0 & W 7988 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES , DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. $*. <èùii>A~.UZ. — — __ PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHELIER , rue du Jardinet, 12. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIAS CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE «Lu. date vil 4$ vuilleb *835 PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME QUARANTE-DEUXIEME. JANVIER — JUIN 18SC. PARIS, MALLET -BACHELIER, IMPRIMEUR -LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Augustins, n° 55. 1856 . mjj ïqaoa'j aa aaj .mk ha<* COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »-€)-©-©-< SÉANCE DU LUNDI 7 JANVIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice- Président qui, cette année, doit être pris parmi les Membres des Sections de Sciences Naturelles. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i, M. Isidore Geoffroy-Saint-IIilaire obtient. . 29 suffrages. M. de Senarmont 20 M. Cordier 1 M. Coste 1 M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé Vice -Président pour l'année i856. M. Binet, Vice-Président pendant l'année i855, passe aux fonctions de Président. Conformément au Règlement, le Président sortant des fonctions doit, avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie; M. Regnaclt, Président pendant l'année i855, donne à cet égard les renseignements suivants : Publications de l'Académie. « Tome XXV des Mémoires de l'académie : il y a quatorze feuilles en épreuves, dont huit bonnes à tirer. C. R., i856 i« Semestre. (T. XLU, N° 1.) I ( 3) » Tome XXVI, commencé en mars 1 855 : il y a vingt feuilles tirées et vingt feuilles composées. » Tome XXVII, l'impression vient d'en être commencée tout récemment. » Tome XIV des Savants étrangers : est à la feuille quatre-vingt-treize. » Comptes rendus : le second semestre de i854 a été distribué; le pre- mier semestre de 1 855 est entièrement terminé, et il reste à publier la table du second semestre de la même année. » Volume de Prix, Supplément aux Comptes rendus, tome Ier : il y a quarante- sept feuilles tirées et huit composées; l'imprimerie a reçu la copie pour terminer l'impression de ce volume. Changements arrivés parmi les Membres et les Correspondants de V Académie depuis le \n janvier 1 855. » Membres décédés : M. Gauss, Associé étranger, le 23 février; M. Duvernoy, le Ier mars; M. Magexdif., le 7 octobre; M. Sturm, le 18 dé- cembre. » Membres élus : M. Delaunay, le 12 mars; M. Dacssy, le 9 avril; M. J. Cloquet, le 1 1 juin; M. le Vice-Amiral Du Petit-Thouars, le 6 août. » associé étranger élu : Sir John Herschel, le 23 juillet. » Correspondants décédés : M. Fodera (le décès est de 1848, mais n'a été annoncé qu'en 1 855) ; M. Braconxot, 23 janvier i855; M. IVeli.de Breauté, 3 février; M. de la Bêche, i3 avril; Sir Edw. Parrv, 8 juillet; M. Michaux, iZ octobre. » Correspondants élus : M. Haussmaxx, le 19 février; M. Malaglti, le 5 mars; M. Boxnet, le a3 avril; Delezenxe, le 4 jiun; M. Marshall Hall, le 3 décembre; M. Haidixger, le 24 décembre. » Membres à remplacer : M. Elie de Beaumost, Section de Minéralo- gie, élu secrétaire perpétuel le 19 décembre 1 853 ; M. de Mirbel, Section de Botanique, décédé le 1 2 septembre 1 854 j M- Magendie, Section de Médecine et de Chirurgie, décédé le 7 octobre 1 855 ; M. Sturm, Section de Géométrie, décédé le 18 décembre i855. » Correspondants à remplacer : M. Lejeuxe-Dirichlet, Section de Géo- métrie, nommé Associé étranger le 17 avril i854; M. Lixdexau, Section d'Astronomie, décédé le 21 mai i854; M. Herschel, Section d'Astronomie, nommé Associé étranger le 23 juillet i855;M. Nell de Breauté, Section d'Astronomie, décédé le 3 février 1 855 ; Sir Edw. Parrv, Section de Géo- graphie et Navigation, décédé le 8 juillet 1 855 ; M. Melloxi, Section de Physique générale, décédé le 1 1 août 1 854 5 M- Wallich, Section de Bota- nique, décédé le 3 mai 1 854; M. Prunelle, Section de Médecine et de (3) Chirurgie, décédé le 20 août i853; M. Braconnôt, Section de Chimie, décédé le 1 3 janvier 1 855; M. Michaux, Section d'Économie rurale, décédé le a 3 octobre i855. » L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux Membres appelés à faire partie de la Commission centrale administrative. MM. Chevreul et Poncelet réunissent la majorité absolue des suffrages. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. zoologie. — Note sur des œufs à plusieurs jaunes contenus dans la même coque; par M. Valenciennes. « Les recherches que nous avons entreprises, M. Fremy et moi, sur les œufs des Ovipares, nous ont conduit à en examiner un très-grand nombre, depuis deux ans. Il s'est présenté quelques cas extraordinaires que nous croyons devoir signaler à l'attention de l'Académie. » Celui qui se montre le plus rarement est un œuf à trois jaunes. Nous en avons observé trois exemplaires, et nous les avons fait dessiner après avoir durci ces œufs par la cuisson, et les avoir ouverts. Nous avons ainsi fixé les rapports des trois vitellus dans leur coque unique. On doit remarquer que ces jaunes sont petits, et sont loin d'avoir atteint leur grosseur nor- male. La sphère vitelline n'est pas régulière; ces jaunes sont déformés, ils ne se touchent pas entre eux : des couches plus ou moins épaisses d'al- bumine les séparent les uns des autres. Chaque vitellus était enveloppé dans sa membrane vitelline propre; dans l'un de ces œufs, une portion d'un des jaunes avait quelque peu flué, et avait formé un nuage jaunâtre dans la substance albumineuse. Leur grosseïir était celle des œufs ordinaires. Avant de les casser, je les ai fait couver pendant huit jours, afin de m'as- surer si la chaleur de l'incubation développerait les premiers linéaments du poulet, et par conséquent ferait naître quelque vaisseau de la figure veineuse. Je ne me suis décidé à les ouvrir qu'après m'ètre convaincu par cette expérience préalable que ces trois vitellus étaient sans vésicule ger- minative, ou, en d'autres termes, qu'ils étaient inféconds. » Pour faire comprendre comment nous avons pu nous procurer ces œufs remarquables, et comment nous espérons obtenir ceux qui arriveront à Paris dans le même état, je dois dire que tous les œufs qui arrivent au marché de la halle de Paris sont comptés et mirés par des hommes chargés de cette fonction par les soins prévoyants et intelligents de la po- 1.. (4) lice municipale de Paris. Ces compteurs ont une telle habitude, qu'ils reconnaissent à l'instant même l'état des œufs. Je saisis cette occasion de re- mercier ici publiquement devant l'Académie les différents contrôleurs de l'Administration municipale des complaisances qu'ils ne cessent d'avoir pour faciliter les recherches que je fais depuis tant d'années sur nos marchés. » Le nombre d'œufs consommés (i) l'année dernière a été de cent qua- rante et un millions. Les compteurs estiment qu'ils ne trouvent, dans l'année, que cinq ou six œufs contenant trois jaunes. » La rareté de ce fait m'a engagé à le communiquer à l'Académie. » Le nombre des œufs renfermant deux vitellus est un peu plus com- mun ; cependant, comparativement au grand nombre d'œufs livrés à la consommation, on ne tarde pas à reconnaître que cette duplicité n'est pas aussi commune qu'on le dit quelquefois. Sur le chiffre de cent quarante mil- lions, il faut réduire à deux ou trois cents au plus le nombre d'œufs ren- fermant deux jaunes ; on a remarqué que cette duplicité des jaunes dans une même coque paraît plus fréquente dans les arrivages du Mans, c'est-à- dire dans les œufs de poules de Normandie ou des départements de l'Ouest » J'ai fait couver un assez grand nombre de ces œufs, et ils n'ont jamais rien produit. Leurs jaunes ne se touchent pas; je n'ai pas trouvé les membranes vitellines réunies 5 leurs sphères sont toujours déformées. L'une d'elles est près du petit bout, et recouverte par l'autre; or, j'ai tou- jours vu la chambre aérienne de l'œuf se creuser et s'agrandir du côté du gros bout. Une seule des deux sphères vitellines serait donc placée près de l'air que le fœtus respire. Je n'ai pas trouvé de chalazes pour que la vésicule germinative soit nécessairement placée en dessus, et près du corps de la couveuse. Ce sont autant de causes qui doivent s'opposer au développement du petit, ou le rendre au moins incertain. Si j'entre dans ces détails, c'est que j'ai souvent entendu répéter qu'en faisant couver un œuf de deux jaunes,, on obtient deux poulets. Je crois que cette réussite doit être très-rare. » On a cherché aussi une explication pour rendre raison de la présence de deux jaunes dans une même coque. Je l'ai entendu attribuer au genre de nourriture, et surtout à ce que l'on donnait de la viande à manger aux poules. I^a séparation simultanée de l'ovaire et leur entrée commune dans l'oviducte sont dues à d'autres causes, car les expériences que j'ai faites dans ce but n'ont amené aucun résultat. On sait qu'il y a des poules-qui pondent presque toujours des œufs à deux jaunes ; mais elles sont libres, nourries comme (1) Voici le chiffre exact des œufs comptés, mirés et vendus snr le grand marché de la halle de Paris, relevé sur les contrôles authentiques : en i852, i35ji477° œufs, — en i853, 142582625, — en i854, 141955990. * (5) les autres volailles : la chute de deux vitellus, quand elle est fréquente chez une même poule, dépend de quelque constitution organique que je n'ai pas pu apprécier. » Nous avons trouvé d'ailleurs, pendant nos investigations sur les diffé- rentes espèces d'oiseaux, dans la classe entière, des exemples variés de cette duplicité. Je l'ai observée dans le Moineau domestique (Fringilla domes- tica , Lin.), dans l'Alouette des champs (Alauda cristata, Lin.), dans le Pigeon ramier (Columba palumbus, Lin.), dans la Tourterelle des bois (Co- lumba turtur, Lin.), dans le Canard musqué (Anas moschata, Lin.), et dans le Cygne [Anas olor, Lin.). » Puisque je suis conduit à donner ces détails sur les œufs d'oiseaux, j'en extrairai quelques autres de notre Mémoire; ils sont relatifs à la classe des Mollusques. Je n'ai jamais observé de cas de multiplicité de jaunes dans une même coque chez les œufs des Céphalopodes, et j'en ai ouvert un très- grand nombre. » Parmi les Gastéropodes pulmonés, dont les œufs sont très-gros dans quelques espèces, car dans le Bulimus ovatus, ils ont om,oi6 dans leur plus grand diamètre, je n'ai jamais trouvé d'œufs doubles. Ces œufs mul- tiples sont au contraire très-fréquents, et je dirai presque une condition normale, chez les Gastéropodes pectinibrancb.es. Il y a plus de quinze ans que je montre dans mes cours, et que l'on peut voir dans la collection du Muséum, des œufs doubles de Mollusques de genres et d'espèces diffé- rents. Le Fasciolaria persica, Lam., ne contient que deux jaunes qui se développent chacun séparément dans la même coque. Des capsules d'œufs de Fuseau de la Nouvelle- Hollande renferment régulièrement neuf petits; la grosse Turbinelle, Turbinella scoljmus , Lam., contient jusqu'à cin- quante-six œufs dans chaque coque. » J'ai ouvert un très-grand nombre d'œufs de cette espèce, et j'ai toujours trouvé les coquilles ayant déjà trois tours de spire réguliers, leurs plis carac- téristiques sur la columelle, et sans remarquer la moindre déviation dans la forme et dans le développement de l'animal. Je n'ai jamais observé rien qui ressemblât aux cas signalés dans le développement des Buccins qui ont aussi des œufs multiples. J'ai ouvert un très-grand nombre de coques d'œufs de Buccin , j'en ai vu éclore dans de grands baquets remplis d'eau de mer, et je n'ai pas été assez heureux pour rencontrer un de ces cas de monstruosités si extraordinaires. Les faits que je viens de citer ajoutent au Mémoire fort intéressant que M. Lacaze-Duthiers a publié dans la séance précédente. » Si je signale ces faits avec tant de détails, c'est que je crois de plus en* (6) plus utile de recommander aux jeunes gens pleins d'ardeur et de dévoue- ment pour l'étude de se mettre en garde contre la séduction du mer- veilleux. p Ces coques d'œufs de Mollusques, dont la forme est constante dans chaque espèce, n'ont pas été assez recherchées par les voyageurs, ni étudiées par les naturalistes. On les a considérées quelquefois comme des productions d'animaux de classes très-éloignées de celle des Mollusques. Les coques d'un Fuseau ont été regardées comme un Eschare (Eschara angulosa, Esper.) » J'ajouterai en terminant que je ne veux parler dans cette Note que de l'inclusion de deux ou trois, ou même davantage, vitellus isolés, plus ou moins entourés d'albumen, et renfermés dans une même coquille: Je me tais à dessein sur un autre cas tératologique, qui a cependant beaucoup d'analogie, celui d'un petit œuf à coquille dure et calcaire enfermé dans un autre, et dont plusieurs anatomistes ont parlé, en intitulant leurs Notices Ovum ovo prœg7ians . On en trouve plusieurs exemples cités dans le Recueil des Curieux de la Nature. » astronomie ET voyages. — Détermination de la latitude par les azimuts extrêmes de deux étoiles circompolaires; par M. Babixet. « Toutes les étoiles qui n'atteignent pas le zénith d'un lieu présentent, dans leur azimut, un maximum oriental et un maximum occidental sus- ceptibles d'être observés avec la plus grande précision, et qui constituent le moyen le plus exact de déterminer une latitude quand on suppose connue la distance polaire de l'étoile dont on observe les excursions extrêmes en azimut. On est alors à l'abri des incertitudes de la réfraction, de celles des pointés par des fils horizontaux qui, à cause de la dispersion et de l'absor- ption de l'atmosphère, causent de graves incertitudes; enfin la mesure du double azimut étant faite par le même pointé à droite et à gauche sur un même point lumineux pris à la même hauteur, l'erreur personnelle disparaît, comme dans le pointé du baromètre à siphon où les erreurs de pointé en haut et en bas de la colonne mercurielle sont égales et se compensent. J'ajouterai encore que les erreurs d'axe, tant pour l'axe horizontal et ses tourillons que pour l'axe vertical et ses inclinaisons variables, sont ou nulles dans ce cas, ou facilement rectifiables; il faut seulement admettre que les deux obser- vations d'azimuts extrêmes soient faites toutes deux de jour ou de nuit, ce qui est rendu de plus en plus indispensable par les nouvelles études faites en Angleterre et en Amérique où les équations de jour et de nuit viennent d'être simultanément indiquées. » Je m'étais, depuis longtemps, arrêté à ce procédé pour avoir la (7) latitude d'un lieu, et j'en avais entretenu divers savants praticiens ; mais, depuis quelques années, M. Sawitch a mis en pratique cette méthode non indiquée dans l'ouvrage de Baily et en a tiré le parti le plus avantageux possible. » Quant à ce qui est de la méthode qui fait l'objet de la présente Note, nous dirons que si l'on choisit une étoile dont la distance polaire & soit moindre que le complément de la latitude, elle présentera de part et d'autre du méridien deux azimuts extrêmes -4- A et — A séparés par une distance azimutale égale à a A. Cette distance étant mesurée et indépendam- ment de la réfraction, on a sine? = cosX sinA , X étant la latitude (1). » Il ne s'agit point ici d'une détermination qui puisse prétendre à une excessive précision. On veut une détermination géographique ou de voyage qui comporte une exactitude suffisante, et qui puisse s'obtenir en peu de minutes, sans baromètre, sans thermomètre, sans Tables de réfrac- tion et sans connaissance préalable du méridien. » Pour cela on observera. deux étoiles choisies de manière que pour la latitude où l'on se trouve, elles arrivent presque en même temps l'une à son excursion extrême en azimut du côté de l'orient, et l'autre à son amplitude azimutale maximum du côté de l'occident; et on mesurera sur le cercle ho- (1) Si l'on imagine un triangle sphérique ayant pour sommets le zénith Z, le pôle P et l'é- toile E ; le côté ZP sera le complément de la latitude , ou go° — X , le côté PE sera la distance polaire S de l'étoile, l'angle en Z sera l'azimut A de l'étoile, et si l'on appelle E l'angle à l'étoile, on aura, par l'opposition des sinus, sin E : sin (go° — \) : : sin A : sin S, d'où sin A ss sin E. cos A Pour avoir A maximum, il faut que sin E soit à son maximum, ce qui donne E = 90°. Alors pour l'azimut extrême A on a sin S = cos \ sin A , comme il a été admis dans le texte; de plus dans le triangle rectangle ZPE , on aura l'angle horaire/» de l'étoile par la formule cos p = tang S tang \ , tandis que la distance zénithale z , au moment de l'amplitude maximum en azimut, sera donnée par sin \ — cos z cos S. (8) rizontal de l'instrument la distance azimutale qui sépare ces deux excur- sions extrêmes des deux étoiles de part et d'autre du méridien. Cette obser- vation seule, cet arc seul mesuré, joint aux distances polaires à et c?' des deux étoiles, donnera la latitude X du lieu. En effet, si l'on nomme A et A' les excursions maxima en azimut des deux étoiles choisies, on aura sine? = cosXsin A, sind*'= cosXsin A,' et si l'on nomme q l'arc mesuré sur le limbe horizontal entre les deux azi- muts dont l'amplitude est A et A', on aura de plus A + A' = q ; éliminant A et A' entre ces trois équations, on en tire la valeur de X. Comme cet élément est toujours connu très-approximativement à l'avance, on pourra, sans faire de calculs difficiles, trouver ce qu'une variation hypothé- tique de cinq minutes, par exemple, dans la valeur de X produit sur la somme A -f- A' des deux azimuts, et voyant de combien la valeur q obtenue pour cette somme diffère de la valeur trouvée par une des hypothèses pré- cédentes, on calculera la correction à faire à la latitude X pour que la somme A -H A' soit précisément égale à q. Quand le calcul est préparé con- venablement, une ou deux minutes suffisent pour établir cette correction par une proportionnalité (i). (i) Soit X la latitude présumée trop petite, et \ + s une autre latitude présumée plus grande que celle du lieu où l'on observe. Je calcule A, et A', , puis Ai et A', pour les latitudes 1 et À -t- t : ce qui me donne A, -+- A', = qt , A2 + A', = q,. Ainsi une variation e dans la latitude introduit une variation q,— q, dans la somme des azimuts. Si maintenant l'observation donne cette somme égale à q, on trouvera l'addition x à faire à la plus petite latitude \ pour avoir la vraie latitude par la proportion *: qi — q,'.'. * : q — q,-~ Au reste, l'élimination algébrique a été faite par M. Cauchy, et ensuite au moyen de la for- mule tang(r + z) tang y -+- tang z = — ■> D ° cosjcosz qui sert à rendre calculables par logarithmes toutes les expressions binômes ou même tri- nômes, on fera, si l'on veut, le calcul arithmétique sans supposer aucune approximation préalable. (9) » J'ai employé pour cette détermination avec M. Emile Brunner, qui a mis à ma disposition un petit théodolite de voyage, et qui a fait lui-même les lectures et les rectifications d'instrument, les deux couples d'étoiles suivants : S de Cassiopée passant à son azimut extrême occidental vers 9b 26"° du soir. 0 de la grande Ourse, qui est à son azimut extrême oriental vers. . . gh 53m » et puis s de Cassiopée dont l'azimut extrême est vers ioh 2im » h de la grande Ourse, dont l'excursion extrême a lieu vers iob 38m » le tout vers l'époque du commencement de janvier et vers 49 degrés de latitude, de sorte que dans le premier cas on obtient sa latitude par des observations qui n'exigent une station et un ciel découvert que pendant vingt-sept minutes, et dans le second pendant dix-sept minutes seulement. » Comme il suffit de deux minutes au plus pour calculer la latitude d'après la lecture de l'angle azimutal q = A + A', il est évident qu'on pourra tout de suite déterminer l'un des azimuts, A par exemple, au moyen de l'équation , sin S sin A = — -1 cosx ce qui permettra de placer la lunette de l'instrument dans le méridien, et par suite d'avoir l'heure du lieu au moyen de la première étoile intertropicale connue et cataloguée qui viendra passer au fil du milieu de cette lunette. Ainsi un voyageur, au moyen d'un choix convenable de couples d'étoiles, pourra, dans chaque saison et dans chaque pays, obtenir en peu de mi- nutes la latitude et l'heure du lieu, et par suite sa longitude chronométri- que. Il évitera toutes les chances de dérangement d'instrument, d'incon- stance atmosphérique, d'accidents et de fatigue physique qui accompagnent toutes les observations faites aux étoiles. » Il serait facile de prouver que l'exactitude de ce procédé peut atteindre la précision des déterminations de la géodésie elle-même ; mais il sera tou- jours préférable, dans les installations géodésiques, d'observer la même étoile à ses deux excursions extrêmes à l'orient et à l'occident. » Mécanique. — Sur le calcul des effets des machines ; par M. Bukdiiv. « En 181 5, dans le n° 221 du Journal des Mines, le premier avant MM. Navier, Poncelet , Coriolis, Morin, Combes et autres savants qui de- puis ont tant fait pour la science des machines, je publiai ce qu'on a appelé C. R., i856, ier Semestre. (T. XLI1, N° 1.) 2 ( io) assez improprement le principe des forces vives appliqué à l'évaluation des: effets produits parles divers moteurs : qu'il me soit donc permis aujourd'hui d'ajouter un dernier mot à ce sujet, bien que nos principaux mécaniciens, bien que M. Poncelet surtout, si haut placé parmi eux, aient à diverses re- prises traité et presque épuisé cette importante matière. » Tous les moteurs J^ I Vdp-{ -^ m, — '- (disais-jeen i8i5) dépensés dans une machine quelconque se transforment en effets produits ou en tra- vaux utiles et inutiles \* / Qdq + "N m — /» _// y» ' /» // yj » Cette équation \ P4'+2m' ~~2 / Qdq — ^ m — = o, ayant lieu même avec les chocs, avec les extensions ou compressions de matières (puisque ces compressions ne sont que des effets inutiles redevenant plus ou moins moteurs suivant le degré d'élasticité), cette relation, dit-on, est peut-être le principe le plus important, le plus fécond et le plus utile des mathématiques appliquées; en effet, dans ce moment, il ne serait plus ' possible d'économiser, d'améliorer ou d'étudier avec un peu de fruit les moteurs employés en grand dans les usines, dans la navigation, dans les mines, dans l'agriculture, sur les chemins de fer et autres, si l'on ne recou- rait pas tout de suite à cette conversion générale des travaux des puis- sances en ceux des résistances que j'aurais dû appeler, en i8i5, le principe d'égalité entre les moteurs dépensés dans toute machine possible et leurs effets produits. » Les illustres savants Lagrange et- Poisson ont appliqué, avant moi bien entendu, le principe de d'Alembert à celui des vitesses virtuelles pour arriver à l'équation dite des forces vives, d'après laquelle un système de corps soumis à des forces X, Y et Z suivant trois axes rectangulaires (la différen- tielle Xdx-i-Ydq -j-Zdz étant complète et intégrable), reprend la même somme de forces vives V m — en revenant aux mêmes points ; mais ces grands géomètres ne pensèrent nullement à cette constante égalité des moteurs et des effets, dont la découverte cependant devait comme révolutionner la mécanique appliquée en grand, ainsi que l'observa, en i843, au nom de sa Section, feu M. Coriolis, en me présentant comme Correspondant aux hono- rables suffrages de l'Académie. » Revenant à l'objet de la présente Note, j'observerai qu'on s'est beau- coup occupé des moteurs et travaux mécaniques, que notamment les effets inutiles produits dans les machines par suite des frottements, résistances de ( »,' ) fluides, compressions de matières, inertie, vibrations et autres causes ont été, il est vrai, étudiées avec soin; mais comme jusqu'à présent aucun savant, à ma connaissance, n'a cru nécessaire de revoir en détail ou de reproduire mes calculs ou démonstrations de 1 8 1 5 , bien que cependant depuis cette époque les petites objections suivantes ont semblé jeter quelques doutes sur la complète généralité de l'égalité entre les moteurs et les effets, je suis doue aujourd'hui forcé de dissiper moi-même ces légers nuages planant encore sur une œuvre à laquelle on voudra bien me laisser attacher un peu de gloire, seid prix, jusqu'à ce jour, d'assez grands efforts et sacrifices en mé- canique. » Le célèbre Lagrange, son digne continuateur M. Poisson et bien d'au- tres encore, ont dit que pour appliquer le principe de d'Alembert à celui des vitesses virtuelles, il fallait, bien entendu, que les liaisons matérielles du système fussent indépendantes du temps ou restassent les mêmes avant et après chaque instant infiniment petit dt, afin que la différentielle du che- min décrit parles mobiles pût alors être prise pour leurs vitesses virtuelles. » Maintenant cette indépendance du temps existera-t-elle pour toutes les machines possibles? A cette question on peut, sans hésiter répondre oui, puisque dans le cas de pièces extensibles avec le temps, compressibles, dila- tables ou variables de forme en exerçant des efforts plus ou moins grands dans certains sens, on n'aura qu'à comprendre (comme je l'ai d'ailleurs fait pour les chocs) parmi les moteurs et les effets, ces intermédiaires plus ou moins analogues, dans ces cas, à des pistons que pousserait la vapeur ou qu'arrêterait l'air comprimé d'un cylindre soufflant. » Et si, comme le dit encore M. Poisson (en généralisant à l'excès ses suppositions ou abstractions), des mobiles doivent se trouver constamment sur une surface elle-même en mouvement, on voit qu'en considérant alors les vitesses absolues et non celles relatives, qu'en calculant aussi les espaces décrits d'une manière absolue, on n'aura plus à s'inquiéter ensuite de cette superposition de mouvements. » Il va sans dire que dans ces cas, comme dans tous ceux où l'on rai- sonne avec rigueur, il faut faire rémunération complète des données de la question, sans oublier surtout ni aucune force du système ni aucun de ses effets. » Sans doute une machine fonctionnant sur un vaisseau ou sur une voi- ture en mouvement pourra dans certains cas, par réaction ou autrement, communiquer des forces vives à son propre véhicule, mais s'il s'agit d'un petit moteur, comme celui d'une horloge, on négligera cet effet étranger, et 2.. ( 12 ) on se considérera opérant dans l'espace absolu. Au reste, cela se fait ainsi lorsque avec un canon on convertit le moteur dû à la poudre enflammée en des effets et forces vives (celles du boulet, des gaz enflammés, du canon reculant), sans s'inquiéter de celle due au globe acquérant dans ce cas une vitesse infiniment petite en sens contraire du boulet. » Supposons, par exemple, deux poids P et Q suspendus par un fil autour d'une poulie tournant dans le plan de ces poids. » Si l'axe horizontal et non fixe de cette poulie est enlevé verticalement par un deuxième fil enroulé sur une deuxième poulie à axe fixe suspendant un troisième poids R plus grand que P + Q, on sera probablement dans un des cas de M. Poisson, puisque P et Q se meuvent en sens contraire l'un de l'autre dans le plan vertical d'une poulie qui elle-même est entraînée de bas en haut par le fil de R. » Or notre principe d'égalité entre les moteurs et les effets se vérifiera sur ce double système comme sur tout autre, pourvu bien entendu qu'on considère à la fois les trois forces parallèles P, Q, R avec leurs vitesses ab- solues V, V et V", et pourvu qu'on appelle dp, dq et dr les différentielles des espaces p, q et r absolus et non relatifs décrits de haut en bas ou de bas en haut par les trois poids P, Q et R. » En d'autres termes, dp, dq et dr représentant le dérangement subit des mobiles ou leurs vitesses virtuelles, auront encore le même rapport entre eux après l'instant dt qu'avant. » La même chose aurait lieu si l'on remplaçait les deux poulies qui pré- cèdent par deux treuils montés sur les axes de ces poulies et autour des- quels seraient enroulés, avec des rayons différents, les trois fils suspendant les trois poids P, Q et R. » Bref, le grand et fécond principe de l'égalité entre les moteurs et les effets présente une certitude analogue à celle de nos théorèmes de géomé- trie ou du moins, sous ce rapport, il marche de pair avec le principe des vitesses virtuelles, démontré, comme on sait, par des mathématiciens aussi infaillibles que Laplace et Poisson. » NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de cinq Membres qui sera chargée de proposer le sujet du grand prix des Sciences Naturelles pour l'année 1857. MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards, Duméril et Brongniart réunissent la majorité absolue des suffrages. ( i3) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie a reçu depuis sa dernière séance, mais avant l'expiration de l'année i855, deux Mémoires destinés au concours pour des prix qui se- ront décernés en 1 856, savoir : i°. Un Mémoire écrit en latin et accompagné dé trois volumes de plan- ches sur la question proposée concernant les métamorphoses et la repro- duction des Infusoires proprement dits. Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 3 ; 2°. Un Mémoire écrit en allemand et accompagné d'un volume de planches sur la question concernant la distribution des corps organisés fos- siles dans les terrains de sédiment. L'auteur du dernier Mémoire annonce que, pour faciliter le travail de la Commission à laquelle son travail doit être soumis, il enverra prochaine- ment une rédaction française du texte qui ne sera d'ailleurs, comme on pourra aisément s'en assurer, que la reproduction fidèle de ce qui est exposé dans le présent manuscrit parvenu en temps utile à l'Académie. organographie végétale. — Sur les types obdiplostémone et diplosté- nione direct, ou de l'existence et des caractères de deux types symé- triques distincts chez les plantes diplostémones ; par M. Ad. Chatix. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie des Sciences, a notamment pour objet : i° de mettre en relief un type floral ( le type que je nomme diplostémone direct ou diplostémone proprement dit) qui, bien qu'observé par MM. Rob. Brown, Lindley, Adr. de Jussieu, Le Maout, etc., sur le Limnanthes, le Floerkea et le Coriaria, n'avait pas été apprécié dans sa signification morphologique, diamétralement opposée à celle du type (obdiplostémone) qu'on rencontre habituellement chez les Dicotylédones; a° d'établir que l'hypothèse du dédoublement des pétales pour former les étamines superposées à ceux-ci dans les Caryophy liées, ' les Géraniacées, etc., n'est pas fondée. Une planche, relative à l'anatomie d'une fleur de Géranium, accompagne le présent travail ; je renvoie, pour l'anatomie de la fleur des Limnanthes, aux dessins annexés à mon Mémoire sur les Limnanthées et les Coriariées ( Comptes rendus, il\ avril i854). ( >4 ) » I. Les fleurs à deux verticilles d'étamines de la grande majorité des Dicotylédones ( Géraniacées, Oxalacées, etc.) offrent, comme on sait, la symétrie suivante, avec laquelle s'accorde la loi de de Candolle sur l'oppo- sition des carpelles aux pétales et sur laquelle Aug. de Saint-Hilaire a cru pouvoir élever la théorie des Disques et celle du Dédoublement staminal des pétales : un verticille de sépales; un verticille de pétales; un verticille d'étamines superposé aux sépales ; un verticille de carpelles qui, lorsqu'il est complet, se superpose aux étamines extérieures et aux pétales dont il est séparé par celles-ci ; enfin, souvent, un verticille de glandes situées entre les étamines du rang extérieur et les sépales, là même où semblerait devoir exister une rangée d'étamines qui, plus extérieure que celle des éta- mines oppositipétales elles-mêmes, ferait rentrer la symétrie florale dans la loi d'alternance. J'avais autrefois cru pouvoir distinguer ce type floral sous le nom de type triplostémone, ce qui supposait que les glandes représentaient réellement un premier verticille de l'androcée resté rudimentaire; mais considérant, d'une part, que jamais on n'a vu ces glandes se changer en étamines, que l'organogénie (M. Payer, Traité d'Organogénie comparée, et nous-même, Recherches fies lois ou rapports entre l'ordre de naissance des étamines, etc.) et l'anatomie s'accordent pour établir qu'elles ne sont qu'une dépendance des étamines oppositipétales; d'autre part, que les deux verticilles des étamines naissent dans l'ordre centrifuge et non dans l'ordre centripète qu'on peut regarder comme étant l'expression du déve- loppement normal, je pense qu'il est convenable de le désigner par le nom de type obdiplostérnone, qui exprime simplement le fait de l'existence de deux verticilles d'étamines se développant de dedans en dehors, sans rien préjuger sur la structure théorique de la fleur. » II. Les fleurs des Coriariées et des Limnanthées parmi les Dicotylédones^ colles des Liliacées, des Asparaginées, des Amarvllacées-, des Palmiers, des Joncées, etc., parmi les Monocotylédones, présentent au contraire la struc- ture ci-après indiquée, contraire à la loi de de Candolle sur l'opposition des carpelles aux pétales, et absolument inconciliable avec la théorie d'Au- guste de Saint-Hilaire sur le dédoublement des pétales : un verticille de sé- pales, un verticille de pétales alternes aux sépales, un premier verticille d'étamines alternes aux pétales, un deuxième rang d'étamines alternes à celles du rang extérieur, enfin un verticille de carpelles alternes aux éta- mines de la rangée intérieure. Ajoutons que les deux verticilles de l'andro- cée naissent ordinairement dans l'ordre centripète, et nous reconnaîtrons dans le type diplostémone direct ou diplostémone proprement dit les ( '5) trois caractères suivants, réciproquement inverses des caractères du type obdiplostémone : i° le plus extérieur des deux verticilles dé l'androcée al- terne avec celui des pétales; i° le verticille des carpelles alterne aussi avec celui des pétales; 3° l'évolution de l'androcée est centripète et non centri- fuge. En se servant, comme critérium, de ces caractères, dont les deux premiers ont une valeur absolue, pour rechercher si d'autres Dicotylé- dones que les Coriariacées rentrent dans le type diplostémone direct , on reconnaît que l'on peut rattacher à ce type : les Papillonacées et les Cassiées par les rapports de position des deux verticilles de l'androcée (ca- ractère de valeur absolue) et par l'ordre d'évolution de celui-ci (caractère secondaire) observés par M. Schleiden, par M. Payer et par nous-même ; les Primulacées, chez lesquelles le verticille unique des étamines qui se su- perpose aux pétales est indiqué par l'organogénie comme représentant le verticille intérieur d'un androcée diplostémone dont le verticille extérieur, dernier né, avorte complètement ou est représenté par les languettes du Sa- molus et du Soldanella [ici le caractère secondaire tiré de l'évolution est renversé comme dans les Commélinées et les Loasées (Payer, Traité d'Or- gariogénie comparée) qui appartiennent, les premières au type diplostémone, les secondes au type obdiplostémone]; les Campanulacées enfin, qui n'of- frent qu'un rang d'étamines superposées aux sépales sans que jamais le verticille interne apparaisse, mais qui ont dans celles de leurs espèces isocarpellées (Campamila Médium, etc.), les carpelles superposés aux carpelles. Arrivé à ce point je fais remarquer que si quelques Primulacées et Campanulacées n'offraient pas, les premières l'indication du deuxième verticille d'étamines dans les premiers âges de la fleur, les secondes quel- ques espèces pourvues d'un verticille complet de carpelles, il eût été impos- sible de savoir auquel des deux types elles devaient être rattachées, et j'en conclus que le type diplostémone direct pourrait bien être encore plus fréquent chez les plantes Dicotylédones que ne l'établissent les présentes recherches. » III. Aug. de Saint-Hilaire a formé deux hypothèses sur la symétrie des fleurs diplostémones. La première, ou l'hypothèse des disques, tend à faire admettre dans ces fleurs un verticille calicinal, un verticille corollin, vin verticille d'étamines, plus deux disques formant chacun un verticille, et enfin les carpelles. Mais cette hypothèse, qui conduit souvent à admettre que l'androcée normal manque pour être remplacé par un androcée acci- dentel et qui n'est aucunement-applicable au type diplostémone direct, ne prenant quelque fondement, en ce qui touche le type obdiplostémone lui- ( i6) même, qu'en s!appuyant sur la seconde hypothèse, celle du dédoublement staminal des pétales, elle ne peut se soutenir qu'avec cette dernière, à laquelle je fais les objections suivantes livrées à l'appréciation des bota- nistes : » i°. Beaucoup de Caryophyllées, etc., offrent, comme l'ont signalé MM. Dunal et Moquin-Tandon, de véritables pétales dédoublés; mais le limbe interne provenant du dédoublement ne porte pas d'anthères et coexiste avec les étamines qu'Auguste de Saint-Hilaire présume fournies par dédoublement. » 2°. La situation extérieure des étamines oppositipétales s'explique par l'évolution centrifuge d'un androcée diplostémone ordonné sur le verticille des carpelles (lequel naît toutefois après ceux de l'androcée). » 3°. Si l'adhérence des étamines aux pétales (Caryophyllées) est un caractère de leur formation par le dédoublement de ceux-ci, pourquoi cette adhérence existe-t-elle dans les Corolliflores à étamines alternes aux pétales (Solanacées, etc.)? » 4°- Si l'adhérence et l'opposition des étamines aux appendices floraux est une preuve de leur origine par dédoublement, les Liliacées, etc., chez lesquelles les deux verticilles des étamines sont respectivement adhérents et opposés aux éléments des deux enveloppes florales, manquent donc d'androcée normal ? » 5°. L'organogénie établit péremptoirement que les étamines super- posées aux pétales dans les Géraniacées, Caryophyllées, etc., naissent d'abord loin de ceux-ci et ont une origine aussi indépendante que les étamines superposées aux sépales. » 6°. J'ai vu dans le Cucubulus baccifer les pétales n'apparaître qu'a- près les étamines, auxquelles ils devraient, dans l'hypothèse, donner nais- sance. » 70. Chez plusieurs Caryophyllées et dans une Géraniacée, le Rhjrncho- theca, les deux verticilles des étamines existent, mais la corolle manque. Comment le verticille alternisépale de l'androcée serait-il engendré par ce qui n'existe pas? » ( »7) physique. — Deuxième Note sur les soupapes électriques. Réponse aux Observations de M. Riess; par M. J.-M. Gaugain. (Présentée par M. Despretz.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.) « Le journal l'Institut, dans son numéro du 1 9 décembre dernier, rend compte d'un Mémoire qui a été présenté par M. Riess à l'Académie des Sciences de Berlin, et dans lequel il est question de l'appareil que j'ai nommé soupape électrique. D'après le résumé de Y Institut, M. Riess a répété, en les modifiant, les expériences qui se trouvent décrites dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le 19 mars dernier, et il a constaté l'exactitude des résultats que j'ai annoncés, mais il leur attribue une signifi- cation différente de celle que je leur ai assignée ; j'ai regardé comme établi que les courants induits inverses (les courants de fermeture) ne concouraient en aucune façon à la production des phénomènes observés, et en conséquence j'ai cru pouvoir dire que l'appareil décrit dans ma Note remplit le rôle d'une soupape par rapport aux courants directs (courants d'ouverture), puisqu'il laisse passer ces courants lorsqu'ils marchent à travers l'œuf de la boule couverte à la boule nue, et qu'il cesse de les transmettre lorsqu'ils ont une direction opposée. M. Riess explique au contraire les faits observés, en disant que le courant direct passe seul quand la boule couverte, est rendue positive par ce courant, et que les deux courants, direct et inverse, sont successivement transmis quand la boule couverte est négative pour le courant direct; je vais essayer de justifier l'interprétation que j'ai admise et exposer en même temps de nouveaux faits. » D'abord il serait extrêmement étrange que le courant inverse, qui ne peut pas traverser l'air raréfié de l'œuf électrique quand les deux boules sont nues, pût se propager entre ces deux boules quand l'une des deux est presque complètement recouverte d'une substance isolante; mais voici une obser- vation qui me paraît absolument incompatible avec l'interprétation propo- sée par M. Riess : on sait que les courants induits directs que fournit l'ap- pareil de Ruhmkorff peuvent traverser, sous forme d'étincelles, des couches d'air assez épaisses lors même que l'air est à la pression ordinaire, tandis que les courants inverses ne donnent jamais d'étincelles et ne peuvent pas franchir la plus mince couche d'air sous la pression ordinaire; d'après cela, lorsque le circuit induit de l'appareil de Ruhmkorff présente quelque part une solution de continuité et que cette solution de continuité se trouve plongée dans l'air non raréfié, il est hors de doute que les courants directs C R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 1.) 3 ( i8) peuvent seuls la franchir; or, si après avoir disposé les appareils de la manière que j'ai indiquée dans la Note citée plus haut {Comptes rendus, tome XL, p. 640), on ménage quelque part, en dehors de l'œuf et à l'air libre, une solution de continuité dans le circuit induit, la marche du galvanomètre est absolument la même que dans le cas où le circuit se trouve interrompu à l'intérieur de l'œuf seulement, et cependant, comme je viens de le dire, il est certain qu'alors les courants inverses sont exclus. » L'opinion de M. Riess me paraît exclusivement basée sur ce fait, que l'on aperçoit de la lumière à l'intérieur de l'œuf soupape, lors même que le courant direct est dirigé de la boule nue à la boule couverte et que l'ai- guille du galvanomètre se tient à zéro; mais cette observation n'est nulle- ment concluante. Si, au lieu de laisser à nu une petite partie de la surface de la boule couverte, on enveloppe complètement cette boule avec une sub- stance isolante, on ne cesse pas pour cela d'apercevoir de la lumière, bien qu'alors les courants directs aussi bien que les inverses soient complètement arrêtés au passage; la lumière électrique peut donc se manifester sans qu'il y ait à proprement parler de courant transmis. » J'ai fait un certain nombre de recherches sur les aspects variés que présente la lumière électrique à l'intérieur de l'œuf soupape; mais je n'avais pas cru devoir les publier, parce que je me proposais de faire une étude plus approfondie de la question. Des circonstances indépendantes de ma volonté m'en ont empêché : voici toutefois les observations que j'ai pu faire; elles sont peu d'accord avec celles de M. Riess, mais cela tient sans doute en très-grande partie à la différence des appareils dont nous avons fait, usage. M. Riess a trouvé que la lumière électrique présentait à peu près les mêmes apparences, quelle que fût la direction du courant induit ; que seulement dans le cas où il y avait déviation de l'aiguille, la lumière était plus calme et plus uniforme que dans l'autre cas : j'ai trouvé, au contraire, que les apparences lumineuses variaient non-seulement avec la direction du courant, mais encore avec la pression de l'air raréfié. » Quand le courant marche à travers l'œuf de la boule couverte à la boule nue, les apparences lumineuses sont les mêmes que si les deux boules étaient nues; on observe une gerbe lumineuse rouge, plus ou moins dilatée, qui semble s'échapper du petit trou de la boule couverte, une gaine de lumière bleue qui enveloppe la boule nue, et une couche obscure qui sépare la lumière rouge de la lumière bleue. Quand le courant marche de la boule nue à la boule couverte, la disposition de la lumière varie avec la pression de l'air contenu dans l'œuf, et les transformations qu'elle subit ont une corrélation remarquable avec la marche du galvanomètre. Si l'on fait ( >9) varier la pression depuis 7 à 8 millimètres jusqu'au vide le plus parfait qu'on puisse obtenir, la déviation du galvanomètre va d'abord en augmen- tant, comme je l'ai précédemment indiqué ; puis, après avoir atteint une valeur maximum, elle décroît, devient nulle pour une certaine pression, et change de signe enfin pour une pression plus faible. Or, pendant que l'aiguille du galvanomètre exécute ces divers mouvements, la lumière de l'œuf présente successivement trois aspects différents : elle affecte d' abord une certaine disposition qu'elle conserve depuis l'instant où l'on commence à observer jusqu'au moment où la déviation du galvanomètre atteint son maximum; alors une transformation s'opère, et l'on voit se produire un nouvel arrangement des couches lumineuses, qui persiste jusqu'au moment où l'aiguille du galvanomètre franchit le zéro : à ce moment la lumière subit une seconde transformation. » Pour décrire les trois aspects différents dont je viens de parler, il est indispensable d'indiquer les dispositions particulières de l'œuf soupape dont je me suis servi. Cet œuf était un œuf électrique ordinaire, tel que les construit M. Ruhmkorff , seulement la boule supérieure et sa tige étaient enfermées dans une petite cloche de verre de 2 centimètres environ de diamètre, qui était mastiquée à sa base avec de la gomme laque ; un petit trou de 1 milli- mètre environ de diamètre avait été foré au sommet de la calotte sphérique qui terminait la cloche, et cette calotte touchait la boule de laiton. » Voici maintenant les trois aspects que présente successivement la lumière. Pendant la première des périodes dont j'ai parlé (depuis le com- mencement des observations jusqu'au moment où la déviation du galvano- mètre atteint son maximum), la disposition des couches lumineuses est à peu près la même que si les boules étaient nues; pendant la deuxième période, cette disposition devient très-complexe : i° la boule inférieure et sa tige sont enveloppées d'une auréole bleue ; 20 une gerbe de lumière rouge s'étend entre les deux boules ; 3° tout l'espace compris entre la boide supérieure et la cloche qui lui sert d'enveloppe est rempli de lumière bleue ; 4° la partie sphérique de la cloche est extérieurement enveloppée d'une auréole bleue; 5°enfin,la partie cylindrique de cette même cloche est extérieurement enveloppée d'une ^couche de lumière rouge. Pendant la troisième période, les couches lumineuses que je viens de décrire sous les numéros 1 , a et 3 persistent, la calotte bleue n° 4 disparaît, et le cy- lindre n° 5 devient bleu, de rouge qu'il était; en même temps on voit apparaître un petit jet de lumière rouge qui semble s'élancer du trou de la cloche de verre. » Il me serait impossible d'expliquer dans tous leurs détails les phénomènes 3.. (»o) compliqués que je viens de décrire rapidement; mais l'apparition de la lumière bleue, qui se manifeste pendant la deuxième et la troisième période sur la boule positive, me paraît une raison suffisante de croire qu'il se pro- duit successivement, à l'intérieur de l'œuf, deux mouvements électriques de directions opposées, quand le vide est suffisamment parfait et que le courant est dirigé de la boule nue à la boule couverte. Sur ce point je suis, comme on le voit, d'accord avec M. Riess; seulement, au lieu d'admettre avec ce savant que les deux mouvements électriques contraires qui se succèdent sont dus au passage des courants direct et inverse, je crois que le courant direct pénètre seul dans l'œuf, et que, rencontrant là un obstacle qu'il ne peut franchir, il éprouve une sorte de réflexion. En d'autres termes, je crois que l'œuf soupape, dans les circonstances indiquées, joue le rôle d'un carreau fulminant. » En terminant, je crois devoir indiquer une application des soupapes électriques que le défaut d'instruments m'empêche de tenter, et que je serai heureux de voir réaliser. Tout le monde s'accorde à penser que les courants induits d'ordres supérieurs, et les courants induits par la décharge de la bouteille de Leyde, sont formés d'une succession de courants ayant des directions opposées ; mais, bien qu'il n'y ait guère de doute sur ce point de théorie, ;1 serait assurément intéressant de dédoubler (si je peux m'expri- mer ainsi) les courants dont je viens de parler. Je crois qu'on pourrait atteindre ce but au moyen des soupapes électriques en procédant de la ma- nière que j'ai indiquée ( Comptes rendus, tome XL, page 641 )• » arts graphiques. —Nouveau procédé de gravure dit hélioplastie, et impres- sion photographique aux encres grasses sur pierre et autres surfaces ; par M. A. Poitevin. (Communication faite par M. Becquerel.) (Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Séguier.) « L'action réductrice de la lumière sur les sels formés par l'acide chro- mique avec les diverses bases, et principalement sur le bichromate de po- tasse en présence des matières organiques, a été utilisée depuis longtemps par M. Ponton pour les positifs sur papier, et par M. Edmond Becquerel pour des études sur l'action chimique de la lumière; plus récemment M. Talbot l'a employée pour la gravure chimique des planches d'acier, et M. Testud de Beauregard s'en est servi pour obtenir des images de diffé- rentes teintes sur papier. Dans ces diverses applications, l'acide chro- mique réduit par la lumière forme le corps colorant qui doit produire le dessin, ou bien il transforme une matière organique en vernis impénétrable (■* ) a l'agent chimique qui doit creuser l'acier dans les parties non impres- sionnées. » M. Poitevin a fait deux nouvelles applications de cette action de la lumière sur les mélanges des sels à acide chromique et des matières organiques gélatineuses et gommeuses pour produire immédiatement des gravures en relief ou en creux, ou pour appliquer par leur intermédiaire les corps gras ou les encres grasses sur les parties impressionnées des surfaces qui en ont été recouvertes. » Le procédé de gravure que M. Poitevin nomme hélioplastie repose sur la propriété qu'a la gélatine sèche et imprégnée d'un chromate ou bi- •chromate, et soumise à l'action de la lumière, de perdre la propriété de se gonfler dans l'eau, tandis que la gélatine ainsi préparée et non impression- née s'y gonfle d'environ six fois son volume. » On applique une couche plus ou moins épaisse de dissolution de géla- tine sur une surface plane, de verre par exemple, on la laisse sécher et on la plonge ensuite dans une dissolution d'un bichromate, dont la base n'ait pas d'action directe sur la gélatine; on laisse sécher de nouveau, et on impres- sionne, soit à travers un cliché photographique, soit à travers un dessin po- sitif, soit même au foyer de la chambre noire. Après l'impression qui doit varier selon l'intensité de la lumière, on plonge dans l'eau la couche de gé- latine ; alors toutes les parties qui n'ont pas reçu l'action de la lumière se gonflent et forment des reliefs, tandis que celles qui ont été impressionnées ne prenant pas d'eau, restent en creux. On transforme ensuite cette surface de gélatine gravée en planches métalliques en la moulant, ou en plâtre avec lequel on obtient par les procédés connus des planches métalliques, ou bien on la moule directement par la galvanoplastie après l'avoir métallisée. » Par ce procédé, les dessins négatifs au trait fournissent des planches- métalliques en relief pouvant servir à l'impression typographique, tandis que les dessins positifs donnent des planches en creux pouvant être impri- mées en taille-douce. » Le second procédé que M. Poitevin emploie pour appliquer photographi- quement les corps gras sur le papier, la pierre, les surfaces métalliques, etc.,. par l'intermédiaire de l'action de la lumière sur les mélanges des sels à acide chromique avec les matières organiques gommeuses ou mucilagineuses, con- siste à appliquer une ou plusieurs couches de ce mélange sur les surfaces, et, après dessiccation, à les impressionner à travers les négatifs des dessins à reproduire. En appliquant ensuite l'encre grasse au moyen d'un tampon ou d'un rouleau, elle ne restera adhérente que sur les parties qui auront subi l'action de la lumière. Il a également appliqué sur diverses surfaces et ( M ) en se basant sur le même principe des couleurs quelconques soit en pou- dre, soit liquides. » M. Poitevin prie M. le Secrétaire perpétuel d'ouvrir le paquet cacheté qu'il a déposé dans la séance du 10 décembre i855, et qui renferme une Note relative à ces deux nouveaux procédés et des épreuves de gravures et de lithographies obtenues de cette manière sans aucune retouche. » photographie. — Communication d'épreuves de gravures sur pierre obtenues par M. Poitevin , d'après les photographies faites au Muséum d Histoire naturelle par M. L. Rousseau, faite par M. Valencie.\nes. (Renvoi à la Commission de Photographie.) « A la suite de la communication de M. Becquerel, du procédé de M. Poi- tevin, M. Valenciennes met sous les yeux de l'Académie des épreuves de gravures sur pierre, faites par M. Poitevin, obtenues sur des négatifs dus aux soins de M. L. Rousseau, qui a déjà montré à l'Académie avec quelle persévé- rance il cherche à appliquer la photographie à l'usage de l'histoire naturelle. L'une des deux planches représente le Dobb d'Algérie, espèce de Fouette- Queue, voisine de Y Uromastix spinipes , si ce n'est le même. L'autre est la reproduction du grand et beau Stylaster, Edw., rapporté de Bourbon, dès i8o3, par Péron, et que Lamarck a fait connaître sous le nom de Oculina flahelliformis . » mécanique céleste. — Mémoire sur le mouvement de la Terre autour de son centre de gravité ; par M. Jullien. (Commissaires, MM. Poinsot, Cauchy, Liouville, Binet.) L'auteur, en adressant de Rome ce Mémoire, y joint l'indication sui- vante : « Un illustre Membre de cette Académie a montré récemment comment la méthode des couples conduit par une voie facile à des formules qui repré- sentent le mouvement de la rotation de la Terre, d'une manière approchée, quant à ses traits les plus apparents. Poursuivant la même voie, j'arrive, à l'aide d'une analyse extrêmement simple, non-seulement aux formules du mouvement de la Terre données par Laplace, mais aussi aux formules plus complètes dues à Bessel, dont les astronomes se servent actuellement dans les recherches qui exigent la plus grande précision. (a3) » Tout le calcul se réduit à des compositions de couples suivant la loi du parallélogramme, et à des intégrations immédiates de fonctions circu- laires. » analyse mathématique.— Mémoire sur la décomposition des polynômes de degré pair en facteurs rationnels du second degré; par M. Rouget. « En adressant à l'Académie, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, la démonstration d'un théorème énoncé depuis longtemps, je demande la permission de faire remarquer que l'emploi des symboles imaginaires se trouve rigoureusement banni des raisonnements et des calculs tendant à établir ce principe fondamental : peut-être l'Académie jugera-t-elle qu'il y aurait lieu de l'introduire dans les éléments d'algèbre. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Liouville, Lamé et Chasles. ) L'Académie renvoie à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission spéciale du concours pour le prix du legs Bréant : i°. Un Mémoire adressé de Rome par M. Sabbatlvi ,îMr l'efficacité des bains généraux chauds de chlorure de calcium dans le traitement du cho- léra-morhus asiatique. Ce Mémoire, écrit en italien, est accompagné de deux opuscules sur le même sujet, publiés par l'auteur, et d'un opuscule également relatif à sa méthode de traitement et imprimé à Venise. 20. Un Mémoire sur le traitement du choléra, adressé de Montbron (Charente) par Me Eyssartier. Ce Mémoire est transmis par la Faculté de Médecine, à laquelle il avait été adressé par erreur. CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie un certain nombre de tableaux imprimés et autres documents relatifs à la météorologie, publiés par X Observatoire météorologique de V Ecole Polytechnique de Lis- bonne, tant d'après les observations faites à cet observatoire sous la direc- tion de M. Dias Pegado (mai à octobre i855), que d'après des renseigne- ments authentiques puisés à d'autres sources nationales ou étrangères. Une Commission, composée de MM. Becquerel, Pouillet, Le Verrier, est invitée à prendre connaissance de ces documents et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport à l'Académie. ( *4 ) M. Haidinger , nommé récemment à une place de Correspondant pour la Section de Géologie, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Germain de Saint-Pierre prie l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique, et adresse un exemplaire d'une Notice sur ses travaux bota- niques publiée à l'occasion de cette candidature. physique du globe. — Sur les tremblements de terre qui ont renversé, en août i853, la ville de Thèbes. (Extrait d'une Lettre de M. Gaudry.) « Pikermi , i5 décembre i855. » J'arrivai en Grèce peu de temps après l'époque où cette cité célèbre fut détruite, et je recueillis à Athènes des récits détaillés sur l'événement; mais alors je n'eus pas le temps d'aller jusqu'en Béotie vérifier leur exacti- tude et je m'abstins de les transmettre. Cette année, j'ai pu visiter les ruines de Thèbes, et obtenu des renseignements précis que je vous prie, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir bien communiquer à l'Acadé- mie des Sciences. » La Grèce et les îles Ioniennes sont très-sujettes aux tremblements de terre ; il est rare d'y voyager longtemps sans ressentir quelques secousses ; nous-même, il y a peu de jours (10 décembre), étant à Kalamaki, nous avons éprouvé une commotion qui dura environ deux secondes. C'est aux mouvements du sol qu'il faut attribuer la destruction du plus grand nombre des monuments antiques de la Grèce. L'histoire de la Grèce est remplie de récits des tremblements du sol. Pour ne parler que de la Béotie, je rappel- lerai que Strabon signale en plusieurs passages de sa Géographie des secousses survenues dans cette contrée. Il attribue sa séparation d'avec l'île d'Eubée à un violent tremblement de terre, et il cite à ce sujet les vers d'un ancien poète. Les peuples de la Béotie ont conservé la tradition de plusieurs tremblements : au temps de la domination turque, Thèbes fut complètement renversée. Depuis un grand nombre d'années, cette ville jouissait d'une tranquillité parfaite; seulement, vers l'année 1840, elle res- sentit un très-faible tremblement, et en i85i Delphes éprouva une légère secousse. » La destruction de Thèbes a eu lieu le 18 août 1 853. C'était un diman- che. Selon l'usage oriental, les habitants étaient pour la plupart réunis dans les rues. A io^ao™ du matin, trois petits tremblements se font sentir: le peuple en émoi s'enfuit dans la campagne. Dix minutes après , (a5) s'élève un bruit sourd, comparable à celui que produit une voiture courant sur du pave. Presque en même temps, une terrible secousse dirigée de bas en haut ébranle la ville. En treize secondes (temps que dura le tremblement) Thèbes devient un amas de ruines; tous les habi- tants ne s'étaient pas enfuis lors des trois petites commotions précurseurs du sinistre: dix-sept périssent écrasés par les maisons qui s'écroulent; soixante blessés reslent au milieu des décombres. Les bestiaux brisent les cordes qui les retiennent dans les étables et courent en mugissant à travers les rues et les campagnes. Les volailles elles-mêmes s'envolent effrayées. Contre la ville s'élève une grande tour carrée : 'un prince français, Othon de la Roche, baron d'Athènes, l'avait bâtie en 1 2o5 ; dans cette cité, plusieurs fois ruinée par les commotions du sol, elle était le débris le plus antique. Elle s'ébranle, et toute sa partie supérieure se renverse sur un troupeau de brebis qui s'abritait contre ses murailles. Un homme, en s'enfuyant dans la campagne, tombejmort sur la voie sans aucune marque de blessure : on prétendit qu'il avait péri de peur. » Ce n'est pas à Thèbes seulement que le mouvement s'est fait sentir. Dans le village de Syrtzi, peu éloigné de la ville, aucune maison ne resta debout. La plupart des villages de la Béotie furent gravement endommagés : un grand nombre de maisons se renversèrent et plusieurs hommes périrent. Dans la mer d'Eubée, éloignée de Thèbes de deux heures de marche envi- ron, les pêcheurs ont vu les vagues s'élancer de bas en haut. Sur le lac Co- païs, les eaux furent également projetées de bas en haut. Sur les montagnes, beaucoup de pierres lurent détachées et tombèrent dans les vallées (i). Le tremblement a été fortement ressenti dans Athènes, au Pirée et dans l'île de Syra. A Delphes et aux environs du Parnasse, il a été très-faible. Dans l'île d'Eubée, un village voisin de Chalcis a été fortement endommagé. La commotion s'est propagée d'une part jusqu'au delà du golfe de Lépante, à Patras, et d'autre part jusqu'à Brousse, en Asie. Cette direction de Patras à Brousse s'accorderait assez bien avec la ligne volcanique que M. Alexan- dre de Humboldt a signalée en Grèce. » Les secousses continuent après la catastrophe du 18 août, et les habi- tants, n'osant point rentrer dans leur ville, demeurent dans les jardins. Le 29 août, vers les iih3om du soir, Thèbes est de nouveau ébranlée presque aussi violemment que le 1 8 : mais comme ses habitants ont quitté (1) En Grèce, on peut expliquer par la fréquence des tremblements de terre la présence d'un grand nombre d'énormes blocs de pierre disséminés dans les vallées ou sur le versant de montagnes. C. R„ 385'6, ie' Semestre. (T. XLH, N° I.; 4 ( a6) la ville, on n'a à déplorer aucune mort et même aucune blessure. Cepen- dant un grand nombre de personnes sont renversées par ta commotion ; M. Demetrios Calopès, notaire de la ville de Thèbes, m'a dit que, réfugié alors dans son jardin, il avait été lancé à terre. Le mouvement est venu de bas en haut, comme me l'ont assuré des témoins dignes de foi, et comme le démontre l'inspection des maisons ruinées. » Des phénomènes singuliers se sont manifestés dans la destruction de la ville : des murs ont été renversés dans leur partie centrale, tandis qu'à droite et à gauche les^ pierres sont restées en place. Depuis nh3om du soir jusqu'au point du jour, les tremblements durèrent avec une grande vio- lence; en une heure, on en a compté quatre-vingt-douze. Le soleil en se levant révéla aux Thébains que leurs désastres étaient à leur comble : le tremblement du 29 avait achevé la ruine de leur ville : aucune maison n'é- tait debout. » Les commotions durèrent quinze mois environ; elles se renouvelèrent jusqu'à trois fois par vingt-quatre heures. Pendant plusieurs mois, les 44oo habitants de Thèbes campèrent dans les champs ou dans les jardins , et eurent à éprouver de grandes souffrances durant les pluies d'automne et d'hiver. Peu à peu les tremblements devinrent plus rares et moins violents; on s'y habitua, et l'on rentra dans la ville : actuellement toute commotion a cessé. » Thèbes a profité de sa catastrophe ; elle a été reconstruite sur un plan uniforme; des rues tirées au cordeau ont remplacé des passages tortueux; à l'ancienne cité a succédé une ville régulière, qui, dans la suite des temps, pourra s'embellir. » Dans Athènes, aux environs de cette ville et surtout au Pirée, le second tremblement de Thèbes a été ressenti beaucoup plus violemment que le premier. Il a duré quatre secondes environ, et a présenté ce phénomène fort remarquable, que le mouvement a été horizontal, tandis qu'au même moment il était vertical en Béotie. La frayeur fut extrême ; des femmes sor- tirent dans les rues en criant. Dans Athènes, plusieurs maisons furent lézar- dées ; mais aucune n'a été renversée. Au Pirée, deux ou trois maisons ont été détruites; la plupart ont été crevassées, et dans l'intérieur des habita- tions un grand nombre de meubles ont été brisés. Les navires qui étaient en rade ont entendu un bruit sourd dans la mer, et l'on a vu des vagues lancées de bas en haut. Pendant deux ou trois mois, les principaux tremble- ments de Thèbes ont été ressentis à Athènes; ils se renouvelaient en moyenne une fois tous les dix jours ; cependant en une seule nuit on en a ressenti jusqu'à trois. ( 27 ) » Tel est, Monsieur le Secrétaire perpétuel, le récit exact des phénomènes qui ont si vivement préoccupé la Grèce. C'est par erreur que des journaux de Paris ont annoncé des apparitions de feux pendant les tremblements de Thèbes. On n'a vu se produire ni feux, ni fumée. C'est également par er- reur que l'on a signalé la formation d'un cratère après la grande commo- tion : aucun indice volcanique ne s'est manifesté par des éjections de ma- tière quelconque; et même aucune crevasse d'une certaine importance, aucun changement notable ne se sont produits dans les collines si variées qui supportent et entourent la ville de Thèbes. » Lors de la dernière éruption du Vésuve, on n'a observé aucune corres- pondance entre ce volcan et les divers points de la Grèce qui sont sujets à des tremblements de terre ou sont des centres d'actions volcanique. » M. Dana adresse, de New-Haven ( Connecticut), un exemplaire de l'atlas destiné à accompagner son travail sur les Crustacés observés dans le Voyage d'exploration fait par ordre du gouvernement des États-Unis d'Amérique sous le commandement du capitaine C. Wilkes, dans les années i838-i842. Les deux volumes de texte ont été depuis longtemps reçus par l'Aca- démie. M. Dujardin adresse un exemplaire du numéro du 2 janvier i856 du Journal de Lille, qui constate qu'un commencement & incendie a été éteint au moyen de la vapeur, et assez complètement pour rendre inutiles les secours des pompiers. Déjà M. Dujardin a transmis, à plusieurs reprises, des documents desti- nés à prouver l'efficacité de ce moyen sur lequel il n'a cessé depuis plu- sieurs années d'appeler l'attention. M. Pernelet adresse une Note sur un moniteur électrique des chemins de fer qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie. 11 annonce être prêt à donner de vive voix, aux Commissaires qui lui seraient désignés, tous les renseignements nécessaires pour compléter les indications succinctes fournies par sa Note. L'Académie ne pourra, d'après ses usages, renvoyer à l'examen d'une Commission l'invention de M. Pernelet, que lorsqu'il l'aura fait connaître par une description suffisamment détaillée pour ne pas exiger de dévelop- pements oraux. ( 28 ) M. Pacacd présente des spécimens de tubes en fer doublés en plomb et de tubes en plomb doublés de fer; il y joint une Note descriptive qui n'est que la transcription d'un brevet d'invention pris pour ces produits. M. Gez, médecin à Siradan (Haute-Garonne), s'adresse à l'Académie dans l'espoir d'en obtenir une analyse, des eaux minérales de Sainte-Marie qui sont situées dans la commune de Siradan. Cette source ayant été, en 181 1 , l'objet d'un Rapport fait à l'Académie, il y a lieu de croire que la pièce, si elle existe aux archives, doit fournir quelques renseignements sur la composition des eaux. M. Poggioli adresse un exemplaire d'un opuscule qu'il a publié sous le titre de « Nouvelle application de l'électricité » , opuscule annoncé comme la reproduction d'un Mémoire lu à l'Académie des Sciences, le 3i dé- cembre i853, et sur lequel il appuie une réclamation de priorité qu'il pré- sente à l'occasion d'un livre nouvellement offert par M. le Dr Briard. Les auteurs, en livrant leurs travaux à l'impression, font appel au juge- ment du public et n'ont plus à réclamer le jugement de l' Académie. M. P. Meixeb envoie de Bordeaux une Note manuscrite ayant pour titre: « Proposition relative aux courants atmosphériques et aux nuages ». L'auteur y indique la marche que devrait, selon lui, suivre l'Académie pour arriver à la connaissance de certaines lois générales sur les mouvements de l'atmosphère. Cette Note n'a pas paru de nature à être renvoyée à l'examen d'une Com- mission. Une personne qui se dit en possession d'une méthode très-efficace de traitement pour la guérison des loupes, excroissances, etc., offre de faire connaître cette méthode, moyennant une compensation pécuniaire. Cette demande ne peut être prise en considération. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 14 JANVIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Électricité. — Communication de M. Becquerel. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, en mon nom et en celui de mon fils Edmond, le troisième et dernier volume du Traité a" Électricité et de Magnétisme, et des applications de ces sciences à la Chimie, à la Phy- siologie et aux Arts, dont la publication a commencé dans les premiers mois de l'année dernière. » L'électricité est devenue aujourd'hui, à raison de son importance scientifique, de ses nombreuses applications et de ses rapports intimes avec la chimie, une des parties les plus cultivées de la physique. L'agent dont elle expose les propriétés, se présentant à nous, tantôt comme chaleur, comme lumière, tantôt comme force chimique, comme puissance magné- tique, et tantôt enfin comme force intervenant dans les phénomènes phy- siologiques, doit naturellement attirer l'attention de toutes les personnes qui cultivent les sciences physiques sous le point de vue théorique et de leurs applications. » Les rapports qui lient les forces électriques aux affinités sont tellement bien établis aujourd'hui, que l'on peut déjà, dans un grand nombre de cas, remplacer celles-ci par les premières. L'étude de ces rapports constitue une C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII,N° 2.) 5 ■ • ( 3o y science nouvelle, l'électrochimie, à l'exposition de laquelle nous avons consacré un volume entier, le deuxième;. le traitement électrochimique des minerais d'argent, de cuivre et de plomb en fait parlie. Cette question a été traitée avec des développements suffisants pour que les personnes qui vou- dront appliquer ce procédé à l'industrie ne soient.pas arrêtées par desdiffi-* cultes de détails. Nous nous bornons à dire que les expériences ont- été faites sur une grande échelle avec plus de 5ooo "kilogrammes de minerais venus des différents points du globe. » Le troisième volume comprend le magnétisme, le magnétisme ter- restre, l' électromagnétisme et ses applications à la télégraphie, aux hor- loges et aux machines de tous genres qui peuvent être mises en mouvement par les forces électromagnétiques. » Dans le magnétisme, indépendamment des notions générales sur la constitution des aimants et sur la distribution du magnétisme, ont été trai- tées les différentes questions relatives à l'action du magnétisme sur tous les corps et qui ont été étudiées dans ces dernières années par divers phy- siciens. « Le livre relatif au magnétisme terrestre contient la description des différentes boussoles et des magnétomètres qui servent aux observations des composantes de la force terrestre. Nous avons également donné le résumé des travaux exécutés jusqu'ici dans différents lieux du globe, ainsi que le tracé des principales cartes magnétiques. » L'électromagnétisme a reçu des développements suffisants pour que l'on puisse bien comprendre les différents effets des courants par induction, ainsi que le jeu des appareils qui sont fondés sur le dégagement de l'élec- tricité induite. » Quant au douzième livre, qui est le dernier de l'ouvrage, il est consa- cré uniquement aux principales applications de l'électromagnétisme, c'est-à- dire à la télégraphie, à l'horlogerie électrique, à tous les appareils fondés sur l'action des électro-aimants et aux électromoteurs. » L'étendue même de l'ouvrage ne permettait pas que l'on pût décrire tous les instruments qui ont été imaginés; on s'est borné seulement à la description des principaux appareils en usage dans la plupart des applica- tions faites jusqu'ici de l'électromagnétisme. » M. Vincent signale une inversion dans la dernière partie de son Mémoire sur la théorie de la gamme, l'inversion des deux premiers paragraphes de la page iai3 [Compte rendu de la séance du 3i décembre i855). (3i ) M astronomie. — Découverte dune 38e petite planète, faite à l Observatoire impérial de Paris par M. Chacornac. « M. Le Verrier annonce à l'Académie que dans la soirée du la jan- vier 1 856, à qh33m, M. Chacornac a découvert une nouvelle petite planète. » Cet astre, situé, comme les précédents, entre Mars et Jupiter, ainsi qu'on en juge par son mouvement apparent, est le 38e du groupe. Il brille comme une étoile de o,e-roe grandeur et a été découvert dans la constel- lation de l'Écrevisse, un peu au sud-est du groupe Praesepe. En voici les positions suivant les observations du nau i3 : T. m. de Paris. Asc. droite. Déclinaison. Nomb. des comparaisons, fa m s m s i y i856. Janvier 12 ii.5a.43 S* — 2.11,9 3 12 12.18.22 a*-+4-36,7 ... 2 i3 9.54.32 a* +3.46,9 4 i3 10.21. 6 3* — 2.37,6 '6 i3 10 43. 4 a * 4- 3.45,3 2 Positions de l'étoile de comparaison (8e grandeur) d'après une observation méridienne du i3. a = 8h35mi9',99 Le silicium rhomboédrique ressemble par sa couleur au fer oligiste de l'île d'Elbe avec toutes ses irisations : il raye fortement le verre, et ses aiguilles ont assez de rigidité pour percer l'épiderme des doigts lorsqu'on les saisit par leurs pointes. » Ces cristaux sont d'une pureté absolue, comme j'ai pu le constater par plusieurs analyses qui m'ont toutes donné le même résultat; ils fondent à une température peu élevée, intermédiaire entre le point de fusion de l'or et le point de fusion de la fonte, et alors ils prennent avec la plus grande facilité la forme analogue au diamant à faces courbes qui paraît particulière au silicium obtenu par fusion. Cette forme est-elle identique au rhom- boèdre que je viens de décrire ou en est-elle différente? C'est ce que les propriétés physiques pourront me permettre de démontrer lorsque j'aurai à ma disposition assez de silicium pour pouvoir les déterminer avec préci- sion, car le silicium fondu ne possède pas de clivages. » Pour préparer le silicium rhomboédrique, j'introduis de l'aluminium placé sur une nacelle dans un tube de porcelaine que traverse un courant d'hydrogène saturé des vapeurs de chlorure de silicium. Celui-ci est placé dans un flacon tubulé que l'on chauffe légèrement en approchant avec précaution un charbon incandescent. On porte le tube au rouge-cerise clair et l'on continue l'opération jusqu'à ce qu'en regardant dans l'appareil par l'extrémité béante d'une allonge qui le termine, on ne voie plus de vapeurs épaisses de chlorure d'aluminium. On retire des nacelles les aiguilles de silicium que l'on purifie des impuretés qui peuvent y adhérer en les trai- tant successivement par l'eau régale, l'acide fluorique bouillant et le bisul- fate de soude fondu. On trouve aussi, lorsque l'opération n'est pas com- plète, de petits globules de siliciure d'aluminium dans lesquels il y a de 4o à 5o pour 100 de silicium, ce qui correspond à la combinaison Si Al2. » Voici ce qui se passe dans cette opération : le chlorure de silicium est décomposé par l'aluminium qui s'empare du silicium déplacé , d'où résulte une véritable dissolution. Chaque molécule de chlorure qui survient en opère la concentration, et lorsque la saturation du bain métallique est com- (5i ) plète, le silicium, plus léger, vient cristalliser à la surface, comme le ferait du camphre à la surface d'une solution alcoolique. » On comprend qu'un pareil procédé est susceptible, en se généralisant, de s'appliquer à la préparation de tous les corps simples fixes pouvant former des combinaisons volatiles et décomposables par une matière ca- pable elle-même de les dissoudre; on peut alors les obtenir cristallisés. » Ainsi , le bore est soluble dans l'aluminium et peut être préparé de la même manière que le silicium. Mais je ne puis encore rien affirmer sur cette substance, que l'on n'obtient pure qu'avec des difficultés inouïes. Je n'ai pas encore analysé les petits cristaux obtenus ainsi au moyen de chlorure de bore. » Le charbon ne se combine pas à l'aluminium; aussi, lorsqu'on dé- compose le chlorure de carbone (i) par ce métal, on obtient simplement du noir de fumée. Le chlorure de carbone est décomposé également par le so- dium, et on n'obtient encore que du charbon amorphe, lors même qu'on a fortement calciné le produit brut de la réaction. C'est qu'en effet le so- dium ne dissout pas non plus le charbon. » Mais si l'on traite le fer (et mieux de la fonte de fer), qui a la propriété de dissoudre le charbon, par le même chlorure de carbone, on obtient une substance cristallisée bien différente par son aspect du graphite de la fonte, lequel se produit dans des circonstances tout autres. » Le charbon cristallisé est en petites lames ordinairement irrégulières, mais beaucoup sont manifestement hexagonales : leur éclat est complète- ment métallique. Plusieurs présentent des stries ou plutôt des froncements parallèles qui s'épanouissent à droite et à gauche d'une nervure rectiligne, à la manière des barbes d'une plume, et cette disposition annonce généra- lement un groupement de cristaux. On sait que le graphite naturel est éga- lement hexagonal. » J'ai fait sur le titane et le zirconium des expériences analogues, que j au- rai l'honneur de soumettre bientôt à l'Académie. La difficulté de produire le zirconium parfaitement exempt de titane et d'aluminium, et la crainte de décrire ses propriétés d'après des échantillons impurs, m'empêchent seuls d'en parler aujourd'hui. » Lorsqu'on remplace, dans la préparation du silicium rhomboédrique, (i) J'obtiens le chlorure de carbone par l'action du chlore sur la vapeur du sulfure de carbone au rouge et de la potasse sur le produit condensé pour en séparer le chlorure de soufre. (5a) le chlorure de silicium par le fluorure, on obtient, en même temps que le sicilium, une matière cristallisée en cubes dont l'angle a été mesuré et qui n'exercent aucune action sur la lumière polarisée, transparente et fortement réfringente. Des cristaux de cette matière, appliqués en forme de géode sur des morceaux d'aluminium intacts, ressemblent, à s'y méprendre, à de la chaux fluatée. Ces cristaux sont inattaquables par l'acide fluorique, l'acide nitrofluorique, qui peut servir à les débarrasser du silicium adhérent; par l'acide sulfurique, même bouillant, qui n'en dégage que des traces d'acide fluorique ; enfin ils ne se volatilisent qu'au rouge vif. Cette substance nou- velle est le fluorure d'aluminium parfaitement exempt de silicium,' comme me l'ont prouvé un grand nombre d'analyses faites par plusieurs méthodes différentes. Elle contient 33,3 pour ioo d'aluminium, et la théorie indique 33,2 pour ioo pour le fluorure d'aluminium Al2 Fl3. Toutes ces propriétés sont contraires àcellesqu'on aurait pu présumer par analogie. Bien plus, on peut le préparer directement par un procédé qui, ce me semble, doit faire pa- raître moins certaine l'analogie de l'acide chlorhydrique et de l'acide fluorique ; il suffit, en effet, de verser sur de l'alumine calcinée de l'acide fluorique pur en excès, de sécher fortement le mélange et de l'introduire dans un tube de charbon (i) ou de platine, qu'on fait traverser par un courant d'hydrogène et qu'on chauffe au rouge blanc, pour voir se sublimer du fluorure d'alu- minium, qui vient se déposer en cristaux ou en trémies cubiques de plu- sieurs centimètres de longueur sur les parties froides du tube. Ainsi, le fluorure d'aluminium est une des plus belles matières cristallisées de la chimie et peut-être la plus inattaquable à la plupart des réactifs. » « M. de Senarmoxt ajoute quelques mots aux détails donnés par M. Dumas sur les produits divers présentés par M. Deville. t> Depuis longtemps il a examiné les alliages cristallins, à cassure lamel- leuse, d'aluminium plus ou moins saturé de silicium, préparés par fusion ; et depuis plus de quinze jours il connaît les produits purs et nettement définis que M. Deville présente aujourd'hui à l'Académie ; il a même mesuré les premiers cristaux de silicium obtenus par la réaction sur l'aluminium, soit du chlorure, soit du fluorure de silicium; M. Deville avait bien voulu les lui réserver, quoiqu'il eût pu lui-même, et tout aussi bien, en détermi- ner la forme. (i) On trouvera la description de ces nouveaux vases dans un des prochains cahiers des Annales de Chimie et de Physique. ( 53 ) » Ces cristaux en aiguilles très-déliées, longues de 6 à 7 millimètres, sont tantôt des prismes hexagonaux réguliers, surmontés d'une pyramide très-aiguë, à faces courbes, se raccordant insensiblement avec les faces du prisme, et non mesurable; tantôt de petits rhomboèdres très-aigus, enfilés en chapelet, suivant leur axe de figure, et dans une situation parallèle. » Les prismes sont striés perpendiculairement à leur longueur, de sorte que la flamme d'une bougie, vue par réflexion, est accompagnée latérale- ment de spectres de diffraction, qui d'ailleurs ne nuisent en rien à l'exacti- tude des mesures. « Quant aux rhomboèdres, leurs angles aux arêtes culminantes sont d'environ 6g°,3o', avec une incertitude de 25 à 3o minutes. Quoiqu'on effet les faces soient très-réfléchissantes, comme elles sont faiblement striées parallèlement aux arêtes culminantes, des spectres de diffraction allongent dans le sens vertical les images réfléchies, et s'opposent à l'exactitude absolue des coïncidences. » chimie agricole. — Expériences sur la putréfaction et sur la formation des fumiers; par M. Jules Reiset. « La décomposition spontanée des matières végétales et animales privées de vie, la fermentation, la putréfaction, sont les moyens puissants que la nature met sans cesse en œuvre pour dégager et rendre libres les éléments qui doivent, sous une nouvelle forme, concourir à la vie des végétaux et des animaux. Le carbone, l'hydrogène, l'oxygène, l'azote ne se détachent des êtres désorganisés par la mort, que jpour rentrer de nouveau dans cet ad- mirable système de circulation. C'est là un des plus grands phénomènes naturels que la science moderne a maintenant les moyens d'observer et de suivre dans ses différentes phases. Les fumiers, les terreaux, les houilles, les lignites, les tourbes, sont les produits fixes et immédiatement utiles de ces transformations qui, sous l'influence d'une décomposition lente, s'ac- complissent chaque jour sur de grandes proportions, soit au contact de l'air, soit à l'abri de l'air, au sein même de la terre et des eaux. » D'un autre côté, des produits gazeux prennent naissance pendant la décomposition lente des matières organisées. L'étude et l'analyse de ces gaz fourniraient de précieuses indications sur la marche du phénomène de la putréfaction. Au nombre des questions intéressantes que soulève cette étude, se place en première ligne celle de savoir ce que devient l'azote des matières en voie de putréfaction ou de décomposition lente. L'azote contenu primi- C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N° 2.) 8 ( 54 ) hvement dans ces matières se retrouve-t-il tout entier sous forme de sels ammoniacaux, de nitrates, de produits azotés fixes, ou bien cet élément, devenant libre et prenant la forme gazeuse, retourne-t-il dans l'atmo- sphère ? Les expériences que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie ont pour but d'apporter quelque lumière sur cette question. » La méthode expérimentale que nous avons adoptée avec M. Regnault pour nos recherches sur la respiration des animaux, s'applique de tous points à l'étude du phénomène de la putréfaction. L'appareil, décrit alors dans notre Mémoire {Annales de Chimie et de Physique, tome XXVI, 3e série), remplit toutes les conditions convenables pour permettre d'ob- server jour par jour les progrès de cette désorganisation qui met en mouve- ment jusqu'aux dernières molécules de la matière. » Je rappellerai succinctement que cet appareil se compose de trois par- ties essentielles : i° d'une cloche en verre dans laquelle on place la matière en voie de putréfaction ; i° d'un condenseur de l'acide carbonique formé ; 3° d'un appareil qui remplace constamment l'oxygène absorbé. Une masse de fumier ou de viande peut ainsi séjourner pendant plusieurs semaines dans un volume d'air limité, dans des circonstances telles, que le jeu même des appareils tend à ramener cet air à la composition de l'air normal. » Il est important de faire remarquer encore que les conditions de tem- pérature et de pression peuvent être facilement réglées de manière qu'à la fin d'une expérience, au moment de procéder à la prise du gaz à analyser, l'air renfermé dans l'appareil présente rigoureusement le même volume qu'au commencement. On comprend que si pendant la putréfaction d'une matière organique azotée, il ne s'absorbe que de l'oxygène, et s'il ne se dégage que de l'acide carbonique, l'air de la cloche présentera encore à la fin de l'expérience la composition de l'air normal; si, au contraire, il y a dégagement d'azote, on trouvera dans cet air une quantité d'oxygenc moins considérable; c'est d'ailleurs un fait que l'analyse eudiométrique décidera nettement. PREMIÈRE SÉRIE D'EXPÉRIENCES. Formation des fumiers , putréfaction de la viande au contact de l'air. » Expérience n° i . — Dans la grande cloche de 4o litres, on a introduit une masse de fumier pesant environ 8 kilogrammes et disposée préalablement sous forme de pyramide dans un large vase de faïence. Ce fumier, peu ( 55) consommé, se composait presque en totalité de crottin de cheval mélangé de débris de paille. » On a interposé plusieurs couches de craie dans la masse du fumier, qui a été en outre fortement arrosée avec de l'eau. Avant de commencer l'ex- périence, l'appareil, muni de ses différents tubes et robinets, était soumis à des épreuves donnant toute sécurité sur la solidité des fermetures ; puis un courant d'air rapide était établi dans la cloche au moyen d'une puissante machine pneumatique. » Durée de l'expérience, six jours; volume de l'oxygène fourni, 39ht,5; air normal au début de l'expérience; température, 1 4 degrés, ioo volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, o,54 ; oxygène, io,,3o; azote, 80, 1 6. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de 10 pour 100. » L'expérience n° 2, qui est la continuation et la suite de celle qui pré- cède, commence immédiatement après la prise du gaz, l'air de la cloche contenant ^alors, comme nous venons de le dire, acide carbonique, o,54; oxygène, 19, 3o; azote, 80,16. » Le volume de l'oxygène fourni est de £\ç}A,5 environ; durée de l'expé- rience, dix jours; température, 14 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, o,34; oxygène, 17,91; azote, 81,75. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de i,5g pour 100. » Expérience n° 3. — Même masse de fumier; aucun changement dans la disposition de l'appareil ; air normal au commencement de l'expérience ; température, 1 2 degrés. 1 00 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, 0,10; oxygène, 18,20; azote, 81,70. Durée de l'expé- rience, vingt-six jours ; volume de l'oxygène fourni, io3m,4- On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de 2,6 pour 100. » Expérience n° 4- — Une nouvelle couche de fumier de cheval est disposée dans la grande cloche de manière à laisser circuler l'air au centre même delà masse. Le poids du fumier est de 10 kilogrammes environ ; ou ajoute une certaine quantité de craie délayée dans l'eau. Durée de l'expé- rience, vingt et un jours; volume de l'oxygène fourni, i 54 litres; air normal au commencement; température, ! 1 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent: acide carbonique, 0,72; oxygène, 17, 38; azote, 81,90. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de 2,8 pour 100. 8.. (56) Expérience n° 5. — Même masse de fumier; aucun changement dans l'appareil; air normal au commencement de l'expérience; tempéra- ture, 22 degrés, ioo volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide car- bonique, o,23; oxygène, i8,85; azote, 80,92. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. Durée de l'expérience, seize jours; volume de l'oxygène fourni, 5iUt,4°- » L'azote en excès est de 1,8 pour 100. » Expérience n° 6. — Dans le grand appareil transporté à la campagne et monté à nouveau, on a disposé une couche de 10 kilogrammes environ d'un bon fumier de ferme mélangé de fumier de cheval et de mouton ; l'air pouvait circuler de toutes parts; on avait ajouté, dans la masse du fumier, de la marne en petits morceaux. Durée de l'expérience, vingt-trois jours; volume de l'oxygène fourni, environ 104 litres; air normal au commence- ment de l'expérience; température, 24degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, 0,39; oxygène, i8,83; azote, 80,78. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de 1,7 pour 100. » Expérience n° 7. — Dans une cloche de 8 litres environ de capacité sont placées, sur un petit bâtis en bois, des tranches de viande de bœuf; entre ces tranches on a interposé d'assez gros morceaux de craie. Le poids de la viande est de 1 5oo grammes. Durée de l'expérience, trente-trois jours ; volume de l'oxygène fourni, 27"', 6; air normal au commencement de l'expé- rience; température, 1 5 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin con- tiennent : acide carbonique, 0,37; oxygène, 12,37; azote, 87,26. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de 8,1 pour 100. » La viande était dans un état de putréfaction bien caractérisé; une coloration d'un vert livide s'étendait sur une grande partie de la masse devenue gluante; son odeur était infecte. » Expérience n° 8. — Pendant un mois après l'expérience n° 7, cette même viande déjà putréfiée a été abandonnée dans la cloche qui est restée mastiquée dans sa rainure. On a alors de nouveau monté l'appareil pour étudier les produits gazeux formés pendant cette période de putréfaction avancée. » Au moyen d'une forte pompe aspirante et foulante on a fait circuler dans la choche plus de i5o litres d'air. La masse de viande putréfiée se trouvait donc dans l'air normal au commencement de l'expérience. » La température maintenue à 23 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à (57 ) la fin contiennent : acide carbonique, 1,10; oxygène, i6,83; azote, $£,{17. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. « Durée de l'expérience, dix-sept jours; volume de l'oxygène fourni, 8 litres environ. » L'azote en excès est de 2,9 pour 100. » Expérience n° 9. — Dans un appareil en tout semblable à celui ayant servi à étudier la respiration des petits animaux et des insectes, on a placé 3o grammes de viande de bœuf coupée en longs filaments et disposée sur une espèce de gril en verre; l'air de l'appareil, dont le volume est de 900 centimètres cubes environ, peut ainsi circuler de toutes parts. Durée de l'expérience, douze jours; volume de l'oxygène fourni, ioa5 centimètres cubes; air normal au commencement; température, 22 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, o_,i3 ; oxygène, i4>28; azote, 85,09. On n'a pas trouvé de gaz combustibles. » L'azote en excès est de 6,5 pour 100. » La viande, entièrement putréfiée à la fin de l'expérience, avait pris une couleur noire; son odeur était fétide; l'absorption de l'oxygène, très- rapide dans les premiers jours de l'expérience, s'est ralentie peu à peu, au point de devenir presque nulle. » Expérience n° 10. —Dans la cloche de 8 litres, on a placé environ 5 ki- logrammes d'un fumier de ferme très-consommé et réduit. à l'état de beurre noir. Un vase de verre à large ouverture contenait cette masse de fumier, très-humide, très-compacte et plongeant en grande partie dans l'eau. » Durée de l'expérience, sept jours; volume de l'oxygène fourni, 6 litres ; air normal au commencement de l'expérience; température, 25 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique, o,43 ; hydrogène protocarboné, 7,14; azote, 92,43; on n'a pas trouvé d'oxygène. L'hydrogène protocarboné était parfaitement pur. » L'azote en excès est de i3,3 pour 100. » Expérience n° 1 1 . — Même disposition dans l'appareil ; air normal au commencement de l'expérience; température, 21 degrés. 100 volumes de l'air recueilli à la fin contiennent: acide carbonique, 1,92; oxygène, 4^7; hydrogène protocarboné, 8,54; azote, 84,97. Durée de l'expérience, neuf jours; volume de l'oxygène fourni, 12 litres environ. » L'azote en excès est de 5,87 pouf 100. » Expérience ?i° 12. — Même fumier; même disposition de l'appareil. Durée de l'expérience, neuf jours; volume de l'oxygène fourni, environ 14 li- tres; air normal au commencement de l'expérience ; température, 22°, 5. ( 58 ) ioo volumes de l'air recueilli à la fin contiennent : acide carbonique. 2,35 ; oxygène 2,64 ; hydrogène protocarboné, 1 ,55 : azote, o,3,46. » L'azote en excès est de i4,3 pour 100. » Des expériences qui précèdent, on peut tirer les conclusions suivantes : » Les matières organiques en voie de décomposition ou de putréfaction, au contact de l'air, absorbent une quantité considérable d'oxvgène et pro- duisent de l'acide carbonique. » La quantité d'oxygène qui a disparu étant exactement connue et l'acide carbonique dégagé se déterminant par l'analyse de la dissolution de potasse placée dans l'appareil condenseur, on peut déterminer rigoureusement le rapport entre la quantité d'oxygène consommée et la quantité d'oxvgène qui s'est dégagée à l'état d'acide carbonique; ces détails seront consignés dans mon Mémoire. « Les sels ammoniacaux, les nitrates, le matières azotées fixes qui peuvent prendre naissance pendant la combustion lente ou la putréfaction des ma- tières organiques azotées ne représentent pas tout l'azote contenu primitive- ment dans ces matières. » La formation des fumiers, la putréfaction de la viande, au contact de l'air, sont toujours accompagnées d'un dégagement très-notable d'azote à l'état gazeux. » Aucun gaz combustible ne se produit lorsque la putréfaction s'effectue dans un milieu contenant une suffisante proportion d'oxygène. » La décomposition d'un fumier en partie plongé sous l'eau a donné lieu à un dégagement abondant d'hydrogène protocarboné et d'azote : en se reportant aux expériences qui ont fourni ces curieux résultats, on verra que l'air puisé dans la cloche ne contenait que peu ou point d'oxygène. Il est intéressant devoir que, même dans ce cas, l'azote peut encore se dégager à l'état de gaz. » Je ferai remarquer que dans toutes ces expériences j'ai eu soin d'ajou- ter des carbonates terreux pour faciliter la formation des nitrates, et que néanmoins le dégagement de l'azote l'a toujours emporté de beaucoup sur la fixation de ce gaz, en admettant qu'elle ait eu lieu. » Dans une seconde série d'expériences, j'espère pouvoir suivre l'étude de la putréfaction et de la formation des fumiers à l'abri du contact de l'air, soit sous une couche d'eau, soit au sein d'une masse de terre. » Les matières organiques en voie de décomposition lente ou de putré- faction déversent incessamment dans l'atmosphère un volume considérable d'azote : c'est là un fait qui me paraît maintenant hors de doute. D'un autre (59) côté, ainsi que l'ont démontré tout récemment les expériences si intéres- santes de M. Ville [Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, tomeXLI, page 757) et de M. Cloëz [Comptes rendus des séances de l'A- cadémie des Sciences, tome XLI, page 935), la végétation vient puiser une nouvelle vie dans cette source inépuisable, en s'appropriant l'azote atmo- sphérique, soit directement à l'état gazeux, soit indirectement à l'état de nitrates par suite de transformations successives. » Limité par les bornes de cet extrait, et réservant pour mon Mémoire une discussion plus étendue des faits nouveaux qui résultent de mes expé- riences, je termine en signalant cette nouvelle harmonie de la nature, qui tend à conserver l'équilibre dans la proportion des éléments qui constituent l'air atmosphérique. » chimie organique. — Note sur l'identité des acides nitrohématique et picramique ; par M. Aimé Girard. <« Dans un Mémoire que j'ai précédemment eu l'honneur de présenter à l'Académie, j'ai établi que l'hydrogène sulfuré, en exerçant sur l'acide picrique son action réductrice, engendrait un acide rouge facilement cris- tallisable et donnant naissance à des sels parfaitement définis. En terminant ce Mémoire , j'annonçais l'intention d'étudier cet acide comparativement avec celui qu'avait trouvé M. Wôhler en traitant l'acide picrique par les proto-sels de fer, mais dont aucune étude n'avait été faite. Je pensais dès lors qu'il y avait entre les deux acides identité parfaite, et cette opinion a été émise depuis par M. Gerhardt qui, dans son Traité de Chimie organi- que, considère l'acide nitrohématique comme de l'acide picramique impur. » Récemment, les Annales de MM. Liebig, Wôhler et Kopp ont inséré un Mémoire de M. Pugh de Philadelphie, qui a entrepris de démontrer cette identité; mais les procédés suivis par M. Pugh pour y parvenir ne peuvent inspirer une confiance absolue. Ce chimiste a, en effet, opéré exactement comme l'avait fait M. Wôhler avant que j'eusse démontré la formation de l'acide picramique au moyen de l'hydrogène sulfuré. Son pro- cédé consiste à mélanger l'acide picrique avec du protosulfate de fer, à faire bouillir avec un excès de baryte, à précipiter le sel barytique soluble par de l'acétate de plomb ammoniacal, et enfin à décomposer lé" sel de plomb par l'hydrogène sulfuré. Or il est évident que, dans ces circonstances , quand bien même le protoxyde de fer n'eût pas amené l'acide picrique à l'état d'acide picramique, l'hydrogène sulfuré eût à lui seul produit cette réduction. (6o) » J'ai donc ci'u devoir communiquer le procédé que j'ai suivi pour éviter l'emploi de l'hydrogène sulfuré, ainsi que les résultats auxquels je suis parvenu. » Lorsqu'on fait bouillir ensemble deux solutions, l'une d'acide picrique, l'autre de protosulfate de fer, aucun changement ne se produit; mais dès qu'en ajoutant un alcali on détermine la précipitation de l'oxyde, il y a transformation, la liqueur se colore fortement en rouge, et l'on obtient un abondant précipité de peroxyde de fer; après avoir séparé la liqueur am- moniacale par filtration, et l'avoir légèrement concentrée, il suffit d'y ajou- ter un excès d'acide acétique, pour obtenir presque immédiatement de beaux cristaux rouges offrant dans leurs formes et dans leurs réactions tous les caractères de l'acide picramique. C'est ce procédé que j'ai suivi, et il m'a donné d'excellents résultats. Néanmoins, malgré l'analogie que pré- sentait cet acide avec l'acide picramique obtenu par l'hydrogène sulfuré, j'ai, pour plus de sûreté, fait une combustion qui m'a donné les nombres suivants : Trouré. Calculé pour l'acide picramique. Carbone 36 36, i Hydrogène 2,7 2,5 » Voici les nombres provenant de la calcination du sel d'argent : Trouvé. Calcule. Oxyde d'argent. ..37,3 37,6 Acide 62,7 62,4 » Le protosulfate de fer réduit donc, comme l'hydrogène sulfuré, l'acide picrique à l'état d'acide picramique. J'ai essayé également sur cet acide l'élégant procédé de réduction dû à M. Béchamp, l'acétate de protoxyde de fer, et je suis arrivé aux mêmes résultats. » L'acide picramique [C,2H5 O2 (NO*)2N] dérive de l'acide picrique [G,2Hs02(NO,)3j , par la destruction d'un équivalent d'acide hypoazo- tique accompagnée de la fixation de deux équivalents d'hydrogène. J'ai cherché à voir si, en faisant réagir sur l'acide picrique d'autres agents réduc- teurs énergiques, il ne me serait pas possible de le modifier plus profon- dément et de détruire les autres équivalents d'acide hypoazotique; mais jusqu'ici je n'ai pu y parvenir et j'ai toujours eu comme résultat de l'acide picramique. » C'est ce que j'ai obtenu très-nettement avec les sulfures alcalins, l'hy- drogène naissant, le protochlorure d'étain, le protochlorure de cuivre, etc. (6i ) Il est à remarquer que la réaction avec ces deux derniers agents n'a lieu qu'après qu'ils ont été précipités par l'ammoniaque. Pour que ces résultats soient certains, il faut, bien entendu, éviter dans les opérations l'emploi de l'hydrogène sulfuré, a M. Lecadhe adresse quelques renseignements sur un météore lumineux qu'il a eu occasion d'observer au Havre, le 7 janvier. « A cinq heures cinq minutes du soir, le ciel étant clair, le thermomètre centigrade indiquant 7 de- grés au-dessus de zéro, on a aperçu, dans la direction de l'est-sud-ouest, au-dessus de la mer et à une assez grande élévation, Un météore lumineux jetant une vive clarté et qui s'est épanoui comme une fusée, laissant après lui une sorte de sillon blanchâtre, en forme d'S, qui a été perceptible pen- dant environ un quart d'heure; aucun bruit n'a accompagné ou suivi l'ap- parition lumineuse. » M. Volpicelli adresse, de Rome, deux épreuves photographiques qui permettent de juger du degré de perfection auquel l'art est arrivé dans les États Romains. L'une de ces épreuves, qui représente le groupe antique du Laocoon, est due à M. Mac-Pherson; l'autre, une reproduction du Jugement dernier, de Michel, à la chapelle Sixtine, a été obtenue par M. Lupergh. L'Académie royale des Sciences de Bavière, en remerciant l'Académie des Sciences pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus, fait con- naître les motifs qui rendraient dorénavant très-important pour elle le don d'une double série des publications des Sociétés savantes. Elle annonce que plusieurs de ces Sociétés lui ont déjà accordé cette faveur; elle serait heureuse de l'obtenir également de l'Académie. (Renvoi à la Commission administrative.) MM. Bourguignon et Delafond demandent l'autorisation de reprendre momentanément uu travail sur la pathologie comparée de la gale, qui a été honoré par l'Académie d'un encouragement au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1 854, travail qu'ils se proposent de complé- ter conformément aux indications données dans le Rapport sur ce concours. M. Baciborski, en adressant pour le concours de Médecine et de Chi- rurgie un exemplaire de l'œuvre qu'il a publiée sous le titre de « Rôle de la menstruation dans la pathologie et la thérapeutique » , fait remarquer que C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N° 2.) 9 (6a ) ce nouveau travail est en quelque sorte le développement de ses recherches sur Y ovulation chez la femme, recherches qui dans un précédent concours ont été l'objet d'une mention honorable. ( Renvoi à la future Commission . ) M. Passot adresse une Lettre relative à une communication qu'il a faite à l'Académie, et sur laquelle il n'a pas été fait de Rapport. M. Girard de Yalboxne exprime le désir de connaître le jugement qu'aura porté la Commission du legs Bréant sur un ouvrage concernant l'origine, la marche et le traitement du choléra épidémique, ouvrage qu'il a précé- demment adressé à l'Académie. L'ensemble des communications présen- tées à ce concours doit être l'objet d'un Rapport général qui n'a pas encore été fait. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures et demie. F- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 1 4 janvier i856, les ouvrages dont voici les titres : Traité d'Électricité et de magnétisme; par MM. BECQUEREL et Edmond Bec- querel; t. III. Magnétisme et Electromagnétisme. Paris, i856; in-8°. Des rapports de la médecine avec la philosophie ; parM. le Dr Ch. Sédillot. Strasbourg, 1 855 ; in-8°. Carte de l'isthme de Suezpour servir à l'intelligence du Mémoire et de l'avant- projet relatifs à la communication à établir entre la mer Rouge et la Méditerra- née, par le percement direct de l'isthme au moyen d'un canal maritime de Suez à Péluse, par MM. Linant-Bey et Mougel-Bey. (Offerte au nom de M. deLes- sepsparM. Jomard.). Le canal de Suez et la question du tracé; Lettre à M. le baron de Bruck, mi- nistre des finances en Autriche; par MM. ALEXIS et Emile Barrault. Paris, i 855 ; br. in-8°. (63) Essai d'une institution médicale basée sur la science de l'homme; par M. le Dr J. Fournet. Paris, i855,; br. in-8°. Anatomie comparée des végétaux; par M. Chatin ; ire livraison ; in-8°. Du rôle de la menstruation dans la pathologie et la thérapeutique; par M. A. Raciborsk.1, Paris, i856; in-8°. (Adressé pour le concours Monty on, Mé- decine et Chirurgie. ) Etudes tératologiques sur un encéphale anoure appartenant à l'espèce bovine; par M. N. Joly et A. Lavocat; br. in-8°. Note tendant à réfuter les assertions de Richard Owen sur le système digital des Equidés , improprement appelés Monodactyles; par le même; \ de feuille in-8°. Notice surf es Mémoires et les ouvrages de botanique publiés par M. E. Ger- main de Saint-Pierre. Paris, j 855 ; br. in-4°. Note sur une circonstance où il y a production de chaleur ; par M. Viard ; | feuille in-4°. Nouvelle application de l'électricité par frottement, sans commotion sur l'homme sain et sur l'homme malade {cause et traitement rationnel du choléra); par M. P. Poggioli. Paris, i854; br. in-8°. Index paleontologicus oder ûbersicht... Coup d œil sur les organismes fos- siles connus jusqu'à ce jour; par M. H. Bronn. Stuttgardt, 1 848 et 1849; 2 vol. in-8°. Folia orchidacea, ou Ènumération des espèces d'Orchis connus; par M. LlND- ley ; parties VI et VII ; in-8°, Specimina zoologica Mosambicana, cura J. Josephi Bianconi ; fasciculi 7, 8, 9 et 10; in-4°. Sul colera... Sur le choléra asiatique à Rome; par M. LÉOPOLD Sabbatini; br. in-8°. Sulla cura... Sur la cure spécifique du choléra asiatique; par le même; br. in-8°. Brani... Extraits dune Lettre de M. Sabbatini à M. H. sur la cure spéci- fique du choléra asiatique; par le même; br. in-4°. (Ces trois opuscules sont adressés pour le concours Bréant.) Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques ; par M. B. Tor- tolini. Août et octobre i855; in-8°. Transactions... Transactions de la Société royale d'Edimbourg; vol. XXI ; partie II; session 1 854-1 85 5; in-4°. (64) Proceedings. . . Procès-verbaux de la Société royale d'Edimbourg; session 1 854-i 855; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV; n° 6; in-8°. Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences de Prusse; novembre i855; in-8°. Neue méthode... Nouvelle méthode pour éviter et découvrir les fautes de cal- cul; par M. A. Krônig. Berlin, i855; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE [/ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 JANVIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DF.S MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. optique. — Recherches sur la double réfraction; par M. de Senarmont. « Je demande à l'Académie la permission de lui soumettre quelques résultats d'un travail encore inachevé. Peut-être aurais-je dû en attendre le terme; mais la constatation expérimentale de divers faits, pris au hasard dans une longue série de conséquences dérivées du même principe, et théoriquement enchaînées , me semble déjà une présomption de vérité suffisante pour tous les autres. J'ai d'ailleurs rencontré dans ces recherches des difficultés qui tiennent surtout au manque de matériaux propres à réaliser les phénomènes; ils peuvent me faire défaut longtemps encore, et en signalant cet obstacle, je prends peut-être le meilleur moyen de le voir disparaître. » Je me suis proposé de soumettre les lois de la double réfraction à une épreuve fondée, non sur des séries isolées de mesures disjointes, bor- nées à certaines directions particulières, ou sur des déterminations numéri- ques sans lien ; mais sur une méthode d'investigation capable d'envelopper dans une manifestation commune tout un ensemble d'effets simultanés, de façon que l'expérience elle-même devînt une traduction matérielle, et une représentation graphique de leurs conditions de continuité. » J'ai emprunté ce mode expérimental aux phénomènes de la réflexion C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 5.) ' ° (66 ) totale. Déjà ce corollaire important des règles de Descartes est pour les lois de la réfraction simple une épreuve démonstrative; elle.ne paraîtra pas, je pense, moins concluante et moins caractéristique pour les lois de la double réfraction. » Si un point lumineux est plongé dans un milieu monoréfringent, séparé lui-même par une surface plane d'un second milieu monoréfringent comme lui, mais dont l'indice ait une valeur moindre; les rayons diver- gents qui arrivent au second milieu, sous toutes sortes d'incidences, n'y pé- nètrent que par une région du plan de contact adjacente au pied du rayon normal, et cette région centrale fonctionne comme une ouverture transpa- rente, découpée dans une paroi opaque qui partout ailleurs les réfléchit à la manière d'un miroir étamé. Ces deux parties si différentes du plan ré- fringent correspondent l'une à la réflexion partielle accompagnée de ré- fraction, l'autre à la réflexion totale, et sont séparées par une ligne de démarcation circulaire, unique et continue, correspondante à la réfraction limite. Dans la lumière blanche, cette ligne est frangée des couleurs de l'iris. » Si le second milieu est biréfringent, les choses 'ne peuvent plus se passer d'une manière aussi simple. » Le rayon qui tombe en chaque point du plan réfringent peut être censé composé de deux rayons confondus qui se sépareront ensuite, en y pénétrant partiellement, l'un en vertu de la réfraction ordinaire, l'autre en vertu de la réfraction extraordinaire. Mais quand cette pénétration cesse d'être possible pour l'un, elle peut et doit souvent persister pour l'autre, de sorte qu'il devra en général se former sur le plan réfringent des iris de réflexion limite doubles, distincts, et coexistants. » Chacun de ces iris est un lieu géométrique des points où les rayons, émanés du foyer de divergence extérieur au cristal, demeurent, après leur réfraction, soit ordinaire, soit extraordinaire, compris dans le plan ré- fringent; or les points où s'établit cette transition de la réfraction à la , réflexion totale, diffèrent, non-seulement, dans chaque azimut, pour l'un et l'autre rayon, mais varient dans les azimuts divers; le nombre, et aussi la forme des iris autour du pied de la normale, sont donc des conséquences immédiates des lois mêmes de la double réfraction, et doivent en traduire graphiquement toutes les particularités. » La théorie, d'accord avec l'observation, confirme cette induction logique, et sans entrer ici dans des détails qui ne seraient pas à leur place, je résumerai les résultats qu'on peut en déduire, brièvement et sous forme géométrique. (67) Cristaux à un axe optique, » Si le cristal est attractif, » i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que l'indice maximum du cristal : » Le premier iris est circulaire; il correspond aux rayons ordinaires. Le second est concentrique au premier, et généralement elliptique; son diamètre maximum est perpendiculaire à la section principale, et inva- riable, quelle que soit l'inclinaison du plan réfringent sur l'axe optique ; l'iris elliptique enveloppe d'ailleurs constamment l'iris circulaire. » Si le plan réfringent était normal à l'axe optique, le second iris devien- drait circulaire comme le premier et lui serait extérieur. » Si ce plan était parallèle à l'axe optique, le second iris demeurant elliptique serait tangent à l'iris circulaire ^aux extrémités de son diamètre minimum. » 2°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des deux indices principaux du cristal : » Le premier iris est circulaire; il correspond aux rayons ordinaires. Le second est concentrique au premier, mais se réduit à un système de deux droites perpendiculaires à la section principale et extérieures au cercle. » Si le plan réfringent était normal à l'axe optique, ces droites disparaî- traient, parce qu'elles s'éloignent à l'infini. » Si ce plan était parallèle à l'axe optique, les deux droites seraient tan- gentes au cercle. » 3°. Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est compris entre les deux indices principaux du cristal : » Le premier iris est circulaire ; le second, concentrique au premier, ne peut commencer à se développer que sous une inclinaison déterminée du plan réfringent sur l'axe optique. Il est alors hyperbolique; son plus petit diamètre réel est parallèle à la section principale, et ce diamètre est généra- lement plus grand que celui du cercle. Il lui deviendrait égal, et les deux courbes seraient tangentes, si le plan réfringent était parallèle à l'axe optique. » Si le cristal est répulsif, » i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que l'indice maximum du cristal : » Le premier iris est circulaire; il correspond aux rayons ordinaires. Le io., (68) second est généralement elliptique, concentrique au premier; son diamètre minimum est perpendiculaire à la section principale, et invariable quelle que soit l'inclinaison du plan réfringent sur l'axe optique. L'iris elliptique est d'ailleurs constamment enveloppé par l'iris circulaire. » Si le plan réfringent était normal à l'axe optique , le second iris devien- drait circulaire comme le premier et lui serait intérieur. » Si ce plan était parallèle à l'axe optique, le second iris demeurant ellip- tique serait tangent à l'iris circulaire aux extrémités de son diamètre maxi- mum. » 2°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des deux indices principaux du cristal : » L'iris circulaire disparaît; le second iris est généralement elliptique, et son plus grand diamètre est parallèle à la section principale. h Si le plan réfringent était normal à l'axe optique, ce deuxième iris deviendrait circulaire. » Si le plan réfringent était parallèle à l'axe optique, le second iris se réduirait à deux droites parallèles à la section principale. » 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est compris entre les deux in- dices principaux du cristal : » Le premier iris disparaît; quant au second, il a toujours l'un de ses diamètres principaux normal à la section principale, et de longueur inva- riable, quelle que soit l'inclinaison du plan réfringent sur l'axe optique. » Il serait d'ailleurs circulaire si ce plan réfringent était normal à l'axe optique, deviendrait de plus en plus elliptique, avec son plus grand dia- mètre parallèle à la section principale, à mesure que le plan réfringent prendrait sur le même axe une inclinaison croissante; il se changerait en deux droites parallèles à la section principale lorsque cette inclinaison pas- serait par une valeur déterminée; et prendrait ensuite la forme hyperbo- lique, avec son plus petit diamètre réel normal à la section principale, et une augmentation progressive d'excentricité, à mesure que le plan réfrin- gent s'approcherait d'être parallèle à l'axe optique. Cristaux à deux axa optiques. » Lorsqu'il s'est agi des cristaux à un axe optique, j'ai supposé au pian réfringent une direction quelconque. Pour les cristaux à deux axes opti- ques, ce cas général conduirait probablement à des résidtats beaucoup plus compliqués; je me suis borné, quant à présent, aux phénomènes particu- liers, et nécessairement plus simples, qui correspondent à la réfraction (69) limite sur des plans parallèles aux trois sections principales de la surface de l'onde. » Sur un plan réfringent normal à l'axe de plus grande élasticité, » i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que le plus grand des trois indices principaux du cristal : » Le premier iris est un cercle, le second est une ellipse concentrique qui enveloppe entièrement ce cercle, et dont le diamètre maximum est dirigé suivant l'axe de moyenne élasticité. » 20. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des trois indices principaux du cristal: » Le premier iris est toujours un cercle, le second se réduit à un système de deux droites concentriques à ce cercle et parallèles à l'axe de moyenne élasticité. » 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est compris entre l'indice maximum et moyen du cristal : » Le premier iris est un cercle, le second une hyperbole concentrique et extérieure à ce cercle, et dont le plus petit diamètre réel est l'axe de plus petite élasticité. » 4°- Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est égal ou inférieur à l'indice moyen du cristal , tout en restant plus grand que l'indice minimum : « L'iris circulaire est le seul qui continue à subsister. » Sur un plan réfringent normal à l'axe de plus petite élasticité, » i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que le plus grand des trois indices principaux du cristal : » Le premier iris en un cercle; le second est une ellipse concentrique, entièrement enveloppée par le cercle, et dont le diamètre maximum est dirigé suivant Taxe de plus grande élasticité. » 2°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des trois indices principaux du cristal : » Le premier iris disparaît; le second est elliptique, avec son diamètre maximum dirigé suivant l'axe de plus grande élasticité. » 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal à l'indice moyen du cristal : » Le premier iris disparaît; le second se réduit à deux droites parallèles à l'axe de plus grande élasticité. » 4°- Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est plus petit que l'in- dice moyen du cristal : ( 7°) » Le premier iris disparaît; le second se réduit à une hyperbole dont le plus petit diamètre réel est parallèle à l'axe de moyenne élasticité. » Sur un plan réfringent normal à l'axe de moyenne élasticité, » i°. Lorsque l'indice du milieu superposé est plus grand que le plus grand des trois indices principaux du cristal : » Le premier iris est un cercle ; le second est une ellipse concentrique dont le diamètre maximum est parallèle à l'axe de plus grande élasticité. » Le rayon du cercle est intermédiaire entre les diamètres maximum et minimum de l'ellipse; de sorte que ces courbes concentriques se coupent en quatre points sur des diamètres parallèles aux axes optiques proprement dits ( axes de réfraction conique intérieure, uniradiale ou cylindrique extérieure). » 20. Lorsque l'indice du milieu superposé est égal au plus grand des trois indices principaux du cristal : » Le premier iris est circulaire ; le second se réduit à un système de deux droites concentriques au cercle et parallèles à l'axe de plus grande élasticité : elles coupent le cercle en quatre points sur les diamètres parallèles aux axes optiques. » 3°. Lorsque l'indice du milieu superposé est compris entre l'indice maximum et l'indice moyen du cristal : » Le premier iris est circulaire; le second est une hyperbole concentri- que, qui a son diamètre réel minimum parallèle à l'axe de plus petite élas- ticité. Elle coupe le cercle en quatre points sur les diamètres parallèles aux axes optiques. ■o 4°- Lorsque enfin l'indice du milieu superposé est égal ou inférieur à l'indice moyen du cristal : » Le premier iris disparaît; le second est hyperbolique : son diamètre réel minimum est parallèle à l'axe de plus petite élasticité. » Ce plan réfringent présente donc jusqu'ici des phénomènes généraux comparables à ceux qui s'observent sur les deux autres, mais avec des restrictions et des particularités tout à fait caractéristiques, qui nous res- tent à exposer. » Les deux nappes coniques, qui ont leurs sommets au point lumineux et leurs bases sur les deux iris, ont quatre génératrices communes qui abou- tissent aux intersections de ces courbes. » Ces quatre génératrices appartiennent donc à la fois aux deux lieux géométriques des rayons incidents sous l'angle de réflexion limite; les quatre rayons correspondants échappent cependant à cette réflexion. ( V ) « Ils éprouvent en pénétrant dans le cristal la réfraction conique inté- rieure, et en s'épanouissant ainsi sur la nappe superficielle d'un cône, ils cessent d'être compris dans le plan réfringent. » Si donc Je cristal est limité par deux surfaces parallèles, ces rayons as- sortiront, parallèlement à leur direction d'incidence primitive, en formant un cylindre émergent à base hyperbolique. » Cette hyperbole est en même temps la base du faisceau conique inté- rieur incident, et du faisceau cylindrique extérieur émergent; elle est con- centrique aux deux iris, et a pour asymptotes la direction de l'un des axes optiques proprement dits, et la direction de l'un des axes optiques secon- daires [axes de réfraction uniradiale intérieure, conique extérieure}. » Ce n'est pas tout^encore : » Des groupes particuliers de rayons, dont les points d'incidence sont extérieurs aux deux iris, en dehors par conséquent du lieu des réfractions limites, et dans le champ généralement réservé à la réflexion totale, échap- pent cependant à cette réflexion, et n'éprouvent en réalité que la réfraction limite. » Ces rayons forment autour des axes optiques secondaires des cônes de révolution; ils tombent ainsi sur le plan réfringent sous des incidences très-diverses , mais toutes convenables à la réfraction conique extérieure et uniradiale intérieure; ils pénètrent donc dans le cristal pour y prendre cette direction uniradiale, sans sortir du plan réfringent. j> Le lieu géométrique des points où chacun de ces groupes de rayons exceptionnels rencontre le plan réfringent, est une hyperbole concentrique aux deux iris, tangente à ces deux courbes, et dont le diamètre principal réel est parallèle à un axe optique secondaire. Les lieux géométriques de ses points de contact avec les deux iris sont d'ailleurs les deux génératrices d'intersection du plan réfringent avec la surface conique que forment, à l'intérieur du cristal, les directions de propagation normale, en nombre infini, correspondantes à la direction uniradiale du rayon réfracté. » Les deux iris de réfraction limite seront, dans toutes les circonstances que nous venons,.d'examiner, d'autant plus séparés que les trois indices du milieu biréfringent seront plus inégaux. Une propriété spéciale servira en- core à les caractériser, et aidera l'observateur à les démêler lorsqu'ils seront presque superposés et paraîtront confondus. » Chacun de ces iris est, comme on l'a dit, un lieu géométrique des points où commence la réfraction limite, pour la portion de lumière inci- ( 7* ) dente destinée à fournir le rayon soit ordinaire, soit extraordinaire; ces iris seront, par conséquent, polarisés à l'angle droit. » C'est aussi à la réflexion totale d'une seule de ces portions de la lu- mière incidente que l'intervalle interposé entre les deux iris emprunte son aspect de miroir étamé ; il doit donc perdre cette apparence, si la lumière réfléchie totalement, pour laquelle il a fonctionné ainsi, vient s'éteindre dans un analyseur. Pendant la rotation de l'analyseur, cette région du plan réfringent présente alternativement le singulier phénomène d'une paroi tantôt opaque et comme métallique, tantôt vitreuse et transparente. Cet effet est surtout manifeste toutes les fois que l'un des iris subsiste seul , et partage le champ du cristal en deux parties où la réflexion se montre ainsi avec un caractère absolument opposé. » Les phénomènes que nous venons de parcourir offrent autant de traits caractéristiques de la double réfraction; malheureusement la théorie, qui les fait prévoir, montre en même temps que les données physiques né- cessaires à la manifestation expérimentale de plusieurs particularités essen- tielles doivent satisfaire à des conditions difficiles à concilier. » D'une part, en effet, le double iris ne peut apparaître que si l'indice unique du milieu monoréfringent est supérieur aux trois, ou au moins à deux des trois indices principaux du cristal; et d'une autre part, il faut entre ceux-ci une inégalité marquée, pour que ces iris soient nettement séparés. Où trouver des liquides dont la réfraction soit assez forte, et des cristaux dont les trois réfractions principales soient en même temps assez faibles et assez différentes pour réunir ces conditions presque contradic- toires? » On ne peut guère, en effet, superposer aux cristaux d'autres milieux monoréfringents que des liquides. J'ai surtout employé le sulfure de car- bone, préférable à tout autre, à cause de l'énergie de son pouvoir réfrin- gent, s'il n'était accompagné d'un énorme pouvoir dispersif. Cette disper- sion élargit immodérément, dans la lumière blanche, les iris de réfraction limite; et leurs contours deviennent d'autant plus fondus et plus vagues qu'il faut les observer aux incidences presque rasantes. Une lumière homo- gène remédie en partie à ces inconvénients, mais s'applique mal à des expé- riences qui exigeraient une certaine intensité. » Quant aux cristaux, il en est très-peu, même parmi ceux qui se prêtent le mieux aux usages ordinaires de l'optique, qu'on puisse faire servir à ces recherches; presque tous sont trop réfringents, leurs indices sont supérieurs ou égaux à l'indice du sulfure de carbone. ( ?3 ) » Les expériences de réflexion totale, sur les cristaux, ne sont donc pas seulement difficiles et délicates par elles-mêmes ; les principaux obstacles, je le répète, viennent plus encore du manque de matériaux liquides ou soli- des réunissant les qualités désirables. Quoique j'aie éprouvé divers liquides, il est douteux qu'aucun puisse avec avantage être généralement substitué au sulfure de carbone ; il est possible, au contraire, que l'on parvienne à rencontrer, parmi les sels, et surtout parmi les sels hydratés, des cristaux possédant une double réfraction suffisante, avec une réfringence assez faible en valeur absolue. » Mais ici survient un empêchement nouveau : il faut que ces cristaux soient homogènes et assez volumineux pour qu'on puisse tailler et polir des surfaces planes de quelque étendue; les arts n'en fournissent qu'un petit nombre qui satisfassent à cette dernière condition, et pour en obtenir d'autres il faudrait les préparer en grand, et appliquer à ce but spécial des moyens qui n'appartiennent guère qu'à l'industrie. » chimie. — Note sur la préparation de l'uranium ; par M. Eue Peijgot. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie quelques mor- ceaux d'uranium, fondus à une haute température. » Lorsque j'ai fait connaître ce métal à l'état isolé, en 1842» j'ai montré qu'en traitant le protochlorure d'uranium par le potassium, on l'obtient, partie en poudre noire, partie à l'état aggloméré, sous forme de plaques ayant un éclat métallique comparable à celui de l'argent : mais, comme cette opération était faite dans un creuset de platine, on devait craindre la formation d'un alliage d'uranium et de platine. J'ai constaté, en effet, la présence d'une petite quantité de platine que j'ai signalé dans les parties douées de l'éclat métallique. J'avais essayé à plusieurs reprises, à cette époque, de produire l'uranium dans des creusets non métalliques; mais ceux-ci étaient constamment brisés par l'élévation trop subite de tempé- rature que développe la réaction. » La facilité avec laquelle on se procure aujourd'hui le sodium, grâce aux perfectionnements heureux introduits par M. H. Deville dans la pré- paration de ce métal, m'a engagé à reprendre mes essais, en substituant le sodium au potassium. Après plusieurs tentatives infructueuses, j'ai réussi à obtenir l'uranium pur et fondu, avec des caractères vraiment métalliques, en procédant de la manière suivante : »> On introduit dans un creuset de porcelaine vernie la quantité de sodium nécessaire pour décomposer le protochlorure vert d'uranium préparé, C. R., i856, i« Semestre. (T. XIII, N° 3.) ' I ( 74 ) comme je l'ai indiqué, en soumettant un des oxydes de ce métal à l'action simultanée du chlore et du charbon. On recouvre le sodium avec du chlo- rure de potassium bien sec, puis avec un mélange de ce même sel et du chlorure d'uranium à décomposer : le creuset, muni de son couvercle, est placé dans un creuset en terre brasqué, qu'on remplit avec du poussier de charbon, et qu'on ferme aussi avec son couvercle en terre. L'addition du chlorure de potassium a pour objet de rendre la réaction moins instantanée et moins vive. » Le creuset est chauffé jusqu'à ce que la réaction se manifeste; on en est averti par le bruit qu'on entend à ce moment; on porte immédiate- ment ce creuset dans le fourneau à vent et on le chauffe au rouge blanc pendant quinze à vingt minutes ; quand il est refroidi, on trouve dans le creuset de porcelaine une scorie fondue qui renferme plusieurs globules d'uranium. » Ainsi préparé, ce métal est doué d'une certaine malléabilité ; quoique dur, il est facilement rayé par l'acier; sa couleur rappelle celle du nickel ou du fer. Il prend à l'air une teinte un peu jaunâtre, par suite d'une légère oxydation superficielle. Chauffé au rouge, il présente subitement une vive incandescence et il se recouvre d'un oxyde noir volumineux, dans l'intérieur duquel on retrouve le métal non encore oxydé, si l'action de la chaleur a été arrêtée à temps. » Sa densité est fort remarquable; elle est égale à 1 8,4- Ainsi c'est, après le platine et l'or, le corps le plus dense que nous connaissions. Cette pesan- teur spécifique justifie peut-être aussi l'équivalent élevé que j'ai attribué à ce métal. » J'ai constaté qu'on peut obtenir également l'uranium au moyen du même chlorure vert et de l'aluminium. Son isolement par cette réaction est dû sans doute à la grande volatilité du chlorure d'aluminium. » Je me propose de continuer l'étude de ce métal, dont les propriétés physiques et chimiques diffèrent beaucoup de celles des autres métaux. » PHYSIQUE DU GLOBE. — M. Le Verrier, en communiquant un travail fait par MM. Goujon et Liais, pour la détermination des éléments magnétiques à l'Observatoire impérial de Paris, présente à ce sujet les considérations suivantes : « Les éléments magnétiques, en un point déterminé du globe, éprouvent des changements compris dans des périodes diverses : i° des variations séculaires; c'est ainsi que l'aiguille de déclinaison qui, jusqu'au commen- cement du siècle, s'éloignait du pôle nord, s'en rapproche maintenant; ( 75 ) 2° des variations annuelles ; 3° des variations diurnes. Outre ces varia- tions périodiques et quelques autres, que des travaux récents semblent indiquer, il se produit encore des perturbations accidentelles. » Voulant introduire à l'Observatoire de Paris un système complet d'observations magnétiques, conforme à l'état actuel de la science, j'ai re- connu la nécessité d'établir des instruments à indications continues pour l'étude des variations à courtes périodes et des perturbations accidentelles. D'un autre côté, il m'a paru indispensable de rechercher avant tout les influences des fers de l'Observatoire et des environs sur les déterminations faites dans cet établissement, afin de corriger les observations et d'obtenir des données précises pour l'étude des périodes séculaires. » Des instruments à indications continues, donnant les trois composantes du magnétisme, viennent d'être installés à l'Observatoire. Leur description fera l'objet d'une prochaine communication. Aujourd'hui je me bornerai à entretenir l'Académie de la détermination des corrections nécessitées par la présence du fer dans les environs. » En i85/j, des observations faites dans les pavillons de l'est et de l'ouest de la terrasse nous avaient indiqué une différence de 6' 55" entre los décli- naisons obtenues en ces deux points. Or rien ne prouvait que la déclinaison réelle fût comprise entre les deux valeurs ainsi obtenues ; elle pouvait aussi bien se trouver en dehors d'elles, et c'est, au reste, ce que l'expérience a montré postérieurement, comme on le verra plus loin. De là l'indispensable nécessité d'une étude approfondie de l'état magnétique de notre Observa- toire. Une semblable recherche serait sans doute utile dans d'autres éta- blissements, et particulièrement dans ceux qui sont situés à proximité de grandes villes. » J'ai donc chargé MM. Goujon et Liais de la détermination de l'ensemble descorrectionsàappliquer aux éléments magnétiques obtenusà l'Observatoire. Leur travail a été exécuté avec des soins et une exactitude extrêmes. Aussi est- il remarquable par la précision et la concordance des résultats. » Les trois éléments magnétiques ont été déterminés en plusieurs points de l'enceinte de l'Observatoire et en outre dans quatre stations situées au nord, au sud, à l'est et à l'ouest de l'Observatoire, mais àdes distances assez grandes pour qu'on fût assuré d'arriver à des conclusions sensiblement indépendantes du voisinage de Paris. Ces stations sont : i° Montrouge, enceinte de la mire de l'Observatoire établie dans cette localité; a° plaine Saint-Denis, à 200 mètres au nord des fortifications; 3° parc de Saint-Cloud, à 4oo mètres ouest de la Lanterne de Diogène ; 4° polygone de Vincennes, à 5oo mètres sud-est du donjon. il.. (76) » Les instruments employés étaient des boussoles de Gambey. » Pendant les diverses déterminations absolues, les indications d'instru- ments de variation (déclinaison, inclinaison et force horizontale) ont été suivies régulièrement à l'Observatoire. Les valeurs des divisions de tous ces instruments et les corrections dépendantes de la température des aiguilles ont été mesurées avec un grand soin. » Dans chacune des stations le méridien astronomique a été, par une trian- gulation, déduit de celui de l'Observatoire. Dans l'enceinte même de l'Ob- servatoire, on s'est servi du cercle de Gambey comme d'un collimateur, et l'on a ensuite déterminé, à l'aide d'observations astronomiques, la situation de cet instrument par rapport au méridien. » Les courants d'air pouvant influer sur la situation de l'aiguille, les ob- servations ont été faites sous une tente que nous a donnée M. le Maréchal Vaillant. » L'ensemble de ces opérations, rapportées à l'aide des instruments de variation au même instant, savoir le 7 septembre à ah 3om du soir, a donné les résultats suivants : Résultat déduit des quatre stations extérieures Pavillon ouest ' Pavillon central Enceinte de l'Ob- J Nouveau pavillon magnétique servatoire J Pavillon est Station placée à 20 mètres de la face sud de l'Observatoire Déclinaison. 1 9" 57' 45" 20 . o . 6 20. 4-24 20. 5.53 20. 6.22 20. 18 27 Inclinaison. 66° 3o' 6" 66.29.4 66.24.3 66.29.3 66 . 29 . o 66.i5.8 » Au moyen des inclinaisons observées dans chaque station, MM. Goujon et Liais ont calculé les intensités totales résultant des intensités horizontales. La comparaison des déterminations faites à l'Observatoire et aux environs de Paris a montré que l'intensité est trop faible, savoir : Au pavillon de l'ouest, de o,oo328 de sa valeur. Au pavillon central, de 0,00147 ' Au cabinet magnétique (pilier du magnétomètre bifilaire), de o ,0023 1 » Au cabinet magnétique ( pilier du magnétomètre de force verticale), de 0,00226 » A 20 mètres de la face sud du bâtiment, de o,oo5i4 » » En résumé, les conclusions à tirer du travail de MM. Goujon et Liais sont les suivantes : » i°. Tant que les grandes masses de fer existant à l'Observatoire et dans (77) les environs ne subiront pas de changements, on pourra obtenir dans cet établissement les vrais éléments magnétiques correspondant à ce lieu, en retranchant des déclinaisons observées : i 8' 37" au pavillon de l'est ; 8' 8" au nouveau cabinet magnétique ; 6' 3g" au pavillon central ; 7.' 21" au pavillon de l'ouest. » Pour les inclinaisons, sauf au pavillon central et près du bâtiment, les corrections sont petites et à peu près de l'ordre des erreurs d'une observa- tion; car on sait que la détermination des inclinaisons ne comporte pas autant de précision que celle des déclinaisons. MM. Goujon et Liais ont cependant eu soin de faire usage d'une aiguille de Gambey tellement bien équilibrée, que les deux inclinaisons ne diffèrent que de i5 minutes avant et après le retournement des pôles, circonstance qui élimine presque com- plètement l'influence de l'intensité du magnétisme de l'aiguille. » 20. Les déterminations antérieures devraient subir des corrections. Mais à partir de quelle époque faut-il appliquer les corrections actuelles? Il est assez difficile de le préciser. Peut-être pourrait-on admettre que ces corrections ont conservé la même valeur depuis la construction du grand toit en fer au-dessus de la tour de l'est, et dans ce cas les mesures prises au pavillon central devraient être diminuées de 6' 39" pour la déclinaison et augmentées de 6' 3" pour l'inclinaison. n 3°. Les observations faites à Vincennes et à Saint-Cloud ont, suivant la remarque de MM. Goujon et Liais, donné, pour les variations de déclinaison et d'intensité dépendantes de la longitude, des valeurs plus fortes que celles qu'on avait déduites d'observations antérieures faites en France. Cette anomalie, dont l'exactitude des observations ne permet pas de douter, semble difficile à expliquer par la seule action des fers de Paris. Il y a donc intérêt à poursuivre, aux environs de la capitale, l'étude des changements des éléments magnétiques avec la longitude. On se propose de faire à ce sujet de nouvelles recherches dans des stations plus éloignées. » « A la suite de cette communication , M. Le Verrier annonce que des mesures viennent d'être prises pour l'installation immédiate d'études météo- rologiques et magnétiques à Alger. Après avoir entretenu l'Académie de cette question, dans la séance du 19 mars i855, il avait adressé un projet d'organisation à MM. les Ministres de la Guerre et de l'Instruction publi- que. C'est ce projet que Leurs Excellences, éclairées par une discussion ( 7») récente et à£laquelle M. le Maréchal Vaillant a pris une part décisive, ont bien voulu adopter. Deux arrêtés ont mis à la disposition du Directeur de l'Observatoire de Paris les fonds nécessaires pour un premier établissement. » météorologie. — Observation faite à Caen du météore lumineux du 7 janvier (i); Lettre de M. Eudes Deslongchamps à M. Élie de Beaumont. « Je viens d'être témoin du passage d'un météore igné sur notre ville. Comme j'ai pu l'observer avec quelque précision, je m'empresse de vous en communiquer l'observation avec tous les détails que j'ai pu y rattacher, dans l'espérance qu'elle pourra être de quelque utilité. » Aujourd'hui 7 janvier, à 5 heures moins un quart (à ma montre qui comme toutes les horloges de notre ville est en retard de douze minutes sur l'horloge de la gare de notre chemin de fer, laquelle doit être réglée sur l'heure de Paris , ou au moins sur les horloges des chemins de fer), je pas- sais, accompagné de mon fils, rue de Bayeux ; nous n'étions que de quel- ques pas engagés dans cette rue qui commence à la place dite des Petites- Boucheries ( la rue de Bayeux, à Caen, est à peu près orientée de l'est à l'ouest); nous marchions vers l'ouest. L'atmosphère était alors très-calme; aucune haleine de vent ne se faisait sentir. Le ciel, dans les points que nous pouvions apercevoir, était entièrement dégagé de nuages. La nuit n'était pas encore venue, quoique la clarté du jour fût notablement diminuée ; la journée avait été fort humide, et les pavés de la rue étaient mouillés d'hu- midité. Mes yeux étaient en ce moment dirigés vers le sol, à quelques pas devant moi. Tout à coup une clarté subite est venue éclairer les pavés vers lesquels se dirigeaient mes yeux, et les a rendus miroitants d'une lumière intense, de couleur rougeâtre. Une seconde ou une seconde et demie après la disparition de cette clarté, qui a été instantanée, j'ai entendu, et mon fils aussi, un bruit ressemblant au crépitement rapide et successif que pro- duirait une forte fusée volante, dont on serait très-près. Machinalement j'ai porté mes yeux vers le ciel, et j'ai vu au ciel à une hauteur de 1)5 à 5o degrés environ au-dessus de l'horizon , une traînée lumineuse formée d'étincelles, et ressemblant entièrement à celle que produirait une fusée volante, mais plus fournie, et d'une assez grande longueur. (1) Voir pour l'observation du même météore au Havre la Lettre de M. Lecadre [Compte rendu du vl\ janvier). (79) * Cette traînée m'a paru couper la direction de la rue de Bayeux , de manière à ce qu'elle eût marché du nord-est ou du nord-nord-est vers le sud-ouest ou sud-sud-ouest; elle s'avançait assez rapidement Vers ce point, mais pas plus que ne le ferait une fusée volante. Bientôt (après une demi- seconde environ) la traînée étincelante a paru s'arrêter dans sa partie pos- térieure; mais sa partie antérieure, ou sud-ouest, s'est allongée et comme étirée, en continuant sa marche, puis il est sorti de son extrémité sud-ouest un corps d'une forme à peu près globuleuse, qui paraissait au moins du volume des deux poings réunis. Ce globe a continué de s'avancer dans la direction de la traînée, mais sans en être suivi ; il faisait tache obscure sur le fond du ciel; cependant il montrait sur ses côtés, et peut-être aussi en arrière, de larges plaques incandescentes, rougeàtres, brillantes ; et, con- tinuant sa marche, il a bientôt été caché à mes yeux par les toits des maisons. Il s'est à peine écoulé une seconde depuis l'instant où le globe obscur s'est dégagé de la traînée lumineuse, jusqu'au moment où j'ai cessé de le voir. » Dans tout ce que je viens de retracer, il n'y a rien qui diffère beau- coup de ce que présente la marche d'une fusée volante que l'on aurait pu tirer de quelque point de la ville. Aussi, pendant l'intervalle très-court écoulé depuis l'apparition de la traînée jusqu'au moment où le globe obscur a disparu, l'idée d'une fusée volante me préoccupait uniquement; mais cette idée a dû faire place à celle d'un météore igné, lorsque, reportant mes yeux vers le ciel, j'ai vu que la traînée lumineuse, alors extrêmement lon- gue, persistait. Toujours très-brillante, elle semblait formée d'étincelles ac- cumulées qui oscillaient les unes sur les autres. Un peu après, la partie anté- rieure d'où le globe obscur était sorti s'est allongée lentement en se courbant en divers sens. Bestée d'abord brillante, elle a pâli, toujours en s'allongeant, mais beaucoup moins ; ses contours et son extrémité étaient très-nettement coupés sur le fond du ciel. La partie postérieure, plus volumineuse, s'est allongée aussi; d'abord brillante, elle a pâli aussi, elle s'est contournée, et ses circonvolutions se rapprochaient les unes des autres : bref, on pouvait à la fin comparer l'ensemble de la traînée à un petit nuage fort allongé, in- testiniforme. brillant dans quelques points, mat ou obscur dans d'autres. Il ne faut pas oublier que l'ensemble de la traînée, après la sortie du globe obscur, a cessé entièrement son mouvement de translation vers l'ouest; elle est restée en place et visible pendant plus de vingt minutes. Comme le ciel était sans nuages dans le point qu'elle occupait, il a été facile de suivre toutes ses transformations. Nous ne sommes pas les seuls à avoir vu ce ( 8o ) phénomène. Toutes les personnes présentes dans la rue au moment du passage du météore ont été frappées d'étonnement, et bientôt tous les habitants des maisons sont sortis, regardant la traînée et faisant leurs commentaires. Tout le monde a pu voir la taînée ; mais peu de personnes ont pu voir la première apparition du phénomène, laquelle n'a duré, je le répète, que quelques secondes. » Nous tournions le dos au météore quand il a commencé à traverser la direction de la rue de Bayeux. C'est évidemment au moment où il passait an-dessus de nos têtes qu'il a vivement éclairé les pavés formant la partie du sol de la rue où nous nous trouvions. Or, le bruit accompagnant le mé- téore s'est fait entendre à nous une seconde, ou tout au plus une seconde et demie après la clarté; le météore lui-même n'était donc pas à une très- grande hauteur. Le noyau obscur qui s'est dégagé des vapeurs ignées, dans lequel il était plongé, et qu'il entraînait avec lui, me fait présumer que ce météore est un aérolithe qui se sera dégagé de ses vapeurs quand la résistance de l'air, en approchant de la surface de la terre, s'est opposée à leur mou- vement de translation. Cet aérolithe n'a pas dû tomber loin de Caen, peut- être à Vénoix, à Bretteville-la-Pavée, à Carpiquet, villages situés à peu près dans la direction présumée qu'il a dû parcourir. La distance de Caen au lieu de la chute est plus ou moins grande, suivant le degré d'obliquité de la trajectoire, par rapport à la surface du sol ; mais je n'ai aucune donnée sur cette obliquité. Il y a tout lieu de croire que des renseignements autres que ceux que je puis fournir viendront bientôt lever les incertitudes; car ce phénomène a dû frapper l'attention dans un grand nombre de points dans notre canton. )- Ma Lettre est écrite à la hâte, et le rapport qu'elle contient est informe; mais j'ai cru qu'il pourrait intéresser les hommes qui s'occupent de météo- rologie, et leur fournir quelque renseignement utile. » économie rurale. — Note sur les moutons de Caramanie, envoyés à la Société impériale d'acclimatation par M. le Maréchal Vaillant; par M. Texier. (Extrait par l'auteur. ) « Le nom de Caramanli, donné à ces moutons, indique qu'ils sont ori- ginaires de Caramanie. Cette province centrale de l'Asie Mineure occupe le territoire de toute l'ancienne Cappadoce ; elle se distingue par un caractère complet de déboisement : ce ne sont du nord au sud que de vastes steppes ( 8i ) parcourues en tous sens par les tribus de Turcomans nomades qui con- duisent d'innombrables troupeaux. » Les moutons de cette contrée sont remarquables par une particularité qu'on n'observe pas en Europe. Leur queue forme une énorme masse de graisse qui pèse jusqu'à 5 ou 6 kilogrammes. Cette race de moutons existe dans ce pays de temps immémorial, car elle est citée par Hérodote, liv. m, 1 13. » La laine de ces moutons est assez grossière, elle ne sert que pour la fa- brication des tapis et des gros vêtements. » Les bergers donnent à leurs moutons une notable quantité de sel. » L'auteur ne pense pas que l'acclimatation de cette race soit difficile, mais il faudrait qu'ils reçussent chaque jour une petite ration de sel. » MÉMOIRES LUS. MÉDECINE. — Mémoire sur l'ulcère simple de l'estomac ; par M. Cruveilhier. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie.) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie a pour objet une maladie de l'estomac généralement confondue dans la pratique avec le cancer de cet organe , quelquefois avec la gastralgie ou avec diverses formes de la gastrite chronique. » Cette maladie, dont l'anatomie pathologique pouvait seule donner la détermination , je l'ai désignée sous le nom d'ulcère simple ou d'ulcère chro- nique simple de l'estomac , pour indiquer, d'une part, sa nature ou plutôt sa forme ulcéreuse et sa marche généralement chronique ; d'une autre part, sa curabilité, sa bénignité, par opposition avec l'incurabilité, la malignité (on me pardonnera ce vieux et métaphorique langage) de l'ulcère cancéreux del'estomac. Qu'il me soitpermisde dire que c'est dans laXelivraison démon grand ouvrage d' Anatomie pathologique , avec planches, livraison qui a paru en i83o, que cette maladie a été pour la première fois décrite comme ma- ladie spéciale et définitive , séparée du cancer de l'estomac, avec lequel elle avait été confondue jusqu'alors, que j'y ai ajouté de nouveaux faits et de nouvelles figures dans la XXe livraison. Et je suis heureux de dire qu'en i83g M. le professeur Rokitanski, de Vienne , est venu enrichir la science de faits C. B., -8*fi, t*tSmeiir*: 'T. XUI,N°3.) 12 ( 8a ) nombreux et positifs sur cette maladie dans un excellent Mémoire , intitulé de X Ulcère perforant de l'estomac. » La description générale de l'ulcère simple de l'estomac, qui doit faire l'objet de cette lecture, comprendra : i° ses caractères anatomiques , qui établissent son existence comme espèce morbide; 20 ses caractères de phy- siologie pathologique ou caractères chroniques, qui établissent la possibilité de reconnaître cette lésion au lit du malade; 3° ses caractères thérapeuti- ques, qui établissent non-seulement sa curabilité, mais encore sa tendance à la guérison sous l'influence de la soustraction » Ire partie. Caractères analomiques de l'ulcère simple de l'estomac. — Anatomiquement considéré, l'ulcère simple de l'estomac consiste dans une perte de substance, ordinairement circulaire, à bords indurés, coupés à pic ou en talus, à fond grisâtre et également induré, de dimension variable depuis quelques millimètres jusqu'à plusieurs centimètres de diamètre. » Presque toujours solitaire, l'ulcère simple de l'estomac occupe ordi- nairement soit la paroi postérieure, soit la petite courbure de cet organe. Il est en général plus rapproché de l'extrémité pylorique que de l'extrémité cardiaque. » L'ulcère simple de l'estomac s'étend en surface; mais en même temps il creuse en profondeur, et lorsqu'il a triomphé de la résistance que la tu- nique fibreuse oppose à son envahissement, la tunique musculeuse d'a- bord, puis la tunique péritonéale, ne tardent pas à être usées par le travail ulcératif ; d'où la perforation de l'estomac et la mort par épanchement dans le péritoine des gaz et des matières alimentaires, à moins que des adhé- rences salutaires ne préviennent les effets de la perforation. » La série des faits m'a permis d'observer tous les degrés du travail ulcé- reux perforateur, depuis une érosion folliculeuse jusqu'à la destruction de toute la tunique de l'estomac , qui est alors remplacée par les organes en- vironnants, avec lesquels il a contracté des adhérences intimes. L'idcère chronique simple de l'estomac ne présente qu'une similitude grossière avec l'ulcère cancéreux , avec lequel cependant il a presque toujours été con- fondu. La base qui le supporte n'offre aucun des attributs ni du cancer squirreux ni du cancer encéphaloïde. La meilleure preuve, d'ailleurs, que l'ulcère chronique simple n'est pas cancéreux, c'est sa curabilité. Cette curabilité, c'est encore l'anatomie pathologique qui l'a démontrée en nous faisant connaître les caractères des cicatrices de ces ulcères, cica- trices qui ont été souvent considérées comme appartenant au cancer squir- reux. ( 83) » Caractères des cicatrices des ulcères chroniques simples de V estomac. — Ces cicatrices sont toutes fibreuses et constituées par une couche plus ou moins épaisse de tissu fibreux de nouvelle forme. Jamais ces cicatrices ne présentent le moindre caractère du tissu des membranes muqueuses. La membrane muqueuse de l'estomac se termine abruptement à la circonfé- rence de la perte de substance, sous la forme d'un bourrelet circulaire. » La cicatrisation des pertes de substance de l'estomac, de même que celle de la peau, se fait par un double mécanisme : i° par le rapprochement des bords de la solution de continuité ; i° par la production de toutes pièces d'un tissu cicatriciel. » Il n'est pas rare de voir l'ulcère simple de l'estomac, après avoir détruit successivement toutes les tuniques de l'estomac, franchir les limites de cet organe, dont la perte des substances est alors remplacée par les organes en- vironnants, avec lesquels la surface péritonéale de l'estomac avait préalable- ment contracté les adhérences les plus intimes. Non-seulement les viscères qui avoisinent l'estomac réparent les brèches qu'il a subies par l'ulcéra- tion, mais encore, devenus partie constituante de cet organe, ils finissent par participer au travail d'ulcération. » De l'ulcération consécutive des cicatrices de l'ulcère simple de V esto- mac.— Au point, de vue fort important sous lequel les cicatrices de l'estomac doivent être envisagées, c'est celui de la facilité avec laquelle elles deviennent le siège d'un travail ulcéreux consécutif, et alors reparaissent tous les symp- tômes morbides de l'ulcère simple ; de là ces récidives que j'ai vues se repro- duire un an, deux ans, cinq ans, huit ans, et même davantage, après une guérison qui paraissait définitive, et si le traitement le plus sévère ne vient mettre un terme à ce travail d'ulcération, les malades peuvent succomber soit à la perforation de l'estomac, soit à une hémorragie. » La perforation, \' hémorragie, voilà les deux grands accidents, les deux grands dangers auxquels expose l'ulcère simple de l'estomac, et ce double danger survit à la cicatrisation la plus parfaite de l'ulcère. L'une et l'autre peuvent se produire primitivement, c'est-à-dire pendant le travail primitif de l'ulcération, ou consécutivement, c'est-à-dire après la formation de la cica- trice. » i°. De la perforation spontanée de l'estomac dans l'ulcère simple de cet organe. — L'ulcère simple me paraît la cause la plus fréquente des per forations spontanées de l'estomac. En compulsant les principales observa- tions qui ont été publiées sur ce sujet, il m'a été facile de reconnaître dans les détails de l'autopsie tous les caractères de l'ulcère simple aigu ou 19... { 84 ) chronique de l'estomac. Or les accidents rapidement mortels qui sont la suite de la perforation de l'estomac survenant brusquement, quelque- fois immédiatement après l'ingestion d'aliments ou de boissons, la ques- tion d'empoisonnement a été soulevée un assez grand nombre de fois. Il n'est pas rare de voir la perforation survenir consécutivement, c'est- à-dire après la cicatrisation complète de l'estomac : je crois même pouvoir affirmer que les perforations consécutives de l'estomac sont beaucoup plus fréquentes que les perforations primitives. 3e regarde, en outre, comme démontrée cette proposition que la perforation spontanée de l'estomac s'observe incomparablement plus souvent dans l'ulcère simple aigu ou chronique que dans l'ulcère cancéreux de l'estomac. » 20 De l'hémorragie dans l'ulcère simple de l'estomac. — L'hémorragie de l'estomac, de même que sa perforation, est tantôt primitive, tantôt consécutive. On pourra diviser les gastrorragies en faibles, en moyennes et en foudroyantes. L'hémorragie faible est presque inévitable dans l'ulcère simple de l'esto- mac, jusqu'à la formation de la cicatrice. En examinant sous une couche d'eau limpide la surface de cet ulcère, on verra sur cette surface de petits vaisseaux érodés et coupés à pic, dont les uns sont obstrués par des caillots solides, dont les autres sont obstrués par des caillots mous, qui se détachent avec la plus grande facilité. C'est par ces derniers vaisseaux qu'ont lieu les hémor- ragies quotidiennes, dont le produit se mêlant aux aliments donne lieu soit à des selles noires, soit à des vomissements noirs, qui seront très-souvent le premier symptôme révélateur de la maladie. » Mais il arrive quelquefois que l'ulcère simple, rencontrant pour ainsi dire sur son passage une grosse artère, l'entame, la perfore ; et alors, si un caillot obstruant, d'une grande solidité, ne prévient pas l'issue du sang au dehors, il en résulte des vomissements aussi bien que des déjections san- glantes, plus ou moins considérables suivant le calibre du vaisseau, d'où la mort par hémorragie, et l'hémorragie peut-être foudroyante. » La source la plus ordinaire des gastrorragies graves et surtout des gastrorragies foudroyantes, c'est la lésion de l'artère splénique. J'ai vu aussi une hémorragie mortelle produite par la perforation de l'artère coronaire stomachique. » Tels sont les caractères anatomiques de l'ulcère simple de l'estomac. « Pour compléter l'histoire de cette maladie, il me resterait encore à exposer : i° les caractères de physiologie pathologique à l'aide desquels on peut la reconnaître au lit du malade; a° les moyens thérapeutiques à l'aide desquels on peut la guérir. Ce sera, si l'Académie veut bien me le ( 85 ) ^ J permettre, l'objet d'une seconde lecture. Je termine cette première pffrtie de mon travail par les conclusions suivantes : Conclusions. » i°. Il existe une maladie de l'estomac qui est anatomiquement carac- térisée par un ulcère simple de cet organe ; » 2°. Cette maladie ou plutôt cette lésion, qui me paraît assez fréquente, est essentiellement différente de l'ulcère cancéreux de l'estomac, avec lequel elle avait été confondue jusque dans ces derniers lemps et avec lequel elle est encore tous les jours confondue dans la pratique; » 3°. En opposition avec le cancer de l'estomac qui suit fatalement sa marche envahissante et destructive, et qui, dans l'état actuel de la science, est marqué au sceau de l'incurabilité la plus radicale, l'ulcère simple de l'estomac tend essentiellement à la guérison ; » 4°- L'ulcère simple de l'estomac est susceptible d'une cicatrisation parfaite, et cette cicatrisation se fait, non à l'aide d'une membrane muqueuse accidentelle, mais bien à l'aide de la production d'un tissu fibreux, très-résistant, très-dense, qui diffère essentiellement du cancer squirreux avec lequel il avait été confondu ; » 5°. Lorsque l'ulcère simple, après avoir détruit toutes les tuniques de l'estomac, a franchi les limites de cet organe, la perte des substances est réparée par les organes environnants que recouvre un tissu cicatriciel et qui finissent eux-mêmes quelquefois par participer au travail d'ulcération ; » 6°. La gravité de l'ulcère simple de l'estomac survit en quelque sorte à sa guérison, attendu que la cicatrice de cet ulcère est souvent le siège d'un travail d'ulcération consécutif qui renouvelle tous les accidents de la maladie; » 70. L'ulcère simple de l'estomac est une des causes les plus fréquentes des vomissements noirs et des déjections noires, est la cause plus ordinaire de la mort par gastrorragie avec ou sans hématémèse ; » 8°. L'ulcère simple de l'estomac, est la cause la plus ordinaire de Lla. mort par perforation spontanée de cet organe ; » 90. Les deux grands accidents de l'ulcère simple de l'estomac, savoir l'hémorragie et la perforation, ont plus souvent lieu consécutivement, c'est-à-dire par l'ulcération de la cicatrice, que primitivement, c'est-à-dire pendant la formation de l'ulcère. » ( 86) physiologie pathologique.— Recherches expérimentales sur la produc- tion dune affection commlsive , épileptiforme , à la suite de lésions de la moelle épinière ; par M. Brown-Séquard. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) « J'ai trouvé, en i85o, que certaines lésions de la moelle épinière, sui- des mammifères, sont suivies, au bout de quelques semaines, d'une affection convulsive, épileptiforme. Depuis cette époque, j'ai fait un très-grand nombre d'expériences à ce sujet, et je vais exposer sommairement ici les principaux résultats que j'ai obtenus. » I. J'ai trouvé que toutes les lésions que je vais énumérer peuvent pro- duire cette affection convulsive: i° section transversale complète ou presque complète d'une moitié latérale de la moelle épinière; 2° section transver- sale simultanée des cordons postérieurs, des cornes grises postérieures et d'une partie des cordons latéraux ; 3° section transversale des cordons pos- térieurs seuls; 4° section transversale des cordons latéraux; 5° section trans- versale des cordons antérieurs; 6° section transversale de la moelle épinière tout entière dans les régions dorsale ou lombaire; 70 piqûre de la moelle épinière. De toutes ces lésions, celles qui ont le plus d'efficacité pour pro- duire l'affection convulsive que j'ai étudiée, sont la première et la seconde. La première surtout, à savoir la section d'une moitié latérale de la moelle, produit constamment cette maladie chez les animaux qui survivent plus de trois ou quatre semaines à l'opération. L'intensité et la fréquence des accès convulsifs, après cette lésion, sont beaucoup plus grandes qu'après toute autre lésion de la moelle épinière. « II. De toute la partie de la moelle étendue entre son extrémité caudale et le milieu de la région dorsale, c'est la portion comprise entre la septième ou la huitième vertèbre dorsale et la troisième lombaire, dont les lésions produisent le plus souvent cette maladie convulsive. En arrière de cette portion de la moelle, les lésions paraissent être de moins en moins capables de produire cette affection à mesure qu'elles sont faites plus près de l'extré- mité caudale de ce centre nerveux. » III. L'époque d'apparition de cette affection se trouve presque tou- jours dans la troisième semaine après l'opération. Dans quelques cas, j'ai vu le premier accès survenir vers la fin de la première semaine. » IV. Les parties du corps où se montrent les convulsions, varient suivant le siège de la lésion. Lorsque celle-ci se trouve au niveau des dernières ver- (87 ) tèbres dorsales ou des premières lombaires, et qu'elle consiste dans la section d'une moitié latérale de la moelle, les convulsions ont lieu dans toutes les parties du corps, à l'exception du membre postérieur du côté où la section a été faite. Si la lésion consiste dans la section des deux cordons postérieurs, les convulsions ont lieu partout. Si la lésion consiste dans la section, soit des cordons antérieurs, soit des cordons latéraux, soit de la totalité de la moelle, les convulsions n'ont lieu, en général, que dans les parties non pa- ralysées. Cependant quelquefois les parties paralysées se convulsent aussi, mais c'est un spasme tonique qui s'y montre et non des convulsions clo- niques comme dans les parties non paralysées. » V. Les convulsions ont lieu quelquefois sans excitation extérieure; mais on peut, en général, les provoquer très-aisément par certaines excita- tions. De toutes les parties du corps, il n'en est qu'une qui, lorsqu'on l'irrite, occasionne un accès. Cette partie consiste seulement dans un des côtés de la face, dans les cas où la lésion n'existe que sur une moitié latérale de la moelle. Quand la lésion existe sur les deux moitiés latérales de cet organe, l'irritation des deux moitiés de la face peut causer un accès. Il est très-re- marquable que quand la lésion est à droite sur la moelle, ce ne soit que la moitié droite de la face qui puisse, par suite d'une irritation, causer des convulsions, et que quand c'est la moitié gauche de la moelle, ce ne soit que la moitié gauche de la face qui ait cette puissance. Le degré d'irrita- tion nécessaire pour causer un accès varie beaucoup : quelquefois il suffit de souffler sur la face ou de la toucher aussi légèrement que possible; d'autres fois, il faut ou pincer très-fortement, ou brûler, ou galvaniser la face. » VI. En général, on peut produire l'accès par un autre moyen : il suffit d'empêcher l'animal de respirer pendant un temps très-court. Chez un ani- mal à l'état de santé, une asphyxie soudaine et complète produit des con- vulsions au bout d'une minute et demie ou de deux minutes. Chez un ani- mal atteint de l'affection convulsive dont je m'occupe, l'asphyxie produit l'accès au bout de dix à trente secondes, et il dure assez longtemps, dès qu'il a commencé, bien qu'on permette à l'animal de respirer, tandis que chez un animal non malade, les convulsions cessent presque aussitôt quand on lui permet de respirer . » VII. Les premiers accès que l'on produit après une lésion de la moelle épinière, consistent seulement dans des convulsions des muscles de la face et du globe oculaire. Quelques jours après ces premiers accès, les muscles du larynx, du col et du thorax se convulsent aussi, et enfin les muscles des membres et du tronc participent aux convulsions. Un des pre- (88) miers phénomènes d'un accès complet consiste dans le spasme de la glotte ou des muscles inspirateurs. » VIII. Cette affection convulsive ressemble beaucoup à l'épilepsie. On pourrait croire cependant qu'elle en diffère en ceci que pendant l'accès, si l'on pince l'animal, il crie quelquefois. S'il était démontré que le cri est une preuve que l'animal n'a pas perdu connaissance, cette affection convul- sive différerait de l'épilepsie, puisque la perte de connaissance est un carac- tère essentiel de cette dernière maladie. Mais les cris, ainsi que je l'ai mon- tré dans un Mémoire lu à l'Académie en 1849 (Comptes rendus, t. XXIX, p. 672), peuvent ne pas être des signes de douleur et n'être que des phéno- mènes réflexes. » Si ce n'est pas de l'épilepsie véritable que je produis en lésant la moelle épinière, c'est au moins une affection épileptiforme appartenant au groupe des affections convulsives dans lesquelles l'accès peut avoir sa cause à l'exté- rieur, telles que celles dans lesquelles il existe une aura, ou dans lesquelles la lésion d'un nerf, due à une tumeur ou à toute autre cause, produit l'épilepsie ou des convulsions épileptiformes. En effet, l'irritation du nerf trijumeau sur les animaux chez lesquels j'ai lésé la moelle produit l'accès, comme chez les enfants l'irritation des nerfs dentaires. » IX. Nombre d'auteurs, parmi lesquels surtout. Esquirol , Portai, M. Calmeil, MM. Bouchet et Cazauvielh, ont signalé la coexistence assez fréquente de l'épilepsie et d'altérations de la moelle épinière. Georget et d'autres pathologistes n'ont voulu voir dans ce cas que de simples coïnci- dences. Les faits que j'ai observés sur les animaux, en démontrant directe- ment que des altérations de la moelle peuvent être la cause première d'une affection épileptiforme, rendent extrêmement probable que l'épilepsie, dans nombre des cas mentionnés par les auteurs que j'ai cités, dépendait de l'alté- ration de la moelle que l'autopsie a fait voir. » X. J'ai constaté que le nombre des accès augmentait considérablement chez les animaux que j'enfermais dans un étroit espace et auxquels je don- nais beaucoup de nourriture. Dans ces conditions, quelques-uns avaient spontanément 3o, !\o ou 5o accès par jour. Les mêmes animaux, soumis à un régime tout à fait opposé et laissés libres dans une vaste chambre, ne paraissaient plus, après quelques semaines, capables d'avoir des accès spontanés, et il était difficile de leur en donner. Il m'a semblé que ce traite- ment par la diète a suffi quelquefois pour les guérir. » XL A l'autopsie des animaux atteints de cette affection convulsive, j'ai trouvé, outre là lésion que j'avais faite à la moelle épinière, un état de ( 89) congestion de la base de l'encéphale et du ganglion de Gasser, des deux côtés quand la lésion existait sur les deux côtés de la moelle épinière, et seulement du côté de la lésion quand elle n'existait que sur une moitié latérale de la moelle. Conclusions. » Des faits rapportés dans ce Mémoire, je crois pouvoir tirer les conclu- sions suivantes : » i°. Des lésions variées de la moelle épinière peuvent produire, chez les mammifères, une affection convulsive, ayant beaucoup d'analogie avec l'épilepsie. Il semble, en conséquence, que chez l'homme ce n'est pas seulement par une simple coïncidence qu'on a rencontré des altérations de la moelle épinière chez des épileptiques ; « a°. Des lésions de la moelle épinière peuvent produire un change- ment tel dans la vitalité du nerf trijumeau ou de la partie de l'encéphale où ce nerf aboutit, que l'excitation des ramifications de ce nerf à la face occasionne des convulsions. De plus, la moitié droite de la moelle épinière a cette influence sur le nerf trijumeau ou l'encéphale du côté droit, et la moitié gauche de la moelle sur l'une ou l'autre de ces parties du côté gauche. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS M. le Ministre de l'Instruction purlique transmet un Mémoire de M. Onésime Simon, demeurant à Port-Louis (île Maurice), sur le traitement du choléra au moyen d'un remède de son invention. Ce Mémoire, avec les pièces justificatives manuscrites et imprimées dont il est accompagné, est renvoyé à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission spéciale du concours pour le prix du legs Bréant. L'Académie renvoie à la même Commission un Mémoire , écrit en italien, de M. Beretti, pharmacien à Rome, concernant les résultats de ses recherches analytiques sur le sang de personnes mortes du choléra. Et une Note de M. Delfrajrssé 'sur le traitement du choléra épidémique. C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° 3.) l3 (9o) chimie appliquée. — Études chimiques du Champignon comestible , suivies d'observations sur sa valeur nutritive; par M. Jules Lefort. (Extrait.) (Commissaires, MM. Payen, Decaisne, Peligot.) « A l'époque où les chimistes se livraient avec le plus d'ardeur à l'exa- men des végétaux, Braconnot entreprit de faire connaître la composition de plusieurs espèces de Champignons. Ce travail, dans lequel on retrouve à chaque pas l'esprit d'investigation qui distinguait ce regrettable savant, comprend l'analyse de X Agaricus volvaceus, de X A. piperatus, de X A. cantharellus , de XHjrdnum rependum, de XH. hybridum et du Boletus viscidus. Peu de temps après, Vauquelin indiqua la composition de XAga- ricus bulbosus, de X A. theogalus, de X A. muscarius et enfin de X A. cam- pestris. » Lorsqu'on compare les résultats obtenus par ces deux savants, on y trouve des différences si peu sensibles, que l'on est tenté de croire que toutes ces variétés possèdent les mêmes principes constituants. » Nous donnons seulement ici la composition de X Agaricus campestris , comme se rapportant tout à fait au sujet que nous traitons, et telle que Vau- que l'a trouvée : Adipocire. Huile ou graisse. Albumine. Matière sucrée. Osmazome. Substance animale insoluble dans l'eau. Fungine ou partie fibreuse. Acétate de potasse. » Ainsi que le montre l'analyse de Vauquelin, le Champignon comestible ne contiendrait pas moins de quatre principes gras, dont trois d'origine animale, et auxquels il faudrait attribuer la propriété nutritive qu'on lui connaît. » Il est assez digne de remarque que, depuis Braconnot et Vauquelin, on n'ait entrepris aucun travail suivi, non- seulement sur les Champignons alimentaires, mais encore sur ceux qui sont reconnus nuisibles à la santé. » Mettant à profit, d'une part, la facilité de se procurer à Paris le Cham- pignon comestible ou de couche ( Agaricus edulis), et, d'une autre part, les documents laissés par nos devanciers, nous avons pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de recommencer l'analyse de ce Cryptogame, d'y rechercher la nature des substances auxquelles il doit sa propriété nutritive, la répartition dans ses différentes parties des principes qui le constituent, et enfin sa ( 9» ) valeur comme aliment. C'est le résultat de ce travail que nous avons l'hon- neur de présenter à l'Académie. » D'après nos recherches, le Champignon de couche contient : De l'eau. De la cellulose. De la marmite. De l'albumine végétale. Du sucre fermentescible. Une matière grasse azotée. Des acides fuinarique , citrique et ma- lique. Une matière colorante. Un principe aromatique. De la silice. De l'alumine. De la potasse. De la soude. De la chaux. De la magnésie. De l'oxyde de fer. Du chlore. Des acides sulfurique et phosphorique. » Nous indiquons, dans notre Mémoire, toutes les expériences que nous avons faites pour isoler et reconnaître chacune de ces substances. » Contrairement à ce qui a été avancé par Vauquelin, le Champignon de couche, d'après nos recherches, ne contient pas de matière animale propre- ment dite. » On n'ignore pas que, pour les anciens chimistes, toute substance végé- tale qui dégageait en brûlant une odeur de viande grillée et des principes azotés, entre autres du carbonate d'ammoniaque, et enfin qui répandait une odeur putride lorsqu'on l'abandonnait à elle-même, était supposée contenir un principe d'origiqe animale. » De toutes les substance que nous avons pu reconnaître dans le Cham- pignon de couche, une seule, plus ou moins privée de ses principes colorant et aromatique, se comporte de la sorte, c'est l'albumine végétale ; or on sait maintenant que cette dernière possède à peu près tous les caractères de l'albumine animale. » La matière grasse azotée du Champignon comestible, que Vauquelin ne considère pas comme d'origine animale, joue un grand rôle dans les réactions que l'on fait subir à ce végétal. C'est elle qui avec une petite quan- tité de marmite a produit la substance à laquelle Vauquelin a donné le nom de adipocire. Nous en dirons autant de l'osmazome, signalée par ce chi- miste et qui nous a paru être un mélange de mannite, de principe colorant et de matière grasse azotée, décomposée pendant l'évaporation des liqueurs. » Cette matière grasse se présente, dans son état de pureté, sous la forme d'une matière butvreuse, fusible à 35 degrés, d'odeur désagréable et non i3.. (g*) saponifiable par les alcalis. Elle est composée de : Carbone 56 , 62 Hydrogène 10 ,84 Oxygène 3i ,95 Azote o , 5g 1 00 , 00 » § II. Considérés an point de vue nutritif, les Champignons comestibles en général constituent, pour beaucoup d'habitants de la France, un aliment assez avantageux. A Paris, ils forment une branche de commerce assez éten- due; ainsi, d'après des documents certains qui nous ont été communiqués, avec une extrême bienveillance, par M. Husson, chef de division à la Pré- fecture de la Seine, il en a été consommé dans cette ville, pendant chaque jour de l'année i853 (dernier relevé), 5235 maniveaux. Chaque maniveau se compose de 6 à 1 2 individus, et s'est vendu en moyenne 1 8 centimes, ce qui représente une valeur de 1000 francs à peu près. » Il y a quelques années, MM. Schlossberger et Dopping, désirant se rendre compte de la valeur nutritive de ces végétaux, dosèrent l'azote de quelques espèces les plus alimentaires. Voici les résidtats qu'ils ont obtenus pour 100 parties de Champignons desséchés à 100 degrés : Azote. Agaric délicieux 4 >68 Agaric comestible 7 , 26 Russule 4 > 3-5 Chanterelle 3,22 Ceps noir 4)7° » Partant de ces données, ces chimistes émirent l'opinion que les Cham- pignons constituaient un aliment par excellence et supérieur aux haricots, qui ne contiennent que 3 à 5 pour 100 d'azote. » Nous devons dire tout de suite qu'il y a, entre, les résultats de MM. Schlossberger et les nôtres, des différences tellement sensibles, que nous avons dû recommencer plusieurs fois nos analyses ; mais toujours nos dosages ont été identiques. » Un Champignon de couche, entier, dans un parfait état de maturité, desséché à 1 10 degrés, réduit en poudre et enfin analysé lorsqu'il ne per- dait plus d'eau, nous a donné, dans trois expériences, 2,83, 2,91 et 2,90 pour 100 d'azote. » Le chapeau et le pédoncule possèdent, comme on sait, au goût et à (93) l'odorat des différences assez tranchées; aussi beaucoup d'habitants ne mangent-ils que le premier, comme étant plus tendre et plus aromatique. » Nous avons voulu nous assurer si le goût était un bon guide dans cette circonstance et si l'azote se trouvait également réparti dans toutes les parties du végétal. Pour cela, nous avons analysé séparément le chapeau, le pédon- cule et les spores adhérents à l'hyménium, desséchés à 1 10 degrés. » Nous avons obtenu les résultats suivants : Chapeau. Pédoncule. Spores et hyraénium. 3 , 5 1 °)34 2,10 pour 100 d'azote. » Le chapeau, muni de ses organes reproducteurs, est donc la partie la plus nutritive du Champignon. » Les principes nutritifs sont dus tout à la fois à l'albumine végétale et à la matière grasse qu'il contient. » En résumé, quoique l'eau et la cellulose forment les parties prédomi- nantes dans le Cbampignon, par les principes azotés et par le sucre et la mannite qu'il renferme, il forme encore un aliment plastique et réparateur très-avantageux. Cependant nous le croyons inférieur à beaucoup d'autres végétaux féculents, qui peut-être moins riches en azote sont plus facilement assimilables, et surtout aux haricots auxquels on le compare. Sous le rapport de l'azote seulement, il vient se ranger entre le pain brun et les pois» » physique du globe. — Tableau des tremblements de terre qui ont eu lieu dans l'Empire Ottoman en i855; par M. P. Verrollot. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, C. Prévost.) « Constantinople, i[\ janvier, 4h 5om du matin , plusieurs oscillations horizontales de l'est à l'ouest avec tremblement du sol, comme si une charrette pesamment chargée passait dans la rue. » Samos , 18 février, de minuit à 5 heures du matin, tremblement de terre remarquable, non par la violence des secousses, mais par leur durée et leur régularité. » Baghla Jgatch, village à huit heures de Macri (partie sud-ouest de l'Anatolie), ai février, jour, les habitants furent effrayés par un bruit souterrain assez fort, lequel fut suivi d'une secousse verticale, mais peu intense et de courte durée. (94) » Macri, sur la côte sud-ouest de l'Anatolie, en face l'île de Rhodes, 11 février, 5 heures du soir, on ressentit deux fortes secousses, mais sans accidents. » a8 février, 3 heures du soir, violent tremblement de terre. Il fut ressenti sur une vaste surface comprenant Smyrne et Andrinople ou plus de trois degrés de latitude. Suivant les rapports qui me sont parvenus, la plus forte secousse aurait eu lieu : à Smyrne, à 2fc 5om; à Brousse /a ih 5r]m, où sa durée fut estimée 5o à 60 secondes; à Gallipoïi, à ah35m; à Constan- tinople, à 3 heures; sa durée y fut estimée généralement de l\o à 5o se- condes, jmais elle ne paraît avoir été en réalité que de 1 3 à 1 7 secondes ; à Loulé-Bourgas, à 3 heures et quelques minutes ; sa durée fut estimée de 3o secondes; à andrinople, à ib 46™. (J'ai appris qu'à Tokat on n'avait rien ressenti.) On s'accorde généralement à dire que la direction des oscil- lations fut du sud-ouest au nord-est. » Brousse paraît être le point central de cette violente secousse. Cette ville et ses environs sont du moins les lieux qui en ont éprouvé le plus de mal. Au moment où la secousse eut lieu, on entendit uu bruit souterrain et l'on crut sentir dans l'air une odeur qu'on caractérise comme celle du soufre et du fer brûlé. L'ébranlement du sol commença par un mouvement oscillatoire de l'est à l'ouest, auquel succéda bientôt une série de trente à quarante violents soubresauts; puis il se termina par une nouvelle oscil- lation plus sensible encore que la première. Les secousses verticales furent tellement fortes, que des personnes ont été lancées en l'air et renversées. Des mosquées, des khans , un grand nombre de maisons s'écroulèrent avec fracas; presque toutes les sources thermales et non thermales tarirent et ne reparurent que six à huit jours plus tard. Le sol fut crevassé en plusieurs endroits. Pendant vingt-quatre heures, le terrain oscilla comme le pont d'un navire, et des détonations souterraines se faisaient entendre de quart d'heure en quart d'heure. A Smyrne, la secousse parut très-longue, dans la direction nord et sud; mais elle ne produisit aucun accident sérieux. Aux Dardanelles , on n'eut à regretter que la perte des dépôts de poteries qu'on y fabrique, et qui furent brisées par le choc. A Gallipoïi, la commo- tion fut beaucoup plus forte, car trois minarets s'écroulèrent en partie, et presque toutes les maisons éprouvèrent des dommages. A Constantiriople , la plus forte secousse fut presque verticale et composée de violents soubre- sauts qui, comme à Brousse, furent précédés et suivis d'une secousse plus faible et horizontale, dans la direction du sud-ouest au nord-est, suivant les uns, mais qui m'a paru plutôt dans le sens de l'est à l'ouest. Immédia- (95) tement avant la commotion, on entendit un mugissement souterrain. Tou- tefois on n'eut à déplorer aucun accident grave. A Andrinople, on ne si- gnala non plus rien de bien fâcheux. » Dans tous ces lieux on ressentit d'autres secousses moins fortes pendant les jours suivants (1). Je vais noter toutes celles qui sont parvenues à ma connaissance : » Constantinople , 28 février, 3h 35m du soir, une petite secousse; 3h 55m du soir, une secousse forte mais très-brève; 6h3om du soir, une secousse faible et courte ; i ih 45m du soir, une secousse un peu plus forte. ier mars, i heure du matin, une secousse faible; 4 heures du matin, une secousse un peu plus forte ; 8 heures du matin, une secousse faible; nh45m du ma- tin, une secousse faible ; 4h 55m du soir, une secousse plus forte, durée de 3 à 4 secondes; 7h i5m du soir, une secousse très- faible. » Pendant ces mêmes jours on sentit plusieurs secousses aux Dardanelles et à Gallipoli. A. Brousse, elles furent fortes et fréquentes. » Constantinople, a, 17, 24, 26, 27, 28 mars, secousses faibles ; une un peu plus forte le 3i. » Gallipoli, 17 mars, une secousse modérée. » A Brousse, il y eut chaque jour (du 28 février au 3i mars) cinq à six secousses plus ou moins fortes, la plupart verticales, les autres horizontales dans le sens du sud-ouest au nord-est. Du ier au 4 avril, on n'y ressentit aucune secousse. » Rhodes, 6 avril, 1 heure du matin, on y sentit une première se- cousse assez forte qui dura près de 6 secondes; puis une deuxième plus faible : leur direction était de l'est à l'ouest. » PhiUppopoli, 3 avril, il y eut plusieurs secousses assez fortes. » Brousse, 5 avril, une secousse assez forte, mais sans accidents. Le 6, 7, 8, 9 et to avril, secousses faibles. » 1 1 avril, 7h4oœ du soir. Ce jour fut signalé par une violente secousse qui fut sentie sur tout le littoral de l'Archipel et dans les mêmes lieux que le tremblement de terre du 28 février. » A Brousse , la secousse fut verticale et dura environ 25 secondes ( dit- on). Elle fut précédée d'un bruit souterrain. Certaines personnes estiment qu'elle fut trois fois plus forte que celle du 28 février. Aussi des maisons en bois, qui avaient résisté à la première secousse, ont été en partie renversées (1) Ainsi, à Constantinople, pour peu qu'on y fit attention, on sentait le sol trembler presque constamment sous les pieds, pendant près de huit jours. (96) par celle-ci. Pas une mosquée, pas un minaret, pas un édifice en pierres ne resta debout. Les secousses se succédaient avec une telle rapidité, qu'en moins de i5 heures on en compta environ cent cinquante, dont quelques- unes étaient assez fortes pour renverser des murs. Les sources qui ali- mentent la ville tarirent comme la première fois pendant plusieurs jours; mais les sources d'eaux thermales, tant sulfureuses que ferrugineuses, éprouvèrent au contraire une augmentation de volume. De nouvelles sour- ces chaudes surgirent même à côté des anciennes et continuèrent jusqu'à la fin du mois, époque à laquelle elles disparurent. » A Smjrne, la secousse fut trouvée très-longue et précédée d'un bruit souterrain. Sa direction était de l'est à l'ouest avec tendance du sud-ouest au nord-est. A Nasildi (province d'Aïdin), on ressentit six ou sept secousses en quelques heures. A Métélin, la secousse fut suivie d'un coup de vent du sud. A Andrinople, la secousse a été très-forte et suivie également d'un coup de vent. D'autres secousses se sont ensuite succédé de loin en loin. A Constantinople , la secousse fut violente, mais certainement moins intense que celle du 28 février. Elle fut surtout moins longue, car sa durée a été de moins de 8 secondes. Cette violente commotion fut suivie d'autres beaucoup plus faibles dans la même soirée; savoir: à 7h5om, 8b3on>et 10 heures. » Constantinople, 12 avril, 1 heure du matin, une secousse faible. » Constantinople, i3 avril, deux secousses à 8bao™, et secousses assez faibles le 10, le 19, le 22 et le 23 à 10 heures du soir. » Brousse, 17 avril, forte secousse verticale, suivie d'autres qui se succédèrent d'heure en heure. Le 18, deux fortes secousses horizontales. Le 19, une forte secousse horizontale. Le 20, dans la nuit, une forte se- cousse horizontale. iih20m du matin, quatre fortes secousses horizon- tales. Le 22 avril, deux faibles secousses. Le 22 avril, 5h20m du matin, une très-faible secousse. A 8h 5om du matin, bruit souterrain, sans secousse. Rien le 24 et 25, mais le 26, une forte secousse. Le 28 il y avait eu, de grand matin, un léger balancement du sol. A 81' 20™, les chiens aboient, et presque aussitôt on entend un bruit souterrain qui est suivi d'une secousse horizon- tale, laquelle dura près de 20 secondes et fut assez forte pour renverser des murailles. Le 29, une forte secousse. Depuis lors jusqu'au i3 mai il y eut chaque jour plusieurs secousses et des bruits souterrains. » On a observé, à Brousse, que les secousses avaient lieu plus fréquem- ment la nuit que le jour, et fréquemment par un vent du sud. Après une forte secousse,, la terre conservait pendant quelque temps une trépida- (97) tion comparable à celle qu'on éprouve sur le pont d'un bateau à vapeur. Presque toujours les secousses étaient précédées ou accompagnées de bruits souterrains; mais souvent aussi, quoique le sol n'éprouvât aucun ébranle- ment, on entendait, principalement du côté du mont Olympe, des mugisse- ments, des sifflements et de sourdes détonations semblables aux décharges lointaines d'une batterie d'artillerie. » Quant aux dégâts matériels produits par tant de chocs violents, ils sont immenses dans la seule ville de Brousse. Sans compter toutes les mosquées et leurs cent soixante minarets qui se sont écroulés, sans compter les khans et le grand nombre de maisons jetés à terre, deux fois l'incendie a éclaté, une première fois après la secousse du 28 février, une seconde fois après celle du 1 1 avril, et il a dévoré près de quinze cents maisons. Sur une popu- lation de soixante-dix mille habitants, treize cents environ ont trouvé la mort sous les ruines de leurs maisons. » Ces terribles effets se sont fait sentir presque exclusivement dans les districts voisins de l'Olympe. De nombreux villages ont été détruits de fond en comble, surtout ceux qui se trouvaient dans la direction du sud-ouest au nord-est. La violente secousse du 28 février paraît avoir produit le plus de désastres dans l'espace compris entre Brousse et Mouhalitch. Celle du 1 1 avril aurait été plus sentie dans la contrée au nord de Brousse. Un fait digne de remarque, c'est que certains villages ont particulièrement souf- fert, tandis que d'autres, très-voisins, n'ont éprouvé aucun dommage; comme si les commotions souterraines avaient eu lieu dans des foyers cir- conscrits ne communiquant entre eux que par des canaux très-étroits.— Ainsi, on cite le village de Tépéïdjik, situé à 7800 mètres environ au nord- nord-est de Brousse, qui fut complètement détruit, tandis que celui de Démir-tach, à i3oo mètres au nord-nord-ouest du précédent, et celui de Kélécèr, qui en est à 2600 mètres au nord-est, n'ont rien éprouvé de fâcheux. » Brousse, 16 mai, 8hi5m du matin, une secousse assez forte, sans accident. Depuis ce jour, des secousses ont continué à se faire sentir de temps en temps, mais avec une intensité décroissante. » Salonique, i3 juin, une secousse horizontale de l'est à l'ouest. Le 3 juillet, 6 heures du matin, une faible oscillation de l'est a l'ouest. » Brousse, 28 juillet, plusieurs secousses horizontales, peu intenses, vers 1 1 heures du matin et 2 heures du soir. A 4h3om du soir, plusieurs secousses verticales. » Brousse, 20 août, 2h3om du soir, après plusieurs jours de tran- C R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N°5.) '4 (9» ) quillité, on sentit trois secousses horizontales du sud-ouest au nord-est, assez fortes pour renverser des pans de murailles. Secousses le 21 et le 27, cette dernière assez forte. » Constantinople, 20 et 21 août, faibles secousses horizontales de l'est à l'ouest, qui durèrent moins d'une seconde. » Sahnique, 28 août, secousse horizontale assez forte, sans accident. Le 29 une secousse faible. » Rhodes, 3o août, deux oscillations nord et sud. » Métélin, 9 septembre, secousse horizontale assez forte, mais sans cau- ser d'accident. » Sahnique, 21 septembre, matinée, une secousse assez forte. » Brousse, 9 octobre, 2 heures du matin, une forte secousse. On y ressent toujours de temps en temps, surtout lorsque le vent du sud souffle, des secousses plus ou moins fortes et on y entend des bruits souterrains. Les habitants n'osent pas encore rentrer en ville ; ils habitent sous des tentes ou dans des maisons de campagne. » Smyrne, 18 novembre, une forte secousse horizontale du sud au nord, avec bruit souterrain. » Smjme, 19 novembre, deux secousses faibles. » Brousse, i4 décembre, 9h3om du soir, une secousse brève, mais assez forte pour alarmer de nouveau la population dont la plus grande partie était rentrée en ville : mais il n'y eut point d'accidents. » Constantinople, 14 décembre, 9h3om du soir, j'ai senti deux oscil- lations du sud au nord très-courtes, de force moyenne, avec craquement de boiseries. Je n'ai entendu aucun bruit souterrain. » Brousse, i5 décembre, secousse plus faible que celle du \l\. » Brousse, 16 décembre , même secousse. Résumé. » Les tremblements de terre notés dans ce tableau ont eu lieu depuis le 24 janvier jusqu'au 16 décembre i855 dans les quinze lieux suivants compris entre Philippopoli et Rhodes : Constantinople 3o secousses. Brousse . 25 Salonique 5 Smyrne 4 Rhodes 2 Gallipoli ... 2 Andrinople 2 Macri 1 Baghla-aghatch . Samos Métélin Nasildi Dardanelles. . . Loulé-bourgas. Philippopoli. . . (99) Sur cinquante-huit secousses dont l'heure est indiquée, 10 ont eu lieu de 6 heures du matin à midi 12 .,../., , • } 22 le jour, midi a b heures du soir ) iq » 6 heures du soir à minuit. . . i _. , ■ jh lu nu 1 1 1 7 » minuit à 6 heures du matin . . ( CORRESPONDANCE . M. le Ministre de l'Instruction publique approuve le choix du jour in- diqué par l'Académie pour sa séance annuelle; en conséquence, cette séance aura lieu lundi prochain a8 janvier. M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour la place vacante au Bureau des Longitudes, par suite du décès de M. Beautemps-Beaupré . Une Commission, formée par la réunion des Sections de Géométrie, d'Astronomie, de Géographie et de Navigation, s'occupera de la préparation d'une liste de candidats pour la présentation demandée. M. le Ministre de la Guerre annonce qu'il a maintenu MM. Poncelet et Le terrier comme Membres du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique, au titre de l'Académie des Sciences. « M. Poncelet présente, au nom de l'auteur, M. William Fairbairn, Correspondant de l'Académie des Sciences, un ouvrage en anglais publié récemment , à Londres, sous le titre : Renseignements usuels pour les ingé- nieurs, etc., et qui contient une série de recherches expérimentales ou théoriques, très-importantes, sur la construction, la consommation de combustible et l'explosion des chaudières ; sur l'utilité de la création d'é- coles où les connaissances pratiques seraient alliées aux notions et aux théories scientifiques ; sur les constructions métalliques appliquées princi- palement aux navires ; enfin sur les lois de la formation et de la constitution de la vapeur d'eau à différentes pressions et températures; plus spécialement sur la nouvelle théorie de la chaleur, envisagée au point de vue de l'éta- blissement des chaudières de machines à vapeur. Cet ouvrage est en outre suivi, sous forme d'Appendices, d'une série d'articles, de notes relatives à la résistance de la fonte et du fer diversement constitués ou assemblés, notam- ment dans les chaudières et les bouilleurs des locomotives, etc. Tous ces articles et les chapitres du texte qui s'y rapportent, doivent être considérés «4.. ( ioo ) comme le résumé, le résultat des longues recherches expérimentales, entre- prises, à diverses époques, par le célèbre et infatigable auteur de ce très- utile ouvrage. » « géologie. — M. Èlie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie, de la part de M. de Dechen, président du conseil des mines de Bonn (Prusse Rhénane), les deux premières feuilles de la Carte géologique de la province Rhénane et de la province de Westphalie. Ces deux feuilles sont les sections de Wesel et de Dortmund de la carte topographique au -5 ? publiée par le gouvernement prussien, que M. de Dechen a coloriées géo- logiquement. Elles font partie de la grande carte géologique que les géo- logues ont admirée l'été dernier dans l'annexe du Palais de l'Industrie, et dont les autres parties vont être publiées successivement. » Les couleurs géologiques sont appliquées par impression avec le plus grand soin. Des lettres placées dans les soixante et onze compartiments de la légende et reproduites dans les diverses parties de la carte permettent à l'œil de reporter partout sans hésitation les indications de la légende, sans être arrêté par les ressemblances qu'il est impossible d'éviter entre les dif- férents termes d'une si nombreuse série de teintes. » Voici, avec les lettres désignatives de chaque couleur, la traduction des explications qui les accompagnent. Leur réunion présente un tableau com- plet de la classification adoptée par M. de Dechen pour les terrains si va- riés qui forment le sol de la province Rhénane et de la province de West- phalie, depuis Sarrebruck et le bassin de Mayence jusqu'à la Porta-West- phalica, en comprenant la région des volcans éteints des bords du Rhin. / a Cailloux roulés, sable, limon (Lehm) dans les vallées des ri - \ vières. Almjvium / a' Tourbe et minerais de fer des gazons [Rasen-eisenstein). a1 Tuf calcaire. a3 Marne coquillière. Îb Cailloux roulés, sable, limon ( Lehm, Lues) \i une- étendue con- sidérable ) . * Limite de la dispersion des blocs erratiques du nord. c Sable coquillier de Crefeld, sable de Grafenberg. c' Argile de Ratingen. Terrain miocène J c- Lignites du Rhin et du Westerwald , sable , argile et grès. du groupe tertiaire, j c3 Calcaire à cérithes • \ i* Argile et marne bleues inférieures ... \ Dans le ],n«in Uè M.yence cs Sable marin et conglomérat ostrifère. ( loi ) J d Craie tuffeau de Maestricht. d> Roches sableuses de l'âge de la craie blanche d2 Roches calcareo-argileuses de l'âge de la craie blanche d' Sable d'Aix-la-Chapelle ( sable de l'A- chenerwald et du Lousberg ) Groupe crétacé / d' Calcaire blanc de Groes, près Ahaus (Planer supérieur) ds Planer avec couches subordonnées de grès vert d6 Tourtia ( grès vert d'Kssen) Flammen- mergel. d' Gaùlt. d' Néocomien ( hils, grès vert inférieur) . e Argile wealdienne ( wâlderthen ). Couches wealdiennes. { _, ° , ,. , ' el Grès wealdien ( diester sandstein ) . Sénonien de M. d'Orbigny. Turonien de M. d'Orbigny. Groupe jurassique . Groupe uu Trias / Couches partlandiennes (et kimméridiennes) ( jura blanc de f1 Coralrag I M.Léopoldde Buch. | /' Jura moyen comprenant l'argile d'Oxford. Jura brun de M. T^éopold de Buch. \f3 Lias. /' Grès de Luxembourg ou grès inférieur du lias ( gris à car- dinies). g Keuper. g' Muschelkalk . g1 Rôth ( argiles schisteuses). g* Grès bigarré. g* Conglomérat de Menden et de Malmedy. G Gypse du Trias. h Zechstein ( comprenant la Rauchwacke et le Kupfersehiefer ). Groupe mermien j G' Gypse du Zechstein. h' Rothliegendes . i Couches supérieures , dépourvues de houille , du terrain houil- ler. i' Terrain houiller avec couches de houille [cûal measures). Groupe carbonifère. ^ /» Grès dépourvus de houille (millstone-grit). P Culm (Phtanite, schiste, grès, calcaire schisteux, schiste à Possi- donomyes). i* Calcaire carbonifère. Schistes à cypridines de Groupe dévoniew. ( ioa ) h Schistes de Verneuil (roches argilo-sableuses avec Spirifet verneuilli au sud d'Aix-la-Chapelle). X' Kramenzcl (grès , schistes avec modules calcaires et clymenies A' Flinz (schistes à goniatites de Budesheim . etdeNehden) ) M. Sandberger / Calcaire de l'Eifel (-comprenant les calcaires de Paffrath et d'El- berfeld et le calcaire à strigonocéphales ) et couches calcaires subordonnées aux schistes de Lenne. P Schistes de Lenne (roches argilo-sableuses au sud de la zone calcaire rheino-westphalienne de M. F. Romer). m Schistes de Wissenbach. m' Schistes de Coblenz ( grau wacke rhénane ancienne de M. F. Ro- mer; grès à spirifers de M. Sandberger). m* Couches calcaires dans les schistes de Coblenz. n Schistes de l'Ardenne (schistes semi-cristallins dépourvus de fossiles). D Bancs d'ardoises du groupe dévonien. 0 Pierres ponces incohérentes. * Limite de la dispersion des pierres ponces incohérentes, o' Conglomérat pooceux (grès d'Eugers). o' Trass (Duckstein dans la vallée de Brôhl). p Tuf augitique, sable volcanique. S Scories volcaniques. L Lave augitique (lave basaltique en coulées). 1 Tuf leucitique. P Phonolithe, roche à leucite et à sodalite. r Conglomérat trachitique et basaltique. B Basalte. T Trachyte. M Melaphyes, mandelstein ( Trapp) 1. Dans la masse du F Porphyre feldspathique avec quartz ) terrain houiller. s Schaalstein . Gr Grunstein (d'une composition minéralogique incomplètement connue). L Porphyre labradorique. H Roche d'hypesthène. F1 Porphyre feldspathique schisteux et sans quartz, dans la masse 1 . ' du groupe dévonien. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. le professeur Sed- gwick, un ouvrage intitulé « Synopsis d'une classification des roches paléo- zoïques britanniques , avec une description des fossiles paléozoïques existant au Muséum géologique de l'Université de Cambridge. » L'ouvrage se compose d'un volume in-4° de texte, dont l'introduction Roches voloahiques. Roches plctoniques. ( io3 ) présente un tableau des couches paléozoïques de la Grande-Bretagne, par M. le professeur Sedg\vick,et qui est principalement consacré à la description des fossiles paléozoïques de la Grande-Bretagne, par M. Mac Coy, actuel- lement professeur de sciences naturelles à l'Université de Melbourne; de nombreux diagrammes sont intercalés dans le texte, et l'ouvrage est accom- pagné d'un atlas de planches lithographiées exécutées avec un très-grand soin . « M. Velpeau présente à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Carret, chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Chambéry, une Note imprimée sur un appa- reil nouveau pour le traitement des fractures des membres. » Rien n'est plus simple et moins dispendieux que cet appareil : il se compose d'une feuille de carton ramolli pour emboîter le membre et de quelques tours de bande pour fixer le carton pendant sa dessiccation. En se durcissant, le carton s'amincit, se moule sur les parties et s'y colle, en les régularisant. Par son retrait, il exerce une légère compression perma- nente, en même temps qu'il devient inflexible et inamovible. Si une expé- rience plus longue et plus variée n'y fait découvrir aucun inconvénient sé- rieux et vient à confirmer de tels avantages, l'appareil de M. Carret devra certainement être admis comme un perfectionnement utile des bandages inamovibles, pourtant déjà si simples, employés aujourd'hui dans le traite- ment des diverses fractures des membres. » « M. Velpeau dépose en outre sur le bureau un ouvrage de M. Petten- kofer, professeur à l'université de Munich. Dans ce travail, l'auteur résume toutes ses recherches sur la marche du choléra là où il a pu le suivre, et sur les rapports de ce fléau avec la constitution géologique des localités qu'il a envahies. » La Société régionale d'Acclimatation pour la zone du nord-est de la France adresse plusieurs exemplaires d'un opuscule sur les noms à imposer aux animaux nouveaux, acclimatés ou supposés acclimatables {voir au Bul- letin bibliographique). astronomie. — Solution trigonométrique de la méthode de M. Babinet pour la détermination des latitudes [Comptes rendus, n° i , 7 janvier t856) ; par M. ï loi six. « Étant données les trois équations sine? = sin A cosX, sinc^= sinA'cosX, A + A' = q, on demande de calculer X au moyen de o\ â' et q. ( io4 ) » Pour cela, soient N et N' deux angles auxiliaires, tels que l'on ait N ■+- N' = q, puis tang;J (*- {*-£ï) + WcosAcosA']- Mais cosq = cosA cosA' — sin A sinA' = cosA cosA' ?ffU COS' A puisque sinAsinA*=sin*sin*' COS:X COSJA donc a/m' cosA cos A' == 2 coso . nn! -+- *"'" * cos1). ( io5) ce qui, transporté dans la valeur qu'on vient d'obtenir pour sin2^, donne, en réduisant, sin2<7 cosaX = na -+- n'2 + inn' cosq. » On voit alors que sin q cosX sera le côté d'un triangle ayant pour angle opposé 1800 — q et dont les deux autres côtés comprenant l'angle 1800 — q seraient n et n'. Soient alors N et N' les angles opposés respectivement à n et «', on aura TVT IV, / ' /TIT HT/S ! " "' *. ' SiQ^ Sïn^' N + M' = fl, tang-(N-N) = tang-g.^7=:tang;?.>iBj + iin^ et, par conséquent, • tang-(S — S') tang i (N - N') = tangi q , tang !(*.+ *') ce qui permet de calculer N — N' par logarithmes, puis N et N' par une somme et une différence. » Ensuite on a sin 17 cos^ _ n n' sin q ~ sinN sinN' par l'opposition des sinus, car sinç cos X est le côté opposé à l'angle 1 8o° — q. Il vient donc , sin S sin S' cosX = -7~s ='•• us sinN sinN' » Nota. Cet artifice de calcul pourra, en général, servir à calculer par logarithmes x dans l'expression trinôme x — P + Q + R, lorsque i° P et Q seront de même signe, et i° lorsqu'en faisant 2s/PQ.* = R, le nombre k sera plus petit que l'unité. » géométrie. — Sur les trajectoires orthogonales d'une sphère mobile ; par M. J.-A. Serret. « La recherche des surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont situées sur des sphères normales à la surface, se ramène immédiatement à la détermination des trajectoires orthogonales d'une sphère mobile, et ce C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII,N05.) ï5 ( ïo6 ) dernier problème se réduit lui-même très-aisément à la détermination des trajectoires orthogonales d'un plan mobile, question dont j'ai donné une solution très-simple dans le Compte rendu de la séance du 3i dé- cembre i855. C'est ce que je me propose d'établir ici (*). » Soit (i) {x-af + {j-bf+{z-cY = ri l'équation d'une sphère en coordonnées rectangulaires ; , , cos a ,, , cosê , , cosv (i) da = rud > do = rud > de = rud -. — '• x ' u u u Enfin, au lieu des variables x, y, z, prenons-en trois autres xt, /,, z, telles que l'on ait (4) • \j = b + r(^^-co^), - cos 7 \i d'où l'on tire, en ayant égard à l'équation (1), u(x — a + rcossc) 1 [x — a)cosa + (_y — 6)cosë-4-(z — c)cosy-+-r _ u{y — è-f-rcosë) \^ I \ 3K (x — a)cosa-h(/ — è)cosë-f-(z — c)cosy-hr u(z — c + rcosy) [x — a)cosa-f- (y — b) cosê -+- (z — c)coS7 -+- r (*) M. Ossian Bonnet s'est occupé le premier de la recherche des surfaces dont il s'agit ici. Mais les formules qu'il a données me paraissent trop compliquées pour qu'on puisse en tirer parti ; aussi je crois faire une chose utile en publiant le résultat si simple que j'ai obtenu. On verra d'ailleurs que l'analyse dont je fais usage s'applique sans difficulté au cas général, non encore résolu, des surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont sphériques. ( io7 ) » Au moyen des équations (3) et (4) les équations (i) et (2) se rédui- sent aux suivantes : (6) x, cosa -+- y, cosS + z, cosy = u, . . dxt dyt dz{ ^ ' ' cosa cosê cosy ' on voit que si l'on considère x, , yt, z, comme des coordonnées rectangu- laires, les équations (7) appartiendront aux trajectoires orthogonales du plan mobile représenté par l'équation (6). » Nous conserverons toutes les notations de l'article inséré au Compte rendu du 3i décembre dernier. Ainsi nous désignerons par £, u, Ç, X, pi, v les angles formés avec les axes par le rayon de courbure et par l'axe du plan oscillateur de la trajectoire du plan (6); par ds l'angle de deux tan- gentes infiniment voisines et par dt\ l'angle de deux plans osculateurs infi- niment voisins. Désignant en outre par A et B deux constantes arbitraires, et posant U = Asinyj + Bcosrj —

j) et les onze angles a, ê, y; £, w, Ç; X, fj., v; z et yj. Toutes ces seize quantités peuvent s'exprimer immédiatement, dans le cas général, en fonction du paramètre t et de trois fonctions arbitraires de ce paramètre; cela peut se faire d'une infinité de manières; le choix du paramètre et des i5.. ( io8) fonctions arbitraires doit être subordonné aux convenances du cas parti- culier que l'on veut étudier. » Considérons, par exemple, le cas où les sphères qui contiennent les lignes de courbure ont leurs centres en ligne droite. On pourra faire ici a = o, b = o, cosa = o, cosê = o, cosy=i; alors les équations (7) se réduisent à dxi = o, dyi = o, et nous pouvons poser (10) x\+j\ = Y< F désignant une fonction arbitraire. Faisant ensuite C = t, U=z\J-j(t), on a et si l'on pose S/<5>:-!"(5 z — t+ v^'-+- y ■+• (z — *) l'équation (10) se réduit à V = o en vertu de (5). La surface que nous con- sidérons ici sera donc représentée par l'équation V = o jointe à l'équa- tion (1); il est aisé de s'assurer qu'elle peut l'être aussi par les deux équations o, — = o dt 7 résultat que j'ai donné déjà dans mon Mémoire sur les surfaces dont toutes les lignes de courbure sont planes ou sphériques. » Remarquons encore le cas où les sphères qui contiennent les lignes de courbure ont seulement leurs centres dans un même plan. Ce cas se ramène immédiatement, d'après ce qui précède, au cas des surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont dans des plans parallèles à une droite fixe et normaux à la surface. » ( io9 ) géométrie. — Sur les surfaces dont les lignes de Vune des courbures soni sphe'riques ; par M. J.-A. Serret. « Soient x, y, zdes coordonnées rectangulaires et a, b, e, r, l des fonc- tions d'un paramètre t, dont la dernière l contient le facteur \J — i. Si l'on pose dz = pdx -+- qdy, l'équation différentielle des surfaces dont il s'agit sera le résultat de l'élimination du paramètre t entre les deux équations (i) {x-ay + {y-by + {z-cy = r*-l\ (u) -{x-a)p-{y — b)q+ {z-c) =l^-i-p*-u\ Soient x0, ' y0, z0, v0 quatre fonctions inconnues de t, assujetties à vérifier les équations (3) (x0 - af + (Jo - bf + (z0 - cf + (v0 - l)> = r\ ir\ dx" — dfo — dz° — dv" et posons (5) Y=(x0-a)(x-a) + (jr0-b){r-b) + {z0-c)(z-c)-l(»0- /)->■». » Il est aisé de s'assurer que l'équation V — o satisfait à l'équation (a) ; elle sera donc une intégrale complète de celle-ci, si les valeurs de x0, y0, z0, v0 tirées des équations (3) et (4) renferment dans leurs expressions deux constantes arbitraires. Si, en outre, on exprime les deux constantes dont il s'agit en fonction d'un paramètre 0 et d'une fonction arbitraire de ce para- mètre, l'intégrale générale de l'équation (2) sera le résultat de l'élimination de 9 entre les deux équations (6) V=o, £ = 0. » Enfin l'équation intégrale des surfaces dont nous nous occupons sera le résultat de l'élimination de t et Q entre les équations (1) et (6). » Soient a, , b, , c, , /, et u cinq fonctions de t , choisies de manière que l'on ait (7) a\ + b\ + c\ +/» = !, ( 8 ) da — rud — ■> db = rud — » de = nid —•> dl= rud- ■> ' - ' II II U II ( »/? ) et prenons, au lieu de x0,j0, z0, v0, quatre nouvelles variables sctijrtfzi9.vti telles que (x^a + r^-^^-^^-a,), j^b + r^^^^-b,), Au moyen des équations (7), (8), (9), les équations (3) et (4) se rédui- sent à (10) a, x, 4- b,j<-, ■+- c, z, -h lt v, — 11, , >. dfh a, ~ b, ~ c, ~X' et la question est ramenée à trouver des valeurs de xt,y,, zt, vt] qui satis- fassent à ces équations et qui renferment dans leurs expressions deux constantes arbitraires. » Remarquons d'abord le cas où les sphères qui contiennent les lignes de courbure ont leurs centres dans un même plan. En prenant ce plan pour celui des xj, on a c = o, puis on peut faire c, = o et z, = o, ou = une constante. On voit alors que le problème est immédiatement ramené à la détermination des trajectoires orthogonales d'un plan mobile. » géométrie. — Note sur les surfaces pour lesquelles la somme des deux rayons de courbure principaux est égale au double de la normale; par M. Qssian Bonnet. « Je me propose d'appliquer les formules que j'ai fait connaître dans le tome XXX VII, page 34g, des Comptes rendus, à la détermination d'une classe de surfaces qui ont une analogie remarquable avec les surfaces à aire minima. » Les surfaces dont il s'agit sont telles, que la somme des rayons de cour- bure principaux est égale en chaque point au double de la normale. D'a- près cela, si l'on conserve les notations de la Note citée, on aura pour l'équation aux différentielles partielles de la surface dz (0 ou 2 (Pz ifz . . dz dr _)- -)- 2 1 tani* 1 y -+- z -+- ... - — dx' dy2 ° J dy i sin iy cos iy U7 d2z d'z . . dz -r- -f- -j—, — 2 / cot 1 y — - -4- Z ; = 0. dx* dy •' dy ( III ) Pour intégrer cette équation, posons z = fi sin if udf; substituant et différentiant par rapport à y , il viendra d'u rf*« _ d'où « = \ [/(* + (r) ■+-/(* - '»] + ; [/ '(* + '» -/. (* - ?/)]« / et /j étant deux fonctions réelles quelconques ; par conséquent a = f i sin ij^-UX* + i» -+-/(* - if)] -+- 1 [ft (x+iy)-ft {x-if)]\df, la fonction arbitraire de x qui entre dans l'intégrale devant être déterminée par la condition que l'équation (i) soit satisfaite. » On se rappelle que l'on a pour les surfaces à aire minima (2) z = fco&if^[f(x+ir)+f(x-if)]+ ~[j\{x+if)- ft{x-if)^df, ainsi, en supposant que les fonctions / &X.ft soient les mêmes, la première valeur de z se déduira de la seconde, en changeant, sous le signe /, cos// en / sin if. » Si l'on cherche les lignes de courbure des surfaces représentées par l'équation (1), en se rappelant l'équation générale d'z d7z /rfjrV d^~dy + zdy _ \dx) T ' "rf'g dx • l — °' dxdy que nous avons obtenue (tome XXXVII, page 35o, des Comptes rendus), on trouve ± Y _ o ''[/> + '>)-/'(* -'»]-[/'■(*- '» +£*{* - '/)] * ■y ? '•[/'(*+ 1 Or cette équation est aussi celle des lignes de courbure des surfaces à aire minima. Nous pouvons donc conclure qu'à chaque surface à aire minima correspond une surface ayant en chaque point la somme des deux rayons de courbure principaux égale au double de la normale, et pour laquelle les lignes de courbure sont respectivement parallèles à celles de la surface à aire ( «a ) rainima. Ainsi, au plan correspond la sphère, à l'hélicoïde à plan directeur correspond la surface dont les coordonnées Ç, >), Ç satisfont aux équa- tions '% sin x — c cos x — — a cos iy, ■- . ax c cosx -+- V5 sinx = ? cos iy l = aix tang/r- Etc., etc. » chimie ORGANIQUE. — Note sur l'acide tartrique ; par M. Dcbrusfact. « Si l'on sature d'acide borique des dissolutions d'acide tartrique faites en diverses'proportions et à diverses températures (de + 10 à + 25 degrés), et que l'on observe les rotations de ces dissolutions aux températures pour lesquelles elles ont été saturées d'acide borique, on trouve un pouvoir rotatoire constant|et proportionnel aux quantités d'acide tartrique contenues dans les dissolutions. » Dans toutes ces dissolutions, l'acide tartrique possède le maximum de rotation que peut lui imprimer l'acide borique, et son pouvoir dispersif anomal est rentré intégralement dans la loi générale que M. Biot a reconnue au cristal de roche et aux autres substances optiquement actives, ce qui n'est jamais réalisé d'une manière parfaite pour ces composés quand on n'a pas satisfait aux conditions que nous venons d'énoncer. » On peut donc, en ayant soin de réaliser ces conditions, doser avec précision l'acide tartrique qui se trouverait en dissolution dans l'eau en proportions inconnues, et l'on peut dès lors employer pour ces dosages les mesures angulaires ay recommandées par M. Biot, ou les mesures équiva- lentes fournies par le saccharimètre de M. Soleil. » Si l'on examine la composition chimique des dissolutions tartro- boriques constituées comme nous venons de l'énoncer, on trouve que toutes renferment, à peu de différence près , i équivalent d'acide bo- rique BO% 3 HO pour 2 équivalents d'acide tartrique C8H*0'°, 2HO. Nous disons que telle est à peu près la constitution chimique de toutes ces dissolutions; car l'analyse permet de reconnaître dans les dissolutions tar- troboriques diluées une proportion d'acide borique un peu plus grande. » Cette différence dépend, ainsi que cela résulte de l'ensemble de nos observations, de l'affinité de l'eau pour l'acide borique, affinité qui est modifiée par la présence du composé tartroborique dans les solutions con- X "S) centrées et qui ne trouble plus la composition définie de ce composé quand elle est satisfaite. » En effet, quand on étend d'eau pure une solution tartroborique bien constituée, le pouvoir rotatoire de l'acide tartrique perd de sa valeur et son pouvoir dispersif est changé; il les recouvre intégralement, quand on sature la dissolution d'acide borique. » Si, au lieu d'ajouter de l'eau pure à une solution tartroborique bien constituée, on ajoute de l'eau préalablement saturée d'acide borique, le pouvoir dispersif et le pouvoir rotatoire ne changent pas. » Il est impossible, en présence de ces faits, de ne pas admettre que les acides tartrique et borique dissous dans l'eau subissent au milieu de ce liquide une combinaison chimique définie; et cette combinaison, rappro- chée des autres combinaisons connues, ne peut appartenir à aucune des séries de tartrates doubles. » Ces faits et ces interprétations expliquent d'une manière satifaisante les belles et importantes observations faites par M. Biot sur les propriétés optiques des composés tartroboriques ; seulement ils les expliquent à un point de vue différent de celui qui a servi de point de départ aux re- cherches de l'illustre académicien, c'est-à-dire au point de vue purement chimique des combinaisons définies en proportions multiples. » Les mêmes faits, aidés des observations si précises de M. Fremy, expli- quent d'une manière aussi satisfaisante les observations faites par M. Biot sur les propriétés optiques des acides tartriques modifiés par la chaleur quand ils sont mis en présence de l'acide borique. M. Biot a prouvé que les acides tar- tralique et tartrélique possèdent, en dissolution dans l'eau, des propriétés optiques qui sont identiques avec celles de l'acide tartrique normal placé dans les mêmes conditions. Il a prouvé que cette identité n'existe plus quand on ajoute de l'acide borique à la dissolution ; dans ce cas, la rotation initiale de la dissolution est accrue par la présence de l'acide borique, mais elle l'est moins que pour l'acide normal, et l'identité de pouvoir rotatoire ne se ré- tablit que sous l'influence du temps, c'est-à-dire dans les conditions qui re- génèrent l'acide tartrique avec toutes ses propriétés caractéristiques. » En considérant, comme nous l'avons fait, le composé tartroborique comme un composé chimique défini possédant un pouvoir rotatoire con- stant, quand rien ne vient altérer sa constitution, en admettant, en outre, avec M. Fremy, que les acides tartriques modifiés parla chaleur possèdent une capacité de saturation moindre que celle de l'acide normal, ce qui C. R., i856, ifr Semestre. (T. XLII, N°3.) l6 ( m) n'est controversé par aucun chimiste, parce que ce sont des faits vrais et indépendants des interprétations différentes qu'on peut leur donner; en admettant ces faits, disons-nous, on comprend que dans les expériences de M. Biot, le composé tartroborique régulier, celui qui possède le maximum de rotation, n'a pu se former que sous l'influence du temps. Le composé initial était donc autre chose et les modifications successives des rotations convergeant vers le maximum de rotation qui convient au composé tartro- borique défini, ont dû suivre les progrès du retour des acides modifiés à l'état d'acide normal, état qui pouvait seul restituer à ces acides la capacité de saturation qui convient à ce dernier, et favoriser en même temps sa com- binaison définie avec l'acide borique qui se trouvait dans le mélange, soit libre, soit combiné avec les acides tartralique ou tartréhque, conformément à la capacité de saturation de ces acides. » Les rotations diverses, observées par M. Biot pendant la durée de la réaction, n'étaient donc que des résultantes de rotations appartenant à des composés différents, jusqu'à ce qu'enfin se soit révélée la rotation maximum, qui convenait au composé tartroborique défini qui a pu se former. » Il est fort digne de remarque que, ce qui se produit pour l'acide tar- trique dissous dans l'eau en présence de l'acide borique employé dans les conditions que nous avons spécifiées, se produit encore d'une manière ana- logue quand l'acide a été préalablement combiné, soit avec un ou deux équi- valents d'une base énergique, comme la soude ou la potasse. Dans ces con- ditions encore, le pouvoir dispersif de l'acide rentre intégralement dans la loi générale; le pouvoir rotatoire, accru parla présence delà base, est con- stant pour le même composé, et les combinaisons se trouvent être dans toutes les dissolutions parfaitement définies. » Il restera à expliquer les anomalies singulières que les dissolutions tar- triques pures ont offertes à M. Biot, au point de vue des combinaisons défi- nies. Ces anomalies, qui se rattachent plus au phénomène chimique si peu étudié des dissolutions et à la constitution spéciale et exceptionnelle de l'acide tartrique, sollicitent un examen particulier de la part des chimistes. Nous reviendrons sur ce fait dans une autre Note, en même temps que nous aurons à examiner la propriété si remarquable de l'émétique surchauffé, découverte par MM. Liebig, Dumas et Piria. » ( "5 ) GÉOLOGIE. — Sur des volcans et solfatares de l'île de Java , renseigne- ments puisés dans des observations récentes des Hollandais ; par M. A. Perrey. « Dans le district d'Onderandir, à quelques milles de la station de poste de Tjitrap, à une hauteur de 80 pieds environ au-dessus du niveau de la mer, se trouve une mare, à peu près de a5o pieds carrés, qui s'annonce, à une certaine distance, par une odeur pénétrante d'acide sulfnrique. Cette mare est recouverte d'une vase argileuse; une partie est divisée par des digues en compartiments qu'on utilise comme rizières. L'eau rassemblée dans ces compartiments émet une faible odeur sulfureuse, due sans doute aux bulles du gaz qu'on y voit partout et incessamment s'y développer. Çà et là, le développement du gaz est si violent, que l'eau y est soulevée avec force et mise en mouvement d'une manière très-sensible. Partout où la vase n'est pas recouverte d'eau, on aperçoit le même bouillonnement qui soulève et perce la boue. » Une cavité profonde et de forme triangulaire, au côté est de cette sol- fatare, offre un spectacle curieux. Au milieu de ce bassin dont une vase glissante recouvre les bords, et dans une espèce de tufa, il s'en est formé un autre d'environ i4 pieds de diamètre, et qui, sans canal apparent d'ali- mentation, est rempli jusqu'au bord d'une eau trouble et blanchâtre, de la couleur et de la consistance d'un épais lait de chaux. Le développement des gaz est si considérable dans cet endroit, que la masse entière de l'eau est dans un mouvement continuel ; c'est à la fois un mouvement gyratoire et ondulant, un véritable bouillonnement tel, que sur plusieurs points l'eau est lancée constamment à la hauteur de 1 et même 1 4 pied. On entend en même temps le sifflement ou bruissement particulier qui carac- térise l'ébullition ; en un mot, toute la matière paraît se trouver dans un état de coction, quoiqu'elle n'accuse qu'une température de 81 degrés Fahrenheit, celle de l'atmosphère étant d'ailleurs de o,5 degrés Fahrenheit. La profondeur de ce bassin est de 4 à 5 pieds ; cependant, en soulevant les pierres du fond avec un bambou, on apercevait des crevasses qui descen- daient à une plus grande profondeur. » La pierre tufacée, où se forme cette espèce de lait de chaux, est con- nue des indigènes sous le nom de wadas ; elle se montre au jour dans tout le nord du Banten (Bantam) sous un croûte plus ou moins épaisse de terre arable. C'est un conglomérat volcanique, formé de grains de quartz, de petits et de gros fragments de pierres ponces, et d'un ciment argileux 16.. ( "6) Sa couleur passe par des nuances nombreuses du blanc, au gris et au rou- geâtre. Il a une faible pesanteur spécifique ; il est sonore et se laisse facile- ment briser, mais il est rude et difficile à fendre. Partout où on le rencon- tre, on trouve au-dessous, à quelques pieds de profondeur, une couche marneuse. » L'eau rassemblée dans le bassin décrit plus haut et dont nous avons signalé l'odeur piquante et acide, a désagrégé une partie de ce tuf, qu'elle tient en suspension par un mouvement incessant sans que cette masse ter- reuse puisse se clarifier. L'eau a donc l'aspect d'une bouillie, peu épaisse, d'un blanc grisâtre qui se dépose sous forme d'un sédiment en une couche grise, granulée, d'un sable plus ou moins terreux, dont se sépare une ma- tière blanche et transparente. » En divers endroits de cette solfatare, le soufre s'est déposé sur les pier- res, sur l'argile, sur le bois et sur d'autres objets. 11 y forme des cris- taux qui varient d'épaisseur depuis quelques millimètres jusqu'à x centi- mètre. » Quoique l'air, l'eau et le sol soient imprégnés de gaz acides sulfureux, la végétation n'en parait pas souffrir. Les rizières environnantes sont dans un état florissant, et partout où le sol présente à la surface une terre arable, la végétation est aussi luxuriante qu'en aucune autre partie du pays. » Deux autres Notices qui font partie de l'envoi de M. A. Perrey sont rela- tives à deux des volcans de l'île de Java. M. Le.mo.vmeu de la Che.vnaye adresse une Note relative à une machine à vapeur, construite par M. Sauvage, dans laquelle la chaudière est alimentée par l'eau résultant de la condensation de la vapeur. M. Sauvage a déjà présenté, au concours pour le prix extraordinaire concernant le Perfectionnement de la Navigation, un Mémoire sur une ma- chine construite dans ce système. La Lettre de M. Lemonnier est renvoyée, à titre de document, à la Commission chargée de l'examen des pièces admises à ce concours. M. Hesse, commissaire de la Prusse à l'Exposition universelle, adresse une collection de champignons, imités en cire coloriée, et décrits par MM. Bùchner et Kirsch. Cette collection, qui a figuré à l'Exposition, est accompagnée d'une description imprimée, en allemand, et d'une Notice ma- nuscrite en français. ( «.'7 ) M. de Paravey demande et obtient l'autorisation de reprendre diverses Notes qu'il a successivement adressées à l'Académie, et qui n'ont pas été l'objet de Rapports. M. Durand présente une Note sur une subdivision du kilogramme qui lui semblerait d'un usage plus commode que la division adoptée. Cette communication n'a pas paru de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Saskc adresse de Pest une nouvelle Note, écrite en latin, sur la qua- drature des surfaces à périmètre curviligne. Cette Note est renvoyée, comme l'ont été les précédentes communications du même auteur, à l'examen de M. Chasles. M. Ch. Bailly présente une Note sur la mesure des triangles. (Renvoi à l'examen du même Académicien.) A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du ai janvier i856, les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Académie des Beaux-Arts . Discours de M. F. Halévy, secrétaire perpétuel de l'Académie, prononcé aux funérailles de M. David (d'Angers) , le mardi & janvier 1 856 ; -§• feuille in-4°. Exposé des titres et des travaux de M. Jobert de Lamballe, à l'appui de sa candidature à l'Académie des Sciences. Paris, i856; in-4°. L'art de découvrir les sources; par M. l'abbé Paramelle. Paris, i856; i vol. in-8°. Des Hermodactes au point de vue botanique et pharmaceutique. Thèse pré- sentée et soutenue à l'Ecole de Pharmacie de Paris, le 8 janvier i856; par M. J.-E. Planchon. Paris, i856; br. in-4°. Document pour l'histoire de la Botanique. Notice sur les écrits botaniques de François Bajle;par M. le Dr CLOS; br. in-8°. ( "8) Mémoire sur la nécessité qu'il/ a d'en arriver, quoique d'une façon normale, et sans choquer les règles de la dérivation française, à imposer aux nouveaux animaux soit acclimatés , soit regardés comme acclimatables , des noms commodes et réellement susceptibles de devenir vulgaires. Nancy, i855; br. in-8°. Notice sur le moulin de Salles [Dordogne); par M. Ordinaire de Laco- longe. Bordeaux, 1 855 ; br. in-8°, Rapport sur l'emploi de l'air comprimé de M. Duburguet, lu à l'Académie des Sciences et Arts de Bordeaux, le ao mars 1 855; par le même. Bordeaux, i855;br. in-8°. Appareil nouveau de fracture pour les membres ; par M. le Dr Carret ; br. in-8°. Ouvrages offerts par l'Institut Lombard des Sciences, Lettres et Arts : Memorie... Mémoires de l'Institut national italien ; années 1806 à 1 8 1 3; 6 vol. in-4°- Memorie... Mémoires de l'Institut impérial et royal lombardo-vénitien ; années 1819 à i838; 5 vol. in-4°. Memorie... Mémoires de l'Institut impérial et royal lombard des Sciences, Lettres et Arts; années 1841 à 1847; t. T à IV; in-4°. Giornale... Journal de l'Institut impérial et, royal lombard des Sciences, Lettres et Arts; années 1841 à 1847; ^ vol. in-8°; et nouvelle série, t. I à VII; années 1847 à t855; fascicules 1 à t\i , in-4°. Mémoires couronnés par l'Institut Lombardo- Vénitien . Memoria. . . . Mémoire sur la cultwe des bois et sur les moyens de reboiser les montagnes de la Haute-Lombardie ; par M. MEGUSCHER. Milan, 1847; 1 vol. in -8°. Sulla... Mémoire sur la construction des toits des édifices; par M. Merlini. Milan, 184a; in-8°. Sulla... Mémoire sur l'éducation des vers à soie et la culture des mûriers; par M. C. Stradivari ; in-8°. Dell' influenza... De l'influence des associations industrielles et commerciales sur la prospérité publique ; par M. F. Restelli ; broch. in-8°. Memoria... Mémoire sur les poteries fabriquées avec des terres du royaume Lombardo- Ténitien ; par M. G. Rosina; in-8°. Délia... Expériences sur la cémentation et la fonte de l'acier; par M. G. Vismara; in-8°. ' ( "9) Monografia... Monographie des morts subites; par M. N.-M. SORMANi; in-8°. Statistica. . . Statistique des morts subites, particulièrement des morts par apo- plexie dans la ville de Milan et sa banlieue, de 1 75o à 1 834 ; par M. J. FERRARIO; in-8°. Recherches sur l'asthme; parM. G. Bergson, Milan, 1 855 ; in-4°. Elogio... Éloge de Bonaventure Cavalier i , prononcé par M. GABRIEL PlOLA, à [inauguration du monument élevé à ce savant, à l'occasion du sixième congrès scientifique italien. Milan, 1 844 î in-4°- Useful... Renseignements utiles pour les ingénieurs , cours fait aux ingénieurs mécaniciens du Yorkshire et du Lancashire; par M. William FairbaIRN. Londres, i856; i vol. in-8°. A synopsis... Synopsis d'une classification des roches paléozoïques de la Grande-Bretagne ; parla révérend Adam Sedgwich; avec une description systé- matique des fossiles paléozoïques britanniques existant au Muséum géologique de l'Université de Cambridge; par M. F. Mac Coy. Londres, 1 855 ; in-4° ; avec avec un adas du même format. Tide... Tables des marées des principaux ports des Etats-Unis ; par M. Bach. New-York, i855; br. in-8°. Zwei und... Trente-deuxième Compte rendu annuel des travaux de la Société nationale silésienne ; année 1 854- Breslau, i855; in-4°. Untersuchungen. . . Recherches et observations sur la propagation du choléra ; par M. Max Pettenkofer. Munich, 1 855 ; in-8°. Zur... Sur la question concernant la marche du choléra; par le même. Mu- nich, i855;in-8°. Deutscher... Sur lafabrication et le commercedu vin; par M. S. ENGLERTH. Wurzbourg, 1849; in-8°. DrGall's... Sur l'amélioration des vins du IF Gall; par le même; in-8°. Erste... Description des champignons esculents et vénéneux; par MM. le Dr Buchner etC. Kirsch. Hildburghausen, i854; in-12. Hv A6r,vouç... L'Abeille médicale d Athènes , journal mensuel de médecine; publié par M. le D'Gouda; années i853, i85/j, et ier semestre de i855; in-8°. ( lao ) ERRATA. 0 (Séance du \l\ janvier 1 856.) Pa"e 3i, ligne 5 du Rapport de M. Thenard sur un Mémoire de M. Léon Péan de Saint- Gilles sur l'hydrate et l'acétate ferriques. Au lieu de espace de temps assez long, lisez espace de temps très-hng (plusieurs jours) Page 45, ligne 10 en remontant, au lien de physique, lisez mathématiques. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE PUBLIQUE DU LUNDI 28 JANVIER 1855. PRÉSIDENCE DE M. REGNAULT. La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets de prix proposés. PRIX DÉCERNÉS pocr l'année 1858. SCIENCES MATHÉMATIQUES. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX D'ASTRONOMIE. FONDÉ PAR LALANDE. (Commissaires, MM. Mathieu, Liouville, Delaunay, Le Verrier, Laugier rapporteur.) « Depuis la clôture du dernier concours, quatre nouvelles petites pla- nètes ont été découvertes pendant l'année i855, ce qui porte à trente-sept le nombre des planètes qu'on observe entre Mars et Jupiter. » Les auteurs de ces découvertes sont bien connus de l'Académie, qui, plusieurs fois déjà, leur a accordé le prix d'Astronomie fondé par La- lande. « La première de ces nouvelles planètes, Circé, a été découverte le C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N°4.) *7 ( 122 ) 6 avril 1 855 par M. Chacornac:, l'un des astronomes de l'Observatoire impérial de Paris. » La deuxième, Leucothée, a été trouvée le 19 avril 1 855 par M. Luther, astronome de l'observatoire de Bilk, près de Dusseldorf. » Enfin, la troisième et la quatrième, Atalante et Fldes, ont été vues le même jour, 5 octobre i855 : Atalante, par M. Hermann Goldschmidt, peintre d'histoire à Paris; Fides, par M. Luther. » Nous proposons à l'Académie de partager le prix d'Astronomie fondé par Lalande entre MM. Luther, Chacornac et Goldschmidt. » L'Académie adopte les conclusions de la Commission. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE DE L'ANNÉE i855. FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires, MM. Piobert, Combes, Morin, Charles Dnpin, Poncelet rapporteur. ) « La Commission décerne le prix de Mécanique de la présente année à M. ISoileau, professeur à l'École d'Application de Metz, pour l'ensemble de ses utiles recherches expérimentales sur l'hydraulique; science qui, malgré de nombreux, de persévérants et remarquables travaux entrepris à diverses époques en Italie, en France, en Allemagne et aux États-Unis d'Amérique, n'est point encore arrivée, dans ses différentes parties, à un degré de perfec- tion et de certitude qui permette d'en faire une application précise aux cas si variés, si distincts de l'art de l'ingénieur. » La Commission croit devoir aussi mentionner les appareils délicats imaginés par ce savant professeur pour ses études sur l'écoulement de l'eau dans les canaux découverts et par-dessus les barrages, ainsi que ses recher- ches expérimentales sur le sciage des bois, également soumises au jugement de l'Académie des Sciences, et qui sont devenues, pour l'auteur, le point de départ d'une combinaison nouvelle de scieries à doubles fraises circulaires, destinées au débit rapide des plus fortes pièces, ainsi que de plusieurs autres machines à scier transversalement les bois ou les pierres ; machines qui, malheureusement, n'ayant pas été exécutées, n'ont pu, jusqu'ici, recevoir la sanction de l'expérience. » ( Itf) RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE POUR L'ANNÉE i855. FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires, MM. Bienaymé, Mathieu, Boussingault, de Gasparin, Dupin rapporteur.) PRIX DE STATISTIQUE DONNÉ SUR LES FONDS DE L'ANNÉE 1 854 (0 A L'OUVRAGE PORTANT POUR TITRE : LES OUFR1ERS EUROPÉENS; PAR M. LE PLAY. « Nous avons examiné l'ouvrage de Statistique composé par M. Le Play, ingénieur en chef des Mines et. professeur de Métallurgie à l'École impériale des Mines de Paris. » Autorisé par le gouvernement français, il a, depuis un certain nombre d'années, inspecté les mines importantes qui sont possédées dans les monts Oural par M. le comte Demidoff, Correspondant de l'Académie. Pour rem- plir cette'mission, il a fallu que M. Le Play traversât à plusieurs reprises le continent de l'Europe. Il a combiné ses itinéraires de manière à parcourir les principaux États de cette partie du monde. En i85i, membre delà Commission française envoyée pour faire partie du Jury de l'Exposition universelle à Londres, il a visité les provinces* les plus importantes de la Grande-Bretagne, et continué dans cette île les recherches qu'il avait com- mencées sur le continent. » Une épigraphe empruntée à l'Éloge de Vauban par Fontenelle est l'in- dication sommaire du but de l'auteur. « Il s'informait, dit l'ingénieux se- crétaire en parlant du grand ingénieur, il s'informait de la valeur des terres, de ce qu'elles rapportaient, de la manière de les cultiver,' des facultés des paysans, de ce qui faisait leur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvait valoir en un jour le travail de leurs mains; détails méprisables et abjects en apparence, et qui appartiennent cependant au grand art de gouverner. » » Les voyages d'exploration de M. Le Play ont commencé dès i836; c'est une œuvre entreprise depuis vingt années qu'il soumet à notre exa- men . (i) En i854, 'e Pfix annuel de Statistique n'avait pas été décerné; cette circonstance a permis de donner un prix de plus en i855. La Commission a déclaré que les deux prix qui se rapportent à des sujets sans termes de comparaison ne comportaient ni premier ni second prix, ni ex œquo. 17.. ( «M ) *#' » Des collaborateurs volontaires, nombreux, instruits, zélés, ont secondé ses efforts. Les uns ont pris part à ses voyages ; les autres, par des excur- sions isolées, ont examiné pour lui des pays intéressants, dont il n'a pas pu lui-même parcourir toutes les parties. Il cite au premier rang M. le comte de Saint-Léger, habile agronome et membre du conseil général delà Nièvre. « Les observations que nous avions faites en commun, dit-il, sur les popu- lations agricoles du Morvan ont été le point de départ des monographies groupées dans l'Atlas de cet ouvrage. » Il cite aussi des étrangers célèbres, dont il a reçu des documents précieux. » L'auteur était guidé dans son travail par le désir de connaître les causes d'un grand contraste qu'il signale. Suivant lui (nous faisons cette réserve), suivant lui, deux régions extrêmes de l'Europe présentent le spectacle le plus différent. Les populations du Nord et de l'Orient vivent, pour la plu- part, satisfaites de leur sort et dans un état de quiétude qui frappe tous les observateurs ; celles de l'Occident, poussées par la nécessité ou excitées par une sorte de vertige, ne cessent de s'agiter pour modifier leurs habitudes et leurs institutions. » Les monographies recueillies par l'auteur fournissent des résultats pré- cis sur le bien-être relatif des diverses populations; elles donnent, suivant l'auteur, l'explication du contraste qu'il s'efforce d'établir. » Si nous voulions sortir de la statistique, c'est-à-dire de la science qui se borne à constater, à bien exposer des résultats numériques, nous aurions beaucoup d'observations et de réserves à faire sur de graves assertions. Nous nous abstenons d'entrer dans cette voie, et voici pourquoi : » Le point de vue que nous devons mentionner dès le principe, et qui pour l'auteur était un point de départ, ce point de vue a pour ainsi dire absorbé l'attention des personnes, qui placent avant tout, des idées, des intérêts ou des passions politiques. Elles ne sauraient approuver un ouvrage s'il ne con- duit pas à des idées, a des sentiments qui soient selon leurs sympathies ; c'est à cette condition seulement, satisfaite ou non, qu'ils y trouvent du mérite, ou qu'ils le déprécient et le condamnent. » L'Académie des Sciences physiques et mathématiques doit juger autre- ment les travaux de statistique soumis à son examen. » Des recherches sont-elles neuves? portent-elles sur des objets impor- tants? les faits ont-ils été soigneusement observés? sont-ils exposés avec mé- thode, et surtout sont-ils rendus avec fidélité?... Voilà les seules conditions dont nous devions nous préoccuper. » L'Académie des Sciences morales et politiques aurait sans doute à £.$ ( » 25 ) remplir une autre mission ; son point de vue serait différent, et son juge- ment s'étendrait sur des conséquences qui ne sont pas ici de notre domaine. Nous croyons devoir nous borner à la statistique traitée comme une science d'observation physique et mathématique, en la dégageant des théories, des systèmes dont ses travaux peuvent être ensuite le sujet. » L'auteur constate trois conditions d'existence chez les populations eu- ropéennes. A l'orient, c'est le régime qu'il appelle des engagements forcés . Ce régime impose le travail à l'ouvrier d'après des conditions fixées par la loi et par la fortune. En même temps il soumet le patron à l'obligation de pourvoir en toute éventualité aux besoins de l'ouvrier et de sa famille; il attribue à ce dernier une véritable hypothèque légale sur les produits du travail » Au nord, au centre, le régime des engagements volontaires prend en grande partie la place des engagements forcés; mais il faut encore que des institutions protectrices concilient (nous citons toujours les expressions de l'auteur) concilient la liberté nécessaire aux individualités les plus distin- guées, avec la protection dont ne sauraient se passer les classes placées, sous le rapport de la moralité, de l'intelligence et de l'énergie, à un niveau moins élevé. Ici la tradition et les mœurs suppléent à la loi, qui n'est plus impérative, pour assurer le meilleur sort des ouvriers. » Le troisième et dernier régime est celui des engagements momentanés. Dans ce régime, les biens et les maux semblent mélangés chez diverses na- tions et dans les diverses provinces d'une même nation, suivant les progrès des arts et de l'industrie. » Aux yeux de l'auteur, ce nouvel ordre de choses semble envahir fata- lement toutes les régions industrielles de l'occident, en même temps qu'un progrès incontestable se manifeste à sa suite dans toutes les branches de l'activité humaine. » Après avoir ainsi nettement posé les divisions de son sujet, il établit avec raison cet axiome : Les réformes que commande la situation actuelle des ouvriers doivent être fondées sur la connaissance des faits qui les con- cernent. C'est l'objet du second paragraphe de son introduction. » Mais comment parvenir à cette connaissance ? » L'auteursignaleetfait contraster deux méthodes. La première, celle des statisticiens, a, selon lui, jusqu'à ce jour, pour base principale les docu- ments numériques fournis par l'autorité publique en ce qui concerne les fi- nances, la guerre, la justice, etc. ;lesstatitisciens en déduisent des moyens de comparer sous divers rapports la puissance relative des États. ( I2Ô ) » Ces moyens, dit-il, sont incomplets. Il affirme que les tentatives faites pour rattacher à la statistique les opérations de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, ont ordinairement échoué : il signale les erreurs qu'on peut commettre en prenant pour point de départ des résultats de statistique officielle recueillis en des lieux divers, et sans être accompagnés des obser- vations essentielles sur les conditions particulières des populations aux- quelles sont rapportés des chiffres qui n'expriment par eux-mêmes que des résultats abstraits, desquels on ne peut pas tirer des conséquences absolues et rigoureuses. » Il est un point de vue plus juste et plus élevé, sous lequel on doit con- sidérer la statistique obtenue chez les diverses nations sur un même ordre de faits et par des moyens officiels ou privés. Le véritable esprit scienti- fique consiste à ne demander à chaque ordre d'observations et de consta- tations que ce qu'il peut établir positivement. » Supposons, par exemple, que chez des peuples divers, ou chez le même peuple, à des époques différentes, on ait recensé d'une part le nombre des habitants, de l'autre le nombre des naissances et des décès annuels; et qu'on en déduise la longueur de la vie moyenne égale dans un premier cas à vingt années, dans un deuxième à trente, et dans un troisième à quarante. Non-seulement une cause, mais cent causes diverses peuvent concourir à produire trois effets si différents. Si l'on assigne ces causes sans en avoir fait l'étude, et l'étude par l'observation consciencieuse, on peut être un sophiste, un esprit faux ou systématique ; on peut vouloir tromper les hommes pour abuser de leur confiance ou de leur crédulité ; on peut être un visionnaire, un imposteur même : on n'est plus un statisticien, c'est-à-dire un observateur mathématique et consciencieux de la vérité des faits pour ce qu'ils sont, et rien de plus. » A des constatations empruntées aux travaux des gouvernements, M. Le Play préfère des études particulières faites, pour chaque question impor- tante, par des hommes en même temps éclairés et spéciaux. Ajoutons que plus d'une fois les gouvernements eux-mêmes ont choisi des hommes ayant ce double mérite, et les ont chargés de recueillir certains ordres de faits dont la statistique était déclarée indispensable. » Le savant auteur n'avait pas besoin d'une théorie, et surtout trop ex- clusive, pour recommander la méthode qu'il a suivie ; nous en reconnais- sons le vrai mérite, et notre devoir est d'en faire apprécier la valeur. » Afin de comparer le sort des ouvriers dans les diverses parties de l'Eu- rope, il ne fait pas seulement entrer en ligne de compte les salaires en ar- ( "7) gent ; il y joint toutes les recettes en nature, de quelque source qu'elles ar- rivent à la famille. C'est précisément cette variété de recettes que l'auteur s'est efforcé de rechercher et d'apprécier. » L'étude simultanée du sort des classes ouvrières dans les pays situés à l'orient, au centre, à l'occident de l'Europe, équivaut réellement à l'étude de trois époques différentes : l'état ancien, l'état transitoire et l'état récent des peuples les plus avancés dans l'industrie, dans les arts et dans les sciences. De pareils rapprochements faits avec conscience, avec habileté, ne sont pas un pur objet de curiosité. L'histoire des populations, consi- dérée sous un tel point de vue, est pleine d'enseignements. » L'auteur consacre la première partie de son ouvrage à l'exposé de sa méthode appliquée à l'observation du sort des ouvriers. Il les subdivise en sept classes : » Les ouvriers domestiques, les journaliers, les tâcherons, les ouvriers tenanciers, les ouvriers chefs de métiers, les ouvriers propriétaires et les propriétaires ouvriers. Il caractérise ces sept subdivisions : d'abord chez les peuples nomades, à l'orient de l'Europe, et dont il n'a pas parlé précé- demment; puis chez les peuples sédentaires où subsistent les trois systèmes : i ° d'engagements forcés ; 2° d'engagements volontaires permanents ; 3° d'en- gagements à courts termes et de travail sans engagement. » Cette classification est développée dans un grand tableau synop- tique, avec le renvoi aux monographies qui sont propres à chaque caté- gorie. » L'auteur spécifie l'organisation de la famille dans les quatre systèmes sociaux que distingue son tableau synoptique. » A l'égard des travaux opérés par voie d'association, il distingue les travaux effectués par des communautés ou par des corporations. » Les corporations qu'il considère plus spécialement sont celles dont l'objet est de garantir les ouvriers contre les privations qu'occasionnent les maladies, les chômages, les disettes, les incendies, les concurrences exces- sives : en un mot, les inconvénients fortuits qui peuvent compromettre l'existence des familles. » Dans le huitième paragraphe sont définis la nature, l'organisation et les effets du patronage. » Dans le neuvième, sont établis les caractères distinctifs des ouvriers qui prospèrent par l'exercice du libre arbitre dans les diverses parties de l'Europe. L'énoncé d'un pareil titre suffit pour en montrer l'importance. L'auteur regarde les pas qu'il a faits dans cette carrière comme un premier ( .38 ) effort, comme l'indication d'une voie dans laquelle il invite d'autres obser- vateurs à marcher, pour arriver à des résultats complets. » Une pareille invitation nous apparaît comme une des preuves de bonne foi du statisticien; il ne craint pas d'appeler de toutes parts des observa- tions destinées à contrôler celles qui lui sont propres. » Jamais sujet plus important ne fut offert aux amis de l'humanité et de la paix intérieure des nations. C'est par une étude bien faite du sort com- paré des familles laborieuses dans les diverses contrées de notre Europe oc- cidentale, c'est par là qu'on pourra constater et les maux soufferts et les remèdes que doit suggérer une étude sérieuse. » L'auteur résume ainsi la méthode d'exposition qu'il a suivie. « Éta- » blir pour chaque famille soumise à l'observation un budget annuel com- » posé de deux parties dont le cadre reste invariable pour toutes les loca- » lités et pour toutes les catégories d'ouvriers. Faire précéder ce budget » dune introduction dans laquelle soient définies dans un ordre constant » toutes les conditions d'existence de la famille. Donner ensuite des docu- » ments et des notes qui comprennent les détails importants de technologie >. et d'économie domestique. Enfin, pour éclairer cet ensemble, y joindre » les considérations générales qui n'auraient pas pu prendre place dans le » cadre même de l'introduction sans en détruire l'harmonie. » » Le second chapitre contient l'analyse des .moyens d'existence que possèdent les ouvriers, et l'établissement du budget des recettes d'une famille. » Rien ne paraît plus circonscrit, plus uniforme et plus simple, au pre- mier abord, que le budget d'une famille d'ouvriers; rien n'est plus divers et plus étendu, si l'on veut tout embrasser. » Il faut excepter seulement le cas des ouvriers domestiques. D'ordi- naire, en leur faveur, le maître prend à sa charge une foule de frais divers; cela simplifie d'autant la portion qui reste au compte des gens de sa maison. » Pour les autres ouvriers, il faut ajouter les subventions, c'est-à-dire toutes les rétributions qui ne sont point mesurées sur la durée ou la quan- tité du travail accompli, et qui diffèrent en cela du salaire. Tantôt elles sont annuelles, tantôt elles sont réservées pour les besoins, soit accidentels, soit extraordinaires; d'autres fois elles sont accordées dans les chômages, dans les maladies, et lors des infirmités précoces : elles vont chercher la femme et les enfants, même du mauvais sujet tombé dans l'inconduite. » L'ouvrier chef de famille, outre son industrie principale, et quand son travail obligatoire est accompli, se livre à d'autres travaux, ou pour sa fa- ( I29 ) mille, on pour un second chef d'industrie. Sa femme, ses enfants, de leur côté, font quelque chose; et l'ensemble des bénéfices constitue l'avoir com- plet de la famille. » S'il y a des biens communaux, s'il y a des secours publics, c'est encore une addition qu'il faut faire au budget des recettes. » La famille peut posséder quelque bien, un morceau de terre, une ha- bitation; elle peut avoir quelques animaux domestiques, nourris par un chef d'industrie ou par le bien communal. Elle a ses meubles, ses outils; elle en a parfois qu'elle prête à louage ; elle peut avoir des économies pla- cées qui lui procurent quelque revenu, comme celui des caisses d'épargne. Voilà diverses sources de propriétés; toutes sont examinées. » L'auteur, qui tient compte du salaire avant ces autres genres de re- cettes, distingue ainsi par catégories les sources du budget de la famille ou- vrière ; chacune de ces catégories a son degré d'importance et produit des effets inégaux. » L'auteur présente ensuite, § i4 et § i5, des considérations importantes sur les travaux et les salaires spéciaux des divers membres de la même fa- mille, sur les industries que les familles d'ouvriers entreprennent à leur propre compte, et sur les bénéfices qu'elles en retirent. Dans les diverses contrées, et suivant la constitution de la société générale, les entreprises pour le compte de la famille ont une importance fort inégale, et l'auteur s'efforce de la faire ressortir. » Le budget des familles ouvrières distingue avec soin les recettes en ar- gent et les recettes en nature d'objets, i° consommés par la famille ; i° ven- dus par elle, et dès lors donnant une autre recette en argent. » Le chapitre 3, qui présente l'établissement du budget des dépenses, fait connaître par cela même le mode d'existence des ouvriers. » La première section comprend les dépenses qui concernent la nour- riture. » On constate ici des différences essentielles sur les ouvriers des diffé- rentes régions, sur l'importance relative des consommations, en céréales, en corps gras ou caséeux, en viandes de toute nature, y compris la chair des poissons; en fruits, en légumes; ensuite viennent les condimeuts, les stimulants, les boissons distillées ou fermentées. » La seconde section comprend les dépenses relatives à l'habitation, pos- sédée ou non par l'ouvrier ; puis au mobilier, au chauffage. » La troisième section concerne le vêtement. Ici la différence est infinie entre les usages des peuples, dans l'occident et l'orient de l'Europe. Chez C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, Tf° 4.) l8 ( *3o) les Orientaux, la famille confectionne elle-même ses vêtements plus ou moins primitifs ; chez les Occidentaux, les tissus sont préparés en manufac- ture par des industries spéciales, et vendus ensuite à l'universalité des ha- bitants. La nature des tissus ne diffère pas moins que le mode suivi pour les fabriquer; de là des différences infinies dans le bien-être des familles. » Le blanchissage, lorsqu'il est fait dans la famille, ajoute au bien-être, à l'économie; il doit également être compté. » Une quatrième section des dépenses concerne ce que l'auteur appelle les besoins moraux, les récréations et le service de santé. Au nombre des besoins moraux qui nécessitent des dépenses chez la famille ouvrière, il faut compter les secours religieux pour les vivants, les honneurs et les prières réclamés pour les défunts. L'auteur place également au rang des plus no- bles besoins celui de venir en aide aux nécessiteux, aux infirmes, à ceux que frappe un grand et soudain accident. La classe ouvrière, quelle que soit la modicité de ses recettes, s'honore ainsi de pouvoir compter dans son bud- get un chapitre formé par les secours qu'elle accorde au malheur, avec une sympathie qui naît du besoin qu'elle éprouve souvent d'obtenir de sem- blables bienfaits. Nous signalons ce chapitre comme un des plus honorables pour les sentiments de l'auteur. » La cinquième et dernière section comprend les 'dépenses qui con- cernent les industries pratiquées, les dettes, les impôts et les assurances. » Par dépenses concernant les industries, l'auteur entend l'achat des objets nécessaires à l'exercice des industries poursuivies en famille. Ce sont, à proprement parler, des avances couvertes avec bénéfice par la vente des produits qu'il faut compter à part. Certains ouvriers empruntent pour payer les matières des ouvrages qu'ils confectionnent ; d'autres livrent Jeurs effets transitoirement au mont-de-piété, sauf à payer un véritable intérêt en les retirant; d'autres empruntent, comme nos paysans, pour acheter des terres qu'ils comptent payer par leur travail; ils supportent, par anticipation, le fardeau d'un intérêt usuraire et trop souvent ruineux. Tous ces intérêts font partie de la dépense annuelle. » Enfin, des assurances établies sur la vieillesse on sur la vie peuvent contribuer au bien-être des familles ouvrières, qui ne craignent pas de grever ainsi leur budget des dépenses actuelles, en attendant les budgets à venir. » Un cinquième chapitre clôt la première partie. Il concerne la balance du budget des ouvriers, pour constater ceux qui prospèrent par la prépon- dérance des recettes et ceux qui s'obèrent par l'excès de la dépense. Ce ( i3i ) dernier cas, dit l'auteur, ne se présente que pour les ouvriers propriétaires exploitant sans discernement un capital acquis par l'héritage, ou cédant avec irréflexion au désir d'étendre leurs entreprises au delà du cercle tracé par leurs ressources pécuniaires ou par leur aptitude. Les ouvriers de certaines professions ne peuvent subvenir régulièrement aux besoins essentiels de l'existence. Ce cas a lieu surtout quand la population s'est accrue en pré- sence d'industries qui sont restées stationnaires, et lorsqu'une grande amé- lioration dans certains procédés d'industries nouvelles a considérablement réduit le salaire de la profession qui vivait de l'industrie primitive. Le dé- ficit permanent du budget est alors caché par les privations imposées à la famille ouvrière, déficit en partie comblé par la charité publique. » On doit voir maintenant avec quel esprit d'observation et de recher- ches l'auteur s'est efforcé de traiter son sujet sous toutes les faces essen- tielles. La marche qu'il a suivie est un modèle de méthode. » La seconde partie, sous le nom peut-être trop ambitieux d'atlas, jus- tifié cependant par le format du livre, cette seconde partie contient trente- six budgets spéciaux et complets. » Le premier est puisé chez un peuple à moitié nomade, celui des Bas- kirs, établi sur le versant asiatique de l'Oural : il n'appartient pas à l'Europe. » Quatre budgets sont tirés de la Russie i° méridionale, 2° centrale, 3° septentrionale, 4° occidentale : les deux premiers pour des familles agri- coles, les deux.suivants pour des familles industrielles. » Les États Scandinaves. sont représentés par deux tableaux, un pour la Suède, un pour la Norwége, et tous deux empruntés aux travaux des mines. » Sous le titre d'Europe centrale, l'auteur comprend même la Turquie d'Europe, représentée par un ouvrier bulgare. » Vient ensuite pour la Hongrie un paysan à corvée, puis un fondeur de métaux. » Les États propres d'Autriche fournissent les budgets de trois industriels empruntés à la Carinthie, à la Carniole, à Vienne. » Dans le Hanovre, les célèbres mines du Hartz sont représentées par un ouvrier. » Viennent ensuite les régions limitrophes de la France; elles fournissent, pour la Prusse rhénane, deux ouvriers en métaux, plus un tisserand. La Suisse donne deux horlogers, choix motivé par la célébrité de l'industrie propre aux pays de Neufchâtel et de Genève. » Le midi de l'Europe est représenté seulement par deux agriculteurs es- 18.. ( i3a ) pagnols, l'un de la Vieille-Castille, l'autre de la Galice, et ce dernier émi- grant périodique. » L'Angleterre donne matière à quatre budgets : deux empruntés à Schef- field, dont la coutellerie si parfaite n'est pas plus remarquable que l'orga- nisation de ses classes ouvrières; un budget de la coutellerie par fabrication collective à Londres; un autre du fondeur de fer à la houille dans le comté de Derby. » Enfin, la France a fourni douze budgets empruntés soit aux villes, soit aux campagnes de l'Auvergne, du Nivernais, du Maine, de la Mayenne, de la Bretagne et du département de la Seine. » Les observations spéciales dont chaque budget est accompagné en font connaître le véritable esprit et les conséquences : l'auteur a soin de citer les collaborateurs qui se sont chargés de contrôler, de vérifier chaque bud- get- » La collection des trente-six budgets que nous venons -d'énumérer suf- fit amplement pour montrer l'esprit des recherches de l'auteur ; elle donne la mesure du travail auquel il s'est livré; elle justifie la récompense que nous aurons l'honneur de proposer à l'Académie. » Nous exprimons le regret que l'auteur n'ait pas publié cinquante-trois autres budgets de familles ouvrières, qu'il a complétés et. qui rempliraient déjà beaucoup de lacunes regrettables. » Nous ne trouvons aucun budget établi pour l'Italie, qui présente des diversités si remarquables dans la condition des classes laborieuses en Sa- voie, en Piémont, en Ligurie, en Lombardie, en Vénitie, en Toscane et dans les principautés circonvoisines, dans les États romains, si peu connus en ce qui concerne la contrée des Apennins, et dans les Deux-Siciles : voilà pour la seule Péninsule italique les contrées qui nous laissent le plus à désirer. » Pour le centre de l'Allemagne, nous devons souhaiter aussi de con- naître le budget des classes ouvrières dans la Saxe, le Wurtemberg, la Ba- vière et le grand-duché de Bade ; peut-être y trouverons-nous la triste clef de ces émigrations devenues prodigieuses qui, chaque année, enlèvent au centre de l'Europe non-seulement des familles disséminées, mais des com- munes entières transplantées à l'ouest de l'océan Atlantique. » Des budgets de Slaves, de Grecs, de Latins et de Musulmans, dans les provinces de la Turquie européenne, en y comprenant les exactions du plus fort sur le plus faible, jetteraient une vive lumière sur le sort présent et sur l'avenir de contrées où sont aujourd'hui débattus les destins du monde. ( i33 ) » Telles sont les indications sommaires que no#us croyons devoir présen- ter aux personnes qui, dans les diverses parties de l'Europe, voudront suivre la route ouverte par M. Le Play. » Nous souhaitons qu'il publie sans retard les budgets qu'il tient en ré- serve. Nous voudrions qu'une édition à petit format et sans luxe, de l'ou- vrage complet, mît à la portée de tous les acheteurs une statistique qui touche à de si nombreux et si grands intérêts. » Les développements dans lesquels nous avons cru devoir entrer mon- trent le cas que nous faisons de l'ouvrage dont nous rendons compte à l'A- cadémie. Ce travail est nouveau par son point de vue, par son ensemble, par son esprit mathématique à l'égard des faits Constatés ; par l'esprit de modération avec lequel les idées propres à l'auteur sont présentées, soit à titre d'explications, soit à titre de conséquences. » Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie qu'elle accorde à M. Le Play un. prix de Statistique, en remplacement du prix qui n'a pas été décerné en i85/j. PRIX DONNÉ SUR LES FONDS DE i855. RECHERCHES STATISTIQUES SUR LES SUBSTANCES CALCAIRES A CHAUX HYDRAULIQUE ET A CIMENT NATUREL, PAR M. VICAT. » L'Académie a déjà récompensé par un prix spécial la belle découverte de M. Vicat sur les chaux hydrauliques et les ciments naturels. » Les recherches statistiques aujourd'hui soumises à votre examen ont eu pour objet de compléter les services rendus aux constructions hydrau- liques dans les diverses parties de notre territoire, en indiquant les ressources minéralogiques dont nos constructeurs peuvent tirer parti; » Partout le savant ingénieur a trouvé lès substances propres à des con- structions éminemment solides; partout, grâce à son livre, on les connaît, on sait s'en servir. Elles sont entrées dans le commerce journalier comme élément indispensable de cette foule d'édifices qui s'élèvent avec tant de rapidité. Si les sciences physiques n'habituaient pas les yeux à de continuels miracles, ne serait- on pas étonné delà révolution que la publication statis- tique de M. Vicat a permis d'opérer dans l'art de bâtir? » C'est à l'architecture comme application, à la chimie pour les principes, qu'appartient désormais cette collection de faits si ingénieusement décou- verts et recueillis par l'auteur. » Il serait superflu de faire ici de. nouveau l'éloge des belles recherches ( i34 ) de M. Vicat. Il n'est pas un traité de chimie qui ne les expose dans leurs parties essentielles. Nous ne pourrions rien ajouter d'essentiel au Rapport si lumineux de l'illustre Secrétaire perpétuel dont l'Académie regrette encore la perte prématurée. Votre Commission ne peut que renvoyer à ce Rapport les personnes qui voudront savoir de quelles immenses économies une dé- couverte scientifique peut doter un pays tout entier. » En accordant le prix à M. Vicat, votre Commission acquitte la dette que lui avait léguée la Commission chargée de l'examen du concours de i83g. « Lorsque la tâche de M. Vicat sera remplie, disait-elle dans son Rapport de » 1840, il pourra faire valoir ses droits aux récompenses de l'Académie : » nous pensons que ces droits doivent être réservés. » » L'ouvrage alors ne s'étendait qu'à quarante-deux départements. Il en embrasse aujourd'hui soixante-seize ; et l'on doit le regarder comme ter- miné, car ce sont maintenant tous les hommes que M. Vicat a instruits qui complètent journellement ce catalogue des richesses calcaires de la France. Il n'est pas douteux que l'industrie particulière n'en ait multiplié de tous côtés les produits destinés à l'utilité publique. » Après les ouvrages importants qui ont mérité les prix, votre Commis- sion croit devoir mentionner honorablement, mais à un rang bien différent, plusieurs travaux déposés pour le concours de i855. Ce sont tous des ou- vrages d'un volume considérable : malheureusement, les résultats qu'on peut en déduire ne répondent pas au travail que cette étendue a dû imposer à leurs auteurs. » Tel est le manuscrit de i5aa pages in-folio que M. V.-P. Demay a ré- digé sous le titre de : Histoire de la ville de Belleville et de ses accroisse- ments, ou Examen des divers rapports de la banlieue de Paris avec la capi- tale. » L'auteur a souvent perdu de vue hi, véritable statistique, et n'a fait que réunir des matériaux historiques : tel qu'il est cependant, son recueil de pièces administratives renferme une foule de renseignements*parmi lesquels les économistes trouveront utile de puiser au besoin. L'auteur aurait pu présenter un bien plus grand nombre de chiffres intéressants au plus haut degré. A peine trente-cinq ans se sont écoulés, et ces collines, qui n'offraient que des habitations isolées au milieu d'une campagne véritable, sont cou- ronnées aujourd'hui par une ville de quarante-six mille âmes : Relleville est, par rapport à la population, la vingt-cinquième cité" de France. La sta- tistique qui ferait pénétrer profondément dans les sources de l'accroissement si rapide de cette commune, expliquerait en même temps beaucoup de faits r ( i35 ) économiques dont l'œil ne saisit que l'aperçu général dans le développement de la population de Paris. Chaque année qui s'écoule fait regretter l'oubli dans lequel tombent les renseignements numériques sur les changements insensibles et sur les améliorations rapides de la capitale. Il semble qu'il eût été possible de faire pour Belleville ce que l'étendue de Paris rendait impraticable peut-être. Ajoutons que l'auteur, en donnant à son manuscrit le nom d'histoire, reconnaît que la statistique n'a pas été son premier et principal objet. » Il n'en est pas de même d'un second manuscrit que l'auteur, M. le docteur Giracdet désigne sous un double titre : Statistique de la ville de Tours, ou Recherches historiques et statistiques sur le mouvement de sa population depuis 16^1 jusqu'à 1847. » L'ouvrage ne répond point au titre général : on se fait une autre idée de la statistique d'une ville, et surtout d'une ville telle que Tours, dont la position topographique et la haute antiquité réveillent tant de souvenirs. L'ouvrage est mieux désigné sous le titre de Recherches historiques sur la population. » Votre Commission aurait voulu placer à un rang plus élevé dans ce concours un travail tout à fait statistique ; mais l'exécution des recherches numériques et la mise en œuvre des nombres recueillis ne nous ont pas paru exemptes de graves objections. Il serait difficile d'accorder à l'auteur les conséquences qu'il veut faire sortir de ses chiffres. Heureusement les appré- ciations dont vous chargez votre Commission de Statistique n'exigent pas qu'elle suive les auteurs sur le terrain des conjectures. Tout en laissant à M. Giraudet, comme à bien d'autres, le soin de défendre leurs conclusions, votre Commission n'en a pas moins voulu encourager les efforts consacrés à la réunion de collections numériques dont quelques modifications accroî- traient beaucoup l'intérêt. Si l'auteur dépose ce travail dans quelque biblio- thèque ou dans les archives, il fera bien d'y réunir les éléments de ses recherches primitives. Ces documents primitifs intéresseront surtout les économistes futurs et les historiens. On sent mieux, de jour en jour, com- ment il est impossible de fonder des sciences réelles sur des résumés qui revêtent les observations, les opinions des auteurs, et ne laissent plus aper- . cevoir les faits originaux. » M. Ernest G rangez a soumis à l'Académie un exemplaire d'un ouvrage vraiment utile ; c'est un volume de 800 pages, qu'il intitule : Précis histo- rique et statistique des voies navigables de la France. » Presque tous les renseignements que peut désirer un administrateur, ( '36) un commerçant, un industriel, sur les canaux et les rivières de notre pays, ont été réunis avec soin dans ce volume. C'est une compilation aussi exacte qu'on le puisse désirer d'une foule de documents administratifs : mais tout l'intérêt qu'elle présente, toute l'utilité qu'on y trouvera certainement ne peuvent lui ôter ce caractère, et par conséquent ne peuvent la placer au même rang que les travaux qui présentent des parties tout à fait originales. On pourrait même, en se plaçant rigoureusement au point de vue statis- tique, exiger davantage de la forme donnée par l'auteur à ses résultats. Quoi qu'il en soit, il a paru digne d'une mention honorable. « Jusqu'à quel point vos concours doivent-ils être considérés comme embrassant des Rapports et des Mémoires administratifs? C'est une question délicate que votre Commission ne veut nullement regarder comme résolue par la mention honorable qu'elle fait ici de l'ouvrage dont le titre précède, et de celui que M. de Watteville a présenté pour le concours. Ce dernier est un Rapport à S. E. le Ministre de l'Intérieur, sur l'administration des bureaux de bienfaisance et sur la situation du paupérisme en France. » Les 1 162 tableaux réunis par M. de Watteville font connaître, pour tous les départements de la France, la situation financière des bureaux de bien- faisance, et le nombre des indigents secourus ou plutôt inscrits sur les regis- tres de ces bureaux. Mais il y a bien loin de cet indice à la connaissance véritable de la situation du paupérisme en France. Pour peu qu'on ait étudié les diverses parties de notre pays, on s'aperçoit combien les tableaux offi- ciels envoyés par chaque préfecture, et réunis par l'auteur, sont peu propres à fournir des idées exactes qu'ils sont censés indiquer. Telle partie du terri- toire qui prétend ne pas tolérer de mendiants, en contient très-certainement encore ; telle autre partie qui a laissé porter un septième de sa population sur la liste du bureau de bienfaisance, fait savoir en même temps qu'il n'est rien donné à la plupart des personnes qualifiées du nom d'indigents. On révèle par cela même que des causes étrangères à l'indigence viennent grossir abusivement les listes dont il s'agit. L'auteur explique, au surplus, qu'il n'a pas entendu donner la proportion rigoureuse des indigents, mais qu'il a cru approcher plus près de la vérité que ses prédécesseurs en regar- dant le nombre des pauvres comme une quatrième proportionnelle à la po- pulation de la France, aux indigents des communes qui possèdent des bu- reaux de bienfaisance, et à la population des communes qui n'ont pas de bureaux. On peut concevoir une opinion peu favorable à cette proportion, lorsqu'on arrive à lire le fait le plus saillant que l'auteur ait mis en lumière : c'est que dans les neuf à dix mille bureaux les registres contiennent ( i37 ) 1 329659 indigents, et que la moyenne des secours accordés n'fest que de 10 fr. 42 c. par tête et par année. » Il n'y a donc pas un secours réel dans la plupart des bureaux. L'admi- nistration supérieure doit voir dans ce fait certain un sujet sérieux de re- cherches nouvelles, et plus approfondies que ne l'est une réunion de simples bordereaux de situation annuelle. Ne fît-elle ressortir que ce seul Fait certain, la collection statistique de M. de Wàtteville mériterait d'être signalée. La Commission, fidèle aux limites qu'elle s'est imposées, rappelle en finissant qu'il doit demeurer bien entendu qu'elle ne s'est pas préoccupée des idées contenues dans le Rapport de vingt-cinq pages qui forme une espèce d'introduction aux 1 162 tableaux statistiques, lesquels forment seuls le droit de l'ouvrage à figurer dans ce concours. » PRIX FONDÉ PAR M"16 LA MARQUISE DE LAPLACE. « Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accep- ter la donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la col- lection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École Polytechnique, » Le Président remettra les cinq volumes de la Mécanique céleste, Y Exposition du système du monde, et le Traité des probabilités, à M. Gav (Jean-Baptiste), sorti le premier de l'École Polytechnique le 20 septembre i855, et entré à l'École impériale des Ponts et Chaussées. » SCIENCES PHYSIQUES. CONCOURS POUR l' ANNÉE ifioiî. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE DE L'ANNÉE i855. FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires, MM. Flourens, Serres, Rayer, Magendie, • Cl. Bernard rapporteur.) « Déjà, dans l'antiquité, les physiologistes et les médecins avaient soup- çonné que les divers phénomènes qui ont leur siège dans le système ner- veux, et particulièrement la sensibilité et le mouvement, devaient avoir des C. R. i856, i« Semestre. (T. X.LII, N» 4.) 19 ( >38) organes de transmission anatomiquement distincts. C'est à la physiologie moderne, qui a poussé si loin l'analyse expérimentale dans les fonctions des nerfs, que revient la gloire d'avoir fait cette grande découverte, et d'avoir établi par des preuves inébranlables que les racines antérieures de la moelle épinière sont des nerfs moteurs, et que les racines postérieures sont des nerfs sensitifs. Ce qui veut dire, en d'autres termes, que lorsqu'un mouvement volontaire s'accomplit dans un membre, par exemple, l'influence motrice qui se propage du centre encéphalique à la moelle épinière ne peut être transmise aux muscles que par les racines rachidiennes antérieures, et que quand une impression sensitive se propage dans un sens inverse, c'est-à-dire de la périphérie du corps vers le centre nerveux, elle ne peut être trans- mise à la moelle épinière, et de là à l'encéphale, que par les racines rachidiennes postérieures. » Mais si tous les physiologistes sont d'accord aujourd'hui sur la manière dont sont localisées les fonctions motrices et sensitives dans les nerfs rachi- diens, il n'en est pas de même quand il s'agit de la moelle épinière. Le sentiment et le mouvement se propagent-ils par des conducteurs distincts dans la moelle épinière? et, dans ce cas, quelles sont les parties qui trans- mettent l'influence motrice, quelles sont celles qui transmettent les impres- sions sensitives? Ces questions importantes ont été abordées par les expéri- mentateurs les plus habiles, et elles étaient restées indécises. Les uns, vou- lant que la substance blanche de la moelle fût impropre à transmettre le sentiment ou le mouvement, admettaient que la substance grise centrale était seule douée de cette double propriété, ou qu'elle la partageait avec la substance blanche; les autres, au contraire, soutenant que la substance blanche de la moelle était seule conductrice, croyaient avoir établi que les faisceaux postérieurs qui sont en rapport avec les racines rachidiennes pos- térieures étaient les conducteurs exclusifs des impressions sensitives, tandis que les faisceaux antéro-latéraux qui sont en contiguïté avec les racines ra- chidiennes antérieures étaient les organes de transmission du mouvement. Et, il faut le dire, cette dernière opinion est celle qui avait été le plus géné- ralement adoptée, au moins en France. » M. Brown-Séquard a repris, dans ces derniers temps, cette question difficile de la transmission des impressions sensitives et motrices dans la moelle épinière, et, pour mieux limiter son sujet, cet expérimentateur a di- visé le problème en deux, pour ne s'occuper d'abord que de la détermina- tion des parties de la moelle qui sont chargées de conduire les impressions sensitives des racines postérieures au centre encéphalique. C'est donc ( i3g) exclusivement à la transmission des impressions sensitives dans la moelle épinière que se rapportent les recherches actuelles de M. Brown-Séquard , ainsi que les expériences que ce savant physiologiste a répétées devant la Commission. » La première proposition que M. Brown-Séquard veut établir, c'est que les faisceaux postérieurs de la moelle épinière ne sont pas, comme on l'avait dit, les agents exclusifs de la transmission des impressions sensitives. Pour le prouver, M. Brown-Séquard a fait deux expériences principales. » La première expérience consiste à couper en travers les deux faisceaux postérieurs de la moelle épinière au niveau de la région dorsale sur un animal vivant. Lorsqu' après cette section on pince les membres postérieurs, l'animal le sent parfaitement, et manifeste aussitôt par des cris la douleur qu'il éprouve. Ce résultat montre évidemment que les faisceaux postérieurs de la moelle ne sont pas exclusivement chargés de conduire la sensibilité, puisque l'impression sensitive ou douloureuse faite dans les membres postérieurs a été transmise à l'encéphale, après la section complète de ces faisceaux au-des- sus de l'origine des nerfs des membres postérieurs, et conséquemment faite dans un point intermédiairement placé entre le nerf pincé d'où part la dou- leur et l'encéphale où elle arrive pour être perçue. » Mais un autre phénomène des plus intéressants, qui a été découvert par M. Brown-Séquard, c'est que si dans cette expérience on pince ou l'on irrite les faisceaux postérieurs de la moelle dans l'endroit où ils ont été coupés, on voit non-seulement que les deux bouts du faisceau postérieur divisé sont sensibles, mais on remarque ordinairement que le bout inférieur ou caudal est plus sensible que le bout supérieur ou céphalique, qui cependant est seul resté en continuité directe avec l'encéphale. » Il n'est pas besoin de dire que ce fait nouveau est encore en opposition avec la théorie de la transmission exclusive de la sensibilité par les faisceaux postérieurs. D'après cette théorie, en effet, il aurait dû se passer, après la section des faisceaux postérieurs, ce qui a lieu après la section des racines postérieure rachidiennes, à savoir, que le bout qui reste en continuité di- recte avec le centre encéphalique demeure seul sensible, tandis que le bout périphérique devient complètement insensible. » La deuxième expérience de M. Brown-Séquard est en quelque sorte la contre-épreuve de la première. » Nous venons de voir précédemment que les faisceaux postérieurs de la moelle ont été coupés afin de montrer que, sans leur intervention, les impressions sensitives peuvent parvenir à l'encéphale par les autres parties 19.. ( i4o ) de la moelle épinière restées intactes. On peut prouver de plus qu'avec les faisceaux postérieurs seuls, quand les, autres parties de la moelle épinière ont été coupées, la transmission des impressions sensitives ne peut plus s'opérer. Cette expérience a été réalisée par M. Brown-Séquard : il a divisé sur un animal vivant, au niveau de la dixième vertèbre dorsale environ, toute la moelle épinière, excepté les faisceaux postérieurs, qui furent laissés intacts. Aussitôt après cette section, les membres postérieurs furent com- plètement paralysés, et les pincements produits sur eux ne furent plus perçus par l'animal ; c'est-à-dire que la transmission des impressions sensi- tives n'eut plu^lieu, malgré que les faisceaux postérieurs eussent été res- pectés, » Ces deux expériences s'enchaînent donc logiquement pour prouver que les faisceaux postérieurs ne sont pas les organes de transmission des, impressions sensjtives dans la moelle épinière. Les expériences ont été reproduites sous les yeux de la Commission par M. Brown-Séquard avec beaucoup d'habileté sur des animaux chez lesquels la moelle épinière n'avait été mise à nu que dans une très-petite étendue, de manière à ne pas les affaiblir par l'hémorragie et à obtenir des résultats plus concluants. » M. Brown-Séquard examine ensuite dans son Mémoire quel est le rùle de la substance grise, ainsi que celui des cordons antérieurs et latéraux de la moelle épinière relativement à la transmission des impressions sensitives. Il a fait des expériences très-nombreuses, il a agi sur les cordons antérieurs et latéraux de la même façon que sur les cordons postérieurs, et il est arrivé à des résultats tout à fait analogues. M. Brown-Séquard a vu, en effet, qu'a- près la section des cordons postérieurs, des cordons latéraux et des cor- dons antérieurs de la moelle, les impressions sensitives peuvent encore être perçues, tandis que lorsqu'on détruit la substance grise, cette transmission cesse aussitôt d'avoir lieu quand même on laisse la plus grande partie des faisceaux médullaires intacte, autant que possible. Par toutes ces recher- ches très-nombreuses, M. Brown-Séquard a été amené à conclure qu'aucune des parties blanches de la moelle épinière ne possède la fonction de trans- mettre les impressions sensitives au centre de perception, mais que c'est par la substance grise médullaire, et surtout par sa partie centrale, que cette transmission s'opère. Ces résultats sont d'un haut intérêt pour la physio- logie des centres nerveux, eu ce qu'ils apprennent que des parties insensi- bles comme la substance grise de la moelle peuvent transmettre les impres- sions sensitives, tandis que des parties très-sensibles comme les cordons postérieurs ne les transmettent pas. ( i4i ) » Dans la deuxième partie de son Mémoire, M. Brown-Séquard a cher- ché à déterminer expérimentalement comment les fibres des racines rachidiennes postérieures qui apportent les impressions sensitives de la périphérie pénètrent dans la moelle épinière pour arriver jusqu'à la sub- stance grise. Ici M. Brown-Séquard, s'appuyant, d'une part sur l'anatomie microscopique de la moelle, et d'autre part sur des expériences physiolo- giques ingénieusement instituées, a été conduit à émettre, sur cette propa- gation de la sensibilité à la substance grise centrale de la moelle, des vues nouvelles qu'il expose dans son Mémoire, et qui prouvent que ce phéno- mène paraît plus compliqué qu'on n'aurait été porté à le supposer au pre- mier abord. » En résumé, les expériences de M. Brown-Séquard ont éclairé une des questions les plus importantes et les plus difficiles de la physiologie de la moelle épinière, celle qui est relative à la transmission des impressions sen- sitives dans cette portion de l'axe cérébro-spinal. Si quelques faits étaient déjà connus sur ce point, M. Brown-Séquard en a ajouté beaucoup de nou- veaux; il a varié ses expériences, et en a coordonné les résultats de façon à résoudre d'une manière très-satisfaisante la question qu'il s'était proposé de traiter. En conséquence, la Commission, à l'unanimité, lui décerne le prix de Physiologie expérimentale pour l'année 1 855. » B APPORT SUR LE CONCOURS POUR LES PRIX RELATIFS AUX ARTS INSALUBRES, pour l'année 1855. FONDATION. MONTYON. (Commissaires, MM. Dumas, Bayer, Boussingault, Pelouze, Combes, Chevreul rapporteur.) « Cinq pièces (nos i, 2,3, 4> 5) pour le concours du prix des Arts insalu- bres ont été adressées à l'Académie dans le délai prescrit par le pro- gramme, c'est-à-dire jusqu'au ier d'avril de cette année i855. » Huit autres pièces (nos 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, i4), venues après ce terme, doivent, conformément au programme, être renvoyées au con- cours de i856. » Une pièce n° i3, présentée l'année dernière (par M. Thibout) et ajour- née, a été prise cette année en considération. ( !{fl ) » Enfin, la Commission a examiné un appareil qui fait l'objet d'un Mémoire envoyé à l'Académie dans le courant de mars, et qui conséquem- ment est dans la condition du concours. Cet appareil (de M. Duméry) a pour but de rendre les foyers fumivores. » Parmi les pièces nos i, 2, 3, 4 et 5, la Commission a pris en considé- ration la pièce n° 2, présentée par MM. Boutron et Boudet, et la pièce n° 4, présentée par M. Sorel. » MM. Boutron et Boudet, pièce n° 2, se sont proposé de déterminer rapidement la proportion des sels de chaux et de magnésie qui se trouvent dans les eaux potables, et celles dont l'industrie peut tirer parti. Cette détermination se fait au moyen d'une solution titrée ou normale de savon, qui précipite complètement les sels calcaires et magnésiens, avec cette circonstance que la liqueur complètement précipitée présente une limpi- dité parfaite avec la propriété de mousser, sans tenir pour cela un excès d'eau de savon. Dès lors il est aisé d'évaluer le précipité par le volume de l'eau de savon normale employé à le produire. » Mais la Commission, en accordant à MM. Boutron et Boudet tm prix, qu'elle propose à l'Académie de porter à 2000 francs, se croit obligée de dire que ce prix est donné au procédé tel qu'elle vient de le définir ; qu'en conséquence elle ne récompense pas la méthode appelée par les auteurs hydrotimétrie, c'est-à-dire le moyen de mesurer la valeur des eaux de source et de rivière. Car évidemment la méthode qui mériterait la qualifi- cation hydrotimétrie supposerait que les bonnes qualités des eaux ne pro- viendraient que de l'absence des sels à base de chaux et de magnésie, et leurs inconvénients de la présence de ces mêmes sels, conséquence que la Commission ne peut admettre. » Les considérations relatives aux pièces suivantes, concernant particu- lièrement la mécanique, ont été rédigées par M. Combes. APPAREIL DBMÏBÏ. » Depuis quelques années, les administrations publiques se préoccupent avec raison, en Angleterre et en France, des inconvénients occasionnés par la fumée qui se dégage des foyers industriels et même des foyers domesti- ques alimentés avec de la houille. Une enquête ordonnée par la Chambre des Communes de la Grande-Bretagne, et dont les procès-verbaux ont été publiés en i843, fait connaître à peu près tous les moyens que l'on avait essayé d'appliquer antérieurement dans ce pays, en vue de prévenir ou de brûler la fumée. Des appareils plus ou moins semblables avaient été égale- ( î43 ) ment appliqués chez nous; ils sont décrits dans divers recueils de techno- logie, tels que les Annales des Mines, le Bulletin de la Société d'Encoura- gement, etc. » Plusieurs des dispositions proposées ayant paru efficaces, un acte du parlement britannique, du 20 août 1 853, a prescrit à tous les propriétaires de chaudières à vapeur, de verreries, brasseries, raffineries de sucre et autres manufactures établies dans la métropole de l'Angleterre, ainsi qu'aux propriétaires de bateaux à vapeur naviguant sur la Tamise en dessus du pont de Londres, de brûler la fumée de leurs foyers. Une ordonnance de police, du 1 1 novembre 1 854, soumet à la même obligation les propriétaires d'usines où l'on fait usage d'appareils à vapeur, dans le département de la Seine. Ces mesures ont donné lieu, des deux côtés de la Manche, à un grand nombre de combinaisons plus ou moins nouvelles, ayant pour but d'éviter le dégagement de la fumée, dont quelques-unes ont été soumises par leurs auteurs au jugement de l'Académie. Parmi ces dernières, l'appareil fumivore sur lequel M. Duméry a appelé l'attention de l'Académie dès le mois de mars, dans un Mémoire lu le a3 avril (1), a été l'objet d'expériences suivies pendant longtemps et avec beaucoup de soin dans les ateliers des chemins de fer de l'Est, à la Villette, où il 'a été installé par l'auteur, à la place de l'ancien foyer de Tune des deux chaudières qui fournissent alternative- ment la vapeur à la machine motrice. » M. Duméry, au lieu de jeter la houille nouvelle par la porte du foyer sur le combustible incandescent et en très-grande partie carbonisé qui reste sur la grille, ainsi que cela se pratique dans les foyers ordinaires, la fait arriver par-dessous ce combustible en poussant la charge, au moyen de refouloirs mus à la main, dans des espèces de cornets recourbés, dont les parois sont à claire-voie, vers l'extrémité voisine de la grille. Nous devons dire que l'efficacité du chargement opéré en dessous du combustible incan- descent, en vue de prévenir le dégagement de fumée, est connu depuis fort longtemps. Ce mode de chargement, dont les avantages avaient été déjà indiqués par- Franklin, a même été appliqué en Angleterre, antérieurement à l'année i843, aux foyers domestiques et aux foyers de chaudières à vapeur, par M. le docteur Neil Arnott et par Edward Foard, qui a pris une patente pour un foyer qui est chargé de cette manière, en juillet 184 1 . Les dispositions spéciales au moyen desquelles M. Duméry opère le chargement (1) Dans le compte rendu de cette séance, il faut lire , page g34 : Duméry , au lieu de Duméril. ( «44 ) sont autres que celles que ses devanciers ont mises en œuvre, et atteignent parfaitement le but qu'il s'est proposé. Dans les expériences faites aux ate- liers de la Villette, on a brûlé sur la grille du foyer Duméry, présentant une surface de 6a décimètres carrés, depuis 60 jusqu'à 120 kilogrammes de houille de Saarbrùcken (houille tout-venant), sans donner lieu, dans aucun cas, à la moindre trace de fumée; la vaporisation a été de 5ht,34 à 6Ht,27 d'eau par kilogramme de houille. En faisant usage de gaillette de Saarbrùcken sans menu, on a pu pousser la combustion jusqu'à i5o kilo- grammes par heure. La vaporisation a été de 6Ut,55 par kilogramme de houille, et la fumée absolument nulle. » Une chaudière entièrement semblable à celle dont le foyer avait été remplacé par celui de M. Duméry, a été l'objet d'essais comparatifs faits avec des charbons pris au même tas. La grille de cette chaudière a une surface de 68 décimètres carrés. On a brûlé sur cette grille depuis 56 jus- qu'à 107 kilogrammes de houille tout-venant par heure, avec production de beaucoup de fumée dans tous les cas ; on n'a pu pousser la combustion au delà de 107 kilogrammes par heure. La vaporisation a été inférieure à 5 litres d'eau par kilogramme de houille, sauf une seule expérience, celle où la combustion a été la plus lente (56 kilogrammes par heure), et où l'on a obtenu 51U,23 d'eau vaporisée par kilogramme de houille; en faisant usage de gaillette de Saarbrùcken, on n'a pu pousser la combustion au delà de 112 kilogrammes par heure, et la vaporisation test restée inférieure à 5 litres d'eau par kilogramme de houille. » Votre Commission, sans rien préjuger sur l'efficacité des autres appa- reils destinés à prévenir ou à brûler la fumée, ayant acquis la certitude que ce but est parfaitement atteint, sans accroissement de dépense de combus- tible, par l'appareil de M. Duméry, vous propose d'accorder à M. Dcméry un prix de la valeur de a5oo francs. FLOTTEURS d' ALARME DE M. SOREL. » La Commission propose à l'Académie de décerner un prix de 2000 francs à M. Sorel pour la combinaison d'un flotteur et du sifflet dont sont munies les chaudières des machines locomotives, qui constitue les appareils connus sous le nom de flotteurs d'alarme, dont l'application à toutes les chaudières à vapeur établies à demeure est prescrite par l'or- donnance réglementaire du 22 mai i843. Cette combinaison a été imaginée et présentée à l'Académie, en 1837, par M. Sorel qui, dès cette époque, l'a appliquée à plusieurs chaudières à vapeur. i45 ) TUBE RESPIRATOIRE DE M. THIBOUT. « M. Thibout, au Neubourg (Eure), a présenté à l'Académie, dans le cou- rant du mois de février 1 85/|, un appareil de sauvetage au moyen duquel on peut pénétrer et séjourner sous une petite profondeur d'eau ou dans des lieux remplis de gaz méphitique, pour porter secours à des noyés ou asph\ xiés. » Cet appareil consiste en une petite boîte métallique divisée en trois com- partiments par deux cloisons percées chacune d'une ouverture circulaire, sur laquelle s'applique une soupape formée d'une petite sphère en liège. La paroi du compartiment intermédiaire entre les deux cloisons est percée d'un orifice avec tubulure à laquelle s'adapte un tuyau flexible et court, terminé par une embouchure que l'opérateur introduit dans sa bouche ou applique sur sa bouche. Les compartiments extrêmes de la petite boîte sont munis aussi de tubulures auxquelles s'adaptent des tuyaux flexibles en toile imperméable, maintenus ouverts par un ressort intérieur en hélice, et qui se prolonge jusqu'au dehors de l'eau ou de l'excavation infestée de gaz irrespirables où l'on veut pénétrer. L'opérateur applique sur son nez une pince qui ferme l'ouverture des narines, de façon que, ne respirant que par la bouche, il aspire l'air atmosphérique extérieur qui arrive par le tuyau branché sur un des compartiments extrêmes, tandis que l'air expiré s'écoule par le tuyau branché sur l'autre compartiment. » Cet appareil si simple n'a rien de nouveau. On a fait usage depuis bien longtemps de tubes respiratoires pour descendre sous l'eau, ou séjourner dans des cuves ou des excavations remplies de gaz acide carbonique. C'est ainsi que Pilâtre du Rosier, en 1785, a pu descendre au fond d'une cuve de brasseur, y rester des heures entières, agissant et marchant sans aucune gêne, tandis que des animaux mis auprès de lui ont été promptement as- phyxiés. (Voyez Description et usage du respirateur antiméphitique, ima- giné par Pilâtre du Rosier, avec un précis des expériences faites parce phy- sicien sur le méphitisme des fosses d aisance, des cuves à bière, etc., par M. Delaunaye, Paris, 1 785, chez Laurent, libraire, rue de Tournon. — Jour- nal de physique, 1786. — Journal des mines, t. III.) » L'appareil de Pilâtre du Rosier ne comportait qu'un tuyau unique terminé par une sorte de masque appliqué sur la bouche ou sur le nez. L'opérateur aspirait l'air pur amené par le tuyau, et expirait l'air vicié, dans le milieu où il se trouvait, par la bouche, s'il avait aspiré par le nez, ou vice versa. M. Delaunaye propose, dans le Mémoire cité, d'ajouter à l'em- C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N« 4.) 20 ( *46 ) bouchure du tuyau qui s'adapte à la bouche un petit tube métallique con- tenant deux soupapes (Instruction sur l'emploi des lampes de sûreté dans les mines et sur les moyens de pénétrer sans danger dans les lieux méphi- tisés, publiée par M. le conseiller d'État directeur général des ponts et chaussées et des mines. — Jnn. des mines j 1825, Ire série, t. X, p. 3y et sui- vantes). C'est précisément l'appareil présenté par M. Thibout , sauf l'addi- tion d'un second tube adapté à la tubulure par laquelle sort l'air expiré, et prolongé jusque dans l'air pur. » Cet appareil ne constitue pas une invention nouvelle, il est au moins cer- tain qu'il a été jusqu'ici bien peu employé, malgré les recommandations dont il a été l'objet à diverses reprises de la part des physiciens et de l'admi- nistration des mines; cependant son usage aurait pu prévenir de nombreux accidents. Il est donc à désirer qu'il se vulgarise, que les hommes chargés de porter secours aux noyés et asphyxiés en soient généralement pourvus et s'habituent à s'en servir. C'est surtout en vue d'attirer de nouveau l'at- tention sur le service qu'il peut rendre, que la Commission propose à l'Aca- démie d'accorder à M. Thibout, simple ouvrier qui ne connaissait pas les essais antérieurement faits, à titre de récompense et d'encouragement, une somme de 5oo fr. CONCLUSIONS. » La Commission a l'honneur de proposer à l'Académie : » i°. D'accorder un prix de 25oo fr. à M. Duméry, pour un appareil pro- pre à rendre les foyers fumivores ; » 20. D'accorder un prix de 2000 fi", à M. Sorel, pour la combinaison du flotteur des chaudières à vapeur avec le sifflet des chaudières des locomo- tives, combinaison connue sous le nom dejlotteur d'alarme, que M. Sorel a imaginée en 1 837 ; » 3°. D'accorder un prix de 2000 fr. à MM. Boutron et Boudet pour leur moyen de déterminer la proportion des sels à base de chaux et de magnésie dans les eaux des sources et des rivières au moyen d'une liqueur savon- neuse titrée ; » 4°- Un encouragement de 5oo fr. à M. Thibout, de Neubourg (Eure), pour un tuyau respiratoire au moyen duquel on peut pénétrer et séjourner sans danger sous l'eau, et dans des atmosphères irrespirables. » Ces conclusions sont adoptées par l'Académie. ( '47 ) RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE DE L'ANNÉE i855. FONDATION MONTYOJN. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau, Rayer, Duméril, Magendie, Flourens, Milne Edwards, Cl. Bernard rapporteur.) « La médecine çt la chirurgie reposent en grande partie sur les sciences anatomiques et physiologiques; celles-ci , à leur tour, puisent leurs moyens d'investigation dans la physique, la chimie et les sciences natu- relles. Toutes les fois que les sciences qui précèdent effectuent quelque progrès dans leurs points de contact avec la médecine ou la chirurgie, elles contribuent par cela même aux progrès de l'art de guérir. C'est d'après ces considérations que la Commission a toujours récompensé les travaux d'ana- tomie, de physiologie, de physique, de chimie, etc., quand ceux-ci s'appli- quaient utilement à la médecine. » La Commission vient proposer à l'Académie d'accorder des récompenses dans ces diverses branches des sciences médicales. Elle n'a pas cru devoir proposer de prix pour cette année. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. » La structure intime des différentes parties constituantes de l'organe de la vision a été l'objet des recherches d'un grand nombre d'anatomistes mo- dernes. Les travaux de M. Hannover, médecin à Copenhague, sont au nom- bre de ceux qui ont le plus puissamment contribué à avancer nos connais- sances sur cette anatomie délicate de l'œil, anatomie intéressante à un très- haut degré, non-seulement pour le physiologiste, qui cherche à comprendre le rôle de chacune de ces parties dans les phénomènes de la vision, mais encore pour le pathologiste, qui doit toujours essayer de relier les symptô- mes morbides qu'il observe aux altérations de structure anatomique surve- nues dans les organes. » Déjà en 1840 M. Hannover a publié ses premières recherches sur la structure de la rétine. Par une méthode d'investigation exacte et en har- monie avec la délicatesse extrême de l'objet de son observation, M. Hanno- ver a rectifié diverses opinions erronées qui avaient été émises sur la struc- ture microscopique de la rétine; et les résultats nouveaux qu'il a fait connaître sont restés dans la science, et sont devenus le point de départ de 20.. ( «48 ) travaux qui ont été entrepris depuis sur le même sujet par des anatomistes également très-habiles. » Plus récemment, M. Hannover a publié un ouvrage renfermant un grand nombre de faits et d'observations propres à éclairer l'anatomie, la physiologie et la pathologie de l'œil. Il y a un chapitre entier relatif à la découverte de la structure du corps vitré. L'auteur a fait ses recherches sur les yeux de l'homme et sur ceux de divers animaux vertébrés, au moyen de l'acide chromique étendu, qui a la propriété de coaguler la membrane de l'humeur vitrée. A l'aide de ce réactif, M. Hannover a préparé des pièces qu'il a mises sous les yeux des Membres de la Commission, et qui prouvent que chez les mammifères le corps vitré est constitué par des couches con- centriques, s'emboîtant les unes dans les autres. Chez l'homme, la disposi- tion est un peu différente, en ce que ces cloisonnements du corps vitré, au lieu d'être sous forme de couches concentriques, constituent des cônes dont les bases sont tournées en dehors, et dont les sommets, dirigés en dedans, rayonnent tous vers la partie centrale qui est occupée par le canal hyaloïdien. » Ce même ouvrage de M. Hannover contient en outre beaucoup d'au- tres recherches anatoiniques, physiologiques et pathologiques sur l'organe de la vision. » C'est en considérant les découvertes que M. Hannover a faites sur divers points de l'anatomie de l'œil, et les applications importantes qui en découlent pour la pathologie, que la Commission propose d'accorder a M. Hawvover, pour l'ensemble de ses travaux sur l'œil, une récompense de i 5oo francs. » Les services que la chimie rend à la physiologie et à la pathologie ne sont contestés par personne. Cependant on comprendra que, pour avoir toute leur utilité, il ne suffit pas que les analyses chimiques des divers flui- des ou tissus animaux soient exécutées par des hommes habiles, il faut en- core qu'elles soient faites dans des conditions physiologiques bien circon- stanciées et bien déterminées. Sans cette précaution indispensable, les résultats des analyses discordent sans cesse : et comment en serait-il autre- ment, puisqu'à chaque instant les fluides animaux changent et se modifient en circulant dans l'économie? » Le Traitéde Chimie physiologique de M. Lehmann se distingue de tous ceux qui l'ont précédé, par ce rapprochement que l'auteur a constamment cherché à établir entre les analyses chimiques et les conditions physiologi- ques exactes dans lesquelles elles étaient effectuées. ( '49 ) » M. Lehmann a repris tous les travaux de ses devanciers à ce point de vue, et il y a ajouté un grand nombre de découvertes et d'observations nou- velles, particulièrement sur l'urine, sur le sang et sur les divers fluides digestifs, etc. De sorte que M. Lehmann a non-seulement rendu un grand service à ceux qui cultivent la physiologie et la médecine, en rassemblant méthodiquement dans son ouvrage toutes nos connaissances sur la chimie physiologique, en les coordonnant avec clarté et d'après une saine critique ; mais l'auteur a encore enrichi la science et contribué à ses progrès par des découvertes qui lui sont propres. » C'est en considérant cet ouvrage à ce double point de vue que la Com- mission le juge digne d'être récompensé, et elle propose d'accorder à M. Lehmann, pour son Traité de Chimie physiologique (ouvrage publié en allemand sous le titre de Lehrbuch der physiologischen Chemie, 3 vol., Leipzig), une récompense de i5oo francs. » Un grand nombre d'anatomistes se sont occupés des circonvolutions cérébrales : les uns, considérant ces plis cérébraux comme des caractères anatomiques et zoologiques d'une grande importance; les autres, en fai- sant la base de théories physiologiques plus ou moins spécieuses. M. Da- reste a repris ce sujet déjà tant de fois exploré, et il a pu encore y découvrir des faits nouveaux. » Les conclusions principales du travail de M. Dareste sont : i° que les circonvolutions cérébrales ne semblent avoir que peu d'importance au point de vue zoologique, car dans chaque famille naturelle on peut trouver des espèces ayant des cerveaux à circonvolutions et d'autres espèces ayant des cerveaux sans circonvolutions; i° que les circonvolutions cérébrales ne paraissent pas non plus avoir une grande signification au point de vue physiologique, car on ne signale pas de différences bien marquées entre les actes des espèces à cerveaux lisses et ceux des espèces à cerveaux plissés. » En outre, M. Dareste pense pouvoir établir que, dans chaque famille naturelle des mammifères, l'état des circonvolutions est en rapport avec la taille des espèces animales ; il dit que les cerveaux lisses se rencontrent tou- jours dans les petites espèces, et qu'à mesure que la taille augmente, on voit s'accroître le nombre et la complication des circonvolutions. » Comme le travail de M. Dareste est lait avec soin, et qu'il se rattache à des études qui tendent à éclairer diverses questions importantes de physio- logie et de pathologie , la Commission le juge digne d'être récompensé. En conséquence, elle propose d'accorder à M. Dareste, pour ses Recherches sur les circonvolutions cérébrales, une récompense de iooo francs. ( <5o) PATHOLOGIE 1 STERNE ET EXTERNE. » La Commission a fixé son attention sur un travail de M. Beau, intitulé : Etudes analytiques de physiologie et de pathologie sur F appareil spléno- hépatique. Il s'agit ici d'une application directe des connaissances physio- logiques à la pathologie. M. Beau a pris pour point de départ physiologique de son travail les expériences bien connues sur l'absorption des substances alimentaires par la veine porte , qui prouvent que les matières absorbées doivent nécessairement traverser le foie. Pendant l'état de santé , le passage de ces substances solubles alimentaires ou autres, à travers le foie, se fait sans être accompagné d'aucune sensation spéciale. Mais, dans certains états morbides, M. Beau pense que le foie peut acquérir une susceptibilité spé- ciale (hépatalgie), et qu'alors ce passage des substances dans le foie peut être accompagné de douleurs vives survenant dans la région du foie, au mo- ment de la digestion. Ces douleurs pourraient simuler alors la colique hé- patique, déterminée par la présence de calculs dans les voies biliaires; mais la cause en serait cependant ici, comme on le voit, très-différente. M. Beau appuie son opinion par un certain nombre d'observations clini- ques qui se trouvent à la fin de son Mémoire. , - » La Commission, espérant que l'auteur ne s'en tiendra pas là, et qu'il cherchera à confirmer encore ses vues par des observations nouvelles, juge son travail digne d'une récompense, comme renfermant des faits nouveaux propres à éclairer l'étiologie encore si obscure des maladies du foie, et par- ticulièrement celle des coliques hépatiques. » Elle propose d'accorder à M. Beau, pour ses Etudes analytiques de physiologie et de pathologie sur l'appareil spléno- hépatique, une récompense de i 5oo francs. » M. Béraud a soumis au jugement de la Commission un Mémoire qui est relatif à l'anatomie et à la pathologie des voies lacrymales. » Au point de vue anatomique, M. Béraud signale d'abord deux ordres de glandes siégeant dans le sac lacrymal. Il décrit ensuite très-exactement les valvules du conduit lacrymo-nasal. » La Commission a fixé particulièrement son attention sur une valvule signalée par M. Béraud à l'orifice inférieur du canal lacrymo-nasal, et dont la connaissance est importante relativement à l'opération du cathétérisme du canal nasal par les narines. » M. Béraud , s'appuyant sur ses dissections d'anatomie normale et pa- thologique, croit pouvoir établir qu'il faut admettre quatre espèces de tu- ( '5. ) meurs lacrymales différentes par leurs symptômes, et réclamant chacune un traitement également différent. L'auteur s'est surtout élevé contre l'emploi de la canule dans le traitement des fistules lacrymales , » La Commission, considérant que M. Békaud a signalé dans son travail des faits nouveaux importants pour le traitement chirurgical de la fistule lacrymale , propose de lui accorder, pour son Mémoire sur l'anatomie et la pathologie des voies lacrymales, une récompense de j 5oo francs. » Les troubles de la circulation qu'on observe dans la grossesse étaient généralement rapportés à un état de pléthore'. M. Cazeaux a établi, dans un travail sur la chloro-anémie des femmes enceintes, que ces troubles de la circulation pouvaient aussi être dus à un état du sang en quelque sorte op- posé à celui de la pléthore, c'est-à-dire à la chloro-anémie. Ce dernier état est accompagné de bruits de souffle dans les carotides, et par divers trou- bles fonctionnels du système nerveux et de l'appareil digestif, tout à fait analogues à ceux qu'on observe chez les femmes chlorotiques. » M. Cazeaux est même arrivé à cette conclusion , que la chloro-anémie serait la cause la plus fréquente des troubles fonctionnels qu'on avait attri- bués jusqu'ici à la pléthore. L'auteur appuie son opinion sur l'examen chi- mique qui a montré la diminution des globules du sang, et sur" les heureux effets qu'on retire dans ces cas d'un traitement tonique. » Ce travail, qui met en lumière un point très-important de la pathologie des femmes enceintes, a paru à la Commission digne d'être récompensé, et elle propose d'accorder à M. Cazeaux, pour son travail sur la chloro-anémie des femmes enceintes, une récompense de i ooo francs. EAUX MINÉRALES, THÉRAPEUTIQUE, HYGIENE, PHYSIQUE MEDICALE. » L'Académie se rappelle le Rapport fait par notre savant confrère M. de Senarmont, au nom d'une Commission composée de MM. Thenard, Che- vreul, Balard et Dufrénoy, sur un Mémoire de M. Bouquet, intitulé : Histoire chimique des eaux minérales et thermales de Vichy, Cusset, Vaisse, Hau- terive et Saint-Yorre ; Analyses chimiques des eaux minérales de Médague , Châteldon, Brugheas et Seuillet. » La Commission ci-dessus nommée renvoya ce Mémoire à la Commis- sion des prix Montyon. Celle-ci, adoptant pleinement les conclusions du premier Rapport, reconnaît,, avec la première Commission, « que le Mémoire » de M. Bouquet est une véritable histoire chimique du bassin hydrolo- » gique de Vichy, appuyée sur tous les documents qu'on est aujourd'hui » en droit de demander à la science. ( ï5» ) » Ce Mémoire renferme par conséquent des études longues et conscien- » cieuses sur l'un des agents les plus actifs de la thérapeutique. L'expé- » rience médicale trouvera d'utiles enseignements dans cet ensemble d'a- » nalyses comparatives qui montrent partout, et presque en égale proportion, » les principes supposés des propriétés caractéristiques de quelques sources, » qui font connaître la dose d'arsenic propre à chacune d'elles, y détermi- » nent la quantité de strontiane, et paraissent retrancher plusieurs prin- » cipes énergiques à la liste de leurs principes minéralisateurs. » » La Commission, prenant en considération la haute importance de sem- blables recherches pour la thérapeutique, propose d'accorder à M. Bouquet, pour ses Etudes -chimiques des eaux minérales du bassin hydrologique de Vichy , une récompense de i 5oo francs. » M. Corvisart a soumis au jugement de la Commission un travail dans lequel il pense établir qu'on peut traiter avec succès certaines affections de l'estomac, dans lesquelles la digestion est troublée ou suspendue, par l'em- ploi de la pepsine préparée artificiellement avec la caillette du veau ou du mouton. » Si cette idée de favoriser la digestion chez l'homme à l'aide du suc gastrique naturel ou artificiel des animaux n'est pas absolument neuve , M. Corvisart l'a cependant réellement introduite dans la médecine prati- que, et il a le mérite d'avoir fait des expériences et d'avoir recueilli des faits pour prouver l'efficacité de ce mode de traitement, dont la réalisation avait d'ailleurs été préparée par les belles expériences de Réaumur et Spallanzani sur les digestions artificielles. D'autres recherches importantes avaient été faites dans ces derniers temps sur la digestion stomacale, et avaient permis d'isoler la pepsine, qui, ainsi qu'on le sait, est un des principes actifs essen - tiels du suc gastrique. » Il s'agit encore ici, comme on le voit, d'une application des connais- sances physiologiques à la thérapeutique; et c'est toujours avec satisfaction que la Commission accueille de semblables travaux. Mais précisément parce qu'elle pense que la voie est bonne et scientifique, elle désire ne pas en compromettre les résultats par des conclusions prématurées, et elle veut laisser au temps et à l'expérience le soin de prononcer définitivement sur l'importance de cet agent thérapeutique. >> C'est d'après ces considérations que la Commission propose de récom- penser M. Corvisart des efforts qu'il a faits pour introduire la pepsine dans la pratique médicale; elle pense ainsi encourager les médecins à s'en servir, espérant que bientôt ils pourront préciser les circonstances dans lesquelles ce médicament pourra être employé avec succès. ( -53) » La Commission propose donc d'accorder à M. Corvisart, pour ses re- cherches sur l'action thérapeutique de la pepsine, une récompense de i5oo francs. » L'hygiène publique possède 'aujourd'hui une quantité considérable de matériaux qui restent disséminés dans les recueils périodiques. Un ouvrage qui résumerait ces travaux et les coordonnerait d'après une critique juste et intelligente rendrait un service incontestable aux médecins, et contribuerait a répandre les connaissances hygiéniques si importantes pour la médecine prophylactique. Cet ouvrage a été exécuté avec une connaissance approfondie du sujet et une grande clarté d'exposition par M. Tardieu, dans son ouvrage sur V hygiène publique et la salubrité, qui renferme en outre un certain nombre d'observations importantes propres à l'auteur. » En conséquence, la Commission propose d'accorder à M. Tardieu une récompense de iooo francs. » Les influences météorologiques et climatériques diverses exercent une action incontestable sur l'homme, soit à l'état de santé, soit à l'état de ma- ladie; mais les observations dans cette partie de la science médicale sont très-difficiles à faire, et celles que l'on possède aujourd'hui à ce sujet sont le plus souvent incomplètes ou défectueuses. Cependant un ouvrage qui ras- semblerait tous les faits connus, en cherchant à les apprécier et à les coor- donner*autant que le permet l'état actuel de la science, aurait déjà rendu un véritable service à la médecine; les médecins y trouveraient réunis des matériaux qui pourraient leur être utiles pour de nouvelles observations, et le goût pour ces sortes d'études se répandrait ainsi davantage. » Parmi les ouvrages faits dans ce but, la Commission a distingué Je Traité de la météorologie dans ses rapports avec la science de l'homme, et principalement avec la médecine et l'hygiène publique ; publié par M. Foissac. La Commission propose, en conséquence, d'accorder à l'auteur une ré- compense de iooo francs » En résumé, la Commission propose d'accorder dix récompenses, savoir : » i°. Une récompense de i5oo fr. à M. Hânnover, pour l'ensemble de ses recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie de l'œil. » 2°. Une récompense de 1 5oo fr. à M. Leiimaxx, pour son Traité de chimie physiologique. » 3°. Une récompense de i5oo fr. à M. Bouquet, pour son Mémoire sur l'analyse des eaux du bassin hydrologique de Vichy. C. R., 1*56,1" Semeslre. (T. XLII, N° 4. ) 9I ( »54 ) » 4°- Une récompense de i5oo fr. à M. Beau, pour ses études analy- tiques de physiologie et de pathologie sur l'appareil spléno-hépatique. » 5°. Une récompense de i5oo fr. à M. Corvisakt, pour ses recherches sur l'action thérapeutique de la pepsine. » 6°. Une récompense de i5oo fr. à M. Béraud, pour ses recherches d'anatomie et de pathologie sur les voies lacrymales. » 70. Une récompense de iooo fr. à M. Cazeaux, pour son Mémoire sur la chloro-anémie des femmes enceintes. » 8°. Une récompense de iooo f. à M. ]>a reste, pour son travail sur les circonvolutions cérébrales. » 90. Une récompense de iooo fr. à M. Tardieu, pour son ouvrage sur l'hygiène publique et la salubrité. » io°. Une recompense de iooofr. à M. Foissac, pour son Traité de la météorologie dans ses rapports avec la science de l'homme et principalement avec la médecine et l'hygiène publique. » Ces conclusions sont adoptées par l'Académie. ( i55) PRIX PROPOSÉS POUR LES ANNÉES 18S6, 1887 ET 1865. SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, PROPOSÉ POUR 1886. (Commissaires, MM. Cauchy, Lamé, Binet, Chasles, Liouville rapporteur.) Perfectionner dans quelque point essentiel la théorie mathématique des Marées. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires destinés à ce concours devront être remis, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, le Ier mai i856 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, PROPOSÉ POUR 1834, ET REMIS A 1886. (Commissaires, MM. Cauchy, Lamé, Liouville, Biot, Binet, Regnault, de Senarmont rapporteur.) Reprendre V examen comparatif des théories relatives aux phénomènes capillaires ; discuter les principes mathématiques et physiques sur lesquels on les a fondés; signaler les modifications qu'ils peuvent exiger pour s'a- dapter aux circonstances réelles dans lesquelles ces phénomènes s'accom- plissent, et comparer les résultats du calcul à des expériences précises faites entre toutes les limites d'espace mesurables , dans des conditions telles, que les effets obtenus par chacune d'elles soient constants. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés , francs de port, au Secrétariat de l'Institut, le ier avril i856 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. ai.. ( '56 ) GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, DÉJÀ REMIS AU CONCOURS POUR 1833 ET PROROGÉ JUSQU'EN 1836. (Commissaires, MM. Binet, Liouville, Lamé, Sturm , Cauchy rapporteur.) • L'Académie a prorogé le concours relatif au théorème de Fermât , jusqu'en 1 856. Elle maintient le programme précédemment publié, dans les termes suivants : Trouver, pour un exposant entier quelconque n, les solutions en nom- bres entiers et inégaux de l'équation xn + y" = z", ou prouver qu'elle n'en a pas, quand n est > 2. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être remis, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le ier avril 1 856 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs devront être contenus dans des billets cachetés qui ne seront ou- verts que si le Mémoire est couronné. GRAND PRIX DE MATHEMATIQUES , DÉJÀ REMIS AU CONCOURS POUR 1835 ET PROROGÉ JUSQU'EN 1837. (Commissaires, MM. Binet, Lamé, Liouville, Sturm, Cauchy rapporteur.) Trouver les intégrales des équations de l'équilibre intérieur d'un corps solide élastique et homogène, dont toutes les dimensions sont finies, par exemple, d'un parallélipiphde ou d'un cylindre droit; en supposant connues les pressions ou tractions inégales exercées aux différents points de sa surface. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs . Les Mémoires devront être remis, jrancs de port, au Secrétariat de l'In- stitut, avant le ier avril 1857 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs devront être contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si le Mémoire est couronné. ( i57) GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, proposé pour 1847, puis pour 1884, et remis a 18S7. (Commissaires, MM. Lamé, Cauchy, Binet, Chasles, Liouville rapporteur. ) Etablir les équations des mouvements généraux de l'atmosphère terrestre en ayant égard à la rotation de la terre, à l'action calorifique du soleil, et aux forces attractives du soleil et de la lune. Les auteurs sont invités à faire voir la concordance de leur théorie avec quelques-uns des mouvements atmosphériques les mieux constatés. Lors même que la question n'aurait pas été entièrement résolue, si l'au- teur d'un Mémoire avait fait quelque pas important vers la solution, l'Aca- démie pourrait lui accorder le prix. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être remis, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier janvier 1857 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES, PROPOSÉ POUR 1833, ET REMIS AU CONCOURS POUR 1837. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Binet, Duhamel, Cauchy rapporteur.) L'Académie avait proposé, comme sujet de prix, pour i852, et remis au concours pour i855, la question du refroidissement d'un ellipsoïde qui rayonne dans un milieu donné. Aucune pièce n'ayant été remise au Secrétariat, la Commission propose de remettre encore une fois la question au concours pour l'année 1857, et dans les termes suivants : Trouver l'intégrale de l'équation connue du mouvement de la chaleur, pour le cas d'un ellipsoïde homogène, dont la surface a un pouvoir rayon- nant constant, et qui, après avoir été primitivement échauffé d'une manière quelconque, se refroidit dans un milieu dune température donnée. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier octobre 1857 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. ( >58 ) PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MDLLE FRANCS SUR l'aPPLICATIOX DE LA VAPEUR A LA MARIXE MILITAIRE, PROPOSÉ POUR 1857. (Commissaires, MM. Combes, Poncelet, Duperrey, Regnault, Baron Ch. Dupin rapporteur.) Le premier prix de 6000 francs, fondé pour exciter au progrès de la va- peur appliquée à la marine militaire, ayant été signalé par le succès obtenu dans la construction des vaisseaux de ligne à grande vitesse et mus au moyen de l'bélice, l'Académie des Sciences a témoigné le désir que le Gou- vernement fondât un nouveau prix d'égale valeur, pour récompenser un grand pas qui serait fait dans la même carrière. Sa Majesté, toujours empressée de favoriser les sciences et leurs applica- tions aux arts, s'est fait un généreux plaisir de satisfaire à' ce vœu, et de mettre le crédit demandé à la disposition de l'Académie. La navigation par la vapeur ne comptera que l'année prochaine un demi- siècle d'existence. Il a fallu qu'une partie notable de ce temps s'écoulât avant que les bateaux à vapeur quittassent les rivières et les fleuves, pour s'essayer sur la mer; il a fallu d'autres années avant que le commerce osât construire des navires à vapeur qui traversassent l'Atlantique. A son tour est venue la marine militaire, plus difficile en ses conditions et plus circonspecte en ses précautions, parce qu'elle a des dangers plus divers et plus redoutables à courir. Arrivée plus tard, mais demandant aux sciences des secours plus pro- fonds et plus méthodiques, elle a fait des progrès plus rapides, fondés sur sur des expériences rigoureuses ; et nous les avons couronnés. Il faut se garder de croire qu'il ne reste plus rien à découvrir, ni rien à perfectionner. La dépense de combustible à bord des bâtiments de guerre n'offre jus- qu'à ce jour que des économies insignifiantes ; une révolution est à produire sous ce point de vue. Cette révolution serait surtout favorable à la France, où le combustible est plus dispendieux que chez nos émules les plus émi- neuts. A la vue des locomotives de terre, si puissantes et si peu pesantes, on est frappé du poids énorme des mécanismes à vapeur à bord de nos vaisseaux ; là nous attendons encore et nous appelons un grand changement. D'autres parties, que nous n'avons pas la prétention d'énumérer, sont susceptibles des perfectionnements les plus remarquables; surtout en ce qui concerne l'architecture navale. ( i59) Une guerre glorieuse vient de produire des faits nouveaux ; elle a révélé des besoins de navigation et de combat que l'on soupçonnait à peine : c'est aux loisirs de la paix à résoudre les problèmes posés par les exigences de de la guerre. Nous préparerons ainsi les succès d'une guerre future, si la civi- lisation et l'humanité n'en reculent pas de plus en plus le terme. Au commencement de la lutte actuelle, les vaisseaux les mieux munis des plus puissantes bouches à feu ne luttaient qu'avec inégalité contre des forts de granit à triple étage de feux incendiaires. Une idée fournie par le chef de l'État a fait construire des batteries flottantes à feu rasant , bordées, pontées en fer; les forteresses de terre se sont trouvées inférieures à ces nouveaux navires à vapeur: On a cessé de regarder comme imprenables des places hérissées de canons, derrière lesquelles s'abritaient des marines entières. Cette persuasion, toute nouvelle, compte peut-être parmi les motifs auxquels nous allons devoir la cessation des combats. L'Académie désire surtout récompenser des inventions, des perfection- nements constatés, éprouvés par l'expérience. Elle laisse aux concurrents une latitude illimitée ; elle ira chercher un grand progrès en quelque lieu qu'il se montre, s'il porte avec lui sa démonstration au moins pratique, et s'il se peut théorique. Les Mémoires et les plans qui feront connaître les travaux des concur- rents devront être adressés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier novembre 1857, terme de rigueur; afin que le prix soit dé- cerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de 1857. PRIX D'ASTRONOMIE, FONDÉ PAR M. DE LALANDE. La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuelle- mentà la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut exceptés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire, ou le travail le plus utile aux progrès de l'Astronomie, sera décernée dans la pro- chaine séance publique de i856. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. * M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de TAcadémie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru- ( »6o ) nients utiles aux progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent cin- quante francs. Le terme de ce concours est fixé au Ier avril de chaque année. PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions re- latives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine séance publique de 1 8 5.6 . On considère comme admis à ce concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent à la connaissance de l'Académie ; sont seuls exceptés les ouvrages des Membres résidants. Le prix consiste en une médaille d'or équivalente à la somme de quatre cent soixante-dix-sept francs . Le terme du concours est fixé au ier janvier de chaque année. PRIX BORDIN. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Cauchy, Duhamel, Biot rapporteur.) Feu M. Bordin, ancien notaire, ayant légué à l'Académie une rente de trois mille jrancs pour la fondation d'un prix annuel « à la meilleure com- position sur des sujets ayant pour but: l'intérêt public, le bien de l'huma- nité, les progrès de la science et l'honneur national, L'Académie a décidé que ce prix serait décerné alternativement dans les Sections des Sciences mathématiques et dans celles des Sciences physiques. Elle propose en conséquence, pour l'année i856, la question suivante pour sujet de prix dans les Sections des Sciences mathématiques : Un thermomètre à mercure étant isolé dans une masse d'air atmosphé- rique, limitée ou illimitée, agitée ou tranquille, dans des circonstances telles qu'il accuse actuellement une température fixe , on demande de déterminer les corrections qu'il faut appliquer à ses indications apparentes, dans les conditions d'exposition où il se trouve, pour en conclure la température propre des particules gazeuses dont il est environné. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, "au Secrétariat de l'Institut avant le ier octobre 1 856, terme de rigueur. ( i6i ) PRIX FONDÉ PAR MADAME LA MARQUISE DE LAPLACE. Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite, par Madame la marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace. Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. SCIENCES PHYSIQUES GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES, PROPOSÉ POUR 1887. (Commissaires, MM. Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards, Duméril, Ad. Brongniart rapporteur. ) Etudier le mode de formation et la structure des spores et des autres organes qui concourent à la reproduction des Champignons, leur rôle phy- siologique, la germination des spores, et particulièrement pour les Cham- pignons parasites, leur mode de pénétration et de développement dans les autres corps organisés vivants. La question que l'Académie met ici au concours est vaste et complexe; mais son intérêt physiologique est tel, qu'elle n'hésite pas à l'offrir comme sujet d'étude aux naturalistes, même quand ils ne devraient pas la résoudre dans toutes ses parties. La grande classe des Champignons comprend des végétaux liés intime- ment entre eux parleur mode de végétation, par la présence du mycélium, et par les phénomènes physiologiques de leur nutrition, mais différant beaucoup par leurs organes reproducteurs. L'Académie désire qu'on étudie avec soin le mode de formation, le déve- loppement et la structure intime des spores dans quelques espèces des prin- cipaux groupes de Champignons, soit exosporés, sont endosporés. On ne possède d'observations précises sur ce sujet que pour un petit nombre d'espèces; des recherches spéciales dirigées vers ce but, avec les moyens d'investigation que fournissent actuellement le microscope et l'emploi des réactifs chimiques, pourraient jeter beaucoup de jour sur la formation et la structure de ces corps reproducteurs dans les diverses familles de cette classe. C. R., i856, i"Semesiie. (T. XLII, N° 4.) 22 ■ • r 16a ) Plusieurs groupes de Champignons présentent sur le même individu des spores dont le mode d'origine n'est pas le même, et qui souvent diffèrent sensiblement les unes des autres, quoique paraissant avoir la même desti- nation définitive. Il serait essentiel de déterminer avec précision les diffé- rences que peuvent présenter ces deux espèces de spores, soit dans leur structure, soit dans leur mode de germination et de développement pos- térieur. La découverte dans les lichens et dans plusieurs familles de Champignons de corpuscules (spermaties) se développant en grande abondance, sou- vent dans des organes spéciaux (spermogonies), et ne paraissant pas servir directement à la propagation de la plante, porte beaucoup de naturalistes à admettre dans ces cryptogames l'existence d'organes fécondateurs. Ces organes se retrouvent-ils dans tous les groupes naturels de Champi- gnons d'une manière constante? La constatation de leur existence générale, leur mode de développement, leur structure et surtout leur rôle physiolo- gique pourraient être l'objet de recherches dignes du plus haut intérêt. Enfin, la germination des spores, maintenant observée dans un assez grand nombre de cas, a rarement été suivie jusqu'à la formation d'un my- célium parfait et prêt à fructifier ; il y a là une série de phénomènes qui se lient intimement au problème plus spécial que l'Académie considère comme un des points les plus importants de la question qu'elle met au concours, et qui consiste à déterminer comment s'opère la propagation des Champi- gnons parasites, de familles diverses, si fréquents sur les végétaux vivants, et qui se montrent aussi quelquefois sur les animaux. Comment s'opère la pénétration des germes reproducteurs de ces Cham- pignons, ou des organes qui en proviennent, dans l'intérieur du tissu des plantes annuelles, vivaces ou même ligneuses, chez lesquels plus tard on les voit apparaître sous l'épiderme des feuilles ou dans divers organes de la fleur ou du fruit? Comment se conservent et se disséminent ensuite les corps reproducteurs des Champignons parasites sur la surface externe des feuilles ? Ces recherches, si intéressantes au point de vue physiologique et par leurs rapports intimes avec l'agriculture, si souvent frappée par les mala- dies causées par ces parasites, ont été trop négligées dans ces derniers temps ; et depuis Benedict Prévost, qui, en 1807, avait fait sur la carie du blé des expériences pleines d'intérêt, personne n'a cherché a résoudre ce problème, difficile sans doute, mais bien plus susceptible d'être abordé avec succès à l'époque actuelle, avec les connaissances bien plus étendues qu'on possède ( i63) sur le mode de végétation et de reproduction des Champignons, et avec les moyens d'observation plus parfaits que les naturalistes ont à leur dispo- sition. On voit que la question mise au concours, quoique toutes ses parties soient liées intimement entre elles, peut se scinder en trois questions secon- daires : i°. Formation, développement et structure comparée des spores et des spermaties dans les divers groupes de Champignons ; a°. Nature des spermaties et rôle physiologique de ces corps dans la re- production des Champignons, déterminé par des expériences positives ; 3°. Germination des spores et propagation des Champignons parasites, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur des végétaux et animaux vivants. L'Académie pourrait accorder le prix à l'auteur d'un Mémoire qui répon- drait d'une manière satisfaisante à une de ces trois questions. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 3i décembre 1857, terme de rigueur. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. GRAND PRIX DES SCUENCES PHYSIQUES, proposé en 1884 pour 18S6. ( Commissaires, MM. Flourens, Duméril, Geoffroy-Saint-Hilaire , Ad. Brongniart, Milne Edwards rapporteur. ) Etudier d'une manière rigoureuse et méthodique les métamorphoses et la reproduction des Infusoires proprement dits. ( Polj gastriques de M. Ehren- berg. ) L'Académie désirerait obtenir la solution de quelques-unes des questions encore pendantes au sujet des générations hétéromorphes ou générations alternantes dans la classe des Infusoires proprement dits. Elle voudrait con- naître aussi d'une manière plus précise les affinités naturelles de ces êtres, dont les uns paraissent appartenir au règne végétal, tandis que les autres sont bien évidemment des animaux, et semblent se rattacher en partie à l'embranchement des Zoophytes, et en partie au groupe des Molluscoïdes. Les observations et les expériences devront être suivies de façon à ne laisser aucune incertitude sur la filiation des individus que l'on considére- rait comme étant produits les uns par les autres, ou sur l'identité des indi- vidus dont les variations ne seraient attribuées qu'à des métamorphoses. Les 2a.. ( i64) résultats obtenus devront être applicables à plusieurs groupes importants de la division des Infusoires pol y gastriques, et les faits sur lescpicls ces ré- sultats reposent devront être, autant que possible, représentés à l'aide de figures. Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut le Ier jan- vier i856. Le prix: consiste en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES, PROPOSÉ EN 18S0 POUR 1883, ET REMIS AU CONCOURS POUR 185G. (Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Ad. Brongniart, Constant Prévost, Flourens, Duvernoy rapporteur. ) Etudier les lois de la distribution des corps organises fossiles dans les différents terrains sedimentaires , suivant leur ordre de superposition. i°. Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition succes- sive ou simultanée. 3°. Rechercher la nature des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs. L'Académie désirerait que la question fût traitée dans toute sa généra- lité, mais elle pourrait couronner un travail comprenant un des grands embranchements, ou même seidement une des classes du règne animal, et dans lequel l'auteur apporterait des vues à la fois neuves et précises, fon- dées sur des observations personnelles et embrassant essentiellement toute la durée des périodes géologiques. Le prix consiste en une médaille d'or de.la valeur de trois mille francs. Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le ier janvier 1 856. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES, PROPOSÉ EN 1847 POUR 1849, REMIS AU CONCOURS POUR 1855, ET DE NOUVEAU POUR 1836. (Commissaires, MM. Flourens, Serres, Milne Edwards, Geoffroy Saint-Hilaire, Coste rapporteur. ) Etablir, par l 'étude du développement de V embryon, dans deux espèces, prises, l'une dans V embranchement des Vertébrés, et Vautre, soit dans V embranchement des Mollusques, soit dans celui des Articulés, des bases pour V embryologie comparée. ( •»..) L'objet essentiel que, par le choix de cette question, l'Académie propose aux efforts des naturalistes et des anatomistes, est la détermination positive de ce qu'il peut y avoir de semblable ou de dissemblable dans le dévelop- pement comparé des Vertébrés et des Invertébrés. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'In- stitut, avant le ier avril i856 : ce terme est de rigueur. PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENT ALE , FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Feu M. de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences, avec l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé- rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 1818, L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de huit cent cinq francs à l' ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expérimentale. lie prix sera décerné dans la prochaine séance publique. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut le ier avril de chaque année, terme de rigueur. DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON. Conformément au testament de feu M. Auget de Montyon , et aux or- donnancés du 29 juillet 1 82 1 , du 2 juin 1 824 et du 23 août 1 829 , il sera dé- cerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui seront jugés les plus utiles à Yart de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les- prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce !a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. ( i66) Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des décou- vertes ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec précision, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais la libé- ralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expé- riences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoi- vent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines profes- sions, soit en perfectionnant les sciences médicales. Conformément à l'ordonnance du a3 août, il sera décerné aussi des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions pro- posées par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être en- voyés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le Ier avril de chaque année, terme de rigueur. PRIX CUVIER. La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le nom de prix^Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou- vernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 9 août i83g, L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de '857, un prix (sous le nom de prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus re- marquable entre tous ceux qui auront paru depuis le Ier janvier 1 854 jus- qu'au 3 1 décembre ? 856, soit sur le règne animal , soit sur la géologie. Ce prix sera de la valeur de quinze cents francs. PRIX ALHUMBERT, POUR LES SCIENCES NATURELLES, proposé en 1884 pour 1856. (Commissaires, MM. Flourens, Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Duméril, Ad. Brongniart, Milne Edwards rapporteur.) Étudier le mode de fécondation des œujs et la structure des organes de la génération dans les principaux groupes naturels de la classe des Polypes ou de celle des Acalèphes. ( i67 ) Les zoologistes n'ont constaté jusqu'ici qu'un petit nombre de faits isolés relatifs à la reproduction sexuelle chez les animaux inférieurs, et l'Aca- démie désirerait appeler l'attention des observateurs sur cette partie impor- tante de l'histoire anatomique et physiologique des Zoophytes. Elle laisse aux concurrents le choix des espèces à étudier, mais elle voudrait que ce choix fût fait de manière à donner des résultats applicables à l'ensemble de l'une ou de l'autre des grandes classes indiquées ci-dessus, ou à l'une des familles les plus importantes dont elles se composent, savoir : celles des Acalèphes hydrostatiques, des Médusaires, des Zoanthaires ou des Polypes hydroères. La partie anatomique des travaux adressés à l'Académie pour ce con- cours devra être accompagnée de figures dessinées avec précision. Les Mémoires ont dû être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le ier janvier i856. Le prix consiste en une médaille d'or de la valeur de deux mille cinq cents francs. PRIX BORDIN, PROPOSÉ POUR 1887. (Commissaires, MM. Flourens, Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards, Élie de Beaumont rapporteur. ) L'Académie propose pour le sujet du prix Bordin, à décerner en 1857, la question du métamorphisme des roches. Les auteurs devront faire l'historique des essais tentés depuis la fin du siècle dernier, pour expliquer par un dépôt sédimeutaire suivi d'une altéra- tion plus ou moins grande, l'état dans lequel se présentent à l'observation un grand nombre de roches. Ils devront résumer les théories physiques et chimiques proposées pour l'explication des faits de ce genre, et faire connaître celles qu'ils adoptent. L'Académie leur saura gré surtout des expériences qu'ils auront exécutées pour vérifier et pour étendre la théorie des phénomènes métamorphiques. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, jrancs de port , au Secrétariat de l'Institut, avant le ier octobre 1857 : ce terme est de rigueur. ( i68) PRIX QUINQUENNAL A DÉCERNER EN i863. FONDÉ PAR FEU M. DE MOROGUES. Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du a5 oc- tobre 1 834-, une somme de 10 ooo francs, placée en rentes sur l'État, pour faire l'objet d'un prix à décerner, tous les cinq ans, alternativement : par l'Académie des Sciences physiques et mathématiques, à l'ouvrage qui aura fait faire le plus de progrès à V agriculture en France, et par l'Académie des Sciences morales et p olitiques, au meilleur ouvrage sur l'état du paupé- risme en France et le moyen d'y remédier. Une ordonnance en date du 26 mars 1842 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter ce legs. L'Académie annonce qu'elle décernera ce prix, en i863, à l'ouvrage rem- plissant les conditions prescrites par le donateur. Les ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut avant le ier avril 1 863, terme de rigueur. RAPPORT DE LA SECTION DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE SUR LE LEGS RRÉANT. ^Commissaires, MM. Magendie, Serres, Andral, Velpeau, Cl. Bernard rapporteur. ) « La Section de Médecine et de Chirurgie a été chargée de rédiger .un pro- gramme destiné aux personnes qui aspireront à remporter le prix de 100 000 francs fondé par M. Bréant, pour être décerné à l'auteur d'un re- mède souverain contre le choléra asiatique. » La première obligation d'un pareil programme est de se renfermer stric- tement dans les volontés du fondateur. Or ces volontés se trouvent expri- mées dans l'extrait du testament de M. Bréant, que nous transcrivons litté- ralement ci-après : « J'institue et donne, après ma mort, pour être décerné par l'Institut de » France, un prix de 1 00 000 francs, à celui qui aura trouvé le moyen » de guérir du choléra asiatique, ou qui aura découvert les causes de ce » terrible fléau. » Dans l'état actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de » choses à trouver dans la composition de l'air et dans les fluides qu'il con- ( 169) » tient : en effet, rien n'a encore été découvert au sujet de l'action qu'exer- » cent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques ou au- » très ; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont ré- » pandus en nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la » cause ou une des causes de cette cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour » les liquides, à reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits » que ceux que l'on aperçoit dans l'eau en se servant des instruments mi- » crospiques que la science met à la disposition de ceux qui se livrent à » cette étude. » Comme il est probable que le prix de 100 ooo francs, institué comme » je l'ai expliqué plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à » ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt dudit capital soit donné par l'In- » stitut à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du » choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en donnant de meil- » leures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en » trouvant un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui » jusqu'à ce moment ont échappé à l'œil du savant, et qui pourraient bien » être la cause ou une des causes de ces maladies. » Si l'Institut trouvait qu'aucun des concurrents ne méritât le prix an- » nuel formé des intérêts du capital, ce prix pourra être gagné par celui « qui indiquera le moyen de guérir radicalement les dartres ou ce qui les m occasionne, en faisant connaître l'animalcule qui, dans ma pensée, » donne naissance à cette maladie, ou en démontrant d'une manière po- » sitive la cause qui la produit. » L'Institut sera juge souverain des conditions accessoires et d'aptitude » à imposer aux concurrents et des sujets à proposer en concours, mais » seulement dans les limites que je viens de poser : je lui confie ma pensée, » convaincu que les lumières de ses Membres assureront la pleine exécu- » tion de mon intention. » » Ce testament, dicté au milieu de l'épidémie cholérique de 1849, a été conçu sous l'influence d'une pensée hautement philanthropique, qui place le nom de M. Bréant à côté de ceux des autres bienfaiteurs de l'humanité qui ont légué à l'Institut le soin de remplir leurs vœux. » Le testateur a eu pour but d'appeler les efforts des savants et des méde- cins sur les maladies sans contredit les plus terribles qui affligent l'espèce humaine. Néanmoins, et précisément à cause de l'importance de la mission C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 4.) 23 ( i7o ) qu'elle doit remplir, la Section de Médecine et de Chirurgie eût désiré que M. Bréant, étranger aux sciences médicales, eût évité d'insister sur certaines idées populaires qui, forçant les compétiteurs à rester dans les termes de son testament , placent quelquefois la Section sur un terrain où il lui de- vient plus difficile d'accomplir les excellentes intentions du testateur. » Quoi qu'il en soit, l'idée du testament comprend une idée principale et une autre qui lui est accessoire. » La première pensée est évidemment de donner un prix de ioo ooo francs à la personne qui, comme l'indique le testament, aura trouvé le moyen de guérir du choléra asiatique, ou qui aura découvert les causes de ce terrible fléau. Mais il est bien clair que, par cette expression guérir du choléra asia- tique, le testateur n'entend pas désigner une méthode de traitement ana- logue à celles aujourd'hui mises en usage, et qui comptent pour elles une proportion plus ou moins notable de succès; il veut qu'on trouve une mé- dication d'une efficacité incontestable, qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense majorité des cas, d'une manière aussi sûre que le quin- quina, par exemple, guérit la fièvre intermittente. » Relativement à la recherche des causes du choléra, si leur connaissance pouvait amener leur suppression ou conduire à une prophylaxie évidente, comme on en voit un exemple dans la vaccine pour la variole, le prix de 100000 francs serait également mérité et les vœux du testateur accomplis. » Quant à présent, la Section de Médecine et de Chirurgie doit déclarer qu'aucune des conditions précédentes n'a été remplie dans les très-nom- breuses communications qu'elle a reçues sur le choléra asiatique. » Sans préjuger de l'avenir, M. Bréant a compris que la solution des ques- tions relatives au prix de i oo ooo francs pouvait encore être lointaine, et c'est dans cette sage pensée qu'il a institué accessoirement un prix annuel de 5 ooo francs représentant la rente du capital, et destiné à récompenser les travaux qui auront fait avancer la question du choléra asiatique ou des autres maladies épidémiques, en découvrant dans le milieu ambiant leurs causes organiques ou autres. » Les termes par lesquels le testateur exprime sa pensée prouvent, de la ma- nière la plus formelle, qu'il veut attirer ici l'attention des savants et des mé- decins sur de nouvelles analyses de l'air spécialement entreprises pour la recherche des matières qui pourraient s'y rencontrer, et qui seraient ca- pables de jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. » Cette idée n'est, du reste, pas nouvelle, et elle s'est manifestée par divers ( *;V ) essais qui indiquent la préoccupation où l'on a été, à ce sujet, à différentes époques de la science. » En considérant jusqu'à quel degré de précision a été poussée dans ces derniers temps la connaissance des éléments inorganiques de l'air, M.Bréant a pu penser que, précisément à cause de cette perfection des procédés physiques et chimiques, on pouvait entreprendre aujourd'hui des recher- ches sur les principes organiques morbifiques contenus dans l'atmosphère, . principes qu'il conviendrait toutefois de soumettre beaucoup moins à l'a- nalyse chimique que de chercher à les séparer sans les altérer, afin de pou- voir étudier leur action sur les êtres vivants. » Si la Section de Médecine et de Chirurgie doit demander que de sem- blables recherches soient faites avec toute la rigueur et toute l'exactitude qu'on est en droit d'attendre des sciences modernes, elle reconnaît, d'un autre côté, que ces études sont entourées de difficultés sans nombre. Ces difficultés, déjà énormes pour le physicien et pour le chimiste chargé de re- chercher et d'isoler les principes morbifiques dans l'air, deviendront peut- être encore plus grandes pour le physiologiste et pour le médecin, qui devront en constater les effets délétères sur l'homme et les animaux. » En résumé, le Programme à établir sur le testament précédemment mentionné et interprété dans ce qu'il a de formel, peut se réduire aux con- ditions suivantes, auxquelles les compétiteurs devront satisfaire: » i°. Pour remporter le prix de 100000 francs, il faudra : » Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'im- mense majorité des cas ; » Ou » Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épidémie ; » Ou enfin, » Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par exemple, celle de la vaccine pour la variole. » 2°. Pour obtenir le prix annuel de 5ooo francs, il faudra, par des pro- cédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. » Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel de 5ooo francs pourra, aux termes du testament, être accordé ( *1*) à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres , ou qui aura éclairé leur étiologie. » Les Mémoires destinés au concours pour le Prix du legs Bréant devront porter ostensiblement le nom de l'auteur. Ils devront être déposés, Jrancs de port, au Secrétariat de l'Institut. Les prix annuels qui seront décernés jusqu'au moment où le prix de iooooo francs aura été obtenu, seront décernés chaque année dans la séance publique. Le jugement de la Commission portera exclusivement sur les Mémoires qui auront été reçus du ier janvier au 3i décembre de l'année précédente. CONDITION COMMUNE A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents pour tous les prix sont prévenais que l'Académie ne rendra aucun des ouvrages envoyés aux concours ; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. LECTURES. M. Flourens, Secrétaire perpétuel pour les Sciences physiques, a lu, dans cette séance, l'éloge historique de LÉOPOLD de Buch. . F. et E. D. B. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 FÉVRIER 18S6. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. magnétisme terrestre. — Note sur quatre observations de la déclinaison magnétique faites à Paris en 1 854 sur le contour de l'enceinte fortifiée . Comparaison de ces observations avec différentes déclinaisons mesurées en i855 à V Observatoire impérial; par M. Lacgier (i ). « Dans l'avant-dernière séance de l'Académie, M. Le Verrier a commu- niqué un travail de MM. Goujon et Liais sur la détermination des éléments magnétiques de l'Observatoire impérial. Si j'avais été présent à la séance, j'aurais demandé la permission de présenter sur cette communication quel- ques observations que je vais soumettre aujourd'hui à l'Académie. » Les auteurs du travail en question ont déterminé les éléments magné- tiques de quatre stations des environs de Paris situées au nord, au sud, à l'est et à l'ouest de l'Observatoire, et ils en ont conclu pour l'Observatoire des éléments magnétiques qui sont, disent-ils, indépendants des causes perturbatrices locales. En communiquant ce résultat, M. Le Verrier n'a pas cité des observations de déclinaison magnétique que j'ai faites, il y a quinze mois, avec M. Charles Mathieu en quatre points de l'enceinte con- (1) L'Académie a autorisé l'insertion du Mémoire dans son entier, quoiqu'il dépassât les limites assignées aux communications des Membres. C. R., [856; i" Semestre. (T. XL1I, N° g.) 2^ ( '74 ) tinue. Ces observations ont été publiées dans X Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1 855 et réimprimées dans celui de 1 856. » Je ne viens pas me plaindre de cet oubli; j'ai une entière confiance dans la bonne loi et la probité scientifiques de MM. Goujon et Liais, et je suis convaincu que dans leur Mémoire ils n'ont pas manqué de mentionner notre travail dont ils ont adopté le plan et le principe. Je viens aujourd'hui donner à ce travail des développements que ne comportait pas le cadre adopté pour Y Annuaire. » Si l'on considère le méridien magnétique passant par l'église Saint- Germain l'Auxerrois, prise comme centre de Paris, et le plan qui lui est perpendiculaire, on aura star l'enceinte continue quatre points qui peuvent être considérés comme étant à peu près le nord, le sud, l'est et l'ouest magnétiques de la ville. C'est dans le voisinage de ces points situés assez loin des chemins de fer que nous avons déterminé, M. Charles Mathieu et moi, la déclinaison de l'aiguille aimantée. Nous eussions désiré, afin de rendre ces recherches plus complètes, observer également l'inclinaison et l'intensité horizontale, mais n'ayant pu nous procurer une boussole d'incli- naison en bon état, nous nous sommes bornés à la mesure de la déclinaison absolue. » Dans chaque station, nous avons employé simultanément deux théodo- lites-boussoles de M. Brunner, dont les aiguilles sont montées sur pivots, et l'on s'est assuré que ces deux instruments donnaient la même déclinaison qu'une grande boussole de Gambey dont l'aiguille est suspendue à un fil sans torsion. Les deux résultats obtenus en chaque station ont présenté un accord' satisfaisant, et c'est la moyenne des deux qui a été adoptée pour la déclinaison magnétique. Dans nos différentes stations, nous avons employé la méthode des relèvements astronomiques, qui consiste, comme on sait, à déterminer successivement pour un même signal les azimuts magnétique et astronomique. » Jj'azimut magnétique a toujours été observé de tah45m à ih3om, époque du maximum diurne de la déclinaison à Taris. Cette partie de l'ob- servation dure au plus vingt minutes : à chaque lecture de la direction de la pointe nord et de la pointe sud de l'aiguille, nous nous assurions que la lunette de repère était exactement dirigée sur le signal que nous avions choisi. On la ramenait à l'aide de la vis du pied dès qu'elle paraissait s'en être écartée de la plus petite quantité; dirigeant alors la lunette du théodo- lite sur ce signal, nous obtenions pour son azimut magnétique un angle entièrement indépendant des petits mouvements du pied. ( "]5) » Pour déterminer l'azimut astronomique du signal, nous attendions que e Soleil fût parvenu aux environs du premier vertical, position la plus favo- rable à la mesure de l'azimut, et prenant les précautions rapportées plus haut pour annuler les mouvements du pied, nous observions, au moins à trois reprises, l'heure du passage du Soleil par le plan vertical décrit par la lunette du théodolite, au moyen d'une montre marine de Winnerl, dont la marche, réglée au départ et au retour par des observations méridiennes faites chez M. Brunner, a été aussi régulière que possible. La latitude de chaque station a été déterminée, soit directement par les hauteurs méri- diennes du Soleil, soit à l'aide de la carte des environs de Paris dressée par les officiers d'État-Major. J'entre dans tous ces détails sur la méthode que nous avons suivie pour convaincre de son exactitude les personnes aux- quelles elle ne serait pas familière. Les azimuts astronomiques déterminés de cette manière ont rarement présenté des écarts d'une minute, écarts que l'on rencontre parfois dans les opérations géodésiques de la méridienne de France. Quant aux azimuts magnétiques, leur exactitude, dans les bous- soles dont les aiguilles sont montées sur pivots, dépend en grande partie de la bonté des pivots et de la perfection des plans en pierre dure avec lesquels ils sont en contact. Or à chaque excursion que nous avons faite, M. Brunner a pris soin de visiter lui-même toutes les parties délicates des instruments, et nous avons toujours été satisfaits de la constance des lec- tures successives que nous faisions après avoir soulevé l'aiguille pour faire varier le contact du pivot et de la pierre dure enchâssée dans la chappe. Grâce à ces précautions, nous croyons pouvoir compter que nos déclinai- sons magnétiques sont exactes à une minute près, et je ne sache pas qu'il soit possible d'atteindre une exactitude plus grande. Ajoutons que pendant la durée des observations, de 7 heures du matin à 6 heures du soir, la marche de l'aiguille a été suivie, soit par notre confrère M. Mathieu, soit par M. Delarue, calculateur du Bureau des Longitudes, de quart d'heure en quart d'heure, à l'aide d'une grande boussole de variations diurnes de Gam- bey, qui avait été solidement établie sur un support en pierre, dans un jardin de la rue Notre-Dame-des-Champs, près du boulevard Mont-Parnasse à Paris. Cette marche a toujours été fort régulière, et les nombres indiquant la plus grande excursion occidentale de l'aiguille n'ont différé d'un jour à l'autre que d'une petite fraction de minute. Nous nous trouvions alors dans cette série extraordinaire de beaux jours qui a duré à Paris plusieurs se- maines des mois d'août et de septembre i854, pendant lesquels le ciel est constamment resté sans le plus petit nuage. ( 176) » Ces explications données, je transcris les déclinaisons magnétiques des quatre stations de l'enceinte continue, telles qu'elles se trouvent imprimées dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1 855, page 35q. STATIONS. . DATE ET HEURE de l'observation. DÉCLIXA1S0X magnétique. TEMPÉRA- TURE. i°. Montmartre, au nord . Terre-plein du bastion n° 3g 0 de l'enceinte i854. Sept. 1 à ih iom 20. 3,5 N.O. 22. 7 2°. Maison- Blanche, au sud. Terre-plein du bastion n° 88 . i854. Août 3i à ib iom 20. 9,1 N.O. 25.4 3°. Prés-S'- Gervais, à l 'est . Terre-plein du bastion n° 24. i854 Août 29 à ih i5m 20 . 2 , 0 N . 0 . 24,6 4°. Vaugirard, à l'ouest. Terre-plein du bastion n°7i . i854. Août 27 à ih 20m 20 . 1 1 , 7 N.O. 20,6 » Indépendamment de ces observations, nous en avons fait une cin- quième dans le grand jardin de la Maternité, en un point situé à i3o mètres environ au nord de la face septentrionale de l'Observatoire impérial. » Le 2 septembre i854, vers ih iom après midi, par une température de 22°,6 la déclinaison magnétique a été trouvée {Annuaire de i855) de 20° io',8 N. O. » Ces observations sont accompagnées dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes de la remarque suivante : « On peut remarquer que la moyenne 20°6',3 des déclinaisons des sta- » tions diamétralement opposées Montmartre et la Maison-Blanche, est sen- » siblement égale à la moyenne 200 6', 8 des déclinaisons observées à Vau- » girard et aux Prés-Saint-Gervais également situés aux extrémités d'un dia- » mètre magnétique. » » S'il n'y a pas d'erreur constante dans nos observations, la moyenne 20° 6',6 des deux nombres précédents peut être considérée comme la dé- clinaison de Saint-Germain l'Auxerrois, centre des quatre stations ; et l'ac- cord des deux nombres 20°6',3 et 200 6', 8 semble indiquer que l'action de Paris n'est pas sensible, car cet accord aurait lieu à fortiori si la ville n'exis- tait pas. Il est donc établi, d'après nos observations, que l'on peut obtenir la ( '77 ) déclinaison magnétique d'un lieu sans s'y transporter. Cette remarque va nous fournir le moyen de lier entre elles les déclinaisons de l'enceinte con- tinue et de l'intérieur de Paris. » Imaginons qu'on ait figuré sur une carte de Paris la trace du méridien magnétique (i) passant par l'église Saint-Germain l'Auxerrois et celle du plan qui lui est perpendiculaire. Prenons la première droite pour axe des y et la seconde pour axe des x, les coordonnées positives étant situées dans l'angle ouvert au nord-est ; nous rapporterons à ces deux axes tout point situé sur la carte et nous obtiendrons pour les diverses stations les coordonnées sui- vantes exprimées en kilomètres : Bastion n° 3g Bastion n° 88 Bastion n° 24 Bastion n° 71 Observatoire. Maternité. . . , COORDONNÉES X X k k -H 0,81 + 4,26 — °,!9 -4,74 -4- 4,72 H- I ,52 - 4,89 — 1,27 — £ ,25 - 2,37 — I ,IO — 2,l5 » Au moyen des quatre observations faites sur l'enceinte continue, et en opérant par approximations successives, on trouve : » i°. Que la variation de la déclinaison magnétique correspondante à un changement est-ouest de 1 kilomètre dans la position de l'observateur est égale à -+- o',86o6; » 20. Que pour un changement nord-sud de 1 kilomètre dans la position de l'observateur, la variation de la déclinaison magnétique est de -f-0',5267. » De ces nombres et des déclinaisons observées dans ces quatre stations, je conclus la déclinaison magnétique de l'église Saint-Germain l'Auxerrois, comme il suit : 0 , Par le bastion n° 39 ,...,. 20. 6, 44 — n°88 20.6,44 — n°24 20.6,79 — n°7i , , 20.6,75 Moyenne 20.6,61 (1) Nous nommons ici plan méridien magnétique de Saint-Germain l'Auxerrois, le plan vertical mené par l'axe magnétique de l'aiguille de déclinaison. ( 178) » Et poui' un point de coordonnées X et y situé dans l'intérieur de l'enceinte continue, on aura le i septembre vers ih iom: Déclinaison magnétique = 200 6',6i — o',86o6x — o',So.&^. y. Cette formule, qui représente les observations de l'enceinte continue, peut servir à calculer les déclinaisons des différents points situés dans l'intérieur de la ville ; mais il est bien entendu qu'une interpolation de ce genre ne peut être applicable que dans un espace assez peu étendu. » Si l'on y substitue à la place de x et de y les coordonnées relatives à la station de la Maternité, on obtient, pour le 2 septembre 1 854 : Déclinaison magnétique au jardin de la Maternité 200 8',6q L'observation directe nous a donné pour le même point. . 20. 10 , 80 Différence ■+- 2,11 Ainsi a', 1 1 représentent la somme de toutes les erreurs, savoir : celles qui ont été commises sur les observations, celle qui provient du mode de calcul, et enfin l'erreur qui résulterait des attractions locales. » On trouve de la même manière, par la formule précédente : Déclinaison magnétique le 2 septembre i854, à l'Observatoire impérial, 2o°8',94- A défaut d'observation directe faite le 2 septembre i854 à l'Observatoire, je me servirai de six observations de déclinaison magnétique que j'ai faites à diverses époques, lorsque j'étais encore astronome de l'Observatoire de Paris, et de l'observation du 7 septembre 1 855 relative au pavillon central et publiée dans le Compte rendu du 21 janvier dernier, page 76. » Je transcris ci-dessous ces données de l'observation, empruntées, saut la dernière, aux Annuaires du Bureau des Longitudes : Dates. Déclinaison magnétique. 1848 déc. . 22 à h m 1.45 2004l' 1849 nov" . 3o i .25 20.34,3 i85o déc. .. 4 ..45 20.30,7 i85i nov., . 16 i . 2 20.25,0 i852 déc. . 3 2.12 20. 19,0 i853 déc. • •4 2.3o 20. 17,0 i855 sept. • 7 2.3o 20. 4,4 et j'en déduis les équations suivantes dans lesquelles m désigne le mouve- ment annuel de la déclinaison, et z la quantité qu'on devra ajouter à l'ob- ( ï79 ) servation du 4 décembre i853, pour avoir la déclinaison magnétique qui résulte, pour cette époque, de l'ensemble des sept observations. DÉCLINAISONS CALCULÉES iMdi ! EQUATIONS DE CONDITION. moins DÉCLINAISONS OBSERVÉES. 1848 z — 4)94^-'" — 24 == ° 0,62 1849 z — 4»01 ' •m — 17.3 = 0 + I ,21 i85o z — 3 , 000 . m — 1 3 . 7 = 0 — 0,45 i85i Z — 2,o5o.7W 8.0 = 0 -+- o,3f i852 Z — I ,000. M — 2.0 = 0 -t- 0,84 i853 Z — o,ooo./w — 0.0 = 0 — 2,3(» ■ 855 z H- 1 ,761 .m ■+• 12,6 = 0 + 1,08 Les équations normales de ce système sont 7.Z — i3,248.z« — 52, 4o = o — t3,248 z -+- 57,87. m -h 269,83 = o; elles donnent pour valeurs des inconnues, m = — 5',2o3 ± o',i6o, z = - a',36 afc o',46. La déclinaison magnétique, le 4 décembre i853, à 2h-3om, est donc 20°i4',64, et pour une autre époque comptée à partir du l\ décembre i853, on a Déclinaison magnétique = 200 i4'>64 — 5',2o3 t. Cette expression donne, pour la déclinaison magnétique à l'Observatoire impérial, le 1 septembre i854, 20°io',75 ±: o',48; elle s'accorde parfaitement avec l'observation de la Maternité. » Rapprochons de ce nombre la déclinaison magnétique de I Observa- toire fournie par les observations de l'enceinte continue, 200 8', 94. « La différence -+- i',8i est, comme on devait s'y attendre, presque iden- tique à la différence + 2', 1 1 qui a été trouvée plus haut, entre les nom- bres analogues relatifs à la station de la Maternité. ( '8o ) » Il résulte donc des rapprochements que je viens de faire qu'une diffé- rence de i' environ se manifeste entre les déclinaisons observées, soit à l'Ob- servatoire, soit à la Maternité, et les déclinaisons magnétiques conclues pour les mêmes points des observations faites en i854 sur l'enceinte continue. Or, comme ces dernières semblent être indépendantes des causes perturbatrices locales, on peut en inférer que ces causes, jointes aux erreurs d'obser- vations et aux erreurs de la méthode de calcul, forment à l'Observatoire un total de 2 minutes. « En outre, l'identité entre la déclinaison directement observée à la Ma- ternité le 1 septembre i854 et la déclinaison magnétique résultant des ob- servations faites à l'Observatoire pendant les sept dernières années, prouve que ces causes perturbatrices locales, si leur effet est sensible, ont agi de la même manière sur l'aiguille de déclinaison dans ces deux stations, quoi- qu'elles se trouvent situées l'une au nord, l'autre au sud du bâtiment. o Comme à la rigueur ou pourrait concevoir quelques doutes sur la par- faite exactitude de la déclinaison déduite pour le 2 septembre i854 des observations de 1848 à 1 855, et par conséquent sur la réalité de l'accord que nous venons de signaler pour cette déclinaison, il m'a paru utile de com- parer la formule 2o°6', 61 — o,86o6x — 0,5267 y, à l'observation faite le 7 septembre i855, par MM. Goujon et Liais, dans le pavillon central du jardin de l'Observatoire, bien que cette observation soit postérieure d'une année à nos observations de l'enceinte continue sur lesquelles la formule est fondée. » Pour effectuer cette comparaison, il faut d'abord retrancher 5',a5 de la déclinaison 20°6',6i de Saint-Germain l'Auxerrois, qui se rapporte au 2 septembre i854, afin de la transporter au 7 septembre i855, puis ajouter 2', 33 au résultat, afin de tenir compte de la différence entre l'Observatoire et l'église. On aura donc : Déclinaison magnétique à Saint-Germain l'Auxerrois , le 2 septem- bre i854 20° 6',6i Variation en déclinaison, du 2 septembre i854 au 7 septembre i855, à raison de 5',2o3 par an — 5 , ?5 Différence en déclinaison, entre l'Observatoire et l'église -(- 2, 33 Déclinaison magnétique au pavillon central du jardin de l'Observatoire, le 7 septembre i855 (d'après la formule) 20 3 ,69 L'observation directe de MM. Goujon et Liais donne 20 4 '4° Différence — o , 7 1 ( 181 ) Ainsi la formule empirique s'accorde avec la déclinaison observée à l'Ob- servatoire le 7 septembre i855, à sept dixièmes de minute près. » Cette concordance du calcul avec une observation qui doit être bonne, car elle a été faite dans des circonstances bien plus favorables que celles où se trouvaient MM. Goujon et Liais, lorsqu'ils opéraient loin de toutes les facilités qu'on a dans un observatoire, augmente la confiance que doivent inspirer les rapprochements qui précèdent : et comme le nombre qu'ils dé- duisent de leurs observations faites aux environs de Paris, diffère de 6 mi- nutes de la déclinaison magnétique qui résulte de la formule, je ne puis m'empècher d'émettre quelques doutes sur l'exactitude de leur résultat. » La précision remarquable avec laquelle la formule basée exclusivement sur nos quatre observations de l'enceinte continue représente soit la posi- tion déterminée à la Maternité par M. Charles Mathieu et moi, soit la décli- naison magnétique conclue de l'ensemble des observations des sept dernières années, soit enfin l'observation du 7 septembre 1 855 de MM. Goujon et Liais à l'Observatoire, prouve que ces observations ne sont entachées d'aucune erreur locale. » Alors que je pouvais croire le contraire, j'ai dû, dans la formation de l'équation empirique, n'employer uniquement que les observations faites sur les quatre bastions ; mais actuellement qu'il résulte de mes recherches que les différentes observations s'accordent et doivent satisfaire aux mêmes conditions, il y aura avantage à chercher une équation empirique plus exacte que celle qui a servi dans la précédente discussion. » Je vais donc déterminer, par l'ensemble des observations, les compo- santes du changement en déclinaison, suivant les deux axes coordonnés auxquels les différentes stations ont été rapportées. » Sept déclinaisons magnétiques peuvent concourir à la détermination des inconnues; ce sont : » i°. Les quatre déclinaisons des bastions nos 39, 88, a4 et 71 ; » 20. La déclinaison de la Maternité; » 3°. La déclinaison conclue , pour le pavillon central du jardin de l'Observatoire, de l'ensemble des observations des dernières années: » 4°- L'observation du 7 septembre 1 855 relative au même point. » Ces observations conduisent aux sept équations suivantes dans les- quelles r désigne la correction à faire à la valeur 200 6', que je suppose pour la déclinaison magnétique à l'origine des coordonnées; u et i> re- présentent respectivement les composantes du changement en déclinaison C R., .856, !<"■ Semestre. (T. XLII, N° S.) 25 ( i8a ) suivant l'axe des x et l'axe des^-: 1 ' -(- O ,8l .U ■+■ 4,26.C H- 2,5 = o, r— 0,19 « — 4,74. c — 3,1 =0, /•+ 4>72-K + ! ,5à.c + 4,o =0, r — 4>8g.« — 1 ,27.^ — 5,7 =0, r — i,io.« — 2,i5.c — 4>8 = 0, r — I,25.« — 2,37.c — 4-75 = 0, r— 1,25.« — 2,37.C — 3,65 =rO, » On en déduit pour équations normales : 7 . r — 3 , 1 5 . « — 7,12c — i5,5 =0, • 47 ,22. m -+- 26,o3.c -+- 65, i5 = o, - 26,o3.« + 60, 3g c + 68,89=0,; — 3, i5 r - — 7,12./- » Les inconnues sont : r = + i',i8±o',48, « = — o',g822± o, 1261 , c= — o, 5777 ±0, 1 170. » On obtient enfin pour l'équation empirique qui donne la déclinaison magnétique d'un point de Paris en fonction des coordonnées x et y de ce point : Déclinaison = 200 7', 18 — 0,9822.x — 0,5777 • X » Voici maintenant, pour chaque station, le tableau des différences entre le calcul et l'observation : STATIONS. DÉCLINAISON observée. DÉCLINAISON calculée CALCIL moins observation. 0 1 20. 3,5 20. 9, 1 20. 2,0 20. 1 1 .7 20 . 1 0 . 8 20. 10,75 20. 4>4° 20. o, 10 20. 5, go 20. 6,37 0 1 20. 3,92 20 . I 0 , I I 20. 1,66 20. 12,71 20. g,4g 20. g, 77 20. 4>53 20. 4 )53 20. 4>53 20. 4)53 -+- 0,42 -+- 1 ,OI - 0,34 -f- 1 ,0! - .,3, - °>98 -+- o,i3 + 443 - 1,37 - i,84 Observatoire ( déclinaisons des dernières années ) Observatoire (observation du 7 septembre i855, pavillon Cen- tral ) Nouveau pavillon magnétique. . Pavillon de l'Est ( i83) » En présence de ces résultats, il m'est impossible d'admettre les con- clusions suivantes que M. Le Verrier a tirées du travail de MM. Goujon et Liais (Comptes rendus , tome XLH, page 77) : « Tant que les grandes masses de fer existant à l'Observatoire et dans les » environs ne subiront pas de changements, on pourra obtenir dans cet » établissement les vrais éléments magnétiques correspondant à ce lieu, en » retranchant des déclinaisons observées : 8.37 au pavillon de l'Est ; 8. 8 au nouveau cabinet magnétique; 6 . 3g au pavillon Central ; 2.21 au pavillon de l'Ouest. » ■ Quant à moi, je persiste à croire, au contraire, que l'influence des attractions locales n'est pas sensible, ou du moins qu'il faudra attendre de nouvelles observations pour la déterminer, si tant est qu'on y parvienne. » J'ajoute que l'influence des attractions locales nous avait naturelle- ment préoccupés. On trouvera dans le dernier registre des observations magnétiques de l'Observatoire, à la date du mois de novembre i85o, si ma mémoire ne me trompe pas, des observations de déclinaison que j'ai faites dans le pavillon Central et dans le pavillon de l'Est, avec MM. Mauvais et Brunner, qui présentent une discordance constante, à laquelle nous avons eu la prudence de ne pas nous arrêter. On trouvera en outre, à une époque antérieure de quelques années, des observations d'intensité faites en divers points du jardin, qui n'ont pas présenté de discordances notables, dès qu'on s'est établi à une certaine distance de la balustrade en fer qui, à cette époque, entourait la belle terrasse en pierre qui domine le jardin. La dis- tance est indiquée dans le registre. J'ajoute ici, comme renseignements, que M. Arago a toujours observé ou fait observer la déclinaison, l'inclinai- son et l'intensité dans le pavillon Central du jardin de l'Observatoire, qu'il a fait construire les pavillons magnétiques de l'Est et de l'Ouest quelques années avant sa mort, afin de les mettre à la disposition des voyageurs qui venaient s'exercer à l'Observatoire au maniement des instruments, et qu'au- cune série d'observations n'a été faite dans ces deux pavillons. » L'harmonie qui règne entre nos divers résultats m'enhardit à me servir delà dernière formule empirique pour calculer les déclinaisons magnétiques des quatre stations choisies par MM. Goujon et Liais. J'aurais désiré en faire la comparaison immédiate avec les nombres qu'ils, ont obtenus au nord, au sud, à l'est et à l'ouest de Paris; malheureusement ces nombres n'ont pas 25.. ( i84) été publiés dans la Note de M. Le Verrier. Au reste, on comprendra que la formule ne doit pas les représenter, puisque leur moyenne diffère d'en- viron 7 minutes des autres observations. L'éloignement de deux de ces sta- tions du centre de Paris, l'incertitude qui doit nécessairement affecter les valeurs de leurs coordonnées prises sur des indications un peu vagues, et d'autres causes sans doute, doivent en tout cas s'opposer à une grande exactitude. Quoi qu'il en soit, je rapporte ici ces quatre déclinaisons telles qu'elles résultent de la dernière formule; peut-être ne seront-elles pas en- tièrement inutiles. Ire STATION AU SUD. Mire de l'Observatoire à Montrouge. X = — 3, 18 / = — 2,6o o / Déclinaison 20 6 2me STATION AU NORD. Plaine de Saint-Denis à 300 mètres au nord des fortifications. k I ,3o X = r = -+-4>42 o I iq 58 3rae STATION A L'OUEST. Parc de Saint-Cloud à 400 mètres à l'ouest de la Lanterne de Diogène. X = — 10, OO y = + 0,466 20 1 1 4me STATION A L'EST. Polygone de Vincennes à 5oo mètres sud-est du donjon. x = -+- 5,20 ,r = — 3,90 O ; "9 59 » La formule qui donne la déclinaison magnétique d'un point situé dans l'intérieur de l'enceinte continue pour le 2 septembre 1 854» en fonction des coordonnées de ce point, permet de tracer sur la carte différentes li- gnes passant par des points qui jouissent de propriétés communes. » Elle donne., par exemple, pour les points de déclinaison égale à celle de Saint Germain-l'Auxerrois, un diamètre passant par l'église, et faisant avec la- méridienne astronomique un angle d'environ 5i degrés nord-ouest. La déclinaison serait encore la même sur les lignes parallèles à ce diamètre, mais elle varierait, bien entendu, en passant d'une droite à une autre. Il résulterait donc de là que les points d'égale déclinaison ne sont pas si- tués sur la trace du méridien magnétique, mais sur une ligne qui en dif- fère notablement. » Si, par hasard, nous eussions choisi pour stations les points où ce diamètre rencontre l'enceinte continue, nous y aurions trouvé deux décli- naisons égales, et, au premier abord, cette circonstance nous eût peut-être embarrassés dans nos conclusions. b Le diamètre perpendiculaire au précédent fait un angle d'environ 39 de- ('85) grés nord-est avec le méridien astronomique. Il représente, ainsi que les droites qui lui sont parallèles, la direction suivant laquelle on observerait la plus forte variation de la déclinaison en s'avançant d'une quantité donnée : d'après la dernière équation empirique, cette variation serait d'environ i minute par kilomètre. » Ces directions peuvent être utiles à connaître, lorsqu'on se propose d'étudier le magnétisme terrestre, non d'un point isolé, comme on le fait habituellement dans les observatoires, mais d'une localité assez étendue. Ainsi, par exemple, il serait intéressant de rechercher directement si le nombre qui exprime la plus grande variation de la déclinaison pour l'unité de distance est variable avec les saisons, s'il éprouve quelque changement avec le temps; on pourrait également rechercher directement quelles sont les modifications qui surviennent dans la direction suivant laquelle il faut marcher pour trouver ces variations maxima de la déclinaison ; enfin, en admettant que cette direction fût celle d'égale inclinaison, ce qu'on pour- rait vérifier, des observations d'intensité et d'inclinaisons faites en différents points et dans différents lieux lèveraient l'incertitude qui existe encore dans l'esprit de quelques physiciens relativement à la non-coïncidence des lignes d'égale inclinaison et d'égale intensité. J'aurais désiré m'occuper de ces re- cherches pour Paris, et c'est, comme on dit, pour prendre date, que j'avais publié dans X Annuaire les observations de 1 854 î mais j'ai été arrêté mo- mentanément dans l'exécution de ce projet par des obstacles matériels. Aujourd'hui que M. Le Verrier s'empare de la question, il m'a paru utile de publier les résultats que j'ai obtenus; je désire d'ailleurs qu'on les sou- mette aune vérification qui me semble utile, car ce n'est pas avec quatre observations seulement qu'on peut avoir le dernier mot sur une question aussi complexe. Dans ce genre de recherches, les instruments de travail sont les premiers ennemis qu'on ait à combattre; on y rencontre des erreurs mystérieuses accidentelles ou constantes, qui affectent parfois les observa- tions faites avec le plus de soin au moyen des meilleurs instruments, et dont on n'a donné jusqu'ici aucune explication satisfaisante. » statistique. — Deuxième Mémoire sur la situation de la propriété forestière en France; par M. Becquerel. (Extrait.) « La situation de la propriété forestière en France intéressant la fortune publique et éprouvant en outre, depuis quelques années, de graves pertur- bations, je présentai, il y a trois ans, à l'Académie un travail statistique et f 186 ) économique sur la consommation des divers combustibles dans la ville de Paris ; question dont la solution a fourni les moyens de faire des tracés graphiques qui ont conduit aux conséquences suivantes. » i°, Parmi les causes qui ont influé sur la consommation des bois et par suite sur leur prix, il faut mettre en première ligne l'introduction de la houille dans le chauffage, la rigueur des hivers et les événements politiques qui , en ébranlant le crédit public, ont causé une perturbation dans toutes les branches d'industries. » 2°. En 1824, la consommation individuelle de la houille n'était en- core que de oq,,75 de carbone provenant de ce combustible; cette quantité était employée en grande partie dans le petit nombre d'usines qui exis- taient alors à Paris. Aujourd'hui la quantité répartie par individu s'élève à n^go, c'est-à-dire est devenue quatre fois plus considérable. » Le tracé graphique de la consommation de la houille de 1816 à i85i , en prenant pour abscisses les années et pour ordonnées les quantités con- sommées, puis faisant passer une ligne par les points correspondants à la consommation moyenne, donne une courbe qui tourne sa convexité vers l'axe des abscisses. Cette courbe a pour équation y =z 719,1 16 -4- 6ooxs,5a. » 3°. La consommation individuelle du charbon de bois n'ayant pas changé depuis cinquante ans la quantité qui entre dans Paris, croît donc proportionnellement à la population, et continuera à croître tant que la houille ne sera pas substituée au charbon de bois dans les usages domes- tiques. » Le tracé graphique met bien en évidence cette proportionnalité. » Tel était l'état des choses en i85a. » J'ai cherché depuis, à l'aide des documents qui m'ont été fournis ré- cemment par l'Administration et que j'ai rapportés dans mon Mémoire, si les premières conclusions devaient être modifiées ou non. » En reportant sur les tracés graphiques les nombres relatifs aux années i852, t 853, 1 854 et 1 855, on constate, à la seule inspection des courbes, les faits suivants : » !°. C'est sous l'ère consulaire, de 1801 à 1804, que la consommation du bois a été la plus considérable à Paris; sous l'ère impériale, elle a été fortement en baisse, avec des alternatives de hausse et de baisse ; elle s'est relevée sous la restauration avec de semblables alternatives pour redescen- dre de 1826 à 1 834 ; de 1 834 à 1837, il y a eu hausse, et la baisse est de- ( i87) venue de plus en plus considérable jusqu'en 1848 ; enfin, depuis cette épo- que jusqu'en i855, le mouvement de hausse est devenu de plus en plus sensible, à tel point que la consommation est revenue ce qu'elle était sous l'ère consulaire, bien que la population soit aujourd'hui double de ce qu'elle était alors. » Le bois blanc et les menus bois participent à ce mouvement de hausse; le bois blanc surtout atteint le chiffre des années les plus favorisées depuis 181 5, tandis que la consommation des menus bois, quoiqu'en hausse, n'a pas encore atteint le chiffre qu'elle présentait avant i85a. Cette hausse moins considérable ne peut être attribuée qu'à l'emploi de la houille dans le chauffage des classes peu aisées. » 20. La consommation du charbon de bois continue à croître propor- tionnellement à la population, conséquence inévitable de ce que ce com- bustible n'a pas encore été substitué sensiblement à la houille dans les usages domestiques. » 3°. La consommation de la bouille, depuis surtout i852, tant dans l'industrie que dans le chauffage des particuliers, cesse d'être représentée par la formule que j'avais donnée et qui s'appliquait à la consommation de 1816 à i85i; la courbe de convexe qu'elle était est devenue concave, ce qui montre que la consommation suit maintenant une loi beaucoup plus rapide qu'avant, preuve du très-grand développement de l'industrie depuis quatre ans; car la consommation du bois allant en augmentant, malgré qu'on ait brûlé beaucoup de vieux bois provenant des démolitions, on ne saurait admettre que l'emploi de la houille dans les foyers domestiques ait augmenté sensiblement. » La consommation toujours croissante du charbon de bois et des menus bois, et les prix élevés de ces deux combustibles, portent naturellement les particuliers à couper leurs bois à douze ou quinze ans au lieu de dix-huit à vingt. Cet état de choses, s'il dure, amènera, à ne pas en douter, le dépéris- sementfdes forêts en France. (En effet, les coupes multipliées altèrent de plus en plus les souches et font disparaître les brindilles qui, en se décomposant, fournissent avec les feuilles l'humus indispensable à la végétation ; les ré- serves étant plus jeunes croissent moins en hauteur que dans les taillis plus âgés et deviennent trapues; il en résulte que si ces coupes anticipées conti- nuent à prendre de l'extension, elles feront disparaître ces chênes séculaires, qui s'élèvent majestueusement dans les taillis de vingt à vingt-cinq ans, et qui sont si recherchés pour les besoins de la marine et de l'industrie. » ( i88) anthropologie. — Note sur les Touariks; par M. Serres. « L'immense plaine du Sahara est habitée çà et là par la tribu des Touariks, dont les peuplades sont différentes les unes des autres. Les Touaregs, dont quatre se sont présentés dernièrement au gouverneur de l'Algérie, en forment une des plus singulières, par l'usage où sont les hom- mes de se voiler entièrement la figure à l'instar des femmes musulmanes, et avec plus de soin encore. » Cet usage si bizarre, et unique chez les hommes au milieu des cou- tumes infinies des diverses races humaines, est un obstacle à leur étude anthropologique dont la tête fournit les caractères les plus significatifs. Il est si rigoureusement observé, que les quatre Touaregs ne se sont pas décou- verts un instant, même devant le gouverneur général de l'Algérie. « Toutefois, m'écrit M. Guyon, inspecteur du service des armées, l'un » d'eux se trouvant malade, j'ai pu lui voir un peu la figure au moment où » il me montrait la langue. J'ai pu aussi lui palper la tête, en cherchant » sur cette partie le point où il souffrait. Voici le résumé des observations » superficielles qu'il m'a été possible de faire sur nos quatre Touaregs. » Taille moyenne, plutôt petite que grande ; tête peu forte, globuleuse, » tenant sous ce rapport de celle du Kabyle ou Berbère; front médiocre- » ment large et élevé ; orbite large, pommettes un peu saillantes, dents » courtes, moins bien rangées et moins belles que celles de l'Arabe ; mains » et pieds petits, peau olivâtre, cheveux soyeux, noirs et tendant à se » boucler; barbe peu fournie et tendant à se boucler comme les » cheveux. » » En comparant cette courte description à celle donnée par Hornemann qui, le premier, a fait connaître les rapports des Touariks avec les Berbères ou Kabyles, on reconnaît leur parenté, bien qu'ils en diffèrent par la petitesse des pieds et des mains, et surtout par la couleur olivâtre de la peau. » Les Touariks sont un rameau de fa race caucasique; ils s'avancent à l'est de l'Afrique jusqu'aux confins de l'Egypte : ils se croient les habitants les plus anciens de la terre ; leur langage n'est pas arabe, et ils affirment qu'il est le plus ancien dans le monde. » M. Guyon, qui nous a fait connaître l'usage de l'inoculation chez les Kabyles ou Berbères, a remarqué que cette opération si hardie était prati- quée également par les Touaregs. Ces derniers ne se la pratiquent pas seule- ( i8ç>) meut entre le pouce et l'index, comme les Kabyles, mais encore sur d'autres parties du corps, notamment sur les avant-bras et les jambes. » A ces détails, M. Guyon joint une autre observation médicale curieuse. « Une maladie très-répandue chez les Touaregs est le dragonneau ou ver » de Messine. C'est à ce qu'il paraît le fléau du pays. Aussi est-ce la seule » maladie pour laquelle nos voyageurs m'aient témoigné le désir d'avoir un » remède. » » Ce fait est un de plus à ajouter à ceux que j'ai déjà recueillis sur la spécialité des maladies qui affectent de préférence telle race ou telle variété de la grande famille humaine. » Déclaration de M. Cauchy à l'occasion dune récente demande de M. Passot. « Depuis plusieurs années, M. Cauchy n'a cessé de se récuser quand il a » été appelé à faire partie de Commissions chargées d'examiner des » Mémoires de M. Passot. Il demande que sa récusation formelle soit » mentionnée dans le Compte rendu. » chirurgie. — Nouveau procédé de cheiloplastie par transport du bord libre de la [lèvre saine sur la lèvre restaurée. (Extrait d'une Note de 31. Sédillot.) « Schmidl (jHenry), âgé de 65 ans, fut reçu à la clinique le 3o novem- bre 1 855. Les trois quarts gauches de la lèvre inférieure avaient été détruits par un cancer épithéliàl à marche aiguë, qui datait seulement de six mois. Là muqueuse buccale siégeant en dedans de la commissure gauche était altérée et formait un bourrelet dur et épais. Les procédés ordinaires de cheiloplastie offraient peu de chances de réussite, et voici l'opération que je pratiquai le 18 décembre i855. » Tout le cancer fut circonscrit entre deux incisions en V continuées jusqu'au contour cervical du maxillaire. Les joues furent ensuite fendues horizontalement, au niveau des commissures, par une section plus prolongée à gauche que du côté droit. » Le bord libre de la lèvre supérieure, qui était très-large, fut partielle- ment détaché de dehors en dedans sur une longueur de 1 5 à 20 millimètres, puis renversé et fixé sur la surface des lambeaux destinés à reconstituer la lèvre inférieure. Celle-ci se trouva ainsi revêtue de chaque côté par le lam- beau muqueux emprunté à la lèvre supérieure, et au milieu et un peu à droite par la petite portion de membrane muqueuse conservée sur Je quart droit de la lèvre inférieure, resté intact. C R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° S.) 26 ( »9° ) » Des épingles réunirent les parties dénudées de la lèvre supérieure tirée en arrière à la portion inférieure de la joue, qui avait été divisée horizon- talement et fortement tirée en avant pour remplacer la lèvre enlevée. D'au- tres épingles maintinrent sur la ligne médiane l'affrontement des deux moi- tiés de la nouvelle lèvre, et quelques points de suture entrecoupée assujettirent la membrane muqueuse. » Le 29 du même mois, onzième jour de l'opération, le malade fut photo- graphié, ce qui me permet d'en placer une épreuve sous les yeux de l'Aca- démie; et il quitta la clinique le 1 4 janvier, complètement guéri. Les plis de cicatrice, encore un peu saillants vers les commissures, disparaîtront; mais déjà tel qu'il a été représenté, le malade offrait une lèvre régulière, d'une hauteur suffisante, ayant un rebord libre muqueux , lisse et arrondi ; les dents étaient bien cachées, et la salive n'avait aucune tendance à s'écouler involontairement. Les commissures étaient bien marquées, et l'ouverture buccale également rétrécie supérieurement et inférieurement, sans qu'il en résultât aucun obstacle pour l'introduction des aliments ou l'émission de la voix. » Une importante recommandation, que nous nous permettrons d'adres- dresser à ceux qui seraient tentés d'imiter ce procédé, est de diviser le bord libre de la lèvre saine à plusieurs millimètres au delà de la membrane mu- queuse. En laissant sur le lambeau une petite portion du tégument externe, on en assure mieux la vitalité, et on obtient surtout des réunions plus faciles et des cicatrices plus régulières et moins apparentes. » M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Duhamel, un exem- plaire dû 1er volume des Eléments de calcul infinitésimal. (Voir au Bul- letin bibliographique.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. okométrie. — Sur les sur/aces dont les lignes de l'une des courbures sont sphériques ; par M. J.-A Serret. (Suite.) (Renvoi à l'examen de la Section de Géométrie.) '< Considérons maintenant le cas général. Nous poserons a, b, p c, -. = cos a, .. = cos S, -; — çqs 7; Vi- l'\ 7f T *•■' fi en outre, pour n'avoir clans nos formules que des quantités réelles, nous remplacerons p, par v{ \/~ i. Les équations (10) et (i i) deviennent alors (la) .r, cosa -+- yt cosS -+- z, cosy = /'c, + u', , ô\ dx< (fy> d*i _ ''"' * ' COSa COsê COS7 l' On peut regarder a, jS, y comme les angles que fait avec les axes la tan- gente d'une courbe arbitraire; nous désignerons par |, u, Ç; X, pc, v les angles formés avec les mêmes axes par le rayon de courbure et par l'axe du plan osculateur de cette courbe arbitraire; par (h l'angle de deux tan- gentes infiniment voisines, et par dr] l'angle de deux plans osculateurs infi- niment voisins. » Cela posé, pour intégrer les équations (i3), nous poserons (i4) xt cosX 4- y, cosp. + z, cosv = U. Différentiant trois fois cette équation et ayant égard aux équations (r a) et (i3), ainsi qu'aux formules rappelées dans mon article du 3i décembre dernier, il vient (i5) xt eos£ + y\ cosu -t- z, cosÇ = —5 (i6) v> = -T>-TTs\d*+l}), ,' \ ' ï dn dp, dn d V dn /d'il TT\1 dV dy étant prise pour la différentielle constante. Posons, pouf abréger, dV dv, si l'on tire de l'équation (16) la valeur de -p pour la porter dans l'équa- tion (17), on obtiendra » Désignant par

,), l'équation (18) se réduit à (20) rf(U,) = o. Cette équation devient intégrable , si on la multiplie par le facteur 2 (-rr1 -t- U4 ) > et l'on obtient, en intégrant, (»■) (^-■)(^)'(^+u')'-("),-^ = — » Nous pouvons supposer la constante nulle, car il suffit pour notre objet que l'expression de U, renferme deux constantes arbitraires; alors si l'on désigne par A une constante arbitraire, par >j0 une valeur initiale quel- conque de Y], par e la base des logarithmes népériens, et que l'on pose l'équation (21) devient , x d\], { UJ + i dï, TT » Désignons par tj>(vj) une fonction arbitraire, par <\>'(y)) la dérivée de cette fonction, et déterminons V par l'équation il posons aussi l'équation (22) devient (24) -7— — 1 r Lu = o. Cette équation (24) est linéaire et l'on en tire immédiatement B étant une constante arbitraire. ( i93 ) » On obtiendra donc ainsi sans difficulté une valeur de U renfermant deux constantes arbitraires A et B ; la valeur de U étant connue, l'équa- tion (16) donnera vK et on aura ensuite x,, j,, z, au moyen des équations (i2),(.4)et(i5). » Si l'on pose COS > COS [A COS V on pourra exprimer immédiatement les angles X, p., v; |, u, Ç; a, S, y; yj et e en fonction du paramètre t et de la fonction arbitraire ^ \i) ; si l'on met ensuite , quatre fonctions inconnues de t, assujetties à vérifier les équations (3) jr,tosa +y, cosê -+- s, cosy = Iv, + «, (4) dx, djr, dz, dt>, cosa cosê cosy "' l et posons V = (x - X,)' -4- (jr -ytf -+- (z --z,)2- l'équation V = o satisfera à l'équation (2) et elle en sera une intégrale complète si les valeurs de x,,yt, zt, v, tirées des équations (3) et (4) ren- ferment dans leurs expressions deux constantes arbitraires. Le problème est donc ramené à l'intégration des équations (4), intégration qui se trouve effectuée dans l'article précédent. » (*) Il suffit effectivement de supposer que les sphères qui contiennent les lignes de cour- bures passent toutes par un même point, et de prendre ce point pour centre de transfor- mation. ( i95) botanique. — Recherches sur le nombre type des parties constituant les divers cycles hélicoïdaux, et rapport qui existe entre ce nombre et le nombre type des diverses parties florales des dicotylédones ; parM. Ch. Feumond. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Si les diverses parties de la fleur, avons-nous dit dans l'une des deux communications faites sur ce sujet au sein de cette Académie, ne sont que des transformations ou métamorphoses des feuilles, il faut qu'il y ait xine relation simple entre le nombre des parties de la fleur et le nombre des feuilles constituant un verticille, une rosette ou un cycle hélicoïdal. » Nous avons démontré comment il fallait considérer les feuilles opposées pour arriver au but général que nous nous proposons ; ici nous examinons les faits relatifs aux cycles hélicoïdaux et aux rosettes, et nous croyons démontrer qu'il existe une relation numérique simple entre leur composition et celle des verticilles floraux. Notre Mémoire est divisé en six sections. » i°. Dans la première, nous faisons voir que les feuilles alternes quin- conciales, en revenant à l'opposition, comme nous l'indiquons pour les Ficus et Colutea, revêtent complètement le caractère de la véritable oppo- sition : c'est ainsi que les paires opposées qui se suivent sont toujours en croix les unes par rapport aux autres; que même les feuilles qui ne sont plus opposées et qui sont comprises entre deux paires de feuilles, conser- vent une position, relativement à ces feuilles opposées, qui fait nettement reconnaître qu'elles devaient être opposées; de sorte que la disposition quinconciale disparaît complètement. » 2°. Dans la deuxième section, nous cherchons à démontrer que, si l'on fait l'opération inverse sur les plantes à feuilles opposées, telles que les Syringa vulgaris, Phlox, Ligustrum, f^eronica, etc., on trouve que l'op- position passe à la forme quinconciale, et qu'alors elle ne laisse plus trace de son existence. Cette observation nous a conduit à l'idée que chaque cycle quinconcial pouvait avec raison être regardé comme formé de deux verticilles déplacés, l'un de deux feuilles, l'autre de trois, et cette idée a été en quelque sorte confirmée par ce fait, que bien souvent les tiges ftHe- lianihus tuberosus qui sont à feuilles opposées et qui passent à l'alternance, donnent la disposition quinconciale ; tandis que les tiges de la même plante qui sont à feuilles verticillées par trois, donnent plutôt la disposition re- ( '96) présentée par la forme f et même quelquefois la forme insolite -f . C'est comme si nous avions, dans le premier cas, un verticille de deux feuilles et un de trois ; et dans le second, un verticille de deux feuilles et deux de trois, ou, d'après la forme f , trois verticilles de trois feuilles. » D'après cette manière d'envisager les cycles hélicoïdaux : - = 2 + 3, c'est-à-dire i verticille de 2 feuilles et i de 3 ; | = 2+3X3) ou i verticille de 2 feuilles et 2 de 3 ; Jj=2X2 + 3x3,ou2 verticilles de 2 feuilles et 3 de 3 ; ^ = 2X3 + 3x5, ou 3 verticilles de i feuilles et 5 de 3 , et ainsi de suite pour les formes les plus élevées dans lesquelles il est facile de reconnaître que le nombre des verticilles de trois feuilles est à celui des verticilles de deux dans un rapport plus grand que les \ et un peu plus petit que les -f. D'où il résulte qu'en somme, dans cet ordre d'idées, le verticillisme par trois, qui deviendrait le nombre type, serait bien plus fréquent que le nombre a. » 3°. Dans la troisième section, nous cherchons à confirmer par plu- sieurs exemples cette idée, que chaque hélicule des cycles hélicoïdaux doit être regardé comme un verticille déplacé. Nous signalons spécialement, entre autres, une variété du Cucurbita pepo, chez laquelle les feuilles alternes arrivent très-souvent au verticillisme par trois, et Y ffieracium virosum, où les feuilles forment des groupes disposés autour de la tige en laissant entre chaque groupe des mérithalles assez longs ; tandis qu'au contraire, ils sont très-courts entre les feuilles de chaque groupe. Il est néanmoins, facile d'y reconnaître des verticilles par trois avec un léger déplacement. Une liste des principaux exemples de tiges à feuilles alternes, où nous avons constaté la formation de verticilles par trois, vient appuyer l'idée que nous avançons. Enfin nous citons un certain nombre de plantes à feuilles alternes présentant trois cotylédons. » 4°- Dans la quatrième section, nous donnons la description détaillée de quatre échantillons d'une variété du Cucurbita pepo et de trois échan- tillons de Colutea arboreseens , pour démontrer comment l'alternance revient à l'opposition ou au verticillisme. Nous faisons voir que le nombre a se retrouve dans deux échantillons du Colutea, et que le nombre 3 apparaît dans le troisième échantillon de cette même plante, ainsi que dans les exemples que nous donnons du Cucurbita pepo. a 5°. Dans la cinquième section, nous faisons remarquer que les nom- bres 3, 6, q et 12 sont ceux qui représentent le plus souvent les parties ( '97) constituantes des rosettes examinées dans les plantes à feuilles alternes, particulièrement les Cerisiers, Pommiers, Poiriers, Coignassiers, Groseilliers, Sorbiers, Kerria japonica, Berberis, Cytisus laburnum. A la vérité, on trouve quelquefois les nombres 2, 4 et 5, mais ils nous ont paru moins fréquents. » 6°. Enfin, dans la sixième section, nous faisons observer que, de même que l'on trouve des tiges à feuilles opposées présentant une suite successive de verticilles par trois, de même aussi, sur bien des plantes à feuilles alternes, on trouve que la disposition quinconciale est remplacée par la forme insolite £ , qui pourtant serait celle de toutes les formes verticillées par trois, en admettant que chacune des parties d'un verticille appartienne à trois hélices différentes marchant toutes trois parallèlement dans un même sens. C'est ce que nous avons parfois observé dans les Rosiers, les Campa- nules, les Framboisiers, les Bouleaux, les Topinambours, les Hieracium, Y Heliotropium peruvianum, etc. Or l'esprit, sans effort, peut regarder cette disposition comme le résultat du déplacement de deux verticilles par trois, à peu près comme nous avons vu les feuilles opposées des Veronica, Sjringa, Ligustrum, passer à la disposition quinconciale. » En résumé, nous croyons avoir démontré que, conformément au principe qui nous a servi de point de départ, il y rapport simple entre les diverses parties florales des dicotylédones et les cycles quand on les exa- mine les uns et les autres dans leur composition type. Le nombre 6 serait le type des parties florales des dicotylédones, et 3 le nombre type du verticillisme des feuilles, lequel verticillisme se retrouverait assez souvent dans les feuilles dites alternes pour laisser découvrir ou supposer que l'al- ternance n'est qu'une déviation de l'opposition ou du verticillisme, et que, conséquemment, les feuilles alternes peuvent être considérées comme formées de verticilles par deux ou par trois avec déplacement; mais chez lesquelles le nombre 3 domine le nombre 2. Il y a donc rapport simple entre les nombres 3 et 6, et l'esprit n'a plus qu'à admettre un simple dédoublement des parties foliaires pour constituer les six parties florales, ou une simple métamorphose pour former les verticilles floraux de quelques dicotylédones qui n'ont, comme les monocotylédones, que trois parties à chaque verticille floral. » C. R., i856; i« Semestre. (T. XLII, N<> S.) 27 ( 198 ) chimik médicale. — Action des alcalis sur le sucre dans l'économie animale; par M. Poggiale. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée pour les communications relatives à l'origine du sucre dans l'économie animale, Commission de M. Figuier, 27 août i855j de M. Semmola, 10 septembre, qui se compose de MM. Dumas, Pelouze, Rayer.) « Quelques observateurs admettent que le concours des carbonates alca- lins est nécessaire pour la destruction du sucre dans l'économie, et, comme conséquence de cette théorie, ils supposent que, dans le diabète, le passage du sucre dans les urines est dû au défaut d'alcalinité du sang. Cette opi- nion se rattachant à une affection extrêmement grave, et aux moyens thé- rapeutiques qui ont été proposés pour la combattre, j'ai institué une série d'expériences pour vérifier ce fait. J'expose dans mon Mémoire les procé- dés que j'ai employés pour la détermination du sucre contenu dans le sang et dans le foie. » Dans mes expériences les' animaux ont été nourris, tantôt avec de la viande, tantôt avec des aliments féculents ou sucrés, additionnés de bicarbonate de soude de manière à rendre les urines très-alcalines. » Première série d'expériences. — Des chiens ont été nourris pendant plusieurs jours avec de la viande additionnée de bicarbonate de soude. On les sacrifia ensuite et on détermina le sucre contenu dans le sang et dans le foie. Voici quelques-uns des résultats obtenus : Ire oxpér. IIe expér. IIIe expér. Sang de l'artère crurale 0,048 0,027 o,o35 » de la veine cave inférieure. .. . o,io3 0,096 o,io3 » des veines hépatiques 0,173 0,1 5o 0,139 Foie 2»02g 3, 1 1 5 » » Il est facile de saisir la conséquence générale qui découle de ces expé- riences : c'est que la transformation du sucre en eau et en acide carbonique n'est pas favorisée, comme on l'a cru, dans l'économie, par la présence d'une proportion considérable d'alcali. On voit, en effet, en comparant ces résultats avec ceux que j'ai consignés dans mon travail sur l'origine du sucre dans l'économie animale et avec d'autres obtenus par divers ob- servateurs, que le sang des animaux nourris à la viande, avec ou sans bi- carbonate de soude, contient sensiblement la même quantité de sucre. » Deuxième série d'expériences. — Des chiens ont été nourris avec des ( i99 ) aliments féculents ou sucrés mêlés avec le bicarbonate de soude. Voici les résultats fournis par trois expériences : SUCIIE POUR IUO DE SANG. lre expér. IIe expér. IIIe expér. Sang de la veine cave inférieure .... o, 1 98 o, 1 53 » » de l'artère carotide o, 1 00 » » » de l'artère crurale » o,o44 o,o54 » des veines hépatiques ■> 0,245 o,?.3q » Dans la dernière expérience j'ai examiné tous les jours les urines qui ont fourni de 5 à 7 grammes de glucose pour 1000, quoiqu'elles fussent fortement alcalines. Ces expériences démontrent que le sucre peut exister dans le sang et dans les urines même en présence des alcalis. » Dans le cours de ces recherches, j'ai observé que, lorsqu'on soumet les animaux à une abstinence complète, la proportion du sucre con- tenu dans le foie décroît lentement et ne disparaît pas même chez les chiens à jeun depuis vingt-deux jours et voués à une mort certaine. Dans plusieurs expériences j'ai trouvé, après dix jours d'abstinence, 1,710 de sucre pour 100 de foie; après quatorze jours, 1,628; après quinze jours, 1,71a; après dix-huit jours, 1,61 3; et après vingt et un jours, 1 ,624. Le chien avait perdu dans la dernière expérience plus de 40 pour 100 de son poids. » Troisième série d'expériences. — J'ai injecté, comme l'avaient fait avant moi MM. Bernard et Lehmann, un | gramme de glucose dissous dans l'eau distillée, et j'ai retrouvé le sucre dans les urines. Dans une expérience comparative, j'ai injecté la même quantité de glucose additionné de 1 gramme de bicarbonate de soude, et les résultats ont été identiques. Si l'on remplace dans cette injection le bicarbonate de soude par l'acide tartrique, le plus souvent le sucre ne paraît pas dans les urines. Il résulte de ces expériences, qui ont été répétées plusieurs fois, et de celles que j'ai fait connaître précédemment, que les alcalis du sang ne favori- sent pas l'oxydation du sucre. » Quatrième série d expériences . — Les expériences qui précèdent ont montré que la présence des carbonates alcalins dans le sang et dans les urines est compatible avec celle du glucose. Pour donner plus de valeur à ces faits, j'ai étudié avec soin l'action des alcalis, des carbonates et des bicar- bonates alcalins sur le glucose en dehors de l'organisme. Voici quelques- unes des expériences que j'ai exécutées : » i°. J'ai ajouté à 100 grammes d'eau distillée 1 gramme de glucose et 2 grammes de carbonate de soude, j'ai abandonné la solution au con- 27.. ( zoo ) tact de l'air, pendant quelques jours, et j'ai retrouvé la quantité de glu- cose qu'on y avait ajoutée. » 2°. J'ai augmenté la proportion du carbonate de soude, et j'ai suc- cessivement élevé la température de la liqueur à 3y, à 60, à 80, à 90 degrés, et dans toutes ces expériences la solution sucrée est restée inco- lore et le glucose n'a éprouvé aucune altération. » 3°. J'ai dissous dans 1 00 grammes d'eau distillée 2 grammes de glu- cose et 8 grammes de carbonate de soude, et après avoir fait bouillir pendant quinze minutes la liqueur qui s'était colorée d'abord en jaune, puis en jaune rougeâtre, j'y ai trouvé encore igr,a8i de glucose. » 4°- Le bicarbonate de soude agit [avec moins d'énergie sur le glucose. Une dissolution de potasse contenant 4 pour 100 d'alcali ne l'attaque qu'au- dessus de 5o degrés. » Ces expériences suivant moi sont décisives et permettent d'affirmer que dans le laboratoire, comme dans l'organisme, les carbonates alcalins n'agissent pas sur le glucose, et qu'il faut élever la température du mé- lange à environ g5 degrés pour que l'action ait lieu. » applications des expériences précédentes au diabète. — Suivant quel- ques physiologistes, si le sang perd par une cause quelconque ses propriétés alcalines, le sucre, n'étant pas brûlé, passe dans les urines, d'où l'indica- tion thérapeutique de rétablir l'état normal des liquides animaux en intro- duisant dans l'organisme les alcalis qui lui manquent. Les faits consignés dans ce Mémoire ne nous permettent pas d'adopter cette théorie, qui ne repose que sur des analogies. Nous avons vu, en effet, dans les nombreuses expériences que nous avons exécutées, qu'en augmentant considérablement l'alcalinité du sang le sucre ne diminue pas, et que la proportion de ce principe peut s'élever à 7 pour 1000 dans les urines alcalines, lorsqu'on nourrit les animaux avec des aliments féculents ou sucrés, additionnés de bicarbonate de soude. » Nous avons démontré aussi, avec MM. Bernard et Lehmann, qu'en in- jectant dans la veine jugulaire d'un lapin une solution de sucre et de bicar- bonate de soude, on retrouve dans les urines autant de sucre que lorsque l'injection se fait avec une dissolution sucrée seulement. Enfin, nous avons prouvé par des faits irrécusables que, même en dehors de l'économie ani- male, les carbonates alcalins n'agissent pas sur le glucose au-dessous de g5 degrés, et qu'à cette température il éprouve si lentement les métamor- phoses qui le convertissent en eau et en acide carbonique, qu'on trouve encore dans la liqueur beaucoup de sucre après une ébullition longtemps prolongée. ( 20) ) » Les recherches de MM. Lehmann et Bonchardat sur le sang des dia- bétiques et de MM. Bernard et Reynoso sur la production du diabète ar- tificiel donnent un puissant appui aux expériences qui font l'objet de ce Mémoire et à la conclusion qui en découle. » chimie appliquée. — Note sur l'action que le phosphore rouge exerce sur l'économie animale et sur l'empoisonnement par le phosphore ordinaire; par MM. Orfila et Rigout. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Cl. Bernard.) « Cette Note est un fragment détaché d'un travail que nous avons entre- pris sur l'empoisonnement par le phosphore et les différentes questions qui s'y rattachent. La nature des' recherches que nous avons crues nécessaires pouvant éloigner encore longtemps le terme de notre travail, nous nous sommes décidés à faire connaître, dès aujourd'hui, celles de nos expériences qui ont trait à l'action exercée par le phosphore amorphe sur l'économie animale. C'est sur des chiens que nous avons expérimenté, en leur admi- nistrant le phosphore rouge, intimement mélangé, au moyen du pilon, avec le fromage d'Italie dont nous les nourrissions. » Première expérience. — Du 28 au 3o juillet, nous avons donné, par doses de 2 grammes chaque jour, 6 grammes de phosphore rouge à un chien vigoureux. Le 3i, nous avons porté la dose à 5 grammes. Nous avons at- tendu jusqu'au 7 août, et alors, voyant que la santé de l'animal n'était point troublée, nous avons recommencé à lui administrer 1 grammes par jour jus- qu'au 19. A cette date l'animal avait avalé 36 grammes de phosphore rouge depuis le commencement de l'expérience. Comme aucun accident ne surve- nait, nous lui avons introduit, le ai août, dans l'estomac 2 grammes de phosphore ordinaire, et nous lui avons lié l'œsophage. Le lendemain, à 9 heures du matin, l'animal succombait. » Pendant toute la durée de l'expérience, ce chien rendait avec ses fèces du phosphore rouge parfaitement reconnaissable, et, après l'ingestion du phosphore ordinaire, les matières fécales répandaient des vapeurs phospho- rescentes. » Deuxième expérience. — Le même jour, nous avons fait avaler à une chienne, très-jeune il est vrai, 5o centigrammes de phosphore ordinaire sus- pendu dans de l'huile d'olive, et l'animal n'a survécu qu'un quart d'heure. » Troisième expérience. — Le 28 novembre, nous administrons à une chienne robuste et très-bien portante 10 grammes de phosphore rouge. ( ioi) Elle n'achève les aliments qui lui étaient offerts que le lendemain ; mais elle ne donne d'ailleurs aucun signe de souffrance. Le 3o, la dose est portée à 5o grammes; l'animal dévore tout son repas en un moment, mais bientôt il vomit. Dès le lendemain, cependant, il est gai et mange avec appétit. Les 4, 5, 6 et 7 décembre, la même chienne avale ao grammes par jour. Le 8 et le io, 3o grammes; et enfin, le 1 1, elle mange très-bien sa ration, à laquelle nous avions mélangé 5o grammes de phosphore; cette fois elle ne vomit pas. Le lendemain 12, elle mange avec appétit. En somme, cette chienne, sans compter les 5o grammes qu'elle a vomis, a donc avalé en douze jours aoo grammes de phosphore rouge. » Nous la pendons le 12 à 6 heures du soir : à l'autopsie, nous ne trou- vons aucune lésion ; l'œsophage, l'estomac et le tube digestif présentent une coloration rouge qui ne peut être attribuée qu'au phosphore amorphe. » Quatrième expérience. — Le 21 décembre à 4 heures, nous avons introduit dans l'estomac d'un chien vigoureux 1 grammes de phosphore ordinaire grossièrement pulvérisé dans l'eau chaude. Le lendemain matin, l'animal était mort. » Voulant rechercher pendant combien de temps le phosphore peut res- ter après la mort dans les organes à l'état de phosphore libre, nous avons retardé l'ouverture jusqu'au L\ janvier. Quelle n'a pas été notre surprise, lorsque nous avons vu que les organes de cet animal étaient aussi frais que si la mort ne datait que de quelques minutes! tandis qu'un autre chien, qui n'avait pas été empoisonné par le phosphore, abandonné seulement depuis trois jours à coté du premier, était déjà dans un état de putréfaction avancée. » Dans l'œsophage et dans l'estomac du chien empoisonné se trouvait une matière jaunâtre spumeuse qui répandait des vapeurs de phosphore. Placée sur une lame métallique chauffée au rouge, cette matière brûle sur quelques points avec une flamme blanche vive et des vapeurs épaisses. A ces caractères il est facile de reconnaître la présence du phosphore libre. » Nous réservons cette matière pour faire quelques réactions. » La membrane muqueuse de l'œsophage et de l'estomac présente une rougeur vive. Les valvuves auriculo-ventriculaires gauches offrent dans toute leur longueur, aux points d'insertion aux parois cardiaques, une ecchy- mose très-nette. Les valvuves auriculo-ventriculaires droites sont vivement injectées. » Pour séparer le phosphore mêlé au liquide trouvé dans l'estomac et mieux le caractériser, nous avons placé ce liquide en digestion avec du sul- ( ao3 } fate de carbone dans un ballon bouché. Le lendemain nous filtrons ; la liqueur qui passe parfaitement limpide se partage en deux couches : l'une aqueuse, l'autre oléagineuse, formée par le sulfure de carbone. Celle-ci est placée dans une capsule et abandonnée à l'évaporation spontanée. Quand tout le sulfure de carbone s'est dégagé, il reste une masse jaune possédant tous les caractères du phosphore : lumineuse dans l'obscurité, répandant une odeur alliacée, brûlant avec une flamme blanche vive accompagnée de vapeurs blanches épaisses, laissant enfin après sa combustion un résidu rouge. » Cette expérience, qui montre déjà que i grammes de phosphore ordi- naire suffisent pour tuer un chien, a fixé notre attention d'une manière spéciale par quelques particularités que nous allons signaler; elle indique, en effet, qu'à la suite d'un empoisonnement par le phosphore : » i°. Ce corps peut exister dans les organes, à l'état libre, quinze jours après la mort. Ce fait, s'il a été entrevu ou vaguement prévu, n'a pas été jus- qu'à présent, que nous sachions, observé. Il est possible, d'ailleurs, que le phosphore se conserve encore plus longtemps dans le même état, et il est facile de comprendre quel parti peut tirer de cette observation, dans des cas analogues, l'expert chargé de constater l'empoisonnement. » a°. La putréfaction est, dans certains cas, singulièrement retardée. » 3°. Le sulfure de carbone est un bon dissolvant pour séparer le phos- phore libre des matières avec lesquelles il est mélangé dans l'estomac et qui masquent les propriétés caractéristiques de ce métalloïde. » Les remarques précédentes nous ont paru mériter une mention, mais nous avons cité cette dernière expérience surtout parce qu'elle concourt avec les autres à démontrer que l'action exercée sur l'économie animale par le phosphore amorphe n'est pas comparable à celle que produit le phosphore ordinaire ; il est même permis de dire que le premier de ces corps n'est pas vénéneux. Cette assertion, déjà avancée par d'autres obser- vateurs sans preuves suffisantes, n'a été incontestablement établie pour nous que par l'ensemble des expériences que nous venons de rapporter. » chimie. — Recherches sur le tungstène et quelques-unes de ses combinaisons ; par M. A. Riche. (Commissaires, MM. Peligot, Despretz, Balard.) « Pour préparer le tungstène métallique, j'ai eu recours à la réduction de l'acide tungstique par l'hydrogène et à l'attaque du chlorure par le so- ( 204 ) dium. Si l'on fait passer un courant d'hydrogène pur et sec dans un tube de porcelaine luté contenant de l'acide tungstique et qu'on chauffe au rouge pendant deux heures au moins, au moyen de coke cassé en petits fragments, on obtient une matière qui ne renferme plus d'oxygène. Quand on opère à une température plus basse, il reste toujours une quantité plus ou moins considérable d'oxydes inférieurs. » Le tungstène produit à cette haute température n'est point fondu, pas même agrégé ; il se présente en petits grains cristallisés, susceptibles de prendre l'éclat métallique par le frottement et rayant le verre avec facilité : placé dans un feu de forge assez violent pour ramollir et déformer le creu- set, il y est resté à l'état solide ; c'est grâce à M. Despretz, qui a bien voulu mettre à ma disposition la pile de la Faculté des Sciences, que je suis par- venu à le fondre, et il m'a fallu pour atteindre ce résultat le soumettre à l'ac- tion de 200 éléments Bunsen ordinaires ; dans ces circonstances, une por- tion notable du métal s'oxyde et donne dans sa combustion une flamme bleue qui, projetée sur un écran blanc dans l'obscurité, présente de très- belles teintes. » Le tungstène ne s'oxyde qu'à une température très-élevée dans l'air ou même dans l'oxygène sec, et encore l'action est lente. Il ne brûle pas dans le chlore sec, et il faut que sa température soit portée à 3oo degrés en- viron pour que l'attaque ait lieu. » L'acide azotique tenu à 70 ou 80 degrés le change, au bout de trois à quatre jours, en acide tungstique. L'eau régale agit avec un peu plus de rapidité. Les acides sulfurique et chlorhydrique concentrés le transforment en oxyde bleu, et à la longue cet oxyde se change en acide tungstique. » L'eau aérée distillée ou ordinaire paraît sans action sur lui, même après un contact d'un mois et demi : il en est de même d'une eau alcaline, tandis que cette même eau contenant un peu d'acide sulfurique se colore en bleu; mais l'action est lente et très-faible. Ce métal n'attaque pas l'eau à 100 degrés, mais au rouge la décomposition de l'eau se fait avec la plus grande énergie, le tungstène se gonfle et bientôt tout est transformé en oxyde. » Si l'on place du tungstène avec de l'iodure d'éthyle dans un tube scellé à la lampe et qu'on chauffe à la température de 240 degrés environ, ce métal est à peine altéré au bout de dix jours de contact : cependant on voit nager dans la liqueur de petites aiguilles nacrées qui sont de l'oxy-iodure de tungstène. » Si l'on remplace l'oxyde d'éthyle par de l'iodure de méthyle, l'action ( 205 ) est plus nette; le liquide distillé donne, outre de l'iodure de méthyle non attaqué, une liqueur visqueuse bouillant à une température élevée. Si on l'agite avec de l'alcool éthéré un peu chaud, il se sépare une huile, tandis quel'éther abandonne parévaporation une substance qui, convenablement purifiée, cristallise en larges plaques incolores, fond vers 1 10 degrés et pré- sente à l'analyse la composition 3(C2H3)Tu, 1. Cet iodure, agité avec de l'oxyde d'argent récemment précipité, produit une poudre blanche qui est l'oxyde : 3(C2Hs)Tu, O. » Ce corps se combine aux acides et donne naissance à des sels incristal- lisables, restant, si on les concentre, à l'état d'un liquide visqueux, d'où les alcalis reprécipitent l'oxyde précédent. Ces sels se produisent de même en attaquant l'iodure par les acides correspondants. » Pour déterminer l'équivalent du tungstène, je me suis basé sur la ré- duction par l'hydrogène pur de l'acide tungstique Tu O3, dont la composition est généralement admise. Le poids de l'eau recueillie, celui du tungstène restant, conduisent au nombre 87; ce chiffre est un peu plus faible que celui qu'on a admis jusqu'alors, et cela devait être, car on avait employé pour cette détermination de l'acide tungstique mêlé d'alcali (parce qu'il a été préparé au moyen du carbonate de soude) ; tandis que j'ai opéré sur de l'a- cide pur retiré par calcination d'un sel ammoniacal ou précipité par l'eau du chlorure pur et sublimé. » Voulant obtenir le tungstène par l'action de son chlorure sur le so- dium, j'ai dû d'abord me préoccuper de la préparation sur une échelle un peu grande de la matière rouge connue sous le nom de chlorure de tungstène, qu'on s'était procurée jusqu'alors par l'attaque du tungstène au moyen du chlore; j'y suis parvenu aisément en dirigeant un courant de chlore sec sur un mélange de 1 partie d'acide tungstique et de 3 parties de charbon en poudre, placé dans une cornue en grès bitubulée chauffée au rouge sombre. Pour l'obtenir à l'état de pureté, on n'a plus qu'à le redis- tiller avec soin dans un courant d'hydrogène ; comme il est plus volatil que les autres composés produits dans cette réaction, il s'en sépare avec facilité. » Ce composé chauffé avec du sodium dans un tube rempli d'hydrogène me donnant toujours de l'eau et de l'oxyde de tungstène, j'ai été naturelle- C. R., i856, i« Semestre. (T. XLI1, N° S.) 28 ( ao6 ) ment amené à penser que ce prétendu chlorure contenait de l'oxygène; en effet, soumis à l'analyse, il m'a donné des nombres conduisant exactement à la formule TuCl'O. Traité par l'eau, ce composé se décompose rapidement en acide tungstique et acide chlorhydrique ; mais si l'on fait l'expérience dans un tube bouché et sur le mercure, on constate de plus qu'il ne se dégage pas d'hydrogène; cette réaction, inexplicable en admettant la formule Tu Cl* , se comprend très-bien au contraire si l'on reconnaît à cette matière la composition repré- sentée plus haut. En effet, on a TuCl20 + 2HO = Tu03 + aHCl. Il existe cependant des chlorures de tungstène, et si jusqu'à présent on n'en a pas constaté la présence, cela tient à ce qu'ils se changent en oxychlorure rouge en présence des plus petites quantités d'eau. » Trichlorure de tungstène. — Ce composé s'obtient abondamment en dirigeant un courant de chlore sec sur du tungstène bien pur placé dans un tube de porcelaine chauffé, et où l'on a fait passer à l'avance de l'hydro- gène desséché dans le but d'enlever l'air et l'humidité. 11 constitue une ma- tière cristallisant par sublimation err longues aiguilles gris d'acier qui fon- dent à la température de 218 degrés, et donnent un liquide uoir se concré- tant en un culot gris dont l'aspect, la cassure, ont toute l'apparence de l'iode. L'eau le décompose instantanément. Son analyse conduit exactement à la formule Tu Cl3. » Bichlorure de tungstène. — Ce corps se prépare en très-petites quan- tités quand on réduit par l'hydrogène le chlorure précédent placé dans un tube en verre. On s'arrête quand il ne se dégage plus d'acide chlorhydrique. Il reste une petite quantité d'un produit brun-noirâtre qui présente à l'ana- lyse la composition Tu Cl*. Il est assez difficile de se tenir dans les limites restreintes de température où cette réaction a lieu. Si l'on chauffe trop, le trichlorure est volatilisé et le produit souillé par du tungstène métallique dont une partie se dépose sur les parois du tube en un bel anneau mi- roitant. » Bisulfure de tungstène.— Le sulfure de tungstène correspondant à l'a- cide tungstique s'obtient assez facilement ; mais il n'en est pas de même pour le bisulfure de ce métal. Je suis parvenu à le préparer à l'état de pureté par un moyen très-simple, qui consiste à chauffer ensemble poids égaux dé bi- ( ™7 ) tungstate de potasse et de soufre dans un creuset en terre jusqu'à fusion tranquille de la matière. On traite le résidu par l'eau qui dissout le tung- state de potasse, et on lave sur un filtre le sulfure qu'on dessèche ensuite. C'est une matière noire, cristallisée en petites aiguilles, s'oxydant au rouge au contact de l'air, ou à 5o degrés en présence de l'acide nitrique, et présentant exactement la composition du bisulfure de tungstène. » chimie industrielle. — Mémoire sur l'emploi du sulfure de carbone comme moyen d 'extraction du suif des os, de l'huile des graines oléagi- neuses, et du dégraissage des 'aines ; par M. E. Deiss. (Extrait. ) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen.) « . . En 1 84o, le sulfure de carbone était encore préparé dans les labo- ratoires, soit dans des canons de fusil recourbés, soit dans des petites cor- nues en grès. Le prix commercial à cette époque variait de 5o à 60 francs le kilogramme ; j'ai rapidement descendu le prix de ce produit, et déjà en 1848 je l'ai vendu au prix de 8 francs le kilogramme à MM. Perroncel et Gérard, pour la vulcanisation du caoutchouc par le sulfure de carbone et le chlorure de soufre. Aujourd'hui, avec un appareil composé de trois cor- nues, je fabrique, dans mon établissement de Pantin, l'énorme quantité de 5oo kilogr. de sulfure en vingt-quatre heures. Le même fourneau, les mêmes cornues avec le même chauffage, il y a à peine un an, ne produisaient que i5o kilogrammes dans le même laps de temps ; et ce produit, qui naguère, comme je le disais, valait 60 francs le kilogramme, me revient aujourd'hui à 5o centimes le kilogramme; et je ne doute pas que, fabriqué dans de plus grandes proportions, il ne puisse bientôt être livré à l'industrie au prix de 4o francs les 1 00 kilos. » A cet excessif bon marché se joint sa facile régénération. Le sulfure de carbone exige 4^ degrés pour son point d'ébullition : que l'on en remplisse un flacon, qu'on le place dans un bain chaud, dans lequel on peut facile- ment tenir la main, le sulfure entrera rapidement en ébullition, l'absorption de calorique spécifique est presque nulle. Aussi facilement qu'il entre en ébullition, aussi facilement se condensent ses vapeurs; sa distillation est ra- dicale, entière et sans résidus ; en cela il diffère des essences et des éthers, qui laissent derrière eux, les uns des résidus résineux, les autres des modifi- cations d'éther, soit acides, soit alcools. » M'étant trouvé, grâce au pouvoir productif de mon appareil, en pos- session d'immenses quantités de sulfure de carbone tout à fait hors des pro- 28.. ( 208 ) portions de vente, puisque jusqu'ici ce produit n'a été employé qu'à la vulcanisation du caoutchouc, j'ai dû lui chercher d'autres applications industrielles, et j'en ai découvert une, que je considère comme de la plus haute importance, l'emploi du sulfure comme agent d'extraction des corps gras. » Paris produit 3oooo kilogrammes d'os par jour, lesquels des mains des chiffonniers arrivent dans les fabriques de noir animal ou de gélatine. A l'arrivée des os, ils sont triés, placés par catégories, les uns affectés à la fabri- cation de noir animal , d'autres à la fabrication de la gélatine, et quelques- uns enfin (tibia, péroné et fémur) sont revendus aux fabricants de bou- tons; mais l'immense majorité des os est employée à la fabrication du noir animal, on n'en emploie pasmoins de a 5 ooo kilogrammes par jour à cet usage; ces os avant d'être livré à la calcination subissent un travail préparatoire qui a pour but l'extraction du suif. Pour cela on casse les os à la hache, on les fait bouillir dans des grandes chaudières avec de l'eau pendant trois heures environ; la graisse vient à surnager, on l'écume, on retire les os ainsi dé- graissés, on les'jette sur un tas pour leur faire subir une espèce de fermenta- tion dans laquelle la production de la chaleur amène un certain état de dessiccation qui permet à l'os d'être livré à la calcination. » Dans les deux opérations qui précèdent, l'os subit une profonde alté- ration : par la coction prolongée dans l'eau une grande quantité de gélatine, si nécessaire à la fabrication d'un bon noir, se dissout ; mais c'est principa- lement la fermentation et l'exposition forcée des os pendant quelques mois à l'air qui amène la presque complète destruction de la matière animale, de là un noir d'une mauvaise qualité; et tout cela pour ne donner que de 5 à 6 pour i oo de suif. » J'arrive à des résultats bien plus avantageux par l'application du sulfure de carbone : je concasse mes os presque en poudre, je les traite par cet agent qui dissout presque instantanément tout le suif contenu dans les os, et ce sans altération aucune de sa matière animale; je distille et j'obtiens de io à la pour ioo de suif d'une qualité supérieure à celui obtenu parla coc- tion.... » L'auteur fait ensuite connaître les procédés qu'il a imaginés pour l'appli- cation du sulfure de carbone à l'extraction des huiles provenant des graiues oléagineuses, et au dégraissement des laines en suint. Le défaut d'espace nous empêche de le suivre dans cette partie de son travail. Nous nous con- tenterons de dire, relativement à ce dernier emploi, que le suint isolé par la I 2°9 ) nouvelle méthode devient lui-même un produit utilisable ; il se présente sons forme d'une substance butyreuse propre à entrer dans la composition de certains savons. économie rurale. — Note sur le r empoissonnement des cours d'eau; par M. C. Millet, inspecteur des forêts. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée.) « La Note résume les principaux résultats que j'ai obtenus, dans la gare de Choisy-le-Roi, par l'emploi de moyens réellement pratiques destinés à assurer l'empoissonnement des cours d'eau — Dans mes explorations sur les rives de la Seine, j'ai reconnu que la gare de Choisy pouvait être utilisée pour des travaux de pisciculture pratique. Cette gare, qui est creusée pa- rallèlement au cours de la Seine, forme, sur la rive droite de ce fleuve, un grand rectangle de 4°° mètres de longeur sur 60 mètres de largeur; elle communique directement avec la Seine par un petit canal complètement libre, sans écluse et sans barrage. » Pendant ces trois dernières années, a partir du mois d'avril i852, j'ai installé mes appareils dans la gare et j'y ai organisé des frayères artificielles, placées sous la surveillance des employés de la gare. Mes frayères artifi- cielles couvertes chaque année de plusieurs millions d'œufs, et mes appareils flottants chargés chaque année de plusieurs milliers d'œufs des meilleures espèces, ont produit des quantités considérables de jeunes poissons qui peuplent aujourd'hui la gare, et qui, au fur et à mesure de leur dévelop- pement, se répandent dans les cantons limitrophes sur tout le cours de la Seine. Ces résultats, surtout cette qui se rapportent aux années 1 853 et i854, pendant lesquelles la reproduction naturelle du poisson a été nulle ou presque nulle dans la contrée, en raison des influences atmosphériques et du régime des eaux, ont produit une heureuse impression sur les riverains, pour la propagation et la conservation du poisson, et sur les nombreux visiteurs qui ont suivi mes expériences, et qiii n'ont pas tardé à en appli- quer les principes sur divers points de la France et de l'étranger. » Pour ne laisser subsister aucun doute, aucune incertitude dans l'esprit des riverains, même les plus incrédules, j'ai eu l'idée de faire éclore, dans la gare, des œufs de poisson rouge ou Cyprin doré de la Chine. Dès le printemps de i855, cette jolie espèce était abondamment répandue dans la gare et dans la Seine, à plusieurs kilomètres de distance. Antérieurement à cette importation, l'inspecteur de la navigation et les riverains qui habitent ( 2I° ) le pays depuis plus de trente ans, n'avaient pas vu ou péché un seul poisson rouge. » L'importance des résultats obtenus fixera, j'ose l'espérer, la bienveil- lante attention de l'Académie, et pourra peut-être donner une nouvelle preuve à l'appui de l'opinion que j'ai émise, à savoir que la pisciculture pratique était facile et peu coûteuse sur les cours d'eau, et que leur empois- sonnement pouvait être opéré sans avoir recours à des établissements spé- ciaux. » M. S. Cadet adresse, de Rome, un nouveau manuscrit contenant ; i°. Des rectifications relatives a ses communications précédentes. a°. Des considérations sur les causes de certaines monstruosités et de certains cas de grossesse extra-utérine et de quelques cas de stérilité. 3°. Des observations sur les bons effets obtenus de l'éthiops minéral dans le traitement du choléra-morbm et de quelques autres maladies. Dans cet envoi sont comprises six planches relatives, les unes à son Mémoire sur les déjections des cholériques, les autres à sa Note sur une nouvelle distri- bution des corps naturels. v Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour les précédentes com- munications de l'auteur.) M. Elwart transmet des documents à l'appui des précédentes commu- nications de M. Tironi sur le traitement du choléra- morbus. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission spéciale du concours pour le prix du legs Rréant. ) M. Leveap adresse une Lettre relative à sa précédente communication sur • le traitement du choléra-morbus. (Renvoi à la même Commission.) M. Beavpoi'l envoie de Bruxelles, pour le concours Montyon (prix de Médecine et de Chirurgie), un Mémoire imprimé portant pour titre: « De l'entéropathie métallique », et y joint, conformément à une condition imposée aux concurrents, une Note manuscrite indiquant ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) ( an ) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Lettre de M. le Minis- tre de l'Instruction publique qui, en date du 22 janvier, autorisait l'Aca- démie à prendre, sur les fonds restés disponibles, une somme destinée à augmenter trois des prix qui devaient être décernés dans la séance du 28. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du Catalogue des Brevets d'invention pris en 1 854- M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Rayer, président de la Société de Zoologie, un exemplaire du tome Ier de la seconde série des Comptes rendus et Mémoires de cette Société. M. C. Gay prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nom- bre des candidats pour la place aujourd'hui vacante dans la Section de Botanique. « Par la mort de M. Gaudichaud, la Section, dit M. Gay, se trouve privée d'un botaniste voyageur, genre de mérite qui a été en quelque sorte tou- jours représenté depuis la nouvelle organisation de l'Institut, d'abord par Desfontaines et Labillardière, et ensuite par Auguste Saint-Hilaire et Gau- dichaud. Si, comme je le pense, les intentions de l'Académie sont de con- server dans cette Section un- voyageur toujours à même, par sa grande expérience, de prendre une part très-active à la plupart des questions scien- tifiques extra-européennes que la fréquence des voyages fait à tout moment naître et auxquelles l'Académie s'intéresse si vivement, je vous prie, Monsieur le Président, de vouloir bien me faire inscrire au nombre des candidats pour la place aujourd'hui vacante. » (La Lettre, avec l'Exposé des titres qui y est joint, est renvoyée à l'examen de la Section de Botanique. ) M. Ehrmann, professeur d'anatomie pathologique à la faculté de Stras- bourg, prie l'Académie de vouloir le considérer comme candidat pour la place de Correspondant vacante dans la Section de Médecine. • (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine.) M. Vicat, dont les recherches statistiques sur les substances calcaires à ( 212 ) chaux hydraulique et à ciment naturel ont obtenu un des prix décernés dans la séance publique du 28 janvier dernier, adresse des remercîments à l'Académie. La Société royale des Sciences d'Upsal adresse à l'Académie le Ier vo- lume d'une troisième série de ses Acta. La Société impériale des Naturalistes de Moscou envoie deux nouveaux numéros de son Bulletin. L'Académie royale des Sciences de Madrid envoie deux nouvelles livrai- sons de ses Mémoires (Sciences naturelles, t. Ier, partie III; Sciences ma- thématiques, t. II, Ire partie); 20 un Résumé des Actes de l'Académie poul- ies années i85i-i852 et i852-i853; 3" un programme des prix proposés pour l'année i856. La Société Linnéenne de Londres envoie une nouvelle série des procès- verbaux de ses séances et remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. « M. Moquin-Tandon présente à l'Académie, de la part de M. A. Bec- querel, médecin de. l'hôpital de la Pitié, agrégé à la Faculté, de médecine de Paris, une Note manuscrite, intitulée : Du Développement de la Fièvre typhoïde chez les animaux. M. Moquin-Tandon résume, dans les termes suivants, le travail de M. Becquerel. » Dans une vaste propriété, aux environs de Paris, appelée le Louvrel, appartenant à M. Mainguet, se trouve un château entouré d'un parc. Ce parc, placé à peu près en amphithéâtre sur les bords de la Seine, renfermait une centaine de lièvres qu'on ne chassait pas. Depuis quatre ans , on voyait, de temps en temps, certains de ces animaux, fatigués, qui ne fuyaient pas l'approche de l'homme, et qui venaient mourir dans les allées. Ils ne présentaient aucune blessure grave, mais ils étaient amaigris, efflan- qués et avaient le ventre volumineux et ballonné. Cet automne, la mor- talité augmenta considérablement. On consulta M. A. Becquerel, et on lui envoya trois sujets. M. Becquerel examina ces lièvres avec soin. Il en donne, aujourd'hui, dans sa Note, l'autopsie et l'anatomie pathologique. Il fait remarquer que ces animaux présentent les lésions les mieux caractérisées de i&jîèvre typhoïde. Il est mort de cette maladie, dans le parc dont il s'agit, depuis quatre ans, de soixante-dix à quatre-vingts lièvres. » (*i3) physique mathématique — Note sur la chaleur latente des vapeurs; par M. Li <;i(\\i), professeur d'Astronomie à la Faculté des Sciences de Mont- pellier. « Nous calculons mal la chaleur latente des vapeurs, parce que nous ne prenons pas en considération leur chaleur spécifique; c'est ce qui nous empêche d'apercevoir la loi très-simple qui paraît la régir. En effet, nous concevons, souvent sans le dire, que la vapeur se condense à la température où elle entre dans le serpentin, et nous établissons la formule comme si dès ce moment elle possédait la même quantité de chaleur qu'un poids égal de liquide à la même température. Mais il faut faire attention qu'au moment où elle change d'état, elle change brusquement de chaleur spécifique et en prend une plus forte. En opérant comme si c'était du liquide à même tem- pérature, on lui attribue plus de chaleur libre qu'elle n'en avait à l'état de vapeur, et l'on prend ce surplus à la chaleur latente qu'on trouve par suite trop faible. » Voici comment il me semble qu'il faut procéder. Soient t, m, c, la température, le poids et la chaleur spécifique de la vapeur saturée ; t', m', c', la température initiale, le poids et la chaleur spécifique du liquide employé à la condensation (le serpentin compris); enfin t" la température finale de ce liquide quand la condensation est opérée, et x la chaleur latente de l'unité de poids de vapeur. Le liquide, après la condensation, a la masse m -+- m' ; et sa quantité de chaleur au-dessus de zéro est {m -+- m') c' t". Elle se compose de ce qu'elle était d'abord m'c't', plus de la chaleur libre met de la vapeur au-dessus du même point, plus de la chaleur latente mx ; on a donc : met + mx -+- m' c' t' = {m + m')c' t", d'où l'on tire x = — {r-t')-ct+-c't" pour la chaleur latente de l'unité de poids, et m' c' x-het ou X = — (? — t') + c't" m » ' pour la chaleur totale. Par le raisonnement ordinaire on aurait m' c' J= — (t"-t')-Ct + c't" C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° 3.) 29 ( 214 ) pour la chaleur latente, et r-hCt ou Y= — à"- ?) + &'? pour la chaleur totale. Les formules coïncident pour la chaleur totale, et diffèrent pour la chaleur latente ; mais c'est justement celle-ci qui paraît suivre une loi très-simple. On voit bien sans doute que je suppose le liquide condensant de même nature que celui d'où émane la vapeur. On voit égale- ment que je compte le calorique de température de la vapeur à partir de zéro ; il n'est pas difficile de modifier les formules de manière à le compter de telle autre température qu'on voudra.; mais le point de départ que j'adopte paraît mériter la préférence, du moins pour la vapeur d'eau que j'ai surtout en vue. » Pour appliquer la formule de la chaleur latente à la vapeur d'eau, je ne puis mieux faire que d'emprunter les résultats que nous devons à M. Re- gnault, ou plutôt la formule qui les représente. En appelant t la tempéra- ture de la vapeur et l la chaleur totale pour l'unité de poids, il a trouvé que de o degré à a3o degrés les expériences s'accordent de la manière la plus satisfaisante avec la formule / = 6o6,5 -+- o,3o5 .t, ou 1 = o,3o5(i988,5 -+■ t). » Pour déduire de là la chaleur latente, il faut de / retrancher et. Or c ne peut être ici ni la chaleur spécifique sous pression constante, ni la chaleur spécifique sous volume constant; car elles ne peuvent être prises sans faire passer la vapeur ou à l'état de gaz ou en partie à l'état liquide. Pour les va- peurs saturant l'espace, qui ne sont ni gaz ni liquide, il n'y a d'autre chaleur spécifique que celle signalée et définie par M. Regnault [Recherches , etc., tome I, page 727); c'est la quantité de chaleur qu'il faut fournir à 1 kilo- gramme de vapeur saturée pour élever sa température de 1 degré, lorsque l'on comprime en même temps cette vapeur de manière à la maintenir à l'état de saturation; en d'autres termes, c'est -? ou o,3o5. Or, si de / on retrauche o,3o5.£, il reste 606, 5 ; c'est-à-dire que la chaleur latente, cal- culée comme je l'ai expliqué, est constante. Quant aux termes, c'est la loi de Southern; mais au fond, c'est assez différent. Entendue comme je le fais ici, elle me parait devoir être admise comme une déduction ou interprétation très-légitime des expériences de M. Regnault. 11 restera à voir, si elle peut s'appliquer à d'autres liquides. » Mais il importe de remarquer que le chiffre de la chaleur latente dé- pend entièrement du point d'où l'on compte la chaleur de température et. ( «5 ) C'est 6o6,5 quand on la compte du zéro habituel; c'est 637, si on la compte de too degrés; c'est o, si on la compte de — io,88°,5, comme on le voit tout de suite par la seconde expression de /. Dans ce dernier cas, le point de départ est comme un zéro absolu po,ur la vapeur. Il n'y a plus de chaleur latente, mais seulement de la chaleur de température. L'expression de cha- leur latente n'a été introduite que par la comparaison de la vapeur au liquide d'où elle émane. Pour qu'elle eût un sens net ou précis, il faudrait qu'il y eût une limite connue de température au-dessous de laquelle la va- peur ne se forme plus. On prendrait naturellement cette limite pour origine des températures de la vapeur ; et, quand celle-ci naîtrait à une température quelconque, on ferait mentalement deux parts de la chaleur qu'elle prend au liquide. L'une serait celle qu'il lui faudrait pour exister à l'état de vapeur saturant l'espace à la température limite, et l'autre celle qui lui donne la température du liquide ; la première serait la chaleur latente, et la deuxième la chaleur de température entendue comme ci-dessus. En l'absence d'une telle limite, l'expression de chaleur latente conserve un vague qu'on ne peut faire disparaître qu'en en adoptant une arbitrairement; celle de zéro paraît très-convenable, surtout pour la vapeur d'eau. » physique. — Note sur l'emploi ries appareils d induction } effets des' machines multiples ; par M. Léon Foucault. « Les machines d'induction, telles que les construit aujourd'hui l'habile artiste M. Ruhmkorff, passent parmi les hommes de science pour avoir atteint le plus haut degré de puissance qu'elles comportent ; lorsqu'on veut leur donner des dimensions plus considérables, l'effet ne croît pas propor- tionnellement, et les organes d'interruption du courant inducteur se dé- truisent avec une rapidité qui oblige à revenir au modèle consacré par l'usage. Cependant ces sortes d'appareils remplaceraient sans doute avec avantage l'ancienne machine électrique, si l'on parvenait à leur faire pro- duire des effets plus puissants. » Les étincelles qu'on obtient actuellement des machines inductives, ne s'élancent guère au delà de 8 à 10 millimètres, et déjà pourtant elles accusent dans le courant d'induction une forte tension, dont le développement dépend de l'intensité du courant inducteur et de la lon- gueur du fil induit; mais ce qui favorise surtout cette haute tension, c'est la cessation plus ou. moins brusque du courant inducteur. Or il n'y a pas de moyen connu d'interrompre instantanément un courant qui circule •). 9- ( ai6) avec intensité dans un long conducteur métallique. La séparation, quelque rapide qu'elle soit, des pièces contigués destinées aux contacts, n'a jamais lieu sans production d'une étincelle plus ou moins visible, qui montre que tout courant qu'on voudrait arrêter court est effectivement prolongé pendant quelques instants par un extra-courant dirigé dans le même sens. Ces étincelles d'extra-courant sont plus vives, plus durables et plus nuisibles à mesure que le courant interrompu parcourt un plus long circuit, et comme celui-ci se développe nécessairement avec les dimensions de l'appareil, il arrive qu'en cherchant à les accroître on finit par perdre d'un côté ce que l'on gagne de l'autre. » Tel est en réalité l'obstacle qui, malgré l'adjonction du condensateur de M. Fizeau, est venu s'opposer à ce qu'on donnât une plus grande ex- tension au phénomène révélé par l'admirable découverte dé M. Faraday. « Cependant, en assimilant les appareils d'induction aux autres sources connues d'électricité dynamique, qui toutes sont susceptibles d'être réunies en série et de donner des effets de tension proportionnels au nombre des éléments électromoteurs, j'arrivai à conclure qu'il en serait de même entre plusieurs machines inductives, pourvu qu'elles fussent assujetties à fonc- tionner d'une manière concordante. » Si, en effet, cette condition était réalisée, chaque machine ayant ses organes propres, tous les courants inducteurs se distribueraient isolément, et les étincelles d'extra-courant, éclatant par hypothèse au même instant, auraient toutes ensemble même durée que si chaque machine fonctionnait seule; l'influence inductive s'exercerait donc simultanément dans tous les appareils sans qu'il y eût réaction croissante et nuisible provenant de l'ensemble des extra-courants. » Toute la difficulté se trouve ainsi ramenée à établir entre plusieurs machines une solidarité qui maintienne entre les phases des courants in- ducteurs une concordance parfaite. Quand on opère avec deux machines, ce résultat s'obtient d'une manière assez simple en alimentant les deux courants inducteurs par une même pile, et en faisant communiquer métalliquement les interrupteurs électromagnétiques. » Pour fixer les idées, je suppose que le courant fourni par le pôle positif de la pile pénètre en se bifurquant dans les bobines inductrices ; au sortir de celles-ci, les deux rameaux rencontrent les interrupteurs, traversent les points de rupture et se réunissent au delà pour rentrer dans la pile par le pôle négatif. Dans ces circonstances, les deux machines marchent à la fois, mais d'une manière indépendante et sans augmentation notable du ( 2I7 ) résultat final. Si alors on établit une communication entre les deux courants partiels par un fil métallique inséré de part et d'autre en quel- que point du fil inducteur situé entre la bobine et la pièce vibrante, l'accord s'établit et le système fonctionne avec la puissance d'une machine double. » Cet accord résulte évidemment de ce que celui des deux marteaux in- terrupteurs qui, par une cause quelconque, tendrait à prendre l'avance, détermine par son jeu les mêmes périodes d'aimantation dans les deux ma- chines, et que, par suite, il oblige l'autre marteau à le suivre d'assez près pour que leurs mouvements simulent un synchronisme parfait, et qu'il y ait partage de l'étincelle entre les deux points de rupture. » On reconnaît qu'effectivement les tensions ont gagné, caries étincelles du courant induit sont bruyantes, sinueuses et longues de 16 à 18 milli- mètres. » Si l'on voulait étendre à plusieurs appareils l'expérience qui m'a réussi pour deux, il y aurait encore à compter avec certaines difficultés. D'abord Je synchronisme ne pourrait pas s'établir d'une manière aussi simple, et de plus l'isolement des deux bobines formées par l'enroulement du fil induc- teur et du fil induit deviendrait insuffisant. Déjà, en opérant avec deux ma- chines, il est nécessaire pour éviter les pertes d'établir les communications de telle sorte, que les tensions positives et négatives s'accumulent aux extré- mités externes et libres des deux fils induits, tandis que les extrémités internes réunies persistent à l'état naturel. » Si l'habile constructeur, de qui l'on tient le bel appareil généralement désigné sous son nom, croit pouvoir réaliser un isolement plus parfait, on arrivera sans doute à reculer de plus en plus la limite qui paraissait s'oppo- ser à l'extension progressive des phénomènes d'induction. » chimie ORGANIQUE. — Recherches sur une nouvelle classe d alcools; par MM. Auguste Cahoirs et A.-W. HorMANN. « En soumettant à la distillation sèche la glycérine, soit seule, soit addi- tionnée de bisulfate de potasse on d'acide phosphorique anhydre, M. Red- tenbacker obtint un produit remarquable, auquel il donna le nom d'acro- léine. Celui-ci présente tous les caractères d'une aldéhyde et, de même que l'aldéhyde vinique, se change, sous l'influence des corps oxydants, en un acide auquel il donna le nom d'acide acrylique. » Les recherches de MM. Will et Wertheim sur les essences d'ail et de moutarde conduisirent à rapprocher ces composés de l'acroléine, analogies ( »i8) qui furent mises en évidence par les travaux récents de MM. Berthelot et de Luca, relatifs au propylène iodé, corps analogue aux propylènes chloré et brome obtenus antérieurement par MM. Cahours, Reynolds et Hof- mann,et surla transformation ultérieure de ce produit en essence de mou- tarde par son action sur le sulfocyanure de potassium. » Il restait donc à trouver la clef de voûte de cet édifice, c'est-à-dire l'al- cool auquel on pût non-seulement rattacher tous les composés précédents, mais encore faire naître une série de produits correspondant, soit aux éthers simples, soit aux éthers composés dérivés de l'alcool ordinaire. Après bien des tentatives demeurées longtemps infructueuses, nous sommes parvenus à produire l'alcool et l'éther de cette série, pour laquelle nous adopterons le nom de série acrylique, de même qu'un certain nombre d'éthers com- posés. Pour arriver à ce résultat, nous avons fait réagir le propylène iodé sur divers sels d'argent. C'est ainsi que dans l'action réciproque de l'oxa- late d'argent et du propylène iodé on obtient de l'iodure d'argent et de l'oxalate acrylique. Ce dernier, séparé de l'iodure d'argent, lavé à 1 eau, séché sur du chlorure de calcium, puis distillé, se présente sous la forme d'un liquide incolore, limpide, plus pesant que l'eau, doué d'une odeur aromatique qui rappelle celle de l'éther oxalique, bouillant à 207 degrés, auquel l'analyse assigne une composition qui s'accorde avec la formule C8H50« = C203,C8H50 Traité par un excès d'ammoniaque sèche, ce composé se transforme en bxamide, en régénérant l'alcool acrylique. Ce dernier est un liquide inco- lore, très-mobile, doué d'une odeur piquante qui rappelle celle de la mou- tarde, bouillant à io3 degrés, auquel l'analyse assigne la formule C* H" Oa = 4 vol. vapeur. » L'alcool acrylique brûle avec une flamme beaucoup plus lumineuse que l'alcool ordinaire. Il se mêle en toutes proportions avec l'eau. Traité par le potassium, il dégage de l'hydrogène et se transforme en une matière gélatineuse qui correspond à l'alcool potassé. Cette dernière est vivement attaquée par l'iodure acrylique (propylène iodé), il se dépose de l'iodure de potassium en abondance, en même temps qu'il se forme un liquide incolore, plus léger que l'eau, entièrement insoluble dans ce véhicule, qui correspond à l'éther ordinaire. La réaction s'explique facilement au moyen de l'équa- tion C6H5R02 ± C8H5I = Kl -+ C,aH,0O2. » En traitant l'alcool potassé par l'iodure acrylique, ou bien l'alcool acry- ( »»9 ) lique potassé par l'iodure d'éthyle, il se forme de l'iodure de potassium, et l'on obtient un liquide limpide, incolore, aromatique, qui n'est autre chose qu'un éther mixte renfermant les radicaux éthyle et acryle. » Le phénol potassé donne des résultats analogues par son action sur l'iodure acrylique. « En distillant l'alcool acrylique avec le chlorure, le bromure ou l'io- dure de phosphore, on reproduit avec la plus grande facilité les éthers chlorhydrique, bromhydrique et iodhydrique de cette série. » L'alcool acrylique se dissout sans coloration dans l'acide sulfurique au maximum de concentration, et donne un acide copule formant avec la baryte un sel soluble et cristal lisable. Ce sel est anhydre; l'analyse lui assigne la formule BaO, SO',CsH50, SO3. « L'acide phosphorique anhydre attaque l'alcool acrylique sous l'in- fluence d'une douce chaleur. Il se dégage un gaz incolore, brûlant avec une flamme très-lumineuse, dont nous n'avons pas fait l'analyse. Selon toute apparence, sa composition doit être exprimée par la formule C6 H4. » L'alcool acrylique est promptement attaqué par les agents oxydants. Un mélange d'acide sulfurique et de bichromate de potasse agit sur ce corps avec une violence extrême. Les produits de cette réaction sont de l'acroléine et de l'acide acrylique. Le noir de platine produit la même trans- formation. Enfin, ce même alcool, traité par la potasse et le sulfure de carbone, donne un composé qui cristallise en belles aiguilles jaunes res- semblant au xanthate de potasse, et auquel l'analyse assigne une formule analogue. » A l'aide de l'alcool lui-même, de l'acide vinique ou de l'iodure acry- lique, tous les termes de cette série se produisent avec la plus grande faci- lité. Voici quelques éthers acryliques obtenus de cette manière. » 11 acryle-oxame'thane ou Xoxamate d'acryle se forme en ajoutant de l'ammoniaque par petites portions à l'oxalate acrylique jusqu'à ce qu'il commence à se former de Poxamide. La solution filtrée donne par l'éva- poration de magnifiques cristaux solubles dans l'alcool. » Le carbonate d'acryle est une huile plus légère que l'eau, qui se pro- duit facilement par l'action du sodium sur l'oxalate. Une solution alcoo- lique de ce composé traitée par la baryte donne du carbonate de cette base en régénérant l'alcool. » Le benzoate d'aciyle se produit facilement par l'action du chlorure de benzoïle sur l'alcool acrylique. C'est un liquide plus pesant que l'eau,, bouillant à 220 degrés, doué d'une odeur aromatique analogue à celle de ( 2 20 ) l'éther benzoïque. L'analyse assigne à ce composé la formule C20 H'° O4 = C24 H5 O3, C6 H5 O. » Le même corps se produit facilement par l'action réciproque de l'io- dure acrylique et du benzoate d'argent. » L acétate d'acryle obtenu par l'action de l'iodure acrylique sur l'acé- tate d'argent est un liquide incolore, très-limpide, plus léger que l'eau, et doué d'une odeur aromatique analogue à celle de l'éther acétique. L'ana- lyse conduit pour cette substance à la formule C,0H804 = C4H303,C8H50. » Le cyanate d'argent est vivement attaqué, même à froid, par l'iodure acrylique; la chaleur produite par la réaction est assez intense pour que le composé qui en résulte distille presque en entier. On obtient ainsi un liquide incolore, très-limpide, bouillant à 82 degrés, doué d'une odeur extrêmement pénétrante, analogue à celle de l'éther cyanique, et qui pro- duit le larmoiement à un haut degré. L'analyse assigne à ce produit la for- mule C8H5 AzO2 = C2AzO, C6H50. C'est le cyanate acrylique. Ce com- posé s'échauffe légèrement lorsqu'on le mêle à l'ammoniaque, disparaît promptement, et la liqueur fournit par l'évaporation une magnifique substance cristallisée, qui n'est autre chose que l'urée acrylique. L'analyse assigne, en effet, à ce composé la formule C* H» Az2 O2 = C2 (H3, C8 H5) Az2 O2, qui ne diffère de la thiosinnamine C8H8Az2S2 = C2(H8,C*H5)Az2S2. qu'eu ce que le soufre s'y trouve remplacé par une quantité équivalente d'oxygène. » L'aniline produit avec le cyanate acrylique une substance analogue qui cristallise avec la plus grande facilité. » Chauffé avec de l'eau, le cyanate acrylique finit par se solidifier entiè- rement. Le produit obtenu de cette manière présente toutes les propriétés et la composition de la sinapoline, c'est-à-dire de la diacryl-urée. En effet, l'analyse que nous avons faite de cette substance conduit à la formule C14 H12 Az2 O2 = C2 [H2, (C8 H5)2] Az2 O2. Sa formation s'explique au moyen de l'équation 2 (C8 H5 AzO2) -h 2HO = C,4H,2Az202 + 2CO2. Cyanate acrylique. Sinapoline. ( aai ) » Le cyanate acrylique se décompose par Tébullition avec une lessive concentrée de potasse ; il se forme bientôt une matière concrète qui nage à • la surface et qui n'est autre chose que cette même sinapoline. Le produit distillé, recueilli dans un récipient refroidi, consiste en un mélange de mé- thylamine, de propylamine et d'acrylamine. Cette dernière distille entre 180 et 190 degrés; elle ne paraît pas susceptible de former, avec le bichlorure de platine, un sel bien nettement cristallisé. » Il résulte des expériences que nous venons de rapporter qu'il existe une nouvelle classe d'alcools, dont l'alcool acrylique formerait le troisième terme. De même que l'alcool ordinaire, l'alcool acrylique fournit une série de dérivés qu'on peut formuler d une manière analogue. » Les différents termes connus de cette nouvelle série peuvent, en effet, se formuler de la manière suivante, en les comparant à leurs correspondants de la série vinique : C6 Hs O2 alcool acrylique , C6HsO, ou C°H"0! éther acrylique, C6H5C1 chlorure acrylique, C6 Hs Br bromure acrylique, C H5 1 iodure acrylique , C6 Hs S sulfure acrylique (essence d'ail), CrPO, C2S' xanthate acrylique, C6 Hs S, C2AzS sulfocyanure (essence de moutarde), C6HsO, C2AzO cyanate acrylique, CcHsO, C203 oxalate acrylique, C" Hs O, C4 H1 Az O5 oxamate acrylique, C6 H5 O, CO2 carbonate acrylique , C6 Hs O, C4 H3 O3 acétate acrylique , C8 HsO, Cu H5 O3 benzoate acrylique, C6 H5 O, SO3, HO, SO3 acide sulfoacrylique , CeH402 aldéhyde acrylique (acroléine) Cs H* O4 acide acrylique , C6 H8 hydrocarbure (propylène), C8 H" Az2 O2 urée acrylique , C" H12 Az2 O2 diacrylurée ( sinapoline ) , C H9 AzJ S2 urée acrylique sulfurée (thiosin- namine), C4 H6 O2 alcool vinique, C4H50 ou C8H">02 éther ordinaire, C* Hs Cl chlorure éthylique, C* Hs Br bromure éthylique , C* H5 1 iodure éthylique, C4 Hs S sulfure éthylique , C4 H5 O, C2 S4 xanthate éthylique, C4 H5 S, C2 Az S sulfocyanure éthylique, C4 Hb O, C2 Az O cyanate éthylique, C4HsO, C203 oxalate éthylique, C H50, C4 H2Az05 oxamate éthylique, C4HsO, CO2 carbonate éthylique, C4 Hs O, C4 H3 O3 acétate éthylique , C4 H50, C'4 H5 O3 benzoate éthylique, C4 Hs O, SO3, HO SO3 acide sulfovinique , C H( O2 aldéhyde vinique , C4 H4 O4 acide acétique , C4 Hs hydrocarbure ( acétène ) , C6H8Az202 urée éthylique, C10 H'° Az2 O2 diéthylurée , C6 H8 Az2 S2 urée éthylique sulfurée. » L'alcool acrylique dont nous venons d'esquisser les propriétés princi- pales forme le troisième terme d'une série parallèle à celle qui comprend l'alcool ordinaire et qu'on peut représenter par la formule générale C. R., i856, ier Semestre. (T. XL1I, N° S.) 3o ( 111\ C2" H2n02, et dont les deux termes acroléine et acide acrylique sont connus depuis plusieurs années. « On connaît, en effet, un groupe d'acides homologues qui sont dans les mêmes relations à l'égard de l'acide acétique que notre alcool à l'égard de l'alcool ordinaire. L'éther acrylcyanhydrique, que nous n'avons pas obtenu jusqu'à présent dans un état de pureté suffisant pour le soumettre à l'ana- lyse, présenterait un grand intérêt en ce qu'il doit fournir, sous l'in- fluence de la potasse, un acide homologue de l'acide acrylique. » chimie organique. — Sur la production artificielle de l'essence de cannelle; par M. L. Chiozza. « Le dédoublement que certains acides organiques, tels que l'acide acrylique, l'acide angélique, l'acide cinnamique, éprouvent sous l'influence de la potasse en fusion, m'a conduit à entreprendre quelques expériences dans le but d'obtenir les aldéhydes correspondant à ces acides, par voie de synthèse, au moyen des aldéhydes des acides plus simples en lesquels ils se scindent par l'action de l'agent indiqué. Dans une Note publiée tome XXXV, p. 701, des Annales de Chimie et de Physique,] ai démontré que sous l'influence de la potasse l'acide cinnamique se dédouble en acide benzoïque et en acide acétique, d'après la réaction suivante : C9 H8 O2 -+- 2 (RHO) = C2 H3 KO2 H- C7 H5 KO2 -f- H2. » Il me restait à réaliser la réaction inverse, c'est-à-dire à produire l'acide cinnamique, ou l'hydrure de cinnamyle, avec des éléments benzoïques et acétiques : c'est ce qui a motivé l'expérience que j'ai' l'honneur de commu- niquer à l'Académie. » Un mélange d'aldéhyde acétique et d'hydrure de benzoïle saturé d'acide hydrochlorique et chauffé légèrement se colore en brun foncé, en dégageant beaucoup d'aide chlorhydrique et une grande partie de l'aldé- hyde qui échappe ainsi à la réaction. » Au bout de quelques minutes, le mélange se trouble par la séparation de gouttelettes d'eau. Si on le soumet alors à la distillation, on recueille d'abord de l'hydrure de benzoïle non altéré, puis une petite quantité d'un liquide moins fluide qui, purifié par plusieurs rectifications et des lavages avec des solutions alcalines, m'a présenté la composition et les caractères de l'hydrure de cinnamyle. Ce mode d'opérer n'est cependant pas avantageux, et je crois qu'en répétant l'expérience, il conviendra de remplacer l'acide chlorhydrique par l'acide sulfurique et d'opérer en vases clos. ( 223 ) » Quoi qu'il en soit, l'odeur de la substance ainsi obtenue est parfaite- ment semblable à celle de l'huile de cannelle naturelle. Cette odeur devient surtout très-suave quand la substance commence à se résinifier. » Récemment préparée, elle est neutre aux papiers réactifs, parfaitement limpide et presque incolore ; mais par l'exposition à l'air elle s'acidifie rapidement et ne tarde pas à se colorer. Une exposition prolongée la rési- nifie entièrement. » Je regrette de n'avoir pu soumettre une quantité plus considérable de mon produit à une étude comparée avec l'hydrure de cinnamyle naturel. Toutefois l'analyse de la substance, son mode de formation et son odeur ne me laissent aucun doute sur sa nature. » Quant à la manière d'envisager la réaction entre les deux hydrures, je crois qu'on doit la considérer comme une éthérification semblable à celle qu'éprouvent la plupart des acides organiques en présence des alcools et de l'acide chlorhydrique. » Il est probable que l'acide hydrochlorique, en réagissant sur l'un ou l'autre des deux aldéhydes, donne lieu à la formation des chlorures C1C2H3 ou CIC'H5 qui, en réagissant à leur tour sur les aldéhydes, régé- nèrent l'acide chlorhydrique et produisent l'hydrure de cinnamyle : C1H + C7H60 = C1C7H5 + H20, C1C7H5 + C2H40 = C1H +C9H8C), ou bien C1H -+- C2H* O = C1C2HS + H20, C1C2H3+CTH60 = C1H +C9HsO. » Ce mode d'interprétation conduit nécessairement à admettre l'existence de chlorures de radicaux non oxygénés, dont les hydrates seraient les aldé- hydes, et à modifier peut-être les formules de constitution jusqu'ici attri- buées à ces substances. Mais comme ces formules n'ont rien d'absolu et que leur valeur ne dépend que du plus ou moins grand nombre de réactions qu'elles mettent en évidence, je ne crois pas qu'il convienne pour ' le moment de rapporter les aldéhydes au type hydrate plutôt qu'au type hydrure. » Telle est, du peste, aussi l'opinion de M. Gerhardt, auquel je dois en partie les idées qui m'ont conduit à l'expérience que j'ai l'honneur de com- muniquer à l'Académie, et dont j'espère être bientôt à même de publier les détails. » 3o.. ( "4) chimie. — Sur la préparation des chlorures et des bromures des radicaux organiques , par l'action du protochlorure et du protobromure de phos- phore; sur lés acides monohydratés correspondants ; pareil. A. Béchamp. professeur adjoint à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Strasbourg. « Deux procédés ont été appliqués à la préparation des chlorures correspondants aux acides monobasiques anhydres. i° M. Cahours [Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXIII, p. 37), qui, le premier, a opéré la conversion des acides organiques en chlorures correspondants, fait réagir le perchlorure de phosphore sur les acides monohydratés : mais ce procédé ne paraît applicable qu'à la préparation des chlorures dont le point d'ébullition est supérieur à celui de l'oxychlorure de phosphore; 20 M. Gerhardt [Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXXVII, p. 294) fait réagir l'oxychlorure ou le protochlorure de phosphore sur les sels potassiques des acides monobasiques. » Par des considérations théoriques exposées dans deux Notes que "j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie ( Comptes rendus des séances du a3 avril et du 2 juillet 1 855), j'ai été conduit à étudier l'action du pro- tochlorure de phosphore sur les acides monohydratés monobasiques et sur les éthers de ces acides. Il résulte de mes expériences que le protochlorure de phosphore agit sur les acides monohydratés comme il le ferait sur un mélange d'eau et d'acide anhydre , et sur les éthers de ces acides comme si ces composés renfermaient réellement dans leur molécule le groupe de l'acide et le groupe de l'éther, c'est-à-dire que l'on obtient le chlorure cor- respondant de l'eau ou de l'acide et le chlorure correspondant de l'éther. Cette étude m'a fait trouver un troisième procédé de préparation des chlo- rures organiques qui me paraît d'une application beaucoup plus générale, certainement plus commode et moins dispendieuse, et qui revient, au fond, au procédé de M. Cahours. » Si R est le radical oxygéné d'un acide anhydre monobasique, RO la formule générale de l'acide organique anhydre correspondant, la quan- tité des éléments réagissants à employer sera donnée par l'équation sui- vante : (A) 2ROHO + PCI' = ClH-t- PO'HO-t- 2RCI, qui est le résultat de la comparaison des deux équations théoriques que voici : 6 RO, HO -4- P Cl3 = PO» 3 HO + 3C1H + 6RO, 6RO + 2PC13 = 2P03-+-6RCl, ( aa5 ) et qui sont démontrées par ces faits, que, si l'on emploie ces quantités, on obtient le chlorure organique très-facilement exempt de protochlorure de phosphore, en quantité presque égale à celle que la théorie indique,'et que le résidu ne se compose que d'acide phosphoreux solide. Je rappellerai de plus, pour légitimer ces équations, que l'acide acétique anhydre fait lui- même la double décomposition avec le protochlorure de phosphore en don- nant du chlorure d'acétyle, et, chose que je crois devoir faire remarquer, cette double décomposition est plus facile et plus rapide qu'avec l'acide monohydraté, si facile et si rapide même, que dans un mélange d'acide anhydre et d'acide monohydraté, c'est le premier qui se décompose d'abord. C'est en effet ce qui doit être d'après la manière dont j'envisage la constitu- tion des acides monohydratés, c'est-à-dire que si réellement la transforma- tion qui m'occupe n'est pas seulement une double décomposition, mais une suite de deux doubles décompositions, si réellement elle se fait en deux temps, la durée de la double décomposition doit être plus grande que celle de l'acide anhydre. Il est probable qu'il en est de même des autres acides anhydres : c'est un fait que je n'ai pas encore eu l'occasion de vérifier. » Le protobromure de phosphore se comporte exactement comme le protochlorure; par son action sur les acides monohydratés, il dégage de l'acide bromhydrique, et le bromure correspondant se produit, fait que j'avais constaté dans le courant de juin 1 855, époque à laquelle j'ai eu l'hon- neur d'envoyer à M. Regnault des échantillons de bromure d'acétyle et de chlorure de valéryle. » L'oxychlorure de phosphore réagit aussi sur les acides monohy- dratés, mais avec moins d'énergie que le perchlorure, et même que le pro- tochlorure peut-être. Le résidu n'est point de l'acide phosphorique trihy- draté, mais, comme je devais m'y attendre, un mélange d'acide trihydraté précipitable à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien et d'acide métaphos- phorique qui précipite directement le chlorure de barium, qui coagule l'albumine et précipite en blanc le nitrate d'argent, c'est-à-dire que, de même qu'avec le chloride phosphoreux, on a, en réunissant les deux phases dans une même équation, 6RO,HO + 3PCP02 = P053HO+ 2PO5 + 3C1H + 6ROC1. Je me réserve de donner une démonstration plus complète de cette équa- tion, et d'en tirer des conclusions. » A l'aide du chloride phosphoreux et du bromide, j'ai obtenu très- facilement des chlorures de cinnamyle, debenzoile, de valéryle, debutyryle, ( 22Ô ) de propionyle et d'acétyle ; les bromures de valéryle, de butyryle et d'acétyle, c'est-à-dire ceux de ces composés dont le point d'ébullition est très-élevé et ceux dont le point d'ébullition l'est peu, en distillant les chloride et bromide phosphoreux avec les acides monohydratés. C'est que le protochlorure de phosphore (qui bouta 7g degrés) possède un point d'ébullition assez bas ou assez élevé pour être notablement différent de celui du chlorure organique dont le point d'ébullition est supérieur ou inférieur au sien. Le cas le plus désavantageux est celui où le chlorure organique a un point d'ébullition très- voisin de celui du protochlorure de phosphore ; c'est ce qui arrive pour le chlorure de propionyle, qui bout vers 80 degrés ; mais la difficulté peut être tournée : au lieu d'employer des quantités d'acide et de chloride proportion- nelles, il suffit de prendre un léger excès d'acide propionique, de manière que l'on soit certain de décomposer tout le protochlorure de phosphore ; car il paraît que l'on peut impunément distiller les chlorures organiques dont le point d'ébullition est peu élevé en présence des acides monohydratés cor- respondants. » La préparation des combinaisons dont je viens de parler se fait, à l'aide des chloride et bromide phosphoreux, avec autant de facilité que celle de l'acide nitrique par exemple, et on en obtient des quantités pres- que proportionnelles à celles des acides employés. » i°. J'ai préparé les chlorures organiques, depuis le chlorure d'acétyle jus- qu'au chlorure de valéryle inclusivement, en introduisant dans une cornue munie d'un récipient l'acide monohydraté et le protochlorure dans le rap- port des quantités de l'équation (A). Le mélange se fait le plus souvent sans dégagement de chaleur, et bientôt, à froid déjà pour l'acide acétique, le dé- gagement d'acide chlorhydrique commence. On chauffe au bain-marie, à 4o degrés pour l'acide acétique, à 80 degrés d'abord et enfin à 100 degrés pour l'acide valérianique, et à des températures intermédiaires pour les autres. On maintient la même température aussi longtemps qu'il se dégage de l'acide chlorhydrique ; il suffit alors d'enlever le bain-marie et de chauf- fer à feu nu pour distiller le produit volatil de la réaction. Si le point d'ébullition du chlorure est voisin de 100 degrés, le résidu est de l'acide phosphoreux très-blanc ; s'il est supérieur à 1 00 degrés, l'acide phosphoreux s'altère et il se sépare du phosphore rouge. Une seule rectification suffit pour obtenir un produit pur, pourvu que l'on ait soin de noter la tempé- rature d'ébullition. Je me suis assuré que le point d'ébullition du chlorure de valéryle est situé entre 1 1 5 et 120 degrés à om,75 de pression, et que sa ( "7 ) densité à 4- 6 degrés est i ,oo5 : aussi ne tombe-t-il pas au fond de l'eau comme les chlorures qui le précèdent dans la série. » a°. Quand il s'agit de préparer les chlorures de cinnamyle,de ben- zoile, etc., il faut introduire l'acide sec dans un matras muni d'un tube effilé, y ajouter une quantité proportionnelle de chloride phosphoreux et chauffer successivement depuis 6o degrés jusqu'à iao degrés aussi long- temps qu'il se dégage de l'acide chlorhydrique. Dès la première application de la chaleur le mélange se liquéfie; à la fin, il se fait deux couches : la couche inférieure est de l'acide phosphoreux sali par du phosphore rouge"; la couche supérieure est le chlorure organique : on décante cette couche et on la rectifie. Il n'est pas convenable de distiller les chlorures dont le point d'ébullition est très-élevé, en présence de l'acide phosphoreux, car à la fin la masse se boursoufle beaucoup, et il se dégage tout à coup de l'hy- drogène phosphore provenant de la décomposition de la partie hydratée de l'acide phosphoreux. » 3°. J'ai préparé trois composés nouveaux, le bromure d'acétyle, le bromure de butyryle et le valéryle, en distillant le bromide phosphoreux avec les acides monohydratés correspondants; en employant ces composés dans le rapport des quantités données par l'équation suivante : 2 RO HO + PBr3 = PO3 HO + Br H + 2 RBr, on obtient en bromures organiques presque la quantité théorique. Le pro- tobromure ne se dissout pas dans l'acide acétique, mais il se dissout dans les acides suivants. Quoi qu'il en soit, la réaction s'accomplit avec autant de facilité, mais à une température un peu plus élevée qu'avec le protochlo- rure ; elle commence à 6o degrés et s'accomplit à 8o degrés pour le bro- mure d'acétyle qui bout à cette température ; elle commence à 90 degrés et se termine à 1 00 degrés pour le bromure de butyryle ; elle commence à 1 00 degrés et ne se termine qu'à environ 1 20 degrés pour le bromure de valéryle. Lorsque l'acide bromydrique cesse de se dégager, on distille, ce qui peut se faire sans inconvénient en présence de l'acide phosphoreux formé. Cet acide phosphoreux reste pour résidu à l'état d'une blancheur parfaite dans la préparation des deux premiers bromures, il se décompose en partie et jaunit dans celle du bromure de valéryle qui bout vers 1 43 degrés. » ( aa8 ) chimie organique. — Note- sur le sucre de lait; par M. Dcbrdnfadt. (Extrait par l'auteur.) « Nous avons fait connaître, en juillet 1846, la singulière propriété que possède le glucose mamelonné dissous dans l'eau d'offrir deux pouvoirs ro- tatoires différents pour la même température : l'un, le plus grand, s'observe au moment où la dissolution vient d'être faite à froid ; l'autre se manifeste quelques heures après. » En donnant pour rapport de ces deux rotations les nombres ff, nous avons fait remarquer que ce rapport ne comprenait pas l'effet qui doit se produire pendant le temps que réclame la dissolution, c'est-à-dire avant que l'observation optique soit possible. Depuis, nous avons comblé cette lacune en observant la loi que subit le changement de rotation par rapport au temps, et en suppléant par le calcul, conformément à cette loi, à l'impuis- sance des observations directes. C'est, ainsi que nous avons reconnu que la rotation du glucose mamelonné est double de celle du glucose modifié par la dissolution. Ce sont ces observations qui nous ont autorisé à distinguer ces deux états du glucose par les noms de monorotatoire et birotatoire (1). » Ces observations et celles que nous allons faire connaître sur le sucre de lait ne permettent pas de douter que le glucose cristallisé ait une con- stitution moléculaire différente de celle qu'il affecte dans sa dissolution dans l'eau, et la rotation que l'on observe au moment où s'opère cette dis- solution n'est qu'une suite du groupement moléculaire créé par la cristalli- sation, groupement qui, par une propriété spéciale au glucose, persiste assez longtemps après la dissolution pour que le phénomène soit. observable. » Notre observation faite sur le glucose est demeurée jusqu'à ce jour unique dans la science ; car celle que M. Pasteur a faite sur le glucosate de sel marin ne peut pas être considérée comme un second exemple de la même propriété. Elle n'en est qu'une conséquence, qu'il était néanmoins utile de signaler. » En faisant connaître cette propriété, nous nous sommes abstenu d'en tirer les conséquences qu'elle pouvait autoriser; elle fournissait, en effet, un nouvel et remarquable exemple de la modification profonde que peut ( 1 ) Nous mettons en évidence le pouvoir rotatoire double du glucose mamelonné en le dissolvant dans l'alcool méthylique, qui, suivant l'observation de M Peligot, peut dissoudre cette substance en assez forte proportion. Dans ces conditions, le glucose conserve sa ro taries double pendant un temps assez long pour qu'on puisse l'observer sans altération. • ( 229 ) subir un même corps dans ses aptitudes physiques et chimiques, dans des conditions qu'on aurait pu considérer comme indifférentes. Nous nous ré- servions de rechercher ultérieurement si le fait qui s'était produit fortuite- ment sous nos yeux dans le glucose mamelonné ne serait pas un fait général de la cristallisation et de la dissolution, rendu accessible à l'observation dans les cas spéciaux où l'examen optique est possible. » Nos études sur les substances optiquement actives n'ont pas justifié ex- périmentalement cette conception, et nous n'avons pu retrouver d'une ma- nière bien tranchée la propriété exceptionnelle du glucose mamelonné que dans le sucre de lait. » Cette substance offre, comme le glucose, une rotation plus grande au moment de sa dissolution. Le changement de rotation exige un temps qui varie avec la densité et avec la température ; elle est fort lente à o degré, elle est instantanée à -f- ioo degrés. En cherchant la valeur réelle des deux rotations à l'aide de la méthode que nous avons utilisée pour le glucose, nous avons reconnu que le sucre de l'ait possède, au moment de sa disso- lution, les -*- du pouvoir rotatoire qui est admis pour le même sucre, et qui, par conséquent, convient à ce sucre modifié par la dissolution. Il n'y a donc plus ici, comme pour le glucose, de rapport simple entre les deux rota- tions; mais les différences qu'elles accusent sont de même ordre et de même sens; elles sont telles enfin, qu'elles pourraient permettre de considérer le sucre de lait comme une combinaison qui admettrait dans ses éléments le glucose avec sa constitution caractéristique. » Ces recherches nous ont entraîné à revoir quelques propriétés du sucre de lait; voici le résultat de cet examen : » Le sucre de lait épuré par cristallisations se dissout dans l'eau avec élé- vation de température. L'eau qui en est saturée à -f- 10 degrés par un contact prolongé avec un excès de sucre, c'est-à-dire par l'une des deux méthodes employées par Gay-Lussac, acquiert une densité de io55, et dans cet état elle retient o, 1 455 de son poids de sucre. Cette dissolution saturée, aban- donnée à une évaporation spontanée dans l'air sec, à la température de -4- 10 degrés, ne commence à déposer des cristaux que lorsqu'elle est ar- rivée à une densité de io63. Dans cet état, l'eau renferme 0,2164 de son poids de sucre de lait, modifié par la dissolution. Ce fait, analogue aux phénomènes de sursaturation si bien étudiés par M. H Lœwel, accuse encore d'ans le sucre de lait dissous une propriété qui confirme la distinction qui est révélée par la rotation. Ce sucre, en effet, est plus soluble dans l'eau que le sucre cristallisé dans le rapport de 3 : 2. C. R., ]856, i«r Semestre. (T. XLI1, N° li.) 3 I ( a3o ) » Le sucre de lait est peu hygrométrique; pris à -t- 10 degrés, dans une atmosphère où l'hygromètre à cheveu accuse 5o degrés, puis desséché à -t- 100 degrés, ne perd que 0,0 1 de son poids. Séché à -f- i5o degrés dans l'air sec, il perd, en outre, o,o5 de son poids sans subir la moindre altéra- tion. Ce n'est, en effet, qu'entre i5o degrés et 160 degrés qu'une altération manifeste commence. » Le sucre de lait, séché à 100 degrés, brûlé par l'oxyde de cuivre et l'oxygène, nous a donné pour moyenne de quatre expériences : Carbone 39,70 Eau 60,07 » L'eau que le sucre de lait perd à 1 00 degrés ne peut être considérée comme eau de constitution. Les o,o5 qu'il perd de 100 à i5o degrés, c'est-à-dire dans les limites de température où il n'est pas altéré, ne justi- fient pas la formule de Berzelius, qui a été admise par tous les chimistes. Cette formule, en effet, C24 H24 O2*, était uniquement motivée par une perte de 0,075 d'eau, que l'illustre chimiste avait admise, et qui n'est pas con- forme à l'expérience. Les nombres que nous avons donnés ci-dessus per- mettent d'assigner pour composition au sucre de lait séché à 4- i5o degrés, C,2HM O" Cette formule devient C,2H(aO'2 pour le sucre de lait séché à -+- 100 degrés (1), c'est-à-dire pour le sucre privé d'eau hygrométrique. La constitution C,2H9 O', qui résulterait, pour le sucre de lait anhydre, de l'a- nalyse que Berzelius a faite du composé plombique , exigerait un nouvel examen, et nous doutons que l'expérience y soit conforme, en ce sens que le sucre de lait, de même que les glucoses, donnent des composés peu sta- bles avec les bases. Ils subissent alors des transformations diverses, avec ou sans absorption d'oxygène, qui ont pu tromper les expérimentateurs et leur faire attribuer à la substance normale une composition qui n'appartient qu'à des produits plus ou moins altérés. » Néanmoins le sucre de lait peut se combiner avec les bases au sein des dissolvants et sortir de ces combinaisons avec toutes ses propriétés, quand on opère à basse température et en ayant soin d'enlever le sucre à sa com- binaison peu de temps après l'avoir produite. La potasse et la soude peu- vent entrer pour trois équivalents dans ces composés, qui se produisent avec affaiblissement de pouvoir rotatoire. La chaux donne un sucrate solu- ble qui renferme un équivalent de base. Elle peut précipiter le sucre de (1) Ces résultats sont d'accord avec eux qui ont été publiés récemment en Allemagne, par MM. Staedeler et Krause. ( a& ) lait de sa dissolution à l'état de sucrate basique peu soluble. Ce sucrate, de même, que celui que nous avons fait connaître pour le glucose liquide des sucres de fruits, se produit facilement en traitant les dissolutions de sucre à froid par une forte proportion d'hydrate de chaux en poudre, CaO, HO. » En chauffant à ioo degrés le sucre de lait, en présence de quelques centièmes d'acide sulfurique, sa rotation s'élève, en même temps qu'il est transformé partiellement en sucre fermentescible. Le maximum de produc- tion de ce sucre coïncide avec une élévation de rotation de -^ de la rotation primitive. Il peut alors produire 0,3^. d'alcool, rapportés au poids du sucre de lait mis en œuvre, et il reste dans le vin une substance active, qui tourne à droite le plan de polarisation, qui ne fermente pas et qui n'est plus du sucre de lait. Si l'on continue la réaction sulfurique au delà du terme que nous venons d'indiquer, il y a altération du sucre fermentescible sans chan- gement notable dans la rotation. » Nous n'avons pu réussir à faire mamelonner ni cristalliser le sucre de lait rendu fermentescible par les acides. Ce sucre donne de l'acide mucique par la réaction nitrique, et il se distingue à ces deux titres du glucose de raisin avec lequel les chimistes l'ont confondu jusqu'à ce jour. Ce sucre par sa rotation se place entre les sucres mono et bi-rotatoires. Sous ce rapport il nous a paru se rapprocher d'un sucre fermentescible, qui existe dans les mannes du commerce et qui pourrait bien n'être que l'élément fermentes- cible du mélitose de M. Berthelot. » Le sucre de lait traité par la levure, dans les conditions usitées pour la fermentation alcoolique, donne une quantité appréciable d'acide carboni- que sans production d'alcool ni sans changement sensible dans la rotation et dans la densité de la dissolution. Cet acide paraît donc être un produit de la substance même du ferment. » Les glucoses chauffés à + 100 degrés, avec un excès d'alcali caustique, annulent t \ équivalent de base. Le sucre de lait, dans les mêmes con- ditions, donne un résultat identique à celui des glucoses. C'est sur cette propriété que nous avons fondé une méthode saccharimétrique, qui offre quelque analogie avec celle de Frommer. » En suivant avec les appareils de polarisation les progrès de la réaction de l'acide nitrique sur le sucre de lait dans les conditions que l'on réalise pour préparer l'acide mucique, on observe des changements moléculaires qui nous ont paru offrir quelque intérêt. L'effet initial de l'acide nitrique sur le sucre de lait se révèle comme celui de l'acide sulfurique par un accroissement de rotation de ~ vers la droite. Cet effet étant produit, le 3i.. ( 232 ) plan île polarisation revient vers le o et y arrive après un certain temps sans le franchir; puis il se déplace de nouveau vers la droite d'une quantité égale au quart de la rotation primitive du sucre de lait, et quand il a atteint cette limite, la rotation s'annule avec les progrès de la réaction nitrique pour ne plus se reproduire. » Il est à remarquer que la production de l'acide mucique est contempo- raine de la réaction qui est marquée par le premier mouvement du plan de polarisation, de droite à gauche, comme si cette réaction avait lieu sur une substance douée de rotation / '. La production de l'acide oxalique, qui ne se manifeste que vers la fin de l'expérience, coïncide avec la période qui est inarquée par le second mouvement du plan de polarisation de droite à gauche et qui semble indiquer que l'acide oxalique se produit aussi avec les éléments d'une substance active douée de rotation à droite, mais distincte de la première tout à la fois par l'époque de sa production et par celle de sa destruction. » La propriété commune que possèdent deux substances aussi dissem- blables que le sucre de lait et la gomme de donner naissance à un même produit final, l'acide mucique, sous l'influence de l'acide nitrique, donne de l'intérêt à l'examen des réactions de cet acide sur la gomme, au même point de vue que nous venons de spécifier pour le sucre de lait. Nous croyons devoir le résumer ici brièvement. » La rotation de la gomme du Sénégal, qui est \, passe à / sous l'in- fluence des acides, ainsi que l'a observé M. Biot. Sous l'influence oxydante de l'acide nitrique, cette rotation / s'annule avec le progrès de la réaction qui donne naissance à l'acide mucique, puis elle passe *^, où elle atteint pour maximum la rotation primitive de la gomme. A cette époque seule- ment commence la réaction oxalique, en même temps que le plan de polari- sation revient vers le o sans pouvoir y atteindre dans les conditions habi- tuelles, qui sont recommandées pour la préparation des acides mucique et oxalique. Il reste alors dans l'eau mère une substance active à rotation \. Dans ces conditions, on peut remarquer que l'acide mucique semble se former comme pour le sucre de lait avec une substance qui est douée de rotation à droite. Il n'en est pas de même de l'acide oxalique, qui paraît être produit avec la gomme par une substance tournant à gauche. » On ne peut douter, en présence de ces faits, que l'acide mucique ne soit le résultat final delà réaction formée de l'acide nitrique sur une seule et même substance, qui se produit transitoirement avec la gomme et le sucre de lait. Cette révélation des observations optiques, qui permettent f *33 ) 49 grammes par kilogramme. Grége blanche de pays ° > 44 ■ * Soie de Chine o,3o » » Autre soie de Chine 0,48 » » Soie du Bengale jaune 0,42 » » Soie de Tussah °>79 " ■ » Ces résultats ont été obtenus au moyen de l'acide chlorhydrique for- tement étendu d'eau distillée. Dans les mêmes conditions, l'acide acétique en fournit d'analogues. » Les proportions de matière calcaire indiquées dans le tableau qui précède sont considérables. Elles le paraîtront surtout si l'on songe que la chaux y représente environ le tiers de la base alcaline qui entre dans la composition du savon employé an décreusage, c'est-à-dire en moyenne a5 pour 100. p L'existence de la matière calcaire dans la soie étant reconnue, sous quel état se trouve cette matière ? Nous savons qu'elle n'y est pas à l'état de phosphate, puisqu'elle est soluble dans l'acide acétique, et que la so- lution, évaporée et calcinée, laisse pour résidu de la chaux vive. Je suis porté à croire qu'elle y existe comme principe constituant qui se forme au moment de l'organisation de la substance sérigène. » Des expériences et observations que je viens d'énumérer, il ressort évidemment qu'une décomposition de savon s'effectue sous l'influence de la chaleur au moment du décreusage; qu'un savon calcaire se for. ne et se ( «4i ) fixe ou s'interpose inégalement entre les brins de soie, et produit les taches lorsque l'étoffe, et conséquemment le savon calcaire attaché à la soie, sont soumis à l'action de la chaleur et de la pression au cylindrage, et quel- quefois plus tard par le fait de la décomposition spontanée. » médecine. — Sur un nouvel acarus du cheval , pouvant transmettre la gale de ce solipède à l'homme. (Extrait d'une Note de MM. Bourguignon et Delafond. ) « Jusqu'à ce jour, il était permis de révoquer en doute les cas de trans- mission de la gale du cheval à l'homme, attendu que le parasite connu de la gale du cheval ne pouvait vivre sur l'espèce humaine, et que les auteurs qui se sont prononcés pour l'affirmative n'ont jamais démontré scientifique- ment que la maladie transmise fût réellement due à la présence d'un acare provenant du cheval. En partant des données fournies par l'entomologie, on était fondé à refuser aux parasites connus propres aux herbivores, et au cheval en particulier, la faculté de transmettre la gale. L'observation vient de nous permettre de remonter des effets aux causes et de tout expliquer. » Le cheval peut avoir deux espèces de gale : une première, due à la pré- sence du parasite acarien propre, aux herbivores et connu depuis long- temps, qui ne saurait tracer des sillons, vivre sur la peau de l'homme et lui transmettre la contagion ; une seconde, due à la présence d'un acare. iden- tique à celui des carnivores, pouvant tracer des sillons, transmettre la psôre, et dont personne n'a soupçonne' V existence jusqu'à ce jour. Cette maladie transmissible est aussi différente dans l'ensemble de ses symptômes de celle qui ne peut se communiquer, que les parasites qui en sont la cause première diffèrent entre eux. » M. Balard dépose sur le bureau une Lettre qui lui a été écrite par M. J. Barse, à l'occasion du Rapport fait à l'Académie, dans sa séance du 17 décembre î855, sur un procédé propre à faire distinguer par des réac- tions spéciales le silicium et le tungstène d'avec l'argent, Lettre dans laquelle M. Barse explique comment et pourquoi son nom se trouve figuré à l'occa- sion de l'argyrolithe. « En novembre i853, M. Murray me présenta des pièces d'orfèvrerie sur la nature desquelles il me chargea de donner mon avis. Mon opinion devait décider de l'achat de cette invention pour le compte d'une des ( ^ ) grandes maisons d'Angleterre. Le prix à payer à l'inventeur était convenu, il était très-considérable. » Après des expériences faites chez moi, chez l'inventeur, au laboratoire de la Pharmacie centrale avec M. Soubeiran, je fis le 27 décembre à M. Murray un Rapport dont je donne ici littéralement les conclusions : c< En résumé, quand on agit sur des matières premières exemptes d'ar- » gent, on ne réussit pas. Quand on agit sur des matières contenant de » l'argent, on obtient un dépôt correspondant à la dose du métal introduit. » L'analyse des pièces sortant d'un bain de silice argentifère démontre que » l'argent est fixé sur les pièces sans mélange de silicium. Je conseille donc » à M. Murray de considérer le procédé d'argenture par l'argyrolithe comme » une invention impraticable dans toute autre main que celle de l'inventeur. » Mon avis est que rien, dans les expériences dont j'ai été témoin, ne pré- » sente ce procédé comme un objet d'exploitation industrielle. » » M. Murray rompit et fit rompre avec l'argenture au silicium. L'inven- teur fit alors appel à ma loyauté en me priant de venir me convaincre de mon erreur au moyen de faits nouveaux. J'avais reçu des honoraires pour le travail qui avait condamné le silicium, je me tins pour obligé de reprendre gratuitement tous les travaux, de rassembler toutes les preuves capables d'infirmer mon opinion première si elle était fausse. » En février 1 854? je rédigeai un Mémoire que j'adressai, non pas à des capitalistes, non pas au public, mais à des juges, c'est, à-dire à l'Académie des Sciences. Dès ce moment, j'appartenais par les loi* de la simple droi- ture à la défense du silicium, jusqu'au jugement de l'Académie. Telle fut la cause de mon intervention, toujours gratuite, dans un procès en contrefa- çon intenté au silicium. Nommé expert avec MM. Pelouze et Chevallier, nos opérations se firent au laboratoire de la Monnaie. Je ne crains pas de m'ap- puyer de M. Pelouze pour l'affirmer. Mes coexperts, comme M. Soubeiran avant eux, m'ont tenu pour un homme digne, indépendant et loyal. » Voilà, Monsieur, tout ce qui me concerne dans l'histoire du silicium. Tout le reste, exploitation commerciale, société industrielle, publications, appel de capitaux, j'y suis étranger. Jusqu'au i5 janvier i856, huit jours à peine, je n'ai pas connu un seul homme, ouvrier ou maître, pas un seul local, cabinet, laboratoire ou boutique, ayant rapport à l'argyrolithe, soit de loin, soit de près. » •< A la suite de cette communication, M Balard prend la parole pour demander l'insertion de la Lettre de M. Barse dans les Comptes rendus. Il ( *4'3 ) fait remarquer d'ailleurs à l'Académie que M. Barse ne réclame pas contre les conclusions du Rapport qui, ainsi que l'a dit M. Thenard, reste dans son entier; mais que la Lettre a seulement pour but de protester contre l'usage qu'on a fait du Mémoire qu'il avait présenté dans des vues et pour des intérêts qui lui sont tout à fait étrangers; ainsi que de décliner toute espèce de participation aux actes qui avaient rendu ce Rapport si néces- saire. Il est dès lors convenable que les observations de M. Barse reçoivent la même publicité qu'avait reçue le Rapport. » physiologie. — Action des vapeurs d'essence de térébenthine inspirées ; par M. Letelmer. « Voulant empêcher une citerne de 8 mètres cubes de perdre l'eau, j'y descendis avec un vase contenant environ 25o grammes d'essence et 5oo grammes de goudron et de poix et placé sur trois ou quatre charbons. J'étendis ce mélange chaud au pinceau. Je n'avais pas recouvert 8 mètres de surface que je fus obligé de remonter, en raison de vertiges, sans dou- leur, sans pesanteur de tête, sans voir les objets tourner, sans aucune dis- position à la syncope, sans la moindre faiblesse dans les jambes; il me semblait que j'allais tomber à droite ou à gauche (jamais en avant ou en arrière) et j'écartais machinalement les jambes pour éviter une chute; les secousses de la tête augmentaient ce chancellement, cette titubation. Nul brouillard devant les yeux, tous les sens bien intacts; la parole seule me paraissait un peu pénible; pouls et respiration parfaitement normaux; nul dérangement de l'intelligence, de l'estomac ou des entrailles; je n'éprouvai qu'une légère moiteur et un peu de fourmillement au dos des poignets; l'urine était absolument inodore (je n'ai pas perçu d'avantage l'odeur de violette sur deux malades affectés de catarrhe intense de vessie et qui ont guéri par l'essence prise par la bouche mieux qu'avec la térébenthine cuite). Cet accident se dissipa peu à peu, en une heure, par l'exposition à l'air. » Dans la soirée je renouvelai mon essai, et bien que le fourneau n'eût pas été allumé plus de quelques minutes, les mêmes accidents se reprodui- sirent en moins d'une demi-heure; enfin le lendemain je recommençai sans Jeu, et en une demi-heure je fus forcé de remonter par des accidents absolument identiques. » Je conclus de cette observation que les vapeurs d'essence de térében- thine inspirées agissent primitivement sur le cerveau en l'excitant à la ma- nière des alcooliques, et que par conséquent on ne doit employer ces ( 244 ) substances qu'avec précaution. Il se peut qu'après l'excitation il survienne de l'affaissement comme après l'abus des alcooliques, mais ce ne serait qu'un effet consécutif. » (Renvoi à l'examen de la Commission chargée de l'examen d'une Note de M. Marchai de Calvi, sur les effets de l'inhalation d'essence de térében- thine.) M. Wanner présente, comme supplément à sa précédente Note sur l'or- gane pulmonaire considéré comme premier imputseur du sang , les résultats de deux expériences qu'il considère comme des preuves à l'appui de la théorie exposée dans cette Note. « Dans la première expérience faite sur un mouton, on a introduit de l'air condensé dans les deux médiastins de manière à neutraliser les mou- vements de la poitrine, et l'on a ainsi déterminé en dix minutes la cessation complète des battements du cœur. » Dans la seconde expérience, du sang de -bœuf tiré instantanément de l'animal, et reçu, afin d'éviter sa coagulation, dans un vase maintenu à une température de 37 degrés centigrades, a été soumis à l'action du gaz acide carbonique, au moyen d'un tube de verre recourbé dont un bout était adapté à la vessie contenant le gaz, et l'autre à un bouchon de liège percé et avec lequel était bouchée la bouteille contenant le sang; le li- quide sanguin est devenu de couleur rouge-brun et a présenté une semi- coagulation. » Je conclus du fait de la première expérience, comparée à la possibilité où l'on est de faire circuler par une respiration artificielle dans le corps d'un animal mort tout récemment le sang aussi longtemps qu'il conserve sa liquidité, que si le cœur était le premier impulseur du mouvement cir- culatoire, ses battements devraient se prolonger bien au delà du temps marqué dans mon expérience, car MM. Williams et Hope ont fait durer, comme on le sait, une circulation artificielle une heure vingt minutes après le décès constaté, et auraient pu la faire durer plus longtemps encore. » La conséquence de la seconde expérience ne me semble pas moins favorable à la thèse que je soutiens, puisqu'elle semble indiquer que la mort est déterminée dans l'asphyxie par la coagulation du sang et l'im- possibilité de la circulation par suite de cette coagulation. » M. Mac-Arthur, commissaire près de l'Exposition universelle pour les produits de l'Australie, fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, ( *45 ) M. Threlkeld, de deux ouvrages sur la langue des habitants de la Nouvelle- Hollande (environs de la rivière de Hunter et du lac Macquarie). M. Reignauld demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note précédemment présentée sur un nouveau mode de cautérisation, Note, qui n'a pas encore été l'objet d'un Rapport. M. Arnut demande qu'on lui renvoie une Note sur un appareil destiné à la transmission des forces, qu'il avait précédemment soumise au jugement de l'Académie. On fera savoir à l'auteur que l'Académie ne renvoie point les pièces qui lui ont été adressées; l'auteur doit les reprendre lui-même au Secrétariat, ou les faire retirer par une personne dûment autorisée. M. Perreul adresse une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour arrêter rapidement et sans secousse un convoi en marche sur un chemin de fer. M. Seguier est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Kœmg adresse un Mémoire sur la curabilité de la phthisie, et prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le jour où il pourra être admis à lire un extrait de ce travail . L'Académie ne peut qu'assurer le tour de lecture des personnes inscrites, mais non fixer le jour où la parole leur sera accordée. ■ M. Bouniceau, en annonçant l'envoi prochain d'un septième Mémoire, sur les Sangsues, adresse un numéro des « Annales d'agriculture de la Cha- rente, » où se trouvent résumées quelques-unes de ses observations sur ces Annélides. M. l'abbe Roxiiox envoie une Note ayant pour titre : « Les neuf partages égaux de la surface du globe. » La séance est levée à 5 heures et demie. F. C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° Jî.) 33 ( 246 ) ^ BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 4 février i856, les ouvrages dont voici les titres : Éléments de calcul infinitésimal ; par M. Duhamel; t. Ier. Paris, 1856; in-8°. Catalogue îles brevets d'invention pris du Ier janvier au 3i décembre i854.î dressé par ordre du Minislie de l'agriculture, du Commerce et des Travaux publics. Paris, i855; in-8°. Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie , t. Ier de la ie série; année i85/j. Paris, i855; in-8°. (Offert au nom de la Société par son président, M. Rayer.) De l' Entéropathie métallique; par M. Armand Beaupoil. Bruxelles, i855; tn-8°. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou. Année 1 854, • nos 2, 3 et 4, et n° 1 de l'année i855 ; f\ livraisons in-8°. Nova Jeta regiœ Societatis Scientiarum Upsaliensis ; 3e série; vol. I; in-4°- Memorias... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Madrid ; t. II; Sciences mathématiques , Ve partie. Madrid, i853; in-4°. Memorias... Mémoires de ï Académie royale des Sciences de Madrid ; t. Ier; Sciences naturelles, partie III. Madrid, 1 854 ; in-4°. The transactions... Transactions de la Société Linnéenne de Londres; vol. XXI, IVe partie. Londres, i855; in-4°. Proceedings... Procès-verbaux des séances de la Société Linnéenne de Lon- dres ;n°» 59 à 66; in-8°. An australian... Grammaire australienne contenant les principes et les règles de la langue parlée par les habitants des environs de la rivière de Hunter et du lac Macquarie; par M. Threlkeld. Sydney, 1 834 ; ïn-80.. A key... Clef de la structure de la langue australienne ; par le même. Syd- ney, i85o; in-8°. (Offert au nom de l'auteur par M. Mac- Arthur, commis- saire pour l'Australie à l'Exposition universelle.) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR 1/ ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 18i>6. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault, de Senarmont ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet; 3e série, t, XLVI. Janvier i856; in-8°. Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana- tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés ( 247 ) fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MlLNE Edwards; pour la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. Décaisse; tome IV; n° i ; in-8°. Annales de t' Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agriculture; t. VI ; n° 1 2, et t. VII, n08 i et i ; in-8°. Annales de la Propagation de la Foi; t. XXVIII, Ire partie ; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; décembre 1 855 ; in-8°. Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; année 1 856; in-12. Annuaire de la Société météorologique de France ; t. III ; Pe partie. Bulletin des séances, feuilles 17-23, IIe partie. Tableaux météorologiques, feuilles 28-3 1 . Bibliothèque universelle de Genève; décembre i855; in-8°. Bulletin de i Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; tome XXII, n°" 11 et 12; in-8°. Bulletin de la Société géographique; décembre i855; in 8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour £ industrie nationale; novembre et décembre 1 855 ; in-4°. Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan; janvier, i856; in-8°. Bulletin de la Société française de Photographie; décembre i855 et janvier I856;in-8°. Bulletin de la Société géologique de France; t. XII, feuilles 43 à 5i, et t. XIII, feuilles r et 2 ; in-8°. Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux; n° 17; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; t. V, n°* 1 et 2; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie ; janvier i856; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; novembre et décembre i855;in-8°. Journal de Mathématiques put es et appliquées ou Recueil mensuel de Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. JOSEPH LlOUVlLLE; novembre i855 ; in-4°. Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier 1 856 ; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°9 10-12; in-8°. La Revue thérapeutique du Midi; n° 12 de i855, et nos 1 et 2 de t 856; in-8°. L'Art médical, journal de Médecine générale et de Médecine pratique; jan- vier i856;in-8°. Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 3; in-8°. ( ^48 ) L Unité. Journal de Pathologie générale et spéciale, théorique et pratique; janvier i856; in-8. Le Technologisle ; janvier «856;in-8°. Magasin pittoresque ; janvier :856; in-8°. Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 9; in-8". Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale ; décembre 1 855, et janvier 1 856 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; janvier 1 856 ; in-8°. Revue agricole et horticole. Bulletin de la Société d'Agriculture et d Horticul- ture du Gers; 4e année; n° 1; in-8°. Société impériale et centrale d'Agriculture. Séance publique de rentrée tenue le mercredi 19 décembre 18 jj; présidence de M. CHEVREUL. Paris, 1 855 ; br. in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos i-3 ; L Agriculteur praticien ; n™ 6 à 8; in-8°. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale; nos 1-25 in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n"9 5-8; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; table du iersemestre 1 855, n° 27 ; 2e semestre 1 855 ; Ier semestre i856; n"" i-,j. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. V1I1; i-4e livraisons; accom- pagnées du titre et de la table du t. VI. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos 1 - 1 3. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; titre et table de Vannée i855;n°' 1-4. Gazelle médicale de Paris; n°* 1-4. L'Abeille médicale; nos i-3. La Lumière. Revue de la Photographie; n" \-l\. L Ami des Sciences; noa i-4- La Science pour tous; n°8 4-8. L Athenœum français. Revue universelle de la Ltitei d eût donc fallu ajouter 2', 43, ce qui donne » 20°i3', 18. Or M. Laugier a déduit pour le même point de ses obser- » vations faites sur l'enceinte continue, 20°8',o,4. La différence est donc n 4'»a4 et non i',8i comme il l'a imprimé. En admettant même la possi- » bilité d'une telle discussion, il resterait encore pour le pavillon Central » une correction de 4'>24> résultat qui se rapproche trop des 6' 39" que » nous avons trouvées directement, pour être employé à jeter des doutes » sur l'exactitude de notre travail. Mais, répétons-le encore, aucun calcul » ne peut être substitué à une observation directe. » La boussole des variations diurnes établie dans la salle méridienne a été » observée pendant la série de nos» déterminations. A l'aide de ces indica- » lions, comparées à nos mesures absolues, nous avons pu obtenir la valeur » de la déclinaison maximum diurne du lieu de l'Observatoire pour un assez » grand nombre de jours de septembre i855. Cette partie de notre travail » n'a pas encore été publiée. On y voit que le 6 septembre, par exemple, le » maximum était io,°56',82, et le 8, 2o"3',83. D'après cela, si nous avions » rapporté toutes nos observations au maximum du 8 au lieu de les rap- » porter au 7 à 2h3om du soir, tous les nombres auraient été augmentés » de 6' 5". La déclinaison déduite de nos observations faites dans la cam- » pagne s'accorderait alors avec la déclinaison calculée par M. Laugier » à l'aide du changement annuel qu'il a trouvé. En effet, ses observations » de l'enceinte continue donnent pour le lieu de l'Observatoire, le 2 sep- » tembre 1 854, une déclinaison de 20°8',o,4- Le changement annuel étant » de — 5', 20, nous devions trouver d'après lui, le 8 septembre 1 855, » 20°3',74- C'est à sept centièmes de minute près le nombre que nous » avons donné plus haut. » Quoiqu'il ne faille pas attacher d'importance à un accord que font » et défont les perturbations , cependant ce fait prouve encore que » M. Laugier ne peut pas se fonder sur ses observations pour émettre » des doutes sur l'exactitude des nôtres. » I^es observations d'intensité relative dont parle M. Laugier ont été ( a56 ) » faites en avril i84i, mais elles n'ont pas été calculées et les moyens de » réduction manquent, aucune trace n'existant de la détermination des » corrections des aiguilles. En outre, pût-on même les réduire, il ne serait » pas possible d'en rien conclure de précis, puisqu'il n'a été observé aucun » instrument des variations d'intensité pendant ces déterminations. Les » observations alors effectuées étaient seulement suffisantes pour faire voir » qu'il n'existait pas de fortes différences dans l'intensité sur les divers >> points de la terrasse. C'est ce que confirment nos observations, qui tou- » tefois mettent en évidence les variations réellement existantes et en » donnent la mesure. » » Les volumineux documents sur lesquels est fondé le travail de MM. Goujon et Liais ne sauraient être insérés dans les Comptes rendus, et seront publiés ultérieurement. Sur la demande qu'on en a faite, nous donnons, dès à présent, les valeurs de la déclinaison obtenue dans les quatre stations situées en dehors de Paris. Ces déclinaisons sont toutes rapportées au 7 septembre i855 à ah3om (1) : Monirouge i9°57' 5i" Plaine Saint-Denis 19.56.27 Vincennes 1 9 . 52 . 5o Saint-Cloud 20 . 4 ■ 4^ » La station de Montrouge était à 160 mètres du chemin de fer de Sceaux (2). On a fait une deuxième détermination à 100 mètres du même chemin de fer. Les deux résultats ont été identiques à quelques secondes près. » La ligne qui joint les stations de Vincennes et Saint-Cloud et celle qui relie les stations de Montrouge et de la plaine Saint-Denis passent sensible- ment par l'Observatoire. En répartissant les différences proportionnelle- ment aux distances, on obtient pour déclinaison magnétique à l'Obser- vatoire : Par les deux premières stations 19°^l' 53" Par les deux autres 19. 5^ .87 (1) Étant responsable de la fidélité du compte rendu de la séance, je devais nécessairement remarquer que ces déclinaisons n'ont pas été communiquées à l'Académie. M. Le Verrier n'ayant pas apporté les chiffres n'a pu les produire lorsqu'ils lui ont été demandés. Cepen- dant, moyennant cette observation, je crois pouvoir m'abstenir de m' opposer à leur insertion. ( Note du Secrétaire perpétuel.) (2) lit non à 60 mètres, comme l'a dit M. Laugier à la séance. (,57 ) » Les valeurs trouvées à Montrouge et dans la plaine Saint-Denis sont trop peu différentes pour qu'il y ait lieu d'en conclure un changement avec la latitude. Les cartes n'indiquent pas, en effet, de variation qui puisse être sensible pour de si petites distances. Les déclinaisons obtenues à Vincennes et à Saint-Cloud montrent un changement avec la longitude et qui est de o',70 par kilomètre. Ce nombre sera trouvé un peu fort, si l'on a égard aux anciennes déterminations faites dans nos régions. Toutefois, ce résultat ne semble pas provenir d'erreurs d'observation : car cette petite anomalie se représente entre les intensités des deux stations. Nous ajou- terons d'ailleurs qu'elle se retrouve encore dans les observations faites par M. Laugier sur l'enceinte continue. » En résumé, les influences des attractions locales dans les divers pa- villons magnétiques sont incontestables; elles résultent de nos propres mesures et de celles de nos prédécesseurs eux-mêmes. » Les corrections données par nous pour l'époque actuelle sont indis- pensables. Le travail par lequel on a cherché à les contester est faux en principe et dans les détails. » Si l'on peut parvenir à sauver les anciennes observations, ce ne sera pas en niant, contre toute évidence, les causes d'erreur qui les ont affectées, mais en cherchant à en donner la mesure. » Réponse de M. Laugier. « Mi Le Verrier vient de faire à mon Mémoire deux objections prin- cipales que je vais réfuter facilement. » i°. M. Le Verrier, en parlant de mes calculs, prétend qu'ils ne sont pas exacts, parce que les déclinaisons calculées que j'ai comparées aux déclinaisons observées sont des nombres extrapolés et non interpolés. » Voici ma réponse : » Les nombres que M. Le Verrier considère comme extrapolés sont : la la déclinaison magnétique du pavillon Central du jardin de l'Observatoire pour le 2 septembre 1 854, et les diverses déclinaisons déduites des quatre observations de l'enceinte continue. » Les autres nombres étant donnés par l'observation directe, il n'en peut être question ici. » Or la déclinaison du pavillon Central du jardin de l'Observatoire pour le 2 septembre 1 854 a été conclue [voir p. 1 79) en considérant sept déclinai- sons observées de *i 848 à i855. Comme la date du 2 septembre 1 854 est C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 6.) . 35 ( a58 ) comprise entre 1848 et i855, il y a eu interpolation et non extrapolation, comme le prétend M. Le Verrier. » Il en est de même des déclinaisons du 1 septembre i854 que j'ai calculées au moyen de la formule Déclin. = 20 6', 61 — 0.8606 x — 0.52.67 y, pour l'Observatoire et le jardin de la Maternité, car ces deux stations sont situées dans l'intérieur de Paris. Je n'ai donc pas conclu de l'intérieur à l'extérieiïr, mais bien de l'extérieur à l'intérieur. J'ai donc interpolé et non extrapolé. » En résumé, pour qu'il y eût extrapolation, il faudrait que j'eusse consi- déré des déclinaisons d'une année qui ne fût pas comprise entre 1848 et i855. » Or c'est ce que je n'ai pas fait : les deux seules dates pour lesquelles les déclinaisons ont été calculées étant le 1 septembre 1 854 et le 7 sep- tembre i855, le reproche que M. Le Verrier m'adresse n'a aucun fonde- ment, et on se demande ce qu'il a pu vouloir dire en parlant d'extrapola- tion à l'occasion de mes calculs. » a°. Je passe à la seconde objection. » Dans le calcul de la déclinaison de la Maternité pour le 1 septem- bre i854, vous avez considéré, dit M. I^e Verrier, des déclinaisons obser- vées dans les mois de septembre, de novembre, de décembre des différentes années comprises entre 1848 et 1 855. Or on sait qu'indépendamment des variations annuelles, il y a des variations mensuelles dont vous n'avez pas tenu compte ; par conséquent, tous vos résultats sont faux. » Je réponds à cette objection par des chiffres. On peut voir dans la noie (() les moyennes des déclinaisons de chaque mois conclues des obser- vations de M. Arago, et affectées des variations mensuelles; on jugera s'il (1) Il importe d'expliquer ici ce qu'on enLend par variations mensuelles de la déclinaison magnétique. Si l'aiguille restait immobile dans sa |K>sition moyenne, elle semblerait correspondre pen- dant plusieurs jours consécutifs aux mêmes divisions d'une échelle graduée, mais bientôt , en vertu de la variation annuelle, elle s'écarterait de cette position pour se rapprocher du méridien astronomique d'une quantité dont la valeur journalière est actuellement de o",86. Mais les choses ne se passent pas ainsi. L'aiguille exécute autour de sa position moyenne des oscillations dont l'amplitude est variable d'un mois à l'autre et même d'un jour à l'autre. Ce sont ces différences qui constituent les variations mensuelles. Voici la valeur moyenne de l'amplitude des oscillations, déduites des observations de M. Arago de 1820 à i83o, pom f a59 ) y avait lieu de prendre en considération ces variations mensuelles de la déclinaison; les faibles anomalies que l'on rencontre ne sauraient être invoquées contre l'exactitude de mes résultats, si l'on remarque qu'il s'agis- sait pour moi de connaître surtout le mouvement annuel en déclinaison les mois où ont été faites les observations consignées daus mon Mémoire : SEPTEMBRE. OCTOBRE. NOVEMBRE. DÉCEMBRE. Valeur moyenne de l'amplitude totale. . . ii'.i4" ii'.i" 8'.49" 6'. 12". D'autre part ( OEuvres de François Arago , tome Ier, page 5o3) , en appelant déclinaison de chaque jour la moyenne entre la déclinaison maximum et la déclinaison minimum, et en nommant déclinaison moyenne du mois la moyenne des déclinaisons journalières, on ob- tient le tableau suivant des déclinaisons mensuelles pour les mois de septembre, octobre, novembre et décembre : ANNEES. 1 SEPTEMBRE. OCTOBRE. NOVEMBRE. DÉCEMBRE. 1 > / // ' 0 1 II • / II » ; Il 182O 22 .22.52,25 22. 22. 10,62 22.21 .46,02 22.21 .27 ,37 l82! 21 .23,67 2!. 24, 79 2 1 .54,63 2r .20,48 l822 20.58,4o 20 . 44 , ' 8 20.22,96 31. 5,43 l823 19.21 , 12 • «9-48,99 20. 7,51 • !9 '7>37 l824 20. 18,75 20.39,69 20 . 6,12 19.41,14 l825 19. 19,15 19.44,12 '9l5>97 17.52,72 1826 17. 5,85 16.19,74 16. 9,64 i5.53,o8 1827 i3.i5,83 12.32,98 12.41 ,78 1 1 .57,63 ]828 10.53,27 10.23,99 10.48,50 9.57,05 1829 8.34,26 7.41,13 8^5,37 9.36,19 i83o 5. 16,70 5. 3,4i 5.40,74 6.59,87 Moyennes ... 22 . 16. 18, 1 1 22.16. 3,b6 22.16. 6,3o 22. i5 55, 3o La moyenne correspondante à chaque mois donne des nombres dont les différences d'un mois à l'autre sont dues à la variation annuelle. Pour y faire entrer les variations mensuelles, il faut ajouter à chacun d'eux la demi-amplitude mensuelle. On aura de cette manière, pour une époque moyenne : SEPTEMBRE. OCTOBRE NOVEMBRE. DÉCEMBRE. o t » o f 11 o 1 i, o f 1, Valeur de la déclinaison moyenne. .. . 22.16-18 22 16. 3 22.16.6 22. i5.55 Demi-amplitude mensuelle -+- 5.37 4- 5.3o -f- 4-2^ -f- 3. 6 Valeur de la déclinaison maximum. .. . 22. 21. 55 22. 21. 33 22.-2o.3i 22.19. ' Les nombres de la dernière ligne sont affectés de la variation annuelle et de la variation men- suelle. On peut juger, par l'accord qu'ils présentent, du peu d'importance de l'erreur qui résulte de l'omission des variations mensuelles, quand il s'agit de conclure, comme je l'ai fait d'un intervalle de sept années, le mouvement annuel de déclinaison. 35.. ( 2ÔO ) que j'ai employé dans mon calcul pour transporter au 7 septembre i85S la formule empirique du 1 septembre i854, et que six des déclinaisons dont j'ai fait usage ont été mesurées dans les mois de novembre et décem- bre, où les variations mensuelles sont presque identiques. » Cette seconde objection de M. Le Verrier n'est donc pas plus fondée que la première, et les conclusions de mon Mémoire subsistent en entier. » Ces conclusions sont comprises dans le tableau de la page 182 que je reproduis ici. STATIONS. DÉCLINAISON observée. DÉCLINAISON calculée. CALCUL moins observation. 0 / 20. 3,5 20 . 9,1 20. 2,0 20 . 1 1 , 7 20. 10, 80 20. 10,75 20. 4,4° 20 . 0 , 1 20. 5,90 20. 6,37 0 /. 20. 3,92 20. IO, I I 20. 1,66 20. 12,71 20 9,49 20. 9,77 20. 4 '53 20. 4,53 20. 4>53 20. 4>53 / + 0,42 -+- i ,01 — o,34 4- 1 ,01 — 1 ,3i — 0,98 -+- o,i3 + 4,43 — «,37 — >,84 Bastion n° 88 Observatoire, pavillon Central, 2 septembre i854 (interpolé). Observatoire , pavillon Central . Nouveau pavillon magnétique. . » On voit que toutes les observations de l'intérieur de Paris sont représentées, et s'accordent avec mes quatre observations de l'enceinte continue; qu'en mettant de côté la seule observation du pavillon de l'Ouest, les déclinaisons des trois autres pavillons concordent assez bien entre elles. » Ainsi la question capitale, la question de savoir s'il faut ou non appli- quer aux déclinaisons du pavillon Central la correction de 6' 3o/' dont parle M. Te Verrier, se trouve sinon tranchée définitivement, du moins ajournée à l'époque où l'on pourra disposer d'un plus grand nombre d'observations. » // résulte de mes observations de 1 854 que les déclinaisons du pavillon Central, le seul dans lequel M. Arago ait observé ou ait fait observer, ne doivent recevoir aucune correction. » Où doit-on donc trouver cette différence de 6' 3ç/' ? Je dis qu'il faut la chercher dans les déclinaisons des stations extérieures de MM. Goujon et Liais. Or, dans mon Mémoire, j'avais donné pour ces stations les déclinaisons ( =6i ) qui résultent de ma formule; j'avais ajouté : « J'aurais désiré en faire la » comparaison immédiate avec les nombres que MM. Goujon et Liais ont » obtenus au nord, au sud, à l'est et à l'ouest de Paris ; malheureusement » ces nombres n'ont pas été publiés dans la Note de M. Le Verrier. » Celait en demander la publication autant que je pouvais le faire; et j'ai été fort étonné en entendant la réponse de M. Le Verrier, de voir qu'il n'y était nullement question de ces observations. » Ces quatre déclinaisons des stations extérieures ont seules fourni à M. Le Verrier les corrections qu'il propose, il aurait pu les publier dans sa première Note; elles appartiennent désormais à la discussion, et M. Le Verrier se devait à lui-même de les mettre aujourd'hui sous les yeux de l'Académie. Pour ma part, je suis porté à croire qu'elles renferment la con- damnation de son système. » Cette condamnation se trouve, du reste, dans les mesures de l'inclinai- son magnétique qu'il a publiées. L'accord satisfaisant qu'on remarque dans ces inclinaisons montre combien sont hasardées les corrections de la Note de M. Le Verrier. » Quant à mes conclusions, j'ajoute qu'elles n'auraient pas été modi- fiées, si, au lieu de trouver entre les diverses déclinaisons observées et cal- culées un accord dont je suis moi-même étonné, j'avais rencontré de ces discordances qui sont acceptables lorsqu'il s'agit d'observations magnéti- ques. Quoi qu'il en soit, ce qui dans mon travail me paraît devoir fixer l'attention, c'est le nouveau plan que je soumets au jugement des physi- ciens : ainsi, tout en continuant d'observer à la même place les valeurs absolues des éléments magnétiques et leurs variations, je propose en outre de rechercher préalablement dans chaque lieu les directions d'égale décli- naison et de plus rapides variations, et d'y observer en différents points les indications des divers instruments magnétiques. En adoptant ce plan, des observateurs aussi habiles que MM. Goujon et Liais, qui ont à leur disposi- tion le beau matériel dont M. Arago a doté l'Observatoire, auront sans doute l'occasion de faire d'importantes remarques. J'ai dû me borner à répondre à M. Le Verrier, ne connaissant pas les critiques que ces Mes- sieurs adressent aujourd'hui même à l'Académie, sur mon travail. » Avant de terminer, je vais citer un passage du tome Ier des OEuvres de M. Arago, qui n'est pas étranger à la discussion actuelle. Voici ce passage : « L'Observatoire proprement dit s'est augmenté depuis quelques an- » nées d'un amphithéâtre, situé à l'ouest, dont le toit en zinc repose sur ( 262 ) » des fermes en fer. Plus récemment la tour orientale de l'ancien observa- » toire a reçu un toit nouveau colossal, dans l'exécution duquel est entrée » une immense quantité de fer. Les deux masses sont éloignées de la co- » lonne sur laquelle les inclinaisons ont été mesurées, de 72 mètres. » Nous avons tout lieu de croire, à la suite de divers essais, qu'à cette » distance les deux masses dont nous venons de parler, n'ont pas agi » d'une manière sensible sur les phénomènes de l'aiguille aimantée. » » Ce passage prouve que M. Arago n'avait pas négligé d'étudier l'in- fluence des fers dont sont entourés les instruments magnétiques de l'Obser- vatoire. » Il ne pouvait en être autrement. M. Arago, qui a consacré de si longues années à l'étude des phénomènes magnétiques, qui a fait sortir de l'Obser- vatoire-de Paris les principales notions qu'on possède aujourd'hui sur le magnétisme terrestre, telles que les variations diurnes de l'inclinaison et de l'intensité, la simultanéité des mouvements de l'aiguille de déclinaison dans des stations très-éloignées, l'influence qu'exercent sur les aiguilles les aurores boréales, etc., M. Arago, enfin, qui a contribué si puissamment à la création de cette immense réseau d'observatoires magnétiques qui couvrent l'Europe et une partie de l'Asie, ne pouvait oublier de prendre, dans l'observatoire qu'il dirigeait, toutes les précautions nécessaires à la précision des résultats déduits de ses observations. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS M. le Ministre des Affaires étrangères transmet un Mémoire sur le trai- tement des minerais argentifères, que l'auteur, M. Poumarède, Français résidant au Mexique, désire soumettre au jugement de l'Académie. « Ma position au Mexique, dit M. Poumarède dans la Lettre qui accom- pagne son Mémoire, m'a mis à portée de reconnaître les inconvénients que présentent les méthodes de traitement actuellement suivies dans ce pays, et m'a permis d'observer certains faits qui ont servi de base -aux innovations que je propose et que je viens soumettre à la haute appréciation de l'Aca- démie. » (Commissaires, MM. Pelouze, Boussingault, Peligot.) M. Eue de Realjiont présente, au nom de l'auteur M. P. de Tchihatchef, un grand travail ayant pour titre : Etudes climatologiques sur l'Asie Mineure. « J'ai consacré à l'exploration de cette contrée, dit M. de Tchihatchef, ( a63 ) plus de cinq années, n'ayant pour tout appui que mes ressources person- nelles. Si le laps de temps assez considérable voué à mes travaux a pu me permettre de saisir les traits les plus saillants des conditions topographiques, géologiques et botaniques de cette vaste région, jusqu'aujourd'hui presque inaccessible aux sciences naturelles et physiques, cet espace de temps ne suffit point pour fournir les éléments nécessaires à l'appréciation climatologique d'une région quelconque, et surtout d'unerégion qui, comme l'Asie Mineure, présente tant de variétés dans son relief. Aussi le seul motif qui a pu m'en- courager à placer sous les yeux de l'Académie ces ébauches très-imparfaites, c'est la considération qu'elle marquera le premier pas tenté dans une voie complètement neuve où je n'ai eu ni guide ni prédécesseur. » Ces Études sont renvoyées à l'examen d'une Commission, composée de MM. Becquerel, Élie de Beaumont et Decaisne. galvanoplastie. — Modelage par dépôt intérieur des objets en ronde bosse; par M. Lenoir. (Commissaires, MM. Becquerel, Dumas, Babinet.) « M. Babinet met sous les yeux de l'Académie des bronzes en ronde bosse obtenus par la galvanoplastie, sans soudures et sans division du moule, en plusieurs parties. Ces bronzes sont remarquables par leur légèreté, qui surpasse de beaucoup celle des bronzes antiques, ainsi que la légèreté des modelages florentins de la Renaissance. Tous les métaux de la galvano- plastie peuvent être modelés par te procédé de M. Lenoir, comme l'est le cuivre, et il n'est point de limite à la grandeur de la statue que l'on veut re- produire. M. Babinet s'est assuré, en faisant couper les pièces à la lime ou aux cisailles, que le dépôt métallique est admirablement uniforme d'épais- seur, ce que les modelés par la fusion ne peuvent obtenir. » Le procédé deM. Lenoir consiste à introduire dans le creux du moule un faisceau de fils conducteurs qui en suivent intérieurement la forme sans y toucher nulle part, et y déposent uniformément le métal du bain où le moule est immergé. On peut à volonté donner à la pièce qui tapisse, pour ainsi dire, l'intérieur du moule, telle force que l'on désire, ou même superposer deux métaux, l'un extérieur comme l'argent, l'autre intérieur comme le cuivre. Une petite statuette/ parmi les échantillons soumis à l'Académie, n'a pas en métal l'épaisseur d'une feuille de papier, et cependant elle est partout de même force. Il y a économie immense de métal, de main-d'œuvre, d'ajustement, de soudures, et surtout grande perfection artistique dans les ( ^64 ) résultats obtenus. Les frais et les risques du retrait du ciselage sont sup- primés. Depuis plusieurs mois, les ateliers de M. Lenoir fabriquent en grand et avec plein succès. Son procédé n'est donc point à l'état de théorie seule- ment, et des pièces d'un mètre de hauteur ont été exécutées. » zootechnie. — Mémoire sur les laines d'Algérie; par M. Emile Baidement, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , Milne Edwards, de Gasparin, le Maréchal Vaillant.) « Un lainier, contenant quatorze cent huit échantillons de laine, re- cueillis sur presque tous les points du territoire algérien, a été envoyé à l'Administration de la Guerre. Etudiés un à un , puis comparés entre eux, ces échantillons ont permis de prendre une idée générale de la valeur des laines d'Algérie et de leur répartition sur le territoire. Une carte, dressée par l'auteur du Mémoire, représente chacun des groupes qu'il établit par une teinte spéciale qui couvre l'emplacement occupé par la tribu d'où la laine provient. Voici les conclusions générales auxquelles l'étude com- parée conduit : » Les laines d'Algérie appartiennent, en général, à la classe des laines communes, et on peut les caractériser en disant qu'elles sont longues, dures et sèches, mécheuses et jarreuses , trop souvent maigres et peu lissées. Elles sont aussi, d'une manière générale, fortes et peu chargées de suint; elles ne manquent pas de nature, et trahissent un certain type de finesse qui se dé- veloppant devient plus sensible à la fabrication. » Sous cette caractéristique commune se produisent des différences qu'on peut rapporter à deux grands groupes. Le premier comprenant les laines longues, excellentes pour le peigne, avec plus d'homogénéité, de régularité, de cachet et de richesse que les laines inférieures, qui forment le fond de la production lainière d'Algérie ; le second, composé des laines courtes ou moyennes, fines et offrant des mèches, rappelant le type mérinos, et le rappelant quelquefois au point d'en faire soupçonner l'influence primitive. » Des combinaisons existent entre les laines de ces deux groupes, résul- tant du voisinage des animaux dans les parcours des razzias, etc. » Les meilleures laines dans tous les genres se trouvent dans la province de Constantine, sur les frontières de la régence de Tunis. » Les laines les plus inférieures se présentent surtout à l'extrémité nord- ( a65 ) ouest et à l'extrémité nord-est de nos possessions, dans la subdivision de Tlemcen et dans celle de Bône. » La province d'Oran est celle dont l'ensemble des laines a le moins de qualité ; la province d'Alger se place entre celle d'Oran et celle de Constan- tine. » Si l'on compare entre elles les parties les plus voisines et les parties les plus éloignées du littoral, on voit que le principe mérinos se révèle bien plus dans les secondes que dans les premières. » Si l'on compare l'ouest à l'est, on trouve que la valeur des laines dé- croît de l'orient à l'occident, tout comme s'affaiblit aussi, dans la même direction, l'influence que je rapporte aux types mérinos. » Le Mémoire étudie les laines dans chaque province, dans chaque sub- division, dans chaque cercle, dans chaque tribu; apprécie les conditions de sol, de climat, de situation agricole et politique des productions, et cherche à démontrer la possibilité d'obtenir, avec les laines d'Algérie, dans l'intérêt de la métropole et dans celui de la colonie, des laines longues lisses et des laines très-fines, c'est-à-dire les qualités dont le besoin augmente en même temps que la pénurie s'en fait sentir dans l'industrie. » anatomie végétale. — Note sur les biforines; par M. A. Trécul. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « En i836, Turpin publia sur des cellules cristallifères qu'il appela bi- forines, une Note dans laquelle sont consignés des faits intéressants qui ont été méconnus depuis par les botanistes. Il a vu dans diverses espèces de Caladium, telles que les C. esculentum, Seguinum, colocasioides , bico- lor, lacerum, pedatifolium, rugosum, etc., des cellules allongées, navicu- laires, contenant un faisceau de cristaux aciculaires qui s'échappent par une ouverture pratiquée à chacune de leurs extrémités. Ces organes, sui- vant l'auteur, seraient composés de deux vésicules : l'une externe, de la forme qui vient d'être indiquée, est assez résistante, assez épaisse, incolore et transparente; elle est surtout remarquable en ce qu'elle est munie à chaque extrémité d'une bouche à bords un peu épaissis. Dans cette vésir cule extérieure se trouve la seconde, sorte de boyau intestinal fusiforme, formé d'une membrane transparente, incolore, extrêmement mince, diri- gée parallèlement à la vésicule externe et aboutissant à ses deux bouches. C'est ce boyau intestinal qui renfermerait les aiguilles cristallines au nombre de plusieurs centaines. Ces biforines, plongées dans l'eau, ne tardent pas à C. R., X856, i« Semestre. (T. XLII, N« 6.) 36 ( *66 ) lancer tantôt par l'une de leurs bouches, tantôt par l'autre, et comme par des sortes de décharges intermittentes, les nombreux cristaux qu'elles con- tiennent. » Ces faits singuliers attirèrent l'attention des anatomistes; mais un seul, en France, confirma les assertions de Turpin; ce fut M. Delile, qui, dans le Bulletin de la Société d'agriculture de V Hérault (i836), dit les avoir observés dans le Caladium bicolor. Depuis, MM. Morren et Lindley les ont admis dans le Caladium esculentum et le Dieffenbachia Seguine. Meyen, Schleiden et Kunth ont cru que Turpin n'avait vu que des cellules cristallifères analogues à celles qui renferment les raphides. « Ces cellules sont connues depuis longtemps en Allemagne, » dit M. Schleiden, en faisant allusion aux figures données par Meyen dans sa Phjtotomie, et que ce dernier botaniste rappelle, à la même occa- sion, dans sa Physiologie. Ixs organes représentés par Meyen ne sont que des cellules raphidiennes ordinaires, dont je montrerai plus loin l'analogie avec les biforines. MM. H. Mohl, Unger, Schacht, Kùtzing, etc., dans leurs ouvrages généraux les plus récents, ne rappellent même pas le nom de ces petits corps si remarquables. En France, l'observation de Turpin ne trouva guère plus d'adhérents; car M. Adrien de Jussieu, dans son Cours élémen- taire de Botanique, ne mentionne pas les biforines, et M. Achille Richard, après les avoir décrites dans plusieurs éditions de ses Éléments, les a fait disparaître dans celle de i85a. Cependant, rien n'est plus exact que le phénomène principal observé par Turpin ; mais il est survenu ici ce qui arrive souvent en pareille circonstance: les théories de Turpin sur l'origine des cellules, et qu'il rappelle dans son travail sur les biforines, ont mis les botanistes en défiance; ceux-ci ne retrouvant pas les faits qu'il a décrits, les ont rejetés complètement. » C'est à tort aussi que Turpin a comparé les biforines au lupulin, avec lequel elles n'ont pas la moindre analogie. En effet, le grain de lupulin, ainsi que l'a très-bien montré M. Personne, et que je l'ai observé moi- même, est composé d'une couche de cellules disposées en cupule, par les- quelles l'huile essentielle est sécrétée. Celle-ci, exsudant de ces cellules, se répand entre elles et la cuticule qui revêt l'intérieur de la petite coupe. Cette cuticule est soulevée et communique au grain de lupulin la forme qu'on lui connaît. » La comparaison que Turpin a faite des biforines avec le grain de pollen est plus rationnelle en ce qu'elles s'ouvrent, comme ce dernier, à des places déterminées. Ce n'est pas, en effet, par une simple déchirure, ainsi que ( a67 ) l'ont pensé Meyen, Schleiden et Kunth, due au gonflement de la cellule dans l'eau, que sortent les aiguilles cristallines renfermées dans les bifo- rines; c'est évidemment par un endroit disposé par la nature à chaque extrémité, aussi bien que les opercules que l'on remarque sur le pollen triangulaire des Onagrées, etc., ont été préparés par elle pour l'émission de la matière fécondante. » J'avais plusieurs fois essayé de vérifier l'assertion de Turpin ; mais, comme celles des autres anatomistes, mes tentatives avaient été infruc- tueuses, sans doute parce que j'avais examiné les espèces les moins favo- rables. En étudiant une plante fort intéressante par son mode de végétation que je trouvai en abondance sur les eaux un peu tranquilles de la Louisiane et du Texas, le Pistia spatulata, je fus frappé de la forme particulière des cellules raphidiennes placées en travers des cloisons qui séparent les lacunes, de cette plante, et celles qui sont moitié libres et moitié plongées dans le parenchyme plus vert et plus dense de la face supérieure de la feuille, quand tout à coup je vis ces cellules naviculaires lancer par leurs extrémités leurs élégantes aiguilles par un jet tantôt continu, tantôt intermittent, et quelquefois par les deux bouts à la fois. J'en vis un grand nombre se vider ainsi complètement. >» J'ai repris dernièrement ces études et j'ai constaté l'existence des bifo- rines dans diverses espèces de Pistia des collections du Muséum, par exemple dans les Pistia Stratiotes, Leprieurii, lingucejormis _, Bl. On peut les voir très-facilement dans celui qui flotte à la surface de l'aquarium du Jardin des Plantes. Je les ai observées aussi chez plusieurs végétaux cités par Turpin. Dans le Caladium Seguinum (Dieffènbachia Seguine, Schott) j'ai vu de grandes biforines remplies de raphides et terminées en pointe comme celles du Pistia. Plusieurs s'ouvrirent sous mes yeux à la tempéra- ture de 10 à ia degrés, et non à celle de 20 à 25 degrés comme Turpin le croyait nécessaire. Leur paroi est assez épaisse et s'amincit vin peu près des extrémités; elle a la propriété de se gonfler dans l'eau- de manière à tripler ainsi son épaisseur, dans laquelle on remarque alors deux, et même quel- quefois trois couches. Ces biforines ne renferment pas de membrane in- terne, de boyau intestinal, tel que celui qui a été décrit par l'auteur de la découverte. » La cause de son erreur, que j'indiquerai plus loin, m'a été dévoilée par les biforines du Caladium crassipes. Celles-ci ne sont point terminées en pointe comme les précédentes; elles sont à peu près elliptiques, et leur paroi montre nettement deux couches, l'une extérieure brune, l'autre in- 36.. ( 268 ) térieure blanche et brillante. Leurs ostioles m'ont paru plusieurs fois ou- verts avant qu'elles fussent plongées dans l'eau ; car je les apercevais aus- sitôt que ces biforines étaient placées sous le microscope, longtemps avant que les aiguilles cristallines se disposassent à sortir. Quand ce moment ar- rive, la régularité du faisceau n'est pas altérée, une ou quelques aiguilles seulement s'approchent de l'ouverture , s'y engagent et sortent avec plus ou moins de rapidité. Il en sort ordinairement plusieurs ensemble; mais, dans le Caladium Seguinum, je les ai vues ordinairement s'échapper une à une. Ce phénomène est assurément dû ici à l'affinité que possède pour l'eau la matière mucilagineuse contenue entre la paroi cellulaire et les cris- taux. Ce mucilage, qui tient des granules en suspension, ou mieux des par- ticules plus compactes, comprime les cristaux et les contraint de sortir. Les décharges, soit continues, soit intermittentes, par lesquelles cette sortie s'effectue, font éprouver à la cellule, lorsqu'elle est libre au milieu du liquide, une sorte de recul que Turpin a comparé à celui d'une pièce d'ar- tillerie. Cette expulsion doit avoir lieu aussi dans l'intérieur de la plante ; car j'ai souvent trouvé dans le Dieffenbachia Seguine, dans le Pistia vivant, signalé plus haut, etc., des biforines vidées avant, d'avoir été placées dans l'eau du porte-objet; et l'une d'elles surtout, fournie par le Caladium cras- sipes, avait perdu ses cristaux depuis longtemps, car les granules qu'elle renfermait étaient devenus verts comme des grains de chlorophylle. » Dans cette dernière plante, le mucilage paraissait beaucoup plus dense que celui des autres espèces citées; aussi, en pressant les cristaux, sa sur- face ne s'appliquait pas régulièrement sur ceux-ci; elle se plissait et pouvait paraître, à un esprit prévenu, limitée par une membrane. Cependant il n'en était rien; car, d'abord, on ne voyait pas la membrane, et, ensuite, les ai- guilles entraînaient parfois avec elles des flocons de mucilage. » Les biforines du Caladium bicolor sont aussi elliptiques; mais leur membrane est beaucoup plus mince , ce qui n'empêche pas que les bords des ouvertures ne soient très-nets et sans apparence de déchirure. Je dois ajouter aussi que dans aucune des biforines que je viens de décrire, je n'ai trouvé les ostioles bordés d'un bourrelet comme celui qu'a décrit Turpin ; il est vrai que je n'ai pas eu à ma disposition le Caladium esculentum chez les biforines duquel il a principalement vu ce bourrelet ou épaississement. » La dimension des biforines n'est pas la même chez toutes les plantes qui en présentent; je les ai trouvées longues d'environ -fa de millimètre dans les Pistia, de omnj, 1 1 dans le Caladium crassipes, de o"3™, 1 2 dans le C. bicolor, de <>mm, 14 dans le Philodendron crinites, Ad. Br., de omm,i5 dans, le Dieffenbachia Seguine. ( ^9 ) » Si maintenant je cherche à me rendre compte de ce qui a causé l'er- reur dans laquelle sont tombés les anatomistes qui ont pris ces biforines pour des cellules à raphides ordinaires, je n'en puis trouver l'origine que dans la jeunesse des organes qu'ils ont examinés, à moins qu'ils n'aient ob- servé des plantes où elles n'existent pas, comme c'est le cas pour l'espèce qui a fourni les figures citées par Meyen. Avant la formation des ostioles, les biforines, surtout celles qui ne sont pas terminées en pointe, n'ont rien qui les distingue des cellules raphidiennes communes, si ce n'est la plus grande épaisseur que présente la membrane de plusieurs d'entre elles. Quand elles approchent de l'état adulte, quelques-unes s'atténuent vers leurs extrémités de manière à former un bec qui se termine plus tard par un ostiole. Alors il est impossible de s'y méprendre; jamais les cellules à ra- phides, qui se rencontrent si fréquemment dans une multitude de végétaux, ne me sont apparues avec le même aspect, et jamais surtout ces cellules ne s'ouvrent, même en se déchirant, lorsqu'on les plonge dans l'eau; tandis que les biforines adultes, dans les mêmes circonstances, laissent toujours voir leurs petites bouches livrant ou prêtes à livrer passage aux aiguilles cristallines que ces biforines renferment. » Les biforines doivent donc être rangées au nombre des organes élé- mentaires des végétaux. » anatomie comparée des végétaux. — Plantes parasites. Ordre des Cuscutacées ; par M. Çhatix. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences comprend l'anatomie des Cuscuta epiihymwn, C. major, C. densiflora, C. rejlexa, C. americana et C. monogjna; plus quelques aperçus sur les C. alba, C. aj ricana, C. corymbosa et C. chinensis; il est accompagné de 4 planches in-4°. » Je montre que, pour ce qui est de la structure des Cuscutes, consi- dérée en elle-même et d'une manière générale, ces plantes, sur lesquelles Meyen et Unger ont publié quelques observations non dépourvues d'in- térêt, offrent, dans la plupart de leurs espèces, une structure assez uni- forme. Les tiges, aphylles comme on le sait, sont composées d'une mem- brane épidermoïdale privée de stomates, et, par contre, assez souvent féculifère; d'un parenchyme cortical, riche en fécule, privé de matière verte, et contenant quelquefois, comme la membrane épidermoïdale, un ( 27° ) liquide d'un rouge rabattu (paraissant se rapporter au cercle chromatique n° 2 de M. Chevreul); d'un cercle ligneux ou fibreux continu, placé entre le parenchyme extérieur et la moelle; de groupes (dix ordinairement) de vaisseaux placés dans l'épaisseur de la zone fibreuse; enfin, d'une moelle le plus souvent bien développée et privée, contrairement à l'observation d'Unger, de rayons médullaires. Les suçoirs, le plus souvent en forme de tubercule conique qui peutj dans certaines espèces, s'avancer jusqu'au centre des plantes nourricières, se composent, en général : i° d'une masse parenchymateuse terminée à son sommet par un groupe de cellules étroites, allongées, convergentes et dirigées perpendiculairement sur les tissus de la plante nourricière, dans lesquels ils pénètrent, malgré la mollesse de leur propre substance et la dureté souvent très-forte de ces derniers; i° par un cône axile essentiellement vasculaire, s'appuyantà sa base sur le tissu fibro- vasculaire des tiges dont il émane, et s' avançant par sa pointe vers l'ex- trémité cellulaire de l'organe, qu'il paraît ne jamais traverser pour se mettre en contact immédiat avec les tissus de la plante nourricière. Le petit cône, formé de cellules pressées au sommet du suçoir et le cône vas- culaire intérieur, que nous retrouverons tous les deux chez le plus grand nombre des végétaux parasites, peuvent être désignés, le premier sous le nom de cône perforant, le second sous le nom de cône de renforcement, termes qui se rapportent au siège occupé par les parties, sans rien préjuger sur leurs fonctions d'absorption pour la vie de l'individu. Les vaisseaux du cône vasculaire, comme tous les vaisseaux placés, même chez les parasites privés de ce cône, dans la contiguïté des plantes nourricières, deviennent exces- sivement courts. » Des replis de la tige latéraux aux suçoirs descendent, dans quelques espèces, de celle-ci pour embrasser la plante nourricière et assurer, dans ces plantes à spirale ou volute lâche, le contact entre la parasite et sa nourrice. Ces replis, rudimenlaires et simplement parenchymateux dans le C. epilinum et le C. rejlexa, plus développés et doublés à l'intérieur d'une lame fibreuse dans le C. monogyna, se retrouvent chez des plantes autres que les Cuscutacées. On peut les désigner sous les noms de replis ou appendices préhenseurs , en distinguant par l'épithète d'appendice de renforcement la lame fibreuse interne. » Les appendices de renforcement des replis préhenseurs sont exclusi- vement fibreux et paraissent bien n'avoir pour objet que d'augmenter la ré- sistance ou solidité de l'organe ; les cônes de renforcement des suçoirs sont essentiellement vasculaires et ont une action sans doute beaucoup plus ( *7J ) physiologique que mécanique : à l'expérimentation, d'ailleurs, à décider la question quand .le rôle de l'observation sera fini. » Après l'exposition succincte des faits anatomiques observés chez les Cuscutacées, je considère ces faits dans leurs rapports avec la classification naturelle, avec l'anatomie générale, avec l'organographie ou morphologie et avec la physiologie. Au point de vue de la taxonomie, je fais remarquer que la diagnose des nombreuses espèces du genre Cuscuta, souvent imparfaite par les seuls caractères tirés de la fleur, pourra faire d'utiles emprunts à l'anatomie, qui distingue mieux encore que les caractères morphologiques le C. major et le C. epithymum, réunis par Linné dans son C. europœa, qu'elle ajoute aux caractères des C. epilinum, C. reflexa, C. americana. Sur la question de savoir si le grand genre Cuscuta doit être, contraire- ment à l'opinion de Ghoisy, démembré en plusieurs genres, je montre que l'anatomie, en révélant dans le C. monogyna une structure très-éloignée de celle des autres espèces, indique, parallèlement aux données morphologi- ques, cette plante comme pouvant être le noyau d'un genre nouveau. J'in- dique, enfin, pourquoi les Cuscutacées, dont la plupart des auteurs ne font aujourd'hui qu'une tribu des Convolvulacées, me paraissent, comme au savant botaniste Lindley, devoir constituer un ordre distinct. » Je signale, au point de vue de l'anatomie générale, l'absence d'un véri- table épiderme stomatifère, de matière verte, de rayons médullaires et, même dans les organes floraux, de trachées ou vaisseaux spiraux (C. mono- gyna excepté), le groupement des vaisseaux sur des points déterminés de la zone fibreuse continue, les rapports entre la contiguïté immédiate des vais- seaux de chaque groupe et leur forme prismatique, entre leur isolement par une portion de l'élément fibreux et leur forme tubuleuse arrondie, l'épais- sissement considérable des vaisseaux du C. monogjna et l'assemblage fort complexe constituant le système fibrovasculaire de la même plante, la moelle ordinairement si réduite dans le C. epithymum, qu'elle semble man- quer, les rapports des éléments des suçoirs et des replis préhenseurs avec ceux des tiges. » Sous le rapport morphologique, je signale l'utilité qu'il pourra y avoir à comprendre les appendices préhenseurs dans la diagnose des espèces, l'in- version qui existe entre les Cuscutes et les végétaux ordinaires, ces derniers étant feuilles mais souvent privés de bractées, celles-là étant, au contraire, pourvues de feuilles florales quoique aphylles, etc. » Au point de vue de la physiologie, enfin, je fais remarquer que les faits anatomiques observés ont des rapports multiples avec le mode de vivre des ( 272 ) Cuscutes, mais que la délimitation et l'appréciation exacte de ces rapports ne pourront être établies que par l'expérimentation, qui aura surtout à expli- quer : le rôle de la membrane épidermoïdale qui est parenchymateuse et souvent remplie d'un liquide coloré ; la présence, dans la parasite, de sub- stances qui n'existent pas chez la plante nourricière, ainsi que le fait réci- proque ; la force qui vient en aide au cône perforant qui, quoique paren- chymateux, traverse les tissus les plus durs de la plante nourricière ; le rôle de ce même cône perforant et celui du cône vasculaire quant à l'ab- sorption. » hygiène publique. — Innocuité du phosphore amorphe; réclamation de priorité adressée par M. A. Chevallier à l'occasion dune Note récente de MM. Orfila et Rigout. (Extrait.) « Dans la séance du 9 octobre i855, j'ai présenté à l'Académie des Sciences un Rapport fait à l'Académie de Médecine sur un Mémoire de M. Causse, d'Alby, Rapport dans. lequel j'établissais : » i°. L'idée que j'avais eue de substituer le phosphore amorphe au phos- phore ordinaire dans la fabrication des allumettes phosphorées, but déjà atteint, puisqu'un fabriquant de Paris, M. Camaille, avait préparé des allu- mettes au phosphore amorphe qui furent présentées au Conseil de Salubrité et l'objet d'nn Rapport dans lequel on reconnaissait l'utilité de cette substi- tution ; » 20. Que déjà, dans une Note du tome XIX du Journal de Pharmacie, on trouvait que M. Bussy, dès i85o, avait constaté que le phosphore rouge n'était pas susceptible d'agir comme toxique, et qu'un chien avait pu impu- nément en prendre 2 grammes; » 3°. Que j'avais fait établir l'innocuité de ce corps combustible en priant MM. Lassaigne et Baynal de faire à Alfort des expériences sur les animaux, expériences qui démontrèrent que non -seulement le phosphore rouge n'était pas toxique, mais encore que le mélange de chlorate de potasse, de gomme et de phosphore rouge, mélange employé pour la fabrication des nouvelles allumettes chimiques, n'avait pas d'action toxique. » Dans ce Rapport je faisais encore connaître l'avantage qui ressortait de l'emploi du phosphore amorphe pour la santé des ouvriers, qui ne se- raient plus exposés à la nécrose et aux accidents funestes qui accompagnent cette maladie, accidents qui sont souvent suivis de la mort du malade. » Plus tardj en mars i855, M. Causse, d'Alby, en collaboration avec ( vfi ) mon fils, adressèrent à l'Académie des Sciences nue brochure ayant pour titre : Considérations générales sur l'empoisonnement par le phosphore et par les pâtes phosphorées et par les allumettes chimiques. » La Note de M. Chevallier et les deux opuscules qu'il a mentionnés sont renvoyés à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de MM. Or- fila et Rigout, qui jugera s'il y a lieu de les réserver pour le concours Montyon, prix, dit des Arts insalubres. M. Tricaud, qui, dans la séance du 22 octobre i855, avait, en son nom et celui de M. Bonfdon, sollicité le jugement de l'Académie sur un moteur a air comprime et dilaté par la vapeur, adresse aujourd'hui la description et la figure de cet appareil. (Commissaires, MM. Morin, Combes, Seguier.) M. Giardim soumet au jugement de l'Académie un Mémoire, écrit en italien, suc un aimant te/nporaire obtenu au moyen de la seule action du ma- gnétisme terrestre. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz.) M. AiiDitK.in 1 1 1 adresse de Fribourg un dessin se rattachant à une pré- cédente communication (3 septembre 1 855), sur un halo lunaire observé par lui en Ukraine. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés : MM. Pouillet, Babinet, Bravais.) M. IYoiret adresse de Constantine des considérations sur les péniten- ciers. M. Andral est prié de prendre connaissance de cette Note et de voir si, bien qu'elle soit adressée à l'Académie des Sciences, elle ne serait pas plutôt destinée à l'Académie des Sciences morales et politiques. M. Verstraete adresse une Note faisant suite à une de ses précédentes communications sur la nature de la lumière. Dans cette nouvelle Note, l'auteur discute diverses expressions du texte hébreu de la Genèse, expressions qui, d'après le sens qu'il leur attache, lui feraient trouver dans ce texte plusieurs passages à l'appui de la thèse qu'il soutient. (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés : MM. Serres, de Senarmont.} C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 6.) $7 ( 274 ) CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'Instruction puhlique , par deux Lettres en date du 9 février, autorise l'Académie à prendre sur les fonds restés disponibles une somme de 3 ooo francs, destinée à subvenir aux frais d'expériences préliminaires faites par la Commission des observatoires météorologiques pour l'Algérie, et une somme égale pour une mission confiée à M. Ch. Sainte- Claire Deville, mission ayant pour objet des recherches comparatives sur les éruptions du Vésuve et de l'Etna. « De la part de M. Siljestrom, professeur à l'Université de Stockholm, M. Bravais présente à l'Académie un volume écrit en suédois, intitulé : Dissertations sur des matières de Physique et de Philosophie. Stockholm, i854- » Ce volume contient cinq Mémoires distincts : » Le premier, « sur les Pierres météoriques et leur origine probable » ; » Le deuxième est intitulé : « Idées sur le Système et sur la Constitution des corps célestes » ; » Le troisième porte le titre suivant : « Sur la Nature des forces plu to- niques et volcaniques de la Terre » ; » Le quatrième est une « Note sur les Attractions des ellipsoïdes » ; a Et le cinquième, une a Addition à la Théorie mathématique de la forme du globe terrestre ». » Le travail de M. Siljestrom sur les pierres météoriques est le seul dont j'aie pris connaissance, mais, je l'avoue, un peu rapidement; il m'a paru offrir un assez grand intérêt, et contient un tableau qui donne le poids spé- cifique et la composition chimique de cinquante-trois de ces météores . » « 31. Elie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie des branches et des tètes d'arbres qui ont été rompues ou éclatées, par l'action d'un vent impétueux sur ces mêmes arbres chargés de verglas. Elles ont été recueillies par M. le comte Arthur de Campagne dans le parc du château du Fou, commune de Vouneuil-sur-Vienne , près Châtellerault (Vienne). Ce phénomène singulier, qui est arrivé du 20 au a5 février 1 855, s'est fait sentir non-seulement dans tous les environs de Châtellerault, mais encore dans une grande partie des départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la Vendée, et plus généralement dans toute la contrée qui, à l'ouest de Châtellerault, s'étend au sud de la Loire. » ( *75) M. Eue de Beaumont communique en même temps les Notes suivantes, que M. le comte de Campagne a bien voulu solliciter pour lui, de deux habitants du pays, témoins oculaires des faits qu'ils rapportent. météorologie. —Note adressée à M. Élie de Beaumont parM. Champigny, notaire à Châtellerault (Vienne). « Le i3 et le i4 février 1 855, la neige tombait très-abondante; et bien qu'elle fût poussée par un vent violent, le pays a été couvert d'une couche assez régulière ayant environ 3o centimètres d'épaisseur. Le thermomètre pendant ces deux jours était à 17 degrés au-dessous de zéro. » Le 1 5 et le 16, le thermomètre ne marquait plus que 7 degrés au-des- sous de zéro, le vent s'était calmé; il venait du nord-est, mais était insen- sible; et pendant ces deux jours il tomba constamment une pluie tellement fine, qu'on ne la voyait pas : on entendait seulement sur la neige un certain crépitement (moins fort que celui du givre ou verglas ordinaire). ■• » Elle tombait tout à fait perpendiculairement, si légère et si menue, que les feuilles des arbres verts les plus tendres ne s'inclinaient pas7 non plus que les extrémités les plus faibles des branches ; elle s'attachait aux feuilles et aux branches, comme l'aurait fait une pluie de gomme, et elle y restait glacée. Les branches horizontales ne la recevaient le plus souvent que sur la surface supérieure, et par suite elles portaient un poids moins lourd que les branches verticales qui étaient entourées de toutes parts; et cette enve- loppe, ce fourreau de glace, avait quelquefois, sur de très-faibles bran- ches, jusqu'à 2 ou 3 centimètres d'épaisseur. ^1 Ainsi certaines têtes de jeunes amandiers, tous les jeunes cyprès res- semblaient à d'immenses lustres en cristal; les têtes des peupliers, des arbres verts ressemblaient à des flèches de verre. » Cette parure de glace était d'un poids au moins dix fois supérieur au poids du bois qui la portait; j'ai vu une branche, prise au hasard à un ar- bre renversé, et qui pesait 60 kilogrammes, tandis que le bois nu, après la fonte du verglas, pesait, bien qu'étant encore humide, à peine 7 kilogram- mes. De petites branches flexibles et qui s'étaient affaissées portaient un poids de 10 kilogrammes et ne pesaient pas i5o grammes. » Aussi, lorsque du 20 au 2 5 février le vent s'éleva un peu et que le temps se détendit, une quantité d'arbres se brisaient à la fois; et dans les campagnes bien boisées, on entendait des craquements semblables à des décharges d'artillerie. 37.. ( *P ) » Des bois de sapins ont éprouvé des dégâts que l'on a évalués à plus de i 5o francs par hectare; les peupliers ont été mutilés, les arbres fruitiers ont aussi souffert; des noyers, des chênes même dont le tronc pouvait n'être pas parfaitement sain, ont été séparés en deux par le poids de leurs branches. » J'ai vu, à i kilomètre de Châtellerault, un énorme noyer, ayant am,5o de circonférence, qui a été fendu en deux et entièrement renversé. » Extrait d'une Lettre de M. de Chaïïtreau à M. Elie de Beaumont. « Au Couteau, par Coulonges-sur-1'Autise (Deux-Sèvres), 3o mai i855. » Une connaissance commune m'a fait connaître votre désir d'avoir par moi des renseignements sur les effets du verglas dont la contrée du Poitou que j'habite a souffert l'hiver dernier. » J'aurai l'honneur de vous rappeler d'abord, Monsieur, un caractère géologique très-essentiel du nord des départements des Deux-Sèvres et de la Vendée, à savoir : la chaîne de collines, qui court du sud-est au nord- ouest, depuis la petite ville de Saint-Maixent jusqu'aux portes de Nantes et dont l'élévation au-dessus du niveau de la mer varie de 200 à 38o mètres. » Cette chaîne de collines a cela de remarquable, qu'elle n'est pas une seule fois interrompue dans le trajet que je viens d'indiquer, comme on le voit très-bien sur la carte de Gassini. Aussi les deux versants forment des bassins fort distincts. Celui du nord est parcouru par la Sèvre Nantaise, depuis la commune du Beugnon-en-Gàtine où elle prend sa source jusqu'à Ja ville de Nantes. Au midi, coulent vers la mer la Sèvre Niortaise, l'Autise, la Vendée et les Deux-Lays. » Le faîte de ces quasi-montagnes est, dans les hivers rigoureux, couvert de tieige ou de frimas avant les régions inférieures, et les habitants de la plaine pourraient dire avec Horace : Vides ut alla stet nive candidum Soracte, nec jam sustineant onus Silvae laborantes. ..... Lib. I, ode vm. « Aussi, dès que le vent souffle du nord, ces régions élevées subissent une température sensiblement plus froide que celle de leurs versants, et bien souvent elles souffrent du grésil, du givre et particulièrement du verglas, comme l'hiver dernier, quoique avec moins de dommage; car nul habitant ( 277 ) ne se rappelle d'avoir vu pareil sinistre. Presque tous les arbres de la con- trée ont été maltraités plus ou moins, surtout ceux du sommet de Ir» mon- tagne ; car, à proportion qu'on descendait, le dommage diminuait, surtout au midi. » J'ai parcouru moi-même la région la plus dévastée, pendant 6 ou 7 ki- lomètres, depuis le bourg de Vernon-en-Gâtine jusqu'à celui du Beugnon : c'était un bien triste spectacle. Les arbres grands ou petits, réunis ou isolés, les chênes, espèce la plus commune, autant que les arbres moins résistants, avaient leurs branches rompues depuis la tête jusqu'au pied. — J'ai longé une futaie dont la lisière semblait avoir subi le feu prolongé d'une batterie d'artillerie. Ainsi ont été traitées les forêts de Secondigny et de Chantemerle, pour citer les points les plus considérables. » Les têtards eux-mêmes, arbres à tiges basses, sujets à un émondage périodique et dont nos haies sont couvertes, n'ont pas été plus épargnés. Non-seulement leurs branches étaient rompues et pendaient comme celles des grands arbres, mais beaucoup étaient tordues comme le pratiquent les bûcherons pour lier leurs fagots. » Rien n'est triste comme la vue de ces arbres dont le pays est couvert. Ici les branches sont séparées du tronc que déshonorent de longues et irrégulières cicatrices : plus généralement ces branches pendent fendues en éclats, et bien souvent c'est la tête qui a été ainsi maltraitée. J'ai même un arbre arraché. Un de nos voisins a, dit-on, de trois à quatre cents charre- tées de bois à ramasser ; un autre de nos voisins estime son dommage à dix mille francs. » Quelles causes ont produit un sinistre si considérable, que le pays n'a pas gardé le souvenir de rien d'égal ? Je les crois en petit nombre ; mais leur concours, en quelque sorte sympathique^ a augmenté leur puissance et pro- duit des effets excessifs. » S'il est vrai de dire que le froid n'a été ni plus intense ni plus prolongé que pendant l'hiver précédent , il est tombé une bien plus grande quantité de neige, pendant plus de temps et à plusieurs reprises. Souvent aussi il tombait pendant le jour de la neige fondue ou une pluie glaciale, qui saisies parla congélation sur toutes les parties des arbres, les couvraient de couches successives de cristaux, qui s'allongeaient souvent à la manière des stalactites et qui finissaient par les charger d'un poids énorme. » Il fallait pourtant encore l'action d'un autre agent atmosphérique pour produire le ravage dont le pays a été ému et a souffert. Un dégel calme (a78) eût bientôt fait disparaître tous les symptômes inquiétants; mais il est sur- venu un vent impétueux du nord-est auquel n'ont pu résister les arbres, dans l'état de rigidité et de surcharge où ils se trouvaient; leurs branches étaient communément rompues de i à i mètres du tronc, sans excep- tion pour les plus grosses, et avec un fracas formidable, qui a d'autant phis effrayé le pays, que ce phénomène a commencé à se produire à l'entrée de la nuit. » Des arbres moins profondément enracinés que le chêne, tels que les pins et quelques espèces d'arbres fruitiers, ont été arrachés ou tellement penchés, qu'il n'a pas été possible de les redresser. » Le vent a agi d'une façon particulière sur un semis de pins maritimes, âgés de dix ans, qui ont été couchés comme des capucins de carte, par zones distinctes, et ce dans les parties les plus épaisses, tandis que dans les plus claires les pins sont presque tous restés debout. » En résumé, le verglas de l'hiver dernier, aussi bien que l'intensité du froid, n'a pas dépassé sensiblement les proportions ordinaires. La neige, au contraire, est tombée à deux reprises en quantité rarement atteinte dans nos contrées. Mais la cause principale d'un mal d'autant plus difficile à apprécier qu'il a été plus général, c'est le vent, c'est la tempête survenue au moment où les arbres ne pouvaient que rompre sans plier, à moins que peu enracinés, selon les espèces, ils n'aient été arrachés ou couchés. » astronomie. — Découverte d'unenouvelle petite planète } faite à V Observatoire impérialde Paris par M. Chacornac, le S février dernier. (Communication de M. Le Verrier.) « Cette planète, de 8e à 9e grandeur, est la 39e du groupe des astéroïdes qui circulent entre les orbites de Mars et de Jupiter. » Voici les observations qui ont été faites : T. m. deParis. R^j—R* Comp. d(§)-D* Comp. «(S) d®' hms m s h m s o ' i856. Fév. 8 i4- 4- 3,4 —5. 6,29 3 11.21.52,74 •• 14.27.32,0 — i.5o,o 3 -f-4-53.21,9 i5.33.i5,6 — 5. 8,23 2 n.2i.5o,8o 16. 36. 36,3 —i.i4,5 2 -4-453.57,4 Fëv. 9 12. 3o. 11,2 — 5.35,82 5 11.21.23,23 i3. 7.54,2 +4-'7,4 3 +459.29,3 » L'étoile de comparaison est 21963 Lai. Cat. of stars, et sa position ( 279 ) moyenne, le ier janvier t856, est 2R*:=iih26m58s,oi, D * = 4-4°55'5",3. » A cette occasion, M. Le Verrier annonce que la planète (38), décou- verte le 12 janvier dernier par M. Chacornac, portera le nom de Léda, et il communique des observations de cet astre, faites à Liverpool par M. Hart- nup, et adressées par lui à M. Chacornac : Observations de Léda, faites à l'Observatoire de Liverpool avec le grand èquatorial. T. m. de Greenwich. Ascension droite. Dist. au pôle nord. b m s h m s 0 ' " r856. Janvier 19 n.34.56,8 8.33. 1 5, 10 72.4o.4l,5 » 19 11 .54.52,8 8. 33\ 14,08 72.4o.45,I <> 24 1 1 .26. 14,9 8.28.i3,59 72.41 .45,5 » 24 n.46.10,9 8.28.12,84 72.41.48,8 » Les observations sont corrigées de la réfraction. L'étoile de comparai- son est, pour toutes ces observations, Q de l'Ecrevisse, dont la position moyenne, pour janvier 1 856, est, d'après les observations de Greenwich, 2R = 8h 23°' 22%83 , DPN = 7 I ° 25' 20",07 . météorologie. — Bolide du 3 février dernier. (Communication faite par M. Le Verrier.) « Outre l'observation de ce phénomène, faite à l'Observatoire de Paris par M. Dien, une seconde observation en a été faite dans le même établisse- ment par M. Besse-Bergier, assistant observateur. M. Le Verrier commu- nique la partie de la relation de M. Besse-Bergier qui est relative aux appa- rences du phénomène, en faisant remarquer que les variations d'éclat qu'il a présentées pourront servira expliquer les. apparences d'inégalité de mou- vement que d'autres observateurs ont cru constater. » Le 3 février, dit M. Besse-Bergier, à 8h 5m du soir, j'aperçus une lueur d'un rouge amarante au sud-est. Un bolide se montra bientôt sous la forme d'une traînée lumineuse d'un blanc un peu blafard. Cette traînée a présenté une longueur très-variable : dans son plus grand éclat, quelques instants après l'apparition, elle pouvait avoir un demi-degré de longueur; puis elle a diminué assez subitement : les bords se sont colorés légèrement en bleu, et le bolide a offert pendant une seconde l'aspect d'un globe de feu d'à peu près 10 minutes de diamètre. ( a8o ) » A cet état a succédé un redoublement subit d'intensité lumineuse : la traînée a repris son développement longitudinal primitif et sa couleur d'un blanc blafard, pour diminuer de nouveau et passer, pendant les dernières secondes de son apparition, à la forme gobuleuse et à une couleur d'un bleu céleste très-intense. » Je distinguais alors très-nettement, en arrière de la partie brillante et colorée, une série d'étincelles alignées dans le sens du mouvement du bo- lide. L'une d'elles était reconnaissable à son diamètre apparent bien sen- sible, et à un point rougeâtre situé à sa partie antérieure, et dont l'intensité allait en s'affaiblissant graduellement. Le tout, étincelle et point rougeâtre, a été visible pendant environ deux secondes et a disparu subitement. La partie globulaire située en avant était alors à une distance égale à peu près au double de son diamètre; elle a disparu à son tour quelques instants après. » La partie antérieure du bolide m'a paru pendant tout le temps nette- ment dessinée, et arrondie en forme de paraboloïde. » Le mouvement apparent, tant du bolide que de la traînée lumineuse qui le suivait, est resté très-sensiblement borizontal et uniforme : sa direc- tion était celle du sud au nord. Quand je l'aperçus, le bolide était déjà au sud-est ; il a disparu pour moi à l' est-nord-est. » » Le bolide, ajoute M. Le Verrier, a été vu à Saint-Dié (Vosges) par M. Tessin, membre de la chambre consultative des arts et manufactures des Vosges. M. Tessin annonce, à la date du 4 février, qu'après 8h 3om environ du soir, le 3 février, • dans la direction de l'ouest, et le ciel étant d'une pureté extraordinaire, il est apparu un globe de feu de la gran- deur ordinaire de la lune et avec une auréole d'étincelles.- Ce globe, après plusieurs secondes de station, se serait déplacé horizontalement vers l'ouest d'environ io degrés, en laissant une traînée de feu, puis il aurait disparu en produisant l'effet d'une fusée qui éclate et laisse échapper des étincelles dans sa chute verticale. » La clarté projetée par le globe était si vive, qu'elle éclipsait la lumière projetée par une lampe modérateur. Le météore paraissait être d'environ 3o à 4o degrés au-dessus de l'horizon. » M. Malservet, ancien notaire, écrit, de son côté de Sommevoire, à la date du 4 février, qu'il a vu le bolide à 8 heures et quelques minutes du soir. En supposant, dit-il, par rapport à ma position, que la voie lactée prît sa naissance au sud-est à Langres et allât se perdre à Paris, un météore ex- traordinaire a parcouru cette ligne en laissant la voie lactée sur sa gauche. ( *8' ) La forme du météore était celle d'une boule allongée et dont la couleur paraissait noirâtre (ne faut-il pas lire bleuâtre?). Le météore traînait après lui une barre rouge de laquelle s'échappaient une multitude d'étincelles de feu. Quoique sa marche fût rapide, elle était loin d'égaler en vitesse les étoiles filantes. » Cinq à six minutes après le phénomène, qui. paraissait peu élevé au- dessus de la terre, l'auteur de la Lettre affirme avoir avec d'autres témoins entendu une explosion extraordinaire comme celle d'une mine, laquelle aurait été suivie d'une longue détonation. » météorologie. — Autres Observations du bolide du 3 février. (Commu- niquées par M. Elie de Beaumont.) — Observation faite à Niederbronn (Bas-Rhin); Lettre de M. Kchn. — « C'était à 8h25m. Le globe igné paraissait de la grosseur d'un fort boulet de canon, sa lumière était bleu-jaunâtre et il répandait partout une grande clarté. Il était suivi d'une grande traînée lumineuse, en forme de queue et qui jetait de nombreuses étincelles. » Le bolide, dont la direction était à peu près du midi au nord, semblait dans son trajet descendre vers la terre et disparaître derrière les montagnes qui sont au nord-ouest de Niederbronn. » L'apparition eut lieu à 60 degrés environ de hauteur et la dispari- tion derrière les montagnes à 1 5 degrés. Tout le météore a été visible de quatre à cinq secondes. » — Observation faite à Vitrj-en-P erthois (Marne); Lettre de M. Mathieu. — « Ce soir à 8 heures et quelques minutes, par un ciel très-limpide, un bolide s'est allumé avec bruit dans la direction du midi, s'est dirigé vers le nord-nord-ouest, parcourant environ un quart de l'hémisphère, apparent en trois ou quatre secondes et avec l'éclat de la lune dans son plein. Il laissait après lui une longue traînée de lumière bleuâtre comme la foudre, tandis que le globe lui-même avait une teinte cuivrée, un peu nitrate de strontiane. Son inclinaison était d'environ 60 degrés et le milieu de sa course en face des Pléiades (la Poussinière) 10 ou i5 degrés au-dessous (à l'ouest). C'était une vraie chandelle romaine, avec sa faible vitesse et son brillant éclat. Ce bolide ne devait pas être très-élevé, vu son immense parcours apparent avec sa faible vitesse et son peu de durée. » C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N°6) 38 ( 282 ) — Observation faite a Chartres {Eure-et-Loir); Lettre de M. Doublet de Boisthibaitlt. — « Le remarquable météore qui a été vu dans plusieurs villes de France, le 3 de ce mois, a été remarqué à Chartres, vers 8 heures du soir. Il venait du côté nord de la ville, qu'il a éclairée un moment. » astronomie. — Sur les anneaux de Saturne; Lettre du P. Secghi à M. Elle de Beaumont. « Dans un Mémoire très-intéressant publié dans le volume V, 6e série, i852 , des Actes de l'Académie de Saint-Pétersbourg, M. Otto Struve a émis le soupçon que les anneaux de Saturne étaient dans un état progressif de rétrécissement, de sorte que dans un temps peut-être assez court on pour- rait voir la planète dépouillée de cet intéressant accessoire. Le soupçon est d'autant plus raisonnable, que rien ne prouve que le système soit dans un état permanent d'équilibre, et non-seulement les mesures anciennes, qui pourraient être suspectes, mais les plus modernes encore supportent l'hy- pothèse. » Mais les discordances qu'on remarque entre les résultats des mesures des différents auteurs sont assez fortes; et j'ai cru qu'il n'y aurait pas de té- mérité de ma part à aborder la question. Après m'être suffisamment exercé à la mesure des planètes sur Jupiter, et trouvé mes mesures d'accord avec celles de M. W. Struve, j'ai pris occasion de la dernière op- position et du maximum d'ouverture de l'anneau pour faire une suite de mesures non-seulement de l'anneau, mais aussi de la planète, pour avoir un contrôle du degré de précision et de confiance qu'on devait y placer. Les résultats sont consignés dans le tableau B. Chaque nombre est la moyenne de deux et plus souvent de trois mesures doubles très-bien d'accord entre elles, et dont l'erreur probable pour chacune n'excède pas o",2. On a mesuré seulement dans un excellent état de l'atmosphère excepté deux fois, dont l'une expressément pour essayer l'influence des circonstances moins favora- bles. Aux mesures faites dans la dernière opposition, j'ai aussi joint celles de l'opposition de l'année dernière, 1 854-1 855, pour servir pareillement de comparaison. Les mesures sont réduites à la distance moyenne de Saturne au Soleil, mais on n'a appliqué à aucune des mesures la correction de la réfraction, ni de la phase, ni du changement d'obliquité des anneaux, non parce que je les crois négligeables, mais parce que voyant des diffé- rences bien supérieures à celles que pouvaient produire ces petites correc- tions, avant de les calculer, j'ai voulu examiner d'où pouvaient provenir ces discordances. ( a83 ) TABLEAU B. DIAMÈTRE MILIEU DIAMÈTRE BORD DIAMÈTRE DIAMÈTRE extérieur delà intérieur intérieur équatorial conjugué DATE DE L'OBSERVATION. de l'anneau division de l'anneau de l'anneau de la de A. principale. K. nébuleux. planète. l'anneau. » i854- i5 novenib . 4o, 655 a » u » i5 décemb. . 4i ,33l » » u 0 » i855. 17 » 4l ,008 a » u u „ i855. 4 janvier. . 40,739 » u » » u 6 40,733 » » 0 1* » 20 avril .... 4 1 , ao5 » » u 17,708 a 3o novemb. . 4o,85i » 23,792 21 ,23a 17,458 l8,339 5 décemb... 4< ,324 34,486 26, 101 20,995 17,829 u .4 » 4i,o68 » 25,474 » 17,531 20,442 i5 » 4i,443 34,657 25,913 21 ,725 '7>773 19,025 16 » 40,812 34,699 25,834 2 1 , 35o 17,716 i8,5o4 23 » 4i,ii8 34,642 25,917 2 1 , 6o5 17,611 18,991 24 » 4o,564 34 ) 760 26, 191 21,519 17,687 18,291 27 >> 40,412 » 25,832 21 ,5o8 17,572 18,110 Mes.ind. » » 40,623 M 26,003 » u » 3o » 40,710 » M u 17,728 . Mes.ind. 3o » 41,090 ■ 26,083 M » u i856. 9 janvier. . 4o, 483 » ■> » » u Moyennes . . . — .,„, ■ 40,893 34,65g 25,7l4 21,419 17,661 18,814 » On voit dans ce tableau des différences assez petites pour la planète, tandis que pour l'anneau elles sont presque toujours \ seconde, et les ex- trêmes montent a 1 seconde, ce qui est tout à fait intolérable avec notre instrument. Après avoir été en quelque anxiété pour ces résultats irrégu- liers, j'ai consulté les mesures dernières de M. Lassel, et en elles j'ai vu des sauts semblables : cela m'a engagé à les discuter avec plus de soin, et j'y crois avoir reconnu une certaine périodicité : les mesures de deux jours consécutifs sont en désaccord, mais celles de trois jours et de neuf s'ac- cordent. » J'ai donc cherché si cela ne pourrait pas s'expliquer par une ellipticité de l'anneau qui, dans sa rotation autour de la planète, en nous présentant alternativement le grand et le petit axe, pourrait être la source de ces dif- 38.. ( 284 ) férences. Ayant essayé la période propre d'un satellite placé un peu à l'in- térieur du bord de l'anneau A, j'ai trouvé un temps qui, légèrement mo- difié, satisfait à toutes les irrégularités. Soient T le temps de la rotation de l'anneau, t le temps écoulé après une époque fixe du minimum observé, K la différence de deux axes de l'anneau; nous aurons Le diam. moyen = diamètre observé + Kcosa ( -=- En négligeant les puissances supérieures à la deuxième pour l'excentricité et en appelant w l'angle qui reste après les circonférences entières, décrites par l'anneau, la correction sera c = K cos i « . La valeur de T qui satisfait le mieux aux observations est T = i4\238 de temps sidéral, j'ai conclu R = o,366, après la différence entre les maxima et les minima, et choisi pour époque du minimum le 2/4 décembre à 4'" iom sid., instant dans lequel l'anneau se voyait très-bien et était dans un minimum de position. Le tableau C résume le résultat de cette discussion. ' TABLEAU C. DATE ET HEURE. INTERVALLES en temps. INTERVALLES en révolution. CORRECTION. DIAMÈTRE observé. DIAMÈTRE corrigé. DIFFÉRENCE du c — m. i855. 3o novembre b m 2.3o ) h m 24 -f- I . 40 r 0 4o \ + 23 + 0 , 2.54 4o"85i 4i ,io5 +0,Il8 5 décembre 1.45 19 -t- 2.35 32 -+-76 — o,3?3 41,324 4i,oo + 0,014 4 » 3.00 10 -t- 1 .40 17 —24 -f- 0 , 245 4 1,068 4i,3n + 0,227 .5 1> 3.3o 9 -+- O.40 i5 + 81 — o,348 41,443 41,095 + 0 , 1 08 16 » 3.3o 8-+-O.40 l3}+ 12 + o,334 40,812 4.,. 46 -+■ 0, 159 23 n 4- 10 I O.O ij + 65 — o,235 41,1 .8 4o, 883 — 0 , 1 04 24 B 4- io -f- 0 , 366 4o , 564 40,930 — 0,057 27 » 3.40 3 — 0 . 20 5+12 + o,334 40 , 4 ' 2 40,746 — 0 , 24 1 » » 4.10 3 0.0 5 4-20 -+- 0 , 280 40 ,623 4o,go3 — 0,084 3o » 3.5o 6 — 0 . 20 10 -t- 32 + 0 , 1 60 40,710 40,870 — 0,117 3o » 4.20 6+ 0 10 10 -+- 45 0,000 4< ,090 41,090 + 0, io3 i856. 9 janvier 5.28 16+ 1.18 27 y -H 20 + 0 , 280 4o, 483 40,763 — 0,224 ( a85 ) » L'accord entre les moyennes des diamètres corrigés entre eux est très- satisfaisant, et même, en appliquant la réfraction (qui dans sa plus forte valeur n'excède pas o",o3 ), on ne trouverait plus de discordances remar- quables. La seule observation un peu excessive est celle du i4 décembre, qui a été faite dans des circonstances peu favorables, mais qui cependant présente un minimum relatif très-prononcé, comme le veut la correction. La tendance au signe -+- dans la première partie de la colonne des diffé- rences et au — dans la seconde n'est pas douteuse; mais, sans tout rejeter sur les erreurs d'observations, on pourrait bien l'attribuer à la même source d'où dérivent les irrégularités trouvées par les autres astronomes. On voit, en effet, que nos deux moyennes (tableaux B et C) sont très-peu différentes des valeurs données par MM. Encke, Galle et Lassel, mais très-différentes de celles de Bessel et Struve ; on pourrait rejeter celles de Bessel comme faites avec la double image, qui peut offrir un peu plus de difficulté aux con- tacts (i); mais celles de W. Struve étant faites avec un instrument comme le nôtre, il n'y a pas de raison contraire. » Examinons donc s'il est possible qu'il y ait quelque variation dans les anneaux. Après M. O. Struve, la moyenne des observations de W. Struve, Encke et O. Struve donne pour la largeur de l'anneau extérieur A = a ",44° ; dans le tableau B, nous avons le diamètre du milieu de la division ; ajoutant la largeur de la division, trouvée o",^oi, on trouve le diamètre intérieur de l'anneau A, et on a pour sa largeur = 2", 91 5 ; la différence = o",475, est assez forte. Le jour 29 décembre 1 855 (n'ayant encore fait aucune réduc- tion), je fus frappé de la largeur excessive apparente de l'anneau A qu'on remarquait à l'œil plus grand que dans les admirables dessins de Lassel et Dawes. Cela m'engagea à en prendre avec soin la largeur directement. Le résultat est le suivant : largeur des deux anneaux = 7",5i2; largeur de A = 2 ",788; le même, selon Struve, = 2",44°- La différence est très-forte, = o",348, et confirme le témoignage de l'œil. — Le 27 décembre, on avait un air excellent; on essaya la mesure séparément des anses et de l'es- pace obscur entre l'anneau et la planète pour en constater l'excencitrité. On trouva l'excentricité presque nulle ; mais la largeur de l'anse précédente était = 8",6o5, et de la suivante =8", 751. A part la petite différence, on (1) Ce célèbre observateur a été lui-même étonné de la différence entre ses résultats et ceux de Struve , et il a prouvé que la différence excède l'erreur possible des mesures avec Phéliomètre. Voir Astronomische Nachrichten , 189. ( 286 ) voit une largeur extraordinaire, et cependant les mesures s'accordent toutes entre o",or5! Comme on pourrait attribuer les discordances précédentes à la difficulté de collimer aux bords, comparons les mesures du diamètre de la division principale, objet qu'on mesure très-bien. Des mesures du ta- bleau B nous obtenons (en ajoutant, comme j'ai dit, o",^oa) la valeur sui- vante pour le diamètre intérieur de A = 35",o6i. M. W. Struve donne, avec un excès extraordinaire pour lui, la valeur = 35", 289. Est-ce que la division change de place? Ne pourrait-on pas expliquer ainsi le désaccord avec ce que dit Cassini que la division de son temps partageait presque en deux parties égales l'anneau ? « J'ai cherché encore le rapport qui existe entre l'espace obscur entre la planète et l'anneau, comparé à la largeur des anneaux : je le trouve = o",53. M.tÔ. Struve, = o",4o,; Encke et Galle, s= o",57; W. Struve, = o",64. On voit ici de grandes variations ;, mais la période progressive de M. O. Struve n'est pas confirmée. » Pour établir s'il y a des variations réelles comme cela paraît, il faut des observations nombreuses et suivies, surtout avec V indication précise du temps et de l'heure exacte de l'observation ; trois heures et demie de diffé- rence pourraient changer le maximum au minimum; et faute de cette indi- cation, on ne peut pas tirer profit de plusieurs observations passées. J'aurais pu différer l'annonce de mes résultats jusqu'à les voir confirmés par un nombre plus grand d'observations; mais j'ai cru qu'il était de l'intérêt de la science de les publier immédiatement, même au risque de voir mon hypo- thèse renversée, afin d'avertir les astronomes de ce qui peut expliquer ces irrégularités qui tiennent la science en doute sur ce point. » Je terminerai en disant que l'anneau extérieur montre très-bien trois divisions ou raies plus obscures : la plus forte de celles-ci est à la distance de i",5o,6 du bord intérieur de A (mesure du 24 décembre); la plus fine a \ seconde à peine. La couleur de la division est la même que celle de l'an- neau nébuleux et paraît variable, étant quelquefois rougeâtre et d'autres fois bleue. Le 1 1 janvier i85C, un côté était bleu, l'autre rougeâtre (on employa des oculaires achromatiques expressément). L'anneau nébuleux est séparé de l'anneau B par une division dont la longueur = o",3 environ. » Plusieurs autres détails prendront place avec les observations originales dans les Mémoires de l'Observatoire, qui seront bientôt publiés » (>87.) géodésie. — Sur le calcul de la latitude, par la méthode de M. Babinet. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Chastes par M. E. Catalan, le a8 janvier i856.) « Si j'ai bien compris la Note de M. Babinet et celle de M. Housel (Comptes rendus, tome XLII, pages 8 et io3), ces deux savants, et surtout le second, attachent quelque importance à la résolution des équations (i) sin . 1847, 7 J*vr*r>t 5b 3om du matin, très-faible secousse accompagnée d'un coup de vent du sud. n i85o, 1 9 aviil, 1 ih45m du soir, secousse horizontale, assez forte pour faire osciller les maisons en bois, balancer les lits, ouvrir les portes dans la direction du sud au nord. Cette secousse, qui dura six à huit secondes, fut précédée d'un sifflement semblable à celui du vent qui souffle à travers les fentes d'une porte. Le vent du sud régnait depuis le 11, et ne passa au nord que le 20 au soir. » 20 avril, 2b 1 om du matin, nouvelle secousse, à peu près de même force, mais moins longue que la précédente. » 10 juillet, 4h 45m du matin, faible secousse horizoutale, de trois à quatre secondes, accompagnée d'un bruit souterrain, de vent et de détonation. Elle paraît avoir été plus sentie à Buyuk-Déré qu'à Péra. Vent de nord régulier. » i85i, 23 août, 9 heures du soir, faible secousse horizontale, de une à deux secondes, dans la direction du sud au nord et suivie d'un coup de vent d'est de peu de durée. Vent de nord-est régulier. Le 24 août, à ib3oœ du matin, forte secousse en Italie, en Suisse et en France. Le 21 octobre, violent tremblement de terre dans l'Albanie. >. i853, dans la première décade de décembre, vers 2 heures après-midi, f 395 ) il y eut une secousse d'une seconde environ, assez forte pour faire craquer murs et les boiseries. Vent d'est. » i854, 26 janvier, 3h i5m du matin, une faible secousse. 3b45m du ma- tin, nouvelle secousse plus forte que la première et composée de sept ou huit oscillations, du sud au nord, qui durèrent moins de trois secondes. Vent de sud-ouest très-faible, du a5 au 27 au soir. » 2 octobre, 5h3om du soir, faible secousse, composée de plusieurs oscil- lations, de l'est à l'ouest. Vent de nord-est, fort dans l'après-midi, suivi de calme le soir. » 3 octobre, 5 heures du matin, faible secousse. Vent de sud-est faible dans la journée, orage le soir. » 17 octobre, 9b45ra du matin, faible secousse consistant en plusieurs oscillations du nord au sud. Vent de sud-est faible. » 3 novembre, 7h i5m du matin, faible secousse, composée de plusieurs oscillations, du sud au nord suivant les uns , de l'est à l'ouest suivant les autres, de moins de trois secondes, sans bruit souterrain. Vent de nord ré- gnant. » 1 855, 24 janvier, 4h 5om du matin, faible secousse, avec oscillations de l'est à l'ouest, et tremblement comme si une voiture pesamment chargée passait dans la rue. Vent du nord. » 28 jévrier, 3 heures du soir, violent tremblement de terre, comparable pour la force à celui du 6 octobre 18^1. Il se composa de trois secousses : la première horizontale, douce et lente; la seconde très-forte, presque ver- ticale, formée de trente à quarante soubresauts, dont la durée totale fut d'environ treize secondes; la troisième ondulatoire, très-courte, mais plus forte que la première. Leur durée totale paraît avoir été de quatorze à quinze secondes; du moins c'est ce qu'a pu constater une personne qui, en ce moment vraiment effrayant, eut la présence d'esprit de suivre la marche d'une montre à secondes. Cette appréciation paraît donc plus voisine de la véritable durée que celle de plusieurs personnes qui estimèrent à quarante et même soixante secondes la durée totale du phénomène. » Le tremblement de terre fut précédé d'un fort mugissement souter- rain. La vent, qui soufflait violemment du sud-est, tomba tout à coup au moment des secousses. Le baromètre, naturellement bas à cause du vent du nord qui régnait depuis plusieurs jours, n'indiqua rien de particulier. Dans la nuit, le vent passa au nord, mais revint au sud-ouest le 2 mars. » La direction des oscillations parut être du sud-ouest au nord-est à la plupart des observateurs. Cependant elles me semblèrent plutôt aller de l'est ( 296) à l'ouest, et ma pendule, orientée dans ce sens et un peu distante du mur, s'arrêta. Dans le tremblement de terre ressenti à Nice, le 29 décembre i854, à 3 heures du matin, M. Pentland a observé que les pendules dont le mou- vement s'arrêta, furent celles qui étaient placées contre des murs ayant leur direction perpendiculaire au sens du mouvement des secousses. Si cette observation peut s'appliquer au cas actuel, mon appréciation serait moins exacte que celle du plus grand nombre des personnes qui ont cru sentir les secousses dans la direction du sud-ouest au nord-est. Au reste, dans les circonstances comme celles dont il est question, où les secousses sont à la fois verticales et horizontales, il est difficile (abstraction faite du trouble involontaire et irrésistible que chacun éprouve) de saisir leur véritable sens. C'est ce que montre encore le tremblement de terre du 29 décembre 1 854, observé à Nice par M. P. de Tchihatcheff et par M. Pentland : le premier lui assignant une direction du sud-est au nord-ouest, et le second de ces obser- vateurs une direction du sud-ouest au nord-est (voir Moniteur universel du 3o janvier i855). Les secousses furent assez fortes pour agiter les sonnettes, renverser des meubles mal assis, lézarder des murs. Mais on n'eut à déplorer aucun dégât considérable. Aussi, quoique ce tremblement de terre fût plus long, plus effrayant que celui du 6 octobre 1841 , je l'estime moins intense que ce dernier par rapport à Constaniinople . » Le même jour, 28 février, il y eut quatre autres secousses, mais beau- coup moins fortes que celles de 3 heures; elles eurent lieu à 3b35m, 3h 55m, 6h3om, nb45mdusoir. » i855, Ier mars, les six secousses qui eurent lieu dans ce jour à 1 heure, 4 heures, 8 heures, nh45m du matin et 4h 55m, 7hi5m du soir, furent faibles, excepté celle de 4h55m du soir, qui fut un peu plus forte et plus longue que les autres ; elle dura trois à quatre secondes. Vent, pendant la journée, nord-est, nord-nord-ouest, ouest. » 2 mars, 2 heures du matin, une faible secousse. Vent de sud. » 23 mars, 1 ih3om du soir, une faible secousse. Vent de sud-ouest fort. » 24 mars, 2h 20mdu matin, oscillations du sud-est au nord-ouest pendant moins d'une seconde, assez fortes pour faire craquer les boiseries. Vent de sud-ouest fort. » 26 mars, 5h45mdu matin, faible secousse. /Vent de sud-est, sud-ouest fort. » 27 mars, 1 1 heures du soir, très-faible secousse de l'est à l'ouest. Vent de sud-est. ( 297 ) » a8 mars, 10 heures du soir, très-faible secousse de l'est à l'ouest. Vent de sud-est, sud-ouest, est. » 3i mars, 5h 5om du matin, faible secousse. Vent d'est. » 1 1 avril, 7h4om du soir, secousse d'abord faible, lente, ondulant du sud-est au nord-ouest, puis presque aussitôt violente, rapide, verticale et presque giratoire; elle dura environ huit secondes. Les murs et les meubles craquèrent fortement. Un objet suspendu au plafond de mon appartement par un long fil éprouva une trépidation visible, puis une légère oscillation du sud-est au nord-ouest, qui passa sensiblement au nord-est, sud-ouest, et finit par faire peu à peu une révolution entière. Immédiatement après la secousse, il y eut un fort coup de vent de l' ouest-sud-ouest, avec nimbus et pluie, mais de courte durée. Le baromètre n'indiqua rien de particulier. Le vent avait régné du sud très-faible tout le jour; le lendemain il souffla violemment du sud, de l'ouest et du sud-ouest. « 1 1 avril, 7h5oul du soir, secousse horizontale faible. Vent de sud faible. 8''3om du soir, secousse horizontale faible. Vent de sud faible. 10 heures du soir, secousse horizontale faible. Vent de sud faible. » 1 1 avril, i heure du matin, secousse horizontale faible. Vent de sud fort. » 1 3 avril, 8b 2om du soir, secousse horizontale faible du sud-sud-est au nord-nord-ouest. Vent de sud-ouest fort. » i3 avril, f o heures du soir, secousse horizontale faible du sud-sud-est au nord-nord-ouest. Vent de sud-ouest fort. » 19 avril, 10 heures du matin, une secousse très-faible. Vent de nord- est fort. » 22 avril, 51' 20™ du matin, une secousse horizontale faible, du sud-ouest au nord-est Vent de nord-est. » 22 avril, 1 ih iom du soir, une secousse horizontale faible, du sud-ouest au nord-est. Vent de nord-est. » 23 avril, 2fc45m du matin, une secousse horizontale faible, du sud-ouest au nord-est. Vent de nord-est. » 20 août, 2h 3om du soir, faible secousse, composée de trois oscillations de l'est à l'ouest et de moins d'une seconde. Vent de nord-est fort. » 2 1 août, 5 heures du soir, faible secoussede l'est à l'ouest. Vent de nord- est fort. » 1 4 décembre, o,b 3om du soir, une secousse de moins d'une seconde, composée de deux oscillations du sud au nord, courtes, mais assez fortes pour faire craquer les boiseries. Vent du nord fort. C. R , i856, 1" Semestre, (T. XLil, N° G.) 4° ( 298 ) Récapitulation îles secousses senties à Constantinople pendant quinze ans. 1841 .844 1847 i85o » i85i i853 i854 i855 Octobre . . Septembre Février. . . Avril. . . . ; Juillet. . .. Août Décembre . Janvier. . . Octobre. . Novembre, Janvier . . , Février . . , Mars .... Avril Août Décembre. Total. SOMBRE de secousses. 2 I I 2 I I I 2 3 1 1 5 i3 1 1 2 1 48 DEf)h du matin à midi. 2. I DE MIDI à 6 heures du soir. 1 3 le jour. DE 6 HEURES du soir à minuit. 2 4 DE MINUIT à 6 heures du matin. 6 3 '9 35 la nuit. » Sur trente- cinq secousses dont la direction est indiquée il y en a eu vingt-neuf du sud-est-sud-sud-ouest au nord-ouest-nord-nord-est, six de l'est à l'ouest. » Sur quarante-six secousses pendant lesquelles la direction du vent ré- glant a été indiquée, vingt-six fois il a soufflé du sud-est-sud-sud-ouest, vingt fois il a soufflé du nord-nord-est-est. Observations générales. » A. Constantinople, les secousses de tremblement de terre ont lieu plus souvent lorsque le vent souffle du sud que lorsqu'il souffle du nord. — Si le vent est fort, il tombe ordinairement au moment de la secousse pour se relever peu de temps après ; mais si l'atmosphère est calme, il est rare qu'un ( *99 ) coup de vent n'ait pas lieu immédiatement après la secousse. La tendance gé- nérale des oscillations est plus prononcée dans la direction du sud-ouest au nord-est que dans toute autre direction. Cependant elles ont lieu assez sou- vent de l'est à l'ouest. Les secousses semblent être beaucoup plus fréquentes la nuit que le jour (;: 100:87, i), et plus souvent dans la seconde que dans la première partie de la nuit (:: 100:84,2). Celles du jour sont plus nombreuses le soir que le matin (:: 100:62, 5). De sorte qu'on peut dire que les circonstances favorables à la production des tremblements de terre se rencontrent plus souvent de 6 heures du soir à 6 heures du matin que dans l'autre moitié du jour. » physique. — Remarque à V occasion d'une Note de M. Gaugain, insérée dans le Compte rendu de la séance du 7 janvier 1 856 -, Lettre de M. Riess. « Dans cette Note, intitulée « Sur les soupapes électriques; réponse aux observations de M. Riess », M. Gaugain a répété son opinion, qu'à travers l'appareil qu'il a inventé, un courant d'induction passe et ne passe pas, suivant sa direction. La Note prouve, malgré son titre, que l'auteur ne con- naît de mes observations sur ce sujet que la partie la moins essentielle. Mes conclusions ne sont pas basées, comme l'auteur le croit, sur les apparences peu concluantes de la lumière électrique, mais sur l'observation des effets magnétiques, chimiques et principalement des effets calorifiques du cou- rant. Une de ces expériences, tout à fait contraire à l'opinion mentionnée, est très-facile à répéter. Un thermomètre électrique, ajouté au circuit induit, montre au premier coup d'œil, que dans le cas où la boule nue de l'appa- reil de M. Gaugain est positive (où M. Gaugain suppose la soupape être fermée \ réchauffement dans le circuit est beaucoup plus grand que dans le cas où la boule est négative (la soupape ouverte). On ne voudrait pas admettre que le courant soit condensé et rebrousse chemin dans le premier cas, si l'on sait que la même différence de réchauffement est observée lorsqu'on a remplacé le courant d'induction par le courant de la décharge d'une batterie de Leyde, où il n'y a pas de doute sur le passage du courant. J'ai assigné pour cause de cette remarquable différence de réchauffement la différente manière de la décharge, et j'ai allégué, pour appuyer mon opinion, des expériences connues à l'air libre. Pour le courant delà batterie de Leyde, je regarde cette explication comme incontestable; appliquée au [\o.. ( 3oo ) courant complexe d'induction, elle me paraît à présent satisfaisante, à défaut d'une meilleure explication. Par conséquent, je vois la cause princi- pale des phénomènes observés à l'appareil d'induction dans la différente manière de la décharge du courant d'ouverture, et la cause secondaire, ré- sultante de la première, dans le passage du courant de fermeture. » La Note de M. Gaugain ayant été insérée dans le Compte rendu de l'Aca- démie, j'ose espérer que ma Lettre pourra l'être également. Le Mémoire dont il s'agit ici a été publié intégralement dans les Berichte («855) de notre Académie, dans les Annales de Poggendorff, t. XCVI, et traduit dans le Philosophical Magazine, t. X. » MM. Luther et Goldschmidt, qui ont chacun obtenu une médaille de la fondation Lalande pour la découverte de nouvelles planètes faite dans l'année i855, adressent l'un et l'autre des remercîments à l'Académie. MM. Boudet et BouTitoN remercient également l'Académie, qui, dans sa séance publique du 28 janvier, leur a accordé un des prix de la fondation Monlyon pour leur moyen de déterminer la proportion des sels calcaires dans les eaux des rivières et des sources. M. Franck, comme fondé de pouvoirs de M. de Leuenstern, demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire de cet auteur sur les nom- bres polygonaux . M. Lacre adresse de Toulon, à l'occasion d'un passage de l'Éloge histo- rique de M. L. de Buch, prononcé par M. Flourens dans la séance publique du 28 janvier, une Note dans laquelle, reproduisant une opinion qu'il a déjà émise dans un ouvrage imprimé en i83g, le Manuel de V agriculteur pro- vençal, il s'efforce d'établir, d'après les observations qu'il a faites sur les ruines de l'ancien port de Taurentum, et d'après des renseignements puisés à d'autres sources, que le niveau des eaux de la mer, loin de s'abaisser, comme l'avaient cru autrefois quelques géologues, s'élèverait constamment; il estime à 1 mètre environ l'élévation de niveau qui aurait eu lieu à Tau- rentum dans l'espace de 10 siècles. M. de Paravev prie l'Académie de vouloir bien lui faire remettre une Note concernant le nom que porte Y ellébore dans les livres des Chinois, (3oi ) Note qu'il avait adressée précédemment à l'Académie, et qui était passée dans les mains de M. Magendie. Dans la même Lettre, l'auteur cite un commentateur de Paul d'Egine qui dit que le livre de ce médecin avait été désigné sous le nom de Pléiades, parce qu'il contient et embrasse la science comme la constellation des Pléia- des embrasse le pôle. M. de Paravey fait remarquer que cette phrase doit paraître un non-sens pour ceux qui ignorent que le nom de Pléiade a été appliqué par certains peuples, non-seulement à la constellation que nous appelons ainsi, mais encore à la grande Ourse; il ajoute relativement à l'emploi fait pour le livre de Paul d'Egine, qu'encore aujourd'hui, en Chine, la grande Ours, ou du moins le quadrilatère formé par quatre des étoiles principales, est appelé Ko, c'est-à-dire la constellation des méde- cins et des chirurgiens. M. Brown-Séquard signale une erreur qui le concerne dans le Compte rendu de la séance du 3 décembre dernier. Il avait prié l'Académie de le considérer comme candidat pour la chaire de Médecine vacante au Collège de France par la mort de M. Magendie. On a indiqué par erreur sa candi* dature comme étant pour la place vacante par suite du décès de M. Magen- die dans la Section de Médecine et de Chirurgie. M. Gautier adresse de Nuits une Lettre relative à sa précédente commu- nication sur le système de numération duodécimale. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. l'abbé Koxdox envoie une rectification à sa Note intitulée les neuf partages égaux de la surface du globe. (Renvoi à l'examen de M. Chasles.) La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B, ( 302 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 4 février i856, les ouvrages dont voici les titres : Les Monuments de la Géographie, ou Recueil d'anciennes cartes européennes et orientales; par M. Jomard; 6e livraison, in-folio. Maladies chroniques de l'appareil locomoteur. Leçons cliniques de M. le D' Bouvier, recueillies par M. Emile Bailly ; première année, i855. Paris, j 856; in-8°. (Offert au nom de l'auteur par M. Velpeau. ) Histoire iconographique des anomalies de l'organisation dans le règne végétal, ou Série méthodique d'observations raisonnées de tératologie végétale ; recueillies, décrites , figurées et gravées par M. Germain de Saint-Pierre; ae livraison in-folio. Anatomie comparée des végétaux; par M. G. -A. Chatin. 2e livr. in-8°. Note sur le terrain tertiaire moyen du nord de l'Europe, suivie d'une carte des mers aux époques des sables de Fontainebleau et du calcaire grossier; j>ar M. Ed. Hébert; br. in-8°. Annuaire des marées des côtes de France pour l'année i856, publié au Dépôt de la Marine sous le ministère de M. l'amiral Hamelin; par M. A.-M.-R. Cha- zallon. Paris, i855; in-i8. Recueil des travaux de la Société Médicale du déparlement d' Indre-et-Loire ; 2e semestre i854; in-8°. Memoria. . . Mémoire sur la détermination des coefficients dans les formules à différences différentielles (differenze differentiali) ; par M. J. Zurria. Catane, i855; in-4°. Real decreto... Décret rojal de 26 octobre 1 853 pour l'exécution de la loi concernant la désarnortisation des forêts avec l'avis du Comité' des Ingénieurs. Madrid, i855;in-8°. Resumen... Résumés des Actes de l'Académie royale des Sciences de Madrid pendant les années i85i-i85a et 1 85a-i 853, lus dans les séances annuelles du H octobre i853«fc/u 14 octobre 1 854; par le secrétaire perpétuel, Aon Mariano Lorente. Madrid, i853et i854;in-8°. Address... Discours de M. Th. Bell, président de la Société Linnéenne de Londres , prononcé à la séance du it\ mai 1 855, avec une notice nécrologique sur les Membres décédés; par le secrétaire M. J. Bennett. Londres, i855; in-8°. Atmalen... Annales de l'Observatoire royal de Munich ; VIIIe vol. Munich, i855;in-8°. ( 3o3 ) Magnetische... Observations magnétiques et météorologiques de Prague; i3e année; ier janvier an 3i décembre 1 85 1 - Prague, i855; in-4°. Bestimmung. .. Détermination des écarts du méridien de l'instrument des pas- sages de l'observatoire de Greenwich ; par M. PeterS, directeur de l'observa- toire d'Altona. Dantzig, 1 855 ; br. in-4°- L'Académie a reçu, dans la séance du 1 1 février i856, les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; t. XL; Ier semestre 1 855 ; in-4°. Institut impérial de France. Académie des Sciences. Séance publique annuelle du lundi 28 janvier 1 856, présidée par M. Regnault, président. Programme des prix proposés pour les années 1 856 et 1857, et programme des prix décernés pour 1 855 ; in-/|°. Institut impérial de France. Académie des Sciences. Eloge historique du baron Léopod de Buch, l'un des huit associés étrangers de l'Académie; par M. Flou- RENS, secrétaire perpétuel, lu à la séance publique annuelle du 28 janvier i856. Paris, i856;in-4°. Traité de Mécanique rationnelle; par M. Ch. Delaunay. Paris, i856; 1 vol. in-8°. Eléments de Pathologie générale; par M. le professeur Chomel; 4e édition. Paris, 1 856; 1 vol. in-8°. Notice sur le D7 Ernest Cloquet, lue à l'Académie de Médecine dans la séance du 1 5 janvier i856; par M. le professeur baron H. Larrey. Paris, i856; 1 feuille in-4°. Comptes rendus des travaux de l'Académie royale de Médecine de Belgique, lus dans la séance solennelle du 24 novembre 1 855 ; par M. le Dr Sauveur, secrétaire de la Compagnie. Bruxelles, i856; br. in-8°. Bapporlfait le 2 1 décembre 1 855 à la seconde Assemblée générale de la Société de Géographie , sur ses travaux et sur les progrès des Sciences géographiques en 1 855; par M. Alfred Maury. Paris, i855; in-8°. Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; décembre 1 855; in-8°. ( m ) Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres; vol. XVI; n° a; in-8°. Die lehre... Théorie des gîtes ferrifères; ie fascicule; par M. B. Cotta. Freiberg, i855;br. in-8e. Gangstudien... Etudes sur les filons, ou Documents pour servir à la connais* ittnce des filons de fer ; par le même; br. in-8°. ERRATA. (Séance du 3 décembre i855.) Page 1024, ligne 5, M. Bbown-Séquard également, lisez M. Brown-Séquard prie l'Acadé- mie de le considérer comme candidat pour la chaire de Médecine vacante au Collège de France par suite dit décès de M. Magendie. (Séance du 4 février i856.) Page an, ligne g, au lieu de Société de Zoologie, lisez Société de Biologie. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 FÉVRIER 185G. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMJK. magnétisme terrestre. — Note sur quatre observations de la déclinaison magnétique faites à Paris en i %5r\ , sur le contour de l'enceinte fortifiée. Comparaison de ces observations avec afférentes déclinaisons me- surées en 1 855 à l'Observatoire impérial et aux environs de Paris par M. Lai «ier. (Suite.) « La publication que M. Le Verrier a faite, dans le Compte rendu de la dernière séance, des observations de MM. Goujon et Liais relatives à leurs quatre stations extérieures à Paris, observations qu'il n'avait pas présentées à cette séance, m'oblige de rentrer aujourd'hui dans la discussion. Avant de compléter ma réponse, je n'ai pas besoin de déclarer à l'Académie que je continuerai à me renfermer exclusivement dans l'appréciation des faits, et qu'il ne sortira de ma bouche aucune de ces personnalités qui ne devraient jamais être produites devant une assemblée qu'on respecte. » J'aborderai d'abord la question de priorité, quoiqu'elle me paraisse nettement résolue. C'est en août i85/j que j'ai entrepris la série des obser- vations magnétiques sur le contour de l'enceinte continue, c'est-à-dire six mois après la séparation du Bureau des Longitudes et de l'Observatoire, séparation qui a forcément déterminé ma sortie de cet établissement. Je n'avais pas alors plus de moyens de connaître les projets du nouveau directeur que je n'en ai aujourd'hui; et lorsque M. Le Verrier a prétendu que personne nignorait le plan qu'il se proposait de suivre pour arriver à connaître les erreurs magnétiques de i Observatoire impérial, il n'a pas C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII.N» 7.) 41 ( 3o6 ) réfléchi sans doute qu'il mettait en circulation un argument dont il n'a pas besoin pour lui, et dont peuvent s'emparer ceux qui sont capables de vivre aux dépens des travaux d'autrui. Le plan que je m'étais tracé a été claire- ment indiqué dans Y Annuaire de ï 855, une année avant que MM. Goujon et Liais aient exécuté leur travail d'observations aux environs de Paris, et je suis en droit de dire, comme je l'ai dit effectivement dans ma Note du 4 février, que ces messieurs ont adopté le principe et le plan qui ont servi de base à mes recherches. Qu'on me permette d'ajouter quelques mots de réponse aux critiques qu'ils m'ont adressées : je me suis suffisamment étendu, clans la dernière séance, sur l'influence que pouvaient exercer les variations mensuelles, dans le calcul du mouvement annuel en déclinaison, fondé sur sept années d'observations, et sur la comparaison de diverses déclinaisons magnétiques, qui toutes ont été mesurées dans le mois de sep- tembre en 1 854 et i855. Je n'ajouterai rien à ce que j'ai dit sur cet objet. » Je ne puis cependant pas m'empècher de présenter une observa- tion, sur le calcul que font MM. Goujon et Liais, pour montrer que la méthode que j'ai suivie est inadmissible en principe : voulant appliquer cette méthode à l'une des séries d'observations de M. Arago, ils se propo- sent de calculer la déclinaison moyenne d'avril 1823, à l'aide des déclinai- sons moyennes du même mois observées pendant les années 1824 à i83o, et ils obtiennent ainsi un nombre qui diffère de 5' 27" de l'observation. La date d'avril i8a3 n'étant pas comprise entre 1824 et i83o, ces messieurs font ici un véritable calcul d'extrapolation , et méritent le reproche que M. Le Verrier adressait à tort à mes calculs. J'ajouterai que cette date d'avril 1823 n'est pas heureusement choisie; car, après s'être rapprochée très-régulièrement du méridien astronomique, l'aiguille s'en est éloignée de 1821 à 1823 pour reprendre ensuite sa marche à peu près uniforme. Il y a pour ces années une anomalie très-prononcée sur laquelle M. Arago appelle l'attention du lecteur. Lorsqu'on désire sincèrement apprécier l'exactitude d'une méthode de calcul, il ne faut pas , quand il s'agit de phénomènes physiques aussi capricieux que les phénomènes magnétiques, choisir préci- sément les observations qui offrent des traces aussi évidentes d'anomalies. » La plus grande partie de la discussion de MM. Goujon et Liais roule sur ce point, savoir qu'en changeant la date du jour pour lequel j'ai com- paré ma formule à leurs observations, on obtient à volonté des nombres qui concordent ou qui diffèrent entre eux. Je vois dans cette manière d'envisager la question, une nouvelle preuve de l'incertitude de la correc- tion qu'ils ont trouvée pour la déclinaison magnétique du pavillon Cen- tral de l'Observatoire. Cet accord que font ou défont les perturbations, (3o7 ) constitue un argument à deux tranchants qui peut être dirigé plus victo- rieusement contre eux que contre moi ; car, je ne puis trop le répéter, je ne propose pas de substituer à leur correction, ma correction qui est nulle; je me borne à dire que les nombres qu'on a présentés comme définitifs, ne peuvent être considérés comme tels, et qu'il faudra faire un très-grand nombre d'observations avant d'arriver à une dernière conclusion. « Quant w à moi, » ai-je dit dans ma première Note, page i83, « je persiste à croire » que l'influence des attractions locales n'est pas sensible (1), ou du moins » qu'il faudra attendre de nouvelles observations pour la déterminer, » si tant est qu'on y parvienne. » » La comparaison des déclinaisons magnétiques, mesurées en différents lieux, prête à l'arbitraire beaucoup plus qu'on ne semble le croire aujour- d'hui à l'Observatoire : l'observation assidue d'une boussole de variations, à (i) Ces conclusions se rapportent aux observations qui ont été faites dans le pavillon Cen- tral. Je ne nie pas qu'il puisse exister pour les pavillons de l'Est et del'Ouest quelque influence locale, car j'ai imprime dans ma première Note, page i83, que j'avais trouvé une différence constante dans les déclinaisons du pavillon Central et du pavillon de l'Est. J'ai eu la prudence de ne pas m'y arrêter, en ce sens que je l'ai considérée comme une erreur locale dans l'accep- tion la plus absolue du mot, et qu'on ne devait pas en chercher la cause dans l'action du grand bâtiment qui en est éloigné de plus de 70 mètres. Voici toute ma pensée sur les erreurs locales des divers points de la terrasse de l'Observa- toire. Lorsque M. Arago fit construire le pavillon Central, le seul où il ait observé ou fait observer, il put choisir la position la plus favorable à cet établissement ; il installa ce pavillon à l'extrémité sud la plus éloignée du bâtiment, dans le prolongement de la ligne méridienne, sur une partie du sol convenablement préparée, et aussi distante que possible des deux murs qui bornent le jardin à l'est et à l'ouest. Bien des années après, afin de fournir aux voyageurs qui venaient à l'Observatoire s'exercer au maniement des instruments magnétiques un emplacement commode, M. Arago fit construire les pavillons de l'Est et del'Ouest. La dispo- sition même des lieux commandait le choix de l'emplacement. Le pavillon de l'Ouest fut établi à l'extrémité ouest de la terrasse, au-dessus des salles voûtées dans lesquelles on abritait les arbustes du jardin et les instruments de jardinage. Il est possible qu'une certaine quantité de fçr soit entrée dans la construction des voûtes, car on en a trouvé dans la voûte du bâti- ment qui supporte le grand toit tournant de la tour de l'Est. L'autre pavillon se trouve à l'extrémité est de la terrasse, dans l'angle formé par les murailles qui la bornent au sud et à l'est. Ce qui me fait croire qu'il faut rechercher les petites différences constantes ailleurs que dans l'influence des fers du grand bâtiment, c'est que les observations d'intensité que j'ai faites en divers points de la terrasse n'ont pas indiqué de variations sensibles. MM. Goujon et Liais m'objectent, il est vrai, qu'aucune mesure de variations d'intensité n'a été faite pendant mes observations : mais comme leur durée a été assez courte, je pense que ces varia- tions ne peuvent guère modifier les résultats. Ils m'objectent en outre que, ne connaissant pas 4l- ( 3o8 ) laquelle ces messieurs empruntent les amplitudes diurnes de la déclinaison, pour rendrecomparables des déclinaisons mesurées en différents lieux avec une autre boussole, est loin de fournir des corrections exactes. Cette assertion paraît découler naturellement de l'observation suivante qui a été faite par M. Arago en 1819. Je la rapporte ici telle qu'il l'a rédigée lui-même : « Le Bureau des Longitudes avait fait établir en 181 8 à l'Observatoire de » Paris une boussole consacrée exclusivement aux variations diurnes de la » déclinaison. Dans le courant de 181 9, le barreau d'acier qui était » suspendu à plat éprouva, sans aucune cause apparente, un change- » ment subit de direction ; les variations diurnes se trouvèrent en même » temps réduites au dixième de leur valeur primitive, tandis que l'intensité » magnétique s'était considérablement accrue. » » Cette observation de M. Arago montre qu'une augmentation survenue dans l'intensité d'une aiguille est aussitôt accompagnée d'une diminution dans l'amplitude des oscillations qu'elle exécute journellement vers l'est et vers l'ouest. Elle semble prouver, en outre, que les corrections qu'on em- prunte à la boussole de variations diurnes ne peuvent être légitimement ap- pliquées aux déclinaisons mesurées avec d'autres boussoles dont les aiguilles ne possèdent pas le même degré d'aimantation, puisque ces corrections dépendraient en partie du magnétisme de l'aiguille. Enfin elle donnerait peut-être l'explication d'un fait qu'on a observé souvent, notamment à l'Ob- servatoire de Paris, pour la boussole de variations qui a servi dans l'expédi- tion d'Islande , savoir que les variations diurnes obtenues dans le même lieu avec deux aiguilles différentes sont loin d'être identiques. la valeur du coefficient particulier à l'aiguille employée, qui dépend des variations que les changements de température déterminent dans la durée des oscillations , on est obligé de négliger la petite correction qui en résulterait. Ces observations ayant été faites à peu près à la même température, je laisse aux personnes qui ont l'habitude des observations magnétiques le soin d'apprécier la portée de cet argument. Enfin, me basant sur l'identité entre les deux déclinaisons trouvées par ces messieurs en deux points situés à 160 mètres et à 100 mètres du chemin de fer de Sceaux (voir page 256), je me demande, tout en tenant compte de ce que ces deux cas peuvent offrir de dissemblable, si le bâtiment de l'Observatoire doit causer des variations assez notables dans les déclinaisons des différents pavillons qui n'en sont pas très-inégalement éloignés, lorsque le chemin de fer n'en a causé aucune pour un changement de distance beaucoup plus grand. C'est pour ces motifs que je pense que les erreurs observées dans les différents pavillons sont dues à la présence de quelque barreau de fer placé sous leurs fondations; mais je crois en même temps que le pavillon Central, situé plus favorablement, en est tout à fait exempt. Est • i9°59' 20 . 1 1 Ouest Variation E.-O. . . -+- 12 (3o9) » Quoi qu'il en soit de ces réflexions, j'arrive à la comparaison des nom- bres que j'ai calculés pour les déclinaisons des stations extérieures de MM. Goujon et Liais avec les nombres qu'ils ont observés directement. Il importe de faire remarquer ici que c'est précisément sur ces quatre obser- vations que M. Le Verrier s'est appuyé pour montrer que les déclinaisons magnétiques du pavillon Central doivent recevoir une correction de 6' 3c/'. » Plaçons en regard les quatre nombres qui appartiennent respectivement aux deux systèmes. Observations de MM. Goujon et Liais. Déclinaison. Déclinaison. Nord '.. i9°56',45 Est i9°52',83 Sud 19.57,85 Ouest 20. 4>75 Variation N.-S + > >4° Variation E.-O. ... -+- 11 ,92 Déclinaisons magnétiques d'après la formule. Nord * i9°58' Sud 20. 6 Variation N.-S. ... +-8 » Je remarque d'abord que la variation est-ouest de \i' donnée par la formule s'accorde exactement avec la variation de 11 ',92 déduite de l'ob- servation. On est donc obligé de reconnaître que la formule donne exacte- ment les variations est-ouest. a Je remarque ensuite que les déclinaisons observées au nord et au sud ne diffèrent l'une de l'autre que de i',4o '■ ainsi, d'après les observations de MM. Goujon et Liais, le méridien astronomique à Paris serait presque une ligne d'égale déclinaison, ce qui n'est pas; car, d'après les cartes de M. Du- perrey, la direction générale des lignes d'égale déclinaison s'écarte nota- blement du méridien astronomique, vers l'ouest. Je conclus de là que l'un des deux nombres nord et sud au moins est inexact. » Passons maintenant à la comparaison des valeurs absolues : Nord. Sud. Est. Ouest. Déclinaison observée.... i9°56',45 i9°57',85 i9°52',83 20° ^',',5 Déclinaison calculée 19.58 20 6 19.59 20 1 1 Calcul — observation +i,55 -t-8,i5 +6,17 -(-6,25 » La déclinaison observée au nord diffère à peine de la déclinaison cal- culée : ainsi ma formule représente, i° les déclinaisons magnétiques obser- vées sur quatre points de l'enceinte continue ; 20 les déclinaisons de la Ma- ternité et du pavillon Central de l'Observatoire ; 3° la déclinaison observée ( 3io ) au nord de Paris par MM. Goujon et Liais. Or, comme les déclinaisons cal- culées dépendent à la fois du mouvement nord-sud et du mouvement est- ouest, que ce dernier a été reconnu exact, je conclus de cet ensemble que le mouvement nord-sud l'est pareillement, et que la formule peut servir à calculer avec assez d'approximation les déclinaisons magnétiques des trois stations de MM. Goujon et Liais au sud, à l'est et à l'ouest de Paris. Les différences entre le calcul et l'observation sont respectivement représentées par les nombres -f-8',i5 -+-6',i7 +6',25 dont la moyenne +6', 86 est précisément égale à la correction qu'on pro- pose d'appliquer aux déclinaisons observées dans le pavillon Central de l'Observatoire. Je suis porté a croire pour ma part que ces différences sont des anomalies dont les instruments magnétiques offrent malheureusement plus d'un exemple, et qu'en tout cas la correction proposée a besoin, pour être acceptée, d'être confirmée par un grand nombre d'observations. On trouverait pour la correction réelle une valeur beaucoup plus grande, que je ne croirais pas que la série des observations magnétiques de l'Observatoire de Paris fut plus compromise que les séries analogues qui ont été faites dans les observatoires étrangers situés, comme l'Observatoire de Paris, au sein des grandes villes et à proximité des constructions en fer. Si jamais on parvenait à déterminer la correction en question au moyen d'observations faites aux environs de Paris, je pourrai dire que j'ai été le premier à signaler cette méthode à l'attention des physiciens. J'ajoute que tous les argu- ments que j'ai employés sont en quelque sorte antérieurs à cette discus- sion, car ils se trouvent implicitement renfermés dans les observations de Y Annuaire de 1 855. On aurait donc pu éviter facilement la discussion actuelle. » Je crois avoir répondu aux objections qui m'ont été faites : je n'ai pas dû répondre aux paroles blessantes qu'on a cru devoir m'adresser. Je suis d'avis qu'elles n'ajoutent rien aux meilleurs arguments, et que la modéra- tion et la raison marchent ensemble de compagnie ; je désire qu'en ce qui me concerne, l'Académie accepte cette dernière conclusion. » Réponse de M. Le Verrier à M. Laugier. « Je regrette bien vivement, dit M. Le Verrier, que nos usages inter- disent à l'Académie de porter un jugement sur les débats scientifiques qui s'élèvent entre ses Membres. Il en résulte que les discussions se prolongent outre mesure et n'arrivent jamais à une conclusion suffisamment claire (3n ) pour ceux qui, plus ou moins étrangers à la science dont un point est en conteste, ne peuvent suivre le débat. dans les subtilités où on l'égaré. Il s'ensuit encore que la plupart du temps les questions sont reprises et vidées devant les sociétés étrangères. » Il y a toutefois, dans toute discussion scientifique, un caractère parti- culier qui permet de juger infailliblement laquelle des deux parties est dans la vérité. Des deux adversaires, l'un cherche à simplifier le débat, à le ra- mener à la constatation de quelque fait clair, précis : c'est celui qui a raison. L'autre, au contraire, celui qui a tort, généralise les questions, les complique le plus qu'il peut, en embrouille toutes les parties les unes dans les autres, et surtout ne manque jamais de présenter comme étant une attaque personnelle les objections faites à ses théories, à ses observations. » La discussion actuelle ne pouvait échapper à cette loi commune (i). Tous mes efforts ont été vains jusqu'ici pour amener M. Laugierà séparer des points qu'il ne faut pas confondre, à les discuter séparément, ou même à s'expliquer sur le plus important d'entre eux. On me pardonnera donc de me répéter et d'être obligé de chercher de nouveau, et en peu de mots, à remettre la question sur ses pieds. g » La question ici débattue renferme deux parties bien distinctes : » i°. Il s'agit de savoir si les attractions locales ont, à l'Observatoire de Paris, quelque influence sensible sur la boussole; » 20. Ces influences sensibles une fois prouvées, il reste à en donner la mesure exacte. » Sur le premier point, la démonstration de l'influence des attractions locales résulte positivement de ce que, de l'est à l'ouest de notre terrasse, la déclinaison varie de près de sept minutes; c'est un fait simple, corro- boré par d'anciennes observations de M. Laugier; fait sur lequel on eût dû s'expliquer avant tout, et que j'ai même offert à M. Laugier de venir vérifier de nouveau à l'Observatoire. (i) J'ai été très-malheureusement plus d'une fois dans l'obligation de contester l'exactitude de documents apportés par M. Laugier dans la science ; et bien que les faits m'aient, dans tous les cas, donné raison de la manière la plus absolue, M. Laugier a toujours cru devoir se plain- dre personnellement. Ainsi en a-t-il été de certains travaux sur les comètes, question jugée depuis lors en Allemagne et résolue contre M. Laugier; ainsi en a-t-il été des observations météorologiques qu'on a imprimées sans les avoir faites ; ainsi en est-il .aujourd'hui du ma- gnétisme; ainsi en sera-t-il sans doute pour des questions astronomiques dont je n'ai pas encore entretenu l'Académie, et sur lesquelles il faudra néanmoins que la vérité se fasse jour. Mais, je le répète, c'est la loi de toute discussion : il faut donc bien s'y résigner. (3ia ) » Or c'est sur la question ainsi ramenée à un point de fait net et précis, qu'il a été jusqu'ici impossible de fixer l'attention de M. Laugier. Après avoir, dans un premier article, déclaré qu'il n'était pas prudent de s'arrêter aux résultats de ses propres observations, M. Laugier s'enveloppe dans une réserve absolue à l'égard des variations de la boussole dans l'enceinte de l'Observatoire. Pas un mot sur ce fait, soit dans la Note insérée au Compte rendu de la précédente séance, soit dans les considérations qui viennent d'être produites devant l'Académie et où l'on reprend pour la troisième fois la discussion des observations extérieures, en y introduisant les mêmes erreurs que nous avons déjà signalées. » Ainsi conduite, la discussion paraîtrait manquer de sincérité et pour- rait s'éterniser sans utilité si le silence et la réserve de M. Laugier n'avaient une signification qui n'échappera à personne. En refusant de s'engager sur un terrain où le débat eût été facilement vidé, M. laugier a clairement montré qu'il n'a pas lui-même une grande confiance dans sa propre cause et donné pleine et entière raison à MM. Goujon et Liais. ' » Sur le second point, savoir la mesure des influences locales prouvées par ce qui précède, il est nécessaire de faire intervenir les observations exté- rieures. Bien qu'il soit évident que cette seconde partie de la question doive avoir été mal traitée par M. Laugier, pour qu'il soit arrivé à des con- clusions contraires à des faits positivement établis par des mesures prises dans l'intérieur de l'Observatoire, et dont on ne conteste pas l'exactitude, nous résumerons la discussion sur ce point, et montrerons en quoi consis- tent les erreurs qui ont été commises. Mais, afin de n'avoir plus à y revenir, nous attendrons que M. Laugier ait écrit les nouvelles considérations dans lesquelles il vient d'entrer. » PISCICULTURE. — Note sur l'empoissonnement des eaux du bois de Boulogne, par M. Coste. « L'expérience de physiologie appliquée qui s'accomplit depuis deux ans dans les bassins artificiels du bois de Boulogne, donne aujourd'hui de si importants résultats, et devient tellement concluante, qu'on peut la consi- dérer comme la preuve acquise de la possibilité de réaliser, à coup sûr, dans des bassins d'eau presque dormante, l'élève et l'acclimatation, sur une grande échelle, des espèces les plus estimées. » L'Académie le comprendra en voyant les sujets vivants que je mets sous ses yeux. Ces poissons proviennent d'une seconde pèche qui a eu lieu ( 3i3) mercredi dernier en présence de plusieurs personnes, et notamment de M. le marquis de Vibraye, l'un des propriétaires qui ont le plus fait pour la pisciculture en France. Quelques coups d'épervier, jetés du bord du lac seulement, ont suffi pour amener cent dix truites et saumons; ce qui prouve qu'il doit y en avoir une quantité très-considérable dans la totalité du bassin. » Parmi ces poissons, les uns sont âgés d'une année seulement et ont déjà i4 à 16 centimètres de long; les autres sont âgés de trois ans, et n'ont pas moins de 4° à 44 centimètres et un poids de deux livres; ce qui, sur le marché de Paris, leur donnerait une valeur de 3 francs au moins. Il ne s'agit donc plus ici d'une simple expérience de laboratoire, mais d'une question économique. » Dans les milieux où ces espèces vivent en pleine liberté, elles ne prennent jamais, en un même laps de temps, ni un plus grand accroisse- ment, ni une plus grande vigueur : j'en ai vu la preuve dans tous les fleuves et les lacs naturels où j'ai eu l'occasion d'observer leur développement, et j'en ai fait l'expérience dans la Seine elle-même, où, l'année dernière, un certain nombre de jeunes ont été jetés aux environs de l'Hôtel-Dieu. Comme ces animaux ont coutume de se cantonner jusqu'au moment de leur émigration, on a pu, ces jours-ci, reprendre deux saumoneaux au voisinage du lieu où ils avaient été mis. Ces saumoneaux, l'Académie peut s'en convaincre par l'un des spécimens placé à part dans un bocal, ne sont, à parité d'âge, ni plus vigoureux, ni plus grands que ceux du bois de Boulogne. » Quant à la chair de ces poissons parqués, je puis affirmer qu'elle con- serve ses excellentes qualités, et si c'était nécessaire, je pourrais, sur ce point, invoquer aujourd'hui un grand nombre de témoignages. » cristallographie. — Note sur la forme cristalline du silicium; par M. de Senarmont. « Cette Note a pour but principal de réparer une erreur que j'ai commise dans une précédente communication et qui se trouve au Compte rendu de la séance du i4 janvier i856. [Comptes rendus, t. XLII, page 52). » Lorsque j'ai examiné le silicium cristallisé préparé par M. Deville, je n'ai d'abord trouvé que des prismes hexaèdres de 1 20 degrés, ou des rhom- boèdres dont j'avais approximativement évalué l'angle à 6o,°3o'. » Depuis cette époque, j'ai reçu de M. Deville des cristaux de même forme, mais se prêtant mieux à des mesures exactes; l'angle des rhomboè- C. R , i856, 1" Semestre. (T. XLU, N° 7.) 42 (3.4) (1res se déterminait avec précision ; et je l'ai trouvé égal en moyenne a 700 3a' avec des limites d'erreur, en plus et en moins, qui ne dépassent pas a à 3 minutes. » Cet angle ainsi rectifié est précisément celui du tétraèdre régulier; je devais dès lors concevoir quelques doutes sur la forme rhomboédrique que j'avais tout d'abord attribuée au silicium. » Lorsqu'en effet deux faces parallèles d'un octaèdre régulier disparais- sent par l'extension anormale des six autres, cet avortement partiel de l'enveloppe géométrique change le solide en un véritable rhomboèdre sous les angles propres au tétraèdre régulier. » Les prismes hexagonaux, les rhomboèdres que j'avais d'abord rencon- trés, pouvaient donc être une de ces déformations symétriques, une de ces anomalies régulières si communes dans les cristaux. Pour en avoir la preuve, il suffit d'examiner du silicium provenant de préparations diffé- rentes. » Ses cristaux montrent alors des dissemblances empruntées sans doute aux conditions spéciales de chaque opération. Outre les chapelets de pseudo-rhomboèdres qui avaient causé ma méprise, on trouve de pareils chapelets d'octaèdres parfaits, enfilés sur une même normale commune à deux de leurs faces parallèles. L'octaèdre extrême est alors le seul qui continue à simuler un rhomboèdre, à cause de l'excessif amoindrissement et même de l'entière disparition de sa face terminale perpendiculaire à l'axe de figure de tout le système. » Enfin, M. Descloizeaux a extrait de l'une des préparations de M. De- ville des octaèdres presque isolés, mesurables sur tout leur contour, avec des angles de io9°28' à toutes leurs arêtes. » Des prismes hexagonaux de silicium, terminés par un pointement trièdre reposant sur leurs arêtes alternes donnent aussi, pour l'angle aux arêtes du prisme 120 degrés, pour l'angle aux arêtes culminantes du poin- tement 7o°32', et i44°44' pour l'angle aux arêtes d'intersection des faces de ce pointement avec les faces du prisme hexagonal. » Ce dernier n'est, par conséquent, qu'un dodécaèdre rhomboïdal exces- sivement allongé parallèlement à l'un de ses axes hexaédriques et surmonté par trois faces d'un tétraèdre régulier. » De tout ce qui précède, il résulte que, malgré une propension remar- quable vers les types rhomboédriques, le silicium ne se rapproche pas, comme je l'avais d'abord cru par erreur, des métaux caractérisés par ce système cristallin. Il vient, au contraire, se placer dans la série nombreuse des corps simples réguliers près de quelques métalloïdes, notamment près du (3r5) diamant; je remarquerai même, sans attribuer d'ailleurs une grande portée à ce rapprochement, que l'un et l'autre ont dans leurs groupements une certaine tendance à l'hémiédrie tétraédrique et présentent fréquemment des faces courbes. » zoologie. — Sur un œuf d'Êpjrornis récemment arrivé en France; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. « J'ai mis sous les yeux de l'Académie, il y a un an (i), grâce à l'obli- geance de M. le capitaine Armange, un œuf d'Epyornis, beaucoup plus volumineux encore que ceux que j'avais d'abord présentés (a). Son grand axe n'a pas moins de om,334, le petit étant de om,238; son volume est de très-peu inférieur à 10 décimètres cubes ( omc, 009906 ). » C'est encore à M. Armange que je dois la communication d'un autre œuf d'Epyornis, que j'ai cru devoir présenter aussi à l'Académie. Celui-ci ressemble beaucoup à un des œufs qui, en i85i, sont venus nous révéler l'ancienne existence à Madagascar de l'oiseau gigantesque, si connu aujourd'hui sous 'le nom à'Êpjornis. La forme de cet œuf est, de même, presque exactement celle d'un ellipsoïde de révolution, et son volume est aussi d'un peu moins de 9 décimètres cubes. Les deux œufs sont, en un mot, si semblables à tous égards, qu'on pourrait les confondre l'un avec l'autre; et je n'aurais pas cru devoir occuper l'Académie une quatrième fois de l'Épyornis géant, si l'œuf que m'a remis en dernier lieu M. Armange, ne présentait, sous un point de vue, un intérêt particulier. » D'après l'examen des œufs d'abord connus, j'avais été porté à croire que la coque est, chez l'Épyornis, rugueuse, granuleuse, comparable à celle que tout le monde connaît chez le Casoaret le Dromée. Toutefois j'ai cru de- voir, avant d'admettre définitivement et d'énoncer cette opinion, attendre qu'elle fût justifiée par l'examen d'un plus grand nombre de pièces, et de pièces moins altérées par le temps. J'ai eu lieu de m'applaudir de cette ré- serve. Parmi les fragments d'œufs d'Epyornis qu'un voyageur plein de zèle et d'obligeance, M. Delamarre, a bien voulu me donner en i854, et que j'ai distribués entre les principaux musées de France, plusieurs m'avaient déjà présenté une texture différente de celle que j'avais d'abord observée : ils étaient remarquablement lisses. La même texture se retrouve sur une grande partie de la surface de l'œuf qui est en ce moment sur le bureau (1) Comptes rendus, t. XL, p. 5i8 ; mars i855. (2) Ibid. , t. XXXII , p. 101 ; janvier i85i. (3) Ibid., t. XXXIX, p 834; octobre ,854- 42.. (3i6) de l'Académie. La coque en est, par places, lisse et polie au point de mi- roiter, malgré l'existence d'un assez grand nombre de stries ou de petits sil- lons linéaires, tous dirigés dans le sens du grand axe, et comparables aux petits points creux de l'œuf, lisse aussi, de l'Autruche. » C'est là un élément de plus dont les zoologistes auront à tenir compte dans la détermination des rapports de l'Épyornis avec les autres oiseaux, problème dont la solution divise encore si profondément les zoologistes. A ce point de vue, le nouvel œuf d'Épyornis offre un véritable intérêt scien- tifique; et je devais d'autant plus m'empresser de le mettre sous les yeux de mes confrères, qu'il sera peut-être impossible d'en enrichir nos collec- tions, malgré le bon vouloir de M. Armange qui, par malheur, est seule- ment dépositaire de cet objet précieux. » Cet œuf d'Épyornis, et les quatre autres que j'ai présentés à l'Académie, deux en i85i, deux en i855, sont les seuls entiers que j'aie vus, mais non les seuls que je connaisse ; un sixième est encore chez M. le capitaine Ar- mange. Ces six œufs, d'après les renseignements qu'il a recueillis, et un septième qui malheureusement a été brisé dans'le trajet de Madagascar à l'île de la Réunion, et qu'on a restauré en grande partie au Muséum, ont été trouvés dans le même éboulement ou dans la rivière qui en baigne le pied: deux par les Malgaches; les cinq autres, d'après leurs indications, par des marins français. Les fouilles et les recherches dans la rivière, qu'ont faites depuis plusieurs voyageurs anglais et français, n'ont produit que des fragments, la plupart de petites dimensions. » Les Malgaches, comme je l'ai dit ailleurs (i), prétendent que l'Epyornis existe encore. Ils ont redit à M. le capitaine Armange ce qu'ils avaient dit quelques années auparavant à M. le capitaine Abadie. Des vieillards ont même raconté à M. Armange qu'ils avaient vu dans leur jeunesse des Epyornis, non- seulement dans l'intérieur de l'île, où l'espèce serait aujourd'hui reléguée, mais jusque sur la côte. L'Épyornis serait, selon leurs expressions, un oiseau grand comme un nuage, qui enlèverait facilement un bœuf dans ses serres, pour le transporter dans les montagnes et s'en repaître. Ce sont là, sans nul doute, des contes populaires, imaginés sans doute d'après la grosseur, encore exagérée, des œufs de l'Épyornis, dans lequel nous ne voyons toujours, comme en i85i, qu'une espèce éteinte d'oiseau frugivore et inailé (2). » (1) Loc. cit., t. XXXII, p. 106. (2) Ce sont en partie ces récits fabuleux qui , amplifiés encore par l'imagination des Arabes , ont donné lieu au conte du Roc qui enlève, non plus seulement des bœufs , mais des éléphants. Chacun des deux peuples a attribué pour proie à l'oiseau gigantesque le plus grand des quadrupèdes connus de lui. (3.7) économie RURALE. — Note sur l'emploi , comme fourrage, des feuilles d'orme, de vigne et de peuplier; par M. J. Isidore Pierre. (Transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique.) « Dans la plupart des pays vinicoles, les feuilles de vigne, au moment des vendanges, les produits de l'ébourgeonnage, quelques mois plus tôt, constituent, pour les vignerons, une précieuse ressource comme fourrage vert ; on peut même dire que, dans les mois de septembre et d'octobre, les feuilles de vigne forment souvent la plus forte partie de la nourriture de la vache du petit vigneron. La cueillette de la feuille de vigne est facile, et peu d'instants suffisent pour obtenir l'approvisionnement de plusieurs jours à une époque où le temps est précieux. J'ai voulu savoir quelle pouvait être la valeur de ce fourrage vert, pris à diverses époques de l'année; pour cela, j'ai cueilli, sur quatre pieds de vigne de l'espèce dite chasselas blanc, i ki- logramme de feuilles de toutes grandeurs, entières, i° le 18 juin i855; 20 le 8 novembre, les feuilles étant encore vertes; 3° le 25 novembre, au moment de la chute, en choisissant les feuilles qui tombaient lorsqu'on agitait les sarments. » i°. 18 juin 1 855. — On a cassé un certain nombre de bourgeons très- tendres, au-dessus de la cinquième feuille, et on les a partagés en deux parties dont la première, composée uniquement des feuilles, représentait 1 8,9 pour ioo du poids total, tandis que les bourgeons dépouillés de feuilles, mais conservant encore leurs vrilles, représentaient 8i,i pour ioo de l'ensemble complet. Tout était assez tendre pour être mangé sans résidu. Les feuilles n'étaient pas encore franchement vertes et conservaient encore cette nuance rose-violâtre que présentent souvent les jeunes feuilles de vigne quand la pousse est rapide. Feuilles. Eau 78,3 pour 100 Matière sèche 21,7 Total.... ioo, o ! Premier dosage 4 > '9 Seconddosage 4>33 Moyenne 4>26 Azote pour ioo de feuilles fraîches. ... 0,92 (3,8) Bourgeons dépouillés de leurs feuilles , mais encore munis de leurs vrilles. Eau go , i Matière sèche g,g Total .... 1 00 , o ! Premier dosage . . 2,78 Second dosage 2,55 Moyenne 2,66 Azote pour ioo de matière fraîche 0,26 » Si nous réunissons, par le calcul, les deux parties, nous trouverons, pour la richesse moyenne des bourgeons munis de leurs feuilles : 1°. A l'état frais. Azote contenu dans les 81 , 1 de bourgeons sans feuilles 0,21 Azote contenu dans les 18, g de feuilles 0,17 Azote contenu dans les 100 p. de bourgeons munis de leurs feuilles o, 38 a°. A l'état tec. Azote contenu dans les 66,3 de bourgeons sans feuilles 1 ,76 Azote contenu dans les 33,7 de feuilles 1 AA Azote contenu dans 100 parties de bourgeons entiers 3 20 2°. 8 novembre i855. !Eau 76 , 1 pour 1 00 Matière sèche 23,g Total 100,0 ! Premier dosage 1 ,g6 Second dosage 1 ,gi Moyenne 1 , g4 Azote pour 1 00 de feuilles fraîches o ,46 3°. 25 novembre i855. _ ..... / Eau ' 76 pour 100 feuilles jaunies, tombant naturellement, mais \ ., ., , , , , , ; Matière sèche 24 saines au moment de leur chute » Total 100 ! Premier dosage 1 ,48 Second dosage 1 , 4 ' Moyenne 1 ,44 Azote pour 100 de feuilles fraîches o,35 » Les feuilles de vigne, surtout lorsqu'elles sont encore très- tendres, constituent donc un fourrage vert très-riche en matière azotée, compa- rable, sous ce rapport, aux meilleurs regains de sainfoin. A l 'arrière-saison, lorsque les gelées blanches d'automne n'en viennent pas accélérer la chute, les feuilles de vigne, même à la fin d'octobre, contiennent encore autant ( 3i9) de matière azotée que la plupart des fourrages verts du printemps. Enfln, au moment de leur chute, ces mêmes feuilles, lorsqu'elles sont saines, pour- raient encore constituer un assez bon fourrage. » Si nous supposons ces feuilles fanées à la manière des fourrages ordi- naires, c'est-à-dire au point de ne plus retenir qu'environ 20 pour 100 d'eau, celles qui ont servi aux analyses précédentes doseraient : Les dernières 1 , i5 pour 100 d'azote. Les secondes 1 , 55 » Les premières 3,3i » Et enfin les bourgeons entiers a, 56 » » Ces résultats nous montrent que les feuilles de vigne, alors même qu'elles sont sur le point de tomber, conserveraient encore, après le fanage, une richesse en azote au moins égale à celle du bon foin. » Lorsqu'on veut réduire en poudre les feuilles de vigne desséchées, on éprouve une certaine difficulté à opérer convenablement la division des dernières parties les plus résistantes, qui se présentent sous forme de fila- ments cotonneux dont il n'est pas facile d'avoir raison. C'est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer les petits écarts que présentent les dosages de la même matière, dont l'homogénéité pouvait laisser quelque chose à désirer. FEUIBLES D'ORME. » Lorsqu'on les destine aux vaches, les feuilles d'orme se cueillent comme les feuilles de vigne, en ébroussant à la main les jeunes rameaux de la base vers le sommet. Le plus ordinairement, dans les pays où cette pratique est commune, c'est l'ouvrage des enfants, qui montentsur les arbres munis d'un sac qui se trouve bientôt rempli. Je dois ajouter que les feuilles d'orme pas- sent généralement pour être un meilleur fourrage vert que les feuilles de vigne. Lorsqu'on destine ces feuilles aux moutons, la récolte s'en fait autre- ment; les ormes sont élagués tous les quatre ou cinq ans, exploités sous forme de têtards plus ou moins élevés, afin d'en obtenir le plus de branches possi- ble. L'élagage se fait à la fin de septembre ou au commencement d'octobre; on met de côté les grosses branches et on lie en bottes les rameaux et brin- dilles munis de leurs feuilles, après les avoir laissés faner à la manière des fourrages ordinaires. Ce fanage, lorsque le temps est sec, peut se terminer en vingt-quatre heures. Ces bottes de Jeuitlards sont ensuite entassées au fenil pour être consommées au commencement de l'hiver, et beaucoup de cultivateurs considèrent qu'une botte de bon feuillard d'orme peut rem- placer une botte de trèfle de qualité ordinaire. » Si l'on songe que cette pratique est répandue dans beaucoup dé nos ( 3ao ) départements, et notamment dans ceux du Cher, de la Charente et du Loi- ret, et qu'en Normandie la feuille d'orme passe pour une excellente nour- riture pour les porcs, on comprendra que l'examen de ces feuilles devait offrir quelque intérêt, et qu'il y avait lieu de s'assurer si leur richesse en principes plastiques, déterminée par l'analyse chimique, viendrait justifier le fréquent emploi qu'on en fait. J'ai donc cueilli, à trois époques de l'an- née, i° le 2 juin i855, 20 le 11 août, 3° le 9 novembre, plusieurs kilo- grammes de feuilles prises sur plusieurs ormes, sur différentes parties de ces arbres, en ébroussant à la main les rameaux comme dans la pratique usuelle, et c'est sur chacune de ces récoltes, après un mélange convenable- ment fait, qu'ont porté les analyses dont il va être rendu compte ci-après : l°. Feuilles d'orme cueillies le i juin i855. Eau 76,0 pour 1 00 Matière sèche 24 , o Total 100,0 ! Premier dosage 4» '^ Second dosage 4>25 Moyenne 4>2° Azote pour 100 de feuilles fraîches 1 ,01 2°. Feuilles cueillies le il août i855. » On en a fait deux lots, l'un composé des feuilles les plus tendres, l'autre des feuilles plus anciennes : 1er LOT. — Feuilles les plus tendres, prises à l'extrémiiê des rameaux. Eau 70 pour 100 Matière sèche 3o Total 100 S Premier dosage 3 , 69 Second dosage 3, 87 Moyenne 3,^8 Azote pour 100 de feuilles fraîches 1 , 1 3 2e LOT. — Feuilles plus anciennes. Eau 67 ,6 pour 1 00 Matière sèche 32,4 Total 100,0 ! Premier dosage 3 ,0 1 Second dosage 2,89 Moyenne 2>95 Azote pour 1 00 de feuilles fraîches o ,955 ( 3a i ) 3°. Feuilles cueillies le g novembre i855. » Ces feuilles, encore vertes, commençaient à peine à prendre une légère teinte jaunâtre dans quelques-unes de leurs parties. » Elles renferment : Eau , 63 , 3 pour .i oo Matière sèche 36 , 7 Total 1 00 , o I Premier dosage 2 , 09 Second dosage 2,o5 Moyenne 2,07 Azote pour 100 de feuilles fraîches. ... 0,^55 » Il résulte de ces analyses qu'à l'époque où elles vont tomber naturelle- ment, les feuilles d'orme saines contiennent encore autant de matière azo- tée que des meilleurs fourrages verts usuels de printemps, et qu'au mois d'août, les feuilles les plus tendres, quoiqu'elles contiennent 70 pour 100 d'eau, renferment néanmoins presque autant de matière azotée que le foin normal fané. Si nous prenons ces feuilles à l'état fané, c'est-à-dire conte- nant encore en moyenne environ 20 pour 100 de leur poids d'eau, nous y trouverons : i°. Dans les feuilles du 2 juin 3 j 36 pour 100 d'azote Premier lot. . . . 3, 06 20. Dans celles du 1 1 août. . . ( Second lot 2,0b 3°. Enfin dans celles du 9 novembre ..,..' 1 ,66 c'est-à-dire que même, dans ce dernier cas, les feuilles d'orme se pla- ceraient presque sur la même ligne que le foin de prairies artificielles, et au-dessus du foin normal de prairies naturelles. » Comme la récolte de ces feuilles se fait un peu avant leur parfaite ma- turité, on peut évaluer, d'après ce qui précède, à 2 pour 100 leur richesse en azote après le fanage, et cette richesse justifie le soin avec lequel on les conserve dans les pays où les fourrages ordinaires sont médiocrement abon- dants. FEUILLES DU PEUPLIER DU CANADA. » Je n'ai soumis à l'analyse que des feuilles tendres, cueillies le 2 juin i855 et n'ayant pas plus de dix à douze jours, et des feuilles cueillies le 11 août. Comme pendant la première cueillette les feuilles étaient le plus souvent accompagnées de petits bouts de rameaux qui les portaient, j'en ai C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 7.) 4^ ( 322 ) fait deux lots, dont le premier se composait uniquement de feuilles, et dont le second comprenait de jeunes bourgeons effeuillés, de 2 à 8 centimètres de longueur, extrêmement tendres, mais dont le poids, comparé à celui des feuilles, était extrêmement minime. Ier LOT DE LA RÉCOLTB DU 1 JUIN. — Feuilles. Eau'. 78,4 pour 100 Matière sèche 21 ,6 Total 1 00 , o ! Premier dosage 4>°9 Second dosage 4 >°7 Moyenne 4>°^ Azote pour 100 de feuilles fraîches 0,88 2e LOT. — Petits bourgeons dépouillés de leurs feuilles. Eau 81.7 pour 100 Matière sèche 18 ,3 Total 1 00 , o , f Premier dosage 4i°6 Azote pour 100 de matière sèche. . < Second dosage 4>01 Moyenne 4>°3 Azote pour 100 de matière fraîche °>74 Feuilles cueillies le 1 1 août i855. Eau 72>9 pour 100 Matière sèche 27 , 1 ■ * Total 1 00 , o ! Premier dosage 3, 43 Second dosage '.. 3,55 Moyenne '. 3,49 Azote pour 100 de feuilles fraîches °>9^ » Cette richesse des feuilles de peuplier les rapproche des feuilles d'orme comme fourrage; mais c'est plus particulièrement comme fourrage fané, c'est-à-dire contenant environ 20 pour 100 d'eau, qu'elles sont employées; celles dont il vient d'être question doseraient alors environ 2,79 pour 100 d'azote. Concluant par analogie, nous pouvous admettre que les feuilles des peupliers élagués vers la fin de septembre ou dans la première semaine d'octobre peuvent être placées, d'après leur richesse en azote, à côté des feuilles d'orme. Les cultivateurs ne les estiment pas tout à fait autant, ce qui peut tenir à la présence d'une petite quantité de matière résineuse irritante qui peut agir comme purgatif sur les animaux. Les cultivateurs ( 3^3 ) font aussi une différence entre les feuilles du peuplier d'Italie et celles du peuplier du Canada : ils accordent à ces dernières une préférence marquée. » Pour faciliter la comparaison de ces résultats, je vais lès résumer sous forme de tableau d'ensemble, en rapportant les nombres au kilogramme de feuilles. DÉSIGNATION DES FEUILLES. Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles Feuilles d'orme fraîches, 2 janvier 1 855 . . . . Les mêmes, fanées Complètement desséchées d'orme fraîches, 1 1 août i855 Les plus tendres Les mêmes , fanées '. Complètement desséchées de la même date, plus dures Les mêmes, fanées Complètement desséchées d'orme fraîches, g novembre i855.. Les mêmes , fanées Complètement desséchées de peuplier du Canada Fraîches , 2 juin i855 Petits bourgeons dépouillés de feuilles Mêmes feuilles , fanées Complètement desséchées de peuplier du Canada, 1 1 août. . . . Les mêmes, fanées Complètement desséchées de vigne très-tendres Bourgeons dépouillés de leurs feuilles Bourgeons avec leurs feuilles Les mêmes, fanées Complètement desséchées seules complètement desséchées. . . . cueillies le 8 novembre 1 855 Les mêmes, fanées Complètement desséchées cueillies le 25 novembre i855. ..... Les mêmes , fanées Complètement desséchées., EAl: par kilogram. MATIERES SECHES par kilogr. 760 200 700 20O » 676 200 633 200 784 817 200 729 200 » 783 goi 879 200 765 200 b 760 200 2^0 80O 1000 3 00 800 1000 324 800 1000 367 800 1000 » 216 i83 800 1000 271 800 1000 217 99 121 800 1000 1000 23g 800 1000 a4o 800 1000 AZOTE par kilogram 10,1 33,6 42,0 » 11 ,3 3o,2 37,8 g, 55 23,6 2g, 5 7,55 16,6 20,7 D 8,8 7.4 3a,6 4o,8 9>5 27>9 34,9 9»2 2,6 3,. 25,6 32,0 42,6 4.6 15,4 '9.4 3,5 n,5 -4,4 43. ( 3a4 ) » L'inspection du tableau qui précède nous apprend que les feuilles vertes et fraîches de l'orme peuvent, lorsqu'elles sont très-tendres, contenir presque autant de matière azotée que le foin normal, mais que cette pro- portion d'azote diminue, comme on devait s'y attendre, avec l'âge des feuilles et avec la saison : cependant, peu de jours avant leur chute, les feuilles fraîches d'orme renferment encore les trois quarts de l'azote que l'on trouve dans les jeunes feuilles tendres; mais comme les feuilles mûres sont moins aqueuses que les feuilles nouvelles et tendres, la richesse de la matière sèche des premières en matière azotée se trouve réduite à environ moitié de celle des dernières. Si l'on compare les feuilles d'orme, même lorsqu'elles sont arrivées à leur complète maturité, au foin de prairies arti- ficielles, elles contiennent, au même état de dessiccation, à peu près la même proportion de matière azotée, et sont encore plus riches d'environ 5o pour 100 que le foin normal. » Les feuilles de peuplier du Canada, plus estimées comme fourrage que celles du peuplier d'Italie, contiennent à peu près autant d'azote que les feuilles d'orme. » Enfin les feuilles de vigne, lorsqu'elles sont fraîches, sont beaucoup moins riches que le précédentes, parce qu'elles sont plus aqueuses ; mais, prises au même degré de dessiccation, elles ne sont guère inférieures aux précédentes. Prises au moment de leur chute, lorsqu'elles sont saines, elles ont précisément la même richesse que le foin normal , au même état de dessiccation . » On pourrait se demander si l'effeuillage des ormes, si l'élagage pra- tiqué avant la chute des feuilles ne porte pas préjudice au développement des arbres. Sans aucun doute, si ces opérations étaient faites en toutes saisons, elles pourraient être dommageables au développement des ormes ou des peupliers; mais si l'on se rappelle que c'est ordinairement en automne, vers le commencement d'octobre, lorsque la pousse est à peu près complètement terminée, que se pratiquent l'effeuillage et l'élagage dont il est ici question, il est vraisemblable que le dommage doit être peu important, si dommage il y a. » Dans tous les cas, il y aurait encore à décider si la valeur des feuilles comme fourrage ne procure pas une compensation plus que suffi- sante de ce préjudice. » L'extension qu'a prise cette pratique, dans certains départements, nous porte à croire que les propriétaires qui la continuent ne l'eussent pas fait s'ils n'y avaient pas trouvé un avantage réel de quelque importance. » ( 3a5 ) RAPPORTS. mécanique appliquée. — Rapport sur un Mémoire de M. Phillipps sur le calcul de la résistance des solides prismatiques soumis à l'action d'une charge en mouvement. (Commissaires, MM. Poncelet, Lamé, Combes rapporteur.) « L'Académie nous a chargés de lui rendre compte d'un Mémoire de M. Phillipps sur le calcul de la résistance des solides prismatiques, tels que les poutres droites d'un pont, les rails de chemins de fer, etc., soumis à l'action d'une charge animée d'une vitesse uniforme. Cette question a déjà été le sujet d'expériences faites par M. le professeur Willis, comme membre d'une Commission instituée par le gouvernement britannique, pour re- chercher les conditions à observer par les ingénieurs dans l'emploi du fer appliqué' aux constructions qui sont destinées à supporter des chocs vio- lents, et d'un intéressant Mémoire de M. [Stokes, publié dans les Trans- actions de la Société philosophique de Cambridge (vol. VIII, 5e partie, année 1849, Pa»e l°l)- Les expériences de M. Willis ont été imprimées, avec une dissertation de l'auteur, dans le Rapport de la Commission. » M. Stokes a donné, dans son Mémoire, une solution approchée du problème qu'il a abordé, à la demande de M. Willis, dans les deux cas extrêmes où la masse de la charge mobile est regardée comme infiniment grande, ou comme négligeable par rapport à celle de la poutre sur laquelle elle se meut. » M. Phillipps tient compte, dans le travail présenté à l'Académie, des niasses de la charge mobile, du solide prismatique qui la supporte et de la charge fixe et permanente distribuée sur la longueur de celui-ci. Il part des hypothèses secondaires qui ont permis d'établir les formules usitées con- cernant la résistance des matériaux élastiques, et que justifie, d'une manière satisfaisante, l'accord des résultats des calculs fondés sur ces hypothèses avec les faits journellement observés dans la pratique des ingénieurs. Ainsi, il considère la flexion de la poutre comme étant constamment très-petite; il égale, en conséquence, le produit du moment d'élasticité du solide pris- matique par la dérivée du second ordre de l'ordonnée de la courbe sui- vant laquelle est infléchi l'axe du solide, les abscisses étant comptées sur l'axe rectiligne de ce solide avant la flexion, à la somme des moments des forces appliquées entre le point considéré et l'une des extrémités du so- ( 3a6 ) lide, y compris celles qui résultent de l'action des points d'appui sur cette extrémité et des forces d'inertie. Il ne considère, enfin, que les vitesses dirigées dans le sens perpendiculaire à l'axe de la poutre. » Moyennant ces simplifications, qui ont été aussi admises par MM. Willis et Stokes, chacune des parties de la poutre élastique comprises entre le point où est située, à un moment donné, la charge mobile et l'une de ses extré- mités, doit satisfaire à l'équation aux différences partielles ' dt> dx< T' où les abscisses sont comptées sur l'axe primitif de la poutre droite, à partir de l'extrémité de la partie que l'on considère, et les ordonnées posi- tives sont dirigées dans le sens de la pesanteur; A:a et ç sont des quantités qui dépendent du moment d'élasticité, du poids et de la charge permanente de la poutre par mètre courant. On a k°- = ^ et 0=Pl, M est le moment d'élasticité, zs le poids de la poutre, p la charge perma- nente et fixe par mètre courant, y compris le poids vs, et g la gravité. On fait disparaître le deuxième terme du second membre de l'équation (i), en posant l'ordonnée y de la courbe égale à z + y', y' étant l'ordonnée de la courbe fixe qu'affecterait l'axe du solide en équilibre sous l'action de la charge permanente, de sorte que z désigne l'écart entre les ordonnées de la courbe fixe et de la courbe variable pendant le trajet de la charge mobile. L'équation (i) est ainsi remplacée par dH ^d'z dr rfr< On a deux équations semblables pour les deux parties de la poutre qui se raccordent au point où est arrivée la charge mobile à l'instant que l'on con- sidère. M. Phillipps est parvenu à les intégrer, en suivant une méthode qui lui est propre; il prend pour valeur de z un développement en série sui- vant les puissances de x multipliées par des coefficients qui sont fonctions du temps. Les coefficients des deux premiers termes de chaque valeur de z étant représentés par A et B, ceux des termes suivants de la série sont les dé- rivées d'ordre pair de A et de B par rapport au temps, multipliées par les puissances ascendantes de — ou ^ ; la question est ainsi ramenée à dé- (3a7) terminer quatre fonctions A, B; A,, B(, dont deux entrent dans chacune des valeurs de z. Ces fonctions doivent satisfaire à quatre conditions, dont les trois premières sont que les deux courbes aient au point de raccorde- ment même ordonnée, même tangente et même rayon de courbure. La quatrième résulte de ce que la réaction de la courbe sur la charge mobile qui se trouve au point de raccordement est égale à cette charge dimi- nuée de la force capable de produire l'accélération de sa vitesse verticale, dans la trajectoire qu'elle parcourt. Les quatre équations données par les conditions ci-dessus renferment les quatre fonctions à déterminer et leurs dérivées des divers ordres jusqu'à l'infini. En prenant pour cha- cune d'elles un développement en série suivant les puissances entières et croissantes de t;« M. Phillipps parvient à déterminer les coefficients, n fonctions du temps, qui entrent dans les séries, par groupes de quatre, au moyen d'équations différentielles linéaires du second ordre, dont il obtient des intégrales particulières sous forme de séries dont la loi est fort simple, et qui sont rapidement convergentes. » Les calculs se simplifient beaucoup lorsque — = — est assez petit, ainsi que cela a toujours lieu dans la pratique, pour que l'on puisse né- gliger les termes multipliés par les puissances de -^ supérieures à la pre- mière. » M. Phillips traite successivement le cas où la poutre est encastrée par ses deux extrémités et celui où elle est simplement posée sur deux appuis fixes. Les valeurs de z qu'il obtient, dans l'un et l'autre cas, ne satisfont pas rigoureusement aux conditions initiales du système; elles impliquent que les divers points de la poutre seraient animés, au moment où la charge mobile atteint une de ses extrémités, d'un certain mouvement vibratoire, au lieu d'être à l'état de repos. Mais l'auteur démontre, par une analyse rigoureuse et délicate, que les vitesses et les tensions initiales que ses formules supposent exister dans les diverses parties de la poutre sont, dans toutes les circonstances des applications pratiques, de trop petites fractions des vitesses et des tensions qui seront déterminées par le trajet de la charge mobile, pour que ce désaccord puisse avoir une in- fluence sensible sur les résultats. Ainsi, pour des rails de chemins de fer de modèles usuels et librement posés sur des appuis placés à la distance or- dinaire des traverses, et pour des poutres de ponts réellement exécutées, la vitesse et la tension initiales, d'après les formules, sont inférieures à la ( 3a8 ) vingtième partie des vitesses et des tensions déterminées par le passage de la charge animée de vitesses quelconques, depuis o jusqu'à 108 kilomètres par heure. » Dans un dernier chapitre, M. Phillips signale les conséquences pra- tiques de la théorie qu'il a exposée, et les applications que l'on peut faire de sa méthode à d'autres problèmes que ceux qu'il a traités. Les cita- tions suivantes montrent l'utilité des recherches analytiques du savant ingénieur. » Il résulte de ses formules : » i°. Que l'on peut, sans s'exposer à commettre des erreurs compromet- tantes pour la solidité d'une construction, négliger l'influence de l'inertie de la poutre qui doit supporter une charge mobile, lorsque -^ ou r^- est une très-petite fraction, c'est-à-dire lorsque le moment d'élasticité de la poutre est très-grand relativement à sa masse par unité de longueur. 2°. La mobilité de la charge a pour effet d'accroître l'allongement pro- portionnel ou la tension maximum des fibres qui aurait lieu dans la poutre en équilibre sous l'action de la charge placée au milieu de la distance des appuis. » 3°. Le rapport de l'accroissement occasionné par le mouvement de la charge à l'allongement maximum sous l'action de la charge immobile placée au milieu de la distance des appuis, est, toutes choses égales d'ailleurs, à peu près proportionnel au poids de la charge mobile, au carré de la vi- tesse dont elle est animée et à la distance des appuis, et en raison inverse du moment d'élasticité de la poutre. Ainsi il convient de rapprocher les appuis et d'accroître le moment d'élasticité en augmentant l'épaisseur des poutres dans le sens vertical. » 4°- Pour un solide posé simplement sur deux appuis, ce rapport a pour limite très-rapprochée QV*/ Q exprime le poids de la charge mobile, V sa vitesse, / la distance des appuis, M le moment d'élasticité de la poutre, g la gravité. » 5°. Pour un solide encastré à ses deux extrémités, on peut décomposer l'allongement proportionnel des fibres, à l'état statique , en deux parties, l'une due à la charge placée au milieu de l'intervalle des appuis, l'autre au poids du solide et à la charge permanente distribuée sur la longueur. L'effet du mouvement dû à la charge est d'accroître la première partie de (329) QV1/ la fraction ~— de ce qu'elle est dans l'état statique, et la seconde partie de la fraction — — » Avec les dimensions usitées pour les poutres droites des ponts con- struits sur les lignes de chemins de fer, le rapport ~^r~ est généralement assez petit pour que l'on puisse négliger l'accroissement dû au mouvement de la charge. » Il n'en est pas de même des rails. L'accroissement de tension dû au mouvement s'élève à j pour des vitesses de 72 kilomètres à l'heure, et irait à 5, pour des rails encastrés dans des appuis distants de 1 mètre, si la vitesse des machines atteignait 3o mètres par seconde ou 108 kilomètres par heure. » Le sujet traité par M. Phillips, dans le Mémoire dont nous venons de vous rendre compte, est d'une grande importance pour le calcul des di- mensions des pièces qui entrent dans un grand nombre de constructions modernes. Les solutions qu'il a données sont nouvelles et déduites d'une analyse correcte et élégante. Nous regardons ce Mémoire comme très-digne de la haute approbation de l'Académie, et nous avons l'honneur de vous proposer d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. anatomie comparée des végétaux. — Plantes parasites. Analomie des Cassythacêes ; par M. Ad. Chativ. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie des Sciences a pour objet l'anatomie des Cassythacêes, plantes singulières que la plupart des botanistes réunissent aux Lauracées comme tribu, dont Lindley a fait une famille distincte et que L. de Jussieu regardait comme d'autant plus difficile à classer qu'elles réunissent, au port et aux tiges aphylles des Cuscutes, les étamines des Lauracées et le fruit des Basellacées. » La structure des tiges et celle de leurs suçoirs qu'accompagnent des appareils préhenseurs, d'une structure parfois très-complexe, m'ont spécia- lement occupé. » Les tiges, filiformes et volubiles comme celles des Cuscutes, sont généra- •C. R., i856 , i« Semestre. (T. XLII, N° 7.) 44 ( 33o ) lement composées : d'un épiderme à un rang de cellules rectangulaires dis- posées en séries que coupent perpendiculairement d'assez nombreux sto- mates; d'un parenchyme parfois féculifère; d'une zone ligneuse et conti- nue de fibres ponctuées dans l'épaisseur de laquelle sont placées, plus au dehors, une ligne circulaire de lacunes, plus en dedans une ligne de grands vaisseaux ponctués avec laquelle la ligne des lacunes offre souvent des rapports symétriques; enfin d'une moelle privée de rayons médullaires. »> Les suçoirs proprement dits offrent, comme ceux des Cuscutes, un sommet cellulaire ou cône perforant qui pénètre les tissus ligneux les plus durs ^même ceux du Casuarina), malgré sa propre délicatesse, et un cône interne fibro-vasculaire qui jamais ne sort du tissu parenchymateux pour se mettre en rapport immédiat avec les tissus de la plante nourricière. » L'appareil préhenseur, qui se confond par sa base avec le suçoir, au lieu de descendre séparément de la tige, comme dans plusieurs Cuscutes, se compose tantôt {C. fdiformis, etc.) d'un repli parenchymateux renforcé d'une ou même de deux lames fibreuses, tantôt (C. Casuarinœ) d'un système parenchymateux se combinant avec des lames et des arceaux fibro- vasculaires ayant pour effet d'augmenter la force adhésive du végétal para- site sur la plante nourricière, que, perforent en ce dernier cas des suçoirs périphériques supplémentaires. Les dessins qui accompagnent mon Mé- moire font mieux comprendre que la plus longue description la perfection, au point de vue mécanique, de l'appareil mixte qui, tout en servant à la préhension, porte les suçoirs latéraux du Cassytha Casuarinœ. » Les différences anatomiques entre les Cassythacées et les Cuscutacées se montrent tellement grandes quand on vient à comparer le système fibro- vasculaire, le parenchyme et l'épiderme des tiges de ces plantes, qu'il est bien évident qu'elles s'éloignent autant par leur anatomie que par le système floral, et que leur ressemblance apparente, ressemblance qui a fait composer le nom des premières du nom grec (xao-<7u0a) des secondes, n'en- traîne aucune analogie entre les caractères importants. A peine a-t-on à signaler, comme points communs, le manque fréquent de trachées dans les tiges, la structure des suçoirs et celle de leurs appareils préhenseurs dans quelques espèces. » Les faits anatomiques observés chez les Cassythacées et qui intéressent l'anatomie générale sont, au point de vue de la nature des tissus : la présence de nombreux stomates à l'épiderme des tiges; les trachées souvent nulles chez les tiges, mais existant dans la fleur, et surtout abondantes dans l'em- bryon (fait analogue à celui observé par le savant botaniste Schleiden sur ( 33 1 ) le Leinna); les vaisseaux perdant leur forme tubuleuse pour devenir courts et ellipsoïdes, en passant de la tige aux suçoirs; enfin l'existence, dans l'é- paisseur du système ligneux, de lacunes qui rappellent celles que j'ai signa- lées dans les plus gros faisceaux fibro-vasculaires d'un grand nombre de plantes aquatiques. En considérant, non la nature, mais le groupement ou la disposition des tissus, les Cassythacées intéressent par la direction des stomates perpendiculaires à celle des cellules épidermiques dont ils suivent et coupent les séries, par l'absence de liber, par les rapports de symétrie qui lient souvent les lacunes aux vaisseaux du système ligneux, par l'ab- sence de rayons médullaires, par l'existence constante, dans les suçoirs or- dinaires axiles, d'un cône perforant cellulaire et d'un cône intérieur vascu- laire, par la composition spéciale de l'appareil mixte préhenseur et perforant du Cassytha Casuarinœ . » Je signale, comme se rattachant à l'organographie et pouvant se tra- duire en applications à la taxonomie, la forme, et si l'on peut ainsi parler, l'insertion, sur le suçoir lui-même, de l'appareil préhenseur, qu'on peut dire adhérent dans les Cassythacées, tandis qu'il est au contraire généralement libre dans les Cuscutacées, où il s'attache immédiatement sur la tige. » Cherchant enfin les rapports du présent travail avec la physiologie, je suis conduit à considérer notamment la présence de stomates coïncidant avec le parasitisme complet des espèces et la rareté ou même le manque de matière verte , le rôle des lacunes du système ligneux et enfin le non-parasi- tisme du Cassytha sur les espèces de la famille des Lauracées qui leur sont liées par des affinités nombreuses, mais ne sont pas parasites. J'appelle d'au- tant plus l'attention des botanistes sur cette dernière remarque, qu'elle semble être générale pour les parasites et n'intéresse pas moins les affinités botaniques que la physiologie. Ne serait-il pas bien singulier, en effet, au point de vue physiologique, que les parasites ne pussent vivre sur les espèces qui leur ressemblent le plus par leur structure et la nature de leur sève? On conçoit que si cet antagonisme existe généralement, il fournisse, pour l'appréciation des affinités naturelles, un élément de même ordre que Ja greffe, quoique reposant sur une base différente. On reconnaît l'analogie entre certaines espèces, parce qu'elles peuvent être greffées l'une sur l'autre; on reconnaîtrait les différences botaniques d'une parasite donnée avec d'autres espèces, par le fait même de sa végétation aux dépens de celles-ci. A l'appui de cet aperçu, je dirai que les suçoirs des Cuscutes et des Cassy thés, si aptes à pénétrer au travers des tissus ligneux des espèces étrangères dont ces plantes se nourrissent, s'émoussent sans même s'engager dans le pareil- 44- (33a) chyme de leurs propres tiges, lorsque, par suite des courbes superposées souvent décrites par celles-ci, ils viennent à être fixés étroitement sur elles par leurs replis préhenseurs. » mécanique appliquée. — Sur le puits artésien de Passy, entrepris par M. Rind pour le compte de la ville de Paris; Note sur la situation des travaux au Ier février i856; par M. Ai.pii.wi>, ingénieur des ponts et chaussées, chargée de la surveillance de l'opération. (Présentée par M. Dumas.) « Aux termes d'une convention intervenue le 1 4 juillet i855 entre M. le préfet de la Seine et M, Kind, ingénieur saxon, le puits percé d'après les procédés de cet ingénieur, sous la surveillance de l'ingénieur des ponts et chaussées chargé de la direction du service des promenades et plantations de la ville de Paris, doit avoir, dans toute sa profondeur, une section mi- nimum de o™, 60 de diamètre intérieur et doit être descendu de 25 mètres au moins dans la couche aquifère des grès verts située, en moyenne, à 55o mètres au-dessous du sol de la plaine de Passy. Il doit être garni d'un cuvelage en bois de chêne formant tube de retenue. Un tube ascensionnel de 23 mètres de hauteur environ au-dessus du sol de l'orifice du puits doit élever les eaux à 76™, 49 au-dessus du niveau de la mer, hauteur nécessaire aux différents services du bois de Boulogne. Les travaux du puits, dont la dépense est évaluée à un chiffre maximum de 35oooo francs, doivent être terminés dans le courant d'une année, à partir du 18 juillet 1 855, date de l'acceptation de la soumission de M. Riud. » L'emplacement choisi pour le forage est situé dans les anciennes carrières de Passy, à l'angle de la rue du Petit-Parc et de l'avenue de Saint-Cloud. Les travaux d'installation consistant daus l'établissement des hangars, d'une chaudière à vapeur et de deux cylindres moteurs, et dans le creuse- ment d'un faux puits percé à bras d'homme dans le roc jusqu'à t im, 35 au- dessous du sol , ont été terminés le 29 août. Le forage du puits a été immé- diatement entrepris. Les deux premières semaines ont été à peu près uni- quement employées à régler les appareils et la marche de la machine, et à dresser les ouvriers. Aussi les travaux du percement du puits n'ont com- mencé, en réalité, d'une manière régulière que le i5 septembre. » Pour donner au puits om, 60 de diamètre intérieur après le cuvelage en hois de chêne, et pouvoir placer au besoin des tubes provisoires de retenue, afin d'attendre la mise en place du cuvelage définitif qui ne sera établi qu'a- près l'achèvement du forage, on a donné au puits iiu,io de diamètre. 333 ) » L'instrument de forage est un trépan du poids de 1800 kilog., armé de sept dents en acier fondu de om,a5 de longueur chacune. Le trépan qui fonctionne dans l'eau est assujetti à un déclic, qui lui permet de se déta- cher de sa tige de suspension. Le déclic, ou instrument à chute libre, est formé d'un chapeau en gutta-percha de ora,6o de diamètre, auquel est adaptée la tête d'une pince qui soutient la tige du trépan. L'ensemble de l'appareil descendant rapidement par son propre poids, le chapeau en gutta- percha, mobile autour de l'axe du déclic au moyen de deux coulisses, est retenu par la pression de l'eau et fait ouvrir les pinces soutenant le' trépan qui se referment, au contraire, lorsque l'ensemble de l'appareil remonte, le chapeau mobile étant soumis alors à un effort opposé. Le trépan tombant librement de la hauteur de om,6o à laquelle on l'élève par suite de l'emploi de l'instrument à chute libre, peut être supporté par des tiges en bois de om, 09 d'épaisseur et de 10 mètres de longueur vissées l'une à l'autre, ce qui diminue énormément le poids de l'appareil de forge et rend, par consé- quent, l'opération plus prompte et plus économique. » L'appareil formé des tiges de l'instrument à chute libre et du trépan est suspendu à l'une des extrémités d'un balancier, à l'autre extrémité duquel est attachée une tige adaptée au piston d'un, cylindre moteur de la force de 10 chevaux de vapeur. Le piston, en remontant dans le cylindre, aide à la chute du trépan entraîné par son propre poids, et en descendant il soulève tout l'appareil. » Un deuxième cylindre à vapeur, de la force de 1 5 chevaux, met en mou- vement un treuil sur lequel vient s'enrouler un câble plat passant dans une poulie située au sommet de la tour établie sur le puits à 3o mètres au-dessus du faux plancher sur lequel sont placés les ouvriers qui dirigent le tré- pan. Lorsque le trépan a foré le puits sur une profondeur de 1 mètre à im, 5o, on le détache de l'extrémité du balancier et il est remonté au moyen du câble plat. La hauteur existant entre le faux plancher et le sommet de la tour permet de ne dévisser les tiges que tous les 3o mètres. Le trépan élevé au-dessus de l'orifice du puits est ensuite suspendu à un plancher mo- bile sur un chemin de fer, qui permet de l'écarter pour le passage de la cuiller. » La cuiller formée d'un cylindre en tôle à fond mobile de 1 mètre de hauteur sur om, 80 de diamètre intérieur est amenée à l'orifice du puits par le même procédé que le trépan. Elle est ensuite amarrée à l'extrémité d'un câble de om,o4 de diamètre , enroulé sur un treuil mis en mouvement au moyen d'une chaîne sans fin par une bielle attachée sur la tige du piston du cylindre. ( 334 ) » Les deux cylindres alimentés par une seule chaudière à vapeur pouvant fournir, sous une pression de six atmosphères, une force de 3o chevaux, servent à tous les mouvements nécessités par le forage, ce qui permet de réduire le nombre des ouvriers, y compris le chef sondeur, le mécanicien, le chauffeur et trois forgerons pour les réparations, à six, coûtant ensemble chaque jour 49 francs. » Les frais d'installation ou d'achat des instruments, des machines et des tubes de retenue, se sont élevés à la somme de 93,865^,20. » L'entretien du matériel et les réparations de toute nature du Ier sep- tembre 1 855 au ier février i856 ont coûté 8822 francs. » La dépense moyenne en combustible par vingt-quatre heures de travail a été de 5oo kilogrammes coûtant, au prix de 4fr, 25 les 100 kilo- grammes, 2 1 fr, 25. » Le faux puits a traversé une couche de terre végétale et de marne mé- langée de calcaire et de sable jaune de 4 mètres d'épaisseur, et a pénétré ensuite de 7 mètres environ dans le calcaire grossier qui forme les anciennes carrières de Passy. Le forage, dans cette couche de i4m,65 d'épaisseur, n'a présenté aucune difficulté, ainsi que l'indique le tableau récapitulatif placé à la suite de ce rapport. Au-dessous du calcaire grossier, le puits a traversé une couche de sable mélangé de coquilles de om,20 d'épaisseur, puis une couche de sable pur de 6m,58. Le passage de cette couche a présenté de sé- rieuses difficultés; après plusieurs éboulements, il a fallu garnir le puits de tubes de retenue en tôle de im, 10 de diamètre et de om,oo5 d'épaisseur. » Les mêmes obstacles se sont produits dans la traversée des argiles situées entre le niveau des puits de Passy et l'origine de la craie, et on a dû se décider à placer des tubes de retenue dans toute la hauteur du puits jusqu'à la craie. La descente de ces tubes s'est opérée difficilement ; il a fallu les charger d'un poids de 22000 kilogrammes, et forer en dessous en élargissant le puits, en ajustant au trépan des oreilles mobiles. On a pu ainsi faire descendre les tubes jusqu'à la couche de rognons calcaires supérieurs à la craie, que le trépan a atteints le 2G octobre. » Depuis, le forage a continué régulièrement. Les rognons de silex qu'on a trouvé en abondance jusqu'à ce jour, retardent cependant énormément le forage. Dans les couches de craie pure on a pu descendre le puits de près de 5 mètres dans vingt-quatre heures, tandis que sur les points où les ro- gnons siliceux sont très-abondants , on perce à peine 1 mètre dans le même temps. » Les dents du trépan s'usent très-promptement dans le silex ; elles per- dent près de 2 centimètres en deux heures de travail, et doivent être ( 335 ) renouvelées chaque fois que le trépan est retiré du puits, afin de maintenir une section parfaitement cylindrique. Il arrive fréquemment que le trépan, rendu à ses dimensions, ne peut pénétrer dans les portions creusées sur. des dimensions insuffisantes, à cause de l'usure des dents, ce qui oblige à re- prendre le forage à nouveau. » Toutes ces causes ont retardé l'opération, et, à la date du ier février, après quatre mois et demi de travail constant, le puits n'était descendu qu'à 27im,oi au-dessous de son orifice. » Le croquis joint à cette Note et la boîte d'échantillons qui raccom- pagnent, indiquent la nature et l'épaisseur des couches percées; jusqu'ici aucune anomalie ne s'est présentée, et la succession des couches ne diffère en rien de celles traversées dans le forage du puits de Grenelle. Les échan- tillons des produits des diverses couches ont été ramenés par la cuiller. » Nous terminons cette Note par un tableau relevé sur le registre des sondages, indiquant le temps employé et la dépense faite pour traverser chaque couche, abstraction faite des frais généraux et d'installation des machines, de réparation et d'entretien, qui doivent se répartir sur l'en- semble de l'opération. NOMBRE PROFONDEUR de journées moyenne DÉPENSE NATURE de 12 heures ÉPAISSEUR obtenue par DEPENSE moyenne des de travail de 12 heures totale par mètre couches traversées. employées pour chaqiiecouche. chaque couche. de travail dans chaque couche. par couche. dans chaquecouche. m m fr rr Calcaire 4 '7 22 ,25 7,3o 7.34 26,77 5,94 1,82 38,38 0,43 1 1 90 , OO 1557,00 I 540,00 58, 16 Rognons calcaires. . . 22, OO 0,27 25g , 25 Craie mélangée de ro- gnons de silex . . . TOTAtIX. . . . l42,O0 2ig,33 1,53 9940,00 45, 3i 207,25 266,68 14507,00 Moyenne de la profondeur obteni e par chaque journée de 12 hei Moyenne des dépen 1,28 fr 54,39 ses faites par (Renvoi à l'examen de la Section de Minéralogie et de Géologie, à laquelle est invité à s'adjoindre M. Élie de Beaumont.) ( 336 ) Remarques de M. Eue de Beaumoxt à l'occasion de cette communication . « M. Dumas ayant annoncé, à la suite de la communication précédente, que M. Kind pourrait extraire du puits artésien qu'il exécute des cylindres entiers des couches qui paraîtraient présenter un intérêt spécial; M. Elie de Beaumont a exprimé le vœu qu'on fît l'essai de cette partie du procédé sur la couche de la craie chloritée, dans laquelle se trouvent disséminés le plus abondamment les rognons de phosphate de chaux qui y ont été signalés et dont on cherche, depuis quelques années, à mieux étudier le gisement dans l'intérêt de l'agriculture. » embryogénie. — Note sur le développement des Pélromyzotts; par M. Schultze. (Commissaires, MM. Duméril, de Quatrefages. « Je suis parvenu à me procurer dans deux printemps consécutifs des individus mâles et femelles de Petromjzon planeri, espèce qui se trouve fréquemment dans un petit ruisseau près de Berlin. La fécondation artifi- cielle que j'ai pratiquée a si bien réussi, qu'il m'a été possible d'observer les jeunes poissons pendant quelques semaines après l'éclosion. » Les œufs mûrs de Pétromyzon sont blancs et non transparents; ils ont uni' enveloppe extérieure visqueuse, transitoire, et un chorion ferme et mince (membrane coquillière d'après C. Vogt). Ce dernier est finement pointillé et paraît être, comme chez d'autres poissons, percé de petits tubes excessivement fins. Le chorion entoure le vitellus, qui est enveloppé d'une membrane vitellaire extrêmement tendre. » Une mikropyle, que le chorion doit nécessairement posséder, n'a pas pu être retrouvée. » La segmentation du vitellus, qui commence six heures après la fécon- dation, est totale et entière, et diffère ainsi de celle des autres poissons, telle que nous l'ont fait connaître les observations de MM. Vogt, Valentin, Coste, Lereboullet, puisque chez ceux-ci il n'y a qu'une petite partie du vitellus (vitellus formateur) qui subit cette modification. Nous avons chra les Pétromyzons tout à fait le fractionnement connu depuis longtemps pour les œufs des Grenouilles, et que M. Remak (i) a décrit récemment avec une (i) Untersuchungen iïber die Enttvickelungs geschichtc der Wirbclthierc, page 126. (337) grande exactitude. La membrane vitellaire (eizellen membran, d'après Remak) fournit des enveloppes tendres pour les segments du vitellus, qui sont de véritables cellules. » Les deux premiers sillons sont en méridiens, tandis que le troisième est en équateur, et sépare la moitié supérieure de l'œuf de la moitié inférieure. Dans la moitié supérieure, la segmentation s'opère beaucoup plus rapide- ment que dans l'inférieure ; de sorte que, même après que la segmentation est terminée (deux jours après la fécondation), la partie supérieure de l'œuf, redevenue lisse, se compose de cellules beaucoup plus petites que celles de l'inférieure. Pendant ce temps, il s'est formé dans l'intérieur de l'œuf une grande cavité, située presque entièrement dans sa partie supé- rieure, et dilatant celle-ci en une mince vessie, tandis que le fond de cette cavité de segmentation est formé par les grandes cellules de la partie infé- rieure de l'œuf. Comme chez les œufs de Grenouilles, cette cavité disparaît entièrement pendant le cours du développement consécutif, et l'on ne con- naît pas sa destination. » Les premiers changements que nous voyons s'opérer après la segmen- tation de l'œuf consistent en ce que sa partie supérieure s'étend en crois- sant par-dessus l'inférieure et la couvre, non pas également sur toute la cir- conférence de l'œuf, mais seulement d'un côté, par un bord de la forme d'un haut bourrelet. A côté de celui-ci et au-dessous de lui se forme un creux dans la partie inférieure de l'œuf, qui répond à l'anus de l'œuf de Grenouille, selon Rusconi. Ce creux est l'entrée d'une seconde cavité, ca- vité alimentaire primitive, qui se développe pendant la diminution de la cavité de segmentation; il devient plus tard l'anus définitif du Pétromyzon, et c'est donc là la première partie qui se présente du poisson. Pendant ce temps, aucune trace de cils vibratiles n'est visible sur la surface de l'œuf; aussi celui-ci ne subit-il aucune rotation comme celle par laquelle se dis- tinguent les œufs des Grenouilles. Le cinquième jour se montrent les bour- relets dorsaux semblables de forme à ceux des Batraciens; bientôt le sil- lon dorsal, qui est situé entre les bourrelets dorsaux, se ferme au-dessus, et maintenant l'extrémité de la tête s'élève distinctement, tandis qu'au bout opposé de l'œuf l'anus devient toujours plus petit, mais ne se perd jamais entièrement, ce qui, d'après MM. Ecker et Remak, a lieu chez les Gre- nouilles. En attendant, la cavité alimentaire primitive s'est étendue jusque dans V extrémité de la tête de l'embryon, tandis qu'elle disparaît de plus, en plus autour de l'anus, où elle avait été d'abord le plus distincte, les grandes cellules de la partie inférieure de l'œuf entre lesquelles elle avait C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 7.) 4J ( 338 ) été située, se rapprochant l'une de l'autre. De cette manière, la cavité ali- mentaire primitive, qui ne montre point de cils vibratiles dans son intérieur, devient la cavité pharyngienne ou plus tard la cavité branchiale. Mainte- nant aussi la corde dorsale et le cœur se développent selon la manière ordi- naire. Le dernier ne fait d'abord que seize pulsations par minute. Des deux côtés de la corde paraissent des parties qui deviennent les muscles des côtés (divisions vertébrales, d'après M. C. Vogt); au-dessus d'elle se trouvent les commencements de la cervelle et de la moelle épinière, la première ne for- mant qu'une enflure claviforme de la dernière, comme chez Y Amphioxus. » Le quatorzième jour après la fécondation, les jeunes poissons, blancs, non transparents, débiles, longs de i \ ligne, quittent l'œuf. Ils ne peu- vent pas encore s'élever en nageant au-dessus du fond du vase, sur lequel ils se trouvent. Dans l'extrémité enflée du derrière de leur corps se trou- vent les grandes cellules formées par la segmentation de la moitié infé- rieure de l'œuf; elles sont remplies d'éléments de vitellus et ne disparais- sent entièrement que trois ou quatre semaines après l'éclosion. Pendant ce temps les petits poissons ne prennent encore point de nourriture de de- hors, et il est clair qu'ils se nourrissent alors en absorbant le contenu devenu liquide de ces grandes cellules du vitellus. » Les changements qui suivent la sortie de l'œuf, s'opèrent par le déve- loppement des fentes branchiales , qui se forment successivement par des froncements, arrivant à être au nombre de sept de chaque côté, et devenant toujours plus profondes jusqu'à ce qu'elles aient percé la cavité pharyn- gienne. » En même temps un autre froncement de la peau fait paraître la bouche, et au-dessus de l'extrémité antérieure de la corde, entre la peau et la cervelle, il se montre une tache de pigment noir, qui forme l'œil. Celui- ci se forme contre la coutume de tous les autres Vertébrés, non pas par une segmentation de la partie antérieure de la cervelle, mais il se montre comme chez les animaux sans vertèbres. Derrière l'œil et près du cerveau, de cha- que côté, une plus grande cellule claire se remplit de petits grains calcaires, c'est la vésicule auditive avec les otolithes. Le cœur se partage distinctement en le ventricule et l'oreillette, et la partie périphérique dti système des vais- seaux se développe. Derrière le cœur, de grandes cellules jaunâtres s'entas- sent et forment le Joie . » Dans le bas des fentes branchiales, les franges branchiales naissent des cloisons; elles ne présentent jamais de cils vibratiles à leur surface, comme chez l' Amphioxus et les Batraciens. Immédiatement sous la peau de ces cloisons se montrent des baguettes courbées de substance cartilagineuse, i m ) qui, commençant de la corde, s'allongent vers la surface abdominale et se joignent bientôt en formant un squelette branchial, qui ressemble parfai- tement à celui du Pétromyzon développé. » Sous la cavité branchiale s'allonge l'artère branchiale, entre laquelle et la peau se développe une glande longue et ovale, formée de petites cellules granulées. Elle est située dans une cavité à parois molles où elle s'ajuste étroitement ; elle est couverte à sa surface des cils vibratiles. Cette glande ne se trouve pas dans les individus développés du Pétromyzon ; elle ost , selon mon opinion, un thymus. » Autour de la bouche, nous voyons se former la lèvre supérieure et infé- rieure et deux volants latéraux liés avec la lèvre supérieure. Le jeune animal est devenu avec le temps de plus en plus transparent, mais dans plusieurs parties de son corps, surtout au-dessus de l'artère .et de la veine sous la corde dorsale, se déposent des cellules de pigment noir sous forme d'é- toiles. C'est aussi là que se développent de nombreuses cellules adipeuses, desquelles naissent au-dessus du cœur et du foie quelques petites papilles particulières, dirigées vers le côté abdominal et oscillant librement, por- tant enfin sur leur surface un conduit longitudinal des cils. Je doute si elles forment les premiers rudiments des reins ou ceux du corps de TVolff, car j'ai vu plus tard plus en arrière, mais pourtant encore au-dessus du foie, se former un autre canal tortueux, qui ne présentait pas d'oscillations, et qui peut-être doit devenir le corps de Wolff, découvert, il n'y a pas longtemps, aussi chez d'autres poissons, par M. Reichert. Les membranes de l'intestin une fois développés et les restes de la masse du vitellus consumés, on re- connaît aussi un épithèle vibratoire dans la partie postérieure du tube digestif, de la cavité branchiale, où il s'attache avec son bout de devant jusqu'à l'anus. C'est seulement à ce moment, c'est-à-dire quatre semaines après l'éclosion , que les jeunes Pétromyzons prennent de la nourriture de la bourbe, dans laquelle ils aiment à s'enfouir. Hors la corde et les carti- lages branchiaux nous trouvons maintenant aussi encore quelques carti- lages à l'extrémité antérieure de la corde, qu'on reconnaît comme fonde- ment du cartilage basilaire du crâne. Je n'ai pas observé dans leur développement d'autres parties du squelette. Les yeux se trouvent encore profondément au-dessous de la peau sous la forme de taches de pigment noir, et ne produisent aucune saillie extérieure. Les petites vésicules audi- tives sont devenues un peu plus grandes, et le nombre des otolithes s'est beaucoup augmenté. Un organe impair olfactif, sous forme d'une petite ca- vité, couverte d'un épithèle vibratoire, est situé au devant du cerveau, et 45.. ( 34o ) reçoit nn nerf olfactif court et épais. Ce qui est particulier, c'est qu'on ne trouve pas chez les jeunes Pétromyzons, quatre semaines après l'éclosion, la moindre trace d'autres nerfs périphériques ni à la tète, ni dans toute la longueur du corps, qui pourtant est traversée par une moelle épinière très- épaisse. » médecine. — Note sur les accidents qu'on observe quelquefois, sous les tropiques, par suite de l' ingestion du poisson; par M. Guillox. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie.) « Ces accidents, qui se manifestent toujours peu après l'ingestion du poisson, consistent dans les phénomènes suivants : étourdissements, obscur- cissement delà vue, vertige, oppression de la poitrine, anxiété précordiale, pouls petit, lent, concentré et annonçant un grand désordre dans la cir- culation ; malaise et chaleur à la région épigastrique, chaleur dans tout l'abdomen. Les malades ne peuvent plus se tenir sur les jambes; ils chan- cellent et sont obligés de se coucher. Les yeux, d'abord brillants, sont bientôt d'un rouge de feu et semblent repousses des orbites. La face et toute la surface du corps, devenues le siège d'une démangeaison et d'une chaleur des plus vives, se colorent promptement d'un rouge poussé jusqu'à l'écarlate. En même temps que ces phénomènes se produisent sur le derme, des phénomènes semblables se passent sur la muqueuse buccale : ce sont des picotements, avec chaleur plus ou moins intense, qui se font sentir à la langue, au palais, à l'intérieur des joues et surles lèvres; ils sont bientôt suivis d'élevures analogues à celles produites par des piqûres d'ortie. Les malades accusent des douleurs dans les membres, et aux articulations particulière- ment, parfois avec gonflement de ces parties. Quelques-uns ont de simples nausées ou des vomissements; d'autres, après avoir vomi ou non, éprouvent des selles plus ou moins fréquentes, avec coliques, et ces selles peuvent être portées jusqu'à des superpurgations, avec sortie involontaire des urines. Tous ces accidents se dissipent ordinairement dans les vingt-quatre heures, à part l'état de prostration, plus ou moins grande, qui en est ordinairement la suite, et qu'accompagne la desquamation de l'épiderme de toutes les parties qui ont été le siège de 1 ery thème. Portés à un degré que nous n'avons pas eu occasion d'observer, la mort peut en être le résultat, et M. Moreau de Jonnès, qui nous précéda, de quelques années, aux Antilles, en cite deux exemples qui se sont présentés à la Martinique, l'un en i8o3, et l'autre en 1808. Le premier fut la suite d'un empoisonnement par le poisson armé, Diodon orbicularis , et l'autre celle d'un empoisonnement par la carangue, Caranx caragus. (34i ) » Nous donnons dans ce Mémoire les observations que nous avons recueillies à la Martinique, en 1820 et en 1821, sur les accidents produits quelquefois par le poisson sous les tropiques. » chimie appliquée. — Sur le phosphore et les préparations considérées au point de vue de l'économie domestique et de la médecine légale. Note de M. A. Chevallier fils et O. Henry fils, adressée à l'occasion d'une communication récente de MM. Orfilaet Rigout. (Extrait.) (Commission nommée pour le Mémoire MM. Orfila et Rigout.) « Nous ne venons point, disent les deux auteurs, présenter une réclama- tion de priorité, mais prendre date pour ce que nous avons fait. » Le i5 mai i853, la Société impériale de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie de Toulouse, frappée des dangers qui résultaient de l'emploi du phosphore qui entre dans la préparation des allumettes chimiques et des pâtes phosphorées, avait proposé un prix sur la question suivante : « Indiquer la marche que doit suivre l'expert chimiste quand il est ap- » pelé à constater après la mort l'empoisonnement par le phosphore. » » L'importance de la question nous ayant frappés, nous nous préparâmes pour le concours, et à la fin de décembre i854 nous adressâmes à cette Société une monographie du phosphore contenant huit chapitres. . . Dans le cinquième, nous traitions des dangers que présente le phosphore et ses com- posés; nous y avions aussi fait connaître : i° tous les cas d'empoisonnement par le phosphore qui étaient arrivés à notre connaissance ; 20 les cas d'in- cendie. Nous nous étions aussi occupés de la nécrose maxillaire ; nous avions de plus démontré, dans ce chapitre, les avantages que présente l'inno- cuité du phosphore rouge, et nous l'avions proposé pour remplacer le phos- phore ordinaire. Dans le sixième chapitre, nous avions traité des symptômes de l'empoisonnement par le phosphore. Dans le septième et le huitième, nous nous étions occupés de la présence du phosphore dans l'économie et nous avions discuté les méthodes employées pour le rechercher dans les cas d'empoisonnement. » Dans la séance annuelle du i3 mai 1 855, la Société a décerné les ré- compenses suivantes: une médaille d'or ex œquo à MM. Henrj (Ossian) fils et Chevallier fils, chimistes à Paris, auteurs du Mémoire n° a, et Victor Meurin, pharmacien à Tille (.ZVoay/), auteur du Mémoire n° 4 ; une mention honorable a été accordée à M. Jean Ruspini, chimiste-pharmacien à Ber- game, auteur du Mémoire n° 3. » ( tt» ) tératologie. — Etablissement de deux nouveaux genres tératologiqnes sous les noms rf'Ischiomèle et ^'Agnathocéphale; par M. IV. Joly. (Commissaires, MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire, de Quatrefages.) « D'après M. le professeur Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, la famille des monstres doubles polyméliens serait essentiellement caractérisée par l'in- sertion sur un sujet bien conformé d'un ou plusieurs membres accessoires, accompagnés quelquefois des rudiments de quelques autres parties, ou même coexistant avec un second anus (i). M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire ajoute que tous ces monstres sont non-seulement viables, mais encore qu'ils jouissent fréquemment d'une santé robuste et ont à peu près les chan- ces ordinaires pour arriver à la vieillesse. Enfin, à moins d'anomalie sexuelle grave, ils peuvent s'accoupler entre eux et même donner naissance à des produits normaux. » Les caractères qui précèdent sont parfaitement applicables à tous les monstres polyméliens jusqu'à présent connus. Aussi l'exception qui vient de s'offrir à moi me paraît-elle assez remarquable pour être signalée à l'at- tention des tératologistes. • » Cette exception m'a été fournie par une oie morte en naissant, dont mon vénérable et savant ami, M. le Dr Léon Dufour, Correspondant de l'Académie, a bien voulu enrichir ma collection. Le sujet dont il s'agit est affecté tout à la fois de polymêlie et de rhinocéphalie, accompagnées d'une atrophie à peu près complète de la mâchoire supérieure. La mâchoire in- férieure, au contraire, a conservé sa forme, sa longueur et sa largeur nor- males. » Quant aux membres surnuméraires, ils consistent en deux pattes sou- dées entre elles à partir de l'extrémité supérieure des deux tarses, et insé- rées sur un bassin très-rudimentaire, articulé lui-même avec le bassin du sujet principal. Sous ce rapport, mon oie appartient donc au genre Pygo- mèle, ou plutôt au genre lschiomèlc, entrevu déjà et même nommé par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Ce genre me paraît d'autant plus devoir être adopté, que j'ai observé plusieurs fois la soudure des deux bassins par les ischions chez la poule, et que le savant auteur du Traité de Tératologie l'a vue aussi chez le canard. Nous réserverions donc le nom de Pygomélie au cas où le parasite tiendrait seulement par la peau ou par les muscles fes- (i) Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Traité de Tératologie, t. III, p. 262. ( 343 ) siers au sujet principal ; nous désignerions sous le nom de Ischiomèles tous les monstres doubles soudés entre eux par les deux ischions. » Quant à l'atrophie ou à l'absence complète de la mâchoire supérieure, coexistant avec la rhinocéphalie, on en connaît aussi des exemples assez nombreux pour que nous nous croyions autorisé à créer un nouveau genre tératologique fondé sur ce caractère important. Ainsi Sandefort a observé l'absence de la mandibule supérieure chez un jeune dindon rhinocéphale, Otto a mentionné la même particularité chez un pigeon , Huschke chez une oie, et Heusner chez un poulet. « Ces cas, dit M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, ne rentrent naturelle- » ment dans aucun des genres établis précédemment. Us indiquent l'exis- » tence d'un groupe particulier, voisin, mais distinct des Rhinocéphales. » (Voyez Tératologie, t. H, p. 4 < 4- ) » Nous proposerons donc pour cette monstruosité le nom à' agnatoce'pha- lie (de a, privatif; yvaQoç, mâchoire, et zî Si l'on arrête la fermentation du lactose à des époques différentes, en disposant l'appareil de manière à pouvoir peser exactement l'acide carbo- nique dégagé, afin d'en déduire le poids de sucre détruit, on trouve que le pouvoir rotatoire du liquide alcoolique restant est le même que celui du poids de sucre non altéré, considéré comme lactose pur; ce qui prouve que la fermentation ne le dédouble pas. » Dès l'instant où il est reconnu que le sucre de lait se transforme sous l'influence des acides en un sucre particulier, distinct du glucose, et qui dans aucune circonstance ne paraît se changer en ce dernier sucre, on ne peut s'empêcher de se poser différentes questions qu'il sera fort utile de résoudre. N'a-t-on pas confondu souvent, par exemple, le lactose avec le glucose dans les recherches physiologiques? Le sucre des diabètes, souvent formé de glu- cose, n'est-il pas mélangé dans l'urine de ces malades en proportions diverses avec le lactose? La question.de la production du sucre par le foie, exige impérieusement une connaissance exacte de la nature du sucre, ou des sucres, que l'on trouve dans cet organe. Le lactose n'y est-il pour aucune part? J'étudie ces faits avec les difficultés qu'ils doivent offrir en province; et j'aurais désiré ne rien communiquer à l'Académie sur le sucre nouveau qui fait l'objet de cette Lettre, avant de lès avoir résolues. » Permettez-moi, Monsieur, en terminant, de signaler une double erreur qui s'est glissée dans un ouvrage de cristallographie qui a paru récemment en Autriche et qui a obtenu un prix de l'Académie de Vienne. L'auteur de cet ouvrage, M. Schabus, donne avec détails la forme cristalline du glucose, et il la rapporte au rhomboèdre. Il sera évident pour toutes les personnes qui examineront avec attention le dessin et les mesures données par l'auteur, qu'il a pris pour des cristaux de glucose, des cristaux de glucosate de sel marin. >< D'autre part, ces mesures rapportées au glucosate de sel marin sont inexactes, en ce sens, que cette combinaison, ainsi que je l'ai fait voir ailleurs, appartient au système rhomboïdal droit. Seulement il arrive ici, comme dans le sulfate de potasse, et tant d'autres sels dont l'angle du prisme rhomboïdal est voisin de 120 degrés, que les cristaux sont des groupements de portions de cristaux sous les angles de 60, 90, 120 degrés. Ces associations de cris- ( 35 1 ) taux sont très-visibles dans la lumière polarisée, à l'appareil de Nuremberg. » Vous savez trop, Monsieur, combien offrirait d'intérêt la découverte d'un corps moléculairement actif sur la lumière, et qui cristalliserait dans un système à un axe optique, pour ne pas être intéressé par la remarque que je présente en ce moment, et qui a également pour but de prouver que je ne m'étais pas trompé dans la détermination que j'ai donnée autrefois du glucosate de sel marin. Cependant l'ouvrage de M. Schabus est fait avec tant de soin, que j'ai voulu revoir le fait principal, sur de nouveaux cristaux que je dois à l'obligeance de M. Peligot. J'ai l'honneur de vous adresser, en même temps qu'un échantillon de lactose, de petites lames de glucosate de sel marin, taillées perpendiculairement à l'axe cristallographique. Il vous sera facile d'y trouver les caractères des cristaux à deux axes et les groupe- ments des cristaux élémentaires (i). s Le glucosate de sel marin, pas plus que le glucose, ne cristallise donc dans un système à un axe; et la science ignore encore l'existence d'un corps moléculairement actif sur la lumière polarisée, qui n'appartienne pas à un système à deux axes optiques. » Note de M. Biot sur l'emploi du mot glucose. « J'ai fait remarquer, il y a bien longtemps, que le mot glucose, qui avait été récemment introduit dans la science pour désigner le sucre de fécule, et par analogie les sucres solides autres que le sucre de canne, a une généralité d'application très- impropre, parce qu'il fait comprendre, sous cette com- mune dénomination, des produits qui sont essentiellement fort divers. Voyez les Comptes rendus, second semestre de 1842, tome XV, pages 636, 711 et passim. » Pour le sucre de fécule en particulier, on en obtient des variétés très- différentes selon le procédé par lequel on la transforme, et selon la durée de l'action qu'on lui fait subir. C'est ce que nous avions déjà reconnu, M. Persoz et moi, dans notre premier travail où nous traitions la fécule par l'acide sulfurique étendu. D'autres expérimentateurs en ont depuis obtenu des sucres fermentescibles, également distincts entre eux. Je me bornerai (1) Nous avons vérifié, M. de Senannont et moi, les indications optiques données ici par M. Pasteur, sur les échantillons de glucosate qu'il m'avait envoyés, et nous les avons trou- vées très-exactes. J.-B. Biot. ( 35a ) à en citer trois exemples que j'ai personnellement constatés : Pouvoir rotatoire pour le rayon jaune à travers une épaisseur de ioo mètres, [a]/ Sucre de fécule des anciennes fabriques, obtenu par l'action prolongée de l'acide sulfurique. ... 5i°, 43 / Échantillon formé à l'aide du même acide par M. Peligot 61 , 54 Autre formé par M. Jacquelin, en traitant la fécule par ' d'acide oxalique dans l'auto- r 1000 clave 100,57 > f°rt supérieur à celui du sucre de canne. » Il est impossible d'admettre que ces produits puissent être directement désignés par une même dénomination. L'impropriété est bien plus grande encore, quand on applique à priori le même nom de glucose, comme syno- nyme, à tous les sucres solides de provenances diverses, autres que le sucre de canne proprement dit. L'identité de dénomination ne peut être légitime- ment appliquée qu'à des substances, dont tous les caractères chimiques, physiques, cristallographiques, actuellement observables, ont été constatés identiques entre eux. Hors de cette règle il n'y a que confusion. » chimie. — Sur le bromure de titaniwn; par M. H.-W. HoFrsiAxx. (Lettre à M. Dumas.) « La comparaison des points d'ébullition des composés correspondants du chlore et du brome conduisit M. Kopp à l'observation intéressante, que leurs points d'ébullition s'élevaient en moyenne de 32 degrés centigrades pour chaque équivalent de brome, substitué à l'équivalent de chlore. Ainsi : Diflër. Chlorure d'éthyle C4H5C1 n°C Bromure d'éthyle C,H5Br 4i°C Éthylène dichloré C4H„C12 €>fC . 66 — 1 >r "W Ethylène dibromé C4H4Br2 i33°C ' Terchlorure de phosphore. PCl3 78°C ) n „ 1 Q7 = 3 X J2 5 Terbromure de phosphore. PC13 i"]5°C ) Si cette différence est constante pour tous les composés de chlore et de brome, il devient évident que d'importantes conclusions, eu égard à la ( 353 ) composition atomique de ces substances, peuvent dériver de la détermi- nation des points d'ébullition de ces corps. Ce résultat a été ingénieuse- ment appliqué par M. Kopp comme critérium de la détermination de l'é- quivalent du silicium, qui jusqu'à présent a été tellement incertain, que l'on a été conduit à admettre non moins de trois formules pour la silice SiO, Si02, SiCv De la différence entre les points d'ébullition du chlorure (5o, degrés) et du bromure (i 53 degrés), différence qui est de 94°=3x3i,5, M. Kopp conclut aux formules Si Cl 3 et SiBr3, comme représentant la constitution atomique du chlorure et du bromure de silicium à 21, 3. » Toutefois, pour prouver la validité générale de la conclusion de M. Kopp, il devint nécessaire de réexaminer les points d'ébullition des composés correspondants du chlore et du brome, dans lesquels apparais- saient des déviations, et d'étendre cette enquête à un aussi grand nombre que possible de corps nouveaux. M. Francis Baldwin Duppa a entrepris, à mon instigation, une recherche sur ce sujet, et a déjà obtenu quelques résultats qui vous intéresseront. » Le composé de brome et de titane était inconnu ; M. Duppa a pu pro- duire cette substance en faisant passer un courant de brome sur un mé- lange intime d'acide titanique pur et de charbon. La réaction a lieu à la chaleur rouge et fournit un liquide brun qui se solidifie en une masse cris- talline dans le récipient. Distillé sur un excès de mercure, qui s'empare de tout le brome libre, le bromure de titanium se présente sous la forme d'un corps jaune d'ambre d'une structure cristalline magnifique ; il attire l'hu- midité avec la plus grande avidité, et se décompose en acide bromhydrique et titanique. » Le bromure de titanium possède une gravité spécifique de 2,6; il fond a 3g degrés centigrades. Le point d'ébullition examiné par M. Duppa, avec une quantité considérable de substance, dont la pureté avait été constatée par l'analyse, fut trouvé être de 23o degrés centigrades. Le point d'ébulli- tion du chlorure observé par vous-même est de i35 degrés centigrades; la différence 23o — i35 = 95 = 3 x 3i ,33 est exactement la même que celle déjà trouvée entre les points d'ébullition du chlorure et du bromure de silicium. C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLH, W« 7.) 47 ( 354 ) » Cette observation fournit une preuve additionnelle de l'analogie entre le titanium et le silicium, en même temps qu'elle montre évidemment les formules TiCl3 et TiBr3 comme représentant la constitution atomique de ces deux corps. » L'acide titanique, qui jusqu'à présent a été considéré comme un bioxyde TiOa, prendrait alors la formule Ti03, analogue à celle de l'acide silicique. » L'équivalent du titanium, au lieu de 24,29, le nombre maintenant adopté, deviendrait 36,3g. Le protoxyde de titanium dans ce cas devien- drait un sesquioxyde, et le composé qui jusqu'à présent a été considéré comme le sesquioxyde, serait considéré comme un oxyde intermédiaire, comme une combinaison du sesquioxyde avec le teroxyde, enfin comme un bititanate de sesquioyde de titane. Formules des composés titaniques. Vieille notation. Nouvelle notation. Ti = 24,29, Ti = 36,3g, TiO, premier oxydé, Ti2Oa, Ti203, deuxième oxyde, Ti409 = Ti203 + 2Ti03, Ti02, acide, TiO,, TiCl2, chlorure, TiCla, TiBr2, bromure. TiBr3. médecine. — Sur les symptômes et le traitement du coryza des nouveau- nés ; par M. E. Bouchut. (Extrait par l'auteur.) « Cette maladie, ordinairement légère, présente exceptionnellement une gravité très-grande lorsqu'elle est accompagnée d'une forte obstruction des fosses nasales. Alors, comme l'a établi M. Rayer dans une Note publiée en 1820, les enfants ne peuvent teter à leur gré; ils sont obligés de quitter le sein au bout de quelques secondes pour respirer par la bouche. C'est à ce moment une gêne plus qu'un danger. Dans quelques circonstances, lorsque l'obstruction des narines est très-résistante et qu'elle se prolonge, il en résulte des inconvénients graves. Aux symptômes indiqués par M. Rayer, il faut en ajouter de nouveaux, V 'inanition et X asphyxie > » L'inanition résulte de l'alimentation insuffisante. Elle est la consé- quence, non de l'obstacle à la succion par le besoin de respirer, comme on l'a dit, mais delà gène de déglutition produite par le coryza. ( 355 ) » Le second effet du coryza, c'est l'asphyxie lente produite par la rétro- flexion de la langue dans la cavité buccale. Il a été observé sur deux en- fants, l'un qui est mort, l'autre qui a guéri. Voici comment les choses se sont passées. L'enfant, très-affaibli et ne pouvant respirer par le nez, res- tait bouche béante. A chaque inspiration, la lèvre inférieure était entraînée en dedans, et la langue inerte était relevée la pointe en haut et en arrière, rétrofléchie sur la voûte palatine et faisant soupape opposée à l'entrée de l'air dans les poumons. Dans l'expiration, au contraire, la colonne d'air qui ne pouvait passer dans le nez7 abaissait la langue et poussait le voile du palais en avant. De la sorte, on avait deux soupapes mobiles, juxta- posées dans la bouche, mobiles en sens inverse et s'opposant au libre pas- sage de l'air. L'hématose en souffrait. Il était facile d'en juger par la coloration rougeâtre, cyanosée du visage, par le refroidissement de la peau et l'état d'insensibilité du pouls. » Contre cette double complication du coryza, il faut employer les lotions fréquentes pour désobstruer les narines et suppléer à l'insuffisance de l'allaitement par une alimentation lactée artificielle. Si les moyens ordi- naires de désobstruction des narines restent sans effet, et que l'enfant se refroidisse par inanition, ou soit menacé d'asphyxie par aspiration de la langue, il faut établir artificiellement un passage pour l'air à travers les fosses nasales. De la sorte l'enfant peut teter et boire. A cet effet, une petite canule d'argent, recourbée à son extrémité, longue de 5 centimètres, large intérieurement de 3 millimètres, peut être placée dans chaque narine et fixée sous la cloison du nez avec celle du côté opposé. Cela suffit pour faciliter la déglutition et gagner du temps, ce qui permet au coryza de guérir. » M. Ernest Bacdriihont communique quelques remarques concernant un jeune diabétique auquel on avait administré temporairement de la levure de bière. Quelques-uns des symptômes observés tendraient à faire croire que, sous l'influence de ce ferment, il y aurait eu, dans l'organisme du malade, transformation du glucose en alcool. M. Ed. Gand adresse d'Amiens une Note sur des expériences faites avec un pendule qu'il désigne sous le nom de pendule irrigateur. Le pendule est lancé latéralement et décrit une espèce de spire qui se tra- duit graphiquement sur le papier par le petit jet qui s'échappe de l'entonnoir placé à la partie la plus déclive d'une sphère creuse suspendue par un fil 47- ( 356 ) sans torsion. La Note indique quelques-unes des conséquences que l'auteur croit pouvoir déduire de ces expériences : elle est accompagnée de plusieurs des tracés exécutés par le pendule. M. Marcel de Serres présente quelques remarques concernant un nou- veau genre d'Annélide tubicolé perforant qu'il désigne sous le nom de Stoa. Il caractérise ce genre par la phrase suivante : « Tube testacé, contourné en spirale orbiculaire et irrégulière ; d'une forme discoïde renflée et convexe ; dernier tour détaché des premiers et se prolongeant parfois en un tube droit ; ouverture ovalaire, terminée par un opercule calcaire conique et surchargé. » M. de la Jonquière donne quelques détails sur un phénomène atmos- phérique observé à Pau et dans les environs. Le g février, vers 2h3om, le ciel étant parfaitement pur, il entendit, dans la direction du sud-est, une suite de détonations précipitées, comme un feu de file d'infanterie; il porta les yeux de ce côté, supposant qu'un bolide éclatait; il n'aperçut rien dans le ciel, quoique sa vue embrassât un large horizon. La décharge fut en- tendue par un grand nombre de personnes aux environs de Pau; un rou- lement semblable à celui du tonnerre se fit entendre ensuite vers le zénith et dura environ vingt secondes. M. M. Collixs prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la ( '.ommission à l'examen de laquelle a été soumise une Note qu'il a précé- demment présentée sur une question d'analyse mathématique. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Liouville, Lamé, Binet. ) M. A. Bretox prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commission un nouveau système de pile électrique sous forme de mixture toujours humide qu'il destine à l'usage médical. Si M. Breton veut envoyer une description suffisamment détaillée de cet appareil, la Note sera renvoyée, s'il y a lieu, à l'examen d'une Commis- sion. M. Gros, à l'occasion de la remarque qui avait été faite dans un des pré- cédents Comptes rendus sur une condition imposée aux auteurs qui veulent concourir pour lés grands prix décernés par l'Académie, l'obligation de placer leur nom sous pli cacheté, remarque que, s'il ne s'est pas conformé à ( 357) cette condition, c'est qu'elle n'était pas énoncée dans le programme publié au Compte rendu. (Réservé pour être soumis à la future Commission.) M. Stauffer adresse, de Gratz en Styrie, une Note sur la quadrature du cercle. On fera savoir à l'auteur que cette question est une de celles dont l'Aca- démie, par une décision déjà fort ancienne, a renoncé à s'occuper. M. Mazeran prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission chargée d'examiner une Note sur un moteur hydraulique de son invention, et demande que, si le Rapport doit se faire attendre, son Mé- moire lui soit renvoyé. La Commission a pris connaissance de cette Note et jugé qu'elle n'était pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport ; ainsi elle pourra être remise à M. Mazeran ou à une personne dûment autorisée par lui; mais elle ne saurait lui être renvoyée, les usages de l'Académie s'y opposent. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place de géographe vacante au Bureau des Longitudes, par suite du décès de M. Beautemps-Beaupre ', Commission qui se compose des trois Sections réunies de Géométrie , d'Astronomie et de Géographie et Navigation , présente, par l'organe de M. Dfxawnay, la liste suivante : En première ligne. .... M. Daussy. r? i •- ;• , > ( M. Begat. tan deuxième ligne (ex aequo). { „. En troisième ligne (exœquo). | ' M. Chazallon. Lieussou. Les titres de ces candidats sont discutés ; l'élection aura lieu dans la pro- chaine séance. Au nom de la Section de Médecine et Chirurgie, appelée à présenter une ( 358 ) liste de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Prunelle, M. Cl. Bernard présente la liste suivante : En première ligne M. Guyon, en Algérie. En deuxième ligne M. Bally, à Villeneuve (Yonne). En troisième ligne M. Denis (de Commercy), à Toul. „ ,. , N ( M. Ehrmann, à Strasbourg. En quatrième ligne (ex aequo). \ __ _ \ _ , 1 . (M. Gintrao, a Bordeaux. En cinquième ligne M. Forget, à Strasbourg. La Section fait remarquer que si elle ne présente aujourd'hui que des can- didats nationaux, c'est qu'elle n'avait présenté, pour la nomination précé- dente, que des candidats étrangers. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. F. ( 359 1 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 18 février i856, les ouvrages dont voici les titres : Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, rédigé sous la surveillance du Conseil de Santé, par MM. Jacob, Boudin et RlBOULET ; publié par ordre du Ministre de la Guerre; ae série, t. XVI. Paris, i855; in-8°. Traité des liqueurs et de la distillation des alcools, ou le Liquoriste et le Distilla- teur moderne ; par M. P. Duplais aîné. Versailles, i855; 2 vol. in-8°. Histoire chronologique des épidémies du nord de [Afrique depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; par M. le Dr J.-L.-G. Guyon. Alger, i855; 1 vol. in-8°. Réforme médicale du XIXe siècle par la doctrine des impondérables, ou Nou- veaux principes de Médecine chimique appliqués à la pathologie et à la thérapeu- tique; par M. C.-A. Chbistophe. Paris, 1 856; 1 vol. in-8°. La Pisciculture et la production des sangsues; par M. Aug. Jourdier. Paris, 1 856 ; 1 vol. in-12. Notice sur le Dr Ernest Cloquet ; par M. le Dr Dequevauviller. Paris, 1 855 ; br. in-8°. Histoire de la Savoie avant l'homme; par M. Gabriel de Mortillet. An- necy, i856; br. in-8°. Trias du Chablais; par le même. 1 feuille in-8°. Considérations sur la chèvre d Angora ; par M. P. DE Tchihatchef; br. in-8°. Mémoire sur les surfaces dont les lignes de tune des courbures sont planes ou sphériques;parM. J.-A. Serret; br. in-4°. Catalogue raisonné des produits canadiens exposés à Paris en i855; par M. J.-C. Taché; in-12. Rapport sur la vérification des engrais, depuis le 1 er janvier 1 855 jusqu'à la fin d'août, présenté à M. le Préfet du département de la Gimnde; parM. A. Bau- drimont, vérificateur des engrais. Bordeaux, i855 ; br. in-8°. Notice sur les travaux mathématiques de M. Joseph Bertrand. Paris, i856 ; br. in-4°. Annales de la Société d Agriculture, Arts et Commerce du département de la Charente; tome XXXIV; nos 1 et 2 ; in-8°. ( 36o ) Annales de la Société d Hydrologie médicale de Paris. Comptes rendus des séances; t. I, in -8°. • Bulletin de la Société de Médecine etde Pharmacie de la Haute-Vienne; i855 ; in-8°. Bulletin semestriel de là Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du dépar- tement du Far; 23e année. Toulon, i855 ; in-8°. Le Cultivateur de la Somme; année i855; nos 5 et 6. Mémoires de l' Académie de Stanislas ; 1 854- Nancy, i855; in-8°. Mémoires de t Académie du Gard, 1 854-1 855. Nîmes, i855;in-8°. Mémoire de F Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-lettres de Toulouse; 4e série; t. V. Toulouse, 1 855 ; in-8°. Rendiconto... Comptes rendus de la Société royale Bourbonnienne , Acadé- mie des Sciences; nouvelle série; 3e année; janvier et février 1 854- Naples, i854; in-4°. Elogio... Eloge historique de Macédoine Melloni; par M. Ast. Nobile. Naples, i855; in-4°. Pharmaceutial . . . Journal pharmaceutique de Londres ; vol . XV; n05 7 et 8 ; in-8°. Nachrichten . . . Nouvelles de [Université et de l' Académie des Sciences de Gôtlingue; année 1 856 ; nos 1 et 2 ; in-8°. Der stachel... L'aiguillon placé à [extrémité de la queue du lion. Nouvelles recherches; par M. ERNEST Berker. Darmstardt, i855; broch. in-8°. Zeitschrift... Journal de la Société des Ingénieurs autrichiens; 8e année; nos 1 et 1. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 25 FÉVRIER 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. magnétisme terrestre. — Sur le changement qu'éprouve la boussole dans sa direction, lorsqu'on la transporte d'un point à un autre de la terrasse de l'Observatoire impérial de Paris ; par M. Le Verrier. « Une discussion s'est élevée devant l'Académie au sujet des influences des actions locales sur la direction de la boussole à l'Observatoire de Paris ; influences décelées par un excellent travail de MM. Goujon et Liais,, et dont M. Laugier,a cru devoir, dans l'intérêt des observations antérieures, contester l'exactitude. » Dans le travail des deux astronomes de l'Observatoire de Paris, les attractions locales ont été mises hors de doute par ce simple fait, que, d'une extrémité à l'autre de la terrasse sud, dont l'étendue est de 83 mètres, la déclinaison de la boussole varie de sept minutes. Or on sait que, mal- gré les efforts de M. Le Verrier pour ramener le débat à ce point de fait net et précis, fait qu'on a offert à M. Laugier de vérifier lui-même à l'Observa- toire, il avait été impossible jusqu'ici d'obtenir de ce dernier aucune expli- cation à cet égard. Mis en demeure de se prononcer enfin sur un point aussi C. R., i856, i« Semestre. ( T. XLII, N° 8.) 4$ ( 36a ) ■ capital, M. Laugier s'est décidé à l'aborder dans une Note insérée au Compte rendu de la dernière séance, Note qui, d'après les expressions de l'auteur, contient toute sa pensée (i). » Or, voici toute cette pensée : « i°. Les différences constatées à l'Observatoire entre les diverses direc- tions de la boussole à l'est, au centre et à l'ouest de la terrasse, ne seraient pas dues aux grandes niasses de fer qui entourent ces stations. » 2°. Ces différences seraient produites par des fers qui pourraient avoir été employés dans la construction des voûtes voisines des pavillons de l'Est et de l'Ouest; voûtes qui seraient beaucoup plus éloignées du pavillon Central. » 5°. Puisqu'on a constaté que le cbemin de fer de Sceaux n'agit pas sur la direction de la boussole portée à ioo et 160 mètres de ce cbemin, comment veut-on que le bâtiment de l'Observatoire cause des variations assez notables dans les déclinaisons des divers pavillons? » » L'Académie remarquera d'abord, dit M. Le Verrier, que M. Laugier s'expliquant enfin sur les variations que la direction de la boussole éprouve quand on se transporte de l'est à l'ouest de la terrasse, n'en conteste pas l'existence. Ces variations ont été établies par trois séries d'observations distinctes, faites à trois époques éloignées l'une de l'autre. Elles résultent d'ailleurs d'observations faites par M. Laugier lui-même en i85o. On ne pouvait les nier. Elles sont donc acquises, de l'aveu de tous, à la discussion, qui ainsi fait un grand pas. « Mais, ajoute-t-on, il ne résulte pas nécessairement de cette concession que les observations faites dans le pavillon Central soient erronées ; il se pourrait qu'il n'y eût d'inexactes que les observations faites dans les pavillons extrêmes, et cela à cause de quelques fers qui pourraient être entrés dans la construction des voûtes voisines. » » A ces arguments produits in extremis, nous ne répondrons pas que ce ne serait pas à nous de prouver que ces fers, dont l'intervention est si opportune, n'existent pas, mais bien à M. Laugier de les découvrir et de les montrer ; mais nous répliquerons : (i) Nous devons faire remarquer que cette Note a été rédigée postérieurement à la séante, et par conséquent après la dernière réclamation qui l'avait rendue indispensable. Cette Noie aurait donc dû être imprimée à la page 3i2, après l'article de M. Le Verrier. Son impres- sion à la page 30^, avant cet article, auquel elle semble ôler une partie de son opportunité, doit être le résultat d'une erreur. ( 363 ) » Que le pavillon de l'Est, celui-là même pour lequel les observations de M. Laugier établissent une différence avec le pavillon Central, non-seu- lement n'est pas construit sur des voûtes, mais qu'il en est plus éloigné que le pavillon Central. L'angle de la voûte la plus voisine de ce dernier pavillon n'en est qu'à i4 mètres, tandis que l'angle de la voûte la plus voi- sine du pavillon de l'Est en est à 19 mètres. D'où il suit que le système imaginé par M. Laugier se retournerait contre lui, si l'on voulait en con- clure que la différence observée entre le pavillon de l'Est et le pavillon Central vient plutôt d'erreurs existant dans ce dernier. » Mais, hâtons-nous de le dire, ce système des erreurs accidentelles, pro- duites par de petites masses de fer agissant chacune sur un pavillon et point du tout sur les autres, est inadmissible. L'observation de la déclinaison a été faite en quatre points de cette ligne de 83 mètres qui va du pavillon de l'Ouest au pavillon de l'Est. Or la variation de la boussole, en passant d'une de ces stations à l'autre, s'est trois fois produite dans le même sens. Croit-on donc que les causes occultes et accidentelles invoquées par M. Laugier eussent produit une telle régularité dans la marche du phéno- mène? Ou ne doit-on pas bien plutôt conclure qu'une action aussi réguliè- rement variable dépend des masses de fer extérieures à la ligne des pavO- lons magnétiques, masses dont nous avons fait relever les poids et la po- sition afin de faire comprendre leur importance? ' - » Les fers existant dans la tour Est du bâtiment s'élèvent à la somme to- tale d'environ a3ooo kilogrammes. Une grande partie d'entre eux sont placés dans une situation telle, qu'ils doivent s aimanter par l'action du globe et avoir leur pôle nord à leur extrémité inférieure. » Il existe en outre, au sud-est du pavillon de l'Est, un vaste plancher en fer appartenant à une future église, et dont l'angle le plus voisin n'est qu'à 62 mètres du pavillon de l'Est. Ce plancher, qu'on a passé sous silence, pèse 71000 kilogrammes. Il est d'ailleurs composé en son entier de barres de fer tellement orientées, qu'elles ont dû également s'aimanter par l'action du globe et de manière à ce que leurs pôles nord soient plus voisins de l'Ob- servatoire que ne le sont leurs pôles sud. » Tenons-nous-en à ces deux spécimens des masses de fer qui nous entourent, et laissons de côté, d'une part une fabrique située à 54 mètres du pavillon de l'Ouest et contenant machine à vapeur, engrenages, arbres de couche, métiers, etc., de l'autre les fers en quantités énormes qui exis- tent dans le reste de nos bâtiments. » Il n'échappera à personne qu'à cause de la disposition des fers nord- 48.. ( 364 ) est qui agissent principalement sur le pôle nord de notre boussole, ils doivent repousser ce pôle vers l'ouest et augmenter la mesure de la décli- naison. Les fers sud-est à leur tour, pesant ensemble 71000 kilogrammes, doivent attirer le pôle sud de la boussole et augmenter aussi la déclinai- son par une influence qui doit devenir d'autant plus sensible qu'on se rapproche davantage de ces fers en marchant de l'ouest à l'est. Or tel est . précisément le sens de la variation que nous avons constatée. La décli- naison de la boussole va sans cesse en augmentant, et d'une manière continue, à mesure qu'on la transporte de l'ouest vers l'est. » C'est ici qu'on aperçoit combien est futile l'objection tirée des expé- riences faites par nous près du chemin de fer de Sceaux. Les rails de ce chemin ne pesant que 32 kilogrammes au mètre courant, et la voie étant d'ailleurs simple, la quantité de fer que nous avions alors à redouter n'était point équivalente à la vingtième partie de celle qui nous menace à l'Obser- vatoire. Il importe d'ailleurs de prendre en considération une circonstance qui, avant de faire l'expérience relative au chemin de fer de Sceaux, nous avait fait prévoir qu'elle donnerait un résultat négatif. Placées bout à bout, les diverses barres qui composent les rails, s'aimantent toutes de la même manière par l'action du globe, le pôle sud de l'une se trouvant dans le voisinage du pôle nord de l'autre ; d'où il résulte que les actions attractives et répulsives exercées sur la boussole se compensent les unes les autres. Il n'en est pas de même des actions exercées par les barres de fer existant dans les grandes masses placées au sud-est et au nord-est de nos boussoles; l'immense majorité de ces barres constituent des aimants naturels agissant tous de la même manière. a Dans cet état de la discussion, et considérant : » Qu'on ne conteste pas que la déclinaison et l'inclinaison de la bous- sole n'ont pas les mêmes valeurs dans les différentes stations de notre terrasse; » Qu'on a recours, pour expliquer les variations, à l'action de préten- dues masses de fer qu'on ne montre pas, et qui pourraient d'ailleurs se trouver tout aussi bien dans le voisinage du pavillon Central que dans le voisinage du pavillon Est et du nouveau pavillon; » Que l'hypothèse de ces actions accidentelles et particulières à chaque pavillon est incompatible avec la variation continue qu'on observe en passant de l'un à l'autre ; » Enfin, que les deux masses de fer, l'une de a3ooo kilogrammes si- tuée au nord-est, l'autre de 71000 kilogrammes située au sud-est, masses ( 365 ) composées de barres nécessairement aimantées par l'action du globe, agissent toutes les deux dans le sens des variations observées; » Nous pourrons regarder la question comme suffisamment éclaircie, et laisser là un débat qui a donné pleine et entière raison aux observations de MM. Goujon et Liais, si nos confrères estiment qu'il ne soit pas nécessaire de relever, dans l'Académie même où elles se sont produites, les trop nom- breuses et trop graves erreurs théoriques commises dans cette discus- sion (i). » Après la communication de M. Le terrier, M. Mathieu prend la parole en ces termes : « Quand M. Le Verrier aura inséré dans le Compte rendu les détails qu'il vient de donner sur l'influence qu'exercent sur la direction de l'ai- guille aimantée les masses de fer disséminées dans l'Observatoire, M. Lau- gier, à son retour des Pyrénées, pourra répondre, s'il le juge convenable. Pour moi, je me contenterai de ramènera son véritable objet une question qui en a été singulièrement détournée. M. Laugier a mesuré, en i854, la déclinaison de l'aiguille aimantée en quatre points de l'enceinte fortifiée de Paris; il a conclu de ses observations la déclinaison pour l'Observatoire, et il a trouvé qu'il n'y avait aucune correction à faire aux déclinaisons mesurées dans le pavillon Central^ le seul où se faisaient annuellement les observations magnétiques. M. Le Verrier, adoptant le même plan, suivant exactement la même marche, a aussi conclu la déclinaison de l'Observa- toire des déclinaisons mesurées en i855 dans quatre points extérieurs, au sud et au nord, à l'est et à l'ouest de Paris, et il a trouvé une correction de 6'3ç/' pour la déclinaison du pavillon Central. Quelle est la correction exacte? Là est véritablement la question. M. Laugier, tout en regardant son résultat comme probable, s'est empressé de dire et de répéter plusieurs fois à l'Académie que ce n'est qu'en observant de nouveau et dans un grand nombre de points, que l'on pourra trouver la correction définitive, qui ne sera peut-être ni zéro ni 6' 3o,". Je partage entièrement cet avis. Tout ce qui vient d'être dit sur les influences locales ne fait qu'embar- rasser la discussion. Aujourd'hui la question est amenée à une question de fait qui ne peut être résolue que par de nouvelles expériences. » (1) A la suite de cette communication, deux Membres de l'ancienne administration de l'Observatoire ont cru devoir présenter des explications étrangères au fond du débat. Nous n'avons nullement l'intention, si l'on ne nous y force pas , de prolonger une discussion pé- nible pour eux. ( 36G ) analyse mathématique. — Sur une formule très-simple et très-générale qui résout immédiatement un grand nombre de problèmes d'analyse déterminée et d'analyse indéterminée ; par M. Augustin Cauchy. « La considération des fonctions linéaires et homogènes m'a conduit à divers théorèmes, puis à une formule très-simple, qui, en raison des nom- breuses applications qu'on en peut faire, m'a paru digne d'être remarquée, et que je vais établir. » Considérons d'une part m variables x, y, 2,..., t, d'autre part n fonctions linéaires et homogènes u, v, w,..., s de ces mêmes variables. Les valeurs de ces fonctions seront fournies par n équations, desquelles on pourra tirer les valeurs de quelques-unes des va- riables exprimées eu fonctions des autres variables, et des termes de la suite u, v, iv,..., s. Pour y parvenir, on tirera de la première équation la valeur d'une va- riable xt, puis on la substituera dans les autres équations. Si, par cette sub- stitution, toutes les variables ne sont pas éliminées en même temps que xt, on tirera d'une seconde équation la valeur d'une seconde variable x2,..., et en continuant de la sorte, on substituera aux équations données, d'une part, des équations qui détermineront certaines variables dont le nombre sera v, en fonction de m — v autres variables X , X . X ,.. ., et des termes de la suite «, t>, w,..., s; d'autre part, si, v étant inférieur à n, n — v diffère de zéro, n — v équa- tions de condition linéaires et homogènes entre les fonctions u, v, w,..., s. (367) Dans ce dernier cas, les variables étant prises pour clefs anastrophiques, si l'on pose Q. = uvw...s, le produit symbolique |£2| sera identiquement nul, quelles que soient d'ail- leurs les valeurs attribuées, dans le développement de \ù\, aux produits symboliques partiels qui auront pour facteurs n termes de la suite x, y, z,..., t. Dans le cas contraire, en laissant indéterminée la valeur de chacun de ces produits partiels, on obtiendra une valeur de | ù ] qui renfermera une ou plusieurs indéterminées, dont l'une sera précisément la valeur attribuée au produit symbolique I X j X 2- ■ ■ xn | » Cela posé, on établira sans peine les propositions suivantes : » Ier Théorème. Étant données n équations qui expriment n quantités u, v, w,..., s en fonctions linéaires et homogènes de m variables x, y, z,..., *, posons Q = uvw... s; et concevons que, les variables .r, y, z,...,t étant prises pour clefs ana- strophiques, on laisse indéterminée dans le produit | Q. | la valeur de cha- cun des produits partiels formés avec quelques-unes des clefs x, y, z,..., t. Il arrivera de deux choses l'une : ou le coefficient de chaque pro- duit partiel, par conséquent de chaque indéterminée, sera identiquement nul, et l'on trouvera ainsi | Ï2 1 = o ; ou la valeur générale de J il j ne sera pas nulle. Dans le premier cas, les fonctions u, t», w,..., s vérifieront une ou plusieurs équations de condition linéaires et homo- gènes; et, si l'on nomme / le nombre de ces équations de condition, on pourra, des équations données, tirer les valeurs de plusieurs variables X | , X2 , • • • , xv , ( 368 ) dont le nombre sera v = n — /, exprimées en fonctions linéaires et homogènes des autres variables lA* • *Ar « %As a • * • a et des termes de la suite u, v, w,..., s. Dans le second cas, les équations de condition dont nous venons de parler disparaîtront, et les n équations données détermineront les valeurs de n variables 3-ii oc 2,..., xn, prises dans la suite xi Ji *»•••» ') en fonctions linéaires et homogènes des m — n autres variables > ~' ~>" _* **■ i •*■ •> ■*• >• • •■> et des termes de la suite u, v, w,..., s. » IIe Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le premier théorème, concevons que l'on assujettisse les variables x, y, z,..., t à véri- fier les équations (i) u = o, v = o, w = o,..., s — o. Si l'on a \Q.\ = o, quelques-unes de ces équations se déduiront des autres, et par suite le nombre v des variables oc i , OC 2 , . . . , ocv quelles détermineront, sera inférieur à n. Si, au contraire, le produit sym- bolique |Î2| n'est pas identiquement nul, les équations (i) détermineront/» variables Xj, x,,..., ocn en fonctions linéaires et homogènes de m — n autres variables *•/ ,-" -V,'" dont chacune restera indéterminée; et, pour que des valeurs de xi Ji zi — ^> propres à vérifier les équations (i), soient aussi générales qu'elles doivent (369) l'être, il suffira qu'elles renferment des indéterminées distinctes dont le nombre ne puisse s'abaisser au-dessous de m — n. Or c'est précisément ce qui arrivera si l'on pose (a) x=\ùx\, y=\ùy\,..., t=\9A\. Donc les solutions les plus générales des équations (1) seront données par les formules (2). Ajoutons que, si l'on nomme r une fonction linéaire et homogène des variables x, y, z,..., t, on aura, en supposant ces variables déterminées par les équations (1), (3) r = \nr\. Cette dernière formule peut à elle seule remplacer les équations (2) que l'on en déduit, en prenant successivement pour r chacune des varia- bles .r, y, z,..., t. » On peut appliquer utilement le deuxième théorème et la formule générale qu'il nous offre, c'est-à-dire la formule (3), à un grand nombre de questions diverses, spécialement à la résolution des équations linéaires homogènes ou non homogènes, déterminées ou indéterminées, à l'élimina- tion des variables entre des équations algébriques de degrés quelconques, à la détermination des restes successifs que produit la recherche du plus grand commun diviseur de deux polynômes, etc. Entrons à ce sujet dans quelques détails. » Supposons d'abord que l'on donne à résoudre n équations linéaires, essentiellement distinctes et homogènes, entre n-\- 1 variables x , y, z, ..., t. Ces équations seront de la forme (a) u = o, v — o, w = o, ..., .y = o, //, v, w, ..., s désignant n -t- 1 fonctions linéaires et homogènes des n variables x, y, z, .. ., r; et, si l'on pose il CHS UVW ... s, le produit symbolique |û| ne sera pas nul. Cela posé, si l'on nomme r une nouvelle fonction linéaire et homogène de x, y, z, ..., £, le produit symbolique \ilr\ C R., i856, 1" Semeitr». (T. XL», N» 8.) 4.9 (37o) sera de la forme k\xyz...t\, k désignant une constante déterminée; et si, en laissant indéterminée la valeur attribuée au produit symbolique \xjrz...t\, on désigne cette valeur par r, la formule (3) donnera (4) r = kx. » Ainsi, par exemple, si l'on suppose les équations (a) réduites aux sui- vantes : (5) j3x + 2jr + z =o, et si d'ailleurs on prend r = ax -f- %j -+- yz, on aura \Q\ = \jz\-5\zx\ + 1\xf\, | Jîr | =(a — 56 -f- "jy)\xjz\; puis, en laissant indéterminée la valeur du produit symbolique | xjz\, et désignant cette valeur par t, on tirera de la formule (3) (6) r = (a - 5g -f- 7 y)r. Si, dans l'équation (6), on suppose la fonction r successivement réduite à x, puis à jr, puis à z, cette équation donnera (7) x = t, j = -5t, z = 7t. Telles sont les valeurs générales de x, jr, z propres à résoudre les équa- tions (5). Il suffira, d'ailleurs, d'attribuer à l'indéterminée t une valeur entière pour obtenir les solutions en nombres entiers. » Si l'on attribue à l'une des variables x, y, 2, ..., t une valeur déter- minée, les équations données seront linéaires par rapport aux variables restantes, mais cesseront d'être homogènes, et les valeurs des variables res- tantes se déduiront immédiatement de la formule (3). Ainsi, cette formule sert encore à résoudre n équations linéaires, mais non homogènes, entre n variables. » Concevons, pour fixer les idées, que l'on donne, entre deux varia- blés x, y, les équations (8) (37i ) 3x -+- 2J = I, X -+- 3 Y = 2. Il suffira, pour obtenir ces équations, de poser z = — i dans les for- mules (5). D'ailleurs, en posant z = — i, on tirera des formules (7), t = » et, par suite, 1 5 (9) * = ---, J = ï' Telles sont effectivement les valeurs de x, 7 qui satisfont aux équa- tions (8). » On déduirait pareillement de la formule (3) les valeurs de m in- connues x, y z, ..., t déterminées par m équations linéaires, mais non ho- mogènes, et l'on retrouverait ainsi les formules générales qui fournissent ces valeurs. » Supposons maintenant que, les équations données étant linéaires et homogènes, la différence n — m entre le nombre m des variables et le nombre n des équations surpasse l'unité. Alors le nombre des indéterminées, dans les valeurs générales des variables, ne pourra s'abaisser au-dessous de m — n. D'ailleurs, jy_m(m— i)...(m — n + i) \ ' 1.2...K étant le nombre des produits que l'on peut former avec m facteurs pris nkn, les formules (2) et (3) pourront introduire dans les valeurs de et dans la valeur de r, N indéterminées; mais, sans diminuer la généralité de ces valeurs , on pourra égaler à zéro plusieurs indéterminées et réduire ainsi leur nombre km — n, pourvu toutefois qu'on ne demande pas de résoudre les équations linéaires données en nombres entiers. » Concevons maintenant que, les coefficients de x,jr, z,..., t dans les fonctions m, v, w,..., s ayant des valeurs entières, on propose de résoudre en nombres entiers les équations (2), et supposons d'abord m — n = 1 5 alors, pour obtenir les valeurs générales de il suffira de poser \xjz...t\=z, 49- ( 37^ ) si les coefficients numériques du produit symbolique \xjz... t 1 dans les valeurs de |Û*|, \Qjr\, |Qz|,..„ \Qt\ ne sont pas tous divisibles par un même nombre, et e\xjz...t\ = T, s'ils sont tous divisibles par un même nombre 5, puis d'attribuer à t des valeurs entières quelconques. » Si l'on à m — n > i , c'est-à-dire si le nombre des variables x,y,z,..., t, surpasse de plus d'une unité le nombre des équations données, on devra encore, pour obtenir les solutions générales des équations (2) en nombres entiers, représenter par une lettre un certain multiple de chacun des pro- duits symboliques partiels compris dans le développement de [Ï2r|, savoir le multiple qu'on obtient quand on multiplie ce produit partiel par le plus grand des entiers qui divisent les divers coefficients du même produit dans les développements des expressions |0*|, \Ùj\, |Gz|,..., |Qt|; puis attribuer à la lettre qui représentera ce multiple une valeur entière, qui sera d'ailleurs indéterminée. Les valeurs de x, j, z,..., t ainsi obtenues renfermeront en général N indéterminées, la valeur de N étant donnée par la formule (10); et il pourra se faire qu'on ne puisse égaler zéro une ou plusieurs de ces indéterminées sans restreindre la généralité des solutions en nombres entiers. » Ainsi, par exemple, s'agit-il de résoudre en nombres entiers l'équation linéaire et homogène (11) -xx -+- 3^ + 5z = o? Alors, en posant Ijz| = ?, |**T=u'; \?r\=ti on tirera des formules (2), !X = 5ïJ — 2£, z = 3? — 2/7; et ces valeurs de x,y, z résoudront en nombres entiers l'équation donnée, quelles que soient les valeurs entières attribuées aux trois indéterminées £ , ( 373) w , C- D'ailleurs, on ne pourra, sans restreindre la généralité delà solution, réduire l'une de ces indéterminées à zéro. » Au contraire, s'il s'agit de résoudre en nombres entiers l'équation (i3) 6x ■+- \oy + i5z = o; alors, en posant 5 1.7*1 = 5» 3|zx| = j, i\xy\ = l, on tirera des formules (2), (x=5(y,-0, et ces valeurs de x, y, z satisferont encore à l'équation (i3), quelles que soient les valeurs entières attribuées aux trois indéterminées | , yj , £ ; mais on pourra, sans diminuer la généralité de la solution trouvée, réduire à zéro l'une quelconque de 'ces trois indéterminées. » Enfin, s'il s'agit de résoudre les équations 5> j .r + 274- 3z + 4* = o, ^ ' { t\x + 3^+ iz ■+■ t = o; alors, en posant 5|jz'! = S, 5\ztx\ = r,, 5\txy\ = Ç, S\xjz\ = t, on tirera des formules (2), (16) X= — 71 — 2 £ — T , |jr = -| + 3^ + 2t, Z = 2ç + 3>2 — t, t= — £ — 2>j — £; et si l'on demande des solutions en nombres quelconques rationnels ou irrationnels, on pourra, sans diminuer la généralité des formules (16), y réduire à zéro deux quelconques des quatre indéterminées mais il n'en sera plus de même si l'on demande les solutions en nombres entiers. Alors, à la vérité, on pourra, sans diminuer la généralité de la so- lution, poser £ = 0, ïj = o, (374) et réduire ainsi les formules (16) aux suivantes : x = — 2£ — x, j=3Ç + 2t, z— — r, t — —r^ ou, ce qui revient au même, aux deux équations x = z-h2t, y= — iz — 3t; mais on restreindrait la généralité de la solution en supposant £ = o, Ç = o, ou § = 0, T = 0, puisqu'on exclurait ainsi, dans le premier cas, les valeurs impaires des variables y et t, dans le second cas, les valeurs de y et de z non divisibles par 3. » Dans un autre article, je donnerai d'autres applications de la for- mule (3). » minéralogie. — Note sur la production artificielle et par la voie humide d'argent chloruré (argent corné, silber-hornerz), et sur diverses épigénies par réduction d'oxydes ou de sels métalliques naturels ; par M. Frédéric KUHLMANN. « Dans une récente communication, j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Aca- démie de la production artificielle par voie humide de diverses espèces mi- nérales, en déterminant les réactions chimiques qui peuvent leur donner naissance à travers des corps poreux. » L'intervention de ces corps, en permettant, par un ralentissement plus ou moins grand de ces réactions, d'obtenir des corps cristallisés, rend compte d'une manière satisfaisante de la formation de certaines cristallisations natu- relles en géodes. » Aux faits déjà signalés, je viens ajouter la formation artificielle et par voie humide du chlorure d'argent corné. » Voici comment je procède pour obtenir ce corps : Après avoir rempli complètement un ballon d'une dissolution de nitrate d'argent, je ferme l'orifice du col avec un tampon d'un corps poreux, tel que de l'amiante, de la pierre ponce, de l'éponge de platine, de la laine, etc., je renverse le ballon dans un bain d'acide chlorhydrique en évitant toute rentrée d'air, de telle manière, que le corps poreux se trouve baigné d'un côté par la dis- solution d'argent, et de l'autre par l'acide chlorhydrique. (375) » Bientôt les deux liquides se mettent en contact immédiat à travers le bouchon poreux, et il se forme à la surface supérieure de ce bouchon une petite couche de chlorure d'argent précipité, à travers laquelle la réaction se continue lentement en donnant naissance à une arborisation de chlo- rure d'argent corné qui étend ses rameaux mamelonnés dans la dissolution du sel d'argent. Ce chlorure, blanc d'abord, devient sous l'influence de la lumière d'un brun violacé. Il présente la demi-transparence, la cassure con- choïde et vitreuse, la consistance molle et la fusibilité de l'argent chloruré naturel, comme il en a la composition. » Cette formation artificielle et par voie humide d'une matière à aspect vitreux n'est pas sans intérêt pour la géologie ; elle donne la clef de la for- mation d'un grand nombre de minéraux qui ont les mêmes propriétés phy- siques et paraissent de même avoir été fondus. » Comme le chlorure d'argent natif se trouve souvent associé avec de l'argent métallique, il me paraît très-vraisemblable que la formation du métal résulte, dans ce cas, de la réduction d'une partie du chlorure, et qu'elle a tous les caractères d'une épigénie. On sait, depuis longtemps, avec quelle facilité le chlorure d'argent cède son chlore à l'hydrogène naissant. » En cherchant une explication de cette coexistence dans les mêmes masses minérales, de l'argent métallique et de l'argent chloruré, j'ai été conduit à reporter mon attention sur divers exemples de réduction analo- gues, déjà consignés dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en 1846, et qui a pour titre : Relation entre la nitrification et la fertilisation des Serres (1). » Dès cette époque, j'avais observé le phénomène curieux d'une épigénie par réduction, sinon totale, du moins partielle, d'un oxyde métallique. En faisant passer du gaz ammoniaque par un tube contenant du bioxyde de manganèse cristallisé, chauffé à 3oo degrés environ , j'ai obtenu du protoxyde de manganèse conservant la forme cristalline qu'affectait le bioxyde soumis à l'expérience. » A cet exemple, j'en ai joint beaucoup d'autres qui, d'une manière plus concluante encore, viennent à l'appui de l'explication que j'ai donnée de la formation de l'argent métallique lorsqu'il accompagne le chlorure natif. (1) Dans ce Mémoire, je me suis efforcé d'expliquer le rôle important que joue l'ammo- niaque dans la nitrification, et j'ai signalé en particulier, au point de vue de la fertilisation des terres, la facilité avec laquelle, par une réaction inverse de l'oxydation, l'acide nitrique des nitrates passe à l'état d'ammoniaque. Il s'agissait, par ces derniers faits, d'appuyer une opinion que j'avais émise, à savoir : Que les nitrates exercent par eux-mêmes et par l'ammo- niaque que donne leur propre décomposition une influence salutaire sur la végétation. ( 376) » J'ai reconnu que, sous l'influence de l'hydrogène naissant, on peut ramener à l'état métallique tous les sels de plomb et de cuivre, et que le métal qui prend la place de ces sels, bien que plus ou moins poreux, selon la nature et le nombre des corps déplacés, affecte toujours la forme des cristaux qui lui ont donné naissance. » C'est ainsi qu'en mettant des cristaux d'oxydule de cuivre, de carbo- nate et de phosphate de cuivre, de carbonate de plomb, d'oxychlorure ar- tificiel de plomb, en contact avec du zinc et de l'acide sulfurique étendu d'eau, il y a, en peu de temps, transformation des oxydes ou des sels en masses métalliques à formes cristallines. » Il suffit, pour que ces phénomènes de réduction se produisent, que le minéral à réduire soit en contact immédiat, par un point quelconque, avec le zinc immergé dans l'acide sulfurique faible. La réduction se pro- page peu à peu et de proche en proche sur toute la surface et dans toute l'épaisseur de la masse cristalline (i). » Mes vues s'étant dirigées vers la réduction des minerais métalliques par les combinaisons de l'hydrogène avec les métalloïdes, l'acide sulfhydrique, qui noircit si promptement les sels de plomb, de cuivre et d'argent, a dû tout d'abord fixer mon attention. Bientôt il m'a été permis de produire des épigénies variées par le seul contact à froid de cet acide avec divers oxydes ou sels métalliques naturels. En faisant passer un courant d'hydrogène sul- furé à travers une allonge en verre dans laquelle les minerais cristallisés se trouvent déposés, la réaction est immédiate et souvent très-rapide ; il y a même, dans quelques circonstances, élévation de température ; l'oxygène des oxydes est déplacé à l'état d'eau, et, s'il s'agit d'un sel métallique, l'a- cide est mis en liberté et expulsé, si le sel décomposé est un carbonate. » C'est ainsi qu'avec des cristaux d'oxyde ou de carbonate de cuivre, je produis du sulfure de cuivre ; avec le carbonate de plomb natif, avec l'oxychlorure de plomb fondu, je produis du sulfure de plomb, ayant le (1) Pour l'explication de ces réductions, il n'est pas absolument nécessaire de faire inter- venir la décomposition de l'eau ; l'oxygène nécessaire à la formation de l'oxyde de zinc qui doit saturer l'acide sulfurique pourrait être directement emprunté à l'oxyde à réduire; tou- tefois il me paraît plus logique d'admettre cette décomposition comme on le fait habituelle- ment, car le phénomène ne se produit pas avec des acides concentrés, et d'ailleurs cette décomposition de l'eau intervient forcément lorsque le zinc, en contact avec l'acide sulfurique faible, sert à enlever l'oxygène combiné à l'azote dans l'acide nitrique; car, dans ce ca«, il y a intervention de l'hydrogène pour former de l'ammoniaque. Cette transformation de l'acide nitrique des nitrates en ammoniaque est si complète, qu'elle peut être utilisée dans quelques analyses pour le dosage des nitrates. » (377 ) remarquable éclat métallique qui caractérise les 'galènes. Dans toutes ces circonstances, les réactions, par une sorte de cémentation, pénètrent dans toute l'épaisseur de la masse minérale, et les sulfures conservent les formes cristallines des oxydes ou des sels métalliques qui ont servi à les former. » En étendant ces réactions aux autres combinaisons de l'hydrogène avec les métalloïdes, je suis arrivé à des résultats très-variés et sur lesquels j'ap- pellerai ultérieurement l'attention de l'Académie. » « M. Babinet fait hommage à l'Académie du second volume de ses Études et Lectures sur les Sciences d'observation et leurs applications pratiques. Les divers sujets qui y sont traités se rapportent à la Physique du globe, à l'Astronomie et à la Météorologie. Ces Études contiennent aussi plusieurs articles écrits pour les séances publiques de l'Institut et pour . les réunions trimestrielles. » M. Babinet réclame de nouveau de ses confrères les avis et la critique qui lui ont été déjà si utiles. Le principal mérite qui a été recherché dans cet ouvrage, c'est la stricte fidélité aux doctrines positives de la science; en sorte que le public, qui n'est pas en position de contrôler les assertions de l'ouvrage, puisse y avoir une entière confiance. » NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux candidats pour la place de géographe, vacante au Bureau des Longitudes par suite du décès de M. Beautemps- Beaupré. Scrutin pour le candidat qui sera présenté en première ligne. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o, M. Daussy obtient 46 suffrages. M. Peytier 4 Scrutin pour le candidat qui sera présenté en seconde ligne. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants, 47 > M. Peytier obtient 38 suffrages. M. de Tessan 6 MM. Begat, Chazalon et Lieussou, chacun 1 D'après les résultats de ces deux scrutins, les candidats présentés par l'Académie sont : En première ligne M. Daussy. En seconde ligne M. Peytier. C. R., i856, i* Semestre. (T. XLII, N° 8.) 5o (378 ) L'Académie procède également, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Correspondant pour la Section de Médecine et de Chirurgie en rempla- cement de feu M. Prunelle. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44 > M. Guyon obtient 35 suffrages. M. Bally 3 M. Denys (de Commercy) 3 M. Forget. 3 M. Gcvon, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MÉMOIRES LUS. physique du globe. — De la formation et de la répartition des reliefs terrestres; par M. F. de Fraxcq. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, de Senarmont.) a J'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie, le 4 avril i853, un premier Mémoire sur la formation et la répartition des reliefs terrestres, dans lequel je cherchais à démontrer que si le globe a été dans l'origine à l'état de fusion complète, nous devons pouvoir retrouver des indices de ce fait sur ses grands cercles, dans l'étendue, dans la direction et dans la réparti- tion des reliefs terrestres de ces derniers. » Si le globe a été dans l'origine à l'état de fusion complète, la contrac- tion qui a dû résulter de son refroidissement superficiel nous conduit, en effet, aux conclusions suivantes : » i°. L'épiderme terrestre a dû subir sur tous ses grands cercles une somme analogue de contraction dans sa zone en voie de refroidissement (si le refroidissement s'est opéré uniformément sur le globe entier) , et cet épi- derme a dû finir par présenter, par cela même, sur tous ses grands cercles, un excès de volume semblable dans sa zone supérieure, parvenue graduel- lement à un état de refroidissement assez complet pour ne plus se contracter par elle-même. » 2°. La dépense d'un même excès de volume sur les grands cercles a dû provoquer ainsi dans cette zone supérieure de l'écorce terrestre des exhaussements et des plissements qui pourraient donner lieu, sur chaque çrand cercle , à une même somme d'étendue terrestre d'une élévation (379) moyenne donnée, si la réaction de ces grands cercles entre eux ne venait pas s'opposer à une répartition aussi régulière de leurs arcs d'exhausse- ment. » Les plissements sont dus à des arcs d'exhaussement de hauteurs diffé- rentes qui s'entre-croisent sur une surface donnée. Le plus élevé d'entre eux provoque un pli qui fait angle droit avec lui, tandis que l'arc le plus bas déprime, au contraire, les arcs plus élevés qu'il rencontre sur son pas- sage et forme latéralement des alignements parallèles avec lui. Appliquons cette règle générale aux plissements et exhaussements de la zone supérieure de l'écorce terrestre. » Chaque grand cercle ayant un même excès de volume à dépenser dans cette zone supérieure, admettons qu'il puisse le répartir sur une étendue moyenne (de 100 degrés de surfaces terrestres, par exemple). Il nous pré- senterait alors ioo degrés terrestres et 260 degrés marins. Mais une réparti- tion aussi régulière pourra-t-elle avoir lieu sur tous les grands cercles du globe, dont chaque point de la surface est croisé par un nombre indéfini de grands cercles? Évidemment non. Tel d'entre eux ne rencontrera pas sur son parcours une étendue de 100 degrés d'exhaussement terrestre, et sera forcé de reporter alors une partie de ses arcs d'exhaussement sur des surfaces qui ne sont pas exhaussées par les autres grands cercles, tandis que tel autre grand cercle sera contraint de répartir, au contraire, l'excès de vo- lume de sa zone supérieure sur plus de 100 degrés terrestres, et ses arcs d'exhaussement s'abaisseront alors en raison de leur trop d'extension. » Le grand cercle dont une partie des arcs d'exhaussement aura été dé- primée , dans le premier cas , au-dessous du niveau des mers, devra nous présenter alors, en vertu de la loi des plissements, des alignements formant angle droit avec lui aux deux extrémités de la dépression qu'il aura subie, et ces alignements devront nous permettre, lorsqu'ils s'élèveront au-dessus des mers, de constater non-seulement l'existence, mais encore l'étendue de de cette dépression. » Le grand cercle, au contraire, qui aura dû répartir son excès de vo- lume sur plus de 100 degrés terrestres déprimera les surfaces d'exhausse- ment sur lesquelles il passera, et dénotera sa force de dépression par des alignements qui seront parallèles avec lui et qui augmenteront en propor- tion de son excès d'étendue terrestre. » Tous les grands cercles de moins de 1 00 degrés terrestres devront donc atteindre cette somme d'exhaussement, lorsque l'on adjoindra l'étendue de leurs arcs marins rectangulaires à celle de leurs arcs terrestres, et les grands oo. ( 38o ) cercles qui auront plus de ioo degrés terrestres devront longer des aligne- ments parallèles avec eux , en raison de leur excès d'étendue terrestre. » L'écorce de notre sphère répond-elle à ces données -générales d'un globe originairement a l'état de fusion complète? » J'ai cherché à résoudre ce problème de la manière suivante : » J'ai commencé par prendre l'équateur. J'ai fait converger ensuite sur lui des roses de trente-six grands cercles chacune, que j'ai espacées de 45 degrés en 45 degrés les unes des autres; ces roses, dont les grands cer- cles remontent successivement de 5 degrés en 5 degrés de l'équateur jus- qu'aux pôles, couvrent le globe d'un réseau qui est pris d'une manière assez complète et assez impartiale pour que nous puissions admettre, je le crois, les données générales qu'il nous présente. J'ai calculé sur chacun de ses grands cercles : i° l'étendue de ses arcs terrestres; i° les angles qu'il forme avec les principaux alignements qu'il coupe sur son passage, et j'ai mentionné également l'étendue des arcs marins qui sont terminés par des alignements rectangulaires. » Les cent cinq grands cercles que j'ai pris de l'équateur jusqu'au 65e de- gré de latitude, où l'on commence à ne plus connaître exactement toutes les surfaces terrestres, nous donnent, en résumé, les moyennes suivantes : SKCTIONS des sommes terrestres des grands cercles. SOMBRE des grands cercles. ÉTENDUE DES ARCS D'EXHAUSSEMENT. SOMMES EFFECTIVES. ÉVALU PROPORTI Angles droits. AT10NS nstll.ts. Parallèl . sur Sommes terrestr. moyenn. Arcs marins rectang. Total. Aligne- ments mention- nés sur Angles droits. Parallèl. sur De 32'/, à 42° 2 0 37,5o 62,37 99. 87 0 92>37 0 I0,O0 0 » 0 I0,8l 0 9 De 42 'A a 52 4 46,8l 52, 1 3 98>94 91,25 i3,5o » 14,67 n De 52 '/» à 62 5 56,95 4i,35 98,3o 92,7° i3,4o ■» l4 ,20 » De 62 '/, à 72 8 68,65 30,47 99>12 73,68 10,62 1,40 14,28 1,88 De 72 '/, à 82 >7 77 »73 21,70 99 '44 69,36 10, 58 1,29 i5,i8 i,85 De 82 '/, à 92 •4 86,28 13,09 99> 37 67,73 9,35 o,35 13,72 0,52 De 92 '/, à 102 '7 97>24 2,11 99 >35 55,o6 8,06 o,56 '4,5g 1 ,01 De 102 7< à 112 9 io5,4o » io5,4o 47. '7 2,11 8,80 4,73 19,66 De 112'/, à 122 7 1 1 7 , 00 0,67 117,67 86,25 i,7> 26,17 2,33 37 >79 De 122'/, à i32 » » » » » ■ n » » De i32'/,à 142 6 i33,62 D i33,62 1 i4,33 O, l6 47,20 0,18 55,i6 De 142 '/» à i52 5 149, 5o " i4g,5o r34,65 0,20 75,45 0,21 81,68 (38. ) » Ce tableau nous montre : i° que les grands cercles qui ont moins de 98 à 100 degrés terrestres, ont tous des arcs marins rectangulaires, tandis que les autres n'en ont plus ordinairement; 20 que l'étendue de ces arcs marins, jointe à celle des arcs terrestres du grand cercle, vient compléter constam- ment un chiffre de 98 à 100 degrés ; 3° que les grands cercles qui ont moins de 1020 7* terrestres présentent tous un nombre assez considérable d'ali- gnements terrestres qu'ils coupent à angles droits, et presque pas d'aligne- ments parallèles; 4° que si l'on prend le chiffre total donné par l'étendue des arcs terrestres d'un grand cercle et par celle de ses arcs marins rec- tangulaires, si l'on calcule le nombre proportionnel d'alignements rectan- gulaires, ainsi que l'étendue proportionnelle d'alignements parallèles que donne ce chiffre total ; lorsque l'on admet dans ce calcul le connu pour base de Y inconnu (1), on trouve que les grands cercles qui ont moins de 1020 '/* terrestres ont en moyenne, dans presque toutes leurs différentes sections de sommes terrestres, de 14 à i5 alignements rectangulaires, et qu'ils n'ont presque pas d'étendue d'alignements parallèles ; tandis qu'aus- sitôt que les grands cercles ont plus de 102 degrés terrestres, ils n'ont plus, en général, d'arcs marins rectangulaires, et leurs alignements rectangu- laires disparaissent rapidement pour faire place à des alignements parallèles dont l'étendue augmente en raison de l'accroissement terrestre du grand cercle. » Les grands cercles du globe nous présentent donc, en résumé, un caractère uniforme jusqu'au 102e degré terrestre. Tous, jusqu'à ce chiffre, semblent avoir une somme analogue d'arcs d'exhaussement, tous forment un nombre semblable d'alignements rectangulaires et subissent plus ou moins la dépression des grands cercles qui ont plus de 102 degrés terrestres; tandis que ces derniers exercent cette dépression en proportion de la trop grande extension de leurs arcs d'exhaussement. » Les arcs marins rectangulaires, qui forment constamment, ainsi que nous venons de le voir, le complément des arcs d'exhaussement des grands cercles de moins de 98 à 100 degrés terrestres, nous présentent un second caractère fort important : « Les alignements rectangulaires qui les enca- drent sont tous plus ou moins volcaniques, et sont constamment croisés, ainsi que je le démontrerai dans un prochain Mémoire, par de larges fais- (1) Je n'ai pas pu mentionner les alignements terrestres de l'intérieur de l'Afrique ni ceux de l'Australie , mais j'ai indiqué dans une colonne spéciale l'étendue inconnue des arcs terrestres dont j'ai pu citer les alignements. ( 38a ) ceaux de grands cercles de plus de ioa degrés terrestres qui en motivent la dépression . » Ainsi, on est conduit à admettre que les phénomènes volcaniques que nous constatons sur tous les alignements qui encadrent les arcs marins rectangulaires proviennent directement ou indirectement du travail que subissent ou qu'exercent encore actuellement ces arcs d'exhaussement. » Ce travail serait donc la cause première des phénomènes volcaniques, et il ne faudrait attribuer qu'un effet secondaire à la réaction que la masse en fusion peut exercer sur l'écorce terrestre. » Cette écorce nous accuserait enfin, dans sa zone supérieure, la dépense d'un même excès de volume sur tous ses grands cercles et nous donnerait une nouvelle preuve par là de l'état de fusion de notre globe. » CHIMIE. — Conclusions d'un travail sur les oxydes et acides du manganèse, les manganates et les hy permanganates ; par M. P. Thenard. (Henvoi à l'examen de MM. Pelouze, Regnault, Balard, auxquels est invité à s'adjoindre M. Thenard.) a Le défaut d'espace ne nous permettant, pas de donner un résumé même succinct de nos recherches, qui soit compréhensible des chimistes eux- mêmes, nous nous bornons à en donner les conclusions. » La transformation des dissolutions de manganates en hypermanganates est uniquement due, dans nombre de circonstances, à la présence du bioxvde de manganèse libre, qui peut se former en très-petite quantité sous des influences diverses et nombreuses au sein de la dissolution même. D'autres corps en poudre et très-oxydés jouissent de la même propriété, quoique à un moindre degré. La lumière solaire agit elle-même puissamment. » La transformation de l'hypermanganate de potasse en manganate, en présence d'une dissolution de potasse, s'opère par cinq causes différentes : » i°. Sous l'influence des matières organiques que la potasse renferme habituellement et qui agissent comme matières réduisantes; » 20. Par une élévation de température dépassant i3o degrés dans des dissolutions très-concentrées : il se dégage alors i équivalent d'oxygène; » 3°. Sous l'influence du bioxyde de manganèse, qui agit comme corps désoxydant, et se transforme ainsi en acide manganique, puis en manganate; » 4°- Sous l'influence du bioxyde de manganèse, qui en s'oxydant incom- plètement, et quelquefois pas du tout quand il a beaucoup de cohésion, ( 383 ) détermine, par sa seule présence, le départ de i équivalent d'oxygène : les deux actions précédentes agissent habituellement simultanément ; » 5°. Sous l'influence et par la présence seule de corps très-oxydés, mais av ec une intensité moins grande. » En soumettant l'hypermanganate de potasse à une chaleur soutenue de aAo degrés, on le décompose en manganate de potasse et bioxyde de man- ganèse qui reste dans l'appareil, et en oxygène qui se dégage, Mn2 O7 KO = Mn O3 K ■+- Mn O2 -+- O2 . » Ce résidu, mouillé avec de l'eau, donne un dégagement d'oxygène à froid, semblable à l'effervescence que produisent quelques gouttes d'acide sur un carbonate ; de plus, le bioxyde de manganèse est un des corps les plus absorbants, à la manière du charbon, que l'on connaisse; mais il ne jouit de cette propriété à un haut degré, que pour les corps très-électronégatifs. Nous étudierons ce fait et nous rechercherons s'il ne joue pas un grand rôle dans les actions catalytiques, et particulièrement dans celles dont il est ici ques- tion. » L'acide hypermanganique anhydre est un corps vert-olive foncé, d'une odeur semblable à celle de certains composés chlorés et de l'oxygène ozone. Il est très-instable, détone entre 3o et 4o degrés, et donne pour produit de sa destruction du bioxyde de manganèse et de l'oxygène. Il se décompose également à froid sous l'influence des oxydes d'argent, de mercure et sur- tout de manganèse, fait qui prouve une fois de plus que la composition de la molécule influe davantage que la nature des éléments qui la composent. Par toutes ces propriétés, il appartient à ce groupe de corps dont l'eau oxygénée représente si bien le type. » Nous publierons prochainement, dans un des grands recueils scienti- fiques, notre travail in extenso; d'ici là, nous engageons les chimistes qui voudraient préparer l'acide hypermanganique à bien se tenir sur leurs gardes, parce que, sans certaines précautions, ils courraient les plus grands dangers. » MEMOIRES PRESENTES. mécanique analytique. — Mémoire sur les mouvements relatifs; par M. Edmond Boni. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasles.) « i°. L'objet de ce Mémoire n'est pas de faire la théorie des mouvements relatifs, car cette théorie est contenue tout entière dans les belles formules ( 384 ) générales de Lagrange, qui donnent les dérivées par rapport au temps d'un système de variables quelconques, et peuvent par conséquent fournir im- médiatement les équations différentielles auxquelles satisfont les coordon- nées relatives. Je me suis plutôt proposé de dégager des formules de La- grange cette théorie qui ne s'y trouve pour ainsi dire qu'à l'état latent, de faire quelque chose d'analogue à ce qu'a fait Coriolis quand il a donné, une fois pour toutes, la forme des nouveaux termes qui entrent dans les équations différentielles des mouvements relatifs; on sait qu'il a considéré ces termes représentant les composantes de deux forces fictives, au moyen desquelles le mouvement peut être assimilé à un mouvement absolu. » Seulement, par un artifice dont j'espère que ce travail fera ressortir l'utilité, j'interprète d'une manière différente ces termes qui proviennent de la transformation des coordonnées; j'introduis à la place des vitesses des variables auxiliaires qui en sont des fonctions linéaires, et cela fait, il ne me reste plus, pour réduire les mouvements relatifs aux mouvements absolus, qu'à ajouter à la fonction des forces des termes qui ne dépendent pas des vitesses, mais seulement des coordonnées relatives et du temps. C'est cette circonstance qui distingue profondément mes équations différentielles de celles auxquelles conduit l'application du théorème de Coriolis. Les pre- mières peuvent être mises sous la forme que l'on doit à M. Hamilton, et l'on peut ainsi profiter de tous les beaux théorèmes de la mécanique ana- lytique. Par exemple, quand on a trouvé la moitié des intégrales d'un problème, si ces intégrales satisfont à certaines conditions indiquées par M. Liouville, une simple quadrature permet de terminer la solution. Dans les recherches que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je fais une appli- cation incessante de ce théorème capital. » 2°. La première partie de mon Mémoire est consacrée à la théorie ana- lytique des mouvements relatifs. Si je désigne par a, /3, -y les composantes suivant les axes mobiles de la rotation instantanée du système de compa- raison, les variables auxiliaires dont j'ai parlé sont : %i dx, = m -h |3z«- - tr* *ii _dyt dt + yXi- - azi, %t _dzL ' dt 4- «/«- - fiXi, xh ji, z, sont les coordonnées relatives d'un point quelconque, dont je représente la masse par m,-. ( 385 ) » Je désigne par V la fonction des forces, par T la demi-somme des forces vives apparentes , et j'introduis deux fonctions nouvelles dont on apercevra facilement la signification : l'une est homogène et du premier degré par rap- port aux coordonnées relatives ; l'autre est du second degré par rapport à ces mêmes coordonnées. Voici la définition de ces fonctions : K = — u' Irrii xt — v ' 2 miji — iv' 2 m{ z-„ . R = Ï2mt[{irt - P Vf + («* - l*iY + (fa - *nY ) ■ » Les quantités «', v' , W qui entrent dans k, sont les projections sur les axes mobiles de l'accélération absolue de l'origine. » Je pose enfin Uh-K + R = U„ U,-T = H, et, s'il s'agit d'un ensemble de points libres, les équations différentielles du mouvement sont de la forme dxi dH d.m&i d\\ ~di ~~ d . mt |, dt ' dxj » La quantité H doit évidemment être exprimée en fonction de x^y-^ z(; ces dernières remplaçant dans T les dérivées x'^y'i , 2; . » 3°. Passant de là au cas d'un système à liaisons quelconques, je sup- pose avec Lagrange que l'on profite des équations qui expriment ces liai- sons pour réduire les inconnues au plus petit nombre possible, et je repré- sente ces inconnues par q,, q2,---, -+- -l sinç>, 5i.. ( 388 ) et la valeur de z deviendra z = y sin

■ sin

a> 2B> " 3BV "' et l'on voit que les deux derniers termes de cette formule sont loin d'être négligeables. Si l'on veut avoir égard à la quantité p, il suffira de déve- lopper l'équation (5) suivant les puissances croissantes de cette quantité, et l'on trouvera, pour la correction de A, en ne conservant que les termes du premier ordre, in) dk — — £(|+_]_4 ^-_ TX+LZ — ■; - v ' ' •>' \ B / )i sin 3(B + K')=g(B+K), d'où l'on tire (ia) ha' = s- — — = constante. » Si l'on veut déterminer le poids des boules sous la condition qu'elles accomplissent une course verticale donnée c, pendant que le régulateur passe d'une vitesse «' à une vitesse w", on aura, en supposant que w soit la vitesse de régime, (i3) Aw2(B + K') = g(B-+-K), A'u'*(B-+-K') = g(B + K.), A"W"2(B-+-K') = g(B + RK h"- h'=c; ( 39o) lesquelles étant résolues donnent 4" v v, ir'N" /*» — i B = en nommant N le nombre des tours que le régulateur fait en une minute sous la vitesse de régime, et n un coefficient de régularité tel, qu'on a w = w i V$ .-=»(■-;)• » Quand la douille du régulateur est au-dessus du centre de rotation, si les tiges qui portent les boules sont prolongées, à peu près en ligne droite, on retrouve l'équation (i i), ainsi que les formules (i4)- Seulement les va- leurs de R et R' y sont différentes, et ont pour valeurs (i5) (16) K'= 2> TV-t-aL/* 3V mécanique analytique. — Recherches sur la loi des oscillations du pendule à suspension à lames des chronomètres fixes ; par M. Hksai. ( Extrait par l'auteur). (Commissaires, MM. Poncelet, Pouillet, Morin.) « Dans la Note que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, j'ai cherché a me rendre compte de l'influence de l'élasticité sur les oscillations du pen- dule à suspension à lames généralement adopté dans la construction des chronomètres fixes. » En négligeant la masse des lames par rapport à celle de la masse pen- dulaire, j'ai pu écrire les équations différentielles du mouvement de cette masse, en partant de la théorie ordinaire de la flexion des verges, c'est-à- dire en faisant abstraction des glissements transversaux, qui n'ont en général qu'une faible importance. ( 39i ) » Ces équations sont très-compliquées, mais se simplifient notablement lorsque l'on suppose très-petite l'amplitude des oscillations, et dans ce cas on reconnaît qu'en prenant certaines précautions lors de la mise en mouve- ment, on peut arriver à rendre insensibles les vibrations longitudinales. » Malgré ces simplifications, l'intégration par rapport au temps relative aux oscillations pendulaires est complètement impossible. Mais comme en général la longueur des lames est très-petite relativement à celle du pen- dule, on peut sans erreur sensible négliger le carré du rapport de ces lon- gueurs. L'intégration peut alors s'effectuer, et l'on reconnaît que les oscil- lations sont isochrones et que leur durée est donnée par la formule V" T=2r« . e P J + -1 + •K) dans laquelle P représente le poids du pendule; I son moment d'inertie par rapport à l'horizontale moyenne de celles qu'il détermine sur ces lames aux points d'encastrement; /la distance de cet axe au centre de gravité du pen- dule ; s la longueur de la lame ; jh. la somme des moments d'inertie des sec- tions normales des lames, évalués pour chacune d'elles par rapport à une droite parallèle à ses longs côtés et passant par son centre de gravité; E le coefficient d'élasticité de l'acier. » On voit, en discutant cette formule, de quelle manière l'élasticité intervient dans la loi des oscillations du pendule. » GÉOLOGIE. — Etudes sur l'orographie et sur la constitution géologique du Chili. (Extrait d'une Lettre de M. A. Pissis à M. Elie de Beaumont.) (Commissaires, MM. Éliede Beaumont, Boussingault, C. Prévost.) « Santiago, le 26 septembre i855. » Je profite du départ de M. Deshortes, chancelier de la légation de France au Chili, pour vous faire parvenir le résultat de mes premières re- cherches sur les soulèvements de la région des Andes. J'ai pensé qu'il pour- rait vous offrir quelque intérêt, et je vous prie de vouloir bien le soumettre au jugement de l'Académie. J'aurais désiré compléter ce travail, qui ne s'étend que jusqu'à la formation du grès rouge, par les observations rela- tives aux soulèvements plus anciens; mais il me reste encore à étudier les terrains schisteux et les gneiss des provinces australes du Chili; et j'ai pensé ( 39* ) qu'il valait mieux attendre encore un ou deux ans que de présenter des résultats incomplets. Les travaux géodésiques dont je suis chargé devant se prolonger bientôt jusque dans ces provinces, je profiterai de cette occasion pour en étudier la géologie avec détail. J'espérais pouvoir vous envoyer en même temps les cartes géologiques des provinces de Santiago, de Val- paraiso et d'Aconcagua ; ces cartes sont au , ^u et comme ce pays se trouve tout couvert de montagnes, le dessin en est très-compliqué, ce qui en a retardé la gravure. » Les séides parties de ce travail qui aient été publiées sont les descrip- tions des provinces de Santiago et de Valparaiso, et comme elles renfer- ment un assez grand nombre de positions géographiques, j'ai pensé que sous ce rapport elles pourraient présenter quelque intérêt au Bureau des Longitudes. » géologie. — Recherches sur les systèmes de soulèvement de l'Amérique du Sud; par M. A. Pissis. (Extrait.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Constant Prévost) (i). « L'accueil bienveillant (i) avec lequel l'Académie a reçu nos premiers tra- vaux sur la géologie de l'Amérique du Sud (2), nous engage à lui présenter les résultats de la continuation de nos recherches sur le même sujet. Les douze années qui se sont écoulées depuis la publication de ce premier Mémoire ont été presque entièrement consacrées à l'étude de la région des Andes. Désirant donner à ces recherches toute l'exactitude dont elles étaient sus- ceptibles, il devenait indispensable d'étudier avec détail toutes les parties de cette vaste chaîne de montagnes, d'en déterminer la direction exacte et de fixer la position géographique d'un grand nombre de points; il fallait, en un mot, faire marcher de pair la géographie et la géognosie de cette vaste ré- gion, l'une des plus accidentées du globe. La classification chronologique des soulèvements exigeant une connaissance exacte de l'ordre suivant lequel les diverses formations se sont succédé , il fallait, avant tout, fixer la place de chacun de ces terrains, dont l'ensemble présente la plus grande ana- logie avec ceux de l'Europe, mais pour lesquels il est impossible d'ad- mettre les mêmes subdivisions (1) Cette Commission est la même qui a été nommée dans la séance du a avril i855 [Comptes rendus, t. XL, p. 764), pour une précédente communication de M. A. Pissis, sur la structure orographinue des Andes du Chili. (2) Voir le Rapport de M. Dufrénoy [Comptes rendus, t. XVII, p. ?S). (393) » Roches du Pérou et de la Bolivie. — En s'appuyant uniquement sur les rapports de superposition des couches, l'ensemble des roches exogéni- ques du Pérou et de la Bolivie peut se subdiviser en sept formations dif- férentes. Les sables du désert d'Atacama et le terrain de transport de la Paz reposent également sur la couche de conglomérats ponceux, qui s'étend sans interruption des deux côtés de la chaîne occidentale des Andes, et comme les matières dont se compose cette dernière couche, les cendres volcaniques et les ponces, ne peuvent être que le produit d'une action violente, il en résulte qu'elle a dû se former dans un temps très-court, circonstance qui nous paraît suffisante pour établir le parallélisme de ces deux terrains. Par la même raison, le terrain tertiaire marin d'Atacama et le terrain lacustre de la Bolivie doivent également se rapporter à une même époque géolo- gique. Au-dessous de ces deux formations viennent d'abord les marnes gypseuses et salifères, puis le grès rouge. Les calcaires bitumineux de Tiahuanacu et d'Arica forment une cinquième subdivision en discordance avec le grès rouge, et s'appuyant sur la base des montagnes formées par le psammite des Andes orientales. Enfin, ces psammites, les grès lustrés et les schistes qui les accompagnent se trouvent eux-mêmes séparés du terrain des schistes talqueux, du gneiss et des quartzites. » Roches du Chili. — La chaîne occidentale des Andes s'abaisse gra- duellement à mesure que l'on avance vers le sud jusque sous le parallèle de Cobija, où elle finit par se confondre avec le prolongement du plateau bolivien. En même temps que cette chaîne s'abaisse, l'espace occupé par les roches endogéniques se rétrécit de plus en plus, et bientôt ne présente plus que quelques masses trachytiques isolées au milieu des roches strati- fiées. Celles-ci ne sont autre chose que la continuation des marnes gyp- seuses et des grès rouges de la Bolivie , qui, après avoir traversé la province de Carangas, atteignent, près du parallèle de Potosi , la ligne de partage des eaux, et de là s'étendent sans interruption sur les deux versants de la Cor- dilière occidentale. En traversant le désert d'Atacama depuis ce point jus- qu'au bord de la mer, on voit les grès et les marnes qu'ils supportent former une suite de chaînes parallèles courant du nord au sud, tandis que des sa- bles et des cailloux roulés occupent les parties inférieures du sol. Dans les environs de Copiapo , ces marnes plongent sous une puissante formation de calcaire et de jaspes ; elles reparaissent ensuite près de la côte avec les grès rouges, qui s'appuient sur des porphyres stratifiés. Si, au lieu de traverser cette région perpendiculairement aux Andes, on continue à suivre la crête C. R., i856, i« Semestre. (T. XL», N°8.) 52 (394 ) de cette longue chaîne jusque dans le sud du Chili, on rencontre presque sans interruption les grès rouges, et par intervalles les marnes gypseuses et les calcaires, qui abondent surtout vers le versant oriental; tandis que sur le versant opposé apparaissent des roches présentant tout l'aspect de vérita- bles porphyres, parfaitement stratifiées et formant des couches qui n'attei- gnent souvent que quelques décimètres d'épaisseur. Ainsi tout indique qu'elles appartiennent encore à des formations stratifiées, et qu'elles doi- vent leur état actuel à une action métamorphique. » Indépendamment de la chaîne des Andes, ces porphyres forment en- core une autre petite chaîne située plus à l'ouest, parallèle à celle-ci, dont elle est séparée par la plaine longitudinale du Chili. Les porphyres y sont recouverts, comme dans les Andes, par les poudingues et le grès rouge; mais les marnes gypseuses, au lieu de se montrer sur le sommet de cette chaîne, apparaissent seulement vers la plaine, où elles forment des plateaux isolés ou adossés à la base des derniers contre-forts de la chaîne occiden- tale. De l'autre côté, c'est-à-dire en a\ançant vers l'ouest, la succession des strates se trouve interrompue par une ligne de roches syénitiques sur les- quelles s'appuient les porphyres et qui forme comme la limite d'une autre région géologique où se montrent les quartzites, les schistes ardoisiers et les gneiss qui s'étendent jusqu'à la côte où ils reposent généralement sur le granit. v Si l'on reporte maintenant son attention sur les couches plus modernes qui comblent les dépressions laissées entre ces chaînes, on voit les sables du désert d'Atacama s'étendre le long de la côte jusque dans les environs de Coquimbo, puis recouvrir le fond d'anciens golfes séparés entre eux par petites chaînes granitiques et échelonnés sur la côte depuis Coquimbo jus- qu'à Valdivia. Ces sables reposent sur la couche de conglomérats ponceux que l'on retrouve dans plusieurs provinces du Chili, et passent graduelle- ment à des couches de cailloux roulés qui se prolongent vers l'est en sui- vant les bords des vallées actuelles. Sous les conglomérats ponceux appa- raissent dans quelques localités des grès calcarifères contenant une grande quantité de coquilles marines et alternant avec des couches de lignites qui sont depuis quelques années l'objet d'importantes exploitations. » Ces grès, recouverts d'abord par les sables précédents, s'élèvent à mesure que l'on s'éloigne de la côte, et atteignent vers leur limite orientale une altitude qui varie entre 100 et i5o mètres. On peut ainsi les suivre en remontant les vallées actuelles jusqu'à l'entrée de la plaine longitudinale où ( 395 ) ils sont remplacés par des couches d'argile d'origine lacustre qui leur sont parallèles, et reposent indistinctement sur les porphyres, les grès ou les marnes gypseuses. » On est donc conduit, d'après ce qui précède, à subdiviser les terrains stratifiés du Chili en cinq formations, qui sont : i° celle des sables marins et du terrain de transport; a° celle des grès marins calcarifères, des lignites et des argiles inférieures de la plaine longitudinale ; 3° celle des calcaires et des marnes salifères ; 4° Ie grès rouge et les porphyres stratifiés ; 5° le gneiss, les schistes ardoisiers et les quartzites. Le prolongement non inter- rompu des grès rouges de la Bolivie jusque sur le territoire chilien rie peut laisser aucune incertitude sur le parallélisme des formations de ces deux contrées. Les marnes gypseuses, le terrain lacustre et le terrain de trans- port s'y succédant dans le même ordre et avec les mêmes circonstances de stratification, se correspondent évidemment. » La plus grande partie du Mémoire de M. Pissis a pour objet de déter- miner les directions et les âges relatifs de quatre systèmes de soulèvements, savoir : » i°. Le système chilien, le plus moderne de tous et postérieur aux sables marins et au terrain de transport ; » i°. Le système de la chaîne principale des Andes, postérieur aux dé- pôts tertiaires, lacustres et marins de la Bolivie, du Chili et de la Patagonie ; direction presque méridienne; soulèvement des trachytes, filons argenti- fères ; » 3°. Le système des chaînes transversales du Chili, postérieur aux calcaires et aux marnes salifères; direction à peu près est-ouest (E. 6 à i o degrés N.); soulèvement des roches labradoriques, gîtes cuprifères; » 4°- Système de la chaîne occidentale du Chili, antérieur aux marnes salifères et postérieur aux grès rouges; roches syénitiques, pyrites auri- fères. » Les directions du premier et du dernier de ces quatre systèmes sont peu différentes l'une de l'autre, et M. Pissis remarque que l'une et l'autre se rapprochent beaucoup du grand cercle primitif du réseau pentagonal qui passe par les centres de pentagone , situés au Chili et près des Antilles. » M. Pissis fait connaître, dans le tableau suivant, les latitudes, les lon- gitudes et les altitudes que sa triangulation assigne aux plus hautes monta- gnes du Chili. 5a.. ( 396) SOMMETS. LATITUDE S. LONGITUDE E. ALTITUDE. o l II 32. o. 5,4 32. 5. 8,6 32.39.42,5 33. 3.5i,3 33. i6.5o,o 33. i3. 0,0 33.44-27»° 0 1 II 0.32.49,0 O. 32.40,2 0.36.34,8 0.32.21 ,2 0.48.29,0 0 . 24 • 32 , 0 0.46.48,0 6798™5 6347,2 6834,4 5962,6 6526,8 5433,o 5384,o Notice minéralogique sur le cercle de Laghouat ; par M. Ville, ingénieur des mines à Alger. (Extrait.) (Commission précédemment nommée : MM. Elie de Beaumont, Dufrénoy, de Senarmont.) « Le cercle de Laghouat peut être divisé en deux parties au point de vue géologique comme au point de vue topographique. » La première partie, qui s'étend depuis les Seba-Rous jusqu'à Laghouat, est essentiellement montagneuse. La deuxième, qui comprend tout le pays situé au sud de Laghouat, est essentiellement plate. Ces deux régions si dif- férentes par leur aspect , le sont également par leur composition géologique. Les chaînes de montagnes qui sillonnent la première région appartiennent à la période secondaire. Elles sont généralement alignées du nord-est au sud-ouest. On y trouve cependant des directions différentes qui donnent lieu parfois à des accidents de terrain fort remarquables. C'est auprès de Laghouat que ces faits exceptionnels sont le plus saillants. On peut citer le Guern-el-Meila comme le type du genre. Pour se faire une idée de cette montagne, il faut concevoir plusieurs cuvettes elliptiques de grandeur dé- croissante empilées les unes au-dessus des autres. La cuvette inférieure, qui est la plus grande , est entourée par vin terrain plat qui semble au premier abord former la base de tout le système , mais qui ne constitue en réalité qu'une enveloppe extérieure. Une grande fente qui entaille toute cette pile de cuvettes, depuis le bord de la cuvette supérieure jusqu'au fond de cette dernière, donne écoulement aux eaux de pluies tombées dans l'intérieur de cette cuvette. Les couches que l'on observe sur le pourtour des cuvettes (397 ) plongent toutes vers le centre de ces dernières. C'est là le caractère géolo- gique fondamental de ce système particulier de montagnes. » Depuis le Seba-Rous jusqu'à Laghouat, toutes ces montagnes de la pé- riode secondaire paraissent appartenir à une formation unique, le terrain crétacé inférieur. Le calcaire domine dans cette formation , c'est lui qui con- stitue les crêtes duSenelba, du Djellal, du Sera et du système de cuvettes des environs de Laghouat. Il est généralement à structure saccharoïde et de couleur variable, le blanc grisâtre y est très-répandu. Par l'action des agents atmosphériques, la surface extérieure de ce calcaire est comme chagrinée, très-polie et présente un aspect cireux tout particulier. Il donne par la cuis- son de la chaux grasse. Ce calcaire renferme intercalées de grandes assises de grès quartzeux qui varient de couleur et de dureté. Parfois ils sont très- durs et donnent de bonnes pierres de construction (à Guelt-Esseltel, à Djelfa ) ; d'autres fois ils sont très-tendres et s'égrènent sous la pression des doigts (à Sidi-Recheg. ) La couleur le plus généralement répandue est le jaune et le rouge. Ces grès renferment de petits galets de silex légèrement transparents et de diverses couleurs. Par la désagrégation des grès, ces galets de silex s'isolent, le vent enlève le sable, et il reste alors sur place des espèces ' de plages couvertes de ces galets. Ceux-ci peuvent être taillés pour camées, pommes de canne. On peut dire que le sud de l'Algérie en offre une mine inépuisable. » On trouve au milieu des grès, des assises de marnes, tantôt vertes, tan- tôt rouges, remarquables par la vivacité de leurs couleurs. » L'assise supérieure de calcaire est caractérisée par la présence de couches régulières de gypse (pierre à plâtre) qui ont des étendues très- considérables. » La régularité, la puissance et l'étendue de ces couches de gypse est un caractère particulier du terrain secondaire dont il s'agit. Ce caractère ne se présente pas dans le terrain secondaire de l'Atlas. » La région plate qui se poursuit sur d'immenses étendues à l'est et au sud de Laghouat, et qu'on désigne sous le nom de Sahara, est formée par un terrain d'alluvions anciennes qui joue un très-grand rôle dans la géologie de l'Algérie. » Ce terrain diluvien ou terrain quaternaire se compose au pied des montagnes d'un dépôt de cailloux roulés empâtés dans une gangue calcaire. Ces cailloux roulés sont auprès de Laghouat des débris du terrain crétacé, le calcaire y domine. A mesure qu'on s'éloigne des montagnes, les galets diminuent en grosseur, le sol n'est souvent formé que par une roche cal- ( 398 ) caire d'un blanc jaunâtre, qui s'enlève par plaques ou croûtes plus ou moins épaisses ; c'est une sorte de carapace qui recouvre le sol comme d'un manteau. Cette carapace, très-dure près de la surface, est au contraire assez friable en profondeur. Elle s'y mélange avec de l'argile verte ou grise. Cette dernière roche se présente aussi en dépôts considérables dans le terrain di- luvien. Elle renferme des cristaux plus ou moins gros de gypse; souvent ces cristaux sont assez nombreux pour former des dépôts réguliers et puissants. » Le terrain diluvien constitue des dépôts plus ou moins considérables entre les chaînes de montagnes qui sillonnent la région septentrionale du cercle de Laghouat. C'est lui qui forme le sol de la grande cuvette qui ren- ferme les deux Zahrez. On le retrouve encore sur les deux rives de l'Oued- Malah entre le rocher de Sel et Djelfa, et dans la plaine, de Djelfa, comprise entre les Djebels Senelba et Djellal ; entre le Djebel-Djellal et Laghouat, le terrain diluvien n'est indiqué que par quelques dépôts fort restreints de cailloux roulés situés sur des plateaux que ne peuvent atteindre les cours d'eau actuels. » chirurgie. — Deuxième, supplément à un Mémoire sur le traitement des adénites cervicales par un nouveau procédé d'acupuncture ; par M. Bould. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, Velpeau, Cloquet.) physique. — "Expériences sur la durée comparative de l'écoulement des gaz; par M. Erx. Baudrimoxt. (Commissaires, MM. Poncelet, Babinet, Morin.) GÉOMÉTRIE. — Note sur une construction graphique par laquelle on obtient, aune très-petite Jraction près, la longueur du côté du carré équivalent à un cercle donné; par M. Willich. (Commissaires, MM. Babinet, Chasles.) technologie. — Note sur l'emploi du tan épuisé pour la fabrication de pa- piers ou de cartons convenables à diverses industries; par M. Couturier. (Commissaires, MM. Payen, Balard.) (399 ) M. Behrens adresse de Berlin une Note écrite en allemand sur la com- position d'une pile voltaïque portative destinée à l'usage médical. (Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée pour une communication de M. Pulvermaeker sur un appareil ayant la même destination, Commission qui se compose de MM. Becquerel etPouillet.) M. m Filippi envoie de Milan une Note sur un dispositif qu'il a imaginé pour permettre aux personnes voyageant par chemins de fer de se mettre, à un instant quelconque, en communication avec le conducteur du train. ( Renvoi à l'examen de la Commission des chemins de fer, qui se compose de MM. Poncelet, Piobert, Morin, Seguier.) CORRESPONDANCE. M. Vallée prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géométrie par suite du décès de M. Sturm. Il joint à cette demande un exemplaire d'une No- tice imprimée sur ses travaux mathématiques. M. J.-A. Serret adresse une semblable demande et y joint également un exposé de ses travaux. lies deux Lettres et les Notices qui les accompagnent sont renvoyées à la Section de Géométrie. M. Le Play remercie l'Académie qui, dans la séance annuelle du 28 janvier dernier, lui a décerné un prix de Statistique pour son ouvrage intitulé : « Les Ouvriers européens ». géographie.— Sur la position géographique de quelques lieux dans le sud de V Algérie; par M. W.-C. Goetze. (Communiqué par M. Le Verrier.) (Extrait par l'auteur.) « M. Renou, savant voyageur, a observé, en i853, dans sept lieux de l'Algérie méridionale, 47 séries d'angles horaires, 33 séries de doubles hauteurs pour la latitude, 5 occultations d'étoiles pour la longitude, et enfin, pour obtenir cette dernière coordonnée, 2 séries d'apozéniths de la Lune. Toutes ces observations nous ont été remises par M. Antoine d'Ab- ( 4oo ) hadie, avec la prière de les calculer en employant les meilleures théories astronomiques. Un sextant, un chronomètre et une lunette ont été les in- struments de M. Renou. » L'erreur de collimation a été déduite de huit mesures du diamètre du Soleil : en comparant ce diamètre avec les Tables, nous avons trouvé un écart moyen de 7" seulement. » Les Tables de réfraction qui ont servi à tout ce travail sont celles de Bessel. » Pour trouver l'heure, nous avons calculé séparément chaque série d'angles horaires examinée d'abord par différences et contrôlée par le calcul des hauteurs correspondantes, après l'avoir corrigée par la méthode de Soldner. Le chronomètre retardait de i%3i6 par jour, avec des variations maximum de os, 4 environ. » Les latitudes sont déduites de quinze séries de hauteurs de la Polaire, et de dix-huit séries d'observations circum-méridiennes, dont huit du Soleil et dix des étoiles. Les observations de la Polaire ont été réduites par la mé- thode de Gauss; et celles des astres, près du méridien, l'ont été par les Tables de Delambre. Quand l'astre était doué d'un mouvement propre en décli- naison, l'angle horaire a été compté, non du moment du passage méridien, mais de celui de la culmination, ce qui est un peu différent et plus exacL [Jn exemple fera ressortir l'exactitude rare des observations de M. Renou. Latitude d'El-Aghouàt [centre de la ville). Par 56 observations du Soleil (7 séries) 33° 48' 19", 8 » 29 » de la Polaire (4 séries) 33°48' 21", 3 » 16 » de l'Epi de la Vierge (2 séries) 33° 48' 23",8 » La latitude de ce point sera donc 33° 48' 20", 8 avec une incertitude de V. » Quatre stations sont fixées en longitude par deux séries d'apozéniths lu- naires et par cinq occultations d'étoiles. Pour la réduction de celles-ci, nous avons employé une méthode qui nous est propre, exposée en partie dans le journal A stronomische 1S achrichten , n° 785, et complétée dans l'ouvrage que nous préparons avec M. d'Abbadie sur la géographie de l'Ethiopie. La base de cette méthode consiste à déduire des coordonnées d'une étoile occultée les coordonnées vraies du point du disque lunaire où le contact apparent a eu heu. Nous avons fait entrer dans le calcul toutes les corrections connues, entre autres celle qui dépend de l'altitude du lieu de l'observation, celle qui résulte de la nouvelle parallaxe de M. Adams, et enfin celles qui dépendent ( 4oi ) des erreurs des Tables. Nous tenons ces dernières de M. Main, astronome de Greenwich, qui a bien voulu, en l'absence de M. Airy, les transmettre à M. d'Abbadie. » La détermination de la longitude par apozéniths lunaires mérite d'être mieux connue quand on observe à terre. Elle ne pouvait échapper à M. Renou. Ici encore nous avons appliqué nos propres formules, qui sont très -commodes pour les observations en séries. Au lieu de déduire la longitude de chaque apozénith lunaire en allant de l'observation au résul- tat, nous préférons remonter du calcul à l'observation. A cette fin, nous adoptons une longitude approchée en nous réglant sur le transport du temps par chronomètre ou même sur la simple estime du voyageur. Avec cette longitude supposée, et en tenant compte de toutes les corrections lunaires, nous calculons d'abord par nos formules, et nous étendons ensuite par interpolation une éphéméride qui embrasse chaque série et qui donne, pour des intervalles de temps petits et égaux, les apozéniths de la Lune qu'on aurait dû observer à la longitude supposée. Une seconde interpolation permet de les obtenir pour les moments notés par l'observateur; en les comparant aux apozéniths réellement observés, on obtient enfin, pour chaque apozénith, une correction de la longitude. Si les observations sont rigoureusement exactes, cette correction doit présenter le même signe et la ♦même valeur : dans tous les cas, on en prend la moyenne. Voici une série d'apozéniths lunaires observés à Berriâu le i5 avril i853, et qui montre les résultats de l'application de notre méthode : Longitude à l'Est de Paris = oh 5m 3gs,o -+-**. OBSERVATION. Heure du chronomètre. 10.25. 0,8 ! o.a8.22,o io.3o. 3,o 10.31.44,4 10 33.25,o 10.35. 6,o io 36.47,2 io.38.28,8 10.41 -5o,8 io.43.58,2 Lecture du seitant. 52. 0 5o.4o 5o. o 49.20 48.40 48. o 47.20 46.40 45.20 44 3o Temps moyen de Berriâu. 10.29.42,2 10.33. 3,4 10.34.44,4 io.36.25,8 10 38. 6,4 10.39.47,4 10.41.28,6 10.43. 10,2 10.46.32,2 10.48.39,6 Lecture calculée du sextant. 5i.5g.24, 42 5o.3g.28,64 4g.5g.24,35 49.19.12,66 48.39.22,i3 47.59.24,26 47.19.23,83 46 . 39 . 1 6 , 1 6 45.19.35,99 44-29-25,85 35,58 3i,36 35,65 47,34 37,87 35,74 36,,7 43,84 24,01 34, i5 Coefficient différentiel. -0,8282 -0,8279 -0,8277 -0,8276 -0,8274 -0,8273 -0,8271 -0,8270 -0,8267 -0,8263 — 43,0 — 37>9 — 43, « — 57,2 — 45,8 — 43,2 — 43,7 — 53,0 — 29,0 — 4'>3 C R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, N°8.) 53 ( 402 ) » La moyenne de toutes les valeurs de x est = — 43°, 72, et comme nous avons supposé la longitude = ob5m 39%o, nous aurions oh4m 55%a8 pour la longitude résultant des observations. Une série prise le lendemain montre que cette longitude est incertaine de 3os. Telle quelle, elle diffère de 54", 48 de la longitude donnée seulement par le chronomètre, mais on sait que cet instrument, si précieux en mer, inspire à terre bien moins de con- fiance, à cause des secousses inévitables d'un voyage fait à pied ou autre- ment. « Dans les tableaux joints au Mémoire, on trouvera partout les coeffi- cients différentiels qui permettront de rectifier promptement nos résultats, si des méthodes nouvelles d'observations ou des théories plus exactes viennent un jour modifier les éléments qui ont servi de base à nos calculs. » Voici le tableau qui résume nos résultats : LIEU d'observation. Djclfa El Aj;houât. . . Berriàu Sidi-Makhlouf Bou-Sa'ada.. . Biskra Bàtna LATITUDE INCERTITUDE probable. 0 1 II 34.40. 8,0 20" 33.48.20,8 5 3* 49-47j7 '7 34. 7.36,4 3o 34. 12. 5s, 6 i5 34.5i. 9,2 21 35.32.24,8 ■4 par les observations astronomiques. h m s O. 3.12,0 0. 3. 3,0 o. 4-39,5: o.i5. 19,6 EST DE PARIS par le chronomètre. h m s 0. 3.45,9 0. 2. 3,2 0. 5.33,9 0. 2.33,4 0. 7. 9,3 o.i3.2i,3 0 . 1 5 . 1 2 , 2 LONGITUDE probable. o. 3.12,0 O. 2 3,0 o. 5.33,9 o. 2.33,4 o. 7. 9,3 0.13.21, 3 o.i5. 19,6 physique. — Sur l'association de plusieurs condensateurs entre eux pour manifester les faibles doses d'électricité. (Lettre de M. P. Volpicelli à M. Pouillet. ) « Volta et Cavallo furent les premiers, non pas seulement à imaginer, mais à pratiquer l'association de deux condensateurs entre eux pour ac- croître la tension électrique (1). Plus tard divers physiciens italiens, entre autres Gerbi (2) et les illustres Belli et Pianciani (3), firent mention de (1) Collezione délie Opère di Volta. Firenze, 1816; t. I, p. 269. (2) Corso di Fisica. Pisa, i823; t. III, p. 239. (3) Corso di Fisica. Milano, i838; t. III, p. 3g3. — Istituzioni fisico-chim. Roina. i834;t. III, p. 66. ( 4o3 ) cette méthode, et il y a peu de temps M. Gaugain (i) l'a employée avec assez de succès. En conséquence il sera peut-être utile de démontrer : i° que la théorie de l'union entre eux de deux condensateurs est corollaire de celle qui en unit un nombre quelconque ; 20 que sans doute il est né- cessaire que le plateau du premier condensateur soit plus grand que celui du second, afin que l'accroissement de tension s'obtienne, mais que cette condition toute seule n'est pas suffisante; 3° que les nouvelles formules relatives à cette association, considérée d'une manière générale, complètent la doctrine du condensateur. » Supposons donc que les condensateurs associés soient v y en nombre, et que les contacts, dans tout lé système, entre eux, depuis la source de l'électricité jusqu'au dernier condensateur, se répètent n fois. Représentons par c la charge d'électricité initiale à explorer, et qui pourra être défi- ciente ou inépuisable. Ensuite pour le condensateur k"""6 et pour son con- tact nième avec le plateau (k — i)^m«, soient » mk le rapport que j'appelle électrostatique, à savoir cette fraction qui dépend en même temps de la distance entre les deux disques et de la capa- cité spécifique d'induction du coïbent interposé ; - » sk la superficie du plateau collecteur; » Cj la charge de ce plateau ; » jcjl, la quantité d'électricité restée libre sur le plateau (k — \yème après qu'il a communiqué avec le A^ème et n'étant pas encore retourné sur sa base ; » jrj la quantité d'électricité dissimulée dans le plateau kième et relative seulement à sa n'ème communication avec la plateau {k — i)'«/ne-, » a(tn) l'électricité libre dans le plateau kiime joint à sa base non isolée et relative seulement au contact nième avec le plateau (A — j )'«"«• " P*" ° et "ft 'es deux électricités, l'une libre, l'autre dissimulée dans le plateau £,eme reposé sur sa base communiquante avec le sol et après avoir exécuté le contact (k — i)ième entre lui et le plateau (k -+- \)iime. » Maintenant il est facile de voir que les quantités indiquées se lient (i) Comptes rendus, i853; t. XXXVI, p. io84, et t. XXXVII, p. 84. 53.. (4o4 ) entre elles moyennant les équations suivantes (0 <£ = ■£* + «r +jr < i*^?*^,- = •**-! : -y*, +7:n- " +. ^ '+r (" -0 * i — 1 =jr + tT +< + /r ■ ) ? i — m2 Ve" — a:00 - «i Si l'électricité c était déficiente, elle diminuerait à chaque contact avec le premier plateau : pour cela, zw représentant la même électricité après le nieme contact avec \e même plateau, nous aurons . (*) z<»-«) _ aM _^U _ Z(«,j dans laquelle équation posant nous aurons n = i, z<°> = c. » Supposant dans les équations (i) n = i , on aura # = if = o, et négligeant les deux dernières des équations (i), on obtiendra les équa- tions c „0) . „(-) _ c (3) (0 I *" * * i m c?=./* + aïU ( 4o5 ) desquelles, par l'élimination, on obtiendra les équations , ». (i) » (0 * (j — m}\ Si. . -4- Ci -* * (i — ml) #|_, + 5* y * ** 4- ( i — m\) sk_x ' , ,„■ (1— ">)*-! ^_'i (l)_ Oth *-' (l~*^)î*_l''4-i»' * " (i — IHJ)*i_, -f- *»' relatives à un seul contact pour un condensateur quelconque. C'est-à-dire que la charge dans les plateaux va toujours diminuant du premier au der- nier, quelles que soient les quantités **_, , sk , #%_, , mk. Toutefois expri- mant avec fj1' la tension du plateau k'eme, nous aurons et il sera (I) 2 , .** *-■ * «_< Ê < 4" si l'on a (5) 1_,„; + JL) „ . „ xt . a5 -H a, -(-... + a — s, . st, C) , (0 (') , ~w , _■_ «,(») , „c) , „(>) , „(») a* + aj +••■-*-« -» Ensuite, faisant rc= 1, a, 3,..., nous aurons, par le moyen de l'élimina- tion, les ^ a, = J (8) a> — ~â: ' c- — *. ' 2 « (n) / ,. (1) (.) _ "*ls,ci (n) _ (1 — i»|)pBf, c, '» — — T° ' *i — T" ; dans lesquelles on a fait, pour abréger, Pn=[(i-ml)sl}"-t+n[(x-ml)si]^S3+^^[{l-ml)Si]n-is2 + _ n(n — 1) , „. h= (1 — mfjs, -+- s2. » De la troisième des équations (8), il résulte -r<7-<7-<--<7-5 •>J *J s, s, c'est-à-dire les tensions de l'électricité recueillie sur le second plateau, éloigné de sa base, sont croissantes avec l'accroissement du nombre des contacts. Comme d'ailleurs la tension de l'électricité originaire indéficiente s'exprime par j, alors celle-ci se trouvera accrue dans le second plateau, éloigné de sa base après les n contacts, quand on aura ~>y ou p„s{>ti-m\)hn. ( 4o7) Dans les même circonstances, il y aura le maximum d'accroissement de tension dans le second plateau quand sera C(" c(,) S, S-t ou quand on aura i — ml -'i = a0xn-h a,x"-* -{- a2x"~2 + ... -+- an Q = b0x"-K + b, x"-* + b^x"-* + ... + b„_, , et supposons que l'on effectue entre elles l'opération du plus grand com- mun diviseur, en changeant les signes des restes, comme dans le procédé de M. Sturm pour la détermination du nombre des racines réelles de l'çquation P = o. M. Cauchy a fait voir que les restes fournis par une semblable opération pouvaient être très-aisément obtenus en fonction des coefficients de P et de Q par la méthode des clefs algébriques si simple et si expéditive pour le calcul. A cet effet, il pose ^ — s0x~* ■+- s,x~* -+- s2x~s -+- ... -t- spx~p~K -+- et il donne, sauf quelque léger changement, la formule suivante pour la ( 4o8 ) valeur du reste u de degré n — fjt. , 9 l=n— fi S, S2 ■S'a S* -a *^— i *y» ... si/t_ 3 3( S2 .. . S„_, où l'on a » Mais il restait à voir comment ces coefficients s0, st, s2, etc., du déve- p loppement de - en série suivant les puissances ascendantes de aT* étaient liés à ceux de P et de Q. C'est ce qui est facile à trouver, et l'on a en effet : V=M-# bp_% ap_, ap_t a,p_s ... a0 bp ap ap_, rtp_2 ...a, » Je remarque encore que l'expression de uH. est susceptible d'être sim- plifiée. En effet, S,- peut être considéré comme une partie du coefficient de jr_(n_'+') dans le produit de K a0 o o ... o à, a, «0 o ... o I b, a2 «3 a, «2 «0 a, ... o <+l ... o par s0 x--' -+- s, x~* -+- st x~* -+- . . . , a0 -+■ a, x~' -+- a2x~' -+- . qui n'est autre chose que b° x~* -+■ b, x~* -+- b2 x~3 ■+■ » Par conséquent on a » En négligeant alors les termes, qui dans le déterminant ci-dessus fourniraient des lignes horizontales semblables à celles qui déjà y figurent, (4og) on aura simplement S0 = *«-/-i • S2 as on_t+t — l'expression (2 n— /*— A p—i a„-,j.—i -+- a„_/i_/+, a?A -+- a„_^_i_2 xh-h ... -ha0xh \xh • Or la quantité entre parenthèses n'est autre chose que C. R., i856, i" Semestre. (T. XLH, N« 8.) 54 ( 4io ) Lorsque l — n — p., ladies de la peau, et surtout aux affections du col de la matrice. La photo- graphie serait ici préférable; mais le temps et les frais qu'elle nécessite la rendent pour la clinique tout à fait inapplicable. » 2°. Ailleurs on trace sur la peau elle-même la limitation des organes que l'on veut voir, ou dont on cherche à déterminer les limites. C'est le même crayon dont il a été parlé qui, dans ce cas, réussit le mieux. L'azo- tate d'argent est préférable alors que l'on veut se servir non-seulement d'un moyen graphique, mais encore d'une substance légèrement cautérisante et propre à arrêter l'extension d'un mal, d'un érésipèle par exemple. Par ces procédés on limite, on mesure, on montre aux yeux l'étendue, la forme, la circonscription des organes ou des phénomènes maladifs. » Je dessine ainsi à la surface du corps de l'homme, i° les résultats de la palpation du foie, de la rate, des tumeurs, etc. ; i° la limitation des sur- faces douloureuses, sensibles ou paralysées, et cela à l'effet d'apprécier les progrès ou la décroissance du mal ; ou encore de représenter un nerf endolori; 3° les limites d'un espace où la fluctuation existe; 4° la configu- ration des organes, la hauteur du niveau d'un épanchement, l'étendue d'une région indurée, ramollie, contenant des gaz ou des liquides, et le tout déterminé par le plessimétrisme ; 5° les espaces où l'auscultation fait reconnaître les diverses variétés de respiration, de souffle, de râles, de voix, de bruits ; 5° l'indication fixe du point où à l'aide d'un lien métrique on a mesuré un organe. » Enfin, je pense que dans toute opération où la peau doit être incisée, il est utile pour diriger un jeune chirurgien pendant qu'il agit; l'art a ainsi un moyen de plus de guider sa main mal assurée. » J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des dessins au crayon tracés par moi et des figures plessimétriques obtenues par la gravure sur bois. » L'organographisme, d'après l'idée générale que je m'en suis faite, est, comme on le voit, applicable non-seulement à la percussion, mais en- core à la plupart des méthodes d'investigation : je ne crois pas qu'il ait été proposé avant moi d'une manière générale et vraiment scientifique. Cette méthode me paraît donner au diagnostic un degré de certitude déplus, et j'ai cru ne pouvoir en fair», pour la première fois, l'exposition complète d'une manière plus digne qu'en la faisant dans cette enceinte. » ( 428 ) MÉMOIRES PRESENTES. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques (question concernant la théorie des phéno- mènes capillaires), prix proposé pour r 854? remis à 1 856. Ce Mémoire portant pour épigraphe : « Quid potui jeci , faciant meliora potentes, » a été inscrit sous le n° i . physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur les rapports des plantes avec V humidité atmosphérique. Premier Mémoire : Rapports des plantes avec la vapeur deau répandue dans l'air; par M. P. Duchartre. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) I. Rapports des feuilles avec la vapeur invisible de l'air. « Dans l'historique qui forme l'avant-propos du Mémoire que j'ai l'hon- neur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie, j'expose les ex- périences et les assertions contradictoires, d'un côté, de Miller, Duhamel, Meven, qui attribuent aux feuilles la faculté d'absorber la vapeur invisible de l'air; de l'autre, de Guellard, de MM. Treviranus et Unger, qui révo- quent en doute l'existence de cette faculté ou qui la nient (M. Unger) de la manière la plus formelle. Il résulte que la science se trouvait, à ce sujet, dans un état d'incertitude qui appelait une vérification expérimentale. » Les expériences que j'ai faites ont porté : i° sur onze espèces terres- tres, à feuilles non charnues (Tulipier, Lilas commun, Chionanthus virgi- nica, Phillyrea latifolia, Kalmia latifolia, Vihurnum Tinus, Magnolia grandiflora, Ilex halearica, I. aquifolium, Erjngium marimitum, Diotis candidissima) ; i° sur dix espèces terrestres à feuilles plus ou moins char- nues, ou plantes grasses ( Talinum patens, Crithmum maritimum, Pereskia Bleo , Stapelia repens , Cotylédon tuherculosum , Sedum dasyphyllum , S. latifolium, S. anacampsews, Crassulalactea, Sempervivum tectorum) ; 3° sur quatre plantes épiphytes {Angrœcum eburneum, Dendrobium mos- chatum, Epidendrum elongatum, Spironema fragrans). De ces expériences je déduis les conclusions suivantes : » i°. Les feuilles, soit minces et sèches ou herbacées, soit épaisses et charnues, appartenant à des plantes terrestres ou à des plantes épiphytes, ( frb ) sont privées de la faculté d'absorber, pour s'en nourrir, la vapeur aqueuse répandue dans l'air, même quand cette vapeur s'y trouve en grande abon- dance. • » a0. Les plantes grasses, non arrosées et sans le contact de l'eau, sont remarquables par la régularité avec laquelle elles diminuent de poids dans une atmosphère confinée très-humide, et, sous ce rapport, elles ne présen- tent que de légères différences avec ce qui a lieu chez elles à l'air libre. Leur diminution de poids, constante et graduelle, mais lente, n'empêche pas que leur végétation ne se continue pendant longtemps et qu'elles ne dévelop- pent des productions nouvelles. Mais c'est uniquement aux dépens de cer- taines de leurs parties qu'elles végètent ainsi , et l'on peut dire que, chez elles, l'activité vitale ne fait que se déplacer. Généralement leurs feuilles ou parties inférieures s'épuisent ou meurent à mesure que leurs sommités crois- sent et s'allongent. » 3°. Les plantes très-glauques et celles que couvre une épaisse couche de poils ne diffèrent en rien de la généralité, malgré l'état particulier de leur surface. » 4°- Les feuilles des plantes épiphytes, auxquelles on attribue beau- coup d'importance pour la nutrition de ces végétaux, loin de puiser de l'humidité dans l'air, comme on le suppose généralement, se font plutôt remarquer par la régularité, souvent même par la rapidité avec lesquelles elles perdent de leur poids, bien que placées dans une atmosphère extrê- mement humide. II. Rapports des racines aériennes avec la vapeur d'eau répandue dans l'air. » L'étude expérimentale de cette question avait un haut intérêt, soit en elle-même et pour l'intelligence de la végétation des plantes épiphytes, soit à cause de l'opinion universellement répandue que les racines aériennes de ces végétaux puisent dans l'atmosphère la vapeur aqueuse qui s'y trouve ré- pandue et .qui deviendrait ainsi, pense-t-on, l'un des matériaux les plus essentiels à leur nutrition. Elle acquérait, en outre, une importance plus grande encore en raison de deux expériences publiées récemment par M. Unger, dans lesquelles ce célèbre botaniste allemand a cru voir la dé- monstration expérimentale d'une absorption d'humidité en vapeur opérée par les racines aériennes. Je rapporte en détail des expériences que j'ai faites dans des conditions variées à dessein, et dont les sujets ont été huit Qrchidées {Dcndrobium moschatum, D. nobile, Dendrobium spec, Epideridrwn çlongatunij Oncidium ampliatum , O. Lanceanurn, Brassavola C. R., i836, i" Semestre. (T. XLII, N° 9.) $1 U3o ) Perrina, Ornithidium densiflorum) , deux Broméliacées (deux Tillandsia indéterminés) et une Commélynée (Spironema fragrans) , l'une des deux plantes observées par M. Ungef . J'y ai ajouté deux expériences faites sur deux espèces d'Aroïdées ( Philodendron) pourvues à la fois de racines terres- tres et de racines aériennes. Je tire de ces nombreuses observations la conclu- sion, en désaccord complet avec l'opinion reçue, que les racines aériennes des plantes épiphytes sont dépourvues de la faculté d'aspirer de la vapeur aqueuse dans l'air au milieu duquel elles se trouvent. Je puis donc énoncer comme général ce fait intéressant, que l'humidité invisible répandue dans l'atmosphère, quelque forte qu'en soit la proportion, ne contribue en rien à la nutrition de ces plantes; que dès-lors elle ne peut avoir pour elles d'autre avantage que d'affaiblir leur transpiration, à moins que, par l'effet d'un changement d'état, elle n'entre avec elles dans des relations d'un or- dre différent et, dans tous les cas, immédiates. » physique. — Note sur la force électromotrice des piles dans lesquelles on emploie des métaux amalgamés ; par M. J.-M. Gaitgain. (Présentée par M. Despretz. ) (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.) « On sait depuis longtemps que le zinc amalgamé est supérieur en force (suivant le langage de Faraday) au zinc non amalgamé, c'est-à-dire que la force électromotrice d'une pile dans laquelle le zinc joue le rôle de métal négatif, est plus considérable quand le zinc est amalgamé que quand il ne l'est pas; mais les physiciens sont loin d'être d'accord sur l'explication de ce fait. Trois théories ont été mises en avant par Davy, par Faraday et par M. Becquerel, et M. Jules Regnault vient d'en proposer une quatrième dans un travail récemment publié [Annales de Chimie, tome XLIV, page 484)- Les recherches dont je vais rendre compte me semblent prouver 'qu'il n'y a d'admissible que l'explication de Davy que je vais citer, d'après le Mémoire de M. Jules Regnault : « Ce n'est pas, dit Davy, une propriété inhérente » ou spécifique de chaque métal qui lui donne pon caractère électrique, » mais celui-ci dépend de l'état particulier du corps, d'une forme d'agré- » gation qui le dispose aux combinaisons chimiques » . Quand on suppose que la cause première des phénomènes électriques réside dans les combi- naisons chimiques effectuées, il peut paraître singulier que la force élec- tromotrice résultant de la combinaison de deux substances' déterminées (43i ) puisse varier avec les circonstances dans lesquelles s'effectue la combinaison ; mais si, au lieu de considérer les combinaisons chimiques comme une cause, on les considère comme un effet, et si l'on admet, avec Faraday, que la force électromotrice et l'affinité sont une seule et même chose, alors l'in- fluence de l'amalgation des métaux sur leur force électromotrice n'a plus rien de surprenant ; car on sait très-bien que l'affinité réciproque de deux substances données est une force qui peut être modifiée par une foule de circonstances, et notamment par l'état de division des substances que l'on considère. Je vais essayer tout à l'heure de donner une forme plus précise à l'explication de Davy; mais il est utile d'exposer d'abord un cer: tain nombre de faits d'observation que je crois nouveaux. » MM. Wheatstone et J. Regnault ont trouvé, chacun de leur côté, que la proportion de métal contenue dans un amalgame n'affecte pas la force électromotrice des couples dont l'amalgame fait partie. Le fait est sûrement exact quand on se borne à considérer les amalgames sur lesquels ont opéré les savants que je viens de nommer ; mais il s'en faut de beaucoup qu'il soit vrai d'une manière générale. Considérons d'abord le couple à un seul .. ., /zinc— mercure\ , \-, '»..- , , , liquide — T7 . — - -Le zinc est negatit par rapport au mercure (c est-a- ^ \sullate de zinc/ a r rr » dire que le courant marche, à travers le liquide, du zinc au mercure)-, et la force électromotrice du couple dépasse 200 unités thermo-électriques quand le mercure est pur. Mais si l'on introduit graduellement dans le mercure des quantités croissantes de zinc, la force électromotrice du couple va en diminuant rapidement, et devient nulle pour une certaine proportion de zinc, qui est très-minime; si l'on augmente un peu cette proportion, la force électromotrice change de signe, l'amalgame devient négatif par rapport au zinc, et la valeur absolue de la force électromotrice va en augmentant avec la proportion du zinc, tant que cette proportion ne dépasse pas une certaine limite ; au delà de cette limite, les nouvelles quan- tités de zinc introduites ne font plus varier la force électromotrice ; celle-ci conserve une valeur sensiblement constante et voisine de 8 unités ther- mo-électriques, tant que l'amalgame reste liquide. Enfin, quand on emploie un amalgame complètement solide, la force électromotrice diminue de nou- veau et s'abaisse au chiffre 6 unités. Toutes les expériences dont je viens de résumer les résultats ont été faites avec le zinc du commerce; avec du zinc pur, les forces électromotrices des divers amalgames eussent présenté sans doute des valeurs absolues un peu différentes, mais leurs variations eussent bien sûrement suivi la même marche. 57- (43^ ) >, . , , , , cadmium — amalgame de cadmium , » Considérons encore les couples ^ — -5-^ — t— : ; dans r sulfate de cadmium cette classe de couples, la direction du courant est indépendante des pro- portions de l'amalgame ; le cadmium est toujours négatif; mais la force électromotrice peut varier entre des limites assez étendues; lorsque l'amal- game de cadmium est complètement solide, la force électromotrice du couple dont il fait partie est égale à 5 unités j— — > -, mais si l'on emploie succes- sivement une série d'amalgames contenant des quantités décroissantes de cadmium, on trouve que les valeurs correspondantes de la force électromo- trice vont en augmentant, et j'ai constaté que cette force dépasse 3i unités quand on remplace-l'amalgame par du mercure pur. » Tous ces faits peuvent aisément se concevoir, quand on part de cette hypothèse fondamentale que la force électro motrice est l'affinité chimique elle-même. En effet, l'amalgamation modifie de deux manières différentes les affinités des métaux qui subissent cette opération; d'une part, elle dé- truit leur cohésion, et en les divisant elle les rend plus aptes à former des combinaisons nouvelles, ce qui revient à dire ( du moins quand il s'agit des métaux oxydables) qu'elle les rend plus négatifs ; mais, d'un autre côté, l'a- malgamation substitue à la cohésion une force nouvelle, l'affinité du mercure pour le métal, qui s'oppose à son. tour à ce que ce métal s'engage dans de nouvelles combinaisons, et qui, par conséquent, tend à le rendre plus positif. Or il est évident que l'affinité du mercure pour le métal amalgamé doit varier non-seulement avec la nature de ce métal, mais encore avec les pro- portions de l'amalgame, et l'on conçoit qu'elle peut être, suivant les cir- constances, plus grande ou plus petite que la cohésion dont elle prend la place ; il résulte de là qu'en définive l'amalgamation peut avoir pour résultat d'augmenter, de diminuer ou de ne pas modifier du tout la force électro- motrice des couples dont les métaux amalgamés font partie ; il me paraît superflu d'appliquer ces principes à l'explication des faits que j'ai exposés en commençant, mais je crois devoir indiquer en quelques mots les raisons qui me portent à rejeter les diverses théories qui ont été proposées. » Faraday attribue la supériorité du métal amalgamé à l'état du liquide ambiant : « Comme le zinc ordinaire, dit-il, agit seul et directement sur » le liquide, tandis que celui qui est amalgamé ne le fait pas, le premier » ( par l'oxyde qu'il produit) neutralise rapidement l'acide en contact avec » la surface, de telle sorte que le progrès de l'oxydation est retardé, tandis » qu'à la surface du zinc amalgamé, l'oxyde formé est instantanément » enlevé par l'acide libre, et la surface métallique nette est toujours prête ( 433 ) » à agir sur l'eau avec toute sou énergie. » Cette théorie me paraît tout à fait impropre à rendre compte des faits que je viens d'exposer. Si elle était vraie, elle devrait s'appliquer au cadmium comme au zinc ; car si le cad- mium non amalgamé est faiblement attaqué par l'eau acidulée, le cadmium amalgamé l'est encore moins; et, comme nous venons de le voir, l'amal- gamation qui rend le zinc plus'négatif, rend le cadmium plus positif : d'un autre, côté, la supériorité du zinc amalgamé par rapport au zinc ordinaire ne se manifeste pas seulement quand ces métaux sont plongés dans l'eau acidulée, elle subsiste quand on emploie une dissolution de sulfate de zinc, et, dans ce cas, le zinc ordinaire n'est pas attaqué d'une manière appré- ciable par le liquide ambiant. Je crois pouvoir ajouter que l'explication à laquelle je me suis arrêté est plus conforme à l'ensemble des vues de Faraday, que celle qui a été proposée par Faraday lui-même. a Suivant une seconde théorie, l'infériorité du zinc non amalgamé serait due aux actions locales, c'est-à-dire aux courants dérivés qui s'établissent à sa surface j entre les particules hétérogènes que présente cette surface : cette théorie explique très-bien pourquoi le zinc du commerce est vive- ment attaqué par l'eau acidulée, tandis que le zinc amalgamé ne l'est pas; mais elle n'explique point. ce fait constaté par M. Jules Regnault, que le zinc pur amalgamé est supérieur au zinc pur non amalgamé, et elle ne peut rendre compte d'aucun des faits que j'ai exposés en commençant. » Je passe enfin à l'explication que M. Jules Regnault a proposée; elle consiste à dire que le zinc liquéfié par l'amalgamation contient une cer- taine quantité de chaleur latente qui ne se trouve pas dans le zinc solide, et que cette chaleur latente apparaît sous forme d'électricité dans l'excès de force électromotrice. D'abord cette théorie suppose que la chaleur la- tente peut devenir de la force électromotrice : or, cela revient à dire que le changement d'état du corps développe de l'électricité, et toutes les expé- riences qui ont été tentées jusqu'ici dans le but d'établir ce fait, n'ont donné que des résultats négatifs; en second lieu, on peut préparer des amalgames de zinc complètement solides qui sont, comme les amalgames liquides ou pâteux, supérieurs au zinc non amalgamé, et qui pourtant ne renferment pas de chaleur latente ; enfin, la théorie de M. Jules Regnault n'explique pas mieux que les deux précédentes l'infériorité du cadmium amalgamé par rapport au cadmium non amalgamé. » ( 434 ) géologie. — Note sur la présence des zircons dans les sables marins tertiaires (pliocène) de Soret, dans les environs de Montpellier; par M. Marcel de Serres. (Extrait.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, ï)ufrénoy, Babinet.) « Il existe dans les environs de Montpellier, sur les bords du Lez et sur sa rive gauche, de nombreux monticules sablonneux formés par des amas considérables de sables marins tertiaires pliocènes. Ces sables renferment des débris de Mammifères terrestres, ainsi que de Cétacés, des Mollusques et des Zoophytes marins. Les mêmes sables recèlent également, vers leur surface, quelques espèces minérales peu communes, parmi lesquelles nous signalerons les spinelles rubis, les spinelles noirs ou pléonastes, ainsi que des cristaux d'oxydule de fer magnétique ou ferrate de fer. Ces minéraux s'y présentent parfois en tétraèdres ou en octaèdres dont les formes sont assez bien conservées. Ces différentes espèces n'ont certainement pas la même origine ni la même date que les sables marins au milieu desquels on les découvre. S'ils se trouvent dans leurs masses, c'est qu'ils y ont été trans- portés. Ils paraissent en effet provenir des terrains volcaniques d'épanche- ment de Montferrier. Toutefois ces terrains sont bien sur les bords du Lez, mais ils sont placés sur la rive opposée à celle où l'on rencontre les cristaux que nous venons de signaler. » Nous n'avions pas jusqu'à présent découvert dans cette localité- d'au- tres espèces minérales que celles que nous avons mentionnées ; il en avait été de même de Draparnaud, qui n'y avait pas aperçu les spinelles rubis, dont la vive couleur rouge n'est pas le caractère le moins saillant. Plus heureux que nous, M. Poujol, jardinier en chef de l'École de Pharmacie, vient d'y rencontrer un assez gros cristal de zircon. Ce cristal comparé avec des zircons de différentes localités, dont les uns proviennent de Ceylan, les autres d'Expailly, près du Puy en Vélay, ou de la Norwége, nous a paru se rapprocher plutôt de ceux de cette dernière contrée que des autres régions. Sa couleur rougeàtre est plus sombre et moins vive que celle des zircons d'Expailly ; en même temps, ses nuances sont moins foncées que celles du silicate de Norwége — » Le silicate de zircone, nous le répétons, n'est pas, dans les sables de Soret, dans son véritable gisement, pas plus que les spinelles, les pléonastes et l'oxydule de fer magnétique. S'il s'y trouve, c'est qu'il y a été entraîné avec les espèces minérales qui l'accompagnent. Sa découverte dans les envi- (435 ) rons de Montpellier, quoiqu'il y soit dans un gisement emprunté, n'en a pas moins d'intérêt pour la connaissance des minéraux de nos contrées mé- ridionales. Cet intérêt est d'autant plus grand, que l'on se demande à quelle époque ces zircons, étrangers à la localité où ils ont été observés, peuvent avoir été transportés par les eaux ou par toute autre cause dans les lieux où ils sont maintenant disséminés. » Cette époque se rattache-t-elle aux temps géologiques ou aux temps historiques? Il nous paraît même, indépendamment de la position de Montferrier, qui est sur une autre rive du Lez que celle où se trouvent les monticules sablonneux de Soret, que cette époque se rapporte plutôt aux premiers qu'aux temps actuels. En effet, si ces diverses espèces minérales avaient été entraînées dans l'époque à laquelle nous appartenons, les mêmes causes devraient continuer à en opérer le transport, non-seulement dans une localité restreinte et bornée, mais sur tout le cours inférieur du Lez(j). On n'a pas vu cependant ailleurs qu'à Soret, les spinelles et les zircons, indépendamment de ceux qui gisent dans les laves compactes ou les tufs volcaniques de Montferrier. » physiologie. — Recherches expérimentales sur cette queition : « L'eau et les substances dissoutes sont-elles absorbées par la peau? » par M. Poulet. (Extrait.) (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Cl. Bernard.) L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les termes suivants les résultats principaux des expériences qu'il y a consignées : « i°. Le corps d'un homme plongé pendant une heure dans un bain d'eau à 28 degrés, perd une très-faible partie de son poids; mais dans la deuxième heure, la déperdition ne s'élève pas à moins de 5o grammes. » 20 Ce qui rend la perte presque ou tout à fait insensible pendant la première heure, ce n'est pas l'absorption de l'eau du bain qui viendrait contre-balancer les effets de la perspiration pulmonaire et d'un reste de transpiration cutanée, mais bien l'imbibition de l'épiderme et des poils, matières très-hygroscopiques. En effet, si la conservation du poids du corps (1) Il existe en amont de Soret, sur la même rive du Lez, de nombreux monticules sablonneux, dans lesquels sont ouvertes les carrières de sable, désignées sous le nom de la Bompignane. On n'y a jamais rencontré les espèces minérales objet de cette Note. Il en serait certainement autrement si les crues du fleuve étaient la cause de leur transport. ( 436 ) était due à l'absorption de l'eau, le même phénomène se reproduirait inévi- tablement pendant la seconde heure d'immersion ; car l'eau qui aurait pénétré dans les cellules épidermiques, serait bientôt entraînée par le tor- rent circulatoire et remplacée par d'autre. Or loin de là, le corps perd, comme nous l'avons dit, pendant cette deuxième heure, une proportion notable de son poids. » 3°. Cette déperdition, qui dépasse de beaucoup celle que Lavoisier et Seguin ont assignée à l'influence de la perspiration pulmonaire (en moyenne 1 8 grammes par heure), est due : i ° à une augmentation d'activité de cette dernière, tant par le fait d'une accélération'de la respiration, que parce qu'elle est une fonction supplémentaire de. la transpiration cutanée en grande partie supprimée ; ft a° à la transpiration cutanée des organes non immergés (de même qu'à un reste de transpiration cutanée des organes plongés dans l'eau). » 4°- Les expériences tentées jusqu'à ce jour par divers physiologistes pour démontrer l'absorption de l'eau dans le bain n'ont point abouti, parce qu'ils n'ont pas songé à se débarrasser d'une cause d'erreur flagrante ; je veux parler de la propriété hygrométrique de l'épiderme et des poils. Au moyen de deux bains immédiatement consécutifs et d'une triple pesée, j'ai pu, comme je le montre dans mon Mémoire, faire la part de l'imbibition de ces organes et exonérer la peau d'un attribut qu'elle n'a jamais possédé. » 5°. L'augmentation de quantité de l'urine n'est pas une preuve de l'absorption de l'eau dans le bain ; car, d'après la loi de l'antagonisme des sécrétions, les variations de la quantité du liquide urinaire étant en raison inverse de celles de la sueur, il est simple que l'urine augmente quand la transpiration cutanée est^en tout ou en partie supprimée. » 6°. Il est vrai, comme l'a annoncé M. Homolle, que la densité de l'urine diminue par le fait du bain simple; mais cette diminution n'est que la conséquence de l'augmentation de l'urine : elle ne prouve donc rien de plus que cette dernière. . » 70. L'urine devenant alcaline aussi bien après le bain acide qu'après le bain alcalin, l'alcoolisation des urines à la suite des bains minéraux, loin de servir à la démonstration de la doctrine de l'absorption par la peau, est au contraire un des meilleurs arguments à y opposer. » 8°. On ne trouve pas un atome d'antimoine dans l'urine, après l'usage répété des frictions stibiées. Et pourtant, pour peu qu'on administre à l'in- térieur quelques centigrammes de tartre stibié, à doses fractionnées, on en retrouve la trace dans l'urine. ( 437 ) » 9°. L'emploi externe de l'extrait fluide de belladone, ne donne lieu à la dilatation de la pupille, qu'à la condition d'être en contact avec la con- jonctive. » i o°. Donc la peau n'absorbe ni l'eau, ni les substances solubles, pourvu d'une part que l'épiderme soit intact et ne puisse être altéré par les agents employés, et d'autre part que ceux-ci ne soient point volatils. » 1 1°. Enfin, bien que les divers agents qui ne sont ni volatils ni suscep- tibles de léser l'épiderme, n'agissent jamais par absorption .lorsqu'ils sont appliqués sur la peau, cela ne veut pas dire qu'il faille renoncer à leur usage externe. Il reste d'autres modes d'action, l'influence électrique sur- tout, qui en motivent l'emploi et qui expliquent le mieux qu'on en a par- fois éprouvé. » médecine légale. — Existence du phosphore à l'e'tat libre dans les organes constatée plus de trente jours après la mort; Réclamation de priorité adressée par M. Duchesne. (Extrait.) (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour la Note de MM. Orfila et Rigout : MM. Dumas, Pelouze, Cl. Bernard.) « MM. Orfila et Rigout, dans un Note concernant l'action du phos- phore rouge sur l'économie animale (Compte rendu de la séance du 4 fé- vrier 1 856), disent que dans les cas d'empoisonnement par le phosphore ordinaire , ce corps peut exister dans les organes, à l'état libre, quinze jours après la mort. « Ce fait, ajoutent-ils, s'il a été entrevu ou vaguement prévu, » n'a pas été jusqu'à présent, que nous sachions, observé. » » Pour démontrer ce qu'il y a d'erroné dans cette assertion, il nous suf- fira de citer deux faits : » Dans l'empoisonnement du jeune F , décédé le ia novembre i85/j, à Condé-sur-Huisne, une commission rogatoire, du a3 novembre 1 854, nommait comme experts MM. Chevallier, Lassaigne et Duchesne, et le io décembre, en examinant les organes, nous remarquions « dans la por- tion iliaque du gros intestin, au milieu de quelques matières fécales et de mucosités verdâtres, de petits fragments d'une matière jaunâtre qui ne s'é- crasent pas sous le scalpel , fument au contact de l'air, et projetés sur des charbons ardents, donnent une vive lumière jaunâtre et une odeur très-pro- noncée et très-caractéristique; nous avions trouvé le poison et ce poison était du phosphore. » Dans cette première affaire, nous avons donc constaté C R., i856. i" Semestre. (T. XLII, N°9.) 58 ( 438 ) qu'il existait du, phosphore libre, que nous avons pu réunir et fondre en culot, plus de trente jours après le décès de l'enfant. » 2°. Dans l'empoisonnement de la femme Picquet, décédée le 1 5 décem- bre 1854, à Abjat (Dordogne), une commission rogatoire, du il\ jan- vier i855, nommait comme experts MM. Chevallier, Réveil , Duchesne, et le 3o janvier, c'est-à-dire quarante-cinq jours après le décès, nous trouvions du phosphore libre vers la fin du gros intestin. Ces faits sont constatés dans notre Rapport et dans l'Echo deVésone du io juillet 1 855. » physique du globe. — Sur les eaux thermales de Nauheim {Hesse élec- torale). Origine du sel marin et de l'acide carbonique que ces eaux contiennent. Nouvelle théorie du jaillissement de ces sources ; par M. HoTl HI.Al . (Commissaires, MM. Pelouze, Despretz, de Verneuil.) L'auteur résume dans les propositions suivantes les résultats des recher- ches qui font l'objet de son Mémoire : « i°. Les sources thermales de Nauheim ne sont pas salées par des dépôts de sel gemme ou par l'effet des infiltrations de l'eau de mer. » 2°. Elles le sont par la dissolution du chlorure de sodium contenu dans les couches houillères. » 3°. Les sources de Nauheim ne jaillissent point en vertu de la théorie du siphon universellement admise et presque toujours vraie. » 4°- Elles jaillissent en vertu de la force d'expansion et de la pression de l'acide carbonique dont elles sont saturées et qui se trouve à leur surface, force à laquelle on doit, dans de certaines limites, ajouter la puissance de la vapeur d'eau que développe la chaleur intérieure du globe et celle de la décomposition chimique des carbonates calcaires. » économie rurale. — Boisson alcoolique extraite de l'hélianthe tubéreux, vulgairement topinambour. (Extrait d'une Note de M. Decharmes.) (Commissaires, MM. Pelouze, Payen.) « M. de Renneville, agriculteur distingué, ayant remarqué que les en- fants qu'il occupait à la récolte des topinambours en suçaient continuelle- ment les tiges auxquelles ils trouvaient une saveur sucrée, a pensé qu'on pourrait en obtenir une liqueur vineuse, et à cet effet il a remis 3oo gram- (43g) mes environ de tiges d'hélianthe à un pharmacien d'Amiens, M. Bénard, qui a opéré de la manière suivante : » Les tiges, après avoir été coupées avec un couteau à racines et divisées dans un mortier de marbre , ont été abandonnées à la macération avec 4oo grammes d'eau froide. Au bout de douze heures, le tout a été exprimé à travers une toile. On a obtenu 3oo grammes d'une liqueur sucrée qui mar- quait 9 degrés au pèse -sirop (densité = i,o65). On a versé ensuite 3oo grammes d'eau froide sur la pulpe; et après douze heures de macération, on a exprimé de nouveau et obtenu 3oo grammes d'une seconde liqueur sucrée marquant encore 5 degrés. On aurait pu obtenir une troisième liqueur, car la pulpe n'était pas épuisée. » Ces deux liqueurs, additionnées séparément d'un peu de levure, ont éprouvé bientôt la fermentation alcoolique, qui a duré plus de quarante- huitheures. Alors les liqueurs ont été filtrées : lapremière, qui portait 9 degrés au pèse-sirop avant la fermentation, n'en marquait plus que 5 ; et la seconde était descendue de 5 à 1 degrés. Ces liqueurs, surtout la première, possèdent une saveur vineuse légèrement sucrée et agréable. La seconde a la couleur du vin de Madère ; l'autre a une teinte un peu rougeâtre. » Il résulte de cette petite expérience qu'avec 5o kilogrammes de tiges de topinambour, on peut obtenir 1 hectolitre de liqueur aussi spiritueuse que le cidre le plus fort. Ajoutons que la pulpe peut être donnée aux bestiaux, qui la mangent avec autant d'avidité que celle de betteraves qui a servi à faire du sucre. » Il est à remarquer que l'hélianthe viéVit bien dans un sol de mauvaise qualité et que ses tiges n'avaient été jusqu'ici d'aucun usage. » économie ruuale. — Mémoire sur la conservation des blés dans les silos souterrains. — Inconvénients et difficultés que présente ce mode de con- servation en France; moyens d'y remédier; par M. Herpin. (Commissaires, MM, Becquerel, Boussingault, de Gasparin.) « Il résulte de nos recherches, dit M. Herpin en terminant son Mé- moire : » i°. Que la conservation des blés français dans les silos souterrains exige des conditions et des précautions particulières, qui ne sont pas néces- saires pour les blés d'Espagne et des pays chauds qui contiennent moins d'eau et qui sont moins hygrométriques que les nôtres ; » 20. Que pour conserver nos blés en silos, il faut non-seulement leur 58.. ( 44o ) enlever l'excès d'eau qu'ils contiennent naturellement, mais encore les maintenir dans un état suffisant de siccité pendant toute la durée de la conservation, et leur enlever au fur et à mesure, par des moyens artificiels, l'humidité qu'ils pourraient absorber accidentellement dans les réservoirs souterrains. » économie rurale. — Sur un perfectionnement apporté à un procédé de conservation pour les céréales ; par M. Carmigxac-Descombes père. Le procédé que l'auteur s'est proposé d'améliorer est celui qu'avait re- commandé feu le général Demarcey, et qu'ont essayé également avec succès MM. Darbelay frères. « Ce procédé, qui consiste à renfermer les grains dans des silos à double enceinte, a été, dit l'auteur, accueilli peu favorablement, sans doute parce qu'on a pensé que des greniers souterrains en charpente n'offraient pas assez de garanties, de solidité et de durée; je propose, en conséquence, de remplacer cette charpente par une maçonnerie imper- méable. » (Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Herpin : MM. Becquerel, Boussingault, de Gasparin.) mécanique. — Nouvelles expériences sur le pendule irrigateur; par M. E. Gand. L'auteur annonce avoir constaté dans ces expériences que les « révolu- tions du pendule lancé latéralement sont isochrones, comme les oscillations du pendule ordinaire passant par la verticale; » il établit ensuite un rap- prochement entre le déplacement du grand axe de la courbe parcourue par le pendule et celui du grand axe des orbites planétaires. Cette communication et celle à laquelle elle fait suite, sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Cauchy, Liouville et Combes. chimie organique. — Mémoire sur l'huile douce du vin et sur les produits secondaires qui prennent naissance à la suite de V éthérifwation; par M. Blondeau. (Commissaires, MM. Dumas, Balard.) (44i ) CORRESPONDANCE. M. Hannover, qui, dans la séance publique du 28 janvier dernier, a ob-, tenu une récompense pour ses recherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie de l'œil, adresse ses remercîments à l'Académie. ASTRONOMIE. — M. GoLDSCHMiDT a fait sur une étoile variable remar- quable une suite d'observations propres à en déterminer la période, et que M. Le terrier communique à l'Académie. Géographie zoologique. — Considérations sur les poissons du Don, du Dnèpre, du Dnestre, du Boug et du Danube; par M. P. de Tchihatchef. « A une époque où la question de l'acclimatation des poissons préoc- cupe les, savants, l'étude des faunes ichthyologiques des grands fleuves ac- quiert une importance toute particulière, surtout lorsqu'il s'agit de cours d'eau dont les richesses n'ont pas encore été complètement révélées à la science. J'ai donc lieu d'espérer que l'Académie ne trouvera peut-être pas indigne de son attention les considérations que j'ai l'honneur de lui sou- mettre sur les poissons des principales rivières qui débouchent du côté du nord et de l'ouest dans la mer Noire. Ces considérations pourraient avoir d'autant plus d'intérêt, qu'elles ont particulièrement pour base des obser- vations neuves et inédites que je dois à l'obligeance de M. Ressler, profes- seur de zoologie à l'Université de Kiew, qui à ma prière a bien voulu réunir et me. communiquer les matériaux aussi précieux que nombreux qu'il possède sur les poissons du Dnèpre, du Boug et du Dnestre. Afin de faire mieux apprécier les faunes de ces trois fleuves, j'ai cru devoir les com- parer avec celles des cours d'eau limitrophes, et nommément avec celles du Don et du Danube ; d'ailleurs cela me fournit l'occasion de mieux faire connaître aux savants le travail d'un zoologiste russe, M. Czernay, qui a publié, en i85a, une faune du gouvernement de Rarkoff, mais dont l'ou- vrage, rédigé en russe et imprimé dans une ville lointaine de ce vaste em- pire, est à peu près inaccessible à la majorité des savants. Quant au Danube, j'ai fait usage du Spécimen Ichthjologiœ Hungariœ de Reisinger, après avoir traduit en langage moderne la nomenclature linnéenne dont cet auteur s'est servi. Le tableau suivant, où j'ai réuni les matériaux puisés à ces diffé- ( 44* ) rentes sources, résume les faunes ichthyologiques du Don, du Dnèpre, du Boug, du Dnestre et du Danube. NOMS DES ESPECES. Perça fluviatilis, L Aspro Zingel, Cuv.-Val Lucioperca Sandra, Cuv. . . . Lucioperca Volgensis, Cuv. . Acerina vulgaris, Cuv.-Val. . Acerina rossiea, Cuv.-Val.. . Acerina Schraetser, Cuv.-Val. Cottus gobio, L Cottus microstomus, Heck. . Gasterosteus trachurus, Cuv.- Val Gasterosteus aculeatus, L. . . Gobius platyrostris, Pallas. . Gobius fluviatilis, Pallas.. . . Gobius semilunaris, Heck.. - Lota vulgaris, Cuv.-Val Silurus glanis, L Cobitis fossilis, L Cobitis barbatula, L Cobitis taenia, L Cobitis spinula, R Gobio fluviatilis, Cuv Gobio uranoscopus, Agass. . Barbus fluviatilis , Flem. , Agass., Val Cyprinus carpio, L Cyprinus hungaricus, Heck.. Cyprinus Nordmanni, Val. . . Cyprinus macrolepidotus', Cuv.-Val Carassius vulgaris, Nils Carassius gibelio, Heck Hbodeus amarus, Agass Tinca vulgaris, Agass Leuciscus erythrophthalmus, Val Leuciscus Yeses, Val Leuciscus Frieisii, Nordm . . . Leuciscus Heckelii, Nordm . . Leuciscus rutilus, Val Leuciscus dobula, Val NOUS DES FLEUVES où ces espèces se trouvent NOMS DES FLEUVES où ces espèces se trouvent NOMS DES ESPÈCES. Leuciscus vulgaris, Val Leuciscus orfus, Val Leuciscus bipunctatus, Val . . Leuciscus phoxinus, Val.... Aspius rapax, Agass Aspius alburnus, Agass Aspius Baldneri, Val Aspius Ovsianka, Czernay.. . Aspius clnpeoides, Val Pelecus cultratus, Cuv.-Val. Pclecus clupeoides, Pallas. . . Chondrostoma nasus, Agass. Abramis Vimba, Val Abramisballerus, Cuv.-Val.. Abramis Schreibersii, Heck.. Abramis brama, Cuv.-Val. . Abramis Leuckartii, Heck. . . Abramis blicca, Cuv.-Val. . . Salar Ausonii, Val Salmo Hucho, L., Val. ...... Salmo umbla, L., Val Salmo thymallus, L., Val. . . Esox lucius, L Clupea pontica, Eichw Acipenser ruthenus, L Acipcnser stellatus, Pallas... Acipenser schypa, Guld. . .. Acipenser Guldenstaedtii,Br. Acipenser Sturio, L. ( Aci- penser, Guld. ex part.)... Acipenser Huso, L Acipenser pygmaeus, L Muraîna anguilla, L Petromyzon Planeri, Bloch.. Petromyzon fluviatilis, L. . . . Petromyzon branchialis, L. . Ammocœtes branchialis, L.. Nombre des genres et des espèces . . . dans chacun des cinq fleuves. '-'-I ( 443 ) » Les faits suivants résultent de ce tableau : » 1. Malgré l'analogie entre les caractères climatologiqnes et hydrogra- phiques des cinq fleuves, le nombre des espèces et des genres ne se trouve point en rapport avec les dimensions des cours d'eau qui les nourrissent. » 2. Les 73 espèces et 3i genres qui constituent l'ensemble de la faune ichthyologique des cinq fleuves s'y trouvent répartis de manière qu'en moyenne chaque fleuve n'a environ que la moitié des espèces et cinq sixièmes des genres en commun avec les autres quatre fleuves ; c'est ce que fera ressortir le tableau suivant où la comparaison de chacun des cinq fleuves avec l'un des quatre autres indique le total des genres et des espèces constatés dans les deux fleuves comparés, ainsi que le nombre des genres et espèces qui leur sont communs. NOMS DES FLEUVES. Don-Dnèpre. . . Don-Boug Don-Dnestre. . . Don-Danube. . . Dnepre-Boug. . Dnèpre-Dnestre Dnèpre-Danube Dnestre-Boug. . Dnestre-Danube Boug-Danube. . TOTAL des genres dans les fleuves comparés. 25 20 24 23 27 24 24 28 24 NOMBRE des genres communs aux fleuves comparés. •7 •7 18 '7 '9 21 18 '9 20 18 TOTAL des espèces dans les fleuves comparés. 54 52 52 52 5î 57 69 48 64 53 NOMBRE des espèces communes aux fleuves comparés. 3i 32 27 3a 44 27 3o a 7 22 » 3. Parmi les 3i genres qui résument la faune ichthyologique des cinq rivières, ceux qtii comptent le plus grand nombre d'espèces sont : Leucis- cus, Aspius, Abramis et Acipenser; les genres les plus pauvres sont : Perça, Aspro, Lota, Silurus, Esox, Clupea, Murœna et Ammocœtes. » 4. Dix-sept espèces se trouvent localisées de la manière suivante : au Danube appartiennent : Gasterosteus aculeatus, Cjprinus macrolepidotus , Leuciscus orjus, bipunctatus et phoxinus, Salmo Hucko, wnbla et Thj- mallus, Acipenser Sturio et Ac. pfgmœus, Murœna anguilla; au Dnestre : Cottus microstomus et Gobio uranoscopus; au Dnèpre : Gasterosteus trachu- ( 444 ) rus, Gobio semilunaris, Ammocœtes branchialis; au Don : Aspius clupeoides . LeBoug ne paraît point posséder aucune espèce qui lui soit propre. » 5. Sur la totalité des espèces qui représentent la faune ichthyologique des cinq fleuves, il n'y a que 16 espèces, c'est-à-dire moins de deux neu- vièmes, qui appartiennent à tous les cours d'eau susmentionnés, savoir : Perça fluviatilis, Lucioperca sandra, Acerina vulgaris, Silurus glanis, Gobio fluviatilis, Cyprinus carpio, Carassius vulgaris, Tinca vulgaris, Leuciscus erythrophthalmus, rutilus, dobula et vulgaris, Aspius albumus} Chondrostoma nasus , Abramis vimba et Esox lucius. On pourrait y ajouter Y ylcipenser ruthenus, stellatus et huso, parce qu'à la seule ex- ception du Boug, ces trois espèces sont très-répandues dans le Don, le Dnèpre, le Dnestre et le Danube; le nombre des espèces communes (ou presque telles) aux cinq fleuves serait donc de 19. Or, en examinant la liste des poissons de la Sibérie occidentale, publiée dans notre ouvrage sur l'Altaï (1), et surtout celle que M. Brandt a donnée (1) des Poissons obser- vés par M. Leliman dans les cours d'eau de l'Asie centrale [Oxus, Jaxantès, Sarafelvan, etc.), on aperçoit que les 19 espèces dont il s'agit se retrouvent presque toutes dans les contrées les plus diverses du vaste continent asia- tique, ce qui prouve l'immense étendue de leur habitat. Quant aux familles auxquelles appartiennent les 73 espèces qui constituent la faune ichthyolo- gique des cinq fleuves, les familles les plus pauvres sont celles des Gadoïdes, des Siluroïdes, des Esoces et des Clupeoides ; la plus riche est celle des Cyprinoïdes, car elle compte à elle seule 1 a genres, composés de 39 espèces, et par conséquent plus de la moitié de la totalité des espèces, et presque le tiers du montant total des genres. » 6. Au nombre des traits les plus saillants que présente la faune des cinq grands fleuves du Pont-Euxin, figure au premier rang l'énorme pré- dominance des Cyprinoïdes et l'insignifiance des Salmonoïdes . Or M. Brandt a déjà fait ressortir (3) le rôle important que joue dans la physionomie gé- (1) Voyez Voyage scientifique dans l'Altaï, pages 4 19*466- La faune ichthyologique delà Sibérie, dont M. Brandt a bien voulu enrichir notre ouvrage, en nous fournissant une des- cription des animaux vertébrés, de cette contrée, compte 4^ espèces, dont 16 se retrouvent dans les cinq grands fleuves de la mer Noire. (2) Voyez l' Appendice zoologique de M. Brandt dans le curieux voyage de M. Lehman à Buchara et à Samarkand. Ce voyage forme le XVIIe volume des Beitrage, etc., de MM. Baer et Helmensen. (3) Voyez X Altaï, loc. cit. • ( 445 ) nérale de la faune ichthyologique des fleuves de l'Europe, comparée à celle de la Sibérie, la prédominance soit du type Carpe, soit du type Saumon; le développement du premier aux dépens du dernier étant propre à l'Europe, tandis que l'inverse caractérise la Sibérie et le nord de l'Amérique. Le cata- logue des poissons observés par M. Lehman dans les cours d'eau de l'Asie centrale prouve que la faune ichthyologique de ces contrées lointaines porte éminemment le caractère imprimé par la prédominance des Cjrprinoïdes . Or c'est ce type européen qui se trouve également développé dans la faune des fleuves de la mer Noire, mais sur une échelle infiniment plus forte qu'en Europe même, puisque nous avons vu que dans les fleuves susmentionnés, la proportion des Cyprinoïdes à l'égard des Salmonoïdes est presque comme i à 10, tandis qu'en Europe elle est à peu près comme i à a, car, d'après M. Schinz(i), les Cyprinoïdes y comptent 78 espèces et les Salmonoïdes 37 . » zoologie. — Note sur les caractères zoologiques rie quelques espèces de Cétacés; par M. Pucheran. « La détermination des Mammifères de l'ordre des Cétacés faisant partie de la collection du Musée de Paris, dont je m'occupe en ce moment, m'ayant donné occasion d'examiner de nouveau les individus rapportés par M. Dussumier et figurés par M. F. Cuvier, il m'a été possible de constater que les observations les plus récentes des zoologistes, concernant ces divers types, étaient susceptibles d'être modifiées, et que les diagnoses différen- cielles auxquelles ils ont donné lieu pouvaient être basées sur des caractères extérieurs parfaitement saisissables. Grâce aux souvenirs de MM. les professeurs Geoffroy-Saint-Hilaire et Valenciennes, et à ceux de M. Werner^ l'artiste habile qui a fait les dessins du grand ouvrage de M. Frédéric Cuvier, il m'a été permis de confirmer l'exactitude de mes premières ap- préciations sur l'authenticité des exemplaires originaux. C'est ainsi que j'ai observé: » i°. Que le Delphinus plumbeus se caractérise par sa grande taille, le peu d'élévation de la nageoire dorsale et le grand développement de la nageoire caudale, soit d'avant en arrière, soit de droite à gauche. Les indications différencielles fournies par ces divers organes se retrouvent même chez le jeune. Il me paraît dès lors impossible d'admettre, à l'exemple de (1) Europaische Fauna. C. R., i856, i«r Semestre. (T. XL1I, N° 9.) 5g ( 446 ) MM. Schlegel et J.-E. Gray, et ainsi que l'avait soupçonné M. Cuyier, l'as- similation de ce Dauphin au Delphinus malayanus de MM. Lesson et Gar- not. La description de MM. Lesson et Garnot, quoique faite d'après un individu moins grand que celui de notre Musée, indique, en effet, pour la nageoire dorsale^ des dimensions verticales plus étendues. L'opinion de M. Gray, qui rapporte au même Cétacé le Dauphin à ventre rose de MM. Hombron et Jacquinot, me semble de même inexacte, soit par suite du mode de coloration des parties inférieures, en ce qui concerne le Del- phinus malayanus , soit par suite des états différents d'amplitude des na- geoires caudale et dorsale, en ce qui concerne le D. plumbeus ; » 2°. Que le Delphinus velox, de taille moindre, est doué cependant d'une nageoire dorsale plus élevée : les nageoires pectorales et caudale sont, au contraire, moins étalées d'avant en arrière; » 3°. Que les deux autres types [D.frœnatus et D. frontalis), l'un et l'au- tre à ventre blanc et de dimensions à peu près égales, offrent des caractères différenciels de même nature. La nageoire caudale est, dans le D. frœnatus, plus étendue d'avant en arrière, moins développée, au contraire, du côté droit au côté gauche. Dans ce même Cétacé, la nageoire dorsale est plus allongée à son bord adhérent, moins échancrée à son bord postérieur. » Je rattache, enfin, au Neomeris phocœnoides de M. Gray le Delphi- naptère, rapporté par M. Dussumier, dont M. Cuvier a donné la description {Recherches sur les ossements fossiles , ie édition, vol. V, ire partie^ p. 288), et que M. Hamilton Smith a figuré, sous le nom de D.frontatus, dans le quatrième volume de la traduction anglaise du Règne animal. C'est, d'après M. le professeur Valenciennes, un individu semblable que Pérou aurait nommé D. leucoramphus . M. Valencieunes en a vu le dessin entre les mains de feu M. Lesueur, compagnon de Péron, dans la mémorable expédition du capitaine Baudin aux terres australes. S'il en était ainsi, toute la zoologie contemporaine, en ce qui concerne cette espèce, depuis MM. Lesson et Garnot, Georges et Frédéric Cuvier, jusqu'à M. Gray, au- rait marché d'erreurs en erreurs. Mais quel que soit, à ce sujet, le résultat définitif des observations ultérieures, il nous paraît impossible d'y ratta- cher, soit, comme l'a fait M. Cuvier (loc. cit.), le crâne des galeries d'ana- tomie comparée rapporté de l'Inde par M. le capitaine Houssard, soit, comme le fait, en hésitant peut-être, M. Gray, le Delph. mêlas de MM. Tem- minck et Schlegel. » (447) chimie organique. — Nouveau procédé pour préparer V acide formique ; par M. Berthelot. (Présenté par M. Balard.) « i . Dans un Mémoire présenté à l'Académie, j'ai montré que l'oxyde de carbone pouvait être absorbé par la potasse, fixer les éléments de l'eau, et donner naissance à l'acide lormique. Cette observation m'a conduit à cher- cher s'il ne serait pas possible de modifier quelqu'une des réactions dans lesquelles se développe l'oxyde de carbone, de façon à combiner ce gaz à l'état naissant avec les éléments de l'eau et à obtenir facilement et en abon- dance l'acide formique lui-même. » 2. On sait combien sont pénibles les procédés actuellement suivis pour préparer ce composé, le plus simple de tous les acides organiques. On l'obtient d'ordinaire en traitant le sucre ou l'amidon par un mélange d'acide sulfurique et de bioxyde de manganèse. Ce procédé est d'une grande importance historique, car il a permis de préparer l'acide formique sans l'extraire des fourmis, comme on l'avait fait d'abord; mais il n'est pas exempt d'inconvénients. En effet, dans la réaction qui vient d'être rappe- lée, se développe une très-grande quantité de gaz ; d'où résulte la nécessité de vases d'une capacité énorme dont la rupture ou la corrosion est fré- quente. De plus, l'acide obtenu est mélangé avec diverses autres substances, tant acides que neutres, produites simultanément, ce qui oblige à purifier l'acide formique brut en le changeant en formiate de plomb et faisant cristalliser ce corps à plusieurs reprises. Ces difficultés ont été observées par tous les chimistes et se sont sans doute opposées plus d'une fois à la préparation de grandes quantités d'acide formique et à son emploi dans les réactions. » 3. J'ai réussi à produire ce corps très-facilement et en proportion considérable, en prenant pour point de départ l'acide oxalique. » L'acide oxalique, soumis à l'action de la chaleur, se change en acide carbonique, eau et oxyde de carbone : C4H208 = C204 + C202 + H202. » Au moment de cette décomposition, l'eau et l'oxyde de carbone se trouvant en contact à l'état naissant ; il suffirait donc de faire intervenir des conditions convenables pour combiner ces deux corps : déjà par le seul fait de la distillation de l'acide oxalique, cette combinaison commence à s'effectuer d'après les expériences de Gay-Lussac; mais la quantité d'acide formique ainsi produite est toujours très-petite. 59.. ( 448 ) » Or j'ai observé que l'on peut combiner avec les éléments de l'eau tout l'oxyde de carbone fourni par l'acide oxalique, et transformer simplement cette substance en acide carbonique et acide formique : C4H208 = C204+0*. » 11 suffit de faire intervenir un autre corps opérant par action de contact, la glycérine. J'ai déjà signalé ce fait, et j'en vais déduire un nouveau pro- cédé pour préparer l'acide formique. » 4- Voici comment j'opère : » Dans une cornue de _ litres, j'introduis i kilogramme d'acide oxalique du commerce, i kilogramme de glycérine sirupeuse et ioo à 200 grammes d'eau ; j'adapte un récipient et je chauffe très-doucement la cornue : la température ne doit guère dépasser 100 degrés. Bientôt une vive efferves- cence se déclare et il se dégage de l'acide carbonique pur. Au bout de douze à quinze heures environ, tout l'acide oxalique est décomposé; la moitié de son carbone et de son oxygène se sont dégagés sous forme de gaz acide carbonique ; une petite quantité d'eau chargée d'acide formique a distillé, et il reste dans la cornue la glycérine tenant en dissolution presque tout l'a- cide formique. On peut extraire directement cet acide au moyen du carbo- nate de plomb ; mais la méthode suivante est bien préférable. » On verse dans la cornue un demi-litre d'eau et on distille ; on remplace à mesure l'eau qui distille, et on continue l'opération jusqu'à ce que l'on ait recueilli 6 à 7 litres de liquide distillé. Ace moment, presque tout l'acide formique s'est volatilisé avec l'eau, et la glycérine reste seule dans la cor- nue. Elle peut servir à décomposer un second kilogramme d'acide oxalique, puis un troisième, etc. » Trois kilogrammes d'acide oxalique du commerce, C4 H2 O8 + 4HO. ont fourni par ce procédé ik,o5 d'acide formique , C2 H2 O*. » D'après la formule C* H2 O8, 4 HO = C2 O4 + 4 HO -+- C2 H2 O* 3 kilogrammes d'acide oxalique pur doivent fournir ik,OQ d'acide for- mique. » La différence entre le résultat obtenu et le résultat calculé est aussi faible que possible ; elle s'explique d'ailleurs par les impuretés que ren- ferme l'acide oxalique du commerce (1). _________^ » ______-_. .___ (1) 100 parties de l'acide employé laissent un résidu fixe égal à 2,7 parties. (449) » 5. Voici le détail de la préparation qui précède : Acide oxalique i kilogramme. Glycérine i kilogramme. » On a opéré comme il vient d'être dit et on a obtenu . i°. 2 litres de liquide distillé renfermant : acide formique. . . i46 gr. 2°. 5lil,5 » » » ... 176 322 gr. » La glycérine retenait encore de l'actde formique. On a ajouté dans la cornue un second kilogramme d'acide oxalique ; on a obtenu : 3°. 1 litre de liquide distillé renfermant : acide formique. ... 70 gr. 4°. 4 litres » » » .... 25o 32o gr. » La glycérine retenait encore de l'acide formique. On a ajouté dans la cornue un troisième kilogramme d'acide oxalique ; on a obtenu : 5°. 2 litres de liquide distillé renfermant : acide formique. . . . 180 gr. 6°. 41U>5 » » " .... 229 . 4°9 8r- » En résumé : 3 kilogrammes d'acide oxalique ont fourni ik,o5i d'acide formique. » Cette préparation est tellement régulière, qu'elle peut être exécutée sans aucun embarras sur des quantités quelconques d'acide oxalique. Elle n'exige d'ailleurs presque aucune surveillance. » 6. Le seul point essentiel, c'est de ne pas brusquer la décomposition de l'acide oxalique par la glycérine. En effet, si l'on opère trop rapidement, si la température du mélange s'élève à un trop haut degré , le dégagement de l'acide carbonique s'accélère d'abord; mais dès qu'il a cessé, la tempé- rature de la masse atteint bientôt 190 à 200 degrés, et un nouveau déga- gement gazeux sa produit : c'est de l'oxyde de carbone pur. Le liquide distillé pendant toute la durée de l'opération ainsi conduite né renferme pas le dixième de l'acide formique que l'on peut obtenir en opérant comme je l'ai dit plus haut. » 7. Ce nouveau phénomène : dégagement d'oxyde de carbone, est dû à la décomposition à 200 degrés de l'acide formique retenu en dissolution par la glycérine à la manière du gaz ammoniac dissous par l'eau. Eu effet, ( 45o) l'acide formique pur, chauffé pendant quelques heures entre 200 et s5o de- grés dans des tubes scellés, se décompose en majeure partie en eau et oxyde de carbone : la glycérine n'exerce presque aucune influence accélératrice sur cette décomposition. » Ces observations peuvent être utilisées dans la préparation de l'oxyde de carbone par l'acide oxalique : si l'on chauffe l'acide oxalique mélangé, non avec l'acide sulfurique , mais avec la glycérine , on obtient successive- ment et séparément les deux gaz que l'acide sulfurique fournit mélangés à volumes égaux : d'abord l'acide carbonique, puis l'oxyde de carbone. Ce dernier corps peut donc être ainsi préparé pur sans lavage alcalin et du pre- mier coup. » 8. Quoi qu'il en soit, un intervalle considérable de température sépare ces deux phénomènes successifs : décomposition à 100 degrés de l'acide oxalique en acide carbonique et acide formique au contact de la glycérine ; puis décomposition ultérieure à 200 degrés de l'acide formique en eau et oxvde de carbone. Rien de plus facile que de maîtriser la réaction et d'ob- tenir par des additions d'eau successives la totalité de l'acide formique que peut fournir l'acide oxalique : c'est ce que prouvent les nombres cités plus haut. » L'acide formique ainsi préparé est très-pur et complètement exempt d'acide oxalique. Saturé par les carbonates de chaux, de baryte, de plomb, il fournit dès la première cristallisation des formiates purs de chaux, de baryte ou de plomb. 5oo grammes d'acide oxalique du commerce ont pro- duit environ 5oo grammes de fornhate de plomb pur. » On remarquera que la glycérine se retrouve intégralement dans la cornue à la fin de chaque opération (1), exactement comme l'acide sulfu- rique dans la préparation de l'éther. » Géométrie ancienne. — Sur un passage de Proclus qui a été indiqué récemment comme se rapportant aux porismes; par M. Breton (de Champ) . « J'ai entretenu déjà deux fois (a) l'Académie de mes recherches sur les porismes d'Euclide. Les conclusions auxquelles je suis parvenu sur cette question fameuse diffèrent tellement de celles qui avaient été aupara- vant proposées, que je ne dois point sans doute espérer qu'elles obtien- (1) Sauf une très-petite quantité volatilisée avec l'eau, 1 gramme par litre environ. (a) Les 29 octobre 1849 et 6 j"in i853. Voyez les Comptes rendus de ces deux séances. (45. ) tlront immédiatement l'adhésion des géomètres et des érudits. Les convic- tions, dans une matière comme celle-ci, où les appréciations mathématiques doivent, pour avoir quelque valeur, être appuyées de l'interprétation de textes grecs (i), qui ont été considérés pendant longtemps comme indé- chiffrables, ont besoin pour se former de l'aide du temps et de la ré- flexion. Toutefois, ce serait paraître abandonner mon travail que de garder le silence sur les objections, les critiques, les conjectures ou les opinions nou- velles qui tendraient à en infirmer les résultats, surtout lorsqu'elles émanent de personnes recommandables par leur savoir. C'est ce motif qui m'amène à présenter quelques observations sur un passage de Proclus que M. O. Ter- quem, dont la science et la vaste érudition sont bien connues, vient de signaler comme se rapportant aux porismes et pouvant en donner la clef. Ce passage est ainsi conçu : « Upârov £i yn exprime ce que l'on fait quand on ramène un problème ou un théorème à dépendre d'un problème ou d'un théorème différent. Cette explication est donnée par Proclus, et il cite à ce propos le problème de la duplication du cube que l'on ramène à l'insertion de deux moyennes proportionnelles. Vient ensuite la phrase reproduite ci-dessus, dans laquelle M. Terquem suppose qu'il s'agit de porismes. On ne saurait y voir autre chose, ce me semble, qu'un procédé très-connu dont l'utilité con- sistait à permettre de traiter des questions que l'on ne trouvait pas le moyen d'attaquer directement, et c'est évidemment ce que veulent dire ces mots a7ra.ya>yn ra>v à laypa/u/uetTœv ct,7ropovjuîv6Jv. » a0. Quelques lignes plus haut, Proclus indique la double acception du (i) J'ai publié ces textes avec traduction et commentaires dans le tome XX du Journal de Mathématiques pures et appliquées de M. Liouville. (2) Nouvelles Annales de Mathématiques, tome XV, pages 26 et 27 du Bulletin. ( 452 ) terme 7rôçir777- BRAS. Longueur du bras, la main comprise. . . . o ,6666. Du centre d'articulation à l'épaule , jus- qu'à celui du coude ; 0,2666. Du centre d'articulation du coude , jus- qu'à celui du poignet : 0,2666. Longueur de la main o, i333. SUBDIVISION DE IA MAIN. Doigt du milieu. Du centre de rotation du poignet à celui de l'extrémité du métacarpe milieu. . . 0,0666. Du précédent à la 1" phalange o,o333. De la ire phalange à la 2e 0,0166. Dela2ephalangeàla naissance de l'ongle. 0,0088. Longueur de l'ongle *. . 0,0088. Horizontalement, du centre d'articulation de la jarnbe jusqu'au bout du pied. . . o, i333 Idem, jusqu'au bout du talon o,o444 Longueur du pied 0,1777 » Les proportions de hauteurs données plus haut satisfont parfaitement aux observations artistiques ; ainsi, l'homme ayant les bras tendus horizon- 60.. ( 456 ) talement et sur une même ligne droite, sa taille est comprise entre l'extré- mité de ses deux doigts du milieu; m En effet, chaque bras a pour longueur om,666; ainsi les deux i ,333. . . La distance comprise entre les deux centres de rotation des épaules est de . o , 266 . . . La taille de l'homme est égale au total 1 ,600 » Les ouvrages artistiques rapportent aussi que l'homme couché par terre, les bras tendus sur sa tête, les extrémités des pieds et des mains tou- chent la circonférence d'un cercle dont le nombril est le centre ; m En effet, des pieds jusqu'au centre de rotation des épaules il y a 1 ,333. . . Si l'on ajoute la longueur du bras , qui est de o ,666 . . . On a la somme de 1 . pour diamètre du cercle dont la moitié ou le rayon est r , hauteur du nom- bril au-dessus du sol. » médecine. — De l'action de diverses infusions végétales sur du sang vei- neux fraîchement sorti de la veine. — Indications fournies par ce moyen relativement à l'existence d'un alcaloïde dans le végétal. — Déductions thérapeutiques; par M. Le Clerc. a i°. Le sang veineux traité, au moment de la sortie de la veine, par une infusion végétale on par un extrait végétal quelconque, est un véritable réactif qui décèle instantanément la présence d'un principe alcaloïde dans le végétal. » J'ai fait à ce sujet beaucoup d'expériences, et ce matin encore j'ai traité du sang veineux par une infusion de noyer (îuglans regia) mêlée d'un extrait de noyer. Aussitôt le sang a pris la teinte rouge. » Du sang veineux pris chez le même individu et mêlé à une infusion de tilleul a conservé la teinte du sang veineux. » Une foule d'autres infusions donnent invariablement le même résultat. » Le noyer n'a jamais été analysé, que je sache, ou du moins aucun chimiste n'en a encore retiré le principe actif que ce végétal renferme très- certainement. » 20. Depuis le 29 décembre dernier, je conserve des flacons renfermant (457) un mélange de sang veineux et de diverses substances, telles que : Suc de belladone. Extrait de belladone. Atropine. Extrait et infusion de Datura stramonium. Nicotine. Infusion et extrait de tabac. Brucine. Infusion de noix vomique. Strychnine. Sulfate de strychnine. Morphine. Extrait gommeux d'opium. Thridace. Extrait de Quinquina kalisaya. Sulfate de quinine. Eau de riz. Eau d'orge. Décoction de carotte, etc. » Le sang veineux a pris la teinte lie de vin au bout de quelques jours dans les flacons qui contiennent : L'atropine. La brucine. La nicotine. La morphine. La strychnine, etc. » Puis la teinte lie de vin a presque complètement disparu aujourd'hui pour revenir à une teinte noire, semblable à celle que présente le même sang veineux conservé pur et à l'abri du contact de l'air. » Les flacons contenant la belladone et le stramonium sont les seuls dans lesquels le sang ait gardé invariablement la teinte rouge. Cette teinte n'est pas aussi foncée, aussi rutilante que dans les premiers jours de l'expérience ; mais elle est, chose remarquable, la seule qui soit restée d'un rouge très- prononcé. » Il y a aujourd'hui cinquante et un jours que je conserve ces flacons. » Après la belladone et le stramonium vient, mais d'assez loin, le flacon renfermant l'extrait de quinquina. Ce flacon présente encore une teinte un peu rougeâtre. Tous les autres flacons sont plus ou moins noirs. » zoologie. — Travaux des araignées en rapport avec l'état présent ou prochain de l'atmosphère. (Extrait d'une Lettre de M. Caragitel.) L'auteur, qui ne dit pas sur quelle espèce ont porté ses observations, annonce avoir constaté que s lorsqu'il doit faire de la pluie et du vent, l'a- raignée raccourcit beaucoup les derniers fils auxquels sa toile est suspen- due, et la laisse dans cet état tant que le temps reste variable. Si l'insecte al- longe ses fils, ajoute M. Caraguel, c'est du beau temps qu'il annonce, et ( 458 ) l'on peut juger de sa durée d'après le degré de longueur de ces mêmes fils. Si l'araignée reste inerte, c'est signe de pluie; si, au contraire, elle se remet au travail pendant la pluie, c'est que celle-ci sera de peu de durée. » M. Hesse signale une erreur qui s'est glissée dans l'extrait qu'on a donné, au Compte rendu de la séance du a6 novembre, de son Mémoire sur les Ancées. Il avait dit en parlant de ces Crustacés que la femelle n'est pas connue ; au lieu du mot femelle on a écrit par inadvertance famille. Cette faute typo- graphique, qui, d'après la texture de la phrase entière, ne pouvait guère induire le lecteur en erreur, sera signalée dans la table du volume LXI à l'article Errata. M. Letelmer, auteur d'un ouvrage sur la Théorie du langage, prie l'A- cadémie de vouloir bien lui accorder la parole pour présenter un exposé de sa théorie et des conséquences qu'elle pourrait avoir pour la nomencla- ture scientifique. Les usages de l'Académie relativement aux ouvrages imprimés ne lui per- mettent pas d'accéder à cette demande. Si l'auteur, qui annonce avoir con- sacré un volume entier à l'application de son système aux sciences, croit avoir à présenter sur ce sujet des considérations nouvelles, il peut les con- signer dans un Mémoire qui sera renvoyé, s'il y a lieu, à l'examen d'une Commission. M. Passot prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission qui avait été chargée de l'examen de ses dernières communications , M. Cauchy ayant annoncé qu'il ne voulait plus faire partie de cette Com- mission . Il ne serait donné suite à cette demande que dans le cas où les deux Membres restants jugeraient nécessaire l'adjonction d'un troisième Commis- saire. M. Buisson présente sur la lumière et sur la vision une théorie qui lui est propre. Cette communication ne paraît pas de nature à être renvoyée à l'examen cPune Commission. (450 ) M. Pienoz annonce avoir adressé à l'Académie, par l'intermédiaire de M. le sous-préfet de la Tour-du-Pin (Isère), une Note sur la quadrature du cercle. Cette Note n'est pas parvenue à l'Académie. On fera savoir à l'auteur qu'il serait inutile d'en envoyer une deuxième copie, les communications sur cette question étant du nombre de celles que l'Académie, d'après une décision déjà ancienne, considère comme non avenues. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du a5 février i856, les ouvrages dont voici les titres : Etudes et lectures sur les Sciences d' 'Observation et leurs applications pratiques ; par M. Babinet;IIc vol. Paris, 1 856; 1 vol. in- 12. Sur le pain mixte de blé et de riz. Valeur du riz comme aliment et réflexions générales sur l'alimentation ; par M. J. GlRARDiN. Rouen^ i856; in-8°. Instituts de médecine pratique de Jean-Baptiste Borsieri de Kanilfeld, traduits et accompagnés d une étude comparée du génie antique et de l'idée moderne en médecine; par M. le Dr Paul-Émile Chauffard. Paris, 1 856; 2 vol. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Andral. ) L'industrie contemporaine, ses caractères et ses progrès chez les différents peuples du monde ; par M. A. Audigane. Paris, 18Ô6; 1 vol. in-8°. Becueil de Mémoires et obsemations sur llijgiène et la médecine vétérinaires militaires, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène hippique, et publié par ordre du Ministre Secrétaire d Etat au déparlement de la Guerre , avec des documents administratifs sur les remontes de l'armée; t. VI. Paris, 1 855 ; in-8°. Cours élémentaire complet sur l'œil et la vision de l'homme et des animaux ver- tébrés qui vivent dans l'air; par M. L.-L. Vallée. Paris, 1 854 ; in-8°. Notice sur les ouvrages et les travaux de M. L.-L. Vallée, à l'appui de sa candidature à la place vacante par suite du décès de M. Slurm ; br. in-8°. ( 46o ) Notice sur les travaux mathématiques de M. J.-A. Serret. Paris, 1 856 ; broch. in-4°. Notes cliniques recueillies à l'Hôtel-Dieu de Marseille, pendant l'année 1 854 ; par M. le Dr SlRUS PlRONDi. Paris, i856; br. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Cloquet. ) Bulletin de bibliographie, d'histoire et de biographie mathématiques; par M. Terquem; t. Ier. Paris, i855;in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture , Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers; 4e trimestre de l'année i854- Poitiers, 1 856; in-8°. Memorie. . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Turin ; ie série ; t. XV. Turin, i855;in-4°. Descripcion. . . Description géologique de la république du Chili; par don A . PlSSiS; Ire partie; br. in-8°. Descripcion... Description de la province de Valparaiso ; par le même; br. in-8°. Puentes. . . Ponts du système américain et calcul de la résistance des ponts du sjslème de Howe ; par M. Ch. Ghega, traduit de l'allemand en espagnol par M. J.-B. Lapoulide. Madrid, i856; br. in-8°. Revista. . Revue des travaux publics ; 4e année ; n° 4- Quadratura... Quadrature du cercle, trisection de l'angle et duplication du cube; parle révérend don Dom. Anghera. Malte, i854; br. in-8°. The quarterly. Journal trimestriel de la Société chimique de Londres ; n° 32 ; in-8°. L'Académie a reçu, dans la séance du 3 mars i856, les ouvrages dont voici les titres : Des substances alimentaires et des moyens de les améliorer, de les conserver et d'en reconnaître les altérations; par M. A. Payen ; 3e édition. Paris, i856; in-12. Histoire naturelle des Mollusques terrestres et Jluviatites de France, contenant des études générales sur leur anatomie et leur physiologie et la description parti- culière des genres, des espèces et des variétés; par M. A. Moquin-Tandon ; ireà 3e livraisons. Paris, i855; in-8°. (46. ) L'œil et la vision, étude physiologique ; par M. A. GuÉPJN. Paris, i856; br. in-8°. Causes et caractères de l'altération des pommes de terre, moyens de les préser- ver de la maladie; par M. V. K.LEINHOLT. Metz, i856; br. in-8°. Maladie de la vigne, procédés contre l'oïdium et autres maladies de la vigne; par M. Benoit Bonn EL. Narbonne, i855;in-i2. Recherches sur ta vision binoculaire simple et double et sur les conditions phy- siologiques du relief; par M. le Dr Serre d'Uzès ; in-8°. (Adressé au concours du prix de Physiologie expérimentale.) Délia... De ta scintillation des étoiles; par M. G.-B. DONATI, avec une Note de M. O.-F. Mossotti; br. in-8°. The relation... Relation entre les poids atomiques des composés chim'iques; par M. J.-P. COOKE. Cambridge, i854; br. in-4°. On the. . . Sur deux nouveaux composés cristallins de zinc et d'antimoine ; par- le même. Cambridge, 1 855 ; br. in-4°. Monatsbericht... Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse. Décembre 1 855 ; in-8°. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 1856- Annalesde t' Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d Agriculture ; t. VII, n° 3 ; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ,- janvier 1 856 ; in-8°. Annales médico-psychologiques ; janvier 1 856 ; in-8°. Annales télégraphiques ; janvier i856; in-8°. Ribliothèque universelle de Genève; janvier 1 856 ; in-8°. Bulletin de i Académie royale des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts dt Belgique; tome XXIII, n° i ; in-8°. Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; année i855-i856; tome XV ; nos i et 3 ; in-8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; janvier i856; in-4°. C. R , i856, i" Semestre. (T. XLU, N° 9.) 6l (462 ) Bulletin de la Société française de Photographie; février i856; in-8°. Bulletin de la Société géologique de France; t. XIII, feuilles 3-7; in-8°. Journal d' agriculture pratique ,• t. V, n°' 3 et 4; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; février 1 856 ; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; janvier 1 856 ; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; février i856; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°5 i3-i5 ; in-8°. La Bévue thérapeutique du Midi; nos 3 et 4; in-8°. Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 4 ; in-8°. L'Unité. Journal de Pathologie générale et spéciale, théorique et pratique ; février i856; in-8°. Le Technologiste ; février i856; in-8°. Magasin pittoresque ; février 1 856 ; in-8°. Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 10; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale ; février 1 856 ; in-8°. Bépertoire de Pharmacie ; février i856; in-8°. Société impériale et centrale d' Agriculture. Bulletin des séances, compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel ; 2e série ; tome XI ; n° i ; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n°* 4-6 ; in-8° L'Agriculteur praticien; n°g; in-8°. Bévue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n°* 3 et 4; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n° 9; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de t Académie des Sciences; i*r se- mestre i856; n°»5-8. Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII; 5e-8e livraisons. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos i/\-25. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n° 9. (463) Gazette médicale de Paris; n05 6-8. L'Abeille médicale; nos 4-6. La Lumière. Revue de la Photographie ; nos 5-8. L'Ami des Sciences ; n°8 5-8. La Science pour tous; nos 9-12. LAthenœum français. Revue universelle de (a Littérature, de la Science et des Beaux- Arts; n°* 6-8. Le Moniteur des Hôpitaux ; n°5 \l\-iS. Le Progrès manufacturier; nos 38-4 1. Réforme agricole, scientifique, industrielle; n° 86. Revue des Cours publics; n0' 5 et 8. ERIUTA. (Séance du 18 février i856.) Page 344, ligne i, au lieu de M. Ch. Barré, lisez M. Ch. Carré* (Séance du a 5 février i856.) Page 4<>i, ligne 22, et dans les deux tableaux suivants, au lieu de Berriâu, lisez Berriân. »gg»« m ? -? n o S e. ° 8- I I Si R ( 464) tO '.O :o to to to tO O CO CO "O Ol On -S- OO to » o tO 00 nJ Ci Ui -Ss OO nJnJnJnjnjnjnjnj ci ci ci oi oi j>» tn _ ci -t- o oj o •nj -En. *nJ nJnJnJnj.OnJnJnOnJ«0 * *0 nj nJ no *j vj NJ ■-/■j to 42n o o ai o -c to o ci -&•* O 05 Cl <3> Oiv] oo CO OO Cl 4=n, Ol o — v» - to ~ Ol OO I i J to -c* I I I I I O) ai w w v wiN to O M to X t} vl o - - m w oi ci -G-» to .en oi a< x x ci ai ai -p» ai oo tn w Mil -En Cl Cl to W Uii»£> 00 W Ui C^vJ to GOO Ol Cl O tn ci ai THERMOMÈTRE tournant. nJnJnJ«*JnJnJnJ«0.o«o..OnJ ci ci ci tn tn -&* ui m tn m ui y -En -E- O M O Oi - -O IN w - o O «O ~J ■ ai on tn to GO 00 «J vl - nj to ci 45% tn *o oo oi — w oo oo ai -E- ci en ce ce w 1*3 *0 -O 00 .En to O"! tO -En -En - . j^ ûo oo £» ** o — yi o oo oo to ai — W -O 00 «O oo -en tO OD Uivl "o tn -o ai I I Cl *-J I I Cji to tO 43n • — v to I I . I - to to Vi — 00 O *■ i> ^ to tn to tn THERMOMÈTRE tournant. «*j -o «o Cl Cl ~ oo tn ■O nJ -o -o Ol tn oi —- — - -o %.] *o «o. «o. VlsJsJvl^lvlMslsIvJvl^vJvJv] tn tn Cl Cl Cn tn tn i to vj w m vj 00 - tn tn tn tn O to Ol nj oo to to to.c-.oo.e-.tn.c-'.oi Cito^J tno oocito to to W vl (O GO 1 MM tnOO O O O Cl «O tnOl-J OJ to - Wvl co W ai to Cl O O Ol o -o- to O tn M M I tO W CO (0 w o w «o to OJ -En Cl - Cl tO W o -S- tn to tn sr w -En O tO to w tn to to "ci 4ïn. I ! tn -j 42n to to (O Ol Ol W to to tn O to Ol Cl Cl tn 00 ■^ œ oi to THERMOMÈTRE tournant. vl vl vl vl vl Sj >J nJ nJ -O NJ Nj tn tn -En -En O' -En O Cl Ol Cl CO OJJNM S O vj «J ^J * *u «o «o *o -o to u Cl to 00 10 -J OO -En 4=n GO tO tn tO 4ïn tO O Ol -j vj vi oo ci ■* -En tOW ■* tn %J ■• Oto«^i *- w tnto 4ï>> — o 2 ^ Ol OOO X 00 O Cl 00 M O tO Cl Cl Ol OJ I I Ol -O %j I — N ■ tO Cl O O JN O) Cl Ol W — M — -En 00 -a* tn 00 S5 42n ai w o -o -o -o o -o "O *o -J v»] «^1 %-l -O -O --1 nJ «O «O -^1 n.] -o tnClOltnClCltnCltntntntn^ - I W - 31 '- -En jon o to -o to oo to OO OJ OJ •- tO 00 -o 00 Cl — ■" tO — 4ïn lO - GO -Cn .En. tn 4E* O -J CO OOtO 00 Oi «U 40n 00 Ci < 00 Cl Un tn cji tn tn «O O Cl THERMOMÈTRE tournant. o c • se W Ui-O 00-O 00-^1 C1"0 I I 00 *J I I tO Ol to tO 10 O O 00 O JS •>■! 00 13 Cl Ol to - to 00 M M I kO to to to to + .to oo O OO O0 OJ lO Cl Cl 60 Cl Cl * u I 4 Cl O to Cl ^J to WCO On w to tn 'O Uî Cl to THERMOMÈTRE tournant. ^i^jo^jNj'0^3"0'0*j*o^i«a«o»0'0«o^j«0"0-o*ovj"0'^j««j-1j tn Cl Ci On tn Oi tn tn tn Js^ oi Cl Oi Oi CO**J 10-0 o coo o>wtoto Ol O1 ^?n i> -C-* Oi Oi Oi Oi O ClOtOitO-O O Oi OO Ovl - »a)v]©0>0-^JN© Or- X W X - lOtO OOWtnv.) 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MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 31. Berenger, président de l'Institut pour Tannée i856, rappelle que la prochaine séance trimestrielle des cinq Académies doit avoir lieu le mercredi 2 avril, et invite l'Académie des Sciences à lui faire connaître en temps utile les noms de ceux de ses Membres qui seraient disposés à faire une lecture dans cette séance. mathématiques. — Sur deux Mémoiies de Poisson; par M, J. Lhmjville. Poisson a donné en 1819, sous une forme on ne peut plus commode, l'intégrale de l'équation pour la propagation du son dans les milieux gazeux. M. Liouville montre que l'illustre géomètre, dès ses premières recherches, en 1807, avait obtenu une formule dont cette intégrale si remarquable était une conséquence immédiate. Le résultat que Poisson n'a trouvé qu'en 1819, et par d'autres méthodes, était dès lors découvert pour ainsi dire : il n'y aurait eu qu'à conclure. Voici la Note de M. Liouville. « 1. L'intégrale de l'équation f,\ rf>_ d^ d' dy' dz' ' sur laquelle repose essentiellement la théorie de la propagation du son dans C. R., 1856,1" Semestre. (T. XLII.N» 10.; 62 ( 4^6 ) les milieux gazeux, et à laquelle on ramène l'équation générale, à coeffi- cients constants, £ï-A'^*4-B^-+-C^ + on-^ + etc HT ~ A dr' + * dj* + ^ dz> + *U dydz + PtC-' a été donnée en 1819 par Poisson (Mémoires de L'Académie des Sciences de V Institut de France, tome III. C'est le volume pour 1818, mais Je Mémoire n'a été lu à l'Académie que le 19 juillet 1819). Poisson a trouvé que l'équation (1) est satisfaite^n prenant

j, en posant cos |3 = sin a cos ij, cos 7 ±r sin a sin r, : on a alors do = sin ad a. dr\, et les intégrations marquées dans la valeur de f doivent être étendues de yj = o à yj = an, et de a = o à a = n. On reconnaît de plus que l'expression de f et celle de -/qui s en déduit, donnent (2) ? = /(*,/,*) et -^=F{x,y,z) pour t = o; et comme * représente le temps, on en conclut que les fonctions arbi- traires/; F sont les valeurs initiales de

=

= / [ce + r cos a, jr -+- r cos /3, z + rcos y), et -^- == F (a: H- rcos a, y + /-cosjS, z + rcos y). » Par l'introduction des coordonnées polaires, l'équation (3) devient (4) dt> dr' rsina da rsin-a rfy,1 multipliant les deux membres par sin a dady ou da, et intégrant entre les limites n = o, tj = an, a = o, a = jr, on tire de là sans difficulté (5) d'.rl rf'.r)i •= ... » A' rfr' en posant, pour abréger, (6) \=[f*de. » On a donc nécessairement rl = y(t + r) + 6(t — r), ou plutôt (7) r\ = ty (t -h r) - ty (t - r), puisque le produit ri s'annulant pour r = o, il faut que e(t) = -^(t). » En différentiant l'équation (7) par rapport à r, on en déduit Si donc on pose r = o, ce qui réduit * à y et X à 4»rqp, il viendra 47ry = 2 ij/ («). (469) » Or la valeur de 2 i|/ (t) se conclut des valeurs données/ \x,f, 5) et F (x,y, z) de

, savoir 9 = 7— I I dvF (x -h t cos a, _y 4- £ cos ^, z+ / cos y) + Z- dt 1 / / daJix "+" ' cos a> 7 + * cosp, z 4- *cosy) > ( 47o ) c'est-à-dire l'intégrale de Poisson, que cet illustre géomètre aurait pu obtenir ainsi dès ses premières recherches, tandis qu'il n'y est arrivé que beaucoup plus tard et par d'autres méthodes. Elle se présente ici comme la seule solution possible de l'équation (i), les conditions (2) ayant lieu. » On vérifie aisément, comme on sait, qu'en effet cette valeur de rend l'équation (1) identique, quelles que soient les fonctions f et F. Le calcul déjà si simple que Poisson a donné pour cet objet, dans son Mémoire de 181 9, peut encore être abrégé. Remarquons en passant que si de tels calculs prouvent très-bien que la valeur de 9 satisfait à l'équation indéfi- nie (1) et aux équations définies (2), ils ne démontrent pas qu'il soit impos- sible de remplir les mêmes conditions avec une autre valeur de (0. = -: c c r I n, . h, C — -, a = — > 0 = — c, c, c, » 2°. Les lignes de courbure sont des lignes conjuguées dans les deux ( 487 ) surfaces ; de telle sorte que, si j\x, J, z) = o est une équation des lignes de courbure de la première surface, f{x,-hplzl, y, +qtzA, -izt\ji + p\ + qf> = o sera une équation des lignes de courbure de la seconde surface. » 3°. p étant un rayon de courbure principal de la première surface et Ç le z du centre de courbure situé à l'extrémité de ce rayon, p, et Ç4 les quan- tités analogues à p et Ç pour le point correspondant de la seconde surface, on a » Il résulte immédiatement de cette propriété que les surfaces à arre minima ont pour réciproques les surfaces pour lesquelles la somme des deux rayons de courbure principaux est égale en chaque point au dou- ble de la normale, c'est-à-dire les surfaces dont nous avons donné pour la première fois l'équation intégrale dans notre dernière commu- nication. » 4°- ^S étant l'élément de surface, p et p' les deux rayons de courbure principaux pour la première surface, et dS,, p{, p\ les quantités analogues pour la seconde surface, on a z2dS _ _ z;rfS, P?' P'Pi » 5°. erV étant l'élément de volume parallélipipédique et parallèle aux z de la première surface, dV, l'élément correspondant de la seconde surface, on a d\ ' rfV, . . z?p' ~~ *if)P( » Il est important de remarquer qu'une surface n'a pas de réciproque quand elle est l'enveloppe d'une suite de sphères dont les centres par- courent une ligne tracée dans le plan de x,y. En effet, dans ce cas, x-+- pz, y -+- qz sont liées par une relation et ne peuvent plus être prises pour variables indépendantes. » ( m ) optique. — Mémoire siir les conditions auxquelles il faut satisfaire clans la construction des appareils optiques, pour obtenir des images qui soient exemptes de déformations ; par M. Breton, de Champ. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Babinet, Chasles.) « Les images formées dans la chambre obscure, dans les télescopes, et en général dans les appareils de toute nature destinés à augmenter la puis- sance de la vision, sont parfaitement fidèles lorsqu'on les restreint à leur partie la plus centrale. Mais il n'en est pas toujours de même dans les parties éloignées du centre. On y remarque souvent des déformations qui se manifestent notamment en ce que des lignes qu'on sait être droites pa- raissent courbées. C'est là un inconvénient que l'on doit chercher à éviter dans la construction des objectifs de daguerréotype ; mais ce n'est pas tout. Les mêmes déformations existent ou peuvent exister, quoique moins sensi- bles, dans les images formées au foyer des instruments de précision, et elle affecte les déterminations que l'on conclut de mesures prises sur ces images, d'où résulte la nécessité de se rendre un compte exact de l'influence de cette cause d'erreur. » Le présent Mémoire a pour objet de faire connaître un procédé de calcul à l'aide duquel on peut déterminer, pour un instrument tout construit ou seulement projeté, les déformations des images qu'il donnera, et par suite les relations spéeiales qu'il faudrait établir entre ses éléments constitutifs pour obtenir des images fidèles. Je démontre d'abord qu'il suffit de consi- dérer une section centrale de l'appareil. J'établis ensuite les formules qui donnent les coordonnées du point d'incidence du rayon sur l'une quel- conque des surfaces réfringentes ou réfléchissantes, ainsi que sa direction après qu'il a subi l'action de cette surface. Ces formules sont préparées pour un calcul successif, et consistent toujours dans des polynômes entiers par rapport aux variables qui y entrent. » anatomie comparée des végétaux. — Ordre des Orobanchées {genres Orobanche et Phelipœa); par M. Ad. Cbatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « L'ordre des Orobanchées est, sans contredit, l'un des plus importants à connaître parmi les plantes parasites, soit que l'on considère le grand nombre (489) de ses espèces, les dégâts causés par plusieurs de celles-ci dans nos cultures, sa structure ou son mode de végétation. » Malgré quelques observations intéressantes à plusieurs égards, mais isolées, incomplètes et peu propres à nous faire connaître la véritable orga- nisation, même du seul genre Orobanche, l'anatomie de l'ordre restait véri- tablement tout entière à faire. Dix-huit planches sont le moins que j'aie cru pouvoir donner pour représenter, même d'une manière incomplète, des observations anatomiques qui offrent encore plusieurs lacunes, que je m'ef- forcerai de combler par un supplément au Mémoire et aux planches, dans le cours du prochain été. Dix planches sont consacrées aux deux grands genres Orobanche et Phelipœa, dont l'examen fait le sujet de la partie de mes recherches que je soumets aujourd'hui à l'Académie des Sciences. » Les points sur lesquels j'ai cru devoir spécialement fixer mon attention sont : le mode d'adhérence de la parasite à la plante nourricière, mode qui s'éloigne beaucoup de celui que j'ai fait connaître chez les Cuscutacées et les Cassythacées, dans les plantes adultes du moins; le rhizome ou la partie inférieure et souterraine ordinairement renflée de la tige; la tige propre- ment dite ou tige aérienne; enfin les écailles ou feuilles squammiformes qui recouvrent celle-ci. » La racine étrangère qui porte la nourriture à un Orobanche ou à un Phelipœa se présente ordinairement comme implantée par son extrémité dans la base tubéreuse de celui-ci. Si l'on pratique une coupe intéres- sant à la fois, dans leur point d'adhérence, la parasite et la nourrice, on reconnaît, en se servant d'un grossissement suffisant, que les fibres et les vaisseaux des deux plantes marchent à l'encontre les uns des autres, s'é- parpillent en éventail et s'enchevêtrent ensemble, en même temps que le parenchyme cortical de la parasite enveloppe la portion ligneuse axile de la nourrice et se resserre derrière son sommet évasé, disposition dont l'un des effets est d'ajouter à la solidité de l'adhérence. Il ne paraît donc y avoir, au premier aspect, aucune analogie entre les connexions des Orobanches avec les tissus étrangers nourriciers et celles qu'on observe chez les Cuscu- tacées, les Cassythacées, les Rhinanthacées, etc., plantes qui envoient dans les espèces aux dépens desquelles elles vivent des sortes de racines terminées par une extrémité parenchymateuse en forme de spongiole, à l'intérieur de laquelle reste toujours enfermé l'élément fibro-vasculaire ramassé en un petit cône ; mais ces différences dans la distribution des éléments anatomiques au point de soudure des suçoirs s'effacent quand on remonte au jeune âge C. K , i856, 1" Semestre. (T. XUl, N° 10. ! 65 ( m ) des Orobanches. On voit alors, en effet, que la différence principale entre ces dernières et les plantes munies dé cônes-suçoirs consiste en ce que l'état, qui chez celles-ci persiste toujours, n'est chez elles que transitoire. » L'examen de la tige des Orobanches, fait à diverses hauteurs, met en lumière ce fait inattendu, qu'elle présente des rayons médullaires ou en est dépourvue, suivant le point où on l'examine. Dans toute la portion sou- terraine, et souvent un peu au-dessus, le parenchyme cortical et le paren- chyme médullaire communiquent largement entre eux par le tissu cellulaire qui isole les faisceaux fibro-vasculaires ; plus haut, ces faisceaux sont com- plètement réunis en un cercle qui entoure la moelle. » Une autre différence capitale entre la portion rhizomateuse et la portion aérienne des tiges est que la première est exclusivement formée de vaisseaux ponctués submoniliformes, tandis que chez la seconde, aux vaisseaux ponc- tués, devenus plus longs, s'ajoutent des vaisseaux de plusieurs sortes, et notamment des trachées à spire déroulable. » D'autres différences entre le rhizome et la tige florale consistent en ce que le premier, d'ailleurs privé de stomates, contient habituellement dans son parenchyme de la fécule, que remplacent peu à peu dans celle-ci des granules ni verts ni amylacés et des gouttelettes huileuses. La nature des fibres établit encore une ligne de démarcation entre la partie souterraine et la partie aérienne des tiges. » Dans la tige floriflère comme dans le rhizome, les vaisseaux, généralement groupés et irrégulièrement prismatiques, se disposent de deux manières : tantôt, et c'est là le cas général, ils sont réunis par paquets ou faisceaux dis- posés sur une ligne circulaire dans l'épaisseur de la zone continue des fibres ligneuses; tantôt, au contraire, ils forment, comme dans le Phelipœa ra- mosa, un cercle continu inscrit dans le cercle fibreux et entourant directe- ment la moelle. » La structure des écailles de la tige florifère est assez uniforme et digne d'intérêt. L'épiderme des deux faces renferme assez souvent des gouttelettes et des grains oléorésineux, qu'on retrouve aussi dans le parenchyme, même vers la face supérieure qui manque de stomates. Ces derniers, dont la pré- sence coïncide avec l'absence de matière verte, paraissent d'ailleurs man- quer, tant sur les écailles que sur la tige du Phelipœa ramosa. A cet égard on remarquera que Vaucher, qui a commis deux erreurs, ou plutôt qui a pris deux fois l'exception pour l'état général, en disant que les Orobanches ont une couronne de trachées autour de la moelle et manquent de stomates, semble n'avoir examiné que le Phelipœa ramosa, les P. cœrulœa, arena- (49i ) ria, etc., étant pourvus de stomates et ayant les vaisseaux rapprochés par paquets; encore les vaisseaux que le savant botaniste genevois nomme tra- chées sont-ils, par une exception qui ne s'offre guère encore que dans le P. ramosa, de simples vaisseaux annelés non déroulables. » botanique. — Mémoire sur la Flore des environs de Montevideo et de l'île de Saint- Gabriel; par M. Corron. (Commissaires, MM. Brongniart, Montagne, Tulasne.) M. Malingre soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : De l'amélioration des espèces végétales. L'auteur s'attache à prouver qu'il y aurait grande utilité à apporter au perfectionnement des plantes usuelles les mêmes soins qu'on apporte dans tous les pays un peu avancés en agriculture au perfectionnement des races d'animaux domestiques. Ce qu'on a déjà fait dans ce but semble à l'auteur fort insuffisant et, dans tous les cas, mal dirigé. Ainsi le triage mécanique, auquel on a eu parfois recours, ne saurait, suivant lui, donner de bons ré- sultats; pour le cas du blé, par exemple, on a pu déjà reconnaître que les plus gros grains ne donnent pas les épis les plus pesants. M. Malingre pense, en conséquence, qu'on devrait avoir recours à une méthode toute différente, qu'il désigne sous le nom de sélection individuelle, méthode dont il déve- loppe le plan dans le présent Mémoire. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Payen, Decaisne et Payer. ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux purlics adresse un certain nombre de billets pour l'admission à la séance de distri- bution des prix qui aura lieu à Poissy le mercredi 19 mars, à la suite du concours pour les prix d'animaux de boucherie. M. Ronnet (Ossian) prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géomé- trie par suite du décès de M. Sturm. M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie divers vo- 65.. ( 4- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 17 MARS 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce que M. Lejeune-Dirichlet, un des huit Associés étrangers de l'Académie, est présent à la séance. ASTRONOMIE. — M. Le Verkiek propose de donner le nom de Laetitia à la planète @) découverte par M. Chacornac , le 8 février dernier, à l'Ob- servatoire impérial de Paris. calcul intégral. — Détermination des valeurs d'une classe remarquable d'intégrales définies multiples, et démonstration nouvelle d'une célèbre formule de Gauss concernant les fonctions gamma de Legendre ; par M. J. LlOUVILLE. « 1 . L'intégrale définie est, comme on sait, égale à k désignant une quantité quelconque positive ou nulle.. En y remplaçant a C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° II.) 67 ( 502 ) par yfa. et doublant sa valeur, on a donc Xoo — ( aH — I — I _ » J'ignore si l'on a remarqué déjà que la formule où r (jx) désigne, suivant la notation de Legendre, l'intégrale eulérienne de seconde espèce e~ "a'1 ' do., est une conséquence immédiate de l'équation (i). Il suffit de multiplier les deux membres de l'équation (i) par k'l~Idk, puis d'intégrer de k = ok k = oo . Cela donne en effet, en changeant l'ordre des intégrations pour a et k, A' J/» oo n oo /» oo I e-«^a / e a iT "* rf* = s/n / e"2* F" ' d*. o i/o »/o A* u. u. u. f\~~k"-1dk=l-S £ e-?f*~'dp=:-2e-*kk?-1dk = Jo Substituant et multipliant par a, on arrive à la formule citée. » 2. Je me propose, dans cette Note, d'étendre la même analyse à la démonstration de la formule générale que l'on doit à Gauss : <*) r(ï)r(tvi)-r(t!4=i) = »'~Vr rW. Je regarde comme connue l'équation d'Euler ( 5o3 ) qu'on établit aisément par différents moyens. Mais j'ai besoin de trouver d'abord les valeurs d'une classe d'intégrales multiples, très-remarquables du reste en elles-mêmes, et qui peuvent être appliquées utilement à la recher- che des intégrales de certaines équations aux différences partielles. » Ainsi pour le cas de n = 3, c'est-à-dire pour démontrer la formule i?ii)iï^M#temm et, en multipliant par 3, la formule (B). » En général, l'intégrale définie à (n — i) variables (Ln \ | o n I a,-l-a,-l-...-t-a«_, H ) I I I -.«,. • •«»-./«« a» ...«_« datdaa...daH.„ que je désignerai par R, a pour valeur n — I et il suffit de multiplier par A'*- ' dk les deux membres de l'équation qui exprime ce fait, puis d'intégrer de A = o à A = oo, pour obtenir la for- mule (A). » 3. Le calcul qui conduit à cette formule (A) peut être présenté au- trement, en s'appuyant toujours sur la valeur de notre intégrale R, mais en partant, non plus de cette intégrale, mais du produit *&*$&)*•**&¥$ qu'on peut mettre sous forme d'intégrale multiple, savoir Joo /* /* -4-1 /t-t-n — i f ... f e- («+*.+•••+«-■) a" '«," '...<*„_," 'dada, ...da„..,. o Jo Substituons en effet, dans cette intégrale, à la variable a une autre varia- ble k ayant les mêmes limites, en posant a.= , a, a, . . . a._, ( 5o5 ) ce qui donne n/k**-' dk »-. .«-i a" da = (a, a,. . . a„_,)n le résultat de la substitution contiendra notre intégrale R; car il peut s'é- crire npRk11 'dk. Si donc on admet que il deviendra 2 a-nk i « — i «'(an) 2 C e-nkk* ' dk, c'est-à-dire i n— ; n* n(*n) f. I»; d'où résultera de suite la formule (A). » 4. La formule R = -j= (a* ) 2 «""*, V" ou, si l'on veut, se démontre, au surplus, bien simplement. » Pour mieux faire comprendre notre méthode, revenons d'abord sur le cas de n = a. Alors / *'\ i Jf<*> — «H I I [ e \ *'a? da; 0 donc dk J0 Substituons à la variable a une autre variable |3 en posant *' J' < *' a da. d& a=-, dou -—a et — = g* ( 5o6 ) Les limites pour /3 seront oo et o, ou bien o et co en changeant le signe de flf/3. On aura par suite • ce dK dT = ~a JVCHr^-'rf/S, c'est-à-dire dR „ et partant R = Ce-2*. La constante C se détermine en posant k = o ; elle est égale à ^îr. On a donc bien Ce (*+*K> * da = tfi e~** . » Soit à présent n — 3, ou R = C Ce V"" +*Vo? '$ 'dadfi. Jo Jo En différentiant par rapport à A, on a Jo Jo Substituons à la variable a une autre variable 7, en posant P ,, , A' da. rf-y a = *-> dou -0 = 7, et — = '• Les limites pour 7 seront encore o et 00 , à la condition de changer le signe de dy. Il nous viendra donc L'intégrale placée au second membre est encore R : seulement a et |3 sont remplacés par |3 et 7, ce qui n'importe en rien. Dès lors on a £ = -»». (5o7) d'où En posant k = o, on trouve d'ailleurs c = r(i)r(|): on a donc bien R= r (î) r (ïK". comme le donne, pour n = 3 , notre formule. » Prenant enfin la valeur générale de R, savoir / •• / « a , a, ...a, , dadcr....doc , Jo i/o I 2 n— I I 2 *n — l' différentions-la par rapport à #. La valeur de la dérivée sera Substituons à la variable a, une autre variable a„, en posant A" ce, = » a.% a3. . . a„_, a„ et la valeur de -jr se présentera sous cette autre forme (. k" \ i s n— î a,-4- «,H-j. ..-t-a^-h 1 1 1 — 1 «.-.... W a» a3" ...„n do:2doL3...dan. L'intégrale en facteur est précisément R : seulement les indices de a sont tous ici plus grands d'une unité qu'ils n'étaient d'abord, ce qui est indiffé- rent. On a donc dK _ ^ = -nR' d'où R=Ce-"*: en posant k = o, il vient d'ailleurs c = r(i)r(î).:.r(^)=-L(2„) i ( 5o8 ) La formule R = V* " est donc démontrée. » cryptogamie. — Communication de M. Montagne. « En présentant un exemplaire d'une brochure ayant pour titre : Crypto- gamia guyanensis, seu Plantarum cellularium in Guyana gallica annis 1 835- 1849 à clariss. Leprieur collectantin ennmeratio universalis,M. Mon- tagne lit la Note suivante, qui en explique le motif et l'objet : » Au mois de mai 1 854, j'avais l'honneur d'offrir à l'Académie les deux volumes et l'Atlas de ma Cryptogamie chilienne ; aujourd'hui je viens lui faire également hommage de celle de la Guyane française. Cette • contrée équatoriale n'avait point encore été l'objet d'un semblable travail. Le petit nombre de botanistes qui nous en ont fait connaître les productions végé- tales, au premier rang desquels il faut citer Aublet et Plumier, avaient à peu près complètement négligé les plantes cellulaires, peu capables d'atti- rer leurs regards au milieu d'une si luxuriante et si magnifique végétation. » C'est à M. Leprieur, pharmacien en chef de l'hôpital de la Marine de Cayenne, que sont dus les précieux matériaux qui m'ont servi pour cette publication. Pendant un séjour de près de quinze années dans cette colonie française, M. Leprieur a recueilli et m'a adressé successivement trois col- lections dignes du plus haut intérêt par la nouveauté et quelquefois par l'originalité des types. J'avais déjà décrit dans les annales des Sciences na- turelles pour i835 et 1840 les plantes qui composaient les deux premières, lorsque, en 1849» ^ me rem^ ici lui-même la troisième, renfermant plus de 800 numéros. C'est cette dernière qui me suggéra l'idée de réunir ensemble, sous le seul et même titre de Cryptogamia guyanensis, tous les végétaux cellulaires de ce beau pays, que nous devons au zèle. éclairé et aux actives et persévérantes recherches de ce botaniste. » Sur les 1600 numéros qu'il a soumis à mon examen, j'ai pu recon- naître le nombre assez considérable de 718 espèces, dont près de la moitié étaient nouvelles pour nos catalogues. La plupart des autres, comme on pouvait le supposer, se retrouvent au Brésil et avaient été déjà signalées. » On peut donc affirmer, sans crainte d'être contredit, qu'aucun bota- niste avant M. Leprieur n'avait encore exploré avec tant de soin ni de (5o9) bonheur une contrée tropicale sous le point de vue qui nous occupe. Car, si la Cryptogamie du Chili présente une richesse un peu plus grande, il ne faut pas oublier qu'elle le doit aux efforts réunis de plusieurs collecteurs et queBertero, d'Urville, Gaudichaud, MM. Claude Gay et Alcide d'Orbigny avaient contribué à amasser les matériaux qui ont porté à 900 le chif- fre des espèces, tandis que M. Leprieur à lui seul a presque atteint le même chiffre, et cela sans négliger ses devoirs de pharmacien en chef. Cette justice, qui lui est bien due, je me plais à la lui rendre ici. » Je m'abstiendrai d'entrer dans aucun détail sur le contenu de cet opuscule, qui a paru par fragments dans les annales des Sciences natu- relles, et est accompagné de quatre planches; je me contenterai, parmi plusieurs faits intéressants et nouveaux qui y sont consignés, de signaler celui de la présence de quelques Algues, appartenant à des genres exclusi- vement marins, dans les eaux douces et courantes de plateaux assez élevés (1 5o mètres) et à une distance des côtes d'environ l\o kilomètres. » ornithologie. — Sur les Perdrix d'Europe. (Extrait d'une Lettre adressée de Lisbonne à M. Is. Geoffroy -S aint-Hïlaire, par S. A. le prince Charles Bonaparte. ) « Quoique j'aie admis bien des espèces aux dépens du Tetrao rufus, L., je n'en ai cependant pas admis assez. En effet, Perdix grœca, Brisson, est bien, pour la description et la figure, la Bartavelle du Dauphiné, Perdix saxatilis, Meyer ; mais la vraie Perdix grœca est une espèce distincte beau- coup plus semblable à la Perdix chukar de l'Himalaya, et dont probable- ment Xaltaica ne diffère pas. La principale différence entre la grœca et la chukark bande rousse centrale le long du sommet de la tête consiste en ce que la première n'a qu'une simple indication du faisceau de plumes auriculaires, roux pâle dans la chukar, et roux foncé dans la sinaica. De toutes les espèces, la vraie Bartavelle ou saxatilis seule a du noir entre l'an- gle du bec et les narines. En outre, si l'on compare la véritable grœca à la saxatilis, on lui trouve les moustaches noires plus prolongées, le bec plus long, quoique bien moins que dans P. sinaica; la gorge roussâtre (non blanche) et l'espace de la gorge circonscrit par le collier noir moins étendu et terminé en pointe; les bandes des flancs sont plus étroites. » C R., i856, i" Semestre. (T. XL», N° il.) 68 ( 5io) RAPPORTS. « M. Duméril, l'un des Commissaires désignés pour faire un Rapport sur une Note relative au développement des Pétromyzons adressée de Haie par M. Max. Schultze, et qui a été insérée en entier dans le n° 7 des Comptes rendus de cette année, déclare qu'il n'a pas d'autres renseignements sur cette question délicate d'anatomie, qui ne pourrait être bien appréciée que par l'examen des pièces ou des dessins reproduisant les faits observés. Néanmoins il croit devoir appeler l'attention de l'Académie sur l'impor- tance de ces recherches. Il semblerait en résulter que les œufs des Lam- proies offriraient certains rapports, quant à leur développement, avec ceux des Batraciens, et des Grenouilles en particulier, par le mode de segmen- tation de leur vitellus. Ils sont, en outre, remarquables par leur chorion ferme et mince, rappelant ce que M. Vogt a nommé la membrane coquil- lière. Enfin, l'évolution du système nerveux présente des anomalies indi- quées avec soin par .l'auteur, qui paraît avoir apporté une grande patience et beaucoup de dextérité dans ses observations. En conséquence, nous pro- posons à l'Académie de l'engager à les faire connaître d'une façon plus complète. » NOMIVATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu M. Parry. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 42, M. de Wrangell obtient 36 suffrages. M. Wilkes 2 M. Maury. 1 M. de Tchihatcheff. . 1 Il y a deux billets illisibles. M. de Wha\gell, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est dé- claré Correspondant de l'Académie. ( 5» ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instbuction pcblique transmet un Mémoire de M. Ch. Girault, chargé du Cours de Mathématiques à la Faculté des Sciences de Caen. Ce Mémoire, qui a pour titre : De la résistance de l'air dans le mouve- ment oscillatoire du pendule; principe d'un nouvel anémomètre, est ren- voyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Cauchy, Le Verrier et Delaunay. i M. Ed. Gand adresse, d'Amiens, en date du 6, du i 1 et du 12 mars, des Notes et Dessins concernant la suite de ses expériences avec le pendule irrigateur, et les conséquences qu'on peut, suivant lui, déduire déjà des résultats observés. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy, Liouville et Combes. ) M. Reybabd envoie, de Lyon, un travail intitulé : « Mémoire sur les tu- meurs et les fistules lacrymales; nouveaux procédés de traitement. » L'auteur, qui destine ce Mémoire au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, y a joint, conformément à une condition imposée aux concurrents, une analyse raisonnée de son travail, et deux instruments qu'il désigne sous les noms de emporte- pièce à vrille et emporte-pièce lenticulaire. (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Dubiau présente, pour le concours à deux des prix de la fondation Montyon(prix de Médecine et de Chirurgie; prix de Physiologie expéri- mentale), deux opuscules imprimés, ayant pour titres : l'un, « De l'absti- nence dans les maladies», l'autre, «Recherches expérimentales sur l'ab- sorption et l'exhalation par le tégument externe, sur la température animale, la circulation et la respiration » . Ce dernier est accompagné d'un résumé analytique en double exemplaire. L'auteur annonce l'envoi prochain d'un résumé semblable pour le premier opuscule. (Réservé pour les futures Commissions.) M. Gueytoiï adresse une Note à l'appui de la réclamation qu'il avait 68.. (5ia ) adressée à l'occasion du Rapport lu dans la séance du 3 mars sur les mou- lages galvanoplastiques de M. Lenoir. M. Zier adresse également une Note à l'appui de sa réclamation concer- nant ce même Rapport. (Renvoi à la Commission, qui jugera si les renseignements fournis par ces Notes sont bien ceux qu'elle désirait obtenir des réclamants, et qu'avait demandés, en son nom, M. Recquerel, dans la séance du 10 mars. (Voyez Comptes rendus, page 4çp-) M. Tortella transmet des documents imprimés à l'appui de ses précé- dentes communications sur la maladie de la vigne. (Renvoi à l'examen de la Commission des maladies des plantes usuelles.) M. l'Aigle des Masures soumet au jugement de l'Académie une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour faire monter et descendre à volonté les bal- lons sans perte de lest et sans perte de gaz. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) M. F. Marque envoie de Saint-Maurin (Lot-et-Garonne) une Note sur un moyen d'imprimer aux ballons une impulsion dans une direction voulue. (Renvoi à l'examen. de la même Commission.) M. l'abbé Carmentrez envoie une addition à ses précédentes communica- tions sur les précautions à prendre pour se préserver du choléra-morbus . (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission spéciale du prix Bréant. L'Académie renvoie à la même Commission des documents imprimés adressés par M. Tironi à l'appui de ses précédeutes communications sur le traitement du choléra-morbus. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever, ainsi qu'elle l'avait demandé, sur les fonds restés disponibles, une somme de 3700 francs, destinée à la construction d'un appareil d'optique et d'une machine de rotation. (5i3) M. Gityon, récemment nommé Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie, adresse ses remercîments à l'Académie. Communication de M. le prince Ch. Bonaparte en présentant une nouvelle publication de M. Gray. « Avant-hier à Londres, où je me trouvais au retour d'un petit voyage en Espagne et en Portugal, le principal zoologiste du Musée britannique, M. le docteur Gray, me chargeait d'une mission que je m'empresse de rem* plir. C'est avec joie, Messieurs, que je vous soumets ce nouveau travail sur les Cheloniens, parce qu'il est un vrai modèle de ce que devraient être les catalogues des grands Musées, prenant la science à son point d'arrêt, et donnantjles figures des espèces nouvelles, douteuses ou mal représentées. C'est en un mot un ouvrage digne de son auteur, de l'établissement national auquel il préside pour la zoologie, et surtout des administrateurs ou trus- tées qui le surveillent. Ces hommes d'état éclairés et au-dessus des basses intrigues et des considérations personnelles savent, avec un esprit d'ordre et de stricte économie, éviter la parcimonie, quand il s'agit de faire avancer la science. La publication de ce beau livre, faite par ordre de ces trustées , en est une preuve nouvelle, et le monde scientifique leur en doit des remercîments. » Un des principaux mérites de cet ouvrage est d'avoir débrouillé les espèces à sternum mobile des Emydiens. Du fond de son cabinet, M. le docteur Gray a su faire ce que nul n'avait fait avant lui, pas même les natu- ralistes américains qui ont tous les jours sous les yeux des centaines d'exem- plaires de ces Kinosternés. Sans doute il ne serait pas impossible de relever quelques inexactitudes dans un travail de si longue haleine. Moi-même peut- être aurais-je de petites réclamations de priorité à faire; mais ce qui est im- portant, c'est de mieux pondérer la réunion à la Clemmys caspica, Wagl . , de la jolie sigriz ou vulgaris, espèce occidentale dont deux petits exemplaires vivants viennent d'être remis par moi au vivarium du Muséum. Ces char- mants petits animaux doivent nous être doublement précieux comme pré- sent d'un jeune Roi naturaliste qui, après s'être si bien instruit lui-même, s'occupe nuit et jour d'un système d'éducation publique. Protestons au moins contre l'injuste réunion des Testudo grœca et Cher sus maurita- niens, en dépit des excellentes diagnoses qu'a données de ces deux espèces notre savant professeur Duméril. Ce que je soutiendrai encore de toutes mes forces en cette occasion, malgré tous les erpétologistes anglais qui ( 5i4 ) l'appellent Lutremys; malgré, je suis fâché de le dire, les erpétologistes français qui la réunissent aux Cistudo, c'est que Y Emjrs europœa doit rester le type du genre Emjs. Et cela ne fût-ce que pour honorer la mémoire de notre illustre Brongniart, dont l'important travail sur la classification des Reptiles a fait faire dans son temps un si grand pas à l'erpétologie. •> M. le Ministre des Deux-Siciles à Paris transmet trois exemplaires des Mémoires de L'Académie de Palerme, et divers documents imprimés rela- tifs à la statistique de quelques établissements publics de la même ville. La Société impériale zoologique d'Acclimatation fait hommage à l'Aca- démie des deux premiers volumes du Recueil qu'elle publie, et exprime le désir d'obtenir pour sa bibliothèque, ouverte à tous les membres de la So- ciété, dont le nombre est déjà de plus de mille, un exemplaire des Comptes rendus. (Renvoi à l'examen de la Commission administrative.) M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Duchartre, un exemplaire d'un opuscule intitulé : « Expériences sur les plantes épi- phytes et conséquences qui en découlent relativement à la culture de ces plantes. » M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un opuscule publié à Washington par M. Girard, sous le titre de Life in Us physical aspects (la vie au point de vue physique). Cet opuscule, destiné au concours pour le prix de Physiologie expéri- mentale, est accompagné d'une Note, dont nous reproduisons le passage suivant : « J'ai fait une observation que je crois importante : j'ai trouvé la fibrine, ou partie nutritive du fluide nourricier ou sang, composée de cellules à peine visibles sous un grossissement de 900 diamètres. Ces cellules sont difficiles à analyser et à isoler par les moyens ordinaires de manipulation. Pour les obtenir dans un état d'isolement, il est nécessaire que le sang r soit maintenu dans des conditions telles, qu'il perde sa température natu- relle d'une manière insensible et graduelle. Lorsque l'abaissement de la température s'opère d'une manière subite, il se forme alors ce que nous ap- pelons le caillot, dont les éléments essentiels sont les cellules de la fibrine agglomérées en filières ou d'autres manières. Dans cet état, les cellules de (5,5) ia fibrine ont déjà, en majeure partie, perdu leur structure et forme primi- tives; elles sont presque méconnaissables. Dans leur état d'isolement, les cellules de la fibrine ressemblent, à s'y méprendre, aux cellules vitellaires de l'œuf; les unes et les autres jouent un rôle analogue dans la fabrique animale, » Sur de tels faits, je fonde une doctrine nouvelle de la vie physique, brièvement exposée dans le travail que j'ai l'honneur de soumettre au juge- ment de l'Académie. » zoologie. — Sur la température moyenne des oiseaux palmipèdes du nord de l'Europe; parM. Charles Mautins. (Lettre à M. Flourens.) « Lorsque je me préparais à partir pour la Norwége , le Féroé et le Spitz- berg , je savais que j'y trouverais un grand nombre d'oiseaux palmipèdes qui viennent y nicher pendant l'été. Je résolus d'étudier leur température. M. Walferdin voulut bien me confier un thermomètre construit spéciale- ment pour cet objet. Sa cuvette cylindrique, son tube, d'un diamètre égal à celui de la Cuvette, permettent d'introduire facilement l'instrument dans le rectum jusqu'au centre'du corps de l'animal. L'échelle thermométrique n'est que 20 degrés de 26°,55 à 45°, 5^. Cet intervalle est divisé en a55 parties d'égale capacité, dont chacune correspond à o°,075 centigrade. Avec une loupe , on estime aisément j de degré. Je pouvais donc lire sur mon ther- momètre o°,oi5 ou ~; de degré environ. » Muni de cet instrument, plus parfait qu'aucun de ceux qui avaient été employés auparavant pour mesurer les chaleurs animales, je pris la tempé- rature d'un grand nombre de Palmipèdes. Mais au moment de rédiger mon travail plusieurs questions se présentèrent à mon esprit. Mon but était de déterminer comparativement la température moyenne de plusieurs espèces, et je n'avais que celle de quelques individus en petit nombre pour chacune d'elles. Il fallait donc rechercher : i° si la température d'un oiseau, au mo- ment où on l'observe , est parfaitement constante ou si elle est variable , et, dans ce dernier cas , mesurer l'amplitude de ces variations ; a° apprécier quelles sont les différences de température que présentent les individus d'une même espèce, suivant l'âge, le sexe, la saison et le mode d'alimentation. Pour ces recherches, je n'avais pas le choix des espèces, le canard et l'oie sont les seuls Palmipèdes assez communs pour qu'on puisse observer un grand nombre d'individus intacts; car un oiseau blessé ne donne que d»s indications peu sûres sur sa température normale. » Combien de temps le thermomètre doit-il séjourner dans le rectum de ( 5i6) l'oiseau pour indiquer sa température? Dans mes expériences, la cuvette se trouvait au niveau de l'insertion des deux cœcums, et la tige tout entière était plongée dans le rectum jusqu'à la division où le mercure s'arrêtait. Je m'assurai que quatre minutes étaient suffisantes lorsque l'instrument avait été préalablement chauffé dans le creux de la main. En effet, si on laisse sé- journer le thermomètre dans le rectum pendant quinze minutes et qu'on lise ses indications de minute en minute, la courbe thermométrique présente des inflexions régulières dont l'amplitude ne dépasse pas jfa de degré. On peut donc considérer la chaleur comme constante. » Quelles sont les différences de température que présentent les individus d'une même espèce? Pour le savoir, j'ai examiné cent dix canards et canes au nord, au centre et au midi de la France, dans toutes les saisons et dans les circonstances les plus diverses; les uns habitant des cours de ferme sans eau, les autres des moulins placés sur le bord des rivières. La température moyenne de cent dix oiseaux est de 42°,o8g ; mais un canard m'ayant offert une température inférieure à la moyenne [de — i°,27, et une cane une cha- leur supérieure de H- i°,36, il{ en résulte que l'amplitude de la variation thermométrique dans l'espèce est de 2°,63. L'écart moyen, c'est-à-dire la différence moyenne entre la température moyenne générale et celle de chaque individu en particulier, ne dépasse pas o°,42. Quatre-vingt-dix-sept oies avaient, en moyenne, une chaleur de 4 i°,3i6, inférieure par conséquent à celle de l'espèce canard de o°,773. Si la chaleur est moindre, elle est aussi moins différente d'individu à individu, l'amplitude de sa variation ne dé- passe pas i°,75, et l'écart moyen o°,o3a. On voit qu'en adoptant la tempé- rature d'un individu comme étant celle de l'espèce, les auteurs de physio- logie comparée s'exposaient à des erreurs qui pouvaient dépasser i degré. L'erreur la plus probable qu'ils commettaient est égale à l'écart moyen. « Influence du sexe. Dans l'espèce canard elle est très-marquée. La tem- pérature moyenne de cinquante mâles a été 4i°,9>5; celle de soixante fe- melles, 42°,264. Différence, o0,34o,. Dans les mâles, l'amplitude de la varia- tion est i°,8o; dans les femelles, 2°,55 ; ainsi, dans la cane, la température est à la fois plus élevée et moins uniforme que dans le mâle. En adoptant la température d'un individu comme étant celle de l'espèce, un observa- teur devra tenir compte du sexe s'il veut apprécier le degré d'approxima- tion qu'il obtient. Si c'est un Palmipède lamellirostre mâle, l'écart moyen ou l'erreur probable sera ± o°,346; si c'est une femelle, ± o°,495 ; ces différences tiennent à la plus grande variabilité de la température chez les femelles que chez les mâles. » Influence de l'âge. Dans le jeune âge, c'est-à-dire avant quatre mois, (5i7) la chaleur est moindre qu'à un an et au-dessus. J'ai trouvé pour les ca- nards une différence de o°,36; pour les oies, o°,4o. » Influence de la température extérieure. Elle m'a paru nulle ou pres- que nulle et demanderait, pour être résolue définitivement, des expériences spéciales auxquelles je ne me suis pas livré. » L'influence de V alimentation est considérable : une nourriture insuffi- sante abaisse d'une manière permanente la température du corps. Ainsi la différence entre des oiseaux bien nourris de grains et d'autres placés exacte- ment dans les mêmes circonstances, mais réduits à ce qu'ils trouvaient dans la rivière et sur le sol, était de o°,8o. L'abstinence complète amène une diminu- tion de la chaleur ; elle était, en moyenne, de o°, 1 1 par vingt-quatre heures pour les cinq premiers jours. Sur des pigeons, M. Ch. Chossat a trouvé o°, i o dans des expériences que l'Académie a couronnées en 1 843. Après quarante- huit heures de diète il y a une réaction, c'est-à-dire une légère augmentation de chaleur qui ne dure qu'un jour chez les pigeons, mais qui s'est prolongée pendant quatre sur mes canards. La privation complète d'aliments ne pro- duit donc pas, dans les premiers jours du moins, un refroidissement uni- forme ou uniformément accéléré. » Le tableau suivant présente la température des espèces que j'ai obser- vées; j'ai mis en regard l'erreur probable calculée d'après l'écart moyen obtenu par la comparaison de cent dix canards. On est frappé, en parcourant ce tableau, de l'uniformité de température des Palmipèdes. Cependant les Plongeurs paraissent avoir une chaleur moindre'que les Longipennes, qui, à leur tour, ont une température inférieure à celle des Lamellirostres. L'es- pèce dont la chaleur est la plus faible est le Procellaria glacialis (38°, 76) ; celle dont la température est la plus élevée, l'oie de Guinée ( Anser cygnoides) 4a°,84- On remarquera que le volume n'a pas d'influence sur la calorifica- tion : les petites espèces d'un genre sont en général plus chaudes que les grandes. » Les données positives de physiologie comparée énoncées dans cette Note me paraissent nouvelles; personne, à ma connaissance du moins, n'ayant encore étudié la chaleur moyenne d'une espèce, d'un genre et d'une classe. Mais, dans des animaux à température aussi uniforme, ces données numériques n'auraient pu être obtenues sans l'excellent thermomètre que je dois à M. Walferdin, et qui a servi à toutes mes expériences. Il eût été impossible d'estimer d'aussi faibles différences avec un thermomètre ordi- naire, et l'on n'aurait pu déduire de ces observations des résultats positifs, C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N» II.) 69 ; 5,8 ; sans l'emploi des méthodes familières aux météorologistes et aux statisti- ciens, et trop peu connues des naturalistes. Tableau résumé de la température moyenne des oiseaux palmipèdes du nord de l'Europt . I. — PALMIPEDES PLONGEURS. Guillemot à miroir ( Uria grylle, L.) . . . Guillemot nain [Uria Brunnichii, Sab.). Macareux [Mormon fratercula, Temm.). NOMBRE d'individus observés. 3 8 2 Moyenne des Plongeurs. 11. — PALMIPEDES LOK5IPENKES Pétrel gris-blanc ( Proccllaria glacialis, L.) . . . Mouette grise (Larus ridibundus, Gm.) Mouette à trois doigts. [L. tridactylus, Gm.). . Mouette blanche [L. eburneus, Gm.) Goéland à manteau gris [L. glaucus, Gm.). . . . Goéland argenté [L. argentatus, Lath.). Stercoraire pomarin [Lestris parasilica, Illig.). 5 i 3 12 IO I Moyenne des Longipennes. ni. PALMIPEDES LAMELLIR.OSTRES. Cygne à bec rouge [Anas otor, Gm.). Oie de Guinée [Anscr cygnoides, L.) . . Oie trompette [Anas cartadensis, L.). . Oie ordinaire ( A. anscr, L.) Oie rieuse [A. albi/rons, Gm.) Oie cravant [A. bernicla, Gm.) Eider [A. mollissinia, L.) Canard millouinan [A. marila, L.).. Canard tadorne [A. tadorna, L.) . . . Canard musqué [A. moschata, L.). . . Canard pilet [A. acuta , L.) Canard ordinaire [A. boschas, L.). . . Canard sifïleur [A. penelope, L.). . . . 4 5 97 i i 9 7 3 16 1 1 no 18 Moyenne des Lamellirostres. Moyenne générale des vingt-trois espèces. TEMPERA- TURES moyennes. 4o,57 4o,48 4» .74 4o,597 38, 76 41,42 40,07 40,42 4o.74 42,33 40,37 40,587 4o,99 42,84 4i,68 4i,3z 42,85 42,70 42,46 42,65 42,65 4i,66 42,16 42,09 42, 5i 42>>97 4., 498 ECART probable. 0,25 0,l5 0,29 °>«9 0,42 0,42 0,25 0,11 o, i3 0,42 0,16 0,21 o,J9 0,04 0,42 o,42 0,14 0,16 0,25 o, 10 O, 12 o,o3 0,09 ( 5«f, ) mécanique. — Note sur les mouvements relatifs; par M. Quet. « M. E. Bour a publié, le a5 février dernier, dans les Comptes rendus de l'Académie, l'extrait d'un travail important dont l'objet principal est d'exposer une méthode simple pour résoudre le problème du mouvement relatif d'un corps retenu sur la terre par son centre de gravité, lorsque le corps a la liberté de tourner dans tous les sens autour de ce centre. » J'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie, le a6 octobre i852 et le i5 novembre de la même année, successivement deux méthodes différentes pour résoudre Je même problème. L'une d'elles a été publiée dans le Journal de M. Liouville, et m'a servi à expliquer tous les phénomènes connus qui dépendent de la rotation terrestre. L'autre méthode, qui était spécialement appropriée au problème de la rotation d'un corps libre, n'obligeait pas à former de nouvelles équations différentielles et à les intégrer; elle ramenait tout aux équations du mouvement absolu. Il suffisait alors de prendre les intégrales connues de ces dernières et d'ajouter simplement — nt à l'une des variables (n étant la vitesse de rotation de la terre). Cette méthode jouissait en outre de ce caractère, qu'elle dispensait d'avoir recours aux formules générales des mouvements relatifs. Comme elle me paraît fort simple et susceptible de diverses applications, je prie l'Académie de vouloir bien me permettre de l'exposer ici très-brièvement. » Le mouvement absolu d'un assemblage quelconque de corps est re- présenté par la formule générale W 2> (Sr^+ w* + îp*) = 2>(X^ + Yân + ZoX). Les quantités qui entrent dans cette expression sont rapportées à trois axes rectangulaires et fixes dans l'espace, c£, cvj, cÇ. On désigne par §, y, £; mX, mY, mZ; ù%, c?rç, ' différent de iji. Si l'on désigne par u0 la valeur initiale de (J/ = (j(, qu'on peut, au reste, supposer nulle, on a (6) i|/ — , m qui servent à déterminer la position du corps par rapport au système d'axes mobiles ox, oy, oz, les angles qui déterminent cette position par rapport au sys- tème d'axes fixes sur la terre, en ajoutant à ty la quantité u0 — nt, ou sim- plement — nt. » Si, d'après les données initiales et la figure du corps, les angles 9, é doivent rester constants ou sensiblement constants, ij/ ne jouira pas de la même propriété, puisque l'on a t|/ = — nt . Dans ce cas, l'axe du corps oz, se mouvra ou exactement ou sensiblement comme l'axe d'une lunette parallatique ; en effet, pour ce dernier axe 9 et ty sont constants. C'est ce qui arrivera si le corps solide a reçu primitivement une très-grande vitesse autour de l'axe principal, qui répond au plus grand ou au plus petit mo- ment d'inertie. » La méthode qui vient d'être exposée a pour caractère spécial de rame- ner les problèmes des mouvements relatifs aux problèmes correspondants des mouvements absolus par un choix convenable d'axes fixes et d'axes mobiles par rapport à la terre. C'est en suivant des idées analogues que je suis parvenu, dans mon Mémoire publié par le Journal de M. Liouville, à ramener le mouvement relatif des pendules simples et composés au cas du mouvement absolu. » Je citerai comme application partielle des considérations qui précèdent ( 522 ) le problème de la chute libre des corps. Si l'on désigne par X, Y, Z les composantes de l'attraction terrestre rapportées aux axes ox, oy, oz ou aux axes cÇ, cy], cÇ, on a d>$_ d'r, _ ^_7 et, à cause des équations (3), d'x d'r „ p d^z _ Je représente par g l'intensité de la pesanteur, par m le complément de la latitude et par v0 — nt l'angle que l'axe ox fait avec la projection de la verticale sur le plan xoy, et j'ai X -4- a = g sinw cos(i>0 — nt), Y -t- ê = g sinwsin (v0 — nt), Z + y = g cosw; d'après cela, les équations qui précèdent deviennent, en supposant v0 = o, ce qui est permis, d'x . d'y . . d2z — =gsmucosnt, — =-grsinusin»<, — Ces équations s'intègrent immédiatement et donnent, lorsque le mobile part du point o, sans vitesse initiale : x=- — —U — cosnt), Y — - — —(smnt — nt), z = - t2; on déduit facilement de là l'expression de la déviation orientale, v M. Baudelocque prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commission la valeur pratique d'un moyen pour abréger les douleurs de l'accouchement, qu'il annonce avoir expérimenté plusieurs fois et tou- jours avec le même succès. L'Académie ne pourra nommer de Commission que lorsque M. Baude- locque lui aura fait connaître le moyen qu'il emploie pour arriver au ré- sultat annoncé. M. Chapoteau, à l'occasion d'une communication faite, il y a quelques mois, par M. Thenard sur un moyen de détruire les punaises, fait connaître un moyen auquel il a eu recours et dont il assure avoir obtenu, ainsi que tous ceux qui l'ont essayé d'après son conseil, d'excellents résultats. Ce moyen con- ( 5a3 ) siste à faire, dans la chambre qu'on veut purger d'insectes, une fumigation avec des feuilles de rhue, de tabac, d'absinthe et avec du camphre, le tout projeté sur un brasier ardent. Il va sans dire que, pour être efficace, cette fumigation doit être faite dans une chambre dont toutes les issues sont fer- mées et soigneusement calfeutrées. M. Triquet demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire sur les polypes de V oreille qu'il avait présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, et qui n'a pas été mentionné dans le Rapport fait par la Commission sur les pièces admises à ce concours. M. Grellon adresse une double copie d'un tableau imprimé offrant le résumé des observations météorologiques qu'il a recueillies à Constantinople en i855. M. Paqcerée prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commission un opuscule dans lequel il a décrit deux appareils de son inven- tion, destinés à prévenir des accidents communs sur les chemins dejer. La description de ces appareils ayant été rendue publique par l'impres- sion, l'Académie ne peut, d'après ses usages, les renvoyer à l'examen d'une Commission. L'auteur d'un Mémoire présenté au concours pour le grand prix des Sciences naturelles (question concernant la distribution des restes organiques fossiles dans les terrains de sédiment) annonce l'envoi prochain d'une tra- duction française du travail qu'il a déjà présenté et qui est écrit en allemand. A l'occasion de la déclaration faite dans la précédente séance par M. The- nard, au nom de la Commission chargée d'examiner un Mémoire intitulé : « Les métaux sont des corps composés, ie partie, ier Mémoire », l'auteur de cet écrit, M. Tiffereau, demande à l'Académie la permission de lui faire remarquer qu'en adressant cette partie de son travail, il n'avait pas de- mandé qu'elle fût immédiatement l'objet d'un Rapport. La Commission a dû juger, en effet, qu'il n'y avait pas lieu à entretenir l'Académie d'opinions dénuées des preuves qui doivent faire de sa part l'objet d'une nouvelle com- munication. M. Ils. axciii i annonce l'intention de soumettre au jugement Me l'Académie une Note sur un dispositif au moyen duquel il pense avoir résolu le pro- blème du mouvement perpétuel. On fera savoir à l'auteur que l'Académie, en vertu d'une décision déjà an- ( 5M ) cienne, ne renvoie point à l'examen d'une Commission les Notes ou Mémoires concernant le mouvement perpétuel. M. Anghera, auteur de plusieurs Notes manuscrites sur diverses questions de géométrie, et notamment sur la quadrature du cercle, annonce l'envoi d'un opuscule imprimé sur ce sujet. L'Académie a déjà reçu un exemplaire de cet opuscule qui, de même que les Notes manuscrites précédemment envoyées, traite d'une question dont la science depuis longtemps ne s'occupe plus. M. Jî assagi: i prie l'Académie de lui faire savoir le jugement qui aura été porté sur un Mémoire qu'il avait voulu lui soumettre, mais qu'il ne lui avait pas adressé directement. Ce Mémoire, qui paraît avoir pour objet l'examen des fonctions les plus générales des corps organisés, animaux et végétaux, n'est pas parvenu à l'Académie. A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 17 mars 1 856, les ouvrages dont voici les titres : Cryptogamia Guyanensis, seu Plantarum cellulariurn in Guyana gallica annis 1 835-1 849 a Cl. Leprieur collectarum enumeratio universalis ; auctore Cam. Montagne. Parisiis, MDCCCLV; 1 vol. in-8°. Catalogue... Catalogue des Reptiles Chéloniens de la collection du Britisli Muséum; Part. 1, Testudinata; par M. J.-E. Gray. Londres, 1 855 ; in-4°. (Offert au nom de l'auteur par M. le Prince Ch. Bonaparte.) Life... La vie au point de vue physique ; par M. Ch. Girard. Washington, i855;br. in-8°. ERRATA. * (Séance du 10 mars i856.) Page 49'« ligne 6, au lieu de Coebon, lisez Cocebon. Page 4g4> ligne 1 1 en remontant, au lieu de Lassaigke, lisez Dessaignes. ■«-»«-< COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. «-»««< SÉANCE DU LUNDI 24 MARS 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. calcul intégral. — Mémoire sur la réduction de classes très-étendues d'intégrales multiples ; par M. J. Liouville. (Extrait par l'auteur.) « 1 . J'ai obtenu à diverses époques et par différentes méthodes des for- mules pour la réduction de plusieurs classes très-étendues et assez remar- quables d'intégrales multiples. Dans des cas particuliers, ces formules four- nissent les valeurs finies de quelques intégrales qui paraissent mériter qu'on les signale. Elles conduisent d'ailleurs à la solution de certains problèmes, au premier abord très-difficiles. On les trouvera réunies et discutées dans mon Mémoire. Je ne pourrai, dans cet Extrait, qu'effleurer le sujet, et je m'attacherai de préférence aux formules qui sont liées à l'intégrale -m /»* - fa.H-a.-t-. ..-Ha.-,-*- - ) --1 2-1 l^li-i Jo -Jo e v «,«,... «,_./a» an a^, da,da2...d ( 526 ) séance (*) pour démontrer la belle formule de Gauss concernant les fonc- tions T. En désignant par R cette intégrale, j'ai prouvé que l'on a n — I V* » 2. Cela posé, considérons l'intégrale à n variables a n — i I ... | e-(«-t-«. -t-...-+-a._.) c[>(aal ...a„_,) a." a"... an", da da, ... da„_,, t/O t/O où

a.ta.2 . . . an_, nous aurons de suite L = /i ^ Yi(f{k!t)kn-{ dk; et en mettant pour R sa valeur, I n— 1 L'intégrale donnée à « variables est donc réduite à une intégrale simple. En prenant pour la fonction

+--+a"-- + aV««>---a"--K:a:...ajrdxda,.. où j'ai fait, pour abréger, P =/(a + a, + ... + a„_,), et Q=f {ami •■■ <*n-,)- » En remplaçant a par a a, a, par a, a,,..., a„_, par a„_, a„_,, on rem- placera la somme des variables, dont P dépend, par une fonction linéaire de ces variables. (*) Voir Journal de Mathématiques, tome IV, page 229. ( 53o ) » On obtiendra des résultats curieux en supposant que l'une des fonc- tions P, Q devient nulle, ou même que toutes deux deviennent nulles, lorsque les variables dont elles dépendent surpassent une limite donnée, ou cessent d'être comprises entre des limites données. » Enfin, parmi les intégrales dont je me suis occupé, je citerai encore la formule £ --J" /(** + » p +...),(£ + £+.. )d«dp...t qui se lie aux précédentes. Je renvoie pour le reste à mon Mémoire. De plus longs détails sur ce sujet sortiraient du cadre où l'on doit renfermer les Comptes rendus. » MEMOIRES PRESENTES analyse mathématique. — Mémoire sur le développement de la Jonction perturbatrice; par M. Roubget. (Extrait par l'auteur.) Commissaires, MM. Liouville, Binet, Delaunay.) « Le développement de la fonction perturbatrice en série ordonnée sui- vant les puissances des excentricités et des inclinaisons est, comme l'on sait, d'une grande importance pour le calcul des inégalités. On peut même dire qu'une Table parfaitement exacte des divers termes de cette série, jusqu'à un ordre assez élevé, ne serait pas moins utile aux astronomes qu'une Table de logarithmes. » Mais l'application de la série de Taylor à ce problème présente des obstacles à peu près insurmontables quand on dépasse le quatrième ordre. Ainsi le travail de Burckhardt sur les termes du cinquième ordre [Mémoires de l'Institut, 1808) contient quelques erreurs relevées par M. Binet en 181 2; ainsi celui de M. Airy pour la détermination des termes relatifs à la grande inégalité que Vénus introduit dans le moyen mouvement de la Terre, a été extrêmement laborieux, et les divergences entre ses résultats et ceux d'autres géomètres partis des mêmes données que lui font douter de son exac- titude. » M. Pontécoulant a publié dans sa Théorie analytique du système du monde un tableau des termes de la fonction perturbatrice, étendu jusqu'au ( 53, ) sixième ordre ; mais, malgré tous les soins de l'auteur, ce travail ne peut être consulté qu'avec défiance, car mon ami M. Houel y a découvert un assez grand nombre de fautes, qu'il a signalées dans sa Thèse présentée à la Faculté de Paris en 1 855. » La source des difficultés du problème est facile à saisir. L'application de la série de Taylor ramène aux développements des puissances de x, y définies par les équations r = a(i + *), v= l+y, l désignant la longitude moyenne, et v la longitude vraie; et après la sub- stitution de ces développements dans des formules compliquées, il reste à transformer en sommes des produits de lignes trigonométriques (*). Or routes ces séries sont pénibles à former, la loi des coefficients est totalement cachée, les substitutions sont laborieuses, les fautes de calcul extrêmement probables et fort difficiles à découvrir. » Trouver une méthode qui évite la formation des puissances de x, r ; ramener à des opérations algébriques extrêmement simples, sinon rapides, la recherche des termes correspondants à un argument donné et à un ordre donné : tels sont les problèmes qui m'ont paru dignes d'attention, tant à cause de leur importance analytique que de leur utilité astronomique. » J'en ai trouvé la solution en étudiant un travail peu connu de M. Cauchy. L'illustre géomètre a montré, dans les Comptes rendus de 1840, qu'on peut ramener rigoureusement à des intégrales simples les intégrales doubles qui se présentent dans la recherche d'un terme d'ar- gument donné. Les unes qu'il désigne par Ay- sont analogues aux b[l) de Laplace, les autres appelées Nf, A> t sont données par l'équation Nr'*'' = ?kX;S" e'a "~K (e"^+ e~" ^)* (e"""' - e-^-'Y du, où t, k, l sont des nombres entiers et positifs, à l'exception du premier qui peut être négatif. On en trouve l'expression en termes finis sans difficulté. » En examinant attentivement la méthode de M. Cauchy, on voit qu'elle est au fond un procédé de développement applicable à toutes les fonctions qui peuvent s'exprimer en séries de termes proportionnels aux sinus et co- (*) Voir un Mémoire de M. Le Verrier dans la Connaissance des Temps pour i844- ( 53a ) sinus des multiples d'un ou de plusieurs angles. Aussi, en modifiant un peu ses calculs, j'ai pu arriver à la forme que l'on donne habituellement à la série de la fonction perturbatrice, et qui se prête facilement aux dérivations dont on a besoin. Ainsi j'ai pu donner par l'emploi de cette méthode une solution nouvelle et élégante du problème de Kepler (*). » Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je m'oc- cupe de la partie la plus importante de la fonction perturbatrice, c'est-à- dire de l'inverse - de la distance mutuelle des deux planètes considérées, P et je prépare tous les calculs nécessaires pour obtenir les termes généraux des divers ordres. On verra que les nouvelles transcendantes de M. Cauchy sont évitées et remplacées par les b\° de Laplace ; les nombres Nt> *, / sont calculés pour la première fois et pour toutes les valeurs des indices dont on puisse avoir besoin ; la disposition adoptée est d'ailleurs telle, que les erreurs sont à peu près impossibles. Après cela, toutes les difficultés du problème du développement de -sont ramenées à la résolution d'un système d'égalités et d'inégalités du premier degré en nombres entiers. Les solutions sont fort nombreuses quand l'ordre des termes est élevé, mais toujours aussi faciles à trouver. » Dans d'autres Mémoires, j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie l'application de ces formules générales à la formation du tableau des termes de -jusqu'au septième ordre. » géométrie. — Nouvelles remarques sur les surfaces à aire minima; par M. Ossian Bonxet. (Renvoi à l'examen de la Section de Géométrie.) « Dans une Note publiée au Compte rendu du i4 niai 1 855, j'ai résolu le problème suivant : Trouver la surface à aire minima qui touclte une sur- face donnée suivant une courbe donnée, ou mieux Trouver la surface à aire minima qui passe par une courbe donnée pour les différents points de la- quelle on connaît la direction que doit avoir la normale à la surface. Ma solution, basée sur la considération des lignes isothermes, était assez compli- quée. Voici une solution beaucoup plus simple. (*) Compte rendu du Ier mai i854- ( 533 ) » La question se réduit à ceci : intégrer l'équation de façon que, pour j = 9(x), on ait 9, et (pa étant des fonctions connues; par conséquent, de façon que 4>, et i{/2 étant deux autres fonctions connues, car ayant les équations (2), lorsque y = = *(*). (g)-+(|)-=î>W; d'où dz = ?'>q=?'\/(' !-+-?'2)(«).■ $, Y, , Y2 étant trois nouvelles fonctions se déduisant simplement de c » 9'°>74 du 45e au 55e » 94°,o6 du 60e au 65e » 97°>44 du 70e au *j5e » 9i°,73jt2 du 80e au 85e » 79V9** au 90e » 77°>I9;rz ( 536 ) progressif de surfaces terrestres que j'ai constaté sur les grands cercles qui s'élèvent de l'équateur jusqu'au 65e degré de latitude. Les faibles sommes ter- restres des grands cercles de la zone équatoriale, leurs nombreux arcs marins rectangulaires (qui nous dénotent, ainsi que je l'ai déjà démontré, des arcs d'exhaussement en voie de dépression), la direction plus ou moins du nord au sud que prennent si fréquemment, enfin , les alignements terrestres du globe, tout semble nous indiquer que la moyenne terrestre des grands cercles polaires est beaucoup plus élevée que celle que nous constatons sur leur parcours connu, et qu'il doit exister ainsi des surfaces terrestres polaires d'une assez grande étendue. » Ce'qui viendrait confirmer encore cette opinion, c'est que : i° de l'équateur jusqu'au 65e de latitude, tous les grands cercles qui ont moins de 98 à i oo degrés d'arcs terrestres trouvent constamment leur somme com- plémentaire d'arcs d'exhaussement dans leurs arcs marins rectangulaires , tandis que ce fait n'a plus lieu, en général, à partir du 70e degré de latitude ; i° les alignements parallèles qui forment, jusqu'au 65e degré de latitude, un caractère si distinctif des grands cercles de plus de 102 degrés ter- restres , existent souvent dans des proportions considérables sur des grands cercles polaires qui ont moins de 100 degrés terrestres sur leur par- cours connu. « Nous ne pouvons guère attribuer ces deux faits qu'à l'existence de terres polaires qui viennent donner aux grands cercles un chiffre terrestre plus élevé que celui que nous constatons sur leur parcours connu. » Si nous admettions que les grands cercles polaires de moins de 99 \ degrés terrestres qui n'atteignent pas ce chiffre normal par leurs arcs marins rectangulaires ont, en minimum, leur somme terrestre complémen- taire dans les régions polaires, le minimum terrestre des grands cercles polaires serait en moyenne : moy. lerr. Sur les grands cercles qui s'élèvent jusqu'au 70e degré de latitude. . . ioo°, 19 » » au 75e » 97°>44 » » au 80e » 920, 12 au 85e » 88°,65 » « au 90e » 87°,8i .» Mais cette évaluation serait évidemment trop faible , car elle n'attribue aucun parcours terrestre polaire, aux grands cercles , de plus de 99^ de- grés terrestres. » Que si l'on évaluait, au contraire, la valeur moyenne des arcs ( S37) terrestres polaires par voie de proportion, en déterminant la latitude moyenne à laquelle commencent les régions polaires inconnues et en attri- buant aux grands cercles polaires qui les traversent une moyenne terrestre proportionnelle à celle qu'ils ont sur leur parcours connu , on obtiendrait les chiffres suivants en faisant commencer les arcs polaires inconnus au 75e degré de latitude nord et au 65e degré de latitude sud : ÉTENDUE DES ARCS INCONNUS. POLAIRES ÉVALUATION PROPORTIONNELLE. ANGLES des grands cercles à l'équateur. RÉGIONS arct. SOMME terrestre proport. des grands RÉGIONS antarct. = X. TOTAL. PARCOURS connus ARCS terrestres. PARCOURS inconnus. ARCS terrestres polaires proportion- nels. cercles. 0 70 S 0 0 3o 0 3o 33o° 0 93,5o 0 3o 0 8,20 0 ioi ,73 75 s » 4o 4o 320 89>94 4o 11,24 I0I,l8 80 s 22 45 67 293 81,72 67 18,68 ioo,4o 85 S 28 48 76 284 76,53 76 20,48 97>01 9° 3o 5o 80 280 77. '9 80 22, o5 99>24 k ROSES du méridien de Paris et du 180e de longitude. Sommes terrestres. ROSES du 45e E. de longitude et i35e 0. de longitude. ROSES du 90e de lon- gitude et 90e 0. de longitude. Sommes terrestres. ROSES du i35° E. de longitude et 45e O. de longitude. Sommes terrestres. ÉCARTS. Sommes terrestres. Amérique septenlr. , etc. Amérique mérionale. . . 367° I 334 1 I25l { 888 -f 78 1 i57 \ 45 1° 3o8 j 11 18 \- 1091 f 58 \ 124 7 54i°| 610 { 5a2 "91 f 47 7 182 i 4>3°{ 868 572 * 234 T 287 i 0 174 559 \ 729 t 3o8 176 i63 i Europe, Asie, etc.... Grand Océan, etc 38 '8 7 24 i 2' f 9 1 » Il semblerait donc que nous devons attribuer l'analogie des sommes ( 538 ) terrestres de mes roses de grands cercles à la similitude d'effets qu'a en- traînée sur l'ensemble de chacune de ces roses la similitude de causes d'ex- haussement qu'elles ont eue entre elles. L'une a porté sur l'Afrique ou l'Aus- tralie l'excédant terrestre que l'autre a porté sur l'Asie ou l'Amérique ; mais elles sont toutes arrivées, en définitive, à des résultats presque sem- blables. » Ce fait nous montre l'équilibre qui s'est maintenu sur le globe dans la répartition générale des reliefs terrestres, et par cela même aussi la valeur que nous devons attacher à l'étendue de ces reliefs sur les grands cercles. » Cette dernière évaluation, qui me paraît être plus rationnelle que la première, ferait remonter l'accroissement moyen des reliefs terrestres sur les grands cercles jusqu'au 70e degré de latitude, et il y aurait ensuite des rnovennes terrestres presque semblables, depuis le 75e degré de latitude jus- qu'aux pôles. » Les grands cercles des roses que j'ai formées sur l'équateur ne parcou- rant pas, au reste, le globe en nombre suffisant pour nous donner des moyennes terrestres fort exactes dans les régions polaires, j'ai pris de 10 en 10 degrés sur l'équateur des grands cercles qui remontent en fais- ceau, de 5 en 5 degrés, du 70e degré de latitude jusqu'aux pôles. » Ces 162 grands cercles polaires nous donnent, en résumé, les chiffres suivants : ANGLES des grands cercles avec l'équateur. 70 S 75 S 80 S 85 S 9° 1IIM1U TERRESTRES DES GRANDS CERCLES. Arcs terrestr. connus. lo5,o3 x g3,47 xz 86,85 xz 83,69 xz 81,78 xz Minima terrestres des gr. cercles. 109, i3 IOO, I I 98>72 97. «8 93>39 Parcours connus. 33o 320 293 284 280 EVALUATION PROPORTIONNELLE. Arcs terrestre» connus. Io5,o3x 93,47 ^z 86,85*z 83, 6g .rz 81 ,78x2 Parcours inconnus. 3o 4o 67 76 80 Arcs terrestre» proportion- nels. 9.54 I2,5o .9,86 22, t>4 23,36 Sommes terrestres proport* des gr. ccrcl. n4,57 ii2,58 106,70 105,73 1 o5 , 1 3 » Ces chiffres nous font voir, à leur tour, que l'accroissement progressif des arcs terrestres remonte, en moyenne, sur les grands cercles, non-seulement jusqu'au 70e degré de latitude, mais presque même jusqu'au 75e degré de lati- (539) tude, et qu'il existe au delà de ce dernier point une zone de grands cercles, dont les sommes terrestres moyennes, tout en s' abaissant un peu vers les pôles, restent presque stationnaires et conservent un chiffre assez élevé pour que nous devions admettre qu'il y a des surfaces terrestres considérables vers les pôles, et que l'ensemble des grands cercles polaires a exercé par son développement terrestre une action fortement dépressive sur les grands cercles des régions équatoriales et tempérées. » Mes roses de grands cercles nous présentent un autre fait remarquable : leurs sommes terrestres sont presque toutes semblables entre elles, ROSES DU MÉRIDIEN DE PARIS ET DU l8o' DE LONGIT. KOSES DU 45e DE LONGIT. ET DU l35e 0. DE LONGIT. ROSES DU 90e E. DE LONGITUDE ET DU 90e 0. DE LONGIT. ROSES DU 1 35e E. DE LONGIT. ET DU 45e 0. DE LONGIT. Sommes ter- restres. Minim. terrestre polaire. TOTAL. Sommes ter- restres. Minim. terrestre polaire. TOTAL. Sommes ter- restres. Minimum terrestre polaire. TOTAL. Sommes ter- restres. Minim. terrestre polaire. TOTAL. Total . Moy . . 0 3109 -J 86,37 i85°J 5,i6 0 32g5 9' >35 3i78°| 88,29 «9°! 2,48 3267"-!- 9°, 77 0 3220 89,40 0 ' ,44 D 32ÔI 90 , 5o 3352° l a 26 { 0,73 3378° -; 93,84 et leurs étendues de parcours sur les mêmes continents présentent cepen- dant des écarts considérables. » M. A. Breton adresse une description d'une pile, toujours humide, des- tinée aux usages médicaux , sur laquelle il avait dans une précédente séance sollicité le jugement de l'Académie. « Cette pile, dit M. Breton, est composée, pour l'un des pôles, d'un mé- lange de poudres de cuivre rouge, avec des poudres neutres de bois, desti- nées à diviser les parties métalliques ; ces poudres sont mélangées ensemble dans une dissolution saturée de chlorure de calcium qui en lait une mixture toujours humide, le chlorure de calcium ayant la propriété d'absorber tou- jours l'humidité de l'air. La préparation du deuxième mélange qui forme l'autre pôle de la pile, est identiquement la même, sauf que la poudre de cuivre est remplacée par une poudre de zinc. Ces deux préparations, mises dans un vase, et séparées entre elles par une cloison poreuse, établissent une pile à effet constant qui garde toujours la même intensité d'action, vu son état d'humidité constante et le nombre indéfini de ses éléments. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la pile de M"e Behrens; MM. Becquerel et Pouillet.) ( 54o ) M. Goubaux, professeur à l'École impériale vétérinaire d'Alfort, et M. Fol- lin, professeur agrégé à l'École de Médecine de Paris, adressent pour le concours Montyon, prix de Médecine et Chirurgie, un travail qui leur est commun et qui a pour titre : « De la Crjptorchidie chez l homme et les principaux animaux domestiques . » (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) Deux autres Mémoires destinés au même concours sont adressés : L'un par M. Rochat : « Essai sur la médecine préventive »; L'autre par M. Vanner. Ce dernier Mémoire est intitulé : « Du degré constant de la chaleur animale considérée dans l'homme comme loi de la santé; des effets morbides produits par les variations de cette chaleur, et les applications à en déduire pour la thérapeutique». Un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques (question concernant le théorème de Fermât) est parvenu depuis la der- nière séance et a été inscrit sous le n° 6. CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prendre sur les fonds restés disponibles les sommes demandées pour la gravure de planches destinées à accompagner un Mémoire de M. Schimper sur les Sphaignes, et pour la continuation d'un travail de M. Sainte-Claire Deville sur le bore, le silicium, etc. M. le Ministre de la Marine met à la disposition de l'Académie une série de spécimens du fond de la mer, avec l'indication des parages, un tableau des coquilles microscopiques trouvées dans la mer, et une Notice expli- cative. Cette série, que M. le Ministre a jugée de nature à intéresser l'Académie, fait partie d'une collection offerte au Gouvernement français par le Cabi- net de Washington, et qui a été apportée par M. Benham, capitaine du génie dans l'armée fédérale des États-Unis. Les spécimens sur lesquels M. le Ministre appelle l'attention de l'Acadé- mie seront soumis, ainsi que les documents qui les accompagnent, à l'exa- men d'une Commission composée de MM. Élie de Beaumont, Duperrey, de Quatrefages et Bravais. ( 54 1 ) M. Elus, au nom de l'Administration du Muséum Britannique, remercie l'Académie des Sciences pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. M. .Io.m u;i>, en adressant un Tableau des courbes représentant les phé- nomènes de l'atmosphère dans l'océan Atlantique , dont l'auteur est M. le lieutenant Makry, directeur de l'Observatoire de Washington, l'accompa- gne de la Lettre suivante : « Je suis chargé par M. Maury, directeur de l'Observatoire de Washing- ton, de faire hommage à l'Académie d'un Tableau montrant la proportion des pluies, calmes, brouillards et tempêtes, dans les hémisphères nord et sud, sous les parallèles correspondants de l'océan Atlantique. Les divers résultats que présente ce tableau figuré sont fournis par 107277 observa- tions faites dans la partie nord de l'Atlantique et par i58o25 observations faites dans la partie sud. Il résulte de ce tableau que les calmes sont moins fréquents dans l'hémisphère sud que dans l'autre. Il en est de même des autres phénomènes atmosphériques; l'atmosphère est plus variable, et sujette à plus de pluies, plus de brouillards, plus de vents, plus de tonnerre dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud, particulièrement entre l'équateur et le cinquante-cinquième parallèle. » M. le Secrétaire perpétuel communique la Lettre suivante qui lui a été adressée par M. Terquem à l'occasion du Rapport fait dans la séance du 10 mars, sur une méthode proposée pour le calcul des distances lu- naires observées en mer. « Dans les Comptes rendus (n° 10, p. 47$)» on exprime le désir d'avoir une Table donnant les sinus naturels de o à go degrés, de 10 secondes en 10 secondes, et on propose de la faire calculer. » Cette Table existe. C'est le Thésaurus mathematicus , etc. , s'ive Canon sinuum ad radium 10 15 et ad dena quœque scrupula secunda qua- drantis una cum sinibus primi et postremi gradus..., Table calculée par Pi- tiscus. On en lit une description dans le bulletin de Bibliographie, d'His- toire et de Biographie mathématiques, t. I, p. 10 et 1 1 ; 1 855. On croit aussi utile de rappeler que, parmi les grandes Tables déposées à l'Observatoire impérial, on trouve une Table de sinus naturels pour chaque seconde déci- male avec 25 décimales, et à 7 ou 8 colonnes de différences. » Il est bien à regretter que nos astronomes aient quitté la division déci- male du cercle et du jour; si l'on avait persisté, cette division aurait fini, C. R., 1856, icr Semestre. (T. XLII, N» 12.) 72 ( 54a ) tout comme notre système métrique, par être généralement adoptée. On peut y revenir. Dans la grande carte de France, cette division est employée ; excellent exemple à suivre. » optique. — Théorie mathématique des effets de la lentille simple employée comme objectif de chambre obscure et comme besicle ; par M. Bretos (de Champ.) § Ier. — Exposé de la question. « On sait par expérience que l'effet obtenu d'une lentille simple, de longueur focale donnée, dépend des courbures des deux surfaces réfrin- gentes, de l'ordre dans lequel ces deux surfaces agissent sur les rayons de lumière, et aussi de la position et de l'ouverture du diaphragme qui limite l'amplitude des pinceaux incidents. Le docteur Wollaston a, le pre- mier, essayé de déterminer les dispositions les plus convenables pour le cas où la lentille doit être employée comme objectif de chambre obscure. Il a trouvé que l'on obtient de très-beaux effets en faisant la lentille concave du côté des objets et convexe vers l'image, et le rayon de courbure de la surface antérieure égal à deux fois celui de la surface postérieure. Quant au diaphragme, Wollaston le place au devant de la lentille, c'est-à-dire du côté concave, à une distance égale à ■£• de la longueur focale. Enfin le dia- mètre d'ouverture de ce diaphragme est fixé à — de la même longueur. Toutefois cette dernière proportion ne résulte pas aussi explicitement que les précédentes de la description donnée par ce célèbre physicien (*), auquel on doit aussi l'indication de la disposition périscopique préférée aujourd'hui par un assez grand nombre de personnes pour les verres de besicles. » Les recherches de Wollaston ont été reprises par notre excellent opti- cien M. Cauchoix. Il a obtenu des résultats analogues; seulement le rapport des rayons de courbure des surfaces antérieure et postérieure de la lentille lui a paru devoir être de 8 à 5 plutôt que de i à i (**). Il est incontestable que quand l'appareil est ainsi construit, l'image est incomparablement plus belle et plus étendue qu'on ne l'obtiendrait avec la lentille biconvexe plus communément employée. Mais personne encore, que je sache, n'a donné la théorie mathématique de ces effets remarquables, lesquels sont évidemment une conséquence des relations spéciales qu'il faut établir entre les éléments (*) Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres, pour l'année 181 t., pages 370 et suivantes. (**) Précis de physique expérimentale , par M. Bibt, 3e édition, lome II, page 356. ( 543 ) de l'appareil pour que les images produites soient à la fois étendues, nettes et fidèles. La solution de ce problème est implicitement renfermée dans mes précédentes communications relatives à l'optique instrumentale (*) ; c'est elle que je me propose de développer ici, comme premier exemple de l'application des principes nouveaux que j'ai formulés jusqu'à présent d'une manière trop abstraite pour que l'on en vît l'utilité. J'appliquerai ensuite les mêmes principes à la lentille simple employée comme besicle. § II. — Relation de laquelle dépend l'étendue de Vimage. » La condition à laquelle nous devons avant tout satisfaire, est d'obtenir un champ étendu. Cela exige que les pinceaux obliques soient transformés par la lentille en pinceaux coniques, de même que les pinceaux émanés de points situés sur l'axe de l'objectif. Les relations à établir entre les éléments de l'appareil pour cet objet sont celles que j'ai données le 22 janvier 1 855. Je les reproduis ici en les restreignant au cas de deux surfaces : = " LU ~ r,) [i^,~ fj + ^\,~ m$ï+ P; \¥^r i) J L~ ^ fc ~ y + a,a>c,, ~ 7â + j\ [^ — t,j J * [~ A fè ~ ty + A^"^^ fc~^) ] "' L- a fe "~ rj + a,a'c,, T. 7j\ + yt ($* ~ 3 j J « «. rJ i'r.3 =u[i-i] A2=A\-hht Ac>2=.A'Cjl + ^. (*) Voyez les Comptes rendus des séances des 18 septembre i854, 22 janvier i855 et i o mars 1 856. 72.. ( 5/,4 ) » Afin de simplifier la question, je supposerai la lentille assez mince pour que l'on puisse considérer sans erreur sensible son épaisseur h, comme nulle. J'admettrai aussi que — el— sont nuls, ce qui revient à supposer que les points rayonnants sont situés sur un plan perpendiculaire à l'axe de la lentille. Retranchant alors la troisième équation de la première et la qua- trième de la seconde, il vient 2u/l 'Y—2"'/ ■ ' V /' ' \/ ' • V V te ~ -?l) ~ ^ te - -r,J * "' [l - l) te - %) ' La condition de conicité des pinceaux émergents est p\ = p'2. Supposons-la remplie, et ajoutons ces deux équations membre à membre, on trouve a, u.« a/ + z, te ~ *} ~~~ r, te ~~ v + ? Uv *> : y étant la longueur focale de la lentille, on a _u, — m/i i\ I_l I 1 I I i 7 u, . u, — a a i u, — i i u i à', fi A, A',,, ~ u, r, «, AC;, d'après cela notre équation devient / i i\' au |~i /m, — u u\ u, /i i\T / i i\ \A.,i /•,/ u, — ul_u, \ r, A,/ u \7 vJ W' r,) UU, I Ti /u, — u u\ U, /l I \~| ou, ce qui revient au même, (I I \ ! 2 U [' I H, I "j / I I \ UU, 1 Tl U, I "I A,,, . ?J ~ «, — « L?, IT Â7 J te *~ rj ~ («,— «)'/ |_Z, ~ • ?J ' d'où l'on tire, en laissant les coefficients de l'inconnue ; sous leur forme explicite, i i a jfi /u, — u u\ u, / 1 i \~J A,,i r, u, — u{|_«,\ r, A,/ u \/ A,/J ( 545) On voit par là que la valeur de ACi, ne sera réelle qu'autant que les deux fac- teurs sous le radical seront de même signe. Si nous considérons en particu- lier le cas le plus ordinaire, où les objets sont assez éloignés pour que l'on puisse faire sans erreur appréciable — = o, on a I _ M, -+- U I «i I , « /«i — «i 1 /«i — «I «i I 4,,," a, r, a, — uf «, — u\ a, r, \ a, r, uf » La valeur de f étant négative pour une lentille convergente, si l'on suppose que /', est positif, ou que la surface antérieure de la lentille est concave vers les objets, la valeur du facteur - '^sera positive, et J 7 a, r, u f * par suite on aura pour Ac>, deux valeurs réelles. Quand la valeur de - est négative. et presque nulle, le facteur-1 -7 a le signe de — -^y et conséquemmenl est positif. Donc Ac>) est alors imaginaire. Cette imaginante persiste lorsqu'on donne à- des valeurs absolues de plus en plus grandes, jusqu'à ce que l'on ait a, — « I «, I « («i — «■) r ' 7 = o, ou r, =s -J — - — ' /, ce qui nous apprend que, dans ce cas, la lentille tourne sa convexité vers les objets. » De la relation ~ = "'"~" ( ~ ~" ~ ) ' on *'re' aPrès y avoir substitué cette valeur de r, , ra = f. La surface postérieure tourne donc sa con- cavité vers l'image, de sorte que la lentille est encore un ménisque. Et il est évident que cette forme restera toujours telle pour des valeurs absolues de - plus grandes que celles que nous venons de considérer. » Ainsi donc, aucune lentille biconvexe , employée comme objectif de chambre obscure pour former l'image d'objets éloignés , ne satisfait à la condition mathématique de laquelle dépend l'étendue des images. » Et si l'on emploie une lentille plan-convexe, la face plane doit être tournée vers les objets. » Il est facile de reconnaître ce qui arriverait si — n'était pas nul ; je laisse le lecteur faire lui-même cette discussion. » ( 546 ) astronomie. — Sur deux étoiles variables ; par 'M. Erxest Liouville. « 1. On sait qu'il existe des étoiles dont l'éclat change périodiquement. La première de ces étoiles variables dont on ait déterminé la période est s de la Baleine. Plus tard, la durée de la période a été trouvée pour quelques autres, par exemple pour Algol, yj de l'Aigle, a d'Hercule, a d'Orion, etc. Mais quoique le nombre des étoiles reconnues variables soit assez grand, on n'a de données à peu près certaines que pour un petit nombre d'entre elles. » Voici une nouvelle étoile qu'il sera aisé, je crois, d'ajouter à ces der- nières. Elle porte le numéro 4°4° dans le catalogue de Groombridge, qui a le premier déterminé sa position; ses coordonnées au ier janvier i856 sont : jr = a3h i2m4lS> A.P.N = 170 5' 40". » Elle varie de la 6e grandeur à la 10e : on peut conjecturer une pé- riode d'environ n5 jours; mais je ne présente ce nombre qu'avec lapins grande réserve, car mes observations (faites au méridien seulement et pour un autre objet) sont malheureusement peu nombreuses. Dans l'espoir de déterminer exactement la durée de la période par des recherches nouvelles, j'avais différé jusqu'à ce jour de publier mes résultat*. Mais les moyens de travail me manquent. Je me décide donc à donner ici mes observations qui, dans l'état même où les circonstances m'ont forcé de les laisser, ne paraîtront pas, je le crois, tout à fait dépourvues d'intérêt. i853. »4 janvier. L'étoile est de 7e grandeur. a5 février. — 6' 1 2 mars . — r 6 avril . — 9e à 10' 17 avril. — 7e à 8e 27 avril. — ? 23 juillet. — 8' 12 septembre. — i 17 septembre. — 6e à 7' 20 septembre. — 6e à 7' 1 2 octobre . — 6e » 2. Il est encore une autre étoile variable sur laquelle j'appellerai l'at- tention des astronomes. C'est l'étoile 1706 du catalogue de l'Association (547) Britannique dont les coordonnées au ier janvier 1 856 sont : m = 5h 2om 36s , A.P.N = i5° 3' 4i". » Dans ce catalogue elle est marquée comme appartenant à la 5e gran- deur. Voici quelle grandeur je lui attribuais successivement en i853 : 18 janvier 6e à f 19 janvier 6° à 7e 28 janvier 6e à 7e 12 février 7e 2i février 6e à 7e 23 avril 6e 3o avril 6e 7 juin . 6e 21 juin 6e 27 juin 6e » On ne peut déduire aucune période de ces observations ; je les men- tionne cependant, parce qu'elles pourront servir de termes de comparaison et se combiner utilement avec des observations postérieures. » zoologie. — Document pour servir à la monographie des Chéiroptères sud-américains ; par M. Paul Gervais. « Le Mémoire dont j'ai l'honneur d'adresser le résumé à l'Académie a pour objet principal la description des nombreuses espèces de chauves- souris que M. Francis de Castelnau et son compagnon, feu M. Emile Deville, ont recueillies pendant leur longue expédition dans l'Amérique du Sud. Mon but, en le rédigeant, n'a pas été de faire une monographie défi- nitive des Chéiroptères qui vivent dans l'Amérique méridionale, mais de préparer des documents pour cette monographie, en réunissant les nom- breuses observations scientifiques auxquelles pouvait donner lieu l'étude des matériaux mis à ma disposition. Outre les chauves-souris rapportées par MM. de Castelnau et Deville, j'en ai décrit quelques autres que M. de Castelnau lui-même a plus récemment trouvées aux environs de Bahia, ou que M. Westphal a reçues du même lieu. •a Pallas, Et. Geoffroy- Saint- Hilaire, Frédéric Cuvier et de Blainville avaient déjà tiré un excellent parti des caractères que fournit le système dentaire pour la détermination spécifique et la classification des Chéiro- ptères. En poussant plus loin cette analyse, commencée parDaubenton (1), j'ai pu obtenir plusieurs résultats nouveaux qui seront à la fois utiles pour (1) Histoire de l'Académie des Sciences pour 1759. ( 548 ) l'ostéologie et pour la zoologie des Chéiroptères. Ces résultats permettront aussi d'arriver à une notion des chauves-souris fossiles en Amérique plus parfaite que celle que nous possédons encore. » J'énumère dans mon Mémoire une soixantaine d'espèces vivantes qui appartiennent toutes à la faune de l'Amérique méridionale, et je donne, pour la plupart d'entre elles, des descriptions détaillées ainsi que des figures odontographiques. Grâce à l'obligeance de M. Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire, j'ai pu comparer ces espèces, (et plus particulièrement celles que que je crois nouvelles, aux types en partie décrits par son père ou par lui, que possède le collection du Muséum de Paris. » Tous les Chéiroptères américains appartiennent aux deux familles des Phyllostomidés et des Vespertilionidés. On n'a encore rapporté de ce con- tinent aucune espèce de la famille des Ptéropodidés ou Roussettes, ni de celle des Rhinolophidés, et il ne paraît pas qu'il y en existe. Les Phyllosto- midés ou les chauves-souris de la famille des Sténodermes, des Phyllostomes et des Vampyres, sont exclusivement propres à l'Amérique, et nulle part ailleurs on n'en trouve des espèces. Au contraire, les Vespertilionidés sont des animaux cosmopolites; toutefois leurs espèces américaines et, dans certaius cas, les genres formés par ces espèces, sont différents de ceux qui vivent sur les autres continents. Il en est cependant qui rentrent dans des genres européens. » Je ne parlerai dans cette première Note que des Phyllostomidés. » Ces chauves-souris, qu'on a aussi nommées Vampyridés, peuvent ètre'partagées en quatre tribus : les Desmodins,les Sténodermins , les Glos- snphagins et les Vampjrins. » l. On ne connaît encore parmi les Desmodins que le seul genre Desmodus , qui est si remarquable par son système dentaire. Je montre que dans le premier âge il a deux paires d'incisives supérieures, comme la plu- part des autres Phyllostomidés, et que ces dents sont alors fort différentes, quant à la forme, de la paire unique qui les remplacera. » 2. Les Sténodermins sont plus nombreux, et l'on en reconnaît aisé- ment plusieurs genres. Ils rappellent plus ou moins, par la forme de leurs dents et par la brièveté de leur membrane interfémorale, le Sténoderme d'Et. Geoffroy-Saint-Hilaire. C'est à cette tribu qu'appartiennent les Phyllostomidés frugivores. Les molaires de quelques-uns d'entre eux res- semblent, par les tubercules émoussés de leur couronne, à celles de certains singes ou même des kinkajous, qui ont un régime analogue. Chez d'autres, elles ont leur bord externe très-relevé, principalement les antérieures. Leur ( 549) nombre varie suivant les formules -., ^ et p» caractères qui, joints à ceux de la queue courte ou nulle et de la membrane interfémorale, rendent facile la distinction des genres de Sténodermins. » J'ai étudié en nature six de ces genres : les Brachyphylla, J.-E. Gray ; les /' Ueroderma _, P. Gerv. (établis pour le Phyllostoma perspicillatum); les Artibœus, Leach; les Dermanura, P. Gerv. (pour le Stenoderma undatum, Blainv.); les Stenoderma, E. Geoffr., et les Sturnira, Gray. Ces derniers comprennent les espèces qui ont les dents les plus émoussées [Phjllostoma lilium, E. Geoff., etc.). » 3. Les Glossophagins , qui répondent au genre Glostophaga d'E. Geoffroy, ne m'ont fourni qu'un petit nombre de remarques nou- velles. C'est après avoir exposé leur classification actuelle que j'ai parlé du Phjllostoma brevicaudum, espèce dénommée par le prince de Neuwied. Cette espèce, dont la synonymie maintenant est fort embrouillée, a été quel- quefois confondue avec les Glossophages, dont elle se distingue cependant par certains caractères tirés de la forme du crâne, de la dentition, etc., caractères qui la rattachent simultanément aux Sténodermins et aux Vam- pyrins. Je la regarde comme devant servir de type à un genre distinct qui pourra prendre le nom d' Hemiderma. » 4. La quatrième tribu des Phyllostomidés est celle des Vampyrins, qui réunit aussi plusieurs genres et particulièrement ceux des Vampyrus, Jxach, et des Phyllostoma, tels qu'ils ont dû être modifiés par. suite des derniers progrès de la science. Plusieurs autres divisions, de valeur égale- ment générique, peuvent y être pareillement rapportées : tels sont les Lo- phostoma, que M. d'Orbigny et moi avons fait connaître ; les Macrophyllus , genre établi par M. Gray pour le Phyllostoma macrophyllum du prince de Neuwied ; et deux autres genres encore, les Tylostoma et les Schizostoma, caractérisés ici pour la première fois. » Les Tylostoma comprendront les Phyllostoma bidens, Spix, et Phyllostoma crenulatum, E. Geoffr., qui ont -g molaires et seulement 2 . - incisives. i » Les Schizostoma ont ~ molaires et - incisives. L'espèce sur laquelle j'établis ce genre m'a paru nouvelle; je lui donne le nom de Schizostoma minutum. » 5. J'ai rapproché des Vampyrins, mais sans le ranger définitivement C. R., i856, i" Semestre. (T. XLH, N° 12.) 73 ( 55o ) dans la même tribu, un autre genre nouveau que j'appelle Spectrellum. Je l'établis sur une chauve-souris de Bahia qui m'a été remise par M. Westphal. Sa formule dentaire est la suivante : - incisives, - canines, » molaires; sa 2 ' I ' o queue est longue et complète, comme celle des Macrophylles ; mais ses trois vertèbres intermédiaires sont beaucoup plus longues et beaucoup plus grêles que les autres; ses proportions générales rappellent celles des Vam- pyrins. Toutefois cette chauve-souris, qui paraît devoir occuper le dernier rang parmi les Phyllostomidés, manque de la feuille nasale qui caractérise les autres animaux de cette famille; je l'ai décrite sous le nom de Spectrel- lum macrurum. » géologie. — Sur un gisement de pouzzolane, récemment découvert dans la Haute-Loire. (Extrait d'une Lettre de M. Bertraxd, de Lom.) « Les pouzzolanes communes, déjections volcaniques incohérentes, em- ployées à la préparation des mortiers pour les besoins de la maçonnerie ordinaire, se trouvent fort répandues, comme tout le monde sait, dans plu- sieurs de nos départements. Mais il restait à découvrir, en France, la pouzzo- lane vraie, la pouzzolane de la géologie, possédant toutes ses affinités chi- miques, qui la font rechercher pour les constructions des grands travaux. Cette découverte est aujourd'hui un fait accompli ; j'ai constaté, en effet, l'existence de cette pouzzolane dans un point du département de la Haute- Loire. » Les échantillons que j'adresse à l'Académie la mettront à même de reconnaître l'origine géologique, la nature et les qualités chimiques de cette matière ; ces échantillons, à l'état argiloïde, happant fortement à la langue, l'enferment encore une notable quantité de grains ou fragments non décom- posés des matières de projections qui sont le cachet de leur origine. m Ce gisement est situé dans les communes de Mazairat et de Saint-Eble, près Langeac (Haute-Loire), daus la région dite Coupet, si riche en osse- ments et en corindons, et dont j'ai déjà entretenu l'Académie, en avril 1 855. Qu'il me soit permis de lui rappeler la demande que je lui adressai à cette époque, tendant à obtenir des ressources pécuniaires, pour continuer l'ex- ploration de ce gîte précieux ; mon intention étant de livrer à l'École impé- riale des Mines ou au Muséum d'Histoire naturelle tous les fossiles prove- nant des fouilles qui seraient poursuivies sous les auspices de l'Académie. » Conformément à une décision déjà ancienne de l'Académie, toute de- ( 55, ) mande de fonds ne peut être renvoyée à la Commission administrative qu'a- près avoir été appuyée par la Section compétente; en conséquence, la Lettre de M. Bertrand, de Lom, sera soumise à l'examen de la Section de Minéralogie et de Géologie. M. Schroeder adresse, en date des 12 et 16 mars, deux Notes sur les sou- lèvements absolus de la surface du globe. M. Liouville est invité à prendre connaissance de cette communication et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Duriau, à l'occasion d'une Note sur l'absorption cutanée présentée par M. Poulet dans la séance du 3 mars dernier et insérée par extrait dans le Compte rendu de cette séance, prie l'Académie de vouloir bien lui accor- der prochainement la parole pour lui soumettre les résultats des expérien- ces qu'il a faites sur la même question, résultats dont quelques-uns ont été déjà l'objet d'une publication qui paraît n'avoir pasété connue de M. Poulet. M. Taupenot demande également un tour prochain de lecture pour la description de Y anémomètre enregistreur mentionné dans sa Lettre du 10 mars. Cet appareil, déjà installé dans la pièce qui précède la salle des séances, y restera jusqu'au lundi suivant, jour auquel M. Taupenot espère que l'Aca- démie voudra bien lui accorder la parole, ses fonctions de professeur ne lui permettant pas un long séjour à Paris. M. Millot, auteur d'un Mémoire sur une méthode d'arboriculture ayant pour objet de faire développer un bourgeon sur un point déterminé d'un rameau , annonce qu'il vient d'adresser à la Commission chargée de l'exa- men de son Mémoire une série de pièces à l'appui de sa méthode, Sur laquelle il espère obtenir prochainement un Rapport. M. Cancalon prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission qui a été chargée de l'examen de son Mémoire sur les modifi- cations éprouvées par le climat de l'Italie, de la France et de l'Amérique. (Renvoi à la Commission nommée, qui se compose de MM. Babinet, Duperrey et Bravais.) ( 552 ) Ml,e Behrens adresse une nouvelle Lettre relative à sa pile magnétique portative destinée aux usages médicaux. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel et Pouillet.) M. Elvart transmet de nouveaux documents imprimés relatifs aux effets obtenus, dans le traitement du choléra-morbus, de la méthode de M. Tironi. (Renvoi à la Section de Médecine constituée en Commission spéciale du legs Bréant.) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Médecine et de Chirurgie déclare, par l'organe de son doyen M. Serres, qu'elle maintient la liste qu'elle a présentée dans la séance précédente, ainsi que les ex cequo qui s'y trouvaient. Voici cette liste : MEDECINE. , (M. Cruveilhier,) . (M. PoiSEUU.LE.) Au 2e ran^...{^r _ ) ex œquo. ° (M. PlORRY, ) 7 CHIRURGIE. . ( M. Jorert, de Lamballe,) Aux '^Im.j^esg™»*, !)•*•*■ !M. Baudejns, \ M. Laugier, \ ex cequo. M. Malgaigve, ) La majorité de la Section recommande à l'Académie la liste de Médecine. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 7 heures. . E. D. B. ■»88i • COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 31 MARS 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. RAPPORTS. chimie appliquée. — Rapport relatif à la découverte de la soude artificielle (Commissaires, MM. ïhenard, Chevreul, Pelouze, Regnault, Balard et Dumas rapporteur.) « S. E. M. le Ministre de l'Instruction publique adressait à l'Académie la Lettre suivante, le 1 7 novembre dernier : « J'ai l'honneur de vous communiquer ci-joint une pétition adressée à » Sa Majesté par M. le marquis de Mano.ury d'Ectot, au nom de la famille » de Nicolas Le Blanc, tendant à obtenir une réparation du dommage que » Le Blanc aurait éprouvé par suite du séquestre mis par ordre de la Con- » vention sur son usine, et de la divulgation du procédé dont il était l'in- » venteur pour la fabrication de la soude artificielle. » Je vous prie de vouloir bien inviter l'Académie à examiner cette péti- » tion et à m'adresser prochainement un Rapport où elle fera connaître son » avis sur la légitimité de la réclamation de la famille Le Blanc. » » La pétition adressée par les enfants Le Blanc à Sa Majesté, désignée dans la Lettre précédente, est ainsi conçue : . « Sire, » Nicolas Le Blanc, l'inventeur de la soude artificielle, a donné l'essor à » toutes les applications de la chimie aux arts. » Sa découverte mémorable est la première dont la science pure ait doté C. R., i85(i, i'r Semestre. (T. XLII, N° 15.) 74 ( 554 ) | » l'industrie; c'est la seule que soixante ans de pratique n'aient pas rriodi- » fiée; c'est celle dont les applications ont le plus grandi. » L'Europe fabrique aujourd'hui trois cents millions de kilogrammes de » soude artificielle, qui donnent à tous les arts chimiques une matière » première indispensable. * » La première usine fondée par Le Blanc fut mise sous le séquestre en » 1793. Son procédé fut publié par la Convention comme étant d'utilité » publique, et l'inventeur dépouillé du fruit de son génie. » Le Blanc mourut dans la détresse à la suite de ces malheurs immérités. » Le moment n'est-il pas venu, Sire, de rendre à la mémoire de Le Blanc » un hommage qui lui est dû à tant de titres et qui serait à la fois une » consolation pour sa famille et une réparation pour les souffrances que » ses contemporains lui ont infligées? » La France et l'Europe lui doivent une reconnaissance dont Votre Ma- » jesté seule peut trouver l'expression et dont il n'appartient qu'à elle de » se faire l'interprète. » Les enfants de Le Blanc. » a La science et l'industrie, accoutumées à tant de sollicitude et de bien- veillance de la part de Sa Majesté en enregistreront avec reconnaissance une nouvelle preuve. Cette pétition, datée du g novembre, était remise quatre jours après, dès le i4 novembre, par l'Empereur lui-même en con- seil, à S. E. M. le Ministre de l'Instruction publique pour faire commencer immédiatement l'information qu'elle rendait nécessaire. » La Section de Chimie, chargée de ce soin par l'Académie, aurait à s'excuser d'avoir employé quatre mois à remplir sa mission, si les circon- stances qui se sont produites ne lui avaient fait une loi de réclamer des pièces authentiques pour l'obtention desquelles des formalités et même un jugement d'une date récente ont été indispensables. » En effet, dès le 3o novembre, l'Académie recevait la Lettre suivante du représentant des héritiers Dizé : « Je viens d'être informé que la famille de Le Blanc s'occupe de faire » valoir auprès de l'Empereur, les services que son chef a rendus à l'État en » créant l'industrie de la soude artificielle et que l'Académie est saisie de » l'examen de ses titres. » Je viens au nom de la veuve de M. Dizé et de ses enfants réclamer pour » M. Dizé la part qui lui revient dans la découverte de la soude artificielle » et dans la création de cette importante industrie. » Les titres de M. Dizé résultent d'un grand nombre de pièces authen- ( 555 ) » tiques imprimées et manuscrites que je tiens à la disposition de l'Aca- » demie. » » L'Académie était donc appelée à se prononcer sur la propriété d'une découverte, et, malgré toutes les difficultés dont la discussion de ce genre de questions est souvent entourée, elle a dû accepter la mission qui lui était donnée, car elle est aussi chargée de veiller à la garde des droits de l'inven- tion et des privilèges de la pensée. » La Section de Chimie n'ignorait pas que la première manufacture de soude artificielle, créée à la Maison-de-Seine près Saint-Denis, l'avait été par une société dont Le Blanc et Dizé faisaient partie. Elle savait aussi que Dizé, après la mort de Le Blanc, avait publié en 1810 un historique de la décou- verte de la soude où la part faite à Le Blanc n'était pas d'accord avec celle qui lui était accordée par l'opinion publique. Mise en présence des prétentions élevées par deux familles animées d'un égal respect pour les droits et pour la gloire de leurs auteurs, la Section a pensé que lorsqu'il s'agissait d'événe- ments accomplis il y a soixante ans, dont les auteurs et les témoins ont tous disparu, elle devait faire son opinion sur pièces, sans accorder une trop large part à des traditions souvent altérées ou à des réclamations personnelles qui ne seraient pas appuyées de preuves authentiques ; elle a donc voulu sur tous les points remonter aux documents originaux. » La découverte de la soude facti ce a été provoquée par un concours comme celle de l'outremer artificiel, comme celle de la filature du lin à la mécanique. » L'ancienne Académie des Sciences avait mis au concours, en effet, un prix de deux mille quatre cents francs que le Gouvernement l'avait chargée de décerner à l'auteur du meilleur travail sur la fabrication de la soude au moyen du sel marin. Il s'agissait de soustraire l'industrie du blanchiment, celle du verre et celle des savons, aux effets fâcheux résultant du renchéris- sement croissant des potasses, de la hausse des soudes naturelles de l'Es- pagne et de la rareté des gîtes de natron naturel. » Encore bien que ce prix n'ait point été décerné, on peut affirmer qu'en dirigeant les esprits vers l'étude de cette question, la mesure qui le mettait au concours a été le point de départ de la découverte du moyen propre à fournir la soude artificielle, c'est-à-dire d'une des plus importantes inven- tions des temps modernes. » Le sel marin étant indiqué comme la matière première de la soude, divers procédés furent proposés pour l'en extraire directement, soit par la chaux, soit par l'oxyde de plomb, mais sans résultat pour l'industrie. »> Dès 1 777, le Père Malherbe, bénédictin, indiquait de convertir d'abord le sel marin en sulfate de soude. Il agissait sur ce dernier sel et il faisait 74- ( 556 } fondre ensemble du sulfate de soude, du charbon et du fer. Il se forme ainsi un composé particulier de soufre, de sodium et de fer, qui se délite à l'air et qui donne du carbonate de soude, quand on le lessive. M. Ropp a proposé récemment l'emploi sur une grande échelle de ce procédé qui n'a- vait jamais été exploité, mais qui au moyen de quelques* perfectionnements le serait, d'après lui, près de Manchester, et fournirait aujourd'hui plu- sieurs milliers de tonnes de soude par an. » Le procédé du Père Malherbe suppose la conversion préalable du sel marin en sulfate de soude, comme nous l'avons dit. Dans les premiers mois de 17S9, de la Métherie proposait à son tour le procédé suivant qui admet aussi cette conversion préalable : nous le citons textuellement, parce que, d'après Le Rlanc lui-même, il forme l'un des incidents de la découverte de la soude factice. « Il y a, disait-il, une manière de faire cette décomposition du sel ma- » rin, qui seroit très sûre, mais elle seroit peut être trop chère. Ce seroit » dans des appareils convenables de verser de l'acide vitriolique sur le sel » marin ; l'acide marin se dégageroit et passeroit dans les ballons et le » résidu seroit du vitriol de natron ou sel de Glauber. On décomposeroit en- » suite ce vitriol de natron en le calcinant avec du charbon. L'acide vitrio- » lique se dégageroit sous forme d'acide sulfureux et le natron demeure- » roit pur. On le dissoudrait dans l'eau, filtrerait et ferait cristalliser.... On » pourrait ne pas perdre l'acide sulfureux pour le reconvertir en acide vi- » triolique. Ce seroit en chauffant le vitriol et le charbon dans des vais- » seaux fermés, par exemple dans des cornues dont le col aboutirait. » dans de grandes chambres semblables à celles où l'on brûle le soufre » Peut-être l'acide vitriolique ne seroit-il pas tout changé en acide sul- « fureux et qu'une portion le seroit en soufre, ce qui formerait un hépar. » Cet hépar pourrait à la vérité être décomposé par l'acide acéteux ou tout » autre acide végétal et on obtiendrait un sel acéteux de natron : et comme » cet acide se décompose très facilement par le feu, en chauffant ce sel » acéteux on obtiendrait l'alcali pur; mais ces acides végétaux seraient dis- » pendieux. » » Si de la Métherie eût tenté l'expérience qu'il propose, il aurait re- connu : i° que le sulfate de soude traité par le charbon ne se change pas en acide sulfureux et en soude pure ; i° que c'est en sulfure qu'il se con- vertit ; 3° que l'emploi de cet acide végétal qu'il recommande comme moyen auxiliaire de purification eût été indispensable, comme moyen principal de traitement, pour la totalité de la soude à obtenir. » Le sulfate de soude traité par le charbon seul se convertit , en effet, en ( 557 ) sulfure de sodium, qui, ainsi obtenu, ne peut être converti économique- ment en carbonate de soude qu'au moyen de l'acide carbonique. Dizé fa 1 1 connaître que, dans le cours de leurs études communes, des essais clans ce sens auraient été tentés par Le Blanc et par lui au Collège de France, et cela semble très-probable en effet. Repris par Pelletan vers 1827 et. 1828, ce procédé devint la base de la création d'une usine aux environs de Paris; l'entreprise n'eut pas de succès. Dans ces derniers temps, M. Valerio l'a sou- mis à une nouvelle étude, qui n'a pas encore reçu d'application. Jusqu'ici la formule que nous venons d'examiner n'est donc pas entrée dans la pra- tique, chose regrettable, puisque le sel marin étant changé en sulfate au moyen de l'acide sulfurique, le sulfate en sulfure au moyen du charbon, le sulfure en carbonate à l'aide de l'acide carbonique, l'hydrogène sulfuré en gaz sulfureux par la combustion, et le gaz sulfureux en acide sulfurique par les agents ordinaires, le soufre employé à la fabrication de la soude factice ne serait pas perdu comme c'est le cas aujourd'hui, et se retrouverait en en- tier au contraire, sauf les déchets inévitables. » Ce procédé diffère beaucoup, comme on voit, de celui qu'avait conçu de la Métherie. Il représente très-exactement, du reste, l'ensemble de réac- tions qu'on aurait pu imaginer théoriquement pour convertir le sel marin en carbonate de soude. » Mais la soude factice devait, comme tant d'autres inventions, prendre naissance à la suite d'essais et d'efforts opiniâtres dont la théorie n'avait pas su devancer les résultats. » Si l'on retire aujourd'hui la soude du sel marin, comme l'indiquait le programme du prix à décerner par l'Académie; si Ton se sert du sel marin converti en sulfate de soude ainsi que le faisait le Père Malherbe et que le conseillait de la Métherie, on calcine ce sulfate de soude avec de la craie et du charbon, ce qui donne un oxysulfure de calcium insoluble et du carbo- nate du soude soluble ; c'est là le secret du succès de cette industrie; c'est là qu'est la découverte capitale qui a donné naissance à la soude artificielle. » Supprimez la craie, vous n'obtenez que du sulfure de sodium soluble; ajoutez la craie, le soufre est rendu insoluble par la chaux, et la dissolution obtenue avec le produit ne retient que du carbonate de soude. Voyons à qui appartient l'invention ainsi caractérisée : » Vers 1 787, un homme éminent, Nicolas Le Blanc, chirurgien de la maison d'Orléans, connu bientôt par des travaux remarquables sur la cristallisation des corps et par d'autres travaux de chimie d'un caractère élevé, prélu- dait déjà aux recherches sur l'extraction de la soude, à l'occasion du pro- gramme publié par l'Académie. « J'ai trouvé, dit-il, en général, que les pro- ( 558 ) » cédés connus étaient incomplets, insuffisants ou bien trop dispendieux. » Il ajoute : « Le citoyen Lamétherie inséra dans le Journal de Physique » des observations sur la décomposition du sulfate de soude par l'incinéra- » tion avec le charbon ; il ne doutoit pas que de nouvelles expériences pro- » curassent un jour le moyen de décomposer complètement ce sulfate appelé » sel de Glauber. Je m'attachai à cette idée, et l'addition du carbonate de » chaux remplit parfaitement mon objet. J'en prévins Lamétherie ; c'était à » ses observations que je devois ce premier succès, puisqu'elles avoient été » l'occasion de mon dernier travail. » » La publication de la Métherie est de 1789. »- Le Blanc aurait proposé bientôt, en 1789 même, l'exploitation en grand de ses procédés au duc d'Orléans; ce prince aurait voulu avoir à ce sujet l'avis de d'Arcet, professeur au Collège de France, dont le prépara- teur Dizé, chargé de suivre les épreuves du procédé, se serait ainsi trouvé en rapport avec Le Blanc. Ces circonstances sont justifiées et expliquées par les actes suivants, comme on va le voir. m En effet, le 12 février 1790, par-devant Jacques Lutherland, notaire public à Londres, le duc d'Orléans, Nicolas Le Blanc, Dizé et Henri Shée, signaient les traités, conventions et associations qui suivent : « Art. 1. —D'autant que lesd. S" Leblanc et Dizé sont auteurs d'un » procédé secret pour la confection de soude, de sel ammoniac et de blanc » de plomb, et que la conduite desdits procédés exige une somme considé- » rable d'argent, lesd. Srs Le Blanc et Dizé ont demandé à Sad. Altesse » Sérénissime qu'il leur fournisse la somme de deux cent mille livres tour- » nois pour les mettre en état de poursuivre lesd. procédés avantageusement... » Art. 7. — Lesd. S" Le Blanc et Dizé conviennent et s'engagent envers » Sad. A. S., c'est-à-dire le Sr Le Blanc de mettre en dépôt le secret pour » faire de la soude dont il est auteur, et le Sr Dizé le secret pour faire le » blanc de plomb dont il est aussi auteur, lesquels procédés, ainsi que » celui pour la confection du sel ammoniac, seront donnés par écrit et » certifiés par M. d'Arcet, et puis cachetés des cachets de S. A. S. le duc » d'Orléans et des StsLe Blanc et Dizé, et déposés entre les mains du Sr Bri- » chard, Nre à Paris, pour n'être ouverts qu'en cas de mort ou abandonne- » ment de fait des auteurs » »Sile premier article de cette convention confond en un seul le procédé pour la confection de soude, de sel ammoniac et de blanc de plomb, l'art. 7, comme on voit, rétablit les choses dans une situation plus lo- gique et plus précise, en expliquant qu'il y a trois procédés distincts : l° celui pour la soude, dont Le Blanc est l'auteur; 20 celui pour le blanc I 559 ) de plomb, dontDizé est l'auteur; 3° celui pour le sel ammoniac, qui n'est attribué à personne en particulier : on en verra plus loin le motif. » Votre Commission avait naturellement mis un grand intérêt à retrouver la pièce que nous venons d'analyser, puisqu'elle est le point de départ de l'af- faire qui nous occupe. Toutes les recherches faites à Londres dansl'éfude du successeur du notaire Lutherland ayant été inutiles, malgré les soins empres- sés de MM. Hoffmann, Grove et de la Rue, qui ont mis à cette enquête tout le zèle qu'on devait attendre de leur respect pour les désirs de l'Académie, nous avons pensé que les archives de la maison d'Orléans auraient con- servé quelque trace de cette transaction. Par les soins de M. Bocher, on y a trouvé, en effet, une copie authentique de l'acte passé à Londres qu'il s'est empressé de mettre à la disposition de l'Académie. Nous venons d'en indiquer les conditions essentielles. « Afin de suivre la marche naturelle du progrès de l'affaire, il fallait ensuite obtenir l'ouverture du paquet cacheté annoncé dans l'acte précédent, le- quel a été déposé, le 27 mars 1790, chez le notaire Brichard, où il avait été abandonné par les intéressés et par leurs familles. Un jugement ayant été rendu à cet effet, à la requête de la famille Le Blanc, le paquet cacheté a été ouvert, et nous en avons obtenu une copie en forme authentique. » Ce paquet contenait : i° la description du procédé pour la fabrication de la soude et pour celle du sel ammoniac, par Le Blanc, et un certificat de d'Arcet qui s'y rapporte ; 20 la description du procédé pour la fabrication du blajic de plomb par Dizé, et un certificat de d'Arcet qui s'y rapporte également. » Dizé n'y figure donc qu'à titre d'inventeur du procédé pour ce nou- veau blanc de plomb. Voici d'ailleurs le texte exact du paquet cacheté : Procédé de Nicolas Leblanc pour la conversion du sel marin en soude, et les Notes qui ont raport à cette opération; le tout rédigé pour être déposé entre les mains de Mtre Brichard, notaire à Paris, ainsi qu'il a été stipulé dans l'article septième de l'acte d'association passé à Londres, le douze février mille sept cent quatre-vingt-dix, en l'étude du sieur James Lu- therland, notaire public. « On décompose le sel marin par le procédé de Glauber, c'est-à-dire » par l'acide vitriolique; il est aisé d'imaginer des appareils suffisants pour » opérer sur de grandes masses. » Il faut pour décomposer entièrement le sel marin presque le même » poids d'acide concentré. » Pour obtenir le meilleur parti possible de l'acide marin, il faut le con- ( 56o ) » vertir en sel ammoniac, et pour cela on peut faire passer immédiatement » le gaz marin dans un bain d'alcali volatil, ou bien faire le mélange après » l'avoir reçu à part. » La masse de sel de Glauber qui résulte de cette décomposition, doit » être "ensuite poussée au grand feu pour être entièrement purgée d'acide ; » ensuite on la pulvérise pour l'opération suivante. » On prend une quantité donnée de ce sel de Glauber, la moitié de son » poids de terre calcaire (craie) et le quart du poids de ce même sel, de » charbon en poudre; le tout bien pulvérisé et bien mêlé; on met le mé- » lange dans des creusets, observant de laisser au moins un tiers de » vuide; on couvre ces creusets, de manière qu'il reste des ouvertures que » l'on peut pratiquer de plusieurs manières sur les couvercles ou à leur » bord, il se forme une quantité considérable de matière inflammable qui » brûle à sa sortie à mesure que l'on donne le feu; après avoir ainsi gradué » le feu pendant quelque temps, on pousse à la fusion, de manière à don- » ner une fonte pultacée; alors la matière se trouve convertie en soude » aérée; on retire cette matière des creusets. » On peut extraire, ou purifier cette soude, en pulvérisant la matière et la » faisant ensuite bouillir dans une suffisante quantité d'eau ; après quoi on » retire le sel de soude à mesure qu'il cristallise pendant l'évaporation ; » cette soude peut être mise sur des aires chaudes pour être desséchée. » On peut encore, la matière étant refroidie, la casser grossièrement et » l'amonceler sous des hangars; elle devient pulvérulente, s'efflevirit au » bout de quelques mois, et ensuite la lotion peut en être faite comme nous » l'avons dit. La terre calcaire et le charbon qui n'a pas brûlé dans l'opé- » ration se séparent de la liqueur par le repos ou par la filtration. » On retire l'alcali volatil de la combustion des substances animales, et » le sel ammoniac s'obtient par sublimation. Toutes ces dernières opéra- » tions, ainsi que la méthode de Glauber pour la décomposition du sel » marin, sont connues partout en chimie et même dans les arts. » « Je soussigné, professeur de chymie au Collège roïal de France et de l'Académie roïale des Sciences, etc., certifie que le procédé décrit cy» dessus et aux autres parts, est exactement le même, qui a été pratiqué sous mes ïeux à différentes reprises et avec succès, tant dans mon labo- ratoire particulier, que plus en grand dans le laboratoire du Collège roïal de France; en sorte que par ce procédé on décompose le sel marin, et l'on en met à part la base ou sel de soude, dans un état de très grande ( 56i ) » pureté; comme aussi je certifie qu'avec ce même procédé il sera facile » d'établir une fabrique de sel ammoniac. En foi de quoi j'ai signé à » Paris, le vingt-quatre mars mil sept cent quatre-vingt-dix. » Signé d'Arcet. » Procédé de Michel- Jean- Jérôme Dizé pour la fabrication d'un blanc de plomb, rédigé pour être déposé entre les mains de Me Brichard , notaire h Paris, ainsi qu'il a été stipulé dans l'article septième de l'acte d'association passé à Londres le douze février mille sept cent quatre-ving-dix , en l'étude du Sr James Lutherland, notaire public. « Prenés cent livres de plomb, faites les fondre, jettes les ensuite dans » une cuve d'eau , cette opération divise le plomb et le met en grenailles. » Enlevés ce plomb ainsi granulé, mettes le sécher sur des planches. Quand » il sera sec, faites-le dissoudre dans une suffisante quantité d'acide nitreux » ou eau forte ordinaire, on donne un peu de chaleur pour accélérer cette » dissolution. La dissolution finie, on décante la liqueur dans un autre » vase. Il arrive quelquefois que pendant la dissolution il se précipite une » poudre blanche, il faut avoir soin de verser de l'eau sur cette poudre » blanche pour la faire dissoudre et on la mêle avec la dissolution que l'on « a décantée. On laisse reposer la liqueur pour l'éclaircir. Quand elle est » arrivée dans un état de limpidité parfaite, on la transvase. Alors on y » verse de l'acide vitriolique ordinaire jusqu'à ce qu'il ne se précipite plus » deblanc. On laisse rasseoir le blanc qui s'est formé, on décante la liqueur, » qu'on évapore à moitié. Quand elle est ainsi concentrée on y ajoute » encore du plomb granulé, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus en dissoudre. » On décante la liqueur et on la laisse s'éclaircir, on la décante de nou- » veau. Enfin on précipite avec l'acide vitriolique. Quand le blanc est bien » tombé au fond on concentre de nouveau la liqueur et on y fait redis- » soudre du plomb granulé, enfin l'on poursuit le travail comme dessus » jusqu'à ce que l'eau forte soit épuisée. On rassemble ensuite tout le blanc, » on le lave à grande eau. Cela fait, on fait dissoudre dix livres d'alcali » pur dans suffisante quantité d'eau bouillante, capable de délayer la masse » de blanc de plomb. On entretient la chaleur jusqu'à ce que l'on s'aper- « çoive qu'il n'y a plus d'effervescence, on décante alors la liqueur, mais » il faut avoir soin de laisser reposer le blanc. On le lave deux fois à l'eau » bouillante et quatre fois à l'eau froide bien claire, ensuite on le fait sécher » dans des bassins ou aires de plomb qu'on chauffe par dessous. » « Je soussigné, professeur de chymie au Collège roïal de France et de » l'Académie roïale des Sciences, etc., certifie que le procédé du blanc de C. R., i856, ier Semestre. (T. XL1I, N° 13.) 7$ ( 56a ) » plomb que M. Dizé a décrit cy-dessus et en l'autre part, est très-exacte- » ment celui qu'il emploie pour faire le blanc de plomb d'une blancheur » éclatante et d'une bonne qualité. Eu foi de quoi j'ai signé. A Paris, le » vingt-quatre mars mil sept cent quatre-vingt-dix. « Signé d'Arcet. » » L'examen attentif de ce dépôt donne lieu à quatre observations : i° le nom de Dizé n'y est prononcé qu'à l'occasion de son blanc de plomb dont l'invention lui est réservée exclusivement : il n'est pour rien dans le procédé relatif à la soude; i° si, dans ce paquet cacheté, les procédés pour la soude et pour le sel ammoniac sont attribués à Le Blanc seul, la négligence avec laquelle Le Blanc décrit le moyen d'obtenir le sel ammo- niac, l'indication qu'en ce qui concerne ce dernier sel, il s'agit de procédés connus et déjà pratiqués, expliquent comment, dans l'acte passé à Londres, on ne l'attribuait à personne en particulier, et prouve une fois de plus que c'est la soude seule que Le Blanc prétend se réserver ; 3° si Le Blanc décrit très-exactement la marche générale de l'opération propre à fournir la soude artificielle, si la pensée du procédé est nettement indiquée, si l'invention est déjà tout entière dans, cet acte, il n'en est pas moins vrai que le dosage du sulfate de soude, de la craie et du charbon tel qu'il le donne est encore inexact, car il y indique deux fois plus de sulfate de soude qu'il n'en em- ploiera plus tard dans le procédé définitif; 4° Le Blanc parle du traitement qu'il a effectué comme ayant eu lieu dans un creuset, et rien n'indique dans sa description qu'il eut la pensée de substituer plus tard un four à réverbère au creuset, comme cela est indispensable dans une opération manufacturière. » Ces dernières circonstances peuvent expliquer le long intervalle qui sépare l'acte de Londres et le dépôt du paquet cacheté effectués coup sur coup, des actes suivants. » En effet, c'est dix mois après l'acte de dépôt, le i5 janvier 1 79 r , l'installation de la manufacture étant déjà commencée et Le Blanc étant déjà établi dans l'usine, que Le Blanc et Dizé règlent leurs intérêts respec- tifs par un acte notarié, rédigé en prévision de l'acte d'association définitif dont il va être question plus loin. » Dans cet acte préparatoire, il est dit : « Article 2. — A quelque somme que s'élève la portion des bénéfices » nets qui sera allouée aux sieurs Le Blanc et Dizé dans l'entreprise de la » confection de soude et blanc de plomb, il sera fait distinction de chaque ( 5G3 ) » nature de bénéfice, savoir : celui résultant de la fabrication delà soude » et du sel ammoniac seulement formant une somme quelconque de béné- » fice net sera divisé en cinq parts, dont trois parts appartiendront au » sieur Le Blanc, ses héritiers ou représentants; les deux parts restantes » appartiendront au sieur Dizé, ses héritiers ou représentants. » Le bénéfice net, au contraire, résultant de la fabrication de blanc de » plomb, formant aussi une somme distincte et séparée, sera divisé égale- » ment en cinq parts; mais dont trois appartiendront au sieur Dizé, » et les deux parts restantes au sieur Le Blanc , leurs héritiers ou repré- » sentants. » » Après ce nouvel acte qui reproduit et confirme les droits respectifs de chacun des auteurs, l'un à la découverte d'une méthode propre à fournir la soude et le sel ammoniac, l'autre d'une méthode applicable à la fabri- cation d'un blanc de plomb plus économique, il ne restait plus qu'à régler les bases de l'association projetée. « Tel est l'objet de l'acte de société définitif passé à Paris le 27 jan- vier 1791 entre le duc d'Orléans, Le Blanc, Dizé et Shée; nous nous bor- nerons à en donner l'analyse. » On y rappelle d'abord qu'il s'agit de l'établissement et de l'exploi- tation des procédés dont Le Blanc et Dizé sont les auteurs; savoir : Le Blanc de celui pour la fabrication de la soude par la décomposition du sel marin, et Dizé de celui pour la fabrication d'un blanc de plomb plus économique, les secrets desquels ont été déposés entre les mains de Me Brichard. » Le duc d'Orléans s'engage à fournir 200000 livres tournois entre les mains du Sr Shée, qui joue ici le rôle d'administrateur des deniers du prince. » Il est assigné à Le Blanc un traitement de 4ooo livres et à Dizé un trai- tement de 2000 livres, tant que leur part dans les bénéfices ne s'élèvera pas à cette somme. » Le duc d'Orléans devait être remboursé de son capital et des intérêts à ]o pour 100 sur les premiers bénéfices de l'entreprise. » Ensuite, les bénéfices devaient être partagés entre les associés dans la proportion suivante : neuf vingtièmes pour le duc d'Orléans; neuf ving- tièmes pour Le Blanc et Dizé, à répartir entre eux dans les proportions pré- cédemment stipulées; deux vingtièmes pour M. Shée. » Si le bénéfice annuel s'élevait à plus d'un million, clause qui témoigne de l'importance attribuée par les associés à la nouvelle industrie, l'excédant 75.. ( 564 ) du premier million devait être partagé entre eux, selon des bases un peu différentes, sans qu'il fût rien modifié à ce qui concerne le partage à effec- tuer entre Le Blanc et Dizé. » Pour terminer l'analyse des pièces authentiques qui concernent cette affaire, il ne reste qu'à mentionner le dernier acte auquel elle ait donné lieu. » Il s'agit d'un brevet d'invention délivré à Le Blanc dans les circon- stances suivantes, dont nous trouvons l'énoncé circonstancié au registre du directoire des brevets d'invention intitulé : Brevets secrets. » Sur un arrêté du i septembre 1791 du Comité d'Agriculture et du Com- merce de l'Assemblée nationale, le Ministre de l'Intérieur prenait lui-même une décision, en date du 12 septembre, pour charger d'Arcet, Desmarets et de Servières : i° de procéder à l'examen des moyens inventés par Nicolas Le Blanc pour extraire en grand la soude du sel marin, moyens pour lesquels il a formé la demande d'un brevet d'invention de quinze ans; 20 et de plus de procéder à la vérification de l'exactitude de la description fournie par lui. » La demande du brevet de quinze ans résulte du procès-verbal de dépôt, fait au Secrétariat du département de Paris, le 19 septembre. » Les Commissaires firent leur rapport le 23 septembre et le brevet fut expédié au nom de Le Blanc, le a5 du même mois. » Voici le texte de cette pièce remarquable : Procédé de conversion du sel de Glauber en soude. « Au moyen d'un rouleau de fonte établi à l'instar des égrugeoirs qui » servent à écraser les fruits , on réduit en poudre très-fine et on mêle bien » ensemble les différentes matières dans les proportions suivantes : » Sel de Glauber desséché, 100 livres. » Terre calcaire pure, 100 livres. (C'est la craie telle qu'on la prépare à * » Meudon.) » Charbon en poudre, 5o livres. » On étend ce mélange dans un fourneau de réverbère, dont je vais faire » la description dans un instant, on bouche les ouvreaux et l'on donne le » feu ; la matière entre en fonte pultacée, bouillonne et se convertit en » soude, qui ne diffère de la soude du commerce que par une richesse infi- » niment plus grande. La matière a besoin d'être remuée pendant la » fusion ; on se sert pour cela de râteaux de fer, rabots, ringards, etc. , et il ( 565 ) » s'établit sur la surface de la matière en fusion une multitude de jets de » flamme, pareils aux jets d'une chandelle. Lorsque le phénomène com- » mence à disparaître l'opération est finie. On retire la matière avec des » rabots de fer, et l'on pourrait la recevoir dans des vases de tôle, par » exemple, ou dans tout autre vase, si on vouloit lui donner la forme de » blocs de soude du commerce, etc. » Cette opération peut se faire dans des vaisseaux fermés, mais elle de- » vient alors plus dispendieuse ; on peut aussi varier les doses, par exem- » pie diminuer les proportions de la terre et du charbon ; mais les quan- « tités qui viennent d'être prescrites sont celles qui m'ont paru les plus » convenables pour assurer davantage le succès de l'opération. Les quan- » tités que je viens de donner dans l'exemple fournissent au delà de » 1 5o livres de soude, qui donnent plus de soixante-quinze au quintal » d'une soude d'excellente qualité. » Les fourneaux de réverbère doivent être construits solidement en » briques de Bourgogne, et soutenus par des armures de fer. Les dimensions » de l'âtre de ceux dont je me sers sont de six pieds du foyer à la che- » minée; quatre pieds deux pouces dans la largeur, voûte presque plate » ayant dix-neuf pouces dans sa plus grande hauteur ; le foyer dans la pro- » portion de sa largeur, etc. Du reste, ces fourneaux sont généralement » connus. » Il existe une multitude de moyens de perfectionnement sur les- » quels je fais chaque jour des recherches. » Il résulte de la découverte qui vient d'être décrite que la France qui » consomme une quantité prodigieuse de soude tous les ans, pour savon- » nerie, verrerie, blanchissage, etc., etc., et qui exporte un numéraire con- » sidérable pour l'acheter à l'étranger, gardera son argent, et les arts et les » manufactures ne seront plus exposés à manquer de cet objet de première » nécessité, par les vicissitudes d'une guerre, ou les disettes de récolte de » la plante avec laquelle jusqu'à présent on s'approvisionne de soude; » qu'on fera au contraire valoir avec bénéfice le sel marin, qui est une de » nos richesses territoriales; que les arts qui consomment aussi une très- » grande quantité d'acide marin, en seront abondamment pourvus et à bon » marché, et qu'enfin la portion très-considérable de même acide qui ne » trouverait pas d'emploi serait très-utilement et aisément convertie en sel » ammoniac, dont les arts ont également besoin et qu'ils payent aussi fort » cher à l'étranger. On peut même ajouter qu'à raison de l'abondance des » matières premières et deleurbas prix en France, les nations voisines devien- ( 566 ) » tiraient en peu de temps tributaires de la nôtre pour ces différents objets. » » La fermeté de cette description, l'exactitude du dosage qui n'a plus changé depuis lors, l'emploi du four à réverbère dont il n'avait pas été question jusque-là , enfin les considérations économiques et commerciales qui terminent le brevet, considérations dont le temps s'est chargé de con- sacrer la haute exactitude , tout révèle qu'entre l'acte primitif passé à Lon- dres et le brevet pris dix-neuf mois plus tard, il s'est fait des essais au la- boratoire et des travaux en fabrique à la manufacture de Saint-Denis qui, sans changer le caractère du procédé , lui assurent toute sa valeur, et ne laissent plus de doute à l'auteur sur le succès de sa méthode et sur l'importance de l'entreprise qu'il va former. » Mais bientôt les événements de la révolution amenaient le séquestre des biens du duc d'Orléans et par suite celui de la fabrique de soude dans laquelle il était intéressé. » Les travaux de cette usine étaient donc compromis dès sa naissance , soit faute des fonds nécessaires à sa marche, la source en étant tarie, soit par suite des embarras résultant du séquestre. » En même temps, sur la proposition de Carny, possesseur d'un procédé pour l'extraction de la soude dont il faisait l'abandon , tous ceux qui ex- ploitaient des usines pour la préparation de cet alcali furent tenus de faire connaître la situation de leurs travaux , l'importance de leur fabrication et la nature de leurs procédés. Le Comité de Salut public demandait, dit le Rapport , le sacrifice généreux de toute espèce de secret pour la patrie. » La Lettre suivante écrite à Le Blanc par Shée, à la date du i3 pluviôse an II, fait connaître la situation que ces deux mesures combinées créaient à la nouvelle industrie : » Je viens dans le moment de lire, dans la feuille intitulée le Moniteur, » en date d'hier, que tous les Républicains possesseurs de quelques secrets » ou procédés pour la fabrication de la soude par la décomposition du sel » marin , étoient invités à en faire part au Comité de Salut public , Section » des Armées, parce que la patrie pouvoit en retirer des avantages précieux » pour ses moyens de défense. » J'imagine que tu es parfaitement au fait de cette affaire, et ton patno- » tisme t'aura suggéré sur-le-champ, j'en suis sûr, le sacrifice de ton secret, » fruit de tes longues et laborieuses recherches . » Néanmoins , réfléchissant que ta délicatesse pourroit te présenter quel- » ques scrupules dans l'entreprise de la fabrication de la soude , je m'em- » presse det'assurer pour ma part, que de tout mon cœur je consens, et (567) » même t'invite, s'il en étoit besoin, à révéler à la nation tout ce que tu » sais sur cet important objet. Je suis persuadé que le citoyen Dizé trouvera » dans son civisme tous les motifs nécessaires pour approuver cette dé- » marche; au reste tu es à portée d'en conférer avec lui. Mais quant à ce » qui regarde mon intérêt personnel, je m'en rapporte entièrement à tout » ce que te dicteront ta prudence et ta probité. » Je fais des vœux bien sincères pour que ton secret ait la gloire de con- » tribuer d'une manière grande et efficace au salut de la patrie. » P. S. — Ta Lettre du 6 courant ne m'est parvenue que le 8 au soir; ce » soir-là même les citoïens de Flandre, La Treille et un autre , sont venus » de la part du district et de la municipalité de Franciade à la manufacture » et ont dressé un inventaire général de tout. Je ne puis plus disposer de » la moindre chose sans un ordre légal et par écrit. » » Sous le coup du séquestre qui frappait leur établissement , et qui en avait immédiatement arrêté les opérations, Le Blanc , Dizé et Shée eurent la douleur de voir les matières premières et le matériel réunis ou créés par leurs soins, vendus à l'encan et dispersés. » Le Blanc , dont le consentement n'était du reste qu'une formalité , au- torisa la publication du procédé suivi dans la manufacture qu'ils avaient ex- ploitée. Il est décrit par Le Blanc lui-même (du moins telle était l'opinion de son fils) dans le Bapport publié le 2 messidor de l'an II par d'Arcet père^ Pelletier et Lelièvre. » Ainsi en quelques jours la société de la Maison-de-Seineavait tout perdu, frappée comme par la foudre. Elle n'avait plus ni fonds, ni manufacture, ni brevet. I^es circonstances étaient si déplorables, d'ailleurs, qu'il ne lui restait aucune chance de se relever. » Nous ne suivrons pas les trois associés dans les carrières diverses que chacun d'eux essaya de s'ouvrir, jusqu'au retour de temps plus prospères. Nous attachant seulement à ce qui concerne la soude artificielle et son his- toire, nous dirons qu'en l'anvin, le 17 floréal, par décision ministérielle Le Blanc fut mis en possession de l'usine de Franciade comme indemnité du dommage à lui causé parla publicité donnée à son brevet, et que, deux jours après, la société qui avait existé entre Le Blanc, Dizé et Shée fut rompue par- devant le Préfet de la Seine. A cette même époque , le Ministre des Finances chargeait le Tribunal de Commerce d'évaluer le dommage subi par la société et les indemnités qui pouvaient leur être dues. Ce tribunal s'étant reconnu in- compétent, l'affaire fut reprise administrativement par le Préfet de la Seine, qui chargea Vauquelin et Deyeux de lui adresser un Bapport à ce sujet. Malgré ( 568 ) les conclusions favorables de ce travail, en date du 17 brumaire an xiv, et malgré l'ordonnance ministérielle conforme du ieraoùt 1806. il fut décidé que les comptes de l'État vis-à-vis de Le Blanc étaient réglés par la resti- tution qui lui était faite à titre gratuit de l'usine de Franciade. » Demeuré libre d'agir, mais sans capitaux pour le faire, redevenu pos- sesseur d'une usine démantelée dont la possession même semblait bien pré- caire , Le Blanc ne parvint pas à y monter une grande fabrication , la seule qu'il eût été profitable d'y organiser. a Après avoir réparé, dit un Bapport fait à cette époque, les désordres » inévitables résultant d'une interruption de travail qui avoit duré quelques » années, après avoir fait des restaurations assez considérables et des amélio- « rations utiles dans plusieurs genres, Le Blanc avoit épuisé ses ressources. » » Combien d'efforts pourtant Le Blanc ne tente-t-il pas? Comme tous les inventeurs, il se montre plein d'abnégation, de ténacité et de confiance. Sa correspondance prouve qu'il n'est pas de démarche qu'il n'ait essayée pour assurer le succès de son œuvre. Ses économies, le fruit de quelques travaux entrepris au jour le jour, tout est consacré à ce grand objet ; quand il est réduit à la dernière extrémité, il frappe à toutes les portes. » Dès le 19 fructidor an 11, il obtient quatre mille livres du Comité de Salut public pour satisfaire aux avances qu'il a faites relativement au procédé dont il est l'inventeur, pour la décomposition du sel marin. » Le 9 ventôse an vu , le Ministre de l'Intérieur François de Neufchàteau lui accorde 3ooo francs dans le désir de faciliter les moyens de relever son ancienne fabrique de soude artificielle. Il est vrai de dire qu'ils ne furent pas payés. » Le i4 brumaire an vin, le Ministre de l'Intérieur Quinette écrivaifau Ministre des Finances « pour l'inviter fortement à fixer une attention par- » ticulière sur le bien général qui pourrait résulter de la reprise des travaux » de l'usine séquestrée. » Il ajoutait « que le produit de la vente de cette » manufacture ne compenserait jamais les services que Le Blanc pourrait >• rendre à te Bépublique s'il lui étoit permis de reprendre ses travaux et » de leur donner une nouvelle activité. » » Le 12 frimaire an IX, Fourcroy lui annonce un commencement de justice, grâce à la bonne volonté de Chaptal alors ministre. » Le 1 1 prairial an XI, sur le Bapport de trois de ses membres, Vauque- lin, Molard et Guyton-Morveau, la Société d'Encouragement alors nais- sante décidait qu'une somme de aooo francs, ses premières économies, se- rait confiée à Le Blanc pour l'aider à mettre de nouveau en activité la ma- ( 569 ) nufacturc dont il avait repris possession. « Ce secours s'adresse, disent-ils, » à l'homme probe et intelligent qui pendant la Révolution a rempli avec » honneur diverses fonctions publiques fort importantes, qui le premier a » conçu l'idée d'une fabrique de soude artificielle, qui l'a exécutée en » grand avec tout le succès qu'on pouvoit désirer, et qui par son exemple » auroit affranchi la France du tribut qu'elle paye à l'étranger si les mal- » heurs de la Révolution n'eussent interrompu ses travaux. » Cette somme que la Société d'encouragement n'eût jamais réclamée, lui a été religieuse- ment restituée par le fils de Le Blanc, sur les premiers produits du travail de ses mains. » Dans ces pièces, soit officielles, soit particulières, se manifeste de la part de tous les hommes éminents de cette époque le sentiment de la plus vive sympathie pour Le Blanc, de la plus grande confiance dans le succès du procédé qu'il recommande, l'estime et l'affection la mieux sentie pour le collègue et le collaborateur, car Le Blanc faisait partie de toutes les as- sociations libérales où s'étaient réfugiés les amis de la science. » Le Blanc mourut en 180G. Longtemps sa famille ne garda de ses efforts pour créer l'industrie de la soude factice qu'un souvenir cruel. Là où la France et l'Europe, là où l'Angleterre surtout chez qui le nom de Le Blanc est si populaire, voyaient un glorieux effort de la science, rivale heureuse de la nature, réduisant l'Espagne à recevoir de nos mains ces soudes qu'elle dispensait au reste du monde autrefois, les enfants de Le Blanc ne trouvaient dans leur mémoire que des tourments sans nombre, de longues années de misère, des démarches sans cesse renouvelées et presque toujours vaines, une catastrophe enfin. Si Le Blanc obtient place à l'hon- neur aujourd'hui, c'est bien justice, car sur lui a pesé tout entier le fardeau de la peine. » La famille de Le Blanc reçut de la part de tous les hommes qui culti- vaient les sciences ces mêmes témoignages d'intérêt qu'ils avaient prodigués à son infortuné chef. Les soins d'un Membre de cette Académie, M. Héron de Villefosse, développèrent et mirent en lumière les rares talents du fils de Le Blanc, l'artiste à qui est dû X Atlas de la richesse minérale, dont la pu- blication a fait époque dans l'art de reproduire par le dessin les machines et les appareils de l'industrie. » Le Blanc fils devint professeur de dessin au Conservatoire des Arts et Métiers, et personne n'ignore combien l'industrie française est redevable à ses savantes leçons. » Si Le Blanc succomba dans sa tentative, il faut eu accuser la situation C. R., i85G, i« Semestre. (T. XLII, N° 43.) 7^ ( 57o ) extraordinaire que lui firent les événements de la Révolution et l'inexpérience générale alors des travaux et des choses de l'industrie qui en rendait tous les procédés d'une difficile application. » Pendant la vie de Le Blanc, il ne semble pas que ses droits comme inventeur du procédé relatif à la fabrication de la soude artificielle aient été mis en doute par personne. Mais en 1810, Dizé publia dans le Jour- nal de Physique un Mémoire ou plutôt une réclamation où il cherche à établir, en exposant la marche suivie dans les essais qui auraient amené cette invention remarquable, que Le Blanc fut étranger à la pensée capitale qui la caractérise. Le Blanc aurait pour lui le droit, non la vérité. Or, la Section tenait à savoir où était la vérité. » Selon Dizé, voici la part à faire à chacun dans l'invention de l'art d'extraire la soude du sel marin : i° Tout le monde savait que le sel marin contient de la soude ; i° de la Métherie aurait le mérite d'avoir conseillé d'essayer la calcination du sulfate de soude avec le charbon ; 3° Le Blanc et Dizé auraient vainement essayé de faire intervenir la craie sur le résidu de cette calcination par voie humide soit à froid, soit à chaud; 4° Dizé au- rait remarqué qu'en évaporant et chauffant au rouge dans une marmite un mélange de soude sulfurée, de charbon et de craie, le résultat était sa- tisfaisant; 5° d'Arcet, à qui Dizé aurait rendu compte de cet essai, lui aurait conseillé de chauffer au rouge le mélange de sulfate, de charbon et de craie. L'essai ainsi conduit aurait réussi et la soude factice serait née presque à l'insu et sans la participation de Le Blanc, à qui Dizé n'accorde d'autre mérite que d'avoir formé des projets, dès 1787, touchant la décomposi- tion du sel marin pour en retirer la soude. » A la lecture de la Note très-spécieuse de Dizé, il se présente une foule de difficultés à l'esprit, quand on connaît les actes que la Section de Chimie est parvenue à retrouver : i°. D'après Dizé, ce n'est qu'au mois d'août 1790 qu'aurait eu lieu la découverte du procédé déjà si clairement décrit par Le Blanc dans le pa- quet cacheté du 27 mars de la même année. Dizé aurait dit plus lard à ses alentours, assure-t-on, que les premiers cristaux de carbonate de soude avaient été recueillis au bruit du canon de la Bastille, c'est-à-dire le i4 juillet 1789. Mais Le Blanc ne parle jamais de cette coïncidence qu'il n'avait nul motif de taire. Dizé, de son côté, avait oublié à la fois et le mois, et l'année, et cette coïncidence historique dont il a parlé plus tard, lorsqu'il place au mois d'août 1790, dans son Mémoire imprimé, l'époque où Le Blanc se présenta à lui avec des moyens de procéder dérivés de la publication de la Métherie, lorsqu'il répète ailleurs que le premier essai (57i ) de ces procédés fut effectué dans les premiers jours d'août 1790, loisqu'il revient plus loin encore sur cette date pour la confirmer. 20. Dizé ne parle pas des quatre actes privés, qu'il connaissait bien puisqu'ils sont signés .par lui, où il reconnaît les droits de Le Blanc, l'acte de Londres, le dépôt cacheté, l'acte de partage et l'acte de société. Il cite au contraire le brevet obtenu par Le Blanc, c'est-à-dire le seul acte auquel il n'ait pas participé ; il accuse Le Blanc de l'avoir obtenu par surprise. » Nous avons établi plus haut, par des pièces authentiques, que l'acte passé à Londres est du ia février 1790, que le paquet cacheté est du 27 mars 1790, que l'acte de partage est du i5 janvier 1791 et l'acte d'asso- ciation du 27 janvier 1 79 1 . ■» Or ces dates certaines, soit qu'on accepte la date de 1790, qui est si formellement précisée par Dizé, soit qu'on reporte l'événement à 1 789, ainsi que le voudrait le représentant de sa famille, sont toutes inconcilia- bles avec le résumé suivant fait par Dizé, qui dit, en s' adressant à de la Métherie : « Feu Le Blanc avoit formé des projets pour la décomposition du sel » marin en 1787, puisqu'il m'en parla à cette époque. » En 1789, vous avançâtes l'idée principale, savoir, de décomposer le » sel marin par l'acide suljurique et incinérer le tout avec du charbon. » Le Blanc s'attacha à cette idée et il travailla d'après ces principes. » En 1790, il présenta à M. d'Arcet le résultat de ses travaux qui n'é- « toient au fond que l'exécution de vos observations imprimées en 1789. » Le Bianc incinéroit à l'air libre, ce procédé étoit mauvais » L'addition du carbonate de chaux, procédé jugé le meilleur aujour- » d'hui, a été faite pour la première fois dans le laboratoire du Collège de » France, après des recherches suivies avec opiniâtreté pendant trois mois. » » Comme ces recherches avaient été commencées, d'après Dizé, dans les premiers jours d'août, ce serait vers le Ier novembre 1790 qu'il faudrait fixer l'époque où le premier échantillon de soude artificielle aurait été ob- tenu, c'est-à-dire dix mois après l'acte de Londres! » Dizé ajoute : « Une nous resta plus qu'à établir les doses du charbon et » du carbonate de chaux, qui furent fixées, après bien des tâtonnements, » à 100 de sulfate de soude sec, 100 de carbonate de chaux et 5o de char- » bon en poudre. » » Ces doses sont bien celles que Le Blanc donne dans son brevet en 1791; mais, comme on l'a vu plus haut, celles qu'il indiquait en 1790 à l'origine de l'affaire sont tout autres, et cependant Dizé prend bien ici l'affaire à l'origine ! 76. ( 572 ) j> Dizé ajoute encore qu'aprèsavoir opéré dans de grands creusets de 10 à 12 livres, on jugea ce moyen peu praticable en grand. Il construisit, dit-il, lui-même alors au Collège de France un petit fourneau à réverbère, dans lequel on pouvait décomposer des mélanges plus considérables. On fabriqua une masse de 3o livres de soude brute, et une autre de 70 livres en cristaux. Ces deux produits servirent enfin , d'après Dizé, de base au Rapport de M. d'Arcet, et le duc d'Orléans promit alors un capital de 200000 francs. » Selon Dizé, la découverte aurait donc été complète du premier coup, tant au point de vue scientifique qu'an point de vue industriel. Avant le Rapport de d'Arcet et la promesse du prince, tout était trouvé. » Partons-nous des actes, nous trouvons tout le contraire. Les six points suivants y sont clairement établis. En février et mars 1790, Le Blanc con- naissait l'emploi de la craie , mais il dosait encore mal ses matériaux ; il employait le creuset, mais il ne parlait pas du four à réverbère; cependant d'Arcet donnait son certificat, et le duc d'Orléans assurait 200000 francs. » Ainsi le récit de Dizé s'applique-t-il à 1 789, comme on pourrait le croire, puisque ce qu'il raconte aurait précédé le certificat de d'Arcet et l'assurance donnée par le duc d'Orléans de fournir les fonds, comment le dosage exact est-il indiqué dans son récit, tandis que nous avons trouvé dans le paquet cacheté de 1790, un dosage tout à fait inexact encore? » Le récit de Dizé s'applique-t-il à la fin de 1 790, comme le ferait croire la connaissance qu'il suppose du bon emploi du four à réverbère pour la fabrication de la soude et celle du dosage le plus exact des matières pre- mières; mais alors, comment contester à Le Blanc la priorité de l'emploi de la craie si bien précisé dans ce paquet cacheté de mars 1790? » Nous ne nous chargeons pas d'expliquer les difficultés du récit de Dizé. » Sa réclamation, reproduite en 1819, à l'occasion de l'exposition des produits de l'industrie, fut portée devant le Jury par le Ministre de l'In- térieur. Le Jury y répondit de la manière suivante : « Monsieur le Comte, » Le Jury central de l'Exposition a pris connaissance de la Lettre que » M. le Préfet du département de la Seine a adressée à Votre Excellence » relativement à la réclamation faite par le sieur Dizé pour participer aux » distributions promises par l'ordonnance du 9 avril dernier. Il était in- » struit des titres qu'aurait eus le Sr Le Blanc, s'il existait encore, à cette » récompense pour la découverte d'un procédé de décomposition du mu- « riate de soude, pour en extraire la soude; il savait combien le sieur Dizé » était étranger à cette découverte. (573) » La découverte du sieur Le Blanc est ancienne; cet artiste étant mort, » le Jury central de l'Exposition croit n'avoir rien à exposer au Ministre à > cet égard. Mais il pense devoir se joindre à M. le Préfet de la Seine et au » Jury du même département pour appeler la bienfaisance de Votre Excel- » lence sur la famille de cet artiste, qui a rendu à l'industrie des services » aussi réels, par une découverte qu'on peut placer au nombre des décou- » vertes les plus utiles faites depuis trente ans. » J^e 2 septembre 1819. ' » Signé Le Duc de Larochefoucault. » 'a' » En i85a parut une Notice sur la découverte de la soude, écrite d'après des Notes fournies parDizé, qui vivait encore alors, où se trouvent repro- duites et développées les assertions du Mémoire de 18 10; mais l'auteur delà Notice ne connaissait aucun des actes authentiques cités dans ce Rapport. » Enfin l'Académie ayant été saisie de l'examen de la lettre adressée à S. M. par la famille Le Blanc, une réclamation de la famille Dizé lui est im- médiatement parvenue, comme nous l'avons dit précédemment. » La Section, dans son impartialité, a demandé à chacun des représen- tants de ces deux familles la production des pièces authentiques annoncées comme étant en leur possession ou à leur disposition. » I-.a famille Ije Blanc a produit avec empressement toutes les pièces qu'on lui a demandées, et en particulier l'acte de Londres, le dépôt ca- cheté, l'acte de partage des bénéfices entre T^e Blanc et Dizé, l'acte de société définitif, le brevet d'invention, et nombre d'actes ou de pièces contempo- rains parfaitement d'accord entre eux, justificatifs des droits de son auteur. » La famille Dizé, de son côté, s'appuie sur la réclamation produite par Dizé en 1810 et sur la persistance avec laquelle il n'a cessé jusqu'à la fin de sa vie d'essayer de faire prévaloir ses prétentions. Mais le représentant de la famille Dizé, appelé par la Section de Chimie et mis en demeure de fournir les pièces authentiques établissant les droits de Dizé qu'il avait annoncées, a déclaré n'avoir rien à donner de plus que l'écrit où il analyse et commente le Mémoire publié en 1810 par Dizé. » Si le représentant de la famille Dizé eût fourni les pièces qu'il avait annoncées', ou, à leur défaut, qu'il eût retiré sa Lettre, ainsi que le désirait la Section, il eût rendu notre tâche moins pénible, et il aurait épargné à l'Aca- démie l'obligation d'entendre tous les détails qui précèdent; mais, comme nous l'avons dit, il ne suffisait pas à la Section de savoir où était le droit, elle voulait savoir surtout où était la vérité. » Il est évident, en effet, que s'il s'agissait de reconnaître que Dizé a été ( 574> mêlé aux essais effectués par Le Blanc pour perfectionner le dosage des ma- tières employées dans la fabrication de la soude, qu'il est devenu son associé et qu'il en aurait les droits commerciaux, qu'il a pris une part importante dans l'organisation des fourneaux et du matériel de la fabrique de la Mai- son-de-Seine, qu'il aurait spécialement droit aux deux cinquièmes de tous les bénéfices résultant pourLe Blanc de l'invention de la soude, il n'y aurait aucune difficulté, car tout cela est constaté et authentique. » Mais, comment la Section de Chimie pourrait-elle admettre que Le Blanc n'est pas l'auteur du procédé par lequel la soude factice a été obtenue, lorsqu'il est reconnu pour tel parDizé, par d'Arcet, par Shée dans cinq actes sérieux et authentiques et dans toute leur correspondance, lorsque les contemporains sont unanimes à lui attribuer ce mérite, lorsque l'enchaînement des faits produits par lui est logique et que rien n'y offre d'obscurité, lorsque sa vie durant aucunes réclamations de ce genre ne se sont produites, quand on a attendu sa mort pour les faire entendre, lorsque ces réclamations enfin re- posent uniquement sur un récit plein de contradictions fait par la personne intéressée? » Tout en respectant les sentiments de la famille Dizé, la Section de Chi- mie appelée à exercer les devoirs d'une véritable magistrature, déclare donc, en vue du droit, mais non moins en vue de la vérité, qu'à ses yeux les actes authentiques établissent tous que Le Blanc est l'auteur de la découverte du procédé relatif à la fabrication de la soude artificielle, et que les témoi- gnages contemporains dont elle a eu connaissance sont tous d'accord avec la teneur de ces actes. » En ce qui concerne de la Métherie, en particulier, dont le nom est^i souvent invoqué, il a lui-même publié plusieurs fois que Le Blanc était l'au- teur de la découverte de la soude artificielle, et que c'est lui qui a introduit la craie dans cette opération. » La découverte de la soude factice a mis à la disposition des arts indus- triels un alcali puissant, à bas prix, dont la production ne connaît pas de limite, puisqu'elle a pour base le sel marin. Son exploitation a donné un essor immense à la fabrication de l'acide sulfurique dont elle assurait le débouché, et elle a été de la sorte l'occasion de tous les progrès qui s'y sont introduits. La fabrication de la soude artificielle, en faisant naître de prodi- gieuses quantités d'acide chlorhydrique, a donné une matière première à bas prix propre à la création du chlorure de chaux, que les blanchisseries des fils ou des toiles de coton, de chanvre ou de lin, ainsi que les papeteries, consomment en quantités prodigieuses. Les verreries et les savonneries, depuis qu'elles peuvent disposer de ces soudes factices qu'on approprie si ( 575 ) facilement et si exactement à leurs besoins variés, ont fait des progrès immenses pour la qualité et pour le bon marché de leurs produits. » Depuis le commencement du siècle, toute l'industrie des produits chi- miques en Europe pivote autour des manufactures de soude artificielle et s'empare de leurs procédés ou vit de leurs produits. On peut estimer qu'en i855 les usines à soude ont produit en Angleterre i5o millions de kilo- grammes de cet alcali à divers états et ont mis en mouvement une valeur de 3o millions. En France, la production s'est élevée à 60 ou 80 millions de kilogrammes, et elle peut être considérée comme égale au moins à ce chiffre pour le reste de l'Europe. » La découverte de la soude artificielle est donc un des plus grands bien- faits, sinon le plus grand, dont les arts chimiques aient été dotés depuis soixante ans. Pour s'en faire une juste idée, il faudrait ajouter que la valeur vénale de la soude, ainsi que celle des produits qui se rattachent immédia- tement à sa fabrication ayant baissé depuis le commencement du siècle dans le rapport de 10 : 1, si le commerce et la consommation reçoivent en Europe maintenant pour 100 millions de marchandise par cette voie, il fau- drait, pour être exact, dire que si la soude factice n'eût pas été inventée, les jouissances que le consommateur se procure à son aide lui coûteraient un milliard. » L'importance de l'objet dont nous venons d'entretenir l'Académie, les scrupules qui nous ont arrêtés plus d'une fois dans cet examen de titres inconnus jusqu'ici et de prétentions mal appréciées, expliqueraient la lon- gueur de ce Rapport et les détails où nous sommes entrés, lors même que la Section ne trouverait pas ailleurs son excuse. Mais, consultée au nom de Sa Majesté, toujours aussi empressée de fermer les plaies et de réparer les maux du passé qu'elle l'est d'ouvrir les grandes perspectives de l'avenir, la Section ne devait rien négliger pour se mettre en mesure de signaler avec certitude à sa justice et à sa bonté la mémoire du véritable inventeur de l'in- dustrie qui a si justement excité son intérêt. Conclusions. » La Section de Chimie est d'avis d'adopter les conclusions suivantes : » i°. La découverte importante du procédé par lequel on extrait la soude du sel marin appartient tout entière à Le Blanc; » i°. Dizé n'a fait de recherches en commun avec Le Blanc que pour mieux déterminer les proportions des matières à employer dans la fabrica- tion de la soude et pour établir la fabrique de Saint-Denis ; » 3°. Si donc, comme le désire la famille Le Blanc, il s'agit de rendre un ( &6 ) juste hommage à l'auteur de la découverte de la soude factice, c'est à la mémoire de Le Blanc qu'il est dû, c'est à sa famille que le témoignage doit en être adressé ; » 4°- S'il s'agissait, en outre, d'indemnités à accorder en raison des pertes éprouvées par suite du séquestre mis sur la fabrique de Saint-Denis ou de la divulgation du brevet de Le 'Blanc et de son annulation, sauf avis d'une autorité plus compétente, la Section penserait que ces indemnités doivent être partagées entre les divers associés, aux termes de l'acte d'asso- ciation du 27 janvier 1 791 . » Elle a l'honneur de soumettre son Rapport et ses conclusions à l'appro- bation de l'Académie. » Après une discussion à laquelle prennent part MM. Thenard, Morin, Poinsot et Poncelet , le Bapport est adopté. Avant que ce Rapport ait été mis aux voix, l'un des Membres de la Commission, M. Chevregl, a lu la Note suivante, dans laquelle il expose son opinion particulière sur la question débattue : « En donnant mon opinion séparément de la Section de Chimie sur l'affaire dont l'Académie a été saisie, je ne viens pas combattre la conclu- sion du Bapport en ce qui est de faire droit à la demande adressée par M. le marquis de Manoury d'Ectot à S. M. l'Empereur pour obtenir une réparation du dommage que Le Blanc aurait éprouvé par suite du séquestre mis par ordre de la Convention sur son usine et de la divulgation du procédé dont il était l'inventeur pour la fabrication de la soude artificielle. Mais par la raison que cette indemnité est juste, l'associé de Le Blanc, Dizé, y a un droit incontestable. » Voulant épargner le temps à l'Académie, et rien à mon sens n'étant plus oiseux que des appréciations de plus on de moins de participation à une découverte, lorsqu'on présente un acte notarié où deux parties inté- ressées reconnaissent que l'une a une propriété différente de celle de l'autre partie, je garde ces appréciations pour les exposer ailleurs (1). Je me borne à dire maintenant que ma conviction est que Dizé a coopéré aux expé- riences qui ont servi de base à lajabrication de la soude avant tout acte notarié. » Cette déclaration faite, je demande si la famille Dizé n'a pas un droit parfaitement établi pour réclamer une indemnité? Mon opinion repose sur les faits suivants : (1) Dans mes Considérations générales sur l'Histoire de la Chimie. 1 577 ) » Dizé était associé au duc d'Orléans, à Le Blanc et à Shée, en vertu de deux actes notariés, le premier passé à Londres le 1 a de février 1 790, le second passé le 27 de janvier 1791 à Paris. En outre, un acte passé entre Le Blanc et Dizé, à la date du i5 de janvier 1791, établissait leurs parts respectives dans les bénéfices nets des deux procédés. » Pour la soude et le sel ammoniac, le bénéfice net est partagé en cinq parts, dont trois à Le Blanc, ses héritiers ou ses représentants, et deux à Dizé, ses héritiers ou ses représentants. » Pour la fabrication de la céruse, le bénéfice net est partagé en cinq parts, dont trois à Dizé, ses héritiers ou ses représentants, et deux à Le Blanc, ses héritiers ou ses représentants. » Quant à d'autres produits qu'on pourrait fabriquer, le bénéfice net serait partagé également entre les deux. » Si, respectant le temps de l'Académie, je n'ai pas voulu exposer les raisons que j'ai d'accorder une part de coopération à Dizé dans la décou- verte même du procédé de la fabrication de la soude à une époque qui précéda l'acte d'association passé à Londres le 1 a de février 1 790, je ne puis me dispenser de montrer la part de Dizé depuis cette époque. » Le procédé de fabrication de la soude certifié par d'Arcet, à la date du 24 de mars 1 790, consiste à chauffer dans des creusets, Sel de Glauber calciné. . . 100 parties. Craie 5o » Charbon 25 » » Dans le brevet d'invention pris par Le Blanc seul le a5 de septembre 1 791, on n'opère plus dans des creusets, mais dans des fours de réverbère,^ et les proportions sont : Sel de Glauber calciné. . . 100 parties. Craie. .' 100 au lieu de 5o. Charbon 5o au lieu de 25. » Sans examiner si Le Blanc avait le droit de prendre un brevet en son nom après avoir pris part à une association avec Dizé, Shée et le duc d'Or- léans, association reposant sur trois actes notariés, je demande si Dizé n'a pas eu une grande part dans la modification apportée au procédé certifié par d'Arcet à la date du a4 de mars 1790? La réponse à cette question est fa- cile : Dizé, âgé de vingt et quelques années, était le chimiste de la société, et c'est, selon moi, à ce titre seulement qu'il se trouve associé avec un prince du sang, avec un des médecins de la maison du prince, âgé de l\o ans, et avec C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, K<> 15.) 77 (578) un de ses hommes d'affaires. Il est si bien le chimiste de la société, que, dans le Rapport officiel fait au Comité de Salut public au nom d'une Commis- sion composée de Lelièvre, Pelletier, d'Arcet et Alexandre Giroud, et publié en messidor de l'an H par ordre de ce Comité, il est dit : « L'établissement est déjà tout formé à Franciade; le cit. Dizé, l'un des » co-associés, en a dirigé particulièrement la construction : elle est faite de » manière qu'il peut servir également à toute espèce d'usages et de procédés » de ce genre. C'est une justice que lui rendent ses co-associés. » » Ce jugement porté sur Dizé, et par une Commission du gouvernement, et par ses co-associés, met hors de doute le vrai motif de l'association du jeune préparateur du Collège de France avec le duc d'Orléans, Le Blanc et Shée. » En définitive, i° si une réparation du dommage que Le Blanc aurait éprouvé par suite du séquestre mis par ordre de la Convention sur son usine est due à sa famille, la famille de Dizé, le co-associé de Le Blanc, a un droit égal à cette réparation, puisque le coup qui frappa l'un a frappé l'autre. Je conclus donc à ce sujet comme mes collègues de la Section de Chimie. » 20. Mais reconnaître que la découverte de la fabrication de la soucie appartient tout entière à Le Blanc serait contraire à ma conviction : car, conformément à tout ce que j'ai entendu dire à propos de la réclamation que fit Dizé en 1810 (1), et parce que j'ai toujours eu foi en sa loyauté, je ne doute point de sa coopération avec Le Blanc avant leur acte d'association . » NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem- bre qui remplira , dans la Section de Médecine et de Chirurgie , la place va- cante par suite du décès de M. Magendie. Au premier tour de scrutin , le nombre des votants étant 57, M, Jobert, de Lamballe, obtient. . . . 2 3 suffrages. M. Longet 18 M. Cruveilhier '. i3 MM. Baudens , Poiseuille et Laugier, chacun 1 . Aucun des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, on procède à un deuxième scrutin. (1) S'il existe une erreur de date dans cette réclamation, il en est une plus grave, à mon sens, dans un écrit de Le Blanc. (579) Le nombre des votants restant 67, M. Jobert obtient 28 suffrages. M. Longet •. . . a3 M. Cruveilhier 5 Il y a un billet nul. Aucun des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue, on procède à un scrutin de ballottage (1). Le nombre des votants étant encore 57, M. Jobert obtient 29 suffrages. M. Longet a8 M. Jobert, deLamballe, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ohganogknie végétale. — Mémoire sur l 'origine et le développement de la cuticule (première partie); par M. A. Trécul. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Les parties encore jeunes des végétaux ligneux et les plantes herbacées sont revêtues à l'extérieur d'une membrane mince, à laquelle on a donné le nom de cuticule. Cette cuticule recouvre immédiatement les cellules à matière verte chez certaines espèces (Ex. Ceratopteris thalictroïdes, Fega- tella conica, etc.), qui n'ont pas d'épiderme proprement dit; ailleurs elle est appliquée sur les cellules de l'épiderme (Pistia, etc.) ; mais le plus sou- vent cette cuticule est séparée des cellules sous-jacentes par une couche plus ou moins épaisse dont les caractères anatomiques et chimiques varient sui- vant les plantes que l'on examine. Dans le Ceratophjllum demersum, le Vallisneria spiralis, etc., cette couche intermédiaire est fort mince et bleuit au contact du réactif proposé par M. Payen pour dévoiler la présence de la cellulose (l'iode et l'acide sulfurique); dans le Dianthus plumarius, etc., elle ( 1 ) A ce troisième tour de scrutin , une irrégularité signalée au moment où les bulletins étaient déjà comptés, mais avant qu'on en eût commencé le dépouillement, a déterminé l'Académie à annuler ces bulletins et à faire recueillir une seconde fois les votes. 11- ( 58o ) est plus épaisse et bleuit aussi tout entière ; dans X Amaranthus viridis, la partie la plus externe de cette substance médiane ne bleuit que difficilement; dans une multitude de végétaux, la partie placée près de la cuticule jaunit ou brunit comme cette dernière sous l'influence des réactifs indiqués; dans le Viscwn album, la couche entière, qui est verte, brunit. Ce sont les pro- priétés de ces diverses parties, leur origine et celle de la cuticule qui font le sujet de ce travail. Avant d'aller plus loin dans l'exposition de mes ob- servations, je dirai brièvement ce que l'on a pensé jusqu'ici de la nature de ces diverses couches. » La cuticule fut découverte en 1757 par Ludwig; elle fut entrevue par Duhamel en 1758, et observée de nouveau en 176a parBén. de Saussure. Hedwig, en 1793, la crut composée de deux membranes entre lesquelles il s'imaginait voir un sytème de vaisseaux lymphatiques. Sprengel, puis deMir- bel, Rudolphi, montrèrent que ces prétendus vaisseaux ne sont que des lignes correspondant aux parois latérales des cellules de l'épiderme, et ils ont dit que la cuticule, qu'ils appelèrent aussi épiderme, n'était que la paroi exté- rieure des cellules superficielles. Jusqu'en i834, on discuta sur l'existence de la cuticule , mais depuis le Mémoire de M. Ad. Brongniart, qui fit voir la généralité de son existence, la discussion n'eut pins pour objet que l'ori- gine et la constitution de cette membrane. Depuis cette époque_, plusieurs opinions ont été émises pour expliquer sa nature. La première consiste à regarder la cuticule comme une membrane essentiellement indépendante des cellules sous-jacentes. Déjà, en 1829, Turpin l'avait considérée comme une immense cellule dans laquelle se développeraient toutes les autres par une multitude de générations successives. Cette idée fut reproduite par MM. Hartig, Rarsten et Garreau. 20. M. H. Mohl, après avoir dit que la cuticule était formée par de la matière intercellulaire, qu'il considérait alors comme préexistant aux cellules, annonça, en 1842, que la cuticule était for- mée par la réunion de la membrane primaire ou externe des cellules super- ficielles, doublée à l'intérieur par des couches secondaires ou d'épaississe- ment. Il est important de noter qu'alors M. Mohl n'avait pas encore eu l'idée de son utricule primordiale. M. Wigand a sur la cuticule un avis analogue à cette opinion de M. Mohl. 3°. Treviranus prétendit, en i835, que la cuticule devait être attribuée à une matière coagulable versée à l'extérieur par les cellules de l'épiderme et concrétée. A cette manière de voir se sont ralliés MM. Valentin, Payen, Schleiden, et enfin M. Mohl lui-même. Cette opinion a pour elle les apparences, ainsi que nous le verrons. 4°- Une autre théorie est soutenue par M. Schacht. Cet anatomiste admet avec M. Mohl, ( 58i ) pour chaque cellule , une utricule primordiale azotée, non composée de cellulose, qui sécrète à l'extérieur des couches d'épaississement formées de cellulose. Ce serait la première de ces couches, la plus externe, qui consti- tuerait la cuticule proprement dite; les autres, plus internes, qui brunissent par l'iode et l'acide sulfurique, sont nommées par lui, avec M. Mohl, couches cuticulaires ; celles qui ne bleuissent pas et qui sont plus rapprochées de l'u- tricule primordiale sont appelées couches d'épaississement. Cette théorie de l'utricule primordiale (sans cellulose) génératrice pourrait être soutenue avec succès, si je n'avais pas prouvé, dans la séance du 6 novembre i85/j, qu'il peut se former des couches secondaires à l'extérieur de la première membrane de cellulose aussi bien qu'à son intérieur. Je ferai voir d'ailleurs, dans la deuxième partie de ce travail, qu'il peut y avoir épaississement con- sidérable loin de cette prétendue utricule primordiale, et dans des circon- stances dans lesquelles il est impossible d'invoquer son action. Dans le même Mémoire, j'ai établi un autre principe, que je n'ai pas donné comme géné- ral, parce qu'il ne l'est pas : c'est celui du dédoublement des membranes cellulaires. Depuis ma publication, ce principe a été admis par M. Hartig, qui, abandonnant son ancienne théorie, l'a généralisé bien à tort. Eh bien , c'est un tel dédoublement de la paroi extérieure des cellules de l'épiderme qui donne naissance à la cuticule. Je dis qu'il y a un dédoublement de la membrane cellulaire, et non une excrétion proprement dite, parce que les deux membranes, au moment de leur séparation, ont la même épaisseur et le même aspect, tandis que les parties excrétées ont une apparence différente de la partie sécrétante. C'est ainsi que la matière intercellulaire se distingue de la paroi de l'utricule qui lui a donné naissance; c'est ainsi également que les couches qui s'interposent souvent entre la cuticule et la paroi cellulaire se différencient de l'une et de l'autre, à l'origine du moins; et c'est précisé- ment l'excrétion de ces couches qui a fait croire à celle de la cuticule. Au reste, je me suis expliqué plus longuement dans mon Mémoire cité précé- demment sur le sens que j'attache aux mots excrétion et dédoublement. » On a beaucoup parlé jusqu'ici de l'origine de la cuticule; cependant peu d'anatomistes, en réalité, l'ont décrite, et aucun ne l'a figurée à sa nais- sance dans les végétaux élevés en organisation. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie un grand nombre de figures qui la représentent à cette époque et dans toutes les phases de son développement. Voici com- ment elle apparaît. Les cellules superficielles ne sont, dans l'origine, munies que d'une paroi parfaitement homogène et qui paraît simple; mais d'ordi- naire, quelque jeunes que soient ces cellules, la paroi externe se dédouble ( 582 ) quand elle est mise en contact avec l'iode et l'acide sulfurique ; la pellicule externe jaunit ou brunit, c'est la cuticule; tandis que l'interne devient bleue et se gonfle plus ou moins. C'est cette membrane bleuissante qui sécrète ou excrète, si on l'aime mieux, les couches que l'on voit s'interposer plus tard entre elle et la cuticule. Si je n'avais que de tels faits, la vérité de mon asser- tion ne serait pas démontrée, et il serait difficile de prouver que la cuticule n'est pas une membrane indépendante des cellules qu'elle revêt, ou une cellule enveloppante, mère de toutes les autres ; mais j'ai trouvé des plantes qui ne laissent rien à désirer à cet égard, car elles présentent à la fois des parties pourvues d'une cuticule et des parties qui n'en ont pas. Dans celles qui n'ont pas de cuticule, la paroi cellulaire reste simple et bleuit tout entière sous l'influence de l'iode et de l'acide sulfurique. Un bel exemple de ce phénomène est offert par les feuilles du Tillandsia zonata : leur épidémie est environné d'une cuticule qui se colore en jaune ou en brun par l'action des réactifs cités, tandis que les innombrables écailles peltées qui ornent ces feuilles n'en sont pas munies; la paroi extérieure de chaque cellule de ces écailles reste simple et devient du plus beau bleu. La cuticule n'est donc pas une cellule enveloppant toute la plante, puisque ces écailles n'en sont pas revêtues. Je citerai bientôt des preuves d'une autre nature. Le Pistia, qui vit à la surface de l'aquarium du Muséum d'Histoire naturelle, est non moins intéressant, car l'épiderme du limbe de ses feuilles, ainsi que les poils qu'il supporte, ne paraissent pas avoir de cuticule quand on les examine sans le secours de l'iode et de l'acide sulfurique; quand on se sert de ces réactifs, on rencontre quelquefois des cellules dont la paroi externe bleuit sans se dédoubler ; le plus souvent cependant la paroi externe se divise en deux membranes: l'une interne se gonfle et bleuit; l'autre externe (la cuticule) paraît bleue, jaune ou brune, suivant son âge et suivant le degré de concen- tration de l'acide, qui l'altère facilement, ainsi que le tissu cellulaire qu'elle enveloppe. En agissant avec précaution, on obtient fréquemment une cuti- cule très-bleue. Cela prouve que, dans le principe, cette membrane est for- mée de cellulose, ce qui n'avait pas été démontré directement. Pour obtenir ce résultat, il faut opérer de la manière suivante. On place les coupes trans- versales dans la teinture aqueuse d'iode, on ajoute ensuite de l'acide sulfu- rique dilué au contact de l'air, puis un peu d'acide plus fort, mais pas trop concentré. Bientôt on peut distinguer la membrane cellulaire delà cuticule; la première se gonfle et bleuit; la seconde reste mince, mais bleuit aussi, si elle est assez jeune. Si l'on se servait tout de suite d'acide assez concentré, la cuticule deviendrait jaune-brun, le tissu cellulaire bleuirait, puis brunirait ( 583 ) à son tour, quelquefois même deviendrait brun sans avoir bleui, et finirait par se dissoudre (i). » Ainsi, la membrane qui doit produire la cuticule est d'abord simple, homogène, puis elle se partage en deux membranes parallèles, d'égale épais- seur, et présentant le même aspect. L'extérieure est la cuticule de la cellule correspondante. La cuticule générale est donc composée d'autant de parties qu'il y a de cellules superficielles, au moins à l'époque de sa formation; car dans le Viscum album, par exemple, la pellicule externe d'un rameau déjà âgé a certainement moins de parties qu'il y a de cellules dans l'épiderme de ce rameau au moment de l'observation ; mais la cuticule végète, s'étend, à mesure que les cellules se multiplient. » Je terminerai cette première partie en indiquant comment on doit con- cevoir l'union intime, la continuité de ces parties. A l'époque à laquelle s'ef- fectue le dédoublement de la membrane cellulaire primitive, les cloisons qui séparent les cavités utriculaires de l'épiderme sont aussi formées d'une membrane simple, qui ne se divise pas par l'action de l'acide sulfurique ; ce n'est que postérieurement qu'elles se partagent en deux pellicules appar- tenant à chacune des cellules collatérales, et que de la matière dite inter- cellulaire est sécrétée par elles. Ces cloisons ou parois latérales des cel- lules étant simples ou très-intimement unies dans l'origine, il est évident que la cuticule qui se sépare de chaque cellule doit être parfaitement conti- nue avec les cuticules partielles qui naissent des cellules adjacentes. » chimie physiologique. — Sur l'absence de l'acide hippurique dans l'urine de cheval; par M. Roussix. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Boussingault, Payen.) « Des analyses d'urine de cheval, qui semblent exécutées avec beaucoup de soin, notamment celles de MM. de Bibra et Boussingault, offrent dans le chiffre de l'acide hippurique de si fortes différences (2), qu'on ne peut raisonnablement les attribuera des erreurs de calculs ou d'expériences. Il convenait d'en rechercher la cause, et c'est dans ce but qu'ont été insti- tuées les expériences qui font l'objet de notre Mémoire : les résultats (1) Pour faciliter l'observation , on peut chauffer un peu dans l'eau les coupes, afin d'en dégager l'air retenu entre les poils. (2) M. Boussingault admet 4sr,7 d'hippurate de potasse, et M. de Bibra i2«r,6o d'acide hippurique par kilogramme d'urine de che?af. ( 584 ) qu'elles ont donnés sont consignés dans le tableau suivant où nous met- tons en regard les proportions d'urée, dosées sous forme d'azotate sec. NUMEROS des expériences i. 2. 3. 4. 3. 6. 7. 8. 9. Chevaux d'omnibus Chevaux de spahis travaillant Étalons arabes complètement oisifs Étalons arabes complètement oisifs Étalons arabes complètement oisifs Étalons arabes complètement oisifs Chevaux de spahis travaillant Cheval arabe fatigué après une longue course. . . , Cheval arabe fatigué après une très-longue course AC. HIPPCRIQEE AZOTATE |d'iRÉE pour i litre. pour i litre. 7.8 Non déterm. io,o i8«r o,o 32 o,o 35 o,o 33 o,o 34 5,0 ii i3,o 12 i4,o i5 iV. B. — Ainsi qu'on le sait, tous les chevaux arabes sont entiers. Les chevaux désignés comme étalons sont ceux qui ont l'habitude de saillir. » Les conclusions ressortent du tableau même. Les chevaux qui fatiguent beaucoup produisent beaucoup d'acide hippurique et peu d'urée compa- rativement. Les chevaux bien nourris et oisifs ne produisent que peu ou point d'acide hippurique; l'urée, au contraire, envahit les urines dans une forte proportion. La limpidité de l'urine peut servir d'indice. Si ce liquide est clair et laisse déposer peu de carbonate calcaire, il contient beaucoup d'urée et fort peu d'acide hippurique. L'urine des chevaux est-elle trouble et jumenteuse, on peut être assuré qu'elle contient d'assez fortes propor- tions d'acide hippurique. » L'activité respiratoire et l'emploi des forces musculaires semblent donc transformer l'urée en acide hippurique. Le repos, au contraire, laisse l'urée intacte et paraît peu propice à sa transformation en acide hip- purique. » M. I h-.iiPiN soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : Des causes commerciales et administratives de T insuffisance et de la surabondance périodique de la production du blé en France. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de ( 585 ) MM. Boussingault, de Gasparin, Payen, Commission qui appréciera si, d'a- près la nature des questions traitées et le point de vue auquel se place l'au- teur, le travail ne serait pas plutôt du domaine de l'Académie des Sciences morales et politiques. M. Laurent adresse, de Chaumont, une Note sur un nouveau procédé d'aimantation qu'il désigne sous le nom d'aimantation par condensation. Cette Note, dont l'analyse serait difficilement comprise sans le secours d'une figure, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM Pouillet et Babinet. M. Clauzure adresse, d'Angoulème, une réclamation de priorité à l'occa- sion d'une Note de M. Leclerc, relative à X action des infusions végétales sur le sang veineux fraîchement sorti de la veine, Note présentée à l'Académie dans la séance du 3 mars 1 856. « C'est moi, dit M. Clauzure, qui le premier ai institué ce mode de re- cherches. Dès l'année dernière, j'en ai communiqué les principaux résultats à M. Leclerc, ainsi que le montrent les Lettres qui sont en ma possession. Comme, cependant, le Compte rendu paraît n'avoir donné qu'un extrait de la Note, j'aime à croire que dans la Note complète se trouve la preuve que M. Leclerc n'a pas eu l'intention de publier ces résidtats en son propre nom, sans en indiquer l'origine, ou au moins sans mentionner ma partici- pation. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Flourens, Coste, Bernard, Commission qui est également chargée de prendre connaissance de la Note de M. Leclerc.) M. lîoi \ici.Ai envoie son septième Mémoire sur YHirudo sanguisuga. (Commission précédemment nommée.) L'Académie reçoit et renvoie à l'examen des Commissions compétentes les Mémoires suivants destinés à des concours pour les prix de l'année 1 856, prix sur des questions proposées ; savoir : Grand prix des Sciences mathématiques : question concernant le dernier théorème de Fermât; deux Mémoires inscrits sous les n09 6 et 7. C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLH, N° 15.) 7^ ( 586 ) Grand prix des Sciences mathématiques : question concernant le perfec- tionnement de la théorie mathématique des marées; un Mémoire inscrit sous le n" i . Grand prix des Sciences physiques : question concernant le développe- ment de l'embryon; un manuscrit intitulé : Recherches d 'embryologie com- parée sur le développement de la truite, du lézard et du limitée. Cet ouvrage, qui est accompagné d'un atlas, a été inscrit sous le n° i. L'Académie reçoit également divers travaux destinés à concourir pour divers prix delà fondation Montyon, savoir : Pour les prix de Médecine et Chirurgie les Mémoires dont les titres suivent : Anatomie ornalographique : Collection de dessins représentant, de gran- deur naturelle, des coupes des principales régions du corps humain, d'après des sections pratiquées sur des cadavres congelés; par M. E. Legexdke. Mémoire sur un nouvel urétrotome sur conducteur, pour pratii/uer l'uré- trotomie d'avant en arrière et sans dilatation préalable; par M. Boinet. Considérations sur les variations anatomiques et pathologiques du poids de l'utérus; par M. Gariel. Considérations sur la literie des établissements hospitaliers ; par le MÊME. Recherches sur l'asphyxie; par M. Faure. Concours pour le prix dit des Arts insalubres : Mémoire sur les accidents que développe, chez les ouvriers en caoutchouc , l'inhalation du sulfure de carbone en vapeur ; par M. A. Delpech. Notice sur les appareils et procédés de blanchissage à la vapeur libre et sans pression; par M". S. Charles. Concours pour le prix de Mécanique (fondation Montyon) : Description de divers instruments anémométriques en usage à l'observa- toire météorologique de la Flèche; par M. Taupenot, professeur au Pryta- née militaire. ( 587) M. Renault, directeur des études à l'École vétérinaire d'Alfort, prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie deux ouvrages qu'il lui adresse, l'un déjà publié de- puis longtemps, Mémoire sur une des causes les plus fréquentes de la gangrène traumatique ; l'autre, tout récent, sur la question de savoir si le typhus contagieux du gros bétail peut naître spontanément sur les animaux de l'espèce bovine étrangère à la race dite des Steppes. M. Renault prie, en outre, l'Académie de vouloir bien comprendre éga- lement parmi les pièces du concours un Mémoire précédemment présenté par lui : Etudes expérimentales sur l'absorption des virus. Ce Mémoire ne s'étant pas retrouvé dans les papiers de M. Magendie, à qui il avait été envoyé, M. Renault espère que l'Académie, prenant en considération le temps nécessaire pour faire une nouvelle rédaction d'après les registres où ont été consignés les résultats des expériences, voudra bien prolonger jusqu'à la fin d'avril le temps où son Mémoire pourra encore être admis. M. Figuier prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours , pour un des prix de la fondation Montyon , deux ouvrages qu'il adresse et qui ont pour titre , l'un « l'Alchimie et les Alchimistes... » , l'autre « Exposition et Histoire des principales découvertes scientifiques modernes ». M. Figuier présente au concours , pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie, son Mémoire sur l'origine du sucre contenu dans le foie, et sur la présence normale du sucre dans le sang de l'homme et des animaux ; il y jointe conformément aune obligation imposée aux concurrents, une indi- cation de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Marie adresse de même un résumé en double expédition de son Mé- moire sur les rapports numériques qui existent chez l'adulte à l'état normal et à l'état pathologique entre le pouls et la respiration, et de son Mémoire sur' Xhydrocele enkystée spermatique. (Même Commission. ) M. Duplay adresse de même des analyses de deux Mémoires qu'il pré- sente pour ce concours , l'un Sur les changements et les altérations que 78.. ( 588 ) présente chez les vieillards l'appareil sécréteur et excréteur du sperme; l'autre Sur le sperme des vieillards. (Même Commission. ) M. A. Verga, en adressant de Milan, pour le même concours, un recueil de Mémoires anatomiques, signale, dans la Lettre d'envoi, les principaux faits nouveaux qu'il y présente. Pour un de ces faits, X existence d'un nou- veau ventricule dans le cerveau, il en avait déjà signalé l'existence , mais dans le présent recueil le sujet est exposé d'une manière plus complète. M. Filhol prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours, pour les prix de Médecine et de Chirurgie, les divers travaux qu'il lui a précé- demment présentés, et qui sont relatifs à la composition chimique et aux propriétés médicales des eaux sulfureuses des Pyrénées. M. Knapp adresse, de Cincinnati, un opuscule sur le scorbut, des nour- rices, ou anémie puerpérale, et demande que ce travail soit annexé à un Mémoire qu'il avait précédemment présenté au concours pour le prix Bréant sur le choléra -morbus , parce que plusieurs des considérations qu'il pré- sente sur les causes des affections épidémiques sont également applicables au choléra asiatique ; il annonce l'envoi prochain d'un travail sur le choléra des enfants qu'il désire, pour de semblables raisons, voir annexé à ses deux premiers Mémoires. M. Fonssagrives , professeur à l'école de médecine navale de Brest, pré- sente au concours, pour le prix dit des Arts insalubres, un Traité d'Hygiène navale qu'il vient de publier, et y joint une indication des principales amé- liorations qu'il a proposées, et des faits qui par leur nouveauté semblent de nature à appeler plus spécialement l'attention de l'Académie. (Réservé pour la future Commission.) M. Leroy, d'Etiolles , envoie, en double exemplaire, une collection de trois opuscules imprimés, relatifs aux moyens d'extraire de la vessie les corps étrangers autres que les pierres ou leurs débris . En priant l'Académie d'admettre ces écrits au concours pour le prix de Médecine et de Chirur- gie, l'auteur s'excuse de n'y pas joindre, conformément à ce qu'exige le programme, une indication de ce qu'il considère comme nouveau dans ses recherches; il lui a été impossible, dit-il, de fournir une semblable indica- (589) tion, les procédés opératoires qu'il soumet au jugement de l'Académie et les instruments employés étant tous également nouveaux. M. Moysen présente au concours, pour le prix de Mécanique de la fon- dation Montyon, divers opuscules imprimés ou autographiés concernant des instruments aratoires de son invention. (Réservé pour la future Commission.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics invite l'Académie à lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur un Mémoire présenté par M. Cheval, à la séance du 3i décembre 1 855, Mé- moire ayant pour titre : « Nouveau procédé pour la conservation des bois- sons au moyen de la pression du liquide sur et par lui-même». La Commission chargée de prendre connaissance de ce Mémoire, Com- mission qui se compose de MM. Pelouze, Balard et Peligot, est invitée à présenter aussi promptement qu'elle le pourra le Rapport demandé par M. le Ministre. L'Académie renvoie à la même Commission une Lettre de M. Cheval, qui demande que son travail soit compris dans le nombre des pièces ad- mises au concours pour le prix dit des Arts insalubres. astronomie. — Observations de la planète @, Jaites à l'observatoire de Gottingue; par M. Kli\rerfues. (Présentées au nom de l'auteur par M. LEJEUNE DlRICHLET.) 1 856. Mars 1 P. M. à (intlingue. a. s. 1 h m s II. 59.IO, 9 h m s II. 2.35,45 0 , « -+-8. 20. 41 ,2 observ. mérid 1 1 I I .4o.24,0 i 0 . 5g . 3 1 , 68 4-8. 5i. 0,8 — 12 I I . 35.43,1 io.58.46,53 -1-8.58.23,7 — i3 1 1 . 3 1 . 2,6 10. 58. 1,82 +9. 5.47,4 — 16 11.17. 3>8 10. 55. 5o, 47 +9.27.22,7 — »7 I I . 12.25,5 io.55. 7,88 +9,34.22,2 — » Les observations suivantes de quelques étoiles occultées par la Lune ( 5yo ) pourront être utiles si elles correspondent à des observations faites à Paris ; elles sont des immersions au limbe obscur. Temps sidéral h m i i856, Mars 10 45 Arietis 7.34.44,7 46 Arietis 7.43.27,9 1 1 33 Tau ri 9-36 46,6 i3 i36 Tauri 9.10.17,0 ASTRONOMIE. — M. Le Verrier communique les éléments et une épbémé- ride de Léda, calculés par M. Pape, et transmis par M. Peters. Ces déter- minations, qui reposent sur les observations du 24 janvier (Bilk, Berlin et Liverpool), des i5 à 17 février (Berlin etLeyde), et du i3 mars (Berlin), ont donné : Époque : i856, Février i6,43o47, T. M. de Berlin. M = 23° i4' I2",0 ir = 90.43. 6,4 ) , Q= 296.28.39,6 |equin0Xem°yende ,856'°- *' = 6 . 5g . 1 8 , 1 ç= 8.59. 1,2 Loga = 0,437765 Log p = 2 , 8g3 36o » On en conclut l'éphéméride suivante pour le T. M. de Berlin, i2h : i856, Mars 23 a = 8h3°'44! s = + i& «9',3 log A = o,25i3 » 27 5.4o 9.7 0 , 2Ô3o » 3i 7-59 -+- i5 .59,2 0,2746 Avril 4 10.40 473 0,2863 » 8 i3.43 35,4 0,2978 » 12 17. 5 22,0 0,3092 » 16 20.46 7,4 o,32o3 zoologie. — Documents pour servir à la monographie des Chéiroptères sud-américains ; par M. Paul Gervais. (Deuxième partie.) « La famille des Vespertilionidés, envisagée dans l'ensemble de ses ca- ractères distinctifs, paraît être la moins parfaite de celles qui composent l'ordre des Chéiroptères; elle est aussi celle dont les espèces sont dispersées sur un plus grand nombre de points à la surface du globe. Il y a des Ves- pertilionidés, non-seulement dans les trois parties principales de l'ancien continent, mais aussi dans le nouveau monde, ainsi qu'en Australie et même ( 5|i ) à la Nouvelle-Zélande. Les Mammifères de cette famille qui vivent dans l'Amérique méridionale appartiennent aux cinq tribus des Noctilionins, des Molossins, des Emballonurins , des Nycticéins et des Vespertilionins, dont j'expose dans mon Mémoire les caractères principaux. » 1. Les Noctilionins ne comprennent que le seul genre des Noctilio dont les espèces, d'ailleurs peu nombreuses, n'ont encore été observées qu'en Amérique. » 2. Les Molossins sont. répandus dans les deux 'continents. Ceux de l'Amérique sont de trois genres différents: les Molossus, E. Geoffr.; les Promops, P. Gerv. et les Nyctinomus, E. Geoffr. J'examine les caractères de chacun de ces genres , soit ceux que fournissent les organes exté- rieurs, soit ceux du crâne et des dents. Je parle aussi des espèces de chacun d'eux que j'ai pu observer en nature, et je donne l'énumération de celles, décrites par les auteurs, qu'il m'a été impossible de me procurer jusqu'à ce jour. Les Molosses ne sont connus qu'en Amérique; les Promops ont pour unique espèce le Molossus ursinus de Spix et de de Blainville, qui habite les mêmes contrées; lesNyctinomes américains, dont j'ai observé trois espèces (Nyctinomus brasiliensis, I. Geoffr.; N. nasutus, Spix, et N. macrotis, Gray) paraissent, au contraire, comme M. Isidore Geoffroy en avait fait la remarque, devoir être réunis dans un même genre avec les Nyctinomes du Bengale, des îles Mascareignes et de l'Afrique, qui sont eux-mêmes assez peu différents du Tadarida ou Dinops, le seul Molossin qui vive en Europe. » 5. Les Emballonurins sont des Vespertilionidés à queue rudimen- taire, à incisives -, et dont le crâne présente aussi des caractères particuliers. Le genre Emballonura,Kiûù, qui a donné son nom à la tribu, fournit des espèces à l'Inde insulaire, à l'Afrique, ainsi qu'à l'Amérique méridionale (Emb. canina, Neuwied, et E. brunnea, P. Gerv.). Ce n'est que dans cette dernière partie du monde que l'on a trouvé les genres suivants : Uro- crjptus , Teram.; Diclidurus, Neuwied; Saccopteryx, Illiger; Proboscidea, Spix , et Centrony cteris, Gray. » Les Centronycteres ont ^ incisives. » Les Furies (Furia, Fréd. Cuvier ; Furipterus , Ch. Bonaparte, et Mosia, Gray), qui sont dans le même cas, ressemblent en outre aux Vespertilio- nins par l'absence d'apophyses postorbitaires et doivent être séparées des Emballonurins dont elles ont cependant la queue rudimentaire. Ce sont aussi des chauves-souris sud-américaines. ( 59* ) » 4. Les Nycticéins ne forment que deux genres : les Njcticejus, Ra- fmesque, dont il y a des espèces dans l'Inde, en Afrique et dans les deux Amériques, et les Alalapha, qu'on ne trouve qu'en Amérique. Je décris le Nycticée de l'Amérique méridionale sous le nom de Nicticejus Ega, d'après un exemplaire rapporté par M. de Castelnau. » 5. La tribu des Vespertilioîsins est la seule de tout l'ordre des Chéi- roptères qui fournisse des espèces à l'Europe, à l'Amérique méridionale et aux diverses antres parties du monde, quelquefois même des espèces ap- partenant aux mêmes divisions génériques. » C'est au groupe des Vespertilionins à trente-deux dents, et particulière- ment au genre Vesperus, dont notre Noctnle fait partie, qu'appartiennent les Vespertilio dutertrœus (synonyme de V. caroliniensis), innoxius , jiiri- nalis, Hilarii et ferrugineus , qui ont été dénommés d'après l'examen de di- verses chauves-souris recueillies au Pérou, au Brésil ou à la Guyane. » J'en rapproche, mais en en faisant un genre à part sous le nom d'His- tiotus, l'Oreillard voilé (Pleiotus velatus, Is. Geoffr. ) dont les oreilles sont comparables, pour la grandeur, à celles des Oreillards de l'Europe ou de l'Amérique septentrionale, mais dont les dents sont différentes de celles de ces animaux par leur formule. » Je ne connais parmi les chauves-souris de l'Amérique méridionale qu'une seule espèce de Vespertilionins pourvue de trente-quatre dents, comme la Noctule, la Pipistrelle et quelques autres chauves-souris euro- péennes qui forment le genre Vesperugo de MM. Keyserling et Blasius : c'est le Vespertilio leucogaster de M. Temminck. » Le Vespertilio ruber du Brésil, qu'E. Geoffroy a signalé d'après d'Azara et sur lequel M. d'Orbigny et moi avons, depuis lors, donné de nouveaux détails, a bien le même nombre de dents molaires que les Vesperugo et en même temps les autres caractères principaux de ces animaux, mais il n'a qu'une seule paire d'incisives supérieures, ce qui le fera sans doute séparer sous un nouveau nom par les naturalistes qui ne craignent pas de trop multi- plier les coupes génériques. Il faudra toutefois constater qu'il n'y a bien, dans tous les individus, que | incisives. Aucune des espèces propres à l'A- mérique du Sud que j'ai pu examiner ne m'a encore présenté la formule dentaire des Pleiocus véritables et des Miniopterus . » Je trouve, au contraire, celle des Vespertilionins murinoïdes (G. mjo- tis, Kaup)dans plusieurs des chauves-souris qu'on a observées dans cette vaste région ou que j'y ai moi-même signalées. Les Vespertilio arsinoë, I 593) olythrix , chiloensis , hjrpothrix , Isidori et Kinnamon ont en effet g molaires à chaque mâchoire. » Le Vespertilio lepidus, de Cuba, que j'ai autrefois décrit dans l'ouvrage de M. de la Sagra, diffère notablement des Myotis quoiqu'il en ait la for- mule dentaire, et j'ai dû en faire un genre à part sous le nom de Nyctiellus . » Si je ne craignais d'outre-passer les limites d'une simple analyse, je montrerais comment dans chacune des tribus de l'ordre des Chéiroptères, c'est-à-dire dans chacun des groupes naturels auxquels on donne souvent le nom de genres Linnéens, les divisions secondaires, ou les petits genres des naturalistes actuels, se subordonnent d'une manière plus ou moins régu- lière et se correspondent, dans beaucoup de cas, comme autant de termes homologues appartenant à des séries distinctes, mais parallèles, à certains égards. C'est ce qui paraît surtout évident lorsqu'on examine ces animaux ou ceux de la plupart des autres groupes de Mammifères sous le rapport du système dentaire. Mais cet exposé exigerait des développements trop éten- dus, et j'ai dû me borner à n'indiquer ici que les principaux faits zoolo- giques auxquels j'ai été conduit par l'étude des chauves-souris propres à l'Amérique méridionale. » météorologie. — Sur la quantité de pluie tombée à Montpellier du 1 1 au 20 mars i856; par M. Ch. Martins. « Du 11 au 20 mars, c'est-à-dire en neuf jours, il est tombé la quantité extraordinaire de 364 millimètres d'eau distribués de la manière suivante : MARS. PLUIE. MARS. PLB1E. II 3œm l6 ,0mm 12 60 '7 21 i3 36 18 IO9 4 » '9 83 i5 3 20 364mm 39 ' » Mon pluviomètre est à 29™, 5 au-dessus de la mer. Le récipient se trouve au ras du sol, et entouré de gazon, comme l'udomètre de l'observa- C R., 1856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 15.) 79 ( 5g4 ) tôire de Greenwich. La surface est de 10 décimètres carrés. Un autre plu- viomètre de même surface, mais élevé sur un piédestal d'un mètre de haut et entouré d'un rebord saillant de om,20, a recueilli 3go, millimètres dans le même espace de temps. » Le vent pendant les dix jours de pluie a toujours soufflé de l'est ou du sud-est, et souvent par rafales très-violentes. » J'ai dit que la quantité d'eau tombée du 1 1 au 20 mars était extraor- dinaire; même pour le midi de la France, où les pluies torrentielles sont si communes : en effet, si l'on consulte la thèse que M. Marié-Davy a présentée en 1 85 1 à la Faculté de Médecine, sur le climat de Montpellier , on y trouve l'analyse des séries de Poitevin père, 1767 à 1791 et 1796 à 1802 ; Poitevin fils, 1806 à 18 12 ; Junius Castelnau, i835 à i85o; en y ajoutant celle que j'ai commencée en 1 852, c'est un total de 55 ans. Dans cette période, le mois de mars 1808 est celui où il est tombé le plus d'eau; savoir : 241 milli- mètres, quantité moindre que celle de 1 856, de 123 millimètres. La moyenne de mars (si toutefois on peut parler de moyennes quand une quantité varie de o à 364) est de 62mm,5 : elle est déduite de 67 ans d'observations en ajoutant aux 55 années que nous avons indiquées les moyennes mensuelles de 1806 à 18 17, données par M. Creuzé de Lesser dans sa statistique de l'Hérault. » Les mois de janvier et de février ont été également pluvieux à Mont- pellier, car il est tombé 76 millimètres d'eau dans le premier, 160 milli- mètres dans le second. Ainsi donc la quantité totale de pluie dans les trois premiers mois de i856 s'est élevée à 600 millimètres. C'est plus que dans le cours de certaines années sèches, où la somme annuelle n'atteint pas 4oo millimètres ; ce n'est pas la moitié des années pluvieuses, où elle dépasse 1200 millimètres. Tels sont, en effet, les extrêmes d'après lesquels l'agricul- teur et l'ingénieur doivent instituer leurs travaux dans le midi de la France. Faute d'y avoir égard, ils s'exposeraient à des mécomptes qui ne sont pas à craindre dans le nord de l'Europe. Les chiffres suivants en sont la preuve. » Si nous adoptons 546 millimètres comme étant la moyenne pluviomé- trique de Paris, nous voyons que cette moyenne est inférieure à la somme des pluies de janvier, février et mars i856 à Montpellier. Dans cette der- nière ville, les extrêmes anrtuels de 1806 à 1841 ont été de 388 millimètres (1816) et 1 1 5ï millimètres (181 1). Dans le même espace de temps, le mini- mum annuel a été d'après Bouvard, à Paris, de 379 millimètres en 1820, et le maximum de 6i5 millimètres en 1819. Ainsi l'amplitude de la variation ( 595) pluviométrique annuelle, qui à Paris n'a pas dépassé 236 millimètres dans ces trente-cinq années, a atteint à Montpellier 764 millimètres. En prenant un plus grand nombre d'années, je trouve des écarts encore plus considérables, puisqu'en i85o il n'est tombé que 289 millimètres d'eau, et en i853, 1278 millimètres : différence, 989 millimètres. Ces chiffres montrent que la quantité annuelle de pluie est infiniment plus variable dans le midi que dans le nord de la France. » physique appliquée. — Note sur un nouveau système d'horloge électrique se réglant elle-même a" après la marche du soleil; par M. Th. du Moncel. « Le prix élevé des régulateurs chronométriques et la difficulté de régler les horloges dans les lieux où ces régulateurs manquent, m'ont fait recher- cher le moyen d'obtenir de la part d'une horloge ordinaire une régularisa- tion basée sur la marche du soleil. En un mot, j'ai cherché à combiner les indications du cadran solaire avec celles d'une horloge ordinaire. » Pour résoudre ce problème, plusieurs conditions étaient indispensables à réaliser. Il fallait : i° que l'action solaire à un moment donné pût exercer- un effet électrique assez énergique pour réagir sur un mécanisme d'horlo- gerie; 20 que le système employé pour traduire électriquement l'influence solaire pût être dans les mêmes conditions par tous les temps ; 3° que le système électrique pût réagir sur les aiguilles de l'horloge seulement, sans troubler la marche du mécanisme; 4° que l'appareil fût d'une construc- tion assez simple pour être économique et facilement applicable. » Voici comment j'ai résolu le problème : » J'ai placé l'un à côté de l'autre, sur une même planche, deux thermo- mètres à tube ouvert, réglés le plus exactement possible, l'un par rapport à l'autre. L'un de ces thermomètres est construit comme celui que j'ai employé pour mon régulateur de chaleur, et porte un flotteur en verre, auquel est attaché un fil de platine. Ce fil, après s'être recourbé deux fois à angle droit, présente son extrémité libre au même niveau que le mercure du thermo- mètre ; toutefois il est soutenu par un contre-poids attaché à l'extrémité d'un fil de soie enroulé sur une poulie. » Le second thermomètre, de même diamètre que le précédent, est placé de manière que l'extrémité libre du fil de platine, dont nous venons de parler, puisse s'enfoncer dans son tube et que le niveau du mercure soit le même dans les deux thermomètres ; enfin un fil de platine soudé dans les 79- (596 ) boules de ces thermomètres permet d'établir une liaison électrique avec le mercure qu'ils contiennent. » En face de la boule oblongue du second thermomètre, que nous ap- pellerons transmetteur, se trouve fixée, sous un angle convenable, une len- tille à court foyer, et l'appareil entier se trouve exposé au midi, de manière que le plan conduit par la ligne focale de la lentille et l'axe du thermo- mètre correspondant se trouve exactement dans le plan du méridien. » Tel est l'appareil destiné à réagir sur l'organe électrique de l'horloge. Pour en comprendre le jeu, il suffit d'observer que chaque jour, à midi, les rayons du soleil étant concentrés sur la boule du thermomètre transmetteur en dilatent considérablement le mercure, et celui-ci, en rencontrant alors le fil de platine porté par l'autre thermomètre, peut fermer un courant électrique à travers un électro-aimant. On conçoit seulement que pour éviter toutes causes de perturbation, il est essentiel de cacher les boules des deux thermomètres et de ne laisser devant chacune d'elles qu'une étroite rainure correspondant pour le thermomètre transmetteur au plan de la ligne focale de la lentille. 11 faut, de même, que l'extrémité du fil de platine soit raccourcie d'une quantité suffisante, pour que les petites variations |qui pourraient exister dans la marche des deux thermomètres n'aient pas pour effet de produire une fermeture anormale du courant. » Le mécanisme électromagnétique, au moyen duquel les aiguilles de l'horloge se trouvent chaque jour rappelées, à midi, sous l'influence d'une fermeture du courant, consiste dans un électro-aimant placé au-dessus de l'horloge, et dont l'armature porte un levier à double fourchette, mis à cheval sur les deux axes des aiguilles. Celles-ci sont montées sur leurs axes, comme la tête des clefs de montre Bréguet (à rochet); seulement les rochets sont dentés beaucoup plus finement. En outre, ces aiguilles sont munies de contre-poids assez lourds pour qu'étant aban- données à elles-mêmes, elles puissent être rappelées suivant la verticale. » Quand l'appareil ne fonctionne pas, le levier à fourchette sollicité par le ressort antagoniste de l'armature appuie l'un contre l'autre les rochets des aiguilles de l'horloge, et celles-ci marchent sous l'influence du mouve- ment d'horlogerie; mais aussitôt que le courant est fermé, les fourchettes de l'électro-aimant déjoignent ces rochets, et les contre-poids entraînent les aiguilles suivant la verticale. En ce moment un rhéotome coupe le courant à travers l'électro-aimant, et la marche de l'horloge se continue comme à l'ordinaire. » Pour obtenir le temps moyen d'après les indications d'une horloge (^97) ainsi réglée, il suffit de se reporter aux Tables astronomiques ou d'adapter à cette horloge un second cadran, qui opérerait lui-même la transformation du temps vrai en temps moyen. « M. Labourdette annonce être parvenu à rendre médicamenteux le lait destiné à V alimentation d'enfants malades sans nuire à la santé des ani- maux qui fournissent ce lait. On sait que dans certains cas où il eût semblé utile de pouvoir administrer l'iodure de potassium à des enfants à la ma- melle, on a imaginé de faire absorber le sel par les nourrices, dont le lait devient ainsi médicamenteux; l'expérience a montré qu'on n'obtient qu'un succès passager. En effet, un mois environ après que la femme acommencé à être soumise à ce régime, son lait diminue, au point de rendre impossible la continuation de ce traitement indirect du nourrisson, traitement qui, cependant, ne peut être efficace que s'il est longtemps suivi. L'iodure de potassium donné dans les mêmes vues à des vaches, des chè- vres, des ânesses, à la dose de 3 à 6 grammes par jour, suivant la taille des animaux, produit des effets tout semblables à ceux qui viennent d'être si- gnalés pour la femme : après deux ou trois mois de son administration il survient de l'amaigrissement, de l'inappétence, et enfin une véritable gastro-entérite qui, si la quantité de ce sel est portée de 6 à io grammes par jour, se termine par la mort des animaux. C'est à prévenir cette intoxication que M. Labourdette s'est attaché, et il annonce y être parvenu à la suite de recherches entreprises de concert avec M. Duménil. Il désigne sous le nom à' entraînement médical ce régime pré- paratoire, qui exige certaines précautions qu'il n'indique point, et l'emploi de diverses substances qu'il ne spécifie pas, se contentant de dire que les unes appartiennent au règne végétal et les autres au règne animal. 11 ne pourra être donné suite à cette communication que quand l'au- teur aura jugé convenable de faire connaître sa méthode. M. G and adresse une Lettre relative à ses précédentes communications sur des expériences faites avec le pendule irrigateur. (Renvoi à la Commission nommée.) M. Marques envoie, en date du 27 et du 29 mars, deux suppléments à sa précédente communication sur un moyen de diriger les aérostats par une action de recul. M. Brachet continue ses communications relatives à l'aérostatique. (593) M. Decken envoie une Note intitulée : « Étude du fluide magnétique, de ses attributs et de ses fonctions dans la nature. Cette communication ne paraît pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 1 7 mars 1 856, les ouvrages dont voici les titres : Cours d'Hygiène; par M. le Dr A. Tessereau. Paris, i855; 1 vol. in-12. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Recherches expérimentales sur l'absorption et l'exhalation par le tégument externe, sur la température animale, la circulation et la respiration, ou essai sur l'action physiologique des bains d'eau ; par M . le Dr F. Duriau. Paris, 1 856 ; br . in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, prix de Médecine et Chirurgie, et prix de Physiologie expérimentale.) De l'abstinence dans les maladies; par le même. Paris, i856; br. in-8°. Expériences sur la végétation des plantes épiphyles , et conséquences qui en découlent relativement à la culture de ces plantes; par M. P. Dughartre; 1 feuille in-8°. Des accidents sur les chemins de fer et les moyens de les prévenir. Ve Partie : Description d'un appareil auto-télégraphique et d'un appareil distanceur; par M. A. Paquerée. Bordeaux, i856; br. in-4°. Sur le télégraphe des trains de M. Bonelli, et le parti qu'on pourrait en tirer comme moyen de sûreté dans l'exploitation des chemins de fer; par M. C. Couche. Paris, 1 856 ; br. in-8°. Annexe au Mémoire adressé à l'Académie des Sciences et soumis à l'examen de la Commission des prix Bréant, sous le titre de Prophylaxie et curation du choléra par le mouvement; par M. N. Dally. Paris, i855; br. in-8°. Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève ; t. XIV, ire Partie. Genève, i855 ; in-4°. Atti... Actes de l'Académie desSciences et Lettres dePalerme. Nouvelle série, vol. II. Palerme, i853; in-4°- (3 exemplaires.) Elogio... Éloge de Pietro Calcara;par M. Frédéric Lancia; br. in-4°. (4 exemplaires.) ( 599 ) Reddiconto... Compte rendu statistique des Ecoles communales d'enseigne- menlmuluel à Palerme, pour l'année i854; par M. F. Lancia. Palerme, i855 ; br. in-8°. (9 exemplaires.) Esposizione... Exposition statistique et administrative du mont-de-piéte de Santa-Venera; par le même. Palerme, i854 ; br. in-8°. (8 exemplaires.) Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres; vol. XVI; n" 3 et 4 ; in-8°. L'Académie a reçu, dans la séance du il\ mars i856, les ouvrages dont voici les titres : Traité théorique et pratique sur l'épuisement pur et simple de l'économie humaine et sur les maladies chroniques les plus répandues qui ont cette origine; parM. le D'Sallenave. Bordeaux, i855 ; in-8°. Des tumeurs fibreuses du maxillaire inférieur; par M. L.-J. Bauchet. Paris, 1 854 5 br. in-8°. (Adressépour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) De la glycogénie hépatique; par M. J.-L. Brachet. Lyon, i856; br. in-8°. Note sur i éclipse de soleil observée à Tai-o-Hae, île de Nouka-Hiva, archipel des Marquises , le 3o novembre 1 853; par M. Edelestan Jardin; br. in-8°. Notcsurles tremblements de terre ressentis en i854, avec suppléments pour les années antérieures ; par M. Alexis Perrey; br. in-8°. Trattato... Traité analytique sur la doctrine du calendrier; par M. T. Mandoj. Naples, 1841 ; in-8°. Sul calendario... Sur le calendrier hébraïque; par le même; br. in-8°. (Ces deux ouvrages ont été renvoyés à l'examen de M. Chasles pour en faire l'objet d'un Rapport verbal.) Sperienze... Expériences électrodynamiques; Mémoire de M. A. Pal&gi. Rome, i855; 1 feuille in-8°. The transactions... Transactions de i Académie royale d Irlande ; vol. XXII, partiesletll. Dublin, i855; a vol. in-4°. Report... Rapport sur le relevé hydrographique des cotes des Etats-Unis; br. in-8°. Microscopical... Examen microscopique des fonds rapportés par la sonde dans le levé des côtes des États-Unis (océan Atlantique); par M. J.-W. Bailey; br. in-4°. Ces deux opuscules sont adressés par M. le Ministre de la Marine avec une collection des échantillons de fonds obtenus clans les sondages prati- qués le long des côtes des Etats-Unis. ( 6oo ) Neues. . . Nouveau Magasin de la Lusace , publié par la Société scientifique de la Haute-Lusace ; XXXIIe vol., parties I à IV. Monatsbericht... Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Prusse; janvier i856; in-8°. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de l'Académie royale des Sciences de Gôttingue ; n° 3 ; 17 mars 1 856 ; in-8°. L'Académie a reçu, dans la séance du 3 1 mars i856, les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Recueil des discours, rapports et pièces diverses lus dam les séances publiques et particulières de l Académie française , i85o-i85çj; première partie : i85o-i854. Paris, i856; 1 vol. in-4°. Des anévrismes et de leur traitement; par M. Paul Broca. Paris, i856; j vol. in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie. ) Traité d' hygiène navale, ou de l'influence des conditions physiques et morales dans lesquelles l'homme de mer est appelé à vivre, et des moyens de conserver sa santé; par M. le Dr J.-B. FoNSSAGMVES. Paris, i856; 1 vol. in-8°. ( Adressé pour le même concours.) Recherches statistiques sur les causes et les effets de la cécité; par M. G. Dumont. Paris, i856; in-8°. (Adressé pour le même concours.) Gangrène traumatique. Mémoire et observations cliniques sur une de ses causes les plus fréquentes dans les animaux domestiques; par M. Renault. Paris, 18ZJ0; in-8°. Typhus contagieux du gros bétail; par le même. Paris, i856; br. in-8°. (Ces deux ouvrages sont adressés pour le même concours.) Mémoire sur la mort par suffocation; par M. le Dr Ambkoise Tardieu. Paris, 1 855 ; br. in-8°. (Adressé pour le même concours.) Des moyens d'extraire de la vessie les corps étrangers autres que les pierres et leurs débris; par M. le Dr Leroy (d'Étiolles); br. in-8°. (Adressé pour le même concours.) Des kystes spermatiques, ou de l'hydrocèle enkystée spermatique ; thèse pour le doctorat en médecine; par M. L.-V. Marge. Paris, i855; br. in-4°. Recherches sur les rapports numériques qui existent chez l'adulte, à l'état nor- mal et à l'état pathologique , entre le pouls et la respiration; par le même; br. jn-8°. (Ces deux ouvrages sont adressés pour le même concours.) Recherches sur le sperme des vieillards ; par M. le Dr A. Duplay; br- in-8°. Recherches sur les changements et les altérations que présente chez les vieillards ( 6oi ) l'appareil sécréteur et excréteur du sperme; parM. A Duplay; br. in-8°. (Ces deux brochures sont adressées pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Mémoire sur l'origine du sucre contenu dans le foie, et sur l'existence normale du sucre dans le sang de l'homme et des animaux ; par M. Louis Figuier ; br. in-8°. (Adressé pour le même concours.) Exposition et histoire des principales découvertes scientifiques modernes; par le même. Paris, 1 855 ; 3vol.in-ia. L'^4lchimie et les alchimistes. Essai historique et critique sur la philosophie hermétique; parle même; 2e édition; 1 vol. in- 12. Etude clinique de l'emploi et des effets du bain d'air comprimé dans le traite- ment des diverses maladies^ selon les procédés médico-pneumatiques ou d'atmo- sphénede M. Emile Tabarié ; par M . E. BERT1N. Paris, 1 855 ; in-8°. (Adressé pour le même concours.) Parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême et de Scandinavie ; par M. Joa- CHIM DURRANDE. Prague, i856; br. in-4°- Nouvelle culture de la vic/ne en plein champ sans échalas ni attaches; par M. Éloi Trouillet. Paris i856; br. in-12. Etudes sur le lactate de zinc dans iépilepsie; par M. le Dr Herpin (de Ge- nève). Paris, i856;br. in-8°. Nouveaux instruments aratoires inventés et décrits par M. MOYSEN. Paris i854 ; br. in-8°. (Adressé pour le concours du prix de Mécanique. ) Memorie... Mémoires anatomiques ; par M. le Dr A. Verga. Milan, i856; in-4°. Philosophical . . . Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres, pour l'année i855; vol. CXLV, IIe partie. Londres, 1 855 ; in-40. Proceedings... Procès-verbaux de la Société Royale de Londres; vol. VII, n°' 16 et 17; vol. VIII, n° 18; in-8°. Description... Description d'instruments de navigation et d'astronomie, nouveaux ou perfectionnés, présentés à l Exposition universelle de Paris; par M. Piazzi Smyth, astronome royal d'Ecosse. Edimbourg, i855; br. in-8°. The quarterly... Journal trimestriel de ta Société géologique de Londres; vol. XII, partie I ; n° 45; in-8°. An inquiry... Recherches sur la nature de l'affection connue aux États-Unis sous le nom de scorbut des nourrices , ou anémie puerpérale; parM. L. KnapP; br. in-8°. (Adressé comme pièce à consulter pour un précédent travail de l'auteur sur le choléra, et renvoyé à la Commission Bréant.) Die Befruchtung. . . Fécondation des phanérogames; parM. L. Badlkofer. Leipsig, i856; br. in-4°. C R., i856, î" Semestre. (T. XLH, N° 15. ) 80 ( 6o2 ) PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1856- Annales de Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault, DE Senarmont ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. XLVI ; février et mars i856; in-8°. Jnnales de l Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d Agriculture ; t. VII, n°44et 5; in-8°. Annales de la Propagation de la Foi; t. XXVIII, IIe partie ; in-8°. Annales des Sciences naturelles , comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana- lomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. MlLNE Edwards ; pour la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. DECAISSE; tome IV; n° 3; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; février 1 856 ; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; t. III ; IIe partie. Bulletin des séances, feuilles 24-26; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; février i856; in-8°. Boletin... Bulletin de [Institut médical de Valence; janvier et février 1 856; 111-80. Bulletin de i Académie royale des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; tome XXIII, n° 2 ; in-8°. Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; t. Ier, 2e livraison, in-8°; avec atlas in-folio. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; février i856; in -4°. Bulletin de la Société française de Photographie; mars i856; in-8°. Bulletin de la Société géologique de France; t. XII, feuilles 52-6o; in-8ï. Bulletin mensuel de la Société impériale zoologigue d'acclimatation; t. Ier, année i854; t. II, année 1 855 ; janvier et février 1 856 ; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; t. V, noa 5 et 6; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; mars i856; in-8°. ( 6o3 ) Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques; publié par M. Joseph Liou ville ; décembre ( 855, et janvier 1 856; in-4°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; février i856; in-8°. Journal de Pharmacie et de]Chimie ; mars i856; in-8°. Journal Aes Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 16-18; in-8°. La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier ; nos 4-6; in-8?. Le Technotogiste ; mars i856; in-8°. Magasin pittoresque ; mars 1 856; in-8°. Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 11; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale ; mars i856 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; mars i856; in-8°. Revue des spécialités et des innovations médicales et chirurgicales ; 2 e série; mars 1 856 ; in- 8°. Société impériale et centrale d Agriculture. Bulletin des séances, compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2 e série ; tome XI ; n° 3 ; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos 7-9; in-8° L'Agriculteur praticien; n° 1 1 ; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° 6; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n03 10-12; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; ie' se- mestre i856; nos 9-1 1. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII ; 9e- 1 2e livraisons. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nQS 26-38. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie ; nos io-i3. Gazette médicale de Paris; nos 9-1 3. L'Abeille médicale; nos 7-9. ( 6o4 ) La Lumière. Revue de la Photographie ; n0" g-i 3 L Ami des Sciences; n°* 9-1 3. La Science; n°* 1-9. La Science pour tous ; nos i3-i6. L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature, de la Science et des Reaux-Arts; n°»9-i3; accompagné du Rulletin archéologique du mois de février 1 856. Le Moniteur des Hôpitaux; nosa6-38. Le Progrès manufacturier; nos 42-46. Réforme agricole, scientifique, industrielle; n° 87. Revue des Cours publics; n°* 9-1 3. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 AVRIL 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation d'un décret impérial, en date du 5 avril, qui confirme la nomination de M. Jo- bert, de Lamballe, à la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie, par suite du décès de M. Magendie. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Jobert, de Lamballe, vient prendre place parmi ses confrères. M. Biot annonce à l'Académie la réimpression du Commercium et de ses annexes, qui va prochainement paraître publié par lui en commun avec M. Lefort, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées; et il donne lecture d'une Note où il expose l'intérêt particulier qui s'attache aujourd'hui à cet ouvrage. astronomie. — M. Le Verrier présente à l'Académie le tome premier d'une nouvelle publication ayant pour titre : annales de l'Observatoire impérial de Paris. « Aux termes du décret impérial, en date du 3o janvier 1 854? et por- tant réorganisation de l'Observatoire de Paris, le Directeur doit : « Préparer et soumettre à l'approbation du Ministre le plan qu'il se pro- » pose de suivre dans la direction des Observations ; C. R., i856, i" Semestre. (T. XIII , N° 14.) 8f i 606 ) » Signaler les améliorations dont l'établissement est susceptible ; » Publier chaque année les Observations faites dans l'année précédente, » ainsi que la réduction de ces Observations et leur comparaison avec la » Théorie ; » Pourvoir à l'instruction des Fonctionnaires. » » Pour me conformer aux deux premières prescriptions, dit M. Le Verrier, j'ai, en décembre i854, adressé au Ministre de l'Instruction pu- blique un Mémoire intitulé: Rapport sur l'Observatoire impérial de Paris, et Projet d Organisation, Rapport qu'on trouvera plus loin et qui sert de préambule au présent Recueil. Les propositions qui y sont contenues ont été approuvées par le Gouvernement, et elles seront mises à exécution à mesure que les ressources de l'établissement le permettront. » La fondation des Jnnales de l'Observatoire impérial de Paris est des- tinée à pourvoir d'une manière convenable à la publication des Observa- tions de toute nature, et à celle des Travaux de calcul qui sont indispen- sables pour faire acquérir aux résultats une valeur scientifique réelle. La discussion des Observations et leur comparaison avec la Théorie ne peuvent être correctes et fructueuses qu'autant que l'on part de données certaines et qu'on dispose de Tables dont la préparation est longue et pénible. » Entre la simple observation du passage d'un astre par le méridien et la dernière opération théorique par laquelle on en conclut soit la vérification des éléments de l'orbite que l'astre décrit autour du Soleil , soit les données relatives aux actions secondaires, la distance à parcourir est très-grande. Nous pouvons la diviser en trois sections distinctes. Dans la première, on calcule les ascensions droites et les déclinaisons d'un astre en s'appuyant uniquement sur les données de la théorie. Dans la deuxième, on réduit l'ensemble des observations pour en tirer les ascensions droites et les décli- naisons. Dans la troisième, enfin, on cherche les corrections qu'il est néces- saire d'apporter à la théorie pour en faire concorder les positions qu'elle assigne aux astres, avec celles qui résultent des observations. Mais chacune de ces parties du travail est elle-même fort complexe. Bornons-nous à le faire comprendre par un seul exemple ; et, laissant de côté tout ce qui con- cerne les étoiles, la détermination des constantes de la précession, de la nu- tation et de l'aberration , la théorie sans fin de la Lune, et, en général, les satellites, considérons le travail exigé par la théorie des mouvements d'une seule planète, la Terre, pour fixer les idées. » La connaissance du mouvement de la Terre autour du Soleil exige qu'on détermine la situation du plan dans lequel elle se meut ; la forme et la po- ( &>7 ) sition de l'ellipse qu'elle parcourt dans ce plan; enfin le lieu de la Terre à une époque connue et la durée de sa révolution autour du Soleil. Les don- nées nécessaires à cet objet sont ce qu'on nomme les éléments de l'orbite terrestre. » Ces éléments resteraient invariables si la Terre se trouvait seule en présence du Soleil; la détermination du mouvement héliocentrique de notre planète serait alors assez simple. Mais les perturbations produites par les actions ,des autres planètes changent le problème et le com- pliquent beaucoup. Le développement analytique des perturbations est extrêmement laborieux : dans un travail où nous l'avons poussé jusqu'au septième ordre, il ne s'est pas rencontré moins de 469 termes distincts par leur forme ou par celle des coefficients dont ils dépendent ; coefficients qui contiennent d'ailleurs une même variable à laquelle on doit attribuer un certain nombre de valeurs entières, ce qui multiplie le nombre des termes. Enfin nous avons montré qu'il est quelquefois nécessaire d'aller jusqu'au onzième ordre, et au delà. Ce travail analytique une fois exécuté, il reste à en faire l'application aux données particulières à la Terre, et conformément aux valeurs admises pour les masses des planètes perturbatrices. Or cette application numérique est elle-même très-longue et délicate. Les perturba- tions étant représentées analytiquement par des séries multiples, il faut choisir avec soin ceux des termes qui peuvent être sensibles, et éliminer du calcul, par un examen attentif, ceux qui doivent être négligeables, de ma- nière à éviter d'omettre aucun terme important, sans cependant tomber dans des opérations numériques interminables. On parvient ainsi à des for- mules numériques dans lesquelles le temps reste seul indéterminé, et qui permettront, en attribuant à cette variable des valeurs convenables, de cal- culer à toute époque les changements que les perturbations font subir aux coordonnées héliocentriques de la Terre. » Les formules des perturbations étant ainsi obtenues, leur complication est encore trop grande, à cause des termes nombreux qu'elles renferment, pour qu'il soit possible de les appliquer directement au calcul de toutes les positions qu'on peut avoir à considérer. On construit donc des Tables au moyen desquelles on abrège le calcul nécessaire pour trouver la position héliocentrique de la planète, et qui, donnant le même résultat qu'on obtien- drait au moyen des formules, sont d'un usage plus rapide. La formation des Tables demande, à son tour, de longs calculs; mais, tandis que la détermi- nation des formules des perturbations ne peut être confiée qu'à un habile 81.. ( 608 ) astronome, la construction des Tables peut, dans de certaines limites, être abandonnée à de simples calculateurs. » Comme les astronomes répètent leurs observations autant de fois qu'ils le peuvent, pour arriver à une compensation des erreurs inhérentes à toute mesure individuelle, on calcule, à l'avance, des éphémérides des positions des astres pour tous les jours de l'année. Les Tables dont nous venons de parler font connaître les positions des planètes telles qu'elles seraient vues du centre du Soleil. Mais l'observateur est situé sur la Terre : il est donc en- core nécessaire de passer des positions héliocentriques obtenues par la théorie, aux positions géocentriques correspondantes, c'est-à-dire à celles qui pourront être directement comparées aux observations. Cette dernière opération nécessite la résolution trigonométrique d'un triangle rectiligne pour chaque position que l'on considère. » Ainsi donc la détermination des ascensions droites et des déclinaisons des planètes, par la théorie, nécessite quatre opérations : i° le développe- ment analytique des formules conformément au principe de la gravitation universelle ; 2° l'application de ces formules aux données relatives à chacune des planètes; 3° la formation des Tables des mouvements héliocentriques; 4° la construction des éphémérides des positions héliocentriques et géocen- triques. » Le calcul des ascensions droites des astres et de leurs déclinaisons, au moyen des observations effectuées dans le méridien, conformément aux principes exposés ci-dessus, réclame de son côté les opérations suivantes : » Considérant d'abord les observations faites au cercle mural, on déter- mine, au moyen des étoiles circumpolaires, la situation du pôle sur l'instru- ment, ce qui permet d'évaluer les déclinaisons des étoiles et celle du Soleil. Au moyen de ces dernières, et du passage du Soleil et des étoiles par le mé- ridien, on conclut les ascensions droites des étoiles qui, jointes à leurs décli- naisons, constituent les catalogues. On part ensuite des positions connues des étoiles pour en déduire, par comparaison, les ascensions droites et les déclinaisons du Soleil, de la Lune et des planètes. » Reste enfin à tirer des conclusions, au moyen de la comparaison des positions théoriques avec les positions observées. La formation des équa- tions de condition nécessaires pour cet objet est un travail matériel qui n'offre d'autre difficulté que la longueur des calculs quand le nombre des observations à comparer est considérable. La discussion des équations est au contraire très-délicate : elle réclame toute la sagacité de l'astronome; ( 6o9) elle exige aussi que,' sans accorder une confiance aveugle aux méthodes gé- nérales de résolution^ il se fraye, suivant les circonstances, une route nou- velle et propre à le conduire à la connaissance des vérités qu'une grande habitude de la discussion scientifique peut seule lui faire entrevoir. » La question de la réduction des observations étant ainsi posée d'une manière sérieuse et scientifique, voyons ce qui a été fait jusqu'ici dans cette voie. » La route a été brillamment ouverte, il y a vingt ans, par l'astronome royal actuel d'Angleterre, M. Airy, qui a eu le bonheur de rencontrer dans la rédaction scientifique du Nautical Almanac un puissant auxiliaire. Le Nautical contenant des éphémérides de toutes les planètes, calculées jour par jour, et avec une approximation portée jusqu'aux centièmes de seconde de temps, ce qui est indispensable aux besoins de l'astronomie, M. Airy s'est dispensé de calculer des éphémérides, et il a procédé immédiatement à la comparaison de ses observations aux positions fournies par le Nautical Almanac. Dix-sept gros volumes in-folio, comprenant la réduction d'un nombre immense d'observations et leur comparaison, des catalogues d'é- toiles, des Tables de réduction, des discussions théoriques et pratiques et des descriptions d'instruments, ont été publiés par M. Airy depuis 1 836 jusqu'en i852, année dont le volume vient de paraître. » Outre cet immense labeur, M. Airy entreprit de réduire les observa- tions de ses prédécesseurs, depuis Bradley. Toutes les observations plané- taires depuis 1750 jusqu'en i83o ont été calculées par ses soins et compa- rées directement aux Tables, le Nautical publié dans cet intervalle étant insuffisant. Le résultat de ces travaux a paru dans un volume in-folio de plus de 700 pages. Les observations lunaires ont été l'objet d'une entreprise encore plus vaste, dont les conclusions sont»comprises dans deux volumes in-folio contenant ensemble plus de i5oo pages! » Magnifique ensemble de travaux, que tout astronome doit avoir sans cesse devant les yeux comme un admirable modèle! que notre pays doit connaître, afin de mieux apprécier les conditions auxquelles il pourra à son tour entrer honorablement dans la carrière. » Car, nous avons le regret de le dire, rien n'a encore été fait en France pour la réduction des observations. On les a jusqu'ici publiées à l'état brut et sans réduction aucune, laissant même à d'autres le soin d'en déduire les ascensions droites et les déclinaisons. » Tout est donc à entreprendre aujourd'hui, et dans des conditions plus (6io ) difficiles que celles où se trouvait l'observatoire de Greenwich en 1 836. Nous ne disposons pas comme lui d'éphémérides construites à l'avance. La Connaissance des Temps, qui devrait les contenir, n'est plus depuis long- temps un ouvrage scientifique. Les positions des planètes n'y sont données qu'à la minute de temps, fait qui étant constaté dispense de toute autre discussion à ce sujet. Pour exécuter la prescription du décret qui nous enjoint avec tant de raison de ne publier nos observations qu'en y joignant leur comparaison avec la théorie, il nous faudra donc, indépendamment de la réduction des observations, calculer les éphémérides théoriques qui nous manquent. » Ce travail préliminaire est en cours d'exécution, et ses principaux ré- sultats, destinés à servir de bases à nos opérations ultérieures, paraîtront d'abord dans les Annales. Aussitôt après, nous commencerons la publica- tion annuelle et régulière des Observations. » Je venais de réunir et de coordonner des matériaux assez nombreux sur les Théories du Système planétaire lorsque la Direction de l'Observatoire me fut confiée. Comme je m'étais efforcé de donner à ma rédaction la suite et la régularité nécessaires pour en relier toutes les parties entre elles, elle se trouva susceptible, moyennant quelques additions, de concourir utilement à l'instruction de nos Fonctionnaires. Ces additions ont été faites, et il en est résulté un travail comprenant, outre des Mémoires sur plusieurs points de la science, un certain nombre de Chapitres didactiques, destinés à résumer d'une manière concise l'ensemble des Formules et des Théories auxquelles l'Astronome a fréquemment recours. Je publierai successivement dans les Annales, et sous le titre commun Recherches astronomiques , les diverses parties de ce travail ; espérant qu'il pourra être de quelque utilité par les exposés méthodiques qu'il présente, par les discussions et les re- cherches scientifiques qu'il contient. » I^'ouvrage est imprimé chez M. Mallet-Bachelier, par les soins du très- habile directeur de l'imprimerie, M. Bailleul. C'est dire assez que rien n'aura été négligé de ce qui peut contribuer à la valeur de l'ouvrage sous le rapport de l'exactitude et de la pureté typographique (i). » ( i ) Par Décret impérial du i4 novembre i855 , M. Bailleul a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur, pour services rendus à la typographie. (6m ) M. Eue de Beaumont communique quelques passages d'une Lettre qu'il a reçue de M. de Humboldt en date du l\ mars i856. L'illustre voyageur se plaît à donner des nouvelles du voyage que font actuellement dans l'Inde MM. Schlagintweit. Il annonce que l'un d'eux est encore dans l'Assam, et que ses deux frères sont allés par Agra aux mines de diamant. Ils retourneront dans l'Himalaya dès le commencement de l'été. « M. Auguste de la Rive présente à l'Académie le second volume de l'édition anglaise de son ouvrage sur l'électricité. Il entre à cette occasion dans quelques détails sur la manière dont il a traité les deux parties de l'é- lectricité qui font l'objet de ce volume, savoir : les effets de la transmission de l'électricité dans les corps, et les sources de l'électricité {actions phy- siques, mécaniques et chimiques) Les sources naturelles de l'électricité et les phénomènes naturels auxquels elles sont intimement liées doivent, ainsi que les applications de l'électricité, faire l'objet du troisième et dernier volume. » M. de la Rive donne communication à l'Académie de deux observa- tions nouvelles favorables à la manière dont il considère dans son traité la propagation de l'électricité. La première est relative à une désagrégation qu'on observe dans un conducteur de platine qui a transmis l'électricité plusieurs mois de suite, sans qu'il y eût cependant étincelle ni arc voltaïque ; preuve que la propagation du courant électrique, même par voie de con- ductibilité ordinaire, se fait de molécule à molécule, sous une forme ana- logue à celle d'un arc voltaïque, sauf que la décharge a lieu à des dis- tances infiniment petites, an lieu de s'opérer à des distances finies. La seconde observation est destinée à montrer que la propagation de l'électri- cité dans l'eau pure est toujours accompagnée, même lorsqu'elle n'est qu'une conséquence de la décomposition par influence de l'électricité, d'une décomposition électrolytique, et que par conséquent l'eau n'est pas susceptible de conduire l'électricité, même dans les phénomènes d'électri- cité statique, à la façon des conducteurs métalliques. L'idée de l'expérience appartient à M. Soret, avec qui M. de la Rive l'a réalisée; elle consiste à prendre de l'eau pure pour armures intérieure et extérieure d'une bouteille de Leyde dont la couche isolante est formée par un bocal de verre très- élevé, verni avec soin en dedans et en dehors, afin que l'isolement soit complet. Une lame de platine qui sert à conduire dans le sol l'électricité (612) positive développée par influence dans l'eau qui sert d'armure extérieure, est constamment polarisée positivement; preuve qu'elle a été recouverte d'une couche d'hydrogène provenant de la décomposition électrolytique de l'eau qui a accompagné le mouvement de l'électricité dans cette eau. Le phénomène est parfaitement régulier et constant, et toutes les précau- tions ont été prises pour éviter les erreurs qui pourraient provenir soit d'un défaut d'isolement, soit d'un défaut de propreté dans la surface des lames de platine employées. » physique du globe. — Inclinaison de l'aiguille aimantée; Lettre de M. Ant. d'Abbadie à M. Élie de Beaumont. « Urrugne, 26 mars 1806. » Par mon observation d'hier, j'ai trouvé 63° 20', 06 pour l'inclinaison de l'aiguille aimantée dans cette partie de la commune d'Urrugne où la latitude est 43° 21' 44" et la longitude i6m i6s à l'ouest de Paris. Comme la recherche préalable du méridien magnétique demande de longs tâtonne- ments, et que ce méridien peut varier pendant l'observation, j'ai préféré déterminer l'inclinaison dans six plans également espacés en azimut. Au moyen de quarante-huit lectures symétriques et en renversant les pôles après les vingt-quatre premières, on obtient l'inclinaison par la formule connue dont le calcul n'est guère plus long, tandis que l'observation est plus courte que dans la méthode ordinairement usitée en France. En comparant mon observation d'hier avec celle du i3 avril dernier faite avec la même aiguille, on obtient 3', 1 pour la diminution de l'inclinaison magnétique pendant ces douze mois. Je dis la même aiguille, car une autre aiguille observée hier avec le même soin et de la même manière m'a donné, deux heures plus tôt seulement, 63° 4', 8 ou près de 16' en moins. J'ai remarqué depuis long- temps de pareilles différences, et dans l'état encore imparfait de nos théories magnétiques, il est prématuré de voir des discordances là où la même aiguille n'a pas toujours été employée. » conchyliologie. — Observations sur le Pecten glaber; par M. d'IIombres Fi h ma s. « Après avoir traité de coquilles rares et curieuses, il paraîtra certaine- ment étrange que je parle d'une des plus communes et des plus générale- ment connues , le peigne , appelée coquille de Saint- Jacques, parce que les pèlerins en ornaient leur chapeau et leur camail. (6i3) » Les conchyliologistes en comptent une centaine d'espèces dans les mers d'Europe. Il ne s'agit dans cette Notice que d'une seule, le Pecten glaber, que je confondrai ici, comme les pêcheurs, avec le Pecten jacobœus et d'au- tres peignes bruns, vivant en grande quantité dans les étangs auprès de Cette. C'est la conservation de ces coquillages et la localité où je les ai ren- contrés qui me les ont fait remarquer : ils ne sont point fossiles, mais leurs valves, toutes séparées, sont disséminées dans une terre labourable au quar- tier du Colombier, au bord du chemin de fer de la Grand'Combe, à a ki- lomètres au nord d'Alais. » Chacun distinguera toujours le Pecten maximus , incomparablement plus grand et dont la valve supérieure est aplatie : mais les Pecten glaber et varius, le jacobœus même, peuvent être confondus . Leur grandeur, varia- ble selon leur âge, ne dépasse jamais om,o8 en longueur comme en lar- geur, et leur plus grande hauteur est de om,oi4- Leur couleur ne peut pas être considérée comme un caractère ; les Pecten glaber, qui abondent 'dans nos étangs, sont généralement bruns; ceux qui vivent dans la mer sont d'un blanc sale ou jaunâtre. Le Pecten varius, tout aussi commun dans les étangs, est également brunâtre ; dans la mer il y en a de diverses nuances de jaune et de rouge, et j'en ai vu de tachetés et de rayés irrégulièrement. Le Pecten varius offre intérieurement une teinte violacée, tandis que le Pecten glaber est blanc en dedans, ce qui prouve que c'est ce dernier qui se trouve auprès d'Alais. Il aurait pu se décolorer à la longue, mais il n'aurait pas alors conservé l'éclat nacré qui le distingue. » Du reste, ce n'est ni de leur description, ni de leurs rapports que j'ai à m'occuper. » Les terres des environs du Colombier, bonifiées par la culture et les amendements, font partie du grand bassin lacustre qui traverse le départe- ment du Gard du nord au sud, et s'étend dans la Provence. » Il renferme beaucoup dé coquilles calcaires ou siliceuses, mais les Pecten glaber y sont arrivés plus récemment ; leur transport et leur présence sont tout à fait étrangers à la formation lacustre, et il n'y a qu'une manière de les expliquer: c'est d'admettre que d'anciens habitants de la colonie Ni- moise qui, disent les vieux géographes, remontaient les rives du Gardon pour chercher la fraîcheur, faisaient venir pour leur table ces coquilles dont ils étaient friands, qu'ils appelaient des pétoncles, nom donné à présent à un autre genre. » Il n'y a point de bâtisse, point de ruines dans le champ qui contient les peignes; le château appelé le Colombier en est assez éloigné, mais il est C. R., i856, i« Semestre. (T. XLI1, N° 14.1 82 (6i4) bien plus élevé, et l'on peut supposer que des coquilles amoncelées à côté aient été entraînées à la suite de fortes gelées, des ouragans impétueux, ou d'autres causes de bouleversements extraordinaires, dont je pourrai citer des exemples, plutôt que de les expliquer. Chacun conviendra que l'aspect du terrain peut changer en une douzaine de siècles , quand les hommes de mon âge se rappellent avoir vu des terres complantées d'arbres sur des rocs aujourd'hui nus, des ravins assez profonds comblés maintenant. Les peignes peuvent donc avoir été charriés ; ceux qui restèrent à la surface du sol dispa- rurent, ceux qui furent enterrés se sont conservés, et c'est après les la- bours suivis de pluies qu'on en voit le plus. » Oh en a trouvé de semblables dans la campagne d'Arles, de Narbonne, de Nîmes, etc., indubitablement proche des anciennes demeures de quel- ques colons romains, qui savaient, dit Horace, dans quelles mers étaient les meilleurs coquillages, et s'en procuraient à tout prix. » Ausone, qui, au milieu du IVe siècle, enseignait la rhétorique à Bor- deaux, sa ville natale, parle de ces coquilles de mer qu'on trouvait dans les terres des environs ; nous expliquerons leur présence de la même ma- nière, quoique d'autres pensent qu'il a voulu parler des coquilles fossiles, si abondantes dans ce pays. » Les tests de Pecten glaber devraient alors, m'objectera-t-on, être très- communs auprès des villes anciennes, tandis qu'il n'y en a point. N'ou- blions pas que des constructions nombreuses, presque continuelles, exhaus- sent le terrain et font disparaître les débris de sa surface ; à Arles, on fait visiter aux voyageurs curieux une vaste construction romaine, composée de portiques et d'une double galerie voûtée autour d'une place, qu'on pré- sume être un ancien jorum enfoui dans les caves des maisons, entre la place Saint-Lucien et la rue du Collège. En certains quartiers de Nîmes, on découvre de temps en temps des pavés en mosaïque, ou des restes de fondations antiques à om,5o, om,75 et i mètre en contre-bas du sol ; cha- cun peut voir que la Maison Carrées*, la Porte d' Auguste sont près de i mè- tre plus basses que les places attenantes, et qu'il a fallu ménager une pente considérable du boulevard depuis la Bouquerie jusqu'aux arènes. Je puis ajouter un fait plus extraordinaire : en creusant un puits au delà du Cours Neuf, on a trouvé, à 6 mètres de profondeur, des arbres, non renversés et entraînés, mais enfouis sur la place où ils avaient végété jadis. Nous les avons reconnus pour des oliviers ; le propriétaire m'en a donné un morceau. » Dans les lieux, au contraire, que les terres mouvantes n'ont pu recou- vrir, du côté du Fort et de la Tour Magne, particulièrement entre les rochers (6.5) derrière le Temple de Diane, où M. Pellet a dirigé les nouvelles fouilles si intéressantes, on a remarqué, m'a-t-il dit, de nombreuses coquilles de pè- lerin. Elles ne peuvent y avoir été apportées que pour la consommation des habitants de ce quartier. M. J. Tessier pense absolument comme moi. » Nous ne concevons pas, il faut le dire ici, comment un mets si recher- 'ché anciennement l'est si peu de nos jours. On nous apporte beaucoup de clonisses, de moules, de grosses huîtres de la Méditerranée, et même de petites de Bordeaux, qui arrivent fraîches par les chemins de fer, mais des peignes jamais : on n'en voit point habituellement sur les ports de Cette et de Marseille avec les donaces, les moules, les oursins, deux clonisses ou ve- nus, la decussata et la Virginia, et d'autres coquillages. Il paraît que ce n'est point ainsi dans le Nord, que les Pecten maximus , jacobœus de la Manche sont recherchés et colportés à Paris et à Londres. Si nos pêcheurs les trou- vent coriaces et les dédaignent, c'est qu'ils ont alors quelque chose de mieux : le lendemain ils sont moins difficiles. Les plus pauvres non-seule- ment s'en contentent, mais s'en régalent; ils en forment un tas mêlé avec de la paille, quelques brindilles de sarment ou d'olivier, et y mettent le feu, autour duquel se réunit toute leur famille ; chacun a son morceau de pain : c'est l'affaire de quelques minutes pour préparer le repas; le feu éteint, les coquilles s'entre-bâillent, les mollusques s'en détachent facile- ment, et cette demi-cuisson les rend, dit-on, excellents. Il y a parfois quel- ques peignes mêlés dans un panier de clonisses ou de moules; j'en ai goûté de crus et de cuits assaisonnés avec des épinards ou gratinés : je les ai trou- vés assez bons. » Il faut avouer qu'il y a des circonstances, des saisons de l'année, où toutes les coquilles, même les huîtres, peuvent occasionner des coliques, des vomissements, les mêmes symptômes morbides qu'un violent poison. Les médecins et les chimistes, après beaucoup de recherches, attribuent ces effets à l'époque du frai, à réchauffement des coquillages dans les cabas ou entassés, si on les a gardés plusieurs jours pour les transporter ou les mieux vendre; au temps plus ou moins prolongé que les huîtres ont passé dans les parcs, à leur séjour dans les eaux insalubres, au cuivre qui a pénétré les huîtres fixées sur des vaisseaux qui en étaient doublés. Des ordonnances de police, qui remontent à 1731, prescrivaient de les examiner avant d'en permettre la vente, et de jeter au fond de l'eau celles qui contenaient un suc jaunâtre, glaireux, celles dont l'odeur particulière serait suspecte aux com- missaires. Généralement les amateurs s'en privent les mois où n'entre pas te lettre r ; mai, juin, juillet et août. 82. (6i6) » J'ai avancé que notre grand bassin lacustre renfermait plusieurs espèces de coquilles fossiles; leur description m'entraînerait trop loin : je ne ferais d'ailleurs que répéter ce que j'ai déjà dit dans différents Mémoires; je ne peux cependant pas me dispenser d'indiquer ici à ceux qui ne les connaî- traient pas, ce que cette formation offre de plus intéressant. » J'ai décrit les petits galets qu'on rencontre dans quelques couches de ce terrain, particulièrement à Saint-Hippolyte de Caton ; les lymnées, les cjclades, les paludines y sont fort communes, et quelques-unes ont con- servé leur test; plus bas sont des empreintes de feuilles, d'insectes et de poissons, qui avec nos menilites montrent l'analogie de ce terrain avec celui d'Aix, incomparablement plus riche pour le paléontologiste. Dans un étage inférieur on trouve de jolies pyramidelles et des potamides siliceuses. On y rencontre fréquemment des rognons et des veines de silex pyromaque noi- râtres. » Vers l'est, aux limites de la commune et du lac d'eau douce, sont dé- posés des ossements de palœotherium, d ' antracotherium , de pterodon, de tjlodon, que j'ai fait connaître. Au lieu d'indiquer ces quadrupèdes par rang de taille, j'aurais dû citer le tylodonle premier. M. le professeur Gervais, à qui j'avais adressé un paquet de ces ossements, ayant reconnu des mandi- bules d'un carnassier entre le raton et le coatis, qui était indéterminé, lui donna le nom d'Hombresii. Je ne saurais oublier cette marque de sympa- thie de ce savant zoologiste, et je saisis cette occasion de lui exprimer com- bien j'y suis sensible. » C'est dans un ravin, derrière le Colombier, que M. Robert du Puy dé- couvrit des dents et des os humains qu'il crut pétrifiés et qu'il annonça comme tels à l'Institut... J'écrivis à M. Arago, qui m'avait demandé quel- ques renseignements à ce sujet, et je répétai au congrès scientifique de Nîmes, où cette découverte souleva quelques discussions, que ces osse- ments appartenaient indubitablement à notre espèce, mais n'étaient point fossiles ; l'endroit où M . Robert les a pris était le cimetière de la maladre- rie établie en 1 254 entre la ville et l'abbaye des Fonts, pour les lépreux qui revenaient des croisades. » J'ai décrit aussi une localité curieuse à 4kllom,5 au-dessus d'Alais : le Serre de la Justice, ainsi nommée à cause des piliers patibulaires bâtis autre- fois au sommet. On distingue parfaitement sur son penchant méridional la ligne où s'arrêta le courant qui submergea toute la plaine, au milieu de laquelle ressortent, comme des îles, les sommités néocomiennes des autres collines. Le Spatangus retusus et YExogira subsinuata sont très-communs (6i7) sur le Serre de la Justice. En y cherchant souvent et avec soin, j'y ai trouvé des coquilles plus rares : c'est de là que je rapportai le Pecten quinquecos- tatus et le Pecten multicostatus , réunis dans un seul échantillon, l'un des plus curieux de mon cabinet géologique des Cévennes. C'est dans un ravin vers l'est, proche Mazac, qu'est ce gîte admirable de chaux carbonatée cristallisée, où je conduisais jadis tous les naturalistes voyageurs qui pas- saient à Alais. » Les fossiles caractéristiques du terrain lacustre plus ou moins com- muns dans ces couches sont quelquefois amoncelés d'une manière fort remarquable ; ainsi, par exemple, sur le chemin de Barjac à Monclus, oh voit une quantité innombrable de cyrènes bien conservées, leurs valves toujours ouvertes, mais réunies. » Si, comme au Serre de la Justice, nous étendions nos explorations hors du bassin lacustre, sur les collines qu'il entoure, sur les chaînes de mon- tagnes qu'il ne dépasse point, il faudrait des volumes pour décrire ce que nous pourrions recueillir. » Plus au nord, du côté de Servas et d'duzon et à Saint-Jean de Mar- vejol, on exploite des lignites bitumineuses et de Y asphalte; un Mémoire que j'avais présenté à la Société des Sciences naturelles de Genève en 1818, détermina M. Th. de Saussure à visiter les divers gisements de notre pays; je l'accompagnai partout. » Les eaux dites sulfureuses ou bitumineuses des Fwnades, de la Rougne, de la Pego, la Font pudento, la Font negro, surgissent du bassin lacustre au nord-est de l'arrondissement d'Alàis. Le professeur de Sauvages pensait qu'elles étaient de même nature, ainsi que les eaux d'Euzet et de Saint-Jean de Seirargues, qui en sont à i3kilom,5 de distance. La source des Fumades est la plus considérable et sans contredit la plus forte ou la plus minéralisée et la plus efficace ; les plus éloignées sont mitigées par des filets d'eau douce qu'elles rencontrent dans leur trajet. Les eaux d'Euzet sont néanmoins les plus anciennement en vogue ; il y a un très-vaste et très-confortable établis- sement, et il s'y rend beaucoup de monde dans la saison. » Un habile médecin, qui a comparé les effets de nos diverses sources, plus ou moins fortes, a fait observer qu'on pouvait rendre plus faibles celles qui avaient le plus d'intensité; niais que, dans plusieurs cas, les résultats étaient plus prompts et plus certains en les employant naturelles. Il pressa le propriétaire des Fumades de faire les constructions nécessaires pour y recevoir ses pratiques » J'ai annoncé que je me bornerai à de simples indications sur ce que (6,8) j'avais observé en parcourant notre grand bassin lacustre ; la dernière et la plus essentielle à noter ici, c'est que depuis le Rhône jusqu'à l'extrémité nord-est du département du Gard, et à Vallon dans celui de l'Ardèche, plus de 106 kilomètres de longueur sur une largeur variable de 6 jusqu'à 10 kilomètres, je n'ai trouvé le Pecten glaber que dans le champ que j'ai fait connaître. » M. de Wràngell, récemment nommé à une place de Correspondant, Section de Géographie et de Navigation, adresse ses remercîments à l'Aca- démie. RAPPORTS. M. Recqcerel, au nom de la Commission qui avait été chargée de faire un Rapport sur les perfectionnements apportés par M. Lenoiraux procédés galvanoplastiques pour la reproduction des sculptures en ronde bosse, donne de vive voix une indication des modifications qui ont été faites à ce Rapport, en vue des réclamations adressées à l'occasion de la première lec- ture de ce Rapport, faite dans la séance du 3 mars. Voici le Rapport dans sa forme actuelle. galvanoplastie. — Rapport sur un perfectionnement apporte' à la reproduction des rondes bosses par la galvanoplastie. (Commissaires, MM. Dumas, Babinet, Becquerel rapporteur.) « La galvanoplastie, ou l'art de reproduire des reliefs et des creux en métal, au moyen de l'électricité, a fait de grands progrès depuis sa décou- verte. On est parvenu aujourd'hui à donner une très-grande dureté, en même temps que plus d'homogénéité, au cuivre déposé, et à le rendre ainsi plus résistant à l'influence des agents atmosphériques ; les moules ont été perfec- tionnés, en prenant pour matière plastique la gutta-percha ; enfin les artistes étant devenus plus habiles ont pu reproduire des bronzes d'art et des objets d'orfèvrerie en ronde bosse soutenant la comparaison avec les mêmes sujets obtenus par la fonte et la ciselure : les uns y sont parvenus en employant la soudure pour réunir les diverses parties prises séparément, et d'où ré- sultent des déformations qui nuisent à l'effet artistique ; les autres, pour suppléer à la soudure, ont employé des procédés qui laissent à désirer, ou des procédés qu'ils n'ont pas décrits et dont nous ne pouvons appré- cier les avantages. ( 6.9 ) » Parmi les personnes qui exercent cet art avec succès, on doit distinguer M. Lenoir, qui a apporté une notable amélioration, en opérant des dépôts métalliques partout de même épaisseur sur des moules d'objets en ronde bosse, de manière à reproduire immédiatement des statuettes sans soudures et aussi parfaites que les modèles. Quelques-unes des reproductions qu'il a obtenues, ainsi que le Mémoire descriptif du procédé qu'il a présenté à l'Académie, ont été renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Babinet et moi, laquelle m'a chargé de la rédaction du Rap- port que je vais avoir l'honneur de lui communiquer. » M. Lenoir a atteint le but qu'il s'est proposé en moulant les objets en deux parties avec de la gutta-percha et réunissant ces parties comme il sera dit ci-après. » La gutta-percha n'est pas employée pure comme on le fait ordinaire- ment: elle est composée d'un mélange de 5oo parties de cette substance, de 200 parties de saindoux et de 25o parties de résine. Ce mélange présente plus de ductibilité et en même temps d'élasticité que la gutta-percha. » Qn commence par couler du plâtre gâché autour de la moitié de l'objet à mouler ; quand le plâtre est pris, on pratique çà et là, à quelque dis- tance de la pièce et à la partie de la surface, du plâtre qui doit servir de jonction avec celle du moule de la seconde partie, de petites cavités ou points de repère. Cette opération faite, on ramollit de la gutta-percha, pré- parée comme il a été dit, dans une étuve sèche chauffée vers 100 degrés, puis on l'applique sur la partie de l'objet non recouverte de plâtre, en la moulant par la pression seule de la main, qui suffit, d'après M. Lenoir, pour reproduire les linéaments les plus délicats du modèle. » Quand l'objet est ainsi recouvert, moitié en plâtre, moitié en gutta- percha, on brise le plâtre et on l'enlève. La moitié ainsi mise à nu est re- couverte de nouveau de gutta-percha de la même manière que l'autre. La solidification faite, on réunit parfaitement les deux parties du moule à l'aide des points de repère qui sont en relief sur l'une des parties du moule, et en creux sur l'autre ; mais avant, on métallisé avec de la plombagine les surfaces sur laquelle doit être déposé le métal. On fixe à un point le plus inférieur de cette surface un fil de cuivre, qui est mis en communica- tion avec le pôle négatif de l'appareil voltaïque; un fil de platine devant servir d'électrode positive est disposé dans l'intérieur du moule, de manière à suivre autant que possible et à la même distance les principaux contours, afin de donner partout la même épaisseur au dépôt; ce fil est recouvert de gutta-percha dans les parties où l'on craint qu'elles ne touchent le moule < ( 620 ) La pièce est plongée ensuite dans une dissolution saturée de sulfate de cuivre. » Le dépôt métallique effectué, on détache le moule et on enlève avec soin les bavures qui en général ont peu d'étendue. On a alors la repro- duction parfaite des pièces. » M. Lenoir, comme on le voit, n'emploie pas d'électrode soluble, mais il supplée à cet inconvénient en pratiquant de part en part dans le moule plusieurs ouvertures , les unes en haut, les autres en bas, afin d'établir pen- dant le dépôt une circulation de la dissolution. Le liquide, en se décompo- sant, devenant moins dense, s'élève et s'écoule par les ouvertures supé- rieures , tandis que le liquide inférieur du bain s'élève aussi pour remplacer le précédent. Le dégagement de gaz sur le fil de platine contribue au mou- vement ascendant du liquide. » L'acide sulfurique reste en totalité dans le bain, ce qui n'est pas sans inconvénient pour l'état moléculaire du précipité métallique, car cet état peut être modifié, suivant que la dissolution de sulfate est plus ou moins acide; on peut y parer cependant, comme nous l'avons conseillé àJVI. Le- noir, en mettant au fond du bain du bioxyde de cuivre obtenu par la cal- cination de rognures de ce métal, dont il reste toujours une certaine quan- tité dans les préparations, lequel se combine peu à peu avec l'excès d'acide. » Cette manière de procéder exige l'emploi de piles situées en dehors des cuves : aussi ne peut-on pas se servir d'appareils simples qui ont été employés dans différents établissements. La dépense en électricité est donc plus forte que par les procédés ordinaires, mais aussi on évite les soudures qui sont des causes de destruction quand les objets sont expo- sés aux influences atmosphériques, ainsi que la main-d'œuvre qu'exige la réunion des parties reproduites séparément. Le procédé a donc un avan- tage réel sur tous ceux qui ont été publiés jusqu'ici lorsqu'il s'agit de ronde bosse. » A la vérité M. Lenoir n'a reproduit encore que de petits et de moyens bronzes, mais il est probable que rien ne s'opposera à ce qu'il applique son procédé aux grands bronzes. Nous entendons ici par bronzes, non des reproductions en alliage de cuivre et d'étain, mais des reproductions en cuivre pur. » D'un autre côté, on sait que pendant ces dernières années, comme on a pu le voir à l'Exposition universelle, l'orfèvrerie a tiré un parti très-avan- tageux de l'emploi des procédés galvanoplastiques pour la reproduction des pièces d'argent. Les dispositions employées par M. Lenoir permettront bien (6a, ) certainement d'étendre les applications électrochimiques au dépôt des mé- taux précieux. On emploiera alors de préférence à l'intérieur, comme le fait M. Lenoir, une électrode soluble d'or ou d'argent, au lieu d'une élec- trode en platine. » Les détails dans lesquels la Commission vient d'entrer, prouveront à l'Académie l'utilité du perfectionnement que M. Lenoir a apporté à la re- production par la galvanoplastie des objets en ronde bosse: aussi vous pro- pose-t-elle de donner son approbation au travail qu'il lui a présenté, en le remerciant de son intéressante communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. M. Becquerel, après la lecture de ce Rapport, dépose le Mémoire dans lequel M. Lenoir a décrit ses procédés, conformément au désir qu'avait ex- primé M. Thenard de voir imprimer cette description dans le Recueil des Savants étrangers. M. Thenard fait remarquer qu'il n'avait exprimé ce désir que dans la supposition, qui s'est trouvée mal fondée, que les produits présentés dans la séance du 1 1 février étaient accompagnés d'une description du procédé opératoire. * • MÉMOIRES PRÉSENTÉS. orgaînogénie végétale. — Mémoire sur L'origine et le développement de la cuticule (deuxième partie); par M. A. Trécul. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Dans la dernière séance, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie mes observations sur l'origine de la cuticule, et j'ai dit qu'entre elle et la membrane cellulaire il se développe le plus souvent une couche plus ou moins épaisse, dont les propriétés physiques et chimiques sont variables. Ces propriétés ont été bien étudiées dans plusieurs cas par divers auteurs, tels que MM. Payen, H. Mohl, Schacht, etc. ; mais ces savants ayant fait leurs observations sur des parties adultes, ou dans un âge voisin de cet état, ou sur des plantes qui ne pouvaient pas les instruire de tous les faits intéres- sants, n'ont pu apercevoir certains phénomènes importants. C'est pour C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 14.) 83 ( 6*2 ) remplir les lacunes qu'ils ont laissées que je viens soumettre au jugement de l'Académie le résultat de mes recherches sur ce sujet. » Lors donc que la cuticule proprement dite est séparée par dédouble- ment de la paroi de chaque cellule superficielle, celle-ci sécrète à sa face externe une série de couches très-minces, disposées concentriquement et parallèlement à la surface de la cellule génératrice. Ces couches fort souvent ne semblent constituer qu'un dépôt homogène tel, que l'on ne distingue pas leur stratification; mais chez certaines plantes (Iris germanica, Helleborus fœtidus, H. lividus, etc.), ces diverses couches se voient très-bien sur des tranches minces. Une ligne, souvent très-nette, perpendiculaire à la cuticule, établit fréquemment aussi une démarcation entre les séries de couches concen- triques qui appartiennent aux cellules adjacentes. Quand cette démarcation n'existe pas, on peut très-souvent la faire apparaître par l'emploi de l'iode et de l'acide sulfurique. Dans ce cas, il règne, vis-à-vis la cloison qui sépare les cavités cellulaires, une ligne blanche, diffuse, qui contraste avec la cou- leur bleue que prennent les couches de sécrétion dont il s'agit, et qui sont, dans l'origine, toutes composées de cellulose pure. Cette ligne blanche ou bleu clair résulte de l'écartement des produits de chaque cellule, qui, gon- flés par le réactif, tendent à s'isoler, ce qui détermine une raréfaction de la substance aux lignes de jonction, et quelquefois à une substance interposée comme je le dis plus loin, substance qui bleuit moins aisément que les couches elles-mêmes. Cette ligne diffuse apparaît surtout quand on se sert d'acide un peu dilué; si l'on ajoute ensuite de l'acide plus concentré, les lignes blanches disparaissent, et toute la zone sous-cuticuîaire devient uniformément bleue. Cette zone, formée de couches minces de cellu- lose, prend parfois une grande épaisseur; alors il arrive, chez beaucoup de plantes, que ses couches constituantes les plus externes, celles qui sont nées les premières, perdent la propriété de bleuir au contact de l'iode et de l'acide sulfurique; elles deviennent, au contraire, jaunes ou brunes comme la cuticule. Cette propriété nouvelle est due principalement à un phénomène physiologique, comme l'a dit déjà M. Payen, et non à la seule influence des agents atmosphériques. Cette couche, qui brunit par l'emploi de l'iode et de l'acide sulfurique, ne peut s'accroître, suivant MM. Mohl et Schacht, que par la modification chimique graduelle des couches de cellulose plus intérieures. C'est, suivant M. Mohl, en une telle métamorphose chimique, qu'accom- pagne un changement d'organisation, que consisterait cette transformation. Suivant M. Schacht, « ces couches meurent, c'est-à-dire qu'elles sont chan- gées en substance subéreuse. » Cependant j'ai observé en elles quelque ( 6*3 ) chose de plus qu'un simple changement chimique; il y a un phénomène vital des plus curieux, et dans certaines plantes un accroissement indépen- dant de la modification des couches placées au-dessous, ainsi que ce qui suit va le démontrer. Toutefois cette modification est évidente. Voici com- ment elle se manifeste. La transformation commence dans la partie la plus voisine de la cuticule; elle s'annonce souvent par l'apparition d'une série de très-petits granules (A 'gave americana, Helleborus fœtidus, lividus, etc.), à laquelle succède une teinte légèrement fauve ou verdâtre, suivant les cas ; la série de granules, quand il en existe, se renouvelle vers l'intérieur, à me- sure que la couche modifiée s'épaissit. Il est des plantes dans lesquelles tout se borne à cette modification. On a alors à l'extérieur la cuticule, puis ce que M. Schacht nomme les couches cuticulaires, qui brunissent par l'iode et l'acide sulfurique, et au-dessous les couches dites cl 'epaississement , qui de- viennent bleues sous l'influence des mêmes agents chimiques. » Voici maintenant comment apparaît le phénomène vital que j'ai signalé. Quand la couche transformée comme je viens de le dire a acquis une cer- taine épaisseur, elle se délimite nettement, et chez beaucoup de plantes on voit se former à cette limite une bordure claire qui devient une pellicule semblable à la cuticule (Physosiphon Loddigesii, Lepanthes cochlearifolia, P leurothallis racemiflora, Glaucium fulvum, Agave americana, etc.). Or- dinairement la substance qui sépare cette nouvelle membrane de la cuti- cule ne paraît plus stratifiée ; elle est homogène, plus rarement granuleuse. Chez X Agave americana, etc., cette couche modifiée s'avance en décrivant des sinuosités profondes à la limite des produits de la sécrétion de chaque cellule jusqu'auprès de la cloison formée par les parois latérales des cellules. Dans quelques cas, cette membrane interne n'est pas très-évidente ; on ne remarque parfois, après l'action de l'iode et de l'acide sulfurique, qu'une coloration rouge ou brune plus foncée à la place qu'elle occupe; mais dans beaucoup de plantes son existence ne peut être révoquée en doute. Dans le Glaucium fulvum, j'ai souvent dissous par l'acide sulfurique concentré la matière qui sépare les deux membranes; il restait ensuite deux pellicules libres, d'égale épaisseur et colorées en jaune plus ou moins foncé. L'inté- rieur présentait quelques sinuosités correspondant à celles de la surface des cellules de l'épiderme. Les plantes dont je viens de parler ont donc une cuticule composée, formée de trois parties : i° de deux pellicules minces; i° d'une substance intermédiaire plus épaisse. » On pourrait être porté à croire que ce sont des cuticules de cette nature qui ont suggéré à M. Hartig sa théorie sur cet organe. On sera convaincu du 83.. ( m ) contraire si l'on fait attention que la description qu'il donne de son déve- loppement, empruntée à M. Schleiden (il le dit lui-même), pour donner plus de force à son argumentation, se rapporte à une plante qui n'offre pas une telle cuticule composée. En effet, celle du Hyacinthus orientalis est une pellicule simple, mince, placée sur une couche de cellulose peu épaisse. De plus, dans tous les cas que j'ai étudiés, l'apparition des membranes de ces cuticules composées a lieu de la circonférence au centre, tandis que, sui- vant la théorie de M. Hartig, elle se ferait du centre à la circonférence. C'est que cette théorie est fondée sur un fait particulier, le développement centrifuge des membranes de certaines cellules, et que M. Hartig con- sidère la cuticule comme la première cellule de l'embryon, qui se serait agrandie. » La vie se manifeste d'une manière plus remarquable encore dans la for- mation de la cuticule composée de plusieurs Aloès, peut-être même chez toutes les espèces. Parmi celles que j'ai étudiées, trois surtout sont très-fa- vorables à l'observation ; ce sont : les Aloe glauca, verrucosa, et une espèce que je crois être VA. subverrucosa {Gasteria subverrucosa = Aloe subtuber- culata, Hort. Par.). Dans ces Aloès, on observe très-bien le dédoublement de la membrane cellulaire : il commence à la jonction des cellules. Quand il est effectué, de la cellulose est déposée entre les deux membranes; arrivée à une certaine épaisseur, cette couche de cellulose se déchire irrégulièrement dans sa partie moyenne, et un intervalle souvent considérable sépare les deux parties qui adhèrent, l'une à la cuticule, l'autre aux cellules. Malgré cette scission, la moitié externe attachée à la cuticule continue à végéter; d'abord mince, elle devient fréquemment très-épaisse [Aloe verrucosa, subverrucosa, etc.). C'est là un phénomène fort important, en ce qu'il prouve de nouveau qu'il peut y avoir épaississement des membranes végétales sans l'addition de nouvelles couches sécrétées par une prétendue utricule pri- mordiale génératrice; car cet épaississement s'effectue ici loin du siège sup- posé de cette utricule, et dans un lieu qui en est séparé par des membranes épaisses et par une fissure quelquefois très-large. . » Les cuticules composées présentent souvent des éminences coniques plus ou moins grandes à leur face interne, vis-à-vis la jonction des cellules de l'épiderme, entre lesquelles elles peuvent même s'avancer; ces éminences et toute la couche sous-cuticulaire sont traversées par une ligne ordinaire- ment plus pâle que le reste de la masse; cette ligne a été prise par divers ana- tomistes pour la continuation de la membrane primaire des cellules, qui forme, suivant eux, la cuticule proprement dite ou pellicule externe. Il ne ( 6a5 ) peut certainement pas en être ainsi, puisqu'à l'époque du dédoublement de la membrane cellulaire, au moment de la séparation de la cuticule, il y a une scission complète tout autour de la feuille ou de la tige, et puisque, dans beaucoup de plantes [Agave americana, Aloe glauca, verrucosa, subverrucosa, etc., etc.), la scission ou dédoublement commence à la cloi- son même qui sépare les cavités cellulaires, c'est-à-dire vis-à-vis ces mem- branes primaires latérales dont M. Mohl avait cru reconnaître le prolonge- ment à travers les couches cuticulaires. Il y a donc toujours en ce point une scission complète dès le principe entre la cuticule et les parois latérales des cellules, et comme ces cellules ont ordinairement une surface un peu con- vexe, cette scission y laisse souvent un méat triangulaire d'abord vide, qui se remplit bientôt d'une matière de peu de densité. Cette matière se solidifie et conserve presque toujours une teinte différente de celle des couches qui naissent ensuite; c'est à la prolongation de cette matière qu'est due la ligne pâle qui a été prise pour la membrane primaire dans certains Aloès, etc. Il n'y a souvent aussi qu'une simple ligne noire accusant la juxtaposition des couches produites par les cellules voisines. » botanique. — Observation constatant le retour simultané de la descen- dance d'une plante hybride aux types paternel et maternel; par M. Ch. Naudin, aide-naturaliste au Muséum. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Une question souvent débattue entre les botanistes physiologistes, et sur laquelle les esprits sont encore loin d'être fixés, est celle de savoir si la postérité des plantes hybrides fertiles , c'est-à-dire capables de se féconder par leur propre pollen, conserve indéfiniment les caractères mixtes de l'hy- bride ou revient, après un temps plus ou moins long, au type de l'un des deux parents. Peu d'expériences suivies ont été faites en vue de la résoudre, et les conclusions qu'en faveur de Tune ou de l'autre hypothèse on a tirées d'un petit nombre de faits, peut-être pas suffisamment authentiques ou in- complètement observés, me paraissent encore trop aventurées pour qu'on doive leur donner définitivement place dans la science. Sans exprimer ici une opinion arrêtée, je crois devoir rapporter une observation qui, je l'es- père, jettera quelque jour sur la question controversée, en prouvant que, dans certains cas au moins, la postérité des hybrides fertiles manifeste une tendance incontestable à reprendre les caractères des espèces dont ces hy- brides sont issus. ( 626 ) » Les plantes qui me fournissent le sujet de cette observation descen- dent, par première génération, d'une primevère hybride, trouvée en 1 854» dans un jardin, par M. Weddell , qui l'apporta vivante au Muséum. Cette plante continua à y fleurir et donna quelques graines qu'on eut lieu de croire bien conformées. M. Weddell soupçonnait avec grande probabilité que l'un des parents était la variété à fleurs pourpres du Primula grandi- flora, qui était d'ailleurs cultivée en plates-bandes au voisinage de l'hybride, mais il conservait des doutes sur l'espèce de l'autre parent. Quoi qu'il en soit, M. Decaisne, en prévision des changements qui pouvaient s'opérer dans la descendance de l'hybride, en fit peindre les fleurs à l'aquarelle, afin qu'elles restassent toujours comme terme de comparaison. Cette pré- caution lut d'autant plus utile, que l'hybride périt dans le courant de l'année. » Au mois de novembre i$54, je fis semer les graines qui avaient été ré- coltées; j'en obtins dix plantes, dont six étaient au ier avril en pleine flo- raison. De ces six plantes, une seule a conservé les caractères à peu près intacts de l'hybride ; les cinq autres Se sont séparées en deux camps, repro- duisant dans l'un le type du Primula officinalis à petites fleurs jaunes, dans l'autre celui du Primula grandiflora, à grandes fleurs pourpres ou violacées. » Deux de ces plantes peuvent être considérées comme entièrement reve- nues au type du Primula officinalis. La comparaison attentive que j'en ai faite avec un pied fleuri de cette dernière espèce, ne m'a fait trouver entre elles et lui aucune différence appréciable, si ce n'est peut-être que le pé- doncule commun de l'inflorescence y est un peu plus court. C'est de part et d'autre le même feuillage,, la même forme, la même grandeur et le même coloris dans les fleurs. Dans les trois plantes, le pollen était exactement semblable, et également bien conformé; tous ou à peu près tous les grains de ce pollen avaient atteint leur développement normal et paraissaient aptes à opérer l'imprégnation. » Une troisième plante issue de l'hybride touchait encore de très-près au P. officinalis, mais ses corolles, du double plus grandes et un peu plus étalées, accusaient, malgré leur coloris jaune, un reste déjà sensible de la sève du Primula grandiflora. Le pédoncule commun de l'inflorescence, relativement court, était un autre point de contact avec cette seconde espèce, chez laquelle il est rudimentaire et pour ainsi dire nul. La presque totalité des grains du pollen était bien conformée; on n'en voyait qu'un très-petit nombre, 1 sur 5o peut-être, qui n'était arrivé qu'à demi-grosseur et paraissait impropre à opérer la fécondation. ( 6*7 ) » Un quatrième pied a seul conservé les caractères de l'hybride dont il descend, sa corolle est intermédiaire pour la grandeur entre celles des P. officinalis et grandiflora, et ce caractère mixte n'est pas démenti par la coloration mordorée de cet organe où le jaune et le pourpre des deux espèces se fondent l'un dans l'autre. Le pollen présente ici un déchet considérable : examiné sous le microscope, il nous a présenté, à M. Decaisne et à moi , une proportion beaucoup plus forte de grains mal conformés ou arrêtés dans leur développement que de grains arrivés à l'état parfait. D'après plu- sieurs calculs que nous en avons faits, nous avons trouvé que les bons grains étaient aux mauvais comme 6 1 est à 98, ou, en chiffres réduits, comme 3 est à 5. » Les deux dernières plantes reproduisent presque identiquement la variété à fleurs purpurines du P. grandiflora , seulement les teintes de la corolle en sont affaiblies; dans l'un d'eux, la coloration pourpre est seulement un peu moins vive que dans le type spécifique ; dans l'autre, elle est sensiblement plus pâle et approche de la couleur lilas. Dans toutes deux, le pédoncule commun est rudimentaire , et les pédicelles particuliers fort allongés, comme chez le P. grandiflora; mais, chose à noter, tandis que dans l'échan- tillon à corolle plus vivement colorée la presque totalité des grains de pol- len semble bien constituée, dans celui où la coloration est affaiblie la pro- portion du pollen incomplètement développé est au contraire presque double de celle du pollen arrivé à grosseur normale. Nous avons effective- ment trouvé, d'après plusieurs calculs, 112 bons grains contre 216 mau- vais ; c'est comme l'on voit, à peu de chose près, 16 contre 3i , ou, plus sim- plement encore, 1 contre 2. » Depuis le moment où ces observations ont été faites, un septième pied de notre Primevère issue d'hybride a fleuri; il retourne, comme les deux dont je viens de parler, au type du P. grandiflora dont il diffère à peine; je n'en ai pas examiné le pollen. » Ainsi, sur sept plantes provenues des graines d'un hybride fécondé par son propre pollen, une seule conserve la forme intermédiaire de cet hy- bride; trois plantes reviennent au type du père, et trois à celui de la mère, et cela à la première génération. Ne dirait-on pas que la nature a hâte de faire disparaître des formes bâtardes qui n'entrent pas dans son plan , et qu'elle y arrive, non-seulement par l'imperfection du pollen chez un grand nombre d'hybrides, mais aussi, quand ces hybrides sont féconds, par la séparation des deux essences spécifiques que l'art ou le hasard ont violem- ment réunies? ( 6s>8 ) » L'expérience n'est pas encore complète, et le fait que je viens de signa- ler ne suffit pas pour asseoir un jugement définitif. Il faudrait, pour cela, suivre la descendance des plantes pendant plusieurs générations succes- sives ; mais il est permis déjà de conjecturer que celui des deux éléments spécifiques qui domine dans chacune des séries divergentes de nos Prime- vères hybrides finira par éliminer totalement le plus faible, et qu'à la longue les plantes obtenues par voie de semis ne différeront plus des types proprement dits du P. officinalis et du P. grandiflora , parents de l'hy- bride primitif. » Je suis loin de prétendre que ce soit là une règle générale; je crois au contraire que les lois qui régissent l'hybridité, chez les végétaux, va- rient d'espèce à espèce, et qu'il n'est pas permis de conclure d'un hybride à un autre. C'est ce qui résultera, je l'espère, des expériences multipliées qui m'occupent, depuis déjà plus de deux ans, au Muséum. » géologie. — Sur le gisement, l'âge et le mode de formation des terrains à meulières du bassin de Paris ; parM. Mecgy. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Cordier, C. Prévost, de Senarmont.) « J'ai réuni dans ce Mémoire les principaux faits que j'ai observés dans les nombreuses carrières de pierre meulière que j'ai visitées depuis près de quatre ans. Frappé des idées contradictoires que l'étude de ces terrains fait naître, j'ai cherché à me rendre compte des traces de dislocations et de bouleversements qu'ils présentent ; je me suis demandé si les argiles et les sables qui accompagnent les meulières sont contemporains du dépôt sili- ceux ou s'ils datent d'époques différentes, enfin dans quelles circonstances ces matériaux se sont déposés. » J'établis d'abord que les deux terrains à meulières, quoique séparés par les sables de Fontainebleau, ont entre eux des rapports intimes non- seulement par les caractères minéralogiques des roches qui les composent, mais encore par leur situation géologique et leurs limites géographiques. Ainsi le terrain des meulières supérieures repose sur le calcaire lacustre de Beauce, comme le terrain des meulières inférieures repose sur celui de Brie. Tous deux se trouvent pour ainsi dire exclusivement concentrés vers le relèvement septentrional de ces deux calcaires et sont compris dans un seul et même bassin, dont les bords semblent avoir été déterminés par le relief des couches inférieures et par les dénudations que le sol avait éprou- (629) vées antérieurement à leur formation. De plus, je fais remarquer que ces deux terrains sont étroitement liés par leur constitution physique et minéra- logique, et c'est de l'examen minutieux et détaillé de l'allure qu'ils affectent que découle une partie de mes conclusions. » En général, la formation des meulières, en quelque point qu'on l'ob- serve, se compose de deux assises : l'une inférieure, caractérisée par des bancs plus ou moins continus dont les intervalles très-irréguliers sont rem- plis par de la glaise compacte grise ou rougeâtre ; l'autre supérieure, où le sable et le gravier dominent, et où la meulière est disséminée en blocs plus ou moins volumineux et confusément disposés. » Un fait important à signaler, c'est que l'argile qui accompagne les meulières renferme toujours des débris plus ou moins gros de la même ro- che. Ces débris, dont les plus petits ne dépassent pas quelques millimètres, sont posés tantôt à plat, tantôt de champ, tantôt obliquement dans un sens ou dans un autre, de telle sorte qu'il est impossible de ne pas reconnaître qu'ils ne sont pas en place, c'est-à-dire qu'ils ont dû être détachés du mas- sif et amenés, postérieurement au dépôt de la meulière, dans l'emplacement qu'ils occupent aujourd'hui. Et comme ces débris se trouvent à tous les niveaux, aussi bien à la base du terrain qu'à sa partie, supérieure, il faut né- cessairement conclure que l'argile dans laquelle ils sont empâtés est plus récente que la meulière elle-même (i). » Un autre fait non moins important que le précédent consiste dans le passage des meulières de Brie au calcaire lacustre inférieur; mais ce passage ne s'observe que vers le centre du bassin où ce terrain se trouve déposé. Ainsi, dans presque toutes les exploitations des environs de Corbeil et de Villeneuve-Saint-Georges, on reconnaît l'existence du calcaire siliceux dans l'intérieur même de la meulière, et il est même certains points où les bancs calcairessont seulement cariés dans le voisinage des fentes qui les tra- versent. Il paraît donc rationnel de supposer que les meulières dérivent des calcaires siliceux auxquels elles sont superposées. » Mais d'où vient l'argile avec lentilles de sable qui entre comme partie ( i ) Une opinion toute contraire a été émise par M. Constant Prévost dans une Note insé- rée au Bulletin de la Société Philomathique 1826, et intitulée: « Quelques faits relatifs à la formation des silex meulières » . D'après cet auteur, les masses siliceuses seraient contempo- raines des argiles qui les enveloppent et auraient été produites à la manière de la craie par des agglomérations de la silice au sein du limon argileux. C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 14.) **4 ( 63o ) essentielle dans ces terrains? D'où viennent les sables et les graviers qui la surmontent? Je fais voir que ces argiles, ces sables et ces graviers se lient ;t ceux de Sologne et reposent en stratification discordante sur les deux cal- caires siliceux. Seulement ces matériaux ne renferment de meulière qu'au- dessus des .points où cette roche existait primitivement. » Quant au mode de formation des meulières, le célèbre Brongniart avait déjà annoncé dans sa Description géologique des environs de Paris qu'il avait fait de véritables meulières en jetant du calcaire siliceux dans de l'a- cide nitrique. Chacun peut répéter cette expérience bien simple, et l'on remarquera que l'acide laisse un résidu argileux rougeâtre, lequel nous paraît représenter certaines glaises qui remplissent les vides de la pierre. A une certaine époque postérieure au calcaire de Beauce, des eaux acides se seraient répandues sur les calcaires siliceux et les auraient décomposés plus ou moins complètement, en laissant pour résidu : d'une part, le squelette siliceux du calcaire, et, d'autre part, l'argile ferrugineuse primitivement mê- lée d'une manière intime au carbonate de chaux. Un peu plus tard, les vides nombreux et irréguliers existant au milieu de ce squelette ou de cette espèce de carcasse du calcaire siliceux (pour nous servir de l'expression pittores- que de Brongniart) auraient été remplis par les glaises et les sables du ter- rain de Sologne. » C'est ainsi, suivaut nous, qu'on peut concevoir cet assemblage vérita- blement bizarre de bancs rompus et disloqués, sans aucune liaison, bien cpie paraissant avoir appartenu à un dépôt régulier, et de glaises et sables renfermant aussi des fragments détachés de la même roche. » Nous avons aussi établi un rapprochement entre les glaises des meu- lières et certaines argiles du Nord avec grès placées sous le limon. Cette ma- nière de voir concorde avec les observations des illustres auteurs de la Carte géologique de France, qui ont indiqué ces argiles comme appartenant à l'époque miocène. » Enfin nous terminons en jetant un coup d'œil sur les minerais de fer hydraté qui recouvrent souvent les plateaux où affleurent les meulières su- périeures, et qui semblent avoir été produits par des sources après le dépôt du diluvium gris à ossements qui remplit le fond des vallées. » En résumé, les faits exposés dans ce Mémoire conduisent aux consé- quences suivantes : » i°. La structure particulière de la pierre meulière est due à la réaction opérée sur les deux calcaires lacustres par des eaux acides qui ont afflué, à une époque postérieure au dernier calcaire et antérieure aux fahluns de ( 63, ) Touraine, dans un même bassin résultant à la fois du relief des couches inférieures et des dégradations profondes que les sables de Fontainebleau et le calcaire de Beauce avaient déjà subies de la part des eaux. » -2°. Lès vides de la carcasse siliceuse ainsi produite par la dissolution des parties calcaires qui s'y trouvaient primitivement associées, ont été rem- plis d'abord par le résidu provenant de la décomposition des calcaires, puis par les sables, graviers et glaises du terrain de Sologne. » 3°. Les terrains à meulières constituent par conséquent des dépôts mixtes appartenant à des époques différentes. » l\°. Les argiles grasses qui empâtent des blocs de grès tertiaires dans le nord de la France et qui sont inférieures au limon, semblent être con- temporaines des argiles à meulières. » 5°. Outre les meulières associées à leurs glaises bigarrées pures ou veinées de sable, il en existe d'autres qui ont été reuianiées à l'époque du limon. » 6°. Les grandes vallées, telles que celles de la Seine et de la Marne, dont les rives sont bordées par des plateaux recouverts d'argiles à meu- lières, ont été creusées postérieurement au dépôt de ces argiles. Elles ont reçu successivement le diluvium gris, le terrain rougeâtre à cailloux, puis le limon qu'on trouve souvent superposé aux meulières sur 1-es points les plus élevés. » 70. Enfin les minerais de fer bydroxydé qui remplissent des poches à la surface des meulières supérieures, paraissent dus à des sources carbo- natées qui ont jailli au commencement de la période agitée du terrain qua- ternaire, et sont par suite contemporains du terrain à cailloux inférieur à l'argile sableuse du limon. » CHIRURGIE. — De l'influence de la proportion du phosphate de chaux con- tenu dans les aliments sur la formation du cal; par M. Alphonsk Milne Edwards. (Extrait.) (Commissaires, MM. Rayer, Claude Bernard, Jules Cloquet.) « L'idée de faciliter le travail de consolidation des fractures, à l'aide de médicaments pris à l'intérieur, paraît s'être présentée à l'esprit de quelques chirurgiens d'une époque déjà assez éloignée, et plusieurs faits tendent à faire croire que, parmi les substances qui ont été employées, se trouve le phosphate de chaux, ou du moins des sels calcaires. Cependant la descrip- tion que Fabricius de Hilden nous donne de la pierre ostéocole, est trop 84.. ( 63a ) vague et trop obscure pour qu'on puisse avancer avec certitude qu'elle renfermât du phosphate de chaux. » Dans ces derniers temps, quelques chirurgiens essayèrent de l'emploi du phosphate de chaux, mêlé aux aliments; M. Gosselin , chirurgien de l'hospice Cochin, eut recours à ce moyen, surtout dans les cas de fractures du bras, qui quelquefois sont si longues à se consolider. Les résultats parurent satisfaisants sur les six malades dont j'ai pris les observations; du vingt-septième au trentième jour on pouvait retirer l'appareil; la fracture paraissait entièrement consolidée, et on se bornait à faire porter quelques jours encore une écharpe au malade. » Mais ici on ne pouvait pas examiner les cals; on ne pouvait juger de leur plus ou moins grande solidité que bien approximativement; aussi, d'après les conseils de M. Gosselin, qui a bien voulu vérifier les résultats de mes expériences, ai-je fait quelques recherches sur des chiens et des lapins. » Dans ces expériences, je prenais tantôt des chiens, tantôt des lapins, à peu près dans les mêmes conditions d'âge, de force et de taille ; je leur fracturais un membre, le bras ou l'avant-bras, d'une manière à peu près identique; puis à l'un je donnais du phosphate de chaux, tandis que je ne changeais' rien au régime ordinaire de l'autre. » Le phosphate de chaux employé à l'hospice Cochin et pour ces expé- riences, provenait de la calcination des os, et, par conséquent, était mêlé à du carbonate de chaux qui ici ne pouvait avoir aucun inconvénient, et pré- sentait même des avantages. Ce phosphate de chaux (3 CaO Pli O5) est inso- luble dans l'eau ordinaire, mais facilement soluble dans les liqueurs même faiblement acides : or les liquides de l'estomac sont franchement acides; le phosphate peut donc s'y dissoudre et devenir absorbable. » Sur les lapins et sur les chiens, j'ai examiné le cal : i° immédiatement après la mort, c'est-à-dire entouré de toutes les parties molles; i° après la macération, c'est-à-dire lorsqu'il ne restait plus que des parties solides. J'ai comparé entre eux six cals de lapins dont trois avaient été mis au régime du phosphate de chaux; chez ces derniers, l'ossification était plus avancée que chez les autres. J'ai comparé dix cals de chiens dont cinq avaient été mis au régime du phosphate de chaux, tandis que les autres avaient été nourris de la manière ordinaire : chez ces animaux, il était impossible de méconnaître l'influence du phosphate de chaux; les résultats étaient ex- trêmement satisfaisants. » Par l'ensemble de ces faits, on voit que l'abondance de phosphate ( 633 ) de chaux contenu dans les aliments, et par suite porté dans le torrent de la circulation, accélère le travail d'ossification : d'ailleurs ce sel est sans danger ; il n'exerce aucune action fâcheuse sur l'économie. » Il s'en faut cependant que je présente ici le phosphate de chaux comme un moyen infaillible pour empêcher la non-consolidation des fractures; et quand d'autres causes interviennent pour entraver l'ossification du cal, telles qu'une constitution affaiblie, ou des mouvements prématurés, le phos- phate de chaux ne peut à lui seul déterminer la guérison ; je le présente seu- lement comme un moyen adjuvant, qui, uni à des soins bien entendus, pourra diminuer le nombre des non-consolidations, et, dans les cas ordi- naires, hâter la marche du travail de l'ossification. » sciences naturelles appliquées. — De l 'examen des farines et des pains . par M. L.-E. Rivot. (Commissaires, MM. Dumas, BoussingauhyPeligot.) L'auteur, en soumettant ce travail à l'Académie, l'accompagne de la Note suivante : « Les prix élevés atteints par les farines, après deux années consécuti- ves de récoltes insuffisantes, ont déterminé l'importation de quantités assez considérables de blé et de farines, venant des pays étrangers et notamment d'Amérique. » L'Administration de l'Agriculture et du Commerce a soumis ces im- portations à des expériences suivies, afin de constater leur qualité et de n'admettre en France que celles reconnues convenables sous tous les rap- ports. En même temps de nombreuses expériences ont été faites par ordre de Sa Majesté au sujet de plusieurs procédés nouveaux de panification, pro- posés par différentes personnes, qui toutes avaient pour but de livrer le pain à un prix plus modéré. » Chargé par Son Exe. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, de l'examen d'un grand nombre de farines et de pains, j'ai cherché à résoudre les questions qui m'étaient posées, principa- lement au point de vue pratique. » L'analyse chimique est impuissante à constater elle seule la qualité d'une farine, ou d'un pain, car les mélanges divers qui ont pu être faits dans les farines, leur état physique exercent sur la qualité des pains une influence beaucoup plus grande que leur composition chimique prise en valeur absolue. ( 634 ) » La chimie doit donc appeler à son aide les autres sciences naturelles et principalement la physique, dont les puissants appareils d'ohservation ont reçu dans ces dernières années des perfectionnements si importants. » astronomie. — Observation sur la scintillations des étoiles ; par M. Charles Dcfour. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Bravais.) « Frappé des différences que ce phénomène présentait d'un jour à l'au- tre, j'ai commencé à observer la scintillation en i85a. J'ai continué mes observations jusqu'à présent, sans aucune interruption, toutes les nuits pendant lesquelles on pouvait voir les étoiles; et cela dans le but de recher- cher quel rapport il y avait entre cette scintillation et les différents phéno- mènes météorologiques. » Après avoir essayé et abandonné différents scintillomètres, j'ai trouvé que la meilleure manière d'observer était de regarder avec soin l'astre qui scintille, et d'apprécier cette scintillation par un chiffre, comme en météo- rologie on apprécie par des chiffres l'état de clarté du ciel ou la force du vent. Ce procédé est imparfait sans doute, mais en pareil cas on peut espérer de voir disparaître les erreurs isolées dans les moyennes de quelque mille ob- servations. D'ailleurs l'appréciation de la scintillation n'est guère plus diffi- cile que celle de l'éclat des étoiles variables; et cependant, en appliquant à- cette dernière recherche un procédé analogue à celui qui a été employé ici, on est arrivé à des résultats remarquables, qui sont admis dans la science. Il n'y a qu'à citer comme exemple le beau travail de M. Argelander sur les singulières variations de /S de la Lyre. » Actuellement, mes observations sont au nombre de plus de treize mille; mais avant de les discuter au point de vue météorologique, il était nécessaire de rendre comparables entre elles celles qui n'avaient pas été faites à la même hauteur. A cet effet, j'ai mis à part toutes les journées de beau temps, pendant lesquelles la scintillation paraissait avoir été nor- male, sans aucune variation bizarre d'un instant à l'autre, quand, sous tous les rapports, une journée ressemblait à la veille ou au lendemain. Les périodes surtout utilisées à cet effet ont été ces séries de beau temps que l'on a eu dans le canton de Vaud en octobre 1 853, en mars et en sep- tembre i854- En éliminant ensuite toutes les observations faites au crépus- cule, ou lorsque les étoiles étaient dans le voisinage des nuages, parce que ces deux circonstances tendent en général à rendre la scintillation plus ( 635 ) forte, il est resté ainsi un grand nombre d'observations faites dans de très- bonnes conditions. Maintenant, en réunissant toutes celles qui avaient été faites à la même hauteur, et en prenant la moyenne, on a obtenu pour cha- que étoile sa scintillation normale à différentes hauteurs. » Ce calcul a conduit aux conclusions suivantes : » i°. Toutes choses égales d'ailleurs, les étoiles rouges scintillent moins que les étoiles blanches. » 20. L'intensité de la scintillation d'une étoile est à peu près proportion- nelle au produit obtenu en multipliant la réfraction astronomique pour la hauteur à laquelle se trouve cette étoile par l'épaisseur de la couche d'air que traverse le rayon de lumière que l'on considère. » 3°. Outre le fait de l'influence des couleurs , il y a encore entre la scin- tillation des diverses étoiles des différences essentielles qui paraissent pro- venir des étoiles elles-mêmes. a Du reste, il est possible peut-être d'expliquer, par des considérations théoriques, ce fait que les étoiles rouges ne scintillent pas autant que les étoiles blanches ; du moins en admettant l'explication de la scintillation donnée par M. Arago, c'est-à-dire, en la considérant comme une consé- quence du principedes interférences. » Supposons, en effet, quelques rayons des sept couleurs primitives tra- versant l'atmosphère, et dans les mêmes conditions. Il pourra arriver que quelques-uns d'entre eux soient déviés et, après avoir fait un certain détour, viennent interférer et détruire les rayons de la même couleur qui ont par- couru une distance moins grande d'une demi-ondulation. Mais l'onde rouge étant la plus grande des ondes lumineuses, on comprend que, pour faire interférer les rayons rouges, il faudra une déviation plus considérable, des perturbations atmosphériques plus grandes; ou enfin que, toutes choses égales d'ailleurs, les rayons rouges par le fait des déviations atmosphéri- ques seront moins facilement détruits que les rayons des autres couleurs, ou que la moyenne des autres couleurs. » Donc (en admettant toujours la théorie de M. Arago) une étoile rouge doit scintiller moins qu'une étoile blanche. » Quant à la relation qu'il y a entre la scintillation des étoiles et les diffé- rents phénomènes météorologiques, je me propose d'en faire le sujet d'une communication subséquente. » M. Bravais , qui a été chargé de présenter ce Mémoire à l'Académie, croit devoir faire remarquer qu'il ne faut pas confondre l'auteur, qui est ( 636 ) professeur de Mathématiques à Morges (Suisse), avec un autre savant du même nom, M. Léon Dujour, professeur de Physique au Lycée de Lausanne, qui s'est occupé surtout des phénomènes du mirage. acoustique. — Études expérimentales sur les mouvements ries fluides élastiques : théorie nouvelle des instruments à vent (deuxième Mémoire, sixième partie) ; par M. Masson. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Duhamel, Despretz, Cagniard de Latour.) PHYSIQUE. — Sur la loi de progression suivant la température de la tension de la vapeur d'eau; par M. P.-Ch. Nesmond. (Commissaires, MM. Regnault, Despretz.) M. Bordoxe soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'un nouveau système de grilles fumivores . « Ce système, dit l'auteur, a déjà été expérimenté sur des générateurs de diverses espèces et fonctionne également, quoique sur une petite échelle, dans le four d'un atelier de céramique à Vincennes. Je suis donc en mesure de faire fonctionner devant la Commission un de ces appareils qui sont à ma disposition, et je suis également prêt à étahlir un nouveau foyer fumivore dans un lieu qui me serait désigné. » (Commissaires, MM. Regnault, Combes, Seguier.) M. Frohlich adresse, à l'occasion d'une communication récente de M. Chatin, une Note sur la structure des racines des Orchidées épidendres. Le but de cette Note est de revendiquer, en faveur de divers botanistes allemands, la découverte des principaux faits d'organographie présentés dans le Mémoire du 1 4 janvier 1 856. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique déjà saisie du Mémoire de M. Chatin.) M. Roussin envoie de Teniet-el-Had (Algérie) une Note intitulée : De Viodure de plomb photographique. L'auteur y présente les résultats auxquels il est arrivé en cherchant à ap- pliquer à la formation des images photographiques des substances dont on ( 637 ) n'avait pas encore songé à faire une semblable application. A sa Note sont jointes diverses épreuves sur papier, obtenues au moyen de l'action de la lumière sur l'iodure de plomb. (Commissaires, MM. Dumas, Seguier.) M. Carentin adresse de Dellys (Algérie) une Note sur un procédé agricole destiné à prévenir le développement de la maladie de la vigne. « La substance que j'emploie à cet effet, la cendre de bois ordinaire, a été, dit l'auteur, déjà employée avant moi ; mais par la manière dont j'en fais usage, je parviens à prolonger, pendant tout le temps nécessaire, une influence qui, tant qu'elle n'était que passagère, ne pouvait avoir réellement aucun résultat utile. » (Renvoi à l'examen de la Commission dite des maladies des végétaux.) L'Académie renvoie aux Commissions compétentes les Mémoires suivants adressés pour des concours et parvenus au Secrétariat avant le ier mars : Deux Mémoires destinés au concours pour le grand prix de Mathéma- tiques de 1 856, question concernant le dernier théorème de Fermât : inscrits sous les nos 9 et 10 (i). Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Physique de 1 856, question concernant la théorie mathématique des phénomènes capillaires : inscrit sous le n° 2. M. Isid. Bourdon présente au concours pour le prix de Médecine et de Chirurgie un Mémoire sur divers traitements opposés au choléra, et plus particulièrement sur les effets thérapeutiques de la strychnine. Les auteurs, dont les noms suivent, adressent, conformément à une des conditions imposées aux concurrents, une indication de ce qu'ils consi- dèrent comme neuf dans des travaux présentés à ce concours; ce sont : M. Godard. ( Recherches sur les Monorchides et les Cryptorchides chez l'homme.) M. Notta. (Recherches sur la cicatrisation des artères à la suite de leur ligature.) (1) Deux Mémoires adressés pour le même concours à la précédente séance avaient été inscrits sous les nos 7 et 8 et non 6 et 7, comme on l'a imprimé par erreur page 585, dernière ligne. C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 14.) 85 C 638 ) M. Th. Herpix. (Mémoire sur le chlorate de potasse, comme spécifique contre la salivation mercurielle.) M. Schweitzer , en adressant un Traité de galvanocaustique de M. Mid- deldorpf, professeur de chirurgie à l'Université de Breslau, demande, au nom de l'auteur, que ce livre soit admis au concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie. CORRESPONDANCE. astronomie. — Découverte de la l\oe petite planète, faite à Paris par M. Goldschmidt. (Communication de M. Le Verrier.) « Ce nouvel astre, du groupe des astéroïdes, a été découvert par M. Goldschmidt dans la soirée du 3 1 mars, et dans la position suivante : i856, Mars 3i; T. M. de Paris = ioh5m. Ascension droite = i3h iS^o8. Déclinaison = — o° 2'. » L'éclat de la planète est comparable à celui d'une étoile de 9e à 10e grandeur. » On en a fait à l'Observatoire impérial de Paris trois observations mé- ridiennes, qui ont donné : T. M. de Paris. Asc. droite. Déclinaison. i856, Avril ier i2h3om24',39 1 3h 1 2™ 32S90 + o° 6'38",2o » » 4 12.15.43,43 i3. 9.39,19 0.23.43,60 » » 6 12. 5.55,77 '3« 7.43,o3 0.34.54,90 astronomie. — Observations méridiennes des planètes Leda et La-titia, faites à Gottingue par M. Klixkerfues. (Présentées par M. Lfjeuxe DlRICHLET. ) LEDA. h i856, Mars 24 8. 4- 7>8' +16.17.29,4 26 5. 5,47 I2 36,2 V] 5.35,78 10. 6,0 L.ETITIA. h m s 0 / Mars 24 1 o . 5o . -27 , 7 1 -M o . 20 . 20 ,9 26 49 ' 5 , 3o 32 . 1 7 , 7 27, 48 .4°) 4°' 38. io;,6 (639) M. Elie de Beaumont signale, parmi les pièces imprimées de la corres- pondance, un opuscule intitulé : Lettre adressée à MM» les membres de la IXe classe du jurj national de V Exposition universelle de i855, au su- jet d'une réclamation de priorité élevée par M. Stevenson, relativement à l'application delà réflexion totale aux feux tournants, par M. L. Rejnaud. M. Elie de Beaumont signale parmi les pièces imprimées de la corres- pondance un ouvrage de M. J. Barrande imprimé en français, et intitulé : Parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême et de Scandinavie. Dans ce travail, M. J. Barrande fait connaître les ressemblances et les dissemblances stratigraphiques et paléontologiques que présentent entre eux les dépôts siluriens de la Bohème et de la Scandinavie. Relativement à ces derniers il puise ses éléments de comparaison dans les travaux publiés récemment par M. Angelin. Le nombre aujourd'hui considérable des fos- siles connus dans les deux pays lui permet de donner à cette comparaison un degré tout nouveau de précision. Pour en donner une idée, nous nous bornerons à dire qu'en Bohême la faune silurienne prise dans sa to- talité a déjà offert à M. Barrande de i4oo à i5oo espèces de toutes classes. En Scandinavie, le nombre des espèces siluriennes ne saurait encore être évalué d'une manière si approchée, mais toutes les apparences portent à croire qu'il serait à peu près égal à celui du bassin de la Bohême. M. Elie de Beaumont, en présentant au nom de l'auteur, M. Pouriau, professeur de sciences physiques à l'École impériale d'Agriculture de la Saulsaie (Ain), un volume intitulé : htwles météorologiques relatives au climat de la Saulsaie, donne dans l'extrait suivant de la Lettre d'envoi une idée des résultats principaux qui se déduisent des observations de l'an- née 1 854-1 855 : « i°. Résultats relatifs à l'analyse des eaux pluviales recueillies à la Saulsaie. — La quantité d'ammoniaque contenue dans leseaux de pluie de la Saulsaie est beaucoup plus considérable que la quantité d'acide azotique, car, pendant l'année météorologique 1 854-1 855, nous avons trouvé a8 à 29 kilo- grammes d'ammoniaque et environ 7 kilogrammes d'acide azotique. Si l'on calcule à combien de fumier de ferme moyen correspond cette dose d'am- moniaque, nous trouvons 5 000 à 6 000 kilogrammes , en supposant le fumier de ferme moyen adopté par M. Boussingault comme type des engrais, 85.. ( 64o ) et dosant 4 kilogrammes d'azote pour i ooo. Si l'on suppose une fumure moyenne de 4oooo kilogrammes par hectare, on voit que cette proportion correspond à un huitième de fumure environ, ce qui représente une valeur de 5o francs, en calculant le fumier de ferme au prix de 86 centimes les i ooo kilogrammes ( i ) . » La quantité d'acide nitrique, 6 à 7 kilogrammes par hectare, corres- pondrait à ik,8oo d'azote, ou 45o kilogrammes de fumier de ferme. Les eaux les plus riches en ammoniaque sont celles qui correspondent à la saison d'été et aux deux premiers mois d'automne. Le maximum d'acide azotique correspond à l'époque des orages les plus fréquents. » 20. Relations de L'ozone avec les divers phénomènes météorologiques. — La marche de l'ozone est en rapport avec la température : le maximum d'intensité a lieu dans la saison froide, le minimum pendant la saison chaude; dans les autres saisons, l'intensité est intermédiaire. » Les causes qui favorisent l'intensité de l'ozone sont : le froid, l'humi- dité, la fréquence des pluies à intervalles de temps à peu près réguliers. » Les causes qui affaiblissent cette intensité sont : la chaleur et la séche- resse qui favorisent la fermentation, source de produits destructeurs de l'ozone. * Les eaux de pluie mensuelles les plus riches en ammoniaque corres- pondent, en général, avec les sommes mensuelles d'intensité les plus faibles, et vice versa. » Cette proposition est également vraie, si l'on considère la richesse de ces eaux en acide nitrique, » Le minimum de l'intensité de l'ozone a concordé cette année, comme l'année dernière, avec l'époque où les fièvres de Bresse ont été les plus fortes. » physique chimique. — Sur la variation du pouvoir rotatoire du sucre de fécule; par M. A. Béchamp, professeur-adjoint de Physique à l'École supérieure de Pharmacie de Strasbourg. « Le glucose possède la curieuse propriété, découverte par M. Dubrun- faut [Annales de Chimie et de Physique, 3e série, tome XVIII), de varier dans son pouvoir rotatoire avec le temps. C'est-à-dire que si l'on détermine le pouvoir rotatoire du glucose cristallisé immédiatement après l'avoir fait dissoudre dans l'eau froide, on trouvera que ce pouvoir est double environ (1) Principes d'Agronomie dé M. Gasparin, page i3i. (64i ) de celui qu'il possédera plus tard ; et, de plus, que la variation se fait par degrés insensibles à la température ordinaire. » M. Pasteur a confirmé cette observation (Annales de Chimie et de Physique, 3e série, tome XXXI, page 92), en opérant sur le glucosate de sel marin. » Je me suis aussi occupé de cette question à propos de mes études sur la fécule et le ligneux. J'avais préparé du glucose de fécule avec le produit que j'ai appelé fécule soluble, et je voulais savoir si le pouvoir rotatoire de ce composé répondait à celui de l'un des sucres étudiés par M. Biot et rappelés dans la Note insérée au Compte rendu, n° 6, du mois de février dernier. x » Cette étude m'a conduit, je le crois, à l'explication du singulier phé- nomène de la variation du pouvoir rotatoire avec le temps. Mais, avant d'exposer mes résultats, il est nécessaire de constater l'identité ou l'analogie du produit sur lequel j'opérais, avec les produits précédemment examinés. » Le sucre de fécule sur lequel j'ai expérimenté, était relativement bien cristallisé ; je l'ai laissé séjourner dans le vide sec jusqu'à ce que son poids fût devenu constant. J'en ai pesé 2er,744 et j'ai dissous les cristaux dans l'eau distillée. Mais des bulles d'air s'étant attachées aux parois du tube, j'ai été obligé, pour les faire sortir, de chauffer la dissolution. Après le refroi- dissement, le volume de celle-ci s'est trouvé être de 42 centimètres cubes à t = 120; je l'ai observée dans un tube de 200 millimètres; la déviation du plan de polarisation était ay = io°,i7. A l'aide de la formule de M. Berthe- y lot [a]j = olj - et des données suivantes : a,-=io°,i7, /> = asr,744, V = 4acc à t = 120, / = 200mm, on trouve [a]j = 77°)8/* pour le pouvoir rotatoire relatif à 100 milli- mètres d'épaisseur. » Quarante-huit heures après, îa même liqueur donnait une déviation de 6°,8 et n'a plus varié ensuite. Les éléments pour calculer le pouvoir rotatoire moléculaire de la solution altérée sont maintenant les suivants : (A) ay = 60,8, /> = 2^44, V = 42cc à i = ia°, l = 200mm, d'où [a]j = 5çb°,o{[gf pour 100 millimètres. » Mais cette expérience, exacte quant à la dernière partie, était fautive quant à la première, puisque j'avais été obligé de chauffer la dissolution; je l'ai donc répétée. Voici les éléments de cette nouvelle détermination. La ( 64i ) durée de la dissolution dans l'eau froide ayant été de seize minutes : (B) a/ = t2°,75, p= 1,997, V = 3occ,a à < = i4°, /=aooram, d'où [a]j = 96°,4i / pour 100 millimètres. » La même dissolution a été rapidement portée à l'éhullition, refroidie par un courant d'eau froide, ramenée à son volume primitif et observée, le tout dans l'intervalle de vingt minutes. La déviation s'est trouvée être ctj := 70, 63; d'où, à l'aide des autres éléments de (B), [a], = 5"j°,6g /" pour 100 millimètres. Six heures plus tard, j'ai obtenu a, =3 6°, 89. Les éléments précédents (B) et cette nouvelle mesure, savoir : a; = 6°, 89, p es 1,997, V = 3occ,a à t = i4°, l = aoomn\ donnent pour le pouvoir de la solution altérée [a]y- = 52°,o2/' pour 100 millimètres. 66 » Enfin, M. Dubrunfaut a donné le rapport ^ pour le rapport du pou- voir rotatoire initial au pouvoir rotatoire final du glucose. Or, si l'on prend Je nombre moyen 5a°,o3 pour le pouvoir final du sucre de fécule sur lequel j'ai opéré, la proportion 66 x 35 52, o3 nous permettra de calculer le pouvoir initial ; or on trouve x — 980, 1 1 , et j'ai trouvé 96°,4i- » De ces expériences, il, me semble qu'il est permis de conclure que le glucose sur lequel j'ai fait mes expériences était identique à celui que M. Dubrunfaut avait étudié. » Si j'ai insisté longuement sur ces expériences et ces mesures prélimi- naires, c'était pour montrer que j'opérais sur un produit comparable t ; et aussi parce que je me servirai des données précédentes pour essayer d'ex- pliquer la vraie cause de la variation du pouvoir rotatoire avec le temps. » Reprenons les données de la détermination du pouvoir final de l'expé- rience (A), savoir : aj = 6°,8, p — 2,744, V = 42cc, l = 2oomm, d'où [a}j = 52°,o4. » Il est clair que le nombre. 5a°,o4 a été obtenu en supposant que le sucre de fécule avait conservé sa constitution cristalline, c'est-à-dire la for- mule C,2H,!'0,2, a HO pendant toute la durée de la variation. Mais deman- (643 ) dons-nous quel serait le pouvoir rotatoire, si, tout le reste étant semblable, on faisait l'hypothèse que la molécule C,2H,2012, 2 HO se soit déshydratée et transformée en C,2H,20,a; c'est-à-dire qu'en présence de l'eau le glucose cristallisé se soit transformé en glucose anhydre. Pour cela, il suffit de calculer combien de ce dernier donnerait 2gr,744 du premier; on trouve que agr,744 de glucose cristallisé correspondent à 2gr,4o,44 de glucose anhydre. Or, avec cette valeur de p et les autres nombres de (A), savoir : ay == 6°, 8, p — 2,49,44, V = 4acc, l — 200°"», on obtient [a]y = 57°,6 pour 100 millimètres. » Il est vrai que l'on peut objecter contre l'hypothèse, qu'il n'est pas du tout certain que le volume de C12 H12 O12, 2 HO soit le même que celui de C,2H'aO,a + 2HO; que, par conséquent, le volume de la liqueur a pu varier, ce qui est probable. Mais je réponds : i° que l'on ne peut pas constater de variations dans le volume de la liqueur ; 20 que la densité ne devait pas et n'a pas sensiblement varié, ni pendant la variation du pouvoir rotatoire ni après ; et 3° que, dans tous les cas, si des variations de volume ont lieu, elles tombent dans la limite dés erreurs d'observation, et n'in- fluent pas sur le résultat ni sur la légitimité de l'hypothèse. » Mais c'était là une vue de l'esprit qu'il fallait vérifier par l'expérieuce. L'expérience a confirmé le résultat du calcul. Voici comment j'ai opéré: j'ai pesé igr,854 du même sucre complètement desséché dans le vide sec. Je l'ai exposé pendant un temps suffisant (six heures) dans une étuve à eau de Gay-Lussac, dont la température est restée constamment aux environs de 100 degrés; son poids s'est réduit à igr,684- Il a perdu, par conséquent, l'eau qu'il devait théoriquement perdre. J'ai dissous le produit desséché dans l'eau pure, à la température d'environ 25 degrés ; la durée de la disso- lution a été de trente-cinq minutes. Le pouvoir rotatoire a été déterminé à l'aide des données suivantes : (C) ay = 6°,58, p— 1,684, V= 20,cc,5 à t = 120, / = 20oram, d'où [a]y= 57°,63/'pour 100 millimètres. » La même liqueur conservée dans un vase bien fermé, déviait de 6°,54 après quarante-huit heures, ce qui donne [a]y = 57°,33 / ' . C'est-à-dire que le pouvoir rotatoire n'a pas varié dans l'intervalle de quarante-huit heures. » J'ai répété l'expérience avec cette différence, qu'au lieu de prendre du sucre séché dans le vide, je l'ai pris tel que je l'avais conservé, c'est-à-dire (644) plus humide que ne le suppose la formule C1* H,2012, 2 HO. 3 grammes de ce sucre se sont réduits à 2gr,638 après une exposition suffisamment prolongée à la température de 100 degrés. Dissous dans les mêmes condi- tions que celles de la précédente expérience, j'ai obtenu les éléments sui- vants pour calculer le pouvoir rotatoire moléculaire : °v = 9°>97> P = ag\638, V = 3occ,4 à t = i4°, / = 2oomm, d'où [a h = 57°,45 / pour ioo millimètres. » Vingt-quatre heures après, la même solution a donné cr.j = 9°,ç)5 et, par suite, [a]y = 57°,33 / . » D'après ces mesures, le pouvoir rotatoire du sucre C,2H,2012 de fécule serait en moyenne environ de 57°,44 / pourioo millimètres. » Comme vérification, on peut faire le calcul inverse de celui que j'ai fait en commençant cette discussion. On trouve, par exemple (C), qu'en réduisant, par le calcul, igr,684 de glucose desséché à ioo degrés en glucose cristallisé, on obtient igr,8524; et, à l'aide des données suivantes : «; :,• = 6°,38, p = i,85a4, V = 29cc,5, / = 200"™, on retrouve [a]y = 52°, 3 pour 100 millimètres, c'est-à-dire, à fort peu de chose près, le nombre donné par l'expérience pour le pouvoir invariable du sucre de fécule supposé avec la composition C'2 H,20,a, 2 HO; ce qui devait être, puisqu'on ne fait que restituer par le calcul le poids de l'eau que l'on supposait, dans le premier calcul, faire partie constituante de la molécule du sucre. » Cependant, ne voulant pas m'en tenir à mes propres mesures pour tirer une conclusion dans un sujet aussi délicat, je me suis servi des expé- riences toujours si précises de M. Pasteur, pour corroborer les miennes. Or M. Pasteur a fait dissoudre i5 grammes de glucosate de sel marin dans assez d'eau pour obtenir le volume de 1 1 décilitre exactement. Cette liqueur, après un jour de repos, a donné, dans un tube de 5oo millimètres, une déviation de 23°, 28 {Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXXI, p. 97). Les éléments du calcul sont donc les suivants : a.j = 23°,28, p = 1 5*% Y = 1 5occ, l = 5oomm, d'où [a]y= 46°, 56 /'pour 100 millimètres. Mais si nous supposons le glucosate de sel marin détruit par la dissolution, et si nous calculons la quantité de C,2H,2Ot2 qu'il abandonne, nous trouvons que i5 grammes ( 645 ) répondent à i2gr,367 de glucose anhydre. Faisant donc cette hypothèse, nous obtenons les nouvelles données suivantes : a, ■ = 23°,a8, p= 12,367, v= *5°!"ï l— 5oomm, d'où [a]j = 55°, 77 pour 100 millimètres, nombre qui est assez peu diffé- rent de celui que j'ai obtenu directement pour le pouvoir du glucose anhydre. » Les raisonnements et les expériences que je viens d'exposer conduisent, si je ne me suis pas trompé, à cette conséquence : que le sucre de fécule cristallisé (le sucre sur lequel j'ai opéré au moins), est une combinaison qui ne peut exister indéfiniment qu'à l'état solide; mais qui, en dissolution, se détruit, perd son eau en présence de l'eau, lentement à froid, rapidement sous l'influence de la chaleur; absolument comme l'hydrate de bioxyde de cuivre qui se déshydrate instantanément dans l'eau bouillante, ou bien encore comme l'hydrate de peroxyde de fer qui se déshydrate lentement dans l'eau froide, et immédiatement ou rapidement à la température de 100 degrés. La méthode d'investigation créée par M. Biot aura conduit ainsi, une fois de plus, à résoudre un problème très-délicat de mécanique chimique, qu'il aurait été impossible de résoudre autrement. » Il suit de ces observations que, lorsqu'on détermine le pouvoir rota- toire du sucre de fécule cristallisé aussitôt qu'il a été dissous à froid, on a le pouvoir rotatoire du composé C'2 H'2 O'2, 2 HO. Après un certain nombre d'heures, variable avec la température, le pouvoir du composé C'2 H,a O12 a, dans l'intervalle, un pouvoir mixte qu'il serait possible de calculer. » Je reviendrai sur ce sujet dans la seconde partie d'un travail que je termine sur la fécule et le ligneux, et où je comparerai les sucres de ces deux principes immédiats. » chimie. — Conservation du jus de betteraves par la chaux; par M. Maumené\ M. Dumas, en présentant ce travail au nom de M. Maumené, pro- fesseur de chimie à Reims, en donne, d'après l'auteur, une idée par l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : « Les jus de betteraves bruts que l'on considérait comme la matière orga- nique la plus difficile peut-être à soustraire aux fermentations, se conser- vent parfaitement au moyen de la chaux. Ce fait est démontré par des C. R., i856, 1er Semestre. (T. XLII, N° Î4.) 86 (646) expériences en grand qui ont plus de deux mois et demi de date et qui ont été effectués sur 800 hectolitres de jus. Non-seulement la conservation est parfaite, mais il y a défécation à froid. La défécation se termine aisé- ment par l'acide carbonique, et l'évaporation à l'air libre se fait très-bien, même en grand ; il n'y a pas de coloration, et on peut se passer de noir si les betteraves n'ont pas vieilli. Nous avons fait une défécation par l'acide carbonique, chez MM. Bonzel, à Haubourdin, après huit jours de conser- vation d'un jus extrait dans les derniers jours de janvier. Tout s'est passé a là satisfaction générale : le rendement a été aussi grand que si l'on eût traité les betteraves tout de suite ; les sirops ne se sont pas colorés sa7is noir; la chute de mousse a eu lieu en 4 secondes au lieu de 90 exigées par les sirops de la maison (au même degré, 35) où l'on fait usage de la chaux et de l'acide carbonique. Enfin la cristallisation a été bonne. » Ce procédé fait au moins disparaître la différence de rendement qui s'observe du commencement à la fin des campagnes; elle est fixée de 1 | à a pour 100 du jus. » PHYSIQUE appliquée. — Sur la purification du phosphore amorphe; par M. E. Nicklès. « On sait que le phosphore non spontanément inflammable, ou phosphore amorphe, s'obtient en maintenant le phosphore ordinaire, pendant quelque temps, à une température comprise entre a3o et o.5o degrés, et dans une atmosphère inerte. Quelle que soit la durée du traitement, il y a toujours une portion de phosphore qui échappe à la transformation, et qu'il faut ensuite éliminer complètement si l'on ne veut pas compromettre les qualités essentielles du phosphore amorphe, son innocuité et son inaltérabilité à l'air. » Le mode de purification proposé par M. Schroetter offre des inconvé- nients depuis longtemps reconnus; il est basé sur l'action dissolvante que le sulfure de carbone exerce sur le phosphore ordinaire, tandis qu'il est sans effet sur la variété rouge. Théoriquement, l'opération est donc des plus simples, mais la pratique de ce procédé est pleine de désagréments et de dangers; car non-seulement les lavages sont interminables et exigent de grandes quantités de sulfure de carbone, mais encore les chances d'inflam- mation et d'incendie augmentent rapidement avec les proportions de phos- phore mis en jeu. » M. Schroetter a, dès l'origine, cherché à parer à ces dangers en recom- (647 ) mandant de maintenir toujours plein de sulfure de carbone le filtre sur le- quel se font les lavages, afin d'empêcher le phosphore ordinaire, qui se dépose sur les bords du filtre dans un grand état de division, de déterminer l'inflammation de la matière. Mais cette précaution même ne suffit pas tou- jours pour écarter les accidents. » Frappé de tous ces inconvénients, j'ai voulu y remédier en cherchant dans les caractères différenciels des deux phosphores un moyen de sépa- ration plus prompt et moins dangereux. Les nombreux essais entrepris dans ce but m'ayant ôté l'espoir de réussir par la voie purement chimique, je me suis adressé aux propriétés physiques des deux corps en expérience, et j'ai réussi à trouver un procédé simple, expéditif et suffisamment pratique pour pouvoir être confié à des mains même inexpérimentées, condition impor- tante, aujourd'hui que le phosphore rouge est devenu un article de com- merce. Ce procédé de séparation est fondé sur la différence des densités des deux phosphores; il consiste à agiter le mélange avec un liquide d'une den- sité intermédiaire à celle des deux corps à séparer, et peut, comme on voit, s'appliquer à bien d'autres séparations. La densité du phosphore amorphe étant de a, 106, celle du phosphore ordinaire de 1,77, il est aisé de se pro- curer une dissolution saline d'une densité intermédiaire. Une dissolution de chlorure de calcium de 38 à 4o degrés Baume remplit parfaitement ce but; le phosphore ordinaire, plus léger, venant ensuite à surnager, peut être facilement intercepté par un peu de sulfure de carbone qui le dissout, de sorte que l'opération peut s'accomplir en vase clos. » Voici les détails du procédé : On fait arriver un peu de sulfure de car- bone dans la cornue dans laquelle la transformation a été opérée; si la sub- stance, très adhérente d'ordinaire, ne se détache pas, on trempe le fond de la cornue dans de l'eau tiède, la désagrégation de la matière se produit aussitôt et se manifeste par un petit bruit. Lorsque le phosphore est dé- taché, on ajoute la dissolution saline, on ferme et l'on agite; au bout de dix minutes, la séparation des deux liquides est effectuée. Le phosphore rouge, plus dense, se trouve au fond de la cornue, et la dissolution est sur- nagée par le sulfure de carbone chargé de phosphore ordinaire. » Si ce dernier ne se trouve mélangé au phosphore rouge que dans la proportion d'un quart, on peut l'éliminer complètement à l'aide d'un seul lavage pratiqué comme il vient d'être dit, quoiqu'il soit prudent d'y revenir une seconde fois en décantant le sulfure de carbone phosphore et le rem- plaçant par une nouvelle quantité de sulfure de carbone pur. Cela devient 86.. ( 648 ) même nécessaire si les deux phosphores sont mélangés en proportions égales. Trois lavages ainsi faits m'ont toujours suffi pour débarrasser complètement la modification amorphe des moindres traces de phosphore ordinaire, quelles que fussent les proportions du mélange. » Après que les deux liquides ont été séparés par décantation, on n'a plus qu'à verser sur une toile la dissolution saline dans laquelle le phos- phore amorphe s'est déposé. La pureté du produit est alors si complète, qu'il devient inutile de le faire bouillir avec une dissolution de potasse caustique. Toute l'opération peut être terminée au bout d'une demi-heure et, ce qui n'est pas sans importance, à l'abri de tout accident, car l'é- vaporation se fait en vase clos, ce qui empêche le sulfure de carbone de se vaporiser et de déposer le phosphore inflammable qu'il tient en dissolution . » D'après des observations récemment faites, l'inhalation du sulfure de carbone ne serait pas sans inconvénient pour la santé; des ouvriers employés au travail du caoutchouc auraient été gravement affectés par l'inhalation des vapeurs sulfocarboniques. Dans l'état actuel des choses, ce liquide est encore le dissolvant le plus économique du phosphore ; restreindre, dans cette circonstance, l'emploi de ce dissolvant et diminuer les chances d'inha- lation est un double problème que le procédé qui vient d'être décrit permet de résoudre sans difficulté. » Les chimistes verront peut-être avec intérêt, dans ce procédé, un moyen de séparation opéré entre deux corps solides à l'état de mélange sans le secours de la chaleur ou l'intervention directe d'un dissolvant; ce mode de séparation étant très-facile et surtout très-prompt, ils trouveront plus d'une occasion de le substituer aux lavages prolongés que nécessitent les séparations ordinaires. » électbophysiologie. — Recherches sur les phénomènes physiques et chimiques de la contraction musculaire; par M. Ch. Matteucci. (Extrait.) « Le travail de l'auteur se compose de trois parties : » Dans la première, il étudie le phénomène qu'il appelle la respiration musculaire dans l'acte de la contraction au point de. vue des effets chi- miques observés. » Dans la seconde partie de son Mémoire, l'auteur étudie les phénomènes (649) de la respiration musculaire dans leurs rapports avec le dégagement de chaleur et d'électricité qui s'opère dans les muscles. » Enfin dans la troisième partie, l'auteur évalue de nouveau la quantité de travail mécanique développé dans l'acte d'une contraction de la gre- nouille ; il expose ensuite quelques vues théoriques, qui lui paraissent suffi- samment fondées, sur le mécanisme de la contraction musculaire. » Première partie. — Phénomènes chimiques de la respiration des muscles de la grenouille. — L'auteur rappelle d'abord les expériences électrophy- siologiques communiquées en i844 * l'Académie, notamment sur la quan- tité de travail mécanique développé dans l'acte de la contraction musculaire de la grenouille sous l'influence de l'électricité; cette quantité de travail se trouvait comparée à la quantité de zinc oxydée et dissoute, c'est-à-dire à l'action chimique qui produisait le courant excitateur de la contraction. En 1847, ^e nouvelles expériences de l'auteur ont été entreprises dans le but d'arriver, par des moyens empruntés à Watt et à M. Morin, à une éva- luation plus précise de la durée des différents actes de la contraction de la grenouille galvanoscopique. » Tout récemment, l'auteur est encore revenu sur ces mêmes recher- ches, en employant une méthode à peu près semblable à celle imaginée par M. Pouillet pour mesurer, à l'aide de l'électricité, des intervalles de temps très-courts (1). » Les résultats ont été tels, qu'il est impossible de méconnaître qu'il existe une énorme disproportion entre l'intensité de l'action chimique don- nant naissance au courant, et le travail mécanique qui lui correspond dans l'acte de la contraction des muscles de la grenouille galvanoscopique. » Cette conclusion et quelques autres qui ont été émises pour la première fois dans Y Essai de statique chimique des corps organisés de M. Dumas, ont conduit l'auteur à entreprendre des expériences qui vont être résumées très-brièvement, et qui donnent, suivant lui, la mesure du phénomène de la respiration musculaire pendant la contraction. y> L'auteur décrit les moyens employés soit pour préparer les grenouilles tuées pour ces expériences, soit pour exciter les contractions dans les mus- (1) Les résultats de ces expériences montrent que la quantité de zinc oxydé et dissoute dans la pile et suffisante pour exciter chez la grenouille une contraction d'une durée de 1 10 000 de seconde correspond à o8r,oooooo7 . ( 65o ) clés des grenouilles galvanoscopiques placées dans un volume d'air ou d'oxygène limité connu, soit pour éloigner les conditions perturbatrices de la respiration musculaire normale, et qui produiraient une sorte à1 asphyxie musculaire capable d'atténuer l'énergie des contractions, etc. Les gaz ont été analysés après l'expérience par les moyens et avec les précautions re- commandées par M. Regnault. En résumé, les expériences prouvent que les muscles de grenouille récemment préparés donnent lieu à une absorption d'oxygène et à une exhalation d'acide carbonique. Le volume d'acide car- bonique est généralement un peu moindre que le volume d'oxygène dis- paru. Dans le plus grand nombre des cas, il y a eu exhalation d'azote. On peut substituer l'oxygène à l'air normal sans que les phénomènes changent d'intensité si l'expérience ne dure pas longtemps; cette intensité augmente si l'expérience se prolonge et si l'on ajoute un morceau de potasse dans la cloche. » L'exhalation d'acide carbonique a lieu dans une atmosphère d'hydro- gène, mais s'arrête rapidement. La respiration musculaire des grenouilles tuées avec l'acide sulfhydrique ou l'acide sulfureux est considérablement diminuée. Les nombres obtenus pour les gaz de la respiration musculaire de la grenouille s'accordent avec les nombres trouvés par MM. Regnault et Reizet dans leurs belles recherches sur la respiration (i). » Pendant la' contraction musculaire, l'absorption de l'oxygène et l'exha- lation de l'acide carbonique augmentent d'une quantité supérieure au dou- ble de l'absorption et de l'exhalation observée dans les mêmes conditions pour les muscles au repos. » L'auteur admet qu'il y a encore pendant la contraction exhalation d'azote. » Deuxième partie. — Après avoir rappelé les expériences de MM. Bec- querel et Breschet, ainsi qu'une expérience récente de M. Cl. Bernard, l'auteur annonce qu'il a été conduit à rechercher si la contraction des muscles des grenouilles préparées et. dans lesquelles la circulation du sang n'existe plus, était accompagnée d'un dégagement de chaleur. L'expérience directe faite à l'aide de thermomètres à mercure tres-sensibles prouve que la température peut s'élever d'une quantité qui n'a pas été moindre de (i) L'auteur reconnaît qu'il a été devancé par la publication de M. Liebig fils et celle de M. Valentin sur ce sujet, et qu'il ignorait lorsqu'il a fait ses recherches; mais les auteurs cités n'ont pas examiné les effets produits pendant la contraction. ( 65i ) \ degré dans les circonstances où l'on a expérimenté, en excitant les con- tractions. » L'auteur passe ensuite à l'examen du développement de l'électricité dans les muscles. Tout le monde admet aujourd'hui l'existence et les lois principales du courant musculaire. L'existence des phénomènes chimiques de la respiration musculaire étant établie, l'auteur pense qu'on trouvera encore mieux fondée l'idée qu'il a toujours émise sur la cause du dévelop- pement d'électricité dans les muscles, cause inhérente à la fibre musculaire à l'état de vie. » La même explication se présente naturellement pour le phénomène que l'auteur a appelé autrefois la contraction induite, et qui a été aussi le sujet d'un grand nombre d'expériences délicates de M. du Bois-Reymond. » L'auteur a repris ses anciennes expériences; il les a variées, et il pense qu'elles aideront à concevoir clairement la cause de la contraction induite. » Cette explication se présente naturellement d'ailleurs, sachant que la respiration musculaire augmente d'énergie dans l'acte de la contraction. » Les résultats des expériences, que les limites de cet extrait ne permet- tent pas de rapporter, rendent évidente, dit l'auteur, l'existence d'un cir- cuit fermé, et ne peuvent s'expliquer que par un phénomène électrique en- gendré dans le muscle en contraction. » L'auteur, après l'exposé et la discussion de ses expériences, pose les conclusions suivantes pour la seconde partie de son travail : » i°. Lorsqu'au moment de la contraction la respiration musculaire devient plus active, il y a aussi dégagement de chaleur et d'électricité dans les muscles. » En se fondant sur l'analogie qui existe entre la décharge de la tor- pille et la contraction musculaire, on peut regarder chaque élément de la fibre musculaire comme prenant, au moment de la contraction, un état électrique polaire qui donne lieu à une décharge dont les lois sont les mêmes que celles de la décharge des poissons électriques. » Troisième partie. — Après avoir constaté et mesuré les phénomènes chimiques de la respiration musculaire et le développement correspondant de la chaleur de l'électricité et du travail musculaire, l'auteur a pensé qu'il était naturel d'essayer, d'après certaines théories modernes, un rapproche- ment entre la machine animale et la machine' à vapeur ou les moteurs électromagnétiques ( 65a ) » En partant des travaux récents, soit sur la chaleur, soit sur l' électro- magnétisme, de M. Joule, de M. de la Rive, de M. Foucault, de M. Favre, et principalement de M. Regnault, et en admettant, avec ce dernier, 423kgm,542 pour l'équivalent mécanique de la chaleur, l'auteur cherche à comparer le travail effectif du muscle avec ce qu'il appelle le travail théorique corres- pondant à l'excès de la respiration musculaire trouvé dans l'acte de la contraction. » L'auteur à discuté les expériences de M. Helmholtz sur le travail de la contraction, et rend compte des dernières expériences qu'il a faites sur le travail correspondant à la contraction du muscle gastrocnémlen de la gre- nouille. » Il adopte le nombre 0,00001457 kilogrammètre pour le travail méca- nique d'une contraction de ce muscle. » En partant de l'équivalent dynamique de la chaleur 423kgm,542 et en s'appuyant sur la quantité de chaleur dégagée par 1 gramme d'oxygène se transformant en acide carbonique (et qui est de 3o3o unités, d'après MM. Favre et Silbermann), l'auteur calcule la quantité de travail mécanique dû à l'excès d'oxygène consommé par les muscles en contraction. » Dix muscles gastrocnémiens donnent une quantité de travail calculée égale à 0,298 kilogrammètre, au lieu de 0,262, travail musculaire effectif trouvé par l'expérience. » Tout en reconnaissant qu'il y a des imperfections dans sa méthode de détermination, l'auteur admet comme prouvé que l'action chimique de la respiration musculaire pendant la contraction engendre la force déve- loppée dans les muscles; il admet, de plus, que dans les machines animales, comme dans celles qui sont régies par la chaleur ou l'électricité, la pro • duçtion de la force est soumise aux mêmes lois. » Sous quelle forme l'action chimique donne-t-elle lieu à la contraction musculaire? 11 paraît probable à l'auteur que l'action chimique doit d'abord se transformer en électricité pour produire cet effet. » zoologie. — Notes sur la mamnialogie de l'Algérie ; par M. A. Pomel, ingénieur des mines de Gar-Rouban. « On s'étonne avec raison que l'histoire mammalogique du nord de l'Afrique soit encore aussi peu connue, et le naturaliste qui pourrait recueil- lir tous les éléments d'un travail sur ce sujet rendrait à la science un véri- ( 653 ) table service. Mais depuis mon séjour en Algérie j'ai pu reconnaître com- bien cette tâche est difficile, surtout pour les petites espèces en général peu connues, et pour celles plus curieuses qui, appartenant à la faune de l'intérieur, viennent du Sahara jusqu'au pied des montagnes qui séparent le Tell de la région des hauts plateaux et ne se présentent que trop rare- ment aux explorateurs. En attendant que je puisse donner le prodrome de la faune algérienne, je crois devoir faire part de quelques observations faites dans la province d'Oran. » Chéiroptères. — Je n'ai encore vu ici que des espèces européennes. » Rkinolophus Jerrum-equinum; Rhinolophus bïhastatus ; Vespertilio. » La première de ces espèces est la seule qui se trouve dans les immenses excavations de travaux anciens de mines à Gar-Rouban. » Insectivores — Aux espèces connues de macroscélide et hérisson s'ajoute une musaraigne : Sorex mauritanicus . Pelage brun lavé de roux, finement tiqueté en dessus, gris cendré en dessous; oreilles découvertes; queue concolore, avec des cils rares aux articulations, queue carrée à la base, comprimée au bout; dents blanches en même nombre que dans S. araneus. Le corps a om,o58; la queue om,o3o. » Habite les trous de rats qu'elle dévore quand elle les trouve pris au piège. » Rongeurs. — Myoxus munbyanus. Pelage d'un brun un peu ardoisé en dessus, légèrement teint de roux sur la tête et mêlé de blanc derrière les oreilles ; partie inférieure du corps et pieds blanchâtres ; orbites teints d'une tache noire qui remonte jusqu'au vertex et s'élargit sous l'oreille devant laquelle elle encadre une petite tache blanchâtre; queue distique à la moitié terminale, brune dessus et noircissant vers le bout qui se ter- mine de blanc. Le corps a om,o85 ; la queue om,075. » Se fait un nid d'herbes et de bourre de palmier dans les genêts épineux. » Mus alexandrinus, Geof. Pelage d'un brun roux en dessus, formé de trois sortes de poils : les uns longs, roides, ciliant tout le dessus du corps et surtout la croupe ; les autres fins, doux, formant le fond du pelage ; d'au- tres enfin de même longueur, plats, forts et piquants; partie inférieure blanchâtre ; oreilles presque nues, brunes ; queue écailleuse avec des anneaux de poils roides. Le corps mesure om,2 ; la queue om,2. t. R., i856, i" Semestre. (T. XLII.N0 14.) 87 (654 ) » Il se tient dans les maisons. » Mus algirus. Pelage d'un gris brunâtre, teint de jaune ou de roussâtre, mêlé de quelques longs cils noirs; parties inférieures du corps, face interne des membres et pieds blanchâtres; parfois une tache rousse à la poitrine; talon brun ; oreilles presque rondes, courtes, avec une petite touffe devant le méat; une tache blanchâtre derrière l'oreille; queue grise dessous, brunis- sant de plus en plus vers le bout. Le corps mesure om,o75 ; la queue om,o6o. » Habite des terriers dans les cultures et les broussailles ; quelquefois entre dans les maisons des campagnes. » Gerbillus Selljsii. Pelage doux, luisant, d'un brun clair, lavé de fauve, plus foncé sur la tète et la croupe, plus roux sur les flancs ; parties inférieures d'un blanc pur remontant un peu sur lès flancs, à la face anté- rieure de la jambe et extérieure du coude, et paraissant un peu sur les côtés de la face jusqu'aux vibrisses; partie inférieure de la jambe brune; une large tache orbitale très-pâle, plus marquée devant l'oreille; queue de la couleur du dos, ciliée à son tiers postérieur de longs poils bruns qui for- ment une touffe peu fournie. » Habite des terriers au fond desquels il se fait un nid d'herbes sèches et d'où il sort à certaines heures du jour pour prendre le soleil. » Lepus mediterraneus . Le lièvre d'Algérie paraît être de cette espèce; je l'ai rencontré sur des hauteurs de plus de i5oo mètres. » Carnassiers. — Lutra vulgaris? Une espèce de loutre habite les rivières d'Algérie; j'ai vu une peau rapportée du Sig qui avait été malheu- reusement mutilée ; mais, autant que j'ai pu en juger par la dentition, elle m'a paru bien voisine de la loutre d'Europe. Très-rare. » Putorius africanus, Desm.? Pelage roussâtre, un peu cannelé, clair en dessus, plus foncé sur la tête et le museau; gorge, ventre, parties internes des membres d'un jaune tirant au roussâtre, lavé de gris; bords de la lèvre supérieure, dessous de la tête et pieds blanc-jaunâtre; queue concolore, brunissant au bout, qui forme un pinceau peu fourni. Le corps a om,a6, la queue om,i2. Le type de l'espèce de Desmarets, dont l'origine est mise en doute, a une bande longitudinale brune au ventre, qui peut avoir été acci- dentelle. » Fclis guttata, Herm. Le guépard d'Afrique, dont l'existence n'était pas soupçonnée au nord du Sahara, vient quelquefois en Algérie. Un individu a été tué aux environs de Sebdou par M. Coutay, chef du bureau arabe de ( G55 ) ce cercle, qui possédait déjà la peau d'un autre. Si une étude comparative démontrait sa spécialité, ce que je. ne pourrais infirmer, ses caractères le rapprocheraient beaucoup plus du guépard d'Afrique que de celui de l'Asie. Des renseignements de source indigène donneraient à penser que les Sahariens dressent cette espèce pour la chasse des antilopes. » Felis caligata, Temm. Espèce commune. » Canis niloticus, Geof. Renard doré des colons; est assez commun partout. » météorologie. — Observations pluviométriques faites à la Havane du ier janvier 1 855 au \" janvier i856; par M. Casaseca. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre ... Octobre Novembre Décembre Totaux NOMBRE de jours de pluie. II 4 3 4 4 >7 '7 i3 3 8 7 • 5 96 QUANTITÉ D EAU tombée dans ces jours de pluie, exprimée en millimètres. 96,8 111,0 90,5 122,5 67,0 226,6 253,6 i88,5 28,5 2i3,5 79>5 28,3 i5o6,3 » Il est donc tombé à la Havane im,5o6 dans toute l'année i855. » Il y a eu dix jours de pluie de moins qu'en i854, et il en est résulté ce- pendant une augmentation de bien près de moitié dans la quantité totale d'eau, comparativement avec celle qui tomba la même année i854- 87- ( 656 ) » Les observations de ces deux années ne sont pas suffisantes pour que l'on puisse considérer leur terme moyen comme celui de la pluie annuelle à la Havane. On ne serait pas plus autorisé à en déduire des comparaisons avec celles qui furent faites en 1826, 27, 28, 29, 3o et 3i par M. de la Sagra ; mais en les continuant avec persévérance, j'espère parvenir à des résultats avantageux pour l'agriculture de ce pays-ci. » En déduisant de mes observations journalières pendant ces deux an- nées la part qui revient à chaque saison, voici ce qu'il en résulte : Quantité d'eau de pluie tombée en chaque saison pendant les années i854 et i855 , exprimée en millimètres. ANNÉE 1854. ANNÉE 185o. mm mm Hiver m, 3 3.36, 1 Printemps 3o2 ,6 44° »8 Été 344,5 5o7,9 Automne.., 281,8 32i,5 Totaux 1040,2 i5o6,3 » En désignant par 100 la quantité annuelle de pluie, on a 1834. 1883 Hiver 11 16 Printemps 29 29 Été 33 34 Automne 27 21 » On voit que la part échue chaque année au printemps a été iden- tique par rapport à la quantité annuelle de pluie; que la proportion reçut un léger surcroît dans l'été de 1 855 ;' qu'elle augmenta de près de, moitié dans l'hiver et diminua de plus d'un cinquième dans l'automne de la même année, comparativement avec celle de l'année précédente. » Dans le cours de ces observations, j'ai fait une remarque assez cu- rieuse, c'est que dans les deux mois de mars de i854 et i855 la pluie n'a commencé que le 22 du mois. » Un auteur, dont le nom est déposé sous pli cacheté, adresse un Mémoire qu'il destine au concours pour un des prix de l'Académie, et qui est relatif à des expériences devant donner, comme l'expérience du pendule de (657) M. Foucault, une preuve sensible aux yeux du mouvement de rotation de la Terre. M. Bravais est. invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire savoir à l'Académie s'il doit être renvoyé au concours pour le prix de Méca- nique. M. H. Nascio adresse de Messine un Mémoire intitulé : « Projet pour la correction définitive du calendrier Grégorien ». M. Laugier est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire savoir s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Dosxox annonce l'envoi d'une série de couleurs à base de fer desti- nées aux usages de la peinture et qui, suivant lui, se recommandent autant par leur pureté que par leur inaltérabilité. M. Peligot prendra connaissance de ces échantillons et jugera s'il y a lieu de demander de plus amples renseignements à M. Dosnon. Ces produits, en effet, d'après une loi que s'est imposée l'Académie, ne pourront devenir l'objet d'un Rapport tant que les procédés employés pour leur préparation resteront secrets. M. l'abbé Demandée, directeur du séminaire d'Orléans, transmet une demande que l'auteur ne peut présenter directement à l'Académie, puisque son désir est d'être compris dans le nombre des concurrents pour un des prix où l'une des conditions imposées aux auteurs est de ne pas faire con- naître leur nom. Le prix dont il s'agit ici est le grand prix des Sciences ma- thématiques de i856 (question concernant le dernier théorème de Fermât). La personne qui désire concourir, n'ayant eu connaissance du programme que depuis peu de jours, n'a pu encore rédiger son Mémoire, et prie l'Aca- démie de vouloir bien prolonger jusqu'à la fin du mois l'époque à laquelle il pourra être admis. Le terme de la clôture étant fixé par le programme, l'Académie ne peut le changer; on en informera M. l'abbé Demandre. M. Aubree entretient l'Académie des succès qu'il a obtenus dans le trai- tement des brûlures par l'emploi d'un collodion dont il donne la formule, ( 658 ) et dans lequel il fait entrer du tannin. Il pense que ce médicament pourrait être employé avec avantage dans le cas de la variole, pour prévenir les ci- catrices difformes au visage, si on l'appliquait sur les pustules avant la for- mation du pus. M. Passot s'adresse de nouveau à l'Académie, pour obtenir de la Com- mission à laquelle ont été renvoyées ses dernières communications, une réponse à la question de savoir si ces communications sont ou ne sont pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. E. D. B. (659) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 7 avril i856, les ouvrages dont voici les titres : Annales de l'Observatoire impérial de Paris, publiées par M . U.-J. Le Vebrier ; tome Ier. Paris, i855; in-4°. Société impériale zoologique d'acclimatation. Rapport sur les récompenses et encouragements de la Société; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, président de la Société, et règlement des concours annuels; br. in-8°. Société Pliilomathique de Paris. Extraits des procès-verbaux des séances pendant l'année i855; in-8°. Recherches sur les Monorchides et les Cryptorchides chez ( homme ; par M. Er- nest Godard. Paris, i856; br, in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Recherches sur la cicatrisation des artères à la suite de leur ligature, sur la pro- duction des hémorragies artérielles secondaires et sur leur traitement; par M. Notta. Paris, i85o; br. in-4°- (Envoyé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Mémoire sur l'oblitération des artères ombilicales et sur l'artérite ombilicale; par le même. (Destiné au même concours.) Du chlorate de potasse comme spécifique contre la salivation mercurielle ; par M. Th. Herpin. Paris, i856; br. in-8°. (Adressé pour le même concours.) Théorie analytique du système du monde; par M. G. DE PoNTÉCOULANT ; 2e édition. Paris, i856; 1 vol. in-8°. Etudes météorologiques relatives au climat de la Saulsaie (Àin); par M. A. Pouriaij. Lyon, i855; in-8°. Réduction d'une intégrale multiple qui comprend l'arc de cercle et l'aire du triangle sphérique comme cas particuliers; par M. Louis SCHLAEFLl; broch. in-4°. De l'occlusion des paupières dans le traitement des ophthalmies et des maladies des yeux. Discours de M. H. LARREY, à t Académie impériale de Médecine {séance du 1 9 février i856); br. in-8°. ( 66o ) Lettre adressée à MM. les Membres de la IXe classe du Jury international de l'Exposition universelle de 1 855, au sujet dune réclamation de priorité élevée par M. Th. Stevenson, relativement à l'application de la réflexion totale aux feux tournants; par M. L. Reynaud. Paris, 1 855 ; br. in-8°. Description de quelques instruments météorologiques et magnétiques; par M. Fraincis Ronalds. Paris, i85i; in-8°, avec atlas in-S°. A treatise. . . Traité d'électricité théorique et pratique; par M. DE LA Rive ; tra- duit pour l'auteur par M. C.-V. Walker ; t. II. Londres, 1 856; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES M L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DÛ LUNDI 14 AVRIL 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. physique terrestre. — Extrait d'un Mémoire sur quelques-unes des prin- cipales causes de l'électricité atmosphérique; par M. Becquerel. « Les causes qui fournissent constamment à l'air un excès d'électricité positive et à la terre un excès d'électricité négative, excès capables dans certaines conditions atmosphériques de produire des orages et d'autres phénomènes, sont encore inconnues malgré les recherches des physiciens pour les découvrir. • » C'est en m'occupant de cette question, il y a quelques années, que j'ob- servai les effets électriques produits dans les tissus des végétaux, et au con- tact de ces mêmes végétaux et du sol; dans ce contact, le sol est constam- ment positif et le végétal négatif, quelles que soient les parties du végétal mises en communication métallique avec lui. J'indiquai alors ce dégagement d'électricité comme étant une des causes de l'électricité atmosphérique. En répétant ces expériences, il y a un an, je fus frappé des anomalies qui se manifestaient, en opérant tantôt sur le bord d'une rivière, ou dans la ri- vière même, tantôt à une certaine distance près du végétal ; je fus ainsi conduit à l'étude des effets électriques produits au contact du sol et d'une nappe ou d'un cours d'eau, et dont je compris alors toute la portée. Je com- muniquai à l'Académie, en octobre dernier, les premiers résultats de mes C. R., ,i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 18.) 88 ( 66* ) expériences ; depuis, je n'ai cessé de m'occuper de cette question, qui met sur la voie de l'une des principales sources de l'électricité atmosphérique ; question des plus complexes, à raison même des causes nombreuses qui concourent à l'effet général. » Les appareils employés à ces recherches se composent : i° de dia- phragmes en porcelaine poreuse ou de petits sacs en toile à voile, conte- nant chacun une lame d'or ou de platine dépolarisée, entourée de charbon de sucre candi, afin de rendre les effets électriques constants pendant quel- ques instants pour les mesurer ; i° de boussoles des sinus d'une assez grande sensibilité, appropriées à ce genre d'expériences ; 3° d'électromètres atmo- sphériques destinés à recueillir l'électricité des vapeurs se formant au-des- sus de l'eau ou du sol; 4° de divers accessoires, entre autres de bobines de résistance, de fils conducteurs de cuivre, d'or et de platine récouverts de gutta-percha, etc. » Les effets électriques produits au contact du sol et de l'eau sont com- plexes, ai-je dit, car ils varient en direction et en intensité, suivant la na- ture des substances dont se compose le sol ou qui se trouvent en dissolu- tion dans l'eau ; pour qu'il y ait effets électriques de produits, il faut qu'il V ait hétérogénéité entre l'eau de la rivière et celle qui humecte le sol. Quand les eaux sont légèrement alcalines, elles sont négatives; quand elles sont acides, comme cela a lieu avec la terre de bruyères, elles sont posi- tives. Les eaux des puits de Paris présentent fréquemment des effets de ce genre, à cause des infiltrations des eaux ménagères qui changent de nature de temps à autre ; aussi voit-on, dans le Cours d'un mois, les effets électri- ques changer d'intensité et de signe, sans que rien ait été dérangé dans la disposition des appareils. De cet état des choses, il résulte que quelquefois les effets électriques sont nuls; ils le sont également quand on expérimente avec l'eau d'une rivière et les bords sablonneux ou les terres adjacentes lavées dans les inondations. Il est nécessaire d'établir des observatoires per- manents pour suivre toutes les variations auxquelles sont soumises les ac- tions de contact, et se mettre en garde contre les effets de polarisation qui sont toujours à craindre quand on opère seulement pendant quelques instants. Vingt -quatre heures après, assez ordinairement la polarisation est détruite, et on peut alors observer les effets que l'on cherche. Dans des cas exceptionnels, le courant électrique a assez d'intensité pour faire fonction- ner un télégraphe à aiguilles sur une distance de quelques kilomètres. » Quand l'eau s'évapore, soit d'un cours d'eau, soit de la terre, elle doit nécessairement emporter avec elle un excès d'électricité, de nature sembla- ■ ( 663 ) ble à celle que possède l'une ou l'autre, lequel se répand dans l'atmosphère; cette électricité peut provenir non-seulement de la réaction de l'eau de la rivière sur celle qui humecte le sol , mais encore de la décomposition des matières organiques. Dans le dernier cas, la vapeur est toujours positive, qu'elle provienne de la rivière ou du sol où s'opère la décomposition ; dans le premier, les deux vapeurs sont de signe contraire ; les effets sont complexes. » D'après ce qui précède, on conçoit pourquoi les orages ont lieu en gé- néral en été à l'époque de l'année où la décomposition des matières orga- niques et l'évaporation sont à leur maximum, et pourquoi également ils sont si fréquents et si violents sous les tropiques à l'époque où le soleil s'approche du zénith. Cela est tellement vrai , que dans ces régions il y a toujours un orage qui éclate à chaque instant dans une localité placée con- venablement par rapport au soleil. » Les phénomènes dont je viens de parler sont tellement variés, qu'il est indispensable, avant de formuler des principes généraux, de multiplier les expériences dans un lieu servant d'observatoire permanent, puis en pays de plaines et en pays de montagnes, au bord des fleuves, des cours d'eau et de la mer, dans les contrées, comme la Hollande, où il existe de grandes al- luvions, dans les marais salants, etc., etc. C'est alors, alors seulement, que l'on pourra juger de l'importance du sujet dont je m'occupe et qui se rat- tache à l'une des plus grandes questions de physique terrestre. » théorie DES fonctions. — Note sur un théorème de M. Puiseux; par M. Auc Caccht. « Un Mémoire sur les fonctions continues, que j'ai publié dans les Comptes rendus de 1 844 (l<;r semestre), renferme la proposition suivante : » Désignons par z une variable imaginaire et par u une fonction impli- cite de z qui représente une racine simple de l'équation (i) . f(i/,z)=o. Concevons d'ailleurs que le premier membre de l'équation (i) renferme, avec les variables z et «, un ou plusieurs paramètres, et que, pour une cer- taine valeur, par exemple pour une valeur nulle du paramètre a, la racine simple u reste fonction continue de z, du moins tant que le module de z ne dépasse pas une certaine limite. En raisonnant comme dans le volume II des Exercices d' Analyse, on prouvera que, si le paramètre a vient à va- 88.. ( 664 ) rier, et si, tandis qu'il varie, le premier membre de l'équation (i) reste fonction continue de z, u et a, la racine simple « restera généralement fonc- tion continue de z, jusqu'à l'instant où, une seconde racine devenant égale à la première, l'équation (i) acquerra des racines multiples. » Une remarque importante à faire, mais qui n'était pas énoncée dans mon Mémoire, c'est qu'on peut établir une relation entre le paramètre a et la variable imaginaire z. On peut supposer, par exemple, que cette variable représente l'affixe d'un point mobile qui décrit une courbe dont la forme change avec ce paramètre. On peut même supposer que le premier membre de l'équation (i) est fonction des seules variables zetu, z étant fonction de a. » En partant de cette remarque, on parvient à un autre théorème que M. Puiseux a énoncé dans les termes suivants : » Soit f (m, z) une fonction entière de « et de variable imaginaire z. Le point Z (dont l'affixe est z) allant de C en K soit par le chemin CMK, soit par le chemin CNK, la fonction u qui avait en C la valeur b, acquerra dans les deux cas la même valeur h, si l'on peut, en déformant la ligne CMK, la faire coïncider avec la ligne CNK, sans lui faire franchir aucun point pour lequel la fonction u devienne infinie ou égale à une autre racine de l'équa- tion f (u, z) es o. » Les nouvelles recherches de divers géomètres, particulièrement de MM. Briot et Bouquet, ont fait ressortir toute l'importance de ce beau théorème^ dont l'auteur lui-même avait déjà su tirer un parti si avantageux dans ses Mémoires. Pour ce motif, il m'a semblé qu'il ne serait pas inutile de donner du théorème de M. Puiseux une démonstration très-simple qui se déduit de la considération des compteurs logarithmiques. Tel est l'objet de la présente Note, dans laquelle je montrerai d'ailleurs comment le même théorème peut être étendu à des fonctions implicites déterminées par un système d'équations simultanées. analyse. » Je commencerai par établir la proposition suivante : » Ier Théorème. Soient z l'affixe d'un point mobile P ; c l'affixe d'un point déterminé C ; /• le rayon d'une circonférence de cercle KLM tracée dans le plan des affixes, et ayant pour centre le point C; u<>v deux fonctions de z, dont le rapport se réduise à l'unité pour z = c, ( 665 ) Supposons d'ailleurs que les deux fonctions w, v restent monodromes, quand le point P se meut dans l'intérieur du cercle KLM, et que sur la cir- conférence de ce cercle la différence offre un module constamment inférieur à l'unité. Si l'on résout par rapport à z les deux équations (i) u—o, (a) ■ v = o, on trouvera, pour l'une et pour l'autre, le même nombre de racines corres- pondantes à des points renfermés dans le cercle KLM. Démonstration. Effectivement, si l'on pose I = 27ri, le nombre des racines dont il s'agit sera représenté pour l'équation (1) par le compteur logarithmique "T" pour l'équation ( 2 ) par le compteur logarithmique A Te ■ . Tj et dans l'hypothèse admise ces deux compteurs seront évidemment égaux, puisqu'en posant a 1 = «, on obtiendra pour u une quantité géométrique dont le module sera inférieur à l'unité, et que l'on aura par suite À la — Alf= Al- = Al(i 4- «) = o. » Le théorème Ier entraîne la proposition suivante : IIe 'Théorème. Soit ?7=f(w, z) (666) une fonction des variables z et u, qui s'évanouisse pour les valeurs z = z, u = u de ces deux variables, et qui, dans le voisinage de ces valeurs, soit mono- drome par rapport à z, monodrome et monogène par rapport à u. Si la fonction dérivée D„ U, ; acquiert pour z = z, u — u une valeur finie et distincte de zéro, on pourra satisfaire à l'équation (3) U=o par une valeur de u qui, se réduisant à u pour z = z, sera, pour une va- leur de z voisine de z, fonction monodrome de z. Démonstration. U étant monodrome et monogène par rapport à u, quand z et u diffèrent très-peu de z et u, sera, dans cette hypothèse, déve- loppable suivant les puissances ascendantes de u — u, et si l'on représente par ^la somme des deux premiers termes du développement, on aura (4) f = f(u,z) + (K-u)F(u, z); F (u, z) pouvant être ou la dérivée de f («, z) relative à u, ou, ce qui re- vient au même, une fonction déterminée par la formule (5) F(a,z)=f("'z)-f(u'"z), de laquelle on tire, pour u = u, (6) F{u,z) = T>uU. Si maintenant on pose (7) «= u — 8„, S w ; F(u, z) la formule (4) donnera (8) ^=(i-«)f(u,z), et, eu égard à la formule ( 5 ), on trouvera U = ((u, z) = f(u, z) -f- (u — u)F(«, z) (9) ' =[--«^i] '<»">■ . ■* On aura par suite (667 ) u -— !_r, ^("^n ^_i-«L F(u,«)J et , , £/ i rF(«,z) "î i « Or si l'on considère la nouvelle variable « comme l'affixe d'un point mo- bile, et si l'on attribue à cette variable un module x, supérieur à l'unité, par exemple le module 2, il suffira d'attribuer à la différence z — z un module infiniment petit et de faire converger z vers la limite z, pour faire converger f (u, z) vers zéro, et, par suite, en vertu des formules (7) et (u), la va- riable u vers la limite u, et la différence U vers la limite zéro. Donc alors, pour un module suffisamment petit de z — z, les modules des différences U u-u, -- 1 deviendront aussi petits que l'on voudra; et le second de ces deux mo- dules deviendra inférieur à l'unité. Alors aussi, en vertu du théorème II, si l'on résout, par rapport à », l'équation (3) et la suivante (11) ^=0, on obtiendra, pour l'une et pour l'autre, le même nombre de racines cor- respondantes à des valeurs de a dont le module sera inférieur à 2; et comme, en vertu de la formule (8), l'équation (1 1) offrira une seule racine de cette espèce, savoir la racine 1 , l'équation (3) admettra elle-même une seule ra- cine de la même espèce. Si, au lieu de résoudre les équations (3 ) et (4) par rapport à a, oh les résout par rapport à u, on pourra dire que chacune d'elles offre, pour un très-petit module de z — z, une seule racine très-peu différente de u, et de la forme ( 7 ) M = U - ,f("> z) F(u,z) le module de a étant inférieur à 2. D'ailleurs, de ces deux racines la seconde, qu'on obtiendra en posant « = 1 , et qui sera en conséquence déterminée ( 668 ) par la formule (12) 11 = 11 — -},' \, * ' F(u, «) pourra être considérée comme une valeur approchée de la première, et sera précisément la valeur de u déduite de l'équation (3) par la méthode d'approximation linéaire ou newtonienne. Enfin la propriété qu'aura la racine m de l'équation (3) de varier infiniment peu quand z passera de la valeur z à une valeur infiniment voisine, subsistera encore, et pour les mêmes motifs, quand la nouvelle valeur de z recevra un accroissement in- finiment petit A z. Donc la racine u de l'équation (3) sera, sous les condi- tions énoncées dans le théorème II et pour des valeurs de z très-voisines de z, une fonction monodrome de la variable z. Corollaire. Si la fonction U=î(u,z) est non-seulement monodrome, mais aussi monogène par rapport à z, et si d'ailleurs la fonction donnée conserve une valeur finie pour z = z, « = u, alors la fonction de z à laquelle se réduira la racine u de l'équation (3) aura pour dérivée une fonction monodrome et finie de z déterminée par la formule • (i3) Bzu = T>,U et sera, par conséquent, une fonction non-seulement monodrome, mais aussi monogène. On peut donc énoncer la proposition suivante : » IIIe Théorème. Soit U = f{Ujz) une fonction des variables z et «, qui s'évanouisse pour les valeurs z = z, u = u de ces deux variables, et qui, dans le voisinage de ces valeurs, soit mono- drome et monogène par rapport à chacune des variables z et u. Si les fonc- tions dérivées T>z U,VUU acquièrent, pour z = z, u = u, des valeurs finies dont la seconde soit dis- ( 669 ) tincte de zéro, on pourra satisfaire à l'équation U=o par une valeur de u, qui, se réduisant à u pour z = z, sera, pour une valeur de z voisine de z, fonction monodrome et monogène de z. » Lorsque la fonction U=f(u, z) est une fonction entière ou même rationnelle des variables z et «, elle ne cesse jamais d'être monodrome et monogène par rapport à ces deux va- riables. Donc alors la racine u de l'équation (3) est, sous les conditions énon- cées dans les théorèmes II et III, une fonction monodrome et monogène de z, ce qui entraîne évidemment le théorème de M. Puiseux. » Au reste, les théorèmes II et III sont compris, comme cas particulier, dans deux théorèmes généraux que l'on peut énoncer comme il suit : » IV' Théorème. Soient z, u, v, IV,..., n + i variables, dont l'une z reste indépendante, les n autres u, v, w,..., étant liées à z par n équations, (i4) u=o, r=o, rv=o,..., dont les premiers membres représentent des fonctions de Z, U, V, w,..., monodromes par rapport à z, monodromes et monogènes par rapport à m, v, iv,.... Supposons d'ailleurs que, pour les valeurs particulières z, u, v, w,... des variables Z, U, V, w,..., chacune des dérivées comprises dans le tableau T>UU, BVU, DWU,..., , \\v, dvv, n„r,..., C. R , i856, i« Semestre. (T. XLU, N° 18.) 89 ( 67o ) conserve une valeur finie, et que la valeur correspondante de la résultante algébrique û, formée avec les divers ternies de ce même tableau, soit distincte de zéro. On pourra satisfaire aux équations (i4) par des valeurs de u, t>, w,..., qui, se réduisant, pour z ■=. z, à U, V, w,..., seront, dans le voisinage de z = z, c'est-à-dire pour des valeurs suffisam- ment petites du module de z — z, des fonctions monodromes de z. » Démonstration. La résultante û des termes compris dans le tableau (i 5) est déterminée par la formule (.6) « = LA^?ÎVl1' dans le cas où les différentielles du, dv, dw,..., sont prises pour clefs an a - strophiques ; et puisque aux valeurs z, u, v, w,... des variables correspond une valeur de Q, distincte de zéro, les valeurs correspondantes des termes compris dans une ligne horizontale de ce tableau, par exemple des dérivées DUU, DVU, DWU,..., ne pourront s'évanouir toutes à la fois. Concevons, pour fixer les idées, qu'alors la dérivée T>UU offre effectivement une valeur finie distincte de zéro. En vertu des théo- rèmes II et III, l'équation U=o, résolue par rapport à u, fournira pour u une fonction des variables Z, V, w,..., qui sera monodrome par rapport à z, monodrome et monogène par rapport (67i ) à chacune des autres variables v, w,...; et si l'on substitue cette valeur de u dans les équations (i4)j on obtiendra n — i équations (17) «?=o, «P=o,..., dont les premiers membres seront des fonctions de Z, V, w,..., monodromes par rapport à z, monodromes et monogènes par rapport, à f, w,... D'ailleurs la résultante algébrique Q! des termes compris dans le tableau D„, DWUP,.., sera déterminée par la formule (19) Q^lff*».--!, si l'on y considère dp, dtv,... comme des clefs anastrophiques; et, comme il suffira de supposer u et du déterminés par les formules *7=o, d U= Da#d« + DvUdv ■+- Dw *7d*v -h... pour réduire les différentielles dV, dFF,... aux différentielles d,..., on aura nécessairement (~) # (»0 fi = Q' D„ G, Donc, puisqu'aux valeurs z, u, v, w,... de 2, M, i», W,..., 89.. # (67*) correspondent par hypothèse des valeurs de n et Da U, finies et distinctes de zéro, la valeur correspondante de ù' sera elle-même finie et distincte de zéro. Cela posé, il est clair que le théorème III subsistera pour n équations qui renfermeront, avec z, les n variables «, v, w,..., s'il subsiste pour n — i équations renfermant, avec z, n — i autres variables u, t>, w,.... Donc, puisque ce théorème subsiste pour n = i, il subsistera pour n = 2, puis encore pour n — 3, puis encore pour n = 4, — Donc il subsistera généralement quel que soit n. » Corollaire. De même que le théorème II entraîne le théorème IV, de même le IIIe théorème entraîne la proposition suivante : » Ve Théorème. Les mêmes choses étant posées que dans le IVe théo- rème, si pour les valeurs z, u, v, w,... des variables z, u, v, w,..., les fonctions U, V, w,... sont monodromes et monogènes, non-seulement par rapport à u, v, w,..., mais aussi par rapport à z, on pourra satisfaire aux équations (i4) par des valeurs de u, v, w,..., qui, se réduisant, pour z = z, à u, v, w,..., seront, dans le voisinage de z = z, c'est-à-dire pour des valeurs suffisam- ment petites du module de z — z, des fonctions monodromes et monogènes de z. » Corollaire. Les valeurs de u, v, w,..., dont il est ici question, étant des fonctions monodromes et monogènes de z, seront, pour cela même, développables en séries convergentes, ordonnées suivant les puissances as- cendantes de z — z. » (673) chimie appliquée. — Etudes théoriques et pratiques sur la fixation des couleurs dans la teinture; par M. Frédéric Kuhlmann. (Première partie.) « Il est une opinion qui a été des plus accréditées parmi les chimistes qui les premiers se sont occupés de l'étude des phénomènes si compliqués de l'art de la teinture : c'est celle qui consiste à admettre que les matières azotées ontune aptitude plus grande à recevoir la teinture que les matières non azotées On citait à l'appui de cette opinion la teinture plus facile de la soie et de la laine que celle du coton et du lin. Dans la teinture en rouge d'An- drinople, on a considéré l'emploi des bains de fiente de mouton comme devant donner une espèce d'animalisation au coton. Les bains de bouse de vache pouvaient, aux yeux des teinturiers, être considérés comme devant produire un résultat analogue. Ces idées, en ce qui concerne la bouse de vache, ont dû être abandonnées par les chimistes, alors surtout que plu- sieurs substances salines, et en particulier le silicate de soude, ont été sub- stituées à cette matière comme moyen de fixation des mordants. » L'ensemble général de la théorie de la fixation des couleurs sur les tissus a été l'objet de savantes recherches et des plus judicieuses observa- tions de la part d'un illustre savant bien compétent en cette matière. M. Chevreul a fait voir que cette fixation, plus ou moins facile, dépend tan- tôt de la nature du tissu, tantôt de la nature de la matière colorante elle- même. Quoi qu'il en soit du degré de fondement de la doctrine de l'anima- lisation des tissus, j'ai voulu m'assurer si du coton modifié dans sa com- position par sa combinaison avec les éléments de l'acide nitrique de l'azote et, par conséquent, sa transformation en pyroxyline, n'acquerrait pas, par ce fait, des dispositions particulières à absorber les matières colorantes. Je fis préparer avec un grand soin une assez grande quantité de pyroxyline avec du tissu de coton et du tissu de lin, ainsi qu'avec du coton en laine. Je procédai à cette préparation par le procédé de M. Meynier, en employant un mélange d'acide nitrique monohydraté et d'acide sulfurique concentré. La pyroxyline fut lavée plusieurs fois à grande eau, et même trempée pen- dant quelque temps à froid dans une dissolution de carbonate de soude cris- tallisé pour être lavée encore. » Après s'être mis ainsi à l'abri de toute influence de l'acide libre, on pro- céda à différents essais comparatifs d'impression et de teinture des tissus py- roxylés et de tissus non azotés. Pour ces essais, j'eus recours aux soins obli- ( 674 ) géants et à l'habileté de M. Dietz, mon élève et ancien préparateur, qui dirigeait alors une grande imprimerie d'indiennes, près de Bruxelles. On prépara les tissus par le traitement suivant : on fit tremper les tissus pyroxy- lés pendant vingt-quatre heures dans l'eau froide, on les foula, les rinça, les fit tremper ensuite dans de l'eau bouillante, et, après un nouveau lavage et une demi-dessiccation, on les soumit au calendrage pour l'impression. » Divers mordants ont été imprimés simultanément sur des tissus de coton et de lin pyroxylés et des parties des mêmes tissus non azotés; ces derniers avaient été parfaitement débarrassés de tout corps étranger par une ébullition, durant trois heures, dans un bain faible de carbonate de soude, lavés, puis traités par un bain légèrement acidulé par de l'acide sulfurique, lavés de nouveau et enfin, après un demi-séchage, calendrés pour les dispo- ser à l'impression. » L'impression sur les tissus azotés et non azotés eut lieu simultanément avec les mordants suivants : Noir Pyrolignrte de fer à 7 degrés Baume. Epaissi à l'amidon. 12 parties de pyrolignite de fer à 10 degrés. 1 partie de pyrolignite d'alumine à 8 degrés. Epaissi à l'amidon. Pyrolignite d'alumine à 8 degrés. Epaissi à l'amidon soluble. Pyrolignite de fer à 1 degré. Epaissi à l'amidon soluble. Pyrolignite de fer à j degré. Epaissi à l'amidon soluble. Décoction de cachou avec acide acétique. Un peu de nitrate de cuivre. Rouge Violet Lilas Bois » Les tissus après l'impression sont restés suspendus six jours dans la chambre à oxyder froide, et un jour dans la chambre à oxyder chaude. » On 'a dégommé au bain de bouse de vache et craie à 70 degrés centi- grades pendant dix minutes, bien nettoyé, dégommé une seconde fois dans un même bain à la même chaleur, nettoyé, rincé. » La teinture s'est faite simultanément avec de la garancine dans un bain d'eau de rivière légèrement acidulée; on est entré à 35 degrés centigrades et l'on a élevé successivement la température du bain pour arriver, en trois heures, à 85 degrés ; enfin on a foulé, rincé et séché. (675 ) » Les échantillons teints ont été divisés par moitiés, et l'une des moitiés a été soumise au blanchiment par le chlorure de chaux. » Toutes ces opérations permirent de constater les faits suivants : » Tous les tissus azotés restèrent excessivement pâles, comparés aux tis- sus non azotés, malgré la surabondance de matière tinctoriale. Le tissu azoté, quoique se refusant à se charger des mordants, semble posséder la propriété de se combiner, sans le secours de ces derniers, avec une partie de la matière colorante de la garance, à en juger par la nuance jaunâtre qui persiste même après le passage au chlorure. » Désireux de m' assurer que les résultats obtenus n'étaient pas dus à des circonstances exceptionnelles, et notamment à une partie d'acide que les lavages exécutés, si complets qu'ils aient été, n'avaient pas entièrement en- levée, je fis renouveler les essais précédents en faisant tremper les tissus azotés, pendant vingt-quatre heures, dans un bain tiède et léger de carbo- nate de soude cristallisé, rincer, laver à différentes reprises, cylindrer, hu- mecter et imprimer après dessiccation. » Après l'immersion des mordants, ces tissus ont été suspendus dans la chambre à fixer pendant huit jours. » Le dégommage et la teinture ont eu lieu comme dans l'expérience précédemment décrite. » Des résultats entièrement identiques ont été obtenus et les mêmes con- clusions doivent en être tirées. » D'autres coupons de coton et un de lin ont été traités à chaud par un bain de pyrolignite de fer et ensuite passés dans un bain de noix de galle. Les tissus azotés ne prirent que peu de mordant et restèrent après la tein- ture fort pâles comparativement aux tissus de coton et de lin non transfor- més en pyroxyline. » A la suite de ces essais, des teintures en bleu de Prusse furent tentées sur du coton en laine. Comme pour la teinture en noir par la noix de galle, le coton pyroxylé ne prit qu'une nuance excessivement pâle en la compa- rant à la couleur du coton non pyroxylé. Mêmes résultats dans une série d'essais de teinture de coton en laine, en remplaçant la garance par du bois de Brésil. » Ainsi, contrairement à toute prévision, et surtout à la doctrine qui ten- drait à admettre d'une manière absolue l'efficacité de l'existence de l'azote dans la matière à teindre, la pyroxyline se refuse à la teinture. Cela résulte d'une manière incontestable des faits que je viens de consigner. « Des observations récentes de M. Béchamp ayant établi la possibilité de (676) ramener le coton pyroxylé à son état primitif, je voulus m'assurer si, par cette transformation, 'le coton reprenait aussi son aptitude à recevoir la tein- ture. » On sait que le procédé de M. Béchamp consiste à faire bouillir pen- dant assez longtemps la pyroxyline dans une dissolution de protochlorure de fer et à le dépouiller ensuite de l'oxyde de fer qui s'y est fixé au moyen des lavages à l'acide chlorhydrique. Je dois à l'obligeance de cet habile chimiste d'avoir pu, en passant il y a quelques mois à Strasbourg, assister à la reproduction des remarquables résultats de ses recherches sur ce point. » Des expériences comparatives me démontrèrent bientôt que du coton, dénitrifié par le procédé de M. Béchamp, reprenait, en grande partie du moins, la propriété de recevoir les couleurs, qui appartient au coton non azoté. » Mon opinion sur la non-aptitude du coton azoté à recevoir la teinture était bien fixée à la suite des faits révélés parles expériences que je viens de décrire, lorsqu'une circonstance particulière ramena mon attention sur ce point. » Il m'était resté de mes premiers essais, qui ont eu lieu en janvier 1 853, une assez grande quantité de tissus de coton pyroxylé. Ce tissu, plissé en rouleau serré, avait été introduit dans un bocal à large ouverture, fermé par un bouchon de liège. Il y a deux mois environ, je m'aperçus que le bocal était rempli de vapeurs nitreuses et que le bouchon, imprégné d'acide nitri- que, qui l'avait corrodé, avait été soulevé pour laisser passage aux vapeurs rutilantes. » Ce phénomène de décomposition spontanée attira mon attention. Quelle a été la cause de cette décomposition ? C'est ce qu'il m'est encore difficile d'apprécier, car du coton pyroxylé qui avait été teint et conservé depuis la même époque, n'avait subi aucune altération. » Je fis laver à grande eau la pyroxyline ainsi décomposée; le tissu était fortement altéré et s'arrachait sous un faible effort : son inflammabilité était considérablement diminuée. » Divers essais analytiques eurent lieu pour établir la proportion des principes nitreux restés en combinaison avec la cellulose. — Ces résultats furent confirmés par M. Wurtz. Voici les chiffres de cet habile chimiste : » I. ogr,4795 de matière desséchée dans le vide à 1 10 degrés ont donné o,5495 d'acide carbonique et 0,176 d'eau. » II. ogr,4i6 de matière desséchée dans le vide à 100 degrés et brûlés avec l'oxyde de cuivre ont donné a7°c,75 d'azote. ( 677 ) » Température, 9 degrés. Pression, om,76o3. » Ces chiffres donnent, en centièmes : Carbone 3i ,25 Hydrogène 4 >°8 Azote 7 ,88 » Si l'on consulte les analyses du fulmi-coton, on trouve : Carbone 28,5 (Démonte et Ménard) 28,5. . . 27,9 (Béchamp.) Hydrogène 3,5 3,5... 3,5 Azote 11,6 io,5... 11, 1 u On voit, par la comparaison de ces résultats, que le coton pyroxylé, altéré spontanément, renferme environ deux tiers d'acide nitrique de moins que le fulmi-coton non altéré. » J'eus la curiosité d'essayer comment la pyroxyline ainsi dénitrifiée par- tiellement se comportait quant à la fixation des couleurs. Des essais de teintures eurent lieu au moyen de la garancine et du bois de Brésil avec ce coton mordancé,au moyen de l'acétate d'alumine, et je ne fus pas peu étonné de voir que, non-seulement il ne refusait plus de prendre la teinture comme le coton pyroxylé, mais qu'il donnait des couleurs infiniment mieux nourries et plus éclatantes que le coton non azoté et traité dans les mêmes conditions de mordançage et de teinture. » Le phénomène d'une teinture du coton nourrie d'une nuance appro- chant de l'écarlate obtenue par le bois de Brésil avec le. mordant d'acétate d'alumine fixa particulièrement mon attention, et aussitôt j'entrepris une série de recherches tendant à produire artificiellement un coton nitré avec des propriétés de fixation des couleurs aussi énergiques que celle de la py- roxyline décomposée qu'une circonstance fortuite avait mise en mes mains. « Après avoir constaté d'une manière irrécusable que dans le coton, ré- sultat de la décomposition de la pyroxyline, les éléments nitreux retenus étaient restés en combinaison chimique avec la cellulose, je reconnus bien- tôt que ces éléments n'étaient pas entrés dans un état de>combinaison aussi stable, en présence des sels de protoxyde de fer, que cela existe dans la py- roxyline. » On soumit à une douce chaleur de la pyroxyline décomposée et de la pyroxyline intacte, dans un bain de sulfate de protoxyde de fer. En tres-peu de temps, la pyroxyline, qui avait perdu une partie de ses éléments nitreux, se colora en jaune chamois, tandis que la pyroxyline prit beaucoup moins C. R., I&56, i« Semestre. (T. XLII, K° lo.) 0,0 ( 678) d'oxyde de fer que du coton ordinaire placé dans les mêmes circonstances. Lorsqu'on transforma l'oxyde de fer en bleu de Prusse par un bain de ferro- cyanure de potassium légèrement acidulé, les mêmes différences de couleur se reproduisirent. Ainsi, en résumé, la pyroxyline, en perdant une partie de ses éléments nitreux, non- seulement perd sa résistance à absorber des mor- dants et des couleurs, mais. devient même infiniment plus apte à se charger de ces corps que le coton non azoté. » chirurgie. — Nouveau procédé permettant d'augmenter à volonté la hau- teur de la lèvre, dans les opérations de bec-de-lièvre et de cheiloplastie ,• par M. C. Sédillot. a II est des procédés souvent côtoyés et presque touchés, dont on ne comprend la nouveauté, les ressources et l'importance, qu'au moment où l'on en signale les indications et les résultats. Celui que nous avons l'hon- neur de présenter à l'Académie est de ce genre, et c'est par une de ces révé- lations pratiques si fréquentes au contact des indications, que nous l'avons imaginé et appliqué avec le plus heureux succès. » On sait, et c'est un desideratum dont nous avons fait l'objet d'une re- marque spéciale dans la deuxième édition de notre Traité de Médecine opératoire, que la lèvre manque de hauteur chez la plupart des adultes qui sont porteurs d'un bec-de-lièvre. Les deux moitiés de la scissure, entraî- nées en dehors par la contractilité des fibres du muscle orbiculaire, sem- blent avoir subi un certain degré d'atrophie, et lorsqu'on les a réunies, on s'aperçoit que le bord libre de la nouvelle lèvre est concave et ne recouvre qu'imparfaitement l'arcade dentaire. La disparition de l'encoche labiale par le procédé de M. Clémot, de Rochefort, ne modifie en rien cette disposi- tion, et l'on regrette de voir persister une véritable difformité dépendant de la brièveté de la lèvre dans le sens vertical. » L'atrophie dont je m'occupe était très-marquée sur une jeune fille de vingt ans, que j'opérai à la clinique, au commencement du mois dernier. » L'arcade dentaire était assez élevée, et l'étroitesse des deux moitiés de la lèvre ne permettait pas d'espérer une restauration parfaite. » Je pensai que l'on pourrait convertir une partie des bords horizontaux de la lèvre en surfaces verticales, destinées à être affrontées, et qu'on obtien- drait en même temps l'avantage de diminuer la largeur de l'ouverture buc- cale, et de la rendre plus régulière et plus gracieuse. » Rien de plus facile à remplir que l'indication dont je parle; il suffit f (679) d'aviver la lèvre par deux sections obliques, dont la première, dirigée de haut en bas et de dedans en dehors, s'arrête à 1 centimètre environ de dis- tance du bord libre, tandis que la deuxième, commencée à ce dernier point, est prolongée plus ou moins loin en dehors, selon que l'on veut donner à la nouvelle lèvre une plus ou moins grande hauteur. On détache largement la lèvre de l'arcade dentaire pour augmenter la laxité des tissus, et en ramenant à une direction verticale les surfaces obliquement avivées et les affrontant par la suture entortillée avec ou sans la modification proposée par M. Clémot, on reforme une lèvre épaisse, d'une hauteur convenable, dont la réunion immédiate s'accomplit aussi bien qu'à la suite des opéra- tions ordinaires. » Ceux qui conserveraient quelques doutes sur la précision et l'étendue des ressources du procédé dont je viens d'exposer les principaux traits, pourront, comme nous l'avons fait, en demander la démonstration à une simple manœuvre d'amphithéâtre. » Pour lever les dernières objections d'un de nos collègues, nous le con- duisîmes avec nos internes, et quelques autres élèves, aux salles d'anato- mie. Nous mesurâmes la hauteur de la lèvre d'un des sujets livrés aux dissections. Cette lèvre avait 16 millimètres de son bord libre ou labial à la racine du nez, et, après l'opération simulée du bec-de-lièvre par notre nou- veau procédé, cette même lèvre présentait 25 millimètres, et avait ainsi gagné 9 millimètres, ou un peu plus de moitié de la hauteur primitive. » Nous avons revu notre malade à la fin de mars, et la bouche était restée petite, régulière et gracieuse. » RAPPORTS. chimie générale. — Rapport sur un Mémoire de M. Georges Ville, ayant pour titre ; Quel est le rôle des nitrates dans l'économie des plantes? — De quelques procédés nouveaux pour doser l'azote des nitrates, en présence des matières organiques. (Commissaires, MM. Balard, Peligot, Pelouze rapporteur.) « Le travail dont nous allons avoir l'honneur de rendre compte à l'Aca- démie se divise, comme l'indique son titre, en deux parties bien distinctes. » Dans la première, l'auteur fait l'historique des travaux relatifs au rôle que les nitrates jouent dans la végétation. Il analyse succinctement les ex- 90.. ( 68o ) périences et les observations faites sur ce sujet par MM. Liebig, Kuhlmann, Gilbert et Lawes, Isidore Pierre et Bineau. Il fait ressortir le peu d'accord qui existe entre les vues présentées par ces divers chimistes , et signale une divergence d'opinions , bien naturelle d'ailleurs dans des questions qui ont trait aux phénomènes si complexes et encore si peu étudiés de la végé- tation. » L'auteur rappelle enfin que dans un paquet cacheté adressé à l'Académie le i3 août i855 et ouvert le 26 novembre dernier, il avait annoncé les faits suivants : » i°. Les plantes absorbent et décomposent les nitrates, de façon que l'azote de ces sels devient une partie constitutive du tissu végétal. » 2°.- A égalité d'azote, le nitrate de potasse agit plus que le sel ammo- niac. » Notre honorable confrère M. Boussingault avait déjà signalé ( Comptes rendus des séances de l'académie des Sciences, n° 21,9 no- vembre i855) l'influence des nitrates sur le développement de l'orga- nisme végétal, et il avait particulièrement donné la démonstration de ce fait important, que le salpêtre agit très-favorablement sur la vé- gétation par suite de son absorption directe , ce qui lui a permis d'expliquer comment certaines eaux exercent sur les prés des effets extrê- mement marqués, quoique souvent elles ne renferment que des traces à peine dosables d'ammoniaque ; c'est que ces eaux contiennent ordinaire- ment des nitrates, qui concourent, comme l'ammoniaque et même mieux que l'ammoniaque, à la production végétale. » En résumé, comme M. Ville se propose de revenir sur la première par- tie de son Mémoire, et d'entrer ultérieurement dans des développements qu'il n'a pas encore fait connaître, votre Commission n'aura à s'occuper que des nouvelles méthodes proposées par ce chimiste pour doser les ni- trates mêlés à des matières végétales et animales. » C'était là un problème délicat et difficile, que M. Ville, hâtons-nous de le dire , a résolu d'une manière très-satisfaisante. » Lorsque les nitrates sont mêlés avec des sulfates, des phosphates, des chlorures et avec un grand nombre d'autres matières inorganiques, on peut déterminer avec exactitude l'acide nitrique qu'ils renferment, par un pro- cédé fort simple qu'emploient souvent les raffineurs de salpêtre concur- remment avec l'ancien procédé, qui consiste à laver le nitre brut avec de l'eau saturée de nitrate de potasse pur. » Cette méthode, dont l'auteur est un des Membres de cette Commission, • (68! ) consiste à décomposer les nitrates par un poids connu de fer dissous dans l'acide chlorhydrique. En ajoutant à la liqueur un poids également connu du nitrate qu'il s'agit de doser et portant pendant quelques instants le mé- lange à l'ébullition, il se dégage du bioxyde d'.azote pur, tandis que le fer se peroxyde. Ce métal ayant été employé en excès, on reconnaît facilement ce qu'il en reste à l'état de protoxyde, au moyen d'une dissolution titrée de permanganate de potasse, qui ne cesse de se décolorer qu'au moment même ou le fer tout entier a été peroxyde. Le calcul indique le poids de l'acide nitrique qui a concouru à cette peroxydation. » L'épreuve ne laisse, en général, rien à désirer; mais on comprend que, s'il s'agit de doser les nitrates contenus dans une plante, le procédé dont il s'agit ne puisse plus être employé, car les nitrates sont mêlés alors avec des matières qui colorent les dissolutions de caméléon ou qui décomposent ce sel en le désoxydant. » Cette dernière circonstance met surtout un obstacle à l'extension de ce procédé, car une foule de substances organiques décolorent les dissolu- tions de permanganate de potasse. » Récemment, M. Schlœsing a eu l'idée de recueillir le bioxyde d'azote provenant de la réaction des nitrates sur le protochlorure de fer, et de con- vertir le gaz ainsi obtenu, en lui rendant de l'oxygène, en acide nitrique, que l'on dose avec du sucrate de chaux titré. Ce chimiste distingué s'est assuré qu'un grand nombre de matières organiques, et principalement celles qui sont les plus répandues dans les végétaux, peuvent se trouver mêlées aux nitrates, sans que ceux-ci apportent un trouble notable à son mode d'analyse. » Parmi ces matières, les unes sont azotées, telles que l'urée, l'amandine, le gluten, l'asparagine, l'indigotine, la gélatine, etc. ; les autres ne contien- nent pas d'azote. Nous citerons les acides malique, tannique, benzoïque, ulmique, le sucre de canne, l'amidon, la mannite, la gomme arabique, la colophane et l'huile de ricin. » Malgré la présence dans les nitrates des diverses matières que nous venons de citer, M. Schlœsing] retrouvait constamment à deux ou trois millièmes près, et quelquefois avec plus d'approximation encore, la quan- tité de nitrate sur laquelle il opérait dans le but de vérifier l'exactitude de sa méthode. » Pour être juste, on doit donc reporter à M. Schlœsing le mérite d'avoir le premier imaginé une méthode générale pour doser les nitrates mêlés à des matières organiques. Ce chimiste, dans un travail remarquable, a ( 682 ) appliqué son procédé à la détermination de l'azote contenu à l'état de ni- trate dans les feuilles écôtées et dans les côtes de tabacs de dix-huit prove- nances différentes. Le procédé de M. Schlœsing a été inséré avec détails dans le tome XL des dnnales de Chimie et Physique ( n° d'août 1 854) ; de- puis cette époque, il ne paraît pas qu'il ait été employé par d'autres chi- mistes. » Quoi qu'il en soit, celui dont nous allons rendre compte nous paraît d'une exécution plus sûre et plus commode. » Il consiste à convertir en ammoniaque le bioxyde d'azote provenant de l'action des nitrates sur le protochlorure de fer acide. Depuis longtemps M. Ruhlmann avait signalé aux chimistes la grande facilité avec laquelle l'acide azotique et tous les oxydes d'azote peuvent se changer en ammo- niaque, mais personne n'avait songé, avant M. G. Ville, à utiliser cette cu- rieuse transformation pour le dosage des nitrates mêlés à des substances organiques. » La proportion d'ammoniaque déterminée avec un acide titré donne celle de l'acide nitrique même. La réaction conserve la même netteté et le procédé la même exactitude, soit que les nitrates contiennent exclusivement des matières inorganiques, soit qu'ils aient été mêlés à une matière orga- nique telle que du sucre, de l'acide oxalique, de la farine, de l'herbe sèche, une infusion de café, etc. Nous nous sommes assurés que le procédé de M. Ville fonctionne d'une manière satisfaisante en mêlant aux matières que nous venons d'énumérer une certaine quantité de nitrate de potasse pur, dont le poids était inconnu à M. Ville. Toujours ce chimiste nous a rapporté à quelques millièmes près la quantité de salpêtre que nous lui avions remise pour en faire l'analyse. » Son procédé est si exact, qu'il peut être employé concurremment avec celui dont il a été fait mention, pour établir ou contrôler le dosage du sal- pêtre brut dans les raffineries. » Son exécution prompte et peu coûteuse permettra d'étudier, mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici, la formation de l'acide nitrique sous des influences très-diverses, les proportions de cet acide dans les engrais, les plantes, les eaux de toutes sortes, et son rôle dans la végétation. » Nous ne suivrons pas l'auteur dans la description minutieuse qu'il a donnée de son procédé. Nous nous bornerons à dire que des divers moyens qu'il a employés pour convertir en ammoniaque le bioxyde d'azote, celui auquel il donne la préférence consiste à décomposer ce gaz dans un tube rempli de chaux sodée, par l'hydrogène sulfuré. La chaux et la soude ( 683 ) retiennent l'oxygène du bioxyde d'azote et la soude de l'hydrogène sulfuré sous la forme de sulfates et des sulfures, tandis que l'azote et l'hydrogène se réunissent pour produire de l'ammoniaque, qui se rend et se condense dans un tube à boule, en partie rempli d'un acide normal. Une demi-heure suffit pour faire une opération, et une disposition ingénieuse des appareils permet de multiplier facilement ces sortes d'analyses. » En résumé, le nouveau mode de dosage des nitrates, dont nous venons de rendre un compte sommaire, est très-exact, d'une exécution à la fois prompte et facile. Nous croyons qu'il pourra rendre des services incontes- tables dans les recherches de chimie appliquée à l'agriculture et à la physio- logie végétale. » En conséquence, nous avons l'honneur de demander à l'Académie qu'elle veuille bien remercier M. Georges Ville de son intéressante commu- nication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MEMOIRES PRESENTES L'auteur d'un Mémoire admis au concours pour l'un des grands prix des Sciences physiques de l'année i856 (question concernant les lois de la dis- tribution des corps organisés fossiles dans les terrains sédimentaires, sui- vant leur ordre de superposition), adresse, ainsi qu'il l'avait précédemment annoncé, une traduction française du Mémoire original qui est écrit en allemand. (Renvoi à la future Commission, qui devra s'assurer que cette traduction, arrivée après la clôture du concours, ne contient rien qui ne se trouve dans le texte allemand parvenu en temps utile.) mécanique analytique. — Mémoire sur les variations de la pesanteur dans une petite étendue de la surface terrestre, et sur quelques effets qui en résultent ; par M. V. Puiseux. (Extrait par l'auteur.) « Dans les questions relatives à l'équilibre et au mouvement des corps pesants, on imagine ordinairement des axes de coordonnées liés invariable- ment à la partie solide du globe terrestre, et on rapporte à ces axes la situa- tion des points mobiles que l'on considère. Le plus souvent on peut se contenter de regarder ces axes comme immobiles dans l'espace, et les points ( 684 ) pesants comme sollicités par des forces proportionnelles à leurs masses, parallèles entre elles et faisant avec les axes des angles constants. Mais quand on veut pousser les choses à la rigueur, on est forcé d'abandonner ces suppositions. En effet, les axes de coordonnées participant, en réalité, au mouvement de la Terre, il n'est permis de les considérer comme fixes qu'au- tant qu'on applique à chaque point de certaines forces fictives; ces forces dépendent de la situation et surtout de la vitesse du point mobile, et c'est à elles qu'est dû le déplacement du plan des oscillations du pendule qui a lieu dans la belle expérience de M. Foucault. Déplus, l'attraction terrestre n'a pas exactement la même grandeur et la même direction en deux points voisins et en un même point; elle change d'un instant à l'autre à raison de la déformation que les marées occasionnent dans la partie fluide du globe. Enfin le Soleil et la Lune exercent des actions qui varient aussi avec le temps et avec la situation du point attiré. m Les conditions d'équilibre des corps pesants, telles qu'on les admet d'ordinaire, doivent donc être un peu modifiées, et, bien que les effets dus à ces modifications soient très-faibles et de l'ordre des plus petites quantités que nous sachions mesurer, il m'a paru curieux de rechercher ceux qui sont susceptibles d'être énoncés simplement, ou dont la vérification expérimen- tale ne paraît pas absolument impossible. L'analyse que j'ai employée con- duit d'ailleurs à des expressions fort simples des variations de la pesanteur dans une petite étendue, et montre comment ces variations sont liées à l'aplatissement de la Terre. » J'indique ici quelques conséquences de ces formules. Concevons qu'une lunette, mobile dans le plan du méridien et munie à son foyer d'un fil horizontal, soit dirigée vers un bain de mercure placé au-dessous, de ma- nière que l'image du fil vue par réflexion coïncide avec l'image vue direc- tement. Si l'on répète la même expérience avec un autre bain de mercure situé plus haut ou plus bas, la lunette devra changer de position, attendu que la verticale n'a pas exactement la même direction à des hauteurs diffé- rentes. Je détermine le petit angle dont la lunette doit tourner ; il dépend de la latitude et de la différence de niveau des deux bains. En supposant cette différence égale à 1000 mètres et l'expérience faite au-dessus du sol, l'angle dont il s'agit serait d'environ o",i7 à la latitude de 45 degrés. » Un fil homogène, suspendu librement par une extrémité, ne prend pas une forme exactement rectiligne ; il se confond sensiblement avec un arc de parabole. Le paramètre de cette courbe change avec la latitude ; mais il est indépendant de la nature et de la longueur du fil. .( 685 ) » Un corps solide mobile autour d'un axe vertical n'est pas, comme on l'admet communément, dans un état d'équilibre indifférent; il tend à s'o- rienter dans certaines directions qui ne changent pas avec le temps, lorsque l'axe de rotation coïncide avec la verticale du centre de gravité. Par exemple, une girouette mobile autour de la verticale de son centre de gra- vité et partagée par cet axe en deux parties symétriques, ne peut être en équilibre qu'autant qu'elle est dirigée dans le plan du méridien ou dans un plan perpendiculaire; l'équilibre, instable dans le premier cas, est stable dans le second. Ecartée d'une position d'équilibre stable, la girouette oscil- lerait de part et d'autre, si les frottements inhérents au mode de suspension pouvaient être assez atténués ; mais la durée des oscillations, qui dépasserait huit heures, montre combien est petite la force qui tend à les produire. » Enfin la même analyse donne les positions d'équilibre d'un corps mo- bile en tous sens autour de son centre de gravité. Elle montre, par exemple, qu'une tige suspendue par son centre de gravité tend à se placer dans le plan du méridien, de manière à faire avec la verticale un petit angle dont la valeur est d'environ 6' à la latitude de 45 degrés; dans notre hémisphère, la partie inférieure de la tige est du côté du nord. » Dans la Lettre qui accompagne cet envoi, M. Puiseux prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géométrie. La demande de M. Puiseux et le Mémoire qu'il présente sont renvoyés à l'examen de la Section de Géométrie. mécanique appliquée. — Modification apportée au frein du système Laignel; par M. Perreul. (Extrait.) (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Séguier.) « Le frein de M. Laignel, a dit un savant ingénieur, se différencie complé- » tement des appareils ordinaires, en ce qu'il agit sur les rails mêmes.... Des » manivelles à vis, placées sur les voitures, permettent de faire descendre » les sabots dans une direction verticale et de les presser à volonté contre » les rails. On peut ainsi graduer le frottement et le rendre de plus en plus » grand, jusqu'à ce que l'on ait atteint le maximum de résistance Ce » système a le triple avantage de la solidité, de la promptitude d'action » et.... » » Voyons maintenant quels obstacles a rencontrés le sjstème par pres- C. R., i856, i« Semestre. (T. XLli, N<> la.) 9* ( 686 ) sion verticale, et démontrons qu'ils proviennent tous du point d'appui qu'on avait choisi. . . . C'est de la nature et de l'état de la surface choisie que viennent tous les ohstacles à la réussite complète de la pression verticale ; en effet, l'hu- midité boueuse du rail, sa surface trop lisse par le passage des roues et dans des conditions défavorables d'humidité, trop étroite surtout pour qu'on puisse en obtenir une pression puissante : ces obstacles, qui ont empêché la généralisation d'un système approuvé depuis dix ans, ne se rencontrent pas dans notre système, où un nouveau point d'appui a été choisi. » C'est sur le sable du ballast, étendu sur là voie, et en changeant la forme du sabot, que nous avons trouvé un meilleur point d'appui, complè- tement exempt des inconvénients que nous venons de signaler. Ce sable ne doit jamais cependant pouvoir être amoncelé d'une manière gênante, ni projeté sur la voie. Il doit être sillonné, fendu, pour ainsi dire, par l'appa- reil remplaçant le sabot, et qui se compose d'un épais madrier en forme de grand patin; plusieurs lignes de fer aigu, parallèles entre elles et relevées à l'avant, remplaceraient l'unique ligne enfer qui, dans le patin proprement dit, sert à glisser sur la glace. » Le sable, sillonné d'abord par. les lignes du patin, qui s'y enfonceront peu à peu, produira un frottement qui deviendra de plus en plus grand ; les Signes de fer arriveront jusqu'aux traverses qu'elles sillonneront, sans aucun danger de dérangement, et sur lesquelles elles s'arrêteront lorsque l'arbre à vis, manœuvré par des leviers de cabestan , pressera le madrier formant patin lui-même sur le sable, ce qui produira un maximum de résistance assez puissant pour arrêter un convoi rapidement, en cas de danger imminent, et bien certainement dans un espace moindre que celui exigé jusqu'ici, sous peine de catastrophe semblable à celle de Moret, déclarée d'avancé inévi- table, dans les mêmes circonstances et dans l'état d'insuffisance du matériel actuel. » Deux appareils, l'un placé sur le tender, l'autre sur la dernière voiture, nous paraissent suffisants. Le dessous du madrier, suspendu à l'arbre à vis et complétant le frein, devra probablement être revêtu d'une plaque de fer; l'expérience peut seule en démontrer la nécessité. » chimie générale. — Faits pour servir à l'histoire de l'éthérification; par M. Alvaro Retxoso. (Commissaires, MM. Pelouze, Dumas, Payen.) « Action du bioxyde de mercure sur VétJier iodhjdrique éthjlique. — i°. Quand on met du bioxyde de mercure et de l'éther iodhydrique dans (687) un tube scellé à la lampe, et que -l'on chauffe pendant quatre heures à 260 degrés, une réaction très-énergique a lieu. On voit, à travers les parois du tube, la masse décomposée, noircie, contenant quelques globules de mercure métallique au fond d'un liquide très-mobile. À l'ouverture du tube, un grand dégagement de gaz a lieu, suivi d'une forte explosion. Il nous a été impossible d'étudier cette réaction à cause de l'explosion; nous avons constaté seulement qu'une partie de l'iode était devenue libre. » 20. Du bioxyde de mercure mis avec de l'éther iodhydrique dans un tube scellé à la lampe fut maintenu pendant six heures à la température de 100 degrés; le bioxyde de mercure passa à l'état d'iodure, et en ouvrant le tube nous avons constaté : i° la formation d'une petite quantité de gaz oléfiant; i° production d'éther hydrique; 3° formation d'une trace d'é- ther acétique; 4° présence d'un excès d'éther iodhydrique non décomposé ; 5° l'éther tenait en dissolution un peu d'iodure de mercure. » 3°. Nous avons abandonné pendant dix-sept mois sur une table, près d'une fenêtre par où entraient facilement les rayons du soleil, un tube con- tenant de l'éther iodhydrique et du bioxyde de mercure. Au bout de quel- ques jours déjà la réaction avait commencé, à en juger par la formation de l'iodure de mercure; nous l'avons laissée cependant se continuer, et chaque jour la formation d'iodure s'accroissait, et il se déposait contre les parois du tube, en formant de beaux cristaux. En ouvrant le tube, une assez grande quantité de gaz s'est dégagée; le produit liquide était composé d'une proportion considérable d'éther acétique et d'une petite quantité d'éther hydrique. Il est évident que la formation de l'éther acétique n'a lieu qu'en vertu d'une réaction secondaire, et que le bioxyde de mercure agit d'abord sur l'éther iodhydrique en le transformant en éther ordinaire. L'éther acétique proviendrait d'une oxydation de l'éther hydrique, oxyda- tion qui ne pourrait avoir lieu qu'aux dépens de l'oxygène de l'oxyde, car l'oxygène de l'air contenu dans le tube se trouve en trop petite quan- tité pour produire cet effet. II s'ensuivrait la formation d'un oxyde infé- rieur, ou de mercure métallique. Il est probable qu'il y a du mercure métallique mis en liberté, qui alors agit à son tour sur l'éther iodhydrique non encore décomposé en formant, comme l'a démontré Franckland, de l'iodure de mercure, ainsi qu'un mélange gazeux composé d'éthyle, d'hy- drure d'éthyle et de gaz oléfiant. » Si, au résultat que nous venons d'obtenir, on ajoute la production de l'éther hydrique par l'action de l'eau (Franckland) et de l'oxyde d'ar- 9 ( 688 ) gent (M. Wurtz), on est, nous le croyons, bien fondé à espérer obtenir la même action avec d'autres oxydes. » Cette étude générale pourrait ne pas avoir un très-grand intérêt sous le point de vue spécial de la production de l'éther, mais il n'en est pas de même si l'on considère le rôle qu'il pourrait jouer dans l'explication de l'action de plusieurs corps sur l'alcool, qui l'éthérifient, et dont la véritable action n'est pas bien connue aujourd'hui. » Il est probable que d'autres oxydes réagiront aussi d'une manière ana- logue sur les éthers chlorhydrique et bromhydrique. » Actiondes sulfates sur l'alcool. — Nous avons mis avec de l'alcool, dans un tube fermé par un bout, les sulfates de magnésie, de manganèse, de fer, cobalt, nickel, cadmium, zinc et cuivre; le tube, scellé à la lampe par l'autre bout, fut placé dans un canon de fusil et chauffé dans un bain d'huile à 240 degrés. Tous ces sulfates ont produit l'éthérification de l'alcool ; aucun, excepté ceux de nickel et de cuivre, n'a subi de décomposition. Le sulfate de nickel passa à l'état de sous-sulfate, et celui de cuivre fut ré- duit en partie à l'état métallique. Jamais il n'y a eu dégagement de gaz, excepté lorsqu'on a employé le sulfate de cuivre, où une grande quantité de gaz s'est dégagée à l'ouverture du tube. Les sulfates non décomposés conservent après l'expérience leurs propriétés chimiques, et ils se dissolvent complètement dans l'eau On a toujours expérimenté sur des sulfates cris- tallisés. Tous ces sulfates perdent par l'action combinée de la température et de l'alcool leur eau de cristallisation, et dans cet état anhydre ils tardent plus longtemps à se dissoudre dans l'eau. » Iodures et bromures. — L'iodure et le bromure de cadmium, chauffés avec de l'alcool à 2/J0 degrés, produisent de l'éther. Ils ne se décomposent pas, et à l'ouverture du tube il n'y a pas de dégagement de gaz. » Le bromure de mercure fut chauffé avec de l'alcool à 240 degrés. La masse noircit fortement, et à l'ouverture du tube il y eut un grand dégage- ment de gaz et l'alcool se trouva élhérifié. Le bromure était décomposé. » Chlorures et chlorhydrates. — Les chlorures de cobalt, de cadmium et le protochlorure de manganèse chauffés avec de l'alcool à a4o degrés restent sans se décomposer, et l'alcool se convertit en éther sans qu'il y ait de déga- gement de gaz. C'est le protochlorure de manganèse qui produit la plus grande quantité d'éther. » Le chlorure de nickel, chauffé avec de l'alcool à 240 degrés, passe à l'état de sous-chlorure insoluble; l'alcool produit de l'éther, et à l'ouverture du tube on constate un léger dégagement de gaz. (689) » Le prolochlorwe détain fut chauffé à a/jo degrés avec de l'alcool, et après l'expérience le liquide contenu dans le tube se trouva partagé en deux couches bien tranchées : l'une, supérieure, limpide; l'autre, inférieure, lai- teuse. A l'ouverture du tube, des gaz se sont dégagés, et l'on a constaté la formation d'une grande quantité d'éther. » Le protochlorure de fer, .chauffé avec de l'alcool à 240 degrés, produit une action très-marquée. Le liquide dans le tube se trouve partagé en deux couches fort distinctes, dont la supérieure, très-considérable, consiste en éther pur. A l'ouverture du tube il y a un léger dégagement de gaz. » Le protochlorure de cuivre produit aussi à 240 degrés l'éthérification de l'alcool. » Le bichlorure de mercure, chauffé avec de l'alcool à 240 ou à 200 de- grés, se décompose ; la masse noircit fortement, et à l'ouverture du tube une grande quantité de gaz se dégage, et on constate la production de l'éther. » Les chlorhydrates de morphine et de cinchonine chauffés avec de l'al- cool à 200 degrés noircissent; à l'ouverture du tube il n'y a pas de dégage- ment de gaz, et la liqueur contient de faibles proportions d'éther. L'odeur éthérée est plus prononcée avec la cinchonine qu'avec la morphine. » physique appliquée. — Production des lames diaphanes minces , ttu moyen de dissolutions résineuses, et sur un papier à couleurs changeantes obtenu par l'application de ces lames (deuxième Note) ; par M. Carrère. (Extrait. ) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet, de Senarmont. ) « Depuis la première communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie, j'ai cherché à produire des lames minces avec différentes ré- sines et avec d'autres corps solubles dans les essences ; voici les résultats auxquels je suis arrivé : i° La lame produite par une dissolution de bi- tume de Judée présente le maximum d'éclat. 20. On obtient encore des lames brillantes avec la dissolution d'un des corps suivants : succin fondu, gomme-gutte fondue, lésine-mastic. 3°. En général, la lame mince est terne ; c'est ce qui a lieu, par exemple, pour la colophane et le caoutchouc. 4°- On ne peut pas produire de lame mince avec la dissolution de certains corps, par exemple de la résine copal, de l'acide stéarique, de la cire. 5°. Sous le ( ) CHIRURGIE. — Note sur la dé f articulation de la mâchoire inférieure ap- pln/uée à V extirpation des tumeurs profondes du pharynx , de la langue et du voile du palais ; par M. Maisoxneuve. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Moquin-Tandon, Jobert, de Lamballe.) « L'idée d'enlever l'os maxillaire supérieur sain, dans le but de rendre possible l'extirpation de certaines tumeurs profondes du pharynx et de la zone zygomatique, excita d'abord parmi les chirurgiens une certaine émotion; puis, en y réfléchissant, on ne tarda pas à comprendre que s'il était permis, pour sauver la vie d'un homme, de sacrifier un organe malade, le sacrifice de ce même organe sain ne devait pas arrêter davantage, quand le but était le même. «C'est en procédant d'après ce principe que jesuis parvenu à sauver d'une mort imminente plusieurs malades affectés de tumeurs réputées incurables. Deux de ces malades ont été présentés .à l'Académie de Médecine et sont restés complètement guéris. » Frappé de ces résultats, j'ai pensé.qu'on pourrait, en appliquant le même principe à l'os maxillaire inférieur, arriver à pratiquer l'extirpation de quel- ques autres tumeurs, jusqu'alors inaccessibles à nos moyens d'action. » Les deux observations suivantes donneront une idée de ce qu'on peut obtenir de cette nouvelle méthode. » Première observation. — Homme de cinquante-huit ans, malade depuis huit mois, nombreux traitements médicaux sans succès ; épithélioma végé- tant et ulcéré qui occupe la face interne de la joue droite , l'amygdale, la presque totalité du voile du palais et surtout les parties supérieure, posté- rieure et latérale droite du pharynx, avec menaces d'asphyxie. » Opération le 3 juillet 1 855, après désarticulation préalable de la moitié latérale droite de l'os maxillaire inférieur sain , Guérison en moins de six semaines. » Deuxième observation. — Homme de cinquante-deux ans. Affection car-, cinomateùse qui avait envahi le côté droit* de la base de la langue, la por- tion voisine du pharynx et du voile du palais, ainsi qu'un des ganglions sous-maxillaires. — Opération le 12 février 1 856, par ablation préalable de la moitié latérale droite de I'qs maxillaire inférieur sain. Guérison. Conclusions'. » i°. La désarticulation d'une des moitiés latérales de l'os maxillaire infé- rieur rend possible l'extirpation de certaines tumeurs profondes du pha- ( 69*) rynx, de la langue et du voile du palais, inaccessibles jusqu'alors à nos moyens d'action. » 20. Le chirurgien est autorisé à la pratiquer, même dans les cas où cet os n'a subi aucune altération, du moment où l'affection qu'il s'agit d'extirper compromet gravement la vie du malade. » médecine , — Recherches sur la cause du choléra asiatique , sur celle du typhus ictérode et des fièvres de marécages ; par M. Beacperthuy. (Commissaires, MM. Serres, Andral, Boussingault.) M. Flourens, en présentant ce travail, au nom de l'auteur autrefois voya- geur-naturaliste du Muséum, aujourd'hui professeur d'Anatomie à l'univer- sité de Caracas (Amérique du Sud), en donne une idée d'après les extraits suivants de la Lettre d'envoi, datée de Cumana, 1 8 janvier i856 : « Mes observations sur le choléra ont été faites dans les mois de no- vembre et décembre de i854, pendant la grande épidémie qui ravagea une partie des Antilles anglaises et le littoral du golfe Triste et de la province de Cumana. En décembre i853, j'ai été chargé par le Gouvernement Véné- zuélien de porter secours aux individus attaqués par la fièvre jaune à Cumana et ses alentours. Déjà, depuis 1839, de longues et pénibles re- cherches faites dans un grand nombre de localités malsaines des provinces de Cumana, Barcelone et de la Guyane espagnole, m'avaient porté à croire que les fièvres des marécages étaient dues à un virus végéto-animal, inoculé dans l'organisation humaine par des insectes tipulaires.... Il est digne d'observation que les produits putrides, accumulés dans le tube intes- tinal des fébricitants, sont formés presque en totalité de monades et de vibrions semblables à ceux qu'on observe dans les matières animales et vé- gétales en putréfaction. Le sulfate de quinine, l'arséniate dépotasse, le jus de citron, etc., paralysent les mouvements de ces insectes. » Je dirai, à cette occasion, que le sulfate de quinine administré à haute dose, 1 8 à 20 grains par jour, m'a très-bien réussi, dans les nombreuses applications que j'ai faites de ce remède, chez les individus que j'ai soignés d'accidents consécutifs à la piqûre des serpents. » Les accidents de la fièvre jaune me semblent tenir également à l'in- troduction dans l'économie des sucs septiqués pompés par des insectes sur le littoral. Quant à la matière animale noire qui, dans une période avancée de la fièvre jaune, est rejetée par les vomissements, elle est formée d'une multi- tude de monades d'une extrême ténuité. Je ne puis mieux la comparer ( 6g3 ) qu'aux globules du pigmentum de la choroïde, observé, au moyen du mi- croscope de M. Vincent Chevalier, en employant" le plus fort grossissement. Pour bien faire cette observation, il faut délayer une très-petite quantité du pigmentum dans une goutte d'eau distillée et placer sur le porte-objet une particule de ce mélange. » médecine. — Constitution médicale de la fin de tannée 1 855 ; histoire des épidémies de fièvre muqueuse, de variole, de rougeole et de coqueluche qui ont régné en 1 855 dans quelques communes de l'arrondissement de J^illefranche [Haute- Garonne) ; par M. Martin Dcclacx. (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Cl. Bernard.) Dans la Lettre qui accompagne l'envoi de ce volumineux travail, l'au- teur prie l'Académie, lorsqu'elle aura à nommer un Correspondant pour la Section de Médecine et de Chirurgie, de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats. Cette demande sera réservée pour être soumise en temps opportun à l'examen de la Section compétente. M. Behthf.rand, auteur d'un ouvrage sur la médecine et l'hygiène des Arabes envoyé précédemment pour le concours Montyon (Médecine et Chi- rurgie), adresse, conformément à une condition imposée aux concurrents, une indication en double copie de ce qu'il considère comme neuf dans cet ouvrage. M. Boutigny, d'Évreux, soumet au jugement de l'Académie une Note jiyant pour titre : Sur le mouvement de rotation d'un corps à l'état sphéroi- dal autour dun point fixe. (Commissaires, MM. Babinet, Despretz, Cagniard-Latour. ) L'auteur s'est proposé principalement dans cette communication de dé- velopper les conséquences qui découlent, suivant lui, d'un fait qu'il a déjà depuis longtemps observé. Ce fait ayant déjà été décrit dans un opuscule publié en 1847 Par ^- Boutigny, nous ne le reproduirons pas ici; et quant aux déductions, nous nous bornerons à dire que l'auteur croit à une liaison entre le sens de la rotation du sphéroïde qu'il produit et celui de la rotation du sphéroïde terrestre. C. R., i856, 1er Semestre. (T. XLII, N° io.) i)2 ( 694) M. Gueyton prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commission un procédé qu'il a imaginé pour obtenir d'une épreuve photo- graphique sur verre ou sur métal une gravure à l'eau-forte susceptible de donner des épreuves du genre des estampes en taille-douce. (Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Despretz.) M. Salleron présente la description d'un anémométrographe inscrivant électriquement la direction et la vitesse du vent pour chaque instant de la journée. Cette description, qui ne peut à raison de son étendue être reproduite textuellement et qui serait d'ailleurs difficilement comprise sans le secours d'une figure, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet et Babinet. Un appareil construit par M. Salleron, et conforme à la description qu'il présente aujourd'hui, est exposé dans la pièce qui précède la salle des séances. M. Despretz demande, au nom de M. Ruhmkorjf, que l'appareil em- ployé par cet habile constructeur pour mettre le feu aux mines soit admis au concours pour le prix fondé par M. de Montyon et destiné à récom- penser les inventions qui tendent à rendre une profession moins insalubre ou moins périlleuse. (Réservé pour la future Commission.) M. Moysen adresse une Note destinée à servir de complément à sa des- cription du râteau mécanique pour arracher le chiendent, appareil' compris dans le nombre des instruments aratoires qu'il a précédemment présentés au concours pour le prix de Mécanique. ( Réservé pour la future Commission . ) CORRESPONDANCE. M. Flourens présente, au nom de l'auteur, un exemplaire du Rapport adressé à l'Empereur, par M. le Maréchal Piaillant, Ministre de la Guerre, sur la culture du coton en Algérie, année i855. (695 ) M, Flourejss, en présentant au nom de M. Van Monckhoven, de Gaud, un volume intitulé : « Traité général de Photographie, suivi de l'application de cet art aux sciences et de recherches sur l'action chimique de la lumière », donne dans Les extraits suivants de la Lettre d'envoi une idée des résultats auxquels est arrivé l'auteur et qui font l'objet principal de son livre. « Comme le titre de l'ouvrage l'indique, j'ai plutôt essayé une description scientifique de la photographie qu'une description purement pratique. Les principaux points auxquels je crois être arrivé sont les suivants : » i°. Le foyer chimique pour un même objectif varie avec la nature et même l'état de la surface employée (Note de M. Secretan), parce que le . maximum de l'intensité chimique peut varier pour une même substance entre les limites du bleu prismatique et des rayons obscurs les plus réfran- gibles. » a0. La nature du pyroxyle exerce, dans le procédé sur collodion, une influence très-grande sur les résultats. Comme M. Hadow l'a prouvé, il existe quatre variétés de pyroxyle qui diffèrent de composition, fait encore peu connu. M. Hadow admet avec raison, à ce que je crois, que le coton fixe de l'acide hypoazotique et non de l'acide azotique. D'ailleurs ces re- cherches ont reçu une grande publicité en Angleterre. » 3°. L'azotite d'argent, en connexion avec le nitrate, forme un liquide sensibilisateur qui favorise singulièrement le développement de l'image ' latente par l'acide pyrogallique. » 4°- Les insuccès, qui sont le complément inévitable des procédés pho- tographiques, peuvent être groupés en quelques insuccès types, à l'aide desquels on peut y obvier avec facilité. » 5°. Plusieurs méthodes de renforçage d'épreuves négatives sur collo- dion sont à rejeter. Ainsi quelques photographes blanchissent les épreuves formées d'argent pur à l'aide du bichlorure de mercure; j'ai reconnu que l'image blanchie était formée de protochlorure de mercure et de chlorure d'argent : or ces deux composés sont sensibles à la lumière, et, par consé- quent, l'épreuve s'efface. Il en est de même si l'on noircit l'épreuve avec l'ammoniaque. » 6°. Les épreuves positives sur papier sulfurées s'effacent. J'ai traité analytiquement cette question , et l'ai développée en formules. » Enfin, je n'ai pas cru devoir reculer devant les applications de la pho- tographie aux sciences, et c'est là pour moi un point trop important ; en effet, quel est le micrographe qui oserait seulement penser à reproduire à 9a- l'aide de sa main inhabile les merveilleuses organisations de certains êtres microscopiques? Quel est l'observateur qui peut rivaliser avec le mystérieux travail de la lumière pour enregistrer régulièrement les variations de la colonne barométrique et de l'aiguille aimantée? Certes, ce sont là des faits, qui montrent combien, dans un avenir peu éloigné peut-être, la photogra- phie pourra être d'une utilité dans les recherches scientifiques. J'ai d'ailleurs consigné dans cet ouvrage plusieurs expériences, que je crois nouvelles. M'occupant de la photographie en amateur libre et indépendant, aucune considération personnelle n'a dû me retenir pour décrire les procédés photographiques , ce qui n'arrive pas toujours dans les publications de ce genre. » M. Flourens fait, au nom de l'auteur, hommage à l'Académie d'un exem- plaire de la Conquête d'Alger, écrite sur des documents inédits et authenti- ques par M. Alj. Nettement. « Si ce livre, dit M. le Secrétaire perpétuel , est présenté par moi au lieu de l'être, comme on pourrait s'y attendre, par M. l'amiral Du petit-Thouars, il faut en chercher le motif dans la modestie de notre confrère, qui n'a pas voulu appeler l'attention sur le récit d'une expédition dont il a reconnu et prouvé la possibilité, alors qu'elle était déclarée impraticable par des hommes dont la parole avait une grande autorité. » M. le Secrétaire perpétuel appelle encore l'attention sur un ouvrage de physique mathématique, envoyé de Turin par M . Ménabréa, et com- munique l'extrait suivant de la Lettre d'envoi. « Par une Lettre du 3o mai 1 855, insérée par extrait dans les Comptes rendus, j'annonçai à l'Académie que j'étais parvenu, par une méthode d'une simplicité élémentaire, à intégrer un système d'équations linéaires aux diffé- rences partielles, et à obtenir ainsi des formules d'une grande généralité et qui comprennent, comme cas particulier, les solutions des problèmes qui se rapportent aux vibrations et à la propagation de la chaleur dans les corps solides. Le Mémoire qui contient ces recherches venant d'être imprimé, je m'empresse d'en offrir un exemplaire à l'Académie des Sciences. » La Société impériale Zoologiqde d'acclimatation remercie l'Académie, qui l'a comprise dans le nombre des Institutions auxquelles elle accorde les Comptes rendus de ses séances. Un exemplaire du Rapport fait à cette Société dans sa séance du Ier fé- (697 ) vrier, par M. Isid. Geoffroy -S 'aint-Hilaire , sur les mesures relatives aux récompenses et encouragements à accorder, est présenté au nom du Rap- porteur. La Société pour les secours a donner aux noyés, instituée à Amsterdam, adresse un exemplaire, en langue française, d'un aperçu historique rédigé par un de ses membres. La Société accueillerait avec reconnaissance toutes les observations faites sur ce livre, qui seraient de nature à suggérer des améliorations à obtenir relativement au but qu'elle se propose, ou à indi- quer celles déjà obtenues dans quelques pays. physique. — Note sur un nouveau système de relais rhéotomique destiné à transmettre simultanément, à travers un même fil, une dépêche à plu- sieurs appareils télégraphiques différents placés en dehors de la ligne télégraphique; par M. Th. du Moncel. « Il peut arriver qu'on veuille transmettre simultanément une dépêche à plusieurs appareils télégraphiques disséminés en différents points d'une ville, ou dans les environs de grands centres télégraphiques auxquels ils sont déjà reliés. Dans ce cas, comme dans celui où l'on veut transmettre instan- tanément une dépêche dans plusieurs directions différentes, on peut faire usage des relais rhéotomiques dont nous allons parler. » Il y a déjà longtemps, M. Wheatstone avait cherché le moyen de ré- soudre ce problème, et il avait imaginé, à cet effet, un appareil fondé sur la persistance de la déviation du galvanomètre soumis à un courant inter- rompu à des intervalles excessivement rapprochés. Mais l'isochronisme par- fait de mouvement que ces appareils exigeaient et la lenteur de la trans- mission rendaient la solution de ce problème plutôt théorique que pratique. J'ai donc cherché à résoudre le problème d'une autre manière, et voici comment je m'y suis pris. » Qu'on imagine à la station centrale éloignée de la station qui transmet un appareil d'horlogerie dont le mouvement soit le plus accéléré possible, et qui ait pour effet mécanique de mettre en mouvement circulaire ou rec- tiligne un petit frotteur à piston, appliqué sur une plaique d'ivoire fixe; on concevra facilement que si cette plaque d'ivoire porte (sur le parcours du piston) autant de plaques métalliques qu'il y a d'appareils à faire mouvoir, le piston, à chaque révolution qu'il accomplira, pourra renvoyer successi- vement un même courant dans ces différents appareils. Or, en admettant que le mécanisme d'horlogerie soit commandé par un électro-aimant inter- (698) posé dans le circuit d'un relais ou même dans le circuit de la ligne, et que chaque attraction de cet électro-aimant ait pour effet de permettre au frot- teur-piston d'accomplir une révolution entière, il arrivera que chaque fer- meture de courant opérée sur le relais aura pour résultat une série de fermetures successives à travers des circuits différents, fermetures qui pour- ront se succéder infiniment rapidement, puisque pour être effacées elles n'ont pas besoin d'être en rapport avec les actions mécaniques produites. » Quand la transmission multiple doit se faire de la station elle-même qui transmet, c'est le cas de la station de Paris quand il s'agit d'envoyer une grande nouvelle dans les départements, le rhéotome pourrait se passer de relais et de l'électro-aimant commandant le rhéotome. Ce serait le trans- metteur qui réagirait alors directement sur le mouvement d'horlogerie. » Pour empêcher la confusion qui pourrait résulter du déclanchement trop lent ou trop prompt du mécanisme rhéolomique, l'interrupteur doit être mis en mouvement par un mécanisme d'horlogerie, calculé de manière à marcher d'accord avec le mécanisme du rhéotome. » Il va sans dire que ce système de relais rhéotomique ne peut s'appli- quer qu'aux télégraphes à aiguilles. » M. Doxox envoie la série de couleurs à base de fer qu'il avait annoncée dans La précédente séance (le nom avait été écrit, par erreur, Dosnon). M. Dubois adresse, de Clermont-Ferrand, une Lettre écrite avec une encre de sa composition, qu'il considère comme inaltérable. Il souhaiterait que les propriétés qu'il attribue à cette encre pussent être constatées à la suite d'épreuves faites par une Commission que nommerait l'Académie. On fera savoir à l'auteur qu'il est de règle pour l'Académie de ne point s'occuper des produits dont on ne lui a pas fait connaître d'avance la com- position. M. de Tiremois signale une erreur qui a été commise à son égard dans un des précédents volumes des Comptes rendus hebdomadaires . Une Note sur un procédé pour faire du bleu d'outremer avait été présentée en son nom, le 23 mai 1842, et imprimée dans le Compte rendu de cette séance; mais dans le texte de ce numéro (t. XIV, p. 761) comme dans la Table du vo- lume, et dans la Table générale, publiée en i853, son nom a été écrit de Tinnon. Il est impossible de ne pas commettre parfois de semblables erreurs, beaucoup de signatures étant peu lisibles, d'autres étant rendues douteuses 1t (699) par le paraphe ; dans le cas présent, par exemple, si le nom ne s'était trouvé écrit dans le corps de la Lettre, on l'eût difficilement restitué au moyen de la seule signature. M. Marigny prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un Mémoire sur la Navigation aérienne, qu'il lui avait adressé, il y a plusieurs années, par l'intermédiaire de M. Arago. L'auteur suppose, d'après des renseignements inexacts, que ce Mémoire existe dans les archives de l'Académie. Il est certain, au contraire, qu'il n'a jamais été remis au Secrétariat, et on peut même douter qu'il soit par- venu à M. Arago, qui à l'époque indiquée assistait encore, quoique déjà très-souffrant, aux séances de l'Académie, et ne manquait point de présen- ter les pièces qui lui étaient adressées en sa qualité de Secrétaire perpétuel. COMITÉ SECRET. La Section de Géométrie propose, par l'organe de son doyen M. Biot, de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacantepar suite du décès de M. Sturm. L'Académie va au scrutin sur cette proposition. Sur 49 votants, Il y a 46 oui et 3 non. En conséquence, la Section est invitée à présenter dans la prochaine séance une liste de candidats. * La Section de Chimie présente, par l'organe de son doyen M. Thenard, la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Braconnot : . i M. Gerhardt, professeur de chimie à la Faculté Au Ier rang \ , _ . \ _ . 0 ( des Sciences de Strasbourg. . |M. Pasteur, doyen et professeur de chimie à la °'" "\ Faculté des Sciences de Lille. !M. Bineac, professeur de chimie à la Faculté des Sciences de Lyon ; M. Desaignes, receveur des finances à Vendôme. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures . F. i •* « ( 7°° ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du i4 avril 1 856, les ouvrages dont voici les titres : Ministère de la Guerre. Rapport adressé à ï Empereur par le maréchal Vail- lant, Ministre de la Guerre, sur la culture du colon en Algérie (ï 855 ). Paris, i856;br. in-8°. Traité c/énérat de Photographie, comprenant les procédés sur plaque, sur pa- pier, sur verre à l'albumine et au collodion , le tirage des positifs et des épreuves stéréoscopiques , la gravure héliographique , etc. , suivi des applications de cet art aux sciences et de recherches sur l'action chimique de la lumière; par M . D. Van Monckhoven; ie édition. Paris, 1 856 ; ï vol. in-8°. Histoire de la conquête d'Alger écrite sur des documents inédits et authen- tiques, suivie du tableau delà conquête de l'Algérie; par M. Alfred Nette- ment. Paris, i856 ; ï vol. in-8°. Aperçu historique 'au sujet de la Société pour secourir les noyés, instituée à Amsterdam ; par M. J.-A. Kool; traduit du hollandais. Amsterdam, 1 855 ; ï vol. in-8°. Etudes de la circulation chez l'homme et les animaux; par M. le Dr JoiRE ; br. in-8°. Enumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard ; par M. Ch. Contejean. Additions et rectifications. Besançon, i856; br. in-8°. Anatomie comparée des végétaux, par M. G. -A. Chatin ; 3e livraison ; in-8°. Mémoire sur un enfanta deux tètes né à Bagnères-de-Luchon , le 16 septembre 1 855; par M. leDrH. Laforgue. Toulouse, i856; br. in-8°. Lois générales de divers ordres de phénomènes dont l'analyse dépend d'é- quations linéaires aux différences partielles, tels que ceux des vibrations et de la propagation de la chaleur; par M. L.-F. MÉNABBÉA, colonel du génie mili- taire. Turin, 1 855 ; br. in-4°. Du tremblement des mains et des doigts, et description de deux machines ortho- pédiques, à l'aide desquelles les malades qui ont été amputés du poignet droit et qui ont un tremblement oscillatoire de la main droite , peuvent écrire; par M. J.-J. Cazenave, médecin à Bordeaux. Paris, i855; br. in-8°. (Adressé pour le concours Monty on, Médecine et Chirurgie. ) Sviluppo... Développement et traitement du choléra- morbus et de deux pré- cédentes épidémies à Oriolo, arrondissement de Rome; par MM. F. Masi et Ph. Venditti. Rome, 1 856 ; br. in-8°. (Renvoyé à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie, constituée en Commission du prix Bréant.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. * yiî"5' ^BSS " * SÉANCE DU LUNDI 21 AVRIL 1856. PRÉSIDENCE DE M. BINET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. mycologie. — Note sur l'appareil reproducteur multiple des Hypoxylées (Pyrenomycetes Fr.); par M. Tulasne. « Si l'on réfléchit à la prodigieuse quantité de Micromycètes différents qui, grâce aux patientes recherches des mycologues, sont aujourd'hui réu- nis dans les collections publiques et privées, et à l'effrayante multitude de genres et d'espèces qui en a été décrite, on excusera sans peine le plus il- lustre représentant actuel de la mycologie d'avoir, dans un moment de lassitude, exprimé la crainte que la science ne pérît bientôt accablée sous le poids deses richesses. Assurément, et quoiqu'il nous en coûte de le recon- naître, nous ne pouvons nous dissimuler que la nature est, à notre égard, infinie comme son auteur, et que le botaniste adonné à l'étude des plus humbles et des plus obscurs végétaux n'a guère plus de chances d'épuiser son sujet qu'un observateur engagé dans un ordre de recherches plus relevé : mais vouloir qu'il en fût autrement, serait évidemment vouloir l'impos- sible, et il ne serait pas sage de s'en affliger longtemps. Ce qui aura bien plutôt et à plus juste titre attristé l'esprit pénétrant de M. Fries, c'est la légèreté regrettable apportée à leurs travaux par quelques auteurs, d'où est résulté pour la nomenclature et les classifications mycologiques un désordre, C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 16.) 93 ( 7°2 ) une confusion, qui s'écartent chaque jour davantage de l'harmonie que nous sommes accoutumés d'admirer dans les œuvres du Créateur. » A vrai dire, ce n'est pas du tout chose facile que de ranger dans un ordre naturel et pleinement satisfaisant des productions aussi variées que le sont les Micromycètes. Les difficultés inhérentes à leur étude sont ce- pendant moins dues à l'exiguïté habituelle de leurs dimensions qu'à leur commune polymorphie. L'insuffisance de nos classifications actuelles, leur inexactitude, tiennent surtout à l'ignorance où nous avons été jusqu'à ce jour de ce dernier caractère, qui n'est pas sans analogie avec ce que la science moderne a su découvrir dans certaines classes inférieures d'ani- maux. » C'est par suite de cette ignorance que dans nos catalogues une foule de petits champignons, d'Hypoxylées principalement, figurentàla foisen deux, trois, ou même quatre genres qui sont tenus pour distincts et placés le plus souvent en des familles différentes. La réforme de ces erreurs, de ces dou- bles emplois multipliés, ne saurait résulter que d'une étude très-approfondie de chaque espèce fongine, et réclamera nécessairement le concours de bien des mycologues sagaces et prudents. Qu'une pareille tâche soit réellement imposée aux futurs observateurs, c'est ce dont il n'est plus guère permis de douter aujourd'hui; les preuves que j'en ai réunies et présentées çà et là, laissent encore sans doute beaucoup à désirer, cependant les détails dans lesquels je vais entrer ici au sujet des Pyrénomycètes justifieront suffisam- ment, j'espère, les assertions précédentes. » I. — Après l'examen attentif auquel nous avons soumis, mon frère et moi, un grand nombre de ces champignons, je crois pouvoir avancer qu'ils possèdent au moins quatre appareils distincts de reproduction, et qu'ils sont ainsi, pour la plupart, quatre fois plus riches en organes de propagation qu'on ne le suppose. Dans l'ordre successif de l'évolution ou de l'apparition de ces organes, les conidies tiennent le premier rang. Ce sont des corpus- cules de formes très-variées, et qui, le plus souvent, naissent directement soit du mycélium ou byssus initial constitutif du champignon, soit du stroma ou pulvinule solide que ce mycélium engendre. L'appareil conidifère des Hypoxylées est, sans contredit, celui de leurs systèmes d'organes reproduc- teurs qui a donné lieu, par suite de la merveilleuse variété qu'il offre en ses diverses parties, à la distinction du plus grand nombre de genres et d'espè- ces. On est fondé à supposer qu'une multitude de Gymnomycètes et d'Ha- plomycètes, regardés jusqu'ici comme des productions complètes et autono- mes, ne représentent réellement que l'état conidifère d'autant d'Hypoxylées. (7o3) J'ai acquis la preuve qu'il en est spécialement ainsi des genres Melanco- nium, Stilbospora , Stegonosporium, Corjrneum , Exosporium , Cjlindro- sporium , Macrosporium, J^ermicularia , Mystrosporium, Cladosporium, Hebninthosporium, Periconia, Poljthrincium, Tubercularia , Stilbum, Atractiwn, Graphium, et autres analogues qui tiennent tant de place dans nos flores mycologiques. r> Pour parler d'abord des Melanconium , on reconnaîtra que la poussière de spores noires qui les constituerait à elle seule, s'ils étaient des champi- gnons autonomes, naît constamment sur les parois ou dans l'épaisseur d'un stroma qui produit en outre des conceptacles ascigères. Le Sphœria stil- bostoma a Papula Fr. [Melanconis stilbostoma Tul.) est, auprès de Paris, l'exemple le plus vulgaire et le moins douteux de cette dualité d'organes reproducteurs; deux autres espèces parisiennes lui sont fort analogues: l'une, le Melanconis Jlni Tul., croît sur les branches de l'Aulne; l'autre {Melanconis spodiœa Tul.), dans l'écorce du Charme. Le Stilbospora Juglan- disFv. appartient à notre Melanconis carthusiana; le Stilbospora macro- spermaÇPers.) Moug. à un Melanconis (M. macrosperma Tul.) dont les spo- res endothèques imitent beaucoup les conidies. Enfin le Melanconis Ber- kelœi Tul. [Sphœria inquinans [Ulmi] Berk.) possède sur les rameaux de l'Orme de très-grosses conidies noires qui sont également pour les mycolo- gues une sorte de Melanconium ou de Stilbospora. » Les prétendus Coniomycètes, qualifiés de Coryneum, diffèrent surtout des Stilbospora par plus de cohésion dans leurs éléments, et constituent comme eux l'appareil conidifère de certaines Sphéries, telles que les Melan- conis lanciformis (Fr.), macrospora (Desmaz.), modonia Tul., umbonata (Nées), et longipes Tul. [Corjtieurn Kunzei Cord.); ces trois dernières n'ont point encore été observées, que je sache, à l'état parfait ou ascophore, tandis que les deux premières, au contraire, n'ont été connues jusqu'ici que sous cette forme. Je donnerai bientôt ailleurs une description complète des unes et des autres. » On peut prendre pour type des Exosporium la production la plus an- ciennement désignée ainsi par Link et Nées, Y Exosporium Tiliœ Lk. L'é- tude que j'en ai faite m'a montré que ses belles spores multiloculaires procèdent du sommet capité de l'enveloppe stromatique commune aux périthèces du Sphœria Tiliœ Pers. Elles naissent aussi, et de la même ma- nière, des pycnides de cette Sphérie, c'est-à-dire des conceptacles privés de thèques, qui figurent maintenant dans les flores mycologiques sous les noms d' Hercospora Tiliœ Fr. ou de Rabenhorstia Tiliœ Fr. Ces pycnides sont 93.. ( 7°4 ) tellement construites, qu'elles peuvent envelopper dans leur sein des con- ceptacles ascophores. » Les Cyliudrosporium (Grev.) ou Ramularia (Ung.) représentent l'ap- pareil conidifère de très-petites Sphéries foliicoles, de celles surtout qui appartiennent au groupe des Depazea. Parmi ces champignons, dont le nombre est immense, le Sphœria Fragarîw Tul. (Septoria Fragariœ Desm. -+-[?] Leplothjrium Fragariœ Lib. -+- Graphium phfllogeuum Desm.) est celui dont j'ai suivi le mieux tout le développement, qui ne demande pas moins de sept à huit mois. L'état parfait ou thécigère de ces Sphéries paraît terminer leur végétation, et s'observe plus rarement que leurs formes antérieures, que je qualifie de spermogonies (Septoria), d'appareil conidi- fère (Cylindrosnorium) et de pycnides (Phjllosticta, Phomà). » Un autre groupe de Sphéries aura pour type, si l'on veut, le Sphœria Clavariarum Desmaz. [sub Helminthosporio^ dont les périthèces hérissés avaient échappé jusqu'ici à l'attention des observateurs; c'est une hypoxv- lée qui n'est pas moins favorable à notre thèse que YAscotricha Charta- rwn Berk et les Antennaria ou Fumago (erti\es(Capnodium Mntgn.; Berk.). » Pour ne pas donner à cette Note plus d'étendue qu'il ne conviendrait, je ne dirai rien des «utres genres de Gymnomycètes que je regarde comme de purs appareils conidifères de diverses Hypoxylées; toutefois je ne puis ne pas mentionner encore l'un des plus intéressants de ces genres, celui des Stilbum, dont j'ai eu, dans le cours de cet hiver, l'occasion de reconnaître la nature conidique. » Bien qu'ils soient ordinairement très-éloignés les uns des autres clans les classifications mycologiques, les Stilbum et les Tubercularia ont entre eux une analogie évidente; et, si l'on se rappelle que l'autonomie de ces derniers a été maintes fois très-légitimement critiquée, on sera moins surpris que les Stilbum appartiennent comme eux, et au même titre, à certaines Sphéries. Chez les Stilbum, leslroma conidifère, au lieu de rester pulviné comme dans les Tubercularia, s'allonge en manière de columelle, et c'est de la base renflée de celle-ci qu'il produit des groupes de'conceptacles asci- gères. J'ai rencontré plusieurs fois dans cet état de perfection le Stilbum aurantiacum Babingt. et le St. gracilipes Tu!. Le Stilbum (Atractium) flammeum (Berk. et Rav.) est aussi pourvu de conceptacles ascophores, comme je l'ai constaté sur les spécimens de ce champignon que M. Berkeley m'a obligeamment communiqués. Une découverte toute récente me paraît confirmer ces observations. M. G. Otth, botaniste de Berne, a reconnu que les Rhizomorpha, dont la fructification était restée un mystère jusqu'à pré- ( 7°5) sent, possèdent an moins un appareil reproducteur défini, lequel est iden- tique par son organisation avec la clavnle conidiophore des Stilbum on En résumé, j'ai été conduit à penser, d'après mes expériences, que des courants très-faibles traversent l'eau sans la décomposer. Les physiciens qui répéteront mes expériences seront, j'ose le penser, conduits à la même conséquence. » Remarques de M. Auguste de la Rive à l'occasion de cette communication. « M. Auguste de la Rive présente quelques observations sur la commu- nication de M. Despretz. Il remarque que l'absence de gaz visibles n'est (7" ) pas une preuve que l'eau n'ait pas été décomposée ; lorsque les courants transmis sont aussi faibles que ceux dont a fait usage M. Despretz, les deux gaz se développent sur la surface des électrodes en si petite quantité et en bulles si fines, qu'ils sont dissous dans l'eau à mesure qu'ils sont produits, en même temps qu'il en reste adhérente à la surface même des électrodes une petite proportion. C'est ce qu'il est facile de démontrer, ainsi que M. de la Rive l'a fait en i843 (i), soit en s'assurant que, lors même qu'il n'y a pas de décomposition apparente de l'eau, les électrodes sont forte- ment polarisées, soit en opérant sous le vide, ce qui, en permettant aux gaz de s'échapper un peu de la surface des électrodes, rend la transmission du courant plus facile. » chimie manufacturière. — Etudes théoriques et pratiques sur la fixation des couleurs dans la teinture (deuxième partie) ; par^H. Fréd. Ruhlmann. « Dans la première partie de ce travail (a) j'ai consigné les résultats d'es- sais ayant pour but de déterminer l'influence sur la fixation des couleurs qui résulte de la transformation des fils et tissus en pyroxyline. A cette occasion j'ai été à même de constater que la pyroxyline, privée par une dé- composition spontanée d'une partie de ses principes nitreux, acquerrait au point de vue de la teinture des propriétés entièrement opposées avec celles que mes premiers essais tendaient à faire admettre. » Une nouvelle série d'expériences eut lieu en remplaçant les tissus for- més de pyroxyline spontanément décomposée, par des étoffes de coton qui avant de recevoir le mordant avaientété mises en contact, pendant vin temps plus ou moins long, soit avec de l'acide nitrique à divers degrés de concen- tration, soit avec des mélanges variables d'acide nitrique et d'acide sulfu- rique. Les résultats de ces essais furent des plus remarquables. Avec le bois de Brésil, l'acétate d'alumine donna sur coton non azoté des nuances rouges violacées ; une immersion pendant vingt minutes dans de l'acide nitrique à 34 degrés, suivie d'un lavage à grande eau et d'un passage dans une faible dissolution de carbonate de soude, au préalable de l'application du mor- dant, donna une couleur rouge beaucoup plus nourrie et beaucoup moins violacée que celle que prit du coton non préparé à l'acide. Ce résultat a été (1) Le travail auquel M. de la Rive fait allusion fut communiqué par lui-même à l'Aca- démie des Sciences, et un extrait en fut inséré dans le Compte rendu du mois d'avril 1 843. (2) Voir le Compte rendu de la séance du i4 de ce mois. 94» ( 712 ) confirmé par plusieurs essais successifs. Un effet bien sensible fut produit même par l'immersion du coton pendant une demi-heure, dans le même acide étendu de deux fois son volume d'eau, et dans ce dernier cas le coton ne fut pas sensiblement altéré dans sa solidité. » L'essai comparatif suivant fut l'un des plus remarquables par ses résultats : » N° i . Coton sans préparation à l'acide. » N° 2. Coton resté cinq minutes dans un mélange de 2 volumes d'acide nitrique à 34 degrés et i volume d'acide sulfurique à 66 degrés. » N° 3. Coton resté deux minutes dans un mélange de i volume acide nitrique à 34 degrés et i volume d'acide sulfurique à 66 degrés. » N° 4- Coton resté vingt minutes dans un mélange de i volume d'acide nitrique à 34 degrés et 2 volumes d'acide sulfurique à 66 degrés. » N° 5. Coton resté vingt minutes dans un mélange de i volume acide nitrique à 34 degrés et a volumes d'acide sulfurique à 66 degrés et \ volume d'eau. » Après les bains acides, les tissus furent lavés a grande eau, passés en un bain de carbonate de soude, puis lavés encore, enfin passés dans un mordant d'acétate d'alumine. La teinture eut lieu dans une décoction de bois de Brésil. » Le coton n° i prit une couleur rouge pâle violacée ; » Le n° 2 prit une teinte rouge moins violette, mais encore assez pâle ; « Le n° 3 une couleur plus nourrie et plus vive ; » Le n° 4 une couleur rouge ponceau beaucoup plus foncée, assez ana- logue à celle obtenue parla pyroxyline décomposée; » Enfin le n° 5 prit une couleur rouge foncé d'une richesse extraordi- naire, la plus belle nuance qui ait été obtenue dans tous mes essais. L'essai n° 5 fut reproduit dans les mêmes circonstances en augmentant la force du bain de teinture, et l'on obtint une couleur d'un rouge éclatant tellement foncé, qu'il paraissait brun. » Cette série d'essais fut répétée plusieurs fois, et les mêmes résultats furent constamment obtenus. » Il en résulte d'une manière manifeste qu'un mélange d'acide sulfurique et d'acide nitrique donne des couleurs se rapprochant davantage de l'écar- late, que le bain acide qui donne les meilleurs résultats consiste en un mé- lange de i volume acide nitrique à 34 degrés, i volumes acide sulfurique à 66 degrés et \ volume d'eau. » Quoique la cochenille et l'orseille ne soient pas des couleurs générale- (7*3) ment applicables à la teinture du coton, je fis cependant avec ces matières tinctoriales quelques essais comparatifs. » Le mordant fut encore de l'acétate d'alumine. » Une immersion du coton pendant vingt minutes dans un bain d'acide nitrique pur, ou d'un mélange de i volumes acide nitrique et i volume acide sulfurique, donna à la teinture avec la cochenille une nuance giroflée pâle, peu différente de celle obtenue sans bain d'acide. » Une immersion pendant vingt minutes dans un bain de i volume acide nitrique et de i volume acide sulfurique, donna une couleur beaucoup plus foncée. » Enfin le mélange de i volume acide nitrique et de i volumes acide sulfurique donna une couleur giroflée d'une intensité de couleur au moins double de celle de l'essai précédent. . » Ces résultats sont assez concordants avec ceux observés pour la teinture au bois de Brésil. » Le dernier mélange d'acide permit d'obtenir, aussi sur coton, une cou- leur assez nourrie avec l'orseille. » On essaya enfin l'emploi de la garancine comme matière tinctoriale. » Un bain d'acide nitrique seul donna sur coton une nuance un peu plus jaune, mais pas plus foncée qu'en l'absence de tout traitement nitreux. 2 vo- lumes acide nitrique et 1 volume acide sulfurique donnèrent une nuance pareille, mais plus foncée que la précédente. 1 volume acide nitrique à 34 degrés et 1 volume acide sulfurique donnèrent une très-belle couleur d'un rouge brun, comme le rouge d'Andrinople avant l'avivage. Par 1 vo- lume acide nitrique et 2 volumes acide sulfurique, on obtint cette même intensité de couleur, mais d'une nuance tirant plus sur l'orange. Enfin vingt minutes de contact du coton avec un mélange de 1 volume acide nitrique, 1 volumes acide sulfurique et ± volume d'eau, donnèrent une couleur rouge très-vive et beaucoup plus foncée que la précédente. » Tous mes essais, qui avaient été faits avec du coton nitré, furent ré- pétés avec de la laine, de la soie, des plumes, du crin, en soumettant ces matières, avant la teinture et le mordançage, aux mêmes traitements par les acides, et des résultats tout aussi remarquables, au point de vue de l'aug- mentation, de l'intensité et de la richesse des couleurs furent obtenus. Avec de l'acide nitrique étendu de cinq fois son volume d'eau, les effets sont déjà très-prononcés. » Comme, dans le traitement par des acides concentrés, les fils ou tissus, ( 7'4) surtout ceux de coton et de lin, sont sensiblement altérés, et qu'ainsi, dans la pratique de la teinture, les résultats qui précèdent n'auraient pas d'appli- cation générale, mes essais se sont dirigés vers la fixation sur ces fils ou tissus des matières azotées diverses qui se produisent dans l'action de l'a- cide nitrique concentré sur certaines matières organiques, en vue d'aug- menter leur affinité pour les matières colorantes. » L'acide picrique, qui ne se fixe pas sur coton avec un mordant d'alu- mine, donne des nuances très-nourries, lorsque le coton a été nitré. Dans ce cas, cet acide agit comme matière colorante, mais il agit aussi comme mordant, surtout pour produire des couleurs composées, soit en donnant des bains d'acide picrique, après l'application sur étoffes des mordants or- dinaires, soit en mélangeant cet acide en quantité variable avec la couleur dans le bain de teinture. Les couleurs ainsi composées sont très-vives et pré- sentent les nuances les plus éclatantes, mais elles sont plus particulièrement applicables à la teinture sur laine et sur soie, car dans la teinture sur coton l'acide picrique fixé réagit à la longue sur la matière colorante, et en gé- néral l'altère profondément, en la faisant virer au jaune. » Il est encore une considération très-importante qui devait me préoccu- per dans mes recherches : c'est le danger de l'emploi de grandes quantités d'acide nitrique pour préparer les étoffes à la teinture. Cet acide, en for- mant avec les étoffes une véritable combinaison chimique en proportion variable, combinaison que la teinture ne détruit pas, augmente leur com- bustibilité. Je n'ai pas besoin d'insister sur cette considération ; elle s'a- dresse à des intérêts trop graves, et chacun en saisira tout d'abord l'impor- tance. » Au point de vue de la théorie de la teinture, il est un fait que les ré- sultats des essais que j'ai signalés ont mis hors de doute. Si l'on ne peut faire dépendre la fixation des couleurs d'un principe à application constante, celui par exemple qui reposerait uniquement sur la composition de la ma- tière à teindre, si, comme l'a démontré M. Chevreul, cette aptitude procède souvent aussi des propriétés particulières de la matière colorante elle-même, se fixant mieux sur tel ou tel tissu, on peut dès aujourd'hui établir que la composition chimique du corps à teindre a la plus grande influence sur cette fixation ; que les teintures sont de véritables combinaisons chimiques, et que les effets dus à la capillarité et à la structure particulière de la ma- tière filamenteuse ne sont que secondaires. C'est du reste ce que je mettrai plus en évidence encore dans la troisième partie de ce Mémoire. » ( 7'5) 4 économie rurale. — Recherches sur la distribution des matières azotées dans les diverses parties de la betterave; par M. J. Isidore Pierre. (Extrait. ) « De toutes les plantes cultivées dans nos régions tempérées, la betterave est assurément celle qui, depuis un demi-siècle, et surtout dans ces derniers temps, a le plus vivement attiré l'attention publique, à raison de l'impor- tance des produits qu'en ont su tirer la science et l'industrie. » Cependant la culture de la betterave, comme matière première pour l'extraction du sucre et pour la fabrication de l'alcool, est encore extrême- ment circonscrite, tandis que, depuis une vingtaine d'années, la culture de la betterave, comme plante destinée à l'alimentation des animaux, s'est répandue sur un bien plus grand nombre de points. » Si la valeur de la betterave comme aliment du bétail n'est contestée par personne, la même unanimité ne se retrouve plus chez les agronomes pour ce qui concerne les feuilles de cette racine. Mathieu de Dombasle en avait condamné l'emploi, sans l'avoir expérimenté (1). » Ce qu'il y a de certain, c'est que, depuis vingt ans, la culture fourra- gère de la betterave a constamment gagné du terrain, et que l'emploi de ses feuilles pour la nourriture des vaches laitières est à peu près général. » M. Boussaingault avait trouvé, pour la disette : Feuilles. Racines. Matière sèche 1 1 , îA ) 12,2 Eau 88,86 |P°Ur I0° 87,8 Azote pour 100 de matière sèche. . ^,5 1,65 Azote à l'état frais o,5 0,20 » MM. Payen et Richard, dans leur Traite' d' agriculture (a), ont égale- ment rapporté les résultats de l'analyse de la betterave blanche de Silésie et de la betterave rouge à sucre ; on y trouve les nombres suivants : Betterave blanche Betterave rouge de Silésie. à sucre. Matière sèche 16,0 ) 18,0 ) _, } pour 100 0 > pour 100 Eau 84,0 ) r 82,0 ) * Azote pour 100 de matière sèche.. i,56 2,5o Azote pour 100 de matière fraîche o,25 o,45 (1) Annales de Roville , t. V , p. 4g8. (2) Tome II , p. 29. pour 100 „ q > pour 100 ( 7*6 ) » Les fabricants de sucre et d'alcool ont jusqu'à présent donné la pré- férence aux variétés de betteraves dont la racine reste presque complète- ment enterrée, tandis que les agriculteurs qui ne cultivent la betterave que pour la nourriture de leurs bestiaux, préfèrent les variétés volumi- neuses qui s'élèvent en partie au-dessus de terre. » Cette préférence m'a conduit à chercher s'il existe une différence appréciable, dans une même racine, entre la partie enterrée et celle qui s'élève au-dessus du sol, si cette différence se manifeste dans toutes les variétés généralement cultivées, et si l'effeuillaison exerce, sous ce rapport, une influence sensible. » Mes études ont porté sur les cinq variétés suivantes : » i°. Betterave de Silésie, blanche à collet vert; » 20. Betterave jaune longue ; » 3°. Betterave globe jaune; » 4°- Betterave globe rouge ; » 5°. Betterave globe blanc, ou plate d'Allemagne. » Toutes ces betteraves ont été récoltées dans le même champ, dans des conditions identiques de soins et de cultures antérieures ; les unes n'avaient jamais été effeuillées avant l'époque de leur arrachage, lés autres l'avaient été une ou plusieurs fois, plus ou moins complètement. » M. Manoury a trouvé pour les rendements en feuilles ou en racines, rapportés à i hectare, les nombres suivants : Betteraves blanches «le Silésie, à collet vert - 85 oookil- Betteraves globe jaune 75 ooo Betteraves disette (moyenne de plusieurs variétés) 54 ooo Betteraves globe rouge 47 8oo. Betteraves jaune longue : ^5 8oo Betteraves plates d'Allemagne 35 o oo feuilles. — Résultat de deux ou trois effeuillaisons. kil. Betteraves blanches de Silésie 240 à 25oiuint,,soit 24 5oo' Betteraves globe jaune 190 à 200 soit 19500 Betteraves disette (moyenne de plusieurs variétés) , de. . . 160 à 200 soit 18 000 Betteraves jaunes longues 160 à 180 soit 1 7 000 Betteraves globe rouge 1 3o à 1 40 soit 1 3 5oo Betteraves plates d'Allemagne. .• "... 1 3o à 1 4o soit 1 3 5oo » Ces rendements, pour ce qui concerne la variété disette, sont bien ( 7'7 ) supérieurs à ceux qu'avait obtenus, à Béchelbronn, M. Boussingault; mais il est important de remarquer qu'ici les fumures sont plus fortes que celles de l'habile agronome. » En présence des résultats qui précèdent, on comprend parfaitement, dit l'auteur, comment les deux premières variétés, la blanche de Silésie à collet vert et la globe jaune, gagnent du terrain comme plantes fourra- gères ; c'est que leur rendement d'une part, et la masse de fourrage réel qu'elles représentent, font plus que compenser l'avantage que peuvent offrir quelques autres variétés, telles que la jaune longue, sous le rapport de leur plus grande valeur comme aliment à poids égal. » Les chiffres qui précèdent, qu'il ne faut considérer que comme des approximations locales, nous montrent aussi que ce n'est pas avec des fu- mures de 20 à 3oooo kilogrammes de fumier ordinaire à l'hectare qu'il serait permis de compter sur de pareils rendements. » Enfin on comprend encore qu'une récolte de feuilles qui représente, par hectare, l'équivalent de 3 à 4000 ou même 45oo kilogrammes de four- rage fané ordinaire à 20 pour 100 d'eau, mérite bien un peu de l'intérêt que lui portent la plupart des cultivateurs. » Reste à discuter la partie délicate de la question, celle des avantages et des inconvénients de l'effeuillaison avant la récolte des racines. » Beaucoup d'agronomes recommandent, avec M. de Gasparin, de n'enlever que les feuilles inférieures qui commencent à jaunir, et blâ- ment les effeuillaisons trop abondantes. Cette opinion, qui paraît assez rationnelle, est principalement basée sur des résultats signalées par Schwertz. Ces résultats, les voici : en désignant par 925 le rapport des bettaraves non effeuillées, celles qui ne l'ont été qu'une fois ont rap- porté 859, et celles qui l'ont été deux fois n'ont rapporté que 58g; en sorte que les trois récoltes seraient entre elles comme les nombres 100, 93 et 58. » Personne n'est plus disposé que moi à rendre hommage aux tra- vaux de l'illustre agronome allemand; mais je suis porté à croire, d'après ce que j'ai vu chez M. Mànoury, que l'effeuillaison plusieurs fois répétée ne diminue pas toujours le rendement des racines de deux cinquièmes comme l'indique Schwertz; car deux ou trois effeuillaisons abondantes n'ont pas paru diminuer d'une manière sensible les rende- ments des betteraves de l'Ébisey en i855; et si, au moment de l'arra- C. R , i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 16.) 9$ (7i8) chage, après l'enlèvement de toutes les feuilles, on avait été obligé de choisir, à première vue, entre celles qui n'avaient jamais été effeuillées et celles qui l'avaient été plusieurs fois, on se serait souvent trompé, tant la différence était insignifiante. » 11 résulte également des analyses que nous avons citées précédemment que l'effeuillaison plus ou moins répétée ne parait pas changer d'une ma- nière sensible la proportion de matière azotée contenue dans les racines. En serait-il de même dans un sol moins fertile? en serait-il même toujours ainsi sur le même sol, dans des années différentes; c'est ce que l'expérience peut seule décider, c'est ce que je ne saurais affirmer. » Si nous observons maintenant ce qui se pratique dans la plupart des pays où l'effeuillaison de la betterave est passée dans les habitudes, nous voyons presque toujours la racine dépouillée non-seulement de ses feuilles basses, mais encore de la plupart de ses feuilles moyennes un peu grandes ; il en résulte , outre la quantité , un accroissement réel dans la qualité du fourrage ; il en résulte encore une petite diminu- tion de main-d'œuvre et moins de chances de froissement des racines, parce qu'on les visite alors moins souvent. Enfin la remarque faite par M. Manoury, sur le peu d'influence de l'effeuillaison sur le rendement des racines a été également faite ailleurs; peut-être serait-il intéressant d'examiner de nouveau la question dans des circonstances variées, en vue de déterminer l'influence réelle de l'effeuillaison sur les récoltes des bette- raves et sur celles qui les suivront sur le même sol, car cette effeuillaison, qu'elle soit unique ou multiple, peut contribuer à l'appauvrissement du sol dans une proportion qu'il est important de déterminer. Enfin il serait inté- ressant et utile d'étudier l'influence du mode d'effeuillaison sur la produc- tion totale des feuilles. » astronomie. — Éléments provisoires de la planète de M. Goldschmidt; Lettre de M. Valz. « Marseille, le 12 avril i85G. » Pour retrouver plus facilement après le clair de lune la nouvelle pla- nète de M. Goldschmidt, je viens d'en calculer des éléments circulaires provisoires, d'après l'observation que j'en ai faite hier soir, et celle de Paris du Ier avril. Comme ils pourraient être utiles à d'autres pour en faciliter la recherche après la pleine lune, je prends la liberté de vous les transmettre ( 7l9 ) pour les communiquer à l'Académie, ainsi que voici : o , Distance au Soleil 2.27 (i±}e) pour limites extrêmes. Nœud ascendant g3 . i5 Inclinaison 4 • ■ Long, hélioc. ier avril '94-49 Mouvement moyen diurne 1037 .43 » Pour ceux qui exigent des secondes dans les éléments provisoires, tan- dis que les degrés ne sont pas même certains, je dirai, avec M. Gergonne dans ses Jnnales de Mathématiques, que je ne saurais me permettre ici le luxe des secondes , et qu'on pourrait même y trouver un peu de char- latanerie, comme le prétendait le baron de Zach, pour les centièmes de seconde. » M. Eudes Deslongchamps fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il vient de publier sous le titre de : « Description d'un nouveau genre de coquilles bivalves fossiles [Eligmus), provenant de la grande oolithe du département du Calvados ». RAPPORTS. mécanique appliquée. — Rapport sur les appareils proposés pour le chauf- fage sans combustible, au moyen d une force perdue ou non employée, présentés par MM. Reaumont et Mayer. (Commissaires, MM. Piobert, Despretz, Morin rapporteur.) « Les appareils proposés par MM. Beaumont et Mayer pour produire, par le frottement, des quantités de chaleur utilisables dans l'industrie ou dans l'économie privée, sont destinés à être mus par ce qu'ils appellent des forces perdues ou non employées. » Ils déclarent, dès l'abord, que la vapeur produite dans leurs appareils n'est pas destinée, dans l'état actuel de leurs ressources, à servir de force motrice, mais seulement comme moyen de chauffage, et ils ajoutent que pour produire le mouvement ils ne comptent employer que des forces naturelles perdues. Mais, au rang de ces dernières, lorsqu'il s'agit des ap- 95.. ( 72° ) pareils qu'ils proposent pour faire cuire les aliments des soldats aux armées, ils placent la force musculaire des hommes et celle des chevaux, qui de- vraient être employés à ces appareils après des marches presque toujours pénibles. On verra, plus loin, quelle serait la durée de travail nécessaire pour aboutir à un résultat même insuffisant. » Les pièces principales des appareils de MM. Beaumont et Mayer sont deux cônes concentriques, dont l'un est garni de tresses de chanvre ou de coton lubrifiées d'huile, et l'autre, en cuivre rouge, est en contact avec le liquide qu'il s'agit d'échauffer. Par des moyens particuliers, on peut régler la pression de l'un de ces cônes sur l'autre, et, selon les cas, c'est l'un ou l'autre qui est mobile. » L'idée d'utiliser la chaleur développée par le frottement remonte, comme on le sait, aux temps les plus reculés, mais elle n'a eu que peu d'applications, parce qu'en général le travail mécanique qu'il faut déve- lopper pour produire un frottement énergique donnant lieu à une quantité de chaleur notable, est beaucoup trop considérable par rapport au résultat obtenu. D'une autre part, la quantité de chaleur développée est d'autant plus grande, que le frottement lui-même est plus considérable et que les corps s'usent davantage. C'est ainsi que les métaux frottant sur la pierre, sur du grès, les bois et les métaux frottant les uns sur les autres sans en- duit, donnent lieu à une production de chaleur très-sensible et susceptible parfois d'occasionner l'inflammation. Ces effets sont, en général, d'autant plus énergiques, que les corps s'usent davantage : ainsi le fer et l'acier s'échauffent jusqu'à s'enflammer dans l'air par leur frottement sur les meules, les bois se charbonnent, les alliages métalliques, tels que celui des boîtes de roues, se fondent et soudent parfois la boîte avec la fusée de l'essieu. » L'expérience montre donc qu'en général, pour produire de la chaleur par le frottement, il faut user les corps frottants d'une manière notable, et, par conséquent, développer un travail moteur considérable. » MM. Beaumont et Mayer, en produisant le frottement par l'emploi d'une matière compressible, graissée et qui s'use peu, se sont donc placés dans des conditions peu favorables, mais ils ont eu sans doute pour but de ne pas détériorer la pièce principale de leur appareil, dont le remplace- ment serait en effet difficile, et afin d'obtenir la même quantité de chaleur avec un frottement moindre sur chaque élément, ils ont augmenté les sur- faces de contact. C 72' ) » Sans discuter le principe de construction de leurs appareils, les indi- cations précédentes pourraient déjà suffire pour faire penser que ces ap- pareils seraient bien loin de répondre au but qu'ils s'étaient proposé ; c'est du reste ce que démontrent surabondamment les résultats des expériences dont il va être rendu compte. » Les appareils présentés sont de deux sortes : l'un est destiné à pro- duire de la vapeur, l'autre à chauffer directement les liquides, et particu- lièrement à cuire les aliments. Le premier a été exposé dans la galerie des machines, à l'Exposition universelle, où il a été expérimenté de la manière suivante : » Le cône frottant était mis en mouvement par l'intermédiaire d'un dy- namomètre de rotation qui servait à mesurer le travail moteur dépensé pour produire le frottement, et par suite la vapeur obtenue, qui était re- cueillie et condensée, afin d'en déterminer la quantité et la température. Les résultats de ces expériences sont consignés dans le tableau suivant. Expérience» sur le générateur de vapeur de MM. Beaumont et Mayer. DATES. TRAVAIL MOTEUR. POIDS D'EAU vaporisée à l'heure. NOMBRE de tours de l'appareil en une seconde. TEMPÉRATURE de la vapeur. En kilogr. élevés à i met. en une seconde. En chevaux. 4 septembre i855. . 22 octobre i855. . . . 7io\68 563, 25 9<4? 7,5i •5,82' 7 ,3oo 245 34, 36 io3°,a8 1 1 3 ,00 • 8,5o 6,56 i » L'observation de la quantité d'eau vaporisée a été commencée quand la température était devenue stationnaire et avait atteint le chiffre indiqué dans la sixième colonne ; les quantités de chaleur produites par le frotte- ment étaient en conséquence uniquement employées à développer la va- peur, et relatives à la chaleur latente ou constitutive de cette vapeur. » En faisant abstraction de l'avantage assez sensible qui paraîtrait ressor- ( 722 ) tir des résultats précédents pour l'emploi d'une plus grande vitesse dans la deuxième expérience, et prenant pour termes de comparaison les résultats moyens des deux expériences, on trouve que, le travail moteur étant de 8,5o chevaux, la production de vapeur par heure serait, avec cet appareil, de 6\56. » Or, une très-bonne machine à vapeur à, détente prolongée et à con- densation, dans les meilleures conditions, ne consomme guère moins de •2 kilogrammes de houille par force de cheval et par heure; de sorte que, pour la force motrice de 8,5o chevaux, il faudrait brûler 8,5o X 2 = \"f- de houille par heure. » Cette quantité de houille brûlée dans un bon foyer pourrait y pro- duire par heure, à raison de 8 kilogrammes d'eau vaporisée par kilogramme de houille, 17x8 = i36k de vapeur : tandis que l'appareil n'en a produit que 6k,56, ce qui montre que l'appareil générateur de MM. Beaumont et Mayer n'utilise que — ^- = — environ de la chaleur développée par le com- bustible employé pour la faire marcher. » Ce résultat est bien inférieur, comme on le voit, à celui qui était annoncé par les inventeurs, qui, dans les renseignements imprimés qu'ils ont fait distribuer au Jury de l'Exposition, annoncent que leur appareil n'exige que la force motrice de a chevaux-vapeur pour produire celle de 1 cheval. Toutes choses égales d'ailleurs, il faudrait, d'après l'expérience ci- dessus, une force motrice de 21 chevaux pour produire la vapeur corres- pondante à la force de 1 cheval. » La production de 6k,56 de vapeur à l'heure ayant exigé une force mo- trice de 8,5o chevaux, et les 6k,56 vaporisés d'une manière régulière cor- respondant à 6,56 x 55o == 36o8 unités de chaleur, il s'ensuit que les mille unités de chaleur produites par cet appareil exigeraient ô-V-q = 2,36 che- vaux de force. » Or 1 kilogramme de bois développe 2800 unités de chaleur, dont on peut facilement utiliser la moitié au moins dans des chaudières or- dinaires; de sorte que, pour produire 1000 unités de chaleur à l'aide du bois, qui coûte au plus 5 francs en forêt dans les Vosges (que les au- teurs ont prises pour lieu favorable à l'application de leur système), il faudrait brûler — -. — = ok,7i4 de bois. 1400 '» ' » Le stère coûtant 5 francs et pesant environ 35o kilogrammes, le ki- (7*3) 5f logramme de bois ne revient guère dans les Vosges qua ^=- = of,oi42, et en définitive les 1000 unités de chaleur à o,oi4a x 0,714 = of,oi en- viron, ou pour une production continue pendant douze heures à of, 12 par jour. » Or.le moteur hydraulique, qui, dans les pays de montagnes comme on le suppose, fournirait cette force de a, 36 chevaux pour produire 1000 unités de chaleur, ne saurait coûter d'établissement pour canaux, bâ- timents, mécanisme, etc., moins de 200 francs par force de cheval, dont l'intérêt pour entretien et usure ne peut être calculé à moins de 10 pour 100, ce qui porte la dépense pour intérêts à 5o francs environ par an pour 2,36 chevaux à of, 166 par jour, à quoi il faut ajouter au moins autant pour frais dégraissage. » On voit donc que, dans les conditions exceptionnelles indiquées par les auteurs, il n'y a pas lieu d'espérer que leur appareil pour la- production de la vapeur puisse être employé avec avantage, même dans les pays de montagnes, où l'abondance des cours d'eau pourrait faire regarder la puis- sance motrice qu'ils fournissent comme sans valeur. A plus forte raison en serait-il de même pour des bains, des lavoirs, et pour tous les établisse- ments placés près ou dans l'intérieur des villes, où la force motrice des cours d'eau acquiert une valeur de 5oo à 1000 francs et plus par force de cheval . » Quant à l'emploi que MM. Beanmont et Mayer proposent de faire de leur appareil pour la cuisson des aliments, et à l'application qu'ils en indi- quent pour les armées en campagne, il est encore plus illusoire que le pré- cédent. Les expériences suivantes, faites au Conservatoire des Arts et Mé- tiers, suffisent pour le démontrer. » L'appareil spécial, proposé pour cet usage, se compose d'un manège destiné à être mû par des hommes ou par des chevaux, et au moyen duquel on fait tourner rapidement un cône renversé en bois garni de tresses en chanvre; ce cône en reçoit un second qui est en cuivre et qui forme la chaudière immobile sur la surface de laquelle les tresses frottent et déter- minent l'élévation de la température du vase et du liquide qu'il contient : la pression de ce cône intérieur sur celui qui l'enveloppe est réglée et modé- rée par un contre-poids suspendu à l'extrémité d'un levier à fourche auquel le cône fixe est suspendu lui-même. (7*4) Expériences sur l'appareil proposé par MM. Beaumont et Mayer pour la cuisson des légumes. VOLUME NOMBRE TEMPS TEMPÉRATURE DATES. d'eau contenu dans la chaudière. de tours du cône mobile. NOMBRE d'hommes employés. ou durée de l'expérience. TEMPÉRATURES observées. a l'extérieur dji lieu d'expérience 3 décem. i855.. 5 litres. En moyenne 85 tours par minute. 8h h m O.OO o.3o I .oo i ,3o 2.O0 2.3o 3.oo 3.3o 4-oo 4.3o 5° 25 4o 52 58 61 70 72 74 76 8° 4 décem. i855.. s io litres. 8o 8 o.oo o.3o I .oo i .3o 2.00 2.3o 3.oo 3.3o 4.00 4.3o 5.oo 5.3o 6.00 6.3o 7.00 7-3o 8.00 4 '4 20 25 32 37 40 48 5i 5i 53 56 58 60 63 64 69 3 » La représentation graphique de ces résultats, en prenant les tours pour abscisses et les températures de l'eau contenue dans la chaudière pour ordonnées, montre que la température s'élève d'autant plus lentement, qu'il y a plus d'eau et que l'expérience se prolonge davantage, mais qu'elle pa- (7*5) raît tendre vers une limite de 76 degrés, au delà de laquelle les pertes de chaleur compensent l'effet du frottement. » De ces expériences, faites au moyen dehuithommes qui tournaient avec peine le manège à la vitesse d'environ quatre tours en une minute, et qui ont été prolongées, la première pendant quatre heures trente minutes, la seconde pendant huit heures, sans que la température ait dépassé Gg de- grés, ce qui est tout à fait insuffisant pour la cuisson des légumes et de la viande, on doit conclure que cet appareil compliqué, volumineux, ne sau- rait être d'aucun usage aux armées, et l'on a peine à comprendre que l'on ait sérieusement proposé d'employer à un travail aussi pénible et aussi pro- longé des hommes fatigués par la marche. » En résumé, les appareils proposés par MM. Beaumont et Mayer sont loin de répondre aux résultats annoncés; ils ne paraissent pas susceptibles de rendre à l'industrie, et encore moins aux armées, les services promis : mais il faut cependant reconnaître que le dispositif qu'ils ont adopté est au moins très-convenable pour permettre de déterminer entre certaines limites restreintes, à 100 et quelques degrés, les quantités de chaleur développées par le frottement ; sous ce rapport, en le modifiant convenablement, il pourrait être de quelque utilité. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Braconnot. A.u premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i, M. Gerhardt obtient l\i suffrages. M. Pasteur 7 M. Bineau 1 M. Desaignes. . 1 M. Gerhardt, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 16.) 9^ ( 7*6) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. botanique. — Monographie de la famille des Urticées; par M. H. -A. Weddell. Première partie : Ajfinités de cette famille. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Il n'est peut-être pas de fait mieux démontré aujourd'hui dans la bota- nique systématique, que la connexion intime des cinq familles qui consti- tuent l'ordre des Urticées; mais il s'en faut que les affinités qui peuvent exister entre cet ordre et d'autres groupes du règne végétal soient aussi net- tement établies : c'est ce problème que je vais chercher à résoudre, en m'aidant des données puisées dans les travaux de mes devanciers, autant que des recherches qui me sont propres. Et d'abord, est-ce seulement parmi les familles apétales, auprès desquelles se rangent ordinairement les Urti- cées, que l'on doit chercher leurs affinités; ou bien, devons-nous, en fon- dant, à l'exemple de M. Brongniart, les apétales dans les dialypétales, rechercher, dans ce vaste groupe tout entier, les types auxquels se rattache, par le plus grand nombre de points essentiels, celui que nous avons en vue? Les exemples, déjà assez nombreux, d'alliances heureuses constatées entre quelques éléments de ces séries, jadis séparées, fournissent la meil- leure réponse à cette question. » Ceci posé, jetons un coup d'œil sur les rapprochements signalés par les auteurs entre ce que l'on peut appeler le type urticéen et d'autres types végétaux. » Pour Laurent de Jussieu, c'était avec les Amentacées que les Urticées avaient le plus d'analogie, manière de voir encore admise aujourd'hui par beaucoup de botanistes. Que l'on remarque, cependant, que les plus fortes preuves apportées par de Jussieu à l'appui de l'alliance proposée, telles que l'absence d'albumen dans les Urticées, et la similitude des inflorescences, sont défectueuses; on se convaincra alors, sans peine, que le rapprochement en question ne peut guère être maintenu qu'à la faveur des liens négatifs, analogues en un mot à ceux qui unissent entre eux les éléments du groupe même des Amentacées. » Laurent de Jussieu indique également un point de contact entre les ( 727 ) . Urticées et les Chénopodées, et, par suite, entre elles et toutes les familles qui constituent le groupe des Cyclospermées ; mais il paraît attacher moins d'importance à ce rapprochement qu'au précédent, bien que, parmi les botanistes de nos jours, il ait obtenu au moins autant de suffrages. Je rap- pellerai ici une opinion sur laquelle M. Brongniart a surtout insisté dans ces derniers temps, à savoir, que la nature (charnue ou farineuse) de l'albu- men a plus d'importance, pour la distinction des familles végétales, que son absence ou sa présence; l'étude des groupes vraiment naturels a, en effet, démontré que la nature de ce corps, lorsqu'il existe, est constamment la même chez toutes les espèces de ces groupes; il semble donc que ce caractère, vu sa constance, doive être regardé comme une des meilleures pierres de touche pour juger, tout d'abord, des affinités d'une famille. Or Laurent de Jussieu ne connaissait pas l'albumen des Urticées, dans les- quelles il n'existe, en effet, pas toujours; il pouvait donc, par suite de la coïncidence de certains autres caractères, être tenté de rapprocher ces plantes, à graines toujours oléagineuses, des Cyclospermées, a graines fari- neuses. Mais aujourd'hui il n'en est plus ainsi, et je crois me rapprocher davantage de la vérité en cherchant ailleurs que dans ce groupe les affi- nités réelles des Urticées. J'ajouterai que la tendance des étamines à deve- nir périgynes, dans les Cyclospermées, est pour moi un motif de plus pour repousser une alliance avec un ordre à étamines essentiellement hypogynes, comme les Urticées; et, àjortioii, je dois repousser toute idée de connexion intime entre les Urticées et les familles dialypétales essentiellement périgynes, telles que les Mélastomacées, par exemple, dont quelques-unes offrent, cependant, dans leurs organes végétatifs, des analogies assez frappantes avec un certain nombre des plantes que nous étudions. » C'est le casde dire que L. de Jussieu, qui semblait prévoir que les Diclines iraient grossir un jour les rangs d'une classe supérieure, indique précisément les dialypétales hypogynes comme pouvant offrir un point de contact avec les Urticées ; c'est ainsi qu'il a écrit : « Magnoliam habita similem œmulantur Ficus et Artocarpus, twn stipularum tenminalium convolutione , tum earum- dem caducarum vestigiis,tum et seminum aggregatione »; ces carac- tères sont d'ailleurs, avec l'hypogynie des étamines, les seuls traits com- muns aux plantes comparées. Le grand développement de l'embryon dans les Urticées, relativement à l'albumen, ainsi que la persistance de l'enve- loppe florale, constituent dans ces végétaux deux caractères saillants, qui les éloignent non-seulement de la classe des Magnolinées, mais aussi bien de celles des Papavérinées, des Berbérinées et des Benonculinées ; par la 0- (7*8) structure sui generis de leurs fruits ou de leurs graines, les Crucifères et les Nymphéinées n'en sont pas moins distinctes. » Ces groupes mis de côté, nous nous trouvons en présence des familles nombreuses dont M. Brongniart a constitué ses classes des Guttifères, des Té- rébinthinées, des Hespéridées, des Célastroïdées, des ^Esculinées, des Violi- nées, des Polygalinées, des Géranioïdées, des Malvoïdéeset des Crotoninées; classes que l'on peut assez facilement ranger sous deux chefs, à savoir : celles où le calice offre toujours une préfloraison imbriquée, et celles où cette enveloppe présente souvent une préfloraison valvaire. Or, bien que dans les Urticées ce dernier caractère ne soit pas constant, il se présente assez fréquemment pour que l'on soit fondé à en conclure une plus grande affi- nité entre elles et les familles où il se montre également, qu'entre elles et des groupes où il ne se rencontre jamais. Par l'application de ce principe, nous nous trouvons, en définitive, n'avoir à faire qu'aux deux dernières classes énumérées, les Malvoïdées et les Crotoninées; la première comprenant les familles des Malvacées, des Buttnériacées, des Sterculiacées et des Tiliacées; la seconde renfermant les familles des Euphorbiacées, des Antidesmées et des Scépacées : voilà les groupes naturels parmi lesquels nous arrivons, par voie d'exclusion, à concentrer les affinités les plus immédiates des Urti- cées. Je m'empresse d'ailleurs de reconnaître que la connexion qui existe entre les Urticées et les Euphorbiacées en particulier, a été signalée par* d'autres bien avant que je me sois occupé de la question, et M. Lindley y insiste même d'une manière toute spéciale ; mais je ferai observer que l'auteur que je viens de citer considère les Urticées comme représentant un type beaucoup moins parfait que les Euphorbiacées, et c'est en cela que je suis surtout porté à différer de son opinion. S'il est vrai, en effet, que les Euphorbiacées, dont personne ne nie, je pense, aujourd'hui les étroites re- lations avec les Malvacées, sont une dégradation de ce type, par l'inter- médiaire des Buttnériacées (les Scépacées occupant un rang plus inférieur encore), je serais porté à admettre que les Urticées constituent une autre dégradation du même type, parallèle, en quelque sorte, à la précédente, et s'opérant par l'intermédiaire des Tiliacées. Peut-être, enfin, trouverait-on dans ce groupe .hétérogène des Amentacées quelques végétaux qui forme- raient, côte à côte avec les Scépacées, l'échelon inférieur de cette seconde série. » Je n'entrerai pas, en ce moment, dans la comparaison détaillée des groupes dont il a été question ; qu'il me suffise de dire que les seuls carac- tères par lesquels les Urticées se différencient notablement des Tiliacées, ( 729 ) sont, d'une part, la persistance de l'enveloppe calicinale (caractère essentiel néanmoins des Malvacées proprement dites), de l'autre, le nombre des éta- mines, toujours égal à celui des segments du périgone : l'affinité des deux groupes ne me semble donc pas devoir être mise en doute, et j'ajouterai, pour terminer, que leur rapprochement n'est nullement infirmé par la com- paraison des propriétés des plantes qui les composent. » M. S. E. Coces adresse, de Washington (États-Unis d'Amérique), un Mé- moire « sur une variation de la vélocité du Soleil, qu'on a attribuée à une oscillation du périgée solaire ». Ce Mémoire, qui était arrivé dans les derniers jours de décembre, mais dont la présentation a été différée par suite d'une erreur, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Le Verrier et Delaunay. M. Sasku envoie, de Pesth (Hongrie), un Mémoire écrit en latin et ayant pour titre : Areaparabolœ pure geometrice, methodis variis juxta diversas sectiones determinata : item longitudo radii vectoris gêner aliter variis modis definita. M. Chasles est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport à l'Académie. M. Poggioli adresse six observations recueillies à la clinique de l'hôpital de la Charité, concernant des cas de rhumatisme et de sciatique. Il demande que ses observations soient jointes à deux Mémoires sur le traitement de ces sortes de maladies, qu'il a soumis au jugement de l'Académie en i85i et i853, et que le tout soit admis au concours pour le prix de Médecine et de Chirurgie de l'année 1 856. (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) ÎM. IVoiret adresse, de Lambessa, un Mémoire qui se lie à celui qu'il avait envoyé de Constantine au commencement de cette année, et qui concerne les pénitentiers, l'emprisonnement, les causes principales qui l'amènent et les effets qu'il produit. M. Andral, déjà chargé de l'examen du premier Mémoire, est également invité à prendre connaissance de celui-ci, et à faire savoir à l'Académie si l'ensemble de ces communications est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. ( 73o ) Un auteur, dont le nom est consigné sous pli cacheté, adresse au concours pour le prix de Mécanique un Mémoire intitulé : « Suppression des ma- chines à vapeur à feu au moyen de l'emploi d'une nouvelle force motrice «. (Réservé pour la future Commission du prix de Mécanique.) CORRESPONDANCE M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance un nouveau fascicule des Mémoires concernant le relevé géo- logique de la Grande-Bretagne. Ce fascicule, adressé par sir Rodrick Mur- chison, actuellement Directeur du Geological Sutvej, forme la décade V des « Restes organiques fossiles » décrits par M. Z.-W. Salter. M. Rayer dépose sur le bureau plusieurs ouvrages offerts à l'Académie par un des anatomistes les plus distingués de l'Allemagne, M. Luschka : i°. Sur la Structure des glandes de Pacchioni ; i85a. 2°. Des Nerfs du canal vertébral de l'homme; i Pi. Tubingue, i85o. 3°. Les Nerfs de la dure-mère cérébrale; 3 Pi. Tubingue, i85o. 4°. Structure des Membranes séreuses de l'homme ; 3 Pi. Tubingue, 1 85 1 . 5°. Le Nerf phrénique de l'homme; 3 Pi. Tubingue, i853. 6°. Les Plexus vasculaires du cerveau de l'homme ; 4 Ph Berlin, 1 855. géologie. — Du terrain jurassique dans les Pyrénées françaises ; par M. A. Leymerie. « Entre le grès rouge (grès bigarré) et le terrain crétacé inférieur, il existe, sur le versant nord des Pyrénées, un ensemble de couches, en général calcaires, partiellement schistoïdes, que M. Dufrénoy a rapporté avec juste raison au groupe jurassique. La limite inférieure de cet en- semble est nettement marquée par le grès rouge partout où cette roche se montre. Dans les contrées où elle n'existe pas, la limite est un peu moins précise. La séparation du terrain jurassique et du terrain crétacé ne se fait pas saisir avec autant de facilité à beaucoup près. Dans la partie centrale de la chaîne, là où le terrain jurassique est le plus développé, ses couches s'enchevêtrent avec celles du terrain crétacé inférieur, et, en cer- tains points, la complication est telle, qu'il est permis de douter même de l'existence de toute ligne de démarcation. » Sur la carte géologique de France, le terrain jurassique des Pyrénées ( #1 ) forme une bande continue entre la bastide de Serou (Ariége), un peu à l'ouest de Foix, et la vallée d'Asson (Basses-Pyrénées). Cette bande, large entre Saint-Girons et Sarrancolin, se réduit à un ruban étroit à partir de cette dernière ville jusqu'aux Basses-Pyrénées. Mes observations me con- duisent à doubler à peu près la largeur de ce ruban en reculant sa limite méridionale jusqu'à Camous, au sud de Sarrancolin, Campan et Argellez. Dans la vallée d'Ossau, il y a des calcaires sans fossiles qui pourraient peut- être dépendre du même groupe; mais le fait est assez douteux en l'absence de fossiles. On doit avoir plus de doute encore à l'égard des calcaires qui reposent sur le grès rouge à Saint-Jean-Pied-de-Port; enfin je viens d'ac- quérir la certitude que le terrain jurassique manque absolument dans l'ar- rondissement de Bayonne, le calcaire à Requiénies y reposant, d'une manière immédiate, sur le grès rouge du trias. » Nous venons de dire que la zone jurassique du versant nord des Pyré- nées était continue. Il faut ajouter toutefois que sa partie principale, celle qui occupe le milieu de la longueur de la chaîne, est habituellement divisée, dans le sens de la largeur, par des relèvements exceptionnels de terrain de transition et même de terrain granitique (Sarrancolin, Saléchan, Géry près de Saint-Béat, Milhas, etc.). » On peut distinguer deux étages dans ce terrain. L'étage inférieur com- mence généralement par des calcaires cellulaires un peu jaunâtres, peut- être dolomitiques en partie, et qui doivent sans doute ces caractères à une action postérieure, et par des calcaires noirs ou gris, compactes, ou subcristallins, souvent rayés d'une manière parallèle à la stratification. Il y a des couches fissiles (calschistes) dans cette partie du terrain. Au-dessus de cette assise inférieure, où l'on ne trouve jamais de traces d'organisation, reposent des couches que la présence constante des fossiles permet de ca- ractériser et de déterminer ; c'est la partie la plus intéressante de la forma- tion. Elle se compose de calcaires noirs ou de calcaires marneux, souvent schistoïdes, et de calschistes. Il y a aussi dans cette assise des schistes terreux intercalés dont la couleur, originairement grise, passe au jaune café au lait par l'effet de l'air; c'est cette dernière couleur qui domine dans les affleurements, et c'est la seule qu'on remarque dans les détritus. Les calcaires renferment habituellement des coquilles; on en trouve aussi dans le schiste. C'est dans l'Ariége et la Haute-Garonne que se trouvent les gîtes les plus riches sous ce rapport. » Dans le tableau page 732, on trouvera les noms des principaux genres et ceux de quelques espèces que nous avons pu déterminer. (ffe) INDICATION SES PRINCIPAUX GENRES ET ESPÈCES FOSSILES DU TERRAIN JURASSIQUE DES PYRÉNÉES. L. L. Sch. L. L. L. L. L. .1. m. L. L. L. J. m. .1. m. S. m. i. m. L. h. L. L. L. L. L. L. L. L. L. L. Ih L. L. L. L. Sch. L. L. Sch. L., Sch. L. L. L. Sch. L. L. L. L. J. m. L. L. Sch. J. m. J. m., L J. m. Sch. GENRES ET ESPECES. Ammonites hifrons . . . . — Davœi . . . . — Dunkani? . planicosta grande espèce. — 3 espèces non déterm. — i espèce non déterm . . Nautilus clausus — indéterm Belemnites Uipartitus — autre espèce Rostellaria ? Nerinea Bruntrutana ? — grande espèce — conttricta ?? — indéterm Trochus duplicatas Pleurotomaria Tercbratula bullata — cynocephala. . . — loricata — ornithocephala. — ovum — punctata ou subpunctata? — quadrifida ? — voisine de la T. rimosa. — voisine de la T. varians. Ostrea gregaria ? — Marsh ii ? Gryphea cymbium — Knorii ? — Macculochii — obliqua — espèce très-allongée. Plicalula legutata ? ? , . Pecten corneus — œquivitlvis — personatus ? ? — simpli-costa — espèce à côtes ornées. — autre espèce Lima , grande espèce — petite et costulée — proboscidea Nucula Hausmani Trigonia Âstarte non déterm — non déterm Serpu la lisse , dentaloïde. . . — striée Cidaris Moreanus — nobilis Vcntacrmites scalaris?. Polypiers indéterm.... Végétaux indéterm. . . . OBSERVATIONS. Large, déprimée, à côtes rondes, grosses, passant sur le dos. Les unes sont complètes , les autres s'arrêtent à une petite distance du tour intérieur. LOCALITÉS. Nous désignons par ce nom une Térebralnle allon- gée, lisse, simple, plus ovale qne Vovalis, avec une ouverture ronde moins grande Espèce assez grande , plus bombée que la précé- dente ; carrée à la base Certaines variétés passent à la cynocephaln. Un peu plus rentrue La nôtre est bien plus régulière dans sa forme et dans ses plis et n'a pas de surrace d'adhérence. . Ses plis sont moins larges, plus réguliers et ne présentent pas d'élargissement è la base dans le se. .s transversal de la coqui.le Peut-être par compression. Nous désignons ainsi un Peigne assez petit, à côtes simples, qui ne semble être qu'un dfmfnuttr du Pecfn œquivaLi* et qui est très-répandu dans notre lias (schiste et calcaire) Assez petite, à grosses côtes Petite Lisse, à section circulaire, peu contournée Celle-ci, moins large que la précédente et à section circulaire, est striée transversalement et est tou- jours contournée Assez nombreuses espèces. Ariége, Corbières. Hautes-Pyrénées (Rebouc). Haute-Garonne (Aspet, Sauve- terre , Ore ). Hautes-Pyrénées (Rebouc). Haute-Garonne,Ariége, Corbières. Corbières, Ariége. Ariége (Montesquieu). Haute-Garonne (Campels). Haute-Garonne (Rieucazé). Partout Corbières. Corbières. Haute-Garonne, Hautes- Pyrénées (Bize), Haute-Garonne (Barbazan). Haute-Garonne (Barousse). Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées. Corbières. Ariége (Foix). Haute-Garonne, Ariége. Ariége, Corbières. Corbières. Ariége (Fo;x). Haute-Garonne, Ariége, Corbières. Ariége (Foix). Ariége (Foix). Haute-Garonne, Ariége (Montes- quieu). Corbières. Corbières. Haute-Garonne, Ariége. Corbières. Haute-Garonne, Ariége. Corbières. Bagnères. Haute-Garonne. Corbières. Ariége, Haute-Garonne, Corbières, Haute-Garonne. Haute-Garonne, Ariége, Hautes- Pyrénées. Hautes Pyrénées (Rebouc). Ariége ( Montesquieu ). Ariége ( Montesquieu ). Ariége. Haute-Garonne, Ariége. Corbières. Ariége ( Montesquieu ), Haute-Garonne (Saleich). Haute-Garonne. Hautes-Pyrénées (jBize). Haute - Garonne ( Sauveterre ) , Hautes-Pyrénées (Bagnères). Haute-Garonne (Aspet). Haute-Garonne (Rieucazé). Ariége (la Cave), etc. Partout. Haute-Garonne (base de Cagère). Nota. —Les espèces. précédées de L. sont celles qui se trouvent dans les calcaires et dans les calschlstes du lias; celles des schistes terreux sont particulièrement désignées par le signe Sch-, et celles du terrain jurassique moyen par J. m. (733) » Il est évident, d'après l'ensemble des espèces, que l'étage dont il s'agit doit être assimilé au lias supérieur. Nous lui rapportons un calcaire noir ou gris-violâtre foncé, qui est remarquable par les serpules dont il est comme pétri [Sauveterre (Haute-Garonne), Bagnères de Bigorre]. Il y a aussi dans cet étage des brèches généralement pâles et uniformes. Il est important de remarquer que le lias inférieur, caractérisé par la Grjphœa arcuata, manque entièrement dans les Pyrénées. » L'étage supérieur n'est pas aussi nettement défini et caractérisé que le précédent. Nous le composons avec des éléments assez hétérogènes que l'on trouve çà et là dans toute l'étendue de la chaîne entre le terrain précédent et le terrain crétacé. Ce sont des calcaires noirâtres, devenant grenus, dolo- mitiques et bitumineux par métamorphisme, et des calcaires de couleur plus claire, où l'on trouve des indices de fossiles ordinairement indétermina- bles, qui ne se montrentqu'à l'extérieur desblocs dans les parties depuis long- temps exposées à l'air (Nérinées, Astartes, débris d'Oursins, Polypiers, etc.}. Certains de ces calcaires offrent même, dans la cassure fraîche, des linéa- ments courbes qui sont des sections de coquilles qu'il serait bien difficile de rapporter à des espèces ou même à des genres déterminés, et pas- sent à l'état de lumachelle. Ils sont quelquefois accompagnés de dolo- mies. L'élément le plus caractérisé de ce groupe est un calcaire à Néri- nées (on distingue plusieurs espèces, et notamment une assez courte, très- voisine de la Nerinea Bruntrutrana) que l'on trouve en certaines localités de la Haute-Garonne et des Basses et Hautes-Pyrénées, et notamment à Bizenistos. » Il existe des brèches dans cet étage, vers son plan de contact avec le lias. C'est dans cette position que paraissent exister la brèche de Médous, près de Bagnères et les brèches qu'on exploite à Sauveterre (Haute-Ga- ronne) et à Bramebaque, dans la vallée de Barousse. Les fragments qui con- stituent ces roches conglomérées, ordinairement très-anguleux et d'une assez grande étendue, proviennent des calcaires noirs, gris et jaunes de la formation. Le ciment est habituellement noirâtre. Ces brèches ont été évi- demment formées sur place. » La présence des Nérinées (i) et de quelques autres fossiles m'avaient porté à rapporter ces couches supérieures du groupe que nous étudions à (1) Ce genre ne se trouve pas, en général, parmi les fossiles du terrain crétacé incontes- table des Pyrénées. C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° Î6.) 97 ( 7^4 ) l'étage moyen du Jura. Cette prévision se trouve pleinement justifiée par la présence du Cidaris nobilis qui vient d'être reconnue par M. Cotteau sur un échantillon que je lui avais adressé. » J'ai annoncé, d'une manière générale, que la limite supérieure du ter- rain jurassique des Pyrénées était incertaine dans plusieurs localités, et qu'il était souvent difficile de séparer ce groupe du terrain crétacé inférieur qui commence assez habituellement par des calcaires ou par des schistes plus ou moins semblables à ceux que nous venons de signaler à la partie supérieure du premier terrain. » Dans l'Ariége, la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées, on voit, en effet, l'étage supérieur du terrain jurassique se terminer par des calcaires gris pétris de fossiles qui semblent être des débris d'Ostracées ou de Polypiers, le tout étant comme fondu dans la pâte et formant une lumachelle très- fréquemment employée comme marbre commun dans les villes voisines. On serait porté à rapporter ces marbres au terrain crétacé inférieur, d'autant plus qu'on les trouve fréquemment associés à des calcaires à Requiénies, et qu'eux-mêmes offrent des tests noirs qu'on pourrait être tenté de considérer comme appartenant à ces rudistes. D'un autre côté, ces roches se lient au terrain jurassique, et on y trouve quelquefois desNérinées analogues à celles du calcaire jurassique moyen. » La même incertitude règne encore sur la véritable place des schistes ardoisiers des Hautes-Pyrénées (Labassère, Lourdes) et de certains calcaires noirs à veines blanches. Ces calcaires incertains touchent souvent le calcaire à Requiénies et le calcaire jurassique, et paraissent, suivant les circonstances, devoir être réunis tantôt au premier, tantôt au second. Il en est de même des schistes. Cette difficulté, au reste, a frappé deux géologues qui ont fait de nombreuses études dans les Pyrénées, MM. les ingénieurs Vène et François. Ce dernier même s'est peut-être laissé un peu trop influencer par cet état de choses, en confondant le terrain jurassique avec le terrain cré- tacé inférieur dans sa carte des mines et usines à fer de l'Ariége (i). L'exis- tence de cette pénombre de la masse jurassique n'est pas la seule cause de confusion et d'incertitude qu'offre l'étude de cette partie des terrains pyré- néens. Il y a encore une autre cause qui consiste dans l'enchevêtrement du calcaire à Requiénies au sein du terrain jurassique le mieux caractérisé et (i) Recherches sur le gisement et le traitement direct des minerais de fer dans les Pyré- nées. Paris,, i845. ( 735) dans le lias lui-même. J'aime à penser que cet enchevêtrement est acci- dentel. Toutefois il s'offre de la manière la plus claire et avec une cer- taine constance. Je l'ai bien reconnu dans l'Ariége, près de Saint-Girons, et dans la Haute-Garonne, entre Ore et Galier, et aussi dans les Hautes- Pyrénées aux environs de Bizenistos et dans la . partie inférieure de la vallée d'Aure. » M. Bérenger, de l'Académie des Sciences morales et politiques, transmet deux pièces imprimées qui lui ont été adressées en sa qualité de Président de l'Institut pour l'année i856, et qui sont destinées, par leur auteur M. Trouillet, au concours pour le prix triennal. Ces pièces, qui ont rapport à une méthode pour la culture de la vigne, sont renvoyées à l'examen de la Section d'Économie rurale. géographie physique. — Mémoire sur le huano des îles de Chincha et les oiseaux qui le produisent; parM.. A. Raimondi, professeur d'histoire natu- relle à la Faculté de médecine de Lima. (Présenté par M. Bussj.) (Extrait.) « L'origine du huano était connue au Pérou dès le temps des Incas, car on lit dans Garcilaso de la Vega [Commentarios reaies , lib. V) imprimé en .1604 : « Sur la côte de la mer, depuis plus bas qu'Arequipa jusqu'à Tarapaca, " ce qui fait plus de 200 lieues de côte, on n'emploie d'autres excréments » (pour engraisser les terres) que ceux des oiseaux marins qui existent sur » toute la côte du Pérou, grands et petits ; ils vont par bandes si grandes, » que cela est incroyable pour qui ne l'a pas vu ; ils pondent dans des îlots » déserts qui existent près de cette côte, et la quantité d'excréments qu'ils » y déposent est également incroyable. De loin, ces amas de matières res- » semblent aux sommets de montagnes neigeuses. Du temps des rois Incas, » on apportait tant de vigilance dans la garde de ces oiseaux, qu'au mo- » ment de la ponte personne ne pouvait entrer dans les îles, sous peine de » mort, de crainte de les effrayer et de leur faire quitter leurs nids. Il n'était » pas non plus permis de les tuer à aucune époque ni dans les îles, ni au » dehors, sous la même peine. » » Ayant été nommé par le gouvernement péruvien pour accompagner la Commission d'ingénieurs qui fut chargée en 1 853 de mesurer la quantité de huano existant aux îles de Chincha, j'ai pu, pendant un séjour de plus de 97- (736) quarante jours, recueillir quelques observations que je ne crois pas sans intérêt, et que je vais rapporter. » Le huano des îles de Chincha existe en telle abondance, qu'en certains endroits la couche a plus de 3o mètres d'épaisseur. Cette circonstance a fait penser à MM. Girardin et Bidard que la formation de cette matière n'ap- partient pas à l'époque actuelle, et qu'on doit la considérer comme un co- prolite ou excrément fossile d'animaux antédiluviens. Je crois le contraire et je vais faire connaître les motifs qui ont, fixé mon opinion. » MM. Girardin et Bidard s'appuient sur la relation de M. de Humboldt où on lit : « Les mêmes îlots sont habités d'une multitude d'oiseaux, sur- » tout d ' Ardea, de Phenicopterus, qui y couchent la nuit, mais leurs » excréments n'ont pu fournir depuis trois siècles que des couches de 4 à » cinq lignes d'épaisseur. » » Or, je ferai remarquer que pendant mon séjour aux îles de Chincha, je n'ai pu observer ni un seul Ardea, ni un seul Phénicoptère : ce qui doit être attribué au hasard, puisque M. de Humboldt a observé ces mêmes oiseaux. D'autre part, j'ai pu observer une innombrable quantité d'oiseaux, qui tous appartiennent aux palmipèdes marins. Une des îles de Chincha, celle du sud, où l'on n'a pas encore commencé de travaux d'exploitation, s'en trouve quelquefois entièrement couverte, sans compter ceux qui vivent dans des espèces de terriers qu'ils se creusent dans le huano. » Ce qui prouve que le huano appartient bien à l'époque actuelle, c'est qu'on trouve dans la partie la plus élevée de cette même île du sud, beau- coup de cadavres de phoques (Otaria), dont quelques-uns sont enterrés dans le huano à la profondeur de quelques pieds, tandis que d'autres sont à peine recouverts ; et enfin il en est dont les cadavres font encore saillie. J'ai comparé ces restes avec les Otarias qui vivent actuellement dans les eaux qui baignent les îles de Chincha et je les ai trouvés identiques. » J'ajouterai enfin qu'on a trouvé dans le huano, a une assez grande profondeur, quelques débris de l'industrie humaine, comme des vases de terre et des morceaux de bois légèrement arqués qui paraissent avoir servi à l'exploitation du huano. » De tous ces faits, je crois pouvoir conclure que le problème de l'ori- gine du huano est résolu; que ce n'est pas un coprolite, mais bien une matière dont la formation appartient à l'époque actuelle. » Quant aux oiseaux qui produisent le huano, voici rémunération des (737 ) espèces que j'ai observées pendant mon séjour sur les îles de Chincha : Noms vulgaires. Pelecanus thajus (Molina) Alcatraz. Carbo Gaimardii ( Lesson ) Pato de mar. Carbo albigula (Brandt) Cuervo de mar. Sula variegata (Tscliudi) Piquera. P lotus anhinga (Lin.) Zamargullon choreado. Rhyncops nigra[ÏÀn.) Arador ou Pico-tijera. Larus modestus (Tschudi) Gaviota. Spheniscus Humboldtii (Meyen) Pajaro nlno. Pufflnuria Garnotii ( Lesson .) Potoyunco. Sterna inca (Lesson) Zarcillo. » Toutes ces espèces d'oiseaux ne vivent pas constamment sur les îles de Chincha : quelques-unes viennent seulement à l'époque de la ponte. Parmi les sédentaires, le Pelecanus thajus, la Sula variegata, le Larus modestus, le Spheniscus Humholdlii et la Pufflnuria Garnotii sont celles qui abondent davantage. Ces oiseaux se réunissent, chaque espèce séparément ; ainsi dans l'île dite du nord, la partie nord est habitée par les Pelecanus, la partie est par les Larus, la partie ouest par les Sulas et la partie sud par les Puffl- nuria. » Les Pélicans produisent très-peu dehuano, parce qu'ils habitent pres- que toujours sur les récifs qui se trouvent autour des îles. » Les Carbos ne paraissent pas non plus concourir pour une forte part à sa formation, car on les voit presque toujours dans les lieux escarpés, dans les fentes de rochers, de sorte que le plus souvent leurs excréments tombent à la mer. » Les Sulas produisent plus de huano que les espèces précédentes, attendu leur nombre qui est plus grand et aussi parce qu'ils se tiennent dans l'inté- rieur de l'île. » Les Plotus et les Rhyncops sont très-rares : je ne les ai vus que deux fois, et toujours en petit nombre, ce qui me fait croire qu'ils sont de pas- sage. » Les Larus ne se rencontrent pas en quantité assez grande pour qu'on puisse leur attribuer un rôle important dans la production du huano. » Les Sternas qui habitent ces îles et presque toute la côte du Pérou, appartiennent à la plus jolie espèce du genre. Ces oiseaux ne me paraissent pas habiter toute l'année les îles de Chincha. A mon arrivée, qui eut lieu à la fin d'août, je n'en observai qu'un petit nombre qui volaient continuelle- ment autour des îles en se reposant seulement sur les récifs voisins. Le 12 (738) septembre, j'en vis apparaître un grand nombre dont quelques-uns vinrent se poser sur l'île nord ; mais le 1 5 ils apparurent en nombre tellement grand, qu'ils couvraient toute l'île sud, et une grande partie de celles du milieu et du nord, ce qui me fit supposer que l'époque de la ponte approchait : il est facile de comprendre que, tant qu'elle dure, ces oiseaux doivent déposer une grande quantité de huano. » Les Spheniscus sont abondants dans l'île du sud, qui, comme je l'ai dit, est inhabitée. Il est probable qu'ils ont été chassés de l'île du nord par les navires qui s'y rendent en grand nombre, et parles travaux d'exploita- tion. Ces oiseaux, ne pouvant voler, se cherchent un abri en se creusant dans le huano même une demeure souterraine. A l'époque où je visitai ces îles, ils étaient occupés à couver leurs œufs, qui sont de la grosseur d'un œuf de dinde, et au nombre de deux à quatre. » Enfin, les Puffinurias sont, à mon avis, les oiseaux qui produisent la plus grande quantité de huano ; leur nombre est incalculable. Il paraît que ces oiseaux abandonnent également peu à peu l'île du nord, car on ne les y rencontre plus que dans la partie sud-est, tandis que dans les îles du mi- lieu et dans celle du sud on les voit de toutes parts. Comme les précé- dents, ils vivent enterrés dans le huano, à la profondeur d'un pied ou deux, et ont tellement miné avec leurs galeries la partie sud de l'île du nord et celles du milieu et du sud, qu'on n'y peut faire un pas sans enfoncer jusqu'à la cheville. » Une observation fait voir que, non-seulement l'immense dépôt des îles de Chincha a été formé par les oiseaux maritimes, mais encore que ces oi- seaux n'ont pas changé. » Dans les exploitations de huano, on rencontre, à une grande profon- deur, du huano pseudo-morphique sous forme d'oeufs ; ces œufs semi-fos- siles (si on peut les appeler ainsi) sont de trois dimensions différentes : les uns de la grosseur d'un œuf de perdrix, les autres à peu près égaux à un œuf de dinde, et enfin d'autres intermédiaires entre les deux premiers. Si l'on compare ces œufs avec ceux des espèces qui vivent aujourd'hui sur les îles, on voit que les premiers, qui sont les plus communs, ont les dimensions des œufs de Puffinuria, et les seconds celles des œufs de Spheniscus, seuls oiseaux qui vivent comme enterrés dans le huano. Quant aux œufs de gros- seur intermédiaire, ils sont très-rares. J'ai trouvé en outre à une grande pro- fondeur, deux os de l'aile [humérus) et un de la jambe {tibia), dont les dimensions égalent celles des os correspondants des Puffinurias qui habitent actuellement les îles. » ( 7%) chimie optique. — Note sur la rotation variable du glucose mamelonné' de raisin (i); par M.. Dubrunfabt. « M. Béchamp, dans l'un des derniers numéros des Comptes rendus, a essayé d'expliquer les deux pouvoirs rotatoires du glucose dissous, en les rattachant à deux états chimiques bien connus et bien définis de cette espèce de sucre. Ainsi il a cru pouvoir conclure d'expériences décrites avec dé- tail et avec soin, que le pouvoir rotatoire le plus élevé appartient au glucose hydraté Cl2H,aOl2, 2HO, tandis que le plus faible serait propre au com- posé C12 H12 O'2, qui se trouverait ainsi déshydraté par la dissolution. » L'intérêt qu'offre la Note de M. Béchamp nous a déterminé à vérifier les expériences qui légitiment les conclusions déduites de ses expériences, et nous devons dire que cette vérification nous a conduit à des résultats tout différents, sans que nous puissions assigner d'une manière précise la cause de ces différences. » En effet, si l'on dessèche avec soin du glucose hydraté, de manière à lui enlever complètement les deux équivalents d'eau qu'il peut perdre sans subir d'altération dans sa constitution cristalline, il conserve intégra- lement ses deux pouvoirs rotatoires, et ces deux pouvoirs, mesurés avec soin et rectifiés par le calcul comme nous l'avons expliqué ( Comptes rendus, tome XLII, page 228), conservent bien le rapport normal f-, que nous avons assigné au glucose pur (2). Si ces résultats, qui diffèrent de ceux de M. Béchamp, sont corrects, il est évident que l'eau d'hydrate du glucose n'a aucune influence sur la rotation variable de ce sucre. » Voici une autre observation qui justifie notre conclusion et qui peut- être pourrait expliquer en quoi les expériences du savant professeur de Strasbourg ont pu différer des nôtres. » Si, au lieu de déshydrater avec soin le glucose, on fait naître les phéno- mènes qui sont mentionnés dans le Mémoire de Guérin sur les glucoses et (1) Nous distinguons ici le glucose à rotation variable sous le nom de glucose de raisin pour éviter toute équivoque. On peut préparer un glucose pareil avec la fécule; mais on peut aussi, avec cette même fécule, préparer un glucose que nous avons désigné sous le nom de glucose trirotaloire, et qui dans sa dissolution offre une rotation invariable. ( Voir les Comptes rendus, tome XXV, page 3o8.) (2) Nous avons établi dès 1 846 ( Compte rendu du 6 juillet) que le pouvoir rotatoire du glucose appartenait exclusivement au composé C" H12 0f', et qu'il était indépendant de l'eau d'hydrate dans le composé hydraté. ( 74o ) dans plusieurs Traités de Chimie, c'est-à-dire si l'on dessèche le glucose avec fusion, on ohserve, en dissolvant dans l'eau le glucose ainsi traité, les faits signalés par M. Béchamp, et soit que la fusion ait été faite avec ou sans perte de l'eau d'hydrate, la rotation du glucose dissous devient invariable et elle donne immédiatement le pouvoir rotatoire le plus faible. » On peut légitimement conclure de ces faits que les deux rotations du glucose proviennent, ainsi que nous l'avons supposé, de modifications mo- léculaires profondes, produites successivement et alternativement par la cristallisation et par la dissolution ou la fusion. Cette interprétation est conforme à celle qu'autorise un pareil examen appliqué au sucre de lait, elle s'applique au glucosate de sel marin, et nous avons lieu de croire qu'elle sera encore justifiée par l'examen au même point de vue du glucose de sucre de lait étudié par M. Pasteur, et de toutes les substances cristallisées dans lesquelles on découvrira une propriété analogue à celle qui nous occupe. Peut-être arrivera-t-on à reconnaître plus tard l'exactitude d'une conjecture que nous avons émise, savoir : que cette rotation variable ne serait qu'une manifestation dans des cas spéciaux de propriétés générales de la cristallisation et delà dissolution. Ainsi, pour justifier cette conception, nous avons déjà établi que le sucre de lait définitivement dissous diffère du sucre de lait cristallisé non-seulement par un pouvoir rotatoire moindre, mais encore par une solubilité moindre. Ces distinctions seules suffiraient au besoin, alors qu'on ne découvrirait pas ultérieurement d'autres propriétés différentes pour ces deux états du sucre de lait, elles suffiraient, disons- nous, pour justifier une distinction spécifique conforme à la définition si nette de l'espèce chimique donnée par M. Chevreul. Le glucose mamelonné offre, comme le sucre de lait, deux solubilités différentes dans l'eau, et cette propriété peut être démontrée expérimentalement pour un grand nombre de composés cristallisables d'origine organique et inorganique. T.es faits nombreux de sursaturation se rattachent évidemment par deux liens com- muns aux phénomènes qui nous occupent, et nous invoquerions leur auto- rité au besoin pour autoriser notre conception. Nous aurons d'ailleurs à reve- nir avec détails sur celte question dans un Mémoire qui nous occupe depuis longtemps et dans lequel nous aurons à examiner la dissolution comme phé- nomène chimique et physique. Nous aurons aussi à revenir sur les glucoses, dont les pouvoirs rotatoires moléculaires ont été généralement établis sui- des produits qui ne sont ni simples ni purs, et nous justifierons par la même occasion les distinctions que nous avons apportées clans la nomenclature des glucoses. Ces distinctions, qui n'ont pas été acceptées par les savants, ( 74i ) étaient cependant de nature à faire disparaître la confusion dont M. Eiol se plaignait à juste titre dans l'un des derniers numéros des Comptes rendus à l'occasion d'une communication intéressante de M. Pasteur. » optique. — Théorie mathématique des effets de la lentille simple employée comme objectif de, chambre obscure et comme besicle; par M. Breto\ (de Champ). « Il n'aura échappé à personne que la formule que j'ai donnée le 24 mars dernier (*), pour déterminer l'emplacement du diaphragme au devant d'une lentille simple employée comme objectif de chambre obscure, se vérifie d'une manière très-remarquable lorsqu'on y introduit le rapport des courbures des surfaces antérieure et postérieure obtenu par Wollaston. Supposant, en effet, »si, m, = i,5, ainsi qu'on le fait ordinairement, et - = 1-1 les r-i r. f f deux valeurs de âc., qui résultent de ces hypothèses sont — ^-^ et — »r^' en ne prenant que deux décimales pour la racine carrée. On voit que la seconde valeur de A,.,, diffère très-peu de celle qui a été trouvée par le célèbre physicien. La proportion indiquée par M. Cauchoix donne pour Ac>, f f deux valeurs qui sont — ■= — p et p- L'ouvrage dans lequel j'ai puisé ce renseignement ne faisant pas connaître quelle était la distance du dia- phragme à la lentille, je ne puis faire ici une seconde vérification. Je vais m'occuper maintenant des conditions relatives aux lentilles employées comme besicles, ce sera l'objet du paragraphe suivant. § III — De la lentille simple employée comme besicle. » On sait que, dans ce cas, la longueur focale est complètement déterminée par la distance de la vue distincte de la personne à l'usage de laquelle la len- tille est destinée. La seule question à résoudre est donc ici de trouver quelle est la combinaison de courbures la plus favorable. Pour y parvenir, nous remarquerons que dans l'acte de la vision naturelle, les pinceaux de rayons reçus par l'œil sont essentiellement coniques. D'après cela, il paraît ration- nel d'admettre que la forme de lentille la plus convenable sera celle qui ne détruira pas la conicilé des pinceaux émergents. » Cette condition ne pourra être remplie qu'autant qu'il existera dans (*) Compte rendu de la séance du 24 mars i856. C. R., »856, i« Semestre. (T. XLII, N° 16.) 98 ( ?*» ) l'oeil un point pouvant jouer le rôle d'un diaphragme. Or un tel point existe en effet, c'est le centre du globe oculaire. Car lorsqu'un observateur veut examiner un site, un tableau ou tout autre objet, il transporte d'abord toute sa personne vis-à-vis de la partie qui appelle spécialement son atten- tion, puis tout le corps étant momentanément immobile, il parcourt de l'œil successivement tous les détails que cette position le met à même de bien voir. Les seuls mouvements qui ont lieu alors sont ceux du globe oculaire, dont l'axe visuel se promène sur l'objet examiné, en oscillant autour du centre immobile de ce globe. Quand cet axe est fixé sur un point, il se trouve précisément dans la direction du rayon émané de ce point, et con- séquemment ce rayon est dirigé vers le centre du globe oculaire, du moins si l'on admet que l'axe de la vision passe lui-même par ce centre. Tel est donc le point qui dans la circonstance actuelle joue le rôle d'un diaphragme, et dès lors les verres de besicles doivent être préparés de manière à rendre coniques les pinceaux émergents dirigés vers ce diaphragme idéal. r> D'après les mesures de l'œil humain qu'on trouve dans divers ouvrages, le centre du globe oculaire est à environ om,oia en arrière de la surface an- térieure de cet organe. Cette surface est elle-même en arrière de la lentille, à une distance dont le minimum peut être évalué à om,oo8. La somme de ces deux distances donne la valeur de — A' .2, puisqu'il s'agit des rayons réfractés par la lentille. On aura la valeur de Ae., au moyen de la relation -n— = -? H î d'où — = - ■?• Aé 2 étant négatif et sa valeur étant àc, f Ac., Ac., AC2 f ci * très-petite vis-à-vis des longueurs focales usitées, on voit que A,.,, sera négatif. » On observera que quand A,.., est négatif, le diaphragme devient virtuel et doit être remplacé par un diaphragme réel placé à la distance A'c.a de la lentille. C'est ce qui arrive pour l'œil, ainsi que nous l'avons expliqué ci-dessus. » Pour déterminer la valeur de -> nous reprendrons l'équation qui a été donnée dans le § II, et nous la mettrons sous la forme 2 «\ / i i V et f i a, + u i i a, (2a, ■+■ 11) 1 ~| / 1 1 \ "1/ \A«.i n) it,\_bc, u A, 2 u («, — «) 7J \àCA rj uu, 1 r(«, — u) 1 («, — «') 1 u, i~i («,— «)'/ |_ u, ACé1 uu, A, h f] » On sait que J est négatif quand il s'agit de besicles de presbyte. D'un (743) autre côté, — - étant pareillement négatif, et très-grand en valeur absolue, "M rend négatif le facteur entre crochets du dernier terme, de sorte que ce terme est lui-même négatif; d'où il résulte que les deux racines seront réelles dans le cas de la presbytie. Pour savoir ce qu'il en est dans celui de la myopie, où f est au contraire positif, et rend pareillement positif le dernier terme de notre équation, il faut résoudre celle-ci. Je me borne à écrire le polynôme que l'on trouve sous le radical, savoir : «(»,+2n) i ["(«, — «) i [u\ — u1) l u, il • b1 r i («, + «) i ' i u,(2.ut-+-u) t'y U\ LACi, U A, 2 M («, — «) /J Supposant, comme on le fait ordinairement, que les verres doivent être pré- parés pour procurer la vision distincte des objets éloignés, nous aurons — = o. Développant ensuite, ce polynôme devient, après quelques réduc- tions, w1 i a i i u (4«i — «) I 7\ ïj£ ~ «7 7 âT, "" 4 («,-«)* /»' et par la décomposition en facteurs, |~ « i ii \fut (Mi + 2«) i"l [ « i i i yUiju, -+• 2 u) i~| L«, Ac., ~ if 2(«, — «) /J [«, Ac>, 2 / 2 («, — «) /] » Le premier facteur est essentiellement négatif. Il faut donc que le se- cond le soit aussi ; car autrement les racines seraient imaginaires. De là résulte la condition u_ J_ _ l y/«i(«i + 2~â) », Ac., 2 2~(«, — a) ' ç ou, en remplaçant — par —, -, et isolant -/-> y a, -+- 2« «, yu,(«i+ 2«) A* 2 a 2«(«, — m) Si l'on fait u, = 1,5, a = i, la condition à remplir est /<-i,687A'M. Ce qui nous apprend que les besicles de myopes ne peuvent pas être con- 98.. ( 744) struites de manière à fournir des pinceaux coniques, si ce n'est pour des portées de vue excessivement courtes. Là est peut-être l'explication de ce l'ait remarqué par les opticiens, que les verres périscopiques sont moins avantageux pour les myopes que pour les presbytes. » chirurgie. — Sur un nouveau procédé opératoire qui simplifie les cas graves de paraphimosis . (Extrait d'une Lettre de M. Malgaigne.) a ... Pour cet étranglement, comme pour les étranglements herniaires, on cherche d'abord à opérer la réduction, et l'on y réussit le plus souvent. Mais quand la réduction est impossible, on conseille alors, de même que dans les étranglements herniaires, de diviser la bride qui étrangle, et au besoin de répéter cette section sur deux ou trois points. Or on diminue bien ainsi les accidents de l'étranglement, mais la réduction n'en demeure pas moins impossible; du moins, pour mon compte, je ne l'ai jamais vu obtenir après une semblable opération. Quelle est la raison de cet insuccès? C'est que l'anneau préputial, en déterminant l'inflammation, l'ulcération, quelquefois même la gangrène des parties qu'il étrangle, commence par épaissir le tissu cellulaire sous-jacent, et par organiser des adhérences éten- dues entre la couche tégumentaire et les corps caverneux. Le débridement, même répété , ne détruit pas ces adhérences, et ne suffit pas dès lors à la réduction ; tandis que la destruction de ces adhérences, même sans débri- dement, suffit pour permettre de ramener les parties à leur place. » Ainsi, l'étude de l'affection m'a conduit à distinguer un élément nou- veau, laissé jusqu'à présent dans l'ombre; la constatation de cet élément entraînait une indication nouvelle; et voici maintenant comment j'ai rempli cette indication. » Un jeune homme est entré dans mon service le 1 1 de ce mois pour un paraphimosis datant de cinq jours; et déjà on voyait sur le dos du pénis une ulcération superficielle embrassant plus de la moitié de la circonférence de l'organe. Les internes essayèrent vainement la réduction; le lendemain, à la visite, je ne fus pas plus heureux; les adhérences des téguments avec les corps caverneux y opposaient un obstacle insurmontable. Je glissai à plat, entre les téguments et les corps caverneux, un bistouri étroit, à l'aide du- quel je divisai ces adhérences dans l'étendue d'un centimètre. Cela ne suffit point. Je reportai dans l'incision un bistouri boutonné, pour compléter la division des adhérences dans toute leur étendue; et la réduction fut obte- nue avec la plus grande facilité. Dès le lendemain, l'engorgement du pré- ( 745 ) puce avait diminué; le troisième jour, l'ulcération était cicatrisée, et l'opéré est sorti le ao avril, guéri déjà depuis plusieurs jours, et sans avoir éprouvé aucune espèce d'accident. » M. Hutin, médecin en chef des Invalides, envoie plusieurs nids d'hiron- delle salangane, recueillis il y a cinq ans dans une grotte des environs de Java, par le voyageur qui lui en a fait don. M. Hutin a pensé qu'à raison des communications qui ont été faites récemment à l'Académie touchant la composition de ces nids, il pourrait, y avoir quelque intérêt pour la science à faire examiner ceux qu'il offre aujourd'hui, et qui sont dans un parfait état de conservation. « Les habitants du pays, dit M. Hutin, pensent généralement que les Salanganes composent ces nids avec du frai de poisson, et que l'opinion des personnes qui en regardent la matière comme le produit d'une sécrétion particulière à ces petits oiseaux, est due à ce que l'on voit des fils de cette substance visqueuse pendre souvent de leurs becs à l'époque où ils la ramas- sent pour s'en servir. Il paraît que chaque nid reçoit habituellement deux œufs seulement. » Une Commission, composée de MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Payen et Montagne, est invitée à examiner ces nids. , M. Wanner envoie une Note ayant pour titre : « Delà capillarité, théorie de la circulation sanguine » , Note qui fait suite à celle que l'auteur avait présentée dans la séance du 3i décembre dernier. M. Compingt père prie l'Académie de lui faire connaître la marche à suivre pour faire admettre au concours pour le prix annuel du legs Bréant un re- mède de son invention pour la guérison des dartres. M. Compingt devra faire connaître, dans un Mémoire suffisamment déve- loppé, la composition de son remède et la manière de l'administrer, et il joindra quelques observations des cas où ce traitement a été employé avec succès. M. le Directeur du journal la Science prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des personnes auxquelles elle accorde les Comptes rendus hebdomadaires. (Renvoi à la Commission administrative.) ( 746) M. Cochaux envoie, de Bruges, la figure et la description d'un manomètre destiné à faire reconnaître le degré de profondeur qu'un bateau sous-marin ne doit pas dépasser. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Géométrie présente, par l'organe de son doyen M. Biot, la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Sturm. Au Ier rang M. Bertrand. Au ae rang M. If ermite. Au 3e rang M. Serret. Au 4e rang ex aequo, et par l M. O. Bonnet. ordre alphabétique. . . . ( M. Pbiseux. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. HCLLETIN HIRLIOGRAPIIIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 21 avril 1 856, les ouvrages dont voici les titres : Compte rendu annuel adressé à S. E. M. DE Bkock, Ministre des Finances, par le Directeur de l'observatoire physique central, A. -T. Kupffer ; année 1 854- Supplément aux annales de l'observatoire physique central pour l'année i853. Saint-Pétersbourg, i855; in-4°. Description d'un nouveau genre de coquitles bivalves fossiles , Eligmus, prove- nant de la grande oolithe du département du Calvados ;)par M. Eudes-Deslong- CHamps. Caen, r856; br. in-4°. Mémoire sur le Soudan, rédigé d'après des renseignements entièrement nou- veaux; par M. le comte d'Escayrac DE Lauture ; 3e cahier. Examen du gou- vernement, des institutions militaires, de la religion et des superstitions des peuples du Takrour. Paris, 1 856 ; br. in-8°. (747) Méthode pour faire avec une extrême facilité le calcul et le devis des chaînes ; par M. Joseph Cochaux. Bruges, i855; br. in-8°. Aperçu de la distribution du terrain tertiaire dans le canton de Vaud; par M. R. Blanchet. Lausanne, i854; \ feuille in-8°. Quelques idées sur les modifications du relief' de la terre, dans la vallée du Rhône et du Léman ; par le même ; \ de feuille in-8°. Délie. . . Des lois qui régissent le choléra-morbus et de la manière de le préve- nir dans les populations et chez les individus; par M. O. Turchetti. Florence, i855 ; br. in-8°. (Adressé pour le concours du prix Bréant. ) Remarks. . . Remarques sur le gyroscope en relation avec « une suggestion d'une » nouvelle expérience qui démontrerait la rotation de la Terre » ; par 'M. Edw. Sang; \ feuille in-8°. Memoirs. . . Mémoires concernant le relevé géologique du royaume-uni de la Grande-Bretagne. Restes organiques fossiles ; Ve décade ; par M. Z.-V. Salter; br. in-4°. Dienerven... Des nerfs du canal vertébral de l'homme; par M. Luschka. Tubingue, i85o;in-8°. Die nerven. . . Les nerfs de la dure-mère cérébrale ; par le même. Tubingue, i85o; in-4°. Die structure... Structure des membranes séreuses de l'homme; par le même. Tubingue, i85i ; in-4°. Ueber... Sur ta structure des glandes de Pacchioni; par le même; broch. in-8°. Der nervus... Le nerf phrénique de t homme ; parle même. Tubingue, i853; in-4°. Die adergeflechte... Les plexus vasculaires du cerveau de l'homme; par le même. Tubingue, i855; in-4°. ERRATUM. (Séance du 7 avril i856.) Page 645, ligne 2 ï , au lieu de : Après un certain nombre d'heures, variable avec la température, le pouvoir du composé C'2H'20'2a, dans l'intervalle, un pouvoir mixte , etc. , Lisez : Après un certain nombre d'heures, variable avec la température, on a le pouvoir du com- posé ClîH"Olî, et, dans l'intervalle, un pouvoir mixte, etc. m- £ £. ft C (3 Cl ^ i I *2 ^ô w ■Bo —-*• e •o CI 0 1* cm M "O to - en M 1 eo il oj 0) QB 00 CO 10 1 n g H H l II vl 10 CI b) -U-. 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Liais, présente à ce sujet les remarques suivantes : « Il existe deux systèmes principaux d'instruments enregistreurs : ceux dans lesquels les indications sont obtenues par des appareils mécaniques, et ceux dans lesquels l'inscription se fait par le moyen de la photographie. Dans le premier système, la sensibilité des instruments est toujours plus ou moins notablement altérée par l'intervention et l'inertie des pièces indica- trices ; cette considération m'a déterminé à recourir au système photogra- phique. L'organisation des instruments a été confiée à M. Liais, qui s'est acquitté de cette mission avec le plus grand succès, comme l'Académie en pourra juger par les documents que j'ai l'honneur de mettre sous ses yeux. » Les éléments à observer sont au nombre de trois : la déclinaison de l'aiguille aimantée, la force horizontale du magnétisme terrestre, la force verticale. L'inclinaison se déduit de ces deux derniers éléments. On sait, en C. R., iS56, Ier Semestre. (T. XLII, m 17.) 99 (75o) effet, que le rapport de la force verticale à la force horizontale du magné- tisme terrestre n'est autre que la tangente de l'inclinaison. » Il a donc fallu établir trois instruments enregistreurs, qui sont : une boussole de déclinaison, un magnétomètre bifilaire de Gauss, une balance de force verticale. Le système d'enregistrement est semblable à celui qui a été imaginé par M. Brooke de Londres. M. Brooke, qui a déjà établi les appa- reils de Greenwich et de Toronto, a bien voulu se charger de faire con- struire également les appareils de Paris. » Il ne faudrait pas conclure de ce qui précède, que l'observatoire ma- gnétique de Paris est une copie des autres établissements de ce genre. Il présente, au contraire, dans son organisation des différences importantes, et spécialement des dispositions entièrement nouvelles pour les observa- tions directes et les déterminations absolues. Les projets et les plans de ces dispositions ont été faits par M. Liais. » On sait que lorsqu'on veut multiplier beaucoup les observations ma- gnétiques, on est obligé d'avoir recours à des instruments de variation qui font connaître, soit au moyen de microscopes que l'on pointe sur des fils portés par les aiguilles, soit au moyen d'échelles et de lunettes fixes et de miroirs assujettis sur les barreaux aimantés, les changements des éléments magnétiques. Ces instruments sont comparés de temps en temps avec d'au- tres instruments susceptibles de donner des valeurs absolues, mais qui sont d'un emploi plus long et plus difficile. » Dans les observatoires magnétiques où les indications des instruments sont tracées d'une manière continue par la photographie, ce tracé fournit les observations de variation. Il semblerait donc inutile de conserver les dispositions usuelles destinées à l'observation directe des variations, si les positions relatives des instruments, des points lumineux et des appareils enregistreurs, présentaient des conditions de stabilité égales à celle que l'on donne aux instruments ordinaires de variation. Mais cela n'ayant pas tou- jours eu lieu dans les observatoires actuels, on a dû combiner l'emploi du tracé photographique avec les procédés ordinaires , pour l'observation directe de la variation. Le contrôle n'eût pas été assez fréquent s'il n'avait dû être effectué qu'au moyen des instruments employés pour les détermi- nations absolues. Il résulte de cet état de choses un accroissement du ser- vice des observations, une complication des réductions, et, ce qui est le plus grave, une moindre exactitude. » Ces inconvénients ont été évités à l'Observatoire de Paris, et pour cela (75' ) on a d'abord donné à la partie photographique une stabilité au moins égale à celle que l'on donne ordinairement aux appareils pour l'observation di- recte des variations. La partie directe serait dès lors devenue inutile, si elle n'avait fait que fournir un moyen de répéter ce que l'on avait déjà par la photographie. Mais on a voulu obtenir davantage et on a pris des disposi- tions nouvelles pour rendre les observations de variation indépendantes de la stabilité des piliers et des lunettes, ce qui leur donne un degré de pré- cision supérieur. De plus, on a voulu que ces disposiiions, destinées à l'ob- servation directe des variations, pussent servir pour des mesures absolues, promptes et faciles, sans être obligé de recourir à l'emploi d'autres instru- ments. » Le pavillon qui renferme les instruments magnétiques est à l'angle sud- est de la terrasse de l'Observatoire. L'une de ses fenêtres est placée dans le méridien du cercle mural de Fortin. A l'intérieur du pavillon, sur le pro- longement de l'axe optique de la lunette de ce cercle, se trouve un pilier allongé dans le sens du méridien. C'est sur ce pilier que se font les observa- tions directes. Il porte un théodolite avec lunette centrée. Une trappe mé- nagée dans le toit permet d'apercevoir la polaire avec le théodolite. On voit donc que l'on a deux moyens d'obtenir la direction du méridien astro- nomique : l'observation directe de la polaire, et le pointé au cercle mural de Fortin, employé comme collimateur. Ce dernier procédé est très-com- mode, car on connaît toujours la situation du cercle de Fortin par rapport au méridien. On peut donc sans inconvénient déplacer le théodolite sur son pilier, l'avancer ou le reculer, et l'on retrouve toujours le méridien astronomique en moins d'une minute. » Au nord-ouest du pilier qui porte le théodolite se trouve la boussole de déclinaison. Le barreau aimanté est un cylindre creux de 20 cen- timètres de longueur. Cette disposition présente l'avantage de four- nir des aimants puissants d'un faible poids ; car on sait qu'à partir d'une certaine limite d'épaisseur, un fer creux s'aimante à peu près au même degré qu'un fer plein. Il est important d'avoir des barreaux légers et puis- sants pour augmenter le degré de précision des observations, puisque les erreurs que l'on peut avoir à craindre, viennent surtout de la torsion des faisceaux de suspension, et le couple de cette torsion est proportionnel au poids du système suspendu (le faisceau a d'ailleurs à porter, outre le bar- reau, le miroir destiné à l'enregistrement photographique). On a, en outre, un avantage évident à ce que le couple magnétique soit le plus grand 99- (75*) possible par rapport à la pesanteur. Or il ne faut pas tendre à ce résultat par un accroissement de longueur du barreau, accroissement qui ne se ferait pas, au reste, sans augmentation de poids, et qui, en écartant les pôles, aurait l'inconvénient d'augmenter les influences réciproques des barreaux des divers instruments. » Le barreau étant creux, on en a fait une lunette collimateur. Il porte à l'une de ses extrémités, au sud, une lentille ; à l'autre, au nord, une échelle horizontale divisée. Cette échelle est au foyer principal de la lentille. Les rayons qui en émanent sortent parallèles, de sorte que l'échelle est visible avec le théodolite et observable avec la même position du réticule que quand on vise à la polaire ou au cercle de Fortin. » Ainsi donc, pour obtenir une déclinaison absolue, il suffit, après avoir visé au cercle de Fortin avec le théodolite, de viser au zéro de l'échelle du barreau aimanté, puis de renverser ce barreau à cause de l'angle entre l'axe optique et l'axe magnétique, de viser une seconde fois, et de prendre la moyenne des deux lectures. Au reste, il n'est pas nécessaire de renverser le barreau chaque fois. Ayant obtenu l'angle entre l'axe optique et l'axe ma- gnétique par une observation, on peut corriger les observations à une seule lecture à l'aide de cette valeur, et l'on n'a plus à opérer de retournement que de temps en temps pour juger de la constance de l'angle formé par l'axe optique et l'axe magnétique. » Les mouvements du théodolite sur son pilier ont permis de rendre fixe le centre de la boussole. Le faisceau de suspension a i mètres de lon- gueur : on sait que le couple de torsion est en raison inverse de cette lon- gueur. Le cercle de torsion est muni d'un vernier et donne les minutes. Il est supporté par un système de colonnes en cuivre. Le faisceau traverse un tube de verre, et la boussole est renfermée dans une boîte octogone formée par des glaces à renversement. Des lames de cuivre sont disposées au-dessus et au-dessous du barreau pour réduire l'amplitude des oscillations et facili- ter par là les observations directes, et surtout le tracé photographique. Un barreau de cuivre collimateur peut être substitué au barreau de fer pour anéantir la torsion. » Le tracé photographique s'opère de la manière suivante. Le barreau supporte un miroir concave en métal qui se meut avec lui. A 65 centimètres de ce miroir se trouve un bec de gaz dont la cheminée présente une fente verticale du côté du miroir. Les rayons émanés de cette fente et réfléchis par le miroir forment à 3 mètres du miroir, au foyer conjugué, une image (753) de cette fente verticale. La fente n'est pas sur l'axe même du miroir, afin d'éviter que les rayons réfléchis ne soient interceptés par la cheminée; mais elle est légèrement déviée. Par cette disposition, on voit que l'image de la fente se meut horizontalement, par rapport au centre de la boussole, d'un angle double de celui du barreau. Un système de deux lentilles cylin- driques de 3o centimètres de longueur, et à court foyer, construites par M. Beyerlé, est disposé horizontalement de manière à concentrer en un point lumineux l'image de la fente, sans cependant réagir sur la direction de ce point. Ces lentilles auraient été inutiles si la source de lumière avait été un point, au lieu d'une fente, mais alors on n'aurait pas eu assez de lu- mière pour obtenir un tracé photographique. » Derrière les lentilles cylindriques se trouve un cylindre de 20 centi- mètres de diamètre recouvert de papier photographique et auquel un chrono- mètre imprime une rotation d'un tour en vingt-quatre heures. Ce cylindre reçoit le point lumineux dont les déplacements ont lieu parallèlement à son axe. Le cylindre étant animé d'un mouvement de rotation, le point lumi- neux décrit à sa surface une courbe qui impressionne le papier sensible. » Sur la monture du cylindre se trouve une lentille munie d'un prisme au moyen de laquelle un second bec de gaz, fixé sur le même pilier que ce cylindre, trace photographiquement une ligne de repère. C'est la variation de la distance entre cette ligne de repère et la courbe, distance indépen- dante de la position donnée au papier sur le cylindre, qui fait connaître les changements de la déclinaison. Un obturateur permet de faire sur la courbe de petites interruptions qui servent à fournir des repères pour régler l'échelle des heures. » Sur le même cylindre enregistreur se trouve, du côté opposé au point lumineux fourni par la boussole de déclinaison, un troisième point lumineux qui trace la courbe des variations de la force horizontale. Ce troisième point est fourni par le magnétomètre bifilaire, placé sur un pilier à l'angle sud- ouest du pavillon. » Un barreau semblable à celui de la boussole de déclinaison est main- tenu par une suspension à deux fils, dans un plan perpendiculaire au mé- ridien magnétique. Son pôle nord, celui qui porte l'échelle divisée, est à l'ouest. Ce barreau est observable avec le même théodolite que la boussole de déclinaison. Cette disposition permet de déterminer rapidement, en un instant quelconque, la situation exacte de l'axe magnétique de ce barreau par rapport au méridien astronomique. En faisant cette détermination pour ( 754) diverses lectures da cercle de torsion, on en peut déduire l'angle de torsion nécessaire pour amener l'axe magnétique dans le plan perpendiculaire au méridien magnétique. Connaissant alors le poids de l'appareil, l'écartement des crochets de suspension et la longueur du faisceau, on a, en fonction de la pesanteur, la valeur du couple de torsion qui fait équilibre au couple magnétique : ce dernier couple a pour mesure le produit du moment ma- gnétique du barreau par la force horizontale du globe. Si alors on dévie, suivant la méthode de Gauss, la boussole de déclinaison avec le barreau bifilaire, pour en déduire le rapport du moment magnétique de ce barreau à la force du globe, on a les éléments nécessaires pour obtenir la mesure de la force horizontale du globe. Cette opération a été faite le 21 mars dernier, entre 4 et 5 heures du soir, par M. Liais. Il a trouvé 1 ,8g44> en unités mé- triques, pour la force horizontale magnétique du globe à cette époque. » Les faisceaux de suspension du magnétomètre bifilaire sont renfermés dans un tube de verre ; ils ont un mètre de longueur. Le barreau est ren- fermé dans une boîte octogone en glace, semblable à celle de la boussole de déclinaison. Le barreau est également placé entre deux planches de cuivre et porte, pour l'enregistrement photographique, un miroir concave en tout semblable à celui de la boussole de déclinaison. » Le moment magnétique d'un barreau aimanté changeant avec !a température, et la situation du barreau dépendant du produit de ce mo- ment magnétique par la force du globe, il en résulterait la nécessité de corriger les courbes des influences de la température, point par point, si l'on n'avait compensé l'instrument contre les effets de la chaleur. M. Brooke a obtenu cette compensation en faisant varier le couple de torsion, sous l'in- fluence de la température, dans le même rapport que le magnétisme du barreau dont les variations ont été préalablement déterminées par expé- rience. Il a suffi pour cela de faire en sorte que les deux crochets de suspension se rapprochent quand la température s'élève, effet que l'on a obtenu par l'inégalité de dilatation du verre et du zinc. L'instrument peut à volonté fonctionner avec ou sans la compensation. a Le magnétomètre de force verticale est placé à l'est du pavillon. 11 consiste en un barreau collimateur semblable (1) à ceux des deux autres (1) Les trois barreaux sont semblables afin de pouvoir être substitués l'un à l'autre dans les trois instruments, pour les comparer, et déterminer dans la suspension de la boussole de déclinaison la situation des axes magnétiques par rapport aux axes optiques. (755) instruments, et. supporté sur plan d'agate par une suspension de balance à couteaux d'agate. Ces couteaux sont dans le méridien magnétique, de sorte que le barreau se meut dans un plan perpendiculaire au méridien magné- tique. Son magnétisme tendrait alors à le rendre vertical, mais un contre- poids le maintient horizontal. Les variations de la force verticale du magné- tisme font incliner cet instrument comme une balance ; sa sensibilité dépend de l'abaissement du centre de gravité et se règle à volonté. Comme pour le magnétomèlre bifilaire il faut une compensation contre les effets de la température, cette compensation est obtenue par un thermomètre porté par le barreau, et dont les dimensions ont été déterminées par M. Brooke, d'après l'étude des variations du magnétisme du barreau. Quand la tempéra- ture s'élève, l'élévation du thermomètre augmente le poids du côté du pôle nord du barreau. Ce thermomètre peut être enlevé à volonté. La situation de l'axe magnétique par rapport à l'horizon et au méridien magnétique peut être sans cesse déterminée par le théodolite. » L'enregistrement photographique se fait comme pour les deux autres instruments, sauf que le mouvement du point lumineux, au lieu d'avoir lieu dans un plan horizontal, a lieu dans un plan vertical. Cette condition a forcé à employer un cylindre différent de celui qui sert aux deux autres in- struments. » La préparation des papiers photographiques n'est pas un obstacle à l'emploi des instruments à indications continues. A l'Observatoire de Paris, on a abandonné les procédés humides qui obligeaient à préparer le papier chaque jour et à faire paraître immédiatement les épreuves; on a également abandonné les papiers cirés, qui sont dispendieux et longs à préparer à cause du séjour prolongé qu'il faut leur faire subir sur un bain. On a tenu à obtenir des épreuves sur papier ordinaire et sec. En quelques heures on peut pré- parer du papier pour quinze jours, et se contenter de faire paraître les épreuves à l'acide gallique à la fin de chaque semaine. » Le papier est sensibilisé avec l'iodure et le bromure d'ammonium, le nitrate d'argent et l'acide acétique. Après avoir été séché, il est conservé à l'abri de la lumière, et est en état d'être employé. Les feuilles retirées des cylindres sont conservées. On fait paraître les images avec l'acide gallique dilué, et on les fixe à l'hyposulfite de soude. » (756) phycologie. — Noie sur deux Algues nées pendant les expériences de M. Boussingault, relatives à V action du salpêtre sur la végétation; par M. C. Montagne. « Dans une des séances du mois de novembre dernier, vous avez entendu la lecture de l'important Mémoire de M. Boussingault sur un sujet qui, intéressant à un égal degré la physiologie végétale, la chimie organique et l'agriculture, ne pouvait manquer, à ces différents titres, de captiver votre attention. » Dans le cours des ingénieuses expériences sur la végétation dont vous a entretenus notre savant confrère, il s'est produit à la surface extérieure de l'un des pots à fleurs où étaient déposées les plantes en expérience, de petits végétaux foliacés, verdàtres, qu'il en a pu détacher, tandis que, dans un autre vase, le sol siliceux factice sur lequel il opérait, se couvrit peu à peu et par places d'une autre végétation verte aussi, mais filamenteuse, également étrangère aux plantes qui faisaient l'objet de ses curieuses recherches. » M. Boussingault ayant bien voulu me remettre des exemplaires de ces deux végétations presque microscopiques, et m'engager à les étudier pour en rendre compte à l'Académie, c'est pour répondre à son désir que je m'en suis occupé, et qu'après un scrupuleux examen je viens remplir aujourd'hui cette tâche. Mais avant de dire en quoi elles consistent, il est bon de rappeler les conditions dans lesquelles elles se sont produites. » Pour faire germer les différentes graines qu'il a soumises à ses essais, notre confrère s'est servi de pots à fleurs en terre cuite préalablement chauffés au rouge, comme le sol arénacé lui-même dans lequel étaient déposées ces graines. Les pots étaient en outre abrités contre la pluie, mais de façon pourtant à ne pas empêcher un libre accès à l'air extérieur. Les arrosements ont été pratiqués pendant trois mois avec de l'eau parfaitement pure, en sorte qu'elle ne pouvait renfermer aucun germe étranger aux plantes en expérimentation. » Je disais tout à l'heure que deux cryptogames fort différentes s'étaient développées pendant les expériences; elles appartiennent l'une et l'autre à la grande classe des Algues. La première, qui est un Nostoc (i), ne s'est (1) Nostoc Boussingacltii , Montg. mss. : pusillus ; fronde papyraceo-membranacea , plana, ambitu laciniato-lobata , primo viridi-cœrulea , tandem fulvescente , filis dense ( 757 ) montrée qu'en dehors d'un pot dans lequel de l'avoine avait végété pen- dant trois mois, tandis que la seconde avait exclusivement fixé son habitat sur le sable calciné d'un autre pot où rien n'avait été semé. » Je dois encore avertir que ces deux productions ne se sont montrées ni sur le vase à fleurs, ni sur le sol factice, lorsque l'expérience avait lieu dans des appareils clos. » Le Nostoc est remarquable par sa petitesse. Les plus grands individus ont de 3 à 4 millimètres de diamètre, mais il y en a une infinité d'autres d'une dimension bien inférieure, quoique sous le microscope leur organi- sation se montre identique à celle des premiers. Ceux-ci représentent, à l'état sec, une sorte de calotte déprimée dont le bord évasé et retroussé prend un point d'appui sur la paroi du vase ; mais, pendant la vie, M. Boussingault les a toujours vus planes et appliqués. Ils sont membra- neux, d'une excessive ténuité, presque papyracés et déchiquetés à la péri- phérie, qui est comme frangée. » Les petits individus, incomparablement plus nombreux, mesurent à peine un demi-millimètre dans leur diamètre et offrent une apparence furf u- racée. Leur couleur est d'un vert tirant sur le bleu, quand on les examine par transparence, mais elle devient fauve ou jaunâtre dans l'âge adulte du Nostoc. Comme chez toutes les espèces de ce genre, la fronde gélatineuse implicatis , diametro inter 12 et iS millim. secundum cetatem variantibus, maxime flexuosis, nrticulis' globosis approximatis , peridermide achromatica aut fuscescente . — Hab. Supra faciem vasorum fictilium exteriorem gregatim expansum. — Celeberrimo inventori , ut par erat, dicatum. Si quelque Nostoc pouvait être mis en parallèle avec celui que je viens de signaler ici, ce serait indubitablement le N. papyraceum C. Ag. , caractérisé par ces seuls mots dans le Systema Algaram : « /ronde membranacea , Jîlis crassissimis » , évidemment insuffisants pour le faire reconnaître aujourd'hui , en l'absence d'exemplaires authentiques. Aussi les monographes, M. Meneghini entre autres, l'ont-ils placé parmi les espèces douteuses, ou qui réclament une ultérieure investigation. M. Kùtzing est le seul qui en tienne compte dans son Species , mais il le place parmi ses Hormosiphons, en lui assignant pour caractère micro- scopique des filaments moniliformes , dont les articles sont reliés entre eux par une gaîne mucilagineuse d'un diamètre presque double , particularité étrangère à notre plante. Si l'on s'en tenait aux termes de la définition que Sulliard donne ( Hist. des Champignons , p. 226 , PL 499 , fig. 1 ) de sa Tremella laciniata , espèce que de Candolle place dans les Nostocs , on serait tenté d'y rapporter le N. Boussingaultii. Toutefois un exemplaire authentique du champignon de Bulliard , reçu de M. Lenormand , de Vire , dissuade sur-le- champ de faire un tel rapprochement, et montre plutôt que M. Duby pourrait bien avoir raison quand il le rejette parmi les Collema stériles. Voyez Bot. Gall. , t. II, p. 1020. C. R. i856, 1" Semestre. (T. XLII, N° 17.) IOO ( 758) se ramollit promptement quand on l'humecte; elle est aussi composée comme elles de globules rapprochés en filaments moniliformes, nom- breux, agglomérés, très-flexueux et contournés, et plongés dans une sorte de gelée transparente fort avide d'eau Une pellicule épidermique anhiste (périderme), excessivement mince, relie le tout. Les globules qui consti- tuent les filaments de notre plante varient considérablement de grosseur selon l'âge où on les observe. Dans l'état de parfaite évolution, ils ont un diamètre d'environ omm,oo25, mais dans le jeune âge ils mesurent à peine la moitié de cette dimension. Ils semblent reliés en colliers par un tube anhiste ou une sorte de gaîne de mucilage qui les retient dans cette position. On voit de distance en distance un globule, de moitié plus gros, qui achève de donner à ces filaments une ressemblance encore plus frap- pante avec un chapelet. Je reviendrai plus loin sur le mode de reproduction de cette espèce. . » Confondus par Linné lui-même avec les Tremelles, qui, dans une série parallèle, offrent une structure différente et sont de vrais champignons, les Nostocs sont des plantes très-vulgaires et connues de tout le monde (i). La plus commune des espèces naît abondamment et croît avec rapidité après les pluies des saisons chaudes au milieu des prés, dans les allées et sur les plates-bandes de nos jardins, où elle est désignée sous les noms populaires de Perce-terre, Crachat de mai ou de lune, et plus anciennement sous ceux de Cœliflos, Cœtijolium. Il en est d'autres qui vivent attachées aux pierres au fond des eaux courantes (/V. verrucosum) ou fixées aux plantes qui nagent à leur surface. Parmi ces derniers Nostocs, il y en a un qui croît dans les ruis- seaux de la Tartarie (N. edulé) et dont, au rapport de Gaudichaud, on fait en Chine des potages fort estimés. » Il ne saurait entrer dans mes vues de m'étendre plus longuement, sili- ce genre, qui a cependant mérité de fixer l'attention de deux Membres de cette Académie, Geoffroy (2) et l'illustre Réaumur (3) et de quelques autres (1) Ce nom de Nostoc ou Nostoch, dont Pétymologie m'est inconnue, paraît pour la pre- mière fois dans Paracelse (tom. II, p. 5o3 b). L'opinion du célèbre alchimiste sur l'origine de cette production, qu'il croyait engendrée el alimentée par l'air, est assez curieuse pour mériter d'être rapportée ici : Sic etiam quidquid aer gignit et ex aère est vivitque vel oritur, ut Tereniabin, Nostoch, Manna, Melissa, etc., id etiam in sese virtutes cœlicas et aerias con- tinet et a cœlo vel aère sustentatur veluti aves, quœ in aère librantur et inde vwunt. (2) Observations sur le Nostoc, qui prouvent que c'est réellement une plante. Mémoire, de l'Académie des Sciences, année 1 708, p. 228. (3) Observations sur la végétation du Nostoc. Ibid, année 1722, p. 161 . !( 7*9 ) naturalistes fort distingués, parmi lesquels il me suffira de nommer Vau- cher (i) de Genève et M. Meneghini (2), professeur d'histoire naturelle à Pise. a Mais si une simple délimitation de genres, si de pures distinctions spé- cifiques, notamment dans cet ordre de végétaux, ne doivent pas prétendre d'occuper vos précieux moments, il n'en peut être ainsi, je me persuade, de ce qui intéresse particulièrement l'organisation et la biologie des êtres natu- rels. Or, la description que je viens de donner du nouveau Nostoc faisant assez connaître la structure générale de ces plantes, il ne me reste donc, pour compléter leur histoire, qu'à indiquer le point où en est arrivée une question beaucoup plus importante, celle de leur mode de multiplication. » Le temps n'est pas encore bien éloigné où l'on croyait que les grains les plus gros des filaments moniliformes, ceux qui représentent les Pater d'un chapelet ordinaire, étaient les seuls corps reproducteurs des nouveaux Nostocs. J'ai moi-même partagé l'opinion commune (3\ C'est l'analogie qui conduisait à penser ainsi, car, à cette époque, nul n'avait essayé d'isoler ces globules pour en suivre à part la germination, ce qui, vu leur excessive exiguïté, n'aurait guère été possible autrement que sous le miscroscope. C'est aussi l'idée que s'en faisaient et que s'en font encore en ce moment les phy- cologistes qui les nomment Spermaties. Mais dès 1 838 M. Dujardin, dans sa thèse inaugurale, avait écrit que c'était sans preuves qu'on les avait re- gardés comme des organes reproducteurs. » Les petits corps observés par Micheli (4) et Réaumur à la surface de la plante quand elle végète, et dont le premier de ces savants compare le vo- lume et la forme à ceux d'un grain de millet, ne sont pas des spores, ni mêmes des gemmes, mais doivent être bien plutôt tenus pour de jeunes Nostocs ou des sortes de prolifications de la plante mère, également propres (1) Histoire des Confervcs d'eau douce; Genève, i8o3, in-4°. (2) Monographia Nostochinearum italicarum, in Memorie délia R. Acad. dette Scienze di Torino, ser. II, tom. V. (3) Voyez Duchartre, Revue Botanique, tom. I, p. 24 '• Analyse d'un Nostoc pruniformc communiqué par M. Cauchy. (4) In superficie planta; primœ speciei ( Linkia terrestris = Nostoc commune) interdum reperiuntur nonnulla corpora (B. t. 67) grani panici magnitudine et forma, ejusdem cum planta coloris ac naturœ Hujusmodi corpora progressu temporis possunt evadere tôt plan- tée, vel quod sint particulœ vividœ ejusdem plantœ, vel quod eodem semine sint munitœ. Micheli, Nova Gênera Plantarum, p. 126. IOO.. (76o) à propager l'espèce. Les plus gros globules des filaments moniliformes aux- quels on attribue cette fonction et qui n'y sont peut-être pas toujours étran- gers, ces globules ayant tout au plus un centième de millimètre de diamètre, ne sauraient être visibles à l'œil nu que dans le seul cas où, supposant vraie l'opinion qui leur accorde la faculté de reproduire le Nostoc, la ma- tière protoplastique renfermée dans leur périderme se serait développée en jeunes plantes. C'est peut être là ce qu'ont vu les grands observateurs que je viens de nommer et Vaucher lui-même dans son Nostoc jphœricum (i). » Voici, selon le botaniste genevois .(2), comment s'effectue cette repro- duction : « Lorsque ce globule, dit-il, plus rond et plus gros que les antres, » avait acquis une forme à peu près spbérique, il se détachait insensible - » ment du reste du filet ; le globule suivant montrait les mêmes apparences, » et enfin la totalité du filet était réduite en globules Ce sont » ces globules que je crois être les commencements du Nostoc. J'imagine » qu'après être séparés les uns des autres , ces grains grossissent » insensiblement au lieu de se détruire, qu'il se forme dans leur intérieur » des filets semblables à ceux dont ils faisaient partie, etc. » » Ces mots je crois , j 'imagine , que j'ai exprès soulignés, montrent suffi- samment que Vaucher, observateur si exact et si consciencieux, n'avait pas acquis une complète certitude sur ce mode de multiplication. » Le doute émis à cet égard par M. Dujardin a peut-être éveillé chez M. Thuret le désir de s'assurer par l'observation si les choses se passaient réellement de cette façon. Toujours est-il que cet habile phycologiste a suivi avec attention toute la morphose du Nostoc verrucosum et qu'il y a décou- vert un nouveau mode de propagation ignoré jusqu'à lui. Il a constaté que dans cette plante le jeune Nostoc ne tire pas son origne d'un seul des glo- bules les plus gros des filaments moniliformes nageant dans la gangue mu- cilagineuse, mais bien d'un certain nombre de grains ordinaires restés en place dans la gaîne transparente qui les relie, c'est-à-dire des chapelets eux-mêmes. Je renverrai à l'intéressante Note de M. Thuret (3) pour les détails relatifs à l'histoire de cette bien curieuse métamorphose. Mais ce (1) Loc. cit., p. 224, PL XFI,Jig. 2, e. (2) Loc. cit., p. 208. (3) Voyez Annales des Sciences naturelles, 3e série, tome II, page 3 19, PL IX. Les chapelets reproducteurs ainsi métamorphosés ont quelque ressemblance avec ces Diaptoscn que M. Itzigsohn a représentées aux figures 64-66 de son Mémoire sur VHapalo- sip/wn Braunii N*g., in Jet. Acacl. Natur. Curios. Vol. XXV, P. I. (76i ) qu'il importe surtout de faire remarquer ici, c'est que le Nostoc Boussin- gaultii, quoique vivant à l'air libre, m'a présenté tous les phénomènes, si bien décrits, qui accompagnent la propagation du Nostoc verrucosum , espèce rivulaire, son exiguïté n'ayant point été un obstacle à ce que, grâce aux nombreux individus d'âge différent qui me sont passés sous les yeux, j'aie pu suivre toutes les transformations successives des fragments de cha- pelets en jeunes Nostocs, absolument comme si je les eusse étudiées dans l'état dévie. •a II est une autre question sur laquelle l'histoire de la végétation des deux Algues qui sont l'objet de cette communication pourrait peut-être jeter quel- que lumière : je veux parler du mode de dissémination des spores. Ne peut- on pas, en effet, se demander comment, nonobstant des précautions si soigneusement prises, ces Algues ont pu naître et se développer l'une en dehors, l'autre au dedans des vases à fleurs, si l'on ne veut pas admettre que leurs spores ou leurs gemmes ont pu y être transportées par l'air atmo- sphérique. J'avouerai, pour mon compte, que je n'imagine pas un autre moyen de translation. Si l'on m'objecte, et l'objection se présente assez naturellement, que des spores si excessivement petites ont pu fort bien être semées en même temps que les graines des plantes phanérogames qu'on avait le dessein d'expérimenter, je demanderai à mon tour pourquoi celles du Nostoc ont germé à l'extérieur du vase et non pas dans le vase lui-même où elles auraient, selon l'hypothèse, été déposées avec les graines. La même objection ne peut d'ailleurs être faite contre la seconde Algue, puisque, comme nous allons, le voir dans l'instant, celle-ci a fait son apparition là où rien n'avait été semé. Au demeurant, ces exemples, comme beaucoup d'autres, semblent démontrer que si l'atmosphère et ses courants sont un moyen de dissémination puissant pour le pollen des plantes dioïques, et pour certaines graines de phanérogames munies d'ailes ou d'aigrettes, elle est encore l'immense réceptacle commun où voltigent réunies pêle-mêle d'innombrables spores de plantes cryptogames et en même temps le véhi- cule qui les transporte là où elles doivent trouver les conditions nécessaires à leur développement. Il serait impossible autrement de se rendre raison de l'infection successive de tous les vignobles de l'Europe par Y Oïdium Tuc- keri. Nous sommes loin, il est vrai, de connaître encore les circonstances qui favorisent, diminuent ou même anéantissent cette tendance des germes infectants à se répandre au loin et à envahir de si grands espaces. Quoi qu'il en soit, le fait de leur translation par l'air n'en paraît pas moins hors de toute contestation. ( 7^) » La seconde des deux Algues que m'a remises notre honorable confrère, a pris naissance sur le sol factice arénacé d'un des pots où nulle graine n'avait été semée, et qui devait seulement servir de terme de comparaison pour les expériences. Ce vase avait été néanmoins arrosé avec le même soin et avec la même eau bien pure dont on s'était servi pour arroser le cresson. Celle-ci, bien différente de la première, appartient aux Algues filamenteuses de la tribu des Leptothricées, assez voisine des Nostocinées ; (•'est même un véritable Leptothrix (i). » L'espèce, que je crois nouvelle, quoiqu'il soit bien difficile de trouver des caractères certains propres à signaler des différences spécifiques dans ces infiniment petits , se présente à l'œil nu sous forme d'un velouté du plus beau vert étalé sur toute la surface du sable qui remplissait le vase à fleurs, et qui en relie entre eux tous les grains, de manière à en former une sorte de croûte assez solide et résistante pour être soulevée dans son entier. » Ce velouté est formé d'un nombre infini de filaments dressés, cylin- driques, de la plus excessive ténuité, paraissant continus même vus aux plus forts grossissements, 800 diamètres par exemple, mais renfermant, vus à la lumière oblique, une série de globules espacés et incolores comme eux. Ces filaments ont une longueur qui ne dépasse guère de 6 à 8 cen- tièmes de millimètre et un diamètre qui atteint à peine omm,ooi5. Les (1) Leptothrix agglutinans , Montg. : strato mucoso tenui lœte viridi velutino, siccitate nitido agglutinante , filis continuis erectis tenuissimis flexuosis , 6-8 centimill. longis, diame- tro onim,ooi5 œquantibus, glabulos hyalinos laxe seriatos, non nisi augmenta maximo luce- quc oblique rejlexa conspicuos includentibus. — Hab. In solo arenaceo haud inseminato at aqua purissima assidue irrigato. Te ne connais aucune espèce congénère que je puisse comparer à celle-ci, ni avec laquelle elle puisse être confondue, si l'on pèse bien toutes les circonstances qui accompagnent sa vé- gétation. Je ne vois en effet dans le Species Algarum de M. Kùtzing que les L. lutea, L. lurida et L. tenuissima dont les filaments soient aussi remarquablement déliés. Mais des deux pre- miers, l'un se distingue sur-le-champ par sa couleur jaune d'or tirant sur le brun, l'autre par sa couleur améthyste, tous deux par l'habitat. Reste donc le L. tenuissima, qui se rapproche encore du nôtre par la couleur, mais qui, si nous en jugeons par la figure (voyez Tab. phycol. Band I, t. 65, f. III), car les exemplaires authentiques nous manquent, s'en éloignerait suffisamment pourtant, moins encore par son habitat sur les vieux troncs du Tilleul que par l'absence de ces deux caractères que j'ai eu soin de mettre en relief dans ma description et ma diagnose : i° la mucosité qui enduit les filaments et détermine leur forte adhérence aux grains de sable; i° les globules sériés qu'ils renferment dans leur tube. (763) globules ont à peu près cette dernière dimension , car ils semblent tou- cher la paroi du tube par leur périphérie. On ne détache pas aisément des grains de sable la couche mince des filaments qui les tapissent, même après les avoir laissés quelque temps ramollir dans un peu d'eau pure, ce qui paraît tenir à une substance muqueuse dont ils sont comme enduits. Quelque moyen que j'aie mis en usage, je n'ai pas été capable de reconnaître de cloisons dans ces filaments. Il ne m'a pas été davantage possible d'y constater une véritable ramification. Il y a bien une appa- rence de division dans les filaments , mais elle n'est pas réelle et dépend de ce que deux filaments accolés dans une partie de leur longueur se séparent et s'écartent ensuite l'un de l'autre sous un angle plus ou moins ouvert pour simuler un rameau ou une bifurcation. J'ai observé cela dans beaucoup d'autres Algues et cherché déjà à prémunir les observateurs novices contre cette cause d'erreur. » Que si quelques personnes, trouvant étrange que je regarde ces deux Al- gues comme nouvelles, me demandaient à quel titre je les tiens pour telles, je leur répondrais que je ne prétends pas dire qu'ejles le soient absolument, ni, en d'autres termes, qu'elles soient le produit d'une création spontanée ; mais que cela signifie tout simplement qu'elles étaient inconnues, indécri- tes, parce qu'il est vraisemblable ou quelles étaient restées inobservées jusqu'ici, ou, ce qui revient au même, qu'elles avaient peut-être été vues par des personnes qui n'en avaient tenu aucun compte. Combien de plantes plus élevées dans la série végétale se révèlent encore journellement à nos yeux, qui, ne s'étant jamais auparavant montrées dans les contrées le plus minutieusement explorées, ne sont nouvelles qu'au même titre! » Quant à la distinction des espèces végétales entre elles, c'est là une question si ardue, si abstraite, même quand il s'agit de plantes cotylédo- nées, où les organes appendiculaires et l'appareil de la fleur et du fruit four- nissent pourtant de bons et solides caractères, qu'on voudra bien me dis- penser de la discuter à l'occasion de ces plantes cellulaires, où elle est en- core bien plus controversable et controversée, et me permettre de renvoyer à l'excellent travail sur ce sujet publié par notre savant confrère, M. Che- vreul, d'abord dans le Journal des Savants (décembre 1840), puis dans les Annales des Sciences naturelles (3e série, tome VI, page \!\i). » Je devrais peut-être, en finissant, m'excuser d'avoir occupé l'Acadé- mie si longtemps de deux humbles plantes microscopiques, coordonnées sans doute avec le reste de la création, mais inutiles à l'homme qui n'estime ( 764 ) guère les choses qu'en raison du degré d'utilité prochaine qu'il espère en retirer. Toutefois, le naturaliste doit se laisser guider par d'autres principes que le vulgaire. Sollicité par l'appel de notre savant confrère, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de ne pas me borner à donner ici le nom et le si- gnalement de ces plantes, mais d'exposer quel est, à l'époque actuelle, l'état de nos connaissances à l'égard de la multiplication des Nostocs, plantes encore si ambiguës, si litigieuses, et qui par cela même méritent d'attirer de nouveau l'attention des observateurs (i). » zoologie. — Espèces nouvelles et Oiseaux d' Asie et d'Amérique, et ta- bleaux paralléliques des Pélagiens ou GAViiE; par Monseigneur le prince Ch. Bonaparte. « Le Muséum vient de recevoir de M. Levraud, consul de France à Caraccas, une collection presque complète des Oiseaux de cette province. Il serait très -important pour la géographie zoologique qu'un catalogue dé- taillé en fût publié. Au moment surtout où M. Sclater, d'Oxford , vient de nous faire si bien connaître les richesses ornithologiques des hautes régions de Santa-Fé-de-Bogota , la comparaison de ces volatiles avec ceux des plaines de Carthagène ne peut manquer d'offrir d'intéressants résultats. » Cette collection est remarquable surtout par le nombre et la beauté de ses Oiseaux de proie, dont elle contient plusieurs exemplaires très-rares en plumage non décrit. Elle nous offre aussi des espèces entièrement nou- velles dans les divers ordres. Nous n'avons pu résister à la tentation d'é- tablir dès. à présent une Tourterelle , qui vient enrichir comme troisième espèce le genre Peristera de nos Zénaidiens. » C'est M. le docteur Pucheran qui nous l'a signalé, comme il l'avait déjà fait pour un nouveau Perroquet de la même collection à M. de Souancé qui vient de le nommer Myiopsitta TIGRINA. (i) Consultez encore deux Notes de M. Itzigsohn : Die Nostoc-Diamorphose (sur la Dia- morphose des Nostocs), Bot. Zeit. i853, n° 4?» P- 817 ; Wic verhàlt sich Collema zu Nos- toc, etc. ( quel rapport y a-t-il entre le Collema et le Nostoc, etc.) ibid. i854, n° 3o, p. 5a 1 ; et en outre Skizzen zu einer Lebengeschichtc des Hapalosiphon Braunii (Esquisse d'une bio- logie de Y Hapalosiphon Braunii, dans les Nov. Jet. Acad. Nat. Curios, Bonn. i855, vol. XXV, P. I.) ; enfin une Dissertation inaugurale de M. L. Fischer, professeur de bota- nique à Berne, sous le titre de Beytrâge zur Kenntniss der Nostochaccen. (765) » Notre jolie Tourterelle ne différant que par la poitrine de celle dédiée par Temminck à notre grand zoologiste Geoffroy-Saint-Hilaire, nous nous félicitons de pouvoir l'intituler : Peristera mondetoura, Simdlima P. Geoffroyi, sed pectore purpureo-castaneo, en l'honneur de sa veuve, Mme Pauline Mondétour, dont les vertus et le noble caractère digne des anciens temps sont à la hauteur de la gloire scientifique de son mari. » M. Lefèvre, l'habile taxidermiste, d'après lequel a été nommée en Allemagne la Sula qui porte ce nom, m'a communiqué , pour en avoir les déterminations , une petite collection d'animaux recueillis en Palestine par M. le duc de Vallombrosa. Malgré les croisades et les pèlerinages des chré- tiens, la zoologie de la Terre-Sainte ne nous est pas mieux connue que celle de la Mecque. Je n'en veux d'autre preuve que cette collection. Parmi des Sciurus syriacus, des Ammoperdix heji tués dans les jardins même de Damas; avec des Gavia brunneiceps , des Cerjle rudis, etc., j'ai, à mon grand étonnement, trouvé plusieurs espèces appartenant à des genres ré- putés étrangers à ces climats, et dont trois ou quatre paraissent même nou- velles pour la science. Ce sont : » 1. Un Souimanga très-brillant des plaines de Jéricho, que je nomme- rai Cynnyris osea, Bp. F'iridi-smaragdina , in f route , in pectore, et in uropjgio cœrulans; subtus fuliginosa penicillis utrinque duobus , primo rubro , alterojlavo. » Il ressemble au marattensis : sa femelle est grise comme celle de l'es- pèce figurée par Ehrenberg dans ses Sjmbolœ physicœ. » 2. Un Crateropus qui se rencontre sur les bords du lac de Tibériade, près de Nazareth : d'un gris pâle d'acier , sans aucune teinte rousse ou verdàtre comme dans le Cr. acaciœ et le Cr. squamiceps : blanc-roussâtre en dessous, les plumes de la tête écaillées, brunes au milieu, lisérées de blan- châtre, comme dans ce dernier. 11 diffère, par sa coloration et par son bec entièrement noir, de l'oiseau découvert par Rùppel en Arabie, et figuré par lui PI. XII de son Atlas. Lesson en fait le type de son genre Argya. Nous nommons notre espèce Crateropus chaljbeus. » 3. Un Ixos ou Pjcnonotus , différent du véritable nigricans venant d'Afrique, mais peut-être identique avec le xanthopygios , Ehrenberg, d'A- rabie, qu'on lui rapporte ordinairement comme synonyme. Une petite mo- nographie de ces Ixode's si semblables serait indispensable pour bien faire C R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N« 17.) IOl ( 766) distinguer surtout les espèces qui se représentent réciproquement en Asie, en Afrique et dans les îles Malaisiennes. La nôtre, commune dans les jardins de Jaffa, où son chant harmonieux l'a fait croire aussi le Boulboul, est remarquable par ce qui suit : le noir de sa tête, qui s'étend sur la gorge , est très-bien défini quoique peu prolongé supérieurement , et tranche avec le gris uniforme de la nuque, de la poitrine et des flancs, qui ne tend ni au roux, ni au noirâtre, ni au blanchâtre, comme dans les espèces voisines. Le sous-queue est d'un beau jaune-serin. Si, contre notre attente, cet Ixos différait du xanthopjgios , que nous ne possédons pas d'Arabie, on pour- rait le nommer Ixos vallombrosce, du nom du noble personnage auquel la science en serait redevable. » Ixos cinereus, subtus albo-griseus , crissojlavissimo : pileo, genis, gu- laque nigerrimis , cauda nigricante obsolète fasciolata , apice grisescenle. « 4. Une Saxicola typique tuée sur la montagne de la Quarantaine près Jéricho. Elle est remarquable par son sous-queue couleur de cannelle. » Nigra; pileo, tergo latissime, pectore, abdomine, remigibusque interne albis ; crisso cinnamomeo : cauda alba, apicem versus jin rectricibus mediis a medio, nigris. » Elle est fort voisine d'une des espèces crues nouvelles par M. de Mul- ler; mais dans tous les cas elle nous semble devoir être rapportée à la Sax. erythrœa, Ehrenb., sans tenir compte du doute que ce puisse être un hy- bride entre S. œnanthe et S. lugens! » 5. Un petit Saxicolien , également des plaines de Jéricho, le plus dé- licatement formé de tous, à bec qui serait grêle même parmi les Sylviens dont il se rapproche considérablement. Je le publierai comme type du genre Cercomela, dont fera partie à cause de ses tarses Sjlvia Ijpura, Ehr., sinon Saxicola melanura, Rùpp., qui lui ressemble tant. Des à présent, je lui donne le nom spécifique d'ASTHENiA. Cinerea; subtus albida : cauda cum tectricibus superioribus nigerrimis : rostro a basi gracili, ex toto niger- rimo. » Le nom de Passer alpicola, Pall., appartient à la nouvelle espèce de Gould, du Caucase (Montifringilla leucura), indiquée par moi dans ces Comptes rendus; et non pas à l'espèce européenne des Alpes, quoique le- dit Pallas cite la figure de Brisson qui représente la véritable Monlifr. niva- lis. Le nouveau nom devient donc inutile. » Lanius lugubris, Hartl. Mus. Lugd. ex China, ne peut être autre chose ( 767 ) que Lanius infuscatus, Less., dont le type enfumé se conserve au Musée de Paris. » Les trois Roitelets si semblables, deux d'Eurcfpe, un de l'Amérique septentrionale, ne sont pas les seuls que comprenne ce petit genre restreint. Outre le R. maderensis que décrit M. Harcourt dans les Proceedings de la Société zoologique de Londres pour i85/j, outre le R. japonicus, si difficile à distinguer du R. cristatus d'Europe, il s'en trouve une cinquième espèce dans l'Amérique du Sud. Et comme si ce fait seul ne renversait pas assez les idées préconçues sur ce genre, le nouveau Régulas que nous nommons d'après Gould R. surinamensis , de la localité où il a été recueilli, ressemble encore plus aux espèces d'Europe qu'à celle de l'Amérique septentrionale, dont il n'a pas la queue allongée. » Cauda brevicula : fronte concolore. Simillimus cristato Europœ, nec satrapse Americae borealis. » Les monts Himalaya nourrissent aussi une nouvelle espèce que Gould va nous figurer dans ses Birds of Asia, sous le nom de Reg. hiinalajen- sis. » Simdis cristato , sed major, rostro longiore et crista citrina vix au- rantiaca, superciliis nigris latissimis. » M. Hardy de Dieppe a aussi observé, à ce que je crois, quelque légère différence de teintes dans le Roitelet du Kamtschatka qu'il faudra comparer à Yhimalajensis. » Je profite de cette occasion pour compléter mes tableaux comparatifs et paralléliques des ordres des Pélagiens (GavIjE) et des Ptiloptères. De leur étude approfondie résultera une foule de faits nouveaux relatifs à la classification, à la nomenclature, à la synonymie et aux divers rapports des espèces. On y verra, par exemple, combien est peu fondée l'audacieuse as- similation que voudrait faire M. Bruch de mon Procellarus neglectus avec Blasipus heermanni! On y verra comme quoi le genre Thalassites , Sw., qui peut d'ailleurs être restreint à une seule espèce comme étendu à tous les grands Sterniens à gros bec courbé, doit plutôt être rapporté au genre Sjlo- chelidon qu'à Phœtusa, puisque son type est Th. melanotis, Sw. On y verra surtout que les Grèbes d'Amérique font subir un nouvel échec à la fameuse théorie suivant laquelle tout être vivant se rapetisse et dégénère en Amérique. En tout cas, pas plus que le Grèbe joue-gris, ce n'est certes ni l'Homme ni le Héron. » 101.. (768) OR] Subfamilia 8. Siomedeinee H. diomedeejE. 1. Diomedea, L. a. Diomedea, Reich. i. exulans, L. {spadicea, Lath.) 2. brachyura, Temm. {nigripes, Audub.) b. Thalassarche, Reich. 3. cauta, Gould. 4. melanophrys, Temm. 5. culminata, Gould. 6. olivaceirostris , Gould. 7. gibbosa, Gould. 8. chlororhynchos , Gm. 9? chrysostoma, Forsl. c. Phœhetria , Reich. 10. fuliginosa, Gm. {Jiisca, Audub.) Tri F Su \. FCLMAREfi. 2. Ossifraga, Homhr. et 1. 1 1 . gigantea , Gm. { ossifraga , Forst.) 5. Majaqueus , Reich. 12. aequinoctialis, L. { nigra, Forst. fuliginosa, Soland.) , i3. conspicillatus, Gould. { larvata, Less.) *4. Pterodroma, Bp. it\. fuliginosa, Banks. {grisea, Kuhl nec Gm. lugens? Soland. atlantica, Gould.) i5. macroptera, Smith, {hrevirostris? Less.) 16. aterrima, Yerr. ( carhonaria ? Solander.) *S. Pagodroma, Bp. 17. nivea, Gm. 6. Fulmarus, Leach. 18. glacialis, L. {hyemalis, Brehm.) 19. minor, Kjaerb. {glacialis? Audub.) 20. meridionalis, Lawrence, {hrevirostris, olim, Lawr.) 21 ? pacifica, And. 7. Priocella, Homhr. et J. 22. garnoti, Homhr. et J. J. F.HAXTISTE,E. 8. Rhantistes, Kaup. 23. cooki, Gr. ïl\. velox, Solander. {leucoptera, Gould. cooki, Gould.) 25. mollis , Gould. {solandri ? Gould. melanopus? Gm.) 26. unicolor, Gould. 27. raolensis, Gould. 28. lessoni, Garnot. { leucocephala, Temm. vagahunda, Soland.) ? rostrata, Peale. ? gelida,'Gnt. ? sandaliata, Sol. ? parvirostris , Pealc. 9. Daption, Steph. 29. capensis, L. {nœvia, Br.) iO. Thalassoica, Reich. 30. antarctica, Gm. 3i? tenuirostris, Aud. 32. glacialoides, Smith. 33. polaris, Bp. II. Aestrelata, Bp. 34. diabolica, L'Herm. {l'herminieri, Less.) 35 ? sericea , Less. 36. hasitata, Temm. 37. flavirostris, Gould. 38. desolata, Lath. {fasciata, Bonn. ? alita, Gm. variegata, Bonn.) ? gularis, Peale. ? brevipes , Peale. 3n? inp^npr»tnt!i Knrit K. PRIOXEjE. 12. Prion, Lacép. \o. vittatus, Forsl. {cœrulea, Aliq. nec G forsteri, Lath. nec Tel latirostris, Sonn.) 4i. forsteri, Temm. nec , {lamellirostris, Delà ] 42. banksii, Smith. 43. ariel, Gould. 44. turtur, Soland. {velox, Banks.) 45? rossi, Gr. 46. brevirostris,G., nec L '15. Halobœna, Is. Geoffr 47. cœrulea, Gm. {similis, Forst. forsteri, Smith.) 48. typica, Bp. E. ■ipesthtes. 3LLARIIDJE. mamnÊÊÉÊÊÊÊÊm L. PROCELLAUIE/E. Inguibus compressis. eria, Bp. jmbina, Moquin. 'weri, Jardine. cko, Heineken.) nodroma, Reich. :ata, Gm. enlalis, Pall. rea, Gould,) •nbyi, Gr. assidroma, Vig. chi , Temm. llocki, Selby. orrhoa? Vieill. lania, Bp. liginosa ? Lath. mlata? Brandt.) ellaria, L. reis, Gould. [ubris, ISalter. lagica, t. Uanonyx ? Nilss. \itensis, Schembri. uirostris, Brehm. \or, Brehm . oensis, Brehm. ifasciata , Brehm.) hys, Bp. lagica, Néfcoux.) ** Unguibus depressis. 18. Fregetta, Bp. 58. tropica, Gould. 59. grallaria, Vieill. {leucogastra, Gould. fregalta, Kuhl.) 60. lawrencii, Bp. (fregetta, Lawrence.) 61. melanogastra, Gould. {/régala, Forst. grallaria, Licht. oceanica, Bp.) 19. Pclagodroma, Reich. 62. frcgata, L. {marina, Lath. œquorea, Solànd. hypoleuca, Webb.) 20. Oceanites, Keys. et Bl. 63. oceanica, Banks. {wilsoni, Gould.) 6/|. wilsoni, Bp. {oceanica, Kuhl. pelagica, Wils.) 65. lineata, Peale. M. PUFFINEjE. 21. Priolinus, Hambr. et 1. 66. cinereus, Gm. {tristis, Forst.) 67. brevicaudus, Brandt. 68. carneipes, Gould. 22. Thiellus, Gloger. 69. chlororhynchos, Less. 70. sphenurus, Gould. 71. leucomelas, Temm. 25. Puflînus, Br. 72. major, Faber. { cinereus ? Kuhl. /uliginosus ? Strickl.) 73. arcticus, Faber. {cinereus, Steph. puffinus, Brunn.) 74 PKuhli, Boie. {puffinus, Kuhl.) 75. anglorum, Ray. {puffinus, L.) 76. obseurus, Gm. {yelkouan, Acerbi.) 77. assimilis, Gould. {nugax, Sol an (1er. australis, Eyton.) 78 ? munda , Banks. 79. barolii, Bonelli. 80 1 bailloni, Bp. 81. tenuiroetris , Penn. {œquinoctialis, Pall. nec L.) 82. curilicus, Penn, Subfamilia ÎO. Haladrominn ■. N. 11 U . 1 l.iili-VI L i 24. Haladroma, Lacép. 83. urinatrix, Gm. {tridactyla, Forst. garnoti, Less.) 84. berardi, Quoy et Gain» {melanoleuca, Cuv.) ( 77° ) ORD FAMIX.IA 8. CHIONIDJE Subl'amilia. 11. Chioninec. 0. ChïONEJE. 1. Chionis, Forst. i . alba, Forst. {vaginalis, Gm.) 2. minor, Sorti. Trll FAI) Subf. 12. Xiestriginœ. P. LESTEIGE^. 1. Cataracta, Bp. i . antarctica, Less. {catarractes, Quoy et G.) 2. Stercorarius, Br. i. catarractes, L. {situa, Brunn.) 3. Coprothercs, Reich. 3. pomarinus, Temm. {sphœriuros, Brehm.) ■4. Lestris./M. l\. parasiticus, L. {parasita, Brunn. richardsoni, Sw. hoji, Brehm. henichenii, Brehm . macropteros, Brehm. cepphus, Degl.) 5. cephus, Brunn. {crepidata, Brehm. hrachyrhynchos, Br. microrhynchos, Br. buffbni, Boie. schleepii , Brehm. lessoni, Degland. longicaudalus , Degl. ) 6. spinicaudus, llaid ■j. hardyii, Bp. S. Procellarus, Bp. 8. neglectus, Bp. G. Blasipus, Bp. 9. crassirostris, Vicill. {melanurus, Temm.) 10. bridgesi, Fraser, {modestus, Tschudi. polios, Natterer.) 11. heermanni, Cassin. 7. Gabianus, Bp. 12. pacificus, l.aih. {leucomelas,\ie'M., adull. frontalis, Vieill., /ne balhyrhynchus , Macgillivr.) i3. georgi, hing. {pacificus, Gould.) 8. Dominicanus, Bruch. i.'|. marinus, L. {maximus, Brehm.) i5. fritzei, Bruch. 16. pelagicus, Angl. 17. vetula, Bâillon. 18. vociferus, Bruch, { dominicanus, Licht. asarat, Less.) 9. Leucus , Kaup. 19. glaucus, Brunn. { consul, Boie. gigameus? Benicken. leuconotus ? Auct.) 20. minor, Brehm. { médius ! Brehm . glacialis, Benick. an Macgill? ) 21. islandicus, Edmondst. {glaucus, Sab.) 22. chalcopterus, Licht. 23. glaucescens, Licht. { brachyrhynehus, Gould. glaucopterus. Kittlitz.) st). leucopterus, Faler. {argentatus, Sab.—arcticus, Macg. 10. Laroides, Brehm. 25. argentatus, Brunn. {major, Brehm. argenteus, Brehm. argentaloides, Brehm.) 2C. argen taceus , Brehm . {argentatoides ex Eur., 27. argentatoides , Richar, {argentatoides ex An., ajfinis, Reinh. ex Holb 28. michahellesii, Bruch. {leucophœus, Licht., at epargyrus, Licht., juv.) 29. borealis, Brandi. 30. occidentalis, Aud. 3i. californicus, Laur. 11. Clupeilarus, Bp. 32. fuscus, L. { argentatus, Montag. Jlavipes, Meyer. fuscescens ? Licht. melanotos ? Brehm. harengorum , Brehm.) 33. verreauxi, Bp. {fuscus ex Chili, Auct. 34. antipodum, Gr. 35. cachinnans, l'ail. 12. Gavina, Bp. 36. audouini, Payraud. {payraudeau, Vieill.) E [PENNES." (JE. bfamiliu 13. Iiarinœ. ,,L. us, L. rymosus, Brehm, nec Licht- ii, Homeyer.) ernus, Cm. .us, Auct. ellosus, Brehm. scens, Brehm. torhynchus, Meyer.) orhynchns, Reich. chyrhynchus, Sw. née G.) chi, Bp. itschatschensis, Bp. irostris, Schimper.) , Brunit. actyla, L. \uatus, Pall. i.Pall. \s, Pall. alis ? Brehm. >r, Brehm.) ea, Pall. ■chyrhyncha, Gould.) lebuii , ]',/>. virostris ? BrandU) 13. Gelastes, Dp. * Atlantici. 45. lambruschinii, Bp. 'rubriventris? Vieill. gelastes, Licht. leucocephalus, Boissonn. roseus, Gêné, nec Sab. genei, de Brème. tenuirostris, Aliq. melanotis ! Reich.) 40. hartlaubi, Bruch. { tenuirostris, Aliq. poiocephalui , hyemalis ex Ma- dagascar, Mus. Paris.) 47? corallinus, Bp. »* Paeifci. 48. gouldi, Bp. (pacifcus! Mus. Paris.) 4g. jamesoni, Wils. (scopuliuus, Forsl. novœ-hollandiat ? Steplï . ) .5o? andersoni, Bruch. (canus, Anderson in Cook's Voy.) Si, pomare, Bruch. (schimperi , Bp.) 16. Pagophila, Kaup. 02. eburnea, Gm. (candida, Fabric.) 53. nivea, Brehm. 'brachytarsa, Holb.) 17. Rhodostthetia, Macgill. 5/|. rossi, Sabine. roiea,Macgill. ' richardsoni, Wilson.) R. XEME/E. 18. Leucophœus, Dp. 55. hœmatorhynchus, Vig. (scoresbyi, Traill.) 56? fuliginosus, Gould. ( neptunus, Bp.) 5-j. belcheri, Vig. 19. Adelarus, Bp. 58. hemprichi, Bp. {crassirostris, Hempr. nec Vieill.) 5g. leucophthalmus, Riipp. 20. Ichthysetus, Kaup. Go. pallasii, Kaup. (ichthyœtus, Pall.) Si. Atricilla, Bp. Gi. catesbaei, Bp. ( atricilla, L. ridihundus, Wils. plumbiceps , Meyer.) 62. macroptera, Bp. (serranus, Bruch nec Tschudi, megalopterus , Bruch.) 63. minor, Bp. (micropterus, Bruch. poliocephalus? Vfied.) 23. Cïrrhocephalus, B.p. 64. major, Bp. (maculipennis, Licht. cirrrhocephalus, Vieill.) 65. minor, Bp. (poiocephalus, Sw., excl.patria. poliocephalus? Licht. phœocephalus ? Strickl. plunibiceps ! Bruch, ex Temm.) 23. Gavia, Br. a. Melagavia, Bp. 06. pcrsonata, Natter, (serranus, Tschudi.) 07. melanocephala, Natt. 08. cucullata, Licht. Gg ? pipixan , Wagl. 70. i'ranklini, Richards, {atricilla, Franklin.) b. Gavia, Bp. 71. glaucotes, Sleyen. {albipennis, Pcale.) 72. kittlitzii, Bruch. ( melanorhynchus ? Temm . maculipennis, Bruch, nec Licht.) 73. brunneicephala, lerd. (brunneiceps, Caban. lacrymosus, Licht. nec Brehm. caniceps? Br. — plumbiceps? T.) 74. ridibunda, L. (erythropus et cinerarius, Gm. atricilla et nœvius, Pall. pileatus, Brehm .) 75. capistrata, Temm. ( tenuirostris ? Temm., iiyern. minor ? Brehm.) c. Chroicocephalus,hTjl. 76. bonapartii, Sw. ( capistratus, Bp. minutus, Sabine. melanurus, Ord., juv.) 77? subulirostris, Bp. 24. Hydrocolœus, Kaup. .78. minutus, Pall. (atricilloides, Falck. pygmœus, Bory. nigrotis, Less. d'orhigny, Audouin.) 28. Creagrus, Bp. 79. furcatus, Néboux. 26. Xema, Leach. 80. Sabini, Leach. (collaris. Sabine.) ( 772 ) ORI TRI TR Suhfamilia. 14 S. STERNE*. 27. Sylochelidon, Br. * Orbis anl. 81. strenua, Gould. 82. caspia, Pall. {tschegrava, Gm. ~~~megarhyncha, Mey. balthica, Brehm. schillingiC? Brehm.) 83. mclanotis, Sw. ** Américaine. 84. cayennensis, Gm. {caspica, Laur.) 28. Phœtusa, ïTagl. 85. magnirostris, Licht. { speculifera, Cuv . simplex? Gm. brevirostris? Vieill. ) 86. chloropoda, Vieill. { albifrons, Cuv. sellowii? Wicd.) 87. galericulata, Licht.. 88. regia, Gambel. {cayana, Aud. nec Lath.) 29. Seena, Blyth. 89. aurantia Hardw. {seena, Sykcs. brevirostris, i .Gr.) 30. Pelecanopus, Wagl. '. ,s»!iv>X . 90. pelecanoides, King. {cristata, Steph. necSvf .) 91. poliocercus, Gould. 92. nigripennis, Bp. { nova-hollandiœ ! Cuv.) 93. torresii, Gould. 94. velox, Bupp. {rissa? Mull.) 95. bergii, Licht. nec Reich. {crislala, Sw. nec Steph. longirostris, Less.) 31. Haliplana, Wagl. 96. fuliginosa, Gm. [An. l'herminicri, Less., juv.) 97. serrata, Forsl. (gouldi, Reichenb. anasthœtus ? Scopoli. ) 98. panayensis, Gm. {pana? a, Lath. oahuensis, Bloxam. antarctica, Cuv., adult. guttata, Forst.,juv.) 99. infuscata, Licht. {lunala? Peale.) 32. Gelochelidon, Brehm. 100. anglica, Montagu. (stubberica, Otto. balthica, Brehm. risoria, Brehm. agraria ? Brehm.) 101. meridionalis, Brehm. {aranea, Savi.) 102. aranea, Wils. {procnbydris, Pucher.) io3. havelli, Âudub. (nuttali?îiutt.ex Aud.) 104. affinis, Hors/, nec Bupp. to5. macrotarsa, Gould. 33. Thalasseus, Boie. * Orbis an t. 106. cantiacus, Gm. { boysii, Lath. columbina, Schrank. canescens, Meyer. nubilosa, Sparmm. aj ricana ? Gm .) 107. nilotica, Hassclq. {pauli de Wurtemberg ? Br.) 108. maxuriensis, Ehr. 109. affinis Bupp. nec Hors/, {média, Horsf. arabica, Ehrenb . ) 110. bengalensis, Less. ** Americ. m. acuflavida, Cabot. ( boysii, Stephens, A m. cantiaca, Audub.) 112. elegans, Gambel. n3. trudeaui, Âudub. "4- S»ï'; Bp- 34. Gygis, Wagl. 11 5. alba, Sparrm. 116. candida, Forsl. 117. napoleonis, Bp. 35. Sterna, L. a. Thalassea, Kau 118. paradisea, Brunn. {dougalli, Montag.) 1 19. melanorhyncha, Gi { vclox, Gould , nec 120. frontalis, Gr. {albifrons, Peale. slriata, Gm., juv.) ? rectirostris, Peale. 121 ? acutirostris, Tschw 122? longipennis, Ermai {camtschatica? Peu 123. melanoptera, Sw. b. Sterna, Kaup. * Orbis antia. 125. hirundo, L. {arctica, Temni. macroura, Naum. argentata, Brehm . ) 125. fluviatilis, Naum. {hirundo, Temm. chelidon ? Licht. blasii, Brehm.) I.2G. nitzschi, Kaup. ( brachylarsa, Grabi 127. brachypus, Sw. 128. senegalensis, Sw. 129. gracilis, Gould. i3o. vittata, Gm. ** Americ. i3i. wiïsonî, Bp. {hirundo, Wils.) i32. forsteri, Nutt. 1 33. coccinirostris, Bcic {arctica, Audub.) i34- pykii, Lawrence. i35. erythrorhyncha, H { hirundinacea, Cuv. antarctica? Peale.' FI/E. rcipœsranES. ISJZi. ternula, Soie. * Orbis antiq. . minuta, L. ( ' mctopoleucos, Gm. parva, Penn. pomarina, Brehm. danubialis, Brehm. meridionalis, Brehm.) ? orientalis, Licht. . nereis, Gould. (sincnsis ? Gm . , juv.) . austral is, Gm. (média, Forst.) ? antarctica, Forst. nec Less. . melanauchen, Temm. (média, Horsf. Linn. Tr. sumatrana, Raffles.) ** Americ. i. frenata, Gambel. [minuta, Wils. nec. L. argentea, Natt. nec W. antillarum, Less.) 1 melanorhyncha , Less. \. superciliaris, Vieill. (argentea, Wied. maculata? Vieil]., juv.) 5. exilis, Tschudi. 57. Hydrochelidon, Bote. * Orbis antiq. i.'i'i. fissipes, L. (nigra et nœvia, Br. pallida, Brehm. obscura, Brehm. meridionalis, Brehm. nilotica, Aliq.) 147. nigra, L. (nœvia, L., juv. Jîssipes, Pall. leucoptera, Temm. subleucoptera, Brehm.) i48. indica, Sleph. (similis, Gr. grisea, Horsf. ) i4g- fluviatilis, Gould. i5o. hybrida, Pall. (leucopareia, Natt. delamottii, Vieill. leucogenys, Brehm.) i5i. delalandii, Bp. ( leucopareia ex Cap. B. Spei, Mus. Par.) i52. albigena, Rupp. i53. albistriata, Gr. 154. melanogastra, Temm. (acuticauàa, Gr. javanica? Horsf.) ** Àmericana. |55. surinamensis, Gm. (plumbea, Wils. nigra, ex Amer. Auct.) T. Anoes. 38. Nïcnia, Boic. ■ 56. inca, Less. 59. Anous, Leach. 157. stolidus, L. (fusca, Br. niger, Steph. leucoceps, Sw.) i58. pileatus, Scopoli. (philippinus, Lath. stolidus, Gould. lenuirostris, Blyth. unicolor? Erman, juv.) i5o. melanogenys, Gr. 160. senex, Leach. ( tenuirostris, Temm.) 161. melanops, Gould. (minor, Less. ex Gould i844-) 163. leucocapillus, Gould. 40. Procelsterna, Lafr. t63. albivitta, Bp. (cinereus, Gould, nec Neb.) pelecanoides ' Gr.) 164. cinerea, Neboux. (tereticollis, Lafr. tenuirostris, Less. parvulus, Gould. gracilis, Gr. ex Gould. tephrodes, Rcichenb. plumbeus, Peale.) Subfamilia 15. Rhyncopinœ U Rhvncope*. 41. Rhyncops, L. i65. nigra, L. (Julva, Gm. borealis, Sw. cinerescens, Spix. brevirostris, Spix.) 1G6. albicollis, Sw. 167. melanura, Boie. 168. flavirostris, Vieill. ( orientalis, Rupp . albirostris, Licht.) ( 774) ORDO VII. GAVLE. TRIBUS IV. riux.vroKEs. Subf. 16. Alcinœ. V. ALCE*. Pinguinus, Bonn. i. impennis, /.. Alca, L. i. torda, L. (pica, L. balthica , Brehm. glacialis, Brehm. microrhynchos , Br.) FAMIUA ÎO. ALCIDJE. Subf. 17. Phaleridinœ. W. PIULERIDES. 5. Mormon, lll. a. Lunda, Pall. 3. cirrhata, Pall. b. Fratercula, Br. /|. arctica, L. [fratcrcula, Temm. polaris etgiabce, Brehm.) 5? glacialis, Leach. 6. corniculata, Kiill. [glacialis, Aud.) 4. Sagmatorhina, Bp. 7. lathami, Bp. [labradora! Lath.) 5. Ceratorhyncha, Bp. 8. occidentalis, Bp. [monocerata, Pall.) 6. Ciceronia, Reich. 9. nodirostris, Bp. [microceros, Brandt.) 7. Tyloramphus, Brandt. 10. pygmocus, Gm. {pusilla, Pall.) 11. tetracula, Pall. 12. dubius, Pall. i3. camtschaticua, Lepeeh. [mystacea, Pall. superciliosa , Licbt. cristatella, Temm.) 8. Simorhynchus, Merr. ■ 4- cristatellus, Pall. 9. Ptychoramphus, Brandi. i5. aleuticus, Pall. [cassini, Gambel. cirrhocephatus? Vig.) 10. Phaleris, Temm. iG. psittacula, Pall. Subf. 18. Uriinœ. X. CRIES. IL Uria, Br. a. Lomvia, Brandt. 17. troile, L. [minor, Gm. swarbag et lomvia, Brunn.) 18. rhingvia, Brunn. [leucopsis, Brehm. lacrypians, La Pylaie. norwegica ? Brehm.) iq. arra, Pall. {pica, Faber. brunnichi, Sabine. francsi, Leach. troile, Brunn. — polaris, Br.) 20. unicolor, Benicken. b. Cephus, Pall. ai. grylle, L. (columba, Pall. — marmoratus, Tr. scapularis, Steph. — lacteolus? P . balthicus etgrylloides, Brunn. meisneri etjerroensis, Brehm.) 22. mandti, Licht. [glacialis, Brehm.) 23. carbo, Pall. 12. Anobapton, Brandt. a. Brachyramphus, Br. 24- marmoratus, lath. [perdir, Pall. — brevirostris, Vig. townsendi, Aud.) 20. wrangeli, Brandt. 26. brachyplerus, Kitll. 27. kittlitzi, Brandt. b. Synthliboramphus, Br. 28. antiquus, Lath. [senicula, Pall.) 29. wumizusume, Temm. [ temmincki, Brandt.) 13. Mergulus, Ray. 30. aile, L. [ arcticus, Brehm , FAMIUA 11. COLYMB1 Subf. 19. Colymbinœ. Y. COLVMBEiE, 14. Colymbus, L. 3i. glacialis,/.. [hiemalis, Brehm.) 3î. arcticus, L. [megarhynchos, Brehm. balthicus ? Hornschuch.) 33. septentrionalis, L. [borealis, Brunn. microrhynchos, Brehm.) FAM1XIA 12. PODICIPIDJE. Subfumilia 20. Podicipinae. Z. PODICIPE*. liceps, Lalh. a. Lophailhyia, Kaup. ristatus, L. rinator, L. rnutus, Br. \tagiatus, Brehm .) >ngirostris, Bp. UStralis, Gould. homensis, Gm. ayennensis, Gm. tajor, Bodd.) jicornis, Licht. nec Brehm. leucopterus, King.') b. Pedeaithyia, Kaup. ubcristatus, laça. jriseigena, Bodd. irolis, Sparmann. ibricollis, Lath.) ucullatus, Pall. najor, Schlegel.) lolboolli, Reinh. nubricollis, Aud.) e. Dytes, Kaup. luritus, L. arcticus, Boie. icornis? Brehm.) :ornutus, Gm. californiens? Cassin.) iclavus, Bp. cornutus, Auct. bscurus, Gm., jw. aspicus ? Gm . igricans, Scopoli ,juv. omosus, Rang.— minutus, Pall. mbiguus? Less.) nigricollis, Sundev. auritus, Auct. necL. 'ecurvirostris, Brehm. >rientalis? Brehm.) 16. Rollandia, Bp . l\-j. leucotis, Cuv. (rollandi, Quoy et Gaim.) 48. micra, Bp. 17. Poliocephalus, Selbr- 4g. occipitalis, Less. (caliparcus, Garnot.) 5o. nestor, Gould. [poliocephalus, Jard.) 5i. ruflpectus, Gr. 18. Tachybaptus, Reich. * Orbis anlioui. 52. minor, L. (fluviatilis, Br. hebridicus , Gm. pyrenaicus, Lapeyr. pallidus et pygmœus, Brehm.) 53. philippensis, Bonn, [minor var. b.t Lath.) 54. capensis, Bp. 55. gularis, Gould. (novœ-hollandiœ ? Steph.) ** Americani. 56. dominicus, L. 57. americanus, Garnot. (alhicollis, Less.) 58. chilensis, Garnot. 19. Sylbeocyclus, Bp. 5g. podiceps, L. (carolinensis, Br. ludovicianus, Lath . ) 60. antarcticus, Less. { podicepSj Licht. carolinensis ? Sptot. brevirostris ? Gr . ) 61. lineatus, Cassin. CONSPECTUS PTILOPTERORUM SYSTEMATICUS. ORDO Vin. PTILOPTERI. FAMILIA 13. SPHENISCIDiE Subfamilîa 21. Spheniscinœ. A. APTENODYTEtë. 1. Aptenodytes, Forst. 1. forsteri, Gr. (patachonica, Forst. imperaior, Auct.) 2. pennanti, Gr. (patagonica, Penn. patachonica , Shaw. rex, Auct. longirostris ? Scopoli . ) ? magnirostris, Peale. . Eudyptula, Bp. 3. minor, Forst. II? undina, Gould. 5. Chrysocoma, Steph. 5. catarractes, Gm. ( demersus, L. sub Phaeton. chrysocome, Forst. cristtua, Shaw. saltator, Steph.) ? palpebrata , Licht. 6. chrysolopha, Brandi. 7. pachyrhynchus, Gr. 4. Pygoscelys, Wagl. 8. papua, Forst. ( tœniata, Peale.) 9. torquata, Forst. (platyrhyngos, Scopoli.) 10. antarctica, Forst. 11. magellanica, Forst. ( brasiliensis, Lient. fuscirostris, 111.) 12. antipoda, Hombr. {Jlavilarvata, Peale.) ? chilensis, Gm. B. SPBEMSCK I. 5. Spheniscus, Br. . i3. demersus, L. sub Diomedea. (chiloensis? Molina. molince? Lath.) Subfamilîa 22. Dasyramphina-, C. DASÏRAMPHE*. 6. Dasyramphus, H. et J. i5. adeliae, Bombr. et J . {brevirostris, Gr. longicauda, Peale.) (776) O > > fc- M o 3 5! s- 5' c 3 er P s> ■s S P • . p • • • • • 5 50 M oj » » » •a'Kmvaaiaa H> 1 "3 > | <£> 4=N 10 - to H •arsnas io 0. p •^ M S) - - •> - ïKiiadinovi c* ■œpHodii(DBi !• H §3 ■* 1 OJ oo ex 4* o Vt 'a'NIOVUOOOaDVlVHd f* ajpioBjoaojoopaq,! k "0 C3 ? > a M H > Ux •" » X ** o •afKUOId œpiioia *- H 4*. o - to ~ o •a'Kiunxîionaii « •a)p!miujo;i3H •»1 S "H CM M eu O - o •arKiKOiavHd • ■aapiuo»3BqtI » ! O •J 4*> bO OJ •arijiïaaiioia es ? i f ■*! o 4is UX O oo OJ •ïKiiaynaDOïd ce >» X O -1 S 1 S O M M o O 0 o ■a'uiKOHaviïH o _8 p r < M O M 0 o o •aruiMoiHD Jj "aipuioiqo >■ s s z - M > •o M *N - OJ *K •ïNiaiaisai 10 E • O S s ôt OJ o • •afNlaYT M P r X y 00 10 to 3> » vj 'awitiiais — 49s O » « - o ■»,KldOD&IAHH c. 1 m O O o o 10 •ÏKIOIY E i S & O Vr o M to •a'NiaïaaivHd — ■ O a S si 1»» O U\ o •o 0> ■«■ma — ça i Si o _ |S u w O OJ 0 o OJ •ÏKiaWAlOO 5 a9p;qui£|OQ > oo «*J OJ - « •o 'arKidOiaod te o jipidpipoj •«5 >■ •a-KIDSIVÏUdS ii JP 9 o s 4^ 0> ct> M o o •0 i i a "3 1 > 1 SE l g. H < M — o O o o • ÏNIHdHYaiSYa to a 8 H 9S M OJ _ (S i> -t> O» 00 eo Ol tJ OT Ci u» ( 777 ) RAPPORTS. physique terrestre. —Rapport sur un ouvrage manuscrit rfeM. Tchihatchef, ayant pour titre : Études climatologiques sur l'Asie Mineure. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Decaisne, Becquerel rapporteur.) « Quand une personne appartenant à une classe élevée de la société aban- donne pays, famille et dignités pour voyager dans l'intérêt des sciences physiques et naturelles, réunir des observations, les coordonner et les pu- blier à ses frais, les corps savants doivent accueillir favorablement l'ouvrage dans lequel elles sont consignées, lors même qu'il ne fournirait que des jalons devant servir de points de départ pour de nouvelles explorations. Telle est la position où se trouve M. Tchihatchef vis-à-vis de l'Académie des Sciences, à laquelle il vient de présenter un ouvrage manuscrit volumi- neux ayant pour titre : Etudes climatologiques sur VAsie Mineure, lequel a été renvoyé à une Commission composée de MM. Elie de Beaumont, De- caisne et moi. Cet ouvrage, indépendamment des matériaux qu'il contient, et dont l'utilité ne saurait être contestée, attendu qu'on n'a pas ou que très- peu de données sur l'état climatérique de cette contrée, a un intérêt de cir- constance, à raison des relations plus intimes qui vont s'établir entre l'Oc- cident et l'Orient. » Rien n'est plus difficile que de définir un climat, tant sont nombreux les éléments que l'on doit prendre en considération. Ces éléments com- prennent les phénomènes calorifiques, aqueux, lumineux, aériens et élec- triques, la constitution et l'état physique du globe, etc., etc. La question est donc des plus complexes. M. Tchihatchef, malgré les difficultés que pré- sente cette question, a essayé de l'aborder à l'égard de l'Asie Mineure, pendant un séjour de cinq années qu'il a fait dans cette contrée. Avant son départ de Paris, il s'était pourvu à cet effet de baromètres, de thermo- mètres, d'hygromètres et de psychromètres construits par Bunten et com- parés à ceux du Collège de France. Ces instruments ont été confiés ensuite par lui à des personnes recommandables par leur position sociale, et qu'il avait exercées préalablement à leur usage. Les observations barométriques, hygrométriques et psychrométriques ont été discutées par MM. Rupfer et Rreil. » M. Tchihatchef a choisi pour lieux d'observations onze localités telles, ( 77» ) que, réunies par des lignes, elles formaient un réseau embrassant l'Asie Mi- neure. Ces onze localités sont : Constantinople, Trébizonde, Raisaria, Tar- sus, Smyrne, Chios, Brousse, Erzeroum, Erivan, Ouroumia et Mossoul. » M. Tchihatchef s'était réservé Constantinople, où les observations étaient faites, pendant qu'il se transportait d'une station à une autre pour surveiller les observations, par M. Noë, pharmacien attaché à l'Ecole mili- taire. Les autres observateurs étaient MM. Gehringuer, consul d'Autriche à Trébizonde; M. Suter, consul d'Angleterre à Raisaria; M. Rlaperton, con- sul de la même nation à Tarsus : quant aux observations relatives aux autres localités, M. Tchihatchef a pris celles de MM. Silleman et Dana, con- signées dans Y American Journal oj Science and Arts (1846); celles qui se trouvent dans les Comptes rendus de V Académie des Sciences ( présentées par M. Elie de Beaumont) et dans les tableaux météorologiques de Mahl- mann. Nous ajouterons enfin que M. Rreil avait fait faire en Autriche, dans les localités les plus rapprochées de la Turquie d'Europe, des observations barométriques aux mêmes heures que celles qui avaient lieu dans l'Asie Mineure. » Telles sont les sources où M. Tchihatchef a puisé pour présenter des considérations sur les divers climats de cette contrée; mais les données qu'elles lui ont fournies n'étant pas suffisantes pour caractériser les climats, il a eu recours, à l'exemple de M. de Ilumboldt et d'autres voyageurs : » i°. A la limite des neiges perpétuelles; » 20. A celle de la végétation arborescente ; » 3°. Aux effets du déboisement ; » 4°- A l'abondance des marécages. » A l'aide des observations barométriques, thermométriques et psycho- métriques, M. Tchihatchef a pu comparer entre eux les divers climats, et ces derniers à ceux des localités de l'Europe, situées sous les mêmes lati- tudes et dans des conditions semblables. Cette comparaison l'a conduit aux conséquences suivantes : » Constantinople. — Cette ville, malgré sa position, a plutôt un caractère météorologique continental ou exclusif que maritime. » Trébizonde. — Quoique la distance entre cette ville et Constantinople soit peu considérable, que leurs latitudes et leurs altitudes présentent de très- petites différences, et qu'il y ait une grande similitude entre leur tempéra- ture moyenne annuelle, néanmoins leurs caractères climatologiques ont si peu de ressemblance, qu'il y a sous ce rapport plus d'analogie entre Trébi- ( 779 ) zonde et les points de l'Europe les plus éloignés, qu'entre cette ville et Constat! tinople. » Kaisaria. — Son climat peut être considéré comme étant relativement plus doux et plus régulier que celui des localités de l'Asie Mineure situées à l'est de cette ville, telles que Erzeroum, Erivan et Ouroumia. » Tarsus. — Son climat paraît tenir à la fois du climat continental et du climat marin ; aussi peut-on le qualifier de climat maritimo-continental. » Brousse jouit comparativement d'un climat plus doux que Constanti- nople, et beaucoup plus rigoureux que celui de Trébizonde. » Smyrne. — Les différences considérables entre les maxima et les mi- nima absolus, et entre les moyennes de l'hiver et de l'été, rapprochent le climat de Smyrne de celui de Constantinople et lui enlèvent également une partie de son caractère maritime. Trébizonde, au contraire, diffère complè- tement de Smyrne, et peut être considérée comme une localité maritime relativement à l'autre, qui aurait un climat continental. » Chios. — Cette île reproduit assez fidèlement les traits saillants du climat de Smyrne : ce qui montre que le bras de mer qui la sépare de l'Asie Mineure ne suffit pas pour lui donner le caractère insulaire, puisqu'il con- serve celui du climat continental que possède celui de Smyrne. » Erzeroum. — Sa température moyenne est plus forte que ne le ferait sup- poser son altitude , ce qui tient aux chiffres très-élevés de ces moyennes de l'été et du printemps; mais aussi sa moyenne de l'hiver est beaucoup plus basse que celle des localités de l'Europe situées dans des conditions ana- logues; elle est égale à celle du grand Saint-Bernard, dont la latitude est de plus de 6 degrés au nord et l'altitude de 5ia mètres plus élevée. Il résulte de là des différences énormes entre les moyennes des saisons et entre les moyennes mensuelles extrêmes; ainsi les différences entre les moyennes de l'été et de l'hiver sont plus fortes qu'à Moscou. » Erivan. — Les caractères de climat excessif y sont encore bien plus prononcés qu'à Erzeroum; ils atteignent un degré inconnu en Europe, puisque, outre les minima absolus de l'hiver et les maxima absolus de l'été, la différence atteint quelquefois 80 degrés. » Ouroumia. — Cette ville paraît avoir un climat comparativement plus froid que celui d'Erzeroum, mais beaucoup moins que celui d'Érivan, mal- gré l'altitude bien moins considérable de cette dernière ville. » Mossoul. — Sa température moyenne annuelle s'accorde assez* bien avec celle des localités de l'Europe ayant à peu près la même latitude, (78o ) tandis que sa moyenne estivale (33°, 06) n'a point d'analogue non-seulement en Europe, mais encore dans aucune des localités du globe où l'on ait observé; d'un autre côté, les hivers ne sont pas en moyenne plus froids qu'à Rome. » Lùnhe des neiges éternelles dans l'Asie Mineure. — Suivant M. Tchi- hatchef, sur le versant sud-ouest du mont Argée, les neiges perpétuelles ne commencent qu'à 34oo mètres ; elles ne constituent pas de grandes nappes continues, mais se présentent seulement en stries ou en lambeaux. Leur limite paraît être fort élevée eu égard à leur latitude. En admet- tant que 84 mètres en hauteur correspondent à 1 degré de latitude, il s'ensuivrait que le mont Argée l'emporterait sur la plupart des montagnes de l'Europe et de l'Amérique pour la hauteur à laquelle se trouve la limite des neiges éternelles, et ne le céderait qu'aux grandes chaînes de l'Asie Mineure, où la limite dont il s'agit paraît s'élever encore davantage. MM. Charles Koch et Vagner, qui ont évalué approximativement la limite des neiges perpétuelles de quelques montagnes de l'Arménie et du Pont, ont reconnu également qu'elle est remarquablement élevée relativement à leur latitude, ce qui semblerait montrer que ce phénomène est assez général dans la portion orientale, et qu'il y règne un degré assez prononcé de sécheresse atmosphé- rique. » Limites supérieures de la végétation arborescente, frutescente. — Ces limites n'ont pas été plus étudiées en Asie Mineure que celles des neiges perpétuelles ; il faut en excepter toutefois le mont Olympe, qui l'a été par Siebthorp, Boëssier et surtout Griescbach, sous le rapport de la géographie botanique. Le mont Argée ne l'avait pas été avant M. Tchihatchef qui a publié un aperçu de sa flore en i852, et auquel le Muséum d'Histoire natu- relle doit un herbier précieux de cette contrée. » La limite supérieure de la végétation arborescente sur le mont Olympe est notablement plus basse que celle sur les montagnes de l'Europe situées sous les mêmes latitudes ; sur le mont Argée, la végétation arborescente est remplacée par des buissons de Populus grœca, que l'on trouve jusqu'à en- viron 2900 mètres. » Le Boulgardagh, en Cilicie, a sa limite supérieure ! de végétation arbo- rescente aussi élevée que dans les montagnes de Grenade en Espagne. » Les monts Alaguet et Ararat, en Arménie, ont leurs limites supérieures de végétation arborescente à peu près à la même hauteur que sur les mon- tagnes de l'Europe situées sous les mêmes latitudes. ( 78 1 ) » Considérations sur le déboisement de l'Asie Mineure. — L'Asie Mi- neure manque de grandes forêts; on y trouve de vastes étendues de ter- rains dépourvues de toute végétation arborescente et même frutescente. On se demande dès lors s'il en a toujours été ainsi : de nombreux témoi- gnages d'auteurs anciens prouvent que cette contrée était beaucoup plus boisée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Les progrès de la civilisation et les guerres sont les causes de la destruction des forêts : du Gange à l'Euphrate et de l'Euphrate à la Méditerranée, sur une étendue de plus de mille lieues en longueur ; trois mille ans de guerre ont ravagé ces contrées ; Ninive et Babylone, si renommées par leur civilisation avancée, Palmyre et Balbeck par leur magnificence, n'offrent plus aujourd'hui aux voyageurs que des ruines, au milieu de déserts dans lesquels on ne rencontre plus que çà et là des traces de cette riche végétation dont parlent les anciens. D'un autre côté, le littoral septentrional de la mer Noire, du temps d'Hérodote, était couvert de forêts, là où il n'en existe plus aujourd'hui. » M. Tchihatchef pense que la destruction de toutes ces forêts a pu exercer une certaine influence sur le climat de l'Asie Mineure, en abaissant la moyenne estivale et relevant la moyenne hivernale; il appuie son opi- nion, à cet égard, sur plusieurs passages de Théophraste, dans lesquels ce philosophe mentionne certains végétaux que le défaut de chaleur empêchait jadis de prospérer, et qui viennent aujourd'hui parfaitement. » M. Tchihatchef, en exprimant son opinion touchant l'influence exercée sur la température par le déboisement de grandes étendues de forêts, aborde une question qui est encore un sujet de discussion , et sur laquelle les meilleurs esprits ne sont pas entièrement d'accord. En effet, MM. Arago et Gay-Lussac, dans le sein de la Commission nommée en i836, pour exa- miner s'il y avait lieu ou non de rapporter l'art. 219 du Code forestier, s'exprimaient ainsi : « Si l'on abattait un rideau de forêts sur la côte maritime de la Nor- ia mandie ou de la Bretagne, disait M. Arago, ces deux contrées devien- » draient accessibles aux vents d'ouest, aux vents tempérés venant de la » mer; de là une diminution dans le froid des hivers. Si une forêt toute » pareille était défrichée sur la côte orientale de la France, le vent d'est » glacial s'y propagerait plus fortement, et les hivers seraient plus rigou- » reux. La destruction d'un rideau de bois aurait donc produit, çà et là, » des effets diamétralement opposés. » » M. Gay-Lussac tenait un langage bien différent : C. R., î8?6, 1" Semestre. (T. XLII.N" 17.) Io3 ( 78» ) « A mon avis, disait-il, on n'a acquis jusqu'à présent aucune preuve po- » sitive que les bois aient, par eux-mêmes, une influence réelle sur le climat » d'une grande contrée ou d'une localité particulière. En examinant de » près les effets du déboisement, on trouverait peut-être que, loin d'être » un mal, c'est un bienfait ; mais ces questions sont tellement compliquées, » quand on les examine sous le point de vue climatologique, que la solu- » tion est très-difficile, pour ne pas dire impossible. » » D'un autre côté, suivant M. de Humboldt, les forêts agissent sur le cli- mat d'une contrée comme cause frigorifique, comme abris contre les vents et comme servant à entretenir les eaux vives. » Il n'est pas démontré encore que le déboisement sur une grande éten- due de pays améliore la température moyenne. Cependant un grand nom- bre d'observations tendent à le faire croire : nous citerons les observations de Jefferson dans la Virginie etla Pensylvanie, celles beaucoup plus récentes faites par MM. de Humboldt, Boussingault, Hall, Rivière et Roulin, sous les tropiques, depuis le niveau de la mer jusqu'à des hauteurs où l'on trouve des climats tempérés et polaires ; ces derniers ont reconnu que l'abondance des forêts et l'humidité qui en résulte, tendent à refroidir le climat, et que la sécheresse et l'aridité produisent un effet contraire. Il pourrait se faire cependant que, la température moyenne restant la même, la répartition de la chaleur dans le cours de l'année fût changée, et dans ce cas le climat se- rait modifié. Mais, nous le répétons, on ne sait encore rien de bien cer- tain touchant l'influence du déboisement sur la température dans les con- trées situées hors des tropiques. L'influence des abris toutefois ne saurait être contestée; un grand nombre défaits le prouvent; nous en citerons un seul : dans les marais Pontins, un bois interposé sur le passage d'un cou- rant d'air humide chargé de miasmes pestilentiels, préserve les parties qui sont derrière elles, tandis que celles qui sont découvertes sont exposées aux maladies. Les arbres sembleraient donc tamiser l'air infecté, en lui enlevant les miasmes qu'il transporte. » M. Tchihatchef avance ensuite que le déboisement a eu pour effet le développement des marécages, dont l'extension considérable est un des traits caractéristiques de l'aspect de l'Asie Mineure. Il cite des témoignages irrécu- sables d'auteurs anciens qui prouvent que de leurs temps les marécages qui infectent aujourd'hui l'Asie Mineure, n'étaient pas aussi étendus qu'ils le sont actuellement. Ces auteurs ne signalent point, par exemple, les fièvres paludiennes dans les régions que ces affections rendent aujourd'hui inha- bitables, et qui étaient jadis couvertes de cités florissantes. ( 783) » L'opinion émise par M. Tchihatchef touchant la production des maré- cages à la suite de grands déboisements, se trouve confirmée par de nom- breux exemples que l'un de nous a signalés dans un ouvrage sur les climats. » Vient-on à défricher une forêt à sous-sol imperméable sans cultiver le sol, la terre n'offre plus qu'un accès difficile aux eaux pluviales, qui, ne pou- vant plus s'infiltrer, restent dans les parties basses. Le pays devient alors marécageux et malsain, et les habitants sont en proie aux fièvres paludien- nes. C'est ce qui est arrivé à la Sologne, à la Brenne, à la Dombe, à la Bresse, etc., à la suite de grands déboisements. » Des documents authentiques prouvent, en effet, qu'il y a mille ans la Brenne était couverte de forêts entrecoupées de prairies arrosées d'eaux courantes et vives, qu'elle était renommée par la fertilité de ses pâturages et la douceur de son climat. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi, le pays est devenu marécageux et malsain . » M. Tchihatchef a consigné dans un tableau (voir ci-après page 785) qui a très-peu d'étendue, le résumé des principales observations météoro- logiques faites dans les onze localités qu'il a prises pour observatoires. Ces observations ne suffisant pas pour donner une idée générale de la climatologie de l'Asie Mineure, M. Tchihatchef a réuni encore dans son ouvrage divers documents relatifs à des observations météorologiques faites sur différents points de cette contrée et ayant de l'analogie sous le rapport de l'altitude et de la latitude avec les stations qu'il avait choisies. En réu- nissant tous ces documents et les comparant entre eux, il est arrivé aux con- séquences suivantes, qui ne pourront manquer d'intéresser l'Académie, si de nouvelles observations surtout viennent en confirmer l'exactitude. » Le littoral septentrional de l'Asie Mineure peut être divisé en deux parties distinctes: l'une est comprise entre Constantinople et Sinope et par- ticipe du climat de la première ville ; c'est pour cette raison que M. Tchi- hatchef la désigne sous la dénomination de région byzantine ; l'autre est comprise entre Sinope et l'échancrure orientale delà mer Noire et jouit d'un climat auquel celui de Trébizonde sert de type. M. Tchihatchef appelle cette région, région trapézienne. » Les côtes occidentales et méridionales de l'Asie Mineure paraissent en général avoir des hivers plus froids, des étés plus chauds et un degré d'hu- midité relative plus élevé que les régions littorales de l'Europe placées sous des latitudes correspondantes. Le nombre et l'élévation des montagnes et des plateaux abaissent tellement la température moyenne de l'Asie Mineure, io3.. ( ?84 ) que, bien que située dans une zone éminemment tempérée et possédant même des points à température tropicale, l'ensemble de cette péninsule possède un climat boréal ; en effet, la température moyenne annuelle ne s'é- lève pas probablement au-dessus de 12 degrés ; la moyenne hivernale est de 4°,8 et la moyenne estivale est de aa°,6. » Les régions centrales ont pour caractère spécial un grand degré de sé- cheresse atmosphérique qui offre un contraste frappant avec l'humidité re- lative des côtes. » L'influence de la latitude sur la température moyenne est beaucoup plus prononcée en Asie Mineure qu'en Europe. » Les considérations que M. Tchihatchef a présentées sur les climats de l'Asie Mineure et dont nous venons de rendre compte, ne reposent pas toutes, comme lui-même le reconnaît, sur des bases solidement établies, vu le petit nombre de localités où les observations ont été faites; mais elles suffisent néanmoins pour donner une idée générale de ces climats, dont quelques-uns sont exceptionnels. » Quand on songe que M. Tchihatchef, pendant les cinq années qu'il a séjourné en Orient, s'est occupé non-seulement de physique terrestre, mais en- core des diverses branches des sciences naturelles, comme on peut en juger par les diverses collections qu'il a envoyées à des établissements publics, qu'il a tout fait avec ses propres ressources, ainsi que la publication de ses travaux pour laquelle il s'est adjoint des artistes distingués, comme on peut en juger en jetant les yeux sur la carte de l'Asie Mineure que nous présentons, l'Académie n'hésitera pas, nous le pensons, à reconnaître que M. Tchi- hatchef, bien qu'il n'ait pu faire ni discuter par lui-même toutes les obsena- tions dont nous venons d'exposer toutes les conséquences, doit être néan- moins regardé comme le promoteur ou l'âme du voyage scientifique qu'il a entrepris dans l'intérieur de l'Asie Mineure; aussi votre Commission vous propose- t-elle d'approuver la direction qu'il a donnée à ses travaux et de le remercier de son désintéressement et de son dévouement pour l'avancement des sciences physiques. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. (785) tn en 9) 1 « 0> I: ■ -4) •4) *« •u •a •o ■4* ■--> S s 4 O DURÉE DES OBSERVATIONS, fl 1 S a a I I a G S C H a « es es es es es S) es p* es r» ■MT Mf « Cl - « M " c« *■ es ► > > > de la température. 0 I Q 1 a ■ 1 •4> Q i ■ 1 es i-3 1 c ^9 eo i C es — . ï S Ni T M —3 1 ■-3 1 t/> i S -> « ,9 e ta 9 y: ci o - « « » * N A * « ce M J 2 / h es m nT ES m * • « m * s A e s io S iO « 2 i »-5 c» — i r» o h £* ■— te C [^ fc. * J#j B « - a) m O — U r*« dJ O C ^— "_ eo B r*» U Bj >• P > ^ — >. > ^ ~, > > > „ >. p J a d a H 7-, es es | d ■ 1 M T r! >-5 -5 !■» —> -3 i—3 n» —> — g —. -~3 s* 0 es — «D ■S o - » Q o i-j o" •S > O ALTITUDES EN METRES. LONGITUDES. LATITUDES. LOCALITÉS. a t^- C lO Cl ^> a J" Œ a * ■ = s = = ï ce T) I o" -g 1 -I 'S s - o a a 5 ( 786) A la suite de cette lecture, M. Élie de Beaijmont rappelle que le travail actuel de M. P. de Tchihatchef n'est qu'un fragment du grand ouvrage qu'il prépare sur l'Asie Mineure, dont il a déjà publié la partie géogra- phique et qui comprend aussi d'importantes observations géologiques et botaniques. NOMINATIONS. L' Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre qui occupera, dans la Section de Géométrie, la place vacante par la mort de M. Sturm. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54, M. Bertrand obtient 46 suffrages. M. Puiseux 7 M. Hermite 1 M. Bertrand, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. MEMOIBES PBESENTÉS. BOTANIQUE. — De La distribution géographique des Urticées ; par H. -A. Weddell. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Bien que parmi les Urticées il y ait plusieurs espèces qui accompa- gnent l'homme dans ses migrations et se propagent en abondance autour des lieux où il a établi son habitation, le nombre de ces espèces est si minime, comparé à la somme totale de celles qui constituent la famille, que la généralisation de faits semblables entraînerait à des idées très-fausses. Ce qui, en effet, est vrai et même seulement dans de certaines limites pour deux ou trois espèces vulgaires que nous foulons aux pieds sur notre con- tinent, ne l'est plus quand nous étudions le véritable domaine des Urticées, la zone intertropicale. Là aussi, sans doute, on rencontre quelques espèces largement répandues, mais l'immense majorité obéit au contraire à des lois de distribution relativement sévères. L'Europe, nous le verrons, est de (787) toutes les parties du monde la plus pauvre en espèces d'Urticées; mais aussi faut-il ajouter que ce qu'elle perd sous le rapport de la variété, elle le compense en partie par la multiplicité des individus; de sorte qu'il n'y a peut-être pas beaucoup d'exagération à dire que les cinq ou six espèces d'Orties' et de Pariétaires qui pullulent autour de nos demeures, couvrent presque autant de terrain que les nombreuses espèces répandues sous les climats équatoriaux. C'est assez dire que ces Orties, si abondantes chez nous, ne conservent pas, dans tous les pays où elles sont transportées, leur nuisible fécondité, et que la réputation de cosmopolitisme ou d'ubiquité qu'on leur a accordée un peu légèrement, ainsi que l'a fort bien constaté M. de Candolle, est pour le moins exagérée. Le genre Urtica possède, il est vrai, des représentants sur beaucoup de points du globe, mais les es- pèces qui le composent sont, à strictement parler, des habitants des régions tempérées ou froides ; et on les voit à ce titre préférer, dans les deux hémi- sphères, les lieux où elles rencontrent la température qui leur convient, ou bien apparaître dans les montagnes, au niveau où elles se trouvent dans des conditions semblables. Pour n'en citer qu'un exemple, Y Urtica ma- gel/anica (Poiret) que Commerson observa le premier. dans la Terre-de-Feu, sous le 56e degré de latitude, se retrouve dans le sud du Chili, sous un ciel encore tempéré ; puis se montre au Pérou, sur ces échelons de la Cordil- lère où la température est analogue, et paraît enfin presque sous l'équa- teur, sur le plateau de Bogota. » Ce même genre nous offre encore dans les Urtica arens et australis (Hook. fil.) les espèces d'Urticées qui se rapprochent le plus des pôles, et dans les U. hyperborca (Jacquemont) et andicola ( Wedd. ), celles qui at- teignent à la plus grande élévation au-dessus du niveau de la mer : la pre- mière ayant été d'abord rencontrée par Jacquemont, dans l'Himalaya occidental, au-dessus de 5ooô mètres, et la seconde par moi-même, dans les Andes péruviennes, au-dessus de 45oo mètres. Il n'est pas douteux enfin que les U. urens et dioica ne doivent être regardées comme les es- pèces dont la diffusion à la surface du globe est la plus considérable, si elle n'est dépassée par celle du Parietaria debilis (Forster). Cette dernière, même en en séparant le P. lusitanica, n'en est pas moins une des plantes phanérogames dont l'aire est la plus vaste ; et sa diffusion géographique est d'autant plus intéressante à constater que la coopération de l'homme paraît n'y avoir été pour rien. Quelque grande d'ailleurs que soit l'aire qu'elle occupe, elle ne dépasse probablement pas de beaucoup la moitié de la sur- face du globe, et offre par conséquent un exemple de plus à l'appui de ( 788) l'opinion de M. Alph. de Candolle, qui limite à cette étendue ce que l'on est convenu d'appeler le cosmopolitisme des plantes. » Si l'on écarte maintenant les deux genres dont il vient d'être question, nous voyons que tous les autres, au nombre d'environ 34, sont essentielle- ment intertropicaux ou subtropicaux, et que c'est en quelque sorte acciden- tellement que, dans l'un ou l'autre continent, on en voit apparaître quelque espèce isolée sous des latitudes tempérées, servant en quelque sorte de sentinelle avancée à ses sœurs de la zone torride. Ainsi l'Asie nous montre, au nord du 3oe degré, quelques espèces des genres Boehmeria, Elatostema et Debregeasia, et dans l'Amérique du Nord nous voyons le Boehmeria cjlindrica (Willd.), le Pilea pumila (A. Gr.) et le Laportea canaclensis (Gehd.), porter bien loin de leur foyer naturel les limites géographiques de groupes essentiellement tropicaux. Deux de ces Urticées, appartenant l'une et l'autre au genre Boehmeria, méritent encore d'être étudiées a un autre point de vue : elles présentent, en effet, des exemples remarquables d'aires longuement étendues du nord au sud, embrassant des latitudes très- différentes et vivant par conséquent dans des conditions de température bien plus variées que celles qu'une même organisation végétale peut ordi- nairement supporter. L'une de ces plantes est le B. cjlindrica, dont l'ha- bitation s'étend du Canada jusqu'au delà du tropique du Capricorne; l'autre est le B. nivea que nous voyons s'accommoder également bien du ciel tempéré du Japon ou du nord de la Chine, et des chaleurs de l'Asie tropicale. » Ces exemples de grande diffusion de certaines espèces font naturelle- ment supposer que celle des genres est souvent considérable ; il en est ainsi, en effet, puisque sur les trente-six genres qui constituent la famille, on en compte vingt qui ne sont pas limités à une seule partie du monde. Les seize autres, dont plusieurs sont monotypes, occupent des aires de moindre éten- due, et cinq ou six d'entre eux sont propres à des flores insulaires. Il est à remarquer, d'autre part, que plusieurs des genres qui sont représentés sur deux continents le doivent à la disjonction de quelqu'une de leurs espèces : une espèce végétale est disjointe, suivant M. de Candolle, quand les indi- vidus qui la composent se trouvent répartis « entre deux ou plusieurs pays séparés, « sans cependant que l'espèce puisse « être envisagée comme ayant été transportée de l'un à l'autre. » Je signalerai comme se conformant, en apparence du moins, à cette définition le Lecanthus Wightii ( Wedd.), le Girardinia condensata (ejusd.), le Debregeasia hjpoleuca (ejusd.) et le Dro- guetia urticoides (ejusd.), plantes toutes indigènes de la péninsule de l'Inde, ( 789 ) . et que j'ai retrouvées dans les collections envoyées de l'Abyssinie par M. Schimper. « Quant à la distribution numérique des Urticées dans les différentes parties du monde, je me contenterai de dire que, sur cinq cents espèces, nombre approximatif de celles qui sont connues, le nouveau monde en compte environ un tiers, l'Asie avec la Malaisie un autre tiers, et l'Océanie et l'Afrique, à parts égales, les neuf dixièmes du tiers restant. L'Europe n'en revendique qu'une douzaine d'espèces. » Un des points les plus intéressants, il me semble, à constater dans cette distribution, c'est l'inégale répartition des espèces entre les continents et les îles : effectivement, la proportion entre les Urticées et les autres phanéro- games, dans les archipels équatoriaux, est souvent de 5 à 6 pour 100, tan- dis que, sur les continents voisins, cette proportion n'est plus que de 2 pour 100. Ces données permettraient presque d'assigner à priori aux Urti- cées un double foyer d'irradiation : l'un au nouveau monde, dans les An- tilles; le second dans l'ancien, parmi les îles de l'archipel Indien : hypothèse que la flore de ces foyers viendrait pleinement confirmer. » Que si, enfin, nous comparons les chiffres donnés plus haut avec ceux que fournit l'examen des groupe» voisins, nous voyons que les Artocarpées, par exemple, sont réparties, entre les deux mondes, à peu près dans la même proportion que les Urticées elles-mêmes. Cependant parmi les vingt genres qui constituent cette dernière famille, il n'en est qu'un qui soit com- mun à l'ancien et au nouveau continent : c'est le genre Ficus, qui com- prend à lui seul près de quatre cent cinquante espèces, c'est-à-dire environ les trois quarts de la somme totale des Artocarpées, aujourd'hui connues. La répartition des Ulmacées entre l'Amérique et notre continent est peut-être encore plus comparable à celle des Urticées ; et les genres communs aux deux mondes y sont relativement très-nombreux. Les Morées et le petit groupe des Cannabinées font seuls exception à la règle : les premières, grâce au genre Dorstenia, étant très-évidemment en majorité en Amérique, et le second appartenant, au contraire, exclusivement à l'ancien continent. » L'Europe en particulier n'a reçu en partage des quatre familles dont il vient d'être question que six plantes différentes, à savoir : le Houblon et cinq espèces d'Ormes ou de Micocouliers. Celles-ci, ajoutées aux Urticées vraies, permettent à peine à cette partie du monde de compter dans sa flore plus de vingt types distincts ou soit un soixantième parmi les treize cents espèces qui composent l'ordre tout entier des Urticées. C. R., j856, i« Semestre. (T. XLII, N° 17.) Io4 ( 79° ) » On trouvera, si je m'abuse, dans les comparaisons que je viens d'éta- blir, de nouvelles preuve de l'étroite affinité qui unit entre eux les divers groupes de plantes dont je me suis occupé. » physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur les rapports des plantes avec ïhumidité atmosphérique (deuxième partie). Rapports des plantes avec l'eau qui mouille leur surface aérienne; par M. P. Duchartae. (Extrait par l'auteur.) ( Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. ) « Ce Mémoire est divisé en deux chapitres relatifs, le premier à l'absorp- tion de l'eau par les feuilles, le second à celle du même liquide par les racines aériennes. » Chapitre I. Absorption de l'eau par les feuilles. — Divers faits qu'on a souvent occasion d'observer dans la nature , et dont je rapporte les plus remarquables, semblent prouver que les feuilles ont la faculté d'absorber l'eau qui les mouille. En outre, plusieurs expériences de Mariotte, de Haies, de Rudolphi, de Knight, surtout celles de Bonnet, semblaient démontrer directement la réalité de cette absorption. Cependant la plupart des physio- logistes modernes ont contesté ou nié même l'existence de cette faculté dans les feuilles, pour la généralité des cas, et ceux d'entre eux auxquels on doit les grands Traités classiques de physiologie végétale, de Candolle, M. Treviranus, Meyen, ont expliqué les résultats obtenus par Bonnet, non à l'aide d'une absorption d'eau, mais par l'impossibilité où l'on avait mis les feuilles de transpirer. Il semblait donc y avoir un intérêt réel à ré- péter ces expériences avec le secours de la balance ; c'est ce que j'ai fait en prenant pour sujets différentes espèces de plantes. Parmi les obser- vations que j'ai faites dans ce but , celles, au nombre de douze, que je rapporte dans mon Mémoire semblent prouver que les feuilles mises en con- tact avec l'eau, successivement par leurs, deux faces, peuvent réellement ab- sorber ce liquide par l'une d'elles, mais non généralement par l'autre, puisqu'on les voit gagner du poids dans le premier cas et en perdre d'ordi- naire dans le second. » La réalité de cette puissance d'absorption accordée aux feuilles par la nature, est encore démontrée par une autre série d'expériences rappor- tées dans mon Mémoire. Des branches feuillées, dont la section avait été soigneusement mastiquée, ont été plongées pendant quelque temps dans ( 791 ) l'eau. Elles ont également augmenté de poids, en proportions variables se* Ion les espèces, ce qui ne peut encore être expliqué qu'au moyen d'une ab- sorption d'eau opérée par la surface des feuilles. » La conclusion générale que je crois pouvoir déduire de cette pre- mière partie de mon travail, c'est que, si les feuilles sont dépourvues de la faculté d'absorber la vapeur aqueuse répandue dans l'air, par com- pensation elles possèdent celle d'absorber l'eau liquide qui les mouille et qui, dans la nature, provient des pluies, de la condensation des brouil- lards, de la rosée. Par là se trouve expliquée l'influence de ces phéno- mènes météorologiques sur la végétation. Seulement l'eau introduite ainsi dans les tissus par un acte principalement physique a beaucoup moins d'importance pour la végétation que celle qui arrive dans les plantes par la voie des racines. » Chapitre II. Absorption de Veau par les racines aériennes. — Les expériences rapportées en détail dans ce chapitre ont porté sur plusieurs pieds de Dendrobiwn moscbatum et nobile, d'Epidendium efongatum, d'Oncidium atnpliatuin, d 0 tnithidium densijlorum, pour les Orchidées épidendres, sur un Tillandsia pour les Broméliacées, enfin sur des pieds nombreux de Spironema fragrans. Ces différentes observations m'ont prouvé : i° que les plantes épiphytes peuvent très-bien végéter, développer même avec vigueur des productions nouvelles, soit racines, soit tiges feuil- lées, lorsqu'elles se trouvent isolées de tout corps et suspendues simplement par un fil de plomb au milieu de l'atmosphère d'une serre, à la seule con- dition d'être mouillées chaque jour avec de l'eau de pluie projetée sur leur surface au moyen d'une seringue de jardinier; 20 que, traitées ainsi, elles augmentent de poids dans des proportions diverses, quelquefois considé- rables ; 3° que l'absorption d'eau qui entretient alors leur végétation est essen- tiellement opérée par leurs racines aériennes et même par toute la surface de ces organes. J'ai vu, en effet, entre autres faits plus ou moins démonstratifs, un faisceau sans tige de racines d'un Dendrobiwn, enveloppées jusqu'à l'extrémité par leur couche blanche cellulaire spéciale (Velamen, Schleid.), non-seulement se conserver vivant, sous l'influence de seringages quoti- diens faits avec de l'eau de pluie, mais encore donner naissance à une tige feuillée vigoureuse qui nécessairement recevait de ces racines toute l'eau nécessaire à son développement. » De ces expériences, réunies à celles qui étaient exposées dans mon pre- mier Mémoire, j'ai cru pouvoir tirer la conséquence générale que la végé- tation des plantes épiphytes, considérée relativement à l'eau, leur principal ioZj.. ( 792 ) mais non unique aliment, doit être expliquée d'une autre manière qu'elle ne l'a été généralement jusqu'à ce jour, et que l'eau liquide a pour elles toute l'importance attribuée sans motifs suffisants à sa vapeur. J'ai cru pouvoir conclure encore de ces expériences que, dans la culture de ces singuliers végétaux, on a tort de compter autant qu'on l'a fait sur l'humidité de l'at- mosphère des serres comme devant contribuer à leur nutrition, et qu'on doit reporter toute cette importance nutritive sur l'eau donnée en arrose- ments et en seringages. A. l'appui de ces conclusions qui découlent de l'en- semble de mon travail, je cite l'exemple d'horticulteurs justement renommés pour leur habileté dans la culture des Orchidées épiphytes, qui ont été conduits par- de longs tâtonnements à donner à ces plantes un traitement en harmonie parfaite avec les résultats de mes observations. » Ce second et dernier Mémoire se termine par quelques réflexions géné- rales sur la végétation considérée au point de vue de l'eau nécessaire à son entretien. » anatomie comparée des végétaux. — Ordre des Orobanchées (deuxième partie) ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « J'ai exposé, dans un précédent Mémoire, l'anatomie des genres Oro- banche et Phelipœa; le travail que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie des Sciences porte sur l'anatomie des genres Conopholis , Epiphegus, Clandestina , Lathrœa , Boschniakia , JEginetia et Hjo- banche. » Etant donnée la structure de tous les genres des Orobanchées dont les plus nombreux ont été étudiés dans un certain nombre d'espèces choisies, je recherche les rapports de celle-ci avec la classification générale de l'ordre, considéré dans ses divers éléments, ce qui me conduit aux résultats sui- vants : » Espèces. — Cette proposition, déjà formulée par nous plusieurs fois, savoir que les petits caractères morphologiques sur lesquels repose la distinction des espèces végétales se traduisent à l'intérieur par des modifications anato- miques correspondantes, est pleinement confirmée par ce qui existe dans les Orobanchées. C'est ainsi, par exemple, que le mode de groupement des vaisseaux dans la couche ligneuse des tiges distingue bien les Oro- banche cruenta, O. epithymum, 0. atrorubens et O. Golii l'un de l'autre, et que V O. pruinosa diffère de ce dernier par sa moelle à cellules ponctuées ( 793) et 1' 0. amcihystea par ses tissus rayés d'une façon singulière. On ne dis- tingue pas avec moins de facilité les uns des autres, par la disposition des éléments des faisceaux fibro-vasculaires et par la nature des cellules du parenchyme, les Phelipœa cœrulea, P. arenaria, P. ramosa et P. indien, morphologiquement très-voisins, ainsi que les Anoplanthus uniflorus, A . comosus et A '. Biebersteinii. » Çà et là on trouve, en comparant les espèces d'un même genre aujour- d'hui reçu, des différences anatomiques qui sortent, par leur valeur plus grande, des simples différences spécifiques. C'est ainsi que Y Orobanche nmethjstea s'éloigne, par la structure des faisceaux de ses écailles, du type de V Orobanche pour se rapprocher de celui du Phelipœa et des autres genres de l'ordre, que le Phelipœa ramosa prend une place isolée par sa couronne de vaisseaux avec laquelle coïncide le manque de trachées, de stomates, etc., et que ¥ Anoplanthus comosus passe lui-même à la structure des Rhinanthacées. » Genres. — Les genres des Orobanchées se distinguent généralement bien par leur anatomie. » L' Orobanche a pour caractères ses tiges à vaisseaux formant une série circulaire de paquets ou faisceaux au milieu d'une couche continue de fi- bres ponctuées entourant dans les écailles un paquet de fibres minces. n Le Phelipœa diffère de V Orobanche par des fibres minces placées en dehors des paquets vasculaires de la tige et par les fibres, toutes minces et non ponctuées, des faisceaux des écailles. » Le Conopholis et VEpiphegus, que rapprochent morphologiquement du Phelipœa leurs bractéoles, s'en éloignent beaucoup par l'existence de communications médullaires qui isolent les faisceaux fibro-vasculaires de leur tige. Ces deux genres ont d'ailleurs pour caractères propres : le Cono- pholis, des faisceaux ligneux placés sur plusieurs lignes circulaires dans le rhizome et la tige, etc.; VEpiphegus, la structure très-complexe de chacun des faisceaux caulinaires, la disposition éparse des vaisseaux de ses écailles et le manque de trachées. » h' Anoplanthus est un composé anatomique de V Orobanche et du Phelipœa ; il prend au premier la structure de sa tige et au second celle de ses écailles. » Le Clandestina et le Lathrœa, intimement rapprochés par leurs carac- tères morphologiques, et anatomiquement par les singulières lacunes pa- pillifères de leurs feuilles ainsi que par le manque de trachées dans leurs or- ganes de végétation, se distinguent par les points suivants, auxquels on peut ( 794) à peine reconnaître une valeur générique. Le Clandestina a ses suçoirs (formés d'ailleurs comme dans le Lathrœa d'un cône perforant cellulaire doublé à l'intérieur d'un cône vasculaire) munis de replis préhenseurs, son rhizome à vaisseaux isolés et arrondis, sa tige à quatre paquets de vaisseaux étendus circulairement et des stomates. Le Lathrœa, au contraire, a des su- çoirs sans replis préhenseurs (?), les vaisseaux de son rhizome nombreux, contigus, épais et polyédriques, les paquets vasculaires de sa tige arrondis, nombreux (douze ordinairement), et manque de stomates. » Le Boschniakia, dont l'habitat subaquatique se reconnaît tout d'abord aux lacunes dont est criblé son parenchyme, est bien caractérisé par sa' couche fibro-ligneuse que des rayons médullaires coupent en plusieurs seg- ments au milieu de chacun desquels sont plusieurs paquets de vaisseaux et par l'absence, dans les tiges, dé vaisseaux spiraux déroulables qui commen- cent seulement à se montrer dans les écailles. « Enfin Ytâginetia et YHyobanche, genres qui prennent rang à la suite des Orobanchées auxquelles ils tiennent par leur port, mais dont ils s'écar- tent par leur ovaire à deux loges, ont, avec de larges communications mé- dullaires, des faisceaux dont la structure s'éloigne de celle de tous les vrais genres de l'ordre. S'il est prouvé que leur ovaire soit typiquement à deux loges, on devra les rapprocher de Y E pirhjzanlhus , genre mis aussi par plu- sieurs botanistes près des Orobanchées, mais que sa structure anatomique in- . dique, parallèlement à la composition de la fleur, comme le type d'un ordre intermédiaire aux Rhinantachées, aux Orobanchées et aux Gesnériacées. » Quant à YObolaria, laissé souvent encore avec les Orobanchées, son anatomie le reporte définitivement parmi les Rhinanthacées. » Les rapports anatomiques de Yordre des Orobanchées avec les ordres voisins seront ultérieurement indiqués; pour aujourd'hui, nous constatons seulement que cet ordre se distingue bien en général de celui des Rhinan- thacées par le groupement de l'élément vasculaire en paquets offrant une disposition symétrique donnée. » économie rurale. — De la description et de l'amélioration des principales races françaises de V espèce bovine; par M. J.-H. Magne. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section d'Économie rurale.) « Nous résumons dans les propositions suivantes les principes émis dans ce Mémoire, ainsi que les moyens d'amélioration que nous avons con- seillés : (795) » i°. Dans l'état actuel de notre économie rurale, il n'y aurait aucun in- térêt à élever des races exclusivement propres à donner un seul produit. » 20. Les diverses aptitudes que doivent posséder les animaux de l'espèce bovine ne sont pas d'ailleurs exclusives les unes des autres. » 3°. Tous les animaux très-bien conformés pour travailler et pour donner du lait sont très-propres à s'engraisser, ou il suffirait, pour les rendre tels, de les élever convenablement. » 4°. L'aptitude à produire la graisse peut exister sur des animaux qui ne sont aptes, ni à travailler, ni à donner du lait; mais cette aptitude résulte, dans ce cas, d'un état de mollesse qu'il est rarement avantageux de pro- duire. » 5°. La finesse de la tête, de l'encolure et des membres est une qualité précieuse : elle indique que les animaux donneront une grande quantité de viande de première qualité et beaucoup de viande relativement à leur poids ; aussi, quoiqu'elle ne soit pas nécessaire pour constituer des bêtes d'un engraissement facile et de bonnes vaches à lait, il importe beaucoup de chercher à la produire, d'autant plus qu'elle ne saurait jamais être nuisible; que c'est à tort que l'on considère généralement une tète forte et de gros membres comme indispensables aux bonnes bêtes de travail. » 6°. La finesse de la peau et du poil indique un tempérament lympha* tique favorable à la production de la graisse; mais elle est la conséquence du mode d'élevage, du régime plus que de l'hérédité, et il ne faut cher- cher à la produire qu'autant que l'on peut y parvenir sans faire perdre aux animaux la vigueur qui leur est nécessaire, non-seulement pour tra- vailler, mais encore pour résister au climat rude de la plupart de nos pro- vinces, pour vivre dans des pâturages où la dépaissance est pénible, et pour se contenter d'une nourriture toujours médiocre et quelquefois mauvaise et insuffisante. « 70. Toutes nos races peuvent être améliorées au point de vue de leur destination à la boucherie, quant aux formes et quant au tempérament, à la constitution. » 8°. Les formes dans quelques-unes de nos races sont très-défectueuses. Dans toutes, il serait avantageux de les perfectionner pour accroître le ren- dement en viande nette et en viande de première qualité. » 90. La constitution graisseuse doit être produite avec prudence; elle pourrait nuire à l'aptitude au travail et à donner du lait. Elle se développe naturellement toutes les fois que les animaux sont bien soignés, c'est-à- dire sont soumis au régime perfectionné } sans lequel elle est plus nuisible qu'utile. ( 796 ) » io°. Nous pouvons communiquer à nos races les conditions essen- tielles des très-bonnes bètes de boucherie, sans diminuer leur aptitude au travail. » ii°. Dans les bêtes bovines, dont la valeur dépend en grande partie de la taille et du poids, le croisement des races ne peut être qu'un moyen secondaire d'amélioration. « 12°. Le croisement peut, sans être poussé très-loin, servir à imprimer à des races des caractères indélébiles, et par conséquent à former des races fixes. » i3°. Quand on améliore une race par le croisement, le choix des re- producteurs est de première nécessité. » i4°- Une amélioration produite par le croisement se conserve avec autant de facilité que celle qui a été produite par le régime. » 1 5°. Plusieurs de nos races bovines, la Garonnaise , la Béarnaise, YJriégeoise, celle A' Aubrac, celle de Salers, la Bressanne, la Limousine, la Poitevine, doivent rester propres à travailler, mais il n'est pas nécessaire de se préoccuper de leur amélioration à cet égard. » i6°. Plusieurs races aujourd'hui employées au travail devraient dans un temps assez court ne servir qu'à fournir du lait et de la viande; nous citerons : la Mancelle, la Maraichaine et la Comtoise jémiline, en ajoutant que la Normande, la Charolaise, la Comtoise tourache, sont en partie dans le même cas. » 170. Toutes nos races doivent être améliorées au point de vue de la boucherie et de la lactation. » 180. Au point de vue de la lactation, les races de Saint-Girons , de Lourdes, de Salers, et à plus forte raison celles qui sont meilleures pour le lait, doivent être perfectionnées par elles-mêmes; mais sans l'emploi du croisement, il serait très-long et difficile d'améliorer la Mancelle, la Poite- vine, la Maraichaine, la Limousine, la Charolaise ; les quatre premières de ces races seraient avantageusement croisées avec la Flamande, la Hollan- daise ou mieux la Normande et la Charolaise avec la Bressanne. » 190. Nos diverses races pourraient acquérir par le régime et le choix des reproducteurs toute la perfection dans les formes et toute l'aptitude à prendre la graisse qu'il serait avantageux de leur communiquer. » ao°. Cependant le croisement avec la race Durham serait avantageux sur les races Mancelle, Charolaise et Maraichaine; il en serait de même pour les races Normande et Flamande, dans quelques exploitations, dans ( 797 ) quelques communes même où l'on a plus d'intérêt à produire des bœufs de boucherie que des vaches à lait. » ai°. Plusieurs races françaises peuvent être améliorées par le croise- ment avec d'autres races indigènes : la Comtoise tourache avec la Comtoise fémiline et la Bressanne ; ces deux dernières entre elles et avec la Tourache; la Morvandelle et la Bourbonnaise avec la Charolaise ; la Gasconne avec la Garonnaise ; la Béarnaise avec la Bazadaise ; la Maraichaine avec la Poitevine. » 22°. Plusieurs races doivent être améliorées par le croisement de leurs sous-races entre elles : sont dans ce cas les races Ariégeoise, Béarnaise, Garonnaise, Poitevine, Bretonne. » 23°. Enfin plusieurs doivent être améliorées exclusivement par elles- mêmes, parle régime et par le choix des reproducteurs; telles sont les races d'Aubrac, de Salers, du Limousin, de la Bretagne, du Poitou et celles de la Normandie et de la Flandre, là où l'on a intérêt à les conserver princi- palement comme laitières. » M. Perreaux prie l'Académie de vouloir bien faire examiner par une Commission une machine à diviser qu'il lui présente. Cette machine, destinée à l'Institut de Florence, et qui réunit toutes les conditions voulues pour le pointillage des disques, la fente des engrenages et la division des instruments astronomiques, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Despretz, Morin, Combes. M. Massart présente au concours, pour le prix de Médecine et de Ctn% rurgie de la fondation Montyon, un Mémoire intitulé : « Traité théorique et pratique de l'angine de poitrine, d'après la découverte de son siège orga- nique. » ( Renvoi à la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Millière adresse au concours pour le prix du legs Bréant une Note sur le traitement du choléra-morbus et sur les moyens supposés de nature à empêcher l'apparition de la maladie dans un lieu menacé. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine, constituée en Commission spéciale pour le prix du legs Bréant.) M. A. Morel adresse de Montdidierun Mémoire intitulé : « Essais aéro- C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLII, N° 17.) 1 o5 (798) nautiques et hydronautiques basés sur l'étude des organes des animaux qui se meuvent dans l'air et dans l'eau. » (Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Piobert.) M. Leclerc communique un résultat nouveau de ses recherches concer- nant les substances qui agissent sur le sang veineux ; il a constaté récemment que le chyle rougit le sang veineux. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Coste, Claude Bernard.) CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'Instruction pcrlique accuse réception d'une amplia- tion du Rapport fait à l'Académie dans la séance du 10 courant sur la décou- verte de la soude artificielle par Nicolas Le Blanc. Ce Rapport va être mis sous les yeux de l'Empereur. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse cinquante-neuf exemplaires des tomes III et VII du Rapport de la Commission française du jury international de l'Exposition universelle de Londres. Ces exemplaires sont destinés aux différents Membres français ou étrangers de l'Académie qui ne reçoivent pas l'ouvrage à d'autres titres. M. Gerhardt, récemment nommé à une place de Correspondant pour la Section de Chimie, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Chasles présente à l'Académie, de la part de M. Babbage, Corres- pondant de l'Institut, un écrit intitulé : Observations adressées à la Société royale de Londres , dans sa dernière séance annuelle, à l'occasion des Mé- dailles décernées par la Société. a Cette allocution, dit-il, a pour objet l'ingénieuse machine Suédoise pour le calcul et l'impression des Tables mathématiques par différences, donl M. Babbage a entretenu l'Académie dans sa séance du 8 octobre i855 : machine qui depuis a obtenu la médaille d'honneur à la grande Exposition de l'industrie (i). (r) Sur le Rapport fait par M. Mathieu, au nom de la VIIIe classe du jury international. ( 799 ) » Dans cet écrit se trouve une courte Notice sur l'inventeur, M. Scheutz, et sur les difficultés qu'il a eu à surmonter pendant près de vingt ans, pour accomplir cette œuvre qui se distingue de tous les essais tentés jusqu'à ce jour, non-seulement en ce que la machine effectue immédiatement une série d'opérations, mais surtout en ce qu'elle en fixe spontanément les résultats par impression sur des lames de plomb. a Dans des questions de cette nature, le jugement de M. Babbage, comme le sait l'Académie, a d'autant plus de poids, qu'il est difficile de réunir tout à la fois, au même degré que lui, le savoir du géomètre et les connaissances technologiques indispensables pour la conception et l'exécution effective d'une machine de ce genre. » On ne lit pas sans intérêt dans la Notice du célèbre Membre de la Société royale quelques détails qui font connaître, en même temps que les difficultés dont nous venons de parler, l'appui bienveillant que M. Scheutz a trouvé près de la haute administration et du premier corps savant de son pays. « Après de longs sacrifices qui n'avaient pu suffire à l'accomplissement » de son œuvre, M. Scheutz dut réclamer les secours de la Diète de » Stockholm. La Diète voulut bien accorder une subvention devenue né- » cessaire, à la condition toutefois d'une garantie. Ici nouvelle difficulté ; » car, dans la circonstance, cette garantie, on le conçoit, présentait à » M. Scheutz plus de difficultés encore que l'invention de la machine. Si » près du but, il se voyait donc au moment de renoncer à ses espérances » et de perdre le fruit de tant d'années d'études et de travaux. Mais heu- » reusement parmi les professeurs de l'Académie de Stockholm se trou- » vaient non-seulement des hommes éclairés, mais des hommes de cœur, » capables d'éprouver de la sympathie pour le mérite et la noble persévé- » rance du savant mécanicien. » A l'honneur durable de l'Académie de Stockholm, chaque membre, » par un engagement personnel, s'empressa de concourir à la réalisation » de la garantie réclamée. Aussitôt les travaux interrompus furent repris » avec une nouvelle ardeur par MM. Scheutz père et fils, et la construction » de l'admirable instrument fut terminée dans les délais prévus. La Diète » voulut alors doubler l'allocation consentie et s'associ«r ainsi aux suffrages » éclatants de l'Académie de Stockholm. » io5.. ( 8oo ) Remarques de M. le baron Charles Dcpin à l'occasion de cette présentation. « Quel que soit le mérite éminent de la machine à calculer de M. Scheutz, je ne fais aucune difficulté d'admettre que l'usage de cette invention est moins expéditif que des calculs accomplis par les plus habiles calculateurs, dans l'Observatoire de Paris. Mais de là je me garderai de conclure qu'il faille décourager les auteurs; je serais fâché qu'on les détournât de pour- suivre la recherche des perfectionnements nouveaux, parce qu'on n'espé- rerait pas un certain degré de succès. » Je pourrais citer comme exemple ce qui s'est passé, depuis si peu d'an- nées, pour la photographie. Dans le principe, il fallait un assez bon nombre de minutes avant d'obtenir une empreinte quelque peu satisfaisante. L'imper- fection des premiers essais n'a pas rebuté. On a cherché des procédés plus expéditifs, et par degrés on a produit des photographies de plus en plus parfaites, en une minute, en quelques secondes. Aujourd'hui l'impression approche à tel point d'être instantanée, qu'on parvient à reproduire même l'aspect des eaux incessamment agitées, comme les ondes de la mer et le mouvement des cascades. » Arrêtons notre pensée sur un autre exemple, celui des machines à mouvement continu, pour remplacer la filature à la main. Dans le principe on ne pouvait égaler que les ouvrières les plus médiocres et pour un gros- sier travail. Mais, avec le temps, on a fait moins lentement et plus habilement des fils dont la longueur a surpassé cent lieues par kilogramme de matière; les plus habiles fileuses ont cessé de pouvoir soutenir la concurrence, et pour l'égalité mathématique des fils, et pour l'économie du temps. » Aux yeux de l'Académie des Sciences, le premier, le plus grand mérite, c'est l'invention. Les découvertes du génie doivent être accueillies sans s'in- quiéter si les moyens nouveaux sont plus ou moins expéditifs que des moyens préexistants. Les parties où les machines imaginées sont inférieures à d'an- ciens procédés doivent être regardées, non comme un obstacle devant lequel il faille s'arrêter, mais comme l'objet de recherches ultérieures et de décou- vertes nouvelles. » C'est dans cet esprit qu'il faut accueillir les machines à calculer, surtout quand elles ont obtenu le suffrage d'un concurrent aussi éminent, aussi désintéressé que l'illustre M. Babbage. » ( 8ai ) M. Duméril, en présentant un Mémoire de son fils, M. le Dr Aug. Duméril , en fait connaître l'objet : « Le Mémoire a pour titre : Description des Reptiles nouveaux ou impar- faitement connus du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, et remarques sur la classification et les caractères de ces animaux. » Ce Mémoire a été inséré dans le tome VIII des Archives du Muséum; il est accompagné de huit planches et fait suite à un autre , qui a été pu- blié dans le même recueil (VIe volume). Ce dernier passait en revue les Tortues et deux familles de l'ordre des Sauriens, celles des Crocodiles et des Caméléons. » Le Mémoire que je présente est consacré à l'examen des trois familles des Geckos, des Varans et des Iguanes. Ces publications serviront de Sup- pléments à Y Erpétologie générale, ouvrage que j'ai achevé de faire paraître avec la collaboration de mon fils, après l'avoir longtemps préparé avec l'aide de G. Bibron, si prématurément arrêté dans sa carrière. » L'accroissement continuel des collections zoologiques, dû aux actives recherches des voyageurs naturalistes, force sans cesse à étendre et quel- quefois même à modifier les cadres tracés pour l'arrangement méthodique de ces animaux qui étaient connus à l'époque où nous avons entrepris de dresser le bilan de la science sur cette partie de la zoologie. Cependant aucune modification importante n'est devenue nécessaire pour la classification gé- nérale que nous avons adoptée. Notre ancienne manière de voir nous semble même se rapprocher le plus près possible de la méthode naturelle. » Je dois toutefois signaler un nouveau progrès vers ce but : il consiste dans les applications qui peuvent être faites à l'étude des divers groupes des Reptiles, d'un mode spécial de classement par séries parallèles. Cette mé- thode, signalée d'abord par Cuvier, qui l'avait appliquée à l'ordre des animaux à bourse, a été employée avec succès dans la distribution générale des Mammifères et des Oiseaux, par notre confrère M. Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire, qui a fait connaître les avantages de ce procédé de classifi- cation. Mon fils a cherché à les démontrer pour les Reptiles, dans ce travail et dans un autre Mémoire {Revue Zoologique, i854), où ce sujet a été étudié avec tous les détails qu'il comporte. » Malgré l'admirable richesse des collections erpétologiques du Musée de Paris-, toujours visité avec empressement par' les naturalistes étrangers, ( 802 ) des lacunes peuvent y être remarquées, si l'on compare le nombre total des espèces que nous possédons, à celles qui sont décrites par les zoologistes de l'Allemagne, de l'Angleterre et surtout des États-Unis, où, depuis quelques années, beaucoup de Reptiles nouveaux ont été découverts dans les régions successivement explorées de ce vaste pays. Toutes ces espèces, récemment inscrites dans les faunes, ou qui ne sont pas encore parvenues en nature dans nos galeries, malgré le système d'échanges établi entre plusieurs musées et le nôtre, sont simplement indiquées dans le Mémoire que je mets sous les yeux de l'Académie. Il ne renferme en effet de descriptions détaillées que pour les Reptiles nouveaux ou peu connus, conservés dans nos cabinets ; quant aux autres, mon fils, qui a rappelé leurs dénominations, a présenté des renseignements suffisants pour mettre en évidence leurs affinités avec les espèces déjà connues. » Ce travail contient une analyse, faite avec soin, des nouveaux systèmes de classification dont l'introduction dans la science remonte à une époque ultérieure à celle de la publication des divers volumes de notre Erpétologie générale. » Il résulte de la révision des trois familles de Sauriens étudiés dans ce Mémoire, que le Musée de Paris renferme actuellement parmi les Geckos, les Varans et les Iguanes, cinquante-quatre espèces nouvelles et non men- tionnées dans les IIP et IVe volumes de mon Erpétologie, et dans ce nombre, il y en a vingt-cinq que mon fils a fait connaître pour la première fois, parce qu'elles n'avaient été indiquées par aucun zoologiste. Parmi ces dernières, il s'en trouve quatre qui, n'ayant pu être rapportées à aucun des genres déjà établis, ont dû prendre rang sous des noms génériques nouveaux. » Si à ces cinquante-quatre espèces on en joint vingt-trois autres peu connues, dont sept jusqu'alors inédites et comprises parmi les Tortues, les Caméléons et les Crocodiles, étudiées dans le Mémoire auquel celui-ci fait suite, il résulte de ce relevé que pour la portion, encore peu considérable, de la classe des Reptiles passée en revue dans les deux premiers suppléments, soixante-dix-sept espèces y sont décrites. En outre, sur les dix-sept planches qui les accompagnent, on trouve un grand nombre de figures qui repré- sentent soit les animaux entiers, soit des détails importants sur les carac- tères zoologiques les plus essentiels qu'il était nécessaire de développer. » M. le Secrétaire perpétuel annonce que MM. Beaumont et Mayer ont envoyé une Lettre relative au Rapport qui a été fait dans la dernière séance ( 8o3 ) sur une machine de leur invention ; mais que cette Lettre étant imprimée, il n'y a pas lieu de s'y arrêter. La Commission fait remarquer que cette Lettre est une réclame plutôt industrielle que scientifique, et que d'ailleurs les reproches qu'elle contient ne reposent que sur des allégations complètement inexactes. chimie. — Note sur l'inuline; par M. Dubrunfact. « L'inuline, découverte par Valentin Rose, a été l'objet de nombreux travaux, et MM. Gaulthier de Claubry, Payen, Braconnot, Bouchardat, Par- nell, Crokewitt et Mulder ont jeté de vives lumières sur les propriétés de cette substance. Néanmoins les travaux de ces savants offrent des anomalies et des contradictions qu'il était utile de faire disparaître ; tel est surtout l'objet de cette Note. » Quelle que soit l'origine de l'inuline, elle offre les mêmes propriétés phy- siques et chimiques quand elle a été amenée à l'état de pureté. » Suivant les procédés mis en œuvre pour la sécher, elle affecte deux états physiques distincts : elle est ou diaphane comme la gomme, ou opaque comme l'amidon, et dans ces deux états elle a la même composition chi- mique. » Prise dans l'état d'hydratation stable qu'elle affecte à -+- 10 degrés, dans une atmosphère où l'hygromètre marque 4° degrés, elle subit une perte de o,ii25 quand on la place dans l'air sec, à la même température. Séchée à ioo degrés, la perte s'élève à 0,16. On peut alors la chauffer jusqu'à 180 degrés sans l'altérer et sans lui enlever une nouvelle proportion d'eau. Au delà de ce terme, l'inuline jaunit; elle entre en fusion vers 1 go de- degrés, et il y a alors altération évidente avec une légère perte en poids. » L'inuline séchée à 1 00 degrés offre donc le maximum de déshydratation qu'on puisse obtenir par le concours de la chaleur seule. Dans cet état elle nous a donné pour moyenne de trois analyses : Carbone 44>3ai, Eau 55,679 5 d'où l'on déduit la formule C,2HT0O'0, qui s'accorde bien avec celle de Mulder et qui peut être considérée comme formule de l'inuline anhydre. On ne peut, en effet, accorder aucune con- ( 8o4 ) fiance aux nombres qui ont été déduits des combinaisons plombiques. L'inu- line est altérable par les bases, et ses composés salins analysés ont dû don- ner des nombres qui s'appliquent à l'inuline altérée. » On déduit de l'analyse ci-dessus et des nombres fournis par la dessicca- tion, que l'inuline séchée dans l'air sec, à -+- 10 degrés, a pour formule C,aH,00'°, HO, c'est-à-dire une composition identique à celle du sucre de canne et du sucre de lait. » L'inuline anhydre est très-avide d'eau. Prise à l'état diaphane et placée dans l'eau, elle devienj; opaque, elle se gonfle et se délite en s'hydratant. Dans cet état elle se présente sous forme de granules de -~^ de millimètre de diamètre, et ces granules n'offrent nul indice perceptible de la double réfraction qui est si nette pour l'amidon. , » La densité prise sur l'inuline hydratée pure, c'est-à-dire dans l'état où elle perd 0,16 d'eau, a été trouvée de i,36i ; elle correspond à peu près alors à la formule C,a H10 O10, 3HO. La densité serait 1,462 pour l'inuline anhydre. » Cent grammes d'inuline pris à l'état qui correspond à la formule C,2H,oO<0, 3 HO, dissous dans l'eau de manière à donner un litre de volume, puis observés à l'œil nu avec l'appareil de M. Biot, ont donné sous une couche de om,5 une rotation de — 19,3144 degrés \. » On a conclu de ces éléments [a]; = - 38,43 \ et [a]r = - 29,46 \ (♦). » Les pouvoirs rôtatoires moléculaires de l'inuline prisera l'état C 2 H' ° O ' ° , seraient ainsi [«]/ = — 44,9\> [a]r= — 34,42\. » L'inuline pure, mise en présence de l'eau à la température de + 10 de- grés de manière à saturer l'eau, ne s'y dissout que dans la proportion de o,oo5 du poids de l'eau. À -+• 66 degrés, elle s'y dissout en grande propor- tion. La dissolution, faite avec 100 grammes d'inuline par litre, ne donne (*) Ce nombre diffère du nombre — 26, i6\ qui a été donné par M. Bouchardat, sans spécifier l'état d'hydratation de l'inuline qui a servi à l'expérience. ( 8o5 ) pas de précipité par le refroidissement; le précipité ne se forme que douze ou vingt-quatre heures plus tard. L'eau mère séparée à cette époque retient encore o,o4 à o,o5 d'inuline, et dans cet état elle est modifiée, puisqu'elle ne peut se séparer incomplètement de l'eau qu'après un temps fort long. Ce phénomène est analogue aux faits connus de sursaturation, et quoiqu'il ne soit accompagné d'aucun changement dans le pouvoir rotatoire de l'inuline, il révèle une modification moléculaire de même ordre que celle que nous avons observée dans la dissolution du glucose et du sucre de lait; il explique aussi les nombres différents qui ont été donnés par les expé- rimentateurs sur la solubilité de l'inuline. » De quelque manière que nous nous y soyons pris, il nous a été impos- sible de faire subir la fermentation alcoolique à l'inuline (*), soit que nous l'ayons mise en présence de ferment de bière, en suspension dans l'eau ou en dissolution modifiée. Nous n'avons pas mieux réussi en acidulant légère- ment la dissolution avec l'acide tartrique ou avec le tartrate acide de potasse. On peut donc considérer l'inuline comme étant tout à fait infermentescible. » L'inuline, chauffée dans l'eau à la température de 100 degrés et sans ébullition, subit une saccharification complète; mais contrairement aux observations de Crokewitt, il faut pour achever cette réaction un temps fort long, tandis que la même transformation s'opère fort rapidement sous l'in- fluence des acides, ainsi que l'ont observé MM. Payen et Braconnot. Le sucre qui se forme dans cette réaction est incristallisable et lévogyre, selon les observations de M. Bouchardat; il est identique avec le sucre que nous avons découvert dans le sucre de fruits, et dans son similaire le sucre inter- verti . Sa propriété sucrante sous le même poids est, d'après nos observations, égale à celle du sucre de canne. » La rotation de l'inuline augmente beaucoup par la saccharification, ainsi que l'a observé M. Bouchardat. Elle s'élève selon nous à •§, quand la sac- charification a atteint son maximum de développement. L'inuline éprouve dans cette réaction une contraction sensible, analogue à celle que nous avons observée et mesurée pendant l'inversion du sucre de canne. Le sucre d'inuline sec a bien pour formule C'2H,20,!!, il se prête sans transforma- tion au dédoublement alcoolique, ainsi qu'on pouvait déjà le déduire des (*) Il ne s'agit ici que de l'inuline bien connue des chimistes , car nous avons rencontré dans un grand nombre de végétaux un produit analogue , qui peut subir la fermentation alcoo- lique; nous ferons connaître ce produit à l'occasion d'expériences faites sur les topinam- bours. C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, No 17.) IOÔ ( 806 ) analyses de MM. Mitscherlich et Soubeiran et de nos observations faites sur la constitution du sucre interverti qui renferme exactement -| équivalent de sucre d'inuline. D'après ces faits, on voit que l'inuline hydratée C'2 H'°O,0,HO prend i équivalent d'eau pour devenir sucre fermentescible. » L'inuline offre donc, sous plusieurs rapports, une analogie remarquable avec l'amidon, dont elle est un congénère organique, et cette analogie s'ob- serve surtout dans les diverses transformations que ces deux corps subis- sent. Leurs pouvoirs rotatoires, quoique de signes contraires et d'inégales intensités, offrent ceci de remarquable, que, dans la transformation sac- charine, le plan de la polarisation primitive se déplace dans le même sens, c'est-à-dire que dans les deux cas il marche de la droite vers la gauche, affaiblissant ainsi le pouvoir rotatoire de l'amidon et exaltant celui de l'inu- line. » L'inuline existe en grande proportion dans plusieurs produits qui ser- vent à la nourriture de l'homme et des animaux; elle pourrait être extraite avec avantage de plusieurs de ces produits, et prendre ainsi rang dans l'industrie et le commerce, à côté de l'amidon et de la fécule. A ce titre, l'inuline offre un grand intérêt, et après avoir fait connaître sommairement nos études sur les propriétés de ce produit immédiat du règne organique, il nous sera plus facile d'exposer celles que nous avons faites sur les végé- taux qui, à l'exemple des topinambours et des dahlias, le renferment dans un état et dans des proportions tels, que ces végétaux pourraient être l'objet de cultures et de travaux manufacturiers exécutés en vue de l'extraction de l'inuline. « zoologie. — Sur trois espèces de Dauphins qui vivent dans les régions du haut Amazone; par M. Paul Gervais. a Pendant leurs longs voyages dans la région de l'Amazone, Spix et M. Martius, et plus tard M. Alcide d'Orbigny, avaient eu l'occasion d'étu- dier un Dauphin assez différent par ses caractères génériques de celui du Gange, mais étranger, comme lui, aux eaux de la mer. Spix et M. Martius en parlèrent sous le nom de Delphinus amazonicus, et M. d'Orbigny sous celui d'Inia boliviensis. » De nouvelles recherches m'ont conduit à admettre l'identité de ce Dauphin avec celui que M. de Blainville a nommé antérieurement Delphinus Geo ff remis. » Ulnia ou Delphinus Gcojfiensis vit non-seulement dans une grande ( 8o7 ) partie de l'Amazone, mais aussi dans les principaux affluents de ce fleuve et dans quelques-uns de ses sous-affluents. MM. de Castelnau et Deville ont pris l'Inia dans l'Uruguay, assez loin de son confluent avec le Tocantin qui se jette dans l'Amazone, à quelques lieues au-dessus de Para. Ils l'ont aussi trouvé dans l'Ucayale qui coule au Pérou. Précédemment M. d'Orbigny l'avait signalé dans les rivières des plaines de Moxos et de Santa-Cr.tz, particulièrement dans le Rio-Mamoré et dans le Guaporé, qui versent leurs eaux dans le Rio-Madeira, qui lui-même parcourt une assez grande étendue de pays avant de rejoindre l'Amazone. « Il est probable que l'exemplaire type du Delphinus Geoff'rensis que l'on conserve encore au Musée de Paris, était aussi originaire du haut Amazone, et qu'on a été dans l'erreur en supposant qu'il venait du Canada. En effet, ce Dauphin était antérieurement conservé à Lisbonne, dans le musée d'Ajuda, ainsi qu'un nombre considérable d'objets intéressants de zoologie (i) appartenant précisément à des espèces que les voyageurs, et plus particulièrement MM. de Castelnau et Deville, ont retrouvées depuis lors dans les régions occidentales du Brésil et dans le haut Pérou. » Dans la partie mammalogique du Voyage en Amérique de M. de Cas- telnau, que je termine en ce moment, je décris l'Inia Geoffrensis et en même temps deux espèces nouvelles de Dauphins fluviatiles qui sont éga- lement particulières au bassin de l'Amazone. On en doit la découverte à ce savant naturaliste, ainsi qu'à feu M. Emile Deville, l'un de ses compagnons de voyage. » Ces deux Dauphins s'éloignent moins des Dauphins ordinaires par l'ensemble de leurs caractères que ne le fait l'Inia, et l'on doit les rapporter au même genre que le Delphinus delphis ou Dauphin ordinaire, dont ils ne se distinguent que par leurs caractères spécifiques. J'en donne aussi la figure d'après des dessins faits sur le frais par M. de Castelnau. » L'un de ces nouveaux Dauphins d'eau douce prendra le nom de Delphinus pallidus. M. Emile Deville et moi avons précédemment appelé l'autre Delphinus Jluviatilis. Leur taille est inférieure à celle de l'Inia. » Dans la Lettre qui accompagne cette Note, M. Gervais indique la recti- fication suivante, pour une de ses précédentes communications sur les Chei- (i) Ces objets ont fourni à E. Geoffroy-Saint-Hilaire le sujet de plusieurs Mémoires. 106.. ( 808 ) roptères américains (Compte rendu de la séance du 24 mars, page 249, ligne 6) : a Ce n'est pas le Stenoderma undalum, de Blainville, qui sert de type à mon nouveau genre Dermanura (de la tribu des Sténodermins), mais bien le Stenoderma cinereum de ce célèbre zoologiste. » chimie appliquée. — Propriétés des solutions aqueuses saturées de sul- fate de zinc pour la conservation des substances animales; Note de M. Strauss-Durckheim. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie une tête de Rous- sette, poisson de la famille des Squales, conservée depuis seize ans dans un liquide conservateur que j'ai fait connaître pour la première fois comme antiputride dans mon Traité pratique d'Anatomie comparative publié en 1842. Cette liqueur est composée de 14 parties de sulfate de zinc dissoutes dans 10 parties d'eau (saturée). » On peut voir par cette préparation que le corps des animaux vertébrés se conserve si bien dans ce liquide, que ce poisson présente en apparence toutes les qualités d'un animal frais, et cela jusqu'à son odeur de marée fraîche. Pour mieux reconnaître la propriété conservatrice de cette solu- tion, j'ai laissé pendant les seize années cette tète de poisson dans un bocal ouvert à l'air libre, en y remplaçant de trois en trois mois à peu près le liquide évaporé par de l'eau ordinaire que j'y versais. Je vais maintenant soumettre cette préparation à la dessiccation pour la momifier, convaincu qu'elle se conservera indéfiniment dans cet état. » Je pense que cette communication peut avoir quelque intérêt pour l'Académie ; cette liqueur pouvant servir, d'une part, à conserver les prépa- rations anatomiques destinées aux dissections, et, d'autre part, à la momifi- cation des corps, en l'injectant dans les artères. » chimie. — Observation nouvelle sur le soufre mou; par M. Er\. Baudrimont. (Extrait.) « Lorsqu'on met du soufre mou récent en contact avec de l'essence de térébenthine dans un tube fermé, et qu'on abandonne celui-ci à lui- même pendant quelque temps, on s'aperçoit après cinq ou six jours que les fragments de ce soufre sont devenus opaques, et qu'ils se sont recouverts d'un très-grand nombre de petits cristaux transparents et bril- (8°9) lants qui tapissent aussi les parois du tube. Après quelques mois, ces cris- taux ont pris une grosseur assez notable, qu'ils semblent ne plus dépasser ensuite. Ce sont des modifications de l'octaèdre symétrique que donne le soufre toutes les fois qu'il cristallise à la température ordinaire. » Ce phénomène de cristallisation ayant lieu à la surface du soufre et non dans sa masse, il n'était pas possible de l'attribuer à la transformation directe du soufre mou en soufre octaédrique ; aussi ai-je pensé qu'il était dû à la solubilité plus grande du soufre mou dans l'essence de térében- thine comparativement à celle du soufre ordinaire, et à un retour du pre- mier soufre à ce dernier état, au sein du liquide même; d'où devait ré- sulter la précipitation d'une partie du corps dissous dans l'essence. » J'ai constaté, en effet, qu'à la température de 1 5 degrés, la même quan- tité d'essence de térébenthine qui dissout, dans l'espace de vingt-quatre heures, ioo parties de soufre ordinaire, en dissout 162 de soufre mou. Il n'en est pas de même, d'ailleurs, à des températures élevées, et dans des essais faits à 100 degrés et continués seulement pendant une heure, les rap- ports de solubilité des deux soufres ont été trouvés de 100 à 120 degrés, ce qui tient probablement à ce que le soufre mou se transforme à 100 degrés en soufre ordinaire. » J'ajouterai, en terminant, que le soufre mou m'a paru présenter des degrés différents de solubilité, suivant qu'il avait été porté à des tempéra- tures différentes, et qu'il était plus ou moins récent. » M. Bouros adresse d'Athènes une réclamation de priorité relative à deux communications faites, en i854, par M. Commaille sur les propriétés toxiques de X Atractylis gummifera, et sur plusieurs cas d'empoisonnement observés en Algérie chez des enfants qui avaient mangé de la racine de cette plante. La priorité réclamée par M. Bouros est parfaitement constatée; les Comptes rendus hebdomadaires deï 'Académie contiennent en effet, tome VI, page 34o, l'indication d'un Mémoire sur ce sujet adressé par lui et qui fut présenté à la séance du 12 mars i838. Aujourd'hui, en reproduisant cette première communication, M. Bouros y joint l'observation toute récente de cas d'empoisonnement qui ont présenté des symptômes tout semblables, et qui paraissent dus à la même cause. Nous disons qui paraissent, car la plante que l'on a envoyée comme échantillon de ce qu'avaient mangé les trois enfants empoisonnés est un Échinops et non un Atractylis. Mais, comme le remarque M. Bouros, rien ne prouve que l'échantillon que l'on (8,o) a été chercher dans la localité où les trois enfants égarés dans la cam- pagne avaient fait ce funeste repas, et d'après les indications assez vagues données par celui des trois qui succomba le dernier, appartienne réelle- ment à la même espèce que celle qui a causé l'accident. D'autre part, l'Atrac- tylis n'est pas rare dans ces parages, et rien n'empêche de supposer que ce ne fût l'espèce de chardon désignée par l'enfant. La nouvelle Note de M. Bouros est renvoyée à l'examen des Commis- saires nommés pour les deux Mémoires de M. Commaille, MM. Dumas, Pelouze, Rayer, auxquels est invité de s'adjoindre M. Serres, qui faisait par- tie de la Commission nommée dans la séance du 12 mars i838. M. Dahondeac prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place, aujourd'hui vacante, de membre adjoint au Bureau des Longitudes. « Devant partir très-prochainement pour remplir une mission hydrogra- phique qui me tiendra éloigné de France pendant plusieurs mois, je n'ai pu, dit M. Darondeau, attendre, pour adresser ma demande à l'Académie, qu'elle ait été saisie de cette présentation de candidats par M. le Ministre de l'In- struction publique; mais je la prie de vouloir bien réserver cette demande, ainsi que l'exposé sommaire de mes travaux dont elle est accompagnée, pour être renvoyée à la Commission qui sera nommée alors. » M. Fojvssagrives adresse une Lettre relative à son Traité d' Fiygiène na- vale, ouvrage présenté dans la séance du 3 1 mars dernier et qui a été ren- voyé au concours pour le prix dit des Arts insalubres. M. Busy envoie un exemplaire d'un opuscule publié en 1754 par M. de Grante et relatif à des expériences supposées analogues à celle par la- quelle M. Foucault a rendu sensible aux yeux le mouvement de rotation de la Terre. Les expériences de M. de Grante étaient faites, non pas avec un pendule oscillant, mais avec un fil à plomb dont l'extrémité inférieure décrivait, dans l'espace de vingt-quatre heures, au dire de l'observateur, une ellipse ayant son grand axe dirigé d'occident en orient. Pour une longueur de fil de onze pieds, le grand axe observé aurait été d'une demi-ligne et le petit d'un quart de ligne. M. Nicklès demande et obtient l'autorisation de reprendre un paquet ca- cheté dont l'Académie avait accepté le dépôt. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 28 avril i856, les ouvrages dont voici les titres : Description des Reptiles nouveaux ou imparfaitement connus de la collection du Muséum d'Histoire naturelle, et remarques sur la classification et les caractères des Reptiles; IIe Mémoire; 3e, 4e et 5e famille de l'ordre de& Sauriens (Geckotiens , Varaniens et Iguaniens) ; par M. le Dr AUGUSTE DUMÉRIL; in-4°. Esquisse de la mammalogie du continent africain ; par M. le Dr PuCHERAN; br. in-8°. Observations... Observations adressées au Président et aux membres de la Société Royale, après la distribution des médailles, dans la deuxième séance géné- rale; par M. Ch. Babbage. Londres, 1 856; br. in-8°. (811 ) M. de Brvas, en adressant un exemplaire de la troisième et dernière partie de ses Etudes pratiques sur le (/minage, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à laquelle a été soumise sa Note du 4 juin 1 855, sur les terres propres à la fabrication des tuyaux de drainage. (Renvoi à la Section d'Economie rurale, qui a été chargée de prendre connaissance de cette Note.) M. Dudouit prie l'Académie de vouloir bien, quand elle aura à faire une nomination dans la Section de Géométrie, se rappeler diverses communica- tions qu'il lui a faites, et qu'il considère comme des titres pour être compris dans le nombre des candidats. M. Cohendt Martin adresse à l'Académie une demande à l'effet d'être autorisé à employer comme remède secret une composition dont il dit avoir obtenu d'excellents résultats. Cette demande ne peut être prise en considération, l'Académie des Science^ n'ayant point qualité pour accorder l'autorisation de faire usage de remèdes secrets. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ■ 8891 m - o r, o rr - o p «a B 2. s- » i*ï (8ia ) 5£ 10 1- 10 tO I- o co *o OS Cn ■ C CO 00 «*J D Ui. O CO C0 »J Cl en -Er- CO tO ^J -O -*j -kJ ^j CO CS -C-» 00 0_ •*J «*J -O -O -J -O • CS Cn en J?-. Cn Cn . -. Ol CO Wvl GO C0O3-=^O es co -c-» eo O eo O O O **J - Cn O OS O W ÛOvJ £**<*s W « ~ to W W W CK1 CO O OSCS^J Cn — CO J L-s- GO CC Cl - OS "O 10 W O O Cl WJ>. COIiNv] OSO — Oi 00 Ci oo i I o « CO 00 -O CO -£-s O -£>■ CO •O -O ^-J os os os GO CO GO -O -O -o ^J CO CO -B-. CO •J -.1 ■%! *J en j>. Oi-^ O CO - CO en es c© o cs -o Oi tn m to *»*. O GC -Sn to CO O CS U 4Jx to to to ■Ov)vJvJvJvJv)vJ>J«d^Jvl>Ovl o Gr 'Urenmoi 3H13K0IÏH3H1 -O CO CO OS M OS tn es o CO lO JN •s co » Ci O .c^ -o >*j o - - CO O - tn w en j?» co -p* en to •o »J *- co w co O u **> 3 ■.- .- --1 CO O - tO CO -G-* en en co cs ^J CO o - -coco •- .&% o osos -Sr-JS^O — 0-tt^-C*-ClCS^J.C^.S-. 'lTIBUjnOl 3H13K0M1I3HI »o ^O 'O »0-*J-O^J-*J>vJ-0«0 GO O 00 Cl C3vl cs en en en . oo o «o co en sjv1vjvlv]vj«jvlvjvlv]vjvlvl'0 • encnCnenCnCnenCsCnGîCSCncncnCs X> Ui W O" Wvl tO W CC O -fi^ CCvJ cs — GO en w CS lO CO CS vj O •"" o o S 10 W eo oc os -*J en •- co s ? S 3 ® S- co GO co co co cs -o c O O M W O — W£s W tO Cn to GO CS en CS -fc»« W i*i cs to cs co — co o W "O "O — o *-j -o -o en ce cs -j — CO -C- 1 B CO CO CO co -o en Os w to en CO .£>■ O W CC Cn •juBuanoi 3ii.i'iui.nui:ii!.i. «O -O ^J -O ^J CS CS CS OS *~~l 00 00 CO 00 o •O «O *J «O ^J I -o v,i »^j ^J O -O ^J ^.1 -O «J «O «O «O «vj «O -O en .&> en -o«, enenenenenenososCs.encsenentncs i to eo en co en es "O o o- o co en to *>j en o GO CO CD CO CO O CO -O O CO -o es *» o -o o en cs - « co -t> to to to *J en en CO 00 co j^. o es eo wbooooeoooco-o^i co O O 00 cs en cs o o o co 0C GC GO O C en "oc oc - ce co co o - 00 -fc*. i>- co - •inBtunoi a ux^ non U3 ni -*j -o -o j -o »o *o «o «o "O "O -o cs es en en .e- en -t>. es eo co o co J »J «O -O -O -O «O *J VJ -O CnCnCncncncnCnCnClClCSCn o - eo en -ta*, en c: cs o w o o •j vj *o -o eo -o en o co co en «o o -o - 00 to CO CC Wv] os cs o e-i o co ^i © S en en co C© eo en en — M •f cn j>- en en cs go o o ce cc co co - 0OJN - o o w 1 f f. | *> 9) " eo M VI tO lO :- OOnco J>.CC o o esesto encoco to es o o £s O) en enenesoco o co co co ce o cc w o co j^. co — en - Cl U W COOn -s» es es co en -o es en — -l?- •lUBUJIIOÎ aU13KUlV«3HI cscsos«o-^i OSenen Jïn cnCnCnCnCnCnenCncncnCSCS co CO 00 o o to CS «S co o o o o w -o^. en cs es es o to •J Sj >J to -■ eo . GC CO O U 00 V.1 to en en CS ^J 43» to _- bS o co cc tO -o ^ w j^vi co o cc -o es ci - coeot- o — — ^> ce w u tn ci w j>-o cs es eo co o — to .&*. Js» -C» O O O eo m es C en , w wo co .c- ^^ a^ Ci O 00 vj es es co eo i- o JNO> Cl w ■lUBUJUOl auigivOKciaiii CC Ol-O 00 Ji^ :0 CO i- o os co o eo ci to o -o eo cs en •- to co en es o tO os- oco coco to COCO — co w en es es i « o « o cô es eo o b3 to 1 to eocs-o ci-û>.-^cjiwoi>o o wcicicecoo>i->u yi vvj enoo i i to O ■- 1 onnz?oasnosnsHnnnonn?^nnHBono =■ S » a- 1 8 s a- 2 1 2 S. ~ O es S o S! PS- -H PS- O ss o r* S <— PS -5 PS en O C3 PS O PS "3 PS- 2 P" PS •a* =3 PS- ■œwf»»wwÇ«pf'>r!].B:z z 5" «'O ? 2! ? 5= s f w K ' s 5 s * S r r- ô »o?1i»iî'!:|oo9 ? g '5 9 f 1 1 k | I $■-%.& ? ? ? & =HL COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 MAI 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY- SAINT- HIL AIRE. 0 MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M . le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation d'un décret impérial en date du 3o avril 1 856 qui confirme la nomination de M. Bertrand à la place vacante dans la Section de Géométrie par suite du décès de M. Sturm. Il, est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Bertrand vient prendre place parmi ses confrères. agronomie. — Note sur un fait relatif à la culture de la garance; par M. le comte de Gasparin. « On sait l'extension qu'a prise la culture de la garance, la pulvérisation de sa racine et l'extraction de sa matière colorante dans le département de Vaucluse. Tant d'intérêts sont liés à cette industrie, tant d'esprits éclairés se sont livrés à son étude, qu'elle reçoit chaque jour de nouveaux perfection- nements et que nous pouvons en connaître les moindres circonstances. » Or il se présente un fait saillant, confirmé par tous ceux qui s'oc- cupent constamment depuis trente ans et plus du commerce et du traite- C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) IO7 ( 8'4 ) ment de cette racine : c'est la diminution graduelle de la matière colo- rante que l'on en retire, dans les cantons où elle est le plus anciennement cultivée. » Les garances qui proviennent des anciens dépôts paludiens du centre du département ont toujours été réputées comme les plus riches en couleur, et les fabricants les plus instruits constatent que, depuis l'époque que nous venons de citerr la propriété colorante de ces garances a baissé de 2 5 pour too. » Pendant que cette grave détérioration se produisait, on recevait des garances de l'Asie Mineure conservant toujours leurs mêmes propriétés, on en récoltait dans d'autres cantons de notre pays même qui avaient gardé toute leur qualité. Que s'était-il donc passé dans les paluds qui eût pu dé- tériorer ainsi leur racine? Avait-on négligé la culture? avait-on économisé Tes engrais? en avait-on changé la nature? » Quant à la culture, ses procédés s'étaient améliorés sous tous les rap- ports. On avait accru la quantité d'engrais employée ; et pour ce qui touche à leur nature, on avait introduit, il est vrai, l'usage du tourteau de plantes oléagineuses concurremment avec le fumier : mais les cultivateurs qui avaient continué à faire usage de fumier d'écurie seul voyaient décroître la qualité de leurs produits, comme ceux qui lui associaient le tourteau et comme ceux qui se servaient presque uniquement du dernier engrais. » Mais une circonstance particulière aux paluds, c'est que le terrain très-meuble facilite beaucoup les travaux si coûteux de défoncement qu'il faut faire pour atteindre la racine, et qu'ainsi les produits s'y obtiennent à un prix moindre que dans les terrains compactes. De là est née une ten- dance, un entraînement à répéter cette culture le plus possible, à la faire revenir plusieurs fois de suite ou à de très-courts intervalles sur le même terrain. C'est ce qui distingue la culture des paluds de la culture générale du pays ; et comme la diminution de matière colorante se fait aussi remar- quer sur les terrains ordinaires où la culture de la garance est fréquemment répétée et qu'elle ne se montre pas dans des terrains nouvellement consa- crés à cette culture , il faut en conclure que ces cultures réitérées coup sur coup sont bien la cause du mal dont on se plaint. » C'est donc à un véritable épuisement que l'on pouvait attribuer la dé- croissance de la couleur. Mais épuisement de quoi? Ce ne sont ni le carbone, ni l'azote qui manquent à un terrain abondamment fumé ; ce n'est pas l'oxy- gène, dans un sol aussi meuble où l'air circule avec facilité; ce n'est pas non plus l'humidité : les paluds, desséchés à leur surface, sont un vaste ( 8.5 ) lac souterrain entretenu par les filtrations de la Sorgue à travers un sol perméable; ce n'est pas la chaux, ces terres en contiennent jusqu'à 90 pour 100; ni les phosphates, qui s'y trouvent en quantité très-appréciable; ni les sulfates, qui y sont transportés par toutes les eaux qui s'écoulent des mon- tagnes gypseuses qui entourent ce bassin; ni les chlorures, qui s'effleurissent à la surface dans le temps des grandes chaleurs; ce n'est aucune des sub- stances, dont l'analyse élémentaire peut rendre compte, qui ont été enle- vées par la végétation. Il faut donc admettre que la coloration de la ga- rance tient à l'existence dans le sol d'une substance composée, qui se forme peut-être par les modifications de la cellulose, comme on en voit l'exemple dans les analyses des terres de Versailles, faites par M. Verdeil. On peut alors faire deux hypothèses : ou cette substance provient d'un dépôt primor- dial que les réactions actuelles des éléments chimiques ne produisent plus, parce qu'elles ne sont plus favorisées par les Circonstances qui existaient à son origine; ou bien cette substance se produit encore, mais avec une len- teur qui ne peut suivre du même pas la consommation qu'en font les ré- coltes répétées de la garance, plante qui en serait très-avide. » Ce ne serait donc pas l'aliment des plantes considéré sous le rapport de ses principes élémentaires, mais un aliment composé de ces principes, préparé par les forces naturelles et dans des circonstances particulières, qu'il faudrait fournir à la garance pour en obtenir toujours des récoltes fortement colorées, et cette préparation ne paraît pas se faire partout, dans tous les terrains, avec une égale facilité. Dans ceux de Vaucluse où elle était le plus abondante, elle avait trouvé un sol très-calcaire, porosité très- grande, fraîcheur entretenue par capillarité du réservoir inférieur et con- stant d'humidité. La preuve que des circonstances particulières sont néces- saires, c'est qu'il y a des sols où cette substance ne se crée pas, qui dès la première récolte ne produisent que des racines grises, et que dans les paluds mêmes chaque pièce de terre, pour ainsi dire, produit son degré spécial de coloration. » Réparera-t-on le mal au moyen d'un assolement qui n'admette qu'à de plus longs intervalles le retour de la garance? Si la substance dont la terre s'épuise par la culture provient d'un dépôt primordial, ou de réac- tions qui se sont passées dans des circonstances qui n'existent plus, ce moyen retardera l'épuisement du sol, le rendra plus lent, plus insensible, et la ga- rance pourra se maintenir très-longtemps sans diminution appréciable de ses principes colorants. Mais si la substance se reproduit encore, quoique 107.. ( 816 ) avec lenteur, il suffirait de proportionner son retour au temps de sa pro- duction, pour que la culture de la garance pût continuer indéfiniment sans altération. Nous savons bien que la couleur paraît se conserver dans la garance des agriculteurs sages qui ne la font revenir que tous les douze ans sur leurs terres; mais comme il faudrait cent quarante-quatre ans pour la ramener douze fois, et que nous n'avons pas une si longue expérience, nous ne pouvons affirmer qu'il n'y ait une diminution peu appréciable à chaque retour, qui pourrait finir par produire ^ de décoloration au dou- zième retour, tandis que cette diminution a pu se constater en trente ans, dans des terrains qui probablement ont porté plus de douze récoltes dans cet intervalle de temps. Cependant le plus sûr sera d'adopter la seconde hypothèse, puisque, si elle est vraie, on perpétuera cette riche culture, et que si, au contraire, la substance n'existe qu'en quantité définie et non renouvelée, on la prolongera au moins, en réservant à l'avenir une portion du trésor. » Le fait mis en lumière par l'observation dont je viens de rendre compte, nous prouve que s'il est vrai de dire que les aliments des plantes sont identiquement les mêmes, considérés sous le rapport de leurs princi- pes élémentaires, il n'en est pas toujours de même, au moins en ce qui con- cerne les garances et la production de certains sucs propres, sous le rapport des combinaisons diverses dans lesquelles ces éléments peuvent se trouver engagés. La garance croîtra abondamment sous l'influence des fumiers, et en quantité proportionnée à ces fumures elle produira des tiges, des feuilles, des racines ; mais si elle ne trouve pas dans le sol certaines substances que l'on n'a pas isolées, dont on ignore la composition, les racines ne se colo- reront pas. Ce fait a été bien pressenti par M. Chevreul qui, voyant multi- plier sous ses mains le nombre des espèces chimiques provenant des mêmes éléments, émettait des doutes sur la trop grande simplification que l'ana- lyse élémentaire apportait à l'agriculture. » Est-ce à dire cependant que l'on ait fait fausse route? Ne faut-il pas connaître ces parties élémentaires des terres et des engrais? Ne sont-ce pas ces éléments dont la combinaison fournira les substances spéciales que de- mandent les plantes? D'ailleurs, il faut en convenir, la plupart des végétaux donnent des produits tellement en rapport avec les équivalents des engrais tirés des analyses élémentaires, qu'il est permis de croire que le plus grand nombre d'entre eux n'exige pas pour sa nutrition ces composés rares, d'une difficile formation, que la garance paraît réclamer. Ainsi les céréales donnent (8i7 ) toujours des récoltes proportionnées aux équivalents; il en est de même des plantes des prairies et d'un grand nombre de celles qui peuplent nos cul- tures: soit que ces plantes sachent combiner elles-mêmes dans leurs tissus les principes élémentaires dont elles forment leur fécule, leur albumine, leur gluten, etc., soit que les combinaisons qu'elles absorbent se fassent avec facilité dans le sol et soient pompées en solution par leurs radicelles. Peut-être si l'on examinait attentivement plusieurs cultures dont on regarde les produits comme étant en décroissance, plusieurs autres qui semblent répugner à se succéder à elles-mêmes malgré les fumiers abondants qu'elles reçoivent, ne serait-il pas impossible de trouver l'explication de ces phéno- mènes dans des causes semblables à celles que nous signalons pour la garance. Ces considérations me semblent ouvrir un nouveau champ de recherches qui conduiront à des modifications importantes dans la théorie de la nutri- tion des plantes et dans celle des assolements. » « astronomie. — Chargé par M. Goldschmidt , auteur de la découverte de la (\oe petite planète, de donner un nom à cet astre, M. Le Verrier pro- pose le nom d'Harmonia. » M. Le Verrier rappelle qu'au début de la guerre la 28e petite planète reçut le nom de Bellone. Il semblait donc naturel de placer aussi dans le ciel un témoignage durable de l'heureux rétablissement de la paix. » astronomie. — Note de M. Le Verrier à l'occasion de la dernière communication de M. Valz. « M. Valz, en envoyant des éléments provisoires de la planète récem- ment découverte par M. Goldschmidt, a ajouté une remarque tendant à faire passer pour quelque peu charlatans les astronomes qui donnent les éléments des orbites des astres nouveaux avec une approximation poussée jusqu'aux secondes. Le mot a été emprunté par M. Valz au baron de Zach, mais il en a fait une fausse application. » M. Valz n'est pas le seul qui ait éprouvé quelque scrupule à donner les secondes en pareil cas ; et toute personne sérieuse qui sait distinguer une question astronomique d'un exercice de mathématiques pures a dû s'en préoccuper. Pourquoi donc presque tous les astronomes se sont-ils décidés à donner les secondes? Il y a deux motifs : » i°. Les éléments obtenus doivent représenter les observations dont on ( 8.8 ) les a déduits, ainsi que les autres observations de la même époque, dans les limites de leurs erreurs et aux quantités près que l'on néglige souvent dans une première approximation. Or on voit d'un seul coup d'œil que s'il s'agit de représenter les coordonnées observées à quelques secondes près, on n'y parviendra pas généralement en faisant usage d'éléments donnés à la minute ronde. La longitude héliocentrique, par exemple, peut être considé- rée comme égale à la somme de deux parties, savoir : la longitude moyenne et l'équation du centre. Si la longitude moyenne est imparfaitement connue et renferme une erreur a, il résulte du mode même de calcul que cette er- reur se retrouve avec un signe contraire dans la valeur de l'équation du centre à l'époque des observations ; et ainsi la longitude héliocentrique est exactement représentée à cette époque par Y ensemble des éléments, à cause de la dépendance qui existe entre les erreurs dont ils sont affectés. Si l'on détruit cette dépendance, en retranchant les secondes dans chacun d'eux, les observations ne sont plus représentées, même à l'époque où elles ont servi à calculer les éléments. Voir un autre exemple du même genre dans les éléments provisoires de la planète Hébé de M. Yvon Vil- larceau, Comptes rendus, tome XXV, page 170. La longitude du nœud est donnée à la minute près, mais les autres longitudes contiennent des secondes. » 20. Pour ne pas multiplier indéfiniment les éléments provisoires, il convient de les calculer de manière à en faire la base d'éléments corrigés que Ton obtiendra ultérieurement. Or dans ce cas il est absolument néces- saire de calculer jusqu'au j^ de seconde ceux des éléments qui ne seront pas des fonctions d'autres éléments pris arbitrairement, aux minutes et degrés près, dans de certaines limites. » Ces considérations, qui sans doute ont échappé à M. Valz, me parais- sent suffisantes pour repousser le reproche immérité que cet astronome adresse à ceux qui s'occupent des mouvements des comètes ou des planètes nouvelles, et qui croient devoir donner à leurs observations et à leurs cal- culs toute l'exactitude que comporte l'état de la science. » M. Daussy présente à l'Académie la Table des positions géographiques des principaux lieux du globe } . extraite de la Connaissance des Temps pour i858. « L'insertion de cette Table, qui a lieu tous les ans dans les volumes de la ( 8,9) Connaissatice des Temps, lui a fourni le moyen de la perfectionner succes- sivement, depuis vingt-trois ans qu'il est chargé de sa rédaction. » Il croit donc devoir, pour faciliter les recherches que l'on pourrait avoir à faire, joindre à la Table, telle qu'elle a été publiée dans le volume de 1 858, la suite de toutes celles qui ont été successivement données dans la Connaissance des Temps depuis i835. » zoologie. — Observations sur la zoologie géographique de VJjrique, et Description d'un nouveau genre et de nouvelles espèces d'Oiseaux; par Monseigneur le Prince Charles Bonaparte. « Dans le mois de septembre de l'année dernière (i855), à la Section d'Histoire naturelle de l'Association Britannique tenue à Glasgow, je crus devoir prendre la parole à propos d'un intéressant Mémoire sur la zoologie de l'Afrique occidentale, et certes on ne put me reprocher de ne pas faire une assez large part aux travaux des Missionnaires, puisque à propos du Grand Singe (Gorilla 'savagesi), j'allai jusqu'à mettre en pratique, avec toute la loyale énergie dont je suis capable, un de mes axiomes favoris : Amicus Plato, scd inagis arnica veritas! » Je regrette que cette improvisation n'ait pas été rendue avec l'exacti- tude habituelle de ces réunions, où les secrétaires et les sténographes sont tellement laborieux, habiles et bienveillants, qu'il n'est pas même nécessaire de corriger ses épreuves. En effet je parlai, non pas principalement d'In- sectes, comme on a bien voulu le dire, mais de la faune générale, et plus , particulièrement des animaux vertébrés, à propos de plusieurs desquels j'entrai même dans quelques détails. Ainsi je traitai d'un Suide nouveau (Potamochœrus penicillatus), dont je rétablis le nom légitime, celui donné par les Anglais n'ayant pas la priorité. Parmi les Oiseaux, je ne pus passer sous silence ma singulière Scotopelia, si mal appréciée dans ces derniers temps. Parmi les Reptiles, je citai deux Vipères nouvelles, dont une seule, Vipera gabonensis , Duméril, avait été publiée. Je m'étendis moins sur les Poissons, mais ne négligeai aucun des animaux vertébrés intéressants pour la science provenant des pays en question. » Rectifiant les assertions de l'auteur du Mémoire sur les découvertes des Missionnaires qui n'avait su trouver que quelques études de notre honorable collègue M. Dureau de la Malle à citer parmi ceux des nations continen- tales sur la zoologie de l'Afrique de l'ouest, je m'efforçai de faire connaître ( 8ao ) les nombreux travaux des Français, des Allemands, des Suédois, des Hollan- dais et des Américains. Je revendiquai pour le voyageur Pel ses découvertes dans l'Ashantie, illustrées par MM. Temminck(i),Schlegel, etc. J'indiquai les excellents travaux de Hartlaub, les voyages de M. du Chaillu dans le Gabon, les descriptions de nouvelles espèces recueillies par lui, et les détails publiés sur leurs mœurs par MM. Verreaux en France, et par M. Cassin en Amé- rique, dans cette Amérique à laquelle la petite république de Libéria elle-même fournit tant d'objets précieux. Je prouvai que la région géographique de Calabar est une des mieux explorées, et je m'étendis surtout longuement, et avec complaisance, sur les belles observations de M. le Dr Pucheran, obser- vations qui l'ont conduit à ses remarquables théories sur la zoologie afri- caine. Ces renseignements, qui semblèrent intéresser l'auditoire, furent loin d'être désagréables à l'auteur du Mémoire. C'est pourquoi je n'hésite pas à les répéter ici, où elles ne sont pas déplacées comme préambule à la des- cription du nouveau genre que j'ai à faire connaître. » Il s'agit d'une nouvelle forme intermédiaire aux Turdides, aux Lanides et aux Muscicapides, auxquels elle appartient probablement, malgré son aspect robuste et son bec si peu déprimé. » Genre Moquinus, Bp. » Rostrwn brève, robustum, rectum, acutwn, basi dilatation; maxilla incurva; mandibula naviculare apice subrecurva : nares magnœ, elongatœ, pervite, basi plumulis dense tectce. Pedes longissimi, robusti, scutellati; digiti tarso triplo breviores, internus omnium brevissimus, liberus ; ungues falculœ acutissimœ , posticus robustior. Alœ longiculœ, amplissimœ , rotun- datte; remigum prima decimam œquans; secunda longitudine sextam vix superans ; tertia, quarta et quinta omnium brevissimœ. Cauda brevis, an- gusta, rectricibus duodecim mollibus, striais. » Nous nommons l'espèce typique, et jusqu'à présent la seule connue du genre, » Moquinus tandonus, Bp. Cinereo-ardesiacus ; pileo, genis, alis,scuto (i) Et à ce propos je dirai que j'ai moi-même rendu un juste hommage à M. Temmincken publiant sous ses noms beaucoup d'espèces inédites du Musée de Leyde, telle qiïjlauda clot-bey, Stria: peli, Merops forsleni et cent autres, mais que ce n'est pas une raison pour les lui attribuer toutes, plusieurs n'ayant été ni nommées ni distinguées par cet illustre ornitho- logiste, et m'appartenant sous tous les rapports. Je réclame spécialement, avec Centropus francisa, Pyteneites capitalba, et toutes les espèces suivies des lettres Bp. dans mon Con- spectus et ailleurs. (8,i ) pectorali, rostro, pedibusque nigris; lunula frontali , collare cervicale inter* rupto, gula, jugulo, linea mediana secus abdomen, ventre, crisso, ma- cula hinc inde scapulari, speculo alari, remigum primariarum basi,secun- dariarum apicibus, caudaque albis : rectricibus mediis macula pyrijormi elongata nigra. » Elle provient, dans notre petite collection particulière, d'une partie de la côte occidentale d'Afrique rarement visitée par des vaisseaux euro- péens, très-loin au sud des possessions portugaises, mais bien au nord toute- lois de l'extrême limite de la colonie du Cap. » C'est à notre collègue M. le professeur Moquin-Tandon que nous consacrons cet oiseau. Cet illustre botaniste a montré que, sans faire tort à ses études principales, un phytologuc peut exceller aussi en zoologie. Ses beaux travaux sur les animaux inférieurs ne le cèdent en rien à ceux d'es zoologistes les plus savants et les plus exclusifs; et nous lui devons même plusieurs bonnes espèces ornithologiques généralement attribuées à MM. Webb et Berthelot, Plût au ciel que tous les ornithologistes pus- sent, comme lui, s'éclairer du flambeau de l'oologie : on ne commettrait pas, en plaçant parmi les Turdiens de vrais Saxicoliens aux œufs bleus, d'erreurs aussi graves qu'en citant parmi les œuvres classiques et suran- nées de l'ancienne langue romane les productions littéraires de notre spiri- tuel ami. » En dédiant d'ailleurs ce genre animal à un des plus éminents représen- tants de la science des végétaux, nous espérons apaiser l'injuste opposition de ces botanistes de vieille roche qui voudraient réserver pour eux seuls le xlroit d'honorer un savant en donnant son nom à un genre. » Nous profitons de cette occasion pour faire remarquer qu'en remettant simultanément en Europe et en Amérique les produits de ses chasses afri- caines, M. Du Challu a donné lieu à l'établissement de plusieurs espèces nominales. Ainsi, par exemple : Barbatula challui, Cassin, ne diffère pas de Barbatula Jormosa, Verr., et a sur ce dernier la priorité tout aussi bien que Barbatula juliginosa, Cass., sur Gjmnobucco bonapartii, Verr. » Le genre Py renés tes , Sw., qui, restreint dans des limites naturelles, n'avait qu'une seule espèce, doit en contenir trois, semblables, il est vrai, par la couleur, mais différentes par la taille et par la forme du bec; et je ne comprends pas dans ce nombre Pyrenestes cucullatus, Dubus, qui est essen- tiellement différent de ces trois. Heureusement nous n'avons pas besoin de C. R , i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) (o8 [ 822 ) noms nouveaux pour distinguer les trois espèces que nous n'hésitons plus à proclamer; car Pyrenestes sanguineus, Sw., se rapporte évidemment à la plus grande, tandis que Loxia ostrina, Vieill., est indubitablement la moyenne, et Pyrenestes coccineus, Cassin, la plus petite. Cette circonstance expliquera comment on a soutenu tour à tour que l'espèce nouvelle était la petite ou la grande, suivant qu'on avait sous les yeux l'une ou l'autre de celles que l'on pouvait réputer telles. » La même chose se reproduit dans le genre américain Callirhynchus , Less. L'espèce que nous avons décrite, d'après l'exemplaire du Muséum, n'est nullement l'espèce type dont l'auteur a fait présent, je crois, à un musée de Belgique; j'en ai acquis une nouvelle preuve en étudiant les ma- nuscrits de Lesson , qui contiennent, avec le dessin original de son type, une foule d'autres figures et de renseignements précieux pour la science. Espérons que le Muséum, auquel la famille du défunt offre généreusement une préférence désintéressée, ne laissera pas fuir l'occasion d'acquérir un pareil trésor. MM. Verreaux ont décrit une troisième espèce, sous le nom de Callirhjnchus drovoni, et je joins ici la phrase caractéristique d'une quatrième, qui vient d'être déposée dans notre grand établissement natio- nal avec d'autres Fringillides non moins précieux. » Callirhynchus masesus, Bp. Majusculus; cinereo-virescens ; subtus albidus ; gula pectoreque nigris, maculis binis jugularibus albis : speculo alari albo : cauda ex toto cinerea : rostro, subtus prœsertim, albicartte. » ASTRONOMIE. — Note sur la parallaxe et le mouvement d'un nouveau bolide; par M. F. Petit. * Ce corps fut aperçu le 24 décembre i85o, vers 6h3om du soir : de Foix, par M. Berdot, maître adjoint à l'école primaire; et de Lussan (Gers), par M. Edouard Campardon, avocat. Pour l'un et pour l'autre des deux observateurs, il jeta sur la terre une clarté aussi vive que celle de la Lune au premier ou au dernier quartier. La durée de l'apparition fut également, pour tous les deux, de 5 à 6 secondes: et, avant de s'éteindre, le bolide lança des étincelles analogues à des gerbes de feu. M. Campardon le trouva sensiblement plus éclatant au commencement de l'apparition; il remar- qua, après l'extinction, une traînée persistante de lumière le long de la trajectoire parcourue; le météore lui parut deux fois plus gros au moins en diamètre que les plus belles étoiles; enfin, une minute environ après ( 8a3 ) l'extinction, il entendit une détonation sourde et tout à fait analogue à l'explosion souterraine qui serait produite par la poudre dans une carrière de pierres. » Je ne m'arrêterai pas à faire remarquer les conséquences qui peuvent se déduire des résultats que j'ai obtenus ; et, pour abréger, je me bornerai à donner aujourd'hui ces résultats sans commentaires, me réservant de reprendre plus tard, pour les discuter avec détail, les diverses conséquences auxquelles je suis successivement arrivé dans mes travaux sur les bolides ; j'ajouterai seulement que les observations de M. Berdot et de M. Cam- pardon n'ont pas eu à subir de trop fortes corrections pour devenir bien concordantes entre elles, et que, par conséquent, on peut accueillir avec une certaine confiance les résultats approchés qu'elles ont fournis. Voici ces résultats, avec les données qui leur ont servi de base : Positions des observateurs. A Foix. A Lussan. Latitude boréale = 42° 58' oo" Latitude boréale = 43° %l' 3o" Longitude occidentale.. . . = — o°43'oo" Longitude occidentale.. . . = — i°34'oo" Positions apparentes des points extrêmes de la trajectoire. i Pour M. Berdot, à Foix. Pour M. Campardon, à Lussan. Point d'apparit. I R = 328°3i'oo" Point d'apparit. I & = 23°32'oo" du bolide. . . . j dist. pol. N. = 370 10' 40" du bolide. . . ( dist. pol. N. = 72°43'oo" Point de dispar. j m. = 3o6° io'oo". Point de dispar. j m = 33° 7' 3o" ' du bolide. .'. .. j dist. pol. N. = 4l0°o'2o" du bolide. . . . ( dist. pol. N. = g4° 3p/ 10" , ,, , ..,._../ Le commencement et la fin de l'apparition Epoque de 1 appar. ten temps sider. de Pans , \ . , . ... . , ,. , rili . : v ># «;» a« ' sont un tant soit peu retardes pour lobser- le 24 décembre i85o, à oh44m 33%33 ) , _ F r <* { vateur de Lussan. Durée de l'apparition 5S, 5 Distance du bolide à la Terre au moment où M. Berdot l'aperçut de Foix io3Lil,2 Distance du bolide à Foix dans le même moment 1 i8k,l,e Position du point de la Terre au-dessus du- j Latitude boréale == 43° i5' 17" quel passait alors le bolide ) Longitude occidentale. . . = — i° 17' 48" Distance du bolide à la Terre au moment où M. Berdot cessa de le voir 5okil,g Distance du bolide à Foix dans le même moment. 70kil,2 Position du point de la Terre au-dessus du- j Latitude boréale = 4^° 1 1' 26" quel passait alors le bolide ( Longitude occidentale. . = — i° i3' 33" Distance du bolide à la Terre au moment où M . Campardon l'aperçut de Lussan. . 8p,kil>9 Distance du bolide à Lussan dans le même moment i02kil,4 108.. ( 8a4 ) Position du point de la Terre au-dessus du- ( Latitude boréale == 43° >4' 2°" quel passait alors le bolide j Longitude occidentale. . . = — i° i6'44" Distance du bolide à la Terre au moment où M. Campardon cessa de le voir. . . . 43kil>7 Distance du bolide à Lussan dans le même moment n ikil}8 Position du point de la Terre au-dessus du- i Latitude boréale = 43* 10' 55" quel passait alors le bolide . . . . ( Longitude occidentale. . . = — i° 12' 57" Position du point où la trajectoire, supposée j Latitude boréale. = 3i° 20' 56" rectiligne , vient rencontrer la Terre | Longitude orientale ....= 4- 1 ° 4' 54" Vitesse apparente du bolide , déduite de l'observation de M. Berdot à Foix glil,65o Vitesse apparente, déduite de l'observation de M. Campardon à Lussan 8k,I,5i8 Moyenne adoptée _ _ qkn 084 » Modifications qui résultent de cette vitesse moyenne pour les évalua- tions sur la durée du phénomène : A Foix 5%84 au lieu de 5',5 ( La d"rée 5%5 avait été ad°f)lée elle-même comme une A Lussan 5-,i6 au lieu de 5%5 moj*n"c /ntre ,es deux éva,uations (5 °« 6 se' \ condes) de chacun des deux observateurs. Vitesse relative, par rapport au centre de la Terre, d'après la vitesse apparente moyenne gtu, 1 27 Angle entre la vitesse relative et le rayon vecteur 1 1° 26' 3t",5 » Ce qui donnerait pour les éléments de l'orbite décrite par le bolide autour de la Terre au moment de l'apparition, abstraction faite de la résis- tance de l'air, sensiblement nulle à la hauteur (io3 kilomètres) où était le corps lumineux quand il fut aperçu par M. Berdot : Excentricité 0,9825894 Demi-grand axe 9g49k,1,4 Distance apogée ig725kll,5 Distance périgée 1 73kiI,2 Inclinaison de l'orbite sur l'équateur . . . 570 4°' 00" «. du nœud ascendant sur l'équateur. . . . 2260 2 3' 46" Instant du passage à l'apogée le 24 déc. i85o, à 5h i5m i2',3 (t. m. de Foix). Durée de la révolution = o'm,i 143612 ou 2h 44m 4°%8o2. Sens du mouvement géocentrique en M direct. » Enfin, comme, d'après M. Campardon, le diamètre du bolide égalait deux fois au moins celui des plus belles étoiles, si l'on remarque que Vénus, en conjonction, a un diamètre de 1 minute environ, et Jupiter, en opposition, un diamètre d'à peu près 5o secondes, il semblerait permis, sauf les effets de l'irradiation, d'assigner au bolide un diamètre angulaire de ( Si5 ) 2 minutes; ce qui donnerait environ 5o mètres pour le diamètre réel. Un pareil corps, tombant sur la terre, ne saurait manquer d'être remarqué. Il est vrai que celui du 24 décembre i85o aurait dû tomber, d'après sa trajectoire, très-loin de l'Europe et dans l'intérieur de l'Afrique ; mais les illusions de la vue entrent sans doute, en général, pour beaucoup dans la grosseur attribuée à quelques bolides, à moins que ces corps ne soient en partie gazeux : ce qui pourrait bien être, et ce que je discuterai, avec les détails convenables, dans une autre occasion. Pour le moment, je me bor- nerai à ajouter, en terminant, qu'il suffirait d'introduire une faible modi- fication dans la vitesse relative, d'élever par exemple cette vitesse de c/'1, 1 27 à 1 ikl1, 100 pour allonger l'orbite de manière à faire arriver le bolide d'une région du ciel où l'action du Soleil aurait été de beaucoup prépondérante sur celle de la Terre, où, par conséquent, le bolide aurait circidé, non plus autour de notre planète, mais autour du Soleil lui-même. Distrait néan- moins, depuis quelque temps, par d'autres occupations, de mes recherches sur les bolides, j'ai dû remettre à un autre moment l'étude de ce nouveau point de vue, qui paraît promettre d'avance quelques rapprochements, intéressants à plus d'un titre , avec les résultats obtenus pour d'autres bolides dont j'ai déjà fait, ou dont je ferai connaître plus tard l'histoire à l'Académie. » physiologie. — application du compteur à gaz à la mesure de la respiration; par M. Bonnet (i). a On sait que toutes les compagnies d'éclairage au gaz emploient un instrument désigné sous le nom de compteur, qui permet, à l'aide d'aiguilles marchant sur des cadrans, de reconnaître, par une inspection rapide, quelle est la quantité de gaz qui traverse un tuyau. Indépendamment de ces comp- teurs destinés à l'usage ordinaire et mesurant les litres, les décalitres et les hectolitres, etc., il en est qui ont un cadran sur lequel op peut reconnaître jusqu'au passage d'un soixantième de litre d'air. » Ces compteurs, dits à expériences, sont ceux que nous avons eu l'idée d'appliquer aux études physiologiques et médicales. » Un compteur de ce genre, convenablement rempli d'eau et muni d'un tube avec une embouchure, permet de reconnaître en un instant la quantité (1) Ces expériences ont été faites de concert avec M. Pomiès, médecin de l'Hôtel-Dieu de Lyon. ( 826 ) d'air que l'on y fait pénétrer par une série d'expirations, quelque faibles qu'elles soient. Pendant qu'on souffle dans le tube, les aiguilles marchent simultanément sur le cadran qui marque les litres et sur celui qui indique les soixantièmes de litre; elles s'arrêtent dès que cesse l'impulsion, et per- mettent de juger immédiatement de la quantité d'air qui est sortie de la poitrine. » C'est en se servant du compteur à gaz pour mesurer l'air énergique- ment expiré après une ampliation du thorax aussi complète que possible, qu'on peut le mieux reconnaître quelle est la différence que présentent, sous le rapport de la capacité pulmonaire, des individus bien portants, de taille et d'âge variés ; c'est par la même méthode qu'on peut le mieux apprécier les changements que la maladie entraîne dans l'amplitude de la poitrine. » Dans les applications que j'ai faites du compteur à gaz à l'homme sain, j'ai été conduit à reconnaître la justesse des observations d'Hutchinson sur le rapport de la capacité pidmonaire avec l'âge et la taille. D'après ces observations, traduites en mesures françaises et exprimées en nombres ronds, on peut dire que de vingt à trente-cinq ans le maximum de la capacité pulmonaire est, pour une petite taille, de 3 litres; pour une taille moyenne, de 3 { litres; pour une grande taille, de t\ litres. Si le sujet dépasse trente-cinq ans, il faut retrancher du chiffre obtenu d'après la con- sidération de la taille, autant de fois 33 millilitres que lé nombre de ses an- nées s'élève au-dessus de trente-cinq. » Soit que l'on juge de la respiration normale par un calcul de ce genre, soit qu'on l'ait mesurée préalablement dans l'état de santé, ce qui est pré- férable, on a un type pour déterminer le changement que la maladie a pro- duit dans la quantité d'air mise en circulation. » L'ensemble des mesures prises avec des gazomètres, ou avec des comp- teurs, et appréciées d'après ces principes, permet d'établir qu'il n'est pas une seule altération du poumon qui ne diminue la capacité respiratoire ; cette diminution, qui oscille ordinairement entre le tiers et les deux tiers de l'état normal, descend beaucoup plus bas quand les lésions qui ont oblitéré les vésicules sont graves et étendues; ainsi, dans la phthisie avancée, dans la pneumonie, dans le catarrhe vésiculaire et dans l'emphysème, les plus fortes expirations ne peuvent s'élever au-dessus de i litre et même def de litre. Ainsi, lorsqu'on expérimente sur une série d'individus sachant dilater et puis resserrer leur poitrine aussi complètement que possible, on peut, en tenant les yeux sur les cadrans du compteur, juger, d'après le seul mou- vement des aiguilles, quels sont ceux dont les poumons ont conservé leur (8*7) intégrité, et ceux chez lesquels des lésions pulmonaires entravent la circu- lation de l'air. » Chez ces derniers, l'abaissement de la capacité respiratoire ne permet pas sans doute de distinguer les lésions diverses dont ils sont affectés, mais il aide à juger de la gravité de la maladie et du degré auquel est conservée la fonction respiratoire. » La diminution de l'air mis en circulation fournirait aussi des éléments précieux si l'on voulait déterminer, dans l'étal morbide, la quantité d'oxy- gène absorbé et celle de vapeur d'eau et d'acide carbonique exhalés. » La spirométrie peut aussi servir à l'appréciation des méthodes théra- peutiques. C'est même dans l'intention de reconnaître la valeur d'un appa- reil de mouvement destiné à augmenter la souplesse des côtes et agrandir l'amplitude de la poitrine, que j'ai été conduit à rechercher des méthodes précises et commodes pour juger de la quantité d'air inspiré et expiré; je pense que l'exactitude et la commodité que le compteur à gaz donne à de semblables recherches engagera les cliniciens à en faire usage, et que la spirométrie, qui a été l'objet de beaux travaux en Angleterre et en Alle- magne, ne tardera pas aussi à se répandre en France. » géologie. — De l'époque géologique à laquelle on doit rapporter le dépôt des spinelles et des zircons dans les sables marins de Sauret, près de Montpellier; par M. Marcel de Serres. « Dans notre Note du 3 mars dernier nous avons établi que, d'a- près les circonstances de leur gisement, les spinelles, les zircons et les cristaux d'oxydide de fer avaient dû être déposés plutôt dans les temps géologiques que depuis l'époque historique. Nous n'avons pas cependant fixé la date de ce dépôt, aussi nous a-t-on demandé s'il était possible de la déterminer, du moins d'une matière approximative. Voici notre réponse à cette question. » Le transport de ces pierres dures ne peut avoir eu lieu à l'époque his- torique, puisqu'on les découvre aussi bien dans l'intérieur des masses de sable qu'à leur surface. Aussi, lorsqu'on a recueilli les échantillons placés à la superficie du sol, il faut en fouiller la profondeur ou attendre de grandes pluies pour en trouver de nouveaux. Si le Lez les y entraînait chaque jour, on les rencontrerait indifféremment sur les deux rives et dans d'autres loca- lités que celle de Sauret, où l'on découvre les sables tertiaires. S'il en était ( 828 ) ainsi, on se demanderait comment ces cristaux pourraient être à un niveau élevé que cette rivière n'a jamais atteint dans les temps historiques. » Les spinelles et les zircons n'ont donc pas été entraînés à Sauret par les eaux actuelles, mais ils ont été déposés en même temps que les sables, c'est- à-dire pendant les temps géologiques. Il s'agit maintenant de savoir à quelle époque on peut fixer le dépôt de ces matériaux de transport. D'après leur position et les espèces fossiles qu'ils renferment, ces matériaux appartien- nent aux formations pliocène inférieures, puisqu'ils sont immédiatement superposés sur le groupe tertiaire miocène. » Quoique les spinelles et les zircons aient été disséminés à Sauret à la même époque que les sables dans lesquels on les rencontre, ils ne s'y trou- vent que d'une manière accidentelle et n'y sont pas dans leur gîte primitif. Il faut donc chercher parmi les formations qui composent le sol de Mont- pellier, s'il n'en existerait pas où seraient disséminées les mêmes espèces minérales ou d'autres plus ou moins analogues. » Les terrains des environs de Montpellier sont formés par les groupes jurassiques néocomiens tertiaires et les formations volcaniques d'épanche- ment. Les deux premiers n'ont jamais rien offert de semblable aux cristaux dont nous cherchons à démêler l'origine. Il n'en est pas de même du groupe tertiaire; mais les zircons qui s'y trouvent y sont dans un gisement em- prunté, en sorte que l'on doit renoncer à y découvrir l'origine des espèces minérales objet de cette Note. » Les terrains volcaniques dépancbement sont les seuls où l'on puisse espérer quelque chance de succès, avec d'autant plus de raison , que ces terrains sont situés à une lieue en amont de Sauret et sur la rive droite du Lez, tandis que cette localité est sur la rive opposée. Au milieu des pé- pérines et des tufas, sortis du piton volcanique de Montferrier, on découvre des cristaux de spinelle pléonaste et d'oxydule de fer. Sans doute on n'y a pas encore aperçu des spinelles rubis ni des zircons, mais il est très-pro- bable, d'après l'existence des premiers cristaux dans les tufas, que ces roches sont aussi bien la gangue des uns et des autres, et que c'est de Montferrier qu'ils doivent provenir. Il est donc présumable que de nouvelles recherches feront découvrir les mêmes espèces minérales dans les différentes forma- tions volcaniques d'épanchement des environs de Montpellier, dont le nombre s'élève déjà à quatre. » Les terrains volcaniques sont donc le véritable gisement des spinelles et des zircons; il s'agit seulement de savoir à quelle époque ils ont éjecté au ( 8*9) dehors les matériaux dans lesquels on les découvre. Cette époque est évi- demment postérieure aux dépôts d'eau douce anenthalassiques ou éocène supérieurs, puisqu'ils les ont soulevés et traversés complètement. Or ces dépôts lacustres sont antérieurs aux sables marins de Sauret, puisque ceux- ci contiennent des minéraux qui proviennent des terrains d'épanchement et que, d'après l'ensemble de leurs caractères, ils appartiennent aux forma- tions pliocène. » C'est donc entre le soulèvement des masses d'eau douce et le dépôt des sables marins de Sauret que les cristaux de spinelle, de zircon et d'oxydule de fer ont été entraînés avec ces sables, c'est-à-dire entre les formations éocène supérieures et les formations pliocène inférieures. » M. Vicat fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du nouvel ou- vrage qu'il vient de publier sur Ja composition et l'emploi des mortiers, ciments et silicates de chaux grasse et pouzzolanes, tant en eau douce qu'en eau de mer. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour le grand prix des Sciences physiques (proposé pour i85o, puis pour i853, enfin pour i856), question concernant les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédimentaires, suivant leur ordre de superposition. MM. Élie de Beaumont, Flourens, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Bron- gniart et Milne-Edwards réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission chargée de l'examen des pièces de concours pour le grand prix des Sciences physiques (proposé en 1 854 pour 1 856), ques- tion concernant les métamorphoses et la reproduction des Infusoires pro- prement dits. (Commissaires, MM. Milne-Edwards, Flourens, de Quatrefages, Duméril, Valenciennes.) C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 18.) I<>9 ( 83o ) MÉMOIRES LUS. BOTANIQUE. — Fragments de géographie botanique du Chili; par M. Claude Gay. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Si la manière d'envisager la géographie botanique en grandes régions est admissible, aucun pays n'est plus propre à le faire comprendre que le Chili. Parfaitement limité par des barrières infranchissables, au nord par le vaste désert d'Atacama, au sud et à l'ouest par l'océan Pacifique, et à l'est par ces grandes Cordillères qui le parcourent dans toute sa longueur, et dont les pics s'élèvent à des hauteurs telles, que celui d'Aconcagua dépasse de plus de i5oo mètres le Chimborazo , ce pays se présente dans une con- dition tout à fait exceptionnelle pour donnera l'ensemble de ses productions naturelles ce caractère spécial que l'on ne rencontre ordinairement que dans certaines îles. La végétation surtout offre cela de particulier qu'elle s'y trouve représentée par plusieurs familles et par une foule de genres que l'on n'a pas encore trouvés ailleurs, ou qui y offrent un si grand nombre d'espèces particulières, que l'on peut sans crainte les considérer comme placés dans leur véritable centre de création. » Ce qui donne encore à ce pays un caractère tout spécial, c'est la com- plication que présentent certains phénomènes physiques, de manière quel- quefois à porter atteinte ou du moins à contrarier les lois établies depuis longtemps par les physiciens. Ainsi les variations diurnes de l'aiguille ai- mantée signalent constamment un troisième mouvement dans leur marche; le baromètre accuse les plus grandes hauteurs du mercure dans les temps des pluies; beaucoup de reptiles Lacertiens et Batraciens sont vivipares; des Invertébrés toujours aquatiques, tels que des Planaires, des Sangsues même, sont terrestres; enfin une foule d'autres phénomènes de grande importance se passent journellement dans cette région, de manière à pou- voir y étudier simultanément les questions les plus importantes de cette force vitale qui anime notre planète et qui constitue la science de la géogra- phie physique ou physiologie du globe. » Ayant mené de front l'étude de la botanique et celle de la météoro- logie, j'ai pu aborder quelques-unes de ces questions. Dans ce premier Mé- moire, je me borne à parler de la physionomie du Chili, en tant que cette (83i ) physionomie tient son caractère de l'ensemble de sa végétation. Sous ce point de vue, je le divise en trois grandes subrégions, qui comprennent le nord ou la zone des Légumineuses et des Cactées, le centre ou la zone des Com- posées et surtout des Composées labiatiflores arborescentes, et le sud ou la région des Protéacées, des Conifères et des Bambusacées. » Dans le nord, où les pluies sont très-rares et qui dans certaines loca- lités n'arrivent même que tous les trois ou quatre ans, la végétation est faible dans son ensemble, robuste dans ses détails. Le principe de vie qui l'entretient varie suivant les lieux ; sur la côte, c'est l'eau réduite en parti- cules très-minimes que les vents enlèvent à la mer, et dans l'intérieur, c'est une simple rosée flrovenant de ses épais brouillards qui couvrent les terrains enclavés entre la mer et les Cordillères. Dans le premier cas, les plantes sont très-souvent sociales et impriment leur caractère à la côte; dans le second cas, ces plantes sont, au contraire, très-dispersées et occupent une aire de très-faible étendue. Comme le printemps est très-court, les Amaryllidées, Iridées , Dioscorées y croissent avec une rapidité telle, que trois ou quatre semaines suffisent pour leur faire parcourir toutes leurs phases de végéta- tion. Ainsi la nature obtient le même but, en employant les mêmes moyens dans des climats entièrement opposés ; au nord, elle hâte la végétation et la maturité des graines pour leur faire éviter les excès du froid et de l'humi- dité, et dans les déserts, elle opère de même pour éviter les excès de cha- leur et de sécheresse. » Après avoir donné quelques détails sur cette contrée, montré les Cactus qui y arrivent jusqu'à la région des neiges perpétuelles, signalé peu d'arbres qui y croissent, et en si petite quantité, qu'on pourrait craindre leur en- tière disparition, comme cela est déjà arrivé pour le sandal, je passe à la seconde région, à laquelle on ne trouve aucun caractère de végétation bien prononcé. Malgré quelques formes assez singulières et même malgré la présence d'un palmier, le paysage s'y ressent de ce mélange et de ce vague que l'on trouve dans tout ce qui dans la nature sert de passage d'une forme à l'autre. Cependant les hautes sommités des Cordillères nous offrent un type de végétation assez particulier. Par suite d'un ciel extrê- mement pur, sec et toujours sans nuages, et de la grande force du rayon- nement nocturne, les journées y sont très-chaudes et les nuits très-froides. Ces deux causes superposées, jointes à l'action incessante de ces grandes rafales que les gens du pays appellent tempêtes de vent, et qui agissent si puissamment sur l'évaporation des parties aqueuses que les feuilles, etc., sécrètent, ont produit sur ces végétaux un singulier effet : au lieu de cette 109 A ( 83a ) élégance de forme qu'on leur connaît, ils ne présentent plus que des masses compactes, plus ou moins étendues en larges tapis composés de feuilles petites, roides, au milieu desquelles se trouvent une grande quan- tité de fleurs souvent bleuâtres et le plus souvent d'une vive couleur, à cause de la grande intensité de la lumière à ces hauteurs. Toutes les plantes qui façonnent ces tapis sont ligneuses et cachent leurs tiges fortes et tor- tueuses sous une épaisse couche de terre. *> La troisième subrégion botanique du Chili nous montre la végéta- tion arrivant à son plus haut degré de luxe. Des forêts vierges, chargées non pas d'Orchidées épiphytes, comme quelques voyageurs l'ont avancé , mais de Broméliacées, Gesnériacées, de Lepidoceras, Mjrsodcftdrum, etc., cou- vrent une grande partie de ces contrées, et donnent lieu à un paysage un peu monotone dans sa forme, mais assez varié dans sa composition. D'après les arbres qu'on y trouve, je comparerais volontiers cette végétation à celle de l'Australie. On y trouverait aussi un certain air de parenté avec les forêts des tropiques, non-seulement par la similitude de plusieurs familles, mais encore par la variété des espèces botaniques; car les genres y sont assez nombreux, et les individus en général peu groupés: sauf le Myrtus slipu- Inris, qui forme, à Chiloé, des massifs impénétrables appelés Trepuales par les gens du pays, je ne pourrais pas citer dans ces forêts un véritable arbre social. «Après quelques considérations sur la végétation des llanos et des pampas, sur la formation des chivines ou îles flottantes, j'appelle, eu terminant mon Mémoire, l'attention sur la lutte des forêts avec les plaines des Graminées et sur l'influence de la civilisation qui favorise l'envahissement des premiers. L'homme, en effet, intervient puissamment dans cette lutte, qui existe tout aussi bien entre les végétaux qu'entre les animaux. Poussé par son inctinct de civilisation, il change à son bénéfice la constitution primitive du pays qu'il habite, modifie son climat, y introduit de nouveaux végétaux, en fait dispa- raître d'autres, et prépare ainsi aux botanistes futurs une physionomie tout à fait étrangère à celle que la nature lui avait donnée. Il est donc de la plusgrandeutilité que des botanistes voyageurs aillent étudier ces pays loin- tains encore peufréquentés, et où l'ouvragedu Créateur se trouve encore dans toute sa pureté. Des questions de la plus grande importance sur la dissémi- nation des espèces végétales, sur les centres de création qu'elles ont pu occuper, et sur une infinité d'autres faits d'un intérêt immense, sont dignes d'occuper l'attention des botanistes, et de leur faire étudier la science aussi bien dans l'ensemble des phénomènes qui font connaître leurs rapports que ( 833 ) dans les détails qui, en définitive, viennent presque toujours y aboutir; mais, autant que possible, on doit se hâter d'aller étudier ces contrées, encore à l'abri de toute civilisation. Quoique l'Araucanie, connue depuis trois siècles, soit restée, presque toujours à l'état d'indépendance, cependant Je voisinage seul de l'homme a suffi pour exercer le plus grand ravage dans la nature et la physionomie de quelques-unes de ses forêts. Le pommier, introduit, en 1 579, sur les frontières de cette nation, a trouvé dans son terrain et son climat une condition d'existence si favorable, qu'il s'y est propagé de manière à former des bois immenses qui envahissent de plus en plus cette contrée et semblent vouloir subjuguer les véritables hôtes de ces forêts et les supplanter. Vers le centre de l'Amérique méridionale, chez les Indiens Chuntaquiros, Paucartambinos, visités jadis par des Mission- naires, ce sont des bois d'orangers et de citronniers que j'ai vu remplir le même rôle. Ainsi, en tout temps et en tout lieu, l'influence de l'homme civilisé sur la nature des pays est aussi puissante que permanente, et il est à désirer que des travaux, non de grands voyages, mais limités à certaines régions, soient au plus tôt entrepris par des botanistes et des physiciens. « physiologie végétale. — Deuxième série d'observations sur la direction descendante de certaines tiges. — Bulbes descendants du Muscari comosum , de Z'Agraphis nutans et de fA. campanulata; par M. E. Germain de Saint-Pierue. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) » Dans la première partie de ce travail , j'ai fait connaître le mode de végétation particulier à certaines tiges dont l'axe constitue alternativement une tige aérienne ascendante et vine tige souterraine descendante , c'est-à- dire dont le bourgeon terminal indéfini s'accroît, pendant une saison, selon la direction ascendante (qui appartient à la plupart des tiges), et, pendant une saison suivante, s'accroît dans le sens vertical descendant (le bourgeon terminal pénétrant alors dans le sol et s'y enfonçant directement à la manière des racines). Ces observations m'ont conduit à des observations analogues chez les organes ou appareils souterrains que je considère comme de nature semi-axile et semi-foliaire, et que j 'ai désignés sous le nom d'appareils axilo- ou axo-foliaires. Dans un même genre de plantes bulbeuses, j'ai remarqué que les bulbes de certaines espèces vivent et se reproduisent à une très-faible pro- fondeur dans le sol ou presque à sa surface, et que les bulbes appartenant à d'autres espèces se trouvent dans le sol à une profondeur d'autant plus grande ( 834) qu'ils sont plus âgés. Tels sont les bulbes chez diverses espèces du genre Mus- cari; les bulbes du M. racemosum végètent à quelques centimètres de pro- fondeur seulement, et sont amenés à la surface du sol par le plus léger labour, tandis que les bulbes du M. comosum se trouvent, lorsqu'ils sont âgés de plusieurs années, à une profondeur de plusieurs décimètres. En examinant l'état des bulbes adultes du M. comosum dans les différentes saisons de l'année et en les comparant aux bulbes du M. racemosum, je tentai d'abord vaine- ment de saisir le mécanisme naturel à l'aide duquel ce bulbe pénètre à une si grande profondeur ; en effet, je voyais chez le M. comosum comme chez le M. racemosum, la base du rhizome court, que l'on désigne sous le nom de plateau, se détruire par sa base à mesure qu'il s'accroissait par son sommet, et ce mode d'accroissement de l'axe devait, en se prolongeant indéfiniment, tendre également chez les deux espèces à amener la plante à la surface du sol, et non à l'y faire pénétrer plus profondément. Pensant que là cause organographique de la profondeur si différente à laquelle pénètrent les bulbes de ces deux espèces devait être mise en évidence par l'étude suivie des divers modes de végétation de ces plantes, depuis l'époque de la ger- mination jusqu'à l'état adulte, je semai dans des vases de verre des graines de Muscari comosum que je plaçai en contact avec les parois transparentes du vase et presque à la surface de la terre , et j'observai leur germination. Cette germination ne présente aucune différence sensible avec celle de la plupart des autres Liliacées bulbeuses ; la feuille cotylédonaire de l'embryon, en s'allongeant, éleva le tégument' de la graine au-dessus du sol et fit péné- trer le collet, ou nœud vital de la plante, un peu au-dessous du niveau au- quel la graine avait été placée. Un peu plus tard, la base de la feuille co- tylédonaire, et le bourgeon ou gemmule situé à sa base, se renflèrent en un jeune bulbe ovoïde qui resta stationnaire jusqu'à la fin de l'automne. Une seconde phase de végétation se manifesta alors, ainsi que cela a lieu chez la plupart des tiges souterraines, et je vis les tuniques du bulbe s'allonger au niveau de leur base, tandis que la partie supérieure de ces tuniques n'é- prouvait aucune modification. Il était résulté de ce mode d'accroissement que le sommet du bulbe et même le bulbe entier, moins sa base, était resté à la même place, tandis que la base du bulbe s'était enfoncée dans le sol à une profondeur égale à la longueur dont le bulbe s'était accru. Le bulbe primitivement ovoïde prit en s'allongeant l'aspect d'un cylindre plus ou moins renflé vers ses deux extrémités : le renflement supérieur, moins saillant, correspondait à la partie primitive et stationnaire du bulbe, et le renflement inférieur, plus volumineux, était le résultat de son accroisse- ( 835 )' ment de haut en bas. Pendant l'année suivante, les tuniques extérieures, et notamment la partie supérieure du bulbe constitué par leur sommet, se détruisirent, mais les tuniques sous-jacentes s'accroissant à la manière des précédentes, le plateau du bulbe se trouva situé à une plus grande, pro- fondeur que pendant la période antérieure. Le mécanisme de ce trans- port de l'axe de la plante à une profondeur de plus en plus considérable consistait donc dans l'élongation de la base des feuilles charnues du bulbe. Je remarquai cependant qu'à mesure que le bulbe devient plus volu- mineux et passe à l'état adulte, c'est-à-dire devient apte à produire une tige florifère, l'accroissement basilaire des tuniques est de moins en moins con- sidérable, et que lorsque le bidbe est parvenu à une certaine profondeur qui paraît ne pas devoir être dépassée, l'accroissement de haut en bas cesse de se manifester, et le bulbe ( par la destruction de sa partie supérieure) prend et conserve indéfiniment une forme ovoïde ou globuleuse-subconique. J'ajouterai que le M. rricemosum, qui végète presque à la surface du sol, produit chaque année un nombre considérable de bourgeons axillaires bulbeux ou caïeux, qui multiplient la plante, tandis que le M. comosum, qui végète à une grande profondeur, m'a paru en produire un petit nombre et être d'autant moins apte à en produire qu'il est enfoncé plus profondé- ment dans la terre ; la plante se multiplie alors presque exclusivement par graines. » L' Agraphis nutans m'a offert le même mode de végétation que le Muscari comosum ; les jeunes bulbes, par suite de l'élongation et du gros- sissement de leur partie basilaire, présentent, à une certaine période de leur développement, la forme d'une massue fort allongée : la partie supérieure conserve la forme du bulbe primordial et n'est constituée que par des tuni- ques vides à ce niveau, tandis que la partie inférieure, plus volumineuse et terminée par le plateau, renferme le bourgeon qui doit plus tard produire la tige florifère. » Chez un autre Agraphis, VA. patula, les caïeux ou jeunes bulbes se trouvent plus ou moins au-dessus du niveau de la base du bulbe mère, et lorsqu'ils ont pris un certain accroissement, ils se rencontrent à la même profondeur; l'étude suivie du bulbe de cet Agraphis m'a donné l'explica- tion de ce double phénomène. Les tuniques du bulbe mère sont soudées entre elles dans une certaine étendue au-dessus de leur base, et les caïeux ou jeunes bulbes, au lieu de naître à l'aisselle normale de ces tuniques, nais- sent au point où ces tuniques cessent d'être soudées, point qui constitue une fausse aisselle; les tuniques externes du bulbe mère se détruisant ensuite, • (886 ) les caïeux devenus libres se trouvent échelonnés à des hauteurs différentes au-dessus de la base du bulbe mère; plus tard, en raison de l'accroissement de la base de leurs tuniques, les jeunes bulbes sont entraînés dans le sol à une profondeur qui est à peu près celle de la base du bulbe mère. » Ces mêmes phénomènes sont encore bien plus évidents chez une autre plante qui appartient au même genre : YJgraphis campanulata; son bulbe, dont la forme exceptionnelle était à peine signalée et dont le mode de végé- tation n'était pas connu, se présente, pendant une certaine période de l'année, sous la forme ovoïde, et, pendant une autre période, sous la forme d'un rhizome flexueux et allongé. Si l'on retire de terre le bulbe de Y A. campanulata dans le courant du mois d'avril, il se présente sous la forme d'un longrhizome, émettant, sur différents points desalongueur, des feuilles à sa face supérieure, et des racines à sa face inférieure. Une section longitu- dinale de cette production souterraine en dévoile la structure ; le rhizome est formé des tuniques, excessivement accrues en longueur, du bulbe flo- rifère de l'année précédente, et à divers niveaux (à des points qui corres- pondent aux fausses aisselles, résultats de la soudure des tuniques) se sont développés des jeunes bulbes dont le bourgeon a déchiré les parois du bulbe mère (où il était renfermé comme dans une gaîne) pour se faire jour au dehors, tandis que, d'autre part, les racines de ces jeunes bulbes ont perforé ces mêmes parois pour pénétrer dans le sol. Ces jeunes bulbes sont ovoïdes, les plus volumineux produisent une tige florifère, les moins gros ne pro- duisent que des feuilles et ne deviennent florifères que l'année suivante. Les jeunes bulbes devenus libres par la destruction du bulbe mère qui les ren- fermait, changent assez rapidement de forme, leurs tuniques s'allongent dans toute leur étendue, et ils revêtent l'apparence d'un rhizome cylindri- que plus ou moins flexueux. Une section longitudinale met alors en évidence la soudure des tuniques entre elles. Cette soudure a lieu dans une étendue d'autant plus grande que les tuniques sont plus extérieures , et l'on peut constater que l'insertion des bourgeons (bulbes ou caïeux pour l'année sui- vante) existe au niveau des fausses aisselles qui sont le résultat de la soudure des tuniques entre elles. Le bulbe rhizomorphe reste ensuite stationnaire de juillet en décembre; à cette époque les bourgeons des jeunes bulbes com- mencent à se faire jour à travers les parois du bulbe devenu bulbe mère. Il résulte de* l'élongation de ce bulbe, et de la production de ses caïeux à diverses hauteurs, que les bulbes de Y A graphis campanulata habitent à un niveau variable, mais jamais ni trop superficiel ni trop profond, et qu'd s'établit pour les années qui se succèdent un parfait équilibre. » (837) M. Germain de Saint-Pierre fait hommage à l'Académie des deux pre- mières livraisons d'un ouvrage qu'il publie sous le titre d! Archives de biologie végétale, ouvrage dans lequel il a consigné ses observations sur le développement des organes souterrains des plantes. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. Un Mémoire destiné au concours pour le grand prix des Sciences mathé- matiques, question concernant le dernier théorème de Fermât, est adressé avec une Lettre dans laquelle l'auteur fait connaître les causes, indépen- dantes de sa volonté, qui ont empêché que ce travail, depuis longtemps terminé, ne fût présenté avant la clôture du concours. Le Mémoire, qui porte pour épigraphe Hoc erat in votis, est réservé pour la future Commission qui jugera si, malgré la date tardive de sa présenta- tion, 11 peut encore être admis. M. Marie, professeur de mathématiques au collège de Saint-Dizier (Haute- Marne), annonce qu'il vient de terminer un travail sur la même question et exprime le désir que son Mémoire, quoique non compris parmi les pièces admises à concourir, soit soumis à l'examen de la Commission appelée à juger le concours. M. Marie sera invité à envoyer son manuscrit, qui sera soumis, comme il le demande, à l'examen de la Commission chargée de décerner le prix. anatomie végétale. — De la cuticule à l'intérieur des végétaux ; . par M. A. Tréccl. ( Extrait. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Une des questions qui ont le moins préoccupé les anatomistes et qui méritait cependant de fixer leur attention, est celle qui consiste à savoir si la cuticule, existant au travers des stomates, se prolonge ensuite dans les méats intercellulaires et dans les lacunes. Le silence des botanistes à cet égard, après le jugement porté par M. H. Mohl, m'engage à penser que cette idée fut unanimement rejetée. Le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie a pour objet de prouver qu'il existe à l'intérieur de beaucoup de végétaux une cuticule analogue à celle qui est à l'extérieur. C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N» 18.) ! IO ( 838 ) » Déjà, dans son cinquième Mémoire sur le développement des végétaux présenté à l'Académie en 1840, M. Payen a dit que la cuticule pénètre dans toute la profondeur de l'ouverture des stomates; il a trouvé aussi, dans le Cactus peruvianus , une membrane qui a les propriétés de la cuticule qui est continue avec elle, mais plus mince, et qui traverse, sous la forme d'un manchon, 1'épiderme épais de cette plante. En 1842, G. Gasparrini crut voir dans cette pellicule placée au-dessous des stomates un organe vésicu- laire particulier, composé d'une membrane et de fibres délicates qui forme- raient un sphincter auprès de ces stomates; il le nomma cistome. » Depuis 1842, M. Hartig prétend que la cuticule est toujours composée de trois membranes; que la membrane interne, dans diverses plantes, se replie plus ou moins profondément dans le tissu cellulaire, et qu'elle s'étend dans les méats sous la forme de vaisseaux intercellulaires. M. Hartig semble deviner les phénomènes plutôt qu'il ne les voit, car ses exemples sont presque toujours mal choisis; c'est pourquoi M. Mohl ne put vérifier ses observations en i845, mais il confirma celles de M. Payen. Il vit de plus que, da«s les feuilles des Hellebortis niger, viridis, de YEuphorbia caput Medusœ, du Betula alba et de Y Asphodelus luteus, la cuticule, après avoir traversé les stomates, se prolonge à la face inférieure de l'épiderme sous la forme d'une membrane interrompue par les cellules du parenchyme, de manière que l'épiderme de ces plantes est revêtu à ses deux faces par une cuticule. M. H. Mohl se prononce nettement contre l'opinion de M. Hartig sur l'exis- tence de la, cuticule dans les méats intercellulaires. Je n'admets pas la théorie de M. Hartig, mais je pense comme lui que dans les méats de plantes nombreuses, que même dans les lacunes de beaucoup de végétaux, il y a une cuticule qui a tout l'aspect de la cuticule externe. En 1848, M. Lind- ley [Introduction to Botanj) cita les observations de M. Mohl et dit n'avoir pu vérifier celles de M. Hartig. M. Schacht, dans son Die Pflanzen- zelle (p. a3i), dit seulement que « les cellules de la fermeture des stomates aussi bien que les cellules de la cavité respiratoire sont dans la plupart des cas garnies d'une très-mince continuation de la vraie cuticule. » » J'ai constaté aussi ce phénomène dans un grand nombre de plantes, et j'ai remarqué, comme M. Mohl, que cette sorte de prolongement de la cuticule ne s'étend pas chez toutes les plantes à la même profondeur. Chez quelques-unes il ne dépasse pas les cellules des stomates ; chez d'autres, il s'arrête dans la cavité respiratoire à la jonction des cellules de l'épiderme avec celles du parenchyme {Aloe nigricans, Buxus sempervirens , Tradescantia fuscata, Eremurus spectabUis, Amaryllis Belladona, etc.) J'ai vu aussi (83g) dans les plantes que cite M. Mohl, et dans les Helleborus fœtidus , orientalis, odorus, purpurascens , Ruta graveolens, divaricata, Asphodelus tauricus, ramosus, etc., une cuticule fort mince à la face interne de 1'épiderme. J'ai observé en outre des faits importants que ce savant n'a point aperçus : c'est i° qu'il est des végétaux dans lesquels cette cuticule interne forme une membrane parfaitement continue, ou rarement interrompue, sous les cel- lules du parenchyme (vieilles feuilles du Ruta graveole?is , divaricata, de Y Helleborus jbetidus); que dans d'autres végétaux cette pellicule continue, et visible avant l'emploi de l'iode et de l'acide sulfurique, ne se colore en jaune ou en brun que vis-à-vis les méats intercellulaires; que dans Y Iris germanica cette pellicule subépidermique jaunit seulement dans les parties contiguës aux cavités respiratoires, qu'elle bleuit et se dissout sur les autres points. » Dans beaucoup d'autres cas, la cuticule, au lieu de revêtir la face interne de 1'épiderme, tapisse la cavité respiratoire; mais alors la partie de la cuticule, en contact avec les cellules épidermiques qui bordent cette cavité près du stomate, jaunit seule sous l'influence de l'iode et de l'acide sulfurique; la partie qui couvre les cellules du parenchyme, au contraire, bleuit ( Kleinia neriifolia, Pleurothallis racemiflora, cochleata, Phjsosiphon Loddigesii, V anilla planifolia , Cereus peruvianus, etc. )Vour bien apprécier ces faits, il faut employer l'acide avec précaution, et bien constater, avant son emploi, que la pellicule est parfaitement continue au pourtour de la cavité à partir du stomate. Si l'on se sert d'acide trop concentré, la membrane con- tiguë au parenchyme se dissout; celle qui touche l'épiderme persiste seule et jaunit ou brunit. Quand, au contraire, on fait usage d'acide un peu dilué, mais trop énergique encore, la membrane qui est voisine de l'épiderme, et qui a jauni ou bruni, est séparée de celle qui couvre le parenchyme et qui est devenue bleue ou restée incolore; on voit alors que la première, celle qui a pris la couleur jaune et brune, s'amincit graduellement dans le voisi- nage de sa séparation d'avec la partie bleuie qui revêt le parenchyme; mais si on emploie de l'acide à un degré de concentration convenable, la continuité de ces parties jaune et bleue de la pellicule devient tout aussi évidente qu'elle le paraissait avant l'addition des réactifs. Par des observations mul- tipliées, et l'examen des divers exemples cités précédemment, on s'assure que la membrane jaunissante est une partie de la membrane qui bleuit, modifiée de manière à pouvoir résister à l'action dissolvante de l'acide sulfurique. Ce changement s'effectue à partir du stomate et paraît com- mencer par la surface en contact avec l'air; aussi, dans beaucoup de 1 10.. ( 84o ) ■ cas, peut-on s'apercevoir que toute l'épaisseur de la membrane n'est pas modifiée. La partie qui ne l'est pas étant dissoute par l'acide sulfurique, celle qui résiste à cet acide est amincie dans les endroits où elle n'est pas modifiée dans toute son épaisseur. La manière dont s'opère cette modifica- tion de la membrane semble accuser une influence de l'air, mais cet agent n'agit pas seul, car, s'il en était ainsi, la membrane, partout où elle existe au contact de l'air, perdrait la faculté de bleuir, tandis que dans un grand nombre de plantes cela n'arrive que dans le voisinage de l'épidémie. C'est pour avoir employé de l'acide trop concentré que les anatomistes que j'ai cités n'ont trouvé la membrane dont il s'agit que près des cellules épider- miques. Cependant une membrane qui a tous les caractères de la cuticule couvre l'intérieur des lacunes et des méats intercellulaires de beaucoup d'autres végétaux ; mais cette cuticule interne reste fréquemment incolore après l'action de l'iode et de l'acide sulfurique, de même que beaucoup de cuticules externes très-jeunes. Il y en a aussi qui bleuissent comme la très- jeune cuticule externe du Pistia. Dans Y Iris spectabilis la pellicule qui tra- verse le stomate, et que les auteurs qui ont étudié cette question s'accordent à considérer comme la continuation de la cuticule, dans Y Iris spectabilis, dis-je, cette pellicule ne brunit ni ne jaunit ; elle demeure incolore et se dissout dans l'acide sulfurique concentré, tandis que la cuticide externe seule brunit et ne se dissout pas; la couleur brune s'arrête donc à l'ou- verture externe du stomate. D'un autre côté, nous avons vu que dans les Ruta graveolens, divaricata, Hellehorus fœtidus , etc . , il existe une cuti- cule sur toute la face interne de l'épiderme des feuilles âgées, que dans YAs- phodelus rantosus, luteus, etc., cette cuticule n'existe qu'au fond des méats intercellulaires ; dans les HeUeborus orientalis, odorus, les cavités respiratoires sont entourées par une cuticule qui jaunit. Or ces cavités sont des lacunes ordinaires auxquelles aboutissent les méats intercellu- laires et par eux les autres lacunes. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait une cuticule semblable dans les méats et les lacunes de certaines plantes. Je n'en citerai dans ce résumé que quelques exemples des plus remarquables, afin qu'aucune contestation ne puisse avoir lieu. Que l'on compare avec la cuticule externe, par exemple, la cuticule interne qui tapisse les lacunes du pétiole du Nymphœa alba, du Nuphar lutea, celles des tiges de YHippu- ris vulgaris, du Menjanthes trifoliata, du Ceratophyllum demersum, etc., on demeurera convaincu de leur similitude, soit qu'on les examine avant ou après l'emploi de l'iode et de l'acide sulfurique. Dans les lacunes des jeunes et des vieilles tiges de YHippuris, on trouvera sous la cuticule, entre ( 84i ) elle et la membrane cellulaire, une couche de cellulose fréquemment épaisse ; elle est assez mince dans le Nymphœa alba et dans le Nuphar lutea, mais elle se gonfle considérablement par l'action de l'acide sulfurique, qu'il ne faut pas ajouter trop concentré pour mieux observer les rapports des diverses parties. Parmi les plantes exotiques que j'ai examinées, le Lymnanthemum Humboldt'd, le Nymphœa stellata, etc., sont aussi des exemples assez favorables à l'observation de la cuticule interne. Le seul caractère par lequel elle diffère de la cuticule externe, c'est qu'elle est plus altérable que cette dernière par l'acide sulfurique concentré; elle se colore aussi moins souvent en brun lorsqu'on la traite par l'iode et par cet acide. Elle participe en cela des propriétés des cuticules externes très-jeunes. Du reste, son origine est la même; elle résulte du dédoublement de la paroi externe de chaque cellule adjacente à la lacune. » Si l'on examine, sous un grossissement de 4oo diamètres, les méats du pétiole du Nymphœa alba, etc., et des coupes transversales d'une multitude d'autres plantes même ligneuses, on les trouvera garnis d'une membrane semblable qui doit probablement être rapportée à la cuticule interne. Je n'ai pas suffisamment étudié son origine pour avoir une certitude parfaite en ce qui la concerne. » physiologie végétale. — Recherches expérimentales sur le pouvoir d'ab- sorption, par rapport à ïeau, des racines des plantes aériennes ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) • Les recherches anatomiques auxquelles je me livre depuis longtemps n'ont pas seulement pour objet l'analomie considérée en elle-même et dans ses applications à la classification végétale ou à l'histoire des plantes fossiles, elles doivent aussi, dans ma pensée, servir de point de départ et de fil conducteur à des recherches expérimentales destinées à étendre nos connaissances en physiologie. » Je viens soumettre à l'Académie des Sciences les premiers résultats des expériences que j'ai entreprises pour déterminer les fonctions des racines des plantes épiphytes ou aériennes; De ces expériences, qui ont pour but l'appréciation du rôle de l'eau, des vapeurs et des gaz, je n'exposerai au- jourd'hui que celles touchant le premier point. » L'anatomie m'ayant appris, d'une part, que les racines des plantes aériennes ont une organisation très-différente suivant qu'elles se développent ( 84* ) au milieu de l'atmosphère ou au sein de la terre (ou de masses de mousse humide) ; d'autre part, que les racines placées dans l'atmosphère diffèrent, suivant les espèces, par la présence (ce qui est l'état le plus commun) ou par l'absence d'une enveloppe spongieuse (vue par Dutrochet, Linck, Meyen, Schleiden, Richard, etc.) à leur surface, je me suis proposé de déterminer tout d'abord quelle influence ont sur les fonctions des racines, par rapport à l'eau, le milieu dans lequel se développent celles-ci et la nature de leur enveloppe. » Se sont ensuite présentées, à mesure que j'avançais dans l'analyse du problème posé, les questions suivantes, que je me suis efforcé de résoudre : » L'enveloppe spongieuse sert-elle directement ou indirectement à l'ab- sorption ? » Les extrémités vertes des racines aériennes, vulgairement désignées sous le nom de spongioles (terme bien impropre, puisqu'elles sont toujours pri- vées d'enveloppe spongieuse), absorbent-elles l'eau? » Quels sont les pouvoirs d'imbibition et de transpiration de l'enveloppe spongieuse ? » Dans toutes les expériences, je me suis servi, pour y engager les racines et mesurer l'absorption, de tubes semblables dans lesquels chaque milli- mètre de hauteur répondait sensiblement à ogr,5 d'eau. Quelquefois j'ai laissé ouverts les tubes où plongeaient des racines, mais avec la précaution de placer à côté d'eux, pour faire la part de l'évaporation dans le résultat général, d'autres tubes à blanc ou tubes-témoins , ne contenant que de l'eau ; plus souvent j'ai fermé les tubes avec un bouchon percé et bien luté à la cire molle. » De mes expériences multiples, mais en général concordantes, je ne rapporterai ici qu'un petit nombre, qu'on peut regarder comme représen- tant les moyennes des observations; sur plusieurs points même je me contenterai d'énoncer les résultats. « A. Expériences ayant pour objet de déterminer comparativement, chez les plantes épiphjtes, le pouvoir d 'absorption des racines Jlottant dans Vair et des racines engagées dans la terre ou dans la mousse. » Sur un même pied de Vanille {Fanilla planijolid) étaient des racines, les unes pendantes dans l'atmosphère, les autres développées dans la terre de bruyère : celles-là n'ont absorbé, en vingt-quatre heures, que a milli- mètres d'eau; celles-ci en ont, au contraire, absorbé 60 millimètres. Dans une autre expérience, faite sur la même plante, mais à une époque de plus active végétation, l'absorption par la racine terrestre a été de 100 milli- I 8/,3 ) mètres; celle par la racine aérienne, de 3 millimètres seulement. Enfin une racine de Vanille, d'abord formée dans l'air, ensuite peu à peu engagée dans le sol, où elle n'avait qu'en partie perdu sa couleur verte, etc., absorbait 55 millimètres d'eau pendant que la racine franchement terrestre en absor- bait 1 10 millimètres. » Un pied de Sarcanthus paniculatus avait des racines, les unes dans l'air, les autres dans la mousse humide et dans la terre ; en vingt-quatre heures, les racines dans l'air ont absorbé 3 millimètres ; les racines dans la mousse, 65 millimètres; les racines dans la terre, io3 millimètres. » Les résultats, bien nets, de ces premières expériences sont : n Que le pouvoir d'absorption, par rapport à l'eau, des racines des plantes aériennes varie, comme leur organisation, avec le milieu dans le- quel elles.se développent; » Que le pouvoir d'absorption des racines venues dans la terre est con- sidérable ; » Que le pouvoir d'absorption des racines aériennes est faible ; » Que le pouvoir d'absorption des racines, incomplètement aériennes et incomplètement terrestres, répond à la nature mixte de ces organes. » B. Expériences ayant pour objet de mesurer comparativement le pou- voir d absorption des racines aériennes pourvues d'enveloppe spongieuse et des racines, aussi aériennes, mais privées de cette enveloppe. » Il résulte des expériences faites sur des Rodriguezia, Oncidium, Va- nilla, etc., que ce pouvoir ne diffère pas sensiblement dans les deux classes de racines. Les résultats fournis par la première journée d'observation donnent bien une absorption apparente plus forte pour les racines à enve- loppe spongieuse que pour les autres ; mais les résultats deviennent ensuite uniformes, et les différences d'abord observées doivent être mises au compte de la faculté d'imbibition de l'enveloppe spongieuse, dont le premier effet est de se saturer d'eau. » C. L'enveloppe spongieuse absorbe-t-elle directement? Quelle est la part des extrémités vertes dans le phénomène ? » Si l'on plonge des racines dans l'eau, les unes par leur extrémité verte seulement, les autres par celle-ci et, de plus, par le reste de leur longueur que recouvre l'enveloppe spongieuse, on trouve que l'absorption est sensi- blement la même dans les deux cas. » L'absorption est encore fort semblable quand on observe comparati- vement des racines privées d'enveloppe spongieuse, comme celles delà Va- nille, et des racines d'espèces pourvues de cette enveloppe. ( 844) » Donc l'enveloppe spongieuse, si apte à s'imbiber d'eau, ne concourt pas sensiblement d'une manière directe à l'absorption. » D. L'enveloppe spongieuse sert-elle indirectement à V absorption? » Cette question est résolue affirmativement par une jolie expérience. Si l'on engage par son milieu, et de manière à en laisser au dehors l'extrémité verte, une racine spongieuse dans un tube en U fermé de deux bouchons, percés et lûtes à la cire, on constate que l'absorption a lieu. En opérant sur un liquide coloré, on voit celui-ci se diriger par l'enveloppe spongieuse vers l'extrémité verte, où nous avons reconnu précédemment qu'était essentiel- lement le siège de l'absorption. » Si donc l'enveloppe spongieuse ne transmet pas directement l'eau au tissu qu'elle recouvre (ce qui cependant peut avoir lieu pour une faible part), elle concourt très-efficacement, quoique d'une manière détournée, à l'absorption, en s'imbibant et en transmettant ensuite peu à peu à la racine l'eau dont elle s'est imprégnée, et qu'elle conserve à la manière d'un ré- servoir. » E. L'enveloppe spongieuse cède-t-elle aisément à l'atmosphère l'eau dont elle s'est chargée ? » Il ressort de l'ensemble de mes expériences, et notamment de l'équili- bre qui s'établit dans le pouvoir d'absorption des racines plongeant dans l'eau, les unes par leur seule extrémité verte, les autres par celle-ci et par une petite portion de leur enveloppe spongieuse dont la plus grande lon- gueur reste au milieu de l'air, que l'évaporation par cette enveloppe est sen- siblement nulle dans l'air humide des serres à Orchidées-, dans un air sec, la perte par évaporation est au contraire notable, et cette circonstance est Vune de celles par lesquelles s'expliquent les bons effets des vapeurs dont on cherche à saturer ces serres. » F. Quel est le pouvoir d'imhibition de l'enveloppe spongieuse? » On a la mesure de son énergie en plongeant, par un point de sa lon- gueur, une racine spongieuse non saturée d'eau dans un liquide coloré. A l'instant même ce liquide s'élance et recouvre la racine dans toute sa lon- gueur. » Le pouvoir d'imbibition, résultat de phénomènes d'hygroscopicité et de capillarité, se maintient dans toute sa force après la mort de la racine. La partie vieillie et repoussée en dehors des enveloppes spongieuses est d'ailleurs souvent morte quand la racine est encore pleine dévie. ( 845) Conclusions générales, » i°. Le pouvoir d'absorption des racines aériennes des Orchidées épi- phytes est à peu près à celui des racines des mêmes végétaux développées dans la terre :: i : 4°- » a°. Le pouvoir direct d'absorption est à peu près le même pour les ra- cines aériennes privées d'enveloppe spongieuse et pour celles munies de cette enveloppe. » 3°. L'absorption s'exerce directement par les extrémités vertes des ra- cines aériennes. » 4°- L'enveloppe spongieuse concourt indirectement à l'absorption en s'imprégnant d'eau qu'elle cède ensuite peu à peu à la racine. » 5°. Le pouvoir d'imbibition de l'enveloppe spongieuse est indépendant de la vie de ce tissu, et de la vie de la racine. » 6°. La transpiration par l'enveloppe spongieuse étant nulle, ou très-fai- ble dans une atmosphère humide, l'eau dont ce tissu peut être imprégné passe alors presque tout entière dans la racine. » 70. La faculté qu'a l'enveloppe spongieuse de se charger d'eau pour la céder ensuite à la plante, la pratique horticole très-répandue de cultiver les Orchidées épiphytes dans des paniers, etc., remplis de terre ou de mousse, et le pouvoir énergique d'absorption pour l'eau des racines développées dans ces derniers milieux, expliquent les bons effets des bassinages ou arro- sements. » botanique. — Observations relatives à la fécondation incomplète et à ses conséquences, dans les végétaux phanérogames ; par M. Ch. IV ai ihn. Aide-naturaliste au Muséum. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « S'il est un fait de physiologie végétale irrévocablement acquis à la science, c'est la nécessité de l'intervention du pollen dans l'acte de la géné- ration proprement dite ou reproduction par graines. Ce que l'on connaît moins, c'est l'effet des fécondations incomplètes par suite d'une quantité insuffisante de pollen. Existe-t-il des différences appréciables entre les fruits qui succèdent à une riche fécondation et ceux où la dose de pollen appli- quée sur le stigmate a été trop faible pour imprégner la totalité des ovules? C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) 1 1 1 (840) Y a-t-il surtout moins de vigueur chez les plantés issues de graines faiblement fécondées, que chez celles qui proviennent de graines dont la fécondation a été faite d'une manière normale? Telle est la question que je me propose d'examiner et sur laquelle j'appellerai un instant 1 attention des physiolo- gistes. Sans avoir la prétention de la résoudre, je citerai quelques faits qui, si je ne m'abuse, tendent à démontrer que, dans certains cas, la quantité relative de pollen employée à la fécondation d'un ovaire influe sur le déve- loppement de ce dernier et quelquefois aussi, lorsqu'il est uniovulé, sur celui de la plante provenue de la graine qu'il contient. » Dans le cours de mes expériences sur l'hybridation, il m'est arrivé fré- quemment de castrer des fleurs bien avant la déhiscence de leurs anthères, et d'en abandonner ensuite la fécondation aux chances du hasard. Dans la plupart des cas, l'ovaire ne prenait aucun accroissement; le plus souvent même la fleur se détachait tout d'une pièce, au bout de quelques jours, par désarticulation ou par sphacélation de son pédoncule. Toutefois, chez les Nicotiatia, les Nicandra et les Pétunia, qui ont été plus particulièrement le sujet de ces observations, il arrivait ordinairement qu'un petit nombre de fleurs persistassent et que leur ovaire, plus ou moins accru, se transformât en une capsule presque toujours fort réduite en volume, mais contenant encore un certain nombre de grainesbien conformées, puisqu'elles germaient et donnaient naissance à des. plantes tout aussi vigoureuses que celles qui provenaient de graines tirées de capsules de grandeur normale et succé- dant à des ovaires richement fécondés. » Il est hors de doute que, dans les cas que je viens de citer, les stigmates des fleurs castrées avaient reçu, soit par l'intermédiaire du vent, soit plutôt par celui des insectes, une faible quantité de pollen, suffisante cepéndan! pour féconder plusieurs ovules et, par suite, pour vivifier l'ovaire lui-même, lime paraît permis de supposer qu'ici le développement de l'ovaire, dont ht grosseur variait de \ aux £ du volume normal, a été rigoureusement pro- portionnel à la somme de pollen reçue par le stigmate. Les ovules très- ténus et très-nombreux des plantes sur lesquelles cette observation a été faite, n'ayant pas besoin de recevoir plus d'un tube pollinique pour être fécondés, il en est résulté que ceux qui ont eu la chance d'être rencontrés par l'organe conducteur du fluide spermatique ont été aussi puissamment fécondés que s'ils se fussent trouvés dans un cas d'imprégnation ordinaire, ce qui explique la vigueur des plantes qui en sont sorties. L'insuffisance du pollen a donc porté non sur la qualité des «raines, mais sur leurnombrc et, par suite, sur le volume du fruit lui-même. ( 847 ) » En est-il de même lorsqu'il s'agit d'ovaires uniovulés ou qui ne doivent développer qu'une seule graine? Les expériences de Gaertne'r fils établissent assez positivement le contraire pour les Malvacées et les Tropéolées. Il a reconnu, par exemple, que pour être fécondés les carpelles uniovulés du Malva mauritiana exigeaient au moins quatre grains de pollen, et même qu'avec ce nombre la fécondation était peu assurée. Dans le Tro'pœolwn majus, le nombre des grains de pollen nécessaires pour féconder un seul ovule serait encore plus considérable, puisqu'une dizaine de grains au moins, déposés sur le stigmate, laissent l'ovaire et l'ovule absolument inertes. Il est cependant des plantes à ovaires uniovulés qui font exception et où un seul grain de pollen suffit rigoureusement à la fécondation ; telles sont les Mirabilis, si communément cultivés dans nos jardins (M. jalapa et M. lon- giflora), plantes chez lesquelles, il est vrai, le pollen se fait remarquer par sa grosseur. Rœlreuter est le premier, je crois, et le seul peut-être qui ait annoncé la possibilité du fait; ses observations m'étaient inconnues lof s- qu'il y a deux ans j'entrepris des expériences qui devaient les confirmer. » Dans l'été de 1 854, ayant enlevé les anthères non encore ouvertes d'une vingtaine de fleurs de M. jalapa que je laissai sans fécondation, toutes ces fleurs tombèrent dans, les trois ou quatre jours qui suivirent. La même opération répétée sur quatre fleurs de M. longiflora amena un résultat semblable. Ces castrations avaient pour but de servir de contre-épreuve aux expériences que je projetais, en démontrant le peu de chances qu'ont les fleurs de Mirabilis d'être fécondées par l'intermédiaire du vent et des insectes. ;> Du 12 au i4 septembre de la même année, neuf fleurs de M. jalapa ayant été castrées dans le bouton, un seul grain de pollen, choisi parmi les plus gros, fut déposé sur chaque stigmate, au moment où ces fleurs s'épa- nouirent. Le lendemain de l'opération, lorsque leur calice eorolliforme se fut refermé,, je m'assurai, pour plusieurs d'entre elles au moins, que l'unique grain de pollen était encore en place, et que les stigmates n'en avaient pas reçu d'autres. » Les neufs ovaires parurent nouer et s'accroître ; cependant sept tom- bèrent successivement dans les quinze jours qui suivirent; les deux survi- vants arrivèrent à un volume à peu près normal et furent récoltés mûrs vers le milieu d'octobre. » A la même époque (du 12 au r 4 septembre) six fleurs de la même plante furent castrées de même et leurs stigmates reçurent deux grains de pollen. m.. ( 848 ) Un seul ovaire se développa et me donna une graine bien conformée qui fut récoltée le 9 octobre. » Le 1 8 septembre, quatre fleurs préalablement castrées de M. longiflora furent fécondées par un seul grain de pollen. Les quatre ovaires s'ac- crurent : deux arrivèrent à moitié grosseur, le troisième se détacha un peu plus tard, ayant atteint environ les -| de son volume normal, le quatrième seul persista et fut récolté mûr le 26 octobre. » Le même jour (18 septembre), quatre autres fleurs de la même plante ayant été castrées, leurs stigmates reçurent chacun deux grains de pollen. Trois ovaires tombèrent dans les huit jours qui suivirent ; le quatrième noua et arriva à maturité, bien que dans le cours de son développement il eût été fortement endommagé par la morsure d'un limaçon, ce qui empêcha plus tard la graine de germer. » Les quatre graines ainsi obtenues furent semées le 1 7 avril de l'année suivante (1 855). Il n'y en eut que trois qui levèrent, savoir : deux graines de Mirabilis jalapa, l'une provenant d'un seul grain de pollen, l'autre de deux ; la troisième de M. longiflora, obtenue au moyen d'un seul grain de pollen. Les trois jeunes plantes, d'abord élevées en pots, furent, au moment convenable, transplantées à côté l'une de l'autre dans une même plate-bande, où elles trouvèrent des conditions identiques de sol et de culture. Un qua- trième pied de M. jalapa, provenu d'une graine richement fécondée l'année précédente, y fut aussi planté pour servir de terme de comparaison. » L'individu de M. longiflora (issu d'une graine fécondée par un seul grain de pollen) atteignit à la taille propre à son espèce; il ne différa des plantes sorties de graines normalement fécondées ni par le développement de son feuillage, ni par le nombre ou la grandeur de ses fleurs. » Il en fut autrement des deux M. jalapa issus de graines faiblement fécondées. Tandis que la plante de même espèce qui servait d'étalon se faisait remarquer par un développement peu commun, aussi bien que par le nombre et par la grandeur de ses fleurs, les deux premières, quoique pleines de vigueur, restaient sensiblement au-dessous des proportions ordi- naires de leur espèce. On en jugera mieux par les mesures que je vais don- ner et qui ont été prises avec toute l'exactitude possible. » Le 25 septembre, époque où les trois plantes avaient atteint leur plus grand développement et étaient en pleine floraison, l'échantillon type s'éle- vait à om,8o ; ses nombreuses ramifications formaient une touffe bien fournie et régulière, dont le diamètre transversal était de om,85; sur vingt fleurs ( 849) prises au hasard entre un très-grand nombre, le diamètre du limbe étalé de la corolle (calice corolliforme) variait entre 27 millimètres au minimum et 36 au maximum ; la moyenne générale a été trouvée de 32 millimètres. » L'échantillon provenu d'une graine fécondée par un seul grain de pollen n'avait, au 25 septembre, que quatorze fleurs épanouies. Le diamètre de leur limbe oscillait entre 16 et 25 millimètres; la moyenne générale a été 2omm,6. La hauteur totale de la plante ne dépassait pas om,6o et le dia- mètre transversal de sa touffe om,5o. Environ une moitié des étamines était mal conformée, les autres ne contenaient que quelques grains de pollen ; aussi un très-grand nombre de fleurs, au moins les trois quarts, tombèrent- elles, par ce que leur ovaire n'avait pas été fécondé. Les feuilles, à en juger à la simple vue, n'avaient guère en surface que la moitié de celles de l'échantillon type dont je viens de parler. » Le troisième pied (sorti d'une graine fécondée par deux grains de pol- len) ressemblait de touts points au précédent; mais il était encore moins florifère. Sa hauteur était om,55; sa touffe, irrégulière et peu garnie, me- surait om,6o dans son plus grand diamètre. Il n'avait, le jour du mesurage, que quatre fleurs ouvertes dont le diamètre moyen s'est trouvé de 22mm,25. Très-peu d'ovaires ont noué par suite du peu d'abondance ou de l'imper- fection du pollen. » Les corolles régulières pouvant être assimilées à des cercles ou à des poly- gones réguliers, nous pouvons évaluer leurs valeurs comparatives en superfi- cie par le même procédé que celui qu'on applique à ces figures géométriques, c'est-à-dire conclure que les surfaces des limbes sont entre elles comme les carrés de leurs diamètres. Partant de ce principe, nous trouvons que les limbes des fleurs des trois plantes examinées ci-dessus étaient entre eux comme les nombres 1024» 426 et 4g5; ce qui revient à dire que le limbe moyen des fleurs de la plante type (issue d'une abondante fécondation) étant représenté par 1, ceux des deux autres l'étaient par les nombres 0,4 16 et o,483. Les fleurs de la plante richement étoffée étaient donc plus que doubles de celles des deux individus qui étaient sortis de graines faiblement fécondées. » Un fait isolé comme celui que je viens de citer ne suffit sans doute pas pour affirmer que, chez le M. jalapa, la fécondation par un seul ou par un très-petit nombre de grains de pollen ait pour effet constant de donner naissance à des individus rabougris, peu florifères et peu féconds. Il se peut que l'affaiblissement observé dans les deux plantes ait été dû à une cause ( 85o j toute différente ; néanmoins cela me paraît peu probable. Dans tous les cas, l'expérience que je viens de rapporter confirmerait ce qui a déjà été dit de la possibilité de la fécondation d'un ovaire uniovulé par un seul ou par deux grains de pollen. » - GÉOLOGIE. — Etudes sur la production artificielle des minéraux et sur les conséquences qui en résultent pour la géologie; par M. J. Dujiocher. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Berthier, Élie de Benumont, Dufrénoy, auxquels est adjoint M. de Senarmont.) « Dans ces dernières années, on est parvenu à former artificiellement, avec les ressources si limitées de nos laboratoires, un grand nombre des corps cristallisés qui existent dans la croûte terrestre : ces découvertes modernes n'ont pas seulement l'intérêt propre que l'on doit attacher aux efforts de l'homme, lorsqu'il cherche à imiter le pouvoir créateur de la nature; elles ont, en outre, une importance particulière pour le géologue, car elles offrent, pour ainsi dire, une reproduction des phénomènes qui ont eu lieu en grand dans le laboratoire souterrain, et elles fournissent le moyen le plus sûr d'éclaircir les mystères de la formation du globe. Ainsi, la plupart des minéraux naturels étant insolubles, non volatils et souvent infusibles, on ne pouvait autrefois se rendre compte de leur origine qu'au moyen d'hypothèses qui, plus tard, ont été reconnues dénuées de vraisem- blance, car elles impliquaient des températures énormes, ou des dissolu- tions presque impossibles à réaliser. » Gay-Lussac a le premier ouvert une voie rationnelle, en produisant artificiellement le fer oligiste, et en montrant que la cristallisation de ce minéral dans les soupiraux volcaniques n'exige point la chaleur énorme qu'on supposait nécessaire pour le volatiliser. A une époque plus récente, M. Daubrée, suivant la même voie, a obtenu des cristaux d'oxyde d'étain et d'oxyde de titane, par un procédé semblable à celui qu'avait employé Gay- Lussac pour produire le fer oligiste. De son côté, M. Ebelmen est parvenu à composer plusieurs des minéraux employés dans la joaillerie, en liquéfiant les substances amorphes au moyen d'un fondant qui, comme l'acide bori- que, peut se volatiliser lentement sous l'influence de la chaleur : ainsi a été expliquée l'origine de diverses gemmes contenues dans les roches cris- tallines. Déjà longtemps auparavant, M. Becquerel, mettant à profit les (85i ) combinaisons lenles que déterminent les phénomènes éjectrochimiques, était parvenu à faire cristalliser des substances minérales insolubles, comme le sulfate de baryte ; il est probable que telle est l'origine des cristaux de barytine, de célestine et autres minéraux, qui forment des nids ou des veines irrégulières dans les terrains de formation aqueuse. » Mais l'origine des dépôts métallifères était encore très-obscure, lorsque, par des rapprochements ingénieux, M. Élie de Beaumont fit ressortir la connexion des phénomènes qui avaient rempli les filons avec les causes volcaniques. Toutefois il y avait à expliquer les irrégularités, les bizarreries apparentes des gîtes métallifères, et certaines circonstances dont l'interpréta- tion a été l'objet de longues controverses. Il fallait aussi tâcher de repro- duire artificiellement, et par des procédés analogues à ceux qu'avait dû employer la nature, les principales substances métalliques existant dans les filons. Le problème présentait donc deux parties distinctes, l'une théorique, l'autre expérimentale : l'une et l'autre ont été l'objet de mes recherches ; et la solution à laquelle je suis arrivé me paraît véritablement satisfaisante, sous le rapport chimique et sous le rapport géologique, car j'ai pu repro- duire les minéraux des filons avec tous leurs caractères, et j'ai pu expliquer d'une manière très-simple les circonstances qui paraissaient les plus étranges et les plus difficiles à concevoir. » Dans un Mémoire présenté à l'Académie [Comptes rendus, t. XXVIII, p. 607), j'ai montré que les dépôts des minerais métalliques, en général, sont le produit de deux ou de plusieurs courants ascensionnels, distincts à leur origine, se mouvant le long de fissures particulières ou suivant les diverses parties d'une même fente, se rencontrant en certains points de leur parcours, et contenant deux sortes d'émanations, les unes motrices, entraînant les composés métalliques en vapeur ou en dissolution, les autres fixatrices, contenant des radicaux destinés à fixer les métaux, ordinaire- ment du soufre ou de l'arsenic. Toutes les irrégularités que nous offrent les filons métallifères, non-seulement deviennent assez faciles à expliquer, mais elles se présentent comme des conséquences nécessaires de cette con- ception : ainsi l'excessive inégalité de richesse des différentes parties d'un filon, la brusque interruption du minerai, sa plus grande abondance dans les parties larges, sa concentration habituelle aux intersections des fentes, qui ont dû être les principaux points de rencontre des deux sortes d'éma- nations, la disparition fréquente du minerai dans la profondeur, et l'exis- tence des veines métallifères presque superficielles, qu'on a pittoresquement nommées des coureurs de gazons, etc., tous ces faits étaient difficilement ( 85a ) explicables ; et, en reconnaissant que les métaux avaient dû venir de bas en haut, on ne pouvait concevoir que les filons s'appauvrissent en profondeur, ce qui malheureusement est incontestable dans beaucoup de cas. Ces bizar- reries me semblent très-simples et très-naturelles, si l'on admet que le dépôt des sulfures métalliques dans un filon a exigé le concours de deux sortes d'émanations. » L'élément moteur des émanations métalliques paraît avoir été, en général, le chlore, qui joue le même rôle dans les phénomènes volcaniques; et, dans mon premier Mémoire, je faisais observer que les chlorures métal- liques sont, à très-peu d'exceptions près, volatils et solubles, de façon que le même véhicule aura pu servir, soit pour vaporiser les métaux, soit pour les transporter à l'état de dissolutions, et il aura pu arriver souvent que les deux cas se soient réalisés, l'un après l'autre, dans les mêmes fentes, par suite de la condensation de vapeur d'eau. » Dans la réalisation du programme que j'avais ainsi posé, en 1849, pour expliquer la génération des filons métallifères, il y avait à exécuter deux systèmes d'expériences; il fallait produire artificiellement les sub- stances minérales des filons, i° par la rencontre de deux sortes de vapeurs, 20 au moyen de dissolutions. Pour le second cas, relatif à l'emploi de la voie humide, j'ai été devancé par M. de Senarmont, dont le beau travail a été publié dans les Comptes rendus de l'Académie, en i85i (t. XXXII, p. 4°9)- Mais le second système d'expériences a fait l'objet spécial de mes recherches, dont j'ai présenté des extraits à l'Académie, t. XXXII, p. 82^, et t. XXXIII, p. 64 : par le concours de deux sortes de vapeurs, j'ai pu former les principaux minéraux de fer, zinc, cuivre, antimoine, plomb, argent, etc., avec les mêmes formes cristallines, le même éclat, les mêmes caractères physiques, et une telle ressemblance, que souvent on peut les confondre avec les minéraux naturels. » Aujourd'hui on peut donc regarder comme résolu dans ses points essentiels le problème de la formation des dépôts métallifères, problème qui semblait si obscur, il y a peu d'années. On peut assigner à ces dépôts les origines suivantes : » i°. L'injection d'un magma en fusion, qui s'est comporté comme une roche éruptive; on peut en citer, comme type, les grands amas de fer oxydulé de la Scandinavie et des monts Oural ; » 20. La rencontre de vapeurs métallifères et d'autres vapeurs conte- nant, en général, de l'acide sulfhydrique ; » 3°. Des sources thermominérales, contenant des sels métalliques ( 853 ) solubles et donnant lieu à des précipitations de métaux, par la rencontre d'autres dissolutions. » D'ailleurs le rôle fixateur a pu être'rempli par des substances miné- rales faisant déjà partie de la croûte terrestre, et contenant un élément susceptible .de former avec les métaux des composés non volatils ou inso- lubles. C'est ainsi que le zinc a pu se déposer à l'état de carbonate, en rencontrant des masses calcaires ou dolomitiques; c'est ainsi que des éma- nations argentifères ont pu être fixées au contact de sulfures métalliques préexistant au sein des roches, comme le montre l'observation séculaire des mineurs de Kongsberg, et comme mon savant collègue Malaguti et moi en avons donné la démonstration expérimentale. » Mais quels sont les gites métallifères qui ont été formés par la ren- contre de vapeurs, et quels sont ceux auxquels on doit attribuer une ori- gine par voie humide? Les deux modes pouvant produire des composés semblables aux minéraux naturels, c'est par des considérations géologiques qu'il faut se guider dans cette recherche : or il y a deux genres de consi- dérations qui me semblent pouvoir servir à distinguer les gîtes formés par des vapeurs de ceux engendrés par des dissolutions. Le premier cas im- plique une température un peu plus élevée, mais le plus souvent il n'est pas besoin de supposer une pression beaucoup supérieure à celle de l'atmo- sphère, tandis que, dans le second cas, une forte pression paraît habituel- lement nécessaire. C'est dans les roches cristallines, ou modifiées par la chaleur, que doivent surtout se trouver les gîtes de la première sorte ; ils doivent se rattacher d'une manière plus directe aux phénomènes ignés : ainsi c'est à ce groupe qu'appartiennent les gîtes de sulfures métalliques assocîés aux schistes cristallins du nord de l'Europe, et il en est de même des gîtes stannifères, dont l'origine a été ingénieusement attribuée par M. Daubrée à des vapeurs contenant du fluor. D'ailleurs il y a une autre considération qui me paraît assez importante : lorsque des substances sili- catées alcalifères se trouvent en contact avec des vapeurs métalliques et sulfureuses, elles ne paraissent pas, en général, être notablement altérées ; mais il en est tout autrement lorsqu'elles se trouvent en présence de disso- lutions aqueuses, sous l'influence de la chaleur et de la pression : alors l'inégale tendance à se dissoudre des bases alcalines et des bases terreuses se trouve mise en jeu, et il en résulte une altération de la masse, qui perd sa consistance et tend à prendre l'état argileux ; en même temps il se forme de nouveaux composés, dans lesquels entre de l'eau, tels que la laumonite et autres hydrosilicates. Par conséquent, les gîtes métallifères dans lesquels C. R., i856, t" Semestre. (T. XLII.N» 18.) "2 (854) se manifestent, au contact des roches encaissantes, des traces d'altération, non exclusivement inhérentes aux affleurements, mais se prolongeant à des profondeurs indéfinies, les gîtes où l'on observe, même dans les points les plus profonds, des parties pourries, à l'état argileux; les filons qui sont constamment bordés de salbandes argileuses, où, avec la chaux carbonatée, il y a des gangues à l'état d'hydrate, etc., ce sont ceux-là qui ont dû être formés par des sources thermominérales : une partie des filons des terrains anciens, surtout les veines ou amas d'hydroxyde de"fer contenus dans les ter- rains paléozoïques, la plupart des gîtes des terrains secondaires non modifiés, appartiennent à ce groupe. On y remarque souvent, en effet, des roches pourries, comme l'eurite ou porphyre quartzifère de la mine d'Huelgoat, comme le diorite décomposé de la mine de Pontpéan, ou bien des masses argileuses qui forment parfois une sorte d'enveloppe autour des gîtes, ainsi qu'on le voit à l'exploitation de calamine de la Vieille-Montagne et dans beaucoup de minières de l'ouest de la France. D'ailleurs les mêmes fentes ont pu successivement être parcourues par des émanations à l'état de va- peurs et par des émanations liquides, et ce cas a dû probablement être assez fréquent, puisque, dans les régions volcaniques, nous voyons, sur des points très-rapprochés, des fissures du sol donner issue à des dégagements de gaz ou de vapeur et à des sources thermominérales. Ainsi la liaison entre les deux sortes de gîtes, le passage des uns aux autres n'a rien que de très- naturel. » M. l'abbé Basiaco adresse une Note sur un moteur hydraulique de son invention. 11 annonce que des expériences vont être faites prochainement avec son appareil en présence d'une Commission désignée par le Gouverne- ment, et émet le vœu que la Commission nommée par l'Académie des Sciences puisse assister à cet essai. M. Basiaco désire que son moteur soit admis à concourir pour le prix triennal, et supposant à tort qu'une Com- mission aurait été déjà nommée pour choisir entre les diverses inventions ou découvertes qui sont de la compétence de l'Académie des Sciences, celle qui semblerait mériter le prix, il voudrait que ce fût à cette Commis- sion que son Mémoire fût dès aujourd'hui renvoyé. Cette demande, qui repose sur des renseignements inexacts, ne peut être prise en considération : la Note de M. Basiaco est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Morin et Séguier. ( 855 ) M. Mobot, auteur d'une Note sur un moteur électromagnétique, men- tionnée au Compte rendu de la séance du 27 août 1 855, adresse, comme complément à cette première communication, un exposé d'expériences dont les résultats tendent à justifier l'emploi qu'il a fait de fils de zinc au lieu de fils de cuivre, malgré l'infériorité reconnue du premier métal sous le rap- port de la conductibilité. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Séguier.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un opuscule intitulé : Saggio di calcolo originale... résolution numérique de divers problèmes de géométrie et de trigonométrie, par M. O. Gianotti, de Casale (Etats Sardes), avec une copie de la Lettre d'envoi également écrite en italien. M. Chasles est invité à prendre connaissance de cet opuscule et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport qui puisse être adressé à M. le Ministre. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur M. L.-R. Lecanu, professeur titulaire à l'Ecole de Pharmacie de Paris, un volume intitulé : « Eléments de Géologie ». physique. — Communication faite par M. Becquerel au nom de M. Victor Doat, sur une nouvelle disposition de pile voltaique à courant con- stant. « La pile que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie, dit M. Doat, offre une disposition que je crois nouvelle et qui permet de régé- nérer facilement les produits résultant de l'altération des substances em- ployées. » Dans cette pile, le zinc des piles ordinaires est remplacé par le mercure; l'eau acidulée ou le chlorure de sodium par Yiodure de potassium; l'acide nitrique ou le sulfate de cuivre des piles à deux liquides par l'iode dissous dans l'iodure de potassium, et qui mis en excès à l'état solide sert à mainte- nir la constance. Le charbon est employé comme pôle négatif. » Une auge carrée en gutta-percha renferme le mercure et l'iodure alca- lin. Le charbon et l'iodure chargé d'iode sont placés dans un vase poreux 1 12.. ( 856 ) carré, lequel est immergé dans le liquide de l'auge à a centimètres au- dessus du mercure. » Quand le circuit est fermé, l'iodure de potassium attaque le mercure avec une très-grande énergie, forme et dissout un iodure de ce métal. Ce dernier sel attaque à son tour le mercure avec rapidité en lui cédant un atome d'iode, de sorte que la surface du métal est toujours brillante. » Cette pile une fois montée n'a plus besoin d'aucun autre soin que celui de soutirer à l'aide d'un siphon en verre le liquide saturé d'iodure de mercure, et qu'il faut révivifier pour avoir ses éléments primitifs. La révi- vification s'opère ainsi qu'il suit : » i°. L'iodure de potassium s'obtient en chauffant à une chaleur mo- dérée, dans une capsule surmontée d'une cloche, le liquide provenant des auges. Le periodure de mercure, qui est très-volatil, se sépare de l'iodure alcalin, et va se condenser au sommet de la cloche. » a°. Le mercure se révivifie de deux manières : une certaine quantité dans la pile même, car l'iodure de potassium en réagissant sur le mercure le fait passer à l'état de protoiodure, lequel, en présence de l'iodure alcalin, abandonne la moitié du mercure à l'état métallique et se change en perio- dure. Ce dernier étant une des substances qui réagissent le plus vivement, cède au mercure un atome d'iode et le change en protoiodure tout en repassant lui-même au même état. Ces deux protoiodures abandonnent à leur tour la moitié du mercure, repassent à l'état de periodure, et ainsi de suite. L'autre portion de mercure se révivifie en traitant le periodure par le bioxyde de barium, il se forme de l'oxyde de mercure et de l'iodure de barium. L'oxyde de mercure légèrement chauffé abandonne l'oxygène et se change en mercure métallique qu'on recueille. » 3°. L'iode s'obtient en chauffant l'iodure de barium' qui repasse à l'état de baryte caustique, et en le recevant sous une cloche fermée. » Pour connaître quels pouvaient être les avantages de cette pile, j'ai chargé mon fils Edmond de déterminer la valeur de la force électromotrice et celle de la résistance ; il l'a fait au moyen d'une méthode qu'il fera con» naître incessamment à lAcadémie. » Ce couple a une force électromotrice faible; elle est un peu plus de moitié de celle d'un couple à sulfate de cuivre, et le tiers de celle d'un couple à acide nitrique. Sa résistance est telle, que pour une auge de 5 décimètres carrés environ, et avec une épaisseur de la couche d'iodure de potassium de 3 centimètres environ, elle équivaut à iom,5 d'un fil de cuivre recuit de i millimètre de diamètre, et ce fil étant supposé à o degré de température. » (857) chimie ORGANIQUE. — Sur Vhuile essentielle contenue dans l'alcool de garance; par M. F. .Iiw.ii w « Depuis quelques années on fabrique, dans le midi de la France, une quantité d'alcool assez considérable par la fermentation des matières su- crées contenues dans la racine de garance. L'alcool ainsi obtenu possédant toujours une odeur très -désagréable et tout à fait caractéristique, il m'a paru intéressant de déterminer la nature des matières étrangères qui y sont contenues. Les recherches entreprises à cet effet sous la direction de M. Chancel, dans le laboratoire de la Faculté des Sciences de Montpellier, font le sujet de la Note que j'ai l'honneur de communiquer à l'Aca- démie. . » Les produits que j'ai pu me procurer étaient accidentellement colorés en vert par des sels de cuivre provenant du vase qui les avait contenus. Cette matière était moins dense que l'eau et laissait déposer avec le temps des lamelles cristallines. Soumise à la distillation, elle donne, jusqu'à 23o de- grés, des produits liquides; à partir de ce moment, il se dépose dans le col de la cornue une matière blanche solide, et si l'on arrête alors la distilla- tion, la panse de la cornue se remplit de cristaux présentant l'aspect de feuilles de fougère. » En observant les indications fournies parle thermomètre qui plongeait dans le liquide bouillant, j'ai dû soupçonner dans les premiers produits de la distillation la présence des alcools propionique et butyrique, et le temps d'arrêt du thermomètre vers 1 3o degrés m'a signalé la présence probable de l'alcool amylique. Les produits bouillant à cette température se trouvant en plus grande quantité que les précédents, j'ai pu traiter par la potasse, puis par le chlorure de calcium fondu, toute la partie séparée vers i3o de- grés, la purifier et la soumettre à l'analyse, qui m'a donné des résultats correspondant, en effet, à la composition de l'alcool amylique. » La matière solide qui était passée à la distillation à 23o degrés, expri- mée entre des feuilles de papier Joseph, lavée à grande eau et purifiée par plusieurs cristallisations dans l'éther, se présente sous forme d'une poudre blanche, d'une odeur poivrée, mais qui rappelle celle du camphre ordi- naire; soumise à l'analyse, ^Ue a donné les résultats suivants : i. il. c = 77>7 77>82 •H= 12,2 I 1,9 O = 10,1 10,28 qui correspond à C20H,8Oa, formule du camphre de Bornéo. ( 858 ) » Cette substance possède une saveur chaude et brûlante, et donne par sublimation des cristaux qu'au microscope j'ai pu reconnaître pour des prismes hexagonaux. Projetée sur l'eau en petite quantité, elle donne nais- sance aux mouvements gyratoires du camphre; elle est peu soluble dans l'eau, mais très-soluble dans l'acide acétique ordinaire, ainsi que dans l'al- cool et l'éther, d'où l'eau la précipite. Cette substance, distillée sur du chlo- rure de zinc ou de l'acide phosphorique anhydre, donne naissance à un hydrogène carboné dont l'odeur rappelle à la fois celle de l'essence de citron et celle de bergamote. Enfin, elle se transforme en camphre des Laurinées sous l'influence de l'acide azotique bouillant, comme l'a observé M. Pelouze sur le camphre extrait du Drjobalanops camphora. ■ » Les cristaux qui se déposent naturellement dans l'essence brute ayant toutes les propriétés que je viens de signaler dans la matière obtenue par distillation, j'ai dû penser que, comme pour le camphre solide de Bornéo extrait des autres sources, leur formation était due à l'hydratation d'un hydrogène carboné contenu dans l'essence. Dans le but de l'isoler, j'ai re- pris le liquide passé au-dessus de i/jo degrés à la première distillation, après l'avoir mis en digestion sur de la potasse, puis sur du chlorure de calcium fondu, et l'avoir distillé plusieurs fois, afin de le débarrasser du camphre qu'il avait entraîné; j'ai obtenu un liquide bouillant à 160 degrés, et dont l'odeur était celle de l'essence de garance : l'analyse de cette substance m' ayant donné C = 88,23 H= 11,81 100,04 • et la densité de sa vapeur étant /j,85, sa formule est C20H,e correspondant à 4 volumes de vapeur. Cet hydrogène carboné correspondrait donc au bornéenne, et serait comme lui un isomère de l'essence de térében- thine. » J'aurais voulu pouvoir déterminer l'action de ces deux substances sur la lumière polarisée; malheureusement, ce qui me restait de l'hydrogène carboné s'est trouvé insuffisant. Quant au camphre, j'ai été surpris de trou- ver qu'il déviait vers la gauche le plan de polarisation de la lumière. Une dissolution de 0.0 grammes de camphre dans 100 centimètres cubes d'alcool ayant donné une déviation de 12 degrés, j'en ai conclu, d'après la formule donnée par M. Biot, que le pouvoir rotatoire dece camphre, pour une lon- gueur de 1 00 millimètres, est [a] = -34,5. ( 859 ) En résumé, les matières sucrées contenues dans la racine de garance donnent par la fermentation, outre l'alcool ordinaire, les alcools supérieurs que l'on trouve également dans les alcools de marc; mais ce produit contient en outre du camphre de Bornéo déviant à gauche, et un hydrogène carboné particulier, isomère de l'essence de térébenthine. » Note de M. Biot. « La matière solide que M. Jeanjean a retirée de l'alcool de garance, s'étant trouvée identique au camphre solide de Bornéo de M. Pelouze, par sa composition chimique, le sens de son pouvoir rotatoire, l'intensité égaie ou très-approximativement égale de ce pouvoir, et l'aptitude à se transformer en camphre des Laurinées, après avoir perdu a équivalents d'hydrogène, cet ensemble de caractères communs autorise complètement la conclusion que M. Jeanjean a tirée de l'identité moléculaire de ces deux corps. » La persistance du pouvoir rotatoire, avec modification d'intensité ou de sens, après qu'une partie des éléments constitutifs a été enlevée, ou qu'une nouvelle proportion leur a été ajoutée, est aujourd'hui un fait qui se constate dans une multitude d'exemples, lorsque l'action chimique par laquelle le changement décomposition est opéré, n'a pas été assez énergique pour désor- ganiser le groupe moléculaire, auquel la propriété rotatoire est attachée. La belle découverte de M. Pasteur, sur l'existence de l'acide tartrique gauche, chimiquement identique à l'acide tartrique droit, avec des formes, un sens et une intensité de pouvoir •complètement symétriques, a été encore plus merveilleuse et inattendue, à cause de la parfaite parité des éléments consti- tutifs. Un second exemple, tout semblable à celui-là, a été constaté depuis par M. Chautard dans le camphre gauche de la Matricaire, comparé au camphre droit des Laurinées; et il en a formé aussi un acide camphorique gauche, chimiquement, ainsi que cristallographiquement identique, mais sy- métrique, à l'acide camphorique droit. [T^ojez le tome XXXVII des Comptes rendus, page i66.)Ce genre de recherches, associé aux études chimiques, semble promettre une ample moisson de faits et d'aperçus nouveaux, à ceux qui voudront les faire concourir. » astronomie. — Note sur la scintillation des étoiles; par M. L.-L. Vallée. « D'après une communication faite à l'Académie dans la séance du 7 avril dernier, M. Ch. Dufour a fait plus de i3ooo observations sur la scintillation. Il résulte de ces observations que les étoiles rouges scintillent ( 860 ) moins que les étoiles blanches; et M. Dufour, en admettant la théorie de M. Arago, qui se fonde sur les interférences, montre que ce phénomène particulier s'explique très-bien. » Il s'explique aussi par ma théorie, qui est fondée sur la disposition des diverses parties de l'œil, disposition qui paraît être telle, que le noyau du cristallin peut envoyer, par suite de la trémulation de l'air, des rayons colorés sur la rétine à l'endroit de l'image de l'étoile; or, parmi ces rayons, le rouge est celui qui agirait le premier et le plus fréquemment, et comme il produit une impression très- visible sur une image blanche, tandis qu'il n'en produit qu'une peu sensible sur une image rouge, il est clair que, dans la scintillation, et surtout quant aux couleurs, les étoiles blanches doivent présenter plus de variations que les rouges. » Mais ce qui importe le plus, suivant moi, pour faire avancer la science, c'est de vérifier les expériences qui ont fait dire à Kepler que plusieurs observateurs voient en même temps les mêmes changements de couleur. M. Arago a contesté ce fait, qui est absolument contraire à sa théorie; mais il l'a contesté par de faibles raisons. [Voir les Comptes rendus, séance du 16 mai i853, page 866.) » J'ai essayé de le vérifier, et il m'a paru vrai. Toutefois, mes observations ayant été faites sans prendre toutes les précautions que j'indique dans mon Cours sur l'œil et la vision (note i3), je ne considère pas ces observations comme convaincantes. » Si on les répète soigneusement, on serti fixé, en premier lieu, sur l'expérience de Kepler; on aura, en secolid lieu, des lumières précieuses sur la théorie de M. Arago, et l'on acquerra, je crois, des idées utiles sur le daltonisme. » En effet, ce qui êe passe accidentellement pour la scintillation dans un œil normal, selon ce qui est exposé dans le Cours précité, peut se passer journellement chez une personne dont le noyau du cristallin est trop dense et trop rapproché du pinceau efficace, situé du côté interne de ce noyau, de façon que si cette personne regarde un point blanc situé sur un tableau noir, le noyau du cristallin peut envoyer de la lumière colorée sur l'image de ce point. Et si, en cherchant à ajuster son œil pour discerner le vrai du faux, le pinceau efficace se rapproche et s'éloigne du noyau, le point blanc peut paraître successivement rouge, vert, jaune ou bleu. De même, si c'est un point d'un vert particulier qui est vu sur du blanc, il peut, pour de cer- tains yeux, être toujours blanc ou toujours rouge. ( 86. ) » On serait donc conduit, au moyen des expériences que j'indique, à étudier le daltonisme en partant d'une théorie très-plausible, ce qui pro- mettrait de bons résultats. » anatomie comparée. — Note sur V encéphale de V Aptéryx ; par M. Camille Dareste. « La galerie d' Anatomie comparée du Muséum possède deux cerveaux d'aptéryx provenant de la mémorable expédition de Dumont d'Urville au pôle austral. » Ces cerveaux, qui n'ont pas encore été décrits, m'ont présenté une par- ticularité fort remarquable. Les lobes optiques, organes dont la conformation et la position forment le trait le plus remarquable du type encéphalique des oiseaux, sont rudimentaires chez l'aptéryx, et à peine visibles à l'extérieur, tandis que dans toutes les autres espèces ils ont un très-grand volume, et se présentent sous l'aspect de deux grosses éminences, occupant les parties la- térales et inférieures de l'encéphale. » Cette modification de l'encéphale n'est point la seule que nous pré- sente la classe des oiseaux. Le pont de Varole existe chez l'autruche dune manière très-évidente quoiqu'à l'état rudimentaire. J'ignore si le fait a été signalé. Je ne l'ai trouvé indiqué nulle part. Toutefois il me paraît difficile qu'il ait échappé aux anatomistes, car les occasions de disséquer des au- truches ne sont pas rares. » Je n'ai pu voir d'ailleurs sur le cerveau de l'autruche, les quatre émi- nences mamillaires que Duvernoy y indique [Comptes rendus, t. XXXVIII, p. 369), et je comprendrais difficilement leur existence, parce qu'elle est liée à celle de la voûte, et que la voûte manque chez les oiseaux. » Cette modification du type primitif, très-remarquable dans une classe dont toutes les espèces sont liées entre elles par les affinités les plus intimes, trouve son application dans les conditions toutes spéciales des organes des sens dans l'aptéryx. » Cet oiseau, que nous ne connaissons encore que d'une manière très- imparfaite, a, comme un certain nombre d'autres espèces de la même classe, des habitudes nocturnes, mais qui sont le résultat d'une disposition des organes des sens, très- différentes à beaucoup d'égards. » L'organe de la vue, très-développé chez les oiseaux, est surtout con- sidérable chez les oiseaux de nuit, les hiboux, les engoulevents, etc. Dans l'aptéryx, au contraire, l'œil est très-petit, beaucoup plus que chez aucun C. tu, i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 18.) I l3 ( 862 ) autre oiseau. Il est de plus moins complètement organisé. D'après M. Owen (i), qui nous a donné dans un de ses plus beaux Mémoires les seuls détails anatomiques que nous possédions aujourd'hui sur l'aptéryx (a), il manque du peigne, organe qui se retrouve dans tous les autres oiseaux, et même aussi dans certains reptiles (3). Cette imperfection de l'organe de la vue est compensée parle développement considérable de l'organe de l'o- dorat. Tandis que chez la plupart des oiseaux, même ceux dont le bec est le plus long, les narines n'occupent qu'une très-petite portion du bec supé- rieur, elles occupent chez l'aptéryx toute l'étendue de cette région, qui est, comme on le sait, fort développée, et viennent s'ouvrir à son extrémité an- térieure. L'organisation des narines est d'ailleurs plus complexe que dans les autres oiseaux ; l'ethmoïde, au lieu d'un simple canal pour la sortie du nerf olfactif, y présente une véritable lame criblée comme l'ethmoïde de la plupart des mammifères. » Les expériences physiologiques de M. Flourens ont prouvé depuis longtemps qu'il existe chez les oiseaux une liaison physiologique entre les lobes optiques et l'organe de la vue , et que la vision est détruite par les lé- sions du lobe optique. Magendie a confirmé les résultats obtenus par M. Flourens, en montrant que l'atrophie du lobe optique se produit fré- quemment après l'ablation de l'œil, que, par conséquent, ces deux or- ganes ne sont pas uniquement liés par les fonctions qu'ils remplissent, et qu'il y a de plus entre eux une véritable relation anatomique, puisque la destruction de l'organe de la vue amène des altérations consécutives dans les lobes optiques. » La disposition anatomique que je signale dans l'aptéryx, nous conduit par une voie très-différente à un résultat semblable, et nous montre le même fait sous une autre forme (4). » Il serait fort intéressant de savoir si cette diminution de volume des lobes optiques s'accompagne chez l'aptéryx d'une augmentation de volume (i) R. Owen, On the anatomy of the southern aptéryx, dans les Transactions ofthe Zoolo- gical Society (tome II ). (2) Les parties osseuses de l'orbite sont également modifiées, le trou optique est percé dans le frontal et non dans le sphéroïde. (3) Flourens, Recherches expérimentales sur le système nerveux. — Magendie , Journal de physiologie expérimentale ( tome III, page 38o). (4) Celte relation, si manifeste chez les oiseaux, existe-t-elle dans les autres classes du type des Vertébrés, entre l'appareil de la vue et les parties de l'encéphale qui correspondent aux lobes optiques des oiseaux ? C'est l'opinion de plusieurs physiologistes modernes et particuliè- ( 863 ) des parties de l'encéphale qui servent à l'olfaction. Mais il aurait fallu pour cela des dissections que je n'ai pu faire. J'appelle sur cette question l'atten- tion des anatomistes qui seront assez heureux pour pouvoir disposer de cerveaux d'aptéryx. » chimie — Sur la précipitation du protochlorure d'antimoine par l'eau; par M. Ernest Baudrimont. (Extrait.) « Le protochlorure d'antimoine, comme on le sait, se liquéfie par son expo- sition à l'air en attirant à lui l'humidité qu'il y rencontre, sans pour cela se décomposer; si, dans cet état de déliquescence, on lui ajoute une cer- taine quantité d'eau, ce sel donne alors un précipité blanc abondant, connu sous le nom de poudre d'dlgaroth; dans cette circonstance, l'eau a partagé le protochlorure d'antimoine en un précipité d'oxychlorure hydraté du même métal, et en acide chlorhydrique qui reste dans la liqueur. Mais ce ' qu'on n'avait pas encore fait remarquer, c'est qu'on peut redissoudre le précipité de poudre d'Algaroth, au milieu même du liquide où on l'a formé, par l'addition d'un peu d'acide chlorhydrique, puis faire reparaître le pré- cipité par une nouvelle addition d'eau. J'ai pu répéter jusqu'à vingt fois cette expérience, sans en voir la fin, sur une même quantité de protochlo- rure d'antimoine ; mais, à chaque précipitation ou redissolution, la dose du liquide employé a dû être plus forte que dans l'expérience précédente. » J'ai cherché à me rendre compte de ces réactions curieuses, et voici l'explication que je croispouvoir en donner. Le protoxyde d'antimoine est un de ces composés qui se placent sur l'extrême limite des acides et des bases, dont il marque la transition et dont il peut jouer le rôle tour à tour. Vis-à-vis de l'acide chlorhydrique, il jouira d'une propriété en antagonisme avec celui-ci; il sera basique. En présence de l'eau, au contraire, il chan- gera de rôle, et deviendra acide par rapport à celle-ci, qui agira comme base. Or l'acidité ou la basicité de Sb2 O3 dépendra des proportions d'eau ou d'acide chlorhydrique qu'il rencontrera. L'acide est-il prédominant, Sb203 devient basique. Si, dans ce premier mélange, on change les rap- rement de M. Longet (Anatomie et physiologie du système nerveux, tome I, page 455; et Traité de Physiologie, tome II, fasc. 2, pages a3 et 220 ). Toutefois, si cette relation paraît exister dans le plus grand nombre des cas, il y a cepen- dant quelques exceptions dont on n'a pas jusqu'à présent donné une explication satisfaisante. J'étudie actuellement cette question, mais je n'ai pu encore réunir un nombre de maté- riaux suffisant pour pouvoir faire connaître mes idées à son sujet n3.. ( 864 ) ports en faisant prédominer l'eau, alors Sb2 O3 se transformera en acide. Une nouvelle proportion de ClH va, dans ce deuxième mélange, intervertir de nouveau le rôle de Sb2 O3, et ainsi de suite. » J'ajouterai qu'un mélange de ioo parties d'eau et de 1 5 parties d'acide chlorhydrique à 16 équivalents d'eau maintient le protochlorure d'anti- ' moine en une dissolution qui est sur la limite de la précipitation : une goutte d'eau en plus la blanchit; puis une goutte d'acide lui rend sa lim- pidité. Ces proportions d'eau et d'acide sont donc, pour ainsi dire, la mesure respective de leur force comme agents chimiques. » physique. — Nouvelle machine électrique. Addition à une précédente Note sur l électricité développée par le papier chauffé. (Extrait d'une Lettre de M. J. Thore.) « J'ai préparé une bande de papier de 20 centimètres de largeur environ, dont j'ai réuni les deux bouts en les collant ensemble de manière à en former un ruban sans fin. J'ai tendu ce ruban sur deux rouleaux en bois recouverts de soie et distants l'un de l'autre; puis j'ai imprimé un mouve- ment rapide de rotation à l'un des rouleaux, en appuyant sur lui et sur le papier qu'il faisait circuler, un fer à repasser préalablement chauffé. J'ai vu la bande de papier se charger bientôt d'une quantité remarquable d'é- lectricité; de sorte qu'il m'est bien démontré que l'on pourrait construire ainsi des petites machines électriques très-simples, très-peu coûteuses, et pouvant fonctionner dans des conditions atmosphériques qui neutralisent les effets des machines ordinaires à plateau en verre. » La Société d'Horticulture de Londres adresse ses remerchnents à l'Aca- démie pour l'envoi de deux nouveaux volumes des Comptes rendus (les tomes XL et XLI). M. Doyère fait hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un opuscule dans lequel il a résumé ses travaux sur la conservation des grains. « Le système que je propose, dit-il, vient d'être mis en expérience par les ordres de M. le Ministre de la Guerre, et je suis heureux de pouvoir lui en témoigner ma reconnaissance comme à un Membre de l'Académie. J'attends les résul- tats de ces essais avec confiance; mais ce que je crois pouvoir réclamer dès à présent, c'est d'avoir montré tout le parti qu'il y avait à tirer pour ce grand problème de la considération de l'humidité propre au grain. » ( m ) M. Phipson adresse de Bruxelles un exemplaire d'un opuscule qu'il a publié récemment « sur la fécule et les substances qui peuvent la remplacer dans l'industrie ». Conformément au désir exprimé par l'auteur, ce travail imprimé est ren- voyé, à titre de renseignement, à la Commission chargée d'examiner un Mémoire récent de M. Dubrunfaut, sur l'inuline, Commission qui est com- posée de MM. Payen et Peligot. M. Boucart (Pierre) annonce avoir inventé un nouveau système de mo- teurs dans lequel l'air remplace la vapeur, système qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie. Si M. Boucart veut envoyer une description suffisamment détaillée de son appareil, cette description sera, s'il y a lieu, renvoyée à l'examen d'une Commission. M. Riedl Leuenstern demande et obtient l'autorisation de reprendre deux Mémoires sur les nombres polygonaux précédemment adressés par lui et mentionnés dans les Comptes rendus des séances du 6 novembre 1 854 et i4 mai i855. Il annonce avoir autorisé M. Franck, libraire à Paris, à retirer en son nom ces manuscrits. M. JViepce, médecin inspecteur des eaux d'Allevard, prie l'Académie de vouloir bien faire constater par une Commission les bons effets d'un médi- cament qu'il emploie contre le goitre et dont il offre de fournir les quanti- tés suffisantes pour les expériences avec les indications nécessaires pour l'appliquer. Tant que M. Niepce n'aura pas fait connaître la composition du médi- cament qu'il emploie, sa demande ne pourra, d'après les usages constants de l'Académie, être prise en considération. M. J.-J. Stuart écrit, de Tyrnau en Hongrie, pour demander les moyens d'arriver à connaître les rapports des mesures françaises avec les mesures autrichiennes et quelques autres mesures étrangères. L'auteur trouvera dans l'annuaire du Bureau des Longitudes^ qu'il lui sera facile de se procurer, des Tables de réduction de la plupart des me- sures étrangères en mesures françaises du système métrique. ( 866 ) M. Duhamel écrit du département de la Charente-Inférieure pour offrir de faire connaître, moyennant une rémunération, des méthodes qu'il dit avoir découvertes pour obtenir d'une manière facile la mesure des divers solides à forme régulière. Cette demande ne peut être prise en considération. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. COMITE SECRET. La Section de Botanique propose, par l'organe de son doyen M. Bitox- oxi art, de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. de Mirbel. L'Académie va au scrutin sur cette question. Sur 43 votants , Il y a 39 oui Et 4 non- En conséquence, la Section est invitée à présenter dans la prochaine séance une liste de candidats. La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B. (867 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 28 avril i856, les ouvrages dont voici les titres : Essai sur les principaux points de physiologie ;parM. C.-F. BOUCHER. Paris, i856; 1 vol. in-8°. Observations sur tes effets thérapeutiques de la morphine ou narcéine ; par M. V. Bally; br. in-4°. Documents et mélanges publiés à l'occasion de la maladie asiatique introduite dans les Etats-Romains et les Alpes dauphinoises ; par le même. Paris, i855 ; 1 vol. in-8°. Eludes anatomiques sur t hydrhémo-choladrée , écoulement de l'eau du sang parle tube digestif , et sur la fièvre jaune, autre espèce d' hémorrhée ; IIe partie; parle même. Paris, i856;br. in-8°. Ces trois ouvrages sont adressés au concours pour le prix du legs Bréant. De la météorologie dans ses rapports avec le choléra et l'épidémie de certains végétaux; par M. leDr L. Savoyen. Chambéry, i856; br. in-8°. Des espèces exotiques naturalisées spontanément dans le Jardin des Plantes de Montpellier; par M. Gh. Martins; \ feuille in-8°. Le noir animal, analyse, emploi, vente; par M. AD. BOBIERRE. Paris, 1 856; in-12. (Destiné par l'auteur au concours pour le prix de Statistique.) Note sur le terrain nummulitique supérieur du Dego,du Carcare, etc., dans i Apennin ligurien; par M. le professeur Eue SlSMONDA; br. in-4°. Exposé des travaux de drainage et de dessèchement exécutés par M. Ch. de Bryas, dans sa propriété du Taillan. Paris, 1 855 ; in-16. Lettre adressée à M. le Président de t Académie des Sciences; par M. Cl. Gay, relative à ses travaux scientifiques; br. in-4°. Historia... Histoire physique et politique du Chili; par M. Claude Gay. Documents, t. Ier, feuilles a6-34, et t. II; Histoire, t. V; Botanique, t. VI et VIII; Zoologie, t. VII, feuilles 8-3o, et t. VIII, accompagné de cinq livraisons de planches in-40. Jahrbuch... Annuaire de l'Institut Royal et Impérial géologique de Vienne; 6e année ; ier semestre 1 855 ; in-4°. ( 868 ) L'Académie a reçu, dans la séance du 5 mai i856, les ouvrages dont voici les titres : Table des positions géographiques des principaux lieux du globe ; par M. Daussy ; in-8°. (Extraits de la Connaissance des Temps pour les années > 836-i 858.) Eléments de Géologie; par M. Lecanu. Paris, i856; br. in-8°. Mémoire sur la mise en culture des terres vagues dans le département des Landes; par M. A. DE Lajonkaire. Havre, i856; br. in-8°. Mémoire sur l'ensilage rationnel, système nouveau pour conserver les grains d'après les données positives de la science et de la pratique, sans déchet, sans perte de qualité, sans travail et à moindre frais que dans tout autre système ; par M. L. Doyère. Paris, i856;br. in-8°. Mémoire sur la fécule et les substances qui peuvent la remplacer dans l'indus- trie; par M. leDrT.-L. Phipson. Bruxelles, i855-i856; br. in-8°. archives de biologie végétale, ou recherches expérimentales sur les divers phé- nomènes de la végétation, et observations nouvelles sur la structure et les mœurs des plantes ; recueillies , décrites , figurées et gravées par M. Germain de Saint- Pierre; ire et 2e livraisons; in-4°. Reforma... Réforme industrielle et mercantile, ou blocus continental européen et américain de la Grande-Bretagne ; par M. Matias Gomez DE Villaroa. Madrid, i855;br. in-8°. Saggio. . . Essai de calcul original, ou solution indéterminée de divers problèmes de géome'trie et de trigonométrie; par M. O. GlANOTTl. Casale (États Sardes), i856; br. in-8°. Address. . . Discours prononcé à la séance annuelle de la Société géologique de Londres, le \6 février i855 ; par le Président de la Société M. W.-J. Hamil- ton. Londres, i855 ; br in-8°. (869) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PENDANT le mois d'avril 1836. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, PELOUZE, Boussingault, Regnault, de Senarmont ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. XLVI; avril 1 856 ; in-8°. Annales de i Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d'Agriculture ; t. VII, n056et 7; in-8°. Annales des Sciences naturelles , comprenant la Zoologie, ta Rotanique, l'Ana- lomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. Milne Edwards; pour la Rotanique, par MM. Ad. BRONGNIART et J. DECAISSE ; tome IV; n° 4; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; mars 1 856 ; in-8°. Annales médico-psychologiques ; avril 1 856 ; in-8°. Annali... Annales des Sciences mathématiques et physiques, publiées par M. B. Tortouni; novembre et décembre i855; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; t. II ; IIe partie. Tableaux météorologiques; feuilles 4-6 et 32-36; in-8°. Ribliothèque universelle de Genève; mars i856; in-8°. Boletin... Rulletin de t Institut médical de Valence; mars 1 856; in-8°. Rulletin de [Académie royale de Médecine de Relgique; tome XV ; n°* 4 et 5; in-8°. Rulletin de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Reaux-Arts de Relgique; tome XXIII, n° 3; in-8°. Rulletin de la Société de Géographie ; t. XI; n°* 61 et 62; janvier à mars i856; in-8°. Rulletin de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale; mars i856; in-4°. Rulletin de la Société française de Photographie; avril i856; in-8°. Rulletin de la Société géologique de France; t. XII, feuilles 62-65; in-8°. Rulletin de la Société industrielle de Mullwuse; n° i33; in-8°. C. B., i856, 1er Semestre. ( T. XLII, N° 18.) X I 4 (87o) Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris; 3e série, n08 i et 2; in-8°. Bulletin mensuel de la Société impériale zoologigue d'acclimatation; mars i856; in-8°. Edimburgh... Journal philosophique d'Edimbow g; nouvelle série, n°6; vol. ITI, n° 2; avril i856; in-8°. Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées ; janvier et février i856; in -8°. Journal d'agriculture pratique ; t. V, nos 7 et 8; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie ; avril i856; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mémoires sur les diverses parties des Mathématiques ; publié par M. Joseph Liou ville; février et mars 1 856 ; in-4°. Journal de ta Société impériale et centrcde d' Horticulture ; mars 1 856 ; in-8°; accompagné de la liste des membres de cette Société au Ier avril 1 856. Journal de Pharmacie et de Chimie ; avril 1 856 ; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°* 19-20; in-8°. Hv AByivouz ia.rpix.Yi [ishciGa... L'abeille médicale d' Athènes ; ire série, t. III; livraisons de janvier à avril 1 856 ; in-8°. La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; nos 7 et 8 ; in-8°. L'Art médical, journal de Médecine générale et de Médecine pratique; avril i856;in-8°. Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 6. Le Technologiste ; avril i856;in-8°. Magasin pittoresque ; avril 1 856; in-8°. Mémoires de la Société d' Agriculture , des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube; 2e série, t. VI, n09 35 et 36; 2e semestre 1 855; in-8°. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon,- 2e série, t. IV. Année t859; 1 vol. in-8°. Monatsberrcht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse ; février 1 856 ; in-8". Nachricbten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de Goltingxie; nos 4 et 5 ; in -8°. (87r ) Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 12; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale ; avril i856 ; ih-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV, nos 9 et 10; in-8°. Répertoire de Pharmacie; avril i856; in-8°. Revista... Revue des travaux publics ; 4e année; n°7; in-8°. Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres ; vol. XVI, n°5; in- 8°. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales ; IXe volume. Perpignan, 1 854 ; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; nos 10-12; in-8° L'Agriculteur praticien; nos 12- 14; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n° 7; in-8°. Bulletin de /' Académie impériale de Médecine; t. XXI, nos i3 et i4; in-8°. Astronomische. . . Nouvelles astronomiques ; nos 96 1 -984 ; in-4°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; ie' se- mestre i856; ncs 12-17; m"4°- Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII; 1 3e- 16e livraisons. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos 3g- 5 1 . Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n05 14-17- Gazetle médicale de Paris; n04 1 4- 1 7 • L'Abeille médicale; noa 10-12. La Lumière. Revue de la Photographie; nos 14-17- L Ami des Sciences; nos 1 4~ 1 7 - La Science ; n™ 10-22. La Science pour tous ; nos 17-20. L'Athenœum français. Revue universelle de la Littérature , de la Science et des Beaux-Arts; nos 14-17; accompagné du Bulletin archéologique du mois de mars 1 856. Le Moniteur des Hôpitaux; n0539-5i. Le Progrès manufacturier ; nos 47- 5o. Réforme agricole, scientifique, industrielle; avril 1 856. Revue des Cours publics; n"' 14-17. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 12 MAI 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS, GEOFFROY- SAINT- HILAIRE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. A l'ouverture de la séance, M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire annonçait que M. Binet, qui, le 28 avril dernier, avait encore exercé les fonctions de Président, était très-dangereusement malade. M. Binet est mort avant que la séance fût terminée. L'Académie a appris cette triste nouvelle au moment où elle allait se séparer. chimie. — M. Chevreul lit une introduction au septième Mémoire de ses recherches chimiques sur la teinture. Elle a pour titre : Comparaison de Vanalyse minérale avec l'analyse organique immédiate, et conséquence quon peut en déduire pour établir une méthode de cette dernière analyse. chimie appliquée. — Nouvel acide extrait d'une plante mexicaine, et qui paraît pouvoir être employé dans la teinture; Lettre de M. Ramon de la Sagra, Correspondant de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, à M. le Secrétaire perpétuel. « Je viens vous prier de présenter à l'Académie des Sciences l'échantillon ci-joint d'un nouvel acide, qui se trouve cristallisé dans les racines sèches C. R., iS56, 1er Semestre. (T. XLH, N° 19.) I I 5 r n ( 874 } d'une plante du Mexique, appelée dans le pays pipitzahoac, où elle est em- ployée comme purgatif drastique. Le Dr Hernandez en a fait mention dans l'ouvrage intitulé : Historia Plantarum Novœ-Hispaniœ. » Cet acide et un échantillon de la plante et de la racine se. trouvaient dans les vitrines de l'Exposition mexicaine au Palais de l'Industrie. La Com- mission mexicaine a eu l'extrême complaisance de me les céder, pour les faire examiner et connaître. » La plante, ayant été déterminée par M. Weddell, du Muséum d'His- toire naturelle, se trouve être la Dumerilia Humboldtia, de Lessing, de la famille des Synanthérées, déjà si riche en produits remarquables et utiles à la médecine. » Le nouvel acide a été étudié au Mexique par le professeur M. Rio de la Loza, qui en a fait le sujet d'un Mémoire lu à l'École de Médecine du pays, le 22 novembre i852. C'est à cause de cette première communication scien- tifique, que le nouvel acide porte le nom Riolozique, tiré de celui du savant mexicain. Il en a reconnu et exposé les propriétés physiques et chimiques. Parmi celles-ci, il y en a qui recommandent le nouvel acide pour la tein- ture, car il se combine avec les alcalis et les oxydes métalliques, formant des sels de diverses nuances qui se fixent bien sur les étoffes de laine, de soie et de coton. Si l'Académie juge convenable de nommer une Commission, je me ferai un devoir de lui transmettre d'autres renseignements. » MM. Chevreul et Pelouze sont invités à examiner les spécimens présentés par M. Ramon de la Sagra. M. î/IIoMHius Fiions fait hommage à l'Académie d'un exemplaire d'un opuscule qu'il vient de publier sous le titre de : Observations sur le Pecten glaber. zoologie. — Tableaux paralléliques de V ordre des Gallinacés ; par S. A. le Prince Bonaparte. « Poursuivant mes études sur les classifications paralléliques, j'en suis venu à devoir appliquer aux Précoces, qui constituent la seconde sous- classe des Oiseaux, les mêmes principes à l'aide desquels j'ai divisé les Altrices, dont est formée la première. » Je donne ici les tableaux systématiques du neuvième ordre, de l'ordre entier des Gallinacés, c'est-à-dire celui de la tribu des Passerigalles, et ceux ( 875 ) des trois cohortes des vrais Gallinacés , dont la dernière est de beaucoup la plus nombreuse. On sait que cet ordre, que je n'élève dans sa série qu'au niveau de celui des Pigeons, l'un des derniers de ma première sous- classe, n'en commence pas moins la seconde, dans laquelle il est suivi par l'ordre des Êchassiers, qui correspond à celui des Herodes, par l'ordre des Palmipèdes, correspondant aux Gavies, et par les RuHipennes, qui terminent la classe des Oiseaux, correspondant aux Impennes, les derniers aussi de leur série. » Par une curieuse coïncidence, que je constate avec bonheur pour la première fois, il se trouve que tous les Oiseaux désignés par les chasseurs et les gastronomes sous le nom de gibier, appartiennent à la seconde sous- classe des Précoces, qu'ils constituent même en entier, tandis que la pre- mière, celle des Altrices, n'en contient pas un seul. » La synonymie de mes tableaux pourra cette fois offrir un intérêt spécial, attendu que M. Pucheran a bien voulu s'en rapporter à moi pour l'indication des types de notre Musée qu'il lui restait à faire connaître, comme il l'a déclaré lorsqu'il a clos sa publication si appréciée en Alle- magne et partout où l'on travaille sérieusement. Je n'ai accepté cette espèce d'héritage que sous bénéfice d'inventaire, c'est-à-dire que j'ai puisé large- ment dans ses notes, et me suis éclairé de son expérience. » Deux des espèces nouvelles énumérées dans mon second tableau méritent d'être caractérisées dès à présent; les autres le seront dans la dernière partie du Conspectus, dont l'impression se continue à Leyde. » i. Pipile (i) argy rôtis, Bp., de Caraccas, semblable à P. marail, mais la face encadrée de blanc mat, plus étendu et plus brillant sur la ré- gion des oreilles. ■» i. Orlalida montagnii(2), Bp., de la Nouvelle-Grenade, semblable pour la taille et pour la couleur à Chamœpetes goudoti, mais à poitrine d'un gris légèrement olivâtre, avec les plumes bordées de blanc, comme dans les vraies Pénélopes : le croupion largement lavé de roux. » (i) Le genre Pipile est établi ici en remplacement de Pénélope , Wagler, un peu modifie ; le genre Pénélope, Merrem , correspondant plutôt à Salpiza , Wagler, groupe artificiel affublé d'un nom illégal. — J'ai aussi fait subir une légère modification au nom Penelops , emprunté à Pline par Reichenbach , afin de pouvoir lui laisser la jouissance de son genre , d'ailleurs à peine distinct à? Ortalida. (2) Gallieorum Cryptogamistarum facile Principi , amicissimo Montagno dicata. I I 5.. (876) F F* fi g 2 « i a >* a OC ~> o« IO 1 -a* w b3 O «o Ci tn -£- oa H r. • f > S. « s », S" sT « k i 5 - i- 5* 8 ° i. a a" o 2. S. "2 g," p e er 2 2 3 M il 2. «" o a* 3 •-* e o* 1 O O C g- 2- -S a 3 ° 1.1 s c. pi e tr M 13 t-> ^. g tn * M ** O H w î? " T « ^ - i™ p. g = =i 3 • £ 5 •— 3 - ? B o • a • s' F» r PI r* r* pi 4 e S. — fb Si 9 1 ™ ' r s 2 S" y S *•> 3 m* 53 S" 5- Ci o e c S 3 Ci m S c B K ■S o & § I o B ir^ Ci ge * o * c^ ï.1 2 8 r S5 S S ''s 5 5 "« 4,-v i 5 J S 1 ï fe H v> « S* 3 3 S ? * 8 5 3 r 2 ï 3 S E e § 3' & > ? « -2 » » ~ S - - » CJQ M 1 £ 5 3 s B a B ï a. =5 «o 1 ! H O t^ œ V c 4 • ffl 5 *• ^ «1 = K o. B _ O oo ' • > 3 "o £• S S? e _ er > i Ë H i a B H ^ o -^ a ^- es a 2-1 S 2. == S es ^3 S *** to S' : § 3 n <; t^ fl5 SB» r- SÉi o m « ^ s DO ( 877) ■= 5r £. "S o . 4 3 B H ç 1 H - 9 -1 S < ^ ? gd 9 o » »■• « • a: p* M S © m ~ s - U tf 8 © H s s ■ s" "O ë . e.£ .a >J b Ph u " o « !» o B p« O 3 * 3 »! « O J> i H S = ■ H & "J £ « 5. « a - W fi v '" ^ « a « c a 1 f S Sf •2 2 = °- b S I -> -O ^ '-. t S Ci - * "5 ë S» S .2 Oh CJ S O 3 ° > a <ï 2 | 2 ~ ? ? à H 8 *** L. IV. ■S W « ^ * 1 5 1 m (o (D ce w « 5 «» « te 4 - ta i2 • ^» .S '-« cfl u •= :i «s s » S » sj a q - - R. « ~ -2 es 3 ^ S S 3 s S « « o -kl ( 880 M « M g o a s. - ^ &* •»• <^ 2 « 8. S 5- w — £ 2 S 2 Il s- S v> 2 2 ^ C C &. J a r ce c S* *s s p r* ^ J*. 5 ' ~ M 3 - r » 5, " H &P « ^^ c 0 — B* ? ^5 B 2 — M £. 2 =" r— a n (-.' 5 0 ^ B =1 „-• x s j >■» <: ? -" *» » o o > . es oc es -: S ri • n -Ji g* 6 a SrvS » ,-^ » c *-^"S s s 31 S s S B "2. B D" 1 a 2. 3 a "n g s. a T S; a CCS a &li I § I a' - S» a c B -. y. ~ *~ « te S F- b ^ 0 £T n c ^ -: =7 B 3 „» S S; 2 a, Sa.» . Uni, Sabine.) nsis, L. 2 S" a- "■• fi* a» re ~ » 3 . » 0 ? c ta. 2 .?. 3 ■§' .-03 en ■S. ?i 5 "2U"S5i???5? «S 3 S ^ s 5 2! s 8" S' -•a ■= a, a 2 ~. s- S* P S. 6 ? a :■?■ c & ■■ "o5 S ' ee S." ! O 3 M 3" J> 3 3L« ■ 2 o. ce j« s- 5- s a e 3 e 1 6 - 3 r. c^ g J^ •c M V: B r 0 te BO S > en &• 0 g C5 » .f = > .5 N 3 cm 5 S 2- — -, ■i 5 * & s. C o fl O w — a 05 S. -S B I M r2 3 00 — - m Q 6 5 ft llf s s S -" 3 q 3" (5- v ? ? S ' 3 3 ?=9 J" o- s» S 5 S. a » B r 3 c t-i 9 J i. « — V) 3„o3 "j-c§iE &*oq ^.•-•5 S ft Ss ££■=§•£ si a P 5^ h-»" •^ S- H a a ^ 1 .-. !» Cï 5, 8 '-"•? 00? w 2 3 -"' 3 w ça a H H S 5 0 O 8 ? 5 (88r ) q il « - a ■ •n . >-i -a s « © Ç d «* « g .«0 .10 s- £ o a S J S S H & S" E S H C . • . E. So- is S o-= «•— J s ui si oT « s -^ o C 2 « W .Q •3 o .- o en en en en & % co « .1 >.*3asf lifflstfc § * I S 3 g A § ifaîla " £ C » ç* o o a 5 S l»> 3 ■a E (fi . s- Ois. a a .2 .2. £ H 3 -2 S a Q . . o o — es • — ci es rs 05 ..g »•-- S 3 .1 « -3 S. 2 « T3 •B «i PO <± «-•s fc * a A H Pi 4 3 i (M 3 H ci d 1 e" - e c c Ç g^° 69 * si I §-3 s R S OH g !f 8! : à. 5. aa .a . ; c o-irç .toc-, ■^CW.-p*--:^ w*H.~o.B.ûaëft^u a „- S — «h fi - . .5 ~ S £ 0 -H s s 2à st: o s «p-g* S 3 9 H W es :a e * s s Ci ïil1sli8i-§||Ig «S I | g gl | gs Cg-5-g (A — ci . en ._ s b Esta « *ÏJÎtI "3 -C W « ia |<5_ S.'05 ô « «.£^0 a. sa U< 1« «2 I.S o a C u es 2 % .=. c S B ° ~ ° H- es es Oi Ci es es CïO O es eo en o o o o - ■en en en en en o S s o H d : S - sa S x e .s Il -• "'à . 5 j "3 ^ < ï- "; O w fcHliê'fl O 2 o o i « " (j m s=: « ^.^: ^ S'a ., .a '3 *3 "- 9 ? 2 -â s 2 « » a a ^ ^ o rS >3 •- * - S « s" s o a) .2 .sS'It § s j s S.OT3 * C/5 . . «• n n « « « ea . S -S S a! -3^3 « * '"* « .2 -a 2rs « « ^-^ ra eu . r*« -«ris g ** O '~ — C o*5 X S»? ^» •■H O u .1/1 S -s" ; « -S ês£ « s r I •§ s s _- s s u C eO » sa c o *£ o J3 « O 2 S ._-.£ S « » c s ^ 5 ■- SI •S-l 8J-3 Sc5 i 2 S» es 2 -o .. S "^ I §"5 =° 1 «£°. alpinus, Molsch. (caucasicus , Aliq. ) 16G. himalayensis , Gr. (nigelli, J. Gr. caucasicus , Gr. nec Pall.) 167. altaicus, Gebler. ( caucasica , Eversm . ) 168. thihotanus, Gould. 62. Lerwa , Hodgs. 169. nivicola, Hodgs. 65. Ithaginis, Wagl. 170. cruentus, Hardw. (gardneri, Hardw. foem.) 64. Galloperdix, Blylh. 171. gularis, Temm. (polygrammica , Val.) 172. zeylonensis, Gm. (bicalcarata , Penn. ) 1 73. oculea , Temm. (ocellatas , Radies. ) 174. sphenura, /. Gr. GS. Hepburnia , Reich. 175. spadicea, Gm. (madagascariensis ! Gr.) 176. oleagina, Bp. 177. northise , /. Gr. (spadicea, fœm. Auct.) 178. lunulata, Val. (hardwicki ? Gr.) OBDO IX. TRIBUS II. COHORS III. FAMXLIA 13. Subfamilia 19. Perdicinœ. W. FRANCOLINEiE. 66. Francolinus, St. J79. vulgaris, Steph. (francolinus, L.) 180. asiae, Bp. (franc, minor ex Asia, Auct.) 181. henrici, Bp. (franc, major alisbrev. exScind.) 182. tristriatus, Bp. (franc, ex 1ns. Chipr.) i83. pictus, Jard. ( hepburni, J. Gr.) 184. perlatus, Gm. (chinensis, Osbeck. maculata, J. Gr. phayrei, Blyth.) i85. madagascariensis, Gm. (pinladeus , Scopoli ) 67. Peliperdix. Bp. 186. latharai, Harll. (peli, Temm. ) 68. Ortygornis, Reich. 187 ponticerianus, Gm. (orientalis, Gr.) 69. Rhizothera, Gr. 88. longirostris, Temm. (curviroslris , Rafil.) 70. Pternistis, Wagl. 189. imdicollis , Gm. (capcnsis , Steph. nec Gm.) 190. rubricollis, Rùpp, (asialica ! Lath.) 191. swainsoni, Smith. 192. cranehi , Leach. (punclulalus, Gr.) 71. Chœtopus, Sw. a. Didfmacis, Reich. ig3. bicalcaratus , L. ( scnegalensis , Br. adansoni, Temm. albiscapus , Reich. b. Clamator , Blyth. 194. capensis, Gm. nec L. (clamator, Temm.) ig5. natalcnsis, Smith. (lechoho , Smith.) 196. albigularis, Gr. 197. subtorquatus, Sm. (cor/ui, Smith.) 198. pileatus, Sm. ( scphacna, Sm.) 199. clappertoni, Chidren. 200. ruppelli, Gr. (clappertoni, Riipp. nec Childr 201. gutturalis, Riipp. c. Scleroptcra. 202. levaillanti , Temm. 203. afer , Lath. 204. erkeli, Rùpp. 205. gariepensis, Sm. (vaillantoïdes, Sm.) 206. concentricus, /. Gr. 207. adspersus , Waterh. 72. Margaroperdix , R. 208. striata, Gm. (madagascariensis , Scop. griscus, Gm. faem. pinladeus I Aliq.) X. PERDICEiE. Orbis ant. 73. Caccabis , Kaup. 209. rubra, Dr. (rufa, L. excl. syn.) 210? labataei , Bouteill. ( rufidorsalis ? Brehm. rubra, part. Auct. ) 211. petrosa , Lath. ( rubra barbarica , Br. T. rufus var. S. Gm. ) 74. Perdix, Bp. 212. saxatilis, Bechst. (rufa , part. Gm. rupestris , Brehm. grecca ! occident. Auct. ) 21 3. grajea, Belon. ( chukar ex Eur. Auct.) 214? altaica, Bp. (saxatilis! Brandt. chukar. Aliq.) 21 5. chukar, /. Gr. (pugnax, Hodgs.) 21C. synaica, Bp. ( rupicola ? Licht.) 217. melanocephala , Rùpp. (botta, Mus. Par.) 218. yemensis, Nicholson. ( Francolinus yemensis. Nichols.) 7o. Ammoperdix, Gould. 219. heyi, Temm. (Jlavirostris , Ehrenb. rupestris, Aliq.) 220. bonhami , Gr. (griseogularis , Brandt.) ( 883 ) GALLEViE. GAIiliDA.lC'F.i:. PERDICES. PERDICIDJE. Y. STARNE.E. Orbis ant. 76. Arboricola, Hodgs. * Indicœ. 321. torqueola, Valette. ( olivacea , J. Gr. megapodia, Temm.) 222. rufigularis, Blyth. 223. intermedia , Blyth. 224. brunneipectus , Tick 225. atrigularis, Blyth. x* Malasiœ. 226. javanica, Horsf. 227. personata, Bp. 77. Starna , Bp. 228. perdix , L. (cinerea , Lath. nec L. montana ? Gm. damascena? Br. sylvestris, Brehm. minor , Brehm. ) 229. nov sp. Hodgs, e\ Himal. a3o. thoracica, Temm. 23i. charltoni, Eyt. î32? scutala, /. Gr. 78. I'tilopachus , Sw. 233. fuscus , Vieill. (ventralis, Valenc. erythrorhynchus , Sw.) 234. soperciliosus , /. Gr. (ISollulus supercil. J. Gr. ) Z. ODONTOPHOREdî. Americanœ. 79. Dendrortyx, Gould. 235. macroura , Jard. ( ncevia? Gm.) 236. leucophrys , Gould. 237. barbata , Licht. 80. Odontophorus, V/ei//. 238. guianensis , Gm. (rufus, Veill. rufina , Spix. ) 23g. marmoratus, Gould. 240. pachyrhynchus, Tschudi. 241. speciosus, Tschudi. 242. dentatus, Licht. vix Temm. (guianensis, Gr.) 243 capueira,S/»'a:. (dentatus, Auct.) 244. capistratus, /«rd. (malurus? Sw.) 245. stellatus, Gould. (leucosticle, Natter.) 246. guttatus , Gould. 247. balliviani , Gould. 248. veraguensis, Gould. 81. Strophiortyx , B^. 249. columbianus, Gould. 250. strophium , Gould. 25 1. Iineolatus, Licht. (thoracicus, Gambel.) Subfamilia 20. Ortyginœ. Aa. ORTYUE.S. Americanœ. 82. Cyrtonyx, Gould. 252. massena , Less. ( montezutnœ , Vig. guttata, Llave |832. meleagris, Wagl. perspicillata, Licht.) 253. ocellata , Gould. 85. Ortyx, Steph. 254. virginiana, L. (marilanda , L. faeni. americana , Br. novœ-angliœ , Br. Coi. ludoviciana , Br. borealis , Temm.) 255. cubana, Gould. (virginiana ! d'Orb. nec L.) 256. texana, Laurence, (mexicana? L.) 257. nigrigularis, Gould. 258. coyolcos, Gm. (mexicana , Br. castaneal Gould. var.} 25p. pectoralis, Gould. Ab. CALLIPEPLE.€. Americanœ. 84. Eupsichortyx , Gould. 260. cristata, L. (temmincki, Stcph. neoxenus, Vig.) 261. leucotis, Gould. 262. sonninii , Temm. ? affinis, Vig. 263. parvicristata, Gould. 264. leucopogon , Gould. 265. thoracica , Garni. 266 sclateri, Bp. ( Eups. gula nigra.) 83. Philortyx, Gould. 367. fasciata, Gould. (perroliana, O. des Murs.) 86. Callipepla Wagl 268. squamata, Vig. (cristata, Llave nec L. strenua, Wagl.) 269. elegans , Less. (spilogastcr, Vig. 270. douglasi, V'g. 87. Lophortyx, Bp. 271. californica , Shaw. 272. gambeli, Nutt. (venusla, Gould.) 273. picta, Douglas, (plumifera , Gould.) Nota. — La fin de l'ordre des Gallinacés se trouve à la page 8Ji. Il6. ( 884 ) o S- **• ■ O n n » S 5" 3 m o' 13 o p > S" M c n O T3 P to o O » o O •TCUISaK - ! ■ \ ' œpi^isa j£ s- i ■d 1 > ' i a H H 5 O e o r fil M 0 00 o o to O ■afNi modvoaK *.~ ] aepupodeSaj^ b9 CM 00 o o o o •awnvoaivx '' 1 M - o o " o 'ïunnnoii ■ S •œpjjnno'H M o o - o o •a'Nixsviaov .) - «pipimnftj V] o 0 ■o o o •a'Kiaiwas H OO o oo o o o ■arKiHovaaau H ■;>ipipijSe9|3£g > 1 (? 1 O O ' 1 o 3= ;<- O 1*1 P > > H 2 3 G C/5 M O o M o o 0 •WN1DYH3 H anp;.iBJ!J 1 00 0 oo o o 0 ■arsidoiauad O j ■aspido|duaj M 0 - o o o - armaisvHdoaao O 1 NI M 0 o o o •a^isYsasav ;) ■œpiuOABa > oo 1 o o o H 1 O ! f — «5 Ol o o -£> o •3'NINOAVd 10 | CM 0) 0 o 10 00 - •afmNVlSVHd •.TspiuBissq^ > 1 (S 00 o o o 00 o •afNlHOHdOHdOT vj o ^3 o o o 'a'siaoDOKiHx M ■aspjjooouuix S O o o sa w 90 O *l« o O - 4^ 10 •a'Kraoaaxd »j •œpipojaia; •«1 > » 0 0 o 10 0 •3'NIldVHUHAS M oo o - o G> co •yiJiNOYaxax H ■oapjuoBJ}9X S S vj o o y OO o «D •ïNiaïaaad JS | s a 5" a TJ s — o o 4=> O o o o -af!JIDAXaO 10 | o r oo 00 o 00 oo - •amiaiKaaxoa te 1 O o o O0 O « •a'NiDiNaax * ] O o o 0 o o -3'NIHVKIIX •s 1 9'' | ■œpjuiBuix 2 i » o M o 0 0 •sKimoviana O0 -ex *> • oo oo o y» O0 ( 885 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet deux Mémoires de M. Bïlliard, médecin à Corbigny (Nièvre), Mémoires ayant pour titres: l'un, « Théorie de la phthisie, » l'autre, « Découverte des sources de l'ozone organique, suite du Mémoire sur la cause secondaire du choléra ». Ces deux Mémoires sont renvoyés à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie, déjà saisie du Mémoire sur le choléra. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet également un Mémoire adressé de Buenos-Ayres, par M. Bravard, et intitulé : « Conspectus de la faune fossile de l'Amérique du Sud ». Ce Mémoire, dont nous devons nous borner aujourd'hui à mentionner l'arrivée, n'est, comme le titre l'indique, que le cadre d'un immense travail que l'auteur prépare pour la publication. Pour faire juger de son impor- tance, il nous suffira de dire que la collection paléontologique formée dans le nouveau monde par M. Bravard ne compte pas moins de six mille osse- ments ; elle donnera lieu à l'établissement d'un grand nombre d'espèces nouvelles, cinquante au moins, suivant l'auteur. (Commissaires, MM. Constant Prévost, de Quatrefages.) chimie organique. — Considérations générales sur le mode de constitution des alcools et des éihers ; par M. Blondeau. (Commissaires, MM. Dumas, Balard.) physique. — Suppression du fil de cuivre couvert en soie pour les spirales des multiplicateurs; par M. Bonelli. ' (Commissaires, MM. Becquerel, Despretz.) « Pour produire les phénomènes de l'électromagnétisme et du magnéto- électricisme , c'est-à-dire pour obtenir de l'électricité les effets des aimants, et des aimants les effets des électromoteurs, il faut toujours employer des spirales de fil métallique revêtu d'une substance qui l'isole parfaitement, et qui consiste, jusqu'à présent, en une enveloppe de fil de soie ou de coton. Les fils métalliques qui composent ces spirales doivent être plus ou moins gros et avoir plus ou moins de longueur, selon les phénomènes ( 886 ) qu'on veut produire et selon les forces employées, mais bien souvent il faut donner aux spirales une très-grande longueur, et aux fils le plus petit diamètre possible. Or ces fils métalliques, couverts de soie ou de coton, ont un prix considérable, qui est une des objections qui rendent plus dif- ficiles les applications pratiques de l'électricité; les fils très-fins surtout coûtent énormément cher, et encore y a-t-il des limites de finesse qu'on n'est pas parvenu à dépasser, et auxquelles il faut se tenir, quelle que soit l'importance d'avoir une plus grande finesse et une plus grande résistance par conséquent. Il y a plusieurs expériences qu'il serait très-important de faire, et qui ouvriraient peut-être un nouveau champ à l'étude de l'élec- tricité et de ses applications, et qu'on ne peut pas exécuter faute de fils très-minces et isolés convenablement. » Le problème que je suis parvenu à résoudre est le suivant : » i°. Faire à très-bon marché les spirales pour les machines électro- magnétiques ou magnéto-électriques, telles que relais, électro-aimants pour télégraphes, galvanomètres, etc. » i°. Faire des spirales d'une finesse infiniment supérieure à celles des fils les plus minces, et cela en diminuant des quatre cinquièmes le prix actuel. » Le moyen très-simple d'obtenir des effets d'une si haute importance, consiste dans la substitution aux fils métalliques des bandes de papier sans fin à lignes métalliques. » Que l'on suppose, par exemple, une bande de papier AB de la hauteur d'une bobine d'électro-aimant ou du châssis d'un galvanomètre, et sur la- quelle, par des moyens bien connus, on ait tracé des lignes métalliques aa', hb ', ce', dd' ; il est clair que ces lignes restent isolées l'une de l'autre par le papier qui les sépare, et que le courant électrique pourra en par- courir une quelconque, pourvu qu'il y ait continuité dans le métal dont elles sont faites.» -->d' > » Si donc on enroule ce papier sur la bobine ou sur le châssis, en ( 887 ) faisant communiquer tous les bouts a, b, c, d ensemble et avec un pôle d'une pile, et les autres bouts a', b', c\ d', tous avec l'autre pôle, on aura l'effet même que donnerait un fil dont la section fût égale à la somme de celles de ces lignes et qui eût la même longueur que la bande de papier. Si, au contraire, on laisse en dehors l'extrémité intérieure de cette bande où sont les bouts a', b', c', d' ,. . . , et qu'on réunisse a' avec £, b' avec c, c' avec d, en mettant ensuite en communication le bout a avec un pôle de la pile, et le bout d' avec l'autre, le courant passera successivement dans toutes les lignes suivant la direction aa\ bb',cc', dd', c'est-à-dire marchant toujours dans le même sens, et donnera le même effet qu'un seul fil mince dont la section fût égale à celle d'une des lignes susdites, et la lon- gueur égale à la somme de ces lignes. » Nous avons marqué quatre lignes seulement, pour faire mieux com- prendre la marche du courant, mais il est évident qu'on peut donner à ces lignes et aux intervalles qui les séparent l'épaisseur de i millimètre et même moins encore, de manière à en faire tenir de quarante à cinquante sur une bobine ordinaire. Le papier qui est entre ces lignes et au-dessous d'elles les tient parfaitement isolées, et comme ce papier peut être très-fin et très- serré sur la bobine, dans une médiocre épaisseur, on pourra mettre une longueur très-considérable de spirales métalliques, qui auront par consé- quent une action plus grande sur le fer. » Nous avons construit un galvanomètre et un électro-aimant avec le sys- tème ci-dessus indiqué, qui fonctionnent à merveille, et nous nous occu- pons de fixer dans ce moment, par les calculs nécessaires, les lois à suivre pour la meilleure construction des appareils électriques d'après le nouveau système. Nous nous empresserons de communiquer les résultats de nos recherches à l'Académie, dont nous espérons obtenir l'honneur d'un Rapport. » chirurgie. — ablation totale de mâchoire inférieure, pratiquée par suite du développement dans l'intérieur de cet os d'une énorme tumeur fibreuse ,■ par M. le Dr Maisonneuve. (Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet.) « Cette opération, qui n'avait pas encore été pratiquée dans les hôpitaux de Paris, est remarquable par la promptitude merveilleuse de la guérison, par la perfection du résultat, et surtout par le bonheur avec lequel j'ai pu conserver complètement le périoste, de sorte qu'il ne serait pas impossi- . ( 888 ) ble, ainsi qu'il résulte des beaux travaux de M. Flourens, que l'os ne vînt à se reproduire. Voici les détails de cette opération. » Tramât (Jérôme), âgé de 33 ans, vint à l'hôpital de la Pitié, le 1 1 avril i856, me consulter pour être traité d'une affection grave de la mâchoire inférieure. Cette affection, dont le malade faisait remonter l'origine à plus de huit ans, avait débuté par le côté droit de la mâchoire. Elle se manifesta d'abord par un gonflement diffus sur le trajet du corps de l'os ; puis les gencives se tuméfièrent ; les dents, repoussées de bas en haut, devinrent va- cillantes, et finirent par tomber. A leur place on vit [paraître une tumeur dure, comme fibreuse, qui envahit peu à peu l'intérieur de la bouche, pen- dant que de son côté l'os continuait à grossir et formait relief à l'extérieur. Tout cela s'accomplissait lentement et sans douleur, de sorte que le malade ne s'en préoccupait que médiocrement. C'est seulement depuis dix-huit mois que la gène de la déglutition et de la parole, jointe à la difformité hi- deuse de son visage, l'engagèrent à se soumettre à un traitement régulier. Pendant un au environ, il fut soumis à l'usage de préparations mercurièlles, iodurées, sulfureuses, etc., sans que la marche du mal fût en rien modifiée. C'est alors que sur les conseils des médecins de son pays, il se décida à venir à Paris consulter les maîtres de l'art. Tous furent d'avis que l'existence était gravement menacée, et qu'une opération seule pouvait offrir au malade des chances de salut. » La maladie envahissait alors la presque totalité de l'os maxillaire ; seu- lement elle avait à droite un développement beaucoup plus considérable. De ce côté, son relief antérieur égalait au moins le volume du poing. A l'in- térieur, elle refoulait la langue et le voile du palais, et remplissait la plus grande partie de la cavité buccale. Du côté gauche, elle était beaucoup moins saillante; mais il était facile de reconnaître qu'elle s'étendait jusqu'à la base de la branche verticale de l'os. Dans tous ses points la tumeur était ferme et résistante; à l'extérieur elle avait la dureté osseuse, tandis que dans l'intérieur de la bouche elle donnait plutôt la sensation du tissu fibreux. Sa face gingivale, entièrement dépouillée de dents molaires, offrait un sillon profond, dans lequel s'engageait l'arcade dentaire supérieure. En avant, au contraire, et à gauche, les dents étaient complètes et seulement un peu dé- viées de leur direction normale. Les téguments muqueux et cutanés n'of- fraient aucune altération, ils glissaient facilement sur la tumeur. Aucun engorgement n'existait du côté des ganglions ; la santé générale était excel- lente. Tel était l'état des choses, lorsque le 1 5 avril je procédai à l'opé- ration . ( 889 ) » Le malade étant soumis au chloroforme, j'incisai verticalement la lèvre inférieure sur la ligne médiane, et, continuant l'incision horizontalement du côté droit, je divisai profondément les parties molles jusqu'au devant du mas- séter. Dans un deuxième temps, je divisai l'os maxillaire sur la ligne mé- diane au moyen de la scie à chaîne; puis, avec le hout du doigt et l'extrémité mousse de ciseaux courhes, je détachai les parties molles tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, en ayant soin d'enlever en même temps le périoste : ce temps fut long et laborieux, à cause du volume de la tumeur et de la saillie qu'elle faisait du côté de l'arrière-gorge. Dans un quatrième temps, je fis basculer l'os pour amener en avant l'apophyse coronoïde; mais celui-ci, devenu trop fragile par suite de la distension de ses fibres, se brisa au-dessous de l'apo- physe. Saisissant alors celle-ci avec un davier, je l'attirai en avant, divisai le tendon du crotaphyte et du ptérygoïdien externe avec des ciseaux cour- bes, et terminai cette première partie de l'opération en extrayant le con- dyle. Le plus difficile était fait ; l'autre portion du maxillaire, bien qu'altérée profondément, était loin d'offrir la même tuméfaction. Aussi ne crus-je pas nécessaire d'inciser les parties molles extérieures. Après avoir délivré la mu- queuse gingivale en dedans et en dehors de l'arcade dentaire, j'énucléail'os de son périoste, divisai d'un coup de bistouri le nerf mentonnier; puis, quant au masséter et au ptérygoïdien interne, je les déchirai près de leur insertion avec le bout du doigt indicateur. Faisant ensuite basculer l'os pour attirer en avant l'apophyse coronoïde, je divisai, avec des ciseaux courbes, le tendon du temporal et celui du ptérygoïdien externe, et par un brusque mouvement d'arrachement je terminai l'opération. » L'extirpation de la moitié latérale droite avait exigé trois ligatures ; celle de la moitié gauche n'en réclama aucune. Quelques bourdonnets de char- pie furent seulement introduits dans l'espèce de cul-de-sac correspondant au condyle; puis je procédai au rapprochement des parties. » Par excès de prudence, et bien qne la langue n'eût aucune tendance à se porter en arrière, je crus devoir passer un fil à la base du frein ; puis je rapprochai les deux moitiés de la lèvre, ainsi que les bords de la plaie hori- zontale du côté droit avec des points de suture entortillée, sur lesquels je fixai le fil qui retenait la langue. » Immédiatement après le pansement, le malade put avaler sans trop de peine quelques gorgées d'eau et de vin sucrés ; cependant je crus devoir opérer l'alimentation pendant les deux premiers jours avec la sonde œso- phagienne. » Les suites de cette opération furent d'une simplicité inespérée. C'est à C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 19.) i 1 1 ( 89o) peine si le malade eut la fièvre traumatique ; la réunion de la plaie extérieure se fit par première intension dans les neuf dixièmes de son étendue. Dès le deuxième jour je pus retirer les bourdonnets de charpie de l'intérieur; le quatrième jour j'enlevai les épingles; dès lors la guérison parut assurée, et en effet elle ne s'est point démentie. » Aujourd'hui, quatre semaines seulement se sont écoulées depuis l'o- pération, et la guérison est tellement parfaite, qu'on a vraiment peine à croire à tout ce qui s'est passé. Le visage, de monstrueux qu'il était, est devenu ré- gulier et même gracieux; l'œil le plus exercé a peine à y retrouver les traces d'une légère cicatrice. Les mouvements de la bouche sont conservés intacts. La langue a recouvré tous ses mouvements ; la parole est nette et facile ; la déglutition s'opère sans obstacle, et déjà même à la place de l'os maxillaire on voit qu'il se développe un tissu dense et résistant qui, grâce à l'entière conservation du périoste, pourrait bien plus tard subir la transformation osseuse. Description de la pièce anatomique* » La pièce anatomique représente la mâchoire inférieure tout entière, complètement dépouillée de son périoste. On y remarque aux condyles, aux angles et à l'apophyse coronoïde des portions de fibres musculaires apparte- nant aux masséters, aux deux ptérygoïdiens et aux crotaphytes. » Du côté droit, cet os forme une tumeur du volume du poing, constituée par la présence d'une production fibreuse, qui s'est développée dans son intérieur, et en a écarté les fibres au point de les réduire à une couche mince et transparente. Du côté gauche, l'altération est moins avancée; ce- pendant l'os a triplé de volume, et la production fibreuse s'est creusé dans toute l'étendue delà portion horizontale un long canal de 2 à 3 centimètres de diamètre. » Le tissu de la production morbide est essentiellement fibreux, sans au- cun mélange de corpuscules cancéreux, épithéliaux, ou fibroplastiques. » physiologie. — De la faculté asshnilatrice des différents corps gras; par M. Berthé. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Cl. Bernard.) « Les belles expériences de MM. Dumas, Persoz, Liebig, Boussingault et autres savants, ont fait connaître l'utilité des corps gras dans la nutrition comme aliments respiratoires. Celles de M. Claude Bernard nous ont ap- (8ç)i ) pris quels agents la nature mettait en œuvre pour digérer ces corps et les rendre propres à l'assimilation. » Mais tous les corps gras ne possèdent pas au même degré la faculté d'être assimilés : les uns se digèrent avec une facilité presque inépuisable ; pour d'autres, au contraire, l'organisme arrive promptement à un état qu'on pourrait considérer comme voisin de la saturation, de sorte qu'après un temps déterminé on retrouve dans les excréments une proportion de corps gras sensiblement égale à celle qui a été ingérée. Y a-t-il des règles qui ré- gissent cette propriété assimilatrice ? C'est ce que je me suis proposé d'éclai- rer en entreprenant les recherches exposées dans le présent Mémoire. » Les corps gras que j'ai soumis à l'essai sont, outre le beurre, les huiles d'amande, d'œillette, d'olive, de baleine, l'huile de foie de morue dite anglaise, l'huile de foie de morue lavée ou décolorée par les alcalis et le charbon, l'huile de foie de morue brune pure; toutes ces huiles furent successivement administrées à un même homme, bien portant et soumis à un régime régulier, depuis la dose de 3o grammes jusqu'à 60 chaque jour. Par une détermination exacte de la quantité d'huile contenue chaque jour dans les fèces, je suis arrivé à reconnaître que la moyenne de jours néces- saires pour arriver à une saturation complète, c'est-à-dire au moment où la presque totalité du corps gras se retrouve dans les excréments, est de douze jours pour les huiles d'œillette, d'olive, d'amande; d'un mois environ pour le beurre, les huiles de baleine, de foie de morue anglaise, décolorées ou lavées; et qu'enfin un mois d'administration d'huile de foie de morue brune et pure est insuffisant pour qu'il soit possible de constater une augmenta- tion appréciable de matière grasse dans les excréments. D'où je conclus que les corps gras peuvent être divisés en trois classes basées sur leurs propriétés assimilatrices. » ire classe. Corps difficilement assimilables. — Huile d'œillette, d'olive, d'amande et probablement toutes les huiles végétales. » 2e classe. Corps assimilables. — Beurre, huile de baleine, de morue blanche, de morue décolorée ou lavée et probablement toutes les graisses animales. "* 3e classe. Corps très-assimilables. — Huile de foie de morue brune et pure. » 117. ( 89a ) médecine. — De l'acide arsénieux dans les congestions apoplectiques ; parM. Lamarhe-Picqcot. (Extrait.) (Commissaires, MM. Andral, Balard.) L'auteur, en terminant son Mémoire, résume dans les propositions suivantes les résultats auxquels il a été conduit : « La disposition à l'apoplexie dépend communément d'un accroissement outre mesure des globules du sang. L'acide arsénieux paraît avoir pour premier effet de rendre le sang moins riche en globules et moins plas- tique, et il offre en effet, dans toutes les congestions de forme apoplec- tique, un agent thérapeutique des plus précieux. » Il est indispensable, avant de commencer une médication arsenicale, chez des sujets prédisposés aux affections apoplectiques, de constater l'état de richesse du sang ou de son altération ; car, dans la supposition où ce fluide serait pauvre en globules, l'usage de l'acide arsénieux, essentielle- ment hyposthénisant, accroîtrait cette condition anormale. » L'action de l'acide arsénieux se liant d'une manière intime avec le résultat des digestions, on est conduit à en faire usage au moment des repas, afin d'en faciliter la tolérance et l'assimilation. » Il est nécessaire d'en prolonger l'usage au delà du terme de la guéri - son, afin d'avoir plus de chances de durée. Dans le cas de récidive des .'ffections apoplectiques, alors qu'il s'agit d'imprimer une modification pro- fonde à l'économie, il y a nécessité absolue de continuer le traitement pen- dant longtemps, car cette modification, se liant aux actes de l'assimilation, ne peut devenir stable qu'à la longue. » La médication arsenicale a pour résultat pratique de diminuer les con- séquences fâcheuses des congestions cérébrales, quand, par la marche seule des années, les individus sont prédisposés à l'apoplexie par une constitu- tion à prédominance sanguine. » La dose de l'acide arsénieux de 4 milligrammes à i centigramme par jour a été généralement suffisante dans le traitement des affections apo- plectiques. » M. Laignel adresse une réclamation relative à un Mémoire présenté par M. Perreul dans la séance du i4 avril dernier, et ayant pour titre : « Frein agissant par pression verticale, modification apportée au système Laignel. » « Je ferai remarquer à l'Académie, dit M. Laignel, que j'avais songé long- (8g3) temps avant M. Perreul à modifier, dans le sens qu'il indique, mon système de freins, et dès le Ier juillet j'avais pris un brevet d'invention pour une modification qui ne me paraît différer de la sienne en rien d'essentiel. Du reste, je ne me faisais pas d'illusion sur son efficacité tant que je ne serais pas parvenu "à la perfectionner encore. La pièce ajoutée est dans l'état ac- tuel de peu de service, parce que le sable entamé a trop peu de profondeur et oppose trop peu de résistance, quand le temps est sec et que la vitesse est petite; quand il est mouillé, au contraire, et que la vitesse est grande, la pièce ne s'y enfonce point et éprouve une suite de soubresauts comme la herse du laboureur. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de M. Perreul : MM. Piobert, Morin, Séguier.) M. Isambert prie l'Académie de voidoir bien admettre parmi les pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un opuscule qu'il vient de publier « sur l'emploi thérapeutique du chlorate de potasse, spéciale- ment dans les affections diphthériques ». Conformément à une condition imposée aux concurrents, M. Isambert joint à son livre une Note manuscrite qui en offre l'analyse raisonnée. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Balegcer adresse de Cawnpore (Bengale) plusieurs opuscules, qu'il a publiés dans l'Inde relativement à l'origine du choléra asiatique et du mode de traitement auquel il a recours contre cette maladie. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale du concours pour le prix du legs Bre'ant.) M. Comping annonce l'intention de présenter au concours pour le prix annuel du legs Bréant un remède de son invention pour la guérison des dartres, et demande quelles sont les formalités à remplir pour être inscrit parmi les concurrents. On fera savoir à l'auteur qu'il doit faire connaître la composition du re- mède qu'il emploie, et donner, s'il se peut, des observations suffisamment détaillées d'un certain nombre de cas où cette médication a été employée avec succès. ( «94 ) M. Moysex adresse deux figures à joindre à sa Note sur un râteau méca- nique de son invention. (Renvoi à la Commission chargée de juger le concours auquel ont été présentés les appareils de labourage et de jardinage de M. Moysen.) CORRESPONDANCE. Lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique. « Le roi de Hanovre, voulant honorer le célèbre mathématicien Gauss, a fait frapper une médaille commémorative et a ordonné qu'elle fût distribuée aux établissements scientifiques qui ont prêté leur utile concours, soit à l'illustre savant, soit à l'Université de Goettingen. A ce titre, un exemplaire que vient de m'adresser M. le Ministre des Affaires étrangères, a été des- tiné à l'Académie des Sciences de l'Institut impérial de France. Je m'em- presse de vous le transmettre. » A la Lettre de M. le Ministre est jointe la Lettre de la Société Royale des Sciences de Gôttingue, annonçant également l'envoi de la médaille, un exemplaire en argent et un exemplaire en bronze. chimie minérale. — Action de l'acide iodhydrique sur l'argent; par M. H. Sainte-Claire Deville. « La place qu'occupe l'argent parmi les métaux nobles dans la classifi- cation de M. Thenard me paraît devoir être changée, malgré la propriété que possède l'oxyde d'argent d'être réductible à basse température. Je ferai valoir d'abord à l'appui de mon opinion l'observation si curieuse de M. Re= gnault (i), d'après laquelle l'argent décompose l'eau à une température peu élevée : on sait qu'alors il absorbe l'oxygène de l'eau pour produire cette combinaison instable à laquelle il faut attribuer le phénomène du rochage. Il est difficile, il est vrai, de prouver que la température de dissociation ou de décomposition spontanée de l'eau est supérieure à celle qu'exige l'expé- rience de M. Regnault et que l'oxygène n'est pas libre au moment (i) Annales de Chimie et de Physique, tome LXII, page 367 (i836). ( 895 ) où l'argent s'en empare. Mais quelques recherches que j'ai commen- cées pour fixer approximativement la température de dissociation de l'eau et de quelques corps importants de la chimie , me font penser que c'est bien l'argent qui détermine seul la séparation de l'eau en ses éléments, dont l'un, l'oxygène, est employé à former un oxyde d'argent. Celui-ci, semblable au cuivre oxydulé, se dissout dans le bain d'argent métallique pour former une sorte de rosette qui se défait au moment du rochage. » Ces considérations tendraient déjà à rapprocher l'argent de l'étain et du plomb. Voici un nouveau fait qui, je crois, n'a pas été remarqué et qui conduit à la même conclusion. » L'acide iodhydrique (i) dissous dans l'eau attaque l'argent avec une énergie extraordinaire, en produisant de l'hydrogène, si bien qu'en opérant dans un tube de verre avec de l'argent laminé et de l'acide concentré, la liqueur s'échauffe et peut s'échapper hors du vase, par suite de l'abondant dégagement du gaz hydrogène. A froid, l'action s'arrête à peu près quand l'acide est saturé d'iodure d'argent; mais elle recommence dès qu'on chauffe, et on obtient par le refroidissement un sel cristallisé en larges lames, inco- lore, semblable au nitrate d'argent. Ce sel, très-altérable, ne peut être isolé de la liqueur dont il est imprégné. C'est, je pense, un iodhydrate d'iodure d'argent. La liqueur qui a fourni ces cristaux, abandonnée à elle-même à l'air, laisse disposer d'assez gros prismes hexagonaux réguliers, bordés de facettes modifiant les arêtes horizontales du prisme. On retrouve ainsi avec toutes ses faces la forme de l'iodure d'argent naturel, telle que l'a décrite M. Descloizeaux (2) et que cet habile minéralogiste à reconnu%tsur mes échantillons. Analysée par M. Appert, l'un de mes élèves, suivant l'élégant procédé que M. Damour (3) a appliqué à l'argent iodé du Chili, cette ma- tière se représente par la formule Agi. Ainsi donc cet iodure est tout à fait identique à l'iodure d'argent natif. (1) Pour préparer facilement et sans danger plus d'un kilogramme d'acide iodhydrique que j'ai consacré à mes expériences, j'ai eu recours au procédé que j'ai décrit dans les Annales de Chimie et de Physique (tome LXXV, page 46; 1840). L'appareil le plus commode consiste en une petite cornue tubulée et bouchée à l'émeri, au col de laquelle on soude un tube recourbé pour éviter tout contact entre le liège et l'acide. On y introduit d'abord un peu d'eau, puis successivement du phosphore et de l'iode en excès jusqu'à ce qu'on ait pro- duit la quantité d'acide iodhydrique dont on a besoin. (2) Voyez les Mémoires de M. Domeyko, Annales des Mines, tome VI, page i58, et de M. Descloizeaux, Annales de Chimie et de Physique, tome XL. (3) Annales des Mines, tome IV, page 32g; i853. ( 896 ) » Le palladium, comme l'argent, s'attaque par l'acide iodhydrique avec dégagement d'hydrogène, faible à là vérité, mais très-facile à constater, et la dissolution du métal est lente. L'or et le platine ne dégagent pas d'hy- drogène en quantité sensible, quoiqu'ils se dissolvent avec le temps dans l'acide iodhydrique; mais tous les métaux communs que j'ai essayés sont dissous avec une énergie singulière par cet acide. L'iodure de plomb que l'on forme ainsi cristallise d'une manière remarquable. » Je reviendrai plus tard sur les circonstances curieuses qui accom- pagnent la dissolution de l'argent dans les acides bromhydrique et chlorhy- drique. Pour le moment, je me bornerai à conclure des faits contenus dans cette Note, qu'il faut désormais classer l'argent soit à côté du mercure, soit même à côté du plomb dont les combinaisons ont avec les composés de l'argent un grand nombre de ressemblances. » chimie optique. — Sur la cause de la variation du pouvoir rotatoire du sucre de fécule et sur V existence probable de deux variétés de glucose amorphe ; par M. A. Béchajhp. « Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter récemment à l'Aca- démie, j'ai essayé de démontrer que la rotation du sucre de fécule cristallisé était variable dans sa dissolution aqueuse, parce qu'il s'y transformait peu à peu çn sucre non cristallisable C12 H'2 O'2. On peut remarquer, en effet, que la variation tend sans cesse vers un pouvoir plus faible, et que la dé- viation devient et reste constante dès que cette limite inférieure est atteinte. J'ai montré, de plus, qu'en présence de l'eau la déshydratation, lente à froid, s'opérait rapidement à la température de ioo degrés, absolument comme cela arrive pour l'hydrate ferrique, et que le pouvoir rotatoire immédiate- ment obtenu était très-voisin du pouvoir le plus faible. « M. Dubrunfaut {Compte rendu de la séance du 21 avril i855) annonce que la vérification à laquelle il a soumis mes expériences, l'a conduit à des résultats tout différents, sans qu'il puisse assigner d'une manière précise la cause de ces différences. I^a critique m'ayant paru très-sérieuse, j'ai dû chercher la cause de la différence des résultats auxquels était arrivé un expérimentateur si habile et si compétent. » Les expériences qui m'ont conduit à l'explication du singulier phéno- mène de la variation du pouvoir rotatoire avec le temps, sont évidemment la conséquence du raisonnement suivant : w i°. Si le pouvoir rotatoire du sucre de fécule cristallisé tend sans cesse (897) vers une limite inférieure, cela ne peut-il pas tenir à une déshydratation? » 2°. Si cette déshydratation a véritablement lieu, ne faut-il pas que le pouvoir rotatoire du sucre de fécule déshydraté soit invariable? » 3°. S'il y a déshydratation, il faut prendre pour diviseur de la fraction a - V — — , non le poids du sucre cristallisé déterminé par la pesée, mais le poids correspondant calculé de glucose anhydre. » 4°- Si le pouvoir rotatoire ainsi calculé représente le pouvoir du sucre C,2H,2Ol2, il faut que ce nombre soit le même que celui qu'on obtiendrait directement pour le pouvoir rotatoire du glucose déshydraté à dessein. » Or les expériences exposées dans le travail que je défends ont justifié ces hypothèses. Le savant chimiste qui m'a fait l'honneur de vérifier mes expériences , confirme d'ailleurs le résultat principal de mon travail ; en effet, on trouve dans sa Note le passage suivant ; « Si l'on dessèche le glu- cose avec fusion, on observe, en dissolvant dans l'eau le glucose ainsi traité, les faits signalés par M. Béchamp, et soit que la fusion ait été faite avec ou sans perte de l'eau d'hydrate, la rotation du glucose dissous de- vient invariable et elle donne immédiatement le pouvoir rotatoire le plus faible. » En effet, d'après mon interprétation même, le pouvoir doit devenir invariable dès que l'on a chauffé à ioo degrés, puisque je suppose que la combinaison peut se détruire instantanément dans l'eau bouillante ; consta- tons seulement que lorsque l'eau d'hydrate s'est dégagée, la rotation de- vient invariable et que le pouvoir immédiatement obtenu est le plus faible. Nous sommes donc d'accord sur ce point, qu'il existe un glucose anhydre, non cristallisé, à rotation invariable, dont le pouvoir rotatoire est le plus faible. » La question se réduit donc à savoir s'il est possible de déshydrater (je ne dis pas dessécher) le glucose cristallisé sans le faire entrer en fusion, et si la dissolution de ce glucose anhydre possède une rotation variable. Oui, on peut déshydrater le glucose sans fusion, et la rotation du produit déshydraté est variable, quoique je n'aie pas réussi à obtenir le pouvoir rotatoire le plus élevé. Mais l'auteur n'ayant pas dit à quelle température et dans quelles conditions il avait desséché le glucose mamelonné de raisin, j'ai dû instituer une expérience à cet égard ; voici les résultats auxquels je suis parvenu (i) : (i) Les expériences que je vais rapporter ont été faites avec du glucose du commerce, que j'ai purifié par des cristallisations dans l'alcool à 96 degrés centigrades. Dans tous les glucoses C. R , i856, i« Semestre. (T. XLll, N° 19.) ' I 8 ( 898) » Quand on essaye de dessécher du glucose cristallisé de fécule , sans soins particuliers, on trouve qu'il entre déjà en fusion vers 70 ou 80 degrés; un peu plus tard, vers go ou 100 degrés, lorsqu'il a été préalablement séché dans le vide sec. Après plusieurs tentatives infructueuses, supposant que le sucre fondait dans l'eau devenue libre par suite de la destruction de la combinaison, j'ai essayé d'opérer la déshydratation dans un courant d'air sec à des températures graduellement croissantes, afin d'enlever au fur et à mesure l'eau dégagée. Au-dessous de 5o degrés, le sucre ne perd que l'eau hygroscopique , mais l'eau d'hydrate ne commence à se dégager qu'entre 55 et 60 degrés. 11 faut, en opérant sur 3 ou 4 grammes de matière, maintenir pendant deux heures la température de 60 degrés avant de l'élever; sans cette précaution le sucre fondrait encore, mais alors on peut impunément chauffer le produit déshydraté jusqu'à 80 et même jusqu'à 100 degrés sans le faire entrer en fusion. Après trois heures de dessicca- tion, 3gr,355 de sucre cristallisé sec, mais non séché dans le vide, s'étaient réduits à 3gr,o26, résultat de la dernière pesée. Théoriquement on aurait dû obtenir 3gr,o5. » Voici les résultats de la détermination du pouvoir rotatoire du même sucre déshydraté dans deux expériences distinctes. » A. Sucre de fécule cristallisé déshydraté entre 60 et 80 degrés. J'ai appliqué la formule de M. Biot (a)y=j^; poids du sucre déshydraté E H- 1^,607 ; somme des poids de l'eau et du sucre, P -+- E = 25gr,i07 ; durée de la dissolution jusqu'au moment de l'observation, vingt-cinq mi- nutes à t = ii°. Six heures du soir. » Données : £ = 0,06401, (? = 1,02577, l = 200mra, a.j = 1 2°,47 , . d'où [a)j = 94°,o,6/' pour 1 oomm d'épaisseur. » Le lendemain à huit heures du matin, j'ai trouvé aj= 8°,64, d'où (a)y = 65°,79/ pour »oomm d'épaisseur. du commerce que j'ai examinés, comme dans le sucre de fécule que j'ai préparé moi-même, '1 existe un produit non fermentescible, soluble dans l'alcool bouillant et qui se sépare sous forme visqueuse par le refroidissement. Le pouvoir de ce produit, qui est une variété de dextrine, est beaucoup plus élevé que celui du glucose cristallisé. J'insisterai sur ces faits avec plus de détails dans un Mémoire sur la fécule; ce que j'en dis ici est pour faire voir que je me suis mis à l'abri de cette cause d'erreur. ( 899) Le même jour à trois heures du soir, j'ai trouvé a.j= 70, 02, d'où («);= $7°, 26 /'pour ioomm d'épaisseur. » B. Sucre de fécule cristallisé déshydraté entre 60 et 80 degrés, puis chauffé pendant quatre heures à 100 degrés. Le sucre n'a plus perdu de son poids et il n'est pas entré en fusion. » Poids du sucre déshydraté, E = 2gr,o64 ; somme des poids de l'eau et du sucre, P -f- E = 29^,197 ; durée de la dissolution jusqu'au moment de l'observation, vingt-huit minutes à t = 1 20. Six heures du soir. » Données : Z —■ 0,07069, â = I ,02926, l = 200mm, cr.j := c3°, 12, d'où (a)y = 90°,02/' pour iooram d'épaisseur. » Le lendemain à huit heures du matin, j'ai obtenu ccy = 9°,o5, d'où (a)y = 65°, 20/* pour ioomm d'épaisseur. » Le même jour, à six heures du soir, j'ai obtenu «,- = 8°,35, d'où (a);= 57°,38/pour ioomm d'épaisseur. » Remarquons : i° que le pouvoir le plus faible est précisément celui que j'ai obtenu en employant du sucre déshydraté avec fusion ; 20 que le pou- voir le plus élevé a été calculé en prenant pour E le résultat de la pesée directe, c'est-à-dire le poids du glucose anhydre C,2H,2Ol2, tandis que dans ma première Note le pouvoir le plus élevé avait été obtenu en prenant pour diviseur /?, le poids du sucre cristallisé, c'est-à-dire hydraté. Pour rendre les résultats comparables, il est évident qu'il faut prendre dans ces deux expériences le poids calculé correspondant à C,2H,2012, a HO. En faisant cette opération, on trouve pour le pouvoir le plus élevé dans l'expé- rience A, (a)j = 8i°,84, et dans l'expérience B, (a), = 86°, 33, nombres très- éloignés du double du pouvoir le plus faible. » Sans m'arrêter à ces différences, qui peuvent tenir à ce qu'une partie du sucre déshydraté dans les conditions de ces expériences a passé à la modification particulière qui donne immédiatement le pouvoir le plus faible, il me semble que les résultats précédents conduisent à cette conclusion, qu'il existe deux modifications distinctes du sucre de fécule anhydre, C,2H,2012, dont l'une, facilement fusible à 100 degrés, possède un pouvoir propre de 570, 3 et invariable; dont l'autre, infusible à 100 degrés, possède un pouvoir variable qui tend avec le temps vers le pouvoir constant de57°,3. n8.. ( 9°° ) » Quant à l'explication du phénomène, elle se rattache très-simplement à celle que j'ai donnée dans ma première Note. La modification infusible à 100 degrés, mise en contact avec l'eau, reconstitue momentanément (i) le composé C,2H,2012, aHO, pour passer insensiblement ensuite à la modifi- cation fusible du glucose C,2H12 O12. Je crois, en effet, que si j'ai obtenu un pouvoir rotatoire initial trop faible, cela tient à ce que, malgré les précau- tions prises, une portion du sucre avait subi la fusion ; ce qui tend à le prouver, c'est qu'au milieu de la masse du produit desséché qui était par- faitement blanche, il existait des points jaunes agglomérés: ces points repré- sentaient les plus gros amas dont l'eau n'avait pas été enlevée assez rapide- ment par le courant d'air sec et qui, par suite, avaient subi un commence- ment de fusion. » Certainement, comme le fait remarquer M. Dubrunfaut, il existe une différence profonde entre le sucre cristallisé et le sucre amorphe. Ce sont deux combinaisons très-différentes, caractérisées par la spécialité de leur action sur la marche de la lumière polarisée et par leur solubilité : tandis que la solubilité de l'une est limitée, la solubilité de l'autre est indéfinie; on en peut préparer des sirops très-concentrés qui ne cristallisent que len- tement, et dont le pouvoir est invariable avant la cristallisation, c'est-à-dire avant la formation du composé C,2H,2042, 2HO qui est seul cristallisable. ■ En terminant, je dois rappeler que dans ma première Note j'ai eu soin de ne rien préjuger sur la belle observation de M. Dubrunfaut, je veux dire sur l'existence de substances mono, bi ou trirotatoires ; je n'ai pas affirmé que toutes les espèces de sucres à pouvoirs variables dussent se comporter comme le sucre que j'ai observé. C'est pour cela que j'ai expressément indi- qué la nature du produit sur lequel j'opérais, les circonstances spéciales de l'expérimentation, et que j'ai remis à plus tard l'examen général que cette question comporte. Je sais parfaitement qu'une expérience isolée ne suffit pas pour établir une loi. La question que j'ai soulevée reste donc à l'ordre du jour. J'ai cherché une explication, et le fait sur lequel elle est fondée n'est pas isolé dans la science, puisque l'on connaît des corps qui se déshy- dratent spontanément dans l'eau. » (1) Ce qui paraît prouver qu'il en est ainsi , indépendamment de la variation de la rota- tion , c'est que le glucose fondu attire l'humidité en devenant sirupeux, tandis que la deuxième modification se conserve à l'état de siccité. Je n'ai pas eu le temps de m'assurer si le sucre reprenait ainsi la quantité théorique d'eau. ( 9QI ) chimie optique. — Note sur le sucre interverti; par M. Dubrunfaiit. « Nuls faits ne nous paraissent mieux établis que ceux que nous avons fail connaître pour établir la composition du sucre interverti [Comptes rendus, septembre 1847 et juillet 1849), et cependant cette composition n'a pas été admise par les savants. Elle a passé inaperçue faute de vérifications, et peut- être aussi faute d'explications suffisantes pour répéter les expériences sur lesquelles nous nous sommes appuyé. Nous nous proposons de compléter aujourd'hui notre démonstration de 1 84g, et de le faire sous une forme qui en facilite l'intelligence. » Le sucre de canne sur lequel nous avons opéré était chimiquement pur; il ne perdait que 0,001 de son poids par une dessiccation à + 100 de- grés, et dans cet état sa densité a été trouvée égale à 1 ,63o; il a donné pour moyenne de plusieurs combustions 42,2 de carbone, ce qui correspond bien à la formule C,aH,,On. Son pouvoir rotatoire moléculaire, pris d'après les indications de M. Biot, a donné nombre qui est un peu plus grand que le nombre 72 donné par M. Biot. Cette différence peut s'expliquer par l'état de pureté du sucre qui a servi à nos expériences. » Ce sucre, interverti avec soin par les acides, donne bien le coefficient d'inversion o,38o reconnu par M. Biot, et ce coefficient, qui varie conti- nûment avec la température dans toute l'étendue de l'échelle thermomé- trique où les observations sont possibles, s'applique à la température de -t- 14 degrés. » Par conséquent, le sucre interverti pris avec la constitution C12 Hn O" donnerait : à + i4° (a)y= — 28,o5o,\. » D'après nos observations, ce pouvoir s'affaiblit de o,5 en passant de -l- 14 à la température de +52, et il est annulé vers -+- 90 degrés. On a donc ainsi pour ce sucre, à + 5a° (a )j=— 14,0295 \, à -t- 900 {tt)j — o. ( 9°2 ) » Le sucre interverti, séché à ioo degrés dans le vide, offre une augmen- tation de poids de o,o5 sur le poids du sucre de canne qui a servi à le pro- duire. Ce fait justifie bien la transformation et la formule admises : Cu H.i 0n + H0 _ C.2H120)2 Sucre de canne Sucre ferinentescible. non fermenlescible. » Par conséquent, le pouvoir rotatoire moléculaire du sucre interverti, rapporté au sucre de la formule C12 H42 O'2, deviendrait à+i4° (a)y = — 26,6)2 \. » Ramené à la constitution du glucose cristallisé hydratéC,2H,20,2,2HO, il est à-f-i4° {a)j = — 24,224\. » En faisant concréter un sirop concentré de sucre interverti, on en sépare un glucose à rotation à droite, qui, convenablement épuré, perd par dessiccation à 100 degrés o,oo,5 de son poids. Analysé dans cet état, il donne en moyenne 3o,, 8 de carbone, ce qui correspond à la formule C,2H,2Ol2. Il offre les deux pouvoirs rotatoires dans la dissolution dans l'eau, et ces pouvoirs nous ont paru êlre constants et identiques à ceux qu'on trouve dans les glucoses de diabète et de raisin. Nous les avons trouvés : Pour le composée12 H' 20,2(a),= + 53,2/, Poiir le composé C,a H* *0,*(a)/ = 4- 48/. j> Il est à remarquer que ce dernier nombre est très-voisin du nombre -+- 47 /, qui a été donné par M. Biot comme pouvoir rotatoire du glucose de diabète bien épuré. Le nombre + l\?> / est celui que nous avons adopté pour le glucose que nous avons distingué sous le nom de glucose monoro- tatoire, et avec cette donnée le pouvoir rotatoire initial de ce glucose dissous, que nous attribuons au glucose cristallisé, devient PourC,2H,20,2(a)y=-r- 106,4/, PourC,2H,40M(a),= +96/. » Si l'on traite 10 grammes de sucre interverti dissous dans 100 grammes d'eau par 6 grammes de chaux hydratée, il se forme d'abord une émulsion laiteuse très-fluide; mais après quelques instants d'agitation, le liquide s'é- paissit et acquiert une grande consistance. Cette masse, soumise à la presse, donne une eau mère liquide, qui renferme tout le glucose à droite à l'état de glucosate de chaux soluble, et la partie insoluble lavée se trouve être un («),= - io6\; («)y = - 79.5 V («)/ = -53\. (903 ) sucrate basique calcaire cristallisé (1), d'où l'on peut séparer par l'acide oxa- lique le sucre liquide sensiblement pur (2). » Ce sucre, tout à fait incristallisable, identique avec le sucre d'inuline, peut être amené par la dessiccation dans le vide à une constitution identique à celle du sucre interverti et du glucose, et qui est représentée par la for- mule. C'2 H12 O12. Dans cet état encore et avec cette constitution, l'expérience donne pour ce sucre , à + i/j° température à -1- 5a » à 4- 90 » » Si l'on considère que le pouvoir rotaloire du glucose mamelonné n'est que peu ou point modifié par la température, et si l'on rapproche les nombres que nous venons de donner de ceux que nous avons donnés pour le sucre interverti, on admettra avec nous que ce dernier sucre doit exclusivement au sucre liquide son pouvoir rotatoire, variable avec la tempéraiare. On reconnaîtra en outre que ce sucre, que nous avons isolé par la chaux, n'a subi par ce traitement aucune altération, et qu'on peut, à juste titre, le considérer comme l'un des matériaux immédiats constituants du sucre inter- verti. » Les expériences précédentes prouvent à l'évidence qu'on peut isoler du sucre interverti par des moyens simples et sans altération deux sucres bien distincts par leurs propriétés chimiques et par leurs rotations antago- nistes. Elles ne prouvent pas cependant que la constitution du sucre inter- verti soit réellement celle qui est représentée par la formule suivante, ainsi que nous l'avons énoncé : 2(C,2H,,0H)-^-2HO = (C,2H,20,2) + (C,2H,20,2) Sucre de canne. Glucose / Sucre liquide. \ » On peut fournir diverses démonstrations des faits exprimés par cette ( 1) Ce sucrate ne renferme que 3 équivalents de base, au lieu de 6 que nous lui avons attri- bués par erreur en 1849, en confondant l'équivalent simple du sucre avec l'équivalent double proposé par M. Peligot. Plusieurs fois en concentrant ce sucre, séparé de la chaux par l'acide oxalique, il nous a donné des traces d'un produit gélatineux, comparable à l'acide pec- tique. Ce produit est sans doute étranger à la réaction principale ; mais nous avons cru devoir le signaler à cause des conditions remarquables où il se forme, c'est-à-dire dans des condi- tions analogues à celles où la pectine se rencontre dans les fruits. (2) Nous avons reproduit plusieurs fois cette expérience depuis dix ans en présence de chimistes éminents, qui ont pu en vérifier l'exactitude; nous citerons entre autres MM. Me' sens, Stas, Bussy, Ruhlmann, Magnus, etc. (9°4) formule. Nous nous bornerons à donner la suivante, qui nous paraît être une démonstration synthétique rigoureuse. » Le sucre interverti, pris avec la constitution C42H,aO,:! à -t-140 a donné («)y= -26,65a\. » Si, comme nous l'affirmons, le sucre interverti est formé de \ équiva- lent de glucose monorotatoire droit (i) et de { équivalent de sucre liquide gauche, il est bien évident qu'en sommant les pouvoirs rotatoires de ces deux demi-équivalents de sucres, on doit reproduire exactement le pouvoir rotatoire du sucre interverti, et c'est ce qui se réalise; en effet 106 53 a \ v nombre qui diffère fort peu du nombre — a6,652 \ que donne l'expérience. » Nous n'abandonnerons pas ce sujet sans appeler l'attention sur un rap- prochement fort remarquable qui ressort des nombres que nous venons de donner comme expressions des pouvoirs rotatoires moléculaires du glucose cristallisé et du sucre liquide. Ces pouvoirs sont, en effet, représentés pour la température -\- iJ\° et pour la même constitution chimique C'H^O12 par le même nombre 53, a affecté pour chaque sucre d'un signe contraire. Ce fait rappelle une propriété de même ordre qui a été découverte avec une si admirable sagacité par M. Pasteur dans les éléments de l'acide paratartrique. » A l'occasion du sucre interverti, nous appellerons l'attention des chi- mistes et des physiologistes sur un fait fort remarquable de la fermenta- tion alcoolique du sucre interverti que nous avons fait connaître sous le nom de fermentation élective {Comptes rendus •, tome XXV, page 307). Pendant la première période (première moitié exactement) de cette fermentation, les observations optiques faites avec soin ne révèlent aucun changement dans la rotation du liquide vineux et sucré, de sorte que le pouvoir rotatoire pri- mitif du sucre interverti devient exactement celui du \ équivalent de sucre actif non décomposé, ou, en d'autres termes, ce sucre a pris un pouvoir rotatoire double. Ces faits prouvent que le sucre sur lequel le ferment porte d'abord son action est un sucre optiquement neutre; ils s'expliquent fort simplement avec la constitution que nous avons assignée au sucre interverti. En effet, on peut considérer le sucre neutre qui se dédouble le premier dans la fermentation alcoolique comme un composé formé de 1 équivalents (1) Nous adoptons ici pour les sucres une distinction simple que M. Pasteur a introduite dans la science avec les acides tartriques droit et gauche. ■ , '■ ( 9o5 ) de glucose monorotatoire et de i équivalent sucre liquide. En voici la justi- fication : Glucose de raisin. Sucre liquide. d'où ' 96/' — 96 \ = o, neutralité optique. » Quant au sucre qui se décompose dans la seconde moitié de la fermen- tation, sa composition peut être représentée exactement par 2 équivalents de sucre liquide, plus 1 équivalent de glucose. Donc ce sucre C,aH,aO,s pris à -+- i4 degrés donne {a)j= — 53,3o4\. » Ce nombre est le similaire symétrique du glucose mamelonné pris avec la même composition + 53,3o4/'. » Ces interprétations rendent parfaitement compte des faits au point de vue purement chimique et physique; elles laissent entière la question phy- siologique qui touche à l'action mystérieuse du ferment alcoolique consi- déré comme être vivant. Nous nous réservons d'examiner cette question en exposant ultérieurement nos recherches sur la fermentation alcoolique » physique du globe. — Etat actuel des éléments du magnétisme terrestre à Paris et dans ses environs ; parMAimovD-T&FFENDi , astronome égyptien. « Inclinaison magnétique. — C'est par une longue série d'observations faites avec tout le soin possible, dans l'intérieur de Paris et dans ses envi- rons, que je suis arrivé aux résultats que j'ai l'honneur de soumettre à l'Aca- démie. J'ai déterminé l'inclinaison de l'aiguille aimantée dans sept stations prises dans les environs de Paris et trois dans l'intérieur de cette ville. » L'appareil dont je me suis servi est une boussole de Gambey, con- struite par M. Secretan à Paris. L'excellence de cet appareil a été éprouvée par- diverses méthodes : elle a été confirmée par les comparaisons que j'en ai faites, l'année dernière, avec les appareils des observatoires de Kew et de Bruxelles (1), et avec un nouvel instrument d'inclinaison destiné à M. Han- steen, de Christiania, lequel se trouvait alors à Kew pour être comparé avec les inclinatoires de l'établissement. Le tableau suivant contient les résultats de mes expériences, tels que l'observation les donne, jr et x y sont les coor- données de la station relativement au méridien astronomique de l'Observa- toire de Paris et de son parallèle, les coordonnées positives étant comptées dans l'angle ouvert entre le nord et l'ouest. (1) Voir les Bulletins de l'Académie de Bruxelles, tome XXII, 2e partie, page i4- C. R., i856,i« Semestre. (T. XLH,N° 19.) I>9 ( 9«6) NOUS DES LIEUX. DATES DES OBSERVAT. Avril 1856. INCLINAI sons magoétiq. X J REMARQUES. h m 0 / 66.21 jgi 66.20,54 kll -+- 6,75 -1- 5,97 kil — 12,86 -.3,43 Les observations ont été faites sur la route de Versailles. Moyenne. . . . 66.21,22 -h 6,36 — i3, 1 5 Enghien 5 à 2.00 66.29,67 66.28,81 -h 3,64 •+■ 2,64 -f-i4,37 +i4,37 Route d'Argenteuil à coté de l'étang. Moyenne.. . 66.29,24 -+- 2,64 H-'4,37 /Le 6 à 2.45 Moyenne. . . . 1 66.29,60 66.28,83 -1- 7,01 ■+■ 6,27 •+-1 1 ,3i -t- 1 1 , 5o Route de Besons et prés du pont. 66 . 29 , 2 1 -+- 6,64 + 11 ,40 1 /Le i) à 3 . 00 Saint-Germain | 10 à 2-45 Moyenne. . . . 66.3o,52 66.3i,o8 -t-18,00 H- 1 8 , 00 + 8,17 H-8,.7 Dans la forêt sur la route de Pontoise , à 1 000 mètres de la gare. 66.3o,8o 4-18,00 -+-8,17 / Le 12 à 2.40 Versailles ) l3 à midi'/,.. f Moyenne 1 66.25,08 66.26,29 + 12,34 + 12. 47 - 4,44 - 4,4* Entre l'avenue de Paris et Viroflay. 66.25,68 -Hi3,4o - 4,43 1 / Le i5 à midi Villeneuve- St-Georges) '6 à 2.06 ( Moyenne. . . . 1 66.17,37 66 . 1 7 , 1 5 — 8,80 -8,84 — iî,oi — 12,9.3 Entre Villeneuve-Saint Geor- ges et Crosnes. 66 . 1 7 , 26 — 8,82 ->3,97 / Le 17 à 1 . 3o Chelles j l8 à I0° 66.24,80 66.22,70 -18,45 -i8,45 Hi 5,5S -t- 5,58 Route de Monlfcrmeil. Moyenne. . . . 66.23,75 — 18,45 -t- 5,58 Paris, Champ de Mars ■ Le 20 à 3 . 00 66.24,68 -+- 2,84 -t- 2724 Au milieu , entre l'École Mi- litaire et le pont. Paris , Jardin du Luxembourg Le 22 à 1 .00 66.25,oi -t- 0,12 -1- l,l6 A l'ouest du café Didier, à côté du carré. Paris , Les 17 et 20 mars. 66 . 2 1 , a3 0,0 0,0 Pavillon central, sur la ter- rasse. ( 9°7 ) » Chacune de ces inclinaisons a été déterminée d'après quarante-huit lec- tures faites avant et après le renversement des pôles magnétiques de l'ai- guille ; chaque moyenne est, par conséquent, le résultat de quatre-vingt-seize lectures, .ret y ont été déterminées d'après la carte des environs de Paris, dressée par les officiers d'État-major. » Soient L l'inclinaison absolue de l'aiguille aimantée, à l'Observatoire de Paris, origine de nos coordonnées (L est inconnu) ; z l'inclinaison obtenue par l'observation dans une station quelconque, (x, r); M, N enfin les ac- croissements de l'inclinaison sur une distance d'un kilomètre dans les direc- tions de x et de y\ on aura sans erreur sensible équation à trois inconnues, L, M et N, et dans laquelle il faut remplacer x, y et z par leurs valeurs consignées dans le tableau précédent pour avoir les équations de condition ci-contre : o L-f- 6, 36 M — i3,i5N— -66,354 = ° correspondant à Palaiseau , L-f- 2, 64M+ i4,37N — 66,487 = 0 » àEnghien, L-f- 6,64M-+- 1 1 ,4°N — 66,487=0 h à Argenteuil, L-+- i8,ooM-f- 8.17N — 66,5i3 = o » à Saint-Germain , L+i2,4oM— 4, 43N — 66,428 = 0 » à Versailles, L— 8,82M— 12,97 N — 66,288 = 0 » àVilleneuve-S'-Georges, L- i8,45M-(- 5,58 N — 66,396=0 » à Chelles. Ces équations nous donnent, en se servant de la méthode des moindres carrés , L = 66° 24', 37, M = 0', 1866 et N=o',348o. Remplaçons L, M et N par leurs valeurs dans l'équation (1), on aura (2) 66° 24', 37 + o', 1866* + o',348or = z. Cette équation est celle de la ligne isoclinique dont z marque le nombre de degrés et de minutes qu'elle doit représenter. » L'angle que cette ligne fait avec le méridien est = angle (tang = =-Sj = 6 1 • 48' , du nord à l'est. » L'expression V^M2 + N2 = ±0,395 — , , p _ (*) Voir the Eighth Report qf 'the British Association for the advancement of science. II9.. ( 9°s ; est la variation de l'inclinaison de l'aiguille aimantée sur une distance d'un kilomètre, perpendiculairement à la ligne isoclinique. » On peut se servir également de l'équation ( 2) pour déterminer l'incli- naison magnétique dans un point quelconque du département de la Seine, ou de ceux qui l'environnent, z sera l'inconnue qu'on aurait à déterminer. » Cherchons, pour savoir le degré de précision de nos résultats , l'erreur probable dont le résultat obtenu dans chaque station peut être affecté. Cal- culons pour cela, par la formule (2 ), les inclinaisons dans les sept stations prises en dehors de Paris, et formons le tableau qui suit : Inclinaisons calculées. Inclinaisons observées. Différences 0 , 66 . 20 , 98 - O F - 66 . 2 1 , 22 ^z — 0,24 pour Palaiseau , 66 . 29 , 86 - - 66 29,24 == -+- 0,62 • Engliien , 66.29,58 - - 66 . 29 , 2 1 = ■+- 0,37 » Argenteuil, 66.3o,58 - - 66.3o,8o = — 0,22 » Saint-Germain , 66.25, i5 - - 66.25,68 ss — 0,53 » Versailles , 66.18,21 - - 66 . r 7 . 26 = -f- 0,95 » Villeneuve -Saint-Georges, 66.22,86 - - 66.23,75 = — 0,89 » Chelles. l'erreur Drot •able étants' 0,45492 (inclin, calcul. — inclin, obser.)' où n indique le nombre d'observations ou de stations, on en conclut e = ±o',44. » Or la confiance qu'on doit avoir dans la précision d'une série d'obser- vations étant d'autant plus grande que l'erreur probable est petite, la préci- sion de nos résultats est plus grande qu'on ne doit s'y attendre dans de pa- reilles observations, vu que notre erreur probable ne monte pas pour cha- que station à une demi-minute. » Si nous calculons les inclinaisons dans les stations prises dans l'intérieur de Paris, pour les comparer aux résultats directs des observations, nous aurons Inclinaisons Inclinaisons Différences, calculées. observées. o 66.25,68 66.24,68 -)- 1,00 Champ de Mars , 66.24,79 66. 25. 01 — 0,22 Jardin du Luxembourg, 66.24,37 66.21,23 -r-3,i4 Observatoire. 11 en résulte qu'il n'y a pas d'influence locale, du moins sensible, dans les stations prises dans le Champ de Mars et dans le jardin du Luxembourg ; tandis que cette influence est bien sensible sur la terrasse de l'Observatoire ( 9°9 ) de Paris, puisqu'elle réduit l'inclinaison absolue 66° 24', 37 à66°2i', a3, et qu'elle lui imprime un défaut de 3', i4 ± o',l\f\. » La conclusion à tirer de ce qui précède est : i° que l'inclinaison de l'aiguille aimantée augmente de o',348, par kilomètre, en allant vers le nord ; 20 qu'elle subit une augmentation de o', 1 866 par kilomètre en allant vers l'ouest'; 3° qu'elle augmente de o', 3p,5 par kilomètre en se dirigeant per- pendiculairement à la ligne isoclinique, qui fait, avec le méridien, un angle de 6i°48'du nord à l'est; 4° et enfin, qu'il faut ajouter 3', 14 sur l'incli- naison obtenue à l'Observatoire de Paris (au pavillon central) pour y avoir l'inclinaison absolue. » M. Leclerc fait hommage à l'Académie de la deuxième édition de soi» opuscule intitulé : « Delà médication curative du choléra asiatique ». « Cette seconde édition, dit l'auteur, est augmentée d'observations four- nies par divers médecins et qui démontrent l'efficacité de la médication par la belladone. Je serais heureux si l'Académie jugeait ce travail digne d'être admis au concours pour le prix triennal. » M. Bing (Alfred) signale à l'Académie, comme de nature à être admis au même concours, une invention qui a, dit-il, pour résultat d'abaisser au profit des classes peu aisées le prix d'un pain de qualité supérieure, en y introduisant le gluten frais qui jusqu'à présent était perdu par les ami- donneries. Cette demande est renvoyée à la Section d'Economie rurale qui jugera s'il y a lieu de demander de plus amples détails sur cette invention, dont M. Bing ne nomme pas l'auteur. M. Dosnon, qui avait soumis au jugement de l'Académie des couleurs minérales préparées d'après des procédés qui lui sont propres, déclare renoncer à obtenir un Rapport, puisqu'il n'y peut prétendre qu'en divul- guant ses procédés de fabrication, ce qui serait pour lui la cause d'un dom- mage pécuniaire. Mlle Danger demande l'autorisation de retirer quatre paquets cachetés précédemment déposés par son père en commun avec M. Flandin. Cette demande étant accompagnée d'une pièce constatant le consente- ment de M. Flandin, M1,e Danger est autorisée à reprendre les quatre pa- quets déposés. ( 9TO ) M. Thomas (Jean) demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note et des dessins concernant des roues hydrauliques et autres moteurs, pièces présentées par lui en mai et octobre 1 855 et qui n'ont pas été l'objet d'un Rapport. M. Gallo, en adressant de Turin plusieurs fascicules d'un ouvrage qu'il publie sous le titre « d'Introduction à la Mécanique et à la Physique », prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte de cet ouvrage. M. Regnault est invité à prendre connaissance de l'ouvrage de M. Gallo et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. M. Taupinard adresse une Note sur la quadrature du cercle et la trisec- tion de l'angle. On fera savoir à l'auteur que ces deux questions sont spécialement dési- gnées parmi celles dont l'Académie, par une décision déjà ancienne, a re- noncé à s'occuper. . A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Botanique présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Mirbel : Au ier rang M. Duchartre. !M. Chatev. M. Lestiboudois. M. Weddell. , , , . . (M. Gay(Claede). Au 3e rang, ex œquo et par ordre alphabétique.... j__ ~, , \ Au 4e rang M- Germaix de Sai.m- PlERRE. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures et demie. (9" ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. i L'Académie a reçu, dans la séance du 12 mai 1 856, les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Académie des Beaux- Arts. Discours deM. Halévy, secrétaire perpétuel, prononcé aux funérailles de M. Adolphe Adam, le lundi 5 mai i856; \ feuille in-4°. Traité pratique et théorique de la composition des mortiers, ciments et gan- yues àpouzzolanes, et de leur emploi dans toutes sortes de travaux, suivi des moyens d'en apprécier la durée dans les constructions à la mer; par M. L.-J. Vicat. Paris, i856; br. in-4°. Mémoire sur une nouvelle espèce de Belostoma (B. Algeriense) et réflexions sur ce genre d'Hémiptères aquatiques ; par M. LÉON Dofour; br. in-8°. Observations sur le Pecten glaber; par M. le baron d'Hombres-Fjrmas; br. in-8°. Le matériel agricole, ou Description et examen des instruments, des machines, des appareils et des outils au moyen desquels on peut sonder, défricher, etc., etc. ; par M. Auguste Jourdieu ; ae édition. Paris, i856; in-12. Etudes chimiques, physiologiques et cliniques sur l'emploi thérapeutique du chlorate de potasse spécialement dans les affections diphthéritiques; par M. E. Isambert. Paris, i856; br. in-8°. (Adressé au concours Montvon, Méde- cine et Chirurgie; ) De la médication curative du choléra asiatique; par M. Frédéric Leclerc ; 2e édition. Tours, i856; br. in-8°. (Adressé au concours du prix Bréant.) Choléra asiatique, où il prend sa source. Conformité d 'opinion de l'auteur sur ce point avec celle des médecins du gouvernement de la Compagnie des Indes chargés spécialement défaire des recherches sur ce cruel fléau ; par M. F. BalE- guer; br. in-8°. Claims... Titres à la confiance publique, ou Becueil de témoignages des au- torités médicales ojficielles de Calcutta en faveur de ma méthode de traiter quel- ques maladies tropicales et principalement le choléra asiatique; par le même. Cawnpore (Indes anglaises), 1 855 ; br. in-8°. History... Histoire du cholera-morbus asiatique. Bésultats de dix-sept années d'observations dans diverses parties de l'Inde et en particulier à Hydrabad (Deccan), où la maladie existe d'une manière permanente ; par le même; br. hi-8°. Ces trois opuscules sont adressés par l'auteur pour le Concours du prix ( 912 ) Bréant, avec une brochure sur le choléra, par M. Balfour, chirurgien à l'armée de Madras. De l'influence de la proportion de phosphate de chaux contenu dans les ali- ments sur la formation du cal; par M. Alphonse Milne-Edwards. Paris, i856; br. in-8°. Anatomie comparée des végétaux; par M. G. -A. Chatin ; 4e livraison, io-4°. Mémoires d'Agriculture, d' Economie rurale et domestique , publiés par la Société impériale et centrale d'Agriculture; année 1 855 ; Pe Partie. Paris, r856;in-8°. Recueil de Mémoires des astronomes de l'observatoire central de Russie, etc., publié avec l'autorisation de l'Académie des Sciences; vol. I, Saint-Pétersbourg, i853; in-4°. Positions moyennes pour l'époque de 1790,0 des étoiles circompolaires , dont les observations ont été publiées par Jérôme Lalande dans les Mémoires de l'Aca- démie de Paris de «789 et 1790; par M. Ivan Fedorenko, astronome surnu- méraire à l'observatoire de Poulkova. Saint-Pétersbourg, 1 854 ï in-4°- Positions géographiques déterminées en 1847 par le lieutenant-colonel Lemm, dans le pays des Cosaques du Don, Mémoire de M. O. Struve. Saint-Péters- bourg, 1 8 5 5 ; br. in-4°. Positions géographiques déterminées en \"6!\% par le lieutenant-colonel Lemm, dans le gouvernement de Novogorod , Mémoire de M. O. Struve. Saint- Pétersbourg, 1 855 ; br. in-4°. Expéditions économétriques de 1 845 et 1 846, Ire et IIe Partie; par le même. Saint-Pétersbourg, 1 853 et 1 854 ; br. ù>4°. Beobachtungen. . . Observations de la comète de Biela dans l'année 1 852 ; par le même. Saint-Pétersbourg, 1 854 ; br. in-4°. Résultats d'observations faites sur des étoiles doubles artificielles ; par le même; br. in-8°. Nachrichten . .. Notes sur la nouvelle comète de M. Schweizer ; par le même; br. in-8°. Positions du Soleil , de la Lune et des planètes observées à Dorpat depuis 1 822 jusqu'à 1 838 , calculées par MM. W. Struve et Liapounow ; Mémoire deM. W. Struve; br. in-4°. Sur la jonction des opérations géodésiques russes et autrichiennes , exécutées par ordre des deux Gouvernements , parle même. Saint-Pétersbourg, 1 853 ; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 19 MAI 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « L'Académie avait appris dans sa séance dernière, au moment de se séparer, le malheur qui vient de la frapper dans la personne de son Prési- dent, M. Binet. M. le Vice-Président, exerçant les fonctions de Président, fait connaître que le Bureau et presque tous les Membres de l'Académie, auxquels s'étaient joints un grand nombre de Membres des autres classes de l'Institut, ont rendu, le mercredi i4, les derniers devoirs à leur illustre con- frère. M. Lamé, Membre de la Section de Géométrie, à laquelle M. Binet appartenait depuis treize ans, et M. Cauchy se sont rendus les interprètes des sentiments et des regrets de l'Académie, et ont rappelé sur la tombe de M. Binet les travaux éminents qui feront vivre son nom dans la science. » météorologie. — Actinographe , instrument qui marque les instants de la journée auxquels le soleil se montre ou se cache, et la durée de ses ap- paritions ou disparitions; par M. Pouillet. « Je m'occupe depuis quelque temps d'un travail qui touche à son terme et que je pourrai très-prochainement présenter à l'Académie ; c'est un en- semble de recherches sur la chaleur solaire , ou plutôt sur les radiations solaires en général, qui fait suite à mon Mémoire de i838. J'ai été ramené à ce sujet par les discussions météorologiques auxquelles l'Académie a prêté une longue et bienveillante attention il y a quelques mois. Comme la sai- C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 20.) I 2° ( 9'4 ) son continue à être très-peu favorable pour ce genre d'expériences , il m'a semblé utile d'extraire dès à présent de ces nouvelles recherches la descrip- tion d'un instrument qui se perfectionnera par l'usage, et qui peut, je crois, rendre des services à la météorologie ; la question qu'il doit résoudre est une de celles qui sont discutées dans le travail que j'annonce ; je me borne à l'indiquer ici et à décrire l'instrument. » Mes anciennes expériences ont fait connaître la quantité de chaleur cpie le soleil donne au globe de la terre, dans un temps donné, et la quan- tité de chaleur qui arrive à la surface du sol pour l'échauffer d'une manière directe et pour y produire le développement de tous les phénomènes or- ganiques. » De ces deux éléments, le premier est constant, dans l'état actuel du globe du soleil; le deuxième est variable, parce que la chaleur absorbée par les nuages se dissipe en partie dans les espaces célestes, sans concourir d'une manière directe aux phénomènes terrestres; et il est peu probable que chaque année il y ait, en somme, la même quantité de chaleur arrêtée par les nuages. Si l'ensemble varie, il doit à plus forte raison se produire des variations considérables dans une région donnée. On ne peut pas douter, par exemple, que dans la plus grande partie de l'Europe, la culture ne soit d'une année à l'autre très-inégalement favorisée par la radiation solaire. » Après les questions générales que je viens de rappeler, il se présente donc une question plus spéciale et non moins intéressante, c'est celle de savoir, pour chaque climat et pour chaque année, combien il y a de jours de soleil et comment ils sont répartis. » Cette question n'est aucunement résolue par les observations météoro- logiques actuelles, même par celles qui représentent le mieux l'état du ciel ; car les observateurs ne peuvent inscrire dans leurs tableaux que l'état apparent du ciel aux heures convenues : ciel serein ou couvert, éclaircies, nuages de diverses formes, brouillards, pluie, neige, etc., etc. » Il est déjà bon sans doute de connaître le nombre des jours sereins et des jours de pluie; mais c'est une approximation insuffisante. » La quantité de chaleur, ou pour mieux dire la quantité de radiation solaire directe qui nous arrive par intermittences ou par éclaircies quand le ciel est nuageux, n'est peut-être en somme ni moins considérable ni moins efficace que celle qui nous arrive par un ciel serein ; il est indispensable d'en tenir compte. » Il faudrait donc avoir un instrument qui pût nous apprendre chaque jour, surtout pendant les époques de végétation active, à quelles heures le soleil se montre, combien de temps dure son apparition; à quelles heures (9'5) et combien de temps il reste caché par les nuages, sans que ses rayons puis- sent en percer l'épaisseur. » Le problème ainsi posé, tout le monde comprend qu'il n'est pas in- soluble, et tout le monde comprend que c'est à la photographie qu'il en faut demander la solution. » On pourrait y employer, comme auxiliaire mécanique, un équatorial ou un héliostat ; mais, au lieu de rechercher une exactitude qui serait aujour- d'hui superflue, j'ai préféré la combinaison la plus simple et la plus facile à réaliser. L'instrument que j'ai fait construire d'après cette pensée, agit par lui-même, sans aucune force mécanique et même sans aucun appareil op- tique. C'est une simple boîte carrée de 20 centimètres de côté sur 10 centi- mètres de hauteur ; elle est de bois mince, ayant le dedans peint en noir et le dehors en blanc. Deux guides perpendiculaires au fond servent à diriger une pièce mobile intérieure qui peut ainsi s'élever ou s'abaisser en suivant l'axe de la boîte et en restant parallèle au fond et au couvercle; cette pièce a 2 centimètres d'épaisseur et se fixe chaque jour à une hauteur convenable, d'après la déclinaison du soleil. » Cette boîte se pose et s'oriente à la manière d'un cadran solaire : deux des côtés du fond étant dans la méridienne, et les deux autres dans la di- rection de l'est à l'ouest ; seulement elle s'incline suivant la latitude du lieu de manière que son axe soit parallèle à l'axe de la terre. Il en résulte que la pièce mobile dont je viens de parler se meut parallèlement à l'équa- teur. Au centre des trois faces latérales qui regardent le midi, l'est et l'ouest, se trouve une ouverture carrée de 3 centimètres de côté, fermée par un mince diaphragme de métal, portant un trou central de 4 millimètres de diamètre. » On conçoit, d'après cela, qu'aux jours de l'équinoxe, les rayons du soleil doivent entrer de 6 heures à 9 heures du matin par l'ouverture du dia- phragme de l'est et venir peindre une image ronde sur la tranche de la pièce mobile, placée juste, pour ce jour-là, au milieu de l'épaisseur de la boîte et vis-à-vis les centres des ouvertures des diaphragmes. Pour recevoir cette image, la face correspondante de la pièce mobile est une portion de cylin- dre concave de 6 centimètres de rayon , ayant son axe au centre de l'ou- verture du diaphragme , et parallèle à l'axe de la terre. Ainsi, pendant ces trois heures le centre de l'image parcourt sur la section moyenne de la sur- face cylindrique un angle de 45 degrés, formant une longueur de /j7mm, 1 , ou un peu plus de 1 millimètre par quatre minutes. La portion du cylindre doit être plus grande pour les jours de l'été, et il convient de lui donner un peu 120.. (yi6 ) plus de 90 degrés de développement. En face des diaphragmes du midi et de l'ouest, la pièce mobile présente des surfaces cylindriques pareilles, de même étendue et de même rayon. » Ainsi la face du sud commence à marquer un peu avant 9 heures et par conséquent avant que celle de l'est ait fini ; de même celle de l'ouest reprend un peu avant 3 heures, c'est-à-dire avant que celle du midi ait cessé de donner son image sur la surface cylindrique correspondante. » Le même instrument reçoit ainsi l'image du soleil dans toutes les sai- sons et à tous les instants de la journée. » La pièce mobile se rapproche du fond à mesure que la déclinaison bo- réale augmente, elle se relève au contraire vers le couvercle pendant la déclinaison australe, afin que les images frappent toujours les surfaces cylindriques vers le milieu de leur hauteur. » Une bande de papier photographique, d'une longueur suffisante et de 2 centimètres de hauteur, s'adapte sur les trois surfaces cylindriques des- tinées à recevoir les images solaires ; on la met en place avant le lever du soleil, on la reprend après son coucher et on la remplace par une bande nouvelle : il reste seulement à fixer, par les moyens ordinaires, les impres- sions produites par la lumière. » Les expériences que j'ai faites avec cet instrument, et dont je mets les résultats sous les yeux de l'Académie, démontrent que, même avec ses di- mensions restreintes, il n'y a aucune difficulté à obtenir un enregistrement très-fidèle de toutes les apparitions et disparitions du soleil. On peut donc l'appeler Actinogvaplie. » La pratique fera connaître s'il y aurait de l'avantage à augmenter ou à réduire le diamètre du faisceau incident, s'il y en aurait à couvrir l'ouver- ture des diaphragmes avec des verres diaphanes ou diversement colorés. » Quant aux préparations photographiques, celles que j'ai employées se composaient de bains anciens, plus ou moins altérés par le temps et par l'u- sage que j'en avais fait l'été dernier : c'est là ce qui explique tout ce qui manque aux épreuves sous le rapport de la délicatesse et de la gradation des ombres; mais avec ces imperfections, les épreuves démontrent en quelque sorte d'une manière plus complète combien il est facile d'empêcher que la radiation diffuse des régions qui avoisinent le soleil et qui se prolonge pen- dant douze ou quinze heures, ne vienne jamais se confondre avec la plus faible radiation directe agissant à peine pendant une seconde. » S'il y avait de l'utilité à reproduire photographiquement le résultat annuel des observations, au lieu de le reproduire par la gravure ou par ( 9*7 ) la lithographie, il suffirait de recevoir les images sur du papier négatif con- venable pour en tirer ensuite des épreuves positives. Douze feuilles de 3o centimètres carrés représenteraient le tableau complet des douze mois de l'année. A l'aspect de ces tableaux il serait facile de composer des moyennes indiquant, soit le nombre total des heures de soleil, soit le nombre des heures de soleil appartenant à telle saison ou à telle ou telle période de la journée. On voit, par exemple, sur les épreuves ci-jointes que dans cette der- nière semaine il y a eu par jour une centaine d'éclaircies plus ou moins longues, et qu'en somme la radiation solaire diurne a été de plus de deux heures pour les plus mauvais jours, qui étaient vendredi et samedi. » géologie. — Sur un gisement de platine signalé dam unjilon de la pro- vince d'Antioquia [Nouvelle- Grenade). Observations inédites sur les alluvions aurifères et platinijkres du Choco ; par M. Boussingaclt. « Le Dr Jervis, qui a résidé pendant longtemps dans l'Amérique méridionale, m'a remis des minerais provenant d'un filon de la province d'Antioquia, dans lesquels on a rencontré des grains de platine. Voici la Note qui accompagnait les échantillons : « En novembre 1 852, dit M. le Dr Jervis, un Indien que j'employais à » rechercher des mines d'or m'a rapporté un minerai qui, après avoir été » broyé, a donné par le lavage des grains d'un métal blanc offrant tous les « caractères du platine. De plusieurs centaines de livres de ce minerai on » a obtenu les quelques parcelles que je mets à votre disposition , en vous » priant de constater si ces lamelles métalliques sont bien réellement du » platine. » Le filon d'où le minerai a été extrait se trouve sur les hauteurs de la » Cordillère située entre la rivière de Médellin et le Cauca ; sa direction est » de l'est à l'ouest, et la puissance de l'affleurement de 70 à 80 centimètres. » L'altitude doit approcher de 25oo mètres. Quant aux matières trouvées » dans l'affleurement, elles consistent principalement en un mélange de » quartz, d'oxyde de fer hydraté [pacos), d'argile renfermant des cristaux » de pyrites. La roche dans laquelle le filon est encaissé est un grùnstein à » grains fins supportant, vers le fond de la vallée du Cauca, un dépôt aré- » nacé avec couches de charbon fossile. » » Les échantillons sont conformes à cette description. Le métal blanc, comme je m'en suis assuré, est bien du platine. Le Dr Jervis fait re- marquer que le terrain dans lequel on a rencontré le nouveau filon plati- nifère est la continuation de la syénite porphyrique de SantarRosa de Osos, (9'8) où, « il y a bien des années, j'ai découvert un gisement en place du platine, » que jusqu'alors on n'avait trouvé que dans les alluvions. » L'observation à laquelle le Dr Jervis fait allusion est consignée dans une Note écrite en avril 1836, et dont je crois devoir reproduire ici un extrait (1). « Le terrain de Santa-Rosa de Osos est une syénite décomposée, liée à la » même roche non altérée dont est formée la vallée de Médellin. Dans les » filons exploités près de Santa-Rosa, l'or est disséminé dans du fer hydraté » (pacos) mélangé de quartz et d'argile. Les minerais sont broyés et lavés; » la quantité d'or qu'on en retire est considérable. C'est dans cet or en » poudre sorti d'un filon que j'ai rencontré des grains de platine semblables » par leur forme et parleur aspect à ceux qu'on apporte du Choco. Ce fait » du gisement du platine dans un filon de fer oxydé me semble devoir » jeter du jour sur l'origine du même métal qu'on rencontre dans les allu- * vions. La forme de lames arrondies sur leurs bords, que présentent les » petites pépites des terrains de transport, a fait présumer que ce métal h avait été roulé, usé ; il est par conséquent bien remarquable que le pla- » tine de Santa-Rosa, dégagé de sa gangue sous mes yeux, ait ce même as- » pect. Au reste, cette apparence roulée n'est pas particulière au platine ; » on l'observe très-souvent sur l'or en grains retiré des pacos. » » Ainsi le platine rapporté par le Dr Jervis aurait été trouvé dans des cir- constances géologiques absolument semblables à celles du gîte découvert à Santa-Rosa de Osos il y a trente ans. Je dois cependant signaler une dif- férence dont j'ai été vivement frappé. A Santa-Rosa, c'étaient seulement quelques lamelles de platine qu'on apercevait disséminées dans un kilo- gramme de poudre d'or; dans le nouveau gisement, au contraire, le minerai n'a fourni que du platine. Il y a bien les matières concomitantes ordi- naires des deux métaux précieux: le fer titane, le zircon, la cimophane, le quartz, etc., mais pas un grain d'or. Du platine non accompagné d'or à sa sortie de la mine était pour moi un fait tellement anormal, que je me serais permis de douter de l'origine attribuée à l'échantillon que je présente à l'A- cadémie, si M. le Dr Jervis n'avait pas lui-même extrait ce métal du minerai ; mes doutes auraient été fondés sur l'étude que j'ai faite autrefois du terrain platinifère de la Nouvelle-Grenade. » C'est en 1829 que j'ai exploré le Choco, cette terre de l'or, forêt à peu près impénétrable, sans espaces cultivés, sans pâturages, et n'ayant d'autres voies de communication que les rivières, le bord des torrents et les maré- (1) Lettre à M. de Humboldt sur le gisement du platine, Annales de Chimie et de Phy- sique, t. XXXII, p. 204, 2e série. ( 9'9 ) cages. Les vivres tirés delà fertile vallée du Cauca sont apportés par des hom- mes nommés cargiœros, fonctionnant à la manière des bêtes de somme. Les tentatives faites pour établir des cultures dans l'intérieur ont constamment échoué ; le bétail mis dans les rares éclaircies ouvertes dans les bois a été promptement dévoré, non parles tigres, mais par les mouches {zancudos), par ces nuées d'insectes dont la voracité n'est bien appréciée que par ceux mêmes qui en ont souffert. Un tel état de choses a nécessairement pour conséquence un régime alimentaire déplorable; aussi les mineurs soumis aux plus rudes travaux sont-ils nourris avec des viandes salées, des bananes sèches, ou du biscuit de maïs. » Au Choco, il pleut presque continuellement. Durant les quarante-deux jours que j'y ai passés, je n'ai pu prendre qu'une seule hauteur méridienne du soleil, et bien que j'aie veillé pendant bien des nuits dans l'espoir d'ob- tenir des hauteurs circumméridiennes d'étoile, le village indien de Ghami est la seule localité dont j'aie fixé la latitude. Malgré la fréquence des pluies et la nature marécageuse du sol, l'atmosphère possède une température assez élevée. En février, le thermomètre a oscillé entre 24 e* 3o degrés centigrades. » La Cordillère occidentale des Andes, placée entre le Choco et la vallée du Cauca, est en grande partie formée de schiste argileux passant sur quel- ques points à une grauwack parfaitement caractérisée. Dans le lit du Rio- Timana, affluent du San-Juan, des alluvions composées de débris de syé- nite et de syénite porphyrique reposent sur ce schiste; au Real de Minas de Agua clara, on observe le contact du porphyre syénitique avec la roche schisteuse. Dans cette exploitation, l'or extrait par un lavage exécuté en ma présence renfermait par livre espagnole 6 castcllanos de platine en grains, soit 6 pour 100. A Jgua clara comme dans toutes les mines de transport de la Nouvelle-Grenade, les travaux des orpailleurs put pour but d'obtenir, pour la soumettre au lavage, la partie du dépôt voisine de la roche en place, en enlevant le terrain supérieur que généralement on ne considère pas comme suffisamment riche pour être traité. Les assises infé- rieures sont soumises à l'action d'un courant d'eau dans des espèces de tables dormantes (canalones) très-grossièrement établies; on a pour résidu du sable noir où domine le fer titane [arenilla). L'or mêlé de platine ex- trait de ce sable lavé à la sébile (batea) est réuni et nettoyé dans une tasse en corne ayant la forme d'une valve de coquille (concha). » Le platine est séparé de l'or par un lavage à la sébile (batea) ; mais, quoi qu'on fasse, la séparation n'est jamais complète. Aussi, dans la fonderie de Novita où l'or du Choco est mis en lingots pour être envoyé à la Monnaie, ( 9*° ) on a recours à l'amalgamation pour extraire le platine que le lavage n'a pas enlevé. Par l'action du mercure, on retire i à 2 de platine de 100 parties de poudre d'or » De Novita, j'ai remonté le Rio San-Juan jusqu'au point où il cesse d'être navigable. Partout j'ai pu observer des alluvions très-productives quand on avait de l'eau et des nègres pour les exploiter. » Dans les environs de Tadô, les lavages {lavaderos) fournissent de l'or beaucoup plus platinifère que celui des mines situées dans la proximité de Novita; ainsi celui du Real de Pureto contient quelquefois jusqu'à 10 de platine pour 100. » La mine de Santa-Lucia, qu'on m'avait indiquée comme fournissant l'or renfermant le plus de platine, est placée près du Rio-Platina. » Les travaux des mineurs avaient mis à découvert un escarpement où j'ai mesuré : » 1 mètre de terre végétale ; m 10 mètres de galets de toutes dimensions, comprenant un grand nombre de variétés de syénite porphyrique ; » om,a5 à om,32 d'un sable argileux mêlé de galets et veiné de nuances foncées dues à la présence du fer titane et que supporte la roche en place, sorte de grùnstein porphyrique profondément altéré dans son élément feldspathique. C'est cette partie inférieure veinée de noir, \zcinta, le ruban des orpailleurs, la zone en un mot, où sont accumulés les métaux précieux, qui est l'objet principal de l'exploitation. » On voit tout de suite, d'après cette coupe, combien, quelquefois, il faut déplacer de terrain à peu près improductif pour rassembler un seul mètre cube de sable destiné au lavage; mais les dépôts n'ont pas toujours une épaisseur aussi forte, et le sable que l'on prend dans le lit des rivières est lavé directement dans la sébile, sans aucune concentration préalable. Après de très-grandes crues du Rio-San-Juan, la plage est recouverte d'un sable extrêmement riche. L'or que l'on retira pendant mon séjour au Reaide Mi- nas de Santa-Lucia renfermait, pour 100, i4 de platine, et les orpailleurs m'assurèrent que fréquemment on y obtenait plus de platine que d'or. » Le village de Tadô m'avait été désigné comme renfermant plusieurs mines d'où l'on n'extrayait que du platine, ces mines n'étant d'ailleurs exploitées qu'alors que de fortes demandes faisaient hausser le prix de ce métal. En fé- vrier 1829 , elles étaient abandonnées; mais le curé de Tadô, le padre Ce- rezo, voulut bien à ma prière en faire exploiter une. Le travail commença près de l'église ; des négresses se mirent à laver à la sébile (batea) de la terre ( 9*' ) prise à environ 35 centimètres au-dessous de la surface du sol, et, en très- peu de temps, elles obtinrent un quantité notable de platine sans mélange de grains d'or. Je remarquai que ce n'était pas du sable d'alluvion qu'on lavait, mais de la terre végétale très-cbargée d'humus. En continuant le lavage de ce singulier minerai, on trouva, avec le platine, une bague en argent et plusieurs de ces perles en verroterie qu'on échange encore aujour- d'hui contre la poudre d'or apportée par les Indiens. Le travail terminé, je commençai une enquête dans laquelle furent entendues un assez grand nombre de personnes; il en résulta que le platine non mélangé d'or qu'on rencontre très-fréquemment dans la terre végétale, se trouve seulement là où il y a eu des habitations, lorsque ce métal, n'ayant aucune valeur, était jeté aux ordures. Il ne faut pas oublier en effet qu'après l'année 1741 > époque à laquelle Wood fit connaître le platine, ce métal longtemps encore est resté sans usage; les chasseurs l'employaient quelquefois comme cendrée de plomb, ou bien mis dans des sacs il servait de contre-poids dans les horloges. » Ainsi, dans le Choco, l'or accompagne constamment le platine dans les alluvions, en même temps qu'il domine généralement dans le mélange des deux métaux. C'est ce fait que je crois parfaitement établi, qui me por- tait à douter de la réalité du nouveau gisement de platine non mélangé d'or de la Nouvelle-Grenade, et, comme je l'ai dit plus haut, il n'a fallu rien moins que la déclaration du Dr Jervis, affirmant qu'il a extrait lui-même le métal que je mets sur le bureau de l'Académie, pour dissiper les doutes que j'avais conçus. » Dans les contrées où l'on traite des terrains de transport aurifères, la production du métal est étroitement liée au chiffre de la popidation des travailleurs. C'est que l'or en poudre est surtout le résultat d'un travail personnel : car, quoi qu'on jen ait dit , l'art , jusqu'à présent , n'a eu que bien peu d'influence sur l'accroissement des produits des mines d'al- luvions, et j'ai eu maintes fois l'occasion de constater que pour extraire beaucoup d'or d'un dépôt arénacé, alors même qu'il est d'une grande ri- chesse, il faut disposer à la fois et d'un volume d'eau considérable et de nombreux ouvriers » Un recensement fait vers l'année 1780, par ordre de l'archevêque Gon- gora, vice-roi de la Nueva-Granada, portait à 3ooo les nègres orpailleurs du Choco, retirant annuellement 1 1000 marcs de poudre d'or (1). A cette (1) Dans celte évaluation il s'agit uniquement de l'or ayant payé le tjninto. L'or exporté en contrebande n'est pas compris dans ce chiffre. C. R., i856, 1" Semestre. (T. XLII, No 20.) «21 ( 922 ) époque, et conformément au principe énoncé précédemment, l'Administra- tion admettait qu'on arriverait facilement à extraire 20000 marcs de métal, lorsque la population noire aurait doublé. » En 1829, le travail des mines était encore exécuté par des esclaves quoique la population noire eût diminué notablement. On attribuait cette di- minution à la guerre de l'indépendance. L'État avait, il est vrai, donné la liberté aux esclaves engagés sous les drapeaux, en indemnisant les maîtres. Mais ce qui contribua le plus à ce résultat, ce furent les dispositions législa- tives prises en 1816 par le Congrès constituant, dispositions équitables, d'une extrême prudence dans leur application et qui permirent à un État de l'Amérique méridionale , peu important au point de vue politique , de devancer l'Angleterre et la France dans l'acte si éminemment chrétien de l'abolition de l'esclavage. Toutefois, en 1829, ce n'était pas sans une certaine inquiétude que les propriétaires des lavaderos voyaient se ma- nifester les effets de la loi; encore quelques années, disaient-ils, et l'on n'aurait plus que des vieillards incapables de travail, tous les esclaves vigoureux devant bientôt atteindre l'âge fixé pour leur affranchissement. Qu'il me soit permis, à cette occasion, de rapporter la réponse que fit, en ma présence, à un de ces maîtres d'esclaves, mon vénérable ami le padre Bonafonte, curé de Riosucio de Engeruma, resté pauvre au milieu des lin- gots qu'on agitait autour de lui : ■ N'ayez aucune crainte sur l'avenir des » mines : les blancs attachent un si haut prix à la possession de l'or, qu'un » jour ils viendront laverie minerai à la place de ces malheureux nègres. » » La prédiction du bon missionnaire s'accomplit. De toutes les parties du monde, les blancs se jettent sur les contrées aurifères de l'Amérique, et si leur migration se porte jamais vers le Choco, il est difficile de prévoir quelles seront les quantités de métal que fourniront les vallées du San-Juan et le bas pays de la province d'Antioquia; mais alors l'histoire aura un jour à supputer ce que, sous l'influence de climats éminemment insalubres, cet or aura coûté d'existences d'hommes. » astronomie. — Lettre de M. Valz en réponse à la Note insérée dans le Compte rendu de la séance du 5 mai dernier. « Je viens de voir, dans le Compte rendu de la dernière séance de l'A- cadémie, que M. Le Verrier me fait dire ce que je n'ai pas dit, et veut bien réfuter ce que je n'ai pas prétendu. En effet, je n'ai nullement voulu faire passer pour charlatans les astronomes qui croient devoir reproduire (9*3) les secondes incertaines résultant du calcul des éléments ordinaires des or- bites; mais j'ai avancé seulement qu'on pourrait, comme le baron de Zach, trouver un peu de charlatanerie dans les centièmes de secondes pour les éléments provisoires : ce qui est assez différent, parce que les éléments provisoires sont tout autres que les éléments ordinaires; que les centièmes de secondes ne sont pas des secondes, et qu'enfin on peut bien faire un peu de charlatanerie, ce qui arrive parfois assez naturellement à bien des gens, sans être pour cela de vrais charlatans, des charlatans par métier. J'ai dit aussi, en termes précis, que dans les déterminations où les de- grés ne sont pas même certains, il devient assez inutile de courir après les secondes : ce qui ne me paraît guère avoir besoin de démonstra- tion; mais, pour le montrer par le fait même, je n'aurai qu'à citer les trois déterminations du périhélie obtenues pour Léda par M. Pape, qu'on ne saurait trop, du reste , louer du grand zèle qu'il met à calculer aussitôt que possible les éléments provisoires des nouvelles planètes, pour en faciliter la recherche aux astronomes, après quelques jours de mauvais temps ou de clair de lune; en quoi il leur rend un éminent service, en leur épar- gnant beaucoup de peine inutile et de temps perdu, qui sont toujours fort regrettables pour les observateurs. » Il a trouvé cette longitude : Par les observations de janvier, de gi°33'5i",3 avec celles de février, de 126.1 8.1 3, g avec celles de mars, de 9g. 43. 6,4 présentant ainsi une différence d'environ 35 degrés. Comment admettre alors que les secondes et leurs dixièmes sont également indispensables dans des éléments qui diffèrent autant ; et, tandis que la différence entre les éphémérides qui en résultent va à 55 minutes, celle provenant des se- condes négligées n'aurait pas la moindre importance. » Toute l'argumentation de M. Le Verrier repose sur ce que les éléments provisoires établis sur les premières observations ne servent qu'à repré- senter des observations déjà faites; mais ce n'est pas là leur plus grande utilité, qui consiste surtout à en déduire des éphémérides qui puissent guider l'astronome observateur dans ses recherches et observations futures, et lui épargner beaucoup de temps perdu et de peines inutiles à chercher dans le ciel, sans de pareils secours. Bientôt cependant leur erreur devient si grande, que la petite différence résultant des secondes négligées ou non dans les éléments provisoires n'a plus aucune importance. Ainsi, d'après 121.. (oM) mes observations d'hier soir, les éphémérides de la nouvelle planète de M. Goldschmidt seraient en erreur de 26 minutes, tandis que la différence provenant des secondes négligées n'en serait qu'une bien faible fraction. » Il ne me reste plus, je pense, qu'à relever l'opinion émise par M. Le Verrier, que les considérations qu'il a cru devoir présenter m'auraient sans doute échappé, ce qui n'est, en effet, qu'une supposition toute gratuite de sa part. » chirurgie. — De l'application de l'autoplastie au traitement des cicatrices vicieuses ; par M. C. Sédillot. « Le remarquable Mémoire dont M. le professeur Jobert (de Lamballe) a donné lecture à l'Académie des Sciences, dans la séance du 10 mars i856, sur l'application de l'anaplastie aux brides cicatricielles, nous a rappelé quelques faits de notre pratique, pleinement confirmatifs des avantages de cette méthode. Les procédés que nous avons adoptés depuis plusieurs années ne sont pas entièrement semblables à celui de notre célèbre con- frère, et nous signalerons particulièrement trois points sur lesquels nous ne saurions nous ralliera son opinion. Ainsi, nous hésitons à admettre l'es- pèce de greffe du lambeau anaplastique dans l'épaisseur du tissu cicatriciel que semble indiquer M. Jobert. Nous ne croyons pas nécessaire la section du pédicule du lambeau. Enfin, nous doutons de la facilité de la réunion immédiate, entre les bords du lambeau et ceux de la cicatrice. » La première condition de succès, pour le redressement des parties dont la forme et la mobilité sont compromises par la rétraction du tissu inodu- laire, est sans contredit à nos yeux la division complète de ce tissu jusqu'aux couches normales subjacentes, qui deviennent la base et le point d'appui du lambeau. Si toute l'épaisseur du tissu modulaire n'est pas intéressée, les difformités persistent invinciblement, et l'on reconnaît la nécessité, non- seuleïnent de diviser la bride, mais encore de la séparer dans beaucoup de cas par la dissection des tissus sains plus profondément situés. C'est une corde inextensible que l'on sectionne, et il faut la couper en totalité si l'on veut en faire disparaître les effets. Nous remarquerons en outre que la réu- nion du lambeau au seul tissu inodulaire, si elle était obtenue, présenterait de bien faibles éléments de vascularité, et que l'on aurait certainement à redouter la gangrène du lambeau, après la section du pédicule. Nous con- cluons de ces considérations, que le lambeau anaplastique doit être large- ment mis en rapport avec des tissus sains, et que c'est le seul moyen de re- (9*5) médier aux difformités, de donner une base suffisante au lambeau dont l'allongement et l'expansion deviennent possibles et d'en assurer la vitalité. » M. Jobert est partisan de la section du pédicule du lambeau, et il en a exposé les avantages dans ce passage : « Aucun changement appréciable ne » se manifeste avant la section du pédicule ; mais, lorsqu'elle a été prati- » quée, la bride s'étale, la difformité disparaît, les tiraillements cessent, et » la partie inclinée se redresse et reprend son attitude. » » Il nous paraît impossible que la section du pédicule ait l'influence que signale M. Jobert, si du moins nous avons bien compris le sens de sa phrase. En intercalant un lambeau de téguments sains entre les deux bords d'une cicatrice du cou transversalement divisée, l'allongement du lambeau s'opère dans le sens vertical, et ne saurait être empêché par le pédicule, qui se trouve placé latéralement et en dehors de la sphère d'action de la cicatrice. Nous ne voyons pas l'utilité de l'incision du pédicule, et nous le conservons intact dans toutes nos opérations anaplastiques, relevant des méthodes française et indienne. Avec la précaution de faire partir de la perte de substance à combler, le bord correspondant du lambeau auquel on imprime une légère torsion de a 5 degrés environ pour l'amener à sa nouvelle situation, le pédicule est uni à la plaie, et s'y confond tellement, qu'il n'est bientôt plus reconnaissable et qu'il n'y a pas de motif de le divi- ser. Cette manière d'agir abrège et simplifie l'opération et en rend le succès plus assuré, puisqu'on n'a plus à redouter la gangrène du lambeau par suite de la section du pédicule, quelle que soit d'ailleurs, la rareté de ce redou- table accident. » Enfin, et c'est là notre troisième point de dissidence, M. Jobert an- nonce « que la greffe animale se réunit aussi bien au tissu cicatriciel » divisé qu'aux autres tissus , et que c'est un fait remarquable que ce » travail ne donne lieu à aucun accès d'inflammation , et qu'il se main- » tient dans de justes limites. » Notre expérience est en désaccord absolu avec cette opinion, et nous avons toujours observé la fonte ulcérative de la plus grande portion du tissu inodulaire , au contact du lambeau , dans toutes nos anaplasties de ce genre. De là pour nous le précepte d'éviter de multiplier les points de suture, et de n'en appliquer que le nombre indis- pensable, pour maintenir pendant quelque temps le lambeau étalé dans la plaie et en éviter le retrait et l'enroulement spontanés. Une très-légère compression centrale faite au moyen de linges ployés en plusieurs dou- bles et trempés dans l'eau froide est aussi d'un utile secours. » L'ulcération des bords de la cicatrice nous paraît si constante, que ( 9*6 ) nous n'avions pas craint de l'annoncer sur un des malades opérés à la clinique, dont nous donnerons l'histoire, et nous avions appelé l'atten- tion des élèves sur ce phénomène, en signalant le peu de crainte qu'il en fallait concevoir, attendu que le tissu inodnlaire se reforme alors avec la même rapidité qu'il s'est détruit. Si M. Jobert n'a pas fait les mêmes remar- ques, nous devons l'attribuer à des conditions toutes spéciales qui n'ont pas été suffisamment révélées, et qui réclament de nouvelles recherches. » Faits confirmatifs. — i°. Cicatrice du cou produite par brûlure", avec flexion de la tête sur la poitrine. Heureuse application de lautoplastie Observation recueillie par M. Picard) interne. » Fix (Charles), mégissier, âgé de quarante-deux ans, fut admis à la cli- nique le 12 décembre i855. Cet homme a eu dans sa jeunesse toutes les portions droites et médianes de la poitrine , du cou et de la tête , profondé- ment brûlées. Une bride cicatricielle, large et saillante, maintient la tête fléchie, et le maximum de l'écartement entre le bord supérieur du sternum et le menton est de 10 centimètres. La face est complètement asymé- trique par défaut de développement du côté droit ; l'oreille est en partie détruite et réduite à une espèce de moignon ; les mouvements du bras droit ne sont pas gênés, malgré la présence d'une large cicatrice étendue sur toute l'épaisseur de ce côté. » Le malade se plaint d'une aggravation notable de la flexion de la tète, qui l'empêche depuis quelques mois de se livrer à ses occupations habi- tuelles, et il en attribue justement la cause à une ulcération du tissu modu- laire, survenue au bord supérieur du sternum, dont un point nécrosé est détaché et mobile au milieu d'une ulcération cicatricielle. » M. Sédillot essaye le 18 décembre la section sous-cutanée de la partie profonde de la bride et obtient par ce moyen un allongement immédiat de i centimètres; mais cette amélioration avait déjà disparu au bout de vingt- quatre heures, et la difformité était revenue au même degré. » Le 20 décembre, M. Sédillot voulant un résultat décisif et permanent, tailla sur la partie gauche du cou, dans un point où la peau était restée in- tacte, un lambeau vertical de 25 millimètres de .hauteur sur 4o millimètres de largeur, dont la base était inférieure et le sommet tourné vers le menton. De l'extrémité droite de cette base, M. Sédillot fit partir une incision trans- versale qui intéressa toute l'épaisseur d'avant en arrière de la cicatrice, dont les lèvres furent disséquées en haut et en bas de manière à présenter un écartement assez grand pour y loger le lambeau renversé de haut en bas et de gauche à droite. Quelques points de suture en réunirent le sommet et ( 9*7 ) les bords au tissu cicatriciel correspondant. Des fomentations froides furent appliquées, et un appareil amidonné, tel que M. Sédillot en fait usage poul- ies plaies du cou, immobilisa la tête. » Le 24, le lambeau, dont la face saignante et profonde est déjà adhé- rente, offre l'état le plus satisfaisant; mais il semble isolé au milieu d'une vaste ulcération circulaire de plus de 1 centimètre de diamètre. On continue le pansement à plat. » Le 7 janvier 1 856, des bourgeons charnus de bonne nature réunissent les bords du lambeau au tissu cicatriciel environnant. Le i5 du même mois, la cicatrisation est achevée. Le lambeau est souple, uni, sans tension ; le pédicule à peine apparent , les mouvements de la tête beaucoup plus libres, et le malade quitte l'hôpital. Nous avons revu l'opéré deux mois plus tard, et il continuait à se féliciter des heureux résultats de son traitement. » a°. Destruction de la paupière inférieure droite par une cicatrice étendue au nez, à la joue et à une partie de la tempe du même côté. Ectropion con-. sécutif, porté au plus haut degré, avec larmoiement et sensibilité morbide de l'œil. Blépharoplastie par intercalation de deux lambeaux tégumentaires dans l'intervalle du tissu inodulaire profondément divisé. Guérison défini- tive. Observation recueillie par M. Heer, interne. » C..., âgé de vingt-quatre ans environ, vint réclamer, au commencement de i854> les soins de M. Sédillot, pour un ectropion de la paupière inférieure droite, qui l'incommodait depuis son enfance et était la conséquence d'une brûlure très-étendue de la face. La chaleur, le froid, la lumière, le vent et la poussière provoquaient de la douleur, du larmoiement et des inflammations douloureuses de l'œil, dont le segment inférieur restant découvert était à peine protégé par l'abaissement momentané de la paupière supérieure. » Le tissu cicatriciel couvrait toute la joue, depuis le nez et la lèvre su- périeure jusqu'aux rares cils encore adhérents au bord de la paupière dont le revêtement tégumentairen'existait plus. Après plusieurs tentatives infruc- tueuses, dont M. Sédillot a consigné les détails dans son Traité de Médecine opératoire, ce professeur entreprit la restauration de la paupière inférieure, par un large lambeau emprunté au front et à la tempe, et interposé dans l'intervalle du tissu inodulaire profondément divisé et renversé en haut et en bas par la dissection. La mortification partielle de l'extrémité du lambeau, qui était fort long, exigea la formation d'un second lambeau, pris sur le front au côté interne du sourcil, et l'on réunit par la suture les bouts des deux lambeaux l'un à l'autre. Le tissu inodulaire environnant s'ulcéra, puis se reproduisit, et la paupière inférieure, restaurée et soutenue de chaque côté (9*8 ) par la disposition des lambeaux, permit la libre et parfaite occlusion de l'œil. » Depuis deux ans, je n'avais plus entendu parler de ce malade, lorsqu'il vint me voir, il y a quelques semaines, et je profitai de l'occasion pour le faire photographier. L'Académie pourra juger d'après l'épreuve que j'ai l'hon- neur de lui adresser des résultats de l'opération (i). Les lambeaux sont un peu arrondis et saillants et pourraient être rendus plus réguliers par l'abla- tion de quelques légers plis ; mais comme le malade est très-satisfait du réta- blissement de sa paupière et de la disparition de toute gène et de toute fai- blesse dans l'exercice de la vision, il ne s'est pas montré disposé à subir aucun essai de perfectionnement, et nous ne l'en avons pas blâmé. » Quelques personnes, trompées par le titre de blépharoplastie donné à cette observation, hésiteront peut-être à y voir un exemple d'allongement d'une cicatrice par l'intercalation d'un lambeau tégumentaire; mais si le but poursuivi est réellement une restauration palpébrale, on reconnaîtra cependant que le procédé est exactement le même que dans notre première opération, et que les seules modifications qu'on y rencontre se rapportent à la hauteur plus grande du siège du pédicule. Nous nous étions conformé en cette circonstance à un principe général dont nous avons depuis long- temps démontré l'importance, et qui consiste à toujours placer l'origine ou le point de départ des lambeaux anaplastiques du côté opposé au bord libre des organes que l'on se propose de reconstituer. C'est une règle invaria- ble pour les paupières et les lèvres, et nous y avons conformé nos procédés. » Nous pourrions citer d'autres cas plus ou moins analogues aux précé- dents, et celui entre autres d'un soldat de la garnison de Strasbourg, dont le bras fléchi par une bride cicatricielle du pli du coude ne pouvait être, étendu. Ce malade, dont la blessure eut un certain retentissement à cette époque, qui remonte au moins à quatre ou cinq ans, fut l'objet d'une consultation de tous les médecins militaires, et je proposai l'intercalation d'un lambeau anaplastique entre les bords du tissu inodulaire transversale- ment divisé. Cette opération ne fut pas pratiquée, et M. le Dr Sergent, alors chirurgien-major d'un régiment d'artillerie, se chargea de donner des soins au malade qu'une simple incision de la bride cicatricielle ne parvint pas à guérir. Dans une autre circonstance, nous eûmes recoins au même procédé pour faciliter le redressement du pouce fléchi d'une manière gênante par une bride inodulaire, résultant, je crois, d'une plaie avec perte de substance et suppuration prolongée. (i) Cette image photographiée est mise sous les yeux de l'Académie. ( 929 ) » Je partage, comme on le voit, l'avis de M. Jobert sur la haute valeur de l'application de l'autoplastie au traitement des brides cicatricielles, et l'on peut espérer que nos légères objections feront surgir des faits assez nom- breux pour éclairer le petit nombre des propositions sur lesquelles nous ne nous sommes pas complètement rallié aux idées de notre célèbre con- frère. » M. le Secrétaire perpétuel communique la Lettre suivante que lui a adressée M. Ostrogradski, récemment nommé à une place de Correspon- dant pour la Section de Géométrie. « Permettez-moi de recourir à votre intermédiaire pour faire agréer, par l'illustre compagnie qui m'a honoré de son suffrage, ma profonde recon- naissance et mes sincères remercîments. Je suis touché et pénétré de la marque de sa bienveillante indulgence; je ferai mes efforts pour m'en rendre digne. Je vous prie aussi, Monsieur, de transmettre mes remercî- ments aux géomètres de la célèbre Académie que j'eus l'honneur de con- naître personnellement : à M. Cauchy, mon illustre maître, intelligence extraordinaire qui, embrassant les sciences mathématiques dans toute leur étendue, en fait reculer toutes les limites comme Euler et Lagrange; à M. Poinsot, qui eut la complaisance de m' exposer les principes de sa belle Théorie de la Rotation, bien avant qu'elle fût publiée; à M. Binet, mon professeur au Collège de France, géomètre célèbre et président actuel de l'Académie; à M. Sturm, mon ami, qui dota l'algèbre et l'analyse trans- cendante de théorèmes de la plus grande portée, et à M. Lamé, qui agrandit la théorie des équations linéaires à différences partielles. » Je remercie de même les géomètres que je n'ai pas connus personnel- lement ; parmi eux figurent M. Liouville et d'autres noms célèbres et d'au- tres hautes capacités. Je vous remercie également, Monsieur le Secrétaire per- pétuel, vous que je ne puis me permettre de louer dans une Lettre qui vous est adressée. » En nommant les géomètres qui soutiennent avec éclat la grande célé- brité de l'Académie des Sciences, je ne puis m'empècher de rappeler en même temps la mémoire de deux morts illustres, auxquels je ne puis penser sans attendrissement et regret : Poisson, qui m'honora de sa bien- veillante amitié, et Fourier, qui fut mon bienfaiteur; leur souvenir et la reconnaissance que je dois au dernier me resteront pour toujours. » C . R . , i856 , 1er Semestre. ( T. XLH , N° 20. ; I 22 ( 93o ) analyse mathématique. — Note sur les Jacteurs égaux de polynômes entiers ; par M. Ostrogradski. « Désignons respectivement par X, P, Q, R un polynôme entier de la variable x, le plus grand diviseur commun à ce polynôme et à sa dé- rivée — et les quotients X rfX ~Ë' ~di' "P~ Le plus grand diviseur commun aux polynômes Q et R — -^ est précisé- ment le produit des facteurs simples du polynôme X; soient q, Q, et R, ce produit et les quotients q 2 i* _ n R d^ - R -_Q2, R,___R2. Le plus grand diviseur commun à Q2 et Ra ^ représentera le pro- duit des facteurs triples de X; ainsi de suite. » J'ai démontré ces propositions dans une Note lue à l'Académie de Saint- Pétersbourg le ro octobre 1849- Après l'impression de cette Note, j'ai re- connu qu'on peut avoir immédiatement les facteurs du polynôme X, d'un degré quelconque de multiplicité. En effet, les facteurs dont k est le degré de multiplicité, forment le plus grand diviseur commun aux polynômes Q et R — k~, il n'y aura donc qu'à rechercher ce diviseur pour avoir le facteur dont il s'agit. » Ainsi le produit des facteurs simples, doubles, triples, etc., seront res- pectivement les plus grands diviseurs communs aux polynômes Qe.R-g, Qe.R-4^«-4 (93i ) Je supprime la démonstration, qui ne présente aucune difficulté, et même elle devient tout à fait évidente, si l'on représente le polynôme X sous la forme ?fîf«5«- NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem- bre qui remplira, dans la Section de Botanique, la place devenue vacante par suite du décès de M. de Mirbel. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54, M. Gay (Claude) obtient 23 suffrages. M. Duchartre 22 M. Chatin. . 7 M. Trécul 2 Aucuu des candidats n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, l'Académie procède à un deuxième tour de scrutin. Le nombre des votants étant 55, M. Gay obtient 27 suffrages. M. Duchartre. 25 M. Chatin 2 Il y a un billet blanc. Aucun des candidats n'ayant encore cette fois obtenu la majorité absolue, l'Académie procède au scrutin de ballottage. Le nombre des votants restant 55, M. Gay obtient 28 suffrages. M. Duchartre 27 M. Gay (Claude), ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. 122. o> ) MEMOIRES PRESENTES. GÉOMÉTRIE. — Mémoire sur la théorie géométrique des lignes à double courbure; par M. Paul Serret. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chasles, Bertrand.) « La théorie des lignes à double courbure , telle qu'elle résulte aujour- d'hui des travaux de Monge et de plusieurs géomètres contemporains , comprend deux études distinctes. » La première, qui constitue en quelque sorte l'anatomie de ces lignes, a pour objet la recherche des propriétés que présente en chacun de ses points une ligne à double courbure quelconque , et pour résultat des for- mules nombreuses exprimant les diverses relations de grandeur et de po- sition qui existent entre les éléments correspondants de la ligne considérée, du lieu des centres de courbure , de la ligne de striction de la surface gauche des normales , et de l'arête de rebroussement de la surface polaire. » Dans la seconde, on considère, dans toute leur étendue, la ligne à double courbure primitive et chacune des lignes qui en dérivent ; les déve- loppées de cette ligne; la nature des surfaces, gauches ou développables , formées par des normales principales, par les droites polaires ou recti- fiantes, etc. A cette seconde étude, enfin, se rattache essentiellement la recherche des lignes à double courbure qui , considérées dans toute leur étendue , jouissent en chacun de leurs points d'une même propriété , mé- trique ou descriptive; le résultat de cette recherche étant la définition géo- métrique de chacune de ces lignes, d'après cette propriété. On voit que ce dernier problème, qui a pour objet, pour ainsi dire, de reconstruire d'une seule pièce une ligne à double courbure d'après les propriétés qu'elle présente en l'un de ses points, est l'inverse du premier qui adule précéder, et qui devrait lui fournir les éléments de cette reconstruction. Il présente d'ailleurs de bien plus grandes difficultés, et n'a été abordé que beaucoup plus tard, et dans ces dernières années, par un petit nombre de géomètres, parmi lesquels nous citerons M. Serret, qui a résolu, par une méthode ana- lytique très-élégante , plusieurs des questions que nous aurons à étudier géométriquement; M. Puiseux , qui a fixé le premier la nature des lignes dont les deux courbures sont constantes, et M. Bertrand , à qui l'on doit plusieurs propositions importantes conduisant à la classification des surfaces (933) gauches formées parles normales principales d'une ligne à double courbure. » Le Mémoire que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie a pour objet l'exposition de la théorie, ainsi définie, des lignes à double courbure. » La marche que nous avons suivie est entièrement géométrique : n'em- pruntant rien de l'analyse, nous n'emprunterons rien aussi de la théorie des surfaces, si ce n'est quelques définitions indispensables pour caracté- riser les lignes que nous aurons à considérer , et un théorème découvert par M. Chasles sur la distribution des plans tangents à une surface gauche, menés parles différents points dune même génératrice rectiligne de la surface. » Nous ajouterons qu'une telle sobriété dans les moyens employés nous parait due à l'intervention de certaines lignes sphériques auxiliaires, que nous appelons indicatrices , et que nous croyons n'avoir omis aucune des pro- priétés déjà acquises à cette partie si intéressante de la géométrie générale. » méganique. — Note sur l'élasticité' du caoutchouc vulcanisé; par M. P. Boileap. (Commissaires, MM. Despretz, Séguier.) « L'emploi du caoutchouc vulcanisé dans la construction des machines paraissant devoir prendre une grande extension, il m'a semblé utile de faire connaître quelques résultats d'observations que j'ai obtenus en r853 sur les variations de son élasticité mise en jeu par la compression. » Employé depuis dix ans environ pour la construction des tampons des tenderset des locomotives, le caoutchouc vulcanisé a sans doute été l'objet d'observations antérieures à celles que je vais rapporter, mais je n'en ai pas eu communication ; il convient de remarquer d'ailleurs que le mode de pré- paration de cette substance influe notablement sur son élasticité , et que la sulfuration du caoutchouc est souvent effectuée par des procédés expé- ditifs qui la rendent incomplète ou même seulement extérieure, en sorte que les résultats des expériences , pour être comparés entre eux, paraissent devoir se rapporter à des échantillons provenant de procédés de fabrication identiques. » Parmi les divers dispositifs qui ont été proposés pour la construction des ressorts en caoutchouc vulcanisé , le plus avantageux est celui qui consiste en une colonne cylindrique composée de rondelles de cette sub- stance, alternées avec des disques minces en fer doux, et traversée dans toute sa longueur par une tige directrice centrale; c'est sur un ressort ainsi ( 934 ) constitué que j'ai opéré; il appartenait à un marteau pilon à came du pre- mier système de M. Schmerber, et le caoutchouc avait été choisi par cet habile ingénieur chez un des meilleurs fabricants de l'Angleterre. » Les dimensions des rondelles , au nombre de huit , étaient les suivantes avant la compression : Diamètre extérieur n3 mill. Diamètre de l'œil central pour le passage de la tige directrice 3g Epaisseur 23 Aire de la partie pleine de la section transversale 55 ">, q55 » Les disques en fer interposés avaient une épaisseur de 5 millimètres. Les expériences ont été faites dans l'un des ateliers des chemins de fer de l'Est, établi à Montigny; M. Tenbrink, directeur de cet atelier, a bien voulu en favoriser l'exécution. On a d'abord fait subir aux rondelles une compression progressive par l'intermédiaire d'un fort levier en fer chargé sans à-coup de poids variables; puis, en diminuant progressivement ces poids, on a produit une période de détente. » J'ai réuni dans le tableau suivant les compressions observées pour dif- férentes charges ; chacune de ces compressions est la somme de celles des huit rondelles élastiques. CHARGES EN KILOGRAMMES. COMPRESSIONS observées. CHARGES EN KILOGRAMMES. COMPRESSIONS observées. Totales. Sur le centimèt. carré. (En millimètres. ) Totales. Sur le centimèt. carré. (En millimètres.) 166 2>967 8,4 446 7>97' 30,9 186 3,324 9»6 466 8,328 32.0 206 3,68i 11, 1 486 8,685 33,3 226 4,o3g 12,7 5o6 9,043 34,2 246 4,396 '4,6 526 9,400 35,i 266 4,754 16,7 546 9,758 35,9 286 5,iii 18,7 566 10, 1 i5 37,1 3o6 5,469 20,5 586 10,473 37,8 326 5,826 22,2 606 io,83o 38,4 346 6,184 23,8 646 i.,545 39,o 366 6,54i 25,4 686 1 2 , 260 39,5 386 6,898 26,9 726 12,975 4»,o 406 7,256 28,3 766 13,690 4°, 5 426 7,6i3 29,6 806 4,4°4 40,9 (935 ) » Variation de la compressibilité du caoutchouc. — Afin de déterminer ces variations , j'ai construit, à une grande échelle, une courbe ayant pour abscisses les charges sur le centimètre carré, et pour ordonnées les compres- sions correspondantes; puis, sur cette courbe, j'ai pris les dépressions dues à un accroissement de charge de \ de kilogramme par centimètre carré : les résultats de cette opération composent le tableau suivant : ACCROISSEMENTS ACCROISSEMENTS PRESSIONS de compression corres- PRESSIONS de compression corres- sur le pondants à un sur le pondants h un centimètre carré. accroissement de charge centimètre carré. accroissement de charge de ok,i. de 0^,1. kll mm kll mm 2,0 0,6o 8,5 0,63 2,5 0,64 9»° 0,60 3,0 0,70 9>5 0,57 3,5 0,85 10,0 °,49 4,0 °>99 io,5 0,32 4,5 1 ,o5 1 1 ,0 0,20 5,o 1,04 1 1 ,5 o,i5 5,5 0,98 12,0 0,14 6,0 0,90 12,5 o,i3 6,5 0,80 i3,o 0, 12 7»° o,73 i3,5 0,11 7,5 0,70 i4,o 0, 10 8,0 • 0,66 » La courbe construite en prenant pour coordonnées les résultats de ce ta- bleau, courbe qui représente la loi de variation de la compressibilité des disques en caoutchouc, montre à la première inspection que cette loi n'est ni simple, ni même constante. Le fait principal est celui d'un maximum de compressibilité, qui s'est produit pour une charge de 4ki7°° P^r centi- mètre carré : en deçà et au delà de cette charge, ou plutôt de celles qui lui sont voisines, la compressibilité augmente et diminue rapidement; mais ces deux périodes, qui s'étendent depuis la charge de 3 kilogrammes jusqu'à celle de 7 kilogrammes, sont l'une précédée et l'autre suivie d'une phase dans la- quelle les variations sont beaucoup moins rapides; en outre, depuis la charge de 1 tk,5o jusqu'à. celle au delà de laquelle les rondelles élastiques subissent une déformation permanente, le décroissement de leur compres? (936) sibilité est très-faible, mais cette période est précédée d'une autre dans laquelle le contraire a lieu : de sorte que dans l'étendue des expériences, et probablement depuis les plus petites charges jusqu'à celles qui produisent l'écrasement, la compressibilité des rondelles en caoutchouc passe par une succession de périodes à variations alternativement lentes et rapides. » Cette complication de phénomènes doit provenir en partie de la consti- tution moléculaire de la substance considérée, et le calorique mis en jeu par la compression n'y est sans doute pas étranger, mais elle est certaine- ment augmentée par les renflements latéraux des rondelles. « Détente des ressorts comprimés , conditions qui s'y rapportent. — Lorsque partant de la pression totale de 806 kilogrammes, j'ai déchargé lentement et progressivement la colonne élastique, elle n'a pas repris exac- tement les hauteurs correspondantes à des pressions égales dans la période de compression, mais elle est revenue à sa hauteur primitive quand tous les poids ont été enlevés. Cette dernière circonstance prouve que l'élasticité du caoutchouc n'avait pas subi d'altération permanente par sa compression, et que si auparavant les rondelles n'ont pas entièrement repris l'épaisseur cor- respondante aux poids dont elles restaient chargées, c'est que, malgré qu'on opérât sans précipitation, la détente des ressorts n'a pas eu le temps néces- saire pour s'effectuer complètement. « Il est important dans l'emploi des ressorts de limiter les pressions de telle sorte que leur élasticité ne soit point altérée, et pour certains cas que la détente de ces ressorts puisse reproduire intégralement les quantités de travail absorbées par leur compression. Relativement à la première de ces conditions, les résultats précédents montrent que la pression de i4k,4°4 par centimètre carré n'était point trop considérable; dans une autre expé- rience effectuée postérieurement, cette charge ayant été portée à i8k,ia, la déformation permanente des rondelles est devenue très-sensible, non-seu- lement par leur diminution d'épaisseur, mais aussi parce que les arêtes supé- rieure et inférieure ont été remplacées par des surfaces obliques et légèrement courbes : ainsi, en attendant de nouvelles observations, la charge des cy- lindres en caoutchouc vulcanisé de bonne qualité paraît devoir être limitée à i4 kilogrammes par centimètre carré, lorsqu'elle agit sans à-coup. Dans le cas d'actions brusques ou de chocs fréquemment réitérés, l'effort moyen du choc ne me paraît pas devoir excéder 10 kilogrammes sur la même unité de surface transversale. » Quant à la reproduction du travail dynamique par la détente des res- sorts moléculaires, il ne suffit pas, pour qu'elle ait lieu complètement, que :( o3? ) la substance considérée soit susceptible de reprendre sa forme primitive; l'observation présentée plus haut montre en effet qu'il faudrait, pour que le déchet de travail dynamique fût nul, que la détente pût s'opérer très- lentement, et d'autant plus que la masse à mouvoir serait plus considérable, condition qui ne s'accorde pas en général avec celles des mouvements des machines. La détente des ressorts métalliques est beaucoup plus rapide, mais le temps qu'elle exige suivant les circonstances dans lesquelles elle s'effectue n'a encore été l'objet d'aucune recherche précise. » Dans la suite de son Mémoire, l'auteur examine l'influence de l'épais- seur des rondelles, principalement d'après les résultats qui lui ont été com- muniqués, postérieurement aux expériences dont il vient d'être question , par M. Schmerber; il expose enfin, en terminant, les conséquences qui se déduisent de ces recherches relativement à l'emploi des ressorts en caout- chouc vulcanisé. anatomie. — Recherches anatomiques et physiologiques sur les appareils érectiles. Jppareil de l'adaptation de l'œil chez les Oiseaux , les princi- paux Mammifères et l'homme; par M. le Dr Charles Rouget. (Présenté par M. Claude Bernard.) (Commissaires, MM. de Quatrefages, Cl. Bernard.) « Dans l'intérieur du globe oculaire existe un appareil capable de pro- duire dans les milieux dioptriques les modifications nécessaires à l'adap- tation de la vue aux distances. » Cet appareil se compose de parties ou d'organes musculaires, tendi- neux ou élastiques et vasculaires, produisant par la combinaison de la con- traction musculaire et de la tension des vaisseaux l'acte complexe propre aux appareils érectiles. » La forme générale de l'appareil de l'adaptation est celle d'un sac qui, revêtu à l'extérieur par l'appareil de protection (sclérotique et cornée), enferme et contient dans sa cavité les milieux dioptriques et l'appareil de la sensation visuelle. » Simple dans les régions postérieure et moyenne du globe oculaire où il est constitué par la choroïde et le corps ciliaire, ce sac se dédouble, au niveau de l'union de la cornée à la sclérotique, en deux lames : l'une, sim- plement élastique, la membrane de Descemet qui s'accole intimement à la cornée; l'autre, musculaire et vasculaire, l'iris, complète l'enveloppe active du sphéroïde, cristallo-vitré. C. K., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 20.) ] 23 (938) » Dans la première partie de mon travail, j'exposerai sommairement les faits nouveaux relatifs à la structure élémentaire et à la texture des diffé- rentes parties de l'appareil; dans la seconde, je montrerai l'appareil en action. » Au niveau du bord adhérent, ou dos des procès ciliaires, se montre une couche de faisceaux à direction transversale, obliquement entre-croisés : c'est la couche à fibres circulaires du muscle ciliaire. » Chez les Oiseaux, cette couche est constituée en avant par des faisceaux striés en travers, et en arrière par des fibres régulières, arrondies, très- réfringentes, analogues aux fibres du tissu jaune élastique, mais dans lesquelles on peut apercevoir quelquefois des stries transversales fines et régulières . » Chez les Mammifères, la couche circulaire du muscle ciliaire est consti- tuée par des faisceaux de fibrilles dartoïdes, lisses et munis de noyaux allon- gés, au milieu desquels courent des divisions plexiformes des nerfs ciliaires. » En dehors du muscle ciliaire annulaire, on voit sortir, en quelque sorte, du stroma de la choroïde, au bord postérieur de la région ciliaire, les faisceaux du muscle ciliaire radié. » Chez les Oiseaux, ces faisceaux, constitués par des fibres striées en travers, forment au moins deux plans musculaires : l'un, externe et posté- rieur, s'insère après un très-court trajet au bord postérieur de l'anneau osseux de la sclérotique ; l'autre, recouvert à son origine dans la choroïde par le précédent, se prolonge en avant jusqu'au bord antérieur de l'anneau osseux, où s'insère une partie de ses fibres, tandis que le reste s'attache au pourtour de la membrane de Descemet, véritable tendon élastique du plan antérieur du muscle ciliaire radié. » Ce muscle n'est autre chose que celui décrit par Crampton; mais Crampton et tous les anatomistes (entre autres Brùcke) qui ont décrit ce muscle après lui, se sont trompés sur son origine et sa véritable signification. » Chez les Mammifères, le muscle ciliaire radié, constitué par des faisceaux musculaires lisses dartoïdes, naît également du stroma de la choroïde, et se termine au niveau du sillon keratosclérotical, où il se continue en grande partie, sinon en totalité, avec la membrane de Descemet. » L'appareil musculaire de l'iris ri est que la continuation du plan profond [à fibres circulaires) du muscle ciliaire. » Chez les Oiseaux, les faisceaux striés à direction transversale pénètrent obliquement dans l'iris, et conservant dans toute l'étendue de cette mem- brane une direction généralement circulaire, ils s'entre-croisent tous plus ou moins obliquement. » J'ai constaté chez tous les Mammifères que j'ai examinés (homme, (93g) carnassiers, ruminants, rongeurs) une disposition tout à fait analogue à celle de l'iris des Oiseaux. Au bord antérieur du muscle ciliaire, les fais- ceaux de la couche profonde (annulaire) de ce muscle, continuant leur direction transversalement oblique, pénètrent dans l'iris, et là couvrant la face externe de cette membrane et enlaçant les vaisseaux dans leurs mailles, ils s'entre-croisent pins ou moins régulièrement les uns avec les autres, coupent généralement sous un angle de 45 degrés la direction des rayons du cercle irien, atteignent le bord pupillaire, et semblent, après l'avoir franchi, former à la surface interne de l'iris l'anneau de fibres cir- culaires (sphincter de la pupille). » Un réseau admirable, formé surtout par les divisions et enroulements multiples des veines de la choroïde, occupe le quart postérieur environ de cette membrane, au pourtour de l'entrée du nerf optique. Quand ce réseau est rempli, l'épaisseur de la membrane en ce point est plus que doublée. Cette disposition a une complète analogie avec le réseau admirable choroï- dien des Poissons. » Les veines de l'iris sont tellement nombreuses, que ces vaisseaux et les artères couvrent entièrement [la surface de l'iris, et semblent à l'oeil nu ne laisser entre eux aucun intervalle. » Toutes ces veines se rendent aux vasa vorticosa par les procès ciliaires, les unes en se portant à la tête et au bord libre de ces plis, les autres en longeant le dos, ou les intervalles des procès ciliaires, avec lesquels toutes communiquent largement. » On voit, d'après cela, que tout le sang apporté à l'appareil vasculaire si riche de la choroïde et de l'iris, par les artères ciliaires courtes, par les artères ciliaires longues, par les artères ciliaires antérieures, n'a d'autre voie de retour que les quatre troncs où aboutissent les vasa vorticosa de la cho- roïde, les veines ciliaires courtes, d'où résulte dans tout cet appareil une tension constante, nécessaire à l'exercice régulier de la vision. » Si nous considérons l'effet de la contraction des muscles de l'iris et de la choroïde sur le système vasculaire de ces membranes, nous sommes con- duits aux conclusions suivantes : » Quand les fibres obliques de l'iris se contractent pour dilater la pu- pille, elles diminuent l'étendue absolue de la membrane, dont elles compri- ment et vident plus ou moins complètement les vaisseaux, les veines surtout. » Quand cette contraction a cessé, l'afflux brusque du sang dans les vais- seaux agit comme la détente d'un ressort élastique, distend la membrane irienne, et vient en aide pour produire le rétrécissement de la pupille au faible sphincter de cet orifice. ia3.. ( 94o ) » Dès les premiers moments de la contraction des faisceaux circulaires du muscle ciliaire, les veines de l'iris qui les traversent pour se rendre au vnsa vorticosa, se trouvent comprimées; dès lors tout le sang qui revient de l'iris doit, pour se rendre aux troncs veineux de la choroïde, passer uni- quement par les procès ciliaires, et, augmentant la tension de ces plis érec- tiles, les appliquer fortement aux bords de la lentille cristalline et à la région ciliaire du corps vitré. » Mettons maintenant en action muscles et vaisseaux, contraction et érection, pour produire l'adaptation de la vue à courte distance par l'aug- mentation de courbure de la lentille cristalline et l'allongement de l'appareil dioptrique cristallo-vitré. » Le muscle ciliaire circulaire se contracte et comprime la couronne des procès ciliaires; ceux-ci, distendus par le sang et communiquant tous en- semble, peuvent être considérés comme un anneau liquide élastique, qui transmet en la régularisant la contraction exercée par le muscle ciliaire aux bords de la lentille cristalline et à la zone ciliaire du corps vitré. » L'effet général de cette contraction annulaire, qui ne s'exerce que sur la partie antérieure du sphéroïde cristallo-vitré, serait un refoulement ex- centrique en arrière, surtout dans la région choroïdienne, d'une partie de la masse dioptrique, et l'effet serait presque nul pour l'augmentation de cour- bure du cristallin et l'allongement de l'axe de l'appareil ; mais ici intervient l'action .du muscle ciliaire radié : la choroïde étant solidement fixée en arrière à la sclérotique, la contraction de ce muscle a pour effet de la tendre circulairement et de s'opposer par là au refoulement excentrique du corps vitré dans ce sens. En même temps, cette tension redresse la courbure de la partie antérieure de la choroïde, ce qui étend à une grande surface la compression circulaire des milieux dioptriques; nécessairement alors la masse de ces milieux incompressibles tend à s'échapper en avant et en arrière, d'où allongement de l'axe et propulsion en avant de la face anté- rieure de la lentille cristalline, dont la courbure est augmentée par la com- pression circulaire de ses bords. Quant à l'iris, immédiatement appliqué sur le cristallin, comme le prouve sa convexité très-prononcée chez la plupart des animaux, il est dans l'adaptation à la vue de près et à une lumière moyenne, contracté pour accommoder les dimensions du diaphragme à la courbure de la lentille : il peut même jouer un rôle important pour pro- duire cette augmentation de courbure de la face antérieure de la lentille, car les milieux dioptriques, comprimés de toutes parts dans le sac irio-choroï- dien, tendent naturellement à s'échapper, à faire hernie par l'orifice unique de ce sac, la pupille. (94i ) » Érection des procès ciliaires, contraction du muscle ciliaire circulaire, du muscle ciliaire radié, tension de la choroïde, contraction de l'iris, voilà sans doute bien des phénomènes mis en jeu pour produire, dans les mi- lieux dioptriques, les changements si peu considérables que la physique avait depuis longtemps prévus, et dont elle a pu récemment constater l'exis- tence. (Expériences de Krâmer et d'Helmholtz, de Donders et Van Trigt.) Mais c'est précisément parce que des éléments multiples entrent en ac- tion, que la part de chacun d'eux et les modifications qu'il subit sont pour ainsi dire inappréciables, et ont si longtemps échappé à l'observation. » Les modifications que subissent pour l'adaptation la poche irio-cho- roïdienne et son contenu sont tout à fait analogues à celles d'un muscle qui se contracte : il n'y a ni augmentation ni diminution de masse, mais un sim- ple changement de forme auquel se prête la sclérotique en arrière. Quant à la chambre antérieure, la saillie du cristallin dans sa partie moyenne est compensée par l'élargissement de la gouttière irio-cornéenne, etl'écartement des parois du canal de Fontana. Enfin la tension augmentée des procès ciliaires peut trouver sa compensation dans la compression du réseau admi- rable choroïdien. » Remarque sur le Mémoire de M. le Dr Charles Rouget. « M. de Quatrefages prend la parole pour faire connaître à l'Académie un résultat remarquable résultant des recherches de M. Dujardin sur la vision chez les Insectes. D'après le professeur de Rennes, l'adaptation chez ces invertébrés est due à la présence d'un réseau de trachées qui se vide ou se gonfle selon les besoins. Ce réseau trachéen remplirait donc des fonctions analogues à celles que l'auteur du Mémoire présenté par M. Bernard attribue au réseau admirable choroïdien qu'il a découvert. Le sang chez les Oiseaux et les Mammifères, l'air chez les Insectes, seraient ainsi employés pour obtenir un résultat semblable. M. Dujardin n'a pas encore publié ses recherches , mais M. de Quatrefages ne croit pas être in- discret en prenant ainsi date pour un confrère absent. » physique DU globe. — Note concernant la découverte des sources de V ozone atmosphérique; par M. Scoutetten. (Communiquée par M. J. Cloquet.) (Commissaires, MM. Becquerel, Begnault, Cloquet.) n Les recherches de M. Schœnbein, celles de MM. Marignac et de la Rive, et surtout l'important Mémoire de MM. E. Fremy et Edm. Becquerel, ( 942 ) ont constaté que l'oxygène peut être électrisé positivement et constituer le corps nommé ozone par le premier de ces auteurs. Un grand nombre d'ob- servateurs a constaté la présence fréquente de l'ozone dans l'air atmosphé- rique, mais la divergence de leurs opinions, l'absence de toute corrélation entre l'existence de l'ozone atmosphérique et d'autres phénomènes de la nature ont rendu les recherches stériles et ont faiblement attiré l'attention des savants. C'est qu'en effet on s'était borné à signaler un fait sans en in- diquer la cause, sans en préciser l'importance. » Nous espérons avoir été plus heureux en découvrant que l'ozone est formé : » i°. Par l'électrisation de l'oxygène sécrété par les végétaux; » u°. Par l'électrisation de l'oxygène qui s'échappe de l'eau ; » 3°. Par l'électrisation de l'oxygène dégagé dans les actions chimiques ; « 4°- Par des phénomènes électriques réagissant sur l'oxvgène de l'air atmosphérique. » L'expérience suivante constate immédiatement le phénomène signalé. On se munit d'une cloche en verre blanc au sommet de laquelle on attache, au moyen d'un peu de cire, une bandelette de papier ozonoscopique suspen- due à un fil ; on pose cette cloche sur une plante quelconque, fixée au sol ou détachée : des feuilles d'arbre suffisent même pour l'expérience ; on ex- pose le tout à la lumière directe et l'on constate bientôt les phénomènes sui- vants : des vapeurs d'eau se répandent dans la cloche, bientôt elles forment gouttelettes contre les parois du vase, le papier commence à se colorer; il est d'abord jaune-paille, il passe à la couleur chamois et, s'il y a beaucoup d'ozone, à la couleur feuille-morte. L'expérience terminée, le papier trempé dans l'eau prend une couleur bleue, plus ou moins foncée. » Si l'expérience commence à sept heures du matin, le papier se colore faiblement vers huit heures et demie ou neuf heures ; à onze heures, la colo- ration augmente rapidement, elle progresse jusque vers trois heures après midi ; au delà de ce temps, on ne remarque plus de progrès sensible. L'or- dre de ces phénomènes est constant, mais ils se produisent avec plus ou moins de rapidité et d'intensité, selon l'élévation de la température et la vivacité de la lumière solaire. Nous avons vu la vaporisation de l'eau, et, peu de temps après, la coloration du papier commencer vers sept heures et d'autres fois vers dix heures du matin. Si vous répétez la même expérience sur l'eau de source, de rivière ou de pluie contenue dans des vases posés sur le sol ou soulevés sur des pieds en verre, vous obtenez des résultats identiques à ceux fournis par les plantes. Une série d'expériences variées et fréquem- ment répétées nous ont permis de constater : (943) » i°. Que les végétaux, ainsi que l'eau, fournissent constamment à l'at- mosphère de l'ozone pendant le jour; » 20. Que ce phénomène cesse pendant la nuit ; » 3°. Qu'on le suspend pendant le jour en soustrayant l'eau ou les plantes à l'action de la lumière directe ; qu'il suffit pour cela de mettre un morceau de linge ou une feuille de papier sur la cloche ; qu'on le suspend encore en se bornant à mettre l'eau ou les plantes dans un appartement où elles ne recevraient que la lumière diffuse; » 4°. Que l'ozone ne se produit pas lorsqu'on se sert d'eau distillée bouillie ; qu'il en est de même lorsqu'on y met des plantes introduites dans une cloche remplie de cette eau bouillie ; qu'on peut même se dispenser d'eau distillée, l'expérience réussissant également avec de l'eau ordinaire bouillie et sur laquelle on jette ensuite une couche d'huile pour empêcher l'absorption de l'air atmosphérique; » 5°. Que la formation de l'ozone a également lieu lorsque l'eau ou les plantes sont enfermées dans un ballon en verre, qu'on suspend loin du sol avec une corde en soie. » En ce qui touche les actions chimiques, nous sommes parvenu à dé- montrer, par des expériences rigoureuses, que l'oxygène naissant est de l'ozone, et que c'est aux propriétés que l'oxygène acquiert par l'électrisa- tion positive qu'il doit de former des combinaisons impossibles avec l'oxy? gène pur. Enfin l'ozone se forme dans l'air atmosphérique sous l'influence de courants électriques continus et invisibles, ou par une succession d'étin- celles plus ou moins fortes ; mais ces derniers faits avaient déjà été entrevus par plusieurs observateurs. Il décoide de ces expériences des aperçus nou- veaux, tout à fait inattendus, éclairant tout à coup des actes nombreux de la physiologie végétale et animale, expliquant un grand nombre de phéno- mènes météorologiques restés obscurs, ainsi que les réactions chimiques où l'oxygène joue le principal rôle. Nous nous réservons de présenter ultérieu- rement les faits avec tous les développements qu'ils nécessitent et d'en tirer les conséquences qui en sont une suite naturelle. » Dans une Lettre qui fait partie de la Correspondance de cette séance, M. Scoutetten prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet cacheté déposé en son nom, le 5 mai dernier, et qui renferme une Note également relative à la découverte des sources de l'ozone atmosphérique. L'auteur demande que cette première Note et celle qu'a bien voulu com- muniquer M. Cloquet soient renvoyées à l'examen d'une Commission ; il joint à sa Lettre des échantillons de papier réactif, sur lesquels on peut ob- (944) server les effets produits par l'eau et les végétaux, et un paquet de papier préparé pour les expériences que voudrait faire la Commission. Les deux Notes et les pièces qui y sont jointes sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Becquerel, Regnault et Cloquet. physique DU GLOBE. — Ozone atmosphérique : son influence sur l'état sani- taire d'un pays; Lettre de M. Wolf à M. Elie de Beaumont. « Zurich, 16 mai i85G. « L'Académie des Sciences a bien voulu s'intéresser aux communications que je lui ai faites l'année dernière sur l'influence de l'ozone relativement à l'état sanitaire. J'ai continué ces études, et je viens de trouver, par le dépouil- lement que je viens de faire des observations de l'ozone à Berne en 1 855, pour un Mémoire que je dois communiquer à la Société d'Histoire naturelle de cette ville, quelques résultats que je crois assez intéressants pour en faire une communication nouvelle à l'Académie. » L'été de i855 a été marqué à Berne par une dysenterie épidémi- que, qui causa , aux mois d'août et de septembre, en moyenne six à sept décès par jour, au lieu de deux et demi, moyenne ordinaire. En comparant avec ces faits les indications de l'ozonomètre, je viens de trouver les nom- bres suivants : 8,46 pour la réaction moyenne de tous les soixante et un jours des mois d'août et de septembre. 9,55 pour la réaction moyenne des trente et un jours où il avait au moins cinq décès par dysenterie. 8,14 pour la réaction moyenne des quatorze jours avec trois à quatre décès par dy- senterie. 7,12 pour la réaction moyenne des seize jours restants. » Je dois en conclure que l'énergie de l'épidémie a augmenté et diminué avec la quantité de l'ozone. » Les observations ozonométriques faites à Saanen (village du canton de Berne, 45o mètres au-dessus de la capitale), depuis le mois d'août jusqu'à la fin de l'année, confirment mes conclusions. Les indications de l'ozonomètre à Saanen surpassaient en moyenne des cinq mois d'observations celles de Berne de 1 degré de l'échelle de Schônbein ; mais, pour les mois d'août et de septembre, elles étaient au contraire plus faibles de 2 degrés; et pendant la période du 6 au 10 septembre, dans laquelle moururent à Berne, en maximum, neuf personnes de dvsenterie par jour, cette différence s'élevait jusqu'à 5 degrés. » (945) physique. — Note sur la chaleur et le travail mécanique produits parla fermentation vineuse; par M.. Dcbrcnfact. (Extrait d'un Mémoire sur la fermentation vineuse.) (Renvoi à la Commission précédemment nommée : MM. Payen et Peligot.) o Les phénomènes chimiques si nombreux de dédoublements molécu- laires, depuis le plus simple, celui des corps gras neutres, jusqu'au plus complexe, la fermentation amygdalique, doivent être acompagnésde change- ments tle température sensibles. Aucun de ces phénomènes n'a jusqu'à pré- sent été l'objet d'examen à ce point de vue. Nous avons pensé qu'il pourrait être utile de soumettre à un tel examen la fermentation vineuse, d'autant plus que cette réaction offre la réunion remarquable de productions de chaleur, d'acide carbonique et d'un travail mécanique appréciable. Cette étude peut fournir l'occasion de rapprochements utiles dans un moment où les belles observations de MM. Regnault, Joule, Seguin, Meyer, Foucault, etc., ramènent sur le calorique l'attention des savants et des industriels. » L'évaluation de la quantité de chaleur développée pendant la fermen- tation vineuse n'offre pas de difficulté sérieuse. En effet, on peut facilement apprécier l'élévation graduelle de température qui se produit dans un liquide sucré pendant toute la durée de la fermentation. On peut constater les quan- tités d'alcool et d'acide carbonique qui se développent pendant la même réaction. On peut, en outre, tenir compte avec exactitude de la quantité de chaleur éliminée par l'acide carbonique et par les vapeurs dont il est saturé pour sa température. Un seul élément semble échapper à l'observation di- recte, c'est la quantité de chaleur qui se perd par rayonnement ou autrement par les parois du vase vinaire. La formide de Newton qui donne la loi du refroidissement pourrait être utilisée en cette circonstance; nous avons pré- féré employer un mode d'observation directe que nous devons indiquer. » Après avoir constaté l'élévation de température produite dans le vin pen- dant la période de fermentation, nous avons cherché le temps qui est utile pour ramener le liquide à sa température initiale, le milieu environnant étant maintenu à la même température; et avec cet élément nous avons pu tenir compte du refroidissement qui a lieu pendant la fermentation. » La cuve sur laquelle nous avons expérimenté était placée dans un atelier dont la température n'a oscillé qu'entre + i2et+ 1 6 degrés pendant la durée de l'expérience. Cette cuve était construite en bois de chêne; elle était cou- C. R., i856, i" Semestre. (T. XLII, N° 20.) I ^4 (946) verte, elle avait la forme d'un cône tronqué; le diamètre moyen, était de 3m>07, et la profondeur de 3 mètres. Le volume du bois était de imc,4 et son poids était de 1 1 20 kilogrammes. » Cette cuve a été chargée de 21400 litres d'un moût fermentescible con- tenant a559 kilogrammes de sucre cristallisable introduit sous forme de mélasses indigènes avec les éléments utiles pour opérer manufacturièrement une fermentation alcoolique complète en quatre jours. » La température initiale était de + 23°, 7 ; elle s'est élevée graduellement jusqu'à -f- 33°, 70; et le refroidissement, calculé d'après les données men- tionnées, a été de + 4 degrés pour les quatre jours de fermentation. L'éléva- tion de température de toute la masse eût donc été de + i4°,o5, au lieu de io°,o5, si la cuve avait été à l'abri du refroidissement. » La richesse du vin en alcool, prise à l'aide de l'alambic d'essai, a été de 6,9, ce qui correspond à 1 476IU,6 ou 1 181 kilogrammes d'alcool pur pris à la température de -4- i5 degrés. Cette production alcoolique correspond à o,456 du poids du sucre mis en expérience; il diffère du nombre o,536 que donnent les formules. Un déficit analogue est à peu près constant dans toutes les fermentations du laboratoire et de l'atelier (1). » Dans les conditions où nous avons opéré, l'acide carbonique produit a été de 1 1 56 kilogrammes, qui correspondent à un volume de 614 8o,3 li- tres sous la pression de 760 millimètres et à la température de -t- 1 5 degrés (2). » Avec ces éléments, voici les quantités de chaleur reconnues : 214 00 kilogrammes de vin élevés de + i4°,o5 ;= 300670 calories. Calorique absorbé par le bois = 7280 1 1 56 kil. CO2 éliminés à la température moyenne de -+- 24°. = 6096 19236 grammes d'eau vaporisée X 565° = 10869 Total 324 9>5 calories. » Cette quantité représente la chaleur sensible ou latente appréciées avec les éléments connus et usités. Si l'on considère que l'acide carbonique soulève le poids de l'atmosphère pour se dégager, et qu'il produit ainsi un travail mécanique dans des conditions qui sont analogues à celles où (1) C'est ce fait qui nous a autorisé à affirmer qu'on ne peut faire expérimentalement l'équation des sucres fermentescibles avec de l'alcool et de l'acide carbonique. (2) Le rapport de l'acide carbonique à l'alcool diffère aussi fort souvent de celui qui est donné par les formules chimiques. Il varie surtout avec le rapport du ferment au sucre. Nous tâcherons d'élucider toutes ces anomalies dans notre Mémoire sur la fermentation. (947 ) plusieurs expérimentateurs ont constaté une transformation de la chaleur en travail , on reconnaîtra qu'il convient de faire intervenir cet élément dans la question qui nous occupe. » En représentant parV le volume du gaz COs exprimé en mètres cubes, et par P la pression atmosphérique exercée sur i mètre carré de surface exprimée en kilogrammes, P X V donnent, en kilogrammètres, la valeur du travail mécanique produit par la fermentation. » Dans notre expérience V = 6i4mc,893; donc P x V = 6 35 1 844 kilo- grammètres. » En admettant avec M. Joule le nombre 437 pour équivalent mécanique de la chaleur, on a — t4~^ = 1 4535 calories. 437 » Ce nombre, ajouté au précédent, donne 33g 45o unités pour la quantité totale de chaleur développée par la fermentation de 2559 kilogrammes de sucre de canne. » Dans cette circonstance, comme dans les cas de production de travail mécanique effectué par la détente de la vapeur d'eau, l'effet utile du calo- rique représente à peu près — de l'effet absolu. » Il peut être utile de rapprocher les nombres qui expriment la quantité de chaleur dégagée par la fermentation alcoolique de ceux qui seraient donnés par la combustion directe du carbone équivalant à l'acide carbonique produit par la fermentation." L'expérience que nous avons décrite fournit les éléments de ce rapprochement. » En effet, 1 1 56 kilogrammes CO2 = 3 1 5 C. » En admettant pour coefficient calorifique du carbone brûlé en acide carbonique le nombre 8000, on a 3i5 X 8000 = 2 520000 calories. • » On reconnaît ainsi que dans le dédoublement alcoolique du sucre la quantité de calorique développé ne représente que 0,1 34 de celle que donne le même poids de gaz produit par la combustion directe du carbone. Ce fait n'offre rien d'anormal ; on pouvait le préconcevoir, car la fermen- tation alcoolique n'offre aucun caractère qui puisse l'assimiler à une com- bustion. » Si l'expérience de fermentation que nous venons de décrire s'était effectuée à vase clos et sans dégagement de gaz, elle aurait pu faire naître dans le vase une pression de trente atmosphères. Ce nombre est, en effet, fourni approximativement par le rapport qui existe entre le volume du vin ia4" (948) et le volume de l'acide carbonique produit. En faisant un pareille expé- rience avec une proportion de sacre double, ce qui est facilement réalisable, la fermentation pourrait développer une pression double, c'est-à-dire soixante atmosphères environ. La limite de cet effet doit être subordonnée à la richesse alcoolique, maxime que l'on peut donner au vin, à la température à laquelle elle s'accomplit et aux conditions physiques dans lesquelles l'acide carbonique peut affecter l'état liquide d'une manière permanente. Dobereiner a fixé à vingt-huit atmosphères la limite de pression où la fermentation alcoolique s'arrête. Nous doutons que cette donnée soit exacte et nous avons lieu de croire qu'elle doit se produire encore sous des pressions beaucoup plus considéra- bles. Toutes les expériences que nous avons tentées pour vérifier cette limite ont été rendues impuissantes par la rupture des vases que nous avons em- ployés ; nous comptons néanmoins reprendre ces expériences. » La chaleur développée par la fermentation alcoolique du sucre doit être bien moindre que celle que donne la fermentation des fumiers et des foins humides. En effet, les premiers produisent une sorte.de carbonisation dans le bois des couches des fabriques de céruses, et les autres produisent l'incandescence et l'incendie. Si l'on considère que la chaleur développée par la fermentation du sucre ne pourrait élever que de 1 33 degrés la tem- pérature d'un poids d'eau égal au poids du sucre, on reconnaîtra que la fermentation des fumiers et des foins doit être au moins quatre à cinq fois plus considérable pour justifier les phénomènes observés. Ne devrait-on pas, d'après ces rapprochements, tenir compte du calorique développé par la fermentation putride et peut-être aussi par l'oxydation, quand on étudie le rôle des engrais dans l'économie agricole ? » chirurgie. — Observation de périnéorapkie pratiquée avec succès par la suture entrecoupée ; par M. S. Laugier. (Extrait.) (Commissaires, M. Velpeau, Jobert [de Lamballe].) « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie l'exposé d'une opération de périnéoraphie, que j'ai pratiquée à l'Hôtel-Dieu, avec un succès com- plet sur une femme de 34 ans, qui avait eu le périnée et la cloison recto- vaginale profondément divisés dans un accouchement. C'était, comme on pourra le voir par les détails que je donne dans cette Note, un des exemples les plus fâcheux de pareilles ruptures, un de ceux dans lesquels l'art chirur- gical échoue le plus souvent. » Ce succès remarquable, parce qu'il est complet, après une déchirure (949) considérable du périnée, ne serait cependant que l'analogue des succès obte- nus par M. Roux, s'il ne s'en éloignait par la méthode opératoire que j'ai suivie. L'Académie ne peut avoir oublié la lecture du Mémoire qu'a faite devant elle sur la périnéoraphie l'illustre chirurgien qu'elle regrette. Dans ce Mémoire, M. Roux compare pour la réunion du périnée déchiré la suture entortillée qu'il avait pratiquée d'abord à la suture enchevillée qu'il avait fini par adopter d'une manière exclusive, bien que dans plusieurs de ses observations la guérison n'ait pas été de son propre aveu obtenue complète- ment, et qu'un orifice fistuleux entre le rectum et le vagin ait persisté. Quoi qu'il en soit, on conçoit la préférence donnée par M. Roux à la suture enchevillée sur la suture entortillée dans la réunion qu'il tentait; mais le célèbre chirurgien n'a fait aucune comparaison entre la suture enchevillée et d'autres sutures, qui cependant ont réussi dans le même cas, telles que la suture entrecoupée et la suture à surjet. Il cite, il est vrai, dans son Mémoire, les observations de Guillemeau et de Saucerotte, mais il ne s'y arrête pas et ne repousse même pas par des raisons théoriques les procédés que ces chi- rurgiens ont suivis. Or Guillemeau a employé la suture entrecoupée, et Sau- cerotte la suture à surjet. » C'est par la suture entrecoupée que j'ai traité ma malade, et cette mé- thode m'a paru beaucoup plus sûre et plus simple que les sutures entortillée et enchevillée; je ne comprends même pas l'application de la suture enche- villée à la réunion de la cloison recto-vaginale; je l'admets plus volontiers pour celle du périnée lui-même. » Quant à la suture entrecoupée, elle est très-facile à appliquer ; elle per- met de multiplier autant qu'il est nécessaire les points de suture, de leur donner la situation et la direction qu'on veut; d'embrasser dans l'anse des fils autant d'épaisseur de tissus et aussi peu qu'il semble utile de le faire. A ces divers titres, je la crois donc préférable, et c'est à tort qu'elle a été né- gligée. » Une autre modification que j'ai apportée dans le mode opératoire usité, c'est que j'ai fait l'opération en deux temps. Dans une première ten- tative, j'ai réuni la division la plus profonde, celle de la cloison vagino-rec- tale déchirée dans une longueur de plus de 3 centimètres. Trois points de suture ont suffi pour cela, et le succès a été complet. » Une seconde opération a été pratiquée au bout d'un mois. Cinq points de suture m'ont permis de faire une réunion parfaite du périnée complè- tement rompu. On distingue à peine la cicatrice linéaire qui maintient rap- prochés l'un et l'autre côté de la déchirure. (95o) » Une des grandes difficultés de la périnéoraphie est d'obtenir à la fois la réunion de la cloison recto-vaginale et du périnée. C'est à la base de l'éperon de la cloison que persiste l'orifice fistuleux dans les succès partiels. En fai- sant l'opération en deux temps, il est plus facile d'en surveiller les suites, d'enlever les points de suture sans tiraillements dangereux pour le succès de la réunion, et de limiter les phénomènes inflammatoires. » En résumé, je crois préférable la suture entrecoupée pour opérer la pé- rinéorapbie. Cette suture est d'ailleurs d'un usage général dans la restaura- tion d'autres organes à l'aide de lambeaux autoplastiques. De plus, je crois utile dans les divisions très-profondes du périnée de faire l'opération en deux temps. » chirurgie. — Nouvelle méthode opératoire delà cataracte par débridement ; par M. Tavignot. (Commissaires, MM. Velpeau, Jobert [de Lamballe].) L'auteur ayant décrit avec détail dans un journal de médecine [Gazette médicale, année 1 8 5o) l'opération sur laquelle il appelle aujourd'hui de nou- veau l'attention , nous nous bornerons à extraire de son Mémoire le passage suivant dans lequel il indique les cas où ce procédé opératoire lui paraît devoir être préféré. « L'opération du débridement, telle que nous la comprenons et telle que nous l'avons exécutée, pourra sans doute, dans la suite, recevoir une exten- sion plus grande ; jusqu'à présent nous n'y avons eu recours que dans les cas de cataractes lenticulaires molles ou demi-molles existant sur des sujets plus ou moins avancés en âge. Or on sait que cette espèce de cataracte se prête assez mal à l'abaissement, et que le broiement qu'il faut alors souvent improviser pour achever l'opération , n'est pas pratiqué dans des condi- tions très-favorables; ce qui s'explique assez par l'âge du sujet, par la réac- tion qu'amènent le plus souvent les manœuvres de l'aiguille qui a traversé la sclérotique, enfin par la quantité même des matériaux soumis en même temps à l'absorption. Je pense avec M.Sichelqne, dans les cas de cataractes molles ou demi-molles, l'extraction est, en thèse générale, préférable à l'a- baissement et au broiement ; il reste à savoir maintenant si ce que nous appelons la métbode par débridement n'est pas elle-même préférable à l'ex- traction dans le cas particulier qui nous occupe. Je l'ai cru et le crois en- core ; ce n'est même plus pour moi une simple croyance, c'est une conviction (9*i ) fondée sur des faits observés avec soin et suffisamment nombreux pour lever tous les doutes et faire cesser les hésitations les plus légitimes. » La méthode par débridement n'est pas, j'en conviens, une opération brillante dans son exécution : on ne met pas le cristallin entre les mains du malade, comme on peut le faire après Y extraction; on ne le fait pas jouir immédiatement du bénéfice de la vision , comme on le permet quelquefois après Y abaissement , sauf quelques rares exceptions ; ce n'est qu'après un , deux et trois mois que l'opéré recouvre la faculté de voir d'une manière distincte. Même à cette période de la guérison , le succès n'est pas à l'abri de toute critique. En effet, la pupille n'a plus sa position normale; elle est externe et non centrale ; elle a cessé d'être contractile à l'instar de la pupille naturelle ; dans le champ pupillaire primitif persistent des frag- ments capsulaires opaques qui altèrent plus ou moins l'expression du re- gard , et par suite le jeu de la physionomie. Nous convenons de tout cela, et nous en convenons sans regret. En effet , quel problème à résoudre nous pose tous le jours un sujet cataracte? Celui de lui rendre la vue, en em- ployant la méthode qui offre le plus de chances favorables au succès définitif. Tout se réduit donc à une question de chiffres , à un relevé com- paratif des insuccès et des succès fournis par les différentes méthodes ; nous aborderons plus tard cette question numérique, qui renferme véritablement toute la partie pratique de notre sujet. » i M. Dujardin, de Lille, envoie pour le concours Montyon (prix de Mé- decine et de Chirurgie) un Mémoire intitulé : Observation d'œdème de la glotte guéri par la trachéotomie. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Baglian adresse de Sesia (Piémont) une Note concernant une méthode de traitement qu'il annonce avoir employée avec succès contre la rage, et qu'il croit devoir être également efficace contre le choléra-morbus. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission spéciale pour l'examen des pièces destinées au concours du legs Bréarit. ) M. Lotiiv soumet au jugement de l'Académie un nouveau système de chaîne galvanique destinée aux usages médicaux. (Commissaires,, MM. Becquerel, Despretz. ) (950 CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la cor- pondance, le VIe volume de V Histoire des progrès de la Géologie, de 1 834 à i855, par M.dArchiac, ouvrage publié par la Société Géologique de France, sous les auspices de M. le Ministre de l'Instruction publique. Ce volume est consacré à résumer les travaux publiés dans les différentes langues de l'Eu- rope sur la formation jurassique. Il n'est ni moins clair ni moins ^complet que ceux qui le précèdent; plusieurs planches de coupes y sont annexées, et l'abondance des travaux disséminés depuis vingt ans dans tous les recueils scientifiques a été telle, que le terrain jurassique ne pourra être terminé que dans le volume suivant, qui paraîtra incessamment. M. le Secrétaire perpétuel signale également la deuxième partie du t. V des Mémoires de la Société Géologique de France. Ce volume est consacré à deux grands travaux paléontologiques accompagnés l'un et l'autre de nombreuses planches; le premier intitulé : « Paléontologie de l'étage infé- » rieur de la formation basique de Ja province de Luxembourg, Grand- » Duché (Hollande), et de Hettange du département de la Moselle, par » M. 0. Terquem » ; et le second intitulé : « Fossiles de la craie de Meudon » et description de quelques espèces nouvelles, par M. Hébert ». I M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom l'auteur qui assiste à la séance, un ouvrage écrit en italien et ayant pour titre : « Recherches analy- tiques sur les surfaces annulaires à cône directeur, par M. V. A. Rossi, architecte, professeur de mécanique appliquée à l'Ecole royale militaire de Naples, etc. » M. le Secrétaire perpétcel enfin signale une nouvelle livraison (février i856) des Tableaux publiés mensuellement par l'observatoire météorolo- gique de l'Ecole polytechnique de Lisbonne. « Le prince Charles Ronaparte informe ses confrères que M. Sclater, ayant appris qu'il avait été fait mention, dans une de leurs dernières séances, de la liste qu'il a rédigée des Oiseaux de Bogota, s'empresse de faire hom- mage à l'Académie d'un exemplaire de ce travail rçcent ; c'est lui que M. Sclater a choisi pour interprète, et c'est avec plaisir qu'il s'acquitte de cette commission , profitant de l'occasion pour déposer en même temps sur le bureau la Note explicative suivante de ses derniers tableaux. (953) Note sur les Tableaux des Gallinacés ; par le Prince Ch. Bonaparte. « Plusieurs zoologistes m'ont exprimé le désir de connaître dès à présent les nouvelles espèces de Gallinacés indiquées dans les tableaux que j'ai eu l'honneur de soumettre lundi dernier à l'Académie. Je réponds à cet appel par les courtes indications que l'on va lire et qui suffiront, j'espère, à in- troduire légalement dans le domaine de la science les espèces en question. i. Mon Francolinus vulgaris est celui deStephens, Gould, etc., de Sicile. i. Fr. asiœ, Bp., est la race plus petite de l'Inde, à peine reconnaissable à la tache blanche auriculaire moins étendue et différemment conformée. 3. Fr. henrici, Bp., est une grande race du Scinde, à ailes courtes, dont nous devons la connaissance au Dr Henri Goidd , jeune savant enlevé à la science et à ses amis au moment où il commençait à prouver efficacement sa reconnaissance à son père, pour la brillante éducation qu'il en avait reçue. Puisse ce juste tribut payé à sa mémoire faire couler des larmes moins amères à sa famille inconsolable! 4- Fr. tristriatus ,Bp., comme son nom l'indique, se distingue parles trois bandes blanches qu'il porte le long des côtés de la tête. Nous le devons à M. Gaudry , qui l'a rapporté de Chypre au Muséum , avec une Perdrix à peine différente de la véritable grœca. On sait que c'est de cette île prin- cipalement que nous venaient les Francolins au moyen âge, et que celui qu'a figuré Edwards en avait été apporté. N. B. Fr. concentricus , Gr., n'est pas un Francoliné, maisbien une Hepbur- nia. — Les Scleropterce doivent commencer après Ch.nalalensis, ce dernier étant le seul vrai Clamator outre le type. Jamais la convenance scienti- fique des séries parallèles n'a été mieux démontrée qu'à l'occasion des genres Margaroperdix, Ammoperdix et Ptilopachus. Ces Perdiciens ont tous la plus grande affinité avec les Cailles , qu'ils représentent en outre chacun dans son groupe analogiquement. Ainsi les Ptilopachus sont les Cailles des Slarne's; les Ammoperdix, les Cailles des Perdicés; et les Margaroperdix , les Cailles des Francolinés. Ces dernières même n'ont guère de Francolin que la couleur, et n'était le terme homologue qu'elles constituent si bien * nous les rangerions parmi les véritables Coturnicés . En tout cas, analogie et affinité sont portées chez elles l'une et l'autre à un aussi haut degré, que ces deux sortes de rapports semblent, en ce cas par- ticulier, se confondre ensemble. 5. La nouvelle espèce de Perdrix grise de l'Himalaia va nous être figurée par Gould, sous le nom de P. hodgsoniœ ; elle est le parfait repré- sentant de la nôtre. St. thoracica s'en éloigne déjà considérablement, C. R., i856, Ier Semestre. (T. XLH, N° 20.) * 2^ ( 9*4 ) et chaiiloni et scutata, que nous n'avons pas vues en nature, probable- ment beaucoup plus encore. 6. Il est évident que sous le nom de dentatus , Temminck avait con- fondu plusieurs Odontophorus , même et surtout le guianensis [ru/us, Vieill.) , et le dentatus de Lichtenstein , qui le premier a séparé les deux espèces. Quant à nous, laissant ce nom à l'espèce du Para (au nord du lîrésil), qui provient au Muséum de l'ancienne collection de Lisbonne, nous distinguons comme Od. capueira , la race méridionale plus sombre en dessous; et nous appelons, avec Sir William Jardine, Od. capistratus , celle du Mexique dont les parties inférieures sont noirâtres, et que nous ne concevons pas qu'on ait pu réunir aux précédentes. » 7. Eupsichortjx sclateri, Bp., n'a pas besoin de description : c'est la seule espèce du genre qui ait la gorge noire, et par cette circonstance et par son aspect général elle ressemble à Lophortyx califomica et à une véritable Ortyx. » 8. Nothocercus bourcieri et N. julius ne forment qu'une seule espèce, bien caractérisée par les couvertures inférieures des ailes noires, espèce que j'ai entendu dédier, non pas à M. Jules Bourcier, mais à M. Jules Ver- reaux! Par contre, ajoutez deux espèces à la liste déjà si nombreuse des Crjpturés ou plutôt Tinamés : » Crypturus megapodius , Bp., Mus. Paris., ex totofuliginoso-olivaceus, si semblable en apparence aux Mégapodes , que son nom seul doit le faire reconnaître. On ignore sa patrie, mais j'ai de fortes raisons de croire que l'exemplaire unique du Muséum, qui va enfin sortir des magasins, prove- nait de Cayenne. » Nothura punctulata, Bp. ex Gay, du Chili, semblable à ses congénères ; mais à bec plus recourbé et à poitrine violâtre parsemée de points blancs. » Tinamus weddelll a été rapporté des forêts vierges de la Paz en Bolivie, par le botaniste dont je lui ai donné le nom, et dont les travaux viennent d'être si bien appréciés par l'Académie. C'est pourquoi nous le séparons de T. tao avec lequel nous n'avons pas les moyens de le comparer. » Crypturus cervinus, Bp., est la race pâle du tataupa qui provient de Chiquitos, et se montre intermédiaire à cette espèce des environs de Bio et a\\ parvirostris , Wagler, de l'intérieur du Brésil. Son bec est fort et ses cou- leurs peu foncées. » 9. Nothocernus sailœï, Bp., du Mexique (1). Statura N. delattrii vel (1) Cette belle espèce est dédiée à l'infatigable voyageur M. Auguste Salle, qui vient encore tout récemment de rapporter du Mexique une magnifique collection d'Oiseaux, ta- i o55 ; cinnamomei cui similis ; sed nigiicans, rufo-undulatus , undulis michalibus et partium corporis posticarum vegetioribus, in cervice et vertice vice ullis; gula alba; jugulo plumbeo; subtus cinnamomeus, lateribus cinereo-vermi- culatis , postice nigro-undulatis: tectricibus alarum superioribus omnibus massés principalement aux environs de Cordova dans l'État de Vera-Crux, et autour du pic ou volcan d'Orizoba, dans l'État de Puebla. Les sexes des deux cents espèces environ dont elle se compose s'y trouvent, pour la plupart, constatés et appareillés avec une exactitude aussi rare qu'utile à l'Ornithologie; et les détails sur l'habitat et la manière de vivre accompagnent les peaux dans l'état le plus parfait de conservation. Nothocercus sallœi n'est pas la seule nouvelle espèce de la collection, qui en contient au contraire plusieurs. Nous y trouvons ainsi : i°. Un splendide Troconien, Trogon sallœi, Bp. Aureo-viridis ; fronte, genis, gulaquc nigris; fascia pectorali macidaque subalari alba; abdomine crissoque aurantiaeis ; lateribus plumbeis; alis nigris [subtus plumbeis); remigibus puris; tectricibus albo-vermiculatis ; rec- tricibus mediis viridi-aureis, fascia apicali nigra ; proximis nigris, pogonio externo tanturn, et apice ipso e.xcepto, aureo-viridibus ; cœtcris externis nigris albo-lineatis; rostro rubro. Fœmina ex. toto nigricans ; abdomine tanturn aurantio ; tectricibus alarum et rectricum pogonio externo albo-lineatis; rostro fusco. La bande noire terminale de la queue est encore très-marquée dans la femelle, le noir bril- lant tranchant sur le noir mat. L'excellente Monographie de Gould nous a mis à même de constater de suite la nouveauté de ce beau Volucre. M. Salle a rapporté des mêmes contrées le Trogon xalappensis, Dubùs, ( Tr. luciani, Less. ex Bp. i83^ ), qui manque aussi dans cet ouvrage , ainsi que Trogon ramo- nianus, Deville. Mini mus : nigro-ardesiacus ; abdomine crissoque aureo-aurantiis ; orbitis stricte albis ; tectricibus alarum remigibusque extus albo-lim bâtis ; fiis undique nigris; rectri- cibus extimis utrinque tribus pogonio externo albo nigro-fasciolatis, apieeque candido. Fœmina. 2°. Un Fringillide si remarquable, qu'il nous décide à fonder un nouveau genre composé de cette espèce mexicaine que nous nommons mclanotis, et d'un autre Spizien de Colombie que nous avons appelé dans nos notes à la collection Delattre, Passerculus geospizopsis. Ces Passe- reaux , en effet, par la forme de leur bec très-court et trièdre, par la brièveté et la conforma- tion de leurs ailes, dont la première rémige est si courte, et les cinq suivantes de longueur égale, par leurs pattes si énormément développées, offrent des caractères tout particuliers. Nous nommons le genre Geospizopsis, et l'espèce déjà décrite G. typus ; tandis que notre G. mclanotis peut se définir ainsi : Geospizopsis nigricans, plumis singulis margine toto rufo; superciliis latissimis albidis ; genis et regione auriculari nigris; subtus albo- cervinus , gula pure, pectore dense striato : cauda brevi , rectricibus angustis. Presque intermédiaire entre les deux familles des Fringiixides et des Ictérides, notre nouveau genre tient à la fois de Dolichonyx, Sw., tout au plus, il est vrai, le dernier des Agélaiés, et d'£mbernagra placé, mais peut-être à tort, parmi les Pipilonés. Nous n'étendrons pas plus loin les déterminations d'espèces nouvelles ou intéressantes con- tenues dans la collection de M. Sajlé, puisque M. Sclater a bien voulu , à noire demande, se charger de la rédaction d'un Catalogue raisonné et complet. Contentons-nous donc d'un coup d'oeil rapide sur chaque Ordre. 125.. (9^6) cinnamomeo-undulatis ; inferioribus cinereis, quarum exlernis nigricanti- bus : remigibus unicoloribus : rectricibus rujo nigroque fasciatis : rostro corneo : pedibus rubellis. Dans le premier, celui des Perroquets, on remarque un beau couple de Pionut senilis, et la jolie petite espèce de Myiopsitta, nommée un peu trop à la hâte tigrina par M. Souancé, car c'est évidemment la prétendue Psittacula lincola , Cassin, Procced. of the Acad. Nat. Se. Philad. V, p. 373 (i853). Faisons observer, à propos de cette espèce du Mexique et de Venezuela à la fois, qu'une autre bien plus brillante, notre pyrilia, forme maintenant avec Y amazonina , 0. des Murs, notre genre Pyrilia; et que cette Pyrilia typica, Bp., n'a rien de commun avec Psittacus evops, Wagl. C'est aussi de Bogota et non pas du Pérou, comme on l'a cru jusqu'à présent, que vient l'élégant Psittacus hueti, Temm. , type aujourd'hui de notre genre Urochroma à substituer à Pirrhulopsis. Le légitime Ps. hœmatogaster, Gould , malheureusement échangé en nourrice, étant le même oiseau qu 'il a depuis nommé flaveolus, nous nous voyons obligé de proposer pour son nouvel hœmatogaster le nom de Psephotus hœmatorrhous. Dans un précédent volume de 1 85o de ces Comptes rendus, on nous a imprimé par erreur hœmatonotus au lieu de hœmatogaster, ce qui n'a pas peu contribué à brouiller le sujet que nous éclaircissons ici. Dans l'Ordre second, des Oiseaux de proie, parmi dix espèces toutes intéressantes, nous citerons un Falconide et trois Strigides. 1. Butco insignatus, Cassin, dont on ne connaissait jusqu'à présent que le seul exem- plaire du musée de Québec que nous avons admiré à Paris parmi les merveilles de l'Exposi- tion. Avec l'apparence trompeuse d'une Asturina, il nous semble constituer une seconde espèce du genre Buteola, Dubus. 2 et 3. Ces petites Chouettes de notre genre Phalœnopsis sont probablement les exem- plaires mexicains à'infuscata et de ferruginea , d'après lesquels Lichtenstein aura fondé ses Athenc pusio et c.innamomea. Dans le troisième Ordre, les Passereaux, remarquons d'abord une belle série conclusive pour la limitation de l'espèce, de huit exemplaires de Psilorhinus morio tous différents par la couleur du bec. et du ventre. 2. Aphelocoma floridana, la même qu'aux Florides, distincte de celle à sourcils de Cali- fornie, et des autres reçues jusqu'ici du Mexique. 3. Bananicorus affinis, Bp. ex Lawr. — 4- Caryothra listes poliogaster, Dubus. — 5. Cya- noloxia concreta, Dubus, que nous n'avions jamais viie, et d'autant plus précieuse qu'elle est accompagnée de E. parellina et de cœrulea. — 6. Pipilo mesoteucus, si semblable au fusais. — 7. Embernagra rufivirgata, Lawr., apportée pour la première fois en Europe. 8. Coturniculus Iienslotvi, Aud., espèce rare aux États-Unis. q. Passerculus alaudi nus , Bp., et ma toute nouvelle espèce P. zonarius, prise à tort pour Pcncœa bachmanni, Audubon , puisque cet auteur la considère comme la femelle de Peucœn lincolni : l'une et l'autre de ces espèces sont plus voisines d' Ammodromus que de Passerculus. 10. Phonipara pusilla, Bp. ex Sw. — 1 1 et 12. Chrysomitris mexicana, Sw. et la notata, Dubus. — i3. Pyrrhuiinota hœmorrhoa , Bp. ex Licht., affublée de quatre noms, et qu'il ne faut plus confondre &\w.frontalis, Say, aussi sauvage que l'autre est familière. i4- Une nouvelle espèce à'Helinaja. — i5. Une autre aussi jolie que rare du groupe des ( 957 ) » On sait que dans N. julius les couvertures inférieures des ailes sont entièrement noires : dans d'autres espèces, au contraire, elles se montrent blanches, grises, ou même bicolores. » Setophaga à ventre rouge. Set. sallœi, Bp. et Selater. Cœrulco-plumbea, superciliis vix obscurioribus ; litura postoculare alba; genis gulaque plumbeis ; pectore. abdomineque cocci- neis; lateribus postice candidis : remigibus rectricibusquc supra plumbeis, unicoloribus : rostre validiculo, incurva. Tous ces Passereaux appartiennent à la Tribu des Chanteurs ; celle des Volucres est encore bien plus riche. Les Trochilides comptent à eux seuls vingt-six espèces. Parmi ses Zygodactyles, nous avons déterminé quinze espèces, parmi lesquelles nous cite- rons : i . Dmmococeyx mexicana, Bp., à peine différente de l'espèce méridionale. 2. Piara viridirostris, P. Wurt., excellente espèce qui remplace au Mexique la commune de Cayenne. 3, 4 et 5. Les très-intéressants Picus scalaris, jardinii et cancellatus. 6. Chloronerpes œruginosus, Bp. ex Licht., qu'il ne faut pas confondre avec rubiginosus de l'Amérique du Sud, et encore moins avec celui de l'Inde. 7 et 8. Dryotomus guatemalensis JA \ "ij A \- nr/f^ Pa/* P» ( 963 ) On voit que les rayons p'2 et ja2 sont, comme je l'avais annoncé, indé- pendants de la distance A, et des rapports des courbures antérieure et pos- térieure des lentilles composantes. » Ces deux dernières équations étant retranchées l'une de l'autre donnent S» { 7 rh 7 4r • « • rh- «■ ) -t#7- -r ( 4- — -^ ) = o. \f< f> SpJ p3/i pa/t \p, p./ » Or on a ii ii _ + _ + ...+ f, F étant la longueur focale de l'objectif; d'où il résulte que, si l'on suppose -7- = o, — = o, la différence - * — des courbures des deux surfaces P. Pi P2/a Pa/* focales est égale à — -• Cette différence ne peut donc jamais être nulle quand l'objectif reçoit directement les rayons lumineux. » On a d'ailleurs séparément, pour le même cas, i 3 / i i i \ I I / I I I \ géologie. — Note sur la Carte géologique du département des Vosges et sur quelques accidents géologiques figurés dans ce travail; par M. E. de Billy, ingénieur en chef des Mines. « Au mois de décembre i85a, l'Académie des Sciences a bien voulu agréer l'hommage d'un exemplaire de ma Carte géologique du département des Vosges sur l'échelle du 8o oooième. Qu'il me soit permis de lui offrir au- jourd'hui la réduction de cette carte au aoo oooième. » De même que la grande carte, ma réduction est un produit de l'Impri- merie impériale. » Afin d'y rendre les indications géologiques plus faciles à saisir, j'y ai supprimé les indications topographiques des forêts et des mouvements de la surface; mais on peut aisément y deviner le relief du sol d'après la direction des nombreux cours d'eau. « En parcourant des yeux cette carte, on est frappé de l'influence qu'ont 126.. ( 964) exercée sur le relief les soulèvements granitiques et notamment les pointe- ments isolés de granit qui ont surgi dans les parties centrales et vers le sud- ouest du département. » L'étude de ces pointements suffit bien souvent pour expliquer lançon- figuration du sol, en même temps qu'elle révèle la nature et l'épaisseur des roches dont le granit est recouvert encore aujourd'hui. » Dans la haute chaîne des Vosges, iious voyons les roches cristallines presque exclusivement au contact des terrains de transition appartenant à plusieurs époques. Quelques lambeaux de grès rouge et de grès vosgien épars à la surface de ces roches ne sont guère que des témoins isolés consta- tant l'ancienne extension des roches arénacées secondaires.. » Dans la région septentrionale des montagnes, nous trouvons quelques rares petits dépôts de terrain houiller, et, d'une manière beaucoup plus prononcée, les grès rouges en assises de puissance fort variable. » Le contact du granit avec les grès rouges se voit également près de Remiremont des deux côtés de la Moselle. » Plus à l'ouest, les roches cristallines sont immédiatement recouvertes par le grès vosgien dont l'extension a été considérable, non-seulement dans le sens de l'axe de la chaîne, mais encore dans le sens transversal; et nous voyons ce dépôt de grès diminuer d'épaisseur de plus en plus à mesure qu'on avance vers l'ouest, à ce point que, dans les vallons à l'ouest dé Darney, il a souvent moins d'un mètre de puissance et qu'il n'existe plus du tout à Passavant, non plus qu'à Chàtilldn-sur-Saône où les pointements granitiques n'ont amené au jour que du grès bigarré. » Plus au sud-ouest encore, ce dernier disparaît à son tour ; c'est ainsi que dans le département de la Côte-d'Or, entre le souterrain de Blaisy et Malain, le granit se montre au jour immédiatement recouvert par les marnes irisées. » Si nous mentionnons ce dernier pointement, c'est que nous le ratta- chons aux nombreux accidents delà surface du sol, dont la plupart signalés anciennement par M. Elie de Beaumont, ont été observés et décrits par nous dans les journaux de nos courses géologiques dans le département des Vosges. Ces mouvements du sol ont été la conséquence du soulèvement de la Côte- d'Or dontils affectent la direction; le granit de Blaisy en particulier se trouve sur le prolongement de pointements granitiques auxquels on doit attribuer plusieurs chaînons de collines dans la région sud-ouest du département des Vosges, et dont l'un notamment se dirige depuis les granits de Thunimont (vallée du Coney) par ceux du Bas-du-Mont, jusqu'à celui de Passavant (965) (Haute-Saône) ; c'est une ligne de fracture qui, dirigée suivant un arc de grand cercle, s'infléchit d'un peu plus d'un degré vers le sud (E. 3S°37'N. à E. 4o° N.) à l'approche de Blaisy et s'étend sur environ 140 kilomètres de longueur. » Il n'est pas moins digne d'observation que nombre de ces soulèvements granitiques ont été accompagnés de dégagements de chaleur, dont les roches stratifiées superposées au granit portent les traces évidentes. » Tantôt les grès rouges ont changé de nature d'une manière plus ou moins complète, tantôt les grès vosgiens et les grès bigarrés amenés au jour ont été frittes, quelquefois même fondus, ce qu'on voit entre autres d'une manière bien frappante dans certaines assises de poudingues du grès des Vosges, comme par exemple auprès de Plombières. » Un des faits d'altération de roches secondaires les plus dignes d'atten- tion se voit à peu de distance de Remiremont dans les deux lambeaux du grès rouge, situés l'un à droite et l'autre à gauche de la vallée de la Moselle. Ces roches, que l'on a rapportées à une époque beaucoup plus ancienne, avaient été désignées comme vieux grès rouge, bien qu'elles ne présen- tassent ni les caractères minéralogiques , ni les fossiles de ce dernier terrain. » Nous citerons principalement sous ce rapport la vallée des Roches en amont du val d'Ajol, près Plombières, où l'une des roches modifiantes ap- paraît au jour sous la forme d'un puissant filon de quartz blanc, qui coupe obliquement la vallée et que l'on peut faire suivre sur 25oo mètres de lon- gueur affectant une direction d'environ E. 35° N. » Le quartz, en remplissant la fente pratiquée dans le grès rouge, en a dé- taché de nombreux fragments qu'on y trouve empâtés, en même temps qu'il a pénétré dans les fissures de la roche encaissante où il constitue de nom- breux petits filons blancs, blanchâtres ou rougeâtres. Il y a tout lieu de penser que la formation de ce filon a été accompagnée de sublimations mé- talliques, telles que le chlorure de fer qui par double décomposition avec la vapeur d'eau a donné naissance au fer oligiste qu'on trouve en groupes de petits cristaux, comme dans quelques-uns des phénomènes volcaniques modernes. » Et quant au grès rouge encaissant, il a été modifié d'une manière plus ou moins complète, ayant acquis tout au moins une consistance compacte qui ne lui est pas habituelle. « Le granit sous-jacent traversé par le filon de la vallée des Roches, soulevé «oit à la même époque, soit déjà antérieurement, a donné lieu à des (966) dénudations très-variées ; tantôt il se montre complètement à découvert ; tantôt c'est le grès rouge qu'on voit à la surface ; tantôt ce sont des lam- beaux épars de grès Vosgien ; tantôt enfin le grès bigarré conserve sa posi- tion relative, n'a été que déplacé, restant superposé au grès vosgien, au grès rouge, ainsi qu'au granit qui constituait originairement le sol de la contrée. » A l'occasion de la présentation de ma Carte réduite, qu'il me soit per- mis de rappeler que, dans une Notice accompagnant ma Carte géologique au 8ooooieme, j'avais émis l'opinion que des dépôts sédimentaires avec osse- ments de grands mammifères , appartenaient à l'époque tertiaire la plus moderne. Mais je n'ai pas tardé à reconnaître que cette assimilation d'âge était une erreur; l'espèce d'éléphant dans les débris duquel M. Bayle a re- connu YElephas primigenius , prouve que ces dépôts appartiennent à l'épo- que diluvienne. » , physique du globe. — Sur le mouvement des diverses ondes dont se compose la marée; Lettre de M. Chazaixox à M. Élie de Beaumont. « La dernière fois que j'eus l'honneur de vous voir, vous me fîtes quel- ques questions sur le mouvement des diverses ondes dont l'ensemble con- stitue la marée, et ce phénomène semblait vous intéresser, même sous le point de vue géologique. Il serait possible, en effet, que les marées aient joué un certain rôle dans la configuration générale de la croûte terrestre lorsque sa fluidité lui permettait de se laisser mouler en quelque sorte par l'action du Soleil et de la Lune, et que des pluies diluviennes venaient de temps à autre solidifier en partie la crête de l'onde. La densité relative de cette mer de feu pouvait d'ailleurs être telle, qu'il en résultât des marées colossales, et quelque jour sans doute le génie des mathématiques saura faire jaillir des formules les phénomènes qui ont dû se produire. » Quoi qu'il en soit, j'ai pensé qu'U était intéressant de présenter, pour divers points consécutifs du littoral, Y établissement (i) des ondes dont la période est un demi-jour, un quart de jour et un sixième de jour lunaire, ainsi que la grandeur relative de ces divers flux. » Les résultats suivants sont la moyenne de cinq à six journées d'obser- vations (a) faites à l'époque des syzygies, et les formules employées sont (i) C'est-à-dire l'heure du maximum de chaque onde le jour de la syzygie lorsque le Soleil et la Lune sont dans l'équateur et dans leurs moyennes distances à la Terre. (i) Pour Cadix, je n'ai pu trouver que deux journées d'observations assez complètes. (967) celles que j'ai données page 1 76, tome VII des Annales hydrographiques . Seulement, comme les observations n'ont été suivies que pendant treize à quatorze heures et non pendant un jour lunaire entier, on n'a pu éliminer l'effet de l'onde diurne. Nous avons donc pris, pour yjx, la valeur hx et non la moyenne de hx et hi2+z, puisque cette dernière valeur est inconnue. Elle diffère peu d'ailleurs de la première, car nous avons choisi, autant que pos- sible, les observations faites vers les syzygies de septembre, époque où l'onde diurne est nulle ou très-petite. » Afin de rendre les comparaisons plus faciles, nous avons pris le nom- bre 1000 pour représenter, dans chaque port, la grandeur de la marée ordinaire. NOM DU PORT. Cadix Socoa Boucaut Cordouan Saiut-Nazaire Le Palais Brest Boscoff Ile Brehat Saint-Malo Les Ecrehoux Ile d'Aurigny Cherbourg La Hougue. ...... Port-eu-Bessin , . . . Plage de Merville . . Le Havre Fécamp Dieppe Boulogne Calais Dunkerque Ostende ANNEE de l'obser- vation. 1807 1826 1826 1826 182! 1820 !8i6 i837 i83o 182g i832 i832 i832 i833 i834 i834 i834 i834 i834 i835 i836 i836 i836 ETABLISSE- MENT du port. h a I .26 3.3o 3.53 3.53 3.47 3 34 3.46 3.52 5.5o 6. 10 6.24 6.57 7.58 8.5o g. 10 9.45 9.53 10.44 n. 8 n .26 n. 49 12. l3 12.33 ETABLISSEMENT DE L ONDE. f jour. I .29 3.25 4. 6 3.44 3.56 3.34 3-47 4. 2 5.54 6.27 6.43 6.58 8. 7 9.25 g.5o 10. 5 10.22 10.40 I I . I'2 n.58 12. i5 12.47 i3. 10 -jour. 8. 9 1 1 .22 2.46 o i3 1 .26 o.3i ,.44 i.33 4.53 5. io 5.28 5.23 6 22 6.57 7.25 7.46 8.16 8.35 9 5o 10 35 io.59 1 1 .5i 12 4' •jour. h n I I .42 1.34 I . O I I .4l 1 . I n.56 2. 5 2.45 3 42 4 4o 4.16 5.25 7.24 7.35 7.41 8. 1 7-44 8. 8 g.5o 10.21 1 1 . 3 1 12. i5 AMPLITUDE DE L ONDE. "2 J°ur. 992 IOO7 97° 97° 980 995 980 1040 994 99° 1002 1000 1007 1010 io35 1060 io5i ioo5 980 1009 1020 1000 960 -jour, 33 25 92 35 92 64 26 5i 33 86 •94 38 77 106 125 i3o io5 74 100 47 134 102 67 |jour. !9 9 34 o 18 8 8 8 l5 23 '9 35 67 1 10 9° 64 27 39 5o 53 96 (968 ) » Si l'on examine la marche de ces ondes entre la Hougue et Ostende, on voit que le temps employé est il m . 3.55 pour l'onde de -jour. 5.44 4.5i 2 ■ 1 4 1 6 Ainsi l'onde semi-diurne se propage plus rapidement que les autres ; mais ce fait souffre des exceptions. Il serait d'ailleurs prématuré d'en tirer quelque conséquence générale, car vraisemblablement chacune de ces ondes est la résultante de plusieurs autres ondes de même espèce, dont quelques-unes peuvent se propager en sens inverse et produire ainsi des irrégularités appa- rentes dans l'amplitude et le mouvement du flux. » A l'occasion de celte communication, M. Élie de Beaumont signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Mémoire sur les marées diurnes solaires et lunaires de la côte de l'Irlande, par M. Sa- muel Haughton. physique. — Note sur la température à laquelle les liquides cessent de mouiller les vases qui les contiennent; par M. C. Wolf, professeur de physique au lycée de Metz. « On sait depuis longtemps que la hauteur à laquelle un liquide s'élève dans un tube capillaire décroît à mesure que la température augmente ; mais on n'a jamais observé la loi du phénomène au delà de la température ordi- naire d'ébullition du liquide. Il serait cependant intéressant de savoir si la loi se continue au delà de cette limite, et si, par conséquent, il est une tem- pérature à laquelle la hauteur capillaire devient nulle, au delà de laquelle l'ascension se change en dépression. C'est ce fait, intimement lié à la théorie si controversée de l'état sphéroïdal, que j'ai essayé de vérifier. » En admettant que la loi du décroissement de la hauteur capillaire obtenue par M. Brunner et plusieurs autres physiciens soit vraie au delà des limites de leurs expériences, on arrive à cette conséquence que l'eau cesserait de mouiller le verre et de s'élever dans un tube vers 536 degrés, l'éther sulfurique vers 191 degrés. Ne pouvant, d'après ces données, opérer sur l'eau, j'ai tenté l'expérience sur l'éther ordinaire du commerce. (969) » Dans un tnbe de verre de 1 centimètre environ de diamètre intérieur, et à parois résistantes, j'ai introduit un tube capillaire et de l'éther sulfu- rique, puis j'ai fermé à la lampe, après avoir chassé l'air. Ce tube a été placé verticalement dans une cloche renversée pleine d'huile de lin, à côté d'un second tube semblable, mais ouvert et plein d'huile dans laquelle plongeait un thermomètre. Un double agitateur servait à établir l'uniformité de tem- pérature. » A mesure que la température s'élève, on voit la colonne liquide s'abaisser rapidement dans le tube capillaire, et enfin vers J90 ou 191 de- grés disparaitre complètement. En même temps la surface de l'éther dans le large tube, d'abord concave, s'approche de plus en plus d'être plane, et le devient enfin à cette même température. » Si l'on continue à chauffer, on peut apercevoir le ménisque capillaire au-dessous du niveau du liquide dans le vase extérieur. Vers 198 degrés, la surface de l'éther, fortement convexe, semble se couvrir d un nuage épais et ne présente plus qu'un contour mal défini. Enfin, à 200 degrés, comme l'a déjà observé autrefois M. Cagniard-Latour, le liquide est complètement réduit en vapeurs. Si l'on abaisse alors la température, le liquide réapparaît subitement, et les mêmes phénomènes se reproduisent dans l'ordre inverse. « Il paraît donc exister pour chaque liquide une température à laquelle il cesse de mouiller le vase qui le renferme, température variable d'ailleurs avec la nature du liquide et celle du vase, bien supérieure à la température ambiante pour quelques-uns, mais qui pour d'autres, le mercure et le verre par exemple, serait de beaucoup inférieure à cette même température. N'est-il pas permis de conclure de là que très-refroidi, le mercure, s'il res- tait encore liquide, pourrait mouiller le verre et s'élever dans un tube ca- pillaire, au lieu de s'y déprimer, et d'établir ainsi une liaison toute natu- relle entre deux ordres de phénomènes jusqu'ici isolés, l'élévation et la dépression capillaire? » physique. — Pile voltaïque à courant constant. (Extrait d'une Lettre de M. V. Doat, addition à la communication faite dans la séance du 5 mai.) « Depuis la présentation de ma pile galvanique, faite par M. Becquerel dans la séance du 5 mai, j'ai examiné l'action de mes liquides excitants sur les divers amalgames et les métaux purs, et je suis arrivé à obtenir des éléments de pile électrique dépassant en énergie les éléments de pile à acide nitrique portés à leur maximum de force, sans que la constance se C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 20.) 1 27 ( 97° ) soit montrée inférieure à celle de mes couples à mercure pur, et en restant toujours dans la condition d'une révivification prompte, facile et écono- mique, o M. Le Coat de Saint-Haouen, qui en novembre 1847, Pr^s ^e partir pour le Maroc, s'était mis à la disposition de l'Académie pour les recherches scientifiques qu'elle jugerait utile de faire faire dans ce pays, annonce l'en- voi prochain d'un liste des oiseaux du nord de l'Afrique qu'il lui sera pos- sible de se procurer, et une collection presque complète des œufs de ces oiseaux. Aujourd'hui il envoie un poisson, appartenant à l'ordre des Plec- tognathes, qu'il s'est procuré à Tanger. (Renvoi à l'examen de M. Duméril.) M. Raynot envoie de Bruxelles un ouvrage imprimé, sur la géométrie et la trigonométrie considérées dans leurs applications au cadastre. L'auteur désire obtenir le jugement de l'Académie sur ce travail, dont il avait déjà adressé en i85i une ébauche manuscrite. On fera savoir à M. Raynot que, d'après une décision déjà ancienne de l'Académie, les ouvrages imprimés ne peuvent être l'objet d'un Rapport. M. Pons adresse de Bez, près le Vigan, un Note sur l'emploi du cautère actuel dans les cas de tumeurs blanches, et adresse à cette occasion une demande qui ne peut être prise en considération. L'auteur d'une Note sur la navigation aérienne demande que son nom, écrit sous pli cacheté, ne soit découvert qu'autant que l'Académie, approu- vant son système, voudrait en recommander l'adoption au Gouvernement. D'après un article du règlement de l'Académie concernant les pièces anonymes, cette communication est considérée comme non avenue. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 11 mai 1 856, les ouvrages dont voici les titres : M. Liapounov. Résultats des observations sur ta (jrande nébuleuse d'Orion , faites à l'aide de la grande lunette parallactique de Kazan ; Rapport de M. W. StruvE; br. in-8°. (970 De orbita comitœ qui anno appariât disputationem academicam permittente Imperialis Alexandrœ Universitatis Fennicœ amplissimo Mathematicorum et Phjsicorum Ordine Prœside Nath. Gerh. a Schullen; p. p. auctor Laur. Leonh. Lindelôff: br. in-4°- Almœ Universitati Dorpatensi diem XII decembris anni MDCCCLII, quo quinquaginta annos inde ab origine féliciter perfectos célébrât, pie gratulantur spéculas in Rossia primariœ director et astronomi. Adjecta est Othonis Struvii nar- ratio deparallaxi stellœ a Ljrœ . Petropoli, i852 ; br. in-4°. Rapport/ait à M. le Directeur de l'Observatoire central sur les travaux de l'expédition de Ressarabie, entreprise en i852 pour terminer les opérations de la mesure de l'arc du méridien ; par M. Prazmovski, astronome de l'observatoire de Varsovie ; br. in-8°. Ueber... Sur la détermination de la parallaxe de l'étoile d'Argelander, par M. Wichmann; Mémoire de M. W. Dôllen. Saint-Pétersbourg, i854; br. in-4°. Nachricht... Note sur l'achèvement de la mesure de l'arc compris entre le Danube et la mer Glaciale; br. in-8°. Uber die... Sur le degré d'exactitude et les corrections à faire aux distances d 'étoiles observées par Hevelius avec son grand sextant ; par M. Lindeloef; br. in-8°. Rettificazione... Rectification géométrique et rigoureuse de la circonférence du cercle par la géométrie élémentaire; par M. J.-B. Malacarne. Vicence, i856; br. in-8°. Introduzione... Introduction à la mécanique et à la philosophie de la nature; jjarM. J. Gallo; vol. I; fasc. 3à 5. Turin, i856; in-8°. (M. Regnault est invité à en faire l'objet d'un Rapport verbal. ) Reply... Réplique aux principes de Chimie agricole de M. Liebig ; par MM. J.-B. Lawes et J.-H. Gilrert. Londres, i855; br. in-8°. Kurze... Courte histoire de la syphilisation ; par M. Ernst Kaufmann; br. in-8°. L'Académie a reçu, dans la séance du 19 mai i856, les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours prononcés aux funérailles de M. Rinet, le mercredi 14 mai i856; \ feuille in-8°. Histoire des progrès de la géologie de 1 834 à i855; par M. A. d'Archiac, publié par la Société Géologique de France, sous les auspices de M. le Ministre ( 972 ) de l'Instruction publique; t. VI; formation jurassique; Ve Partie. Paris, i856; in-8°. Mémoires de la Société Géologique de France; 2e série, t. V, IIe Partie. Paris, i855;in-4°. Feuille d'assemblage de la carte géologique des Vosges; par M. E. DE Billy, Ingénieur en chef au corps des Mines; 1848. Discours prononcés sur la tombe de M. A.-Th-A. Vidal (de Cassis), le 17 avril i856; br. in-8°. Recherche de l'origine des températures pour servir à la construction d une échelle thermométrique complète ; par M. A.-L.***. Marseille, i856; br. in-8°. Recherches géogéniques; par M. E.-L. GuiET. Mamers, i856; br. in-8°. Réflexions sur la géométrie; 2e édition ; parM. F. Raynot. Bruxelles, i856; br. in-8°. Metodo... Mètliodc pour trouver quatre racines réelles ou imaginaires d'une équation , numérique donnée dans un ouvrage publié à Vienne, en 1 85a, par M. Riedlde Leuenstern; par M. B.Tortolini. Rome, i855; br. in-8°. Ricerche... Recherches analytiques sur les superficies annulaires à cône direc- teur; parM. A. Rossi. Naples, i85i; in-4°. Descrizione... Description des instruments adoptés pour la mesure de la base romaine le long de l'antique voie Appienne; par le Père SECCHI. (Corrispondenza scientifica inRoma; nos 22-23.) Con quali mezzi... Sur des moyens employés à partir du septième mois de la grossesse chez les femmes affectées d'une difformité du bassin; par M. Mina Palumbo. Messine, 1846; in- 12. Introduzione... Introduction à l'histoire naturelle des monts Madoni (Sicile); parle même. Palerme, 1 844 j br. in-8°. Sugli effetti.. . Sur les effets du buse employé par les femmes; par le même . Palerme, i84i ; br. in-8°. Su'... Sur les cosmétiques; par le même. Palerme, 1846 ;br. in-12. Cronaca... Histoire de l'épizoo lie varioleuse qui a frappé les bêtes ovines en Sicile, en i85a;par le même. Palerme, i853; br. in-8°. The solar. . . Les marées diurnes solaires et lunaires sur les côtes de l'Irlande; par le Révérend Samuel Haughton. Dublin, i855; in-4°. On the. . . Sur les oiseaux faisant partie de collections envoyées de Santa-Fé de Bogota; parM. Ph. Lutley' Sclater ; br. in-8°. «s+O+SB COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 MAI 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. physique mathématique.. — Du frottement considéré comme cause de mouvements vibratoires ; par M. Duhamel. « Le frottement a été considéré pour la première fois comme produisant des vibrations et des sons, dans une Note que j'ai présentée à l'Académie en 1 836, et qui avait pour objet l'action de l'archet sur les cordes. Je me propose ici de généraliser le principe qui servait de base à cette théorie et d'en faire de nouvelles applications. » Les lois du frottement n'étaient pas assez connues du temps de Daniel Bernoulli, pour que ce grand physicien pût penser à y rattacher cette action ; et il fut obligé d'en chercher une explication dans une sorte d'assimilation de l'archet à une roue dentée. Je crois avoir démontré, dans un Mémoire présenté en i83g, qu'elle ne saurait être admise; et je n'en ai pas eu d'au- tre à réfuter, parce que tous les traités d'acoustique ou de physique élémen- taire parlent de l'emploi de l'archet, sans chercher à rendre raison de son action. » Lorsque j'eus donné la véritable cause du son produit, j'en calculai les effets, et je parvins à cette première proposition générale : » Le mouvement de la corde par rapport à la position d'équilibre qu'elle prendrait sous l'influence d'une force égale à celle dujrottement, est le même C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII, N° 21.) I 28 ( 974 ) que celui de la corde librement abandonnée à elle-même en partant d'une position initiale, qui serait relativement à sa position en ligne droite, ce que celle-ci est par rapport à celle d'équilibre ci-dessus déjinie. » Il résultait d'abord de cette proposition que sous l'action de l'archet la corde devait exécuter des vibrations de même durée que lorsqu'elle est pincée et abandonnée librement à elle-même ; que par conséquent elle de- vait rendre le même son daas les deux cas : ce qui est conforme à l'expé- rience. » Mais il se présenta immédiatement à mon esprit une autre conséquence nécessaire qui aurait pu m'inspirer quelque doute, si je n'avais été bien con- vaincu de l'impossibilité de toute autre explication. Cette conséquence con- siste en ce que : » Le mouvement de la corde pincée finissant par s'anéantir par suite des communications avec l'air et les supports, celui de la corde frottée par l'ar- chet pendant un temps indéfini devrait, malgré la persistance de la cause, finir lui-même par s'anéantir. » Or, ce fait n'ayant jamais été énoncé, et pouvant même paraître assez peu vraisemblable, il était nécessaire de le produire ou d'abandonner ma théorie. » Bien assuré d'y parvenir, je n'eus à m'occuper que de la recherche des moyens les plus simples de produire un frottement constant et d'une durée indéfinie. Il suffit pour cela d'employer une roue ayant son axe fixe, et parallèle à la droite qui joint les deux extrémités fixes de la corde. Le frottement de la roue met d'abord la corde en vibration, et fait entendre le son fondamental. Mais si on la fait mouvoir assez rapidement pour que son mouvement relatif soit dans un sens constant, et que par suite la direc- tion de la force de frottement soit constante, on voit bientôt le son dispa- raître ; la corde reste écartée de sa position naturelle, et par conséquent la force de frottement continue à s'exercer, en même temps que le mouvement de la roue continue indéfiniment. » Ce fait curieux, que je venais ainsi de découvrir théoriquement et de vérifier expérimentalement, ayant fortifié mes idées sur ce point important d'acoustique, j'en étudiai de nouveau les conséquences, et je parvins à la découverte d'un nouveau fait, plus singulier encore que le précédent, mais qui cependant devait être réel si mon explication était juste. Ce fait consiste en ce que Von peut établir entre la vitesse et la pression de l'archet des rap- ports tels, que le son produit soit plus grave que le son fondamental. Et l'ex- périence m'a fait voir, en effet, que l'on peut, au moyen de l'archet, tirer (975) d'une corde une multitude de sons fort au-dessous de celui que l'on avait regardé jusqu'ici comme le plus grave. Ainsi la théorie que je proposais ré- sultait nécessairement de l'existence évidente de la force de frottement, et non-seulement elle s'accordait avec les faits connus, mais encore elle avait conduit à deux découvertes singulières, dont la Vérification expérimentale en donnait une confirmation qui ne laissait pas place au doute. » L'action d'un ou de plusieurs archets, ou corps frottants quelconques, étant remplacée par des forces connues, les petits mouvements d'un sys- tème quelconque de points soumis à des actions de ce genre rentraient dans les questions ordinaires de mécanique ; et, d'après cela, le problème géné- ral pouvait être considéré comme résolu. Il n'était pas inutile cependant de reconnaître les propositions générales, auxquelles on parvient pour un système quelconque, et d'en faire l'application à des cas simples, différents de celui des cordes élastiques. C'est aussi ce que je fis immédiatement. Je ne publiai rien sur ces recherches, pensant que, d'après ce que j'avais fait con- naître, chacun pourrait faire ces généralisations, ainsi que ces applications nouvelles. Mais personne cependant n'ayant paru s'en occuper, j'ai jugé à propos d'appeler ici sur ce point important l'attention des physiciens et des géomètres. » Je dois même dire que, bien loin de chercher à aller au delà de ce que j'avais énoncé, on n'a pas encore introduit dans l'enseignement de l'acous- tique la force de frottement considérée comme cause de vibrations; et les recueils académiques étant moins lus que les ouvrages élémentaires, il est vraisemblable que beaucoup de professeurs de physique sont hors d'état de rendre compte du son produit par un archet. Us doivent en être presque tous au point où l'on en était avant la publication de mon Mémoire; et je me souviens qu'un illustre physicien me disait à cette époque qu'il n'avait jamais bien compris jusque-là comment le contact de l'archet ne déterminait pas un nœud dans la corde, comme le contact du doigt ou d'un chevalet. » J'ai cherché à me rendre compte du silence des auteurs sur un sujet aussi essentiel et aussi élémentaire, et j'ai pensé que cela devait tenir aux procédés de démonstration que j'avais employés. Je faisais usage des équa- tions aux différentielles partielles des cordes vibrantes, et les traités de phy- sique ne peuvent supposer au lecteur des connaissances aussi élevées en analyse. » Dans ce Mémoire, je considérerai la force de frottement d'une manière générale, qui renfermera comme cas particulier ce que j'ai dit à l'occasion de l'archet; mais je n'emprunterai aux mathématiques que le principe de la 128.. (976) superposition des petits mouvements. J'ai donné une démonstration aussi élémentaire que possible de ce principe dans mon Mémoire sur les vibra- tions d'un système de points matériels. D'ailleurs il est énoncé et employé dans tous les traités élémentaires, principalement dans la théorie de la lumière ; il n'y a par conséquent aucune raison pour qu'on n'en fasse pas usage dans l'acoustique. » Après avoir exposé la théorie générale, j'en fais l'application à un phé- nomène que je n'avais pas considéré dans mon premier Mémoire, celui du mouvement longitudinal des verges élastiques. J'indique le moyen le plus régulier de le produire, et je démontre que le son doit être le même que quand la verge est abandonnée à elle-même en partant d'un certain ébran- lement initial. Je démontre que si le corps frottant a une vitesse constamment supérieure à celle des points de la verge qui sont en contact avec lui, le son finit par disparaître entièrement, quoique le frottement ait constamment lieu; j'ai vérifié ensuite par l'expérience ce phénomène, analogue à celui que présente la corde vibrante. Quant au phénomène de la production de sons plus graves que le son fondamental, il est bien indiqué par la théorie; mais il doit être bien moins facile de le réaliser, parce qu'il exige que le corps frottant ait une vitesse moindre que les points de la verge : or le mouve- ment de ces derniers est incomparablement moindre que celui qui a lieu dans les vibrations transversales des cordes. » Enfin on peut encore prendre pour exemple le cas des mouvements transversaux des verges; le frottement produisant toujours le même effet qu'un déplacement initial sans vitesse, on devra trouver les mêmes lois pour les sons produits par des frottements transversaux que par tout autre mode d'ébranlement transversal. C'est aussi ce que l'expérience confirme. Et si elle est faite avec une précision suffisante, on devra constater la prompte disparition du son, lorsque la roue frottante aura une certaine vitesse; comme aussi l'abaissement du son au-dessous du son fondamental, lorsque la pression sera assez considérable, et la vitesse de la roue suffisamment petite. » Au reste, toutes ces confirmations, si intéressantes qu'elles puissent être, ne sont nullement nécessaires à l'établissement de la théorie exposée dans ce Mémoire , et si quelquefois elles ne se vérifiaient pas , il n'y aurait pas lieu pour cela de douter de l'exactitude de cette théorie, mais simplement de rechercher les circonstances inaperçues qui ne permettraient pas d'en appliquer les conséquences. ( 977 ) Introduction de la force de frottement dans un système de points en équilibre stable. » i . Lorsqu'un corps exerce une pression sur un autre et que leurs sur- faces glissent l'une sur l'autre, il se produit sur eux deux forces tangentielles égales et opposées, que l'on nomme forces de frottement, qui dépendent de la nature des forces, sont proportionnelles à la pression, et indépendantes de la vitesse du glissement. Nous admettons ce principe comme résultant d'un grand nombre d'expériences précises, du moins dans les limites où nous nous renfermerons. » Cela posé, considérons un système de points très-voisins les uns des autres, formant soit un fil, soit un corps élastique quelconque, et dans un état d'équilibre stable. Dans une ou plusieurs parties plus ou moins éten- dues de sa surface établissons des contacts avec d'autres corps qui les pressent, et glissent en même temps. Il se produira alors sur la surface du système donné des forces tangentielles, qui seront connues de direction et d'intensité^ si l'on donne la nature des surfaces en contact, la pression et la direction du mouvement relatif. Dans ce cas, la recherche des différents états par lesquels passera le système rentre dans la question générale de l'équilibre et du mouvement de ce système sollicité par des forces données. » Ainsi, lorsque l'on promène un archet sur une corde tendue, sur une verge, sur une plaque, ou un corps quelconque, les effets produits pour- ront être calculés en introduisant une force tangentielle, proportionnelle à la pression exercée, et appliquée en un des points du contact, ou plutôt ré- partie sur toute l'étendue de la petite surface de contact. On supprimera alors la considération de l'archet, et l'on n'aura plus qu'à chercher le mou- vement des points d'une corde ou d'un corps élastique quelconque sollicité par des forces connues. » Le principe de la théorie de l'action de l'archet étant ainsi établi, il ne restera plus qu'à effectuer les calculs dans chaque cas particulier. Mais cette manière d'envisager ces phénomènes, conduit à des propositions géné- rales que nous allons faire connaître, et dont la vérification expérimentale servira de contrôle à cette théorie. » Nous commencerons par rappeler à cet effet quelques théorèmes re- latifs aux mouvements très-petits des systèmes. Du principe de la superposition des petits mouvements des systèmes. » a. Dans mon Mémoire sur les vibrations d'un système quelconque de points matériels, j'ai démontré, sans avoir recours à aucune intégration, plu- (978) sieurs théorèmes généraux, dont quelques-uns serviront de base aux dé- monstrations qui vont suivre. Je vais rappeler en peu de mots en quoi ils consistent. » Ier Théorème. — Considérons un système de points matériels dans un état d'équilibre stable, soumis à leur action mutuelle et à des forces exté- rieures indépendantes du temps, et liés par des équations entre leurs coor- données. Si on les écarte de leur position primitive, de telle sorte que les distances des molécules voisines aient varié de quantités très-petites relati- vement à ces distances, et qu'on leur imprime en outre des vitesses arbi- traires ; on obtiendra après un temps quelconque les déplacements de cha- que point, estimés parallèlement à trois axes fixes, en faisant la somme algébrique des déplacements qu'on obtiendrait pour ces mêmes points après un temps égal, dans tous les systèmes en nombre quelconque que l'on for- merait en partant de déplacements et de vitesses assujettis à cette seule con- dition : savoir, que la somme algébrique des déplacements initiaux recompose pour chaque point le déplacement initial proposé, et qu'il en soit de même pour les composantes des vitesses iniales. C'est-à-dire qu'il suffit toujours que la superposition des systèmes initiaux reproduise le système initial proposé, pour que la superposition des états qu'ils présentent respective- ment après un temps égal , forme l'état réel du système proposé après ce temps. » IIe Théorème. — Si, outre le dérangement initial, on introduit de nouvelles forces, indépendantes des déplacements, et que même quelques- uns des points soient maintenus invariablement dans une position voisine de celle qu'ils avaient dans la position d'équilibre, on pourra d'abord con- sidérer le mouvement comme décomposé en deux autres. Le premier cor- respondra à l'état initial proposé des points mobiles, en laissant fixement dans leurs premières positions les points qui doivent subir un déplacement fixe. Le second se rapportera à l'hypothèse où tous les points mobiles par- tiraient sans vitesse de leur position d'équilibre, où les points dont le dépla- cement doit être fixe auraient pris leur nouvelle position, et où l'on aurait introduit les forces nouvelles. » Le premier mouvement peut être décomposé en une infinité d'autres, comme l'exprime le premier théorème. Le second peut aussi être décom- posé en une infinité d'autres, assujettis à la seule condition que les déplace- ments fixes et les forces introduites dans chacun d'eux étant composés ensemble reproduisent les proposés. Dans ces derniers mouvements on par- tira de déplacements et de vitesses nuls. Mais rien n'empêcherait de sup- ( 979 ) poser des états initiaux qui se détruiraient par leur superposition ; car, par une décomposition indiquée précédemment, ils poliraient être remplacés par des systèmes où il n'y aurait dans l'état initial ni déplacement ni vitesse; et en outre par des systèmes qui se détruiraient constamment, parce que les états initiaux superposés se détruiraient, et aucune cause de mouvement n'existerait. » Remarque.— Le premier de ces théorèmes exprime le principe de la com- position et de la décomposition des petits mouvements dans les conditions les plus ordinaires. Le second le généralise en s'appliquant au cas où il y a non-seulement dérangement initial, mais introduction de forces constantes et déplacement constant de certains points. Mais ils ne donnent aucun moyen pour ramener ce cas à celui où le mouvement est dû simplement à nn état initial donné. Or cette importante réduction peut se faire au moyen d'une proposition générale que nous allons établir, et qui se trouve encore dans le Mémoire déjà cité, sur les vibrations d'un système. Comment l'introduction de forces, constantes en grandeur et en direction, et de déplacements constants, peut être remplacée par un simple changement dans F état initial? » 3. Le système proposé ne sera plus en équilibre lorsqu'on y introduira de nouvelles forces, et que quelques-uns des points seront déplacés d'une manière permanente. Mais avec ces nouvelles conditions il existe un état d'é- quilibre possible; et nous supposons que dans ce nouvel état toutes les dis- tances des points aient varié de quantités très-petites par rapport à elles- mêmes,' et que les directions aient elles-mêmes infiniment peu changé. Il résulte de là que si l'on avait à calculer le mouvement des points par rapport à ce nouvel état d'équilibre, on serait conduit aux mêmes équations générales qu'en partant du premier; parce que les coefficients constants qui y entre- raient ne différeraient des correspondants que de quantités extrêmement petites, que l'on pourrait négliger sans erreur sensible. » Cela posé, rapportons l'état initial proposé aux nouvelles positions d'é- quilibre. Les composantes des vitesses initiales parallèlement aux mêmes directions seront évidemment les mêmes; mais les déplacements étant comp- tés à partir d'origines différentes devront être augmentés des déplacements même de ces origines, pris en sens contraires. La question devient donc la même que lorsqu'il n'y a ni forces nouvelles introduites, ni déplacement fixe d'aucun point. Il n'y a qu'un simple changement à faire dans l'état ini- tial, et les lois générales reconnues dans ce premier cas subsisteront dans l'autre. ( 980 ) » Si maintenant on considérait, relativement à la première position d'é- quilibre du système, un état initial identique à celui dont il vient d'être question relativement à la seconde, les équations générales du mouvement étant les mêmes, comme nous l'avons remarqué dans ces deux systèmes, le mouvement de chaque point serait le même dans l'un et dans l'autre, en les rapportant à leurs origines respectives. Et comme il est préférable de rap- porter tous les mouvements à la position primitive donnée d'équilibre sta- ble, nous énoncerons de la manière suivante la proposition qui vient d'être établie : » Lorsque les points d'un système sont très-peu écartés de leur position » d'équilibre stable, et reçoivent de petites vitesses quelconques; que de plus » quelques-uns d'entre eux sont maintenus fixement dans leur nouvelle posi- » tion et que l'on introduit des forces constantes quelconques : le mou- » ment de chaque point du système sera le même par rapport à sa nouvelle » position d'équilibré stable, qu'il serait par rapport à l'ancienne, si on » ajoutait aux composantes de son déplacement initial, les composantes, » changées de signe, du déplacement de la position d'équilibre. Action d'un archet sur un système, lorsque sa vitesse relative est toujours de même sens. » 4- Supposons d'abord que la pression exercée par l'archet sur le corps, soit constante, et que sa vitesse soit toujours plus grande que celles des points qu'il touche, le frottement sera alors constant en direction et en gran- deur, puisqu'il est indépendant de la vitesse relative. On a donc introduit ainsi une force constante en grandeifr et en direction. Au lieu d'un seul ar- chet, on en peut supposer un nombre quelconque, et la question rentrera toujours dans celle que nous venons de traiter. Nous pouvons donc énoncer la proposition suivante : » Lorsqu'un corps élastique, de forme quelconque, est frotté par un ou » plusieurs archets exerçant des' pressions constantes, le mouvement de » chacun de ses points par rapport à la position d'équilibre résultant de l'in- » troduction des forces de frottement, est le même que celui qu'ils auraient » par rapport à la première position d'équilibre, si l'on modifiait convena- » blement l'état initial. Cette modification, consiste simplement à retrancher, » des composantes des déplacements initiaux des différents points, les ac- » croissements que subissent les coordonnées de ces points en passant de » leur seconde position d'équilibre à la première, » Si !a pression de l'archet n'était pas constante, mais variait très-len- tement, on pourrait la considérer comme constante pendant un intervalle (9*i ) fini, et recevant brusquement le petit accroissement qu'elle aurait acquis à ce moment. On rentre alors dans le premier cas. » 5. Lorsque le système est tel, qu'un état initial quelconque produit en général un mouvement vibratoire à période constante, l'action d'un ou de plusieurs archets produira un mouvement vibratoire de même période. » En effet, l'action de ces archets peut être remplacée par une modifica- tion dans l'état initial; et, par hypothèse, cette modification n'altère pas la périodicité du mouvement. Ainsi, par exemple, une corde élastique pincée fait entendre le même son fondamental, de quelque manière qu'elle soit écartée de sa position rectiligne entre ses deux extrémités fixes. Donc le frottement de V archet sur cette corde jera encore entendre ce même son fon- damental, pourvu toutefois que la vitesse relative de l'archet et de la corde soit toujours de même direction. Si la pression changeait lentement, elle pourrait être considérée comme la même pendant un assez grand nombre de vibrations de la corde. Le son sera donc sensiblement le même pendant toute la durée du frottement. L'expérience confirme ces indications de la théorie. Cessation du son malgré te mouvement de l'archet. » 6. Lorsque la vitesse de l'archet surpasse constamment celle des points en contact, nous avons démontré que le mouvement était le même par rapport à la position d'équilibre sous l'influence, de la force de frottement, qu'il se- rait par rapport à sa position primitive d'équilibre, en partant d'un cer- tain état initial. Or dans ce dernier cas l'expérience montre que, par suite des résistances négligées dans le calcul, le mouvement finit promptement par s'éteindre. Il résulte donc de notre théorie qu'il en doit être ainsi du mouvement produit par l'archet : qu'il doit s'éteindre, quoique l'archet con- tinue indéfiniment à se mouvoir en produisant le même frottement; et que l'état final de repos est celui dans lequel il y a équilibre entre toutes les for- ces du système et celle que produit ce frottement. » Ce phénomène, que rien n'avait annoncé avant cette théorie, a été véri- fié par moi dans le cas particulier des cordes vibrantes, et indiqué dans mon premier Mémoire. Il se trouve établi maintenant avec toute la généralité dont il est susceptible. Action d'un archet dont la vitesse relative n'est pas toujours de même sens. » 7. Si, par suite de l'état initial et de la constitution du corps, il arrivait que la vitesse des points en contact avec l'archet fût tantôt plus grande et tantôt plus petite que celle de ce dernier, la force changerait de sens, et les C. R., im.i" Semestre. (T. XLH, N°.2I.) l 29 (98a ) conséquences précédentes ne subsisteraient plus. Il faudrait à chaque chan- gement concevoir le nouvel état d'équilibre correspondant, et prendre pour état initial l'état actuel du système. C'est ainsi que l'on calculerait l'effet d'un léger obstacle opposé au mouvement par le frottement sur un corps immo- bile : par exemple, lorsque l'on applique légèrement le doigt sur une corde mise en mouvement par un archet, la résistance change alternativement de sens, et pourvu qu'elle dépasse une certaine limite, le point de contact finit par devenir immobile, et forme ce que l'on appelle un nœud. » Il peut encore arriver que le point de contact parvenu à la même vi- tesse que l'archet, soit obligé de le suivre à cause de la résistance que le frot- tement lui oppose, ou encore parce qu'il aurait atteint sa vitesse maximum. Dans ce cas la durée de la vibration dans ce sens peut être augmentée d'une quantité plus ou moins grande, dépendante de la pression et de la vitesse de l'archet. Le son s'abaisse alors, puisqu'il y a moins de vibrations dans le même temps. Cette conséquence de ma théorie a été développée dans mon ancien Mémoire sur l'action de l'archet sur ces cordes. Je l'ai vérifiée par l'expérience, et j'ai ainsi prévu et constaté ce phénomène inattendu, de sons nets et fort au-dessous du son fondamental. Vibrations longitudinales des verges. » 8. Lorsqu'une verge vibre longitudinalement, on peut supposer ses deux extrémités fixes, ou bien l'une fixe et l'autre libre, ou enfin toutes les deux libres. » Considérons d'abord le premier de ces cas, et supposons qu'on pro- duise un frottement constant dans une partie déterminée de sa longueur, ce qui peut être facilement réalisé au moyen de roues situées de côtés différents de la verge et tournant autour de leurs axes respectifs, en exer- çant sur elle des pressions invariables; plus la verge sera mince, moins il y aura d'inexactitude à supposer que les forces résultant de toutes ces pressions sont réparties uniformément sur toute l'aire de la section trans- versale, au lieu de l'être seulement sur son périmètre; et l'on pourra, par conséquent, regarder le mouvement général comme ayant lieu par sections, et dépendant d'une seule coordonnée. » Cela posé, les forces produites par les divers frottements exercés en un nombre quelconque de points de la verge, en ayant égard à la fixité de ses deux extrémités, détermineraient un état d'équilibre dans lequel, en général, toutes les sections seraient écartées de leur position naturelle, excepté les deux extrêmes. Or, d'après le théorème général démontré ci- (983) dessus, le mouvement de chaque section, par rapport à la position qu'elle occupe dans cet équilibre, est le même qu'il serait par rapport à sa position primitive, si on l'écartait de celle-ci d'une quantité égale et de même sens, que celle-ci l'est de sa position dans l'équilibre dont il vient d'être question. » La question proposée du mouvement produit par les frottements, étant ainsi ramenée à la question connue du mouvement des différentes sections écartées de leur position naturelle et abandonnées sans vitesse, se trouve complètement résolue. » Et il en serait de même pour les deux autres cas des verges. De sorte que les lois des sons produits par le frottement sont absolument les mêmes que ceux que produirait toute cause qui déplacerait les tranches et leur imprimerait une vitesse quelconque, comme par exemple un choc longitu- dinal. L'expérience vérifie pour les verges ce résultat de la théorie, comme elle l'avait fait pour les cordes. » Nous supposons ici que les forces de frottement conservent chacune leur sens et leur intensité; et il faut pour cela, non-seulement que la pres- sion soit constante, mais encore que la vitesse relative du corps frottant et de la partie de la verge en contact avec lui soit toujours de même direction. On se mettra dans ces conditions, en donnant à ce corps une vitesse suffi- sante ; mais alors il devra se présenter encore, comme dans le cas des cor- des, ce phénomène remarquable, que le mouvement et le son devront s'affaiblir et disparaître promptement, quoique les roues frottantes conti- nuent leur mouvement. Les positions qu'occuperont les sections de la verge dans cet état limite, seront précisément celles de l'équilibre sous l'action des forces de frottement. La vérification ne peut en être faite aussi facilement que dans le cas des mouvements transversaux des cordes, vu la petitesse des déplacements longitudinaux ; mais la cessation du son est un phéno- mène très-facile à constater, et V expérience a complètement confirmé les prévisions de ma théorie. » Enfin, pour les verges comme pour les cordes, on peut concevoir que la vitesse de la roue ne soit pas toujours supérieure à celle que les sections en contact tendent à prendre ; et alors il devra y avoir abaissement du son. Mais il est peut-être un peu difficile d'assujettir la roue à un mouvement plus lent que celui des sections ; je ne crois pas impossible d'y parvenir, mais je n'ai pas fait usage d'appareils assez précis pour produire ce curieux résul- tat que j'avais constaté facilement dans le cas des cordes. Je serais heureux d'apprendre que quelque babile expérimentateur y fût parvenu. 129.. ( 9»4 ) Vibrations transversales des verges. » 9. Notre théorie, s'appliquant à tous les systèmes de points et à tous les frottements qu'on y peut appliquer, on peut supposer la direction du frot- tement perpendiculaire à la longueur de la verge. Les mouvements trans- versaux qui en résulteront seront donc périodiques comme ceux qui pro- viennent d'un écartement transversal. On aura les mêmes lois pour les sons produits, et l'on reconnaîtra, comme pour les cordes, les phénomènes de la disparition du son, et de l'abaissement au-dessous du son fondamental. » 10. Remarque. — TNous avons supposé les vibrations longitudinales des cordes ou des verges produites par des frottements exercés en des points invariables, et il suffisait pour cela de prendre pour corps frottants des roues tournant autour de leurs axes immobiles. Mais le plus ordinairement on ne met pas une si grande précision dans les moyens d'exécution, et le frottement est produit par un corps qu'on fait glisser le long de la corde ou de la verge. » Plaçons-nous dans ces conditions, en supposant que le contact du corps frottant ait lieu dans une assez grande longueur, et que la vitesse de ce corps soit très-petite. Dans un intervalle de temps très-court, mais dans lequel cependant les sections ont pu exécuter un assez grand nombre de vibrations, le corps frottant aura abandonné d'un côté une petite étendue de la verge, et en aura gagné une égale de l'autre. La plus grande partie de la longueur sur laquelle s'opère le frottement sera donc restée la même pendant ce temps, et une petite partie des forces se trouvera seule déplacée et portée de l'arrière à l'avant On peut donc se regarder comme étant sen- siblement dans le cas de forces constantes appliquées à des points constants, au moins pendant le temps nécessaire à l'accomplissement d'un grand nombre de vibrations, et, par conséquent, ces vibrations doivent être sensi- blement les mêmes que si le frottement avait rigoureusement lieu aux mêmes points du corps. » Toutefois, on doit dire que ce résultat n'est qu'approximatif; et, bien que l'expérience ne fasse pas apercevoir en général de différence entre les effets produits dans ces différentes circonstances, il est certain que l'éten- due du contact et le mouvement du corps frottant pourraient être supposés tels, que le déplacement rapide et irrégulier des points d'application des forces ne permît pas l'établissement d'un son constant, ni peut-être même d'aucun son. Il est au reste bien facile de reconnaître qu'on peut pendant très-longtemps frotter une verge en changeant irrégulièrement les points (9«5 ) de contact, sans qu'il en résulte aucun mouvement vibratoire régulier. Il est donc à désirer que, dans les appareils destinés à des expériences pré- cises, le frottement soit produit au moyen de roues tournant autour de leurs axes immobiles. On aura ainsi l'avantage de produire toujours des sons très-purs, et qui pourront être entretenus aussi longtemps qu'il sera nécessaire. » calcul intégral. — Note de M. Liouville. « J'ai démontré ailleurs (*) que la considération de la première des fonctions ,. _ df df r /• df df{,. que l'on doit former pour développer en série suivant les puissances de x ou de {jjc — a) l'intégrale de l'équation peut être quelquefois utile à un autre point de vue. En effet, si un paramè- tre a contenu dans^/'se trouve avoir disparu dans/j , cela indiquera que est une différentielle exacte, en sorte qu'on pourra alors écrire de suite l'in- tégrale I .%-^idy —fdx) = constante de l'équation différentielle proposée. » Il y a un théorème analogue pour un système d'équations différentielles simultanées df Y dL~\ — — 7 dt ~ A' dt ~ '•••■ dt ~L" quand X, Y,..., Z désignent des fonctions de t, or, y,..., z provenant d'une même fonction S par des dérivations partielles respectivement relatives à x, j,..., z de manière que X = — Y=— • Z— — • dx dy ' dz (*) Foir\e Journal de Mathématiques, année i855, page i43. ( 9»6 ) Les premières fonctions qu'on ait à former ici pour développer x, y,.--, t suivant les puissances de t ou de ( t — a ) sont z_£ZrfZ£Z \ dZ dt dx djr '" dz ' Or s'il arrive qu'un paramètre a contenu dans une au moins des fonctions X, Y,..., Z ait disparu dans toutes les fonctions X, , Y,,..., Z, , je dis qu'on trouvera aisément un système de facteurs P, Q,..., R rendant P (dx - Xdt) •+■ Q (dy - Xdt) + ... -4- R(dz - Zdt) une différentielle exacte de dy(t, x,y,..., z) et fournissant en conséquence une intégrale tp (t, x, y,..., z) = constante du système d'équations différentielles posé plus haut. Il suffira de prendre p _ dX _ rf'S „ _ £Y _ rf'S _ dZ __ rf'S fl ' rt fi 'nf fi r* ^ fi »v f/*s f/ « An dct dx dy. ^ da. dy du. dv dzdv. » L'intégrale sera évidemment de la forme -7- = fonct. (t, a) -t- C. «a . '•■ ' » Ce théorème est surtout curieux à cause de l'usage nouveau et singu- lier qu'il montre que l'on peut faire des fonctions X, , Y, ,..., Z, , dont le calcul est indiqué pour un tout autre objet dans les traités élémentaires. Je n'ôterai rien de l'intérêt que cette circonstance lui donne en ajoutant que l'on pourra aisément, si l'on veut, le rattachera des théorèmes connus, bien qu'il m'ait été fourni d'abord par une méthode directe fort simple. La vé- rification à posteriori est du reste si facile, que je supprime pour le moment toute autre démonstration. » En premier lieu, il est clair que, pour les valeurs de P, Q,..., R don- nées plus haut, les conditions d'intégrabilité de la formule P(dx-Xdt) + Q(dy- Ydt) -+-...+ R{dz - Zdt) ( m ) sont remplies d'elles-mêmes quant à ce qui concerne les coefficients des dif- férentielles dx, dy,..., dz comparés entre eux. Restent les conditions qui naissent de la comparaison de ces coefficients avec celui de dt ; or elles peu- vent aisément s'écrire ainsi : da ~~ °' da ~~ °'""' da ~~ ' et, par conséquent, elles reviennent à dire avec nous que a ne doit plus en- trer dans les fonctions X, , Y, ,..., Z,. » On comprendra la liaison de notre théorème avec les belles recherches de Jacobisur la mécanique, en observant que les équations c/X, dY, rfZ, da du da. peuvent être remplacées par une condition unique, à savoir que la quan- tité „, cPS S dS d'S rfS ^--r-T--r +•••+ -7-7-3-' dtda dxda dx dyda dy dzda dz qui peut être mise sous la forme 1 -d*idt + *\dx) +*\dr) +---+ ■>. \dt) y ne contienne plus x, y,..., z, et se réduise à une simple fonction de t et de a. » Remarquons en passant que si les équations dont nous parlons, sans avoir lieu en général, étaient vérifiées par une valeur particulière de a, ou, ce qui revient au même, si T contenant en général x, y,..., z et t se rédui- sait pour a = at à une simple fonction de t, notre théorème subsisterait pour cette valeur particulière a». » Je n'ai pas besoin d'ajouter que si d'autres constantes |3, 7,..., distinctes de a, disparaissaient aussi dans le passage de X, Y,..., Z à X, , Y, ,..., Z, , cette circonstance fournirait de nouvelles intégrales, et même quelquefois toutes les intégrales qu'on a à chercher. Mais il est bon d'observer qu'on peut tirer le même parti du cas où une des variables t, x,y,..., z vient à manquer dans X, , Y( ,•••> Z,. Si, par exemple,^ disparaît dans ces fonc- tions, vous remplacerez dans l'expression des facteurs P, Q,..., R la dériva- tion relative à a par une dérivation suivant y. Ce cas, du reste, se ramène à celui où c'est un paramètre qui a disparu, en ajoutant à la variable une con- ( 988 ) stante arbitraire qui disparaîtra naturellement avec elle et qu'on pourra ensuite réduire à zéro après avoir ensuite remplacé la différentiation qui la concerne par une différentiation rapportée à la variable qu'elle accom- pagne. » analyse mathématique. — Note sur les fondions elliptiques; par M. Stcrm. (Tirée des papiers de l'auteur et communiquée à l'Académie par M. Liouville.) « L'intégrale sous forme algébrique de l'équation dx dy , - + ,-l— =o \/i — X* \ji — y' » s'obtient aisément, comme on sait [*], au moyen d'une intégration par par- ties. En mettant cette équation sous la forme dx sj i — y2 4- dy \ji — x2 = o, on en déduit j dx s/ 1 —y2 -h l dy s] i — x2 ses constante. Or, en intégrant par parties, on a j dx \/i — y2 = x sji — y2 + / -=^ Jdys/i — x*= y \ji — x2 -h |<-j= ■ dy et xy dx Ajoutant et observant que les termes sous le signe / donnent une somme nulle en vertu de l'équation différentielle proposée, on trouve l'intégrale algébrique x \j\ — y2 ■+■ y \J i — x2 = constante. » La constante arbitraire qu'elle contient est la valeur de y pour x = o. [*] Voir, par exemple, Lacboix, Traité du Calcul différentiel et du Calcul intégral, tome II, page 473. (989) Posons X* dx / _ ; = a, xz=sma, yi — x' = cosa, et de même rr dy Jo Jfr^ = P' J=sin|3, y/i- j*=cosf3. Nous aurons da-h dfi = o, d'où a + j3 = 7, 7 étant une constante. D'ailleurs, pour a = 6, on a x = o, p = y, ^=siny. La constante de notre intégrale est donc siny. Par suite, il vient siny ou sin(ee ■+■ /3) = sinacos/3 -4- sin^cosa. C'est la formule fondamentale de la théorie des fonctions circulaires. » Le même procédé s'applique facilement à la recherche de l'intégrale d'Euler qui donne la formule fondamentale de la théorie des fonctions elliptiques. » Soit, en effet, dx dy , , = H" , ; = O. yi — x' yi — c2x2 v1— .r'v1 — c7x* En multipliant parle produit des dénominateurs et divisant par 1 — c2x2j2, on a /\ll—y7\]i — c'y7 , C\l i — x' 1/1 — c7x~ j 2 , , , dx-h I- t~z—, — -dr = constante. 1 — c» x7y7 J i — c7 x7y7 J Or, en intégrant le premier terme par parties , on obtient /y/] — y7 sjt — c7y7 , x \/i — y'v'1 — c'y7 i — c'a;2/2 " 1 — c7x7y7 /{i-\- c7){i + c7x7y7) — lc7x7 ~ 7.c7y7 rfj- W ' (i-c>x>yy ~ jTzrpfrirïy-* C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 21.) i3o ( 99° ) En échangeant entre elles les deux lettres x et y, on aura le second terme ; ajoutant donc et observant que les termes sous le signe / donnent une somme nulle en vertu de l'équation différentielle proposée, on trouvera — — J ,,, ï = constante. La constante du second membre est la valeur de y pour x = o. Posons J, , = a, âfsçS(a), y/i — x2 = C(a). \Ji — c2x2 = R(a), 0 yi — x> yi — r'x1 et de même * » Jo sji—y^i — c'r2 Nous aurons da + . 12. Demi-grand axe 2.2709 Mouvement moyen diurne. io36",83 NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour le prix de Statistique. MM. Bienaymé, Ch. Dupin, Mathieu, de Gasparin et Boussingault réu- nissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. travaux publics. — Moyens de forcer les torrents des montagnes à rendre à l'agriculture une partie du sol qu'ils ravagent; par M. Rozet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, de Gasparin, M. le maréchal Vaillant.) « L'établissement et l'existence d'un torrent dépendent principalement de la constitution géologique du sol ; quand celui-ci offre à sa base des i3o.. ( 99a ) roches d'une facile décomposition, comme dans les Alpes, les torrents s'y établissent très-facilement. » Les grands torrents prennent généralement naissance dans des cir- ques, sur le fond desquels il existe toujours une quantité de débris pier- reux tombés des escarpements. Ce sont ces débris emportés par les eaux, qui vont ravager le sol des vallées. Dans les cirques, les parois sont sillon- nées par de nombreux ravins qui viennent aboutir à un canal creusé dans le fond, sortant du cirque par une gorge étroite comprise entre des rochers escarpés. L'ensemble de toutes les surfaces qui versent leurs eaux dans un cirque et ce cirque lui-même, se nomment bassin de réception. On appelle canal de réception celui du fond du cirque dans lequel viennent se réunir les eaux et les pierres; lit de déjection, un espace plus ou moins étendu au sortir de la gorge du cirque, sur lequel le torrent dépose en éventail une partie des matériaux qu'il charrie; enfin lit d'écoulement, l'espace com- pris entre la fin du lit de déjection et la rivière. Sur chaque côté d'une rivière un peu considérable il existe un certain nombre de torrents présen- tant chacun toutes ces parties. » Le lit d'une rivière dans les montagnes présente une suite d'étrangle- ments et de renflements. Les étranglements sont des canaux étroits, souvent compris entre des rochers très-élevés qui s'écartent en s'élevant. Les ren- flements offrent de grandes plages couvertes de cailloux et de quelques dépôts limoneux. Dans ces plages, la rivière suit rarement un canal unique : elle se divise ordinairement en plusieurs branches. C'est dans les renfle- ments qu'il est possible de reprendre à la rivière une partie du terrain qu'elle dévaste. » Dans les vallées des Alpes, lors des chaleurs de l'été, les plages cail- louteuses sont presque à sec; on n'y voit que de minces filets d'eau, qui n'empêchent pas le piéton de passer ; les grandes rivières elles-mêmes, la Durance, le Drac, le Verdon, etc., laissent alors à découvert une immense quantité de terrain qu'elles inondent à la première grande pluie. » Lors de la fonte des neiges et des pluies ordinaires, les eaux se rendant d'une manière continue dans le canal de réception, s'y divisent en filets à travers les débris qui l'encombrent et dont elles n'emportent qu'une petite quantité. Mais comme une rivière un peu étendue reçoit les eaux d'un grand nombre de torrents, il se trouve encore une assez grande quantité de cailloux dans son lit. » Dans les orages il tombe subitement, souvent en moins d'une heure, une grande quantité d'eau dans le bassin de réception ; cette eau accumulée (993 ) dans le cirque, dont la gorge étroite retarde son écoulement, forme une masse d'une grande épaisseur, dont la poussée entraîne les débris pierreux qui sortent, mêlés d'eau et de boue, par la gorge, avec une grande vitesse. En s' étalant sur le lit de déjection, le liquide dépose une partie des matériaux qu'il charrie et emporte le reste dans la rivière, dont le niveau s'élève alors subitement. Quand la crue, après avoir traversé une gorge, arrive sur une plage, elle la couvre d'une nappe qui a très-rarement 3 mètres d'épaisseur. Dans le sens vertical, cette nappe se divise en deux zones distinctes : une inférieure, dont l'épaisseur n'atteint jamais la moitié de celle totale, où se trouvent les cailloux ; et l'autre supérieure, où il n'existe que du limon et quelques petites pierres. Sur les plages restées à sec après les crues, j'ai con- staté que des blocs inférieurs à un mètre cube, n'avaient point été déplacés et avaient déterminé autour d'eux de notables dépôts de cailloux, et dans les anfractuosités de ceux-ci, desdépôtsdelimon, dont l'épaisseur dépassait om, i . Quand plusieurs blocs se sont trouvés assez rapprochés et disposés à la suite les uns des autres dans la direction du courant, il s'est formé à leur pied une bande de cailloux et, du côté opposé, une de limon. » Ce qui précède me paraît suffisant pour l'intelligence du système de barrages que j'ai inventé, destiné à changer complètement le régime des tor- rents, et par suite celui des rivières dans lesquelles ils portent leurs eaux, et faire enfin que de destructeurs qu'ils sont, ils deviennent producteurs. » En commençant les travaux à la source et les étendant dans tout le lit de la rivière, on diminuera la vitesse de l'eau progressivement, jusqu'à pou- voir facilement la forcer à s'étendre en nappes peu épaisses sur les plages des vallées. Alors à peu de frais il sera possible de la forcer à déposer, sur une partie donnée de ces plages, le limon qu'elle transporte, et à s'écouler, d'un autre côté, dans le lit qu'on lui aura assigné. » D'après la description que nous avons donnée des torrents et des phé- nomènes qu'ils présentent, on comprend que les premiers travaux doivent avoir pour but d'empêcher, autant que possible, les débris pierreux de s'ac- cumuler dans les canaux de réception et d'en sortir quand ils s'y sont ac- cumulés. En disposant convenablement les gros débris qui se trouvent au pied des escarpements sur le fond des bassins de réception, il sera possible d'ar- rêter une grande partie des matériaux d'éboulement en les forçant à se disposer en 'nappes coniques qui revêtent et préservent les talus marneux. » Si, pour empêcher les pierres de franchir la gorge du cirque, on em- ployait des digues pleines, elles seraient bientôt détruites. La gorge d'un cirque est ordinairement formée par des rochers élevés. Au moyen de la (994) poudre, on peut jeter, à peu de frais, une partie de ces rochers dans le canal, l'obstruer ainsi, dans une assez grande étendue et jusqu'à la hauteur où il s'élargit notablement ; les quartiers tombés laisseront entre eux des vides qui, en permettant à l'eau de passer, arrêteront les pierres qu'elle charrie. Quand l'eau s'élèvera au-dessus de la digue, elle coulera dessus en formant une nappe mince contenant peu de pierres et ayant perdu une grande quantité de la vitesse initiale. Nous aurons ainsi une digue criblante qui forcera le lit de déjection à s'établir dans l'intérieur même du cirque. Sur les points rares où les gorges ne sont pas formées par des rochers, on pourra remplacer ceux-ci par des blocs faits avec de la chaux hydrau- lique et les débris pierreux qui gisent dans les canaux de réception. » Les étranglements des vallées sont tout à fait semblables aux gorges des cirques ; avec la poudre, nous jetterons encore dans ces étranglements une partie des rochers qui les forment, et nous obtiendrons encore ainsi d'énormes digues criblantes qui, arrêtant les cailloux, laisseront passer l'eau chargée de limon. Cette eau ayant perdu une grande quantité de vitesse en passant à travers et par-dessus les digues criblantes, il nous sera facile de la forcer à s'étendre en nappes peu épaisses sur la portion de la plage en aval que l'on veut rendre à l'agriculture. De tels travaux, exécutés dans toutes les parties du cours d'une rivière pouvant lui fournir des avalanches de débris pierreux, amèneront les eaux affluentes à ne plus transporter que du limon qu'il sera facile de faire déposer où l'on voudra. » Nous avons dit, plus haut, que les nappes d'eau chargées de débris pierreux qui viennent actuellement envahir les plages, n'ont jamais 3 mètres d'épaisseur, et que cette épaisseur présente deux étages ; nous avons dit aussi qu'il suffisait d'un bloc de i mètre cube pour résister à l'action en- traînante de l'eau ; c'est sur ces principes qu'est fixé mon système de barrages pour les plages. » La largeur du lit d'écoulement étant établie sur une plage, à partir du débouché de la gorge, en amont, où est établie une digue criblante, en partant d'un obstacle naturel, une masse de rochers par exemple, j'établis une ligne de blocs parallèle à l'axe du canal que j'ai fixé pour l'écoulement de l'eau. L'expérience m'a prouvé que les blocs pouvaient être placés jus- qu'à 10 mètres de distance les uns des autres. En leur donnant i mètre de base et im,5o de hauteur, ils seront capables de résister au torrent, et leur sommet dépassera la zone des cailloux. Je me suis assuré qu'une pareille ligne de blocs, placée sur le passage d'une masse d'eau torrentielle, en dimi- nue assez la vitesse, en déterminant des remous, pour forcer les cailloux (995) à se déposer sur toute sa longueur; l'eau qui passe à travers pour aller inonder la portion à conquérir, ne contient plus que du limon et quel- ques petites pierres; nous aurons donc encore là une digue criblante. En traversant la ligne des blocs, l'eau n'aura pas encore perdu assez de vi- tesse pour déposer tout le limon dont elle est chargée ; mais on parvient facilement à cela en établissant des traverses, élevées et distancées propor- tionnellement à la pente du terrain. Pour ces traverses, il suffira d'ouvrir de simples fossés, d'une largeur plus ou moins considérable, dont on re- jettera la douve en aval, pour que les cailloux ne retombent pas dans le fossé par la poussée des eaux. En franchissant chaque traverse, l'eau perdra mie partie de sa vitesse et déposera une partie de son limon. Après avoir dépassé la première, elle se trouvera entre deux, la ligne des blocs et le pied de la montagne qui limite la plage, comme dans une caisse : position très- favorable au départ du limon. » Le plus souvent on ne pourra se procurer à bon marché des blocs de i mètre cube ; mais avec la chaux hydraulique et les pierres, qui sont sur les lieux mêmes, on construira des piliers qui remplaceront avantageuse- ment les blocs. Quand les circonstances l'exigeront, on pourra mettre une double ligne de blocs. » Tous les travaux, dont je viens de parler, étant convenablement exé- cutés le long d'une rivière torrentielle, on parviendra eh moins de deux ans, dans les Alpes, à rendre à l'agriculture la plus grande partie des terrains que cette rivière ravage depuis tant de siècles, et la vie à la contrée qu'elle traverse. » Les moyens que je propose pour arrêter les dégâts des torrents dans les montagnes, ayant pour premier résultat de retarder considérablement l'écoulement des eaux qui tombent dans les bassins de réception, sont de nature à empêcher ces grandes inondations des fleuves et des rivières, qui viennent de désoler une partie de la France. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Sciences mathématiques de 1 856 ( question concernant le perfectionne- ment de la théorie mathématique des marées). Ce Mémoire, qui a pour titre: « Importance théorique des courants de marées, » est réservé pour être soumis à l'examen de la future Commission qui aura à apprécier la date de sa présentation. ( 996) physique. — Interrupteur à double effet et perfectionnements divers appli- qués à V appareil de Ruhmkorff) par M. l'abbé Laborde. (Commissaires, MM. Pouillet, Despretz. ) économie rurale. — Description dun système pour augmenter les res- sources alimentaires de la France ; par M. P. Franconi. ( Commissaires, MM. de Gasparin,' Payen. ) physiologie. — De l'influence de la crjptorchidie sur la génération ; par M. Puech. Ija cryptorchidie chez l'homme et les animaux domestiques ayant été l'objet d'une communication récente de la part de MM. Goubaux et Follin ( Compte rendu, séance du a4 mars i856), M. Puech adresse quatre obser- vations qu'il avait recueillies sur ce sujet, considéré seulement dans l'espèce humaine. ( Commissaires, MM. Velpeau, Cloquet. ) physiologie. — Recherche éleclrophjsiologique sur les fonctions des muscles qui meuvent le pied; par M. Duchexxe, de Boulogne. Dans ce travail, qui se lie à ses précédentes communications, l'auteur poursuit l'étude des fonctions des divers muscles de l'appareil locomoteur, en déterminant, au moyen de l'électricité, la contraction de chaque muscle isolément, et observant le mouvement qui en résulte; il profite ensuite de ses observations pour établir le diagnostic des paralysies partielles, et savoir précisément quelles sont les parties de l'appareil musculaire sur lesquelles il convient d'agir. MM. Ossian Henry fils et A. Chevalier fils adressent au concours pour le prix dit des Arts insalubres, un Mémoire sur le phosphore, Mémoire dont ils avaient précédemment communiqué quelques extraits: ils y joignent un supplément contenant les résultats des recherches qu'ils ont faites posté- rieurement à la rédaction de leur premier travail. (Renvoi à la Commission du prix relatif aux Arts insalubres.) M. Isidore Bourdox adresse un supplément à une précédente communi- cation ( Compte rendu de la séance du 7 avril i850) sur les divers traite- ments opposés au choléra et particulièrement sur les propriétés thérapeu- tiques de la strychnine. « J'ajoute aujourd'hui, dit l'auteur, à ce premier Mémoire et à l'analyse que ( ','97 ) j'en avais envoyée ultérieurement, une série de tableaux statistiques sur les conditions d'étiologie aggravante, et sur les chiffres de mortalité de l'épidémie de i85/j, mais ces tableaux ne s'étendent pas au delà du personnel des hôpitaux militaires de Paris. J'ai profité d'une circonstance exceptionnelle qui me donnait accès dans ces établissements, pour prendre note exacte des âges, des lieux d'origine, villes ou campagnes, Nord ou Midi, etc., comme aussi du régime hygiénique et du traitement des ma- lades : éléments d'observation qu'il serait difficile de réunir avec autant d'ensemble, avec une même certitude et la même authenticité dans les hô- pitaux civils et la pratique ordinaire. Je joins à ces tableaux la récapitula- tion pure et simple des résultats respectifs et de l'objet de chacun. C'est donc quatre sortes de pièces que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie : un Mémoire ; le résumé et les conclusions de ce Mémoire, une suite de tableaux statistiques qui comprennent environ 2000 malades; et enfin, la récapitulation de ces tableaux avec quelques corollaires. » L'Académie renvoie à la même Commission un Mémoire de M. Poggioli, et une Note de M. Leveau se rapportant également au choléra-morbus. M. Liégard adresse, de Gaen, pour le concours Montyon ( prix de Méde- cine et dé Chirurgie), un opuscule imprimé ayant pour titre : « Quelques sujets de Médecine et de Chirurgie pratique; » il y joint, pour se conformer à une condition imposée aux concurrents, l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans cette publication. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.), M. Lechevaixier soumet au jugement de l'Académie une Note sur la di- rection des aérostats. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPONDANCE. M. le Mixistre de l'Instruction PUHMQUE adresse pour la bibliothèque de l'Institut un exemplaire de la nouvelle édition du Commercium episloli- eum publiée par MM. Biot et Lejort. (Voir au Bulletin bibliographique.) C. R., iS56, Ier Semestre. (T. XLII, N» 21 . ) 1 3 I Svs S\ (998) astronomie. — Eléments de l'orbite de la planète Amphitrite et Ephémé- ride pour l'opposition de i856; par M. Yvox Villarceau. (Communica- tion de M. Le Verrier.) « Dans la séance du 27 novembre i854, M. Y von Villarceau a présenté le résultat auquel l'avait conduit l'emploi de cent vingt observations de la planète Amphitrite, faites durant la première apparition; il a publié dans le Compte rendu, tome XXXIX, page 1064, une éphéméride très-étendue pour l'opposition de i855. lia pu depuis comparer les observations faites en i855 à son éphéméride, et en déduire des éléments plus approchés pour l'opposition de i856. » L'ensemble des observations embrassant un intervalle de plus de dix<- huit mois, il semblait probable que l'indétermination dont sont affectés les premiers éléments, disparaîtrait cette fois; pourtant il n'en a pas été ainsi. » Pour obtenir le degré d'exactitude nécessaire en pareil cas, M. Yvon Villarceau a calculé les perturbations par Jupiter et Saturne depuis l'épo- que de la découverte d' Amphitrite jusqu'à la fin de 1 856, celles de Mars pendant les deux apparitions de la planète, et en outre celles de Vénus et de la Terre durant l'opposition de 1 854- » Disposant les observations par groupes, M. Yvon Villarceau a formé quarante-trois équations de condition qu'il a traitées par la méthode des moindres carrés, pour en déduire les corrections des éléments, et il a obtenu les équations suivantes, que nous rapportons afin que l'on puisse au besoin vérifier l'indétermination qui reste encore. -+- 96,1985 <î>! — 6,9519 fc-i-o, 57571 Sa — i5,4î6o i -f- 0,27522 Se — 0,016914 S a-t- o,ooo27345o""N -t- 17,97977 ) — 0,207804^! — o,026i782iîct— 0,0470650 J'N -+- o,i36Si4 SI -+- o,2g8338G(?Q= -+- 10,187 » Les quantités 9,5 -t- 6,4 •+- 7,6 - 1,7 ■+■ 9,4 Sept. '7.5) Juill. 9>5 -t- 5,i -1- 0,6 — 3,6 -+- ",7 22,5>-|- 2,5 -t- 12,1 — 0,2 -+- 12,2 '9,5 -t- 4,9 — a, 6 — 0,1 ■+- '2,7 Oct. Nov. 12,5) ",5|-t- 7,7 + ',9 » » » L'examen de ces chiffres montre que c? N peut recevoir des valeurs com- prises entre des limites assez étendues, telles que o",2 à o",»5 sans que les erreurs deviennent inadmissibles, tant sont encore défectueuses les observa- tions de la plupart des nouvelles petites planètes. Ainsi dix-huit mois d'ob- servations ne suffisent pas pour déterminer le moyen mouvement à o",a près. » Les éléments auxquels M. Y. Villarceau est parvenu sont : Amphitrite. — Éléments oscillateurs le 5,5 décembre i856. Anomalie moy. le 5,5 déc. i856, t. m.deParis. 8-45.53,65 — i24,5o*N Longitude du périhélie. 56. 6. 24, 82-4-816, 6£N / Equinoie moyen Longitude du nœud ascendant 356.24.24,64+ 3, iÇ)33N j du '" J*nTlOT 1856 Inclinaison 6. 7.54,25+ 1 1 ,588<îN Angle ( sin = excentricité). .. , 4- 9-56,i4+«32,48tfN Moyen mouvement héliocentrique diurne. . . . 869,2858 + 5N i3i.. ( IOOO ) » A l'aide de ces éléments, M. Yvon Villarceau a calculé l'éphéméride suivante pour l'opposition de 1 856 : âphéméride des position» géocentriques apparentes de la planète AMPHITKITE pour l'oppo- sition de 1856 , calculée au moyen des précédents éléments en y posant J N = o. 1836. ASC. DROITE. DÉCLINAISON. LOG. DIST. 1836. \SC. DROITE. DtTLIXAÎSOX. LOG. DIST. T. M. de Paris. à la Terre. T. M. de Paris. à la Terre. h m s 0 / rr h m s ° t II Oct. 3l,5 4.19.52,33 +30. i3.28,i 0,164 54 Nov. 3o,5 3.49.24,96 +3o. 0.2g,5 0,l.'|5 42 Nov. i,5 19. 6,88 14.20,5 162 83 Dec. i,5 48.3I,2fi +29.57.42,7 l46 o4 2,5 18.19,64 16. 4,1 161 19 2,5 47.18,42 54.49,3 ,46 76 3,5 17.30,70 17.38,6 : J'i) 6l 3,5 46.16,52 5i -49,5 i47 53 148 42 4,5 16.40, 11 ■9 4,' 'i58 10 4,5 45.15,66 48.43/7 5,5 4.15.47,95 -t-3o.2I 30,4 o,i56 65 5, 5 3.44.15,91 +29.45.32,5 0,149 h fi, 5 14.54,24 23.37,1 i55 27 6,5 43.17,34 42. 16, 1 i5o 40 7,5 i3.59, i3 s3 . 24 , 6 i53 96 7,5 43.20,05 3S.55,o i5i 5. 8,5 i3. 2,68 24-13,5 i52 72 8,5 41.34,10 35.29,7 .52 69 9,5 13. 4,95 24.5o,8 i5i 55 9,5 40.39,55 Î2. 0,5 .53 g5 io,5 4. n. 6,01 -+-3o.25.i9,4 o,i5o 45i • io,5 3. 3g. 36, 47 +29.28.37,9 0, 1 55 27 1 1,5 10. 5 , 93 ?5.37,9 '49 43 .1,5 38.44,93 24.52,3 .56 67 12,5 9- 4,77 25.46,5 i.'iS 48 .3,5 37.54,96 21.14,1 .58 ij i3,5 8. 2,62 25,45,1 .47 61 i3,5 37. 6,6', 17.33,7 i5g 67 ■4,5 6.69,56 25.33,5 146 82 '4,5 36 . so , 00 i3.5i,6 ifii 27 i5,5 4. 5.55,67 +3o.2j. 1 1 ,8 II, 1 i'i II i5,5 3.35.35,1. +39.10. 8,2 0,162 94 ifi,5 4 . 5 1 , o5 34.39,8 145 48 i6,5 34.52,o. 6.33,9 ifi.'t 67 .7,5 3.45,8o 23.57,8 '44 93 '7,5 3.',.. o,73 ■3.39,1 166 46 i8,5 2.40,03 23. 5,8 •44 46 18,5 33.3i,33 +28.58.54,2 •168 3i '9>5 i.33,8i 32. 3,8 '44 07 '9,5 32.53,84 55. 9,7 170 31 20,5 4- 0.37,26 -t-3o . 20 . 5 1 , 9 0,143 77 20,5 3.32.18,28 +28.5i.25,8 O.172 17 21,5 3.59.20,47 ig.3o,2 i43 55 21 ,5 31.44,71 47.43,1 ■74 '9 32,5 58.i3,53 17.58,9 143 42 33,5 3i . i3,i3 44- .,8 176 26 33,5 57. 6,54 16.18,3 143 37 23,5 30.43,59 40.22,4 178 38 24,5 55.59,6i 14.28,2 ,43 4' 24,5 3o. 16, 1 1 3ii.. ',.;.,-.) 180 54 s5,5 3.54.52,84 +3o. 13.39,3 0,143 53 3 . 29 . 5o , 70 S. 10,5 0, 182 76 36,5 53.46,36 10.21,7 .43 74 2c;5 29-27,39 29.38,7 .85 01 27,5 52 . 4o , 22 8. 5,6 i44 «3 37,5 29. 6,18 26. .0,1 187 3. 28,5 5l.34,54 5.4i,3 ■44 4' 28,5 28.47,09 23.45,1 1S9 65 29,5 50.29,42 3- 9,2 '44 87 29,5 38.3o,i3 1 9 . 23 , 8 192 o3 3o,5 3.49.24,96 +3o. 0.29,5 0,145 43 3o,5 3. ,5 3.28. .5,3. 3.28. 3,62 +38.16. 6,6 +28.12.53,7 0,194 45 0,196 90 » Qu'il nous soit permis en terminant de présenter ici des observations méridiennes de la planète Amphitrite sur lesquelles les résultats précédents sont en partie fondés et que M. Reslhuber, directeur de l'observatoire de Rremsmunster, a bien voulu communiquer à M. Yvon Villarceau, en y joi- gnant leur comparaison avec l'éphéméride insérée aux Comptes rendus, tome XXXIX, page 1064. ( IOOI ) Observation! méridiennes de la planète AMPHXTXUTE. i8S8. T. MOYEN do Kremsmunster. ASC. DR. GÊOC. ÉPUÉM. — &. DÉCLIN. CÉOC. PARALLAXE. ËPHÉM. — D. h m s b m s S 0 / * n » juin. i<) 12. 7 . . 0 , 64 31=19.55.42,73 7,>4 —29.41.34,34 4,9<> ' — '7»73 '9 9. 38. 23, 08 28.24,01 — l6,97 — 2g.25.5o,6g 4,79 — '7,95 22 9.24.33,83 26.52,40 -16, 65 —29.18.46,06 4,73 —2i,33 23 9.20.11,45 26.25,61 -.6,75 —29.16.16,01 4,7' —20,43 25 9.u.3i,33 25.37,18 — 16,69 —29.10.59,24 4,67 — 20,57 28 8.58.44,5g 24-37,99 — i6,52 — 2g. 2.28,62 4,60 —21,80 Sept, i 8.42. 7,48 23.44,37 — 16,06 — 28- 5o. 14,19 4,5o — '8,99 10 8. 6.3i,3i 23.3i,34 — l5,42 —28.19. 9,66 4,29 —20,26 astronomie. — Découverte d une 41e petite planète, par M. 13.. Goldschmidt. k ( Communiqué par M. Le Verrier. ) « J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie la découverte, faite le 11 mai, par M. Goldschmidt , d'une nouvelle petite planète. » L'auteur de la découverte a constaté approximativement les positions suivantes du nouvel astre : i856, Mai 22 23 25 T. m. de Paris, h m IO. 20 I I . 3o 11.10 Asc. droite, h Déclinaison. 10.22. I 5 -f- 11.11,7 10.23.37 -+- 11. 9,2 10.26. 10 -f- 11. 5., 7 » Bien que M. Goldschmidt ait témoigné le désir de ne communiquer sa découverte qu'après s'être plus positivement assuré de sa réalité, je ne crois pas devoir tarder de la faire connaître, attendu que la planète étant dans une constellation que le Soleil va bientôt atteindre, il pourrait suffire de quelques soirées de ciel couvert, pour rendre impossible la continuation des recherches avant le retour de la Lune, et occasionner ainsi la perte d'une nouvelle planète, si une communication faite en temps utile ne ve- nait fournir aux astronomes le moyen d'observer la planète durant l'appa- rition actuelle. » Communication de M. Montagne. « En faisant hommage à l'Académie des Sciences, au nom de M. TV.-P . Schimper, l'un de ses Correspondants, du soixante-cinquième et dernier ( I002 ) fascicule de la Bryologie d'Europe, je me flatte qu'elle voudra bien me permettre de profiter de la circonstance pour l'entretenir un moment de cet ouvrage enfin achevé. » La Brjologia Europcea, dont cette dernière livraison, impatiemment attendue, contient la fin du CoroUarium , ne forme pas moins de six forts volumes in-quarto, ornés de 640 planches du même format et gravées sur pierre avec une rare perfection. » Cet ouvrage a pour objet de faire connaître dans leur organisation et leurs détails les plus intimes toutes les Mousses qui croissent en Europe, centre botanique de cette curieuse et jolie famille. Il a été commencé en 1 835 par M. Schimper en collaboration avec un autre bryologiste célèbre de Deux-Ponts, M. Bruch. Celui-ci étant mort dans l'intervalle, l'auteur principal s'est adjoint M. Gùmbel pour le terminer. » Quels que soient les secours que M. Schimper ait pu recevoir de ses deux collaborateurs, nous devons reconnaître qu'il a été le promoteur actif et, pour tout dire en un mot, l'âme de cette publication. Car, ce qui en fait le principal mérite, c'est l'iconographie qui l'accompagne et dont il est l'auteur. Depuis que l'on figure par le burin les plantes si variées et si élégantes de cette nombreuse famille, on n'était pas encore arrivé à une telle perfection, soit pour l'ensemble, soit pour les détails. » Et, sans parler du désintéressement profond dont M. Schimper a fait preuve , quelle persévérance ne lui a-t-il pas fallu pour continuer pendant vingt ans un tel travail et pour en surmonter les difficultés sans nombre? » Comme, en présentant à l'Académie plusieurs des livraisons précé- dentes, je me suis déjà étendu sur les différents genres de mérite de cette publication, je bornerai à ce peu de mots ce qui me restait à en dire. Je ne puis cependant terminer sans attirer l'attention sur l'immense et signalé service que notre confrère M. Schimper et ses habiles collaborateurs ont rendu à la bryologie et à ceux qui la cultivent en conduisant à bonne fin ce remarquable et magnifique ouvrage. » M. Claude Bernard présente, au nom de l'auteur M. Castorani, un exem- plaire d'un opuscule ayant pour titre : De la kératite et de ses suites. « L'au- teur, dit M. Bernard, présente dans ce travail quelques questions sous un jour nouveau. Nous citerons, par exemple, ces réflexions sur le strabisme. » Dans le strabisme ordinaire, l'auteur croit à la prédominance d'action, par suite d'exercice d'un des muscles de l'œil strabique sur l'autre, et non ( ioo3 ) à sa contracture, car, s'il n'en était pas ainsi, quand on vient à recouvrir l'œil sain, l'œil qui louche ne devrait pas se redresser. Comment donc l'œil malade louche-t-il, quand il fonctionne avec l'œil sain? Tout simplement par défaut de simultanéité dans la vision de deux yeux. Ainsi, dans le stra- bisme récent, l'œil ne louche que pour la vue des objets éloignés, parce que dans ce cas il y a myopie de l'œil faible, et que le malade ne peut exercer alors les deux yeux simultanément pour voir de loin. De près, au contraire, la vision simultanée a lieu; aussi les symptômes de strabisme disparaissent- ils. Si la myopie de l'œil faible vient à augmenter au point de ne plus per- mettre la vision des deux yeux même de près, alors on constate que le stra- bisme existe pour la vision des objets rapprochés comme pour celle des objets éloignés. » Un petit chapitre spécial sur la photophobie termine le traité de la kéra- tite. De la discussion de diverses opinions émises sur ce sujet, M. Castorani conclut que la photophobie a son siège dans les filets de la 5e paire et qu'elle résulte de leur état d'irritation dans la cornée, ou dans l'iris. Quant à la rétine, il ne sait si elle a jamais pris part à sa production. Ce qui prouve au moins qu'elle n'en est pas le siège exclusif comme on l'a avancé, c'est que la photophobie se produit avec une grande intensité dans les affections de la cornée et de l'iris, lors même qu'une cataracte empêche tout rayon lumineux d'arriver jusqu'à la membrane rétinienne. » botanique. — Observation relative à un cas d' hybridité anormale ; par M. Ch. IVaudin. « D'après les idées généralement reçues aujourd'hui, les végétaux hy- brides participent toujours sensiblement des deux espèces qui leur ont donné le jour. On admet qu'ils sont tantôt exactement intermédiaires entre leurs ascendants, et tantôt plus rapprochés de l'un des deux, mais cepen- dant sans que le type qui y est le plus faiblement représenté y disparaisse d'une manière absolue. Toute plante chez qui ne se montre à aucun degré appréciable le mélange de deux formes alliées, est censée pure de toute hybridité. » Que cette opinion soit exacte ou non, c'est ce que je n'examine pas pour le moment ; ce que je tiens à établir, c'est qu'il peut arriver que, par l'action d'un pollen étranger sur un ovaire et sur les ovules qu'il contient, il naisse des plantes chez lesquelles les traits du père sont totalement ef- facés, autant du moins qu'on en peut juger par le témoignage des sens, ( ioo4 ) bien que toutes les autres circonstances se réunissent pour mettre hors de contestation l'influence de ce pollen. J'en ai eu la preuve darts un fait que j'ai observé pendant les années 1 854 et. 1 855, et sur l'authenticité du- quel je ne puis conserver aucun doute ; il m'a été fourni par les Datura stramonium et ceratocaula fécondés l'un par l'autre. » Avant d'aller plus loin, je dois dire que ces deux espèces sont, de tout le genre, celles qui s'éloignent le plus par le faciès, et que ce n'est pas tout à fait sans raison que plusieurs botanistes les ont séparées générique- ment. Sans parler des différences notables qu'elles présentent dans leurs fleurs et leurs fruits, il suffit, pour faire sentir combien elles ont peu d'af- finité l'une avec l'autre, de rappeler que, chez le D. ceratocaula, dont les fleurs sont axillaires, la tige est toujours simple, débile et souvent couchée sur le sol, tandis que chez le D. stramonium elle est robuste, verticale et divisée, ainsi que ses ramifications, en dichotomies successives, dont l'angle est invariablement occupé par une fleur. Ces grandes dissemblances pouvaient induire à penser qu'il n'y avait aucune possibilité de croiser l'une de ces espèces par l'autre; l'observation que je vais citer établira nettement le contraire. » Pour donner plus de certitude à mes essais d'hybridation, j'ai presque toujours eu soin de castrer et de laisser sans fécondation un certain nombre de fleurs des plantes sur lesquelles j'opérais; c'étaient autant de témoins auxquels je rapportais les phénomènes consécutifs de l'expérience. Lorsque j'entrepris le croisement des diverses espèces de Datura entre elles, je fis les contre-épreuves suivantes : » i°. Sur divers pieds de D. ceratocaula, sept fleurs furent castrées le 25 août 1 854, dans le bouton près de s'ouvrir, et laissées sans féconda- tion ; il n'y eut chez aucune le moindre accroissement de l'ovaire. » Huit autres fleurs, soumises à la même opération les 4 et 5 septembre, reçurent en abondance du pollen de D. stramonium; un seul ovaire grossit quelque peu, puis s'arrêta, peut-être parce que la saison était déjà trop avancée ; les sept autres demeurèrent dans l'état où ils étaient au moment de l'ablation des étamines. >■> Enfin, six nouvelles fleurs, castrées le 7 septembre, reçurent, lors- qu'elles furent complètement épanouies, du pollen de D. Jastuosa; le ré- sultat fut nul, comme dans le premier cas. » i°. Sur le D. stramonium, du ao août au 1 4 septembre, douze fleurs furent castrées un peu avant leur épanouissement et laissées sans fécon- dation; elles tombèrent toutes, dans les cinq à six jours qui suivirent, par ( ioo5 ) désarticulation de leur pédoncule. Beaucoup d'autres fleurs intactes et ri- ches en pollen, qui s'ouvraient autour d'elles, ne modifièrent en rien les suites de l'opération. » Le 25 août, trois fleurs de la même plante reçurent, après castration, du pollen de Nicandra phjsalodes ; elles tombèrent comme les précédentes. Il en fut de même de quatre autres fleurs également castrées, sur le stig- mate desquelles fut déposé du pollen de D. jastuosa, et d'une cinquième qui reçut du pollen à' Hyoscyamus niger. » 3°. Sur le Datura tatula, onze fleurs castrées le 20 août et laissées sans fécondation, se détachèrent dans les cinq ou six jours qui suivirent. Trois autres fleurs, également castrées et couvertes par le pollen du D. Jas- tuosa, périrent de même, ainsi que deux fleurs qui reçurent du pollen de Nicotianatabacum, et une autre qui en reçut du Nicotiana noctiflora. » Au total, cinquante-huit fleurs prises sur les trois espèces que je viens de citer, les unes laissées sans fécondation, les autres couvertes de pollens étrangers, mais toutes dépourvues d'abri contre l'action du vent et des insectes, restèrent stériles, sauf une seule chez qui se manifesta un commen- cement de grossification. Ce nombre me paraît suffisant pour attester le succès de l'expérience suivante, et légitimer les conclusions que j'en tire. » Du 2 au 8 septembre de la même année (i854), dix fleurs de D. stra- motiium, prises sur deux pieds différents, furent castrées dans le bouton avant toute déhiscence des anthères. Lorsqu'elles furent épanouies, leurs stigmates parfaitement vierges, comme il était facile de s'en assurer à l'aide d'une forte loupe, reçurent une grande quantité de pollen de D. ce- ratocaula. Tous les ovaires nouèrent et s'accrurent, mais beaucoup plus lentement que ceux qui avaient été fécondés par le pollen de l'espèce. Les dix capsules furent récoltées mûres du 3o octobre au 10 du mois suivant. » Aucun de ces fruits n'avait atteint le volume normal; leur grosseur variait de celle d'une noisette à celle d'une noix. A en juger à la simple vue, les plus développés atteignaient à peine à la moitié du volume des fruits normalement fécondés. Contrairement à ce qui se passe chez ces derniers, leurs pédoncules avaient jauni, et leurs valves s'entre-bâillèrent à peine ; toutefois, les graines avaient pris la teinte brune qui annonce la maturité. » Dans ces dix capsules, le développement des graines avait été très-inégal. Une bonne moitié au moins des ovules n'avait pas pris" d'accroissement et se réduisait à des vésicules aplaties et ridées; les autres, en nombre variable suivant que les fruits étaient plus ou moins gros, étaient arrivés à l'état de graines, bien conformées extérieurement, mais de moitié plus petites que C. R , i856, i"'Semestre. (T. XLIl, N° 81.) I 32 ( ioo6 ) les graines normales et ne contenant aucun embryon dans le tissu cellulaire périspermique qui les remplissait. Çà et là pourtant, sur des boursouflures du placenta, s'en montraient quelques-unes, de deux à dix environ par cap- sule, qui paraissaient être arrivées à leur complet développement. L'analyse de deux ou trois de ces graines me fit reconnaître qu'effectivement elles étaient embryonnées. Les dix capsules m'en donnèrent une soixantaine que je recueillis et qui furent semées le 16 avril i855. » De toutes ces graines, il n'y en eut que trois qui germèrent. Une des jeunes plantes fut oubliée dans un pot trop étroit où elle resta toujours ché- tive et ne put pas arriver à fleurir. Les deux autres furent mises en pleine terre, à côté de plusieurs pieds de D. stramonium de race pure, qui devaient servir de termes de comparaison. Les conditions de la culture ont été abso- lument les mêmes pour toutes ces plantes. » Les deux individus hybrides que, d'après les règles convenues de la nomenclature, je désignerai par le nom de D. ceratocaulo-stramoniwn, se développèrent avec vigueur. Par leur tige robuste, dressée et divisée dicho- tomiquement, par leurs feuillage et plus tard par leurs fleurs et leurs fruits, ils ne différèrent en rien des D. stramonium proprement dits, qui étaient à côté d'eux. Aucun caractère appréciable n'y rappelait les formes du D. cerato- caula. On aurait donc pu croire, au premier abord, que ce dernier n'était pour rien dans leur production et que les deux plantes étaient issues d'une fécondation opérée par le pollen de l'espèce qu'elles représentaient ; mais outre les circonstances déjà concluantes que j'ai rapportées, elles manifes- taient des caractères d'un autre genre qui mettaient hors de toute contesta- tion l'illégitimité de leur naissance. » C'est qu'effectivement les caractères par lesquels se révèle l'hybridité sont de deux sortes. Les uns, que j'appellerai essentiels, consistent dans le mélange des formes des deux parents, tous deux reconnaissables dans l'hy- bride; les autres que, malgré leur importance, nous pouvons qualifier à' ac- cessoires, parce qu'ils ne se présentent pas d'une manière constante et qu'ils sont étrangers aux types spécifiques producteurs de l'hybride, affectent la manière de végéter, le développement moindre ou plus grand de certains organes, la disposition à fleurir, le degré de perfection de l'appareil repro- ducteur, etc. Dans certains cas, les caractères essentiels seuls existent ; plus ordinairement, ils- s'accompagnent de quelques-uns des caractères acces- soires. Dans celui qui fait l'objet de cette Note, ces derniers seuls se sont montrés, mais avec une évidence telle, que tous les doutes doivent dispa- raître. ( ,007 ) » Chez les Datura hybrides, au moins chez ceux des D. stramonium et latula, les caractères accessoires consistent, d'abord dans une taille beau- coup plus élevée que celle des deux espèces types, ensuite dans l'avorte- ment constant des fleurs des premières dichotomies. J'en ai eu un remar- quable exemple dans une autre expérience qui se faisait simultanément et sur le même terrain. A côté des deux échantillons de D. ceratocaulo- stramonium, étaient cultivés 120 autres Datura hybrides; savoir 96 qui provenaient du D. tatula fécondé par le D. stramonium, et 24 qui étaient issus du D. stramonium fécondé par le D. tatula. Chez tous ces hybrides, d'ailleurs parfaitement semblables entre eux, se trouvaient réunis les caractères essentiels et les caractères accessoires que je viens de désigner. Par leurs fleurs, ils* étaient sensiblement intermédiaires entre les deux pa- rents, mais leur taille était double de celle de ces derniers, et leurs pre- mières fleurs, au lieu de paraître dans la première, ou tout au moins dans les secondes dichotomies, ne se sont généralement montrées que dans celles du 5e ou du 6e degré. Presque toutes ces plantes dépassèrent 2 mètres et ne fleurirent que tardivement et seulement à leurs sommités. » Ce double caractère se manifesta au plus haut point dans les deux échantillons de D. ceratocaulo-stramonium ; ils s'élevèrent à im,70 et ne commencèrent aussi à fleurir qu'à partir des dichotomies du 5e et du 6e de- gré. Beaucoup de fleurs d'ailleurs avortèrent encore dans celles des degrés supérieurs, mais celles qui s'épanouirent nouèrent leurs ovaires auxquels succédèrent des fruits de grandeur normale et remplis de graines bien con- formées, puisque celles que j'ai semées au mois d'avril dernier m'ont donné une quantité de jeunes plantes dont je me propose de suivre encore les développements cette année. » Voilà donc, à n'en pas douter, des plantes nées par voie d'hybridité, chez lesquelles disparaissent totalement, et dès la première génération, les les traits du type paternel. Ce fait me paraît soulever une importante ques- tion de physiologie : on peut se demander, en effet, quel est le rôle de la fovilla dans l'acte de la génération : se borne-t-elle à accroître la vitalité de l'ovaire et de l'ovule , ou entre-t-elle directement dans la composition de l'embryon? Cette dernière hypothèse semble la plus admissible, surtout lorsqu'on se rappelle que certains hybrides se rapprochent notablement plus du père que de la mère ; mais ne se peut-il pas aussi que, dans certaines cir- constances, et, par exemple, dans le cas que je viens de signaler, son action soit presque toute dynamique et comme une simple extension de l'éner- gie vitale imprimée à l'ovule et à l'ovaire lui-même. Ce qui m'amène à faire l32.. ( ioo8 ) cette supposition, c'est que, plusieurs fois déjà, j'ai observé la grossification d'ovaires stimulés par l'application d'un pollen étranger, sans qu'il en ré- sultât la formation de graines embryonnées. Ce fait a été particulièrement remarquable sur X Ecbalium fécondé par le pollen du Brjonia alba. Sous l'influence de ce pollen, les ovaires de Y Ecbalium grossirent presque à l'égal de ceux qui avaient été légitimement fécondés, et plusieurs d'entre eux donnèrent un petit nombre de graines de la plus belle apparence extérieurement, mais complètement vides. C'est exactement ce qui s'est passé dans les ovaires du Datura stramonium fécondés par le pollen du D. ce- ratocaula, à l'exception qu'ici, au milieu d'un nombre ;mmense de graines vides ou restées à l'état d'ovules desséchés, il s'en est trouvé quel- unes qui étaient véritablement embryonnées. » physiologie. — Nouvelles recherches sur la question glycogénique ; par M. Chapveau. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un très-bref exposé des faits mis en lumière par les expériences récentes auxquelles je me suis livré en vue d'éclaircir cette question, expériences qui ont été faites, parallèlement pour ainsi dire, sur des herbivores (ânes ou chevaux) soumis à leur régime habituel, et sur des chiens nourris exclusivement à la viande. » Premier fait : Pendant l'abstinence, même très-prolongée, le sucre ne disparaît point dans le sang des vaisseaux de la grande circulation. » Sur quatre chevaux et quatre chiens privés d'aliments depuis une épo- que plus ou moins reculée, je retire du sang à la veine jugulaire et à l'ar- tère carotide ; l'analyse, faite par M. le Dr Delore pour les deux premiers chevaux, et par moi pour les autres animaux, donne les résultats indiqués dans le tableau suivant : Ier cheval ( ioo8r de sérum du sang artériel contiennent. . . osr,o8o de glycose. (i2h de diète). \ Id veineux oer,o66 2e cheval j ld artériel o8r,c>73 (48h de diète). | Id veineux o8r,o68 3" cheval j Id artériel o8r,og3 (3J de diète). | Id veineux o8r,obo 4e cheval | ld... . artériel o'^ogo (6> de diète). | Id veineux ofr,o69 ( i°°9 ) iw chien ( ioogr de sang artériel contiennent oBr,o53 de glycose. (24h de diète ). \ Id veîneux ogr,o33 2e chien j Id artériel o«r,o35 (48h de diète). ( Id veineux o*r,029 3e chien j Id artériel o*r,o5 1 (3J de diète). | Id veineux. ogr,o34 4° chien 1 Id artériel ) du glycose en quantité (6J de diète). | ld veineux j non dosée. » Deuxième fait : Le sucre est toujours plus abondant dans les artères que dans leurs veines collatérales. C'est ce que prouve la comparaison des quantités signalées dans le tableau précédent. » Troisième fait : Le sang artériel, quel que soit le point de l'appareil circulatoire où on le prend, renferme toujours, chez le même animal, la même proportion de glycose. » Je me suis convaincu de ce fait en examinant comparativement, sur plu- sieurs animaux des espèces chevaline et canine, à jeun ou en pleine digestion, le sang des artères coccygiennes, fémorale, carotide et celui du ventricule gauche. La nécessité d'abréger cette Note me force à supprimer le détail de ces analyses. » Quatrième fait : Le sang des veines, moins celui de la veine porte pendant la digestion des matières sucrées et amylacées, moins encore celui des vaisseaux sus-hépatiques et de la portion sus-diaphraginatique de la veine cave inférieure, à toutes les périodes, ne présente point non plus de diffé- rences appréciables sous le rapport de la quantité de glycose qu'il renferme. » Parmi beaucoup d'autres preuves, je citerai les deux analyses suivantes : i° Un cheval est mis à la diète pendant quarante-huit heures; je retire du sang à la jugulaire, à la saphène interne, à une veine de l'intestin grêle : le sang du premier vaisseau donne, pour i oo grammes de sérum, ogr,o6o, de sucre, celui du second 0^,067, et celui du troisième ogr,073 ; 20 sur un chien en pleine digestion, je prends du sang de la jugulaire, de la saphène externe, de la céphalique et de la veine porte : le premier fournit, pour 100 grammes, osr,o65 de glycose, le second osr,o5o,, le troisième osl\o6'j, le quatrième ogr,64. » Cinquième fait : Chez les animaux à jeun ou nourris exclusivement à la viande, le sang des veines sus-hépatiques est toujours plus sucré que ( IOIO ) celui des autres vaisseaux, y compris la veine porte. Ce fait a été si bien prouvé par les expériences de M. Bernard, que je crois pouvoir me dis- penser de citer celles de mes analyses qui concourent à l'établir. Je ferai seulement remarquer que les conditions dans lesquelles je me place pour recueillir le sang qui sort du foie sont tout à fait physiologiques, et ne don- nent prise à aucune objection, puisque j'extrais ce fluide, chez les soli- pèdes, en pratiquant sur l'animal debout le cathétérisme des vaisseaux sus- hépatiques par la jugulaire et les veines caves. » Sixième jait : La quantité de sucre contenue dans le sang des deux cœurs paraît exactement la même. » Sur un cheval en pleine digestion, je vais chercher du sang dans le cœur gauche, en introduisant une sonde par la carotide, et dans l'artère pulmonaire, en ponctionnant ce vaisseau au moyen d'un trocart, à tra- vers le quatrième espace intercostal; il y a, dans ioo grammes de sang rouge, o8r,o75 de glycose, et ogr,07î dans une quantité équivalente de sang noir. Sur un chien à jeun depuis vingt-quatre heures, je pratique la même opération : je trouve dans le sang rouge o6r,73 de sucre, et 0^,072 dans le sang noir. L'analyse ne donne plus ces résultats quand on puise le sang du ventricule droit directement dans cette cavité, au moyen d'une sonde poussée par la jugulaire et la veine cave antérieure, après ligature préalable du premier vaisseau; on empêche ou l'on gêne ainsi l'afflux dans le cœur droit du sang peu sucré charrié par ces veines, tandis que le sang très-sucré de la veine cave postérieure y arrive libre- ment; et le fluide recueilli de cette manière donne nécessairement plus de sucre que le sang puisé dans l'artère pulmonaire. » Septième fait : La lymphe pure est toujours sucrée, même après une très- longue abstinence. » La lymphe d'un cheval recueillie douze heures après le repas, sur un vaisseau du cou, contenait 0,102 de glycose pour 100. Celle du cheval déjà cité, soumis à une abstinence de six jours, en renfermait 0,186 pour 100. M. Delore en a trouvé 0,093 pour 100 dans la lymphe du cheval n° 2 de la première série de mes expériences. J'en ai découvert éga- lement dans la lymphe des chiens de la même catégorie. « Huitième Jait : Le sucre de la lymphe n'est pas absorbé au sein des tissus solides par les radicules des vaisseaux blancs, car on ne trouve jamais de glycose dans ces tissus, en exceptant toutefois celui du foie. » De tout ce qui vient d'être exposé, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : ( ion ) » i°. Les herbivores et les carnivores se trouvent, sous le rapport du sucre de leurs humeurs nutritives, dans le même état statique. Le glycose est cependant plus abondant chez les premiers. » a0. Le sucre que renferme le sang du cœur droit n'est jamais détruit ►par le poumon, du moins d'une manière appréciable, et passe intégralement dans le cœur gauche, puis dans les artères du système aor tique. » 3°. Une certaine quantité de glycose du sang artériel disparaît pendant le passage de ce fluide dans les capillaires de la circulation générale. Le sang qui est ramené des organes au cœur droit par les veines de cette même circulation générale, est donc moins sucré que le sang du cœur gauche. » 4°- Le sucre dont le sang s'est dépouillé en passant par les capillaires ne sort point de ces vaisseaux pour se fixer sur les solides de l'économie. Une partie de ce sucre filtre dans les lymphatiques, incontestablement transvasée, par endosmose, du réseau capillaire sanguin dans le réseau radiculaire des vaisseaux blancs, avec les autres éléments du plasma du sang. La grande proportion relative de ce glycose lymphatique s'explique par l'énergie du pouvoir endosmotique de cette substance. Sa quantité ab- solue paraît, du reste, fort restreinte, si l'on considère la lenteur avec la- quelle se meut le sang blanc, et qu'on la compare à la rapidité de la circu- lation sanguine ; le calcul enseigne, en effet, même en partant des données les plus exagérées sur l'activité de la circulation lymphatique, que cette circulation ne verse, dans un temps déterminé, à l'intérieur du cœur droit qu'une quantité de sang blanc équivalente au plus à la centième partie du sang noir ramené par les veines à .ce même cœur. Le calcul en- seigne également que le sucre de la lymphe ne représente qu'une partie du glycose disparu dans les capillaires de la grande circulation. Quant à l'autre partie, elle subit une métamorphose dont la nature reste à prouver. » 5°. Versé dans le cœur droit, le sucre lymphatique concourt à augmen- ter la proportion de glycose contenu dans le sang peu sucré qui afflue de toutes les parties du corps vers cette cavité. » 6°. Ce même sang de la circulation générale achève de reprendre la quantité de sucre qu'il a perdue au sein du réseau capillaire, en se mêlant, dans la veine cave postérieure et le cœur droit, avec le sang très-sucré des veines sus-hépatiques. » 70. L'excédant de sucre de ces derniers vaisseaux n'existant pas dans le sang de la veine porte chez les animaux à jeun ou nourris exclusive- ment à la viande, il faut conclure que ce fluide s'est chargé de matière gly- ( 1012 ) cosique pendant son passage à travers le foie; cette glande se trouve donc être véritablement un organe producteur du sucre, et le seul organe de cette nature qui existe dans l'économie. » • médecine. — De l'efficacité du brome dans le traitement des affections pseudo-membraneuses; par M. Ozanam. « Le croup et les angines pseudo-membraneuses, ordinairement assez rares à Paris, ont pris en 1 855 un développement subit, et presque les ca- ractères d'une épidémie. Leur gravité a presque toujours été fort grande, et la terminaison souvent mortelle. Des familles entières ont été successivement atteintes, et plusieurs médecins sont morts en soignant leurs malades. Parmi eux, nous devons citer l'honorable M. Valleix, et, quelque temps avant, le fils de M. Blàche. Il importait donc de chercher et de formuler un traitement efficace contre une maladie si grave. Cette difficulté, je crois l'avoir résolue; je viens proposer aujourd'hui un remède important, qui répond à la plupart des indications, et qui, pendant cette période épidé- mique, m'a rendu d'éminents services : je veux parler du brome. » Le brome est le remède spécifique des affections diphtéritiques; an- gines pseudo-membraneuses, croup, muguet. Les bromures alcalins, et notamment le bromure de potassium, possèdent également cette propriété. » Telles sont les propositions que je viens établir : la théorie des affec- tions diphtéritiques et la recherche des dissolvants m'ont conduit à ce ré- sultat. En effet, les dissolvants des fausses membranes peuvent, d'après mes expériences, se diviser en deux classes : i° les corps fluidifiants, 20 les corps désagrégeants. » Les corps fluidifiants déterminent le ramollissement plus ou moins com- plet de la fausse membrane; les alcalins ont été décrits comme tels et ils le sont, mais plusieurs acides le sont, même à un degré supérieur, comme l'expérience l'indique pour l'acide clflorhydrique. » Les corps désagrégeants durcissent d'abord la fausse membrane, puis la rendent friable au point qu'elle se réduit en poussière sous l'influence du moindre contact. » J'ai donné à ce phénomène, inconnu jusqu'ici , le nom de désagréga- tion moléculaire. Le brome seul peut le produire. Le bichromate de potasse, il est vrai, durcit légèrement la pseudo-membrane, mais sans la rendre ( ior3 ) friable. L'iode la durcit et la brunit au point de la faire ressembler à un morceau de cuir tanné, mais elle n'en est que plus ferme. Le brome seul détruit le force coercitive, sépare les éléments; son action se montre même sur les pseudo-membranes d'abord traitées par l'iode, qui perdent alors leur couleur brune et leur ténacité pour redevenir friables. » Ne pouvant rapporter ici la série complète de mes expériences, je donne seulement les deux suivantes, l'une sur le brome, l'autre sur le bromure de potassium. » action du brome sur les fausses membranes. — Une fausse membrane de i centimètre de long sur \ de large, ferme, élastique, fut plongée dans un verre rempli d'eau bromurée; elle y resta douze heures. Au bout de ce temps, elle n'avait point perdu sa couleur nacrée, et tranchait sur la teinte brune du liquide, elle paraissait même plus dure; mais lorsque je la touchai avec un bâton de verre, pour l'attirer à moi, elle tomba tout à coup en poussière extrêmement fine, qui s'écrasait de plus en plus, en sorte que je ne pus en retirer qu'une très-petite quantité. J'examinai ces débris au microscope, au grossissement de 5oo diamètres, et je trouvai lés éléments de la fausse membrane; mais la force coercitive qui organisait ces éléments avait été détruite, en sorte qu'ils étaient complètement dis- sociés et réduits en un amas de granulations amorphes. Ce phénomène se reproduisit à chaque expérience nouvelle : c'est ce que j'ai désigné sous le nom de désagrégation moléculaire. » Corollaire. — Le brome en solution dans l'eau ne rend point la fausse membrane transparente, il n'agit point comme Jluidi/ïant, mais il modifie la force vitale dans son acte organisateur pathogénique, et détermine la désagrégation de la fausse membrane. Le brome doit donc arrêter et guérir les affections pseudo-membraneuses. » action du bromure de potassium. — Trois plaques diphtéritiques blan- ches, fermes, nacrées, recueillies sur les amygdales, sont plongées dans une solution concentrée de bromure de potassium. Au bout de douze heures elles sont complètement transparentes, molles et déjà diffluentes, laissant quand on les soulève de longs tractus opalins, évidemment formés par les éléments fluidifiés de la fausse membrane. Au bout de trois jours on n'a- perçoit plus aucun vestige de la fausse membrane, mais un dépôt blan- châtre, granuleux, qui pendant le repos gagne le fond du vase, et qui est formé par quelques granulations amorphes encore existantes, par des cris- taux de bromure de potassium et par les filaments nombreux de YOidium albicans , Mucédinée parasite décrite par Ch. Robin dans le muguet, C. R., i856, i« Semestre. (T. X.LH, N» 21.) , I 33 ( K"4 ) retrouvée constamment par moi, dans les fausses membranes de l'angine et du croup, et dont les innombrables sporules disséminées dans l'atmosphère à chaque expiration expliquent le contage des affections diphtéritiques. » Corollaire. — Le bromure de potassium possédant le pouvoir fluidi- fiant de la potasse, et la faculté de désagrégation particulière au brome, doit arrêter et guérir les affections diphtéritiques. » Encouragé par ces résultats, j'essayai le brome au lit du malade, en commençant par les cas où tout autre remède avait échoué. » L'eau bromurée récemment préparée à la dose de 5 à 5o centigrammes par jour, dans une potion de 1 5o grammes, est la préparation la plus facile à administrer; elle doit être conservée à l'obscurité, pour éviter la forma- tion de l'acide bromhydrique. » Le bromure de potassium agit très-bien aux mêmes doses. » J'ai recueilli- depuis six ans i4 observations, toutes couronnées de succès, savoir : Angines pseudo-membraneuses 1 1 dont deux compliquées de scarlatine grave et de gangrène des amygdales. Group 2- Muguet confluent i « Observation I. — Enfant de cinq ans, angine très-grave, pouls à 140; •cautérisations insuffisantes avec le nitrate d'argent etYacide chiot hydrique; le seizième jour, symptômes de croup ; emploi du brome, guérison le vingt et unième jour. » IL — Jeune homme de vingt-huit ans, angine maligne, pouls à 120; insuffisance des cautérisations avec le nitrate d'argent, suffocations et défail- lances continuelles; emploi du brome le cinquième jour, amélioration le sixième jour, convalescence le quatorzième jour; plus tard, signes de para- lysie générale, guérison. » III. — Fille de neuf ans, angine aigùe, pouls à iao; emploi du brome le deuxième jour, convalescence le cinquième jour. » IV. — Demoiselle de quatorze ans, angine grave, délire, pouls à i3o; emploi du brome le cinquième jour, amélioration le sixième, guérison le neuvième. » V. — Femme de trente ans, angine légère prise par contage de la précé- dente; emploi du brome le deuxième jour, guérison le cinquième jour. » VI. — Femme de trente ans, accouchement, manie puerpérale, angine couenneuse ; emploi du brome le troisième jour, amélioration au bout de ( ïoi5 ) vingt-quatre heures, guérison le dixième jour. (Communiquée par le Dr Jousset. ) » VII. — Homme de trente-deux ans, angine couenneuse grave, défail- lances et syncopes, gangrène partielle de la muqueuse buccale, pouls lent à 5o; emploi du brome le troisième jour, guérison le neuvième. » VIII. — Homme de trente-huit ans, angine couenneuse légère; emploi du bromure de potassium le deuxième jour, guérison le cinquième. » IX. — Enfant de cinq ans, angine couenneuse légère; emploi du bromure de potassium le deuxième jour, guérison le cinquième. » X. — Jeune fille de vingt et un ans, scarlatine maligne, pouls à i3o; gangrène des amygdales, angine couenneuse; emploi du brome le cinquième jour, guérison de l'angine le dix-huitième jour; endocardite, albuminurie, guérison. » XI. — Enfant de cinq ans, scarlatine grave, gangrène d'une amygdale, abcès énorme sous-maxillaire, angine couenneuse; emploi du brome le quatrième jour, disparition des fausses membranes le seizième jour, conva- lescence, guérison. » XII. — Enfant de trois ans, croup, pouls à ii5; insuffisance des cau- térisations avec le nitrate d'argent au | ; emploi du brome le quatrième jour, amélioration le cinquième, convalescence le neuvième. » XIII. — Enfant de sept ans, croup, pouls à i3o; emploi immédiat du brome, guérison le troisième jour ; l'enrouement persiste jusqu'au neuvième. » XIV. — Femme de soixante ans, très-débile, pneumonie grave, mu- guet confluent; emploi du brome le quatorzième jour, guérison le dix- huitième. » En résumé, le brome et le bromure de potassium paraissent agir comme spécifiques dans les affections pseudo-membraneuses. Le brome agit comme désagrégeant, la potasse comme fluidifiant, mais dans tous les cas l'action curative paraît appartenir plus particulièrement au brome, qui, donné seul, s'est montré parfaitement efficace. » physique appliquée. — Explosion foudre ayante à Gand, le 17 mai i856; par M. Jobard. (Extrait.) « La consternation règne à Gand, ce Manchester de la Belgique, tout rempli de machines à vapeur et d'innombrables ouvriers qui vivent et tra- vaillent côte à côte avec ces puissants appareils, ordinairement si dociles, mais si terribles quand ils sont négligés. i33.. ( 1016 ) » Les dégâts occasionnés par l'explosion foudroyante de la petite ma- chine de MM. Van Heke et Cie sont terribles. On ne sait pas encore le nombre des rattacheurs ensevelis sons les décombres ou lancés dans le canal ; on compte déjà neuf ou dix morts et un plus grand nombre de blessés. Ces informes débris de métiers, de tuyaux et d'arbres de couche rompus et pendants à travers les solives et les débris de planches, témoignent d'une force de destruction que la poudre même ne saurait égaler. » Le cylindre reste seul debout avec son balancier cassé en deux, près d'une cheminée carrée qui a reçu une telle secousse à sa base, que plusieurs mètres du sommet ont été déplacés par le choc et mis hors d'aplomb, tandis que le reste de la cheminée pyramidale est rentré sur son assiette ordinaire. La chaudière, de im,ao de diamètre, à calottes sphériques, s'est coupée en trois parties à peu près d'égale longueur ; les deux extrémités ont été lancées à la même distance, en avant et en arrière, à une centaine de mètres ; l'une a franchi le canal, l'autre a passé par-dessus plusieurs clôtures, pour aller s'abattre sur un arbre de moyenne grosseur qu'elle a coupé en deux, déra- ciné et renversé. La portion du milieu est restée sur place irrégulièrement déchirée. La chaudière s'est évidemment soulevée en s' arrachant de ses deux bouilleurs qui gisent encore sous les décombres, dans des positions autres que celles qu'ils occupaient; ils doivent avoir été enlevés à une certaine hauteur avant de retomber. » Cette chaudière était vieille ; certaines parties n'ont plus que 5 milli- mètres d'épaisseur. A l'endroit où se réunissaient les flammes des deux car- neaux pour entrer dans la cheminée, ilyades traces de brûlures évidentes, qui prouvent que la chaudière manquait d'eau. On suppose que le chauffeur n'avait pas abaissé son registre, de sorte que le feu aura continué pendant la nuit, et que c'est seulement le matin, après l'allumage, au moment où s'apercevant du manque d'eau, il mettait la pompe alimentaire enjeu, que se sera produite l'explosion. Ce ne sont là que des conjectures; mais ce qu'il y a de positif, c'est que le sifflet d'alarme ne s'est fait entendre ni la nuit, ni le matin, et l'on m'a dit à ce propos que certains fabricants font quelque- fois condamner le sifflet pour ne pas jeter la terreur parmi les ouvriers qui se croient en danger dès que le sifflet joue. Le chauffeur lui-même, craignant d'avertir les patrons de sa négligence, se charge souvent de le rendre muet, ce qu'on devrait chercher à empêcher en le rendant inaccessible, comme la soupape légale. » Cette machine, de dix à quinze chevaux, était faible par rapport au nombre de métiers qu'elle avait à conduire, et on devait, dit-on, souvent ( »oi7 ) forcer de vapeur. On prétend qu'elle était munie des appareils de sûreté prescrits; mais cela ne sert à rien quand on peut les paralyser. Les explo- sions foudroyantes sont assez fréquentes en Belgique et très-rares en Prusse. Nous dirons à quoi cela tient. Quand le suçoir de la pompe alimentaire cesse d'amener de l'eau par un accident quelconque, elle donne de l'air; l'eau baisse, les flancs de la chaudière rougissent, et sur ces flancs vient se coller, comme un emplâtre, l'espèce de crème formée des détritus végétaux et animaux qui surnagent toujours l'eau des chaudières- après un certain temps de service. On comprend que ces substances huileuses, en contact avec les surfaces brûlantes de la chaudière, se décomposent comme du charbon dans une cornue et produisent du gaz hydrogène, tandis que la pompe injecte de l'oxygène et prépare le mélange détonant connu sous le nom de grisou. La décomposition achevée, le charbon qu'elles laissent de- vient incandescent, pyrophorique et scintillant; ce qui suffit pour enflam- mer ce grisou comprimé et chauffé qui constitue certainement le plus vio- lent des pyroxyles détonants. Ses effets doivent être bien supérieurs à ceux que produit l'explosion déjà si terrible du grisou à l'air libre. » Les fabricants qui se plaignaient des nombreuses précautions et de la quantité de moyens préventifs qu'on leur imposait, sont unanimes en ce moment pour en réclamer d'autres, et certes nous n'en manquons pas; le Bulletin de la Société d'Encouragement est rempli de propositions qui n'ont trait qu'à la marche normale de la vaporisation ; mais on n'y trouve rien contre les causes exceptionnelles, imprévues et encore peu connues, telles que l'état sphéroïdal, le grisou et l'électricité. Tout le mal vient, en somme, de l'abaissement du niveau d'eau dans la chaudière. Il est urgent que l'Ad- ministration tourne ses vues de ce côté, en exigeant des réservoirs alimen- taires supérieurs self acting, et le placement de la pompe d'alimentation dans une bâche remplie d'eau sous les yeux du chauffeur. Il faut interdire de puiser l'eau au fond d'un puits ou d'un réservoir inférieur, pour la re- fouler directement dans la chaudière; il faut donc exiger deux pompes au lieu d'une. » Dans la plupart des accidents graves, nous avons constaté l'absence de cette station intermédiaire que les règlements prussiens imposent, ce qui les a jusqu'ici préservés des explosions foudroyantes. On ne doit également pas permettre de placer des ouvriers directement au-dessus des bouilleurs, comme cela existait ici et existe encore dans beaucoup de petites usines. Les fourneaux et les chaudières devraient toujours être isolés des bâtiments de travail et établis dans des fosses en contre-bas du niveau du sol. Le chauffeur ( ioi8 ) serait alors l'unique victime, et il serait la victime de son imprudence, en* touré, comme il le serait, de tous les instruments de sûreté qui se contrô- lent les uns par les autres. Les accidents, on doit l'espérer, deviendraient de plus en plus rares, si surtout un essayeur ambulant parcourait les usines et essayait sur place chaque chaudière au moins deux fois par an, par le sim- ple procédé de la dilatation de l'eau chauffée au-dessous de 100 degrés. Il n'aurait besoin que d'un petit manomètre de poche de Desbordes, pour ac- complir sa mission, sans causer aucun dérangement dans les usines; il suf- firait de faire remplir la chaudière d'eau froide après le travail, de condam- ner les soupapes, de visser le manomètre sur la tubulure d'attente, et de chauffer légèrement , jusqu'à ce que la dilatation du volume d'eau ait mar- qué le nombre d'atmosphères voulu. Gela se ferait la nuit ou le matin, sans aucun embarras ni danger. Plusieurs essais faits par un conducteur des mi- nes de France ont parfaitement réussi; à 60 degrés, le manomètre mar- quait douze atmosphères et demie. » M. Pinart annonce être parvenu à obtenir de l'antimoine plusieurs nuances de jaune de Naples, que leur pureté et leur solidité rendent pré- cieuses pour la peinture à l'huile ; il demande quelles sont les formes à suivre pour obtenir de l'Académie un jugement sur ces produits. Si l'auteur veut envoyer une description suffisamment détaillée de ses procédés de préparation, sa Note sera renvoyée à l'examen d'une Com- mission. M. Gianotti adresse de Casale (Piémont) de nouvelles feuilles imprimées faisant suite à celles que l'Académie avait reçues dans la séance du 5 mai dernier, et qui se rapportent également à la résolution numérique de divers problèmes de géométrie. (Renvoi à l'examen de M. Chasles, déjà chargé de prendre connaissance des premières parties de ce travail.) M. Buzairies adresse un opuscule qu'il vient de publier sur l'Apiculture, et prie l'Académie de vouloir bien le soumettre à l'examen d'une Commis- sion. On fera savoir à l'auteur qu'une décision déjà ancienne de l'Académie ne permet pas de renvoyer à l'examen d'une Commission lesouvrages écrits en français et publiés en France. Une semblable réponse sera faite à M. Allemand Lenovy qui a adressé ( '»i9 ) de Salon (Bouches-du-Rhône), un opuscule imprimé, sur lequel il avait espéré obtenir un Rapport. Cet opuscule est intitulé : « Recherches sur » l'origine des températures pour servir à la construction d'une échelle » thermométrique complète. » M. Passot prie l'Académie de vouloir bien compléter la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son dernier Mémoire, en nommant un nouveau membre en place de M. Binet récemment décédé. (Renvoi à M. Liouville qui demandera, s'il le juge nécessaire, l'adjonction d'un deuxième Commissaire.) M. Watson adresse une Lettre écrite en anglais sur les étoiles doubles et leur déplacement relatif qui, suivant lui, ne serait qu'apparent. Cette communication n'a pas paru de nature à être renvoyée à l'examen d'une Commission. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 26 mai 1 856, les ouvrages dont voici les titres : Commercium Epistolicum J. Collins et aliorum, de analysi promota, etc., ou Correspondance de J. Collins et d'autres savants célèbres du 1 7e siècle, relative à l'analyse supérieure, réimprimée sur l'édition originale de 17 12 avec l'indication des variantes de l'édition de 1 722 , complétée par une collection de pièces justifi- catives et de documents, et publiée par M. J.-B. BlOT, membre de l'Institut, et M. F. Lefort, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Paris, i856; in-4°. Administration générale de l'assistance publique à Paris. Rapport sur le traite- ment des maladies cancéreuses, par la méthode ditjy Landolfi, à l'hospice de la Salpêtrière, 1 855. Paris, 1 856 ; in-4°. (Offert par M. Moissenet, rapporteur de la Commission.) Brjohgia europœa, seu gênera Muscorum europœorum monographia illustrata, auctoribusBnvcn,W.-P. Schimper et Th. Gumbel. Fasciculus LXV ; in-4°. ( ioao ) Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk [monts Ourals), gouver- nement de Perm; année 1 854; br. in-8°. Etudes sur l'Apiculture; par M. L.-A. Buzairies. Limoux, i856; broch. in-8°. De l'adhésion etde la spongiolie ; par M. Ch. Brame. Tours, 1 856; broch. in-8°. Lettres sur la rage humaine, par M. le Dr Bellenger. Bar-le-Duc, 1 852 ; br. in-8°. (Adressé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Quelques sujets de médecine et de chirurgie pratiques; par M. le Dr A. Liégard. Caen, 1 856 ; br. in-8°. (Adressé au même concours.) De la kératite et de sessuites; par M. le Dr B. Castorani. Paris, i856; br. in-8°. Société impériale et centrale d'Agriculture. Séance publique annuelle, tenue le dimanche ao avril ib56; présidence de M. Chevreul. Paris, i 856; broch. in-8°. Nuovo... Nouvelle méthode pour faciliter les calculs, à l'usage des comptables, administrateurs, commerçants, etc.; par M. F. Marchi. Lucques, i856; br. in-8°. GF imponderabili... Les impondérables, ou nouvel examen des mutations dynamiques de l'univers; par M. BONUCCI. Florence, i856; br. in-12. Materialen... Matériaux pour servir à la minéralogie de la Russie; pai M. N. de Kokscharow; IIe vol., livraisons 16 à 20. Saint-Pétersbourg, i856; texte in-8° et atlas in-4°- ■r»»o+ COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-RTLArRE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction puelique transmet une ampliation d'un décret impérial, en date du 26 mai dernier, qui confirme la nomination de M. C. Gaj à la place vacante dans la Section de Botanique, par suite du décès de M. de Mirbel. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. C. Gay prend place parmi ses confrères. mécanique. — Note sur le gyroscope de M. Foucault ; par M. J. Bertrand. « Beaucoup d'explications ont été données des belles expériences de M. Foucault sur le gyroscope ; en venant, après plusieurs géomètres habiles, entretenir l'Académie de cette importante question, je ne crois pas cepen- dant faire une chose inutile. Les travaux parvenus à ma connaissance sont purement analytiques, et, malgré le mérite très-grand de quelques-uns d'entre eux, et particulièrement des recherches présentées récemment par M. Bour, aucune des explications proposées ne paraît avoir ce caractère de simplicité qui permet de comprendre les détails de cette belle expérience, en suivant le jeu des forces qui agissent sur l'appareil. C. R., 1856, Ier Semestre. (T. XXII, N» 22.) l34 ( IO*2 ) » C'est dans les principes découverts par M. Poinsot qu'il faut chercher l'explication presque intuitive des phénomènes observés, et la Note que je vais lire n'est qu'un corollaire de l'admirable Mémoire composé il y a vingt ans par l'illustre géomètre. » Je dois déclarer, en outre, que les explications très-simples auxquelles je suis conduit, sont parfaitement d'accord avec les idées de M. Foucault, et qu'en les lui exposant, j'ai pu m'apercevoir que je ne lui apprenais rien d'essentiellement nouveau, si ce n'est peut-être les formules qui traduisaient sa pensée. » Le gyroscope est un instrument connu aujourd'hui de tous les savants. Je n'en donnerai pas la description. » Je suppose l'appareil disposé de telle sorte, que l'axe de rotation, qui est l'axe de symétrie du tore, soit assujetti à rester sur un plan P, fixe par rapport à la Terre. Soit o le centre de l'instrument, que nous supposerons fixe. Ne nous occupons que du mouvement du système autour de ce point, et réduisons, par conséquent, toutes les forces aux couples qu'elles pro- duisent. » Soient oA la position actuelle de l'axe de rotation dans le plan P et ol la parallèle à l'axe du monde menée par le point o. » Pour que l'axe o A reste en repos apparent sur le plan P, il faut qu'en réalité il tourne autour de o\ avec une vitesse égale à celle de la Terre, et décrive en vingt-quatre heures un cône de révolution. Soit, sur ce cône, oA' la position infiniment voisine deoA. Dans le premier instant, le gy- roscope tournant autour de oA, le couple qui l'anime a son axe dirigé suivant oA et égal au produit du moment d'inertie p., par la vitesse angu- laire w. Pour que cet axe, que nous représenterons par oG, devienne dans l'instant suivant oG' (dirigé suivant oA'), il faut que, pendant l'instant infiniment petit dt, le système ait été sollicité par un couple dont l'axe soit dirigé suivant GG', et dont l'intensité soit représentée par GG' dt ' Or, la seule action qui s'exerce directement sur l'instrument est la réaction du plan fixe P; cette réaction ne peut produire que des forces perpendi- culaires au plan P, et, par suite, un couple dont l'axe sera situé dans ce plan ; il faut donc que la droite GG' soit parallèle au plan P, et, pour cela, que ce plan soit tangent au cône, et, par suite, perpendiculaire au plan loA. Nous avons donc ce premier théorème : ( 1023 ) » L'axe du gyroscope étant assujetti à rester sur un plan P, il ne peut rester en équilibre que s'il coïncide avec la projection sur le plan de la parallèle à l'axe du monde. » Lorsque la coïncidence dont nous venons de parler n'a pas lieu à l'o- rigine, l'équilibre relatif est impossible, et l'instrument fait des oscillations dont nous devons calculer les lois. » Et d'abord remarquons que, quelle que soit la position initiale oA de l'axe, on peut appliquer à l'instrument le couple nécessaire pour maintenir l'axe en repos apparent sans changer la vitesse de rotation, pourvu que l'on applique le couple égal et contraire. Or ce couple, d'après la démons- tration du théorème précédent, a pour axe une perpendiculaire au plan IoAt et en nommant |x le moment d'inertie du gyroscope ; u la vitesse de rotation de la Terre; w4 la vitesse angulaire de l'instrument; le moment de ce couple est, comme on le voit immédiatement, p.(ù(,y, sinloA; et, puisque ce couple maintient l'axe du gyroscope en repos apparent, c'est le couple égal et contraire qui fait glisser l'instrument sur le limbe. » Ce couple est décomposable en deux autres, l'un dont l'axe est situé dans le plan du limbe et qui sera détruit, l'autre seul efficace, dont l'axe perpendiculaire au plan du limbe est représenté par JU.WU, sin!oAsin(P, IoA), (P, IoA) désignant l'angle dièdre formé parle plan P avec le plan IoA< Or, dans le trièdre formé par les droites oA, ol et par la projection oH de ol sur le plan P, on a sin IoA sin (P, IoA) = sinloH sin AoH; et comme l'angle IoH est constant, on voit que le couple accélérateur est proportionnel au sinus de l'écart entre la position actuelle de l'axe et sa position d'équilibre. De là résulte que la loi des oscillations est celle du pendule simple, et que leur durée est proportionnelle à la racine carrée du sinus de l'angle formé par l'axe du monde avec le plan P. » Telle est l'explication très-simple des phénomènes observés. Je dois i34.. ( >oa4 ) faire remarquer, toutefois, qu'après avoir trouvé l'expression du couple qui pousse l'instrument, il faut encore expliquer pourquoi la vitesse acquise tend à se conserver, car il n'y a pas là, comme dans le cas d'un point ma- tériel, inertie proprement dite. On sait, en effet, que l'axe oA étant animé d'un mouvement de translation sur le limbe, l'instrument ne tourne pas rigoureusement autour de oA, mais autour d'un axe faisant un petit angle avec oA et situé dans le plan mené par oA perpendiculairement au limbe. Cet axe de rotation n'étant pas un axe principal d'inertie, tend à se déplacer et à décrire un petit cône ; mais pour décrire ce cône, il lui faudrait péné- trer à travers le limbe, dont le plan résiste et produit un couple qui le relève et lui conserve purement et simplement sa vitesse tangente au plan P, et que vient accroître le couple accélérateur calculé plus haut. » J'ajouterai, enfin, que le petit angle formé par l'axe du gyroscope avec l'axe véritable de rotation ayant été négligé, les formules trouvées ne sont que très-approximatives, et c'est pour cela qu'elles ne coïncident pas avec les résultats rigoureux obtenus par la méthode très-savante, mais beaucoup plus difficile, de M. Bour. » • embryogénie comparée. — Note sur les développements primitifs. Formation de l'œuf. — Vésicule ovigène et germinative. Condition primordiale de la duplicité monstrueuse ; par M. Serres. « Dans les Mémoires que j'ai présentés à l'Académie sur les développe- ments primitifs des animaux, je me suis attaché à procéder de la formation des organes à celle de l'embryon, et, par cette méthode simple et rigoureuse, j'ai montré que ni l'embryon ni les organes n'étaient préformés dans l'œuf. J'ai établi au contraire, non-seulement que les animaux se formaient de tou- tes pièces des éléments constitutifs de l'œuf, mais encore que cette formation était assujettie à des règles dont la nature ne s'écartait jamais, même dans les écarts que nous lui supposions dans le développement de la mons- truosité. » Mais là ne s'arrête pas l'étude des développements primitifs des ani- maux. Après avoir démontré que tout ce qui a vie provient d'un œuf, reste à déterminer d'où vient l'œuf lui-même, quelle est son origine et quel est son mode propre de formation. m La solution de ce nouveau problème dont les prémices ont si bien été posées par Graaff et Malpighi, intéresse au plus haut degré la zoogénie, celle particulièrement des animaux invertébrés dont les rapports avec les ( 1025 ) vertébrés sont encore si vaguement déterminés. En rappelant que les pre- miers termes de l'ovogénie ont été anciennement posés, on a reconnu que nous voulons désigner le follicule de Graaff. C'est en effet ce follicule qui -est l'organe formateur de l'œuf, et, depuis longtemps, nous lui avons donné le nom de vésicule ovigène, afin de caractériser le rôle important qu'il remplit dans la génération des animaux. Mais ce rôle, tout évident qu'il soit, a néan- moins été méconnu : premièrement, par la raison que les belles vues de Graaff tombèrent dès leur origine dans le domaine du système des préexis- tences; secondement, parce que l'école de Haller nia la présence de l'o- vule dans l'intérieur du follicule, pour la rapporter dans l'oviducte; et troi- sièmement enfin, par la raison que la découverte de la vésicule germinative absorba pendant des années toute l'attention des physiologistes et des mi- crographes. » A l'aide de cette découverte capitale, on éclaira d'abord la composi- tion de l'œuf des oiseaux, puis celle de l'œuf des mammifères, des reptiles et des poissons, puis celle de l'œuf des invertébrés jusqu'aux polypes. On arriva ainsi, à la suite des recherches les plus persévérantes et les mieux combinées, à reconnaître et à établir Y analogie de composition de C œuf dans toute la série animale. » La vésicule germinative servit de cette manière de régulateur et de guide à l'ovologie comparée. Mais on fut trop loin, et on dépassa les limites de l'observation microscopique, lorsque MM.Baer et Barry s'efforcèrent de faire de cette vésicule le point générateur de l'œuf. Les observations nom- breuses et si précises qu'ils invoquèrent à l'appui de leur opinion, firent ressortir avec évidence l'erreur de leur interprétation. Cette erreur avait en effet sa source, dans la négligence apportée par ces illustres embryologistes, dans l'ordre de formation et de succession des parties constituantes de l'œuf à l'époque où il est enclavé dans le stroma de l'ovaire. En rétablissant cet ordre, en suivant pas à pas le développement de l'œuf ovarien, et analysant avec soin les parties qu'il renferme dans ses divers temps déformation, on détermine avec exactitude les parties primitives de l'œuf, de ses parties consécutives, et, comme on va le voir, on parvient à reconnaître que le follicule de Graaff est l'organe formateur de l'œuf ou la vésicule ovi- gène. » Si l'on place sous le microscope des tranches minces, coupées à la sur- face de l'ovaire des mammifères, on remarque, à un grossissement de 200 à 3oo diamètres, une myriade de petits corps granuleux, qui sont de plus en plus volumineux à mesure que l'on se rapproche de la surface extérieure de ( 1026 ) l'organe. Sur cette surface extérieure, et au-dessous du péritoine, on voit, même à l'œil nu, dix ou douze de ces petits corps qui ont un aspect vésicu- leux. » Ces petits corps sont la vésicule de Graaff, à des degrés divers de déve- loppement ou de maturité. Le premier degré est constitué par l'état granu- leux; le second représente un follicule, et le troisième est l'état parfait de la vésicule. » Dans l'état granuleux, on ne distingue pas d'enveloppe membraneuse; cette enveloppe est au contraire très-distincte chez le follicule, et d'une transparence qui rappelle celle des membranes séreuses. L'intérieur du fol- licule renferme un liquide limpide, de nature albumineuse, et des globules particuliers ronds ou aplatis, dans lesquels Barry a aperçu un nucleus. » Le passage de l'état folliculeux, à l'état de vésicule parfaite, est le temps le plus remarquable de la vésicule ovigène; c'est le moment de la formation de la vésicule germinative, le moment de la formation du vitellus, le mo- ment, par conséquent, où les éléments fondamentaux de l'œuf se constituent. Comment se constituent ces éléments fondamentaux de l'œuf? Par quel mé- canisme? Par quel procédé? » Suivons toujours la nature, et nous la verrons elle-même répondre à ces questions. » En effet, si, après l'apparition des globules prolifères huileux, on ob- serve attentivement les phénomènes qui se passent dans l'intérieur de la vé- sicule ovigène, on voit d'abord ces globules se multiplier, puis un d'entre eux se dilater, s'éclaircir, assembler autour de lui d'autres globules et des- siner ainsi nettement, au milieu de ces derniers, une petite vésicule incluse dans la grande ; cette petite vésicule de nouvelle formation est la vésicule germinative, née au milieu de la masse de globules prolifères dont l'aspect grisâtre les fait ressembler à des gouttes d'huile, et dont quelques-uns for- ment une double ceinture au pourtour du corps nouveau et si important qui vient d'apparaître. » La vésicule germinative n'apparaît donc, dans la vésicule ovigène de Graaff, que lorsque les globules prolifères huileux se sont montrés; ceux-ci, les globules prolifères huileux, ne se montrent qu'après le liquide transpa- rent qui remplit la vésicule ovigène, et cette dernière enfin n'est que la trans- formation du granule par lequel a débuté ce petit appareil. » Chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, le développement de la vésicule ovigène suit le même ordre que chez les mammifères. On observe, cnez ces animaux, les granules en premier lieu ; en second lieu, les follicules ( I027 ) avec leur liquide transparent; en troisième lien, les globules prolifères à as- pect huileux, moins nombreux que chez les mammifères ; et en quatrième lieu enfin, la vésicule germinative. » Chez les invertébrés, la vésicule ovigène ne se sépare pas de son pro- duit; elle fait partie intégrante de l'œuf, et remplit dans le développement de leur embryon l'office de la vésicule blastodermique chez les vertébrés. De même que cette dernière, elle est composée de trois lames, l'une séreuse et externe, la seconde vasculaire et moyenne, et la troisième interne et muqueuse. L'introduction de cet élément nouveau dans l'étude des dé- veloppements primitifs des polypes, des annélides, des mollusques, des crustacés et des insectes, nous a servi à éclairer leur embryogénie comparée. » La vésicule germinative est donc le produit de la vésicule ovigène ; elle prend naissance dans le fluide que renferme cette dernière vésicule, et, sitôt après sa naissance, elle devient le centre de formation autour duquel se dé- veloppe le cumulus prolifère, le vitellus et sa membrane propre, en un mot l'appareil d'où provient l'embryon après la fécondation. » Dans l'état ordinaire, il ne se développe, dans chaque vésicule ovigène, qu'une seule vésicule germinative; par conséquent qu'un seul cumulus, qu'un seul jaune et qu'un embryon unique. Quelquefois cependant il s'en forme deux, trois et même quatre, très-étroitement logés dans la même vési- cule ovigène. Or, comme chaque vésicule germinative appelle autour d'elle son cumulus d'une part, et son vitellus de l'autre, il se forme ainsi des ovules doubles, triples ou quadruples, contenus toujours dans une vésicule ovigène unique. » On conçoit la confusion qui s'établirait parmi tous ces éléments orga- niques, si chacun d'eux ne se formait à part, ne s'attachait à la vésicule ger- minative dont il est le satellite, pour constituer d'abord son individualité propre. Mais on conçoit aussi qu'à raison de l'étroitesse de la loge où ils sont renfermés, ces ovules sont facilement amenés au contact les uns des autres, et, par ce contact, amenés également à se pénétrer et à s'unir. C'est là, la condition physique et primordiale de la duplicité, de la triplicité et de la quadruplicité monstrueuses. y> Valentin a observé trois ovules dans la même vésicule ovigène ; Baer, deux et trois chez le chien ; Barry, deux et quatre chez le même animal, deux chez le saumon. J'en ai rencontré deux chez la poule, jamais chez l'homme. Chez une poule qui avait pondu des œufs à doubles jaunes, j'ai rencontré un ovule double dans le même calice, dont les deux vitellus s'étaient réunis, quoique les deux cicatricules rapprochées fussent distinctes. Chez un pi- ( 1028 ) geon, j'ai rencontré l'inverse. Les deux cicatricules s'étaient pénétrées, quoique les deux vitellus fussent inférieurement séparés. Ainsi l'œuf ovarien est le produit de la vésicule ovigène. L'ordre de succession des parties constitutives de cet appareil, indépendamment des preuves fournies par l'ob- servation directe, est confirmé de plus par la loi de solidescence des parties. Le fait général de cette loi est que, dans le développement de tous les orga- nismes, la solidité des parties développées est toujours en raison directe de leur âge, de sorte que cette solidescence représente exactement l'époque relative de leur avènement. Pour l'appareil qui nous occupe, la solidité des tissus est plus marquée dans les parois de la vésicule ovigène que dans le reste de l'ap- pareil, puis vient la vésicule germinative, puis le cumulus et sa membrane, puis le vitellus, puis enfin la zone transparente chez les mammifères. » Ainsi : i° l'œuf est le produit de la vésicule ovigène ; a0 la vésicule ger- minative est la première partie de l'œuf qui se développe; 3° puis autour de la vésicule germinative apparaissent, en premier lieu, le cumulus prolifère, et en second lieu, le vitellus et sa membrane propre ; 4° chez les vertébrés, l'œuf se détache de la vésicule ovigène, et il se développe, ainsi que l'embryon, en dehors de l'influence de cette vésicule ; 5° chez les invertébrés, au contraire, la vésicule ovigène reste inhérente à l'œuf, et elle prend part à son dévelop- pement ainsi qu'à celui de l'embryon ; 6° de la présence ou de l'absence de la vésicule ovigène, dans la composition de l'œuf des deux embranchements du règne animal, résultent des différences notables dans leur embryogénie comparée, différences que nous chercherons à apprécier plus tard; 70 la vésicule germinative est, chez les vertébrés, l'élément fondamental de l'œuf et le radical de leur embryon : le cumulus prolifère et le vitellus sont les sa- tellites de cette vésicule primordiale; 8° de l'unité ordinaire de la vésicule germinative dans la vésicule ovigène, résultent l'unité du cumulus, l'unité du jaune et l'unité de l'embryon ; 90 de la pluralité des vésicules germina- tives, dans l'intérieur d'une même vésicule ovigène, résulte à son tour la pluralité des cumidus et des vitellus : il y a toujours autant de vitellus et de cumulus qu'il y a de vésicules germinatives ; io° qu'il y ait une ou plusieurs vésicules germinatives dans la même vésicule ovigène, les développements de l'œuf et de l'embryon s'opèrent toujours de la même manière, et d'après les mêmes règles: seulement, dans les cas de pluralité d'ovules dans une vésicide ovigène unique, l'étroitesse du champ des développements fait que les ovules s'associent pour accomplir leurs évolutions: n° enfin, dans ces derniers cas encore, la condition primordiale de l'association des ovules et des embryons a lieu, tantôt par la réunion homœozygique des deux vitellus, ( i°29 ) tantôt par celle des deux allantoïdes, selon que la réunion s'opère par le plan supérieur au diaphragme, ou qu'elle s'effectue par le plan inférieur à cette cloison. » zoologie. — Considérations générales sur les classifications en histoire naturelle, et exposé sommaire du plan de Zlchthyologie analytique (i); par M. Ditméril. « J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie du volume que je mets sous ses yeux, et je crois devoir saisir cette occasion pour lui présenter quelques observations générales sur la marche qui me semble la plus con- venable à suivre dans l'étude de l'histoire naturelle. » Lorsqu'on se livre à l'examen des êtres nombreux qui se rencontrent sur la terre et dans les eaux, il suffit souvent de regarder l'objet qui se présente une première fois à l'observation, pour reconnaître qu'il est différent de tout autre. C'est qu'on l'a comparé à ceux que l'on a déjà vus et auxquels il paraît ressembler davantage. Au moyen de cette comparaison, on ne tarde pas à être convaincu que le corps soumis à un examen de détail offre quelque particularité qui le distingue et le caractérise d'une manière spé- ciale. Cette particularité découverte sur l'objet, comme si elle y avait été inscrite et pour ainsi dire lue, s'opposera efficacement, par la suite, à ce qu'on puisse le confondre avec tout autre; surtout si l'on a pu constater la réalité ou la cause formelle de cette différence. » Pour parvenir à ce résultat, il faut connaître un peu d'avance les affi- nités que les êtres ont entre eux, ou avoir une idée première de leurs rap- ports de conformité, de structure ou de composition, qui doivent en auto- riser le rapprochement. C'est un premier pas vers la méthode naturelle, ou qui semble, du moins, y conduire, puisqu'on joint et réunit ainsi, autant qu'il est possible, les objets qui ont entre eux la plus grande analogie. Cet examen se trouve très-abrégé et rendu plus facile quand on est guidé, dans ses observations comparatives, par des personnes déjà versées dans la con- naissance des êtres, ou quand on emploie des ouvrages qui ont été rédigés d'avance pour servir à l'étude de certaines classes de corps naturels; car les investigations et les observations à faire doivent varier suivant la nature des objets que l'on examine. On reconnaît alors que la plupart des formes ap- parentes des individus sont le résultat ou la conséquence de leur structure (i) Tome XXVII des Mémoires de V Académie , première partie. C. R., iS56, i" Semestre. (T. XLH, N° 22.) l35 ( io3a ) interne. Lorsque ces coïncidences ont été analysées avec méthode, elles fournissent constamment l'occasion d'apprécier ces rapports et d'en faire ressortir toute l'importance, et l'on peut ainsi mettre en opposition les re- marques les plus frappantes auxquelles ils peuvent donner lieu. »> Pourquoi ne dirais-je pas que je parais avoir moi-même acquis quelque droit de faire valoir ces moyens d'analyse comparée, ou de diriger cette marche analytique, puisque je l'ai suivie et employée d'abord pour mes propres études, et que, selon le témoignage honorable de plusieurs natura- listes, je l'ai appliquée avec succès dans la plupart des ouvrages que j'ai publiés depuis l'année 1799, soit sur l'histoire naturelle en général, soit en particulier sur les Insectes, sur les Reptiles et même sur tous les animaux, dans l'ouvrage intitulé : Zoologie analytique , dont la date est de 1 806. » Après plus de cinquante années de professorat au Muséum d'histoire naturelle, qui ont exigé de moi des études persévérantes sur les animaux de la classe des Poissons, je viens aujourd'hui présenter à l'Académie le ré- sultat de la partie de mes travaux qui se trouve ici dirigée uniquement sur les genres établis par les auteurs. C'est un volume in-4° de plus de 5oo pages ; il a pour titre : Ichthjologie analytique. Mon principal but a été de rendre plus faciles la connaissance et la distinction des Poissons, à l'aide de tableaux synoptiques qui font parvenir à la détermination des genres, dont j'expose ensuite les caractères essentiels. » D'après l'autorisation que j'en ai reçue de l'Académie, qui avait bien voulu accueillir le prodrome et les considérations préliminaires dont je lui avais donné lecture, ce travail se trouve inséré en entier dans le XXVIIe volume de nos Mémoires, et je le soumets à votre jugement éclairé. « Je n'ai pas inventé le système que je propose; mais, sous de nouvelles formes et à l'aide de l'analyse ou de la comparaison, je suis parvenu à en faire des applications qui, je l'espère, pourront faciliter l'étude et la déter- mination des espèces nombreuses de la classe des Poissons. J'ai surtout cherché, et je crois y être parvenu, à rassembler les individus qui paraissent avoir le plus de rapports entre eux par l'ensemble de leur conformation. Cette marche naturelle, que le zoologiste est appelé presque instinctivement à suivre, m'a conduit à prendre pour guides les notions anatomiques et phy- siologiques pour me gouverner et arriver à la distinction raisonnée et au rapprochement de la plupart des genres. Je ne parle au reste que de ceux qui ont été établis jusqu'à présent, car j'ai évité d'en augmenter le nombre. Mais, avant d'entrer dans les détails de cette classification, je crois devoir ( io3i ) faire connaître l'ordre que j'ai suivi dans la rédaction de cet ouvrage. » Un premier chapitre contient le précis de l'histoire naturelle et physio- logique de la classe des Poissons. Toutes les formes des organes et les modi- fications des fonctions vitales de ces animaux y sont successivement passées en revue. Outre les détails sur leur structure et sur les différences qu'elle présente, cette partie du livre renferme quelques considérations nouvelles relatives aux effets physiologiques produits par l'action des organes, de ma- nière à en donner une idée générale, quoique très-abrégée. Ainsi on y trouve, brièvement indiqués et décrits, les instruments de la vie destinés à produire la locomotion et à modifier l'équilibre de la masse du corps ou de ses parties, en raison des variations de la pesanteur hydrostatique, résultant de l'admirable faculté dont jouissent les Poissons d'exécuter et de diriger avec rapidité dans l'eau tous les mouvements nécessaires à leur translation aux diverses hauteurs ou profondeurs du milieu dans lequel ils sont plongés. » De semblables développements ont été donnés à l'étude des organes de la sensibilité en général, et en particulier de ceux des sens qui, chez les Poissons, présentent nécessairement de grandes modifications exigées par leur séjour constant et leur habitation forcée dans des espaces liquides. Elles sont surtout frappantes, lorsque l'on compare la forme et la position relatives de ces mêmes instruments avec ceux des animaux obligés de res- pirer et de vivre dans l'air atmosphérique. Il en provient nécessairement des changements dans la nature et le résultat des sensations éprouvées par le Poisson. Ce sont principalement les organes du goût, de l'odorat et de l'audition, qui offrent le plus grand intérêt aux physiologistes, quand ils en observent la structure, l'arrangement et le mécanisme. On conçoit d'avance que ces sens, dont l'action ne s'exerce plus dans un fluide gazeux, aient été mis en relation plus directe avec les diverses qualités qui ne peuvent se manifester que dans les liquides. » Ce séjour forcé dans l'eau a certainement exercé aussi son influence sur les organes et les fonctions de la vie générale, nécessaires à la conserva- tion des individus et de leur race. Ces modifications sont faciles à observer dans les différents actes qui servent à la respiration, à la circulation, à la nutrition en général, et même de la reproduction, dans la classe entière des Poissons. » Nous avons cru devoir faire connaître avec quelques détails les résul- tats physiologiques de cette organisation modifiée, et nous y avons attaché une grande importance; car elle nous a servi d'abord, comme point de dé- i35.. ( io3a ) part, pour la classification générale des Poissons et ensuite pour l'établisse- ment et la coordination de chacune des quarante-trois familles dont les formes et les actes de la vie ont été plus particulièrement étudiés. Les dif- férences notables que peuvent offrir les branchies dans leur structure in- time, leur position, et même dans leur apparence extérieure, sont dénotées par le nombre, la forme, la composition partielle des orifices destinés à donner issue ou à laisser sortir la portion d'eau qui est sans cesse employée pour la respiration. » La totalité du deuxième chapitre est consacrée au développement des procédés dont nous avons fait usage pour diriger l'observation sur les points les plus importants de l'organisation, et pour y parvenir nous avons eu recours à l'emploi simultané de la méthode et du système. La significa- tion attribuée par nous aux termes dont nous nous sommes servi pour dé- signer constamment les mêmes organes, définis une première fois, nous a permis d'appliquer assez brièvement à l'étude collective des Poissons, la marche combinée de l'observation et de l'analyse, à l'aide de tableaux sy- noptiques, sorte d'échafaudage provisoire très-nécessaire d'abord, mais qui nous devient inutile ensuite et qui doit être détruit lorsque la construc- tion est achevée. » Ainsi, après avoir rappelé les caractères généraux de la classe des Pois- sons, nous insistons plus particulièrement sur les rapports et les usages essentiels des branchies, dont l'action physiologique est liée intimement à toute l'économie organique de ces animaux, afin de faire concevoir l'ex- trême importance de ce mode de respiration. Ces organes, qui restent cachés à l'intérieur et qui varient par leur structure, le nombre des lames et la disposition de la trame vasculaire qui les constitue, sont surtout essentiels à étudier, parce qu'ils fournissent au simple observateur naturaliste un moven très-utile pour reconnaître et distinguer entre eux les Poissons au premier aperçu. Les branchies sont toujours renfermées dans un sac mem- braneux dont les parois motiles contribuent essentiellement au mécanisme de leur action. Cette bourse charnue, visible près de la tête, présente deux modifications principales, dont chacune correspondre la maniéré la plus évidente, à des différences très-notables dans l'organisation des espèces. » Les Poissons que je propose de nommer Poljclides (i) sont différents de tous les autres par l'adhérence de leurs branchies aux parois du sac, complètement membraneux, qui les renferme, et dont les enveloppes molles (i) tloXuxXiiîsg , qui sert à ouvrir et à fermer plusieurs portes. ( io33 ) suffisent pour attirer et repousser la portion d'eau nécessaire à l'acte de la respiration. C'est surtout la présence des trous, dont les poches bran- chiales sont percées, qui nous les avait fait désigner depuis longtemps sous le nom de Trématopnés. D'ailleurs l'ensemble de leur squelette diffère, par sa consistance et par ses articulations, de celui des autres Vertébrés. Ce sont des Poissons cartilagineux ou des Chonclrichthes . Ils appartiennent à une sous-classe distincte, dont les limites et les caractères sont très-nettement déterminés. » Tous les autres Poissons, qui sont pour nous des Diclides (i), n'ont que deux issues aux branchies. Ces organes respiratoires sont renfermés dans des cavités à parois plus ou moins solides et compliquées, remplissant l'office de panneaux mécaniques mobiles, destinés à produire alternative- ment leur dilatation et leur contraction. » Le peu de consistance des parties du squelette qui restent molles et flexibles chez un grand nombre, et surtout l'absence de véritables écailles, quelquefois remplacées par des pièces tégumentaires dures ou cornées, mais jamais superposées, puis beaucoup d'autres particularités de leur organisation, ont autorisé les naturalistes à former une division séparée ou une deuxième sous-classe des espèces dites Jîbro-cartilagineuses, que nous nommons les Chondrostés ou Chondrostichthes . » Enfin les Poissons dont il nous reste à parler sont en nombre immense comparativement aux espèces des deux sous-classes précédentes. Ils sont caractérisés par un squelette plus solide ou dont les parties résistantes sont dites osseuses; ce sont ceux que nous désignons sous le nom d' Ostichthes ou d'IcHTHYOSTÉs. Ils diffèrent d'ailleurs de tous les .autres Poissons, par l'ensemble de leur conformation extérieure et de leur organisation in- terne qui varient à l'infini, quoiqu'elles soient constamment en rapport avec les habitudes, les mœurs et le séjour ; car ces circonstances paraissent indi- quer d'avance leurs formes particulières. Cette induction primitive, déter- minée tout d'abord par le simple aspect de ces animaux, permet de recon- naître des genres bien distincts, ou des réunions d'espèces ayant entre elles beaucoup de ressemblance. Cette même analogie évidente a souvent très- heureusement servi pour établir certaines familles que nous regardons comme naturelles et pour les désigner, ainsi qu'on le verra, sous des déno- minations par lesquelles nous avons cherché à les dénoter ou à les caractériser. (i) àaiktf, io34 ) » Voici les principales divisions de la sous-classe des Trématopnés, à ouvertures branchiales multiples, parmi les Poissons essentiellement carti- lagineux. Nous les avons partagés en deux tribus et en quatre familles. Les uns n'ont pas de nageoires paires, et le pourtour de la bouche est circulaire. Ce sont nos Cyclostomes (1), comme les Lamproies; les autres ont quatre nageoires latérales, comme les Squales et les Raies dont la bouche est élargie en travers, et que nous avons nommés les Plagiostomes. » Les Chondrostés, ou les Poissons fibro-cartilagineux, ont deux ouver- tures branchiales. Tantôt, comme dans les Hippocampes, la bouche s'ouvre à l'extrémité d'un long museau, et les branchies offrent une organisation particulière qui les a fait appeler des Lophobranches ; tantôt, et tels sont les Esturgeons, cette bouche est au-dessous de la tète : on les nomme Jlypo- stomates. Ces premières particularités ne se retrouvent plus dans les autres familles. Chez plusieurs de ces Poissons, les os des mâchoires sont tout à fait hors de la bouche, comme dans les Quatre-dents ou Tétrodons : ce sont des Gjmnognathes ; ou les dents sont recouvertes parles lèvres, tels sont les Coffres et les Balistes, chez lesquels les nageoires paires sont simples et auxquels nous conservons le nom de Sclérodermes ; ou bien ces organes, bizarrement conformés, servent aux espèces comme des pieds; c'est ce qu'on voit chez les Baudroies, les Cycloptères : ce sont les Ptéropodes. n Je pourrais poursuivre cette analyse, en l'appliquant à la sous-classe des Poissons osseux ou Ichthyostés; mais l'exposé de ces divisions ne serait qu'une simple table de matières. Je présente ici quelques-uns de ces tableaux synoptiques. Tout l'ouvrage a été conçu et exécuté sur ce plan. Non-seule- ment l'analyse conduit à la distinction des familles, mais elle s'applique à tous les genres dont quelques-unes des espèces ont été décrites et figurées dans des ouvrages indiqués. Je regrette de n'avoir pas trouvé dans cette salle les moyens de développer ces tableaux dans leur ensemble; mais ce simple résumé suffira, je l'espère, pour faire connaître d'une manière générale la marche que j'ai suivie dans ce travail. » Je ne dois pas craindre d'avancer que cette branche de la zoologie avait offert jusqu'ici les plus grandes difficultés, et j'ose me flatter que l'emploi des procédés systématiques facilitera beaucoup son étude, en dirigeant vers une classification méthodique et naturelle. » (i) Cette distinction, établie par nous en 1800 [Anatomie comparée de Cuvier, tome Ier), a été ensuite consignée dans la Zoologie analytique, où j'ai proposé les noms de Cyclostomes et de Plagiostomes, qui sont aujourd'hui universellement adoptés. { io35 ) zoologie. — Sur une nouvelle espèce de Panthère tuée par M. Tchihatcheff à Ninfi, village situé à huit lieues est de Smyrne; par M. A. Valencienxes. « Les Panthères forment, dans le grand genre des Feus, une famille na- turelle, que tout le monde reconnaît à leur pelage plus ou moins fauve, couvert de taches noires. On confond encore ces dangereux carnassiers sous la dénomination commune des Tigres; ils ont toujours existé en très- grand nombre sur la surface de la terre. Leur abondance est constatée depuis les temps les plus éloignés de nous. On sait, en effet, que les Romains montraient les Panthères par centaines dans leurs jeux cruels ; et si de nos jours on n'en tient plus que quelques individus dans nos ménageries, cela dépend plutôt d'un changement d'habitudes dû à la douceur de notre civilisation, qu'au manque de ces animaux et à la difficulté qu'on aurait d'en réunir un très-grand nombre ; on peut en juger par la quantité considérable de peaux de ces animaux que le commerce exporte, tous les ans, d'Afrique, des Indes ou des grands ports d'Amérique. » Toutes ces Panthères tachetées appartiennent-elles à une seule espèce, ou diffèrent-elles entre elles par des caractères constants, selon les pays dont elles proviennent. Cette question, dont la solution semblerait facile, est au contraire si difficile à résoudre, que les plus grands naturalistes n'ont pas encore éclairé complètement cette belle question de philosophie zoologique. Peu à peu cependant nos maîtres en ont resserré l'étendue, et aujourd'hui, si je n'ai pas la prétention de faire mieux qu'eux, je crois que les observa- tions que je vais présenter faciliteront les recherches à ceux qui viendront à s'occuper, après moi, de la distinction de ces animaux. » Buffon a distingué d'abord, avec cette hauteur de vue qui lui a fait traiter de l'histoire des animaux, le Tigre d'Amérique, de nos Panthères de l'ancien monde. Si ce grand homme n'a pas donné une diagnose suffi- sante de ces animaux, dont il ne pouvait voir qu'à des époques des indivi- dus dans les petites ménageries de son temps, il a posé en termes précis que les Jaguars sont américains. En lisant avec attention les admirables chapitres de Buffon, dans lesquels il expose ses idées sur les animaux de l'ancien et du nouveau continent, il me semble qu'on ne doit pas dire que ce grand naturaliste n'a pas distingué le Jaguar. Mais il l'a mal connu. Quant aux Panthères, il a bien jugé que les anciens ont confondu, à peu près comme nous, sous les noms de Pardalis, de Pardus, de Panthera, et même de Leopardus, tous les grands chats à corps tacheté. ( io36 ) » Cuvier n'a pas été plus heureux, quoiqu'il ait voulu paraître plus pré- cis en cherchant à établir une diagnose pour faire reconnaître la Panthère [Felis P ardus Lin.), le Léopard [Felis Leopardus Lin.), espèces nominales que Linné avait aussi établies dans le Sjstema Naturce. » La grande difficulté de ce genre de travail consiste à savoir trouver l'organe vraiment caractéristique et sur lequel le zoologiste fixera l'examen comparatif des espèces voisines les unes des autres. Quand on a étudié un grand nombre d'espèces dans les classes où les familles sont très-naturelles, on reconnaît aisément l'exactitude de cette vérité. On pourrait citer de la classe des Oiseaux ou des Poissons plusieurs genres dont les espèces se res- semblent par l'aspect général, par la distribution des couleurs, et qui ont cependant un organe qui peut servir à les distinguer. Or, c'est précisément les cas des Panthères. C'est à M. Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire que l'on doit cette remarque, et c'est lui qui a fixé l'attention des naturalistes sur la facilité de caractériser ces animaux par l'examen des couleurs, non de leur corps, mais de leur queue, et sur les rapports de longueur entre le tronc et la queue. » Quand M. Geoffroy eut reconnu que le Jaguar a la queue courte, moins longue que le tronc, et que les taches noires de cet organe forment à son extrémité deux ou trois cercles ou anneaux complets; que la Panthère a, au contraire, la queue égale au moins à la longueur du tronc, que le dessous est blanc et sans taches, parce que les taches ne s'étendent que sur le dos de cet organe, l'illustre savant a indiqué aux zoologistes la partie du corps où l'on trouverait des caractères pour donner la diagnose de ces espèces. M. Frédéric Cuvier, suivant ces principes, a observé que les Panthères venues de l'Inde dans nos ménageries, c'est-à-dire de la côte de Malabar, ou de Ceylan, ont la queue plus longue encore que la Panthère de Barbarie; et il a nommé cette espèce Panthère à longue queue ( Felis longicaudata).^ » En poursuivant ces recherches dans cet esprit, j'ai remarqué une Pan- thère originaire du Gabon et vivante dans la ménagerie du Muséum ; elle a la queue beaucoup plus longue encore que les espèces prénédentes, car un de nos exemplaires mesure, de la nuque à l'origine de la queue, om,65, et la queue a om,77 de long. Cette partie du corps est d'ailleurs couverte de taches noires en dessous comme sur le dos. Les flancs de l'animal sont aussi couverts d'un nombre plus considérable de taches. On peut la dési- gner sous le nom de Panthère à queue tachetée ( Felis pœcilura Val.). » J'ai fait la revue des variétés ou peut-être même des espèces incer- taines qui sont réunies dans les galeries du Muséum, pour fixer les ,( i°37 )t caractères de l'animal dont je vais donner une description succincte; nous le devons à M. Tchihatchcff. On sait avec quelle ardeur il a ex- ploré l'Asie Mineure pour nous faire mieux connaître ces contrées si pleines de souvenirs. La géologie et la météorologie ont toujours appelé l'attention de ce savant voyageur, mais il n'a rien négligé de ce qui pouvait nous faire mieux connaître sa géographie physique. « On savait par les récits des anciens et de quelques modernes que les con- trées montueuses à l'est de Smyrne recèlent encore aujourd'hui desPanthères. M. Pichon, consul de France de Smyrne, a souvent parlé à son parent M. Bron- gniart des Panthères qui se rencontrent près de Smyrne ; mais M. Tchihatcheff a fait plus, il a rapporté la peau d'un individu atteint dans une chasse près de Ninfi, petit village situé à /jo kilomètres est de Smyrne. Nous avons pu faire monter ce précieux Mammifère, et, en le comparant à notre Panthère algérienne [Felis Pardus), nous lui avons trouvé des caractères très-distinc- tifs. L'animal, aussi grand que nos plus grandes Panthères africaines, a le pelage cendré ou gris légèrement roussâtre, peu chargé de taches en larges roses ou cercles mal fermés sur les flancs ; sur les épaules et sur les cuisses elles sont un peu plus petites; à partir du poignet ou du tarse, les taches deviennent des gros points noirs, que l'on retrouve sur la tête et un peu sur le cou. Les taches en roses arrondies se continuent sur le dos de la queue. Celle-ci, très-caractéristique, est plus longue que le corps entier de l'animal ; le poil fin qui la recouvre s'allonge de plus en plus à mesure qu'il s'approche de l'extrémité, de sorte que le dernier tiers de la queue de cette Panthère est plus gros ou plus touffu que la racine : c'est précisé- ment le contraire de ce qui existe chez toules les autres Panthères indiennes ou africaines dont nous avons parlé. La distance du bout du nez à sa racine ou à la hauteur du nez est aussi un peu plus longue. Cet ensemble de caractères nous paraît suffisant pour bien reconnaître cette Panthère, très- distincte de toutes celles que nous avons signalées plus haut. » Elle nous a vivement intéressé, en nous rappelant qu'elle a été tuée dans une localité très-voisine de celles d'où les Romains ont tiré beaucoup de Pan- thères pour les faire paraître dans les combats des animaux dans le Cirque. » En effet, dans les Lettres familières de Cicéron, nous trouvons plu- sieurs passages qui prouvent qu'à Rome il était ordinaire de faire chercher des Panthères en Lycie, en Lycaonie ou en Cilicie. Car Cicéron, en se ren- dant au gouvernement de cette province, traversa la Méditerranée pour aborder à Éphèse, d'où il gagnait Laodicée pour être près de son camp, C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 22.) l36 ( io38 ) établi à Iconiurn, aujourd'hui Koni. Or Cœlius, qui briguait alors l'édilité, ne cesse de lui demander des Panthères pour les faire paraître aux jeux qu'il sera obligé de donner s'il est revêtu de cette charge. Il lui dit dans une première Lettre ( i ) : « Aussitôt que vous aurez appris que je suis désigné, je » vous prie de penser sérieusement aux Panthères. » » Dans une autre Lettre reçue par Cicéron, arrivé à Laodicée, Cœlius (a) lui rappelle encore les Panthères : « N'oubliez pas non plus les Panthères, et donnez ordre aux Cibyrates » qu'elles me soient envoyées. » » Cœlius (3) y revient plus loin, en termes qui prouvent combien il était ordinaire de faire prendre des Panthères en ces contrées : « Vous n'avez pas reçu de moi une seule Lettre où je ne vous aie parlé » des Panthères. Il serait bien honteux que Patiscus en eût envoyé dix à » Curion, et que je n'en obtinsse pas un plus grand nombre de vous, qui » pouvez en tirer de quantité d'endroits. Curion m'a donné celles de Patiscus » et dix autres qu'il avait reçues d'Afrique; car sa libéralité ne se borne » pas à donner des maisons de campagne. Pour vous, si vous avez la bonté » seulement de vous souvenir de ma prière, et de donner des ordres aux » Cibyrates et en Pamphylie, où l'on dit qu'il s'en prend beaucoup, vous » m'en procurerez autant qu'il vous plaira. » » Et Cœlius (4) reproduit encore cette demande, sous la forme de plai- santerie : « Mais songez qu'il serait honteux pour vous que je n'eusse pas de Pan- » thères grecques. » » Cicéron répond au sujet de ces demandes, dans une de ses admira- bles Lettres confidentielles à Atticus, où il lui fait connaître son désinté- ressement dans l'administration de sa province, et son indignation, qu'il n'a pas manqué de transmettre à Cœlius, sur les taxes qu'il voulait faire im- (i) Tu tamen simul ac me designatum audieris , ut tibi curae sit, quod ad Pantheras attinet, rogo. {Ad. Div. VIII, 2.) (2) Item, de Pantheris, ut Cibyratas arcessas, curesque ut mihi venentur. ( Ad. Div VIII, 4.) (3) Fere litteris omnibus tibi de Pantheris scripsi. ïurpe tibi erit, Patiscum Curioni decem Pantheras misisse, te non multis partibus plui-es. Quas ipsas Curio mihi et alias africanas decem donavit; ne putes illum tantum prsedia rustica dare scire Tu, si modo memoria tenueris, et Cibyratas arcessieris, itemque in Pamphyliam litteras miseris (nam ibi plures capi aiunt) , quod voles efficies. ( Ad. Div. VIII, g. ) (4) Turpe tibi erit, Pantheras grsecas me non habere. {Ad. Div. VIII, 6.) ( >°39 ) poser à la province du gouvernement de Cicéron : toutefois, dans une autre correspondance avec Cœlius, Cicéron promet gracieusement de lui faire prendre des Panthères (i) : « Je vous fais chercher soigneusement des Panthères par ceux qui sont accoutumés à cette chasse, etc., etc. » De Laodicée , 4 avril , l'an de Rome 703. » » Nous espérons que ces citations, et plusieurs autres qui pourraient être empruntées à Pline, prouveront que les Panthères étaient abondantes dans l'Asie Mineure; on peut remarquer qu'à Rome on distinguait et l'on dé- sirait voir les Panthères grecques autant que les Panthères africaines. C'est pour rappeler ces souvenirs, que je propose de donner à cette nouvelle espèce de Panthères la dénomination de Felis Tulliana. » Je crois que cette Notice pourra engager les consuls de notre' pa- trie ou les hommes zélés pour les progrès de l'histoire naturelle, qui se trouveront à Smyrne, de faire leurs efforts pour envoyer au Muséum d'His- toire naturelle une de ces Panthères vivantes. On pourra mieux juger encore de la constance des caractères que j'ai signalés plus haut. Ce se- rait un vrai service rendu à l'histoire naturelle des animaux , et à celle de cette famille des Panthères, qui embarrassera encore longtemps les natu- ralistes. » météorologie. — Note sur un système régulier d'observations météorolo- giques j établi en France par les soins de V administration des lignes télégraphiques et de l'Observatoire impérial de Paris. (Communication de M. Le Verrier. ) « Il y a environ un an, nous avons eu l'honneur de communiquer à l'Aca- démie quelques relevés d'observations météorologiques simultanées, recueil- lies à la surface de la France par les soins de l'Administration des lignes télé- graphiques. A cette époque, le but de l'Observatoire impérial de Paris et de l'Administration des lignes télégraphiques avait été d'essayer s'il serait pos- sible, sans nuire au service administratif, d'établir un système régulier d'ob- servations dont une partie serait transmise chaque jour par le télégraphe. Cette possibilité ayant été admise, les deux Administrations se sont entendues, con- formément aux intentions du Gouvernement, et suivant les ordres de MM. les (») De Pantheris , per eos qui venari soient, agitur mandato meo diligenter. Scrib. Laodiceœ, prid. non. Apr. A. V. C. 7<)3. {Ad. Div. II, 11.) i36.'. ( io4o ) Ministres de l'Intérieur et de l'Instruction publique, pour mener à bonne fin une entreprise qui ne laissait pas que de présenter de grandes difficultés. » Il fut d'abord reconnu qu'il importait à la régularité du nouveau service, que les observations fussent faites dans les postes télégraphiques, qui devraient être à cet effet munis d'instruments. Nous n'ignorions pas que dans un certain nombre de localités, nous pouvions compter sur le zèle de quelques amis de la science ; mais nous n'avons pas voulu leur imposer une aussi lourde charge que celle d'une transmission quotidienne, régulière et à heure fixe, de leurs observations aux postes télégraphiques. Malgré le dévouement des observateurs météorologistes des départements, il aurait été impossible, à cause de leurs autres occupations, d'arriver à une uniformité suffisante, et des irrégularités se seraient inévitablement produites. De plus, les observatoires particuliers ne pouvaient présenter les garanties de durée et de permanence des stations administratives. Enfin, l'addition des nouveaux postes présentait le grand avantage de multiplier le nombre des stations météorologiques à la surface de la France. » Ce premier point ayant été arrêté, il fut convenu avec M. le directeur général DE VOUGY, que l'Administration des lignes télégraphiques ferait re- cueillir les observations par ses agents, et les ferait transmettre à l'Observa- toire impérial de Paris, partie par le télégraphe, partie par la poste; tandis que, de son côté, l'Observatoire fournirait les instruments et les instructions, réduirait les observations et les ferait publier. » Enfin , chacune des deux Administrations chargea l'un de ses fonc- tionnaires de mettre ce plan à exécution. L'Administration des télégraphes a délégué M. Pouget-Maisonneuve, connu pour les importantes amé- liorations qu'il a introduites, notamment dans les appareils électrochimi- ques. Du côté de l'Observatoire impérial, M. Liais était naturellement désigné. » Les instruments ont dû remplir des conditions particulières. Il était nécessaire qu'ils fussent aisément et rapidement observables, tout en conser- vant la précision des instruments ordinaires. M. Liais a donc fait construire un système de baromètre à une seule lecture, se graduant par comparaison avec un étalon sous la machine pneumatique, et qui remplit parfaitement le but proposé : ce baromèlre a exigé la formation de nouvelles Tables de réduction. Les thermomètres ont été gradués sur tige, numérotés sur plaque d'émail, ce qui les rend toujours très-aisés à lire. De plus, ils ont leur ré- servoir couvert d'une feuille métallique destinée à diminuer les effets de la radiation. ( io4i ) » Outre les instruments, les divers postes ont reçu des registres inscrits à leur inventaire et dont ils conserveront toujours la collection ; en sorte que chaque station possédera dans l'avenir l'ensemble de ses observations passées. Indépendamment des transmissions télégraphiques, les observations sont envoyées journellement parla poste à l'Observatoire au moyen de bulletins. » L'instruction particulière que possèdent les employés de l'Administration des télégraphes est un sûr garant que les observations seront bien faites : les connaissances de ceux qui sont chargés de ces observations les porteront à s'intéresser à une opération scientifique et utile, et déjà nous avons la satisfaction d'ajouter que le but a été complètement atteint. Pour ne pas trop surcharger les employés, trois observations seulement par jour ont été ordonnées, à l'ouverture du bureau, à 3 heures et à g heures du soir, avec invitation d'observer plus fréquemment, s il était possible. Nous sommes heureux de dire que dans presque toutes les stations il existe plusieurs observations supplémentaires. Le Havre, Abbeville, Strasbourg, Châlons- sur-rMarne, Bayonne, fournissent même six observations par jour. » Le directeur général des lignes télégraphiques, M. de Vougy, a tenu à signer lui-même l'instruction, qui a été insérée au Recueil administratif. Elle est ainsi devenue article du règlement. » Les stations, au nombre de vingt-quatre, ont été réparties entre les divers bassins du Rhin, de la Seine, de la Loire, de la Gironde et du Rhône, de manière à faire connaître le mieux possible l'ensemble de l'état atmo- sphérique de chacun de ces cinq grands bassins. Quoique des considéra- tions non scientifiques, telles que le parcours des fils télégraphiques, la multiplicité des dépêches sur certaines lignes, la situation des postes dans les villes, ne nous aient pas toujours permis de placer nos stations sur les points que nous aurions préférés, nous pensons que les stations désignées rempliront le but que nous nous sommes proposé. » Nous possédons ainsi, y compris Paris, vingt-cinq stations réparties comme il suit, par ordre de bassins : Mulhouse, Strasbourg, Mézières, Dun- kerque; Tonnerre, Paris, Châlons-sur-Marne, Abbeville, le Havre; Clermont- Ferrand, Nevers, le Mans, Limoges, Napoléon -Vendée, Saint-Brieuc, Brest; Rodez, Montauban, Bayonne, Rochefort; Besançon, Lyon, Avignon, Dra- guignan, Narbonne. » Treize de ces stations transmettent, par le. télégraphe, une observation faite à l'ouverture du bureau; ce sont : Strasbourg, Mézières, Dunkerque, Tonnerre, le Havre, Limoges, Napoléon-Vendée, Brest, Montauban, Bayonne, Besançon, Lyon, Avignon. Ces treize stations, jointes à Paris, suf- ( IO/J2 ) firont à donner chaque jour une idée de Fétat de l'atmosphère en France. On n'a pas cru devoir demander l'extension de la transmission télégraphi- que à un plus grand nombre de stations, pour ne pas entraver le service administratif. » Des mesures vont être prises pour que, très-prochainement, ces obser- vations soient données au public immédiatement après leur arrivée. Elles seront en outre insérées dans plusieurs journaux et dans une forme propre à faire ressortir les changements survenus depuis la veille. » Malgré le bon vouloir que l'on a rencontré de toutes parts, l'organisa- tion des stations, sur une grande étendue de pays, a été longue et difficile. » Les baromètres surtout ayant par trop souffert, quand on les remet- tait aux voitures publiques, il a fallu en faire porter une partie par un fonctionnaire de l'Observatoire. D'autres ont été confiés à diverses person- nes, à M. Caillet, examinateur de la marine, à M. Petit, directeur de l'Ob- servatoire de Toulouse, qui ont bien voulu s'en charger. MM. les ingénieurs ' des ponts et chaussées nous ont tres-obligeamment fourni l'altitude exacte des postes. Toutes les stations télégraphiques sont présentement en état de fonctionner, moins Brest, dont toutefois les instruments sont prêts. » On comprend qu'il y aurait grand intérêt à relier à l'étranger l'organi- sation que nous venons d'établir en France. Quelques ouvertures ont déjà été faites dans ce sens, et partout elles ont été parfaitement accueillies. » Il nous reste à pourvoir à la publication de l'ensemble des documents recueillis, afin que ces documents étant promptement mis entre les mains de tous les amis de la science, leur discussion soit à la fois plus rapide et plus fructueuse. Nous nous occupons de ce complément indispensable de la nouvelle organisation. » « M. Pouillet présente à l'Académie les figures des radiations solaires .telles qu'elles ont été données par l'actinographe («oyez les Comptes rendus, 19 mai i856, page ()i3) pour chacun des quinze derniers jours. On peut re- marquer que dans cette période il y a eu un seul jour absolument sans so- leil, le vendredi 3o mai; qu'il y a eu quatre jours, le jeudi 22, le dimanche 23, le jeudi 29 et le samedi 3i, pendant lesquels les rayons du soleil ont percé les nuages pendant quelques secondes ; que tous les autres jours, y compris le dimanche Ier mai, présentent des alternatives très-nombreuses de radia- tions solaires et de ciel couvert. M. Pouillet a fait ces observations à sa mai- son de campagne, Épinay (Seine). » ( io43 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice- Président pour la fin de l'année r 856 et l'année 1857, M. Geoffroy-Saint- Hilaire, Président désigné pour l'année 1 857, se trouvant, par suite du décès de M. Binet, chargé des mêmes fonctions pour la fin de l'année i856. Le choix de l'Académie doit se porter sur un Membre appartenant à l'une des Sections de Sciences mathématiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49, M. Despretz obtient 28 suffrages. M. Duhamel i5 M. Chasles 4 M. Bravais 1 Il y a un billet blanc. M. Despretz, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit une seconde addition à un Mémoire précédemment présenté au concours pour le grand prix de Sciences physiques de i856 (question concernant le dernier théorème de Fermât). Ce supplément, qui, de même que le Mémoire original, porte pour épi- graphe Hoc erat in votis, sera soumis au jugement de la Commission com- pétente avec mention de la date de l'envoi. médecine. — Sur le typhus de Crimée; Lettre de M. Baitdexs à M. le Président de l'Académie. (Commissaires, MM. Velpeau, Cloquet.) « Constantinople, 5 mai i856. » Les nombreux documents que j'ai recueillis en Crimée et à Constanti- nople me permettraient de traiter in extenso l'importante question du typhus des armées. Pour le moment, je demande à l'Académie des Sciences la permission de me borner à l'examen sommaire de l'identité et de la non- identité du typhus et de la fièvre typhoïde. Ce point de vue divise encore la ( io44 ) science ; mais à l'armée d'Orient, on peut dire que tous les médecins sont aujourd'hui convaincus de la non-identité. « Étiologie. — On s'accorde généralement à reconnaître que la fièvre typhoïde et le typhus ont pour cause le miasme organique. C'est incontes- fable, au moins pour le typhus : il est engendré par la misère, par l'accu- mulation, par l'encombrement dans les prisons, dans les navires, dans les camps, dans les hôpitaux ; on pourrait le faire naître et mourir à volonté. Il n'en est pas de même de la fièvre typhoïde, ni des maladies épidémiques, telles que le choléra, qui, quoi qu'on fasse, apparaissent fatalement et dis- paraissent sans qu'on sache pourquoi. Une fois né spontanément sous l'em- pire des causes précitées, le typhus se propage ensuite par infection. La contagion, encore mise en doute pour la fièvre typhoïde, n'est pas contes- table pour le typhus. A l'ambulance de la première division du troisième corps, presque tout le personnel hospitalier, presque tous les soldats entrés pour d'autres maladies et quinze médecins sur seize ont eu le typhus. Entre la Cri- mée et Constantinople, trente-sept médecins, vingt sœurs de Charité, huit aumôniers, des centaines d'infirmiers, tous pleins de santé, sont morts empoisonnés au souffle des malades typhiques. » Qu'il y ait infection ou contagion, vraisemblablement les deux à la fois, n'importe, le résultat est le même : l'infection, qui bien certainement a la plus grande part, est bien plus redoutable que la contagion, puisqu'il suffit de respirer l'air contaminé par les typhiques, dans le premier cas, tandis qu'il n'y aurait qu'à ne pas les toucher pour être préservé dans le second. C'est par ces propriétés contagieuses que le miasme du typhus se révèle ; il est attesté par la propagation du fléau et une grande mortalité partout où il a été apporté. Nos hôpitaux de Constantinople l'ont reçu de la Cri- mée. m La différence qu'il y a entre le typhus et les maladies épidémiques ' ordinaires, c'est que celles-ci n'ont qu'une durée passagère dépendante de l'action et de l'état atmosphérique, tandis que le typhus dure tant qu'on ne s'est pas rendu maître de l'infection. Aussi, tandis que le médecin d'hôpital se borne à traiter les typhiques, le médecin en chef d'armée doit arrêter le fléau par des mesures de haute prophylaxie. L'incubation du miasme organique paraît être en moyenne de six jours. Mon secrétaire a contracté le typhus sept jours après avoir visité avec moi l'hôpital russe de la Balbec où il régnait. L'empoisonnement miasmatique a marché quelque- fois lentement en Crimée, quand il rencontrait une très-grande puissance de réaction, et pendant le temps qui précède son apparition complète, on ( io45 ) peut suivre sur la physionomie des médecins, où la stupeur a laissé sa trace visible, les progrès du mal. Ces cas d'infection lente et progressive ont été presque toujours mortels. » Marche. — Le typhus de Crimée a offert une marche moins uniforme et moins régulière que le typhus d'ailleurs, si bien décrit par Hildembrand. L'irrégularité du typhus de Crimée tient à diverses causes, parmi lesquelles il faut noter en première ligne : le scorbut, la dyssenterie, les fièvres inter- mittentes dues surtout aux marais de la vallée de la Tchernaïa. C'est à par- tir du 1er janvier 1 856 que le typhus, qui, l'année précédente, avait com- mencé à poindre, a pris de grands développements ; mais dans les derniers temps du siège de Sébastopol, la pourriture d'hôpital, ce typhus des plaies, avait fait de grands ravages. Pour éclater, le typhus contagieux n'attendait plus que la concentration et l'accumulation, que la rigueur de l'hiver a amenées naturellement. Les soldats, blottis dans leurs tentes hermétique- ment fermées, dont le sol était humide et imprégné d'impuretés, ont subi l'empoisonnement du miasme organique. » Le typhus régulier de Hildembrand aurait pu se montrer sur les méde- cins, sur les aumôniers et sur le personnel hospitalier de Constantinople dont la constitution n'était pas altérée. Ici encore l'irrégularité a été la règle; aussi les huit périodes décrites par Hildembrand n'ont-elies peut-être pas été observées une seule fois. » L'état prodrcrmal : lassitude, sommeil non réparateur, douleurs lom- baires, horripilations, tension douloureuse de la tête, vertiges, si commun dans la fièvre typhoïde, a souvent manqué. Le typhus, assez souvent, débute d'emblée par un frisson initial et par la période inflammatoire, marquée par un état catarrhal, plus ou moins prononcé, des yeux, des fosses nasales et des bronches; par une forte céphalalgie frontale, vertigineuse, comme dans l'ivresse; par la stupeur, qui est le cachet du typhus; par un délire calme ou furieux ; par une grande prostration des forces; par une soif intense et souvent par un état saburral des voies digestives. La peau brûlante se couvre, après deux ou trois jours, d'une éruption exanthémateuse qui n'a manqué que chez les sujets déjà épuisés par d'autres maladies et qui diffère essen- tiellement de celle de la fièvre typhoïde. Elle se montre au tronc et aux membres par groupes irréguliers de taches arrondies d'un rouge foncé sans relief, moins grandes qu'une lentille, ne disparaissant pas par la pression; sans pétéchies, sans sudamina, que je n'ai vus que trois ou quatre fois sui- des milliers de malades. C. H., .i856, i" Semestre (T. XLII, N» 22.; I $7 ( io46 ) » La continuité de la fièvre avec pouls de cent à cent trente pulsations, plus ou moins développé ou déprimé même, soit par une débilité antérieure, soit par une oppression réelle des forces vitales, a été souvent interrompue par un et plus rarement par deux paroxysmes réguliers en vingt -quatre heures, assez semblables à des accès de fièvre rémittente, qui ont donné au typhus de Crimée un caractère particulier. Le ventre est souple, sans dou- leur, sans météorisme, sans ce gargouillement dans la fosse iliaque droite, si caractéristique de la fièvre typhoïde. La constipation a toujours remplacé le flux intestinal de la fièvre typhoïde quand la dyssenterie n'existait pas déjà avant l'invasion du typhus. Après la période inflammatoire, qui dure cinq à six jours, survient la période nerveuse, marquée par les phénomènes ataxiques ou adynamiques, et souvent par un mélange des deux à la fois; elle ne dure que de quatre à cinq jours et est peu prononcée quand la convalescence doit être franche. » La durée du typhus a présenté des caractères bien tranchés avec ceux de la fièvre typhoïde. La mort est survenue souvent le troisième jour, même le deuxième et quelquefois le premier. Il était alors foudrovant, dans la force du mot. Rarement il a persisté au delà de douze à quinze jours, à moins de complications, telles que des congestions organiques de l'une des trois cavités splanchniques. » Le retour à la santé a presque toujours eu lieu dans les dix premiers jours. Le malade passait tout à coup du trépas à la vie; le délire, la stupeur tombaient tout d'un coup comme par magie, mais le malade conserve en- core des cauchemars très-pénibles, de la surdité, un affaiblissement de la vue et une perte plus ou moins complète de la mémoire. Toutefois on ne remarque pas, comme dans la fièvre typhoïde, la chute des cheveux. Ces heureux changements sont souvent précédés d'épistaxis, de sueurs, d'urines critiques et quelquefois de parotidites. » La convalescence, si lente dans la fièvre typhoïde, marche rapidement dans le typhus, et les écarts de régime sont peu redoutables; ce qui s'ex- plique par l'absence de plaques de lésion des follicules intestinaux et d'en- gorgement des glandes mésentériques dont la constance est l'un des princi- paux caractères de la fièvre typhoïde. Des centaines d'autopsies ont con- stamment donné des résultats négatifs de ce côté, sauf des granulations miliaires et quelques plaques pointillées de noir, comme les grains d'urj# barbe fraîche, à la fin de l'intestin grêle. » On trouve la rate et le foie souvent gorgés de sang et ramollis. Les pou- mons, quand il y a eu vers eux une congestion locale, sont engoués ou hépati- ( i°47 ) ses, surtout à la partie déclive, et quelquefois le siège de petits noyaux apo- plectiques. Les lésions les plus constantes sont du côté du cerveau : forte injection sanguine des méninges, épanchement séreux, teinte opaline de l'a- rachnoïde, et quelquefois avec plaques pseudo-membraneuses; substance cérébrale piquetée, ou ramollie, ou suppurée à la surface. Les auteurs s'accor- dent sur la non-récidive de la fièvre typhoïde. Deux médecins, MM. Lardy et Laval, ont succombé au typhus, bien qu'ils eussent eu quatre ou cinq ans auparavant la fièvre typhoïde, dont on a pu retrouver les traces dans la cicatrice d'ulcères intestinaux. C'est encore là une preuve de la non- identité du typhus et de la fièvre typhoïde. » Traitement. — Avant tout, de l'air pur sans cesse renouvelé; respecter la période inflammatoire comme une effort suprême de la nature pour chasser au dehors le poison miasmatique par une poussée exanthématique à la peau; ne saigner que si le sujet est très-fort, s'il y a menace d'apoplexie cérébrale; préférer le plus souvent à une saignée générale, dont il faut être très-sobre, quelques sangsues aux apophyses mastoïdes ou quelques ven- touses entre les épaules; recourir aux mêmes moyens quand la petitesse du pouls trahit l'oppression des forces vitales, qui se relèvent après une déplé- tion sanguine modérée. Quand, dès le début, comme dans le typhus de Crimée, il y a des paroxysmes rémittents, les couper par quelques doses de sulfate de quinine pour rétablir la continuité de la fièvre qui tombe alors d'elle-même après quelques jours, quand elle n'est pas entretenue par une lésion organique accidentelle. Cette complication a fréquemment lieu quand on ne prend pas soin d'anéantir tout d'abord les paroxysmes. Au début du typhus, un éméto-cathartique est avantageux, quand surtout il existe de l'embarras gastro-intestinal ; boissons mucilagineuses ou acidulées, et même eau vineuse. Dans la période nerveuse, recourir aux remèdes usités contre l'ataxie et l'adynamie. Dans ce dernier cas, les toniques, tels que le vin de Malaga et de Porto, ont eu un grand succès. » Tel est le traitement qui a donné les résultats les plus avantageux à l'armée d'Orient et auquel se sont ralliés les praticiens les plus expérimen- tés, tels que M. le médecin principal Cazalas, qui a préconisé l'un des pre- miers le sulfate de quinine pour régulariser la période inflammatoire et la débarrasser de l'élément palustre, qui a eu une grande influence sur les ma- ladies de la Crimée. » ,37.. ( '°48 ) balistique. — Des lois de la résistance de l'air sur les projectiles animés de grandes vitesses ; par M. Didion. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Poucelet, Morin, M. le maréchal Vaillant.) « La recherche des lois de la résistance de l'air a été de la part de l'Aca- démie, en 1837, le sujet d'un grand prix des Sciences physiques, qui a valu à MM. les généraux Piobert, Morin et à moi, la récompense la plus flat- teuse. C'est la suite de ce travail que je présente aujourd'hui. » Les lois de la résistance de l'air sont la base des applications de la ba- listique au tir des bouches à feu ; leur recherche présente beaucoup de dif- ficultés, parce que la résistance ne peut pas être mesurée directement, et qu'on doit l'apprécier par la diminution de la vitesse des projectiles tirés à des distances différentes sur un pendule balistique. » Les premières expériences, faites sur des balles de fusil par Robins, sont antérieures à 1742; sont venues ensuite celles de Hutton, en 1788 et 1 789, sur des boulets de petit calibre ; enfin, celles de Metz, en 1 83g et 1 840, sur des boulets des plus forts calibres en usage. Euler n'a pu tirer parti des premières ; Hutton n'est pas parvenu à formuler utilement les résultats de ses expériences; mais celles de Metz ont fourni des résultats assez précis et d'une application sûre. » La loi de Newton, d'après laquelle la résistance de l'air serait propor- tionnelle à l'aire d'un grand cercle de la sphère et au carré de la vitesse, n'est pas applicable aux grandes vitesses des projectiles; et, si l'on divise par le produit de ces deux quantités la résistance observée, on obtient un coefficient variable avec la vitesse suivant une loi dont il s'agit de trouver l'expression. » Hutton avait mesuré les vitesses des boulets à sept distances différentes, de 3o à 43o pieds (9™, <4 à i3i mètres), et il en avait déduit les coefficients de résistance pour une série régulière des vitesses sans en formuler l'expres- sion ; ce résultat a été pendant longtemps la seule base des applications de la balistique au tir des bouches à feu. M. le général Piobert a proposé une expression linéaire, et déterminé les coefficients des deux termes d'après ces expériences sur de petits calibres. » Dans les expériences de Metz en i83g et 1 84o, on tira des boulets de 8, de 1 2 et de 24 sur un pendule balistique à une distance do 1 5 mètres, puis à des distances de 25, 5o, 'jB et 100 mètres au delà. » La perte des forces vives comparée à la longueur du trajet, donnait la ( i°4g ) résistance moyenne durant le trajet, et, par suite, le coefficient de la résis- tance. On a eu de cette manière autant de coefficients que de charges de poudre ou de vitesses .'différentes ; et, prenant celles-ci pour abscisses et les coefficients pour ordonnées, on a eu un pareil nombre de points; il n'y a plus eu alors qu'à rechercher la ligne qui représentait le mieux leur en- semble. Pour cela, on a fait un groupe des plus petites vitesses, un autre des moyennes et un des plus grandes. On a eu ainsi trois points à peu près en ligne droite, qui ont fourni les deux termes des expressions cherchées. De son côté, M. le général Piobert, d'après les expériences de Hutton sur les petits calibres, trouvait le même rapport entre les deux termes, mais le premier terme était plus grand. L'augmentation aurait pu être attribuée à la différence des calibres. C'était un point important à éclaircir. L'observa- tion de la trajectoire des balles de fusil et d'autres applications me portaient cependant à croire que ce terme était indépendant du calibre du projectile. » Dans cet état de la question, j'ai repris toutes les expériences; j'ai eu le soin de corriger toutes les vitesses observées de l'effet du choc des gaz de la poudre et de l'inclinaison de la trajectoire à la rencontre du pendule. » Si l'on ne tenait pas compte du choc des gaz sur le pendule balistique, effet qui est particulièrement sensible aux grandes charges et aux petites distances, on arriverait à une diminution de vitesse, et par conséquent à une résistance trop grande. D'un autre côté, lorsqu'on calcule les vitesses sans tenir compte de l'inclinaison de la trajectoire au but, on obtient une vitesse trop grande, et l'augmentation est d'autant plus sensible, que la vi- tesse est plus faible et la distance plus grande ; la correction peut aller jusqu'à une augmentation de o,o3 de la résistance à mesurer. » Par la méthode qui a été indiquée plus haut, j'ai trouvé, pour les expé- riences sur les boulets de 12 et de 24 (de om, 12 et om,ia de diamètre) aux vitesses habituelles et à la densité moyenne de l'air 1 ,2o83 , v étant la vitesse du projectile, et en prenant le mètre, le kilogramme et la seconde pour unités, l'expression 0,027(1 +o,oo23v), laquelle doit être multipliée par le carré de la vitesse et l'aire d'un grand cercle du projectile pour donner la résistance. Le calibre de 24, considéré isolément, donnait un terme con- stant un peu plus fort, et celui de 12 un terme un peu plus faible. » En recherchant la valeur du premier terme qui, pour la vitesse initiale ob- tenue directement, représentait le mieuxla trajectoire delà ballede fusil obser- véesur 4oo mètres de longueur, j'ai trouvé 0,0275. Les expériences deRobins sur des balles de om,oio, donnaient aussi à peu près 0,027. Il n'y avait donc pas lieu, d'après cela, d'admettre une variation du premier terme avec le dia- ( io5o ) mètre des projectiles. Pour mieux le reconnaître, j'ai repris les résultats de toutes les expériences, et j'ai employé une nouvelle méthode qui consiste à supposer que dans l'expression Ai + - ) de la résistance, on connaît le rap- port -des deux termes, au moins approximativement, en se réservant de le vérifier et de le modifier s'il en était besoin. A est alors la seule quantité à déterminer. » En cherchant la relation entre les vitesses d'un même projectile à deux distances différentes, on trouve que les vitesses décroissent de telle sorte, que si les vitesses sont exactes, l'accroissement de log( i + -) est proportionnel aux distances, et que, si l'on considère dans chaque expérience les points dé- terminés, en prenant les distances pour abscisses et logf i + - ) pour or- données, ceux-ci doivent être en ligne droite. L'inclinaison de cette droite, ou le rapport de l'accroissement à la distance, multiplié par le rapport de la masse du projectile à l'aire de son grand cercle, donne la valeur cherchée de A. Mais, si les vitesses résultent de l'observation, elles présentent toujours certaines inégalités ; on trace alors la ligne de manière à représenter le mieux possible l'ensemble des points. L'inclinaison de cette ligne sur l'axe des ab- scisses donne l'accroissement cherché, et par suite le terme A. De plus, s'il a été fait aux mêmes distances des expériences à diverses charges de poudre, comme il ne s'agit que d'une inclinaison à déterminer, on peut prendre pour chaque distance, les moyennes arithmétiques des valeurs de log( i -+- -) aux diverses charges de poudre, et obtenir une seule ligne et une seule va- leur de A pour représenter l'ensemble de toutes les expériences avec le même calibre. » Par ce moyen, j'ai retrouvé, pour les expériences avec le boulet de 24, aux vitesses habituelles, inférieures à 5oom:s, A = 0,02713 ; et pour celles avec le boulet de 12, A = o,o26o3; le boulet de 8 a donné des résultats un peu plus forts, et l'ensemble des expériences sur les trois calibres a donné A = 0,02705. Lorsqu'on y comprend les vitesses de 5oom:8 et au delà, on trouve A = 0,02682, qui diffère à peine du premier. » En appliquant la même méthode aux expériences de Hutton sur les boulets d'une livre (om,o5 de diamètre), j'ai trouvé A = 0,0274 aux petites vitesses, et A = 0,0278 aux grandes vitesses. » Cet accord, dans l'ensemble des résultats, est très-satisfaisant, et il n'y a plus dans ceux qui proviennent des expériences de Hutton qu'une diffé- ( io5i ) rence de peu d'importance. Cette différence s'explique d'ailleurs par de pe- tites erreurs qui proviennent de la moindre rigidité du pendule de Hutton. Cette moindre rigidité rend compte aussi du léger excès que donnent pour A les expériences avec les boulets de 3 livres et de 6 livres. On avait donc toute raison de s'en rapporter, pour l'application au service de l'artillerie, à l'expression résultant des expériences de Metz, faites d'ailleurs avec les pro- jectiles en usage. » Recherchant alors les coefficients de la résistance de l'air, à l'aide de la valeur de A résultant de chaque expérience, c'est-à-dire celle de A ( i -4- - ) et les comparant entre elles, on trouve qu'ils seraient mieux représentés en prenant - = o,oo25, ou r = /|00m:s ; on obtient alors A = 0,0260 pour les expériences de Metz, et 0,0268 pour celles de Hutton sur le boulet de 1 livre à toutes les vitesses. Le rapport plus simple de - a en outre l'avantage de faciliter les calculs et l'usage des Tables de balistique. » En résumé, le résultat des expériences de Metz en 1839 et 1840, obtenu en premier lieu, s'est trouvé confirmé par ces nouvelles recherches, et celui des expériences de Hutton s'est trouvé ne présenter avec les premières qu'une très-petite différence, dont on trouve l'explication naturelle dans la moindre perfection de la suspension du pendule employé. » On a donc maintenant une expression simple de la résistance de l'air sur les projectiles, et qui s'étend à tous les calibres et à toutes les vitesses. Les expériences en cours d'exécution à Metz, qui se font avec des pré- cautions et des moyens nouveaux, et comprennent des projectiles oblongs, compléteront la solution de l'importante question de la résistance de l'air sur les projectiles animés de grandes vitesses. » physique. — applications d'un nouveau système de robinet à des machines pneumatiques aspirantes et foulantes ; parM. J.-J. Sii.bermax.v jeune. (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Despretz.) « J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie un système de pompe aspirante et foulante, que j'ai imaginée pour pouvoir, non-seulement réunir en un seul appareil la machine pneumatique ordinaire et la pompe de compression, mais encore pour la rendre susceptible de se prêter à toutes les combinaisons dont les physiciens et les chimistes peuvent avoir besoin, ( io5a ) soit dans leurs recherches scientifiques, soit pour les expériences de dé- monstration dans les cours. Ainsi elle permet de faire le vide à simple ou à double épuisement, indifféremment sur quatre platines, et simultanément dans un ou deux récipients. Il en est de même pour la compression. » Il résulte, en outre, de ces dispositions, qu'on peut transvaser des fluides de un ou deux récipients dans un ou deux autres ; et, en reliant les récipients un à un, on peut aussi déterminer un ou deux courants de gaz. Ces dispositions peuvent être utiles, soit pour des analyses chimiques, soit pour plusieurs expériences de physique, touchant les propriétés des gaz , comme chaleur spécifique, etc., etc. » Il ne m'a été permis de faire atteindre ces propriétés aux pompes aspi- rantes et foulantes, que par l'emploi des propriétés de nouveaux systèmes de robinets que j'ai imaginés, et dont l'un de ces systèmes, à parties concen- triques, a été présenté par moi à l'Académie. Une machine à deux corps de pompe, munie de ce robinet, se trouve sous les yeux de l'Académie. Elle a été exécutée, ainsi qu'un petit modèle décrit plus bas, dans les ateliers de deux jeunes et habiles constructeurs, MM. Favre et Runemann, successeurs de M Pixii. » Dans le but d'être utile à M. Regnault, mon illustre maître, j'imaginai, en 1 842, pour ses recherches, une pompe plus commode que celles utilisées jusqu'alors (1). Cette pompe était à la fois aspirante et foulante, et avait, pour rétablir l'équilibre de pression, un robinet ordinaire, outre les deux conduits de soupapes. J'avais confié aux soins de M. Golaz, mécanicien, la construction de cette pompe qui est aujourd'hui très-répandue dans les la- boratoires de physique et de chimie. Mais aspirant à faire encore mieux, je crus inutile d'en donner communication à l'Institut. L'interversion des sou- papes exigeait une série d'opérations que je supprime à présent par l'appli- cation des propriétés d'une nouvelle espèce de robinet. Ce dernier n'exige pour cela qu'une fraction de tour, et supplée à lui seul aux trois robinets nécessaires dans les précédentes pompes. » La machine à un seul corps de pompe se compose d'un cylindre verti- cal, dans lequel se meut un piston plein, composé de rondelles de cuir ser- rées entre deux disques en laiton visses contre la tige du piston. Ce cylindre porte à sa base deux soupapes coniques, l'une d'aspiration, l'autre d'injec- tion ou de refoulement. Chacune de ces soupapes fonctionne dans une pe- (1) Savoir : les petites pompes aspirantes de Gay-Lussac, et les pompes de compression à soupape latérale. ( io53 ) tite boîte vissée sur un conduit vertical traversant le boisseau d'un gros robinet situé en dessous. L'axe horizontal de ce robiuet est parallèle à la li- gne qui joint les centres des soupapes et dans le plan des deux perforations précédentes. » i°. La clef du robinet est d'abord percée diamétralement, de manière à continuer chacun des conduits verticaux des soupapes jusqu'à la partie inférieure du boisseau, où ils divergent horizontalement au dehors pour pouvoir s'adapter à deux récipients. » 2°. Outre ces deux canaux parallèles, la clef porte deux perforations obliques à l'axe et croisées en X, mais coudées en sens contraire au milieu, pour ne point se rencontrer. Ces trous obliques sont forés selon un plan passant par l'axe, et formant un angle de 3o degrés avec le plan qui contient les deux conduits précédents. Ces conduits en X servent à intervertir les communications allant des récipients aux soupapes. » 3°. Enfin dans un plan passant de même par l'axe du robinet et faisant avec le précédent encore un angle solide de 3o degrés, se trouvent les ori- fices de deux conduits parallèles à l'axe du robinet et disposés en paren- thèses renversées f=^. » Ces conduits, tout en interceptant la communication entre le corps de pompe et les récipients, établissent ainsi, d'une part, la communication entre les deux soupapes, à la partie supérieure du robinet; et, d'autre part, à la partie inférieure, la communication entre les conduits d'aspiration et de compression. Ces conduits servent ainsi à rétablir, au besoin, l'équilibre de pression entre les deux récipients ou bien entre un des récipients et l'atmosphère; car chacun des conduits parallèles à l'axe du robinet, outre la communication bifurquée en parenthèse, peut communiquer avec l'air extérieur : pour cela on n'a à ouvrir qu'un petit bouchon conique vissé à l'extrémité de prolongements pratiqués au bout des conduits parallèles à l'axe et débouchant à la face opposée à la poignée du robinet. » Pour éviter toute méprise dans la manœuvre du robinet, la poignée est en forme d'étoile à six rayons correspondants aux trois plans diamétraux contenant les orifices. Sur chacun de ces rayons, se trouve gravé l'un des signes II, X, j=J, qui indiquent ainsi le genre de communication correspon- dant. Dans les positions intermédiaires, le robinet ferme toute commu- nication. A la partie inférieure du boisseau du robinet, ou base de la pompe, la continuation de chacun des conduits verticaux vient aboutir à l'extérieur, comme il a déjà été dit, par un tube horizontal, au bout duquel se visse, à C. R , iS5G, i« Semestre. (T. XLII, N« 22.) ' 38 ( io54 ) écrou, l'ajutage pouvant établir la communication avec un récipient ou circuit quelconque. » Machine à deux corps de pompe. — Chacun de ces corps de pompe est muni d'une soupape d'aspiration et de compression. Ces quatre soupapes sont dans un même plan vertical. Les parties inférieures des conduits des soupapes les plus rapprochées de chacun de ces corps de pompe sont reliées entre elles par un tube ou conduit foré dans le massif de la base des deux corps de pompe. Les conduits des soupapes les plus éloignées sont de même reliés par un tube horizontal. Aux deux points de jo'nction de ces deux con- duits horizontaux avec chacun des quatre conduits verticaux, se trouve un robinet à trois issues en forme de T, reliées au moyen d'un conduit hori- zontal avec ajutage aune platine mobile. On a ainsi, vis-à-vis de chacune des quatre soupapes, un orifice au bout duquel on peut adapter un récipient quelconque. » Chaque corps de pompe est muni d'un manomètre et d'une éprouvette. Les manomètres et éprouvettes attenant au corps de pompe sont fixés laté- ralement à chacun des cylindres, et communiquent à l'intérieur au moyen d'un petit conduit horizontal atteignant le conduit vertical de chacune des soupapes, entre celles-ci et le robinet. De cette façon, les manomètres et les éprouvettes se trouvent indépendants des interversions des robinets. » Les tubes de ces manomètres et éprouvettes sont fixés chacun sur un trou axial d'un petit robinet communiquant avec des conduits, transversaux en forme de T. La boîte de ce robinet est perforée, à l'opposite du corps de pompe, d'un trou qu'on ouvre en tournant de 90 degrés le robinet qui porte le manomètre sur son axe. On opère de cette façon, quand il s'agit de faire simultanément le vide ou la compression dans deux récipients à la fois. » Le système de communication du robinet, décrit ci-dessus, peut aussi être appliqué comme moyen de communication électrique, en substituant au métal un corps non conducteur, et en remplissant les perforations par des fils conducteurs. » En développant ce système de communication sur un plan, il en résulte encore un tiroir jouissant des mêmes propriétés que le robinet. » géologie. — De Information et de la répartition des reliefs terrestres (troi- sième Mémoire); par M. F. de Francq. (Extrait par l'auteur.) ( Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont, Dufrénoy, de Senarmont. ) « Les sommes terrestres des grands cercles de mes roses se groupent de ( io55 ) la manière suivante sur les cent cinq grands cercles qui s'inclinent de l'équa- teur jusqu'au 65e degré de latitude. Grands cercles groupés par sections de sommes terrestres. a n 11 « a n ci M r> B n M © a P S 0 O 0 O O 0 O m » a » (D n n> » (B A B S » » » » -* « A (B b9 m 0 «j *J «0 to m M M *; w w .£>* ■A* en u hJ> o m •o M - 1 M -O M 11 ■0 U •O ■0 tO ■O m> »' 63- pa- p* P* P' SB* P* PS' SB* p* P* P* P- P* P- P- P' B3- tn V» o o> «O 00 (O G W «O H M OJ w ** en Oi O e O c •■O ■O ■O U ^J O 0 O O O c 0 0 0 O •i 2 2 2 3 3 5 10 9 i3 4 10 i3 8 1 4 3 6 I 3 I 4 7 26 23 7 4 * 49 16 1 1 II 29 27 78 » Ce résumé nous montre, i° que lesminima et maxima terrestres des grands cercles se contre-balancent entre eux; 20 que les grands cercles de moins de 102 degrés terrestres sont en nombre si dominant, qu'ils ont dû imposer leurs exhaussements communs aux autres grands cercles, et qu'ils ont pu les contraindre à répartir ainsi leur somme d'exhaussement sur plus de 102 degrés. » Les vingt-trois grands cercles dont la somme terrestre se maintient entre 92 \ et 102 degrés qui nous offrent ainsi des sommes terrestres pres- que normales (cette somme étant de 99 | degrés) passent si régulièrement sur tous nos continents, qu'ils en motiveraient à eux seuls déjà les contours généraux. Les grands cercles de moins de 92 - degrés terrestres (qui attei- gnent tous le chiffre de 98 à 100 degrés parleurs arcs marins rectangulaires), viennent compléter largement, à leur tour, ce premier réseau en nous pré- sentant des triples et quadruples entre-croisements sur presque toutes les surfaces terrestres. » Les grands cercles de plus de 102 degrés terrestres ne forment, au con- traire, que trois faisceaux sur mes roses. » Le premier de ces faisceaux part à l'équateur du 90e degré est et ouest de longitude. U présente une moyenne terrestre de 126°, 45 xz sur cinq grands cercles qui remontent du 60e au 80e degré de latitude. Le deuxième i38.. ( io56 ) part à l'équateur du 45e degré ouest et i35e degré est de longitude. Il présente une moyenne terrestre de i38°,88 xz sur quatorze grands cercles qui remontent du 10e au 75e degré de latitude. Enfin, le troisième part à l'équateur du méridien de Paris et du r8oe degré de longitude. Il présente une moyenne terrestre de iio°,5g sur huit grands cercles qui remontent du 25e au 60e degré de latitude. » Le premier de ces faisceaux longe toutes les chaînes orientales de l'Asie, depuis le Birman et l'An-Nam jusqu'au Kamtschatka ; il passe ensuite sur l'Amérique septentrionale dont il longe tout le grand système occidental depuis l'Amérique russe jusqu'au golfe du Mexique. » Le deuxième de ces faisceaux longe, dans notre hémisphère, la chaîne de la Guinée septentrionale et l'Atlas, en passant sur tout le Sahara; il longe ensuite plus au nord l'alignemeut général formé par la Méditerranée, la mer Noire, la mer Caspienne, le lac d'Aral, etc., celui formé par les côtes delà Manche, de la Hollande, du Danemark et de la Suède, par la Baltique, le golfe de Finlande et les lacs Ladoga et Onega. » Enfin, le grand cercle qui remonte le plus au nord dans ce deuxième faisceau, longe l'alignement formé par les Héhrides et les Shetland, par les côtes de la Norwége, de la Laponie, etc. » Notre deuxième faisceau suit en Asie les alignements généraux for- més par les chaînes de l'Asie Mineure, par celles de l'Afghanistan, et enfin parcelles de l'Himalaya ; il longe ensuite la côte orientale de l'Australie ainsi que presque tous les alignements du centre de l'Amérique méri- dionale. » Le troisième faisceau, qui part à l'équateur du méridien de Paris, suit en Asie l'alignement, i° de l'Altaï, 20 du Thia-Shan, 3° du Péling, 4° de plusieurs chaînons du Balouchistan et du Népaul, 5° de la chaîne du Vindhya, etc. » Ce faisceau vient donc motiver avec le faisceau précédent la plupart des grands alignements qui se dirigent plus ou moins de l'est à l'ouest en Asie, tandis que le premier longe les alignements plus ou moins nord-sud de la côte orientale de ce continent, et ceux de la côte occidentale de l'Amérique septentrionale. » Mes faisceaux de grands cercles polaires viennent compléter cet aperçu des causes qui ont pu provoquer la formation des principales chaînes du globe. « Ces faisceaux nous montrent, ainsi, qu'il existe à l'équateur, du 80e au iaoe degré est de longitude, une large bande de grands cercles polaires de ( lo57 ) plus de 102 degrés terrestres qui se dirigent, du nord au nord-est en Asie. Cette bande de grands cercles, dont la moyenne terrestre est de io5°,6,j xz sur 3 grands cercles, au 70e degré est de longitude, ii2°,75 xz sur 5 grands cercles au 80e degré est de longitude, i26°,45 xz sur 5 grands cercles au 90e degré est de longitude, i4i°j6i xz sur 7 grands cercles au ioo° degré est de longitude, i35°,64 xz sur 7 grands cercles au 119e degré est de longitude, iii°,8i xz sur 4 grands cercles au 120e degré est de longitude, coupe l'équateur, depuis les îles Maldives jusqu'à l'île Célèbes, et suit tout le grand système oriental de l'Asie en passant en même temps sur toutes ses mers cotières et sur le grand archipel de la Malaisie. Cette bande de grands cercles longe ensuite les chaînes occidentales de l'Amérique septentrionale, ainsi que celles de l'Amérique méridionale, en passant sur le golfe du Mexi- que et la nier des Antilles. De nombreux grands cercles de plus de 102 de- grés terrestres se dirigent en Asie du nord au nord-nord-ouest et occupent également à l'équateur une base qui s'étend du 70e degré est de longitude jusqu'au i3oe degré est de longitude. Mes faisceaux de grands cercles nous offrent dans cette direction les chiffres suivants : » Moyenne terrestre de : io3°,87# sur 2 grands cercles au 70e degré est de longitude, 11 6° x sur 3 grands cercles au 80e degré est de longitude, il 3°, cfixz sur 6 grands cercles au 100e degré est de longitude, i2g°,o8.rz sur 6 grands cercles au 110e degré est de longitude, i3i°,46xz sur 6 grands cercles au 120e degré est de longitude, 125° xz sur 6 grands cercles au i3oe degré est de longitude. » Ces faisceaux longent la plupart des alignements qui se dirigent : i° du nord au nord-nord-ouest en Asie; a° du nord au nord-nord-est dans l'A- mérique septentrionale, et 3° du sud au sud-sud-ouest dans l'Amérique méridionale. Ces faisceaux passent aussi dans leur parcours sur le grand archipel de la Malaisie, sur une partie des mers qui bordent la côte orien- tale de l'Asie, ainsi que le golfe du Mexique et la mer des Antilles. Les grands cercles de plus de 102 degrés terrestres viennent donc motiver non- seulement la direction des principaux alignements terrestres du globe, mais encore la dépression des arcs marins rectangulaires que j'ai constatés sur mes roses de grands cercles. » Le résumé ci-joint fera ressortir ce dernier point ainsi que le rapport qui existe entre les arcs marins rectangulaires et les actions volcaniques. ( io58 ) .Résumé des arcs marins rectangulaires de mes roses de grands cercles et des volcans qui ont été constatés sur les alignements rectangulaires de ces arcs marins. i°. Mer des Antilles, golfe du Mexique, etc 2°. Des iles Galapagos à l'Amérique méridionale 3°. Golfe de Californie 4°. Mer de Kamtschatka 5°. Mer d'Okhotsk 6° . Mer du Japon 7° . Mer Jaune et mer de Corée 8°. Canal de Formose, merde Chine, elc 9°. Détroit de Malacca, mer de Java, etc io°. De la Nouvelle-Guinée aux îles Carolines, etc ii°. De la Nouvelle-Guinée aux iles Salomon, etc 12°. De la Nouvelle-Calédonie et des iles Witi vers l'équateur, etc i3°. Golfe du Bengale 1 4° • Canal de Mozambique , etc i5°. Golfe d'Aden, mer Rouge et golfe Persique i6°. Méditerranée, etc 170. Côtes occidentales de l'Europe, mer du Nord, Islande, etc... 180. Côte occidentale de l'Afrique : Totaux i53 ARCS MARINS VOLCANS. rectangulaires. 21 55 4 ■9 3 2 6 54 3 i3 3 11 4 6 18 27 35 77 8 1 8 4 7 6 6 5 5 6 7 23 7 12 5 10 3 9 340 » Ce résumé nous mentionne des bassins qui nous présentent presque tous les mêmes caractères. » Ces bassins, dont les arcs marins terminés par des alignements rec- tangulaires nous représentent des arcs terrestres sous tous les rapports; ces bassins, dont les alignements rectangulaires sont toujours plus ou moins volcaniques ; ces bassins qui paraissent n'être que des surfaces continen- tales immergées ou des surfaces marines en voie d'exhaussement ; ces bas- sins, dis-je, sont tous croisés, ainsi que nous venons de le voir, par de nombreux grands cercles de plus de 100 degrés terrestres qui en motivent la dépression. Tout semble donc nous indiquer que l'écorce terrestre est en travail sur ces points du globe, et que les actions volcaniques ne sont que des effets secondaires de ce travail qui tend à exhausser ou à déprimer des bassins tout entiers. » ( 1(>59 ) mécanique céleste. — Mémoire sur le développement en série d'une partie de Injonction perturbatrice ; par M. Bourget. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Liou- ville, Delaunay, et M. Bertrand en remplacement de M. feu Binet.) « La fonction que Laplace appelle perturbatrice est -■> . , -D XX'+YY'+ZZ' r (0 R = v? ?> dans laquelle X, Y, Z, X', Y', Z' désignent les coordonnées héliocentriques, r, r1 • » les rayons vecteurs, p » la distance mutuelle. » Hamilton a fait voir dans un Mémoire bien connu des géomètres (*), qu'on peut la remplacer par la suivante : (2) Q = —, ;(DtXD,X'+D,YDfY' + D,ZD,Z) - -, f*(* P dans laquelle fx, pi désignent respectivement, 1 -h m, 1 + m'. » La substitution de £2 à R ne change rien aux formules qui donnent les variations des éléments, et dans les deux systèmes les perturbations des coordonnées ont les mêmes valeurs. Mais ù étant symétrique par rapport aux deux planètes, cette substitution abrège d'une manière notable le cal- cul des inégalités. Il paraît donc important d'ajouter au développement de - celui de P (3) A = -,(D(XDtX'+DJDtY'+ DtZD,Z'), f*P* en une série de termes proportionnels aux sinus et cosinus des multiples des anomalies moyennes T, T' des deux planètes. » Si l'on applique à cette fonction la méthode ordinaire, basée sur l'em- ploi de la série de Taylor, on obtient sans beaucoup de peine tous les termes (*) On a gênerai methodin dynamics, Transact. philos., i834 et i835. — Ce Mémoire a été l'objet de l'étude de M. Houel dans sa thèse présentée à la Faculté de Paris, en i855. ( io6o ) qui ne dépassent pas le quatrième ordre; mais au delà les calculs deviennent extrêmement compliqués. J'ai cherché à effectuer ce même développement en évitant la série de Taylor, par la méthode des quadratures. J'ai été assez heureux pour trouver une formule générale extrêmement simple, et dont on déduit avec la même facilité tous les termes quel que soit leur ordre. » Pour montrer le détail de toutes les opérations à effectuer, leur symé- trie et leur simplicité, pour donner eu même temps aux astronomes les moyens d'utiliser dans leurs recherches la fonction perturbatrice d'Hamil- ton, j'offre ici le tableau complet de tous ses termes jusqu'au sixième ordre. Je prolongerais sans peine ce tableau, si le calcul de quelque inégalité à longue période l'exigeait. De nombreuses vérifications résultent de la symé- trie même des formules, et permettent d'affirmer l'exactitude complète des résultats obtenus. » Dans cette application étendue, la première qu'on ait faite de la mé- thode des quadratures au développement série, j'ai introduit encore avec succès les nombres N de M. Cauchy, dont j'ai formé une Table dans un autre Mémoire (*). On peut donc affirmer que ces nombres se présentent naturellement dans la formation des suites trigonométriques propres à repré- senter les fonctions que l'on trouve en astronomie. » En résumé, il me semble que l'Académie verra avec satisfaction des cal- culs faciles, élégants, dans la résolution d'un problème où les méthodes ha- bituelles conduisent à des opérations fastidieuses par leur complication et par l'emploi de séries auxiliaires sans loi manifeste. » chimie. — Note sur la préparation et les propriétés de l'acide arsénique ; parM.E. Kopp. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas.) « Le procédé suivant a été trouvé le plus avantageux pour préparer de grandes quantités d'acide arsénique. » Sur /joo kilogrammes d'acide arsénieux en poudre, on fit couler très-, lentement 3oo kilogrammes d'acide nitrique de i , 35 p. sp. On opérait dans une citerne d'environ 1 5oo litres de capacité ; la réaction commence presque immédiatement, la température s'élève de plus en plus, et il se manifeste une ébullition très- vive, accompagnée d'un très-grand dégagement de vapeurs nitreuses. Pour ne point laisser celles-ci se perdre dans l'atmosphère, où leur abondance aurait pu exercer une action très-nuisible sur la végétation envi- (*) Comptes rendus de l'Académie des Sciences; mars i856. ( io6i ) ronnante, on profita de l'appel énergique d'une très-haute cheminée de fabrique pour faire passer les vapeurs rutilantes, conjointement avec de l'air atmosphérique et de la vapeur d'eau, à travers plusieurs serpentins con- densateurs. Ces serpentins étaient formés de très-gros tuyaux en grès remplis de coke bien épuré, et arrosé continuellement par un filet d'eau ou d'acide nitrique faible, provenant d'une condensation antérieure. On réussit ainsi à reproduire un acide nitrique de i, i5 à i, 18 p. sp. et représentant des deux tiers aux trois quarts de l'acide employé. Au bout de vingt-quatre à trente-six heures, l'acide arsénique liquide, parfaitement limpide et ayant la consistance de l'acide sulfurique concentré, fut soutiré de la citerne par un siphon en plomb. Ayant eu soin de maintenir toujours un petit excès d'acide arsénieux dans la réaction, l'acide arsénique en renfermait une petite quantité en solution ; mais il suffit de -^ à T^ d'acide nitrique con- centré, ajouté à la liqueur encore tiède, pour obtenir une oxydation com- plète. » L'acide arsénique liquide ainsi obtenu, abandonné quelque temps à lui-même, lorsque la température extérieure ne dépasse pas 1 5 degrés cen- tigrades, se prend souvent, surtout lorsqu'on l'agite, en masse semi-liquide, par suite de la formation d'une quantité de cristaux limpides et trans- parents. Ces cristaux se présentent tantôt sous forme de prismes allongés, tantôt sous forme de lames rhomboïdales. Ils sont extrêmement déliques- cents, se dissolvent presque instantanément dans l'eau en produisant un froid considérable (l'abaissement de température est d'environ i5 degrés centigrades), et renferment 24 pour 100 d'eau. Ils sont donc As205-+- 4Aq. C'est Kacide arsénique tribasique avec 1 atome d'eau de cristallisation. J'ai plusieurs fois obtenu de magnifiques cristallisations, ressemblant, à s'y mé- prendre, à une belle cristallisation de sulfate sodique. Les cristaux,, chauffés à 100 degrés, se liquéfient; de l'eau se dégage, et bientôt on voit se former un dépôt blanchâtre qui devient plus abondant en laissant refroidir la li- queur. Ce dépôt, ayant l'apparence d'une crème épaisse, est constitué par une multitude de petites aiguilles qui, exprimées fortement entre des feuilles de papier buvard, renferment environ 19 pour 100 d'eau et sont AsaOs+3Aq. » Cet hydrate s'obtient très-facilement, même en opérant sur de petites quantités, en évaporant longtemps au bain-marie une dissolution quel- conque d'acide arsénique. Il se dissout facilement dans l'eau, mais sans produire de changements notables de température. » Cet acide peut servir pour obtenir As2Os + 4Aq, dont la préparation C. R., i856, Ier Semestre. ( T. XLII, N° 22.) I 39 ( io6i ) en petit présente quelque difficulté. A cet effet, on évapore au bain-marie une solution d'acide arsénique, jusqu'à ce que sa densité soit d'environ 2,2. Par le refroidissement, As2Os -+- 3Aq se dépose abondamment sous forme de crème blanche, au-dessus de laquelle se trouvent des eaux-mères lim- pides et de consistance presque huileuse. On prend alors parties égales d'eaux mères et de dépôt blanc ; on dissout ce dernier dans un peu moins de moitié de son volume d'eau, et on verse la solution dans les eaux mères. Au bout de quelque temps on voit se former une abondante cristallisation de As205-h/4Aq. » Si, au lieu d'évaporer une solution d'acide arsénique à 100 degrés, on élève la température à 1 4.0 ou 180 degrés, on voit apparaître peu à peu une nouvelle espèce de cristaux (paraissant former des prismes droits) durs, brillants, adhérents fortement les uns aux autres, qui ne renferment plus que i3,5 pour 100 d'eau et constituent l'acide As205 -+- 2Aq. » Les eaux mères de ces cristaux ont à 16 degrés 2,365 p. sp. A 100 degrés, leur densité n'est plus que de 2,277. C'est donc une des solutions aqueuses les plus denses. » L'acide arsénique bihydraté se dissout encore assez facilement dans l'eau, et produit une forte élévation de température, en opérant sur des quantités un peu considérables. Si l'on maintient une solution très-con- centrée de cet acide pendant quelque temps à 200 degrés, et qu'ensuite on monte lentement vers 206 degrés, on observera à un instant donné la transformation de l'acide bihydraté en acide monohydraté. Le li- quide qui ne dégageait que très-faiblement de la vapeur d'eau, se trouble tout à coup, devient pâteux et se convertit en une masse nacrée, d'un blanc éclatant. Il se forme en même temps, après une période de pro- jection très-courte, des espèces de cratères, par lesquels se dégage, en sif- flant, la vapeur d'eau, avec une force considérable. » La masse nacrée, soustraite, dès qu'elle paraît sèche, à l'action de la chaleur, renferme environ 7,3 pour 100 d'eau, et constitue l'acide arsé. nique monohydraté, As205 -+- Aq. Cet acide, qu'il est un peu difficile d'ob- tenir tout à fait exempt d'acide anhydre, est lent à se dissoudre dans l'eau froide ; en le mettant en contact avec l'eau un peu chaude, la dissolution se fait encore assez facilement et avec un grand dégagement de chaleur. » Dans toutes ces dissolutions, l'acide arsénique passe à l'état d'acide ar- sénique trihydraté ordinaire. >> Les différents acides, chauffés à une température voisine du rouge obscur, fournissent l'acide arsénique anhydre. Celui-ci n'est plus un acide, ( io63 ) c'est un corps inerte, sans action sur le tournesol, insoluble dans l'eau, l'ammoniaque, etc.. Il peut rester des journées entières exposé au contact de l'air humide, sans s'humecter; cependant, à la longue, il se liquéfie et reproduit l'acide trihydraté ordinaire. Chauffé au rouge, il se décompose, sans fondre, en acide arsénieux et oxygène qui se dégagent. Pour le fondre, il faut en soumettre très-brusquement une quantité notable à une tempé- rature rouge -cerise. La majeure partie se décompose et se volatilise, mais le reste forme un culot blanc-jaunâtre ; la présence d'une faible quantité d'al- cali favorise extrêmement la fusibilité. » Avant de remettre la préparation et l'usage de l'acide arsénique entre les mains des ouvriers, j'ai cru devoir en expérimenter moi-même l'action sur l'organisme. Voici, en résumé, ce que j'ai observé : » L'acide arsénique hydraté, appliqué sur la peau, y produit bientôt des ampoules, tout à fait semblables à des brûlures; les ulcères qui en sont ré- sultés ont guéri sans la moindre difficulté. » En laissant les mains fréquemment en contact avec une solution d'acide arsénique, assez étendue pour ne pas agir comme caustique, on reste assez longtemps sans rien ressentir. Peu à peu on éprouve, sous les ongles princi- palement, une sensation pénible qui finit par devenir franchement et for- tement douloureuse ; enfin il se déclare un gonflement considérable ; les doigts doublent de volume, le gonflement s'étend graduellement à la main entière et même à l'avant-bras; en même temps se déclarent des mou- vements fébriles. En usant de précaution et surtout en lavant fréquemment les mains dans de l'eau de chaux, ces symptômes disparaissent rapidement. » J'ai constaté la présence de l'arsenic dans les excrétions liquides et solides. Du reste, je n'ai éprouvé aucune altération de la santé générale ; seu- lement, dans les deux mois pendant lesquels je maniais presque journellement l'acide arsénique, j'observai une augmentation du poids du corps de près de 10 kilogrammes. Ayant cessé de m'occuper de cet acide, au bout de neuf à dix semaines le corps est revenu au poids ordinaire de ^5 kilo- grammes. » A la Note de M. Ropp est joint un échantillon d'étoffe de coton impri- mée en rouge, dans laquelle les dessins blancs ont été enlevés au moyen de l'acide arsénique. C'est en cherchant à substituer pour cet usage industriel l'acide arsé- nique à l'acide tartrique que M. Ropp a été conduit aux recherches dont quelques-uns des résultats sont exposés dans la précédente Note. « La nou- i3g.. ( io64 ) velle application, quoique restreinte à un cas très-particulier et d'une im- portance secondaire, n'en a pas moins causé, remarque l'auteur dans la Lettre d'envoi, une consommation de plusieurs milliers de kilogrammes d'a- cide arsénique par an. » tératologie. — Note s ur un monstre exencéphalien ; par M. E. Gintrac. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Is. Geoffroy-Saint-Hilaire, Rayer.) « Le fœtus qui fait le sujet de cette Note était du sexe masculin, et né à terme à l'hôpital de la Maternité de Bordeaux, à la suite d'un accouche- ment laborieux. Il présentait une dépression considérable de la voûte du crâne et une tumeur volumineuse, aplatie et allongée, sur le côté droit du cou, s'étendant sur le même côté du thorax, en soulevant le scapulum. » L'examen anatomique de cette éminence anormale a fait reconnaître qu'elle était due à la présence d'une partie du cerveau dont les circonvolu- tions et la texture étaient parfaitement reconnaissables. Les côtes, les muscles intercostaux étaient recouverts par cette couche épaisse de substance céré- brale qui s'enfonçait profondément dans la région cervicale. Là, un inter- valle de i à a centimètres séparait la troisième vertèbre de la quatrième; les deux artères vertébrales étaient conservées. La droite marchait au mi- lieu de la matière cérébrale. Les nerfs cervicaux qui concouraient à la formation du plexus brachial étaient très-distincts. » Dans l'intervalle des troisième et quatrième vertèbres du cou se voyaient la moelle épinière et, à son extrémité supérieure, un renflement manifeste où il était possible de distinguer le bulbe, le mésocéphale et les rudiments du cervelet. » Le crâne et les trois premières vertèbres cervicales ayant été divisés sur la ligue médiane, il devint évident qu'une portion de l'encéphale avait conservé sa position normale : c'était l'hémisphère gauche du cerveau. Le déplacement d'une portion considérable de cet organe mentionné dans cette Note, n'a pu être attribué à des violences extérieures. Les tégu- ments et le tissu cellulaire ne portaient l'empreinte d'ancune lésion. La conservation des vaisseaux du cou, l'absence de tout épanchement sanguin profond, prouvent bien qu'il ne s'agissait que d'une aberration congénitale. J'ai donné à ce monstre le nom de Pleurencéphale (TrXeupa. côte, 7rM'jpxç de côté). C'est un genre nouveau dont ce fait donne le premier exemple. » Une figure lithographiée accompagne le Mémoire du monstre pleuren- céphale. ( io65 ) M. Brame présente un Mémoire sur les moyens de préparer et de con- server \esjumiers, en y appliquant des matières terreuses et même de la marne, et faisant intervenir des pailles et ajoncs. Le but que s'est proposé l'auteur est d'éviter la déperdition de l'ammo- niaque et de remplir ainsi plusieurs conditions utiles à la salubrité comme à l'économie des engrais. Il cite plusieurs faits qui lui paraissent établir les avantages de ses procédés appliqués dans la colonie de Mettray pour la confection des litières et la conservation des fumiers. (Commissaires, MM. de Gasparin, Payen.) MM. Follin et Godbakx, auteurs d'un Mémoire sur la cryptorchidie, présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, adressent, pour se conformer à une condition imposée aux concurrents, une indica- tion de ce qu'ils considèrent comme neuf dans leur travail. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Avenier Delvgrée soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Machine motrice en métal, en argile et en asbeste, jouis- » sant de la propriété de produire, au moyen des gaz chauds que dé- » veloppe la combustion, près du quadruple du travail des machines à » vapeur et d'être beaucoup moins altérable parla chaleur. » (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Regnault, Combes. ) M. Rodier adresse, du Mans, un fragment d'un ouvrage qu'il a composé sur la chronologie égyptienne. « Cette partie, dit l'auteur, est celle qui a rap- port aux vérifications astronomiques, et j'appellerai principalement l'atten- tion de l'Académie sur deux formules graphiques que j'ai été obligé d'éta- blir pour trouver, avec une approximation suffisante, les variations dans la longueur de l'année tropique et dans la précession des équinoxes à ces époques reculées. » (Commissaires, MM. Delaunay, Largeteau.) ( io66 ) CORRESPONDANCE. « M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie, de la part des au- teurs, la carte géologique de l'Europe, par sir Roderick Impey Murchison, directeur général du Geological Survey, et M. James Nicol, professeur d'Histoire naturelle à l'université d'Aberdeen. » Cette carte, dressée par M. A. Reith Johnston, géographe de la Reine, à l'échelle de i : 48i636o, est composée de quatre feuilles dont la réunion constitue un rectangle de im,o4 * de im,27 de côté. La Russie a été figu- rée d'après la carte géologique de ce pays publiée par MM. Murchison, de Verneuil et de Reyserling, à la suite de leurs voyages. Il en a été de même de la Suède, de la Norwége et du Danemark, pour lesquels, indépendam- ment des résultats des explorations de MM. Murchison et de Verneuil, on a encore fait usage de la carte géologique de la Suède par M. Hisinger, de celle de la Norwége par M. Keilhau, et de celle du Danemark par M. Fors- hammer. Pour l'Allemagne, on a employé les cartes géologiques assez nom- breuses, publiées récemment et déjà résumées en partie dans la carte dite de Schropp, dessinée par M. de Ruch, et dans la carte géologique de l'Europe centrale publiée, il y a quelques années, par M. de Dechen. La Suisse a été figurée d'après la carte géologique de MM. Escher et Studer, et la Bel- gique d'après celle de M. Dumont. Pour les Iles Britanniques, les cartes de MM. Greenough, Griffith, et Mac Culloch, les travaux personnels de M. Murchison et les cartes du Geological Smvey ont fourni des matériaux plus que suffisants. Pour la France, on a suivi la carte géologique générale publiée par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont. » L'Espagne a été coloriée d'après une carte géologique de ce rovaume préparée par les soins de M. de Verneuil et de ses compagnons de Aroyage, MM. Collomb et de Lorière. C'est à la suite de nombreuses excursions entre- prises dans le but spécial d'étudier la géologie de cette péninsule, et en s'ai- dant des travaux de MM. Casiano de Prado, F. de Lujan, Esquerra del Bayo, Schulz, Pellico, Botella, Leplay, Paillette, Elie de Beaumont et Dufrénoy, que M. de Verneuil et ses amis ont essayé de jeter les bases d'une carte qu'ils ne considèrent que comme une ébauche, mais qui, malgré ses imper- fections, donne cependant l'idée de la répartition générale des terrains. Les voyages de M. de Verneuil ayant été consacrés principalement aux royaumes d'Aragon, de Valence et de Murcie, la géologie de ces contrées, ainsi qu'on peut en juger en jetant les yeux sur la carte, y est traitée avec plus de détail. ( 1067 ) » L'Italie a été dessinée par M. Pentland, d'après les cartes publiées par MM. de Collegno, Pareto, Sismonda, et la Sardaigne a été extraite du grand travail de M. le général Albert de la Marmora. Pour la Grèce, on a suivi les cartes de MM. Boblaye et Virlet et de M. Fiedler. La Turquie d'Europe a été coloriée d'après les cartes géologiques publiées par MM. Boue et Vi- quesnel, et les Principautés danubiennes d'après celle de M. Hommaire de Hell. » La carte géologique de MM. Murchison et Nicol n'est pas restreinte aux limites de l'Europe. L'Oural y est figuré en entier d'après les recherches de MM. Murchison, de Verneuil et de Reiserling. Pour les régions cauca- siennes, on a employé les cartes de MM. Dubois de Montpereux, Hom- maire de Hell, etc. ; pour l'Asie Mineure, l'Arménie, la côte méridionale de la mer Caspienne, les travaux de MM. de Tchihatcheff, Roch et Hamilton. La Syrie et la Palestine ont été figurées d'après les cartes de M. Russegger, et l'Algérie d'après celle de M. Renou. o Pour opérer le dépouillement de si nombreux matériaux, M. Murchi- son, dont les cartes personnelles embrassaient à elles seules la moitié en- viron de l'Europe, a trouvé un secours très-utile dans le concours d'un géo- logue aussi exercé que M. Nicol, déjà connu par son excellent ouvrage intitulé : Guide to the geologj of Scotland. La carte a été imprimée en couleur par le procédé introduit en Angleterre par M. Johnston, à l'instar de celui qui a été établi à l'Imprimerie impériale de France par M. Dere- nemesnil. » M. Goldschmidt annonce que la découverte de la 4ie petite planète, dont M. Le Verrier avait entretenu l'Académie dans la précédente séance, s'est pleinement confirmée. géométrie. — Note sur les surfaces dont toutes les lignes de courbure sont planes; par M. Ossian Bonnet. « Indépendamment de la sphère dont tous les points sont des ombilics, on sait qu'il existe une infinité de surfaces imaginaires jouissant de la même propriété. Seulement pour la sphère les deux lignes de courbure ne se con- fondent pas; au contraire, par chaque point de cette surface, on peut faire passer une infinité de lignes de courbure; tandis que dans les surfaces ima- ginaires il n'y a pour chaque point qu'une seule ligne de courbure, et les ombilics sont de même nature que ceux que l'on rencontre dans l'ellipsoïde, ( io68 ) J'ai reconnu que ces dernières surfaces avaient leurs lignes de courbure planes, de telle sorte que les surfaces imaginaires dont tous les points sont des ombilics constituent une nouvelle classe de surfaces à lignes de cour- bure planes, qu'il faut joindre à celles que j'ai fait connaître dans un Mé- moire présenté à l'Académie le 10 janvier i853. » x, y, z étant des coordonnées rectangles, posons dz _ dz _ ePz _ d'z d'z _ dx~P' dP~2H- q2[{i + p2) t-ipqs+{i-hq2) r] R+(i -+- p2+f)2 = o; et si l'on veut que tous les points de la surface soient des ombilics, c'est-à- dire que les rayons de courbure principaux soient partout égaux et de même signe, il faudra que [(i +p')t- ■±pqs+(i + q2)r]2 = k(rt-s2)(i+p2 + q2)2, que l'on peut écrire [(l+^)r_(l+^),+2^(T^Lî_^]2+4f. + ^+<7ï)(^-^)2=o, ou bien [(,+72)r-(i+^-^7(^-^)J + 4(i + />ï+9a)(^-;-^=o. De là on tire, soit soit (I+f)r-(i+p*)t=-z{l+flS-p + q>), les signes allant ensemble évidemment. » Ainsi, posant pour simplifier, {a) (i+q2)s- pqt = M, (i + 92)/--(i+/)2)f = N, -{\-hp2)s+pqr=P, on a, pour définir les surfaces considérées, l'une ou l'autre des équations (,) N=aMJ»?T'V.±g+j.'. « i + 2 + <7J± s/l-hp' + q' p-h iq = c(j ±.\Ji -+-/r + q2), C. R. i856, 1er Semestre. (T. XL1I, N° 22.) l4° ( io7° ) ou, en chassant le radical, pour réunir les deux équations résultant du double signe , (p-h iq) [(i — c2)p-h (i + c2)iq — ic] = o, c'est-à-dire l'intégrale particulière p -+- iq = o et l'intégrale générale (3) (r — c2) /? -+- (i+ c*)iq — ic — o; mais, en appelant R le rayon de courbure principal de la surface, on a n y ! -+- p7 -+- q2 H \Ji -t-/>J+ q7 K ^i+p'-t-q' les différentielles étant prises pour un déplacement effectué sur la ligne de courbure; de plus, l'équation (3) donne (t-(?)d -=£==+ i(i+c*)d-=â==-*cd-== donc (i-c!)à, + j'(i + c1)(f/+acà= o, et, par conséquent, (i — c*)x -+- i{\ -+- c2)j -h icz — d. Ce qui prouve bien que les lignes de courbure sont toutes dans des plans. » chimie générale. — Faits pour servir à l'histoire de l'éthérification; par M. Alvaro Reynoso. « Action de l'acide chlorhydrique sur l'alcool. — De l'acide chlorhydrique en dissolution aqueuse fut mélangé avec un excès d'alcool, et le mélange, introduit dans un tube scellé à la lampe, fut chauffé à a4o, à 200, à 180, à 1 60 degrés et même seulement à 1 00 degrés. A ces cinq températures diffé- rentes, j'ai toujours obtenu, comme résultat de réaction, de l'éther hydrique mêlé à de l'éther chlorhydrique. » Action des e'thers bromhjdrique et iodhjdrique sur l'alcool. — Ces éthers, mêlés en petite quantité à un grand excès d'alcool, l'éthérifient complètement, sans que tout l'éther bromhydrique ou iodhydrique dispa- raisse. Une partie se décompose, tandis qu'une autre se retrouve sans avoir subi de décomposition. ( «Q71 ) » Les proportions d'éther hydrique obtenu sont si considérables, qu'on dirait que c'est une action qui se renouvelle plusieurs fois. » Sulfate d'alumine. — Le sulfate d'alumine pur et cristallisé fut mêlé à de l'alcool, et le mélange introduit dans un tube scellé à la lampe, fut maintenu pendant huit heures à la température de 200 degrés. L'alcool s'éthérifia complètement, et tout le sulfate d'alumine, à l'exception d'une petite quantité qui fut transformée en sous-sulfate, se conserva sans se décomposer et sous la forme d'une belle cristallisation. » Aluns. — Les aluns de potasse, d'ammoniaque, de fer et de chrome chauffés avec de l'alcool à 200 degrés, l'éthérifient complètement. » Sulfate durane. — Chauffé à il\o degrés avec de l'alcool, il produit une quantité notable d'éther sans subir de décomposition. » Sulfate de peroxyde de fer. — Chauffé à a4o degrés avec de l'alcool, il l'éthérifie en se décomposant et donnant naissance à des gaz en assez grande quantité. » Ethérification avec de l'acide sulfurique étendu d'eau. — De l'eau con- tenant 10, 5 et 3^ pour 100 d'acide sulfurique, éthérifie l'alcool à des de- grés plus ou moins considérables, à la température de 200 degrés. De l'eau contenant 2 et 1 pour 100 d'acide produit des quantités notables d'éther, quand on la chauffe à 200 degrés avec de l'alcool. » Je montre, dans le Mémoire dont je présente ici un extrait, que l'acide sulfurique, à partir de la température de 100 degrés, commence à éthérifier l'alcool, et je fais voir l'influence de la proportion d'eau et de la tempéra- ture sur l'énergie de cette réaction et sur les quantités d'éther obtenu. » mécanique. — Des turbines eulériennes, et du parti qu'on en peut tirer; Lettre de M. Ordinaire de Lacolonge. « Quelques recherches récemment faites, en me basant sur la théorie et sur les résultats présentés par des expériences authentiques, m'ont amené à la conviction la plus intime sur les faits suivants. » Les rouets volants et les roues à cuves, moteurs si fréquents dans le Midi, peuvent être avantageusement remplacés, et à très-peu de frais, par des turbines eulériennes, dépourvues des vannages habituellement em- ployés par les constructeurs. Les rouets volants auraient un simple moteur, avec un, deux ou trois injecteurs, suivant le cas, et se rapprocheraient de la turbine de Borda. Cette idée n'est pas nouvelle. Les roues à cuves au- raient un moteur et un distributeur ordinaires ; une simple pelle en bois, i4o.. ( *"72 ) placée, soit en amont, soit en aval de la roue, rendrait la charge d'eau, agissant sur le moteur, constante et égale à celle pour laquelle il est calculé. Avec cet agencement, quand la chute disponible augmente, elle n'est utili- sée qu'en partie. En tenant compte de cette perte, le rendement n'est cependant que de 5 à 6 pour ioo inférieur à celui que fournirait en pareil cas une turbine à vannes partielles marchant avec orifices réduits. » Mon Mémoire est terminé et contient, en particulier, des règles prati- ques de construction ; mais avant de le publier, je désire faire des expé- riences sérieuses, qui puissent me fixer sur la valeur réelle de ces recher- ches, entreprises surtout dans le but d'être utile a l'industrie des campagnes. Ces expériences ne pourront avoir lieu que dans quelques mois, et je désire, en livrant ces idées à la publicité, empêcher que d'autres ne puissent pren- dre, d'ici là, un brevet onéreux aux petits meuniers. Si cette communication peut porter quelques esprits éminents à faire des recherches analogues, loin de regretter d'être devancé, je serai heureux d'avoir contribué à faire mar- cher cette question. Je n'ai jamais eu l'intention de la travailler dans un but d'intérêt personnel. » Le brevet de M. Fontaine (vannes partielles) étant du 22 septembre 1849. et ceuii de M. Jonval du 27 octobre 1841, sont, le premier dans le domaine public, et le second au moment d'y tomber lui-même. La turbine d'Euler appartient depuis longtemps à la science. Rien ne peut donc empê- cher les constructeurs d'en faire, comme par le passé, tel usage qu'ils vou- dront. » M. Jobard, de Bruxelles, rappelle, à l'occasion d'une communication récente de M. Rouget sur l' appareil dadaption de l œil des Vertébiés, qu'il a lui-même, dans une Note lue à l'Académie le 18 juin 1 855, fait pressentir la nécessité d'appareils servant à produire ce qu'il désignait sous le nom de la mise au point de ïœil. M. Jobard soupçonne que l'œil est muni de divers appareils qui le rendent propre à la vision distincte de loin comme de près ; depuis longtemps même il a émis l'idée que les muscles moteurs de l'œil pouvaient contribuer à produire cet effet, n'ayant pas seulement pour fonc- tion de changer la direction de l'organe, mais agissant aussi de manière à le modifier dans sa forme. , M. Ramon de la Sacjka, qui avait présenté à la séance du 1 2 mai un nou- vel acide provenant d'une plante mexicaine, et applicable à la teinture, adresse aujourd'hui, pour être soumis à la Commission chargée de prendre ( io73 ) connaissance de ce produit, un catalogue des objets envoyés par le Mexique à l'Exposition universelle de 1 855, catalogue qui contient, sous forme d'ap- pendice, une Notice sur le nouvel acide fourni par la plante en question, la Dumerilia Humboldti. (Renvoi comme document à la Commission déjà nommée, Commission qui se compose de MM. Chevreul et Pelouze.) La Société batave de Philosophie expérimentale de Rotterdam remercie l'Académie d'avoir bien voulu la comprendre dans le nombre des institutions auxquelles elle fait don de ses Comptes rendus. M. de Paravey présente des remarques sur le nom de tot-choux, nom par lequel étaient désignées dans les Pyrénées, au siècle dernier, les tailles qui servaient de registres dans beaucoup de communes rurales pour la percep- tion de certains impôts. M. de Paravey rattache cette dénomination au nom de Thot, divinité égyptienne que l'on trouve figurée sur les monuments portant à la main un bâton crénelé (une sorte de taille), et à qui était attribuée l'invention de l'écriture, des caractères numériques, etc. M. Castorani adresse la description et la figure d'un ophthalmoscope, instrument construit d'après ses indications par M. Soleil fils. M. Babinet est invité à prendre connaissance de cette Note. M. Schrœder, auteur d'une Note sur les soulèvements absolus de la sur- face du globe, adresse aujourd'hui un nouveau travail intitulé : « Rotation souterraine de la masse ignée, ses causes et ses conséquences. » M. Liouville, qui avait été chargé de l'examen de la première communi- cation, est invité à prendre également connaissance de celle-ci. M. Le Coat de Saint-Haouen prie l'Académe de vouloir bien lui donner des Instructions qui puissent le diriger dans les recherches d'histoire na- turelle qu'il se propose de faire pendant son séjour dans le Maroc, où il retourne prochainement. On remettra à M. Le Coat un exemplaire de chacune des Instructions pré- parées pour les voyages scientifiques par diverses Commissions de l'Acadé- mie ; le Muséum d'Histoire naturelle pourra lui fournir aussi un exemplaire de ses Instructions pour les voyageurs. ( 1074 ) M. Bon art envoie une courte indication relative à un moteur dont il avait précédemment fait mention comme désirant le soumettre au jugement de l'Académie, une roue mue par le vent, et disposée de manière à ce que toutes les ailes, sauf une seule, se trouvent soustraites à l'action du courant aérien. M. Combes est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Curtault entretient l'Académie des moyens qu'il a employés avec succès pour délivrer la vigne de l'Oïdium. ( Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour les communications relatives aux maladies des plantes usuelles.) M. Compingt, qui avait exprimé le désir d'obtenir le jugement de l'Aca- démie sur l'efficacité d'un remède qu'il emploie pour le traitement des dartres, annonce qu'il ne peut, pour le présent, faire connaître la compo- sition de son remède sur lequel l'Académie de Médecine est appelée à se prononcer. M. Rieva prie l'Académie de vouloir bien lui désigner une Commission à l'examen de laquelle il soumettra un nouveau système d'armes à feu. La Commission ne pourra être nommée avant que l'auteur ait fait con- naître, par une description suffisamment détaillée, le système qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie. M. Thiebriat envoie un Mémoire sur les mouvements et l'équilibre des corps célestes. M. Le Verrier est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Coinze adresse un exemplaire du premier volume d'un ouvrage qu'il publie sous le titre de « Révélation des lois de la nature, ou Science de la vraie physique » et prie l'Académie de vouloir bien renvoyer cet ouvrage à l'examen d'une Commission. On fera savoir à l'auteur qu'une décision déjà ancienne, relativement aux ouvrages écrits en français et imprimés en France, ne permet pas à l'Aca- démie d'accéder à cette demande. ( io75 ) M. I >i i.aisi ni; soumet au jugement de l'Académie des figures relatives à la trisection de l'angle, et sur lesquelles il désirerait obtenir un Rapport. On fera savoir à M. Delaistre que la question dont il s'est occupé est du nombre de celles pour lesquelles l'Académie ne nomme point de Commis- sion . ■ M. Brachet adresse une Note relative à la construction des microscopes. Renvoi à M. Babinet, comme l'ont été les précédentes communications de l'auteur. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 2 juin i856, les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Académie des Inscriptions et Belles- Lettres. Dis- cours prononcé par M. Laeoulaye, Président de l'Académie, aux funérailles de M. Augustin Thierry, le samedi i[\ mai i856; \ feuille in~4°. Institut impérial de France. Iclithyologie analytique, ou Essai d'une classifica- tion naturelle des Poissons, à l'aide de tableaux synoptiques ; par M. A.-M.-C. Duméril. Paris, i856; in-4°. (Extrait du tome XXVII des Mémoires de l'A- cadémie des Sciences. ) Compagnie universelle du canal de Suez . L'isthme de Suez; par M. Barthé- lemï Saint-Hilaire. Paris, i856; br. in-8°. Réforme de la géométrie; par M. Charles Bailly. Paris, i856; 1 feuille in-8°. Notice historique et chronologique sur l' innocuité du phosphore rouge introduit dans l'économie animale ; par M . A. Chevallier. Paris, i856; br. in-8°. De la cryptorchidie chez l'homme et les principaux animaux domestiques-; par MM. Armand Goubaux et E. Follin. Paris, i856; br. in-8°. ( 1076 ). Révélations des lois de la nature, ou Science de la vraie physique, etc.; par M. F.-V. Coinze; t. Ier. Metz, i855; in-8°. Physiologie hygiénique pour bien se nourrir avec peu de nourriture, etc. ; par M. LUTTEKBACH; br. in-12. Catalogue des produits naturels , industriels et artistiques exposés dans la Sec- tion mexicaine à l'Exposition universelle de 1 855. Paris, i855; br. in-8°. (Ren- voyé comme pièce à consulter à la Commission chargée de l'examen d'un acide végétal, présenté par M. Ramon de la Sagra, dans la séance du 11 mai.) Congrès scientifique de France; XXIIIe session . Programmeur. in-8°- On cystic... Sur des entozoaires cystiques du rein humain; par M. T. Herbert Barrer. Londres, i856; br. in-8°. Geological map. . . Carte géologique de l'Europe montrant les différents sys- tèmes de roches, d'après les recherches les plus récentes et d'après des matériaux inédits; par sir N.-I. Murchison, directeur général du Relevé géologique de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, et James Nicol, professeur d'Histoire Naturelle à l'Université d'Aberdeen; carte dressée par M. A. Rfith JohnstON, géographe de S. M. ; i856; 4 feuilles, format atlas. ( io77 ) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1886. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à [étranger, par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. XLV1I; mai i856; in^8°. Annales de l' Agriculture française, ou Recueil encyclopédique d Agriculture ; t. VII, nos 8 et 9 ; in-8°. Annales de la Propagation de la Foi; t. XXVIII, IIIe partie ; in-8°. Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana- tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. Milne Edwards; pour la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. DECAISSE; tome IV; n° 5; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; avril 1 856 ; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France ; t. III; IIe partie. Bulletin des séances; feuilles 27-29; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; avril i856; in-8°. Boletin... Bultetin de l'Institut médical de Valence; avril 1 856 ; in-8°. Bulletin de la Société de Géographie; avril i856 ; in-8°. Bulletin de ta Société de [Industrie minérale; 3e livraison ; in-8°, avec atlas in-fol. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale; avril i856; in-4°. Bulletin de la Société française de Photographie; mai i856; in-8°. Bulletin mensuel de la Société impériale zoologigue d'acclimatation; avril i856; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; t. V, n05 9 et 10; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; mai 1 856 ; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; avril i856; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; mai i856; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 21-24; in-8°. La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier ; n° 9 ; in-8°. L'Art médical, journal de Médecine générale et de Médecine pratique; mai 1 856; in- 8°. C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII, N° 22.) '41 ( ">78 ) Le Moniteur des Comices et des Cultivateurs; n° 7 ; in-8°. Le Technologisle ; mai i856; in-8°. Magasin pittoresque ; mai 1 856; in-8°. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, de [ Agriculture et des Arts de Lille. Supplément à l'année i853, et Table générale de la ire série. Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse ; mars i856; in-8°. Nouveau Journal des Connaissances utiles; n° 1 ;'in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques, journal des Candidats aux Ecoles Po- lytechnique et Normale ; mai i856 ; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV, n° 11; in-8°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; vol. VIII; n°9- Proceedings... Procès-verbaux de ta Société de géographie de Londres ; nos 1 et 2 ; in-8°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société zoologiquede Londres; nos 2o5- 298; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; mai i856; in-8°. Revista... Revue des travaux publics ; 4e année; nos8-io; in-8°. Revue des spécialités et innovations médicales et chirurgicales; mai i856; in-8°. Royal astronomical... Société royale astronomique de Londres ; vol.. .XVI, n°6; in-8°. Société impériale et centrale d'Agriculture. Rulletin des Séances. Compte rendu mensuel, rédigé par M. Payen, secrétaire perpétuel; 2e série, t. XI; n°4; in-jB°. The Journal... Journal de la Société royale de Dublin; n° 1 ; in-8°. The Quarterly . . . Journal de la Société chimique de Londres; vol. IX , n° 33 ; in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n05 1 3- 1 5 ; in-8° L'Agriculteur praticien; nos i5 et 16; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n05 8-10; in-8°. Rulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n° i5; in-8°. Astronomische... Nouvelles astronomiques ; nos 985-1008 ; in-4°- Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; Ier se- mestre i856; nc5 18-21 ; in-4°. ( '°79 ^ Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications auxArtset à l'Industrie; t. VIII; \f-2ie livraisons. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; nos 52-6/j. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°» 18-22. Gazette médicale de Paris; nos 18-22. L'Abeille médicale; nos i3-i5. La Lumière. Revue de la Photographie; nu* 18-22. L'Ami des Sciences ; n°* 1 8-2 1 . La Science; nos 23-36. La Science pour tous; n03 2 1 -25. ■ L'Athenœum français. Revue universelle de la LiUérauue, de la Science et des Reaux-Arts; nos 18-22; accompagné du Rulletin archéologique du mois d'avril 1 856. Le Moniteur des Hôpitaux; n°' 52-65. Le Musée des Sciences; n° 1 . Le Progrès manufacturier ; nos 5i-54. Revue des Cours publics; n°* 18-21 . ERRATA. (Séance du 26 mai i856.) Page 977, ligue 5, au lieu de forces, lisez surfaces. Page 980, ligne 4 en remontant, au lieu de en passant de leur seconde position d'équilibre à la première, lisez en passant de leur première position d'équilibre à la seconde. • . m o ( I080 ) jJtCWWfc3Wfc3WW«MM — — "- — — — — •-■■-■- - O Ô 00 "-J Ci en -t.-» W M *■ O LO ■„; ~ vj vl vj vl vj vJ»Jvl>JvJvl>Jv]NJvl*J'JvlvlvJ«.|vlvivlsJiJsJvlvJvl — O Q O) W C/i W OiO'OUiOiO'UiOiOiU'UiOiUiU'UiClQOClOTOOCîavi M « en- - -o •« eo ci en u -t- ci -j 00 vi - w vi o w 01 h ^ ^(o oo co o O GO— U O GO «vl O 00 W O) Cl - O Cn U OtO bi W Cl -Er*. W -fc- Cl «vl v] » w ^, bJ O eo -Sv Q — - Cl M Cl C^ tn Ln(3 ç &j q ci çq .Çn Jn en CO 00 00 V tn - Cl W I Ui**i* Oii* 00 en J>. 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SÉANCE DU LUNDI 9 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. A l'ouverture de la séance, M. le Secrétaire perpétuel donne des nou- velles de la santé de M. de Gasparin, qui, frappé d'une maladie subite au commencement delà semaine dernière, est aujourd'hui dans un état beau- coup plus satisfaisant. M. Rayer, qui a soigné l'honorable Académicien depuis le début de sa maladie, est invité à lui transmettre les vœux que forment ses confrères pour son prompt rétablissement. chimie organique. — Sur la saponification des corps gras par les oxydes anhydres; par M. J. Pelouze. « On admet généralement que la saponification des corps gras ne saurait s'accomplir sans la présence de l'eau. » Les expériences dont j'ai l'honneur d'entretenir l'Académie prouvent que cette opinion n'est pas rigoureusement exacte, et que les oxydes métal- liques anhydres sont aptes à former des savons tout aussi bien que les mêmes bases hydratées ou mêlées à l'eau. » Le corps gras que j'ai le plus souvent employé est le suif; mais j'ai C. R.,i856,ierSerae«w. (T. XLH, N° 23.) l4^ ( io8a ) aussi opéré sur les huiles, et mes résultats peuvent être considérés comme s'appliquant aux diverses classes des corps gras neutres. » La chaux anhydre mêlée au suif en détermine vers i5o degrés la sapo- nification complète. Le savon calcaire décomposé par un acide donne une quantité d'acide gras représentant p,5 à 96 pour 100 du poids du suif soumis à l'expérience. » Ces acides gras mont paru en tout point identiques avec ceux retirés du suif par M. Chevreul. « Le même savon cède à l'eau de la glycérine mêlée avec une très-petite quantité d'un sel calcaire formé par un acide soluble dans l'eau .dont je n'ai pas déterminé la nature. » Pendant la réaction, il se dégage du mélange de matière grasse et de chaux anhydre une fumée blanche d'une odeur de sucre brûlé, dans laquelle on distingue aussi celle de l'acétone. » Ces vapeurs, dont le poids n'excède pas en général 1 à 3 pour 100 de celui du suif, ont été condensées. On y a trouvé de l'eau, de l'acétone et de la glycérine. » Il suffit de 10 parties de chaux anhydre pour en saponifier complète- ment 100 de suif; avec 12 ou 14, la saponification se produit avec une faci- lité beaucoup plus grande. » Lorsqu'on opère sur une quantité considérable de mélange, il devient très-difficile, même en retirant la masse du feu quand le thermomètre qui sert d'agitateur marque a5o ou 260 degrés, d'empêcher que l'action ne devienne très-tumultueuse. Le mélange se boursoufle, répand des fumées excessivement épaisses, la température s'élève rapidement, et la décompo- sition prend le caractère d'une destruction ordinaire par le feu. Il ne reste plus qu'une niasse noire carbonisée. » La baryte et la strontiane anhydres effectuent la saponification du sud et des huiles, comme la chaux. » L'oxyde de plomb lui-même détermine d'une manière très-nette le même mode de décomposition des corps gras. » Il est très-facile, en élevant graduellement la température d'un mélange de massicot ou de litharge et de suif, de produire un savon de plomb dont l'acide azotique faible extrait des acides margarique, stéarique et oléique or- dinaires, dont le poids s'élève, comme avec la chaux, à g5 et 96 pour 100 du poids du suif. » La formation des acides gras avec le suif et les oxydes métalliques an- hydres est un fait nouveau et intéressant, mais qui ne change rien, je me hâte de le dire, à la théorie de la saponification de M. Chevreul, ni aux ex- ( jo83 ) périences si nombreuses et si précises sur lesquelles elle s'appuie. En effet, M. Chevreul, en démontrant que dans l'acte de saponification les éléments de l'eau se fixent sur la glycérine et sur les acides gras, a envisagé ces acides non pas dans leurs sels, mais seulement dans leur état de liberté, c'est-à-dire après qu'ils avaient été éliminés des savons, opération pendant laquelle on sait que les acides se combinent avec l'eau. J'ajouterai même que loin de modifier les vues de M. Chevreul, mes expériences leur donnent en quel- que sorte un nouvel appui. » En effet, lorsqu'on saponifie le suif par l'oxyde de calcium, si les acides anhydres qu'on peut supposer tout formés dans la matière grasse sont respectés entièrement, il n'en est pas de même de la glycérine. Le suif perd 2 pour 100 au moins de son poids, et on ne peut attribuer cette perte qu'à une décomposition correspondante de la glycérine. » En résumé, si la saponification par les bases anhydres est complète eu égard aux acides gras, elle indique relativement à la glycérine un ordre de phénomènes plus compliqué. » Les acides anhydres saponifient aussi les corps gras neutres à une tem- pérature élevée, mais l'action est lente, difficile et incomplète. » On a fait passer pendant plusieurs heures un courant de gaz acide chlorhydrique sec dans du suif entretenu à 25o degrés. Il s'est produit des vapeurs abondantes de chlorhydrine dont la découverte récente est due à M. Berthelot. Le résidu a cédé aux alcalis la moitié environ de son poids d'acides gras. Une partie considérable de suif n'était pas saponifiée, elle était mêlée à des matières colorantes qui n'ont pas été examinées. J'avais pensé d'abord que la fabrication des bougies stéariques pourrait tirer quelque parti des observations précédentes, en ce sens que la saponification du suif se fait beaucoup plus rapidement avec la chaux anhydre que par les procédés ordinaires, et qu'elle exige d'ailleurs moins de chaux et subséquemmentmoins d'acide sulfurique pour la décomposition du savon ; mais j'ai bientôt trouvé dans la chaux éteinte ou monohydratée une autre modification aux procédés actuels bien préférable à la précédente, et qui est appelée, si je ne me trompe, à rendre quelque service à la belle industrie dont il s'agit. » La chaux provenant de la cuisson de la pierre à chaux, éteinte par l'eau à la manière ordinaire, mêlée au suif dans la proportion de 10 à la pour ioo, en détermine entre aïo et aa5 degrés la saponification complète. » La glycérine reste intimement mêlée avec le savon calcaire. Celui-ci est blanc, amorphe, demi-transparent, presque incolore ; il cède à l'eau de la glycérine. Les acides chlorhydrique et sulfurique faibles en séparent des ( io84 ) acides gras qui représentent encore 96 pour 100 du poids du suif soumis à l'expérience. » En opérant sur 1 kilogramme de suif et 120 grammes de chaux mono- hydratée en poudre fine, et en maintenant le mélange vers ai 5 et 110 de- grés, la saponification est terminée en moins d'une heure; elle n'exige que quelques minutes si on porte rapidement la température à 25o degrés. » Lorsqu'on force un peu la proportion de chaux éteinte et qu'on l'élève à 1 5o grammes par kilogramme de suif, la saponification s'effectue avec beaucoup plus de facilité encore. Ce dernier savon est plus dur, plus blanc, plus facile à pulvériser que celui fait avec moins de chaux. Les acides en séparent des acides gras d'une grande blancheur et d'une grande pureté. » Exécutée à la manière ordinaire, c'est-à-dire avec un lait de chaux à la température de l'ébullition du mélange, la saponification d'une pareille quantité de suif n'exige pas moins de vingt à trente heures. Il y a plus : pour l'effectuer d'une manière complète dans cette dernière condition, il serait nécessaire d'employer une plus forte proportion de chaux. » Dans les usines, la saponification par le lait de chaux dure ordinaire- ment une journée entière. » La saponification si facile, si prompte, si complète, du suif par la chaux éteinte ne peut manquer d'exciter l'attention des fabricants de bougies. Dans tous les cas, elle pourra être utilisée dans l'enseignement. » Dans un précédent travail, j'ai fait voir que la saponification des huiles dans une dissolution alcoolique de potasse ou de soude, s'effectuait en peu d'instants. Aujourd'hui on pourra supprimer l'intervention del'alcool et sa- ponifier en quelques minutes le suif ou une huile par la chaux monohydratée, et rendre témoins les auditeurs d'un cours d'une saponification entière, car le professeur pourra leur montrer non-seulement les acides gras, mais en- core la glycérine provenant de cette opération. » analyse mathématique. — Sur la théorie générale des équations différen- tielles. (Note de M. Liouville.) « On sait que les systèmes d'équations différentielles de la forme dx dV dx1 __ dV "dt — dx' dt ~ dx dy dV dy' _ d\ dt 2?' dt "d? dt dV dz' _ dV di S" dt "~ ~ *' ( io85 ) où V désigne une fonction de t, x,y,..., z, x', y',-..', z', jouissent d'un grand nombre de propriétés remarquables, et offrent des facilités particu- lières pour l'intégration. Deux intégrales d'un tel système étant connues, on pourra quelquefois en déduire une troisième, une quatrième, arriver même à obtenir ainsi toutes les intégrales du problème. Dans certains cas où le procédé que nous rappelons ne réussirait plus, on peut tirer un autre parti des intégrales déjà trouvées. M. Bour a sur ce point beaucoup ajouté aux ressources dont les géomètres disposaient avant lui. Je pense donc faire une chose utile en indiquant un moyen très-simple de ramener à la forme ci-dessus un système donné quelconque d'équations différentielles simulta- nées. A la vérité, il faut augmenter pour cela le nombre des variables et par conséquent le nombre des équations, mais cet inconvénient sera souvent* plus que compensé par les commodités qu'offrira la forme canonique dont nous parlons. » Considérons donc un nombre quelconque d'équations différentielles d'ordres quelconques entre un nombre égal de fonctions ou d'inconnues qu'elles doivent déterminer et une variable indépendante t. On réduira d'abord ce système à un autre où toutes les dérivées seront du premier ordre en ajoutant, s'il le faut, comme inconnues nouvelles, les dérivées successives des inconnues anciennes jusqu'à l'ordre inférieur d'une unité à celui qui figure dans les équations données. Cela fait, soit dx _ y d? — v dz — 7 dt — A' dJ— *'••" Tt — L' le système final que l'on a à traiter, et où X, Y,..., Z représentent des fonc- tions de t et des inconnues tant anciennes que nouvelles x,j,..., z. Dési- gnons par x', y,..., z' des variables auxiliaires conjuguées respectivement à x, y,..., z, et pour la détermination desquelles nous introduirons un nombre égal d'équations différentielles : je dis qu'on peut choisir ces équa- tions, qui sont à volonté, de telle manière qu'en les joignant à celles que nous venons d'écrire nous ayons un groupe canonique. Prenons à cet effet V = jc'X-h/Y+... + z'Z, ou plus généralement V = *'X + j'Y -K..-1-rfZ + ?(<,*,;,..,:), et posons dx' _ dX tty _ dx dz' _ dX dt ~ "' ~" (ir ' dt ~~ rly'"' dt ■ dt ( io86 ) Nous aurons évidemment par conséquent dv dv dv A. — , > I — > • • • ; L = — , 5 rf.Z dy1 dz' dx _dV dy _ d\ dz _ dV ~dt ~ dx''' dt ~ dy'"'""' It ~ dz1' Nous voilà donc conduits, comme nous le voulions, au système canonique dx_(W cte _ dv de rfx'' dt ~ dx'' dy _dV_ df _ dV dt dy'"' dt ~ rf/' dz _ dy dz' _ d\ dt dz'"1 dt ~ di' » J'ai donné ce procédé et développé diverses conséquences intéres- santes qui en découlent, dans mes Leçons au Collège de France, 2e se- mestre de l'année scolaire 1 852-1 853. Mon cours ayant alors pour objet la formation et l'intégration des équations différentielles, je devais naturel- lement m'occuper beaucoup des équations à forme canonique écrites plus haut et dont on connaît toute l'importance dans les questions de Méca- nique. » A cette occasion, il est bon de rappeler que, dans les théories géné- rales concernant de telles équations, on peut admettre sans inconvénient que la variable indépendante manque dans la fonction dont les seconds membres dépendent; car s'il n'en est point ainsi d'abord, on fera que cela soit en introduisant deux variables nouvelles t et t' : la première t est sup- posée égale à t -f- constante, en sorte que dt l'autre est définie par l'équation dt' _ dv rfr dt Soit, en effet, R = V -\-t'. Comme t et t' n'entrent pas dans V qui est une fonction de t,x,y,..., z, .r', ( io87 ) /',..., z' seulement, on a dR _ __ dt ~dl ~~ l ~Tx D'ailleurs les dérivées de V et celles de R par rapport à t, x, y,..., z, x', y,..., z' sont égales. Enfin dt = dt. On peut donc poser ce système dt dR rfT _ ~dt' ' de l dr ~ dR dx __ dR d~x ~~ dx1"1 dx' _ 7Ï ~ dR dx dy _dR dz~ dy1' dy> _ dt dR dz dR dï=~ dz7' dz' _ dx ~ dR dz et cela démontre notre assertion, puisque t, qui est ici la variable indépen- dante, n'entre pas dans la fonction R au moyen de laquelle on forme les se- conds membres. Comme ce système a naturellement l'intégrale ■ R ou V -+- t' = constante , analogue à celle des forces vives en Mécanique, on voit qu'on pourrait défi- nir par l'équation Y -r- 1' = constante la variable t' qu'on n'a introduite d'abord que par une équation différen- tielle. » Je dirai maintenant deux mots de la Note sur l'intégration de l'équa- tion des fonctions elliptiques dx dy = O \/i — X* ^ i — c'x' \/i — y1 y/i — c'y7 insérée dans un des derniers Comptes rendus [voir page 988), bien. qu'elle n'ait aucune liaison spéciale avec l'objet qui vient de nous occuper. Ayant trouvé dans un très-ancien cahier cette Note écrite par M. Sturm sans indi- cation de nom d'auteur, et voyant qu'ailleurs M. Sturm, quand il étudie un Mémoire ou un ouvrage, cite habituellement le nom du savant qui l'a com- posé, j'ai pensé qu'elle était son œuvre propre et je l'ai présentée comme telle à l'Académie. Mais depuis j'ai appris que la méthode que M. Sturm y ex- ( 1088 ) pose appartient à M. Despeyrous, professeur à la Faculté de Dijon, et faisait par- tie d'un Mémoire sur la théorie des fonctions elliptiques dont le manuscrit est resté longtemps entre les mains de notre confrère. Élève et ami de M. Sturm, M. Despeyrous recherchait avec raison des conseils qu'on lui donnait tou- jours avec bienveillance, et dont il garde un souvenir profondément recon- naissant. En lisant ce Mémoire, M. Sturm a transcrit et arrangé pour son usage particulier le calcul par lequel M. Despeyrous arrive à l'intégrale d'Euler, Une Lettre de M. Sturm en date du Ier avril 1849, que M. Despeyrous m'a communiquée, ne laisse aucun doute à cet égard. Je terminerai en appelant l'attention des géomètres sur le travail de M. Despeyrous, que M. Sturm approuvait comme on voit, et que l'Académie de Dijon a inséré dans le recueil de ses Mémoires. » géométrie. — Démonstration géométrique de quelques théorèmes de M. Gauss; par M. J. Bertrand. « Le célèbre Mémoire de M. Gauss, intitulé Disquisitiones générales circa superficies curvas, a ouvert dans la théorie des lignes tracées sur les surfaces une voie entièrement nouvelle. Ce beau Mémoire est aujour- d'hui connu de tous les géomètres; M. Liouville, en le réimprimant à la suite de la cinquième édition de l'ouvrage de Monge, en a commenté et simplifié plusieurs points importants; M. Bonnet a également contribué à répandre les belles formules qui s'y trouvent, par l'usage continuel qu'il a su en faire dans ses importantes recherches sur la théorie des surfaces ; il existe enfin, dans le Journal de Crelle, un grand nombre de Notes et de Mé- moires qui doivent leur origine à cette œuvre capitale de l'illustre géo- mètre de Gottingue. » Les résultats consignés dans ce mémorable Mémoire sont de deux espèces : les uns se résument en propositions simples et générales qui doivent être comptées parmi les plus belles que possède la géométrie ; les antres consistent en un système de formules qui sont comme des instruments préparés pour des recherches ultérieures de géométrie ana- lytique. Mon but est de détacher, dans cette Note, les théorèmes découverts par M. Gauss, et d'en donner une démonstration géométrique tellement simple, qu'elle puisse être comprise immédiatement par tous ceux qui connaissent les premiers principes de la théorie des courbes et des surfaces; les raisonnements sont purement géométriques, et n'exigent même pas, pour la plupart, l'emploi des infiniment petits. ( io89 ) » I. Je prendrai pour point de départ le théorème suivant dû à M. Bonnet : » Si sur la surface d'une sphère, on trace une ligne fermée quelconque, et qu'en chaque point de cette ligne, on mène un arc dé grand cercle tan- gent égal à un quadrant, le lieu des extrémités de ces arcs partage la sphère en deux parties équivalentes. » La démonstration donnée par M. Bonnet est fort simple, mais elle ne s'applique pas facilement au cas où le contour donné est tel, que la courbe fournie par la construction se compose de branches qui se coupent mu- tuellement. » Je proposerai d'y substituer le raisonnement suivant : Soit ABCDEF un polygone sphérique; supposons que l'on prolonge chacun des côtés AB,BC, CD, . . . , et que l'on forme des triangles isocèles ayant pour angles les angles extérieurs du polygone, et dont les côtés qui comprennent ces angles soient égaux à un quadrant. En calculant la somme de ces triangles, et ajoutant cette somme au polygone ABCDEF, on aura pour résultat quatre triangles trirectangles, c'est-à-dire une demi-sphère. On voit tout aussi facilement, et c'est l'avantage de ce mode de démonstration, que si le polygone a des angles rentrants, le même résultat subsiste, pourvu que les triangles cor- respondants soient retranchés au lieu d'être ajoutés. » De là on passe facilement au théorème de M. Bonnet, en considérant le contour donné comme un polygone d'un nombre infini de côtés. » On doit observer, enfin, que si le contour proposé présentait un point anguleux, il faudrait adjoindre à la courbe formée par les extrémités de l'arc de grand cercle d'un quadrant tangent au contour donné, l'arc de grand cercle décrit du point anguleux comme pôle, et terminé aux deux arcs tangents en ce point, aux portions du contour qui s'y rencontrent. » II. On déduit du théorème précédent la proposition suivante, l'une des plus importantes que contienne le Mémoire de Gauss : » Si sur une surface quelconque on considère un triangle ABC Jbriné par trois lignes géodésiques, que par le centre d'une sphère on considère des rayons parallèles aux normales menées à la surface par les différents points du contour de ce triangle, les extrémités de ces rayons déterminent sur la sphère un triangle dont la surface est égale à l'excès de la somme des angles du triangle ABC sur deux droits. » Pour plus de netteté, nous supposerons que la surface donnée soit une surface. convexe. Concevons par le centre delà sphère, des parallèles aux diverses tangentes menées aux côtés du triangle ABC, en chaque point C. R., i856, i« Semestre. (T. XL1I, N°23.) 1 4^ . ( i°9° ) de son contour; les extrémités de ces parallèles formeront sur la sphère trois courbes MN, PQ, RS ; joignons NP, QR, SM, par des arcs de grand cercle de manière à former un hexagone MNPQRS, dont trois côtés seront des arcs de grand cercle, et les trois autres des courbes à double cour- bure. Il est facile de voir que les six angles de cet hexagone sont droits. Considérons, en effet, l'angle N par exemple ; le grand cercle tangent à MN est parallèle au plan oscillateur de la courbe AB au point B, et le grand cercle NP est lui-même parallèle au plan tangent de la surface ABC au même point; ces deux grands cercles se coupent donc à angles droits. » Cela posé, si l'on applique à cet hexagone le théorème de M. Bonnet, on obtiendra immédiatement la démonstration de la proposition énoncée; on voit, en effet, que le contour qui, en vertu de ce théorème, partage la sphère en deux parties équivalentes, se compose de neuf arcs de grand cercle et de trois courbes à double courbure. Les neuf arcs de grand cercle correspon- dent aux six sommets de l'hexagone et aux côtés NP, QR, SM, ils forment trois triangles birectangles, dont les angles non droits sont respectivement II — A, II — B, II — C; quant aux trois autres courbes qui correspondent aux côtés MN, PQ, RS, ce sont précisément celles qui sont définies dans l'é- noncé du théorème de Gauss , et en nommant T le triangle qu'elles forment, on a, d'après le théorème de M. Bonnet, n-A + n-B+n-c + T = an, d'où T = A + B + C-n. » III. Si l'on trace sur une surface un contour fermé quelconque, on nomme courbure totale de l'aire comprise dans ce contour, la portion de la sphère comprise dans l'intérieur de la courbe, lieu des extrémités des rayons parallèles aux normales menées à la surface par les points du contour donné. » On voit tout de suite que la courbure totale d'un rectangle infiniment petit formé par quatre lignes de courbure est égale à la surface da. d$ de ce rectangle, divisée par le produit RR' des rayons de courbure de la surface. On en conclut que la courbure totale d'une surface infiniment petite quelconque est égale à l'aire de cette surface, divisée par le produit des rayons de courbure au point considéré. D'après cela, si on considère un triangle infiniment petit ABC formé par trois lignes géodésiques, on aura deux expressions de la courbure totale, qui devront être égales entre ( io9j ) elles, • !^_C = A + B-4-C-ri; mais, si l'on vient à déformer la surface sans altérer les longueurs des lignes qui y sont tracées, le triangle ABC ne cessera pas d'être formé par trois lignes géodésiques de la surface déformée. A + B-4-C — II ne changera pas, non plus que surf. ABC; donc BB' doit rester constant. » Ainsi donc, quand on déforme une surface sans altérer la longueur des lignes qui y sont tracées, le produit des rayons de courbure en chaque point reste invariable. » IV. Connaissant l'expression de la courbure totale d'un triangle formé par trois lignes géodésiques, on peut en déduire immédiatement celle de la courbure totale d'un polygone formé par de pareilles lignes. Cette courbure est mesurée par l'excès de la somme des angles sur autant de fois deux droits qu'il y a de côtés moins deux. » Si l'on considère, sur une surface, deux lignes géodésiques infiniment voisines, soient A une fonction proportionnelle à la distance qui les sépare, et S la longueur de l'arc compté sur l'une d'elles, M. Gauss a montré que l'on a £A - _L A rfS' 1 RR' ' » Pour démontrer ce théorème, il suffit de calculer la courbure totale d'un rectangle infiniment petit compris entre les deux lignes géodésiques et deux trajectoires orthogonales infiniment voisines, après avoir substitué à ce rectangle l'hexagone que l'on obtient en remplaçant les deux trajec- toires orthogonales par les lignes géodésiques menées tangentiellement à leurs extrémités. » Je supprime la démonstration qui exige seulement les premières no- tions de la théorie importante à laquelle M. Liouville a donné le nom expressif de théorie de la courbure géodésique. » V. Si Ion considère sur une surface deux systèmes de courbes se coupant orthogonalement et une ligne géodésique qui les rencontre, soient MM' un arc infiniment petit de cette ligne et 0, Q' les angles qu'il forme aux points M et M' avec deux courbes d'un même système; soient ds, ds' les côtés du triangle rectangle MM'P dont MM' est l'hypoténuse, et les côtés sont les courbes orthogonales menées par les points M et M'; on a, d'a- près une formule importante de Gauss , interprétée géométriquement par i43.. ( 1092 ) î. Liouville, ». 6'- -° = ciQ%-ai en nommant - et — , les courbures géodésiques des deux courbes orthogonales. Or cette formule s'obtient immédiatement en calculant la courbure totale du triangle MM'P, et écrivant qu'elle est infiniment petite du second ordre, et que par suite les infiniment petits du premier ordre qui figurent dans son expression donnent une somme égale à zéro. » embryogénie comparée. — Sur V ordre de formation de la vésicule ovigène et de la vésicule germinative. Etiologie de la duplicité monstrueuse ; par M. Serres. a L'ovogénie constitue le premier terme de l'embryogénie comparée; elle a pour objet capital de rechercher d'abord l'origine de l'œuf. » L'œuf naît-il spontanément dans le stroma de l'ovaire? ou bien est-il le produit d'un organisme qui le précède, le follicule de Graaf, follicule que nous avons nommé vésicule ovigène ? » Cette question, je l'ai résolue expérimentalement dans la Note que j'ai présentée lundi dernier à l'Académie, et dont la conclusion est que la vé- sicule germinative prend naissance dans le fluide que renferme la vésicule ovigène et que, sitôt après son apparition, elle devient le centre de forma- tion autour duquel se développent le cumulus prolifère, le vitellus et sa membrane propre. Ce mode de formation est différent de celui exposé par MM. Baer et Barry. Selon ces illustres embryologistes, la vésicule germina- tive précéderait la vésicule ovigène, et, autant que j'ai pu le saisir, c'est aussi l'opinion de l'auteur de la Note qui vient d'être lue. » Si la vésicule germinative se forme dans l'intérieur de la vésicule ovi- gène, comment a-t-on pu supposer le contraire? comment a-t-on pu avan- cer que la vésicule germinalive précédait dans sa formation la vésicule ovigène? » L'examen de cette question éclairera peut-être ce problème si difficile de l'ovogénie. » Baer est le premier auteur de cette opinion, non moins préjudiciable à l'étude des développements primitifs que ne l'a été celle qu'il a émise sur la ligne primitive à laquelle il a donné le nom de corde dorsale. » Toutefois, en relevant les erreurs de cet illustre observateur, devons- ( i°93 ) nous oublier que dans les sciences d'observation la difficulté capitale con- siste à faire les premiers pas? Devons-nous oublier que la présence de l'œuf dans l'ovaire des mammifères découverte par Graaf, il y a cent soixante- dix ans, et confirmée par Cruisckank, avait été perdue pour faire place à l'opinion émise par Haller que l'œuf était formé dans l'oviducte en dehors de l'ovaire? Devons-nous oublier qu'en 1824, Prévost et Demas entrevirent l'œuf dans cet organe, et que Baer l'y découvrit et le reconnut en 1827? Une découverte de cette importance et dans un sujet si difficile couvre par son importance même les erreurs que l'on peut commettre en parcourant une route si ténébreuse. Or, pour faire produire à cette découverte les vérités qu'elle renferme, n'est-il pas nécessaire de la dégager des erreurs qui peuvent faire méconnaître son origine? » Purkinjé, ouvrant, par la découverte de la vésicule germinative, 1ère nouvelle de l'ovogénie, dit qu'elle constitue la partie primitive de l'œuf. Pour lui, l'œuf se composant du vitellus et de sa vésicule, la vésicule ovi- gène de Graaf était en dehors de ses recherches. Baer, croyant que l'ovule des mammifères représentait la vésicule germinative des oiseaux, supposa en outre qu'elle précédait la formation de la vésicule de Graaf. L'ordre de succession de ces parties était, selon lui, la vésicule germinative d'abord, puis, en second lieu, la vésicule ovigène. Purkinjé mit çn doute l'analogie que Baer avait supposée entre l'ovule des mammifères et la vésicule germina- tive des autres animaux, doute qui fut confirmé par la découverte faite par Coste en France, par Jones en Angleterre, par Valentin et Bernhard en Allemagne , d'une vésicule germinative entrant dans la composition de l'ovule des mammifères. En examinant le travail de M. Coste, à qui revient cette découverte, nous reconnûmes avec Dutrochet et M. Flourensque Baer avait entièrement méconnu la vésicule germinative dans l'état primitif de l'œuf de la première classe des vertébrés. Lors donc que Baer dit que la formation de la vésicule germinative précède celle de la vésicule ovigène de Graaf, c'est l'ovule en entier qu'il faut entendre. » Mais que ce soit l'ovule ou la vésicule germinative qui pour Baer ne faisait qu'un seul organisme, cet auteur l'a-t-il réellement vu précéder dans sa formation celle de la vésicule ovigène? Nullement. Gest même après les tentatives infructueuses auxquelles il se livra pour connaître cette succes- sion des parties, qu'il écrivit cette phrase qui traduit son découragement : Je doute qu'il soit jamais possible à l'homme de s'en convaincre par l'observa- tion. Et en effet, comment l'observation pourrait-elle dévoiler à l'homme un ordre de succession des parties qui est l'inverse de celui suivi par la nature ? ( '<%< ) Barry, néanmoins, crut pouvoir être plus heureux que Baer, et les efforts qu'il fit n'aboutirent qu'à mettre en opposition ses observations si remar- quables sur les premiers développements de la vésicule de Graaf, avec la supposition qui le préoccuppait dans cette difficile investigation. Barry, moins circonspect que Baer, comme ce dernier, suppose que la vésicule ovi- gène,qu'il nomme ovisac, doit précéder la vésicule germinative, et aussitôt, délaissant ce que l'observation lui a montré, il conclut en sens inverse de ce qu'il a observé. Sa conclusion, toutefois,- renferme l'aveu de la formation primitive de la vésicule ovigène de Graaf, tant la nature est impérieuse dans ses commandements. On en jugera par cette citation : « Chacun des ovisacs (vésicule de Graaf) contenait probablement, en r> outre, des granules particuliers visibles dans leur intérieur, une partie » cachée non visible, la vésicule germinative, qui paraît être l'élément le » plus primitif de l'œuf. » » En rendant à la conclusion de Barry sa légitime expression , nous pou- vons donc la remplacer par la nôtre eu disant qu'à ce second temps de développement la vésicule ovigène est déjà formée avec son liquide, avec les granules contenus dans son intérieur, tandis que la vésicule germinative n'est pas encore développée? La légitimité de cette dernière conclusion est justifiée encore parles efforts que fait l'auteur pour expliquer l'invisibilité de la vésicule germinative à une époque où elle n'existe pas, et le mécanisme de son apparition quand enfin elle se développe. « Après la formation de » l'ovisac, ajoute-t-il, la vésicule germinative est généralement cachée pen- » dant un certain temps. Cela est dû peut-être en partie aux petits globules » ressemblant à des gouttes d'huile, qui sont mêlés aux granules particu- » liers de l'ovisac (vésicule ovigène) et causent une grande réfraction. » Cependant la liquéfaction de quelques granules paraît avoir lieu, ou » bien il s'ajoute un fluide de quelque autre source, et alors la vésicule ger- » minative estvuedans ou près le centrede l'ovisac. » Comment, d'une part, quelques granules épars pourraient-ils cacher et rendre invisible une vési- cule ? et d'autre part, pourquoi supposer la liquéfaction de quelques-uns d'entre eux pour la rendre visible ? et si cette liquéfaction rend visible la vésicule, à quoi bon faire intervenir un fluide provenant d'une source in- connue? Ne sent-on pas dans ces suppositions tout l'embarras de l'obser- vateur pour se rendre compte de ce qu'il voit et de ce qu'il ne voit pas? L'embarras devient plus grand encore quand, croyant avoir établi que la vésicule germinative est primitive et la vésicule de Graaf (ovisac) secondaire, ( '°95 ) il cherche à expliquer la formation de cette dernière autour des granules qui environnent la première? Ici Barry se met en contradiction avec ses propres observations, ainsi qu'avec celles de tous les observateurs. Qui ne sait en effet que la vésicule ovigène est contenue à l'état de granule dans le stroma de l'ovaire des mammifères ? Qui mieux que Barry a mis ce fait microscopique en évidence? « La surface d'un ovaire, dit-il, présente à l'œil » nu peut-être dix, vingt ou cinquante vésicules de Graaf, tandis qu'avec » le microscope on en voit des millions. Chez le bœuf, par exemple, un » pouce cube de son ovaire contiendrait environ deux cents millions d'o- » visacs ou de vésicules de Graaf. La petitesse de ces vésicules est in- » croyable. » » Après avoir si bien démontré l'existence primitive des ovisacs ou de la vésicule de Graaf dans le stroma de l'ovaire, à quoi bon lui chercher plus tard une autre origine? et la chercher, cette origine, après l'apparition de la vésicule germinative, quand déjà vos observations la représentent toute for- mée chez le bœuf, chez le chien, chez le pigeon avant qu'il existe aucun vestige de cette même vésicule germinative? » Les observations de Barry prouvent, avec la dernière évidence, qu'à l'état granuleux primitif de la vésicule ovigène de Graaf succède l'état folli- culeux avec son liquide transparent dans l'intérieur. Elles prouvent que dans ce liquide transparent apparaissent en troisième lieu des globules grisâtres ayant un aspect huileux. Elles prouvent enfin que ce n'est que lorsque toutes ces parties se sont montrées, que les rudiments de la vésicule germinative commencent à se développer. L'ordre de succession des parties est donc le même que celui que nous avons énoncé, et nous pouvons éta- blir, d'après les observations même de Barry, que, par sa destination et ses fonctions, la vésicule de Graaf justifie le nom de vésicule ovigène que nous lui avons donné. » Quant à la question de l'étiologie de la duplicité monstrueuse, consé- cutive à la duplicité de la vésicule germinative et du vitellus dans une vési- cule ovigène unique, je l'ai si longuement traitée, il y a vingt-cinq ans, dans le travail sur Ritta-Christina, que je me bornerai à transcrire ici quel- ques-uns des corollaires qui en renferment les éléments. Ces corollaires sont relatifs à l'influence qu'exercent sur la duplicité monstrueuse, la veine ombilicale qui représente le vitellus, et les artères du même nom qui repré- sentent l'allantoïde. » Vous verrez (i) la duplicité de la veine ombilicale produire la dupli- (i) Théorie des formations et des déformations organiques appliquée à l'anatomie. de Ritta- Christina et de la duplicité moustrueuse, pages 176 et 177; i832. ( io96 ) » cité de tous les organismes du plan supérieur à l'ombilic, et l'unité des » artères ne donner naissance qu'aux développements ordinaires dans le » plan inférieur. » Vous verrez, par contre, la duplicité des artères ombilicales doubler le » plan inférieur, tandis que le supérieur restera simple, si simple est la » veine ombilicale. » Vous verrez encore, dans la duplicité des veines ombilicales, l'une » d'elles, l'antérieure, presque toujours pins volumineuse que la posté- » rieure, d'où résultera la prédominance du foie, du cœur, des poumons, » du thorax, du col, de la tête situés en avant, et l'avortement plus ou » moins marqué des mêmes parties situées en arrière. » Vous verrez enfin, dans la duplicité des artères ombilicales, les anté- » rieures plus prononcées ordinairement que les postérieures; d'où résul- » tera, si les bassins sont coalescents, la prédominance de l'antérieur sur » le postérieur, la prédominance de la vessie et de l'utérus situés en » avant sur l'utérus et la vessie placés en arrière. Tous ces rapports se » suivent. » Or tous ces rapports ont un condition générale et commune dans la » disposition primitive des placenta. » Si les placenta sont libres, les deux embryons, indépendants l'un de » l'autre, peuvent parcourir leurs évolutions respectives, et venir à terme » bien conformés. C'est le cas des jumeaux ordinaires. ' » Ou bien, des deux embryons le plus fort peut se développer aux dépens » du plus faible; c'est le cas si fréquent d'un enfant bien conformé, coexis- » tant dans le même utérus avec un acéphale, et toujours avec un acéphale » libre. Si, au contraire, les deux placenta sont confondus et coalescents, » de cette coalescence résulte d'abord une communauté d'enveloppes, puis » une communauté des deux cordons ombilicaux. Les deux embryons » isolés dans le principe, sont ainsi suspendus à une tige commune. » Or, ainsi suspendus, on conçoit qu'il est encore possible que les deux « enfants se développent régulièrement, et que de ces enveloppes com- » munes sortent des jumeaux bien conformés; mais ils n'en sortent et ne » peuvent en sortir qu'à une condition, celle d'être unis par leur ombilic. » C'est le cas des jumeaux coalescents comme les deux Siamois (Ompha- » lo-dymes). » On conçoit encore que de deux embryons si voisins, le plus fort atrophie » le pîus faible, d'où résulte un enfant ordinaire et un acéphale, unis par » l'ombilic, par l'intestin et des vaisseaux. C'est l'acéphalie parasite consti- » tuant les hétéradelphes. (.I097 ) » On couçoit enfin que cet acéphale resté parasite par privation de veine » ombilicale, et venant a acquérir cette veine, rentre dans ses droits par » cette acquisition ; il devient alors l'égal de son frère, et fournit la moitié de » son contingent pour les organismes communs qui doivent les unir. Les » deux enfants n'en forment plus qu'un seul. Ce sont les monstres doubles » ou les hépato-dymes ; c'est notre Ritta-Christina. Mais, d'après ce qui » précède, ces deux enfants sont rarement complets; le plus souvent il » manque quelques parties à l'un et à l'autre ; l'un et l'autre, considérés à » part, sont des monstres par défaut, dont l'association donne naissance » aux organismes communs qui les unissent et les confondent en ramenant » leur dualité à l'unité. » Ces remarques font suite à la Note que j'ai communiquée dans la der- nière séance. Géologie. — aperçus relatifs à la théorie des gîtes métallifères ; par M. F. Fouknet. « Durant le cours de mes voyages dans la forêt Noire, le Palatinat, les Vosges, le Morvan, l'Auvergne, le Rouergue, le Lyonnais, les Cévennes, le Languedoc, les Alpes occidentales et maritimes, le Tessin, le Tyrol, l'A- pennin étrusque, l'île d'Elbe, la Sardaigne et l'Algérie, j'ai pris note d'un grand nombre de faits relatifs aux filons métallifères, et avant de les déve- lopper dans un ouvrage spécial sur la matière, il me paraît convenable d'en faire part aux hommes de science, afin de tenir compte des objections que mes interprétations auront pu soulever. Dans le domaine de la géologie les produits de deux laboratoires sont constamment en présence. Les agents du premier, se trouvant établis au sein des réceptacles souterrains, envoient leurs combinaisons vers la surface. Ceux du second, étant placés à l'exté- rieur, les remanient incessamment en s'insinuant au travers de leurs plus intimes interstices, de leurs pores, de leurs fissures ou cassures, pour arriver à toutes les profondeurs qui leur sont accessibles. L'atmosphère joue le principal rôle parmi les effets superficiels, tandis que dans les entrailles de la terre, c'est à la chaleur qu'est dévolue la part essentielle. Mais celle-ci pouvant opérer par la voie de la vaporisation, par l'intermédiaire des eaux thermo-minérales, ou par le moyen de la fusion, il faut établir la part des filons qui revient à chacune de ces manières d'effectuer les combinaisons : je suis porté à accorder la prépondérance à la liquéfaction ignée ; les autres C. R., i356, s" Semestre. (T. XLII, N° 25.) '44 ( io98 ) géologues qui combattent en faveur de la gazéification ou des sources chaudes, défendront les bases de leurs raisonnements : je vais m'occuper des miennes. » Première partie. Théorie de lajusion. — 1°. Les filons métallifères sont associés à diverses roches plutoniques. Ce fait observé depuis longtemps par les mineurs de l'Angleterre, par M. de Humboldt pour le Mexique, par M..d'Aubuisson pour les Alpes, a été généralisé à la suite de mes obser- vations faites en Auvergne, dans le Rouergue et dans la Toscane. Il a été repris depuis sur une plus grande échelle par M. Murchison à l'occasion des gîtes aurifères; enfin il vient d'être discuté par M. de Beust, directeur général des mines de la Saxe. » 20. L'association en question se traduit de diverses manières. D'abord certaines roches éruptives sont métallifères dans toutes leurs parties. A Chessy, quelques granulites de la syénite sont chargées de pyrites cuivreu- ses. Je possède des protogines de la Corse dans lesquelles la galène est disséminée à peu près aussi régulièrement que le mica. Dans la roche grani- toïde verte et très-chloriteuse qui est en surplomb sur le lias du Champo- léon, j'ai trouvé de la galène, du cuivre gris et de la pyrite platinifères. Pendant mes excursions dans les Alpes, j'ai recueilli des serpentines conte- nant du fer oxydulé ; enfin les granits stannifères, tantalifères sont géné- ralement connus. Dans d'autres cas j'ai vu les métaux inclus au milieu même de la roche plutonique à l'état de filets, et c'est le cas pour le molybdène sulfuré de la syénite de Chessy. Ailleurs de grosses lentilles résultent évi- demment de la compression d'amas développés et demeurés englobés pen- dant la formation de l'ensemble encaissant et encaissé. Il arrive encore que ces parties métallifères sont accolées contre l'une des parois de la roche éruptive, et j'ai fait connaître ces relations essentielles en les désignant sous le nom de filons de contact. Enfin, les gîtes peuvent se trouver sous la forme de filons-fentes ou de filons-couches , plus ou moins éloignés de la roche éruptive, mais en demeurant d'ordinaire subordonnés à sa sphère d'action. » 3°. De ces associations il est permis de conclure que les gîtes métallifères ont été engendrés sous les mêmes influences que les roches mères dont ils sont pour ainsi dire des ségrégations particulières effectuées pendant les cristallisations souterraines. En effet, la tendance générale des liquides à opérer des dissolutions permet d'admettre l'existence de fondants quelcon- ques, de dissolvants par la voie sèche, de liquéfacteurs plutoniques dont le rôle est au moins aussi positif que celui des vapeurs, des gaz et des esprits métalliques. Le travail intestin et habituel qui suit son cours pendant le ( '°99 ) refroidissement subséquent, autorise également à concevoir des éliquations ou des ressuages en vertu desquels les éléments en excès dans les magmas primitifs, ainsi que les divers autres corps étrangers à la masse rocheuse en voie de se constituer, ont dû cherchera s'isoler et à former des calottes plus ou moins distinctes, à peu près de même que les scories, les mattes et le mé- tal se séparent dans le creuset d'un fourneau. Au surplus, divers phéno- mènes tendent à démontrer qu'avant leur émission, non-seulement les ser- pentines, mais encore plusieurs masses granitiques et porphyriques déjà parvenues à un état de mollesse imparfaite, se trouvaient pourvues d'une texture cristalline prononcée. Dès ce moment donc, les matières superflues étant déjà éliminées, et la secousse de l'épanchement survenant, il a pu en résulter des éjaculations, séparées ou non, de la masse génératrice, selon les issues qui se sont présentées. » If. A l'égard de l' infusibilité, la silice surtout a été un sujet d'embarras. Quand j'eus développé, en i844> Ie principe de la surfusion du quartz, M. Durocher m'attribua l'idée d'assimiler la formation du granit à ce qui arriverait eu prenant un mélange de quartz, de feldspath, de mica, et en élevant la température, sans permettre à la silice de réagir sur les autres composés pour l'abandonner à un refroidissement subséquent; qu'alors les parties quartzeuses se consolideraient avant les parties feldspathiques, bien qu'elles pussent s'abaisser, avant de se congeler, jusqu'à une température un peu plus basse que celle qui correspond à la liquéfaction de la silice. Partant ensuite de cette interprétation, il fit la critique de la manière dont j'envisageais les faits [Comptes rendus, i845). On va voir pourtant que mon explication est précisément celle dont M. Durocher s'attribue l'inven- tion . » Déjà, en i838 (Correspondance des élèves brevetés de Saint-Etienne, ae série, tome II), j'ai rappelé les données de la chimie d'après lesquelles di- vers alliages, les dissolutions des métaux dans les sulfures, celle du carbone dans la fonte, les excès de phosphore des phosphures, etc., se prêtent à des séparations plus ou moins complètes, et que la disjonction des éléments du granit, ainsi que celle des parties du porphyre, n'est qu'un phénomène du même ordre. Partant ensuite de ces indications sommaires, j'ai procédé à diverses applications parmi lesquelles il me faut mentionner entre autres les ségrégations ainsi que les cristallisations du quartz et du feldspath dans cer- taines veines de pegmatite. Après des énoncés si explicites, était-il néces- saire de revenir à tout propos sur mes prémisses ? J'ai cru plus utile de «44- ( I I oo ) continuer de travailler au perfectionnement de la théorie des filons que de discuter sur des faits munis de leur date positive. » 5°. Parmi les principes particuliers dont dispose la voie sèche, il en est un dont la généralisation est due à l'un des plus illustres professeurs de l'Ecole des Mines, M. Berthier. £t cependant, malgré l'importance de ce principe pour la théorie des filons, il a été complètement perdu de vue par les partisans des émanations gazeuses, puisque, suivant eux, la qualité ré- fractaire de certains composés salins oblige à renoncer à l'idée de la fusion pour recourir à l'intervention des vapeurs fluoriques, sulfuriques ou autres. En cela, ils n'ont oublié rien moins que la facile fusibilité des sels dou- bles ou multiples. Si, par exemple, la baryte sulfatée est peu fusible, son compagnon ordinaire, le fluorure de calcium, bien qu'il soit à peu près éga- lement réfractaire, suffit pour le liquéfier. Il en est d'ailleurs de même pour le sulfate de chaux et pour tant d'autres composés du même ordre. Ainsi donc, loin d'être dépourvu de moyens propres à produire la liquéfaction, le géologue est plutôt dans l'embarras du choix. » 6°. La fusion pure et simple des matières d'un filon avec ses consé- quences naturelles satisfait à toutes les conditions de sa formation. D'abord elle se concilie admirablement avec les effets de la pression qui maintient dans les minéraux divers corps volatils. Ainsi, la persistance des persulfures, des arséniures, des arséniosulfures, s'explique avec la plus grande facilité par suite de l'obstacle que le poids et la viscosité des gangues ont dû opposer au dégagement de leurs éléments électronégatifs. Les expériences de Hall ont suffisamment démontré comment l'acide carbonique se maintient dans les carbonates en les rendant en même temps fusibles, et naturellement les conditions sont les mêmes pour certains hydrosilicates. D'ailleurs, l'eau, divers liquides plus ou moins huileux, et en tous cas dépourvus d'affinité, soit pour la silice, soit pour les silicates, ne pouvant entrer en combinaison avec eux, se sont nichés dans les vacuoles des cristaux du quartz, de la topaze, etc., qui sont devenus guttifères, anhydres, aérohydres, suivant les circonstances. Il suffira de prendre connaissance des très-intéressantes ob- servations de M. Brewster pour comprendre aussitôt l'influence que ces dispersions, souvent microscopiques, ont pu exercer dans les analyses, en faisant croire à la présence de l'eau de combinaison dans certains composés. On comprendra également les doutes qui doivent planer sur certaines théo- ries atomiques basées sur des recherches dans lesquelles on n'a pas tenu compte de ces intercalations mécaniques. Enfin on se demandera si réel- ( noi ) lement, comme le supposent quelques chimistes, l'eau est intervenue d'une manière notable dans la fusion de certains minéraux des filons. » 70. La fusion est ordinairement suivie de la surfusion, état très-admis- sible dans le repos des cavités souterraines, et dans lequel peuvent se main- tenir non-seulement la silice ainsi que les silicates, corps généralement doués d'une fluidité visqueuse, mais encore une foule de composés sulfurés, salins, etc., d'après une suite d'observations que j'ai pu faire à cet égard. Il y a lieu de croire que les vapeurs ne pourraient pas rendre un compte satisfaisant des particularités occasionnées par cette circonstance. » Pour le moment, je dois rappeler qu'il est démontré en physique qu'à l'instant de la solidification il se produit un dégagement de calorique ca- pable de ramener le corps surfondu à la température qu'il doit posséder quand il est arrivé au point de sa solidification ordinaire. L'effet étant du moins constaté pour l'eau aussi bien que pour plusieurs autres corps, il n'y a aucune raison pour refuser la même propriété à d'autres substances. Au surplus, tous les pyrognostes connaissent la vive ignition manifestée par l'argent, par quelques alliages d'or et d'argent, par le phosphate de plomb, par le titanate de soude, au moment de leur solidification. Mieux encore, certaines coidées de laves sont également susceptibles de se réchauffer dans un moment donné, et que le phénomène soit complexe ou non, je n'en ai pas moins été en droit de le faire contribuer à la constitution des filons. Ainsi l'on peut concevoir qu'il a eu pour résultat d'effectuer la refonte de diverses matières solidifiées avant d'autres, de provoquer certains mouvements mo- léculaires, de faire naître des ressuages, des résorptions et par conséquent il permet d'expliquer quelques pseudomorphoses conformément à ce que j'ai dit dans une précédente occasion. Je range dans cette catégorie les sub- stitutions du quartz au spath fluor, au calcaire, à la barytine ; celle de l'oxyde d'étain au feldspath et au lungstate de chaux ; celle du spath fluor au carbonate de chaiix, etc. » 8°. L'état vitroïde ou amorphe est un des résultats de la solidification des masses fondues; l'état cristallin en est un autre, et l'établissement dé celui-ci est accompagné des circonstances les plus variées. En effet, la cris- tallisation peut faire naître les structures granitoïdes, potphyroïdes, glo- baires, qui se font remarquer dans les gîtes métallifères, aussi bien que dans les roches. Quelques-uns, par l'ampleur de leurs parties, sont capables de rivaliser avec les plus belles pegmatites de l'Oural ; de même, les sphé- roïdes de certains autres dépassent en dimension ceux des granits orbicu- laires de la Corse. La même force produit également des textures irrégulières,, ( I 102 ) concrétionnées, et l'on en a la preuve dans l'état de certains verres et lai- tiers dé vitrifiés. » 90. En vertu de son essence, la cristallisation séparant les corps qui ne sont que dissous les uns dans les autres, il reste à ajouter qu'elle permet d'expliquer certaines juxtapositions minérales pour lesquelles l'embarras a été tel, que Ton a cru devoir recourir à des forces nouvelles et inconnues. Les énoncés relatifs à l'argent natif placé à côté du cuivre métallique dans les roches du lac Supérieur sont la preuve des difficultés que l'on rencontre dans les autres théories, tandis que dans le cas de la fusion il suffit de con- sidérer les alliages des deux métaux en question comme n'étant que des dissolutions. On remarquera d'ailleurs qu'il existe toute une hiérarchie à cet égard. Le bismuth et le zinc ne s'allient guère plus que le mercure ne s'amalgame avec le fer. Le cuivre et le plomb peuvent bien demeurer con- fondus l'un avec l'autre quand le refroidissement est brusque; mais si peu qu'il se prolonge, on voit dans le culot plombeux se dessiner des grenailles cuivreuses. Les lingots de cuivre et d'or, d'argent et d'or, sont rarement d'une richesse égale dans toute leur étendue. La difficulté d'obtenir des bronzes homogènes est bien connue. Pourtant dans la plupart des cas sus- mentionnés, le refroidissement devant être considéré comme rapide, il est permis d'attendre quelque chose de plus des abaissements très-gradués de la température, tels qu'ils se conçoivent dans les filons. » io°. Aidé de l'intervention des aspérités ou des rugosités, la cristallisa- tion détermine encore la condensation de certains corps contre les parois des gîtes, de façon à faire naître une sorte de rubannernent. Par la même raison, elle a donné naissance aux dispositions annidaires des minerais au- tour des fragments étrangers, dispositions désignées par les mineurs alle- mands sous le nom de ringertz. Ce qui surprendra davantage, c'est que la même force de groupement moléculaire peut dessouder un filon au point de le rendre parfaitement indépendant de ses parois, quand bien même le gîte ne serait muni d'aucune lisière ou salbande argileuse. Cependant, d'a- près les idées vulgaires, il semblerait que des matières du genre des silicates doivent contracter avec l'encaissement une adhérence non moins parfaite que celle du verre avec le creuset d'argile dans lequel il a été fondu. Sans doute le simple retrait peut en cela agir dans certains cas, mais j'ai égale- ment des preuves à l'appui du rôle de la cristallisation, de façon que je ne confonds pas ces deux causes, quoiqu'elles puissent concourir au même but. » ii°. La fusion n'est nullement incompatible avec l'établissement des géodes, dont il existe d'ailleurs plusieurs espèces qui n'ont pas été suffisam- ( no3 ) ment distinguées par les géologues. Outre cela, on remarquera que dans ces cavités hérissées de saillies cristallines ou garnies de protubérances mame- lonnées, sont tombés les produits du ressuage de la masse des filons. Des cristallisations adventives ont donc été semées sur les faces supérieures de ces parties proéminentes, c'est-à-dire sur celles de leurs faces tournées vers le ciel. Cet énoncé, je ne l'ignore pas, est en contradiction avec la théorie de la sublimation d'après laquelle on veut que les corps additionnels en question soient adhérents aux faces inférieures, parce qu'on les compare à la suie d'une fumée ascendante et qui doit s'accrocher surtout en dessous. Mais pour arriver à raisonner ainsi, on n'a pas tenu compte de la position réelle des matières respectives, et ce n'est pas là une des moindres erreurs avancées dans les livres. » 1 20. Le ressuage peut faire naître des dendrites métalliques de la plus exquise délicatesse. Il produit de même des fibrosités plus ou moins con- tournées, enroulées, et je mentionne expressément ces circonstances, parce que certains géologues n'appréciant pas assez le degré de subtilité auquel peuvent atteindre les effets du calorique, déclarent que toutes les arborisa- tions du cuivre, de l'argent natif, du nickel capillaire, etc., sont des produits d'origine aqueuse. » i3°. L'endurcissement, l'imbibition pierreuse, la métallisation des pa- rois, sont encore des conséquences variées de la liquéfaction ignée. Tous les fondeurs savent que la galène pénètre dans la pâte des creusets d'argile, que la fonte de fer peut transsuder dans les grès dont les creusets des fourneaux sont constitués et que la litharge s'infiltre dans les coupelles. Certains cou- reurs de gazon ne sont pas plus difficiles à expliquer que ces métallisations et que l'ensemble de l'organisation des autres gîtes. » i4°- Des masses à l'état de fusion pâteuse, telles qu'ont dû l'être assez ordinairement celles des filons, ont été capables de maintenir en suspen- sion les fragments des parois qu'elles ont entraînés avec elles au moment de l'injection. C'est en vertu de cette cause que parmi les gangues on remarque si souvent des masses bréchoïdes, plus ou moins clair-semées, et placées tan- tôt indifféremment dans toutes les parties du gîte, ou bien concentrées dans certains rubans voisins, soit du toit, soit du mur, et quelquefois rangés dans la partie médiane. » 1 5°. Les effets mécaniques de l'injection ainsi que des tassements subsé- quents ont produit les miroirs, les cuirassés, les étirements, les rubanne- ments des filons. D'ailleurs les conglomérats de frottement fixés contre l'une ou l'autre paroi rentrent parmi les effets du même ordre. On remarquera ( no4) de plus que les résultats de l'étireraent sont d'ordinaire compliqués de ceux de la cristallisation, et que par cela même les rubannements ont pu acquérir un caractère sensiblement différent de celui des laitiers coulant sur le sol des fonderies, ou bien encore de ceux de certains verres multicolores étendus par l'ouvrier. Toutefois les configurations sont demeurées assez nettes pour ne laisser aucune prise à l'incertitude. » i6°. Imaginons actuellement des culots métalliques d'un volume con- sidérable accumulés çà et là au milieu de gangues visqueuses. Dans ce cas, l'étirement aura pu former les colonnes riches que l'on observe dans divers gîtes, où elles sont étendues à diverses distances et parallèlement les unes aux autres. M. de Beust a déduit de ces arrangements des conclusions ca- pitales pour l'exploitation des mines de Freiberg. Je me contenterai d'ajouter que ces colonnes peuvent être verticales, plus ou moins inclinées comme c'est le cas en Saxe, et même presque horizontales dans d'autres cas. D'ailleurs les miroirs indiquent de même des injections dans ces divers sens; cependant le rapprochement de deux faits ne doit pas être poussé jusqu'à l'absolu, car les miroirs résultent aussi de tassements subséquents, ainsi que le démontrent leurs stries souvent dirigées dans deux sens diffé- rents. » 170. La combinaison des effets de l'étirage, du ressuage et de la cris- tallisation permet de donner des explications satisfaisantes de certaines accu- mulations minérales dans les terminaisons cunéiformes des filons. Il arrive, par exemple, qu'une gangue plus ou moins rare dans les parties centrales d'un gîte est concentrée sur ses extrémités. A Sain-Bel, l'orthose est dans ce cas. A Chessy comme à Romanèche, la baryte sulfatée devient prédominante à l'approche de la fin des lentilles. La conséquence de ces causes est que les parties métalliques, d'ordinaire plus fusibles et plus sujettes que les autres à se maintenir à l'état liquide, occupent l'étendue moyenne des veines; par la même raison, elles s'accumulent dans les renflements, qui eux-mêmes sont souvent établis vers les points de rupture, à partir desquels s'écartent des branches obliques ou perpendiculaires, et de là le fait de l'enrichissement des filons autour des entre-croisements. » 1 8°. Enfin en admettant, dans un même filon, le mélange des matières dont les unes sont capables de persister à l'état liquide, les autres étant au contraire sujettes à se figer avec une certaine promptitude, on arrive à com- prendre l'écoulement des premières dans une autre crevasse qui se serait ouverte après coup. Telle esf du moins l'explication que je crois pouvoir donner d'une observation capitale de M. Beust relativement à la constitu- ( no5 ) tion de certains gîtes de Freiberg, qui ont été enrichis de tout ce qui leur a été cédé par d'autres. J'accepte d'ailleurs ce curieux théorème, d'autant plus volontiers qu'il me paraît susceptible d'être appuyé par des faits pris dans d'autres pays* » 190. Pour clore cette série d'énoncés au sujet de la théorie delà fu- sion, je dois faire remarquer qu'étant en partie basée sur la connexion des filons avec les roches éruptives, il a été nécessaire de s'occuper du classe- ment de celles-ci. A cet égard, j'ai fait une multitude de recherches qui m'ont permis de rattacher à divers groupes des masses de structure variée. Les granits, par exemple, ont leurs pegmatites, leurs granulites et leurs leptynites; il en est de même des syénites anciennes et des porphyres quar- zifères. D'un autre côté, il a fallu séparer des masses confondues ensemble. Tels sont entre autres les basaltes et les mélaphyres du Tyrol, ceux-ci étant le produit de métamorphisme de roches sédimentaires anciennes, tandis que les autres appartiennent au groupe volcanique. Par suite des mêmes études, je suis arrivé à constater l'état endomorphique de certaines masses éruptives. Les granits bleus et variés, pinitifères ou non, qui se montrent quelquefois si largement développés dans la chaîne vivaraise, depuis les environs de Lyon jusqu'au Tanargue, sont des produits de ce genre; il en est de même des spilites du Dauphiné qu'il ne faut pas confondre avec les roches agatifères d'Oberstein. Cependant mes observations sont loin d'être complètes;, car s'il est bien démontré pour moi qu'il existe deux syénites, il n'en reste pas moins quelques incertitudes au sujet de la démarcation qu'il faut établir entre les syénites anciennes et ceux jd'entre les granits dont l'apparition date à peu près de la même période. Je n'ai pas davantage pu mettre la dernière main à l'établissement de l'ensemble porphyrique qui paraît présenter certaines transitions avec les granits anciens, et celles-ci se manifestent eu Sardaigne, dans le Forez, dans leMorvan. Les serpentines me laissent également divers doutes, en ce sens que j'arrive à croire qu'il existe des roches de ce nom dont les unes seraient fort anciennes et les autres très- modernes. Les protogines me semblent également susceptibles d'être distin- guées d'après leur âge et d'après leurs caractères pétralogiques ; celles du Mont-Blanc, par exemple, diffèrent très-notablement de celles des alentours du Pelvoux. » C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, ÏS» 23.) I 45 ( no6 ) astronomie. — Détermination de l'orbite de la planète Harmonia. (Notes de M. Benj. Valz.) « Marseille, 3 juin i856. » La 4 ie petite planète, ayant été découverte par M. Goldschmidt dans sa quadrature même, s'éloigne rapidement de la Terre, et se rapproche de plus en plus de l'horizon et du crépuscule; ce qui concourt à diminuer plus promptement son éclat, et à rendre sa recherche et ses observations d'autant plus pénibles. Ayant pu l'observer avec beaucoup de difficultés, parce que sous l'apparence de la 1 2e grandeur, elle ne supporte guère l'éclairage, les 3i mai et Ier juin, j'en ai déduit l'orbite circulaire suivante, qui pourra être utile aux astronomes pour les guider dans sa recherche parmi le grand nombre des étoiles de cette grandeur; mais je crains bien qu'elle ne soit visible encore que pour bien pende temps, vu que le ierjuin elle se trouvait bien sensiblement plus faible que la veille, et fort pénible à reconnaître et à observer; ce qui avec le moins d'exactitude des obser- vations ne permettra guère d'en obtenir des éléments elliptiques satisfai- sants, qui puissent la faire retrouver, non sans de grandes difficultés, lors de sa réapparition à venir. Long, hélioc. dans l'orbite le 3i, 429 mai. i83°3o' Nœud ascendant 1 78° 3^ Inclinaison 190 3g Distance au Soleil 2,5765 (idro,i) Mouvement moyen diurne 1 io4", 25 o Marseille, 6 juin i856 » N'ayaiit pu retrouver, comme je le craignais fort, la L\\K petite planète, et la croyant déjà invisible avec les faibles instruments auxquels je me trouve réduit pour des observations aussi délicates, j'ai cherché à rectifier, autant que possible, les éléments circulaires de cette nouvelle planète, à défaut des éléments elliptiques, qu'on ne pourra guère obtenir avec quelque exactitude; afin que les astronomes qui ont eu le bonheur d'obtenir des instruments plus puissants que ceux que j'emploie, puissent la trouver plus facilement, les voici : Long, hélioc. dans l'orbite le 31,429 mai. i85°3o' Nœud ascendant 1800 1' Inclinaison i7°5i' Distance au Soleil 2 ,o83 ( 1 ± o, 1 ) dans l'ellipse Mouvement héliocent. diurne 1 180" ,27 ( "'07 ) » L'incertitude que M. Yillarceau a trouvée sur le mouvement d'Amphi- trite après un intervalle de dix-huit mois, et qui parviendrait à atteindre les minutes de la longitude moyenne, montre de plus en plus combien les fractions de seconde restent incertaines. » M. Le Verrier annonce à cette occasion qu'une /42e petite planète a été découverte à Oxfor, le 23 mai, par M. Pogson. géométrie. — Note sur la théorie des parallèles; par M. Vincent, Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. (Extrait par l'auteur.) « La révision des programmes de l'enseignement universitaire m'ayant fourni l'occasion de soumettre à un nouvel examen quelques-uns des prin- cipes fondamentaux de la géométrie, je demande à l'Académie la permission de lui présenter quelques réflexions sur ce sujet Je veux parler de cer- tains mouvements des figures, dont on fait usage pour les démonstrations, surtout dans la géométrie moderne. Je dis surtout, parce qu'il n'est pas exact d'affirmer, comme on le fait quelquefois, qu'Euclide se soit absolu- ment interdit ces mouvements de figure. Je ne nie pas néanmoins que ces cas ne soient très-rares chez le géomètre grec ; mais je ne crains pas d'avancer que l'enseignement est devenu plus simple à mesure que l'on s'est affranchi de ce joug superstitieux.... L'étude de la géométrie, comme l'écrivait récem- ment M. Saigey, est l'introduction naturelle et nécessaire de Celle de la mécanique, dont le rôle est ensuite d'établir les relations de l'espace au temps. Ainsi par exemple « déterminer la courbe engendrée par un point » qui se meut suivant des conditions données, » c'est un problème de pure géométrie ; et « déterminer le lieu de la trajectoire occupé par le » point décrivant à une époque quelconque de son mouvement, » c'est le problème de mécanique correspondant; cela me paraît incontestable. » L'idée la plus nette que l'on ait donnée de la ligne droite est celle d'une ligne qui ne change pas de lieu quand on la fait tourner sur elle- même en passant constamment par deux de ses points — Au reste, l'idée du mouvement en ligne droite résulte d'un fait d'expérience commune : mar- cher droit au but est une expression que comprend l'homme le plus gros- sier, et à laquelle il attache indubitablement l'idée d'y aller par le plus court chemin. On ne se tromperait même pas, je pense, en affirmant que les animaux ont le sentiment de la ligne droite. La ligne droite jouit de plus de cette propriété, qu'une quelconque de ses parties peut toujours être ap- pliquée ou transportée sur une autre partie de la même ligne droite ou de i45.. ( no8 ) tout autre , et Proclus fait remarquer que deux espèces de lignes courbes partagent avec elle cette propriété, savoir le cercle (pourvu qu'il soit censé toujours décrit du même rayon) et l'hélice (pourvu qu'elle ait le même rayon et le même pas). a Une droite assujettie à pivoter autour d'un de ses points sans sortir d'un même plan , engendre ce que l'on nomme un angle. On n'a nul besoin de considérer la droite comme indéfinie ; on peut supposer un seg- ment de droite (comme serait une règle) pivotant autour d'une de ses ex- trémités. Chaque homme porte également en soi, comme fait d'expérience, le sentiment de ce mouvement de pivotement ou de rotation, et cela pres- que au même degré que celui de la marche en ligne droite. L'unité naturelle de cette espèce de grandeur est la rotation complète effectuée par la droite lorsqu'elle est revenue à sa position initiale. Néanmoins l'unité usuelle n'est que le quart de la rotation totale, nommé angle droit. On pourrait à la ri- gueur considérer l'angle comme une portion de plan (ainsi que je l'avais fait moi-même autrefois d'après Bertrand de Genève) ; mais on a reproché à cette définition, non sans quelque raison, d'impliquer l'idée de l'infini comme le plan lui-même, et par suite de conduire à l'impossibilité de com- parer les angles entre eux sans comparer des grandeurs infinies. Cet incon- vénient, qui n'existe pas- quand on considère en eux-mêmes la droite ou le plan (parce que toutes les droites, tous les plans, sont superposables), est réel quand il s'agit de l'angle. Aussi fait-on bien, à l'exemple de Bezout, de définir l'angle simplement comme Yécartement de deux droites, ce qui re- vient, comme je l'ai dit, à le considérer comme engendré par le pivotement d'une droite ou d'une portion de droite » La considération du mouvement de rotation, ou, ce qui est la même chose, du mode de génération des angles, suffit pour démontrer di- rectement que l'a somme des angles extérieurs de tout polygone convexe, par exemple du triangle ABC, est égale à quatre droits, et que par suite la somme des angles intérieurs de tout triangle est égale à deux droits. ( iio9 ) » En effet, i° faisons glisser la droite AB sur sa direction, de manière que le point A vienne se placer en B; ia faisons-la pivoter autour du point B de manière qu'elle prenne la position BC ; 3° faisons-la glisser sur sa nouvelle direction de manière que le point B vienne se placer en C; 4° faisons- la pi- voter autour du point C de manière qu'elle prenne la position CA ; 5° fai- sons-la derechef glisser sur elle-même de manière que le point C vienne de nouveau se placer en A; enfin 6° faisons pivoter la droite autour du point A de manière qu'elle reprenne la position AB. Or cette position est identi- quement sa position primitive ; donc la droite a nécessairement exécuté une rotation entière, c'est-à-dire une somme de rotations partielles égale à quatre angles droits. De là évidemment la somme des angles intérieurs égale à deux droits. » Je ne m'arrête point à cette objection, qu'à la vérité la droite, consi- dérée en quelque sorte comme matérielle, a bien pivoté autour d'un seul et unique de ses points qui s'est transporté successivement de A en B, puis en C, puis enfin est revenu en A, mais que ce point ne demeure pas en position identique sur le plan de la figure, et que l'on n'aurait pas le droit d'ajouter ainsi des angles dont les sommets sont différemment situés. Je ne m'arrête point, dis-je, à cette objection ; car. si elle pouvait avoir quelque valeur, il s'ensuivrait qu'on ne pourrait non plus considérer les trois angles inté- rieurs du triangle comme faisant une somme unique égale à deux droits; en un mot, l'énoncé même de la proposition serait un non-sens (i). C'est au con- traire un avantage propre à notre manière de considérer les angles, de per- mettre d'en placer le sommet et le plan partout où l'on veut dans l'espace. En un mot, la question n'est pas de savoir, à ce qu'il me semble, si les so- phistes de Socrate n'eussent rien trouvé à dire sur notre théorie, mais simplement si elle est accessible aux intelligences les plus ordinaires, aux notions les plus vulgaires du sens commun. » De là on déduit rigoureusement, comme tout le monde le sait, ce que l'on nomme la théorie desr parallèles, au sujet de laquelle, dans ses leçons modèles à l'École Normale, Laplace dit qu'elle laisse peut-être quel- que chose à désirer du côté de la rigueur, mais que l'on doit en abandonner la discussion aux métaphysiciens géomètres, du moins jusqu'à ce quelle ait été suffisamment éclaircie. » Pouvons-nous, Messieurs, nous flatter d'avoir réalisé le vœu de Laplace? (i) L'angle, dit avec beaucoup de raison M. Poinsot, est un nombre et non une quantité* ( «no ) Il me semble du moins que nous avons ici allié la rigueur à la simplicité. Nous serions donc bien loin d'avoir mérité le reproche d'abaisser le niveau de l'enseignement. Et que l'on me permette de faire une profession de foi qu'autorise peut-être de ma part une étude particulière des géomètres de l'antiquité : c'est que je regarde comme un véritable bienfait pour l'ensei- gnement des sciences, ou du moins de la géométrie en particulier, de se trouver affranchi des formes sophistiques qui, sans rien ajouter en réalité à la rigueur du raisonnement, ne font qu'entraver la marche de l'esprit et paralyser son initiative. D'ailleurs, je ne manquerais pas d'exemples si je voulais prouver que, tout en croyant raisonner bien rigoureusement, il est arrivé souvent, aux géomètres modernes tout aussi bien qu'aux anciens, de se faire illusion sur la véritable logique de la sience, sur la rigueur et l'effi- cacité de certains procédés de démonstration, et de poser comme principe absolu telle proposition qui n'était en réalité qu'un véritable postulation , admissible, il est vrai, dans la plupart des circonstances, mais radicalement faux dans telle autre. Que l'on me permette d'en citer un cas, celui du prin- cipe admis comme fondement de la théorie des limites, que deux grandeurs sont égales quand on peut prouver que leur différence est moindre que toute quantité assignable . J'ai démontré il y a longtemps (i) la fausseté de cette proposition, fausseté qui avait beaucoup frappé un célèbre géomètre de cette Académie, Lacroix, mon maître, auquel on ne peut contester le mérite d'a- voir établi l'enseignement mathématique sur des bases véritablement lo- giques. Le principe que je viens de rappeler est vrai, incontestable, pour les grandeurs variables, dès qu'elles sont soumises, dans leur variation, à la loi de continuité ; mais il est impropre à établir par lui-même la continuité dans chaque cas; de sorte que son emploi pour cette fin se réduit à un vé- ritable cercle vicieux. La continuité d'une fonction peut être considérée comme une de ces choses que le calcul vous rend quand on les y a mises d'a- vance; mais sa raison d'être ne se trouve point ailleurs que dans le mode de génération de la fonction. La continuité^ quand elle existe) est avant tout, que l'on me passe le mot, une vérité- de sentiment ,• on doit l'admettre purement et simplement quand il n'apparaît aucune raison pour qu'elle n'existe pas; de sorte qu'ainsi ce n'est pas la continuité qui a besoin d'une démonstration, mais que tout au contraire c'est la discontinuité. « (i) Annales de Gergonne (1824, tome XV, paj;e 2,5). ( *»I ) MÉMOIRES LUS. chimie organique. — Sur les combinaisons des matières sucrées avec les acides, deuxième Mémoire : Mannite ; par M . Berthfxot. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Peligot.) «... .4- Si j'ai été conduit à étendre aux matières sucrées les résultats obtenus avec la glycérine, c'est en raison des caractères suivants, communs pour la plupart à la glycérine et aux matières sucrées : toutes ces substances sont neutres, sucrées, très-solubles dans l'eau. La chaleur, les alcalis, l'a- cide nitrique les décomposent d'une manière semblable. Le carbone con- tenu dans leur équivalent est un multiple de 6 ; elles renferment environ moitié de leur poids d'oxygène, et l'hydrogène s'y trouve, tantôt dans la proportion convenable pour produire de l'eau avec l'oxygène du com- posé, tantôt en léger excès sur cette proportion. Toutes les matières sucrées forment avec les bases énergiques des combinaisons particulières. J'ajouterai que les matières sucrées s'unissent aux acides en plusieurs pro- portions, de façon adonner naissance à des combinaisons neutres, analogues aux corps gras : les combinaisons neutres de l'ordre le plus élevé renfer- ment en général un équivalent d'acide pour chaque double équivalent de carbone contenu dans la matière sucrée. » D'après cet ensemble de propriétés, les substances sucrées, leurs dérivés et les corps neutres essentiels du règne végétal auxquels elles se rattachent, me paraissent constituer un groupe naturel de composés chimiques, ana- logue au groupe des corps dérivés des carbures d'hydrogène et des alcools. <> 5. Les matières sucrées peuvent se partager en deux grandes catégories au point de vue de leur stabilité : la première catégorie comprend la glvcérine, la mannite, la dulcine, la pinite, la quercite, l'érythroglucine, etc., tons composés assez stables, en général plus ou moins volatils, susceptibles de résister à l'influence d'une température de aoo à 25o degrés, ainsi qu'à l'ac- tion des acides et des alcalis puissants à la température de i oo degrés. Toutes ces substances renferment un excès d'hydrogène sur la proportion néces- saire pour former de l'eau avec leur oxygène. » La seconde catégorie renferme les sucres fermentescibles au contact de la levure (sucre de canne, sucre de fruits, giucoses, sucre de lait, lactose, mélitose, etc.), et les corps isomères, non susceptibles d'éprouver la fer- mentation alcoolique au contact de la levure (sorbine, eucalyne. etc.). ( ma) Toutes ces substances sont détruites sous l'influence d'une température de aoo degrés; les acides minéraux énergiques les décomposent à ioo de- grés, et la plupart sont altérées à la même température sous l'influence des alcalis. Tous ces corps renferment l'hydrogène et l'oxygène dans les pro- portions convenables pour former de l'eau. » 6. Dans le présent travail, je décrirai seulement les combinaisons que forment les acides avec la mannite, l'une des substances sucrées du premier groupe. » Mes recherches sur la mannite comprennent les objets suivants : his- toire chimique de la mannite (CH'O8), de la mannitane (C6 H6 Os), du mannide (CH'O4); description d'une mannite acétique, de deux mannites butyriques, d'une mannite palmitique, d'une mannite oléique, de deux mannites stéariques, de deux mannites benzoïques, d'une mannite chlorhy- drique (G8 H5 Cl O3) composé volatil et cristallisable, d'un acide mannitar- trique tribasique (C'° H15 R3 O35) (i), d'un acide manniphosphorique et d'une éthylmannite. Sans m'étendre ici sur l'histoire individuelle de ces composés, que j'ai déjà signalés pour la plupart [Comptes rendus , séance du 17 sep- tembre i855), je vais exposer le résumé et les conclusions de mon travail : » i°. Les composés mannitiques s'obtiennent par l'union directe de leurs deux principes : acide et mannite. L'union de ces composants s'opère en général sous l'influence d'un contact prolongé en vases clos avec le concours d'une température comprise entre 200 et 25o degrés. Ces conditions sont exactement les mêmes que celles dans lesquelles j'ai préparé les corps gras neutres et les éthers. — Les composés mannitiques se forment également dans la réaction de la mannitane sur les acides. » i°. Tous les composés mannitiques se dédoublent dans les circonstances les plus variées et notamment sous l'influence des alcalis, de l'eau ou de l'alcool mêlé d'acide chlorhydrique : on reproduit par là l'acide primitif et la mannitane avec fixation des éléments de l'eau. » La formation de la mannitane dans la décomposition des combinai- sons mannitiques est un fait général : seulement à la longue la mannitane régénérée fixe de l'eau et se transforme en partie en mannite cristallisée. On voit que c'est la mannitane qui joue réellement le rôle de la glycérine : les formules des composés mannitiques confirment d'ailleurs cette manière de voir. . . . » 3°. D'après les faits qui précèdent, les composés mannitiques présen- (1) J'ai également préparé les acides glucotartrique et glucocitrique. ( "<3 ) tent l'analogie la plus frappante avec les corps gras neutres. Les propriétés tant physiques que chimiques des combinaisons formées avec un même acide, soit par la glycérine, soit par la mannite, sont tellement analogues, qu'on pourrait les confondre. « 4°- • • Ces divers faits établissent un rapprochement étroit entre les composés mannitiques, les corps gras neutres et les éthers : formation directe de corps neutres à 200 degrés par l'union d'un acide et de l'alcool, de la glycérine ou de la mannitane, avec séparation simultanée des éléments de l'eau ; régénération de l'acide et de l'alcool, de la glycérine ou dé la mannitane, sous l'influence des alcalis, de l'eau ou des acides; enfin décom- position des corps gras neutres et des composés mannitiques par l'alcool avec formation équivalente d'un éther et mise en liberté du corps sucré lui-même, tels sont les phénomènes qui établissent, tant par l'analyse que par la synthèse, une extrême analogie de constitution entre les éthers, les corps gras neutres et les composés mannitiques. » Toutefois, si la mannite vient se ranger à côté de l'alcool par la nature générale des combinaisons auxquelles les acides donnent naissance, l'exis- tence de plusieurs composés neutres formés entre la mannite et un même acide établit entre la mannite et l'alcool une différence profonde ; mais de là même résulte entre la mannite et la glycérine un nouveau rapproche- ment. En effet, tandis que l'alcool ne forme avec les acides qu'une seule série de combinaisons neutres, la mannite produit trois séries distinctes, analogues aux trois séries glycériques. » L'une de ces séries est analogue aux éthers, comme eux elle est formée par l'union de 1 équivalent d'acide et de 1 équivalent de mannitane avec perte de 2 équivalents d'eau : mannites monobutyrique, monoben- zoïque, chlorhydrique, etc. Une autre série résulte de l'union de 2 équi- valents d'acide et de 1 équivalent de mannitane; avec séparation soit de 4, soit de 2 équivalents d'eau : mannites dibutyrique, distéarique, etc. » La troisième série, analogue aux corps gras naturels, est formée par l'union de 3 équivalents d'acide et de 1 équivalent de mannitane, avec élimination de 6 équivalents d'eau : mannites tristéariqne, tribenzoïque; acide mannitartrique. » Ces faits montrent que la mannite, de même que la glycérine, présente vis-à-vis de l'alcool précisément la même relation que l'acide phosphorique vis-à-vis de l'acide azotique. En effet, l'acide azotique ne produit qu'une seule série de sels neutres : les azotates, monobasiques; tandis que l'acide C. R., i856, itr Semestre. (T. XLII, N° 85.) 1 4^ ( i"4) phosphorique donne naissance à trois séries distinctes de sels neutres : les phosphates ordinaires, tribasiques ; les pyrophosphates, bibasiques, et les métaphosphates, monobasiques. Ces trois séries de sels, décomposés par les acides ou par les alcalis énergiques en présence de l'eau, reproduisent un seul et même acide phosphorique. » De même, tandis que l'alcool ne produit qu'une série d'éthers neu- tres, la mannite donne naissance à trois séries distinctes de combinaisons neutres. Ces trois séries par leur décomposition totale en présence de l'eau reproduisent un seul et même corps, la mannitane : la mannitane est donc comme la glycérine une sorte d'alcool triatomique, pourvu que l'on veuille bien me permettre de donner ce nom d'alcool à toute substance susceptible de former avec les acides des corps neutres distincts des sels et analogues aux éthers. » La théorie des éthers acquiert par là une variété et une complexité tout à fait imprévues : en effet, ou est conduit à admettre que la mannite, la glycérine et les matières sucrées analogues, peuvent donner naissance à des séries aussi nombreuses et plus variées peut-être que celles des amides et des alcaloïdes, dont l'ammoniaque est le point de départ. C'est par là qu'aux matières sucrées se rattachent un grand nombre de composés natu- rels dont la suite des présentes recherches permettra de fixer la constitu- tion. Sans m'étendre plus longuement sur ces divers points, il me suffira de remarquer dès à présent que si la mannite et la glycérine sont des alcools triatomiques, les composés de leur première série, formés par l'union de i équivalent d'acide et de i équivalent de mannite ou de glycérine, peuvent être regardés jusqu'à un certain point comme des alcools biatomiques (i); et chacun des composés de la deuxième série formée par l'union de i équivalents d'acide et de i équivalent de mannite ou de glycérine, peut être envisagé, dans le sens indiqué plus haut, comme une sorte d'alcool monoatomique, analogue à l'alcool ordinaire. » Je développerai bientôt l'application de ces mêmes idées aux combi- naisons que forment les acides avec les diverses matières sucrées, ainsi qu'avec un grand nombres d'autres principes immédiats neutres, de nature organique. » (i) L'existence de la benzochlorhydrine, de la stéarochlorhydrine, de la butyrochlorhy- drine, celle de l'oléomargarine naturelle, etc., confirment cette manière de voir. ( iMS') physique du GLOBE. — Observations ozono métriques Jattes avec le papier Schœnbein, autour de la caserne de Saint- Cloud (du 6 octobre au 5 no- vembre i855); par M. Békigny, de Versailles. (Commissaires, MM. Becquerel, Cl. Bernard, J. Cloquet.) « Je dois dire d'abord que j'ai choisi ce lieu d'expérimentation, parce que ce bâtiment me présentait intérieurement et extérieurement des condi- tions d'un grand intérêt scientifique, à cause des différents états météorolo- giques qu'il m'offrait par ses expositions diverses, par l'état hygrométrique dépendant du cours de la Seine, et par l'agglomération d'hommes logés dans ce bâtiment. » La caserne de Saint-Cloud se compose de quatre étages donnant une hauteur totale de ai mètres : le premier est à n mètres au-dessus du sol : le troisième est à I7ra,70 au-dessus de ce même niveau. Je fais mention de ces deux étages seulement, parce que je n'ai placé mes appareils qu'à ces deux altitudes. Il m'a semblé que ces deux positions pouvaient embrasser les conditions de l'air de l'étage intermédiaire. Quant au rez-de-chaussée, il est formé par des écuries qui occupent toute la longueur des deux bâti- ments de la caserne. Voyons ce qui concerne les appareils, et les résultats qu'ils ont donnés. » Quatorze appareils ont enveloppé, pendant trente et un jours, la ca- serne de Saint-Cloud, et j'ai renouvelé toutes les douze heures, ainsi que le conseille M. Schœnbein, les papiers ozonométriques contenus dans ces appareils ou abris. Sur la cour, à chacune des deux ailes du bâtiment, quatre appareils établis au premier étage, quatre autres situés au troisième, parta- geaient en parties égales la longueur de chacune des deux ailes. Sur la façade regardant la Seine, même disposition des appareils ; mais sur la façade faisant face au sud-ouest, je n'ai pu établir des appareils, attendu qu'au moment où nous faisions nos expériences, la construction de la nouvelle caserne, située derrière cette aile, nécessitait un bitumage qui développait toute la journée une grande quantité de fumée. » Chaque appareil était suspendu à l'extrémité d'une tige ayant 70 centi- mètres de longueur, l'autre extrémité de cette tige était fixée dans les baies des croisées, de sorte que chaque appareil faisait saillie de 1 5 centimètres en dehors des fenêtres. Cette disposition avait été choisie afin que les papiers fussent autant que possible sous l'influence de l'air qui entrait par les fe- nêtres. Maïs pour que les expériences fussent complètes, il fallait aussi con- 146.. ( • • «6 ) naître l'influence de l'air du milieu de la cour, c'est pourquoi j'ai pensé qu'il était urgent de l'éprouver en cet endroit. En effet, il n'était pas indif- férent de savoir si l'air atmosphérique du milieu de la cour était de même nature que celui qui glissait le long des murs de la caserne, et qui pénétrait même dans l'intérieur. Et, pour que toutes nos expériences fussent compa râbles entre elles, nous avons fait placer, à 23 mètres de la grande aile du bâtiment, et à l\,-j mètres de la petite, un mât, le long duquel ont été hissés deux appareils correspondants au niveau de chacun des deux étages auxquels nous opérions. Seulement, après onze jours d'observations, j'ai cru devoir abaisser l'appareil n° 1, celui qui était placé au niveau du premier étage, de façon à ce qu'il ne fût plus qu'à 3 mètres du sol ; je désirais m'assurer par ce moyen si l'influence du sol se ferait sentir sur le papier ozonomé- trique, et c'est précisément ce qui a eu lieu. » Il résulte des expériences que nous avons faites : » i°. Qu'il y a plus d'ozone le jour que la nuit, lorsque l'on opère sans tenir compte de l'exposition des papiers ozonométriques. , J -'*»} Différence o,25. Pour la nuit 6 , 70 ) » a°. Que l'on trouve, au contraire, plus d'ozone la nuit que le jour du côté de la Seine. Pour le J'0ur 5'6* | Différence o ni Pour la nuit 6,38 j umerence °>74- » 3°. Qu'il y a, comme dans le premier cas, plus d'ozone le jour que la nuit du côté de la cour. ^0Ur!ej°Ur ''56 I Différence o,65. Pour la nuit 6,91 ) » Si maintenant nous examinons les résultats que fournissent nos expé- riences par rapport aux deux altitudes auxquelles nos appareils étaient situés, nous constatons les suivants : » i°. Qu'il y a moins d'ozone au premier qu'au troisième étage, lorsque l'on opère sans tenir compte de l'exposition des papiers ozonométriques. Premier Troisième 1er étage, la cour et la rivière ensemble 6,77 ) ... „ , , , . ., ., 1 Différence o,23. leme étage, la cour et la rivière ensemble 7 ,00 ) » 20. Que si, au contraire, nous recherchons les résultats fournis sépa- ■ ( ( »"?)) rément du côté de la cour et du côté de la rivière au premier et au troisième étage, nous trouvons : » 3°. Qu'il y a dans les deux cas plus d'ozone au troisième qu'au premier étage. Du côté de la cour au premier étage 7 , i5 ) ,..„, , , , . .. , „ ) Différence 0,17. Du cote de la cour au troisième étage 7 , il ) Du côté de la Seine au premier étage 5,82 ) _„, „_ ,,,,„. . . . , n i Différence o , 38. • Du cote de la Seine au troisième étage ....... 0, 20 ) » Pendant que nous examinons le rôle que joue l'ozone par rapport à l'altitude des appareils et aux diverses situations qu'ils occupent, je rappel- lerai que précédemment nous avons dit qu'après onze jours d'observations nous avions abaissé l'appareil n° 1 placé le long du mât, de telle sorte qu'il fût plus rapproché du sol. Voici les différences que j'ai obtenues dans ce cas : Premier cas, 1 1 mètres au-dessus du sol 8 , 38 Deuxième cas, 3 mètres au-dessus du sol 6, 38 » Ici, comme dans tous les cas qui concernent l'altitude, nous retrou- vons la même loi qui démontre que plus on s'élève, plus on rencontre d'ozone. » Une preuve qui vient à l'appui de l'influence que l'ozone exerce sur la santé se trouve dans l'examen d'un état indiquant le nombre des malades survenus depuis le 12 septembre jusqu'au 3i octobre dernier. Cet état, que j'ai fait établir de telle sorte qu'il indique la situation des malades par étage, fournit les résultats suivants sur 49 malades : Pour le premier étage 21 | Pour le deuxième étage 12 „ , , „,..,. } Total 4q. Pour le troisième étage 12 l ~ Pour le quatrième étage 4 / » D'où il suit que le nombre de ces malades a été beaucoup plus fort au premier étage qu'au troisième. » J'ai voulu m'assurer si la marche de l'ozone à Saint-Cloud était la même que celle de Versailles, et pour atteindre ce but, j'ai choisi, afin que les résultats fussent comparables, celui des appareils de Saint-Cloud qui, par sa situation, me paraissait le mieux placé pour être en harmonie avec celui de Versailles; l'appareil n° 2, hissé au haut du mât, m'a semblé réu- nir ces conditions. M. Richard a tracé un plan graphique représentant ces ( "'S) deux courbes-rapproches, et il résulte de ce rapprochement que la marche de l'ozone, à très-peu d'exceptions près, est exactement la même à Saint- Cloud qu'à Versailles. Ce fait est important, parce qu'il prouve que la pré- sence de l'ozone subit la même loi que les autres phénomènes météorolo- giques, en s'exerçant également dans un certain rayon. » M. Rambossox lit une Note intitulée : Recherches sur l'enseignement de la parole aux sourds-muets : moyen simple et facile probablement em- ployé par les premiers inventeurs de cet art. (Extrait.) (Commissaires, MM. And rai, Cl. Bernard.) « Les résultats que l'on obtient de nos jours dans l'enseignement de la parole aux sourds sont, dit l'auteur, si peu satisfaisants, qu'on est d'abord porté à croire qu'il y a eu de l'exagération dans ce qu'on nous rapporte des succès obtenus par les premiers inventeurs. Cependant, en y réfléchissant, j'ai été porté à croire véritables les récits qui nous ont été transmis, et à sup- poser seulement qu'on avait oublié d'y mentionner des circonstances qui avaient une grande importance sur la réussite de l'enseignement. » Lorsque j'étais chargé de la direction de l'Institution royale des Sourds-Muets à Chambery, je remarquai que les sourds-muets les plus jeunes arrivaient sans beaucoup d'efforts à prononcer des mots; mais pour ceux qui étaient déjà d'un certain âge, c'était une perte de temps et une peine incroyable pour arriver à presque rien. » Ce fait m'ayant frappé, je m'informai ensuite, dans les différentes insti- tutions que je visitai, lorsque j'entendais un sourd-muet parler un peu mieux que les autres, à quel âge on avait commencé à lui enseigner la parole; et il se trouva, sans aucune exception, que la parole avait été enseignée à ces sourds- muets dès la première enfance. J'entrevis tout de suite ce qui empêchait l'essor de cet enseignement. Je m'empressai d'aller visiter l'établissement de M. Dubois, rue de Courcelles, à Paris. M. Dubois père, homme admirable de dévouement, et dont les amis des sourds-muets pleurent la mort récente, m'ouvrit les portes de l'établissement avec la plus grande obligeance, fit exercer les élèves, et me permit de les exercer moi-même. J'eus de nouveau la satisfaction de voir la justesse de mon observation. » Je fis part de mes réflexions à ce maître distingué ; elles se trouvèrent en parfaite harmonie avec sa manière de voir. Il me cifa plusieurs faits qui vinrent les corroborer, entre autres celui de l'éducation de son fils, qui est sans doute, pour le moment, le sourd-muet du monde qui parle le mieux. ( »»9) Il est lui-même professeur d'articulation à l'Institution impériale des Sourds- Muets de Paris. Son éducation pour la parole fut commencée aussitôt qu'on se fut aperçu qu'il était sourd-muet. J'ai fait, dit M. Dubois, quelques autres éducations de sourds-muets pour la parole, en les prenant dès la plus tendre enfance, à l'âge où les autres enfants commencent à parler; elles ont aussi et sans beaucoup de peine parfaitement réussi. » A l'âge où l'on commence en général l'éducation du sourd-muet, les résultats que l'on obtient par tant de travaux sont peu de chose, si on les compare à ceux obtenus dans un âge plus tendre. Ce serait à la mère, lorsqu'elle tient son petit enfant sur ses genoux, ou à ceux qui la rempla- cent dans les soins maternels, à commencer cet enseignement. C'est là, sans aucun doute pour moi, les moyens employés par les premiers inventeurs de l'art, et la solution de ce problème si plein d'intérêt. » M. Gomès de Souza commence la lecture d'un Mémoire intitulé : Addition à un Mémoire sur la détermination des fonctions inconnues qui rentrent sous le signe d'intégration définie. (Commissaires précédemment nommés : MM. Liouville, Lamé, Bienaymé.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Dufrénoy présente au nom de MM. Chatoney, ingénieur des Ponts et Chaussées, et Rivot, ingénieur des Mines, la première partie d'un Mémoire intitulé : Considérations générales sur les matériaux employés dans les constructions à la mer. « Leur Mémoire est divisé en deux parties : la première comprend les procédés d'analyse, les résultats numériques et la discussion théorique des résultats obtenus; elle est due plus spécialement à M. Rivot. » Dans la seconde partie, M. Chatoney fera connaître les résultats des expériences pratiques, entreprises au Havre, et les précautions nécessaires dans la préparation et la mise en œuvre des différents matériaux hydrau- liques. » Les analyses des nombreux échantillons et la discussion des résultats analytiques conduisent aux conclusions suivantes : » Les calcaires argileux ou siliceux, les mélanges artificiels de calcaire, ( i\ao ) de sable fin, de silex porphyrisé ou d'argile, ne peuvent donner par la cuis- son des produits de bonne qualité, chaux hydrauliques ou ciments, qu'à la condition d'une très-grande homogénéité. Un> grand nombre de bancs calcaires, facilement exploitables, présentent une très-grande hétérogénéité dans la dissémination du sable et de l'argile. On ne peut utiliser les produits de l'exploitation qu'après les avoir pulvérisés et rendus homogènes par des procédés mécaniques; ces opérations doivent précéder la cuisson. » Les mortiers et les ciments ne peuvent être stables que s'ils présentent une texture assez compacte, et en même temps, vers les surfaces des con- structions, une proportion de carbonate de chaux assez grande, pour que l'eau de mer ne puisse pas se renouveler facilement dans leur intérieur. Les conditions à remplir présentent des difficultés variables avec la nature des constructions et avec la composition de l'eau de mer dans les différents ports. » On ne peut déterminer les conditions pratiques les plus convenables, la meilleure composition chimique des matériaux à employer, que par des expériences spéciales faites dans les localités elles-mêmes, dans des condi- tions très-voisines de celles dans lesquelles les constructions seront placées. Les expériences dans des cuves ne peuvent donner que des indications incomplètes. Les précautions pratiques dans la mise en œuvre ont une im- portance au moins aussi grande que la composition chimique des matériaux. » Les chaux hydrauliques siliceuses, analogues à celles du Theil, font prise par l'hydratation du silicate de chaux, produit par la cuisson ; l'hy- drosilicate a une composition nettement définie, représentée par la formule SiO3+30aO + 6HO. » Les précautions qu'il faut prendre dans l'emploi de ces chaux hydrau- liques sont relatives à la proportion de chaux libre contenue. Elle doit être en excès d'autant moins grand, que l'eau de mer contient moins d'acide carbonique et d'hydrogène sulfuré. » On peut obtenir d'excellentes chaux hydrauliques artificielles en sou- mettant à une cuisson modérée un mélange intime de calcaire à peu près pur avec du sable fin, avec du silex porphyrisé, dans les proportions de 20 à 25 de silex ou sable fin, et 80 à 75 de calcaire. Ori obtiendra des produits d'autant meilleurs, qu'on aura pris plus de soins pour rendre le mélange intime et homogène. » Les chaux hydrauliques qui proviennent de k cuisson des mélanges naturels ou artificiels de calcaire et d'argile et dans lesquelles la chaux ( H21 ) est encore en excès, présentent un peu plus de difficultés dans l'emploi. » Les chaux hydrauliques artificielles peuvent être au moins aussi bonnes que les chaux naturelles; elles sont même beaucoup meilleures dans certains cas; quand les bancs calcaires sont hétérogènes et quand on ne prend pas les précautions nécessaires pour établir l'homogénéité parfaite avant la cuisson, les chaux naturelles sont nécessairement de très-mauvaise qualité. » La proportion de ao à 21 d'argile pour 80 de calcaire paraît être la plus convenable dans la plupart des cas. » Dans la composition des mortiers on peut introduire du sable un peu argileux, dans le cas seulement où la chaux hydraulique employée contient, un trop grand excès de chaux, libre. Les mortiers ont plus de liant, sont plus compactes après la prise et résistent mieux à l'action de la mer. Un excès d'argile serait très-nuisible; par conséquent, ce n'est qu'avec une grande prudence, et en s'appuyant sur des expériences spéciales, qu'on doit employer le sable argileux. » Les ciments à prise rapide, obtenus à une température modérée, sont toujours d'un emploi difficile à la mer. Le composé qui détermine princi- palement la solidité est l'hydrosilicate de chaux, pour lequel les analyses indiquent encore la composition : SiOs + 3CaO-+- 6HO. » Les ciments rapides ne contiennent pas de chaux libre, et par suite ne peuvent être préservés de la pénétration de l'eau de mer que par leur com- pacité ou par des circonstances extérieures. » On peut les employer avec plus de certitude en les^nélangeant avec une certaine proportion de chaux hydratée et faisant digérer le mélange pen- dant un temps assez long. » Les ciments naturels ou artificiels fortement cuits et ne contenant qu'une faible proportion de chaux libre, analogues à ceux de Parker, Mé- dina, Portland, doivent principalement la solidité qu'ils acquièrent sous l'eau à l'hydrosilicate de chaux Si03-4- 3CaO+ 3HO Ce composé ren- ferme moins d'eau que les combinaisons correspondantes auxquelles don- nent lieu les chaux hydrauliques et les ciments portés dans la cuisson à une température moins élevée. » Les ciments fortement cuits ont donné de bons résultats pour les blocs constamment immergés; dans des constructions exposées sur leurs deux parements à des charges d'eau très-différentes ou variables, les mêmes ciments ne résisteraient peut-être pas aussi bien. C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N» 25.) l47 .: ( I 122 ) Les pouzzolanes artificielles peuvent très-rarement donner des résultats favorables. Avec les pouzzolanes naturelles on doit employer les chaux grasses de préférence aux chaux hydrauliques. Les réactions qui déterminent la prise sont assez complexes, et ne peuvent être régularisées que par une très-longue digestion préalable de toutes les matières intimement mélangées en présence d'une très-petite quantité d'eau. » Cette précaution est adoptée par les ingénieurs hollandais et paraît être la condition indispensable de la stabilité des mortiers à pouzzolanes. » L'eau de mer exerce sur les mortiers et les ciments des actions très- différentes de celles de l'eau douce, non-seulement par suite des mouve- ments plus répétés et plus violents des marées et des vagues, mais encore, et principalement, en raison des sels, de l'acide carbonique, et quelquefois de l'hydrogène sulfuré qu'elle tient en dissolution. » Le sel marin retarde en général la prise des ciments et des mortiers ; les sels de magnésie exercent une action faible, et sensiblement la même dans tous les ports, sur la chaux non combinée et sur raluminate de chaux. L'acide carbonique et l'hydrogène sulfuré existent en proportions très-va- riables dans les différentes localités; ils agissent depuis le premier moment de l'immersion jusqu'à la décomposition complète, ou bien jusqu'à ce que les mortiers ou ciments soient devenus solides et imperméables. Leur action se porte d'abord sur la chaux libre, et ensuite sur la chaux combinée avec l'alumine et avec la silice. » Les cas de décomposition des mortiers à la mer n'ont été bien constatés que depuis un petit nombre d'années, à la suite d'un emploi plus général des grandes masses de béton. Les différences d'action de l'eau de mer et de l'eau douce ne sont^tas d'une nature telle, qu'on puisse admettre que les fondations en béton, employées maintenant en eau douce, soient à l'abri de tout danger. » Le Mémoire de MM. Chatoney et Rivot est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul, Poncelet, Dufrénoy, et de M. le Maréchal Vaillant. économie rurale. — Du pain et de sa préparation; par M. Mègf.-Moiriès. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Payen, Peligot.) « Poursuivant des recherches que l'Académie a encouragées il y a trois ans, en adoptant les conclusions d'un Rapport de M. Chevreul, je suis parvenu ( na3 ) à faire du pain blanc irréprochable avec tonte la substance assimilable du froment. Ce résultat, si intimement lié à l'intérêt public, vient de l'applica- tion des observations suivantes faites sur le froment et sur la panification. » Le froment est composé de trois enveloppes : i° l'épicarpe, tégument ligneux et très-léger, pesant i pour ioo du poids du blé; i° l'endocarpe, recouvert par les débris du sarcocarpe chargé de matière extractive jaune et d'huile essentielle; cette membrane pèse 3,2 pour 100; 3° l'épisperme adhérent, très-azoté et incolore, pesant 3,3; 4° l'embryon et l'endosperme farineux, plus friable au centre qu'à la circonférence, complètement assi- milables et donnant ensemble 91, 5 pour 100. » La farine de première qualité vient du centre de l'endosperme et ne contient qu'un millième de débris de son ; les farines inférieures sont pro- duites par la zone voisine de l'épisperme plus dure et plus riche en gluten ; elles contiennent de 8 à 12 millièmes de ces débris de pellicules. » Le son est composé dé Tépicarpe, de l'endocarpe et de l'épisperme qui retient toujours de la substance farineuse. L'épisperme le rend très- azoté et peu nutritif. » Du pain bis. — Les farines inférieures ne produisent du pain bis que parce qu'elles entraînent inévitablement des débris du péricarpe et de l'épisperme; le premier agit par son huile essentielle et sa matière extractive jaune très-altérables ; le deuxième par la céréaline qu'il retient à sa surface interne. Ce principe, décrit dans la première partie de ce travail, est un double ferment lactique et glucosique. C'est sous l'influence de ces causes que la farine s'altère et produit les pains inférieurs caractérisés par l'aci- dité, la couleur brune, le mauvais goût, l'état pâteux et hygrométrique, ainsi que par sa faiblesse alimentaire. » La céréaline, comme ferment lactique des plus- puissants, fait prédo- miner la fermentation acide et fait aigrir la pâte et le pain. » Le gluten, désagrégé et en partie dissous par l'acide au milieu des fer- ments en activité, se décompose en produisant de l'ammoniaque, dont la formation explique dans les pains bis la présence des sels ammoniacaux qui n'existent pas dans les farines qui les produisent. » Le gluten dénaturé se transforme aussi en ferments vineux ou lacti- ques. C'est sur cette altération qu'est fondée la fabrication des levains, c'est cette perte souvent considérable qui fait d'une farine riche en gluten un pain bis peu nourrissant. » La matière extractive jaune se transforme en une matière brune ana- logue à ce qu'on a appelé acide ulmique; ce changement est plus rapide à 147.. ( »ia4 ) l'air et à la chaleur : c'est pourquoi la croûte est toujours noirâtre, indé- pendamment de sa densité et de sa sécheresse, tandis que la mie a une cou- leur brune plus légère. » L'huile essentielle si douce du froment semble, par des modifications successives, prendre une odeur herbacée et contribuer à donner au pain bis la saveur qu'on lui connaît. » Au four, la céréaline jouant le rôle du ferment glucosique transforme entre 5o et 80 degrés centigrades une partie de l'amidon en dextrine et en glucose. La présence du glucose rend le pain pâteux et hygrométrique, et la décomposition partielle de l'amidon et du gluten empêche le pain bis de se gonfler dans l'eau ou dans le bouillon. » Les gaz et les vapeurs qui soulèvent la pâte brisent ses cellules au lieu de les élargir, parce que le gluten altéré et en partie dissous ne lui commu- nique plus l'élasticité nécessaire pour obéir à l'expansion du gaz ; de là vient l'état compacte et serré de ce pain. » Ces par ces réactions qu'une petite quantité de farines impures dans la pâte suffit pour changer entièrement la nature et la qualité du pain. » Du pain blanc, — La différence qui existe entre le pain blanc et le pain bis provient de ce que la farine de première qualité ne contenant que des traces de péricarpe, ce pain ne brunit pas et la croûte reste jaune; elle pro- vient aussi de ce que la céréaline n'existant pas, grâce à l'absence de l'épi- sperme, elle ne contient que de la caséine végétale, ferment lactique faible et ferment glucosique nul ; l'absence du glucose et surtout la faiblesse de la fermentation lactique épargnent une plus forte partie de gluten; la pâte peut prendre au four tout $00 développement, et le pain conserver plus de force alimentaire. » Il faut donc, pour empêcher les farines impures de produire du pain bis, i° prévenir la formation de la matière brune; a° enlever à la céréaline ses propriétés de ferment glucosique et de ferment lactique; 3° séparer les débris de pellicules par une opération mécanique. » On parvient à ce résultat en partageant le blé broyé en trois parties : le son qu'on rejette, la farine de. première qualité et les gruaux impurs. Aces gruaux ou fait subir une fermentation vineuse à basse température dans quatre parties d'eau acidulée; on tamise le liquide et on s'en sert de levain pour faire la pâte avec la farine de première qualité. On peut par ce moyen faire du pain blanc avec toute la substance assimilable du grain, moins 4 à 5 pour 100 adhérents au son, c'est-à-dire élever le rendement du blé en farine de première marque de 70 à 88 pour 100 ; supprimer les pains ( na5 ) bis; élever de 20 pour 100 environ la production du pain blanc, et donner à tous du pain de première qualité avec une économie assez forte pour atténuer les effets des récoltes insuffisantes. » anatomje comparée. — De l'appareil circulatoire sanguin chez le serpent Python; par M. Jacqcart. (Extrait par l'auteur présenté par M. de Quattefages.) (Commissaires, MM. Duméril, Serres, de Quatrefages.) « J'ai injecté et disséqué trois Pythons Molures, tous trois de forte taille. C'est dans le laboratoire de M. le professeur Serres, et aidé de ses conseils, lorsqu'il occupait encore la chaire d'Anthropologie, que j'ai exécuté ces préparations. Sur l'une d'elles, en collaboration avec M. le Dr Duméril fils, nous avons disséqué le système nerveux que nous devons publier plus tard. Dans le résumé que je présente, je ne ferai pas de bibliographie. On la trouvera tout entière dans mon opuscule qui a pour titre : « De l'appareil circulatoire sanguin chez le Python. » Forcé de condenser en un petit es- pace la substance de mon Mémoire, je ne retracerai que les points les plus importants. » Dans la description du cœur, que j'ai éclaircie par huit figures, je si- gnale dans le ventricule droit une disposition valvulaire que je crois avoir découverte le premier. C'est celle de la valvuve qui ferme l'entrée du sinus formé par la veine cave postérieure, et la jugulaire droite qui réserve un tiers environ de son étendue pour abriter et fermer aussi la jugulaire gauche, dont l'orifice est adossé à celui du sinus veineux précédemment indiqué. Ainsi trois orifices veineux fermés par une seule valvule! Quel procédé simple et ingénieux! Je doute qu'on puisse trouver une plus heu- reuse application de la loi d'économie exposée par M. le professeur Milne Edwards, dans son ouvrage intitulé : « Introduction à la zoologie générale. » Plus d'une fois, dans le cours de ce Mémoire, nous aurons l'occasion de déférer à cette loi. A priori ne devait-on pas s'y attendre? Chez les Ophi- diens, les organes resserrés, pressés les uns contre les autres par la forme allongée à laquelle ils sont soumis, ont pu recevoir directement des bran- ches artérielles uniques, placées dans leurs intervalles, ou réunir en un seul tronc les veines qui en rapportent le sang. Mais je reviens à l'anatomie du cœur, et j'indique ici seulement les points que je crois nouveaux ou plus complètement étudiés qu'on ne l'avait fait jusqu'alors. » Le ventricule droit fixe surtout notre attention. Une colonne charnue ( 1126 ) s'étendantde la pointe du cœur vers sa base, soudée par son côté supérieur, libre par l'inférieur, le divise en deux loges, une supérieure, où prennent naissance les deux aortes, l'autre inférieure, d'où part l'artère pulmonaire. La loge inférieure est beaucoup plus grande que l'autre, et sillonnée par dés colonnes charnues peu marquées. L'autre, au contraire, à parois très- épaisses, est rétrécie par des piliers musculeux très-forts. Puis ensuite se présente un ventricule gauche qui communique avec l'oreillette pulmo- naire, mais il n'en part aucun vaisseau. » J'ai cherché à décrire avec soin et à bien faire connaître les valvules auriculo-ventriculaires droite et gauche, ainsi que le passage qui fait com- muniquer les deux ventricules. Mais ces détails ne sauraient trouver place ici. L'épaisseur des parois du ventricule gauche produit un effet qui n'a pas été suffisamment apprécié. 11 est bien vrai qu'au moment où la communication interventriculaire s'ouvre, les deux ventricules en train de se contracter sont également pleins, l'un de sang artérialisé venant des poumons, l'autre de sang veineux. Si les deux ventricules étaient aussi épais, il auraient la même force d'impulsion, et le sang ne tendrait pas plus à passer du ventricule gauche dans le droit que de celui-ci dans le gauche. Mais ce dernier, beaucoup plus épais, lance par l'ouverture interventriculaire dans la loge supérieure du ventricule droit le sang artérialisé, qui balaye en quelque sorte le sang veineux qui s'y trouve, le chasse de cette loge vers celle de l'artère pulmonaire, d'où l'uti- lité d'une communication entre elles, et il s'engage dans les deux aortes qui sont situées tout près de l'ouverture interventriculaire. Il y a cependant mélange partiel des deux sangs. Ainsi chez les Ophidiens et les Mammifères les oreillettes, à part quelques détails de minime importance, sont calquées sur le même modèle. Même structure de parois, mêmes rapports de formes et de dimensions, mêmes vaisseaux qui viennent s'y aboucher, mêmes communications avec les ventricules! Puis quand il s'agit de ceux-ci, qui ont conservé cependant avec les oreillettes leur position et leur épaisseur respectives, toute analogie semble rompue ! Le ventricule gauche ne fournit aucun vaisseau, les deux aortes qui devraient en provenir prennent leur origine dans le ventricule droit, et celui-ci, par contre, donne naissance en même temps à l'artère pulmonaire. » Mais ne serait-il pas possible de démontrer que cette infraction à la loi d'unité de plan n'est qu'apparente? Supposons pour un instant que la cloi- son incomplète du ventricule droit des Ophidiens représente la paroi inter- ventriculaire complète des Mammifères, ainsi modifiée, pour des raisons que nous avons déjà fait pressentir. Alors tout s'explique. L'unité de plan ( i,27 ) n'est plus détruite : il y a seulement variété dans l'unité; et la loi des con- nexions vient nous aider à ressaisir les analogies qui nous échappaient. La loge inférieure du ventricule droit, d'où naît l'artère pulmonaire, représente le ventricule droit tout entier des Mammifères. La loge supérieure de ce ventricule droit n'est plus qu'un diverticulum ou appendice du ventricule gauche, divisé en deux compartiments, bilobé en quelque sorte, rétréci, comme étranglé au niveau du passage interventriculaire, par des nom- breux piliers charnus qui traversent sa cavité. » Le ventricule gauche recouvre les origines de vaisseaux aoftiques. C'est qu'ici, comme chez les Mammifères, le ventricule gauche empiète sur le droit en arrière, tandis qu'en avant c'est le droit qui couvre en partie le gauche. Ce qui vient encore appuyer cette vue, c'est que les valvules de la base des ventricules étant relevées, ces cavités communiquent entre elles, non plus par une ouverture rétrécie, mais par un passage assez large, qui rend admissible l'hypothèse d'un rétrécissement entre les deux loges du ventricule gauche. » Ainsi pour nous le cœur des Ophidiens peut être ramené à celui des Mammifères, dont la cloison interventriculaire ne se serait pas soudée par son bord inférieur aux parois du cœur, et dont le ventricule gauche serait divisé en deux loges communiquant ensemble par un passage rétréci. » Pressé de terminer, pourrai-je esquisser ici quelques-uns des faits les plus saillants sur le reste du système circulatoire ? montrer toutes les artères de la tête fournies par un seul tronc, la carotide commune? faire voir com- ment cette artère, arrivée à la tète, se divise en deux troncs, dont l'un con- tinue son trajet et l'autre, passant de l'autre côté, s'y distribue en maintenant ainsi la loi de symétrie ? Devons-nous trouver là une des applications les plus remarquables de la loi d'économie? Ne serait-ce pas plutôt un effet de la dégradation dans l'échelle des êtres, par défaut de division du travail, comme M. le professeur Milne Edwards, ouvrage cité, chap. III, nous l'indique. Je n'oublierai pas non plus les anastomoses entre les veines portes rénales et la veine porte hépatique, si nombreuses et si volumineuses, qu'on peut dire qu'il n'y a pas seulement anastomose, mais presque fusion des deux systèmes avec mélange partiel du sang qu'ils charrient. Je signalerai, en outre, le défaut de parallélisme des ramifications des nerfs pneumogas- triques avec les vaisseaux pulmonaires, et enfin je me demanderai avec M. le professeur Serres, si la partie beaucoup plus considérable de ces pou- mons qui n'est ni vasculaire, ni aréolaire, outre ses usages comme réser- ( 1128 ) voir aérien, ne pourrait pas être considérée pour le grand poumon chez la femelle, par son contact avec l'ovaire correspondant, comme un appareil d'incubation? a embryogénie. — Sur les monstres doubles. Extrait d'une Note de M. ScHULTZE. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) « L'intérêt qui s'attache à l'importante question de l'origine des monstres doubles, intérêt qui s'est manifesté au sein de l'Académie des Sciences par les discussions qui ont eu lieu dans les séances de mars et avril 1 855 entre les hommes les plus éminents en embryogénie et en tératologie, m'a porté à taire hommage à l'Académie de deux opuscules que j'ai publiés sur ce sujet et à lui présenter un petit résumé de l'ensemble de mes recherches. » Partant de ce principe que l'embryogénie pathologique est le seul fon- dement de la tératologie, j'explique les monstres doubles par la duplicité totale ou partielle de la bande primitive [Bandelette embryonnaire Lere- boullet, Axenplatte Remak). Il ressort évidemment des observations de MM. Jacoby, V. Baer, Reichert, Valentin, Coste, sur les œufs des poissons, des oiseaux et des crustacées, que cette double disposition des organes de l'axe embryonnaire se forme à la surface d'un seul vitellus. » En outre, il est prouvé, par une observation d'Etienne Geoffroy et un tait rapporté par moi, que chez les oiseaux, et probablement aussi chez les reptiles, dont les œufs, sortant de l'ovaire sans chorion, s'enveloppent dans les oviductes d'une coque dure, qu'il y a une seconde condition pour la for- mation des monstres doubles, c'est que deux vitellus soient renfermés dans une seule coque. » Tous les animaux dont l'œuf quitte l'ovaire enveloppé du chorion, les mammifères, y compris l'homme, les amphibies et les poissons, manquent des conditionsd'une fusion secondaire de deux vitellus ou de deux em- bryons s'y formant; des monstres doubles ne peuvent naître chez eux que sur un seul vitellus. » Quelles sont donc les conditions sous l'empire desquelles une bandelette embryonnaire en partie ou entièrement double se montrera dans un vitel- lus? Un tel vitellus diffère-t-il de l'ordinaire, et par quoi ? Déjà F.-W. Beneke, dans sa Disquisitio de ortu et causis monstrorum, propose l'hypothèse que la coexistence de deux vésicules germinatives dans un vitellus devient la ( ii*9 î cause de la naissance d'un monstre double. Moi je l'ai prononcé pour la première fois avec assurance dans mon traité : Ueber anomale Duplicitat der dxenorgane (douzième résultat) que les monstresdoubles naissent par une différenciation primitive et simultanée dans des œufs dont le vitellus contient deux vésicules germinatives. M. Coste, dans la séance de l'Académie du 16 avril 1 855, s'est prononcé pour la même opinion. Des faits embryolo- giques dissipent tous les doutes qui pourraient rester à ce sujet. La grande importance de la vésicule germinative pour la segmentation et pour la for- mation de l'embryon est reconnue par tous lesembryologistes. Des vitellus sans vésicule germinative ne sont pas fécondables. La manière dont la vési- cule germinative se répartit dans tous les globules de fractionnement du vitellus n'a été observé qu'une seule fois par M. J. Muller chez V Entoconites mirabilis. Ordinairement la vésicule germinative n'a pu être observée dès le commencement du phénomène de segmentation. Chez les animaux dont une partie seulement du vitellus subit la segmentation, chez la plupart des pois- sons, chez les reptiles et les oiseaux, c'est celle qui entoure la vésicule ger- minative, et la bande primitive occupe précisément la place de la vésicule germinative. 11 est très-probable que chez les amphibies, les mammifères, et, parmi les poissons, chez les pétromyzons dont les œufs éprouvent une segmentation totale, la fonction de la vésicule germinative est encore la même pour la formation de l'embryon. » D'après cela, il semble évident que la place de la vésicule germina- tive doit être plus tard le centre de la formation de l'embryon. Dans le blastoderme d'un œuf, dans lequel se développe un monstre double, existent deux centres de formation plus ou moins rapprochés ou éloignés. La fonction de la vésicule germinative pour le développement normal étant prouvée, il en résulte la preuve de l'existence de deux vésicules germi- natives dans les œufs où naissent des monstres doubles. L'existence pa- thologique de deux vésicules germinatives dans un œuf est souvent obser- vée, tandis que le développement de ces œufs ne l'a été jamais; cependant l'anatomie comparée nous fournit un fait qui s'y rapporte : les œufs d'une petite turbellariée, du Vortex balticus} qui contiennent deux vésicules germinatives, produisent toujours deux embryons, selon les observations de Max Schultze. » Chez tous les animaux dont le développement des œufs a été observé, la vésicule germinative est la première formation et la plus essentielle de l'œuf. Chez les vertébrés, une partie des cellules de l'ovaire embrvonnaire se dé- veloppe en vésicules germinatives, tandis que le reste forme le parenchyme C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 85.) '48 ( n3o ) de l'ovaire. L'espace autour de la cellule germinative s'agrandit et forme le follicule de Graaf. Autour de la vésicule se dépose le vitellus, et autour de celui-ci naissent la membrane vitelline çt les autres formations secon- daires. Si des cellules primitives deux qui sont très-rapprochées se changent en vésicules germinatives, ou si en général le développement du paren- chyme n'a pas lieu entre deux vésicules, elles seront situées dans un seul follicule. Ici elles peuvent encore se développer en deux œufs. Mais si elles sont couchées assez près l'une de l'autre, un seul vitellus les enveloppera, une seule membrane vitelline et un seul oolemma en fera un seul œuf, dans lequel cependant, s'il est fécondé, deux centres de formation se montreront. Par conséquent, il y naîtra un monstre double. » La position primitive des vésicules germinatives aura une grande in- fluence sur le degré et l'espèce de la duplicité, parce qu'elle détermine la place des centres de formation. Sur les œufs dans lesquels par leur figure même on peut remarquer des axes différents, l'embryon est toujours paral- lèle à un même axe de l'œuf. Par conséquent, les deux bandes primitives qui composent le monstre double seront opposées ou par leurs têtes ou par leurs queues, si la ligne qui joint les deux vésicules germinatives est parallèle à cet axe; elles seront couchées parallèlement l'une près de l'autre, si cette ligne est perpendiculaire à cet axe. » Il faut supposer aussi qu'un certain axe de la vésicule germinative déter- mine la position de l'embryon. Quand même il n'y aurait pas d'observations à ce sujet, cet axe pourrait être reconnu, parce que la tache germinative est située toujours près de la paroi de la vésicule. Normalement, il faut que cet axe soit parallèle à l'axe embryonnaire de l'œuf. Quand, au contraire, ces axes de deux vésicides germinatives situées l'une à côté de l'autre sont des obliques qui s'écartent également de l'axe embryonnaire de l'œuf, de ma- nière que les queues sont rapprochées, il se formera une queue simple et moyenne et une tête double dont les extrémités seront divergentes; quand les tètes des axes sont convergentes, une simple tète et une double queue se formeront. Delà différente grandeur de l'angle formé par les axes des vé- sicules germinatives et de la distance plus ou moins grande entre les vé- sicules se déduisent deux séries de formes différentes de la bande primitive double. Si nous y ajoutons les positions des axes déterminées plus haut, tous les monstres doubles s'expliqueront facilement. » En effet, dans les observations dont nous avons fait mention, la bande- lette embryonnaire a toujours montré une des trois formes nommées plus haut. Par leurs modifications expliquées par moi et réduites aux différentes ( >i3« ) positions des vésicules germinatives, la forme extérieure et toute l'organi- sation des monstres doubles connus jusqu'à ce jour, s'expliquent d'après les lois du développement normal, comme je l'ai fait voir dans les Mémoires imprimés qui accompagnent cette Note. C'est ainsi que j'ai montré comme tous les monstres doubles autositaires, y compris ceux à deux ombilics, en outre, tous les parasitaires, y compris les endocymiens difficiles à expli- quer, naissent sur un seul vitellus. » En adoptant les noms donnés par les tératologistes, nous dirons que les monstres doubles se rangent, eu égard à leur genèse, dans les trois séries mentionnées plus haut, de la manière suivante : Première série, duplicité antérieure; deuxième série, duplicité postérieure ; troisième série, duplicité parallèle. » L'auteur considère successivement ces trois cas. Le défaut d'espace ne nous permet pas de reproduire cette partie de la Note. » physique. — Des courants induits, considérés relativement à leur pouvoir chimique : application à V électricité employée comme force motrice; par M. E. Lacombe. (Commissaires, MM. Duhamel, Despretz.) chimie. — Action dés acides azotique et chlorhjdrique sur le chlorure de barium et l'azotate de baryte; par M. E. Baudrimont. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) chimie organique. — Considérations sur la génération des produits orga- niques par leurs éléments simples, le carbone, l'hydrogène et l'azote; par M. E. Baudrimont. (Renvoi à la même Commission.) M. Joire prie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, un opuscule dont il lui a précédemment offert deux exemplaires, et qui a pour titre : « Études sur la circulation ». (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Liegard adresse une nouvelle analyse d'un recueil de Mémoires sur diverses questions de médecine et de chirurgie pratique, précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) i48.. ( Ïl32 ) M. Lecuevallier envoie un complément à sa précédente communication sur la navigation aérienne. (Renvoi à la Commission déjà nommée. ) M. Bouniceau soumet au jugement de l'Académie la VIIIe partie de ses recherches sur le mode de propagation de la sangsue médicinale. (Renvoi à la Commission nommée.) ML Cadet envoie de Rome une nouvelle série de corrections relatives à ses précédentes communications sur le choléra-morbus et sur les ento- zoaires observés dans les déjections des cholériques. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine constituée en Commission du prix du legs Bréant. ) M. Rioolo adresse de Bédizzole, canton de Brescia, royaume Lombardo- Vénitien, une Note écrite en italien sur la maladie de la vigne. L'auteur, d'après les résultats des essais qu'il a faits dans ses propriétés, et les renseignements qu'il a pu se procurer sur les tentatives faites dans les différents pays pour arrêter la marche de l'oïdium, est arrivé à conclure que tous les moyens employés jusqu'ici sont absolument insuffisants, et que le seul qui présente des chances de réussite, c'est la plantation de nouvelles vignes après extirpation des anciennes, extirpation indispensable non-seule- ment dans les lieux où s'est montrée la maladie, mais encore dans tous ceux où les ceps n'offrent pas un aspect vigoureux. Il pense que les Sociétés sa- vantes rendraient un grand service à l'économie rurale en proposant comme sujet de prix la recherche des moyens les plus propres à obtenir ce renou- vellement des vignobles. M. Tacpinard soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : « Nouvelle manière de mesurer les distances au moyen de la vitesse du son. » L'auteur pense qu'on peut tirer parti de ce moyen, en campagne, dans beaucoup de circonstances où l'on a besoin d'évaluer la distance d'un point inaccessible, et où l'important est d'obtenir promptement cette mesure, non de l'obtenir avec une grande exactitude. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de M. Despretz et de M. le Maréchal Vaillant.) ( n33 ) CORRESPONDANCE. La Société royale des Sciences de Gœttingue adresse, pour la biblio- thèque de l'Institut, le volume VI de ses Mémoires, et remercie l'Académie pour l'envoi de deux nouveaux volumes des Mémoires et des Savants étran- gers. Les Curateurs de l'Université de Leyde adressent, au nom des Univer- sités Néerlandaises et des Athénées d'Amsterdam et de Deventer, un exem- plaire de leurs Annales pour l'année i85i-5a. • physique. — Sur un appareil destiné à démontrer et mesurer la différence de conductibilité du bismuth cristallisé; Note de M. Ch. Matteucci. (Extrait.) « Dans la séance du 6 mars i855, j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie l'extrait d'un Mémoire (i) sur les propriétés physiques du bismuth cristallisé et principalement sur la différence de conductibilité pour le courant électrique. Les tiges de bismuth étaient coupées sur des masses de bismuth cristallisé, distinguées en deux catégories, suivant que les plans du clivage principal étaient perpendiculaires ou parallèles à la longueur des tiges. J'ai trouvé que le rapport de la conductibilité des pre- mières à celle des secondes était i : 1,16. Afin de pouvoir opérer sur des tiges assez longues, j'avais été obligé de réunir bout à bout plusieurs tiges de la même catégorie. Les extrémités des tiges étant amalgamées, l'union était établie par l'interposition d'une couche excessivement mince de mer- cure entre une tige et l'autre. Quoique je me fusse assuré que cette union était parfaite, j'ai néanmoins désiré de vérifier mes résultats, n'ayant recours qu'à une seule tige. J'ai réussi dernièrement à obtenir des tiges longues à peu près de 5i millimètres, et qui étaient d'une structure homogène dans toute leur longueur. Ces tiges ont été réduites aux mêmes dimensions à l'aide d'un comparateur de M. Froment qui donne distinctement jj-Js de milli- mètre. Une bonne manière de s'assurer de l'homogénéité de la structure de ces tiges est de les suspendre à un fil de cocon entre des armatures très- (i) Nuovo Cimento, tomel, page 26. ( n34) larges, en fer doux, d'un fort électro-aimant; il faut que ces armatures ren- ferment en quelque sorte les tiges qui se trouvent ainsi dans un champ que MM. Faraday et Verdet ont appelé d'égale intensité magnétique. Les tiges qui ont les clivages en travers doivent se placer axialement suivant la ligne des pôles, et les tiges qui ont les clivages longitudinaux se placent équatorialement, et cela avec plus de force lorsque les clivages sont verti- caux. »> M. Matteucci donne ensuite ici la description d'un petit appareil qui lui sert à démontrer l'inégale conductibilité des tiges de bismuth axiales ou équatoriales. Cet appareil passe sous les yeux de l'Académie; mais quoiqu'il soit très-simple, il serait difficile d'en faire comprendre les dispositions sans l'aide d'une figure. On'se contentera de dire que l'expérience consiste essen- tiellement à introduire une tige de bismuth dans chacune des branches d'un courant bifurqué, d'ailleurs parfaitement égales, et enroulées en sens con- traire sur un galvanomètre. L'appareil permet de placer et de déplacer très-facilement les tiges de bismuth, ou même de les remplacer par deux tiges de cuivre. Après s'être préalablement assuré de l'égalité parfaite des deux circuits dérivés au moyen de ces tiges de cuivre, on les remplace par des tiges de bismuth toutes deux axiales ou toutes deux équatoriales, et le galvanomètre continue à demeu- rer immobile. Si, au contraire, l'une est axiale, l'autre équatoriale, on obtient des déviations galvanométriques de 3o degrés et plus, et ces déviations changent de sens lorsqu'on échange les tiges de situation relative. astronomie mathématique. — Note sur In condition de convergence des séries qui se présentent dans la théorie du mouvement elliptique des planètes; par M. J.-A. Sekret. « Laplace a démontré le premier que le rayon vecteur d'uue planète, l'anomalie excentrique et l'anomalie vraie sont développables en séries con- vergentes ordonnées suivant les puissances croissantes de l'excentricité de l'orbite, toutes les fois que cette excentricité ne dépasse pas une certaine limite dont la valeur approchée est o,66io,5 M. Cauchy a retrouvé en- suite ce résultat par une méthode qui lui est propre, et M. Puiseux y est arrivé de son côté par des considérations du même genre. Mon attention ayant été appelée sur cet objet à l'occasion du Cours dont je suis chargé en ce moment à la Faculté des Sciences, j'ai reconnu qu'en se fondant sur ( n35 ) les théorèmes généraux dus à M. Cauchy, on pouvait établir la condition de convergence trouvée par Laplace beaucoup plus simplement qu'on ne l'a fait jusqu'ici. C'est ce que je me propose de montrer dans cette Note. » Soient Ç une constante réelle donnée et z une variable réelle ou ima- ginaire; l'équation transcendante (i) u — zsinw = £, a une infinité de racines qui dépendent de z et 'deux de ces racines devien- nent égales, lorsque z prend une valeur telle que l'équation (i) puisse être satisfaite en même temps que sa dérivée relative à u, savoir (a) i — z cosm = o. Cela posé, si le module de z reste inférieur au plus petit des modules qu'd faudrait attribuer à cette variable pour que les équations (i) et (a) pussent avoir une racine commune, celle des racines u de l'équation (i) qui se réduit à Ç pour z = o, sera une fonction parfaitement déterminée de z ; et, d'après un théorème de M. Cauchy, cette quantité u et les fonctions continues de u seront développables en séries convergentes ordonnées suivant les puis- sances croissantes de z. Lorsque z est réel, l'équation (i) coïncide avec celle dont dépend la détermination des éléments du mouvement elliptique des planètes, z est alors l'excentricité, Ç désigne l'anomalie moyenne et u l'a- nomalie excentrique ; enfin l'anomalie vraie et le rayon vecteur sont des fonctions continues de u. » Des équations (i) et (2), on tire (3) u — tangw = £, (4) z = — , v ' cos« et la question qui nous occupe se réduit évidemment à déterminer quelle est celle des racines de l'équation (3 ) à laquelle répond le plus petit module de z. » Posons u = x -+- y\j — i> x et y étant deux variables réelles; l'équation (3) se décompose en deux autres débarrassées d'imaginaires et que l'on peut comprendre dans la for* mule suivante : -_, sin2x eV — e~v ey .+-<>-»/ (5) == = COS2.T H -j v / x — Ç 7. y 2 (i486) où e désigne la base des logarithmes népériens. En outre, on tire de l'équa- tion (4) (mod. z)2 = 2 2 et, d'après la formule (5), ev — irv (6) (mod. zf ■=. i 2X2J , (î/)1 , (2^)' 1.2.3 1 .1. ..5 On voit que la plus petite valeur de (mod. z) correspond à la plus grande des valeurs de y ; donc, pour résoudre dans toute sa généralité la question que nous avons en vue, il nous faudrait trouver celle des racines de l'équa- tion (3) dans laquelle le coefficient y de \J— i a la plus grande valeur. Mais si l'on veut seulement connaître, ce qui est le point essentiel, le maximum de toutes les plus grandes valeurs de y qui répondent aux diverses valeurs de la constante £, il suffira de comparer entre elles les valeurs dey qui sont telles qu'on puisse tirer des équations (5) des valeurs réelles de x et de Ç. Comme les équations (5) donneront toujours pour Ç une valeur réelle, si ki valeur de x est elle-même réelle, on peut se borner à considérer cette dernière variable. On tire immédiatement de la formule ( 5 ) et +-e~r Ver-*- e~r «T — err'\ er ■+■ e~rV sr' 4r* 1 1 L 2 2/J 2 |_I.2.3 1.2. ..5 & — e-r fer + er? 0 — é~r 1 ttr — r9 \~ r' 3.T4 5 r6 1 cos'ar = y = i — —f —r. — ... • 7.y 2 2 J 2jr L !-2 '"*4 l«"8 La valeur de sin2 x est toujours positive ou nulle ; donc pour que x soit réel, il suffit que cos2.r ne soit pas négatif, et la condition pour qu'il en soit ainsi est que la fonction Y = i ^ 3r' 5y° 1.3 I .2.3-4 I . • .6 soit positive ou nulle. Cette fonction Y est constamment décroissante et elle n'a, par suite, qu'une seule racine positive; on trouve aisément que la valeur de cette racine est égale à 1,1996.... On voit ainsi que 1,1996... est la plus grande des valeurs de y auxquelles répondent des valeurs réelles de x et de £; en donnant à y cette valeur dans l'équation (6) on ob- tient mod. z == 0,66195..., ( "37 ) en sorte que si le module de z reste inférieur à cette limite, l'équation (i) n'aura point de racines égales, quel que soit Ç. » Il est démontré par ce qui précède que si l'excentricité de l'orbite d'une planète est inférieure à 0,66 ig5 — l'anomalie excentrique, l'anomalie vraie et le rayon vecteur seront développables en séries convergentes procédant suivant les puissances croissantes de l'excentricité. » Géométrie. — Note sur la courbure géode'sique ; par M. Ossian Bonnet. « On connaît l'importance de l'élément que M. Liouville a nommé cour- bure géodésique. Cet élément qui remplace la courbure ordinaire, lorsqu'on considère une ligne comme tracée sur une surface déterminée, a été mis sous différentes formes. Je me propose de faire connaître une forme nou- velle qui, en raison de son élégance et de sa symétrie, me semble offrir quelque intérêt. » Soient u, v les deux variables indépendantes au moyen desquelles on fixe les différents points de la surface, et supposons, comme d'habitude, l'é- lément linéaire ds de la surface déterminé par l'égalité ds' = Edu2 -f- lYdudv + Gdv*. Considérons deux séries de lignes orthogonales représentées respectivement par les équations a = const. , jS = const. Posons, pour simplifier, da = mdu + ndv, d(ï = pdu -f- qdv, nous aurons, k étant un certain facteur (1) i(E«-F/n) = />, i(F«-Gm)=î, d'où (2) E«* - aFmrc + Gm* = EG^.F,(Eg* - zFpq + Gp2). » Or, s et t étant les arcs des courbes a = const., ]3 =5 const., la caracté- ristique da indiquant les différentielles prises en laissant /3 constant et fai- C. R., i856, i« Semestre. (T. XXII, JV> 93.) l49 ( "38 ) sant varier aàeda, et la caractéristique d? les différentielles prises en lais- sant a constant et faisant varier /3 derf/3, on a, d'après une formule connue, pour la courbure géodésique - des courbes a = const., d d.s a S p d s.d t Mais d2s=z.-JMEïllL d t== foG-F'r/s V^È>— aF/^-f-G/T'' .? ^E««— aFmii-hG/»'' donc JL — y/FTy'- 2FW + G^ y/ËT^- 2 F»;/? + G/t>' y/EG - F' PK (EG— F'jrfa "« \/F.7'— aF/^ + G^' et, en se rappelant l'égalité (2), J En!- 2Fran + Gm' j P«" ^FG-F'rf*" "7Ê«'-aFiW« + G»i'' D'ailleurs aV/E«!-2Fm/!+Gm! ^T att H f ff*v. -_,/-•_•, ■ ; — (1~u _i 1 _ puis #»efK u -t- «r/K i>= da, pd„. u -+- qda v = o, d'où d u = ~ y^a — — (F« — G/«)rfq N/> — «y " E/i'— 2F/n/i-f-Gm'' d v — pda (En — F m) do, np — mq~ E««— aF/Hn-t-Gw"2' On a donc encore Efl — Fm __y/E//'— 2F//»« -+- G/ * rfe F/< — Gw ^/En'-2F»w+G»i: pK \Zeg-fj ^ ( n39) ou bien enfin Pu \/m — f en remarquant que [En — Fm Fn—Gm ~1 v'Es'-îFw/i + Gra' \JEri1 — afron + G m* I d~(En — ¥m) d-(Fn — G m) n fi dv du Si les courbes a == const. sont des lignes géodésiques, leur courbure géodé- sique est nulle en chaque point. Donc En— Fin , Fn — Gm d — d- v/Ë/i'— 2Fm«+Gffl! sJEn1— 3.Fmn+~Gm* dv du Ainsi on connaît alors le facteur qui rend intégrable l'équation (En — Fm)du + (En — Gm)dv = o des trajectoires orthogonales des courbes considérées a = const. » physiologie végétale. — Recherches sur l'accroissement en grosseur des Dicotylédones ligneux; par fit. V. Mathieu. (Extrait.) « Les discussions qui eurent lieu il y a quelques années, dans le monde savant, relativement à la question de l'accroissement en diamètre des Dico- tylédones ligneux, avaient retenti jusque dans ma province, et comme de ces discussions n'était pas sortie pour moi une solution bien claire de la question, je fus conduit à chercher de mon côté. En cherchant, j'ai trouvé et je ferai voir que, contrairement à une certaine école (celle du cam- bium se dédoublant), un corps étranger passé dans le liber, ou entre le liber et l'aubier, se retrouve toujours entre deux couches. d'aubier. Ce phénomène a été visible, même au bout de dix jours. Ce que je passais était ordinairement une bande de papier de 2 centimètres de large, et, pour la recouvrir, le ligneux procédait souvent du bas comme du haut pour se joindre vers le milieu, en passant non au contact du papier, mais entre deux feuillets de liber, et en y pénétrant comme par les mailles d'un filet. Plus tard, je donnerai une description détaillée du phénomène, de son mécanisme et de l'arrangement des tissus. i49.. ( i'4o ) » En cherchant, j'ai trouvé encore qu'une surface d'écorce étant parfai- tement isolée par l'enlèvement d'un cercle de cette même écorce, et cette surface étant parfaitement lisse et sans bourgeons, des couches ligneuses et corticales n'en ont pas moins continué à se former sans le secours ni du haut, ni du bas, ni latéralement. Le tronc de l'arbre lui-même a donc émis laté- ralement et horizontalement tout ce qui était nécessaire à la continuation de son accroissement en diamètre. Ce mode de grossissement me paraît bien contraire à la théorie de M. Dupelit-Thouars. » Bien plus, j'ai vu plusieurs fois une décortication assez étendue se cicatriser sans le secours des parties environnantes et par la formation d'îles corticales et puis ligneuses. Point de scions ni de radicules, point de liber, point de cambium — » hydraulique. — Note sur le lac de Genève, à l'occasion des inondations de la vallée du Rhône; par M. L.-L. Vallée, inspecteur général des Ponts et Chaussées, en retraite. « Les malheurs qu'éprouve en ce moment la vallée du Rhône me rappel- lent un projet que l'Académie a vu avec intérêt par plusieurs communica- tions que j'ai eu l'honneur de lui faire depuis les débordements de ce fleuve en i84o. C'est la création d'une réserve du Rhône dans le lac de Genève, projet qui est décrit dans mon ouvrage intitulé : Du Rhône et du lac de Genève. Des questions graves préoccupaient alors (fin de 1840); et entre autres, pour Genève, celle de savoir si les fortifications seraient démolies. On pensait aussi à rendre le Rhône navigable du lac à Seyssel. Ces préoc- cupations empêchèrent que j'achevasse la mission qui m'avait été donnée officiellement de me concerter avec les autorités suisses ; je fus rappelé, et on ajourna mon projet. Aujourd'hui il n'est plus question de rendre le Rhône navigable du lac à Seyssel, et la démolition des fortifications de Genève est décidée. De là, un moyen de rendre la réserve du lac beaucoup plus avan- tageuse, en dérivant, dans les moments d'inondation, l'Arve dans le lac par un canal de 2000 mètres de longueur, partant de l'amont de Carotige et allant en ligne droite dans le Léman par les fortifications de l'est de la ville. L'exé- cution de ce canal est parfaitement praticable. » L'ensemble des ouvrages ne coûterait au plus que 3 millions, y com- pris une digue dans le lac, laquelle serait un grand embellissement pour le pays, et deux barrages mobiles, l'un à Genève et l'autre à Carouge. ( "4« ) » Avec ces ouvrages, sur les ordres télégraphiques donnés de Lyon, en raison des circonstances pluviales, les eaux du Rhône seraient arrêtées à Genève ; celles de l'Arve, jetées dans le lac, le seraient également ; Lyon, au lieu de recevoir par le Rhône 5ooo mètres d'eau par seconde, n'en recevrait que 4ooo> et Avignon qui en reçoit 12000 n'en recevrait que 11000. » Or, d'après les calculs et les détails très-développés donnés dans mon ouvrage, il est aisé de voir : » i°. Qu'à Lyon, en supposant la vitesse moyenne du fleuve de 3 mètres et sa largeur de 25o, la hauteur des eaux aurait été diminuée d'envi- ron im,45; » 20. Que, vers Avignon, la vitesse étant supposée aussi de 3 mètres et la largeur de 5oo, la hauteur de la crue aurait été diminuée de om,iy8; » 3°. Que la superficie du lac étant de 600 millions de mètres carrés, l'arrêt à Genève de 86,400,000 mètres cubes d'eau en un jour .( 1000 mètres par seconde), n'aurait gonflé le lac que d'une hauteur de i44 millimètres, et que son plein en été, qui s'élève quelquefois jusqu'à 2m,95 au-dessus de son plus bas niveau, n'arrivant que du 16 juillet au 29 septembre, l'arrêt aurait pu, dans la saison où nous sommes, se prolonger pendant un temps de beaucoup plus long que la durée des maux qui viennent de désoler et de dévaster le pays. » De cet aperçu et de mon ouvrage il suit qu'avec une dépense de 3 mil- lions, en soulageant les riverains du lac que les hautes eaux gênent dans le pays de Vaud et dans le Valais, en améliorant la navigation du Léman, défectueuse auprès de Genève en basses eaux, en embellissant Genève, en donnant une bonne navigation sur le Rhône français pendant l'automne et l'hiver, on réduirait toutes les grosses eaux de ce fleuve à des crues inoffensives jusqu'à Lyon, inclusivement, et presque inoffensives au-des- sous; car c'est la dernière goutte qui fait déborder le vase. Tel est le ser- vice immense qui peut être rendu à la France et à la vallée du Rhône. Jamais peut-être les circonstances ne seront aussi favorables qu'aujourd'hui à l'exé- cution de ce projet, tant à cause de l'état des choses à Genève, qu'à cause de la sollicitude éclairée du Gouvernement pour les besoins des populations souffrantes. » Il y a pour le Rhône un lac de Genève, avantage que n'a malheureu- sement pas la Loire; la mission providentielle de ce lac est au grand jour, le zèle paternel des autorités fera le reste ! » ( H42 ) météorologie. — Relation entre les inondations en France et le Siroco d'Afrique; par M. Fabre. (Extrait.) « Par une Note de novembre 1 852 , j'ai eu l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie sur la relation qui paraît exister entre les débordements de nos fleuves et ces puissantes émissions de vent chaud, connues dans toutes les contrées qui avoisinent la Méditerranée sous le nom de Siroco. Je pense que ce vent, si sec en Afrique, et que rend visible la fine poussière dont il est chargé, enlève, en traversant la mer, une quantité considérable de va- peur, arrive, avec cette vapeur pénétrée de la chaleur qu'il a partagée avec elle, jusqu'à nos montagnes du centre, de l'est et du midi, et, là, donne lieu à d'immenses effluves, soit par l'eau qu'il abandonne en se refroidis- sant, soit par la fusion de neiges qu'il provoque. Aussi ce météore me pa- raît-il être surtout redoutable à l'entrée et à l'issue de l'hiver, quand il rencontre, sur les Alpes, les Cévennes et les Pyrénées, des neiges molles dont il entraîne de grandes quantités à la fois. Il est moins à craindre en plein été, quand la température de nos contrées du nord s'est élevée et que la saison a fait écouler les neiges qui ne sont pas éternelles. » Que l'Académie veuille bien me permettre d'appeler de nouveau son at- tention sur cette question : les désastres qui nous affligent donnent à cette de- mande une douloureuse opportunité. Nous sommes, je lésais trop, bien loin encore des possibilités pratiques d'attaquer le fléau à son origine ; mais on peut les entrevoir, et s'il en est ainsi, la science doit entreprendre dès à présent l'étude des redoutables phénomènes qui font l'objet de la présente communication. D'ailleurs, nous allons être en correspondance électrique avec les contrées où le Siroco prend naissance. N'est-ce donc rien qued'ètre avisé de sa venue trois ou quatre jours à l'avance, et si la relation que j'ai cru reconnaître existe en effet, n'est-ce rien que de prévoir, d'après la température et l'intensité du vent, d'après la température et l'état de nos montagnes, le fléau qui menacerait nos vallées? » Les observateurs intelligents et dévoués qui tiennent des à présent des journaux météorologiques en Algérie se feraient un devoir, j'en suis cer- tain, de ne rien négliger de ce qui peut nous instruire sur la marche du Siroco et sur ses effets, si l'Académie leur désignait cette étude comme utile. » La Note de M. Fabre est renvoyée à l'examen de M. Le Verrier. ( n43 ) M. Darlu présente quelques considérations sur les inondations et sur les moyens dont l'effet serait le plus prompt pour empêcher le retour de désastres semblables à ceux qui marquent si tristement cette année. « On parle, dit-il, de reboisements, d'endiguements, etc. Les reboisements retarderont les futurs atterrissements; les endiguements s'opposeront à un subit envahissement des eaux; mais ces palliatifs n'empêcheront pas le lit des rivières de s'exhausser insensiblement. Il faut des mesures qui aient des effets beaucoup plus prompts. Qu'on recherche donc d'abord les barrages naturels survenus dans les courbes des fleuves et qu'on les dégage. Il ne s'agit pas de draguer un chenal sous les eaux tout le long des rivières : ce ne pourrait être l'œuvre d'un petit nombre d'années. Mais on peut commencer par surmonter les obstacles les plus imminents ; plus tard on calculera les moyens d'abréger, par l'addition de canaux formant la corde des arcs en- gravés, l'écoulement des eaux envahissantes, de déblayer les barrages inu- tiles, et si la navigation en réclame d'artificiels, de les fermer par des écluses faciles à ouvrir en tout temps, car les glaces en France ne sont pas un em- barras invincible. » médecine. — Note sur Vanesthésie du sens du goût; par M. Guyot. (Extrait.) « La chirurgie fait un fréquent usage de la glace , de mélanges réfrigé- rants employés comme anesthésique local. Ces réfrigérants, qui abolissent la sensibilité à la douleur, sont-ils aussi propres à étendre la sensibilité spéciale, celle du goût, par exemple? A priori, on est porté à le croire ainsi, mais aucune expérience, à notre connaissance du moins, ne l'a encore démontré. C'est le hasard qui nous a fait reconnaître qu'un morceau de glace, conservé dans la bouche, enlève presque complètement aux mu- queuses linguale et buccale leur aptitude à percevoir les saveurs. C'est là un résultat qui peut, si nous ne nous trompons, avoir son application pratique. » Ainsi, chacun sait que le Colombo est doué d'une grande amertume. Or, au moyen de la glace conservée dans la bouche avant de prendre ce médicament et pendant qu'on en fait la déglutition, on ne sent que très- peu son amertume, et il est probable qu'on ne la sentirait pas du tout si, au lieu de glace commune, on employait quelque mélange d'une tempé- rature plus basse. » M. Piorry prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie ( "44 ) un Mémoire qu'il a lu dans la séance du 3 mars, et qui a pour titre : « du Dessin des organes, ou de l'Organographisme ». ( Renvoi à la Commission des prix de Médecine et Chirurgie. ) M. Oedry présente divers spécimens d'applications électro-métallurgiques sur le fer, la fonte et le bois, tant applications immédiates, qu'applications au moyen d'un enduit intermédiaire. Ces produits, n'étant point accompagnés d'un Mémoire descriptif, ne peu- vent être renvoyés à l'examen d'une Commission. M. Pietricola adresse de Laterza, province d'Otrante, un Mémoire écrit en latin sur la trisection de l'angle, Mémoire sur lequel il sollicite le juge- ment de l'Académie. On fera savoir à l'auteur que cette question est du nombre de celles que l'Académie, d'après une décision déjà ancienne, ne prend point en consi- dération. M Korilski entretient de nouveau l'Académie de la possibilité de con- naître assez longtemps d'avance la constitution météorologique d'un pays à une époque donnée. La séance est levée à 5 heures un quart. F ERRATA. (Séance du i juin i856.) Page 1023, ligne 23, au lieu de sin(P, IoA), lisez cos(P, IoA). » ligne 27, au lieu de sin(P, IoA), lisez cos(P, IoA), » ligne 27, au lieu de sinloH, lisez cosIoH. » ligne 32, au lieu de sinus, lisez cosinus. ►»«■«■< COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS, GEOFFROY-SAINT-HILAIRR MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. théorie des nombres. — Sur la représentation des nombres entiers par la forme quadratique x2 -+- aj2 -t- bz2 -+■ abt2. Note de M. Lioitville. « La forme quadratique à quatre indéterminées, x2 -+- a y2 -t- bz2 ■+■ abt2, jouit, comme on sait, de la propriété de se reproduire par la multiplication, aussi bien que la somme de quatre carrés qui n'en est qu'un cas particu- lier. Si l'on veut que cette forme, où nous supposerons a et b entiers et positifs, a étant au plus égal à b, représente tous les nombres i, 2, 3, 4, etc., sept cas seulement seront possibles, savoir ceux de a = 1 et b = 1, 2 ou 3, et de a = 2, b = 2, 3, 4 ou 5. Les nombres 2 et 3 empêchent d'aller plus loin; l'un d'eux au moins cesserait d'être exprimable par la forme indiquée, si l'on prenait pour aoui des valeurs plus grandes. Le premier cas [a = 1, b = 1) répond au théorème sur la décomposition des nombres en quatre carrés au plus que Lagrange a démontré dans les Mé- moires de V Académie de Berlin pour 1770. Le cinquième (celui de a = 2, 6 = 3), qui répond au théorème tiré d'abord par Jacobi de la théorie des fonctions elliptiques, que tout nombre M est de la forme x2 4- 2 y 2 4- 3z2 + 6t2, C. R., i856, Ier Semestre. (T. XL», No 24.) I 5o ( n46) se ramène au premier et vice versa, ainsi que je l'ai fait voir ailleurs (*). On peut en dire autant du deuxième, du quatrième et du sixième : la déduc- tion est même plus facile encore. Pour traiter le troisième cas et prouver que l'équation M = x2+j2 + 3z2 -f lt* est toujours possible, on pourra se servir, pour ainsi dire sans y rien chan- ger, de la méthode même que Lagrange donne pour le premier cas dans le Mémoire cité plus haut. Cette méthode un peu modifiée fournirait aussi une démonstration directe du théorème de Jacobi : elle s'appliquerait égale- ment au deuxième, au quatrième et au sixième cas. Mais le septième et dernier cas lui échappe : j'ai pu seulement en conclure que tout nombre ou son double est de la forme JC2 -4- 7.J2 -+■ OZ2 ■+■ lOt2. mécanique analytique. — Expression remarquable de la quantité qui, dans le mouvement d'un système de points matériels à liaisons quelcon- ques, est un minimum en vertu du principe de la moindre action. Note de M. Lioitville. « Le principe de la moindre action n'est applicable que dans les systèmes où l'intégrale des forces vives a lieu. Soient donc m, m', m",... les masses des points matériels qui forment un système donné remplissant cette con- dition, v, t/, v",... leurs vitesses, ^mv2 la force vive totale, et U la fonc- tion des forces. L'intégrale des forces vives pourra s'écrire ^mc2 = 2(U + K), K. étant une constante qui dépend de la force vive initiale. Nous supposons cette constante déterminée, et nous suivons le système depuis son départ d'une certaine position (i) jusqu'à son arrivée à une autre position (a). Dans la position (i) la force vive est connue par hypothèse, et dès lors dans la position (2), comme dans toutes les autres, elle peut se calculer au moyen de la fonction des forces. » Soit ds l'élément décrit pendant l'instant infiniment petit dt par le (*") Journal de Mathématiques, cahier d'avril 1 84-5 , page 16g. ( "47 ) point matériel m. On aura ds " = *• Substituant cette valeur dans l'intégrale des forces vives, on en tirera ensuite ^ = \/2(U + K)' ce qui permettra d'éliminer partout où on le jugera convenable l'élément dt du temps. » La quantité que l'on considère dans le principe de la moindre action est l'intégrale, prise depuis la position (i) jusqu'à la position (2), delà somme des produits mvds de la quantité de mouvement de chaque point matériel par l'élément ds qu'il décrit pendant chaque instant dt sur sa tra- jectoire. C'est donc ' mvds, ou /2' / dtS mv 2 en remplaçant ds par vdt. Mais pour se faire une idée vraiment nette du principe dont nous parlons, il faut remplacer "S mv2 et dt par leurs valeurs ci-dessus. On a de cette manière dt ^ mv1 = i/a (U + K) J mds* 5 et c'est l'intégrale de cette dernière quantité i/a(U + K)2""fc2 que le principe de la moindre action concerne proprement. Il faut comparer la valeur qu'elle prend dans le mouvement réel qui transporte le système de la position (1) à la position (2) aux valeurs qu'elle pourrait prendre dans tout autre mouvement fictif propre à effectuer ce même transport. Imaginons qu'on ait exprimé les coordonnées des divers points du système au moyen d'un certain nombre de variables indépendantes a, /3,..., 7, de manière à vérifier les équations de condition fournies par les liaisons: a, |3,..., 7 va- rieront ensemble dans le passage, tel qu'il s'opère en effet, de la position (1) pour laquelle on a a = a,, /3 = p,,..., 7 = 7,, i5o.. ( n48) à la position (a) pour laquelle a = a», P — /32,..., y = y2. On pourra regarder ces quantités comme des fonctions de l'une d'elles a, en sorte que /9 = f(a),..., y =/(a). Les fonctions {,..., J dépendent, je le répète, de la loi du mouvement qui s'exécute; elles sont parfaitement déterminées. En mettant pour /3,..., y leurs valeurs en a dans la quantité i/a(U-t-K.)2*»Kfr» cette quantité prendra la forme X(a)f/a, et son intégrale sera "s X(â) da. a, » Maintenant, dans cette même quantité y/a(u + K)2wi* mas* est une fonction homogène du second degré des différentielles da , r//3,..., dy. Représentons donc sa valeur par Eda* ■+■ iYdad$ + Gdfi* -+- -ïHdixdy ■+-.... Comme elle est essentiellement positive, on pourra la mettre sous la forme d'une somme de carrés: (Prf'a H- Qrf|3 + ...+ Rdyf + (V'da H- Q'rf/3 +...+ R'dyY + ..., P, Q, etc., étant comme E, F, etc., des fonctions de a, /3,..., 7. » Désignons par p,q,..., r, p', q',..., /', etc., d'autres fonctions de a, /3,..., 7 liées à P, Q, etc., au moyen d'équations de deux formes distinctes, les unesà lettres semblables, Vp+ P'// +...= F, ■ Q9+QV +..= 1, Br+ R' #•'+...= 1, ayant pour second membre l'unité, et les autres à lettres dissem- ( u5o ) blables, vq -+- py -+-... = o, Pr + PV -+-... = o, Qp ■+■ Q'P' + . . . = o, dont le second membre est zéro. On peut toujours satisfaire à ces équa- tions, dont on verra plus bas l'origine. » Posons Vda +QJ/3 -h... + Rdy = l, V'dcr. + Q'r/p + . . . + R'dy = l', Vda + Q"dp + . . . -t- R"dy = /", et d<, d'j dQ ,dQ ,dQ ,dB „dO ,,dô L_ W'd6 Q désignant une fonction de a, jS,..., y. D'après la manière dont nous avons pris les coefficients p, q,..., r, p', q',..., r',..., on aura ni 4- n'V + n"l" + ... = dQ, et c'est en exprimant que le premier membre égale identiquement le second membre développé dQ , dQ Ja qu'on obtient entre p, q, . . . et P, Q, . . . les relations admises plus haut. » Actuellement prenons pour Q une solution complète de l'équation aux différences partielles / d9 d9 d9\-> ( ,dQ ,d& ,dQ\' ,. u. c'est-à-dire de l'équation n» + n'2 + n"2 -+-... = 2 (U -+- R). ( "5. ) Cela étant, et puisque déjà l'on a 2 mds* = l* + l'2 + r ■+■ ■ ■ ■ * le produit deviendra (9i + „" + „«» + . . .) (# + fi + £i + ...), par suite (»Z + «'/' -+- /2"/" 4- ■■■)* -+- ("/'- /«')2 + {ni"- ln"f + («7" - /'«")*+ ..., ou enfin (54 ) fois sa méthode est fort différente de la mienne, et moins générale. Je ne sache pas, en effet, que M. Schlaefli ait jamais songé à se servir de la fonction 6 et de l'équation aux différences partielles qu'elle vérifie. Cette fonction, dont l'importance est connue aujourd'hui de tous les géomètres, grâce aux travaux de M. Hamilton et de Jacohi, joue au contraire dans ma méthode le plus grand rôle. » Mathématiques. — Observations au sujet de L'écrit intitulé : Note sur la théorie des parallèles, lu par M. Vincent, flans la dernière séance de l'Académie, et inséré dans le Compte rendu de la séance; par M. Chasles. « Je regrette beaucoup d'avoir à exprimer ici l'étonnement et le senti- ment pénible que m'a causé la lecture de cet écrit. J'aurais cru naturelle- ment que l'auteur l'aurait supprimé, d'après le conseil très-positif que lui en avait donné, après la séance, le juge si éminemment compétent dans ces matières, notre illustre confrère M. Poinsot, ou du moins qu'il aurait pu s'abstenir des réflexions qui accusent le jugement de ceux qui ont cultivé les sciences mathématiques jusqu'à ce jour, réflexions qui tendraient à jeter du doute sur les principes mêmes qui leur servent de bases. » Sans parler du raisonnement proposé comme levant la difficulté inhé- rente à la théorie des parallèles, raisonnement qui probablement n'a pas plus d'avenir que beaucoup d'autres tentatives semblables qui ont toujours échoué, je relèverai seulement la censure que notre confrère s'est cru en droit de prononcer contre les géomètres anciens et modernes qui, jusqu'à ce jour, auraient entouré la science de formes sophistiques, se faisant illusion sur la véritable logique qui lui convient, et sur la rigueur et l'efficacité de certains procédés de démonstration dont ils ont fait usage. » On pensera sans doute que, dans tous les temps, il n'a guère appartenu qu'aux géomètres eux-mémes(et il faut entendre par ce mot ceux qui ont cul- tivé la science à fond et l'ont enrichie de vérités nouvelles), d'apprécier les premières notions et les principes qui l'ont constituée à l'état de véritable science, et en ont fait le plus sûr auxiliaire de l'esprit humain » a Après cette lecture, M. Poinsot prend la parole et déclare qu'il approuve les observations présentées par M. Chasles. Il s'élève alors à des considéra- tions plus générales, et, développant en peu de mots sa pensée, s'attache à bien marquer le vrai caractère de la géométrie et de toute la science mathé- matique. » ( n55 ) « A la suite de cette discussion, M. Le Verrier déclare qu'ayant été chargé, il y a plusieurs mois, d'examiner le livre de géométrie qui a donné lieu au débat actuel, il n'avait point été d'avis que les principes sur lesquels il repose, pussent être recommaudés aux professeurs des établissements d'instruction publique. » Réponse de M. Vincent. « Je regrette beaucoup l'incident auquel j'ai donné lieu. En traitant une question de méthode, je n'avais aucune intention d'incriminer qui que ce soit; et la date du travail que j'ai cité (1824 *) m^ justifie surabondamment de la pensée que M. Chasles (dont personne plus que moi n'estime les belles recherches) a dû me supposer pour parler comme il l'a fait au sujet de ma communication. » Derechef je demande pardon à l'Académie d'être venu l'occuper d'un, sujet qui est, je le reconnais, peu en rapport avec ses travaux habituels. Mon excuse est dans les graves questions soulevées par la révision du pro- gramme des études mathématiques, sur lequel des personnes fort bien pla- cées pour le savoir m'avaient induit à penser que l'Académie pouvait se trouver appelée à prononcer ; et cette assertion était assez conforme à la haute position de l'Académie et à sa dignité, pour être acceptable. » L'idée de l'angle et celle du parallélisme sont certainement plus com- plexes que celle de la droite isolée; aussi, depuis Euclide le père de la science, a-t-on eu constamment recours à un postulatum pour en établir la théorie. L'idée si simple de la rotation, qui a déjà fourni en mécanique à la doctrine des couples une base aussi solide qu'ingénieuse, nous a paru avoir le même avantage en géométrie pour la théorie précitée ; et nous la maintenons comme préférable à toutes celles qui ont pu être proposées pour le même but, et qui ont été plus ou moins justement critiquées. Libre à chacun d'être d'un avis différent , même à ceux dont nous avons cru ne faire que partager les idées. » On nous avertit que nous ne sommes pas les premiers à entrer dans cette voie ; nous en accueillerons la preuve avec une véritable satisfaction, car ce n'est point une découverte que nous avons eu la prétention d'apporter à l'Académie. Une simple notion empruntée au domaine du sens commun * Voyez aussi dans les Mémoires de Lille pour i832 : Recherches sur l'analyse des fonc- tions exponentielles et logarithmiques. i5i.. ( n56 ) était à la portée de tout le monde; l'habitude de procéder différemment pourra seule en retarder l'adoption. Au reste, la question, n'ayant pu être ici discutée à fond, ne sera suffisamment éclaircie que par le livre où sont exposées nos méthodes. » physique du globe. — Mémoire sur les alluvions des fleuves dans le bassin de la Méditerranée et notamment sur les atterris sements du Rhône; par M. Texier. (Extrait par l'auteur.) « Des trois périodes de la formation du globe signalées par les géolo- gues, la période plutonienne, la période neptunienne et la période dilu- vienne, le deux premières ne se manifestent plus par des phénomènes actuels ; la seconde a pris fin du moment que les bassins actuels des mers se sont constitués, et l'auteur regarde comme un fait acquis en géologie le synchronisme des bassins actuels. Ainsi le Bosphore, les Dardanelles, le détroit de Gibraltar appartiennent à la période géologique qui a vu former les continents. Mais les côtes maritimes sont toujours soumises à la loi des atterrissements; c'est l'étude des alluvions fluviales du bassin de la Méditer- ranée qui fait l'objet de ce Mémoire. » Après ayoir examiné le régime de l'Euphrate et du Tigre, et décrit les travaux faits par les anciens peuples pour se mettre à l'abri des inon- dations, l'auteur s'exprime ainsi au sujet du Nil : » Outre le Delta qu'il a formé et dont l'étendue s'accroît chaque année, le Nil a accumulé tous les bancs sous-marins qui s'étendent jusqu'à Alexan- drie. Cinq de ses embouchures sont aujourd'hui comblées au point qu'on en cherche en vain la trace positive. Les sables charriés par le Nil se déposent à son embouchure et forment une barre qui s'accroît au point d'obstruer l'entrée du fleuve. Les mariniers du Nil ont une expression pour désigner cet état de choses; ils disent : Il y a boghaz (canal) quand on peut passer, ou : Il n'y a pas boghaz. Dans d'autres moments, sous l'influence de cer- tains vents et de certains courants, la barre est en partie enlevée et le canal est praticable. » Pour se mettre à l'abri des inondations trop fortes, les Égyptiens avaient creusé le lac Mœris qui avait une étendue immense et qui recevait l'excédant des eaux du fleuve. » La ville d'Hippone-Regius, à laquelle a succédé la ville de Bône en Algérie, avait autrefois un vaste port ; mais les atterrissements formés par la rivière la Seibouse ont non -seulement comblé ce port, mais formé la ( n57) plaine de Bône qui, selon toute apparence, n'existait pas dans l'antiquité. » L'auteur signale ensuite les atterrissements qui ont formé la plaine de la Métidja, près d'Alger, et réuni au continent le massif du Sahel qui, à une époque reculée , formait une île. Il donne pour preuve un phénomène ana- logue qui s'accomplit à La Calle. » L'auteur décrit en détail les alluvions qu'il a observées sur les côtes d'Asie, et signale en même temps les magnifiques ports de Marmarice, Macri, Antiphilo, etc., qui ne sont pas ensablés. » La côte d'Afrique était, dans le principe, aussi échancrée que la côte d'Asie; mais sous l'influence des vents du nord, régnant pendant huit mois de l'année, les alluvions ont pris sur la côte d'Afrique un développement tel, que tous les ports, golfes ou criques qui recevaient des cours d'eau ont été comblés. » L'auteur décrit les mouvements des terres qui ont changé la physio- nomie des côtes dans certaines provinces d'Asie. » Il cite des ports comblés, et il ajoute : L'Hermus charrie dans le golfe de Smyrne une telle quantité de limon, que, si l'on ne fait pas de travaux pour s'y opposer, le golfe de Smyrne sera ensablé avant peu d'années. Les côtes d'Italie sont ensuite l'objet d'un examen détaillé. L'auteur établit qu'à l'embouchure du Tibre, en 1 750 années, les terres d'alluvion se sont éten- dues dans une profondeur de 1780 mètres. » Le régime du Rhône est ensuite soumis à un examen non moins minu- tieux. » Il est établi que des auteurs anciens ont compté cinq embouchures du Rhône, puis trois, puis deux. » Par sa nature torrentueuse, le Rhône doit être rangé dans la classe des fleuves dont le lit est sujet à s'exhausser; recevant l'eau provenant de la fonte des neiges, les grandes crues ont toujours lieu pendant l'été. » Les terrains qu'il parcourt, composés de cailloux roulés, sont d'une dés- agrégation lacile, les terres sont portées à l'embouchure, où elles se dépo- sent sous forme de barre, les galets restent dans le lit du fleuve qu'ils ten- dent à exhausser. » Les anciens ont parfaitement connu ce régime, et ont fait de grands travaux pour y remédier. » Les villes anciennes, notamment Lyon, Vienne, Avignon, etc., étaient bâties sur des hauteurs, et à l'abri des inondations; ce n'est que dans le moyen âge que leshabitants sontdescendus dans la presqu'île. Les travaux de Perrache,en prenant les terrains du lit du Rhône, ont commencé à rendre le ( n58 ) danger des inondations plus grand; les ponts et les viaducs qu'on a jeté* sur le fleuve, depuis vingt-cinq ans, en arrêtant les galets tendent à exhaus- ser le lit du fleuve. » Le moyen de parer à cet inconvénient serait, selon l'auteur, d'enlever, au moyen de dragues, la barre du Rhône, et de creuser le lit du fleuve; les terres enlevées serviraient à faire des levées sur ses rives. » NOMINATIONS. L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours poul- ies prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. MM. Rayer, Velpeau, Andral, J. Cloquet, Cl. Bernard, Jobert (deLam- balle), Duméril et Flourens réunissent la majorité des suffrages. MEMOIRES LUS. physique. — Recherches sur le dégagement de l'électricité dans les piles voltaïques. Première partie : Force électromotrice ; pareil. E. Becquerel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pouillet, Despretz.) « Depuis la découverte de la pile, il y a peu de sujets qui aient plus at- tiré l'attention des physiciens que celui qui est relatif au dégagement de l'électricité lorsque deux corps sont en présence et peuvent réagir chimique- ment l'un sur l'autre; mais, malgré les travaux importants publiés sur cette question, principalement en ce qui concerne la force électromotrice, il y a beaucoup de points qui ne sont pas erfcore éclaircis. » D'après la théorie actuelle de la pile voltaïque, il y a deux sortes d'élé- ments à prendre en considération dans l'étude des effets produits : i° la force électromotrice ou la force en vertu de laquelle la production de l'é- lectricité a lieu dans chaque couple; elle résulte en général de plusieurs réactions donnant lieu, chacune séparément, à un dégagement d'électricité; a° la résistance à la conductibilité qui suit des lois régulières, dépend delà nature, de l'état physique et des dimensions des conducteurs, et qui paraît indépendante de, l'intensité du courant électrique et des réactions produites ( "59 ) dans l'intérieur de la pile, pourvu que la composition et la température des liquides ne varient pas. » J'ai dû étudier séparément ces deux sortes d'éléments, et le travail dont j'ai l'honneur de communiquer l'extrait à l'Académie est uniquement rela- tif à l'examen de la force électromotrice ; il forme la première partie des recherches que j'ai entreprises sur le dégagement de l'électricité dans les piles voltaïques. » Après avoir étudié les différentes méthodes proposées jusqu'ici pour comparer les forces électromotrices des piles, il a été facile de reconnaître qu'elles ne pouvaient permettre d'analyser complètement les phénomènes, soit parce que la force électromotrice n'était pas la seule variable donnant lieu aux résultats observés directement, soit parce que l'unité de comparai- son n'était pas suffisamment fixe, soit enfin parce que l'on ne pouvait éva- luer l'influence de la polarisation électrique qui se présente souvent sur les électrodes des couples. Je me suis alors arrêté à un procédé d'expérimenta- tion auquel ces objections ne peuvent être adressées et conduisant rapide- ment, et d'une manière précise, à la comparaison des forces électromotrices. Ce procédé est fondé sur l'emploi de la balance électromagnétique imagi- née par mon père, et qui permet de rapporter les actions des courants aux effets de la pesanteur; les résultats obtenus de cette manière donnent di- rectement la mesure des forces électromotrices comprises entre des limites très-éloignées de l'échelle des intensités électriques, puisque les effets sont toujours proportionnels aux poids nécessaires pour ramener le fléau de la balance à la même position d'équilibre, et que l'on peut comparer directe- ment l'action exercée par une pile thermo-électrique, et celle que produit une pile de Bunsen de cinquante à soixante éléments. » Les phénomènes de polarisation électrique qui jouent un rôle si impor- tant dans les effets de décomposition électrochimique, ont été examinés d'abord avec détail; ils sont cause, comme on le sait, delà diminution ra- pide dans l'intensité des courants des couples simples, tels que ceux de Volta et de Wollaston ; en les détruisant, on forme les piles à courant constant. On a trouvé, par l'application delà méthode décrite plus haut, que la force électromotrice résultant du transport électrochimique d'une couche ga- zeuse sur des lames métalliques, peut acquérir une valeur assez forte (jusqu'à deux éléments d'une pile à acide nitrique), mais qu'elle dépend, non-seu- lement de la nature de l'élément transporté, mais encore de la nature et des dimensions des lames sur lesquelles les couches gazeuses se déposent, et ( u6o ) de l'intensité du courant électrique qui traverse le liquide sur lequel on opère. » Ainsi, le courant secondaire inverse qui se manifeste dans un voltamètre à eau, dont les lames sont en or ou en platine, après le passage d'un courant initial d'une intensité déterminée, varie avec cette intensité ; en général, plus le courant électrique est intense, plus l'effet de la polarisation est énergique. Si l'on examine séparément les effets dus à la présence de l'hydrogène et de l'oxygène, on trouve qu'avec l'oxygène ils sont très-variables, tandis qu'avec l'hydrogène ils sont compris dans des limites plus restreintes. » A intensité électrique égale, les métaux se polarisent différemment, et quand on opère avec des lames à surface polie et avec l'hydrogène, c'est l'or qui offre les effets les plus marqués, et le zinc qui donne l'action la moins énergique. » Le chlore présente, comme l'oxygène et l'hydrogène, des effets de polarisation, mais à un plus faible degré. D'autres corps transportés électro- chimiquement à la surface des lames métalliques, offrent des réactions ana- logues. » En examinant l'influence de la chaleur sur la puissance électromotrice de différents métaux, on a reconnu que la faible augmentation observée quand la température varie de o à ioo degrés, tient plutôt aux changements qui ont lieu dans les dissolutions salines en contact, qu'au changement dans la force électromotrice produite dans la réaction exercée sur le métal. » L'action des liquides entre eux exerce sur le dégagement de l'électricité, une influence plus grande qu'on ne le suppose habituellement, malgré les re- cherches déjà publiées sur ce sujet, et dans les piles à deux liquides, l'effet qui en résulte forme une partie notable de l'action totale observée. Le procédé d'expérimentation employé dans ces recherches a permis d'évaluer cette ac- tion dans toutes les circonstances, et indépendamment de la polarisation élec- trique des lames métalliques ; on a trouvé alors des résultats dépendant de la nature des liquides, et qui sont rapportés dans ce Mémoire. Pour se bor- ner à citer quelques exemples, on peut dire qu'avec la pile à acide nitrique et eau acidulée séparée par un vase poreux, l'action des deux dissolutions, l'une sur l'autre, est environ le ~ de celle du couple, et s'ajoute à l'action de l'acide sulfurique sur le zinc; avec la pile à eau acidulée par l'acide sulfuri- que et sulfate de cuivre, l'action des liquides au contraire n'est que leyj-de l'action totale, à la température ordinaire, et a lieu en sens inverse de celle qui s'exerce sur le zinc. D'un autre côté, la pile à deux liquides ayant pour dissolution du persulfure de potassium et de l'acide azotique, offre l'exem- ( n6i ) pie d'une pile dans laquelle la nature du métal positif influe peu sur l'inten- sité électrique du couple, puisque avec le zinc ou le platine dans le sulfure les deux résultats obtenus ne diffèrent environ que de i; dans ce cas, l'action des liquides entre eux forme donc plus de^ de l'action totale du couple. » On doit faire observer toutefois que la force électromotrice due aux réactions, change non-seulement avec la nature et la concentration des liquides en présence, mais encore avec leur température ; elle con- stitue la partie éminemment variable de la force électromotrice des cou- ples, et surtout des couples à deux liquides, nommés couples à courant con- stant. » On n'a pas eu égard assez généralement à ces actions, et c'est pour ce motif que la plupart des résultats obtenus par les physiciens qui se sont oc- cupés des phénomènes de polarisation présentent entre eux des différences assez notables. « D'après ces résultats, et comme cela se déduit des recherches de mon père, il est facile de comprendre comment, à la surface de la terre, les actions mutuelles des dissolutions d'inégale composition qui humectent différents terrains donnent lieu à un dégagement continuel d'électricité, et cela avec une intensité d'action plus considérable qu'on ne saurait le croire. » On a comparé ensuite dans ce travail les effets électriques dus aux réac- tions exercées par diverses dissolutions sur les métaux plus ou moins altéra- bles, et sur les amalgames; dans les tableaux d'observations, les résultats sont rapportés à l'effet produit par une dissolution normale sur le zinc pur fondu. On reconnaît aisément, comme cela devait être, que l'action chimi- que est la cause prédominante du dégagement de l'électricité, puisque toute les fois que l'action chimique est plus vive la force électromotrice est plus grande. » Les causes productrices du dégagement de l'électricité dans les piles voltaïques ayant été étudiées séparément, on a déterminé les forces électro- motrices des couples formés par deux lames de métaux différents plon- gés dans des liquides également différents, et il a été facile de montrer que l'action totale est la résultante des effets partiels déterminés séparé- ment. » On sait que, d'après les lois du dégagement de la chaleur par suite du passage de l'électricité dans les circuits fermés, les nombres exprimant les C F.., i856, Ier Semestre. (T. XI.II. N<> 24.) I 5î ( n6a ) forces électromotrices devraient être proportionnels à ceux qui représentent les quantités de chaleur dégagée dans les combinaisons chimiques des équi- valents des corps ; bien que les recherches sur le dégagement de la chaleur ne conduisent pas en général à des nombres proportionnels aux forces élec- tromotrices, cependant on peut remarquer que, relativement à plusieurs métaux, cette proportionnalité existe. Il serait nécessaire de déterminer di- rectement les quantités de chaleur dégagées lors des reactions chimiques produites dans les couples voltaïques eux-mêmes, cardans bien des cas il se manifeste plusieurs réactions donnant lieu à des dégagements de chaleur dif- férents, surtout quand on opère avec des métaux offrant plusieurs degrés d'oxydation. Ce sujet mérite d'autant plus d'être examiné, que les effets dont il s'agit sont relatifs aux causes productrices des agents physiques et chimiques les plus puissants, et qu'ils semblent montrer quelles sont les relations intimes qui existent entre eux. » La seconde partie de ce travail, que j'aurai l'honneur de présenter dans quelque temps à l'Académie, est relative à la conductibilité des piles voltaïques et à l'intensité des courants électriques que ces appareils peu- vent développer quand on fait varier leurs dispositions et leurs dimen- sions. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit une addition à un Mémoire précédemment présenté au concours pour le grand prix des Sciences physiques. Cette addition contient, avec une partie manuscrite rédigée en latin, une série de planches en couleur exécutées avec le plus grand soin. (Renvoi à la future Commission. ) L'Académie reçoit également une troisième addition à une Note envoyée au concours pour le grand prix des Sciences mathématiques (question concernant le dernier théorème de Fermât). (Renvoi à la future Commission.) L'Académie renvoie à l'examen de la même Commission, mais non comme pièce de concours, un Mémoire adressé par M. Maris, professeur de mathé- matiques à Saint-Dizier , qui, n'ayant pu en terminer la rédaction en temps utile, avait déclaré d'avance que son seul désir était d'obtenir sur ce travail le jugement de l'Académie. ( n63 ) travaux publics. — Canal de l'isthme de Suez. (Extrait d'une Lettre de M. Ferdinand de Lesseps.) (Commissaires, MM. Cordier, Diipiii, Élie de Beaumont, Duf'rénoy, Du Petit-Thouars. « J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences une série d'échan- tillons qui proviennent des sondages exécutés dans l'isthme de Suez par ordre de S. A. le vice-roi d'Egypte. Ces sondages avaient pour but de re- connaître la nature des terrains dans lesquels, devra être creusé, entre Suez et Péluse, le canal de jonction des deux mers. » Je joins à cet envoi : i° un cahier donnant pour chaque forage l'épais- seur des couches traversées et leur niveau relativement à celui de la Médi- terranée ; i° un plan de l'isthme sur lequel est indiquée la position de ces différents forages; 3° les procès-verbaux des travaux de la Commission in- ternationale d'ingénieurs, où se trouvent (page 25) les résultats de l'explo- ration qu'elle a faite dans l'isthme entier; 4° enfin le profil en long du canal projeté de Suez à Péluse. » Quoique le voyage de la Commission internationale eût surtout pour but de vérifier le tracé du canal maritime entre la mer Rouge et la Médi- terranée, j'ai pensé qu'il était bon de ne pas laisser perdre une occasion aussi précieuse pour la science. La géologie de ces pays, si elle n'est pas tout à fait ignorée, est certainement peu connue. Elle paraît cependant cu- rieuse; et j'espère que les échantillons que je vous transmets contribueront à la faire connaître davantage. Il est assez facile, même dans ces solitudes, de recueillir les matériaux qui sont à la surface du sol, mais la composition du sous-sol est bien moins accessible. Plus tard, quand les travaux du grand canal seront en pleine activité, j'aurai soin que l'on conserve avec vigi- lance tout ce que les déblais poiirront faire découvrir; mais en attendant, je n'ai pas voulu laisser perdre les renseignements réels qu'on a déjà pu recueillir; et je désire que cette communication soit de nature à intéresser l'Académie. » GÉOLOGIE. — Note sur la constitution géologique de l'isthme de Suez; par M. Renaud, membre de la Commission de l'isthme de Suez. « L'état physique de l'isthme de Suez est connu. On sait que sa plus grande élévation au-dessus de la Méditerranée n'est pas de plus de 16 mè- tres, et encore ne présente-t-il cette hauteur que sur une étendue de quel- l52.. ( n64 ) ques kilomètres. Entre cette partie élevée et le golfe de Suez, sur la mer- Rouge, il présente deux dépressions, l'une d'environ 4o kilomètres de lon- gueur, d'une largeur variant entre 2 et 12 kilomètres, et d'une superficie de 33o 000 000 de mètres carrés, connue sous le nom de bassin des lacs amers, et l'autre, le lac Timsah, d'une superficie d'environ 2000 hectares. Le bassin des lacs amers est à sec, mais le lac Timsah a de l'eau qu'y vient verser le Nil, à l'époque de ses grandes crues, par la vallée de l'Ouadée- Toumilah. » Ces deux bassins sont séparés par un seuil élevé d'environ 1 1 mètres au-dessus des basses mers de la Méditerranée, et le bassin des lacs amers n'est lui-même séparé du golfe de Péluse que par une élévation d'environ 9 mètres. » Dans toute l'étendue de l'isthme, qui est d'environ 1 13 kilomètres, me- surés suivant une ligne droite, joignant la partie la plus septentrionale du golfe de Suez au fond du golfe de Péluse, on ne rencontre à la superficie que des sables, plus ou moins mélangés avec du gravier et plus ou moins stériles. » En partant de Suez et jusqu'à environ 6 kilomètres de cette ville, les sables sont sans mélange de galet et paraissent avoir été, sinon déposés, au moins étendus par les eaux de la mer. En avançant vers le nord, le gravier se montre peu à peu et devient assez abondant vers la partie la plus élevée du seuil qui sépare la mer Rouge du bassin des lacs amers : mais il ne se trouve à peu près qu'à la surface ; on le retrouve encore, mais déjà plus petit, dans le bassin des lacs, et surtout au pourtour de ces bassins où il forme des bourrelets qu'ont laissé autrefois les eaux. Au fur à mesure que l'on avance vers le nord, il devient de plus en plus petit, et disparaît com- plètement à la hauteur du lac Ballah. » Le sol est de la stérilité la plus complète dans toute la partie méridio- nale de l'isthme jusque vers le milieu des lacs amers. Dans l'autre partie, il produit en plus ou moins grande abondance l'espèce de végétation par- ticulière au désert et qui sert de nourriture aux chameaux. Aux abords du lac Timsah, dans les parties desséchées de son lit et dans le lit du canal ou- vert autrefois dans la vallée de I'Ouadée-Toumilah, les tamarins croissent en assez grande abondance. » Les sables présentent partout une grande fixité, excepté en quelques points aux abords du lac Timsah et dans le sud du lac Ballah, où il existe des dunes mobiles. Cette fixité est attestée par les traces encore parfaite- ( n65 ) ment visibles de travaux exécutés avant la domination grecque, par l'état de conservation des dignes de l'ancien canal ouvert par les rois égyptiens et recreusé par les califes, enfin parla forme même des ondulations très-allon- gées que présente le terrain, forme qui diffère essentiellement de celle que le vent donne aux dunes ou sables voyageurs. » On trouve aussi en quelques points : » i°. A la surlace du sol, du sulfate de chaux soit en lames, soit en rhomboïdes disséminés, soit en dépôts de i5 à /jo centimètres d'épaisseur, cristallisés en aiguilles ; » 2°. Sur le seuil compris entre Suez et le bassin des lacs amers, des moellons calcaires dispersés à la surface des sables ; » 3°. Sur le sommet de quelques monticules de sable, une ou deux cou- ches d'un calcaire ayant toute l'apparence du silex. » Pour connaître d'une manière aussi certaine que possible les terrains de l'isthme dans lesquels sera creusé le canal de jonction des deux mers, des forages au nombre, de dix-neuf ont été exécutés entre Suez et Péluse et ont été poussés au moins à 8 mètres au-dessous des basses mers de la Méditer- ranée. La position de ces forages et la nature des terrains constatés sont indiqués sur le profil en long levé sur l'axe du canal et joint à la présente Notice. » On peut voir que le seuil qui sépare le bassin des lacs amers de la met- Rouge, présente au-dessous du sable des argiles compactes, des argiles sa- bleuses, du sable et du gravier, des argiles feuilletées, etc. Le sondage n° i accuse un banc calcaire sur un banc de sable qui se trouve en face de Suez de l'autre côté du port. On a trouvé l'argile marneuse dans le sondage n° 3 ; mais en général les autres argiles font à peine effervescence avec les acides. On retrouve également les argiles dans la première partie du bassin des lacs amers; ces argiles sont plus ou moins marneuses. Au delà du grand bassin des lacs amers, on ne trouve que dessables, à/ l'exception du sondage n° 19 qui a accusé des bancs de marne. » Les terrains de l'isthme appartiennent donc incontestablement à la formation tertiaire qui constitue le sol de toute la basse et la moyenne Egypte, et tout le grand plateau du désert Libyque. » On trouve dans le bassin des lacs amers des coquilles de l'espèce de celles que produit la mer Rouge; des Hélices, des Spondilles, des Rochers, mais surtout des Mactra. Ces dernières en tapissent littéralement le fond sur des étendues plus ou moins considérables. Ces coquilles ont-elles con- ( n66 ) tinué à vivre dans ces lacs, après leur entière séparation de la mer Rouge? Cela est peu probable, parce que sous le ciel brûlant de l'Egypte ces lacs ont dû assécher promptement. Il est vrai qu'au temps de Strabon et même très- probablement à l'époque où Hérodote visitait l'Egypte, les lacs amers con- tenaient de l'eau, mais c'était de l'eau douce qu'y amenait du Nil le canal de jonction de ce fleuve avec la mer Rouge. » Une question fort controversée est celle de savoir si, à l'époque où les Hébreux fuyaient de l'Egypte, sous la conduite de Moïse, les lacs amers faisaient encore partie de la mer Rouge. Cette dernière hypothèse s'accor- derait mieux que l'hypothèse contraire avec le texte des livres sacrés, mais alors il faudrait admettre que depuis l'époque de Moïse (1-471 ans avant Jésus-Christ) le seuil de Suez serait sorti des eaux. » Dans la partie septentrionale du bassin des lacs amers, qui est en même temps la plus profonde, on trouve un dépôt de sel marin qui a été trouvé de 7m,5o d'épaisseur au sondage n° 10. Il repose sur des vases qui paraissent venir du Nil. Ce sel a vraisemblablement été amené par des eaux de source qui l'y ont déposé en s'évaporant. On retrouve également ces sels au sondage n° 9, mais recouverts par une couche de sulfate de chaux cris- tallisé en très-fines aiguilles. » Les rivages de la mer ne paraissent pas plus que le sol de l'isthme avoir éprouvé de notables changements depuis les temps les plus reculés. Ainsi dans le golfe qui s'étend au sud et à l'ouest de Suez, le dépôt sableux de soulèvement diffère entièrement d'aspect et de forme de celui que la mer a ajouté au rivage, et ne peut être confondu avec lui. Il contient d'ailleurs une quantité considérable de coquilles qui ne se trouvent pas, même en petite quantité, dans le premier. Ces sables ainsi rapportés par la mer n'ont nulle part, dans tout le développement du golfe, plus de iqo mètres de longueur. » La stabilité du rivage a été encore plus grande dans le golfe de Péluse. Toute la plaine qui entoure les ruines de cette ville antique est formée d'al- luvions du Nil : elle est séparée de la mer par un lido ou cordon littoral de sable qu'il est impossible de confondre avec elle. La largeur de ce lido varie de 80 à 120 mètres; comme elle ne pouvait être sensiblement moindre dans les temps anciens pour protéger la plaine moins élevée qui est en ar- rière, il faut bien en conclure que les choses sont sensiblement aujourd'hui dans l'état où elles étaient autrefois. Cette observation s'applique à toute l'étendue du cordon littoral qui borde le lac Manzalch. Ainsi se trouvent ( "67 ) vérifiées les conclusions auxquelles est arrivé M. Elie de Beaumont, dans son Cours de Géologie pratique, relativement à la stabilité des rives du Delta. » Ce Mémoire, accompagné des pièces mentionnées dans la Lettre précé- dente de M. F. de Lesseps, est renvoyé à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Cordier, Dupin, Elie de Beaumont, Dufrénoy et Du Petit- Thouars. géologie. — Recherches sur les produits des volcans de V Italie méridionale ; par M. Ch. Sainte-Claire Deville. (Commissaires précédemmeut nommés.) « Me disposant à retourner dans l'Italie méridionale pour y poursuivre mes études sur les formations volcaniques de cette contrée, je désire pré- senter à l'Académie le résumé très-succinct des recherches encore inachevées que j'ai entreprises cet hiver sur les matériaux recueillis dans mes deux premiers voyages. » Ces recherches ont porté sur deux points principaux. » Un premier travail, consacré à l'étude des substances gazeuses, et exé- cuté avec la collaboration de MM. Leblanc et Lewy (i), a eu pour objet l'examen des gaz suivants : » i°. Gaz recueillis en mai, juin, septembre et octobre i855, sur divers points du courant de lave sorti du Vésuve le ier mai de la même année. Il résulte de nos analyses que le gaz qui accompagne les fumerolles que j'ai appeléesfumerolles sèches, et qui entraîne uniquement des chlorures alcalins anhydres et une petite quantité de sulfates, est un courant d'air pur ou privé peut-être d'une faible proportion d'oxygène, la teneur de ce dernier gaz ayant varié, dans les diverses prises de gaz, entre ao,i et ao,6 pour ioo. La même conclusion s'applique au gaz qui s'exhalait, en octobre, des por- tions inférieures de la lave en même temps que le chlorhydrate d'ammo- niaque et la vapeur d'eau. i°. Gaz recueillis en septembre, dans celles des fumerolles du cratère supérieur du Vésuve qui, placées dans la petite plaine centrale, donnaient (i) Tous les gaz, sans exception, ont été analysés par M. Leblanc et moi, au moyen de l'appareil de M. Doyère; en outre, pour quelques-uns d'entre eux, mon ami M. Lewv a bien voulu mettre à ma disposition sa grande expérience de l'eudiomètre de M. Regnault. ( n68 ) issue à de la vapeur d'eau, accompagnée de soufre et d'une trace presque imperceptible d'acide sulfhydrique et dont la température variait de 60 à 79 degrés. Deux échantillons de ce gaz ont donné, l'un 3,5i, l'au- tre 9,26 pour 100 d'acide carbonique. Le reste était de l'air sensible- ment pur ou privé d'une faible proportion d'oxygène. Ce dernier résultat me paraît offrir quelque intérêt, car c'est la première fois, si je ne me trompe, que l'on a indiqué la présence du gaz acide carbonique au som- met du Vésuve. Il vient, en outre, à l'appui de la classification que j'ai éta- blie, dans mes précédentes communications, entre les divers ordres de fumerolles, qui peuvent, à un moment donné, se localiser en divers points d'un même appareil volcanique en activité. On en peut conclure avec cer- titude que certaines fumerolles du cratère du Vésuve, en 1 855, présentaient une composition analogue à celle que M. Boussingault a signalée dans les cratères des volcans de la Nouvelle-Grenade en i83o, tandis que d'autres étaient riches en acide chlorhydrique, gaz qui, d'après ce savant voyageur, était alors étranger aux émanations des volcans américains. » 3°. Gaz recueillis, en septembre et octobre, dans celles des fumerolles qui, au sommet de l'Etna et du Vésuve, présentaient un mélange de vapeur d'eau, d'acide chlorhydrique et d'acide sulfureux, s' échappant à de hautes températures (90,12^ et 180 degrés). Ce gaz était uniquement composé d'air atmosphérique, paraissant présenter toujours un léger défaut d'oxygène. » /j°. Gaz recueillis, en septembre, sur le pourtour supérieur du cône d'éruption de l'Etna en i85a. Ce bord supérieur donnait encore issue, au mois de juin, à d'abondantes fumerolles chlorhydrosulfureuses, à une tem- pérature de 83 degrés. En septembre, elles se réduisaient à de faibles quan- tités de vapeur d'eau à 61 degrés, ne réagissant ni sur le papier de tournesol, qi sur l'acétate de plomb, et le gaz qui les accompagnait était aussi de l'air atmosphérique. » La présence constante de l'air atmosphérique en proportions considé- rables dans toutes les émanations du sommet, que ces émanations contien- nent de l'acide carbonique, du soufre et de l'acide sulfhydrique, ou les acides chlorhydrique et sulfureux, prouvent, ce qu'on pouvait prévoir à priori, qu'un dôme fissuré comme celui du Vésuve ou comme celui de l'Etna, et présentant, dans son intérieur ou à sa base, des points incandes- cents ou au moins doués d'une très-haute température, peut être assimilé à une véritable cheminée d'appel, pour le milieu atmosphérique qui l'entoure. La même conclusion s'applique aux laves rejetées par les volcans. a ( 1169) 5°. Gaz recueillis, les 5 et 22 octobre, dans le lago di naftia ou lac de Palici, en Sicile. L'analyse a donné pour ces deux gaz la composition sui- vante : 5 octobre. 21 octobre. Acide carbonique » 5 ,00 Oxygène i7>36 15,77 Azofe 82,64 79>23 100,00 100,00 et confirme exactement ce que j'avais annoncé (1) sur la variabilité de composition du gaz de Palici, d'après les recherches faites par moi sur les lieux. » Dans ce dernier gaz, comme du reste dans tous les précédents, nous avons recherché, M. Leblanc et moi, les gaz combustibles, mais toujours inutilement. Nous nous proposons de soumettre à l'Académie un Mémoire clans lequel seront exposées les méthodes suivies pour l'analyse des gaz, aussi bien que les moyens qui ont été employés pour les recueillir. >• Dans un second travail, j'ai entrepris d'examiner les produits solides de l'éruption de i855, comparés entre eux et avec les autres matériaux four- nis à diverses époques par le Vésuve ou par d'autres bouches volcaniques. Ce travail est encore inachevé, et je n'indiquerai ici que quelques-uns des résultats que j'ai obtenus. » i°. J'ai analysé comparativement les deux variétés de laves sorties en i855, que j'ai distinguées dans mes précédentes communications. Les nom- bres fournis par l'analyse n'auront un intérêt réel que lorsque les compa- raisons dont il s'agit pourront être faites : je me bornerai à citer deux cir- constances qui s'y rattachent. » Des deux variétés de laves, celle sortie la dernière, qui présente une couleur foncée et qui a comme un enduit vitreux, n'agit pas sur l'aiguille aimantée, tandis que l'autre, grise, plus cristalline, est fortement magnétique. Ces deux variétés, quoique à peu près également riches en fer, ne contien- nent donc pas ce corps au même état moléculaire. » Toutes deux m'ont donné une proportion notable d'acide phospho- rique : l'une contient i ,4, l'autre 2,2 pour 1 00 de phosphate de chaux. » Toutes deux présentent une petite quantité de chlore, dont une partie au moins est à l'état de chlorure soluble et en mélange, pour ainsi dire, (1) Lettre à M. Dumas sur quelques produits d'émanations de la Sicile [Comptes rendus, tome XLI, page 887 ). C. R , i856, i« Semestre. (T. XL1I, N°24,) '53 ( n7o ) moléculaire. Pour en citer un exemple, 6gr,77 de la lave noire sub- vitreuse, pulvérisés et bouillis avec l'eau distillée, ont donné ogr,oa2 de chlorure d'argent, correspondant à osr,oo55 de chlore ; cette même poudre, soumise quatre fois de nouveau à la porphyrisation et lavée après chacune de ces opérations, a toujours donné une liqueur qui se troublait par le ni- trate d'argent. Enfin, agr,5 du dernier résidu, chauffés avec le bisulfate de potasse, ont laissé ogr,o2D de chlorure d'argent, ou ogr,oo6 de chlore. La lave contenait donc en tout, probablement à deux états différents, un peu plus des trois millièmes de son poids en chlore. » La présence concomitante, dans ces laves, du chlore et du phosphore, me paraît un fait digne d'intérêt. Elle me semble expliquer l'une des expé- riences que j'ai faites l'année dernière sur les fumerolles de la lave in- candescente, et dont j'ai rendu compte dans ma première Lettre à M. Élie de Beaumont [Comptes rendus, t. XL, p. 1228). Ayant exposé à l'action de ces émanations un vase contenant de l'eau de chaux, j'ai obtenu de très- petits cristaux blancs, solubles sans effervescence dans l'acide chlorhydrique, donnant par le chlorure de barium un précipité soluble dans l'acide. Il de- vient infiniment probable que cette substance, qui était en trop petite quan- tité pour être analysée, était un phosphate de chaux ou un chlorophos- phate de chaux, analogue à celui qui est fixe dans la lave. La petite quantité de fluor décelée aussi dans l'une de mes expériences sur la lave joue vrai- semblablement un rôle du même genre. Il s'était sans doute déterminé au contact de la chaux une réaction semblable à celle par laquelle M. Daubrée a reproduit l'apatite dans ses ingénieuses recherches sur la formation des minéraux. La présence du phosphate de chaux, et probablement du chloro- phosphate de chaux ou de l'apatite dans les laves, semble un fait presque général. Je l'ai signalée, dès 1 845, dans les laves anciennes de Fogo ( Voyage aux Jntilles et aux îles de Te'néiiJJe et de Fogo, t. I). Depuis, le phos- phate de chaux a été retrouvé dans les laves de Niedermendig. Enfin, dans quelques expériences récentes, j'en ai reconnu qualitativement l'existence, au moyen du molybdate d'ammoniaque, dans plusieurs produits volcaniques, entre autres dans la roche du Puracé, recueillie par M. Boussingault, et dans la lave rejetée par l'Etna en 1 853. Des deux variétés de la lave sortie du Vésuve en i855, c'est la variété cristalline qui paraît être la plus riche en phosphate. » J'ai trouvé aussi le chlore, soit en très-petites proportions, soit en quan- tités assez notables, dans la roche du Puracé, dans une couche amphigé- nique de la Somma et dans une assise scoriacée de cette dernière montagne, ( "71 ) mais surtout dans la lave rejetée par l'Etna en i85a. Celle-ci en contient les deux millièmes de son poids. » a°. J'ai fait quelques recherches pour déterminer la nature du minéral blanc en petites masses arrondies, d'apparence dodécaédrique, mais ne pré- sentant jamais aucune face de cristallisation qui, dans les laves du Vésuve, joue le rôle de feldspath. Je l'ai examiné concurremment dans la lave de i855 et dans une des plus anciennes laves du Vésuve, qui paraît même avoir été épanchée avant la formation ou du moins avant l'approfondissement du Fosso-Grande dont elle forme en grande partie le bord gauche. La densité des petits fragments du minéral extrait de ces deux laves est 2,48, c'est-à-dire celle de l'amphigène. Le rapport de l'oxygène de l'alumine à celui de la si- lice est, d'après la moyenne de quatre analyses, 3'. 8,2; c'est-à-dire sensi- blement le rapport qui caractérise l'amphigène. Mais dans les deux analyses où j'ai dosé les protoxydes, j'ai toujours trouvé pour leur oxygène un nom- bre supérieur au tiers de l'oxygène de l'alumine. La difficulté très-grande avec laquelle on extrait ces petits fragments ne permettant pas toujours de les avoir entièrement dégagés de la roche environnante, il pourrait se faire que l'excès des bases provînt d'un mélange. Néanmoins, certaines anomalies du même genre, que j'ai constatées depuis longtemps, mais que je n'ai point encore publiées, sur les feldspaths des roches du Chimboraço, del'Antisana, du Puracé, du volcan de l'île Bourbon, me laissent encore quelques doutes, que je me propose de lever par de nouvelles recherches sur des matières irréprochables. Dans tous les cas, si, comme il est probable, le feldspath des laves du Vésuve est un amphigène, il diffère notablement de celui de la Somma, où l'on n'a jusqu'ici signalé que des traces ou de très-petites quan- tités de soude : car dans le minéral de la lave de 1 855 l'oxygène de la soude est à celui de la potasse comme 2, 09: 1 ; dans le minéral de la lave du Fosso- Grande, comme 8,21:1; enfin, dans les cristaux d'amphigène parfaitement terminés, rejetés par ce volcan le 22 juin 18/17, et dont je dois à M. Damour l'obligeante communication, comme 1,67: 1. » médecine. — Sur des cas de typhus observés à l'hôpital de Neufchâteau (Vosges) chez des soldats revenant de Crimée. (Extrait d'une Note de M. Garcin.) (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour un Mémoire de M. Baudens, sur le typhus de Crimée : MM. Velpeau, J. Cloquet.) « Dans le Compte rendu de la séance de l'Académie des Sciences du 2 juin courant, je viens de lire la Lettre qui vous a été adressée par M. l'in- i53.. ( 'i72 ) specteur Baudens sur le typhus de Crimée. Veuillez me permettre de vous présenter, à cette occasion , quelques observations qui ne sont peut-être pas dépourvues d'intérêt, et que j'ai eu tout récemment l'occasion de re- cueillir sur cette maladie, dans mon service à l'hôpital de Neufchâteau, chez des soldats du 64e régiment d'infanterie de ligne. » Ce régiment s'est embarqué à Balaclava le 29 avril. Après une tra- versée non interrompue, il est arrivé à Marseille le 10 mai, puis à Ville- franche le 12 au moyen du chemin de fer, et enfin, à pied, le 16, à Chalon- sur-Saône, où le débordement des eaux l'obligea à séjourner pendant quatre jours. Depuis le départ de Crimée jusqu'au it\ mai, aucun cas de typhus ne s'était déclaré ; mais à dater de ce jour le colonel dut abandonner, à chaque étape, de nouveaux malades, et en arrivant à Neufchâteau l'hô- pital en reçut neuf, chez qui l'on observait, à un haut degré, tous les carac- tères indiqués par la Lettre de M. l'inspecteur Baudens. Un dixième soldat, du 62e de ligne, qui avait fait la traversée en même temps que le 64e, avait été admis par moi dès la veille, également affecté de typhus. » La maladie datait de un à trois jours lors de leur entrée à l'hôpital de Neufchâteau le 28 mai. On observait chez tous les symptômes suivants : stupeur, céphalalgie intense, surdité, vertiges, prostration des forces (la plu- part ne pouvaient se tenir debout) ; pouls fréquent et dépressible, peau brû- lante, soif intense, voix éteinte (à peine s'ils pouvaient parler); état sabur- ral très-prononcé des voies digestives, plus tard langue sèche et noire, pas de gargouillements dans la fosse iliaque droite. Dans quatre cas, la maladie avait débuté par des accès de ^fièvre intermittente, qui se sont renouvelés deux ou trois jours de suite avec frissons, chaleur et sueurs, et dans deux autres, par un état catarrhal des voies respiratoires. Trois ont eu du délire, dont un furieux pendant quatre jours; deux, des épistaxis; et deux seule- ment quelques rares pétéchies; trois ont éprouvé des douleurs abdominales et du dévoiement; les autres étaient constipés. » J'avais donné tout d'abord à cette maladie le nom de typhus, ne pou- vant la rattacher à un autre genre ; mais deux jours après, la dernière co- lonne de ce régiment arriva à Neufchâteau (sans nous laisser de malades); je priai M. le médecin aide-major de venir faire la visite avec moi, et il re- connut immédiatement le typhus de Crimée. En voyant ces militaires si gra- vement atteints, il me dit : « Vous serez bien heureux si vous n'en perdez que quatre ou cinq. » Ce pronostic ne s'est heureusement pas confirmé. » Dès le premier jour je prescrivis à tous: eau de Sedlitz, à laquelle on dut revenir plusieurs fois chez la plupart des malades; application d'eau ( "73) fraîche sur la tête, incessamment renouvelée; solution de sirop de groseilles, et boissons mucilagineuses pour ceux qui étaient affectés de bronchite ; la- vements et cataplasmes; enfin, sinapismes et vésicatoires aux membres inférieurs, chez ceux qui avaient du délire ou un état comateux très-prononcé. Je n'ai eu recours ni aux saignées ni aux sangsues; la nature de la maladie et la dépression du pouls m'ont paru contre-indiquer ces moyens. Je pen- sais faire usage du sulfate de quinine, mais les purgatifs ont fait justice de l'intermittence qui s'était manifestée chez quatre malades. » Aucun de ces militaires n'a succombé, malgré l'intensité de cette affec- tion, ce qu'il faut attribuer surtout, je crois, à l'éloignementdu foyer d'in- fection, à l'influence favorable de l'air natal, et aussi aux soins de tous les instants qui leur ont été prodigués par les Sœurs de notre hôpital. La conva- lescence a marché rapidement; du huitième au douzième jour, les yeux des malades se rouvrirent; la figure reprit de l'expression, et la parole redevint facile; puis l'appétit se prononça; enfin, aujourd'hui 1 3 juin, seize jours depuis l'entrée à l'hôpital, notre dernier malade a pu être levé pendant quelques heures, et j'espère pouvoir incessamment leur faire rejoindre leur régiment, en garnison à Phalsbourg. » chimie appliquée. —Études sur les céréales ; par M. Duvivier, de Chartres. (Commissaires, JMM. Pelouze, Payen.) Ce Mémoire devant être l'objet d'un prochain Rapport, nous nous bor- nerons pour le présent à en reproduire les conclusions, que l'auteur pré- sente dans les termes suivants : « Il résulte des recherches exposées dans ce Mémoire que la partie extérieure de l'enveloppe des céréales est récouverte de matières grasses et de matières odorantes et azotées, dans un état particulier de combinaison, n'ayant aucun rapport avec les enduits qui se trouvent sur les feuilles et à la surface des fruits, et qui paraissent être toutes différentes de celles que contient la farine avec lesquelles elles ne doivent pas être confondues; le son ne doit donc plus être considéré comme contenant seulement des matières azotées et des quantités variables de cellulose et de farine. » Mais il importe moins de savoir en quel état se trouvent ces matières à la surface des grains que de chercher à connaître le rôle qu'elles jouent, tant dans l'économie domestique que dans l'économie végétale des céréales. Dans l'emploi des céréales, comme base principale de la nourriture de l'homme, elles sont presque entièrement éliminées avec le son. Les ani- ( "74) maux, au contraire, les absorbent en totalité en recevant comme nourriture le son et les grains. Ces matières sont toutes assimilables : les éléments des corps gras, la chaux et le fer, sont destinés à alimenter à la fois les parties graisseuses, les os des animaux, et à donner à leur sang une vitalité nor- male. Elles forment sur les grains un enduit naturel, très-tenace, leur ser- vant de préservatif en même temps qu'elles leur communiquent une odeur particulière sui generis. Ce sont elles qui donnent au blé sa valeur vénale ; ce sont elles qui rehaussent sa couleur, qui lui donnent ce brillant, cet onctueux, connus des marchands sous les noms techniques d'œil et de main, que possèdent, au suprême degré, les qualités supérieures, et qui forment le pivot des transactions et en favorisent la vente, et, sous ce rap- port, ces matières sont d'un grand intérêt. Cela est si vrai, que le blé gardé trop longtemps perd cet aspect qui le fait rechercher; il devient terne et rude au toucher par une longue dessiccation de ces matières; alors il est moins estimé. » anatomie comparée. — Mémoire sur la dentition des Cétacés; par M. Em. Rousseau. • Une partie considérable de ce travail est relative à la Baleine franche et à la position qu'occupent les fanons dans la bouche de ces Cétacés. L'au- teur y joint comme pièces justificatives cinq Lettres écrites par des naviga- teurs avant une grande expérience de la pêche de la Baleine, et dont les témoignages confirment, quant aux rapports des fanons et de la mâchoire inférieure, l'opinion soutenue par M. Rousseau, opinion qui est d'ailleurs celle des naturalistes les plus illustres, les Cuvier, les Camper, etc. (Commissaires, MM. Duméril, Serres.) M. Oudry adresse une description des procédés au moyen desquels il obtient les applications électrométallurgiques dont il avait présenté des spécimens dans la dernière séance et qu'il met de nouveau sous les yeux de l'Académie. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, De Bonnard, Du Petit-Thouars. ) M. Lostalot-Bachoue envoie de Lembége (Basses- Pyrénées) une Note sur un système agricole qu'il dit avoir appliqué avec grand succès depuis dix ans et qui aurait, suivant lui, l'avantage non-seulement d'augmenter d'un ( "75 ) tiers environ le produit des domaines ruraux , mais encore d'écarter pour le pays le danger des inondations. M. Pitheki adresse une Note sur les résultats auxquels il est arrivé en ré- pétant des expériences de M. Fremy sur les, fluorures. Cette Note est renvoyée à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Fremy : MM. Thenard, Chevreul et Pelouze. M. Poujade présente au concours pour le prix du legs Bréant un Mé- moire imprimé ayant pour titre : « Recherches théoriques et pratiques sur l'affection typhoïde intense, générale, dite choléra épidémique. » (Commission du legs Bréant. ) M. Marigny soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la navi- gation aérienne. (Commission des aérostats.) M. Cauchy est adjoint à la Commission chargée d'examiner un Mémoire présenté par M. Gomès de Souza dans la séance précédente. CORRESPONDANCE. M. Cl. Rernabd présente un Mémoire imprimé de M. Denis, de Commercy, ayant pour titre : « Nouvelles études chimiques, physiologiques et médicales sur les albuminoïdes qui entrent comme principes immédiats dans la com- position des solides et des fluides organiques tant animaux que végétaux. » M. Bernard donne de vive voix une idée de ce travail, qui est destiné par l'auteur au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. M. Recquerel présente au nom de M. du Moncel le premier volume de la seconde édition d'un ouvrage ayant pour titre : « Exposé des applications de l'électricité. » « Dans la première édition, dit M. Becquerel, l'auteur avait omis les ren- seignements technologiques ayant rapport aux moyens d'exécuter et à la réalisation de certains effets particuliers aux applications. Le premier vo- lume de la nouvelle édition est consacré à l'exposition de ces rensei- gnements. » ( "76) M. le Secrétaire perpétuée présente, au nom de l'auteur M. Darcy , un exemplaire d'un ouvrage récemment publié, et ayant pour titre : Les Fon- taines publiques de la ville de Dijon « Cet ouvrage, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, comprend à la fois l'exposition et l'application des principes à suivre et des formules à employer dans les questions de fourniture d'eau. L'utilité de semblables travaux a été depuis longtemps proclamée par l'illustre Arago, par lord Brougham; et, à l'occasion de la fourniture d'eau de Dijon, un savant académicien, M. Chevreul, a publié une brochure, véritable cours d'hygiène à l'usage des cités populeuses. C'est sous l'autorité de ces trois noms que j'ai cru devoir entrer eu matière. » Mon ouvrage se compose d'une introduction, de quatre parties dis- tinctes et d'un appendice. L'introduction énumère la série des questions à résoudre par l'ingénieur chargé d'une distribution d'eau. » Dans la première partie, j'ai cru devoir analyser d'abord tous les efforts tentés à Dijon pour arriver au but proposé, dans les temps anciens : la des- cription et l'évaluation des travaux jadis exécutés m'ont permis de faire connaître comment on entendait, à cette époque, les questions de four- niture d'eau; j'ai rappelé accessoirement les moyens de rapporter au taux actuel les évaluations des anciens marchés. » J'ai ensuite indiqué quelle devait être la formule générale d'où l'on pouvait déduire la quantité d'eau nécessaire à l'alimentation d'une ville, et j'ai trouvé pour l'expression de ce volume par habitant : 90 litres + ïj(ï+/e)' - représentant le rapport du développement des rues à la population; v le volume débité par minute et par borne-fontaine; t la durée de l'écoule- ment; m un coefficient dépendant du nombre de bornes à placer pour une longueur déterminée de ruisseaux; l la largueur moyenne des rues; e l'é- paisseur de la lame d'eau affectée aux arrosages par jour et par mètre carré. » La recherche de la valeur du rapport -» dans une soixantaine de villes étrangères et françaises, m'a conduira des résultats assez curieux sur une ques- tion d'économie publique : j'ai trouvé que le rapport du développement des rues au chiffre de la population variait entre o,/|0 et 2,43; les chiffres limites o,4o et 2,43 s'appliquent d'une part à Paris, et de l'autre à Versailles, c'est- ( «i77 ) à-dire à la population condensée dune ville qui progresse et à la population restreinte d'une ville qui décroît. L'accroissement de la population et les enceintes fortifiées sont, on en comprend aisément les motifs, les conditions qui tendent le plus à affaiblir le rapport - > lequel, dans le plus grand nombre de cas, est à peu près égal à l'unité. La discussion de cette formule m'a con- duit à trouver pour le volume qu'il est nécessaire de distribuer par habitant le nombre cent cinquante litres par jour. » Je passe ensuite aux qualités que doit présenter l'eau potable, à sa na- ture chimique, à sa température, à son degré de limpidité. La question de température m'a fourni l'occasion de présenter des expériences que j'ai faites relativement à la permanence de température des grandes masses d'eau. Celle de la_ limpidité m'a engagé à étudier les procédés de filtration en usage ; je reviendrai tout à l'heure sur cette question. » On avait songé à Dijon à alimenter la ville au moyen de puits arté- siens. . . ; j'ai donc dû examiner avec soin les questions que la théorie de ces derniers comporte. J'aicherché à déterminer, un puits artésien étant donné, si le volume qu'il débite pouvait être négligé en présence du produit de la nappe aquifère, ou si, par son importance, ce volume se rapprochait du produit précité; j'ai indiqué aussi les lois suivies par l'accroissement de débit d'un puits lorsqu'on abaisse son niveau de déversement, ainsi que l'influence exercée sur ce débit par l'accroissement du diamètre du forage. Le forage que l'on exécute en ce moment à Passy pour l'alimentation des bassins du bois de Boulogne donne à cette question une sorte d'actualité. » La deuxième partie de cet ouvrage concerne les travaux exécutés à Dijon. » La troisième renferme l'exposition et l'application des formules à em- ployer dans les questions de distribution d'eau. Cette partie comprend de nombreuses expériences faites au moyen des conduites et des réservoirs de Dijon, et notamment des recherches ayant pour objet de déterminer l'effet de la résistance de l'air sur les jets d'eau. » Dans la quatrième partie, j'ai présenté la solution des questions admi- nistratives et judiciaires que rencontre habituellement l'ingénieur chargé d'une distribution d'eau. » L'appendice qui termine cet ouvrage contient plusieurs notes sur les- quelles je ne. m'arrêterai point. Je dirai quelques mots seulement de la note relative au filtrage. » La question de filtrage des eaux m'a fourni l'occasion de rechercherqueile C. R., i856, i« Semestre. (T. XLH, N° 24.) ' ^4 ( "78 ) était la loi de l'écoulement de l'eau à travers une couche sablonneuse ; et j'ai trouvé que le débit était proportionnel à la charge et en raison inverse de l'épaisseur de la couche. Les ingénieurs anglais nient en général l'influence de la pression sur les filtres ; d'autres ingénieurs admettent qu'elle est seu- lement proportionnelle à la racine carrée de la pression. Je n'ai pas besoin de faire remarquer l'importance que la loi précitée expérimentée dans les plus larges limites présente en ce qui concerne la question de filtrage des eaux destinées à l'alimentation d'une grande ville. Elle est telle, que l'on peut regarder le filtrage en grand comme une opération facilement praticable. Ainsi une cuve filtrante, telle que je la décris dans mon ouvrage, et d'un rayon de 7 mètres, peut filtrer i5ooo mètres cubes en vingt-quatre heures, volume nécessaire à une population de 100000 âmes. Or, dans le système anglais où les filtres débitent seulement 4 mètres cubes par mètre ca#é et par vingt-quatre heures, on voit que, pour arriver au résultat ci-dessus, une superficie de terrain égale à 4ooo mètres serait nécessaire. » Je présente aussi dans cette note des considérations générales sur les sources, et je cherche à déterminer la loi que suit l'augmentation de leur produit par l'abaissement de leur niveau et celle de leur décroissement, à partir de leur étale. » télégraphie. — M. i.e Maréchal Vaillant signale à l'attention de l'Aca- démie un nouveau télégraphe fondé sur l'emploi des rayons solaires. Ce télégraphe, présenté aux Ministères de la Guerre et de l'Intérieur par M. Leseurre, fonctionnaire du service télégraphique d'Algérie, a été, par ordre des deux Ministères, étudié et expérimenté à l'Observatoire impérial, sous la direction de M. Le Verrier. « Le succès complet des expériences permet d'affirmer que l'Algérie trouvera dans ce système un télégraphe peu coûteux, rapide, et partout apte à franchir directement les plus longues distances. Le sud de l'Algérie, qui se refuse à l'établissement des autres télégraphes, est, au contraire, parfaite- ment approprié à celui-ci. Les postes pourraient être situés à vingt lieues les uns des autres dans les oasis qui dominent ces plaines de sable. » La rapidité d'installation et le peu de poids des appareils en font d'ex- cellents télégraphes ambulants. » Nous extrayons du Mémoire de l'auteur et du Rapport du Directeur de l'Observatoire la description et les résultats suivauts : » Le système repose sur la réflexion du soleil par un miroir plan . Trois choses ( "79 ) sont à considérer : i° l'intensité de la lumière réfléchie à longue distance; 20 la facilité de direction de cette lumière vers un point donné; 3° la nature des signaux. » L'intensité de la lumière est celle que donnerait une portion du disque solaire égale au miroir et mise à sa place. » Le faisceau réfléchi formant un cône de 32', diamètre apparent du soleil, offre un champ assez grand pour que de petites erreurs dans l'orien- tation soient sans inconvénient. Pour reconnaître la direction du faisceau émergent, on place dans son intérieur une petite lunette astronomique dont l'oculaire projette, sur un écran fixé en arrière, l'image du soleil réflé- chi et les fils croisés du réticule. La position relative du disque solaire pro- jeté et du point de croisée des fils correspond à celle du faisceau par rapport à l'axe optique de la lunette. Si le point de croisée est au centre du disque, c'est que l'axe optique de la lunette occupe l'axe du cône émergent. Si ce point de croisée est sur le bord du disque, c'est que l'axe optique est voisin de la surface du cône. » Si donc on connaît la direction de l'axe optique de la lunette d'épreuve, on jugera de la position du faisceau réfléchi. Dans ce but, la lunette d'é- preuve est montée sur une plus forte lunette, à la, manière des chercheurs. Les deux lunettes ont leurs axes optiques parallèles, mais regardant en sens inverse. Lorsque l'on voudra diriger l'axe optique de la lunette d'é- preuve vers un point, on visera ce point avec la forte lunette. L'orientation de la lunette d'épreuve se trouvera par là même effectuée, et à la seule in- spection de l'écran on verra à quel moment le point visé est enveloppé par le cône de lumière, à quel moment il en sort. » La question de direction est tellement simplifiée, par ce procédé, qu'une fois la lunette d'épreuve bien placée, le miroir peut être dirigé à la main, ou pour plus de commodité monté sur un pied et mû par deux vis tan- gentes. » Dans les triangulations de l'État-Major, il suffirait d'ajouter aux instru- ments de chaque brigade une glace de quelques décimètres carrés pour faire des mires visibles à de très-grandes distances. » Vocabulaire. — Les signaux sont composés de séries d'éclairs brefs ou longs que l'on forme en écartant pendant des temps courts ou prolongés un écran qui intercepte habituellement le faisceau réfléchi. Dans l'écriture, les éclairs brefs sont représentés par des points, et les longs par des barrés, comme dans le système électrique Morse, auquel on peut emprunter, du reste, complètement son alphabet. Le soleil pourrait, sans doute, peindre 1 54- - ( 1180 ) lui-même ces points et ces lignes sur un papier photographique glissant d'un mouvement uniforme au foyer d'un objectif. » Tel qu'il vient d'être indiqué, le télégraphe solaire souffre une objec- tion : c'est que vers le lever et le coucher du soleil, le quart de l'horizon opposé à cet astre ne peut recevoir que des éclairs très-faibles. Car la surface du miroir, qui forme alors un angle trés-aigu avec les rayons réfléchis, ne présente plus qu'une surface apparente presque insensible. » On y remédie par l'addition d'un second miroir. Cette complication apparente simplifie par le fait la manœuvre de l'appareil et présente d'im- p*ortantes ressources. » L'appareil forme alors un héliostat à deux miroirs, dont l'un, mobile, réfléchit les rayons du soleil dans la direction polaire; l'autre, fixe, reçoit ces rayons et les renvoie dans la direction voulue. » En avant de ce second miroir est placée la lunette d'épreuve ; comme elle accuse la direction finale du faisceau émergent, elle dispense de toute précision dans l'orientation de l'arbre du premier miroir. Le seul inconve-r nient d'une orientation inexacte serait de forcer à recourir de temps à autre à la vis de déclinaison pour ramener le disque solaire sur le point de croisée des fils. » » La première réflexion peut être dirigée vers le pôle boréal ou vers'le pôle austral ; on choisit celle des deux qui fait avec la seconde réflexion un angle aigu. » Dans le cas d'une ligne télégraphique fixe, l'orientation de l'arbre s'ob- tient très-approximativement par l'observation des astres; le reste de l'instal- lation présente peu de difficultés. L'interrupteur est formé par une per- sienne métallique à lames très-minces, ajustées à tourillons dans leurs mon- tants, de façon à pouvoir tourner toutes ensemble au moyen d'une tige qui les relie. Cette persienne, fixée sur l'arbre tournant, arrête habituellement l'arrivée des rayons solaires sur le miroir mobile. Lorsqu'on veut produire un éclair, on presse du doigt la tige. Les lames se présentent de champ au soleil qu'elles laissent pénétrer et reviennent à leur position première dès que la pression cesse. Les glaces ne sont ainsi exposées au soleil que pendant le temps très-court des éclairs. » Une expérience faite le 3o mars i856, à 3 heures, entre la tour de Saint-Sulpice et la tour de Montlhéry, en présence de MM. Le Verrier, di- recteur de l'Observatoire, Liais, astronome au même Observatoire, etStruve, astronome de l'Observatoire russe de Poulkova, a donné les résultats sui- vants : ( n8i ) » Éclairs presque éblouissants à l'œil nu, malgré les brumes de la saison. Correspondance rapide et sans aucune hésitation. Lueur sensible à l'œil nu, très-brillante à la lunette, lorsque le soleil était voilé par des nuages blancs. » Les miroirs étaient des glaces du commerce de omq, 1 2, exposées depuis quatre mois à toutes les intempéries, et montées sur de grossiers appareils exécutés par un serrurier et un charpentier. » Le télégraphe portatif pèse 8 kilogrammes, se monte sur un trépied eu bois et s'oriente à l'aide d'une boussole et d'un niveau à bulle adaptés à l'appareil. Son installation prend à peine une minute. Pour simplifier, on supprime l'interrupteur que l'on remplace corrAne il suit : le miroir fixe est habituellement éoarté de la position d'éclair par un petit ressort, on l'y amène par la pression du doigt qui le fait buter contre un arrêt fixe ; sui- vant que la pression est courte ou prolongée, un éclair bref ou long se pro- duit. » Deux personnes placées en vue l'une de l'autre, à dix lieues de distance et ignorant leurs positions respectives, peuvent à l'aide de cet appareil se reconnaître, puis entrer en correspondance. La disposition de l'appareil permet, en effet, de placer verticalement l'un des axes de rotation du se- cond miroir, en rendant horizontal l'arbre du premier. La lumière solaire, réfléchie horizontalement par le premier miroir, tombe sur le second qui, en tournant autour d'un axe vertical, couvre de lumière une zone horizon- tale d'un demi-degré de hauteur. On peut ainsi balayer tout l'horizon et éveiller l'attention de la personne que l'on cherche. Celle-ci reconnaît le point d'où partent les éclairs, s'oriente sur ce point, et lui envoie un éclair fixe sur lequel on peut s'orienter à son tour. » Dans cette recherche, on est encore guidé par la lunette d'épreuve qui corrige toutes les erreurs d'une installation précipitée. » Ce télégraphe portatif, expérimenté à l'Observatoire, en présence de M. le Ministre de la Guerre, de M. le directeur général des lignes télégra- phiques et du directeur de l'Observatoire, a donné les plus heureux résultats. » hydraulique. — Note sur la réserve du lac de Genève; par M. L.-L. Valide. « Je n'ai pas parlé dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- démie, le 9 de ce mois, d'un avantage important de la réserve du lac. Cet avantage résulterait de ce que le produit du Rhône en basses eaux serait ( n8a ) considérablement augmenté à Lyon, et même en aval de Lyon, ce qui don- nerait au fleuve, pour s'approfondir, une grande puissance. » La Loire, à Roanne, donne 5ooo mètres par seconde en grosses eaux, et en basses eaux 5 seulement (un millième). Or, dès qu'une crue est on décroissance, les vitesses diminuent et les sables se déposent; mais vers les sources, où les déclivités sont fortes, elles continuent d'amener des allu- vions qui s'accumulent de Digoin à Orléans et au-dessous, ce qui oblige à exhausser les levées et rend les malheurs de plus en plus redoutables. » Le Rhône est plus heureux, parce que son produit à Lyon, grâce au lac tel qu'il est, se trouve en basses eaux du vingt et unième de son pro- duit dans les grandes crues*C'est cet avantage qui serait augmenté par un approvisionnement d'eau à former dans le lac d'un milliard de mètres cubes. De là une puissance de curage immense; car elle agirait de Genève à la mer sur un parcours dont la pente totale est de 37 5 mètres, et pendant une durée d'environ cent jours, ce qui donnerait une force de 1 17,400,000 che- vaux travaillant pendant vingt-quatre heures. » On peut dire que, en peu d'années, soit qu'on eût recours à des moyens d'action qui commencent à s'employer et qui sont très-susceptibles d'être améliorés, soit qu'on abandonnât, comme aujourd'hui, la force draguante du courant à ses effets naturels, le régime du fleuve deviendrait tout autre qu'il n'est, et de beaucoup plus avantageux à la navigation et aux propriétaires de la vallée en cas d'inondations. » Des avantages aussi manifestes ont pu malheureusement être négligés eu 1840; Us doivent aujourd'hui être pris en grande considération. » analyse mathématique. — Sur les racines imaginaires de l équation u — tang u = Ç; par M. J.-A. Serret. (Addition à une Note insérée dans le Compte rendu de la séance du 9 juin i856.) a Dans une Note insérée au Compte rendu de la dernière séance, j'ai dit que celle des racines u de l'équation u — z siuu = £, qui se réduit à la constante réelle £ pour z = o, est développable en série convergente or- donnée suivant les puissances croissantes de la variable réelle ou imagi- naire 2, tant que le module de z reste inférieur à la racine carrée de la quantité _, ; e désigne la base des logarithmes népériens, et^ le coef- ficient de \/— 1 dans celle des racines x + y \f*— 1 de l'équation (0 " — tangM==£, ( u83 ) pour laquelle la valeur de y est la plus grande. Pour l'objet que j'avais en vue, il n'était pas nécessaire de connaître le nombre total de ces racines imaginaires; mais il n'est pas sans intérêt de remarquer que l'équation (i), qui a, comme on sait, une infinité de racines réelles, n'a en outre que deux racines imaginaires, lesquelles sont conjuguées l'une* de l'autre et se ré- duisent à zéro pour Ç = o. » En mettant x -+-y y/— i au lieu de u, l'équation (1) se décompose dans les deux suivantes : (a) — *?= — : = cosa.r-4- — W3 -S xAs T , X — Ç 2/ 2 supposons Ç variable, et considérons y et Ç comme des fonctions de la va- riable indépendante x\ on obtiendra aisément les valeurs suivantes : t%\ rfÇ_2V" ^> dx~ W"' dy 2sin2x dx~ y\" ' en posant, pour abréger, e1/ — (TV V = — — = i + îX 2J 1.2.3 ' 1.2. ..5^ • dV d'V et en désignant par V et V" les dérivées — et — • » Pour chaque valeur réelle de x, l'équation e,r— er'r e'r -t- e~7r (A) cos 2.X = donne deux valeurs réelles de y égales et de signes contraires ; mais nous considérons seulement la valeur positive. » La valeur de Ç reste finie tant que la variable x n'est pas infinie, et la dérivée -j- n'est jamais négative; il s'ensuit que Ç est une fonction constam- ment croissante de x; ce qui montre que l'équation (i) ne peut avoir qu'un seul couple x ±y\J — i de racines imaginaires. » La formule ( a ) montre que x et Ç se réduisent en même temps à o, - > 71, — » 2 7r, etc. ; si x et Ç croissent de o à - » -—- est constamment positive, et y croît depuis zéro jusqu'à sa valeur maxima, qui est i , 1996. . . ; si x et £ croissent de - à %\ -j- devient négative, et y décroît de 1,1996... à zéro; les mêmes variations se reproduisent périodiquement. Il suit de là que l'é- ( i.84) quation (i) a effectivement un couple x±y\j—\ de racines imaginaires; toutefois la partie imaginaire s'évanouit, lorsque Ç devient égal à zéro ou à un multiple de n. » analyse algébrique. — Note à l'occasion d'un théorème de M. Serret; par M. E. Catalan. « La Note très-intéressante de M. Serret, communiquée à l'Académie dans la dernière séance, m'a paru susceptible de deux simplifications aux- quelles l'auteur n'a peut-être pas songé, et que je va^indiquer en peu de mots. » M. Serret prouve que le rayon vecteur, l'anomalie excentrique et l'ano- malie vraie sont développables suivant les puissances de l'excentricité, toutes les fois qu'une certaine variable y ne surpasse pas la racine positive de l'équation I .2 I .2.5.4 » Pour trouver le maximum p. de l'excentricité, M. Serret substitue la valeur approchée de cette racine, dans l'équation ^(mod.z)^;^^. Or, i° l'équation Y = o équivaut à cos2 x = o, c'est-à-dire à l'équation (A) e2'-+- i -^e*r—I)y = Q, ou encore à celle-ci \y (B) / cos ix ■' 2 puis, au moyen de l'équation (A) , (€) ^ = sir* i. ( n85) » Conséquemment, quand on aura calculé la racine positive de l'équa- tion (B), la formule (C) donnera le maximum [i de l'excentricité. » Le calcul de jr devient très-rapide si l'on remplace les logarithmes népériens par des logarithmes vulgaires : on obtient J= ','99678--> et, par suite, |x = 0,662742. . . . 1 physiologie, — Etude de l'œil sur le vivant; Note de M. Walleb. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie une description très- succincte d'un procédé qui permet d'observer sur l'œil de l'animal vivant les images des objets lumineux qui se forment sur le fond du globe ocu- laire, et d'examiner dans les vaisseaux de l'iris, du corps et des procès ciliaires et dans la choroïde, la circulation du sang sous le microscope. » Pour observer les images du fond de l'œil, je produis Y exophthalmose artificielle du globe de l'œil, ce qui se pratique aisément sur le lapin, le co- chon d'Inde et le surmulot, en écartant fortement les paupières. Sur l'œil luxé, en présentant obliquement devant lui un objet lumineux, on aperçoit aisément, à travers la sclérotique, son image renversée dont les mouvements en sens opposé correspondent à ceux de l'objet extérieur. On reproduit à volonté sur le même animal cette expérience, qu'il est facile de varier de différentes manières pour apprécier les effets de l'éloignement sur l'inten- sité lumineuse de l'objet. » En maintenant l'œil dans un état immobile, il est très-adapté pour toutes les expériences physico- physiologiques sur ces images. » Pour observer la circulation du sang sous le microscope dans les vais- seaux de l'œil, le surmulot convient beaucoup mieux que le lapin et le cochon-d'Inde, à cause de la grande transparence de la sclérotique et de la forte convexité de l'iris. Sur cet animal, j'ai pu employer jusqu'à des grossissements de 4°° diamètres pour observer l'état des vaisseaux. Les procès ciliaires qui se distinguent depuis leur origine près de Yoraserrata jusqu'à leur extrémité antérieure, et dont l'ensemble forme une enceinte circulaire autour de l'iris, la circulation du sang, si active dans les conduits vasculaires afférents et efférents de l'iris contenu dans cette enceinte, le jeu alternatif de la pupille, et les changements qui se produisent dans la forme des vaisseaux, constituent dans leur ensemble un des plus beaux objets de la microscopie; en même temps, l'importance scientifique et pratique de C. R., i85G , i«r Semestre. (T. XLII, N° 24.) I 55 ( .i86) l'étude de l'organe de la vue excusera peut-être l'empressement avec lequel j'ai envoyé cette courte Note à l'Académie. » A une époque très-prochaine je communiquerai dans un Mémoire plus détaillé les résultats que j'ai obtenus sur la circulation dans les canaux veineux et artériels dans l'iris depuis son bord pupillaire jusqu'à sa grande circonférence; sur l'état de ces vaisseaux suivant la constriction et la dila- tation de la pupille ; sur les canaux veineux et artériels du corps ciliaire et de la membrane choroïde. » physique. — Note sur la construction du baromètre et Vébullition du mercure dans le vide; par M. Taupesot. « Pour bien purger d'air un tube barométrique, il faut que le mercure soit maintenu en ébullition pendant quelques minutes sur toute la longueur du tube. Dans la méthode ordinaire, décrite aujourd'hui encore dans tous les traités de physique, on recommande avec raison de fractionner l'opéra- tion en trois parties. On fait bouillir un premier tiers, puis un second, et l'on remplit avec du mercure bouilli. L'opération est longue, et il y a un in- convénient à ne pas faire bouillir le dernier tiers comme les deux autres. La couche d'air, adhérente au verre, peut donner des bulles qui, après quelque temps, par suite des secousses imprimées à l'instrument, arrivent jusque dans la chambre barométrique. En outre, l'ébullition du premier et du se- cond tiers demande assez de précaution pour peu que le verre soit épais et d'un faible diamètre intérieur. La haute température à laquelle il faut porter le verre, les fortes oscillations de la colonne mercurielle qui passe sur des parties ou plus chaudes ou plus froides, déterminent souvent la rupture du tube. Les éprouvettes de machine pneumatique présentent surtout de gran- des difficultés sous ce rapport. » Tous ces inconvénients disparaissent, ou sont au moins grandement diminués, si l'on fait le vide sur le mercure pendant l'ébullition. Avec cette précaution, il n'est plus besoin de scinder l'opération en trois parties : on peut remplir entièrement le tube, et si l'on veut faire bouillir jusqu'à l'ori- fice même, ce qui est une bonne précaution et n'allonge que très-peu l'opé- ration, on prend un tube ayant 10 à i5 centimètres en plus de la longueur habituelle; on le façonne à la lampe si cela est nécessaire, par exemple si on le destine à une cuvette de Fortin, et l'on pratique un ou deux étran- glements dans la partie supplémentaire de 10 à i5 centimètres, qui doit être coupée plus tard. Cette précaution, qui n'est pas d'ailleurs indispensable, a pour but de gêner les oscillations du mercure quand on arrive à faire bouillir les portions supérieures. ( n»7) » Ayant rempli le tube jusqu'au premier étranglement, c'est-à-dire un peu au-dessus de l'endroit où il doit être coupé, on adapte à l'extrémité ouverte un tube de caoutchouc communiquant avec la machine pneumatique. Le tube plein de mercure étant d'ailleurs disposé, comme à l'ordinaire, sur une grille inclinée, on fait le vide et l'on chauffe la partie inférieure du tube. L'ébullition se produit promptement, presque sans oscillations ni soubresauts, et on la conduit de proche en proche avec une telle facilité, qu'en moins de vingt-cinq minutes l'opération est complètement terminée. » On gagne aussi à cette manière d'opérer d'être moins exposé à oxyder le mercure. Il est bon de prévoir qu'en cas de rupture du tube tout le mer- cure qui serait au-dessus de la rupture serait porté jusque sous les pistons de la machine. Quoique les chances d'accidents soient beaucoup moindres que dans la méthode ordinaire, puisque l'on n'a pas besoin d'une tempéra- ture aussi élevée, et que les soubresauts sont à, peine sensibles, il est bon cependant de prendre une précaution très-simple qui consiste à placer vers le milieu du tube de caoutchouc, supposé coupé en deux parties, un tube cylindrique de verre un peu gros et étiré aux deux bouts, comme, par exemple, une pipette maintenue verticalement. Le caoutchouc venant du tube barométrique est ajusté à la partie inférieure et celui de la machine pneumatique à la partie supérieure de cette pipette. Le mercure, s'il était refoulé, arriverait dans le tube, où il se logerait, et serait traversé par l'air, comme cela arrive dans les tubes ordinaires de sûreté. » La raréfaction de l'air au-dessus du mercure donnant réellement de grandes facilités pour la construction du baromètre, il devenait intéressant de déterminer à quelle température se produit alors l'ébullition : pour cela, , on a employé un appareil simple consistant en un long tube de verre, fermé d'un bout et assez effilé à l'autre, pour y pouvoir adapter un tube de caout- chouc. Ce tube de verre était assez large pour contenir deux thermomètres disposés en sens contraire, c'est-à-dire de manière que le réservoir de l'un reposait au fond, tandis que celui de l'autre était à l'opposé. Ayant versé un peu de mercure pour recouvrir le réservoir du premier thermomètre, on a fait le vide, puis produit l'ébullition du mercure jusqu'à ce que les thermo- mètres fussent devenus stationnaires. Correction faite de l'indication du premier thermomètre, il est résulté pour la température de l'ébullition du mercure sous la pression de 8 à io millimètres une différence de 90 degrés environ avec la température de l'ébullition à l'air libre. Ce résultat est assez conforme à ce qu'indiquait par avance la loi de Dalton, bien que cette loi ne soit pas exacte quand on s'écarte beaucoup des températures d'ébullition à l'air libre. » i55.. ( n88 ) MM. Guérijï et Eue Robert, en adressant un exemplaire d'un ou- vrage qu'Us ont publié en commun, sous le titre de « Guide de l'éleveur de vers à soie », appellent l'attention de l'Académie sur les efforts qu'ils n'ont cessé de faire depuis plusieurs années pour répandre parmi les petits édu- cateurs, c'est-à-dire parmi les hommes qui produisent les neuf dixièmes de la soie récoltée en France, les connaissances qui doivent rendre plus profitable pour eux ce genre d'industrie. « C'est dans ce but que nous avons publié un Manuel dont le prix fût accessible au moindre paysan ; et la même idée a présidé à la fixation du prix du thermomètre guide des magnaniers, qui deviendra ainsi, nous l'espé- rons, un instrument populaire. Ayant remarqué surtout que les gens des campagnes attachaient peu d'importance à un changement de température de deux ou trois degrés, parce que, dans les thermomètres ordinaires, chaque degré est à peine visible, nous avons imaginé d'en faire construire un, spécia- lement destiné aux petits éducateurs, et ne marquant que les températures qu'ils ont besoin de bien connaître pour conduire sûrement leurs vers à soie, ce qui a permis d'avoir des degrés de près d'un centimètre de longueur. Au moyen de ces grandes divisions, le magnanier verra toujours, même à dis- tance, s'il doit chauffer ou raffraîchir son atelier, et une instruction impri- mée, placée sur la tablette de son thermomètre, lui rappellera constamment ce qu'il a à faire pour bien conduire son éducation. Avec ce petit livre et ce thermomètre, tout agriculteur, dans quelque condition qu'il se trouve, pourra conduire une éducation de vers à soie, et la mener à bien, s'il suit les conseils qui lui sont donnés, et s'il imite ainsi la pratique simple et facile au moyen de laquelle nous faisons constamment réussir les éducations chez les agriculteurs que nous pouvons visiter. » M. Tricaud, qui avait soumis au jugement de l'Académie un Mémoire sur un moteur à air comprimé et dilaté par la vapeur, demande que la Com- mission qui a été chargée de l'examen de ce Mémoire veuille bien attendre, pour présenter son Rapport sur cette invention, des éclaircissements impor- tants qu'il lui fera très-prochainement parvenir. (Renvoi à la Commission nommée, Commission qui se compose de MM. Morin, Combes et Séguier.) M. Ritz adresse de Dûren, près d'Aix-la-Chapelle, une nouvelle Lettre relative à son Mémoire sur la direction des aérostats par le moyen de l'hélice. (Renvoi à l'examen de la Commission des aérostats, Commission qui se compose de MM. Poncelet, Piobert, Séguier.) ( n89) M. Leveau renouvelle une demande qu'il avait déjà adressée en annon- çant des expériences destinées, suivant lui, à jeter du jour sur les causes du choléra-morbus. Il avait exprimé le désir qu'à la Section de Médecine , Commission commune pour prendre connaissance de toutes les communi- cations relatives au prix Bréant, on adjoignît, pour juger ses expériences, un Membre de la Section de Physique. Il n'avait pas été donné suite à cette demande, l'Académie laissant à la Section le soin de demander l'adjonction d'un nouveau Membre si elle le jugeait utile. Toutefois, à l'occasion de la nouvelle demande, qui indique la nature des expériences projetées, M. Serres ayant déclaré que le concours d'un physicien lui paraîtrait en effet dési- rable, M. Babinet est invité à s'adjoindre à la Section de Médecine pour l'examen dés expériences de M. Leveau. M. Landois annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie une découverte relative aux causes de la coloration des corps, et à la nature du principe colorant. Si M. Landois adresse une exposition suffisamment détaillée des obser- vations qui l'ont conduit à la découverte annoncée, sa Note sera renvoyée, s'il y a lieu, à l'examen d'une Commission. M. du Margat demande quelles sont les formalités à suivre pour le dépôt d'un paquet cacheté. On fera savoir à l'auteur de la Lettre que la seule condition à remplir con- siste à apposer sa signature sur l'enveloppe du paquet cacheté, qu'il fera parvenir, de la manière qui lui semblera la plus sûre, au Secrétariat de l'Institut. M. Schrœder adresse une Lettre relative à ses précédentes communica- tions sur l'état intérieur du globe terrestre, et prie l'Académie de vouloir- bien lui faire savoir si ces communications ont été jugées de nature à être soumises à l'examen d'une Commission. (Benvoi à M. Liouville, qui a été consulté par l'Académie sur oette question.) Un réfugié polonais, dont la signature n'a pu être lue, présente des con- sidérations sur les corps célestes , et sur les changements auxquels on peut les supposer soumis dans la suite des temps. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. ( i>9° ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 9 juin i856, les ouvrages dont voici les titres : Nouvelles études chimiques, physiologiques et médicales sur les albumi- noïdes, qui entrent comme principes immédiats dans la composition des solides et des fluides organiques, tant animaux que végétaux; par M. P.-S. Denis (de Commercy). Paris, i856;in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Claude Bernard et destiné au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Essai sur l'emploi médical et hygiénique des bains; par M. £. OssiAN Henry. Paris, i855; in-4°. Note sur la composition de certains dépôts qu'abandonnent les eaux minérales de Luxeuil ; par le même. Paris, i856; br. in-8°. Monographie de la famille des Batistides; par M. Hollard (suite et fin); br. in-8°. Notice biographique sur Edouard Adam; par M. J. Girardin ; ie édition. Rouen, i856; br. in-8°. Discours prononcé aux obsèques de M. Amussat, le 1 6 mai 1 856 ; par M. le ba- ron H. Larrey, au nom de l'Académie impériale de Médecine. Paris, i856; br. in-8°. Nouveau Manuel simplifié de photographie sur plaque, verre et papier, albu- mine et collodion, suivi d'un petit Traité sur les instruments d'optique appliqués à la photographie ; par M. Ed. DE Latreille ; nouvelle édition. Paris, i856; in-180. Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne. Séance publique tenue à Châlons, le i^aoûl i855. Travaux divers de i855. Rapport sur les travaux du congrès des délégués des Sociétés savantes de France (session de i856). Année i855. Châlons, 1 856 ; in-8°. Rapport sur les travaux du Conseil central d' hygiène publique et de salubrité du département de la Loire-Inf érieure , pendant i année i854- Nantes, i855; br. in-8°. Société d 'Agriculture , Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers. Séance pu- blique du 14 mai i856. Poitiers, i856; br. in-8°. Flora balava; 179e livraison. Academia Lugduno-Batava . Annales academ ici. Année i85i-i85a; in-4°. Almanaque... Almanach nautique pour 1857, calculé par ordre de S. M. à l'observatoire de la marine de la ville de San Fernando. Cadix, 1 856 ; in-8°. ( nQi ) Nuovo... Nouveau remède antiscorbutique; par M. Grimelli. Modène, i856; br. in-8°. Lettere... Lettres sur un moyen prophylactique contre le choléra; par le même; br. in-8°. Calore. . . Chaleur et froid appliqués à la guérison du choléra ; par le même ; br. in-8°. Il mal di mare. .. Le mal de mer; par le même ; br. in-8°. Abhandlungen... Mémoires de la Société Royale des Sciences de Gôltingue; t. VI, i853-i855; in-4°. Uber die. . . Sur les changements déformes produits par les mouvements mo- léculaires dans les corps inorganiques ; par M. J.-F.-L. Hausmann. Gôttingue, i856;in-4°. Ùber die... Sur la duplicité anormale des organes de l'axe; par M. B. Schultze. Berlin, i855; br. in-8°. Ùber die... Sur la genèse des monstres doubles; par le même. Berlin, i856;br. in-8°. L'Académie a reçu, dans la séance du 16 juin i856, les ouvrages dont voici les titres : Les Fontaines publiques de la ville de Dijon. Exposition et application des prin- cipes à suivre et des formules à employer dans les questions de distribution d'eau; ouvrage terminé par un appendice relatif aux fournitures d'eau de plusieurs villes, au filtrage des eaux et à la fabrication des tuyaux de fonte, de plomb- de tôle et de bitume; par M. Henry Darcy. Paris, j856; i vol. in-4°, avec Atlas in-fol. oblong. Exposé des applications de l' électricité ; par M. le vicomte Th. Du Moncel ; t. Ier : Notions technologiques ; ae édition. Paris, i856; in-8°. Mémoire sur la maladie de la vigne; par M. Mares. Paris, 1 856 ; broch. in-8°. Du progrès en thérapeutique par V homœopathie ; deuxième Lettre adressée en réponse au Dr Perry ; par le Dr Audouit. Paris, 1 856 ; br. iu-8°. Moyens de libérer les céréales et la pomme de terre de l'impôt en nature pré- levé sur elles par l'industrie; par MM. Thirierge et Dr REMlLLY(de Versailles) ; br. in-8°. -S-C-H m a <9 o o er er — — m m THERM. extcr. fixe et corrlg. b3 'C O eo -£v vj eo o O O 00 Cl "O 00 — -^ !. z LO — - to - LO ■.- COvl vj 00 vj o O W OJ Ui O) W O) U U UvJ en vj Ul - M (O U oo o os u o 3 er 3 3 O O er er 3 2. 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S C r «g s. O c? fil I N a 0 ■/. en M C? b » en cn Cft p 05 C S3 pa • çys W E! s* ■ r* r* r* COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 23 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE M. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. physiologie végétale. — Note sur la composition immédiate de l'épiderme et de la cuticule épidermique des végétaux ; par M. Payew « Parmi plusieurs lois générales de la composition chimique des tissus des plantes et de la distribution des matières minérales dans des organismes spéciaux, j'avais indiqué la présence constante et les proportions notables de matière azotée et de silice dans l'épiderme et dans la cuticule épider- mique des racines, tiges, feuilles, poils, et généralement dans toutes les parties superficielles et jusqu'à une certaine profondeur de l'intérieur des stomates (i). » En signalant œs faits à l'attention des physiologistes, je faisais remar- quer que la forte cohésion des pellicules ou tissus superficiels contribuait, avec la silice et la matière azotée, dont la cellulose se montrait injectée dans ces parties, à faire résister la cuticule et l'épiderme à certaines réactions chimiques capables de désagréger toutes les parties des tissus sous-jacents ; (i) Voyez tome IX des Mémoires présentés à l'Académie des Sciences par divers savants, pages n4 à 123, et tome XX des Mémoires de l'Institut de France, pages 5n-5i2, et tome XXII, page 527 et PI. I, fig. io et 1 1. C. R., i856,i« Semestre. (T. XLII,N°23.) I 56 ( "94 ) qu'il était facile de mettre à profit ces différences dans les effets des réactifs pour discerner plus nettement qu'on n'avait encore pu jusqu'alors le faire, sous le microscope, les limites entre les parties épidermiques douées de ces caractères et les cellules sous-jacentes qui ne les possédaient pas. J'avais montré enfin que l'application successive de l'iode en solution et de l'acide sulfurique isolait la cuticule ou l'épidémie résistants et colorés en jaune, des tissus internes désagrégés, et souvent bleuis par la réaction qui caractérise la cellulose pure ou faiblement injectée, en la transformant par degrés en matière amylacée, dextrine et glucose. » Ces faits et les moyens mis en usage pour les observer ont été constatés et étendus par plusieurs savants physiologistes, notamment MM. Brongniart, de Mirbel, Hugo, Mohl, Trécul, etc. » De mon côté, je me suis occupé en maintes occasions de vérifier et de compléter les premiers résultats que j'avais obtenus en étudiant les lois générales de la composition des végétaux, et je me propose de commu- niquer à l'Académie les faits nouveaux que j'ai observés dans cette direc- tion. » En ce qui touche la constitution chimique de la cuticule et de l 'épi- derme, j'ai reconnu que toujours la première, ainsi que les cellules épider- miques caractérisées par la coloration jaune et la résistance à l'action com- binée de l'iode et de l'acide sulfurique,'renferment à l'état normal, outre la cellulose, la silice et la matière azotée, des sels calcaires et alcalins, plus une matière grasse qui augmente sa résistance aux agents extérieurs (i). » Les mêmes caractères se remarquent dans la cellulose superficielle de tous les organismes extérieurs des plantes; je les ai observés dans la pel- licule externe des fruits vésiculeux du Colutea arborescens et de divers (i) On sait que M. Chevreul a découvert dans le liège (voyez Annales de Chimie, tome XCV-XCVI, page i4')> couche subéreuse sous l'épiderme du Quercus suber, une résine et plusieurs matières grasses, et dans les feuillets péridermiques sous l'épiderme du bouleau, une substance résinoïde, labétuline, qui joue un rôle important relativement à la production, à une certaine température, de la matière aromatique propre au cuir de Russie, ainsi que l'a démontré notre confrère (l'impératrice Joséphine avait pour cette odeur aroma- tique développée dans le produit de labétuline torréfiée une prédilection toute particulière). Les feuilles de diverses plantes et les tiges des Cactées offrent en général, sous la cuticule superficielle, des cellules épidermiques formées de cellulose peu injectée, qui se désagrège et bleuit dans ces circonstances, laissant apparaître les saillies anguleuses de la cuticule entre les joints des cellules qu'elles recouvrent et montrant la pénétration de la cuticule dans les stomates. ( "95) autres fruits, dans la cuticule des poils et des glandes, dont la membrane enveloppante se compose ordinairement de deux parties : l'une externe, résistante, et l'autre interne, douée d'une cohésion moins forte, susceptible de se désagréger en se gonflant et prenant une coloration bleue ou verdâtre, lorsque l'acide sulfurique assez concentré pénètre après l'iode jusqu'à elle(i). » J'ai retrouvé encore ces caractères dans les membranes externes des cel- lules que l'enlèvement de la cuticule ou de l'épiderme avait exposées à l'air et qui, sous l'influence de la végétation, s'étaient injectées de matières miné- rales de substances grasses et azotées. » Des caractères distinctifs semblables se sont nettement prononcés sur la cuticule des excroissances coniques développées par suite de la piqûre d'un insecte à la surface des feuilles de tilleul; je les ai retrouvés encore sur les poils implantés à l'extérieur de ces excroissances. »> J'ai repris à cette occasion avec MM. Vilain et Thiboumery l'analyse quantitative de la cuticule épidermique d'une tige de Cactus peruvianus, et de l'épiderme de la pomme de terre dite patraque jaune. Nous avons trouvé les nombres suivants pour ioo parties à l'état sec : Azote ou mat. azotée. M. grasse. Silice. Sels. 2,01 l3 9,0g 2,66 6,67 i,3g 9,o35 3,4o (2) 1 ,i35 10,40 (3) Cuticule du Cactus Epidémie de la pomme de terre. » La proportion de cellulose, déduite par différence et calculée égale- ment sur 100 parties, serait représentée par 68,58 pour la cuticule du Cactus, et par 76,03 relativement à l'épiderme de la pomme de terre. » Ces nouvelles observations confirment, tout en les complétant, mes premières recherches sur la composition immédiate de l'épiderme et de la cu- ticule épidermique des végétaux ; elles étendent la loi générale de cette com- position aux parties superficielles de productions anormales accidentellement développées sur les feuilles. » (1) La couleur verte résulte du mélange de matières azotées jaunies par l'iode avec la cel- lulose plus abondante bleuie par les mêmes réactifs. (2) La matière grasse de cet épiderme était colorée en jaune. (3) La quantité trop faible de matière n'a pas permis de doser les sels calcaires et alcalins, parmi lesquels on a reconnu la présence des phosphates. i56. ( "96) chimie industrielle. — Note sur les huiles employées à la fabrication du rouge turc; par M. J. Pelopze. « Les huiles fixes ne sont pas toutes également propres à la prépara- tion des teintures connues sous le nom de rouge turc ou de rouge d' An- drinople. » Celles employées généralement à cet usage sont des huiles d'olive pro- venant, pour la plus grande partie, des États du Levant, de l'Italie ou du midi de la France. On les distingue des autres corps gras par la dénomina- tion à' huiles tournantes, qui rappelle la propriété qu'elles présentent, étant mêlées à une faible dissolution alcaline, de produire une émulsion lac- tescente. Une huile de cette nature est d'autant plus estimée que cette émul- sion est plus parfaite, et que sa partie grasse met plus de temps à se séparer du liquide aqueux. Pour distinguer une huile tournante d'une huile ordi- naire ou flambante, il suffit d'en laisser tomber une ou deux gouttes dans un verre à expérience en partie rempli d'une dissolution de soude causti- que marquant i {àa degrés : la première devient opaque, la seconde reste transparente. C'est le procédé que suivent ordinairement les industriels qui vendent ou qui achètent les huiles tournantes, et ils jugent, d'après le plus ou moins d'opacité des gouttes oléagineuses, si la propriété qu'ils recher- chent est plus ou moins développée dans l'échantillon d'huile soumise à l'essai. » Les huiles propres à la fabrication du rouge turc étant d'un prix très- élevé, on a cherché à les remplacer par des huiles de qualités inférieures et d'une valeur vénale moindre, en mêlant celles-ci au jaune d'œuf, en les traitant par l'acide nitrique, etc., etc.; mais il ne paraît pas que ces essais aient été suivis de succès, car l'industrie des toiles peintes en rouge d'An- drinople consomme encore aujourd'hui des quantités énormes d'huiles d'olive naturellement tournantes. » Lorsque j'ai eu l'honneur, en mars 1 855, de présenter à l'Académie un travail dans lequel j'ai fait voir qu'il suffit d'abandonner à elles-mêmes les graines broyées, pour que les corps gras neutres qu'elles renferment se changent en acides, j'ai annoncé une prochaine application de ces huiles partiellement acidifiées à la fabrication du rouge turc. Je savais déjà que les huiles tournantes du commerce n'étaient autre chose que des mélanges d'un corps gras neutre avec un corps gras acide; mais je voulais que la question industrielle fût jugée industriellement, c'est-à-dire en fabrique. ( "97 ) Aujourd'hui que j'ai reçu les renseignements qui me manquaient, je m'em- presse de communiquer à l'Académie mes expériences, dont je n'avais retardé la publication que pour les rendre complètes au point de vue de leur application à l'art de la teinture. » Je me suis procuré des huiles d'olive tournantes provenant de divers pays; je les ai traitées par l'alcool, et je me suis assuré que toutes lui cèdent une quantité notable d'acides oléique et margarique. La proportion de ces acides varie" de 5 à 1 5 pour ioo. On retire également ces acides des mêmes huiles en faisant chauffer celles-ci pendant quelques minutes avec un alcali. » L'huile d'olive ordinaire, celle qui sert aux usages de la table, ne contient pas d'acide gras, ou n'en contient que des quantités insignifiantes; il est facile de s'en assurer en les traitant comme il vient d'être dit pour l'huile tournante. » Les faits que j'ai fait connaître sur la saponification spontanée des corps gras permettent d'expliquer facilement la composition différente des deux huiles d'olive dont je viens de, parler. Les huiles pures s'obtiennent par la division et la compression immédiate des olives arrivées à leur point de maturité. v Le remaniement des tourteaux et autres résidus, la fermentation des olives en tas, ou toute manipulation qui aura pour effet de multiplier les points de contact de l'huile avec les matières qui l'accompagnent, et de prolonger ce contact, déterminera l'acidification de l'huile, et celle-ci de- viendra tournante. » Indépendamment des huiles tournantes naturelles, on trouve depuis quelques années, dans le commerce, des huiles de diverses espèces égale- ment propres à la fabrication du rouge turc. Ces dernières sortent de la maison de MM. Boniface frères, de Rouen, la seule en France qui sache pré- parer artificiellement des huiles tournantes. Ces négociants n'.ont pas fait connaître les procédés à l'aide desquels ils arrivent à ce résultat important. » J'ai constaté dans les huiles provenant de l'usine de MM. Boniface des proportions très-notables d'acide oléique et margarique. Il est résulté pour moi, de ces diverses expériences, la conviction que la seule différence entre les deux catégories d'huiles commerciales, considérées au point de vue de l'art de la teinture, tient à ce que, celles dites tournantes sont mêlées à des acides gras, tandis que les autres en sont exemptes. » M. Chevreul a fait, il y a plus de vingt ans, une observation qui cadre parfaitement avec cette manière de voir. Il a extrait du coton teint en rouge ( "98 ) d'Andrinople deux matières huileuses, l'une neutre au tournesol, l'autre qui le rougit et qui est formée d'acides oléique et margarique, c'est-à-dire des mêmes acides dont je viens de signaler la présence dans les huiles employées à la fabrication du rouge turc. » Si l'huile d'olive tournante est presque exclusivement employée à la préparation du rouge d'Andrinople , cela tient surtout à ce que les olives se prêtent mieux que les graines oléagineuses à la réaction qui donne nais- sance aux acides gras ; mais aujourd'hui que le rôle de cette huile est bien connu , il sera facile de la remplacer avec économie par des huiles à bas prix , telles que celles d'ceillette , de sésame, de colza, de palme, etc. Il suffira de broyer les graines ou les amandes qui les contiennent et de les abandonner un certain temps à elles-mêmes avant d'en extraire l'huile. Un second moyen, plus simple encore, consiste à ajouter directement aux huiles ordinaires quelques centièmes de leur poids d'acide oléique et margarique provenant des fabriques de bougies stéariques. » Je recommande ce dernier moyen aux fabricants de rouge turc , il a réussi entre les mains de M. Steiner, qui en a fait faire l'essai dans sa fa- brique de toiles peintes de Manchester. Personne en Europe ne fabrique au- tant de rouge turc que cet habile industriel, et personne n'était mieux placé que lui pour juger du mérite de l'application que je propose à l'art de la teinture en rouge. » Je joins aussi à ma Note une Lettre de MM. Henry et fils, fabricants de rouge turc à Bar-le-Duc, dans laquelle les personnes que cette industrie intéresse trouveront d'utiles renseignements sur la substitution des huiles acidifiées artificiellement aux huiles tournantes naturelles. « Les applications que je viens d'indiquer n'auront pas seulement un ré- sultat économique au point de vue de la fabrication des toiles peintes en rouge, elles permettront encore de remplacer par des huiles indigènes des huiles dont la plus grande partie nous vient de l'étranger. » J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des échantillons de tissus de coton teint en rouge turc. La couleur a été appliquée sur les uns avec de l'huile d'olive tournante, sur les autres avec des mélanges d'huiles neutres et d'acide oléique. » Des juges plus compétents que moi, des fabricants de tissus très-habiles, ont déclaré qu'ils ne trouvaient pas de différences sensibles entre ces divers échantillons. » Je joins à ces tissus un échantillon de coton filé, préparé à Bar-sur- ( \m } Seine avec de l'huile de colza mêlée d'acide oléique, qui a été également reconnu d'une bonne nuance et d'une bonne qualité commerciale. » En résumé, il résulte de mes recherches : » i°. Que les huiles propres à la fabrication du rouge turc, et qu'on connaît sous la dénomination commerciale d'huiles tournantes, sont des mélanges d'huiles neutres et d'acides gras ; » 2°. Qu'on peut obtenir des huiles semblables et également propres à la fabrication du rouge turc, soit par l'acidification spontanée des huiles en présence des seules matières qui les accompagnent dans les graines, soit par le mélange direct des huiles neutres du commerce et des acides gras , particulièrement de l'acide oléique provenant des fabriques de bougies stéariques. » Il est extrêmement probable que le traitement de certaines huiles et plus particulièrement de celle de colza, par quelques centièmes de leur poids d'acide sulfurique, donnerait naissance à des mélanges d'huiles neu- tres et d'acides gras qui, bien lavés, seraient propres à la fabrication du rouge turc. » Lettre de MM. Henry et fils à M. Pelouze, sur le rouge turc. « Savonnières devant Bar-le-Duc, 12 juin i856. » Nous sommes heureux de vous faire connaître les résultats satisfaisants que nous venons d'obtenir en suivant les indications que vous nous avez données pour faire tourner différentes sortes d'huiles, c'est-à-dire pour leur donner la propriété des huiles d'olive dites tournantes servant à la teinture du rouge d'Andrinople, par l'addition d'une certaine quantité d'acide oléique. » La proportion de l'acide oléique varie suivant les huiles ; nous avons fait tourner avec une addition de 5 parties de ce dernier produit pour ioo d'huile. I)ans d'autres circonstances, cette proportion a dû aller jusqu'à io ou i5 pour ioo, et quelquefois une addition de 2 pour ioo a suffi pour rendre tournante*l'huile expérimentée. L'expérience seule peut indiquer la proportion ; car une trop grande quantité d'acide oléique empêche l'huile de bien tourner. Nous avons remarqué aussi qu'il fallait employer des huiles ayant subi déjà .un certain degré d'épuration, et que des huiles brutes ainsi préparées se coupaient moins bien avec la lessive de soude. » Nous vous adressons un échantillon de fil de coton teint en rouge d'An- drinople au moyen d'huile ainsi préparée ; l'essai fait en petit sur io kilo- ( 1200 ) grammes de cotons filés a donné une bonne nuance moyenne et courante, et proportionnée au poids de garance employé; pour cette petite partie, nous avons employé 3 kilogrammes d'huile de colza épurée et 60 grammes d'acide oléique, c'est-à-dire seulement 2 pour 100. Nous sommes convaincus que nous pourrons aussi bien réussir en grand. » travaux publics. — Note touchant l'action saline de Veau de mer sur les composés hydrauliques en général; par M. Vicat. « Dans l'ouvrage que je viens de publier à ce sujet, j'ai été conduit par des expériences suivies avec constance pendant treize ans à distinguer trois classes de composés hydrauliques par rapport à l'action saline (page 81), savoir : » i°. Ceux qui résistent par l'effet d'un changement de constitution chi- mique intégral ou limité en profondeur, que la mer y opère spontanément, et qui n'ont par conséquent besoin d'aucun enduit préservateur; » 20. Ceux qui ne subsistent et ne peuvent subsister que sous la protec- tion de ces mêmes enduits ; » 3°. Ceux enfin sur lesquels ces enduits ne peuvent se maintenir et qui périssent par l'effet même des transformations chimiques que la mer tend à y introduire. » Les premiers, ai-je dit, peuvent être reconnus et appréciés par certaines expériences de laboratoire, à l'aide desquelles on exerce sur eux une action purement saline, c'est-à-dire indépendante des éléments conservateurs que renferme la mer libre; on peut donc, quand ils résistent à cette épreuve, conclure à jortiori qu'ils résisteront en mer libre, puisqu'ils y trouvent des auxiliaires qui viendront ajouter à leur valeur intrinsèque. » Quant aux composés de la deuxième et de la troisième catégorie, ai-je dit encore (page 81), les essais de laboratoire ne peuvent que les classer par ordre de stabilité, attendu que l'eau de mer naturelle ou artificielle que l'on y emploie ne possède plus cette espèce de vitalité qui produit les végétations sous-marines et les sécrétions d'origine animale dont eile enveloppe les corps immergés. Donc, pour ces derniers, il n'y a que la mer, dans toute la liberté de ses courants et de son agitation et avec tous ses éléments hété- rogènes, constants ou accidentels, qui puisse répondre aux questions de stabilité ou de non-stabilité. » Dans cette longue série d'expériences, j'ai passé en revue : i° toutes les pouzzolanes volcaniques de Rome, de Naples et de France; i° toutes les ( 1201 ) pouzzolanes artificielles que fournissent les argiles, depuis les terres à briques jusqu'aux argiles exemptes de fer et de carbonate de chaux, c'est-à-dire aux argiles blanches réfractaires ; 3° tous les ciments actuellement dans le com- merce ; 4° et enfin toutes les variétés possibles de chaux hydrauliques ; et dans cette grande diversité de matériaux élémentaires des composés hy- drauliques, je n'ai trouvé d'absolument capables de résister à l'action des- tructive de la mer, et sans exception, que les silicates doubles d'alumine et de chaux fournis par la combinaison de 1 5 à 20 parties de chaux caustique avec 100 parties de ces pouzzolanes artificielles peu cuites, fournies par les argiles blanches, et par exception par quelques argiles ocreuses d'une ori- gine géologique particulière, et de plus quelques ciments. » Je ne puis donc en conscience laisser passer cette assertion de MM. Ri- vot et Chatoney, que je trouve dans le Mémoire qu'ils ont présenté à l'Aca- démie (Compte rendu de la séance du 9 juin courant, page 1122), savoir « que les pouzzolanes artificielles peuvent très-rarement donner des résul- tats favorables. » • » Aucune de celles qui m'ont été fournies par les nombreuses variétés d'argiles pures que j'ai essayées n'a fait exception à la règle; et je conserve en eau de mer, dans les circonstances où sa puissance destructive a le plus d'intensité, et depuis plus de dix ans, des silicates composés comme je l'ai dit tout à l'heure, parfaitement intacts dans leur cohésion physique, et cela par l'effet de cette substitution de principes dont je parle (pages 81, 82 et 89), et qui, sans nuire en rien à leur stabilité, en élimine presque toute la chaux attaquable qu'elle remplace par la magnésie et l'acide carbonique. En voici deux exemples pris entre plusieurs autres : Composition initiale des silicates Composition définitive des silicates avant leur immersion. après transformation complète. S Chaux 1 3 , 90 \ I Chaux combinée avec Silice 55,65/ R l la pouzzolane. .. . 2,231 | Alumine et traces de |9J>9 ^0 ,_ /Carbonate de chaux. 3,87)99,32 fer 3o,43/ I Magnésie 7>42' \ Pouzzolane 85 ,80 ; Chaux 1 3 , o^ \ / Chaux combinée avec Silice 42>64j 1 la pouzzolane. .. . 2,43 J Alumine et traces de N° 2. 1 Carbonate de chaux. 2,61 \ 99,97 fer 28,3ir99'99 Klagnésie 6,37! Magnésie 2,00 1 ( Pouzzolane 88,56 J Sable de l'argile 14,00/ » On a fait abstraction de l'eau dans ces analyses. C. R., i856, ier Semestre. (T. XLII,N°2S.) 1^7 ?ï°2 ( iaoa ) » C'est sur cette remarquable propriété des silicates composés avec les pouzzolanes d'argiles blanches très-peu cuites que je fonde la solution gé- nérale du problème de résistance des composés hydrauliques à l'eau de mer (i), solution dont l'importance ne serait contestée par personne. » On trouvera d'ailleurs, page 90 de l'ouvrage récemment adressé par nous à l'Académie, lequel ouvrage est aussi entre les mains de queiques-uns de ses honorables Membres, mon opinion sur l'emploi d'autres composés hydrauliques attaquables dans le laboratoire, et que néanmoins la mer libre peut respecter par des moyens dont elle est dépourvue quand on l'enferme dans les cuves ou baquets. » Je n'insisterai pas sur le procédé proposé (page 1 120 des Comptes ren- dus) par MM. Chatoney et Rivot pour obtenir d'excellentes chaux hydrau- liques; ce moyen n'est évidemment pas pratique et ne le sera jamais, à moins qu'on ne trouve tout formé dans la nature du quartz porphyrisé et en quan- tité convenable. » Je dois vivement regretter que les nombreuses occupations de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale ne lui aient pas encore permis de s'occuper du Mémoire que je lui ai transmis en 1 854, touchant cette épineuse question de l'action saline sur les constructions sous-marines, Mémoire dont la quatrième partie de ma récente publication n'est qu'un extrait très-suc- cinct ; je pense que si la Commission désignée pour l'examen du travail de MM. Chatoney et Rivot le désirait, la Société d'Encouragement ne refuserait pas de lui communiquer momentanément les recherches qui dans leur en- semble complet jettent une vive lumière sur toutes les phases du problème en s' appuyant sur des exemples empruntés aux travaux antiques et modernes exécutés en mer libre, tant sur l'Océan que sur la Méditerranée. » astronomie. — Eléments elliptiques de la l\ie petite planète; Lettre de M. Valz. « Marseille, le 19 juin i856. » D'après une observation du 6 juin de la 4«e petite planète, j'ai pu en calculer les éléments elliptiques suivants; mais comme les observations, difficiles à faire, ne sauraient avoir une assez grande rigueur, et que les intervalles de temps ne sont pas non plus assez considérables, ces éléments (i) Ces argiles sont, en effet, très-répandues; on en compte en France de nombreux gise- ments; io à 12 centièmes de sable quartzeux n'en altèrent pas sensiblement les qualités. ( i ao3 ) îe peuvent avoir loute l'exactitude désirable, et ne pourront être de quel- pie utilité qu'à défaut d'autres établis sur de plus grands intervalles de emps, ce qui est bien à craindre. Epoque 3i ,429 mai i856 T. M. de Marseille. 0 o ' " Anomalie moyenne 343.38. 9 Longitude du périhélie 247 . 7 • 4a Nœud ascendant 180.37.12 Inclinaison 1 3 . 3g. 5i Angle de l'excentricité 1 o . 1 3 . 48 Demi grand axe 2 . 3905 Mouvement moyen diurne 966" ,g6 M. le Secrétaire perpétuel annonce que M. DemidoffdL demandé à être porté, comme Correspondant de l'Académie, sur la liste de l'Institut, dans la souscription pour les inondés. M. Jaimez, correspondant de M. Demi- doff, fait savoir qu'une somme de 2000 francs lui a été remise pour cette destination. r NOJMEXATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission appelée à décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) pour l'année i856. MM. Liouville, Laugier, Mathieu, Delaunay et Le Verrier obtiennent la majorité des suffrages. L'Académie procède, également par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission appelée à juger les pièces adressées au concours pour le prix de Physiologie expérimentale (fondation Montyon). MM. Cl. Bernard, Flourens, Rayer, Serres, Milne Edwards, obtiennent la majorité des suffrages. L'Académie avait nommé, dans sa précédente séance, la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. Dans cette Commission, qui se compose de neuf Membres, le premier des noms, celui de M. Serres, a été omis à l'impression. La liste complète doit donc être lue ainsi qu'il suit : Commissaires, MM. Serres, Rayer, Velpeau, Andral, J. Cloquet, Cl. Ber- nard, Jobert de Lamballe, Duméril et Flourens. 157.. ( I204 ) MÉMOIRES LUS. physique du globe. — Note sur la grande inondation de la Loire; par M. Rozet. (Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont, de Gasparin, M. le Maréchal Vaillant.) « Persuadé que les désastres dont la vallée de la Loire vient d'être le théâtre, m'offriraient de nombreux faits à l'appui du Mémoire que j'ai lu le 26 mai dernier à l'Académie des Sciences, « Sur les moyens d'arrêter les dé- vastations des torrents dans les montagnes, et de prévenir les grandes inon- dations des fleuves et des rivières, » je suis allé visiter une partie de cette malheureuse contrée, la plus horriblement dévastée de toutes celles qui viennent de l'être par les débordements de nos grands cours d'eau. » Ce n'est qu'au-dessous de Blois que j'ai commencé .mes études. Immé- diatement en aval de cette ville, les eaux, qui avaient débordé, çà et là, sur la digue de la rive droite, sans la rompre, s'étaient précipitées de l'autre côté, en lames minces, et avaient inondé le terrain plat situé au-dessous, sans renverser un seul mur, bien qu'elles se fussent élevées à 4 mètres de hauteur, jusqu'aux toits des maisons. Dans les jardins et les vergers en- clos de haies, les arbres paraissaient tous morts, bien qu'ils n'aient pas été déracinés. Le sol de ces enclos était recouvert d'une couche de limon, plus épaisse que celle qui couvrait les champs contigus. Ce fait est le résultat de l'amortissement du courant par les haies. Nulle part je n'ai remarqué de dépôts de graviers : l'eau n'avait pas eu la force de les monter par-dessus la digue. » La première brèche que j'ai rencontrée est celle d'Onzain, moitié che- min entre Blois et Amboise. Elle s'est ouverte en face la station du chemin de fer. Il en est sorti un énorme cône de déjection formé de pierres, de gra- viers et de sables, qui s'étend jusqu'au delà des bâtiments de la station. A l'ouest de ce cône, un petit bois taillis, dont les plants n'ont pas 3 mètres de haut, a suffi pour arrêter les graviers ; ceux-ci ne l'ont pas envahi sur une largeur de plus de 10 mètres. Mais le cône de déjection, en suivant deux lisières perpendiculaires, s'est étendu fort loin à l'ouest et au nord. Dans le bois, au delà des graviers, il s'est formé un dépôt limoneux ayant plus de om, 1 d'épaisseur. Près du chemin de fer, à l'est des graviers, une vigne les a en- ( 1205 ) core arrêtés, et ses ceps l'ont fait recouvrir d'une couche de limon presque aussi puissante que celle du bois. Les graviers et les sables sont venus se dé- poser contre les haies du chemin de fer, qui n'ont pas 1 mètre de hauteur, en formant une longue bande dans le sens du courant. Les dépressions qui séparaient les sillons des champs, perpendiculaires à ce même courant, ont été comblées par des dépôts de limon et de sable, tandis que celles qui se trouvaient dans sa direction ont été creusées. Les colzas, les blés eux- mêmes, ont été recouverts d'un dépôt de limon, déterminé par la faible ré- sistance de leurs tiges. » A Amboise, une immense brèche s'est ouverte, encore en face de la station ; le flot qui l'a traversée à emporté vingt maisons qui avoisinaient la gare, fait crouler plusieurs bâtiments de celle-ci, détruit la voie ferrée en l'affouillant sur une grande longueur et en se creusant un lit profond, que l'on ne pourra peut-être jamais dessécher. Ici le lit de déjection est im- mense, il se compose de pierres, de débris de murailles, de graviers et de sables, sur une longueur de plus de 4oo mètres. A côté de ce cône, se trou- vent des vignes et des jardins bordés de haies, recouverts d'un dépôt limo- neux, et dans l'intérieur desquels des maisons sont restées debout. » Près le viaduc de Mont-Louis, une vaste brèche s'est ouverte sur la rive gauche du fleuve, et, au-dessous, les cultures sont enfouies sous une masse de pierres, de graviers et de sables. » A Saint-Pierre-des-Corps, à l'embouchure du canal qui joint la Loire et le Cher, l'eau, passant sous le pont, se précipite dans le canal, en affouillant les culées, et pratique une large brèche dans la digue de la Loire. Le flot, ar- rêté par la première écluse qui était fermée, s'élève rapidement entre les deux digues qui contiennent le canal. Une masse de travailleurs était alors occu- pée à consolider celle de l'occident, dont la destruction eût inévitablement entraîné celle de Tours. Malgré tous les efforts, cette digue croulait, quand avec un fracas épouvantable celle de l'est céda, en donnant passage à une montagne d'eau, qui se précipite sur le village et emporte dix maisons. Le courant, amorti par les haies des jardins, inonda les autres jusqu'aux toits sans les renverser. Suivant alors la levée, l'eau s'étendit dans la plaine jus- qu'aux remblais du chemin de fer d'Orléans ; mais venant à rencontrer celle du Cher, qui avait passé par la brèche de Roche-Pinard, il s'ensuivit un exhaussement considérable : les deux ondes réunies tombent dans le canal, le comblent et crèvent en deux endroits la levée de l'occident. Tout est rasé en face des brèches, d'où partent maintenant deux cônes de déjection. ( I20Ô ) Ici encore de simples haies, de 2 mètres de haut, ont préservé des mai- sons et déterminé de puissants dépôts de limon dans les enclos qu'elles limitent. La Loire et le Cher réunis couvrent la Varenne jusqu'à la levée de Grand-Mont, route de Bordeaux ; la belle gare de Tours est inondée jusqu'à 3 mètres de hauteur, et l'eau pénètre dans la ville par plusieurs issues. Quand un mur s'oppose à son passage, elle s'élève contre, le ren- verse et anéantit la maison qui est derrière; c'est ainsi que plusieurs mai- sons du faubourg Saint-Etienne ont été emportées : deux ont été tellement affouillées, qu'il existe à la place de profondes excavations remplies d'une eau noire et puante. » La levée de Grand-Mont résistant à la fureur du flot, il la suit et va se précipiter sous l'arcade du chemin de fer de Nantes. En affouillant les culées, il renverse le pont et s'ouvre un passage de 80 mètres de large. Toute la plaine de Saint-Sauveur et le faubourg Saint-Eloys sont aussitôt dévastés, le chemin de fer est détruit sur plus de 3oo mètres, toutes les constructions qui existaient devant la brèche sont emportées, et leurs débris gisent maintenant dans le cône de déjection qui en est sorti. A 100 mètres au-dessous, une petite pépinière entourée d'une haie qui n'a pas im,5o de haut, a détourné les graviers du cône, qui se sont jetés à droite en décrivant une courbe ; il s'est formé dans son intérieur un puis- sant dépôt de limon, et une cabane en bois, qui s'y trouve encore, a été pré- servée. Au-dessous, les haies des jardins ont encore sauvé des maisons, bien qu'elles aient été inondées jusqu'aux toits : elles ont empêché les affouil- lements. » Sur la levée de la route de Chinon, entre le pont Saint-Sauveur et le hameau de Pont-Cher, des peupliers qiii ont om,4 à om,5 de diamètre, plantés sur le bord oriental de cette levée, l'ont tellement préservé, en déterminant des remous, que l'herbe n'a pas même été enlevée. Du côté opposé, l'eau se précipitant d'une hauteur de t\ mètres, la levée a été fortement excavée et les maisons qui se trouvaient au-dessous en partie détruites. Sur les deux levées du canal de Saint-Pierre- des-Corps, où les arbres ne sont pas- plus gros que le bras, les remous n'ayant pu se produire, le sol a été profondé- ment raviné. » Ces divers obstacles, qui viennent de produire de si grands effets, sont bien inférieurs aux blocs et aux piliers de pierre que je propose d'établir le long des torrents, avec des traverses de cailloux, pour en arrêter les dé- gâts et les forcer à colmater le sol. Mes digues criblantes, placées dans les ( i2°7 ) gorges des bassins de réception et dans les étranglements des '-vallées, empê- cheront certainement l'eau de s'élever subitement dans le lit en aval, comme il arrive actuellement à la suite des pluies. Les moyens décrits dans mon Mémoire peuvent donc non-seulement prévenir les grandes crues, mais aussi diminuer les dégâts qu'elles causent dans les plaines, quand ces moyens n'auraient pas été employés dans les montagnes d'où sortent les cours d'eau. » Il n'y a eu de grands désastres dans la vallée de la Loire que sur les points où les digues ont crevé ; à Savonnière, à Villandry, à la Chapelle-sur- Loire où plus de cent maisons ont été rasées, et jusqu'à Nantes, ils proviennent de la même cause. Puisque c'est le système d'endiguement employé depuis tant de siècles qui produit de si grands maux, il faut l'abandonner complè- tement. Je ne doute point que celui que j'ai eu l'honneur de proposer à l'Aca- démie, appliqué au cours de la Loire, ne préservât ses rives des grandes inon- dations et ne rendît ce fleuve navigable, pendant toute l'année, sur des points que de légers bateaux ne peuvent pas maintenant franchir en été. De plus, il permettrait de cultiver une assez grande partie du sol compris entre ses di- gues, et de celui dévasté dans les montagnes par le fleuve et ses affluents, pour payer, au delà, toutes les dépenses qu'entraîneraient les travaux. » hydrographie. — Carte hydrographique souterraine de la ville de Paris ; par M. Delesse. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Élie de Beaumont, Pelouze.) « La ville de Paris est traversée par quatre nappes d'eau superficielles : la Seine, la Bièvre, le ruisseau de Ménilmontant et le canal Saint-Martin. Le ruisseau de Ménilmontant, dont le cours est tracé sur les anciens plans de Paris, descendait de la colline qui porte le même nom ; il se dirigeait vers la rue des Filles-du-Calvaire, et, décrivant de ce point un arc de cercle autour du centre actuel de Paris, il allait se jeter dans la Seine, au quai de Billy. Les travaux exécutés dans Paris ont complètement changé le régime de ce ruisseau; il est d'ailleurs dissimulé par les constructions qui le re- couvrent, mais il continue à couler dans le grand égout de ceinture en le- quel il a été transformé. La Bièvre et l'ancien ruisseau de Ménilmontant sont renfermés dans une cuvette parfaitement étanche, et par conséquent ces deux cours d'eau ne donnent lieu à aucune nappe d'infiltration. ( 1208 ) » Indépendamment des nappes superficielles , il existe des nappes souter- raines qu'on rencontre lorsqu'on pénètre dans l'intérieur de la terre ; ce sont elles qui alimentent les puits. Elles ont déjà été étudiées par Buache, Bonami, Girard, ainsi que par MM. Mary, Belgrand et de Fourcy. » La carte que je présente à l'Académie fait connaître d'une manière complète les nappes souterraines des puits ordinaires de Paris. Elle les re- présente pour une époque d'étiage de la Seine, le i5 mars ï854- » La surface supérieure de ces nappes souterraines est déterminée par des courbes horizontales tracées de mètre en mètre. Des cotes indiquent la hauteur des courbes au-dessus du niveau moyen de la mer. » La nappe souterraine en communication immédiate avec la Seine est ce que l'on appelle sa nappe d'infiltration. Cette nappe s'étend sous Paris, et c'est elle qui fournit même de l'eau à presque tous les puits. Ses courbes horizontales sont des lignes ondulées à peu près parallèles : elles sont dispo- sées symétriquement sur chaque rive de la Seine, et elles vont se raccorder avec la nappe superficielle; elles se coupent d'ailleurs deux à deux sous des angles très-aigus qui s'engagent l'un dans l'autre, et qui ont leurs sommets dirigés vers l'amont. » Le niveau de la nappe d'infiltration est généralement supérieur à celui de la Seine; il s'élève à mesure qu'on s'éloigne des bords du fleuve. Près de ces bords, il s'abaisse jusqu'à ijm,5 en amont de Paris, à la barrière de la Gare, et même jusqu'à 25m,5 en aval, près de la barrière de la Cu- nette. Sur la rive gauche, la différence de niveau, entrg le point le plus haut et le point le plus bas de la nappe souterraine, est au plus de 5 mètres. Sur la rive droite, cette différence s'élève jusqu'au double. » La pente moyenne, à la surface de la nappe souterraine, est supérieure à om,ooi par mètre. Dans les parties contiguës à la Seine, elle est beaucoup plus grande et elle atteint même ora,oi . La pente moyenne de la Seine, dans la traversée de Paris, est seulement de om,oooa ; par conséquent, elle est bien moindre que celle de la nappe d'infiltration. Cette différence dans les pentes des deux nappes tient à ce que l'eau ne peut s'écouler qu'avec de très-grandes difficultés, même à travers les terrains les plus perméables. » La nappe d'infiltration reçoit bien Teau d'infiltration de la Seine qui s'y répand à l'époque des crues, mais elle est surtout alimentée par les eaux provenant des collines qui environnent Paris. Les nappes souterraines qui se trouvent à un niveau supérieur y déversent aussi leurs eaux. » La forme de la nappe d'infiltration dépend essentiellement de la Seine. ( iao9 ) Elle change lorsque la Seine s'élève ou s'abaisse ; elle reproduit toutes ses variations. Elle dépend également, bien qu'à un moindre degré, d'éléments constants qui sont : le bassin hydrographique avec lequel elle communique, le relief du sol, et la disposition des couches imperméables sur lesquelles elle repose. La nappe d'infiltration a donc une origine très-complexe. » Les îles Saint-Louis et Notre-Dame ont une nappe souterraine distincte, qui est également une nappe d'infiltration. Ses courbes horizontales sont concentriques et à peu près parallèles à leurs contours. La nappe souter- raine forme par conséquent une surface qui s'élève vers la partie centrale de chaque île, et qui s'incline au contraire sur ses bords. La pente de cette nappe est d'ailleurs très-considérable, car elle dépasse om,oi par mètre. » Près de la barrière Blanche, quelques puits de Paris sont alimenté.s par une nappe souterraine dont la cote est supérieure à l\i mètres. Cette nappe est toute différente de la nappe d'infiltration de la Seine : on retrouve cette dernière au-dessous, à la cote de 32 mètres. » Près des barrières Rochechouart et de Fontarabie, des nappes souter- raines s'élèvent à la cote de 37 mètres; elles sont également au-dessus de la nappe d'infiltration. » La carte hydrographique montre comment s'opère l'écoulement des eaux dans les nappes souterraines. Si l'on considère, par exemple, la nappe d'infiltration de la Seine qui s'étend partout au-dessous de Paris, il est visi- ble que l'eau se dirigera nécessairement d'un point plus élevé vers un point plus bas; par conséquent elle se déversera des barrières vers la Seine. Sa pente est surtout très-grande sur les bords du fleuve. Ainsi^ bien que cela puisse paraître paradoxal au premier abord, la Seine joue, à l'égard de la nappe souterraine, le rôle d'un canal de dessèchement; elle détermine l'é- coulement de ses eaux et elle opère le drainage de la ville de Paris. » Les eaux qui tombent sur la surface d'un cimetière pénètrent à travers des cadavres en décomposition et se réunissent ensuite aux eaux de la nappe souterraine qui est la plus rapprochée de la surface. Malgré la filtration na- turelle à laquelle elles sont soumises, qui les débarrasse rapidement de la plus grande partie des matières qu'elles tiennent en suspension, ces eaux sont nécessairement très-impures et peuvent être nuisibles à la salubrité. Il était donc utile de rechercher dans quelle direction s'écoulent les eaux qui ont traversé les immenses ossuaires de Paris. Un coup d'œil jeté sur la carte fait voir que le choix de l'emplacement de ces ossuaires laisse à désirer; car les eaux du cimetière Mont-Parnasse, par exemple, s'é- C. R. i856, i« Semestre. (T. X.LII, N° 23.) I 58 ( iaio ) coulent dans la nappe d'infiltration de la Seine, et il est visible qu'elles se rendent ensuite clans le fleuve, en traversant une partie du faubourg Saint- Germain. » Les indications précédentes suffisent pour montrer que la carte hydro- graphique de Paris permet de résoudre un grand nombre de questions im- portantes qui sont relatives à la salubrité, aux inondations, au drainage, à l'écoulement des eaux, à l'établissement deségouts et à l'exécution de tous les travaux souterrains. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. chimie organique. — Mémoire sur les produits de la transformation de la fécule et du ligneux sous Vinjluence des alcalis, du chlorure de zinc et des acides (i); par M. A. Béciiamp. ( Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Biot, de Senarmont. ) « Ce travail est divisé en deux parties. Dans la première je me suis pro- posé de démontrer les propositions suivantes : » I. L'insolubilité de la fécule est indépendante de l'état organisé de cette substance; mais la propriété qu'elle possède de former de l'empois, dépend de son organisation naturelle. » En effet, sous l'influence de dissolutions concentrées de potasse caus- tique ou de chlorure de zinc, la fécule se transforme en empois; par l'action de la chaleur, cet empois se liquéfie de plus en plus, au point de traverser les filtres de papier et de produire des dissolutions transparentes. De ces dissolutions on retire de la fécule désorganisée qui est insoluble dans l'eau bouillante, et qui ne forme plus d'empois. Si la formation de l'empois est due à un gonflement des grains de fécule, il est clair que la liquéfaction de cet empois doit être attribuée à la destruction de la cause qui détermine sa formation sous ces influences, savoir l'organisation. J'ai donc raison de. dire que les dissolutions alcalines se bornent à désorganiser la fécule. (i) Quelques-uns des résultats de cette étude ont déjà été consignés dans une Note insérée au Compte rendu de la séance de l'Académie du 2 octobre i854- Après la présentation de celle Note, j2ai été assez heureux pour recevoir les conseils bienveillants de M. Biot et de M. Regnault. Ces conseils ont donné l'étendue d'un Mémoire au travail que je soumets au- jourd'hui au jugement de l'Académie, travail qui ne devait avoir que quelques pages. ( >a" ) » II. La fécule se modifie insensiblement sans changer de nature pour passer de l'état insoluble à un état particulier où elle est capable de se dissoudre dans l'eau. » III. i°. Que la fécule soluble est un principe particulier qui possède toutes les propriétés de la fécule, moins l'insolubilité ; i° que cette substance diffère de la dextrine. » IV. Lorsque la fécule a été transformée en dextrine, celle-ci subit à son tour des modifications insensibles pour se transformer finalement en sucre. » En effet, ces trois propositions sont démontrées par les faits suivants : » i°. La fécule à l'état d'empois se liquéfie brusquement sous l'influence de l'acide sulfurique étendu ou de la diastase et de la chaleur. Le résultat de la liquéfaction a été appelé dextrine. Or, en analysant le phénomène avec soin, je suis parvenu à saisir : i° l'instant de la désorganisation où la fécule est encore insoluble ; 20 son passage insensible à un état particulier carac- térisé par une solubilité que je discute, par la propriété de bleuir par l'iode, et surtout par la grandeur constante de son pouvoir rotatoire qui est de 2 1 1 à 2 1 2 degrés ; 3° le passage insensible de ce produit à l'état de dextrine, c'est-à-dire à l'état d'un composé ne bleuissant plus par l'iode et possédant un pouvoir rotatoire plus petit que celui de la modification précédente : 4° enfin la transformation de cette dextrine en un produit non fermentes- cible qui en diffère notablement et en sucre. « 20. Les acides sulfurique et nitrique concentrés conduisent, sui- vant la durée de leur action à la température ordinaire, à des résultats analogues. » 3°. L'acide acétique déconcentration moyenne, entre 100 et i3o de- grés de température, modifie la fécule sans la transformer en sucre, ce qu'a- vaient déjà reconnu M. Biot et M. Persoz. J'ai obtenu un produit ou des pro- duits non fermentescibles et non colorables en bleu par la teinture d'iode. Pour étudier cette action, j'ai formé une liqueur acétique qui contenait ogr,846 de fécule pure et séchée à 1 20 degrés sur 1 o centimètres cubes. Cette liqueur a été partagée dans huit tubes qui ont été scellés. Le tableau sui- vant résume l'expérience. Pour calculer le pouvoir rotatoire on a, en se servant de la formule (a)y= &j- de M. Berthelot, p = 0,846, v = iocc à £=I2°, et pour ctj les nombres du tableau. i58.. ( iaia ) NATURE DE LA LIQUEUR et circonstances qui lai sont particulières. A. Chauffé pendant ih à ioo°. Li- queur encore un peu louche que la tiltration n'éclaircit pas com- plètement B. Chauffé pendant a*1 à ioo°. Liq. transparente C. Chauffé pendant 4h à ioo°. Liq. transparente D. Chauffé pendant 8h à ioo°. Liq. limpide et fluide comme de l'eau. E. Chauffé pendant I2h à ioo0/Liq. limpide F. On a mis du CICa dans le bain et on a continué de chauffer, I2*1 à 100° et 2*1 entre no et 1200. . . . G. Chauffé encore pendant 6h entre 120 et i3o° H. Chauffé encore pendant 8*1 entre 1 20 et 1 3o° ACTION de la teinture d'iode. Bleu franc . Id. Id. Bleu tr.-peu violacé Id. Violet rougeàtre. Brun jaunâtre. Id. ACTION DE L'ALCOOL, 25cc sur iocc de liqueur. Précipité abondant. Id. Id. Id. Id. Trouble peu abond Ne trouble plus. Id. I DEVIATION relative à la teinte de passage, ; = 200"". 35,64 35,35 35, 11 34,9i 34,9' a7)38 26,88 26,88 POUVOIR rota loi re relatif à 100— . 210,63^ 208,92 207.50 206,32 206,32 161,82^ i58,86 i58,86 DIFFÉRENCES consécutives des pouvoirs rotatoires. ',7' 1,42 1 , 18 0,00 44, 5o 2,96 » Le produit de H a été évaporé et desséché à 1 10 degrés; mis en contact avec la levure de bière en présence d'une quantité convenable d'eau et sous l'influence d'une température de 25 à 3o degrés, il n'a pas fermenté. Le pouvoir rotatoire de la fécule soumise à l'action des acides peut donc baisser sans qu'il se forme du sucre; avant de se transformer en sucre, la fécule peut donc engendrer des produits dont la solubilité va sans cesse en augmentant, tandis que le pouvoir rotatoire devient de plus en plus petit. » 4°- Lorsque l'on saccharifie la fécule par l'acide sulfurique étendu, une partie de la dextrine résiste. En reprenant par l'alcool des glucoses de di- verses provenances, j'en ai toujours séparé un produit non fermentescible, voire même deux produits caractérisés par un pouvoir rotatoire relativement petit, et par la propriété d'attirer l'humidité. Je donne dans mon Mémoire un tableau des pouvoirs rotatoires de diverses dextrines, compris entre i8r et iï5 degrés, d'où il paraît résulter qu'il existe au moins deux produits différents distincts de la fécule soluble. » En relisant avec attention les Mémoires où M. Biot a traité la ques- tion qui m'occupe, il m'a paru évident que j'appelle fécule soluble le produit ( i>i3) que- l'illustre doyen de l'Académie des Sciences a appelé dextrine, et dont le pouvoir rotatoire est de -f- 212 degrés. Par conséquent la dextrine, dans l'ordre historique de sa découverte, est le composé dont le pouvoir rotatoire est de 212 degrés. Cependant comme toutes les méthodes qui m'ont fourni un produit de transformation à pouvoir rotatoire aussi élevé, me l'ont fourni bleuissant par l'iode, comme d'ailleurs tous les ouvrages de chimie présen- tent la dextrine comme un composé ne bleuissant pas par l'iode, je conser- verai le nom de fécule soluble au produit à pouvoir très-élevé » Dans la deuxième partie de ce travail, j'étudierai le ligneux sous le même point de vue. » Les acides concentrés, tels que le sulfurique ou le chlorhydrique, dis- solvent le coton après l'avoir transformé en une masse pultacée. Suivant la durée de l'action de l'acide sulfurique, on peut obtenir divers produits fa- ciles à caractériser : i° le ligneux désagrégé et dissous par l'acide sulfurique ou le chlorhydrique peut en être séparé par l'eau sous la forme d'une masse gélatineuse insoluble; 2°le ligneux, sans perdre ses propriétés essentielles, peut être séparé de l'acide sous la forme d'une masse gélatineuse soluble dans l'eau froide; c'est ce produit, analogue à celui que j'ai appelé fécule soluble, sans me prononcer sur la nature de la solution, que je propose d'appeler ligneux soluble; 3° le ligneux peut engendrer un deuxième pro- duit soluble, que Braconnot avait appelé une gomme, que l'on a confondu plus tard avec la dextrine, mais qui en diffère par un pouvoir rotatoire beaucoup plus petit, je l'appelle dextrine de ligneux; If ces produits solu- bles peuvent se transformer en sucre sous l'influence de l'acide sulfurique étendu et de la chaleur. Le ligneux peut donc engendrer une série parallèle à celle de la fécule. » Mais ce qu'il y a de remarquable et de très-digne d'être noté, c'est que tandis que le pouvoir rotatoire de la fécule soluble est le plus grand qui soit connu, le pouvoir rotatoire du ligneux soluble est nul, dans des limites assez étendues de concentration des liqueurs et de longueur des tubes. Et ce qui n'est pas moins remarquable dans l'histoire des pouvoirs rotatoires, le ligneux soluble, corps optiquement inactif, devient actif vers la droite en se transformant en dextrine et en sucre. L'inactivité paraît appartenir au ligneux insoluble lui-même ; car une dissolution de coton dans l'acide chlorhydrique fumant, d'où l'eau sépare du ligneux insoluble sous forme gélatineuse, ne dévie pas le plan de polarisation. » ( iai4 ) météorologie. — Observations sur les tempêtes } les coups de vent et les orages, dans la partie de la mer Méditerranée comprise entre les côtes de France et celles de l'Algérie; par M. Lartigce. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Duperrev, Le Verrier, Bravais.) o Pendant l'été, les vents polaires du nord au nord-ouest dominent entre les côtes de France et les îles Baléares : alors le temps est beau, le baromètre élevé, quoique par intervalles ces vents acquièrent une grande intensité. Entre les Baléares et les côtes de l'Algérie, le temps est beau, les vents sont modérés; ils soufflent le plus ordinairement du nord, près de ces îles, du nord-est à mi-canal, et de l'est-nord-est à l'est près des côtes d'Afrique. Les vents de toute autre direction qui, dans ces parties de la Méditerranée, remplacent ceux du nord-ouest au nord ou du nord à l'est, sont rarement forts, et les orages qui s'y élèvent n'ont donné lieu à aucune observation importante. » Les vents secs et brûlants du sud-est nommés sirocco régnent par inter- valles sur les côtes de l'Algérie; parfois ils parviennent sur les côtes de France. Il semblerait exister quelque relation entre ces vents et ceux de même direction observés dans les orages les plus violents qui se font ressen- tir dans la partie nord-ouest de la France. » Pendant l'hiver, les vents du nord au nord-ouest soufflent sou- vent sur les côtes de France, en même temps que ceux du nord au nord-est régnent sur les côtes d'Italie et dans le golfe de Gènes. A la même époque , les vents tropicaux sont fréquents sur les côtes de l'Algérie; leur direction est toujours plus près de l'ouest sur la partie occidentale de ces côtes que sur la partie orientale; assez souvent même ils varient entre le sud et le sud- est du côté de Bone, lorsqu'ils soufflent entre le sud et le sud-ouest du côté d'Oran. Ils s'étendent plus ou moins près des côtes de France, et si, lors- qu'ils ont une certaine force, ils rencontrent des vents polaires intenses, ils peuvent déterminer soit un coup de vent, soit une tempête (i). Dans ce cas, les veuts de toutes directions augmentent d'intensité à mesure qu'ils se rapprochent les uns des autres, et ils acquièrent leur plus grande force sur les points vers lesquels ils convergent ; de manière que les vents peuvent ne ( i) Exposition du système des vents, par M. Lartigue, 2e édition, page 3 1 . ( I2l5 ) pas être très-forts sur les côtes, et souffler en tempête au milieu de la Médi- terranée. Au surplus, il est reconnu que les tempêtes se font assez rare- ment ressentir en même temps, dans toutes les parties de mer comprises entre la France et l'Algérie : souvent, lorsque les vents sont violents entre la France et les Baléares, ils sont modérés entre ces îles et l'Algérie; récipro- quement, lorsqu'ils sont violents dans cette dernière partie de mer, ils peu- vent ne pas être très-forts entre les Baléares et la France (i). » Assez souvent, en hiver, les vents tropicaux ne rencontrent les vents polaires que dans l'intérieur de la France : alors les premiers peuvent être modérés sur les côtes et souffler en coup de vent ou en tempête aux points où ils se trouvent en contact avec les vents polaires, qui eux-mêmes augmen- tent aussi d'intensité à mesure qu'ils se rapprochent de ces points. » La dépression du baromètre est en rapport avec la force du vent ; dans quelques cas même, elle peut indiquer approximativement la distance à la- quelle la tempête souffle avec plus de violence : ainsi lorsque, sur les côtes de France, la dépression est considérable avec des vents du nord au nord- ouest, la tempête est peu éloignée; mais elle est à une grande distance, quand avec ces mêmes vents le baromètre est élevé. » Lorsque les vents qui concourent à déterminer la tempête ont à peu près la même intensité, le point de leur grande violence se rapprochera tantôt des côtes de l'Algérie, tantôt de celles de France ; mais s'il y a une différence sensible d'intensité, le foyer de la tempête se transportera dans la direction soit du vent le plus fort, soit de la résultante des vents qui sont en lutte. » Dans les tempêtes, les vents soufflent du nord au nord-ouest ou entre l'est-sud-est et le sud-sud-ouest, sur les côtes de France, entre le nord-ouest et le nord-est sur celles de l'Algérie ; mais au large des côtes, les vents peu- vent varier du nord-ouest au nord-est ou de l'est-sud-est au sud-sud-ouest : les vents de nord-ouest sont souvent très-forts sur la partie de côte comprise (1) Les tempêtes de la mer Noire sont produites, comme celles de la Méditerranée, par la rencontre des vents polaires du nord-ouest au nord-est avec les vents tropicaux du sud-ouest au sud-est; elles se font rarement ressentir en même temps dans toutes les parties de la mer Noire. Lorsque les vents soufflent en tempête sur les côtes d'Europe, ils sont souvent modérés sur celles d'Asie, et réciproquement. Il se peut aussi, quand la tempête est au milieu de la mer Noire, que les vents ne soient pas très-forts sur lt's deux côtes opposées. La tem- pête du i4 novembre i854, entre Balaclava et Eupatoria, paraît avoir été déterminée parle conflit de ces mêmes vents; mais les effets produits démontrent que ceux du sud au sud- ouest étaient les plus forts. ( iai6 ) entre le cap Lardier et l'embouchure du Var ; mais ils acquièrent rarement la violence de la tempête. » Quelquefois sur les" côtes de'France et aux environs de la Sardaigne, le mouvement des nuages indique les vents qui déterminent les tempêtes. Si ces vents soufflent du nord-ouest, on aperçoit assez souvent des nuages chassant du sud-ouest : la tempête est alors produite par les vents du nord- ouest et du sud-ouest ; d'autres fois les nuages chassent du sud-est : dans ce cas, la tempête est causée par les vents de cette direction en conflit avec ceux du nord-ouest. » Souvent, au-dessus des nuages poussés par les vents de sud-est, il existe une autre couche de nuages se dirigeant vers le nord-est : alors la tem- pête est déterminée par les vents du nord au nord-ouest, à leur rencontre avec ceux du sud-est au sud-ouest. Parfois, lorsque la tempête souffle de l'une de ces dernières directions, les nuages accusent des vents de nord- ouest dans les régions élevées. » Pendant la durée des tempêtes, qui sont toujours accompagnées de pluies très-abondautes, souvent d'éclairs et de tonnerre, et quelquefois même de neige, les vents supérieurs tendent à se rapprocher de la surface de la terre, souvent même ils y remplacent les vents inférieurs, qui alors vont souffler dans les régions élevées (i). Ce changement ne s'opère pas de la même manière sur toutes les parties de la Méditerranée dont il est ici ques- tion : dans certains cas, principalement loin des côtes, les vents se suc- cèdent à la surface par un revirement plus ou moins brusque; leur violence ne diminue pas, lorsque ce sont les vents polaires qui remplacent les vents tropicaux ; tandis que d'ordinaire il se manifeste, dans l'intervalle, un affai- blissement considérable, sinon un calme complet, quand ce sont les vents tropicaux qui remplacent les vents polaires (a). » Parfois, aux divers points où s'opère le changement, il se forme des tourbillons occupant chacun tres-peu d'étendue, mais susceptibles de dé- terminer, en certains cas, des effets désastreux, quoiqu'ils ne paraissent pas, en hiver surtout, de même nature que les tourbillons observés dans les ouragans. » Quelquefois les vents du nord au nord-est qui régnent souvent en hiver sur les côtes d'Italie et dans le golfe de Gênes, parviennent sur les côtes de Provence; si alors les vents du sud au sud-est soufflent du côté de (1) Exposition du système des vents, page 64. » (2) Exposition du système des vents, pages 28, 29, 48 et 64- ( I217 ) Bone, et ceux du sud au sud-ouest du côté d'Oran, les vents du nord au nord»est varient à l'est-nord-est et à l'est, à mesure qu'ils avancent vers le sud et vers l'ouest : ils tournent ensuite vers le nord-ouest, soufflant alors de l'est au sud-est dans le golfe de Lyon. S'ils ne rencontrent aucun obstacle, ils continuent ainsi jusqu'à l'Océan; là ils remontent graduellement vers le nord et le nord-est, de manière à former un courant circulaire oc- cupant une grande étendue (i). Dans ce cas, les vents n'acquièrent pas une grande puissance; mais si, comme cela arrive fréquemment dans cette saison, les vents du nord à l'ouest-nord-ouest régnent le long des Pyrénées, l'espace occupé par le courant se resserre (2), et les vents de toute direction, mais principalement ceux du sud-est à l'est, peuvent de- venir violents. Au surplus, dans le golfe de Gênes, sur les côtes d'Afrique, sur celles d'Espagne, ainsi que sur celles de la Sardaigne, les vents peuvent ne pas être très-forts; mais ils augmentent progressivement de force à mesure qu'ils avancent vers les côtes de France, en même temps que leur direction se rapproche de celle du sud-est ou de l'est. » Des courants circulaires, semblables aux précédents, s'établissent sur divers points de la côte d'Europe dans la Méditerranée, souvent même dans l'intérieur de la France; ils se forment d'une manière analogue, et sont soumis aux mêmes lois. Les vents n'y acquièrent pas une très-grande inten- sité lorsqu'ils ne rencontrent pas d'obstacle, mais ils deviennent violents s'ils sont contrariés dans leur course. » Ces courants diffèrent essentiellement de ceux qui constituent les ou- ragans ou les tempêtes tournantes : dans le premier cas, les vents qui suivent le cours ordinaire de l'air (3) tendent plutôt à se rapprocher du sol qu'à s'en éloigner; dans le second cas, les vents tournent en sens inverse du mouvement naturel de l'air, en même temps qu'ils s'élèvent en tourbillon- nant, de manière à produire une aspiration plus ou moins puissante. Toute- fois les tempêtes qui se manifestent dans la Méditerranée, quelle que soit d'ailleurs la manière dont elles se produisent, sont quelquefois plus vio- lentes que certains ouragans. » (i) Exposition du système des vents, pages 29 et 3o- (2) Une partie de ce courant, ainsi resserré, est figurée sur la carte des vents dominants en hiver. (3) Exposition du système des vents, pages 1S, 16 et 34. C. R, i856, i« Semestre. (T. XLII, N» 28.) M*$ ( «2l8 ) anaïOMIE. — Réclamation de priorité adressée par M. Henry Miller à l'occasion d'une communication récente sur l'appareil d'adaptation de l'œil. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la communication de M. Rouget : MM. de Quatrefages, Cl. Bernard.) « Dans la séance du 19 mai, M. Cl. Bernard a présenté à l'Académie des Sciences un Mémoire de M. Ch. Rouget sur l'appareil de l'adaptation de l'œil. Le résumé de ce Mémoire [Compte rendu eu 3o mai i856) contient entre autres la description d'un muscle ciliaire annulaire, qui se montre au niveau du bord adhérent des procès ciliaires en dedans des faisceaux du muscle ciliaire radié. La description de ce muscle paraissant donnée dans ce résumé comme un fait nouveau, je me vois obligé à adresser à l'Académie la réclamation suivante : » La partie annulaire du muscle ciliaire a été découverte par moi en automne i855. Le a4 du mois de novembre, je fis une première communi- cation sur ma découverte à la Société Physico-Médicale de Wurzbourg, qui se trouve mentionnée dans les comptes rendus de la Société {voyez tome VI, cahier 3, p. xxvi, publié au mois d'avril i856) dans les termes suivants .* « M. H. Mùller communique une Note sur une couche annulaire dans le muscle ciliaire de l'homme qui, d'après son opinion, est d'une impor- tance spéciale pour l'accommodation de l'œil. Cette couche est couverte de faisceaux longitudinaux ou radiaires du muscle ciliaire et située sur la partie antérieure du corps ciliaire. » Donc je me crois en droit de réclamer formellement la priorité de ce muscle dont l'importance pour le mécanisme de l'adaptation est si évidente. » Quant aux autres détails contenus dans la communication de M. Rou- get, je crois devoir attendre la publication de son Mémoire, et je me con- tente aujourd'hui de constater les faits suivants : » Dans la séance de la Société Physico-Médicale du i5 décembre i855, j'ai donné une exposition détaillée du mécanisme de l'accommodation chez l'homme; et dans la séance du 26 avril i856, j'ai décrit l'appareil de l'ac- commodation dans l'œil des oiseaux. Les comptes rendus de ces séances vont être publiés. » Le 7 du mois d'avril i856, j'ai envoyé deux Mémoires, qui traitent des mêmes sujets, à M. Graefe, à Berlin, pour les faire insérer dans la cin- quième livraison des Archives dOphthalmologie qui sera publiée sous peu. ( i2i9 ) » La communication de M. Rouget n'ayant été faite que le 19 du mois de mai i856, je me crois autorisé, à regarder toutes les observations conte- nues dans mes Mémoires, sinon comme antérieures, au moins comme datant v de la même époque et indépendantes de celles de M. Rouget. » analyse mathématique. — Seconde addition au Mémoire sur la détermi- nation des Jonctions inconnues qui entrent sous le signe d intégration définie ; par M. Gomez de Souza. (Commissaires précédemment nommés : MM. Cauchy, Liouville, Lamé, Bienaymé.) Dans la Lettre qui accompagne cet envoi, l'auteur demande l'autorisa- tion de reprendre trois Notes présentées par lui le 16 juillet i855. Ces Mé- moires n'ayant pas été l'objet d'un Rapport, l'auteur est autorisé à les reprendre. M. Lion soumet au jugement de l'Académie une Note sur un moyen de communication télégraphique directe entre des personnes parlant des lan- gues différentes. (Commissaires, MM. Pouillet, de Senarmont.) M. Ch. 15 ully adresse une Note sur de nouvelles solutions de quelques problèmes de géométrie élémentaire. M. Chasles est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire sa- voir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. Zaliwski présente une nouvelle rédaction de son Mémoire ayant pour titre : « Attraction universelle des corps, au point de vue de l'élec- tricité ». (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du 24 septembre 1 855 : MM. Biot, Babinet, Bravais.) M. Joire, auteur d'un Mémoire imprimé, présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie ( « Études sur la circulation chez l'homme et chez les animaux »), adresse, pour se conformer à une des conditions im- posées aux concurrents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son iravail. 15g.. ( 1220 ) 31. Ayre envoie, de Hull (Angleterre), un opuscule imprimé, destiné au concours pour le prix du legs Bréant. • Cet opuscule se compose : ip d'une Lettre en français, adressée aux Mem- bres de la Section de Médecine et de Chirurgie sur sa méthode de traite- ment du choléra par l'administration du calomel à petites doses répétées fréquemment pendant toute la période de collapsus; 5s0 de documents rela- tifs aux résultats obtenus de cette méthode en diverses parties de la Grande- Bretagne et des États-Unis d'Amérique; 3° d'un certain nombre d'observations prises sur des sujets de différents âges (depuis dix-huit mois jusqu'à quatre- vingt-dix ans). (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission spéciale pour le concours du prix Bréant.) M. Siccahd prie l'Académie de vouloir bien comprendre ses travaux sur le Sorgho à sucre de la Chine parmi ceux qui seront discutés à l'occasion du concours pour le prix triennal. L'auteur joint à cette Lettre plusieurs exemplaires d'un opuscule dans lequel il a exposé les résultats de ses recherches sur ce Sorgho. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du LXXXIV vo- lume des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791 , et un du XXIe volume des brevets pris sous l'empire de la loi de 1 844- M. le Ministre d'Etat consulte l'Académie sur l'utilité que peut avoir un vernis de l'invention de M. Duchier, vernis présenté par l'inventeur comme propre à préserver de l'action des flammes les toiles peintes dont l'emploi dans les théâtres est si général et expose à de si grandes chances d'incendie. M. le Ministre envoie avec sa Lettre divers échantillons de papiers et de toiles enduites du vernis en question. Avant de renvoyer ces produits à l'exa- men d'une Commission, on informera M. le Ministre que l'Académie, d'après un article de son règlement, ne doit point s'occuper des produits dont les auteurs ne font pas connaître la composition. M. Antonini, Ministre du roi des Deux-Siciles à Paris, transmet divers ( 122! ) spécimens d'écriture tracés avec une encre que l'inventeur, M. Tito Angelli, pharmacien napolitain, considère comme indélébile, et qu'il désire sou- mettre au jugement de l'Académie. On fera connaître à M. le Ministre des Deux-Siciles l'article du règlement de l'Académie qui ne permet pas qu'on s'occupe des spécimens adressés par M. Angelli, tant qu'il n'aura pas fait connaître la composition de son encre. L'Académie royale des Sciences de Bavière remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus, et indique quelques la- cunes qui se trouvent dans sa collection des diverses publications de l'Insti- tut. Elle annonce en même temps l'envoi de nouveaux volumes de ses Mé- moires et de divers opuscules offerts par quelques-uns de ses Membres. M. Auer, directeur de l'Imprimerie impériale de Vienne et Membre de l'Académie, adresse un exemplaire de la Flore autrichienne exécutée au moyen d'un nouveau procédé iconographique, par MM. d'Ettingshausen et Pokornj. {Voir au Bulletin bibliographique.) « Cet ouvrage, dit M. Auer, est le premier qui ait été exécuté par le pro- cédé de l'impression naturelle, procédé qui a été inventé par l'Imprimerir impériale de Vienne. Cet établissement attacherait une valeur infinie à l'opinion qu'une compagnie aussi illustre que l'Académie énoncerait sur les avantages que cette méthode peut présenter pour la science, et j'ose vous prier de bien vouloir faire nommer une Commission pour examiner, d'après la Flore autrichienne, le procédé dans son application aux publications d'histoire naturelle. » L'ouvrage est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de .MM. Pouillet, Decaisne et Payer. analyse mathématique. — Nouveau théorème servant pour le calcul des racines comprises entre deux nombres donnés. (Extrait d'une Note de M. Rouget.) « Fx représentant un polynôme privé de facteurs multiples, le nombre des racines positives de l'équation Fx = o est*égal au nombre des fois que la disparition des variations s'opère une par une, ou, plus généralement, par voie de nombre impair, dans la suite des fonctions Fx, F'x, F"x, F'"x, etc., etc., lorsque l'on fait passer x par degrés insensibles de zéro à la limite supérieure des racines. ( 1222 ) » Pour abréger, il est loisible de ne considérer avec F x qu'un nombre de fonctions égal au nombre des variations de l'équation. Ces fonctions sont : la -première des dérivées successives de F.r qui présente une variation de moins que Fa:, la première des dérivées successives de Fx qui présente deux variations de moins que F x, la première des dérivées successives de Fx qui présente trois variations de moins que Far, et ainsi de suite. « A l'aide de ce théorème, et de la règle des signes de Descartes dont il est un complément, on peut procéder au calcul des racines comprises entre deux nombres donnés. » TOxrcoLOGiE. — addition à une précédente communication sur des cas d empoisonnement qu'on avait cru pouvoir attribuer à la racine de l'A- tractjlis gummifera. (Extrait d'une Lettre de M. Bouros. hoirie Compte rendu de la séance du 28 avril 1 855.) « M. Sartoris, pharmacien de la Cour, homme très-versé dans la connais- sance de la Flore grecque, a été envoyé à l'île de Myconos pour y recueillir des renseignements exacts sur toutes les circonstances relatives à l'empoison- nement des trois enfants, et y faire des recherches botaniques sur les plantes qui poussent à l'endroit où cet accident avait eu lieu. Il résulte de ses infor- mations que, outre les symptômes relatés par le médecin de la commune, les enfants avaient tous présenté du délire et des convulsions. Quant à la plante qui avait donné la mort à ces enfants, M. Sartoris, après un examen soigneux, a trouvé que, parmi les plantes reconnues comme toxiques, il ne pousse à l'endroit indiqué que la Mandragora vernalis L. et VEuphorbia paralias L. Outre ces plantes vénéneuses, il y a trouvé une grande quantité à'Echinops viscosus, ainsi que V Atractylis gummifera L. » M. Sartoris .pense que niV Atractylis gummifera ni VEuphorbia n'ont été la cause de la mort : il n'est point possible de manger de l'Euphorbia ; et pourl'Atractylis, il croit qu'à l'époque où l'accident avait eu lieu, elle n'avait encore poussé ou du moins n'était pas encore assez développée. On ne saurait donc soupçonner qiie l'Echinops ou la Mandragore. M. Sartoris a apporté de Myconos une grande quantité d' Echinops viscosus; j'en ai fait préparer un extrait aqueux et un extrait alcoolique; on a administré à un jeune chien de fortes doses des deux extraits sans en obtenir des effets toxiques. Encouragé par ces expériences, un vétérinaire a avalé une cuil- lerée à bouche d'extrait aqueux sans éprouver le moindre dérangement. » Il résulte de ces expériences que ce n'est pas probablement à l'Atrac- ( iaa3 ) tylis, mais bien à la Mandragore que l'on doit attribuer la mort des trois enfants, ce qui me paraît d'autant plus vraisemblable qu'à la suite de l'in- gestion de la plante vénéneuse, tous ces enfants avaient été pris de délire et de convulsions. » hygiène publique. — De l'emploi de la chaux comme moyen de dessécher et d'assainir les lieux ravagés par l'inondation ; par M. Moride. M. La vallée adresse une « Note sur des canaux d'infiltration à exécuter dans le but de prévenir les inondations ». L'auteur a pensé qu'on pourrait profiter des cours d'eau souterrains pour faire écouler une partie de l'eau qui coule à la surface. Il pense qu'on ob- tiendrait ce résultat en creusant des tranchées d'une certaine étendue dans les terrains au travers desquels s'infiltre l'eau qui va alimenter les eaux souterraines. M. Tekquem adresse des objections contre une partie de la Note sur la théorie des parallèles, lue par M. Vincent dans la séance du 9 juin dernier. M. Lecot, à l'occasion d'une communication récente de M. Rambossoît, rappelle un travail sur l'éducation des sourds-muets qu'il a 5*0110148 pré- cédemment au jugement de l'Académie, et sur lequel il espère pouvoir obtenir prochainement un Rapport. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Rayer, Velpeau, Cl. Bernard.) M. ue Bryas prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission qui a été chargée de faire un Rapport sur sa Note concernant la qualité des terres propres à la fabrication des tuyaux île drainage. (Renvoi à la Commission nommée, Commission qui se compose de MM. Boussingault, de Gasparin, Payen, Decaisne, Rayer et Peligot.) M. Petit-Jean, qui avait présenté en septembre 1 855 une Note sur un moyen supposé propre à empêcher la vigne de geler, prie aujourd'hui l'Académie de vouloir bien remplacer par un autre Membre, dans la Com* ( iaa4 ) mission chargée de l'examen de sa Note, M. de Gasparin, que l'état de sa santé empêche momentanément de prendre part aux travaux de ses con- frères. La Note ayant été, à l'époque de sa présentation, renvoyée à l'examen de la Section d'Economie rurale, il n'y a évidemment pas lieu de prendre en considération la demande de M. Petit-Jean. M. Ccrtault adresse une nouvelle Lettre relative à des questions de viti- culture. Cette nouvelle communication n'a pas paru plus que celle du a juin dernier de nature à être renvoyée à l'examen d'une Commission. M. Lesecq présente des considérations sur la nature des astéroïdes et sur les effets qui peuvent résulter de leur entrée dans l'atmosphère terrestre. M. Hitette, qui adresse régulièrement chaque année un relevé des obser- vations météorologiques qu'il fait à Nantes, envoie le tableau des observa- tions de l'année i855. M. Millot-Brelé demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note d'arboriculture présentée par lui, « Découverte du bouton opposé » , Note sur laquelle il n'a pas été fait de Rapport. M. Coinze demande de nouveau que son livre intitulé : a Révélation des lois de la nature », soit renvoyé à l'examen d'une Commission. L'Académie n'a pas trouvé dans les nouveaux motifs allégués par M. Coinze de cause suffisante pour faire une exception à la règle qu'elle s'est imposée relativement aux ouvrages écrits en français et imprimés en France. M. Kouyi.sk i prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen de M. Le Verrier ses communications précédentes, relativement à la possibilité de prévoir assez longtemps d'avance l'état météorologique d'un pays déter- miné. Cette Lettre est renvoyée à M. Le Verrier, qui se fera représenter, s'il le juge nécessaire, les précédentes communications de l'auteur. M. A. de Robiano adresse, de Vilvorde (Belgique), des figures annoncées ( 1225 ) comme une « construction générale de tous les polygones réguliers, avec la génération des voûtes ogivales qui en découle. » La Lettre qui accompagne cette planche ne faisant pas suffisamment con- naître le but que s'est proposé l'auteur dans ces constructions, il n'a pas paru qu'il y eût lieu à nommer une Commission. M. Brachet adresse une Note concernant la presse hydraulique. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 16 juin i856, les ouvrages dont voici les titres : Dell'orologio. . . De l'horloge à pendule de GalUée et de deux suppositions ré- centes-concernant le mécanisme imaginé par lui; br. in-8°. (Extrait du volume de Supplément aux Œuvres complètes de Galilée, éditées par E. Alberi.) Memoirs... Mémoires de la Société Royale astronomique de Londres; vol. XXIV. Londres, i856; in-4°. Monthly... Bulletin mensuel de la Société astronomique de Londres; vol. XV. Novembre 1 854 à juin i855;in-8°. ïhe nature... Sur les grandeurs relatives des planètes; sur la grandeur abso- lue du Soleil et, par suite, sur la fausseté des opinions admises par les astronomes relativement aux dimensions de ces corps; par M. A. Habpur. Dublin, i856; br. in-8°. Die Salzsauerlinge. . . Sur la fabrique d'acide hydrochlorique de Neuhaus; par M. Aloys Martin (de Bamberg). Munich, i856; br. in-8°. C. R., il>56, i« Semestre. (T. XLII, N° 25. 160 ( I22Ô ) L'Académie a reçu, dans la séance du 23 juin i856, les ouvrages dont voici les titres : Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la bi du 5 juillet i844j publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XXI. Paris, i855; in-4°. Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation dont ta durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agri- culture, du Commerce et des Travaux publics; t. LXXXIV. Paris, i855; in-4°. Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie. Tome il de la 2e série; année i855. Paris, i856; in-4°. (Présenté par M. Rayer.) Monographie de la canne à sucre de la Chine, dite Sorgho à sucre; par M. le Dr Adrien Sicard. Marseille, i856; br. in-8°. Essai d ' ichthyologie des côtes océaniques et de l'intérieur de la France, ou Dia- gnose des poissons observés; par M. A.-N. Desvaux. Angers, i85i ; broch. in-8°. De l'ablation curative des loupes , lipomes et tumeurs analogues, sans opéra- tion sanglante; par M. A. Legrand. Paris, i856; in-8°. Lettre sur le traitement du choléra; par M. le Dr Ayre ; br in-8°. (Renvoyé à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie, constituée en Commis- sion du prix Bréant.) Illustrationes plantarum orientalium ; par M. le comte Jaubert et M. Ed. Spach; 48elivraison; in-4°. Lezioni... Leçons orales de Chimie générale professées en l'année i84o,-i85o; parM. le professeur Cav.-G. Taddei; vol. IV. Florence, i853; in-12. Monografia... Monographie du Bombjx Mori; par M. E. Cornalia. Milan, i856; 1 vol. in-4°- Mémoire couronné par l'Institut lombard des Sciences, Lettres et Beaux-Arts. (M. Milne Edwards est invité à faire de cet ouvrage l'objet d'un Rapport verbal.) Memoria... Mémoire sur la vraie valeur des fonctions d'une variable qui se présente sous la forme -, — ; par M. P.-D. Marianini. Modène, i855; br. in-4°. Sopra... Sur une manière devoir avec facilité les coideurs accidentelles; par M. Stef. Marianini. Modène, i855; br. in-4°. ( 1237 ) Physiotypia plantarum austriacarum... Flore d'Autriche exécutée par le procédé de gravure naturelle; par MM. D'ETTINGSHAUSEN et AloiS POKORNY. Vienne, i856; i vol. in-4°, avec un atlas en 5 vol. in-folio. Fôrhandlingar... Travaux de la Société des Sciences naturelles de Scandina- vie; 6e session annuelle tenue à Stockholm, du 1 1 au 19 juillet i85i ; 1 vol. in-8°. Gelehrte... Notices scientifiques publiées par l'Académie royale des Sciences de Bavière; XL et XLP vol. ; in-4°- Abhandlungen . . . Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Bavière; Classe d'Histoire; t. VII, partie III. Munich, i855; in-4°. Abhandlungen... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Bavière; Classe de Philosophie et Philologie ; t. VII, partie III. Munich, 1 855 ; in-4°. Ueber.. . De la division des populations du royaume de Bavière; discours pro- noncé par M. F.-B.-W. DE Hermann, dans la séance du 28 novembre i855. Munich, i855;br. in-4°. Dr Lorentz Hùbner's... Notice biographique du Dr Laurent Hubner; par M. Joseph Wissmayr. Munich, i855 ; br. in-4°- Rede... Discours prononcé à la séance publique tenue le 28 novembre i855 par [Académie Boyale des Sciences de Bavière, sur la classification des Sciences; par le même. Munich, i855;br. in-4°. Rede... Discours prononcé par M. F. DE Thiersch dans la séance publique du 28 mars i855. Munich, 1 855 ; br. in-4°. Jahresbericht... Compte rendu annuel de la Société physique de Francfort- sur- le-Mein, pour l'année scolaire 1 854-1 855; br. in-8°. Anmàrkningar. . . Bemarques sur l'antrum pylori chez l'homme et chez quelques animaux; par M. A. Retzius. Stockholm, i855; br. in-8°. Ueber... De la déformation artificielle du crâne dans l'ancien monde; par le même; br. in-8°. Cranium, . . Sur un crâne d'Indien Pampas; par le même ; br. in-8°. Ueber. . . Des grosses gouttes de graisse contenues dans les œufs des poissons; par le même ; br. in-8°. Om... Dissertation sur l'os luz; parle même; br. in-8°. ERRATUM. (Séance du 16 juin i856.) Page 1 175, ligne 7, au lieu de M. Poujade lisez M. Pujade. œ= &< 9 a. c_ 3 3 2. ô H £> ;= «> o s 3 s 3 S c. o 3 Ci — ( iaa8 ) o o 00 sj — to es Ui Ol « GO CS W CO «9 * J K co - la O OJ As 00 OS w m w o oi œ C"4N CO£h W b) W w ui :j -- - *o«o CO CO CO W VI h — sj si CO w o sa vJ Cl Cl co o ï& CO «O OS Cn -O* CO bJ «■« Ô CO GO sj OS Cn As CO W3 -i O (O 00 sj Cl m a», co «OsJvJsJsJsJsJsJvJsJslsJslsJsJsJs1sJ.o ■ts Ui !^ U< As As Ui Ui Oi tu en . co — o es es— os co oo es en 00 H co As sj en Cn As oo As w u w u As — u o sj c en — t» J^is - CO -O oo w co — as co co co H Jï*»û c ,'iaBDjnoi ailJ.3K0KM3Hl wj »J vj vj vl vj *s]v3vJOvJ«Ov]vJsJvJv d. As As As Cn OS Cn Cn Cn As As C ^ CO ooo *> O CS CO W Cn sj o - sj -o sj -sjsisjvjvjsisj tn As en Av Cn Av a- cti en en yi Cn^, m co - ^ co co a os - O sj en sj en w — M CS W CO -G» OS O As C/i WvJ os a». 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I oaaj«ooc/1o.(;'!fB5/,5'1oj',oof«ç«z2az2wpwaz oMi«!«!»05!»s8;^ooo2?!z?,?1W2a2i" L,'oo.w^S oS S ? 9LL- ï " ^S'tt 3*"j-i ?^*? ' y r » " " !* béer! v < S! - r ? 9 ? « s> w B3 • CD fl) O z O » o s r 5= S E » o o •" p p ? ï o o a ™ * r S- o* r — © ■— ■ o —•• COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 JUIN 1856. PRÉSIDENCE DE II. IS. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. A l'ouverture de la séance, M. le Secrétaire perpétuel annonce que la santé de M. de Gasparin est notablement améliorée : vine Lettre de M. Agénor de Gasparin , qui renvoie un Mémoire resté entre les mains de son père, donne à l'Académie cette nouvelle, qui a été reçue avec une grande satisfaction. « M. Le Verrier annonce que M. Chacornac, chargé par M. Goldschmidt de donner un nom à la 41e petite planète, a choisi le nom de Daphné. » M. Le Verrier fait ensuite remarquer que le Bulletin météorologique des divers points de la France, recueilli par voie télégraphique, est main- tenant complet , et qu'il est publié chaque jour dans le journal du soir la Patrie. » géométrie. — Note relative à la démonstration des théorèmes de M. Gauss présentés dans une séance précédente ; par M. J. Bertrand. « J'ai reçu, à l'occasion de ces démonstrations, une Lettre dans laquelle M. O. Terquem m'indique une seconde Note relative à cette théorie, insérée par Jacobi dans les Nouvelles astronomiques de Schumacher pour îiSfri. Cette Note, comme le remarque judicieusement M. Terquem, contient une démonstration qui diffère peu de celle que j'ai proposée pour le premier théorème de Gauss, dont je déduis ensuite tous les autres. J'aurais pu y C. R., iS56, i«r Semestre. (T. XL», N° 26.) l6 I ( ia3o ) renvoyer si j'en avais eu connaissance; je pense, néanmoins, que l'inter- vention du théorème de M. Bonnet rend la démonstration plus simple et plus nette. Ce théorème est d'ailleurs équivalent à une proposition énoncée par Jacobi à la fin de la Note citée par M. Terquem; mais il me semble précisément qu'il y a un avantage de simplicité. à le placer au commen- cement pour en déduire la proposition de Gauss comme un corollaire immédiat. » physique du globe. — Recherches sur les variations que l'eau de la mer Morte semble subir dans sa composition; par M. Bocssixgault. (Extrait.) « La mer Morte, ou lac Asphaltite, ainsi nommée parce que son degré de salure ne permet pas aux poissons de vivre dans ses eaux, et que de temps à autre on voit flotter de l'asphalte à sa surface, est la limite d'une énorme crevasse dans laquelle le Jourdain coule à un niveau bien inférieur à celui de l'Océan. Cette profonde dépression du sol sur un point assez étendu de la Syrie méridionale, à une distance de 60 milles de la Méditerranée, est, comme l'a dit M. de Humboldt, un phénomène si extraordinaire, que ceux-là même qui l'ont constaté ont tout d'abord douté de l'exactitude de leurs observations. » Dans sa longueur, dirigée du nord au sud, la mer Morte a près de 4i milles marins, et 9 milles dans sa plus grande largeur. Un promontoire, détaché de la côte orientale, forme un détroit de 2 milles de large, à peu de distance de l'extrémité sud, près de la montagne de sel d'Usdum. « Dans- les vingt dernières années, plusieurs tentatives de navigation ont été faites par de hardis voyageurs, malgré le proverbe arabe qui dit : « Celui » qui tient à la vie ne doit pas s'aventurer sur cette mer. » » En i835, un Irlandais, M. Cottigan, exécuta des sondages sur une barque avec laquelle il avait descendu le Jourdain. Après cinq jours de navigation, Cottigan alla mourir d'épuisement à Jérusalem. A la fin de mars 1837, MM. Moor et Beek conduisirent avec des peines infinies, de Jaffa à Jéricho, le canot dans lequel ils naviguèrent jusqu'au 1 7 avril ; c'est à eux que l'on doit la première notion de la dépression du bassin de la mer Morte, que leur avait révélée la température de l'eau bouillante. Abandonnés des Arabes, accablés par la maladie, ils furent forcés de renoncer à leurs pro- jets d'exploration. M. Moor passa en Egypte. » M. de Bertou, que le hasard mit en relation avec M. Moor, vérifia en 1837 et i838, par des observations barométriques, la dépression qu'avaient signalée les deux voyageurs anglais. Ensuite, le lieutenant Symond de la marine britannique, par une triangulation terminée en 1841, a définitive- ( ia3i ) ment adopté 4°° mètres pour la différence de niveau entre les deux mers. » L'année 1847 v^ une nouvel'e tentative et compta une nouvelle vic- time, le lieutenant Molyneux, qui, après avoir fait de nombreux sondages, mourut de la fièvre, bien qu'il n'eût passé que quelques jours sur le lac Asphaltite> Mais l'expédition qui a jeté le plus de lumières sur le climat et la topographie de la mer Morte, est, sans aucun doute, celle que comman- dait le lieutenant Lynch de la marine des Etats-Unis, et je ne saurais mieux faire que de citer quelques passages du journal tenu par cet habile officier. » C'est le 18 avril 1847 ^ue l'expédition, montant deux canotsen métal, entra du Jourdain dans la mer Morte, alors violemment agitée. Les marins furent bientôt couverts d'un enduit salin, dont l'âcreté causait une sensation pénible, presque intolérable sur les lèvres et dans les yeux. Malgré une tempête des plus violentes dans une enceinte resserrée de montagnes noires et arides d'où coulent des eaux sulfureuses d'une extrême fétidité, l'équi- page ne perdit pas courage, car, comme l'écrit le lieutenant Lynch, l'éton- nement frappe, mais n'épouvante pas. La mer se calma aussi rapidement qu'elle s'était déchaînée, et, quand elle fut en repos, on put vérifier la res- semblance d'aspect avec le plomb fondu que les Arabes lui attribuent. » Le 20 avril, dans la matinée, par une légère brise du sud, la tempéra- ture de l'air était 27°,8 centigrades; la mer avait l'apparence d'un miroir, tant elle était tranquille. A ioh 3om du matin, sous une tente dressée sur la côte, le thermomètre marquait 3i°,7 ; un peu de vent du nord le fit tomber à a6°,7. » Entre 8 et 9 heures du soir, la nuit étant très-obscure, la mer se cou- vrit d'une écume phosphorescente, et les vagues en se brisant éclairaient d'une lumière sépulcrale le bois mort et les blocs de roche épars sur la plage. Phénomène d'autant plus remarquable, qu'on n'a pas découvert d'a- nimalcules dans l'eau du lac Asphaltite. » La sonde, et ce fait s'est reproduit plusieurs fois, rapporta des cristaux cubiques de sel marin, mêlés au sable ou à l'argile du fond. » Le 21 avril, on trouva, sur la côte occidentale, une source d'eau douce ayant une température de 23°, 9; c'était près de Ain-Turabeh où croissent des Pistachia terebent.hinus . Le sable supportait un dépôt de soufre. » Dans la nuit on sentait assez fréquemment une odeur sulfureuse, et comme l'eau du lac est absolument inodore, le lieutenant Lynch attribue cette odeur aux sources sulfureuses et aux marais environnants. Le 24 avril, dans le jour, le vent étant très-faible, on sentit l'odeur sulfureuse ; la tem- pérature était de 33°,3 centigrades, a et chacun de nous, » dit le lieutenant Lynch, « eut à résister à un profond sentiment d'abattement ; on voyait 161.. ( i23a ) » l'embouchure de l'Arnou, dont les eaux coulent sur du grès rouge. Le » 26, à 4 heures du matin, le thermomètre marquait 3o degrés. On était » alors à une petite distance de la montagne d'Usdum en présence d'une » scène de désolation ; d'un côté l'imposante masse de sel gemme, de l'autre » les roches stériles de Moab ; au sud la plaine de sel où plusieurs fois les » Israélites défirent leurs ennemis, et au nord la mer, que voilait un brouil- » lard pourpre, recouvrait les ruines de Sodome et de Gomorre. L'éclat de » la lumière blessait la vue, et l'on respirait péniblement dans une atmo- » sphère embrasée. Pas un oiseau ne fendait cet air raréfié, pas un pois- » son ce mystérieux élément sur lequel nous voguions et qui, seul de » toutes les œuvres du Créateur, ne contient pas un être vivant. » » Dans cette localité, l'attention des équipages fut attirée par une sorte de colonne de sel, rappelant le pilier mentionné par l'historien Josèphe comme étant, d'après la tradition, la statue de la femme de Loth. M. de Saulcy, qui a visité Usdum, fait observer que, sans chercher beaucoup, on trouverait probablement plus de deux cents femmes de Loth, les blocs de sel isolés et cylindriques étant assez communs dans le voisinage des grands dépôts salifères analogues à celui d'Usdum. » Entre 3 et 4 heures de l'après-midi, la chaleur devint oppressive. La température de l'air atteignit 39 degrés; celle de la mer, prise à la surface, 3 a0, 2. Les rameurs étaient épuisés de fatigue ; on débarqua au sud du pro- montoire, près de Wady-Humeir, l'endroit le plus triste où jamais l'on ait campé. Les armes, les boutons des uniformes étaient brûlants. A 8 heures du soir, le thermomètre, placé à 5 pieds au-dessus du sol, marquait 4'°>I centigrades. A 4 heures du matin, le 27, l'équipage se plaignit du froid, la température étant descendue à 28 degrés. » Le 28, l'expédition campa près Engaddi. Au coucher du soleil on trouva qu'un cheval pouvait se soutenir dans le lac sans chavirer, sans être jeté sur le côté. Un homme vigoureux surnagea, plongé jusqu'à la poitrine, sans faire le moindre effort pour se maintenir sur l'eau salée. » Le 4 mai, la sonde indiqua, à peu près au milieu du lac, une profon- deur de 194 fathoms. » Des observations, faites avec un thermomètre enregistreur, montrèrent l'existence d'une couche d'eau froide entre la surface et le fond A la surface, température 24°>4 A 18 mètres i5,o A 3i8 mètres 16,7 ( iî33 ) » La plus forte température de l'air a été observée le 8 mai ; à midi, elle était, à l'ombre, de 43°, 3. » Les nombreux torrents alors desséchés reconnus par l'expédition prouvent que la mer Morte reçoit, à certaines époques de l'année, une quantité considérable d'eau douce. Les rivières qui ne tarissent pas éprou- vent de très-grandes crues dans la saison pluvieuse. Le Jourdain devient une mer, comme disaient les Arabes à M. de Bertou. « Le lieutenant Lynch a vu, près du Wady-Mukaddam, une marque in- diquant que le niveau du lac avait dû monter de 7 pieds anglais au-dessus du point où il se trouvait le 22 avril. » Si l'on considère combien la mer Morte peut s'étendre vers le nord en regorgeant dans la vallée basse du Jourdain, et vers le sud en inon- dant la plaine salée, on comprend quelle énorme masse d'eau elle doit re- cevoir avant que son niveau s'élève de 2 mètres. » L'exploration de la mer Morte étant terminée, l'expédition se dirigea sur Beyrout, non sans avoir payé son tribut à l'insalubrité du climat. Un des officiers les plus actifs, le lieutenant Deale, près d'arriver au port, suc- comba à la maladie dont il avait contracté le germe dans cette mémorable campagne. C'est un nom de plus à inscrire sur cette longue liste de voya- geurs morts pour la science. » L'analyse la plus ancienne de l'eau de la mer Morte a été faite en 1 788 par une Commission de l'Académie des Sciences, formée de Lavoisier, Macquer et Sage. Dans cette eau envoyée par le chevalier Tolès, les Com- missaires trouvèrent : Sel marin , à base de magnésie 21 ,786 à base de chaux 16, 32g Sel marin ordinaire 6 , 25o 44,375 Eau. ... 55,625 — « 100,000 » En #807, Marcet publia une nouvelle analyse. La densité de cette eau était 1,211 : aussi les sels trouvés dans 100 parties ne sont plus 44i comme dans les résultats donnés par les académiciens, mais 24, 5 seu- lement. » En 180g, Klaproth examina une eau dont la densité était 1,245, et il constata ^1,6 pour 100 de sels secs. » De l'eau de la mer Morte, prise en octobre 18 17 par le comte Forbin ( i*34 ) pendant son voyage dans le Levant, fut analysée par Gay-Lussac: elle avait une densité de i,2283, et renfermait, sur 100 parties, 26,24 de matières salines. Sa composition différait d'ailleurs très-notablement de celle qu'a- vait donnée Marcet. Marcet. Gay-Lussac. Chlorure de magnésium 10, 246 1 5 , 3 1 Chlorure de sodium »..* io,36o 6,q5 Chlorure de calcium 3, 920 3, 98 Chlorure de potassium o ,000 traces Sulfate de chaux o , o54 traces 24,58o 26,24 Eau ;. 75,420 7^76 100,000 100,000 » Frappé de la grande différence de ces résultats, Gmelin crut devoir entreprendre "une nouvelle analyse de l'eau de la mer Morte, puisée au printemps de 1822 par M. Jacob Leutzen . Cette eau, pesant 1,212, laissa sur 100 parties, 24, 54 de sels secs. » Gmelin y constata la présence du brome que M. Balard venait de dé- couvrir, et il conclut d'expériences exécutées avec un grand soin que cette eau ne renfermait pas de nitrates. Quant au résultat de son analyse, il n'est d'accord ni avec celle de Marcet, ni avec celle de Gay-Lussac. » Depuis Gmelin, les chimistes ont continué à s'occuper de la mer Morte. L'eau rapportée par le lieutenant Lynch, d'une densité de 1, 2274, contenait, d'après MM. Booth et Muckle, 26,42 sur 100 de sels. » Dans de l'eau prise par M. Dunoyer sur là rive occidentale du lac Asphaltite, le 2 avril i85o,MM. Boutron-Charlard et O.Henry n'ont trouvé, sur 100 parties, que i4?9^ de sels; il est vrai que la densité de cette eau ne dépassait pas 1 ,0992. » Enfin, M. Moldenhauser vient de donner une analyse faite sur de l'eau puisée en juin i854, dont la densité était 1, 1 160 ; de 100 parties d'eau on obtint i3, 88 de substances salines. » Il est certainement très-singulier que huit analyses faites su^nne eau prise à la même source, par des chimistes dont on ne saurait contester l'habileté, ne s'accordent pas mieux entre elles. Le motif qui avait porté Gmelin à entreprendre l'examen de l'eau de la mer Morte subsistait donc toujours. J'avais d'ailleurs un autre motif pour faire une nouvelle étude de cette eau. » Depuis que la présence de l'acide nitrique dans les rivières a été dé- ( 1235 ) montrée par les intéressants travaux de MM. Bineau et Sainte-Claire Deville, il nie parut bien extraordinaire qu'une eau de mer, et particulièrement l'eau de la mer Morte, à cause de la constitution géologique de son bassin, ne contînt pas de nitrates, ainsi que Gmelin l'avait reconnu; et, sans élever le moindre doute sur la netteté des résultats annoncés par cet ana- lyste éminent, je désirais vivement vérifier un fait dont l'importance au- jourd'hui est évidemment plus grande qu'elle ne l'était en 1826. » L'eau que j'ai examinée a été rapportée par un jeune Américain, M. Domingo Arosamena; elle est sans odeur et très-limpide. » Mon analyse s'accorde assez bien avec celle de Gmelin . Densité de l'eau Chlorure de magnésium. Chlorure de sodium. . . . Chlorure de calcium . . . Chlorure de potassium. . Bromure de magnésium. Sulfate de chaux Sel ammoniac Chlorure de manganèse. Chlorure d'aluminium. . Nitrates .Iodures Eau Boussingault. Gmelin. !>!94 1 ,212 10,7288 11,7734 6, 4964 7,0777 3 , 55g2 3,2l4' 1 ,6110 1,67 38 o,33o6 o,43g3 0 , 0424 0,0527 o,ooi3 0,0075 0,0000 0,2117 0,0000 0 ,08961 0,0000 0 , 0000 0,0000 0,0000 22,7697 24,5398 77,23o3 75,4602 100,0000 100,0000 » Pour rechercher les nitrates dans l'eau du lac Asphaltite, je me suis arrêté à l'emploi du sulfate d'indigo. Dans mes premiers essais'je m'étais servi de l'or, comme l'avait fait Gmelin, et même pendant quelque temps je l'ai cru préférable au protosulfate de fer et à l'indigo pour découvrir des nitrates mêlés à des chlorures alcalins; mais je n'ai pas tardé à reconnaître que les iridiées fournis par ce métal pouvaient être erronés, parce que l'acide chlorhydrique concentré, considéré comme pur et tel qu'on le'prépare dans les laboratoires, l'attaquait quelquefois. Les remarques que j'ai faites à ce sujet méritent, je crois^ d'être consignées, et je soupçonne que pour avoir échappé à certains observateurs, on a pu signaler des nitrates là où il n'y en avait pas, ou évaluer trop haut ceux qu'on a dosés d'après la production du chlorure d'or. ( 1236 ) » Ainsi, en laissant une lame d'or dans 5 centimètres cubes d'une disso- lution saturée de sel marin, mélangée à 5 centimètres cubes d'acide chlor- hydrique concentré et considéré comme pur, la liqueur, au bout de quel- ques jours, avait acquis une teinte jaune, très-faible à la vérité, mais assez prononcée cependant pour conclure à la dissolution d'une faible quantité du métal, et, par suite, à la présence de nitrates dans le sel marin, si l'on n'eût pas été certain de sa pureté. Cette expérience a été répétée maintes fois, et toujours on put reconnaître des indices évidents de la dissolution de l'or. » En colorant par quelques gouttes de sulfate d'indigo un mélange formé de volumes égaux d'eau distillée et d'acide chlorhydrique considéré comme pur, la teinte bleue s'est effacée graduellement. » Dans l'acide chlorhydrique dont je disposais, acide préparé d'ailleurs par les procédés ordinaires, il y avait donc un principe capable de déterminer la dissolution de l'or et la destruction de l'indigo ; était-ce du chlore, était-ce un composé nitreux ? Cette dernière supposition paraîtra la plus probable, si l'on considère dans quelles circonstances l'acide chlorhydrique est pro- duit. » L'acide sulfurique intervient toujours, et l'on sait que dans la plupart des cas, c^t acide renferme des composés nitreux, quelquefois même en très-notable proportion. Aussi est-ce une précaution en quelque sorte élé- mentaire que de commencer par priver l'acide sulfurique de ces composés avant de l'employer soit à dessécher, soit à purifier un courant de gaz; autrement le gaz entraînerait des vapeurs nitreuses, pour si peu qu'il en existât dans l'acide purificateur. w Au reste, je n'ai pas déterminé le principe qui rend l'acide chlorhy- drique impropre à déceler les nitrates; je me suis uniquement assuré qu'on l'élimine très-facilement, puisqu'il suffit de faire bouillir l'acide jusqu'à ce qu'il ait éprouvé une réduction d'environ un quart de son volume. L'acide chlorhydrique bouilli n'a pu décolorer l'eau teinte par le sulfate d'indigo, et l'on peut dès lors en faire usage conjointement avec ce dernier réactif pour rechercher les nitrates dans une dissolution de chlorures alcalins. » C'est à M. Liebig que l'on doit l'application de l'indigo comme réactif des nitrates, et l'on admet qu'il est possible par ce moyen de découvrir dans un liquide —^ d'acide nitrique. En suivant la méthode décrite dans mon Mémoire, je crois pouvoir affirmer que la sensibilité du réactif est, pour ainsi dire, illimitée; ainsi on décèle dans i centimètre cube d'eau salée l'a- cide équivalent à oBr,ooooo3i de nitrate de potasse. De nombreuses expé- ( i*37 ) riences synthétiques ne laissent aucun doute à cet égard; cependant je n'ai pu, à l'aide. de ce réactif rendu si sensible, trouver le moindre indice de nitrate dans l'eau de la mer Morte. Néanmoins, lorsqu'il s'agit de substances que la mer pourrait tenir en dissolution, s'il est permis d'indiquer une limite, il ne faut pas, à cause de l'immensité du dissolvant, prononcer l'ex- clusion dune manière absolue. » L'absence des nitrates dans l'eau de la mer Morte m'a porté à recher- cher si le réactif indigo indiquerait ces sels dans l'eau d'une autre mer. M. Bineau, dont l'exactitude est bien connue de l'Académie, a dosé dans un litre d'eau puisé sur la côte d'Aigues-Mortes, une quantité de nitrates repré- sentant ogt,ooi de nitrate d'ammoniaque, tandis qu'il n'a point rencontré de nitrates dans l'eau du port de Marseille. » L'eau de mer que j'ai examinée avait été prise, le 8 mai, par M. Reiset, sur la plage de Dieppe, assez loin du port pour éviter l'influence de la rivière d'Arqués. » Dans cette eau réduite au dixième par l'évaporation, l'indigo a indiqué de la manière la plus nette une très-faible proportion de nitrates, à peu près ogr,ooo3 pour un litre d'eau. » Il résulte des essais multipliés auxquels je me suis livré depuis quelques mois, que le sulfate d'indigo, convenablement appliqué, est, non-seulement d'une extrême sensibilité comme réactif qualitatif, mais qu'il offre encore comme agent de dosage des avantages incontestables, puisqu'on détermine avec une précision suffisante et presque sans appareils les nitrates contenus dans l'eau des mers, l'eau des rivières, les eaux pluviales et les eaux sortant des draines. C'est ce que je me propose d'établir dans une instruction spé- ciale que je publierai prochainement. » Par une belle série d'expériences, MM. Malaguti, Durocher et Sarzeatt ont prouvé que l'Océan renferme du chlorure d'argent; ioo litres d'eau pui- sée à plusieurs lieues de la côte de Saint-Malo, ont donné i milligramme de métal. Un savant du plus grand mérite, M. Forchammer, de Copen- hague, a confirmé le fait en opérant sur l'eau de la Baltique. » Comme l'eau de la mer Morte est beaucoup plus chargée de sels que l'eau de l'Océan, il y avait quelque raison pour croire qu'elle contiendrai! une plus forte proportion de chlorure d'argent. J'ai prié, en conséquence, mon savant confrère M. Becquerel d'y rechercher l'argent au moyen des procédés électrochimiques; et quoiqu'il n'ait pas été possible d'obtenir un dépôt métallique sur un des électrodes, la question n'est cependant pas C. F,., 1856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26.) I 62 ( i*38 ) résolue, par la raison que l'essai n'a pu être tenté que sur trop peu de ma- tière. C'est un sujet d'observation que je me permets de recommander à ceux qui pourront se procurer quelques litres d'eau de la mer Morte. » Ce qui caractérise l'eau de cette mer, c'est la forte proportion de brome qu'elle renferme, puisque i mètre cube contiendrait, d'après l'analyse, 3 à 4 kilogrammes de bromure de magnésium. Si un jour le brome trou- vait une large application industrielle, c'est dans la mer Morte qu'il fau- drait l'aller chercher. » Pline rapporte que de riches habitants de Rome, que d'ailleurs il taxe d'extravagance, faisaient apporter pour se baigner de l'eau du lac Asphaltite, à laquelle ils attribuaient des vertus médicinales. Galien remarque que ces baigneurs se seraient épargné bien de l'embarras, en dissolvant du sel dans de l'eau douce; mais il semble hors de doute qu'en raison de la dose considérable de brome qui s'y trouve, cette eau doit nécessairement être douée de certaines propriétés thérapeutiques. » L'analyse semble donc établir que l'eau de la mer Morte n'a pas la même composition à toutes les époques de l'année, et que les substances salines qu'elle tient en dissolution varient, non-seulement sous le rapport de la quantité, ce qu'expliquerait la plus ou moins grande affluence des eaux douces, mais encore dans leur nature. Au reste, pourrait-on affirmer aujourd'hui que l'Océan n'éprouve pas des changements du même ordre? Est-il certain que ses eaux conservent, pendant toute l'année, la même con- stitution ; que leur composition est la même en pleine mer et près des côtes, dans les régions polaires comme sous la zone équatoriale, à la surface comme à une grande profondeur? Ces questions ne seront résolues que lorsque la chimie sortant du laboratoire, interviendra plus qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent dans l'étude de la physique du globe. » géométrie. — Note de M. Vincent en réponse aux observations présentées dans V avant-dernière séance par M. Chasles. « Je me fais un devoir de reconnaître devant l'Académie l'exactitude d'un renseignement que notre confrère M. Bienaymé a bien voulu me donner, relativement au postulatum sur la somme des angles du triangle. Le tome XV des archives de Grunert (page 36 1 et suivantes) contient un Mémoire du docteur en théologie Germar (de Heide) relatif à l'objet qui m'a occupé, et où cet auteur rapporte à un professeur nommé Thibaut une démonstration identique à celle que j'ai proposée. D'après la traduction que je dois à la ( i*3q ) complaisance de M. Alf. Maury, la seule différence consiste en ce que Thi- baut écartait l'objection déduite de la différence des centres de rotation, par une considération tirée des mouvements relatifs des corps célestes, ce qui donne à sa théorie une teinte de mécanique concrète, tandis que je me suis tenu dans la pure abstraction mathématique. Cette coïncidence, dont je me félicite sincèrement, prouve que l'idée n'est pas aussi déraisonnable qu'on a paru le croire. Pourquoi n'a-t-elle pas eu plus de succès? C'est ce que la nature du débat actuel suffit peut-être à expliquer. Mais c'en est assez sur ce sujet. » Je ne puis laisser passer cette occasion sans témoigner à mon tour V étonnement et le sentiment pénible que m'a fait éprouver la lecture du Compte rendu contenant la Note de M. Chasles. Je n'avais pas bien saisi à l'audition le sens et la portée des paroles de notre confrère, car j'y aurais répondu autrement. Comment M. Chasles, qui avait ma communication sous les yeux, qui avait eu huit jours pour rédiger ses observations, peut-il dire que mes réflexions « accusent le jugement de ceux (ce qui ne pour- » rait s'entendre que de tous ceux) qui ont cultivé les sciences mathéma- » tiques jusqu'à ce jour? » et plus loin : que « j'ai prononcé une cen- » sure contre les géomètres anciens et modernes (ce qui signifierait, » encore une fois, contre tous les géomètres, sans aucune exception), » et cela quand j'avais dit simplement : « Je ne manquerais pas d'exemples » si je voulais prouver qu'il est arrivé souvent aux géomètres...)» M. Chasles raisonne comme si ma proposition eût été absolue et universelle, et ensuite, ce qui n'est pas plus admissible , comme si toutes les démonstrations précédemment tentées étaient également irréprochables, ce qui implique une contradiction. Je ne veux point insister sur cet objet auquel je pourrai revenir ailleurs : je me borne à dire et à répéter ici que je n'ai prétendu parler que d'auteurs de géométrie élémentaire et classique, dont aucun n'est vivant, ce qui n'empêche pas que plusieurs d'entre eux ne soient encore des auteurs modernes; et j'étais complètement dans mon droit en critiquant leurs doctrines. » Que dire ensuite de cette assertion : que mes réflexions « tendraient à » jeter du doute sur les principes mêmes qui servent de base aux sciences » mathématiques? » Et depuis quand donc des vérités, bien prouvées d'ail- leurs, se trouveraient-elles compromises dès l'instant seulement qu'un mauvais logicien en aurait proposé une fausse démonstration? » Mais une prétention contre laquelle je regarde par-dessus tout comme un devoir de protester au nom de la raison publique, est la prétention for- 162.. ( <24o ) muléede mettre un interdit sur les principes philosophiques de la science, et de soutenir que, pour avoir le droit de les discuter , il faut avoir fait acte de grand géomètre. La géométrie, a dit avec beaucoup de raison M . Poinsot, dont je regrette de ne pouvoir reproduire dans leur véritable texte les hautes considérations, est comme un arbre dont les rameaux s'étendent vers l'in- fini, mais qui par son pied touche et commence à la terre. Rien n'est plus vrai. Je reconnais que les branches et les fruits appartiennent aux grands géomètres qui ont su s'y élever; mais le pied appartient à tout le monde, et surtout à ceux qui y sont restés enchaînés toute leur vie. Sans avoir suivi la voie qui conduit à la géométrie supérieure, on peut très-bien savoir qu'il est pour y arriver des moyens plus rapides et plus hardis que ceux d'Euclide. » Enfin, comment qualifier le procédé par lequel, au sujet d'une commu- nication plus ou moins digne d'attention, on est venu mettre à l'index un ouvrage dont il n'avait en rien été question dans le débat, et qui ne contient même pas la démonstration proposée, et attaquée bien que conforme aux principes établis dans le programme des études?... Mais autre chose est d'é- tablir des principes, et autre chose d'en poursuivre les conséquences — » « Après cette lecture, M. Chasles dit qu'il s'en réfère aux observations mêmes qu'il a présentées à l'Académie, et qu'un seul point de la communi- cation actuelle de M. Vinceut lui donne lieu de prendre la parole. Il veut simplement faire remarquer que ses observations se rapportaient exclusive- ment à l'écrit lu par M. Vincent sous le titre de Note sur la théorie des parallèles, et qu'il n'a fait allusion, en aucune manière, à l'ouvrage publié récemment par son confrère. » M. Vincent s'empressant de déclarer qu'en effet le passage dont veut par- lerM. Chasles nele concerne pas, M. Chasles répète qu'il n'a rien à ajouter. » M. Floubens, en faisant hommage à l'Académie d'un volume qu'il vient de publier, s'exprime dans les termes suivants : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un exemplaire du premier volume des Eloges historiques, que j'ai lus dans ses séances publiques. » Ce volume contient, après une Introduction sur l'Histoire de l'Aca- démie et sur Fontenelle, les éloges de George Cuvier, Blumenbach, Geof- froy-Sain t-Hilaire, Blainville et Léopold de Buch. » Le second volume est sous presse, et paraîtra bientôt. ( i*4i ) » En écrivant ces éloges, je me suis imposé la loi de rechercher, dans la vie des hommes illustres auxquels ils sont consacrés, tout ce qu'il y a eu de plus honorable et de plus digne d'être conservé, et dans leurs écrits tout ce qu'il y a de vrai. Quid verum atque decens euro et rogo et omnis in hoc sum. » M. Éme de Beacmont présente, au nom de l'auteur M. J. Plateau, un exemplaire d'un opuscule publié par le savant Correspondant de l'Acadé- mie sous le titre de « Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur » . NOMINATIONS. L'Académie procède , par la voie du scrutin , à la nomination de la Commission qui aura à examiner les pièces admises au concours pour le prix fondé par M. de Montyon , et destiné à récompenser les inventions tendant à rendre un métier ou une profession moins insalubre. MM. Rayer, Dumas, Chevreul , Pelouze et Roussingault réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin , à la no- mination de la Commission qui aura à décerner le grand prix des Sciences mathématiques ( question concernant la théorie mathématique des phéno- mènes capillaires). (Commissaires, MM. Pouillet, Despretz, Biot, Regnault et Duhamel.) MÉMOIRES LUS. hydraulique. — Note relative aux inondations ; par M. Baisse. (Renvoi à la Commission nommée précédemment pour les Mémoires de M. Rozet, et à laquelle M. Poncelet est invité à s'adjoindre [i].) « Encouragé par l'accueil que l'Académie vient de faire à deux commu- nications de M. Rozet touchant les inondations, je désire d'autant plus lui soumettre aussi sur ce sujet quelques réflexions, qu'elles sont d'accord (i) Cette Commission se trouvera ainsi composée de MM. Poncelet, Élie de Beaumont, de Gasparin, M. le Maréchal Vaillant. ( 124» ) t avec les conclusions de mon savant camarade. C'est, du reste, le simple résumé de ce que j'ai eu à exposer, le 16 de ce mois, au Conseil général des Ponts et Chaussées, que je réclame l'honneur de lire ici. . » Les inondations surprenantes qui se répètent depuis 1840 et causent de si grandes et de si douloureuses pertes, provoquent naturellement la question de savoir si la science ne peut pas conjurer ce fléau dans l'avenir et d'abord si l'on est bien dans la voie pour cela. » On construit beaucoup de digues nouvelles, on en entretient, on en relève d'anciennes plus étendues encore, le tout, comme on sait, à grands frais pour l'Etat et les riverains ; mais, après avoir plus ou moins longtemps, de la sorte, préservé nos vallées et nos villes, voici que des crues de plus en plus hautes surpassent toutes ces digues dites insubmersibles (c'est le nom usuel, consacré, de celles que j'ai en vue) et commettent, à proportion même de la hauteur donnée aux digues, de plus grands ravages. » Non-seulement nul ne proteste contre la qualification qui vient d'être rappelée, mais de vastes projets/récemment adoptés, s'exécutent sous nos yeux suivant ce système de plus en plus dominant et toujours ainsi désigné. » Et aujourd'hui encore, quelle leçon sortira des événements?. . . En refaisant à la hâte les digues emportées, ne va-t-on pas, sur ces points et partout ailleurs, les relever de nouveau de quelques pieds de plus, et peut- être, au demeurant, après bien des discussions éphémères, en rester là ? » C'est du moins ainsi qu'on s'est engagé toujours davantage dans ce sys- tème des digues ou levées insubmersibles qu'il est temps, je crois, de recon- naître pour illusoire, ruineux, funeste. » Oubliant la portée des mots, on ne prend pas garde qu'on encourage par celui qui désigne expressément le système dont il s'agit ici, les contruc- tions qu'on voit se multiplier dans nos vallées endiguées; et l'on fait d'ail- leurs soi-même, dans celles surtout où la plupart des crues nuiraient encore aux récoltes, non plus par débordement sur les digues, mais par infiltra- tion en dessous, de grands canaux d'assainissement qui supposent , en effet, l'insubmersibilité des digues ; car ils seraient autrement un nouveau lit tout préparé pour la rivière à son premier débordement imprévu, nouveau lit qu'elle pourrait bien, l'élargissant et l'achevant en vingt-quatre heures, s'approprier et garder. » C'est assez dire qu'il y a sur ce point un examen radical à faire, et qu'avant d'aller si loin, d'urgence en urgence, dans le malheureux système de l'endiguement excessif des rivières, on eût bien dû se demander s'il y a une limite assignable à leurs plus grandes crues : question première et ( ia43 ) capitale, quoique presque puérile à force d'être naturelle, et que pourtant je puis dire en toute sincérité n'avoir jamais vu poser par personne. » Considérons celle de nos rivières qu'on a le plus longtemps observée : la Seine, à Paris. » La plus grande crue qu'elle présente depuis qu'on note chaque jour sa hauteur, c'est-à-dire depuis 1777, ou près de quatre-vingts ans, est la crue du 3 janvier 1802, qui monta à 7m,45 à l' hydromètre du pont de la Tournelle, auquel les hauteurs dont il s'agit ont toujours été prises. » La moyenne des 80 maxima annuels, ou la crue moyenne, n'est que de 4m,56 : elle est donc de beaucoup (de près de 3 mètres) inférieure à la crue de 1802. » Mais il y a eu dans le passé des crues bien plus hautes. En effet, celle du 25 décembre 1740 est montéeà 7m,o,o; celle du ier mars i658, jusqu'à 8m,8o, et la plus grande dont on ait conservé la mesure, celle du 1 1 juillet 1 61 5, plus haut encore de om,24, ou jusqu'à o,m,o4 :"hauteur qui va, comme on voit, à peu près au double de la crue moyenne. » Une telle crue donne : im,5o d'eau sur la place de l'Hôtel-de-Ville; im,o5sur la place du Palais-Royal; im,33 sur la place de la Concorde à l'entrée de la rue Royale ; 2 mètres au commencement du Cours la Reine (Champs-Elysées); 3m,25 près la petite entrée du palais du Corps législatif, par la rue de Bourgogne; 2™, go entre les palais delà Légion d'honneur et de la Cour des Comptes, rue Bellechasse; 2m,8o devant le milieu du palais du Conseil d'État, rue de Poitiers; im,77 rue du Bac, à la rencontre des rues de Lille et de l'Université; 2m,i2 à l'angle des rues Bonaparte et Jacob; 2m,7g à l'angle des rues de Seine et des Marais; om,76 sur le seuil de la porte de l'Institut donnant sur le quai. » Ma statistique des rivières de France, dont l'Académie a daigné cou- ronner les premiers essais en i84o, et qui toucherait à son terme si je n'é- prouvais d'indicibles difficultés à faire les vérifications et corrections qu'elle exige, montre que sur toutes les rivières et sur tous les points de leur cours, un fait pareil à celui qui vient d'être cité pour la Seine a été constaté; c'est- à-dire que sur toutes on a vu des crues presque sans rapport avec les états ordinaires de ces rivières. » Sans doute, ces crues démesurées sont rares, mais il n'en est pas moins vrai que nul ne sait la cause ou la loi de leur apparition. L'Isère en a eii cinq dans le XVIIIe siècle: en 171 1, 1733, 1740, 1764 et 1778. Dans notre siècle, elle a présenté deux crues, sinon aussi fortes, du moins encore trop mémorables : en 1816 et tout récemment. La crue de 18 16 est montée, à ( 1244 ) Grenoble, à 3m,7o; celle de i856 vient de s'élever à 3m,8o. Mais la crue de 1778 alla à 5m,io et donna im,7o d'eau à l'entrée de l'Hôpital. Dans d'autres quartiers, il y en eut davantage. » La crue moyenne n'est que de am,4o. » Ces quelques faits posés, je demande pourquoi nous ne revenions pas des crues aussi hautes ou même plus hautes que celles de 1718 pour l'Isère, ou que celle du 1 1 juillet 161 5 pour la Seine ? » Le climat n'a pas changé, que l'on sache, et, pour ce qui concerne l'Isère, son lit a été, sur plus de i5 lieues de longueur, rien qu'en amont de Grenoble, resserré entre de hautes digues; au lieu d'une vaste plaine où elle faisait lac à chaque crue, elle n'a plus ainsi qu'un canal étroit entre d'énormes levées. » D'où proviennent les crues? » De pluies abondantes qui se prolongent et embrassent une région étendue, et auxquelles se joignent parfois de rapides fontes de neige; pluies et fontes de neige qui résultent elles-mêmes de certains vents dont personne n'oserait affirmer que la durée n'eût pas pu être de douze ou vingt-quatre heures plus longue qu'à l'époque des crues les plus hautes. » En juillet 1 85 r , uri vent de sud-ouest apporta, quarante-huit heures durant, contre les cimes calcaires voisines de la Grande-Chartreuse, un air humide et tiède venant d'Afrique et ayant rasé la Méditerranée : le refroi- dissement que cette masse d'air, qui se renouvelait sans cesse, éprouvait à la rencontre de ces montagnes, les plus hautes et conséquemment les plus froides qu'elle eût trouvées jusque-là sur sa route à travers notre conti- nent, produisait une précipitation d'eau tellement abondante, que ce n'é- taient plus des gouttes grosses et pressées qu'on voyait tomber, mais de véritables filets d'eau continus — Je ne rappelle pas les désastres qu'occa- sionna cette pluie torrentielle; j'observe seulement que si le vent qui l'ap- portait eût persisté douze heures ou vingt-quatre heures de plus, nous eus- sions vu assurément recommencer un véritable déluge, sans qu'aucune loi physique connue s'y opposât le moins du monde. » Mémorable exemple, d'où je tire cette conséquence bien simple, bien incontestable, et néanmoins inaperçue jusqu'ici, quoique d'une immense importance : à savoir qu'il n'y a pas de limite assignable aux grandes crues de nos rivières, et partant que les levées de la Loire, comme celles du Rhône, du Pô et autres, ne sont point insubmersibles comme on les sup- pose aveuglément toujours, et comme on a le tort de les nommer. » Je pourrais citer une vallée dans laquelle nos pères se contentaient de ( 1245 ) fixer les berges, et puis, à une plus ou moins grande distance, de part et d'autre, d'élever des bourrelets de terre un peu au-dessus des crues ordi- naires. Entre les bourrelets et les rives étaient les cultures qui craignent le n^oins une immersion passagère ; derrière les bourrelets, les cultures plus délicates. Les grandes crues, qui sont les plus chargées de limon, cou- vraient tout. Sans doute, elles avariaient quelquefois les récoltes, mais comme elles laissaient un engrais qui dispensait, les années suivantes, de fumer la terre inondée, les dommages causés aux récoltes, une année sur dix ou sur vingt, se trouvaient plus que compensés. » Plus tard, poussé à relever les digues d'un cran de plus à chaque nou- veau débordement, on en est venu à ne vouloir plus rien risquer du tout, c'est- à-dire aux prétendues digues insubmersibles, avec ces canaux d'assainisse- ment qui sont le complément et la perfection du système dans les cas les plus rebelles. A la vérité, le prix de ces digues colossales et de ces canaux fait payer une seconde fois la terre ; leur entretien est un impôt écrasant, et il n'y a plus d'engrais naturel de temps à autre; mais parfois, et au- jourd'hui même, des ravages désastreux, que le modeste système de nos pères eût évités. » Alors aussi les lits délaissés qu'on trouve dans toutes les vallées se comblaient peu à peu et finissaient par devenir cultivables, tandis qu'avec les digues insubmersibles ils demeurent d'éternels marais, en même temps que les terres basses et froides sont dans l'impossibilité de s'élever jamais. » Je pourrais citer, toujours dans la même vallée, une presqu'île que les crues ont colmatée d'elles-mêmes et exhaussée de près de i mètre en cin- quante ans, et qui, au lieu des joncs et vernaies qu'elle donnait uniquement autrefois, produit aujourd'hui des blés et des chanvres magnifiques, très- rarement atteints par les crues. » Dans la partie inférieure de la vallée du Rhône, l'espace compris entre la berge du fleuve et la haute levée qui couvre de vastes terrains, a un nom particulier, celui de ségoneaux. Eh bien, ces ségoneaux sont aujourd'hui, rien que par l'effet du colmatage naturel, beaucoup plus élevés que la plaine close ; ils donnent de beaucoup plus riches récoltes et le fonds se vend moitié plus et même deux fois plus que les fonds préservés. Ce fait, avec beaucoup d'autres non moins concluants, a été cité à l'Académie par l'un de ses Membres les plus éminents, M. de Gasparin, dans un remarquable travail dont cette Note n'est qu'un faible écho (Comptes rendus, séance du 22 jan- vier 1 844)- » Lors de l' avant-dernière inondation de la plaine d'Avignon, les pro- C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26.) ■ 63 ( 1*46 ) priétaires éperdus jetèrent les hauts cris et obtinrent de l'État d'abondants secours: ce qui n'empêcha pas que, les années suivantes, le limon laissé par le Rhône leur donnât, sans nul engrais, de merveilleuses récoltes. Je tiens ce fait curieux de M. l'inspecteur général Mallet. » Or non -seulement les digues dites insubmersibles privent les vallées de ces limons, engrais naturels généralement très-féconds, mais lorsqu'elles sont rapprochées, ce que veulent les derniers progrès du système, elles aug- mentent extrêmement la hauteur des crues ; et lorsqu'elles sont en même temps trop sinueuses, disposition qui leur a été longtemps imposée par prin- cipe, elles ont à essuyer, dans les grandes eaux, le choc de courants violents qui souvent les culbutent sans avoir besoin pour cela de les surmonter : je m'abstiens des preuves encore patentes. » Dans l'ancien système, au contraire, les crues, s'étendant sur toute la plaine, sont diminuées à proportion de sa largeur, et les cultures, les haies, les arbres, les bourrelets transversaux surtout, si l'on en fait, comme en Egypte depuis de longs siècles, modèrent la vitesse de la nappe d'inonda- tion, et celle-ci, loin de raviner le sol, ne fait qu'y laisser un dépôt précieux. » Qu'on garde donc désormais les digues insubmersibles, en les faisant, autant que possible, véritablement telles, pour les villes, bourgs, villages malheureusement bâtis dans des lieux trop bas : là, il y va de la vie des hommes, il n'y a pas à balancer; mais que pour les vallées elles-mêmes on se contente de digues arrasées à la hauteur des berges, les fixant et redressant convenablement, et réservant un lit ni trop, ni trop peu large; et puis qu'à une certaine distance de ce lit, la plus grande possible, on élève des bour- relets de terre jusqu'un peu au-dessus des crues ordinaires; qu'on re- nonce, s'il le faut, à certaines cultures ou qu'on les restreigne aux terrains les moins exposés ; s'il y a des affluents torrentiels qui risquent d'encom- brer la rivière, qu'on ait grand soin d'allonger leur cours afin de les faire aboutir presque parallèlement à la rivière et avec une pente peu différente de la sienne, et qu'on les jette pour cela, autant qu'il se peut, dans les lits délaissés; que les redressements soient étudiés avec grand soin dans cette vue et non sans avoir longuement entendu les riverains qui savent seids une foule de faits dont il importe extrêmement de tenir compte : jamais autrement on ne saurait tous les prévoir et les prendre en considération comme il faut. » Et puis enfin que, pour parer aux risques inévitables résultant des grandes crues, le Gouvernement favorise la formation de compagnies d'as- surance mutuelle. L'homme ne possède rien ici-bas qui ne soit sujet à au- ( ,247 ) cune chance, et il en est des récoltes qu'il attend de sa terre comme de tous ses autres biens. S'évertuer contre une telle loi immuable, et deman- der à la scieuce de l'effacer, selon moi , c'est errer. » Dira-t-on que tout ceci peut être bon pour les vallées encore sans digues, mais que pour celles qui en ont, et au nombre desquelles sont les principales, c'est autre chose? » Je réponds qu'il faut d'abord, pour la vallée de la Loire, par exemple, conserver très-soigneusement le jeu de la digue de Pinay, qui, à chaque crue de la haute Loire, fait de la plaine du Forez comme un lac , et rechercher toutes les autres applications possibles de cet admirable palliatif. » Il faut voir les parties marécageuses ou basses , étendues et de moindre rapport , que peuvent présenter les plaines endiguées , et en faire des réser- voirs , qu'on ouvrirait aux crues à certain moment. » Il faut, en général, loin de se contenter d'une digue unique, les mul- tiplier diversement, comme on le fait dans la vallée du Pô. » Il faut tâcher de réaliser la pensée de M. Elie de Beaumont , qui vou- drait qu'on élargît le canal de Savière pour jeter les crues du Rhône supé- rieur dans le lac du Bourget. >• Il faut voir si les Genevois voudront consentir à recevoir dans leur lim- pide Léman, comme M. Vallée le leur demande, le torrent d'Arve, malgré ses eaux troubles et tous les cailloux qu'il entraîne. » Il faut chercher toutes les applications qu'on peut faire de l'idée de M. Rozet, de retarder le cours supérieur des affluents de nos fleuves, dans les défilés rocheux où la mine pourrait aisément entasser blocs sur blocs, pour obstruer leur passage. » Il faut rechercher les localités qui peuvent se prêter à des moyens quelconques de retenir ou ralentir les crues des cours d'eau qui les tra- versent. » Il faut surtout reboiser et gazonner, tant qu'on pourra, les terrains en pente, et même le roc, comme on l'a entrepris, non sans succès, dans les Hautes-Alpes ; parce que c'est là , sans nul doute , le plus général et le plus puissant de tous les palliatifs. » Mais il faut par-dessus tout, selon moi, peu à peu, en revenir au sys- tème économique , simple, raisonnable , que je viens de signaler, et se bien garder de recourir encore aux digues insubmersibles. m Et puis enfin , là où il n'y a moyen de mettre à couvert les habitations, il faut soigneusement proscrire les constructions peu solides , comme l'Ad- i63.. ia48 ) ministration vient de le faire pour le pisé, dans la plaine basse auprès de Lyon. Il faut même examiner s'il ne conviendrait pas de renouveler ces ha- bitations et de relever leur sol , comme l'ont fait les rois de l'antique Egypte pour des cités tout entières; car là, bien qu'on n'eût jamais négligé de s'établir au-dessus des plus grandes crues du fleuve , le continuel exhausse- ment du lit et de la vallée annuellement inondée , rendit ce parti jusqu'à trois ou quatre fois nécessaire en trente ou quarante siècles. » Je me résume : » Depuis trente-six ans que je suis du métier, je n'ai jamais vu faire cette remarque, pourtant bien simple, que les grandes crues de nos rivières n'ont pas de limite assignable. Conséquemment le système des digues dites insub- mersibles est illusoire en même temps que ruineux et funeste, pour plusieurs raisons dont j'ai cité quelques-unes. Il suffit de fixer le lit des rivières au moyen de digues arrasées à la hauteur des berges et complétées par des bourrelets de terre préservant des crues ordinaires les cultures qui craignent le plus l'immersion. Ainsi les vallées profitent des troubles des rivières, c'est- à-dire du véritable or qu'elles roulent toutes, et qui autrement va se perdre dans la mer. Ainsi seulement le lit et la vallée des fleuves se maintiennent dans un convenable rapport de hauteur. Le système économique et simple que je propose prévient les catastrophes que l'autre système, au contraire, pré- pare à coup sûr et d'autant plus désastreuses que les levées ont été portées à Tine plus grande hauteur. Il n'y a qife les assurances mutuelles à opposer aux dommages causés de temps à autre par les crues extraordinaires, dommages que diminueront, mais ne préviendront jamais entièrement tous les palliatifs imaginables. Les digues hautes et vraiment insubmersibles doivent être ré- servées pour mettre à tout prix à couvert les populations qui ont fait la faute de s'établir sur des lieux bas. Enfin, là où de hautes digues exis- tent, il faut bien étudier tous les moyens praticables d'atténuer les crues, mais il faut aussi, et surtout, peu à peu et en toute occasion favorable, passer d'un système à l'autre. « Si l'Académie veut bien envisager, d'une part , les difficultés que la routine, les préjugés, l'intérêt opposent en toute chose aux changements même les plus motivés et les plus désirables, et, d'autre part, l'impression extraordinaire que les derniers débordements ont produite et les chances inouïes de succès que donnerait en ce moment la vive et puissante sollici- tude du Souverain, j'aime à espérer qu'elle daignera prendre en considéra- tion cet écrit, quelque sommaire et imparfait qu'il soit. » ( ia49 ) M. Brandt, Membre de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pé- tersbourg et Directeur du Musée zoologique de l'Académie, présente divers Mémoires qu'il a publiés sur des questions d'histoire naturelle et en indique le sujet dans les termes suivants : « C'est avec la permission de M. le Président et de MM. les Secrétaires que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie impériale des Sciences quel- ques Mémoires récemment publiés par moi. » Ces Mémoires se rapportent à trois catégories : les uns sont réunis sous le titre général de Beitrage; un autre forme l'Appendix d'un Voyage , et un troisième constitue un ouvrage à part. » Sous le titre Beitrage zur nahern Kenntniss der Saugethiere Russ- lands , j'ai publié : » i°. Une description zoologique très-détaillée de la marte zibeline (Mus- tela zibellina), d'après les exemplaires du Muséum de Saint-Pétersbourg, accompagnée de trois planches représentant les différentes variétés de cet animal tant estimé. •» 2°. Un second Mémoire offre une énumération des chauves-souris de la Russie, sous le rapport de leur distribution géographique. » 3°. Un troisième Mémoire prouve les différences nombreuses cranio- logiques qui existent entre le Castor de l'Europe et celui de l'Amérique. » 4°- Un quatrième Mémoire traite de la grande variabilité de forme des os du crâne dans le genre Castor, et augmente le nombre des exemples qui se rapportent à la variabilité individuelle des crânes des Mammifères. » 5°. Un cinquième Mémoire expose l'histoire de la classification de l'ordre des Rongeurs, et surtout du genre Castor chez les différents peuples anciens et modernes. » 6°. Un sixième Mémoire s'occupe de la craniologie , de la classification et de l'affinité des différents genres de l'ordre des Rongeurs. . » 70. Le septième Mémoire contient des recherches sur le nom du Castor et du Castoréum chez plusieurs souches des peuples Ariens , Sémites , Mon- gols et Finnois. » 8°. Le huitième Mémoire s'occupe des connaissances que les Arabes avaient sur le Castor. Audit Mémoire est ajouté un autre par M. Stanislas Ju- lien, sur la connaissance des Loutres chez les Chinois. » Un Appendix zoologique du Voyage de M. Hofmann dans l'Ural, donne ( ia5o ) un aperçu de la zoologie géographique des Vertébrés desdites contrées. J'y ai ajouté de nombreuses remarques sur la distribution générale des Mammi- fères en Russie. » J'espère que l'appendice en question pourra fournir de nombreux matériaux relativement à la patrie des Mammifères les plus répandus de l'Europe et de l'Asie boréale. » Un Mémoire sur la distribution géographique du tigre royal en con- tient non-seulement la statistique, ainsi que ses relations physiques et biolo- giques et les types généraux des animaux vertébrés qui l'accompagnent, mais il offre en même temps des recherches très-détaillées sur les rapports dans lesquels se trouvaient ou se trouvent encore avec lui les différentes tribus des peuples Ariens, Sémites, Indiens et Chinois; et prouve en même temps combien le combat contre ce redoutable ennemi exerça d'influence plus ou moins considérable sur le développement de la culture. » En général il résulte de ces recherches que c'est le tigre qui, parmi tous les animaux sauvages que nous connaissons, possède au plus haut degré la capacité de supporter les changements les plus considérables du climat, car on le rencontre depuis le ciel ardent de Java jusqu'à Nertschinsk, où l'on voit souvent geler le mercure. » Je me permets d'ajouter à ces communications quelques remarques sur un animal qui fut extirpé par les hommes, et dont quelques restes ne se trouvent qu'au Muséum de Saint-Pétersbourg. » Les zoologistes savent, qu'outre les genres des Dugongs et des Manatis, il existait autrefois dans l'océan Pacifique boréal un autre genre de Cétacés herbivores dépourvus de dents, observés par Steller près de l'île de Behring (Novi Comm. Petrop., tome II, page 294), genre dont les derniers restes furent détruits vers le milieu du xvme siècle, selon les recherches de M. de Baer (Mémoires de l'académie de Saint-Pétersbourg, viesérie, Sciences naturelles, tome III, page 58). Mes propres recherches sur le genre Rhytina (Mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg, 1846) ont ajouté aux ob- servations de Steller, outre la connaissance exacte de la lame palatine cornée , la description d'un fragment du crâne. » Plus tard , le Muséum de l'Académie de Saint-Pétersbourg reçut par M. Wosnezerski , l'un des élève9 du Laboratoire zoologique, qui a voyagé pendant une dizaine d'années dans les colonies russes de l'Amérique , un crâne complet de l'animal en question , dont j'ai l'honneur de présenter à l'Académie des dessins exacts, ainsi que plusieurs figures de deux vertèbres, d'un atlas et d'une vertèbre du cou. ( I25l ) » On observe, en général, ce que j'ai déjà remarqué dans mes Spicile- gia Sirenologica, que le crâne de la Rhytine ressemble à celui d'un Manati; mais comme la Rhytine avait, selon Steller, la queue semblable à celle du Dugong, elle devrait être considérée comme forme édentée intermédiaire entre les Dugongs et les Manatis. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire « sur la résolution des équations d'un degré quelconque » , adressé d'Alger par M. Piarron de Mondésir. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Lamé et Bertrand. M. C.-J. Serret continue à envoyer la suite de ses Recherches sur les grandes perturbations du système solaire ; il annonce une communication prochaine qui complétera enfin le Mémoire. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés à l'époque de la présen- tation des premières parties de ce travail : MM. Mathieu, Liouville, Laugier.) GÉOLOGIE . — Remarques sur les gîtes métallifères et sur la disposition re- lative des cristaux de quartz et de feldspath dans les roches granitiques ; par M.. J. Durocher. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Berthier, Elie de Beaumont, Dufrénoy, de Senarmont.) « Dans le Mémoire qu'il vient de présenter à l'Académie (séance du 9 juin i856), M. Fournet émet des assertions qui me concernent personnellement, et que je nepuism'abstenir de rectifier. Dans mon dernier Mémoire [Comptes rendus, tome XLI1, page 85o), j'ai rappelé que les gîtes métallifères ont été produits de différentes manières, les uns par voie de fusion ignée, les autres, soit par des sublimations, soit par des sources thermominérales. Je ne chercherai point à discuter tous les raisonnements que développe M. Fournet pour faire voir que l'on doit considérer comme ayant été à l'état de fusion ignée la généralité des filons métallifères, même ceux que l'on a appelés concrétionnés ; je vais seulement exposer quelques faits pour ( I25a ) montrer que les résultats de l'observation et de l'expérience ne semblent pas favorables aux vues du savant professeur de la Faculté de Lyon. » Comparons, en effet, les caractères des filons concrétionnés avec ceux des filons que l'on pourrait appeler massifs, et dont l'origine par voie d'in- jection est généralement admise ; examinons s'il n'y a pas des différences assez graves pour entraîner une dissimilitude d'origine. En France et en Alle- magne, de même qu'en Angleterre, il est rare de voir des filons métallifères qui soient évidemment le produit d'injections ; mais, pendant mes voyages dans le nord de l'Europe, j'ai observé quelques centaines de gîtes, soit de fer oxydulé, soit de fer chromé, dont l'origine ignée est difficile à contester. Or leurs caractères ne justifient pas les conceptions de M. Fournet : ainsi, par la cristallinité que l'on remarque dans toute leur masse, par la disposi- tion relative du minerai et des gangues, qui semblent s'être séparés d'un magma pâteux, et qui présentent la texture des roches de granit ou de porphyre, par la nature de ces gangues qui, pour la plupart, sont des sili- cates, et dont l'ensemble est assez facilement fusible, par leur soudure avec les parois encaissantes, ces gîtes sont tout à fait comparables à des masses plutoniques, à des filons de phorphyre ou de basalte, et c'est ce qui a con- duit à leur attribuer une origine analogue. En eux tout indique une forma- tion simultanée, un dépôt en masse, tandis que les caractères les plus sail- lants des gîtes concrétionnés manifestent une formation par dépôts succes- sifs, comme l'ont admis la plupart des observateurs depuis Werner : je n'ai qu'à citer cet isolement si fréquent des diverses gangues et des minerais, par couches successives, lequel donne à la masse une disposition rubanée, dont n'approchent point les effets de ségrégation qui ont eu lieu dans les véritables gîtes d'injection, de même que dans beaucoup de roches ignées. Je men- tionnerai, en outre, l'existence d'espaces restés vides dans la partie mé- diane des veines, et auxquels on ne saurait comparer les géodes que peuvent offrir les masses ignées; je ferai aussi remarquer la séparation des gîtes concrétionnés d'avec les roches encaissantes, séparation qui a lieu fort sou- vent par une salbande ou couche argileuse, et qu'il me semble impossible d'envisager comme une dessoudure produite soit par retrait, soit par cris- tallisation. Cette hypothèse d'une dessoudure avancée par M. Fournet est opposée aux faits, car ce qu'il y a de remarquable dans les filons de fer oxydulé produits par injection, c'est leur parfaite soudure avec les roches encaissantes. » A l'objection de l'infusibilité de certaines substances existant abon- damment dans les filons, M. Fournet a répondu en faisant observer, ce qui ( IÀ63 ) est admis sans conteste, que beaucoup de ces substances deviennent fusibles par leur association, ainsi le sulfate de baryte par le mélange de fluorure de calcium : mais il faudrait que ces substances, dont le mélange est fusible, fussent constamment réunies ou du moins placées à peu de distance, et dans de telles proportions, que leur liquéfaction eût pu avoir lieu. Or il y a beaucoup de filons dont la masse totale serait infusible, du moins à la tem- pérature de nos fourneaux, parce qu'ils sont composés d'une ou de deux gangues, dont la réunion n'est pas fusible : ainsi les filons si communs de galène à gangue presque exclusivement quartzeuse, ceux à gangue de sul- fate de baryte et de spath calcaire, sans spath-fluor, etc. De plus, même parmi les filons où l'ensemble de la masse pourrait être considéré comme susceptible de fusion, beaucoup se décomposent en colonnes d'une assez grande épaisseur, qui, prises individuellement, sont à peu près infusibles. » D'ailleurs, comment concevoir que des fragments de la roche encais- sante, plus ou moins fusible, se trouvent souvent englobés au milieu des filons et ne présentent aucune trace de ramollissement ou de modification, s'il est vrai que ces gîtes aient été à l'état de fusion ; beaucoup d'exemples de ces faits sont offerts par les filons qui traversent des roches de schiste et de grauwacke facilement fusibles, comme le filon de Poullaouen en Bre- tagne ; dans les fragments de schiste qui y sont empâtés, les feuillets ne sont ni contournés, ni modifiés, comme cela a lieu dans l'empâtement par des roches ignées. On sait, d'ailleurs, que l'on trouve quelquefois même des débris d'êtres organisés dans les fragments des roches encaissantes qui se trouvent à l'intérieur des gîtes métallifères. » Voici une autre objection non moins grave : Si les filons concrétionnés avaient possédé un état de liquidité ignée, concevrait-on que l'action de la pesanteur n'eût exercé aucune influence sur la disposition relative de ma- tières aussi différentes par leur densité que les minerais métalliques et la plupart des gangues pierreuses? Les molécules qui composaient ces filons ont dû jouir d'une grande mobilité, si la cristallisation et autres forces in- voquées par M. Fournet ont pu opérer des séparations assez prononcées pour produire le rubanement des filons. Or, en présence de toutes ces ac- tions qui écartaient à leur gré les particules minérales, est-il admissible que la pesanteur seule soit restée impuissante ; que, sans aucune trace d'oppo- sition, elle ait laissé se produire des effets qui lui étaient directement con- traires, tels que la concentration du minerai, c'est-à-dire des parties les plus denses sur le toit de certains gîtes. Tous les faits de ce genre n'ont rien que de très-naturel pour ceux qui regardent les matières métalliques comme C. R., i856, 1er Semestre. (T. XL1I, N° 26.) • °7j ( >254 ) ayant été apportées par des vapeurs ou des sources thermales, car le dépôt a eu lieu graduellement et successivement, à mesure que chaque particule se détachait du r.ourant gazeux ou de la dissolution, pour prendre la forme de grains cristallins. » D'ailleurs, dans la théorie que j'ai donnée des filons, un observateur impartial se rend bien pins clairement raison de l'excessive inégalité de ri- chesse des filons concrétionnés et de l'irrégularité apparente qu'y offre la distribution des sulfures métalliques : sans entrer dans des développements qui m'entraîneraient trop loin, je me borne à rectifier une assertion qui me semble peu fondée. M. Fournet affirme (p. i io4) que, « dans les filons, » les parties métalliques, d'ordinaire plus fusibles et plus sujettes que les « autres à se maintenir à l'état liquide, occupent l'étendue moyenne des n veines », et ce géologue cherche à expliquer par là l'accumulation du mi- nerai dans les renflements, les entre-croisements, etc. Mais le fait qui sert de base à ces raisonnements n'a pas le degré de généralité que lui attribue M. Fournet, car le minerai se trouve dans les filons aussi souvent concentré près des parois que dans la partie médiane ; tantôt il est couché sur le mur, tantôt il est accolé au toit, et, quant à son accumulation aux points d'entre- croisement, on l'explique avec la plus grande clarté en l'attribuant à deux sortes d'émanations qui s'élevaient suivant des conduits différents et dont la réaction a dii avoir son siège principal aux points d'intersection de ces conduits. » M. Fournet cite, d'après M. Beust, un autre fait consistant dans l'en- richissement d'un filon aux dépens de son voisin, et il cherche à l'expliquer en supposant le déversement de la matière métallique en fusion d'un filon dans l'autre. Un tel enrichissement, dont j'ai cité des exemples il y a déjà sept ans à propos des mines de Kongsberg ( annales des Mines, 4e série, t. XV, p. 35g, 1849), est bien plus facile à comprendre dans ma manière de voir; car s'il y a communication entre plusieurs fentes voisines, le long desquelles se meuvent des courants métalliques, il est évident que le dépôt du miserai aura lieu principalement dans la portion de ces fentes qui aura contenu la plus forte proportion de principes fixateurs, tels que le soufre et l'arsenic, principes dont le concours était nécessaire pour arrêter dans leur marche ascendante les particules métalliques. » Je m'abstiens de beaucoup d'autres considérations, par lesquelles je pourrais faire ressortir la concordance de mes vues théoriques avec les observations recueillies dans l'exploitation des mines; je me bornerai à un dernier argument, dont la valeur est capitale, c'est la preuve par l'expé- ( 1255 ) rience : jusqu'à ce jour, parmi les substances contenues dans les filons métallifères il en est bien peu que l'on soit parvenu à produire artificielle- ment, par voie de fusion, avec les caractères physiques des minéraux natu- rels; tandis que les partisans de la production des filons par des sources thermominérales et par des vapeurs, en suivant de point en point les indi- cations de leur ,théorie, ont pu former une grande partie des substances minérales contenues dans les filons, et avec les mêmes caractères que nous offrent les produits de la nature. » anatomie comparée. — Réponse dé M. Ch. Rouget à une réclamation de priorité, adressée par M. Mûller à l'occasion du Mémoire sur V appareil d'adaptation de ïœil, présenté à la séance précédente. (Commissaires précédemment nommés : MM. de Quatrefages, Cl. Bernard.) « M. H. Mùller réclame pour lui la découverte du muscle ciliaire annu- laire chez l'homme, que j'ai, dit-il, donné comme un fait nouveau. » Je ne connaissais pas les recherches de M. H. Mùller (publiées seule- ment en avril i856), néanmoins je n'ai jamais prétendu m'attribuer la dé- couverte du muscle ciliaire annulaire : cette découverte n'appartient en effet, ni à M. Mùller ni à moi, mais bien à Clay Wallace, et à Van Reeken. Dès i836 Clay Wallace a nettement indiqué les deux couches du muscle ci- liaire sous les noms de muscle ciliaire externe (outer ciliaiy muscle), et muscle ciliaire interne (inner ciliary muscle). » Au commencement de l'année 1 855, six mois au moins avant l'époque que M. Mùller assigne lui-même à sa découverte, Van Reeken donnait une description détaillée, et des figures exactes du muscle ciliaire annulaire (juillet i855. Physiologisch laboratorium der Utrechtsche Hoogschool). Ce que j'ai d'ailleurs annoncé comme faits nouveaux, ce n'est pas l'existence du muscle ciliaire annulaire chez l'homme, objet de la réclamation de M. Mùller, c'est : i° l'étude de ce muscle chez différents ordres de mammi- fères^et chez les oiseaux; » 2°. La continuité des faisceaux de ce muscle avec ceux du muscle obli- que de l'iris; » 3°. Les rapports des veines irio-chloroïdiennes avec le même muscle, rapports d'où résultent leur compression et l'érection des procès ci- liaires. » M. Mùller annonce ensuite qu'il a fait, à la Société Physico-Médicale de 164.. ( ia56 ) Wùrtzbourg, différentes communications sur l'accommodation de l'œil chez l'homme et les oiseaux, et oppose la date de ces communications ( i5 dé- cembre 1 855 et 2f> avril i856) non encore publiées à la date de ma commu- nication publiée dans les Comptes rendus de l'Académie ( 19 mai 1 856). 0 Je réponds qu'antérieurement à ma communication à l'Académie, j'ai fait connaître le résultat de mes recherches sur l'adaptation, à la Société de liiologie de Paris, dans les séances du 10 novembre 1 855, du 26 avril et 3 mai 1 856, et que les Comptes rendus de ces séances vont être publiés. » Il résulte évidemment de la comparaison de ces dates, que lors même que les résultats obtenus par M. Millier seraient, ce que j'ignore, complète- ment identiques à ceux que j'ai annoncés, nos travaux n'en sont pas moins complètement indépendants, et que ni l'un ni l'autre dé nous n'est fondé à réclamer la priorité. » M. de Lamotte Tarchand soumet au jugement de l'Académie un Mémoire " sur les aurores polaires » . (Commissaires, MM. Babinet, Bravais.) M. Valadier présente au concours, pour le prix du legs Bréant, une Note « sur la nature et le traitement du choléra-morbus ». (Benvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission spéciale. ) M. Moquin -Tandon , qui avait été chargé, conjointement avec M. Jobert de Lamballe , de l'examen d'un Mémoire de M. Maisonneuve « sur la désar- ticulation de la mâchoire inférieure » , dépose sur le bureau ce Mémoire, qui, ayant été imprimé depuis l'époque de sa présentation, ne peut plus, d'après les usages de l'Académie, devenir l'objet d'un Bapport. M. Moquin-Tandon remet également, comme ne nécessitant pas un Bap- port, une Lettre adressée, il y a quelques mois, par M. Frôhlich, et qui avait été renvoyée à l'examen de la Section de Botanique. L'auteur, ainsi qu'il a été dit dans le Compte rendu de la séance du 7 avril dernier, faisait, à l'occasion d'un Mémoire de M. Chatin « sur la structure des Orchidées » , la remarque que cette organisation avait été étudiée et décrite par plusieurs savants allemands, particulièrement par Link (1824) et par Meyer (1828 et i83o). Pour l'exactitude historique, ajoute M. Mo- (juin-Tandon , il convient d'ajouter qu'une partie de ces faits mêmes avait été vue un peu auparavant par Dutrochet ( Mém. du Mus., t. VII ). ( '257 ) CORRESPONDANCE . M. l'amiral Du Petit-Thouars fait hommage, au nom de l'auteur sir Edw. Bclcher, d'un exemplaire de la relation publiée par cet officier d'une expédition aux régions arctiques exécutée sous son commandement. Cet ouvrage a pour titre : « Les derniers voyages aux régions "arctiques, relation de l'expédition faite parle navire de S. M. l'Assistance, commandé par le capitaine sir Edw. Belcher, à la recherche de sir John Franklin du- rant les années i852-53-54, avec des Notes sur l'histoire naturelle, par MM. Richardson, Owen, Th. Bell, Salter et Lovell Reeve. 2 vol. in-8° avec Atlas. » M. Du Petit-Thouars et M. Babinet sont invités à faire de cet ouvrage l'objet d'un Rapport verbal. M. le Secrétaire perpétuel offre, au nom de l'auteur M. Miniscalchi Erizzo, un exemplaire d'un ouvrage publié récemment à Venise sous le titre de « Histoire des découvertes arctiques » . Cet ouvrage, qui est transmis par M. Pentland, est destiné à faire con- naître les découvertes successives qui ont été faites dans ces régions à par- tir des temps les plus reculés. M. le Secrétaire perpétuel présente encore, au nom de M. Ferd. de Lesseps, deux volumes in-8°, intitulés : « Percement de l'isthme de Suez ; exposé et documents officiels publiés par M. F. de Lesseps ». Paris, i855- i856. Ces deux volumes sont renvoyés, à titre de documents, à la Commission précédemment nommée pour les communications relatives au même sujet. La Société Géologique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. L'Académie royale des Sciences de Rerlin adresse un exemplaire du supplément au volume de ses Mémoires pour l'année 1 854- Elle signale une lacune qui existe dans sa collection des Comptes rendus. ( ia58 ) géologie. — Sur le puits foré de Tamerna {Algérie). Lettre deM. Rozet à M. Elie de Beaumont. « Vous savez que l'on doute généralement des déductions tirées des ob- servations géologiques qui n'ont pu être confirmées. Il vous souvient qu'en i83o, après avoir étudié les terrains des environs d'Alger, à la suite de notre belle conquête, j'allai étudier ceux du bassin de Médéa, au sud de la première chaîne de l'Atlas , marchant avec la division de l'armée fran- çaise, qui, après avoir vaincu le bey de Titerie au col de Ténia, s'empara de cette ville. Dans cette expédition , ayant vu le terrain tertiaire sub-atlan- tique, si développé sur le littoral, remplir tous les intervalles que les divers chaînons de l'Atlas laissent entre eux, depuis la Métidja jusqu'au delà de Médéa , tant que j'avais pu avancer vers le sud avec de faibles escortes, les différents rapports stratigraphiques des roches m'avaient dès lors porté à conclure que ce sont les sables de l'étage supérieur du terrain sub-atlan- tique qui doivent constituer le sol du grand désert du Sahara, à dix jours de marche au moins des points que j'avais pu visiter. Cette première con- clusion a été ensuite vérifiée par tous les géologues qui ont eu le bonheur d'aller jusqu au désert de Sahara. A mon retour en France, je communi- quai mes observations à la Société Géologique, qui en consigna les princi- paux résultats dans son Bulletin (i). En i83a, je les publiai toutes dans les Nouvelles Annales du Muséum d'Histoire naturelle. On peut lire dans ce recueil (a) : « D'après le mode de formation du terrain tertiaire, par bassins et sur » les rivages , le grand développement de ce terrain , au nord et au sud » du petit Atlas, et les renseignements qui m'ont été donnés par M. Bené » Caillé , je crois pouvoir dire que c'est lui qui constitue le sol du grand » désert du Sahara. Les grès et les calcaires tertiaires sont là en couches » horizontales , et recouverts par une grande masse de sables qui ne sont » autre chose que ceux que l'on trouve à la partie supérieure du terrain » sub-atlantique; seulement, au sud du grand Atlas, ces sables ont pris un » développement extrêmement considérable. » La marne argileuse, qui doit exister à la partie inférieure du terrain » tertiaire, aussi bien dans le Sahara qu'entre les Atlas, retenant facilement (i) Tome II, ire série, page 364- (2) Tome II, page 3i4- ( >a59 ) » les eaux, il est probable qu'en creusant à une certaine profondeur on » obtiendrait des sources abondantes : on pourrait peut-être établir des » puits forés? Ce serait un immense avantage pour cette malheureuse con- » trée et les caravanes qui sont obligées de la traverser. » » Il a fallu vingt-six ans pour vérifier cette prévision. Enfin elle vient d'être complètement confirmée , à ma grande satisfaction ! » Le Moniteur du a5 juin contient un Rapport du général Desvaux, com- mandant la subdivision de Batna, au gouverneur général de l'Algérie, où il est dit : « Le 9 juin , à trois heures de l'après-midi, l'eau a jailli du » forage de Tamerna, dans le Sahara. La profondeur du puits est de » 60 mètres; il donne 36oo litres d'eau à la minute. Un tel événement, » dit le général, démontre mieux que tout ce que l'on pourrait dire, les » grands progrès accomplis en Algérie depuis quelques années, qui pro- » mettent, dans un avenir prochain, les plus merveilleuses transforma- » tions. » » Pendant l'année i852, lorsque j'exécutais des travaux géodésiques dans la partie des Etats-Romains occupée par nos troupes , la présence du même terrain tertiaire qu'en Algérie, au pied sud de l'Apennin, m'avait aussi fait concevoir la possibilité d'établir des puits forés dans toute la zone comprise entre cette chaîne de montagnes et la Méditerranée. Je proposai alors au général Gémeaux de faire venir de France un. équipage de sonde, pour tenter des essais aux environs de Civita-Vecchia , dans le but d'alimenter cette place, qui manque de bonne eau pendant l'été, et d'arroser sa cam- pagne, qui deviendrait ainsi très-fertile ; mais il ne fut donné aucune suite à ma proposition. Je suis toujours persuadé qu'il est possible d'établir des puits forés dans la bande de terrain sub-apennin comprise entre Rome et la frontière de Toscane. » chimie moléculaire. — lsomorphisme entre des corps isomères , les uns actifs, les autres inactifs sur la lumière polarisée ; par M. L. Pasteur. « Le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie fait connaître une exception remarquable à la loi des corrélations de l'hémiédrie et du phénomène rotatoire moléculaire, établie par mes précédentes recherches. L'Académie se rappellera peut-être que l'étude des formes cristallines des corps actifs sur la lumière polarisée m'avait conduit à reconnaître que ces formes offraient toutes une dissymétrie que j'ai caractérisée par l'expression hémiédrie non superposait le, parce que leur image ne peut leur être superpo- ( i '.«6o ) sée, pas plus que le gant de la main droite ne s'adapteraità la main gauche. En d'autres termes, ces formes n'ont pas de plan de symétrie. Tous les tartrates, tous les malates, un grand nombre d'autres produits, le sucre de canne, le sucre de lait, la tartramide, l'asparagine,... possèdent de pareilles formes. Certains corps actifs ne m'ayant pas présenté habituellement ce genre d'hémiédrie , et présumant que ce n'était là qu'un accident, j'ai cher- ché à faire apparaître les faces hémiédriques, en modifiant les conditions de la cristallisation ; et, dans tous les cas où j'ai poursuivi cette étude, je suis arrivé à déterminer diverses circonstances qui ont provoqué l'hémiédrie non superposable. » Jusque-là, par conséquent, la loi de la corrélation du phénomène rota- toire et de l'hémiédrie paraît générale. Est-elle nécessaire ? Une substance peut-elle être, quoique active, homoédrique de forme et de structure? On sait que l'inverse est possible. Un corps peut avoir une forme et une struc- ture cristalline hémiédriques, sans posséder le pouvoir rotatoire molécu- laire. Le quartz est dans ce cas. Il en est de même du formiate de strontiane et du chlorate de soude de MM. Rammelsberg et Marbach. Se peut-il inver- sement que le pouvoir rotatoire moléculaire existe et que la forme et la structure cristallines ne l'accusent pas? On comprend tout l'intérêt que peut offrir la découverte de semblables produits. Le travail que je soumets à l'Académie donne le premier exemple d'une substance active, privée de l'hémiédrie non superposable dans les formes cristallines de ses combi- naisons. Cette propriété appartient à l'alcool amylique actif. » J'ai prouvé l'année dernière que l'alcool amylique qui jusqu'à présent a fait le sujet des études des chimistes, était un mélange à proportions va- riables de deux alcools isomères, l'un actif sur la lumière polarisée, l'autre inactif comme tous les alcools connus. J^a similitude profonde de ces deux alcools s'étend à toutes leurs combinaisons. Ce que l'on fait avec l'un, on peut le produire avec l'autre dans les mêmes circonstances. Leurs tempé- ratures d'ébullition et celles de tous leurs dérivés volatils sont si voisines, qu'il est impossible de les séparer par des ébullitions fractionnées. Le seul moyen de les isoler consiste à préparer une grande quantité de sulfamylate de baryte avec l'alcool du commerce rectifié, et de soumettre à des cris- tallisations répétées le sulfamylate brut. On accumule ainsi dans les eaux mères le sulfamylate actif, qui est plus soluble que l 'inactif; et celui-ci reste dans les dernières cristallisations. Au lieu de sulfamvlate de barvt e, on peut choisir d'autres sulfamylates ou d'autres dérivés cristallisables des deux alcools, mais le sel de baryte est préférable. ( 1201 ) » Cela posé, voici la particularité curieuse de tous ces corps cristallisa- bles, actifs et inactifs. Le corps actif a toujours la même forme cristalline que le corps inactif correspondant, sans que l'hémiédrie vienne apporter la moindre différence. Dans mes recherches antérieures j'avais déjà rencontré des corps actifs et inactifs isomères, de même forme cristalline; par exemple les bimalates de chaux et les bimalates d'ammoniaque. Mais les bimalates actifs se reconnaissent à un ensemble de faces qui, sur le cristal, tombent plus d'un côté que de l'autre, tandis que dans les bimalates inactifs ces faces sont redressées. En un mot, les actifs ont l'hémiédrie non superposable ; les inactifs ne la possèdent pas : c'est là toute leur différence. » Dans les sulfamylates actifs et inactifs l'identité des formes est au con- traire absolue; circonstance d'autant plus remarquable que l'identité des formes cristallines ne s'était montrée jusqu'à présent que dans des produits où l'arrangement moléculaire était le même, c'est-à-dire dans les corps iso- morphes. Ici l'arrangement moléculaire diffère et la forme ne l'accuse pas ; et cette identité de formes et de composition chimique coïncide avec des dif- férences de solubilité qui vont du simple au double et au triple. » Mais une objection se présente tout de suite. J'ai rappelé moi-même en commençant cette lecture que l'hémiédrie dans les corps actifs n'était pas toujours accusée naturellement; que souvent, pour la faire apparaître, j'avais été obligé de modifier les conditions de leur cristallisation, afin de provoquer la naissance de nouvelles faces dans l'ensemble desquelles se trouvaient des faces hémiédriques. On pourrait donc objecter que si les formes des combi- naisons amyliques ne m'ont pas offert l'hémiédrie géométrique, leur struc- ture cristalline ne possède pas moins la dissymétrie que cette hémiédrie géométrique accuse le plus ordinairement. Il n'en est rien. En effet, une con- séquence de l'existence de la structure hémiédrique dans un produit organi- que, jointe à l'absence de ce caractère dans le produit isomère correspondant, paraît être l'impossibilité d'une association des molécules individuelles de ces corps, en diverses, ou en toutes proportions. Supposons, par exemple, que les bimalates actifs et inactifs de chaux, isomères, soient mélangés en dissolution, et qu'en cristallisant leurs molécules individuelles se réunissent à la manière de celles de deux corps isomorphes. Il faudra dès lors que l'hémiédrie de la forme nouvelle accuse la nouvelle structure, non plus comme fait, mais comme valeur et comme proportion. On ne voit pas à priori qu'il y ait impossibilité nécessaire de pareilles conditions dans la cristallisation. Ce serait néanmoins un fait bien inattendu dans l'état actuel de nos connais- sances. Quoi qu'il en soit, c'est à l'expérience de répondre. J'ai donc essayé C. R., i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26. ) 1 65 ( I2Ô2 ) de faire cristalliser ensemble des corps actifs et inactifs, isomères et de mêmes formes cristallines, sauf la différence due à l'hémiédrie, et j'ai vu que dans tous les cas ils se séparaient l'un de l'autre, comme se séparent en cristallisant deux sels différents, non isomorphes, qui obéissent aux lois de leurs solubilités respectives. On dirait même que le plus souvent ces corps actifs et inactifs se repoussent. Quand l'un se dépose, l'autre reste dissous. Ce n'est pas qu'il ne puisse cristalliser, car si l'on vient à décanter l'eau mère, encore bien qu'on ne l'évaporé pas de nouveau, on voit l'autre corps se déposer rapidement, et fournir en quelques instants une abon- dante cristallisation. » Or il arrive, au contraire, que toutes les combinaisons amyliques actives et inactives correspondantes ont la même composition, la même forme cris- talline, et montrent l'isomorphisme le plus absolu, le plus décidé. Non-seu- lement les sulfamylates de baryte sont dans ce cas, il en est ainsi de ceux de plomb, de strontiane, et des aluns d'amylamine active et inactive, qui, pour le dire en passant, ne se sont jamais offerts dans mes expériences sous la forme d'octaèdres réguliers, comme on l'a annoncé, je crois par erreur, il y a quelques années. » Je conclus de cet isomorphisme absolu des dérivés amyliques actif et inactif que la structure hémiédrique n'existe pas dans les produits actifs. Mais cette preuve ne suffit pas encore. La structure hémiédrique pourrait exister dans les conditions que j'assignais tout à l'heure par raisonnement. La forme restant la même, cette structure varierait dans ses proportions avec les proportions des deux corps qui se combinent, et une face hémiédrique pourrait l'accuser par une inclinaison variable sur les faces restantes et fixes du cristal. Les difficultés que présente l'étude des formes cristallines des sulfamylates de baryte et des aluns d'amylamine, dont les cristaux sont des lames minces où plusieurs faces échappent forcément à l'examen, me fai- saient tin devoir d'aller beaucoup plus loin dans les preuves d'un phéno- mène de chimie moléculaire aussi imprévu que celui qui fait l'objet de mon travail. » J'ai cherché alors à produire forcément l'hémiédrie dans le sel prove- nant de la réunion des deux amyliques actif et inactif, non plus seulement par le fait du groupe amylique, mais par celui d'un autre corps. L'hémiédrie du groupe amylique, si elle existe, devrait sans doute se montrer dans le nou- veau produit, soit matériellement, soit en empêchant l'isomorphisme des deux groupes amyliques. Or les choses ne se sont point passées selon ces pré- visions. J'ai réussi à préparer des cristaux bien déterminables de sulfamy- ( 1263 ) lates de cinchonine, c'est-à-dire d'une base active, qui a l'habitude de com- muniquer à ses dérivés, comme la plupart des corps actifs, l'hémiédrie de forme et de structure. Les sulfamylates actif et inactif de cinchonine ont en- core eu les mêmes formes exactement, et il ont présenté aussi l'isomorphisme absolu des autres sulfamylates à bases inactives ; toutefois, avec cette particu- larité très-démonstrative que ces sulfamylates sont toujours hémiédriques, que leur hémiédrie est constamment la même, accusée par les mêmes faces, quelle que soit la proportion des deux sels réunis. Evidemment l'hémiédrie est ici le fait seul de la cinchonine, et le groupe amylique n'intervient pour aucune part dans la structure hémiédrique de tous ces cristaux. » Enfin, comme je ne dois rien omettre dans un sujet aussi délicat de tout ce qui peut faire penser que je ne me suis pas trompé, je suis heureux de pouvoir ajouter que les sulfamylates de cinchonine qui m'ont servi lors- qu'ils sont préparés avec tous les soins que j'indiquerai, sont des sels admi- rables par la limpidité, la régularité et le volume de leurs cristaux. L'A- cadémie pourra en juger par les échantillons que je mettrai prochainement sous ses yeux. » C'est vraiment une chose bien digne de remarque que de voir des cris- taux absolument identiques par leurs formes, correspondre à des arrange- ments moléculaires très-dissemblables qui varient, pour ainsi dire, à volonté dans leur dissemblance, et dont la solubilité diffère également d'une ma- nière progressive entre des limites très-éloignées. » En résumé, de même que des corps dépourvus de toute dissymétrie dans l'arrangement atomique de leurs molécules, le quartz, le formiate de strontiane, le chlorate de soude, peuvent s'agréger de façon à avoir une structure cristalline et une forme hémiédriques, de même, inversement, des corps peuvent ne montrer ni structure ni forme hémiédriques et être pourtant constitués par des groupes moléculairement dissymétriques. Dans le cas du quartz, du formiate de strontiane et du chlorate de soude, nous nous représentons les molécules de silice, de formiate ou de chlorate se groupant au moment de leur cristallisation suivant des dispositions dissy- métriques. L'édifice, c'est-à-dire le cristal, est lui-même alors dissymétrique, mais les matériaux qui ont servi à le construire ne le sont pas. Et ce qui le prouve, c'est que, dans la dissolution, lorsque le cristal n'existe plus, toute dissymétrie disparaît, et la recristallisation de cristaux de formiate ou de chlorate, exclusivement droits ou exclusivement gauches, donne les deux sortes de cristaux droits et gauches. » De même et inversement, dans les nouveaux produits que je viens de i65.. ( 1264 ) faire connaître, les chimistes et les physiciens verront sans doute des mo- lécules individuellement dissymétriques (le pouvoir rotatoire de leur disso- lution le manifeste) qui s'agrègent au moment de leur cristallisation par groupes secondaires, lesquels se disposent suivant les lois de la structure ho- moédrique, de telle manière que la forme et la structure de l'édifice ou du cristal n'offrent plus aucune dissymétrie. C'est ainsi, par exemple, que l'on pourrait figurer un cube ou toute autre forme homoédrique avec des tétraè- dres irréguliers. Mais vient-on à détruire l'édifice par dissolution, les matériaux qui le composent manifestent leur dissymétrie individuelle dans leur action optique sur la lumière polarisée. » PHYSIQUE. — Note sur les propriétés 'électriques de la tourmaline; par M. J.-M. Gacgain. « De nombreuses recherches ont été faites sur les propriétés électriques des tourmalines; mais les physiciens qui se sont occupés de ce sujet ont, en général , opéré sur des cristaux isolés ( ne communiquant pas avec le sol ), et il résulte de cette circonstance qu'ils n'ont mis en évidence qu'une très-petite partie de l'électricité que les tourmalines sont susceptibles de développer. » On sait que la tourmaline devient électrique quand on la refroidit ou qu'on l'échauffé entre certaines limites de température ; mais je me suis exclusivement occupé d'abord du développement d'électricité qui accom- pagne le refroidissement. Le mode d'expérimentation que j'ai adopté est très-simple : je suspends à deux supports isolants la tourmaline que je veux étudier au moyen de deux fils fins de platine ou de cuivre enroulés sur les extrémités du cristal ; puis, après avoir mis l'un de ces fils en commu- nication avec un électroscope à feuille d'or ordinaire, et l'autre fil en com- munication avec le sol, j'échauffe la tourmaline d'une manière quelconque, et la laisse ensuite refroidir à l'air libre. Si le cristal mis en expérience a été porté à une température très-élevée, les feuilles d'or restent immobiles pendant quelques instants; mais dès que la température de la tourmaline s'est abaissée au-dessous d'une certaine limite, elles commencent à diver- ger, s'écartent de plus en plus, finissent par atteindre les tiges métalliques destinées à les décharger, puis, après s'être dépouillées de l'électricité qu'elles possédaient, retombent dans la position verticale, pour diverger de nou- veau. Ce mouvement se continue jusqu'à ce que le refroidissement soit complet, et le nombre des décharges effectuées peut mesurer avec assez ( ia65 ) d'exactitude la quantité d'électricité développée dans des conditions déter- minées. Si l'on répète l'expérience que je viens de décrire après avoir sup- primé la communication établie entre le sol et la tourmaline, les feuilles d'or ne bougent pas, ou si elles divergent, leur angle d'écartement ne dé- passe pas cinq ou six degrés. » M. Becquerel, dans un de ses Mémoires sur la pyro-électricité [Ann. de Chim. etdePhys., ae série, tome XXXVII, p. 10), a exprimé l'opinion que la tourmaline ne laisse point échapper d'électricité ni n'en prend aux corps environnants, et il fonde cette manière de voir sur ce fait, qu'il n'a pu parvenir à charger un excellent condensateur de Volta au moyen d'une tourmaline dont il élevait la température. On ne réussit pas, en effet, à charger d'une quantité notable d'électricité un condensateur même excel- lent, lorsqu'on se borne à mettre l'un des pôles de la tourmaline en rap- port avec l'un des plateaux du condensateur; mais on parvient aisément à charger non-seulement un condensateur de Volta, mais même un conden- sateur à lame isolante de verre (un carreau fulminant), lorsqu'on met les deux pôles en communication respective avec les deux plateaux; on peut même, au moyen d'une combinaison que je vais indiquer tout à l'heure, obtenir des charges assez fortes pour produire des étincelles de deux à trois millimètres. » Quand on opère sur une tourmaline isolée, on ne trouve d'électricité sensible qu'aux deux pôles, toute la région moyenne du cristal paraît être à l'état naturel; mais les choses se passent différemment quand on établit une communication entre la tourmaline et le sol. Si l'on met une tourmaline en rapport avec un électroscope, au moyen d'un fil métallique enroulé sur le milieu du cristal, on n'observe pendant le refroidissement aucun signe d'électricité tant que la tourmaline reste isolée ; mais en tou- chant l'un ou l'autre de ses pôles, on peut charger à volonté l'électroscope d'électricité vitrée ou d'électricité résineuse. » L'analogie qui existe entre une tourmaline qui se refroidit et une pile thermo-électrique, m'a tout naturellement conduit à essayer de former des piles de tourmalines; j'ai accouplé d'abord un certain nombre de tour- malines, en les réunissant bout à bout par leurs pôles de noms contraires, de manière à former ce qu'on a coutume d'appeler une pile de tension; j'ai trouvé que cette espèce de pile produit à peu près autant d'électricité que l'un des éléments qui la composent, lorsque ces éléments, pris séparément, peuvent fournir eux-mêmes des quantités égales d'électricité , mais que dans le cas où l'on associe des tourmalines qui ont des propriétés électri- ( rc*66 ) ques très-différentes, la pile donne moins d'électricité que ceux de ses élé- ments qui sont les plus énergiques. « J'ai formé en second lieu des piles de quantité en réunissant un certain nombre de tourmalines par leurs pôles de même nom : de cette manière j'ai obtenu un accroissement d'effets très-considérable; quand le nombre des tourmalines associées est de trois ou quatre seulement, la quantité d'élec- tricité développée par la pile est sensiblement égale à la somme des quan- tités que peuvent fournir les éléments séparés. Lorsqu'on réunit un nombre plus considérable de tourmalines, la quantité d'électricité développée con- tinue à croître, mais elle cesse d'être égale à la somme des quantités que produiraient les éléments séparés, et s'écarte d'autant plus de cette somme que le nombre des éléments employés est plus considérable. C'est en em- ployant une pile formée de quinze cristaux que je suis parvenu, comme je l'ai dit plus haut, à charger un petit carreau fulminant de manière à produire des étincelles. » Une longue tourmaline pouvant être considérée comme le résultat de l'association de plusieurs tourmalines plus courtes, il paraissait résulter de mes observations sur les piles de tension que la longueur des cristaux doit être sans influence sur la quantité d'électricité produite; cette conclusion n'a pas été justifiée par l'observation directe. J'ai brisé quatre échantillons de tourmalines appartenant à des variétés différentes, et j'ai toujours trouvé que les fragments d'un cristal développaient moins d'électricité que le cris- tal entier; j'ai constaté, en outre, que dans le cas où les fragments d'un même cristal étaient inégaux, le plus long était celui qui fournissait le plus d'électricité : il me paraît donc certain que la quantité d'électricité déve- loppée croît avec la longueur des cristaux. » La quantité d'électricité que développe une tourmaline ou une pile de tourmalines ne dépend pas seulement de la variation de température à laquelle elle se trouve soumise. J'ai constaté , par un grand nombre d'ob- servations, que la quantité d'électricité correspondant à un refroidissement de n degrés peut varier entre des limites très-étendues , suivant que la vitesse du refroidissement est plus ou moins grande. » On a dit que les tourmalines brunes sont les plus électriques; ce sont, au contraire, les tourmalines du Brésil vertes ou bleues qui, toutes choses égales d'ailleurs, m'ont fourni les plus grandes quantités d'électricité, et en général j'ai trouvé que, dans les échantillons de la même teinte, les plus limpides et les plus volumineux étaient ceux qui donnaient les effets les plus marqués. ( i*67 ) » J'ai fait quelques expériences dans le but d'apprécier la conductibilité des tourmalines à diverses températures, et j'ai trouvé que cette conducti- bilité, presque nulle à la température ordinaire, va en croissant rapidement à mesure que la température s'élève. Lorsqu'une tourmaline est assez for- tement échauffée pour ne plus donner de signes électriques, sa conducti- bilité est telle, qu'elle peut décharger instantanément un électroscope élec- trisé d'avance, lorsqu'on l'emploie comme intermédiaire pour établir une communication entre l'électroscope et le sol; ce fait explique tout natu- rellement la disparition des signes électriques aux températures élevées. En supposant, en effet, qu'à une haute température le refroidissement con- tinuât à développer de l'électricité, il est clair que cette électricité ne serait pas manifestée par l'électroscope, puisqu'elle pourrait immédiatement s'échapper dans le sol. » J'ai essayé de comparer la quantité d'électricité qui résulte d'un échauffement de n degrés, à celle qui provient d'un refroidissement égal; mais cette comparaison offre d'assez grandes difficultés, et je me propose d'étudier ultérieurement ce point délicat. » chimie. — Note sur un hyposulfite double de soude et de cuivre; par M. W. Schùtte. « En ajoutant une dissolution assez concentrée d'hyposulfite de soude à une dissolution ammoniacale d'un sel cuivrique, il se dépose un sel bleu violacé. Ce sel se forme à froid, mais plus rapidement à chaud, à mesure que l'ammoniaque se volatilise. 11 cristallise en petites aiguilles prisma- tiques, dont il a été impossible de déterminer exactement la forme cristal- line. On obtient le même sel en versant une dissolution d'hyposulfite de soude dans une dissolution d'un sel cuivrique, et ajoutant après de l'ammo- niaque, ou en traitant une dissolution ammoniacale de protochlorure de cuivre par l'hyposulfite de soude. Dans ces deux cas, le sel bleu, plus ou moins violacé, se forme en absorbant l'oxygène de l'air, et présente géné- ralement une nuance plus foncée que le même sel obtenu par la première méthode, surtout lorsqu'on avait opéré à chaud ou avec des dissolutions fort concentrées. » J'ai trouvé par l'analyse, outre l'acide hyposulfureux, la soude, l'am- moniaque et l'oxyde cuivrique, une proportion considérable d'oxyde cui- vreux. Il est très-probable que le protoxyde et le deutoxyde de cuivre s'y remplacent l'un l'autre, ce qui explique les différences de nuances du sel ( ia68 ) provenant de diverses préparations, et les résultats obtenus par l'analyse quantitative. Le sel est anhydre et inaltérable à l'air. Chauffé à 100 degrés, il brunit en dégageant de l'ammoniaque, mais sans perdre de l'eau. A une température plus élevée, de l'ammoniaque, du sulfite ammonique et du souffre se dégagent, et il se forme une masse noire contenant du sulfure de cuivre et du sulfate de soude. Le sel se décompose avec l'eau froide. Il se dissout dans l'eau chaude; mais en chauffant quelque temps, on précipite tout le cuivre à l'état de sulfure. Les acides le décomposent à la température ordinaire en précipitant du soufre et en dégageant de l'acide sulfureux, ce qui prouve la présence de l'acide hyposulfureux. » L'analyse quantitative a présenté quelques difficultés à cause du peu de stabilité à la fois de l'acide et de la base, et de la sulfuration facile du cuivre par l'acide hyposulfureux. Le soufre, le cuivre, la soude et l'ammoniaque ont été dosés d'après des procédés connus ; mais la détermination des pro- portions relatives d'oxyde cuivrique et cuivreux a présenté pour ce sel des difficultés particulières. On a été obligé de changer par l'hydrogène sulfuré les oxydes cuivreux et cuivriques en sulfures correspondants dont l'analyse a permis de conclure aux proportions relatives des oxydes. » Voici la moyenne de plusieurs analyses : NH* = 9,897 NaO = i5,758 S*02 = 47,689 Cu20 = 22,63 CuO = 4>°°7 99' 98 ' Elle correspond le mieux à la formule suivante : 4S2 O2, NaO + 3S*02, Cu2 O 4- S202, CuO 4- 4NH», qui exige : NH3 = 8,3 NaO — 14,9 S202 = 46,a Cu20 = 25,8 CuO = 4,8 100,0 » La différence existant entre la quantité d'oxyde cuivreux trouvée par ( ^69 ) l'analyse et celle calculée, s'explique en observant que la substitution d'oxyde cuivrique, par l'oxyde cuivreux, produit le remplacement de i équivalent de cuivre par a équivalents du même corps. La notation sui- vante représente la constitution de ce sel d'une manière à la fois simple et rationnelle : S202, NaO+S202 j^u2°|-f-NH8. ( Cn O j physique du globe. — Sur la présence de l'ammoniaque dans certaines eaux minérales ; par M. Jules Bons. « En cherchant à me rendre compte des diverses hypothèses émises sur la formation des eaux sulfureuses , j'ai été amené à me demander s'il ne serait pas possible de fournir à la science une donnée de plus pour cette discussion, en déterminant la quantité d'ammoniaque que les eaux naturelles peuvent contenir; car, dans mon opinion, certaines eaux devaient en être exemptes. » Cette question, qui intéresse si vivement les physiciens et les géologues, n'aurait certainement pu être abordée si j'avais dû recourir aux procédés ordinaires pour doser l'ammoniaque; mais M. Boussingault s'était déjà oc- cupé de cette détermination à un autre point de vue, et je ne pouvais avoir un meilleur guide. Aussi ai-je suivi avec la plus scrupuleuse exactitude sa méthode si simple, si rapide et si précise. Je dois même ajouter que pour tous mes essais je me suis servi de l'appareil même dont M. Boussingault a fait usage, et que ce savant a bien voulu mettre à ma disposition. » Ce procédé, comme on le sait, consiste à distiller l'eau que l'on veut soumettre à l'analyse avec une dissolution de potasse, à recueillir les pre- miers produits de la distillation et à doser l'ammoniaque par les méthodes alcalimétriques. La grande habitude de ces essais, que depuis plusieurs an- nées j'ai acquise auprès de M. Peligot, m'autorise à dire que l'on peut ré- pondre de la quantité d'ammoniaque contenue dans i litre d'eau à -~ de milligramme près. » J'ai commencé par examiner les eaux thermales sulfureuses des Pyré- nées, et comme type j'ai choisi des eaux sortant directement des terrains plu- toniques bien caractérisés, comme on les rencontre à Olette, Amélie-les-Bains, Vernet, etc. Ces eaux renferment en dissolution des proportions assez con- sidérables d'une matière organique azotée dont j'ai déjà entretenu l'Acadé- mie, et l'on aurait pu craindre que cette substance azotée, en présence de la C. R. i856, i« Semestre. (T. XLII, N° 26.) !66 ( 127° ) potasse, ne vînt jeter le trouble dans les résultats en fournissant de l'ammo- niaque ; mais il n'en a point été ainsi, comme on le verra par les nombres suivants, et d'ailleurs on aurait remédié à cela en remplaçant la potasse par la chaux ou la magnésie. L'absence totale d'ammoniaque dans ces eaux puisées récemment ou conservées à l'abri de l'air depuis longtemps prouve encore que la substance azotée n'a pas subi d'altération apparente, et je serai bientôt en mesure de vérifier si les mêmes eaux conservées au contact de l'air se comportent de la même manière. » Je représente sous forme de tableau les résultats de quelques essais faits sur les eaux sulfureuses. NOM DES LOCALITES des sources. AMMONIAQUE par litre. SATURE DES TERRAINS. Olette mllllgr 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,53 o,58 I ,25 5,06 11,96 Terrain granitique. Id. Id. Id. Id. Id. Peu éloigné des ophytes , près des couches de sel gemme et de gypse. Terrain schisteux de transition. Terrain tertiaire gypseux. Id. Id. Cauterets ( la Raillère). Eaux-Bonnes Challes, en Savoie. . . » L'inspection du tableau indique, parmi les eaux des Pyrénées, de très- petites quantités d'ammoniaque dans les Eaux-Bonnes et dans celles de Labassère. Ce résultat, en apparence contradictoire, trouve son explication dans la nature des eaux et dans la différence des terrains d'où elles sour- dent. En utilisant les renseignements très-précis fournis sur ces sources par M. Filhol, nous observons avec cet auteur que les Eaux-Bonnes ne res- semblent pas, sous le rapport chimique, aux autres eaux sulfureuses de la chaîne. Elles sont remarquables par la forte proportion de chlorure de sodium, de sulfate de chaux et par leur faible alcalinité. Elles se trouvent dans le voisinage des sources salées de Salies, en Béarn, et M. Filhol sup- pose, je crois avec raison, qu'elles renferment du sulfure de calcium pro- ( '27i ) venant de la décomposition du sulfate de chaux, sous l'influence de la matière organique. » Quant à l'eau de Labassère, M. Filhol nous l'apprend encore, « elle sort » d'un terrain schisteux de transition, portant alternance de schiste carbo- » nifère éclatant et de calcaire avec le sulfure ferrugineux, quelques cris- » taux de macle monochrone et beaucoup d'alun en efflorescence. » L'eau de Labassère, quoique renfermant du sulfure de sodium et du carbonate de soude, se distingue encore par la faible proportion de silice et la forte proportion de chlorure de sodium. » La différence qui vient d'être signalée dans la quantité d'ammoniaque se trouve bien plus marquée si l'on passe à l'examen des eaux sulfureuses que nous voyons, pour ainsi dire, se former sous nos yeux ; et comme inter- médiaire nous citerons l'eau de Challes en Savoie. Cette eau diffère encore par sa composition des eaux de la chaîne des Pyrénées; elle sort d'un ter- rain tertiaire gypseux , et sa sulfuration , d'après les observations de M. O. Henry, a doublé depuis sa découverte, au détriment des sulfates, qui ne s'y trouvent plus qu'en très-faibles traces. » Enfin, dans la dernière catégorie j'ai pris pour type les eaux d'Enghien et quelques-unes du bassin parisien ; parmi ces dernières, je ferai une men- tion spéciale d'une eau très-sulfureuse depuis peu découverte aux portes de Paris, aux Thèmes. M. Beaude, médecin inspecteur des eaux de la Seine, a bien voidu m'en remettre une bouteille sur laquelle j'ai fait une détermination d'ammoniaque; j'ai trouvé umilh,96 par litre d'eau. » Les eaux de cette classe sont toutes chargées de sulfate de chaux, et leur sulfuration est due, d'après la majorité des chimistes, à la décomposi- tion d'une partie du sulfate par les matières organiques des terrains avec lesquels elles sont en contact. Elles contiennent toutes une proportion d'ammoniaque, relativement considérable, et des expériences que j'ai en- treprises me portent à admettre que la proportion d'alcali est d'autant plus forte que l'eau est plus chargée de sulfure; c'est du moins ce que j'ai déjà constaté sur les eaux d'Enghien et des Batignolles examinées à différentes époques de l'année. » Toutes ces eaux, comme l'a fort bien remarqué M. O. Henry, offrent, à côté de l'odeur hépatique , une odeur marécageuse ; mais c'est surtout dans les produits de la distillation avec la potasse qu'elle acquiert une intensité telle, que l'on est porté à l'attribuer à un de ces alcaloïdes dont l'existence nous a été révélée par M. Wurtz. » Pendant l'ébullition de l'eau, il se produit une mousse abondante qui 166.. ( I272 ) peut gêner l'opération, et le liquide distillé renferme une petite quantité d'une matière huileuse qui empêche le verre d'être mouillé par l'eau. » J'ai commencé l'examen des eaux ferrugineuses et des eaux alcalines, et je pense que l'on pourra leur appliquer des observations analogues aux précédentes, si je me base sur les résultats obtenus avec les eaux de Plom- bières, Vichy, Saint-Galmier, d'une part; Contrexeville, Niederbronn, Pou- gues, Auteuil, Passy, de l'autre. » Au moment où les établissements d'eaux minérales sont visités par les savants de tous les pays, il n'est peut-être pas inutile d'appeler leur atten- tion sur cette question importante de physique du globe que je formule de la manière suivante : » I. Les eaux thermales sulfureuses ne contiennent pas la moindre trace d'ammoniaque, lorsqu'elles sortent directement des terrains granitiques. (Olette, Amélie-les-Bains, la Preste, Vernet, Baréges, etc.) » II. Les eaux sulfureuses, même dites naturelles, mais dont la sortie hors du sol n'a pas lieu directement du granit et qui contiennent une pro- portion de chlorures et de sulfate de chaux plus forte que les eaux de la première série, renferment des proportions diverses d'ammoniaque. (Eaux- Bonnes, Labassère.) » III. Les autres eaux sulfureuses sortant de terrains bien moins anciens, et dont l'origine doit être attribuée à la réaction des sulfates sur les matiè- res organiques, contiennent des proportions notables d'ammoniaque; tel est le cas d'Enghien, de Belleville, des Thèmes, etc. » Ces expériences sur la présence ou l'absence de l'ammoniaque dans les eaux minérales tendent à démontrer, en ce qui concerne les eaux sulfu- reuses, que si pour un certain nombre on peut admettre que leur sulfure provient de la décomposition des sulfates par des matières organiques, cette hypothèse ne peut s'appliquer aux véritables eaux sulfureuses naissant di- rectement des roches primitives. » travaux publics. — Sur les moyens employés dans les Pays-Bas pour combattre les inondations. (Extrait d'une Lettre de M. deParavey.) « Dans la Hollande et Nord-Hollande, aux endroits les plus menacés par la mer ou les fleuves, un syndicat, bien organisé en ces lieux, fait établir des briques en gazonnage, faciles à transporter et à placer les unes à côté des autres, pour exhausser la levée, lorsque les vagues vont la sur- ( "373 ) monter, par l'effet d'une tempête. A côté de ces approvisionnements en briques de gazon, sont des voiles de rebut ou de grosses toiles, goudron- nées et roulées en cylindres, faciles aussi à transporter, comme les briques taillées en gazon. Lorsqu'un danger est signalé, le syndic convoque tous les paysans valides du sol menacé, qui, réunis sur la digue, y forment un mur suffisamment élevé, avec ces briques de gazonnage. La mer, en le frappant, renverserait bientôt ce mur provisoire ; mais, sur ce mur de gazon- nage, on déroule les cylindres de forte toile goudronnée. Dès lors, la digue ancienne et le mur provisoire qui la surmonte forment une masse inébran- lable, et les propriétés des habitants des polders, enlevées à la mer, sont pré- servées des ravages de cette mer furieuse du Nord. » A Jargeau, près à' Orléans, des terres, des fascinages, n'ont pas eu cette cohésion, étant apportés et remués à la hâte; et si, après la rupture des levées en cet endroit, MM. les ingénievirs d'Orléans avaient connu et employé les procédés usités en Hollande, ce riche pays, à peine cultivé de nouveau, n'aurait pas vu récemment ses champs de nouveau ravagés et rendus encore une fois stériles. » Dans une autre Lettre, l'auteur s'occupe d'astronomie ancienne à l'occa- sion de la découverte récente d'un manuscrit égyptien en écriture démotique, qui a donné les noms de plusieurs planètes et des signes des constellations zodiacales : on y apprend que la figure d'un coutelas remplaçait le signe de nos almanachs qui représente la croupe et la queue du Lion de la sphère grecque. M. de Paravey tire de ce fait, et des renseignements fournis par les livres chinois, un argument à l'appui de la thèse qu'il soutient relativement à l'origine des sciences de la Chine, sciences qui y auraient été apportées, suivant lui, de la Chaldée et de l'Egypte. analyse mathématique. — Exposition d'une nouvelle méthode qui permet d'obtenir avec telle approximation que Von veuille, les coefficients des facteurs du second degré correspondant à ce qu'on appelle les racines imaginaires des équations numériques ; par M. Rouget. M. Legkand prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie, un Mémoire sur l'ablation des tumeurs sans opération sanglante, Mémoire dont il a récemment adressé un exemplaire. Dans cette Lettre, l'auteur signale, pour se conformer à une condition ( 1274 ) • imposée aux concurrents, ce qu'il considère comme neuf dans la méthode de traitement qu'il cherche depuis plusieurs années à répandre et qui fait le sujet de cet écrit. (Renvoi à la Commission de Médecine et Chirurgie.) M. Boum adresse une semblable demande pour son opuscule « sur le traitement des adénites cervicales au moyen de l'électricité localisée ». M. de Hedocville demande et obtient l'autorisation de reprendre des pièces qu'il avait précédemment soumises au jugement de l'Académie, concernant une invention destinée à prévenir le déraillement des véhicules marchant sur chemins de fer. M. Marigny adresse, de Domfront, une Note et plusieurs Lettres relatives à un moyen qu'il a imaginé pour la direction des aérostats. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) M. Pons présente des considérations sur les avantages divers qu'offri- raient les éducations de vers à soie faites en automne, et spécialement en tant qu'elles tendraient, suivant lui, à rendre les races plus robustes et moins sujettes aux maladies. (Renvoi à l'examen de M. Milne Edwards. ) Une seconde Lettre de M. Pons, relative à diverses questions de phy- sique générale, de physique du globe et de météorologie, est renvoyée à l'examen de M. Babinet. M. Schrœder, en adressant un opuscule intitulé : « La rotation souter- raine de la masse ignée, ses causes et ses conséquences », prie l'Académie de remarquer que ce travail ne doit pas être considéré comme étant publié, et qu'il ne l'a fait imprimer que pour en mettre plus aisément des exem- plaires à la disposition des Membres de l'Académie. (Renvoi à M. Liouville, déjà chargé de prendre connaissance des commu- nications manuscrites de l'auteur sur le même sujet. ) A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. ( '*75 ) COMITE SECRET. La Section de Géométrie propose de déclarer qu'il y a lieu d'élire, à la place vacante dans son sein, par suite du décès de M. Binet. L'Académie va au scrutin sur cette proposition. Sur 35 votants, Il y a 34 oui Et 1 non. En conséquence, la Section est invitée à présenter, dans la prochaine séance, une liste de candidats. La séance est levée à 6 heures É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu, dans la séance du 3o juin i856, les ouvrages dont voici les titres : Eloges historiques, lus dans les séances publiques de V Académie des Sciences ; par M. P. FLOURENS; Ire partie. Paris, i856; in-ia. Percement de l'isthme de Suez, exposé et documents officiels; publiés par M. Ferdinand de Lesseps. Paris, 1 855- 1 856; 1 vol. in-8°. Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio-de- Janeiro à Lima et de Lima au Para, exécutée par ordre du Gouvernement français, pen- dant les années 1 843 à 1847, sous ^a direction du comte Francis de Castel- NAU; VIe partie. Botanique, 3e livraison; in-4°; VIIe partie. Zoologie, i5e à 1 8e livraisons ; in-4°- Des moyens de reconnaître les empoisonnements par le phosphore; par M. Victor Meurin. Toulouse, i856; br. in-8°. Traitement des adénites cervicales chroniques au mojen de l'électricité loca- lisée; parM. le DrBouLU. Paris, i856; br. in-8°. (Adressé pour le concours Montyon, prix de Médecine et de Chirurgie.) ( '276 ) Notions générales de paléontologie végétale; traduit de l'allemand du Dr M. Seubert;parM. A.-P. DE BORRE; br. in-8°. Moyen facile et économique d'obtenir cette année, dans le courant de l'au- tomne, une quantité de produite alimentaires de deux à [quatre fois supérieure à celle qu'eussent donnée sur les mêmes terrains les récoltes détruites par l'inonda- tion ; par M. V. Chalet, de Vire ; { de feuille. Sur la culture des pommes de terre précoces; par le même ; \ de feuille. Lettre de M. Bréon à M. Chalet ; \ de feuille. Symbolœ sirenologicœ quibus prœcipue rhjtinœ historia naturalis itlustralur; auctore Joanme-Frederico Brandt. Petropoli, 1846; in-4°. Beitrage. . . Matériaux pour servir au perfectionnement des connaissances sui- tes Mammifères de la Russie; par M. Brandt, membre de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, directeur du Musée zoologique de l'Acadé- mie. Saint-Pétersbourg, 1 855 ; 1 vol. in-4°. Untersuchungen... Recherches sur l'étendue du parcours géographique du Tigre et sur les conséquences de ce fait par rapport à l'homme; par\e même. Saint-Pétersbourg, t856; br. in-4°- . Bemerkungen.. . Remarques sur les Vertébrés des parties septentrionales de la Russie, principalement du nord de l'Oural; par le même; br. in-4°. Posvonotclmuia... Les animaux vertébrés du nord de la Russie d'Europe et en partiadier de l'Oural septentrional ; par le même; br. in-4°. Le scoperte... Histoire des découvertes arctiques ; par M. le comte F. Minis- calchi Erizzo. Venise, 1 855 ; 1 vol. in-8°; accompagné de quatre cartes géographiques. Notomia... Anatomie morale, ou Calcul de probabilité des sentiments hu- mains;parM. Jos. Mastriani. Naples, i855; a vol. in-ia. Un numéro détaché de /'Indicatore contenant les éléments de la planète Léda. Description... Description de la lunette zénithale réflexe de l'observatoire royalde Greemvich ; parM. G. BlDDEL-AlRY. Londres, i856; br. in-4°- Account. . . Exposition des expériences du pendule entreprises dans le charbo- nage de Harton, pour la détermination de la densité moyenne de la Terre; parle même. Londres, 1 856 ; br. in-4°. Address... Discours de [astronome royal aux membres du Comité d'inspection de l'observatoire royalde Greenwich , prononcé te 18 octobre 1 855, et Rapport ( i277 ) au Comité lu à la visite annuelle de l'observatoire, le 7 juin i856; br. in-4°. The last... Le dernier des voyages arctiques. Narration de l'expédition du navire de S. M. l'Assistance commandé par le capitaine sir Edouard Belcher : Voyage à la recherche de sir John Franklin, pendant les années 1 852-1 854; publié avec l'autorisation de l' Amirauté , par sir Ed. Belcher. Londres, i855; a vol. in-8°. Abhandlungen... Mémoires de V Académie royale de Berlin; année i854; Ier supplément. Berlin, i856; in-folio. PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 1836. Annales de l' Agriculture française , ou Recueil encyclopédique d'Agriculture; t. VII, n° 10; in-8°. Annales forestières et métallurgiques ; mai 1 856 ; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; t. II ; II* partie. Tableaux météorologiques; feuilles '5r]-li\ ; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; mai i856; in-8°. Boletin. .. Bulletin de l'Institut médical de Valence; mai «856; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences , des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; t. XXIII, n° 4; in-8°. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'Industrie nationale, mai i856; in-4°. Bulletin de la Société française de Photographie; juin i856; in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; t,e série; t. XIII, feuilles 8-i4 (3 décembre 1 855-4 février i856) ; in-8° ; accompagné de la liste des membres de la Société. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; n° i34; in-8°. Bulletin mensuel de la Société impériale zoologique d'Acclimatation; mai i856; in-8°. Il nuovo Cimento... Journal de Physique et de Chimie pures et appliquées; mars et avril 1 856 ; in-8°. C. R., i856, >" Semestre. (T. XLU, N»26.) (67 ( '278 ) Journal a" Agriculture pratique; t. V, n°* 1 1 et 11; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées, ou Recueil mensuel de Mémoires sur les diverses parties de mathématiques; publié par M. JOSEPH LiOUVlLLE; avril et mai i856; in-4°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; mai i856; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie ; juin i856; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°' a5-27; in-8°. Hv Aôyvouç io.xpw.ri p.ùi<77a... L'abeille médicale d' Athènes ; ire série, t. III; mai i856; in-8°. La Revue thérapeutique du Midi, Gazette médicale de Montpellier; nos 10 et 1 1 ; in-8°. Le Technologiste ; juin i856;in-8°. Magasin pittoresque ; juin 1 856; in-8°. Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Prusse ; avril et mai i856; in-8°. Nachrichten... Nouvelles de l'Université et de l'Académie des Sciences de Gôtlingue; n° 6 à 8 ; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. XV, n° ia; in-8°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société de géograpfiie de Londres; n°3; in-8°. Répertoire de Pharmacie; juin i856; in-8°. Revista... Revue des travaux publics ; 4e année; nos 1 1 et 12; in-8°. Royal âstronomical... Société royale astronomique de Londres; vol. XVI, n° 7; in- 8°. The Qnarterly... Journatde la Société Géologique de Londres ; vol. XII, par- tie II; n°46;in-8°. La Presse Littéraire. Echo de la Littérature, des Sciences et des Arts; n05 16-18; in-8° L'Agriculteur praticien; n°* 17 et 18; in-8°. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n° 1 1 ; in-8°. Rulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXI, n°* 16 et 17; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 1" se- mestre i856; nos 22-a5; in-4°- ( "»79 ) Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. VIII; 22e- 25e livraisons. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n°9 65-76. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; nos 23-20. Gazette médicale de Paris; nos 23-26. L Abeille médicale; n09 16-18. La Lumière. Revue de la Photographie; n*9 23-26. L'Ami des Sciences; n09 22-26. La Science; n09 37-48. La Science pour tous ; n°5 26-29. L'Athenœum français. Revue universelle de ta Littérature; de la Science et des Beaux- Arts ; nos 23-26; accompagné du Bulletin archéologique du mois de mai 1 856. Le Moniteur des Hôpitaux; nos 66-77. Le Progrès manufacturier; nos 5 5- 5g. Réforme agricole , scientifique , industrielle; n° 89. Revue des Cours publics; n09 22-26. ( ia8o ) m s "9 u _, w w — M M M — M __ m M M M o : a 4 B o y. Bl lo en «o — - OS -o ■o A* Ci C oc 00 - i :.-i _-* w ": SB • oo ~j -.1 — H 10 ™ — c "" r-. OO OO CD "O •O GO — 3 oo O -1 ■O, •^1 « ■w ~ ,% * -ï o O S CD vj Q Oi -^ W W C O 00 -O, OS On -C>. OO •■O vj Kj vj O tO 00 «O Oi Oi -fc- OO U ' -O «O -O «O «O -j «o y* » - M W W CO O ffl Ui CD W OJCO -&■* 00 OO OO OO . Jï*. CD O oo on .£>. (O - 00 U£. O"0n0n0n OnOnonOnonOsOSCSOSOnOnonohon ■O CO W to O>0— o — O (û *. 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V' E a. • -. ■s a H"S20ZCS=5riH-2 2r5HWH2 3 ï r =3 S- = o S 3 5 a. o. 1 o C3 ET5 -- O t» © © © © es W5 •H es — © ES5 «H © P3 P3- se PS s» OO OS Z» Z??z!??J52?>i"Z£= O» ^KKfOOZz??? es b .» ? b g B » bofpll s"5 » F S ?• E !* •_ g S — & ? a o o £ '_ S. ° L '-■ ? ? ? 5 c5 S 5" S ô ' S « -^ es ^» -, — , o •» • • o c - c c E! ? c *• Ô* re" c' ^ ? s? • â» a; i=a I COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JANVIER — JUIN l856. m m TABLE DES MATIÈRES DU TOME XUU. Pages. Acabiis du cheval. — Nouvelle espèce d'Acarus pouvant transmettre la gale à l'homme; Note de MM. Bourguignon et Delqfond... ll\l Acide arsénique. — Note de M. Kopp sur la préparation et les propriétés de cet acide. 1060 Acide formique. — Sur la préparation de cet acide ; Note de M. Berthelot 447 Acide hippurique. — Sur les causes qui chan- gent les proportions de cet acide dans l'urine de cheval ou en déterminent l'ab- sence ; Note de M. Roussin 583 Acide iodbydriooe. — Son action sur l'argent ; Note de M. H. Sainte-Claire Deville.... 894 Acide nitrohématique. — Sur l'identité de cet acide et de l'acide picramique; Note de M. Girard 5g Acide picramique. Voir l'article précédent. Acide tartrique. — Note sur l'acide tartri- que et les solutions tartroboriques; par0 M. Dubrunfaut lia Acoustique. — Remarques de M. IVertheim à l'occasion d'une Note de M. Zamminer sur les mouvements vibratoires de l'air dans les tuyaux 4g3 — Etudes expérimentales sur le mouvement des fluides élastiques : Théorie nuuvelle des instruments à vent; Mémoire de M. Masson 636 Actinocraphe , instrument qui marque les in- stants de la journée auxquels le soleil se montre ou se cache , et la durée de ses ap- paritions ou disparitions; communica- tions de M. Pouillet 91 3- et 1042 Action de présence. — Transformation de di- vers acides organiques due à une action} C. ». i856, i« Semestre. (T.XLII.) Page». de présence; Note de M. Desaignes (écrit par erreur Lassaigne) 494 Aéronautique. — Lettre de M. Piffer, concer- . nant la direction des aérostats '4 'a — Lettre de M. Porge sur le même sujet. . . . 49& — Lettre de M. L'Aigle des Masures sur un moyen de faire monter et descendre à vo- lonté les ballons sans perte de lest et sans perte de gaz 5i2 — Notes de M. Marques, concernant un moyen de diriger les aérostats par une action de recul , 5ia et 597 — Note intitulée : « Essais aéronautiques et hydronautiques basés sur l'étude des ani- maux qui se meuvent dans l'air et dans l'eau » ; par M. A. Morel 797 — Sur la direction des aérostats; Notes de M. Lechevallier 997 et 1*3» — Lettres de M. Ritz , concernant son Mé- moire sur la direction des aérostats au moyen de l'hélice^ 4" et "88 — Note et Lettres de M. de Marignr sur la di- rection des aérostats. ... 699, 117a et 1274 — Lettres de M. Brachet 498 et ^97 Aimantation. Voir l'article Électricité. Alduminoïdes (Substances) entrant comme principes immédiats dans la composition des fluides ou des solides des êtres orga- nisés. Un ouvrage de M. Denis, de Com- mercy, sur ces substances, est présenté par M. Cl. Bernard ... 1176 Alcools. — Recherches sur une nouvelle classe d'alcools ; par MM. Cahours et Hojffmann. 217 -»■ Sur l'huile essentielle contenue dans l'al- cool de garance; Note de M. Jeanjean.. 857 l68 ( I Pages. Alcools. — Remarques de M. Biot à l'occasion de la communication de M. leanjean sur l'huile essentielle contenu dans l'alcool de garance 85g — Considérations générales sur le mode de constitution des alcools et des éthers; par M. Ch. Blondeau 885 Alimentaires (Substances). — M. Patentait hommage d'un exemplaire de la 3e édi- tion de son ouvrage sur les substances alimentaires 4>5 — Poudre destinée à remplacer le café : spé- cimen adressé par M. Tcermer 344 — Mémoire intitulé : « Description d'un sys- tème pour augmenter les ressources ali- mentaires de la France »; par M. Fran- coni 996 Aluminium. — Préparation et propriétés du fluo- rure d'aluminium; Mémvire de M. 11. Sainte-Claire Deville 49 — Remarques de M. de Senarmont à l'occa- sion de cette communication 5a Alun. — Caractères chimiques des vins rouges additionnés d'alun; par M. Lassaignc . \io Analyse chimique. — Comparaison de l'analyse minérale avec l'analyse organique immé- diate, et conséquence qu'on en peut dé- duire pour établir une méthode de cette dernière analyse; Mémoire de M. Chevreul. 873 Analyse mathématique. — Sur une formule très-simple et très-générale qui résout immédiatement un grand nombre de pro- blèmes d'analyse déterminée et d'analyse indéterminée; Mémoire de M. Cauchy... 366 — Note sur un théorème de M. Puiseux ; par le même 663 — Remarques sur deux Mémoires de Poisson; par M . Liouville 465 — Détermination des valeurs d'une classe re- marquable d'intégrales définies multiples, et démonstration nouvelle d'une célèbre formule de Gauss, concernant les fonc- tions gamma de Legenure ; par le même. . 5oi — - Mémoire >ur la réduction de classes tfètf* .•tendues; (l'întegraJea tatdtipïesj par le même j'i5 — Note sur le calcul intégral; par le même., ç>o"; — Note sur la théorie générale des équations différentielles; pur le même iu84 — Note sur la représentation des nombres entiers par la forme quadratiqin? : jr'-t-a.r'-l-ta'-r-a&f' ; par le même 1 145 — Note sur les fonctions elliptiques (ex- traite des papiers de feu M. Siurm ).... g88 ■•— M. Liouville annonce que cette Note, qu'il avait -trouvée écrite de la main de M, Sturm, et qu'il lui avait ainsi attri- a8a ) Page». buée, fait réellement partie d'un Mémoire sur les fonctions elliptiques dont l'auteur est M. Despeyrous 1087 Analyse mathématique. — Démonstration géo- métrique de quelques théorèmesdeGauss; Note de M. Bertrand 1088 — Sur les facteurs égaux des polynômes en- tiers ; Note de M. Ostrogradski g3o — Sur les racines imaginaires de l'équation u — tangu = Ç; Note de M. Serret 1181 — Note de M. Catalan à l'occasion d'un théo- rème de M. Serret 1 184 — Sur la décomposition des polynômes de degré pair en facteurs rationnels du second degré ; Mémoire de M. Bouget a3 — Note sur un nouveau théorème servant pour lo«calcul des racines comprises entre deux nombres donnés ; par le même iaai — Nouvelle méthode permettant d'obtenir, avec tel degré d'approximation qu'on vou- dra, les coefficients des facteurs du se- cond degré correspondant aux racines imaginaires des équations numériques; par le même 1373 — Sur les restes produits par la recherche du plus grand commun diviseur entre deux polynômes ; Note de M. Faa de Bruno 4°7 — Additions à un précédent Mémoire sur la détermination des fonctions inconnues qui rentrent sous le signe d'intégration dé- finie; par M. Gomez de Souza. 11 19, 1 175 et 1219 — Sur la résolution des équations d'un degré quelconque ; Mémoire de M. Piarron de — Lettre de M. Collins , concernant une pré- cédente communication sur une ques- tion d'analyse mathématique 356 AnAtomie. — Sur les variations anatomiques et pathologiques du poids de l'utérus ; (■Mémoire de M. Gariel 586 — tSote sur l'encéphale de l'aptérix; par M. Doreile 861 Recherches anatomiques et physiologiques curies appa ■ tiles : appareil d'a- 'Lii'I.iIhmi de lVil chei les vertèbres a . iiaud ; Meuioae de M. Rouget..'. . 9:17 — A l'occasion de cette communication. M. de Quatre/âges mentionne des obser- vations de M. Djfjardin, concernant un appareil d'adaptation pour l'œil des in- sectes 941 — Réclamation de priorité adressée, à l'occa- sion du même Mémoire, par M. Huiler. 1218 — Réponse de M. Bouget à la réclamation de M. Muller '^55 — De l'appareil circulatoire sanguin chez le serpent Python ; Mémoire de M. Jaefuart. liai ànatomie. — Mémoire sur la dentition des Cétacés ; par M. Em. Rousseau 1174 — Planches d'aria tomie omalographique don- nant les positions respectives dos organes telles que les montrent les sections pra- tiquées sur le cadavre soumis à la congé- lation; présentées par M. Legendre 586 Anémomètres. — Communications de M. Tau- penot, concernant un anémomètre enregis- treur de son invention et autres appareils analogues :..... 497» 55i et 586 — Description d'un anémométrographe in- scrivant électriquement la direction et la vitesse du vent pour chaque instant de la journée; Mémoire de M. Salleron 694 — De la résistance de l'air au mouvement oscillatoire du pendule, principe d'un nouvel anémomètre ; Mémoire de M. Gi- rault 5l 1 Animaux domestiques. — Sur les moutons de Car'amanie donnés à la Société d'Acclima- tation par M. le Maréchal Vaillant; Note de M. Texier 80 — Des principales races françaises de l'espèce bovine et de leur amélioration ; Mémoire de M. Magne. 794 — Lettre de M. Regnault, concernant son Mé- moire sur les causes de la gangrène trau- ma tique, et son Mémoire sur la question du typhus du gros bétail. — Lettre concer- nant son Mémoire sur l'absorption des virus 587 Anonymes (Mémoires) adressés pour des con- cours pour lesquels les auteurs ne doi- vent pas se faire connaître : — Mémoire écrit en latin sur la question proposée pour le grand prix de Sciences physiques de i856 (Métamorphoses et re- production des Infusoires).; i3 et 1162 — Mémoire écrit en allemand adressé pour le même concours i3 — Mémoire adressé au concours pour legrand prix des Sciences mathématiques de i856 (question concernant la théorie mathé- matique des phénomènes capillaires).. . . 438 — Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Sciences mathématiques de 1856 (question concernant le dernier théorème * de Fermât) 837, 1043 et 1162 — Mémoire destiné au concours pour le grrfnd prix de Sciences mathématiques de i856 ( question concernant le perfectionnement • de la théorie mathématique des" ma- rées). g95 — Mémoire destiné au concours pour le prix de Mécanique, et dont l'auteur, par igno- rance des conditions de ce concours, a écrit son nom sous pli cacheté j3o ( ia83 ) P«|M. Anonymes (Mémoires) . — Hemarques touchant la condition imposée aux concurrents de ne pas se faire connaître; Lettre de M. Gros, concernant un Mémoire adressé par lui pour un de ces concours 356 Anthropologie. — Note sur les Touariks ; par M. Serres 188 — Proportions physiques du corps humain exprimées en mesures métriques; Note de M. Silbermann 454 et 495 •«- M. Babinet présente un portrait gravé de ' ienkins, batelier anglais qui a atteint l'âge de cent soixante-neuf ans 473 Antimoine (Composés de t'). — Sur la précipi- tation du protochlorure d'antimoine par l'eau ; Note de M. Baudrimont 863 — M. Pinart annonce avoir obtenu de l'anti- moine plusieurs nuances très-pures et très-Bolides de jaune de Naples 1018 Appareils divers — Description et figure d'une machine à mouler les pâte^céramiques ; par M. Huait 45 — Opuscules imprimés de M. Moysen, concer- nant divers instruments aratoires de son invention 58g et 694 — Description et figure d'une nouvelle grilla fumivore ; par M. Bordone 636 — Appareil destiné à produire de la chaleur par le frottement; présenté par MM. Beaumont et Mayer. (Rapport sur cet ap- pareil ; Rapporteur M. Uorin.) 719 — Réclamation adressée par MM. Beaumont et Marer . , , 802 — Remarques de la Commission, concernant cette réclamation 8o3 — Manomètre destiné à faire connaître le de- gré de profondeur qu'nji bateau sous- marin ne doit pas dépasser; Note de M. Cochaux., 746 ■— Lettre de M. Perreaux accompagnant la présentation d'une machine à diviser. . . . 797 — Communication de M. Chasles en présen- tant un opuscule de M. Babbage sur la machine à calculer de M. Scheutz 798 — Remarques de M. Ch. Dupin à l'occasion de cette communication 800 — Application d'un nouveau système de robi- nets à des machines pneumatiques aspi- rantes et foulantes ; Note de M. Silber- mann i io5l — Figure et description d'un ophlhalmo- scope j par M. Castorani.. ..." 1073 Argent. — Traitement des minerais argenti- fères; Mémoire de M. Poumarède, trans- mis par M.» le Ministre de l'Instruction publique : 362 — Sur la production artificielle, et par voie 168..; ( 1 PagfS. humide, de l'argent chloruré; Note de. M. Kuhlmann ■' 3?4 Argent. — Action de l'acide iodhydrique"sur l'argent; Note de M. //. Sainte-Claire Veville 89', Arithmétique. — Lettre de M. Gautier, rela- tive à ses précédentes communications sur la numération duodécimale 3or Lettre de M. Riedl de Leuenslcrn, concer- nant ses précédentes communications sur les nombres polygonaux 865 Arts militaires. — Sur un moyen destiné à protéger les hommes de guerre contre les hlessures faites par les armes blanches et les armes à feu ; Mémoire de M. Basset. 498 — Lettre de M. Rieva, concernant un système d'armes à feu de son invention 1074 Aspdïxie. — Mémoire de M. Faure 586 Astéroïdes. — Sûr leur nature et les effets qui peuTcnt résulter de leur entrée dans l'at- mosphère terrestre ; Note de M. Leseca. 1234 Astronomie. — M. Le Verrier annonce que M. Goldschmidi a fait sur une étoile va- riable une suite d'observations propres à en déterminer la période 441 — Communication de M. Le Verrier en pré- sentant le tome Ier des « Annales de l'Observatoire impérial de Paris » 6o5 — Remarques de M. Le Verrier, à l'occasion d'un passage d'une Lettre de M. Vah, concernant l'indication des secondes dans les éléments provisoires des planètes... 817 — Note de M. Valz, relative aux remarques de M. Le Verrier 92a — Sur la parallaxe et le mouvement d'un nouveau bolide ;^)ote de M. F. Petit.... 82a — Note de M. E. Liouville sur deux étoiles variables ."',;; 284) P«se«. Astronomie. — Observations sur la scintilla- tion des étoiles; par M. Ch. Dufour 634 — Noie sur la scintillation des étoiles ; par M. Vallée 85g — Lettre sur les étoiles doubles et leur dé- placement apparent; par M. Watson... ioig — Mémoire ayant pour titre : « Sur une va- riation de la vélocité du soleil, qu'on a attribuée à une oscillation du périgée so- laire; par M. S.-E. Coues » 739 — Formules graphiques pour trouver par ap- proximation les variations dans la lon- gueurde l'année tropique pourde3 époques très-reculéas ; Mémoire de M. Rodier. . . . io65 — Sur les mouvements et l'équilibre des corps célestes ; Mémoire de M. Thierriat. 1074 Voir aussi l'article Planètes. Astronomie nautique. — Rapport sur une Note de M. Wils Brovm : nouvelle mé- thode pour le calcul des distances lunaires observées en mer; Rapporteur M. Bravais. 474 — Lettre de M. Terquem, à l'occasion de ce Rapport 54l Voir aussi l'article Géographie. Atracttlis ci'mmifera. — Nouveaux faits d'em- poisonnement, et réclamation de priorité relative à la constatation des propriétés Uniques de cette plante; Mémoire de M. Bouros 80g — Renseignements - ultérieurs sur les cas d'empoisonnement qu'on avait d'abord at- tribués à la racine de l'Atractylis ; par le même • laaa Attraction. — Nouvelle rédaction d'un Mé- moire intitulé : « Attraction universelle des corps, au point de vue de l'électri- cité »; par M. Zaliwski iai9 Aurores bc;\éales. — Mémoire de M. de La- motte Tarchand sur les aurores] polaires. ia56 Balistique. — Des lois de la résistance de l'air sur les projectiles animés de grandes vitesses ; Mémoire de M . Didion 1048 Barium (Composés du). — Action des acides azotique et chlorhydrique sur le chlorure de harium et l'azotate de baryte ; Note de M. Baudrimont tl3l Baromètres. — Sur la construction du baro- mètre et l'ébullilion du mercure dans le vide ; Note de M. Taupenot 1186 Bismuth. — Sur un appareil destiné à démon- trer et mesurer la différence de conducti- bilité électrique du bismuth cristallisé; Note de M. Matteucci n33 Botanique. — Communication de M. Monta- gne en présentant sa Cryptogamie de la ^iuyane française 5oS — Sur deux algues nées pendant les expé- riences de M. Boussingault, relatives à l'ac- tion du salpêtre sur la végétation ; Note de M. Hlonlagne j56 — M. Montagne, en présentant au nom de M. Schimper la dernière livraison de la Bryologia Europœa, donne quelques dé- tails sur cette importante publication... root — Sur l'existence de deux types symétrique» distincts chez les plantes diplostémones Mémoire deM. Chatin l3 ( ia85 ) Botanique. — Mémoires «ur l'ordre des Cus- cutacées et celui des Cassythacées ; par M. Chatin^ 26g et 339 — Mémoire sur les genres Orobanche et • Phelipœa ; par le même 488 — Fragments de géographie botanique du Chili; par M. C. Gar 83o — Monographie de là famille des Urticées; par M. Weddell 726 et 786 — Retour simultané de la descendance d'uni; plante hybride au* types paternel et ma- ternel ; Mémoire de M, Naudin ^6a5 — Observation relative à un cas d'hybridité anormale ; par te même ioo3 — Lettre de M.Courhon, relative à un herbier P»g« qu'il a formé dans les environs de Monté- vidéo et dans Pile Saint-Gabriel 4" Botanique. — M. Courbon envoie la descrip- tion de cet herbier \<) 1 Voir au^si les articles Organographie végétale et Economie rurale. .' Bromures. — Sur la préparation des chlorures et des radicaux organiques par l'action du • protochlorure et du protobromure do phosphore sur les acides monohydratés correspondants; Note de M. Réchamp,.. aa4 — Sur le bromure de titanium ; Note de M. Hoffmann 35a Bulletin bicliographique. — 62, 117, 246, 3oa, 359, 4!>9, 499, 5a4, 598, 65g, 700, 746, 811,867,1911,970, 1019,1075,1190, 1225 et 1375 Cit. — Influence de la proportion de phos» phate de chaux contenu dans les aliments sur la formation du cal; Note de M. A. Milne Edwards G3i Calendrier. — Mémoire intitulé : « Projet pour la correction définitive du Calen- drier grégorien ; par M. //. Ifascio 607 Candidatures. — M. Germain de Saint-Pierre prie l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique 24 — M. Cl. Gay adresse une semblable de- mande an — M. J. Bertrand prie l'Académie de vou- loir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géométrie, par suite du décès de M. Sturm. 3^7 — MM. Vallée, Serret et Ossian Bonnet adressent chacun une semblable demande. 3ç)9 et 49' — M. Ehrmann prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Cor- respondant ( Section de Médecine et de Chirurgie ) an — M. Chazallon, M. Keller et M. Darondeau demandent, chacun séparément, à être considérés comme candidats pour uno place vacante de membre adjoint au Bu- reau des Longitudes 498 et 810 — M. Dudouit se présente comme candidat pour une place vacante dans la Section de Géométrie 811 Cannelle ( Essence de ). — Sur la formation ^ artificielle de cette essence; Note de M. Chiosza,,. .......... ,.,,.., 22a Caoutchouc. — Recherches sur l'élasticité du \ . caoutchouc vulcanisé; par M. lk)ileau... g3 5 — Sur les accidents que développe, chqz Içs , ouvriers en caoutchouc, l'inhalation des vapeurs de sulfure de carbone; Mémoire de M. A. Dclpech .... 586 Capillarité. — Sur la température à laquelle les liquides cessent de mouiller les vases qui les contiennent; Note de M. C. Wolf. gG8 Chaleur. — Kote sur le calcul de la chaleur latente des vapeurs ; par M. Legrund a^3 Chaleur animale. — Sur la température moyenne des oiseaux palmipèdes du nord de l'Europe; Note de M:Martins 5i5 Champignons. — Etudes chimiques du cham- pignon comestible, suivies d'observations sur sa valeur nutritive; par M. /. Le/ort.. go — Collection de champignons en cire colo- riée préparés et décrits par MM. Buchner et Kirsch 1 iG Chauffage. — Rapport sur les appareils pro- posés pour le chauffage sans combusti- ble; par MM. Beaumont et Majer; Rap- porteur M. Morin 71g — Réclamation adressée au sujet de ce Rap- port par MM . Beaumont et Mayer ■ 802 — Remarques d'un Membre de la Commis- sion relativement à cette réclamation.. . 8oî Chaux. — Son emploi pour la conservation du jus de betteraves; Note de M. Maùmené.. 645 — Emploi de la chaux pour dessécher et as- sainir les lieux inondés; Note de M. Mo- nde •• 1323 Chemins de fer. — Sur un moniteur électrique pour les chemins de fer ; Note de M. Per- nelet • 37 — Mémoires ayant pour titre : « Les chocs rendus impossibles sur les chemins de ( 1 p«l«. fer au moyen de l'interrupteur kilomé- trique » ; par M. Bellemare 45 Chemins de fer. — Sur un moyeu destiné à permettre d'arrêter en peu de temps et sans secousse un train en marche sur un chemin de fer; Note de M. Perreul a45 — Mémoire sur. un frein agissant par pres- sion verticale; modifications apportées au système de M. Laignel; par le même 685 — Réclamation adressée par M. Laignel à l'occasion de cette communication , 8g ■ — Sur divers moyens tendant à prévenir les déraillements sur les chemins de fer; Note de M. Carré (écrit par erreur Barré). , . . 344 — Dispositif destiné à permettre aux voya- geurs sur chemins de fer de se mettre à volonté en communication avec le con- ducteur du train ; Note de M. Filippi. . . . 399 — Lettre de M. Paquerée, concernant diverses inventions destinées à diminuer les dan- gers des chemins de fer 5a3 — Lettre de M. Hedouville, concernant ses in- ventions pour prévenir les déraillements sur les chemins de 1er 12-4 Chirurgie. — Nouveau procédé de chéiloplas- tie, par transport du bord libre de la lèvre saine sur la lèvre restaurée; Mé- moire de M. Sédillot 189 — Note sur un nouveau procédé qui permet, dans les opérations de bec-de-lièvre et de chéilopastie , d'augmenter à volonté la hauteur de la lèvre; par le même 678 — * Note sur l'application de l'autoplastie au traitement des cicatrices vicieuses; par le même 924 — Sur une opération de périnéoraphie suivie de complète guérison; Note de M. Lau- gùr 948 — Sur les propriétés du tissu cicatriciel et l'application dé l'autoplastie aux brides; Mémoire de M. Jobert, do Lamballe 47^ — Sur la désarticulation de la mâchoire in- férieure appliquée à l'extirpation des tu- meurs profondes du pharynx , de la lan- gue et du voile du palais ; Mémoire de M. Maisonneuve. . . , 691 et ia56 — Ablation totale de la mâchoire inférieure pratiquée par suite du développement, dans l'intérieur de cet os, d'une énor- me tumeur fibreuse ; par le même ....... 887 — Sur un nouveau procédé opératoire pour le paraphimosis; Note de M. Malgaigne... 744 — Traitement des adénites cervicales par un nouveau procédé d'acupuncture; supplé- ment à un précédent travail présenté par M. Boulu... 398 — Sur l'emploi du cautère actuel dans le cas de tumeur» blanches; Note de M. Pons. 970 a86 ) Page». Chirurgie. — Lettre de M. Baudeloeque con- cernant un moyen d'abréger les douleurs de l'accouchement 522 — Nouvel urétrotome pour pratiquer l'uré- trotomie d'avant en arrière et sans dila- tation préalable; présenté par M. Boinet. 586 — De l'heureux emploi, pour le traitement des brûlures , d'une préparation de collo- dion au tannin; Note 6 3 Commissions mm p«ii.— 1 ommission du grand prix (fa Sciences physiques de i856 (lois de la distribution îles corps organisés l'os- sites dans- les différents terrains sédimen- taires) : Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Flourens, Geoffroy, Bron- gniart , Milne Edwards 829 — Commission du grand prix de Sciences phy- siques de l856 (métamorphoses et repro- duction des Infusoires proprement dits) : Commissaires, MM. Milne Edwards, Flourens, de Quatrefages, Duméril, Va- lenciennes Ibid. m Commission du prix de Statistique : Com- missaires, MM. Bienaymo, Ch. Dupiu, Mathieu, da Gasparin, Boussingault.. ., 991 P«g«. Commission des prix. — Commission des prix de Médecine et de Chirurgie : Commis- saires, MM. Serres, Rayer, Velpeau, Andral, Cloquât, Bernard, Jobert, Du- méril, Flourens n58et no3 — Commissioitdu prix d'Astronomie (médaille Lalande): Commissaires, MM. Liouville, Ijaugier, Mathieu, Delaunay, Le Verrier, iloî — Commission du prix de Physiologie ex- périmentale : Commissaires, MM. Ber- nard, Flourens , Rayer, Serres, Milne Edwards Ibid. — Commission du prix dit des Arts insalu- bres : Commissaires, MM. Rayer, Dumas, Chevreul, Pelouze, Boussingault 1241 — Commission du grand prix de Sciences mathématiques de i856 (théorie mathé- matique des phénomènes capillaires) : Commissaires, MM. Pouillet, Despretz , Biot, Regnault, Duhamel Ibid. — Commission chargée de proposer le sujet du grand prix des Sciences naturelles pour l'année 1867 ; Commissaires, MM. Flou- rens, Geolfroy-Saint-Hilaire, Milne Ed- wards, Duméril, Brongniart 12 — Commission chargée de la rédaction du . programme pour le concours concernant le perfectionnement de la navigation : Com- . missaircs,MM. Dupin, Combes, Poncelet, Duperrey, Regnault 37 — Commission chargée de proposer une ques- tion pour le sujet du prix Bordin (Sciences naturelles) : Commissaires , MM. Flou- rens, Geoffroy -Saint-Hilaire, Milne Ed- wards, Elie de Beaumont Ibid. Commissions spéciales. — Due Commission formée par la réunion des trois Sections de Géométrie, d'Astronomie et de Navi- gation,'présento la liste suivante de can- didats pour une place de Géographe va- cante au Bureau des Longitudes par lit mort de M. Beautenips- Beaupré : i° M. Daussv ; u° MM. Begat et Peytier ; 3* MM. Chaxallou et Lieossou 357 Couleurs des corps naturels. — Lettre da M. Landais, concernant une découverte qu'il dit avoir laite sur les causes de la coloration des corps 1 189 Couleurs pour la peinture à l'huile. — Lettres de M. Dosnon, relatives à des couleurs à base de fer qu'il prépare pour la peinture à l'huile 657, 698 et 909 — Lettre de M. Pinart, concernant la prépa- ration de plusieurs nuances de jaune de Naples obtenues de l'antimoine 1018 Couleurs vour la teinture. Voir au mot Tein* ture. Cristal Li.xa (fc'oiuit). — Recherches sur les formes cristallines de quelques composés chimiques; par M. C. Marignac 28S Cristalline (Forme). — Note sur la forme cris- talline du silicium ; par M. de Senarmont. 3l3 ( 1288 ) l'ig». Cuivre (Composé do ). — Note sur un hypo- sulfite doublejjde soude et de cuivre; par M. Schiitte , 1267 Décès de Membres et de Correspondants de VA» cadémie. — M. Geqffroy-Sainl-Hilaire, à l'ouverture de la's.vince du 12 mai, an- nonce à l'Académie que son Président, M. Binet, est dangereusement malade ; au moment où elle allait se séparer, l'A- cadémie apprend que M. Binet vient de mourir 873 — M. Geoffroy-Sain l-Hilaire, dans la séance du 19, rend compte des obsèques de M. Binet. MM.Cauchy et Laméy ontporté la parole au nom de l'Académie gl3 Décrets impériaux. — M. le Ministre de l'In- struction publique transmet les amplia- tions des décrets' confirmant la nomina- tion deSj Académiciens dont les noms suivent : - La nomination de M. Jobert, de Lamballe (Section de Médecine et de Chirurgie), en remplacement de M. Magendie 6o5 — De M. /. Bertrand (Section de Géométrie), en remplacement de M. Sturm 81 3 — De M. Cl. Gay (Section de Botanique), en remplacement de M. de Mirbel ioai Dextrine. — Sur les produits de la transfor- mation de la fécule et du ligneux sous l'influence des alcalis, du chlorure de zinc et des acides; Mémoire de M. Bé- champ • 1210 Diphtérautographie, transport sur parchemin d'une écriture sur papier. (Rapport fait sur un procédé imaginé, dans ce but, par M. Lachave ; Rapporteur M. Seguier.) .. 36 Drainage. — Lettre de M. de Bryas, concer- nant sa Note sur les terres propres à la fabrication des tuyaux de drainage 811 Eaux de la mer Morte. — Recherches sur les variations que ces eaux semblent présen- ter dans leur composition ; Mémoire de 31. Boussingaull ia3o Eaux minérales. — Sur les eaux thermales de Nauheim; Mémoire de M. Rotureau.... jJ38 — Lettre de M. Filhol, concernant ses travaux sur la composition chimique et les pro- priétés médicales des eaux sulfureuses des Pyrénées .' 5S8 — Sur la présence de l'ammoniaque dans les eaux minérales ; Note de M. Bouis 1269 — Lettre de M. Gez, concernant un Rapport fait en 181 1 à l'Académie snr des eaux minérales de la commune de Siradan (Haute-Garonne) 28 Eaux potables. — M. Elie de Bcaumont, en présentant un ouvrage d#M. Darcy sur les fontaines publiques de Dijon, donne, d'après la Lettre d'envoi , une idée du plan de l'ouvrage 1176 Économie rurale. — Mémoire de M. Thirault, concernant la maladie de la vigne 344 — Documents imprimés à l'appui des com- munications de M. Tortella sur la mala- die de la vigne 5l3 — Méthode pour la culture de la vigne; pièces adressées par M. Trouillet pour le con- cours du prix triennal ^35 Economie rurale. — Sur un procédé agricole destiné à prévenir le développement de la maladie de la vigne ; Note de M. Carentin. 637 — Lettres de M. Curtault, concernant ses procédés pour combattre la maladie de la vigne 1074 et 1224 — Note de M. Ridolo sur le même sujet n3a — Lettre de M. Petit-Jean, concernant une précédente communication sur un moyen destiné à empêcher la vigne de geler... 1223 — Fabrication d'une liqueur vineuse avec les tiges du topinambour; Note de M. De- charmes ., 438 — Sur la conservation du blé dans les silos souterrains) Mémoire de M. Herpin 4^9 — Sur la conservation des grains dans des silos souterrains en maçonnerie et à dou- ble enceinte ; Mémoire de M. Carmignac Descombes 44* — Etudes sur les céréales ; par M. Duvivier. 1173 — Conservation du jus de betterave par la chaux ; Note de M. Maumené » 645 — Recherches sur la distribution des matiè- res azotées dans les diverses parties de la betterave; Mémoire de M. Isid. Pierre... 715 ( «*89 ) Kconomie reiule. — Sur un fait relatif à lacul- turedola garance; INoiede M. de Gasparin. S 1 3 — Rapport adri'ssc à l'Empereur par M. le Ministre de la Guerre, le Maréchal Vail- lent, sur la culture du coton en Algérie.. 694 — Lettre de M. Lostalnt-Bachoué, concernant un système agricole qu'il annonce avoir mis en pratique avec succès depuis plu- sieurs années ' '74 — Lettre de .M. de Bryas, concernant sa Note sur les terres propres ù la fabrication des tuyaux de drainage 1223 — Addition à une précédentecommunication de M. Moysen sur son râteau mécanique.. 8t)4 — Lettre de M. Millot, concernant sa précé- dente communication sur une méthode d'arboriculture 5:">l — Sur la préparation et la conservation des fumiers ; Note de M. Brame Io'i5 — Sur le guano des ilesChincha elles oiseaux qui le produisent ; Note de M. Raimondi. . ^35 — De l'amélioration des espèces végétales; Mémoire de M. Malingre 491 — Sur les moulons de Caramanie donnés à la Société d'Acclimatation par M. le Maré- chal Vaillant ; Note de M. Texier 80 — Mémoiie sur les laines de l'Algérie; par M. Baudement... 264 — Des principales races françaises de l'espèce bovine et de leur amélioration ; Mémoire de M . Mngne 794 — Sur l'emploi des feuilles de vigne, d'orme et de peuplier comme fourrage ; Mémoire de M. Is. Pierre 3 [7 — Note sur le rempoissonnement des cours d'eau ; par M. Millet 209 — Empoissonnement des eaux du bois de Boulogne ; Note de M. Caste 3i2 Élasticité. — Recherches sur l'élasticité du caoutchouc vulcanisé; par M. Boileau... 933 Elections. — L'Académie choisit par la voie du scrutin les deux candidats qu'elle est appelée à présenter pour une place de géographe vacante au Bureau des Longi- tudes : en 1" ligne M. Daussy,ea a« ligne M . Pejrtier 377 Voir aussi l'article Nominations. Electricité. — Sur quelques-unes des prin- cipales causes de l'électricité atmosphé- rique ; Mémoire de M. Becquerel. ...... 661 — Expériences sur celte question : le cou- rant de la piie peut-il traverser l'eau sans la décomposer; Note de M. Desprett... . 707 — Remarques de M. A. de la Rive à l'occasion de ceLte communication 710 — Communication de M. A. de la Rire en présentant le 11e volume de l'édition an- glaise de so;i ou vrage sur l'électricité.. . . 611 C. R., 1S66, Ier Semestre. (T. XLII.) P-s<. Électricité. — M. Becquerel présente en son nom et celui de son fils le IIIe volume du Traité d'Électricité et de Magnétisme qu'ils publient en commun 29 -- De J'électricité dégagée par le frotte mer! t ; Note de M. Edm. Becquerel 4^ — Recherches sur le dégagement de l'électri- cité dans les piles voltatques. Première partie: force éleptromotrice ; par le même. u58 — Sur les soupapes électriques ; Note de M. Gauçain 17 — Réclamation adressée par M. Riest ù l'oc- casion de la précédente Note 299 — Sur la force électromotrice des pi'esdans lesquelles on emploie des métaux amal- gamés; Note de M. Gaugain £!• — Note sur l'électricité de la tourmaline; par le même 1264 — Sur un aimant temporaire obtenu au moyen de la seule action du magnétisme terrestre ; Note de M. Giardini 37! — Sur l'association de plusieurs condensa- teurs entre eux pour manifester les fai- bles doses d\ loctricité ; Lettre de M. Vol- picelli 402 — Sur un procédé d'aimantation dit par con- densation ; Note de M. Laurent. 585 — Pile vollaïque construite sur un nou- veau principe; analyse d'un Mémoire de M. Doal par M. Becquerel 855 — Pile voltaïque à courant constant ; Noteda M . Doat 9S9 — Sur une nouvelle machine électrique; Note de M.J.Thore 864 — Suppression du fil de cuivre couvert en soie pour les spirales des multiplicateurs; Note de M. Bonelli 885 — Interrupteur à double effet, et perfection- nements divers apportés à l'appareil de RuhmkorfT; Mémoire de M. l'abbé Laborde. 996 — « Des courants induits considérés relati- vement à leur pouvoir chimique: applica- tion à l'électricité employée comme force motrice ; » Mémoire de M. Lacombe. . . . ii3i — Sur un appareil destiné à démontrer et me- surer la différence de conductibilité du bismuth cristallisé; Mémoire de M. Mat- teucci 1 1 33 — Etudes sur l'emploi des appareilsd'induc- tion; effets des machines multiples; Note de M. FoucauU 21 5 — M. Despreli demande que l'appareil de M. Ruhmliorff, pour mettre le feu aux mi- nes, soit admis an concours pour le prix dit des Arts. insalubres 694 — Sur un nouveau système d'horloges électri- ques se réglant d'elles-mêmes; Note de M. du Moncet 5g5 169 ( '29° ) Pages. électricité. — Note sur un nouveau système de relais rhéotomiqties destiné à transmettre simultanément, à travers un même lil, une - dépêche à plusieurs appareils télégraphi- ques différents; par M. du Sloncet 697 — Sur un moniteur électrique des chemins de fer; Note do M. Pernelet 27 — Recherches électro-physiologiques sur les fonctions des muscles qui meuvent le pied ; Mémoire de M. Duchenne, de Bou- logne 996 — Lettre et NotedeM. A. Breton, concernant une pile électrique de son invention des- tinée à l'usage médical . 356 et 53o, — Note et Lettre sur la composition d'une pile voltaïque portai ivo destinée à l'u- sage médical; par M"e Behrens. . 3()() et 552 — Chaîne galvanique destinéeà l'usage médi- cal ; présentée par M. Lonlin (écrit par erreur Lolin) ç)5l — Note intitulée : « Elude du fluide magné- tique, de ses attributs et de ses fonctions dans la nature » ; par M. Decken 5o,8 Voir aussi les articles Magnétisme ter- restre et Galvanoplastie. . Embryogénie. — Sur les développements pri- mitifs: formation de l'oeuf, vésicule ovi- gène et germinative, condition primor- diale de la duplicité monstrueuse; Mé- moires de Al. Saies. 10.24 et 109a | P.g««. Embryogénie. — Sur le développement des pétromyzons; Nute de M. Schullge 336 — Déclaration de M. Duméril à l'occasion de celte communication 5io Encres inoelerii.es. — Lettre de M. Dubois... 69S — Lettre de M. le Ministre du royaume des Deux-Siciles, concernant une encre com- posée par M. T. Angelli 1220 Épigékies. — Sur la production artificielle et par voie humide de l'argent chloruré, et sur diverses épigénies par réduction d'oxyde ou de sels métalliques naturels; Note de M. Kuhlmann 3j4' Épizooties. — Fièvre typhoïde détruisant la plus grande partie des lièvres d'un parc ; Note de M. A. Becquerel , présentée par M. Moquin-Tandon 312 Errata. — Page 340, ligne 7, au lieu de Guil- lon, lisez Guyon. Voir aussi aux pages 120, _ 3<>4, 463, 524, 747, i"7* 1144 et 1227. Éthérification. — Sur l'huile douce du vin et sur les produits secondaires qui prennent naissance à la suite de réiherificalion ; Mémoire de M. Blondeau 44° — Faits pour servir à l'histoire de l'élhérifica- tion; Mémoire de M. A.Rernoso. 686 et 1070 — Considérations générales sur la constitu- tion des alcools et des éthers; par M. Ch. Blondeau 88» Farines. — De l'examen des farines et des pains ; Note de M. itiVot 633 Fécule. — Sur les produits de la transforma- tion de la fécule et du ligneux sous l'in- fluence des alcalis, du chlorure dp zinc et des acides; Mémoire de M. Béchamp.... 1210 Fer (Composés du). — Rapport sur un Mémoire de M. Pean de Saint-Gilles, concernant les hydrates m acétates ferriques; Rapporteur M. Thenard 3l Fermentation vineuse — Sur la chaleur et la force mécanique produites par la fermen- tation vineuse; Note de M. Dubrunfaut.. gj5 Fluorures. — Note de M. Pttheki, concernant les résultats auxquels il est ai rivé en ré- pétant des expériences de M. Fremy sur les flurrures II75 Forages. — Sur le forage artésien pratiqué à Passy par M. Kind; Note de M. Al- phand , 332 — Remarques de M. Éliede Beaumont à l'oc- casion de cette communication 336 Forestière (Propriété). — Mémoire sur la si- tuation de la propriété forestière en France; par M. Becquerel (fuite) |85 Fossiles (Restes orcaniques). — Communica- tion de M. Geoffroy Saint- Hilaire à l'oc- casion de la présentation d'un nouvel œuf d'Epyornis 3»5 — Sur l'exploitation du gllc fossilifère de Pi- kermi ( Allique); par M. Gaudry 291 — Observations sur le Pecten glaber; par M. d llombres- Fumas 612 et 874 — Description d'un nouveau genre de co- quilles bivalves fossiles provenant de la grande oolithe du département du Calva- dos; par M. Eudes Drslongchamps 719 — Coiispectus de la faune fossile du Brésil; par M . Bravard 885 Frottement. — Du frottement considéré comme cause de mouvements vibratoires; Mé- moire de M. Duhamel 9j3 Fumiers. — Expériences sur la putréfaction et sur la forma lien des fumiers; par M. Reiset. 53 — Sur la préparation et la conservation des fumiers; Note de M. Brame «o65 ( Ia9' ) Pago GAlVA!«>r>USTi0CE. — M. Babinet présente des bronze» en ronde bosse obtenus pur M . Le- noir au moyen delà galvanoplio-lique.. . . a63 »■ Rapport sur les procèdes au moyen des- quels M. Lenoir a obtenu ces brome»; Rappoiteur M. Becquerel. . 4'5, 4'(> et 618 — Réclamations adressées à l'occasion de ce Rapport, par M. Guerton cl par M. Zier. 41/2) 5i 1 et 5ia — M. Becquerel dépose le Mémoire dan» le- quel M . Lenoir a décrit ses procédés 621 — Applications électro-métalliques; commu- nications de M. Oudry 1 1 44 et 1174 Garance. — Sur un fait relatif à la culture de la garance; Note de M. de Gasparin ... 8i3 — Sur l'huile essentielle contenue dans l'al- cool de garance; Note de M. Jeanjean.. 85^ — Remarques de M. Biol à l'occasion Je cotte communication 85y Gaz. — Expériences sur la durée comparative de l'écoulement des gaz; par M. £. Bau- drimont 398 Géographie. — Détermination de la latitude par les azimuts extrêmes- de deux étoiles circompolaires; Note do M. Babinet . . 6 — Solution trigonométrique de la méthode de M. Babinet pour la détermination des la- titudes ; Note de M. Housel io3 — Sur le calcul de la latitude par la méthode de M. liabinet; Note de M. Catalan 287 — Sur la résolution des équation» auxquelles donne lieu la méthode de M. Babinet pour la détermination des latitudes; Note de M . Tissot lbid. — Sur la position géographique de quelque» lieux dans le sud de l'Algérie; Note de M. GoeUe 3gg — Altitudes de ces stations déterminées par les hauteurs comparées du baromètre; Note de M. Benou 45a — M. Daussy présente la Table des positions géographiques des principaux lieux du globe extraite de la « Connaissance de» Temps pour i858 » 818 — M. l'Amiral du Petit-Thouars présente, au nom de l'auteur M. le capitaine Bclcher, la Relation de l'expédition faite sous son commandement à la recherche du capi- taine Franklin ia57 — M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Miniscalcki Erizzo, une Histoire des découvertes dans le» région» arctiques lbid. — Feuilles de la carte de la Prusse Rhénane P«50«. de M. dé Dechen, présentées par M. Élie de Beaumont. . . .. loo Géographie. — Carte de l'Ile de Suez, par M. de Lesseps; présentée par M. Jumard. 4^ Géolocie. — Do la formation et de la réparti- tion des relief» terrestres ; Mémoire» de M. de Franco 378, 535 et Io54 — Etudes sur l'orographie et sur la constitu- tion géologique du Chili; recherche» sur les systèmes de soulèvement de l'Amé- rique du Sud ; par M. Pissis 3ç)I — Notice minéralo<»iqiie sur le cercle de La- ghotiat; par M. Ville 3c/5 — Sur le gisement, l'âge et le mode de for- mation des terrains a meulières du bassin de Paris ; Note de M. Meugy 6a8 — Du terrain jurassique dans le» Pyrénées françaises ; Mémoire de M. Lcymerie . . . . 730 — Note sur la carte géologique du départe- ment des Vosges; par M. de Billy g63 •— Sur les alluvions des fleuves dans le bassin de la Méditerranée, et notamment sur les alterrissements du Rhône; Mémoire de M. Texier II 56 — • Sur la géologie de l'isthme de Suez; Mé- moire de M. Renaud Il63 — Recherches sur les produits des volcans de l'Italie méridionale; par M. Ch. Sainte- Claire Deville 1167 — Mémoires et Notes de M. Schroeder sur la rotation souterraine delà masse ignée du globe terrestre, ses causes et ses con- séquences 55i, 1073, ii8jet W74 — M. Éliede Beaumor.t appelle l'attention sur un ouvrage de M.J. Barande, intitulé: « Parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême et de Scandinavie » 639 — M. Élie de Beaumont, en présentant le VIe volume de « l'Histoire des Progrès de la Géologie depuis i834»> Par M. d'Ar- chiac , et le V" volume, "ie partie, dos Mémoires de la Société Géologique de France, donne une idée du contenu de ces deux volumes 953 — M. Élie de Beaumont présente, au nom de MM. Murchison et JSicol , un exemplaire de leur carte géologique de l'Europe I06S Voir aussi l'article Minéralogie. Géouétkie. — Note sur la théorie des paral- lèles ; par M . Vincent 1 107 — Remarque de M. Chasles à l'occasion de celte communication ii5.|Ct 1240 — M. Poinsot déclare qu'il approuve les ob- servation» présentées par M. Chasles... . Il54 169.. ( i*9 Pages • Géométrie. — M. Le Verrier est d'avis que les priwipes qui ont donné lieu à ce débat ne peuvent être recommandés pour l'en- seignement Ii55 — Réponses de M. Vincent aux remarques faites sur sa Note. ii55, iq38 et 12^0 — Remarques adressées par M. Terquem à l'occasion de la même communication.. 133} — Noie sur la mesure des triangles; par M Ch. Bailly 117 — Nouvelles sol. liions de quelques problè- mes de géométrie élémentaire; par le même 1219 — Nolede M. l'abbé liondon, ayant pour titre : n Les neuf partages égaux de la surface de la sphère». — Lettres relatives à cette communication ?.\~, toi et \\-<. — Note sur une construction graphique par laquelle on obtient directement, à une très-petite fraction près, le côté du carré équivalent à un cercle donné; Note de M. Willich 3g8 — Sur la mesure des surfaces paraboliques et autres surfaces à périmètre curviligne; Mémoires de M. Sasku 117 et 729 — Résolution numérique de divers problèmes de géométrie et de trigonométrie; par M. O. Gianotti 855 — Lettre concernant la mesure des solides à formes géométriques ; par M. Duhamel (de la Charente-Inférieure) 866 — «Construction générale de tous les poly- gones réguliers, avec la génération des voûtes ogivales qui en découle»; commu- nication de M. de Robiano ' l'2'i\ Géométrie analytique Démonstration géo- métiique de quelques théorèmes de M. Gauss; Note de M. i. Bertrand. .. io83 et 1239 — Sur les trajectoires orthogonales d'une sphère mobile. — Sur les surfaces dont les 1 11; ues de Tune des courbures sont spheriques; Notes de M. Serret, io5 et 109 i ) . Géométrie analytique.— Snr les surface* pour lesquelles la somme des deux principaux rayons de courbure est épale au double de la normale; Note de M . O. Bonnet . . no — Sur les surfacesdont les lignes de l'une des courbures sont spheriques. — Sur les sur- faces dont les lignes de l'une des courbu- res sont planes; No.es de V. Serret, tijoct ig4 — Note sur un genre particulier de surfaces réciproques; par M. O. Bonnet ^85 — Nouvelles remarques sur les surfacesà aire minima; pai le même. 533 — Sur la théorie geoméirique des lignes à double courbure; Mémoire de M. Serret. 933 — Sur les surfaces dont toutes les lignes de courbure sont planes; INotedeM. Bonnet. 1067 — Note sur la courbure géodésique; par le même 1137 Glucose. — Sur la rotation variable du glu- cose mamelonnéde raisin; Nolede M. Du- brunfaut ; 73q Voir aussi au mot Sucres, Gras (Coups). — Sur la saponification des corps gras par les oxydes anhydres ; Note de M. Pelouse 1081 — Emploi du sulfure de carbone pour l'ex- traction du suif des os et de l'huile des graines oléagineuses, et pour le dégrais- sage des laines ; Mémoire de M. Deiss. . . 307 — Mémoire intitulé : « De la faculté assimi- lalrice des corps gras »; par M. Bcrthè. . . 890 Gravure obtenue par l'inlermediaire de l'ac- tion photographique. Voir au mot Photo- graphie. Gravure naturelle, procédé employé à l'Im- primerie impériale de Vienne pour l'At- las de la Flore autrichienne; Lettre de M.Auer accompagnant l'envoi de cet Alla». 1221 Guano — Mémoire sur le guano des lies de Chincha et les oiseaux qui le produisent; par M. Baimondi 7Î5 Gïroscope. — Note de M. /. Bertrand sur le gyroscope de M. Foucault 1021 H Histoire des sciences. — M. Biot annonce la réimpression du Commercium epistolicum et de ses annexes, livre qu'il publie avec la collaboration de M. Leforl 6o5 — M. le Minisire de l'Instruction publique adresse, pour la bibliothèque de l'Insti- tut, un exemplaire dû celle nouvelle edi- tion 997 — Sur un passage de Proclus indiqué comme se rapportant aux ponsmes; Note de M. Breton, de Champ .j'10 Histoire des sciences. — Sur le nom de Pléiades appliqué parfois à la constellation de la grande Ourse ; Note de M. de Paravey. . . 3oo — Remarques sur l'origine ancienne du nom par lequel on désignait au siècle dernier, dans lesPyrénée», les tailles employées comme registres pour la perception de certains impôts ; par le même. 107 3 Huiles.— Sur les huiles employées à la fabri- cation du rouge turc; Nolede M. Velouté. 1 196 Hciles essentielles. — Sur la production ar- ( 9 P*$f. tilicielle de l'essence de cani elle ; Noie de M. Cli-oss* 223 Huiles essentielles. — Effets de l'inhalation do l'es»*,!)** de térébenthine ; Note de M. Lelellier 243 — Sur l'huile essentielle contenue dans l'al- cool d« garance; Note de M. Jeanjean. . 85j — Remarques de M. Biol à l'occasion de celte communication 85g Hydrauliques ( Moteurs). — Des turbines eulë- riennes et du parti qu'on en peut tirer; ÎNote de M. Ordinaire de Lacolonge 1071 — Mole de M. l'abbé Basiaco sur un moteur hydraulique de son invention S54 — Lettre de M. Mazeran, concernant i.n mo- teur hydraulique de son invention 357 0») Hydrauliques ( Moteurs ). — M. Thomas est au- torisa à reprendre une précédente Note sur des roues hydrauliques et autres mo- teurs de son invention. tjio Hydrauliques (Ciments). Voir au mot Ciments. HydrograI'Uie. — Carte hydrographique sou- terraine de la ville de Paris ; communica- tion de M.-Delesse 1207 Hygiène — Falsification des vins par l'alun : caractères chimiques que présentent les, vins rouges dans lesquels on a introduit une petite quantité de ce sel; Note de M. Lassaigne. 4 10 — Sur des appareils et procédés nouveau! pour le blanchissage à. la vapeur libre et sans pression ; Mémoire de M"le Charles. 586 Incendies. — Documents adressés par M. Du- jardin, de Lille, concernant l'emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les incen- dies 37 — Sur la question de possibilité d'une com- bustion spontanée dans du foin en balles pressées. (Rapport fait en réponse à une question posée par M. le Ministre de la Guerre ; Rapporteur M. Marin) 34 Inondations. — Moyens de forcer les torrents des montagnes de rendre à l'agriculture nno partie du sol qu'ils ravagent; Mé- moire de M.. Bojei ggi — Note sur la grande inondation de la Loire; par le même 1204 — Note sur le lac de Genève, à l'occasion des inondations de la vallée du Rhône; par M. Vallée 1140 — Note sur la réserve du lac de Genève ; par le même 1181 — Note relative aux inondations ; par M . Dausse 124' — Relation entre les inondations de la France et le siroco d'Afrique; Lettre de M. Foire 1143 — Sur les moyens de prévenir le retour des grandes eaux; Lettre de M. Darlu.. . . . . 1 1 ^3 — Emploi de la chaux pour dessécher et assainir les lieux inondés ; Nota de M. Moride 1 3j3 Inondations. — Etablissement de canaux d'in- filtratious, moyen proposé comme pou- vant contribuer à diminuer la violence de» inondations; Note de M. Lavallée... Ibid. — Sur les moyens employés dans les Pays-Ras pour combattre les inondations ; Note de M. de Paravey 1273 Inhline. — Note sur l'inuline; par M. Vubrun- faut 8o3 — M. l'hipson, à l'occasion de celte commu- nication, rappelle ce qu'il a publié d'a- nalogue dans un ouvrage récent sur la fécule et sur les substances qui peuvent la remplacer pour l'industrie £65 Istiiue DE Suez. — M. Ferd. de Lesseps adresse uue série d'échantillons provenant des sondages exécutés dans l'isthme, et diver- ses pièces manuscrites, cartes et plans, concernant le canal projeté entre Suez et Peluse u63 — M. Ferd de Lesseps fait hommage à l'Aca- démie d'un ouvrage en deux volumes in- titulé : « Percement de l'isthme de Suez ». 1357 — Mémoire sur la constitution géologique de l'isthme de Suez ; par M. Renaud 116J Lait. — Lettre de M. Labourdetle, concer- nant un moyen destine à rendre médica- menteux le lait ile< ruminants sans nuire à la santé des animaux 597 Legs Bf.éant. — L'Académie a reçu et renvoyé à l'examen de la Section de Médecine, constituée en Commission spéciale, des communications sur le cholera-morbus adressées par les auteurs dont les noms suivent: MM. Sabbatini, Erssartier, Gi- rard de Vallonné , Onèsime Simon , Be- rrtli, Delfrayssè, Cadet, Tironi , Leveau , l'abbé Carmentrez, Hansotte, Bourdon, Beauperlbuy, Millière, Baleguer,Compingt, Baglian, Poggioli, Leveau, Pu jade (écrit par erreur Poujade) , Valadier. 23, 62, 89, 210, 344, 5 12, 552, 637, 692, 797» 8 997- io74» Il32> "75 et LiCNEtx. — Sur les produits de la transforma- ( «94 ) Page». 1256 P»J».. tion de la fécnle et du ligneux sons l'in- fluence des alcalis, du chlorure de zinc et des acides; Mémoire de M. Béchamp. . uio Lits d'hôpitaux et de casernes. — Nouveau sys- tème de literie proposé par M Gariel. . . 586 Longévité. Voir l'article Anthropologie. LiTMiÈr.E. Voir les articles Optique et Vision, Lune. — Lettre du P. Secchi, accompagnant l'envoi d'une image photographique du groupe annulaire de montagnes de la lune designé sous le nom de Copernic g5$ M Machines avapevr. — Note do M. Lemonnier de la Chennaye, relative à une machine à vapeur construite par M. Sauvage, ma- chine dont la chaudière est entretenue par l'eau résultant de la condensation de la vapeur "6 — Note de M. Jobard sur l'explosion fou- droyante survenue à Gand, le ijmai i856. ioi5 Magnétisme terrestre. — Communication de M. te Verrier, relative à un travail do MM. Goujon et Liais pour la détermina- tion des éléments magnétiques a l'Obser- vatoire impérial de Paris 74 — IN'ole sur quatre observations de la décli- naison magnétique faites à Paris en 18Î4, sur le contour de l'enceinte continue: comparaison de ces observation» avec dif- férentes déclinaisons mesurées en 1 855 à l'Observatoire impérial; Mémoire de M. Laugier, première partie 1^3 — Remarques de M. Le Verrier à l'occasion de cette communication a5o ■» Réponse de M. Laugier 257 Deuxième partie du Mémoire de M. Lau- gier (Observations de la déclinaison ma- gnétique faites à Paris en i8j4) 3o5 — Remarques de M . Le Verrier à l'occasion de cette dernière communication 3io — Sur le changement qu'éprouve la boussole dans sa direction lorsqu'on la transporto d'un point à un autre de l'Observatoire impérial de Paris; Mémoire de M. Le Verrier 36l — Remarques faites, à l'occasion delà précé- dente communication, par M. Mathieu, en l'absence de M. Laugier 365 — Résultats obtenus au moyen d'instruments magnétiques enregistreurs établis à l'Ob- servatoire impérial, par M. Liais; com- munication de M. Le Verrier 749 — Etat actuel des éléments du magnétisme terrestre à Paris et dans ses environs; par Mahmoud-Ej/endi go5 Magnétisme terrestre.— Observations de l'ai- guille aimantée ; Lettre de M. d'Âbbadie à M. Élie de Beaxmont 61s — Sur un aimant temporaire obtenu au moyen de la seule action du magnétisme ter- restre ; Note de M. Giardini 3^3 Manganèse (Composé dc). — Recherches sur les oxydes et acides dc manganèse , les manganates et hypermanganales ; Mé- moire de M. P. Thenard 38a Marées. — Sur le mouvement des diverses ondes dont se compose la marée; Lettre de M. Chazallon à M. Elie de Reaumont. g66 — M. Elie de Beaumont signale à cette occa- sion, parmi les pièces imprimées de la correspondance, un Mémoire de M. Sa- muel Haughton sur les marées diurnes, lunaires et solaires, observées sur les côtes de l'Irlande 968 Mécanique. — Rapport sur un Mémoire de M. l'hillips, concernant le calcul de la ré- sistance des solides prismatiques soumis & l'action d'une charge en mouvement; Rapporteur M. Combes • 3î5 Mécanique analytique. — Expression remar- quable de la quantité qui, dans le mou- vement d'un système de points matériels à liaisons quelconques, est un minimum en vertu du principe de la moindre ac- tion ; Mémoire de M. Liouville 1146 — Noie sur lo gyroscope de M. Foucault; par M. /. Bertrand I03J — M. Delaunay, en présentant un exemplaire du Traité de Mécanique rationnelle qu'il vientde publier, fait connaître le but qu'il s'est proposé en écrivant cet ouvrage 349 • Sur le calcul de l'effet des machines ; Note de M. Burdin 9 — Mémoire sur les mouvements relatifs ; par M. Bour 383 — Note sur les mouvements lelatifs; par M. Quct 5tfl — Des lois de la résistance de l'air sur les ( i295 ) P«6«s . projectiles animes de grandes vitesses; Mémoire du M. Didion 10 \8 Mécanique céleste. — Sur le mouvement de la terre autour de son centre de gravité; Mémoire de M. lullien aa — Sur le développement de la fonction per- turbatrice; Mémoire de M. Bourget. 53oel io5g — Note sur la condition de convergence des séries qui se présentent dans la théorie du mouvement elliptique des planètes; Mémoire de M. J.-A. Serret u34 — Suite des recherches sur les grandes per- turbations du système solaire; par le mAne ia5i Médaille frappée en l'honneur de Gauss. — Lettre de M. le Minisire de l'instruction publique et Lettre de la Société royale des Sciences de Gœttingue, relativement à cette médaille 89,4 Médecine. — Lettre de MM. Bourguignon et Deta/ànd, concernant leur travail sur la pathologie comparée de la gale 6t — Lettre de M. Raciborski, accompagnant l'en- voi de son ouvrage sur la menstruation.. Ibid. — Mémoire sur l'ulcère simple de l'estomac ; par M . Cruveilhicr Si et 421 — Recherches expérimentales sur la produc- tion d'une affection convulsive épilepli- forme, à la suite de lésions de la moelle épinière; Note de M. Brown-Séquaid., 86 — » Emploi des vapeurs d'acide sulfureux contre la teigne faveuse de l'homme et contre la muscardinc des vers à soie; Notede M. Grun a38 — Sur la curabilité de la phthisie ; Mémoire do M. Kœnig 345 — Empoisonnements causés dans les pays tropicaux parla chairde certains poissons ; Note de M. Guyon ,* 340 — Sur les symptômes cl le traitement du co- ryza des nouveau-nés ; Noie do M. Bou- chut 354 — Action du levain de bière sur un diabé- tique; Note de M. E. Baudrimont 355 — Essai sur la médecine préventive; par • M. Rochat 540 — Histoire de diverses épidémies qui ont ré- gné en i855 dans quelques communes de l'arrondissement de \illefranche; par M. Mai tin Duel aux 6g3 — Observations concernant des cas de rhuma- tisme et de sciatique , recueillies à la cli- nique de l'hôpital de la Charité , par M . l'oggioti 72g — Lettres de M. Compingt, concernant un re- mède de son invention pour le traitement des dartres 745, 8o,3 et 1074 P«g«. Médecine. — Traité de l'angine de poitrine, d'après la découverte de son siège orga- nique; Mémoire de M. Massart 797 — Lettre de M. Niepce, concernant un médi- cament qu'il emploie contre le goitre.. . . 865 — Théorie de la phthisie; par M. Billiard.. 885 — De l'emploi do l'acide arsénicux dans les congestions apoplectiques ; par M. La~ marre-l'icquol 89» — De l'eflficacilé du brome dans le traitement désaffections pseudo-membraneuses; Mé- moire de M. Ozanam 1013 — Etude sur le typhus de Crimée; par M.Baudens Io43 — Cas de typhus observés chez des soldats re- venant de Crimée ; Lettre de M. Garcin. 1171 — Sur l'emploi du froid pour produire l'a- neslhésiede la langue; Notede M. Guyot. i>43 — Ouvrages, manuscrits ou imprimés présen- tés au concours Montyon: analyses en- voyées par les auteurs dont les noms sui- vent : — M. Beaupoil ( Entéropalhie métallique)., aïo — M. Renault (divers Mémoires de médecine vétérinaire et de physiologie) 587 — MM. Marie, Duplay et Verga (diverses Recherches d'anatomie et de physiologie). Ibid. — M. Knapp (Scorbut des nourrices ) 588 — M. Fonssagrives (Traité d'hygiène navale). 588 et 810 — M. Leroy, d'Eliolles (Mémoires relatifs à la lithotritie) 588 — M. Godard (Recherches sur les monor- chides et les cryptorchides chez l'homme). 637 — M. Noua (Sur la cicatrisation des artères à la suite de la ligature) Ibid. — M. Herpin (Du chlorate de potasse contre la salivation mercurielle) 638 — M. Isambert (Emploi thérapeutique du chlorate de potasse ) 8g3 — M. Schweitser (Traité de galvanocaustlque de M. Middcldorpf) 638 — M. Bertherand ( Médecine et hygiène des Arabes) 6g3 — M. Liégard (Sujets divers de médecine et de chirurgie pratiques) 997 et ll3l — M. Joire (Circulation chez l'homme et cher certains animaux) Ii3i et 1319 — M. Lcgrand( Ablation des tumeurs au moyen des caustiques ) U73 — Boulu (Traitement des adénites cervicales par l'électricité localisée.) 1274 Mesures françaises et étrangères. — Lettre de M. J-.J. Stuart, concernant des Tables qui donneraient les rapports de ces me- sures entre elles 865 Métallurgie. — Mémoire de M. Poumarède sur le traitement des minerais argentt- ( Ia96 ) P rrs fères; transmis par M. le Ministre (le l'Instruction publique aGa Métaux. — M. Thenard, au nom de la Com- mission chargée d'examiner un Mémoire de M. Ti/fereau, ayant pour titre, « Les métaux no sont pas des corps simples », déclare que ce Mémoire ne sembl" pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport. . . 4?^ — Lettre de M. Tif/ereau à l'occasion de cette déclaration 5a3 — Etnd'-c sur la production artificielle des minéraux et sur les conséquences qui en résultent relativement à la géologie et spécialement h la théorie des dépôts mé- tallifères ; Mémoire de M. Durocner.. . . 85o — Aperçus relatifs à la théorie des gîtes mé- tallifères ; Mémoire de M. Eournet 1097 — Remarques sur les gîtes métallifères et sur la disposition relative des cristaux de quartz et de feldspath dans les roches granitiques ; Note de M. Durocher 1331 Météores iimirEcx. — Sur un météore observé au Havre le 7 janvier i85fi ; Lettre de M. Lecadre Gl — Observation du même météore à Caen; Lettre de M. Eudes Dnlongchamps à M. Elie de Beanmont 78 — Sur un bolide v-j à l'Observatoire impé- rial de l'aria dans la soirée du 3 février 18M} Note de M. Dien 23r — Observation du môme bolide faite, égale- ment à l'Observatoire i'npérial , par M. Besse-Bergier (communiquée par M. Le Verrier) 279 — M. Elie de Beaumont communique diver- ses Lettres qui lui ont été adressées con- cernant ce même bolide 281 — Sur un halo lunaire observé en Ukraine ; deuxième Note de M. Ardrighetli aj3 — Bolide observé le 29 février i85fi, par M. Saigey ; Note de M. Coulvier-Gravier. 4°4 — Mémoire sur les aurores polaires ; par M. de Lamotte-Tarehand 1256" Météorologie. — Note sur les marronniers précoces des Tuileries ; par M. Elie de Beaumont • foi — M. Elie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie des branches qui ont été rompues par l'action du vent sur les ar- bres chargés de. verglas; Notes concer- nant ce phénomène par M. Champigny et par M. Chantreau 274 — Résultats obtenus par M. Liais au moyen d'instruments magnétiques enregistreurs établis à l'Observatoire impérial; com- munication de M. Le Verrier 7^9 — Sur un système régulier d'observations météorologique.! établi en ï'runce par les H»S» soins de l'Administration des Télégra- phes et de l'Observatoire impérial de Paris ; communication de M. Le Verrier. 1039 Météouolocie. — M. Le Verrier annonce que le Bulletin météorologique des divers points de la France, recueilli p.ir lit voie, du télégraphe, se publie chaque jour. . 1229 — Sur les tempêtes, les coups de vent et les orages dans la partie de la Méditer- ranée comprise entre les côtes de France et celles de l'Algérie; Mémoire de M. Larligue ... 12.14 — M. le Secrétaire perpétuel présente des ta- bleaux météorologiques et autres docu- ments Fcientifiques que publie l'Observa- toire météorologique de Lisbonne a3 — M. Êliede Beaumont, en présentant, au nom de M. Pouriau, un exemplaire des «Etu- des météorologiques relatives au climat de la Saulsaie», donne une idée des con- séquences qui se déduisent de ces obser- vations 63j) — Observations pluviomctriques faites à la Havane ; par M Casûseca 6fo — Sur If. quantité de pluie tombée à Mont- pellier, du 11 au 20 mars i856; Note de M. Marlins 59} — Sur un bruit dans les airs entendu, sans cause apparente, à Pau et dans les envi- rons; Lettre de M. de lajonquiere 356 — Sur certaines habitudes des araignées en rapport avec l'étal présent ou prochain de l'atmosphère; Note de M. Caraguel .. . 457 — Sur la possibilité de prévoir quelque temps a l'avance la constitution météoro- logique d'un pays à une époque donnée; Lettres de M. Korylski 1144 et I2ï4 — Lettre île M. Pons sur diverses questions concernant la météorologie et la physique du globe.' 1274 MÉTÉouotociguEs (Obseiwatioss) faites à l'Ob- servatoire impérial de Paris pour Janvier i856 748 Février 812 Mars 1 0S0 Avril ngî Mai 1228 Juin. 1280 — Tableau des observations recueillies en |8.Î5 à Constanlinople; adressé par M. Grel- lon 5s3 — Lettre de M. Jomard, en adressant un ta- bleau des courbes représentant, les phéno- mènes de l'atmosphère dans l'océan At- lantique, tableau dressé par M. Maury, de l'observatoire de Washington 5 jt — Observations météorologiques faites à Nan- tes pendant l'année l8">5 ; par M. Huette. il'. \ ( M Pag.-.. Minéralogie. — Sur diverses épigénies par ré- duction d'oxydes ou de sels naturels; Note de M . Kuhlmann 3^4 — Notice minéralogique sur le cercle de La- ;;houal ; par M. Ville 396 — Sur la présence de zircons dans les sables tertiaires (le Saurcl; Note de J\3. Marcel de Serres .' . 4^4 Minéraux (Phodcction artificielle des). — Etudes sur la production artificielle des minéraux et sur les conséquences qui en résultent pour la géologie ; Mémoire de M. Durocher S5o Moti it.s. — Etudes sur l'emploi des appareils d'induction : effets des machines multi- ples ; Note de M. Foucault 21 5 — Addition à une précédente Note sur un moteur électromagnétique ; par M. Mo- ror 855 97 ) Puin Moteirs. — Moteur à air comprime et di- laté 'par la Tapeur; Note et Lettre de M. Tricaud 273 et 1 18N — -(Sur une nouvelle force motrice dont l'em- ploi doit conduire à la suppression des machines à vapeur » ; Mémoire adressé au concours pour le prix de Mécanique et portant le nom de l'auteur sous pli ca- cheté • . 7^0 — Note et Lettre de M. Roucart, concernant un moteur de son invention dans lequel l'air remplace la vapeur 865 et 107/1 — Mémoire sur un nouveau moteur à air chaud ; par M. Ai'rnier-Delagrêc Iofi5 Voir aussi Partiels Hydrauliques ( Mo- leurs). Moi'VF.ment perpétuel. — Lettre do M. Man- chet. . 5a3 Nitrates. — Rapport sur un Mémoire de M. fille, ayant pour litre : Quel est le rôle des nitrates dans l'économie des plantes? De quelques procédés nouveaux pour doser l'azote des nitrates en pré- sence des matières organiques; Rappor- teur M. Pelouze 679 Nominations de Membres et de Correspondants de l'Académie. — M. Jobert, de Lamballe, est nommé Membre de l'Académie, Sec- lion de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de M. Magendie 578 — M. Bertrand est nommé Membre do l'Aca- démie, Section de Géométrie, en rempla- cement de M. Slurm 786 — M. Gar (Claude) est nommé Membre de l'Académie. Section de Botanique, en remplacement de M. de Mirbel i)3' Nominations. — M. Guron est nommé Corres- pondant pour la Section de Médecine etde Chirurgie,enremplacementdeM.iVttnW/e. .178 — M. Osirogradsti est nommé Correspondant pour la Section de Géométrie, en rempla- cement de M. Lejeune-Dirichlct, devenu Associé étranger de l'Académie 4'6 — M. l'Amiral de PFrangell est nommé Cor- respondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement du capi- taine Parry 5io et 618 — M. Gerhardt est nommé Correspondant de l'Académie, Section de Chimie, en rem- placement de M. Rraconnot 725 et 718 o Œil. — Appareil de l'adaptation de l'oeil chez, les oiseaux, les principaux mammifè- res et l'homme; Mémoire de M. Rouget. 937 — M. de Quatre/ages mentionne à cette occa- sion les observations de M. Dujardin, concernant un appareil d'adaptation pour , les yeux des insectes 9.^1 — Remarques de M. Jobard a l'occasion du même Mémoire 1072 — Réclamation de priorité adressée, égale- ment à l'occasion de la communication de M. Rouget, par M. H. Muller 121S — Etude de l'œil sur le vivant; Note de M. ÏVnller Il85 C. t!., iS5(i, i« Semestre. (T. XI.II.j) OEufs. — Sur les œufs à plusieurs jaunes contenus dans la même coque; Note de M. Valenciennes 3 Optique. — Recherches sur la double réfrac- tion ; Note de M. de Senarmont 65 — Description d'un nouvel appareil de re- cherches fondé sur les interférences; Note de M. famln ^Sl — Isomorphisme entre des corps isomères, les uns actifs, les autres inactifs surla lu- mière polarisée ; Note do M. Pasteur 12^9 — Sur les conditions auxquelles il faut satis- faire dans la construction des appareils optiques pour obtenir des images exemp- 170 ( • l'aï". tes de déformation ; Mémoire de M. lire- ton, de Champ 4^S Optique. — Théorie mathématique des effets de la lentille simple employée comme objectif de chambre obscure et comme be- sicle; par le même 5^2 et J^l — Snr la courbure des surfaces focales dans le cas d'un objectif composé d'un nombre quelconque de lentilles en contact, tra- versé en son centre de figure par des pinceaux ou faisceaux très-minces de rayons lumineux; par le même 960 — Production des anneaux colorés au moyen d'un procédé particulier, application de en piocédé à la fabrication d'un papier à couleurs changeantes; Note de M. Car- rère 689 — Sur la construction des microscopes ; Note de M. Rrachet I0j5 Orcaniques (Sit.stauces). — Propriété des so- lutions aqueuses saturées de sulfate de zinc pour la conservation des substances animales; Note de M. Slrauss-Durckheim. 808 — Sur la génération des produits organiques par leurs éléments simples, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote; Note de M. F. Daudrimonl 1 13 1 Okcanocrapiiie végétale. — Note sur l'appa- reil reproducieur multiple des Hypoxy- lécs; par M. Tulasne 701 — Sur la composition immédiate de l'épiderme et de la cuticule épidermique des végé- taux ; Note de M. Payen ug3 — Sur les plantes aériennes epidendres; sur la structure des racines des Orchidées; Mémoire de M. Chatin 40 — Sur la structure des racines des Orchidées epidendres; Note adressée, à l'occasion de la précédente communication , par M.Frohlich 636 et i25G — OrganograpbiedesCuscutacées et des Cas- sythacées; Mémoire de RI. Chatin. 361) et 329 ,98 ) Pagrs. Or.r, vnocrapiuf. végétale. — Organograpliic des Orobnnchées ; par M. Chatin 70,2 — Ue la direction ascendante considérée comme caractère distinctif des tiges : observation de tiges présentant normale- ment la direction descendante; Mémoire de M. Germain de Saint-Pierre ^U — Deuxième série d'observations sur la di- rection descendante de certaines tiges; par le même 833 — Recherches sur le nombre type des parties constituant les divers cycles hélicoïdaux, et rapport qui existe entre ce nombre et le nombre type des diverses parties flora- les des Dicotylédones ; Rlémoire de M . Fermond 19I — Ntote de RI. Trêcul sur les biforines sG5 — De la cuticule à l'intérieur des végétaux; par le même. 837 — Mémoire sur l'origine de la cuticule; par le même 579 et C21 Organograpiiisme ou dessin des organes con- sidéré au point de vue du diagnostic et du traitement ; Mémoire et Lettre de RI. Piorry 426 et Il43 Ozone. — Note de M. Scoute «en, intitulée : ci Découverte des sources de l'ozone at- mosphérique ». — Lettre relative à une Note sur le même sujet, précédemment adressée sous pli cacheté 941 et 94J — Influence des proportions d'ozone sur l'état sanitaire d'un pays; Note de M. Wolf. 944 — Observations ozonométriques faites avec le papier Schœnbein autour de la casernede Saint-C'oud; Rlémoire de M. Dérigny... m5 — Mémoire intitulé : «Découverte des sources de l'ozone organique, ouiie du Mémoire sur la cause secondaire du choléra » ; par M. Rillard 835 Pais. — De l'examen des farines et des pairs; Note de M. Rivot 633 — Lettre concernant l'application du gluten fraisa la fabrication du pain ; parRI. Ring. 909 — Du pain et de sa préparation ; Mémoire de M. ilège-Mouriès 1 12Q Paléo.xtolocie Voir l'article Fossiles (Restes organiques). Papier. — Fabrication de papiers et de cartons dans lesquels entre pour une grande por- portion le tan épuisé; Note de îA.Couiwier. 3q8 Papier. — Papiers irisés par la fixation de lames minces; procédé de M. Carrère. .. 689 Paquets cachetés. — M. Nic/ilès obtient l'au- torisation de reprendre un paquet cacheté précédemment déposé par lui 8to — Mlle Danger obtient l'autorisation de re- prendre des paquets cachetés présentés par son père, maintenant décédé 909 — Lettre de M. du Margat, concernant les conditions à remplir pour le dépôt d'un paquet cacheté 1 1 S.j ( I Page». Pendule. — Recherches sur le pendule co- nique ou régulateur à force centrifuge; par M . Mahislre 387 — Recherches sur la loi des oscillations du pendule à suspension, à lames, îles chro- nomètres fixes ; Mémoire de M. llesal. . . . 3go — De la résistance de l'air dans le mouve- ment oscillatoire du pendule; principe d'un nouvel anémomètre ; Mémoire de M. Ch. Girault 5i 1 — Expériences faites avec un pendule désigné sous le nom de pendule irrigaleur; Notes de M. Ed. Gand 355, l\\o, in\ et 597 Pénitenciers. — Sur le régime des pénilen- ciers; Mémoires de M. Noiret... 2?3 et 729 Pesanteur. — Sur les variations do la pesan- teur dans une petite étendue de la surface terrestre, et sur quelques effets qui en résultent; Mémoire de M. Puiseux 683 Phares. — M. Elie de Beaumont présente un opuscule de M. L. Reynaud, concernant une réclamation de priorité élevée par M. Stevenson pour l'application de la ré- flexion totale aux feux tournants 63g Pbosphop.es. — Sur la purification du phos- phore amorphe; Note do M. Nicklès... . 646 — De l'action que le phosphore rouge exerce sur l'économie animale; Mémoire de MM. Orfilaet Rigout aoi — Emploi du phosphore amorphe ; réclama- tion adressée, a l'occasion de la précé- dente communication, par M. A. Che- vallier 27a — Sur le phosphore et ses préparations; ré- clamation de MM. A. Chevallier fils et 0. Henry fils, à l'occasion de la même communication 341 — Réclamation de M. Duchesne à l'occasion du même Mémoire 437 — M. Thenard, au nom de la Commission chargée de prendre connaissance de ces deux réclamations , déclare que dans l'état actuel des choses il n'y a pas lieu à en faire l'objet d'un Fapport 4?5 — Mémoire sur te phosphore ; par MM. Os- sian Henry fils et A. Chevallier fils 996 Photographie. — Emploi de la photographie pour les instruments magnétiques enre- gistreurs ; communication de M. Le Ver- rier, sur les résultats obtenus do ces in- struments m\(\ — Report sur pierre des épreuves photogra- phiques ; Note de M. Poitevin commu- niquée par M. Becquerel 20 — M. Valenciennes présente deux planches ainsi obtenues par M. l'oitevin sur des négatifs de M. L, Rousseau 32 299 ) P.gn. Photographie. — Communication de M. Flou- rens en présentant au nom de l'auteur, M. Van Moncklioven, un « Traité de pho- tographie théorique et pratique ■> 693 — Nouveau procédé de fixage pour les épreu- ves photographiques au moyen du chlo- rure acide de platine; Note de M. Ca- ranza 344 — Emploi de l'iodure de plomb pour la pho- tographie ; Note de M. Roussin 636 — Moyen d'obtenir, d'une épreuve photogra- phique sur verre ou sur inétal, une gra- vure a l'eau -forte propre à donner des épreuves en taille -douce; Lettre de M. Gueyton 694 — Epreuves photographiques adressées de Rome par M. Volpicelli. ., 61 Physiologie. — Sur les développements primi- tifs : formation de l'œuf. — Vésicule ovigèno et germinative. Condition pri- mordiale de la duplicité monstrueuse; Mémoire de M. Serres... 1024 et 1092 — Sur la contractilitc tendineuse; Mémoire de M./. Guérin 416 — M. Flourens, à l'occasion de cette commu- nication, indique le résultat de ses pro- pres recherches relativement à la sensi- bilité des tendons 42' — Action du sucre sur les alcalis dans l'éco- nomieanimale; Note de M. Poggiale.... 198 — Recherches sur la faculté attribuée à la peau d'absorber l'eau et les dissolutions aqueuses ; Mémoire de M. Poulet 435 — Lettre de M. Duriau à l'occasion de celte communication 5n — Opuscule intitulé : « Recherches expéri- mentales sur l'absorption et l'exhalation par le tégument externe» ; par M. Duriau. 55i — De l'influence de la proportion du phos- phate de chaux contenu dans les aliments, sur la formation du cal ; Note de M. Alph. if Une-Edwards 63l — Sur la température moyenne des oiseaux palmipèdes du nord de l'Europe; Note de M. Ch. Martins 5l5 — Recherches sur les phénomènes physiques et chimiques de la contraction muscu- laire; Mémoire de M. Matlcucci 648 — Du sulfocyanure de potassium considéré comme un des cléments de la salive; Note de M. Longet 480 — Recherches sur la sécrétion biliaire; par M. Oré 497 — De la faculté assimilatrice des différents corps gras; Note de M. Berthé 890 — Etudes sur l'œil vivant ; Note de M. Wal- ler -u85 I70.. ( i3oo ) Pages Physiologie. — Application du compteur à gaz à la mesure de la respiration ; Mémoire de M. Bonnet 8î5 — Notes sur les causes de la circulation du sang; par M. Vanner 244 et jfô — Effets produits sur le sang fraîchement tiré de la veine par diverses infusions vé- gétales; Noies de M. Leclerc. 456, 690 et 798 — Réclamation adressée par M. Clauzure à l'occasion de la première Note de M. Le- clerc 585 — Nouvelles recherches sur l'origine du sang existant dans l'économie animale; par M. Chauvcau 1 008 — Lettre de M. Girard accompagnant son ou- vrage intitulé : a La vie au point de vue physique » 5l4 Physiologie végétale. — Du rôle des nitrates dans l'économie des plantes. (Rapport sur un Mémoire de M. Ville ; Rapporteur M. Pelouze.) G79 — Recherches expérimentales sur la respira- tion ik's plantes ; par M. Duchartrc 3j — Recherches expérimentales sur les rapports des plantes avec l'humidité atmosphéri- que ; par le même 428 et 790 — Recherches expérimentales sur le pouvoir d'absorption, par rapport à l'eau, des ra- cines des plantes aérienne» ; Mémoire de M. Chatin 84l — De la direction ascendante comme ca- ractère distinclif des tiges : bulbes des- cendants du Muscari comosum, de l'Agra- phis nutuns et de VA. campanulata ; par M. Germain de Saint-l'ierre 42 et 833 — Retour simultané de la descendance d'une plante hybride aux types paternel et ma- ternel ; Note do M. Naudin 6ï5 -m Observations relatives à la fécondation in- complète et à ses conséquences dans les végétaux phanérogames ; par le même.. . . 845 — Observation relative à un cas d'hybridité anormale ; par le même Ioo3 — Observations relatives à l'accroissement eu diamètre des Dicotylédones; Note de M. Mathieu 1 r .', ; Physique du globe. — Sur certains laits at- tribues à un exhaussement graduel du ni- veau de la mer; Note de M. Lauie 3oo — Sur les eaux thermales de Nauheim, et sur la cause de leur jaillissement ; Mémoire de .M. Rotursau 438 — Sur le mouvement des diverses ondes dont se compose la marée ; Lettre de M. Cha- tallon à M. Élie de Beaumont 1)66 — A l'occasion de ceue Lettre, M. Elie de Beaumont signale parmi les pièces im- primées do la correspondance un Mé- Pa6=i. moire de M. Samuel Haughton sur les marées diurnes solaires et lunaires des côtes de l'Irlande 96S Voir aussi les articles Géologie et Mé- téorologie. Physique générale. — Lettre de M. Gallo ac- compagnant l'envoi de la ire partie d'un ouvrage intitulé : «Introduction à l'élude de la physique et de la mécanique » 910 — Lettre de M. Coinze accompagnant l'envoi d'un volume intitulé : « Révélation des lois de la nature, ou science de la vraie physique > >°74 Planètes. — M. Le Verrier annonce la dé- couverte d'une nouvelle petite planète faite à l'Observatoire impérial par M. Chacornac, dans la soirée du 12 jan- vier i850 3i — M. Le Verrier annonce la découverte, faite par M. Chacornac, le 8 lévrier ib56, d'une nouvelle petite planète. — Observations faites à Liverpool de la planète du ^jan- vier i856 (Léda) 279 — M. Le Verrier annonce que la planète dé- couverte le 8 février |S")6, par 31. Cha- cornac, portera le nom de Lœlitia 5ot — Observations de la planète (39) faites à Vienne par M. Littrow, et à Florence par M. Donali (présentées par M. Le Verrier). 4i)3 — M. LcjeuneDirichlet présente des observa- tions de la planète (39) faites à. l'Obser- vatoire de Gœttingue; par M. Klinker- Jues 589 — M. Le Verrier présente des observations de la planète Léda, calculées par M. Pape.. 590 — M. Le Verrier annonce la découverte de la 4oe planète faite à Paris, le 3i mars , par M. Goldschmidt 638 — M. Le Verrier annonce que cette planète a reçu le nom tTHarmonia 817 — Eléments provisoires de celte planète ; par M. Valt 71S — M. Lejeune-Dirichlet communique des ob- servations méridiennes des planètes Léda et Laetitia laites à Geellingue par M.K/in- kerfues 638 — Eléments elliptiques de la planète flar- monia; par M. Valt 991 — Détermination de l'orbite de celte pla- nète ; par le même 1 1 06 — M. Le Verrier communique, au nom du M. Yuon Villarceau, les éléments de l'or- bite de la planèie Amphilrite et l'éphé- méride pour l'opposition de 1 856 5,98 — M. Le Verrier annonce la découverte d'une 4ie petite planète par M. Goldschmidt... luot — M. Goldschmidt confirme la réalité de cette découverts 106; ( i3oi PsBM. Planètes. — Eléments elliptiques de la 4lc pc- tilc planète ; par M. Vali noi — M. Le Verrier annonce que la 4'e petite planète de M. Goldschmidta reçu le nom de Dnphné , 1 229 — M. Le Verrier annonce qu'une 42° petite planèlo a été découverte à Oxford, le 23 mai iS56, par M. Pogson 1 107 — Note du P. Secchi sur les anneaux de Sa- turne • 28a Platine. — Sur un gisement de platine si- gnalé dans un filon de la province d'An- tioquia (Nouvelle-Grenade); Mémoire de M. Boussingault 917 Poids et Mesures*. — Note de M. Durand sur une subdivision proposée pour le kilo- gramme 117 — Lettre de M. /.-/. Smart, concernant les Tables do concordance des mesures fran- çaises et étrangères 865 Porcelaine. — Note de M. Chevreul sur la pu- blication faite par M. Stanislas Julien d'un Traité de la fabrication de la porcelaine en Chine 4-0 Pouzzolane. — Note sur un gisement récem- ment découvert dans la Haute-Saône; par M; Bertrand, de Lom 55o Présidence de l'Académie. — M. Binet, Vice- Président de l'Académie pendant l'année i855, passe aux fonctions de Président. M. Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire est élu Vice-Président pour l'année 1 856 1 — Par suite du décès de M. Binet, M. Geqf- frof-Suint-Ililuire passe aux fonctions de Président, qu'il occupera jusqu'à la fin de 1857. — M. Despreu est nommé Vice- Président pour le même espace de temps. io43 Prix décernés dans la séance du 28 janvier i856 (concours de l'année i855) : — Prix d'Astronomie (fondation de Lalande), — Médailles décernées, pour la décou- verte faite en i855 de quatre nouvelles planètes, savoir : à M. Chacornac , pour la découverte de la planète Circé; à M. Lu- ther, pour la planète Leucothée et la pla- nète Fides; à M. Goldschmidt, pour la pla- nète .liai, inlr 121 — Prix de mécanique (fondation Monly on). — Prix décerné à T\\.Boileau, pour ses recher- ches expérimentales sur l'hydraulique. . . 122 — Prix de Statistique. — Prix donné sur les fonds de i85/j, à M. Le Play, pour son ouvrage intitulé : « les Ouvriers euro- péens ». — Prix donné sur les fonds de i855, à M. Vicat, pour ses « Recherches statistiques sur les substances calcaires à chaux hydraulique et à ciment naturel».. ia3 — Mentions honorables: à M. Jiemay, pour sou Pi l'âge». ic Histoire de la ville de Belleville et de ses accroissements » ; à M. Giraudet, pour sa ■ Statistique do la ville de Tours, de i632à 1S47»; kM.Grangez, pour son «Pré- cis historique et statistique des voies na- vigables en France »; à M. deWatteville, pour son « Rapport sur l'administration des bureaux de bienfaisance cl sur la si- tuation du paupérisme en France » 134 IX DÉCERNÉS. — Prix Jondé par M'nc la mar- quisede Laplace. — Le prix a été obtenu par M. J.-tt. Guy, sorti le premier de l'E- cole Polytechnique le 20 septembre 1 855 . 137 Prix de Physiologie expérimentale. — Prix décerné à M. Brown- Séquard, pour ses expériences concernant la transmission des impressions sensitives de la moelle épinière 137 Prix relatifs aux Arts insalubres. — Prix de 2,5oo francs, décernés M. Duntery, pouf son appareil fumivore. — Prix de 2,000 fr., à M. Sorel, pour ses flotteurs d'alarme, appareils de sûreté des machines à va- peur.— PWx.le 2,000 francs, à MM. Bou- tron et Baudet, pour leur moyen de déter- miner la proportion des sels à base de chaux dans les eaux des sources et des ri- vières au moyen d'une liqueur savonneuse titrée. — Encouragement de la valeur de 5oo francs, à M. Thibaut, pour son tuyau respiratoire, appareil de sauvetage pour porter secours à des noyés ou asphyxiés.. 141 . Prix de Médecine et de Chirurgie. — 11 n'y a pas de prix décerné ; dix récompenses ont été données, savoir : Récompenses de la valeur de i,5oo francs, à M. Hannover, pour ses « Recherches sur l'analomie, la physiologie et la pathologie de l'oeil »; à M. Lehmann, pour son « Traité de chi- mie physiologique »; à M. Bouquet, pour son « Mémoire sur l'analyse des eaux du bassin de Vichy »; à M. Beau, pour se» ■ «Éludes de physiologie et de pathologie sur l'appareil splénique » ; àM. Corvisart, pour ses « Recherches sur l'action théra- peutique de la pepsine » ; à M. Beraud, pour ses « Recherches d'anatomie et de pathologie sur les voies lacrymales ». — Récompenses de la valeur de 1,000 francs: à M. Cazeaux, pour son « Mémoire sur la chloro-anémie des femmes enceintes »; a M. Dareste , pour son travail « Sur les circonvolutions cérébrales»; à M. Tar- dieu, pour son ouvrage « Sur l'hygiène publique et la salubrité » ; à M. Foissac, pour son u Traité de météorologie dans ses rapports avec l'hygiène et la médecine publique » i47 ( '3 Pages. Prix proposés (séance publique annuelle du ■j8 janvier iS56). Grand prix de Mathématiques, proposé pour 1SO6 Iâ5 — Grand prix de Mathématiques, proposé pour iS.î.'i et remis à i856 lhid. — Grand prix de Mathématiques , déjà remis au concours pour i853, et prorogé jus- qu'en i85(i l56 — Grand prix de Mathématiques, déjà remis au concours pour 1 853, et prorogé jus- qu'en iS">7 lhid. — Grand prix de Mathématiques, proposé pour 1857, puis pour i85/|, et remis à 1857... i5; — Grand prix de Mathématiques, proposé pour i855, et remis au concours pour 1857... lhid. — Prix extraordinaire de 6, 000 francs sur l'ap- plication de la vapeur à la marine militaire, proposé pour 1 857 ■ *>8 — Prix d'Astronomie. (Fondation de Lalande.) 139 — Prix de Mécanique. (Fondation Montyon.) lhid. — Prix de Statistique. (Fondation Monlyon). 1G0 — Prix Dordin (Sciences mathématiques), pour Tannée i856 lhid. — Prix fondé par M"" la marquise de Laplace. 161 — Grand prix des Sciences physiques , proposé pour 1837 lhid. — Grand prix des Sciences physiques, proposé en i854 pour iS56.. i63 DO Pages. Paix proposés. — Grand prix des Sciencet phy- siques, proposé en iS5o pour i853, et re- mis au concoms pour i856 164 — Grand prix des Sciences physiques, proposé en 1847 pour 18Î9, remis au concours pour |853, et de nouveau pour i85(> lhid. — Prix de Physiologie expérimentale. (Fon- dation Montyon.) i65 — Divers prix du legs Montyon lhid. — Prix Cuvier 1 66 — Prix Alhumberl (Sciences naturelles), pro- posé en 1854 pour i856 lhid. — Prix Bordin (Sciences naturelles), pour 18.57 '6? — Prix quinquennal (Fondation Uorogucs), à décerner en i863 168 — lîapport de la Section de Médecine et de Chirurgie sur le legs Iiréanl lhid. — Condition commune à tous les concours.. 17a Proeïi.éne. — Note de MM. Berthelot et de Luca sur le propylêne iodé. 233 Puits forés.— Lettre de M. llozet sur le puits foré de Tamerna (Algérie) 1258 — Sur le forage artésien pratiqué à Passy par M. Kind ; Note de M. Alphand 33a — Remarques de M. Elie de Beaumont à l'oc- casion de cette communication 336 Punaises. — Sur un moyen employé avec suc- cès pour la destruction des punaises ; Note de M. Chapoteau 5aa Quadrature ddcercie. — Note de N.Stauffer. 357 — Lettre de M. Pienos 4%) Quadrature du cercle.— Lettre deN.Anghera. 5a4 — Note de M. Taupinard gio K Remèdes secrets. — L'Académie n'a point qualité pour en autoriser l'emploi, et ne peut prendre en considération «ne de- mande adressée à cet effet par M. Cohendt- Martin 81 T RoTATlOX DIURNE DU GLOBE TERRESTRE. N.BltSSy envoie un exemplaire d'un opuscule pu- blié en 1754 par M. de Grante sur des ex- périences supposées analogues à celles de M. Foucault 810 Rotatoirb (Pouvoir). — Sur la variation du pouvoir rotatoire dans le sucre de lait; Note de M. Duhrunfaut 228 Rotatoire (Pouvoir). — Note de M. Pasteur , sur le sucre de lait 347 — Remarques M. Biot à l'occasion de la pré- cédente communication 35l — Sur la variation du pouvoir rotatoire du sucre de fécule; Note de M. Béchamp. . . . 64o — Sur la cause de la variation du pouvoir ro- tatoire du sucre de fécule, et sur l'existence probable de deux variétés de glucose am orphe ; par le me'me 896 — Sur la rolation variable du glucose mame- lonné de raisin; Note de M. Dubrunfanl, j3g — Note sur le sucre interverti ; par le même. 901 ( i3o3 ) Pages. Sangsues. — Sur la reproduction do ces An- nélides; Mémoires de SI. Bounieeau. . 345, 585 et u32 Saponification. — Sur la saponification des • corps gras par les oxydes anhydres ; Noie de M. Pelouse 1081 Sections or. l'Académie. — La Section de Mé- decine et de Chirurgie propose de décla- rer, et l'Académie décide, qu'il y a lieu de pou voir au remplacement de feu M . Magendie 499 — La Section présente la liste suivante de candidatst Médecine, en première ligne : MM. Cruvcilhier et Longet; en deuxième ligne :MM.Piorryct Poissuillc.— Chirur- gie, en première ligne : MM. Jobert , do Lamballc, et Jules Guérin; en deuxième ligne: MM.Baudens, Laugier, Malgaigne. 55a — La Section de Géométrie propose de décla- rer, et l'Académie décide, qu'il y a lieu d'élire à la place vacante p.ir suite du décès de M. Sturrn 699 — La Section présente la liste suivante de candidats : i° M. J. Bertrand; 2° M. Her- mite; 3° M. Serret; 4° MM. Bonnet et Puiseux , ex œquo "J^6 — La Section de Botanique propose, et l'A- cadémie décide, qu'il y a lieu d'élire a la place vacante par suite du décès de M. de Mirbcl 8G6 — La Section présente la liste suivante de candidats : i° M. Ducbartre; 2° MM. Cba- tin, Lestiboudois, Weddell, ex cequo- 3° M M . Gay, Trécul, ex œquo ; 4° M . Ger- main de Saint-Pierre 910 — La Section de Géométrie présente la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante parsuiledela no- mination de M. Lejcune-Dirichlet a une place d'Associé étranger : i° M. Oslro- gradski ; a0 et par ordre alphabétique : MM. Bour, Cayley, Gommer, Richelol, Rosenhain, Sarrus, Sylvester, Thomson. 4la — La Section de Médecine présente la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante par suite du dé- cès de M. Prunelle : i° M. Guyon; 2° M. Bally ; 3° M. Denis, de Commercy ; 4° MM. Ehrmann et Gintrac; 5° M.For- get 357 — La Section de Géographie et de Navigation présente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacanteparsuite P.ifes du décès de M. le capitaine Parry. En première ligne : M. de Wr.ingell; en deuxième ligne, M. Wilkes; en troi- sième ligne, M. Lutké; en quatrième li- gne, M. Beechey; en cinquième ligne, M. Maury 4grj Sections de l'Académie. — La Section de Chi- mie présente la liste suivante de candi- dats pour une place vacante de Correspon- dant : i° M. Gerhardt; 2° M. Pasteur; 3° MM. Bincau et Desaignes, ex œquo.. 699 Sélénocraphie. — Lettre du P. Secchi accom- pagnant l'envoi d'un dessin photographi- que du groupe annulaire de montagnes de la lune désigné sons le nom de Copernic. 9r>8 Sels doubles. — Sur un hyposuWitc double de soude et de cuivre; Note do M. Schiilte. 1267 Silicium. — Sur un nouveau moyen d'obtenir le silicium ; Lettre de M. Wôliler à M. Du- mas 48 — Du silicium et du charbon cristallisés; Mémoire de M. H. Sainte-Claire Deville . . 49 — Remarques de M. de Scnarmont à l'occa- sion do celte communication 5s — Lettre de M. Barse à l'occasion d'un Rap- port sur son Mémoire concernant un pro- cédé supposé propre à faire distinguer par des réactions spéciales le silicium et le tungstène d'avec l'argent 241 Soie. — De la présence de la chaux dans la soie, et de ses inconvénients dans l'opéra- tion du décreusage; Note de M. Guinon. . 23g Son (Vitesse du) — Considérée comme moyen de mesurer des distances ; Note de M. Tau- pinard 1 1 3a Sorgho. — Lettre de M. Siccard, concernant ses travaux sur le sorgho sucré 1710 Soude artificielle. — Rapport fait au nom de la Section de Chimie en réponse à une question posée par M. le Ministre de l'Instruction publique, concernant la dé-' couverte de la soude artificielle; Rap- porteur M. Dumas 553 — M. Chevreul, Membre de la Commission, lit une Note dans laquelle il expose son opinion particulière sur la question dé- battue fi^G Soufre — Observation nouvelle sur le sou- fre mou; par M. Ern. Baudrimont 80S Sourds -muets. — Sur le moyen de rendre facile l'enseignement des sourds-muets ; Note de M. Ramhosson 1118 — A l'occasion de cette communication, ( < M. l'abbé Lecot rappelle un travail qu'il a antérieurement présenté sur l'éJucation des sourds-muets 1223 Spbéroidal (Etat). — Note intitulée: « Sur le mouvement de rotation d'un corps à l'état sphéroidal, autourd'un point fixe»; par M. Boutigny. 6g3 Statistique. — Sur la situation de la pro- priété forestière en France; Mémoire de M. Becquerel, deuxième partie i85 — Sur les causes commerciales et adminis- tratives de l'insuffisance et de la surabon- dance périodiques de la production du blé en France; Mémoire de M. Herpin.. 584 — Mémoires sur le régime des prfsons et des pénitenciers; par M. Noiret. .. 2}3 et 729 Sucres. — Action des alcalis sur le sucre dans l'économie animale; NoledeM. Poggiale. 198 3o4 ) Sucres. — Sur la cause de la variation du pouvoir rotaloire du sucre de fécule et sur l'existence prohable de deux variétés de glucose amorphe ; par M. Béchamp. 64o et 896 — Sur les combinaisons des matières su- crées avec les acides : deuxième partie, Mannite; Mémoire de M. Berthelot. . . im — Note de M. Duhrun/aut sur le sucre de lait. 228 — Note sur le sucre interverti ; par le même. . 901 — Note de M. Pasteur sur le sucre de lait.. 347 — Remarques de M. fiiot par suite de cette communication 35i Sulfures. — Emploi du sulfure de carbo- ne pour l'extraction du suif des os, de l'huile des graines oléagineuses, etc.; Mé- moire de M. Deiss 207 Tau. — Emploi du tan épuisé pour la fa- brication de papiers et cartons con- venables à diverses industries; Note de M. Couturier 3gS Teintures. — Sur les huiles employées à la fabrication du rouge turc; Note de M. Pe- louse 1196 — Lettre de MM. Henry à M. Pelouse sur le rouge turc "99 — Études théoriques et pratiques sur la fixa- tion des couleurs dans la teinture; Mé- moire de M. Kuhlmann ... (iy3 et 711 — Sur un nouvel acide provenant d'une plan- te mexicaine, et applicable a la tein- ture; Note de M. Bamon de la Sagra... 873 — M. Bamon de la Sagra transmet une No- tice imprimée contenant une analyse chimique de cet acide 1073 Télégraphie. — M. le Maréchal Vaillant si- gnale à l'attention de l'Académie un nouveau télégraphe fondé sur l'emploi des rayons solaires, inventé par M. Leseurre. M78 — Sur un moyen de communication télégra- phique directe entre des personnes parlant des langues différentes, Note deM. Lion. 1119 Température animale. — Du degré constant de la chaleur animale considérée dans l'homme comme loi de la santé; Mémoire de M. Vanner 54° Tératologie. — Condition primordiale de la duplicité monstrueuse ; Mémoires de M. Serres 1024 et 1092 — De la cryptorchidie chez l'homme et les principaux animaux domestiques; Mé- moiredeMM. Goubaux et Follin. 540 et io65 Tératologie. — Recherches surlesmonorchidos et les cryptorchides chez l'homme; par M.Godart 637 — De l'influence de la cryptorchidie sur la génération ; Note de M. Puech 996 — Recherches sur les monstres doubles ; par M. Schultse •.. 1128 — Sur deux nouveaux genres tératologiques, les genres Ischiomèlc et Agnathocéphale ; Note de M. loly 342 — Remarques de M. Geoffroy-Saint-Hilaire par suite de cette communication 343 — Sur un monstre double appartenant à la fois aux genres Dérodyme, Dérencéphale et Dromèlc; addition à un précédent tra- vail de M. Puech 343 — Sur un monstre exencéphalien (pleurcncé- phalc) ; Note de M. Gintrac 1064 Térébenthine. — Effets de l'inhalation des va- peurs d'essence de térébenthine; Note de M. Letellier 2 J3 TiTANiLM. — Note de M. Hoffmann sur lo bromure île titanium 35a Torrents. — Moyens de forcer les torrents des montagnes de rendre à l'agriculture une partie du sol qu'ils ravagent; Mé- moire de M. Bozet 991 Toxicologie. — Réclamation de priorité relative à la constatation des propriétés toxiques de l'Atraclylis gummi/era : nouveaux cas d'empoisonnement produit par la racine de cette plante; Mémoire de M. Bouros. 80g — Doutes concernant l'espèce végétale que l'on peut considérer comme cause ie ces accidents; Lettre de M. Bouros 1222 ( 1 Papes. Toxicologie. — Empoisonnements causés, dans les pays tropicanx, par la chair de certains poissons; Note de M. Guyon.. . 34o Tremblements de terre. — Sur le tremble- ment de terre qui en août i853 a ren- sé la ville de Thèbes; Lettre de M. A. Gaudry .... 24 — Sur les tremblements de terre ressentis dans l'Empire Ottoman en iS55 ; Mémoire de M . Verollot g3 — Tableau des tremblements de terre à Con- stantinople pendant les quinze dernières années ; par le même ''; ! > 3o5 ) Pi|e». Trisection de l'angle. — Communication de M. Delaistre io?5 — Note de M. Pietricola. ...: u4't Tlbf.s f.n fer. — Note de M. Pacaud sur des tubes en fer doublés de plomb , et réci- proquement » • Tungstène. — Recherches sur ce métal et sur quelques-unes de ses combinaisons; par M. Riche , 3o3 Turbines. —Des turbines eulériennes et du parti qu'on en peut tirer; Note de N. Or- dinaire de Lacolonge 107 1 18 u Uranium. — Note sur la préparation de l'alnminium; par M. Peligot ............... 7^ Vapeur d'eau. — Documents adressés par M. Dujard'n, de Lille, concernant les heureux effets de la vapeur d'eau em- ployée pour éteindre les incendies 27 — Sur la loi de progression, suivant la tempé- rature, de la tension de la vapeur d'eau ; Mémoire de M . Ch. Nesmond 636 Vapeurs. — Note sur le calcul de la chaleur latente des vapeurs ; par M. Legrand. ... 2l3 Vents. — Sur les tempêtes , les coups de vent et les orages dans la partie de la Médi- terranée comprise entre les -côtes de France et d'Algérie; Mémoire de M. Lar- tigue I2 '4 Verglas. — Action du vent sur des branches d'arbres chargées de verglas ; spécimens recueillis par M. A. de Campagne; Notes de MM. Champigny et Chantreau (commu- niqué par M. Elie de Beaumont) 574 Vernis ininflammable présenté par l'inventeur, M. Duchier, comme propre à écarter une des chances d'incendie les plus communes dans les théâtres. — M. le Minisire d'Etat consulte l'Académie sur la valeur de celte invention 1230 Vers a soif. — Emploi des vapeurs d'acide sulfureux contre la muscardine des versa soie; Note de M. Grun 238 — Lettre de M. Guérin-Méneville accompa- gnant l'envoi d'un exemplaire du «Guide de l'éleveur de vers à soie » qu'il a publié en commun avec M. Eug. Robert 1 188 — Lettre de M. Pons, concernant les avan- tages des récoltes d'automne "/4 C. B., i856, Ier Semestre (T. XLII.1 Vibratoires (Mouvements). — Du frottement considéré comme cause de mouvements vibratoires; Mémoire de M. Duhamel. . . 973 Vins. — Moyen de constater dans les vins rouges la falsification par addition de pe- tites quantités d'alun; Note de M. Las- saigne 410 Vision. — Sur l'appareil d'adaptation de l'œil chez les oiseaux, les principaux mammi- fères et l'homme ; Mémoire de M. Rouget. 937 — M. de Quatrefages mentionne à cette occa- sion les observations de M. Dujardin, concernant un appareil d'adaptation pour les yeux des insectes .... 941 — Remarques de M. Jobard à l'occasion de la communication de M. Rouget 107» — Réclamation de priorité adressée, à l'occa- sion de la même communication , par M. H. Muller 1218 — Nouvelle Note de M. Verstraete, concer- nant sa théorie de la vision 373 — Note de M. Ruisson sur une théorie de la vision et de la lumière qui lui est propre 58ij Volatiles (Combinaisons). — Méthode géné- rale pour la production de quelques corps simples fixes au moyen de leurs combinaisons volatiles; Mémoire de M. H. Sainte-Claire Deville 49 — Remarques de M. de Senarmont à l'occasion de cette communication 52 Volcans. — Renseignements relatifs à deux volcans et à une solfatare de l'île de Java, I7I d'après les observations récentes des Hol- landais; Note de M. Perrey n5 — Recherches sur les produits des volcans de l'Italie méridionale; par M. Ci. Sainte- Claire Deville.* 1167 Voyages^ scientifiques. — Lettre de M. de llumboldi à M. Elie de Beaumont sur le ( i3o6 ) Pages voyage de MM. Schlagintweit frères dans l'Inde 61 1 Voyages scientifiques. — M. Le Coat de Saint- Haouen demande des instructions pour les recherches d'histoire naturelle qu'il se proposede faire pendant son séjour dans le Maroc • 10^3 Zoologie. — Considérations générales sur les classifications en histoire naturelle, et plan sommaire de l'ichthyologie analy- tique; communication de M. Dumèril... 1029 Sur une nouvelle espèce de panthère tuée à Ninfi , près de Smyrne; Note de M. Va- lenciennes lo35 — Communication de M. Dumiril en présen- tant au nom de son fils uue « Description des reptiles nouveaux ou imparfaitement connus du Muséum d'histoire naturelle de Paris» 80» — Communication faite par M. Moquin-Tan- don en présentant le premier volume de son « Histoire des Mollusques terrestres et fluviatiles de France foi Sur les perdrix d'Europe; Lettre de M. le Prince C'A. Bonaparte à M. Geoffroy Saint- Hilaire 5og — Espèces nouvelles d'oiseaux d'Asie et d'A- mérique, et tableaux paralléliques des Pélagicns ou Gaviœ; par le même 764 Tableaux paralléliques de l'ordre des Gallinacés, et Note explicative de ces ta- bleaux; par le même 8^4 et g5a — Observations sur la Zoologie géographique de l'Afrique, et description d'un nouveau genre et de nouvelles espèces d'oiseaux; par le même 819 — Communication de M. le Prince Ch. Bonn- />ai(eonprésentant un ouvrage deM. Gray sur les Chcloniensdu Musée Britannique. 5i3 — Sur les caractères zoologiques des cétacés; Note de M. Pucheran, !\\j Zoologie. — Sur trois espèces de Dauphins du haut Amazone ; Note de M. Gervais. . 8ùG — Essai d'une monographie des Chéiroptères sud américains; par M. Gervais. 547 et ^90 — Note sur la mammalogie de l'Algérie; par M. Pomel > . 65a — Indication donnée par M. Brandt des questions de zoologie traitées dans divers opuscules dont il fait hommage à l'Aca- démie 1249 — Sur les poissons du Don , du Dnèpre, du Dnestre et du Boug; Note de M. P. de Tchihalchef. 4 V — Lettre de M. Le Coat de Saint-Haouen, concernant l'ornithologie du nord de l'Afrique : présentation d'un poisson rapporté de Tanger 970 — M. Dumèril fait connaître ce poisson comme appartenant à l'espèce rare nom- mée Ephippium maculatum 99° — Sur un nouvel acarus du cheval pouvant transmettre la gale de ce solipède k l'homme; Note de MM. Bourguignon et Delafond *4l — Sur un nouveau genre d'Annélide tubicolé perforant, le genre Stoa ; Note de M. Mar- cel de Serres 356 — Sur certaines habitudes des araignées en rapport avec l'état présent ou prochain de l'atmosphère; Note de M. Caraguel 4-"7 — Lettre de M. Butin accompagnant l'envoi de nids d'hirondelle salangane 74& ( i3o7 ) TABLE DES AUTEURS. ■H. F«8"- ABBADÏE (d'). — Sur des observations d'in- clinaison de l'aiguille aimantée faites dans la commune d'Urrugue; Lettre à M. Élie de Beaumont 6ia ACADÉMIE DE NANCY (t') adresse un exemplaire du volume de ses Mémoires pour l'année l854 346 ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES DE BAVIÈRE (l'). — Motifs qui lui font dé- sirer d'obtenir en double série les publi- cations des Sociétés savantes. — Indica- tion de quelques lacunes qui se trouvent dans sa collection des publications de l'Institut 61 et 1221 ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE BERLIN (l') adresse un exemplaire du Supplément au volume de ses Mémoires pour l'année i854 1257 ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE MADRID (l') envoie deux nouvelles li- vraisons de ses Mémoires 312 ALLEMAND LENOVY. — Mémoire inti- tulé : « Recherches sur l'origine des tem- pératures pour servir à la construction d'une échelle thermomélrique complète». 1018 ALPHAND. — Sur le forage artésien pratiqué à Passy par M. Kind 332 ANDRAL est nommé Membre de la Comniis- mm. p*8"- sion du concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie n58 et iaoî ANGELLl, inventeur d'une encre supposée indélébile «2aI ANGHERA. — Lettre concernant des précé- dentes Notes sur la quadrature du cercle. 5î4 ANONYMES (MÉMOIRES). Voir à la table des matières au mot Anonymes. ANTON1NI (Ministre du roi des Dcux-Sici- les) transmet divers spécimens d'écriture tracés avec une encre que l'inventeur, M. Angelli, considère comme indélébile, 1220 ARDR1GHETTI.— Addition à une précédente communication sur un halo lunaire ob- servé en Ukraine »7^ ARNUT. — Lettre concernant sa Note sur un appareil destiné à la transmission des forces 245 ATJBRÉE. —Sur le traitement des brûlures par l'emploi d'un collodiondans lequel il entre du tannin 657 ATJER. — Lettre accompagnant l'envoi d'un exemplaire de la Flore autrichienne, ou- vrage dont l'Atlas a été exécuté par le procédé dit d'impression naturelle 1221 AVENIER-DELAGRÉE. — Mémoire sur un moteur à air chaud do son invention io65 AÏRE envoie un opuscule imprimé destiné au concours pour le prix du legs Bréaut.. 1220 BABINET.— Détermination de la latitude par les azimuts extrêmes de deux étoiles cri- coœpolaires « M. Babinet fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du second volume de ses « Études et lectures sur les sciences d'ob- servation et leurs applications pratiques». 077 M Babinet présente des bronzes en ronde bosse obtenus par M. Lenoir au moyen de la galvanoplastie 263 — M. Babinet met sous les yeux de l'Académie un portrait gravé de ienkins, l'homme cité comme l'exemple le plus remarquable de longévité 473 BAGLIAN. — Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant q5i BAILLY ( Ch. ). — Note sur la mesure des triangles , n> — Note sur de nouvelles solutions de quelques problèmes de géométrie élémentaire iaig 171-. ( I MM. Pages. BALARD communique l'extrait d'une Lettre quelui a adressée M. 1. Barse, à l'occasion du Rapport fait dans la séance du 17 dé- cembre i855 241 BALEGUER adresse plusieurs opuscules qu'il a publiés dans l'Inde relativement à l'ori- gine et au traitement du choléra-morbus. 8g3 BALLY est présenté par la Section de Méde- cine et de Chirurgie comme l'un des can- didats pour une place Tacante de Corres- pondant • .* 358 BARHE(Cn), écrit par erreur pour Carré. Voir à ce nom. BARSE. — Lettre à M. Balard, à l'occasion d'un Rapport l'ait dans la séance du 17 dé- cembre i855 , sur un travail présenté par lui aijt BASIACO (l'adbé). — Note sur un moteur hydraulique de son invention 854 BASSAGET. — Lettre concernant un Mémoire qu'il avait adressé à l'Académie, mais qui n'a pas été reçu 5a4 BASSET. — Sur un moyen destiné à dimi- nuer, pour les hommes de guerre, les chances de blessures . 498 BAUDELOCQCE. — Sur un moyen d'abréger les douleurs de l'accouchement 5m BAUDEMENT. — Mémoire sur les laines d'Algérie 264 BAUDEINS. — Etude sur le typhus de Crimée. io43 — M. Baudens est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats )>o;ir la place vacante par suite du décès de M. Magendie 55a BAUDRIMONT ( E.). — Sur certains phéno- mènes observés chez un jeune diabétique soumis à l'action du levain de bière 355 — Expériences sur la durée comparative de l'écoulement des gaz 398 — Observation nouvelle sur le soufre mou. . . 808 — Sur la précipitation du prolochlorure d'an- timoine par l'eau . . 863 — Action des acides azotique et chlorhydrique sur le chlorure de barium et l'azotate de baryte Il3l — Considérations sur la génération des pro- duits organiques par leurs éléments sim- ples, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote Ibid. BEAU. — Une récompense lui est accor lée pour ses Eludes analytiques de physiologie et de pathologie sur l'appareil splenn-hé- patique ( concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie de l'année i855).... i5o BEAUMONT et Mayer. — Appareils proposés pour le chauffage sans combustibles, au moyen d'une force perdue ou non em- 3o8 ) P»6«>- 7«9 802 8o3 631 ployée. (Rapport sur ces appareils; Rap porteur M. Morin. ) «* MM. Bcaumont et ifayer adressent un opus- cule qu'ils ont publié à l'occasion du pré- cédent Rapport — Remarques d'un des Membres de la Com- mission sur cette publication BEAUPERTHU Y.- Recherches sur les causes du choléra, du typhus et des fièvres de marais, d'après des observations recueil- lies dans le Venezuela BEAUPOIL. — Analyse de son Mémoire in- titulé : « De l'entéropathie métallique ». aïo BECHAMP. — Sur la préparation des chlo- rures et des bromures des radicaux orga- niques par l'action du protochlorure cl du prolubromure de phosphore sur les acides monohydratës correspondants.... 224 — Sur la variation du pouvoir rotatoire du sucre de fécule G40 — Sur la cause de la variation du pouvoir rotatoire du sucre de fécule, et sur l'exis- tence probable de deux variétés de glucose amorphe 896 — Sur les produits de la transformation de la fécule et du ligneux sous l'influence des alcalis, du chlorure de zinc et des acides. 1 jio BECQUEREL. — Suite de son Mémoire sur la situation de la propriété forestière en France, appréciée d'après des résultats statistiques 1 8 j — Extrait d'un Mémoire sur quelques-unes des principales causes de l'électricité at- mosphérique 661 — Rapport sur un perfectionnement apporté par M. Lenoirk la reproduction des rondes bosses pai la galvanoplastie. 4 '5)476 et 61S — M. Becquerel dépose un Mémoire dans le- quel M. Lenoir a décrit ses procédés 6'Jt — Rapport sur un travail de M. Tchihalchef ayant pour titre : « Études climatologiques sur l'Asie Mineure » 777 — M. Becquerel présente, en son nom et celui de son fils, le troisième et dernier volume du « Traité d'Electricitéel de Magnétisme» qu'ils ont publié eu commun 39 — M. Becquerel met sous les yeux de l'Aca- démie une pile construite sur un nouveau principe; par M. Doat 85 j — M. Becquerel présente , au nom de M. du Moncel, le premier volume de la seconde édition d'un ouvrage ayant pour titre : 43 BÉRAUD. — TJne récompense lui est accordée pour ses « Recherches d'Anatomie et de Pathologie sur les voies lacrymales » (con- cours pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie de i855) i5i et 498 BÉRE1NGER, Président de l'Institut pour l'année i856, rappelle que la première séance trimestrielle des cinq Académies doit avoir lieu le mercredi a avril 4^5 — M. le Président de l'Institut transmet deux pièces imprimées qui lui ont été adressées, et qui sont destinées par leur auteur, M. Trouillet, au concours pour le prix triennal 7^5 BERETTI. — Recherches analytiques sur le sang de personnes mortes du choléra. ... 89 BÉRIONY. — Observations oznnométriques faites avec le papier Schœnbein , autour de la caserne de Saint-Clond Iil5 BERNARD (Ci..). — Rapport sur le concours pour le prix de Physiologie expérimentale de i855.. i37 — Rapport sur le concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i855 147 — Rapport de la Section de Médecine et de Chirurgie sur le legs Bréant 168 M. Bernard présente un opuscule de M. Cas- torani sur la kératite 1002 — Et un Mémoire sur les albuminoïdes, par M. Denis, de Commercy 1175 — M. Bernard est nommé Membre de la Com- mission du concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie 11 58 et iao3 — Et de la Commission du concours pour le prix de Physiologie expérimentale. .... iîo3 BERTHÉ. — « De la faculté assimilatrice des différents corps gras » 890 MM. ''»«'■■ BERTHELOT. — Sur le propylèno iodé (en commun avec M. de Laça ) 233 — Nouveau procédé pour préparer l'acide for- mique r\\l — Sur les combinaisons des matières sucrées avec les acides nu BERTHERAND. — Analyse de son ouvrage sur la médecine et l'hygiène des Arabes. . 6;)3 BERTRAND (J.). — Note sur le gyroscope de M. Foucault 1021 — Démonstration géométrique de quelques théorèmes de M. Gauss 1088 et 1229 — M. Bertrand prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Géométrie 347 — M. Bertrand est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour la place vacante 746 — M. Bertrand est nommé Membre de l'Aca- démie des Sciences, Section de Géomé- trie , en remplacement de M . Sturm 786 — Décret impérial confirmant sa nomina- tion 8i3 BERTRAND, de Lom. — Sur un gisement de pouzzolane récemment découvert dans la Haute-Loire 55o BIENAÏMÉ est nommé Membre de la Com- mission du concours pour le prix de Sta- tistique 991 BILLIARD. — Théorie de la phlhisie. —Dé- couverte des sources de l'ozone organique. — Cause secondaire du choléra 885 BILLY (de). — Note sur la carte géologique du département des Vosges , et sur quel- ques accidents géologiques figurés dans ce travail 96' BINEAU est présenté par la Section de Chimie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 699 B1NET. — M. Binet, Vice-Président duraut l'année i855, passe aux fonctions de Pré- sident pour l'année i856 1 — La mort de M. Binet, arrivée le 12 mai i856 1 est annoncée le même jour à l'Aca- démie 3^3 — Obsèques de M. Binet : MM. Lamé el Cau- chj y ont parlé au nom de l'Académie des Sciences gi3 B1NG. — Lettre concernant l'application du gluten frais à la fabrication du pain. ... 909 BIOT. — Remarques à l'occasion d'une com- munication de M. Pasteursur le sucre de lait 35i — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Jean Jean sur l'huile essentielle contenue dans l'essence de garance 85<) ( i3 ■H. Pages. — M. Biot annonce la réimpression du Com- mercium epistolicum et de ses annexes ; il publie ce livre en collaboration avec M. Lefort 6o5 — M. Biot est nommé Membre de la Commis- sion du concours pour le grand prix de Sciences mathématiques de i856 (ques- tion concernant la théorie mathématique des phénomènes capillaires) \ï\\ BLANCHET. — Lettre concernant le mouve- ment perpétuel 523 BLONDEAU. — Sur l'huile douce du vin et sur les produits secondaires qui prennent naissance à la suite de l'éthérification. . . 44° — Considérations générales sur le mode de constitution des alcools et des éthers. .. 885 BOILEAU. — Le prix de Mécanique de la fon- dation Monlyon lui est accordé pour ses 55). ....... 141 et 3oo BRACHET. — Lettre et Note concernant l'aéronautique 49^ e' ^97 — Note sur des instruments d'optique 1075 — Note concernant la presse hydraulique. . . 1225 BRAME. — Sur la préparation et la conser- vation des fumiers lo65 BRANUT, en présentant divers Mémoires de Zoologie, en indique sommairement le sujet 1249 BRAVAIS. — Rapport sur une Note de M. Wils-Brown : «Nouvelle méthode pour le calcul des distances lunaires observées en mer » 4?4 — M. Bravais, en présentant, au nom de til.Siljestrom, un volume intitulé : « Dis- sertation sur des matières de physique et de philosophie », donne une idée du con- tenu de cet ouvrage 274 BRAVARD. — Conspectus de la faune fos- sile de l'Amérique du Sud 885 BRETON (A.). — Lettre et Note concernant une pile électrique de son invention des- tinée à l'usage médical 356 et 53g RRETON, de Champ. — Sur un passage de Proclus qui a été indiqué récemment comme se rapportant aux porismes ...... 4§° n MM. IV.-k. BRETON, deCbamp. — Mémoires sur les con- ditions auxquelles il faut satisfaire dans la construction des appareils d'optiqua, pour obtenir des images exemptes de déformations fô$ — Théorie dos effets de la lentille simple em- ployée comme objectif de chambre obscure et comme bcsicle 542 et 741 — Sur la courbure des surfaces focales dans le cas d'un objectif composé d'un nom- bre quelconque de lentilles en contact, traversé en son centre de figure par des pinceaux oa faisceaux très-minces de rayons 1 umineux 960 BRONGNIART est nommé Membre de la Commission chargée de proposer le sujet du grand prix des Sciences naturelles, pour l'année 1857 13 — Et de la Commission du grand prix des Sciences physiques de îojij (question concernant les lois de la distribution des restes organiques dans les terrains de sé- diment) 829 BROWN (VVils-). — Nouvelle méthode pour le calcul desdistances lunaires observées en nier. (Rapport sur ce Mémoire; Rappor- teur, M.. Bravais.) 4/4 BROWN-SEQUARD. — Recherches expéri- mentales sur la production d'une affec- tion eonvulsive, épileptiforme, h la suite de lésions de la moelle épinière 86 — Le prix de Physiologie expérimentale lui est décerné pour ses expériences concer- nant la transmission des impressions sensitives de la moelle épinière (con- cours de i855) i37 — Lettre concernant une erreur typogra- phique qui le concerne dans le Compte rendu de la séance du 3 décembre i855. . 3oi BRYAS (de). — Lettres concernant sa Note sur les terres propres à la fabrication des tuyaux de drainage 811 et 122Ï BUISSON. — Considérations sur la lumière et sur la vision 4->8 BURDJ.N. — Sur le calcul des effets des ma- chines 9 BUSSY transmet un opuscule publié en 1754 par M. de Granle, sur des expériences supposées analogues à celle par laquelle M. Foucault rend sensible aux yeux le mouvement de rotation de la terre 810 BDZAIR1ES.— Demande concernant un opus- cule qu'il vient de publier sur l'agricul- ture ie>8 ( l3l2 ) «■• Pas«. CADET, — Supplément à de précédente» coininumcalions sur le choléra-morbu» et sur la classification des corps naturels. 210, 344 et Uj'j CAHOURS. — Recherches sur une nouvelle classe d'alcools (encommunavecM. Hoff- mann} 217 CANCALON. — Lettre concernant son Mé- moire sur les modifications éprouvées par le climat de l'Italie, de la France et de l'Amérique 55i CARAGUEL. — Observations sur certaines habitudes des araignées en rapport avec l'état de l'atmosphère 4^7 CARANZA. — Nouveau procédé de fixage pour les épreuves photographiques au moyen du chlorure acide de platine 344 CARENTIN. — Sur un procédé agricole uti- lement employé en Algérie pour préve- nir le développement de la maladie de la vigne 637 CARMEINTREZ (l'abbé). — Nouvelle Note relative aux moyens de prévenir l'inva- sion du choléra-morbus 344 et 5l2 CARMIGNAC-DESCOMBES père. — Per- fectionnement apporté à un procédé de conservation pour les céréales. ... 44° CARRÉ (Ch.). — Mémoire sur divers moyens tendant à empêcher les déraillements sur les chemins de fer 344 CARRÉRE. — Sur la production des anneaux colorés par un procédé particulier, et sur l'application de ce procédé à la forma- tion d'un papier à couleurs changeantes. 689 CARRET. — Nouvel appareil pour le traite- ment des fractures des membres 1 o3 CAS ASECA. — Observations pluviomélriques faites à laHavane, du ier janvier iS55 au ier janvier i85G G55 CASTORANI. — Son Mémoire intitulé : k De la kératite et de ses suites », est présenté et analysé par M. Cl. Bernard 1002 — Description et figure d'un ophthalmoscope. 1073 CATALAN. — Sur le calcul de la latitude par la méthode de M. Babinet 287 — Note à l'occasion d'un théorème de M. Ser- ret 1184 CAUCrTY. — Sur une formule très-simple et très-générale qui résout immédiate- ment un grand nombre de problèmes d'analyse déterminée et d'analyse indéter- minée 3(i0 — Note sur un théorème de M. l'uiseux.. .. CG3 mm. Pas„. — Déclaration de M. Cauchy à l'occasion d'une demande de Rapport adressée par M. Passot ... 189 — M. Cauchy est adjoint à la Commission chargée d'examiner un Mémoire présenté par M. Gomcz de Sousa dans la séance du 23 juin i85S 1175 CAYLEY est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . . 412 CAZEAUX. — Une récompense lui est accor- dée pour son Mémoire sur la chloro-ané- mie des femmes enceintes (concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i855) i5i CHACORN AC. — Découverte d'une nouvelle petite planète faite à l'Observatoire de Paris , le 1 1 janvier 1 856 3l — Découverte d'une nouvelle petite planète faite le S lévrier |85G (communication de M. Le Verrier) 278 — Une médaille du prix d'Astronomie de la fondation de Lalande lui est décernée pour sa découverte de la planète Circè . . . 172 CHAMP1GNY. — Note sur un verglas singu- lier observé dans les environs de Chàtel- lerault ( Vienne) 2-5 CHANTREAU. — Effets du verglas dan» cer- tains cantons du département des Deux- Sèvres 276 CHAPOTEAU. — Sur un procédé employé avec succès pour détruire les punaises. . . . 5a» CHARLES (Mme). —Sur des appareils et pro- cédés de son invention pour le blanchis- sage à la vapeur libre et sans pression.. 586 CHASLES. — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Vincent sur la théorie des parallèles 1 154 et 1240 — M.Chasles communique une Lettre que lui a adressée M. Catalan, sur le calcul de la latitude par la méthode de M. Babinet.. 287 — M. Cn«j/ej présente au nom de M. Babbaçe, une Notice imprimée sur la machine à calculer de M . Scheutz 798 CHATIN. — De l'existence et des caractères de deux types symétriques, distinct» chez les plantes diplostémones iî — Sur les plantes aériennes épidendres; sur la structure des racines des Orchidées. . 4° — Sur Tordre des Cuscutacées 2G9 — Anatofnle des Cassylhacées 3ay — Mémoire sur les genres Orohanche et l'he- lipœa ...•»• 4"^ ( i3i3 ) MM. ÎW«. CHATIN.—Organographio des Orobanchéos. 79a — Recherches expérimentales sur le pouvoir d'absorption, par rapport à Peau, des racines des plantes aériennes 8}i — M. Chatin est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès do M. de Mirbel 910 CHATONETt. — Mémoire sur les matériaux à employer dans les constructions à la mer ( en commun avec M . liivoi ) Mtg CHALVEAU. — Nouvelles recherches sur la question glycogénique. 1O0S CHAZALLON. — Sur le mouvement des di- verses ondes dont se compose la marée. 96G — il. Chazallon est porté sur la liste des can- didats qui peuvent être proposés pour la place de géographe vacante au Bureau des Longitudes, par suite du décès de M. Beau- iemps-Beituprê 35^ — M- Chazallon prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacantode mem- bre-adjoint au Bureau des Longitudes... 4&8 CHEVAL. — Mémoire intitulé : a Nouveau procédé pour la conservation des bois- sons au moyen de la pression du liquide sur et par lui-même » 58g CHEVALLIER (A.). — Emploi du phosphore amorphe ; réclamation de priorité à l'oc- casion d'uneNoledeMM.Or/i/aet/i/gou«. 272 — Sur le phosphore et ses préparations (en commun avec M. O. Henry).... 34' ct 99^ CHEVREUL. — Rapport sur le concours pour le prix relatif aux Arts insalubres pour l'année i855 l4' — Comparaison de l'analyse minérale avec l'analyse organique immédiate, et consé- quence qu'on en peut déduire pour établir une méthode de cette dernière analyse.. 8j3 — Communication de M. Chevreul , en pré- sentant, au nom de M. S. Julien, un Traité de la fabrication de la porcelaine en Chine. 47° — M. Chevreul, Membre delà Commission chargée de répondre a une question po- sée par M. le Ministre de l'Instruction publique, concernant la découverte de la soude artificielle , lit une Note dans la- quelle il expose son opinion particulière sur la question débattue 5?6 — M. Chevreul est nommé Membre de la Commission administrative pour l'année i85G 3 — Et. Membre de la Commission du concours pour le prix dit des Arts insalubres 1241 CHIOZZA. — Sur la production artificielle de l'essence de cannelle a.a C. R., 1856, i« Semestre. (T, XLII.) MM, P'gU. CLAUZURE. — Réclamation à l'occasion d'une Note de M. Leclerc , relative à l'ac- tion des infusions végétales sur le sang veineux fraîchement tiré de la veine 585 CLOQUET (J. ) présente un Mémoire de M. Longet sur les liquides digestilsde l'é- conomie animale 4$° — M. Cloquet est nommé Membre de la Commission du concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.. . 1 i5S et iao3 COCHAUX. — Manomètre destiné à l'aire connaître le degré de profondeur qu'un bateau sous-tnarin ne doit pas dépasser. 746 COHENDT MARTIN. — Leltre concernant un médicament composé dont il dit avoir obtenu d'excellents résultats 811 COINZE. — Lettres concernant un livre in- titulé : « Révélations des lois de la nature, ou Science de la vraie physique». 1074 B' iaï4 COLLINS. — Leltre concernant une précé- dente Note sur une question d'analyse mathématique 355 COMBES. — Rapport sur un Mémoire de M. l'hillipps, concernant le calcul de la résistance des solides prismatiques sou* mis à l'action d'une charge en mouve- ment 3a5 — M. Combes est nommé Membre de la Com- mission chargée de la rédaction du pro- gramme pour le concours concernant le Perfectionnement de la Navigation 37 COMP1NGT. — Lettres concernant un remède de son invention pour la guérisou des dartres 745 , 893 et «074 CORBON, écrit par erreur pour Courbon. Voir à ce nom. CORV1SART. — Une récompense lui est ac- coraée pour ses recherches sur l'action thérapeutique de la pepsine (concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i855.) i53 COSTE. — Note sur l'empoissonnement des eaux du bois de Boulogne 3i3 COUES (S.-E.). — Mémoire sur une variation de la vélocité du soleil, qu'on a attribuée à une oscillation du périgée solaire 739 COOLVIEK-GRAV1ER. — Bolide observé le 29févier i856 454 COURBON prie l'Académie de faire examiner une collection qu'il a faite des plantes croissant dans les environs de Montevideo. 4" — Mémoire sur la flore des environs de Mon- tevideo et de l'île de Saint-Gabriel jrji COUTURIER. — Note sur l'emploi du tan épuisé pour la fabrication de papiers ou de carions convenables à diverses industries. 3g8 CRUVEILHIER. — Mémoire sur l'ulcère sim- ple de l'estomac........... 81 et 4-1 17a ( i3i4 ) MM. Pages. — M. Cruveilhier est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M . Magendie 55a CURATbURS DE L'UNIVERSITÉ DE LEYDE (les) adressent, au nom des Uni- Tersitcs néerlandaises et des Athénées HM. WBM. d'Amsterdam et de Deventer, un exem- ' plaire de leurs Annales pour l'année i85i- i85î u33 CURTAULT. — Sur des moyens employés par lui avec succès pour délivrer la vigne de l'oïdium 1074 e' ,334 DANA adresse l'Atlas de son ouvrage sur les Mollusques observés dans le voyage de circumnavigation exécuté par ordre des Etals-Unis d'Amérique dans les années i838-i8^2 q7 DANGER (M11") demande et obtient l'autori- sation de retirer quatre paquets cachetés présentés par feu son père et par M. Flan- din • 9°9 DARCY. — En présentant son ouvrage sur les fontaines publiques de la ville de Dijon, M. Élie de Deaumont donne, d'après la Lettre d'envoi, une idée du travail rela- tif à l'approvisionnement en eau de cette ville iij6 DARESTE. — Une récompense lui est accor- dée pour son travail sur les circonvolu- tions cérébrales (concours pour les prix ■de Médecine et de Chirurgie de i855 ). . . 149 — Note sur l'encéphale de l'aptéryx 861 DARLU. — Sur les moyens de prévenir le retour des grandes inondations Il43 DARONDEAU prie l'Académie do vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante de Mem- bre adjoint au Bureau des Longitudes. . 810 DAUSSE. — Note relative aux inondations. vi\i DAUSSY présente à l'Académie la Table des positions géographiques des principaux lieuxdu globe, extraite de la Connaissance des Temps pour i858 S18 — M. Daussy est porté sur la liste des candi- dats qui peuvent être présentés pour la place de géographe vacante au Bureau des Longitudes par suite du décès de M. lieau- temps-Beauprè 35? — M. Daussy est désigné par la voie du scru- tin comme le candidat qui sera présenté en première ligne par l'Académie pour la place vacante 37* DECHARMES. — Fabrication d'une liqueur alcoolique avec les tiges de VHelianihus luberosus (topinambour) /J38 DECHEN. — Carte géologique de la province Rhénane et de la province de Westphalie ; M. Elie de Beaumont résume les rensei- gnements fournis par cette carte 100 DECKEN. — Note intitulée : « Etudes du fluide magnétique, de ses attributs et de ses fonctions dans la nature» 5q8 'DEISS. — Mémoire sur l'emploi du sulfure de carbone comme moyen d'extraction du suif des os, de l'huile des graines oléagi- neuses et pour le dégraissage des laines . 307 DELAFOND et Bourguignon demandent l'au- torisation de reprendre un travail sur la pathologie comparée de la gale 61 — Note sur un nouvel acarus du cheval pou- vant transmettre la gale de ce solipède à l'homme 341 DELAISTRE. — Sur la trisection de l'angle. 1075 DE LA JONQUIÉRE. — Sur un phénomène atmosphérique, un bruit sans cause con- nue, qui a été observé à Pau et dans les environs 356 DE LAMOTTE-TARCHAND. — Mémoire sur les aurores polaires ia56 DE LA RIVE (Atc. ) présente à l'Académie le second volume de l'édition anglaise de son ouvrage sur l'électricité 6ti — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Despreti sur cette question : Le courant de la pile peut-il traverser l'eau sans la décomposer? 710 DELAUNAY, en présentant un exemplaire d'un Traitéde Mécanique ralionnellcqu'U vient do publier, fait connaître le but qu'il s'est proposéen écrivant cet ouvrage. 349 — M. Delaunay est nommé Membre de la Commission appelée à décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande) pour l'année io56. .. I3û3 DELESSE. — Carte hydrographique souler- raino de la ville de Paris 1307 DELFRAYSSÉ. — Note sur le traitement du choléra épidémique 89 DELPECH. — Sur les accidents quedéveloppe chez les ouvriers on caoutchouc l'inhala- tion des vapeurs de sulfure de carbone.. 586 DE LUCA. — Sur le propylène iodé (en com- mun avec M. Berthelot) a33 DEM ANDRE (l'abbé) transmet une demande que l'auteur ne peut présenter dirtete- ment, se proposant de concourir pour un ( i3i5 ) MM. l'agw. des prix où Tune des condilions imposées aux concurrents est de ne pas faire con- naître leur nom avant le jugement de la Commission ; 65? DEMAY (V.-P.).— Une mention honorablo lui est accordée pour son « Histoire do la vil le de Bel levi Ile et de ses accroissements, ou Examen des divers rapports de la ban- lieucdc Paris avec la capitale» (concours de Statistique pour l'année 1 855) i34 DENIS, de Commercy. — Nouvelles études chimiques, physiologiques et médicales sur les albuminoïdes qui entrent comme principes immédiats dans la composition des corps organisés 11^5 — M. Denis est présenté par la Section de Mé- decine et de Chirurgie comme l'un des can- didats pour une place vacante de Corres- pondant 358 DESA1GNES. — Transformation de divers acides organiques due à une action de présence (Mémoire inscrit par erreur sous le nom de Lassaigne) 49Î e^ 5-*4 — M. Desaignes est présenté par la Section do Chimie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant .... 699 DESLONGCH.AMPS (Ecdes). — Lettre à M. Êlie de Beàumont sur le météore lumi- neux du 7 janvier iN56 78 — Description d'un nouveau genre de coquil- les bivalves fossiles (Eligmus), provenant de la grande oolithe du département du Calvados.. .' 51g DESPEYKOUS est reconnu pour auteur d'une Note sur les fonctions elliptiques d'abord attribuée à feu M. Sturm, dans les papiers de qui elle avait été trouvée 988 et 1087 DESPRETZ .— Quelques expériences sur cette question : Le courant de la pile peut-il traverser l'eau sans la décomposer? 707 — M. Desprelz demande que l'appareil em- ployé par M. Ruhmkorjf pour mettre le feu aux mines soit admis au concours pour le prix dit des Arts insalubres 1 . . . 6 )4 — M. Desprelz présente un Mémoire de M. Ga'ugain sur la force électromolrice des piles dans lesquelles on emploie des métaux amalgamés [fio — M. Desprelz est élu Vice-Président en rem- placement de M. Geqffroy-Saint-Hilaire, qui, par suite du décès de M. Binet , est appelé aux fonctions de Président i©43 — M. Desprelz est nommé Membrede laCom- mission du grand prix des Sciences ma- thématiques de 18Ï6 (question concer- nant la théorie mathématique des phéno- mènes capillaires) ia4l DEVILLE. Voira SainteXlaire Deville, UM. f.EC. DE VRIJ rappelle une demande qu'il a précé- demment adressée au nom de la Société de Physique expérimentale do Rotterdam. 497 DIDION.— Dos lois de la résistance de l'air sur les projectiles animés de grandes vitesses. 1048 DIEN. — Sur un bolide vu à l'Observatoire impérial de Paris dans la soirée du 3 fé- vrier i856. 337 DIRECTEUR DU JOURNAL LA SCIENCE (le) prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des personnes auxquelles elle accorde les Comptes rendus. 745 DOAT. — Pile construite sur un nouveau principe 855 •.— Pile vol laïque à courant constant 969 DON ATI. — Observation faite à Florence de la planète (3<)) 4ï)3 DONON. — Sur des couleurs à base de fer destinées aux usages de la peinture. 698 et 909 DOSNON , écrit par erreur pour Donon. Voir l'article ci-dessus. DOYÈRE.— Lettre accompagnant l'envoi d'un exemplaire de son Mémoire sur l'ensilage. 864 DOUBLET DE B01STH1BAULT. — Obser- vation faite à Chartres du bolide du 3 fé- vrier iS'iO 28a DUBOIS. — Lettre écrite avec une encre de sa composition supposée inaltérable.... 698 DUBRUNFAUT.— Note sur l'acide tarlrique. lia — Note sur le sucre de lait. aaS — Note sur la rotation variable du glucose mamelonné de raisin 739 — Note sur l'inuline 8o3 — Note sur le sucre interverti 901 — Note sur la chaleur et la force mécanique. produites parla fermentation vineuse.. 945 DUCHARTRE. — Recherches expérimentales sur la respiration des plantes 3y — Recherches expérimentales sur les rapports des plantes avec l'humidité atmosphé- rique. . ., 42$ e' 79° — M. Duchartre est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Uirbel 910 DUCHENNE. — Recherches éleclrophysio- logiques sur les fonctions des muscles qui meuvent le pied 996 DUCHESNE. — Réclamation de priorité à l'occasion d'un passage du Mémoire de MM. Orjila et Rigout sur le phosphore rouge et l'empoisonnement par le phos- phore 4^7 DUCLAUX (Martin). — Histoire des épidé- mies de lièvre muqueuse, de variole, de rougeole et de coqueluche qui ont régné en i855 dans quelques communes de l'ar- rondissement de Villefraoche 6g3 I73.. ( 1 MM. Pag«. DDOOUIT. — Bemarques relatives au pro- gramme de l'un des prix de Mathéma- tiques proposés pour l'année i85(î 4Ia — M. Dudouit demande à être compris dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Géomrtt ie. . . 81 1 DUFOUR (Cb.) — Premierrosultatdesesob- servations sur la scintillation des étoiles. 634 DUFRENOY prësenleun Mémoire de MM. M- vot et Chatoney sur les matériaux em- ployés dans les constructions à la mer.. 1119 DUHAMEL. — Du frottement considéré com- me cause de mouvements vibratoires... 973 — Présentation du 1er volume des Eléments de calcul infinitésimal de M. Duhamel... igo — M. Duhamel est nommé, Membre d« la Commission du grand prix de Sciences mathématiques de i85G (question con- cernant la théorie mathématique des phé- nomènes capillaires) 124 DUHAMEL, de la Charente-Inférieure. — Lettre concernant la mesure des solides à forme géométrique S66 DUJAHDIN adresse une pièce à l'appui de ses précédentes communications sur l'emploi de la vapeur pour éteindre les incendies. 27 DUJAHDIN. — Observation d'œdème de la glotte guéri par la trachéotomie g5r DUMAS. — Rapport fait au nom de la Sec- tion de Chimie en réponse à une question posée par M. le Ministre de l'Instruction publique, concernant la découverte de la soude artificielle 553 — M. Dumas communique une Lettre que lui a adressée M. Wôhler sur un moyen nou- veau d'obtenir le silicium 48 — Et une Note de M. H. Sainte-Claire Deville sur le silicium et sur la préparation du fluorure d'aluminium 49 — M. Dumas présente une Note deM. Alphand sur le forage du puits artésien de Passy. 33a — Et une Note de M. Maumenè sur la con- servation dujusde betterave par la chaux. 645 — M. Dumas est nommé Membre de la Com- mission du concours pour le prix dit des Arts insalubres I2j4i DDMÉIUL. — Détermination spécifique d'un poisson rapporté de Tanger par M. Le Coat de Saini-Haouen ngo — Considérations générales sur les classifica- tions en histoire naturelle : exposé som- maire du plan de Plein hyologie analytique. 1029 — Remarque faite au nom de la Commission nommée pour une communication de M. Schulise sur le développement des Pé- tromyzons 5,0 — M. Duméril présente au nom de son fils une « Description des reptiles nouveaux 3i6 ) MM. P.|tt. ou imparfaitement connus de la collec- tion du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, et remarques sur la classification et les caractères de cette classe d'ani- maux » 801 — M. Duméril est nommé Membre de la Com- mission chargée de proposer le sujet du grand prix des Sciences naturelles pour l'année i85;. ... 12 — Et de la Commission du concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i856. 1 158 et iQo3 DUMÉRY.— Un prix lui est accordé pour son appareil fumivore (concours pour le prix dit des Arts insalubres de l'année i855). • 44 DU MONCEL. — Nouveau système d'horloge électrique se réglant d'elle-même 5g3 — Nouveau système de relais rhéotomique destiné à transmettre simultanément à travers un même fil , une dépêche à plu- sieurs appareils télégraphiques différents placés en dehors delà ligne télégraphique. 697 DUPERREY est nommé Membre de la Com- mission chargée de la rédaction du pro- gramme pour le concours concernant le Perfectionnement de la Navigation 37 DDPETIT-THOUAliS (l'Amiral) fait hom- mage, au nom de l'auteur, Sir Edw. Bel- cher, d'un exemplaire de la relation du voyage aux régions arctiques exécuté sous le commandement de cet officier 1257 DUPIN. — Rapport sur le concours pour le prix de Slastitique de i855 123 — Remarques à l'occasion de la présentation d'une Notice imprimée, de M. Bahbage, sur la machine à calculer de M. Scheuts. 800 — M. Dupin est nommé Membre de la Com- mission chargée de la rédaction du pro- gramme pour le concours concernant le Perfectionnement delà Navigation 37 — Et de la Commission du concours pour le prix de Statistique 991 DUPLAY. — Analyse de deux Mémoires sur l'appareil spermatique et sur le sperme. 58; DURAND. — Note sur une subdivision pro- posée pour le kilogramme 117 DUUIAU. — Recherches expérimentales sur l'absorption et l'exhalation cutanées, etc. ( Analyse d'un ouvrage destine au con- cours Montyon.) 5il et 55i DUROCH12K. — Éludes sur la production artificielle des minéraux et sur les consé- quences qui en résultent pour la géologie. 85o — Remarques sur les gîtes métallifères et sur la disposition relative des cristaux de quartz et de feldspath dans les roches granitiques I25i DDVIVIER. - Études sur les céréales 1173 ( i3i7 ) E MM. P«gM. EI1RMANN prie l'Académie de vouloir bien le considérer comme candidat pour une place de Correspondant vacante clans la Section de Médecine 3! I — M. Ehrmann est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante de Correspondant 358 ÉLIE DE BliAUMONT donne des nouvelles satisfaisantes de la santé de M. de Gas- parin 1229 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Alphand sur le forage artésien pratiqué à Passy 336 — Communication relative aux marronniers précoces des Tuileries 47' — Remarques sur l'ensemble d'un travail de M. Tchihatchef ayant pour ti tre : «Etudes climatologiques sur l'Asie Mineure»... 786 — M. Élie du Beaumont présente des extrait» de Lettres qui lui ont été adressées, con- cernant le bolide du 3 février 281 — M. Élie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie des branches et lêtes d'arbres rompues par l'action du vent sur ces ar- bres chargés de verglas. Ces spécimens, recueillis par M. A. de Campagne près Châtellerault (Vienne), sont accompa- gnés d'une Note de M. Champigny, notaire à Châtellerault, et d'une Lettre de M. Chan- treau sur les effets de ces verglas dans une partie du Poitou et de la Vendée 2?4 — M. Élie de Beaumont signale deux récla- mations adressées, l'une par M. Guey- ton, l'autre par M. Zier, à l'occasion du Rapport fait à l'Académie sur les procé- dés galvanoplastiques de M. Lenoir Ç92 — M. Élie de Beaumont communique, d'après sa correspondance privée, des extraits des Lettres adressées par les auteurs dont les noms suivent : — M. de Humboldt, sur le voyage dans l'Inde de M M . Schlaginlweil frères 611 — M. Eudes Deslongchamps, sur l'observation faite à Caen du météore lumineux du 7 janvier i856 j8 — M.d'Abbadie, sur des observationsd'in- clinaison de l'aiguille aimantée 612 — M. Valc, cléments elliptiques de la pla- nète liai monta 091 — M. Gaudry, sur l'exploration du gîte fos- silifère de Pikermi ( Allique) 191 — M. Pissis, sur l'orographie et la constitu- ai!. P.6M. tion géologique du Chili. — Sur les sys- tèmes de soulèvement de l'Amérique du Sud ''.iji et 3gi — M. Jackson, sur la décomposition du sang par le chloroforme 4 • ' — M. Terquem, sur une méthode proposée pour le calcul des distances lunaires observées en mer 5^1 — M. Wolf, sur l'ozone atmosphérique et son importance pour l'état sanitaire d'un pays 944 — Le P. Secchi, sur les anneaux de Saturne. — Sur la configuration de certaines por- tions de la surface lunaire (Lettre accom- pagnant l'envoi d'une photographie de la lune).. 282 et g58 — M. Rozet, sur le puits foré de Tamerna (Algérie) 1258 — M. Elie de Beaumont signale des tableaux météorologiques et autres documents scien- tifiques, publiés périodiquement par l'ob- servatoire météorologique de l'École po- lytechnique de Lisbonne, sous la direction de M. Dias Begado 2j, 492 et gSa — M. Elie de Beaumont met sous les yeux do l'Académie des feuilles de la carte géolo- gique de la Prusse Rhénane, qu'il vient de recevoir de M. de Dechen 100 — M. Elie de Beaumont signale parmi les pièces imprimées de la correspondance une Lettre de M. L. Beynaudt concernant une réclamation de priorité élevée par M. Stevenson relativement à l'application de la réflexion totale au feux tournants. . 63g — M. Élie de Beaumont appelle l'attention de l'Académie sur un ouvrage de M. J. Ba- rande ayant pour titre : « Un parallèle entre les dépôts siluriens de Bohême et de Scandinavie » Ibid. — En présentant, au nom de M. l'ouriau , un exemplaire des « Etudes météorologi- ques relatives au climat de la Saulsaie (Ain) », M. Elie de Beaumont donne, d'après la lettre d'envoi, une idée des principaux résultats de ces observations. Ibid. — M. Elie de Beaumont signale, parmi les pièces imprimées delà correspondance, un nouveau fascicule des Mémoires se rat- tachantau relevé géologique de la Grande- Bretagne ;3o — A l'occasion d'une Note de M. Chaialton sur le mouvement des diverses ondes dont se compose la marée , M. Elie de Beau- ■II. mont mentionne une pièce imprimée ap- partenantàla correspondance de la rr.ême séance, un Mémoire de M. Samuel Haugh- ton sur les marées diurnes, solaires et lu- naires des côtes d'Irlande g68 — En présentant un ouvrage de M. Darcy sur les fontaines publiques de Dijon, M. Elie de Beaumont donne, d'après la Lettre d'envoi , une idée du plan de l'ou- vrage 1176 — M. Êlie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie divers volumes des publica- tions faites par l'Académie impériale des Sciences de Vienne 49' — M. Êlie de Beaumont fait hommage, au nom des auteurs, des ouvrages suivants: — Synopsis des roches paléozoïques de la Grande-Bretagne; par M. Sedgwick loa — Eléments de Géologie; par M. L.-R. Lecanu. 855 — Histoire des progrès de la Géologie depuis ■ 834, par M. d'Archiac, VIe volume. — Mémoires de la Société Géologique de France, Ve volume, ae partie. — Recher- ches analytiques sur les surfaces annu- laires à cône directeur, par M. -t. Rossi.. g5l — Carte géologique de l'Europe; par MM. Ni- col et Murchison 1066 i3i8 ) Page». MM. p.,,,. — Recherches expérimentales et théoriques sur les figures d'équilibre d'une masse li- quide sans pesanteur; par M. 1. Plateau, 1241 — Histoire des découvertes arctiques ; par M . Miniscalchi Erizzo 1257 — Percement de l'isthme de Suez ; par M. Ferd. de Lesseps iq5t — M. Êlie de Beaumont est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour suj?t du prix Bordin de i856 (Sciences naturelles) 3j — Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques de i856 (ques- tion concernant les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les dif- férents terrains sédimenlaires suivant leur ordre de superposition) 829 ELUS, au nom de l' Administration du Mu- séum britannique, remercie l'Académie des Sciences pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus 51i ELWART transmet des documents à l'appui des précédentes communications de M. Tironi sur le traitement du choléra- morbus 210 et 552 EYSSARTIER. — Mémoire sur le traitement du choléra-morbus a3 FAA DE BRUNO. — Sur les restes produits par la recherche du plus grand commun diviseur entre deux polynômes 4°7 FABRE. — Relation entre les inondations en France et le siroco d'Afrique 1142 FAIRBAIRN. — M. Poncelet présente, au nom de M. Fairhairn, un ouvrage inti- tulé : « Renseignements utiles pour les ingénieurs » 99 FAURE. — Recherches sur l'asphyxie 586 FERMOND. — Recherches sur le nombre type des parties constituant les divers cy- cles hélicoïdaux, et rapport qui existe entre ce nombre et le nombre type des diverses parties florales des Dycolylé- dones 195 FIGUIER prie l'Académie d'admettre au concours pour les prix de la fondation Montyon ses deux ouvrages intitulés : «l'Alchimie et les Alchimistes » et « Ex- position et Histoire des principales dé- couvertes scientifiques modernes» 587 — Analyse de son Mémoire sur l'origine du sucre contenu dans le foie , et sur la pré- sence normale du sucre dans le sang de l'homme et des animaux 587 FILHOL. — Lettre concernant ses divers tra- vaux relatifs à la composition chimique et aux propriétés médicales des eaux sul- fureuses des Pyrénées 588 FILIPPI (de). — Note sur un dispositif des- tiné à établir, à un instant quelconque, la communication entre toute personne voyageant par chemins de fer et le con- ducteur du train 3gg FLOURENS. — Eloge historique de Leopotd de Buch 172 — M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'Eloge historique de Léopold de Buch, qu'il a prononcé dans la séance publique du 28 janvier 349 — M. Flourens fait hommage à l'Academio d'un exemplaire du 1er volume de ses Eloges historiques 134a — A l'occasion d'une communication de M. /. Guérin sur la contraclilité tendi- neuse, M. Flourens indique le résultat de ses propres recherches relativement à la sensibilité des tendons 411 — M. Flourens donne des nouvelles satisfai- santes de la santé de M. de Gasparin...^. 1081 — M. Flourens annonce que M. Demidoff ( i3i t. p.g«.. demande à être porté, en sa qualité de Correspondant do l'Académie, sur la liste de l'Institut, pour la souscription au pro- fit des inondés laoî M. Ftourens présente au nom de M. Rayer, président de la Société de Biologie, un exemplaire des Mémoires de cette So- ciété an M. Flourens présente, au nom de M. Duha- mel, le Ier volume de ses «Eléments de calcul infinitésimal » 190 M. Flourens communique l'extrait d'una Lettre de M. Girard, de Washington, accompagnant l'envoi d'un ouvrage inti- tulé : « La vie au point de vue physique ». 5i4 M. Flourens appelle l'attention de l'Acadé- mie sur une publication de la Société d'Hydrologio médicale de Paris 345 M. Flourens présente, au nom de l'auteur, un exemplaire du Rapport adressé à l'Em- pereur par M. le Maréchal Vaillant, Mi- nistre de la Guerre, sur la culture du colon en Algérie 694 M. Flourens présente un Mémoire adressé du Venezuela (Amérique du Sud), par M. Bcaupcrthuy, concernant les causes du choléra- morbus, de la fièvre jaune et des fièvres de marais 692 M. Flourens présente, au nom des auteurs, les ouvrages dont les titres suivent : Histoire des épidémies du nord de l'A- frique ; par M. Guyon 345 Expériences sur les plantes épiphyles , et conséquences qui en découlent relative- ment à la culture de ces plantes; par M. Duchartre 5>4 Traité de Photographie théorique et pr«- tique; par M. Van Monckhoven Gg5 La conquête d'Alger; par M. Nettement.. 696 - Lois générales de divers ordres de phéno- mènes dont l'analyse dépend d'équations linéaires aux différences partielles ; par M. Ménabréa 696 • Lettre de MM. Beaumont et Mayer à l'oc- casion du Rapport fait dans la séance du ai avril i856, sur leur appareil pour produire de la vapeur au moyen du frot- tement 80a • M. Flourens est nommé Membre de la Com- mission chargée de proposer le sujet du 9) MM. Pige», grand prix des Sciences naturelles pour l'année 1807 1% — Membre de la Commission chargée de pro- poser une question pour sujet du prix Bordin de i856 (Science* naturelles).. . . 37 — ■ Membre des Commissions des deux grands prix des Sciences physiques pour i856 (question concernant la répartition des restes organiques fossiles dans les diffé- rents étages de3 terrains de sédiment; — question concernant les métamorphosai et la reproduction des infusoires) 8ao — Membre de la Commission du concours pour les prix de Médecine et de Chirur- gie-- i!58etuo3 — Et delà Commission du concours pour le prix de Physiologie expérimentale iao3 FOISSAC. — Une récompense lui est accor- dée pour son « Traité de la Météorolo- gie dans ses rapports avec la Médecine et l'Hygiène publique» (concours pour les prix de Médecine ctde Chirurgie de i855). i53 FOLLIN. — De la cryptorchidie chez l'homme et les principaux animaux domestiques (en commun avec M. Goubaux). 5/(o et io65 FONSSAGRIVES. — Analyse de son Traité d'hygiène navale 588 et 810 FORGET est présenté par la Section de Méde- cine et de Chirurgie comme l'un des can- didats pour une place vacante de Corres- pondant 358 FOUCAULT. — Etudes sur l'emploi des ap- pareils d'induction ; — effets des machines multiples 2|5 FOORNET.— Aperçus relatifs à la théorie des gites métallifères l°Çf} FRANCK. , comme fondé de pouvoirs de M. de Leuenstern , demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire de cet auteur sur les nombres polygo- naux 3oo FRANCONI. — Exposition d'un système ten- dant à augmenter les ressources alimen- taires de la France gg6 FRANCQ(de). — De la formation et de la répartition des reliefs terrestres 378, 535 et io54 FROHLICH. — Note sur la structure des ra- cines des Orchidées épidendres ; remar- ques adressées a l'occasion d'une commu- nication de M. Chatin 636 GALLO. — Lettre concernant l'ouvrage qu'il publie sous le titre de « Introduction à la Mécanique et à la Physique » 910 GAND(Ed.). — Expériences faites avec un pendule désigné sous le iroin do pendule irrigateur 355, 44°j tr- ' el 5ç)7 ( i3 MM. ,. Pa;c>. GARCIN. — Surdes cas de typhus observés à Neufchâteau (Vosges), chez des soldats re- venant de Crimée 1 171 GARIEL. — Sur les variations anatomiques et pathologiques du poids de l'utérus. . . . 536 — Sur la literie des hôpitaux et des casernes. 586 GASPARIN (de). — Note sur un fait relatif à la culture de la garance 8|3 — M. de Gasparin est nommé Membre de la Commission du concours pour le prix de Statistique i);)i GAUDRY. — Sur le tremblement de terre qui, en août i853 , a renversé la ville lie Thèbes 24 — Sur l'exploitation du gite fossilifère de Pikermi ( Attique) 391 GAUGAIN. — Note sur les soupapes élec- triques 17 — Note sur la force électromotrico des piles dans lesquelles on emploie des métaux amalgamés ] 3o — Note sur les propriétés électriques de la tourmaline 1264 GADT1ER. — Lettre relative à se* précé- dentes communications sur la numéra- tion duodécimale 3oi GAY (Cl.). — Fragments de géographie bo- tanique du Chili SjO — M. Gay prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi- dats pour une place vacante dans la Sec- tion de Botanique 311 — M. Gay est présenté par la Section do Botanique comme l'un des candidat; pour la place vacante Qio — il. Gay est nommé Membre de l'Académie, en remplacement de M. de Mirbel g3i — Décret impérial confirmant sa nomination. 1021 GAY ( J.-B. ). — Prix fondé par Mme la Mar- quise de Laplace, accordé à M. J.-B, Gay, sorti le premier de l'Ecole Polytechnique, le 20 septembre i85ï 137 GEOFFROY- SAINT - H1LAIRE (Isid. ) — Communication à l'occasion de la pré- sentation d'un nouvel oeuf d'Epyornis. . . 3i5 — Remarques au sujet d'une communication de M. Joly, sur deux nouveaux genres té- ratologiques , les genres Ischiomèle et Agnalhocéphale 3^3 — M. Geoffroy - Saint - Hilaire présente un opuscule allemand de M. Bekker, sur les appendices cornés existant à l'extrémité de la queue de divers mamrnitères, et ac- compagne celte présentation de quelques remarques 345 — M. Geqffroy-Sainl-Hilaire présente , au nom de l'auteur, 7)1.' P. de Tchihatchef, une Noie sur la chèvre d'Angora 346 20 ) — M.Geoffroy-Saint-Hilaire est nommé Vice- Présidentdel'Académiepourl'année i856. 1 — M. Geqffroy*Saint-Hilaire annonce, en sa qualité de Vice-Président , la maladie, puis la mort de M. Binel 873 — Par suite de ce décès, M. Geqffioy-Saint- Hilaire passe aux fonctions de Président, qu'il remplira jusqu'à la fin de décem- bre 18.57.. io43 — M. Geoffroy -Saint-Hilaire rend compte des obsèques de M. Binel, dans lesquelles MM. Lamé etCauchy ont parlé au nom de l'Académie gi3 — M. Geoffroy -Saint- Hilaiire est nommé Membre de la Commission chargée de proposer le sujet du grand prix des Sciences naturelles, pour l'année 1857.. 11 — Et de la Commission chargée de proposer une question pour sujet du prix Bordin de i85G (Sciences naturelles) 37 — M. Geoffroy -Saint - Hilaire est nommé Membre de la Commission du concours pour le grand prix des Sciences physiques de i856 (question concernant les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans Us divers étages de terrains séili- mentaires) 82g GERHARDT est présenté par la Section de Chimie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . . 699 — M. Ocrhardt e6t nommé Correspondant de l'Académie, en remplacement de M. Bra- connot 7^5 — M. Gerhardt adresse ses remercîments à l'Académie 798 GERMAIN DE SAINT-PIERRE.— De la di- rection ascendante considérée comme ca- raclèi •(• distiuctif des tiges ; observation» de liges présentant normalement la di- rection descendante 4'J — Deuxième série d'observations sur la di- rection descendante de certaines tiges : bulbes descendants du Muscari comosum, de VAgraphis nutans et de l'A. campanulata. 833 — M. Ceimain de Saint-Pierre fait hommage à l'Académie des deux premières livrai- sons d'un ouvrage qu'il publie sous le titre de « Archives de Biologie végétale ». 837 — M. Germain de Saint-Pierre prie l'Aca- démie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Botani- que, et adresse une Notice sur ses tra- vaux botaniques '4 — M. Germain de Saint-Pierre est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de ilirbel 910 ( i3a ■H. l'uges. GERVAIS. — Documents pour servir à la mo- nographie des Chéiroptères de l'Améri- que du Sud 547 et. 5go — Sur trois espèces de Dauphins qui vivent dans les régions du haut Amazone S06 GEZ. — Lettre concernant la composition des eaux minérales de Sainte-Marie-de-Sira- dan (Haute-Garonne) j8 GIANOTTI. — Résolution numérique de di- vers problèmes de géométrie et de trigo- nométrie 855 et 1018 GIARD1NI. — Sur un aimant temporaire ob- tenu au moyen de la seule action du ma- gnétisme terrestre 2^3 GINTRAC — Note sur un monstre esencé- phalicn ( pleurencéphale ) 1064 — M. Gintrac est présenté par la Section de Médecino et de Chirurgie comme l'un des candidats pour une place vacante de Cor- respondant 358 GIRARD. — Note sur l'identité des acides nitrohématique et picramique 5n GIRARD, de Washington. — M. Flourens , en présentant un ouvrage de ce médecin, communique, d'après la Lettre d'envoi, une observation relative à la structure de la fibrine du caillot sanguin 5i4 GIRARD DE VALBONNE. — Lettre concer- naut son ouvrage sur l'origine, la marche et lo traitement du choléra épidémique. . 6a G1RADDET. — Une mention honorable lui est accordée pour sa « Statistique de la ville de Tours, ou Recherches historiques et statistiques sur le mouvement de sa population depuis i63a jusqu'en 1847 " (concours de t855) i35 G1RAULT (Cb.)— De la résistance de l'air dans le mouvement oscillatoire du pen- dule : principe d'un nouvel anémomètre. 5n GODARD. — Analyse de ses recherches sur les monorchides et les cryptorchides chez l'homme 637 GOETZE. — Sur la position géographique de quelques lieux dans le sud de l'Algérie.. 399 GOLDSCHMIDT. — Une des médailles de la fondation Lalande lui est accordée pour sa découverte de la planète Atalante.. . . 122 — M. Goldschmidt adresse ses remercîments à l'Académie 3oo — Découverte de la 40e petite planète faite à Paris, le 3i mars i856 638 — Découverte faite le aï mai i856 d'une nou- velle petite planète 1001 et 1067 — M. le Verrier annonce que M. Goldschmidt a fait sur une étoile variable une suite d'observations propres à en déterminer la période A 441 C. R., 1856, 1» Semestre. (T.XLII.) I ) GOMEZ DE SOUZA. — Addition à un pré- cédent Mémoire sur la détermination des fonctions inconnues qui rentrent sous le signe d'intégration définie 1 119 et 1219 GOUBAOX. — De la cryptorchidio chez l'homme et les principaux animaux do- mestiques ( en commun avec M. Follin).. 540 et io65 GOUJON. — M. Le Verrier communique un travail de MM. Liais et Goujon, relatif à la détermination des éléments magné- tiques à l'Observatoire impérial de Paris. 74 CHANGEZ (E.). — Une mention honorable lui est accordée pour son n Précis histo- rique et statistique des voies navigables de la France » (concours de i855) i34 GRELLON. — Tableau des observations mé- téorologiques recueillies à Constantinople en i855 5^3 GROS. — Lettre relative à un travail adressé par lui pour un concours 356 GRUN. — Sur l'emploi des vapeurs d'acide sulfureux contre la teigne faveuse de l'homme etcontrela muscardine des vers à soie * a38 GUÉRIN-MÉNEVILLE. — Lettre accompa- gnant l'envoi d'un exemplaire du « Guide de l'éleveur de vers à soie 11, ouvrage qu'il a publié en commun avec M. E. Bobert. 1188 GUEJUN (J.). — Mémoire sur la conlractilité tendineuse ^(j — M. /. Guerin est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante par suito du décès de M. Magendie 552 GUEYTON. — Réclamation de priorité à l'oc- casion d'un Rapport fait dans la séance du 3 mars i856, sur les procédés galvano- plas tiques de M. Lenoir £na — Note relative à ses procédés de moulage galvanoplastique, adressée à l'appui de la précédente réclamation 5ll — Lettre sur un moyen d'obtenir, d'une épreuve photographique sur verre ou sur métal, une gravure à l'eau-forte suscep- tible de donne des épreuves en taille- douce 6g4 GU1LLON , écrit par erreur pour Guyon. Voir à ce nom. GUINON. — Delà présence de la chaux dans la soie, et de ses inconvénients dan» l'opération du décreusage j3q GUÏON. — Empoisonnements causés par certains poissons dans les pays tropicaux. 34o — M. Guyon est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour une place vacante do Correspondant 35g .73 ( l322 ) Page» M. Guyon est nommé Correspondant de l'Académie, Section de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de M. Pru- nelle 378 MU. Paie». — M. Guyon adresse ses remercîmenls à l'A- cadémie 5|3 GUYOT. — Note sur l'anesthésie du sens du goût it43 H HAIDINGER remercie l'Académie qui l'a nommé un de ses Correspondants pour la Section de Géologie 24 HANNOVER. — Une récompense lui est accordée pour l'ensemble de ses re- cherches sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie de l'oeil ( concours de i85ri) '47 et 441 HANSOTTE. — Lettrée meernant un remède contre le choléra dont il a envoyé précé- demment un échantillon 344 HEDOUVILLE (de) obtient l'autorisation de reprendre des pièces précédemment pré- sentées, concernant une invention desti- née à prévenir les déraillements sur che- mins de fer I274 HENRY et Fils. — Lcilre sur le rouge turc. 1199 HENRY (O.). — Sur le phosphore et ses pré- parations (en commun avec M. A. Che- vallier ) 341 et 99G HERMITE est présenté par laSection de Géo- métrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès do M. Sturm jlfî HERPIN (Cb.). — Analyse de son Mémoire sur le chlorate do potasse, comme spéci- fique contre la salivation mercurielle. .. G38 HERPIN. — Sur la conservation du blé dans les silos souterrains ]'• j — Des causes commerciales et administra- tives de l'insuflisance ou de la surabon- dance périodique de la production du blé en France 584 HESSE adresse une collection de champignons imités en cire coloriée , et décrits par MM. Bùchner et Kirsch 116 HESSE. — Remarques concernant l'extrait qui a été donné dans les Comptes rendus de son Mémoire sur les Ancées 4->8 HOFFMANN. — Recherches sur une nou- velle classe d'alcools (en commun avec M. Cahours ) 217 — Note sur le bromure de titanium 35a HOMBRES-F1RMAS (d'). — Observations sur le Pecten glaber 612 et 874 HOUSEL. — Solution trigonométrique delà méthode de M. Babinet pour la détermi- nation des latitudes io3 HOART. — Figure et description de sa ma- chine pour lo moulage des pâtes céra- miques 45 HOETTE. — Tableau des observations mé- téorologiques faites à Naites pendant l'année ib.')5 1224 HUMBOLDT.— Sur le voyage dans l'Inde de Mùl.Schlagintweit frères ; Lettre à M. Élie de Bcauniont. 611 HUTIN. — Lettre accompagnant l'envoi de quatre nids d'hirondelle salangane 745 ISAMBERT. — Analyse de ton Mémoire sur l'emploi thérapeutique du chlorate de potasse 8g3 JACKSON. — Analyse chimique du sang d'une femme morte à la suite de l'inha- lation du chloroforme 4' ' JACQUART. — De l'appareil circulatoire sanguin chez le serpent Python 1 ia5 JAMIN, — Description d'un nouvel appareil rta recherches, fondé aur les interférence», 4,82. ÏEANJEAN. — Note sur l'huile essentielle contenue dans l'alcool de garance 857 JOBARD. — Explosion foudroyante survenue aGand, le 17 mai i856 ioi5 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Rouget sur l'appareil d'adap- tation de l'ouil ches les Vertébrés. , . , . . 1072 ( i3a3 ) Page» JOBERT, di Lawialle. — Mémoire sur les propriétés ilu i issu cicatriciel et l'appli- cation de l'autoplastic aux brides. 476 — M. Jobert est présenté par la Section de Médocine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Magendie 55a — M. Jobert est nommé Membre de l'Acadé- mie, Section de Médecine et de Chirur- gie 5;8 — Décret impérial confirmant sa nomination. 6o5 — M. Jobert est nommé Membre de la Com- mission du concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie i58 et i2o3 JOIRE. — Lettre et Note concernant son ou- vrage intitulé: « Études sur la circula- tion » u.'ii et 1219 MM. PagM. JOLY. — Sur deux nouveaux genres tératolo- giques, les genres Ischiomèle et Agnatho- eéphale 34a JOMAUD présente, au nom de M. Ferdimn.û de Lesseps , une carte de l'isthme de Suez 45 — M. lomard transmet un tableau des cour- bes représentant les phénomènes de l'at- mosphe e dans l'océan Atlantique, par M. Slaurr, do l'observatoire de Washing- ton.'. 54 1 JULIEN (Stanislas). — M. Chevreul entre- tient l'Académie d'un ouvrage chinois sur la porcelaine traduit par M. Stanislas Ju- lien et annoté par M. Salvétat 47° JULLIEN. — Mémoire sur le mouvement de la terre autour de son centre de gravité. . M KELLER prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre dos candidats pour une place vacante de Membre ad- joint au Bureau des Longitudes 49^ K.LINK.ERFUES. — Observations faites à Gcettingue de la planète (3g) 58g — Observations méridiennes des planètes Le du et Lœlitia 638 KNAPP. — Opuscule sur le scorbut des nour- rices, ou anémie puerpérale 588 KOENIG. — Lettre concernant son Mémoire sur la curabilité de lapbthisie '2 p KOPP. — Note sur la préparation et les pro- » ' prictés de l'acide arsénique 1060 KOR'ÏLSKl.— Sur la possibilité de connaître d'avance la constitution météorologique d'un canton à une époque donnée, n'i'iet 1224 KUHLMANN (F.). — Note sur la produc- tion artificielle et par voie humide d'ar- gent chloruré; sur 'liverscs épigénies par réduction d u\> iks ou de sels métalli- ques naturels 3^4 — Études théoriques et pratiques sur la fixa- tion des couleurs dans la teinture. G73 et 711 KUHN. — Observation faite à Niederbronn (Bas-Rhin) du bolide du 3 février i856.. 281 K.UMMER est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 41 x . EABORDE ( l'abbé). — Interrupteur à double effet et perfectionnements divers appli- qués à l'appareil de Ruhmkorff 996 LABOORDETTE. — Lettre concernant les moyens d'obtenir un lait médicamenteux sans nuire à la santé des animaux qui fournissent ce lait 597 LACHAVE. — Transport sur vélin d'une écriture tracée sur papier. ( Rapport sur cette invention ; Rapporteur M. Seguier.) 36 LACOMBE. — Des courants induits considé- rés relativement à leur pouvoir chimique; application à l'électricitéemployéecomme force motrice Ii3i L'AIGLE DES MASURES. — Note sur u» moyen de faire monter et descendre à vo- lonté les ballons sans perle de lest et sans perte de gaz 5i2 LAIGNEL. — Réclamation adressée à l'occa- sion d'un Mémoire de M. Perreul sur un frein pour les ehemins de fer 89» LAMARUE-PICQUOT. — Emploi thérapeu- tique de l'acide arsénieux contre les con- gestions apoplectiques 8;)2 LAN DOIS. — Lettre concernant une décou- verte qu'aurait faite l'auteur relative- "^ ment aux causes de la coloration des corps. i#8q LARTIGUE. — Sur les tempêtes, les coups de vent et les orages dans la partie de la Méditerranée comprise entre les côtes de France et celles de l'Algérie Ul^ LASSAIGNE. — Des caractères chimique» 173.. ( î "*• p.g„. que présentent les vins rouges additionné» d'alun, et application de ces caractères à la constatation de petites quantités de ce sel introduites dans le vin 4'0 LAUGIhR. — Rapport sur le concours pour le prix d'Astronomie de iH5:> 121 — Note sur quatre observations de la décli- naison magnétique faites à Paris en 18.Î4 sur le contour de l'enceinte continue. Comparaison de ces observations avec différentes déclinaisons mesurées en i855 à l'Observatoire impérial 173 et 3o5 — Réponse aux remarques faites, a l'occasion deceitocommunication, par M. Le Verrier. o.5-j — M.Laugier est nommé Membre de la Com- mission du prix d'Astronomie (fondation de Lalande) pour l'année i856 1203 LAUGIER (Stanislas). — Note sur une opé- ration de périnéographie suivie de com- plète guérison qj8 — M. Laugier est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Magendie 55a LAURE. — Sur certains faits qui sembleraient indiquer un exhaussement graduel du ni- veau de la mer 3oo LACRENT. — Note sur un procédé d'aiman- tation par condensation 585 LAVALLEE. — Note sur des canaux d'infil- tration à exécuter dans le but de prévenir les inondations 1223 LECADRE. — Sur un météore lumineux ob- servé au Havre le 7 janvier i856 61 LECHEVALL1ER. — Note sur la direction des aérostats 997 et ii3î LE CLERC. — Effets produits sur le sang vei- neux par différentes infusions végétales. . 456 — Nouvelles recherches sur le même sujet; réponse à une réclamation de M. Clauzure. 690 — Recherches concernant les 'substances qui agissent sur le sang veineux; action du cby'e 798 — Lettre accompagnant l'envoi d'un opus- cule intitulé : « De la médication cura- tive du choléra asiatique » 909 LE COAT DE SAINT-HAOUEN. — Lettre concernant l'ornithologie du nord de l'A- frique. — Poisson de l'ordre des Plecto- gnathes venant de Tanger 970 — M. Le Coat demande k l'Académie des in- structions qui puissent le diriger dans les recherches d'histoire naturelle qu'il se propose de faire pendant son séjour dans le Maroc ,0-3 LECOT. — Lettre concernant une précédente communication sur l'éducation des sourds- muet 1223 3^4) LEFORT ( J. ). — Etudes chimiques du cham- pignon comestible, suivies d'observations sur sa valeur nutritive go LEGENDRE. — Anatomie omalographiquc donnant les positions respectives des or- ganes telles que les montrent des sections pratiquées sur le cadavre soumis à la con- gélation 586 LEGRAND. — Note sur le calcul de la cha- leur latente des vapeurs aiî LEGRA1SD. — Lettre concernant ses recher- ches sur l'ablation des tumeurs au moyen des caustiques .... 1273 LEHMANN. — Une récompense lui est accor- dée pour son « Traité de Chimie physio- logique » ( concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie de i855).. 149 et 346 LEJEUNE-DIRICHLET présente des obser- vations de la planète (3g), faites à l'obser- vatoire de Gottingue par M. Klinkerfues. 58g — Et des observations méridiennes des pla- nètes Lé.da et Lœiilia , faites à Gottingue par M. Klinkerfues 638 LEMONNIER DE LA CHENNAÏE. — Note relative à une machine à vapenr construite par M. Sauvage, dans laquelle la chaudièra est alimentée par l'eau résultant de la condensation de la vapeur u0 LEP»OIR. — Communications de M. Babinet relatives aux moulages galvanoplastiques de M. Lenoir 263 — Rapport sur un perfectionnement apporté par M. Lenoir à la reproduction des ron- des bosses par la galvanoplastie; Rap- porteur M. Becquerel 4'5et 618 — M. Becquerel dépose un Mémoire dans le- quel M. Lenoir a décrit ses procédés gal- vanoplastiques 6at LE PLAY. — Le prix de Statistique lui est ac- cordé pour son ouvrage intitulé : '< Les Ouvriers européens » 123 et 399 LEROY, d'Étiolles. — Lettre accompagnant trois Mémoires imprimés relatifs au moyen d'extraire de la vessie les corps étrangers autres que les pierres ou leurs débris 588 LESECQ. — Sur la nature des astéroïdes et sur les effets que peut amener leur en- trée dans l'atmosphère terrestre 1224 LESSEPS (Ferd. de) adresse une série d'é- chantillons provenant des sondages exé- cutés dans l'isthme de Suez, et diverses pièces manuscrites, cartes et plans se rapportant au canal projeté entre Suez et Péluse n63 LESTIBOUDOIS est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats ( 132 M*. Page». pour la place vacante par suite du décès de M. de Mirbel 910 LETELL1ER. — (Effets de l'inhalation des vapeurs d'essence de térébenthine 243 LETELLIER prie l'Académie de vouloir bien lui accorder la parole pour présenter un exposé de sa Théorie du langage. . , 4^8 LEVEAU. — Lettres et Note relatives a une précédente communication sur le traite- ment du choléra-morbus 210, 997 et 1 189 LE VERRIER. — Communication relative à un travail de MM. Goujon et Liais pour la détermination des éléments magnéti- ques à l'Observatoire impérial de Paris. 74 — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Laugier sur des observations de la dé- clinaison magnétique faites à Paris en i854 25o Réponse à M. Laugier dans le cours de la discussion sur le sujet de la déclinaison magnétique 3io — Sur le changement qu'éprouve la boussole dans sa direction lorsqu'on la transporte d'un point à un autre de la terrasse de l'Observatoire impérial de Paris 36l — Résultats obtenus au moyen d'instruments magnétiques enregistreurs, établis à l'Ob- servatoire de Paris par M. Liais 749 — Sur un système régulier d'observations météorologiques établi en France par les soins de l'Administration des Télégraphes et de l'Observatoire de Paris 1039 M. Le Verrier annonce que le Bulletin mé- téorologique des divers points de la France, recueilli par voie télégraphique, sepublie chaque jour dans un journal du soir 1229 — M. Le Verrier annonce la découverte d'une nouvelle petite planète laite à l'Observa- toire impérial par M. Chacornac dans la soirée du 12 janvier i856 3l — M. Le Verrier annonce la découverte d'une petite planète faite à l'Observatoire im- périal de Paris, par M. Chacornac, le 8 février i856. — Observations de cette planète. — Observations faites à Liver- pool de la planète du 12 janvier i855 ( Lida ) a; 8 — M. Le Verrier annonce que le nom de Laetitia a été donné à la planète décou- verte par M . Chacornac, le 8 février 1 856. 5oi — M. Le Verrier présente des observations de la planète (39), faites à Vienne par M. Lit- trow, et à Florence par M. Donati 493 — M . Le Verrier présente les éléments et une éphéméride de la planète Léda calculés par M. Pape 5go — M. Le Verrier annonce la découverte de la 5) MM. F«Ç'«. planète (4o), faite à Paris le 3r. mars par M. GoUschmidl 638 — M. Le Verrier annonce que, chargé par M. Goldschmidt, auteur de la découverte de la planète (/|0), de donner tin nom à cet astre, il Va nommé Harmonia 817 — Le Verrier communique les éléments de l'orbite de la planète Amphitrite et l'éphé- méride pour l'opposition de 1856, par M. Yvon Villarceau 998 — M. Le Verrier annonce la découverte de la planète (41) parM.H. Goldschmidt 1001 — M. Le Verrier annonce que la planète (4») découverte par M. Goldschmidt a reçu le nom de Daphné 1729 — M. Le Verrier annonce que la planète (42) a été découverte à Oxford le 23 mai par M. Pogson 11 07 — M. Le Verrier annonce que M. Goldschmidt a fait sur une étoile variable une suite d'observations propres à en déterminer la période 441 — M. Le Verrier communique une observa- tion du bolide du 3 février, faite à l'Ob- servatoire par M. Besse-Bergier 179 — Note à l'occasion dune Lettre de M. Valt sur le degré d'approximation à donner aux éléments provisoires des orbites des astres nouveaux 817 — Remarque à l'occasion d'une Note de M. Vincent sur la théorie des parallèles. . n55 — M. Le Verrier présente à l'Académie le tome 1er d'une nouvelle publication ayant pour titre : « Annales de l'Observatoire impérial de Paris a 6o5 — M. Le Verrier est nommé Membre de la Commission appelée à décerner le prix d'astronomie ( fondation Lalande) pour l'année i856 !2o3 LEYMER1E. — Du terrain jurassique dans les Pyrénées françaises 730 LIAIS. — M. Le Verrier communique un tra- vail de MM. Goujon et Liais pour la dé- termination des éléments magnétiques à l'Observatoire impérial de Paris 74 LIEGARD. — Analyse d'un opuscule sur di- vers sujets de Médecine et de Chirurgie pratique, présenté au concours pour les prix de la fondation Montyon... 997 et n3i LIEUSSOU est présenté comme l'un des can- didats pour une place de Géographe va- cante au Bureau des Longitudes 357 LION. — Sur un moyen de communication télégraphique directe entre des personnes parlant des langues différentes 1219 LIOU VILLE. — Sur la représentation des nombres entiers par la forme quadratique x' ■+■ ay' ■+■ bi' -+- aU* » i45 ( i326 ) LI0UV1LLE. — Expression remarquable de la quantité qui, dans le mouvement d'un système de points matériels à liaisons quelconques , est un minimum en vertu du principe de la moindre action 1 1 :jG Note sur deux Mémoires de Poisson a5i PIENOZ annonce avoir adressé à l'Académie une Note 6ur la quadrature du cercle. .. 4^9 PIERRE ( Isidore ). — Sur l'emploi des feuil- les de vigne, d'orme et de peuplier comme fourrage 3i7 — Recherches sur la distribution des matières azotées dans les diverses parties de la betterave "j ' ■ ' PIETRICOLA. — Mémoire sur la trisection do l'angle "44 PIFFER annonce avoir construit le modèle d'un appareil destiné à diriger les aérostats et dans lequel il fait usage de l'hélice ... 412 P1NART annonce être parvenu à obtenir de l'antimoine plusieurs nuances de jaune de Naples ioiS PIORRY. — Du dessin des organes considéré au point de vue du diagnostic et du traite- ment ,, 42(> et "43 — M. Piorry est présenté par la Section do Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Magendie. 55a PISSIS. — Eludes sur l'orographie et sur la constitution géologique du Chili. — Re- cherches sur les systèmes de soulèvement de l'Amérique du Sud 3gt et 3g2 PITHEKI fait connaître les résultats auxquels il est arrivé en répétant des expériences de M. Frémy sur les fluorures 11^5 PLATEAU (J. ), — Recherches expérimen- tales et théoriques sur les figures d'équi- libre d'une masse liquide sans pesanteur. 1241 POGGIALE. — Action des alcalis sur le sucre dans l'économie animale. 198 POGGIOLI — Lettre relative, à une récla- mation de priorité dans laquelle l'Acadé- mie ne peut intervenir 28 — Observations recueillies à la clinique de l'hôpital de la Charité, concernant des cas de rhumatisme et de sciatique 729 — Mémoire sur le choléra-morbus 997 POGSON — M. Le Verrier annonce qu'une 4ae petite planète a été découverte à Ox- ford le 23 mai i856, par M. Pogson 1 107 POINSOT déclare qu'il approuve les observa- tions présentées par M. Chastes à l'occa- sion d'une Note de M. Vincent sur la théorie des parallèles 1 1:">4 POISEUILLE est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Magendie ,, 55a MU. I'â|e.. POITEVIN. — Report 6ur pierres des épreu- ves photographiques (communiqué par M. Becquerel) !M> POMEL (A.). — Notes sur la mammalogie de l'Algérie 65a PONCELET est nommé Membre de la Com- mission administrative pour l'année i856. 3 — Et de la Commission chargée de la rédac- tion du programme pour le concours con- cernant le Perfectionnement de la Navi- gation 37 — M. Poncelet, au nom de M. Fairbairn, fait hommage à l'Académie de l'ouvrage inti- tulé : « Renseignements utiles pour les ingénieurs » 99 PONS. — Note sur l'emploi du cautère actuel dans les cas de tumeurs blanches 970 PONS. — Sur les avantages divers qu'offri- raient les éducations de vers à soie faites en automne ; sur diverses questions de physique du globe et de météorologie. . . U74 PORGE annonce l'intention do soumettre à l'Académie un système qu'il a imaginé pour la direction des aérostats 498 PODILLET. — Actinographe, instrument qui marque les instants de la journée auxquels le soleil se montre ou se cache, et la durée de ses apparitions ou dispari- tions , . . qi3 — M. Pouillet présente les ligures des radia- tions solaires telles qu'elles ont été don- nées par l'actinographe pour chacun des quinze derniers jours de mai 104a — M. Pouillet communique une Lettre de M. Volpicclli sur l'association de plu- sieurs condensateurs pour manifester de faibles doses d'électricité 402 — M. Pouillet est nommé Membre do la Com- mission chargée de décerner le grand prix des Sciences mathématiques 1341 POUJADE, écrit par erreur pour Pujade. Voir à ce nom. POULET. — Recherches expérimentales sur cette question : « L'eau et les substances dissoutes sont-elles absorbées par la peau»? 435 POUMARÈDE. — Mémoire sur le traite- ment des minerais argentifères a6a PRESIDENT de l'Académie. Voyez aux noms de M. Binet et de M. Geofjroy-Saint-Hilaire. PUCHERAN. —Note sur les caractères zoolo- giques de quelques espèces de Cétacés. . 445 PCECH. — Sur un monstre double apparte- nant à la fois aux genres Dérodymes, Dérenccphale et Uromèle (deuxième par- tie) 343 — De l'influence de la cryptorchidie sur la génération 996 174. ""■ Pages. PUISEUX. — Mémoire sur les variations de la pesanteur dans une petite étendue de la surface terrestre, et sur quelques effets qui en résultent 683 — M. Puiseax est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats ( i33a ) HH. Pages. pour la place vacante par suite du décès de M. Sturm j46 PDJADE. — Mémoire ayant pour titre : RACIBORSKI. — Lettre jointe à l'envoi de son ouvrage intitulé : a Rôle de la menstruation dans la pathologie et la thérapeutique » 61 RAIMONDI. — Mémoire sur le guano des lies de Chincha , et les oiseaux qui le produisent y35 RAMBOSSON. — Sur le moyen de rendre facile l'enseignement de la pa oie aux sourds-muets Il 18 RAMON DE LA SAGRA. — Sur ur nouvel acide provenant d'une plante mexicaine et applicableà la teinture 873 — Envoi d'un opuscule ou se trouvent des recherches sur cette substance tinctoriale, 107a RAYER présente, au nom de l'auteur M. Luschka, six opuscules sur autant de points de l'anatomie humaine j3o — M. Rayer est nommé Membre de la Com- mission du concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie n58 et !2o3 — Membre de la Commission du concours pour le prix de Physiologie expérimentale. iao3 •- Et de la Commission du concours pour le prix dit des Arts insalubres la^i RAYNOT. — Lettre accompagnant l'envoi d'un opuscule imprimé ayant pour titre : « Réflexions sur la Géométrie » 070 REGNAULT. — Avant de quitter le fauteuil de la Présidence , M. Regnault rend compte de ce qui s'est fait pendant l'an- née i855, relativement aux publications de l'Académie 1 — M. Regnault présente, au nom de M. Belle- mare, un Mémoire portant pour titre : « Les chocs rendus impossibles sur les chemins de fer au moyen de l'interrup- tcur kilométrique » 4$ — M. Regnault est nommé Membre de la Commission chargée de la rédaction du programme pour le concours concernant le Perfectionnement de la Navigation. .. 37 — Et de la Commission du concours pour le grand prix de Sciences mathématiques de i856 ( question concernant la théorie ma- thématique des phénomènes capillaires). 1241 REIGNATJLD demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre une Note précédem- ment présentée sur un nouveau mode de cautérisation 2^5 REISEX. — Expériences sur la putréfaction et sur la formation des fumiers 53 RENAUD. — Mémoire sur la constitution géologique de l'isthme de Suez 1 163 RENAULT. — Lettres concernant son Mé- moire sur une des causes de la gangrène traumatique, sur la question du typhus contagieux du gros bétail, et sur l'absorp- tion des virus 587 RENOU. — Altitudes de quelques lieux dans le sud de l'Algérie, déterminées par les hauteurs comparées du baromètre 4-*2 RÉSAL. — Recherches sur la loi des oscil- lations du pendule à suspension, à lames, des chronomètres fixes 3go REYBARD. — Mémoire sur les tumeurs et les fistules lacrymales ; nouveau procédé de traitement 5il REYNOSO (Alvaeo). — Faits pour servir à l'histoire de l'éthérification 686 et 1070 RICHE. — Recherches sur le tungstène et quelques-unes de ses combinaisons.. . .. ao3 ( i333 ) Pa|«s ira. RICHELOT est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 4'3 RIDOLO. — Note sur la maladie de la vigne. 1 1 3a RIEDL DE LEUENSTtiRN demande et ob- tient l'autorisation de reprendre deux Mémoires sur les nombres polygonaux, précédemment déposés par lui 865 RIESS. — Lettre à l'occasion d'une Note de M. Gaugain sur les soupapes électriques. 299 KIEV A. — Lettre concernant un nouveau système d'armes à feu l0>4 R1GODT. — Note concernant l'action que le phosphore rou2e exerce sur l'économie animale (en commun avec M. Orfila)... 201 R1TZ. — Lettres concernant sa Note sur la direction des aérostats au moyen de l'hé- lice 4" et "88 RIVOT. — Mémoire sur les matériaux à em- ployer dans les constructions à la mer (en commun avec M. Chatoney) H'9 — De l'examen des farines et des pains 633 ROBERT (E.). - Guide de l'éleveur de vers à soie ( en commun avec M. Guérin- MéneWlle) 1 188 ROB1AINO (de). — Mémoire intitulé : « Con- struction générale de tous les polygones réguliers, avec la génération des voûtes ogivales qui en découle » 1234 ROCHAT. — Essai sur la médecine préven- tive 54o RODIER. — Formules graphiques donnant avec une approximation sullisante les va- riations dans la longueur de l'année tro- pique, pour les époques les plus reculées de l'histoire égyptienne 10Ô5 RONDON (l'abbé). — Notes ayant pour titre : « Les neufs partages égaux de la surface du globe » 245, 3oi et 4ia "M. Plgtf. ROSENHAIN est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 4'2 ROTUREATJ. — Sur les eaux thermales de Nauheim ^38 ROUGET. — Recherches anitomiques et phy- siologiques sur les appareils érectiles; appareil de l'adaptation de l'œil chez les oiseaux , les principaux mammifères et l'homme g3^ — Note en réponse à une réclamation de prio- rité adressée, à l'occasion de cette com- munication, par M. Huiler 1255 ROUGET. — Nouvelle méthode pour obte- nir, avec telle approximation que l'on veuille, les coefficients des facteurs du second degré correspondant a ce qu'on appelle les racines imaginaires des équa- tions numériques i2t3 — Mémoire sur la décomposition des poly- nômes de degré pair 011 facteurs ration- nels du second degré a3 — Nouveau théorème servant pour le calcul des racines comprises entre deux nom- bres donnés 1221 ROUSSEAU (Em ). — Mémoire sur la denti- tion des Cétacés u»i ROUSSIN. — Sur l'absence de l'acide hippu- rique dans l'urine de cheval..' 583 ROUSSIN.— Note intitulée : « De l'iodure de plomb photographique » 636 ROZET. — Moyens de forcer les torrents des montagnes à rendre à l'agriculture une partie du sol qu'ils ravagent ggi — Note sur la grande inondation de la Loire 1204 — Sur le puits foré de Tamerna (Algérie)., 1258 SABEATINI. — Sur l'efficacité des bains gé- néraux chauds de chlorure de calcium dans le traitement du choléra asiatique.. SAINTE-CLAIRE UEV1LLE (H.). — Du si- licium et du charbon cristallisés. Méthode générale pour la production de quelques corps simples fixés au moyen de leurs combinaisons volatiles. Préparation et propriétés du fluoré d'aluminium — Action de l'acide iodbydrique sur l'argent. SAINTE-CLA1RE DEVILLE (Cfl.). — Re- cherches sur les produits des volcans de l'Italie méridionale ,..,.,.. 11G3 33 49 894 SALLERON. — Description d'un anémomé- trographe inscrivant électriquement la direction et la vitesse du vent pour chaque instant de la journée 6g4 SARRUS est présenté par la Section de Géo- métrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 4*a SASK.U. — Mémoire écrit en latin sur la me- sure des surfaces paraboliques 73g — Note sur la quadrature des surfaces à pé- rimètre curviligne 117 SCBROEDER. — Notes sur les soulèvements absolus de la surface du globe 55i 9*4 36 ( ï334 ) »■• Pages. SCHROEDER. — Note intitulée : « Rotation souterraine de la masse ignée, ses causes et ses conséquences » et Lettres relatives àcetleNote.. 1073, 1189 et 1274 SCHULTZE. — Note sur le développement des Pétromyzons 336 — Recherches sur les monstres doubles 1 128 SCHUTTE. — Note sur uu hyposulûte dou- ble de soude et de cuivre 1267 SCHWEITZER.— Lettre concernant unTraité de galvanocaustique par M. Middeldorpf. 638 SCLATER. — Opuscules sur les oiseaux compris dans les collections envoyées de Sa nia -Fé de Bogota g5a SCOCTETTEN. — Note sur la découverte des sources de l'ozone atmosphérique.. . oii — Lettre relative à un paquet cacheté déposé le 5 mai dernier, et envoi d'échantillon» de papier réactif g^3 SECCHI. — Sur les anneaux de Saturne 282 — Lettre accompagnant l'envoi d'une image photographique du groupe annulaire des montagnes de la lune désigné sous le nom de Copernic q58 SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. les). Voyez les articles de MM. Flourens et Elie de Beaumont. SEDGWICH. — M. Élie de Beaumont pré- sente, au nom de ce géologue, une clas- sification des roches paléozoïques de la Grande-Bretagne ." 1 02 SEDILLOT. — Nouveau procédé de chéilo- plastie, par transport du bord libre de la lèvre saine sur la lèvre restaurée 189 — Nouveau procédé permettant d'augmenter à volonté la hauteur de la lèvre dans les opérations de bec-de-lièvre et de cliéilo- plastie 678 — Application de l'jutoplastie au traitement des cicatrices vicieuses SËGTJIER. — Rapport sur une invention de M. Lachave pour le transport sur vélin d'une écriture tracée sur papier.; SENARMONT (de). — Recherches sur la double réfraction g5 — Note sur la forme cristalline du silicium, 3i3 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. H. Deville , sur les fluorures d'aluminium 52 SERRES. — Note sur les Touariks 188 — Note sur les développements primitifs. Formation de l'œuf. Vésicule ovigène e( germinative. Condition primordiale de la duplicité Ioa;j — Sur l'ordre de formation de la vésicule ovigène et de la germinative. Etiologie de Ja diiplicito monstrueuse 109a — M. Serres est nommé Membre de la Com- mission du concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie — Et de la Commission du concours pour le prix de Physiologie expérimentale SERRET (Cb.-J.), — Suite à ses précédentes communications sur les grandes pertur- bations du système solaire — Note sur la condition de convergence des séries qui se présentent dans la théorie du mouvement elliptique des planètes. . . SERRET ( J.-A.). — Sur les trajectoires or- thogonales d'une sphère mobile — Sur les surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont sphériques. . 109 et — Sur les surfaces dont les lignes de l'une des courbures sont planes — Sur les racines imaginaires de l'équation u — tangn = Ç — M. Serret prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour la place vacante dans la Sec- tion de Géométrie — M. Serret est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Sturm SERRET ( P. ). — Mémoire sur la théorie géométrique des lignes à double cour- bure.. SICCARD prie l'Académie de vouloir bien comprendre ses travaux sur le sorgho à sucre de la Chine» parmi ceux qui seront discutés par la Commission du concours pour le prix triennal , SILBERMANN. — Proportions physiques ou naturelles du corps humain exprimées en mesures métriques , 454 et — Applications d'un nouveau système de ro- binets à des machines pneumatiques aspi- rantes et foulantes \ SIMON (Onesime).— Mémoire sur le traite- ment du choléra-morbus au moyen d'un remède de son invention SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE LONDRES (la)- remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus.. SOCIÉTÉ DE PHILOSOPHIE EXPÉRI- MENTALE DE ROTTERDAM (la) remercie l'Académie d'avoir bien voulu la comprendre dans le nombre des insti- tutions auxquelles elles fait don de ses Comptes rendus. SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES D'UP- SAL (la) adresse à l'Académie le pre- mier volume d'une troisième série de ses Àcta 1203 Ibid. I25l n34 10S 190 '94 1182 399 746 93a 495 io5i 89 1257 1073 (I Ml. P»ge«. SOCIÉTÉ D'AMSTERDAM POUR SE- COURS A DONNER AUX NO^ÉS (la) adresse un exemplaire en langue française d'un Aperçu historique sur la Société, publié par un de ses Membres 697 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION (la) adresse les deux premiers volumes du Recueil qu'elle publie, et exprime le désir d'obtenir de l'Académie ses Comptes rendus . . . 5l4 — La Société remercie l'Académie qui l'a com- prise dans le nombre des institutions auxquelles elle fait don de ses Comptes rendus « 696 — La Société régionale pour la zone du nord- est de la France adresse plusieurs exem- plaires d'un opuscule sur les noms à im- poser aux animaux nouveaux, acclimatés ou supposés acclimatables io3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES NATURALIS- TES DE MOSCOU, (la) envoie deux nou- veaux numéros de son Bulletin 212 SOCIÉTÉ ROÎALE DES SCIENCES DE GOTTINGUE (la) annonce à l'Académie l'envoi de la médaille frappée en l'hon- neur de Ga'uss par ordre du roi de Hanovre. 89^ — La Société adresse pour la Bibliothèque de l'Institut le volume VI de ses Mémoi- res, et remercie l'Académie pour l'envol de deux nouveaux volumes, l'un des Mé- moires et l'autre du Recueil des Savants étrangers 1 133 ) H*. P«gu. SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DE LON- DRES (la) remercie l'Académie pour l'envoi de deux nouveaux volumes des Comptes rendus 864 SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LONDRES (la) envoie la continuation des procès-verbaux de ses séances , et remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus 31a SOREL. — Cn prix lui est accordé pour ses flotteurs d'alarme, appareils de sûreté des chaudières à vapeur ( concours pour le prix dit des Arts insalubres, de l'année i855) i/,4 STAUFFER. — Note sur la quadrature du cercle 357 STRAUSS-DURCKHE1M. — Propriétés de» solutions aqueuses saturées de sulfate de zinc pour la conservation des substan- ces animales 808 STUART (J.-J.). — Lettre concernant les rapports des mesures françaises avec les mesures étrangères 865 STDRM. — Note sur les fonctions ellipti- ques ( tirée des papiers de l'Auteur et communiquée par M. Liouville) 988 SYLVESTER est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant. 4ia TARDIEU. — Une récompense lui est ac- cordée pour sou ouvrage sur l'hygiène publique et la salubrité (concours de Médecine et de Chirurgie pour i855).... i53 TAUPENOT. — Lettres concernant un ané- momètre enregistreur, établi par lui au Prytanée militaire de la Flèche.. . /J97 et 55i m r Description de diversinstrumentsanémo- métriques de son invention 586 — Note sur la construction du baromètre et sur l'ébullition du mercure dans le vide.. 1186 TAUPINARD. — Note sur la quadrature du cercle et la trisection de l'angle 910 — Note sur la mesure des dislances au moyen de la vitesse du son ii32 TAVIGNOT. — Nouvelle méthode opératoire de la cataracte par débridement g5o TCHIHATCHEF (P. de). — Études climato- logiques sur l'Asie Mineure 36a ^. Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. ifec^uercl... ...... ..,,....,, 777 TCHIHATCHEF (de). — Note sur la chèvre d'Angora 346 — Considérations sur les poissons du Don, du Dnèpre, du Dnestre, du Boug et du Danube 44 ' TERQUEM. — Lettre relative an Rapport fait dans la séance du 10 mars i856, sur une méthode proposée pour le calcul des dis- tances lunaires observées en mer 54< — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Vincent sur la théorie des parallèles.. iaa3 TEX1ER. — Sur les moutons de Caramanie donnés à la Société d'Acclimatation par M. le Maréchal Vaillant 80 — Sur les alluvions des fleuves dans le bas- sin de la Méditerranée, et notamment sur les atterrissemenls du Rhône Ii56 THENARD Rapport sur un Mémoire de M. L. Péan de Saint-Gilles sur l'hydrate et sur l'acétate ferriques. • 3l — $&.\Thenardt au nom de la Commission char- ( i336 ) P.ge» 6a i 38a gée d'examiner un Mémoire de M. Tif- Jereau ayant pour titre : « Les métaux ne sont pas des corps simples », déclare qu'il n'y a pas lieu à faire de Rapport sur cette communication tflb — M. Thenard, au nom de la Commission saisie d'une réclamation de MM. A. Che- vallier fils et O. Henry fils, à l'égard de MM. Orfila et Rigout, déclare qu'il n'y a pas lieu, dans l'état actuel des choses, de faire un Rapport lbid. Remarques à l'occasion du dépôt d'un Mémoire contenant la description des procédés galvanoplastiques de M. Lenoir pour la reproduction des rondes bosses. . THENARD (P.). — Conclusions d'un travail sur les oxydes et acides du manganèse, les manganates et les hypermanganales. THIBOUT. — Un encouragement lui est ac- cordé pour son appareil de sauvetage des- tiné à porter secours aux asphyxiés (con- cours pour le prit dit des Arts insalu- bres, année i855) i45 TH1ERRIAT. — Mémoire sur les mouve- ments et l'équilibre des corps célestes... 1074 TH1RAULT. — Nouveau Mémoire concernant la maladie de la vigne 344 THOMAS demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note et des dessins con- cernant des roues hydrauliques et autres moteurs de son invention 910 THOMSON est présenté par la Section de • Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant ... . 4ia THORE(J.). — Nouvelle machine électri- que : électricité du papier chauffé 864 MM. Pas". TIFFEREAU. — Réponse à des remarques faites par la Commission chargée de l'exa- men de ses Mémoires sur les métaux con- sidérés comme des corps composés 523 TIREMOIS (de) signale une erreur de nom qui a été commise à son égard dans un des premiers volumes des Comptes rendus. 698 TIR0N1. — Documents à l'appui de précéden- tes communications sur le traitement du choléra-morbus 5ia T1SS0T. — Sur la résolution des équations auxquelles conduit la méthode de M. Ba- binet pour la détermination des latitudes. 287 TCERMER. — Sur une poudre supposée pro- pre à remplacer le café 344 TORTELLA. —Documents imprimés à l'ap- pui de précédentes communications sur la maladie de la vigne 5ia TRÉCUL. — Note sur les biforines a65 — Mémoire sur l'origine et le développement de la cuticulo 579 et 621 — De la cuticule à l'intérieur des végétaux.. 837 — M. Trécul est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Mirbel 910 TRICAUD. — Moteur à air comprimé et di- laté par la vapeur 273 et 1188 TRIQUET demande et obtient l'autorisation de reprendre son Mémoire sur les polypes de l'oreille 5a3 TROUILLET. — Méthode pour la culture de la vigne 735 TDLASNE. — Note sur l'appareil reproduc- teur multiple des Hypoxylées (Pyrénomy- cètes,Fr.) 701 VAILLANT (le Maréchal) signale un nou- veau télégraphe fondé sur l'emploi des rayons solaires dont l'inventeur est M. Le- seurre II -8 VALAD1ER. — Note sur la nature et le trai- tement du choléra-morbus ia56 VALENCIENNES. — Sur les œufs à plu- sieurs jaunes contenus dans la même coque 3 — Sur une nouvelle espèce de panthère tuée à Ninfi près de Smyrne lo35 — A l'occasion d'une communication de M Poitevin, relative au transport sur pierre des épreuves photographiques, M. Valen- tiennes met sous les yeux de l'Académie deux planches ainsi obtenues par M. Poi- tevin sur des négatifs de M. L. Rousseau.. 32 VALLÉE. — Note sur la scintillation de» étoiles 85q — Note sur le lac de Genève, à l'occasion dos inondations de la vallée du Rhône 11 '|0 — Note sur la réserve du lac de Genève 1181 — M. Vallée prie l'Académie devouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géométrie 399 VALZ. — Eléments provisoires de la pla- nète (4o), Harmonia, de M. Goldschmidt. 718 — Note concernant la discussion sur le degré d'approximation à donner aux éléments provisoires des orbites des astres nou- veaux 932 — Éléments elliptiques de la planète Ham o- nia 99> (i3 MM. P» — Du degré constant de la chaleur animale considérée, dans l'homme, comme loi de la santé : effets morbides produits par les variations de cette chaleur, et applica- tions à en déduire pour la thérapeutique. 5^0 VELl'EAU présente, au nom de M. Cartel, un appareil nouveau pour le traitement des fractures des membres , et dépose sur le bureau un ouvrage de M. Pettenhqfer, où . l'auteur résume ses recherches sur la mar- che du choléra-morbus io3 — M. Velpeau est nommé Membre de la Com- mission du concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie n58 et iao3 VERGA ( A. ) adresse pour le concours Mon- lyon un recueil de Mémoires anatomi- ques 588 VEROLLOT Sur les tremblements de terre ressentis dans l'Empire Ottoman en l855. g3 — Tableau des tremblements de terre à Con- stantinople pendant les quinze dernières années ag3 VERSTRAETE. — Note faisant suite à une précédente communication sur la nature de la lumière , 373 -7) «M. P.gM. VICAT. — Un prix do Statistique lui est ac- cordé pour ses Recherches statistiques sur les substances calcaires à chaux hydrau- lique et à ciment naturel ia3 — M. Vicat adresse sas remercîments à l'Aca- démie au — Note touchant l'action saline do l'eau de mer sur les composés hydrauliques en général 1200 — M. Vicat fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son Traité pratique et théo- rique de la composition des mortiers, ci- ments et gangues a pouzzolanes, et de leur emploi dans toute sorte de travaux. 82g VILLARCEAU (Yvoti). — Éléments de l'or- bite de la planète Amphitrite, et éphé- méride pour l'opposition de i856 998 VILLE (G.). — Du rôle des nitrates dans l'é- conomie des plantes. De quelques pro- cédés nouveaux pour doser l'azote des nitrates, en présence des matières orga- niques. (Rapport sur ce Mémoire; Rap- porteur M . Pelouze ) 67g VILLE. — Notice minéralogique sur le cercle de Laghouat ' 3gG VINCENT. — Remarques relatives à un pré- cédent Mémoire sur la théorie de la gamme 30 — Note sur la théorie des parallèles 1107 — Réponses aux remarques dont cette Note a été l'objet n55, 1 238 et 1240 VOLPICELLI adresse de Rome deux épreuves photographiques 61 — Note sur l'association de plusieurs con- densateurs entre eux pour manifester les faibles doses d'électricité 40a W WALLER. — Études de l'oeil sur le vivant.. n85 WANNER, écrit par erreur pour Vanner. Voir à ce nom. WATSON. —Lettre sur les étoiles doubles et sur leur déplacement apparent inio WATTEV1LLE (de).— Une mention hono- rable lui est accordée pour son • Rapport sur l'Administration des Bureaux de bien- faisance et sur la situation du paupérisme en France » (concours de Statistique de •855) l36 WEDDELL. — Monographie de la famille des Urticées _ag — De la distribution géographique des Urti- céos 78Q — M. Weddell est présenté par la Section de C. R., i856, i«r Semestre. (T. XLII.) Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. de Mirbel gio WERTHEI M . — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Zamminer sur le mouvement vibratoire de l'air dans les tuyaux 4g3 W1LKES (Cn.)est présenté par la Section de Géographio et de Navigation comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant /qq WILLICH. — Note sur une construction gra- phique par laquelleon obtient, à une très- petiie fraction près, la longueur du côté du carré équivalent à un cercle donné. . . 3g8 WOIILER. — Sur un nouveau moyen d'obte- nir le silicium. , xq i75 ( i338 ) Pages. WOLF. — Influence îles proportions d'ozone sur l'état sanitaire d'un pays 944 WOLF (C). — Note sur la température à laquelle les liquides cessent de mouiller les vases qui les contiennent 960* WRANGELL (Ferd. de) est présenté par la Section de Géographie et de Navigation MM, Pages. comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 499 — M. de Wrangell est nommé Correspondant de l'Académie en remplacement de feu M. Parry 5l0 — M. de Wrangell adresse ses remerciments à l'Académie 618 ZAL1WSRI. — Nouvelle rédaction de son Mémoire ayant pour titre : « Attraction universelle des corps au point de vue de l'électricité. » 1219 ZIER. — Réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une communication sur les moulages galvanoplastiques en ronde bosse exécutés par M. Lenoir 499 — Note à l'appui de cette réclamation 5ia PARIS.- t- IMPRIMERIE DE MALLET-BACHEXIER, rue du Jardinet, ia. I*'