs 694 MM. Pages. KLING (A.) et HANRIOT (M.). - Action des réducteurs sur les chlora- loses I 38o KŒNIGS (G.). - - Construction des centres de courbure et des plans principaux de l'enveloppe d'une surface solidaire d'un cylindre qui roule sans glisser sur un autre. ... 54 KOVESLIGETHY (R. de). - - Sur l'étude de la constitution du Globe, au moyen des rayons sismiques... 363 KOPACZEWSKY (W.). — Sur la dia- lyse de la maltase 918 — Sur un dialyseur analytique i853 KORN (A.). — Sur les équations inté- grales à noyau asymétrique 1965 KOSTITZIN (V.). — Quelques remar- ques sur les systèmes complets de fonctions orthogonales 292 KOVACHE (A.) et GUYOT (A.). - Action de l'acide formique sur les colorants du triphénylméthane. . . . i324 KRYLOFF (Nicolas). — Sur quelques propriétés des équations intégrales à noyau non symétrique 1 587 KUHNE (A.) et BRINER (E.). — Sur la transformation subie par le car- bure de calcium chauffé 620 LABAT (A.). — Sur la présence du brome à l'état normal dans les or- ganes de l'homme LABBÉ (H.) et MAGUIN (R.). — Con- tribution à l'étude des conditions de précipitation de l'albumine par l'acide picrique LABBE (Léon) est nommé membre d'une Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. Teisserenc de Bort. LABORDE (Mme Simone), LABORDE (Albert) et DOMINICI (Henri). — Etude sur les injections de sels de radium LACROIX (A.). — Sur la constitution minéralogique et chimique des laves des volcans du centre de Mada- gascar — La constitution minéralogique de 255 i4i5 663 1 107 i75 l'archipel de Los (Guinée) 653 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin 432 LACROTTE (L.) adresse une Note inti- tulée : Amortisseur élévateur pour aéroplanes 1 292 LAFON (G.). — Sur la formation de la graisse aux dépens des matières albuminoïdes dans l'organisme ani- mal 952 — Sur la consommation des graisses dans l'organisme animal 1248 LAGANE (L.). — Action de l'eau oxy- génée sur l'amylase du lait de femme. 194 1 LAGRULA (J.). — Nouvelle méthode pour la recherche visuelle rapide des petites planètes : Comparateur photo-visuel 1 1 34 TABLE DES AUTEURS. 2IOI MM. Pages. LAHY (J.-M.). — Rectification des tra- cés par les mouvements circulaires du style : l 'orthophotographie 1 3i 4 — L'adaptation organique dans les états d'attention volontaires et brefs 1 479 — Les signes physiques de la supériorité professionnelle chez les dactylogra- phes 1 702 LAINE (E.). et MÙNTZ (A.). — Les matériaux charriés par les cours d'eau des Alpes et des Pyrénées. . . . 848 LALLEMAND est élu membre des Commissions chargées de juger : les concours du prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — Des prix Tcb.ihatcb.ef, Gay 432 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Gay pour 19 16 432 — Fait hommage du Compte rendu des travaux effectués en 191 2 par le Service du Nivellement général de la France 1 585 LANDAU (E.). - - Sur les séries de Lambert i45i LANDAU (Marc) et HENRI (Victor). — Étude de l'absorption des rayons ultraviolets par l'acétylène 697 LANDAU (Marc). — Sur le phénomène de photocatalyse 1 894 LANDOUZY pose sa candidature à une place de Membre libre 528 — Est présenté en première ligne 11 18 — Est élu Membre libre 1 1 3o LANQUINE (Antonin) et BERTRAND (Léon). — Observations tecto- niques aux environs de Grasse 1867 LANTENOIS (Marcel). — Sur la pré- paration du tétraiodure de carbone. 1 385 — Sur quelques propriétés nouvelles du tétraoidure de carbone et son dosage en présence d'iodoforme .... 1629 LASAUSSE (Ed.). — Fixation des bi- sulfites alcalins sur les sels et les éthers-sels des acides acétyléniques. I47 LASSEUR (Ph.) et THIRY (G.). — Sur les cultures colorées de Bactéries considérées jusqu'à présent comme achromogènes 166 LASSIEUR (A.). — Hydrogénation ca- taly tique de l'acétone 795 LAUNOY (L.) et OECHSLIN [&.). — A propos de la sécrétine (Bayliss et MM. Pages. Starling) et de la vaso-dilatine (Po- pielski) 962 LAVERAN (A.) fait hommage du Tome V (191 2) du Bulletin de la So- ciété de Pathologie exotique 370 — ■ Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Montyon, Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut 52Ô — Des prix Montyon (Physiologie), Philipeaux, Lallemand, Pourat. . . . 527 — - Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour igiS 527 LAVERAN (A.) et MARULLAZ (M.).— Au sujet des toxoplasmes du lapin et du gondi 933 — Contribution à l'étude morphologique du Toxoplasma gondii et du T. cuni- culi I298 LÉAUTÉ (André). — Sur les précau- tions à prendre pour l'emploi de la résonance dans les essais de câbles électriques destinés à de hautes tensions 1 532 — Sur les oscillations à grande fréquence dans les arcs électriques très courts et sur les limiteurs de tension à in- tervalles multiples 1886 LÉAUTÉ (Henry) est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Montyon (Méca- nique), Poncelet 432 — Du prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — Du prix Saintour 648 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 1916 432 LEBEAU (P.) et DAMIENS (A.). — Sur une méthode d'analysedesmélanges d'hydrogène et d'hydrocarbures sa- turés gazeux, hydrogène, méthane, éthane et propane i44 — Sur une méthode d'analyse des mé- langes d'hydrogène et d'hydrocar- bures saturés gazeux : mélanges complexes 325 — Sur le dosage des carbures acétylé- niques et des carbures éthyléniques dans les mélanges d'hydrocarbures gazeux 557 — Sur la composition du gaz d'éclairage. 797 2102 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. • — ■ Sur la composition des mélanges gazeux résultant de l'action de l'eau sur les carbures d'uranium et de thorium 1987 LEBEAU (Paul) et PICON (Marius). — Sur l'action de l'acétylène mo- nosodé sur les iodures alcooliques. Préparation des carbures acétylé7 niques vrais T°77 LEBEUF est élu Correspondant de la Section d'Astronomie 936 LEBLANC (Maurice) pose sa candida- ture à une place de Membre libre ... 1 3o4 — Est présenté en troisième ligne 1422 — Est présenté en seconde ligne 1716 LE CHATELIER ( Henry) est élu mem- bre de la Commission chargée de juger le Concours : des prix Jecker, Cahours, Vaillant, Montyon (Arts insalubres) , , . . . 432 — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. L. Cailletet 121 1 LE CHATELIER (H.) et CAVAI- GNAC (M"e). — Fusibilité des corps gras naturels 589 LECLAINCHE et VALLÉE. — Sur la vaccination contre le charbon sym- ptomatique 989 LECLÈRE (A.). — Sur la genèse des mi- nerais de fer sédimentaires m5 LECORNU (L.). — Sur la sécurité en aéroplane 367 — Sur une cause d'explosion de chau- dière 5o4 — Est élu membre de la Commission chargée de juger les Concours : des prix Montyon (Mécanique), prix Poncelet 432 — Du prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — Du prix Pierson-Perrin 649 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 1916 432 LE DANOIS (Ed.). — Sur les Méduses recueillies dans le plankton pen- dant la croisière d'été 1912 du « Pourquoi-Pas ? » dans les mers du Nord, sous le commandement du Dr J.-B. Charcot 35l LEDUC (A.). — La loi de Guldberg et les états correspondants 65 — Chaleurs latentes de vaporisation et MM. l'aies, pressions maxima 225 LE FLOCH et TAFFANEL. — Sur la combustion des mélanges gazeux et les retards à l'inflammation 1 544 LÉGER (L.) et DUBOSCQ (O.). — Le cycle évolutif de Porospora porluni- darum Frenzel 19Î2 LÉGER (E.) et ROQUES (Ferdinand). — Contribution à l'étude de la car- piline ou pilosine 1687 LEHMANN (O.) fait hommage de ses Mémoires 187 LEMOINE (Georges) fait hommage à l'Académie, de la part de M. Co- lin, d'une lettre autographe de Berzélius 602 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours : des prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts insalubres), Berthelot, Vail- lant 432 LENOIR (Maurice). — Sur le début de la différenciation vasculaire dans la plantule des Veronica 1084 LEPIERRE (Charles). — Sur la non- spécifité du zinc comme catalyseur biologique pour la culture de l'Aspergillus nïger. Son remplace- ment par d'autres éléments 258 — Remplacement du zinc par le gluci- nium dans la culture de l'Asper- gillus niger 4°9 — Remplacement du zinc par l'ura- nium dans la culture de l'Asper- gillus niger 1 1 79 — Remplacement du zinc par le cuivre dans la culture de l'Aspergillus niger 1489 LÉPINE (R.) pose sa candidature à une place de Membre non résident. . i5i 1 LÉPINE (R.) et BOULUD. — Sur le sucre faiblement combiné dans le sang 1 1 o — Sur la sécrétion des deux reins com- parée 754 — Sur la diminution des chlorures dans l'urine sécrétée sous pression 19^8 LE ROUX (J.). — Sur la détermination des fonctions harmoniques 437 — Sur la détermination des fonctions harmoniques. Application au carré. 670 LEROUX (P.). — Étude magnétique de la constitution de quelques alliages d'antimoine 1 76,4 TABLE DES AUTEURS. 21 o3 MM. Pages. LESAGE (J.). — Myocarditc épizoo- tique du mouton 1730 LESAGE (Pierre). — Sur la courbe des limites de la germinationdes graines après séjour dans les solutions sa- lines 559 LESPIEAU et BRESCH. — Action de l'oxyde d'éthyle 1 fl dichloré sur les dérivés magnésiens mixtes 710 LEVAVASSEUR et GASTAMBIDE. — Sur un aéroparachute 1748 LÉVY (Paul). — Sur l'intégration des équations aux dérivées fonction- nelles partielles ,,. l5i5 — Sur l'intégration des équations aux dérivées fonctionnelles partielles. . . i658 LICHTENSTEIN (Léon). — Sur les fonctions fondamentales des équa- tions différentielles linéaires du second ordre et sur le développement d'une fonction arbitraire. Appli- cation de la théorie des formes qua- dratiques à une infinité de variables. 993 LINDEMANN (F.-A.) et BROGLIE (M. de ). — Sur les phénomènes opti- ques présentés par les rayons de Rrintgen rencontrant des milieux cristallins 1 642 , 1 4° 1 LIOUVILLE (Jacques). — Sur le poly- morphisme d'un Delphinidé des mers australes : Delphinus Cruciger Quoy et Gaymard 90 LIPPMANN (Gabriel), Président sor- tant, fait connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle public et les change- ments survenus parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année 1912 — Est délégué par l'Académie pour assister à l'inauguration du buste de Pierre Prévost — Rend compte de sa mission — Est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz, G. de Pontécoulant 43a — Des prix Hébert, Hughes, Henri de Parville, Gaston Planté, Kastner- i3 I3IO 1799 MM. l'aies. Boursault 432 — ■ Est élu membre de la Commission du Fonds Bonaparte i5ii — ■ Et d'une Commission chargée de présenter une liste de candidats à la succession de M. Alfred Picard i586 — Et de la Commission des Tables an- nuelles de constantes 1734 LITARDIÈRE (R. de). — Variations de volume du noyau et de la cel- lule chez quelques Fougères durant la prophase héterotypique . 562 LITTLEWOOD (J.-E.) et HARDY (G.-H.). — Sur la série de Fouricr d'une fonction à carré sommable. . . 1 107 LOCQUIN (R.) et BARBIER (Ph.). — Dégradation méthodique de divers acides saturés mono et bibasiques . . 1 i \ 3 LORIS-MÉLIKOV. — Les anaérobies dans la fièvre typhoïde 345 LUCAS-CHAMPIONNIÈRE est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours : des prix Montyon (Médecine et Chirurgie), Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut 526 — ■ Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour 191 5 527 LUGEON (Maurice). — Sur un nou- veau mode d'érosion fluviale 582 LUGEON (Maurice) et JÉRÉMINE (M"e Elisabeth). — Sur la présence de bandes calcaires dans la partie suisse du massif des Aiguilles- Rouges 1 473 LUIZET et GUILLAUME (J.). — Observation de l'occultation des Pléiades par la Lune, faite le 1 3 mars 1913, à l'Observatoire de Lyon. . . . 857 LUMIÈRE (Auguste) et CHEVRO- TIER (Jean). — Action des oxy- dants en général et des persulfates alcalins en particulier sur la toxine tétanique i4o4 — Sur la toxicité des vaccins antity- phiques 1 709 LUSIN (N.). — Sur la convergence des séries trigonométriques de Fourier. 1 655 C. R. '9' Semestre. (T. 1J6). 269 2104 TABLE DES AUTEURS. M MM. Pages. MAGNAN (A.). ■ — Rapports entre l'ali- mentation et les dimensions des caecums chez les Canards 85 — Données pour la construction d'un monoplan idéal tirées des carac- téristiques des Oiseaux 1746 — Adresse une Note intitulée : La mor- phologie des Oiseaux appliquée au calcul des dimensions d'une aviette. 1872 MAGNAN (A.) et PINARD (A.). — Sur la fragilité du sexe mâle 401 — Recherches sur la sexualité dans les naissances 1 3gG MAGUIN (R.) etLABBÉ (H.).— Contri- bution à l'étude des conditions de précipitation de l'albumine par l'acide picrique l4i5 MAGUNNA (H.). — Sur l'entretien mé- canique continu des verges vibrantes (diapasons, lames, etc.) 1370 MAIGNON (F.). — Influence des saisons et des glandes génitales sur les combustions respiratoires chez le cobaye 347 MAILHE (A.). — Sur les dérivés nitrés des oxydes d'orthocrésyle et d'or- thocrésylène 241 MAILHE (A.) et SABATIER (Paul). — Sur une méthode cataly tique d'isomérisation des chlorures et bromures forméniques 658 — Sur l'emploi du carbonate de calcium comme catalyseur des acides orga- niques et de leurs anhydrides 1730 MAILLARD (L.-C). — Formation des matières humiques par action de polypeptides sur les sucres n59 MALFITANO (G.) et MOSCHKOFF (M"è A.). — Pseudo-cristaux d'ami- don et cristaux de glucose 1412 — Défloculation de l'amidon et disso- lution du glucose 168 1 MAN (J.-G. de). — Sur une nouvelle observation de Crabes habitant les coquilles vides des Balanes 4°4 MANGIN (L.) est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Desmazières, Montagne, De Coincy, du grand Prix des Sciences physiques, Thore, MM. Pages. De la Fons-Mélicocq 433 MANOUÉLIAN (Y.). — Recherches sur le plexus cardiaque et sur l'in- nervation de l'aorte 1 846 MANSUY. — Les calcaires à Produclus de l'Indo-Chine io3o MAQUENNE (L.) et DEMOUSSY (E.). — Influence des conditions anté- rieures sur la valeur du quotient respiratoire chez les feuilles vertes . . 28 — Sur la valeur et un nouveau mode d'appréciation du quotient respira- toire des plantes vertes 278 — Sur la valeur des coefficients chloro- phylliens et leurs rapports avec les quotients respiratoires réels. '. 5o6 MAQUENNE (L. ) est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours des prix Jecker, Cahours, Montyon( Arts insalubres). A aillant. 432 — Du prix Bigot de Morogues 526 MARAGE. — ■ Action sur les centres auditifs de vibrations sonores com- plexes et intermittentes 1 55 — Inscription des mouvements respira- toires au moyen de la main 1091 — Pose sa candidature à nne place de Membre libre 1 3o4 MARCIIAL est élu membre de la Com- mission chargéede juger les Concours des prix Savigny, Cuvier . . . , 526 MARCILLE (R.). — Sur l'emploi des sels ammoniacaux en vinification 336 MARIE (Charles) demande à l'Acadé- mie de vouloir bien accorder son appui à l'œuvre de la publication des Tables annuelles de constantes et données numériques de Chimie, de Physique et de Technologie 1734 MARIE (P.-L.), GASTINEL (Pierre) et TEISSIER (Pierre). — De l'immunité vaccinale passive confé- rée par les injections intraveineuses de sérum variolique 82 MARTEL (E.-A.). — Sur l'étude des températures des eaux souterraines dans les captages pour l'alimenta- tion publique 74 1 MARTINET (J.) et GUYOT (A.). — Condensation des aminés aroma- TABLE DES MM. Pages, tiques primaires et secondaires avec les éthers mésoxaliques. Synthèse dans la série de l'indol 162 5 MARULLAZ (M.) et LAVERAN (A.). — Au sujet des toxoplasmes du la- pin et du gondi g33 — ■ Contribution à l'étude morphologi- que du Toxoplasma gondii et du T. cuniculi 1298 MARZYNOWSKA (M"e J.) et SCHID- LOF (A.). — Sur l'application de la loi de Stokes à la chute de très petites gouttes et à la détermination de la charge de l'électron io , MATHIAS (E.), CROMMELIN (C.-A.) et KAMERLINGH ONNES (H.). — Le diamètre rectiligne de l'argon. 129 MATIGNON (Camille). — Équilibre chimique dans l'action du gaz chlor- hydrique sur le sulfate de zinc 788 — Réduction de la magnésie par l'alu- minium 1157 — Préparation du baryum 1 378 — ■ La loi de volatilité dans les réactions chimiques 1536 MATOUT (L.), BECQUEREL (Jean) et WRIGHT (M"e W.). — Sur le phé- nomène de Hall dans l'antimoine. . . f63 MAUGUIN (Ch.). — Orientation des cristaux liquides par les lames de mica r> |6 MAURAIN (Ch.) et TOUSSAINT (A.). — • Mesure de pressions et de dépres- sions sur de grandes surfaces en déplacement dans l'air 3oo MAURICE (H.). — Sur les résultats des lancers des ballons-sondes faits au nord du cercle polaire 738 MAWAS (J.). — Forme, direction et mode d'action du muscle ciliaire chez quelques Mammifères 1 58 — Du rôle du tissu conjonctif du corps ciliaire dans la transmission de la contraction du muscle ciliaire et de l'importance de la zonule dans l'ac- commodation de l'œil 34 i8i3 475 1446 MM. Pages. MOLLIARD. — ■ Le Lepidium sativum rendu semi-parasite expérimentale- ment 1 694 MONTEIL pose sa candidature à une place de Membre libre 757, l3o4 MONTEL (Paul). — Sur les différen- tielles totales et les fonctions mono- gènes 1 820 MONTESSUS DE BALLORE (de). — Mégaséismes et phases de la Lune. 100 — Mégaséismes et saisons 4 T 4 — Tremblements de terre destructeurs et précipitations atmosphériques.. 11 94 MOREAU (L.) et VINET (E.). — Sur les effets comparés de l'arsenic et <'u plomb dans les traitements appli- qués contre les larves de Cochylis . . 906 MOSCHKOFF (M11» A.) et MALFI- TANO (G.). — Pseudo-cristaux d'amidon et cristaux de glucose . . 14 12 — Défloculation de l'amidon et disso- lution du glucose 1681 MOUCHEL-LA-FOSSE et BOUGAULT (J.). — Action des sulfites alcalins sur les acides éthyléniques 096 MOULIN (M.). — Sur la loi de déforma- tion du spiral plat des chronomètres. 1 5 1 8 — Errata relatifs à cette Communica- tion 1642 — Sur les courbes terminales du spiral droit i833 MOUREU (Charles) fait hommage d'un Mémoire intitulé : Recherches sur les gaz rares des sources thermales; leurs enseignements concernant la Radioactivité et la Physique du globe . 1 040 — Est élu membre de la Commission chargée de juger le concours : des prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts insalubres), Berthelol, Vail- lant 432 — Fait hommage d'un Mémoire intitulé: Recherches sur la constitution chimi- que de la spartéine, qu'il a publié avec M. Amand Valeur 108 MOUREU (Charles) et MIGNONAC (Georges). — Les cétimines 1801 MOUSSU (G.)', HENRY (A.) et RAIL- LIET (A.). — Recherches expéri- mentales sur le développement de la Douve hépatique (Fasciola hepa- tica L.) 95 MOUTON (H.) etCOTTON (A. (. — Biré- fringence magnétique de mélanges TABLE DES MM. Pages, liquides 1456 MOYCHO (Venceslas). — Étude de l'action des rayons ultraviolets sur l'oreille de lapin 577 — Etude de l'action des rayons ultravio- lets sur l'oreille de lapin. Influence de l'intensité. Irradiations intermit- tentes I2Ô8 MULLER (P.-Th.) et ROMANN (R.). — Sur la dissociation électrolytique d'un sel, régie par la loi des masses. i88 \t\ RAVAZ (L.) et VERGE (G.). — La ger- mination des spores d'hiver de Plas- mopara viticola 800 RAYLEIGH (Lord). — Sur la résis- tance des sphères dans l'air en mou- vement 109 REBOUL (G.). — Influence de la forme géométrique des solides sur les actions chimiques qu'ils éprouvent. 548 — Phénomènes capillaires dans les gaz : extension de la formule de Laplace au contact solide-gaz 688 — Réactions chimiques et rayons de courbure 1 376 RECOURA (A.). — Sur l'instabilité du fluosilicate ferrique et sa transfor- mation spontanée en un autre fluo- rure double de silicium et de fer.. . 1G1S KÉMOUNDOS (Georges) — Sur les fa- milles de fonctions algébroïdes. . . . 862 — Sur les séries et les familles de fonc- tions algébroïdes dans un domaine. 1141 RENAN (Henri). — Résultats de la dis- cussion des observations faites par MM. Delporte et Viennet, pour dé- terminer parla télégraphie sans 61 la différence de longitude entre l'Ob- servatoire royal de Belgique et l'Observatoire de Paris 758 RENARD (Paul) pose sa candidature à une place de Membre libre. 528, i3o; TABLE DES AUTEURS. 21 I I MM Pages. — ■ Est présenté en troisième ligne pour une place de Membre libre 1422 RENAUT (J.) pose sa candidature à une place de Membre non résident. 1 354 RENGADE (Etienne). — Sur les points de fusion, chaleurs spécifiques et chaleurs de fusion des métaux alca- lins 1897 RENGADE (Etienne) et COSTEANU (N.). — Sur les protosulfures an- hydres des métaux alcalins 791 RENZ (Carl). — La découverte du Trias et du Jurassique dans les mon- tagnes de Kopaïs (Grèce moyenne) . 1946 RETZIUS (Gustav) fait hommage du Tome XVII (Neue Folge) de ses Biologische Unlersuchungen 602 REUTTER (L.). — Recherches chi- miques sur les graines du cacaoyer. 1842 RIABOUCHINSKY envoie une Note Sur les propriétés de la fonction \x\. 924 RICHER (Paul). — Sur l'identification du crâne supposé de Descartes par sa comparaison avec les portraits du philosophe 188 RIÉTY (Louis). — - Force électromotrice produite par l'écoulement des solu- tions d'électrolytes dans les tubes capillaires [368 RIVIÈRE (Emile) pose sa candidature à une place de Membre libre 7Ï7 ROBERT (M»e C). — Rôle antitoxique du calcium vis-à-vis de quelques sels nutritifs dans la culture en milieu liquide du Pois et du Lupin 91 5 ROBIN (Albert). — Sur la minérali- sation comparée des régions cancé- risées du foie et des régions relative- ment saines 3 ï i — Sur le métabolisme des chlorures uri- naires chez les cancéreux 1262 — Sur la rétention des chlorures dans le foie et le sang chez les cancéreux. l4°9 — Recherches sur les variations de l'acide phosphorique dans l'urine et le foie des cancéreux 2018 ROBINSON (R.). — Les glandes géni- tales et le système dentaire 2016 ROCHAIX (A.) etCOURMONT (Jules). — De l'immunisation contre le sta- phylocoque pyogène par voie intes- tinale "17 > RODET (Joseph) adresse une Note inti- tulée : Stabilisation automatique de C. R., 1913, 1er Semestre. (T. K>6.) MM. Pages. l'aéroplane par le pendule 743 ROMANN (R.) et MULLER (P.-Th.). — Sur la dissociation électrolytique d'un sel, régie par la loi des masses. 1889 ROQUES (Ferdinand) et LÉGER (E.). — Contribution à l'étude de la car- piline ou pilosine 1687 ROSENBLATT (M. et M™) et BER- TRAND (Gabriel) — Activité de la sucrase de Kôji en présence de divers acides : 261 ROSENBLATT (A.). — Sur les surfaces irrégulières dont les genres satisfont à l'inégalité pg S 2 (pa +2) 42 — Sur les surfaces algébriques qui pos- sèdent un faisceau irrationnel de courbes de genre 2 290 ROSENSTIEHL (A.) prie l'Académie de vouloir bien le compter au nom- bre des candidats à la place va- cante, dans la Section des Acadé- miciens libres, par le décès de M. Teisserenc de Bort 664 — Est présenté en troisième ligne pour une place de Membre libre i4>2 — Est présenté en seconde ligne pour une place de Membre libre 1 7 1 6 ROTHÉ (E.). — Sur la réception des radiotélégrammes par des antennes multiples avec ou sans mise au sol. 774 ROULE (Louis). ■ — ■ Contribution à l'étude de la biologie du Saumon. . . 1 56l ROUSSEAUX (Eue), et SIROT (Mau- rice). — Les matières azotées so- lubles comme facteur d'apprécia- tion des farines 72 j ROUSSY (B.). — Théorie mathéma- tique de la loi géométrique de la surface du corps humain de dimen- sions quelconques [743], 1 1 71 ROUX (Emile) est élu membre des Commissions chargées de juger les Concours : du prix Bigot de Mo- rogues 526 — Des prix Montyon (Médecine et Chi- rurgie), Barbier, Bréant, Godard, du baron Larrey, Bellion, Mège, Argut 526 — Des prix Montyon (Physiologie expé- rimentale), Philipeaux, Lallemand, Povirat 527 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Pourat pour 191? 527 270 21 12 TABLE DES Pages MM. ROY (Louis). — Sur le mouvement des milieux visqueux indéfinis 1219 — Sur le mouvement des milieux vis- queux et les quasi-ondes 1 309 — Complément à deux Notes récentes sur le mouvement des milieux vis- AUTEURS. MM. Pages. queux indéfinis i665 RYDBERG (Y.-R.) adresse deux Notes intitulées : Sur les grandeurs fonda- mentales d'un système rationnel de di- mensions et Sur un système d'unités rationnelles 835 SABATIER pose sa candidature à une place d'Académicien non résident. 11 3a — Est classé en première ligne 1 196 — Est élu Membre non résident 12 10 — Adresse des remercîments i3o3 SABATIER (Paul) et MAILHE (A.).— Sur une méthode cataly tique d'iso- mérisation des chlorures et bro- mures forméniques 658 — Sur l'emploi du carbonate de calcium comme catalyseur des acides orga- niques et de leurs anhydrides 1 730 SABATIER (Paul) et MURAT (M.). — Préparation des trois cymènes et des trois menthanes 184 — Hydrogénation directe des éthers phénylacétiques : préparation de l'acide cyclohexylacétique 424 — Hydrogénation directe des éthers hydrocinnamiques : préparation de l'acide J3-cyclohexylpropionique. . . . j5ï — Préparation de plusieurs dicyclo- hexylbutanes 1 43o — Préparation de plusieurs diphényl- pentanes et des dicyclohexylpen- tanes correspondants ig5i SAGNAC (G.). — Strioscopes interfé- rentiels et interféromètres simplifiés à circuits inverses. Vibrations sta- tionnâmes sur une argenture trans- parente i838 SAINT-AUBIN (G. de) demande l'ou- verture d'un pli cacheté, qui con- tient une Note intitulée : Dispositif de sécurité en aéroplane 433 — Sur un appareil permettant de faire varier la surface portante d'un aéro- plane 1 1 3i SAINT-SERNIN (A.). — Dosage du calcium à l'état de tungstate 1019 SAMUELS (J.-A.). — Études cytolo- giques sur les relations existant entre le noyau et le développement des cristaux dans les cellules paren- chymateuses du périanthe à'Anthu- rium 1 275 SANNIA (Gustave). — Propriétés nou- velles des caractéristiques des équa- tions partielles linéaires du premier ordre en deux variables 60 5 SARASIN (Ed.) et TOMMASINA (Th.). — Sur une nouvelle étude de l'effet Voila, faite à l'aide de la radioacti- vité induite 1968 SAZERAC (R.) et AGULHON (H.). — Action des sels d'uranium et de l'uranium métallique sur le bacille pyocyanique 162 SAVOYAT adresse une Note intitulée : Sourciers, Baguette divinatoire. . . . 584 SCHAEFFER (Georges) et MAYER (André). — La composition des tissus en acides gras non volatils en cholestérine et l'existence pos- sible d'une « constante lipocytique », 487 — Coefficients lipocytiques et imbibition des cellules vivantes par l'eau 1253 SCHAUMASSE et FAYET. — Sur l'orbite provisoire de la nouvelle comète iqi3 a (Schaumasse) 1 447 SCHEUER (Otto) et DUANE (Wil- liam). — Décomposition de l'eau par les rayons a 466 SCHIDLOF (A.) et MARZYNOWSKA (Mue J.). — Sur l'application de la loi de Stokes à la chute de très pe- tites gouttes et à la détermination de la charge de l'électron 3o4 SCHLEGEL (C.) adresse un Rapport sur l'emploi qu'il a fait de la subven- tion qui lui a été accordée sur le Fonds Bonaparte, en 1912 i653 SCHLŒSING est élu membre des Com- missions chargées de juger les Con- cours : des prix Montyon (Méca- nique), Poncelet 432 TABLE DES AUTEURS. 21 l3 MM. Pages. — Des prix Jeeker, Cahours, Montyon (Arts insalubres), Berthelot, Vail- lant 432 ■ — ■ Du prix Bigot de Morogues 526 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 191 6 432 SCHLŒSING (fils) est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours du prix Bigot de Moro- gues 526 SCHWARTZ (Paul) adresse une Note relative à des Procédés particuliers de réception par télégraphie sans fil. 743 SCHWARTZ et VILLATTE. — Sur la première détermination de diffé- rence de longitude par télégraphie sans fil en Afrique occidentale fran- çaise 1 743 SCHWOERER est élu Correspondant pour la Section de Mécanique, en remplacement de M. Dwelshauvcrs- Dery 1 3o3 SEBERT est élu membre des Commis- sions chargées de juger les Concours : des prix Montyon (Mécanique), prix Poncelet 432 — Du Prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey 432 — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 1916 432 SEBOR (J.), STOKLASA (J.) et ZDOB- NICKY (V.). — Sur la synthèse des sucres par les émanations radio- actives 646 SÉE (Alexandre). — Sur un nouveau principe de stabilité longitudinale des aéroplanes 61 3 SENDERENS (J.-B.). — Oxydation des alcools sous l'influence de la cha- leur seule !9°9 SENDERENS (J.-B.) et ABOULENC (I.). — Éthers-sels dérivés de l'octa- nolj par la méthode des auteurs ; observations sur le principe de cette méthode 1620 — Errata relatifs à cette Communica- tion 2o38 SÉNÉCHAL (A.). — Sur les sulfates chromiques violets 552 SÉNÉCHAL (A.) et COLIN (H.). — Sur l'oxydation des complexes cobalto- organiques Ô25 MM. Pages. SEVERI (Francesco). — Les corres- pondances algébriques existant sur les courbes d'un système linéaire tracées sur une surface 287 SEYEWETZ (A.). — Action de l'acide chlorhydrique sur la quinone sulfo- nique go 1 SIMONIN. — Résultats de la discus- sion des observations faites pen- dant l'éclipsé du Soleil des 16- 17 avril 1912 i3o4 SIROT (Maurice) et ROUSSEAUX (Eue). — Les matières azotées so- lubles comme facteur d'apprécia- tion des farines 723 SIZES (G.). — Sur les vibrations trans- versales des cordes 1 234 SOREAU (Rodolphe). — Nouvelle for- mule approchée de la longueur de l'ellipse i5i3 SOULA (L.-C). — Activité des centres nerveux et catabolisme azoté de la substance nerveuse 728 — Des rapports entre l'anaphylaxie, l'immunité et l'autoprotéolyse des centres nerveux 1258 SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES (M. le), en accusant réception du Rapport relatif aux Niagaras, fait savoir à l'Académie qu'il lui com- muniquera les observations concer- nant l'électricité atmosphérique qui seront faites dans son service 936 SPARRE (de). — Sur les coups de bé- lier dans les conduites formées de sections de diamètres différents. . . . i52i STAICO (Emile) adresse un Essai tliéo- rique sur la mécanique de la magné- tochimie 648 STASSANO (Henri). — Contribution à la connaissance du plasma de pro- peptone 735 — Mode d'action de la substance anti- coagulante du plasma de propep- tone 912 STOKLASA (J.). — De l'influence de l'uranium et du plomb sur la végé- tation 1 53 STÔRMER (Carl). — Sur un problème important dans la Physique cos- mique 45o — Errata relatifs à cette Communica- tion 925 21 lf\ TABLE DES MM. Pages. — Sur un problème mécanique et ses applications à la physique cosmique. 536 — Errata relatifs : cette Communica- tion 926 — Sur une expédition pour l'observa- tion des aurores boréales à Bossckop au printemps de igi3. 1871 — Errata relatifs à cette Communica- tion 3o38 STOKLASA (J.), SEBOK (J.) et ZDOB- NICKY (V.). — Sur la synthèse des AUTEURS. MM. Pages. sucres par les émanations radio- actives 646 STROOBANT (P.). — Distribution des étoiles spectroscopiques sur la sphère céleste . 37 SURCOUF (Jacques). — La transmis- sion du Ver macaque par un Mous- tique 1 406 SZILARD (M.-B.). — Sur un électro- mètre à spiral 779 T TANON est présenté en seconde ligne pour le Cours complémentaire de Prolislologie pathologique du Collège de France 19(31 TABOURY (F.) et BODROUX (F.). — Bromuration de quelques cétones et de quelques alcools secondaires hydroaromatiques 1840 TABOURY (Félix) et GODCHOT (Marcel). — Sur l'x-chlorocyclo- pentanone et ses dérivés 332 — Sur l'hydrogénation catalytique de la camphorone et sur quelques nouveaux carbures cyclopenta- niques 47° — Sur quelques dérivés de la jj-méthyl- cyclopentanone 1 779 TAFFANEL et LE FLOCH. — Sur la combustion des mélanges gazeux et les retards à l'inflammation .... i544 TAMARKINE (J.). — Problème du développement d'une fonction arbi- traire en séries de Sturm-Liouville . i589 TARBOURIECH (P.-J.). — Sur la 2.2- diméthylcycloheptanone 75 TARNARIDER (M«e Th.). — Sur la meilleure approximation de |.i'|2', + 1 par des polynômes de degrés indéfi- niment croissants 672 TEISSIER (Pierre), GASTINEL (P.) et MARIE (P.-L.). — De l'immu- nité vaccinale passive conférée par les injections inlra-veineuses de sérum variolique 82 TELLIER adresse un Mémoire intitulé : La chaleur dans ses sources natu- relles 48 TONOLO (Angelo). — Sur le potentiel d'une ligne analytique 295 TOUSSAINT (A.) et MAURAIN (Ch.). — ■ Mesure de pressions et de dé- pressions sur de grandes surfaces en déplacement dans l'air 3oo TRABUT. — Sur la chlorose infectieuse du Citrus -' P TRILLAT (A.) et FOUASSIER (M.). — Sur la contamination du lait par le bacille typhique par l'intermé- AUTEURS. 21 15 MM. Pages, diaire de l'eau 19^6 TSCHERNING. — Une théorie de la vision 56ij TURPAIN (Albert). — L'inscription des signaux hertziens de l'heure. Possibilité d'inscrire directement et de déterminer sans calcul et au centième de seconde près l'heure envoyée par la Tour Eiffel 454 — L'inscription des signaux horaires et des télégrammes hertziens à l'aide d'un appareil Morse 61 5 — ■ Relais extra-sensibles pour télégra- phie sans fil 768 — Réception au morse de radiotélé- grammes et inscription photogra- phique simultanée 1 i5o — Application des galvanomètres à cadre extra-sensibles aux relevés géodésiques de haute précision. ... i3l2 TZITZÉICA (G.). — Sur les réseaux dé- rivés 374 — Sur les réseaux réciproquement déri- vés 666 — Sur une généralisation des surfaci-s minima non euclidiennes 1 1 36 u URBAIN (G.) et BOULANGER (Ch.). — • Théorie de l'efTlorescence des hydrates salins. Influence de la température URBAIN (G.) et CHAUVENET (Ed.). — Sur la densité des sels doubles. Cas des chlorures de cuivre et d'ammonium 1 320 URBAIN (J.-A.) et DUBARD (Marcel). — De l'influence de l'albumen sur le développement de l'embryon. . . . 1086 VAILLANT (P.). — Sur un procédé de mesure des grandes résistances pola- risables et son application à la me- sure de la résistance de bulles dans un liquide •. . . . ;"7 VAL UR (Amand) fait hommage d'un Mémoire* qu'il a publié avec M. Charles Moureu 108 VALIRON. — Sur les fonctions entières d'ordre nul 534 — Sur les fonctions entières d'ordre fini 1 1 38 VALLÉE et LECLAINCHE. — Sur la vaccination contre le charbon symp- tomatique 989 VALLOT (J.). — Valeur et variation de la température profonde du gla- cier, au mont Blanc 1 575 — La vitesse des glaciers en hiver et l'inanité de la théorie thermique de leur progression 19 18 VAN TIEGHEM est élu membre des 2Il6 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. Commissions chargées de juger les concours : des prix Tchihatchef, Gay " 432 — Du prix Binoux (Histoire des Sciences) 527 — ■ Médailles Arago, Lavoisier, Ber- thelot 527 — Des prix Henri Becquerel, Gegner, Lannelongue, Gustave Roux, Tré- mont 527 — Du prix Henri de Parville 648 — Du prix Petit d'Ormoy (Sciences na- turelles) 64.9 — Est élu membre des Commissions chargées de présenter : une question de prix Gay pour 1916 432 — Une question de prix Bordin (Sciences physiques) pour 1916 . . . . 644 — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats aux trois premières places de Membres non résidents 1052 VERDON (Ém.) et BOURQUELOT (Ém.). — La réversibilité des ac- tions fermentaires : Émulsine et méthylglucoside (3 957 — Recherches sur la synthèse biochi- mique du méthylglucoside [3 dans un liquide neutre, étranger à la réac- tion 1264 — De l'emploi de proportions crois- santes de glucose dans la synthèse biochimique du méthylglucoside (3. Influence du glucoside formé sur l'arrêt de la réaction 1 638 VERGE (G.) et RAVAZ (L.). — La germination des spores d'hiver de Plasmopara viticola 800 VERGNE (H.) et APPELL (P.). — Sur une transformation du mouvement d'un système holonome conservatif donné dans le mouvement d'un autre système donné de même li- berté 1800 VERMOREL (V.) et DANTONY (E.). — Sur les bouillies fongicides mouil- lantes i/(75 VERSCHAFFEL (A.) présente des Tables pour le calcul de la proces- sion en A. R. e! D, équinoxe de 1900, imprimées à l'Observatoire d'Abba- dia i8i3 VIEILLE est élu membre des Commis- sions chargées de juger les con- MM. cours : des prix Montyon (Méca- nique), prix Poncelet. — Du prix extraordinaire de la Marine, du prix Plumey — Est élu membre de la Commission chargée de présenter une question de prix Fourneyron pour 1916 VIGNON (Léo). — ■ Sur la composition du gaz d'eau VIGOUROUX (Ém.). — Sur les trans- formations des alliages de fer et de silicium — Errata relatifs à cette Communica- tion VILA (A.) et PIETTRE. — Préparation du fibrinogène par dialyse sur shop de saccharose V ILLARD est élu membre de la Com- mission chargée de juger le concours des prix Hébert, Hughes, Henri de Parville, Gaston Planté, Kastner- Boursault — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats aux trois premières places de Membres non résidents — Et de la Commission chargée de pré- senter une liste de candidats à la succession de M. L. Cailletet — Et de la Commission du Fonds Bo- naparte VILLAT (Henri). — Sur l'écoulement des fluides pesants — Sur la détermination des problèmes d'Hydrodynamique relatifs à la ré- sistance des fluides VILLATTE et SCHWARTZ. — Sur la première détermination de diffé- rence de longitude par télégraphie sans fil en Afrique occidentale fran- çaise VILLE (.1.) et DERRIEN (E.). — Cata- lyse biochimique d'une oxydation luminescente VINCENT (H.). — Action du vaccin an- tityphoïdique polyvalent, chez les sujets en incubation de fièvre typhoïde ou infectés au cours de l'immunisation VINET (E.) et MOREAU (L.). — Sur les effets comparés de l'arsenic cl du plomb dans les traitements appli- qués contre les larves de Cochylis. VIOLLE (Jules). — Sur les inconvé- Pages. 432 432 432 1995 1374 1642 1182 432 1052 I2II i5n 58 442 1743 821 906 TABLE DES AUTEURS. 21 17 MM. Pages, nients que pourrait causer aux appareils des Postes et Télégraphes le voisinage de certains paraton- nerres spéciaux dits niagaras 52° — Est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Hébert, Hughes, Henri de Parville, Gaston Planté, Kastuer- Boursault 432 — Est adjoint à la Commission chargée d'examiner les Communications relatives à la baguette divinatoire.. Il3i VIOLLE (Henri) et POTTEVIN (H.). — Sur les vibrions et leurs toxines. 2029 VLÈS (F.) et CIIEVROTON (M"" L.). — Cinématographie des cordes vo- M.M. Pages, cales et de leurs annexes laryn- giennes VOISENET (E.). — Nouvelles re- cherches sur un ferment des vins amers — Le ferment de l'amertume des vins consomme-t-il la crème de tartre ? VOLTERRA (Vito) fait hommage de ses Leçons sur les équations intégrales et les équations intégro-dijférenlielles. VRIES (Hugo de) est élu Correspon- dant de l'Académie pour la Sec- tion de Botanique 43 1 VUILLEMIN est élu Correspondant pour la Section de Botanique 526 949 1181 i/iio 756 w WAHL (A.) et BAGARD (P.). — Syn- thèses dans le groupe des indi- goïdes 898 — Synthèses dans le groupe des indi- goïdes 1 382 WALLERANT est élu membre de la Commission chargée de juger le con- cours : des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin 432 — Est adjoint à la Commission chargée d'examiner les Communications relatives à la baguette divinatoire. 991 WA-UTERS (Emile); Correspondant de l'Institut, fait hommage à l'Aca- démie, par l'organe de M. Lipp- mann, d'une brochure intitulée : Une œuvre inconnue de Raphaël. . . . l586 WELSCH (Jules). — Les dunes pri- maires de Gascogne; explication de leur formation 4'j6 — ■ Adresse un Rapport relatif à l'emploi qu'il a fait de la subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Bona- parte en 1912 664 WEISS (Pierre). — Sur la théorie ciné- tique du paramagnétisme des cris- taux 1G7 j — L'aimantation des cristaux et l'hypo- thèse du champ moléculaire l836 — Sur les champs magnétiques obtenus avec un électro-aimant muni de pièces polaires en ferro-cobalt. . . . '97° WERTHEIMER (E.) et BATTEZ (G.). — Sur le mécanisme de la sécrétion salivaire provoquée par l'injection d'eau salée dans les vaisseaux l?.5o WILMET. — L'Okapi 2006 WOLF est élu membre de la Commission chargée de juger le Concours des prix Pierre Guzman, Lalande, Valz, J. de Pontécoulant 432 WRIGHT (Mi'» W.), BECQUEREL (Jean) et MATOUT (L.). — Sur le phénomène de Hall dans l'anti- moine 4°3 WURMSER (René) et HENRI (Vic- tor)* — ■ Loi d'absorption photochi- mique élémentaire 23o — ■ Energie absorbée dans les réactions photochimiques 1012 WYROUBOFF (G.). — Quelques obser- vations à propos de la Note de Mile Feytis sur le magnétisme des sels anhydres et hydratés 1072 :ll8 TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. ZDOBNICKY (V.), STOKLASA (J.) et SEBOR (J.). — Sur la synthèse des sucres par les émanations radio- actives 6.46 ZEILLER est élu membre des Commis- sions chargées de juger les con- cours : des prix Delesse, Joseph Labbé, Victor Raulin 432 — ■ Des prix Desmazières, Montagne, De Coincy, du Grand Prix des Sciences MM. Pages, physiques, Thore 433 — Et de la Commission chargée de présenter une liste de candidats à la succession de M. L. Caillelet 121 1 ZILGIEN (H.). — Transformation du calomel en sels solubles de mercure dans les milieux digestifs 1 863 — Errata relatifs à cette Communica- tion 2o38 OAUTHIER-VILIARE 53o',4 IMPRIMF.UR-LIBRAÏP.E CES COMPTES RENDUS PES SEANCE: Paris. — <)uai des Grands-Augustins, 55. DE L ACADEMIE DEC SCIENCES m m « :> *Pi %£È* Y\ M : , p. ■ , 1 * a r- ■■?■>£ ■ ■ "V%",.W -y n ■! &* *